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Full text of "Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie"

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COMMISSIONS  ROYALES 

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D'AHT    ET   D-A.RCUÉOLOÔIE. 

j                                 QUARANTE       ET      UNIÈME      ANNÉE. 

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En  Tente  cbei  M.  HATEZ, 

imprimeur  de  l'Académie  Royale  de  Belgique . 

112,  me  de  Loimin,  ils. 

BRUXELLES 

190S 

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BULLETIN 


DKS 


COMMISSIONS   ROYALES 


D'ART  ET  D'ARCHÉOLOGIE. 


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BULLETIN 

COMMISSIONS  ROYALES 

D'ART  ET  D'ARCHÉOLOBIE. 

QUARANTE    ET    UNIÈME    ANNEE. 


BRUXELLES 

IMPRIMERIE  VAN  LANOHENDONCK,  RUE  DES  CHARTREUX,  60 


•  ••  • 


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THE  NEW  YORK 

PUBLIC  LIBRARY 


ASTOfi,  LENOX 
TïLOEN  FOUNCATJON6. 
1909 


X  AHO        I 

ATION8.     I 


LISTE 


DES, 


MEMBRES  EFFECTIFS  ET  CORRESPONDANTS 


DB  LA 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 

EN    A  902 


MEMBRES   EFFECTIFS   : 

Président  :  M.  Laoasse-de  Locht  (Ch.),  ingénieur  en  chef,  direc- 
teur des  ponts  et  chaussées,  a  Bruxelles. 

Vice- Présidents  :  MM.  Helleputte  (G.),  professeur  à  l'Université 
de  Louvain,  membre  de  la  Chambre  des  représentants,  à  Vlier- 
beek  lez  Louvain,  et  Helbig  (J.),  artiste  peintre,  à  Liège. 

Membres  :  MM.  Ackbr,  architecte,  à  Bruxelles. 

B  1.0  m  me  (L.),  architecte  provincial,  à  Anvers. 
Bobdiau  (6.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Glutsenaar  (A.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 
Delacen8Erie    (L.) ,    architecte,    directeur    de 

l'Académie  des  Beaux-Arts,  à  Bruges. 
Maquet  (H.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Heusens  (E.),  chanoine,  archéologue,  à  Louvain. 
Van  àssche(A.),  architecte,  à  Gand. 
Van  Wint  (B.),  statuaire,  à  Anvers. 
Vinçotte  (Th.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

ecrétaire  :  Massaux  (A.),  à  Etterbeek. 


—  6  — 


COMITÉS   DBS   CORRESPONDANTS   : 

ANVERS. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président  :  M.  Smbrens  (Th.),  président  honoraire  du  tribunal 

de  lr*  instance,  à  Anvers. 

Membres  :  MM.  Bilmeyer  (J.),  architecte,  à  Anvers. 

De  Braeckeleer  (J.),  statuaire,  à  Borgerhout. 
de  Vinck  de  Winnezeele  (Bon),  archéologue,  à 

Anvers. 
Dierckx,  membre  de  la  Chambre  des  représen- 
tants et  bourgmestre  de  la  ville  de  Turnhout. 
Ma8T  (E.),  archéologue,  échevin,  à  Lierre. 
Nève  (L.),  ingénieur,  à  Saint-Léonard  (Brecht). 
Van  Caster  (abbé),  archéologue,  à  Malines. 
Van  der  Ouderaa,  artiste  peintre,  à  Anvers, 
Van  Leemputten  (P.),  artiste  peintre,  à  Anvers. 

Membre-Secrétaire  :  M.  Donnet(F.),  administrateur  de  l'Académie 

des  Beaux-Arts,  à  Anvers. 


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,••"•*';  ##  Secrétaire-adjoint  :  M.  Jacobs  (H.),  chef  de  bureau  à  l'Adminis- 

tration  provinciale,  à  Anvers. 


•  •  •     A 


:'r:  .:  /;;•..: V  BRABANT. 

•  • . ...    • 

*#  •:/•*/   /  Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 


•••: 


Vice-Président  :  M.  Van  Even  (E.),  archiviste  delà  ville,  à  Louvain. 

Membres  :  MM.  Cardon,  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 

De  G  root  (G.),  statuaire,  à  Bruxelles. 
Delvigne,  chanoine,  archéologue,  curé  de  Saint* 

Josse-ten-Noode, 
Di  Vribndt  (J.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 


—  7  — 

MM.  Dumortier  (V.),  architecte  provincial  en  chef, 
à  Bruxelles. 
Hanon  de  Louvet,  archéologue,  à  Nivelles. 
Janlet  (E.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Janssens  (W.)t  architecte,  à  Bruxelles. 
Langehock  (P.),  architecte,  à  Louvain. 
Licot  (C),  architecte  provincial,  à  Schaerbeek. 

Secrétaire- adjoint  :  M.  Destrée  (H.),  chef  de  bureau  à  l'Admi- 
nistration provinciale,  à  Bruxelles. 


FLANDRE  OCCIDENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Membres  :  MM.  Bethune  (Bod  F.),  chanoine-archidiacre, à  Bruges. 

Bethune  (Bon  J.-B.),  membre  de  la  Députation 

permanente  du  Conseil  provincial,  à  Bruges. 
De  Geyne  (L.),  architecte,  à  Courtrai. 
De  Meyer  (D.),  docteur  en  médecine,  à  Bruges. 
Vandermbrsoh  (à.),  avocat,  à  Bruges. 

Membre-Secrétaire  :  M.  Van  Rutmbeke  (J.),  archéologue,  bourg- 
mestre d'Oedelem. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Axters  (H.),  docteur  en  droit,  chef  de  divi- 
sion à  l'Administration  provinciale,  à  Bruges. 


FLANDRE  ORIENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Serrure  (E.),  architecte-archéologue,  à  G  and. 

Membres  :  MM.  Cloquet  (L.),  professeur  à  l'Université  de  G  and. 

De  Waele  (J.),  architecte,  professeur  à  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts,  à  Gand. 
Ltbaert  (T.),  artiste  peintre,  à  Gand. 


—  8  — 

MM.  Tttgadt  (L.),  artiste  peintre,  directeur  de  l'Aca- 
démie des  Beaux- Arts,  à  Gand. 

Van  Biesbroeck  (L.),  statuaire,  professeur  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts,  à  Gand. 

Vandbrhaeoen  (P.),  bibliothécaire  à  l'Université 
de  Gand,  à  Saint- Denis -West  rem. 

Membre-Secrétaire  :  M.  De  Ceulenebr  (A.),  professeur  de  l'Uni- 
versité, à  Gand. 

Sccri  taire-adjoint  :  M.   Db  Landtsheer  (J.)(   chef  de   division  à 

l'Administration  provinciale,  à  Gand. 


HAINAUT. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Membres  :  MM.  Cador   (A.),   anoien    architecte    de    la  ville,    à 

Charleroi. 
Devillers  (L.),  archiviste  de  l'État,  président  du 

Cercle  archéologique,  à  Mon  s. 
Soil  (£.),  juge  d'instruction,  à  Tournai. 
Son  ne  vil  le  (C),  architecte,  à  Tournai. 
Van  Bastelaer  (D.),  archéologue,  à  Saint- Josse- 

ten-Noode. 

Membre-Secrétaire  :  M.  Hubert  (J.),  architecte-ingénieur,  à  Mons. 


LIÈGE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice- Président  :  M.  Rrnier  (J.),  artiste  peintre,  à  Verviers. 

Membres  :  MM.  Bormans,  administrateur  inspecteur  de  l'Univer- 
sité de  l'État,  à  Liège. 

Drion  (M. -P.),  directeur  de  l'Académie  royale  des 
Beaux-Arts,  à  Liège. 


—  9  — 

MM.  Feuillat(P.),  architecte,  à  Huy. 

Francotte  (G.),  Ministre  de  l'industrie  et  du 
travail,  à  Bruxelles. 

Jamar  (E.),  architecte,  à  Liège. 

Schuermans  (H.),  premier  président  honoraire 
de  la  Cour  d'appel,  è  Liège. 

Schoolmeesters  (E.),  archéologue,  vicaire  géné- 
ral, à  Liège. 

Membre  Secrétaire  :  M.  Lohest(?.),  archéologue,  à  Liège. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Angekot  (H.),  greffier  provincial,  à  Liège. 


LIMBOURG. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice- Président  :  M.  Van  Nedss  (H.),  archiviste  de  l'État,  à  Hasselt. 

Membres  :  MM.  Courroit  (J.),  statuaire,  professeur  à  l'Académie 

des  Beaux-Arts,  à  Hasselt. 
Daniels  (l'abbé  P.),  archéologue,  à  Zolder. 
De  Grùnne  (Cte  G.),  sénateur,  à  Russon. 
Jaminé  (L.),  architecte  provincial,  à  Hasselt. 
Schaitzen  (Chevalier  0.),  à  Ton  grès. 
Serrure  (E.),  architecte,  à  Saint-Trond. 

Membre-Secrétaire  :  M.  De  Borman  (Chevalier  C),  membre  de  la 

Députation  permanente,  à  Schalkhoven. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Van  Weddingen  (A.),  commis  à  l'Adminis- 
tration provinciale,  à  Hasselt. 


LUXEMBOURG. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président    :   M.    Tandel,    commissaire   d'arrondissement,   a 

Arlon. 


—  10  — 

Membres  :  MM.  Cupper  (.T.),  architecte  provincial,  à  Bastogne. 

Déome,'  avocat,  à  Neufchâteau. 

de  Mathelin,  statuaire,  à  Liège. 

le  P.  Gopfinet,  membre  de  l'Institut  archéolo- 
gique d' Arlon. 

Kurth  (G.),  professeur  d'histoire  à  l'Université 
de  Liège. 

Van  de  Wyngaebt  père,  directeur  de  l'école 
industrielle,  à  Arlon. 

van  Limburg-Stirum  (O  A.),  membre  de  la 
Chambre  des  représentants,  à  Bruxelles. 

Wilmar,  archéologue,  à  Amonines. 

Secrétaire  :  M.  André  (A.),  chef  de  bureau  au  Gouvernement  pro- 
vincial, à  Arlon. 

NAMUR. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président  :  M.    Bequet  (A.),  président  de  la  Société  archéo- 
logique, à  Namur. 

Membres  :  MM.  Boveroulle,  architecte  provincial,  à  Namur. 

Dardenne,   ancien  régent  d'école    moyenne,    à 

Andenne. 
Del  Marmol  (Bon  p.),  archéologue,  à  Dînant. 
Léanne  (F.),  architecte  honoraire  de  la  ville  de 

Namur,  à  Etterbeek. 
Soreil,  ingénieur,  à  Maredsous  (Sosoye). 
Sosson,  chanoine  titulaire,  à  Namur. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Vandenneuker,  chef  de  division  à  l'Admi- 
nistration provinciale,  à  Namur. 


—  11  — 


COMITÉ  SPÉCIAL  DES  OBJETS  D'ART 


Président  :  M.  Helleputte  (G.),  architecte,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Louvaiu,  membre  de  la  Chambre  des  représentants,  à 
Vlierbeek  lez  Louvain. 

Membres  :  MM.  De  Groot  (G.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Helbig  (J.),  artiste  peintre,  à  Liège. 
Hennebicq  (A.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 
MABCHAL(le  Chevalier  Edra.),  secrétaire  perpétuel 

de  l'Académie  royale  de  Belgique,  à  Bruxelles. 
Reusens    (le   chanoine    Edm.),    archéologue,    à 

Louvain. 
Vinçotte  (Th.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Secrétaire  :  M.  Massaux  (A.),  à  Etterbeek. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX 


SEANCES 
des  4,  11, 18  et  25  janvier;  des  1",  8,  15  et  22  février  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

1°  Le  projet  rclalif  au  placement  d'un  chemin  de  la  croix  ggii^decboj. 
peint  dans  l'église  de  Ghoy  (Ilainaut)  ;  auteur,  M.  Ch.    de,acroix 
Janssens  ; 

2°  Le  projet  relatif  à  la  décoration  picturale  de  l'église  Égii*edeT«ttveo. 
de  Teuven  (Liège).  Il  conviendrait  de  conserver  aux  écoin- 
çons  les  anges  que  l'auteur  a  supprimés  par  erreur  dans  le 
projet  modifié.  L'attention  du  conseil  de  fabrique  a  été 
appelée  sur  la  convenance  qu'il  y  aurait  de  placer  des 
vitraux  dans  l'édifice  avant  de  commencer  la  peinture.  On 
évitera  ainsi  des  mécomptes  dans  l'effet  d'ensemble  de  la 
coloration,  celle-ci  étant  susceptible  d'être  modifiée  par  le 
placement  ultérieur  des  vitraux;  auteurs,  MM.  Scheen 
el  fils; 


—  H  — 

^Dé^niiZF*'  **°  ^e  ProJet  concernant  la  décoration  picturale  de  l'église 
de  Huysse  (Flandre  orientale).  L'auteur,  M.  Coppejans,  a  été 
engagé  à  développer  l'Arbre  de  Jessé  sur  toute  la  surface  du 
pignon,  à  mieux  pondérer  la  frise  du  chœur  en  donnant 
plus  d'importance  aux  anges  et  en  réduisant  l'arc,  enfin, 
à  vérifier  si  l'enduit  sur  lequel  il  doit  peindre  est  suffisam- 
ment résistant  et  dans  un  état  de  siccité  tel  qu'il  n'y  ait  pas 
à  craindre  des  mécomptes  dans  l'avenir.  Il  devra  être  tenu 
scrupuleusement  compte  de  ces  recommandations; 
ÉgiiM  4°  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  dans  l'église 

viiraox.  <je  Montegnée  (Liège),  sous  réserve  de  prolonger  l'archi- 
tecture au-dessus  des  figures  inférieures  de  façon  à  former 
un  soubassement  aux  figures  de  la  rangée  supérieure,  afin 
d'éviter  le  damier  intermédiaire,  dont  l'effet  n'est  pas 
heureux  ; 
•Égiiw  50  Les  projets  relatifs  au  placement  de  vitraux  dans 

de  Iteuingbelst.  r      *  r 

vitraux,  l'église  de  Reninghelsl.  Au  cours  de  l'exécution,  il  y  aura 
lieu  de  donner  un  caractère  plus  architectural  aux  soubasse- 
ments, de  mieux  encadrer  les  sujets  et  de  revoir  les  nuages 
qui  manquent  de  style.  Il  importera  aussi  que  l'auteur, 
M.  Dobbelaere,  tienne  la  main  à  ce  que  la  coloration  ait  la 
même  vigueur  dans  l'ensemble  des  verrières; 

fiftae  de         6°  Le  dessin-spécimen  de  deux  vitraux  destinés  au  chœur 

Boiut-Bonlface, 

V!uw*     °*e  ^gh"se  de  Saint-Boniface,  à  Ixelles  (Brabant).  Cette 

étude  a  rencontré  l'assentiment  unanime  du  Collège.  Aussi, 

il  l'a  revêtue  de  son  approbation  sans  aucune  réserve;  auteur, 

M.  Ladon; 

Égiue  7*  Le  projet  d'un  vitrail  à  placer  dans  l'église  de  Saint- 

de  Saint-Nicolas,  _,..  *rv  ■        <r«i        i  •  i  i    v     »  i      i»       » 

*  vî£ïïdt"    Nicolas,  a  Dixmude  (Flandre  occidentale).  Lors  de  1  exécu- 
tion, l'auteur,  M.  Dobbelaere,  devra  s'attacher  à  masquer 


—  Vi- 
les tons  bruns  des  costumes,  le  brun  étant  incompatible 
avec  la  peinture  sur  verre  ;  par  sa  nature  même  elle  doit 
être  essentiellement  translucide; 
8°  Le  projet  élaboré  par  M.  Ladon  en  vue  du  placement      église 

r      *  r  de  Noire- Dame, 

d'une  verrière  dans  l'église  de  Notre-Dame,  à  Saint-Trond  àv!J!;kre.0,ld' 
(Limbourg).  Cette  étude  remarquable  a  rencontré  l'appro- 
bation unanime  et  sans  la  moindre  réserve  du  Collège. 

—  A  la  suite  du  rapport  du  18  décembre  1901 ,  de  nou-      ^liM 
veaux  échantillons  ont  été  présentés  en  vue  des  modifications   °<Ju  sTûoÔ, 

r  à  Bruxelles. 

proposées  à  l'entourage  des  stations  du  chemin  de  la  croix    dec£ £jjx. 
de  l'église  de  Notre-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles. 

Lors  de  l'inspection  du  ï*r  février  1902,  il  a  été  reconnu 
que  le  fond  d'or  diapré  pour  les  stations  devrait  être  lozangé 
plutôt  que  quadrillé;  l'effet  en  serait  plus  satisfaisant. 

Le  dernier  type  présenté  vers  le  côté  ouest  de  l'église  pour 
le  diaprage  des  arcatures  semble,  par  son  aspect  plus  tran- 
quille, devoir  obtenir  la  préférence;  il  convient  de  lui  donner 
la  tonalité  rouge  du  premier  compartiment  vers  le  tran- 
sept. 

Pour  la  délimitation  du  champ  d'or  des  stations,  le  Collège 
préfère  le  modèle  à  trois  petites  arcatures  rouges;  celles-ci 
seront  délimitées,  au-dessus,  par  un  filet  d'or  les  séparant 
du  diaprage.  Ces  arcatures  encadrent  bien  le  sujet  et  déli- 
mitent mieux  le  diaprage  qui  les  surmonte. 

Il  faut  éviter  de  dorer  les  chanfreins  longeant  les  arca- 
tures; les  chanfreins  doivent  être  traités  dans  le  ton  des 
colonnettes  ;  ils  se  rattachent  à  l'ossature  de  l'édifice,  par 
conséquent,  ils  ne  peuvent  se  confondre  avec  les  fonds. 

II  sera  utile  de  renforcer  un  peu  le  ton  des  anges  ;  ceux-ci 
doivent  davantage  se  détacher  des  fonds  diaprés. 


—  16  — 

église  —  Le  vitrail  dont  le  dessin  a  reçu  le  visa  le  16  mars  1899, 

de  Sainl-Roch,  *  ' 

*viÎÏÏl"     a  è[û  entièrement  placé  dans  l'église  de  Sainl-Roch,  à 
Deurne. 

Les  auteurs  se  sont  inspirés  des  recommandations  faites 
par  la  Commission  en  ce  sens  qu'ils  ont  remplacé  la  partie 
incolore  par  des  verres  de  couleur  translucide  dessinant 
une  bonne  architecture.  Quoique  le  soubassement,  sous  ce 
dernier  rapport,  laisse  à  désirer,  l'œuvre  artistique  est  con- 
venable et  mérite  le  subside  de  l'État. 
ékhm  déu«w-     —  Il  a  été  procédé,  le  30  décembre  1901,  à  l'examen  des 

Saint-Pierre. 

vu™*,     vitraux  placés  dans  le  chœur  de  l'église  de  Leeuw-Sainl- 
Pierre. 

Les  verrières  dont  il  s'agit  ayant  été  convenablement 
exécutées,  rien  ne  s'oppose  à  leur  approbation. 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 
uftei  de  «aie  4°  Le  projet  présenté  par  l'administration  communale,  en 
vue  de  la  restauration  de  la  salle  des  Saquieaux  à  l'hôtel  de 
ville  de  Mons  (Hainaul).  L'attention  de  l'auteur  de  ce  projet, 
M.  l'architecte  Delacenserio,  a  été  appelée  sur  la  convenance 
de  s'assurer,  au  cours  de  l'exécution,  s'il  ne  serait  pas  pos- 
sible, au  point  de  vue  de  l'aspect  de  la  salle,  de  placer 
l'escalier  parallèlement  au  mur; 
HàteidoTiiie       2°  Le  décompte  final  des  travaux  de  restauration  effectués 

de  Bruges.  r 

au  vestibule  de  l'hôtel  de  ville  de  Bruges  (Flandre  occiden- 


tale), dont  le  montant  s'élève  à  fr.  42,607-36. 
poterne         —  Il  a  clé  procédé,  le  23  décembre  1901,  à  l'examen, 

de  Hnmelgliem.  .  . 

sur  place,  des  propositions  relatives  au  couronnement  de  la 


—  17  — 

façade  principale  et  de  la  tourelle  d'escalier  de  l'ancienne 
poterne  de  Humclghem  (Brabant). 

Étant  donnée  l'importance  du  chéneau  et  surtout  des  arca- 
tures  qui  le  supportent,  il  semble  qu'il  a  existé  autrefois  un 
parapet.  Il  y  a  donc  lieu  de  le  rétablir  mais  en  réduisant  sa 
hauteur  au  strict  nécessaire  pour  ne  pas  trop  changer  l'aspect 
de  l'édifice  qui  est  fort  intéressant,  même  dans  sa  situation 
actuelle. 

L'escalier  qui  dessert  non  seulement  les  combles  et  les 
échanguettes  mais  en  même  temps  l'étage  de  la  poterne  qui 
a  été  régulièrement  habité,  a  dû  nécessairement  être  couvert. 
Mais  le  voisinage  du  pignon  à  gradins  permet  de  supposer 
que  cette  couverture  était  peu  élancée  ;  il  est  même  probable 
qu'elle  se  composait  de  dalles  superposées  à  recouvrement 
dont  l'aspect  ne  jouait  guère  de  rôle  dans  la  vue  d'ensemble 
du  bâtiment.  L'architecte,  présent  à  l'inspection,  a  été 
engagé  à  étudier  un  projet  dans  ce  sens. 

Les  lucarnes  projetées  pour  éclairer  les  combles  sont 
inutiles;  il  suffit,  pour  assurer  cet  éclairage,  de  ménager  une 
petite  baie  rectangulaire  dans  le  sommet  du  pignon  qui  doit 
être  reconstruit. 

Les  observations  qui  précèdent  ayant  été  communiquées 
à  M.  Yan  Nooten,  cet  architecte  a  apporté  au  projet  les 
modifications  nécessaires.  Cette  élude  a  été  revêtue  du  visa. 

Les  travaux  de  restauration  déjà  effectués  à  l'édifice  sont 
bien  exécutés.  Seulement,  l'appareil  des  contreforts  nou- 
veaux est  trop  régulier;  on  fera  bien  de  le  rendre  un  peu 
plus  fruste  au  moyen  de  quelques  coups  de  ciseau.  Il  con- 
viendra aussi  de  remonter  le  gradin  inférieur  établi  pour 
neutraliser  la  poussée  de  la  voûte  sur  le  pignon  sud  ;  ce 


—  18  — 

gradin  devra  s'arrèler  à  proximité  du  gradin  supérieur  et  les 
deux  se  termineront  en  glacis. 

Le  rejointoyage  des  parements  devra  être  effectué  à  fleur 
des  maçonneries;  ii  n'empiétera  en  aucune  façon  sur  les 
pierres. 

Avant  l'acquisition  de  la  poterne  par  l'État,  le  propriétaire 
a  vendu  à  M.  Delacre,  pharmacien,  à  Bruxelles,  une  espèce 
de  crédence  qui  se  trouvait  encastrée  dans  le  mur  de  la  salle 
de  l'étage.  Ce  récipient  avait  un  écoulement  au  dehors  par 
un  petit  caniveau.  Il  serait  extrêmement  intéressant  de 
remettre  ce  récipient  à  la  place  qu'il  occupait.  Il  parait  que 
M.  Delacre  serait  disposé  à  le  revendre  à  l'État,  moyennant 
le  prix  qu'il  lui  a  coûté,  soit  125  francs. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

convtruciioM       Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  : 

et  restauration 

de  pre«bytèrM.  i°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Àssebroucke 
(Flandre  occidentale) ;  architecte,  M.  Charels; 

2°  A  la  reconstruction  du  presbytère  du  Nukerke  (Flandre 
orientale),  à  la  condition  que  l'on  aura  égard  aux  observa- 
tions présentées  dans  le  rapport  de  M.  l'architecte  provincial, 
en  date  du  31  janvier  1902;  architecte,  M.  Vossaert; 

3°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Buysinghen  (Bra- 
bant)  ;  architecte,  M.  Toen  ; 

4°  À  la  construction  d'un  presbytère  à  Morhet  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Cupper; 

5°  A  la  restauration  et  à  l'amélioration  du  presbytère  de 
Stabroeck  (Anvers);  architecte,  M.  Gife. 


—  49  — 

ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 

1°  A  Koekelberg,  paroisse  de  Sainte-Anne  (Brabant),  de  Saf «;jfAoiie 
sous  les  réserves  suivantes  :  a)  La  parlie  de  l'édifice  exposée  à  K<*ke,b«r«- 
directement  sur  le  boulevard  Léopold  II  est  seule  construite 
en  pierre,  tandis  que  le  reste  du  monument,  également 
visible  du  boulevard,  est  en  brique.  Il  en  résultera  un  effet 
malheureux.  Il  importerait  que  tout  l'extérieur  fût  ou  en 
pierre  ou  en  brique.  Si  on  adoptait  la  brique,  il  faudrait 
faire  choix  de  matériaux  de  toute  première  qualité.  Si  on 
adoptait  la  pierre  on  pourrait  employer  à  cette  fin  celle  qui 
est  prévue  pour  les  parements  intérieurs  et  se  borner  à 
crépir  ceux-ci.  La  quantité  de  pierre  prévue  pour  l'intérieur 
suffirait  pour  construire  les  parements  extérieurs;  b)  le  faux 
triforium  doit  être  supprimé.  La  Commission  s'est  ralliée  à 
l'avis  de  M.  l'architecte  provincial  en  chef,  que  les  colonnes 
doivent  avoir  un  diamètre  plus  fort  si  on  les  exécute  en 
brique;  que  Ton  doit  prévoir  les  moyens  de  chauffage  et  de  - 
ventilation  du  temple  ;  que  des  citernes  doivent  être  con- 
struites pour  recueillir  les  eaux  pluviales  ;  que  la  surface  des 
sacristies  et  du  refuge  doit  être  augmentée;  architecte, 
M.  Ramaekers; 

2°  A  Wépion  (Namur);  architecte,  M.  Van  Gheluwe;  êçh* 

de  Wo  pion. 

3*  A  Lierre,  paroisse  de  la  Sainte-Famille  (Anvers);    É^.ieia 

r  Sainte-Famille, 

architecte,  M.  Careels.  *Lierre- 

Ont  aussi  été  visés  les  projets  relatifs  : 

1°  A  l'agrandissement  et  à  la  restauration  de  l'église  de      ^.e 
Passchendaele  (Flandre  occidentale).  A  la  demande  du 


—  30  — 

Collège,  l'auteur  a  apporté  au  projet  certaines  modifications, 
entre  autres  quelques-unes  de  celles  suggérées  par  M.  le  baron 
Belhune,  auxquelles  la  Commission  s'était  ralliée,  d'autres 
indiquées  lors  d'une  conférence  avec  l'auteur,  M.  Depauw. 
La  Commission  avait  engagé  l'architecte  à  examiner  si  la 
voûte  de  la  nef  centrale  est  suffisamment  contrebultée  et 
posé  la  question  de  savoir  s'il  ne  vaudrait  pas  mieux  y  établir 
un  plafond  en  bois.  M.  Depauw  a  répondu  que  ses  calculs 
établissent  qu'aucun  danger  n'est  à  craindre.  Au  point  de 
vue  de  la  construction  de  celle  voùle,  on  ne  peut  que  lui 
laisser  pleine  liberté,  tout  en  regrettant  cependant  qu'il 
n'adopte  pas  un  plafond  eu  bois,  à  l'exemple  de  ce  qui  s'est 
pratiqué  autrefois  dans  les  anciennes  églises  romanes  de 
notre  pays.  Le  transept  et  le  chœur  de  l'église  de  Passchcn- 
daele  peuvent  être  rangés  dans  la  3e  classe  des  monuments 
du  culte  ; 
ggite  2°  A  la  construction  d'une  chapelle  contre  l'entrée  sud 

e BeVwi nne.  *  de  l'église  de  Ciermont-sur-Berwinne  (Liège);  architecte, 
M.  Salée; 

Église  de  g«w      5"  A  la  construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Goé 

(Liège);  architecte,  M.  Jamar. 
objeu  mobilier.     Ainsi  que  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 

d'églises.         ,     ,.  , 

églises  de  : 

Montegnée  (Liège)  :  maitre-aulel  ; 

Saint-Germain,  à  Tirlemont  (Brabant)  :  autel  et  banc  de 
communion  ; 

Sainl-Servais,  à  Schaerbeek  (Brabant)  :  deux  autels 
latéraux  ; 

Neerpelt(Limbourg)  :  mailre-autel  et  banc  de  communion  ; 

Opilter  (Limbourg)  :  banc  de  communion  ; 


—  21  — 

Lommel  (Limbourg)  :  maitre-autel  ; 
Torgny  (Luxembourg)  :  bancs  ; 
Callenelle  (Hainaut)  :  buffet  d'orgues. 

—  II  a  été  procédé,  le  20  février  4902,  à  l'examen  du  É8me  de  !«<*«* 
maitre-autel  placé  dans  l'église  de  Nokere. 

H.  Van  Biesbroeck,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants de  la  Flandre  orientale,  assistait  à  cet  examen,  dont  il 
résulte  que  le  meuble  dont  il  s'agit  a  été  exécuté  dans  de 
bonnes  conditions.  En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  la 
liquidation  du  subside  alloué  par  l'État  en  vue  de  sa  réali- 
sation. 

—  Les  deux  autels  latéraux  et  le  lambris  de  la  chapelle     Égiiuda 

Braine-le-Corate. 

de  la  Sainte-Vierge,  placés  récemment  dans  l'église  de 
Bratne-le-Gomte,  ont  fait  l'objet  d'un  examen,  le  19  décem- 
bre i 901,  de  concert  avec  MM.  Van  Bastelaer,  Devillers, 
Hubert  et  Soil,  membres  du  Comité  des  correspondants  du 
Hainaut. 

Il  a  été  constaté  que  les  œuvres  dont  il  s'agit  sont  exécu- 
tées d'une  façon  très  satisfaisante.  Il  y  a  lieu,  conséquem- 
ment,  de  liquider  le  subside  promis  sur  les  fonds  des  Beaux- 
Arts,  en  vue  de  celte  entreprise. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 


Le  Collège  a  visé  : 

1°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  d'Angreau  (Hai-      ê^ 
naut);  architecte,  M.  Dosveld; 

2°  Le  projet  concernant  la  restauration  de  l'église  d'Hyon  tsu*  d'Hyoo. 
(Hainaut);  architecte,  M.  Lenain  ; 


—  22  — 

&»«!  3°  Le  projet  de  divers  travaux  de  restauration  à  effectuer 

de  Tohogne.  *       • 

à  l'église  de  Tohogne  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper  ; 
Église  de  FruiH»     4°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  réalise  de  Frasnes 

lez  Gostelies.  r      '  ° 

lez  Gosselies  (Hainaut);  architecte,  M.  Simon; 
Égiue  de  vuien-     5°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Villers-sur- 

sur-Somois. 

Semois  (Luxembourg)  ; 
ÉffUM  6°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  vitrages  des 

de  Saint-Loup,  *       *  ° 

àN.mnr.     fenêtres  de  l'église  de  Saint-Loup,  à  Namur; 
ÉgiUf  de  jeueffe.     7°  Le  projet  concernant  des  travaux  divers  de  réparation 
à  effectuer  à  l'église  de  Jeneffe  (Namur)  ; 
Égi.te  8°  Le  projet  de  restauration  de  redise  de  Wilskerke 

(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Pil; 
tifH£  f«  iwm.     9°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  exécuter  à  l'église 
des  Haies,  à  Marcinelle  (Hainaut)  ; 
agit*  10°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  redise  de  Moors- 

dcMoorslede.  r      J  ° 

lede  (Flandre  occidentale)  ; 
itgiue  11°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Xhijçnesse 

de  Xlngnme.  r      J  DO 

(Liège);  architecte,  M.  Lohest; 
ÉgHse  de  saint,      12°  Le  projet  d'une  première  série  de  travaux  de  rcslau- 

Jean-Baptiite, 

i  wavre.     raiion  à  exécuter  à  l'église  de  Sainl-Jean-Baptiste,  à  Wavre 

(Brabant);  architecte,  M.  Langerock  ; 
compte.         13°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  effectués  aux 

de  travaux 
de  restauration,   églises  de  ". 

Saint-Martin,  à  Haï  (Brabant)  :  exercice  1900; 

Notre-Dame,  à  Anvers  :  premier  semestre  de  1901. 

tou*  —  La  délégation  qui  a  procédé,  le  20  janvier  1902,  à 

Brice-      l'inspection  de  l'église  de  Rhode-Sainl-Brice,  sous  Meysse 

(Brabant),  a  constaté  que  cet  édifice  mérite,  autant  par 

l'aspect  original  que  présente  la  succession  et  la  disposition 

des  toitures  de  chacune  de  ses  parties  que  par  l'époque 


—  23  — 

reculée  de  leur  construction,  d'être  compris  dans  la  3*  classe 
des  monuments.  Son  état  exigeant  des  travaux  de  restau- 
ration et  d'appropriation  assez  importants,  il  conviendra  de 
faire  effectuer  un  relevé  soigné  de  l'église  et  un  projet  com- 
plet de  restauration.  Il  sera  utile  aussi  que  l'architecte,  à  ce 
commis,  s'assure  si  la  charpente  et  la  voûte  sont  anciennes 
et  qu'il  fasse  procéder  à  la  mise  à  nu  d'une  partie  des  murs 
intérieurs,  cette  opération  devant  révéler  la  nature  des  maté* 
riaux  mis  en  œuvre. 

—  Pour  satisfaire  à  la  demande  du  conseil  de  fabrique,  H 
a  été  procédé,  le  10  février  1902,  à  l'inspection  de  l'église 
de  Werchter  (Brabant),  à  l'effet  d'apprécier  si  elle  peut 
être  rangée  au  nombre  des  édifices  monumentaux  du 
culte. 

Le  vaisseau  de  cette  église  remonte  tout  entier  à  la  der- 
nière période  ogivale,  mais  la  construction  du  chœur  parait 
avoir  précédé  quelque  peu  celle  du  reste  du  temple.  La  base 
de  la  tour  appartient  également  à  celte  période,  tandis  que 
sa  partie  supérieure  est  plus  récente;  elle  porte,  du  reste, 
la  date  de  1657.  Son  couronnement  bulbeux  ne  manque  pas 
d'une  certaine  élégance. 

Quelques  parties  de  ce  temple,  notamment  le  transept  et 
peut-être  aussi  le  haut  de  la  grande  nef,  ont  subi  des 
remaniements. 

Les  voûtes  en  maçonnerie  de  la  haute  nef  et  du  transept 
sont  d'une  époque  plus  récente  que  la  construction  ;  elles  ont 
probablement  été  substituées  à  des  voûtes  en  bardeaux  dont 
des  fragments  sont  encore  visibles  sous  les  combles  du  tran- 
sept sud. 

Le  chœur  est  recouvert  par  une  belle  voûte  ogivale 


Église 
de  Werchter. 


—  M  — 

remontant  à  l'époque  de  la  construction  de  cette  partie  de 
l'église. 

Tous  les  parements  extérieurs  de  l'édifice  sont  construits 
en  belles  pierres  ferrugineuse  et  grise. 

Les  fenêtres  de  la  haute  nef  et  celles  du  chœur  sont  ornées 
de  meneaux  d'un  beau  tracé  et  d'un  bon  profil. 

En  somme,  l'église  de  Werchter  offre  un  bel  ensemble, 
d'un  caractère  imposant  ;  son  mérite  artistique  et  archéolo- 
gique est  suffisant  pour  qu'il  y  ait  lieu  de  la  ranger  dans  la 
3e  classe  des  monuments  du  culte. 

L'église  de  Werchter  possède  une  cuve  baptismale  en 
marbre  blanc  très  curieuse.  A  cause  du  caractère  étrange 
de  ses  sculptures,  il  est  difficile  de  lui  assigner  une  date 
approximative;  en  tous  cas,  elle  remonte  à  une  époque  très 
reculée.  Le  couvercle  en  bronze,  d'une  forte  épaisseur, 
semble  appartenir  au  xvi*  siècle  ;  il  a  visiblement  été  confec- 
tionné pour  la  cuve  dont  il  suit  tous  les  mouvements  ;  la 
potence  en  fer  forgé  qui  le  fait  mouvoir  date  de  la  dernière 
période  ogivale  ;  elle  est  intéressante. 

L'église  possède  également  une  croix    triomphale  du 
xv*  siècle,  d'un  travail  soigné  et  délicat. 
Êgiuede        —  Il  a  été  procédé,  le  16  décembre  1901,  dans  l'église 

8aiBte-Wandra,  ** 

à  Mo»,  je  Sainte- Waudru,  à  Mons,  à  l'examen  du  programme 
d'ensemble  de  tous  les  ouvrages  qu'il  est  désirable  de  voir 
effectuer  à  l'intérieur  de  cette  ancienne  collégiale. 

MM.  Devillers,  Hubert  et  Van  Bastelaer,  membres  du 
Comité  des  correspondants  du  Hainaul,  assistaient  à  cet 
examen. 

Le  programme  tracé  par  le  conseil  de  fabrique,  d'accord 
avec  son  architecte,  M.   Mortier,  est  accompagné  d'un 


—  25  — 

mémoire  rédigé  par  M.  le  doyen  Lemaitre,  notamment  pour 
ce  qui  concerne  les  orgues  et  leur  emplacement. 

Après  un  examen  attentif  de  ces  documents  et  une  inspec- 
tion minutieuse  de  l'édifice,  la  délégation  s'est  trouvée 
d'accord  avec  M.  le  doyen  et  le  conseil  de  fabrique  pour 
admettre  l'établissement  d'un  petit  orgue  d'environ  quinze 
jeux  dans  la  première  travée  au  côté  nord  du  chœur. 

Il  y  a  eu  également  accord  unanime  pour  admettre  la 
proposition  de  M.  le  doyen,  de  dégager  immédiatement  la 
partie  inférieure  de  la  tour,  des  constructions  informes  qui  y 
ont  été  élevées  en  1817  pour  l'établissement  d'un  jubé.  La 
nécessité  de  ce  dégagement,  au  point  de  vue  de  l'aspect  du 
temple  et  des  convenances,  ne  peut  être  mise  en  doute. 

L'emplacement  du  grand  orgue  serait  réservé.  Il  pourrait 
cire  choisi  soit  sous  la  grande  verrière  de  la  tour,  soit  dans  le 
transept  nord.  Cette  dernière  disposition  permettrait  de 
réédifier  l'ancien  jubé  de  Jacques  Dubroeucq,  artiste  qui  a 
exécuté  pour  l'église  de  Sainte- Waudru  des  œuvres  remar- 
quables. Il  est  d'ailleurs  indispensable  que  les  bas-reliefs 
soient  placés  à  la  même  hauteur  et  dans  les  mêmes  condi- 
tions où  ils  l'étaient  autrefois  dans  le  jubé  démoli;  tout  leur 
effet  artistique  en  dépend. 

Avant  de  rien  décider  au  sujet  de  l'une  ou  de  l'autre  de 
ces  deux  solutions,  il  y  a  lieu  de  prier  M.  l'architecte  Mortier 
de  soumettre  une  esquisse  du  projet  de  rétablissement  du 
jubé  dans  le  sens  de  ce  qui  précède  et  une  esquisse  d'après 
ses  idées  personnelles,  c'est-à-dire  du  rétablissement  à 
l'entrée  près  de  la  tour.  Ces  esquisses  doivent  être  très  som- 
maires et  indiquer,  par  une  teinte,  ce  qui  existe  encore  de 
l'ancien  jubé. 


—  26  — 

La  délégation  partage  encore  ravis  de  M.  le  doyen  en  ce 
qui  concerne  les  nouvelles  stalles  du  chœur,  lesquelles 
doivent  être  conçues  en  style  gothique,  dans  le  goût  de 
celles  de  Saint-Pierre,  à  Louvain.  Les  stalles  actuelles, 
appropriation  peu  heureuse  des  stalles  chorales  de  l'ancienne 
église  de  Saint-Germain,  de  Mons,  seraient  déplacées,  divi- 
sées en  panneaux  et  reportées  dans  les  chapelles,  en  forme 
des  anciens  bancs  des  maîtres  de  confréries. 

Le  style  gothique  devra  aussi  être  adopté  pour  les  clôtures 
du  chœur  comme  pour  celles  des  chapelles  ;  le  type  de  ces 
dernières  clôtures  a  été  adopté  le  15  juin  1901. 

Le  conseil  de  fabrique  rappelle  l'urgence  de  restaurer  les 
toitures  et  les  voûtes  de  l'église.  Il  ajoute  qu'il  y  a  lieu  de 
restaurer  encore  les  bases  et  les  fûts  des  colonnes,  les 
larmiers  des  fenêtres  et  de  remplacer  par  la  pierre  bleue 
diverses  réfections  faites  au  ciment,  aux  colonnes  et  aux 
nervures,  entamées  pour  le  placement  de  l'ornementation 
en  style  renaissance,  aux  siècles  passés. 

Il  y  a  accord  parfait  avec  le  conseil  de  fabrique  sur  le 
point  qui  précède  :  il  faut  enlever  le  ciment  aux  colonnes  et 
aux  nervures.  Il  faut  aussi  remplacer  toute  pierre  endom- 
magée; mais  il  faut  écarter,  autant  que  possible,  le  ciment, 
même  pour  les  joints  trop  ouverts,  pour  la  réparation  des 
ébréchures  ou  écornures  des  pierres,  etc. 

Il  y  a  lieu  également  d'adopter  le  programme  concernant 
les  vitraux  :  ceux  de  la  haute  nef  et  du  transept  seront 
reconstitués  en  style  renaissance,  des  fragments  de  cette 
époque,  relrouvés  dans  les  combles,  élant  suffisants  pour 
rétablir  au  moins  dix  verrières.  Les  autres  baies  du  vaisseau 
principal  et  la  grande  fenêtre  du  portail  ouest  recevront  une 


—  27  — 

décoration  de  même  style  lorsque  les  ressources  le  permet- 
tront. Quant  aux  vitraux  des  basses-nefs  et  des  bas-côtés  du 
chœur,  ils  seront  en  style  ogival  approprié  au  caractère  de 
la  construction,  soit  dans  le  type  de  ceux  placés  récemment, 
lesquels  ont  obtenu  les  approbations  requises. 

Pour  le  mailre-aulel,  la  délégation  estime,  contrairement 
à  l'avis  du  conseil  de  fabrique,  qu'il  serait  opportun  d'adopter 
le  style  gothique  comme  pour  les  stalles  et  les  clôtures,  bien 
entendu  si  l'on  adopte  la  reconstitution  du  jubé  de 
Dubroeucq.  En  tous  cas,  cette  question,  comme  celle  du 
jubé,  doit  être  réservée  jusqu'après  la  réception  des  études 
réclamées  ci-dessus  à  l'architecte. 

C'est  à  l'unanimité  que  l'on  adopte  l'idée  d'exécuter  leê 
confessionnaux  en  style  gothique. 

Mais,  à  l'unanimité  aussi,  on  repousse  l'idée  d'établir  deux 
autels  nouveaux  dans  le  transept. 

Dans  les  murailles  de  plusieurs  chapelles,  le  décapage  de 
l'église  a  ouvert  des  baies  bordées  de  forts  moellons.  On 
adopte  la  proposition  de  les  fermer  par  des  portes  parche- 
minées comme  celles  qui  sont  placées  déjà  à  la  chapelle  de 
Notre-Dame  de  Tongres. 

On  adopte  également  l'idée  d'exécuter  en  marbre  la  statue 
du  Christ  au  tombeau  qui  manque  dans  la  petite  chapelle  en 
hors-d'œuvre  située  à  l'angle  formé  par  le  mur  extérieur  de 
la  nef  nord  et  celui  du  transept.  Les  deux  portes  d'entrée  de 
ladite  chapelle  peuvent  être  en  chêne  sculpté  avec  des  arma- 
tures en  fer  forgé. 

On  est  de  même  d'accord  pour  admettre  que  les  retables 
à  exécuter  pour  les  dix-sept  chapelles  qui  en  sont  dépour- 
vues, seront  traités  dans  le  style  de  l'église.  Mais  on  appelle 


—  28  — 

toute  l'altention  du  conseil  de  fabrique  sur  la  nécessité  de 
doler  la  collégiale  de  Sainle-Waudru  de  retables  dignes  de 
cet  admirable  monument  ;  qu'ils  soient,  dans  leur  variété,  à 
la  hauteur  de  ceux  existants  et  surtout  de  celui  de  la  chapelle 
de  Saint-Joseph.  Il  va  sans  dire  que  cette  assimilation  s'ap- 
plique aux  anciens  retables  et  nullement  à  celui  placé  récem- 
ment dans  une  chapelle  de  la  nef  sud,  lequel  laisse  beaucoup 
à  désirer  au  point  de  vue  de  la  conception  et  de  l'exécution. 

Il  parait  qu'il  existe  un  projet  ayant  pour  but  d'abaisser  le 
niveau  du  sanctuaire  de  Sainte- Waudru.  Ce  projet  devra,  le 
cas  échéant,  être  mûrement  examiné. 

Le  rapport  du  19  décembre  1896,  dressé  à  la  suite  de 
l'inspection  du  19  novembre  précédent,  signalait  la  nécessité 
de  déplacer  la  châsse  de  Sainle-Waudru  qui  occupe  l'arcade 
derrière  le  maitre-autel  et  empêche  la  vue  de  s'étendre  au 
fond  de  la  chapelle  absidale.  Il  importe  d'étudier  le  projet  de 
ce  déplacement. 

11  doit  être  formellement  entendu  qu'aucun  travail,  quel 
qu'il  soit,  ne  pourra  être  entamé  et  poursuivi  qu'après  que 
le  projet  en  aura  été  régulièrement  soumis  aux  Autorités 
compétentes  et  approuvé  par  elles. 

Les  avis  relatés  ci-dessus  ont  été  formulés  à  l'unanimité 
des  membres  de  la  Commission  royale. 
Eglise  —  Il  a  été  procédé,  le  16  janvier  1902,  à  l'inspection  de 

d'Haotrage. 

l'église  d'Haulrage,  à  laquelle  il  est  question  d'exécuter  des 
travaux  de  restauration  tant  intérieurs  qu'extérieurs. 

MM.  Hubert,  Devillers,  Soil  et  Sonneville,  membres  du 
Comité  des  correspondants  du  Hainaut,  assistaient  à  celte 
inspection. 

La    tour  de    l'église  d'Hautrage  semble  remonter  au 


—  29  — 

xvie  siècle,  et  le  vaisseau  date,  paraît- il,  de  1829.  C'est  un 
ensemble  de  constructions  n'ayant  aucune  valeur  artistique. 

L'entretien  de  cet  édifice  a  été  très  négligé. 

À  l'extérieur  de  l'édifice  il  n'y  a  pas  d'écoulement  d'eau 
au  pied  des  murailles,  celles-ci  se  détériorent,  pourrissent 
littéralement.  Les  toitures  sont  en  mauvais  état;  les  gout- 
tières et  les  tuyaux  de  descente  sont  dégradés,  insuffisants 
et  manquent  même  à  certains  endroits;  les  seuils  des  fenêtres 
du  vaisseau  et  la  retraite  de  l'étage  de  la  tour  n'ont  pas  de 
larmier,  de  sorte  que  les  eaux  coulent  sur  les  murs  et  s'y 
introduisent.  Des  travaux  de  rejointoyage  en  recherche 
s'imposent  à  toutes  les  maçonneries  et  surtout  aux  faces  sud 
et  ouest  de  ta  tour. 

L'intérieur  de  l'édifice  est  aussi  dans  un  état  précaire. 
Certaines  parties  des  plafonds  et  des  enduits  sont  tombées, 
d'autres,  crevassées,  menacent  ruine.  L'humidité  transperce 
les  murs  et  les  plafonds.  Les  soffites  qui  relient  les  colonnes 
s'affaissent.  Bref,  tout  l'édifice  réclame  une  restauration 
sérieuse  et  urgente;  on  devra  l'entamer  dans  le  plus  court 
délai  possible  en  commençant  par  l'extérieur.  Parmi  les 
mesures  les  plus  pressantes  il  convient  de  citer  celle  ayant 
trait  à  la  vérification  des  soffites  dont  l'état  de  situation  ne 
peut  être  déterminé  exactement  sans  procéder  à  l'enlèvement 
des  plâtrages  qui  les  recouvrent.  Le  soffite  du  jubé  a  subi 
un  mouvement  inquiétant;  on  fera  chose  prudente  en  l'étan- 
çonnant,  en  attendant  qu'il  soit  possible  d'en  entamer  la 
restauration.  Sa  situation  parait  assez  grave  pour  que  l'auto- 
rité locale  prenne  des  mesures  sérieuses  en  vue  de  mettre 
sa  responsabilité  à  couvert. 

Deux  devis  ont  été  dressés  par  M.  l'architecte  Sonneville, 


—  50  — 

l'un  au  montant  de  7,480  francs  pour  les  travaux  extérieurs, 
le  second  s'élevant  approximativement  à  7,835  francs  pour 
les  ouvrages  intérieurs. 

Estimant  que  ces  dépenses  sont  exagérées,  le  conseil  com- 
munal a  fait  dresser  un  devis  par  M.  l'architecte  Lhoest  dont 
le  total  s'élève  à  fr.  5,226-58;  il  comporte  la  restauration 
des  toitures  et  du  plafonnage. 

Étant  donné  l'état  de  situation  de  l'édifice,  le  travail  ainsi 
limité  par  le  conseil  communal  ne  constituerait  qu'un  pal- 
liatif. Il  importe  de  procéder  à  un  travail  sérieux  et,  à  celte  fin, 
il  est  à  prévoir  que  les  deux  devis  réunis  de  M.  Sonneville 
constitueront  une  estimation  qui  se  rapprochera  de  la  réalité. 

Les  travaux  devraient  èlre  exécutés  par  voie  d'adjudica- 
tion restreinte,  à  bordereau  de  prix,  entre  quelques  entre- 
preneurs connus. 

L'église  d'Hautrage  possède  une  œuvre  de  sculpture 
intéressante,  en  pierre  blanche,  qui  paraît  remonter  au 
xv*  siècle  ;  elle  représente  l'Ensevelissement  du  Christ. 

II  y  a  lieu  de  prendre  toutes  les  mesures  de  précaution 
nécessaires  pour  qu'elle  ne  subisse  aucune  détériorai  ion 
pendant  les  travaux  qui  s'exécuteront  à  l'intérieurde  l'édifice. 
On  devrait  même  profiter  de  ces  ouvrages  pour  lui  assigner 
un  emplacement  définitif  autre  que  celui  d'à  présent;  elle  est 
simplement  déposée  sur  le  pavement  de  la  chapelle  latérale 
sud.  On  pourrait  peut-être  l'installer  dans  une  niche  à 
creuser  dans  le  mur  séparant  le  chœur  de  ladite  chapelle  ou 
l'utiliser  comme  retable  d'autel. 
église  —  A  la  demande  du  conseil  de  fabrique,  il  a  été  procédé, 

de  Nieuport.  . 

le  3  février  1902,  à  l'inspection  des  travaux  de  restauration 
en  voie  d'exécution  à  l'église  de  Nieuport. 


—  31  — 

M.  le  baroo  Bethune,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants de  la  Flandre  occidentale,  assistait  à  la  visite. 

Il  résalle  de  cet  examen  que  les  travaux  dont  il  s'agit 
s'effectuent  dans  de  très  bonnes  conditions.  On  ne  peut  que 
louer  les  artistes  chargés  de  ce  travail,  leurs  collaborateurs 
et  les  autorités  civiles  et  ecclésiastiques  qui  les  inspirent  et 
les  appuient. 

Des  recherches  opérées  dans  la  façade  longitudinale  de  la 
chapelle  sud  bordant  le  chœur,  ont  permis  de  constater  que 
des  fenêtres  géminées  primitives,  semblables  à  celles  récem- 
ment restaurées  de  la  chapelle  nord,  ont  existé;  elles  ont  été 
remplacées  postérieurement  par  des  fenêtres  simples.  Il  y 
aura  lieu  de  rétablir  la  situation  primitive  infiniment  plus 
intéressante  que  celle  qui  lui  a  été  substituée. 

Au  côté  nord,  contre  le  chœur,  il  existe  une  ancienne 
tribune  ou  oratoire  d'une  architecture  très  intéressante  et 
d'une  grande  légèreté  de  construction.  Il  importe  que  cette 
annexe  soit  débarrassée  des  objets  de  toute  espèce  qui 
l'encombrent  et  qu'on  procède  à  sa  restauration  complète 

Le  projet  de  restauration  de  l'édifice,  adopté  par  les 
Autorités  compétentes,  prévoit  une  voûte  en  bardeaux  pour 
la  croisée  du  transept.  Des  culs-de-lampe  en  maçonnerie 
semblent  démontrer  qu'il  a  existé  à  cet  endroit  ou  que  l'on  a 
eu  l'intention  de  construire  une  voûte  en  maçonnerie.  Celte 
partie  du  projet  devra  être  revue  et  étudiée  avec  grand  soin 
avant  de  passer  à  l'exéculion  du  travail. 

On  a  soulevé  la  question  d'abaisser  le  seuil  de  la  grande 
fenêtre  du  transept  sud  au  niveau  de  celui  des  autres  baies 
de  l'édifice  en  vue  d'obtenir  plus  d'unité.  Ce  parti  est  à 
conseiller,  car  rien  ne  fait  prévoir,  dans  l'avenir,  le  rétablis- 


—  52  — 

sèment  des  chapelles  érigées  autrefois  par  des  corporations 
et  qui  ont  été  démolies  vers  1835. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  compléter  les  contreforts  du  chœur 
par  des  pinacles,  les  dispositions  archi tectoniques  de  l'édifice 
ne  demandent  pas  cet  amortissement. 

Aux  angles  du  chœur,  il  a  existé  des  tourelles;  leurs 
points  d'appui  sont  encore  en  place.  Il  y  a  lieu  de  les  réta- 
blir en  s'inspirant,  pour  leurs  proportions,  de  celles  qui 
cantonnent  le  porche  d'entrée. 

L'ancienne  sacristie  offre  un  type  de  construction  très 
curieux  ;  il  faudra  étudier  avec  le  soin  le  plus  scrupuleux  le 
projet  de  sa  restauration.  Il  semble  que  cette  annexe  était 
couronnée  par  un  chéneau  à  bahut  avec  plate-forme.  En 
tous  cas,  il  faudra  conserver  le  plus  possible  les  anciens 
fragments  de  sa  corniche  d'un  caractère  aussi  original  que 
distingué. 

Parmi  les  travaux  à  effectuer  en  premier  lieu,  il  faut 
noter  ceux  ayant  pour  but  d'éloigner  de  l'église  les  eaux 
pluviales  et  celles  provenant  des  habitations  voisines, 
lesquelles  séjournent  contre  les  murailles  du  temple.  On 
devra  profiler  de  ce  travail  pour  rétablir  à  son  ancien  niveau 
le  §oI  formant  le  pourtour  de  l'édifice;  du  côté  de  la  place, 
l'abaissement  devrait  être  opéré  à  partir  de  la  dernière 
rangée  d'arbres. 

Il  est  désirable  aussi  de  voir  dégager  la  vue  des  deux 
principaux  édifices  de  Nieuporl,  son  église  majestueuse  et 
sa  halle  qui  témoigne  et  rappelle  une  prospérité  florissante; 
il  suffirait  de  démolir  quelques  maisons  de  peu  de  valeur 
pour  obtenir  un  résultat  remarquable  au  point  de  vue  de 
l'embellissement  de  la  ville. 


—  33  — 
—  La  délégation  du  Collège  qui  s'est  rendue.. si.  Saint-      un* 

n  °        '  do  Sainl-Hobert. 

Hubert,  le  20  janvier  1902,  en  vue  de  résoudre  définitive- 
ment la  question  relative  à  la  restauration  intérieure  de 
régi i se  de  celte  localité,  a  été,  comme  les  délégations  anté- 
rieures, unanime  pour  réclamer  l'enlèvement  des  crépis 
teintés  appliqués  sur  les  murs  et  les  voûtes  du  côté  nord, 
opération  très  peu  artistique  déjà  critiquée  lors  des  précé- 
dentes visites. 

Après  une  longue  étude  de  cette  affaire  importante,  la 
majorité  du  Collège  (7  voix  contre  4)  est  d'avis  que  le  déro- 
ebage  ne  doit  pas  se  faire  sur  toute  l'étendue  des  parois  de 
l'église  ;  il  peut  être  continué  sur  toutes  les  surfaces  de  pare- 
ments en  pierre  taillée.  Ces  parties  peuvent  être  rejointoyées; 
plus  tard,  si  on  peint  l'édifice,  on  peindra  sur  la  pierre 
même. 

Le  dérochage  peut,  de  même,  être  poursuivi  sur  les  murs 
soit  en  moellons,  soit  en  briques,  dans  tous  les  endroits  où 
l'adhérence  et  la  solidité  du  crépi  seraient  compromises, 
mais  on  doit  s'abstenir  de  faire  cette  opération  à  ceux  des 
crépis  des  voûtes  qui  seraient  solides  et  bien  secs.  Les  parties 
des  voûtes  où  le  décrépissage  devra  avoir  lieu  seront  récré- 
pies au  fur  et  à  mesure  de  l'enlèvement  de  l'enduit  en 
mauvais  état. 

Il  y  a  lieu  de  conserver  telles  qu'elles  sont  actuellement 
les  parties  de  murs  et  de  voûtes  déjà  dérochées.  On  conser- 
vera aussi  aux  parements  en  briques,  aux  deux  côtés  de 
l'entrée  de  l'édifice,  le  crépi  qui  y  a  été  appliqué  dans  le  ton 
général  dominant  de  la  pierre. 

La  proposition  du  conseil  de  fabrique  de  donner  aux 
voûtes  en  briques  une  teinte  uniforme  pour  les  harmoniser 


—  34  — 

n'est  pas  admissible.  On  ne  peut  davantage  admettre  le 
ciment  teinté  pour  donner  aux  nervures  en  briques  résultant 
de  la  restauration  de  l'église,  après  l'incendie  de  1568, 
l'apparence  de  nervures  en  pierre.  II  est  préférable  d'enlever 
les  nervures  en  briques,  si  ce  travail  est  praticable,  et  d'y 
Substituer  la  pierre  en  suivant  le  profil  des  parties  primitives 
de  ces  nervures  restées  intactes  à  leur  point  d'appui. 

fitant  donné  que  le  soubassement  des  murailles  du  côté 
nord  de  la  nef  est  approprié,  il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  pour 
qu'on  y  apporte  des  changements  en  vue  de  le  mettre  en 
rapport  avec  celui  du  côté  sud. 

Lors  de  la  restauration  des  bases  des  colonnes  des  nefs 
extrêmes,  on  devra  conserver  le  moellonnage  tel  qu'il  est 
aux  parties  où  lesdites  bases  étaient  masquées  par  les  mar- 
ches donnant  accès  à  ces  nefs,  afin  que  l'on  puisse  recon- 
naître, plus  tard,  quel  était  leur  niveau  primitif. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'art.  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Ch.  Lagasse-de  Locht. 


.  / 


MARQUES  &  MONOGRAMMES 

de  \y 

FAÏENCIERS  ANDENNAIS 


PRÉCÉDÉS  DU 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE 


DE8 


FABRIQUES  DE  FAÏENCE  D'ANDENNE 

d'après  des   documents  authentiques   Inédits 

8UIV1B  D'UHE 

NOTICE  SUR  JACQUES  RICHARDOT 

8CULPTEUR-FAiËNCIER 
PAR 

E.-J.     DAItDENNE 

Membre  correspondant  de  la  Commission  royale  des  monuments,  à  Andenne 


FAÏENCES  D'ANDENNE 


Le  Comité  du  Bulletin  des  Commissions  royales  (Tari  et  d'archéologie 
avait  encouragé  M.  Dardenne,  auteur  d'un  très  intéressant  travail 
•sur  les  •  Faïences  d'Andenne  »,  à  des  recherches  complémentaires 
dans  les  anciens  actes  de  notaires,  des  paroisses  et  de  l'état  civil  ;  il 
est  résulté  de  là  un  afflux  considérable  de  renseignements  précieux, 
et  la  nécessité  de  remettre  le  travail  entier  sur  le  métier,  pour  le 
transformer  en  monographie  spéciale,  du  genre  de  celles  que  M.  Soil 
•a  consacrées  aux  porcelaines  et  aux  faïences  de  Tournai. 

Mais  pour  ne  pas  priver  le  public  de  la  communication  de  détails 
dès  à  présent  parachevés,  le  Comité  les  distrait  de  l'œuvre»  avec 
l'assentiment  de  l'auteur  et  les  communique  aux  lecteurs  du  Bulletin. 

(Note  de  la  rédaction.) 


—  37  - 


Tableau  chronologique  des  fabriques  de  faïence  d'Andenne 


I.  Première    fabrique    fondée    par    Joseph    Woulers. 
(Société  anonyme  des  Terres  plastiques  et  Produits 
réfraclaires  d'Andenne,  actuellement.) 
Joseph  Wouters. 

J.  Woulers,  G.  Shoan  et  J.-C.  Hennich,  30  avril  1783. 
J.  Woulers,  J.-J.-E.  baron  Van  de  Wardt-d'Onsel  et 

L.-J.-W.  de  Kessel,  21  décembre  1784. 
Van  de  Wardt  et  de  Kessel  (Harell,  chef  de  fabrication 

et  séquestre),  10  juillet  1786. 
Van  de  Wardt,  de  Kessel,  d'Hondt  et  Boucquéau, 

31  août  1786. 
Van  de  Wardt,  de  Kessel,  Hennisch  et  Boucquéau, 

23  janvier  1787. 
Directeurs  :  Hennisch  ; 

Van  de  Wardt  et  de  Kessel,  13  avril  1787  ; 
de  Kessel  ; 

Harell,  30  août  1791; 
Hennisch  ; 

Van  de  Wardt,  30  juin  1795; 
Boucquéau. 
Partage  de  la  fabrique  entre  Van  de  Wardt  et  Bouc- 
quéau, 14  février  1804. 


—  38  — 

a)  Boucquéau. 

Jacques  Fourmy,  1813. 
En  faillite,  21  mai  1818. 

b)  VandeWardt. 

Mathieu  Servais,  30  octobre  181  S. 
Leroy. 
Les  deux  parties  sont  réunies  par  la  Société  Pastor- 
Michiels  et  Clc,  devenue  en  1836  Société  anonyme 
Pastor-Bertrand  et  G1*,  fabricants  de  produits  réfrac- 
taires. 
H.  Seconde  fabrique  fondée  par  J.  Woulers  (usine  E.  et 
L.  Godin  et  C). 
Joseph  Woulcrs,  1794. 
J.    Wouters,    J.-P.    Verdussem    et    B.    Lammens, 

21  mars  1805. 
J.-P.  Verdussem  et  B.  Lammens,  12  décembre  1806. 

(B.  Lammens  et  C1*.) 
Gockerill,  papeterie  et  impression  de  coton. 

III.  Jean-François  Kreymans,  1804.  Place  du  Chapitre. 

Concordat,  17  mai  1806.  Emmanuel  Malevé,  cura- 
teur. 

Jean-Philippe  Becquevort,  28  février  1806. 

Aimé-Victor  Bécherel,  4  juillet  1829. 

Bâtiments  vendus  à  la  ville  d'Andennc,  1837. 

(École  moyenne  et  école  primaire  de  garçons.) 

IV.  Rue  des  Polonais. 
Lambert  Crefcœur,  fabricant. 

Michel  Fonder,  31  juillet  1816,  propriétaire. 
Emmanuel-Fuigcnce  Richard,  13  octobre  1817,  pro- 
priétaire. 


—  39  — 

Àmand-Joseph  Pire,  fabricant,  16  juillet  1816. 
Rose  Bonhi vers  el  C",  4831. 
Antoine-Fossion  et  Joseph  Rouleau,  1822. 
Arnold  Bon  hivers. 
Emmanuel  Deville,  9  mai  1832. 
Marcellin  Deville. 

Vendue  à  divers  propriétaires  et  démolie. 
V.  Charles  Smet,  rue  des  Passettes,  rue  Neuve  actuelle. 
Smet  et  Joseph  Nihoul,  20  juin  1833. 
Joseph  Nihoul. 
Edouard  La  pierre,  1848. 
Camille  Renard,  fabrique  de  porcelaine. 
Jules  Dothée,  fabrique  de  porcelaine. 
Démolie. 
VI.  Famille  Richard  au  Stappe,  1812-1862. 

Démolie.  M"M  Ramelot,  propriétaires. 
VII.  Henneau,  rue  d'Hornilles. 
Lerov. 

Ferdinand  Boulanger. 
Tiburce  Courtoy. 

Transformée  en  maisons  ouvrières. 
VIII.  Joseph  Lapierre,  rue  des  Chats. 

Joseph  Lapierre,  place  du  Chapitre;  finit  vers  1844. 
Transformée  en  habitations. 
IX.  Mentions  isolées. 

Charles  Nihoul,  époux  Charlotte  Polel,  (814. 
Louis  Winand,  Grand'Rue,  1817. 
Transformée  en  fabrique  de  porcelaine,  actuellement 
en  démolition. 


—  40  — 


n 


Marques  et  monogrammes  des  faïences  d'Andenne 


Nous  passerons  en  revue  les  marques  et  monogrammes 
de  faïences  d'Ancienne  que  nous  avons  relevés  ;  ils  nous 
paraissent  incontestables.  C'est  à  dessein  que  nous  avons 
négligé  quelques  monogrammes  de  pièces  que  nous  nous 
croyons  autorisé  à  attribuer  à  Andennc,  soit  parce  qu'ils  ne 
nous  semblent  pas  revêtir  un  caractère  suffisant  d'authenti- 
cité, soit  parce  qu'ils  sont  appliqués  sur  des  pièces  de  qualité 
inférieure,  ne  méritant  à  aucun  titre  de  figurer  dans  une 
collection  quelque  peu  sérieuse. 

1.  Wouters,  Àndenne,  en  bleu,  au  pinceau.  (Pi.  V,  n°  1.) 

Plat  à  marly  blanc;  diamètre  extérieur  :  0ra265;  diamètre 
du  bassin,  0mi85. 

Le  fond  est  décoré  d'un  paysage  en  camaïeu  exécuté  à  la 
main.  Le  premier  plan  est  très  accentué,  le  second  est  en 
lointain  et  le  ciel  vaporeux  est  légèrement  nuage. 

Pour  sujet,  un  château  à  donjon  carré,  campé  sur  un 
rocher;  au  pied,  un  chemin  à  profondes  ornières,  bordé  de 
broussailles,  d'où  s'élance  un  arbre  assez  élevé,  d'une  belle 
silhouette  et  très  bien  détaillé.  Une  large  rivière  semble 
couler  derrière  le  château;  elle  sépare  les  deux  plans, 
rejetant  perspectivement  le  second  à  une  assez  grande 
distance;  dans  ce  second  plan,  on  aperçoit  un  vaste  château 


—  41  — 

avec  escalier  extérieur,  pont,  tourelles,  etc.  On  le  voit,  nous 
sommes  loin  du  réalisme  ;  c'est  une  composition  assez  com- 
pliquée, arrangée  de  toutes  pièces.  Tenant  compte  de  la 
difficulté  inhérente  à  la  décoration  céramique,  où  les  couleurs 
et  les  teintes  ne  prennent  leur  valeur  réelle  qu'après  la 
cuisson,  cette  pièce  témoigne  d'une  grande  habileté,  d'une 
main  sure  et  délicate.  Bref,  c'est  un  très  beau  spécimen 
d'une  exécution  irréprochable,  avec  cette  particularité  que 
le  marly,  assez  large  pourtant,  ne  porte  aucun  ornement. 

2.  Même  marque,  mais  interposée,  c'est-à-dire  Àndenne, 
Wouters,  imprimée  en  creux  dans  la  pâle,  sous  le  vernis. 
(PI.  V.  n*  2.) 

Assiette  au  marly  festonné,  0m225  de  diamètre;  c'est  un 
modèle  lourd,  peu  gracieux,  à  cause  de  la  forme  concave 
trop  accentuée  du  marly.  Le  modèle  est  une  imitation  mal- 
habile de  celui  de  Luxembourg;  les  festons  manquent  d'élé- 
gance et  de  souplesse  dans  la  courbe,  de  modelé  dans  la 
forme.  Cette  pièce  est  d'une  pâte  commune;  le  vernis  en  est 
jaunâtre,  épais;  le  décor  en  est  original,  curieux  par  sa 
naïveté,  manquant  absolument  de  beauté. 

3.  J.  Wouters,  à  Andenne,  marque  en  creux  sous 
vernis  (i).  (PI.  V,  n*  3.) 

Beurrière  ou  compotier  ovale,  adhérant  à  son  plateau, 
0-22  x  (riôS.  Récipient  0*15  x  0m10.  Hauteur  On,16o. 

Le  couvercle  est  surmonté,  en  guise  de  bouton,  d'une 
vache  couchée,  que  nous  supposons  avoir  été  modelée  par 
J.  Richardot   Celte  superbe  pièce,  au  vernis  quelque  peu 


(i)  Feu  Renard- Soubre,  de  Liège,  attribuait  cette  marque  à  Van  de 
Waaidt.  Rien  ne  nous  parait  justifier  cette  manière  de  voir. 


—  44  — 

Huilier  décoré  en  bleu  par  de  simples  filets  accentuant  les 
contours.  Le  plateau  est  de  forme  losangée  presque  régu- 
lière, mesurant  0*17  de  longueur  sur  0°H)9  de  largeur.  Le 
bord  est  formé  d'une  côte  arrondie,  s'épanouissant  à  ses 
extrémités  en  deux  ou  trois  feuilles  de  laurier  qui,  par  leur 
rencontre  deux  à  deux  affrontées,  accusent  les  quatre  angles 
du  losange.  Les  logeltes  destinées  à  recevoir  les  carafes  sont 
de  forme  cylindrique  ;  les  parois  en  sont  formées  de  rubans 
plats  entrelacés,  donnant  huit  festons  pour  le  pourtour  ;  elles 
mesurent  0n07  de  hauteur  et  0m08  de  diamètre. 

Modèle  simple,  élégant,  de  belle  exécution. 

7.  Bernard  Lammens  et  C",  en  creux,  sous  vernis. 
(PI.  V,  n«  7.) 

Plat  au  marly  ajouré;  diamètre  intérieur  0*265  ;  diamètre 
supérieur  du  bassin,  0*18;  hauteur,  0m027. 

Sous  le  monogramme  une  étoile  au  tampon,  en  creux, 
sous  vernis  ;  les  deux  marques  furent  appliquées  séparément, 
car  leur  position  relative  n'est  pas  fixe  sur  les  deux  pièces 
que  nous  avons  sous  les  yeux.  Sur  une  assiette  décorée  de 
festons  bleus,  notre  sigle  est  accompagné  du  n°  13,  toujours 
en  creux,  simple  marque  ou  numéro  de  série,  sans  aucun 
doute. 

Le  profil  de  notre  plat  est  très  élégant;  il  est  peu  profond 
et  le  marly  s'étale  presque  horizontalement.  Le  fond  du 
bassin  est  orné  d'une  sorte  de  guillochis  formé  de  rayons  et 
de  cercles  concentriques  de  plus  en  plus  rapprochés  vers  le 
centre.  La  partie  extérieure  du  marly,  imitant  assez  bien  les 
brindilles  d'osier  tressées  des  vanniers,  est  enlacée  dans  un 
ruban  bleu  en  spirale,  coloré  en  bleu  foncé.  Entre  le  marly 
et  le  bassin  court  une  mince  corde  en  bleu  clair.  Le  marly 


—  48  — 

offre  autant  de  jours  que  de  pleins,  les  uns  et  les  autres 
déterminés  par  le  prolongement  des  rayons  du  guillochis 
central.  Ce  plat  portait  une  corbeille  à  fruits  ajourée,  de 
forme  sphérique  surbaissée,  d'un  travail  analogue,  mais  plus 
léger  et  plus  délicat  que  celui  du  marly,  véritable  moulage 
de  vannerie,  qui  figura  à  la  vente  de  feu  Eug.  Lapierrc, 
d'Ancienne. 

8.  Bernard  Lammens  et  G",  en  creux,  sous  vernis. 
(PI.  V,  n*  8.) 

Cette  marque  se  trouve  sur  deux  pièces  décorées  à  la 
molette. 

a)  Pot  à  lait,  hauteur,  0"I0;  grand  diamètre,  (^OSS, 
exécuté  en  pâte  gris-cendré,  avec  incrustations  de  pâle 
blanche.  Vers  le  bas,  formant  en  quelque  sorte  le  pied,  se 
voit  un  rang  de  perles  enserré  entre  deux  très  minces  filets 
noirs  au  pinceau.  Plus  haut,  immédiatement  au-dessus  du 
grand  diamètre,  c'est  une  frise,  blanche  aussi,  formée  de 
trois  rangs  de  petites  rosettes  très  serrées,  bordée  de  deux 
rangs  de  petites  perles  ou  grènetis  et  aussi  cernée  de  deux 
lignes  ou  filets  noirs  au  pinceau  (i). 

b)  Encrier  en  pâte  brun  clair,  —  brun  Campana,  —  avec 
incrustations  noires.  Il  est  de  forme  cylindrique,  mesurant 
0œt65  de  diamètre  et  0n055  de  hauteur.  En  somme,  c'est 
an  simple  plateau  au  bord  relevé  verticalement,  portant  à 


(t)  Le  même  pot  à  lait,  identique  de  forme,  de  dimensions  et  de  décor, 
—  sauf  la  couleur,  —  fut  aussi  fabriqué  en  pâte  rouge  vermillon  très  fine, 
polie,  sans  vernis. 

Cette  dernière  pièce  nous  permet  de  fixer  l'origine  aniennaise  d'un 
sucrier  de  forme  ovoïde,  avec  couvercle  surmonté  d'un  bouton  et  de  même 
exécution.  Hauteur  0"11;  diamètre  supérieur  de  la  coupe,  0m076;  il  est 
aussi  molette  de  grènetis  et  de  frises  à  rosettes. 


—  48  — 

est  plus  étalée,  moins  barde  et  plus  large  que  celle  du 
service  (i). 

40.  Bernard  Lammens  et  C,#.  Cachet  ovale,  en  creux 
sous  vernis,  OTO^l  surOra018.  (PI.  V,  n°  10.) 

L'étoile  marquant  le  point  initial  de  l'inscription  en 
exergue,  se  trouve  placée  en  bas;  contrairement  à  la  marque 
précédente,  la  lecture  se  fait  de  bas  en  haut  et  de  gauche  à 
droite.  Remarquons  que  la  firme  sociale,  inscrite  dans  le 
champ  du  cachet,  est  seulement  notée  en  initiales. 

Cette  marque  est  appliquée  sur  des  assiettes  et  sur  des 
plats  à  festons  bleus  au  pinceau,  pièces  de  beau  modèle, 
d'excellente  fabrication  au  vernis  blanc  et  pur. 

Nous  l'avons  aussi  rencontrée  sur  le  plateau  ovale  d'une 
corbeille  à  fruits  au  bord  ajouré,  forme  bateau,  sorte  d'imi- 
tation de  vannerie,  décorée  en  bleu.  Elle  est  enfin  appliquée 
sur  un  sucrier  ou  petit  fruitier,  ovale,  avec  couvercle, 
adhérent  à  son  plateau,  accompagné  d'une  délicieuse  petite 
louche  en  passoire,  décoré  en  bleu,  genre  feston,  comme 
les  assiettes  et  les  plats  renseignés  plus  haut. 

II.  Bernard  Lammens.  (PI.  V,  n°  II.) 

Assiette  au  marly  festonné,  décoré  de  quatre  bouquets  en 
bleu,  au  pinceau.  Dans  le  fond  s'étale  un  autre  bouquet 
assorti  de  lignes,  de  dimensions  plus  grandes  et  de  compo- 
sition plus  compliquée. 


(i)  11  est  intéressant  de  rapprocher  et  de  comparer,  sous  le  rapport  du 
décor  imprimé  en  noir,  les  spécimens  d'Andenne  et  ceux  de  Creil  :  les 
premiers  sont  de  beaucoup  supérieurs  aux  seconds  comme  vigueur  de  ton, 
élégance  et  correction  de  dessin,  intérêt  des  sujets  choisis;  faisons  aussi 
cette  observation  que  le  marly,  lourd,  compact,  quelque  peu  empâté  à 
Andenne,  est  plus  léger,  plus  élégant  à  Creil,  mais  parfois  étrange,  même 
naïf,  dans  sa  simplicité  de  composition. 


—  49  — 

Le  modèle  est  élégant,  le  vernis  blanc  pur,  gras  et  bril- 
lant; bref,  c'est  une  pièce  de  très  belle  exécution,  offrant 
une  grande  analogie  avec  des  pièces  de  même  forme  portant 
la  marque  de  Tournai. 

Diamètre,  0-235;  hauteur,  0mO25. 

12.  Bernard  Lammens,  marque  en  creux,  sous  vernis. 
(PI.  V,  n- 12.) 

Cette  marque  se  trouve  sur  deux  pièces  : 

4#  Une  magnifique  corbeille  ovale  ajourée,  genre  van- 
nerie, avec  son  plateau  à  marly  également  ajouré;  décor 
bleu  clair.  Les  anses  de  la  corbeille  sont  formées  par  de 
gentils  nœuds  de  rubans. 

2°  Cache-pot  de  forme  cylindrique,  arrondi  vers  le  bas, 
avec  petite  moulure  formant  pied,  et  une  moulure  peu 
saillante  cerclant  le  bord  supérieur.  Deux  anses  accolées  à 
la  paroi,  genre  rocaille,  à  saillie  légère,  complètent  la 
décoration  modelée. 

Faïence  blanche,  légèrement  jaunâtre,  vernis  brillant. 
Pour  décor,  des  festons  bleus  (huit  pour  le  contour  entier), 
tombant  du  cercle  supérieur,  où  ils  sont  reliés  deux  à  deux 
par  des  nœuds;  une  chute  coupe  l'angle  vers  le  dessous. 
Chaque  festou  porte  en  son  milieu,  au  bas  de  sa  courbe,  une 
assez  grande  fleurette  ;  la  guirlande  est  formée  d'une  simple 
ligne  agrémentée  de  brindilles  latérales  s'altongeant  à  mesure 
qu'elles  se  rapprochent  des  fleurettes.  En  somme,  rien  que  des 
lignes,  rien  qui  ressemble  à  quelque  imitation  de  feuil- 
lage. 

12biV  Un  autre  cache-pot  de  même  genre  et  de  même 
décor,  bien  que  d'un  profil  légèrement  modifié,  moins 
heureux  que  le  premier,  porte  les  deux  lettres  BL,  impri- 


—  50  — 

mées  sur  la  paroi  latérale  intérieure  du  pied  ;  de  plus,  une 
lettre  est  tracée  au  pinceau,  en  bleu,  sur  le  fond. 
Nous  retrouvons  le  même  décor  sur  deux  autres  pièces  : 

a)  Un  bol  à  deux  anses,  de  forme  hémisphérique  avec 
pied  mouluré;  l'ensemble  est  d'un  profil  élégant  et  la  pièce 
d'une  belle  fabrication. 

Hauteur,  0*097;  diamètre  de  la  coupe,  0*14;  diamètre, 
les  anses  comprises,  0m21. 

b)  Un  encrier  de  bureau,  de  forme  cylindrique,  légère- 
ment évasé  vers  le  bord  supérieur,  avec  godet  au  centre, 
genre  du  n°  8. 

Hauteur,  0m06;  diamètre  inférieur,  (Vil;  diamètre 
supérieur,  Oml48. 

43.  Bernard  Lammens,  en  bleu,  au  pinceau.  (PI.  V,  n°  1 3  ) 

Assiette  à  dessert  :  diamètre,  0m22;  hauteur,  0m097. 

Le  bord  du  marly  est  découpé  en  festons  circulaires, 
alternativement  larges  et  étroits;  trois  bouquets  alternant 
avec  trois  brindilles  décorent  le  marly.  Celle  décoration, 
tout  au  moins  inspirée  par  celle  du  n°  (1 ,  est  toutefois  d'une 
exécution  plus  artistique. 

Dans  le  fond  du  bassin  s'étale  un  écusson  avec  casque 
fermé  en  cimier  et  lambrequins  ;  l'écu  est  tiercé  en  bande, 
de  gauche  à  droite  ;  cette  bande  est  en  pointillé,  donc  de 
sable,  en  termes  héraldiques,  relevée  de  trois  pièces  au  con- 
tour très  indécis,  presque  trois  taches  sur  le  caractère 
desquelles  il  serait  difficile  de  se  prononcer.  Elles  éveillent 
en  nous,  sans  trop  savoir  pourquoi,  l'image  de  la  bande  aux 
trois  coquilles  des  Beau fort-Spon tin.  Le  champ  de  l'écu  est 
hachuré  verticalement,  donc  de  gueules  ;  dans  le  quartier  de 
droite,  il  est  relevé  de  deux  pièces  posées  de  fasce,  et  dans 


—  51  — 

le  quartier  de  gauche,  vers  la  pointe,  d'une  seule  de  ces 
.  mêmes  pièces.  Celle  pièce  de  l'écu  se  retrouve  enfin  posée 
sur  le  sommet  du  casque.  Sous  l'écusson  se  déroule,  avec 
forl  peu  d'élégance,  il  faut  en  convenir,  une  banderole 
portant  en  caractères  romains  majuscules  MR  :  AND  :  L. 
FOSSOUL.  C'est  le  nom,  non  du  fabricant,  mais  bien  celui 
du  propriétaire,  André-Louis  Fossoul,  beau-père  de  François 
Woulers. 

Cette  assielle,  mince  de  profil,  nette  et  élégante  de  forme, 
fine  de  pâle,  claire,  de  vernis  blanc  pur  bien  égal  et  bien 
brillant,  est  une  des  plus  belles  pièces  que  nous  ayons  ren- 
contrées. 

Les  assiettes  portant  cette  marque  furent  fabriquées  pour 
André- Louis  Fossoul,  beau-père  de  François  Woulers  (fils 
de  Joseph),  donl  le  mariage  eut  lieu  le  15  octobre  1817; 
elles  demeurèrent  dans  la  famille,  religieusement  conservées, 
jusqu'en  ces  dernières  années.  Or,  François  Wouters  travail- 
lait chez  B.  Lammens  et  C1*  comme  ouvrier  mouleur  en 
faïence  (i).  L'interprétation  de  ce  monogramme  ne  présente 
pour  nous  aucune  difficulté  ;  c'est  bien  celui  de  B.  Lammens. 
Le  lire  d'une  autre  façon  ce  serait  altribuer  la  pièce,  comme 
d'aucuns  pourraient  peut-être  le  faire,  à  la  fabrique  Boch 
(Luxembourg).  Mais  n'oublions  pas  que  celte  fabrique  était 
fermée  depuis  1809  et  qu'alors  notre  François  Wouters 
comptait  seulement  quinze  printemps.  11  serait  absurde  de 
supposer  qu'à  cet  âge  le  jeune  Woulers  eût  commandé  au 
cooeurrent  de  son  patron,  —  et  encore  en  admettant  qu'il 


(i)  C'est  ainsi  qu'il  est  qualifié  à  son  acte  de  mariage  et  que  nous  l'avons 
rencontré  en  divers  actes  authentiques  ou  d'état  civil. 


—  52  — 

fut  déjà  son  patron,  —  le  cadeau  de  mariage  qu'il  destinait 
à  son  futur  beau-père. 

Il  y  a  seulement  quelques  années  que  la  famille  Wouters 
se  dessaisit  de  ces  intéressants  spécimens  de  faïence  anden- 
naise,  en  faveur  du  Musée  archéologique  de  Namur  et  de 
notre  propre  collection.  Un  exemplaire  figure  au  Musée 
céramique  de  Sèvres. 

14-15.  L'interprétation  de  ces  deux  monogrammes,  qui 
offrent  une  étroite  analogie  et  se  trouvent  sur  des  pièces  de 
mêmes  formes,  des  assiettes  de  même  fabrication  et  de  décor 
identique,  nous  rend  assez  perplexe. 

Ces  assiettes  à  marly  festonné  à  côtes  sont  bien  de  la 
famille  luxembourgeoise,  mais  on  ne  peut  guère  lire  celte 
marque  Boch  ni  Bécherel.  Nous  tenons  néanmoins  nos 
exemplaires  pour  andennais,  à  cause  de  leur  provenance 
ou  de  leur  découverte.  Nous  inclinerions  à  croire  que  c'est 
plutôt  la  signature  du  décorateur  que  la  marque  du  fabri- 
cant. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  modèle  est  joli,  à  fleur  de  coin, 
le  décor  assez  heureux,  le  vernis  de  belle  qualité,  mais  non 
d'une  irréprochable  blancheur. 

16.  Bécherel  ou  Becquevort,  marque  en  bleu  au  pinceau. 

Saucière  à  côtes  en  festons,  analogue  à  celle  portant  la 
marque  n°  5,  mais  plus  aplatie,  plus  écrasée,  le  bord  de  la 
coupe  plus  fortement  infléchi  en  dedans;  les  côtes  sont  aussi 
plus  saillantes,  plus  fortement  accusées,  plus  vivement 
modelées.  Le  décor  en  est  aussi  analogue,  quoique  plus 
compliqué,  d'une  exécution  plus  lourde;  la  couleur  est  un 
bleu  foncé  manquant  de  pureté  et  qui  se  rapproche  beau- 
coup de  celle  du  numéro  suivant. 


—  53  — 

17.  Marque  ou  cachet  eti  creux  sous  vernis,  inscrite 
dans  un  cœur,  OmOI4  x  OmOI5. 

Jean-Philippe  Becquevort. 

Ce  sigle  se  trouve  apposé  sur  deux  pièces  qui  par  elles- 
mêmes  ne  présentent  pas  grand  mérite  :  modèle  peu  gracieux, 
pâte  épaisse,  vernis  grisâtre,  et,  de  plus,  grattées,  détériorées 
au  possible;  mais  elles  nous  sont  précieuses  comme  seuls 
spécimens  de  décoration  à  l'estampille. 

1°  Un  plat  de  0m3l  de  diamètre,  hauteur  0m04,  décoré 
en  bleu  franc  de  teinte  foncée,  posé  sous  vernis.  Le  centre 
du  fond  du  bassin  est  marqué  par  une  sorte  de  rosace  ;  le 
pourtour  du  marly  est  exécuté  en  petit  motif  posé  sur  un  filet 
extérieur  et  qui  ne  se  répète  pas  moins  de  cent  vingt  fois  sur 
le  cercle  entier.  On  se  demande  ce  qu'il  faut  le  plus  admirer 
dans  cet  ouvrage,  ou  la  patience  du  décorateur  ou  sa  dexté- 
rité. L'adresse  qu'il  déployait  dans  ce  travail,  d'une  régularité 
presque  complète,  eût  sans  nul  doute  produit  un  résultat 
infiniment  meilleur  si  elle  se  fût  exercée  avec  un  pinceau  au 
lieu  du  rustique  tampon  de  buis. 

2°  Un  saladier  ou  légumier,  mesurant  0m325  de  diamètre 
et  0*09  de  hauteur  ;  la  paroi  latérale  est  relevée  presque  en 
forme  cylindrique  et  terminée  en  son  contour  supérieur  par 
six  grands  festons  en  accolade.  Il  conserve  quelque  aspect 
des  belles  décorations  au  pinceau  et  sert  en  quelque  sorte  de 
transition  entre  les  deux  procédés.  En  effet,  certaines  par- 
ties de  ce  qui  représente  des  roses  sont  faites  à  l'estampille 
et  complétées  par  de  larges  et  francs  coups  de  pinceau  pour 
terminer  le  grand  bouquet  qui  occupe  la  plus  grande  partie 
du  fond  du  bassin.  Hâtons-nous  de  dire  qu'on  y  chercherait 
en  vain  la  grâce,  la  légèreté,  le  sentiment  décoratif,  délicat 


—  54  — 

et  distingué  des  pièces  andennaises  d'une  époque  même 
quelque  peu  antérieure. 

18.  Cachet  en  creux,  sous  vernis,  ovale  Om0i8  X  O^li. 

Arnold  Bon  hivers. 

Petit  plat  ovale  de  0m2U  sur  0"156. 

Pièce  d'assez  belle  fabrication,  mince  de  pâte,  légère  et 
élégante  de  profil,  au  marly  bombé,  à  vernis  blanc,  légè- 
rement verdàtre  et  brillant.  Un  filet  bleu  assez  large  suit  le 
bord  extérieur;  un  autre  plus  mince  marque  le  milieu  du 
marly,  le  long  duquel  serpente  un  feston  barbelé.  Malgré  sa 
simplicité,  ce  décor  ne  manque  ni  de  grâce  ni  d'agrément. 

49.  Marque  donnée  par  Demmin,  dans  son  Guide  de 
(amateur  de  fàience  et  de  porcelaine  (i). 

Nous  venons  de  la  rencontrer  sur  une  superbe  pièce,  un 
plat  à  marly  ajouré,  décoré  en  bleu  foncé,  de  composition 
identique  au  modèle  n°  7,  mesurant  0m30  de  diamètre. 

Faisons  aussi  remarquer  que  le  même  auteur  attribue 
notre  marque  n°  4  à  Van  der  Waert  (pour  Van  de  Wardt?). 

(i)  3«  édition.  Paris,  1867. 


—  55  — 


m 


JACQUES  RICHARDOT,  sculpteur-faïencier 


Pendant  vingt  années,  Jacques  Richardot  travailla  à 
Ancienne,  soit  dans  les  ateliers  de  Wouters,  —  première  et 
deuxième  fabrique,  —  soit  chez  Van  de  Wardt.  La  quantité 
de  pièces  qu'il  produisit,  le  genre  de  ses  sculptures,  le  sou- 
venir qu'il  laissa  à  Andenne  lui  méritent,  nous  semble-t-il, 
une  place  spéciale  dans  notre  modeste  travail. 

Jacques  Richardot  naquit  à  Lunéville  (Lorraine),  le 
28  juillet  1743  ;  il  élait  fils  de  Claude  Richardot,  attaché  à  la 
fabrique  de  6.  Gharmelte,  le  doyen  des  faïenciers  lorrains, 
et  tenu  en  haute  estime  par  son  patron  (t). 

De  bonne  heure,  J.  Richardot,  filleul  de  Gharmelte, 
s'essaya  à  façonner  l'argile  et  à  manier  l'ébauchoir,  encou- 
ragé sans  doute  par  Gharmette  lui-même,  heureux,  comme 
on  le  serait  en  pareille  circonstance,  de  seconder  ses  belles 
dispositions  naturelles.  Jacques  reçut  probablement  les 
premières  leçons  de  P.-L.  Cyfflé  (s).  Un  fatal  événement 
faillit  compromettre  celle  carrière  qui  s'ouvrait  sous  de  si 
heureux  auspices  :  en  1758,  Gharmelte  mourut;  son  usine 


(i)  Notes  pour  servir  à  la  biographie  de  Jacques  Richardot,  par  Ed.  Niffie- 
Àndaux.  Brochure  in-8»,  Paris,  1895.  (Extrait  du  Bulletin  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  des  départements.) 

(«)  «  Les  groupes  et  statuettes  de  Lunéville,  surtout  celles  dues  au 
sculpteur  Cyfflé,  sont  très  recherchées.  »  Ed.  Garnier  :  Céramique,  Revue 
encyclopédique  de  Larousse,  1899. 


—  56  — 

se  ferma  et  la  famille  Richardot  dut  chercher  ailleurs  une 
occupation  qui  assurât  son  pain  quotidien.  Noire  jeune 
sculpteur  comptait  alors  quinze  printemps  ! 

Précisément  à  cette  époque,  une  ardente  rivalité  existait 
entre  deux  fabriques  de  faïence  bruxelloises,  celle  de  Jacques 
Arloisenet  et  celle  des  héritiers  Philippe  Mombaerls.  Ce  fut 
vers  Bruxelles  que  Claude  Richardot  dirigea  ses  pas,  escorté 
de  toute  sa  famille;  tout  ce  que  Ton  sait,  c'est  qu'il  entra 
dans  l'un  des  deux  ateliers  rivaux,  M.  Niffle  ne  put  décou- 
vrir quel  patron  se  l'attacha. 

Nous  ne  savons  rien  non  plus  des  éludes  sculpturales  de 
J.  Richardot  ;  rien  ne  transpire  ni  quant  à  l'atelier  ou  l'école 
qu'il  fréquenta,  ni  quant  au  maître  qui  dirigea  son  éducation 
artistique.  D'après  M.  Niflle,  le  caractère  de  ses  œuvres 
semble  avoir  subi  l'influence  de  Cyfflé  (i);  toujours  est-il 
que  notre  jeune  sculpteur  vécut  dans  l'ombre  durant  dix- 
huit  ans. 

Au  début  de  l'année  i  786,  Jacques  Richardot  travaille  à 
la  fabrique  de  Saint-Servais,  près  de  Namur  ;  du  15  juin  1786 
au  24  octobre,  nous  le  voyons  figurer,  avec  son  fils  Guillin, 
parmi  les  ouvriers  de  la  fabrique  J.  Wouters  et  Cto  (ouvriers 
modeleurs);  le  5  novembre  1786,  Guillin  Richardot  épousa 
Anne-Joseph  Tonglet,  de  famille  andennaise;  J.  Harell, 
directeur  de  la  fabrique,  signa  l'acte  de  mariage  comme 
témoin  (s). 


(i)  Après  la  débâcle  de  Char  mette,  Cyfflé  fonda  à  Hastière  une  fabrique 
de  faïence  qui  fut  autorisée  par  octroi  du  6  août  1785. 

(i)  A  la  suite  de  différends  survenus  avec  ses  associés  (Van  de  Wardt  et 
de  Kessel),  Jacques  Wouters  introduisit  au  conseil  provincial  de  Namur 
une  demande  en  dissolution  de  société.  De  leur  côté,  ses  adversaires 


—  57  — 

Dans  le  courant  de  cette  année  1786,  Claude  Richardot 
vint  rejoindre  son  fils  Jacques  et  son  petit-fils  Guillin 
à  Andenne,  où  la  société  Van  de  Wardt  et  de  Kessel 
lui  ouvrit  ses  ateliers.  Il  figure  au  compte  du  séquestre 
comme  tourneur  en  faïence.  Guillin  est  inscrit  comme 
modeleur  (i). 

Enfin,  en  1804,  J.  Richardot  signale  sa  présence  à 
l'atelier  de  Wouters  par  son  «  Napoléon  »,  signé  tout  au 
long  :  t  Fait  à  Andenne,  dans  la  fabrique  du  sieur  Wouters, 
le  2  thermidor,  au  premier  de  l'empire  français.  Fait  par 


voulurent  faire  prononcer  son  exclusion  de  la  fabrique.  Afin  de  ne  pas 
interrompre  le  travail  à  la  manufacture,  ce  qui  eût  nécessairement  entraîné 
la  ruine  de  Tune  et  de  l'antre  des  parties,  le  conseil  provincial  nomma  an 
séquestre  chargé  de  l'administration  de  l'usine.  Harell,  directeur  ou  chef 
de  fabrication,  s'occupa  de  la  direction  et  de  la  marche  des  ateliers  et  Ton 
préposa  à  la  caisse  le  notaire  Milquet,  d'Àndenne.  C'est  en  cette  qualité 
que  Milquet  reçut  les  fonds  provenant  des  ventes  de  marchandises  ou 
versés  par  Van  de  Wardt  et  de  Kessel  ;  d'autre  part,  il  distribua  force 
à-compte  anx  ouvriers  et  fournisseurs,  mais  en  ayant  soin  de  se  faire 
donner  par  chacun  un  reçu  en  due  forme.  Tous  ces  reçus  constituent  un 
volumineux  dossier  du  plus  haut  intérêt,  déposé  aux  archives  de  l'État  à 
Namur. 

Durant  les  seize  mois  de  comptabilité  de  Milquet,  Jacques  Richardot 
reçut  34  florins  12  sols*10  deniers,  bien  maigre  salaire  sans  doute  pour  un 
artiste,  surtout  pendant  une  telle  période.  Nous  ne  nous  appesantirons  pas 
sur  la  triste  émotion  que  nous  causa  cette  constatation  ;  pour  la  rendre  plus 
poignante  encore»  la  liasse  aux  quittances  nous  fait  passer  sous  les  yeux 
quatre  pièces  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  situation  gênante  où  il  se 
trouvait  alors  et  toutes  sont  antérieures  à  son  mariage  ;  ce  sont  des  notes 
de  fournisseurs,  qui  se  font  payer  à  la  fabrique,  en  déduction  de  son  salaire. 
Ce  n'est  pas  à  dire  cependant  que  la  besogne  manquait  aux  ateliers, 
puisque  son  compagnon,  le  modeleur  Soudre,  reçoit  305  florins,  qu'à  tel 
tourneur  on  paie  525  florins,  qu'un  peintre  touche  544  florins  et  même  un 
manœuvre  170  florins.  Quelque  mystère  se  cache  sans  doute  là-dessous. 

(0  Claude  reçut  du  séquestre  66  florins  7  sols  6  deniers,  les  à-compte 
payés  à  Guillin  B'élèvent  à  209  florins  7  sols  6  deniers.  (Dossier  du 
séquestre.) 


—  58  — 

Richardot  pèr  »,  pièce  qui  se  trouve  au  Musée  des  Arts 
décoratifs  de  Bruxelles.  (PI.  I.) 

Quelle  que  soit  l'école  à  laquelle  se  forma  le  sculpteur 
J.  Richardot,  ou  l'influence  du  maître  qui  dirigea  ses  pre- 
miers essais,  ou  ne  peut  lui  contester  un  réel  talent  tout 
personnel;  ce  fut  un  sculpteur  de  mérite,  surtout  dans 
la  période  défloraison  de  son  talent,  un  artiste  consciencieux, 
une  nature  richement  douée,  qui  se  révéla  par  les  plus  heu- 
reuses dispositions.  Hélas  1  il  s'arrêta  en  chemin  ;  son  génie 
avait  à  peine  pris  son  essor  qu'il  replia  ses  ailes  ;  l'artiste 
brillant  et  radieux  au  début  retombe  bientôt,  piétine  sur 
place,  s'alanguit,  pour  s'éteindre  de  la  plus  poignante  façon, 
à  l'âge  de  soixante-trois  ans  et  dans  l'indigence  (18  novem- 
bre 1806)! 

Issu  d'une  famille  de  sculpteurs-céramistes,  Richardot  fut, 
dès  ses  plus  tendres  années,  un  pélrisseur  de  terre;  sa 
vocation  semble  se  dessiner  de  très  bonne  heure  et,  sous 
l'œil  paternel,  il  s'essaie,  il  réussit.  Gharmette,  le  patron  de 
son  père,  Gharmette  qui  l'a  tenu  sur  les  fonts  baptismaux  de 
Lunéville,  l'entoure  de  sa  bienveillante  sollicitude,  s'inté- 
resse à  ses  débuts,  encourage  ses  efforts.  Sous  l'influence 
du  milieu  dans  lequel  il  grandit,  son  talent  de  sculpteur  se 
développe,  tout  en  évoluant  vers  l'application  à  la  céra- 
mique. La  mort  de  Gharmette,  en  1758,  faillit  briser  son 
avenir.  Nous  devons  supposer  que  le  jeune  sculpteur  con- 
tinua de  se  perfectionner  à  Bruxelles,  car  dès  1786,  alors 
qu'il  travaillait  à  Saint-Servais,  il  produit  son  œuvre  capitale 
t  Andromède  i,  groupe  de  faïence  de  60  centimètres  de 
hauteur. 

Cette  œuvre  est  bien  d'un  sculpteur,  la  figure  principale 


—  59  -- 

est  bien  d'an  artiste  dans  toute  l'acception  du  terme;  c'est 
une  figure  classique,  d'un  classique  pur,  correct,  élégant. 
Mais,  pour  terminer  ce  groupe,  il  fallait  autre  chose  qu'un 
sculpteur  :  le  céramiste  apparaît,  et  il  se  montre  d'une 
étonnante  habileté  dans  le  groupement  des  accessoires,  dans 
la  disposition,  dans  l'agencement  des  branches  et  des  ver- 
dures, des  blocs  de  rochers,  etc. 

En  contemplant  ce  groupe,  on  sent  que  l'auteur,  tout  en 
le  modelant,  s'occupe  du  travail  qui  s'accomplira  à  son  insu, 
dans  le  four  de  cuisson.  Son  habileté  technique  triomphe 
magistralement  des  difficultés  qu'il  a  prévues  ou  pressenties  : 
quand  sa  pièce  sort  du  four,  aucun  détail  n'a  gauchi, 
aucune  ligne  ne  s'est  affaissée,  tous  les  moindres  acces- 
soires sont  bien  restés  en  place,  intimement  soudés  à  la 
masse. 

Les  pièces  importantes  de  Richardot  sont  peu  nom- 
breuses ;  après  Andromède,  nous  citerons  c  Le  grand  vase 
décoratif»  et  c  la  Fontaine  > ,  trois  pièces  du  Musée  archéo- 
logique de  Namur. 

Le  mérite  de  ces  œuvres  n'est  toutefois  pas  égal.  Andro- 
mède est  de  beaucoup  la  plus  importante  par  sa  valeur 
artistique,  la  science  de  sa  composition,  l'habileté  de  son 
modelé  et  les  qualités  mêmes  de  son  exécution.  Le  c  Vase  » 
nous  fournit  une  des  caractéristiques  du  talent  personnel  de 
Richardot,  c'est-à-dire  son  habileté,  sa  surprenante  dextérité 
pour  le  modelé  des  fleurs.  Cette  pièce,  qui  mesure  45  centi- 
mètres de  hauteur,  est  une  note  typique  du  talent  méticuleux 
et  délicat  de  Richardot;  une  opulente  guirlande  de  fleurs, 
toutes  modelées  avec  une  légèreté,  une  souplesse  étonnante, 
tombe  sur  la  panse  du  vase  et  cela  sans  entassement,  sans 


—  60  — 

apparence  d'encombrement;  elle  orne,  elle  décore,  mais  sans 
peser,  sans  étreindre. 

La  «  Fontaine  »  disputerait  peut-être  la  première  place  à 
Andromède.  Ici,  le  céramiste  avait  moins  à  compter  avec 
l'action  du  feu  :  la  pièce  est  plus  condensée,  les  détails  sont 
mieux  fixés,  plus  intimement  massés;  l'inégalité  ou  le 
caprice  du  retrait  à  la  cuisson  n'offre  plus  autant  de  danger 
pour  l'affaissement  ou  le  gauchissement  de  la  masse.  Le 
modeleur  est  ici  seul  en  évidence  et  c'est  un  modeleur 
travaillant  d'inspiration,  maniant  l'ébauchoir  avec  une 
aisance  remarquable,  une  rare  fermeté;  il  fouille  sa  pâte 
avec  une  connaissance  approfondie  de  la  figure,  une  entente 
parfaite  de  l'ornementation. 

Citons  encore,  pour  terminer  notre  visite  au  musée 
namurois,  «  les  Enfants  jouant  au  bord  d'un  ruisseau  »  et  la 
«  Scène  de  chasse  »,  genre  Watteau.  Ce  sont  des  groupes 
intéressants,  qui  dénotent  un  certain  talent  de  modelage, 
une  grande  aisance  de  composition,  une  énorme  fantaisie 
d'agencement  et  une  surprenante  dextérité  d'exécution; 
mais  l'art  proprement  dit  n'y  intervient  que  pour  une  part 
assez  légère.  Ces  œuvres  marquent  en  quelque  sorte  la 
transition  dans  l'évolution  du  talent  de  Richardot;  il  devient 
surtout  céramiste. 

Deux  autres  pièces  du  même  musée  nous  le  démontrent 
plus  particulièrement.  Voici  d'abord  une  aiguière,  genre 
rocaille,  avec  son  bassin.  C'est  d'un  très  joli  modelé,  d'une 
forme  élégante;  les  ornements,  traités  avec  beaucoup  de 
grâce  et  de  délicatesse,  sont  d'une  grande  pureté  de  style; 
le  décor,  en  bleu  foncé,  appliqué  au  pinceau,  accentue  et  com- 
plète très  heureusement  la  note  de  la  décoration  modelée. 


( 


—  61  — 

Enfin,  voici  la  grande  «  Écritoire  »  en  faïence  blanche, 
forme  carrée;  au  plan  inférieur,  en  avant,  la  case  pour  les 
plumes  el  accessoires  de  bureau  ;  au  second  plan  et  plus 
élevés,  les  deux  godets;  en  arrière  et  pyramidalanl  sur  le 
tout,  le  motif  décoratif  proprement  dit,  surmonté,  pour 
couronnement,  d'un  pelit  vase  dont  nous  retrouvons  le 
profil  agrandi,  l'ornementation  amplifiée,  dans  le  pelit 
fruitier  à  couvercle  ajouré.  Ici  apparaît  le  céramiste,  tel  que 
nous  l'avons  retrouvé  à  Andenne,  chez  Wouters. 

Revenons  au  sculpteur.  Le  «  Napoléon  »  du  Musée  des 
Arts  décoratifs  l'emporte,  par  ses  dimensions,  sur  les  autres 
groupes  que  nous  venons  de  signaler.  Mais  il  leur  est  infé- 
rieur par  son  modelé;  la  figure  principale  est  lourde, 
massive,  le  socle  peu  harmonisé  avec  le  groupe;  n'était  le 
petit  amour  posé  sur  le  bord  du  piédestal,  les  divers  attributs 
qui  gisent  aux  pieds  de  l'impériale  effigie  et  les  trophées 
qui  ornent  le  socle,  on  aurait  peine,  à  première  vue,  à  recon- 
naître la  main  de  notre  grand  sculpteur.  (PI.  I.)  Quant  à  la 
décoration,  elle  est  bonne  au  point  de  vue  technique,  sono- 
rité de  la  masse,  perfection  de  la  cuisson,  éclat  de  transpa- 
rence du  vernis,  mais  les  couleurs  ne  sont  rien  moins 
qu'harmonieuses.  A  noter  toutefois  une  circonstance  atté- 
nuante :  celle  dernière  pièce  est  une  œuvre  de  vieil- 
lesse; Richardol  avait  alors  atteint  la  soixantaine  el, 
chez  lui,  la  vieillesse  avait  devancé  les  ans;  il  avait 
perdu  celte  imagination  vive  des  belles  années,  sa  main 
selait  alourdie,  peut-être  tremblait-elle  par  les  habitudes 
prises,  car,  dans  ses  dernières  années,  Richardol  ne  fut 
rien  moins  que  tempérant;  et  c'est  avec  une  poignante  émo- 
tion que  nous  relevons  dans  son  acte  de  décès,  —  18  novem- 


—  62  — 

bre  1806,  —  la  mention  officielle  «  sculteur  indigent  ». 
Les  œuvres  de  Richardot  sont  actuellement  peu  com- 
munes ;  d'après  ce  qui  nous  en  reste,  nous  pouvons  cepen- 
dant affirmer  qu'il  fut  d'une  assez  grande  productivité.  Son 
œuvre  comprend  des  statuettes,  qu'il  modelait  avec  un  réel 
talent,  dont  il  fouillait  les  détails  et  les  accessoires  avec  une 
patience,  une  dextérité  réellement  étonnantes.  Comme 
preuve,  nous  citerons  le  petit  médaillon  ovale  (0"l  25  x  0mi0), 
<  La  Vierge  à  la  Chaise  » ,  composition  toute  gracieuse,  so 
rapprochant  assez  bien  de  celle  de  Raphaël,  modelée  avec 
science  et  exactitude  ;  sur  le  cadre  sont  jetées  deux  branches 
de  fleurs,  deux  guirlandes  n'ayant  avec  la  masse  du  cadre 
que  les  adhérences  absolument  nécessaires  ;  bref,  c'est  d'une 
délicatesse  inouïe.  (PI.  II.) 

Notons  ensuite  les  deux  «  Porte-Montre  »,  l'un  qu'on 
pourrait  intituler  «  Mercure  et  Vénus  »  (pi.  III),  l'autre 

décoré  d'attributs  militaires  (pi.  II);  tous  deux  sont  ver- 
nissés en  blanc,  les  reliefs  accusés  par  des  rehauts 
bleus  (i).  Puis  deux  plaques,  la  plus  grande  rectangulaire 
(0m37  x  0m33),  •  Le  Feu  »  (pi.  IV),  de  très  belle  exécu- 
tion ;  une  autre  ovale  (0mU  x  0*18),  «  Les  Quatre 
Saisons  » .  Voici  un  t  Christ  »  isolé,  puis  un  autre  plus 
petit,  fixé  à  une  croix  plantée  sur  un  massif  rocailleux, 
avec  branches  de  lierre  qui  poussent  dans  les  interstices. 
Vient  enfin  le  cortège  des  bergers  et  bergères,  jardi- 
niers et  jardinières,  des  saints,  des  vierges,  des  petits 
bonshommes  gras  et  dodus,  hauts  parfois  de  8  à  42  centi- 


(i)  Le  premier  se  trouve  au  Musée  des  Arts  décoratifs.  La  reproduction 
que  nous  en  donnons  a  été  faite  d'après  un  exemplaire  en  terre  rouge,  non 
vernissé,  sorti  de  râtelier  de  Richardot. 


—  63  - 

mètres,  assis  sur  un  tertre  gazonné  et  naturellement  par- 
semé de  fleurettes,  ou  bien  abrités  sous  un  arbre  aux 
rameaux  robustes,  chargés  de  feuilles  délicates  qui  semblent 
trembler  sous  le  souffle  du  curieux  examinateur.  Il  y  a 
certainement  de  l'art  dans  toutes  ces  pièces,  dans  le  modelé 
de  tous  ces  petils  corps,  mais  il  est  noyé  dans  un  flot  de 
minuties  qui  font  perdre  de  vue  l'ensemble  et  empêchent  la 
pensée  de  se  dégager  complètement;  c'est  joli,  c'est  délicat, 
mais  ce  n'est  pas  d'un  artiste. 

Vu  leurs  faibles  dimensions  et  leur  fragilité,  on  s'explique 
que  ces  œuvretles  aient  facilement  disparu  ;  c'est  réelle- 
ment par  un  concours  de  circonstances  toutes  spéciales  qu'il 
en  est  arrivé  jusqu'à  nous,  mais  combien  de  détériorées  ou 
mutilées  !  Elles  montrent  néanmoins  le  talent  de  leur  auteur, 
elles  décèlent  sa  facilité  de  composition,  sa  science  du 
modelé,  ses  connaissances  anatomiques  et  son  admirable 
dextérité  pour  l'exécution  des  détails,  fleurs  et  verdures 
dont  certaines  pièces  sont  parfois  surchargées. 

Nous  avons  émis  l'opinion  que  Richardol  se  trouvait  chez 
Woulers,  —  première  ou  deuxième  fabrique,  —  non  pas 
seulement  comme  sculpteur  proprement  dit,  mais  aussi 
comme  modeleur,  comme  ornemaniste.  En  rapprochant  les 
œuvres  authentiques  que  nous  connaissons,  on  voit  figurer 
ici  un  petit  génie,  un  amour  que  Ton  retrouve  à  peu  près 
dans  la  même  altitude,  isolé,  posé  sur  un  socle,  avec  des 
attributs  différents  ;  ailleurs,  c'est  un  petit  vase,  ornement 
tout  accessoire,  qui  échapperait  à  première  vue,  et  qui 
donne  la  silhouette  d'une  pièce  de  service  de  table.  Partout, 
la  main  du  maître  sculpteur  se  retrouve  souple,  habile, 
savante  et  féconde. 


—  64  — 

L'exposition  de  Liège  de  Tan  dernier  «  Exposition  des 
anciennes  gildes  et  corporations  »  nous  fournit  un  puissant 
argument  en  faveur  de  notre  hypothèse.  Là  figurait,  en 
effet,  sous  le  n°  633,  page  82  du  catalogue,  «  Service  à  café 
fond  saumon,  relief*  blancs.  »  L'une  des  lasses  est  signée 
c  Richardot  » .  Voilà  bien  la  preuve  que  non  seulement  notre 
artiste  préparait,  combinait  les  modèles  de  pièces  ou  groupes 
de  faïence,  mais  encore  qu'il  prenait  part  à  leur  décoration. 
Eh  bien  !  ce  décor  de  déjeuner,  nous  le  retrouvons  sur  un 
vase  également  fond  saumon,  décoré  dans  le  style  dit  pre- 
mier Empire,  en  émail  blanc  ou  blanc  fixe,  très  voisin  du 
décor  du  service  à  café  (i). 

Passons  rapidement  en  revue  son  œuvre  sculpturale  secon- 
daire, —  nous  avons  renseigné  les  principales  plus  haut. 

1°  Jardinier  et  bouquetière,  deux  figurines  se  faisant 
pendant,  de  16  centimètres  de  hauteur,  posées  chacune  sur 
un  simple  socle  cylindrique  que  l'auleur,  contrairement  à 
ses  habitudes,  laissa  complètement  nu.  (PI.  IV.)  Le  jardinier 
s'appuyait  sans  doute  sur  une  bêche  ou  sur  un  râteau  qui  a 
disparu.  De  sa  main  gauche,  la  bouquetière  tient  une  cor- 
beille de  fleurs  posée  sur  sa  hanche;  de  la  main  droite,  — 
qui  a  disparu,  —  elle  offrait  sans  doute  une  fleura  son  compa- 
gnon. On  peut  lire  dans  les  yeux  de  ces  minuscules  person- 
nages les  sentiments  qui  les  animent.  Ces  deux  figures  sont 
bien  posées  et  bien  construites,  les  chairs  bien  traitées,  les 
vêlements  étudiés  et  bien  rendus;  quant  aux  détails,  impos- 
sible de  pousser  plus  loin  la  minutie  :  les  deux  boucles  du 


(t)  Notre  vase  fond  saumon,  avec  cercles  perlés  on  lignes  à  la  molette, 
est  décoré  par  le  procédé  d'engobe,  non  par  incrustation. 


—  65  — 

lacet  qui  ferme  le  soulier  de  la  bouquetière  sont  complète- 
ment détachées  du  pied  1 

2*  Bergère,  groupe  de  22  centimètres  de  hauteur,  accom- 
pagnée d'un  mouton  ;  elle  rappelle  presque  trait  pour  trait  la 
bouquetière  de  tantôt.  La  figure  pose  sur  un  socle  rustique, 
avec  un  vieux  tronc  d'arbre,  des  racines  serpentant  à  fleur 
de  terre,  de  la  mousse  et  des  fleurettes. 

3°  Jardinière.  Elle  lient  en  mains  l'arrosoir  et  arrose  les 
fleurs  garnissant  la  plate-bande  sur  laquelle  elle  marche. 
Hauteur  25  centimètres. 

4°  Jardinier  et  bergère  sont  du  même  genre  et  de  mêmes 
dimensions;  c'est  le  même  travail,  le  même  souci  des  détails 
les  plus  menus. 

5°  Voici  deux  Vierges,  l'une  de  40,  l'autre  de  20  centimè- 
tres de  hauteur.  La  première  nous  parait  bien  de  Richardol, 
—  seconde  période;  —  la  seconde  nous  laisse  quelque 
hésitation,  à  cause  des  draperies  raides  et  gauchement 
traitées;  entre  les  deux  il  y  a  cependant  certaines  affinités. 

6°  En  revanche,  nous  n'éprouvons  aucune  hésitation 
devant  le  moulage  de  [Enfant  Jésus  couché  sur  la  croix. 
Longueur  19  centimètres,  largeur  10.  (PI.  III.) 

V  Enfant  jouant  avec  un  chien  et  Enfant  tenant  un 
pigeon.  Deux  groupes  se  faisant  pendant.  Hauteur  0m16; 
dimension  du  socle,  Omll  X  0m08.  L'enfant  est  assis  nu  sur 
un  tronc  d'arbre  s'élevant  d'un  tertre  rustique  tout  fouillé 
de  fleurs  et  de  verdure.  Le  corps  est  légèrement  incliné  à 
droite,  les  deux  bras  étendus,  l'un  vers  le  haut,  l'autre 
retombant,  la  tète  tournée  vers  la  gauche,  semblant  fixer 
un  point  ou  un  objet  à  quelque  distance.  Le  petit  épagneul 
pose  ses  deux  pattes  antérieures  sur  le  genou  droit  de  son 


—  66  — 

jeune  maître  et,  par  son  altitude  et  son  regard,  semble 
interroger  son  désir  ou  deviner  sa  juvénile  taquinerie. 

8°  Deux  statuettes  décoratives,  de  1  mètre  28  centimètres 
de  hauteur;  ce  sont  et  de  beaucoup  les  plus  grandes  pièces 
que  nous  connaissons  de  Richardol,  Tune  est  signée  de  son 
nom  en  toutes  lettres.  Elles  appartiennent  à  M.  V.  Moojoie, 
d'Andenne. 

9°  Porte-montre  :  Mercure  et  Vénus.  Hauteur  49  centi- 
mètres. Les  deux  figures  sont  campées  sur  le  socle,  aux 
deux  côtés  de  la  loge  de  la  montre,  —  ou  d'un  mouvement 
de  pendule,  —  surmontée  d'un  coq  aux  ailes  déployées. 
Sur  la  face  antérieure  du  socle  est  un  bas-relief  symboli- 
sant la  géographie,  très  délicatement  traité,  spécimen  très 
pur  et  très  correct  de  style  Louis  XVI.  Notre  exemplaire 
est  en  terre  cuite  ;  il  conserve  ainsi  les  détails  dans  toute 
leur  netteté.  D'ordinaire,  cette  pièce  est  en  faïence  blanche 
décorée  en  bleu.  (Musée  des  Arts  décoratifs.) 

10°  Porte-montre  avec  attributs  militaires.  Style  premier 
Empire.  Hauteur  :  0m335;  socle  :  0m20  X  Omll. 

11°  Vase  en  terre  cuite,  à  pâle  d'un  blanc  jaunâtre,  d'ap- 
parence et  de  consistance  approchant  du  grès.  Hauteur 
24  centimètres;  diamètre,  13  4/2  centimètres. 

42°  Vase  de  18  centimètres  de  hauteur.  C'est  du  pur 
Louis  XVI,  presque  identique  aux  vases  du  Musée  de 
Namur,  étiquetés  Saint-Servais,  vernissés  de  diverses  cou- 
leurs, réminiscence  de  Palissy. 

13*  Vase  de  45  centimètres  de  hauteur  et  20  centi- 
mètres de  diamètre,  de  forme  élégante,  de  profil  très  pur, 
avec  deux  tètes  longuement  barbues,  servant  de  base  ou 
d'attache  à  des  anses  détachées  et  disparues. 


—  67  — 

Quant  aux  petites  bergères  qu'on  rencontre  çà  et  là  sur 
quelque  étagère  à  bibelots,  précieusement  abritées  sous  leur 
clochette  de  verre,  nous  croyons  inutile  de  nous  y  arrêter. 

Pour  les  œuvres  de  céramique  vernissée,  nous  retrouvons 
la  main  de  Richardot  dans  diverses  pièces  de  faïence,  mal- 
heureusement privées  de  marques  et  de  monogrammes, 
mais  qui,  rapprochées  des  documents  authentiques,  ne 
laissent  subsister  aucun  doute  quant  à  leur  attribution. 
Rappelons  seulement  : 

r  La  grande  melonnière.  Hauteur  :  0*35.  Grand  dia- 
mètre :  O"^.  Pied  :  Om18. 

2°  Le  petit  fruitier.  Hauteur  :  Ô"15.  Diamètre  aux  anses  : 
0»22.  Pied  :  0m088. 

3»  La  beurrière.  Hauteur  :  Om17.  Plateau  :  0m22  x  0-15. 
La  vache  du  porte- montre  sert  de  boulon  au  couvercle. 

4*  Le  sucrier.  Hauteur  :  O-IS.  Plateau  :  0*225  X  0"18. 

5*  Une  salière. 

E.-J.   Dardenne, 

Membre  correspondant  de  la  Commission  royale 
des  monuments,  à  Andenne. 


Cinquantenaire) 


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TABLR    DKS   NATIBRB& 


1°  Liste  des  membres  effectifs  et  correspondants  de  ls  Commission  ro\i 

des  monuments  en  1902. 
2o  Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-verbaux  i 

séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1902. 

3°  Marques  et  monogrammes  de  faïenciers  andeunais,  précédés  du  tablr: 
chronologique  des  fabriques  de  faïence  d'Andenne,  d'après  des  doc; 
ments  authentiques  inédits,  suivis  d'une  notice  sur  Jacques  Richarv 
sculpteur-faïencier,  par  E.-J.  Daedenne,  membre  correspondant  d! 
Commission  royale  des  monuments,  à  Andenne. 


Planches  IàV * 


AVIS.  —  Les  personnes  qui  collaborent  aa  Bulletin  des  Commuions  rty'.t 
d'art  et  d'archéologie  ont  droit  de  recevoir  deux  épreuves  de  leurs  article .  j 
première  en  colonnes,  la  seconde  après  lu  mise  en  pages. 

Le  bon  à  tirer  devra  être  donné  sur  la  revision  de  cette  dernière  épreuve. 

i 

Les  remanieuieuts  qui  .seraient  demandés  ultérieure ihent  devrout  être  pnye>H 
les  auteurs. 


MM.  la  collaborateur*  du  Bulletin  ont  droit  à  50  exemplaires,  fin*  à  pv 
de  leur e  articles  admis  dans  le  recueil.  Les  auteurs  qui  désirent  un  wv*J 
supplémentaire  d'exemplaires  doivent  l'adresser  directement  à  cet  ejf't 
F  imprimeur  du  Bulletin,  qui  les  fournira  à  leurs  fra>$. 


Pour  ce  qai  concerne  le  Bulletin,  s'adresser  a  M.  Mapsaux,  Secrétaire  de  1 
Commission  royale  des  monuments,  22,  rue  Montoyer,  à  Bruxelles. 


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^  -j'W6. 


COMMISSIONS   ROYALES 


D'ART    ET   D'ARCHÉOLOGIE. 


QUARANTE  ET  UNIEME  ANNÉE.  —  3,  4,  5,  6,  7  ET  8. 


En  vente  chez  M.  IIArKZ, 

luii'riinenr  de  l'Académie  Royale  'lu  Belgique, 

112,  me  du  LonT&in,  112. 


BRUXELLES 


Inp.  •in  Lingtieniiiinck.  ■ 


COMMISSION  ROYALE  DESMONUMENTS. 


RÉSUMÉ  DES  PROCÈS- VERBAUX. 


SEANCES 
des  i",  8,  15,  22  et  29  mars  ;  des  5,  12,  19  et  26  avril  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1°  La   proposition  du  Comité  des  correspondants  du     *i»««de 
Brabant  de  faire  rétablir  dans  l'autel  dessiné  par  Rubens     T.Tu!.tfa. 
que  possède  l'église  de  Saint-Josse-ten-Noode,  la  copie  du 
tableau  de  ce  maître  qui  existe  dans  ladite  église  et  qui 
faisait  autrefois  partie  de  cet  autel  ; 

2°  Le  projet  de  vitraux  à  placer  dans  une  des  chapelles      m« 

.  de  Vottelaere. 

de  l'église    de   Vosselaere   (Flandre    orientale);   auteur,  YilrâM- 
H.  Coucke; 

3*  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  dans  la  cha-  m» 

pelle  du  Saint-Sacrement,  en  l'église  de  Saint-Ursmer,  à  *$£*£ 
Binche  (Hainaut);  auteur,  M.  Casier; 

4°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  de  Hozé-  fr»» 

1  **  à»  Hoxémoiil. 

mont  (Liège)  ;  auteur,  M.  Grosse  ;  VUraiu- 


—  70  — 

ae  Fontaine-       5°  ^e  ProJel  re^^  *  l'exécution  de  vitraux  pour  l'église 
\îuaïïl:     de  Fontaine- Valmont  (Hainaut)  ;  auteur,  M.  Vosch  ; 
Église  G0  Le  dessin  d'un  vitrail  destiné  à  la  chapelle  de  Notre-' 

dEnghlen.  r 

vimii.      Dame  de  Messine,  en  l'église  paroissiale  d'Enghien  (Hai- 
naut); auteur,  M.  Goucke; 
ékiuo  7°  Le  projet  de  restauration  de  la  croix  triomphale  et  des 

de  Chalclet.  '       * 

cro«  triomphale  S(aiues  je  |a  Sainte-Vierge  et  de  Saint- Jean  de  l'église  des 
SS.-Pierre-el-Paul,  à  Ghàtelet  (Hainaut)  ;  sculpteur,  M.  Blan- 

chaert  ; 
M*«  8°  Le  projet  concernant  la  restauration  du  jubé  de  l'église 

de  Tcsseaderloo. 

jubé.  fe  Tessenderloo  (Limbourg)  et  le  rétablissement  de  cet 
édicule  à  rentrée  du  chœur,  place  qu'il  a  occupée  autrefois  ; 
sculpteur,  M.  Peelers; 

éçiise  9°  Le  projet  relatif  au  placement  de  cinq  vitraux  dans  le 

deWielibeke.  r     J  r  n 

vuraox.      chœur  de  l'église  de  Wielsbeke   (Flandre  occidentale); 

auteur,  M.  Dobbelaere. 
Égihude        —  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le 

N*-D.  du  S«blou,  ^  r 

k  chimln1,  8  avril  1902,  que  les  recommandations  faites  par  la  Com- 
mission,  en  ce  qui  concerne  des  modifications  a  effectuera 
l'entourage  des  stations  du  chemin  de,ja  croix  de  l'église  de 
Notre-Dame  du  Sa b Ion,  à  Bruxelles,  ont  été  observées.  En 
conséquence,  il  y  a  lieu  de  poursuivre  le  travail  dans  le  sens 
de  l'échantillon  exécuté  à  la  première  travée  sud  à  côté  du 
transept,  lequel  parait  bien  compris. 

Le  projet  approuvé  de  l'autel  dédié  à  Sainte-Anne,  de  la 
même  église,  comporte  la  polychromie  de  ce  meuble;  le 
conseil  de  fabrique  désire  faire  exécuter  celte  décoration;  il 
désire  en  même  temps  faire  apporter  des  modifications  à  la 
polychromie  de  la  tombe  du  maitre-autel,  laquelle  n'est  pas 
réussie.  Rien  ne  s'oppose  à  l'exécution  de  ces  projets.  Il  y 


—  1i  — 

aura  lieu  de  préparer  des  échantillons  de  ces  ouvragés  pour 
lesquels  des  Tonds  sont  offerts  par  des  bienfaiteurs.  Le  Col- 
lège les  fera  ensuite  examiner  par  des  délégués. 

—  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  élé  procédé,  que  le    ^{f^ 
travail  de  polychromie  de  l'autel  du  Saint-Sacrement,  en    d-iï^u^K 
l'église  cathédrale  de  Saint-Sauveur,  à  Bruges  (Flandre 
occidentale),  a  été  exécuté  d'une  façon  satisfaisante. 

En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  ce  travail 
décoratif  soit  approuvé. 

—  A  la  suite  d'un  examen  du  dossier  relatif  au  projet       **"* 

r      *        de  Saint-Pierre, 

d'enlèvement  de  la  peinture  à  l'huile  sur  les  soubassements  ySTuTit" 
et  du  badigeon  sur  les  murs  et  les  voûtes  de  l'église  de 
Saint-Pierre,  à  Louvain  (Brabant),  la  Commission  a  émis 
l'avis  que,  pour  le  débadigeonnage  général  de  l'édifice,  on 
ne  peut  faire  une  entreprise  publique  à  forfait;  on  doit 
recourir  à  une  adjudication  restreinte.  Mais,  avant  tout,  il 
faudra  revoir  le  devis  estimatif,  qui  parait  insuffisant. 

Le  Collège  estime  aussi  qu'il  y  a  lieu  de  commencer 
l'entreprise  par  le  chœur. 

Le  4  mars  1902,  il  a  été  procédé  à  un  examen  minutieux 
des  peintures  murales  découvertes  sur  la  voûte  de  la  chapelle 
absidale.» 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  crépissage,  dans  toute  son 
épaisseur,  en  dessous  et  au-dessus  de  ces  peintures,  est 
composé  de  lamelles  de  quelques  millimètres  d'épaisseur 
qui  n'adhèrent  les  unes  aux  autres  que  par  places,  de  sorte 
que  de  grandes  surfaces  ont  une  tendance  à  se  détacher  par 
le  poids  et  qu'il  suffit  de  les  loucher  délicatement  pour 
ébranler  toute  la  masse.  Leur  texture  est  par  endroits  pulvé- 
rulente et  elles  tombent  en  poussière  au  moindre  contact.     ' 


—  7*  — 

Les  différentes  lamelles  de  chaux  qui  se  trouvent  entre  la 
peinture  et  les  briques  prouvent  que  Ton  avait  donné  déjà 
beaucoup  de  couches  de  badigeon  quand  on  a  songé  à 
peindre. 

Les  peintures  ont  disparu  complètement  sur  quelques- 
unes  des  voûtes  ;  sur  d'autres  elles  n'apparaissent  que  par 
places.  Une  chose  digne  de  remarque  et  qui  peut  éclairer  sur 
le  procédé  de  peinture  employé,  est  que  les  parties  conser- 
vées sont  celles  qui  offrent  le  plus  d'intérêt,  telles  que  les 
têtes,  les  bustes,  les  bras  et  les  mains.  C'est  que,  probable- 
ment, ces  parties  ont  été  plus  soignées  par  l'artiste,  qui  aura 
ajouté  à  ses  couleurs  des  gommes  pour  leur  donner  plus  de 
transparence  ou  qui  les  a  revêtues  d'un  onguent  qui  les  a 
préservées.  Ce  qui  porte  encore  à  le  croire,  c'est  qu'en 
frottant  avec  le  doigt  humide  ces  parties  on  ne  les  enlève 
pas. 

Les  autres  places  non  protégées  par  cet  enduit  de  gomme 
ou  de  résine  ont  dû  disparaître  sous  l'action  de  la  chaux  du 
badigeon;  la  chaux,  en  effet,  n'épargne  que  six  couleurs,  le 
blanc  de  craie,  les  terres  et  les  ocres  métalliques. 

Si  la  chaqx  a  pu  faire  de  tels  ravages,  il  parait  très 
imprudent  d'employer  le  ciment  pour  relier  les  différentes 
couches  de  badigeon. 

Du  reste,  comment  remploierait-on?  En  soufflant  entre 
les  couches  du  ciment  en  poudre.  Il  faudrait,  pour  cela, 
écarter  plus  ou  moins  les  couches,  puisque  sans  être  réunies 
elles  se  touchent.  Ensuite  y  introduire  de  l'eau  à  l'aide  d'un 
vaporisateur. 

Le  danger  de  faire  tomber  le  tout  est  trop  grand  et  la 
certitude  que  l'eau  aurait  fait  sa  combinaison  avec  le  ciment 


—  73  — 

trop  minime  pour  permettre  de  tenter  l'expérience  ;  ce  travail 
si  délicat  et  si  difficile  devrait  se  faire  pour  chaque  couche. 

On  pourrait  encore  discuter  l'avantage  qu'il  y  aurait 
à  conserver  les  peintures  à  la  place  où  elles  sont.  En  suppo- 
sant qu'on  y  parvienne,  ces  peintures  auraient  besoin  d'être 
retouchées  presque  partout  pour  être  appréciées  ou  seule- 
ment vues  du  bas  de  l'église.  Que  reslera-t-il  alors  d'authen- 
tique? 

Quoi  qu'il  en  soit,  elles  valent  la  peine  d'être  conservées. 

Divers  autres  moyens  de  préservation  ont  été  proposés. 

Scier  la  peinture,  on  ne  peut  y  songer,  elle  tomberait  en 
poussière  et  la  double  courbe  concave  de  la  voûte  s'y  oppo- 
serait; les  nervures  en  pierre  des  voûtes  empêcheraient 
l'introduction  d'un  instrument. 

Il  a  été  question  de  l'opération  qu'on  appelle  le  rentoilage 
et  qui  consiste  à  coller  des  feuilles  de  papier  juxtaposées  sur 
la  peinture  jusqu'à  former  un  carton  résistant  et,  ensuite, 
enlever  une  à  une  par  au-dessus  de  la  voûte  toutes  les 
briques  et  l'enduit  sur  lesquels  se  trouve  la  peinture. 

Il  faudrait,  pour  cela,  commencer  par  étançonner  la  voûte 
d'à  côté,  les  voûtes  reposant  l'une  sur  l'autre  et  les  nervures, 
par  suite  du  travail  de  redressement  que  l'on  a  fait,  ne  les 
soutenant  plus. 

Restera  alors  le  danger,  quand  on  aura  enlevé  une  cer- 
taine quantité  de  briques,  et  qu'on  aura  détruit  la  stabilité 
de  la  voûte,  de  voir  en  une  fois  tomber  toutes  les  autres. 

Aucun  des  moyens  proposés  n'est  absolument  certain  ni 
bon. 

Ne  serait-il  pas  préférable,  si  on  arrive  à  enlever  la  pein- 
ture, ce  qui  parait  douteux,  de  la  transporter  dans  un  musée 


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où  on  pourrait  au  moins  la  juger  et  l'apprécier  convenable- 
ment pour  ce  qu'elle  est,  sans  aucune  retouche,  et  d'y  substi- 
tuer des  fac-similé  d'après  les  copies  qu'on  est  occupé  à  en 
faire?  Dans  ce  cas,  le  mieux  serait,  pour  éviter  l'effet  de  la 
chaux,  de  coller  ces  peintures  sur  un  enduit  de  carton- 
pierre  qui,  par  sa  composition  de  carton,  de  gélatine,  d'huile 
et  de  craie,  ne  contient  aucune  substance  caustique  pouvant 
avoir  une  action  sur  les  couleurs. 

Reste  à  voir  encore  si  l'opération  terminée,  la  peinture, 
faite  par  un  procédé  très  délicat  de  détrempe,  de  peinture  à 
l'œuf  ou  à  l'eau,  résistera  à  l'opération  du  collage,  c'est-à-dire 
si  elle  offrira  une  couche  suffisamment  épaisse  pour  ne  pas 
disparaitre  complètement  dans  la  colle. 

Le  plus  sage  serait  de  faire  une  expérience  sur  une  des 
voûtes  où  la  couleur  a  totalement  disparu.  On  peindrait  cette 
partie  avec  des  couleurs  imitant  les  tons  des  originaux  par 
un  procédé  qui  s'en  rapproche  à  Peau,  à  l'œuf  ou  à  la 
détrempe  sans  aucun  empâtement.  Puis  on  essaierait  l'enlè- 
vement de  cette  peinture  nouvelle.  En  cas  de  réussite  au 
moins  partielle,  on  risquerait  l'opération  sur  les  peintures 
anciennes. 

En  cas  de  non-réussite  de  l'essai,  il  ne  resterait  qu'à  laisser 
périr,  de  leur  mort  naturelle  ces  beaux  vestiges  artistiques. 

(ji.ifer»iié        —  Lors  de  la  réunion  préparatoire  à  la  séance  générale 
peintre,     du  mois  d'octobre  1901 ,  un  membre  correspondant  a  signalé 
l'état  de  délabrement  dans  lequel  se  trouvent  les  peintures 
monumentales  du  vestibule  de  l'Université  de  Gand. 

Il  a  été  décidé  qu'une  inspection  de  ces  œuvres  d'art  serait 
faite  lors  d'un  prochain  voyage  à  Gand. 
Cette  visite  a  eu  lieu  le  25  février  1902. 


monumenlalet. 


—  75  — 

Il  a  été  constaté,  en  effet,  que  certains  panneaux  décoratifs 
sont  dans  un  état  lamentable.  Nulle  part,  en  Belgique,  on 
ne  trouverait  un  second  exemple  d'une  destruction  aussi 
complète  et  aussi  rapide,  il  y  a  à  peine  25  ans  que  ces  pein- 
tures existent.  Aussi,  cette  situation  déplorable  provient 
surtout  de  négligences  coupables  dans  la  surveillance  et 
l'entretien  des  gouttières.  La  situation  de  celles-ci  est  telle 
que  les  eaux  s'infiltrent  dans  certains  murs,  les  salpètrent  et 
rongent  littéralement  les  tableaux. 

D'un  autre  côté,  l'aérage  et  le  chauffage  de  la  salle  sont 
nuls;  l'humidité  de  l'atmosphère  se  condense  sur  les  murs 
froids  et  baigne  constamment  les  peintures.  Enfin,  le  mur 
ouest  est  exposé  directement  aux  vents  humides  sans  le 
moindre  abri.  Toutes  ces  causes  contribuent  encore  à 
aggraver  la  situation. 

Si  l'on  vent  éviter  à  brève  échéance  la  destruction  totale 
desdites  peintures,  il  est  de  la  plus  grande  urgence  de 
prendre  les  mesures  suivantes  : 

1°  Mettre  obstacle  aux  infiltrations  d'eau  provenant  des 
gouttières  par  une  double  disposition  de  couverture  entre  la 
rotonde  et  le  vestibule; 

2#  Recouvrir  d'ardoises  ou  de  zinc  les  murs  à  l'extérieur 
du  côté  ouest;  il  sera  même  prudent  de  faire  semblable 
opération  au  côté  est;  * 

3#  Aérer  convenablement  le  vestibule  en  y  établissant  des 
courants  d'air  facultatifs  ;  y  établir  un  système  de  chauffage. 

Il  importera,  d'autre  part  : 

1°  D'augmenter  l'éclairage  central  de  la  coupole  ; 

2°  De  supprimer  facultativement  le  jour  aux  deux  extre- 
mis au-dessus  des  panneaux  peints. 


i  ■  ■ 


—  76  — 

Les  jours  latéraux  font  le  plus  grand  tort  à  l'effet  artistique 
desdites  peintures;  en  les  supprimant  facultativement  et  en 
augmentant  la  lumière  centrale,  la  situation  sera  sensible- 
ment améliorée. 

Quand  on  aura  remis  les  murs  en  bon  état,  on  devra 

prendre  les  mesures  nécessaires  pour  faire  restaurer  ces 

peintures  d'une  grande  importance  artistique. 

£fii»e  —  Il  a  été  procédé,  le  19  mars  1902,  à  l'examen  du 

viiwii.      vitrai|  spécimen  placé  dans  le  chœur  de  l'église  de  Geys- 

tingen  (Limbourg). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  la  série  de  vitraux  pour 
l'exécution  de  laquelle  un  subside  a  été  promis  sur  les  crédits 
des  Beaux-Arts  peut  être  continuée  et  que  la  promesse  du 
subside  précité  peut  être  maintenue. 

Il  conviendra  toutefois  de  recommander  à  l'artiste  de 

modérer  l'emploi  du  jaune  dans  la  poursuite  de  son  œuvre 

et  de  bien  étudier  la  caractéristique  des  saints  à  représenter. 

frise  —  Le  18  mars  1902,  il  a  été  procédé  à  l'examen  du 

d«  HajMé. 

dé^Siu.  chemin  de  la  croix  placé  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  à 
Huysse  (Flandre  orientale). 

Celte  entreprise  ayant  été  effectuée  dans  de  très  bonnes 

conditions,  il  y  a  lieu  d'autoriser  la  liquidation  du  subside 

promis  par  le  Département  de  l'Agriculture,  en  vue  de  sa 

réalisation. 

egiii*  —  Il  a  été  procédé,  le  25  février  1902,  dans  l'atelier  de 

de  l>*wl*rteetiw.  ■ 

Tombe*.,  n  Rooms>  à  l'examen  du  tombeau  de  la  famille  de  Liede- 
kerke  que  cet  artiste  est  chargé  de  restaurer  et  de  replacer 
dans  l'église  de  Denderleeuw  (Flandre  orientale). 

M.  Rooms  procède  d'une  façon  très  judicieuse;  il  rétablit 
sur  le  monument  même,  au  moyen  de  plâtre,  les  parties 


—  77  — 

manquantes  on  celles  qui  ont  subi  des  avaries.  Quand  le 
monument  sera  ainsi  complété,  il  passera  à  l'exécution  en 
pierre  des  parties  à  restaurer. 

L'entreprise  parait  en  bonne  voie  d'exécution. 

On  a  conseillé  à  l'artiste  : 

1°  De  compléter  les  montants  extrêmes  par  des  pinacles, 
lesquels  semblent  avoir  existé  autrefois;  ce  complément, 
parait  indispensable  ; 

2°  D'établir  contre  les  mêmes  montants  de  petits  dais 
pour  abriter  les  statuettes  qui,  sans  aucun  doute,  y  étaient 
appliquées,  leurs  supports  ou  socles  étant  encore  en 
place; 

3°  De  couvrir  le  monument  d'une  voûte  légère  ;  certains 
indices  permettent  de  conclure  que  l'œuvre  primitive  était 
couronnée  de  cette  façon. 

M.  Rooms  a  été  engagé  à  revoir  la  partie  restituée  de 
l'ornement  supportant  les  armoiries,  dont  la  courbe  manque 
d'élégance. 

—  L'examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  11  mars  1902,     Monument 

ily  baron 

de  la  maquette  du  monument  à  ériger  à  Arlon  (Luxem-  *ly:jJv0,*,B 
bourg),  à  la  mémoire  de  M.  le  baron  Edouard  Orban  de      hArt0B' 
Xivry,  a  donné  lieu  aux  observations  suivantes  : 

1*  Donner  au  médaillon  la  forme  circulaire  au  lieu  de  la 
forme  ovale  ; 

V  Améliorer  les  profils  du  soubassement  du  monument 
surtout  ceux  de  la  face  principale; 

3'  Supprimer  les  rainures  dans  le  mur  de  soutènement; 

4°  Simplifier  la  plinthe  de  la  balustrade; 

3°  Examiner  si  on  ne  pourrait  simplifier  le  sommet  des 
deux  pilastres  d'avant. 


—  78  — 

t\>ur  la  grille,  on  donne  la  préférence  au  projet  le  pins 
simple. 

Il  y  a  lieu  de  conseiller  à  l'artiste  de  supprimer  le  lion  ; 
c'est  un  motif  très  difficile  à  traiter  et  qui  n'ajoutera  rien  à 
l'effet  d'ensemble  du  monument. 
MoDom«Dt        —  A  la  demande  de  M.  De  Vreese,  il  a  élé  procédé,  dans 

commemoratif  '  r  ' 

d^e^Md^br.  l'atelier  de  cet  artiste,  à  l'examen  de  la  maquette  du  monu- 
ment commémoratif  de  la  Bataille  des  Éperons  d'or,  laquelle 
comporte  les  changements  indiqués  dans  le  rapport  du 
26  avril  1904. 

L'ensemble  de  cette  maquette  a  paru  satisfaisant.  On  a 
seulement  fait  à  l'artiste  quelques  observations  de  détails 
dont  il  tiendra  compte  lors  de  la  poursuite  de  son  entreprise. 

Le  travail  de  M.  De  Vreese  est  arrivé  au  point  où  il  y  a 
lieu  de  lui  délivrer  l'acompte  auquel  il  a  droit  en  vertu  de 
son  contrat. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  adopté  : 
orphelin        1°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  façades  de 

et  hospice 

dM  »c£onïm'  l'orphelinat  et  de  l'hospice  des  Chartriers,  a  Mons  (Hainaut); 
Mai»»  2°  Le  projet  concernant  la  construction  d'une  maison 

communale 

deDiibeek.  communale  à  Dilbeek  (Brabant).  L'auteur  a  tenu  compte, 
dans  la  mesure  du  possible,  des  observations  qui  lui  avaient 
été  faites;  dans  ces  conditions,  la  majorité  des  membres 
présents  de  la  Commission,  cinq  voix,  a  estimé  qu'il  y  avait 
lieu  de  viser  les  plans,  tout  en  regrettant  qu'ils  n'aient  pas 
été  rédigés  dans  le  sens  indiqué  au  précédent  rapport  (style 
flamand);  la  minorité,  trois  voix,  insistant  sur  ce  qu'avait 


.—  79  -— 

demandé  le  Collège  et  sur  ce  qui  n'a  pas  été  fait,  a  rejeté  les 
plans. 

—  L'altenlion  de  la  Commission  ayant  été  appelée  sur      Mai»» 

*  '  '  communale 

des  travaux  de  restauration  que  Ton  exécute  à  la  maison  d,°feryMChc- 
communale  d'Overyssche  (Brabanl),  édifice  que  Ton  signa- 
lait comme  ayant  quelque  valeur  artistique,  il  a  été  procédé, 
le  10  mars  1902,  à  l'inspection  de  ce  bâtiment. 

M.  Du  mortier,  membre  du  Comité  des  correspondants, 
assistait  à  cette  inspection. 

La  construction  dont  il  s'agit  parait  avoir  eu  une  certaine 
importance  autrefois,  mais  elle  a  subi  de  telles  transforma* 
tions  qu'elle  est  aujourd'hui  absolument  nulle  au  point  de 
vue  architectural.  La  remettre  dans  son  état  primitif,  en 
supposant  que  cela  soit  praticable  en  présence  du  peu  d'élé- 
ments archilectoniques  qui  en  subsistent,  aboutirait  à  une 
reconstruction  à  peu  près  totale  et  à  une  restitution  pure- 
ment hypothétique. 

Dans  ces  conditions,  il  ne  reste  qu'à  laisser  continuer  les 
travaux  de  restauration  entrepris  par  les  soins  de  l'Adminis- 
tration communale  dans  les  conditions  où  ils  ont  été  entamés, 
c'est-à-dire  en  réparant  purement  et  simplement  ce  qui 
existe. 

—  L'Administration  communale  d'Anvers  a  acquis,  il  y     Ancienne 

Boucherie 

a  quelque  temps,  l'ancienne  Boucherie  de  cette  ville,  classée     enfers. 
parmi  les  monuments  dont  la  conservation  est  d'intérêt 
public. 

Cet  édifice,  qui  est  destiné  à  recevoir  le  dépôt  des  archives 
de  la  ville,  nécessite  des  travaux  de  restauration  importants. 

Avant  de  faire  dresser  un  projet  complet  et  définitif  de  ces 
travaux,  la  ville  désire  pouvoir  faire  exécuter,  à  titre  d'essai, 


—  80  — 

quelques  restaurations,  du  côté  le  moins  en  vue,  à  la  façade 
nord-ouest. 

La  visite  à  laquelle  il  a  été  procédé,  le  7  avril  1902,  a 
démontré  que  le  système  de  procéder  d'abord  à  un  essai  de 
restauration  doit  être  encouragé.  C'est  le  meilleur  moyen 
d'établir  un  accord  entre  les  diverses  autorités  quant  aux 
limites  à  assigner  à  cette  restauration.  Une  fois  cet  accord 
intervenu,  l'entreprise  pourra  s'exécuter  sans  interruption 
dans  des  conditions  satisfaisantes  d'après  le  type  arrêté. 
Toutefois,  l'échantillon  dont  il  s'agit  ne  doit  être  établi  que 
sur  une  très  minime  surface. 

Dans  tous  les  cas,  la  restauration  devra  être  bornée  au 
strict  nécessaire,  de  façon  à  conserver  au  monument  le 
caractère  ancien  qu'il  a  aujourd'hui  et  qui  donne  tant  de 
charme  à  cette  vénérable  construction. 

On  ne  pourra  renouveler  que  les  matériaux  absolument 
trop  détériorés  pour  être  maintenus  en  place  ou  dont  l'état  de 
vétusté  pourrait  compromettre  la  conservation  ou  la  solidité 
du  bâtiment.  Gomme  pour  le  renouvellement  des  pierres  et 
des  briques,  le  rejointoyage  se  fera  en  recherche;  on  devra 
se  borner  à  boucher  les  seuls  joints  ouverts  et  surtout  ne  pas 
empiéter  sur  les  matériaux.  Dans  ce  but,  le  rejointoyage 
devra  être  opéré  légèrement  en  creux,  c'est-à-dire  semblable 
à  l'ancien. 

Il  doit  être  entendu  qu'avant  d'entamer  aucun  travail  de 
restauration,  on  fera  exécuter  des  photographies  de  l'édifice 
à  une  assez  grande  échelle.  Ces  documents  constitueront  un 
procès-verbal  de  la  situation  du  monument  avant  sa  restau- 
ration et  permettront  de  contrôler  constamment  si  les  travaux 
se  poursuivent  dans  les  limites  d'une  stricte  nécessité. 


—  81  — 

Gomme  la  Commission  n'a  pas  été  saisie  officiellement  de 
la  question  des  abords,  elle  s'est  abstenue  ici  de  s'en  occuper. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  revêtus  du  visa  : 

i°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à  rt^35J2ÎJt 
Stembert  (Liège)  ;  architecte,  M.  Monseur  ;  iïSSïèii 

2*  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Molenbeek-Sainl-Jean  (Brabant);  architecte,  M  Janssens; 

3°  Le  projet  concernant  la  construction  d'un  presbytère  à 
Bouny,  commune  de  Romsée  (Liège)  ;  architecte,  M.  Soubre  ; 

4°  Le  projet  relatif  à  la  construction  du  presbytère  de 
Wesembeek  (Brabant);  au  cours  de  l'exécution  des  travaux, 
il  conviendra  que  l'auteur,  M.  Syraons,  ajoute  un  dormant 
en  bois  à  la  porte  d'entrée,  afin  de  lui  donner  un  aspect  un 
peu  plus  important;  qu'il  se  borne,  pour  les  châssis,  à 
l'exécution  d'une  seule  traverse  ; 

5°  Le  projet  concernant  l'agrandissement  du  presbytère 
de  Mont  (Namur),  sous  la  réserve  qu'il  sera  tenu  compte 
des  recommandations  faites  par  M.  l'architecte  provincial, 
dans  son  rapport  du  7  mars  1902;  architecte,  M.  Lange; 

6°  Le  projet  d'agrandissement  du  presbytère  de  Merxplas 
(Anvers)  ;  architecte,  M.  Taeymans  ; 

7°  Le  projet  relatif  à  la  construction  de  dépendances  au 
presbytère  de  Surice  (Namur); 

8°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  d'Hacquegnies 
(Hainaut)  ;  architecte,  M.  Clinquart. 


—  82  — 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 


(frite 

de  Ueignée. 


Eglise 
de  l\ecog ne. 


ÉgliM 

de  Liedekerke. 

Église 
de  Boston* 


Eglise  de  Loox. 


Église 
de  Cambron- 
Casleau* 


Église 

de  Herflellogen. 


Église 
de  Milmort. 


La  Commission  a  visé  les  plans  relatifs  à  la  construction 
d'églises  : 

1*  A  Beignée,  sous  Ham-sur-Heure  (Ilainaul),  sous 
réserve  de  prolonger  les  pilastres  de  la  grande  nef  jusqu'à 
la  corniche,  d'alléger  la  corniche  sous  la  flèche  et  de  revoir 
l'amortissement  du  pied  de  la  flèche  qui  ne  se  raccorde  pas 
bien  à  la  maçonnerie  de  la  tour,  la  hauteur  des  pénétrations 
étant  insuffisante;  architecte,  M.  Dosveld; 

2°  A  Recogne,  commune  de  Noville  (Luxembourg),  à  la 
condition  de  tenir  compte  des  recommandations  faites  par 
le  comité  diocésain  d'art  chrétien;  architecte,  M.  Cupper; 

3°  A  Liedekerke  (Brabanl);  architecte,  M.  Van  Roeleo; 

4°  A  Bosson,  sous  Wêrbomonl  (Liège),  sous  réserve 
d'alléger  la  base  de  la  flèche  et  d'orienter  l'édifice  en  l'éri- 
geant parallèlement  à  l'alignement  de  la  roule;  architecte, 
M.  E.  Demany. 

Ont  aussi  été  visés  les  projets  relatifs  : 

4°  A  l'agrandissement  et  à  la  restauration  de  l'église  de 
Looz  (Limbourg).  L'attention  des  architectes,  MM.  Lenerlz 
et  Martens,  a  été  appelée  sur  l'utilité  d'étudier  avec  soin 
l'emplacement  destiné  au  buffet  d'orgue,  de  façon  qu'il  ne 
masque  pas  la  fenêtre  de  la  façade  principale  de  l'édifice; 

2°  A  l'agrandissement  de  l'église  de  Cambron-Castcau 
(Hainaut);  architecte;  M.  Sonneville; 

3°  A  l'agrandissement  de  l'église  de  Herffelingen  (Bra- 
bant);  architecte,  M.  Demaeght; 
.    4°  A  l'agrandissement  et  à  la  restauration  de  l'église  de 


—  83  -* 

Milmort  (Liège).  L'attention  de  l'architecte,  M.  Lohest,  a 
été  appelée  sur  l'escalier  du  jubé,  qui  parait  trop  important  ; 
sur  le  nombre  de  portes  d'entrée,  qui  pourrait  être  diminué; 
sur  le  porche,  qui  est  trop  vaste.  Cet  artiste  a  été  engagé 
aussi  à  abaisser  un  peu  le  seuil  de  la  fenêtre  éclairant  le  jubé 
et  h  supprimer  la  corniche  du  pied  de  la  flèche.  Avant  de 
passer  à  l'exécution  des  travaux,  il  conviendra  que  M.  Lohesl 
fournisse  un  profil  longitudinal  de  la  route  avec  indication 
de  l'escalier  d'accès  à  l'église;  qu'il  étudie  à  nouveau  cet 
escalier  ainsi  que  le  mur  avec  grillage  de  clôture. 

Ainsi  que  les  projets  ci-après  : 

5°  Établissement  d'un  pavement  dans  l'église  d'Engs-      £,»« 

d*EDg»bergeiu 

berge n,  sous  Tessenderloo  (Limbourg),  et  construction  de 
dépendances  à  cet  édifice; 

6°  Établissement  d'un  carrelage  dans  le  chœur  de  l'église  é8um  de  H»eien. 
de  Haeien  (Limbourg)  et  placement  de  meubles  dans  cet 
édifice.  Au  cours  de  l'exécution  du  maître-autel  il  y  aura 
lieu  de  prolonger  davantage  la  marche  supérieure;  telle 
qu'elle  figure  au  plan,  sa  disposition  offrirait  du  danger  pour 
les  officiants  lors  des  grandes  cérémonies  religieuses;  archi- 
tecte, M.  Lenertz; 

V  Agrandissement  du  jubé  de  l'église  d'Aye  (Luxem-   M^Aye. 
bourg);  architecte,  M.  Gupper; 

8"  Achèvement  de  la  tour  de  l'église  de  Jehanster,  sous      Édite. 
Polleur (Liège);  architecte,  M.  Vivroux; 

El,  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux  objeu  mobilier* 

d'églises. 

églises  de  : 
Bouckhout  (Limbourg)  :  buffet  d'orgue  ; 
Nimy  (Hainaut)  :  buffet  d'orgue; 
Fontaine- Valmonl  (Hainaut)  :  mobilier  complet  ; 


1 


-  84  — 

Notre-Dame-Auxiliatrice,  à  Tournai  (Hainaut)  :  buffet 
d'orgue  ; 

Suxy  (Luxembourg)  :  deux  autels  latéraux  et  banc  de 
communion  ; 

Florenville  (Luxembourg)  :  buffet  d'orgue  ; 

Montplainchamps  (Luxembourg)  :  deux  autels  latéraux  et 
chaire  à  prêcher  ; 

Denderleeuw  (Flandre  orientale)  :  mobilier  complet; 

Smetlede  (Flandre  orientale)  :  raaitre-autel  et  stalles  ; 

Boucle-Sainl-Denis  (Flandre  orientale)  :  mobilier  complet; 

Leeuw-Saint-Pierre  (Brabant)  :  autel  dédié  à  la  Sainte- 
Vierge  ; 

Pont-au-Ry,  commune  de  Mettet  (Namur)  :  deux  confes- 
sionnaux ; 

Steendorp  (Flandre  orientale)  :  maitre-autel  et  stalles; 

Neeroeleren  (Limbourg)  :  chaire  à  prêcher. 
egiitedê         —  Il  a  été  procédé,  le  25  novembre  1901 ,  à  la  visite  des 

Saiute-Walburff,  f 

>Furnor  travaux  d'agrandissement  et  de  restauration  de  l'église  de 
Sainte- Walburge,  à  Fumes,  de  concert  avec  M.  Van  Ruym- 
beke,  membre  du  Comité  des  correspondants  de  la  Flandre 
occidentale. 

Cette  visite  avait  surtout  pour  but  d'apprécier  si  les  con- 
structions romanes,  restes  de  l'église  primitive  dont  quelques 
parties  subsistent  encore,  sont  suffisamment  intéressantes 
pour  mettre  obstacle  au  prolongement  éventuel,  soit  partiel, 
soit  total  de  l'église. 

Un  examen  minutieux  de  ces  restes  de  la  vieille  église  a 
démontré  que  leur  valeur  architeclonique  n'a  pas  l'impor- 
tance qu'on  parait  leur  avoir  attribuée.  Sans  doute,  ils 
offrent  un  certain  intérêt  archéologique  et  un  aspect  véné- 


—  85  — 

rable;  il  est  même  probable  que  ce  sont  les  débris  de  l'église 
édifiée  par  Baudouin  III  dit  le  jeune.  Mais  il  n'y  a  plus  là 
aucun  élément  architectonique  important  ni  aucun  détail 
marquant  On  n'y  retrouve  môme  plus  une  arcade  complète 
de  la  nef  ni  de  sa  galerie  haute  ou  triforium.  Il  ne  reste,  en 
définitive,  que  quelques  pans  de  murs  en  moellons  ayant 
subi  de  nombreux  et  importants  bouleversements  et  des 
remaniements  opérés  au  moyen  de  briques. 

Si,  il  y  a  quelques  années,  on  a  insisté  pour  obtenir  la 
conservation  de  ces  restes  archéologiques,  c'est  parce  qu'ils 
ne  contrariaient  guère  le  travail  d'agrandissement  tel  qu'il 
avait  été  arrêté  à  celte  époque.  Mais  aujourd'hui  qu'un 
agrandissement  plus  important  est  réclamé  et  qu'il  est 
sérieusement  question  de  réserver  la  possibilité  de  pour- 
suivre un  jour  l'achèvement  de  cette  splendide  église  sur 
tout  le  développement  que  les  chanoines  du  xiit*  siècle 
avaient  conçu,  on  ne  saurait  hésiter  un  seul  instant  à  sacri- 
fier ces  quelques  pans  de  murailles  croulantes. 

Si,  à  défaut  de  ressources  on  ne  peut  songer  à  réaliser  dès 
maintenant  cette  idée  grandiose,  il  importe  au  moins  que 
Ton  ne  fasse  pas  des  travaux  qui  auraient  pour  conséquence 
d'en  empêcher  la  réalisation  future.  Bien  plus,  il  semble  que 
Ton  doive  faciliter  celte  solution,  désirable  à  tous  les  points 
de  vue,  en  la  préparant  dès  aujourd'hui  par  l'édification 
immédiate  d'une  couple  de  travées  des  nefs.  A  cet  effet,  les 
murs  intérieurs  édifiés  à  tort  entre  les  colonnes  du  transept 
et  entre  ces  colonnes  et  le  vieux  mur  roman  doivent  dispa- 
raître immédiatement. 

À  la  demande  de  la  Commission,  M.  Van  Assche  a 
diminué  l'importance  de  la  flèche  centrale;  au  cours  de 


—  86  — 

l'éxecution  des  travaux,  il  fera  bien  de  remplacer  les  trompes 
des  tourelles  par  des  culs-de-lampe.  On  l'a  engagé  aussi  à 
examiner  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  faire  passer  le  triforium 
devant  la  grande  fenêtre  du  transept. 

Gomme  il  est  probable  que  l'édifice  ne  sera  pas  tout  à  fait 
achevé  d'ici  à  longtemps,  il  semble  qu'on  ne  puisse  se 
dispenser  d'ériger  une  façade  un  peu  plus  complète  que  si 
elle  était  absolument  provisoire.  La  dépense  n'en  sera  guère 
plus  élevée  et  si,  plus  lard,  on  reprend  les  travaux  de  parfait 
achèvement,  la  partie  à  démolir  ne  sera  pas  bien  considé- 
rable. 

Les  travaux  de  construction  du  transept,  en  voie  d'exé- 
cution, s'effectuent  d'une  façon  convenable.  On  doit  toutefois 
regretter  que  l'on  ail  construit  en  pierre  et  non  en  brique 
le  larmier  de  la  petite  fenêtre  du  transept  sud.  II  n'y  a  pas, 
dans  tout  l'édifice,  d'exemple  de  larmier  en  pierre. 

Une  fenêtre  des  chapelles  du  pourtour  du  chœur  a  été 
restaurée  il  y  a  quelques  années.  Ce  travail  est  loin  d  être 
irréprochable;  les  pierres  des  réseaux  sont  médiocrement 
taillées  et  les  briques  mises  en  œuvre  sont  d'une  tonalité 
beaucoup  troprougequi  contraste  avec  les  briques  anciennes. 
En  ce  qui  concerne  cette  tonalité  de  brique,  pourquoi  ne 
pas  imiter  à  Furnes  ce  que  l'on  fait  si  bien  à  Nieuport? 
Pourquoi  tout  au  moins  ne  pas  rapprocher  la  manière  de 
Furnes  de  la  bonne  manière  de  Nieuport?  Tous  les  membres 
de  la  Commission  royale  attirent  sur  ce  point  la  très  sérieuse 
attention  de  leur  distingué  collègue,  M.  Van  Assche,  le 
maître  des  deux  œuvres. 

Les  abords  de  l'église  de  Sainte- Walburge  sont  très  mal 
entretenus.  L'humidité  y  séjourne  en  permanence  par  suit 


—  87  — 

de  fumiers,  de  monceaux  d'ordures,  e(c,  accumulés  contre 
les  murs  de  l'édifice  par  les  habitants  des  maisons  dont  les 
cours  touchent  à  l'église.  II  importe  que  l'on  prenne  des 
mesures  immédiates  pour  mettre  fin  à  cette  situation  qui 
peut  compromeltre  la  solidité  du  monument. 

L'église  de  Sainte-Walburge  possède  un  beau  triptyque 
de  Karel  Van  Yprc,  dont  le  panneau  central  est  enchâssé 
dans  la  boiserie  de  l'autel  de  Sainte-Catherine,  tandis  que 
les  volets  sont  accrochés  au  mur  du  transept.  Cette  œuvre 
importante  parait  nécessiter  quelques  mesures  de  conser- 
vation. H  y  aura  lieu  d'en  profiter  pour  réunir  les  trois 
panneaux  à  l'effet  d'en  constituer  un  retable  d'autel. 

—  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  <««■•*■  t*i«*. 
90  mars  1902,  que  le  terrain  destiné  à  l'emplacement  de  la 
nouvelle  église  du  Tuquet,  sous  Mouscron  (Flandre  occi- 
dentale), est  convenable. 

Rien  n'empêche  d'orienter  l'édifice  tout  en  respectant  les 
intérêts  des  donateurs  de  l'emplacement,  la  partie  de  terrain 
réservée  par  eux,  pour  la  bâtisse,  étant  sensiblement  la 
même,  l'église  étant  orientée  ou  non. 

D'autre  part,  les  craintes  émises  par  le  conseil  de  fabrique 
en  ce  qui  concerne  l'aspect  défavorable  que  présenterait 
l'édifice  érigé  parallèlement  à  la  chaussée,  ne  sont  nullement 
fondées.  Cet  effet  sera  supérieur  au  point  de  vue  architec- 
tural et  pittoresque  à  celui  qu'il  présenterait  si  la  façade 
principale  seule  était  vue. 

On  ne  tient  pas  suffisamment  compte  des  avantages 
incontestables  qui  résultent  de  la  bonne  orientation  des 
édifices  religieux.  D'abord  il  est  toujours  désirable  de  voir 
respecter  une  ancienne  tradition    liturgique;  ensuite,   il 


—  88  — 

importe  de  ne  pas  perdre  de  me  que  cette  tradition  est  aussi 
en  correspondance  avec  les  exigences  de  notre  climat.  Sous 
ce  rapport,  l'église  du  Tuquet  a  plus  besoin  encore  que 
d'autres  d'être  orientée.  Le  terrain  sur  lequel  elle  sera  assise 
est  situé  sur  une  colline  en  déclivité  vers  l'ouest.  Il  en  résulte 
que  l'édifice  sera  particulièrement  exposé  aux  vents  violents 
et  humides.  Il  est  donc  indispensable  de  le  protéger  dans  la 
mesure  du  possible  en  exposant  aux  mauvais  vents  Tune  de 
ses  petites  faces.  De  plus,  la  tour  étant  placée  à  l'ouest,  elle 
protégera  toute  la  partie  haute  du  vaisseau. 

Ces  considérations,  dictées  par  l'expérience,  méritent  de 
fixer  l'attention  des  autorités  locales  chargées  de  l'entretien 
du  monument.  Or,  l'entretien  d'une  église  qui  présente  l'un 
de  ses  flancs  à  l'ouest  est,  à  la  campagne  surtout,  à  peu 
près  impossible.  En  tous  cas,  c'est  un  entretien  très  coû- 
teux qui  ne  suffit  même  pas  à  arrêter  la  ruine  de  la  con- 
struction. 

De  nombreux  exemples  de  constructions  érigées  il  y  a  peu 
d'années  et  qui  sont  déjà  dans  un  état  de  conservation 
déplorable  sont  là  pour  nous  avertir  qu'il  faut  absolument 
tenir  la  main  à  ce  que  toute  nouvelle  église  soit  orientée  à 
moins  d'impossibilité  manifeste  résultant  de  la  situation  des 
lieux.  Ce  cas  n'existe  pas  ici  ;  par  conséquent,  il  importe  que 
l'édifice  soit  érigé  conformément  au  nouveau  tracé  joint  au 
dossier.  Si  la  construction  telle  qu'elle  figure  à  ce  tracé  est 
trop  rapprochée  de  la  rue  du  côté  du  chœur,  rien  n'empêche 
de  la  reculer  un  peu  vers  l'ouest  ou  de  remanier  la  dispo- 
sition des  sacristies. 

A  la  demande  du  Collège,  M.  l'architecte  Garette  a  apporté 
aux  plans  de  l'église  quelques  modifications.  Il  a  également 


—  89  — 

revu  le  projet  do  presbytère.  Ces  projets  étant  susceptibles 
d'être  mis  à  exécution,  ont  reçu  le  visa. 
—  Il  résulte  d'une  inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé,      ch*pèiie 

ri  r  do  S»intf-MarW\ 

le  13  mars  1902,  que  la  chapelle  de  Sainte-Marie,  à  Ans      É  Am- 
(Liège),  n'est  pas,  à  beaucoup  près,  suffisante  pour  les 
besoins  du  culte.  Cette  chapelle,  ou  plutôt  cette  espèce  de 
hangar,  ne  peut  guère  contenir  que  250  personnes,  alors 
que  la  population  de  la  paroisse  atteint  environ  2,400  âmes. 

C'est  d'ailleurs  une  construction  aussi  insalubre  que 
chétive,  élevée  dans  les  conditions  les  plus  parcimonieuses. 
Il  n'y  a  pas  de  plafond,  la  hauteur  intérieure  est  insuffisante. 
La  toiture  est  en  zinc;  enlevée  totalement  avec  sa  charpente 
et  le  sommet  des  murs,  l'année  dernière,  par  un  ouragan, 
elle  a  encore  été  menacée  d'une  catastrophe  semblable,  il  y 
a  peu  de  temps.  Il  est  même  urgent  de  se  préoccuper  de 
celle  situation  dont  il  pourrait  résulter  des  accidents 
graves. 

La  nécessité  de  doter  cette  importante  paroisse  d'une 
église  convenable  est  évidente;  la  situation  actuelle  ne  peut 
que  s'empirer,  la  population  augmentant  d'une  façon  con- 
stante. Partant  de  ce  point  de  vue,  on  doit  même  se 
demander  si  la  superficie  indiquée  au  projet  soumis  pour  la 
construction  de  la  nouvelle  église,  est  suffisante.  Il  semble 
que  l'édifice  devrait  être  augmenté  au  moins^  d'une  travée. 
En  tous  cas,  la  tour  devrait  être  établie  en  avant  de  la  nef 
au  lieu  d'être  enclavée  dans  celle-ci.  Ce  parti  aura  encore 
pour  avantage  d'étendre  la  surface  réservée>ux  fidèles. 

L'emplacement  proposé  pour  le  futur  temple  est  conve- 
nable. Toutefois,  il  importera  d'établir  Taxe  de'la  construction 
de  façon  que  le  chœur  soit  dirigé  aussi  exactement  que 


—  90  — 

possible  vers  l'orient.  Il  n'y  a  nulle  nécessité  d'ériger  l'édifice 
perpendiculairement  à  la  chaussée. 

m  tfiife*»  —  A  la  demande  du  conseil  de  fabrique  de  Bilsen-la- 
Ville,  il  a  été  procédé,  le  5  mars  1909,  à  l'inspection  de 
l'église  paroissiale,  qui  doit  être  agrandie  et  restaurée. 

M.  l'abbé  Daniels,  membre  du  Comité  des  correspondants 
du  Limbourg,  assistait  à  cette  inspection. 

Il  s'agissait  surtout  d'examiner  quel  est  le  moyen  le  plus 
pratique  d'agrandir  l'édifice,  les  autorités  locales  ne  parais- 
sant pas  tout  à  fait  d'accord  sur  ce  point. 

Après  une  visite  attentive  de  toutes  les  parties  de  la  con- 
struction, il  a  été  reconnu  que  du  côté  de  la  tour,  comme 
du  côté  du  chœur,  il  ne  peut  être  question  d'opérer  des 
démolitions,  ces  parties  étant  les  plus  intéressantes  de 
l'édifice;  du  reste,  elles  figurent  au  tableau  des  édifices 
monumentaux  du  culte. 

Dans  cette  situation,  il  ne  reste  qu'un  parti  à  prendre, 
celui  d'étendre  l'église  latéralement,  en  élargissant  les  bas- 
côtés  dans  la  mesure  du  possible,  tout  en  restant  dans  les 
limites  imposées  par  les  nécessités  de  la  voirie. 

Le  plan  d'agrandissement  devra  être  combiné  de  façon 
que  les  faces  latérales  de  la  tour  restent  dégagées  le  plus 
possible. 

Il  conviendra  aussi  d'étudier  le  moyen  d'installer  le  jubé 
et  l'orgue  à  côté  du  chœur  dans  le  prolongement  de  la  basse 
nef  sud.  De  celle  façon  on  pourra  dégager  l'intérieur  de  la 
tour,  dont  la  superficie  est  importante,  en  a  (Te  c  ter  le  rez-de- 
chaussée  au  service  des  fidèles  et  mieux  assurer  l'éclairage 
de  la  haute  nef  vers  l'ouest. 
ÉgiiM  —  H  a  été  procédé,  le  19  mars  1902,  à  l'examen  du 

de  KenenicfcL. 


—  91  — 

maitre-autel,  de  la  chaire  et  du  banc  de  communion  placés 
dans  l'église  de  Kessenich. 

M.  l'abbé  Daniels,  membre  du  Comité  des  correspondants 
du  Limbourg,  assistait  à  cet  examen. 

Les  meubles  dont  il  s'agit  étant  convenablement  exécutés, 
il  y  a  lieu  d'autoriser  la  liquidation  du  subside  promis,  sur 
les  crédits  des  Beaux-Arts,  en  vue  de  leur  réalisation. 

L'église  de  Kessenich  possède  une  croix  triomphale  ayec 
les  statues  de  la  Sainte-Vierge  et  de  Saint-Jean.  Il  y  aura 
lieu  de  faire  remettre  ces  œuvres  d'art  à  leur  emplacement 
normal;  avant  cette  opération,  il  faudra  soumettre  aux 
autorités  compétentes  le  projet  de  renouvellement  de  la 
croix,  celle  qui  existe  étant  d'une  conception  et  d'une  exé- 
cution plus  que  médiocre  et  de  beaucoup  postérieure  aux 
figures. 

La  cuve  baptismale  en  pierre  est  intéressante;  elle 
remonte  à  la  dernière  période  ogivale.  Son  état  de  conser- 
vation est  satisfaisant. 

—  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  «ch«  primaire 
17  mars  1902,  que  les  objets  mobiliers  placés  dans  l'église 
primaire  de  Saint-Nicolas  (Flandre  orientale),  ont  été  exé- 
cutés dans  de  très  bonnes  conditions. 

Il  y  a  lieu,  en  conséquence,  d'autoriser  la  liquidation  du 
subside  promis  par  le  Département  de  l'Agriculture  en  vue 
de  ladite  entreprise. 

—  L'autel  latéral  placé  récemment  dans  l'église  de  Peer  M* *•  re«. 
(Limbourg),  a  fait  l'objet  d'un  examen,  le  19  mars  1902, 

de  concert  avec  M.  l'abbé  Daniels,  membre  du  Comité  pro- 
vincial des  correspondants. 
L'exécution  du  meuble  dont  il  s'agit  a  été  traitée  d'une 


—  92  — 

façon  satisfaisante.  Il  y  a  lieu,  conséquemmenl,  de  liquider 
le  subside  promis  pour  ce  travail  sur  les  crédits  des  Beaux- 
Arts. 

Il  est  urgent  d'appeler  l'attention  des  autorités  locales  sur 
l'état  de  dégradation  dans  lequel  se  trouve  la  tour  de  l'église 
de  Peer.  Cet  édifice  majestueux,  l'un  des  plus  importants  de 
la  Gampine  limbourgeoise,  se  détériore  d'une  façon  tellement 
rapide  par  suite  de  l'infiltration  des  eaux  pluviales  dans  les 
maçonneries,  que  bientôt  il  ne  sera  plus  possible  d'y  porter 
remède  sans  recourir  à  des  reconstructions  coûteuses  et 
regrettables. 

La  situation  est  grave;  l'autorité  communale  fera  bien  de 
s'en  préoccuper  activement,  sa  responsabilité  étant  fortement 
engagée  en  raison  des  accidents  qui  peuvent  se  produire 
d'un  moment  à  l'autre  par  la  chute  de  matériaux.  Il  est 
indispensable  que  les  travaux  les  plus  urgents  soient  effec- 
tués pendant  la  présente  campagne. 

d.s5Slrim«      —  "  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé  que  le 
à  uZt^â:  mobi|ier  p|acé  dans  régl|se  de  saint-Pierre,  à  Sainl-Trond 

(Limbourg),  a  été  exécuté  d'une  façon  satisfaisante. 

En  conséquence,  il  peut  être  donné  suite  à  la  liquidation 
du  subside  alloué  par  le  Département  de  l'Agriculture  en 
vue  de  ladite  entreprise. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 
Ken»*  1*  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  tour  de  l'église 

«le  Hériter. 

de  Merlaer,  sous  Vorst  (Anvers).  Il  y  aura  lieu  toutefois,  au 


—  93  — 

cours  de  l'exécution  des  travaux,  de  lenir  compte  des  obser- 
vations formulées  par  le  comité  diocésain  d'art  chrétien, 
dans  son  rapport  du  3  décembre  1901  ;  architecte,  M  Taey- 
mans; 
2'  Le  projet  d'une  troisième  série  de  travaux  de  restau-       &:■« 

r      ¥  de  Sftint-Qttealio, 

ration  de  l'église  de  Saint-Quentin,  à  Lou vain  (Bra ban t);    àLooTain- 
architecte,  M.  Langerock; 
3°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  effectuer  à    A  fe"* 

90  de  Doveate. 

l'église  de  Bovesse  (Namur)  ; 

4°  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de  ^w *  dk*. 
Dhuy  (Namur);  architecte,  M.  Lange; 

5*  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  aux  Un*  <i'o  !«*»•. 
toitures  de  l'église  d'Odeigne  (Namur)  ; 

6°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  restau-  M««  de  sibr*. 
ration  à    l'église   de  Sibret    (Luxembourg);    architecte, 
M.  Gupper; 

7°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  répa-     £«<:•«•  d« 

Kon«su-ea-Pafme 

ration  à  l'église  paroissiale  de  Boussu-en-Fagne  et  à  l'annexe  "l  dc  GéronMrt- 
de  Géronsart  (Namur)  ;  architecte,  M.  Hautier; 
8°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  à  l'église      '(»«« 

de  Tongrinne. 

de  Toogrinne  (Namur)  ; 

9°  Le  projet  de  restauration    de  la    tour    de    l'église  M*  rfHingeon. 
d'Hingeon  (Namur);  architecte,  M.  Simon; 

10*  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Dochamps      *gii.e 

de  DochimiM. 

(Luxembourg)  ; 
11*  Le  projet  de  restauration  des  arcalures  intérieures  et      m* 

,,       ,         .  de  Nccroeterea. 

d  exécution  de  la  sculpture  des  culots  sous  ces  arcatures,  à 
l'église  de  Neeroeteren,  sous  la  réserve  qu'au  cours  des 
travaux  on  variera  davantage  la  sculpture  des  culots.  Si, 
comme  le  fait  remarquer  M.  l'architecte  provincial,   les 


—  M  — 

pierres  d'attente  n'ont  pas  les  dimensions  voulues  pour  qu'il 
soit  possible  d'exécuter  les  culots  tels  qu'ils  figurent  au 
dessin  soumis,  rien  n'empêche  de  lés  rendre  plus  petits.  En 
tous  cas,  il  ne  parait  pas  admissible  que  les  blocs  bruts  dont 
il  s'agit  aient  été  posés  pour  rester  tels  quels;  s'ils  n'ont  pas 
été  sculptés,  c'est  apparemment  par  suite  d'une  circonstance 
indépendante  de  la  volonté  du  constructeur  ; 
Éguie  12°  Le  projet  définitif  de  restauration  du  triforium  de 

de  Noire-Dame, 

■  nue*,     féglise  de  Notre-Dame,  à  Bruges  (Flandre  occidentale); 

architecte,  M.  De  Wulf  ; 
Et»*  13°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  restau* 

d'Aveceppetle.  r      ' 

ration  à  l'église  d'Àvecappelle  (Flandre  occidentale)  ;  sous 
la  réserve  de  varier  le  tracé  des  réseaux  des  fenêtres;  archi- 
tecte, M.  Nolf  ; 
érum  14°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  d'Elli- 

d'BHîgniee- 

saiDie-Aone.   gnies-Sainte-Anne  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Leborgne  ; 
égtiM  15°  Le   projet    concernant  la  restauration   de    l'église 

d'Ormeignie*.  r      J  ° 

d'Ormeignies  (Hainaut);  architecte,  M.  Risselin; 
Église  de  Moera.     16°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de 
Moere  (Flandre  occidentale),  moyennant  de  tenir  compte 
des  observations  émises  par  M.  l'inspecteur-architecte  pro- 
vincial; architecte,  M.  Nolf; 
Et»»»*  47°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  toiture  du 

de  Mévergoie».  *       * 

clocher  de  l'église  de  Mévergnies  (Hainaut);  architecte, 
M.  Eyckmans; 
Égiue  dm!*».     18°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  d'Ellicom  (Lim- 
bourg);  architecte,  M.  Wellens; 
Église  49'  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  tour  de  l'église 

de  Waremme. 

de  Waremme  (Liège).  Au  cours  de  l'exécution  des  travaux, 
la  corniche  projetée  au  pied  de  la  flèche  devra  être  sup- 


—  95  — 

primée  ;  elle  produirait  an  effet  déplorable.  Il  conviendra 
aussi  que  le  devis  soit  rectifié  en  mettant  les  ardoises  indi- 
gènes en  concurrence  avec  celles  de  l'étranger  ;  architecte, 
H.  Bricteux. 

—  Il  a  été  procédé,  le  13  mars  1902,  à  l'inspection  de  **"••  **  Z"«>«. 
l'église  de  Zande  (Flandre  occidentale). 

L'édifice  dont  il  s'agit  est  complètement  débadigeonné 
tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  hormis  la  tour  qui  s'élève 
au  centre  du  transept. 

Les  murs  de  l'église  sont  fortement  lézardés  ;  la  majeure 
partie  des  contreforts  sont  disloqués  par  suite  de  tassements 
dus  aux  défauts  du  sol. 

Cet  édifice,  peu  intéressant,  a  clé  plusieurs  fois  modifié  à 
plusieurs  siècles  d'intervalle.  On  y  remarque  des  agrandis- 
sements de  nefs  et  aussi  des  traces  de  nefs  disparues. 

Les  voûtes  en  bardeaux,  de  bois  de  sapin,  n'offrent  rien 
de  remarquable  ;  les  meneaux  et  réseaux  des  fenêtres  qui 
primitivement  devaient  être  en  briques,  sont  aujourd'hui 
en  petit  granit. 

La  tour  seule  est  remarquable,  elle  parait  être  en  très  bon 
état.  Cette  tour  figure  déjà  dans  la  troisième  classe  des 
édifices  monumentaux  du  culte.  Il  n'y  a  pas  lieu  d'étendre 
le  classement  au  reste  de  l'église. 

—  Il  résulte  d'une  inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé       figuu 

.  de  Hcppigoies. 

le  3  avril  1902,  de  concert  avec  MM.  Gador,  Devillers  et 
Hubert,  membres  du  Comité  des  correspondants  du  Hainaut, 
que  la  flèche  de  l'église  de  Heppignies  se  trouve  dans  un 
état  très  grave  ;  le  danger  d'écroulement  est  très  grand  ;  cet 
accident  pourrait  se  produire  d'un  moment  à  l'autre  en  occa- 
sionnant des  malheurs  irréparables.  Il  importe  donc  de 


—  98  — 

rangée  dans  ia  troisième  classe  des  monuments  du  culte. 
L'inspection,  qui  vient  d'en  être  faite,  ne  permet  point  d'en 
douter.  Ce  modeste  édifice  est  un  intéressant  type  de  petite 
église  rurale;  il  importe  conséquemment  d'aider  les*  admi- 
nistrations locales  à  le  conserver. 

Les  travaux  de  restauration  récemment  exécutés  sous  la 
direction  de  M.  l'architecte  De  Wulf  ont  été  effectués  avec 
beaucoup  de  soins.  Ceux  qui  restent  à  faire  pour  achever 
celle  restauration  sont  de  peu  d'importance  et  n'auront  guère 
d'influence  sur  les  budgets  des  pouvoirs  publics  appelés  à  y 
contribuer, 
tigit*  —  U  a  été  procédé,  le  25  février  1902,  à  l'examen,  sur 

de  Saint- Bavoo,  r 

àG«nd.  p|ace>  (fa  projet  relatif  à  la  reconstitution  des  entrées  primi- 
tives de  la  crypte  de  l'église  de  Saint-Bavon,  à  Gand. 

MM.  Van  Biesbroeck  et  Yanderhaegen,  membres  du 
Comité  des  correspondants  de  la  Flandre  orientale,  assis- 
taient à  cet  examen. 

L'escalier  donnant  actuellement  accès  à  la  crypte  doit 
disparaître  par  suite  de  l'installation  de  YHeilig  Graf  dans  le 
local  où  il  a  son  point  de  départ. 

D'un  autre  côté,  étant  donnée  l'importance  artistique  et 
archéologique  de  cette  vaste  crypte,  il  semble  nécessaire 
qu'elle  soit  desservie,  comme  Tétaient,  du  reste,  la  plupart 
des  cryptes,  par  deux  escaliers  et  que  ces  derniers  soient 
établis  dans  des  endroits  bien  visibles  et  d'un  accès  facile. 
On  atteindra  ce  but  en  rétablissant  tout  simplement  les  deux 
escaliers  primitifs  dans  leurs  dispositions  originelles;  ce  qui 
est  d'ailleurs  conforme  aux  principes  d'une  bonne  restau- 
ration. Il  faudra  veiller  toutefois  à  ce  que  la  première 
marche  descendante  de  chaque  escalier  n'avance  pas  plus 


—  99  — 

dans  le  transept  que  la  première  marche  mon  (an  te  de 
chacun  des  escaliers  donnant  accès  à  l'ambulatoire  du 
chœur. 

Le  rétablissement  des  entrées  primitives  de  la  crypte  est 
également  très  désirable  à  un  autre  point  de  vue  :  il  per- 
mettra de  reconstruire  immédiatement  les  parties  inférieures 
des  colonnes  témérairement  entaillées  au  xviii*  siècle  pour 
Installation  de  grandes  plaques  de  marbre.  Toutes  les 
colonnes  du  chœur  ont  subi  les  mêmes  mutilations;  on  les  a 
entamées  à  droite,  à  gauche,  à  une  grande  profondeur  dans 
leurs  œuvres  vives.  Il  n'est  pas  superflu,  la  Commission  l'a 
déjà  déclaré  en  1900,  de  se  préoccuper  de  cette  situation 
capable  de  compromettre,  à  un  moment  donné,  l'existence 
même  du  monument. 

Dans  la  crypte  sont  déposés  deux  grands  monuments 
funéraires  renaissance,  en  marbre,  qui  se  trouvaient  autre- 
fois dans  des  chapelles  du  pourtour  du  chœur,  d'où  on  a  dû 
les  enlever  pour  permettre  la  restauration  desdites  chapelles. 
Ces  monuments  ont  une  certaine  valeur  artistique  ou  histo- 
rique. On  devra  les  installer  contre  les  murs  de  l'entrée  sud- 
ouest  de  l'église,  à  l'exemple  de  ce  qui  a  été  fait,  à  l'intérieur 
de  la  tour,  pour  d'autres  monuments  de  même  provenance, 
et  où  ils  produisent  un  effet  satisfaisant. 

Par  un  rapport  du  4  décembre  1897,  la  Commission  a  eu 
l'honneur  de  prier  M.  le  Gouverneur  de  la  province  de 
vouloir  bien  charger  le  Comité  des  correspondants  de 
dresser  un  inventaire  de  tous  les  objets  d'art  qui  sont  remisés 
dans  la  crypte  de  la  cathédrale,  en  indiquant,  si  possible,  la 
provenance  de  ces  œuvres  dont  plusieurs  semblent  présenter 
un  réel  mérite  artistique.  :*  v   .    • 


«  / 


—  100  — 

II  semble  utile  de  ne  pas  perdre  cette  affaire  de  vue. 
uJvSSVSïrn.     —  Le  14  avril  1902,  il  a  été  procédé  à  l'examen  des 
échantillons  d'enduit  avec  tracés  d'appareils,  effectués  à 
l'intérieur  de  l'église  de  Leeuw-Saint-Pierre. 

M.  Lïcot,  membre  du  Comité  des  correspondants  du 
Brabant,  assistait  à  cet  examen. 

Le  travail  décoratif  qu'on  propose  aujourd'hui  est  tout  à 
fait  prématuré.  Des  modifications  importantes  devant  être 
exécutées  aux  fenêtres  des  bas-côtés  pour  qu'elles  s'harmo- 
nisent avec  le  style  dominant  de  l'édifice,  il  importe  de  s'en 
tenir  d'abord  à  un  enduit  tout  uni  et  de  réserver  la  partie 
décorative  des  murs.  Lorsque  les  travaux  de  restauration 
seront  entièrement  terminés,  on  examinera  quel  genre  de 
rusticage  convient  et  quelle  est  l'échelle  qu'il  devra  com- 
porter pour  être  en  rapport  avec  celle  des  chaînages  irrégu- 
liers des  fenêtres.  Il  semble  désirable  que  le  rusticage  soit 
établi  suivant  les  traditions  de  1  époque;  par  conséquent,  il 
ne  devrait  pas  se  borner  à  un  simple  tracé  rappelant  un 
appareil  ordinaire  de  pierre. 

Les  murs  du  transept  faisant  face  aux  bas-côtés  offrent 
deux  vastes  panneaux  très  bien  aménagés  pour  recevoir 
des  fresques]  historiées.  Il  conviendra  de  préparer,  dès 
maintenant,  un  enduit  spécial  propre  à  recevoir  sem- 
blable décoration  lorsque  les  ressources  locales  le  per- 
mettront. 

Il  y  a  lieu  de  rappeler  au  conseil  de  fabrique  le  dernier 
paragraphe  du  rapport  de  la  Commission  en  date  du 
9  mai  1900,  concernant  la  nécessité  de  faire  nettoyer  et 
revernir  et  de  replacer  ensuite  dans  l'église  le  tableau  pro- 
venant du  maitre-autel. 


—  loi  — 

—  Il  a  été  procédé,  le  17  avril  1902,  à  une  inspection  gjfgj*,^ 
des  travaux  de  restauration  qui  s'exécutent  à  l'église  de     kL,errc# 
Sainl-Gommaire,  à  Lierre. 

MM.  Smekens,  Van  Gaster  et  Donnet,  membres  du 
Comité  des  correspondants  de  la  province  d'Anvers,  assis- 
taient à  cette  inspection. 

Il  a  été  constaté  que  les  ouvrages  dont  il  s'agit  s'effectuent 
dans  des  conditions  satisfaisantes. 

L'attention  de  l'architecte,  présent  à  la  visite,  a  été  appelée 
sur  l'obligation  qu'il  y  a,  pour  le  renouvellement  des  pierres, 
qui  sont  en  trop  mauvais  état  pour  être  maintenues,  de  con- 
server scrupuleusement  la  hauteur  des  assises  anciennes.  Il 
y  a  eu  un  peu  de  laisser-aller  sous  ce  rapport,  notamment 
aux  niches  décorant  des  contreforts  du  pourtour  du  chœur. 

Il  est  nécessaire  d'employer  la  pierre  de  Gobertange  pour 
les  renouvellements  à  faire  aux  parements;  leur  faible  hau- 
teur d'assises  permet  de  faire  usage  de  celte  pierre;  la  roche 
d'Ëuville  ne  doit  être  mise  en  œuvre  que  quand  il  s'agit 
d'assises  de  hauteur  inusitée;  elle  ferait  tache  dans  les 
parements. 

Le  rejointoyage  ne  doit  être  effectué  que  là  où  il  est 
indispensable  pour  boucher  les  joints  ouverts.  Il  doit  être 
naturel,  suivre  l'irrégularité  des  joints,  être  opéré  au  moyen 
de  mortier  ordinaire  non  teinté  et  légèrement  en  creux. 

Il  est  nécessaire  d'ouvrir  et  de  restaurer  les  deux  fenêtres 
bouchées  de  la  belle  chapelle  s'ouvrant  sur  le  transept  nord 
vers  l'orient;  l'ouverture  de  ces  baies  n'implique  nullement 
la  disparition  de  l'autel  renaissance  qui  y  est  adossé  et  qui 
ne  manque  pas  de  mérite. 

Il  est  regrettable  de  devoir  employer  le  zinc  pour  les 


—  102  — 

tuyaux  de  descente  dans  un  monument  de  cette  importance 
et  de  cette  valeur  artistique.  En  tous  cas,  on  doit  faire  en 
sorte  que  les  eaux  qu'ils  déversent  ne  séjournent  pas  au  pied 
des  murailles.  A  celle  fin,  il  est  urgent  de  remanier  le 
pavage  des  trottoirs  et  de  lui  donner  une  pente  suffisante 
pour  assurer  le  libre  et  rapide  écoulement  des  eaux  plu- 
viales. 

Plusieurs  urinoirs  sont  accolés  aux  murs  de  l'édifice,  leur 
entretien  laisse  à  désirer  et  il  est  très  probable  que  les 
moyens  d'écoulement  font  défaut.  Par  suite,  des  infiltrations 
dans  les  fondations  doivent  inévitablement  se  produire.  On 
ne  saurait  trop  conseiller  d'enlever  ces  réservoirs  et  de  les 
remplacer  par  un  édicule  à  établir  à  une  certaine  distance 
du  monument. 

Le  Secrétaire, 

A.  Massaux. 
Yu  en  conformité  de  Tari.  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Gh.  Lagassk-de  Locht. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS- VERBAUX. 


^0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0 


SÉANCES 
des  3,  17,  24  et  31  mai  ;  des  7,  14,  21  et  28  juin  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

!•  L'essai  de  renloilage  et  de  restauration  de  l'un  des  six  Égu*ede 
tableaux  enchâssés  dans  les  lambris  du  chœur  de  l'église  de  'Tibi^». 
Bois-de-Lessines  (Hainaul); 

2*  Le  projet  relatif  au  placement  de  deux  vitraux  dans  la      figu* 

■       *  ■  de  Saint-Pierre, 

claire-voie  du  chœur  de  l'église  de  Sainl-Pierre,  à  Louvain  *$££• 
(Brabant).  L'attention  de  l'auteur,  M.  Osterralb,  a  été 
appelée  sur  les  types  des  figures,  qui  devraient  être  plus 
variés.  Quand  une  verrière  sera  placée,  il  conviendrait 
qu'on  en  avertit  le  Collège.  Il  fera  examiner  ce  travail  par 
des  délégués  ; 
3°  Le  projet  d'une  verrière  à  placer  dans  redise  de      Egu*> 

r      *  r  c  de  Notre-Dame, 

Noire-Dame,  à  Sainl-Trond  (Limbourg);  auteur,  M.  Ladon;  *%,-£? d- 


—  104  — 
M*         4°  Les  dessins  de    vitraux  à  placer  dans   l'église  de 

de  Resieigne.  *  ** 

viirati..     Resleigne  (Namur)  ;  auteur,  M.  Bardenhewer  ; 
fisiisa       •  5°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  vitrail  dans  le 

de  WesWlcleren.  r     *  r 

viimii.  chœur  de  l'église  de  Westvleteren  (Flandre  occidentale), 
sous  réserve  de  mettre  la  translucidité  des  médaillons  du 
tympan  en  harmonie  avec  celle  des  lumières  du  vitrail.  Le 
visa  est  subordonné  à  une  bonne  exécution  du  projet,  ce  qui 
devra  être  vérifié  en  temps  opportun  ;  auteur,  M.  Casier  ; 

Égiue  6°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  d'un  calvaire  qui  se 

de  l.inuneao.  •       *  * 

chaire.  trouve  dans  l'église  de  Linsmeau  (Brabant)  ;  auteur,  M.  Van 
Gramberen. 

*«.•«  de        —  Il  a  été  procédé,  le  21  mai  1903,  à  l'examen  de  pein- 

n.a0»k"  tures  murales  qui  se  trouvent  dans  l'église  de  Saint-Germain 
(Namur),  dont  l'existence  a  été  signalée  par  M.  Boveroulle, 
architecte  provincial  et  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants. 

Ces  peintures  n'offrent  d'intérêt  à  aucun  point  de  vue. 
Loin  de  se  rapporter  à  la  période  romane  à  laquelle  appar- 
tient la  construction  primitive  de  l'église,  actuellement  en 
voie  d'agrandissement,  ces  peintures  sont  probablement  de 
la  seconde  moitié  du  xviu*  siècle  et,  par  l'exécution,  ne 
méritent  pas  le  nom  d'oeuvres  d'art. 

II  n'y  a  donc  aucune  mesure  à  prendre  en  ce  qui  les  con- 
cerne et,  dans  les  travaux  de  reconstruction  dont  le  chœur 
de  l'église  où  elles  se  trouvent  est  l'objet,  elles  peuvent 
disparaître  sans  inconvénient. 
Hôtd  de  ville      —  II  a  été  procédé,  le  19  juin  1902,  dans  la  grande  salle 

peloton»'    échevinale,  à  l'étage  de  l'hôtel  de  ville  de  Bruges  (Flandre 


décoratives. 


occidentale),  à  l'examen  de  deux  panneaux  décoratifs  du 
fond  de  ladite  salle  et  représentant  une  foire  tenue  à  Bruges, 


—  405  — 

peintures  laissées  inachevées  par  feu  Àlberl  De  Vriendl. 

M.  Julien  De  Vrieudt,  chargé  d'achever  l'œuvre  délaissée 
par  son  regretté  frère,  avait  exprimé  le  désir  d'être  présent 
lors  de  la  visite  à  Bruges.  Il  a  renseigné  la  délégation  sur 
les  diverses  clauses  du  contrat  intervenu  pour  l'exécution  de 
l'ensemble  du  travail  décoratif  de  la  salle. 

Après  avoir  examiné  attentivement  les  deux  panneaux 
inachevés  et  reconnu  ce  qui  reste  encore  à  y  faire  pour  les 
terminer  complètement,  la  délégation  a  fixé  à  4,000  francs 
la  valeur  de  ces  travaux. 

—  Le  19  juin  1902,  il  a  été  procédé,  dans  l'atelier  de      éKii.e 

de  KcAenicb. 

M.  Dobbelaere,  à  l'examen  du  vitrail-spécimen  destiné  à     Vilraax- 
l'église  de  Kessenich  (Limbourg). 

La  verrière  dont  il  s'agit  a  été  convenablement  traitée. 
L'attention  de  l'artiste  a  seulement  été  appelée  sur  la  conve- 
nance d'accentuer  davantage  la  baguette  qui  sépare  l'enca- 
drement du  sujet,  afin  que  ces  deux  parties  du  vitrail  soient 
mieux  dégagées  Tune  de  l'autre.  M.  Dobbelaere  s'est  engagé 
à  tenir  compte  de  cette  observation  dans  la  suite  de  son 
travail. 

Sous  cette  réserve,  il  y  a  lieu  d'autoriser  l'exécution  de  la 
série  des  cinq  vitraux  projetés  pour  le  chœur  de  ladite  église. 

—  Il  a  été  procédé,  le  16  juin  1902,  dans  le  parc  de  Mutée  de  g™<\. 

Groupe. 

Gand,  à  l'examen  du  groupe  exécuté  par  M.  Van  Biesbroeck 
représentant  €  deux  hommes  plantant  un  mât  »  et  placé  en 
face  du  nouveau  musée  des  Beaux-Arts,  en  voie  de  con- 
struction. 

MM.  De  Waele  et  Serrure,  membres  du  Comité  des  cor- 
respondants de  la  Flandre  orientale,  assistaient  à  cet  examen. 

Le  groupe  dont  il  s'agit,  exécuté  en  bronze,  constitue  une 


—  106  — 

œuvre  asseï  intéressante.  Il  est  posé  sur  un  tertre  en  forme 
de  cône.  Il  conviendra  de  conserver  à  ce  tertre  son  aspect 
réel  de  support  en  évitant  de  l'amoindrir  par  des  guirlandes 
de  fleurs  d'une  coloration  claire. 

L'intervention  de  l'État  dans  les  frais  d'exécution  de 
l'œuvre  parait  justifiée. 
Hôuid.TH».  —  À  la  demande  de  M.  Dillens,  il  a  été  procédé,  le 
l.uZ:  \q  juiD  i9039  à  l'examen  du  modèle  en  plâtre,  grandeur 
d'exécution,  de  l'une  des  statues  de  la  façade  de  l'hôtel  de 
ville  de  Gand,  dont  l'esquisse  a  été  adoptée  par  la  Commis- 
sion, le  23  novembre  4900. 

MM.  DeWaele,  Serrure  et  Lybaert,  membres  du  Comité 
des  correspondants  de  la  Flandre  orientale,  assistaient  à  cet 
examen. 

Ce  modèle,  exécuté  par  M.  De  Beule,  d'après  l'esquisse 
produite  par  M.  Dillens,  est  bien  traité;  toutefois,  la  partie 
inférieure  de  la  statue  quoique  ayant  été  allégée  suivant  les 
indications  du  Collège,  est  encore  trop  volumineuse.  Lors  de 
l'exécution  en  pierre,  ce  défaut  devra  être  corrigé;  il  importe 
que  la  figure  n'empiète  pas  sur  les  moulures  de  la  niche. 

Les  trois  statues  ornant  la  tourelle  d'angle,  dont  les 
modèles  en  grand  ont  été  exécutés  par  M.  Dillens  lui-même, 
sont  exécutées  en  pierre;  ces  œuvres  sont  satisfaisantes. 

Les  quatre  statues  placées  récemment  et  définitivement  à 
la  gauche  du  spectateur  vers  une  extrémité  de  la  façade 
gothique,  ne  sont  pas  d'une  exécution  aussi  heureuse  que  les 
précédentes.  Il  est  regrettable  que  les  artistes  n'aient  pas 
tenu  suffisamment  compte  de  la  recommandation  faite  par 
le  paragraphe  final  du  rapport  du  23  novembre  1900, 
quant  à  la  nécessité  d'alléger  la  partie  inférieure  des  figures  ; 


—  107  — 

il  eût  convenu  aussi  que  les  modèles  en  grand  fussent  pré- 
sentés sur  place.  Il  semble  que  la  recommandation  précitée 
n'a  pas  été  communiquée  aux  statuaires,  sinon,  M.  De 
Beale,  lors  de  l'inspection,  n'aurait  pas  posé  la  question  de 
savoir  s'il  faut  suivre  exactement,  dans  toutes  leurs  parties, 
les  esquisses  remises  aux  divers  statuaires  appelés  à  con- 
courir à  la  décoration  du  monument.  La  recommandation 
prérappelée  avait,  d'avance,  résolu  cette  question. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  quatre  dernières  figures  ont  une 
largeur  exagérée  et  dépassent  le  cadre  qui  leur  était  assigné. 
La  première,  à  gauche  du  spectateur,  accuse  surtout  ce 
défaut;  en  outre,  ses  accessoires  sont  trop  lourds. 

Il  conviendrait  d'étudier  le  moyen  d'apporter  quelques 
corrections  en  vue  de  faire  mieux  entrer  ces  quatre  statues 
dans  leurs  niches  et  d'alléger  les  accessoires  de  la  première. 

En  tous  cas,  il  importe  que  tous  les  socles  des  statues 
soient  mis  en  harmonie  avec  le  motif  architectural  qui  leur 
sert  de  rapport  et  restent  en  retraite  sur  celui-ci. 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  d'appropria-  n*  de  juuee 
tion  au  Palais  de  Justice  de  G  and,  a  fait  l'objet  d'un  examen, 
surplace,  le  46 juin  1902. 

MM.  l'ingénieur  en  chef,  directeur  des  ponts  et  chaussées 
de  la  Flandre  orientale,  et  ses  adjoints,  ainsi  que  MM.  Moreau 
et  Bouckaert,  délégués  par  M.  le  Ministre  de  la  justice, 
M.  l'avocal-général  près  la  Cour  d'appel,  Callier,  et  MM.  De 
Waele  et  Serrure,  membres  du  Comité  des  correspondants 


—  108  — 

de  la  Commission  royale  des  monuments,  assistaient  à  cet 
examen. 

Il  résulte  de  l'échange  de  considérations  qui  s'est  produit 
lors  de  la  réunion  que  tout  le  monde  reconnaît  que  des 
travaux  hygiéniques  s'imposent  dans  l'édifice. 

Les  travaux  d'aménagement  projetés  à  l'étage  rencontrent 
également  l'assentiment  unanime  ;  ils  sont,  du  reste,  en  voie 
d'exécution. 

L'inspection  des  lieux  a  démontré  que  la  cour  basse  pro- 
posée le  long  d'une  partie  de  la  façade  sud  est  inutile  pour 
le  moment;  on  est  occupé  à  assainir  et  éclairer  vivement  les 
caves  où  seront  déposées  les  pièces  à  conviction. 

L'escalier  proposé  pour  desservir  le  dépôt  des  pièces  à 
conviction  devient  également  inutile. 

Il  résulte  des  constatations  faites  dans  le  sous-sol  de  l'édi- 
fice que  les  fondations  sur  pilotis  sont  en  bon  état,  mais  les 
piliers  en  maçonnerie  présentent  de  nombreuses  traces 
d'écrasement  provenant  sans  doute  de  tassements  irréguliers 
qui  ont  occasionné  certaines  déformations  des  voûtes  des 
caves.  On  est  unanimement  d'accord  qu'il  faudra  consolider 
lesdils  piliers.  Il  est  même  prudent,  en  attendant,  de  s'as- 
surer, à  l'aide  de  témoins,  si  les  mouvements  continuent. 
C'est  ce  qu'a  d'ailleurs  ordonné  sur  place  M.  le  Président 
Lagasse-de  Locht,  à  titre  d'inspecteur-général  des  ponts  et 
chaussées  chargé  de  la  direction  des  bâtiments  civils  du 
pays. 

En  somme,  il  n'y  a  guère  de  divergences  d'opinions  qu'en 
ce  qui  concerne  la  question  relative  à  l'appropriation,  au 
rez-de-chaussée,  de  l'ancienne  salle  de  la  bourse  et  des  locaux 
voisins  en  une  salle  des  pas-perdus  et  deux  salles  d'audience 


—  109  - 

pour  le  tribunal  correctionnel,  le  conseil  de  guerre  et  le 
tribunal  de  police.  Il  semble  qu'on  peut  également  se  mettre 
d'accord  sur  celle  question  sans  s'exposer  à  compromettre 
la  solidité  de  l'édifice,  en  adoptant  la  disposition  indiquée 
par  le  Département  de  la  justice  et  en  prenant  les  précau- 
tions que  la  situation  commande.  Il  ne  semble  pas  qu'en 
adoptant  celte  disposition,  cette  partie  du  palais  serait  déna- 
turée au  point  de  vue  architectural,  puisque  le  côté  le  plus 
intéressant,  c'est-à-dire  le  vestibule,  conservera  son  aspect 
et  sa  destination  actuels.  Il  ne  parait  pas  nécessaire,  pour 
celte  transformation,  de  se  livrer  à  des  travaux  aussi  coûteux 
que  ceux  de  continuer  le  système  d'arceaux  en  fonte  et 
colonnes  qui  règne  dans  le  vestibule,  attendu  que  les  locaux 
transformés  et  le  vestibule  ne  pourront  être  vus  simultané- 
ment. 

La  nécessité  de  celte  transformation  est  reconnue,  même 
au  cas  où  l'on  transporterait  quelques  services  judiciaires 
dans  les  locaux  occupés  actuellement  par  la  poste,  à  proxi- 
mité du  Palais  de  Justice.  Il  est  à  remarquer  que  les  locaux 
de  la  poste  ne  seront  disponibles  que  dans  un  laps  de  temps 
assez  long  et  que  leur  utilisation  ne  serait  pas  possible  sans 
qu'ils  soient  totalement  remaniés.  Il  en  résulte  qu'il  faudrait 
cinq  ou  six  ans  avant  qu'on  ne  soit  en  mesure  d'en  disposer. 

Il  conviendra  de  rechercher  le  moyen  de  mieux  éclairer 
les  locaux  transformés,  en  agrandissant  les  fenêtres  au-dessus 
de  l'escalier  extérieur. 

Les  façades  de  l'édifice  réclament  certaines  restaurations 
dont  il  est  prudent  de  s'occuper  à  bref  délai. 

—  À  la  demande  de  l'administration  communale,  il  a  été  dm  *  «inc 

d'Audenarde. 

procédé,  le  9  juin  1909,  à  l'inspection  des  travaux  de  res- 


—  110  — 

lauration  en  voie  d'exécution  à  l'hôtel  de  ville  d'Àudenarde. 

M.  De  Waele,  membre  du  Comité  des  correspondants  de 
la  Flandre  orientale,  assistait  à  cette  inspection. 

La  première  série  d'ouvrages,  qui  comportait  les  plus 
urgents,  est  très  avancée  ;  elle  sera  terminée  pendant  la  pré- 
sente campagne.  La  dépense  en  était  évaluée  à  fr.  1 17,124-97. 

Tous  les  travaux  effectués  à  ce  jour  ont  été  traités  dans  de 
très  bonnes  conditions. 

Dans  les  travaux  qui  restent  à  effectuer  de  la  première 
série,  est  comprise  la  restitution  des  figures  d'anges  des 
lucarnes  et  de  la  statue  de  la  Sainte-Vierge  située  au-dessus 
du  portail.  Les  modèles  présentés  sur  place  pour  ces  figures 
étant  la  reproduction  aussi  exacte  que  possible  des  anciennes 
et  ayant  été  modelés  sur  les  restes  de  celles-ci,  il  y  a  lieu 
d'en  autoriser  la  réalisation. 

Les  statues  destinées  aux  niches  de  la  balustrade  sont  à 
faire.  11  n'en  reste  rien.  D'après  les  anciens  comptes  de  la 
ville,  ces  figures  représentaient  des  souverains;  on  en  trou- 
vera, sans  doute,  les  noms  dans  ces  comptes.  Il  y  a  neuf 
statues  à  exécuter;  on  s'arrêtera,  pour  leur  choix,  si  on 
n'en  retrouve  pas  les  noms,  à  l'époque  où  s'est  terminée  la 
construction  de  l'hôtel  de  ville. 

Pour  ces  figures,  on  se  propose  d'employer  la  pierre 
d'Euville  fine  ou  une  autre  similaire.  On  ne  peut  assez 
recommander  un  choix  judicieux  de  la  pierre  à  mettre  en 
œuvre  et  surtout  qu'elle  soit  bien  résistante.  Des  échantil- 
lons ne  suffisent  pas  à  cette  fin;  il  faut  que  l'on  soit  fixé, 
tout  d'abord,  sur  la  valeur  de  la  pierre  au  point  de  vue  de 
sa  résistance  à  l'action  des  intempéries. 

Il  importe  de  continuer  la  restauration  du  monument  au 


—  111  — 

bâtiment  tout  entier.  La  deuxième  série  de  travaux  peut 
être  estimée  approximativement  à  110,000  francs.  Elle 
comprendrait  le  côté  latéral  vers  l'ouest  et  le  pignon  en 
retour  vers  la  face  postérieure.  D'après  les  anciens  comptes 
de  la  ville,  la  tourelle  sur  la  cheminée  de  celte  dernière 
façade  était  autrefois  surmontée  d'une  statue  en  cuivre  de 
Saint-Michel;  elle  devra  être  rétablie. 

Les  mêmes  comptes  indiquent  que  certaines  parties  de 
1  édifice  étaient  rehaussées  de  quelques  points  de  couleur  et 
de  dorure.  Rien  n'empêche  de  produire  un  projet  dans  ce 
sens,  basé  sur  lesdils  comptes,  sauf  à  en  ajourner  l'exé- 
cution, si  celle-ci  est  décidée,  jusqu'après  la  restauration 
complète  du  monument. 

La  charpente  et  la  toiture  de  la  halle,  adossée  à  l'hôtel  de 
ville,  nécessitent  des  travaux  de  restauration.  Il  importe  de 
les  entreprendre  à  bref  délai  pour  éviter  des  dégâts  à  cet 
édifice  d'une  haute  valeur  archéologique.  La  dépense  attein- 
drait approximativement  40,000  francs. 

Il  est  temps  aussi  de  se  préoccuper  du  dégagement  de  ce 
groupe  de  deux  monuments  (l'hôtel  de  ville  et  la  halle),  afin 
de  les  isoler  complètement.  Les  maisons  qui  les  entourent 
appartiennent,  pour  la  plupart,  à  la  ville,  qui  les  a  acquises 
successivement  dans  ce  but  au  fur  et  à  mesure  qu'une  occa- 
sion se  présentait. 

Par  suite  des  nombreux  travaux  de  restauration  dans 
lesquels  la  ville  a  dû  intervenir,  ses  ressources  sont  totale- 
ment épuisées.  L'État  et  la  Province  devront  faire  ici  un 
sacrifice  tout  spécial.  Il  s'agit  d'un  monument  national  de 
premier  ordre  que  le  Gouvernement  a  jugé  digne  d'être 
reproduit  partiellement  pour  servir  de  pavillon  belge  à 


—  112  — 

l'Exposition  internationale  de  Paris,  en  1900.  Il  n'appartient 
pas  seulement  à  la  ville  d' Audenarde,  mais  an  pays  tout 
entier,  qui  a  an  intérêt  considérable  à  en  assurer  la  conser- 
vation. On  ne  saurait  laisser  ce  soin  exclusif  à  une  localité 
ne  comptant  que  6,000  habitants  et  assumant  des  charges 
au-dessus  de  ses  ressources  pour  rentre  lien  de  ses  grands 
monuments  du  moyen  âge  qui  font  encore  aujourd'hui  la 
gloire  de  la  nation.  La  démolition  des  maisons  précitées 
servirait  de  part  contributive  de  la  ville  ;  elle  peut  être  con- 
sidérée comme  un  sacrifice  énorme  pour  elle. 
h*ii<!  m  Drap      —  Il  a  été  procédé,  le  18  mai  1902,  à  l'inspection  des 

de  Gand. 

travaux  de  restauration  et  d'achèvement  en  voie  d'exécution 
à  la  Halle  aux  Draps  de  Gand. 

MM.  De  Geuleneer,  Serrure,  Lybaert,  Van  Biesbroeck  et 
Van  der  Haegen,  membres  du  Comité  des  correspondants 
de  la  Flandre  orientale,  assistaient  à  cette  inspection. 

L'entreprise  se  poursuit  activement,  aussi  bien  pour  la 
restauration  de  la  partie  ancienne  que  pour  l'achèvement  de 
l'édifice.  On  a  pu  se  procurer  d'anciennes  pierres  non  seule- 
ment pour  la  restauration  des  parements  anciens  mais  aussi 
pour  l'exécution  des  parements  de  la  partie  nouvelle  du 
bâtiment,  de  sorte  que  l'ensemble  a  un  caractère  très  har- 
monieux. Mais  on  ne  doit  pas,  cependant,  pousser  trop  loin 
le  système  de  l'uniformité.  Il  n'est  pas  admissible,  par 
exemple,  que  l'on  retaille  les  joints  pour  pouvoir  ensuite, 
par  un  rejointoyage,  donner  aux  constructions  anciennes 
l'aspect  qu'ont  les  nouvelles.  Les  parements  anciens  doivent 
rester  tels  qu'ils  sont;  on  se  bornera  à  boucher  les  joints 
ouverts. 

Dans  la  partie  nouvelle  de  l'édifice,  les  joints  sont  trop 


r-    413    — 

grands;  on  ne  s'inspire  pas  assez  de  ceux  de  la  partie 
ancienne  qui  sont  bien  conservés  et  qui  sont  très  faibles. 

On  ne  saurait  trop  recommander  aux  architectes  chargés 
de  la  direction  des  travaux,  de  conserver,  dans  la  restau- 
ration, le  plus  possible  les  anciennes  pierres  tant  moulurées 
qu'unies,  par  exemple  les  tympans,  les  encadrements,  les 
arcs  et  les  larmiers  des  baies,  les  moulures  en  général,  cer- 
tains panneaux  de  la  balustrade,  etc.,  etc.  En  un  mot,  toutes 
les  pierres  dont  les  avaries  ne  sont  pas  de  nature  à  faire 
disparaître  les  lignes  de  l'édifice,  doivent  être  respectées. 

Il  est  regrettable  que,  pour  le  renouvellement  des  poutres, 
on  ait  adopté  le  fer  au  lieu  du  bois  qui  était  prévu  au  projet 
adopté.  Dans  un  travail  de  restauration  de  cette  importance 
on  doit  toujours,  lorsqu'il  n'y  a  pas  impossibilité  absolue, 
mettre  en  œuvre  des  matériaux  de  même  composition  que 
ceux  ayant  servi  à  la  construction  primitive. 

Les  glacis  déjà  restaurés  de  plusieurs  contreforts  au 
niveau  du  seuil  des  fenêtres  de  l'étage  laissent  à  désirer  au 
point  de  vue  de  l'écoulement  des  eaux  pluviales.  Il  y  a  là 
une  rectification  à  faire.  Quelques  sculptures  nouvelles  ne 
sont  pas  non  plus  irréprochables. 

A  la  façade  ouest,  les  anciennes  fenêtres  qui  avaient  été 
masquées  et  dont  l'état  de  conservation  permet  de  constater 
la  situation  primitive,  ont  un  double  glacis  séparé  par  une 
petite  partie  verticale  ;  on  devra  respecter  ce  profil  et  exa- 
miner avec  soin  si  le  glacis  des  baies  de  la  façade  opposée 
n'avait  pas  un  pareil  profil,  lequel  aurait  été  modifié  par  la 
suite,  lors  de  réparations  effectuées  à  l'édifice. 

Le  bâtiment  de  dépendances  à  annexer  à  la  halle  tant 
pour  la  conciergerie  que  pour  les  installations  sanitaires, 


—  m  — 

devra  être  érigé  de  telle  façon  qu'il  laisse  dégagée  la  partie 
de  la  façade  ouest  de  la  halle  comprise  entre  le  beffroi  et  le 
second  contrefort  de  ladite  façade. 

On  peut,  comme  le  demande  la  Commission  locale  des 
monuments,  conserver,  à  litre  d'expérience,  ces  deux  travées 
intactes,  sans  restauration.  De  celte  façon,  on  pourra  res- 
taurer plus  complètement  la  façade  est,  tout  en  maintenant, 
bien  entendu,  les  pierres  qui  sont  encore  bonnes.  Toutefois, 
le  Collège  doit  dégager  sa  responsabilité  dans  une  opération 
de  ce  genre  où  le  travail  serait  limité  à  ce  point  qu'il  faudrait 
recommencer  dans  quelques  années. 

M .  le  Gouverneur  de  la  province  a  été  prié  de  vouloir 
bien  transmettre  d'urgence  le  présent  rapport  à  l'adminis- 
tration communale  de  Gand. 
AnciMi.6        —  Il  a  été  procédé,  le  22  avril  1902,  à  l'inspection  des 

fortcrtM* 

deHôi.*.  ruines  de  l'ancienne  forteresse  de  Moha  (Liège),  à  l'effet  de 
s'assurer  de  l'importance  des  dépenses  restant  à  faire  pour 
la  consolidation  de  l'édifice  et  de  la  situation  générale  de 
celui-ci,  M.  l'ingénieur  en  chef  directeur  des  ponts  et  chaus- 
sées de  la  province  de  Liège  ayant  signalé  la  nécessité  de 
consacrer  un  nouveau  crédit  de  12,000  francs  aux  travaux 
dont  il  s'agit. 

Sans  pouvoir  affirmer  qu'au  moyen  du  nouveau  crédit 
sollicité  on  pourra  terminer  l'entreprise,  on  peut  admettre 
cependant  que  ce  chiffre  constitue  une  évaluation  qui  parait 
assez  approximative. 

Sans  aucun  doute,  il  importe  de  poursuivre  les  travaux 
de  déblaiement  et  de  consolidation  entamés;  il  est  même 
désirable  qu'une  prompte  décision  intervienne,  les  fonds 
sont  épuisés  et  l'entrepreneur  va  être  obligé,  sous  peu,  de 


—  m  — 

retirer  de  ce  travail  des  ouvriers  qui  sont  aujourd'hui  initiés 
à  ce  genre  d'opération. 

Quant  à  la  situation  générale  du  château,  elle  est  actuel- 
lement satisfaisante.  Les  travaux  s'exécutent  avec  soin  et 
intelligence.  Le  sommet  des  murailles  reste  tel  qu'on  le 
découvre,  c'est-à-dire  dentelé;  il  est  recouvert  de  gazon. 
Cette  double  opération  est  très  louable,  car  elle  conserve 
parfaitement  l'aspect  de  ruine  de  la  forteresse. 

Il  est  bon  de  recommander  de  ne  pas  employer  le  ciment 
pour  les  travaux  de  rejointoyage;  cette  matière  a  une 
tendance  à  se  fendiller.  Il  est  préférable  d'adopter  un  bon 
mortier  composé  par  moitié  de  chaux  et  de  sable  très  rude 
et  surtout  non  teinté.  Le  rejointoyage  doit  être  exécuté 
légèrement  en  creux  et  non  en  relief.  Il  faut  tout  simplement 
imiter  le  rejointoyage  primitif  tel  qu'il  se  remarque  aux  pare- 
ments anciens,  qui  étaient  recouverts  par  des  décombres. 

Les  déblaiements  se  poursuivent,  à  l'intérieur,  le  long  du 
rempart  ouest;  en  les  continuant  vers  l'extérieur,  sans  aucun 
doute  on  retrouvera  l'ancien  chemin  qui  donnait  accès  à  la 
forteresse.  On  s'occupe,  à  l'extérieur  du  même  rempart,  à 
déblayer  le  fossé  creusé  dans  le  roc. 

Les  fouilles  à  l'intérieur  du  château  ont  mis  au  jour  quel- 
ques pavements  fort  intéressants  composés  de  petits  car- 
reaux vernissés.  L'action  du  soleil  et  de  la  pluie  leur  est 
funeste;  il  conviendra  de  rechercher  le  moyen  de  les  pré- 
server. Peut-être  suffira-t-il  de  les  protéger  par  une  couver- 
ture en  bois  et  zinc  posée  à  une  hauteur  suffisante  pour 
qu'on  puisse  les  voir  tout  en  les  mettant  à  l'abri  des  intem- 
péries. 

Le  périmètre  des  murailles  de  la  forteresse  est  seul  la 


—  416  — 

propriété  de  l'Étal.  Au  côté  nord,  le  terrain  appartient  à  an 
particulier  ;  au  côlé  sud,  il  est  la  propriété  de  la  commune. 
Étant  donné  que  l'État  s'impose  des  sacrifices  importants 
pour  conserver  un  des  monuments  les  plus  intéressants  de 
l'architecture  militaire  de  notre  pays,  il  est  de  la  plus  grande 
utilité  de  veiller  à  ce  qu'il  ne  soit  pas  un  jour  défiguré  par 
l'érection  de  bâtiments  sur  ces  terrains;  d'autre  part,  le 
sous-sol  de  ceux-ci  pourrait,  à  un  moment  donné,  être 
exploité  comme  carrière.  Or,  ce  serait  désastreux,  à  tous 
les  points  de  vue,  pour  l'ancienne  forteresse.  Pour  prévenir 
ces  fâcheuses  éventualités,  il  est  indispensable  que  l'État 
fasse  l'acquisition  de  ces  parcelles,  du  côté  nord  jusqu'au 
chemin,  du  côlé  sud  ce  qui  appartient  à  la  commune.  Ces 
terrains,  peu  étendus,  n'ont  guère  de  valeur;  une  entente, 
à  cette  fin,  parait  de  nature  à  pouvoir  se  réaliser  dans  des 
conditions  très  peu  dispendieuses  pour  le  trésor.  Cette 
solution  est  d'autant  plus  désirable  qu'il  est  possible  que 
des  fouilles  opérées  dans  le  périmètre  des  terrains  précités 
amèneraient  la  découverte  de  restes  d'anciens  ouvrages 
avancés  du  château. 


ÉDIFICES  RELIGIEUX. 


PRESBYTÈRES. 


Ont  été  revêtus  du  visa  : 
conuruciion       1°  Le  projet  relatif  â  la  construction  d'un  presbytère  à 

et  resta u  ration 

de  presbytères.  Namoussart,  commune  de  Hamipré  (Luxembourg),  à  la 
condition  que  l'on  aura  égard,  sauf  en  ce  qui  concerne  le 
troisième  paragraphe,  aux  observations  contenues  dans  le 


—  117  — 

rapport  du  Comité  diocésain  d'art  chrétien;   architecte, 
M.  Wûrlh; 

2°  Le  projet  concernant  la  construction  d'un  presbytère  à 
Vi lie-en- Waret  (Namur),  sous  la  réserve  qu'au  cours  des 
travaux  les  citernes  soient  établies  de  manière  qu'elles  ne 
touchent,  en  aucune  façon,  aux  murs  du  bâtiment;  archi- 
tecte, H.  Lange; 

3°  Le  projet  du  presbytère  à  construire  dans  la  paroisse 
de  Saint-Martin,  à  Tamines  (Namur).  Au  cours  de  l'exé- 
cution de  l'entreprise,  l'architecte,  M.  Van  Gheluwe,  devra 
revoir  la  porte  d'entrée  dont  la  forme  peut  être  améliorée; 
il  conviendra  aussi  qu'il  revoie  le  devis  dont  le  montant  est 
insuffisant  pour  l'exécution  d'un  bâtiment  de  cette  impor- 
tance ; 

4*  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Hemelveerdegem  (Flandre  orientale),  moyennant  d'avoir 
égard  aux  observations  de  M.  l'architecte  provincial  et  de 
mettre  le  pignon  en  harmonie  avec  le  reste  des  façades  du 
bâtiment;  architecte,  M.  De  Leslré; 

5°  Le  projet  relatif  à  l'établissement  d'une  grille  de  clôture 
au  presbytère  de  Meir  (Anvers);  architecte,  M.  Taeymans; 

6°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  d'Hacquegnies 
(Hainaut);  architecte,  M.  Clinquart; 

7°  Le  projet  des  travaux  de  réparation  et  d'appropriation 
du  presbytère  de  Meix-le-Tige  (Luxembourg)  ; 

8*  Le  projet  des  réparations  à  effectuer  au  presbytère 
d'Orchimont  (Namur); 

9°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  restau- 
ration au  presbytère  de  Lowaige  (Limbourg);  architecte, 
M.  Christiaens; 


—  118  — 

(0°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  de  Liernu 
(Namur)  ; 

11°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  du  presbytère  de 
Reppel  (Limbourg). 
t.rcsb>lore        —  i|  a  été  procédé,  le  15  mai  1902,  à  l'inspection  du 

île  Wolvmkem.  r 

presbytère  de  Wolverthem  (Brabanl). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  l'édifice  dont  il  s'agit  offre 
un  intérêt  artistique  suffisant  pour  qu'il  y  ail  lieu  de  le 
ranger  dans  la  troisième  classe  des  monuments  civils. 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
Et);*  1*  A  Hamont  (Limbourg);  architecte,  M.  Cuypers; 

Kgu»  2°  A  Maldegem  (Flandre  orientale),  sous  la  reserve  que 

e  t  «•(!<«.  yon  aura  £gar(j  ^  l'observation  présentée  par  M.  l'architecte 

provincial  en  ce  qui  concerne  la  nécessité  d'augmenter  la 
profondeur  de  la  sacristie.  Le  Collège  a  demandé,  en  outre» 
que  le  faux  triforium  soit  supprimé.  Il  regrette,  tout  en 
adoptant  le  projet,  que  l'auteur  n'ait  pas  cru  devoir  adopter, 
pour  le  nouvel  édifice,  le  type  d'églises  à  trois  nefs  d'égale 
hauteur  qui  a  été  si  fréquemment  employé  autrefois  dans 
la  Flandre.  Avant  de  passer  à  l'exécution  des  travaux  du 
nouvel  édifice,  il  importera  qu'on  fasse  parvenir  une  photo- 
graphie de  l'église  actuelle  et  que  l'architecte,  M.  Geirnaerl, 
soit  invité  à  faire  connaître  s'il  y  a  impossibilité  de  conserver 
la  tour,  qui  figure  dans  la  troisième  classe  des  monu- 
ments  ; 


—  119  — 

3°  A  Lillois- Witterzée  (Brabant)  ;  architecte,  M.  Léonard  ;      &** «i« 
4°  A  Saint-Gilles    lez  Termonde  (Flandre  orientale);  da sSS1Sgïii« 
architecte,  M .  Vaerwyck  ;  ^  T~" 

5°  A  Horendonck,  sous  Esschen  (Anvers)  ;  architecte,      e^ 

v  '  de  Horendonck. 

M.  Gife. 
Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 

églises  : 
I0  De  Ransart  (Bois)  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Leborgne  ;     egii»e  de 
V  De  Linckhout  (Limbourg),  sous  la  réserve  qu'au  cours     "ty™ 

de  Lincklioiil. 

de  l'exécution  du  travail,  on  donne  un  amortissement  plus 
convenable  au  pied  delà  flèche;  architecte,  M.  Martens; 

3°  D'Aeltre  (Flandre  orientale).  Au  cours  des  travaux,  *8iue d'Eure. 
l'architecte,  M.  Goethals,  devra  réduire  le  nombre  des 
lucarnes  de  la  flèche.  Il  importera  qu'il  donne  aux  murs  du 
baptistère  et  de  la  sacristie  une  épaisseur  d'au  moins  une 
brique  et  demie.  Enfin,  on  a  demandé  que  le  chœur  soit 
mieux  dégagé  du  côté  sud  par  le  recul  de  la  sacristie  et  que 
le  water-closet  soit  reporté  du  côté  du  magasin  ;  il  ne  peut, 
en  aucune  façon,  être  adossé  au  chœur  ; 

4°  De  Heppen  (Limbourg);  architecte,  M.  Martens.  É«u«e 

Ainsi  que  les  projets  ci-apres  : 

5°  Construction  de  deux  chœurs  latéraux,  d'une  sacristie      figu» 

de  Saffelaere. 

el  d'un  magasin  à  l'église  de  Saffelaere  (Flandre  orientale), 
sous  la  réserve  de  donner  aux  toits  des  chœurs  nouveaux  la 
même  inclinaison  que  celle  des  pignons  auxquels  ils  seront 
adossés;  architecte,  M.  De  Lestré; 

6°  Construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Meygem      gd* 
(Flandre  orientale)  ;  architecte,  M.  Vandenheuvel  ; 

7°  Construction  d'une  annexe  et  de  clôtures  à  l'église  de      r«i.* 

de  Belgrade. 

Belgrade  (Namur)  ;  architecte,  M.  Van  Gheluwe; 


ISO 

ygem 


—  1Î0  — 

objeu  mobiiien     8°  Et,  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 

d'éfluct. 

églises  de  : 

Chératte-Sa  in  t- Joseph  (Liège)  :  cloche; 

Momignies  (Hainaut)  :  cloche; 

Courtil,  sous  Bovigny  (Luxembourg)  :  mobilier  complet  ; 

Saint-Louis,  à  Marcinelle  (Hainaut)  :  maitre-autel  ; 

Sainte- Waudru,  à  Mons  (Hainaut)  :  retable  pour  la  cha- 
pelle de  Sainte-Aye  et  armoire  coffre-fort  pour  la  sacristie  ; 

Saint-Jean- Baptiste,  à  Tongres  (Limbourg)  :  banc  de 
communion  ; 

Lommel  (Limbourg)  :  banc  de  communion  ; 

Vosselaere  (Flandre  orientale)  :  banc  de  communion  et 
complément  des  autels  latéraux  ; 

Bassevelde  (Flandre  orientale)  :  buffet  d'orgues  ; 

Sart-en-Fagne  (Namur)  :  maître-autel  ; 

La  Plante  (Namur)  :  deux  autels  latéraux  et  chaire  à 
prêcher; 

Tombes,  sous  Mozet  (Namur)  :  maitre-autel  ; 

Cul-des-Sarls  (Namur)  :  trois  autels  ; 

Belœil  (Hainaut)  :  lambris,  confessionnaux,  piédestal 
pour  la  statue  de  Saint-Pierre  et  restauration  de  cette 
statue  ; 

Slype  (Flandre  occidentale):  confessionnaux  et  stalles; 

Grimde,  sous  Tirlemont  (Brabant)  :  deux  autels  latéraux  ; 

Deuzeld,  sous  Schooten  (Anvers)  :  chaire  à  prêcher, 
confessionnaux,  stalles  et  buffet  d'orgues  ; 

Montenaeken  (Limbourg)  :  complément  du  mobilier. 
£,!;„  —  Par  suite  de  la  construction  d'une  nouvelle  église 

dans  la  section  de  Frassem,  l'ancienne  église  est  devenue 
hors  d'usage;  elle  est  totalement  abandonnée.  L'adminis- 


—  121  — 

tralion  communale  de  Bonnert  sollicite  rautorisalion  de  la 
faire  démolir. 

Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le 
24  avril  1902,  de  concert  avec  M.  Sibenaler,  délégué  du 
Comité  des  correspondants  du  Luxembourg,  que  cette 
construction  n'offre  rien  d'intéressant  sous  le  rapport  artis- 
tique ou  archéologique.  Rien  n'empêche  d'en  autoriser  la 
démolition. 

Il  est  désirable,  toutefois,  de  conseiller  à  l'autorité  locale 
de  conserver  la  tour  de  l'édifice  ;  cette  tour  joue  un  rôle 
assez  marquant  dans  l'aspect  du  site  qui  se  déroule  à  la  vue 
lorsqu'on  le  contemple  de  l'imposante  vallée  de  Frassem, 
laquelle  est  visitée,  chaque  été,  par  de  nombreux  étrangers. 
La  localité  est  donc  intéressée  à  ce  que  l'on  maintienne  tout 
ce  qui  contribue  à  la  beauté  d'un  site  renommé,  d'autant 
plus  que  ce  maintien  ne  constituera  aucune  dépense  et  ne 
contrariera  en  rien  la  combinaison  que  l'on  semble  avoir  en 
vue  d'annexer  le  terrain  occupé  par  l'église  au  jardin  de  la 
cure.  La  tour  conservée  se  trouvera  à  la  limite  du  jardin. 

Lorsque  l'on  procédera  à  la  démolition  de  l'ancien  vais- 
seau, il  importera  de  recueillir  avec  soin  les  objets  d'anti- 
quité que  l'on  pourrait  y  découvrir;  de  vérifier  le  sol  à  l'effet 
de  s'assurer  s'il  ne  renferme  pas  d'anciens  tombeaux  ;  si, 
dans  le  massif  de  maçonnerie  qui  constituait  le  maître-autel, 
il  n'y  a  pas  des  reliques,  etc. 

Un  délégué  du  Comité  des  correspondants  pourrait  être 
chargé  de  surveiller  les  travaux  de  démolition. 

—  A  la  demande  du  conseil  de  fabrique  de  Wamont      ê*iu« 
(Liège),  il  a  été  procédé,  le  7  mai  1902,  à  l'examen  de 
l'église  de  celte  localité  dont  la  reconstruction  est  projetée. 


—  192  — 

Cet  édifice,  dont  la  construction  parait  remonter  à  la 
seconde  moitié  du  xvin*  siècle,  n'a  aucune  valeur  artistique  ; 
d'autre  part,  il  n'est  plus,  à  beaucoup  près,  en  rapport  avec 
l'importance  de  la  population  de  la  paroisse. 

Un  agrandissement  n'est  guère  praticable;  il  équivaudrait, 
sans  en  avoir  les  avantages,  à  une  reconstruction  à  peu  près 
totale. 

On  doit  tenir  compte  aussi  que  cette  église  n'est  pas 
orientée.  Sa  reconstruction  permettra  de  réaliser  cette 
mesure.  La  nouvelle  église  sera  érigée  en  travers  de  celle 
existante.  Les  ressources  ne  permettant  pas  la  reconstruction 
totale  immédiate,  on  se  bornera,  pour  le  moment,  à  con- 
struire la  moitié  du  nouveau  temple  à  l'est  de  l'ancien 
jusqu'à  sa  rencontre  avec  celui-ci.  Ce  parti,  qui  remédiera 
à  une  situation  anormale,  aura  cet  autre  avantage  de  per- 
mettre de  continuer  les  offices  dans  l'ancienne  église  pendant 
la  construction  de  la  première  partie  de  la  nouvelle.  De  plus, 
la  tour  actuelle,  qui  restera  en  dehors  de  la  limite  de  recon- 
struction et  qui  est  très  solide,  pourra  être  conservée;  toute- 
fois, il  faudra  remplacer  son  misérable  couronnement  actuel 
par  un  autre  mieux  en  rapport  avec  l'ensemble  de  la  nouvelle 
construction. 

Le  mobilier  actuel  pourra,  du  moins  pour  une  bonne 
partie,  être  utilisé  dans  la  nouvelle  église. 

Le  retable  du  maître-autel  renferme  un  tableau  qui  semble 
appartenir  à  l'ancienne  école  liégeoise;  il  offre  un  certain 
mérite.  Malheureusement  il  a  été  mutilé  autrefois,  lors  du 
placement  du  tabernacle. 

La  cuve  baptismale  est  en  pierre  bleue  ;  elle  est  conçue 
dans  le  goût  du  xv9  siècle,  mais  elle  porte  une  date  beaucoup 


—  123  — 

postérieure.  Si  celle  date  est  celle  de  la  confection  de  la  cuve, 
il  est  notoire  que  l'on  se  trouve  en  présence  d'une  repro- 
duction d'une  œuvre  plus  ancienne. 

L'église  possède  une  chape  dont  l'étoffe  est  moderne  mais 
dont  les  broderies  appartiennent  au  xvi9  siècle.  Celles-ci  sont 
intéressantes  et  assez  bien  conservées.  Seulement  quelques 
petites  parties  du  tissu  sont  défilées;  elles  devront  être 
fixées  pour  éviter  que  les  détériorations  ne  s'accentuent. 
Cette  chape  n'est  plus  utilisée. 

—  L'emplacement  destiné  à  l'érection  de  l'église  de  La      ttw*« 

.  JeLi  VilU-tle, 

Villetle,  sous  Marcinelle,  a  fait  I  objet  d'un  examen,   le  •««««««»•• 
28  avril!  902. 

MM.  Cador,  Devillers  et  Hubert,  membres  du  Comité  des 
correspondants  du  Hainaut,  étaient  présents  à  la  visite. 

II  résulte  de  cet  examen  que  le  terrain  donné  au  conseil 
de  fabrique  est  bien  situé;  il  est  très  convenable.  Toutefois, 
sa  disposition  ne  permet  pas  d'orienter  complètement  l'édifice 
le  chevet  à  l'est;  il  sera  exposé  au  sud-est.  Cette  légère 
déviation  de  l'orientation  n'étant  pas  de  nature  à  porter  pré- 
judice à  la  nouvelle  construction,  tant  au  point  de  vue  de 
sa  conservation  qu'à  celui  de  son  éclairage,  il  n'y  a  pas  lieu 
de  s'en  préoccuper. 

Mais  ce  qui  est  plus  important,  c'est  que  le  nouvel  édifice 
sera  situe  au  milieu  de  terrains  réservés  à*  la  bâtisse.  Or,  la 
parcelle  dont  il  s'agit  est  bien  étriquée  pour  y  élever  un 
édifice  qui  doit,  en  raison  de  la  densité  de  la  population  de 
la  paroisse,  avoir  une  certaine  importance.  Si  Ton  s'en  rap- 
porte aux  plans  déjà  élaborés  de  l'église,  il  ne  restera,  entre 
le  périmètre  de  celle-ci  et  la  limite  extrême  du  terrain,  qu'un 
espace  d'environ  sept  mètres.  C'est  bien  peu.  Les  donateurs 


—  124  — 

devraient  compléter  leur  acte  de  générosité  en  portant  cette 
largeur  de  dix  à  quinze  mètres.  Cet  espace  est  indispensable, 
tant  pour  l'aspect  de  l'édifice  que  pour  lui  procurer  un 
éclairage  convenable  et  l'isoler  d'une  façon  suffisante  pour 
le  préserver  des  dangers  d'incendie.  Du  reste,  les  donateurs 
sont  eux-mêmes  intéressés  à  la  réalisation  de  cette  mesure, 
attendu  qu'il  en  résultera  un  embellissement  considérable 
pour  le  quartier. 

Le  bâtiment  affecté  actuellement  à  l'exercice  du  culte  n'est 
pas  une  église  provisoire;  c'est  une  construction  destinée  à 
des  services  paroissiaux,  congrégations,  patronages,  etc.  Il 
est  dû  à  la  générosité  de  quelques  paroissiens  qui,  tout  en  le 
laissant  momentanément  à  la  disposition  du  conseil  de 
fabrique,  n'entendent  évidemment  pas  prolonger  indéfini- 
ment cette  situation.  II  n'a  d'ailleurs  pas  été  aménagé  dans 
ce  but  et  est  insuffisant.  Par  conséquent,  la  construction 
d'une  église  en  rapport  avec  les  nécessités  de  la  nouvelle 
paroisse  s'impose  à  bref  délai. 
% »*  de  pin.  —  Lors  de  l'approbation  du  projet  de  construction  d'une 
église  à  Pin,  sous  Izel,  la  Commission  a  demandé  qu'au 
cours  de  l'exécution  des  travaux  l'édifice  soit  parfaitement 
orienté. 

Le  conseil  communal  d'Izel  ayant  fait  remarquer  que 
l'orientation  de  l'édifice,  dans  les  circonstances  actuelles, 
présenterait  de  nombreux  inconvénients,  il  a  été  procédé,  le 
5  mai  1902,  à  un  examen  de  l'emplacement  dont  on  dispose. 

M.  Sibenaler,  secrétaire  du  Comité  des  correspondants 
du  Luxembourg,  assistait  à  la  visite. 

Il  résulte,  en  effet,  de  cet  examen,  qu'en  présence  du  plan 
de  distribution  adopté  pour  la  nouvelle  église,  il  n'est  pas 


—  425  — 

possible  de  donner  à  celle-ci  l'orientation  normale;  ses  deux 
extrémités  est  et  ouest  seraient  absolument  trop  rapprochées 
des  maisons  voisines  pour  laisser  un  passage  convenable; 
la  circulation  s'en  trouverait  entravée. 

Si  Ton  s'était  préoccupé,  dès  le  début  de  l'instruction  de 
cette  affaire,  de  l'emplacement  qui  s'impose  à  défaut  d'autre, 
l'auteur  du  projet  eut  pu  étudier  et  sans  doute  réaliser  une 
disposition  du  plan  de  l'édifice  basée  sur  celle  du  périmètre 
du  terrain.  Mais,  étant  donné  que  l'affaire  a  aujourd'hui 
passé  par  toutes  les  phases  d'une  instruction  déjà  très  labo- 
rieuse, —  l'adjudication  des  travaux  a  même  eu  lieu,  —  il 
n'est  plus  possible  de  la  remettre  en  question. 

Dans  cette  situation,  et  attendu  que  le  désir  unanime  des 
administrations  locales  et  de  toute  la  population  est  de  voir 
réaliser  le  plus  promptement  possible  le  projet  approuvé  et 
la  disposition  indiquée  au  plan  G  joint  au  dossier,  il  ne  reste 
qu'à  subir  la  situation  et  à  autoriser  la  construction  suivant 
celte  disposition. 

La  Commission  a,  en  plus  d'une  circonstance,  fait  res- 
sortir combien,  à  divers  points  de  vue,  il  est  avantageux 
d'orienter  convenablement  les  édifices  religieux.  Cette 
mesure  ne  devrait  jamais  être  perdue  de  vue;  elle  devrait 
même  être  imposée  partout.  C'est  aux  architectes,  chargés 
de  l'élaboration  des  plans  des  édifices,  à  chercher  à  la  réa- 
liser, en  tenant  compte  de  la  configuration  du  terrain  mis  à 
leur  disposition.  De  nombreux  exemples  d'églises  anciennes 
nous  démontrent  que  les  architectes  du  moyen  âge  n'étaient 
jamais  embarrassés  dans  des  cas  semblables  et  que  même  ils 
savaient  tirer  parti  de  la  situation  du  terrain,  de  son  irrégu- 
larité, de  ses  différences  de  niveau,  pour  donner  à  l'édifice 


—  126  — 

un  aspect  pittoresque  et  un  cachet  original  dont  on  se  préoc- 
cupe malheureusement  trop  peu  de  nos  jours. 
d-E&r         —  Il  a  été  procédé,  dans  l'église  d'Embourg  (Liège),  à 
l'examen  de  la  chaire  à  prêcher  pour  l'exécution  de  laquelle 
un  subside  a  été  promis  sur  les  fonds  des  Beaux- Arts. 

Il  a  été  constaté  que  l'exécution  de  ce  meuble  est  satisfai- 
sante et  qu'il  correspond  aux  dessins  approuvés.  En  consé- 
quence, rien  ne  s'oppose  à  la  liquidation  du  subside  précité. 

d  JfàS  —  ^e  P'an  ^e  ' aute'  °Iue  'on  se  P^pose  d'ériger  dans 

l'église  de  Neerhaeren  (Limbourg),  pour  servir  de  soubas- 
sement à  l'ancien  retable  de  cette  église,  a  été  dressé 
en  4885.  II  est  conçu  dans  le  style  de  l'église  bâtie  vers  1875 
d'après  le  type  roman. 

Le  contraste  entre  ce  style  et  celui  du  retable,  qui  remonte 
à  la  fin  du  xv*  siècle,  est  choquant.  Puisque  le  travail  n'a 
encore  reçu  aucun  commencement  d'exécution,  il  semble 
préférable  d'abandonner  le  projet  approuvé  et  d'étudier  un 
plan  de  mensa  en  concordance  de  style  avec  celui  du  retable, 
tout  en  restant,  bien  entendu,  dans  des  données  très 
simples.  L'adoption  de  ce  parti  est  désirable  dans  l'intérêt 
de  l'effet  d'ensemble  de  l'œuvre. 

Les  volets  peints  qui  se  trouvent  dans  l'église  n'appar- 
tiennent pas  au  retable  précité;  ils  ne  peuvent  s'y  adapter 
ni  comme  hauteur  ni  comme  largeur.  Ils  proviennent,  sans 
aucun  doute,  d'un  autre  retable  ayant  appartenu  à  la  même 
église  ;  leur  appropriation  à  l'œuvre  de  sculpture  existante 
ne  pourrait  que  les  mutiler  sans  aboutir  à  un  résultat  satis- 
faisant. Il  y  a  lieu  de  les  conserver  tels  quels  dans  l'église,  à 
moins  qu'on  ne  puisse  les  utiliser  dans  la  confection  d'un 
autre  autel. 


—  127  — 

Le  conseil  de  fabrique  voudrait  voir  doter  son  beau 
retable  de  volets  peints,  non  seulement  pour  le  compléter, 
mais  surtout  en  vue  de  le  protéger.  Celle  sollicitude  mérite 
d'être  encouragée.  Si  l'on  y  donne  suite,  il  conviendraque 
l'on  fasse  choix  d'un  artiste  de  talent  qui  soumettrait  un 
projet  complet  de  ces  volets  avec  esquisses  des  compositions 
qu'il  compte  réaliser  et  un  devis  estimatif  de  la  dépense.  En 
transmettant  ce  projet  à  l'avis  des  autorités  compétentes,  les 
administrations  locales  devront  faire  connaître  pour  quelles 
sommes  elles  sont  en  situation  d'intervenir  dans  les  frais  à  en 
résulter. 

Un  Christ  triomphal,  d'un  certain  mérite,  est  relégué 
dans  le  magasin  de  l'église.  Il  est  désirable  de  le  faire 
remettre  à  son  emplacement  normal,  à  l'entrée  du  chœur. 

L'église  possède  aussi  un  intéressant  petit  groupe  en  bois, 
de  la  fin  de  la  période  ogivale,  représentant  Sainte-Anne,  la 
Sainte- Vierge  et  l'Enfant  Jésus.  On  ne  peut  que  recom- 
mander au  conseil  de  fabrique  de  prendre  tous  les  soins  que 
sa  conservation  comporte. 

—  Il  a  été  procédé,  le  11  juin  1903,  à  l'examen  des  trois     M.ejc 

Rendenx-Ha 

autels  placés  dans  l'église  de  Ren deux-Haut,  moyennant  le 
concours  financier  du  Gouvernement. 

Il  résulte  de  cet  examen,  auquel  assistait  M.  Sibenaler, 
secrétaire  du  Comité  des  correspondants  du  Luxembourg, 
que  les  meubles  dont  il  s'agit  ont  été  exécutés  d'une  façon 
satisfaisante.  En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le 
subside  promis  sur  les  fonds  des  Beaux-Arts  soit  liquidé. 

L'attention  du  conseil  de  fabrique  devra  être  appelée  sur 
la  nécessité  de  faire  en  sorte  que  les  eaux  pluviales  ne 
séjournent  pas  au  pied  des  murs  de  l'église.  Les  travaux  à 


Haut. 


—  1J8  — 

faire  à  cette  fin  sont  très  peu  importants;  il  suffît  de  régu- 
lariser la  pente  du  terrain  vers  l'extérieur  et  d'établir  un 
petit  trottoir  en  pavés,  posés  au  mortier,  le  long  des  murs. 
Il  y  va  de  l'intérêt  du  conseil  de  fabrique,  chargé  de 
l'entretien  de  l'édifice.  Le  maintien  de  la  situation  actuelle 
ne  manquerait  pas,  dans  un  avenir  peu  éloigné,  de  causer 
des  détériorations  aux  maçonneries  et,  partant,  d'occasionner 
des  dépenses  importantes  pour  y  remédier  dans  la  suite. 
Umm  —  Il  a  été  procédé,  le  15  mai  4902,  à  l'inspection  de 

de  Denoerlceiw.  ■  ■ 

l'église  de  Denderleeuw  (Flandre  orientale),  au  point  de  vue 
de  la  décoration  projetée  de  cet  édifice. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  plafonnage  n'est  pas 
terminé,  que,  par  conséquent,  il  n'y  a  pas  lieu  de  songer, 
d'ici  à  longtemps,  à  exécuter  un  travail  décoratif  peint. 

Le  projet  présenté  devra  être  renvoyé  au  conseil  de 
fabrique,  qui  sera  invité  à  le  représenter  en  temps  opportun. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 
ÉgiiMi  1°  Le  projet  relatif  a  l'exécution  de  travaux  de  restauration 

de  Wemmel.  r      * 

à  l'église  de  Wemmel  (Brabanl).  Si  des  travaux  de  rejoin- 
toyage  doivent  être  effectués  aux  parements  anciens,  il 
importera  de  les  borner  au  strict  nécessaire,  c'est-à-dire 
limités  aux  seuls  joints  ouverts;  ce  rejointoyage  devra  être 
exécuté  légèrement  en  creux,  au  moyen  de  mortier  ordi- 
naire, à  l'exclusion  du  ciment;  architecte,  M.  Dbayer; 
tyise  de  Roi,.  2°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  façade  de  l'église 
de  Roly  (Namur).  Au  cours  de  l'exécution  des  travaux,  il 


—  129  — 

conviendra   de   supprimer   la    pierre    formant   corniche 
au-dessus  de  la  porte  d'entrée  ;  elle  est  inutile; 

3°  Le  projet   de  restauration  de   l'église    d'Orchimont  d.0*g£onU 
(Namur); 

4°  Le  projet  concernant  l'appropriation  et  la  restauration      |*,l£ttX 
de  l'église  de  Gonrieux  (Namur);  architecte,  M.  Maréchal; 

S9  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  exécuter  à  l'église     ***<>* 

r      J  °  S*- Jean-  Baptiste, 

de  Saint-Jean-Baptiste,  à  Namur,  sous  la  réserve  que  l'on     àNMIur- 
tiendra  compte  des  observations  émises  par  M.  l'architecte 
provincial;  architecte,  M.  Lange; 

6°  Le  projet  de  restauration  des  églises  de  la  commune  de  w****™™. 
Samrée  (Luxembourg)  ; 

V  Le  projet  de  divers  travaux  à  exécuter  à  l'église  de      t*K« 

de  Le*  Bullei* 

Les  Bulles  (Luxembourg)  ; 

8*  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  toitures  de  la    ^Jjjj}^. 
chapelle  de  Grand  ru,  sous  Hompré  (Luxembourg)  ; 

9°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  à  l'église  d6  Me%!i"Tif<>. 
de  Meix-le-Tige  (Luxembourg); 

40*  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Berg  (Lim-.Égu»eJeBerg. 
bourg);  architecte,  M.  Ghrisliaens; 

119  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de      *§»» 

r     J  °  deLowaige. 

Lowaige  (Limbourg);  architecte,  M.  Christiaens; 
12°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Rumbeke    .  êch» 

r  °  deRnmbeke. 

(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Soele; 

15°   Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Deerlyk      M» 
(Flandre  occidentale),  à  la  condition  que  l'on  aura  égard  aux    . 
observations  émises  par  la  Dépulation  permanente  du  conseil 
provincial  ;  architecte,  M.  Depauw  ; 

14°  Le   projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de      *«»■•  . 

r     ê  °  de  Lootenhulle. 

Lootenhulle  (Flandre  orientale),  sous  la  réserve  qu'il  sera 


—  130  — 

tenu  compte  des  observations  présentées  par  M.  l'architecte 
provincial.  L'auteur  du  projet,  M.  l'architecte  Goethals, 
devra  revoir  la  retombée  de  la  toiture  de  la  tour  sur  les 
murs  de  celle-ci,  afin  de  rester  dans  le  caractère  de  l'époque 
romane  ; 
éiiiMdePeoq.  15°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  aux 
toitures  de  l'église  de  Pecq  (Hainaut);  architecte,  M.  Cor- 
donnier; 
figito  16°  Le  projet  de  grosses  réparations  à  exécuter  à  l'église 

de  Bois-d'HtiM. 

de  Sainl-Jean-Baptiste,  à  Bois-d'Haine  (Hainaut).  Il  n'est 
pas  admissible,  toutefois,  que  l'on  mette  en  œuvre  le  zinc 
pour  la  restauration  des  couvertures.  Les  réparations  doivent 
être  toutes  effectuées  au  moyen  d'ardoises  semblables  à  celles 
existantes;  architecte,  M.  Simon; 

tau,  1 7°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Saint-Jean- 

Baptiste,  à  Gosselies  (Hainaut);  architecte,  M.  Leborgne; 

éfibt  *8*  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  res- 

tauration  à  l'église  d'Hacquegnies  (Hainaut);  architecte, 
M.  Clinquart; 

Êf\i*  49°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de 

de  VonielMi*  r  ...  ° 

Vorsselaere  (Anvers),  a  la  condition  que  Ion  se  bornera  aux 

travaux  strictement  nécessaires;  architecte,  M.  Taeymans; 
feiiu  20°  Le  compte  des  travaux  de  restauration  effectués  en 

régie,  pendant  le  deuxième  trimestre  de  1901,  à  l'église  de 

Walcourt  (Namur). 
Éfiue  —  11  résulte  d'une  inspection  récente  de  l'église  de  Neer- 

d6  NeCfltDdM»    * 

landen  (Liège)  que  l'état  où  elle  se  trouve  réclame  des  répa- 
rations urgentes. 

La  plupart  des  murs  sont  hors  plomb  et  commencent  à  se 
crevasser;  les  toits  sont  en  très  mauvais  étal  et  des  infiltra- 


—  131  — 

lions  se  produisent  de  toutes  parts  ;  il  est  évident  que  si  cet 
état  de  choses  doit  encore  durer  quelque  temps,  l'église 
cessera  d'être  habitable.  11  convient  donc  que  des  mesures 
soient  prises  sans  retard. 

Celle  situation  est  d'autant  plus  étrange  que,  d'après  les 
renseignements  pris,  la  situation  financière  de  la  fabrique 
lui  permet  de  faire  face  aux  dépenses  nécessaires  pour 
mettre  la  construction  en  bon  état.  C'est  dans  un  esprit 
d'économie  fort  mal  entendu  que  le  conseil  de  fabrique 
(qui  ne  rend  pas  ses  comptes)  s'esj  refusé  jusqu'à  présent 
à  faire  exécuter  les  travaux  devenus  aujourd'hui  très 
urgents. 

II  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  que  si  des  travaux 
de  réparation  sont  indispensables,  si  l'église  doit  continuer 
à  répondre  aux  besoins  du  culte,  ils  sont  encore  hautement 
désirables  pour  la  conservation  des  objets  d'art  qu'elle  con- 
tient el  qui  sont  loin  d'être  sans  valeur  :  notamment  la  statue 
en  marbre  blanc  de  Sainte-Madeleine  sur  laquelle  un  rapport 
a  été  adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  le  18  novem- 
bre 1893,  et  un  important  tableau  de  De  Crayer  qui  sert  de 
retable  à  l'autel  majeur. 

—  Lors  de  la  visite  qui  a  eu  lieu  à  Wolverthem  (Bra-  hu 
bant),  le  15  mai  1902,  il  a  été  constaté  que  le  rejoinloyage 
en  voie  d'exécution  au  chœur  de  l'église  ne  s'effectue  pas 
dans  des  conditions  satisfaisantes.  Il  importe  de  renoncer  au 
système  adopté  et  de  s'abstenir  dorénavant  d'employer  le 
ciment. 

Le  rejoinloyage  doit  être  effectué  au  bon  mortier  ordinaire 
et  légèrement  en  creux  comme  l'exécutent  les  maçons.  Et 
celle  opération  doit  se  faire  en  recherche  là  où  elle  est 


ÎM 

verthem. 


—  132  — 

nécessaire  pour  boucher  les  joints  ouverts.  Les  joints  bien 
conservés  doivent  être  respectés. 
Et»»  —  Il  a  été  procédé,  le  22  mai   1902,  à  l'examen  du 

de  Wettiiibeek. 

chœur  de  l'église  de  Wesembeek  (Brabanl),  dont  le  classe- 
ment est  sollicité. 

Celte  demande  a  donné  lieu,  de  la  part  de  M.  l'architecte 
provincial  Licot  et  de  celle  du  Comité  des  correspondants,  à 
des  avis  favorables. 

Il  y  a  lieu  de  se  rallier  h  ces  avis  et  de  ranger  le  chœur 
de  l'église  précitée,  lequel  remonte  au  xv*  siècle,  dans  la 
troisième  classe  des  monuments  du  culte. 

Le  reste  de   l'édifice  date   de  la  seconde  moitié  du 
xvin'  siècle  et  ne  présente  aucun  mérite  artistique, 
chapelle         —  L'attention  de  la  Commission  ayant  été  attirée  sur 

de  Soinle-Ann*, 

à  Aa.iergi.c-n,  ]*in(érèt  qu'offre  l'ancienne  chapelle  de  Sainte-Anne,  à 
Àuderghem,  il  a  été  procédé,  le  19  juin  1902,  à  une  inspec- 
tion de  ce  petit  édifice. 

M.  Dumortier,  membre  du  Comité  des  correspondants  du 
Brabanl,  assistait  à  celte  visite. 

La  chapelle  en  question  est  celle  qui  a  servi  de  temple 
paroissial  à  la  localité  avant  la  construction  de  l'église 
actuelle,  qui  a  été  érigée  vers  1843. 

Dans  ces  derniers  temps,  la  chapelle  de  Sainte-Anne  était 
affectée  à  l'usage  de  métairie;  aujourd'hui  elle  est  aban- 
donnée. D'après  des  renseignements  recueillis  sur  place,  la 
propriété  vient  d'être  achetée  par  M.  Madou,  qui  réside  dans 
la  localité. 

Il  résulte  de  l'examen  auquel  il  vient  d'être  procédé,  que 
l'édifice  dont  il  s'agit  est  intéressant  au  double  point  de  vue 


-  133  — 

de  Fart  et  de  l'archéologie;  c'est  le  plus  important  souvenir 
historique  de  la  localité. 

La  tour  remonte  à  la  fin  de  la  période  romane;  ses  baies 
d'abal-son  se  terminent  en  plein  cintre  et  sont  encadrées  par 
un  grand  arc  extérieur  ;  elles  renfermaient  deux  arcs  mineurs 
en  retraite  supportés,  aux  extrémités,  par  des  impostes,  au 
centre  par  une  mince  colonnelle;  elles  offrent  un  type  inté- 
ressant de  construction  qui  a  été  très  usité  à  l'époque  romane 
dans  nos  contrées,  mais  dont  les  exemples  deviennent  tous 
les  jours  plus  rares.  Une  seule  de  ces  baies,  celle  du  sud, 
est  à  peu  prés  intacte;  les  autres  ont  perdu  leur  colonnelle 
et,  par  suite,  leur  tympan.  La  couverture  de  la  tour  est  en 
fort  mauvais  état;  elle  est  en  grande  partie  ruinée. 

Le  mur  sud  de  la  nef  parait  remonter  à  une  époque  encore 
plus  reculée  que  la  tour;  on  y  remarque  une  petite  baie 
romane  qui  n'a  guère  que  les  proportions  d'une  meurtrière, 
ouverte  en  forme  d'abat-jour  concave. 

La  nef  et  le  chœur  ont  été  très  remaniés  vers  la  fin  de  la 
période  ogivale  ;  leur  couverture  était  en  bardeaux  ;  les  bar- 
deaux ont  disparu,  mais  leur  ossature  en  charpente  existe 
encore;  on  y  remarque  des  clefs  intéressantes.  Il  semble 
qu'à  cette  époque  la  nef  a  été  élargie  vers  le  nord  ;  le  mur  de 
ce  côté  est  en  briques  ;  au  côté  sud  il  est  en  moellons. 

En  résumé,  la  chapelle  de  Sainte- Anne  présente  un  intérêt 
assez  sérieux.  D'autre  part,  sa  situation  est  superbe.  On  y 
arrive  par  un  chemin  creux  serpentant  entre  deux  coteaux 
sur  l'un  desquels  elle  s'élève;  on  y  avait  autrefois  accès 
par  un  escalier  des  plus  rustiques  qui  est  en  partie  détruit. 

L'abandon  de  l'édifice  à  une  ruine  complète  ou  à  la  des- 
truction violente  serait  regrettable  non  seulement  à  cause 


—  134  — 

de  son  intérêt  artistique  et  archéologique,  mais  encore  parce 
que  sa  destruction  entraînerait  la  disparition  d'un  site  que 
Ton  peut  considérer  comme  l'un  des  plus  ravissants  des 
environs  de  la  capitale. 

La  chapelle  de  Sainte-Anne  figure  déjà  sur  la  liste  des 
édifices  civils  privés  dignes  d'être  conservés.  Si  elle  appar- 
tenait à  une  administration  publique,  elle  devrait  être  classée 
comme  monument  national. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massadx. 

Vu  en  conformité  de  l'art.  95  du  règlement. 

Le  Président, 
Gh.  Lagasse-de  Locht. 


COMMfSSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


■  *— ». 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 
des  5, 12, 19  et  26  juillet;  des  2,  9,  16  et  23  août  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

4°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  peintures  murales  EguM  d«  b<». 
du  chœur  de  l'église  de  Saint-Germain,  à  Ben,  commune  de     «■»!••. 
Ben-Âhin  (Liège);  auteur,  M.  Tassin; 

2e  Le  projet  de  peintures  décoratives  à  exécuter  dans      écu» 

ds  Krasd^Loo» 

l'église  de  Kessel-Loo  (Brabant)  ;  auteur,  M.  Brassinne  ;  d^".ltTvU 
3*  Le  projet  relatif  à  la  décoration  picturale  de  l'église  e*kw  «i-ewIoo. 

d'Eecloo  (Flandre  orientale);  auteur,  M.  Coppejans;  ™"n\l. 

4°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  chemin  de  la  croix  é#\* d«  cion«. 

.  Chemin 

peint  dans  l'église  de  Glons  (Liège)  ;  auteur,  M .  Coppejans  ;  dc  u  croix- 
5"  Le  projet  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  d'Aubangeikiiwd'Aubang* 

(Luxembourg);  auteur,  M.  Ladon; 
6°  Les  dessins  de  trois  vitraux  destinés  au  chœur  de      Eglise 

de  Lampernistjp. 

l'église   de   Lampernisse  (Flandre  occidentale);   auteur,      VUrau'- 
M.  Dobbelaere  ; 


—  136  — 

M*         7°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  vitrail  dans  le 

de  Saint- Pierre,  r     *  r 

1  Avit!ïu!!*1'  chœur  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Ànderlecht  (Brabant); 
auteur,  M.  Dobbelaere  ; 
Égibe  8°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  quatre  chapelles 

de  Sainl-Pierre, 

àvrt!ïïï"    absidales  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Louvain  (Brabant). 

Au  cours  de  l'exécution,  l'auteur,  M.  Os  terra  th,  devra  être 

engagé  à  varier  les  soubassements  ainsi  que  les  réseaux  des 

verrières  projetées. 

ÉgiiM  —  Il  a  été  procédé,  dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Bon- 

de Notre-Dame,  r  ° 

î^oi-^ou":  Secours,  à  Saint-Nicolas  (Flandre  orientale),  à  l'examen  des 
peintures  murales  de  cet  édifice  qui  viennent  d'être  restau- 
rées. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  les  ouvrages  projetés  à  ces 
œuvres  d'art  sont  terminés  et  qu'ils  ont  été  effectués  avec 
tous  les  soins  désirables, 
feu»  —  Il  résulte  du  rapport  des  délégués  qui  ont  examiné,  à 

des  SS.-Micliel- 

àlAnïe£     Anvers,  les  projets  des  stations  du  chemin  de  la  croix  de 
dHaTriii.    l'église  des  SS.-Michel-et-Pierre,  que  l'étude  qui  leur  a  paru 
le  mieux  dessinée,  manque  de  simplicité.  On  y  remarque 
trop  de  figures;  le  fond  est  trop  historié. 

Il  y  aura  lieu  de  soumettre  un  autre  projet,  accompagné 
de  l'étude  des  encadrements,  lorsque  M.  le  curé  de  la 
paroisse  aura,  de  concert  avec  son  architecte,  examiné  les 
cuivres  artistiques  qui  ornent  des  murs  de  la  collégiale  de 
Nivelles.  En  attendant  cet  envoi,  M.  le  curé  devra  faire  par- 
venir les  projets  récemment  vus  par  les  délégués,  afin  que 
le  Collège,  tout  entier,  puisse  en  prendre  connaissance. 

Hôtei  de  «uie       —  Il  a  été  procédé  à  Louvain  (Brabant),  le  30  juillet  1902, 
DétCauôn*.    à  l'examen  de  l'avant-projel  de  décoration  picturale  de  la 
salle  des  pas-perdus  de  l'hôtel  de  ville. 


—  137  — 

Ce  projet  constitue  nne  modification  de  celui  présenté 
antérieurement;  il  a  subi  certaines  améliorations,  suivant 
ce  qui  a  été  indiqué  à  l'auteur,  M.  Dierickx,  dans  le  rapport 
du  12  décembre  1901.  Toutefois,  la  frise  historiée  n'a  pas 
été  suffisamment  descendue;  elle  devrait,  ainsi  qu'on  l'a 
déjà  fait  remarquer,  rester  sous  le  niveau  inférieur  des 
poutres.  En  descendant  cette  frise,  la  bande  ornée  sous  le 
plafond  grandira  dans  la  même  proportion  et  l'auteur  pourra 
y  introduire  avantageusement  les  inscriptions  se  rapportant 
aux  sujets  représentés. 

Le  rusticage  pourrait  être  encore  rendu  plus  calme. 

Le  lambris  peint  devra  être  haussé  au  détriment  du  rusti- 
cage, de  façon  à  atteindre  le  niveau  supérieur  des  banquettes 
des  fenêtres.  Ce  lambris  devra  être  d'une  grande  simplicité, 
de  façon  à  pouvoir  être  facilement  retouché  au  cas  où  il  y 
surviendrait  des  avaries. 

L'enduit  sur  lequel  on  a  opéré  un  essai  de  décoration  est 
beaucoup  trop  épais  ;  il  doit  être  aussi  mince  que  possible,  et 
sa  composition,  imitée  des  anciens  enduits,  devra  être  tout 
particulièrement  soignée  pour  éviter  des  mécomptes  dans 
l'avenir.  Le  petit  échantillon  d'enduit  spécial  effectué  par 
H.  Brassinne,  parait  convenable  comme  épaisseur,  mais  il 
est  trop  lisse  au  point  de  vue  de  l'adhérence  de  la 
peinture. 

D'autre  part,  il  est  indispensable  que  l'enduit  soit  parfai- 
tement sec  lorsqu'on  entreprendra  l'exécution  du  travail 
décoratif;  à  cet  effet,  il  importe  qu'on  s'en  occupe  immédia- 
tement. On  devra  examiner  s'il  est  nécessaire  d'appliquer 
un  enduit  sur  les  parements  de  la  salle,  qui  sont  en  pierre 
blanche;  il  est  probable  que  la  peinture  pourra  être  exécutée 


—  158  — 

directement  sur  la  pierre  après  que  les  parements  auront  été 
soigneusement  mastiqués. 

Une  fenêtre  ogivale  avec  meneaux,  semblable  à  celles  de 
la  façade  principale,  existe  au  fond  de  la  sali*,  à  l'angle 
sud-ouest;  elle  est  bouchée.  On  devrait  étudier  le  moyen  de 
l'ouvrir,  car  telle  qu'elle  se  présente  aujourd'hui,  elle  gène 
beaucoup  l'exécution  du  travail  décoratif. 

La  grande  porte  avec  entourage  de  style  renaissance 
constitue  un  autre  obstacle;  la  Commission  avait  préconisé 
son  maintien.  Mais,  tout  bien  examiné,  ce  maintien  n'est 
guère  pratique;  il  parait  préférable  de  la  remplacer  par  une 
porte  avec  encadrement  du  même  type  que  celles  percées 
dans  le  même  mur,  d'autant  plus  qu'on  pourra,  è  ce  que  l'on 
assure,  l'utiliser  ailleurs. 

Ert  vue  de  ne  pas  relarder  le  travail  décoratif,  dont  l'exé- 
cution est  vivement  désirée,  il  importe  que  l'on  procède,  de 
suite,  à  la  restauration  du  pan  coupé  et  de  la  porte  qui 
clôturent  le  petit  escalier  au  côté  gauche  de  la  salle. 

Sous  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  des  recommandations 
qui  précèdent,  le  projet  a  été  revêtu  du  visa. 
ÉfUie  a.        —  Un  projet  de  travaux  de  peinture  décorative  pour  les 

à  "SKuSÏ6""'  nek  ^e  église  de  Sainte-Catherine,  à  Hoogstraelen  (Anvers), 
décote.  a  £(g  soumis  officieusement  à  la  Commission,  en  mars  1900. 
A  la  suite  d'un  examen  sur  place  de  ce  projet,  le  Collège 
a  demandé  que  la  décoration  fût  tenue  dans  la  plus  grande 
simplicité  ;  il  a  même  émis  le  vœu  qu'elle  soit  bornée  exclu- 
sivement à  la  partie  centrale  des  nervures  et  aux  clefs  de 
voûte. 

-    On  devait  s'attendre  à  ce  qu'un  projet  dans  ce  sens  serait 
soumis  régulièrement  aux  autorités  compétentes.  Il  n'en  a 


—  139  — 

rien  été  e(  le  conseil  de  fabrique  a  fait  procéder  à  l'exécution 
des  travaux.  Ceux-ci  sont  aujourd'hui  terminés.  Il  est  vrai 
qu'ils  ont  été  maintenus  dans  des  conditions  très  modestes  et 
n'ont  dépassé  les  recommandations  indiquées  ci-dessus  qu'en 
ce  que  les  chapiteaux  des  colonnes  et  des  colonnettes  ont 
reçu  une  polychromie  rehaussée  de  quelques  dorures;  les 
nervures  ont  été  bordées  sur  toute  leur  longueur  de  crétages 
(racés  en  noir  sur  les  briques;  la  rencontre  des  comparti- 
ments des  voûtes  avec  les  murs  a  été  délimitée  par  un  filet 
noir. 

En  somme,  le  travail  décoratif  effectué  est  modéré  et  ne 
fait  pas  tort  à  l'aspect  d'ensemble  de  l'édifice.  Mais  il  eût  pu 
ne  pas  en  être  de  même  en  l'absence  de  tout  contrôle  des 
autorités  constituées  à  celte  fin.  C'est  pourquoi  il  importe  de 
rappeler  au  conseil  de  fabrique  qu'à  l'avenir  il  ne  pourra 
plus  faire  effectuer,  à  ce  remarquable  édifice,  aucun  travail, 
quel  qu'il  soit,  avant  d'en  avoir  soumis  régulièrement  le 
projet  et  obtenu  les  autorisations  requises. 

—  Les  quatre  vitraux  clôturant  la  série  des  verrières  du  Égii.« de  L.bin, 

1  Vitraux. 

vaisseau  de  l'église  de  Libin,  dont  le  placement  vient 
d'être  opéré,  ont  fait  l'objet  d'un  examen,  sur  place,  le 
29  juillet  1902,  de  concert  avec  M.  Sibenaler,  secrétaire- 
adjoint  du  Comité  des  correspondants  du  Luxembourg. 

Le  travail  décoratif  dont  il  s'agit  a  été  exécuté  d'une  façon 
satisfaisante.  En  conséquence,  il  y  a  lieu  de  liquider  les 
subsides  promis  par  l'État  en  vue  de  ladite  entreprise. 

—  Il  a  été  procédé,  le  28  juin  1902,  à  l'examen  des  iittei  d«  «me 
modèles,  grandeur  d'exécution,  de  neuf  statues  destinées  Sl*tae*-  ' 
aux  niches  du  second  étage  de  la  façade  ouest  de  l'hôtel  de 

ville  de  Bruxelles. 


—  140  — 

Les  modèles  dont  il  s'agit  n'ayant  soulevé  aucune  obser- 
vation, rien  n'empêche  d'autoriser  les  artistes  à  passer  à 
l'exécution  définitive  en  pierre. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

HAiei  de  viii«       La  Commission  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  projet 

de  Loot.  ■       * 

relatif  à  la  restauration  de  l'hôtel  de  ville  de  Looz  (Lim- 
bourg).  Elle  s'est  ralliée  à  l'opinion  de  M.  l'architecte  pro- 
vincial en  ce  qui  concerne  :  1°  la  nécessité  de  rechercher  si 
les  plafonds  primitifs  n'ont  pas  été  composés  de  soliveaux  en 
chêne  et  voùtelettes  en  briques  ou  en  pisé;  2°  la  nécessité 
d'adopter  les  poutrelles  en  bois  et  de  rejeter  celles  en  métal  ; 
3°  la  convenance  de  ne  pas  faire  usage  de  consoles  en  plâtre 
pour  simuler  des  corbeaux  sous  les  poutres;  toute  imitation 
doit  être  proscrite  dans  la  restauration  d'un  monument 
ancien  ;  4°  l'importance  qu'il  y  a  au  point  de  vue  de  la  con- 
struction,  de  ne  pas  faire  usage  de  la  pierre  de  sable  pour 
les  souches  des  cheminées.  Contrairement  à  l'avis  de 
M.  l'architecte  provincial,  la  Commission  estime  que  le  devis 
doit  comprendre  les  frais  d'expropriation  des  maisons  à 
démolir  et  la  démolition  de  celles-ci,  attendu  qu'il  n'est  pas 
possible  de  restaurer  le  monument  sans  le  dégager.  La 
Commission  estime,  de  même,  que  les  frais  de  levés  des 
plans  doivent  être  payés  à  part.  Ces  relevés  sont  une  néces- 
sité inhérente  à  la  restauration  des  anciens  monuments;  ils 
constituent  un  travail  très  important  qui  ne  peut  être  mis  à 
la  charge  de  l'architecte.  D'ailleurs  on  paie  5  p.  c.  pour  une 
construction  nouvelle  alors  qu'il  n'y  a  aucun  relevé  à  pro- 
duire pour  en  établir  le  projet.  Le  Collège  admet  parfaite- 


—  Ul  — 

ment  l'article  du  cahier  des  charges  stipulant  que  le  sculpteur 
devra  être  agréé  par  l'architecte  dirigeant.  Il  est  tout  naturel 
que  l'architecte  qui  a  la  responsabilité  de  la  bonne  exécution 
des  travaux  s'entoure  de  toutes  les  garanties  nécessaires 
pour  mettre  sa  responsabilité  à  couvert.  La  Commission  est 
même  d'avis  que  c'est  à  lui  qu'il  appartient  de  choisir  les 
spécialistes  quand  il  s'agit  de  travaux  artistiques.  En  ce  qui 
concerne  le  mode  de  paiement,  l'idée  émanant  de  M.  l'archi- 
tecte provincial  parait  fort  judicieuse  et  il  y  a  lieu  de  s'y 
rallier.  La  Commission  appelle  l'attention  de  l'auteur  du 
projet  sur  la  convenance  d'examiner  s'il  ne  pourrait  placer 
les  water-closel  à  l'intérieur  de  l'édifice,  afin  de  supprimer 
le  petit  bâtiment  spécial  qu'il  propose  d'ériger  à  celle  fin. 
Le  Collège  demande,  en  outre,  qu'il  augmente  la  largeur  du 
palier  du  grand  escalier  d'au  moins  la  longueur  de  l'emmar- 
chemenl.  Avant  de  passer  à  l'exécution  des  travaux,  il 
conviendra  qu'on  soumette  une  nouvelle  étude  de  la  clôture 
dont  les  piliers  et  la  grille  laissent  à  désirer  au  point  de  vue 
de  la  conception.  Sous  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  de 
toutes  les  recommandations  qui  précèdent,  le  projet  a  été 
revêtu  du  visa.  Les  travaux  de  restauration  et  d'appropriation 
de  l'hôtel  de  ville  de  Looz  sont  urgents.  Eu  égard  à  la  valeur 
architeelonique  de  ce  petit  monument,  le  Département  de 
l'Agriculture  peut  intervenir  dans  l'ensemble  des  travaux 
projetés. 

—  Il  a  été  procédé,  le  26  juin  1902.  à  l'inspection  des  Ancien  cbAu»» 

*  *  r  de  Turuboot. 

travaux  qui  s'exécutent  aux  abords  de  l'ancien  château  de 
Tarnhout,  servant  actuellement  de  prison  et  de  palais  de 
justice,  travaux  qui  avaient  suscité  des  protestations  de  la 
part  du  Comité  provincial  des  correspondants. 


=  142  — 

MM.  le  chanoine  Van  Casier,  Dierckx  et  Donnel,  membres 
du  Comité  précité,  assistaient  à  l'inspection. 

Les  faits  signalés  par  le  Comité  sont  de  tous  points  exacts  : 
sans  en  avoir  référé  aux  autorités  compétentes,  l'adminis- 
tration communale  a  fait  entamer  le  comblement  des  fossés 
qui  entouraient  l'ancien  castel;  déjà  ceux-ci  sont  réduits 
considérablement  de  largeur  et  la  partie  à  l'entrée,  sous  le 
pont,  est  comblée. 

Ces  fossés  étaient  autrefois  bordés  d'une  ceinture  de  beaux 
arbres;  plusieurs  d'entre  eux  ont  déjà  disparu,  d'autres  sont 
morts  et  devront  être  enlevés  incessamment. 

Le  travail  en  cours  parait  avoir  été  entamé  inconsciem- 
ment, sans  aucune  raison  légitime.  L'emplacement  occupé 
par  les  fossés  ne  pourra  jamais  être  utilisé,  tandis  que  l'on 
est  en  train  de  faire  disparaître  un  ensemble  caractéristique 
et  pittoresque  et  qu'on  mutile  les  proportions  du  monument 
dont  la  base  a  été  construite  pour  rester  apparente.  On  ne 
saurait  davantage  donner  pour  excuse  à  ce  malencontreux 
projet  le  danger  qu'offrait,  pour  la  salubrité  publique,  l'eau 
stagnante  des  fossés.  Il  suffisait  d'empêcher  certains  égouts 
de  se  déverser  dans  les  fossés  et  de  faire  curer  ceux-ci  de 
temps  en  temps.  II  parait  d'autant  plus  déraisonnable  de 
réaliser  ce  projet,  aujourd'hui  que  la  ville  va  être  dotée  d'une 
distribution  d'eau,  dont  une  petite  partie  aurait  pu  être  utilisée 
pour  renouveler  celle  des  fossés. 

D'accord  avec  le  Comité  des  correspondants,  la  Commis- 
sion a  émis  l'avis  qu'il  y  a  lieu  d'engager  l'autorité  commu- 
nale à  faire  arrêter  immédiatement  les  travaux  entamés,  à 
empêcher  que  la  partie  encore  existante  des  fossés  soit 
réduite,  à  rétablir  le  fossé  sous  le  pont  tel  qu'il  était  naguère, 


—  us  — 

à  avoir  soin  de  sauvegarder  les  arbres  non  encore  enlevés, 
à  faire  remplacer  ceux  qui  ont  disparu  par  de  jeunes  plan- 
tations. Il  importe,  en  tous  cas,  que  le  château  reste  baigné 
par  l'eau  sur  tout  son  pourtour  en  vue  de  maintenir  ses 
proportions  imposantes  ;  il  importe  aussi  qu'il  conserve  son 
beau  cadre  de  verdure. 

Les  protestations  qui  se  sont  élevées  ne  pourront  manquer, 
sans  doute,  d'amener  l'administration  communale  à  réflexion 
et  l'engager  à  mettre  tout  en  œuvre  pour  réparer  le  mal  dans 
la  mesure  du  possible.  On  doit,  d'autre  part,  lui  conseiller 
de  faire  curer  à  fond  la  partie  des  fossés  qui  reste  intacte  ; 
on  y  rencontrera  peut-être  des  objets  d'antiquité  d'un  intérêt 
suffisant  pour  former  le  noyau  d'un  modeste  musée  local. 

Les  façades  du  château  sont  badigeonnées;  le  caractère 
monumental  de  l'édifice  en  souffre  notablement.  Il  est  hau- 
tement désirable  que  ce  badigeon  soit  enlevé  et  la  brique, 
dont  se  composent  les  parements,  mise  à  nu.  Cette  opération 
que  terminerait  un  bon  rejointoyage  des  maçonneries, 
rehausserait  sensiblement  la  masse  majestueuse  du  château 
et  de  son  imposant  donjon. 

—  Par  lettre  du  12  mars  1900,  l'administration  commu-  uom^^\éu 

d'Ypret. 

nale  d'Ypres  (Flandre  occidentale)  a  signalé  l'omission,  sur 
la  liste  des  édifices  civils  publics  de  celte  ville,  de  l'ancien 
mont-de-piété,  appartenant  aux  hospices. 

Lors  de  l'inspection  du  15  juillet  1902,  la  délégation  de  la 
Commission  a  constaté  que  cet  édifice,  qui  constitue  un  des 
meilleurs  spécimens  de  l'architecture  locale  du  xvue  siècle, 
est  susceptible  d'être  rangé  dans  la  troisième  classe  des 
monuments  civils  publics.  La  Commission  s'est  ralliée  à  cet 
avis. 


—  W4  — 

Il  est  regrettable  que  l'administration  des  hospices  ait  fait 
exécuter  récemment  à  cette  intéressante  construction  des 
travaux  de  réparation  qui  laissent  à  désirer  au  point  de  vue 
artistique.  Il  importera,  lorsque  des  travaux  y  seront  encore 
jugés  nécessaires,  qu'ils  soient  effectués  sous  le  contrôle  des 
autorités  compétentes. 
Ancien»*        —  L'administrai  ion  communale  d'Y  près  ayant  fait  remar- 

maltoot  4'Ypm.  * 

quer  que  cette  ville  compte  plusieurs  maisons  particulières 
dont  les  façades  présentent  un  réel  intérêt  au  point  de  vue 
artistique  et  qui  méritent  de  figurer  sur  la  liste  des  édifices 
civils  privés,  il  a  été  procédé,  le  15  juillet  1902,  à  l'examen 
desdites  constructions,  savoir  : 

1°  La  maison  du  président  Biebuyck,  rue  de  Dixmude,  52. 
Cette  habitation  date  de  1545.  Malgré  quelques  restaurations 
récentes,  sa  façade  gothique  est,  sans  contredit,  la  plus  belle 
de  la  ville  ; 

2°  L'hôtel  deGand,  rue  des  Chiens,  19.  Façade  à  double 
pignon.  Remontant  au  xvi*  siècle,  elle  peut  être  rangée 
parmi  les  beaux  morceaux  d'architecture  de  la  ville; 

3°  La  maison  de  M.  le  bourgmestre  Colaert,  rue  Saint- 
Jacques,  14.  Elle  est  en  style  Louis  XV,  d'une  belle  ordon- 
nance et  d'un  caractère  de  réelle  grandeur  dans  sa  simplicité; 

4°  Trois  maisons  conliguës,  Marché  au  Bétail,  17,  19 
et  21 .  Anciennes  maisons  *de  corporations,  elles  datent  res- 
pectivement de  1629,  1624  et  1544.  Ces  trois  maisons 
offrent  beaucoup  d'intérêt  à  cause  de  leur  caractère  typique 
de  l'architecture  yproise; 

5°  L'ancienne  Conciergerie,  immeuble  attenant  par  un 
angle  au  Nieuwerck;  il  date  de  1633  et  appartient  à 
M.  C.  Boone,  brasseur.  C'est  un  bon  spécimen  de  Parchi- 


—  14»  — 

(eclure  domestique  du  xvue  siècle.  Quelques  travaux  de 
restauration  y  sont  nécessaires. 

Les  immeubles  dont  il  s'agit  sont  susceptibles  de  figurer 
sur  la  liste  des  édifices  civils  privés  dont  la  conservation  est 
désirable. 

—    L'administration    communale    de    Wulveringhem      chite» 

de  Beanvoorde, 

(Flandre  occidentale)  ayant  sollicité  le  classement,  parmi è  WuWerin*l,eni- 
les  monuments  historiques  du  pays,  du  château  de  Beau- 
voorde,  situé  au  centre  de  cette  localité,  il  a  été  procédé,  le 
15  juillet  1903,  à  l'inspection  de  l'édifice. 

Le  manoir  de  Beauvoorde  est  une  construction  remar- 
quable dont  l'intérêt  est  encore  rehaussé  par  le  grand 
nombre  de  meubles  et  d'objets  d'art  ancien  qui  le  garnissent. 

Le  château  remonte  à  la  seconde  moitié  du  xvie  siècle;  il 
fut  réédifié  en  partie  au  commencement  du  xvne  siècle. 
Il  est  entièrement  entouré  d'eau.  Un  pont  en  maçonnerie 
donne  accès  à  une  petite  avant-cour  protégée  par  des  murs 
crénelés  percés  de  meurtrières.  Son  aspect  est  des  plus 
pittoresque.  La  cour  ainsi  que  le  pignon  sud-ouest  et  la 
tourelle  renfermant  l'escalier  remontent  au  xvue  siècle.  Ils 
constituent,  comme  le  dit  M.  le  baron  Bethune,  un  inté- 
ressant spécimen  de  l'art  avec  lequel  nos  anciens  maçons 
agençaient  la  belle  brique  du  pays.  Quelques  parties  du 
château  ont  été  refaites  par  le  propriétaire  actuel,  M.  Mer- 
ghelinck,  d'après  les  vestiges  existants  ou  des  renseignements 
historiques  qu'il  a  recueillis. 

En  résumé,  l'édifice  dont  il  s'agit  offre  un  intérêt  artis- 
tique et  archéologique  suffisant  pour  qu'il  soit  inscrit  sur  la 
liste  des  édifices  civils  privés  dont  la  conservation  mérite 
d'être  assurée. 


—  446  — 


ÉDIFICES  RELIGIEUX. 


PRE8BYTÊRE8. 


comtracUoB  Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  : 
dcprMbjtèm.  \°  a  la  reconstruction  du  presbytère  de  la  paroisse  de 
Saint-Christophe,  à  Liège,  sous  réserve  d'améliorer  l'escalier 
donnant  accès  à  l'étage,  tant  comme  forme  que  comme 
dimensions  et  éclairage,  et  en  évitant  des  marches  au  palier; 
architecte,  M.  Léonard  ; 

T  A  la  construction  du  presbytère  de  Bressoux  (Liège)  ; 
architecte,  M.  Dejuzaine; 

3°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Les  Hayons,  com- 
mune de Dohan  (Luxembourg);  architecte,  M.  Courtois  ; 

4°  A  la  reconstruction  du  logement  du  chapelain  de 
Champion,  sous   Waha    (Luxembourg).    L'attention    des 

administrations  intéressées  a  été  appelée  sur  la  convenance 

d'examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  d'établir  le  cabinet  de 

travail  à  la  place  réservée  pour  la  cuisine  et  de  séparer  la 

salle  à  manger  dudit  cabinet  par  une  boiserie  mobile.  En 

cas  de  nécessité,  ces  deux  pièces  seraient  alors  transformées 

en  une  seule;  architecte,  M.  Déroché; 

5°  A  la  reconstruction  du  presbytère  de  Meuwen  (Lim- 
bourg),  à  la  condition  que  l'on  aura  égard  aux  recomman- 
dations consignées  dans  le  rapport  de  M.  l'architecte 
provincial;  architecte,  M.  Martens; 

6°  A  la  reconstruction  du  presbytère  de  Baelen-sur-Nèlhe 
(Anvers);  architecte,  M.  Taeymans; 

7°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Weelde  (Anvers); 
architecte,  M.  Taeymans; 


—  147  — 

8°  A  la  construction  d'un  presbytère  au  hameau  de  Geer- 
degem,  sous  Malines  (Anvers)  ;  architecte,  M.  Van  Boxmeer  ; 

9°  A  la  construction  d'un  mur  de  clôture  au  presbytère 
de  Heysse  (Brabant),  à  la  condition  qu'au  cours  des  travaux, 
l'auteur  diminue  un  peu  l'importance  du  pignon  à  gradins 
qui  surmonte  la  porte  d'entrée  et  qu'il  établisse,  s'il  y  a  lieu, 
uo  petit  auvent  derrière  ce  pignon  pour  justifier  la  présence 
de  celui-ci.  L'auvent  dont  il  s'agit  aura,  d'autre  part,  l'avau* 
tage  de  protéger  l'entrée  de  la  cour  lors  des  intempéries  ; 
architecte,  H.  Barbier; 

10°  A  l'aménagement  du  presbytère  de  Remagne  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Cupper; 

11°  A  l'exécution  de  travaux  complémentaires  d'appro- 
priation au  presbytère  d'Ollignies  (Hainaut);  architecte, 
H.  Sonnevîlle  ; 

12'  A  l'exécution  de  travaux  de  restauration  au  presby- 
tère de  Wolverthem  (Brabant);  architecte,  M.  Van 
Roelen  ; 

13°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  Bouillon  (Luxembourg);  architecte,  M.  Adam; 

U°  A  la  restauration  du  presbytère  de  Borlon  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Déroché; 

15°  A  l'exécution  de  travaux  de  restauration  au  presby- 
tère de  Spalbeek  (Limbourg);  architecte,  M.  Martens; 

16°  A  la  restauration  du  presbytère  de  Fouleng  (Hainaut); 
architecte,  M.  Fourdin  ; 

17'  A  la  restauration  du  presbytère  de  Thisselt  (Anvers); 
architecte,  M.  Gareels  ; 

1 8°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  Mcslin-l'Évèque  (Hainaut);  architecte,  M.  Fourdin; 


—  U8  — 

19°  A  la  restauration  du  presbytère  d'Aische-cn-Refail 
(Namur); 

20°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  aux  presby- 
tères des  sections  des  Flaches,  Hymiée  et  Fromiée,  sous 
Gerpinnes  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Heuseval  ; 

21°  A  l'acquisition  d'une  maison  et  à  son  appropriation  à 
l'usage  de  presbytère,  à  Hastière- par-delà  (Namur);  archi- 
tecte, M.  Joostens. 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  visé  les  plans  relatifs  : 
chap«ne  de       1°  A  la  reconstruction  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de 

N.-D.  de  Lorette,  , 

*  A,b-      Lorette,  a  Ath  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Holon; 

deBÎm?0e       2°  A  l'agrandissement  de  l'église  de  Remagne  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Cupper; 

Efii*  d-Ere.       3°  A  l'agrandissement  et  à  la  restauration  de  l'église 
d'Ere  (Hainaut);  architecte,  M.  Sonneville; 
M»  4°  A  l'exhaussement  de  la  tour  de  l'église  de  Notre- 

de  Noire-Dame-  ° 

m^VagS:    Dame-Auxiliatrice,  à  Pâturages  (Hainaut),  et  à  la  restau- 
ration de  cet  édifice;  architecte,  M.  Bodson; 
objrt»  mobilier*      6°  A  l'exécution  d'objets  mobiliers  destinés  aux  églis  s  de  : 

d'égliaes.  ° 

Longwilly  (Luxembourg)  :  bancs  ; 

Stoumont  (Liège)  :  bancs; 

Gomery,  commune  de  Bleid  (Luxembourg)  :  bancs; 

Kessenich  (Limbourg)  :  confessionnal; 

Mopertingen  (Limbourg)  :  maître-autel  ; 

Genck  (Limbourg)  :  complément  du  mobilier; 

Polleur  (Liège)  :  mobilier  complet  ; 


—  149  — 

Nokere  (Flandre  orientale)  :  complément  du  mobilier; 

Mariakerke  (Flandre  orientale)  :  confessionnal  ; 

Lovendegem  (Flandre  orientale)  :  autel  latéral  ; 

Marcke  (Flandre  occidentale)  :  mobilier  complet; 

Sainte- Waudru,  à  Mons  (Hainaut)  :  autel  de  la  chapelle 
de  Saint- Jean-Baptiste  de  la  Salle  ; 

La  Croyère,  sous  La  Louvière  (Hainaut)  :  mobilier  com- 
plet; 

Minderbout  (Anvers)  :  horloge; 

Borsbeeck  (Anvers)  :  horloge. 

—  Il  a  été  procédé,  le  il  août  1903,  à  Saint-Job,  sous       g^u. 

»  de  Saint  Jobt 

Uccle  (Brabant),  a  l'examen  des  deux  emplacements  pro-    ~««uccie. 
posés  pour  la  nouvelle  église  de  cette  paroisse. 

Le  conseil  communal  d'Uccle  estime  qu'il  y  a  lieu 
d'adopter  l'emplacement  dit  «  Blanchisserie  Schulte  »,  où  se 
trouvait  jadis  le  château  de  Carloo,  à  côté  de  l'église  actuelle, 
parce  qu'il  est  plus  au  centre  de  l'agglomération. 

Le  conseil  de  fabrique,  au  contraire,  préfère  le  terrain 
dit  du  Hamt  situé  sur  une  hauteur,  parfaitement  propre 
à  la  bâtisse,  tandis  que  celui  de  la  Blanchisserie  Schulte  est 
situé  dans  la  vallée  et  donnerait  lieu  pour  les  fondations  à  un 
surcroit  de  dépense  assez  considérable. 

Il  résulte  de  l'examen  qui  a  été  fait  des  deux  emplace- 
ments sus-visés  qu'en  ce  qui  concerne  la  différence  de  leurs 
positions  par  rapport  à  la  délimitation  de  la  paroisse,  il  ne 
vaut  guère  la  peine  d'en  tenir  compte;  ils  ne  sont  distants 
l'un  de  l'autre  que  d'environ  220  mètres.  Si  l'on  tient  compte 
de  la  limite  de  la  paroisse,  c'est  évidemment  le  terrain  du 
Ham  qui  se  rapproche  le  plus  du  centre. 

On  peut,  sans  grands  inconvénients,  ériger  l'église  à  la 


(le  Tri  vurron. 


—  180  — 

Blanchisserie  Schulte,  mais  l'inspection  des  emplacements 
en  cause  a  démontré  que  le  plateau  du  Ram  offre  des  avan- 
tages incontestables  au  point  de  vue  de  la  dépense,  des 
convenances  hygiéniques  et  de  l'aspect  pittoresque  sous 
lequel  s'y  présentera  l'édifice,  au  sommet  d'un  plateau. 

Si  cet  emplacement  est  adoplé  par  les  autorités  compé- 
tentes, il  faudra,  avant  d'entamer  la  construction  de  l'église, 
arrêter  un  plan  complet  des  abords  de  celle-ci  indiquant 
tous  les  moyens  d'accès  au  plateau  sur  lequel  s'élèvera  le 
monument. 

L'église  peut  et  doit  être  orientée  à  l'un  comme  à  l'autre 
emplacement.  La  Commission  est  unanime  pour  préconiser 
l'emplacement  du  Ham. 
EçiiM  —  Le  projet  soumis  en  vue  de  l'agrandissement  et  de  la 

restauration  de  l'église  de  Tervueren  (Brabant),  a  fait  l'objet 
d'un  examen  sur  place,  le  8  août  1902. 

La  superficie  de  l'église  de  Tervueren  est  de  beaucoup 
insuffisante  pour  les  nécessités  de  cette  importante  paroisse. 
On  projette  donc  d'agrandir  cet  édifice  en  démolissant  et  en 
reconstruisant  la  partie  moderne  vers  l'ouest  et  en  la  pro- 
longeant d'environ  2  mètres  sur  la  voie  publique.  Cet 
allongement  serait  insuffisant.  D'autre  part,  ce  serait  une 
faute  d'empiéter  sur  la  rue,  qui  n'est  déjà  pas  trop  large  ;  on 
aboutirait  à  un  mauvais  effet  en  barrant  la  perspective  de 
celte  rue.  II  semble  préférable  d'étudier  le  moyen  d'établir 
un  bas-côté  supplémentaire  au  sud  et  de  borner  l'allonge- 
ment des  nefs,  vers  la  façade  principale,  à  l'alignement  de 
la  voie  publique. 

La  nouvelle  tour  pourra  être  établie  en  tête  du  nouveau 
bas  côté  sud  et  son   rez-de-chaussée  servira  de  porche 


—  151  — 

d'entrée  ;  la  silhouette  de  cette  tour  doit  être  simple*  et 
inspirée  des  nombreux  types  de  clochers  qui  se  rencontrent 
aux  environs  de  Bruxelles. 

Il  importe,  d'autre  part,  que  l'on  respecte  la  simplicité 
qui  caractérise  les  parties  anciennes  de  l'église  en  s'abstenant 
d'y  introduire  des  éléments  architectoniques  dont  l'existence 
primitive  n'est  pas  absolument  démontrée. 

Les  parements  extérieurs  sont  assez  bien  conservés  ;  les 
restaurations  n'y  seront  guère  importantes.  11  faudra  prévoir 
le  dérochage  intérieur  de  l'édifice  dont  les  moulures  et  les 
sculptures  sont  empâtées  par  le  badigeon. 

L'architecte  devra  examiner  s'il  ne  serait  pas  possible  de 
rétablir,  à  l'entrée  du  chœur,  le  jubé  du  commencement  du 
xvi*  siècle  dont  les  colonnes  et  de  nombreux  bas-reliefs 
existent  encore.  Ce  serait  une  opération  intéressante  qui 
rendrait  à  l'intérieur  de  l'édifice  une  grande  partie  de  sa 
beauté  première. 

Si  l'on  parvient  à  reconstituer  le  jubé,  dont  les  anciens 
bas-reliefs  sont  déposés  contre  les  parois  du  beau  porche 
nord,  aujourd'hui  transformé  en  chapelle  du  Saint-Sépulcre, 
on  pourrait  rouvrir  le  porche  et  établir  le  Saint-Sepulcre 
dans  une  chapelle  à  annexer  au  nouveau  bas-côté  sud. 

—  Il  a  été  procédé,  le  7  août  1902,  à  l'examen  de  deux  *•«»•  'a»». 
autels  placés  dans  l'église  d'Àlken  (Limbourg),  pour  l'exé- 
cution desquels  un  subside  a  été  promis  sur  les  crédits  des 
Beaux-Arts. 

Sur  production  des  plans  conservés  au  presbytère  et 
après  examen  des  meubles  précités,  il  a  été  constaté  que 
l'artiste  est  resté  fidèle,  dans  l'exécution  de  son  œuvre,  aux 
projets  approuvés. 


—  182  — 

II  y  a  Heu  d'approuver  aussi  l'exécution  définitive  du  travail 
et  de  liquider  les  subsides  qui  ont  été  alloués  à  cet  effet. 
Éciisede        —  H  a  été  procédé,  le  20  août  1902,  à  l'examen  do 

Wimmertingeo.  r 

maitre-aulel  et  de  la  chaire  de  vérité  placés  dans  l'église  de 
Wimmerlingen. 

M.  l'abbé  Daniels,  membre  du  Comité  des  correspondants 
du  Limbourg,  assistait  à  la  visite. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  les  meubles  dont  il  s'agit  ont 
été  exécutés  conformément  aux  dessins  approuvés  et  que  le 
travail  a  été  effectué  d'une  façon  convenable.  En  consé- 
quence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  subside  promis  sur  les 
fonds  des  Beaux-Arts,  en  vue  de  ladite  entreprise,  soit 
liquidé. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 
é«r»e  1°  Le  projet  de  travaux  complémentaires  de  restauration 

de  Da  usoit. 

à  effectuer  à  l'église  de  Daussois  (Namur);   architecte, 
M.  Lange  rock; 
cligne  .te       2°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  exécuter  à  la 

Moalin-kVent. 

chapelle  de  Moulin-à-Vent  (Namur); 
M**  <ie se?.  <    3°  Le  projet  concernant  des  travaux  de   réparation  à 
exécuter  à  l'église  de  Scy  (Namur)  ; 
£*»•«  4°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  réparation 

de  Bouillon.  r      *  r 

à  l'église  de  Bouillon  (Luxembourg);  architecte,  M.  Adam; 
£gHse  5°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Borlon  (Luxem- 

bourg); architecte,  M.  Déroché; 

EffiiM  6°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  Instaura- 

it CMUillon. 

lion  et  de  décoration  à  l'église  de  Chàlillon  (Luxembourg); 


—  153  — 
7*  Le    projet   de  restauration   de  l'église  de   Seneffe      t*r>* 

de  Seneflfo. 

(Hainaut)  ; 
8°  Les  projets  concernant  l'exécution  de  travaux  d'entre-      é8h«» 

de  section», 

tien  et  d'amélioration  à  effectuer  aux  églises  des  sections  des  ■  GcrPiu,i«- 
F  lâches,  Hymiée  et  Fromiée,  sous  Gerpinnes  (Hainaut); 
architecte,  M.  Heuseval  ; 

9°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Meslin-PÉvèque     Eglise  de 
(Hainaut);  architecte,  M.  Fourdin; 

10°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Wasmuel       egiu* 

r     *  °  de  Wasmuel. 

(Hainaut); 

41*  Le  projet  de  restauration  de  l'église  du  centre  et  du  t#**  d-obe*. 
presbytère  de  Rosseignies,  à  Obaix  (Hainaut)  ;  architecte, 
M.  Simon  ; 

12°  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de  ^m^^kng% 
Ronquières  (Hainaut);  architecte,  M.  Gharbonnelle ; 

13°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  effectuera       frii* 

r     J  de  Tbulia. 

l'église  de  Thulin  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Bodson; 

U°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Fouleng      éihm* 
(Hainaut)  ;  architecte,  M.  Fourdin  ; 

15°  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de     Égiuede 

r     4  °  Htote»-Wiheri«. 

Hanles-Wiheries  (Hainaut);  architecte,  M.  Simon; 
16°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Zer-      égiue 

r      *  "de  Zerkegta*». 

keghem  (Flandre  occidentale)  ; 
17°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  restau-       Bgiue 

r      4  do  WoUerUiem. 

ration   à  l'église  de  Wolverthem   (Brabanl);  architecte, 
M.  Van  Roelen  ; 
18°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Saint-Martin,  A  .*•«*•  ,. 

■       *  °  '    de  Saiul-M»itin, 

à  Gand  (Flandre  orientale);  architecte,  M.  Denoyelte;  àG"d* 

19°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  d'entretien       Égii« 

de  Kerkom. 

à  l'église  de  Kerkom  (Limbourg);  architecte,  M.  Serrure; 


—  154- 
ÉfiiM  20°  Le  projet  de  restauration  des  fenêtres  du  chœur  de 

de  Smerrtaebb*. 

l'église  de  Smeerhebbe  (Flandre  orientale);   architecte, 
M.  Delestré  ; 
ÉgitM  SI9  Le  projet  de  restauration  du  plafond  de  l'église  de 

de  Mooleoaeken . 

Montenaeken  (Limbourg);  architecte,  M.  De  Hennin  ; 
tai»  22°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  vitrages  de  dix- 

de  Nioove. 

huit  fenêtres  de  l'église  de  Ninove  (Flandre  orientale)  ; 
feu*  de        23°  Le  projet  de  restauration  des  contreforts  et  des  fenè- 

Saiaie-Walberge,  r      ' 

i  Braies.     tres  jg  féglîse  de  Sainte-Walburge,   à   Bruges  (Flandre 

occidentale);  architecte,  M.  Delacenserie ; 
Mm  de         24°  I^e  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de 
Domioicains    Notre-Dame-aux-Domimcains,  a  Louvain  (Brabant)  ;  archi- 


à  Louvaia. 


tecte,  M.  Vandenperre  ; 


Mm  25°  Le  compte  des  travaux  de  restauration  exécutés  pen- 

de Noire-Dame, 

dant  l'année  1901,  au  vaisseau  de  l'église  de  Notre-Dame, 
à  Anvers. 


à  Aérer». 


coiiegi.ie  —  Il  a  été  procédé,  le  18  juillet  1902,  à  l'examen,  sur 
place,  des  études  soumises  en  vue  du  rétablissement  des 
colonnettes  dans  les  arcalures  latérales,  à  l'intérieur  du 
chœur  de  la  collégiale  de  Nivelles,  études  demandées  par 
le  rapport  du  Collège  en  date  du  28  décembre  1901. 

MM.  Degroot  et  Dumortier,  membres  du  Comité  des 
correspondants  du  Brabant,  assistaient  à  cet  examen. 

La  première  des  études  précitées,  tracée  d'après  les  colon- 
nettes  d'angles  des  fenêtres  du  chœur  même,  parait  devoir 
obtenir  la  préférence  sur  celle  traitée  avec  soubassements 
d'après  le  type  des  angles  des  anciens  portails. 

La  voûte  d'arête  en  tuf  ancien  qui  vient  d'être  rétablie 
au-dessus  du  chœur,  est  très  réussie. 

Les  profils  des  chapiteaux  et  des  bases  des  colonnettes 


—  158  — 

d'angles  des  fenêtres  récemment  exécutés  ne  sont  pas  tout 
à  fait  conformes  aux  profils  anciens  dont  il  reste  des  spéci- 
mens en  place.  Le  caractère  original  et  le  sentiment  artistique 
qui  se  dégage  des  anciens  modèles,  manquent  aux  nouveaux. 
Il  conviendra  d'y  apporter  les  corrections  nécessaires  pour 
les  mettre  en  rapport  avec  les  types  anciens  ;  pour  cela,  il 
y  a  lieu  de  se  servir  de  gabarits,  en  zinc,  découpés  sur  les 
modèles  primitifs. 

Certains  tailloirs  nouveaux  de  pilastres  débordent  trop  sur 
ceux-ci.  Il  parait  que  ces  tailloirs  sont  copiés  exactement 
sur  les  restes  des  anciens  qu'on  a  dû  renouveler.  L'effet  qu'ils 
produisent  n'est  pas  heureux;  mais,  comme  il  s'agit  d'une 
restauration,  la  direction  des  travaux  a  jugé  prudent  de 
respecter  la  situation  primitive. 

Pour  le  crépissage  tant  de  la  voûte  que  des  murs,  il  faudra 
absolument  s'inspirer  des  anciens  crépis  de  l'époque  dont  on 
retrouve  des  traces  dans  le  monument  même,  au-dessus  du 
chœur  et  du  transept.  En  tous  cas,  il  doit  être  aussi  mince 
que  possible.  On  insiste  tout  particulièrement  pourvue 
l'architecte  surveille  soigneusement  ce  travail  d'enduit  qui 
a  une  grande  importance  au  point  de  vue  archéologique. 
En  cas  de  doute,  il  devra  en  référer  immédiatement  à  la 
Commission. 

La  fenêtre  en  plein  cintre  établie  dans  le  pignon,  au-dessus 
de  la  voûte  du  chœur,  pour  éclairer  le  grenier,  devra  être 
rétablie  dans  son  étal  primitif,  c'est-à-dire  qu'elle  sera  divisée 
en  deux  baies  cintrées  séparées  par  une  colonnette,  comme 
celles  existant  dans  les  pignons  du  transept.  Cette  ouverture 
réclame,  à  cause  de  ses  dimensions  importantes,  une  ferme- 
ture en  bois.  La  direction  des  travaux  devra  étudier  un 


—  156  — 

mode  de  fermeture,  soit  en  arrêtant  les  volets  à  la  hauteur 
du  tailloir  du  chapiteau,  soit  en  les  étendant  jusqu'au  sommet 
des  arcs  et  en  y  ménageant  des  vasistas,  soit  en  établissant 
dans  les  deux  arcs  mineurs  une  partie  pleine  en  pierre  en 
forme  de  linteau  cintré  contre  laquelle  s'arrêteront  les  volets; 
ce  dernier  type  se  rencontre  fréquemment  dans  les  baies 
romanes. 

On  doit  regretter  que  le  chéneau  établi  au  chœur  ait  un 
aspect  moderne. 
ECU»  —  Il  a  été  procédé,  le  24  juillet  1902,  de  concert  avec 

de  Zamlvooidé. 

M.  De  Meyer,  membre  du  Comité  des  correspondants  de  la 
Flandre  occidentale,  à  l'inspection  de  l'église  de  Zandvoorde, 
dont  le  classement  est  sollicité. 

Cet  édifice  se  composait  anciennement  d'un  chœur,  de 
trois  nefs,  d'un  transept  et  d'une  tour  qui  surmontait  la 
croisée.  Il  est. probable  que  les  trois  nefs  élaient  d'égale 
hauteur,  comme  à  la  plupart  des  églises  du  littoral 

Les  deux  nefs  latérales,  les  bras  du  transept,  le  chœur  et 
la  tour  ont  été  démolis,  de  sorte  qu'aujourd'hui  l'édifice  ne 
comporte  plus  que  la  nef  centrale  et  le  croisillon  du  transept, 
lequel  a  été  converti  en  sanctuaire  ;  une  sacristie  a  remplacé 
le  chœur  primitif;  la  tour  qui  précède  la  nef,  à  l'occident, 
ne  date  que  de  quelques  années. 

Il  est  aisé  de  comprendre  que  toutes  ces  mutilations  ont 
singulièrement  atténué  l'importance  de  l'édifice.  Néanmoins, 
ce  qui  en  reste  est  encore  pourvu  de  mérite.  Les  colonnes 
en  pierre  de  Tournai  avec  chapiteaux  à  crochets  qui  sépa- 
raient les  trois  nefs  et  qui  remontent  au  xiur  siècle,  sont 
aujourd'hui  en  partie  noyées  dans  la  maçonnerie,  relative- 
ment récente,  fermant  les  arcades;  ces  supports  sont  inté- 


—  «57  — 

ressants.  La  nef  est  actuellement  éclairée  par  des  baies 
ménagées  dans  le  remplissage  des  arcades;  les  anciens 
oculus  qui  l'éclairaient  autrefois  ont  été  bouchés  vers  l'inté- 
rieur; ils  sont  parfaitement  conservés  à  l'extérieur.  Leur 
profil  mouluré  en  briques  forme  une  tracé  aussi  gracieux 
qu'énergique. 

A  part  les  colonnes  précitées,  tout  l'édifice  était  construit 
en  belles  briques  qui  n'ont  pas  moins  de  0m30  de  longueur. 

Vu  la  valeur  artistique  et  archéologique  que  présentent 
encore  la  nef  et  le  croisillon  du  transept,  il  y  a  lieu  de 
ranger  ces  parties  de  l'église  de  Zandvoorde  dans  la  troisième 
classe  des  monuments  du  culte. 

Tel  qu'il  est  aujourd'hui,  l'édifice  ne  répond  plus  aux 
besoins  de  la  population  de  la  paroisse.  11  doit  nécessaire- 
ment être  agrandi.  Celte  opération  ne  rencontrera  pas  de 
sérieuses  difficultés.  Il  suffira  de  rétablir  les  deux  nefs  laté- 
rales, les  bras  du  transept  ainsi  que  le  chœur  dont  l'arc 
triomphal  est  encore  visible  à  l'extérieur;  enfin,  d'ériger 
une  nouvelle  sacristie.  Un  projet  dans  ce  sens,  basé  sur  un 
relevé  très  exact  de  la  situation  actuelle,  devra  être  étudié  et 
soumis  aux  autorités  compétentes. 

—  Le  conseil  de  fabrique  de  Droogenbosch  ayant  décidé      £fU*e 

de  Droog eobotcb. 

de  faire  dresser  un  projet  d'ensemble  des  travaux  de  restau- 
ration et  d'appropriation  que  nécessite  l'église  de  cette 
localité,  a  prié  la  Commission  de  faire  procéder  à  une  visite 
de  l'édifice. 

Celte  visite,  à  laquelle  assistait  M.  Dumortier,  membre  du 
Comité  des  correspondants  du  Brabant,  a  eu  lieu  le 
31  juillet  1902. 

Les  travaux  que  le  conseil  de  fabrique  se  propose  de  faire 


—  188  — 

exécuter,  sont  les  suivants,  lesquels  se  feront  au  fur  et  à 
mesure  des  ressources  dont  il  pourra  disposer  : 

i°  Restauration  générale  extérieure  et  intérieure  de 
l'édifice; 

2*  Rétablissement  de  la  porte  d'entrée  au  centre  de  la 
façade  principale  où  elle  se  trouvait  jadis  et  suppression  des 
deux  entrées  latérales  qui  ont  été  ouvertes  il  y  a  une  quaran- 
taine d'années  et  qui  provoquent  des  courants  d'air  insup- 
portables ; 

3°  Établir  une  porte  de  sortie  à  la  sacristie,  laquelle  est 
nécessaire  pour  éviter  de  traverser  toute  l'église  pendant  les 
offices  ; 

4*  Avancer  le  banc  de  communion  vers  le  transept  pour 
augmenter  l'espace  dans  le  chœur  ; 

5°  Supprimer  les  stalles  actuelles,  vastes  bacs  informes, 
qui  obstruent  une  grande  partie  du  chœur  et  les  remplacer 
par  des  stalles  en  rapport  avec  le  style  de  l'édifice  ; 

6*  Approprier  le  jubé  qui  occupe  une  petite  annexe  au 
côté  nord  du  chœur  ;  renouveler  les  orgues  et  les  disposer 
de  façon  à  ménager  un  espace  suffisant  pour  les  chantres  qui 
se  tiennent  actuellement  à  l'entrée  du  chœur. 

Le  travail  exposé  au  paragraphe  6°  nécessitera  l'ouverture 
d'une  arcade  dans  le  mur  du  transept  nord  pour  installer  le 
buffet  d'orgue  de  façon  à  laisser  libre  l'arcade  qui  s'ouvre 
vers  le  chœur  et  par  où  l'organiste  et  les  chantres  auront 
vue  sur  l'autel. 

Il  n'y  a  pas  d'inconvénient,  semble-t-il,  à  ce  que  les 
propositions  du  conseil  de  fabrique  soient  admises.  En  con- 
séquence, rien  n'empêche  ce  collège  de  soumettre  ses 
projets  aux  autorités  compétentes.  Ces  études  devront  être 


—  159  — 

basées  sur  un  relevé  complet  et  tout  à  fait  exact  de  la  situa- 
tion actuelle  du  monument. 

Il  conviendra  de  profiter  des  travaux  qu'on  exécutera 
dans  le  chœur  pour  faire  relever  et  disposer  contre  l'un  des 
murs,  à  l'intérieur  de  l'église,  l'importante  dalle  tumulaire 
qui  est  encastrée  dans  le  pavement  du  sanctuaire. 

—  Lors  de  l'examen  du  rapport  récent  de  M.  l'inspecteur      é*u* 
architecte  provincial  de  la  Flandre  occidentale,  concernant 
diverses  questions  relatives  aux  travaux  de  restauration  en 
voie  d'exécution  à  l'église  de  Nieuporl,  il  a  été  décidé  de 
procéder  à  l'inspection  desdits  travaux. 

Cette  inspection  a  eu  lieu  le  30  juin  1902. 

Par  suite  de  certaines  démolitions  opérées  depuis  la  visite 
précédente,  on  peut  constater  aujourd'hui  que  la  voûte  de 
la  croisée  du  transept  était  primitivement  en  bois,  comme 
toutes  les  autres  voûtes  de  l'édifice.  Une  partie  des  nervures 
en  bois  est  encore  en  place,  de  même  que  des  débris  de  bar- 
deaux. Il  n'y  a  donc  plus  de  doute,  cette  voûte  doit  être 
rétablie  en  bois. 

On  vient  de  découvrir  dans  le  mur  est  du  transept  sud 
une  fenêtre  primitive  qui  a  été  bouchée  lors  d'un  remanie- 
ment de  l'édifice  et  remplacée  par  une  autre  baie  plus  vaste. 
La  situation  primitive  devra  être  rétablie. 

L'enlèvement  de  la  couverture  du  transept  sud  a  démontré 
que  le  faite  de  cette  partie  du  monument  est  plus  élevé  d'en- 
viron 0"50  que  celui  des  toitures  adjacentes.  Gomme  il  n'y 
a  eu  là  aucun  remaniement,  il  importe  de  conserver  la  hau- 
teur actuelle  de  la  toiture  et  du  pignon  sud. 

Dans  une  partie  du  même  transept,  à  l'intérieur,  règne 
sous  la  corniche  qui  couronne  le  mur,  une  suite  d'arcatures 


I 


—  160  — 

de  formes  différentes  établies  à  des  hauteurs  inégales.  Une 
partie  du  mur  n'en  a  pas  et  n'a  pu  en  avoir  à  cause  de  la 
hauteur  de  l'arcade  de  la  nef  latérale.  II  y  a  lieu  de  conserver 
celles  de  ces  arcatures  qui  datent  de  la  construction  primi- 
tive; celles  ajoutées  lors  de  remaniements  postérieurs 
devront  disparaître;  elles  sont,  du  reste,  sans  intérêt  et  éta- 
blies à  une  hauteur  telle  qu'elles  sont  interrompues  par  les 
poutres  de  la  charpente. 

On  s'occupe  actuellement  du  rétablissement  des  contre- 
forts primitifs  de  la  nef  sud  latérale  au  chœur,  dont  on  a 
retrouvé  les  anciens  emplacements.  Pour  la  terminaison  de 
ces  contreforts,  on  peut  adopter  le  système  suivi  au  côté 
nord,  c'est-à-dire  un  couronnement  en  forme  de  batière. 

de  frmbUk.  —  H  a  été  procédé,  le  4  août  1902,  à  l'inspection  des 
travaux  de  restauration  en  voie  d'exécution  à  l'église  de 
Lombeek-Notre-Dame  (Brabant). 

Ainsi  que  le  constate  le  procès-verbal  de  réception  n°  1, 
joint  au  dossier,  les  travaux  dont  il  s'agît  s'exécutent  dans  de 
bonnes  conditions.  Il  y  a  donc  lieu  de  délivrer  un  acompte 
à  valoir  sur  le  montant  du  subside  promis  sur  les  fonds  des 
Beaux-Arts,  en  vue  de  celle  entreprise. 

On  ne  saurait  trop  recommander  de  rechercher,  pour 
celle  restauration,  et  surtout  pour  le  chœur,  des  pierres 
d'une  teinte  se  rapprochant  le  plus  possible  de  celle  qu'ont 
acquise  les  pierres  anciennes. 

Quelques-unes  des  pierres  nouvelles  ont  paru  un  peu  trop 
ciselées.  Elles  devraient  recevoir,  par  ci,  par  là,  un  petit 
coup  de  boucharde  et  même  parfais  être  simplement  taillées. 
Il  y  a  nécessité  de  chercher,  pour  ainsi  dire  pour  chaque 
pierre  à  remplacer,  à  reproduire  la  taille  ancienne,  car  il  y 


Noire-Dame. 


—  161  — 

a  dans  les  parements,  notamment  au  chœur,  des  tailles 
différentes  qui  varient  suivant  la  nature  de  la  pierre  mise  en 
œuvre,  laquelle  est  de  provenance  variée. 

La  poursuite  des  travaux  de  restauration  du  chœur  réclame 
la  démolition  immédiate  de  la  sacristie,  laquelle  doit,  en  tout 
état  de  cause,  disparailre.  La  sacristie  nouvelle  devra  être 
écartée  du  chœur,  de  façon  à  n'en  masquer  aucune  partie. 

L'entreprise  en  cours,  qui  comporte  des  travaux  choisis 
parmi  les  plus  urgents,  sera  bientôt  terminée.  Mais  il  reste 
encore  à  faire  bien  d'autres  ouvrages  dont  l'extrême  urgence 
s'accentue  de  jour  en  jour;  il  est  donc  indispensable  de  se 
préparer  immédiatement  à  entreprendre  une  seconde  série 
de  travaux.  La  situation  de  certaines  parties  de  l'édifice  est 
assez  grave  pour  que  l'on  s'en  préoccupe.  Mais  les  ressources 
des  administrations  locales  sont  déjà  épuisées  par  les  travaux 
de  la  première  série.  Il  faut  donc,  de  toute  nécessité,  que 
les  pouvoirs  publics  viennent  largement  en  aide  à  cette 
pauvre  commune. 

Le  temps  accomplit  rapidement  son  œuvre  de  destruction 
et  il  est  à  craindre  que  si  une  interruption  dans  les  travaux 
de  conservation  et  de  restauration  se  produisait,  les  dégra- 
dations s'accentueraient  au  point  qu'il  faudrait  sacrifier,  plus 
tard,  des  sommes  d'argent  considérables  pour  y  faire  face, 
sans  compter  que  l'on  s'exposerait  à  perdre  des  documents 
artistiques  et  archéologiques  précieux.  C'est  là  une  respon- 
sabilité qui  doit  être  écartée;  elle  retomberait  sur  le  pays 
entier.  L'édifice  en  cause  n'appartient  pas  seulement  à  la 
modeste  commune  de  Lombeek-Notre-Dame  ;  c'est  un 
monument  national. 

La  Commission  a,  à  plusieurs  reprises,  fait  ressortir 


—  162  — 

l'immense  intérêt  artistique  et  archéologique  qui  s'attache  à 
cet  édifice,  joyau  de  Fart,  sans  rival  dans  les  communes 
rurales  de  notre  pays  et  qui,  à  bon  droit,  a  été  rangé  parmi 
les  monuments  de  tout  premier  ordre.  On  peut  le  dire  sans 
exagération  :  lorsqu'il  sera  remis  dans  son  étal  primitif, 
grâce  aux  soins  qu'y  apportent  M.  Veraart,  architecte,  et 
M.  Vuy,  entrepreneur,  le  temple  dont  il  s'agit  constituera 
réellement  une  petite  merveille.  Il  est  donc  de  l'intérêt  artis- 
tique du  pays  tout  entier  que  les  pouvoirs  publics  s'imposent 
tous  les  sacrifices  possibles  pour  aider  à  atteindre  ce  but. 
Un  des  premiers  ouvrages  à  entreprendre  est  le  dérochage 
de  l'ancien  porche  nord  qui  remettra  au  jour  des  détails  de 
haute  valeur  artistique,  modèles  précieux  pour  restaurer 
l'intérieur  du  monument  qui  a  été  très  mutilé  au  xvm*  siècle  ; 
l'église  elle-même  devra  également  être  dérochée  à  l'intérieur 
dès  qu'on  le  pourra. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'art.  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Ch.  Lagasse-de  Locht. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROQÈS-VERBAUX 


»»»»■■%» 


SÉANCES 
des  20  et  27  septembre;  des  4,  11,  18,  25  et  31  octobre  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1°  La  proposition  de  confier  à  M.  Eyckelbosch,  peintre     &uMde 

Bob  dé-Leninei. 

restaurateur  à  Bruxelles,  le  rentoilage  et  la  restauration  de    T»w«««- 
six  grands  tableaux  enchâssés  dans  les  boiseries  du  chœur 
de  l'église  de  Bois-de-Lessines  (Hainaut)  ; 
2°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  d'un  chemin  de  la  croix  Église  de  si«a. 

1       *  Chemin 

peint  dans  l'église  de  Sluze  (Limbourg)  et  à  la  décoration  *  ■»«*«,*■. 
picturale  de  l'abside  du  chœur  de  cet  édifice;  auteur, 
H.  Tassin  ; 
3°  Le  projet  relatif  à  la  reconstitution  de  la  peinture      èft..« 

de  Nceroelcrtn. 

représentant  le  Jugement  dernier,  de  lare  triomphal  de Peiutoro mural#- 
l'église  de  Neeroeteren  (Limbourg);  auteur,  M.  B ressers; 


—  164  — 

Ê*tite  4°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  peintures  décora- 

deCraiebem.  ■       J  r 

dteônS^    l»ves  dans  l'église  de  Crainhem  (Brabanl);  auteur,  M.  Jour- 
dain ; 
%  afi«iiie  S0  Le  dessin  d'an  vitrail  à  placer  dans  l'église  de  Suer- 

de  Soerbenpde.  r  D 

Yiimii.      bempde  (Brabant);  auteur,  M.  Vosch; 

Égii<e  6"  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  peints  dans 

de  Moalenaeeen.  .....  «  ,.  .      .  x  ,  , 

vitraux.  |  église  de  Monlenaeken  (Limbourg),  sous  la  reserve  que 
l'auteur,  M.  Jeurisseo,  s'en  tiendra  à  une  seule  couleur 
pour  les  verrières  en  grisaille  ; 

gel»»         7°  Le  projet  relatif  au  placement  de  huit  vitraux,  d'un 

de  Saiiil-Nicolat.  ...  " 

vûnS^îL  aule'  el  "un  Porla"  en  chêne,  dans  l'église  de  Saint- 
Nicolas,  à  Tournai  (Hainaut)  ; 

SciLedeKttifd.  8°  Le  projet  relatif  au  placement  d'une  croix  triomphale 
dans  l'église  de  Kessel  (Anvers),  à  la  condition  que  la  partie 
inférieure  de  la  croix  soit  allongée,  afin  de  placer  la  statue 
du  Christ  un  peu  plus  au-dessus  des  statues  attenantes. 
Vu  les  conditions  imposées  par  les  donateurs,  il  n'y  a 
pas  d'inconvénient  à  ce  que  le  calvaire  repose  sur  une 
trabes  ; 
tifiue  9°  Les  modèles  de  deux  bas-reliefs  destinés  à  un  des 

tf«  Iteo  Bel. 

B.«-reii«fi.    autels  latéraux  de  l'église  de  Den  Eel,  sous  Raevels (Anvers)  ; 
sculpteur,  M  Daems. 
BgiiM  d«  ceiiet.     —  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le 

Chemin  ^  r 

d« la mùx.  49  ao£t  i9Q2f  dans  l'église  de  Celles  (Namur),  que  les 
quatre  stations  du  chemin  de  la  croix,  exécutées  par 
M.  Middeleer,  sont  traitées  dans  les  mêmes  conditions  que 
celles  effectuées,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  par  M.  Van- 
derplaetsen . 

En  conséquence,  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  ce  que 
M.  Middeleer  poursuive  l'achèvement  de  l'œuvre. 


—  168  — 

—  Il  a  élé  procédé,  le  27  septembre  1902,  dans  l'église  DÉ«^«loli 
de  Notre-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles,  à  l'examen  de  la  *£££■• 
polychromie  de  l'autel  de  Sainte-Anne  et  des  échantillons  °  "*"  "' 
des  changements  à  apporter  à  la  polychromie  du  maître- 

aotel. 

La  décoration  de  l'autel  de  Sainte-Anne  (échantillon  avec 
quadrillé  en  or)  semble  bien  comprise,  mais  le  rouge  est  un 
peu  trop  violacé  ;  il  conviendrait  de  le  rapprocher  du  ver- 
millon. L'inscription  de  la  face  latérale  de  la  tombe  devra 
être  encadrée  par  un  filet  d'or,  interrompu  où  les  extré- 
mités des  lignes  de  l'inscription  l'exigent. 

Pour  les  changements  projetés  à  la  polychromie  de  la 
tombe  du  mailre-autel,  la  travée  du  côté  de  l'Évangile 
parait  devoir  être  choisie  ;  pour  les  colonneltes  de  la  table, 
on  adoptera  le  décor  de  la  seconde  colonnette  du  même 
côté;  l'inscription  du  gradin  sera  moins  grande. 

Le  changement  qu'on  propose  d'apporter  au  fond  der- 
rière l'autel  du  Sacré-Cœur  n'est  pas  heureux  ;  il  est  préfé- 
rable  de  conserver  1  échantillon  déjà  adopté.  Pour  que  cet 
autel  produise  l'effet  désirable,  il  importe  de  peindre  les 
piliers  du  côté  de  la  chapelle  sur  toute  leur  hauteur.  Le  fond 
même  dudit  autel  devrait  être  modifié;  il  est  trop  clair. 
Mieux  vaudrait  adopter  un  ton  rouge. 

On  vient  d'installer  le  nouveau  retable  de  l'autel  de 
Sainte-Wivine.  Ce  travail  est  bien  compris;  il  est  plus  heu- 
reux que  les  ouvrages  de  même  nature  précédemment 
exécutés  dans  la  même  église,  tant  au  point  de  vue  de  la 
conception  qu'à  celui  de  l'exécution. 

—  Ensuite  de  la  recommandation  faite  par  le  rapport  de      «§»•« 
la  Commission,  en  date  du  29  juin  1900,  il  a  été  procédé  à      Yitrail' 


—  16«  — 


la  mise  en  place  d'une  lumière  du  vitrail  du  choeur  de 
de  Slevoort  (Limbourg). 

Celle  parlie  de  la  verrière  a  fait  l'objet  d'un  exa 
9  octobre  1902.  Il  en  résulte  que  le  travail  dont  il 
été  exécuté  d'une  façon  convenable.  En  conséquenc 
ne  s'oppose  à  ce  que  la  verrière  soit  définitivement  appi 
et  à  ce  que  son  exécution  complète  soit  poursuivie. 

Le  maitre-autel  et  la  cuve  baptismale  de  la  même 
sont  terminés  et  placés.  Ces  objets  mobiliers  ayant  été 
d'une  façon  satisfaisante,  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à 
la  totalité  du  subside  promis  sur  les  fonds  des  Beau 
soit  liquidée. 
%uM.  —  H  a  été  procédé,  le  8  octobre  1902,  à  l'exa 

<lt Saiul-rwrra,      .  .  .  ,  ■»    ■     •  •  i  i     •  •• 

*  8vu^xro*d*  C1D(1  Vllraux  Points  places  dans  1  abside  et  les  absidi 
l'église  romane  de  Saint-Pierre,  à  Saint-Trond. 

M.  Van  Neuss,  membre  du  Comité  des  correspond 
la  province  du  Limbourg,  assistait  à  cet  examen,  d 
résulte  que  les  verrières  dont  il  s'agit,  œuvres  de  M.  J. 
ont  été  exécutées  dans  de  très  bonnes  conditions. 


Tour  Henri  VIII, 
à  Tournai. 


CONSTUCTIONS  CIVILES. 


La  Commission  a  adopté  toutes  les  propositions  forn^ 
en  vue  de  l'exécution  des  travaux  de  restauration  sté 
ment  nécessaires  pour  assurer  la  conservation  de  la 
Henri  VIII,  à  Tournai  (Hainaul).  Au  cours  de  l'entre 
on  devra  imiter  scrupuleusement  les  hauteurs  d'app 
la  taille  de  la  pierre  et  le  rejoinloyage  primitifs.  La  dir 
des  travaux  devra  se  mettre  en  rapport,  à  celte  fin,  av 
membres  correspondants  du  Collège  qui  résident  à  Tou 


fo 


,,r 


—  (67  — 

MM.  Soil  et  Sonneville,  lesquels  consulteront  la  Commission 
en  cas  de  difficultés. 

—  Pour  satisfaire  à  la  demande  de  l'administration  JvS^J?  Piix 

de  Mechelentar- 

communale  de  Mechelen-sur-Meuse,  il  a  été  procédé,  le      MeaM< 
16  octobre  1902,  à  l'inspection  de  la  nouvelle  justice  de 
paix,  avec  salle  de  délibération  pour  le  conseil  communal 
de  celle  localité. 

Il  résulte  de  cette  inspection,  à  laquelle  assistaient 
MM.  l'abbé  Daniels  et  Van  Neuss,  membres  du  Comité  des 
correspondants  du  Limbourg,  que  l'édifice  dont  il  s'agit  est 
entièrement  terminé  et  que  sa  construction  a  été  faite  avec 
soin.  Ce  petit  monument  a  été  édifié  avec  un  goût  et  une 
recherche  que  l'on  rencontre  rarement  dans  les  construc- 
tions modernes  de  l'espèce.  Conçu  dans  des  données  simples, 
il  se  distingue  par  des  qualités  artistiques  réelles.  Aussi  ne 
peut-on  qu'engager  les  pouvoirs  publics  à  prendre  en  consi- 
dération les  sacrifices  importants  que  s'est  imposés  celte 
modeste  commune  de  1 ,700  habitants,  pour  doter  le  canton 
de  Mechelen  d  une  œuvre  architecturale  propre  à  propager 
le  goût  artistique  dans  nos  campagnes.  Pour  ce  motif,  il  est 
désirable  que  les  subsides  de  l'Autorité  supérieure  soient 
alloués  dans  la  mesure  la  plus  large  possible  et  qu'une 
même  intervention  généreuse  soit  accordée  quand  il  s'agira 
de  doter  l'édifice  d'un  mobilier  en  rapport  avec  le  caractère 
spécial  qui  le  distingue. 

—  A  la  demande  de  la  Société  d'Archéologie  du  canton     eu*.* 

de  Logne. 

de  Durbuy,  il  a  été  procédé,  le  2  octobre  1902,  de  concert 
avec  M.  l'architecte  Fcrnand  Lohest,  à  l'inspection  des 
travaux  de  déblaiement  et  de  fouilles  entrepris  dans  les 
ruines  de  l'ancienne  forteresse  de  Logne. 


—  168  — 

M.  P.  Lohest,  membre  du  Comité  des  correspondants  de 
la  province  de  Liège,  assistait  à  cette  inspection. 

Les  travaux  effectués  depuis  la  dernière  visite  (3  octo- 
bre 1901),  sont  importants  On  a  poursuivi  les  déblais  dans 
divers  endroits  de  la  forteresse,  dans  les  fossés  extérieurs, 
dans  le  grand  fossé  du  donjon,  dans  ce  même  donjon.  On 
a  notamment  fini  de  déblayer  tous  les  parapets  de  ce  dernier 
et  mis  au  jour  la  cuisine.  Certaines  fouilles  ont,  d'autre  part, 
amené  la  découverte  des  assises  d'une  tour  destinée  à 
flanquer  la  grande  courtine  du  côté  de  l'Ourlhe.  On  pour- 
suivra l'élude  de  cet  ouvrage  pour  en  déterminer  exactement 
le  raccordement  à  la  forteresse  ;  celte  tour  est  figurée  au 
plan  annexé  au  dossier. 

Les  travaux  ont  aussi  amené  la  découverte,  dans  la  cour 
du  doujon,  d'une  troisième  citerne  au  fond  de  laquelle  on  a 
trouvé  des  monnaies  intéressantes  en  argent  et  même  en  or. 
Les  fouilles  ont  encore  mis  au  jour  divers  objets  du  moyen 
âge,  parmi  lesquels  des  pièces  de  serrurerie,  des  poteries, 
des  armes,  etc. 

Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  découvert  de  puits. 

Les  déblais  effectués  du  côté  du  village  de  Logne  ont 
amené  la  mise  au  jour  de  deux  chemins  de  ronde  V  et  W, 
en  impasse,  auxquels  on  avait  probablement  accès  par  une 
échelle  placée  en  X  dans  la  caverne  de  la  gatte  d'or  F'. 
Le  premier  de  ces  chemins  de  ronde  est  taillé  en  plein  roc. 

Enfin,  on  a  déblayé  partiellement  l'ouvrage  avancé  A  de 
la  pointe  extrême  nord  du  rocher  sur  lequel  est  assise  la 
forteresse;  on  recherchera  si  ce  bâtiment,  de  forme  rectan- 
gulaire, dont  il  ne  reste  que  le  soubassement,  n'était  pas  une 
chapelle  extérieure. 


—  169  — 

La  grande  courtine  vers  l'Ourthe  est  presque  entièrement 
consolidée.  Ce  travail  de  maçonnerie  est  exécuté  avec  beau- 
coup de  soins;  les  matériaux  en  ont  été  pris  dans  les  ruines; 
leur  taille  est  en  tout  semblable  à  celle  des  pierres  anciennes. 
Il  semble  que  l'aspect  de  celte  courtine  gagnerait  beaucoup 
si  on  enlevait  le  remplissage  en  maçonnerie,  d'ailleurs  de 
construction  médiocre,  qui  bouche  les  meurtrières  à  embra- 
sure du  côté  de  l'Ourthe.  La  monotonie  de  ce  grand  mur, 
qui  se  profile  sur  le  ciel,  en  serait  heureusement  rompue,  et 
la  vue,  de  la  vallée  et  du  chemin  de  fer,  y  gagnerait  beau- 
coup. 

Il  parait  désirable  de  compléter  les  aboutissements  des 
voûtes  du  couloir  H  passant  sous  la  cuisine  ainsi  que  le  côté 
nord  de  la  voûte  S  situé  sous  la  tour  de  guet,  enfin  aussi 
les  bouts  de  la  voûte  du  chemin  de  ronde  L  donnant  accès 
au  donjon.  Ces  réfections  empêcheront  la  désagrégation 
desdites  voûtes,  dont  les  extrémités  sont  ruinées,  mais  elles 
seront  relativement  coûteuses. 

Pendant  l'hiver  prochain,  on  continuera  le  déblaiement 
des  fossés  extérieurs,  du  grand  fossé  du  donjon  et  de  la 
plate-forme  de  (a  tour  de  guet  du  côté  sud  du  château  ;  on 
recherchera  s'il  n'exisfait  pas  plus  de  deux  ouvrages  avancés 
de  ce  côté.  On  recherchera  aussi  la  communication  qui 
parait  avoir  existé  entre  les  cavernes  de  la  gatte  d'or  F'  et  le 
donjon  qui  les  surmonte. 

La  Société  d'Archéologie  désirerait,  pour  débarrasser  le 
grand  fossé  extérieur,  vers  Logne,  pouvoir  prendre  les 
pierres  qui  s'y  trouvent  et  en  faire  une  sorte  de  mur  sec 
provisoire  au  delà  du  mur  d'enceinte  qui  forme  le  glacis 
extérieur.  Ces  pierres  seraient  ainsi  placées  provisoirement 


—  m  — 

6°  Le  projet  relatif  à  la  construction  de  dépendances  au 
presbytère  de  Grand-Rechain  (Liège);  architecte,  M.  Jacob. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
È«iue  1°  À  Koekelberg  (Brabant),  à  la  condition  que  Fauteur, 

de  Koekelberg. 

M.  Ramaekers,  examine  les  observations  formulées  dans  le 
rapport  de  M.  l'architecte  provincial  en  chef,  en  date  du 
12  août  1902  ; 
egiise  dortho.  2°  À  Ortho  (Luxembourg),  sous  réserve  de  tenir  compte 
des  recommandations  suivantes  :  a)  suppression  des  arcs 
extérieurs  qui  encadrent  les  fenêtres  de  la  haute  nef;  6)  sup- 
pression du  faux-transept  ;  c)  donner  plus  d'élévation  à 
l'abside  semi-circulaire  et  l'éclairer  directement;  architecte, 
M.  Van  Gheluwe; 
ficus*  3°  À  Longlain,  commune  de  La  Louvière  (Hainaul)  ; 

de  Longlain. 

architecte,  M.  Leborgne  ; 
figure         4'  A  Saint-Lambert,  commune  de  Tourinnes-Saint-Lam- 

Saint-I>ambert( 

àTonrinne».  berl  (Brabant).  L'attention  de  l'architecte,  M.  Barbier,  a  été 
appelée  sur  l'absence  d'entraits  à  la  charpente  et  on  l'a  invité 
à  examiner  s'il  a  la  certitude  que  les  murs  latéraux  résisteront 
à  la  poussée  de  la  charpente. 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 
églises  : 
Église  1°  De  Vaux-lez- Rosières,  commune  de  Nives  (Luxem- 

de  Vtux-lcx- 

Roiièret.     bourg);  architecte,  M.  Clipper; 

EgiiM.  2°  D'Appelterre-Eychem  (Flandre  orientale).  Au  cours 

Ey?5em.re    de  l'exécution  des  travaux,  l'architecte,  M.  Vaerwyck,  devra 


—  175  — 

examiner  si  Ton  ne  pourrait  avancer  la  sacristie  vers  Test  et, 
au  moyen  d'an  couloir,  la  relier  au  chœur  même  de  l'église  ; 
on  éviterait,  de  la  sorte,  le  passage  au  travers  de  la  chapelle 
latérale  nord  ; 
3*  De  Chaud  fontaine  (Liège)  ;  architecte,  M.  Wendeler.     éf"**» 

ChMofonta  toc* 

Ainsi  que  les  projets  ci-après  : 

4°  Reconstruction  de  la  flèche  de  1  église  de  Pondrome      é^m 

de  Poodrome. 

(Namur)  ;  architecte,  M.  Lange  ; 

5°  Établissement  d'un  jubé  dans  l'église  de  Jamoigne      é,»^ 
(Luxembourg)  ;  architecte,  M.  Van  Gheluwe. 

Et,  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux  ou*  mobilier. 
églises  de  : 

Vosselaere  (Flandre  orientale)  :  stalles  ; 

Fonlin,  sous  Esneùx  (Liège)  :  cloche  ; 

Hyon  (Hainaut)  :  retable; 

Ham-sur-Heure  (Hainaut)  :  cloche; 

Léglise  (Luxembourg)  :  bancs  ; 

Assche  (Brabant)  :  cloches  ; 

Louftémont,  commune  d'An  lier  (Luxembourg)  :  maître- 
autel  et  confessionnaux  ; 

Bernissart  (Hainaut)  :  mobilier  complet. 

—  L'église  de  Familleureux  a  élé  incendiée  par  la  foudre,      fy... 

.     .       .^^**  d«  F««iHe«reoi. 

le  30  juin  4902. 

Une  inspection  des  restes  de  l'édifice,  à  laquelle  MM.  Devil- 
lers  et  Hubert,  membres  du  Comité  des  correspondants  du 
Hainaut,  assistaient,  a  eu  lieu  le  24  septembre  1902. 

Le  chœur  est  la  partie  la  plus  ancienne  du  temple;  il 
formait  primitivement  la  chapelfe  castrale  dédiée  à  la  Sai nie- 
Vierge,  bâtie  en  1186,  selon  ce  que  dit  Lejeune  dans  sa 
notice  sur  Familleureux.  Il  est  construit  d'après  les  principes 


—  174  — 

romans»  mais  l'ogive  y  apparaît  déjà.  La  nef  semble  remon- 
ter au  commencement  du  xvi*  siècle  ;  on  y  a  ajouté  deux 
travées  il  y  a  environ  25  ans. 

Le  chœur  était  recouvert  par  une  voûte  en  bardeaux  ;  la 
nef  était  voûtée  en  briques  avec  nervures  et  arcs  doubleaux 
en  pierre  bleue.  Lors  de  l'agrandissement  de  l'édifice,  vers 
1877,  le  prolongement  des  bas-côtés  a  été  recouvert  par  des 
voûtes  en  plâtrage.  C'est  à  ce  système  économique  de  con- 
struction que  l'on  doit  attribuer  toute  l'étendue  du  désastre 
du  30  juin  1909;  c'est  par  là  que  le  feu  est  descendu  dans 
l'église,  où  le  mobilier  lui  a  procuré  l'aliment  propagateur 
d'une  conflagration  générale. 

L'édifice  était  assuré  pour  60,000  francs.  La  Compagnie 
d'assurance  a  évalué  les  dégâts  à  34,000  francs. 

Les  murs,  en  général,  semblent  encore  solides  et  paraissent 
avoir  conservé  leur  aplomb  ;  les  colonnes,  arcs  et  nervures 
en  pierre  sont  en  grande  partie  calcinés  ;  on  sera  obligé  d'en 
rertiplacer  beaucoup  de  pierres.  En  tous  cas,  il  importe  de 
conserver  tout  ce  qui  peut  être  maintenu  des  maçonneries 
anciennes,  surtout  les  sommiers,  les  naissances  des  groupes 
d'arcs,  de  nervures,  etc.,  au-dessus  des  colonnes. 

Pour  le  renouvellement  partiel  des  colonnes,  des  bases, 
des  chapiteaux,  des  arcs  et  des  nervures,  on  devra  reproduire 
exactement  les  éléments  anciens  en  ayant  soin  d'en  prendre 
des  moulages.  La  base  et  le  chapiteau  de  la  première  colonne 
au  côté  nord,  près  du  chœur,  semblent  primitifs;  c'est  donc 
là  que  l'architecte  devra  emprunter  les  types  pour  les  parties 
des  colonnes  à  renouveler. 

On  devra  remanier  les  quatre  fenêtres  de  la  partie 
moderne  des  nefs,  construites  en  dépit  des  principes  de  Tari 


—  178  — 

ogival,  afin  de  les  mettre  en  harmonie  avec  celles  de  la 
partie  ancienne  desdites  nefs. 

Le  clocher  en  bois  qui  surmontait  la  travée  centrale  de  la 
nef  ayant  élé  détruit,  rien  n'empêche  de  le  rétablir  sur  la 
première  travée  près  de  la  façade.  Où  il  était  situé,  il  consti- 
tuait une  gène  pour  la  sonnerie  des  cloches  pendant  les 
offices,  au  milieu  des  fidèles;  on  pourra  sonner  les  cloches 
du  jubé,  si  le  clocher  est  établi  sur  la  première  travée. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  rétablir  l'escalier  en  bois  qui  se  trouvait 
dans  l'angle  nord-ouest  du  bas-côté  ;  on  aura  accès  au  jubé 
et  au  clocher  par  l'escalier  en  spirale  ménagé  dans  la  tourelle 
de  la  façade  ouest. 

Quelques  pierres  lumulaires  sont  encastrées  dans  le  pave- 
ment de  l'église;  on  devra  les  appliquer  contre  les  murs 
intérieurs  lors  de  la  restauration  du  temple;  ce  sont  des 
documents  intéressants  pour  l'histoire  locale  ;  à  ce  litre,  ils 
doivent  être  conservés  avec  soin. 

Un  bas-relief  intéressant  représentant  les  manants  de 
Houdeng  venant  solliciter  de  Fier-à-bras,  seigneur  de  Velle- 
reille  et  de  Familleureux,  le  pardon  des  outrages  qu'ils  lui 
ont  faits,  ainsi  qu'une  petite  statue  de  la  Sainte-Vierge,  l'un 
et  l'autre  du  xve  siècle,  ont  pu  être  sauvés  lors  de  l'incendie. 
On  les  rétablira  dans  l'église  restaurée  à  leur  place  respective. 

Un  Ecce-Homoen  pierre  est  adosséà  l'extérieur  du  chevet; 
cette  œuvre,  qui  ne  manque  pas  de  mérite,  devra  être  éga- 
lement réintégrée  dans  l'église.  On  fera  bien  de  l'abriter  en 
attendant  que  celte  mesure  puisse  être  prise. 

—  Il  a  été  procédé,  le  13  octobre  1902,  à  l'inspection  des  écu*  de  Bn<c. 
travaux  d'agrandissement  et  de  restauration  de  l'église  de 
Brée. 


—  «76  — 

MM.  l'abbé  Daniels,  Jantiné  el  Van  Neuss,  membres  du 
Comité  des  correspondants  de  la  province  du  Limbourg, 
assistaient  à  celte  inspection. 

L'entreprise  dont  il  s'agit  est  sur  le  point  d'être  terminée. 

Les  travaux  ont  été  exéeutés  avec  tous  les  soins  dési- 
rables. 

Bâtie  en  pierres  jaunes  de  Fauquemont,  l'église  de  Brée 
constitue  un  édifice  d'une  réelle  valeur  artistique,  <F  un  carac- 
tère imposant.  L'intérieur  surtout,  avec  ses  cinq  ne£s, 
présente  un  aspect  majestueux  où  abondent  les  points  de 
vue  pittoresques. 

En  résumé,  l'édifice  est  réussi  sous  tous  les  rapports  et  il 

y  a  lieu  de  féliciter  les  auteurs  qui  ont  si  bien  tiré  parti, 

pour  l'agrandir,  de  la  disposition  du  terrain  et  des  parties 

conservées  de  l'ancienne  église. 

Elu*  —  I-e  projet  soumis  en  vue  de  l'agrandissement  de  l'église 

de  Brnu«fb«ro  .  „ 

de  Brusseghem  a  fait  I  objet  dun  examen,  sur  place,  le 
2  octobre  1903,  de  concert  avec  M.  Dumortier,  membre  du 
Comité  des  correspondants  du  Brabant. 

Après  une  longue  étude,  il  a  été  reconnu  que  le  parti  le 
plus  avantageux  pour  conserver  l'orientation  du  temple  et 
répondre  aux  besoins  d'une  population  qui  s'accroît  sensi- 
blement, était  de  prolonger  les  bas- côtés  vers  l'ouest,  de 
reculer  la  tour  et  d'ajouter  deux  travées  à  la  nef. 

En  raison  de  la  proximité  d'une  voie  charretière  en  contre- 
bas du  mur  qui  ceint  le  cimetière,  l'extension  ne  se  prèle 
pas  du  côté  du  sanctuaire,  tandis  qu'elle  est  praticable  vers 
la  façade  principale  en  absorbant  un  chemin  qui,  adminis- 
trativemenl  condamné,  va  être  reporté  et  élargi  un  peu  plus 
loin. 


—  177  — 

Celte  opération  de  voirie  dotera  même  l'église  d'un  petit 
parvis. 

La  tour  qu'il  s'agit  de  démolir,  a  marqué  les  débuts  de  la 
construction  de  l'édifice.  Elle  remonte  à  la  fin  du  xv* siècle» 
Bâtie  en  moellons  extérieurement,  intérieurement  jusqu'à 
la  hauteur  des  cod  Ire  forts,  les  rides  qui  sillonnent  ses  faces 
massives  ne  sont  pas  imputables  uniquement  à  l'âge.  Ses 
lézardes,  ses  fissures  proviennent  surtout  des  fondations 
défectueuses  et  insuffisantes  qui  la  supportent;  des  ancrages 
la  maintiennent  de  tous  côtés.  Son  mérite  réside  dans  l'an- 
cienneté. Il  conviendra  de  la  rétablir  dans  ses  dispositions 
actuelles  pour  perpétuer  le  souvenir  de  ce  témoin  d'un  passé 
lointain.  L'auteur  ne  dérogera  à  l'ordonnance  générale  que 
par  l'exhaussement  des  contreforts  et  le  placement  des 
cadrans  sous  les  abat-son. 

Le  chœur  pen  lagon  al,  qui  est  la  portion  la  plus  soignée, 
architecluralement  parlant,  ne  manque  pas  de  caractère.  Il 
date,  ainsi  que  les  transepts,  du  commencement  du  xvi*  siècle. 
Son  appareil  est  identique  â  celui  de  la  tour.  L'inéluctable 
travail  du  temps  ne  l'a  pas  épargné.  Il  importera  de  le  sou- 
mettre à  une  restauration  entendue  sitôt  l'achèvement  de 
l'agrandissement. 

Ombrée  par  des  bouquets  d'arbres,  entourée  de  labours 
et  de  maisonnettes,  l'église  de  Brusseghem,  qui  est  rangée 
dans  la  3*  classe  des  monuments,  s'élève  au  sommet  d'un 
plateau  herbu. 

Celte  construction  ogivale,  en  pierres  grises,  a  un  aspect 
ramassé.  La  tour,  que  surmonte  une  flèche  élancée  couverte 
d'ardoises,  constitue  à  peu  près  le  tiers  de  la  superficie  du 
monument.  Les  charpentes,  contemporaines  de  son  érection, 


—  ils  — 

étant  intéressantes  et  en  excellent  état  de  conservation,  leur 
remise  en  œuvre  dans  la  réfection  est  tout  indiquée. 

Il  a  été  recommandé  à  M.  Dhaeyer,  venu  sur  les  lieux, 
de  s'inspirer,  dans  le  remaniement  de  son  projet,  pour  les 
parties  à  créer,  des  types  existant  ou  à  découvrir  dans 
l'église  :  bases  de  colonnes,  chapiteaux,  moulures,  culs-de- 
lampes,  etc. 
ÊfiiM         —  Il  a  été  procédé,  le  39  septembre  1 902,  à  l'examen  de 

deSaiol-MarUo, 

iRentii.  |a  nouvelle  série  de  meubles  installés  dans  l'église  de  Saint- 
Martin,  à  Renaix. 

M.  Serrure,  membre  du  Comité  des  correspondants  de  la 
Flandre  orientale,  assistait  à  cet  examen. 

Les  meubles  en  question  se  composent  : 

Des  autels  de  la  Sainte-Vierge  et  de  Saint-Joseph  ; 

De  quatre  confessionnaux  ; 

De  quatre  crédences  ; 

Du  banc  de  communion  devant  la  chapelle  du  Saint- 
Sacrement  ; 

De  la  clôture  du  chœur  ; 

Des  clôtures  des  chapelles  de  la  Sainte- Vierge  et  de  Saint- 
Joseph  ; 

De  l'autel  du  Saint-Sacrement  ; 

De  la  chaire  à  prêcher. 

Tous  ces  objets  ont  été  exécutés  avec  soin.  En  conséquence, 
rien  n'empêche  de  liquider  les  subsides  y  afférents. 

Il  résulte  de  renseignements  fournis  sur  place  que  l'exé- 
cuteur des  grilles  de  clôture  du  chœur  et  des  chapelles  n'a 
eu  à  sa  disposition,  lors  de  la  rédaction  de  sa  soumission, 
que  des  dessins  d'ensemble,  les  détails  d'exécution  n'étant 
pas  dressés  à  cette  époque.  Il  se  fait  que  ce  soumissionnaire 


—  t79  — 

n'a  pu  se  rendre  exactement  compte  de  l'importance  réelle 
de  son  entreprise;  par  suite,  celle-ci  lai  a  imposé  un  travail 
plus  complexe  que  celui  auquel  il  était  en  droit  de  s'attendre, 
de  sorte  qu'il  se  trouve  en  présence  d'une  perte  d'argent 
au  lieu  d'un  bénéfice. 

Il  semble  équitable  de  lui  en  tenir  compte  en  lui  allouant 
une  certaine  indemnité  à  répartir  entre  les  diverses  adminis- 
trations intervenant  dans  la  dépense,  d'autant  plus  que 
malgré  l'éventualité  d'une  perte  sèche,  ce  modeste  entre- 
preneur s'est  acquitté,  de  la  façon  la  plus  consciencieuse,  de 
l'important  travail  qui  lui  était  confié. 

Dans  l'intérêt  de  la  conservation  de  la  belle  église  de 
Saint-Martin,  dont  la  construction  est  1res  réussie,  il  importe 
de  la  préserver  des  atteintes  de  l'humidité  en  dotant  tout  son 
pourtour  d'un  bon  trottoir  en  pavés  posés  au  mortier  et  de 
paver  la  petite  cour  à  côté  de  la  sacristie. 

Dans  le  même  but,  il  est  prudent  d'établir  des  contre-murs 
autour  du  presbytère  partout  ou  le  terrain  du  jardin  est  en 
contact  avec  les  murs  de  l'habitation. 

—  Il  a  été  procédé,  le  26  octobre  1902,  à  l'examen      t9u$» 

tic  Laroche 

dune  nouvelle  partie  de  meubles  placés  dans  l'église  de 
Laroche. 

MM.  le  comte  de  Limburg-Slirum  et  Sibenaler,  délégués 
du  Comité  des  correspondants  du  Luxembourg,  assistaient 
à  cet  examen. 

Les  orgues,  bien  que  divisées  en  deux  buffets,  donnent 
pleine  satisfaction  tant  au  point  de  vue  du  travail  que  de  la 
sonorité. 

La  chaire  à  prêcher  est  également  reçue,  mais  sous  la 
réserve  de  raccorder  la  balustrade  de  l'escalier  avec  la  cuve 


—  180  — 

et  de  faire  disparaître  la  teinte  noire  trop  visible  du  rejoio- 
toyage  des  pierres. 

La  statue  du  Sacré-Cœur  qui  se  trouve  dans  le  trumeau, 
entre  les  deux  fenêtres  au-dessus  du  maître- autel,  n'est  pas 
suffisamment  éclairée;  c'est  à  peine  si  on  la  remarque.  II  y 
aurait  lieu  de  la  placer  à  un  endroit  plus  apparent,  sur  un 
piédestal  isolé. 

Quant  aux  deux  statues,  dont  une  de  Saint-Nicolas,  patron 
de  l'église  de  Laroche,  placées  actuellement  au-dessus  du 
portail-tambour  de  l'entrée  de  droite,  elles  pourront  provi- 
soirement être  installées  au-dessus  des  deux  portes  du  chœur 
de  l'église  donnant  accès  à  la  sacristie.  En  tous  cas,  on  ne 
peut,  à  aucun  prix,  les  attacher  aux  deux  gros  piliers  du 
transept,  où  elles  briseraient  l'aspect  de  Tare  triomphal. 

Les  couleurs  rouges  et  bleues  du  fond  des  vitraux  du 
chœur  seront  remplacées  par  des  teintes  diaprées  moins 
voyantes. 

La  Vierge  qui  se  trouve  au  centre  du  vitrail  de  gauche, 
qu'il  avait  été  question  de  remplacer  par  une  véritable  Notre- 
Dame  de  Luxembourg,  pourra  être  maintenue  à  raison  de 
son  cachet  artistique.  L'image  de  Notre-Dame  de  Luxem- 
bourg se  trouve  d'ailleurs  déjà  dans  la  partie  supérieure  de 
la  même  verrière. 

Le  monument  élevé  par  le  conseil  communal  et  les  habi- 
tants de  la  ville  de  Laroche  à  la  mémoire  de  feu  M.  Edouard 
Orban  de  Xivry,  Gouverneur  de  la  province  de  Luxembourg, 
œuvre  remarquable  du  sculpteur  Vermeylen,  gagnera  à 
l'exécution  de  quelques  légers  travaux  d'ornementation  en 
ce  qui  concerne  l'épitaphe  ainsi  que  les  armoiries  de  la 
province  et  de  la  ville  de  Laroche  :  celles-ci  pourront  être 


—  181  — 

peintes  de  façon  à  indiquer  les  émaux  et  les  métaux  selon  la 
science  héraldique.  D'autre  part,  les  lettres  composant  l'épi- 
(aphe  seront  en  ton  rouge,  afin  que  le  visiteur  puisse  mieux 
lire  l'inscription,  un  peu  sombre,  par  la  nature  même  de  la 
pierre  employée  (i). 

Le  genre  et  le  style  de  ce  monument  ont  été  inspirés  par 
un  ancien  monument  dont  il  forme  pendant,  lequel  a  été 
érigé,  en  158 S,  à  la  mémoire  de  la  famille  de  Waha  de 
Baillonville. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président  de  la  Commission, 
la  délégation  a  engagé  les  membres  présents  de  l'adminis- 
tration communale  et  les  fabriciens  à  ne  pas  se  presser  pour 
effectuer  des  travaux  de  polychromie  à  l'importante  église 
de  Laroche  et,  le  cas  échéant,  à  ne  confier  ce  travail  qu'à 
des  artistes  de  talent  en  prenant,  au  préalable,  l'avis  de 
l'architecte  auteur  de  l'édifice  et  de  la  Commission  royale 
des  monuments. 

Le  mobilier  prévu  pour  l'église  de  Laroche  étant  terminé 
et  approuvé,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  peinture  des  volets 
du  mailre-autel,  qui  devra  être  refaite,  rien  n'empêche  de 
liquider  le  subside  alloué  sur  les  fonds  des  Beaux-Arts  en 
vue  de  celte  entreprise. 


(0  Voici  le  texte  de  cette  inscription  : 

«  Le  conseil  communal  et  les  habitants  de  la  ville  de  Laroche  ont  élevé 
b  ce  monnment  à  la  mémoire  du  baron  Edouard  Orban  de  Xivry,  le  très 
»  aimé  Gouverneur,  né  en  leur  ville,  le  28  septembre  1858,  frappé  dans 
»  l'exercice  de  ses  fonctions  et  décédé  à  Arlon,  le  26  janvier  1901.  Vous 
i  tons  qui  visitez  cette  église,  priez  Dieu  pour  le  repos  de  l'âme  de  cet 
»  homme  de  bien,  mort  victime  de  &a  charité  envers  un  pauvre  insensé 
•  auquel  il  pardonna  généreusement.  » 


—  18)  — 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 


Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 

ÉeiiM  1°  Le  projet  de  divers  travaux  de  restauration  et  d'amé- 

nagement  à  exécuter  à  régi i se  de  Pétigny  (Namur)  ;  archi- 
tecte, M.  Lange; 

É«iiM  9°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Léglise 
(Luxembourg)  ;  architecte,  H.  Gupper  ; 

SfiiM  3°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Saint-Joseph, 

luîmUSSL'  à  La  Louvière  (Hainaut);  architecte,  H.  Draily; 

ggiiM  4°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  répa- 

ration à  l'église  de  Furnaux  (Namur)  ; 

feu*  5°  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  d'An- 

d'Auaenelle. 

denelle  (Namur);  architecte,  M.  Simon; 
Égibe  6°  Le  projet  relatif  au  renouvellement  de  la  toiture  de  la 

flèche  de  l'église  de  Vilrival  (Namur)  ; 
Êgiiic  <io  vacbt.     7°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Vucht  (Lim- 

bourg);  architecte,  M.  Marlens; 
Égi»e  8°  Le  projet  concernant  des  travaux  de  restauration  à effec- 

d'Haulrages* 

tuer  à  l'église  d'Haulrages  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Lhœst  ; 
Église  9*  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Vloer- 

de  Vlocrscgcm. 

segem  (Flandre  orientale),  à  la  condition  que  l'on  aura  égard 
aux  observations  émises  par  M.  l'architecte  provincial; 
Égii»c  10°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Husseignies 

de  Husseignies.  r      *  ^  ° 

(Hainaut).  Au  cours  de  l'exécution  de  l'entreprise,  l'archi- 
tecte, M.  Dufour,  devra  examiner  s'il  ne  serait  pas  possible 
d'augmenter  l'élévation  de  la  nef  centrale  en  établissant  la 
voûte  en  bardeaux  au-dessus  des  entrails  et  en  laissant 
visibles  ces  derniers  ; 


—  185  — 

H*  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  res-      *«»«, 

■  •  de  NieowenlioTe. 

tauration  à  l'église  de  Nieuwenhove  (Flandre  orientale)  ; 
architecte,  H.  Birmant; 
12°  Le  projet  de  travaux  complémentaires  de  restauration      éciîm 

r     J  r  d'Eitairoboorg. 

à  effectuer  à  l'église  d'Estaimbourg  (Hainaut)  ;  architecte, 
M.  Cordonnier; 
13*  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de      Egiiaa 

■  •  ^  de  Linsmean. 

Linsmeau  (Brabant);  architecte,  M.  Langerock; 

14°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  toitures  de      U\<* 
l'église  d'Haulchin  (Hainaut)  ;  architecte,  M.  Simon; 

15°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église      êcum 

r     J  °  d'Eeckeren. 

d'Eeckeren  (Anvers)  ; 
16"  Le  projet  d'une  nouvelle  série  de  travaux  de  restau-      Égu*  „ 

r     *  de  Westmalle. 

ration  et  d'agrandissement  à  effectuer  à  l'église  de  Westmalle 
(Anvers)  ;  architecte,  M.  Gife  ; 
17°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Ver-      u*« 

.  \  deVlnrjck.. 

tryck  (Brabant)  et  à  la  construction  d'une  sacristie  à  cet 
édifice;  architecte,  M.  Langerock; 
18°  Le  projet  d'une  troisième  série  de  travaux  de  restau-      fi*** 

1       *  de  BaintJacqaes, 

ration  à  exécuter  à  la  tour  de  l'église  de  Saint-Jacques,  à     kAntew- 
Anvers;  architectes,  MM.  Blomme  frères  ; 

19*  L'avant- projet  d'une  nouvelle  catégorie  de  travaux  à  ta* 
exécuter  pour  la  restauration  de  l'église  de  Walcourl(Namur). 
On  devra  combiner  l'aménagement  de  la  sacristie  nouvelle 
de  façon  à  utiliser  les  armoires  et  les  boiseries  en  style  du 
xviu'  siècle  qui  se  trouvent  dans  la  sacristie  actuelle.  La 
Commission  n'a  cessé  d'insister,  à  chacune  de  ses  visites, 
dans  ce  sens  ;  l'importance  artistique  de  ces  boiseries  oblige 
à  les  conserver  avec  le  plus  grand  soin  ;  architecte,  M.  Lan- 
gerock; 


—  184  — 
«giiM         20°  Le  projet  relatif  à  la  reconstitution  des  entrées  primi- 

deSiint-BaTOQ,  r     4  r 

àc.nd.  tjves  (je  ja  çpyp^  je  ja  cathédrale  de  Saint-Bavon,  à  Gand 
(Flandre  orientale),  sous  la  réserve  qu'il  sera  tenu  compte 
des  observations  présentées  par  M.  l'architecte  provincial, 
dans  son  rapport  du  6  juin  1902,  à  l'exception  de  l'obser- 
vation n°  1  :  il  parait  préférable,  en  effet,  de  maintenir  la 
largeur  de  l'escalier  telle  qu'elle  figure  au  plan  adopté.  Pour 
ce  qui  concerne  les  garde-corps  en  fer  forgé,  il  importe  de 
les  mettre  en  rapport  avec  la  simplicité  de  l'ensemble  de  la 
construction;  architecte,  M.  Van  Âssche; 

compu.        21°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  aux 

de  travaux 
d«  re.Uuratio«.    égjjses  de  l 

Sainl-Gommaire,  à  Lierre  (Anvers)  :  exercice  1901  ; 
Saint-Hubert  (Luxembourg)  :  trois  premières  séries  d'ou- 
vrages. 
.ÉtiiM  —  Le  projet  soumis  en  vue  de  la  restauration  de  l'église 

de  Ramsappellc 

lexNieoport.  <je  Ramscappelle  lez  Nieuport  (Flandre  occidentale),  a  fait 
l'objet  d'un  examen,  sur  place,  le  21  août  1902. 

M.  van  Roymbeke,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants, assistait  à  cet  examen. 

Ainsi  que  le  déclare  M.  van  Ruymbeke  dans  son  intéressant 
et  très  complet  rapport  du  26  mars  1902,  aux  conclusions 
duquel  le  Comité  des  correspondants  s'est  rallié,  beaucoup 
de  travaux  prévus  sont  inutiles,  d'autres  sont  inadmissibles 
et  n'ont  pour  but  que  de  chercher  à  enjoliver,  à  tort,  la 
construction  actuelle,  qui  est  fort  intéressante. 

Le  projet  présenté  doit,  en  conséquence,  faire  l'objet  d'une 
nouvelle  et  sérieuse  étude.  L'auteur  devra  se  borner  à  y 
prévoir  les  travaux  strictement  indispensables  pour  mettre 
l'édifice  en  bon  état  d'entretien  sans  changer  aucune  forme, 


—  185  — 

sans  y  ajouter  aucun  élément  dont  l'existence  primitive  n'est 

pas  absolument  démontrée. 

Avant  de  se  livrer  à  cette  étude,  l'architecte  devra  faire 
dérocher  et  mettre  à  nu,  à  l'intérieur,  quelques  parties  du 
monument,  notamment  une  travée  complète  et  rechercher 
l'ancienne  disposition  de  la  voûte  en  bardeaux  masquée  par 
un  plafonnage  moderne. 

■ 

Les  travaux  à  faire  en  premier  lieu  doivent  consister  dans 
la  restauration  des  toitures,  des  gouttières,  rejointoyage  des 
maçonneries,  etc.  Toutefois,  les  travaux  de  rejointoyage 
devront  être  bornés  au  strict  nécessaire,  c'est-à-dire  au 
remplissage  des  joints  ouverts  et  de  ceux  qui  menacent  de 
s'ouvrir;  tous  les  joints  qui  sont  en  bon  état  doivent  être 
rigoureusement  respectés.  On  ne  pourra  employer  le  ciment 
pour  les  rejoinloyages,  cette  matière  n'est  pas  recomman- 
dable  pour  des  ouvrages  de  l'espèce.  Il  faut  prévoir  un  bon 
mortier  composé  de  chaux  et  de  sable  rude. 

Il  faut  conserver  aux  parements  extérieurs,  aux  seuils, 
cordons,  larmiers,  etc.,  toutes  les  briques  ou  pierres  qui 
sont  susceptibles  d'être  maintenues  sans  inconvénient  ;  par 
conséquent,  on  doit  remplacer  le  moins  possible  de  maté- 
riaux. 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'établir  des  corniches  au  pied  des 
toitures  ;  il  n'y  en  a  pas  eu  autrefois  ;  de  simples  gouttières 
sur  crochets  suffisent,  elles  auront  pour  résultat  de  ne  pas 
changer  l'aspect  de  la  construction. 

A  la  façade  est  des  nefs,  l'auteur  trouvera,  dans  les  fenê- 
tres bouchées,  d'excellents  modèles  d'anciens  réseaux  en 
briques  moulurées  pour  le  rétablissement  des  meneaux  et 
réseaux  des  autres  fenêtres  de  l'édifice. 


—  186  — 

On  ne  pourra  employer  la  pierre,  dans  les  travaux  de 
restauration,  que  là  où  il  en  existe  actuellement,  c'est-à-dire 
à  quelques  soubassements  et  aux  angles  des  contreforts.  En 
tous  cas,  remploi  de  la  pierre  bleue  doit  être  évité. 

L'arc  triomphal  doit  être  respecté. 

Il  est  inutile  d'ouvrir  les  deux  fenêtres  aux  extrémités 
occidentales  des  nefs  latérales. 

Le  petit  perron  adossé  à  la  face  nord  de  la  tour  doit  être 
conservé,  c'est  un  souvenir  historique  ;  par  suite,  la  fenêtre 
derrière  ce  perron  restera  blindée. 

L'arc  en  anse  de  panier  de  la  porte  occidentale  et,  en 
général,  tous  les  autres  arcs  que  l'architecte  propose  de 
modifier  doivent  être  conservés  intacts;  il  ne  faut  apporter 
aucune  modification  aux  dispositions  archilectoniques  de 
cet  intéressant  monument;  pour  la  même  raison,  la  partie 
supérieure  de  la  tour  et  la  flèche  doivent  rester  telles  qu'elles 
sont.  Il  ne  faut  pas  de  meneaux  aux  abat-son  et  il  est  inutile 
d'établir  des  larmiers  au-dessus  des  cadrans,  ces  éléments 
n'existant  pas  actuellement. 

Les  ancrages  de  la  tour  doivent  rester  intacts,  sans  ajoute 
d'aucune  ornementation. 

Les  pignons  ne  doivent  subir  aucune  modification  ;  on  les 
restaurera  simplement  sans  les  couvrir  de  rampants  en 
pierre  et  sans  les  surmonter  d'une  croix.  Ce  dernier  emblème 
ne  doit  pas  être  prodigué. 

On  devra  prévoir,  au  projet,  les  moyens  à  employer  pour 
assurer  le  libre  écoulement  des  eaux  pluviales  tout  autour 
de  l'édifice. 

Une  nouvelle  élude  du  projet  de  sacristie  est  indispen- 
sable; il  y  a  lieu,  pour  ce  bâtiment,  de  s'inspirer  du  style 


—  187  — 

local  et  d'y  employer  exclusivement  des  briques  du  type  des 
anciennes. 

Il  est  visible  que  le  pavement  du  chœur  a  été  surélevé; 
on  peut  donc  prévoir  son  abaissement  au  niveau  pri- 
mitif. 

Rien  n'empêche  de  remonter  un  peu  le  plancher  du  jubé; 
son  peu  d'élévation  constitue  une  gène  sérieuse  pour  le 
passage  des  processions. 

Les  surfaces  plates  en  briques  des  murs  doivent  être 
dérochées  ;  elles  seront  ensuite  recouvertes  d'un  léger  enduit 
sons  forme  de  badigeon,  comme  on  le  faisait  autrefois; 
quant  aux  encadrements  moulurés  en  briques  et  aux  meneaux 
des  fenêtres,  aux  colonnes  et  aux  moulures  intérieures,  rien 
ne  m  pèche  de  les  laisser  apparents. 

Les  stalles  et  les  clôtures  entre  les  colonnes  doivent  être 
maintenues  tout  en  les  appropriant  ;  tout  au  plus  pourra-t-on 
enlever  l'enveloppe  en  bois  des  colonnes.  Par  contre,  on 
peut  enlever  les  lambris  insignifiants  appliqués  contre  les 
murs  latéraux  qui  empiètent  sur  le  seuil  primitif  des  fenêtres; 
le  bois  à  en  provenir  pourra  être  utilisé  pour  la  confection 
d'armoires  dans  la  nouvelle  sacristie. 

Les  confessionnaux  trouveront  un  emplacement  très  con- 
venable au  fond  des  nefs  latérales,  sous  les  fenêtres  bouchées. 

Un  Saint-Sépulcre  intéressant  existe  dans  la  nef  latérale 
nord  ;  il  devra  être  conservé  avec  soin  et  l'architecte  étudiera 
un  projet  d'appropriation  de  l'arcade  qui  le  surmonte. 

Deux  statuettes  en  bois  de  la  Sainte- Vierge  et  de  Saint- 
Jean  sont  conservées  dans  l'église;  elles  proviennent  sans 
doute  de  l'ancienne  croix  triomphale  qu'il  conviendra  de 
rétablir. 


—  188  — 

s.iDu£m.io.  —  11  a  été  procédé,  le  22  août  1 902,  à  l'inspection  des 
travaux  de  restauration  en  voie  d'exécution  à  Téglise  de 
Saint-Germain  (Namur). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  l'entreprise  s'effectue  dans 
de  très  bonnes  conditions. 

Le  mur  nord  de  la  haute  nef  surplombe  d'environ  23  cen- 
timètres sur  une  certaine  longueur  vers  le  chœur  et  est 
courbé  vers  l'extérieur  à  sa  partie  supérieure  ;  par  suite,  la 
corniche  produit  une  courbe  semblable.  L'architecte  propo- 
sait de  rectifier  cette  courbe  en  employant  des  corbeaux  de 
différentes  saillies.  Ce  travail  ne  produirait  pas  un  bon  effet. 
Les  corbeaux  doivent  avoir  une  saillie  régulière.  On  pourra 
maintenir  plane  la  surface  de  la  toiture  en  ajoutant  au  pied 
de  celle-ci,  à  la  partie  courbe,  de  petits  coyaux  qui  ne  seront 
guère  visibles  de  l'extérieur.  Il  faudra  ancrer  soigneusement 
les  entraits  de  la  charpente  pour  neutraliser  la  poussée  des 
murs. 

Pour  les  plafonds  en  chêne,  l'architecte  devra  avoir  soin 
de  bien  s'inspirer  du  type  des  anciens. 

La  pente  des  toitures  des  bas-côtés  devra  être  ramenée  à 
son  ancienne  inclinaison,  de  façon  à  conserver  aux  fenêtres 
de  la  haute-nef  leur  hauteur  primitive  qui  a  été  diminuée 
par  le  bas. 

Le  crépissage  intérieur  devra  être  très  mince  et  exécuté 
au  mortier  rugueux  comme  on  le  faisait  anciennement,  à 
l'exclusion  du  plâtre  ;  il  ne  faut  pas  que  ce  crépi  soit  tracé 
à  la  règle,  il  importe  qu'il  suive  les  irrégularités  des  murs 
comme  s'il  était  exécuté  à  la  brosse. 

Il  est  nécessaire  que  l'architecte  produise,  à  bref  délai,  un 
plan  d'ensemble  des  abords  de  l'édifice  indiquant  les  trottoirs 


—  189  — 

à  y  établir,  le  déchaussement  du  côté  nord  et  tous  les  moyens 
à  mettre  en  œuvre  pour  éviter  que  les  eaux  pluviales  ne 
séjournent  au  pied  des  murs. 

—  Pour  se  prononcer  sur  le  projet  relatif  à  la  restauration  égiiu  de  f***. 
intérieure  de  l'église  de  Fosses,  la  Commission  a  jugé  utile 
de  faire  établir,  dans  le  chœur  de  cet  édifice,  à  la  place  qu'il 
doit  occuper,  un  fac-similé  de  l'un  des  escaliers  projetés  pour 
donner  accès  au-dessus  des  voûtes  de  la  crypte. 

L'examen  de  ce  fac-similé  a  eu  lieu  le  23  octobre  1902, 
de  concert  avec  MM.  le  chanoine  Sosson,  Baron  del  Marmol, 
Boveroulle  et  Dardenne,  membres  du  Comité  des  correspon- 
dants de  la  province  de  Namur.  Il  en  résulte  que  la  largeur 
indiquée  au  projet  pour  les  escaliers  précités  est  exagérée  ; 
une  largeur  approximative  d'un  mètre  vingt  centimètres 
suffit.  On  devra  établir  ces  escaliers  contre  les  murs  latéraux 
du  chœur  de  façon  à  ménager  le  plus  d'espace  possible  aux 
deux  côtés  de  l'autel  en  vue  de  la  facilité  des  cérémonies  du 
culte.  Pour  la  même  raison,  cet  autel  sera  adossé  au  mur 
du  fond. 

Les  escaliers  devront  avoir  leur  départ  plus  près  du  mur 
du  fond  ;  les  marches  seront  réduites  à  une  profondeur 
strictement  nécessaire  afin  de  réduire,  dans  la  mesure  du 
possible,  le  développement  des  escaliers. 

Il  est  désirable  qu'on  renonce  au  fer  pour  les  garde-corps 
des  escaliers  et  de  la  voûte  au-dessus  de  la  crypte.  Il  importe 
d'adopter  la  pierre,  laquelle  était  en  usage  à  l'époque  romane 
et  de  rester  dans  une  grande  simplicité. 

Les  trois  marches  qui  se  trouvent  à  l'extrémité  des  stalles, 
dans  le  chœur,  devront  être  reculées  vers  l'autel,  au  delà  de 
l'emplacement  choisi  pour  établir  le  banc  de  communion. 


—  190  — 

ÊgiiM.d*        —  Au  cours  des  travaux  de  restauration  du  croisillon  de 

Satote-Gertrade, 

«  Nielle..  )a  co||égiale  de  Sainte-Gertrude,  à  Nivelles,  il  a  été  constaté 
que  le  grand  arc  occidental  dudit  croisillon  a  été  élargi  et 
surélevé  au  xvii*  siècle,  comme  l'arc  oriental  du  même  croi- 
sillon. 

Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  90  octo- 
bre 1902,  que  le  rétablissement  de  l'arc  occidental,  dans 
ses  dimensions  primitives,  s'impose  comme  un  complément 
nécessaire  de  la  restauration  commencée.  On  devrait  exécuter 
ce  travail  sans  retard  pour  profiter  des  échafaudages  élevés 
dans  le  croisillon.  Le  dessin  joint  au  dossier  rétablît  l'arc 
primitif. 

Ainsi  que  le  propose  le  conseil  de  fabrique,  ce  complément 
de  l'entreprise  semble  pouvoir  être  effectué  sur  le  pied  des 
conditions  du  cahier  des  charges  des  travaux  en  cours. 

Le  conseil  de  fabrique  demande  aussi  l'autorisation  de 
faire  rejoinloyer  le  pignon  du  chœur,  à  l'extérieur,  travail 
non  prévu.  Rien  n'empêche  d'accéder  à  ce  désir.  Toutefois, 
le  rejointoyage  devra  être  fait  en  recherche,  au  mortier 
ordinaire  et  seulement  aux  endroits  où  les  joints  sont  ouverts, 
en  suivant  l'irrégularité  des  joints,  en  ayant  soin  d'imiter  le 
rejointoyage  primitif  et  de  n'empiéter  en  aucune  façon  sur 
les  matériaux.  Il  importera  de  faire  d'abord  un  essai  de 
rejointoyage  que  des  délégués  iront  voir  avant  de  poursuivre 
ce  travail  très  important  au  point  de  vue  archéologique. 

Les  travaux  de  restauration  entrepris  à  la  collégiale  de 
Nivelles  se  poursuivent  dans  des  conditions  satisfaisantes; 
ils  sont  très  avancés.  Le  chœur  est  presque  terminé.  La 
crypte  est  terminée.  L'un  et  l'autre  rendent  à  celte  antique 
collégiale  l'aspect  sévère  et  harmonieux  propre  au  style 


—  191  — 

roman  dans  lequel  elle  a  été  édifiée.  Le  résultat  obtenu  est 
heureux  au  triple  point  de  vue  artistique,  archéologique  et 
pittoresque. 

On  s'occupe  actuellement  du  croisillon  du  transept.  Pour 
cette  dernière  partie  il  se  présente  certaines  difficultés  pour 
la  solution  desquelles  il  conviendra  de  faire  une  étude  appro- 
fondie basée  sur  des  relevés  très  exacts  en  vue  de  rechercher 
la  situation  primitive. 

Lors  de  la  visite,  il  a  été  question  de  rétablir  les  astragales 
des  deux  piliers  extrêmes  de  la  crypte,  vers  l'orient,  lesquels 
ont  été  abattus.  Ce  rétablissement  n'est  pas  nécessaire,  il 
offrirait  d'ailleurs  des  difficultés;  il  suffit  qu'on  voie  que  ces 
astragales  ont  existé.  On  ne  doit  pas  davantage  s'occuper 
des  petites  avaries  qu'on  remarque  à  certaines  colonnes  de 
la  cryple;  elles  n'ont  aucune  influence  sur  l'aspect  d'en- 
semble du  vénérable  monument. 

A  l'entrée  du  chœur  se  remarquent  des  vestiges  d'archi- 
tecture gothique.  Il  importe  d'opérer  des  investigations  et 
des  fouilles  pour  tâcher  de  retrouver  ce  qu'il  y  avait  là  au 
xin*  siècle  et  en  tirer  parti,  au  besoin. 

Le  Secrétaire, 

A.  Massaux. 
Vu  en  conformité  de  l'art.  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Ch.  Lagasse-de  Locht. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  PRÉPARATOIRE 

du  4  octobre  1902,  à  2  heures. 


Présidence  de  M.  Lagabse-de  Locht. 


Membres  effectifs  présents  :  MM.  Helleputle  et  Helbig, 
vice- présidents  ;  Acker,  Blommc,  Bordiau,  Cluysenaar, 
Delacenscrie,  Reusens,  Van  Assche,  Van  Wint  et  Vinçolte  ; 
Massaux,  secrétaire. 

Membres  correspondants  présents  :  MM.  Dardenne,  Van 
Leempulten,  Schuermans,  DeCeuIeneer,  Boveroulle,  Hubert, 
Dumortier,  Vau  Biesbroeck,  Serrure  (de  Gand);  Désirée  et 
Sibenaler,  respectivement  secrétaires  des  Comités  du  Bra- 
banl  et  du  Luxembourg. 

Se  sont  fait  excuser  :  MM.  les  Gouverneurs  des  provinces 
du  Brabant  et  de  Namur,  Donnet  et  De  Waele. 

M.  le  Président  se  fait  l'interprète  de  l'assemblée  en  expri- 
mant tous  ses  regrets  de  l'absence  de  MM.  h  s  Gouverneurs 
du  Brabant  et  de  Namur.  Il  remercie  MM.  les  membres 
correspondants  qui  ont  bien  voulu  se  rendre  à  la  réunion. 

H  donne  lecture  du  texte  des  art.  68  et  69  du  règlement 
ayant  rapport  aux  séances  préparatoires. 

M.  le  Gouverneur  de  la  province  de  Namur  a  fait  par- 
venir une  proposition  tendante  à  fixer  dorénavant  la  séance 
générale  à  40  heures.  On  pourrait  déjeuner  en  commun 
vers  2  heures,  de  sorte  que  les  personnes  habitant  la  pro- 


—  \u  — 

vince  pourraient  rentrer  chez  elles  par  l'un  des  premiers 
trains  de  la  soirée.  Il  est  décidé  que  cette  proposition  sera 
soumise  à  l'assemblée  générale  du  6  octobre.  Gomme  amen- 
dement, M.  Scbuermans  propose  de  fixer,  comme  antérieu- 
rement, les  deux  réunions  à  deux  jours  ouvrables  sans 
intervalle.  Renvoi  également  à  l'avis  de  l'assemblée  géné- 
rale. 

M.  Schuermans  demande  que  l'on  supprime  du  para- 
graphe 6  de  l'ordre  du  jour  la  mention  des  travaux  de  con- 
solidation de  l'abbaye  de  Villers,  ou  tout  au  moins  qu'elle 
soit  reportée  à  la  fin  de  l'ordre  du  jour. 

M.  Helleputle,  premier  vice- président,  remplace  M.  La- 
gasse-de  Locht  au  fauteuil  de  la  présidence. 

M.  Lagasse  combat  la  proposition  de  M.  Schuermans, 
mais  ne  voit  pas  d'inconvénient  à  ce  que  la  discussion  sur 
l'abbaye  de  Villers  soit  remise  à  la  fin  de  la  séance. 

L'assemblée  -décide  que  cette  mention  sera  maintenue  à 
l'ordre  du  jour,  mais  qu'elle  sera  reportée  à  la  fin  du  para- 
graphe 6. 

Aucune  autre  proposition  n'étant  produite,  l'ordre  du  jour 
de  la  séance  publique  est  définitivement  approuvé. 

H.  Helleputle,  Président,  remercie  MM.  les  membres 
correspondants,  qui  se  retirent  à  3  1/2  heures. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massadx.  Ch.  Lagasse-de  Locht. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


ASSEMBLÉE  GENERALE  &  RÉGLEMENTAIRE  DU  6  OCTOBRE  1902 


Présidence  de  M.  LAGASSE-de   LOCHT, 

Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées, 
Président  de  la  Commission  royale  des  Monuments. 


Prennent  également  place  au  bureau  :  MM.  le  baron 
de  Kerchove  d'Exaerde,  Gouverneur  de  la  Flandre  orien- 
tale; Verlant,  Directeur  des  Beaux-Aris,  remplaçant  M.  le 
baron  van  der  Bruggen,  Ministre  de  l'Agriculture  et  des 
Beaux-Arts,  empêché;  Luckx,  Directeur  général  des  cultes, 
remplaçant  M.  Van  den  Heuvel,  Minisire  de  la  Justice, 
également  empêché  ;  Helbig,  artiste  peintre,  vice-président 
de  la  Commission  royale  des  monuments,  à  Liège  ;  le 
chanoine  Reusens,  archéologue,  professeur  à  l'Université  de 
Louvain;  Bordiau,  architecte  à  Bruxelles;  Maquet,  archi- 
tecte à  Bruxelles;  Cluysenaar,  artiste  peintre  à  Bruxelles; 
Acker,  architecte  à  Bruxelles;  De  la  Genserie,  architecte 
à  Bruges;  Blomme,  architecte  à  Anvers;  Van  Assche, 
architecte  à  Gand  ;  Van  Wint,  statuaire  à  Anvers  ;  Vinçotte, 
statuaire  à  Bruxelles,  membres  de  la  Commission  royale 
des  monuments;  le  chevalier  Marchai,  Secrétaire  perpétuel 


—  496  — 

de  l'Académie  royale  de  Belgique,  el  Massaux,  secrétaire 
de  la  Commission  royale  des  monuments. 

Membres  correspondants  présents  : 

Province  d'Anvers  :  MM.  Bilmeyer,  Donnet  et  Yan  Leem- 
pulten. 

Province  de  Brabant  :  MM.  De  Groot,  De  Vriendt, 
Dumortier,  Cardon,  Hanon  de  Louvet,  Janlct,  Langerock 
et  Licot;  Destréc,  secrétaire-adjoint  du  Comité. 

Province  de  la  Flandre  orientale  :  MM.  De  Ceulencer, 
Serrure,  Lybaert  et  Van  Biesbroeck. 

Province  du  Hainaut  :  MM.  Hubert,  Devillers,  Soil  et 
Sonnevillc. 

Province  de  Liège  :  MM.  Schuermans  el  Lohest. 

Province  de  Limbourg  :  MM.  Van  Neuss  et  Jaminé. 

Province  de  Luxembourg  :  MM  *Tandel  et  Sibenaler, 
secrétaire-adjoint  du  Comité. 

Province  de  Namur  :  MM.  fioveroulle  et  Dardenne. 

La  séance  est  ouverte  à  une  heure  et  trois  quarls. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  nous  avons  le  regret  de 
ne  pas  voir  aujourd'hui  à  notre  séance,  MM.  les  Minisires  de 
l'Agriculture  et  des  Beaux-Arts,  el  de  la  Justice,  qui  ont, 
du  reste,  leurs  représentants  parmi  nous,  MM.  les  Directeurs 
généraux  Verlant  et  Luckx,  que  nous  remercions  d'avoir 
bien  voulu  assister  à  la  réunion.  Ces  deux  Minisires,  que 
j'ai  eu  l'honneur  de  voir  samedi,  m'ont  chargé  de  vous  dire 
combien  ils  regreltaienl  de  ne  pouvoir  être  des  nôtres  à 
cause  de  circonstances  fortuites.  Je  vous  exprime  de  leur 
part  tous  les  regrets  qu'ils  éprouvent. 

Un  de  nos  membres  correspondants  très  distingué  a  eu 


—  197  — 

l'honneur,  depuis  notre  dernière  réunion,  d'être  appelé  dans 
les  Conseils  de  la  Couronne;  c'est  l'honorable  M.  Gustave 
Francolle.  Je  répondrai  certainement  à  votre  vœu  unanime, 
Messieurs,  en  vous  priant  de  charger  le  Bureau  d'exprimer 
à  M.  Gustave  Francotte,  au  nom  de  l'Assemblée  générale, 
toute  la  satisfaction  que  vous  avez  éprouvée  de  le  voir 
appeler  à  ce  poste  très  élevé    par  la  confiance  de  Sa 

Majesté. 

S'il  n'y  a  pas  d'opposition  à  cette  proposition,  je  la  consi- 
dère comme  admise.  (Adhésion  générale.) 

Messieurs,  si  M.  le  Ministre  y  avait  été  présent,  il  aurait, 
avec  beaucoup  plus  d'autorité  et  beaucoup  mieux  que  votre 
serviteur,  rendu  un  légitime  hommage  à  feue  Sa  Majesté  la 
Reine  Marie-Henriette.  Comme  je  vous  l'ai  dit  dans  ma 
lettre  du  26  septembre,  nous  ne  pouvions  songer  à  lever 
notre  séance  annuelle  et  réglementaire,  mais  noire  réunion 
amicale  de  ce  soir  n'aura  pas  lieu  en  signe  de  deuil. 

La  Reine  aimait  les  arts  et  les  cultivait,  particulièrement 
la  peinture  et  la  musique.  On  se  souvient  de  la  répartie  très 
judicieuse  dont  elle  honora  un  jour  les  membres  du  Conseil 
de  surveillance  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles  à  propos 
de  l'école  supérieure  de  chant. 

Les  beaux  et  nobles  traits  de  Sa  Majesté,  comme  ceux  du 
Roi,  sont  immortalisés  dans  les  deux  admirables  bustes  de 
notre  éminent  collègue,  M.  Vinçolte. 

Nous  garderons  dans  notre  cœur  le  souvenir  d'une  vie 
consacrée  tout  entière  au  beau  et  au  bien.  (Très  bien!  de 
toutes  parts.) 

MM.  de  la  Tour,  Secrétaire  général  du  Ministère  de  la 
Justice,  et  Beco,  Secrétaire  général  du  Ministère  de  l'Agri- 


—  198  — 

culture,  sont  également  empêchés  d'être  parmi  nous 
aujourd'hui. 

Nous  avons  à  constater  aussi  l'absence,  par  suite  d'indis- 
position, d'un  assez  grand  nombre  de  membres  correspon- 
dants, notamment  de  MM.  Wilmar,  l'abbé  Daniels,  le 
chanoine  Van  Gaster. 

M.  Pely  de  Thozée,  Gouverneur  de  la  province  de  Liège, 
a  bien  voulu  nous  écrire,  ainsi  que  l'honorable  Gouverneur 
du  Brabant,  M.  Vergote,  qui  exprime  ses  très  vifs  regrets, 
à  cause  de  l'étal  de  sa  santé,  de  ne  pouvoir  assister  à  notre 
réunion. 

MM.  le  chevalier  Oscar  Schaetzen,  membre  correspondant, 
et  Helleputte,  notre  premier  vice-président,  sont  retenus 
dans  le  Limbourg  pour  les  obsèques,  à  Marlinne,  de  leur 
ancien  sénateur,  M.  le  comte  de  Borchgrave  d'Àltena. 

M.  van  Ruymbeke,  membre  correspondant,  est  à  Bruges 
comme  juré  à  la  Gour  d'assises  de  Bruges. 

Je  remercie  M.  le  baron  de  Kerchove  d'Exaerde  d'avoir 
bien  voulu,  une  fois  de  plus,  être  parmi  nous.  Déjà,  l'année 
dernière,  il  avait  le  premier  prix  ;  celte  année,  il  aura 
certainement  le  prix  d'honneur  (Rires)  ;  j'espère  qu'il  voudra 
bien  continuer  dans  cette  admirable  voie.  (Nouveaux  rires). 

Ces  communications  faites,  j'accorde  la  parole  à  M.  Mas- 
saux,  notre  Secrétaire,  pour  donner  lecture  de  son  rapport 
sur  les  travaux  de  la  Commission  pendant  le  dernier  exer- 
cice. 

M.  Massaux,  Secrétaire.  —  Messieurs,  la  Commission  n'a 
pas  cessé  un  seul  instant,  pendant  l'année  écoulée,  de  donner 
de  nombreuses  preuves  d'activité. 


\\ 


^^ 


—  199  — 

Le  Bulletin  rend  compte  périodiquement  de  dos  travaux  ; 
il  est  donc  inutile  d'entrer  dans  de  longs  détails  sur  ceux-ci. 
Rappelons  seulement  que  notre  Collège  s'est  réuni  47  fois, 
a  examiné  et  donné  des  avis  sur  plus  de  1,150  affaires  et 
procédé  à  120  inspections  de  lieux. 

Ce  court  exposé  démontre  notamment  que  les  inspections 
ont  été  fréquentes  celte  année.  Nous  sommes  loin  de  nous 
eo  plaindre.  Non  seulement  ces  visites  locales  sont  de  la  plus 
grande  utilité  pour  faciliter  l'examen  et  apprécier  la  néces- 
sité et  l'importance  des  travaux  projetés,  mais  elles  ont  cet 
autre  et  incontestable  résultat  d'aider  à  conserver  à  l'art  de 
chacune  de  nos  provinces  son  génie  propre,  son  caractère 
d'originalité;  elles  mettent  obstacle,  parfois,  à  certaines 
tendances  à  vouloir  apporter  des  changements,  des  ajoutes 
inutiles  aux  édifices  anciens  et  à  en  chercher  les  éléments  dans 
n'importe  quelle  région,  sans  s'inquiéter  des  types  locaux. 

L'intérêt  que  les  autorités  constituées  portent  à  nos  monu- 
ments stimule  l'amour-propre  de  nos  populations  et  amène 
celles-ci  insensiblement  à  aimer  et  à  respecter  ces  témoins 
d'un  autre  âge,  quelquefois  modestes  en  apparence,  mais 
précieux  à  bien  des  titres. 

Les  travaux  de  restauration  de  nos  anciens  monuments  se 
poursuivent  avec  une  activité  telle  qu'il  est  même  devenu 
nécessaire  de  la  modérer.  Aussi,  M.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture nous  a-t-il  écrit,  le  14  mars  dernier,  que  le  nombre 
des  édifices  classés  comme  monuments  et  recommandés  à  la 
générosité  de  son  Département  ne  cessant  de  s'accroître,  le 
chiffre  des  engagements  s'est  élevé  dans  une  proportion 
telle  qu'il  s'est  trouvé  dans  la  nécessité  de  solliciter  des 
ressources  nouvelles. 


—  200  — 

D'autre  part,  il  importe,  poursuit  M.  le  Ministre,  de 
modérer  l'essor  des  entreprises  de  restauration.  Le  nombre 
des  architectes  et  de  leurs  collaborateurs  de  tout  ordre,  en 
mesure  de  s'y  employer  utilement,  n'est  pas  indéfini  et  la 
bonne  exécution  des  restaurations  pourrait  être  compromise 
s'ils  se  trouvaient  surchargés  de  travaux.  C'est  pourquoi 
M.  le  Ministre  nous  a  priés  d'user  de  toute  notre  influence 
pour  relarder  les  entreprises  nouvelles  qui  ne  présenteraient 
pas  un  caractère  de  réelle  urgence  et  pour  faire  distraire 
des  devis,  en  tout  cas,  les  travaux  dont  l'exécution  peut  être 
retardée  sans  danger  ou  sans  dommage. 

Sans  aucun  doute,  nous  nous  attacherons,  de  toutes  nos 
forces,  à  réaliser  le  programme  exposé  ci-dessus.  Ainsi, 
nous  ne  ferons  que  continuer  la  tradition  que  nous  avons 
constamment  poursuivie. 

Il  importe,  d'une  part,  de  classer  les  édifices  dignes  d'être 
considérés  comme  des  monuments,  afin  d'en  sauvegarder  la 
conservation.  D'autre  part,  nous  avons  réagi  jusqu'à  présent 
et  nous  continuerons  à  le  faire  avec  plus  d'énergie  encore, 
contre  la  tendance  à  vouloir  trop  entreprendre  et  à  travailler 
trop  vite  sans  souci  de  l'ordre  du  temps  qu'impose  la  suc- 
cession naturelle  des  consolidations  urgentes  et  des  restau- 
rations nécessaires. 

De  notre  côté,  nous  engageons  nos  correspondants  à  nous 
aider  à  faciliter  notre  tâche,  à  cet  égard,  dans  la  mesure  de 
leurs  moyens. 

S'il  est  possible  de  différer  l'exécution  de  certaines  entre- 
prises de  restauration,  par  contre  il  en  est  dont  l'ajournement 
pourrait  amener  de  graves  inconvénients.  Il  est  à  remarquer 
qu'un  ajournemenl  prolongé  peut  avoir  pour  conséquence 


—  201  — 

de  faire  disparaître  entièrement  des  détails  de  la  construction 
qui  doivent  servir  de  types  pour  la  restauration  ;  la  dispa- 
rition totale  de  ces  éléments  architecturaux  pourrait  conduire 
à  des  erreurs  archéologiques  regrettables  dans  la  restitution 
des  parties  disparues.  D'autre  part,  il  est  non  moins  vrai 
qu'en  laissant  trop  se  dégrader  un  monument  on  est  entraîné, 
lors  de  sa  restauration,  à  un  renouvellement  presque  total  et 
désastreux  des  parements. 

Nous  avons  encore,  dans  ces  derniers  temps,  rencontré 
certaines  difficultés  en  ce  qui  concerne  l'orientation  des 
églises  nouvelles. 

Nous  avons  trop  souvent  fait  ressortir  les  avantages  qu'il 
y  a,  à  divers  points  de  vue,  à  orienter  convenablement  les 
édifices  religieux  pour  les  reproduire  encore  ici.  Cette 
mesure  ne  devrait  jamais  être  perdue  de  vue  ;  elle  devrait 
même  être  imposée  partout.  C'est  aux  architectes  chargés 
de  l'élaboration  des  plans  des  édifices,  à  chercher  à  la  réaliser 
en  tenant  compte  de  la  configuration  du  terrain  mis  à  leur 
disposition.  De  nombreux  exemples  d'églises  anciennes  nous 
démontrent  que  les  architectes  du  moyen  âge  n'étaient 
jamais  embarrassés  dans  des  cas  semblables  et  que  même 
ils  savaient  tirer  parti  de  la  situation  du  terrain,  de  son  irré- 
gularité, de  ses  différences  de  niveau,  pour  donner  à  l'édifice 
uo  aspect  pittoresque  et  un  cachet  original  dont  on  se  préoc- 
cupe malheureusement  trop  peu  de  nos  jours. 

Le  Comité  de  la  Flandre  orientale  a  attiré  notre  attention 
sur  l'effet  désastreux  que  produit  un  réseau  de  fils  télépho- 
niques et  télégraphiques  placé  sur  chevalet  au-dessus  de 
1  ancien  monument  dit  c  Porte  aux  Vaches  »,  à  Ninove. 
Nous  ralliant  aux  protestations  du  Comité,   nous  avons 


—  302  — 

demandé  à  M.  le  Minisire  de  l'Agriculture  de  vouloir  bien 
prier  son  honorable  collègue  du  Déparlement  des  Chemins 
de  fer  de  prescrire  sans  relard  l'enlèvement  de  ces  appareils 
qui  offusquent  la  vue  de  l'observateur  ami  de  l'esthétique  el 
qui  surchargent  irrévérencieusement  un  monument  histo- 
rique, seul  souvenir  légué  par  les  siècles,  des  vieilles  forti- 
fications de  la  ville. 

Il  importerait  qu'à  l'avenir  défense  fut  faite  de  surmonter 
d'engins  de  l'espèce  les  édifices  classés  comme  monuments. 

Grâce  à  la  sollicitude  du  Comité  de  la  Flandre  orientale, 
le  propriétaire  de  l'ancien  manoir  de  Voorde  a  fait  exécuter 
les  travaux  les  plus  indispensables  pour  assurer  la  conser- 
vation de  cet  intéressant  monument. 

Les  démarches  tentées  en  vue  d'assurer  l'existence  des 
belles  ruines  de  l'ancien  manoir  de  Herzele  n'ont  pas  eu 
le  même  succès.  La  seule  combinaison  qui  resterait  à  adopter 
serait  celle  d'acquérir  ces  ruines  aux  frais  de  l'État.  Mais, 
comme  l'État  ne  peut  acheter  toutes  les  constructions  inté- 
ressantes disséminées  dans  le  pays,  il  n'est  pas  possible,  au 
moins  pour  le  moment,  de  donner  à  cette  affaire  la  suite 
désirable. 

L'attention  du  Gouvernement  a  été  appelée,  une  nouvelle 
fois,  sur  l'urgence  de  prendre  des  mesures  pour  sauvegarder 
la  porte  de  Laval,  à  Bouvignes,  dont  l'état  de  délabrement 
signalé  par  le  Comité  de  Namur,  devient  de  jour  en  jour 
plus  inquiétant. 

Les  tentatives  que  nous  avons  faites,  à  diverses  reprises, 
en  vue  de  la  conservation  des  ruines  de  l'abbave  d'Orval, 
n'ont  malheureusement  pas  encore  abouti.  Certaines  parties 
de  ces  admirables  ruines  sont  dans  un  état  si  précaire  que 


—  803  — 

leur  existence  est  menacée  à  tous  les  instants.  En  présence 
du  mauvais  vouloir  du  propriétaire,  il  ne  restera  qu'un  parti 
à  prendre,  celui  d'exproprier  les  parties  les  plus  intéres- 
santes de  l'ancien  monastère  et  une  bande  de  terrain  suffi- 
sante pour  y  donner  accès. 

La  même  insouciance  de  la  part  du  propriétaire  de 
l'ancienne  abbaye  des  dames  nobles  de  Herckenrode,  voue 
insensiblement  à  la  disparition  des  parties  fort  intéressantes 
de  cet  illustre  monastère. 

Nous  nous  sommes  associés  à  un  groupe  d'artistes  et 
d'archéologues  qui  ont  prolesté  récemment  contre  une 
décision  prise  par  la  ville  de  Gand,  de  tracer  une  nouvelle 
rue  qui  fera  disparaître  quelques-unes  des  maisons  de 
l'ancien  Grand-Béguinage  de  celte  ville,  en  ouvrant  une 
brèche  menaçante  dans  ce  qui  reste  encore  de  cet  enclos 
jadis  si  célèbre.  Tous  les  amis  des  arts  s'intéressent  vivement 
aux  restes  si  pittoresques  et  relativement  si  importants 
encore,  malgré  les  tristes  mutilations  d'il  y  a  une  trentaine 
d'années,  de  cet  ancien  refuge  qui  a  rendu  tant  de  services 
et  qui,  grâce  à  eux,  a  Iraversé  les  plus  mauvais  jours  de 
notre  histoire,  même  au  lendemain  de  1793. 

La  rédaction  de  l'inventaire  des  objets  d'art  disséminés 
dans  les  édifices  publics  du  pays,  a  fait  un  grand  pas.  Dans 
plusieurs  provinces,  ce  recueil  pourrait  èlre  soumis  à  l'im- 
pression. 

L'entretien  que  nous  avons  eu,  le  15  février  dernier,  avec 
des  délégués  des  Comités  provinciaux,  qui  sont  chargés  de 
cet  inventaire,  aura  pour  conséquence  de  permettre  de 
consulter  celte  publication  avec  fruit.  On  pourra  arriver  à 
l'unification  au  moyen  des  tables  des  malières. 


—  204  — 

Nous  avons,  Messieurs,  le  triste  devoir  de  rappeler  à 
votre  souvenir  les  noms  des  collaborateurs  que  nous  avons 
perdus  depuis  notre  dernière  réunion. 

Nous  citerons  d'abord  un  ancien  collègue  qui  ne  siégeait 
plus  parmi  nous,  mais  qui  a  été  un  confrère  aussi  distingué 
qu'érudit,  M.  Jamaer,  architecte  honoraire  de  la  ville  de 
Bruxelles,  dont  on  admirera  longtemps  les  remarquables 
travaux. 

Ensuite  M.  Broquel,  vice-président  du  Comité  du  Hainaut, 
qui  a  toujours  donné  des  preuves  d'une  grande  activité  et 
d'un  profond  dévouement  à  nos  travaux. 

Enfin,  M.  le  baron  de  Pitteurs-Hiégaerls,  notre  distingué 
correspondant  du  Limbourg,  décédé  à  un  âge  où  nous  étions 
en  droit  de  penser  que  nous  le  compterions  encore  longtemps 
parmi  nous. 

Il  nous  reste,  Messieurs,  un  autre  devoir  à  remplir,  celui 
d'exprimer  ici  notre  profonde  gratitude  à  MM.  les  Ministres 
de  l'Agriculture  et  de  la  Justice  ainsi  qu'à  MM.  les  secrétaires 
généraux  Beco  cl  de  Lalour  et  à  MM.  les  directeurs  géné- 
raux Verlant  et  Luckx  qui  ne  cessent  de  nous  donner  des 
marques  du  vif  intérêt  qu'ils  portent  à  nos  travaux  et  de 
leur  sollicitude  pour  la  conservation  de  nos  richesses  artis- 
tiques. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  nous  remercions  notre 
Secrétaire  pour  son  rapport,  toujours  fait  avec  la  même 
précision  et  la  même  érudition.  De  plus,  et  je  suis  heureux 
de  pouvoir  le  constater  à  ce  propos,  la  presse  s'est  occupée 
du  rapport  de  Tannée  dernière  et  d'autres  présentés  par 
notre  Secrétaire.  On  y  rencontre  des  considérations  très 


—  205  — 

importantes  sur  la  restauration  des  monuments,  qui  ont 
élé  reproduites  par  toute  la  presse.  Je  suis  charmé  de 
constater,  Messieurs,  que  ces  travaux  sont  appréciés  non 
pas  seulement  par  vous,  mais  également  au  dehors. 

M.  le  Secrétaire.  —  Je  vous  remercie,  Monsieur  le 
Président. 

M.  le  Président.  —  Nous  devrions  maintenant  aborder, 
à  proprement  parler,  notre  ordre  du  jour,  et  ce  que  je  vais 
avoir  l'honneur  de  vous  dire,  Messieurs,  devrait  venir  après 
la  série  des  rapports  des  Comités  provinciaux,  mais  je  crois 
que  nous  devrions  d'abord  examiner  cette  question  d'ordre 
intérieur. 

Vous  vous  rappelez,  Messieurs,  que  l'assemblée  prépa- 
ratoire de  samedi  dernier  —  du  reste  assez  nombreuse,  — 
avait  eu  à  examiner  si  des  propositions  étaient  présentées 
en  dehors  de  celles  qui  vous  ont  été  soumises  par  les  diffé- 
rentes circulaires  envoyées  les  12  juillet  et  8  septembre, 
et  si,  en  vertu  de  l'art.  68  de  notre  règlement,  portant  : 
c  Toute  motion  ou  proposition  qu'un  membre  compte 
faire  à  l'assemblée  générale  doit  être  annoncée  sommaire- 
ment à  la  Commission  au  plus  tard  dix  jours  avant  la 
séance  ».  Nous  avons  reçu  deux  propositions. 

Et  d'abord,  je  commence  par  celle  que  nous  a  faite  un  de 
nos  membres  correspondants  qui  assistait  à  l'assemblée 
préparatoire  de  samedi  dernier,  et  qui  a  manifesté  la  ferme 
intention  d'être  présent  à  notre  réunion  de  ce  jour;  il  s'agit 
de  l'honorable  M.  Schuermans,  Premier  président  honoraire 
de  la  Cour  d'appel  de  Liège.  A  la  suite  d'une  série  de  consi- 
dérations développées  samedi  dernier,  il  a  demandé  que  ce 


—  806  - 

qui  concerne  les  travaux  effectués  à  l'abbaye  de  Villers-la- 
Ville  fut  supprimé  momentanément  de  l'ordre  du  jour.  Cette 
proposition  a  été  rejetée  par  l'assemblée  préparatoire  ;  elle  a 
maintenu  sur  ce  point  l'ordre  du  jour.  Mais,  subsidiaire- 
ment,  M.  Schuermans  avait  demandé  que  la  mention  relative 
à  l'abbaye  de  Villers,  au  lieu  d'être  mise  en  discussion  au 
cours  de  la  séance,  fût  rejetée  à  la  fin,  dans  l'espoir  peut-être 
qu'on  n'y  arriverait  pas,  mais  surtout,  je  pense,  avec 
l'espoir,  pour  l'honorable  correspondant,  de  nous  arriver 
ici  un  peu  plus  tard.  (Rires.)  En  cela,  la  proposition  n'avait 
pour  nous  rien  que  de  très  agréable  ;  afin  de  satisfaire  au 
vœu  de  l'honorable  correspondant,  elle  a  été  admise.  Donc, 
nous  mettrons,  avec  votre  assentiment,  Messieurs,  la  men- 
tion concernant  l'abbaye  de  Villers  à  la  fin  du  6°.  (Assen- 
timent.) 

Une  autre  proposition  a  été  faite  par  M.  le  baron  de 
Montpellier,  l'honorable  Gouverneur  de  la  province  de 
Namur;  elle  consiste  en  un  vœu  appuyé  par  M.  Boveroulle, 
qui  a  exposé  son  vif  regret  d'être  empêché  d'être  parmi 
nous  avant-hier  samedi.  Et  je  profite  de  ce  que  je  parle 
de  cette  province  pour  faire  savoir  que  M.  le  baron  del 
Marmol,  de  Dinant,  a  exprimé  aussi  ses  regrets  de  ne 
pouvoir  assister  à  notre  réunion.  M.  le  Gouverneur  de  la 
province  de  Namur  propose  de  décider  ceci  :  désormais  la 
séance  annuelle,  que  nous  tenons  habituellement  à  celle 
époque  de  l'année  de  une  heure  trois  quarts  à  cinq  heures, 
aurait  lieu  à  onze  heures  du  matin  pour  se  prolonger  jusqu'à 
trois  heures,  heure  à  laquelle  on  se  réunirait  pour  déjeuner, 
ce  qui  remplacerait  le  petit  cliner  annuel  où  nous  nous 
retrouvons  tous  généralement.  M.  de  Montpellier,  en  exprî- 


—  207  — 

mant  ce  vœu,  disait  qu'il  répondait  au  desideratum  de  tous 
les  membres  de  la  province,  et  il  demandait  que  ce  vœu  fût 
soumis  à  l'assemblée  générale. 

L'assemblée  préparatoire  a  autorisé  la  présentation  de  ce 
vœu  de  M.  de  Montpellier;  vous  êtes  appelés,  Messieurs, 
non  pas  à  en  délibérer  —  parce  qu'en  réalité  il  n'y  a  pas  à 
délibérer  à  ce  sujet  —  mais  à  voter  pour  prendre  une 
décision. 

M.  Schuermans  avait  demandé  que  l'on  en  revint  aux 
errements  d'il  y  a  quarante  ans;  tout  en  se  ralliant  à  la 
proposition  de  M.  de  Montpellier,  il  demandait  que  l'on  tint 
deux  jours  de  réunions  consécutives,  le  lundi  et  le  mardi, 
afin  d'empêcher  que  les  participants  ne  fussent  pas  dans 
l'obligation  de  retourner  chez  eux  pour  devoir  revenir 
ensuite.  Nous  avons  dit  à  M.  Schuermans  que,  pour  notre 
part,  nous  ne  pouvions  pas  nous  rallier  à  cet  amendement, 
attendu  que  la  situation  actuelle  n'était  pas  à  comparer  avec 
celle  d'il  y  a  quarante  ans;  aujourd'hui,  les  moyens  de 
communication  sont  bien  plus  développés  qu'autrefois.  Nous 
pourrions,  les  années  suivantes,  si  on  le  désire,  nous  réunir 
à  onze  heures  jusqu'à  deux  heures  et  demie,  afin  de  pouvoir 
aller  ensuite  luncher  ensemble  d'une  façon  amicale.  S'il  n'y 
a  pas  d'opposition  à  celte  proposition  de  M.  de  Montpellier, 
on  pourrait  la  considérer  comme  adoptée;  dans  le  cas 
contraire,  j'accorderai  la  parole  à  qui  la  demandera  pour 
y  faire  opposition. 

M.  le  baron  de  Kerchove  d'Exaerde  (Gand).  —  Si  nous 
nous  réunissions  à  dix  heures,  au  lieu  de  le  faire  à  une 
heure  trois  quarts  ? 


—  208  — 

M.  le  Président.  —  Évidemment,  ce  sérail  mieux;  mais 
est-ce  que  tout  le  monde  pourra  venir  à  dix  heures  ? 

M.  Boveroulle.  —  Nous  pouvons  arriver  ici  à  dix  heures, 
mais  il  n'en  sera  pas  de  même  pour  ceux  qui  devront  venir 
d'Arlon,  par  exemple. 

M.  le  Président.  —  Les  délégués  d'Arlon  pourraient 
venir  dès  la  veille. 

S'il  n'y  a  pas  d'opposition  nous  pourrions  admettre  dix 
heures,  et  alors  on  pourrait  déjeunera  midi. 

H .  Soil  (Tournai).  —  Nous  préférerions,  quant  à  nous,  que 
l'on  maintint  plutôt  l'heure  de  la  réunion  à  deux  heures.  11 
nous  parait,  en  effet,  bien  plus  facile  de  venir  l'après-diner, 
à  deux  heures,  que  de  venir  le  matin  à  dix  heures.  C'est 
l'amendement  que  je  propose. 

M.  le  Président.  —  Nous  ne  pouvons  pas  considérer 
cela  comme  un  amendement;  nous  restons  en  présence  de 
deux  propositions. 

M.  Bilmeyer  (Anvers).  —  Je  crois  que  l'heure  de  dix 
heures  présenterait  certains  inconvénients  ;  je  pense  que, 
dans  ces  conditions,  il  vaudrait  mieux  conserver  le  procédé 
actuel,  mais  en  fixant,  comme  on  l'a  déjà  dit,  l'heure  de  la 
réunion  à  deux  heures. 

M.  Boveroulle  (Namur).  —  M.  le  Gouverneur  deman- 
dait que  l'on  terminât  la  séance  à  deux  heures,  afin  que 
chacun  put  encore  retourner  chez  soi  le  même  jour. 

M.  le  Président.  —  L'on  pourrait  finir  certainement  à 
deux  heures  en  commençant  plus  tôt  qu'actuellement. 


—  209  — 

M.  Boveroulle.  —  Alors  nous  pourrions  aller  luncher 
ensemble,  el  nous  aurions  encore,  nous,  dans  ces  conditions, 
un  Irain  le  jour  même  pour  rentrer  à  Namur;  tandis  qu'en 
fixant  la  séance  de  deux  jusqu'à  quatre  ou  cinq  heures,  il 
nous  est  impossible  de  rester  à  Bruxelles  le  soir. 

M.  le  Président.  —  Sans  doute,  mais  je  vous  fais  remar- 
quer que  cette  séance-ci  est  en  quelque  sorte  une  séance 
obligatoire,  tandis  que  l'autre  est  facultative.  (Rires). 

M.  Boveroulle.  —  Sans  doute,  ce  n'est  pas  une  obligation. 

M.  le  baron  de  Kerchove  d'Exaerde  (Gand).  —  Je 
demande  un  instant  la  parole  pour  présenter  l'observation 
que  voici  :  évidemment,  c'est  cette  réunion  qui  est  la  prin- 
cipale. Il  faut  donc  que  celte  réunion  ait  lieu  à  l'heure  qui 
convienne  au  plus  grand  nombre  possible  de  membres. 
Quant  à  l'autre  réunion,  ils  peuvent  y  assister  ou  non,  de 
même  qu'ils  peuvent  luncher  ou  diner  à  leur  loisir.  Mais  il 
est  indispensable,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  que  la  réunion 
officielle  ait  lieu  à  l'heure  qui  convienne  le  mieux  pour 
permettre  à  tous,  si  possible,  d'y  être  présents. 

II.  Lohest  (Liège).  —  Pour  ce  qui  concerne  les  délégués 
de  la  province  de  Liège,  comme  pour  ceux  venant  du 
Luxembourg,  la  chose  n'est  pas  des  plus  faciles.  Ainsi, 
aujourd'hui,  je  désirerais  beaucoup  pouvoir  prendre  le  train 
de  quatre  heures  et  demie  pour  rentrer  chez  moi. 

M.  le  Président.  —  Si  plus  personne  ne  demande  la 
parole  à  ce  sujet,  je  vais  mettre  aux  voix  la  proposition  de 
11.  le  baron  de  Montpellier.  Je  prierai  ceux  qui  sont  d'avis 
que  notre  réunion  annuelle  ail  lieu  dorénavant  à  dix  heures 


du  matin  —  c'est  l'amendement  de  M.  le  baron  de  Kerchove 
d'Exaerde  —  et  se  termine  vers  une  heure,  de  vouloir  bien 
lever  la  main. 

L'épreuve  étant  douteuse,  il  est  procédé  à  l'appel  nominal. 

La  proposition  est  admise  par  21  voix  contre  15  non  et 
3  abstentions. 

Rapports  des  Comités  provinciaux  des  membres 
correspondants  sur  leurs  travaux  de  tannée  écoulée. 

M.  le  Président.  —  J'accorderai  maintenant  successive- 
ment la  parole  à  chacun  des  rapporteurs  de  nos  Comités 
provinciaux,  en  leur  rappelant  que,  en  vertu  du  règlement 
(art.  64)t  la  lecture  ou  l'exposé  n'en  devra  pas  durer  plus 
d'un  quart-d'heure. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  d'Anvers. 


—  2U  — 


PROVINCE  D'ANVERS. 


M.  F.  Donnet,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Pendant  Tannée  qui  vient  de  se  terminer,  le  Comité  des 
membres  correspondants  de  la  province  d'Anvers  a  tenu 
des  séances  régulières/  et  nombreux  ont  été  les  projets  et 
les  plans  sur  lesquels  son  avis  a  été  demandé. 

Deux  nouvelles  églises  doivent  être  érigées  dans  la  pro- 
vince ;  la  première,  dans  la  paroisse  de  la  Sainte-Famille,  à 
Lierre,  et  la  seconde  au  hameau  de  Horendonck,  dépendance 
de  la  commune  d'Esschen.  Les  plans,  dus  respectivement  à 
MM.  les  architectes  Careels  et  Gife,  ont  été  adoptés  moyen- 
nant quelques  légères  modifications. 

D'autre  pari,  nous  avons  souvent  été  appelés  à  examiner 
les  projets  de  travaux  partiels  ou  d'agrandissements  à  exé- 
cuter dans  les  églises  de  notre  ressort.  Les  voûtes  de  l'église 
de  Tongerloo  étaient  en  très  mauvais  état  et  leur  consolidation 
s'imposait.  Nous  avons  donc  sur  ce  point  admis  les  projets 
de  M.  l'architecte  Taeymans. 

La  fabrique  de  l'église  de  Merlaer-Vorst  demandait  de 
pouvoir  exécuter  des  travaux  de  restauration  urgents  à  la 
façade  du  temple.  Les  bâtiments  sont  modernes,  ayant  été 
élevés  en  1848,  et  n'offrent  aucun  mérite  archilectonique  ni 
artistique.  Dans  ces  conditions,  il  n'y  avait  pas  lieu  de 
s'opposer  à  celte  restauration. 


—  î«  — 

Quelques  réparations  inévitables  sont  à  exécuter  à  la  belle 
tour  de  Vorsselaer.  La  fabrique  de  l'église  a  demandé  de 
pouvoir  les  effectuer  sans  loucher  en  quoi  que  ce  soit  aux 
autres  parties  de  l'édifice.  À  ces  conditions,  l'autorisation  a 
été  accordée. 

Une  demande  identique  a  été  faite  par  la  fabrique  de 
l'église  d'Eeckeren,  qui  nous  a  prouvé  qu'il  n'élait  pas 
possible  d  éviter  de  faire  des  réparations  à  la  petite  tour 
surmontant  le  transept.  Nous  avons  recommandé  de  prendre 
une  photographie  des  bâtiments  avant  de  commencer  les 
travaux  pour  être  sûr  que  rien  ne*  serait  modifié  dans  la 
physionomie  de  l'édifice  sacré. 

L'ameublement  des  églises  a  donné  lieu  à  de  nombreux 
examens.  La  question  du  beau  retable  de  Loenhout  n'est  pas 
encore  résolue.  Nous  avions  d'abord  préconisé  son  transfert 
dans  l'église  paroissiale,  pour  éviter  que  l'humidité  et  les 
déprédations  causées  par  les  gamins  du  village  ne  viennent 
y  apporter  des  dommages  irréparables.  Plus  tard,  après 
avoir  consulté  l'artiste  qui  avait  restauré  autrefois  celte  belle 
œuvre  d'art,  nous  avons  pensé  qu'il  vaudrait  peut-être  mieux 
de  la  laisser  dans  la  petite  chapelle  qui  la  renferme.  En 
apportant  au  bâtiment  les  réparations  suffisantes  pour  que 
l'humidité  n'y  puisse  pénétrer,  et  en  le  clôturant  de  façon  à 
empêcher  qu'on  occasionne  des  détériorations  au  retable,  on 
pourrait  conserver  celui-ci  dans  le  milieu  pour  lequel  il  a 
été  créé,  dans  celte  modeste  chapelle  de  Sainl-Quirin,  près 
du  puits  légendaire,  objets  d'un  pèlerinage  annuel  et  de 
dévotions  séculaires.  Toutefois,  le  curé  de  Loenhout  insiste 
pour  que  le  premier  projet  puisse  être  exécuté. 

Une  nouvelle  chaire  de  vérité  devrait  être  placée  dans 


—  213  — 

l'église  de  Saint- Willebrord,  à  Anvers.  Nous  avons  présenté 
quelques  observations  au  sujet  du  projet  qui  nous  avait  été 
soumis.  La  chaire  de  l'église  de  Terhaegen  a  encore  une 
fois  attiré  notre  attention,  et  nous  avons  été  d'avis  que 
l'ouvrage  pouvait  être  accepté  tel  qu'il  venait  d'être  achevé 
et  placé. 

L'église  d'Erlbrand,  sous  Cappellen,  s'est  enrichie  d'un 
nouvel  autel.  Nous  avons  été  l'examiner,  et  nous  avons 
trouvé  que  l'artiste  avait  exactement  exécuté  la  lâche  qu'il 
était  chargé  d'entreprendre. 

Ces  deux  derniers  examens  ont  été  faits  à  la  demande  du 
Comité  central,  qui  nous  avait  prié  de  faire  visite  à  Ertbrand 
el  à  Terhaegen,  et  de  lui  envoyer  ensuite  un  rapport. 

La  fabrique  d'église  de  Hulsen-Baelen  a  l'intention  de 
commander  un  nouvel  ameublement,  consistant  notamment 
en  fonts  baptismaux,  autels,  chaire  de  vérité,  confession- 
naux, etc.  Les  dessins  de  tous  ces  objets  nous  ont  été  soumis. 
Nous  avons  cru  devoir  proposer  d'assez  notables  modifica- 
tions ou  améliorations. 

Le  jubé  de  l'église  de  Willebroeck  est  trop  exigu;  on 
voudrait  pouvoir  l'agrandir.  A  cet  effet  des  plans  nous  ont 
été  présentés  ;  nous  les  avons  acceptés,  après  avoir  recom- 
mandé certains  changements  à  la  balustrade. 

Au  sujet  des  tableaux  qui  ornaient  les  églises,  nous  avons 
plusieurs  fois  aussi  été  consultés. 

L'église  de  Saint- Willebrord,  à  Anvers,  possède  l'épilaphe 
du  peintre  Schut,  qui  provient  de  l'ancienne  église.  On 
voudrait  actuellement  la  restaurer  et  la  placer  dans  la  nou- 
velle. Elle  est  ornée  de  (rois  compositions,  dues  au  pinceau 
du  peintre  lui-même;  elles  sont  en  bon  étal  et  ne  demandent 


—  au  — 

qu'un  simple  nettoyage.  L'encadrement  en  pierres  pourrait 
être  reconstitué,  en  employant  les  débris  subsistant  et  en 
remplaçant  simplement  les  parties  perdues.  La  même  église 
possède  encore  un  grand  tableau  provenant  de  l'atelier  de 
Rubens  et  représentant  Sainl-Willebrord  aux  pieds  de  la 
Vierge.  Il  est  en  bon  état,  et  il  suffirait  de  le  faire  nettoyer 
à  la  mie  de  pain,  et  peut-être  de  remplacer  la  couche  supé- 
rieure de  vernis. 

La  restauration  du  beau  tableau  de  Rubens  à  Notre-Dame 
au  delà  de  la  Dyle,  à  Malines  :  la  Pèche  miraculeuse,  a  été 
achevée  à  l'entière  satisfaction  de  notre  Comité,  sous  la  sur- 
veillance spéciale  de  deux  de  nos  membres. 

M.  le  curé  de  Wyneghem  a  demandé  à  notre  Comité  de 
bien  vouloir  venir  examiner  les  tableaux  que  possède  son 
église.  Nos  membres  y  ont  trouvé  une  dizaine  d'oeuvres, 
dont  quelques-unes  de  valeur.  L'énumération  détaillée  s'en 
trouve  dans  l'inventaire  qui  a  été  dressé.  Des  restaurations 
seraient  nécessaires  pour  plusieurs  toiles  ;  des  conseils  dans 
ce  but  ont  été  donnés  au  curé. 

Depuis  longtemps  l'église  de  Vieux-Turnhout  aurait  voulu 
se  défaire  d'un  tableau  de  De  Craeyer,  de  valeur  secondaire. 
Le  Musée  d'Anvers  ne  désirant  pas  l'acquérir,  notre  Comité 
a  été  d'avis  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  s'opposer  à  l'achat  que 
l'Étal  voulait  en  faire  pour  ses  collections. 

La  même  décision  a  été  prise  au  sujet  d'un  tabernacle  ou 
coffre  en  écaille,  que  l'église  de  Brecht  voudrait  vendre  et 
qui  n'appartenait  en  aucune  manière  à  son  ameublement 
propre. 

L'église  de  Hulshout  a  été  autorisée  par  M.  le  Ministre  de 
la  Justice  à  céder  au  Musée  d'antiquités  du  Steen  certaines 


—  3i5  — 

«es  d'ameublement  hors  d'usage.  Par  contre,  la  même 
torisalion  que  nous  espérions  recevoir  déjà  Tannée  der- 
ire,  après  un  long  temps  d'attente,  pour  le  lutrin  de 
mmel,  n'a  pas  encore  été  accordée.  Sous  la  tour  de  l'église 
Dolen  est  remisée  une  statue  équestre  de  Saint-Martin,  de 
bur  relative,  et  qui  n'a  jamais  été  placée  dans  le  temple, 
fabrique  voulait  en  être  débarrassée.  Elle  a  sollicité  la 
rmissioD  de  l'aliéner;  la  décision  favorable  vient  d'inter- 
ûir. 

Plusieurs  nouvelles  cures  ont  été  érigées  dans  notre 

wince.  Chaque  fois  les  projets  nous  en  ont  été  soumis. 
a  clé  le  cas  pour  les  communes  de  Weelde,  de  Baelen 

de  Geerdegem.  Nous  avons  aussi  approuvé  les  plans 

grandisse  ment  de  la  cure  de  Merxplas. 

foire  action  a  du  aussi  s'exercer  lors  de  la  construction 

la  restauration  de  monuments  civils. 

*  question  relative  à  l'éclairage  du  Musée  Fraikin,  qui  a 

installé  dans  les  combles  de  l'hôtel  de  ville  d'Herenthals, 

I  pas  encore  tranchée.  Nous  voudrions  voir  disparaitre 

iffrcuses  fenêtres  qui  déparent  la  toiture  de  ce  coquet 

ce.  Aucun  plan  d'appropriation  n'a  encore  eu  l'heur 

tenir  l'approbation  nécessaire. 

ir  contre,  nous  avons  adopté  les  projets  qui  nous  ont  été 

lis  en  vue  de  la  construction  de  nouveaux  hôtels  de 

à  Lille,  à  Morckboven,  à  Brasschaet,  à  Vlimmeren  et  à 

>le. 

idministration  communale  de  Borgerhout,  en  vue  de 

fermer  un  quartier  écarté,  s'est  rendue  acquéreur  d'un 

use  cube  de  maçonnerie,  ayant  autrefois  formé  le  corps 

Doulin  à  vent.  Avant  de  le  démolir,  elle  nous  a  demandé 


1 


—  216  — 

si  rien  ne  s'opposait  à  celle  disparition.  Nous  avons  cru  qu'il 
fallait  autoriser  celte  démolition,  puisqu'au  point  de  vue  du 
pittoresque  cet  édifice  moderne  ne  possédait  aucun  caractère 
et  que  nul  souvenir  historique  ne  s'y  rattachait. 

Nous  venons  de  faire  distribuer  le  premier  fascicule  de 
nos  inventaires.  Ceux-ci  occupent  l'ordre  dans  lequel  ils  ont 
été  dressés.  Rien  n'empêche,  pour  les  tirés  à  part,  de  les 
classer  par  canton,  ou  dans  tel  ordre  qui  serait  recommandé 
en  vue  d'un  travail  d'ensemble.  Depuis  notre  dernier  rapport, 
quelques  nouveaux  inventaires  ont  été  composés,  notam- 
ment ceux  des  églises  d'Oolen,  Norderwyck,  Morckho- 
ven,  Merlaer-Vorst,  Wyneghem,  Achter-Oolen,  Meerbeeck, 
Schoonbroeck,  Relhy  et  Desschel. 

Les  membres  de  notre  Comité,  qui  forment  la  Commission 
direclrice  du  musée  du  Steen,  se  sont  vus  adjoindre  quatre 
délégués  de  l'administration  communale  d'Anvers.  Nous 
avons  continué  la  série  de  nos  achats,  tout  en  regrettant 
que,  faute  de  place,  un  grand  nombre  d'objets  ne  puissent 
.  être  exposés  ni  présentés  d'une  façon  rationnelle. 

Les  membres  du  Comité  central  se  sont  rendus  souvent 
dans  notre  province;  plusieurs  d'entre  nous  ont  tenu  chaque 
fois  à  les  accompagner.  Ces  visites  avaient  pour  but  d'inspec- 
ter à  Wommelghem  les  travaux  d'agrandissement  projetés  à 
l'église,  d'examiner  de  nouveaux  vitraux  récemment  placés 
dans  l'église  Saint-Roch,  à  Deurne,  de  contrôler  les  impor- 
tantes restaurations  en  voie  d'exécution  à  la  splendide  église 
collégiale  de  Saint-Gommaire,  à  Lierre,  de  donner  un  avis 
au  sujet  de  peintures  murales  exécutées  dans  l'église  d'Hoog- 
slraeten,  de  choisir  parmi  les  modèles  de  stations  d'un  chemin 
de  croix  ceux  qui  pourraient  le  plus  heureusement  être 


—  217  — 

placés  dans  l'église  des  SS.-Mîchel-et-Pierre,  à  Anvers.  Enfin, 
ensemble,  nous  avons  encore  été  visiter  le  château  de  Turn- 
bout  et  ses  abords,  et  nous  avons  longuement  étudié  et 
discuté  la  question  si  brûlante  du  dégagement  de  l'ancienne 
Boucherie  d'Anvers. 

Le  principal,  et  peut-on  dire  le  seul  monument  intéressant 
que  renferme  la  capitale  de  la  Campine,  est  sans  contredit 
son  antique  château,  construit  principalement  au  xv°  siècle, 
à  la  lisière  de  la  grande  forêt  ducale,  et  restauré  au  xvne 
siècle.  Il  servit  longtemps  de  rendez-vous  de  chasse  pour 
nos  Souverains,  et  la  Cour  y  séjourna  fort  souvent. 

Les  bâtiments  n'offrent  pas  un  intérêt  extraordinaire,  mais 
toutefois,  leur  masse  imposante,  dominée  par  le  lourd  donjon, 
s'élevant  au  centre  d'un  vaste  étang  que  bordaient  des  arbres 
séculaires,  formait  un  ensemble  majestueux  et  plein  de  carac- 
tère. L'administration  communale  de  Turnhout,  sous  prétexte 
que  l'eau  des  fossés  dégageait  des  miasmes  délétères,  a  pris 
la  malencontreuse  décision  de  faire  combler  l'étang.  De  plus, 
une  grande  partie  des  arbres  environnants  ont  disparu; 
d'autres,  souffreteux,  ne  tarderont  pas  à  devoir  être  enlevés. 
L'exécution  des  travaux  projetés  devait  avoir  pour  résultat 
d'isoler  le  château,  qui  aurait  ainsi  perdu  tout  caractère  et 
toutes  proportions,  au  milieu  d'une  plaine  de  sable,  miséra- 
blement clôturée  par  des  bâtisses  ou  des  murs  de  la  plus 
désespérante  vulgarité.  Mis  au  courant  malheureusement 
an  peu  tard,  nous  nous  sommes  rendus  à  Turnhout  et  nous 
avons  pu  constater  que  le  mal  était  déjà  en  grande  partie 
consommé.  Le  Comité  central,  prévenu  par  nous,  a  pleine- 
ment confirmé  nos  protestations,  et  a  d'urgence  demandé 
aux  autorités  compétentes  que  l'on  fasse  immédiatement 


-  218  — 

slaler  tous  les  travaux,  que  l'on  ordonne  de  rouvrir,  au 
moins  en  grande  partie,  les  fossés  comblés,  et  que  Ton 
prenne  les  mesures  nécessaires  pour  la  conservation  des 
arbres.  Nous  espérons  que  de  cette  manière  cet  acte  injusti- 
fiable de  vandalisme  pourra  être  heureusement  empêché. 

Il  nous  reste  à  vous  dire  un  mot,  Messieurs,  de  l'ancienne 
t  Vleeschhuis  »  d'Anvers,  et  des  diverses  questions  qui  se 
rattachent  à  la  conservation  et  au  dégagement  de  cet  édifice 
remarquable.  Les  membres  du  Comité  central  sont  venus 
plusieurs  fois  à  Anvers  pour  étudier  la  chose  sur  place,  et 
une  solution  interviendra  sans  doute  à  bref  délai. 

Pour  la  restauration,  on  a  été  d'avis  qu'il  y  avait  lieu  d'en 
faire  le  moins  possible;  desimpies  travaux  sans  conséquence 
ont  été  autorisés  à  titre,  pourrait-on  dire,  d'échantillon.  Car 
en  général  les  bâtiments  sont  dans  un  étal  de  conservation 
parfaite,  revêtus  d'une  patine  admirable,  et  il  serait  à  crain- 
dre que  des  restaurations  trop  apparentes  ne  nuisent  à  l'effet 
général,  et  par  enchaînement  n'arrivent  à  provoquer  une 
transformation  complète.  Mais  il  existe  encore  un  projet  plus 
important.  La  ville  d'Anvers  voudrait  dégager  le  monument 
et  tracer  une  nouvelle  rue  aboutissant  au  quai. 

Comme  vous  le  savez,  les  bâtiments  du  «  Vleeschhuis  •, 
édifiés  d'après  les  plans  de  l'architecte  Herman  de  Waghe- 
maker  le  Vieux,  ont  été  terminés  en  1501.  Ils  ont  été 
construits  au  milieu  d'une  agglomération  de  maisons  peu 
importantes,  bordant  des  rues  étroites.  Pour  gagner  de  la 
place,  la  façade  occidentale  a  été  portée  au  moyen  d'une 
arche  au-dessus  de  l'ancien  quai,  jusqu'au  bord  du  fossé  du 
Bourg.  De  l'autre  côté  de  ce  fossé  fort  étroit,  s'élevait  le  mur 
de  l'enceinte,  couronné  d'une  foule  de  constructions  parasites. 


—  219  — 

Il  est  clair  que  l'architecte,  dans  l'élaboration  de  ses 
plans,  a  dû  tenir  compte  de  la  disposition  des  lieux  ;  l'étude 
des  caractères  architecloniques  de  l'édifice  le  prouve  à  l'évi- 
dence. En  effet,  on  devra  constater  qu'une  grande  simplicité, 
une  sévérité  de  lignes  fort  apparente,  ont  été  employées  pour 
toute  la  partie  supérieure  de  la  façade,  pour  le  fronton 
principal,  pour  les  tours  si  élégantes.  II  est  clair  que  cette 
partie  de  l'édifice  était  destinée  à  être  vue  de  loin,  au-dessus 
des  toits  des  constructions  avoisinanles.  Par  contre,  dans 
les  parties  basses,  qui  se  trouvaient  à  proximité  du  specta- 
teur et  à  portée  immédiate  de  sa  vue,  dans  les  meneaux  des 
fenêtres,  dans  les  encadrements  des  portes,  sur  les  contre- 
forts, l'architecte  a  prodigué  une  ornementation  beaucoup 
plus  riche.  Les  documents  de  l'époque  attestent  encore  que, 
peu  après  la  construction  de  l'édifice,  les  bouchers  achetaient 
des  maisons  voisines  pour  les  reconstruire  en  un  style 
approprié  à  celui  de  leurs  halles,  preuve  évidente  qu'ils  son- 
geaient non  à  les  isoler,  mais  à  leur  donner  un  cadre  digne 
d'elles. 

On  veut  maintenant  tracer  une  rue  qui  partirait  de  la 
façade  occidentale  pour  aboutir  au  quai,  en  face  du  Musée 
du  Steen.  Ni  au  point  de  vue  de  l'utilité,  ni  à  celui  du 
pittoresque,  ni  à  celui  des  véritables  traditions  artistiques, 
cette  nouvelle  voie  ne  serait  justifiable. 

En  effet,  celte  rue,  d'une  longueur  insignifiante,  serait 
parallèle  à  deux  autres  existant  à  quelques  pas  de  là  ;  celles-ci 
suffisent  amplement  à  assurer  la  circulation  très  réduite 
d'un  quartier  sans  mouvement  ni  passage  actif. 

Le  spectateur,  l'étranger,  qui  voudrait  jouir  du  pittoresque 
créé  par  la  nouvelle  rue,  devrait,  d'une  part,  spécialement 


—  MO  — 

se  rendre  dans  le  quartier  de  la  Boucherie  et  de  là  il  pourrait 
apercevoir  le  Steen  avec  ses  ajoutes  malheureuses  ;  en  sens 
inverse,  il  pourrait  gagner  la  plate-forme  étroite  qui  s'étend 
devant  ce  Musée  et  de  là  il  réussirait,  il  est  vrai,  de  décou- 
vrir la  Boucherie,  mais  celle-ci  ne  lui  apparaîtrait  qu'enca- 
drée par  les  deux  cubes  de  maçonnerie,  hauts  de  16  à 
17  mètres,  qui  s'élèveront  à  front  de  quai  aux  deux  coins  de 
la  nouvelle  artère. 

On  ne  pourra  donc  faire  valoir  ni  l'utilité,  ni  le  pittoresque 
en  faveur  du  projet  actuellement  en  discussion. 

Qu'on  démolisse  les  bâtiments  modernes,  qui  des  deux 
côtés  flanquent  la  façade  principale,  soit.  Qu'on  dégage 
celle-ci  ;  nous  l'admettons.  Mais  qu'on  ne  donne  pas  à  l'em- 
placement nouveau  à  créer  une  largeur  plus  grande  que 
celle  de  l'ancien  fossé;  on  rétablira  ainsi  les  conditions  topo- 
graphiques exactes  dont  l'architecte  a  dû  tenir  compte  lors 
de  la  construction. 

Du  reste,  ce  dégagement  des  monuments  du  moyen  âge 
est  en  général  contraire  aux  principes  constitutifs  qui  prési- 
daient aux  styles  employés  à  celte  époque. 

C'est  cette  même  idée  qu'exposait  si  justement  dans  une 
récente  étude,  M.  Henri  Ghabeuf.  Appréciant  des  opinions 
émises  par  Taine,  il  écrivait  :  •  Cette  théorie  du  vide  autour 
des  édifices  n'est  pas  nouvelle,  mais  je  ne  la  crois  pas  plus 
vraie  pour  cela.  D'abord,  l'argument  tiré  de  l'art  antique 
n'est  pas  péremploire,  les  Grecs  et  les  Romains  n'avaient 
nullement  pour  les  grands  espaces  le  goût  que  leur  attribue 
l'auteur.  Le  forum  romain  n'était  pas  la  place  immense  que 
nous  imaginons,  et  dans  celui  de  Trajan,  la  fameuse  colonne 
à  la  spirale  de  marbre  sculpté,  se  dressait  dans  un  atrium 


—  m  — 

beaucoup  plus  exigu  que  la  place  Vendôme,  à  Paris.  C'est 
l'école  classique  des  dernières  années  du  xvi6  siècle,  qui  a 
inauguré  le  système  des  grands  vides  en  architecture,  et  la 
place  dont  le  Bernin  a  jeté  l'ellipse  à  quadruple  colonnade 
au-devant  de  Saint-Pierre  de  Rome,  est  le  type  le  plus  réussi 
d'un  genre  nouveau  que  l'on  peut  iouer  ou  blâmer,  mais  qui 
est  en  tout  cas  une  conception  étrangère  à  l'art  antérieur. 
Pour  ce  qui  est  des  cathédrales  gothiques,  leur  structure, 
tout  à  l'échelle  humaine,  exige  qu'elles  demeurent  en  contact 
avec  l'homme.  Et  ici  la  loi  morale  est  d'accord  avec  la  loi 
géométrique.  Et  si  ces  lois  sont  vraies  pour  les  édifices  reli- 
gieux, elles  ne  le  sont  pas  moins  pour  les  constructions  civiles 
conçues  dans  le  même  style.  » 

Monlalembert  Ta  très  justement  précisé  :  «  L'isolement  est 
funeste  aux  admirables  édifices  du  moyen  âge;  ils  ne  sont 
pas  faits  pour  le  désert,  comme  les  pyramides,  mais  pour 
planer  au-dessus  des  habitations  humaines  serrées  à  leurs 
pieds.  » 

Mais  au  tracé  de  la  nouvelle  rue  il  existe  encore  un  incon- 
vénient. Entre  la  Boucherie  et  le  quai  s'élevait  un  ensemble 
de  constructions  que  l'on  désignait  sous  l'ancienne  enseigne 
du  c  Gans  ».  C'étaient  autour  d'une  succession  de  cours,  des 
bâtiments  appartenant  à  toutes  les  époques,  dans  la  con- 
struction desquels  on  relevait  des  parties  en  style  ogival, 
d'autres  en  style  renaissance  et  d'autres  encore,  il  faut 
l'avouer,  sans  aucun  style.  Mais,  au  dire  des  artistes  qui 
s'opposèrent  énergiquement  à  leur  disparition,  l'ensemble 
formait  un  motif  d'une  coloration  des  plus  harmonieuse, 
dans  lequel  pouvaient  se  discerner  de  nombreux  détails, 
dignes  de  fixer  le  pinceau.  La  disparition  des  ajoutes  mo- 


—  2*2  — 

deroes  et  une  habile  restauration  auraient  pu  donner  à  ces 
derniers  restes  du  vieil  Anvers  une  indéniable  valeur  archéo- 
logique. Mais  ce  bien  était  la  propriété  d'un  particulier,  et 
en  quelques  jours  tous  ces  bâtiments  sont  tombés  sous  la 
pioche  des  démolisseurs. 

Toutefois,  la  limite  extérieure  de  cette  propriété  était  for- 
mée par  l'ancien  mur  du  bourg  d'Anvers.  Ce  rare  vestige 
de  la  première  enceinte  de  la  ville  primitive  date  de  diverses 
époques.  La  base,  d'une  épaisseur  de  près  de  deux  mètres, 
fut  construite  en  pierres  de  Tournai  probablement  au  xe  siè- 
cle. Plus  haut  se  superposent  diverses  parties  formées  de 
pierres  blanches  ou  de  briques,  qui  ont  été  ajoutées  au  cours 
des  siècles,  toujours  avant  le  xv*.  A  la  veille  de  la  démolition, 
quand  on  a  évacué  les  magasins  du   «  Gans  »  et  quand, 
déjouant  une  consigne  féroce,  nous  avons  réussi  à  pénétrer 
dans  ces  bâtiments  déserts,  nous  avons  pu  constater  avec 
une  joyeuse  surprise  que  la  partie  supérieure  de  deux  des 
tours  existait  encore.  Une  courtine  les  joignait  et  Tune  de 
ces  tours,  en  parfait  étal  de  conservation,  était  encore  cou- 
verte de  son  toit  conique  et  doublée  de  son  chemin  de  ronde 
entièrement  intact.  Hélas,  ces  restes  précieux  de  l'architec- 
ture militaire  médiévale  ont  eu  le  sort  des  bâtiments  dans 
lesquels  ils  élaienl  encastrés  ;  ils  ont  été  brutalement  anéan- 
tis. Aujourd'hui  n'existe  plus  que  le  mur  d'une  hauteur 
d'environ  trois  mètres.  11  est  évident  qu'au  point  de  vue  du 
pittoresque,  il  n'offre  plus  grand  intérêt.  Si  on  le  veut,  c'est 
un  fruste  amas  de  pierres,  dans  lesquelles  les  voisins,  au  gré 
de  leurs  nécessités,  ont  ménagé  des  escaliers,  des  armoires 
ou  d'autres  dégagements.  Mais  au  point  de  vue  historique 
ces  restes  ont  une  valeur  immense.  Ce  sont  les  derniers  et 


—  223  — 

incontestables  vesliges  du  bourg  primitif,  berceau  de  la  ville 
d'Anvers  ;  ils  ont  été  témoins  de  tous  les  événements  heureux 
et  malheureux,  qui  pendant  quatre  siècles  se  sont  déroulés 
dans  la  capitale  du  Marquisat  du  Saint-Empire;  enfin  ils 
persistent  comme  un  suprême  témoignage  d'origine,  pour 
rappeler  à  tous  les  débuts  modestes  de  celte  cité  superbe 
qui  s'étend  orgueilleusement  au  loin.  Faut-il  condamner 
aussi  à  la  destruction  cet  ancien  rempart  ?  Au  Comité  central 
à  se  prononcer  à  ce  sujet. 

Toutefois  ici  surgit  une  question  intéressante.  A  qui  appar- 
tient l'ancienne  enceinte  ?  Il  nous  semble,  qu'en  étudiant  les 
sources  historiques  on  devrait  certainement  pouvoir  établir 
sur  ce  point  le  droit  de  propriété  de  la  ville,  à  laquelle  elle 
aurait  été  cédée  par  nos  anciens  ducs  de  Brabant.  C'est  à 
rechercher.  Mais  même  s'il  était  prouvé  que  le  mur  appar- 
tenait aux  riverains,  ne  pourrions-nous  pas  intervenir  auprès 
des  particuliers  pour  les  empêcher  de  détruire  un  monument 
digne  d'être  conservé?  La  question  n'est  pas  nouvelle.  Et 
déjà,  lors  du  Congrès  international  d'Archéologie  qui  tint 
ses  assises  à  Anvers  en  1866,  ce  point  important  fut  débattu. 
Vous  connaissez  sans  doute  le  travail  important  que  présenta 
sur  ce  sujet  avec  une  rare  compétence,  notre  confrère  M.  le 
président  Schuermans  :  «  Il  n'est  pas  douteux,  écrivait-il, 
que  le  droit  de  réglementer  celte  matière  appartient  au  légis- 
lateur et  même  au  pouvoir  communal  » .  Puis,  développant 
sa  pensée,  il  ajoutait  aussi  :  «  Ici  encore,  du  reste,  pour  ne 
pas  rendre  trop  onéreuses  aux  particuliers,  ce  qui  serait  une 
injustice,  les  restrictions  opposées  à  l'usage  de  leurs  pro- 
priétés, le  Gouvernement  aurait  une  action  bien  plus  directe, 
en  intervenant  par  voie  de  subsides  conditionnels  ou  même 


-  224  — 

d'acquisition,  voire  même  d'ex  propria  lion,  comme  cela  a  été 
reconnu  à  propos  des  arènes  de  Nismes,  dont  une  partie 
était,  on  ne  sait  en  quel  temps,  entrée  dans  le  domaine 
privé,  et  qu'un  procès  en  expropriation,  plus  équitable 
qu'une  revendication,  en  a  fait  sortir.  » 

Il  nous  semble  que  celle  question  mériterait  d'être  étudiée 
sur  toutes  ses  faces  ;  car  en  bien  des  circonstances,  uoe 
intervention  opportune  ne  pourrait  que  produire  les  résul- 
tais les  plus  heureux. 

Ce  droit  de  protection  dévolu  à  la  Commission  des  monu- 
ments serait  fort  important  et  son  exercice  pourrait  plus 
d'une  fois  sauver  de  la  destruction  ou  d'une  restauration 
maladroite  des  monuments  dignes  de  conservation. 

N'avons-nous  pas  vu  mettre  récemment  en  vente  à  Anvers 
la  belle  tour  qui  porte  le  nom  de  tour  Van  Slraelen. 
Construite  entre  les  années  1550  et  1560  aux  frais  d'un 
marchand  étranger  établi  à  Anvers,  Fernando  de  Bernuy, 
elle  fut  complétée  et  achevée  après  1565  par  son  nouveau 
propriétaire,  l'infortuné  bourgmestre,  Antoine  Van  Slraelen. 
Ce  monument,  conservé  intact  tant  à  l'extérieur  qu'à  l'inté- 
rieur, où  se  remarquent  encore  de  fort  intéressantes  boiseries 
sculptées,  offre  un  intérêt  considérable  pour  l'histoire  de 
l'architecture  dans  nos  provinces,  attendu  qu'il  peut  servir 
à  indiquer  d'une  façon  précise  le  moment  où  nos  architectes 
ont  abandonné  les  principes  de  l'art  ogival,  pour  adopter 
ceux  de  la  renaissance  classique.  La  base  de  la  tour  et  ses 
divers  étages  inférieurs,  les  ornements  de  l'encadrement  de 
la  porte  d'entrée,  sont  conçus  en  un  style  gothique  dans 
lequel  se  remarque  déjà  l'influence  du  plein  cintre  classique, 
tandis  que  l'étage  supérieur,  la  toiture  avec  sa  girouette  aux 


—  285  — 

motifs  héraldiques  et  l'aménagement  intérieur,  sont  franche- 
ment conçus  en  renaissance. 

Ce  monument  appartenait  à  un  particulier  ;  il  a  couru  les 
risques  d'enchères  publiques  ;  heureusement  des  acheteurs 
intelligents  ont  promis  de  le  conserver  sans  y  apporter  des 
modifications  quelconques. 

Celte  intervention  que  nous  voudrions  au  besoin  voir  se 
produire  chez  des  particuliers,  nous  devrions  quelquefois 
plus  efficacement  la  faire  sentir  au  profit  de  monuments 
classés.  Dans  ce  cas  se  trouve  la  tour  de  l'église  Saint- 
Charles,  qui  forme  un  des  spécimens  les  plus  remarquables 
de  ce  genre  de  constructions  édifiés  en  style  renaissance. 
Construite  entre  les  années  1614  et  1621,  sur  les  plans  du 
père  François  d'Aiguillon,  elle  a  heureusement  échappé  au 
terrible  incendie  de  1718.  C'est  à  ce  monument  que  des 
réparations  urgentes  étaient  nécessaires.  On  les  a  exécutées 
d'une  façon  déplorable.  Tous  les  ornements  ou  les  détails 
d'architecture  un  peu  délabrés  ont  été  consolidés  au  moyen 
de  fortes  armatures  en  fer,  bien  apparentes,  et  ce  qui  pis 
est,  toute  la  partie  inférieure  de  la  tour  jusqu'au  second 
étage  a  été  à  grands  coups  de  brosse  revêtue  d'un  enduit 
bien  uniforme,  d'une  couleur  grise  noire  des  plus  tristes. 
Et  ce,  quand  de  l'autre  côté  du  temple,  on  pouvait  prendre 
pour  modèle  la  riche  façade  en  pierres  apparentes. 

Dans  un  de  nos  précédents  rapports  nous  vous  parlions 
de  la  si  gracieuse  chapelle  Saint-Nicolas  que  la  puissante 
corporation  des  merciers  fit  édifier  au  commencement 
du  xv^  siècle  d'après  les  plans,  croit-on,  de  l'architecte 
Pierre  A ppelmans.  Nous  vous  avions  exposé  le  triste  état  dans 
lequel  se  trouvait  ce  bijou  architectural,  transformé  en  dépôt 


—  M6  - 

de  linoléum,  nous  vous  avions  narré  nos  recherches  dans  les 
combles  de  l'édifice  pour  sauver  les  restes  mutilés  du  mobi- 
lier sacré,  abandonnés  au  milieu  d'un  monceau  de  débris 
sans  nom.  Grâce  à  nos  communes  démarches,  la  chapelle 
avait  été  évacuée  et  des  négociations  étaient  entreprises  entre 
le  Ministre  compétent  et  l'administration  des  hospices,  pro- 
priétaire du  bâtiment,  pour  y  installer  le  dépôt  des  archives 
de  l'État.  C'eût  été  le  salut  de  la  chapelle.  Mais  ces  négocia- 
tions viennent  d'être  brusquement  rompues  et  l'administra- 
tion des  hospices  s'est  empressée  d'autoriser  le  retour  de 
son  ancien  locataire,  suivi  de  tout  son  stock  de  linoléum. 
Et  pour  que  l'édifice  fut  digne  de  le  recevoir,  on  en  a  fait 
rapidement  la  toiletté.  Le  petit  porche  renaissance  a  été 
recouvert  d'un  plâtrage  bien  épais,  sans  oublier  d'en  revêtir 
en  même  temps  les  médaillons  si  finement  sculptés  qui 
l'ornent;  les  anciens  petits  carreaux  sertis  de  plombs  vétustés 
garnissant  les  baies  ogivales,  ont  été  remplacés  par  de 
grandes  vitres  bien  claires.  Messieurs,  si  vous  n'intervenez 
pas  promplement,  la  liste  des  actes  de  vandalisme  si  longue 
déjà  pour  Anvers  s'enrichira  d'une  page  nouvelle. 

Ailleurs  encore,  à  la  Grand'Place,  l'administration  com- 
munale est  devenue  propriétaire  d'une  maison  portant  autre- 
fois pour  enseigne  de  Alouwe.  C'était  le  siège  de  l'ancienne 
corporation  des  tonneliers,  dont  les  insignes  étaient  sculptés 
sur  divers  cartouches  ornant  la  façade.  Deux  dates  pouvaient 
s'y  lire,  celle  de  1579  indiquant  la  reconstruction  après 
l'incendie  provoqué  par  les  sanglantes  journées  de  la  furie 
espagnole  et  celle  de  1628,  placée  lors  d'une  restauration 
postérieure.  Le  bâtiment  était  encore  en  parfait  état;  il 
suffisait  de  rétablir  l'ordonnance  des  fenêtres  et  de  compléter 


—  227  — 

le  fronton.  C'était  trop  peu.  On  a  procédé  à  une  démolition 
complète.  Aujourd'hui  s'élève  en  cet  endroit  une  construction 
nouvelle,  édifiée,  nous  devons  l'avouer,  de  façon  heureuse 
par  un  architecte  de  talent,  mais  néanmoins  notre'  ville 
compte  un  vieil  édifice  de  moins  qui  aurait  mérité  d'être 
conservé,  ne  fùl-ce  qu'en  considération  des  souvenirs  histo- 
riques qui  y  étaient  attachés. 

Mais,  Messieurs,  il  est  temps  que  nous  arrêtions  ici  ce 
rapport  trop  long  déjà.  Permettez-nous,  en  terminant,  de 
formuler  un  vœu . 

L'administration  communale,  la  dépulation  permanente, 
les  autorités  des  diverses  communes  de  la  province,  se  font 
un  devoir  de  nous  soumettre  leurs  plans  et  projets  de  con- 
struction ou  de  restauration.  Nous  les  examinons  conscien- 
cieusement et  émettons  un  avis  motivé,  arrêté  après  discussion 
approfondie.  Puis,  nous  faisons  parvenir  tout  le  dossier  au 
Comité  central.  Celui-ci,  à  son  tour,  se  prononce.  Mais  le  plus 
souvent  la  décision  prise  ne  nous  est  pas  connue.  N'y  aurait-il 
pas  moyen  de  nous  en  faire  part?  Si  nos  observations  sont 
approuvées,  nous  serons  toujours  flattés  d'être  en  commu- 
nauté d'idées  avec  nos  confrères  du  Comité  central  ;  dans  le 
cas  contraire,  nous  ne  pourrions  que  nous  instruire  en  pre- 
nant connaissance  des  motifs  qui  ont  décidé  ces  mêmes 
confrères  à  émettre  un  avis  opposé  au  nôtre. 

Puis,  dans  bien  des  cas,  la  communication  de  la 
décision  finale  nous  éviterait  des  situations  parfois  embar- 
rassantes, dans  lesquelles  nous  nous  trouvons  inévitable- 
ment, quand  les  intéressés  viennent  nous  consulter  ou 
nous  parler  de  projets  qu'ils  nous  avaient  soumis  en  premier 
ressort. 


—  238  — 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Donnel,  nous  vous  remer- 
cions et  nous  vous  félicitons  pour  votre  beau  rapport,  rempli 
de  choses  extrêmement  intéressantes.  Il  n'a  qu'un  défaut, 
vous  l'avez  dit  vous-même  :  c'est  d'avoir  dépassé  le  quart- 
d'heure  réglementaire. 

Vous  avez  parlé  de  deux  points  très  intéressants  :  des 
inventaires,  dont  il  sera  question  au  3°  de  l'ordre  du  jour  et, 
ensuite,  du  massacre  de  la  tour  de  l'église  Saint-Charles,  un 
monument  qui  est,  comme  vous  le  dites  fort  bien,  l'un  des 
spécimens  les  plus  remarquables  de  ce  genre  de  construc- 
tions. Lorsque  nous  avons  appris  que  l'on  tentait  de 
détruire  la  tour  de  telle  façon,  nous  avons  envoyé  une 
délégation  qui  a  émis  son  avis  à  ce  sujet,  avis  très  catégo- 
rique, que  nous  avons  signalé  à  M.  le  Ministre  de  la  Justice. 
Le  projet  consistait  à  détruire  en  quelque  sorte  une  façade 
extrêmement  importante  du  monument,  sans  que  personne, 
ni  Ministre,  ni  Comité  provincial,  ni  Comité  central,  eût  été 
pressenti.  Il  y  a  là  un  véritable  abus. 

Quant  au  vœu  que  vous  avez  émis  en  terminant,  c'est 
à  examiner;  nous  ne  demandons  pas  mieux,  évidemment, 
que  vous  soyez  avertis  chaque  fois  que  nous  sommes 
de  votre  avis  ou  même  d'un  avis  différent.  Seulement,  il 
peut  se  présenter  des  cas  où  cela  peut  offrir  des  inconvé- 
nients, notamment  celui-ci  :  quid,  si  notre  avis  n'est  pas 
suivi?  Les  autorités  supérieures  veulent  bien  se  rallier  à 
notre  opinion,  mais  elles  n'y  sont  pas  contraintes. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  du  Brabant. 


—  229  — 


PROVINCE  DE  BRABANT. 


M.  Dumortier,  en  remplacement  de  M.  Destrée,  rappor- 
teur : 

Messieurs, 

En  conformité  de  l'art.  64  de  votre  règlement  organique, 
nous  avons  l'honneur  de  vous  faire  rapport  sur  les  travaux 
du  Comité  des  correspondants  du  Brabant  pendant  l'année 
19O1-1902. 

Ainsi  que  nous  l'avons  constaté  déjà  les  années  précé- 
dentes, notre  Comité  cherche  à  rendre  chaque  jour  plus 
efficace  la  mission  de  surveillance  et  de  direction  que  la 
vigilance  du  Gouvernement  a  si  heureusement  confiée  à  la 
Commission  royale  des  monuments.  Dans  toutes  les  déci- 
sions que  nous  avons  été  appelés  à  prendre,  dans  tous  les 
avis  que  nous  avons  eu  à  émettre,  nous  ne  nous  sommes 
préoccupés  que  d'assurer  le  maintien  du  patrimoine  artis- 
tique du  pays. 

C'est  cette  préoccupation  si  légitime  qui  nous  fait  ardem- 
ment désirer  que  les  restaurations  ne  soient  jamais  de 
néfastes  reconstructions.  Les  monuments  que  les  siècles 
nous  ont  légués  et  que  mine  l'inlassable  action  du  temps  ne 
doivent  subir  que  les  plus  indispensables  réfections.  Ils 
tiennent  de  leur  âge  un  charme  que  des  mains  sacrilèges 
trop  hardies  leur  arracheraient.  Les  siècles  leur  ont  donné 
une  chaude  patine  qui  dit  leur  histoire,  leur  vie,  car  ces 


—  330  — 

grands  êtres  de  pierre  vivent  à  côté  des  générations 
humaines  fuyantes  et  rapides  et  en  expriment  en  quelque 
sorte  la  philosophie. 

Le  souci  de  les  conserver  tous  nous  a  poussés  à  vous 
proposer  de  classer  un  certain  nombre  d'édifices  parmi  les 
monuments.  Ce  classement  donne  la  conscience  de  la  valeur 
artistique  de  ces  constructions  aux  administrations  publiques 
qui  en  ont  la  garde  et  étend  les  bienfaits  de  votre  tutelle 
éclairée.  C'est  ainsi  que  nous  avons  attiré  votre  attention  sur 
Tintérêt  qui  s'attache  à  l'église  du  hameau  de  Rhode-Sainle- 
Brice-sous  Meysse.  La  multiplicité  et  la  disposition  des 
toitures  de  chacune  de  ces  parties,  remontant  à  des  époques 
très  différentes  de  notre  histoire,  lui  donnent  un  aspect 
caractéristique  et  original  qui  justifie  à  notre  sens  son  clas- 
sement parmi  les  monuments  de  la  troisième  classe. 

11  en  est  de  même  de  l'église  de  Nosseghem,  qui,  bien 
que  dénaturée  par  de  malencontreuses  transformations  opé- 
rées au  xvme  siècle,  a  conservé  des  restes  importants  de  la 
construction  primitive,  lesquels  sont  d'un  dessin  architec- 
tural fort  simple  mais  de  belles  proportions. 

L'église  de  Wesembeek  présente  également  des  parties 
qui  offrent  un  sérieux  intérêt.  Le  chœur,  dont  l'extrémité 
forme  la  moitié  d'un  pentagone,  appartient,  en  effet,  à  la 
dernière  période  de  l'art  gothique. 

Les  murs  de  l'édifice,  renforcés  de  contreforts,  ont  leurs 
parements  extérieurs  bien  dressés  et  appareillés  en  pierre  de 
Dieghem,  tandis  que  les  quatre  fenêtres  qui  subsistent  sur 
les  six  baies  anciennes,  ont  été  garnies  de  meneaux  refaits 
il  y  a  quelque  vingt-cinq  ans  et  fort  maladroitement  dessi- 
nés. 


—  23!  — 

Les  désastres  accumulés  dans  les  réfections  entreprises 
vers  cette  époque  sont,  du  reste,  fort  grands  ;  les  édifices 
anciens  étaient  mal  étudiés  et  peu  connus,  et  les  architectes 
appelés  à  restaurer  et  à  agrandir  les  églises,  se  mettaient  au 
travail  avec  la  superbe  assurance  que  fait  naître  l'inconscience 
des  difficultés.  Un  aussi  grave  reproche  ne  peut  plus  être 
adressé  aux  restaurateurs  d'aujourd'hui.  Entreprises  dans  le 
seul  but  de  sauver  les  édifices  qui  s'effritent  sous  l'irrésistible 
morsure  du  temps,  ces  restaurations  sont  généralement  bien 
étudiées  et  ne  reçoivent  votre  approbation  que  si  elles  res- 
pectent complètement  l'admirable  harmonie  des  monuments 
du  passé. 

Mais  un  projet  bien  étudié  n'assure  pas  nécessairement 
une  exécution  parfaite. 

Les  questions  artistiques  les  plus  délicates  peuvent  surgir 
à  tous  les  moments  dans  la  restauration  des  édifices  anciens, 
sans  qu'il  ait  été  possible  de  les  prévoir  au  début  des  travaux. 
Or,  l'auteur  du  projet  se  défend  difficilement  contre  les  exi- 
gences et  les  fantaisies  d'un  client  et  est  ainsi  quelquefois 
entraîné  à  prendre  des  décisions  néfastes  que  l'intervention 
des  services  techniques  provinciaux  lente  le  plus  souvent 
seule  de  prévenir.  Il  faut  savoir  reconnaître  que  la  surveil- 
lance qui  s'exerce  au  cours  des  plus  délicats  ouvrages 
architecturaux  est  aujourd'hui  encore  insuffisante. 

Profitons  de  nos  confraternelles  et  annuelles  réunions 
pour  souhaiter  que  la  Commission  royale  des  monuments 
recherche  le  moyen  d'assurer  un  contrôle  artistique  effectif 
sur  les  travaux  entrepris  à  nos  monuments  les  plus  impor- 
tants. 

Vos  délégués  font  actuellement  déjà  quelques  visites  sur 


—  232  -» 

les  chantiers,  mais  ces  visites,  pour  avoir  des  effets  réellement 
utiles,  devraient  èlre  plus  fréquentes.  Peut-être  pourriez-vous 
recourir  à  vos  représentants  régionaux  pour  étendre  sur  des 
travaux  délicats  d'art  la  surveillance  autorisée  d'hommes 
compétents.  Néanmoins  les  progrès  sont  manifestes  dans  les 
travaux  de  restauration  ;  mais  dans  les  constructions  nou- 
velles on  découvre  trop  rarement  des  créations  empreintes 
d'une  réelle  et  saine  originalité. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  faut  inspirer  aux  jeunes  archi- 
tectes le  souci  constant  de  leur  personnalité  artistique  d'une 
individualité  intangible.  Qu'ils  craignent,  après  avoir  puisé 
chez  les  maîtres  les  principes  nécessaires  de  la  science,  de 
se  borner  à  imiter  ces  maîtres,  à  s'enrégimenter  dans  leurs 
écoles.  Ils  ne  connaîtront  pas  comme  d'autres  les  affres  du 
doute  sur  la  valeur  de  leurs  productions  ;  ils  auront  la 
satisfaction  sûre  et  paisible  de  réussir  rapidement,  mais  ils 
ne  pourront  jamais  aspirer  aux  triomphes  que  procure  seule 
l'audace  enivrante  d'être  le  créateur  d'une  nouvelle  expres- 
sion d'art. 

Les  maîtres,  dans  la  maturité  de  leur  âge,  souhaitent 
ardemment  ce  renouveau.  Ils  y  puiseraient  la  sécurité  de 
voir  leur  œuvre  que  des  imitations  serviles  diminueraient 
confiée  à  d'habiles  continuateurs,  qu'ils  attendent  et  qu'ils 
espèrent.  Car  les  élèves  seulement  consciencieux  ne  créent 
pas  une  œuvre;  ils  la  fabriquent,  cherchant  leurs  inspirations 
dans  des  modèles  stéréotypés  qui  affaiblissent  le  monument 
imité  presque  autant  qu'ils  réduisent  la  valeur  du  nouvel 
édifice. 

Pour  obtenir  cette  originalité  si  souhaitable,  il  n'est  pas 
nécessaire  de  recourir  à  des  complications  d'ornementation 


—  233  — 

qui  font  sourire  et  paraissent  un  constant  démenti  aux  prin- 
cipes de  construction  qui  «  contentent  l'intelligence  par  des 
promesses  d'éternité  > . 

Pendant  toute  l'année  1904-1902,  notre  Comité  s'est 
occupé  avec  activité  de  la  rédaction  d'un  inventaire  complet 
des  objets  d'art  épars  dans  la  province.  Toutes  les  églises 
des  communes  de  l'arrondissement  de  Bruxelles  ont  été 
minutieusement  visitées  et  nous  sommes  en  mesure,  pour 
cet  arrondissement,  de  publier  un  relevé  complet  de  toutes 
les  richesses  artistiques  échappées  aux  effroyables  ravages 
des  guerres  civiles  et  des  invasions. 

Dans  le  but  d'augmenter  l'intérêt  de  celte  publication  et 
d'en  faire  un  recueil  que  consulteraient  avec  intérêt  les 
artistes  et  les  archéologues,  nous  avons  l'intention  d'y 
introduire  des  reproductions  phototypiques  des  objets  les 
plus  intéressants,  soit  au  seul  point  de  vue  de  l'histoire  de 
l'art,  soit  à  celui  de  la  valeur  artistique  propre  des  créations 
des  maitres  anciens. 

Dans  la  réunion  à  laquelle  vous  avez  convié  vos  délégués 
provinciaux,  ce  complément  graphique  du  catalogue  des 
objets  d'art  a  été  unanimement  approuvé  et  n'a  suscité 
d'objections  qu'en  ce  qui  concerne  la  dépense  qu'entraînerait 
l'impression  d'une  publication  enrichie  de  dessins  ou  de 
phototypies.  Cette  préoccupation  est  fort  légitime,  mais  avec 
quelque  persévérance  on  parvient  toujours  à  vaincre  la 
résistance  des  pouvoirs  publics,  qui  finiront  tous  par  consen- 
tir aux  légers  sacrifices  qu'on  leur  demande  en  présence  du 
résultat  à  attendre. 

Notre  Comité  ne  rencontre  du  reste  pas  celte  difficulté  ; 
car  la  province  de  Brabanl  met  généreusement  à  sa  dispo- 


—  234  — 

sition  un  crédit  annuel  suffisant  pour  assurer  rira  pression 
d'un  inventaire  illustré  de  reproductions  des  meilleures 
œuvres  de  nos  maîtres  d'anlan. 

Avec  la  connaissance  complète  des  chefs-d'œuvre  créés 
par  nos  ouvriers  illustres,  nailra  peut-être  chez  quelques 
artistes  la  compréhension  de  l'art  que  réclament  les  temples 
saints,  imprégnés  de  silence  et  de  paix.  Cette  compré- 
hension fait  actuellement  tout  à  fait  défaut  et  les  sculptures 
modernes  notamment,  qu'il  est  bien  difficile  de  qualifier 
du  nom  pompeux  d'objets  d'art,  ne  paraissent  avoir 
d'autre  rôle  que  de  servir  à  rehausser  l'éclat  de  nos  trop 
rares  statues  anciennes,  figurant  des  saints  vénérés,  qui 
éclairent  les  voûtes  assombries  «  de  leur  immobilité  rayon- 
nante » . 

Le  respect  que  méritent  les  objets  anciens  n'a  pas  empêché 
de  malheureuses  restaurations.  N'a-l-on  pas  vu  de  trop 
habiles  praticiens  détruire  par  leur  imbécile  intervention  les 
précieuses  reliques  artistiques  du  passé  :  ajouter  à  des  boi- 
series animées  par  le  ciseau  d'un  maître  sculpteur  des 
appliques  ridicules,  repeindre  des  tableaux  qui  ne  récla- 
maient qu'un  simple  nettoyage,  pousser  l'audace  de  leur 
naïve  outrecuidance  jusqu'à  corser  les  tons  fondus  et  savam- 
ment dégradés  des  maîtres. 

Si  les  commissions  comme  les  nôtres  n'ont  pas  le  pouvoir 
de  faire  naître  des  artistes,  il  leur  est  aisé  de  s'opposer  à  des 
restaurations  maladroites,  quelquefois  criminelles,  des  objets 
d'art  existants.  La  mesure  que  nous  avons  préconisée  et  qui 
a  reçu  votre  pleine  approbation,  de  joindre  à  toute  demande 
de  restauration  d'objets  d'art  la  photographie  de  cet  objet, 
parait  notamment  de  nature  à  mettre  obstacle  à  l'exploitation 


—  835  — 

industrielle  qui  se  cache  si  souvent  derrière  l'œuvre  des 
restaurateurs.    , 

La  photographie  obligera  ces  derniers  à  se  tenir  dans  les 
limites  d'un  travail  strictement  nécessaire,  empêchera  les 
modifications  dangereuses  qui  détruisent  le  caractère  d'une 
œuvre.  En  présence  de  ce  témoin  incorruptible,  les  restau- 
rateurs seront  plus  soigneux  et  plus  patients. 

Les  efforts  que  nous  faisons  pour  maintenir  intact  le  trésor 
artistique  de  la  Belgique  ne  devraient-ils  pas  s'étendre  à  la 
défense  de  ses  beautés  naturelles  ? 

L'initiative  privée  a  bien  créé  quelques  utiles  organismes 
destinés  à  s'opposer  aux  ravages  inconsidérés  que  sèment 
l'art  de  l'ingénieur  et  l'esprit  d'industrialisme,  mais  ces 
sociétés  sont  prévenues  tardivement  et  leur  intervention  se 
résume  trop  souvent  en  des  plaintes  malheureusement  inu- 
tiles devant  le  fait  accompli. 

La  Commission  des  monuments  et  ses  correspondants 
provinciaux  paraissent  particulièrement  bien  placés  pour  per- 
mettre aux  pouvoirs  publics  de  s'entourer  d'avis  d'hommes 
compétents  avant  d'autoriser  ou  d'entreprendre  des  travaux 
qui  entraînent  la  disparition  souvent  sans  nécessité  absolue, 
de  vallons  discrets,  de  sources  moussues,  de  drèves  sécu- 
laires, dont  le  charme  pénétrant  donne  des  impressions 
d'art,  peut-on  dire  aussi  vives  que  les  plus  purs  chefs- 
d'œuvre  humains.  Il  s'y  ajoute  même  une  douceur  émue 
que  le  paysage  familier  fait  nailre  par  une  sorte  d'évocation 
de  l'âme  de  la  terre  natale.  Et  c'est  mal  aimer  son  pays  que 
de  laisser  inutilement  détruire  les  chênes  de  ses  bois,  les 
ormes  de  ses  routes,  les  fleurs  de  ses  prés,  qui  sont  bien 
aussi  un  peu  ses  enfants. 


—  236  — 

M.  le  Président.  —  Comme  toujours,  le  rapport  de 
M.  Désirée  est  extrêmement  bien  Tait. 

Permettez- moi,  Monsieur  Du  mortier,  de  vous  dire  un 
mot  en  ce  qui  concerne  la  surveillance  des  travaux.  Nous 
avons  été  d'accord  avec  le  Ministre,  et  nous  avons  même  été 
beaucoup  plus  loin  que  précédemment  dans  cette  voie-là, 
comme  vous  l'avez,  du  reste,  reconnu  vous-même.  Ainsi, 
Tannée  dernière,  la  Commission,  —  on  vous  l'a  dit 
dans  le  rapport,  —  a  fait  121  visites  et,  plus  d'une  fois, 
beaucoup  d'entre  vous  le  savent,  nous  avons  chargé  des 
membres  correspondants  d'aller  voir  l'exécution  des  travaux. 
Seulement,  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  membres  de  la 
Commission  centrale,  comme  d'ailleurs  les  membres  corres- 
pondants, sont  des  hommes  très  occupés,  qui  ne  peuvent 
être  absorbés  exclusivement  par  ces  inspections. 

Au  sujet  des  inventaires  futurs,  si  vous  voulez  bien  me  le 
permettre,  je  dirai  deux  mots  :  vous  avez  pu  remarquer, 
Messieurs,  dans  le  rapport  que  M.  Dumortier  vient  de  vous 
lire  pour  M.  Destrée,  qu'une  surveillance  des  travaux  se  fait 
en  Brabant  témoignant  de  l'influence  très  grande  que  peut 
avoir  un  Comité  lorsqu'il  le  veut  bien  et  lorsqu'il  se  trouve  en 
possession  d'une  idée  pratique.  Ces  Messieurs  ont  émis  cette 
autre  idée  d'exiger  dorénavant,  soit  pour  les  objels  d'art,  soit 
pour  les  monuments,  d'avoir  dans  le  dossier  une  photogra- 
phie. Nous  avons  fait  une  proposition  en  ce  sens  par  la 
circulaire  qui  a  été  envoyée  dernièrement  et  dont  beaucoup 
de  journaux  ont  donné  la  reproduction  C'est  une  innova- 
tion dont  l'idée  appartient  au  Comité  provincial  du  Brabant; 
nous  l'en  félicitons,  en  signalant  ce  fait  comme  un  exemple 
à  suivre  parles  autres  Comités. 


—  237  — 

Maintenant,  je  devrais  donner  la  parole  au  rapporteur  de 
la  Flandre  occidentale,  qui  n'est  pas  parmi  nous.  Ces  Mes- 
sieurs du  Comité  auraient  bien  pu  nous  envoyer  un  secré- 
taire-adjoint si  le  titulaire  effectif  était  empêché.  On  s'est 
borné  à  nous  envoyer  le  rapport  de  M.  van  Ruymbeke;  par 
ce  fait  même,  le  rapport  ne  sera  pas  discuté.  Je  vous  pro- 
pose purement  et  simplement  de  l'insérer  à  sa  place  dans 
notre  Bulletin,  sans  le  lire  à  l'assemblée,  afin  que  cela  serve 
d'exemple,  pour  l'avenir,  aux  autres  Comités.  (Adhésion.) 


—  338  — 


PROVINCE  DE  LA  FLANDRE  OCCIDENTALE. 


Messieurs, 

Si  pendant  l'année  qui  vient  de  finir,  notre  Comité  n'a 
pas  eu  à  s'occuper  de  travaux  aussi  importants  que  ceux 
des  autres  années,  nous  ne  croyons  cependant  pas  que  le 
nombre  d'affaires  soumises  à  l'approbation  et  à  l'élude  des 
membres  correspondants  de  notre  province,  ait  diminué. 

Félicitons-nous  en,  car  c'est  une  preuve  que  nos  efforts 
ne  sont  pas  inutiles  et  que  le  revirement  de  l'opinion 
publique  vers  le  bon  goût  se  dessine  de  plus  en  plus. 

Ce  sont  les  restaurations  qui  occupent  toujours  la  pre- 
mière place  dans  les  travaux  du  Comité. 

Parmi  celles-ci,  il  convient  de  citer  celles  de  la  Porte 
des  Baudets  à  Bruges,  des  Petites  Halles  de  Courtrai,  du 
triforium  de  l'église  Notre-Dame  à  Bruges,  des  tours  des 
églises  de  Moere  et  de  Poperinghe,  des  églises  de  Rum- 
bekc,  Ramscappelle,  Lampernisse,  Zande,  Locre,  Leysele, 
Notre-Dame  à  Courtrai  et,  enfin,  la  restauration  du  jubé  et 
du  tabernacle  de  l'église  Saint-Nicolas,  à  Dixmude. 

Ce  dernier  travail,  qui  est  encore  à  l'état  de  projet, 
mérite  une  mention  toute  spéciale. 

Le  jubé,  construit  en  1567  par  Jean  Bertet,  est  un  véri- 
table chef-d'œuvre  de  décoration  architecturale  et  florale, 
et  compte  certainement  parmi  les  plus  beaux  spécimens 
connus. 


—  239  — 

Il  fat  garni  à  l'origine  de  49  statues,  posées  dans  autant 
de  niches  à  baldaquin,  réparties  sur  les  quatre  faces. 

II  n'en  reste  malheureusement  plus  que  24,  recouvertes 
de  nombreuses  couches  de  chaux,  sous  lesquelles  on  trouve 
une  polychromie  des  plus  riches  et  des  plus  brillantes. 

Les  statues  sont  d'époques  différentes.  Un  de  nos  mem- 
bres rapporteurs,  envoyé  à  Dixmude,  a  découvert  sur  Tune 
d'elles  le  nom  d'Urbain  Taillebert  (1600),  et  celui  de 
Wouter  van  Volmcrbeke,  en  caractères  gothiques,  sur  une 
Sainte-Barbe;  d'autres  sont  considérées  comme  contempo- 
raines du  jubé,  œuvres  peut-être  de  Jean  Bertet  ou  de 
Jean  Bottelgier,  qui  contribuèrent  à  son  exécution. 

Le  tabernacle  est  une  œuvre  de  marbrerie  du  style  de  la 
renaissance,  orné  de  sculptures  et  de  24  statues.  II  est  en 
très  mauvais  état  de  conservation  et  sa  restauration  équi- 
vaudrait à  une  reconstruction  totale. 

Les  statues,  très  gravement  mutilées,  sont  en  albâtre;  de 
quelques-unes  il  ne  reste  plus  que  d'insignifiants  fragments. 

Aussi,  notre  Comité  a  estimé  qu'il  serait  utile  que  les 
travaux  de  restauration  soient  soumis  à  la  surveillance  du 
membre  rapporteur. 

S'il  nous  est  permis  de  nous  réjouir  le  plus  souvent 
d'heureux  projets  de  restauration,  il  nous  est  parfois  pénible 
de  devoir  constater  que  certaines .  administrations,  dans 
un  but  louable,  nous  le  voulons  bien,  sacrifient  l'art  et 
commettent  ainsi  de  véritables  actes  de  vandalisme. 

Il  en  est  ainsi  de  l'administration  fabricienne  de  Notre- 
Dame,  à  Courtrai,  qui,  dans  le  but  d'agrandir  l'espace 
réservé  aux  fidèles,  a  réussi,  contrairement  à  l'avis  de  la 
majorité  des  membres  de  notre  Commission,  à  obtenir 


—  240  — 

de  l' Autorité  supérieure  le  dépouillement  des  marbres  du 
transept  et  des  deux  premières  travées  du  chœur. 

Ce  travail  est  actuellement  terminé. 

Il  avait  été  entendu  que,  pour  ne  pas  isoler  le  maître- 
autel,  on  maintiendrait  le  revêtement  en  marbre  autour  du 
sanctuaire  et  qu'on  grouperait  dans  celui-ci  les  divers 
objets  d'ameublement  en  style  renaissance  :  stalles,  lutrins, 
clôture,  que  possède  l'église  et  qui  méritent  d'être  conservés. 

Au  lieu  de  cela,  la  fabrique  décide  l'enlèvement  de  tous 
les  marbres  du  sanctuaire.  Ce  n'est  pas  tout.  Il  parait  que 
l'on  vise  maintenant  aussi  l'enlèvement  des  marbres  de 
revêtement  du  rnaitre-aulel,  des  trois  autels  des  absides  et 
des  lambris  qui  les  relient. 

A  l'origine,  la  fabrique  n'invoquait  que  des  motifs  d'uti- 
lité pratique;  aujourd'hui  qu'elle  a  obtenu  satisfaction  sur 
ce  point,  elle  formule  de  nouvelles  exigences,  qui  seront 
suivies  d'autres. 

Nous  osons  espérer  que  la  Commission  royale  s'opposera 
à  ce  projet  et  qu'elle  refusera  toute  concession  nouvelle  à 
la  fabrique. 

Celte  administration  témoigne,  d'autre  part,  du  peu  de 
souci  qu'elle  prend  des  choses  de  l'art  et  de  la  conservation 
du  monument,  en  négligeant  les  soins  à  donner  à  divers 
tableaux  remarquables,  notamment  au  chef-d'œuvre  de 
Van  Dyck,  et  en  proposant  un  système  inadmissible  au 
point  de  vue  archéologique,  pour  consolider  les  voûtes  du 
chœur. 

L'ameublement  des  églises  de  Wervicq,  Marcke,  Hoog- 
staede,  Slype,  Waermaerde  et  Westvleleren  et  le  placement 
où  la  restauration  de  vitraux  dans  trois  églises  de  notre 


—  341  — 

province,  ont  donné  lieu  à  d'intéressants  travaux  de  nos 
membres. 

Le  projet  des  nouvelles  peintures  murales  de  l'église 
d'Iseghem  et  la  restauration  des  anciennes  peintures  murales 
de  l'église  Notre-Dame,  à  Bruges,  et  de  quelques  tableaux, 
ont  également  fait  l'objet  d'études  très  approfondies. 

Enfin,  Messieurs,  la  Commission  royale  a  bien  voulu 
décider  le  classement  de  divers  monuments  dont  nous  ne 
citerons  que  la  Porte  des  Baudets  à  Bruges,  les  églises  de 
Wulveringhem,  Zande,  Zandvoorde,  Houcke,  Mannekens- 
vere  et  Ramscappelle,  et  bien  que  notre  Comité  ait  exprimé 
l'avis  qu'en  multipliant  l'inscription  sur  la  liste  des  monu- 
ments, on  diminuait  la  valeur  de  la  classification,  diverses 
constructions  appartenant  à  des  particuliers  ont  été  inscrites 
sur  la  liste  des  édifices  privés  dont  la  conservation  mérite 
d  être  assurée. 

La  parole  est  maintenant  à  M.  le  rapporteur  de  la  Flandre 
orientale. 


—  uè  — 


PROVINCE  DE  LA  FLANDRE  ORIENTALE. 


M.  Adolf  de  Ceuleneer,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Depuis  le  rapport  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  donner 
lecture  à  l'assemblée  générale  de  Tan  dernier,  aucune  modi- 
fication ne  s'est  produite  dans  la  composition  du  Comité. 
Malgré  nos  instances  réitérées,  il  n'a  pas  été  pourvu  au 
remplacement  de  deux  de  nos  membres,  alors  que  ces 
places  sont  vacantes  depuis  plusieurs  années.  Comme  il 
arrive  à  plus  d'un  collègue  d'être  empêché  d'assister  régu- 
lièrement à  nos  réunions,  le  nombre  restreint  de  nos 
membres  fait  que  bien  des  fois  les  assistants  aux  séances 
sont  à  peine  en  nombre  suffisant  pour  pouvoir  délibérer 
d'une  manière  efficace. 

Depuis  le  mois  d'octobre  dernier,  le  Comité  a  tenu  dix 
séances.  Il  n'a  été  appelé  à  émettre  son  avis  que  sur  deux 
points,  de  bien  minime  importance,  relatifs  au  mobilier  des 
églises. 

La  fabrique  de  l'église  de  Vosselaere  demandait  l'autori- 
sation d'aliéner  quelques  vingt-huit  chandeliers  du  xix'  siècle 
n'ayant  pas  la  moindre  valeur  artistique.  Celle  de  l'église  de 
Munckzwalm  désirait  remplacer  un  banc  de  communion  qui 
datait  du  xvin*  siècle.  Le  Comilé  a  émis  l'avis  qu'il  était 
préférable  de  le  restaurer,  vu  qu'il  n'était  pas  dénué  d'an 
certain  caractère  artistique. 


—  245  — 

D'un  autre  côté,  le  Comité  a  été  invité  par  la  Commission 
centrale  à  déléguer  un  de  ses  membres  pour  examiner  si 
l'on  pouvait  autoriser  la  réception  de  nouveaux  autels  établis 
dans  diverses  églises  de  village.  Notre  Comité  a  pu  ainsi 
proposer  la  réception  de  trois  autels  nouveaux  de  l'église  de 
Semmerzaeke,  de  deux  de  celle  de  Petit-Sinay  et  des  nou- 
veaux maitre-aulels  des  églises  de  Ressegem  et  de  Letler- 
haulem. 

Comme  les  années  précédentes,  le  Comité  a  usé  de  la 
part  d'initiative  qui  lui  est  reconnue  pour  appeler  l'attention 
des  pouvoirs  compétents  sur  des  points  qui  lui  paraissaient 
présenter  quelque  intérêt  archéologique  pour  les  monuments 
de  notre  province.  C'est  ainsi  que  nous  avons  adressé  à  la 
Commission  centrale  un  rapport  sur  l'état  du  manoir  de 
Voorde  et  sur  les  travaux  de  réparation  absolument  indis- 
pensables effectués  par  le  propriétaire  de  ces  intéressants 
débris  de  ferme  fortifiée  du  xvie  siècle.  J'ai,  du  reste,  déjà 
eu  l'occasion  d'insister  sur  leur  valeur  archéologique  dans 
mes  rapports  de  1900  et  de  1901. 

Dans  une  de  nos  dernières  séances,  un  de  nos  membres 
nous  a  fait  part  d'un  projet  de  restauration  du  de  Craeyer 
de  l'église  de  Borsbeke.  Je  ne  sache  point  qu'une  décision 
quelconque  soit  intervenue  à  ce  sujet;  mais  le  Comité  estime 
qu'on  ne  saurait  prendre  assez  de  précautions  lorsqu'il  s'agit 
de  toucher  à  des  tableaux  ayant  une  valeur  artistique  véri- 
table, comme  c'est  le  cas  ici. 

Nous  nous  sommes  adressés  aussi  à  la  Commission  cen- 
trale pour  lui  signaler  l'abus  qui  s'était  produit  par  rapport 
à  la  Koeienpoort  de  Ninove. 

Le  Département  des  chemins  de  fer,  postes  et  télégraphes 


—  244  — 

avait  cherché  à  embellir  celle  construction  en  la  faisant 
servir  de  support  à  un  poteau  téléphonique.  Nous  avons 
cru  bien  faire  en  proposant  que  dans  la  suite  on  ne  couronne 
plus  nos  monuments  de  ce  complément  tout  moderne,  qui  ne 
parait  aucunement  indispensable  à  l'effet  artistique  qu'ils 
peuvent  produire. 

Nous  avons  aussi  prié  la  Commission  royale  de  chercher 
les  moyens  qui  auraient  pour  résultat  que  le  caractère 
archéologique  de  l'ancienne  tour  de  Saint- Martin,  de  Renaix, 
ne  fût  point  détérioré  par  les  changemenls  que  le  proprié- 
taire actuel  se  proposait  de  faire  subir  à  ce  monument.  II 
avait,  en  effet,  l'intention  d'établir  dans  celte  tour  un  café  et 
de  remplacer  la  flèche  par  un  belvédère,  du  haut  duquel  on 
aurait  pu  contempler  le  panorama  de  la  jolie  cité  renai- 
sienne.  On  le  voit,  la  race  des  Vandales,  que  déjà  en  1839 
l'illustre  Montalembert  poursuivait  de  ses  sarcasmes  cl  de 
ses  invectives,  n'est  pas  près  de  s'éteindre  en  Belgique,  pas 
plus  que  dans  les  autres  pays. 

D'un  autre  côté,  nous  nous  sommes  adressés  au  collège 
échevinal  de  la  ville  de  Gand  pour  demander  que  l'Hôtel  de 
la  Banque  nationale,  que  l'on  se  propose  de  construire  à 
côté  du  Geeraards  Duivelsteen  et  en  face  de  l'entrée  latérale 
de  Saint-Bavon,  ait  un  caractère  architectural  qui  ne  con- 
traste pas  trop  avec  le  style  de  ces  deux  édifices. 

L'administration  de  la  ville  de  Gand  avait  fait  entourer 
la  cathédrale  et  la  partie  finalement  dégagée  de  l'église 
Saint-Nicolas  d'une  pelouse  qui  s'étendait  jusqu'aux  murs 
de  ces  édifices  religieux.  Nous  avons  cru  devoir  rappeler 
au  Collège,  qu'a  fin  de  préserver  les  murs  de  toute  infiltration 
et  de  toute  humidité,  il  était  nécessaire  d'établir  entre  les 


—  245  — 

murs  et  le  gazon  an  accotement  en  pierres  d'au  moins 
50  centimètres  de  largeur. 

Gomme  les  années  précédentes,  les  membres  du  Comité 
ont  été  invités  à  maintes  reprises  à  se  joindre  aux  délégués 
de  la  Commission  royale  pour  les  inspections  que  ceux-ci 
venaient  faire  dans  la  Flandre  orientale. 

C'est  ainsi  qu'un  de  nos  collègues  a  pris  part  à  l'examen 
de  la  restauration  de  la  remarquable  église  de  Sainte- Wal- 
burge  et  du  splendide  hôtel  de  ville  d'Audenarde.  D'autres 
inspections  ont  eu  pour  objet  le  maintien  de  la  tour  de 
l'église  de  Maldegem,  le  nouveau  mobilier  de  l'église  de 
Saint-Nicolas,  le  nouveau  chemin  de  la  croix  installé  dans 
l'église  d'Huysse,  les  trois  nouveaux  autels  de  celle  de 
Vosselaere  et  le  nouveau  maître  autel  de  l'église  de  Nokere. 
Un  de  nos  membres  s'est  joint  aussi  aux  délégués  de  la 
Commission  royale  pour  examiner  si  les  murs  de  l'église  de 
Denderleeuw  étaient  suffisamment  secs  pour  recevoir  une 
peinture  décorative  et  pour  apprécier  les  travaux  de  restau- 
ration effectués  aux  peintures  murales  de  Guffens  et  Swerls, 
qui  décorent  l'église  Notre-Dame,  de  Saint-Nicolas. 

C'est  naturellement  à  Gand  que  les  inspections  ont  été  les 
plus  fréquentes.  Je  citerai  l'examen  du  groupe  de  M.  Van 
Biesbroeck,  établi  au  Parc,  des  statuettes  qui  décorent 
l'extérieur  de  l'hôtel  de  ville,  du  projet  de  transformation 
pour  la  distribution  des  locaux  du  Palais  de  Justice,  de 
l'entrée  de  la  crypte  de  Saint-Bavon  et  des  plans  de  peinture 
décorative  pour  la  salle  des  séances  de  l'Académie  royale 
flamande.  Mais  je  tiens  à  appeler  surtout  l'attention  sur  les 
Iravaux  de  restauration  et  d'agrandissement  de  la  Halle  aux 
Draps.  Plus  d'un  membre  a  cru  devoir  présenter  des  obser- 


—  246  — 

valions  sur  la  tendance  ullra-conservalrice  qui  semble 
inspirer  ces  travaux.  C'est,  en  effet,  devenu  une  mode  chez 
certains,  je  ne  dirai  pas  archéologues,  mais  chez  certains 
artistes  qui  croiraient  commettre  un  crime  de  faire  dispa- 
raître une  pierre  antique  quelque  vermoulue  qu'elle  soit,  dût 
même  la  stabilité  de  l'édifice  en  pâtir  quelque  peu  :  Un  mur 
en  ruine  est  d'un  effet  si  pittoresque  ! 

La  question  de  la  méthode  à  suivre  en  fait  de  restauration 
d'anciens  monuments  a  déjà  été  maintes  fois  débattue.  Dans 
nos  premières  assemblées  générales,  on  se  livra  à  ce  sujet  à 
des  discussions  aussi  vives  qu'approfondies,  et  le  souvenir 
en  est  encore  resté  vivace  quoique  bon  nombre  d'années  se 
soient  écoulées  depuis  (i).  La  gilde  de  Saint-Thomas  et  de 
Saint-Luc  s'en  occupa  non  moins  sérieusement  pendant  ses 
premières  réunions  (*),  et  il  n'existe  peut-être  pas  de  cercle 
archéologique  en  Belgique  qui  ne  l'ait  soumise  à  un  labo- 
rieux examen,  de  même  que  tous  les  congrès  archéologiques 
de  Belgique  et  de  France  s'en  sont  occupés  (s). 

La  discussion  de  la  sixième  question  portée  à  l'ordre  du 
jour  de  l'assemblée  générale  d'aujourd'hui,  ne  manquera 
point,  j'en  ai  l'intime  conviction,  de  répandre  une  nouvelle 
lumière  sur  la  solution  de  celte  question  brûlante  et  d'ameuer 
peut-être  des  conclusions  riches  en  résultat,  grâce  à  la 
grande  pratique  et  à  la  longue  expérience  des  membres  qui 


(1)  Lettre  de  M.  Weale  aui  membres  de  la  Commission,  1862;  assemblée 
générale  de  1852,  p.  48.  Bull,  des  Comm.  d'art  et  d'arckéol.,  III,  109; 
IV,  101;  V,  201;  VU,  369. 

(t)  Id.,  Vil,  p.  23;  VIII,  p.  8;  IX,  pp.  18,  32;  X,  pp.  18,  35. 

(s)  Aussi  Compte  rendu  des  Congrès  archéologiques  de  France  :  36, 
p.  349;  40,  p.  600;  41,  p.  352;  42,  p.  383. 


—  247  — 

y  prendront  part.  Inutile  d'ajouter  que  la  question  s'est 
compliquée,  dans  ces  derniers  temps,  d'un  élément  nouveau. 
Je  songe  à  ce  que  j'appellerai  l'école  toute  jeune,  donc  toute 
vivace  et  toute  vigoureuse,  du  pittoresque  dans  l'art. 

Nous  avons  eu  à  nous  livrer  aussi  à  un  autre  examen  non 
moins  important  et  au  sujet  duquel  tous  les  hommes  com- 
pétents ont  été  d'un  avis  unanime.  Je  veux  parler  de  l'état 
vraiment  déplorable  dans  lequel  se  trouvent  les  splendides 
peintures  murales  de  Gluysenaer  qui  décorent  l'escalier  de 
la  salle  des  pas-perdus  de  notre  université.  Ayant  l'honneur 
d'être  de  la  maison,  vous  voudrez  bien  me  permettre  d'en 
dire  quelques  mots,  d'autant  plus  que  cet  examen  a  provoqué 
des  observations  qui  sont  d'une  application  générale.  Depuis 
bon  nombre  d'années  ces  peintures,  dont  la  haute  valeur  a 
été  si  justement  appréciée  par  Riegel  dans  ses  Études  sur 
la  peinture  murale  en  Belgique  (i),  et  qui  dans  leur  ensemble 
représentent  les  grandes  époques  de  l'histoire  de  l'humanité, 
se  détérioraient,  s'effritaient  de  plus  en  plus,  et  à  maintes 
reprises  le  conseil  communal  eut  à  s'occuper  de  la  recherche 
des  moyens  qui  pourraient  préserver  cette  grande  œuvre 
artistique  d'une  destruction  complète.  Mais  rien  n'y  fit, 
l'élément  destructeur  continuait  son  œuvre. 

Lors  de  l'inspection  faite  par  les  délégués  de  la  Commis- 
sion royale  le  25  février  dernier,  la  question  fut  longuement 
disculée.  Je  me  permis  de  faire  remarquer  que  la  ventilation 
était  des  plus  mauvaises. 

La  grande  porte  n'est  que  rarement  ouverte,  et  encore 


(4)  H.  Rœgkl.  Qcsch.  der  Wandmalerei  in  Belgiën  seit  1856.  Berlin, 
1882,  p.  83. 


—  248  — 

• 

seulement  pour  peu  de  temps,  à  l'occasion  des  cérémonies 
académiques.  L'air  ambiant  y  est  toujours  froid  et  humide, 
au  point  qu'en  été,  c'est  à  peine  si  l'on  se  hasarde  à  s'y 
arrêter  pendant  quelques  instants,  alors  qu'il  serait  si  facile, 
—  et  cette  observation  peut  s'appliquer  aussi  à  nos  églises,  — 
d'ouvrir  —  à  l'exemple  de  ce  qui  se  pratique  partout  en 
Angleterre  et  peut-être  aussi  dans  d'autres  pays,  —  large- 
ment, pendant  les  journées  chaudes  et  sèches,  la  porte  à 
deux  battants  durant  une  bonne  partie  de  la  journée.  En 
Angleterre,  on  empêche  l'entrée  des  curieux  au  moyen 
d'une  cloison  peu  élevée  et  à  jour.  Seulement  mon  obser- 
vation n'était  fondée  qu'en  partie.  Une  cause  de  détérioration 
plus  importante  encore  fut  indiquée  par  un  des  membres 
les  plus  compétents  de  la  Commission  royale.  Ayant 
remarqué  que  la  peinture  la  plus  endommagée  était  celle 
dont  le  mur  était  exposé  â  l'ouest,  il  demanda  à  examiner 
l'état  extérieur  de  ce  mur  qui  devait  surtout  avoir  à  souffrir 
des  intempéries  et  des  vents  humides  de  l'ouest.  Les  délégués 
se  rendirent  dans  l'immeuble  contigu  à  l'université,  et  quelle 
ne  fut  pas  notre  surprise  de  devoir  constater  que  ce  mur 
était  resté  à  nu  depuis  la  construction  de  1817.  Les  briques 
portaient  une  efllorescence  si  forte  qu'on  aurait  cru  le  mur 
entier  recouvert  de  flocons  de  neige.  La  cause  principale  de 
l'humidité  était  donc  nettement  indiquée.  Si  dans  un  établis- 
sement qui  a  compté  de  tout  temps  dans  son  corps  profes- 
soral des  ingénieurs  si  distingués,  on  n'a  pas  songé 
depuis  1817  à  inspecter  l'état  extérieur  des  murs  de  l'édifice, 
cachés,  il  est  vrai,  de  toute  part  par  les  constructions  a  voi- 
sinantes, que  penser  dès  lors  de  quantité  de  monuments, 
églises,  édifices  civils  de  toute  sorte  qui,  au  point  de  vue  de 


—  249  — 

l'inspection,  se  trouvent  dans  des  conditions  bien  moins 
favorables?  Ceci  m'amène  à  émettre  Ta  vis  qu'il  serait 
peut-être  désirable  que  la  Commission  des  monuments  fit 
publier  une  plaquette  indiquant  brièvement  les  précautions 
essentielles  à  prendre  pour  la  conservation  des  monuments 
et  des  œuvres  d'art.  Rien  que  dans  ce  rapport,  j'ai  dû  appeler 
l'attention  sur  les  murs  exposés  à  l'ouest,  sur  la  mauvaise 
ventilation  surtout  de  nos  églises,  sur  les  pelouses  établies 
tout  contre  les  murs  des  édifices.  Je  tiens  à  dire  que  toutes 
ces  observations  m'ont  été  suggérées  par  les  inspections 
faites  en  commun  avec  les  délégués  de  la  Commission  cen- 
trale, preuve  évidente  de  la  grande  utilité  de  ce  mode 
d'inspection.  Dans  le  même  ordre  d'idées,  je  pourrais  vous 
rappeler  aussi  l'étude  si  suggestive  de  mon  savant  collègue 
et  ami,  M.  Vander  Mensbrugge,  recteur  actuel  de  notre 
université,  et  dont  un  exemplaire  a  été  envoyé  dans  le 
temps  à  tous  les  membres  des  Comités  provinciaux  par  les 
soins  de  la  Commission  royale,  qui  a  prouvé  qu'un  des 
meilleurs  moyens  de  conserver  les  tableaux  consistait  à 
étendre  un  vernis  sur  la  face  postérieure  des  toiles.  Toutes 
ces  indications,  et  bien  d'autres  encore,  constitueraient  un 
ensemble  des  plus  précieux,  dont  l'application  entraverait 
bien  des  détériorations  et  préviendrait  bien  des  désastres 
souvent  irréparables  si  elles  étaient  connues  des  personnes 
chargées  de  la  conservation  des  églises  et  des  œuvres  d'art. 

Je  termine  ce  rapport,  peut-être  déjà  un  peu  trop  étendu, 
par  quelques  mots  sur  les  publications  de  notre  Comité. 

Les  procès-verbaux  de  nos  séances  ont  été  régulièrement 
publiés.  Nous  en  sommes  au  troisième  volume. 

Dans  mon  rapport  de  l'an  dernier,  j'avais  émis  l'espoir  que 


—  250  — 

j'aurais  pu  vous  annoncer  maintenant  que  la  reproduction 
des  blasons  des  membres  du  chapitre  de  la  Toison  d'or 
de  1539,  peints  par  Lucas  d'Heere,  serait  en  bonne  voie 
d'exécution.  Mais  voyez  comme  nous  jouons  de  malheur  ! 
En  1891,  le  Gouvernement  veut  bien  nous  informer  qu'il 
interviendra  pour  les  3/7  dans  les  dépenses  qu'on  prévoyait 
devoir  èlre  de  5,000  francs.  La  Province  déclarait  qu'elle 
ne  pouvait  prendre  de  décision  aussi  longtemps  que  la  ville 
refusait  d'intervenir.  Le  bourgmestre  d'alors,  que  certains 
de  ses  amis  taxaient,  au  point  de  vue  de  l'art,  d'américa- 
nisme, nous  écrivait  que  la  situation  financière  de  la  com- 
mune ne  permettait  pas  l'allocation  d'une  somme  de 
fr.  1,428-58,  alors  même  qu'elle  devait  se  répartir  sur  trois 
exercices.  Le  collège  actuel,  présidé  par  M.  Braun,  ayant 
des  tendances  artistiques  que  je  qualifierai  de  plus  effectives 
et  de  plus  réelles,  le  Comité  se  hasarda,  quoique  timidement, 
à  revenir  à  la  charge,  preuve  nouvelle  de  la  ténacité  de  ces 
flamands  gantois.  El  voilà  que  le  collège,  sensible  à  noire 
demande,  y  donne  son  acquiescement,  et  nous  confirme  par 
lettre  du  H  décembre  dernier,  celle  du  18  mai  1891,  par 
laquelle  il  nous  annonçait  qu'il  interviendrait  pour  les  2/7. 
La  cause  paraissait  gagnée,  car  dès  le  20  décembre  le  Gou- 
vernement nous  informait  qu'il  maintenait  sa  décision  de 
4891  et  fixait,  par  conséquent,  le  taux  de  son  intervention 
aux  3/7.  Nous  estimions  l'adhésion  de  la  Province  comme 
certaine,  d'autant  plus  que  l'honorable  Gouverneur,  qui  de 
tout  temps  a  donné  tant  de  preuves  de  dévouement  aux 
travaux  du  Comité,  était  acquis  à  notre  projet  de  publi- 
cation. Mais  ne  voilà-l-il  pas  qu'en  sa  séance  du  3  juillet 
dernier,  le  conseil  provincial  adopte  le  rapport  du  conseiller 


—  Î8I  — 

M.  Herman  De  Baets,  concluant  que  «  sans  méconnaître 
1'inlérét  que  peut  présenter  cet  objet,  il  estime  que  l'état  des 
finances  de  la  Province  ne  permet  pas  d'allouer  le  crédit 
sollicité  »  (fr.  376-19  pendant  trois  ans!).  Je  n'apprécierai 
pas  ces  incidents  en  disant  que  la  ville  de  Gand,  depuis 
4891,  est  devenue  plus  riche  et  la  province  plus  pauvre, 
car  je  connais  les  ressources  si  restreintes  de  notre  com- 
mune, mais  non  la  situation  opulente  ou  précaire  de  la 
Flandre  orientale.  Faisant  bonne  mine  en  mauvaise  fortune, 
le  Comité  se  résignera  à  remettre  l'exécution  de  son  projet 
héraldique  à  des  temps  meilleurs. 

Ce  n'est  heureusement  pas  sur  celte  malheureuse  issue  de 
démarches  qui  ont  duré  plus  de  dix  ans,  —  et  dire  que  nous 
chavirons  au  moment  où  nous  croyions  avoir  atteint  le  port, 
—  ce  n'est  pas  sur  cette  triste  fin  que  je  dois  clore  mon 
rapport. 

Dans  chacune  de  nos  assemblées  générales,  il  a  été 
question  du  Répertoire  arcliéologique.  Le  15  février  dernier, 
notre  Comité  a  délégué  deux  de  ses  membres  à  la  séance  de 
la  Commission  royale  pour  s'entendre  sur  la  confection 
uniforme  du  Répertoire.  J'eus  l'honneur  d'y  présenter  un 
projet  de  rédaction,  accompagné  d'un  spécimen.  On  fut 
unanimement  d'avis  que  pour  que  ce  Répertoire  pût  être 
réellement  utile,  il  était  nécessaire  d'illustrer  le  texte  de  la 
reproduction  des  principaux  monuments.  A  la  suite  de  ce 
vœu,  notre  Comité  sollicita  l'intervention  pécuniaire  de  la 
Province. 

Dans  sa  séance  du  17  juillet,  le  conseil  provincial  voulut 
bien  décider  que  «  la  somme  de  1,000  francs,  inscrite 
•  annuellement  au  budget  de  la  Province  à  titre  d'inler- 


—  252  — 

»  vention  dans  les  frais  du  Comité,  sera  augmentée  pendant 
»  cinq  années  consécutives  d'une  somme  de  400  francs  par 
»  an,  afin  de  nous  aider  à  publier  un  répertoire  illustré  des 
»  principaux  monuments  et  objets  d'art  delà  province». 
Le  Comité  est  heureux  de  pouvoir  témoigner  sa  sincère 
gratitude  au  conseil  provincial  de  la  Flandre  orientale  pour 
sa  généreuse  intervention  et  pour  l'intérêt  qu'il  porte  à  nos 
travaux,  et  nous  ne  pouvons  que  souhaiter  que  cet  exemple 
soit  suivi  par  les  autres  provinces.  Grâce  à  cette  décision, 
nous  voilà  donc  riches  de  2,000  francs  pour  la  publication 
du  Répertoire.  Mais  cette  somme  ne  sera  pas  suffisante. 

L'honorable  président  de  la  Commission  royale  a  bien 
voulu  laisser  entendre,  à  la  séance  du  15  février  dernier, 
que  peut-être  la  Commission  pourrait  prélever  une  certaine 
somme  sur  son  budget  à  titre  d'intervention  dans  les  frais 
de  la  publication  du  Répertoire  archéologique.  Je  ne  doute 
guère  que  cette  promesse  ne  se  réalise,  et  alors  le  Comité 
pourra  directement  mettre  la  main  à  l'œuvre.  C'est  le  sou- 
hait que  j'exprime  en  terminant  ce  rapport. 

M.  le  Président.  —  Vous  avez,  Monsieur  De  Geu- 
leneer,  dépassé  le  quart-d'heure  accordé  réglementaire- 
ment à  chaque  rapporteur.  Aussi,  je  ne  voudrais  pas 
m'étendre,  à  mon  tour,  sur  les  observations  que  vous  avez 
présentées  avec  tant  d'humour  et  tant  de  lucidité;  vous  me 
permettrez  cependant  de  faire  une  remarque  ou  plutôt 
une  réserve  sur  ce  que  vous  m'attribuez.  Je  ne  me  sou- 
viens pas  du  tout  d'avoir  promis  à  votre  Comité,  lors  de 
la  séance  du  15  février  dernier,  que  l'on  pourrait  imputer 
quoi  que  ce  soit  sur  le  crédit  de  la  Commission  centrale  pour 


—  Î53  — 

la  publication,  —  si  intéressante  qu'elle  soit,  —  de  l'inven- 
taire dont  vous  parlez.  Je  pense,  si  je  l'avais  fait,  que 
j'aurais  commis  un  abus  administratif;  à  coup  sûr,  j'aurais 
encouru  les  foudres  de  MM.  les  Directeurs  de  la  Justice  et 
des  Beaux-Arts  ici  présents  (rires).  Si  je  l'avais  dit,  je 
devrais  faire  mon  meâ  culpâ,  parce  que  je  ne  vois  vraiment 
pas  comment  on  pourrait  faire  un  pareil  transfert.  C'est,  au 
reste,  une  question  à  examiner;  nous  y  reviendrons  tantôt, 
à  propos  du  3°  de  notre  ordre  du  jour. 

La  parole  est  maintenant  à  M.  le  rapporteur  du  Hainaut. 


—  254  — 


PROVINCE  DU  HAINAUT 


M.  Hubert,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Dans  le  cours  de  cet  exercice,  nous  avons  eu  le  profond 
regret  de  perdre  notre  cher  et  estimé  vice-président, 
M.  Augustin  Broquet.  Docteur  en  droit  et  candidat  notaire, 
il  fut  tour  à  tour  :  administrateur  des  hospices,  conseiller 
communal,  échevin,  bourgmestre  et  commissaire  d'arron- 
dissement. 

Il  a  rempli  brillamment  ces  diverses  fonctions  et  s'est 
fait  remarquer  par  ses  goûts  artistiques,  l'étendue  de  ses 
connaissances  historiques  et  archéologiques  et  son  grand 
zèle  pour  la  conservation  de  nos  monuments  nationaux. 

Ces  aptitudes  le  firent  nommer,  par  arrêté  royal  du 
23  octobre  1879,  membre  correspondant  de  notre  Commis- 
sion, en  remplacement  de  Barthélémy  Dumorlier. 

Cinq  ans  plus  tard,  en  raison  de  sa  grande  expérience 
des  affaires  administratives,  ses  collègues  lui  conférèrent  la 
vice-présidence  du  Comité,  laissée  vacante  par  le  décès  du 
vicaire  général  Voisin. 

Durant  le  quart  de  siècle  qu'il  a  passé  parmi  nous,  nous 
n'avons  cessé  d'admirer  son  zèle,  son  assiduité,  la  part  très 
importante  qu'il  a  prise  à  nos  discussions  et  à  nos  travaux, 


—  255  — 

de  même  que  l'urbanité,  l'amabilité  et  la  bonté  de  son 
heureux  caractère. 

*  * 

La  perte  de  ce  regretté  collègue  a  fait  un  nouveau  vide 
dans  notre  Comité,  où  MM.  Bourlard  et  Dosveld,  décédés 
depuis  plus  de  trois  ans,  n'ont  pas  été  remplacés.  D'autres 
membres  étant  empêchés  par  leur  état  de  santé  d'assister  à 
nos  réunions,  plusieurs  de  nos  séances  réglementaires  n'ont 
pu  avoir  lieu,  parce  que  nous  n'étions  pas  en  nombre. 
Nécessairement  nos  travaux  en  ont  souffert  et  particuliè- 
rement la  préparation  de  l'inventaire  des  œuvres  d'art  de  la 
province.  Mais  nous  avons  assisté  à  toutes  les  visites  des 
délégués  de  la  Commission  centrale.  Nous  avons  ainsi 
inspecté  : 

A  Charleroi,  les  travaux  exécutés  à  l'église  de  la  ville 
basse.  C'est  dans  cet  édifice  que  sont  les  deux  grands  et 
beaux  tableaux  de  François  Joseph  Navez,  natif  de  Char- 
leroi :  t  Notre-Dame  des  affligés  »,  et  de  son  gendre,  Jean 
Portaels  :  «  Scène  de  la  vie  de  Saint-Antoine  de  Padoue  >  ; 

A  Binche,  les  travaux  de  restauration  de  l'hôtel  de  ville, 
qui  ont  remis  l'édifice  dans  le  style  ogival.  Il  avait  été 
transformé  et  déguisé  dans  le  style  de  la  renaissance,  lors 
d'une  première  restauration  faite  après  l'incendie  de  la  ville 
par  les  troupes  du  roi  de  France  Henri  II  ; 

A  Ollignies,  six  nouvelles  verrières  ; 

A  Bois-de-Lessines,  un  chemin  de  la  croix  et  des  tableaux 
qui  sont  en  mauvais  état  ; 

A  Bois-d'Haine,  la  suppression  d'un  grillage  en  fer  ; 

A  Soignies,  les  travaux  de  restauration  de  la  nef  de  la 


—  256  — 

collégiale.  Les  autres  parties  seront  restaurées  après  un 
complément  d'étude.  C'est  une  de  nos  plus  anciennes 
églises  romanes;  elle  était  fortifiée,  dit  la  tradition.  Elle 
renferme  des  stalles  de  chœur  qui  sont  des  meilleures  du 
pays  et  un  jubé  qui  a  du  mérite,  c'est  de  plus  un  don  fait  à 
l'église.  Bien  qu'ils  soient  de  style  renaissance,  tout  milite 
en  faveur  de  leur  conservation.  Ce  sont  de  précieux  souve- 
nirs locaux  qui  intéressent  notre  histoire  nationale  de  l'art; 
en  même  temps  ce  sont  des  originaux  que  ne  sauraient 
remplacer  des  imitations.  La  question  d'unité  de  style  est 
secondaire  en  pareil  cas  ; 

A  Mons,  à  l'église  de  Sainte- Waudru,  le  programme 
d'ensemble  de  tous  les  ouvrages  à  y  effectuer.  Ce  pro- 
gramme comprend  éventuellement  la  reproduction  d'une 
face  du  splendide  jubé  de  Du  Brœucq,  à  laquelle,  depuis 
longtemps,  la  Commission  s'intéresse  beaucoup  ; 

A  Braine-le  Comte,  deux  autels  et  un  lambris  ; 

A  Hautrage,  les  travaux  de  restauration  à  effectuer  à 
l'église  ; 

A  Marchienne-au-Pont,  la  nouvelle  église  ; 

A  Heppignies,  le  clocher  dont  une  partie  menace 
ruine  ; 

A  Marcinelle,  l'emplacement  de  la  nouvelle  église  du 
quartier  de  La  Villette  ; 

A  Neuville,  un  autel  placé  dans  l'église  de  La  Gage; 

A  Familleureux,  l'église  qui  a  été  incendiée  et  dont  la 
reconstruction  est  projetée.  Son  assurance  contre  l'incendie 
était  insuffisante  et  il  n'y  avait  pas  de  paratonnerre.  Ces 
deux  éléments  de  conservation  sont  souvent  négligés,  les 
administrations  locales  n'y  attachant  pas  toujours  assez 


—  287  — 

d'importance.  Ils  pourraient  utilement  faire  l'objet  d'une 
surveillance  de  l'Autorité  supérieure. 


* 
*  * 


La  Commission  centrale  a  chargé  le  Comité  d'examiner 
l'église  de  Saint-Vaast,  dont  le  classement  est  demandé.  D'un 
premier  examen,  il  semble  résulter  que  la  nef  et  le  chœur 
sont  de  l'époque  romane,  dont  il  nous  reste  bien  peu  de 
spécimens,  et  que  la  tour  est  de  style  ogival  tertiaire. 


* 


Des  fouilles  ont  été  commencées  à  Grandmetz,  dans  une 
pièce  de  terre  appartenant  à  l'honorable  président  de  notre 
Comité,  M.  le  Baron  R.  du  Sart  de  Bouland,  Gouverneur 
du  Hainaut,  qui  se  propose  de  les  continuer.  Elles  ont 
permis  d'y  constater  la  présence  des  ruines  d'une  ancienne 
villa  gallo-romaine  que  l'on  suppose  avoir  été  détruite  par 
un  incendie.  Notre  collègue  M.  Soil  en  a  publié  la  relation 
dans  le  dernier  volume  des  Annales  de  la  Société  historique 
el  archéologique  de  Tournai  (1901) 


* 
*  * 


Les  travaux  de  restauration  de  l'abbaye  d'Aulne  et  de  la 
cathédrale  de  Tournai  se  continuent.  Le  projet  de  dégage- 
ment des  abords  de  celle-ci  est  en  bonne  voie,  grâce  à  la 
sollicitude  et  au  bienveillant  appui  de  M.  le  Ministre  de 
la  Justice,  qui»  dans  son  excellent  discours  d'ouverture  de 


—  888  — 


notre  dernière  assemblée,  a  attiré  l'attention  sur  la  grande 
utilité  du  dégagement  des  monuments  historiques. 


Beaucoup  des  renseignements  qui  précèdent  étant  surtout 
d'intérêt  local,  ne  sont  qu'indiqués  sommairement;  mais  ils 
se  trouvent  détaillés  au  compte  rendu  publié,  comme  ceux 
des  années  précédentes,  dans  ï Exposé  de  la  situation  admi- 
nistrative de  la  province.  Toutefois,  qu'il  nous  soit  permis  de 
rappeler  le  vif  désir  que  nous  y  exprimons  en  faveur  de  la 
réalisation  d'un  vœu  présenté  par  la  Commission  à  M.  le 
Ministre  de  l'Agriculture,  celui  de  voir  le  Gouvernement 
subsidier  la  restauration  des  façades  des  anciennes  maisons 
particulières  qui  présentent  un  intérêt  d'art,  d'archéologie 
ou  d'histoire. 

Comme  l'a  dit  la  Commission,  beaucoup  de  ces  façades 
sont  mutilées  par  des  réparations  économiques  ;  d'autres 
disparaissent,  parce  que  les  propriétaires  ne  sont  pas 
toujours  à  même  de  faire  le  nécessaire  pour  les  conserver. 
Elles  sont  souvent  alors  remplacées  par  des  œuvres  vul- 
gaires, mais  moins  coûteuses  à  entretenir. 

On  pourrait  en  citer  de  nombreux  exemples.  Nous  n'en 
rappellerons  qu'un  seul.  Il  y  a,  sur  la  place  de  Chièvres, 
des  restes  d'une  ancienne  résidence  d'une  famille  illustre, 
devenue  dans  les  temps  modernes  une  propriété  particu- 
lière et  qui  a  passé  en  bien  des  mains.  Elle  est  connue  sous 
la  dénomination  de  «Château  des  comtes  d'Egmont»,  et 
rappelle  toute  une  période  tragique  de  notre  histoire.  En 
1874,  comme  elle  était  de  nouveau  à  vendre,  l'attention  du 


—  2S9  — 

Ministre  de  l'Intérieur  fat  appelée  sur  l'intérêt  historique 
que  présente  ce  monument  ;  de  son  côté,  le  Cercle  archéo- 
logique de  Mons  émit  le  vœu  que  le  château  de  Chièvres  fut 
conservé,  et  en  publia  une  façade  que  j'avais  dessiné  alors  (i). 
Le  nouvel  acquéreur  devant  en  faire  réparer  les  toitures, 
surtout  celles  de  l'avanl-corps,  et  des  fenêtres  du  grenier, 
sollicita  un  subside  de  400  francs.  N'ayant  pu  l'obtenir,  il 
fit  disparaître  ces  fenêtres  ;  et  quant  au  couronnement  de 
l'avanl-corps  qui,  sous  un  aspect  original,  rappelait  le 
passage  du  golhiqne  à  la  renaissance,  il  le  remplaça  par 
une  vulgaire  plate-forme  en  zinc. 

Il  est  réellement  très  regrettable  que,  pour  la  modique 
somme  de  400  francs,  on  n'ait  pu  conserver,  sous  une  forme 
convenable,  les  restes  d'un  château  qui,  au  point  de  vue 
historique,  sont  d'un  intérêt  réel  pour  la  ville  de  Chièvres, 
le  Hainaut  et  le  pays  tout  entier. 

Comme  le  disait  encore  la  Commission,  si  le  Gouverne- 
ment et  les  administrations  locales  intervenaient,  de  telles 
façades  pourraient  être  conservées,  restaurées  et  grevées 
d'une  sorte  de  servitude  qui  les  mettrait  pour  l'avenir  à 
l'abri  des  changements. 

La  ville  de  Bruges  a  ouvert  franchement  cette  voie  ;  celle 
de  Bruxelles  l'a  suivie,  mais  pour  la  restauration  de  la 
Grand' Place  seulement.  L'administration  communale  de 
Tournai,  l'une  des  plus  zélées  pour  les  constructions  archi- 
tec tu  raies,  tout  en  protestant  de  sa  sympathie  pour  la 
conservation  des  anciennes  façades,  ne  s'est  pas  cependant 


(«)  Bulletin  des  séances  du  Cercle  archéologique  de  Mons,  3'  série,  p.  261 . 


—  260  — 

décidée  à  voler  le  principe.  On  voit,  par  le  peu  de  résultats 
obtenus  jusqu'ici,  combien  l'intervention  sollicitée  serait 
utile. 

Depuis  25  ans,  la  ville  de  Bruges  a  contribué,  moyennant 
une  dépense  de  89,207  francs,  à  la  restauration  de  79  con- 
structions, soit  1,130  francs  pour  chacune,  et  annuellement 
3,568  francs.  Cette  contribution  n'est  guère  élevée,  et 
cependant  Bruges  est  une  de  nos  plus  grandes  cités  et 
c'est  à  coup  sur  celle  qui  renferme  le  plus  d'anciennes 
maisons  ;  la  charge  serait  donc  légère  pour  les  autres 
localités.  Partout,  le  résultat  serait  considérable.  Il  le  serait 
au  double  point  de  vue  de  l'esthétique  et  des  finances,  car 
il  n  est  pas  de  localité  qui  ne  s'impose  des  sacrifices  pour 
son  embellissement,  et  il  n'est  pas  d'embellissement  plus 
apparent  et  moins  coûteux  que  la  restauration  de  ces 
anciennes  façades. 

A  très  peu  de  frais,  tout  en  donnant  de  la  variété  et  du 
pittoresque  aux  cités,  ces  façades  de  style  divers  contribue- 
raient à  la  direction  du  goût,  à  l'étude  de  l'archéologie,  à 
celle  de  l'histoire  nationale  et  au  développement  du  patrio- 
tisme. 

Tel  est,  Messieurs,  le  résumé  succinct  de  nos  travaux  de 
l'exercice. 

■ 

M.  le  Président.  —  Nous  vous  remercions  pour  votre 
rapport,  Monsieur  Hubert. 


—  261  — 


PROVINCE  DE  LIÈGE 


M.  Lohbst-de  Waha,  rapporteur  : 

Messieurs) 

Le  rapport  sur  les  travaux  du  Comité  de  Liège,  pendant 
Tannée  écoulée,  n'aura  pas  le  développement  que  je  lui 
souhaiterais.  Le  nombre  très  restreint  d'affaires  qui  lui  ont 
été  soumises,  et  surtout  leur  peu  d'importance,  ne  demandent 
pas  un  long  exposé. 

On  nous  propose  trop  souvent  et  «  on  nous  impose  des 
»  besognes  peu  artistiques  »  et  nous  aurions  c  le  désir  qu'on 

>  nous  saisisse  de  travaux  d'une  importance  capitale  dont 
»  nous  ne  sommes  jamais  avisés.  On  nous  consulte  chaque 

>  fois  qu'il  s'agit  d'acquisitions  ou  de  travaux  insignifiants, 
»  qui  concernent  des  monuments  qui  n'ont  ni  valeur  ni  carac- 

>  1ère,  et,  on  n'a  pas  recours  à  nos  lumières  quand  on 
*  bouleverse  nos  monuments  les  plus  remarquables  » .  Telle 
csl  l'appréciation  de  notre  Président,  M.  le  Gouverneur  de 
la  province  de  Liège,  que  je  fais  mienne  en  l'occurrence, 
d'autant  mieux  que,  précédemment,  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  parler  en  ce  sens. 

Notre  bonne  ville  de  Liège  voit  s'élever  des  édifices  et 
mouuments,  tels  que  hôtel  des  Postes,  écoles,  commis- 
sariats, sans  que  le  Comité  ait  été  consulté  ;  d'autres  sont 
restaurés,  décorés,  meublés,  sans  même  que  l'on  s'en  doute. 


—  262  — 

Je  me  vois  même  dans  un  singulier  embarras  pour 
exprimer  toute  ma  pensée,  parce  que  je  suis  dans  la  crainte 
d'entrer  dans  un  domaine  où  je  ne  serai  pas  accueilli, 
malgré  ma  bonne  intention,  de  poursuivre  le  but  commun 
de  tous  les  Comités  et  de  la  Commission  des  Monuments 
elle-même.  Je  ne  puis  cependant  me  résoudre  à  ne  pas 
constater  qu'il  s'exécute  actuellement  à  Liège  des  travaux 
d'une  importance  capitale  et  dont  l'intérêt  esthétique  est 
incontestable.  Nous  voulons  parler  du  pont  nouveau  de 
Fragnée.  Néanmoins,  l'administration  des  Ponts  et  Chaus- 
sées, suivant  l'exemple  donné  par  le  Ministre  des  chemins 
de  fer,  n'a  pas  paru  se  souvenir  qu'il  y  avait  un  Comité  de 
correspondants  de  la  Commission  royale  des  Monuments 
composé  de  Liégeois  assurément  très  aptes  à  examiner  les 
questions  d'intérêt  local,  où  leur  compétence  peut  être  utile 
et  tout  au  moins  à  fournir  des  renseignements  et  des  indi- 
cations dont  les  administrations  auraient  profil  à  tenir 
compte.  —  Je  cite  pour  mémoire,  la  restauration  du  fronton 
du  Palais  de  Justice,  ancien  palais  des  Princes  Évéques,  qui 
n'a  jamais  été  présenté  au  Comité,  même  à  titre  officieux. 
—  L'insignifiance  d'un  grand  nombre  de  projets  inscrits  à 
nos  ordres  du  jour  désintéresse  les  membres  du  Comité  au 
lieu  d'encourager  leur  assiduité. 

Lorsqu'un  objet  vraiment  digne  d'intérêt  est  inscrit, 
les  réunions  sont  nombreuses.  Tel  a  été  le  cas  pour  le 
projet  de  restauration  du  portail  de  Saint-Jacques,  dont  j'ai 
déjà  eu  à  signaler  l'état  lamentable  l'année  dernière. 

L'intervention  du  Comité  n'est  pas  étrangère  à  la  restau- 
ration de  ce  portail.  Depuis  plusieurs  années,  les  rapports 
annuels  mentionnaient  l'état  de  délabrement  de  ce  monu- 


—  263  — 

ment  et  faisaient  appel  à  la  sollicitude  des  administrations 
compétentes.  Ces  appels  ont  été  entendus,  des  plans  produits 
et  l'on  peut  espérer  un  bon  résultat  si  l'on  sait  éviter  recueil 
de  la  reconstruction  au  lieu  de  la  restauration  et  si  l'on 
arrive  a  retrouver  les  pierres  de  même  nature  que  celles 
qui  ont  été  employées  au  xvi9  siècle.  Pour  cette  restauration, 
les  observations  qui  ont  été  faites  en  celle  enceinte  sur 
l'emploi  et  le  choix  des  matériaux,  trouveront  leur  place  et 
leur  utilité.  Les  parties  nouvelles  seront  nombreuses  et  il 
importe  qu'elles  ne  détonnent  pas  dans  l'ensemble  de  la 
restauration. 

Une  seconde  affaire  importante  est  arrivée  à  une  solution 
partielle.  Depuis  que  l'église  de  Xhignesse  a  été  classée,  les 
administrations  fabricienne  et  communale  ont  souscrit  tout 
ce  qu'elles  pouvaient,  vu  leurs  maigres  ressources.  Les 
plans  sont  terminés,  approuvés,  mais  ce  n'est  pas  avec  les 
3,000  francs  que  ces  administrations  s'engagent  à  four  dît, 
que  l'on  peut  entreprendre  la  restauration. 

En  inscrivant  cette  intéressante  et  exceptionnelle  église 
romane  dans  la  seconde  classe,  il  avait  paru  que  la  Commis- 
sion royale  se  disposait  à  prêter  son  appui,  dans  une  certaine 
mesure,  comme  elle  l'avait  fait  pour  l'église  de  Saint- 
Séverin  ?  Or,  il  n'y  a  pas  à  se  le  dissimuler,  si  une  inter- 
vention pécuniaire  ne  se  produit  pas  à  bref  délai,  non 
seulement  les  frais  de  restauralion-s'accroitront,  mais  celle-ci 
deviendra  impossible. 

Il  est  superflu  de  faire  mention  des  autres  objets  dont  le 
Comité  a  eu  à  s'occuper,  autels,  confessionnaux,  chaires  de 
vérité,  ameublement,  vitraux,  etc.,  etc.,  auxquels  des  avis 
favorables  n'ont  pas  été  refusés. 


—  264  — 

Les  travaux  ont  été  poursuivis  aux  forteresses  ou  châteaux 
de  Moha,  Franchimont  et  Logne  et,  comme  les  années  pré- 
cédentes, les  membres  du  Comité  ont  été  invités  à  participer 
à  de  nombreuses  inspections  auxquelles,  plusieurs  de  nos 
collègues  ont  assisté. 

Enfin,  l'inventaire  des  constructions  civiles  et  religieuses 
intéressantes  est  à  peu  près  rédigé.  Celui  des  objets  d'art 
est  encore  incomplet,  mais  il  pourra  être  terminé  en  quelques 
mois,  d'autant  plus  facilement  que,  en  ce  qui  concerne  la 
ville  de  Liège,  il  a  été  publié  dans  la  collection  des 
mémoires  couronnés  par  la  Société  d'Émulation.  Le  lauréat 
était  M.  Renier,  membre  correspondant. 

M.  le  Président.  —  Nous  remercions  M.  Lohest  au  sujet 
de  son  intéressant  rapport. 

Pour  1  église  de  Xhignesse,  la  Commission  royale  des 
monuments  Ta  vivement  recommandée  auprès  du  Ministre 
compétent,  comme  elle  Ta  fait  pour  l'église  Saint-Séverin. 

Quant  à  la  question  si  importante  que  vous  soulevez, 
savoir  si  les  Comités  provinciaux  peuvent  être  consultés  ou 
non  au  sujet  des  grands  monuments,  tels  que  ceux  en  con- 
struction actuellement  à  Liège  :  l'Hôtel  des  Postes,  le 
Pont  de  Fragnée,  etc.,  c'est  chose  capitale;  on  peut  se 
demander  si  la  Commission  centrale  et  les  Comités  des 
correspondants  doivent  être  consultés  à  ce  sujet?  Nous 
sommes  chargés  de  la  conservation,  mais  non  pas  de  la 
création  des  monuments.  Remarquez-le  :  nous  sommes 
partisans  d'être  consultés  au  sujet  des  nouveaux  monuments  ; 
c'est  l'objet  d'une  motion  de  M.  Maquet  au  sein  de  la 
Commission  centrale  qui  a  été  transmise  aux  Ministres.  En 


—  26S  — 

fait,  nous  avons  été  consultés  pour  les  nouveaux  musées  de 
Mons,  de  Gand  et  de  Liège.  Quant  à  l'Hôtel  des  Postes  de 
Liège,  il  ne  faut  pas  oublier  que  c'est  un  de  vos  collègues 
du  Comité  de  Liège,  M.  Jamar,  qui  a  été  chargé  de  ce 
travail.  Il  aurait  pu  prendre  officieusement  votre  avis  et 
celui  de  la  Commission  royale. 

Ainsi  procède  notre  éminent  collègue,  M.  Maquet,  chaque 
fois  qu'il  est  appelé  à  édifier  un  monument  important. 

En  ce  qui  concerne  l'exécution  du  fronton  du  Palais  des 
Évèques  du  côté  de  la  place  Saint-Lambert,  il  ne  faut  pas 
oublier  que,  dans  une  visite  à  Liège,  à  laquelle  vous  n'as- 
sistiez pas  malheureusement,  la  question  a  été  débattue 
d'une  façon  si  approfondie  que  nous  ne  nous  étonnons  pas 
que  M.  le  Gouverneur  n'ait  pas  jugé  à  propos  de  consulter 
de  nouveau  votre  Comité. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  du  Limbourg. 


—  266  — 


PROVINCE  DU  LIMBOURG 


M.  Van  Neuss,  en  remplacement  de  M.  l'abbé  Daniels, 
rapporteur  : 

Messieurs, 

Le  Comité  du  Li  m  bourg  n'a  pas  à  vous  faire  celle  année 
un  long  rapport  et  je  n'abuserai  donc  pas  de  votre  bienveil- 
lante attention. 

Notre  Comité  n'a  été  consulté  sur  aucun  projet  de  con- 
struction, de  reconstruction  ou  de  restauration  de  monu- 
ments, et  aucune  autre  question,  rentrant  dans  le  cadre  de 
sa  compétence,  n'a  été  soumise  à  son  examen. 

On  a  fait  ressortir,  à  plus  d'une  occasion,  dans  celte 
assemblée,  combien  il  peut  parfois  être  utile  ou  nécessaire 
de  faire  appel  aux  connaissances  locales  des  Comités  pro- 
vinciaux dans  l'instruction  des  affaires  sur  lesquelles  la 
Commission  royale  doit  se  prononcer  souverainement. 

Après  ce  qui  a  été  dit  et  répété  à  ce  propos,  nous  ne 
voulons  pas  revenir  sur  la  question  autrement  que  pour 
exprimer  encore  une  fois  nos  regrets  d'être  tenus,  par 
continuation,  à  l'écart  dans  l'étude  préliminaire  des  projets, 
même  de  ceux  auxquels  nous  portons  manifestement  le  plus 
vif  intérêt.  En  règle  générale,  nous  restons  parfaitement 
étrangers  aux  projets  de  restauration  d'édiGccs,  de  place- 
ment, dans  les  églises,  de  meubles  artistiques,  d'autels,  de 


—  267  — 

vitraux,  etc.,  jusqu'à  l'agréable  moment  où  nous  sommes 
prévenus  de  l'arrivée  dans  la  province  de  la  Commission 
royale  des  monuments.  Alors,  dans  des  entretiens  aussi 
charmants  qu'instructifs  avec  MM.  les  membres  de  cette 
Commission  et,  souvent,  avec  son  distingué  Président,  nous 
faisons,  sur  le  tard,  la  connaissance  de  travaux  exécutés 
d'après  des  plans  que  nous  n'avons  jamais  vus. 

Si  nous  devons  finir  par  accepter  définitivement  cette 
situation,  nous  l'accepterons  avec  une  philosophique  rési- 
gnation, mais  on  voudra  bien  convenir  que  la  résignation  à 
jouer  un  rôle  aussi  effacé  ne  peut  manquer  de  produire  à 
la  longue  un  effet  très  déprimant  au  point  de  vue  du  zèle  de 
nos  membres  les  plus  dévoués.  —  Soit  dit  tout  cela  sans 
aigreur  pour  personne,  mais  non  sans  un  grain  d'envie 
lorsque  nous  voyons  d'autres  Comités  provinciaux  être 
largement  associés  à  tous  les  travaux  qui  s'exécutent  dans 
leur  ressort. 

Cette  année,  les  occasions  n'ont  pourtant  pas  fait  défaut 
dans  le  Limbourg  pour  entretenir  un  peu  l'activité  du 
Comité  provincial.  Les  administrations  fabriciennes  et  les 
administrations  communales  sont  dans  notre  province  de 
plus  en  plus  soucieuses  de  la  conservation  des  monuments 
du  passé  et,  depuis  notre  dernière  réunion  générale,  elles 
ont  mis  en  avant  plusieurs  projets  de  construction,  de  res- 
tauration et  d'ameublement.  Nous  avons  pris  à  ce  sujet  des 
renseignements  dans  les  bureaux  du  Gouvernement  pro- 
vincial et,  d'après  ces  renseignements,  nous  pouvons  citer  : 
le  placement,  dans  la  nouvelle  église  de  Kessenich,  d'un 
maître-autel,  d'un  banc  de  communion  et  d'une  chaire  de 
vérité;  dans  l'église  de  Wimmerlingen,  récemment  détruite 


—  268  — 

par  un  incendie  et  reconstruite  aussitôt,  le  placement  d'un 
maitre-autel  et  d'une  chaire  de  vérité. 

Les  églises  de  Widoye,  de  Geystingen  et  de  Loramel  ont 
été  dotées  d'un  maitre-autel,  et  la  belle  église  de  Neeroe- 
teren,  d'une  chaire  de  vérité. 

Les  églises  d'Àlken,  de  Zolder  et  de  Corthys  ont  été 
pourvues  de  divers  objets  d'ameublement,  parmi  lesquels 
deux  autels  latéraux. 

La  construction  de  meubles  artistiques  pour  les  églises 
de  Genck,  de  Neerhaeren,  d'Àlken,  de  Loramel  et  pour 
l'église  Saint-Jean-Baptiste,  à  Tongres,  est  à  l'élude. 

En  ce  qui  concerne  la  restauration  partielle  ou  totale  de 
monuments,  nous  nous  trouvons  aussi  devant  plusieurs 
projets  ou  avant-projets  en  instruction,  notamment  :  la  res- 
tauration du  chœur  de  l'église  de  Halen,  la  restauration  de 
la  tour  de  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Trond  qui  orne  la 
pittoresque  Grand'Place  de  celte  ville,  el  les  travaux  à  faire 
pour  assurer  la  conservation  de  la  gracieuse  porte  renais- 
sance qui  se  trouve  au  pied  de  la  tour.  Ajoutons  encore  à 
cette  liste,  que  nous  pourrions  allonger,  la  restauration  de 
l'intéressante  église  de  Berg  près  de  Tongres,  les  sculptures 
intérieures  à  faire  dans  l'église  de  Neeroeleren,  le  délicat 
projet  de  restaurer  et  de  déplacer  le  jubé  monumental  de 
Tessenderloo  et,  finalement,  les  décisions  à  prendre  au  sujet 
des  peintures  murales  découvertes  dans  les  églises  de  Zep- 
peren  et  du  Bôguinage  de  Tongres. 

La  Commission  royale  des  monuments  nous  fait  le  plaisir 
de  nous  convoquer  très  régulièrement  et  en  lemps  utile  à 
ses  visites  dans  la  province.  Nous  lui  en  exprimons  toute 
notre  reconnaissance.  Des  délégués  de  notre  Comité  ont 


--  269  — 

accompagné  les  membres  de  la  Commission  dans  les  visites 
suivantes  : 

À  Peer,  pour  l'examen  d'un  autel  latéral  placé  dans  l'église 
paroissiale; 

A  Saint-Trond,  pour  l'examen  du  mobilier  placé  dans 
l'église  Saint-Pierre  et  d'un  chemin  de  la  croix  et  de  vitraux 
dans  l'église  Saint- Martin  ; 

À  Zepperen,  pour  l'examen  des  travaux  de  restauration 
intérieure  de  l'église  ; 

Dans  les  églises  d'Alken  et  de  Geystingen,  pour  le  place- 
ment d'objets  mobiliers  et,  enfin,  à  Bilsen  et  à  Looz,  où  les 
délégués  de  notre  Comité  ont  eu  la  satisfaction,  pour  la 
première  fois,  croyons-nous,  de  prendre  connaissance  de 
projets  en  instruction  et  non  encore  exécutés.  Il  s'agissait, 
à  Bilsen,  d'examiner  sur  place  des  questions  relatives  à 
l'agrandissement  et  à  la  restauration  de  l'église  et,  à  Looz, 

d'examiner  un  avant-projet  pour  la*  restauration  de  l'hôtel 
de  ville. 

La  rédaction  de  notre  inventaire  des  objets  d'art  continue 
d'avancer.  Nous  nous  proposons  de  profiter  des  derniers 
beaux  jours  de  l'année  pour  visiter  les  communes  qu'il  nous 
reste  à  voir  dans  le  canton  de  Saint-Trond.  Nous  n'avons 
découvert,  cette  année,  dans  nos  visites,  que  des  objets  d'un 
intérêt  secondaire. 

Comme  détail,  un  peu  étranger  à  notre  mission,  nous 
dirons  que  pendant  notre  tournée  à  Dilsen,  nous  avons 
fortuitement  rencontré,  sur  le  territoire  de  cette  commune, 
contre  la  voie  romaine  qui  longe  la  rive  gauche  de  la  Meuse, 
des  restes  non  douteux  d'une  villa,  relais  de  poste  ou  autre 
établissement  gallo-romain.  Nous  avons  recueilli  notamment 


—  270  — 

de  nombreux  débris  de  tuiles  et  des  morceaux  de  vases  en 
terre  samienne  et  un  fragment  de  lèle  avec  un  sigle  devenu 
illisible  par  suite  d'usure. 

Deux  de  nos  membres  ont  assisté  à  la  réunion  que  la 
Commission  royale  a  convoquée  à  Bruxelles  en  vue  d'adopter 
un  plan  uniforme  pour  l'impression  de  l'inventaire  des 
objets  d'art  conservés  dans  des  édifices  publics.  Il  a  paru 
utile  à  nos  délégués  de  communiquer  dans  cette  assemblée, 
à  litre  de  spécimen,  quelques  articles  de  la  minute  de  notre 
inventaire,  tels  que  la  description  de  statues,  de  meubles, 
d'objets  d'orfèvrerie,  etc.,  et  il  s'est  trouvé  que  nos  descrip- 
tions sont  en  général  conformes  au  plan  qui  a  été  adopté  pour 
l'impression. 

Dans  quelques  provinces,  les  Comités  ont  fait  précéder 
l'inventaire  d'une  courte  notice  descriptive  des  églises  ou 
monuments  où  les  objets  se  trouvent.  C'est  là  une  extension 
donnée  à  l'inventaire  qui  n'a  pas  été  prévue  dans  le  Li Hi- 
bou rg.  Mais,  dans  l'intérêt  de  l'uniformité,  nous  sommes 
disposés  à  combler  la  lacune  que  notre  travail  pourrait  pré- 
senter sous  ce  rapport. 

La  question  de  la  création  d'un  musée  provincial  que 
notre  Comité  ne  cesse  de  recommander,  est  toujours  arrêtée 
par  des  difficultés  financières.  Avec  l'espoir  que  ces  diffi- 
cultés puissent  être  résolues,  nous  nous  appliquons  à  enri- 
chir les  collections  naissantes  qu'un  fonctionnaire  intelligent 
a  réunies,  avec  le  zèle  le  plus  louable,  dans  les  locaux  du 
Gouvernement  provincial. 

Avant  de  terminer  notre  rapport,  nous  avons  le  devoir, 
Messieurs,  de  rendre  hommage  à  la  mémoire  d'un  de  nos 
membres  les  plus  éclairés,  M.  le  baron  de  Pitleurs-d'Ordangc, 


—  271  — 

dont  nous  avons  eu  à  déplorer  la  perte  dans  le  courant  de 
Tannée  et  qui  n'est  pas  encore  remplacé. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Van  Neuss,  vous  avez  bien 
raison,  au  nom  de  votre  Comité  provincial,  de  vous  plaindre, 
d'autan l  plus  que  nous  savons  tous  que  le  Comité  du  L im- 
bourg est  l'un  des  plus  actifs;  vous  savez  que  la  faute  com- 
mise ne  peut  pas  être  imputée  à  la  Commission  royale.  Il  ne 
dépend  pas  de  nous  que  vous  soyez  consultés  tout  d'abord. 
C'est  à  l'administration  provinciale  que  vous  devriez  adresser 
votre  réclamation. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  du  Luxembourg. 

M.  Sibenaler,  rapporteur.  —  Monsieur  le  Président, 
M.  Tandcl  étant  indisposé,  je  vais  avoir  l'honneur  de  donner 
lecture  du  rapport  en  son  nom. 

M.  le  Président.  —  Parfaitement. 


—  272  — 


PROVINCE  DU  LUXEMBOURG. 


M.  Sibenaler,  en  remplacement  de  M.  Tandel,  rap- 
porteur : 

Messieurs, 

Depuis  tantôt  deux  ans,  ensuite  du  cruel  événement  du 
26  janvier  1901,  qui  lui  a  enlevé  son  Président  d'honneur, 
le  Comité  des  correspondants  du  Luxembourg  n'a  pu  faire 
preuve  de  grande  activité  ;  aucun  projet  ne  lui  a  été  soumis 
de  la  part  de  l'Autorité  supérieure. 

Quelques  inspections  ont  eu  lieu  de  concert  avec  les 
délégués  de  la  Commission  royale  des  Monuments.  En  voici 
l'énumération  succincte  : 

Réception  du  banc  de  communion  et  des  statues  placées  à 
l'église  de  Berlrix  ; 

Examen  d'un  tableau  à  restaurer  à  l'église  de  Rossignol  ; 

Examen  de  vitraux  placés  à  l'église  de  Bastogne; 

Nouvelle  visite  de  l'église  de  Saint-Hubert  ; 

Visite  de  l'ancienne  chapelle  de  Frassem; 

Choix  de  l'emplacement  proposé  pour  la  nouvelle  église 
de  Pin  ; 

Examen  du  maitre-aulel  et  des  autels  latéraux  de  l'église 
de  Rendeux-Haut  ; 

Examen  de  quatre  vitraux  placés  dans  les  nefs  latérales 
de  l'église  de  Libin. 

En  dehors  de  ces  inspections,  le  Comité  luxembourgeois 


—  à73  — 

s'est  occupé  de  l'inventaire  des  objets  d'art  existant  dans  la 
province.  Ce  travail  est  préparé,  il  est  même  déjà  fait  pour 
l'arrondissement  d'Arlon-Virton,  mais  il  manque  malheu- 
reusement quelques  documents  pour  l'achever. 

Toutefois,  il  serait  désirable  que  la  Commission  des 
Monuments  donnât  un  plan  général  d'ensemble  pour  effec- 
tuer ce  travail,  afin  d'obtenir  l'uniformité  pour  lout  le 
royaume. 

Je  crois  utile  de  faire  connaître  de  quelle  façon  il  a  été 
procédé  dans  le  Luxembourg  au  récolement  des  objets 
d'art  : 

Feu  M.  Orban  de  Xivry,  le  très  regretté  Gouverneur 
de  la  province,  a  adressé  une  circulaire  aux  conseils  de 
fabrique  d'église  avec  un  questionnaire  formulé  de  la 
manière  suivante  : 

Quel  est  le  patron  de  l'église  que  vous  administrez? 

En  quelle  année  l'église  a-t-elle  été  construite  et  quel  est 
son  style? 

Exisle-L-il  des  paratonnerres  ou  des  gargouilles  artistiques? 

Y  a-t-il  des  grilles  de  défense  ? 

Existe- 1- il  des  vitraux  et  à  quelle  époque  sont-ils  attribués? 

Existe-l-il  des  monuments  funéraires  dans  l'église  ? 

Indiquez  le  nombre  et  les  inscriptions,  si  possible. 

Les  pierres  lumulaires  servent-elles  de  dallage?  —  Dans 
l'affirmative,  peut-on  encore  lire  les  inscriptions  qui  s'y 
trouvent? 

Existe-l-il  des  blasons,  des  inscriptions  épigraphiques  ou 
des  marques  anciennes  ? 

Indiquez  la  nature  de  ces  blasons,  inscriptions  ou 
marques. 


—  274  — 

Ne  trouve-ton  pas  dans  les  combles  de  l'église  des  objets 
qui  pourraient  avoir  une  certaine  valeur  archéologique? 

N'y  a-t-il  rien  de  remarquable  en  fail  de  cryptes,  con- 
fessionnaux, boiseries,  stalles,  chaires  à  prêcher,  bancs 
d'oeuvre,  siège  du  célébrant? 

N'existe-t-il  rien  de  curieux  en  fail  d'orfèvrerie,  de  lumi- 
naire, de  dais,  d'autel,  de  ciboires,  fonts,  bénitiers,  lutrins, 
ornements,  habits? 

N'y  a-t-il  pas  de  peintures  murales  anciennes,  des 
tableaux,  des  meubles  ou  des  statues? 

Tous  ces  questionnaires,  dûment  remplis,  ont  été  classés 
et  remis  aux  membres  du  Comité  provincial  des  correspon- 
dants du  Luxembourg. 

On  a  assigné  ù  ces  membres  un  certain  nombre  de 
communes  et  de  sections  de  communes  en  tenant  compte 
de  leur  résidence  et  des  facilités  de  communication  avec 
ces  localités.  Chaque  membre  s'est  rendu  sur  les  lieux,  aGn 
de  contrôler  les  renseignements  contenus  dans  les  question- 
naires mis  à  sa  disposition  et  a  fail  un  rapport  spécial  en  y 
comprenant  les  autres  édifices  civils,  religieux,  publics  ou 
privés  ayant  un  caractère  monumental,  archéologique,  his- 
torique ou  curieux. 

Tous  ces  rapports,  à  l'exception  d'un  seul  qui  ne  m'est 
pas  encore  parvenu,  sont  classés  et  l'on  n'attend  plus  que 
les  instructions  de  la  Commission  royale  des  Monuments  pour 
faire  le  travail  de  fusion  d'une  manière  méthodique  permet- 
tant de  consulter  utilement  et  rapidement  l'inventaire  général. 

Notre  Comité  préconise  le  classement  alphabétique  par 
nom  des  localités  où  les  objets  inventoriés  se  trouvent  et 
pour  chaque  province  en  particulier. 


—  275  — 

D'autres  questions,  dont  les  détails  sonl  trop  longs  pour 
trouver  place  dans  ce  rapport,  ont  été  traitées  dans  la 
dernière  réunion  du  Comité. 

Afin  de  ne  pas  abuser  de  vos  moments,  je  remettrai  le 
procès-verbal  de  celte  réunion  à  M.  le  Président,  qui  jugera, 
sans  doute,  utile  de  le  publier  dans  le  Bulletin  de  la  Com- 
mission royale. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


Réunion  du  Comité  provincial  du  Luxembourg. 


SÉANCE   DU   13  AOUT   1902. 

Présents  :  MM.  le  comte  C.  de  Briey,  gouverneur,  prési- 
dent; Tandel,  vice- président;  Van  de  Wyngaert,  membre- 
secrétaire;  Cupper,  Déome,  le  R.  P.  Goffinet,  Wilmarî, 
membres,  et  Sibenaler,  secrétaire-adjoint. 

M.  le  Gouverneur  entretient  le  Comité  de  l'inventaire  à 
former  des  objets  d'art  appartenant  aux  établissements 
publics  et  des  édifices  civils,  privés,  religieux  ou  autres, 
ayant  un  caractère  monumental,  archéologique,  historique 
ou  curieux.  Il  dépose  le  dossier  contenant  tous  les  rapports 
fournis  par  les  membres  correspondants,  à  l'exception  de 
celui  de  M.  Kurth,  qui  n'est  pas  encore  parvenu. 

M.  le  Gouverneur  promet  d'insister  personnellement 
auprès  de  M.  Kurth,  afin  que  le  dossier  dont  il  s'agit  puisse 


—  276  — 

èlre  complété  le  plus  tôt'  possible  et  le  travail  de  fusion 
entrepris,  ainsi  que  la  Commission  royale  des  Monuments, 
par  l'organe  de  son  Président,  M.  Ch.  Lagasse  de  Locht,  en 
a  exprimé  le  désir  à  diverses  reprises. 

M.  le  Gouverneur  fait  également  connaître  que  M.  le 
Ministre  de  la  Justice  s'intéresse  spécialement  à  la  question 
de  restauration  de  l'église  de  Saint-Hubert.  La  question  de 
dérochement  du  plâtras  intérieur  de  l'édifice  a  donné  lieu  à 
des  divergences  clopinions  qui  ont  amené  l'arrêt  complet 
des  travaux,  en  attendant  une  nouvelle  décision. 

M.  Déome  proteste  conlre  l'idée  de  polychromer  l'église 
de  Saint-Hubert  sauf  quelques  parties  spécialement  réservées 
à  cet  usage;  mais  le  travail  devrait  être  confié  à  de  vrais 
artistes. 

M.  Van  de  Wyngaert  trouve  que  l'harmonie  des  couleurs 
dans  les  matériaux  employés  pour  la  construction  de  l'église 
de  Saint- Hubert  est  parfaite  et  qu'il  serait  regrettable  de 
recouvrir  ce  beau  travail  d'architecture  d'un  nouveau  plâ- 
trage et  de  couleur. 

Le  R.  P.  Goflinel  est  du  même  avis  et  attire  l'attention 
de  la  Commission  des  Monuments  sur  ladite  église,  plus 
spécialement  depuis  sa  dernière  visite.  Les  murs  du  chœur 
u'étaient  pas  décrépis,  personne  n'a  pu  savoir  s'ils  sont 
polychromes  comme  ceux  des  nefs  et  des  colonnes.  Ces 
dernières  sont  admirables  parce  que  la  polychromie  tient  au 
choix  et  à  la  disposition  des  matériaux  employés  et  non  à 
une  peinture  à  l'huile. 

Si  le  chœur  est  semblablemenl  construit,  c'est  à  fortiori 
que  tiendront  à  leur  opinion  les  adversaires  de  la  poly- 
chromie à  l'huile. 


—  277  — 

Mais  si  les  murs  du  chœur  sont  en  pierres  grises,  vient 
la  plus  grave  question  :  Que  faire? 

1°  Évidemment  rechercher  si  les  constructeurs  ont  voulu 
cette  différence  pour  en  tirer  bon  parti  ou  s'ils  l'ont  subie  à 
regrel.  En  ce  dernier  cas,  examiner  ce  qu'ils  ont  fait  pour 
sortir  de  leur  embarras  ; 

2°  Prendre  une  décision  et  juger  s'il  faut  polychromer  le 
chœur  seulement,  les  nefs  seulement,  le  tout. 

Le  ft.  P.  Gofiinet  demande  s'il  n'y  aurait  pas  moyen 
d'engager  plusieurs  villages  à  tenir  propres  et  convenables 
les  abords,  les  alentours  de  leurs  églises?  D'y  faire  quelques 
embellissements  et  de  les  entretenir,  surtout  d'en  écarter 
les  choses  encombrantes,  inconvenantes,  etc. 

La  plus  pauvre  église,  bien  soignée  extérieurement,  inspi- 
rerait non  seulement  la  piété,  mais  l'ordre  et  la  bonne  tenue 
des  maisons  particulières. 

Cette  observation  doit  s'appliquer  à  beaucoup  de  villages 
et  plus  spécialement  à  Saint-Hubert,  dont  les  abords  mal 
entretenus  de  l'admirable  église,  ne  permettent  même  pas 
l'écoulement  régulier  des  eaux  pluviales.  D'autre  part,  les 
cryptogames  s'introduisent  entre  les  pierres  de  la  façade  et 
les  font  éclater. 

M.  Tandel  dit  que  le  cas  a  été  de  même  pour  beaucoup 
d'églises  de  son  arrondissement,  mais  qu'à  force  d'intervenir 
auprès  des  communes,  il  a  obtenu  le  dégagement  général 
des  édifices  du  culte. 

H.  Gupper  insiste  également  sur  cette  question  et 
signale  plus  spécialement  les  églises  de  Bande  et  de 
Sibret,  où  les  eaux  pluviales  coulent  dans  les  fondations, 
provoquent   l'humidité   et    hâteront   la    destruction.  Il   y 


—  278  — 

aurait  lien  de  construire  des  filets  d'eau  et  des  trottoirs. 

M.  Cupper  signale  aussi  qu'il  est  question  d'agrandir  le 
chœur  de  l'église  de  Bourcy.  Il  prie  le  Comité  d'émettre  un 
vœu  auprès  de  la  Commission  royale  des  Monuments  pour 
qu'une  visite  soit  ordonnée  avant  d'entamer  les  travaux.  La 
voûte  du  chœur  est  polychromée  et  il  y  aurait  peut-être 
lieu  de  prescrire  des  travaux  de  conservation. 

M.  le  Gouverneur  promet  d'en  référer  à  la  Commission 
royale  des  Monuments  et  insistera  tout  spécialement  pour 
que  les  desiderata  du  Comité  soient  pris  en  considération. 

M.  Tandel  fuit  connaître  qu'il  existe  à  l'église  du  village 
de  Lacuisine  des  verres  à  vilre  d'une  crudité  peu  en  rapport 
avec  l'édifice  du  culte.  11  y  aurait  peut-être  lieu  d'engager 
le  conseil  communal  à  faire  poser  des  vitraux  et  au  besoin 
des  grisailles  dont  le  prix  est  peu  élevé. 

M.  Cupper  a  eu  l'occasion  de  constater  à  diverses  reprises 
que  les  matériaux  employés  dans  la  construction  des  bâti- 
ments civils  sont  de  mauvaise  qualité  et  de  provenance 
étrangère  au  pays.  Il  fait  valoir  l'excellence  des  produits  de 
nos  carrières  et  les  désavantages  des  matériaux  étrangers 
à  la  région  :  On  fait  usage  de  pierres  provenant  du  Grand- 
Duché,  de  briques  qui  ne  peuvent  supporter,  sans  s'effriter, 
les  rigueurs  de  notre  climat  et  des  ardoises  de  qualité 
inférieure,  alors  que  celles  qui  proviennent  de  nos  établis- 
sements du  Luxembourg  belge  sont  préférables  à  tous  les 
points  de  vue.  Il  y  aurait  certainement  lieu  de  favoriser 
l'industrie  nationale. 

Les  constructions  se  font  sous  la  direction  des  étrangers 
sans  autre  contrôle  de  la  Commission  royale  des  Monuments 
que  l'approbation  des  plans  et,  parfois,   la  réception  des 


—  279  — 

travaux.  A  son  avis,  un  membre  compétent  de  ladite  Com- 
mission devrait  être  désigné  pour  surveiller  les  travaux  au 
cours  de  leur  exécution  et  qui  aurait  pour  mission  de 
s'assurer  également  de  la  qualité  des  matériaux  employés. 

M.  le  Gouverneur  fait  part  au  Comité  de  l'entrevue  qu'il 
a  eue  avec  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  au  sujet  de  la 
conservation  des  ruines  d'Orval.  Les  difficultés  en  vue 
d'arriver  à  une  entente  avec  le  propriétaire,  M.  Wauters, 
sont  en  grande  partie  aplanies.  II  verra  lui-même  le  pro- 
priétaire et  tâchera  d'obtenir  une  solution  favorable. 

Le  R.  P.  Goffinet  remercie  M.  le  Gouverneur  pour  l'intérêt 
qu'il  porte  aux  précieux  restes  de  la  célèbre  abbaye  d'Orval. 
Il  le  prie  également  d'intervenir  auprès  de  M.  Kurlh  pour 
obtenir  le  renvoi  des  archives  concernant  Saint-Hubert  et 
qui  appartiennent  au  dépôt  des  archives  de  l'État,  à  Arlon. 
Depuis  longtemps,  il  cherche  à  les  consulter  cl  on  lui  répond 
invariablement  qu'elles  sont  chez  M.  Kurlh. 

M.  le  Gouverneur  en  parlera  à  M.  l'archiviste  de  l'État  et 
l'engagera  à  réclamer  les  documents  dont  il  s'agit. 


• 
*  * 


Il  est  remis  à  chaque  membre  présent  une  lettre  de 
convocation  pour  assister  à  l'assemblée  générale  annuelle  de 
la  Commission  royale  dos  Monuments  et  de  ses  correspon- 
dants, qui  aura  lieu  à  Bruxelles,  le  lundi  6  octobre  pro- 
chain. 

M.  le  Gouverneur  propose  de  déléguer,  comme  d'habi- 
tude, MM.  Tandel,  vice-président  du  Comité,  et  Sibenaler, 
secrétaire-adjoint,  pour  assister  à  ladite  assemblée. 


—  280  — 

Celte  proposition  est  ratifiée  à  ruoanimité. 
L'ordre  du  jour  étant  épuisé  et  plus  personne  ne  deman- 
dant la  parole,  la  séance  est  levée  à  3  heures. 

M.  le  Président.  —  Nous  vous  remercions  beaucoup 
pour  ce  rapport,  Monsieur  Sibenaler,  cl  nous  pourrons 
rencontrer  tout  ce  que  vous  venez  de  dire  lorsque  nous 
discuterons  la  troisième  question  à  l'ordre  du  jour. 

La  parole  est  maintenant  à  M.  le  rapporteur  de  la  province 
de  Namur. 


—  28Î  — 


PROVINCE  DE  NAMUR 


H.  Dàrdenne,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Nous  n'avons  que  peu  de  chose  à  vous  exposer  celte 
année  ;  les  travaux,  dans  notre  province,  subissent  un 
temps  d'arrêt  dont  la  cause  toutefois  nous  est  absolument 
étrangère  :  dans  la  plupart  des  cas,  c'est  le  nerf  des  con- 
structions qui  fait  défaut,  les  crédits  disponibles  étant  depuis 
longtemps  engagés. 

Depuis  notre  dernière  réunion,  nous  n'avons  tenu  que 
deux  séances  ;  les  ordres  du  jour  comprenaient  douze 
points  : 

Quatre  mobiliers  d'église  (La  Plante,  Sart-en-Fagne,  Cul- 
des-Sarts,  des  Tombes)  ; 

Un  placement  de  vitrail  (Resteigne)  ; 

Une  construction  d'église  (Han-sur-Lesse)  ; 

Trois  restaurations  d'églises  (Gonrieux,  Roly,  Vierves); 

Une  décoration  d'église  (Haslière-Lavaux). 

Ajoutons  à  ce  maigre  exposé  les  travaux  de  Walcourt. 
Celle  restauration  se  faisant  sous  la  direction  et  le  contrôle 
directs  de  la  Commission  royale,  nous  ne  sommes  guère  à 
même  de  relater  la  situation  que  par  le  rapport  de  fin 
d'année  de  l'architecte  dirigeant,  rapport  mentionnant  d'une 
façon  sommaire  et  traditionnelle  les  gros  travaux  exécutés, 


—  28*  — 

le  cube  des  pierres  employées,  les  menues  dépenses  d'atelier, 
de  taille,  etc. 

La  question  de  la  tour  de  l'église  de  Dinant  reste  toujours 
en  suspens  ;  il  parait  cependant  qu'il  y  a  urgence  à  s'en 
occuper.  Quel  que  soit  le  projet  qui  sorte  des  méditations  ou 
négociations  en  cours,  il  nous  sera  sans  doute  permis  de 
formuler  ici  notre  vœu  le  plus  cher  :  c'est  de  voir  maintenir 
la  flèche  originale  qui  s'est,  durant  sa  longue  existence,  si 
bien  identifiée  avec  son  entourage,  accommodée  à  son 
milieu,  associée  aux  souvenirs  des  touristes  et  des  archéo- 
logues. Nous  n'en  pouvons  rien  si  nous  avons  au  cœur  une 
si  vive  affection  pour  la  «  citrouille  •,  et  c'est  plein  de 
confiance  que  nous  supplions  qu'on  la  conserve  à  notre 
vénération  (i). 

Puisque  nous  parlons  de. Dinant,  nous  nous  permettrons, 
au  nom  de  tous  les  membres  de  notre  Comité  —  sauf 
M.  del  Marmol,  qui  se  trouvait  sur  place,  —  d'exprimer 
nos  regrets  de  n'avoir  pu  assister  à  l'examen  de  réceplion 
de  la  dernière  verrière  placée  dans  la  collégiale  de  celle 
ville  :  mais  la  nouvelle  de  la  démarche  de  MM.  les  délégués 
de  la  Commission  centrale  arriva  trop  tardivement  à  Namur 
pour  nous  être  transmise  en  temps  utile. 

Le  seul  travail  intéressant,  bien  que  d'ordre  secondaire, 
qui  s'exécute  actuellement  dans  notre  province,  c'est  l'agran- 
dissement de  la  vénérable  et  intéressante  église  de  Saint- 


0)  A  la  dernière-heure,  nous  ayons  appris  officieusement  que  nos  désirs 
seront  exaucés  :  la  flèche  subira  une  réfection  complète  mais  conservera, 
parait- il,  sa  forme  primitive.  S'il  en  est  ainsi,  nous  manquerions  à  notre 
devoir  le  plus  élémentaire  en  n'offrant  point  ici  nos  plus  sincères  remer- 
ciements aux  promoteurs  et  défenseurs  de  cette  mesure. 


—  283  — 

Germain.  Après  des  vicissitudes  diverses,  dos  menaces 
d'abandon  et  des  reprises  du  projet,  l'accord  se  fil  enfin. 
Les  travaux,  entrepris  avec  une  sage  lenteur,  se  poursuivent 
régulièrement  sous  l'œil  vigilant  et  la  haute  sollicitude  de  la 
Commission  royale  ;  nous  sommes  dès  maintenant  assurés 
qu'ils  donneront  pleine  et  entière  satisfaction  à  tous  les 
intéressés,  aux  paroissiens,  d'une  part,  aux  touristes  et  aux 
amateurs  de  l'autre. 

Quant  aux  restaurations  de  Gonrieux,  de  Roly  et  de 
Vierves,  ce  ne  sont  là  que  des  travaux  d'ordre  minime,  exé- 
cutés à  des  constructions  qui  n'avaient  avant  et  n'auront 
après  aucun  caractère  monumental. 

Enfin,  la  décoration  de  l'église  de  Haslière-Lavaux  est 
une  de  ces  choses  dont  on  voudrait  n'avoir  jamais  eu  à 
s'occoper,  tant  le  projet  présenté  était,  à  tous  les  points  de 
vue,  banal  et  insuffisant. 

A  propos  de  mobiliers  d'églises,  nous  devons  prolester 
contre  la  facilité,  disons  plutôt  l'espèce  d'acharnement  avec 
lequel  on  fait  disparaître  nombre  de  pierres  tombales  du 
plus  haut  intérêt  historique  ou  archéologique.  Il  y  a  bon 
nombre  d'années  que  ces  monuments  ont  été  cités,  étudiés 
ou  décrits,  avec  un  soin  tout  particulier  et  une  remarquable 
érudition,  par  notre  savant  et  passionné  collègue  M.  Alf. 
Bequel  (i).  Bien  que  ces  mausolées  aient  été  jadis  signalés  à 
l'attention  des  communes  et  des  fonctionnaires  de  divers 
degrés  préposés  à  leur  garde  ou  à  leur  conservation,  il 


(0  Nombre  de  frottis  exécutés  par  M.  Bequet  lui-même  sont  exposés  au 
musée  archéologique  de  Namur  ;  en  outre,  quantité  de  notices  leur  sont 
consacrées  dans  les  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur. 


—  284  — 

arrive  presque  chaque  jour  que  nous  ayons  à  constater  de 
nouvelles  disparitions.  Or,  nous  considérons  ces  pierres 
tumulaires  comme  faisant  partie  du  domaine  public  et  nous 
voudrions  que  des  mesures  quelconques,  mais  avec  sanction 
efficace,  fussent  prises  à  bref  délai,  pour  assurer  la  conser- 
vation de  ces  intéressants  et  souvent  curieux  monuments. 

La  commune  de  Bouvignes  s'est,  dernièrement,  adressée  à 
l'administration  provinciale  de  Namur  pour  s'enquérir  de  la 
suite  donnée  au  projet  de  restauration  de  la  «  Porte  de 
Laval  »,  qui  s'écroule  chaque  jour  davantage,  et  dont  la 
disparition  est  prochaine  si  l'on  n'y  porte  remède.  Cependant 
cette  porte  rappelle  un  des  plus  beaux  souvenirs  de  l'histoire 
locale,  un  haut  fait  d'armes  reconnu  et  récompensé  par 
Charles-Quint  lui-même. 

A  ce  titre,  nous  estimons  que  ce  modeste  édicule  a  des 
titres  suffisants  pour  solliciter  avec  succès  la  bienveillante 
sollicitude  des  pouvoirs  publics  et  l'octroi  d'un  léger  subside. 

Bien  que  nous  ayons  déjà  touché,  dans  nos  précédents 
rapports,  la  question  des  mobiliers  d'église,  nous  ne  pouvons 
nous  empêcher  d'y  revenir  pour  déplorer  plus  que  jamais 
l'insuffisance  et  la  pauvrelé  des  plans  qu'on  nous  soumet 
après  approbation  des  mandataires  communaux  et  des  fabri- 
ciens.  Malgré  nos  refus  et  nos  observations,  c'est  toujours 
le  même  système  qui  prédomine,  le  même  style  —  et 
lequel?  —  vide  et  banal,  l'absence  de  caractère,  la  simi- 
litude de  conception,  disons  le  mot,  le  même  mercantilisme. 
D'ordinaire,  ces  projets  nous  sont  présentés  sous  forme  de 
simples  croquis  parfois  teintés  de  chic,  avec  un  certain 
aspect  imagier,  mais  sans  plans  de  détails,  cotes  d'épais- 
seurs,  modes  d'assemblage,   projets  tracés  en  grandeur 


—  285  — 

d'exécution,  bref,  sans  aucun  détail  constructif  qui  permette 
de  se  faire  une  idée  suffisamment  exacte  du  meuble  à  con- 
struire, des  garanties  de  solidité  qu'il  présente,  des  indices 
de  durée  qu'il  comporte,  du  caractère  a rchi tectonique  qu'il 
revêt.  Et  cependant  il  y  a  là  de  bien  graves  intérêts  à 
sauvegarder  :  ceux  des  autorités  qui  commandent  et  qui 
naturellement  paient  des  deniers  publics  ;  et,  d'autre  part, 
ceux  des  entrepreneurs  qui  devraient  se  rendre  un  compte 
exact  des  engagements  qu'ils  prennent,  des  responsabilités 
qu'ils  encourent.  A  notre  humble  avis,  celte  grave  question 
ne  se  résoudra  que  par  une  entente  complète  entre  tous  les 
pouvoirs  qui  interviennent  en  celte  circonstance.  Aussi 
longtemps  que  cet  accord  ne  se  fera  point,  on  trouvera  des 
administrateurs  assez  peu  soucieux  des  intérêts  de  leurs 
concitoyens  et  de  l'accomplissement  de  leur  mandat,  pour 
accepter  des  plans  insignifiants  ou  incomplets,  — des  entre- 
preneurs disposés  à  fournir  quand  même  les  meubles 
projetés,  —  des  fonctionnaires  enfin,  intervenant  toujours 
trop  tard,  pour  constater  toujours  avec  le  même  regret  et 
le  même  écœurement,  les  faits  accomplis;  tous  aidant  ainsi, 
à  leur  insu,  à  doter  nos  églises  de  mobiliers  de  pacotille  que 
la  génération  prochaine  devra  remplacer,  au  grand  détri- 
ment des  finances  publiques.  Inspirons-nous  davantage  de 
la  manière  d'agir  de  nos  devanciers  et  tâchons  enfin  d'avoir 
à  cœur  de  léguer  à  nos  descendants  des  œuvres  au  moins 
solides  et  durables  ;  si  nous  ne  pouvons  aspirer  à  briguer 
leurs  éloges  ou  leurs  félicitations,  évitons  au  moins  leurs 
récriminations.  Et  alors,  ce  sera  sans  crainte  et  sans 
reproche,  avec  le  calme  et  la  dignité  du  devoir  accompli, 
que  nous  quitterons  la  carrière,  laissanl  à  la  génération 


—  286  -- 

prochaine  le  soin,  non  de  démolir  ou  de  renouveler,  mais 
bien  de  conserver  et  de  continuer  notre  œuvre. 

Une  autre  question  importante,  c'est  remploi  des  maté- 
riaux de  construction.  Lorsqu'il  s'agit  de  restauration,  il  est 
évident  qu'il  importe  avant  tout  de  remplacer  les  éléments 
devenus  défectueux,  par  des  éléments  similaires,  sains  et 
durables,  de  procéder  de  telle  façon,  que  le  côté  matériel 
de  la  réfection  disparaisse;  bref,  que  la  restauration,  autant 
que  possible,  passe  inaperçue,  laissant  l'illusion  de  la  persis- 
tance de  l'œuvre  primitive. 

Mais,  pour  ce  qui  concerne  les  constructions  nouvelles, 
nous  voudrions  qu'on  imposât  aux  architectes,  comme 
première  condition  préalable  à  la  rédaction  des  plans, 
l'emploi  des  matériaux  naturels  fournis  par  la  localité  elle- 
même.  Si  toutefois  cette  localité  se  trouvait  absolument  trop 
pauvre,  si  elle  ne  récelait  que  des  matériaux  inutilisables, 
on  devrait  au  moins  se  confiner  dans  la  région,  sans  aller 
chercher  au  loin  soit  des  éléments  d'un  prix  de  revient 
très  élevé,  soit  dés  éléments  n'offrant  pas  des  garanties 
suffisantes  de  durée  ou  de  résistance  au  climat  local.  Plus 
que  jamais,  nous  sommes  persuadés  que  c'est  là  l'unique 
moyen  d'arriver  à  donner  à  nos  églises,  maisons  commu- 
nales, écoles  ou  presbylères,  une  physionomie  spéciale,  un 
caractère  local,  le  moyen  enfin  de  les  approprier,  par  leur 
aspect  et  leur  silhouette,  au  site  dans  lequel  ils  s'élèvent. 
Nous  avons  assez  subi,  en  définitive,  ces  constructions 
transplantées  d'une  extrémité  à  l'autre  de  notre  province, 
restant  toujours  et  partout  semblables,  parfois  identiques  à 
elles-mêmes.  Bref,  nous  voudrions  voir  les  architectes 
adopter  celle  maxime  :   «  À  chaque  homme  son  habit,  à 


—  287  — 

chaque  commune  ses  constructions.  »  Ce  système,  appliqué 
de  façon  soutenue,  finirait  par  doter  nos  communes  de 
bâtiments  qui  seraient  à  elles,  qui  constitueraient  les  élé- 
ments de  leur  physionomie  spéciale,  leur  personnalité,  si 
nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi.  Et  puis,  c'est,  à  notre 
avis,  nous  devons  bien  l'avouer,  le  seul  moyen  de  faire 
disparaître  cette  fâcheuse  coutume,  beaucoup  trop  fréquente, 
de  tirer  de  nouveaux  plans  des  vieux  papiers.  Quand  on 
voit  le  parti  que  certains  architectes  ont  su  tirer  du 
judicieux  emploi  de  certains  matériaux  que  la  nature  leur 
offrait  pour  ainsi  dire  à  pied-d'œuvre,  les  heureux  effets  de 
couleur  qu'ils  leur  ont  fait  produire,  la  variété  des  formes 
qu'ils  ont  dû  créer  pour  les  mettre  en  valeur,  l'heureuse 
harmonie  qu'ils  ont  su  faire  régner  entre  ces  éléments 
souvent  si  divers,  le  caractère  à  la  fois  neuf,  pittoresque  et 
élégant  qu'ils  ont  su  donner  à  leurs  constructions,  on  se 
prend  à  déplorer  avec  amertume  que  celte  idée  ne  se 
généralise  pas  davantage  (i).  Aussi,  faisons-nous  un  chaleu- 
reux appel  à  tous  nos  collègues,  pour  que  tous  nous 
marchions  la  main  dans  la  main  à  la  conquête  de  cet  idéal. 
Puissions-nous  finir  bientôt  par  triompher  de  celte  honteuse 
inertie  contre  laquelle  nous  luttons  depuis  tant  d'années. 
Nous  ne  désespérons  pas  toutefois  de  voir  un  jour  dispa- 
raître ces  plans  de  bâtiments  communaux  quelconques, 
tirés  à  nombre  d'exemplaires,  à  l'instar  des  épreuves  photo- 
graphiques fournies  par  un  seul  et  même  cliché.  Un  appui 
qui  nous  viendra  puissamment  en  aide  et  sur  lequel  on 


(i)  Voir  les  gares  récentes  de  certaines  lignes  de  l'État,  la  Poste  de 
flny,  etc. 


—  288  — 

n'eût  peut- être  pas  compté  jadis,  c'est  la  clientèle  bourgeoise. 
De  ce  côté,  la  tendance  est  manifeste  et  jusque  dans  nos 
plus  modestes  bourgades  on  voit  s'élever  des  constructions 
qui  témoignent  d'une  évidente  recherche  du  nouveau.  Que 
les  communes  ne  se  laissent  pas  devancer  par  les  parti- 
culiers et  que  leurs  mandataires  imposent  leurs  désirs  aux 
architectes  de  leur  choix  ;  que  ceux-ci,  avant  de  jeter  aucune 
ligne,  même  d'avant-projet,  se  rendent  dans  la  localité,  qu'ils 
se  renseignent  sur  place  de  la  situation  et  de  ses  ressources, 
qu'ils  examinent  ensuite  quelque  vieille  construction  de 
l'endroit  et  ils  pourront  se  rendre  un  compte  exact  des 
ressources  naturelles,  de  la  convenance  ou  de  la  résistance 
des  matériaux.  Dès  lors,  ils  seront  fixés  sur  le  mode  de 
construction  à  adopter,  ils  n'auront  plus  à  étudier  que  les 
lignes  ou  les  formes  les  mieux  appropriées  aux  matériaux  à 
mettre  en  œuvre. 

Nous  demanderons,  pour  terminer,  qu'il  nous  soit  permis 
de  soulager  notre  cœur  d'un  poids  qui  l'oppresse,  et  ce 
faisant,  nous  aurons  rempli  notre  devoir  en  dégageant  notre 
responsabilité.  Voici  à  quel  propos.  Il  existe  dans  notre 
province  une  église  rurale  de  construction  récente,  que 
nous  ne  nous  lassons  point  d'admirer,  une  église  remar- 
quable à  tous  égards,  signée  d'un  grand  nom,  d'un  nom 
qui  brillera  longtemps  encore  dans  l'histoire  de  l'art  belge, 
une  église  enfin,  que  l'architecte  avait  étudiée,  caressée  plus 
peut-être  que  d'autres  édifices  de  haute  importance.  Malheu- 
reusement ceux  qui  assistèrent  à  l'éclosion  du  projet,  ceux 
qui  aidèrent  à  sa  réalisation,  disparurent  avant  l'achèvement 
de  l'œuvre,  disons  plutôt  du  chef-d'œuvre  :  l'église  fût,  en 
effet,  construite  mais  non  entièrement  meublée.  Il  y  a 


—  289  — 

quelques  années,  on  y  plaça  un  «  Chemin  de  croix  »,  vul- 
gaire moulage  en  plaire,  bariolé  d'indigne  façon  ;  nous  avons 
vainement  protesté  contre  cette  profanation.  Aujourd'hui,  il 
s'agit  d'un  autel  à  installer  dans  notre  petit  bijou  d'église. 
Or,  le  plan  de  l'autel  a  été  dressé  par  l'architecte  lui-même, 
non  pas  uniquement  dans  ses  grandes  lignes,  mais  bien  dans 
tous  ses  détails;  les  plans  sont  donc  là,  prêts  à  être  utilisés; 
cl  si  d'ailleurs  il  surgissait  quelque  difficulté  d'exécution, 
les  élèves  du  maître  sont  là,  prêts  à  la  résoudre.  Nous 
estimons  que  l'adoption  de  ce  projet,  à  l'exclusion  de  tout 
autre,  était  un  hommage  de  reconnaissance  dû  à  la  mémoire 
du  grand  architecte  dont  nous  pleurons  encore  la  perte.  La 
réalisation  de  ce  plan  pouvait  seule  conserver  à  l'édifice  son 
caractère  d'unité,  en  identifiant  le  meuble  principal  à  la 
construction  elle-même.  Eh  bien!  nous  regrettons  que  celte 
idée  n'ait  point  été  partagée  et  que  pour  une  mesquine 
question  de  finance,  parait-il,  —  question  qu'on  eût  peut-être 
pu  résoudre  par  d'autres  voies,  —  nous  regrettons  que  le 
plan  du  regretté  Beyaert  ait  été  écarté  et  remplacé  par 
celui  d'une  personne  complètement  étrangère  à  l'église  des 
Tombes,  personne  dont  nous  ne  songeons  nullement  à  con- 
tester le  talent  de  sculpteur;  mais,  à  notre  avis,  il  ne 
devait  entrer  dans  l'église  de  Beyaert  qu'un  autel  de 
Beyaert. 

Enfin,  nous  sommes  heureux  de  vous  annoncer  que 
la  rédaction  de  l'inventaire  des  objets  d'art  de  notre 
province  est  entrée  dans  sa  phase  d'exécution  ;  la  grande 
majorité  des  matériaux  sont  réunis  ;  nous  nous  occu- 
perons incessamment  du  groupement  et  de  la  coordi- 
nation. 


—  290  — 

M.  le  Président.  —  Nous  vous  félicitons,  Monsieur  Dar- 
denne,  pour  votre  beau  rapport. 

M.  IIelbig  (Liège).  —  Les  faits  que  vous  déplorez,  Mon- 
sieur le  rapporteur,  nous  les  déplorons  aussi,  peut-être  plus 
que  vous.  Nous  avons  voulu,  nous,  établir  une  situation  : 
c'est  que  ce  ne  sont  pas  les  administrations  qui  peuvent 
modifier  cet  état  de  choses  ;  ce  sont  les  artistes  qu'il  faut 
former  pour  cela.  C'est  par  eux  qu'il  est  possible  de  régé- 
nérer l'art  ;  nous  aurons  beau  prendre  les  mesures  les  plus 
rigoureuses  et  les  meilleures  pour  l'élaboration  d'une  œuvre 
d'art;  nous  n'aboutirons  à  aucun  résultat  désirable  par  des 
moyens  administratifs.  11  faut  des  artistes;  il  faut  que  l'édu- 
cation d'un  grand  nombre  d'artistes  soit  faite  à  ce  point  de 
vue,  car  si  nous  avons  assez  souvent  de  beaux  plans  d'église, 
en  réalité,  nous  avons  fort  peu  de  plans  d'ameublement 
convenables  ;  cela  est  négligé,  dans  l'enseignement,  d'une 
façon  presque  complète.  11  nous  faut  insensiblement  arriver, 
sous  ce  rapport,  à  un  meilleur  état  de  choses;  toutefois, 
d'après  mon  expérience  personnelle,  nous  sommes  cepen- 
dant à  ce  sujet  en  voie  d'amélioration,  malgré  ce  défaut  de 
formation  que  je  vous  signalais  à  juste  litre  et  que,  je  le 
répète,  nous  regrettons  autant  que  vous. 

M.  le  Président.  —  Nous  arrivons,  Messieurs,  au  troi- 
sième objet  de  notre  ordre  du  jour  :  «  Invenlaires  des  objets 
d'art  appartenant  aux  établissements  publics».  Ce  point  a 
été  traité  dans  presque  chacun  des  rapports  qui  nous  ont 
été  présentés  aujourd'hui  par  nos  membres  correspondants. 
Jusqu'à  ce  moment,  c'était  la  province  de  Namur  qui  était 
la  plus  en  retard  sous  ce  rapport.  Vous  avez  pu  vous 


—  291  — 

convaincre  qu'elle  était  entrée  dans  la  bonne  voie  à  cet 
égard. 

M.  Sibenaler,  au  nom  du  Comité  du  Luxembourg,  nous 
a  lu  le  rapport  de  M  Tandel;  il  a  exprimé  le  vœu  que  la 
Commission  royale  donnât  des  instructions  afin  de  voir 
achever  le  plus  vite  possible  les  différents  inventaires.  Ce 
n'est  pas  d'aujourd'hui  que  nous  demandons  cela.  Vous  vous 
rappelez,  en  effet,  que,  dès  le  15  février  de  cette  année, 
nous  avons  demandé  aux  correspondants  de  déléguer  deux 
de  leurs  membres,  dans  chaque  Comité,  pour  s'entendre 
sur  ce  point-là.  Depuis,  nous  avons  demandé  aux  divers 
Comités  de  nous  faire  parvenir  les  propositions  qui  auraient 
été  faites  depuis  le  1S  février.  Je  ne  sais  pas  si  notre 
demande  a  été  bien  comprise  à  cet  égard;  en  tout  cas, 
personne  ne  nous  a  répondu  jusqu'ici.  Mais,  afin  de  ne  pas 
allonger  outre  mesure  celte  séance  par  des  questions  trop 
détaillées,  je  vous  proposerai,  Messieurs,  comme  résolution 
pratique,  pour  ce  troisième  objet  de  l'ordre  du  jour,  de 
décider  que  la  Commission  centrale  s'occupera  de  convoquer 
à  nouveau  chez  elle  une  nouvelle  réunion  ;  seulement,  dès 
à  présent  je  vous  demanderai  de  vous  y  faire  représenter 
par  voie  de  délégués,  car  nous  serions  dans  l'impossibilité 
de  vous  abriter  tous  sous  notre  toit. 

Voilà,  Messieurs,  quelle  serait  la  meilleure  résolution  à 
prendre  actuellement  concernant  cette  question.  Si,  d'autre 
part,  des  membres  avaient  des  éclaircissements  à  donner  à 
ce  sujet,  je  suis  prêt  à  leur  accorder  la  parole. 

M.  Helbig  (Liège).  —  Je  demande  la  parole  pendant 
quelques  instants  seulement  sur  ce  sujet-là. 


—  292  — 

Il  importe,  on  Ta  déjà  dit,  qu'il  y  ait,  sous  ce  rapport,  un 
système  uniforme;  je  puis,  à  ce  propos,  recommander  tout 
spécialement  un  ouvrage  qui,  malheureusement,  est  écrit 
en  langue  allemande,  mais  qui,  cependant,  peut  servir  de 
document,  de  modèle,  surtout  au  point  de  vue  de  la  division 
et  de  l'exactitude,  c'est  l'ouvrage  de  M.  Glemen,  sur  le  pays 
rhénan.  C'est  un  ouvrage  excellent  et  que  je  puis  conseiller 
en  toute  confiance  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de  ces  inven- 
taires. Je  crois  qu'ils  ne  trouveront  pas  de  meilleur  modèle 
à  suivre.  Ceux  qui  savent  le  flamand  peuvent  générale- 
ment lire  l'allemand,  et  les  Wallons,  qui  ne  savent  pas  le 
flamand,  mais  qui  connaissent  une  langue  germanique, 
pourront  très  souvent  aussi  le  comprendre.  Mais,  dans  tous 
les  cas,  ils  pourront  voir,  par  la  simple  division  de  ce  travail, 
combien  il  peut  être  utile  à  tous  sous  tous  les  points  de 
vue. 

M.  le  Président.  —  Vous  avez,  Messieurs,  entendu  le 
conseil  de  M.  Helbig,  tout  particulièrement  désigné  pour 
vous  le  donner;  j'espère  que  vous  voudrez  bien  en  profiter. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  Je  crois  savoir  que  la  pro- 
vince d'Anvers  et  celle  de  la  Flandre  orientale  ont  toutes  les 
deux  terminé  leur  travail;  je  fais  la  proposition  de  réunir 
ces  Messieurs  le  plus  tôt  possible  afin  qu'ils  nous  montrent 
ce  qu'ils  ont  déjà  fait  et  qu'ils  nous  disent,  en  même  temps, 
ce  qu'ils  se  proposent  encore  de  faire  pour  qu'il  y  ail  une 
certaine  uniformité  dans  le  travail,  quoique  je  pense  que  le 
travail  soit,  sous  ce  rapport,  presque  fini  partout. 

M.  le  Président.  —  Pas  partout. 


—  293  — 

M.  Bordiau.  —  11  l'est,  dans  tout  cas,  dans  plusieurs 
provinces. 

H.  le  Président.  —  Votre  conclusion,  Monsieur  Bordiau, 
est  aussi  de  faire  une  réunion  prochaine,  comme  suite  à 
celle  du  13  février. 

Si  plus  personne  ne  demande  la  parole,  je  prie  les 
Comités  provinciaux  de  vouloir  bien  nous  envoyer  deux 
délégués.  Ceux  d'enlr'eux  qui  auraient  à  peu  près  terminé 
leur  travail,  peuvent  nous  apporter  leurs  projets. 

M.  Van  Leemputten  (Anvers).  —  Pour  la  province 
d'Anvers,  vous  avez  tout  reçu. 

M.  le  Président.  —  C'est  entendu. 

Nous  abordons  maintenant,  Messieurs,  la  quatrième 
question,  en  vertu  d'une  décision  de  l'Assemblée  générale 
de  l'année  dernière.  Elle  est  ainsi  conçue  :  «  Les  formes 
de  structure  simulée,  que  l'artiste  conçoit  pour  exprimer 
son  impression  personnelle,  doivent-elles  jouer  le  rôle  prin- 
cipal dans  l'aspect  des  monuments?  » 

L'année  dernière,  M.  Bilmeyer  avait,  je  pense,  demandé 
des  explications  à  ce  sujet.  Je  suis  tout  disposé  à  lui 
accorder  la  parole,  s'il  le  désire? 

M.  Bilmeyer  (Anvers).  —  Si,  l'année  dernière,  j'ai 
demandé  la  parole  à  ce  sujet,  c'était  parce  que  j'avais 
constaté  que  plusieurs  personnes  ne  comprenaient  pas  la 
question. 

M.  le  Président.  —  N'avez-vous  rien  préparé  à  ce  sujet, 
Monsieur  Bilmeyer  ? 


—  294  — 

M.  Bilmever.  —  La  question  demande  si  les  formes 
de  structure  simulée  doivent  jouer  le  rôle  principal  dans 
l'aspect  des  monuments.  A  la  question  ainsi  posée,  je  répon- 
drai catégoriquement  :  Non. 

Aux  explications  de  notre  honorable  Président  j'ajouterai 
celles-ci  : 

Prenant  en  considération  les  diverses  formes  de  structure, 
vous  avez  les  formes  simulées,  les  formes  transposées  cl  les 
formes  réelles. 

Ces  dernières  se  définissent  ainsi  :  elles  accusent  un 
moyen  effectif  de  construction  ;  elles  sont  l'expression  vraie 
de  l'organisme  architectural.  A  mon  avis,  celte  expression 
est  la  seule  dont  on  doit  tenir  compte,  principalement  et 
à  priori  quand  il  s'agit  de  la  restauration  de  monuments. 
Pour  les  constructions  modernes,  c'esl  encore  ce  principe 
qui  devrait  dominer,  car  ce  sont  les  matériaux  employés  et 
leur  mise  en  œuvre  rationnelle  qui  forment  les  bases  fonda- 
mentales de  loutc  architecture  bien  raisonnée. 

De  ce  qui  précède,  il  y  aurait  lieu  de  recommander 
les  formes  réelles  dans  toute  restauration  et  construction 
moderne,  et  de  condamner  les  formes  simulées  et  transpo- 
sées, surtoul  si  elles  ont  pour  seul  but  une  satisfaction  le 
plus  souvent  imaginaire  et  personnelle  de  l'artiste. 

M.  le  Président.  —  Si  plus  personne  ne  demande  la 
parole  à  ce  sujet,  je  considérerai  cette  question  comme  ne 
devant  plus  être  reproduite  cette  année  ni  Tannée  prochaine. 
(Assentiment.) 

Nous  passons  à  la  question  suivante  :  t  Qu'enseignent 
les  découvertes  de  peintures  murales  faites  dans  les  monu- 


—  295  — 

menls  de  la  Belgique  ?  »  Cette  question  a  également  été 
remise  à  Tordre  du  jour  en  vertu  de  la  décision  unanime  de 
l'Assemblée  générale  du  7  octobre  1901. 

Au  sujet  de  celte  question,  nous  avons  une  triple  consta- 
tation à  faire  :  M.  van  Ruymbeke  nous  avait,  Tannée 
dernière,  promis  de  faire  une  étude  complète  sur  ce 
dont  il  nous  avait  parlé,  c'est-à-dire  de  la  décoration  de 
Téglise  de  Sainte-Walburge,  à  Furnes,  où  il  y  a  des  pein- 
tures extrêmement  intéressantes.  Malheureusement,  M.  van 
Ruymbeke  est  empêché  d'èlre  parmi  nous  par  le  fait  qu'il 
fait  partie  du  jury  de  la  Cour  d'assises  de  Bruges,  siégeant 
actuellement.  Peut-être  aussi  n'a-t-il  pas  pu  terminer  son 
travail. 

H.  Helbig  (Liège).  —  Je  puis  vous  donner  l'affirmation 
que  le  travail  de  M.  van  Ruymbeke  est  terminé. 

M.  le  Président.  —  C'est  étrange,  qu'il  ne  nous  Tait  pas 
envoyé.  Nous  considérerons  sa  communication  comme  faite 
et  nous  l'insérerons  au  Bulletin. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  Il  me  semble  que,  préala- 
blement, nous  devrions  avoir  une  discussion. 

M.  le  Président.  —  Nous  l'aurons  quand  même. 

M.  Bordiau.  —  Nous  devrions,  d'après  moi,  attendre 
pour  insérer  ce  travail  au  Bulletin. 

M.  le  Président.  —  Si,  dès  à  présent,  ce  travail  est 
inséré  au  Bulletin,  vous  aurez  tout  le  temps  voulu  pour  le 
lire  et  le  discuter. 

M.  Bordiau.  —  Ce  serait  irrégulier. 


—  296  — 

M.  le  Président.  —  M.  Van  Caster  ne  serait  pas  de  cet 
avis,  je  pense. 

M.  Bordiau.  —  Je  trouve  qu'avant  de  rien  insérer  au 
Bulletin  nous  devrions  avoir  une  discussion  à  ce  sujet. 

M.  le  Président.  —  MM.  De  Groote  et  Bilmeyer  ont  été 
sollicités  par  nous  de  faire  également  rapport  sur  ce  sujet. 
Aucun  de  ces  messieurs  n'est  probablement  prêt? 

M.  Bilmeyer  (Anvers).  —  Il  en  a  été  question  dans  la 
dernière  réunion  du  Comité,  et  la  Commission  royale  sera 
saisie  des  propositions  du  Comité. 

M.  le  Président.  —  Donc,  contrairement  à  ce  que  j'avais 
dit  d'abord,  on  serait  d'avis  de  ne  pas  publier  dès  à  présent 
au  Bulletin  le  travail  de  M.  van  Ruymbeke?  C'est,  du 
moins,  ce  que  propose  M.  Bordiau.  Je  demande  si  tout  le 
monde  est  d'avis  de  retarder  la  publication  du  travail  de 
M.  van  Ruymbeke  jusqu'à  ce  qu'une  discussion  ait  eu  lieu 
sur  ce  sujet.  J'ajoute  que,  quant  à  moi,  je  pense  que  le 
rapport  de  M.  van  Ruymbeke  constituerait  un  élément  très 
utile  de  discussion. 

M.  Bordiau.  —  Vous  aurez  assez  d'éléments  sans  cela. 

M.  le  Président.  —  Je  ne  le  pense  pas  ;  on  n'en  a  jamais 
assez,  bien  entendu  au  point  de  vue  scientifique.  Il  me 
semble  que  précisément  ce  travail  viendrait  à  point,  à  moins 
qu'on  ne  veuille  commencer  la  discussion  dès  à  présent, 
sans  les  documents  attendus.  Il  me  semble  plutôt  que  la 
question  doive  être  remise  à  l'assemblée  prochaine. 

M.  Bordiau.  —  Il  n'y  a  rien  qui  brûle. 


—  297  — 

M.  Helbig  (Liège).  —  L'année  dernière  on  s'est  déjà 
préoccupé  de  cette  question,  mais,  malheureusement,  au 
moment  où  j'avais  dû  quitter  la  séance. 

H.  le  Président.  —  J'en  ai  exprimé  le  regret. 

M.  Helbig.  —  Aujourd'hui,  j'en  suis  réduit  à  exprimer, 
à  mon  tour,  le  regret  de  ne  pas  voir  parmi  nous  M.  Van 
Caster.  (Rires.) 

Je  ne  songe  pas,  en  ce  moment,  à  entrer  dans  le  fond  de 
la  question,  mais  je  tiens  seulement  à  faire  une  observation  : 
c'est  que  M.  Van  Caster,  en  participant  à  la  discussion  à  l'Aca- 
démie d'archéologie  à  Anvers,  a  rappelé  un  certain  nombre 
d'arguments  que  j'avais  déjà  fait  valoir.  Il  a  notamment  fait 
observer,  avec  beaucoup  de  raison,  que  je  m'étais  tenu  sur 
le  terrain  de  la  question  de  principe,  et  que  lui,  de  son  côté, 
s'était  tenu  sur  le  terrain  des  faits.  Gela  n'a  pas  empêché  que 
j'ai  appuyé  cependant  les  indications  quant  aux  principes, 
d'un  certain  nombre  de  faits  qui  me  semblaient  acquis. 
M.  Van  Caster  en  a  indiqué  aussi  quelques-uns,  mais  il  en  a 
omis  d'autres,  quoique  je  ne  veuille  pas  du  tout  compléter 
ce  qu'il  a  pu  dire  sous  ce  rapport.  Il  y  aurait,  de  ma  part, 
mauvaise  grâce  à  vouloir  le  faire  pendant  son  absence.  Je 
me  réserve  de  le  faire  plus  tard,  puisque  la  question  doit 
être  remise  à  l'ordre  du  jour,  et  que  j'espère  qu'elle  sera 
traitée  d'une  façon  complète  l'année  prochaine.  Aujourd'hui, 
je  n'ai  donc  qu'une  chose  à  faire  :  exprimer  mes  réserves  à 
cet  égard,  car  il  n'entre  nullement  dans  mon  intention  de 
formuler  les  objections  que  j'aurais  à  présenter  à  ce  sujet 
en  l'absence  de  M.  Van  Casier,  avec  lequel  j'ai  toujours 
eu  d'excellentes  relations,  que  je  tiens  à  continuer.  Il  y 


—  298  — 

a  là  une  question  de  délicatesse  que  chacun  comprendra. 

M.  le  Président.  —  La  question  sera  d'autant  plus 
volontiers  mise  à  l'ordre  du  jour  que  vous  nous  promettez 
de  prendre  part  à  la  discussion. 

M.  Helbig.  —  Je  vous  remercie. 

M.  le  Président.  —  Si  personne  ne  fait  d'opposition,  la 
question  figurera  à  l'ordre  du  jour  de  notre  prochaine 
réunion. 

On  demande  que  le  travail  de  M.  van  Ruymbeke  ne  soit 
pas  publié  au  Bulletin.  J'avoue  ne  pas  bien  comprendre  en 
quoi  l'insertion  pourrait  nuire  à  la  discussion. 

M.  Bordiau.  —  Il  faut  laisser  la  question  entière. 

M.  Helbig  (Liège).  —  Je  tiens,  messieurs,  à  vous  mettre 
d'accord,  et  je  crois  pouvoir  arriver  à  ce  résultat  en  vous 
annonçant  que  M.  van  Ruymbeke  m'a  proposé  son  travail 
pour  la  Revue  de  FArt  chrétien.  Lorsque  ce  travail  aura 
paru  dans  ce  recueil,  vous  pourrez  en  tenir  compte  ou  non, 
selon  votre  désir. 

M.  le  Président.  —  C'est  aussi  mon  avis.  Je  demanderai 
néanmoins  si  l'on  est  d'avis  de  ne  pas  insérer  le  travail  au 
Bulletin  ? 

M.  Jaminé  (Hasselt).  —  Je  crois  que  l'on  pourrait  parfai- 
tement publier  le  travail  au  Bulletin.  Gomment  voulez-vous 
qu'une  discussion  ait  lieu  si  on  ne  l'a  pas  l'année  prochaine 
et  si  ce  rapport  n'est  pas  inséré  cette  année-ci  au  Bulletin? 
Il  faudrait  commencer,  lors  de  notre  prochaine  séance 
annuelle,  une  discussion  sur  un  fait  qui  n'aura  pas  été  exposé. 


-  299  — 

Il  me  semble  donc  qu'il  faudrait  faire  avant  celte  date  une 
publication  du  rapport  dont  il  s'agit. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  Ce  n'est  pas  d'une  publi- 
cation spéciale  que  vous  entendez  parler,  mais  d'une 
impression  au  Bulletin  de  la  Commission  ? 

M.  Jaminé.  —  Parfaitement. 

H.  le  Président.  —  C'est  sous  le  nom  de  l'auteur  que 
paraîtrait  le  rapport. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  Que  Ton  publie  le  rapport 
d'une  autre  manière,  je  l'admets,  mais  qu'on  ne  l'insère  pas 
dans  le  Bulletin,  car  il  recevrait  ainsi,  en  quelque  sorte, 
une  consécration  officielle. 

Je  demande  que  la  question  reste  absolument  entière, 
avant  que  tous  les  éléments  du  débat  ne  soient  réunis  et 
qu'on  ne  publie  absolument  rien  sous  ce  rapport. 

M.  le  Président.  —  J'ai  entendu  dire  tout  à  l'heure  que 
M.  van  Ruymbeke  avait  promis  de  remettre  son  travail  pour 
être  inséré  dans  la  Bévue  de  lArt  chrétien.  Dans  l'intérêt 
même  de  nos  discussions,  il  me  semble  qu'il  n'y  aurait  aucun 
inconvénient  à  ce  que  cette  publication  eut  lieu  aussi  dans 
notre  Bulletin,  d'autant  plus  qu'elle  n'engage  personne. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  C'est  la  consécration  officielle 
incontestablement  d'une  opinion  personnelle. 

M.  le  Président.  —  Pardon  ;  c'est  sous  le  nom  de  l'auteur 
que  le  travail  sera  publié. 

M.  Bordiau.  —  Il  ne  devrait  pas  être  publié  dans  un 
bulletin  officiel. 


—  500  — 

M.  le  Président.  —  Je  vois  des  membres,  comme 
MM.  Darderme  et  Jaminé,  qui  ne  me  paraissent  pas  de  cet 
avis.  Dans  ces  conditions,  nous  sommes  bien  obligés  de  pro- 
céder à  un  vote,  qui  pourrait  se  faire  à  mains  levées. 

M.  Van  Leemputten  (Anvers).  —  La  question  n'ayant  pas 
été  discutée  jusqu'ici,  il  vaudrait  beaucoup  mieux  ne  pas 
publier  n'importe  quoi  à  ce  sujet;  c'est  une  question  très 
importante  que  celle  dont  il  s'agit. 

M.  Helbig  (Liège).  —  La  publication  dans  le  Bulletin 
n'engage  absolument  personne  de  la  Commission  royale  des 
Monuments,  si  ce  n'est  l'auteur  du  rapport. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  On  annonce  une  discussion 
qui  devait  commencer  il  y  a  deux  ans.  On  peut  donc  bien 
l'entamer  aujourd'hui  sans  que  le  rapport  soit  publié. 

M.  le  Président.  —  Il  ne  faut  pas  oublier  ceci  :  c'est  que, 
comme  je  l'ai  dit  au  commencement  de  la  séance,  M.  van 
Ruymbeke  a  été  malheureusement  retenu  aujourd'hui  à 
Bruges  par  des  devoirs  civiques.  Sans  cette  circonstance,  il 
nous  aurait  probablement  lu  son  travail  et  la  discussion 
aurait  tout  au  moins  commence  aujourd'hui,  mais  il  est  peu 
vraisemblable  qu'elle  aurait  pu  être  terminée.  C'est  un  des 
sujets  les  plus  compliqués  que  l'on  puisse  aborder. 

Je  dis  aussi  que  si  nous  publions  dès  à  présent  ce  rapport 
au  Bulletin*  nous  ajouterons  un  document  de  plus  pour  la 
discussion  ;  mais  il  serait  publié  sous  la  responsabilité  exclu- 
sive de  celui  qui  le  signera.  Personne  d'autre  que  lui  ne 
sera  engagé. 

M.  Dumortier  (Bruxelles).  —  Ne  pourrait-on  pas,  si  on 


—  301  — 

le  demandait  à  la  direction  de  tArt  chrétien,  obtenir,  si 
elle  publie  le  rapport,  un  certain  nombre  de  tirés  à  part  et 
les  distribuer  avant  la  séance  de  Tannée  prochaine  ;  comme 
cela  nous  n'aurions  pas  d'insertion  à  faire  au  préalable  dans 
notre  Bulletin?  Gela  ne  nous  coûterait  rien  ou  peu  de  chose. 

M.  Helbig  (Liège).  —  Je  tiendrai  des  tirés  à  part  à  la 
disposition  de  Fauteur;  il  en  fera  l'usage  qui  lui  conviendra 
et  il  se  fera  certainement  un  plaisir  d'envoyer  un  exemplaire 
à  chacun  de  vous. 

M.  Dumortier  (Bruxelles).  —  L'auteur  a  tout  intérêt  à  ce 
que  son  travail  soit  lu,  et  les  membres  de  la  Commission, 
comme  ceux  des  Comités  et  les  correspondants,  pourront 
ainsi  le  posséder  plus  tôt. 

M.  Jàminé  (Hasselt).  —  C'est  surtout  au  point  de  vue  du 
principe  qu'il  importe  qu'une  décision  soit  prise  en  ce  qui 
concerne  le  point  de  savoir  si,  préalablement  à  sa  commu- 
nication aux  membres,  le  rapport  sera  envoyé  à  un  journal 
quelconque  aux  fins  d'y  paraître. 

Il  y  a  deux  ans,  celle  question  avait  déjà  figuré  à  l'ordre 
du  jour;  mais,  au  moment  de  commencer  la  discussion,  on 
a  réclamé  des  explications  au  Président  pour  savoir  ce  que 
l'on  voulait  exactement  dire,  el  cette  année  personne  n'a  fait 
de  rapport.  Je  crois  que  nous  pourrions  ainsi  allonger  notre 
ordre  du  jour  d'une  série  de  questions  comme  celles-là  et 
n'avoir  jamais  aucune  discussion  à  ce  sujet 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Bordiau,  maintenez-vous 
votre  proposition  de  ne  pas  insérer  maintenant  le  travail  au 
Bulletin? 


—  302  — 

M.  Bordiàu.  —  Que  Ton  publie  le  rapport  si  Ton  veuf, 
mais  qu'on  ne  l'insère  pas  au  Bulletin.  On  ne  doit  pas,  je  le 
répèle,  donner  une  consécration  officielle  à  un  rapport  qui 
comprend  des  faits  constituant  une  appréciation  personnelle. 

M.  le  Président.  —  Il  y  a  une  proposition  d'insérer  au 
Bulletin  le  travail  de  M.  van  Ruymbeke  avant  l'année  pro- 
chaine. Je  vais  consulter  l'assemblée  à  ce  sujet. 

M.  Helbig  (Liège).  —  Il  apparlient  à  M.  van  Ruymbeke 
de  décider  cette  question  ;  il  reste,  en  effet,  maître  de  son 
œuvre.  Mais,  quant  à  moi,  je  déclare  que  s'il  me  donne  sou 
travail,  je  l'insérerai  dans  la  Reçue  de  FArt  chrétien. 

M.  le  Président.  —  Parfaitement;  cela  n'empêche  pas 
que  nous  pouvons  l'insérer  aussi  dans  le  Bulletin.  Sous  toute 
réserve  de  l'adoption  de  cette  proposition,  M.  van  Ruymbeke 
reste  toujours  libre  de  remettre  son  travail  à  CArt  chrétien. 
Il  n'y  a  aucun  doute  à  cet  égard.  Cependant,  s'il  en  subsis- 
tait un,  je  demanderais  à  ceux  qui  désirent  voir  insérer 
dans  le  Bulletin  le  travail  de  M.  van  Ruymbeke,  sous  sa 
responsabilité  bien  entendu,  de  bien  vouloir  lever  la  main. 

M.  le  Président.  —  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  la  majorité 
est  d'avis  que  l'insertion  au  Bulletin  peut  avoir  lieu.  Cepen- 
dant, s'il  y  avait  contestation  à  cet  égard,  —  pour  que  Ion 
ne  puisse  pas  dire  que  nous  avons  remporté  facilement 
une  victoire,  —  nous  pourrions  faire  l'appel  nominal.  C'est 
inutile,  n'est-ce  pas? 

M.  Bordiau.  —  Absolument! 

M.  le  Président.  —  Nous  arrivons,  Messieurs,  au  6mt  et 
dernier  objet  de  l'ordre  du  jour. 


—  303  — 

M.  le  Président.  —  Vous  vous  le  rappellerez  :  je  vous 
ai  dit,  au  commencement  de  la  séance,  qu'à  la  suite  d'une 
proposition  de  M.  Schuermans,  —  heureusement  arrivé 
parmi  nous  —  l'Assemblée  préparatoire  avait  décidé  que  la 
partie  de  la  question  relative  aux  travaux  effectués  à  l'abbaye 
de  Villers  serait  reportée  à  la  fin  de  la  séance. 

Est-ce  que  quelqu'un  s'oppose  à  ce  qu'il  en  soit  ainsi? 

Si  personne  ne  s'y  oppose,  je  considérerai  la  proposition 
comme  définitivement  adoptée.  Voici  les  termes  de  la  ques- 
tion :  •  Les  travaux  effectués  ou  en  cours  d'exécution,  d'une 
part  aux  maisons  et  monuments  de  la  Grand'PIace  de 
Bruxelles,  au  château  des  Comtes  à  Gand  et  aux  abbayes 
de  Villers  et  d'Aulne  ;  d'autre  part,  aux  églises  romanes  de 
Nivelles  et  de  Soignies,  ainsi  qu'aux  églises  gothiques  de 
Walcourl  et  de  Nieuport,  revètent-ils  un  caractère  à  la  fois 
pittoresque,  scientifique  et  artistique?  » 

Je  n'ai  pas  besoin,  Messieurs,  de  vous  donner  de  longues 
explications  au  sujet  de  cette  question.  Vous  l'aurez  remar- 
qué :  on  fait,  en  ce  moment  surtout,  des  travaux  à  toute 
une  série  de  monuments.  On  désigne  expressément  le  genre 
de  travaux  à  exécuter  à  chaque  monument;  on  demande 
s'ils  satisfont  à  ce  que  désire  l'école  «  des  pittoresques  » ,  et 
si,  en  même  temps j  ces  restaurations  satisfont  à  ce  qu'on  a 
le  droit  de  leur  demander  au  double  point  de  vue  scienti- 
fique (archéologique)  et  artistique.  Dans  cette  polémique 
qui  a  surgi  entre  «  les  pittoresques  »  et  leurs  adversaires, 
réside,  à  mon  avis,  un  malentendu.  Ainsi,  l'on  ne  peut 
pas,  dans  nombre  de  cas,  ne  faire  exclusivement  que 
«  du  pittoresque  »  et  sacrifier  à  cette  tendance  l'art  et 
l'archéologie.  On  peut,  on  doit  satisfaire  en  même  temps  à 


—  504  — 

Tari,  à  la  science  et  au  pittoresque  dans  une  œuvre  belle 
et  complète. 

A-t-on  réussi,  à  ce  triple  point  de  vue,  dans  les  cas 
invoqués  par  la  question?  C'est  à  quoi  revient  celle-ci. 

Je  donnerai  la  parole  à  ceux  qui  voudront  s'occuper  à 
cet  égard  de  l'un  ou  l'autre  des  monuments  ici  mentionnés. 
Quelqu'un  demande-t-il  la  parole? 

Personne  n'a-t-il  de  remarques  à  faire  sur  les  travaux 
effectués  ou  en  cours  d'exéculion  à  la  Grand'Place  de 
Bruxelles,  au  château  des  Comtes  à  Gand,  à  l'abbaye 
d'Aulne,  aux  églises  romanes  de  Nivelles  et  de  Soignies? 

En  ce  qui  concerne  l'église  de  Nivelles,  voici  mon 
avis  : 

Après  l'avoir  souvent  visitée,  j'estime  que  la  restauration 
du  chœur  et  du  transept  est  très  satisfaisante,  au  triple 
point  de  vue  pittoresque,  scientifique  et  artistique. 

En  ce  qui  concerne  les  églises  gothiques  de  Walcourl  et 
de  Nieuport,  les  correspondants  qui  pourraient  s'en  occuper 
ne  sont  pas  ici. 

En  tous  cas,  ceux  d'entre  nous  qui  ont  vu  ces  restau- 
rations en  ont  été  satisfaits. 

Nous  en  arrivons  maintenant  à  la  question  dont  M.  Schuer- 
mans  désirait  s'occuper  spécialement. 

La  parole  est  à  M.  Schuermans. 

M.  Schuermans  (Liège).  —  Je  demanderai,  Monsieur  le 
Président,  à  ne  parler  que  tantôt,  quand  nous  aurons 
entendu  d'autres  membres. 

M.  le  Président.  —  Quelqu'un  demande-t-il  la  parole? 
M.  Licot,  qui  est  encore  présent  à  la  séance,  et  qui  est  une 


—^305  — 

au  lo  ri  té  en  la  matière,  ne  désire-t-il  pas  parler?  Nous 
Tentendrions  avec  plaisir. 

Eh  bien  !  si  personne  ne  demande  la  parole,  je  vais  me 
permettre  de  dire  deux  mots  delà  question.  Je  prie  M.  Helbig 
de  bien  vouloir  me  remplacer. 

(1/.  Helbig,  Vice- Président,  prend  place  au  fauteuil  de  la 
Présidence.) 

M.  Lagasse-oe  Locht  (Bruxelles).  —  Messieurs,  au  sujet 
de  l'abbaye  de  Villers  précisément  se  présente  le  triple  point 
de  vue  dont  nous  parlions  tantôt. 

L'abbaye  de  Villers  a  fait  couler,  dans  notre  pays, 
beaucoup  plus  d'encre  que  n'importe  quel  autre  monument; 
on  en  a  même  parlé  à  la  Chambre.  Et  il  n'est  pas  mauvais, 
je  crois,  que  quelques  mots  soient  dits  à  cet  égard  avant  la 
communication  de  M.  Schuermans. 

Nous  serions  heureux  qu'à  Villers  l'on  pût  satisfaire  tout 
le  monde.  Tant  mieux,  si  les  c  pittoresques  »  pouvaient  con- 
tinuer à  y  jouir  du  <  charme  inimitable  des  ruines  » ,  c'est  le 
mot  dont  ils  se  sont  servis.  Tant  mieux  encore  si  les  artistes, 
les  savants  pouvaient  aussi  s'y  déclarer  satisfaits. 

La  restauration  de  la  brasserie,  déjà  en  très  grande  partie 
réalisée  d'une  façon  remarquable  par  M.  Licot,  devrait 
pouvoir  être  achevée  complètement. 

Le  réfectoire  aussi  devrait  être  complètement  restauré.  Ce 
sont  là  deux  morceaux  d'architecture,  très  beaux,  qui  gagne- 
raient beaucoup  à  revivre  sous  les  mains  consciencieuses  de 
l'artiste  éminent  qui  dirige  les  travaux  de  Villers. 

En  restaurant  complètement  le  réfectoire;  on  aurait  un 
local  qui  servirait  de  musée  pour  les  restes  découverts  dans 


—  306  — 

les  décombres  de  Villers  et  qui»  aujourd'hui,  se  trouvent 
relégués  dans  une  dépendance.  Heureusement,  la  clef  en  est 
bien  gardée.  A  l'intérieur  de  1  église  abbatiale  nous  voudrions 
réédifier  le  mausolée  du  Duc  Henri  et  de  la  Duchesse,  dont 
on  a  retrouvé  les  lombes.  On  a  tous  les  éléments  de  celte 
restauration  dans  les  documents  historiques  concernant 
l'abbaye  (i).  M.  Licol  le  sait  :  M  le  Ministre  des  Beaux-Arts 
l'a  chargé  de  formuler  un  programme  complet  des  travaux 
de  diverse  nature  resta  ni  à  effectuer  à  Villers.  En  passant, 
je  forme  le  vœu  que,  malgré  la  maladie  qui  parfois  l'étreinl, 
il  hâte,  le  plus  possible,  la  présentation  de  ce  programme. 
D'accord  avec  lui,  je  viens  d'en  esquisser  les  grandes  lignes. 

Voilà  pour  satisfaire  les  architectes  et  les  savants  archéo- 
logues. 

Quant  aux  pittoresques,  qu'ils  se  rassurent  :  il  n'est  pas 
question  de  ressusciter  l'église  de  ses  ruines.  Mais,  pour 
les  satisfaire,  faut-il  la  laisser  s'anéantir  absolument?  Ne 
faul-il  pas  reconslituer  quelques  bandeaux  dans  la  voûte, 
afin  d'empêcher  que  certains  contre-forts,  destinés  à  subir 
les  poussées  de  la  voûte,  manquant  de  quoi  répondre  à 
leur  destination  primitive,  ne  produisent  juste  l'effet  con- 
traire et  n'achèvent,  en  poussant  au  vide,  d'abattre  ce  qui 
reste  encore  des  murs  magnifiques  et  vénérables  de  la 
splendide  abbatiale? 

Je  le  sais  :  on  objecte  la  beauté  de  l'actuelle  ruine.  Mais 
ici  vraiment  on  oublie  ce  que  savent  tous  les  vieux  amis  de 


(i)  Outre  la  gravure  figurant  dans  les  Trophées  de  Butkkns  et  dans  le 
grand  Théâtre  sacré,  il  y  a,  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  de 
Bourgogne,  cité  par  M.  Schuerraans,  une  aquarelle  représentant  le  tombeau 
tel  qu'il  était  au  xviue  siècle. 


+-  507  — 

Vitlers  dont  nous  sommes,  MM.  Schuermans,  Licol  el  moi  : 
nous  avons  connu  la  haute  nef  de  l'église  revèlue  de  sa 
voûte.  Il  y  a  à  peine  25  ans  que  cette  voûte  s'est  effondrée 
tout  entière. 

Si  cette  voûte  était  rétablie  partiellement  dans  un  but 
confortatif,  les  ruines  de  Villers  en  seraieîil-elles  moins 
belles?  Selon  moi,  elles  seraient  comme  je  les  ai  connues 
jadis,  beaucoup  plus  grandioses  et  plus  impressionnantes. 
Elles  s  offriraient  sous  un  aspect  plus  charmant,  plus  «  inimi- 
table »  aux  amateurs  du  pittoresque. 

Je  vais  plus  loin,  Messieurs.  Qui  de  vous  ne  s'est  arrêté, 
étreint  par  l'admiration,  devant  l'abside  fière  et  simple  de 
l'abbatiale?  Combien  le  feneslrage  en  est  imposant!  Et 
pourtant,  la  lumière  crue  tombant  de  haut  el  directement 
dans  le  chœur  non  voûté  embarrasse,  interfère,  diminue 
et  détruit  presque  les  rayons  du  soleil  pénétrant  à  travers 
les  baies  latérales.  Toutes  les  nuances  dues  aux  jeux  de  la 
lumière  venant  de  ces  baies  grandes  et  sveltes  du  chœur 
ont  disparu  avec  la  voûte.  Rétablissons  celte  voûte,  ne  fût-ce 
que  par  dessus  le  chevet,  et  voici  que  l'œuvre  géniale 
reprend  tous  ses  aspects,  ceux  qu'a  voulus  l'artiste  et  ceux 
aussi  qu'ont  entrevus  el  devinés  les  rêves  féconds  de  son 
imagination.  Dites  :  quel  c  pittoresque  »  y  trouvera  sérieu- 
sement à  redire? 

Ce  qui  est  beau,  ce  qui  est  grand,  ce  qui  est  simple  revêt 
nécessairement  la  forme  pittoresque.  Ainsi,  il  n'y  a  point  de 
contradiction  réelle  entre  la  recherche  de  cette  forme  et  une 
restauration  rationnelle.  Tout  est  affaire  de  tact  el  de  mesure. 
Il  ne  saurait  y  avoir,  en  l'espèce,  de  principe  absolu.  Il 
convient,  dans  chaque  cas,  de  se  livrer  à  une  élude  complète 


—  308  — 

et  d'arriver  à  des  résultats  contre  lesquels  viennent  s'éraoos- 
ser  les  traits  divers  de  la  critique  totale.  L'artiste  restaurateur 
peut,  s'il  est  de  force,  rendre  de  grands  services  non  seule- 
ment à  l'art,  mais  à  l'archéologie  et  aux  «  pittoresques», 
l'attends  de  pied  ferme  la  contradiction. 

Autre  observation  :  rien  n'est  plus  délicat  qu'une  restau- 
ration. Quelques  critiques  se  sont  imaginés  que  les  restaura- 
tions réclamées  par  les  artistes  avaient  surtout  pour  but  un 
gain  d'argent.  Ces  critiques  me  permettront  de  le  leur  dire  : 
ils  n'ont  pas  l'àme  artiste  ;  sans  quoi  ils  n'invoqueraient  pas 
un  argument  à  la  fois  si  pitoyable  et  si  faux.  Il  fait  pitié  aux 
yeux  de  l'artiste  véritable.  Il  est  faux  pour  quiconque 
connaît  vraiment  la  question.  Les  études  préalables  à  une 
restauration,  les  soins  à  apporter  dans  l'exécution  des  tra- 
vaux sont  sans  proportion  avec  la  rémunération  coutumière. 
On  ne  travaille  pas  ici  au  mètre  carré  et  au  mètre  cube. 
Telle  restaurai  ion  dont  la  dépense  s'est  élevée  à  une  trentaine 
de  mille  francs  et  qui  a  valu  à  l'artiste  quinze  cents  francs 
de  rémunération  (5  °/0),  lui  a  coulé,  avec  nombre  de  tracas 
et  de  veilles,  des  milliers  de  francs  tirés  de  son  propre 
fonds,  à  cause  des  recherches  d'érudition  et  des  esquisses 
répétées  après  lesquelles  ont  été  dessinés  seulement  les 
premiers  traits  de  l'avant-projet. 

C'est  donc  une  utopie,  c'est  presque  une  calomnie,  que 
d'attribuer  au  désir  de  gagner  de  l'argent  la  tendance  des 
partisans,  dans  la  juste  mesure,  de  la  restauration  des 
monuments. 

Dernière  observation  :  on  a  beaucoup  critiqué  l'emploi,  à 
Villers,  d'une  pierre  neuve  jaunâtre  pour  l'encadrement  de 
certaines  baies  de  fenêtres  ;  on  a  dit,  même  à  la  Chambre 


—  309  — 

des  Représentants,  que  l'emploi  de  ces  matériaux  était  d'un 
effet  désastreux. 

J'ai  voulu  en  avoir  le  cœur  net;  voici  l'expérience  que 
j'ai  ordonnée. 

On  a  pris,  çà  et  là,  dans  des  encadrements  ruinés,  des 
morceaux  de  pierre  jaune  ancienne  (1).  J'ai  fait  dresser,  sur 
le  sol,  deux  encadrements  de  baies,  l'un  composé  avec  ces 
pierres  jaunes  anciennes  ;  l'autre  avec  des  pierres  jaunes 
nouvelles.  On  a  demandé  à  ceux  qui  n'étaient  point  au 
courant  de  l'expérience  de  quel  côté  étaient  les  anciens 
matériaux  et  de  quel  côté  étaient  les  nouveaux. 

Personne  n'a  pu  faire  la  distinction. 

On  a  fait  un  autre  essai.  L'entourage  d'un  fenestrage 

a  été  composé  d'un    mélange  de    pierres  anciennes    et 

nouvelles.  Encore  un  coup,  on  n'a  pu  distinguer  les  unes 

des  autres. 
D'où  provient  donc  l'effet  soi-disant  désastreux  invoqué 

jusqu'au  sein  du  Parlement?  L'œil,  habitué  trop  vite  hélas  I 
au  ton  grisâtre  d'une  ruine  désolée,  s'est  effarouché,  avant 
toute  réflexion,  à  la  vue  d'une  couleur  jaune  réapparaissant 
et  se  détachant  sur  l'aspect  terne  et  misérable  des  baies 
dépouillées  de  leur  encadrement.  Est-ce  qu'un  aspect  terne 
et  misérable  saurait  jamais  appartenir  à  quelque  forme  pitto- 
resque? Encore  un  coup,  dans  ce  cas  particulier,  les  artistes, 
les  savants  et  les  t  pittoresques  »  sérieux  ne  sauraient  être 
en  désaccord. 

Voilà,  Messieurs,   en   quelques    mots    improvisés,    ma 
réponse  aux  objections  qui  ont  fait  le  plus  de  tapage. 

(*)  Sar  la  provenance  de  ces  pierres  jaunes,  voir  Bulletin  des  Commis- 
siont  royales  d'art  et  d'archéologie,  tome  XVil,  1878,  p  275. 


-^310  — 

-  Si  ces  observations  ne  donnent  lieu  à  aucune  communi- 
cation immédiate,  je  demanderai  à  M.  le  Président  d'accorder 
la  parole  à  M.  Schuermans  pour  nous  faire  l'exposé  qu'il 
nous  a  annoncé. 

M.  Helbig,  ff.  de  Président.  —  M.  Schuermans  a  la 
parole. 

.  M.  Schuermans  (Liège).  —  Messieurs,  dans  mes  publica- 
tions sur  Villers,  j'avais  imprimé  ceci  (i)  :  «  Reprise, 
»  comme  par  accès  périodiques  de  fouilles  indiscrètes  (a) 
»  dans  les  caveaux  encore  existants  en  l'église  ». 

Conséquent  avec  cette  prémisse,  j'ai  essayé,  à  votre 
assemblée  préparatoire,  de  faire  supprimer  Villers  du  n°  t> 
de  l'ordre  du  jour. 

J'avais  eu  la  hardiesse  grande  de  proposer  à  la  Commis- 
sion des  monuments  une  déclaration  d'incompétence.  Je 
n'ai  pas  réussi  ;  mais  ma  correspondance  en  fait  foi  :  j'avais 
prévu  mon  échec,  et  je  m'en  suis  consolé  par  la  concor- 
dance de  mon  effort  avec  mes  écrits. 

Vous  m'avez  mis  en  demeure  de  m'exéculer  ;  je  m'exécute. 

La  question  posée  est  celle-ci  :  les  travaux  effectués  ou 
en  cours  deooécution  à  Villers  revélent-ils  un  caractère  scien- 
tifique? 

Je  ne  parlerai  que  de  cela,  m'abstenant  de  tout  examen 
au  point  de  vue  pittoresque  ou  artistique,  autres  membres  de 
la  question. 

V 

(i)  Annales  de  la  Société  archéologique  de  V arrondissement  de  Nivelles, 
Vil  (1899),  p.  43,  travail  intitulé  :  Abbaye  de  Villers.  Les  reliques  de  la 
B.  Julienne  de  Cornillon. 

(i)  a  Le  mot  indiscrètes  n'est  pas  assez  sévère  ;  mais  à  quoi  bon  signaler 
»  l'irréparable?  Ce  serait  an  scandale  inutile,  t 


—  311  — 

Même  je  ne  parlerai  que  de  l'église  de  l'abbaye;  de  plus, 
ne  disposant,  de  par  le  règlement,  que  d'un  temps  très 
restreint,  je  m'abstiendrai  de  discuter  le  système  scientifique 
qui  a  présidé  aux  travaux  de  Villers  :  je  m'occuperai  de  cela 
à  mon  heure. 

Aujourd'hui,  je  me  bornerai  à  quelques  faits  principaux, 
en  m'abs tenant  systématiquement  des  personnalités. 

Les  quinze  minutes  réglementaires  ne  me  seront  pas  de 
trop,  rien  que  pour  cela  seul. 

J'ai  donc  à  parler  de  Villers  au  point  de  vue  scienti- 
fique. 

Puisque  science  il  y  a,  je  constate  que  le  dernier  mot  de 
la  science  est  ici  le  travail  sur  l'abbaye  de  Villers,  publié  en 
1899,  par  M.  Edgar  de  Prelle  de  la  Nieppe,  dans  notre 
Bulletin  des  Commissions  royales  dart  et  d'archéologie  (i). 

Vu  l'importance  de  la  matière,  ce  travail  avait  été  soumis 
à  un  contrôle  très  sérieux,  je  dirai  même  sévère,  de  la  part 
du  Comité  de  ce  Bulletin,  dont  je  fais  partie.  Tandis  que 
l'un  des  rapporteurs,  un  maitre  en  archéologie  religieuse, 
examinait,  au  point  de  vue  de  sa  spécialité,  le  mémoire  où  il 
a  indiqué  des  corrections  importantes,  moi,  de  mon  côté,  je 
me  suis -appliqué  à  n'y  rien  laisser  passer  qui  ne  fût  appuyé 
par  certains  inédits,  découverts  récemment  en  des  biblio- 
thèques et  archives  de  Belgique  et  de  l'étranger. 

Voici  la  conclusion  du  travail  de  M.  de  Prelle  de  la 
Nieppe  : 

1°  L'est  de  l'église  a  été  commencé  par  saint  Bernard 


(i)  Bulletin  des  Commissions  royales  (Fart  et  d'archéologie,  XXXVIII 
(1899),  page  37. 


_  314  — 

lui-même,  puis  achevé  (jusqu'à  un  certain  point,  transept 
compris),  ayant  1200; 

2*  Le  nord  de  l'église  (chapelles  latérales)  a  été  construit 
avant  1300. 

Ces  données,  qui  sont  celles  de  Gramaye  et  de  Sanderus, 
comme  de  la  Chronique  de  Villers,  ne  sont  pas  celles  des 
monographes  de  Villers,  du  siècle  passé,  antérieurs  à  M.  de 
Prelle  (dont  l'œuvre  a  paru  en  1899  seulement). 

I.  —  Parmi  les  faits  antérieurs  à  l'acquisition  de  l'État  en 
1895,  je  n'ai  pas  à  critiquer  les  travaux  effectués  à  Villers 
par  les  précédents  propriétaires,  qui,  d'ailleurs,  se  sont 
bornés  à  faire  office  de  destructeurs. 

Cependant  je  découvre  un  document  officiel  dont  je  me 
reprocherais  de  ne  pas  vous  signaler  la  tendance  anti-scienli- 
fique. 

Je  lis  dans  un  rapport  adressé  au  Département  de  Tinté- 
rieur  par  le  Comité  des  correspondants  du  Brabant  (que  mes 
honorables  collègues  m'excusent  de  les  critiquer;  ils  savent 
que  je  ne  parle  que  l'épée  dans  les  reins)  :  «  Le  monument 
(l'église  de  l'abbaye  de  Villers)  gagnerait  par  la  suppression 
des  chapelles  du  xve  siècle,  accolées  au  côté  nord  • . 

Depuis  la  découverte  provoquée  par  moi  —  je  m'en  fais 
un  titre  d'honneur  —  de  cerlain  document  tiré  des  archives 
de  l'archevêché  de  Malines,  il  n'est  plus  permis  aujourd'hui 
d'ignorer  que  les  neuf  chapelles  nord  ne  sont  pas  du  xv' 
siècle;  qu'elles  furent  consacrées  en  1243,  1251,  1280  et 
par  conséquent  avaient  été  bâties  avant  1300,  et  ce  en  verlu 
d'un  bref  papal  de  l'an  1234  qui  permit  à  l'abbé  de  Villers 
d'enterrer  les  bienfaiteurs  du  monastère,  dans  les  chapelles 
fondées  par  eux,  ce  qui  eut  lieu  pour  plusieurs. 


—  313  — 

Indépendamment  de  la  profanation  des  sépultures  de  ces 
chapelles  que  ne  légitimerait  ici  aucune  nécessité  publique, 
supprimer  de  pareilles  annexes  serait  un  acte  de  lèse- 
archéologie,  comme  le  serait  la  démolition  du  portique  de 
Lambert  Lombard  à  Saint-Jacques  de  Liège,  autre  construc- 
tion adventive  des  siècles  ultérieurs. 

Si  Ton  veut  revoir  dans  toute  sa  simplicité  grandiose,  le 
type  primitif  de  l'église,  celui  qu'a  créé  saint  Bernard 
lui-même  quand,  de  l'abbaye  de  Foigny,  près  de  Vervins, 
où  il  s'était  établi  à  celte  fin,  il  présidait  à  la  construction  de 
nos  abbayes  de  Villers,de  Gambron,  etc.,  qu'on  édifie  quelque 
part  un  fac-similé  complet  de  l'église  de  Villers,  sans  ses 
chapelles  nord.  Mais  qu'on  ne  touche  pas  à  ces  dernières! 

Je  pense  bien  que  cette  motion  ne  trouvera  pas  de  contra- 
dicteurs. Or,  comme  cela  se  détache  fort  nettement  de  ce  qui 
me  reste  à  dire,  je  vous  propose,  Monsieur  le  Président,  de 
m'interrompre  ici  et  de  donner  la  parole  aux  membres  qui 
voudraient  me  contredire. 

M.  le  Président.  —  Il  en  sera  ainsi,  si  personne  n'y  voit 
d'inconvénient.  Quelqu'un  demande-l-il  la  parole? 

M.  Licot.  —  Je  n'ai  qu'un  mot  à  dire  :  Jamais  je  n'ai 
songé  à  supprimer  les  chapelles  septentrionales. 

M.  Schuermans.  —  Je  saisis  cette  occasion  de  me  mettre 
complètement  d'accord  avec  M.  Licot  :  le  rapport  cité  est 
du  7  avril  1878,  époque  où  M.  Licol  ne  faisait  pas  encore 
partie  du  Comité  brabançon. 

II.  —  Avant  l'acquisition  par  l'État,  en  1893,  l'aire  du 
sol,  dans  l'église  de  Villers,  était  surhaussée  par  l'accumu- 
lation de  trois  mille  mètres  cubes  de  débris,  etc. 


—  3U  — 

Là  se  trouvaient  enfouis  une  quantité  de  menus  indices 
révélateurs  des  emplacements  respectifs  des  chapelles,  tom- 
beaux, etc. 

La  preuve  de  cette  surabondance  est  dans  une  lettre 
adressée  à  M.  Galesloot  et  imprimée  par  celui-ci  dans  le 
Messager  des  sciences  historiques  (i),  où  je  lis  :  c  En  faisant 
des  fouilles  dans  le  transept,  j'ai  découvert  de  nombreux 
fragments  et  il  m'a  été  impossible  de  les  apporter  tous  à 
Bruxelles;  mais  les  quelques  débris  d'ornements  que  je 
possède...  sont  sculptés  avec  une  habileté  prodigieuse.  Ils 
proviennent  des  dais  qui  surmontaient  les  niches  dont 
le  soubassement  du  tombeau  (du  duc  Jean  III)  était 
garni  » . 

En  1883,  on  retrouvait  donc  encore  dans  le  sol  de  menus 
restes  du  monument  dû  au  ciseau  de  Golart  Garnet... 

Aujourd'hui,  une  controverse  s'est  élevée  sur  l'empla- 
cement de  la  chapelle  de  Saint-Bernard  ;  si  les  choses  étaient 
restées  entières,  il  aurait  suffi  de  mettre  la  main,  dans  le 
sol,  sur  quelque  menu  débris  de  bronze,  de  jaspe,  d'onyx, 
de  fleur  sculptée  en  marbre  noir,  de  peinture  murale, 
d'inscription  lapidaire,  comme  les  auteurs  en  décrivent  dans 
la  chapelle  en  question. 

Plus  rien  ;  le  sol  avait  été  soigneusement  nettoyé... 

Voici,  à  mon  avis,  ce  qu'il  aurait  fallu  faire,  non  pas  certes 
pour  les  dix-sept  mille  mètres  cubes  de  déblais  de  l'abbaye 
entière,  mais  au  moins  pour  les  trois  mille  de  l'église  :  cribler 
au  tamis  les  terres  enlevées;  puis  déposer  les  tas  en  jlfis. 
endroits  distincts  pour  les  différentes  chapelles. 

(i)  LI,  année  1883,  p.  484. 


I 


—  318  — 

Aujourd'hui,  quand  on  veut  connaître  le  sort  des  débris, 
on  apprend  qu'ils  ont  servi,  en  1893  et  1894,  à  combler  la 
partie  du  vivier  de  l'abbaye  qui  était  à  gauche  du  chemin 
moderne  vers  la  station. 

L'impossibilité  de  déterminer  désormais  l'emplacement  de 
la  chapelle  cherchée  a  suscité  les  fouilles  indiscrètes  de  1895 
et  de  1898... 

III.  —  Voici  comment  les  travaux  de  Villers  pra- 
tiquent aujourd'hui  le  respect  des  sépultures  ;  laisser  scru- 
puleusement en  place  les  ossements  des  défunts,  à  moins 
que  des  nécessités  (par  exemple,  de  travaux  publics)  n'en 
exigent  impérieusement  le  déplacement  ;  dans  ce  cas,  on 
creuse  une  nouvelle  fosse  à  proximité. 

Ces  égards  pour  la  dépouille  de  simples  moines,  les  tra- 
vaux de  Villers  auraient  dû  les  avoir,  je  dirai  non  pas 
surtout,  mais  même  pour  celle  des  anciens  souverains  et 
celle  des  fondateurs  de  l'abbaye... 

Ce  n'est  pas  ce  qui  a  eu  lieu. 

Ici,  je  suis  forcé  de  citer  personnellement  feu  l'architecte 
De  Wit,  de  résidence  à  Villers  ;  mais  c'est  pour  rendre  hom- 
mage à  l'exactitude  de  ses  renseignements,  soigneusement 
contrôlée  par  moi,  et  à  son  grand  souci  de  correction  admi- 
nistrative dont  je  puis  fournir  la  preuve. 

Voici  les  détails  que  je  tiens  personnellement  de  lui  : 

Le  tombeau  double  de  Henri  II,  duc  de  Brabant,  et  de  sa 
femme  Sophie  de  Thuringe,  est  placé  des  deux  côtés  de  la 
ligne  séparalive  entre  le  chœur  où  est  le  mailre-autel,  et  la 
chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste;  ce  tombeau  est  composé 
de  deux  loges  :  l'une,  la  plus  honorable  et  par  conséquent  la 
principale,  plus  large,  fut  occupée  la  première;  l'autre, 


—  346  — 

secondaire,  plus  étroite,  occupée  plus  tard,  est  le  compar- 
timent du  côté  de  la  chapelle. 

Le  25  avril  1895,  les  travaux  de  Villers,  dans  le  tréfonds 
du  sol  de  la  chapelle  citée  de  Saint-Jean-Baptiste,  atteignirent 
un  mur  en  moellons  qui  Tut  défoncé. 

Derrière  ce  mur,  on  trouva  une  loge  de  caveau,  avec 
ossements  entourés  de  plâtre,  qui  furent  transportés  dans  un 
hangar  dépendant  de  l'habitation  de  M.  De  Wit,  et  qui  furent 
placés  dans  une  caisse  que  j'ai  vue  et  qui,  à  mon  avis,  ne 
protégeait  pas  suffisamment  son  contenu  contre  la  dent  des 
rats... 

Les  travaux  continuèrent  et,  le  4  mai  seulement,  attei- 
gnirent le  compartiment  du  même  caveau  correspondant  au 
chœur,  ou,  au  moins,  on  laissa  reposer  en  paix  les  restes 
qu'on  y  découvrit. 

On  me  présenta  le  squelette  du  hangar  comme  étant  celui 
du  duc  Henri  II. 

Malgré  la  maigreur  de  mes  connaissances  en  physiologie 
(dues  uniquement  à  un  cours  très  ancien  de  médecine  légale), 
rien  qu'à  la  conformation  du  bassin,  je  reconnus  un  squelette 
féminin  :  d'ailleurs  le  caveau  secondaire,  moins  large,  occupé 
après  l'autre,  tout  indiquait  Sophie  de  Thuringe,  qui  mourut 
longtemps  après  son  mari,  à  l'étranger  :  de  là  la  nécessité 
d'un  transport  lointain  ayant  nécessité  le  coulage,  par 
mesure  hygiénique,  d'une  couche  de  plâtre  dans  le  cercueil. 

Je  communiquai  à  M.  De  Wit  le  procès-verbal  de  l'enter- 
rement de  Sophie  de  Thuringe  à  Villers,  où  un  contemporain 
de  cet  enterrement  (ce  qui  a  été  reconnu  à  l'examen  paléo- 
graphique de  la  pièce),  constate  de  visu  le  placement  des 
restes  de  Sophie  la  défunte  dans  le  compartiment  de  caveau 


—  317  — 

qu'on  défonça  en  avril  1895.  Je  donnerai  en  note  ce  docu- 
ment important  qui  fait  partie  de  ceux  que  j'ai  découverts  (<)• 

Vérification  faite  à  loisir,  M.  De  Wit  prit  des  mesures 
comparatives  sur  chacun  des  deux  squelettes  et  m'informa 
qu'il  se  rendait... 

Dans  le  hangar,  reposait  donc  bien  Sophie  de  Thuringe, 
la  princesse  —  détail  qui  certes  intéressera  les  personnes 
pieuses  —  de  qui  provient  la  statuette  miraculeuse  de  Hal 
qu'elle  tenait  de  sa  mère,  sainte  Elisabeth. 

Et  ces  ossements  de  Sophie  de  Thuringe,  voilà  ce  que 
pendant  quatre  ans  on  a  exhibé  comme  étant  le  squelette 
d'un  duc  deBrabant... 

Quatre  ans,  oui  quatre  ans!  En  mai  1899,  les  ossements 
de  Sophie  de  Thuringe  étaient  encore  dans  le  hangar. 

Qu'on  ne  vienne  donc  pas  parler  de  dépôt  provisoire,  en 
attendant  soit  des  travaux  au  caveau,  soit  un  plan  pour  le 
cénotaphe... 

IV.  —  Ici  un  épisode  assez  original. 

D'aucuns  qui  avaient  lu  le  cours  d'histoire  nationale  de 
l'abbé  Namèche,  se  sont  avisés  de  soutenir  que  Sophie  de 
Thuringe  avait  été  enterrée,  non  pas  à  Villers,  en  1275,  mais 
à  Marbourg,  en  1 284,  dans  l'église  consacrée  à  sa  mère, 
sainte  Elisabeth  de  Hongrie. 

On  ajoutait  que  notre  tradition  de  posséder  en  Belgique 


0)  De  obitu  et  sepultura  gloriosi  Henrici  ducis  Brabantiœ  et  uxoris  ejns 
Sophie,  béate  Elysabeth  filie.  «  Anno  Domini  M0CC°XLVIII0  Kalendis 
febrnarii,  obiit  Henricus  gloriosus  dax  Brabantie.  Postea  anno  Domini 
M-CC*LXXVe,  IIII  Kalendas  junii,  obiit  domina  Sophia,  filia  sancte  Elisa- 
beth eJQS  uxor.  Reconditi  in  mansoleo  jnxta  altare  sancti  Johannis  Baptiste. 
lia  quod  corpus  domini  ducis  versus  majus  altare,  corpus  vero  ducisse 
versus  altare  sancti  Johannis  Baptiste.  In  singulis  loculis  snnt  locata  ». 


—  348  — 

la  sépulture  de  la  duchesse  Sophie,  était  controuvée  et  sévè- 
rement jugée  à  Tétranger  ;  que  les  archives  de  Marbonrg 
sont  pleines  de  documents  réduisant  à  néant  de  pareilles 
prétentions;  que  si  nous  maintenions  celles-ci,  il  y  aurait 
des  protestations... 

On  ajoutait  encore  que,  si  le  tombeau  de  Villers  contient 
une  sépulture  de  femme,  il  s'agit  sans  doute  de  Marie  de 
Souabe,  première  épouse  de  Henri  II. 

Voyez  donc  ça  !  Sophie  de  Thuringe,  la  jeune  veuve 
éprouvée  par  un  deuil  récent,  ne  s'étant  pas  réservé  pour 
elle-même  la  loge  ménagée  à  côté  de  son  époux,  mais  ayant 
eu  le  souci  d'y  faire  placer  le  corps  de  sa  devancière,  morte 
depuis  douze  ans  et  exhumée  pour  la  circonstance  ! 

C'était  tellement  absurde  que  je  ne  résistai  pas  à  ma 
curiosité  :  j'en  référai  au  redoutable  archiviste  de  Marbourg. 

Or,  pas  un  mot  de  vrai  i 

Loin  de  posséder  des  documents  sur  Sophie  de  Thuringe, 
l'archiviste  m'en  demande  et  je  les  lui  ai  fournis,  abon- 
dants. 

Depuis  longtemps,  ajoute-l-il,  on  est  fixé  en  Allemagne 
sur  Terreur  du  comte  de  Montalemberl  (copié  par  Namèche). 
À  Marbourg,  il  avait  pris  le  tombeau  d'Alhéïde  de  Brunswick, 
morte  en  1284,  pour  celui  de  sa  belle-mère,  enterrée  à  Vil- 
lers depuis  l'an  1275... 

L'archiviste  de  Marbourg  m'a  fait  remarquer  d'ailleurs  que 
l'obituaire  de  l'Ordre  teutonique,  à  Marbourg,  pour  la  com- 
mémoration de  Sophie  de  Thuringe,  omet  la  mention  hic 
sepulta  (ici  enterrée),  caractérisant  les  tombeaux  qui  corres- 
pondent à  des  sépultures  effectives. 

Ici,  loin  de  critiquer  les  travaux  de  Villers^  je  lesféli- 


—  319  — 

cite  :  ils  Font  échappé  belle  en  résistant  aux  suggestions 
aoliscientifiques  qui  ont  pu  leur  venir  de  ce  côté. 

V.  —  J'ai  ressenti  du  malaise  en  lisant  certains  dithy- 
rambes de  la  presse  à  propos  des  travaux  de  Villers. 

Assurément  je  n'impute  pas  aux  auteurs  de  ces  travaux 
une  participation  à  ce  qu'ont  publié  les  journaux,  ni  surtout 
à  la  phrase  malencontreuse  que  voici,  imprimée  après  la 
description  du  tombeau  violé  de  Henri  II  :  c  Les  travaux 

>  vont  être  repris  sous  peu  dans  le  bas-côté  du  transept 

>  méridional,  où  Ton  ESPÈRE  mettre  au  jour  les  restes  de 

>  Jean  III,  duc  de  Brabant.  » 

Annoncer  qu'on  allait,  sous  l'autorité  du  Gouvernement, 
pour  satisfaire  à  la  curiosité  des  badauds,  violer  la  sépulture 
d'un  de  nos  anciens  souverains  ! . . . 

Il  y  avait  là  de  quoi  émouvoir  le  Gouvernement,  qui  estima, 
avec  raison,  que  sa  responsabilité  était  en  jeu;  un  arrêté 
royal  du  3  juillet  1895  créa  un  Comité  chargé  :  1°  «de  sur- 
»  veiller  les  fouilles  pratiquées  dans  les  ruines  de  l'ancienne 

>  abbaye  de  Villers  »  et  2°  c  de  donner  son  avis  sur  les 

>  mesures  à  prendre  au  sujet  des  découvertes  qui  pourraient 
»  être  faites  dans  les  ruines  » . 

Il  y  a  certes  lieu  d'approuver  le  Gouvernement  au  sujet 
de  celte  institution. 

Mais  j'ai  été  curieux  de  constater  combien  de  fois  ce 
Comité  s'est  réuni;  trois  fois  :  le  18  juillet  4895,  le  3  sep- 
tembre 1896  et  le  2  décembre  1897... 

M.  le  Directeur  des  Bâtiments  civils  nous  a  appris,  à 
rassemblée  préparatoire,  qu'il  y  a  eu,  durant  les  cinq  der- 
nières années,  une  quatrième  réunion  dudil  Comité... 

Est-ce  suffisant?  Comment  un  comité,  non  résidant,  peut-il 


—  530  — 

ainsi  réaliser  efficacement  la  première  de  ses  charges,  la 
surveillance? 

Quant  à  la  seconde  des  dites  charges  :  avis  à  donner  au 
sujet  des  découvertes  qui  pourraient  être  faites  dans  les  ruines, 
c'était  bien,  en  1898,  le  moment  d'en  provoquer  l'exercice. 

Alors  sévissait,  chez  les  gens  pieux,  une  fièvre  aiguë  ;  ils 
voulaient,  à  tout  prix,  retrouver  les  ossements  de  la 
B.  Julienne  de  Corn i lion,  dans  le  tréfonds  du  sol  où  ils  n'ont 
jamais  été  (i)  :  à  sa  mort,  en  effet,  sa  dépouille  fut  immédia* 
le  ment  placée  parmi  les  reliques  du  monastère  et  plus  tard, 
en  4599,  on  se  serait  bien  gardé,  liturgiquement,  de  faire 
«  rentrer  sous  terre  »  des  reliques  déjà  honorées  du  prélimi- 
naire canonique  de  la  sanctification  :  l'élévation  sur  les 
autels. 

De  plus,  on  se  faisait  illosioa  en  recherchant  un  squelette 
entier  :  depuis  le  xvie  siècle,  les  reliques  des  saints  du  monas- 
tère, dont  Julienne,  avaient  été  irrémédiablement  confondues 
en  un  amalgame  indistinct. 

Au  lieu  de  soumettre  la  demande  d'opérer  des  fouilles  à 


(i)  C'est  surtout  dans  la  dernière  chapelle,  la  neuvième  à  gauche  en 
entrant,  que  certains  auteurs  du  xiz*  siècle  se  sont  appliques  à  retrouver 
celle  où  l'abbé  Henrion,  en  1599,  transféra  les  reliques  du  monastère. 

Pendant  les  trois  siècles  antérieur*,  il  y  a  unanimité  pour  désigner,  au 
contraire,  la  première  à  gauche  en  entrant  : 

xvi*  siècle,  Gbimayb  (contemporain,  puisqu'il  dédie  son  livre  à  l'abbé 
Henrion,  auteur  de  la  translation  de  1599)  :  c  Templum  ingressis,  ad 
laevam,  primuin  in  ordine  (c'est-à-dire  dans  la  série,  en  rang). 

xtii*  siècle,  Sakdbbus  :  Templum  ingresBis  ad  laevam  occurrunt 
sacella.  Primum  in  ordine...  ». 

xvm*  siècle,  Papbbboch  :  «  Sacellum  ad  sinistram  occurrit  ingredien- 
tibus  Villariense  templum...  ». 

C'est  la  thèse  reprise  au  seuil  du  xx*  siècle,  par  M.  Edgar  db  Prblls 
db  hk  Nibppb,  dam  son  travail  de  1899. 


—  321  — - 

lavis  du  Comité  de  1895,  qui  lui  aurait  dit  tout  cela,  le 
Gouvernement  y  accéda  d'emblée,  influencé  peut-être  par 
récrit  d'un  haut  personnage  ecclésiastique  qui,  juste  en 
1898,  parlant  de  l'incertitude  entre  plusieurs  chapelles  pour 
y  découvrir  les  reliques  cherchées,  s'écriait  :  c  Qu'on  les 
fouille  toutes  !  » 

Sous  le  couvert  de  l'autorisation  gouvernementale,  on  se 
mit  à  bouleverser  les  tombeaux  des  chapelles,  à  tort  et  à 
travers.  C'est  ainsi  que,  dans  la  chapelle  de  Malève,  on  est 
allé  troubler  dans  sa  tombe  le  porte-bannière  de  Brabanl  à  la 
bataille  de  Woeringen,  Raes  de  Grez  dont  on  avait  d'abord 
pris  les  restes  pour  ceux  de  sainte  Julienne.  (Hilarité)... 

Ici,  un  squelette  d'homme,  pris  pour  celui  d'une  femme, 
à  l'inverse  de  Sophie  de  Thuringe  pour  Henri  II... 

El,  d'après  ce  que  j'ai  compris  dans  les  explications 
données  sur  ce  point  avant-hier,  il  n'aurait  été  accordé  que 
des  autorisations  simplement  orales. 

Moyen  commode  certes  pour  un  membre  du  Gouverne- 
ment de  se  dégager  de  toute  responsabilité  ministérielle  :  ne 
pas  laisser  de  trace  de  ses  actes  ! 

Mais  comment  la  Direction  des  bâtiments  civils  n'a-t-elle 
pas  empêché  des  tiers  non  munis  d'un  ordre  écrit,  en  due 
forme,  d'opérer  des  fouilles  dans  l'église  de  Villers? 

Le  quart  d'heure  réglementaire  est  accompli;  aussi  bien 
ai-je  dit  tout  ce  que  j'avais  à  dire  aujourd'hui. 

M.  Licot  (Schaerbeek).  —  Dans  les  travaux  de  Villers,  il 
s'est  agi  tout  d'abord  d'effectuer  le  déblai  des  matériaux 
accumulés  sur  le  sol  par  suite  des  effondrements.  Il  y  avait 
des  décombres  sur  toute  l'étendue  de  l'abbaye.  Dans  l'église 


—  5M  — 

notamment,  ils  s'élevaient  jusqu'à  6  mètres  à  peu  près.  On 
peut  s'en  assurer  sur  les  lieux.  Nous  avons  fait  un  tracé  sur 
murs,  à  l'aide  de  lignes  rouges,  indiquant  les  hauteurs 
qu'atteignait  le  monceau  de  décombres.  C'est  en  les 
enlevant  que  nous  avons  découvert  des  ossements  en  divers 
lieux.  Mais  avec  la  plus  grande  circonspection,  avec  la  plus 
grande  déférence,  nous  avons  remis  ces  ossements  soit  dans 
les  caveaux  d'où  ils  provenaient,  soit  là  où  ils  avaient  été 
découverts. 

Le  corps  de  Henri  II  était  dans  un  caveau.  Il  a  été  déposé 
quelque  temps  dans  la  salle  servant  de  musée  archéologique. 

M.  Schuermàns.  —  Il  est  resté  dans  le  tombeau. 

M.  Licot.  —  C'était  le  corps  de  la  duchesse. 

M.  Schuermàns.  —  Vous  vous  exposez  à  des  démentis,  à 
l'aide  de  pièces  officielles  de  l'époque. 

M.  Lagasse-de  Locht  (Bruxelles).  —  Je  ne  veux  dire  que 
quelques  mots  au  sujet  du  corps  qui  a  été  déposé  dans  le 
bâtiment  attenant  à  l'habitation  de  feu  M.  De  Wit,  et  qui 
sert  provisoirement  de  musée  archéologique.  Peu  importe 
que  ce  soit  le  corps  du  duc  ou  celui  de  la  duchesse.  Seule- 
ment, le  corps,  déposé  là,  y  est  resté  dans  les  meilleures 
conditions  possibles,  sous  la  garde  consciencieuse  de  feu 
De  Wit,  auquel  M.  Schuermàns  a  rendu  un  juste  hommage. 

Si  la  Commission  des  fouilles  ne  s'est  pas  réunie  plus 
souvent,  c'est  qu'elle  n'en  a  pas  vu  la  nécessité. 

Lorsque  des  ossements  ont  été  découverts,  immédiate- 
ment après  on  les  a  remis  en  place,  ainsi  que  Fa  dit 
M.  Licot. 


—  323  — 

On  a  fait  des  caveaux  là  où  il  n'y  en  avail  pas,  pour 
recueillir  certains  ossements  éparpillés. 

11  esl  arrivé  une  fois,  suivant  la  remarque  de  M.  Schuer- 
mans,  qu'une  fouille  a  été  pratiquée  avec  l'autorisation 
supérieure,  mais  cela  s'est  passé  à  l'insu  et  sans  l'intermé- 
diaire soit  du  Comité  des  fouilles,  soit  du  service  des  Bâti- 
ments civils.  Je  le  répèle,  ce  cas  s'est  présenté  une  seule 
fois  et  ne  se  reproduira  plus. 

M.  Schuermans  (Liège).  —  Voici,  Messieurs,  la  traduc- 
tion du  document  dont  je  vous  parlais  tantôt  au  sujet  de  la 
sépulture  du  duc  Henri  II  et  de  la  duchesse  : 

«  Mort  et  sépulture  de  Henri  H  et  de  sa  femme,  fille 
de  S.  Elisabeth. 

»  L'an  1247,  aux  calendes  de  février,  est  mort  le  duc 
Henri.  Ensuite,  l'an  1275,  le  4  des  calendes  de  juin,  est 
morte  Sophie,  fille  de  S.  Elisabeth,  sa  femme.  Ils  furent 
enterrés  dans  un  mausolée  près  l'autel  de  S. -Jean-Baptiste, 
le  corps  du  duc  vers  le  maitre-autel,  le  corps  de  la  duchesse 
vers  l'autel  de  S.-Jean-Bapiisle,  chaque  corps  dans  un 
caveau  distinct.  » 

Voilà  un  document  péremploire  et  qui  nous  permet 
d'affirmer  que  le  corps  prétendu  du  duc  qui  a  reposé 
quelque  temps  dans  le  musée  provisoire  annexé  à  l'habi- 
tation de  feu  De  Wit,  est  le  corps  de  Sophie  de  Thuringe, 

la  duchesse. 

On  discute  à  perte  de  vue  sur  l'emplacement  de  la 
chapelle  de  Saint-Bernard.  On  prétend  aujourd'hui,  contrai- 
rement au  témoignage  des  historiens,  que  la  chapelle  où, 
en  1599,  on  a  déposé  les  reliques  du  monastère,  se  trouvait 
au  nord  du  transept. 


—  324  — 

Je  donne  en  noie  (i)  les  passages  de  Gramaye,  qui  peut 
être  considéré  comme  élant  du  xvi*  siècle  ;  de  Sanderus,  au 
siècle  suivant,  et  de  Papebroch,  au  xvma  siècle.  Les  auteurs 
de  ces  trois  siècles  sont  unanimes  pour  reconnaître  que  Fou 
rencontre  la  première  chapelle  dont  ils  parlent,  à  feutrée 
de  l'église,  en  y  pénétrant  par  le  fond,  à  gauche. 

Je  ne  veux  certes  pas  prétendre  que  tous  les  débris  de 
Villers  eussent  dû  être  passés  au  crible;  mais  n'eùt-il  pas 
fallu  trier  à  part  les  débris  de  chaque  chapelle  ?  Cela  certai- 
nement aurait  tranché  la  question  en  ce  qui  concerne  la 
chapelle  de  Saint-Bernard,  au  sujet  de  laquelle  on  discute 
tant  aujourd'hui. 

En  effet,  lorsque  l'on  a  procédé  à  des  fouilles  dans  le 
monument,  on  y  a  trouvé  des  marbres,  des  bronzes,  des 
inscriptions,  des  peintures,  et  de  tous  ces  débris  on  n'a  abso- 
lument rien  laissé.  Tout  a  été  transporté,  en  1893  et  en  1894, 
dans  un  endroit  appelé  le  Vivier,  à  l'entrée  de  l'abbaye,  du 
côté  du  village,  et  là  tout  a  été  jeté  pêle-mêle. 

On  ne  me  dira  pas  que  les  anciens  propriétaires  n'avaient 
rien  laissé  debout.  Us  étaient  loin  d'avoir  enlevé  tous  les 


(i)  Voici,  sans  commentaires,  les  trois  passages  annoncés,  où  il  s'agit 
bien  certainement  de  rentrée  de  l'église,  par  le  fond,  à  gauche  : 

Gramaye  :  a  Templmn  ingressis  ad  îaevam,  varia  sacella;  prinram  in 
ordiue...  » 

Sanderus  :  «  Templuin  iugressis  ad  laevam  in  oculos  occurrunt  varia 
sacella,  Primumin  ordine...  » 

Papebroch  :  a  Sacellum  ad  tinistram  occurrit  ingredientibus  eccle- 
aiam...  » 

Dans  ces  trois  passages,  absolument  concordants,  il  s'agit  de  la  chapelle 
de  Saint  -Bernard,  qu'on  rencontrait  la  première  à  gauche  en  entrant  dans 
l'église  par  le  fond;  il  est  impossible  d'appliquer  cela,  comme  on  Ta 
essayé,  à  la  chapelle  de  la  Sainte-Trinité,  qui  était  la  dernière  à  gauche, 
lorsqu'on  pénétrait  dans  le  temple  par  l'entrée  de  l'ouest. 


—  3*23  — 

débris.  J'en  trouve  la  preuve  dans  une  lettre  adressée  à 
M.  Galesloot  et  qui  a  paru  dans  le  Messager  des  Sciences  de 
Gaod.  Dans  cette  lettre,  M.  Licot  lui-même  affirme  qu'il  a 
été  dans  le  chœur  de  l'église  de  Villers  découvert  un  grand 
nombre  de  débris  provenant  des  sépultures,  notamment  des 
fragments  de  marbre  noir  qui  avaient  dû  appartenir  au 
tombeau  de  Jean  III. 

M.  Licot  (Schaerbeek).  —  Il  a  élé  fait  présent  du  tombeau 
de  Jean  III  au  musée  archéologique  de  Nivelles  ;  ce  n'est  pas 
dans  le  chœur,  mais  dans  le  transept  qu'on  l'a  trouvé. 

M.  Lagasse-de  Locht  (Bruxelles).  —  Voici  ce  que  je  vou- 
drais répondre  très  brièvement  à  M.  Schuermans  : 

Il  y  a  eu,  à  l'abbaye  de  Villers,  17,000  mètres  cubes  de 
débris  déblayés  et  enlevés.  M.  Schuermans  n'a  pas  demandé 
qu'on  les  passât  tous  au  tamis.  Il  a  eu  soin  de  dire  qu'il  ne 
s'agissait  que  des  débris  des  chapelles.  Or,  précisément  tous 
ces  débris  provenant  des  chapelles  ont  été  examinés  avec  un 
soin  scrupuleux,  extraordinaire,  non  seulement  par  M.  Licot, 
mais  encore  par  M.  De  Wit,  en  qui  M.  Schuermans  avait,  à 
juste  litre,  pleine  confiance.  On  peut  le  dire  :  M.  De  Wit  s'est 
dévoué,  pendant  toute  sa  carrière  trop  courte,  à  l'abbaye  de 
Villers.  Il  y  a  été  victime  de  son  dévouement.  Tout  a  été 
minutieusement  et  consciencieusement  examiné  par  cet 
homme  aussi  dévoué  que  savant  et  modeste.  Ne  l'oublions 
pas  :  les  déblais  ont  été  faits  partout  et  notamment  là  où 
reposaient  les  restes  du  duc  Henri  II  et  de  la  duchesse 
Sophie  de  Thuringe. 

En  cet  endroit,  on  a  retrouvé  de  nombreux  débris  du 
mausolée  des  deux  illustres  époux   On  peut  les  voir,  bien 


—  526  — 

classés,  dans  le  musée  provisoire  dont  il  a  déjà  été  question. 
Ailleurs,  l'on  a  relire  une  ardoise  sur  laquelle  l'horaire  du 
couvent  était  écrit  en  écriture  romane.  Ce  curieux  spécimen  a 
été  envoyé  à  la  Bibliothèque  royale  el  a  fait  l'objet  d'un 
travail  très  remarquable  de  M.  l'avocat  Sheridao.  On  n'a 
rien  trouvé  de  plus  qui  soit  intéressant  au  point  de  vue  histo- 
rique et  scientifique.  Il  faut,  quoiqu'on  ait  dit  M.  Schuer- 
mans,  attribuer  ce  maigre  résultat  aux  dévastations 
incroyables  des  propriétaires  anciens.  Pendant  quarante  ou 
cinquante  années,  nous  avons  pu,  nous  les  anciens  fidèles  de 
Villers,  mesurer  la  progression  sans  cesse  croissante  des 
dévastations  barbares.  Contrairement  à  l'avis  de  mon  savant 
contradicteur,  nous  pouvons  l'affirmer  :  tout  ce  qu'il  a  été 
possible  de  sauver  des  restes  de  l'abbaye,  a  été  conserve 
précieusement.  Je  regrette,  comme  lui,  que  l'on  n'ait  pas 
trouvé  plus  de  débris  capables  d'aider  à  terminer  les 
discussions  sur  Villers. 

Ceux  qui  auront  bien  étudié  le  dernier  travail  de  M.  Edgar 
de  Prelle  de  la  Nieppe  sur  Villers,  seront  édifiés  au  sujet  du 
véritable  emplacement  de  la  chapelle  de  Saint- Bernard,  où  se 
trouvaient  dans  le  temps  les  reliques  spéciales  du  monas- 
tère. 

M.  Schuermans. —  Je  partage  complètement  ce  sentiment 
au  sujet  de  l'emplacement  de  la  chapelle  de  Saint-Bernard. 

M.  Licot.  —  Vous  parlez  de  la  chapelle  de  Saint-Bernard. 
11  n'y  a  plus  de  doute  à  cet  égard  et  je  tâcherai  de  vous  le 
prouver  dans  un  travail  que  je  publierai  très  prochaine- 
ment. 

M.  Schuermans.  —  Je  serai  très  heureux  de  le  lire. 


—  327  « 

M.  Licot.  —  En  faisant  état  des  documents  inédits  dont 
parlait  tout  à  l'heure  M.  Schucrmans. 

M.  Schuermans.  —  J'invoquerai  plus  lard  tous  ces  docu- 
ments inédits.  Je  liens  à  ce  que  la  sténographie  prenne  bien 
noie  de  ma  menace. 

M.  Helbig,  ff.  de  Président.  —  Je  pense  que  celte  discus- 
sion, très  intéressante,  peut  être  considérée  comme  actuel- 
lement épuisée,  en  présence  surtout  de  cette  déclaration 
à  laquelle  nous  adhérons  tous,  que  les  fouilles  ont  été 
consciencieusement  exécutées. 

Il  me  reste,  avant  de  lever  la  séanee,  à  remercier 
M.  le  chevalier  Marchai  d'avoir  bien  voulu  mettre  ce  local  à 
notre  disposition,  et  k  nous  ajourner  à  l'année  prochaine. 

—  La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 


» 


* 


"  t,  i 


IMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SEANCES 
38  8,  15,  22  et  29  novembre;  des  6,  18,  20  et  27  décembre  1902. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

1°    La  proposition  de  confier  à   M.   Van  Landuyt  la 

tauralion  de  trois  (ableaux  qui  se  trouvent  dans  l'église 

Molhem-Bollebeek  (Brabant); 

2°  Le  projet  de  peintures  décoratives  à  exécuter  dans 
glise  de  Somzée  (Namur);  auteur,  M.  Enderlé-Maréchal  ; 
3°  Le  projet  relatif  à  la  décoration  picturale  de  l'église 
Îaslièrc-Lavaux  (Namur)  ; 

4°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  peintures  murales 
ns  l'église  d'Iseghem  (Flandre  occidentale),  sous  la 
serve  de  prolonger  la  litre  sur  toute  l'étendue  du  mur  de 
id,  afin  de  mieux  relier  l'ensemble  du  travail  décoratif; 
leur,  M.  Wybo; 


Église 
de  Nolbem- 

Bollebcek 
Tableaux. 


Église 
de  Somxée. 
Décoration. 


Église 
d'Haslicre* 

La  vaux. 
Décoration. 

Église 

d'Iseghem. 

Décoration. 


-  330  — 

Égiite  S0  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  d'Iseghem 

viiwnx.      (Flandre  occidentale),  à  la  condition  qu'au  cours  de  l'exé- 
cution du  travail  il  sera  tenu  compte  des  observations 
présentées  par  M.  le  baron  Bethune;  auteur,  M.  Dobbelaere; 
Égi^ d0         6°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  de  Rebecq- 

RebecqoRognon . 

viimi.      Rognon  (Brabant);  auteur,  M.  Teller; 
c.ibédraie        7°  Le  projet  relatif  à  la  reconstitution  de  l'ancien  vitrail 

de  Bruges* 

vura.l  de  |a  chapelle  de  Saint-Joseph,  en  l'église  cathédrale  de 
Bruges  (Flandre  occidentale).  II  y  a  toutefois  trop  de 
symétrie  et  de  lourdeur  dans  la  partie  inférieure  des  drape- 
ries des  anges  du  tympan.  Vu  l'importance  de  cette  verrière, 
il  y  a  lieu  d'en  compléter  d'abord  une  lumière.  Lorsque 
cette  partie  du  travail  sera  terminée  et  mise  en  place,  le 
Collège  la  fera  examiner  par  des  délégués;  auteur, 
M.  Goucke; 

Égiiseda  8°  Les  projets  de  deux  vitraux  peints  destinés  à  l'église 
*îiiSui  "'  ^e  Saint-Martin,  à  Hal  (Brabant);  auteur,  M.  Casier; 

Égiiw  9°  Le  projet  d'un  vitrail  à  placer  dans  le  chœur  de 

de  Zcpperea.  ' 

viuaii.  l'église  de  Zepperen  (Limbourg),  sous  la  réserve  que 
l'auteur,  M.  Bardenhewer,  supprimera  les  banderolles  des 
réseaux  et  les  remplacera  par  des  motifs  plus  sérieux.  Au 
cours  de  l'exécution,  il  importera  de  soigner  tout  particu- 
lièrement le  dessin  et  la  coloration  ainsi  que  le  choix  du 
verre,  qui  doit  être  très  translucide.  Lorsque  cette  verrière 
sera  exécutée  et  mise  en  place,  elle  sera  examinée  par  des 
délégués  avant  que  les  autres  vitraux  ne  soient  exécutés; 
Égii.e  de  10°  Le  projet  de  vitrail  destiné  à  la  baie  centrale  du 
kvur!'i?'  chœur  de  l'église  de  Sainte-Gertrude,  à  Nivelles  (Brabant). 
Celle  étude  a  reçu  l'entière  approbation  du  Collège,  qui 
a  adressé  ses  félicitations  à  l'auteur,  M.  Casier,  pour  ce 


—  331  — 


travail  difficile  et  consciencieux.  L'attention  du  peintre  a 
cependant  été  attirée  sur  l'utilité  de  tracer  une  seconde 
bande  dans  la  robe  du  Christ,  afin  d'en  rompre  la  monotonie. 
Le  programme  des  verrières  à  placer  ultérieurement  dans 
le  chœur  de  la  collégiale  de  Nivelles  parait  pouvoir  être 
admis.  L'auteur  a  été  engagé  toutefois  à  s'assurer  si  Pépin 
de  Landen  est  bien  rangé,  comme  le  Collège  le  croit,  parmi 
les  Bienheureux  ; 

41°  La  nouvelle  soumission  de  M.  Wilmotte,  en  date  du 
30  juin  4902,  concernant  le  travail  de  restauration  du 
tabernacle  en  cuivre  de  l'église  de  Bocholt  (Limbourg).  La 
Commission  a  insisté  tout  particulièrement  pour  que  le 
travail  projeté  soit  borné  au  strict  nécessaire.  Lorsque  la 
restauration  sera  terminée,  le  Collège  fera  procéder  à 
l'examen  de  l'œuvre  d'art  dont  il  s'agit.  Aucune  pièce  de 
celle-ci  ne  pourra  être  nettoyée  ni  patinée.  Le  tabernacle  de 
Bocholt  étant  une  œuvre  de  dinanderie  importante,  on  ne 
peut  qu'engager  l'État  à  se  montrer  très  généreux  dans 
l'allocation  de  ses  subsides. 

—  Il  a  été  procédé,  le  17  novembre  4902,  dans  l'église 
de  Lembecq  lez  Hal,  à  l'examen  de  la  fresque  représentant 
le  Jugement  dernier,  exécutée  par  M.  De  Geetere  au-dessus 
de  Parc  triomphal. 

II  résulte  de  cet  examen,  auquel  assistait  M.  Dumortier, 
membre  du  Comité  des  correspondants  du  Brabant,  que 
l'œuvre  d'art  dont  il  s'agit  a  été  exécutée  d'une  façon  très 
satisfaisante. 

En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  subside 
promis,  sur  les  fonds  des  Beaux-Arts,  en  vue  de  ce  travail 
décoratif»  soit  liquidé. 


Église 
de  Bocholt. 
Tabernacle. 


Eglise 

de  Lembecq 

lez  Hal. 

Fresque. 


—  332  — 

unitmiié        —  A  la  demande  de  l'administration  communale  de 

Je  Garni. 

Peinture*,  QAn^9  j|  a  £(é  procédé,  le  1"  décembre  1902,  à  un  nouvel 
el  minutieux  examen  des  peintures  du  grand  vestibule  de 
l'université  de  cette  ville. 

MM.  l'échevin  Bodart,  l'architecte  de  la  ville  et  son 
adjoint,  ainsi  que  MM.  Serrure,  De  Geulenecr  et  Lybaert, 
membres  du  Comité  des  correspondants  de  la  Flandre 
orientale,  assistaient  à  cet  examen. 

Cette  visite  a  démontré,  comme  les  précédentes,  que  l'état 
de  dégradation  des  peintures  doit  être  attribué  à  plusieurs 
causes,  notamment  aux  fuites  d'eau  provenantes  chéneaux 
entre  la  rotonde  et  le  vestibule;  à  la  non- protection  exté- 
rieure contre  les  pluies,  du  mur  exposé  à  l'ouest;  à  l'atmos- 
phère de  la  salle,  qui  est  froide  et  humide;  au  manque 
d'aérage,  etc. 

Mais  la  cause  principale  de  l'état  de  choses  signalé  pro- 
vient évidemment  des  fuites  d'eau  par  les  chéneaux.  Les 
traces  très  visibles  et  très  importantes  de  ces  infiltrations 
existent  encore  dans  le  mur  où  les  peintures  sont  le  plus 
endommagées;  ces  traces  se  voient  surtout  du  côté  delà 
rotonde;  il  y  en  a  même  une  assez  récente  où  l'enduit  est 
encore  humide 

Ainsi  qu'on  l'a  déjà  déclaré,  le  8  août  1902,  des  travaux 
très  importants  onlété  effectués  aux  gouttières  et  aux  toitures, 
précisément  aux  endroits  où  les  infiltrations  se  produisaient. 

Sans  s'arrêter  aux  assertions  désagréables  pour  la  Com- 
mission, de  la  lettre  de  l'administration  communale,  le 
Collège  se  bornera  à  faire  remarquer  que  si  cette  adminis- 
tration avait  fait  procéder  plus  tôt  à  l'examen  minutieux 
qu'elle  devait  faire,  elle  aurait,  sans  aucun  doute,  mis  plus 


—  533  — 

de  retenue  dans  sa  réponse.  Du  reste,  les  représentante  de 
ce  Collège  qui  assistaient  à  la  dernière  visite,  n'ont  pu  man- 
quer de  reconnaître  la  justesse  des  conclusions  des  rapports 
précédents.  Les  observations  qui  ont  été  produites  surplace 
parun  membre  correspondant  de  la  Commission  royale  et 
par  l'architecte  de  la  ville  au  sujet  de  l'exécution  des  fresques 
sont  sans  doute  très  intéressantes.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que  les  faits  graves  signalés  par  la  Commission  subsistent 
et  qu'ils  ont  été  reconnus  comme  vrais  par  l'administration 
communale  elle-même,  puisqu'elle  y  a  porté  remède  après 
les  constatations  de  la  Commission  royale. 

Les  travaux  effectués  après  l'envoi  du  rapport  du 
15  mars  1902,  ne  sont  nullement  des  ouvrages  d'entretien 
et  d'amélioration,  comme  on  l'affirmait,  mais  des  réfections 
très  importantes.  M.  le  Président  a  tenu  à  s'en  assurer 
personnellement  en  cheminant  le  long  d'une  corniche  d'un 
bâtiment  universitaire  pour  se  rendre  ainsi,  lors  de  la  visite 
du  1er  décembre,  en  l'aimable  compagnie  de  M.  l'architecte 
adjoint,  jusque  dans  la  noue  profonde  existant  entre  le 
vestibule  décoré  et  la  rotonde.  M.  l'Inspecteur  général 
Lagasse-de  Locht  y  a  constaté  que  le  revêtement  en  zinc  a 
été  renouvelé  en  grande  partie  et  surhaussé  d'environ  Om40, 
afin  de  parer  aux  infiltrations  résultant  des  accumulations 
d'eau  antérieures  dans  ce  vaste  bac  à  neige.  Il  y  a  constaté 
aussi  les  soins  apportés  pour  que  le  débouché  de  la  descente 
d'eau  soit  toujours  mis  à  l'abri  des  débris  d'ardoises,  de 
feuilles,  etc.,  qui  bien  souvent  auparavant  l'ont  obstrué. 
Telle  est  l'importance  des  travaux  ainsi  effectués  depuis  le 
13  mars  1902  que  M.  le  Président  a  félicité,  sur  place, 
AI.  l'architecte  adjoint  au  sujet  de  leur  bonne  exécution. 


—  334  — 

Au  surplus,  si  tout  avait  été  si  parfait  avant  mars  dernier, 
pourquoi  serait-on  occupé  aujourd'hui  encore  à  enduire,  à 
l'extérieur,  le  mur  exposé  à  l'ouest?  Pourquoi  améliore-l-on 
la  ventilation  par  les  jours  latéraux  du  vestibule? 

La  Commission  ne  considère  pas  comme  une  opération 
parfaite  l'enduit  extérieur  du  mur  exposé  à  l'ouest.  Elle  aura 
pour  conséquence  d'enfermer  dans  le  mur  l'humidité  qui  s'y 
est  accumulée.  Il  eût  mieux  valu,  comme  l'indiquaient  les 
rapports  antérieurs,  recouvrir  ce  mur  d'ardoises  ou  de  zinc; 
ce  recouvrement,  en  empêchant  l'humidité  de  s'introduire 
graduellement  dans  les  maçonneries,  n'aurait  mis  aucun 
obstacle  à  l'évaporation  de  celle  qui  peut  encore  s'y  trouver 
concentrée  aujourd'hui. 
Ëgiue  —  Suivant  le  conseil  donné  par  la  Commission,  dans  son 

de  Biesme-  ■ 

MTiHm  rapport  du  12  avril  1901,  M.  le  curé  de  Biesme-Colonoise 
(Namur)  a  cherché  à  débarrasser  les  colonnes  et  les  arcades 
de  l'église  de  cette  localité  du  plâtrage  qui  y  a  été  appliqué 
aux  siècles  écoulés. 

Ce  travail  a  fait  découvrir,  sur  le  piédroit  nord  de  Tare 
triomphal,  des  restes  de  peintures  murales  qui  paraissent 
remonter  à  la  première  moitié  du  xviê  siècle. 

En  dessous  est  représenté  l'Agneau  de  Dieu  laissant 
échapper  le  saint  sang  dans  un  calice  et  surmonté  d'une 
bannière  avec  banderolle. 

Plus  haut  est  représenté  le  prophète  David  avec  la  harpe 
et,  enfin,  des  anges  et  des  ornements. 

Au-dessus  des  banderolles  on  lit,  en  caractères  gothiques, 
ces  paroles  des  Psaumes  : 

fiûubûte  eum  in  d)oro  et  tgmpano. 
faubatr  cum  in  cortie  rt  organo. 


—  535  — 

Sur  le  piédroit  sud  du  même  arc  triomphal,  il  y  a  eu 
également  des  peintures  murales,  mais  celles-ci  ont  disparu. 
Il  semble,  d'après  quelques  vestiges  de  couleur,  que  la 
décoration  se  continuait  vers  les  bras  du  transept. 

Les  recherches  opérées  dans  d'autres  parties  de  l'édifice 
n'ont  pas  abouti. 

Les  peintures  dont  il  s'agit  ne  sont  pas  d'une  valeur  artis- 
tique marquante.  Leur  principal  intérêt  est  de  permettre  de 
constater  que  nos  édifices  religieux  du  moyen  âge  ont  été 
décorés  de  peintures  murales,  même  dans  les  localités  les 
plus  reculées  de  nos  provinces. 

II  n'y  a  aucune  mesure  à  prendre  à  l'égard  de  ces  vestiges 
de  décoration.  Ces  restes  doivent  être  conservés  tels  qu'ils 
ont  été  retrouvés. 

Si,  au  cours  des  travaux  de  restauration  et  d'agrandisse- 
ment de  l'église,  que  l'on  sera  amené  à  exécuter  dans  un 
avenir  peu  éloigné,  les  peintures  dont  il  s'agit  créaient  un 
obstacle  sérieux  à  ces  travaux,  il  n'y  aurait  pas  grand 
inconvénient  à  les  sacrifier;  mais,  dans  ce  cas,  il  faudrait 
en  prendre  des  calques  et  en  faire  une  aquarelle,  à  échelle 
réduite,  pour  un  de  nos  musées,  afin  d'en  conserver  le 
souvenir. 

La  porte  clôturant  l'escalier  du  jubé  est  composée  de 
fragments  de  planches  sur  lesquelles  se  remarquent  des 
peintures;  ce  sont  probablement  des  débris  de  volets  d'un 
retable.  Ces  restes,  malheureusement  très  mutilés,  offrent 
un  certain  intérêt.  Gomme  ilssontexposésàd'autres  sérieuses 
mutilations,  il  conviendrait  de  les  déposer  au  musée  de  Namur. 

Il  serait  intéressant  de  faire  dérocher  la  jolie  porte  du 
xvi*  siècle  qui  ferme  la  chapelle  des  fonts,  déjà  signalée  dans 


—  336  — 

le  rapport  du  12  avril  1901 ,  et  d'en  faire  exécuter  une  bonne 
photographie.  C'est  une  œuvre  de  sculpture  de  réelle  valeur 
artistique,  exécutée  dans  le  goût  de  celle  du  baplistère  de 
l'église  de  Malorme,  mais  de  moindre  importance. 
Égiiu         —  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  que  les 

de  Galonné.  '  r  »  T 

vitraux,     vitraux  placés  dans  l'église  de  Calonne  (Hainaut),  ont  élé 
exécutés  d'une  façon  satisfaisante. 

En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  subside 
promis  par  le  Déparlement  de  l'Agriculture,  pour  ce  travail, 
soit  liquidé, 
j  ■*"?.         —  AJa  demande  de  MM.  Comère  et  Capronnier,  il  a  été 

de  Sainl-Pierrf,  • 

^vuS?1'  procédé,  dans  l'atelier  de  ces  artistes,  à  l'examen  de  deux 
vitraux  anciens  du  chœur  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à 
Anderlecht  (Brabant),  dont  la  restauration  est  terminée. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  les  artistes  précités  ont 

apporté  tous  leurs  soins  et  une  entière  conscience  dans 

l'exécution  de  leur  entreprise.  Il  y  a  lieu  de  les  féliciter  à 

propos  de  ce  travail  important  dont  la  réussite  est  complète. 

ÉgiiMdAyeacux.     —  Il  a  été  procédé,  le  8  décembre  1902,  à  l'examen  des 

Vitraux. 

vitraux  placés  dans  le  chœur  et  à  l'extrémité  des  basses-nefs 
de  l'église  d'Ayeneux  (Liège). 

Il  a  élé  constaté  que  les  œuvres  précitées  ont  élé  bien 
exécutées  et  qu'on  peut  donner  suite  à  la  liquidation  du 
subside  alloué  par  l'État  en  vue  de  ce  travail. 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  Favorables  sur  : 
Abbaye d'Auine.      1°  La  proposition  de  M.  l'architecte  Cloquet  de  faire 
exécuter  d'urgence  certains  travaux  de  consolidation  aux 


—  337  — 

ruines  de  l'abbaye  d'Aulne  (Hainaut).  Il  y  a  lieu  d'autoriser 
ces  travaux  dans  la  mesure  indiquée  par  M.  Cloquet,  c'est- 
à-dire  en  les  étendant  à  la  travée  entière  au  pied  du  colla- 
téral sud  avec  son  arc-boulant  ; 
2°  Le  projet  relatif  à   la   restauration  des  façades  de  J  hjk.1 de  7nie 

■       J  *  de  Saint-Nicolas. 

l'ancien  hôtel  de  ville  de  Saint-Nicolas  (Flandre  orientale), 
ainsi  que  des  façades  latérales  et  postérieure  du  bâtiment  y 
attenant  dit  «  Ciperagie  ».  II  doit  être  entendu  qu'au  cours 
de  l'exécution  des  travaux,  il  sera  tenu  rigoureusement 
compte  de  toutes  les  observations  présentées  par  M.  l'archi- 
tecte provincial,  dans  son  rapport  du  14  novembre  1902; 
3°  Le  projet  des  travaux  complémentaires  de  restauration     Ancienne 

■        *  r  halle  aux  viandes 

à  effectuer  à  l'ancienne  halle  aux  viandes  de  Termonde  deTcrmoDdc- 

(Flandre  orientale).  Il  doit  être  entendu  qu'à  la  façade  en 

pierre  de  l'édifice,  les  lucarnes  seront  construites  en  pierre 

et  qu'à  la  façade  en  briques,  les  lucarnes  seront  établies  en 

briques.  Il  y  aura  lieu  de  mettre  en  œuvre  la  pierre  de 

Baelegem  partout  où  sa  hauteur  d'assises  le  permel,  mais 

où  cela  ne  sera  pas  possible,  on  pourra  employer  la  pierre 

de  Refroy,  à  la  condition  que  le  banc  de  provenance  en  soit 

bien  choisi.  Quant  à  la  pierre  de  La  Rochette,  elle  doit  être 

écartée  dans  le  cas  actuel  ;  elle  ne  doit  être  autorisée  que 

pour  des  parements  unis  et  encore  elle  ne  se  marierait  pas 

avec  la  pierre  de  Baelegem,  sa  coloration  étant  différente. 

Puisqu'il  est  démontré  que  la  flèche  de  la  tour  était  autrefois 

garnie  de  huit  lucarnes,   il  est  logique  de  les  rétablir; 

architecte,  M.  Sterckx. 

—  Il  a  été  procédé,  le  1er  décembre  1902,  de  concert      Ancien 

*  Granri-Begmnagi) 

avec  M.  Compyn,  ingénieur  de  la  ville  de  Gand,  à  l'examen     deG,mi 
de  l'ancien  Grand-Béguinage  de  celle  localité  au  point  de 


—  338  — 

vue  du  prolongement  de  la  rue  Courte  du  Béguinage  jusqu'à 
la  rue  de  la  Porte  de  Bruges. 

MM.  Serrure  et  Lybaert,  membres  du  Comité  des  cor- 
respondants de  la  Flandre  orientale,  assistaient  à  celle 
visite. 

Après  un  examen  attentif  des  lieux,  il  a  été  reconnu  que 
ce  prolongement  très  utile,  notamment  pour  les  dégagements 
vers  la  rue  Haute,  ne  ferait  pas  de  tort  à  ce  qui  reste  encore 
de  l'enclos  du  Béguinage,  attendu  qu'il  aura  lieu  au  travers 
de  constructions  modernes.  Par  conséquent,  il  n'y  a  pas 
utilité  à  en  entraver  la  réalisation.  Mais  il  ne  peut  être 
question  d'autoriser  l'élargissement  de  la  rue  Courte  du 
Béguinage  actuelle  par  l'empiétement  sur  les  jardinets,  la 
largeur  de  celte  rue  étant  suffisante.  Il  importe  de  laisser 
subsister  le  mur  clôturant  les  jardinets  à  la  place  qu'il  occupe 
aujourd'hui.  C'est  un  des  rares  vestiges  qui  contribuent  à 
rappeler  le  caractère  tout  spécial  qu'avait  le  Grand-Bégui- 
nage avant  les  mutilations  déplorables  qu'il  a  subies  il  y  a 
une  trentaine  d'années 
Ancienne  f«me      —  L'attention  de  la  Commission  ayant  été  appelée  sur  la 

du  Cbâtelet,  *  r  r 

h  M.rbai».  valeur  historique  que  paraît  présenter  l'ancienne  ferme  du 
Chàtelet,  à  Marbais,  il  a  été  procédé  à  son  inspection  le 
30  octobre  1902. 

MM.  Dumortier  et  Désirée,  délégués  du  Comité  des 
correspondants  du  Brabant,  assistaient  à  celle  visite.    . 

La  ferme  du  Chàtelet  est  l'ancienne  résidence  féodale 
de  Marbais. 

C'est  une  place  fort  ancienne  formant  un  rectangle  com- 
plet. On  y  arrive  de  plein  pied  du  côté  sud  ;  au  nord,  elle 
surplombe  la  vallée  de  la  Thyle  et  l'ancien  moulin  banal  de 


—  359  — 

la  baronnie  ;  des  deux  autres  côtés  ses  abords  sont  également 
escarpés. 

Le  manoir  était  jadis  entouré  de  fossés  dont  une  petite 
partie  subsiste  encore,  mais  dont  on  retrouve  le  tracé  à  peu 
près  complet;  le  pont-levis  a  disparu. 

L'enceinte  subsiste  presque  en  entier  ainsi  que  la  tour 
circulaire  du  sud,  à  gauche  de  la  porte  d'entrée  et  la  base 
d'une  seconde  tour  vers  l'ouest;  plusieurs  autres  tours  ont 
été  démolies. 

Les  tours  sont  appareillées  en  assises  assez  régulières  de 
pierre  schisteuse  noire  et  rongée  par  le  temps.  Ces  tours 
remontent,  sans  aucun  doute,  à  une  époque  très  reculée  ; 
elles  sont  peut-être  contemporaines  des  châteaux  de  Bouillon 
et  de  Laroche. 

Un  donjon  carré,  situé  dans  la  cour,  à  gauche  de  l'entrée, 
de  construction  plus  récente,  est  bâti  en  moellons  provenant 
des  environs  et  appareillés  selon  le  système  des  constructions 
de  l'abbaye  de  Villers,  qui  en  est  voisine.  Les  courtines 
étaient  construites  en  même  pierre  et  appareillées  de  même. 

Un  bâtiment  faisant  saillie,  à  droite  de  l'entrée,  passe  pour 
avoir  été  la  chapelle  du  château.  Il  est  appareillé  en  grandes 
assises  de  pierre  calcaire  bien  taillée,  d'un  ton  gris  jaunâtre. 
La  tradition  qui  le  représente  comme  ayant  été  la  chapelle, 
parait  avoir  quelque  fondement.  Cette  construction  rectan- 
gulaire, orientée,  a  conservé  d'anciennes  petites  baies  murées 
terminées  en  plein-cintre  dont  le  tympan  est  fermé  par  un 
linteau  qui  occupe  tout  le  cintre,  type  de  construction  qui 
se  remarque  aussi  à  l'abbaye  de  Villers.  En  l'absence  d'autres 
détails  caractéristiques  d'architecture  et  vu  l'appareil  exté- 
rieur, il  est  difficile  de  déterminer  l'âge  de  cette  construction, 


—  340  — 

mais  si  Ton  peut  s'en  rapporter  à  la  forme  des  baies 
bouchées,  on  peut  croire  que  Ton  se  trouve  en  présence 
(Tune  construction  romane. 

En  résumé,  l'ancien  château  de  Marbais  constitue  un  resle 
très  intéressant  au  point  de  vue  historique;  il  n'est  pas  moins 
instructif  pour  1  étude  des  conslruclions  féodales  de  notre 
pays,  ce  manoir  ayant  conservé  à  peu  près  totalement  son 
périmètre  primitif.  Il  figure  déjà  sur  la  liste  des  édifices 
civils  privés  dignes  d'être  conservés.  S'il  appartenait  à  une 
administration  publique,  il  devrait  être  classé  comme  monu- 
ment national. 

L'édifice  en  question  constitue  actuellement  un  usufruit. 
Il  appartient  à  un  grand  nombre  de  propriétaires.  A  la  mort 
de  l'usufruitier  il  sera  certainement  mis  en  vente  publique 
et  sera  adjugé  vraisemblablement  à  vil  prix.  Il  sera  peut-être 
possible  alors  de  l'acquérir  pour  y  installer  un  service 
public  quelconque.  Ce  serait  le  seul  moyen  d'en  assurer  la 
conservation. 

Vu  l'importance  du  monument,  il  est  désirable  d'en  faire 
exécuter,  dès  maintenant,  des  vues  par  le  service  photo- 
graphique des  ponts  et  chaussées,  à  une  échelle  suffisante 
pour  se  rendre  compte  des  détails  de  la  construction  et  d'en 
déposer  un  exemplaire  dans  les  archives  de  la  Commission. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

consirociion  .     Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  : 

ei  restauration 

riP  presbytère».       j<>  \ja  restauration  du  presbytère  de  Hulshout  (Anvers); 
architecte,  M.  Taeymans; 


—  341  — 

2*  À  la  restauration  du  presbytère  de  Beyghem  (Brabanf); 
architecte,  M.  Thomisse; 

3°  À  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  Brouckom  lez  Looz  (Li  m  bourg); 

4°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  Rothem  (Limbourg);  architecte,  M.  Ghrisliaens; 
5-  À  la  restauration  du  presbytère  de  Laer  (Liège); 

4 

architecte,  M.  Janssen  ; 

6°  A  l'appropriation  du  presbytère  de  Ramelot  (Liège)* 
architecte,  M.  Feuillal; 

7°  A  la  construction  d'une  clôture  au  presbytère  de 
Beersse  (Anvers)  ; 

8°  A  la  construction  d'une  grille  de  clôture  au  presbytère 
de  Vorsselaer  (Anvers)  ; 

9e  A  la  reconstruction  du  mur  de  clôture  du  presbytère 
de  Meerle  (Anvers);  architecte,  M,  Taeymans. 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  : 

1°  A  la  construction  d'une  église  à  Han-sur-Lesse  (Namur),     Ëgiuede 

lUa-sur-Lesse. 

sous  réserve  de  terminer  la  flèche  en  pointe  et  de  mettre  la 
fenêtre  du  jubé  en  rapport  avec  les  autres  baies  de  la  tour  ; 
architecte,  M.  Léonard; 

2°  A  la  reconstruction  de  l'église  de  Familleureux  (Hai-      Égiue 
naut),  incendiée  !c  30  juin  (902.  Il  a  été  recommandé  aux 
autorités  locales  de  veiller  à  ce  que  les  travaux  soient  effectués 
avec  les  plus  grands  soins.  Le  Collège  se  propose,  du  reste, 


—  542  — 

de  les  faire  examiner,  en  temps  opportun,  par  des  délégués; 
architecte,  M.  Selvais  ; 
&"«  3°  A  la  reconstruction  de  l'église  de  Wamont  (Liège); 

de  Wamoot 

architecte,  M.  Corthouls; 
Église  4°  A  la  construction  d'une  église  à  Longchamps  (Luxem- 

de  Longchsmpe.  v  *  r 

bourg);  architecte,  M.  Wûrlh; 
Eglise  5°  A  l'exécution  de  travaux  d'amélioration  à  l'église  en 

de  Beigoée.  t 

construction  à  Beignée,  sous  Ham-sur-Heure  (Hainaut); 
architecte,  M.  Dosveld  ; 
SgkM d« Beyne.     6°  A  l'exécution  de  travaux  complémentaires  à  la  nouvelle 
église  de  Beyne,  sous  Beyne-Heusay  (Liège);  architecte, 
M.  Monseur; 
Égnse  7°  A  l'établissement  de  grillages  à  l'entrée  de  l'église  de 

de  Soheit-Tinlot.  ©  ©  ~© 

Soheil-Tinlot  (Liège);  architecte,  M.  Taurel; 
Église  8°  A  la  reconstruction  du  jubé  de  l'église  de  Willebroeck 

deWUiebroeek.  *  ^ 

(Anvers);  architecte,  M.  Careels; 

9°  A  l'exécution  d'objets  mobiliers  destinés  aux  églises  de  : 

Slekene  (Flandre  orientale)  :  deux  confessionnaux  ; 

Bavichove  (Flandre  occidentale)  :  maitre-autel; 

Westvleteren  (Flandre  occidentale)  :  maitre-autel  ; 

•Sclayn  (Namur)  :  cloche; 

Bertogne  (Luxembourg)  :  mobilier  complet; 

Ramillies  (Brabant)  :  cloche; 

Seneffe  (Hainaut)  :  buffet  d'orgue; 

Sommethonne  (Luxembourg)  :  mobilier  complet  ; 

Sainte- Walburge,  à  Audenarde  (Flandre  orientale)  :  trois 
couronnes  de  lumières. 
Eglise  —  L'attention  de  la  Commission  ayant  été  attirée  sur  an 

deLaBulislère.  J 

projet  de  l'administration  communale  de  La  Buissière  ayant 
pour  but  de  mettre  en  vente  une  parcelle  de  terrain  à  bâtir, 


—  343  — 

situé  à  proximité  de  l'église  de  cette  localité,  il  a  été  procédé 
à  une  inspection  des  lieux,  le  6  novembre  1902,  de  concert 
avec  MM.  De vi  11ers  et  Hubert,  membres  du  Comité  des 
correspondants  du  Hainaut. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  la  parcelle  de  terrain  dont  il 
s'agit  est  située  entre  le  chemin  de  fer  et  l'église.  Son 
exiguïté  est  telle  que  si  on  y  érigeait  une  construction,  celle-ci 
n'aurait  même  pas  de  cour. 

Mais,  ce  qui  serait  beaucoup  plus  grave,  c'est  que  celte 
construction  masquerait  la  vue  de  l'église,  dont  elle  ne  serait 
éloignée  que  de  quelques  mètres;  d'autre  part,  le  terrain 
étant  en  déclivité  vers  l'église,  le  nouveau  bâtiment  nuirait 
beaucoup  à  l'éclairage  intérieur  du  temple. 

Située  entre  la  gare  et  l'église,  la  future  construction 
serait,  sans  doute,  affectée  à  un  cabaret  duquel,  étant  donnée 
sa  situation  en  contre-haut  de  l'église,  on  pourrait  voir  à 
l'intérieur  de  celle-ci  sans  compter  que  les  bruits  qui  en 
proviendraient  troubleraient  considérablement  l'exercice  du 
culte. 

Il  semble  que  l'autorité  locale,  en  proposant  la  mise  en 
vente  du  terrain  précité,  n'a  pas  réfléchi  aux  inconvénients 
graves  qui  s'en  suivraient  non  seulement  pour  l'église  mais 
aussi  pour  l'aspect  de  la  localité  et  qu'après  un  nouvel 
examen  elle  abandonnera  son  projet.  Il  est  à  remarquer, 
du  reste,  que  la  vente  du  terrain  en  question  ne  lui  rappor- 
terait qu'une  misérable  somme  de  quelques  centaines  de 
francs,  ce  qui  serait  bien  loin  de  compenser  l'effet  désastreux 
que  produirait  une  construction  sur  ce  coin  qui  ne  manque 
pas  de  pittoresque. 

Il  y  a  lieu  d'espérer  que  ce  projet  malencontreux  ne  se 


—  344  — 

réalisera  pas.  Aussi,  ne  peut-on  qu'engager  les  pouvoirs 
compétents  à  s'y  opposer. 
église  —  A  la  demande  de  M.  le  curé  d'Henri-Chapelle  (Liège), 

d'Ilcori-Cliapelle.  r  v        °  ' 

il  a  été  procédé,  le  27  novembre  1902,  à  l'inspection  de 
l'église  de  cette  localité. 

Il  est  question,  depuis  longtemps,  d'agrandir  cet  édifice 
qui,  à  ce  que  l'on  assure,  ne  suffit  plus  aux  besoins  de  la 
population. 

Le  chœur,  le  transept  et  la  haute  nef  sont  en  style  ogival 
rappelant  la  dernière  période  de  ce  style;  ils  portent  la  date 
1630.  Les  bas-côtés  ont  été  érigés  en  1718,  date  qui  y  est 
inscrite  et  dans  le  style  du  temps.  La  tour  est  romane.  C'est 
une  construction  massive,  d'une  grande  solidité.  Sa  face 
ouest  est  recouverte  d'ardoises.  A  sa  face  sud  on  remarque 
deux  petites  baies  d'abat-son  dont  l'une  est  blindée;  l'autre 
est  en  partie  bouchée;  à  l'étage  intermédiaire  se  remarque 
une  meurtrière.  La  face  nord  ne  présente  aucun  détail 
caractéristique. 

Toute  l'église  est  en  bon  état  de  conservation. 

L'agrandissement  ne  peut  èlre  opéré  du  côté  du  chœur, 
lequel  offre  de  l'intérêt  et  par  la  date  de  sa  construction  et 
par  ses  proportions  qui  sont  très  bien  comprises. 

A  première  vue,  il  semble  qu'il  n'y  a  guère  d'autre  moyen 
que  de  prolonger  l'église  vers  l'ouest  en  démolissant  la  tour. 
On  doit  toutefois  reconnaître  qu'il  serait  regrettable,  au  point 
de  vue  archéologique,  de  devoir  sacrifier  cette  tour,  qui  est 
peut-être  la  construction  la  plus  ancienne  de  toute  la  contrée. 
Il  est  donc  indispensable  d'inviter  l'architecte  à  étudier,  avec 
les  plus  grands  soins,  s'il  n'y  a  pas  moyen  d'éviter  celte 
éventualité  en  recherchant  un  autre  mode  d'agrandissement 


—  34»  — 

de  l'édifice.  Peut-être  y  arriverait-il  en  élargissant  les  bas- 
culés. 

En  tous  cas,  quel  que  soit  le  mode  d'agrandissement 
auquel  on  s'arrêtera,  il  est  désirable  qu'il  ne  soit  apporté 
aucun  changement  à  l'architecture  des  parties  à  conserver 
de  l'ancien  temple. 

Si  la  tour  est  conservée,  on  pourra  en  améliorer  considé* 
'rablement  l'aspect  en  remplaçant  sa  couverture  vulgaire  par 
une  flèche  en  rapport  avec  son  importance  architeclonique 
et  ses  vastes  proportions. 

—  II  a  été  procédé,  le  25  novembre  1902,  à  l'inspection       ggti» 

de  Floriffoux. 

des  emplacements  proposés  pour  l'église  de  Floriffoux,  dont 
la  reconstruction  est  projetée. 

MM.  Boveroulle  etSoreil,  membres  du  Comité  des  corres- 
pondants de  la  province  de  Namur,  assistaient  à  cette 
inspection. 

Il  résulte  de  renseignements  recueillis  sur  place  que 
l'église  actuelle  ne  suffit  plus  aux  nécessités  de  la  population. 
C  est  une  construction  des  plus  médiocres,  érigée  avec  par- 
cimonie; elle  est  d'ailleurs  en  mauvais  état.  Son  agrandisse- 
menlne serait  possiblequ'au  moyen  de  dépenses  importantes  ; 
le  résultat  obtenu  ne  serait  guère  en  rapport  avec  ces  sacri- 
fices financiers. 

Le  seul  parti  à  prendre  parait  être  celui  d'une  reconstruc- 
tion totale. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  indispensable  qu'une  solution 
immédiate  intervienne,  la  situation  actuelle  ne  pouvant  se 
prolonger  plus  longtemps. 

Trois  emplacements  ont  été  préconisés  : 

4°  Celui  de  l'église  actuelle.  Ce  serait,  semble-l-il,  le  plus 


—  346  — 

convenable  s'il  élait  possible  d'y  orienter  l'édifice  en  ajoutant 
à  cet  emplacement  la  parcelle  de  pré  que  M.  de  Dorlodot 
offre  de  céder  gratuitement  pour  agrandir  le  cimetière.  Mais, 
étant  donnée  la  situation  de  ce  terrain,  il  parait  difficile  d'y 
ériger  la  nouvelle  construction  en  l'orientant  ; 

2°  Le  terrain  donné  par  M.  Philippot-Préler.  Cet  empla- 
cement, que  préconise  le  conseil  de  fabrique,  est  très  conve- 
nable. Il  est  situé  à  proximité  de  l'ancienne  église,  du' 
cimetière,  de  la  cure,  de  la  maison  communale  et  de  l'école. 
De  plus,  il  permet  d'orienter  l'église,  ce  qui  constitue  un 
grand  avantage  au  point  de  vue  de  son  éclairage  et  de  sa 
conservation.  Sa  situation  sur  une  hauteur  est  tout  indiquée 
pour  le  nouvel  édifice,  lequel  dominera  ainsi  toute  l'agglo- 
mération et  se  présentera  d'une  façon  très  pittoresque, 
surtout  du  côté  de  la  vallée  de  la  Sambre  ; 

3°  L'emplacement  proposé  par  le  conseil  communal.  Ce 
terrain,  appartenant  à  M.  le  baron  Snoy,  est  situé  près  delà 
ferme  Valentin.  Ainsi  que  le  déclare  M.  l'architecte  provin- 
cial, par  suite  de  son  rapprochement  de  la  Sambre,  il  faut 
tenir  compte  des  crues  d'eau  possibles  et  des  inconvénients 
qui  proviendront  des  brouillards  qui  régnent  souvent  dans 
la  vallée.  D'autre  part,  cet  emplacement  est  trop  éloigné  du 
presbytère;  il  nécessiterait  le  déplacement  de  celui-ci,  donc 
une  nouvelle  dépense  qui  peut  être  évitée.  Il  faut  tenir 
compte  aussi  que  des  travaux  très  importants  seraient  néces- 
saires pour  y  asseoir  l'édifice  et  préserver  la  construction 
des  atteintes  de  l'humidité. 

Gomme  conclusion,  il  y  a  lieu  de  charger  l'architecte, 
auteur  du  projet,  d'examiner  s'il  pourrait  établir  la  nouvelle 
église  à  l'emplacement  de  l'ancienne  en  l'orientant  et  en 


Weter. 


—  347  — 

empiétant,  à  celle  fin,  sur  la  prairie  voisine  offerte  par 
M.  de  Dorlodot.  Si  ce  parti  n'est  pas  réalisable,  il  importera 
de  faire  choix  de  l'emplacement  proposé  par  le  conseil  de 
fabrique,  dans  le  verger  de  M.  Philippot-Préler. 

Les  raisons  invoquées  par  le  conseil  communal  pour 
rejeter  cet  emplacement  ne  sont  pas  sérieuses  :  l'accès  n'y 
sera  d'aucune  difficulté;  il  suffira  d'aménager  convenable- 
ment les  abords  du  nouveau  temple,  ce  dont  le  projet  de 
reconstruction  soumis  devra  tenir  compte. 

—  Il  a  été  procédé,  le  10  décembre  1902,  à  l'inspection    ^{^^ 
de  l'église  de  Saint-André,  à  Attenrode-Wever  (Brabant), 
dont  l'état  de  délabrement  a  été  signalé  par  le  Comité  pro- 
vincial des  correspondants. 

Le  chœur  est  la  partie  la  plus  ancienne  de  l'édifice  ;  il 
parait  remonter  aux  premières  années  du  xvie  siècle.  Ses 
fenètre$  ogivales  à  meneaux  et  réseaux  en  pierre  sont  d'un 
bon  tracé.  Sa  voûte  est  en  bois,  mais  elle  a  été  plafonnée  au 
xixe  siècle. 

La  nef  unique  et  la  tour  datent  vraisemblablement  du 
xvii4  siècle.  Elles  n'offrent  pas  d'intérêt,  sauf  la  flèche  qui 
est  très  élégante. 

La  nef  est  recouverte  par  un  plafond  reposant  sur  des 
poutres. 

L'église  d'Àllenrode  est  insuffisante  pour  les  besoins  de  la 
population;  sa  surface  devrait  être  doublée.  Il  importe 
d'autant  plus  d'en  poursuivre  sans  retard  l'agrandissement, 
que  certaines  de  ses  parties  sont  en  fort  mauvais  élat.  En 
attendant  que  l'on  procède  à  cette  entreprise,  il  serait 
prudent  de  faire  examiner  avec  soin  la  charpente  dont 
les  poutres  sont,  à  ce  qu'il   parait,  entrées  en  décom- 


—  348  — 

position  à  leurs  points  de  contact  avec  les  maçonneries. 

Tenant  compte  de  l'intérêt  qu'offre  le  chœur,  l'agrandis- 
sement devra  s'opérer  vers  l'ouest.  La  qualité  médiocre  des 
briques  employées  aux  parements  de  la  tour  sera  un  obstacle 
à  la  conservation  de  celle-ci.  Mais  il  conviendra  de  donner 
à  la  nouvelle  tour  les  mêmes  proportions  que  celles  de  la 
tour  actuelle  afin  de  pouvoir  remettre  en  œuvre  l'ancienne 
flèche  dont  la  silhouette  est  très  heureuse. 

L'église  possède  une  ancienne  croix  triomphale  accom- 
pagnée des  statues  de  la  Sainte-Vierge  et  de  Saint-Jean. 
Celte  œuvre  d'art  devra  être  conservée  avec  soin  et  remise, 
après  l'agrandissement  de  l'édifice,  à  sa  place  normale. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  visé  : 
£gii«  1°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  restauration 

d6  Cerfoniaine. 

à  l'église  de  Cerfontaine  (Namur);  architecte,  M.  Frère; 
ÉgiiMdAUe.       2°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  d'Aile  (Namur); 
égiuo  de  Beho.      3°  Le  projet  concernant  la  restauration  de  l'église  de  Beho 

(Luxembourg)  et  la  construction  d'une  sacristie  à  cet  édifice; 

architecte,  M.  Cupper; 
M*  de  vedrin.  *  i°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Vedrin  (Namur), 

sous  la  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  des  recommandations 

formulées  par  M.  l'architecte  provincial; 
Église  8°  Le  projet  de  restauration  des  glacis  de  la  tour  de 

logeai.  j.£g|jse  (je   Bjsseghem  (Flandre  occidentale);   architecte, 

M.  Carelte; 
Êgii,e  de  vicnci.     6°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  tour  de  l'église 
de  Vierves  (Namur);  architecte,  M.  Van  Gheluwe; 


—  349  — 

V  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  exécuter  à  ë^c d-Eugie*. 
leglise  d'Eugies  (Hainaut);  architecte,  M.  Dufrasne; 
8°  Le  projet  concernant  des  travaux  de  réparation  à      ËgUie 

de  Moostreux. 

effectuer  à  l'église  de  Monstreux  (Brabant);   architecte, 
H.  Van  Halen  ; 
9*  Le  projet  de  travaux  de  grosses  réparations  à  exécuter      Égu« 

r      *  °  r  de  Moni-Sainte- 

à  l'église  de  Mont-Sainte-Geneviève  (Hainaut)  ;  architecte,    Geneviève. 
H.  Simon; 
10°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de      u**> 

r     *  '  °  dcRamelot. 

Ramelot  (Liège);  architecte,  M.  Feuillat; 
11°  Le  projet  de  travaux  complémentaires  de  restauration      Égiue 

"  de  Nolr*»Dame- 

à  effectuer  à  l'église  de  Notre-Dame-Auxiliatrice,  à  Pâturages   £ pjïïSJS 
(Hainaut);  architecte,  M.  Bodson; 
12°  Le  projet  de  restauration  de  la  toiture  de  la  tour  de      écu» 

1  de  Hermalle- 

leglise  de  Hermalle-sous-Argenteau   (Liège);   architecte,  MU$ Kx^ym- 
M.  Lambrecht; 
13°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Rothem      éjum 

de  Rothem. 

(Limbourg)  ; 
14°   Le  compte  des  travaux  de  restauration  exécutés      Egn« 

.  de  Notre-Dame, 

pendant  le  premier  semestre  de  4902,  à  l'église  de  Notre-     à *■*«■. 
Dame,  à  Anvers. 
—  Le  24  novembre  1898  et  le  6  décembre  1900,  la      Égn.e 

do  Nalinues. 

Commission  a  signalé  l'étal  déplorable  et  dangereux  dans 
lequel  se  trouve  l'église  de  Nalinnes,  faute  d'entretien. 

Depuis  quatre  ans,  cette  triste  situation  n'a  fait  qu'empirer. 

Il  résulte  d'une  nouvelle  inspection  qui  vient  d'être  faite 
de  l'édifice  et  à  laquelle  assistaient  MM.  Cador,  Devillers  et 
Hubert,  membres  du  Comité  des  correspondants  du  Hainaut, 
que  le  danger  d'écroulement  d'une  grande  partie  des  pare- 
ments de  la  tour  est  très  grand.  Ces  parements  se  détachent 


—  350  — 

du  noyau  de  la  maçonnerie  el  des  boursouflures  inquiétantes 
se  remarquent  surtout  vers  l'ouest. 

D'autre  part,  le  vaisseau  est  également  en  très  mauvais 
état.  Les  murs,  principalement  ceux  exposés  au  nord,  sont 
transpercés  par  l'humidité;  les  eaux  pluviales  séjournent  au 
pied  des  maçonneries,  où  il  n'y  a  nul  moyen  d'écoulement. 
Ajoutons  que  les  toitures  sont  délabrés  et  laissent  filtrer  les 
eaux,  comme  on  peut  le  voir  aux  plafonds  ;  les  gouttières 
sont  en  partie  détruites  et  déversent  les  eaux  sur  les  pare- 
ments. 

Si  l'on  ne  prend  pas  de  promptes  mesures  pour  remédier 
à  cette  situation  déplorable,  situation  que  l'on  ne  rencon- 
trerait même  pas  dans  les  plus  pauvres  localités  de  notre 
pays,  non  seulement  il  arrivera  des  accidents  regrettables, 
mais  l'église  deviendra  inhabitable  tant  elle  est  humide  et 
malsaine.  Cette  dernière-  éventualité  s'est  déjà  réalisée  pour 
ce  qui  concerne  la  sacristie,  de  laquelle  on  a  dû  évacuer  les 
objets  principaux  servant  au  culte. 

L'administration  communale  ne  semble  pas  se  rendre 
compte  de  la  responsabilité  grave  qu'elle  encoure  en  mainte- 
nant une  situation  semblable  C'est  ainsi  qu'elle  a  fait  naguère 
placer  un  grillage  pour  fermer  l'entrée  de  l'ancien  cimetière 
et  empêcher  la  circulation  du  côté  menacé  de  la  tour  avec 
une  inscription  :  «  Fermé  pour  cause  de  danger  public  ou 
sûreté  » .  Ce  grillage  est  déplacé  et  l'inscription  est  réléguée 
dans  un  coin. 

Il  y  a  lieu  d'inviter  une  nouvelle  fois  les  autorités  locales 
à  s'entendre  d'urgence  pour  soumettre  aux  pouvoirs  publics 
des  propositions  en  vue  de  remédier  à  un  état  de  choses  qui 
peut,  d'un  jour  à  l'autre,  compromettre  et  la  sécurité  publique 


—  351  — 

et  un  édifice  très  intéressant  qui  figure  dans- la  troisième 
classe  des  mouuments  du  culte. 

Les  travaux  les  plus  urgents  à  entreprendre  sont  les 
suivants  : 

1°  Restaurer  les  parements  extérieurs  des  murs,  surtout 
ceux  de  la  tour  ; 

2°  Vérifier  l'appui  de  la  flèche,  laquelle  s'incline  vers 
l'ouest  ; 

3°  Réparer  les  toitures  ; 

4°  Établir  partout  des  chéneaux  aux  toitures  avec  tuyaux 
de  descente,  égouts  et  aqueducs  souterrains  ainsi  que  des 
trottoirs  sur  tout  le  pourtour  de  la  construction  ; 

5°  Enlever  le  plâtrage  intérieur  des  murs,  restaurer 
ceux-ci  et  les  récrépir  au  moyen  d'un  bon  mortier. 

—  Il  a  été  procédé,  le  4  décembre  1902,  à  l'examen  detoiMd-Huuèn. 

par-delfe. 

Tare  triomphal  de  l'église  d'Hastière-par-delà,  dont  le  mau- 
vais état  avait  été  signalé. 

MM.  le  baron  del  Marmol,  Boveroulle  et  Dardenne,  mem- 
bres du  Comité  des  correspondants  de  la  province  de 
Namur,  assistaient  à  cet  examen. 

On  remarque,  en  effet,  dans  ledit  arc,  plusieurs  lézardes 
assez  sérieuses,  mais  son  état  ne  parait  pas  inquiétant  au 
point  qu'il  faille  le  démolir  et  le  reconstruire.  Il  suffira  de 
faire  des  coulées  de  ciment  dans  les  crevasses  et  aux  endroits 
où  les  joints  sont  ouverts  entre  les  claveaux.  II  est  à  remar- 
quer, d'ailleurs,  que  cet  arc  ne  porte  aucune  charge,  le 
pignon  qui  le  surmontait  ayant  été  démoli  naguère  par 
mesure  de  précaution. 

Il  serait  d'autant  plus  regrettable  de  devoir  reconstruire 
l'arc  précité,  qu'il  porte  des  restes  de  peinture  murale  qui 


—  352  — 

paraissent  (rès  anciens  et  que,  par  conséquent,  il  y  a  intérêt 
à  conserver. 

L'arc  opposé  dans  le  transept,  à  rentrée  de  la  haute-nef, 
offre  également  plusieurs  lézardes  ;  il  y  aura  lieu  d'y  faire  la 
même  opération  qu'à  l'arc  triomphal. 

Le  projet  relatif  à  la  construction  d'une  sacristie  et  à  l'éta- 
blissement d'un  trottoir  autour  de  l'église  est  à  l'étude;  il 
sera  soumis,  à  bref  délai,  à  l'avis  des  autorités  compé- 
tentes. 

Par  suite  de  l'existence  à  l'entrée  du  vaste  chœur  de  l'église 
d'Hastière-par-delà  de  la  crypte  restée  ouverle,  les  fidèles, 
placés  dans  la  nef,  se  trouvent  à  une  très  grande  distance 
du  maitre-autel  établi  au  fond  de  l'abside.  M.  le  curé  de  la 
paroisse  a  émis  l'idée  de  placer  un  petit  autel,  composé  d'une 
simple  table,  dans  le  transept,  en  avant  de  l'ouverture  de  la 
crypte.  Cet  autel  servirait  dans  les  cas  ordinaires  pour  les 
offices,  tandis  que  le  maitre-autel  serait  réservé  pour  les 
solennités.  Il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  ce  que  celle  propo- 
sition soit  adoptée. 
Égiu«  —  Il  a  été  procédé,  le  <0  novembre  1904,  à  l'inspection 

d'AUombcrg. 

de  l'église  d'Alsembcrg,  pour  l'achèvement  de  la  restauration 
et  de  l'ameublement  de  laquelle  un  projet  complet  est 
présenté. 

M.  Dumortier,  membre  du  Comité  des  correspondants  du 
Brabant,  assistait  à  cette  inspection. 
La  dépense  totale  des  travaux  prévus  s'élèveà  fr.  148,139-63 
Ce  chiffre  n'est  pas  en  rapport  avec  les  ressources  locales. 
Par  conséquent,  il  y  a  lieu,  semble-t-il,  d'extraire  du  devis 
une  série  d'ouvrages  comprenant  les  travaux  de  restauration 
qui  sont  considérés  comme  les  plus  urgents,  sur  l'exécution 


—  355  — 

desquels  il  n'y  a  rien  d'hypothétique  et  ceux  comportant  les 
objets  mobiliers  strictement  indispensables  pour  l'exercice 
régulier  du  culte.  Ce  parti  est  d'autant  plus  à  conseiller 
que  les  travaux  de  restauration  de  cette  belle  église 
offrent,  en  certains  points,  des  difficultés  sérieuses  pour 
la  solution  desquelles  une  étude  plus  approfondie  est  indis- 
pensable. 

Il  est  entendu  que  cette  série  d'ouvrages  comprendra  ceux 
repris  aux  paragraphes  2°  et  3°  du  rapport  du  13  juin  1900 
(voir  Bulletin,  page  155),  ayant  trait  à  la  restauration  de  la 
chapelle  nord  latérale  au  chœur  et  au  grand  arc  sous  la 
tour. 

Tous  les  parements  intérieurs  en  pierre  peuvent  rester 
apparents;  on  rétablira  en  pierre  les  parties  détruites  de  ces 
parements  et  on  pourra  compléter,  aussi  en  pierre,  les  petites 
parties  qui  ont  été  refaites  autrefois  en  briques.  Mais  il  y  a 
lieu  de  crépir  tous  les  parements  en  briques  ainsi  que  les 
panneaux  des  voûtes.  S'il  reste  encore  des  parties  de  pare- 
ments en  pierre  à  décrépir,  on  devra  avoir  soin  de  ne  pas 
ouvrir  les  joints  comme  on  l'a  fait,  à  tort,  aux  parements 
déjà  décrépits.  Tous  les  joints  en  bon  état  devront  être 
respectés. 

Pour  le  rejointoyage  des  parements  en  pierre,  on  peut 
adopter  le  système  échantillonné  dans  la  première  travée 
de  la  haute-nef  près  de  la  tour,  où  les  joints  sont  parfaitement 
visibles.  Le  mortier  à  employer  sera  le  mortier  blanc  ordi- 
naire non  teinté. 

La  restauration  intérieure  du  chœur  offre  surtout  des 
difficultés  à  cause  de  remaniements  qui  y  ont  été  opérés.  Il 
sera  indispensable,  avant  tout,  d'y  faire  des  sondages  pour 


—  384  — 

rechercher  la  situation  primitive,  notamment  aux  cordons 
sous  les  fenêtres  et  aux  arcatures. 

Quant  à  l'extrémité  de  la  basse-nef  sud,  vers  le  chœur, 
où  l'on  suppose  qu'il  a  existé  une  tribune,  il  convient  de 
maintenir  strictement  la  situation  actuelle,  de  conserver  avec 
soin  toutes  les  amorces  et  autres  vestiges  mis  à  découvert; 
on  pourra  toutefois  enduire  lès  parties  de  parements  qui  sont 
en  briques. 

Le  rétablissement  de  cette  tribune  ne  serait  possible  qu'en 
faisant  disparaître  la  belle  grille  en  fer  forgé  qui  clôture  celte 
partie  du  temple  et  en  mutilant  la  verrière  latérale,  don  de 
l'ancien  curé  Mariën. 

Le  cordon  qui  régnait  sous  les  fenêtres  de  la  haute-nef 
a  été  détruit;  on  pourra  le  rétablir,  mais  on  recherchera 
quel  était  son  profil  primitif;  le  fragment  de  cordon  rétabli 
sous  l'une  des  fenêtres  parait  trop  volumineux  et  trop 
saillant. 

Des  traces  de  peinture  se  remarquent  sur  les  colonnes  de 
la  nef;  ces  vestiges  semblent  démontrer  qu'il  y  avait  là  des 
figures  isolées,  probablement  les  figures  des  Apôtres.  Il 
conviendra  d'étudier  le  moyen  de  les  rétablir,  lorsque  les 
ressources  le  permettront.  Il  conviendra  aussi  de  conserver 
soigneusement  tous  les  restes  de  polychromie  trouvés  dans 
l'église. 
Egii*  —  Le  projet  soumis  en  vue  de  la  restauration  du  portail 

âuege.    'de  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Liège,  a  fait  l'objet  d'an 
examen,  sur  place,  le  24  novembre  1902. 

MM.  Renier,  Lohest,  Bormans,  Schoolmeeslers,  Drion  et 
Jamar,  membres  du  Comité  provincial  des  correspondants, 
assistaient  à  cet  examen. 


—  358  — 

Il  n'est  pas  douteux  que  le  portail  est  une  œuvre  de  mérite 
contestable,  conçue  dans  le  style  de  la  renaissance  par  Lam- 
bert Lombard,  plutôt  peintre  qu'architecte. 

II  est  certain  que  ce  portail  a  été  accolé  au  porche  de 
l'église.  Peut-être  même  a-t-il  été  substitué  à  un  portail 
ancien  du  style  gothique  de  la  dernière  époque  auquel 
appartient  la  majeure  partie  de  l'église. 

A  ce  point  de  vue,  l'établissement  de  ce  portail  constitue 
une  erreur  de  l'artiste,  improvisé  architecte,  un  sacrifice 
irrationnel  qu'il  a  fait  à  l'influence  italienne. 

On  ne  peut  le  contester  non  plus  :  la  restauration  ne 
pourra  s'effectuer  sans  que  l'ouvrage  soit  en  grande  partie 
démoli,  sans  qu'il  perde  beaucoup  aux  yeux  des  amateurs 
exclusifs  du  pittoresque. 

Suit-il  de  ce  qui  précède  qu'il  faille  démolir  le  portail 
renaissance  de  Saint-Jacques  et  le  remiser  tel  quel  dans 
quelque  musée?  N'y  a-t-il  pas  à  côté  des  considérations 
architecturales,  artistiques  et  pittoresques,  l'histoire  de 
l'illustre  et  splendide  église  de  Saint-Jacques?  Elle  est  écrite, 
en  traits  ineffaçables,  dans  le  sévère  narthex  roman  ;  dans 
les  richesses  sculpturales  des  nefs,  des  chapelles,  des 
tribunes  scabinales;  dans  l'harmonie  délicate  des  grandes 
lignes  et  des  détails  du  jubé  et  du  buffet  d'orgue;  dans  les 
arcs  ogivaux  du  porche  nord  appuyés  sur  des  culs-de-lampe 
de  pure  renaissance;  enfin,  dans  le  portail  où  les  plans  de 
Lambert  Lombard,  abandonnant  totalement  le  style  de 
l'édifice,  ont  ouvert  celui-ci  au  public  de  la  fin  du  xvie  siècle 
par  une  entrée  décorée  en  pierre  à  l'aide  de  motifs  empruntés 
à  l'artistique  ébénisterie  liégeoise  de  l'époque. 

La  Commission  tient  compte  de  l'histoire  des  monu- 


—  556  — 

ments;  elle  a  le  devoir  de  s'en  préoccuper  pour  l'exercice 
de  sa  mission.  Elle  remarque  que,  d'après  les  plans  de 
l'architecte  et  suivant  le  désir  de  la  ville  de  Liège  il  s'agit 
de  restaurer  le  portail  et  non  point  de  le  reconstruire. 
Elle  estime,  dès  lors,  que  ledit  projet  de  restauration  peut 
èlre  admis. 

II  est  indispensable  toutefois  que,  dans  l'exécution,  on 
se  borne  à  renouveler  les  pierres  qui  sont  absolument 
hors  d'état  d'être  maintenues  en  place.  On  doit  éviter, 
à  tout  prix,  que  la  restauration  n'aboutisse  à  une  recon- 
struction. 

Avant  tout,  il  convient  de  faire  exécuter  des  photographies 
à  grande  échelle  des  diverses  parties  du  portail.  Ensuite,  il 
faudra  prendre  des  moulages  nombreux,  même  des  parties 
frustes,  à  titre  de  renseignements  et  de  guides  ainsi  que 
pour  le  contrôle  des  travaux. 

Il  est  incontestable  que  le  succès  de  l'entreprise  dépendra 
du  choix  du  sculpteur. 

Une  des  principales  causes  qui  ont  amené  la  dégradation 
extrême  du  monument,  c'est  la  qualité  médiocre  de  la  pierre 
employée.  Il  importera  de  l'extraire  des  bancs  connus 
comme  fournissant  de  la  pierre  non  gélive  et  tout  à  fait 
saine.  Il  importera  tout  autant  de  faire  surveiller  l'extraction, 
sur  place,  par  un  agent  très  expert. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  le  portail  a  été  polychrome  à 
l'extérieur;  des  traces  de  couleur  en  font  foi.  Il  y  aura  donc 
lieu,  avant  de  mettre  la  main  à  l'œuvre,  de  relever  avec  soin 
et  de  bien  étudier  les  traces  de  polychromie  et  de  dorure, 
pour  qu'on  puisse  rétablir  la  décoration  après  la  restauration 
de  la  partie  architecturale. 


—  357  — 

Il  est  visible  que  la  base  du  portail  est  enterrée  ;  il  impor- 
tera de  ramener  le  sol  à  son  niveau  primitif  en  abaissant  le 
pavage  de  la  place  en  pente  douce  vers  le  monument.  Il 
faudra  aussi  réduire  la  courbe  du  terre-plein  qui  réunit  le 
portail  à  la  tour  de  l'église. 

La  Commission  exprime  le  vœu  que  les  travaux  du  portail 
de  Saint-Jacques  soient  l'objet,  dans  leur  ensemble,  dune 
surveillance  spéciale  émanant  d'un  Comité  local  dont  ferait 
partie  l'architecte  et  où  les  diverses  autorités  seraient  repré- 
sentées :  le  conseil  communal,  le  Comité  provincial  des 
correspondants  de  la  Commission  royale,  le  conseil  de 
fabrique.  Tous  les  doutes  que  suggérerait  l'exécution  du 
travail  délicat  confié  à  M.  l'architecte  Léonard  pourraient 
ainsi  être  examinés  avec  soin  et  soumis  au  jugement  de  la 
Commission  royale  elle-même.  On  signalera  dès  à  présent 
comme  pouvant  être  soumises  en  premier  ressort  à  l'avis  de 
la  susdite  Commission  locale  deux  questions  :  le  renouvelle- 
ment ou  non  du  médaillon  central  et  le  remplissage  des 
niches  vides  par  de  nouvelles  statues. 

Le  Collège  croit  devoir  subordonner  le  présent  avis  à  la 
réserve  suivante  :  si  l'on  venait,  au  cours  des  travaux,  à  faire 
des  découvertes  plus  importantes  encore  que  celles  auxquelles 
s'attend  la  Commission,  découvertes  établissant  les  grandes 
lignes  d'un  ancien  portail  gothique,  toute  la  question  devrait 
être  soumise  de  nouveau  à  ses  délibérations. 

En  ce  qui  concerne  le  projet  d'exhaussement  de  la 
chapelle  latérale  nord  ou  plutôt  de  son  achèvement,  comme 
il  s'agit  de  faire  ici  la  même  opération  que  celle  effectuée,  il 
y  a  quelques  années,  à  la  chapelle  sud,  il  n'y  a  aucun  incon- 
vénient à  ce  que  le  travail  projeté  soit  autorisé. 


—  358  — 

En  somme,  le  devis  présenté,  au  montant  de  fr.  40,715-13, 
comprend,  en  totalité,  des  travaux  urgents  et  nécessaires 
susceptibles  d'être  subsidiés  sur  les  crédits  des  Beaux- Arts. 

I*  Secrétaire, 
A.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'art.  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Gh.  Lagasse-de  Locht. 


NÉCROLOGIE 


La  mort  vient  de  creuser  un  nouveau  vide  au 
sein  de  la  Commission  royale  des  monuments. 


M.  Jean-André-Alfred  CLUYSENÂAR 


ARTISTE  PEINTRE 


Membre  de  la  dite  Commission 


est  décédé  à  'Bruxelles  le  23  novembre  iço2. 


^^^^^0»0w^^^^^^»#»*%*»^^^ 


De  nombreux  discours  ont  été  lus  à  la  maison 
mortuaire  le  jour  des  funérailles.  Nous  repro- 
duisons celui  prononcé,  au  nom  de  la  Commission 
royale  des  monuments,  par  M.  Jules  Helbig, 
Vice-Président  de  ce  Collège. 


360  — 


«  Messieurs, 

»  C'est  au  nom  de  mes  collègues,  membres  de  la 
Commission  royale  des  monuments,  que  j'accomplis  le 
douloureux  devoir  de  déposer  auprès  de  la  dépouille 
mortelle  d'Alfred  Cluysenaar,  l'expression  de  regrets  pro- 
fondément sentis  et  l'hommage  d'affectueux  souvenirs. 

»  Alfred  Cluysenaar,  par  ordre  de  date,  était  le  dernier 
membre  entré  dans  notre  Collège.  L'arrêté  royal  qui  porie 
sa  nomination  est  daté  du  30  mai  1901.  Il  venait  remplacer 
Albrecht  De  Vriendt,  enlevé  si  prématurément  à  l'art  belge, 
à  l'utile  coopération  qu'il  nous  apportait  et,  j'ose  le  dire,  à 
l'amitié  de  ses  collègues. 

>  Nous  fumes  heureux  de  le  voir  remplacer  si  dignement. 

»  Alfred  Cluysenaar,  peintre  d'histoire,  venait  pour  ainsi 
dire  reprendre  au  milieu  de  nous,  le  siège  occupé  autrefois 
pendant  de  longues  années  par  son  digne  père,  l'architecte 
Cluysenaar,  le  constructeur  des  galeries  Saint-Hubert  de 
Bruxelles. 

»  Son  fils,  artiste  de  race,  naturellement  désigné  au  choix 
du  Gouvernement  par  la  haute  situation  qu'il  avait  conquise 
dans  l'École  de  peinture  contemporaine  et  la  tendance  élevée 
qui  caractérisait  son  talent,  successeur  de  son  père  à  la 
Commission  royale  des  monuments,  on  pouvait  dire  de  lui 
qu'il  y  entrait  «  par  droit  de  conquête  et  par  droit  de 
»  naissance  » . 

»  11  y  sut  bientôt  gagner  toutes  les  sympathies  de  ses 
nouveaux  collègues  par  la  nature  courtoise  et  aimable  de 


—  361  — 

ses  relations,  la  droiture  de  son  jugement,  par  l'autorité 
qu'il  ne  tarda  pas  à  acquérir  dans  l'examen  de  toutes  les 
questions  où  la  peinture  et  l'art  monumental  étaient  en  jeu 
et  enfin  par  le  concours  précieux  qu'il  apportait  à  notre 
Collège  dans  l'inspection  des  monuments,  toutes  les  fois  que 
sa  santé  déjà  ébranlée,  lui  permettait  d'y  prendre  part. 

»  Cependant  cet  état  de  santé,  qui  ne  l'éloignait  que 
rarement  de  nos  séances,  ne  semblait  pas  devoir  inspirer  de 
sérieuses  inquiétudes  et,  assez  récemment  surtout,  la  guéri- 
son  semblait  assurée,  sa  constitution  paraissait  avoir  triomphé 
des  indispositions  que  l'on  s'était  habitué  à  regarder  comme 
passagères. 

»  Aussi  espérions- nous  conserver  longtemps  parmi  nous 
an  collaborateur  dévoué,  assidu  et  affectueux  lorsque  la 
divine  Providence  en  décida  autrement  :  ce  fut  pour  ses 
collègues  un  coup  aussi  douloureux  qu'inattendu  lorsqu'ils 
apprirent  que  la  mort,  l'implacable  mort,  venait  de  le 
frapper  au  milieu  des  siens,  mettant  un  terme  prématuré  à 
ses  travaux,  à  ses  projets  d'avenir,  à  ses  espérances! 

»  Je  viens  de  rappeler  en  peu  de  mots  ce  que  fut 
Cluysenaar  au  sein  de  la  Commission  royale  des  monuments, 
le  vide  et  les  regrets  qu'il  y  laisse. 

i  Je  ne  sais  si  c'est  à  moi  et  si  c'est  le  moment  aussi  de 
rappeler  la  place  qu'il  a  conquise  dans  l'École  de  peinture 
belge.  Les  monuments  et  plusieurs  musées  du  pays  et  de 
l'étranger  possèdent  ses  titres  de  gloire.  Les  panneaux  de 
l'Université  de  Gand  et  le  musée  royal  de  Bruxelles  conser- 
veront pendant  des  siècles,  je  l'espère,  plusieurs  des  œuvres 


—  362  — 

les  plus  marquantes  du  peintre.  Eu  ce  moment  les  journaux 
de  toutes  nuances  rappellent  avec  des  éloges  mérités,  bon 
nombre  de  travaux  qui  marquent  pour  ainsi  dire  les  étapes 
de  la  carrière  de  l'artiste.  Je  crois  seulement  devoir  insister 
sur  ses  qualités  de  portraitiste.  Un  assez  grand  nombre  de 
familles  haut  placées  conservent  des  portraits  dus  à  son 
pinceau,  et  parmi  ceux-ci  il  en  est  d'excellents. 

>  Gomme  la  plupart  des  maîtres,  Gluysenaar  s'est  cru 
appelé  à  l'apostolat  de  l'enseignement.  Son  atelier,  déjà, 
était  une  sorte  d'école.  Détail  professeur  à  l'Institut  supérieur 
des  Beaux-Arts  d'Anvers,  où  il  enseignait  la  peinture  déco* 
rative  monumentale,  et  c'était  là  un  cours  qui  convenait 
parfaitement  à  la  direction  de  son  esprit.  Il  était  Directeur 
de  l'Académie  de  Saint-Gilles,  où  son  enseignement  produisit 
bientôt  des  résultats  remarquables. 

»  Ses  succès  comme  artiste  et  comme  professeur  reçurent 
la  consécration  méritée  des  distinctions  les  plus  hautes  et 
les  plus  flatteuses.  En  1895,  il  fut  élu  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique. 

»  Mais,  dans  la  carrière  de  ce  laborieux,  il  est  un  point 
qui  semble  commander  tout  particulièrement  le  respect  de 
tous  ceux  qui  font  connu  et  qui  ont  suivi  ses  travaux.  C'est 
le  respect  qu'il  avait  lui-même  pour  son  art  et  les  convictions 
auxquelles  il  est  resté  fidèle.  C'est  la  dignité  de  sa  vie 
d'artiste. 

»  Il  se  croyait,  et  non  sans  raison,  appelé  à  continuer  les 
grands  maîtres  que  dans  les  années  radieuses  de  sa  jeunesse 
il  avait  admirés  à  Paris,  en  Italie,  en  Allemagne  et  notam- 
ment dans  un  séjour  prolongé  à  Rome.  Les  visions  du  grand 
art,  de  l'art  monumental  le  poursuivaient;  son  imagination 


—  363  — 

était  hantée  par  les  grandes  scènes  de  l'histoire  et  de  la 
Bible  :  les  cavaliers  destructeurs  de  l'Apocalypse  était  un 
sujet  qu'il  aimait  d'une  véritable  prédilection,  parce  que 
c'était  là  une  scène  qui  lui  permettait  en  quelque  sorte 
d'entrer  en  lutte  avec  les  artistes  penseurs  comme  Albert 
Durer  et  Cornélius.  C'était  avec  les  maîtres  de  cette  taille 
qu'il  aurait  aimé  à  vivre  et  à  se  mesurer... 

»  Mais  hélas,  à  notre  époque  où  la  peinture  semble  se 
transformer  en  peu  d'années,  où  souvent,  affaire  d'engoue- 
ment et  de  mode»  elle  prend  les  allures  les  plus  étranges  et 
les  plus  déconcertantes  et  où  il  se  trouve  même  un  public 
pour  accepter  toutes  les  tentatives  et  toutes  les  nouveautés, 
des  hommes  de  la  nature  de  Cluysenaar  sont  vite,  sinon 
dépassés,  du  moins  délaissés  et  demeurent  dans  une  sorte 
d'isolement.  Peu  disposés  à  courir  après  les  succès  du  jour, 
au  moyen  de  concessions  et  de  transformations  que  leur 
conscience  d'artiste  désapprouve,  ils  demeurent  en  quelque 
sorte  victimes  de  la  fidélité  à  leurs  convictions.  J'admire  trop 
les  hommes  de  cette  trempe  pour  songer  à  les  plaindre  et 
lorsque  la  mort  vient  couronner  leur  carrière  en  leur 
imposant  le  repos  de  la  tombe,  je  m'incline  respectueusement 
et  je  crois  voir  celte  tombe  entourée  d'une  sorte  de  rayonne- 
ment. Je  m'imagine  que  ces  âmes  d'artiste  qui  n'ont  pu 
donner  un  corps  à  leurs  plus  beaux  rêves,  en  verront  la 
réalisation  dans  cette  autre  vie  à  laquelle  je  crois  et  que  la 
foi  que  je  professe  me  permet  d'espérer  pour  leur  âme  !  » 


RAPPORT 

sur  les  travaux  de  la  section  artistique  de  la 
commission  royale  des  échanges  internationaux  pendant 
l'année  1900. 

Les  résultais  donnés  par  les  voyages  de  recherche,  en 
Belgique,   d'objets  d'art  dignes  d'être  reproduits  par  le 

m 

moulage,  nous  ont  encouragés  à  continuer  ce  système 
d'investigations;  elles  ont  été  particulièrement  nombreuses 
en  1900  et  non  moins  fructueuses  que  pendant  les  deux 
années  précédentes. 

Presque  tous  les  monuments  et  objets  d'art  examinés  ont 
été  photographiés;  nous  avons  reconnu  l'opportunité  de 
faire  mouler  un  certain  nombre  d'entre  eux,  tant  pour  com- 
pléter les  collections  exposées  dans  notre  musée  que  pour 
fournir  de  nouveaux  aliments  au  service  des  Échanges  inter- 
nationaux; pour  d'autres,  d'un  intérêt  secondaire,  il  nous  a 
paru  que  la  photographie  suffisait  à  les  représenter  dans  nos 
collections. 

L'un  des  plus  importants  de  ces  monuments  est  le  jubé  de      Lierre. 
l'église  Saint-Gommaire,  à  Lierre. 

Contemporain  de  ceux  de  Dixmude  et  de  Notre-Dame  de 
Walcourt,  il  est  conçu,  comme  eux,  dans  ce  style  issu  du 
gothique,  contourné,  fouillé,  ouvragé  au  delà  de  toute 
description,  qui  fut  en  usage  pendant  la  première  moitié  du 
xvr  siècle. 


—  366  — 

Il  nous  parait  indispensable  d'exposer  un  monument  de 
ce  genre  :  placé  en  regard  de  la  cheminée  du  Franc  de 
Bruges  et  du  portail  de  la  salle  échevinale  d'Àudenarde,  qui 
datent  de  la  même  époque,  il  démontrerait  éloquemment  la 
lutte  de  l'esprit  national  contre  l'influence  étrangère;  les 
éléments  gothiques  y  abondent  :  les  supports  du  jubé  de 
Lierre,  comme  ceux  du  jubé  de  Dixmude,  sont  eucore  des 
groupes  de  colonnetles  cylindriques,  mais  les  chapiteaux 
sont  d'un  modèle  nouveau;  plusieurs  petits  pinacles  se 
réunissent  pour  former  le  dais  d'une  statuette;  l'arc  ogive  y 
est  encore,  mais  déformé;  les  moulures  se  relèvent  en 
pointes  d'accolades,  dessinent  des  courbes  et  des  contre- 
courbes  variées,  surchargées  d'une  multitude  d  ornements 
végétaux  dont  l'exécution  étonne  l'œil  ;  la  recherche  visible 
d'originalité  dans  cette  riche  décoration  dénote  l'effort 
opiniâtre  de  l'artiste  s'obstinant  à  rajeunir  un  style  épuisé, 
tandis  que  Lancelot  Blondeel  et  les  exécuteurs  de  ses  plans 
laissent  dans  son  repos  l'art  de  l'autre  siècle  et  tendent  les 
bras  aux  nouveautés  fastueuses  que  leur  apporte  l'art  plate- 
resque. 

La  comparaison  de  ces  deux  monuments  serait,  nous  le 
répétons,  d'un  enseignement  profond,  et  cette  considération 
nous  a  fait  inscrire  le  moulage  du  jubé  de  Lierre  sur  la  liste 
de  nos  principaux  desiderata,  malgré  la  dépense  élevée  que 
doit  entraîner  son  exécution. 

Die*.  Une  autre  dépense  assez  forte,  mais  qui  ne  nous  parait 

pas  moins  justifiée,  devra  être  faite  pour  le  moulage  de 
quelques  stalles  de  l'église  Saint-Sulpice,  à  Diest. 


—  367  — 

Cette  église  en  possède  vingt-qualre,  datant  de  la  (in  de 
la  période  ogivale;  presque  toutes  ont  des  miséricordes  d'un 
haut  pittoresque. 

Notre  musée  possède  deux  ensembles  de  stalles  :  celles 
de  Vilvorde,  du  xvna  siècle,  et  celles  de  Dordrecht,  du  xvia  ; 
nous  proposons  d'y  ajouter,  pour  représenter  ce  genre  de 
meuble  au  xve  siècle,  un  groupe  de  quatre  stalles  de  Saint- 
Sulpice.  Il  nous  parait  presque  inutile  d'insister  sur  l'oppor- 
tunité de  montrer  ainsi  des  séries  de  meubles  d'églises  de 
différentes  époques  et  sur  la  grande  utilité  des  renseigne- 
ments que  des  collections  de  cette  nature  peuvent  fournir 
aux  architectes  chargés  de  dresser  des  plans  d'ameublement 
des  édifices  du  culte. 

A  l'extérieur  de  la  même  église,  il  y  aurait  à  prendre 
certaines  statues,  notamment  un  beau  Saint-Denis,  et 
plusieurs  gargouilles;  signalons  en  passant  que  la  gargouille 
de  i  la  Recevresse  »  d'Aviothest  le  seul  spécimen  que  nous 
possédions  jusqu'à  présent  de  ce  détail  d'architecture  dont 
les  artistes  du  moyen  âge  ont  tiré  si  grand  parti. 

La  c  Porte  du  Béguinage  » ,  dans  la  même  ville,  est  loin 
d'être  dénuée  d'intérêt  :  elle  se  compose  d'une  voûte  en 
anse  de  panier,  entre  deux  colonnes  doriques;  l'entable- 
ment, légèrement  cintré  au-dessus  de  la  clef  de  voûte, 
supporte  un  motif  décoratif  composé  d'une  niche  à  plein 
cintre  reliée  par  une  sorte  d'attique  courbe  à  une  spirale  qui 
surmonte  chaque  colonne  ;  sur  chaque  spirale  est  posé  un 
vase;  la  niche  est  couronnée  et  accostée  de  guirlandes  de 
fleurs  et  contient  une  grande  statue  de  la  Vierge. 

L'église  du  Béguinage  possède  quelques  sculptures  inté- 
ressantes, entre  autres  une  figure  assise  de  Sainte-Anne, 


-r  368  — 

polychromée,  et  une  fort  belle  Vierge  du  xiv*  siècle  en 
marbre  blanc,  avec  le  bord  des  vêtements  doré.  Celte  figure 
rappelle  celle  de  Notre-Dame  d'Anvers,  dont  nous  avons  le 
moulage;  il  serait  intéressant  de  la  reproduire  et  de  juxta- 
poser ces  deux  œuvres. 

Nous  croyons,  bien  que  cela  sorte  des  attributions  de 
notre  Comité,  devoir  attirer  l'attention  de  l'Autorité  supé- 
rieure sur  l'étal  déplorable  dans  lequel  se  trouve  l'église  du 
Béguinage  :  les  toitures  sont  percées  en  maint  endroit,  la 
pluie  a  pourri  les  plafonds  et  tombe  dans  l'église.  Les  hôtes 
du  lieu  sont,  parait-il,  dénués  de  toutes  ressources;  nous 
pensons  qu'une  intervention  des  pouvoirs  publics  s1  impose 
ici;  en  tous  cas,  nous  signalons  le  fait  à  nos  honorables 
collègues  de  la  Commission  royale  des  monuments. 

Noirhu.  Nous  leur  signalons  aussi,  bien  que  sans  le  moindre 
espoir  d'y  voir  porter  remède,  l'état  dans  lequel  on  laisse 
tomber  le  château  de  La  Motte,  à  Noirhat. 

C'est  avec  autant  d'indignation  que  de  pitié  que  l'on 
contemple  l'œuvre  de  destruction  qu'on  a  laissée  s'accomplir 
là  sans  vouloir  faire  le  moindre  effort  sérieux  pour  l'enrayer; 
—  car  on  ne  peut  considérer  comme  sérieux  moyens  d'en- 
tretien quelques  bouts  de  planches  clôturant  plus  ou  moins 
certaines  fenêtres,  quelques  tuyaux  de  zinc  placés  aux 
gouttières,  quelques  réfections  exécutées  à  la  toiture,  —  le 
tout  beaucoup  trop  tard,  alors  que  l'intérieur  était  déjà 
totalement  dévasté  par  les  eaux  pluviales. 

Cette  jolie  demeure  Louis  XV,  qui  eût  pu  être  restaurée 
ou  tout  au  moins  conservée  il  y  a  vingt  ans,  ne  sera  bientôt 


—  369  — 

plus  qu'un  monceau  de  ruines  informes.  Les  murs  lézardés 
s'inclinent  de  (ouïes  parts;  leur  chute  est  imminente.  Si 
encore  ces  ruines  étaient  vides!  Mais  non  :  il  y  a  là  des 
détails  artistiques  délicieux,  des  documents  précieux  pour 
l'exposé  de  l'art  de  la  sculpture  sur  bois  et  de  la  ferron- 
nerie. Outre  un  terme  d'escalier  dont  nous  avons  obtenu, 
—  grâce  à  une  haute  intervention,  —  l'autorisation  de 
prendre  le  moulage,  il  existe  toute  une  série  de  portes 
décorées  de  ces  ravissantes  guirlandes  de  fleurs  dont  les 
artistes  contemporains  de  Louis  XV  savaient  parsemer  les 
boiseries  diverses,  avec  autant  de  grâce  que  de  variété. 

Les  panneaux  supérieurs  des  vantaux  de  la  porte  princi- 
pale ont  de  fort  jolies  sculptures  ;  les  panneaux  inférieurs 
ont  été  rabotés  par  les  essieux  des  chariots,  car  le  vestibule 
d'honneur  a  servi  de  hangar  au  fermier  voisin  ! 

Aux  fenêtres,  de  charmantes  grilles  sont  rongées  par  la 
rouille;  un  autre  grillage  non  moins  intéressant  clôture  le 
chœur  de  la  petite  chapelle  ;  dans  celle-ci,  la  tribune  fermée, 
du  premier  étage  de  laquelle  les  châtelains  entendaient  la 
messe,  existe  encore  entière;  si  le  propriétaire  voulait 
consentir  à  la  laisser  enlever,  elle  pourrait  devenir  l'une  des 
pièces  les  plus  intéressantes  de  la  Section  des  anciennes 
industries  d'art  de  nos  musées. 

Dans  les  jardins  enfin,  un  reste  de  statue  à  peu  près 
informe,  dans  lequel  on  peut  encore  reconnaître  une  Léda, 
semble  prouver  que  l'on  ne  s'est  pas  plus  soucié  des  œuvres 
d'art  proprement  dites  que  de  la  décoration  artistique  du 
château. 

Il  est  temps  encore  de  sauver  quelques  pièces  :  cinq  ou 
six  portes,  la  tribune  et  certains  des  ouvrages  de  ferronnerie 


—  570  — 


cités  plus  haut;  mais  il  importe  de  s'aboucher  sans  retard 
avec  le  propriétaire,  car  l'état  du  bâtiment  ne  permettra 
bientôt  plus  de  s'en  approcher. 


« 


oHfeyiiuem.  M.  le  Baron  van  den  Bossche  a  bien  voulu  nous  autoriser 
à  photographier  les  deux  termes  monumentaux,  en  style 
Louis  XV,  de  l'escalier  d'honneur  de  son  château  de 
Heylissem. 


« 


court-  L'église  de  Court-Saint-Étienne  possède  un  tfiestre», 

Saint-Etienne.  °  r 

c'est-à-dire  un  reliquaire,  mentionné  déjà  par  MM.  Tarlier 
et  Wauters  (i)  et  par  M.  Goovaerts  (2).  C'est  un  édicule 
rectangulaire  couvert  d'une  toiture  à  deux  versants.  Saint- 
Etienne,  le  patron  du  lieu,  y  est  représenté  trois  fois  :  à  l'un 
des  pignons,  au-dessous  d'un  buste  du  Père  Éternel  bénis- 
sant, et  au  milieu  de  chacune  des  deux  faces,  entre  Saint- 
Paul  et  Saint- Pierre,  d'un  côté;  entre  Saint-Laurent  et  Sainte- 
Gertrude,  de  l'autre.  Le  second  pignon  présente  les  instru- 
ments de  la  Passion  surmontés  d'un  buste  du  Père  Étemel 
identique  au  premier.  Chaque  figurine  de  saint  est  placée 
sous  une  arcalure  dont  l'intrados  est  gjrni  d'une  branche  de 
feuillage  et  qui  retombe  sur  deux  colonnettes  minuscules; 
des  colonnettes  plus  fortes  marquent  les  trois  divisions  de 
chaque  face  et  soutiennent  les  angles.  Les  rampants  des 


(4)  La  Belgique  ancienne  et  moderne  ;  canton  de  Wavre,  p.  134. 

(«)  Une  ancienne  description  de  Court-Saint-Étienne.  Bull,  de  laComm. 
royale  d'histoire,  tome  VI,  n°  3,  5m*  série. 

Voir  aussi  :  Weale,  Catalogue  des  objets  d'art  religieux,  etc.,  exposés 
à  l'hôtel  Liedekerke,  à  Malin  es.  Septembre  1864,  n°  484. 


—  571  — 

pignons  sont  hérissés  de  crochets  en  feuilles  de  chicorée; 
un  élégant  crétage  court  sur  le  faite  et  se  répèle  le  long  de 
chaque  chéneau;  le  toit  se  compose  de  plaques  d'argent  en 
losange  avec  dessins  repoussés  extrêmement  gracieux;  enfin 
une  boule  de  cristal  est  posée  à  l'amortissement  de  chaque 
pignon;  une  troisième  marque  le  centre  de  Pédicule. 

Le  corps  du  reliquaire  et  les  statuettes  sont  en  argent;  les 
colonneltes,  les  arcatures,  les  crétages  et  les  rampants  à 
crochets  sont  en.  cuivre  doré.  Le  tout  ne  mesure  que 
59  centimètres  de  longueur  sur  27  de  largeur  et  40  centi- 
mètres de  hauteur. 

Ce  petit  monument  mérite  d'être  conservé  avec  le  plus 
grand  soin  ;  mais  son  importance  artistique  n'est  pas  assez 
grande  pour  que  nous  puissions  en  proposer  le  moulage. 

L'église  de  Léau  possède  aussi  un  reliquaire,  —  celui-ci  Léau. 
de  Saint-Léonard  —  d'un  tout  autre  genre  que  le  précédent 
et  d'une  inestimable  valeur,  ainsi  que  de  nombreux  objets 
d'or  et  d'argent  :  monstrances,  calices,  ciboires,  etc.,  d'un 
grand  mérite  artistique  ;  nous  ne  nous  attarderons  pas  à  les 
décrire,  nous  réservant  d'y  revenir  plus  tard,  lorsqu'il  nous 
sera  permis  de  songer  à  organiser  sur  des  bases  sérieuses 
nos  collections  de  reproductions  galvanoplastiques. 

Nous  avons  été  attirés  dans  celte  église  par  les  nombreuses 
sculptures  qu'elle  renferme. 

Nous  avons  déjà  les  moulages  de  plusieurs  d'entre  elles  : 
une  statue  de  la  Vierge,  trois  figures  de  saints  debout,  une  de 
Saint-Georges  à  cheval,  une  de  Saint-Léonard  assis;  enfin, 
le  superbe  retable  du  xiv*  siècle  qui  retrace  la  vie  du  patron 


—  572  — 

de  l'église  (i)  ;  nous  proposerons  de  reproduire  encore  par- 
tiellement le  retable  dit  :  «  de  Saint-Roch  »  (s)  qui  comporte 
six  grandes  figures  dont  deux,  celle  de  Sainte-Catherine  et 
celle  de  la  Vierge,  sont  d'un  fort  beau  style  Nous  préconi- 
serons aussi  le  moulage,  lorsque  nos  ressources  le  permet- 
tront, d'un  grand  retable  (3)  dont  nous  n'avons  qu'une 
minuscule  figurine;  il  se  compose  de  trois  compartiments  : 
au  centre  est  une  statue  de  la  Vierge  ;  d'un  côté,  le  Portement 
de  la  croix  ;  de  l'autre,  la  Déposition  de  croix,  et,  au  dessous 
de  la  Vierge,  la  Mise  au  tombeau  ;  trois  petits  sujets  sont 
disposés  dans  les  dais  :  la  Présentation  au  temple,  la  Fuite 
en  Egypte  et  Jésus  parmi  les  Docteurs.  L'architecture  de  ce 
retable  est  fort  intéressante  ;  elle  passe  pour  avoir  été  dessinée 
par  Mathieu  de  Layens  ;  de  fait,  les  crochets  de  chardon  qui 
suivent  la  moulure  supérieure  de  l'encadrement  ont  une 
physionomie  toute  particulière  et  présentent  une  parenté 
frappante  avec  ceux  des  arcades  du  jubé  de  Saint-Pierre,  à 
Louvain. 

La  figurine  de  femme  que  nous  possédons  provient  de  la 
predella  à  double  étage  sur  laquelle  le  retable  est  posé;  bien 
que  cette  predella  ne  nous  paraisse  pas  appartenir  au  retable, 
elle  n'en  est  pas  moins  digne  d'être  moulée. 

Nous  proposerons  encore  la  reproduction  du  c  Rosaire  » 
de  Léau  ;  la  Vierge,  à  double  face,  s'y  détache  sur  un  fond 
de  glaives  et  de  flammes,  entourée  d'une  couronne  de  roses 
que  six  anges  soutiennent;  nous  n'avons  pas  encore  de 


(0  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XXIX  (1890),  p.  440. 
(t)  Jd.f  p.  443. 
(»)  Id.f  p.  445. 


—  373  — 

spécimen  de  ce  genre  de  sculpture  et  celui-ci  est  d'une 
exécution  remarquable. 

Citons  enfin  un  fort  beau  lutrin-aigle  en  laiton,  compa- 
rable à  celui  de  l'église  de  Freeren,  que  notre  atelier  de 
moulage  a  reproduit. 

L'église  Saint  Gorgon,  à  Hougaerde,  possède  aussi  un    Hougurd*. 
lutrin  en  laiton  très  élégant;  il  figure  le  Pélican  symbolique 
dressé  sur  le  bord  de  son  nid.  Le  support  est  moderne. 

L'oiseau  mesure  67  centimètres  de  hauteur  sur  54  centi- 
mètres de  largeur  entre  les  extrémités  des  ailes.  L'arête 
qui  sert  à  retenir  l'anliphonaire  porte  l'inscription  : 

1AN  .  VELDENER  .  ME  .  FECIT  AN0  .  1573  .  8  DECEBR. 

D'autre  part  sur  la  douille,  qui  est  coulée  d'une  pièce  avec 
cette  partie,  on  lit  : 

MATHIAS  .  INGHELS  .  DEDIT  .  QS  .  OB  .  3  .  1568  .  D. 

Ces  deux  inscriptions,  parfaitement  conservées,  sont  en 
caractères  identiques;  on  peut  conclure  de  la  différence  des 
dates  que  le  lutrin  fut  offert  à  l'église  en  exécution  d'une 
disposition  testamentaire  de  Mathias  Inghels,  cinq  ans  après 
la  mort  de  celui-ci. 

La  même  église  possède  des  fonts  baptismaux  fort  anciens, 
probablement  du  xme  siècle.  Ils  se  composent  de  trois  blocs 
de  pierre  bleue  constituant  respectivement  le  socle,  le  sup- 
port et  la  cuve. 

Celle  ci  est  hémisphérique,  bordée  d'une  moulure  très 
simple  et  cantonnée  de  quatre  masques  humains  en  haut 
relief;  chacun  de  ces  masques  surplombe  une  colonnelte 


—  574  — 

cylindrique  engagée  dans  le  pédoncule,  de  même  forme, 
massif  et  trapu.  Deux  Glets  à  profil  triangulaire  leur  tiennent 
lieu,  l'un  de  base,  l'autre  de  chapiteau.  Le  plan  du  soubas- 
sement épouse  les  contours  du  support;  au  bas  de  chaque 
colon  nette,  sur  le  socle,  est  sculpté  en  haut  relief  un  petit 
animal  chimérique. 

L'ensemble  mesure  97  cenlimètres  de  largeur  sur  iœ23 
de  hauteur,  non  compris  le  couvercle. 

Le  Comité,  se  rangeant  à  l'avis  de  ses  délégués,  a  décidé 
le  moulage  de  ce  curieux  monument. 

BniM-  Un  certain  nombre  de  communes  belges  ont  encore  leur 
ancien  pilori  :  on  en  trouve  à  Mespelaer,  à  Rijmenam,  a 
Gestel,  à  Eename,  etc.;  ils  ne  consistent  en  général  qu'en 
une  simple  colonne  de  pierre,  dénuée  d'intérêt  sculp- 
tural. 

Celui  de  Braine-le  -Château  est  un  monument  complet  : 
au  sommet  de  quatre  hauts  degrés,  construits  sur  un  plan 
hexagonal,  se  dresse  une  épaisse  colonnette  cylindrique  à 
base  moulurée  hexagone;  une  astragale  sépare  du  fut  une 
sorte  de  bourrelet  qui  tient  la  place  du  chapiteau  et  sur  le 
pourtour  duquel  se  déploie  une  banderolle  portant  une 
inscription  gravée  en  creux;  trois  moulures  s'étagent  eo 
pyramide  au-dessus  du  bourrelet  et  le  relient  à  une  plate- 
forme hexagonale  sur  chaque  angle  de  laquelle  s'élève  une 
colonnette;  les  fûts  de  ces  colonneltes  sont  cylindriques; 
leurs  bases  sont  hexagones»  de  même  que  leurs  chapiteaux; 
ceux-ci  reçoivent  les  retombées  d'arcatures  en  anse  de 
panier,  à  redents,  au-dessus  desquelles  règne  un  rebord 


—  575  — 

saillant.  Une  colonnette  qui  se  dressait  au  centre  de  la 
plateforme  a  disparu. 

Ce  monument  est,  pensons-nous,  unique  en  Belgique. 
Nous  en  avons  décidé  la  reproduction,  persuadés  qu'elle 
constituera  une  pièce  de  haut  intérêt  à  la  fois  pour  notre 
musée  et  pour  les  établissements  avec  lesquels  nous  sommes 
en  relations  d'échange. 

Notre  délégué  a  vu  dans  le  cimetière  de  Braine-le-Chàleau 
trois  petites  pierres  anciennes,  d'une  sculpture  naïve,  repré- 
sentant :  le  Sauveur  couronné  d'épines  ;  le  Portement  de  la 
croix  et  le  Christ  en  croix  ;  une  quatrième  pierre  semblable, 
qui  figure  l'Érection  de  la  croix,  se  trouvait  dans  la  cour 
d'un  café  de  la  localité. 

Dans  l'église  de  Braine,  sous  une  baie  ouverte,  —  sorte 
d'enfeu  à  jour  entre  le  chœur  et  une  petite  pièce  contigué,  — 
est  une  fort  belle  statue  couchée,  en  albâtre.  C'est  un 
chevalier  en  armure;  ses  pieds  s'appuient  contre  un  lion; 
deux  angelots  soutiennent  le  coussin  brodé  sur  lequel  repose 
la  tète.  Cette  sculpture  est  aussi  belle,  —  et  mieux  conser- 
vée, —  que  la  statue  gisante  du  comte  de  Lalaing,  dont  nous 
avons  le  moulage. 

Dans  sa  Notice  historicité  et  généalogique  sur  les  Sei- 
gneurs de  Braine-le-Châleau  et  Haut-litre,  Stroobant 
dit  :  c  Maximilien,  comte  de  Hornes  et  de  Hautekerke, 
chevalier  de  la  Toison  d'or  et  chambellan  de  Charles- 
Quint,  mourut  le  3  février  1542  et  fut  enterré  à  Braine- 
le-Châleau  sous  un  monument  en  marbre  blanc  qui 
ne  porte  aucune  inscription  » .  Nul  doute  que  cette 
mention  ne  se  rapporte  à  la  statue  dont  nous  venons  de 
parler. 


—  376  — 

Nous  souhaitons  vivement  voir  entrer  dans  nos  collections 
le  moulage  de  cette  belle  sculpture. 

jodoign*.  Nous  ne  pouvons  en  dire  autant  du  monument  funéraire 
du  comte  et  de  la  comtesse  de  Glimes,  placé  actuellement 
dans  la  petite  chapelle  Noire-Dame,  à  Jodoigne. 

Le  sarcophage  est  un  cube  de  pierre  insignifiant,  dont  la 
monotonie  est  à  peine  atténuée  par  des  écussons,  d'un  relief 
peu  prononcé.  Les  gisants,  dont  les  pieds  sont  appuyés  sur 
le  lion  et  le  chien  traditionnels,  sont  des  figures  assez 
banales. 

La  photographie  qui  en  a  été  prise  représentera  suffisam- 
ment ce  monument  dans  nos  collections. 

Loofaio.  Il  existe,  par  contre,  dans  l'église  Saint-Pierre,  à  Louvain, 
deux  tombeaux  qui  seront  pour  notre  musée  des  pièces 
capitales  :  celui  de  Henri  Ier,  duc  de  Brabant,  qui  se  trouve 
au  centre  d'une  des  petites  chapelles  du  pourtour  du  chœur, 
et  celui  de  Malhilde  et  de  Marie,  sa  femme  et  sa  fille, 
rélégué  sous  un  enfeu  pour  lequel  il  n'a  certainement  pas 
été  fait. 

Tout  nous  permet  d'espérer  que  les  moulages  de  ces  deux 
beaux  monuments  du  xni°  siècle  ne  tarderont  pas  à  prendre 
place  dans  notre  musée. 

Signalons,  en  passant  à  Louvain,  les  magnifiques  stalles 
de  l'église  Sainte-Gertrude. 

Nous  émettons  aussi  le  vœu  de  nous  trouver  bientôt  en 
mesure  de  prendre  un  moulage  complet  du  portail  roman 


—  377  — 

de  l'hôpital  Saint-Pierre.  Le  jardinet  clôturé  d'un  grillage  au 
fond  duquel  il  se  trouve  à  l'abandon  ne  le  protège  que  bien 
insuffisamment  contre  le  vandalisme  inconscient  des  enfants; 
déjà  plusieurs  fragments  des  sculptures  des  impostes  ont 
disparu  ;  nous  possédons  heureusement  les  moulages  de  ces 
parties;  ils  nous  aideront  à  reconstituer  l'ensemble  complet 
dès  que  nos  ressources  nous  permettront  d'exécuter  celte 
importante  reproduction. 

*  * 

L'église  de  Boendael  possède  un  grand  retable  complet,     bonum. 
—  ou  plutôt  complété  —  et  deux  panneaux  provenant  d'un 
autre  retable  (i). 

Le  premier,  placé  maintenant  sur  le  maitre-aulel,  repré- 
sente en  trois  compositions  le  martyre  de  Saint-Crislophe. 
C'est  une  œuvre  du  xvie  siècle;  les  figures  sont  de  propor- 
tions un  peu  courtes;  il  y  a  de  nombreuses  restaurations. 

Les  deux  panneaux  séparés  décorent  les  autels  latéraux; 
ils  ont  trait  au  martyre  de  Saint-Adrien.  Les  compositions 
sont  très  pittoresques;  les  figures  ne  sont  pas  sans  parenté 
avec  celles  du  retable  de  Saint-Georges,  de  Jan  Borman.  Ces 
compositions  seules  méritent  d'être  reproduites  par  le  mou- 
lage. Les  fonds  d'architecture  et  les  encadrements  sont 
modernes. 

*  * 

Notre  délégué  a  examiné  et  photographié  les  deux  retables  vmm-n-viiie. 
superposés,  sur  l'autel  latéral  droit  de  l'église  de  Vil lers- Ja- 
Ville  (3).  Il  nous  parait  très  regrettable  que  le  restaurateur 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XXIXX  (1890),  p.  43G. 
(t)  Op.  cit.,  XXX  (1891),  p.  133. 


L*e»ko«t. 


HultWut. 


—  378  — 

ait  adopté  une  disposition  présentant  le  double  défaut  de 
dénaturer  la  forme  du  retable  inférieur  et  de  réunir  en  une 
seule  deux  œuvres  d'époques  différentes. 

Nous  émettons  le  vœu  que  ces  sculptures,  d'un  réel  mérite, 
soient  remises  en  bon  état.  Nous  n'estimons  pas,  toutefois, 
qu'il  y  ait  lieu  de  les  reproduire  par  le  moulage,  notre  musée 
possédant  des  compositions  analogues  d'un  mérite  supérieur. 

Le  retable  représentant  le  martyre  de  Saint-Quirin,  placé 
dans  une  chapelle  isolée,  à  Loenhout  (i),  est  une  œuvre  du 
xvr  siècle  assez  originale  et  qui  mérite  d'être  conservée  avec 
soin  ;  mais  la  photographie  que  nous  en  avons  prise  suffira 
pour  le  représenter  dans  nos  collections. 

L'église  de  Hulshoul  possède  un  beau  retable  du  xv*  siècle 
représentant  des  scènes  de  la  Passion.  Le  moulage  de  cette 
œuvre  figure  depuis  longtemps  dans  nos  collections,  sous  la 
fausse  dénomination  de  «  Retable  de  Thielen  »  (2). 

La  vérité  est  que  l'église  de  Thielen  possédait  des  volets 
peints  anciens  de  valeur,  provenant  d'un  retable  dont  la 
partie  principale  avait  disparu;  pour  utiliser  ces  volets,  on 
a  exécuté  une  copie  des  groupes  du  retable  de  Hulshout;  les 
moulages  de  ces  groupes,  après  avoir  servi  à  faire  cette 
copie,  ont  été  versés  dans  nos  collections  et  renseignés 
comme  provenant  de  Thielen.  L'erreur  a  été  rectifiée  dans 
le  catalogue-tarif  des  échanges. 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  tfarchéol.,  XXXII  (1893),  p.  248. 
(«)  Op'.  cit ,  XXXI  (1892),  p.  475. 


—  379  — 

Il  existe  dans  la  même  église  un  autre  retable,  consacré  à 
la  vie  de  son  patron,  saint  Malhieu;  il  n'atteint  pas  au  mérite 

artistique  du  précédent  (<)• 

* 

L'église  de  Buvrinnes  possède  aussi  —  outre  le  très  beau    Baronet, 
tabernacle  dont  nous  avons  le  moulage,  —  deux  retables 
anciens  :  l'un,  en  pierre,  a  pour  sujet  la  Passion  ;  l'autre,  en 
bois,  retrace  la  légende  de  Saint-Pierre. 

Ce  dernier  est  assez  connu  ;  il  a  été  décrit  dans  le  Bulletin 
des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie  (2)  et  dans 
les  Annales  du  Cercle  archéologique  de  Mons  (3),  qui  en  ont 
donné  une  planche,  d'un  dessin  assez  naïf. 

Ce  retable,  de  réelle  valeur,  a  été  surmonté,  en  1854, 
d'un  couronnement  pseudo-gothique  prétentieux  et  de  mau- 
vais goût;  il  gagnerait  à  en  être  débarrassé. 

Le  retable  en  pierre  date  du  xvie  siècle  ;  les  figures,  courtes 
et  d'une  exécution  peu  caressée,  sont  encore  alourdies  par 
d'épaisses  couches  de  couleur  blanche.  De  plus,  on  a  trouvé 
bon  de  placer  dans  la  main  de  plusieurs  des  personnages  de 
la  scène  du  Calvaire  de  petits  drapeaux  en  papier  découpé, 
d'un  effet  franchement  malheureux. 

Notre  délégué  a  remarqué  encore,  dans  l'église  de 
Buvrinnes,  une  jolie  statuette  gothique  de  Saint-Pierre  assis, 
coiffé  de  la  tiare;  elle  est  vraiment  curieuse  et  mériterait 
d'être  moulée,  si  la  fabrique  voulait  bien  nous  la  confier 
dans  ce  but. 

*  * 

(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  dfarchéoL,  XXX  (1891),  p.  65. 
(1)  Op.  cit,  XXX  (1891),  p.  135. 
(»)  Tome  III  (1862),  p.  302. 


—  380  — 

boumu.  Le  beau  retable  accolé  au  mur  dans  le  bras  gauche  du 
transept  de  I  église  de  Boussu  (i)  porte  aussi  un  couronne- 
ment moderne  de  mauvais  goût,  qu'il  conviendrait  de 
supprimer.  Ce  retable  est  probablement  contemporain  de 
l'église,  qui  date  de  1501;  il  est  antérieure  celui  de  Lombeek- 
Nolre-Dame,  mais  appartient  sans  conteste  à  la  même  école. 

La  disposition  des  petits  groupes  étages  le  long  de  l'enca- 
drement et  suivant  les  contours  des  trois  cintres  est  très 
originale.  La  sculpture  est  d'un  fort  bon  style  et  mérite  à 
tous  égards  d'être  reproduite  pour  notre  musée,  où  elle 
marquera  la  transition  entre  le  retable  de  Léau  et  celui  de 
Lombeek. 

La  chapelle  seigneuriale  attenante  à  l'église  de  Boussu 
renferme  deux  monuments  funéraires.  L'un  est  un  sarco- 
phage sur  lequel  plusieurs  figures  sont  agenouillées;  il  ne 
présente  pas  un  intérêt  exceptionnel.  L'autre,  qui  fait  face  à 
l'autel,  est  très  important  et  tout  à  fait  remarquable.  II  se 
compose  d'une  grande  arcade  à  plein  cintre  entre  deux 
piédroits,  à  chacun  desquels  est  accolée  une  colonne  corin- 
thienne sur  piédestal;  deuxanges  planent  dans  les  écoinçons; 
sous  l'arcade  est  un  sarcophage  entre  les  pieds  duquel  on 
voit,  représenté  en  grandeur  naturelle,  un  cadavre  nu, 
étendu  sur  une  natte  ;  ce  corps  décharné  est  d'un  réalisme 
effrayant. 

Sur  le  sarcophage,  au  pied  d'un  crucifix,  sont  agenouillés 
les  défunts  :  un  seigneur  et  son  fils  à  gauche;  sa  femme  et 
sa  fille,  à  droite.  Une  plaque  de  marbre  blanc,  postérieure 


(i)  Annales  du  Cercle  archéologique  de  Mont,  t.  XI,  p.  263,  et  Bull 
des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  XXXIII,  1894,  p.  90. 


—  381  — 

au  monument,  rappelle  qu'en  cet  endroit  reposent  «  haull, 
noble  et  puissant  seigneur  mess  ire  Jean,  comle  de  Boussu, 
baron  de  Raikem  » ,  etc.,  etc.,  «  capitaine  général  en  diverses 
armées  de  Sa  Ma"  impérialle  Charles  Gint  »...,  décédé 
à  Boussu  le  12  Février  1567,  et  «  madame  Anne  de  Bour- 
goigneson  épouse,  laquelle  trespassa  Tan  1 55 1 ,  le  25  Mars  » . 

Sur  l'entablement  sont  posés  :  au  centre,  un  buste  du 
Père  éternel  entouré  d'anges  et,  dans  l'axe  de  chaque 
colonne,  une  figure  d'homme  debout  portant  un  écu  armorié. 

Sept  têtes  de  chérubins  décorent  l'archivolte  et  seize 
blasons  sont  accolés,  par  couples,  à  l'intrados  de  l'arcade. 
Le  tout  est  en  marbres  de  différentes  couleurs. 

C'est  un  monument  très  original,  très  complet  et  d'un 
bon  style,  dont  le  moulage  constituera  Tune  des  meilleures 
pièces  de  nos  collections. 

II  y  aura  lieu  d'en  profiter  pour  mouler  également  un 
bas-relief  encastré  dans  la  muraille  de  la  même  chapelle  et 
qui  représente  la  Vierge,  assise,  à  laquelle  un  chevalier  est 
présenté  par  ses  patrons.  Une  inscription  de  cinq  lignes 
donne  le  nom  de  «  Signevr  de  Tvin  dit  de  Bovssvt  »  et  la 
date  de  1430. 

Deux  monuments  funéraires  sont  placés  dans  l'église  de    c©oi««mp. 
Coolscamp;  ils  nous  ont  été  signalés  par  M.  van  Overloop, 
conservateur  en  chef  des  musées  royaux  du  Cinquantenaire. 

L'un  est  un  sarcophage  cubique  décoré  sur  ses  quatre 
faces  de  figures  de  pleurants  taillées  en  bas-relief.  Le  gisant, 
couvert  de  son  armure,  les  pieds  appuyés  contre  un  lion, 
est  un  seigneur  de  Lichlervelde  mort  en  1435. 


—  382  — 

L'autre  monument  consiste  en  une  grande  dalle  fixée  au 
mur  de  gauche  de  l'église;  elle  porte  les  effigies,  en  bas- 
relief,  d'un  seigneur  de  Lichlervelde  et  de  Goolscamp  mort 
en  1375  et  de  sa  femme. 

Le  chevalier  porte  l'armure  ;  la  télé  s'emboîte  dans  le 
€  petit  bacinet  »  sans  nasal,  qui  recouvre  le  front  et  les 
tempes  et  auquel  s'attache  un  €  camail  »  de  mailles,  cachant 
les  joues,  le  menton  et  les  épaules.  La  dame  porte  une 
coiffure  à  bordure  de  passementerie  encadrant  le  visage  et 
une  longue  robe  très  simple  avec  manches  étroites  recou- 
vrant une  partie  de  la  main,  à  la  manière  de  nos  c  mitaines» . 
Au-dessus  de  chaque  figure  est  un  dais  peu  saillant,  formé 
de  trois  gables  avec  rampants  à  crochets  et  fleuron,  se 
détachant  sur  un  fond  de  fenestrations. 

Cette  dalle  est  absolument  remarquable  et  son  moulage 
fournira  des  documents  utiles  au  point  de  vue  de  l'histoire 
du  costume. 

Nous  préconisons  aussi  le  moulage  du  premier  de  ces 
monuments,  qui  est  un  excellent  morceau  de  sculpture  et  un 
curieux  exemple  de  tombeau  à  pleurants. 

*  * 

cour-iur-Heure.  La  toute  petite  église  de  Cour-su r-Heure  est  presque 
entièrement  lambrissée  de  chêne  sculpté  de  l'époque  de 
Louis  XV;  c'est  un  ensemble  fort  intéressant,  à  la  conser- 
vation duquel  il  importe  de  veiller.  Nous  n'y  avons  toutefois 
pas  trouvé  de  motifs  à  reproduire  par  le  moulage. 

* 

iiebaiz.         Notre  délégué  a  examiné,  au  presbytère  de  Rebaix,  un 
calvaire  dont  la  restauration  était  projetée. 


—  585  — 

Il  date  de  la  fin  du  xve  siècle;  les  arêtes  de  la  croix  sont 
ornées  de  crochets  de  feuilles  de  chicorée;  ses  quatre  ex l ré- 
mités sont  fleurdelisées  et  chacune  d'elles  porte,  dans  un 
médaillon  carré  aux  côtés  en  accolades,  la  représentation 
symbolique  d'un  Évangéliste.  Celte  croix  étant  vermoulue, 
on  a  enlevé  à  la  scie  le  milieu  de  la  traverse  et  une  partie 
du  montant  et  on  a  rapproché  les  morceaux  en  les  fixant  sur 
une  autre  croix  qui  sert  en  quelque  sorte  de  doublure  et  de 
support. 

La  figure  du  Christ  est  franchement  mauvaise;  celle  de. 
Saint-Jean  est  un  peu  meilleure,  quoique  la  tète  soit  assez 
maladroite  et  la  pose  maniérée;  par  contre,  la  Vierge  est 
fort  bien  traitée.  Nous  proposerions  même  de  la  faire  mouler 
si  nous  n'avions  déjà  un  assez  grand  nombre  de  statuettes 
gothiques  de  la  Vierge. 

L'administration  communale  de  Tournai  avait  conçu  le  tomwl 
projet  d'envoyer  à  l'exposition  de  l'Art  public,  à  Paris,  un 
moulage  de  la  fameuse  entrée  de  la  cathédrale  dite  <  la  Porte 
Manlile  » .  Il  est  regrettable  que  ce  projet  ait  été  abandonné  : 
nous  aurions  pu  saisir  cette  occasion  pour  faire  entrer  dans 
nos  collections  un  exemplaire  de  ce  moulage. 

Nous  estimons,  en  effet,  que  la  place  de  cette  superbe 
porte  romane  est  marquée  dans  notre  musée,  et  nous  devrons 
faire  en  temps  opportun  les  sacrifices  nécessaires  pour  en 
posséder  la  reproduction. 

* 

Nous  avons  le  moulage  de  la  balustrade  du  jubé  de  l'église      Moha- 
de  Moha,  à  l'exception  des  deux  panneaux  extrêmes  ;  il  nous 


—  384  — 

parait  opportun  de  combler  cette  lacune  et  d'ajouter  à  ce 
moulage  celui  des  colonnes  qui  supportent  le  jubé. 

Ces  colonnes  sont  d'ordre  composite  ;  leur  fût  est  cannelé 
depuis  le  quart  environ  de  sa  hauteur  jusqu'au  chapiteau  ; 
sa  partie  inférieure  est  décorée  de  branches,  de  fruits  et  de 
petits  masques  humains  en  haut  relief;  le  dé  du  piédestal 
est  orné  de  panneaux  rectangulaires  à  cadre  mouluré. 
L'exécution  est  délicate  et  l'ensemble  d'une  grande  élégance. 

* 
*  * 

Aoiuisnei.  M.  le  Baron  de  Waha  de  Bâillon  vil  le  a  bien  voulu  faire  à 
notre  délégué  les  honneurs  de  son  château  d'Ouhar,  à 
Anlhisnes,  et  l'autoriser  à  photographier  une  cheminée 
ancienne  qui  s'y  trouve.  Celle  cheminée  provient  d'un  autre 
château  de  la  localité  ;  elle  est,  malgré  le  déplacement,  dans 
un  état  de  conservation  des  plus  satisfaisants. 

Les  montants  sont  formés  d'une  haute  volute  portée  par 
une  griffe  et  surmontée  d'une  tète  de  monslre  marin  formant 
console;  un  lerme-caryalide  fait  avant-corps  sur  chaque 
retour;  la  frise,  décorée  de  rinceaux,  est  couronnée  d'une 
corniche  moulurée.  Le  toul  est  en  pierre  blanche  de  France. 

Celle  cheminée  a  conservé  sa  ferronnerie  ancienne,  ainsi 
qu'une  bonne  partie  des  briques  du  fond  de  l'àtre,  décorées 
de  jolis  bas-reliefs  et  encadrant  une  taque  en  fonte  d'un  beau 
travail. 

M.  le  Baron  de  Waha  nous  a  gracieusement  autorisés  à 
en  faire  prendre  le  moulage;  nous  l'inscrivons  sur  la  liste  de 
nos  desiderala,  nous  réservant  de  faire  exécuter  au  préalable 
d'autres  travaux  plus  urgents. 

* 


—  588  — 

Notre  Secrétaire  s'est  rendu  à  Maestricht  pour  y  examiner    mmutiai. 
le  grand  portail  de  l'église  Saint-Servais.  Il  a  ouvert  des 
négociations  avec  la  Direction  du  Rijksmuseum  d'Amsterdam 
à  l'effet  d'obtenir  pour  notre  musée,  par  voie  d'échange,  un 
exemplaire  du  moulage  de  ce  portail. 


Chargé  de  dresser  une  liste  des  moulages  qu'il  convien- 
drait d'acquérir  à  l'étranger  pour  compléter  nos  collections, 
le  Secrétaire  de  notre  Comité  a  été  invité  à  se  rendre  à 
Paris,  où  il  a  visité,  dans  ce  but,  les  Musées  du  Trocadéro, 
du  Louvre,  de  Cluny  et  de  l'École  des  Beaux-Arts. 

Les  résultais  de  celle  mission  onl  fait  l'objet  d'un  rapport 
spécial,  qui  a  été  publié  (1). 


Desiderata. 

Tant  ensuite  des  différents  voyages  que  nous  venons  de 
résumer  que  sur  la  proposition  de  ses  membres,  noire  Comité 
a  porté  sur  la  liste  de  ses  desiderata  les  moulages  des 
monuments  et  objets  d'art  suivants  : 

PROVINCE   D'ANVERS. 

Lierre.  Église  Sainl-Gommaire  :  Jubé. 

PROVINCE   DE  BRABANT. 

Diest.  Église  Saint- Sulpice  :  Quatre  stalles;  vingt  misé- 
ricordes ;  statuettes  et  gargouilles. 

0)  Bull,  ies  Comm.  roy.  d'art  et  (TarchéoL,  XXXIX  (1900),  p.  157. 


—  386  — 

Diest.  Église  du  Béguinage  :  Statue  de  la  Vierge. 

Noirhat.  Château  de  La  Moite  :  Portes  sculptées  ;  tribune 
de  la  chapelle. 

Léau.  Église  Saint-Léonard  :  Retable  dit  «  de  la  Vierge  »  ; 
deux  figures  du  retable  dit  «  de  Saint-Roch  »  ;  rosaire; 
lutrin. 

Hougaerde.  Église  Saint-Gorgon  :  lutrin;  fonts  baptis- 
maux. 

B  raine- le-Chàteau.  Pilori;  statue  tombale  de  Maximilien 
de  Hornes. 

Louvain.  Église  Saint-Pierre  :  Tombeaux  de  Henri  1",  de 
Malhilde  et  Marie  de  Brabanl. 

Louvain.  Hôpital  Saint-Pierre  :  Portail  roman. 

Boendael.  Église  :  Deux  groupes  du  martyre  de  Saint- 
Adrien. 

PROVINCE   DE   HAINAUT. 

Buvrinncs.  Église  :  Statuette  de  Saint-Pierre. 
Boussu.  Église  :  Relable;  monument  funéraire  de  Jean  de 
Boussu  ;  bas-relief  commémoratif. 
Tournai.  Cathédrale  :  Porte  Manlile. 

FLANDRE   OCCIDENT  A'  E. 

Goolscamp.  Église  :  Tombeau  et  dalle  funéraire. 
Ypres.  Église  Saint-Martin  :  Chapiteaux. 

PROVINCE   DE   LIÈGE. 

Anlhisnes.  Château  d'Ouhar  :  Cheminée. 

Huy.  Église  primaire  :  Portail  dit  «  Bethléem  ». 

Moha.  Église  :  Colonnes  et  panneaux  extrêmes  du  jubé. 


—  387  — 


ÉTRANGER. 


France.    Monuments  divers.   (Voir   le  rapport   spécial 
prérappelé.) 
Italie.  Arc  de  Trajan,  à  Bénévent. 
Pays-Bas.  Portail  de  l'église  Sain  (-Servais,  à  Maestricht. 


Atelier  de  moulage. 

Le  personnel  de  notre  atelier  a  exécuté  les  moulages 
suivants  : 

Croix  triomphale  et  statuette  de  Saint-Jean,  du  Calvaire 
de  l'église  de  Walhain-Saint-Paul  ; 

Statue  dite  «  Jeune  homme  casqué  »  (marbre  antique),  de 
la  collection  de  Somzée,  à  Bruxelles; 

Terme  d'escalier  du  château  de  La  Motte,  à  Noirhat  ; 

Pierre  tombale  aux  effigies  de  Jean  de  Melun  et  de  ses 
deux  femmes;  pierre  tombale  de  Béatrice  de  Beausarl, 
épouse  de  Hugues  de  Melun,  et  de  son  fils  Guillaume; 
statuette  de  Saint-Jean,  avtc  console  et  support;  écusson  des 
seigneurs  de  Melun,  au  château  d'Antoing. 


Photographies. 

Notre  fonds  de  reproductions  photographiques  s'est 
enrichi  de  cent  quarante-deux  clichés,  dont  une  partie 
d'après  des  moulages  de  nos  collections  et  les  autres  d'après 
les  monuments  originaux  dont  la  liste  suit  : 

Court-Saint-Étienne.  Châsse  (quatre  vues); 


—  388  — 

Noirhat.  Tribune  de  la  chapelle  du  château  de  La  Motte; 
Moha.  Jubé  (deux  vues); 

Anthisnes.  Cheminée  du  château  d'Ouhar  (deux  vues); 
Hougaerde.  Fonts  baptismaux;  lutrin; 
Rebaix.  Calvaire; 

Audenarde.  Fragments  d'un  retable  conservés  au  musée 
communal; 
Givry.  Retable  ; 
Flobecq.  Retable; 
s'Heeren  Elderen.  Retable; 
Cour-sur-Heure.  Chapelle  latérale  ; 
Lierre.  Jubé  de  Sainl-Gommaire  (deux  vues); 
Bréda.  Plaque  tombale  de  G.  van  Gaelen  ; 

Clonmacnoise  (Irlande).  Croix  de  cimetière  anciennes 
(trois  vues)  ; 

Loozen.  Retable. 

Herbais.  Retable. 

Oplinter.  Retable  (au  Musée  d'Antiquités); 

Estinnes-au-Mont.  Retable; 

Boendael.  Trois  retables  ; 

Hérenlhals.  Retable. 

Strengnâs.  Retable; 

Braine-le-Chàteau.  Pilori;  statue  de  Maximilien  de  Hornes; 

Lcau.  Retables  :  de  la  Vierge,  de  Sainte- Anne,  de  Saint- 
Roch;  retable  moderne;  lutrin;  rosaire;  ostensoir;  reli- 
quaire ; 

Villers-la- Ville.  Deux  retables; 

Hulshout.  Deux  retables; 

Buvrinnes.  Retable  de  Saint-Pierre;  ensemble  de  l'autel  ; 
retable  de  la  Passion  ;  statuette  de  Saint-Pierre  ; 


—  389  — 

Louvain.  Tabernacle  de  Saint-Jacques;  stalles  de  Sainle- 
Gerlrudc  (deux  vues);  tombeau  du  duc  Henri  Ier,  à  Saint- 
Pierre  ; 

Freiberg  (Saxe).  Porlail  du  Dôme; 

Coolscamp  Deux  monuments  funéraires; 

Boussu.  Retable;  monument  funéraire;  bas-relief; 

Heylissem.  Termes  d'escalier  (quatre  vues). 

Nos  collections  de  phololypies  de  monuments  anciens  se 
sont  accrues  des  vues  suivantes  : 

Tour  de  l'église  de  Saint-Léonard  en  Gampine; 

Tour  de  l'église  d'Hoogstraeten  ; 

Portail  de  l'église  et  hôtel  de  ville  d'Hoogstraeten  ; 

Hôtel  de  ville  de  Lierre  ; 

Église  Saint-Gommaire,  à  Lierre  (trois  vues); 

Église  Sainl-Amand,  à  Gheel, 
exécutées  par  AI.  C.  Àubry. 

Maison  des  Templiers  et  portail  de  l'église  Saint-Pierre, 
à  Ypres  ; 

Façade  de  l'église  Noire-Dame;  porte  d'Ostende  ;  maisons 
anciennes  Marché  aux  Poissons,  à  Bruges, 
exécutées  par  M.  G.  D'Hoy. 


Dons,  Acquisitions  et  Échanges, 

Sa  Majesté  le  Roi  nous  a  fait  don  d'un  moulage  d'une 
chapelle  de  l'église  de  Drontheim  (Norvège),  très  intéressant 
monument  du  xiu*  siècle. 


—  390  — 

Le  cooseil  de  fabrique  de  l'église  Notre-Dame-au-Lac,  à 
Tirlemont,  nous  a  ofTert  les  moulages  de  deux  fragments  d'un 
trumeau  de  portail  de  cette  église. 

Nous  avons  acquis,  à  Rome,  les  moulages  d'une  tète  de 
Silène,  d'une  statue  de  Vénus  dite  <  Esquiline  »  et  d'une 
statue  de  Pugiliste  au  repos. 

Nous  avons  obtenu  par  voie  d'échange  : 

Du  Musée  de  moulages  de  sculptures  classiques,  de  Munich , 
un  exemplaire  de  la  Némésis,  de  la  collection  de  Somzée; 

Une  tète  antique  de  l'école  de  Praxitèle; 

Une  tète  avec  partie  de  torse  d'une  statue  dénommée  —  à 
tort  —  c  Alhéna  mycénienne  » ,  qui  est  en  réalité  une  œuvre 
étrusque. 

Du  Musée  du  Louvre,  un  exemplaire  de  l'A  urige  vainqueur, 
trouvé  à  Delphes. 

Des  négociations  sont  en  cours  en  vue  d'un  important 
échange  avec  le  Musée  Royal  de  Sculpture  de  Dresde. 


Vers  la  fin  de  cette  année,  notre  Secrétaire  nous  a  présenté 
son  projet  de  création  d'un  <  Office  central  des  Échanges 
artistiques  internationaux  ». 

Nous  avons  la  conviction  que  celte  institution  est  appelée 
à  rendre  les  plus  grands  services  à  tous  les  établissements 
qui  voudront  y  adhérer;  nous  avons,  en  conséquence, 
transmis  le  projet  au  Gouvernement,  avec  l'espoir  qu'il 
tiendra  à  en  favoriser  la  réalisation. 


—  391  — 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  nous 
l'avons  communiquéaussi  à  nos  correspondants  de  l'étranger, 
ouvrant  entre  eux  un  référendum  dont  notre  prochain  rap- 
port annuel  fera  connaître  les  résultats. 

Le  Secrétaire, 

Henry  Rousseau. 
Vu: 

POUR  LE   PRÉ8JDENT   : 

Le  Membre  délégué, 
Ad.  Delvigne. 


397  — 


ANOERNACH. 

* 

Eglise  Notre-Dame. 

8.  —  Portai]  méridional. 

Quatre  colonnes  supportent  une  arcature  à  tores  orne- 
mentés. Le  tympan  présente,  en  bas-relief,  deux  anges 
portant  un  médaillon  sur  lequel  est  figuré  l'Agneau 
divin. 

xih*  siècle.  —  Trachyte,  tuffeau  et  marbre. 

Hauteur  6"80.  Largeur  5m80. 

9.  —  Cuve  baptismale. 

Bassin  dodécagone;  aux  angles,  douze  colonnettes,  dont 
les  chapiteaux  sont  taillés  dans  la  pierre  supérieure  ;  celle-ci 
est  de  forme  circulaire  et  décorée  d'une  frise  sculptée. 

Première  moitié  du  xin6  siècle.  —  Trachyte. 

Hauteur  0-68.  Largeur  0m89. 

BOPPARD. 

Église  des  Carmélites. 

10.  —  Dalle  tumulaire  de  Marguerite  von  Eltz. 

De  forme  rectangulaire,  avec  hémicycle  à  la  tète.  Au 
milieu  est  sculptée  la  figure  du  Père  Éternel  avec  le  corps 
du  Christ,  d'après  la  composition  d'Albert  Durer.  L'enca- 
drement porte  des  blasons  armoriés. 

Exécutée  en  1519  par  von  Loyen  Hering,  de  Eichstedt.  — 
Marbre  jaune  clair. 

Hauteur  2m4i.  Largeur  lmli. 


—  398  — 

BRAUWEILER. 

Église  (ancienne  abbatiale). 

10  a  et  6.  —  Deux  médaillons  circulaires  avec  les  figures 
de  la  Vierge  et  de  Saint-Nicolas.  —  1514. 

CAPPENBERG. 

Église  paroissiale 

11.  —  Dalle  tumulaire  des  deux  fondateurs  Otto  et 
Goltfried  de  Gappenberg. 

Les  deux  gisants  sont  vêtus  de  même  d'une  chemise  de 
mailles  recouverte  d'une  tunique  sans  manches  et  d'un  man- 
teau ;  leur  ceinture  est  ornée  de  petits  fleurons  ;  sur  la  hanche 
gauche  est  accroché  l'écu,  recouvrant  le  glaive,  dont  on  voit 
dépasser  la  poignée.  Ils  portent  ensemble  un  édicule  en 
forme  d'église  gothique.  Leurs  pieds  s'appuient  sur  des 
lions.  Au-dessus  de  leurs  têtes  s'avancent  deux  baldaquins 
en  demi-octogones  avec  arcalures  trilobées  surmontées  de 
gables  à  crochets. 

xiv0  siècle.  —  Grès. 

Hauteur  2"41.  Largeur  lm48. 

12.  —  Tombeau  du  comte  Gottfried  de  Gappenberg. 

Le  gisant,  sous  une  arcade  à  plein  cintre,  porte  une  tunique 
plissée  avec  longue  ceinture  décorée  de  fleurons,  à  laquelle 
pendent  une  courte  dague  à  droite,  un  glaive  à  gauche.  Son 
manteau,  jeté  sur  les  épaules,  est  retenu  par  deux  grosses 
billes  en  forme  de  fleurs.  Il  tient  de  la  main  droite  une  croix 
grecque,  de  la  gauche  un  écu.  Au-dessus  de  l'épaule  gauche 
est  sculpté  le  Pélican  symbolique  sur  le  bord  de  son  nid. 


—  399  — 

Les  retombées  de  l'arcade  s'appuient  contre  de  petits  contre- 
forts à  pinacles  que  supportent  des  culs-de-lampe  à  figurés 
humaines.  Au-dessus  planent  deux  anges  portant  une  cou- 
ronne; au  bas,  un  lion  couché.  La  sculpture  est  assez  rade 
et  la  figure  un  peu  courte. 

xiv6  siècle.  —  Grès. 

Hauteur  2m22.  Largeur  l-Og. 

■ 

COESPELD. 

Église  Saint-Jacques. 

13.  —  Portail  occidental. 

Arcade  à  plein  cintre  formée  de  quatre  archivoltes  en 
boudins,  séparées  par  des  bandes  d'ornements  très  élégam- 
ment travaillés.  Comme  supports,  de  chaque  côte  quatre 
colonnes  cylindriques  avec  bases  formées  de  deux  tores 
séparés  par  une  scotie  et  chapiteaux  de  fantaisie  à  rinceaux 
délicatement  ouvragés,  avec  figures  d'animaux.  Le  cadre  de 

la  baie  est  formé  de  deux  épaisses  colonnes  qui  se  continuent 

»  .        .        * 

en  moulures  sous  l'arcade,  dessinant  une  archivolte  trilobée. 
Dans  les  écoinçons  sont  sculptés  un  dragon  et  un  lion. 

Ce  portail  est  des  plus  remarquable  comme  style,et  comme 
exécution. 

Vers  1200.  —  Grès  westphalien. 

Hauteur  5m00.  Largeur  4*40. 


M'  i    '    . 


CUES-SUR-MOSELLE. 


Église  de  C  Hôpital. 

14.  —  Dalle  tumulaire  de  Clara  Krifts  (f  1473)»,  steurdu 
cardinal  Nicolas  Cusanus.  < 


—  400  — 

Figure  gisante  en  bas-  relief  ;  au-dessus  de  la  lé  le,  deux 
anges  portent  des  armoiries. 
Fin  du  xv«  siècle.  —  Grès. 
Hauteur  2"10.  Largeur  i"05. 

ENGER. 

Eglise  capitulaire. 

15.  —  Dalle  îumulaire  de  Wiltekiod,  duc  de  Saxe  (t  807). 
Le  gisant,  d'un  relief  très  peu  accusé,  porte  une  tunique 

plissée  et  un  bonnet  avec  couronne  basse  :  il  tient  un  sceptre. 
L'original  porte  des  traces  de  peintures  et  d'incrustations. 

(Le  moulage  de  celte  dalle  figure,  sous  le  n°  1017,  dans 
la  Section  d'Art  monumental  des  Musées  du  Cinquantenaire). 

xue  siècle.  —  Pierre. 

Hauteur  2ra00.  Largeur  0"6 1 . 

FRANCFORT-SUR-MEIN. 

Cathédrale. 

16.  —  Dalle  tumulaire  du  roi  Gunthers  de  Schwarzbourg 
(fl349). 

Le  défunt,  qui  tient  son  casque  à  la  main,  pose  les  pieds 
sur  deux  lions  debout.  L'encadrement  et  l'arcade  supérieure 
sont  sculptés  et  ornés  de  figures. 

Exécuté  en  1352.  —  Pierre. 

Hauteur  3n30.  Largeur  lm68. 

FRECKENHORST. 

Eglise  paroissiale  catholique, 

il.  —  Fonts  baptismaux. 

Cuve  cylindrique  posée  sur  une  plinthe  moulurée  de  même 


( 

;   i 


R A  PPORT 

AU    COMITÉ     DE    LA     SECTION     ARTISTIQUE    DE    LA    COMMISSION 
ROYALE   DES   ÉCHANGES   INTERNATIONAUX. 


L'art  ancien  de  l'Allemagne  occidentale.  (Exposition  de  Dûsseldorf,  1902.) 


Messieurs, 

L'Exposition  historique  de  l'Art,  à  Dûsseldorf,  dont  le 
succès  a  été  si  grand  et  si  mérité,  avait  des  litres  nombreux 
à  noire  intérêt. 

Ses  organisateurs  s'étaient  proposé  de  donner  un  aperçu 
du  développement  progressif  des  arts  plastiques  dans  l'ouest 
de  l'Allemagne  et  plus  spécialement  dans  la  Prusse  Rhénane 
el  dans  la  Westphalie.  L'archileclure,  la  sculpture,  la  pein- 
ture elles  branches  qui  s'y  rattachent  :  céramique,  orfèvrerie, 
verrerie,  etc.,  y  étaient  représentées  par  d'importants  mou- 
lages, des  photographies,  des  copies,  et  par  une  quantité 
considérable  d'objets  originaux  de  grande  valeur,  car  les 
collections  privées,  aussi  bien  que  les  musées  et  les  trésors 
d  églises,  avaient  été  largement  mises  à  contribution,  et 
ceux  qui  connaissent  l'amour  ombrageux  des  collectionneurs 
pour  leurs  «  pièces  »  ne  savent  ce  qu'il  faut  le  plus  admirer, 
du  zèle  intelligent  et  persuasif  des  commissaires  qui  ont 
réussi  à  faire  confier  tant  de  merveilles  à  une  exhibition 
publique,  ou  du  goût  érudit  et  des  idées  généreuses  de  ceux 
qui,  ayant  pu  les  réunir,  n'ont  pas  hésité  à  courir  les  risques 


—  394  — 

de  s'en  séparer  pendant  plusieurs  mois  pour  les  exposer  à 
l'admiration  universelle. 

Les  peintures  décoratives,  les  tapisseries,  les  émaux,  les 
verres,  les  poteries  diverses,  sont  étudiées  spécialement  par 
certaines  sections  des  Musées  royaux  du  Cinquantenaire;  je 
m'attacherai  donc  exclusivement  aux  objets  qui  intéressent 
directement  le  Comité  artistique  des  Échanges,  soit  pour  ses 
collections  propres,  soit  dans  ses  rapports  avec  la  Section 
d'Art  monumental  des  Musées. 

*  * 

En  première  ligne  viennent  les  moulages. 

L'initiative  de  faire  et  d'exposer  ces  reproductions  fut 
prise  par  la  t  Cenlral-Gewerbe-Verein  »  de  Dûsseldorf,  qui 
y  consacra  d'abord  une  somme  de  C00  marks;  puis  le  Gou- 
vernement Royal  de  la  Prusse  accorda  un  subside  de 
50,000  marks  et  les  Landtag  provinciaux  rhénan  et  westpha- 
lien  votèrent  respectivement  20,000  et  15,000  marks  de 
subvention.  Les  organisateurs  se  trouvèrent  ainsi  à  la  tète 
d'un  capital  de  85,000  marks  —  soit  107,000  francs  —  au 
moyen  duquel  ils  firent  exécuter,  tant  par  les  ateliers  des 
Musées  royaux  que  par  la  Société  industrielle  de  Dûsseldorf 
et  par  des  mouleurs  particuliers,  les  soixante-cinq  moulages, 
pour  la  plupart  d'une  grande  importance,  dont  j'ai  cru 
devoir  donner  ici  le  catalogue  détaillé. 

AIX-LA-CHAPELLE. 

Cathédrale. 

t.  —  Clôture  de  la  Chapelle  des  âmes,  dans  le  cloître. 
Suite  de  sept  arcades  trilobées  supportées  par  des  colonnes 


—  395  — 

cylindriques  avec  chapiteaux  à  crochets  et  bases  à  deux 
tores,  posées  sur  un  mur  de  soubassement  peu  élevé.  L'arcade 
centrale,  servant  de  porte,  est  encadrée  de  deux  piliers 
cantonnés  sur  trois  côtés  de  colonnes  engagées  de  même 
modèle  que  les  premières;  celle  de  la  face  antérieure  est 
surmontée  d'une  colon  nette,  motif  répété  aux  deux  extré- 
mités de  la  clôture.  L'ensemble  est  couronné  d'une  frise  de 
21  arcalures  aveugles  trilobées.  Le  fond  et  les  fûts  des 
colonnes  sont  en  pierre  calcaire,  la  frise  et  les  arcades  en 
granit  jaunâtre. 

Fin  du  xii*  siècle. 

Hauteur  3m66.  Longueur  9ro22. 

(Ce  moulage  a  été  exécuté  et  exposé  aux  frais  exclusifs  de 
la  maison  de  construction  J.-P.  Radermacher,  d'Aix-la- 
Chapelle). 

2.  —  Sarcophage  dans  lequel  Frédéric  Barberousse  fit 
déposer,  en  1165,  les  restes  de  Charlemagne,  qui  y  demeu- 
rèrent jusqu'en  1215  ;  à  celle  date,  Frédéric  II  les  plaça  dans 
la  châsse  d'or,  où  ils  se  trouvent  encore. 

Le  pourtour  du  sarcophage  représente,  en  haut- relief, 
l'Enlèvement  de  Proserpine.  Il  est  en  marbre  blanc  et  parait 
dater  de  la  fin  du  na  siècle. 

Hauteur  0-85.  Largeur  2m23.  Profondeur  0m95. 

3.  —  Louve  assise,  de  la  fin  de  l'époque  romaine.  — 
Bronze. 

Hauteur  0m85.  Largeur  0B7o.  Profondeur  0œ95. 

4.  —  Couronnement  de  fontaine,  sur  une  base  quadran- 
gulaire  portant  les  restes  de  figures  personnifiant  les  quatre 


—  396  — 

fleuves  du  Paradis  terrestre.  D'après  l'inscription,  l'auteur 
ou  le  donateur  serait  l'abbé  Udalricus. 

x«  siècle.  —  Bronze. 

Hauteur  0m90.  Largeur  0m63. 

5.  —  Lutrin-aigle. 

Support  triangulaire  richement  décoré,  couronné  d'une 
sphère  sur  laquelle  se  tient  l'aigle  aux  ailes  éployées. 
xv*  siècle.  —  Bronze. 
Hauteur  2  mètres.  Largeur  On>80. 

6/  —  Couronnement  d'autel  dit  «  la  Table  d'or  • . 

Dix-sept  bas-reliefs  représentent  :  au  centre,  le  Christ  entre 
la  Vierge  et  Saint-Michel  ;  à  l'en  tour,  les  figurations  symbo- 
liques des  Évangélistes  et  dix  scènes  de  la  Passion.  Les 
encadrements  sont  enrichis  d'émaux  ;  appliques  ciselées  et 
pierreries. 

Date  approximativement  de  l'an  1000.  —  Or  repoussé. 

Hauteur  lm29.  Largeur  lm76. 

ALTENBERG-SUR-LAHN . 

Église  du  cbître. 

7.  —  Tombeau  de  Sainle-Gertrude,  fille  de  Sainte-Elisa- 
beth (f  1297). 

La  sainte  est  étendue  sur  le  sarcophage  au  dessous  d'un 
baldaquin  ;  près  de  la  tète,  deux  anges  dont  l'un  porte  une 
couronne  et  l'autre  un  encensoir. 

Achevé  en  1334;  restauré  en  1827.  — Grès. 

Hauteur  0m73.  Largeur  2m20.  Profondeur  4"05. 


—  405  — 

et  la  couronne.  L'Enfant  Jésus,  couvert  d'un  petit  manteau, 
tient  une  colombe. 

Vers  Fan  1300.  —  Pierre. 

Hauteur  4  "26. 

LAACH. 

Église  abbatiale. 

34.  —  Monument  funéraire  de  Henri  II,  comte  palatin. 
La  statue  du  défunt  fondateur  de  l'abbaye  repose  sur  un 

sarcophage  orné  de  motifs  décoratifs  encadrant  trois  médail- 
lons à  figures  de  moines.  L'original  est  recouvert  d'une  riche 
polychromie  moderne. 

Au-dessus  s'élève  un  élégant  baldaquin  porté  par  six 
colonnes  que  réunissent  entre  elles  des  arcs  trilobés  avec 
écoinçons  sculptés  à  jour.  Le  baldaquin  se  compose  de 
gables  ajourés;  le  couronnement,  de  nervures  libres  recour- 
bées pour  former  coupole. 

xiii*  siècle.  —  Tuf  et  pierre  calcaire. 

Sarcophage.  Hauteur  lm20.  Profondeur  3  mètres. 

Baldaquin.  Hauteur  6m40.  Largeur  3"I5. 

LIMBOURG-SUR-LÀHN. 

Cathédrale. 

35.  —  Fonts  baptismaux. 

Cuve  octogone  décorée  de  feuillage,  sur  un  socle  bas 
portant  des  tètes  d'animaux.  Les  angles  sont  soutenus  par 
huit  colonnettes  trapues  avec  chapiteaux  historiés  de  sujets 
en  haut  relief  représentant  :  le  Baptême  de  Jésus  ;  le  Christ, 
Maître  et  Juge,  et  diverses  figures  symboliques. 


—  406  — 

Milieu  du  xiii0  siècle.  —  Grès. 
Hauteur  lm05.  Largeur  lro60. 

36.  —  Monument  funéraire  du  comte  Conrad  Cuzi- 
bold  (f  948). 

Le  gisant,  couvert  de  longs  vêtements  et  tenant  entre  les 
mains  le  bâton  de  Justice,  repose  sur  une  dalle  encadrée  de 
feuillages  sculptés.  Celle-ci  est  portée  par  six  colonnetles 
dont  quatre  aux  angles  et  deux  au  milieu  des  longs  côtés; 
une  figure  de  moine  est  adossée  à  chacune  des  premières, 
un  lion  et  un  ours  aux  deux  autres. 

Milieu  du  xiii*  siècle.  —  Grès  rouge. 

Hauteur  lm25.  Largeur  1"14.  Profondeur  2n25. 

LIPPSTADT. 

Ruines  de  l'église  du  monastère. 

37.  —  Petit  monument  reclangulaire  à  colonnes. 

A  chaque  angle  se  trouvent  cinq  colonnes  groupées;  trois 
autres  colonnes  marquent  le  milieu  de  chacun  des  longs 
côtes  et  une  seule  celui  des  faces  étroites;  elles  sont  réunies 
entre  elles  par  des  arcatures  ogivales  et  supportent  une 
plateforme  à  forte  saillie. 

Seconde  moitié  du  xm°  siècle.  —  Grès  westphalien. 

Hauteur  2"77.  Largeur  1"67.  Profondeur  2m17. 

MINDEN. 

Cathédrale. 

3S.  —  Ancienne  clôture  du  chœur  (?). 

•  -.■ 

Cette  sculpture,  qui  se  trouve  aujourd'hui  au-dessus  de 


^407  — 

la  porte,  au  fond  du  porche  du  Dôme,  constitue  une  sorte 
de  longue  frise  à  personnages. isolés. 

Au  milieu  est  place  le  Christ,  bénissant  à  la  manière  latine 
et  tenant  de  la  main  gauche  un  livre  ouvert  où  se  lisent 
l'alpha  et  l'oméga;  à  sa  droite,  la  Vierge,  qui  tient  une 
branche  fleurie,  puis  Saint-Pierre,  avec  la  clef  emblématique 
et  un  livre;  à  la  gauche  du  Christ,  Saint-Paul,  tenant  aussi 
un  livre  fermé.  Tous  quatre  sont  assis  sous  des  baldaquins 
en  forme  d'arcades  ogivales  avec  deux  petits  contreforts 
portés  par  des  culs-de-lampe  de  feuillage.  Ils  sont  séparés 
entre  eux  par  une  colonnetle  avec  base  à  deux  tores,  dont 
l'un  à  griffes,  et  chapiteaux  de  feuillages  élégamment  traités. 

Du  côté  droit  du  Christ  se  trouvent  encore  quatre  person^ 
nages  et  six  du  côté  gauche,  tous  sous  des  arcades  et  entre 
des  colonneltes  semblables  aux  précédentes;  ces  figures  sont 
plus  modernes  et  de  proportions  trop  courtes. 

Les  colonnettes  sont  posées  sur  une  plinthe  décorée 
d'entrelacs  de  galons  et  supportent  une  frise  à  palmettes 
encadrées. 

Les  quatre  premières  figures  et  la  partie  ornementale  sont 
vraiment  très  intéressantes.  Malheureusement  celte  sculpture 
asubi,  dans  le  déplacement,  desmutilalionsassez  importantes. 

Si  l'acquisition  de  ce  moulage  était  décidée,  elle  pourrait 
être  bornée  aux  figures  du  Christ,  de  la  Vierge,  de  Saint- 
Pierre  et  de  Saint-Paul. 

Milieu  du  xme  siècle.  —  Pierre. 

Hauteur  4m2S.  Largeur  7  mètres. 

59-40.  —  L'Église  et  la  Synagogue;  statues  très  mutilées. 
Chacune  de  ces  figures  est  placée  dans  une  niche,  aux 


—  408  — 

côtés  d'une  petite  porte  do  Dôme  de  Minden  ;  elles  ont  beau- 
coup souffert  des  intempéries,  mais  leurs  restes  n'en  sont 
pas  moins  plein  de  caractère. 

La  statue  qui  personnifie  l'Église  est  couronnée;  de  la 
main  gauche,  cachée  sous  le  manteau  qu'elle  relève,  elle 
tient  un  calice  à  coupe  sphérique  ;  le  bras  droit  est  cassé  au 
poignet.  La  figure  de  la  Synagogue  a  les  yeux  bandés  et  la 
tète  penchée  sur  l'épaule  gauche;  elle  a  perdu  les  deux 
mains,  en  même  temps  que  son  attribut  :  la  hampe  brisée. 

Vers  l'an  1240.  —  Pierre. 

Hauteur  lm24  chacune. 

41.  —  Retable  à  volels  sculptés. 

Ce  retable  se  compose  de  deux  parties  distinctes,  qui 
diffèrent  de  style  et  d'époque  : 

1°  La  predella;  deux  rangées  superposées  de  quatorze 
petites  arcatures  trilobées  sur  colonneltes  minuscules;  sous 
chaque  arcade  est  une  figurine  assise.  Il  y  eu  a  huit  au 
milieu,  sur  une  porte  carrée  (de  tabernacle  ou  d'armoire  à 
reliques),  ce  sont  :  le  Christ  couronnant  la  Vierge;  un  saint 
à  droite,  un  à  gauche,  quatre  au  dessous.  Les  vingt  figures 
réparties  sur  les  deux  côtés  représentent  des  apôtres  et  des 
saints. 

Vers  le  milieu  du  xin*  siècle.  —  Bois. 

Hauteur  0m69.  Largeur  2m85. 

2°  Le  retable  proprement  dit  ;  il  est  de  forme  rectangu- 
laire; la  partie  centrale  est  occupée  par  un  groupe  en  haut- 
relief,  le  Couronnement  de  la  Vierge,  dans  un  encadrement 
légèrement  elliptique  décoré  en  bas-relief  de  trente-huit 
figures,  à  mi-corps,  d'anges  musiciens  et  chanteurs.  Le 


—  401  — 

forme.  Une  bande  avec  inscription  gravée  la  divise,  sur  sa 
hauteur,  en  deux  zones  inégales.  Celle  du  bas,  la  plus  petite, 
porte  en  bas-relief  une  série  de  lions  accroupis,  vus  alterna- 
tivement de  face  et  de  profil.  La  zone  supérieure  présente 
une  suite  d'arcades  surbaissées  portant  sur  des  colonnettes, 
et  sous  lesquelles  sont  sculptées  des  compositions  qui  repré- 
sentent :  l'Annonciation,  la  Nativité,  le  Baptême  du  Christ, 
la  Crucifixion,  la  Résurrection  et  la  Descente  aux  limbes, 
l'Ascension,  la  Cène.  Au-dessus  règne  une  frise  à  palmettes 
encadrées. 

xii*  siècle  (1198?).  —  Grès. 
Hauteur  lm26.  Largeur  lm14. 


GUSTORF. 

Église  paroissiale  catholique. 

18  à  21  —  Ensemble  de  quatre  bas-reliefs  portant  chacun 
un  sujet  sous  une  arcade  à  plein  cintre. 

Les  deux  plus  grands  représentent  l'Annonciation  aux 
Bergers  et  l'Adoration  des  Mages;  sur  ce  dernier  l'on  voit 
aussi  les  Femmes  au  Sépulcre;  les  deux  plus  petits  portent  : 
le  Christ  et  trois  Apôtres. 

Ce  sont  peut-être  les  restes  de  la  clôture  du  chœur  de 
l'ancienne  église  romane  démolie.  Les  originaux  sont  recou- 
verts d'une  riche  polychromie  sous  une  peinture  à  l'huile, 
celle-ci  moderne. 

Milieu  du  xu*  siècle.  —  Granit  ou  tuf. 

Hauteur  0*90.  Longueur  totale  6m30. 


—  402  — 


HOERDB. 

( 

Église  paroissiale  catholique. 

24.  —  Dalle  tumulaire  du  comte  Dielrich  von  derMarck- 
Clève,  morl  à  Elbcrfeld  eo  1398. 

■ 

Le  gisant,  en  armure,  a  les  pieds  posés  sur  un  dragon; 
près  de  la  tète,  deux  belles  figures  d'anges  portant  des 
armoiries.  L'encadrement  esl  mouluré  et  forme  un  arc  sur- 

m  t  *    *  ' 

ê      f 

baissé. 

Vers  1400. —Grès. 
Hauteur  2*20.  Largeur  1"13. 

COLOGNE. 

Cathédrale. 

23-24.  —  Couronnement  de  deux  joues  extrêmes  des 
stalles  du  chœur. 

Feuillages  d'un  beau  travail,  avec  deux  figures  de  guer- 
riers; dans  le  haut,  deux  figurines  accroupies. 

Vers  1280  (?).  —  Bois  de  chêne. 

Hauteur  0~35.  Largeur  1*14. 

Église  Sainte-Cécile. 

25.  Tympan  du  portail  septentrional. 

Au-dessus  de  la  figure,  à  mi-corps,  de  Sainte-Cécile  plane 
un  ange  descendant  du  ciel  ;  de  chaque  côté,  un  saint  à 
genoux;  leur  tète  se  détache  sur  un  nimbe  en  forme  de 
coquille.  Dans  l'original,  les  yeux  des  figures  sont  en  verre 
incrusté. 


—  405  — 

Milieu  du  xif  siècle.  —  Grès. 
Hauteur  J"43.  Largeur  2"80. 

Église  Sainl-Géréon. 

26.  —  Statue  de  la  Vierge  portant  Jésus. 
Sur  la  tète,  légèrement  inclinée,  sont  posés  le  voile  et  la 
couronne  ;  l'Enfant  lient  une  pomme. 
Cette  figure  est  remarquablement  bien  drapée. 
Milieu  du  xiv*  siècle.  —  Bois. 
Hauteur  lm89. 

27-28.  —  Deux  joues  de  stalle?. 

La  partie  supérieure  dessine  une  double  volute,  avec 
syrènes  dans  les  écoinçons.  Les  figures  de  Sainte-Hélène  et 
de  Saint-Géréon  sont  taillées  en  ronde  bosse. 

Vers  1300.  —  Bois  de  chêne. 

Hauteur  2m20.  Largeur  0œ60. 

Église  Sainte- Marie-au-CajUole. 

29.  —  Monument  funéraire  de  Sainte-Pleclrude. 

Ce. tombeau,  placé  dans  la  crypte  de  l'église,  se  compose 
d'un  sarcophage  uni  sur  socle  mouluré,  avec  frise  de  feuil- 
lage sculpté.  Dans  la  dalle  supérieure  est  taillée  en  faible 
relief  la  figure  de  la  sainte;  elle  porte  une  robe  plissée  et 
tient  à  la  main  une  banderolle  avec  inscription;  cette  figure 
est  également  encadrée  de  feuillage. 

L'ensemble  de  ce  tombeau,  d'un  travail  délicat,  constitue 
un  monument  fort  intéressant. 

xii€  siècle.  —  Pierre. 

Hauteur  Um83.  Largeur  2m37.  Profondeur  lm03. 


—  404  — 

50.  —  Statue  de  la  Vierge  portant  Jésus. 

Elle  est  couverte  d'un  voile  et  d'un  manteau  fort  joliment 
drapés.  De  la  main  droite,  la  Vierge  offre  une  pomme  à 
l'Enfant  Jésus,  qui  tient  un  objet  en  forme  de  cœur. 

Première  moitié  du  xive  siècle.  —  Bois. 

Hauteur  t"86. 

31.  —  Double  porte  romane. 

Chacun  des  deux  vantaux,  encadré  d'une  moulure  en 
demi-boudin  avec  ornements  sculptés,  est  divisé  sur  sa  hau- 
teur en  huit  rangées  superposées  de  panneaux  avec  sujets 
en  haut-relief;  aux  premier,  quatrième  et  septième  rangs 
en  partant  du  haut  se  trouve  un  seul  panneau  rectangulaire 
en  largeur;  chacun  des  autres  rangs  est  occupé  par  deux 
panneaux  étroits  en  forme  de  rectangles  en  hauteur.  Les 
vingt-six  compositions  ont  trait  à  la  vie  du  Christ,  depuis 
l'Annonciation  jusqu'à  la  Séparation  des  Apôtres;  elles  sont 
entourées  d'une  bordure  plate  à  ornements  gravés,  parsemée 
de  vingt-sept  ornements  très  saillants,  en  forme  de  citrons, 
placés  aux  angles  des  panneaux. 

Exécutée  à  Cologne  au  xie  siècle.  —  Bois  de  chêne  portant 
des  traces  de  polychromie. 

Hauteur  4m74.  Largeur  2m24. 

Église  Sainte- Ursule. 

32.  —  Le  Portement  de  la  Croix  ;  bas-relief. 
Travail  flamand,  vers  1800.  —  Grès. 
Hauteur  i"25.  Largeur  lra27. 

33.  —  Statue  de  la  Vierge  avec  Jésus. 

Elle  porte  une  robe  drapée  à  petits  plis  réguliers,  le  voile 


—  409  — 

Christ  et  la  Vierge,  assis  sur  une  longue  chéière  avec 
accotoirs  en  forme  de  contreforts  à  pinacles,  portent  de 
hautes  couronnes  à  grands  fleurons.  Au-dessus  de  ce 
médaillon  s'avance  un  dais  formé  d'une  partie  horizontale  et 
de  deux  rampants  avec  arcades  en  accolades  à  redents.  De 
chaque  côté  du  motif  central  sont  placées  deux  statuettes 
d'apôtres  debout,  en  haut-relief,  et  quatre  autres  dans  chaque 
volet.  Chacune  de  ces  figures  est  abritée  par  un  baldaquin 
de  style  ogival.  Elles  sont  posées  sur  un  soubassement 
commun  dans  lequel  sont  découpés  à  jour  quatorze  médail- 
Ions  circulaires  encadrant  chacun  la  figurine  à  mi-corps 
d'un  homme  tenant  un  phylactère. 

L'original  est  bien  conservé  ;  il  présente  de  nombreuses 
traces  de  la  polychromie  ancienne. 

Commencement  du  xv€  siècle.  —  Bois  de  chêne. 

Hauteur  1*31.  Largeur  #mS8  (ouvert). 

MUNSTER. 

Cathédrale. 

42.  —  Portail  méridional,  appelé  «  le  Paradis  ». 

Celte  pièce  est  la  plus  importante  de  la  série  des  moulages. 

Le  porche  est  couvert  d'une  triple  voûte  d'arêtes  dont  les 
nervures  ogivales  retombent,  en  avant,  sur  deux  grosses 
colonnes  cylindriques  à  chapiteaux  décorés  de  rinceaux  à 
jour  avec  figures  d'animaux  ;  en  arrière,  ces  nervures  sont 
supportées  par  deux  groupes  de  trois  colonneltes  accolées 
au  mur  du  fond.  Celui-ci  présente,  au  centre,  une  arcade 
en  ogive  surmontant  une  double  porte  rectangulaire  ;  au 
trumeau  central  est  appliquée  une  colonnette  qui  sert  de 
piédestal  à  une  grande  statue  de  Saint-Paul  tenant  un  livre 


—  410  — 

cl  un  glaive  ;  celle  figure,  très  élégante  et  dont  les  draperies 
imitent  les  plis  archaïques,  est  de  la  première  moitié  du 
XVIe  siècle.  Au-dessus,  sous  la  pointe  de  l'ogive,  une  figure 
assise  du  Christ  bénissant,  avec  grand  nimbe  crucifère; 
celle-ci  est  d'époque  romane. 

Sur  les  linteaux  sont  appliquées  deux  frises  romanes,  un 
peu  postérieures  à  la  statue,  représentant  chacune  deux 
sujets  :  à  gauche,  l'Adoration  des  Mages  et  la  Circoncision; 
à  droite,  un  groupe  de  cavaliers  dont  l'un  est  désarçonné, 
puis  ce  même  cavalier  transporté  dans  une  maison  (la 
Conversion  de  Saint-Paul?). 

De  chaque  côté  de  l'entrée,  toujours  au  fond,  se  dessine 
une  fausse  arcade  ogivale  sous  laquelle  sont  rangées  quatre 
figures  debout  ;  trois  autres  figures  leur  font  suite  sur  chacun 
des  murs  latéraux;  ce  sont  :  à  gauche,  un  chevalier,  Sainte- 
Marie-Madeleine  et  la  fondatrice  de  l'église  ;  à  droile,  Saint- 
Laurent  avec  le  fondateur  et  un  évêque  ;  ces  figures  sont  du 
xme  siècle;  sous  leurs  pieds  court  une  bande  de  rinceaux 
historiés. 

Au-dessus  de  chacune  des  grosses  colonnes  de  Pavant-corps 
est  posée,  sur  une  console,  une  figure  moderne  d'apôtre. 

Ce  monument,  dont  l'ensemble  date  de  la  première  moitié 
du  xme  siècle,  a  été  complété  et  restauré  deux  siècles  plus  tard. 

Hauteur  7ra25.  Largeur  15m20.  Profondeur  6m30. 

MÙNSTERMAIFELD. 

Église  paroissiale  catholique. 

43.  —  Slatue  de  la  Vierge. 

Elle  lient  un  bouquet  de  fleurs  et  porte  sur  le  bras  Jésus, 
qui  a  dans  la  main  le  fragment  d'un  oiseau. 


—  411  — 

Première  moitié  du  xivf  siècle.  —  Tuffeau. 
Hauteur  im75. 

44.  —  Statue  de  la  Vierge. 

Couverte  d'un  voile,  elle  porte  l'Enfant  Jésus,  qui  tient  une 
grappe  de  raisin  et  un  oiseau,  en  partie  brisé.  Le  sceptre 
placé  dans  la  main  droite  de  la  Vierge  est  une  restauration. 

La  draperie  est  largement  traitée. 

Commencement  du  xiv*  siècle.  —  Grès. 

Hauteur  4m8S. 

OBERMARSBERG. 

Église  Saint-Nicolas. 

45.  —  Portail  méridional. 

L'arcade  ogivale,  en  tiers-point,  est  composé  de  six  archi- 
voltes qui  prennent  naissance  sur  une  étroite  moulure  tenant 
lieu  d'imposte,  et  se  continuent  verticalement  au  dessous 
sous  forme  de  colonnettes,  posées  sur  un  soubassement 
mouluré. 

L'archivolte  extérieure,  en  quart  de  rond,  est  décorée  de 
palmettes  encadrées;  la  seconde,  en  boudin,  est  ornée  de 
billeltes;  la  troisième  est  une  arête  à  angle  droit;  la  quatrième 
et  la  sixième  sont  des  tores  unis;  la  cinquième  est  couverte 
de  rinceaux  ;  les  colonnettes  qui  prolongent  celle-ci  et  la 
première  sont  seules  séparées  du  soubassement  par  une  base. 

Les  deuxième,  quatrième  et  sixième  colonnettes  ont  des 
chapiteaux  avec  animaux  et  feuillages,  auxquels  la  moulure 
imposte  sert  de  tailloir.  La  sixième  archivolte  se  divise  en 
deux  branches  au-dessus  du  chapiteau  et  tandis  que  l'une 
d'elles  suit  le  contours  ogival,  l'autre  se  recourbe  en  arc 


—  412  — 

trilobé  ;  le  lobe  du  milieu  est  développé  au  point  d'entourer 
presque  entièrement,  comme  un  cadre  circulaire,  une  sta- 
tuette assise  de  Saint-Nicolas  qui  décore  le  tympan.  Le 
linteau  de  la  porte  dessine  un  arc  trilobé  surbaissé,  avec 
fleuron  aux  deux  angles. 

Seconde  moitié  du  xiue  siècle.  —  Grès  weslpbalien. 

Hauteur  6m50.  Largeur  S^SO. 

OBERWESEL. 

Église  Notre-Dame. 

46.  —  Tombeau  du  doyen  Johannes  Lutern  (f  1515). 

Le  défunt,  qui  tient  un  calice,  est  au  dessous  d'un  balda- 
quin de  la  dernière  époque  gothique;  de  chaque  côté,  dans 
une  gorge,  est  placée  une  figure  sur  une  console  de  style 
renaissance.  Inscription  encadrée  d'ornements  dans  le  bas. 

Premier  quart  du  xvi*  siècle.  —  Grès. 
Hauteur  2*56.  Largeur  lm10 

47.  —  Tombeau  du  Chevalier  Johann  von  Schônburget 
de  sa  femme. 

Le  chevalier  est  couvert  de  son  armure  ;  la  dame  porte  de 
riches  vêtements,  bien  drapés. 

Tous  deux  sont  placés  sous  une  arcade  portée  par  deux 
pilastres  renaissance.  Inscription  et  armoiries  dans  le  bas. 

Premier  quart  du  xvie  siècle.  —  Grès  clair. 

Hauteur  2m36.  Largeur  1mH. 

48.  —  Tombeau  d'un  saint. 

Sur  un  large  socle  décoré  de  sculptures  et  sous  un  balda- 
quin ogival  se  trouvent  les  figures,  en  bois  polychrome,  de 


—  413  — 


quatre  femmes  et  d'un  ange,  entourant  le  corps  du  Christ. 

Commencement  du  xiv*  siècle.  Le  socle  et  le  baldaquin  du 
xvf  siècle.  —  Grès. 

Hauteur  2"12.  Largeur  1-00.  Profondeur  0m56. 


SOEST. 

Église  Saint-Palrocle. 

49.  —  Tympan  du  portail  septentrional. 

En  forme  de  demi-cercle;  au  milieu,  la  figure  du  Christ 
bénissant,  la  main  gauche  posée  sur  un  livre;  la  (ète  se 
détache  sur  un  nimbe  crucifère;  autour  de  lui,  les  symboles 
des  Évangélisles  :  le  lion  et  l'ange  à  sa  droite,  l'aigle  et  le 
taureau  du  côté  opposé.  Les  trois  premiers  ont  la  tète  nimbée. 

Une  bordure  de  palmettes  encadrées  à  la  partie  inférieure. 

Fin  du  xne  siècle.  —  Pierre  calcaire. 

Hauteur  lm12.  Largeur  2*25. 

Eglise  Sainte-Marie-sur-la-Colline. 

50.  —  Tympan. 

Il  est  de  même  forme  que  le  précédent  et  porte  au  centre, 
dans  un  médaillon  quadrilobé,  le  Christ  en  croix,  Saint-Jean, 
la  Vierge  et  deux  anges;  dans  le  haut,  le  soleil  et  la  lune. 
Dans  les  angles  du  bas  sont  représentés  en  bas-relief  :  à 
gauche  la  Nativité  ;  à  droite  les  soldats  païens  endormis  et 
les  saintes  Femmes,  conduites  par  un  ange,  auprès  du 
Saint  Sépulcre. 

Le  cadre  du  médaillon  quadrilobé  et  la  bordure  inférieure 
portent  des  inscriptions. 


—  4U  — 

xin0  siècle.  —  Pierre. 
Hauteur  4"10.  Largeur  î"20. 

Église  Saint-Pierre. 

51 .  —  Tympan  du  portail  méridional. 

Le  sujet  est  ici  le  martyre  de  Saint-Jean  l'Évangélisle  ;  on 
le  voit  plongé  dans  une  chaudière  d'huile  bouillante,  par 
ordre  de  Domilien,  qui  assiste  au  supplice.  Deux  soldats 
romains  sont  auprès  de  lui;  un  ange  assiste  le  Saint. 

Cette  sculpture,  qui  date  de  la  fin  du  xue  siècle,  est  d'une 
exécution  peu  caressée. 

Hauteur  0m73.  Largeur  \mkl. 

52.  —  Tympan  du  portail  septentrional. 

Ogive  obtuse  à  gros  tore  d  écailles  imbriquées.  Le  fond 
présente  un  joli  cadre  de  feuillage  et  une  rangée  d'arcatures 
à  plein  cintre. 

L'original  porte  des  traces  de  polychromie  ancienne  et  de 
restaurations. 

xn^  siècle.  —  Pierre. 

Hauteur  lm50.  Largeur  2m60. 

TRÊVES. 

Cathédrale. 

53.  Portail  méridional. 

Arcade  à  plein  cintre,  avec  supports  octogones  et  moulures 
décorées.  Dans  le  tympan,  la  figure  assise  du  Christ  bénis- 
sant, entre  la  Vierge  et  Saint-Pierre,  ceux-ci  debout. 

xii-  siècle.  —  Granit. 

Hauteur  6m55.  Largeur  4m70. 


—  415  -^ 

54.  —  Clôture  du  chœur. 

Sous  des  arcatures  aveugles  à  colonnelles  engagées  sont 
(aillées  huit  niches  dont  chacune  contient  la  figure,  en  haut 
relief,  d'un  apôtre  debout.  L'un  d'eux  porte  un  livre;  les 
autres,  des  manuscrits  roulés.  Les  écoinçons  sont  remplis  de 
feuillage. 

L'ornementation  des  archivoltes,  celle  des  fûts  et  des 
chapiteaux  des  colonnettes  est  la  même  pour  les  huit  com- 
partiments. 

Fin  du  xii1  siècle.  —  Pierre  calcaire. 

Hauteur  lm30.  Largeur  4m60. 

55.  —  Tombeau  du  Prince-Électeur  Richard  von  Greif- 
fenklau. 

Sur  un  soubassement  portant  une  inscription  s'élève  une 
grande  niche  entre  deux  pilastres  d'une  décoration  fort 
riche.  Dans  la  niche  sont  les  statues  du  Christ  en  croix,  de 
la  Madeleine,  de  Sainte-Hélène,  de  Saint-Pierre  et  du  défunt, 
ce  dernier  agenouillé,  en  vêtements  de  cérémonie.  Les 
pilastres  se  répètent  en  petit  dans  la  zone  supérieure,  où  ils 
encadrent  quatre  écussons  armoriés  ;  les  armes  et  les  insignes 
du  Prince-Électeur  couronnent  le  tout. 

Ce  monument  date  du  premier  quart  du  xvi*  siècle.  Le 
soubassement  est  en  grès  gris  de  Lorich,  près  Trêves  ;  le 
reste  en  tuffeau  gris  de  Weibern. 

Hauteur  6m87.  Largeur  lm96.  Profondeur  0m58. 

56.  —  Tombeau  du  Prince-Électeur  Johann  von  Melzen- 
hausen. 

Ce  monument  se  compose  de  trois  niches  à  plein  cintre 
avec   couronnement,  sur  une  haute  predella   qui   porte 


—  416  — 

1'înscriplion  ;  les  deux  niches  latérales  n'ont  guère  que  le 
tiers  de  la  largeur  de  celle  du  milieu. 

Quatre  pilastres  font  saillie  sur  le  soubassement;  ils  sont 
couverts  d'ornements  et  portent  à  mi-hauteur,  dans  un 
médaillon  circulaire,  une  tête  vue  de  profil  ;  des  écussons 
armoriés  portés  par  de  petits  génies  remplacent  les  chapi- 
teaux. 

Ces  motifs  servent  de  piédestaux  aux  quatre  grands 
pilastres  qui  encadrent  les  niches  ;  ceux-ci  sont  aussi  enrichis 
d'ornements  et  de  médaillons  avec  profils.  Chacun  des  deux 
pilastres  des  extrémités  supporte  un  piédestal  avec  une 
statuette  :  à  gauche,  Sainl-Géréon  appuyé  sur  un  écu  alle- 
mand ;  à  droite,  Saint-Georges  transperçant  le  dragon  de  sa 
lance.  Sur  la  face  de  chaque  piédestal,  an  écusson  pareil  à 
ceux  du  soubassement. 

Les  deux  pilastres  de  la  niche  centrale  reprennent  au-des- 
sus de  leur  chapiteau  et  soutiennent  une  sorte  d'attique  à 
corniche  moulurée  tressaillante;  au  milieu  de  cetallique, 
une  figure  à  mi-corps  de  vieillard  déployant  deux  banderolles; 
aux  extrémités,  qui  font  avant-corps  au-dessus  des  pilastres, 
deux  écussons  analogues  à  ceux  mentionnés  plus  haut.  Sur 
ces  avant-corps,  une  statuette  de  la  Vierge  à  gauche,  de 
Saint-Jean  à  droite.  Entre  les  deux,  un  fronton  cintré  avec 
les  armoiries  du  défunt  dans  le  tympan  et  comme  couron- 
nement la  statuette  du  Christ  nu,  couronné  d'épines,  debout 
sur  un  globe;  les  piédestaux  des  deux  premières  statuettes 
se  relient  au  motif  central  par  deux  dauphins  que  chevauchent 
des  génies. 

Dans  les  niches  sont  placées  :  au  milieu  la  grande  statue 
en  pied  du  Prince  de  Metzenhausen,  en  grand  costume 


—  417  — 

d'évéque,  les  mains  jointes,  la  crosse  avec  sudarium  passée 
dans  le  bras  gauche;  à  sa  droite,  Saint-Pierre  avec  sa  clef, 
à  sa  gauche,  Saint-Paul  avec  le  glaive;  ces  deux  dernières 
figures  sur  des  piédestaux  on  forme  de  colonneltes  cannelées. 

Ce  monument  est  1res  élégant  et  fort  bien  conservé. 

Vers  1541 .  —  Grès  jaune- verdàtre  de  Wasserliesch,  près 
Trêves. 

Hauteur  6m70.  Largeur  3m57.  Profondeur  0*73. 

Église  Notre-Dame. 

57.  —  Portail  principal. 

Grande  arcade  à  six  archivoltes,  à  plein  cintre,  percée 
d'une  porte  rectangulaire.  Dans  le  tympan,  de  nombreuses 
figures  d'une  sculpture  un  peu  maigre,  représentent  :  au 
milieu  la  Vierge  assise,  tenant  sur  les  genoux  Jésus  et 
foulant  aux  pieds  le  basilic;  à  sa  droite,  les  Mages  agenouillés, 
puis  les  bergers;  à  sa  gauche,  la  Présentation  de  Jésus  au 
temple  et  le  Massacre  des  Innocents. 

Cinq  des  archivoltes  sont  décorées  de  statuettes  :  celle  qui 
encadre  le  tympan  porte  huit  anges  debout,  qui  tiennent 
alternativement  un  encensoir  et  une  couronne;  la  suivante, 
huit  évoques,  debout  aussi  ;  la  troisième,  huit  cardinaux  assis; 
la  quatrième,  huit  rois  musiciens  et,  à  la  clef  d'arc,  un  ange 
tenant  un  phylactère;  la  cinquième  présente  les  cinq  Vierges 
sages  à  droite,  les  cinq  Vierges  folles  à  gauche  ;  enfin  l'archi- 
volte extérieure  forme  une  gorge  décorée  de  grandes  feuilles 
d'acanthe  à  crochets. 

Les  ébrasements  du  portail  présentent  chacun  quatre 
niches  avec  dais  trilobés  surmontés  de  gables.  A  gauche,  les 
deux  niches  du  fond  sont  vides  ;  la  troisième  contient  une 


—  418  — 

figure  en  pied  personnifiant  l'Église  :  une  femme  couronnée 
tenant  une  croix  et  un  calice  (ces  attributs  sont  modernes). 
Dans  la  niche  correspondante  du  côté  droit,  est  figurée  la 
Synagogue  :  la  couronne  tombe  de  sa  tète,  sa  main  droite 
laisse  échapper  les  tables  de  la  Loi,  l'autre  tient  le  reste  de 
la  hampe  brisée  traditionnelle.  A  sa  droite  est  une  statue  de 
Saint-Jean  TÉvangélisle,  qui  porte  un  calice  ;  la  niche  prés 
de  la  porte  est  vide. 

La  dernière  niche  vers  l'extérieur  de  chaque  côté  est  vide 
aussi  et  présente  un  fond  de  grandes  feuilles  à  crochets  d'une 
belle  exécution. 

Dans  les  soubassements  sont  taillées,  à  droite  et  à  gauche, 
quatre  arcades  trilobées  avec  fleurons  dans  les  écoinçons, 
portant  sur  des  colonnettes  avec  chapiteaux  de  feuillages  à 
crochets  et  bases  à  deux  tores. 

De  chaque  côté  fait  saillie  sur  le  nu  du  mur  un  fort  pilastre 
cantonné  de  trois  colonnes  avec  chapiteaux  à  deux  rangs  de 
larges  feuilles  de  vigne.  La  colonne  de  face,  d'un  diamètre 
au  moins  double  des  autres,  quoique  de  même  hauteur,  est 
surmontée  d'un  socle  qui  porte,  du  côté  gauche,  la  statue  de 
Noë  :  vieillard  à  longue  barbe  appuyé  sur  un  bâton  ;  devant 
lui  est  le  bûcher  rappelant  son  sacrifice  d'actions  de  grâce; 
sur  la  colonne  de  droite,  Abraham  s'apprèlant  à  sacrifier 
Isaac  ;  l'ange  qui  arrête  son  bras  apparaît  dans  l'angle  supé- 
rieur du  mur  de  fond,  au-dessus  de  l'arcade.  Ces  deux 
grandes  figures  sont  abritées  sous  des  dais  à  trois  arcs  trilo- 
bés, surmontés  de  gables  et  d'édicules  en  forme  de  tourelles 
cylindriques  percées  de  meurtrières  et  couvertes  de  toits 
coniques.  Un  gros  pilastre  auquel  ces  motifs  sont  adossés 
porte  encore,  à  droite  et  à  gauche,  deux  statues  de  prophètes. 


—  «9  — 

L'ensemble  est  imposant  d'aspect;  la  décoration  architec- 
turale est  d'une  exécution  particulièrement  remarquable. 
Milieu  du  xni8  siècle.  —  Grès  de  Jaumont. 
Hauteur  8m0O.  Largeur  8ro55. 

K8.  —Portail  latéral. 

Haute  arcade  à  plein  cintre,  à  six  archivoltes  ;  les  quatre 
plus  grandes  sont  décorées  de  feuillages  variés,  d'une 
inexprimable  délicatesse  d'exécution.  Les  deux  autres  sont 
ornées  chacune  de  huit  figurines  d'anges  portant  des  flam- 
beaux, des  couronnes,  des  encensoirs  et  d'autres  attributs. 

Cinq  figures  presque  en  ronde  bosse  remplissent  le  tympan  : 
au  milieu,  la  Vierge,  entre  le  Christ  à  sa  droite  et  Saint-Michel 
à  sa  gauche,  qui  lui  posent  ensemble  une  couronne  sur  la 
télé;  de  chaque  côté,  un  ange  debout. 

Sur  le  nu  des  ébrasemenls  ressortcnl  six  colonnetles  cylin- 
driques, avec  anneaux  ornementés  à  mi-hauteur,  et  chapi- 
teaux de  feuillages  ajourés;  la  colonne  attenant  au  piédroit 
est  séparée  de  la  suivante  par  une  bande  de  feuillage  grimpant. 

La  décoration  de  ce  portail  est  réellement  merveilleuse  ; 
il  n'existe  guère  d'exemples  d'ouvrages  de  pierres  travaillées 
avec  une  aussi  prodigieuse  habileté;  l'archivolte  extérieure, 
notamment,  est  comparable  à  une  œuvre  d'orfèvrerie. 

Milieu  du  xiu*  siècle. 

Hauteur  6B20.  Largeur  5m48. 

WESTERNKAPPELN. 

Église  paroissiale  catholique. 

59.  —  Portail  méridional. 

Arcade  ogivale  obtuse  à  quatre  archivoltes  en  boudins. 
Celle  du  fond  est  décorée  d'un  feuillage  largement  traité  ;  la 


—  420  — 

suivante,  de  billeltes;  la  troisième  est  un  tore  uni,  assez 
étroit,  séparé  par  une  gorge  peu  profonde  d'une  plate-bande 
unie  aussi  ;  un  gros  tore  anneié  sans  ornemeols  forme  l'archi- 
volte extérieure.  De  grandes  pierres  d'une  seule  pièce  forment 
à  la  fois  le  tympan  et  le  linteau  ;  ce  dernier  dessine  une  ligne 
brisée,  la  partie  horizontale  du  milieu  étant  reliée  par  deux 
obliques  aux  piédroits. 

Au  milieu  du  tympan  est  taillée  en  haut-relief  une  figure 
assise  du  Sauveur  bénissant;  dans  chaque  angle,  un  homme 
en  prières. 

Les  piédroits  se  composent  de  moulures  en  boudins.  Dans 
les  ébrasements  sont  creusées  deux  niches  à  plein  cintre  dont 
chacune  abrite  une  statue  posée  sur  une  colon nel te  formant 
piédestal.  De  chaque  côté  devaient  se  trouver  deux  colon- 
nettes  cylindriques,  dont  il  ne  subsiste  que  les  chapiteaux  à 
feuillages  et  quelques  fragments  de  bases. 

Toute  cette  partie  a  beaucoup  souffert  :  les  moulures  da  sou- 
bassement sont  tout  à  fait  dégradées,  les  crochets  des  chapiteaux 
sont  abattus  ;  les  mains  et  les  tètes  des  statues  ont  disparu, 
leurs  corps  sont  presque  informes;  néanmoins  l'ensemble  de 
ce  petit  portail  se  fait  remarquer  par  la  largeur  de  l'exécution 
etson  absolue  simplicité  lui  donne  un  réel  aspect  de  grandeur. 

Seconde  moitié  du  xui*  siècle.  —  Grès  westphalien  gris- 
verdàtre. 

Hauteur  5"00.  Largeur  4m50. 

WETZLAR. 

Cathédrale. 

59a.  —  Pelite  maquette  à  l'échelle  de  l  h  80. 

La  cathédrale  est  figurée  dans  son  élat  primitif,  avec  les 


—  421  — 

restes  de  la  lour  romane  y  accolée,  la  tour  gothique  du 

sud-ouest,  le  chœur  du  xme  siècle,  la  grande  nef  et  le 
transept  du  xiv*. 

C'est  un  petit  modèle  très  intéressant;  il  est  à  espérer  que 

nous  serons  bientôt  en  mesure  d'exposer  des  reproductions 

similaires  de  nos  belles  cathédrales. 

XANTEN. 

Cathédrale. 

60.  —  Groupe  de  la  Visitation  (contre  un  pilastre  du 
chœur). 

Les  figures,  de  grandeur  naturelle,  sont  habillées  de  dra- 
peries aux  petits  plis  archaïques.  Sur  le  socle  sont  sculptés 
une  figure  de  Juif  avec  un  porc,  un  dragon  et  un  lion. 

Vers  l'an  1300.  —Grès. 

Hauteur  2n,20  (avec  le  socle).  Largeur  0ra85. 

61  à  64.  —  Quatre  joues  de  stalles. 

La  partie  inférieure  est  décorée  d'arcalures  trilobées 
aveugles  ;  le  dessus  est  formé  de  forts  branchages  sculptés  à 
jour,  largement  traités,  avec  de  petits  animaux  :  un  chien, 
un  aigle,  un  singe  et  un  dragon. 

Seconde  moitié  du  xiu°  siècle.  —  Bois  de  chêne. 

Hauteur  2*20.  Largeur  chacun  0m90. 


Voilà,  Messieurs,  pour  ce  qui  concerne  les  moulages;  avant 
d'aborder  les  objets  originaux,  je  tiens  à  vous  dire  un  mot 
des  photographies. 

Le  conseiller  intime  Meydenbauer  avait  exécuté,  au  moyen 


i 
L 


—  422  — 

d'un  procédé  de  son  invention,  soixante-quinze  photogra- 
phies ne  mesurant  pas  moins  de  un  mètre  sur  un  mètre 
quatre-vingt-dix  chacune,  d'après  les  monuments  les  plus 
remarquables  de  la  province  rhénane  (40  vues),  de  la  West- 
phalie  (26  vues)  et  du  district  de  Wiesbaden  (9  vues). 

Ces  planches  énormes  sont  d'un  haut  intérêt  et  peuvent 
certainement  rendre  les  plus  grands  services  pour  l'élude 
des  monuments  qu'elles  représentent;  je  n'en  ai  pas  moins 
pensé  avec  quelque  fierté  au  succès  qu'obtiendrait  dans  une 
exposition  analogue  notre  superbe  collection  de  photolypies, 
due  à  l'iniative  de  M.  Gloquel  ;  il  s'en  faut  encore  de  quatre- 
vingt  quatre  vues  qu'elle  atteigne  le  chiffre  de  deux  cents 
auquel  votre  Comité  s'est  arrêté  provisoirement  ;  je  pense 
qu'il  n'est  guère  de  musées,  —  s'il  en  est,  —  qui  puissent 
nous  opposer  une  galerie  plus  belle  et  plus  intéressante. 

Je  cite  pour  mémoire  quelques  agrandissements,  très 
utiles  aussi,  de  photographies  d'objets  d'art  inscrits  à 
l'inventaire  monumental  de  la  Westphalie.  Ces  belles  repro- 
ductions sont  dues  à  M.  le  conseiller  Ludorff,  conservateur 
provincial.  

Je  ne  puis  me  dispenser,  Messieurs,  de  vous  parler  à 
présent  des  objets  d'art  originaux  ;  il  va  sans  dire  que  je  ne 
tenterai  même  pas  l'énuméralion  des  3,200  pièces  exposées; 
mais  il  en  est  qui  se  rattachent  si  intimement  à  la  nature  de 
nos  collections  qu'ils  ne  peuvent  être  ici  passés  sous  silence. 

Il  est  tout  d'abord  une  catégorie  de  ces  objets  qui  relève 
directement  de  l'art  monumental  :  ce  sont  les  châsses;  il  y  en 
a,  —  tel  notre  merveilleux  reliquaire  de  Sainte-Gertrude,  — 
qui  sont  de  véritables  cathédrales  en  miniature. 


—  423  — 

De  l'admirable  collection  de  châsses  exposées  à  Dûssel- 
dorf,  celles  qui  offrent  le  plus  de  caractères  architectoniques 
appartiennent  l'une  à  la  cathédrale,  l'autre  à  1  église  Saint- 
Jean,  à  Osnabriick. 

La  première  (n°  582)  renferme  les  reliques  de  Sainte^ 
Cordula.  Elle  figure  une  nef  rectangulaire  dont  chaque 
façade  est  percée  de  cinq  baies  ogivales  à  deux  rangs  super- 
posés de  quatre  lumières  chacun  ;  les  réseaux  dessinent  trois 
œils  quadrilobés;  une  statuette  debout  est  placée  devant  les 
première,  troisième  et  cinquième  ogives;  ces  baies  sont 
séparées  entre  elles  par  un  contrefort  à  trois  glacis;  des 
contreforts  de  même  modèle,  placés  dans  Fsrxe  des  diago- 
nales, renforcent  les  angles  de  l'édifice. 

Chacun  des  pignons  est  occupé  par  une  haute  fenêtre 
ogivale  à  claire- voie  divisée  dans  sa  hauteur,  par  une 
galerie  de  cinq  quatrefeuilles,  en  deux  étages  à  six  lumières 
chacun.  Les  meneaux  du  bas  dessinent  des  arcs  surbaissés; 
ceux  de  l'étage  supérieur  forment  deux  ogives  à  roses 
quadrilobées;  une  grande  rose  à  six  lobes  à  redents  entou- 
rant un  œil  à  trois  flammes  occupe  le  tympan  de  la  grande 
ogive. 

La  toiture  est  à  deux  versants,  portant  chacun  cinq 
fenêtres  cintrées  aveugles  à  trois  divisions  et  œil  quadrilobé; 
les  rampants  des  pignons  sont  unis;  ils  portent  à  l'extrémité 
inférieure  une  grande  feuille  arrondie  et  comme  amortisse- 
ment une  minuscule  colon  nette  annelée. 

L'ensemble  est  rehaussé  de  fleurettes  de  métal,  de  pierre- 
ries et  de  nombreux  cabochons  de  formes  variées. 

xv*  siècle.  —  Argent. 

Hauteur  0m42.  Largeur  0m62.  Profondeur  0m30. 


—  424  — 

La  châsse  de  l'église  Saint-Jean  (n°  586)  est  du  même 
genre,  maïs  plus  simple.  Chaque  face  présente  trois  fenêtres 
ogivales  à  trois  lumières  et  trois  œils  quadrilobés;  la  grande 
fenêtre  de  chaque  pignon  est  à  quatre  lumières  et  l'œil  a  cinq 
lobes  à  redents.  Des  contreforts  sont  disposés  comme  dans 
la  châsse  précédente,  mais  ils  n'ont  que  deux  glacis  ;  celui  du 
bas  porte  une  sorte  de  pinacle  en  forme  de  tourelle  adossée  à 
la  partie  supérieure  du  contrefort  ;  dont  le  couronnement 
dessine  un  petit  toit  en  saillie. 

L'édicule  repose  sur  un  soubassement  mouluré  dont  le 
contour  suit  les  ressauts  des  contreforts.  La  toiture,  à  deux 
versants,  simule  des  ardoises  arrondies,  en  imbrication.  Une 
côte  saillante,  —  sorte  de  fort  tasseau  mouluré,  —  corres- 
pond à  Taxe  de  chaque  contrefort  des  façades  et  porte  à 
l'amortissement  un  bouquet  de  feuilles.  Les  rampants  des 
pignons  sont  moulurés  et  portent  un  amortissement  iden- 
tique. 

Une  figurine  de  femme  en  prières  est  agenouillée  à  l'un  des 
pignons.  De  multiples  fleurettes  et  des  cabochons  enri- 
chissent le  monument. 

xive  siècle.  —  Argent. 

Hauteur  0m54.  Largeur  0m55.  Profondeur  0n33. 

Le  musée  royal  ancien  de  Berlin  exposait  aussi  une  châsse 
de  forme  monumentale;  celle  de  Sainl-Palrocle  (nr  315). 

Chaque  face  présente  sept  arcades  ogivales  aveugles 
trilobées  à  l'intérieur;  celle  du  milieu,  plus  grande,  est 
dessinée  dans  une  sorte  de  portail  en  avant-corps  avec  gables 
à  crochets  de  feuillage,  flanqué  de  contreforts  avec  pinacles 
en  forme  de  tourelles  à  quatre  étages  ;  ce  portail  reproduit 
le  motif  des  pignons. 


—  428  — 

Le  soubassement  fait  saillie  sous  ehaque  arcade,  formant 
an  piédestal  qui  porte  une  statuette;  les  quatre  statuettes 
principales  ont  en  outre  un  socle  décoré  de  quatrefeuilles 
à  jour;  elles  représentent  :  à  l'un  des  pignons  la  Vierge,  à 
l'autre  le  Christ,  tous  deux  assis  sur  un  trône;  à  Tune  des 
faces  Saint-Palrocle,  à  l'autre  Saint-Bruno;  dans  les  petites 
arcades  sont  les  figurines  des  douze  apôtres. 

La  toiture,  à  deux  versants,  est  faite  de  petites  plaques 
arrondies  ;  une  légère  balustrade  de  quatrefeuilles  à  jour, 
court  sur  les  chéneaux;  le  crétage,  semé  de  feuilles,  porte 
cinq 'fleurons  en  bouquets  de  feuillage,  dont  deux  aux  amor- 
tissements des  rampants  des  pignons.  Dans  les  gables  qui 
surmontent  les  quatre  grandes  ogives,  une  rose  quadrilobée 
encadre  une  figurine.  L'ensemble  est  élégant  quoique  un 
peu  maigre  de  proportions. 

Commencement  du  xiv'siècle.  — Restaurations  modernes. 
—  Argent. 

Hauteur  0m74.  Largeur  1m76.  Profondeur  0"47. 

La  châsse  dite  «  des  Macchabées  »,  qui  appartient  à 
l'église  Saint-André,  à  Cologne  (n°  4G5),  présente  aussi 
l'aspect  général  d'un  édicule;  mais  elle  est  entièrement 
couverte  de  bas-reliefs. 

Six  contreforts  décorés  d'arcades  aveugles  divisent  cha- 
cune de  ses  faces  en  cinq  compartiments  subdivisés  à  leur 
tour  en  deux  panneaux  superposés.  Sur  chacun  des  deux 
versants  de  la  toiture,  des  tasseaux  en  moulures  ornées 
tracent  les  mêmes  divisions.  La  châsse  comporte  ainsi 
quarante  sujets  en  argent  repoussé,  retraçant  des  épisodes 
de  la  vie  du  Christ  et  du  martyre  des  sept  frères  torturés 
par  Antiochus  Epiphane.  Chaque  contrefort  est  surmonté 


—  426  — 

d'une  figurine  en  ronde  bosse  :  anges  à  ceux  des  extrémités, 
personnages  porteurs  de  phylactères  aux  autres. 

Les  pignons  sont  renforcés  de  deux  contreforts;  dans 
l'angle  rentrant  qu'ils  forment  avec  ceux  des  extrémités  des 
faces  s'élève  un  piédestal  en  forme  de  colonnelle  torse 
cannelée,  portant  une  statuette  dont  le  dais,  en  arc  accolade, 
sert  de  support  à  une  figurine  plus  grande  assise  à  chaque 
angle  de  la  corniche.  Les  pignons  sont  aigus  ;  les  rampants, 
qui  portent  des  crochets  en  feuilles  de  chicorée,  ont  pour 
amortissement  une  tète  ailée. 

Dans  les  champs  des  pignons  sont  représentés,  en  bas- 
relief  :  d'un  côté  l'Entrée  des  Macchabées  dans  le  ciel,  plus 
haut  l'Assomption  et,  dans  l'angle  du  gable,  le  buste  du  Père 
Éternel  bénissant;  à  l'autre  pignon,  la  récompense  de  la 
mère  des  Macchabées,  le  Couronnement  de  la  Vierge  et  le 
même  buste. 

Le  soubassement  porte  des  inscriptions  en  capitales 
romaines. 

Exécuté  à  Cologne  vers  la  fin  du  xv*  siècle.  —  Argent  et 
cuivre  doré. 

Hauteur  0m97.  Largeur  l^O.  Profondeur  0*87. 

Les  églises  de  Cologne  exposaient  encore  quatre  autres 
châsses  fort  belles;  celle  de  Sainte-Ursule  (n°  511),  qui 
appartient  à  l'église  de  ce  nom,  se  fait  remarquer  par  une 
disposition  particulière  assez  rare  :  le  toit  en  voûte  en 
berceau. 

Les  pignons,  à  plein  cintre,  se  répètent  au  milieu  de 
chacune  des  faces,  qui  présentent  six  arcades  également  à 
plein  cintre  avec  pilastres  d email  à  dessins  variés;  le  tout 
enrichi  de  plaques  d'argent  repoussé,  de  médaillons  émaillés 


—  437  — 

circulaires  et  rectangulaires  et  de  nombreux  cabochons. 

Exécuté  à  Cologne  à  la  fin  du  xae  siècle. 

Hauteur  0-50.  Largeur  4*20.  Profondeur  Om40. 

Toutes  les  autres  châsses  sont  des  édicules  avec  toiture 
à  double  versant. 

Celle  de  Saint-Albin  (n°  504)  qui  appartient  à  l'église 
Sainte-Marie  «  in  den  Schnurgasse  • ,  présente  à  chaque  face 
six  arcades  trilobées  retombant  sur  des  colonnetles  jumelles 
émaillées. 

Aux  pignons,  deux  arcs  trilobés  sont  superposés;  les 
angles- redents  de  Tare  inférieur  sont  soutenus  par  des 
colon  nettes  plus  grandes;  dans  les  arcades  sont  peintes  des 
figures  modernes  de  saints,  qui  malheureusement  ne  s'har- 
monisent guère  avec  l'ensemble  du  vénérable  monument. 

Sur  chaque  versant  de  la  toiture  quatre  panneaux  rectan- 
gulaires en  cuivre  repoussé  représentent,  en  bas  relief,  des 
scènes  de  la  vie  de  Saint- Albin. 

L'ornementation  de  cette  châsse  :  émaux,  pierres  taillées, 
cabochons  multiples,  est  d'une  richesse  inimaginable. 

Travail  colonais.  —  Vers  1200. 

Hauteur  0T7%  Largeur  4m53.  Profondeur  Oœ51. 

La  châsse  de  Sainl-Maurin  (n°  505)  qui  appartient  à  la 
même  église,  offre  sur  chaque  face,  en  retrait  sur  le  chéneau, 
sept  arcades  à  plein  cintre  sur  pilastres;  aux  deux  extré- 
mités une  saillie  en  forme  d'ante,  à  face  émaillée,  présente 
une  figure  allégorique. 

Sur  chaque  versant  du  toit,  cinq  médaillons  en  losanges 
quadrilobés  encadrent  des  scènes  de  martyres  en  argent 
repoussé.  Un  fort  joli  crétage  de  cuivre  découpé  et  rehaussé 
au  centre  d'un  fleuron  à  cinq  branches  couronne  le  faite. 


—  428  — 

Les  chéneaux,  les  écoiuçons  et  les  pilastres  sont  en 
plaques  d'émail  avec  nombreux  cabochons. 

Travail  colonais  de  la  fin  du  xn0  siècle. 

Hauteur  0n60.  Largeur  im32.  Profondeur  0"42. 

L'église  paroissiale  de  Saint-Héribert,  à  Cologne-Deulz, 
conserve  les  reliques  de  son  patron  dans  une  châsse  tout  à 
fait  remarquable  (n°  524). 

De  même  forme  que  les  précédentes,  elle  présente  sur 
chaque  face  six  divisions  rectangulaires,  occupée  chacune 
par  la  figurine,  en  argent  repoussé,  d'un  apôtre  assis  et 
séparées  par  des  trumeaux  d'émail  avec  figures  de  prophètes. 

Les  pignons  sont  recouverts  de  bas-reliefs  d'argent 
repoussé  représentant  :  d'un  côté  la  Vierge  assise,  cou- 
ronnée, tenant  le  sceptre  de  la  main  droite;  l'Enfant  Jésus 
assis  sur  son  genou  gauche  donne  la  bénédiction  latine; 
deux  anges  se  tiennent  à  ses  côtés  ;  au  pignon  opposé  se 
trouve  la  figure  de  Saint-Héribert;  ces  deux  compositions 
sont  surmontées  d'une  arcade  trilobée  surbaissée. 

Sur  chaque  versant  de  la  toiture  sont  fixés  six  médaillons 
d'émail  figurant  des  scènes  de  la  vie  du  Saint.  Le  crélage, 
en  cuivre,  se  répète  sur  les  rampanls  des  pignons,  entrecoupé 
de  cabochons  de  cristal. 

De  nombreuses  pierres  précieuses  rehaussent  ce  petit 
monument  dont  toute  l'ornementation,  d'émail,  de  cuivre  et 
d'argent  repoussé,  est  d'une  incomparable  richesse. 

Exécuté  à  Cologne  au  milieu  du  xue  siècle. 

Hauteur  0,n64.  Largeur  lm54.  Profondeur  0œ45. 

La  chasse  de  Sainte-Prudence  (n°  214),  à  l'église  parois- 
siale de  Beckum,  est  plus  simple  mais  non  moins  belle. 

Les  six  niches  de  chacune  de  ses  faces  longues  dessinent 


—    429    -r- 

des  arcades  trilobées  sur  colonnettes  jumelles;  chacune 
d'elles  contient  une  statuette  d'argent  repoussé;  à  l'un  dos 
pignons  se  trouve  Saint-Fabien,  à  l'autre  Saint-Sébastien. 
Le  crétage  des  rinceaux  est  d'une  rare  élégance  ;  il  porte  trois 
fleurons  en  forme  de  gros  boutons  entr'ouverts. 

Cette  châsse,  exécutée  au  commencement  du  xiu*  siècle, 
est  fortement  restaurée. 

Hauteur  0m47.  Largeur  lm05.  Profondeur  0m72. 

Les  faces  de  la  chasse  de  Safnl-Suitbert  (n°  449),  à  l'an- 
cienne collégiale  de  Kaiser werth,  offrent  la  même  disposition 
d'arcs  trilobés  sur  colonnes  jumelles,  avec  figures  d'apôtres. 

Sur  chaque  versant  du  toit  quatre  bas-reliefs  rectangu- 
laires ont  pour  sujets  des  scènes  de  la  vie  du  Christ. 

Aux  pignons  se  voient  d'une  part  la  Vierge  entre  deux 
saintes  femmes,  d'autre  part  Saint-Suitbert  entre  Sainte- 
Plectrude  et  le  roi  Pépin.  Le  crétage  des  rinceaux  pleins 
parait  un  peu  lourd  ;  ses  cinq  fleurons  figurent  des  bouquets 
de  feuillage  surmontés  de  boules  de  cristal. 

Cette  châsse  date  de  1264;  elle  a  subi  certaines  restau- 
rations. 

Hauteur  0m76.  Largeur  lm60.  Profondeur  0B45. 

L'église  paroissiale  catholique  de  Siegbourg  n'exposait 
pas  moins  de  cinq  châsses  toutes  restaurées  par  l'orfèvre 
P.  Beumers,  de  Dùsseldorf. 

La  première  renferme  les  reliques  de  Sainl-Anno  (n°625). 
Elle  présente  sur  ses  faces  la  disposition  déjà  décrite  de  six 
arcs  trilobés  sur  colonnettes  géminées;  les  arcades  sont 
vides;  dans  les  écoinçons  apparaissent,  sous  de  petits  arcs 
à  plein  cintre,  les  figurines  à  mi-corps  des  Apôtres  et  des 
Évangélistes,  en  métal  repoussé  sur  fond  d'émail. 


—  450  — 

Chaque  versant  de  la  couverture  porte  cinq  panneaux 
rectangulaires,  vides  aussi.  Des  pilastres  renforcent  les 
angles. 

Les  arcades  trilobées  des  pignons  sont  vides  comme  les 
autres.  Toutes  les  archivoltes  portent  des  inscriptions. 

S.ur  le  faîtage  et  les  rampants  des  gables  court  un  crétage 
de  rinceaux  avec  figurines,  d'une  exécution  habile  mais  un 
peu  lourd. 

Les  colonnettes  et  les  chéneaux  sont  en  émail;  les  pierres 
précieuses  sont  répandues  à  profusion. 

Exécuté,  probablement  à  Cologne,  en  1182. 

Hauteur  0"78.  Largeur  lra07.  Profondeur  0B46. 

La  chasse  des  Saints-Maurice  et  Innocent  (n°  626)  ne 
présente  pas  davantage  de  sujets  animés. 

Sept  colonnettes  cylindriques  d'émail  répartissent  ces  faces 
en  six  divisions  carrées  ;  au-dessous  des  bases  et  au-dessus 
des  chapiteaux  court  un  bandeau  avec  inscriptions. 

Les  versants  du  toit  sont  à  sept  panneaux  chacun,  avec 
encadrements  plats  de  métal  gravé  rehaussés  de  bossages 
hémisphériques.  Le  crétage  de  feuillage  entremêlé  de  petites 
boules  de  cristal  est  d'un  joli  travail. 

A  chaque  pignon,  une  arcade  aveugle  trilobée;  rampants 
des  gables  en  plaques  d'émail  et  de  métal  alternées,  ces 
dernières  portant  des  pierres  enchâssées.  Le  soubassement 
est  en  forme  de  doucine  à  palmettes. 

A  Cologne,  vers  l'an  1200. 

Hauteur  0*74.  Largeur  l'HS.  Profondeur  0œ51. 

La  châsse  de  Sainl-Benignus(n°  628)  a  les  mêmes  pignons 
que  la  précédente.  Ses  faces  offrent  six  arcades  à  plein  cintre 
sur  colonnettes  cylindriques  isolées,  en  émail.  Les  versants 


—  431  — 

du  toit  sont  à  quatre  panneaux,  sans  ornements.  Le  crétage 
de  pal  mettes  encadrées  parait  massif. 

Les  archivoltes  portent  des  inscriptions;  les  écoinçons  en 
plaques  d'argent  repoussé,  sont  enrichis  de  pierreries. 

Vers  l'an  1200. 

Hauteur  0m6I.  Longueur  ln02.  Profondeur  0m40. 

La  châsse  de  Sainte-Apollinaire  (n°  629)  est  entièrement 
garnie  de  plaques  de  cuivre  repoussé  et  doré. 

Les  sept  arcades  ogivales  de  chacune  de  ses  faces  ont  un 
fond  strié  en  losanges.  Les  plaques  de  la  toiture  sont  aussi 
des  losanges  et  portent  en  relief  alternativement  une  fleur  de 
lis  et  un  aigle  aux  ailes  éployées. 

Le  crétage  dessine  une  galerie  d'arcatures,  avec  cinq 
cabochons  de  cristal  sur  tiges  d'inégales  hauteurs;  des 
branches  de  feuillage  courent  le  long  des  rampants  des 
pignons. 

Un  contrefort  oblique,  renforçant  chaque  angle,  porte 
aussi  un  ornement  sphérique  en  cristal. 

Exécuté  en  1446. 

Hauteur  0œ62.  Largeur  1m52. 

Enfin  la  châsse  de  Saint-Honoré  (n°  627),  du  même  type 
général  que  les  autres,  se  fait  remarquer  par  l'importance 
donnée  à  la  toiture  :  elle  a  près  du  double  de  la  hauteur  des 
faces  latérales.  Celles-ci  présentent  chacune  six  arcades  à 
plein  cintre  sur  colonnettes  jumelles  cylindriques  à  chapi- 
teaux cubiques  ;  elles  sont  occupées  par  les  figurines  assises 
des  Apôtres,  en  argent  repoussé;  des  bustes  de  Saints 
ressortent  en  haut-relief  au-dessus  de  chaque  couple  de 
colonnettes.  Toute  cette  partie  est  d'un  caractère  archaïque 
particulièrement  prononcé. 


—  432  — 

Au  milieu  de  chaque  face  s'élève  un  fronton  triangulaire 
équilatéral  dont  le  tympan  est  occupé  par  un  buste  en  haut 
relief. 

A  chaque  pignon,  une  arcade  trilobée  avec  archivolte  à 
inscription  ;  de  nombreuses  pierres,  et  un  très  grand  cabo- 
chon dans  l'angle  des  gables.  Le  crétage  se  répèle  sur  les 
rampants  des  deux  frontons  et  des  deux  pignons. 

Sur  le  toit,  quatre  bas-reliefs  au  repoussé  représentent 
des  scènes  de  la  vie  de  Jésus  :  l'Annonciation,  la  Nativité,  etc. 

Le  catalogue  renseigne  cette  châsse  comme  datant  du 
xiii6  siècle;  je  dois  émettre  un  doute  à  ce  sujet,  tout  au  moios 
pour  ce  qui  concerne  les  parties  verticales,  c'est-à-dire  le 
coffre  proprement  dit,  qui  ne  me  parait  pas  postérieur  au 
commencement  du  xu°  siècle. 

Hauteur  0m53.  Longueur  0W61.  Profondeur  0m3i. 

La  dernière  châsse  à  mentionner  appartient  à  l'église  de 
Xanten  (ancienne  abbatiale)  ;  on  y  conserve  les  reliques  de 
Saint-Victor.  (N°  719). 

La  disposition  des  faces  est  nouvelle  :  on  y  voit  (rois 
niches  rectangulaires  entre  pilastres  en  émail,  à  chapiteaux 
foliacés  ;  ces  niches  contiennent  chacune  la  figure  debout 
d'un  apôtre,  en  or  repoussé  ;  elles  alternent  avec  des  trumeaux 
revêtus  d'une  plaque  de  métal  offrant,  en  repoussé,  un  cadre 
dont  les  côtés  verticaux  sont  en  forme  d'accolade  et  les  autres 
en  demi-cercle. 

A  l'un  des  pignons  se  voit  le  Christ  ;  à  l'autre  une  grande 
croix  avec  pierres  dans  un  médaillon  ovale.  Ce  coffre  est  un 
travail  rhénan  de  l'année  1129. 

La  toiture  date  du  xiv°  siècle  ;  chaque  versant  porte  cinq 
médaillons  quadrilobés  avec  la  figure  d'une  Vierge  sage  ou 


—  433  — 

d'une  Vierge  Folle,  en  bas-relief.  Le  fond  poMe  de  fort  jolis 
ornements  végétaux  repousses.  Le  crétage  esl  une  galerie 
de  quatrefeuilles,  sans  fleurons. 

Cette  châsse  fut  restaurée  d'abord  en  1394,  puis  après  les 
pillages  de  1593  et  1604,  enfin  en  1749. 

Hauteur  0*61.  Longueur  lm42.  Profondeur  0m48. 


Chacune  des  seize  châsses  que  je  viens  de  citer  présente, 
vous  le  voyez,  Messieurs,  des  éléments  archi tectoniques  qui 
m'ont  paru  justifier  une  description  un  peu  étendue. 

Dans  presque  toutes  celles  qui  furent  exécutées  à  Cologne 
nous  retrouvons  un  même  motif,  sorte  de  marque  d'origine  : 
les  chéneaux  des  faces  et  les  rampants  des  gables  décorés  de 
rectangles  d'émail  alternant  avec  des  feuilles  rectangulaires 
de  métal  dans  lesquelles  sont  serties  des  pierres  précieuses 
an  nombre  de  cinq  :  une  à  chaque  angle,  une  plus  grosse 
au  centre. 

Ces  plaques  d'émail,  de  même  que  les  colonnettes,  les 
pilastres,  les  écoinçons,  les  médaillons  de  même  matière,  aux 
dessins  délicats  variés  à  l'infini,  attestent  la  vigoureuse 
floraison  à  Cologne,  au  xn*  et  au  xiue  siècles,  d'une  industrie 
d'art  émule  de  celle  qui  a  consacré  la  gloire  séculaire  de 
Limoges. 


On  admirait  à  l'Exposition  de  Dûsseldorf,  outre  les  châsses 
dont  je  viens  de  parler,  une  grande  quantité  de  reliquaires  : 
chefs,  bras,  cylindres  de  cristal  sur  pieds  d'or  ou  d'argent, 
coffrets  de  formes  diverses.  Je  dois,  à  regret,  passer  sous 


—  434  — 

silence  ces  trésors  de  joaillerie,  de  même  qie  les  autels  por- 
tatifs, calices,  ciboires,  ostensoirs... 

Parmi  ces  derniers  pourtant  je  ferai  exception  eu  faveur 
d'une  merveilleuse  monstrance,  haute  d'un  mètre,  exécutée 
à  Amsterdam  au  milieu  du  xvi*  siècle  et  qui  appartient  à 
régi i se  paroissiale  de  Calcar.  (N°  325). 

Le  pied,  couvert  d'ornements  repoussés,  a  la  forme  d'un 
carré  quadrilobé  ;  la  tige,  octogone,  est  coupée  à  mi-hauteur 
d'un  gros  nœud  décoré  de  losanges  ;  le  cylindre  de  cristal 
renfermant  la  lunette  occupe  le  centre  d'une  plateforme  sur 
laquelle  se  dressent  dix  contreforts  en  forme  de  tourelles  à 
deux  étages,  avec  pinacles  aigus  garnis  de  crochets,  portant 
comme  amortissements  une  sphère;  sur  cette  dernière  sont 
posés  :  aux  deux  contreforts  les  plus  éloignés  du  centre  (et 
les  moins  élevés)  une  figure  d'ange;  aux  quatre  suivants  un 
ange  portant  un  instrument  de  la  Passion;  aux  quatre  plus 
grands,  une  médaille  avec  monogramme  découpé  à  jour. 
Chacun  des  contreforts  porte  en  outre,  accolées  à  sa  face 
externe,  deux  minuscules  figurines  de  saints  en  haut  relief; 
ils  sont  reliés  entre  eux  par  des  motifs  d'ornements  formant 
arcs-boutants. 

Le  couronnement  de  la  partie  centrale  se  compose  d'une 
nouvelle  ordonnance  de  contreforts  gothiques  étages  sur  deux 
rangs  et  surmontés  d'une  coupole  entièrement  à  jour  sur 
laquelle  se  dresse  le  crucifix.  Le  tout  est  parsemé  de  nom- 
breuses figurines  et  de  motifs  architectoniques  divers  :  gables, 
arcs  en  accolade  à  crochets  avec  tympans  ajourés,  etc.,  etc., 
qu'il  serait  oiseux  de  détailler. 

Je  ne  puis  comparer  cet  ostensoir,  au  point  de  vue  de 
l'habileté  du  travail  de  l'orfèvre,  qu'à  notre  chasse  de  Nivelles 


—  455  — 

toute  réserve  faite,  bien  entendu,  quant  à  la  grande  différence 
de  valeur  artistique  et  archéologique,  qui  est  incontestable- 
ment en  faveur  de  cette  dernière. 


La  même  église  de  Galcar  possède  un  objet  Tort  original 
appelé  c  Marienleuchler  »  (flambeau  de  Marie),  qui  présente 
une  combinaison  du  lustre  et  du  Rosaire. 

Il  se  compose,  dans  le  bas,  d'une  sorte  de  cul-de-lampe 
hexagone  dont  chaque  face  est  décorée  d'une  figure  assise, 
en  bas-relief,  et  dont  la  partie  inférieure  forme  un  petit  culot 
avec  torse  d'ange.  A  chaque  angle  s'attache  une  branche  de 
rinceaux  portant  à  son  extrémité  six  plateaux  de  candélabres 
avec  pointes. 

Sur  cette  espèce  de  socle  suspendu,  si  je  puis  m'exprimer 
ainsi,  se  dresse,  debout  sur  un  croissant  de  lune,  une  statue 
à  double  face  de  la  Vierge  portant  Jésus,  entourée  d'une 
gloire  elliptique  de  flammes  et  de  glaives;  dans  le  haut 
planent  deux  anges  qui  portent  la  couronne  de  Marie  sur 
laquelle  descend  le  Saint-Esprit  :  une  colombe  environnée 
de  rayons. 

La  Vierge  est  encadrée  de  deux  grandes  branches  naissant 
du  cul-de-lampe;  elles  projettent  des  rameaux  en  rinceaux 
dans  les  enroulements  desquels  douze  figures  d'hommes,  à 
mi-corps  et  en  ronde  bosse,  rappellent  la  généalogie  du 
Christ. 

Au  sommet,  sous  l'anneau  de  suspension,  le  Père  Éternel 
portant  le  globe  terrestre,  bénit  à  la  manière  latine. 

Ce  curieux  et  précieux  monument  ne  mesure  pas  moins 
de  3  mètres  50  de  hauteur;  commencé  en  1503  par  Hein- 


—  436  — 

rich  Bemst,  qui  y  consacra  huit  années,  il  fut  achevé,  après 
la  mort  de  celui-ci,  par  Kerstken  de  Ringenbacht. 

L'église  paroissiale  d'Erkelenz  possède  aussi  un  lustre  en 
bois  avec  figure  double  de  la  Vierge  de  grandeur  naturelle, 
du  même  genre  que  le  précédent  et  de  même  dimension. 
Sculpté  en  1517,  il  fut  peint  par  Johann  Erwein,  de  Cologne, 
en  1553  ;  sa  polychromie  actuelle  est  moderne.  (N°  377). 

L'église  paroissiale  de  Siersdorf  exposait  une  curieuse 
arcade,  dénommée  «  Lettnerbogen  » .  (N°641). 

Elle  se  compose  d'un  arc  elliptique  fait  de  rinceaux  à  jour, 
sur  deux  faisceaux  de  quatre  colonneltes  cylindriques  bra- 
celées,  à  cannelures  perlées;  leurs  chapiteaux  —  corbeilles 
de  feuillage  avec  tailloirs  octogones  —  supportent  deux 
statuettes  :  d'un  côté  l'empereur  Auguste  (?)  (i)  ;  de  l'autre, 
une  sibylle. 

Dans  les  rinceaux  se  voient  :  au  bas,  deux  monstres 
chimériques;  plus  haut  deux  chevaliers  qui  les  attaquent  à 
coups  de  lance;  enfin  Saint-Jean  d'un  côté,  de  l'autre  le 
donateur,  que  l'on  croit  être  Jean  de  Gohr;  tous  deux  prient 
agenouillés  et  lèvent  la  tète  vers  une  figure  de  la  Vierge 
entourée  d'une  gloire  de  glaives  et  de  flammes  qui,  placée 
sur  un  socle  pareil  aux  chapiteaux,  couronne  l'édifice. 

Celui-ci  date  du  milieu  du  xvie  siècle;  il  mesure  4m90  de 
hauteur  sur  2n,80  de  largeur. 

L'église  paroissiale  catholique  de  Calcar  dont  j'ai  déjà  parlé, 
exposait  encore  trois  retables. 


(i)  D'après  le  catalogue  ;  ne  s'agit-il  pas  d'Auguste  Ier,  Électeur  de  Saxe, 
•qui  naquit  en  1526  et  régna  de  1553  à  1586? 


—  437  — " 

Le  premier  (n°  32Î)  est  consacré  aux  Saints-Grépin  et 
Crépinien;  il  se  compose  de  trois  niches  rectangulaires 
encadrées  de  quatres  colonnelles  très  ornées  avec  figurines, 
vases,  médaillons,  animaux,  etc.  Le  long  du  cadre  sont 
disposés  des  supports  et  de  pelits  dais  pour  des  statuettes, 
qui  ont  disparu  ;  les  baldaquins  des  niches  sont  faits  de 
motifs  décoratifs  à  rinceaux  entremêlés  d'angelots,  sculptés 
à  jour  et  d'un  travail  très  habile. 

Dans  la  niche  centrale  est  la  statue  de  la  Madeleine;  dans 
les  deux  autres,  celles  des  Saints-Pierre  et  Paul;  le  milieu 
estsurélevé  et  forme  un  compartiment  rectangulaire  à  fronton 
cintré,  dans  lequel  un  groupe  en  ronde  bosse  représente  le 
Baptême  du  Christ;  à  côté  de  lui  se  tient  un  ange  et,  en 
avant,  deux  angelots  musiciens.  Les  quatre  colonnettes 
supportaient  des  figures  dont  deux  seulement  subsistent. 

Au-dessus  du  cadre  des  niches  latérales  sont  posées  les 
statues  des  Sainls-Crcpin  et  Crépinien,  armés  tous  deux  de 
larges  épées;  l'un  a  entre  les  pieds  la  meule  qu'on  leur 
attacha  au  cou  avant  de  les  précipiter  dans  la  rivière;  l'autre 
tient  un  livre.  Il  me  parait  étonnant  que  le  sculpteur  ait 
réservé  cette  place  à  ces  deux  grandes  figures,  qui  écrasent 
son  œuvre. 

Le  retable  est  fermé  par  des  volets  peints  ;  trois  sujets  en 
peinture  décorent  aussi  la  predella. 

Cette  œuvre  date  de  la  première  moitié  du  xvie  siècle. 

Sa  hauteur  est  de  3mS5;  sa  largeur  de  2m10  sans  les- 
volets. 

L'ornementation  est  extrêmement  riche  et  les  figures  d'un 
bon  style.  :  ' 

Le  second  retable  (n°322)  est  analogue  au  précédent 


—  438  — 

comme  dimensions  et  comme  dispositions  ;  il  lui  est  postérieur 
de  quelques  années. 

Dans  celui-ci  les  statues  de  la  Madeleine,  de  Saint-Pierre 
et  de  Saint-Paul  sont  remplacées  respectivement  par  celles 
de  Saint-Jean-Baptiste,  de  Saint-Jean  l'Évangélisle  et  de 
Saint-Sévère;  celles  des  Saints-Grépin  et  Crépi nien,  par  les 
Évangélistes  Luc  et  Mathieu. 

Le  troisième  retable,  dit  «  de  la  famille  Brower,  »  se 
compose  d'une  huche  en  bois  sculpté  ;  il  est  relevé  de  dorures 
sur  fond  noir;  deux  bas-reliefs  d'albâtre  y  sont  encastrés; 
les  donateurs  sont  représentés  sur  les  volets.  II  fut  exécuté 
en  1539,  probablement  à  Amsterdam. 

Sa  hauteur  n'est  que  de  1m60  ;  sa  largeur  de  0m87. 

Citons  encore,  parmi  les  retables,  deux  ouvrages  fla- 
mands : 

L'un  appartient  à  la  chapelle  catholique  d'EImpt  (n°  368). 
Il  est  en  chêne  sculpté  et  polychrome,  fermé  par  des  volets 
peints  dont  l'intérieur  représente  des  scènes  de  la  Passion; 
à  l'extérieur  la  messe  de  Saint-Grégoire  d'un  côté,  Abraham 
et  Melchisedech  de  l'autre. 

La  partie  principale  contient  trois  grandes  compositions  : 
le  Portement  de  la  Croix,  le  Calvaire  et  la  Déposition  de 
Croix;  dans  les  compartiments  inférieurs:  l'Annonciation, 
la  Visilation,  la  Nativité,  l'Adoration  des  Mages,  la  Circon- 
cision et  la  Présentation  au  Temple. 

Ce  retable  date  du  commencement  du  xvi6  siècle;  il  est 
haut  de  2m50  et  large  de  2m20. 

L'autre  retable,  qui  appartient  à  l'église  Saint-Géréon,  à 
Cologne  (n°  487)  est  un  peu  plus  petit  :  2m20  sur  2m05. 
C'est  à  peu  près  la  seule  différence  que  l'on  constate  entre 


—  439  — 

ces  deux  œuvres  de  l'École  d'Anvers;  les  sujets  sont  les 
mêmes,  tant  pour  les  volets  peints  que  pour  la  partie  sculptée 
et  polychromée  ;  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  quant  à  leur 
origine  commune.  Toutefois,  le  retable  d'Elmpt  est  dans  un 
encadrement  rectangulaire  tandis  que  la  partie  supérieure 
de  la  huche  du  retable  de  Cologne  forme  une  suite  de  courbes 
et  de  contrecourbes  d'un  dessin  à  peu  près  identique  au 
couronnement  de  notre  retable  de  Pailhe  (Musée  des  Anti- 
quités) ;  il  est,  je  pense,  postérieur  de  quelques  années  à  la 
sculpture  d'Elmpt. 


Le  lutrin  exposé  par  l'église  Sainte- Marie,  à  Dorlmund 
(o°343)a  unsupport  de  pierre,  formé  d'un  piédestal  octogone 
sur  une  plinthe  carrée,  surmonté  d'un  pilier  chevronné  en 
relief,  également  à  huit  faces,  avec  base  et  chapiteau  de 
moulures  ;  il  est  couronné  d'un  aigle  en  laiton,  sur  une  demi- 
sphère  entourée  d'une  couronne  d'ornements  coulés  en 
relief. 

Il  est  haut  de  lm53  et  date  du  xve  siècle. 

L'église  évangélique  de  Saint-Reinold,  dans  la  même  ville, 
possède  un  lutrin-aigle  avec  support  triangulaire  à  contre- 
forts, entièrement  en  laiton,  haut  d'environ  2  mètres;  il  date 
de  la  fin  du  xv°  ou  du  commencement  du  xvie  siècle. 

Celui  de  l'église  paroissiale  d'Erkelenz  (n°375)  mérite  une 
mention  spéciale. 

Il  est  entièrement  en  laiton,  comme  le  précédent;  trois 
lions  accroupis  supportent  les  angles  d'un  socle  bas,  de 
forme  triangulaire,  aux  faces  décorées  de  qualreféuilles  et 
de  trèfles  découpés  à  jour.  A  chaque  angle  se  dresse  un 


—  440  — 

contrefort  avec  pinacle  à  crochets,  relié  par  un  arc-boulant 
ajouré  de  quatrefeuilles  à  un  édicule  central. 

Celui-ci  est  également  à  trois  faces,  chacune  percée  d'une 
arcade  très  légèrement  ogivale  à  l'extrados,  trilobée  à  l'intra- 
dos, avec  redents  en  forme  de  trèfle;  une  statuette  est  placée 
au-dessous. 

L'arcade  est  couronnée  d'un  gable  qui  se  détache  sur  un 
fond  à  jour  de  feneslrations,  surmontées  d'une  galerie  de 
quatrefeuilles  avec  joli  crélage. 

Couronnant  le  tout,  un  aigle  sur  un  socle  octogone  mouluré 
porte  sur  l'extrémité  de  ses  ailes  ouvertes  l'arête  d'évangé- 
liaire,  élégamment  travaillée  à  jour. 

L'ensemble  mesure  2  mètres  de  hauteur. 

Ce  lutrin  date  du  xv°  siècle;  je  me  propose  d'en  faire 
une  étude  comparative  avec  les  moulages  que  nous  possé- 
dons, notamment  avec  celui  de  l'église  Saint-Martin,  à 
Hal. 

Le  lutrin  de  l'église  catholique  Saint-Max,  à  Dûsseldorf, 
appartenait  jadis  à  l'abbaye  d'Altenberg,  près  Cologne; 
suivant  l'inscription  que  porte  sa  base,  il  fut  exécuté  pour 
cet  établissement  en  1449. 

Le  pied  triangulaire  avec  contreforts,  entre  lesquels  se 
trouvaient  des  figures  aujourd'hui  perdues,  est  couronné 
d'un  globe  portant  l'aigle. 

Sa  hauteur  est  de  2  mètres;  il  parait  contemporain  du 
précédent. 

L'église  paroissiale  catholique  de  Marienfeld  possède  un 
lutrin  en  bronze  du  commencement  du  xvie  siècle,  d'un 
modèle  original  (n°  528).  La  base,  circulaire,  est  portée  par 
trois  lions  couchés  sur  une  plinthe  de  pierre;  le  fùtcylin- 


—  441  — 

driqoe  est  annelé  et  l'aigle  du  couronnement  est  posé  sur  un 
livre. 

L'ensemble  est  haut  de  im45. 

*  * 

De  nombreux  groupes  et  slaluelles  fort  artistiques  seraient 
à  mentionner;  mais,  sous  peine  d'allonger  démesurément 
ce  rapport,  je  dois  me  borner  à  citer  deux  pièces  très  impor- 
tantes : 

Une  grande  statue  en  chêne,  Saint-Michel  terrassant  le 
démon  (n°  471). 

Le  saint  est  vêtu  d'une  armure  et  d'un  ample  manteau 
jeté  sur  les  épaules  ;  il  lient  de  la  main  gauche  une  croix  de 
procession  fleurdelisée  et  brandit  de  l'autre  son  glaive  flam- 
boyant. Il  porte  un  charmant  visage  d'adolescent  encadré 
d'une  épaisse  chevelure  bouclée. 

Cette  figure,  très  élégante,  a  2m20  de  hauteur;  elle  a 
conservé  sa  polychromie  primitive  du  xv°  siècle. 

Elle  appartient  à  l'église  Saint-André,  à  Cologne. 

L'autre  sculpture,  très  originale,  porte  le  nom  de 
c  Palmesel  »  (l'Ane  des  Rameaux)  (n°  1484). 

Elle  représente  le  Christ  entrant  à  Jérusalem,  monté  sur 
un  âne;  il  bénit  de  la  main  droite  et  tenait  de  la  gauche  une 
palme,  qui  a  disparu. 

Cette  figure,  haute  de  im72,  est  en  bois  de  tilleul  poly- 
chrome; elle  date  du  commencement  du  xvie  siècle  et, a 
appartenu  jusqu'en  1840,  croit-on,  à  l'église  Sainte-Colombe, 
à  Cologne;  elle  est  montée  sur  une  planche  à  roulettes 
(celles-ci  renouvelées);  jadis,  le  jour  de  la  fêle  des  Ramoaux, 
le  fossoyeur  la  traînait  dans  la  procession  de  l'église. 


—  442  — 


Elle  fait  parlie  actuellement  de  la  collection  du  chanoine 
Schniitgen,  du  chapitre  de  Cologne,  collection  qui  est  par 
elle-même  tout  un  musée  dont  près  de  six  cents  pièces  occu- 
paient à  Dûsseldorf  une  salle  spéciale. 


*  * 


Je  ne  puis  songer  à  reproduire  ici,  Messieurs,  toutes  mes 
notes  concernant  quantité  d'autres  sculptures  des  plus  inté- 
ressantes ;  mais  je  ne  puis  terminer  sans  dire  quelques  mois 
d'une  branche  qui  devrait  être  mieux  représentée  encore 
dans  nos  collections  :  le  mobilier  civil  et  religieux. 

J'ai  cité  parmi  les  moulages  quelques  joues  de  stalles; 
l'église  paroissiale  de  Wissemberg  en  exposait  deux  origi- 
nales fort  jolies  (n«  700  et  701). 

La  partie  inférieure  est  un  panneau  plein  dans  l'épaisseur 
duquel  est  taillée  à  plein  bois  une  arcade  aveugle,  ogival  à 
l'extrados,  trilobée  au  dedans.  Au  bord  du  panneau  est 
appliquée  une  colonnelte  avec  chapiteau  très  simplement  et 
très  élégamment  décoré  de  trois  larges  feuilles  de  chêne 
formant  crochets*  remontants. 

La  parlie  supérieure  se  compose  d'une  moulure  verticale 
en  forme  de  gorge  entre  deux  listels  ;  ses  deux  extrémités 
se  recourbent  en  volutes  vers  l'intérieur  et  portent  quelques 
feuilles;  la  gorge  est  ornée  de  rosettes. 

Entre  les  deux  volutes  se  trouve,  à  Tune  de  ces  pièces, 
un  chevalier  à  genoux  en  prières  devant  la  Vierge;  celle-ci, 
assise  sur  un  siège  sans  dossier,  tient  Jésus  debout  sur  son 
genou  gauche.  A  l'autre  stalle,  le  même  chevalier,  armé 
pour  le  combat,  monte  un  cheval  caparaçonné  d'une  longue 
draperie. 


—  uz  — 

Ces  sculptures,  de  la  fin  du  xme  siècle  ou  des  premières 
années  du  xive,  onl  2  mètres  de  hauteur. 

Deux  stalles  en  chêne  (n0>  227  et  228)  appartenant  au 
musée  d'art  industriel  de  Berlin  présentent  avec  ces  frag- 
ments une  certaine  analogie  dans  la  disposition  générale  des 
côtés;  l'arcade  ogivale  du  panneau  inférieur  retombe  sur 
deux  grêles  colonnettes  à  chapiteaux  de  feuillage;  la  colon- 
nette  du  bord  est  aussi  fort  maigre;  deux  oiseaux  occupent 
les  écoinçons. 

La  partie  supérieure  comporte  une  moulure  en  arc  à  plein 
cintre  dont  le  sommet  touche  le  fond  des  stalles  tandis  que 
Tune  des  extrémités  repose  sur  la  colonnette  du  bord  du 
panneau  du  bas  et  que  l'autre  soutient  l'angle  de  la  toiture 
inclinée;  deux  autres  moulures  de  même  forme  et  disposées 
dans  le  même  sens  partent  des  extrémités  du  grand  arc  et  se 
rencontrent  sur  son  point  de  centre.  L'intervalle  entre  les 
arcs  est  évidé;  ils  sont  décorés  de  feuilles  d'arum,  de  même 
que  les  écoinçons  de  l'arc  principal. 

Ces  meubles  proviennent  de  l'abbaye  d'Altenberg  et  datent 
de  la  fin  du  xiu"  siècle. 

Au  même  musée  appartiennent  : 

1°  Un  ensemble  de  quatre  stalles  en  chêne  (n°  226)  de 
même  époque  et  de  même  provenance  ;  elles  sont  décorées 
de  feuillage,  de  figures  grotesques  d'hommes  et  d'animaux 
et  des  symboles  des  évangélistes  ; 

2*  Un  prie-Dieu  en  forme  de  pupitre  (n°  225);  sur  la 
plus  grande  face,  des  moulures  dessinent  trois  ogives 
aveugles  dont  le  bas  est  découpé  en  forme  d'arc  trilobé  à 
bordure  moulurée;  les  champs  des  ogives  sont  occupés  par 
des  rinceaux  de  vigne  avec  feuilles  et  grappes.  Les  côtés  onl 


—  444  — 

la  même  décoration,  mais  avec  une  seule  ogive;  les  angles 
sont  renforcés  de  colonneltes. 

Ce  meuble,  travail  allemand  de  la  seconde  moitié  du 
xiue  siècle,  provient  de  l'église  Saint-Jean,  à  Herford.  Il 
mesure  lm30  de  hauteur  sur  4m37  de  largeur  et  0*72  de 
profondeur. 


La  collection  exposée  par  M.  Thewalt,  bourgmestre- 
adjoint  de  Gologne-Deutz,  comprend  environ  250  meubles, 
vases,  statuettes  et  objets  divers  de  grande  valeur,  parmi 
lesquels  deux  remarquables  bahuts. 

L'un  (2025)  n'a  qu'une  tablette  dans  le  dessous  ;  la  partie 
supérieure  est  fermée  par  deux  portes  carrées  décorées 
d'écussons  allemands  entourés  de  rinceaux  en  bas-reliefs; 
elles  sont  séparées  par  une  niche  renfermant  la  figurine  d'un 
chevalier  qui  porte  une  bannière.  Les  plaques  des  serrures 
sont  travaillées  à  jour;  les  pentures  de  même;  celles  du  haut 
portent  des  rinceaux,  celles  du  bas  des  quatrefeuilies. 
Au-dessous  des  portes,  deux  tiroirs  décorés  de  même  avec 
menottes  cordiformes. 

C'est  un  meuble  westphalien  de  la  fin  du  xv°  siècle. 

L'autre  bahut  (2026)  est  en  style  gothique  dans  le  bas, 
renaissance  au  dessus. 

Chacune  des  deux  portes  de  la  zone  inférieure  est  divisée 
en  quatre  panneaux  à  parcheminures  par  un  assemblage  en 
croix,  rehaussé  d'appliques  de  fer  très  joliment  travaillées  à 
jour. 

Les  deux  portes  du  haut  sont  décorées  de  médaillons  avec 
profils,  entre  deux  animaux  chimériques  ;  une  petite  niche  à 


—  445  — 

plein  cintre  les  sépare;  à  chaque  extrémité  une  niche  de 

même  forme  mais  plus  grande  contient  la  figurine  d'un 

homme  d'armes;  ces  niches  sont  flanquées  de  colonnettes 

en  forme  de  balustres  ouvragés. 

La  décoration  de  ce  meuble  n'est  pas  sans  analogie  avec 

celle  du  retable  des  Saints-Crépin  et  Crépinien,  de  Galcar; 

il  provient  de  la  même  localité  et  parait  dater  de  la  même 

époque. 

* 
*  * 

Ce  n'est  pas  sans  regrets,  Messieurs,  que  j'arrête  ici  cette 
étude  sommaire  des  merveilles  exposées  à  Dùsseldorf;  si 
incomplète  qu'elle  soit,  je  dois  vous  prier  pourtant  d'en 
excuser  la  longueur  :  devant  l'imminente  dispersion  de  ces 
trésors  artistiques,  j'ai  cru  devoir  dresser  une  sorte  de 
catalogue  de  ceux  d'entre  eux  qui  nous  intéressent  particu- 
lièrement par  leur  nature,  dans  l'espoir  de  donner  à  ce 
rapport  le  caractère  d'un  document  qui  pût  être  utilement 
consulté  dans  l'avenir. 

* 
«  * 

II  me  reste  à  vous  rendre  compte,  Messieurs,  des  résultats 
pratiques  de  mon  voyage. 

M.  le  Conseiller  Ludorff,  Conservateur  Provincial  des 
Monuments  pour  la  Weslphalie,  qui  a  donné  l'adhésion  du 
Musée  de  Munster  au  projet  d'Office  central  des  Échanges 
artistiques  internationaux,  met  dès  à  présent  à  notre  disposi- 
tion une  série  de  moulages  comprenant  : 

Le  tombeau  des  comtes  Otto  et  Goltfried  de  Gappenberg 
(oMi); 


—  446  — 

Le  portail  occidental  de  l'église  Saint-Jacques  h  Goesfeld 
(n°13); 

Les  fonts  baptismaux  de  Freckenhorst  (n°  17); 

L'ancienne  clôture  de  chœur  actuellement  placée  dans  le 
porche  du  Dôme  de  Minden  (n°  38)  ; 

Les  statues  de  l'Église  et  de  la  Synagogue,  qui  décorent 
un  porche  secondaire  du  même  monument  (n°  39  et  40). 

M.  Frauberger,  Directeur  du  Musée  d'Art  industriel  de 
Dùsseldorf,  a  pris  un  vif  intérêt  à  l'exposé  du  projet  d'Office 
prémenlionné.  Il  en  donnera  connaissance  à  la  prochaine 
réunion  de  son  Comité  et  m'a  exprimé  l'espoir  de  pouvoir 
nous  apporter  bientôt  l'adhésion  de  la  Société  Centrale  d'Art 
industriel  de  Dùsseldorf;  cette  accession  paraîtra  d'une 
grande  importance  si  l'on  considère  que,  selon  toute  proba- 
bilité, cette  Société  disposera  bientôt  des  différents  moulages 
que  je  vous  ai  décrits  —  et  j'espère  à  mon  tour  que  notre 
Comité  aura  ainsi  la  satisfaction  d'avoir  contribué  le  premier 
à  la  diffusion  de  ces  remarquables  reproductions  monumen- 
tales. 

Le  Secrétaire, 
Henry  Rousseau. 
Vu  : 

POUR   LE   PRÉSIDENT    : 

Le  Membre  Délégué, 
Ad.  Delvigne. 


RAPPORT 

AU    COMITÉ    DE    LA    SECTION    ARTISTIQUE    DE    LA    COMMISSION 
ROYALE   DES   ÉCHANGES  INTERNATIONAUX. 


Moulages  de  monuments  français  au  Trocadéro. 
Moulages  des  fouilles  de  Delphes  au  Louvre. 


Messieurs, 

À  la  suite  de  mon  voyage  à  Paris,  en  1900,  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  vous  soumettre  une  liste,  —  que  votre  Comité  a  bien 
voulu  ratifier,  —  des  moulages  de  monuments  français  dont 
l'acquisition  paraissait  à  désirer,  pour  compléter  progressi- 
vement les  collections  réunies  par  la  Commission  des 
Échanges  et  exposées  dans  les  locaux  des  musées. 

Cette  liste  comprenait  un  choix  de  monuments  intéres- 
sants à  des  titres  divers,  mais  qui  ne  pouvaient  évidemment 
être  tous  acquis;  une  sélection  était  à  opérer;  je  suis 
retourné,  dans  ce  but,  au  musée  de  Sculpture  comparée  du 
Trocadéro. 

m  m 

Des  six  portails  du  xn6  siècle  mentionnés  dans  mon  rap- 
port de  1900,  je  n'en  ai  retenu  qu'un  seul,  pour  le  moment 
du  moins  :  celui  de  l'église  Saint-Lazare,  à  Àvallon. 

J'ai  dit  dans  ce  rapport  que  les  bas-reliefs  du  tympan,  — 


—  448  — 

j'ajouterai  :  et  ceux  du  linteau,  —  sont  mutilés  à  tel  point 
que  Ton  n'en  distingue  plus  les  sujets  ;  j'estime  que  cette 
lacune  ne  doit  pas  nous  arrêter  :  ce  n'est  pas  pour  ce  détail 
de  sculpture,  mais  bien  pour  l'ensemble  architectural  que 
l'acquisition  de  ce  portail  est  désirable;  cet  ensemble  est 
d'un  puissant  intérêt. 

L'arcade  est  formée  de  cinq  archivoltes,  l'une  appliquée  à 
plat  au  fond  du  tympan,  les  autres  en  forme  de  tores.  La 
première  est  décorée  de  palmettes  ;  la  seconde,  d'une  grosse 
branche  ondulée  lançant  alternativement  à  droite  et  à  gauche 
des  rameaux  qui  portent  des  fruits  en  cônes  ;  la  troisième,  de 
grandes  fleurs  à  huit  pétales,  épanouies;  la  quatrième,  de 
rinceaux  qui  rappellent  à  la  fois  certains  ornements  romains 
et  certains  détails  décoratifs  de  l'art  plateresque  ;  la  dernière 
et  la  plus  développée,  de  ceps  de  vigne  entrelacés  et  chargés 
de  grappes;  ce  dernier  motif,  bordé  d'un  rang  de  grecques, 
se  continue  verticalement  le  long  de  l'arête,  arrondie,  du  mur 
de  façade. 

Comme  supports  il  y  a,  outre  les  piédroits  ornés  de 
rinceaux,  trois  colonnetles  de  chaque  côté  :  une  torse  entre 
deux  cylindriques;  elles  ont  le  fût  lisse,  à  l'exception  de  la 
colonnette  torse  du  côté  droit,  qui  est  formée  de  cordes 
entrelacées,  motif  employé  fréquemment  par  les  décorateurs 
coptes  et  les  Scandinaves. 

Les  six  chapiteaux  sont  du  genre  corinthien.  Les  bases 
diffèrent  entre  elles  :  celles  des  colonnettes  torses  sont  à  deux 
tores  séparés  par  une  scolie;  celles  des  colonnettes  cylin- 
driques du  côté  gauche  de  l'ébrasement  ont  un  gros  tore 
orné  de  rinceaux;  du  côté  droit,  elles  sont  à  peu  près 
cubiques,  et  historiées. 


—  449  - 

Les  piédestaux  ne  sont  ni  moins  variés  ni  moins  originaux  : 
leur  moulure  supérieure  est  arrondie  en  forme  de  tore  et 
décorée  de  feuilles  encadrées  de  cercles;  au-dessous,  une 
partie  cubique  en  légère  saillie  sur  le  dé  présente  diverses 
figures  d'animaux;  les  dés  eux-mêmes  sont  couverts  de 
rinceaux,  d'en I relacs,  de  losanges,  ele  ;  ils  sont  posés  sur 
une  petite  base  formée  de  deux  tores  séparés  par  une  gorge 
et  d'un  socle  bas;  puis  vient  une  seconde  base  du  même 
modèle,  mais  plus  forte;  le  tout  est  posé  sur  une  plinthe 
assez  haute  dont  l'arête  supérieure  est  taillée  en  biseau. 

Il  y  a  là,  vous  le  voyez,  Messieurs,  une  réunion  peu  com- 
mune de  différents  motifs  décoratifs  de  l'époque  romane  ; 
cette  considération  m'a  porté  à  donner  au  portail  d'Avallon 
la  préférence  sur  d'autres,  plus  complets  peut-être,  mais 
moins  documentaires. 

Il  sera  bien  intéressant  de  le  comparer  à  l'encadrement 
de  porte  de  Sainte-Gertrude,  de  Nivelles;  aux  faces  de 
pilastres  de  Hubinne,  aux  frises  de  Saint- Jacques,  de  Liège; 
à  la  croix  de  Ruthwell  ;  j'ajouterai  que,  comme  silhouette  et 
comme  dimensions  autant  que  comme  style,  il  ferait  un 
pendant  superbe  au  moulage  de  la  Porte  Mantile,  de  Tournai, 
dont  vous  avez  depuis  longtemps  décidé  d'enrichir  les 
collections  des  échanges. 

* 
*  • 

Du  xme  siècle,  j'ai  retenu  l'un,  au  moins,  des  trumeaux 
de  la  cathédrale  d'Amiens  :  celui  de  la  porte  Saint- Honoré, 
qui  est  en  vente  chez  le  mouleur  Pouzadoux. 

Du  xive  siècle,  le  portail  de  Saint-André,  de  Bordeaux. 

Du  xv6,  la  croix  de  carrefour  de  Saint-Cirgues,  monument 


—  4ÎS0  — 

original  qui  fera  équilibre  à  notre  pilori  de  Braine-le- 
Ghâfeau. 

Du  xvi9  siècle,  j'ai  maintenu  le  jubé  de  Saint-Etienne,  de 
Limoges,  —  une  entrée  de  salle  magnifique. 

Pour  le  xvn*,  nous  avons  la  porte  de  l'hôtel  de  ville  de 
Toulon. 

Cette  nomenclature,  Messieurs,  n'exclut  évidemment  pas 
d'une  façon  radicale  les  autres  moulages  indiqués  sur  raa 
liste  de  1900;  il  en  est  beaucoup  dont  l'acquisition  s'impo- 
sera plus  tard  sans  offrir  toutefois,  quant  à  présent,  le 
caractère  d'urgence  des  achats  dont  je  viens  de  parler. 

*  * 

Mon  voyage  à  Paris  avait  un  autre  but  que  cette  révision  : 
j'avais  à  examiner  les  moulages,  récemment  exposés  au 
Louvre,  des  monuments  découverts  dans  les  fouilles  de 
l'École  française  à  Delphes,  —  fouilles  desquelles  était  sortie 
déjà  la  belle  statue  de  l'Aurige  vainqueur. 

Il  y  a  là,  sur  un  palier  voisin  de  la  <  Victoire  de  Samo- 
thrace  » ,  des  bas-reliefs  :  les  Dioscures,  le  vaisseau  Argo, 
Athénaet  Thésée,  Hercule  elKykuos,la  Gigantomachie,  etc., 
et  des  statues  :  Ajias,  Sisyphos,  et  d'autres  encore.  Certaines 
de  ces  sculptures  sont  d'un  caractère  archaïque  prononcé; 
d'autres  appartiennent  à  une  époque  relativement  avancée. 

Deux  monuments  sur  lesquels  je  tiens  à  attirer  l'attention 
spéciale  de  votre  Comité,  Messieurs,  sont  la  partie  supérieure 
de  la  t  Colonne  des  Danseuses  »  et  la  «  Façade  du  Trésor 
des  Cnidiens  • . 

La  colonne  est  un  de  ces  monuments  cornmémoratifs  ou 
ex-voto  dont  les  peuples  de  la  Grèce  avaient  semé  les  abords 


—  451  — 

du  grand  lemple  d'Apollon  Delphien  ;  quelques-uns  d'entre 
eux  ont  déjà  revu  le  jour  :  la  colonne  des  Naxiens,  avec  son 
chapiteau  ionique  surmonté  d'un  sphinx  de  plus  de  deux 
mètres  de  hauteur;  le  <  Trophée  de  Paul- Emile  »,  piédestal 
colossal  supportant  un  cavalier  qui  combat  un  fantassin 
renversé;  enfin,  cette  «colonne  de  Danseuses  »  d'une 
si  franche  originalité. 

Son  fût  cannelé  jaillit  d'une  touffe  d'acanthe;  en  trois 
endroits  sur  sa  hauteur,  de  larges  feuilles  de  la  même  plante 
l'entourent  comme  de  gigantesques  bracelets;  au  sommet 
enfin,  l'acanthe  s'épanouit  en  un  bouquet  dont  les  feuilles 
immenses  se  recourbent  de  quatre  côtés,  tandis  que  le  jet 
central  s'élève  encore  et  est  entouré  de  quatre  gracieuses 
figures  de  femmes,  drapées  de  jupes  légères;  un  trépied  de 
métal  couronnait  le  monument. 

Telle  est,  du  moins,  la  restauration  dessinée  par  M.  Tour- 
nais, architecte  du  Gouvernement  français. 

Le  fragment  dont  le  moulage  est  au  Louvre  est  le  principal  : 
le  grand  bouquet  d'acanthe  formant  chapiteau,  surmonté  de 
ce  qui  reste  du  joli  groupe  des  danseuses. 

Les  bons  creux  de  ce  moulage  n'existent  pas  encore;  il 
n'est  pas  douteux  qu'ils  ne  soient  exécutés  bientôt  et  je  vous 
proposerai  alors,  Messieurs,  d'en  acquérir  l'une  des  premières 

épreuves. 

* 

En  même  temps  que  ces  monuments,  les  explorateurs  de 
Delphes  ont  retrouvé  les  emplacements  de  ces  nombreux 
édicules  dans  lesquelles  les  villes  grecques  entassaient  des 
trésors,  sous  la  protection  immédiate  du  dieu,  aux  abords 


—  4S2  — 

de  la  voie  sacrée  qui  menait  à  son  Temenos,  en  serpentant 
sur  le  flanc  du  Parnasse. 
Les  trésors  des  Thébains,  des  Sicyoniens,  des  Béotiens, 

gMégariens,  des  Corinthiens,  des  Cyrénéens  se  sont 
révélésNfisuns  par  quelques  pierres,  les  autres  en  restituant 
la  presque  touKJité  de  leurs  fragments  épars. 

De  ce  nombre\sont  les  trésors  d'Athènes  et  de  Cnide.  Ce 
dernier  date  de  la  Seconde  moitié  du  vie  siècle  avant  J.-C.  ; 
il  a  été  reconstitué  presqojren  entier  et  son  moulage  figure  au 
Louvre.  v 

C'est  un  petit  temple  à  antes  :\4J  ne  mesure  guère  que  six 
mètres  au  nu  extérieur  des  murs,  et  st^pt  mètres  environ  de 
la  plinthe  à  l'angle  supérieur  du  fronton. 

Entre  les  antes,  deux  caryatides  sur  piédestal  soutiennent 
l'architrave  ;  elles  sont  un  peu  lourdes  d'aspect,  ma^s  typiques  : 
les  plis  symétriques  de  leurs  draperies,  les  quatre^  mèches 
de  cheveux  descendant  sur  chaque  épaule  marquer^  |eur 
archaïsme;  sur  le  front,  la  chevelure  ondulée  semble  axvojr 
été  fortement  enduite  de  pommade  :  chaque  dent  du  peigi»e 
y  a  laissé  un  sillon  bien  net.  Les  oreilles,  très  fortes  et  per- 
cées de  grands  trous,  ont  dû  porter  des  bijoux.  L'un  des 
genoux  est  légèrement  infléchi,  le  poids  du  corps  portant 
sur  l'autre  jambe;  elles  se  répètent  textuellement  :  chacune 
d'elles  est  l'exacte  contre-partie  de  l'autre,  comme  si  elle  se  j 
trouvait  placée  devant  une  glace.  Quelle  intéressante  compa- 
raison  à  faire  avec  nos  gracieuses  caryatides  de  l'Erechthéïon  ! 

Elles  portent  des  chapiteaux  d'un  type  inconnu  jusqu'ici  : 
une  corbeille  cylindrique  entourée  de  personnages  en  bas- 
relief  en  constitue  la  moitié  inférieure;  une  astragale  la 
sépare  d'une  échine  en  forme  de  doucine,  autour  de  laquelle 


—  453  — 

courent  des  lions;  un  petit  listel  termine  la  doucinc  et  reçoit 
un  tailloir  carré. 

Les  chapiteaux  des  antes  se  composent  simplement  d'un 
talon  à  raies  de  cœur  supportant  un  mince  abaque. 

L'architrave  n'a  d'autre  décoration  qu'une  petite  rosace 
près  de  chaque  angle,  en  dehors  des  axes  des  antes. 

La  frise,  à  sujets,  se  développe  entre  deux  fortes  moulures 
ornées  :  au-dessous,  un  rang  de  perles  sous  un  rang  de 
grands  oves  avec  fers  de  lance  ;  au-dessus,  un  autre  rang  de 
perles  bordant  un  talon  à  raies  de  cœur. 

Le  fronton  se  compose  d'un  larmier  et  d'une  doucine 
presque  plate,  à  palmetles;  le  tympan  est  profond  et  peuplé 
de  figurines  en  ronde  bosse  mais  un  peu  aplaties,  comme  un 
bas-relief  découpé.  Il  subsiste  actuellement  :  dans  l'angle 
gauche,  un  homme  ayant  un  genou  en  terre,  les  bras 
appuyés  sur  l'autre  genou  ;  puis  un  cheval  et,  vers  le  milieu, 
sept  ou  huit  petits  personnages  debout,  dans  quelques-uns 
desquels  on  peut  reconnaître  des  guerriers  ;  celui  du  milieu, 
un  peu  plus  grand  que  les  autres,  parait  porter  une  brassée 
de  javelots;  son  voisin  lui  en  prend  un,  tout  en  mar- 
chant vers  l'ennemi,  qui  doit  venir  de  la  droite  du  spec- 
tateur. 

La  restauration  proposée  par  M.  Tournaire  donne  :  dans 
chaque  angle  un  personnage  couché  à  plat  ventre,  la  tète 
vers  le  centre  du  fronton  ;  puis,  à  partir  de  la  gauche,  un 
cheval  attelé  à  un  char,  deux  personnages  debout  de  profil 
à  gauche;  deux  autres  de  profil  à  droite;  au  centre  l'homme 
aux  javelots,  le  guerrier  qui  prend  son  arme;  puis  deux 
personnages,  un  rang  de  chevaux  dirigés  vers  la  droite,  un 
guerrier  qui  lance  le  javelot  tout  en  marchant;  un  autre 


—  *54  — 

tombé  sur  le  dos,  qu'un  ennemi  accable  de  coups;  enfin, 
l'homme  couché,  déjà  cilé. 

Cette  composition  est  en  partie  hypothétique;  néanmoins 
ce  qui  reste  de  la  sculpture  permet  de  constater  que  le 
tympan  ne  présentait  pas  autant  de  symétrie  que  les  frontons 
d'Egine,  contemporains  de  celui-ci. 

La  composition  qui  décore  la  frise  est  très  animée  :  on  y 
voit  d'abord  en  partant  de  l'angle  gauche  (par  rapport  au 
spectateur),  huit  personnages  assis,  —  cinq  tournés  vers  la 
droite  et  trois  leur  faisant  face,  —  qui  paraissent  tenir 
conseil*;  —  une  lacune;  —  un  groupe  de  quatre  chevaux 
avec  leur  conducteur,  marchant  vers  la  gauche  ;  deux 
guerriers  casqués  et  armés  du  bouclier  rond,  s'élançant  en 
courant  vers  la  droite;  deux  autres  leur  font  face  et  les 
reçoivent  à  coups  de  javelots;  un  nouveau  groupe  de  quatre 
chevaux,  ceux-ci  dirigés  vers  la  droite  de  la  frise,  à  l'angle 
de  laquelle  un  homme  se  tient  debout.  Les  scènes  guerrières 
se  continuent  sur  les  façades  latérales  du  monument. 

La  restauration  dessinée  par  M.  Tournaire,  dans  l'ouvrage 
sur  les  fouilles  de  Delphes,  modifie  complètement  cette 
ordonnance  :  elle  place  au  centre  les  personnages  assis,  au 
nombre  de  cinq  seulement,  et  aux  deux  extrémités,  attelés 
chacun  à  un  char,  les  deux  groupes  de  chevaux  ;  à  gauche 
un  personnage  drapé  monte  sur  ce  char;  à  droite,  un  homme 
en  descend  ;  à  chaque  angle  de  la  frise,  un  homme  debout 
contient  l'ardeur  des  chevaux. 

Il  est  à  supposer  que  réminent  architecte  a  dessiné  cette 
restauration  avant  d'avoir  retrouvé  les  fragments  qui  ont 
permis  de  reconstituer  la  frise  telle  qu'elle  se  présente 
actuellement,  et  ce  détail  a  son  importance  ;  en  effet,  la 


—  455  — 

composition  de  M.  Tournaire  est  symétrique;  celle  du  mou- 
lage ne  Test  pas  du  tout;  elle  offre  autant  de  variété  et 
d'animation  que  celle,  —  bien  postérieure,  —  du  mausolée 
d'Halica  masse.  Le  groupe  des  personnages  assis  fait  pres- 
sentir le  «  groupe  des  dieux  »  de  la  frise  du  Parthénon. 

Il  me  reste  à  dire,  pour  terminer  cette  description,  que  le 
chéneau  à  palmettes  du  fronton  se  termine,  à  chaque  angle, 
par  une  figure  de  quadrupède  en  bas-relief;  il  fait  retour  sur 
les  faces  latérales  et  reçoit,  de  distance  en  dislance,  des 
gargouilles  à  tètes  de  lions. 

Les  acrotères  des  angles  extrêmes  portent  des  figures 
courantes  drapées,  aux  talons  ailés  ;  celui  du  sommet  du 
fronton,  un  sphinx. 

Sous  le  porche  enfin  est  percée  une  porte  à  chambranle 
mouluré,  avec  palmettes  et  rang  de  perles;  deux  fortes 
consoles  accostent  les  angles  du  linteau. 

Tel  est,  Messieurs,  le  monument  dont  j'ai  l'honneur  de 
vous  proposer  l'acquisition.  C'est  un  ensemble  plein  d'intérêt, 
un  point  de  comparaison  des  plus  utiles;  j'estime  qu'il  nous 
est  indispensable. 

Un  échange  n'est  pas  réalisable;  nous  devrons  donc 
l'acheter.  Les  pièces,  prises  séparément  et  non  ajustées, 
coûtent  2,000  francs;  le  monument  complet,  avec  les 
plaques  d'épaisseur,  entièrement  ajusté  et  tout  prêt  à  être 
monté  dans  le  musée,  coûte  3,330  francs. 

Je  pense,  Messieurs,  que  c'est  dans  ces  dernières  condi- 
tions que  nous  devons  faire  cet  achat  :  exécutés  ici,  les 
ajustements  ne  nous  coûteraient  pas  moins  cher  et  peuvent 


—  456  — 

donner  lieu  à  des  tâtonnements,  voire  à  des  erreurs  des 
plus  regrettables;  faits  à  Paris,  ils  nous  donnent  toute  sécu- 
rité et  toute  facilité  pour  le  montage  et  en  réduisent  de 
beaucoup  les  frais. 

L'exécution  de  ce  moulage  demandera  six  mois;  com- 
mandé dès  à  présent,  il  nous  parviendrait  en  mai  ou  juin  de 
l'année  prochaine.  11  pourrait  être  monté  immédiatement 
dans  le  Musée  qui  serait  le  premier,  après  celui  du  Louvre, 
à  posséder  ce  curieux  spécimen  d'un  monument  disparu 
depuis  des  siècles  et  restitué  presque  intact,  par  la  terre  qui 
le  conservait,  aux  patients  et  érudits  explorateurs  de  l'École 
française  d'Athènes. 

Le  Secrétaire, 
Henry  Rousseau. 
Vu  : 
pour  le  président  : 

Le  Membre  délégué. 
Ad.  Delvigne. 


RAPPORT 

AU    COMITÉ    DE    LA    SECTION    ARTISTIQUE    DE    LA    COMMISSION 
ROYALE   DES  ÉCHANGES   INTERNATIONAUX. 


Les  Musées  de  Cologne  et  d'Aix-la-Chapelle. 


Messieurs» 

* 

II  est  vraiment  utile,  au  moment  où  le  transfert  des  Musées 
va  permettre  de  donner  aux  collections  des  Échanges  et 
d'Art  monumental  une  organisation  nouvelle  et  définitive, 
d'examiner  ce  que  Ton  a  fait  dans  les  Musées  de  l'étranger 
et  d'y  puiser  toutes  les  indications  qui  peuvent  aider  non 
seulement  à  compléter  judicieusement  ces  collections,  mais 
encore  à  les  disposer  méthodiquement;  l'expérience  d'aulrui 
jointe  à  la  nôtre  nous  montrant  les  exemples  à  suivre,  les 
erreurs  à  éviter,  nous  pourrons  arriver  à  réaliser  un  classe- 
ment et  des  dispositions  qui  répondent  au  but  essentiel  de 
l'institution  d'un  Musée  de  moulages  :  un  enseignement  large 
et  fécond  —  parce  qu'intuitif  —  de  fart  monumental. 

J'envisage  donc  les  missions  que  vous  me  faites  l'honneur 
de  me  confier  à  ce  double  point  de  vue  :  acquisitions  à  faire  ; 
dispositions  à  retenir,  non  pour  les  copier,  mais  pour  s'en 
inspirer  à  l'occasion. 


—  458  — 

Dans  cet  ordre  d'idées,  je  vous  signalerai  tout  d'abord  les 
deux  salles  pompéiennes  du  Musée  Wallraf-Richarlz,  à 
Cologne. 

Décorées  dans  le  style  léger  qui  florissait  dans  la  ville  de 
plaisance  des  Romains  au  moment  de  sa  brusque  destruc- 
tion, elles  renferment  notamment  des  moulages,  bromes,  de 
sculptures  antiques  en  métal. 

Il  me  parait  y  avoir  là,  Messieurs,  un  principe  à  retenir; 
en  effet,  quel  intérêt  n'acquerrait  pas  le  Musée  si  les  moulages 
placés  dans  les  petites  salles  y  étaient  présentés  dans  un 
entourage  de  leur  époque?  II  ne  s'agit  pas,  bien  entendu, 
de  composer  une  architecture  conçue  dans  tel  ou  tel  style, 
mais  bien  d'étendre  à  l'intérieur  des  salles  le  principe  admis 
déjà  pour  leurs  entrées  et  de  réaliser  cette  décoration  syn- 
chronique  au  moyen  d'éléments  moulés  sur  des  originaux 
authentiques. 

Certes  cela  ne  sera  pas  toujours  facile,  ni  même  possible 
dans  certains  cas  ;  mais  j'estime  qu'il  importera  de  ne  laisser 
échapper  aucune  occasion  de  recourir  à  ce  mode  d'exposition 
à  la  fois  plus  attrayant  et  plus  instructif. 

Déjà  la  générosité  du  Roi  a  doté  le  Musée  d'Art  monu- 
mental d'un  intérieur  de  chapelle  gothique  primaire,  pris 
dans  l'église  de  Dronlheim;  en  ce  moment  même,  nos 
ouvriers  achèvent  de  mouler  riotérieur  des  deux  chapelles 
que  sépare  le  Tabernacle  dans  l'église  de  Hal  ;  ce  sont  là, 
Messieurs,  les  noyaux  d'une  nouvelle  série  de  reproductions 
d'ensembles  que  nous  pourrons  compléter  jusqu'à  un  certain 
point  dans  l'avenir. 

Je  n'ai  pas  grand'chose  à  dire  des  moulages  d'antiques  du 
Musée  Wallraf-Richartz  ;  ce  sont,  pour  la  plupart,  les  clas- 


—  459  — 

siques  bien  connus  :  le  Discobole  de  Myron,  la  Pallas  de 
Vellelri,  les  bustes  d'Auguste,  de  Lucius  Verus,  etc.  ;  j'y 
ai  remarqué  aussi  le  «  Satyre  versant  à  boire  » ,  de  l'école 
de  Praxitèle,  et  la  c  Le  m  nia  » ,  d'après  Phidias,  dont  les 
moulages  viennent  précisément  de  nous  être  envoyés  par 
les  Musées  royaux  de  Berlin. 

Je  ne  vous  ferai  donc  aucune  proposition,  Messieurs,  pour 
ce  qui  concerne  les  reproductions  de  cette  catégorie,  estimant 
que  le  seul  moulage  d'après  l'antique  à  acquérir  quant  à 
présent  est  celui  du  Portique  du  Trésor  des  Gnidiens,  qui  a 
ait  l'objet  d'un  de  mes  précédents  rapports. 

.** 

Passons  au  moyen  âge. 

Le  Musée  de  Cologne  possède  le  moulage  de  la  partie 
supérieure  de  la  statue  de  Sainte-Plectrude,  couchée  sur  son 
tombeau,  dans  la  crypte  de  l'église  Sainte-Marie  au  Gapilole; 
j'ai  décrit  le  moulage  complet  de  ce  monument  dans  mon 
rapport  sur  l'Exposition  de  Dûsseldorf  et  j'en  proposerai 
l'acquisition  aussitôt  que  je  la  saurai  réalisable. 

A  mentionner  encore  :  un  bas-relief  du  xiu*  siècle  repré- 
sentant le  Christ  entre  Saint-Pierre  et  Saint-Eucharius  (l'ori- 
ginal en  pierre  se  trouve  à  Neuthor,  près  de  Trêves),  et  deux 
statues  aux  formes  un  peu  grêles  :  l'Église  et  la  Synagogue, 
qui  se  trouvent  au  portail  méridional  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg. 

Pour  ce  qui  concerne  l'art  de  la  Renaissance  allemande, 
je  n'ai  à  proposer,  Messieurs,  que  la  confirmation  d'un  projet 


—  460  — 

inscrit  depuis  longtemps  sur  la  liste  de  nos  desiderata  :  l'achat 
des  moulages  de  deux  statues  de  Pierre  Yischer  appartenant 
à  la  série  des  personnages  de  la  race  des  Habsbourg  qui  font 
un  cortège  triomphal  au  tombeau  de  Maximilien  Ier,  dans  la 
Hofkirche  dinnsbruck  (i). 

Ces  figures  représentent  respectivement  Théodoric,  roi 
des  Osl-Golhs,  mort  en  826,  et  Arthur,  roi  d'Angleterre, 
mort  en  542;  toutes  deux  furent  exécutées  en  1513.  Il  y 
aura  lieu  d'y  joindre  celle  de  Rodolphe,  comte  de  Habsbourg, 
mort  en  1252.  Ces  moulages  se  vendent  chez  Kreitlmayr,  à 
Munich,  au  prix  de  750  marks  chacun. 

La  renaissance  italienne  est  assez  largement  représentée 
dans  le  musée  Golonais  ;  j'y  ai  remarqué  plus  d'un  moulage 
dont  l'acquisition  serait  à  souhaiter. 
•  Ce  sont  d'abord  quatre  fragments  d'une  des  trois  portes 
d'Andréa  Pisano,  placées  au  Baptistère  Saint-Jean  entre  les 
années  1330  et  1356;  ils  représentent  :  la  Naissance  de 
Saint-Jean-Baptiste,  ses  funérailles  et  deux  sujets  allégo- 
riques :  la  Foi  et  l'Espérance. 

Puis  six  des  panneaux  de  la  frise  des  orgues  du  Dôme  de 
Florence,  par  Luca  délia  Robbia  ;  l'ensemble,  actuellement 
au  musée  de  Sainte-Marie-des  Fleurs,  se  compose  de  dix 
bas-reliefs  décorés  d'anges  chanteurs  et  musiciens. 

Un  beau  médaillon  en  marbre  d'Antonio  Rossellino  :  la 


(<)  Voir  :  Les  statues  de  bronze  entourant  le  tombeau  de  l'empereur 
Maximilien  Ier  à  Iunsbruck  ;  notice  par  Eug.  van  Overloop.  —  Bruxelles, 
Hayez,  impr.,  1902. 


—  461  — 

Vierge  en  adoration  devant  Jésus,  Saint-Joseph  derrière  elle, 
des  pâtres  au  fond. 

Un  bas-relief  de  Verrocchio  :  la  Vierge,  coiffée  à  la  mode 
du  temps  de  l'artiste,  posant  la  main  droite  sur  l'épaule  de 
Jésus,  debout  sur  un  meuble  à  côté  d'elle. 

L'admirable  «  Pieta  *,  de  Saint-Pierre  de  Rome,  que 
Michel-Ange  exécuta  à  l'âge  de  24  ans  et  qui  est  peut- 
être  la  plus  émouvante  des  œuvres  de  cet  admirable 
artiste. 

Enfin  le  gracieux  «  Mercure  soulevé  par  le  souffle  du 
vent  »,  de  Jean  Bologne. 

Tous  les  sculpteurs  que  je  viens  de  nommer  sont  repré- 
sentés déjà  dans  nos  collections,  et  l'acquisition  des  mou- 
lages dont  l'énumération  précède  peut  être  ajournée  jusqu'à 
ce  que  nous  ayions  pu  obtenir  certaines  reproductions  d'une 
utilité  plus  immédiate  ;  je  ferai  exception  toutefois  pour  la 
•  Pieta  »  de  Michel-Ange,  que  nous  avons  sous  la  main  : 
notre  mouleur,  M.  Simon,  en  a  fait  l'achat  pour  son  compte 
personnel  et  serait  disposé  à  nous  la  céder;  ce  moulage  se 
vend  600  francs  à  l'École  des  Beaux-Arts  de  Paris. 


* 


Je  mentionne  pour  mémoire  et  sans  rien  proposer  en  ce 
qui  les  concerne,  quelques  moulages  de  sculptures  modernes: 
une  c  Hébé  »  de  Thorwaldsen,  deux  «  Victoires  »  de  Rauch, 
c  Agar  et  Ismaël  »  par  Witlig,  des  bustes  du  même  auteur 
et  de  Tilgner,  un  portrait  du  prince  Léopold  de  Dessau,  par 
Schadow;  une  maquette  pour  le  monument  de  Frédéric- 
Guillaume  III,  dont  la  statue  équestre  est  de  Blaser,  le 


—  462  — 

piédestal  de  Schievelhein,  les  statues  et  bas-reliefs  qui  le 
décorent,  de  différents  artistes. 

*  • 

Quelques  roots  à  présent,  Messieurs,  des  objets  originaux. 

Nombreux  sont,  au  musée  municipal  de  Cologne,  les 
fragments  de  l'architecture  romaine  provenant  des  états 
successifs  de  la  ville,  depuis  la  Colonia  Agrippinensis, 
élevée,  après  les  Ubiens,  par  les  vétérans  de  la  mère  de 
Néron,  jusqu'à  la  Colonia  dont  les  Francs  s'emparèrent.  Si 
intéressante  que  soit  leur  étude,  je  ne  m'y  attarderai  pas  ; 
elle  serait  inutile  ici,  puisque  nous  avons  à  notre  disposition 
un  grand  nombre  de  moulages  de  monuments  romains;  je 
me  borne  à  noter  en  passant  d'intéressants  sarcophages  et 
des  stèles  d'une  belle  conservation. 

Quelques  pierres  tumulaires  encore,  celles-ci  de  l'époque 
mérovingienne;  les  unes  portent  la  croix  ansée,  d'autres  la 
croix  en  forme  de  tau;  puis  des  chapiteaux,  provenant  pro- 
bablement du  dôme  primitif,  commencé  sous  le  règne  de 
Gharlemagne  el  consacré  cinquante-neuf  ans  après  sa  mort, 
par  l'archevêque  Willibert;  ces  chapiteaux  procèdent  direc- 
tement de  l'ordre  corinthien  des  Romains. 

Quelques  fragments  permettent  d'étudier  les  éléments 
constructifs  dans  leurs  transformations  successives  depuis 
le  commencement  du  xi*  siècle  :  bases  à  deux  tores  séparés 
par  une  scolie;  chapiteaux  cubiques,  ou  bien  en  forme  de 
corbeille  entourée  de  feuillage  rappelant  encore  le  corin- 


—  463  — 

thien,  ou  agrémentés  de  figures  d'hommes  ou  d'animaux, 
comme  le  pélican  avec  ses  petits. 

Gomme  sculptures,  de  curieuses  cuves  baptismales  du 
xê  ou  du  xi*  siècle,  portant  à  l'extérieur  les  quatre  tètes  que 
Ton  rencontre  habituellement  à  cette  époque,  ainsi  que  les 
lions  et  les  dragons  symboliques;  puis  des  fragments  de 
reliefs  d'une  sculpture  naïve  mais  énergique;  l'un  porte 
des  ornements  d'un  beau  style  ;  d'autres,  des  personnages  : 
un  prêtre  entre  un  charpentier  et  un  dragon  qui  tient  une 
sphère  dans  la  gueule;  plus  loin,  un  autre  dragon  qui  dévore 
un  homme,  un  autre  homme  couché,  un  combat  entre  un 
lion  et  un  dragon;  des  bases  de  colonnes  formées  d'ani- 
maux, etc.,  etc. 

* 
«  * 

D'autres  chapiteaux  encore  montrent  les  formes  diverses 
appliquées  à  ce  membre  caractéristique  de  l'architecture 
depuis  les  entrelacs  de  galons  et  les  rubans  perlés  jusqu'à 
la  luxuriante  végétation  créée  par  les  tailleurs  de  pierre  de 
l'époque  gothique  ;  d'autres  fragments  indiquent  le  tracé  des 
arcs,  la  décoration  des  frises,  etc.  Beaucoup  de  morceaux 
historiés  :  un  tympan  décoré  des  figures  de  la  Vierge,  de 
Saint-Jean  et  de  deux  évéques;  une  vingtaine  de  consoles 
du  début  du  xve  siècle,  avec  des  ouvriers  au  travail  (comme 
à  celles  de  notre  hôtel  de  ville  de  Bruxelles),  des  moines, 
des  musiciens,  des  animaux  à  tète  humaine  et  autres  créa- 
tions hybrides  qui  rappellent  nos  écoinçons  de  l'église  du 
Sablon  et  de  la  Chapelle  des  Comtes  à  Courlrai;  sculptures 
habiles  et  d'une  haute  fantaisie,  dans  lesquelles  la  verve 
fantastique  et  parfois  trop  hardie  des  artistes  du  xive  et  du 
XVe  siècle  s'est  donnée  libre  carrière. 


—  464  — 

La  sculpture  de  la  fin  du  xiv*  siècle  est  représentée, 
notamment,  par  trois  belles  pierres  avec  figures  en  haut- 
relief  :  des  chevaliers  couverts  d'armures. 

Celle  de  la  première  moitié  du  xv*  siècle,  par  plusieurs 
statues,  entre  autres  celles  de  Marsilius  et  de  Marcus  Agrippa 
qui  décoraient  antérieurement  la  tour  du  Giirzenich. 

De  la  fin  du  xv9  siècle,  plusieurs  statues  encore,  dont  une 
fort  belle  Vierge  de  grès,  à  vêtements  d'un  beau  pli  ;  comme 
sculptures  décoratives,  les  armoiries  de  la  ville  portées  par 
deux  anges  ;  ce  motif  provient  de  la  Chapelle  du  Conseil, 
située  sur  la  place  de  l'Hôtel  de  Ville. 

Quelques  jolis  bas-reliefs  du  xvie  siècle  enfin,  entre  autres 
la  Cène  et  le  Christ  au  Jardin  des  Oliviers,  une  Sainte- 
Véronique  et  la  Résurrection  de  Lazare. 

Tous  ces  ouvrages  sont  en  pierre;  la  sculpture  sur  bois 
peut  être  étudiée  aussi  dans  ce  Musée,  sur  des  spécimens  de 
différentes  époques. 

Deux  figures  d'un  Calvaire,  la  Vierge  et  Saint-Jean,  carac- 
térisent son  étal  au  xn6  siècle  :  leur  exécution  rude  et 
sommaire  est  rachetée  par  une  évidente  et  naïve  sincérité. 

Parmi  les  sculptures  exposées  dans  les  galeries  du  cloître, 
il  faut  remarquer  aussi  la  statue  d'un  évèque  de  Cologne, 
datant  du  xn*  siècle  environ;  puis  une  très  belle  Vierge 
assise,  évidemment  française,  mais  qui  sans  doute  a  appartenu 
à  une  église  de  Cologne  :  la  tète  est  couverte  d'un  voile  sur 
lequel  est  posée  la  couronne  à  gros  fleurons  ;  le  costume  se  ; 
compose  d'une  robe  et  d'un  manteau  d'un  pli  élégant  et 
naturel  ;  l'Enfant  Jésus,  debout  sur  le  genou  gauche  de  sa 


—  465  — 

Hère,  est  aussi  velu  d'une  robe  tombant  jusqu'aux  pieds  ;  il 
tient  un  petit  globe  de  la  main  gauche  et  regarde  en  souriant 
un  fruit  que  lui  offre  la  Vierge  ;  celle-ci  est  légèrement  pen- 
chée à  droite,  dans  une  attitude  aisée  et  gracieuse  ;  les  yeux, 
fendus  en  amande,  et  la  bouche,  ont  un  sourire  bien 
maternel.  Le  pied  gauche  est  posé  sur  le  Basilic. 

L'art  allemand  du  xive  siècle  est  caractérisé  encore  dans 
trois  hauts-reliefs  typiques  en  marbre,  qui  proviennent  d'un 
ancien  maître-autel  du  Dôme  de  Cologne  :  l'Annonciation, 
l'Adoration  des  Mages  et  la  Présentation  au  temple.  Les 
visages  sont  d'un  large  ovale,  les  chevelures  ondulées  aux 
tempes,  les  vêtements  amplement  drapés;  les  proportions 
sont  un  peu  courtes  et  les  altitudes  légèrement  affectées. 

Une  jolie  Vierge,  de  la  fin  du  même  siècle,  a  conservé 
toute  sa  belle  polychromie  primitive. 

De  la  fin  du  xv*  siècle,  deux  fort  belles  figures  d'anges  en 
habits  sacerdotaux,  debout  et  tenant  des  phylactères;  ils 
portent  un  long  surplis  recouvert  d'une  chasuble  à  franges 
et  d'une  chape  brodée  de  passementerie,  retenue  par  une 
bille  en  losange  quadrilobé;  les  ailes,  courtes,  sont  éployées, 
la  chevelure  tombe  en  longues  boucles  sur  les  épaules  ;  la 
tète  est  ceinte  d'un  diadème  avec  petit  mascaron  ;  ces  figures 
sont  en  bois  de  tilleul. 

Notons  encore  les  statuettes  de  Sainte-Agnès  et  de  Sainte* 
Dorothée,  groupées  sous  un  élégant  baldaquin  provenant  du 
tabernacle  du  Dôme. 


—  466  — 

J'ai  mentionné  dans  mon  rapport  sur  l'Exposition  de 
Dûsseldorf  des  retables  de  l'école  de  Galcar;  le  M  osée 
Wallraf-Richartz  en  possède  un  très  intéressant,  surtout 
par  son  réalisme;  il  est  en  chêne  et  représente  la  Déposition 
de  Croix,  le  Spasimo  et  le  Christ  au  tombeau  ;  tous  les  per- 
sonnages—  d'attitudes  fort  naturelles —  portent  des  costumes 
du  xvi*  siècle  et  les  soldats  romains  sont  armés  de  mousquets! 

Unejautre  figure  bien  réaliste  de  la  même  époque  est  un 
Saint-Quirin  en  pierre  provenant  de  Neuss  (Bas-Rhin). 

Le  même  Saint,  accompagné  des  saints  Éloi  et  Léonard, 
est  encore  représenté  dans  un  milieu  de  retable  daté  de  1519, 
exécuté  en  Souabe;  cette  pièce  est  posée  sur  un  gradin 
portant  les  armoiries  des  barons  de  Zimmern  et  des  comtes 
de  Henneberg,  pour  l'un  desquels  Pierre  Vischer  fit  un 
tombeau  de  bronze  dont  le  moulage  figure  dans  nos  collec- 
tions (n°  1793). 

Du  xviie  siècle  enfin,  le  beau  monument  funéraire  e& 
marbre  de  Henri  deReuschenberg(morten  1603).  Au-dessus 
de  la  statue  du  défunt,  un  haut-relief  représente  le  Christ 

dans  les  limbes. 

* 

L'École  d'Anvers,  dont  j'ai  signalé  des  œuvres  à  Dûssel- 
dorf, est  aussi  représentée  dans  le  Musée  municipal  de 
Cologne;  j'y  ai  remarqué  notamment  un  très  joli  retable  qui 
a  pour  sujet  l'Apparition  du  Christ  à  la  Madeleine,  et  quatre 
figures  d'hommes  porteurs  de  phylactères,  qu'il  serait  inté- 
ressant de  comparer  aux  retables  de  même  origine,  de  la 
chapelle  du  Château  de  Ponthoz  et  du  Musée  archéologique 


—  467  ~ 

d'Arlon  (t).  L'un  de  ces  hommes  a  le  nez  surmonté  de  grosses 
besicles  ;  il  est  imberbe  ;  un  autre  porte  la  barbe  courte,  le 
troisième  l'a  plus  longue  et  pointue  ;  le  dernier  la  porte  très 
longue  et  tressée,  signe  dislinctif  que  les  sculpteurs  attri- 
buaient jadis  aux  persécuteurs  des  chrétiens.  Leurs  coiffures 
bizarres  :  turbans,  bonnets  pointus,  chapeaux  à  larges  bords 
dentelés,  —  leurs  manteaux  très  amples  à  plis  nombreux, 
un  justaucorps  à  bords  découpés  agrémentés  de  glands,  avec 
manches  bouffantes  à  crevés,  —  les  font  reconnaître  pour 
des  œuvres  d'une  époque  bien  proche  encore  de  celle  à 
laquelle  Jean  Borman  florissait  dans  le  Brabant  et  antérieure 
à  toute  immixtion  des  influences  espagnole  ou  italienne  dans 
l'art  de  la  renaissance  aux  Pays-Bas. 

Ce  sont  là,  Messieurs,  des  figures  qui  intéressent  tout 
particulièrement  notre  art  national;  il  importerait  que  nous 
en  possédions  les  moulages;  ceux-ci  n'existent  pas  encore; 
mais,  grâce  à  l'extension  toujours  croissante  de  nos  relations 
internationales,  je  ne  désespère  pas  d'obtenir  qu'ils  soient 
exécutés  un  jour  à  notre  intention. 

AIX-LA-CHAPELLE. 

Le  Musée  Suermondt. 

Le  Musée  municipal  d'Aix-la-Chapelle  a,  comme  celui  de 
Cologne,  des  salles  décorées  en  styles  divers  plus  ou  moins 
en  rapport  avec  les  collections  qu'elles  contiennent.  Il  a,  lui 
aussi,  son  salon  pompéien,  dans  lequel  sont  rassemblés  les 
objets  d'art  de  l'antiquité,  y  compris  les  Égyptiens!  Ce 

(4)  Bull,  dts  Comm.  royales  d'art  et  (Tarchéol.,  XXX  (1891),pp.  99  et  216. 


—  468  — 

n'est  pas  précisément  cela,  je  me  hâte  de  le  dire,  que  j'avais 
en  vue  en  parlant  tantôt  des  installations  futures. 

Près  du  «  Triomphe  de  Galathée  »,  peinture  murale  copiée 
à  la  Maison  des  chapiteaux  peints  (Casa  dei  capitelli  colorali) 
de  Pompéi,  des  armoires  renfermant  des  statuettes  d'Isis,  des 
fragments  de  sarcophages  et  de  momies,  un  bateau  des  morts, 
des  étoffes  et  autres  tissus  coptes,  etc.  (La  suite  des  collec- 
tions égyptiennes  est  exposée  dans  une  autre  salle;  je  n'ai 
rien  à  y  signaler  qui  intéresse  spécialement  notre  Comité). 

La  même  salle  contient  des  objets  mycéniens  :  restitu- 
tions en  galvanoplastie,  armes,  etc.;  des  vases  grecs,  des 
figurines  de  Tanagra,  des  poteries  diverses  ;  des  statuettes 
de  marbre  et  de  bronze,  des  monnaies  et  autres  objets  de 
l'époque  romaine  et  enfin  quelques  moulages. 

Parmi  ces  derniers  :  le  sarcophage  qui  renferma  pendant 
un  demi-siècle  les  restes  de  Charlemagne  (moulage  signalé 
à  Dùsseldorf)  ;  la  Méduse  Rondanini,  réplique  romaine  d'une 
œuvre  de  l'époque  de  Praxitèle  (à  la  Glyptothèque  de 
Munich);  puis  des  torses  et  des  bustes  bien  connus  :  le 
Satyre  aux  crotales  des  Uffizi,  Laocoon,  Vilellius,  etc. 

*  * 

La  salle  consacrée  à  l'époque  romane  est  décorée  de  copies 
de  peintures  murales  du  xne  siècle;  le  plafond,  du  xui*,  est 
copié  d'une  maison  de  Zurich,  la  «  Zum  Loch  ». 

Parmi  les  moulages  : 

La  fameuse  t  Table  d'or  » ,  sorte  de  retable  en  or  repoussé 
(mentionné  aussi  à  Dùsseldorf;; 

Les  beaux  fonts  baptismaux  d'Hildesheim,  bronze  du 
xme  siècle  (acquisition  décidée  en  principe,  en  séance  du 


—  469  — 

9  décembre  dernier,  sur  la  proposition  de  M.  le  chevalier 
Marchai)  ; 

Une  partie  de  la  grande  couronne  de  lumière  suspendue 
dans  l'Octogone  de  la  cathédrale  d'Aix; 

Quelques  jolies  statuettes,  entre  autres  la  figurine  équestre 
de  Charlemagne,  du  musée  Carnavalet  à  Paris. 

Des  fragments  divers  :  tète  de  la  statue  de  Sainte-PIec- 
trude  ; 

Deux  panneaux  de  la  porte  du  Dôme  d'Hildesheim  (que 
nous  avons  toute  entière); 

Des  panneaux  des  châsses  du  Trésor  de  la  cathédrale, 
dont  je  parlerai  tantôt; 

Des  reproductions  d'objets  historiques  comme  le  candé- 
labre et  la  crosse  de  Saint-Bernward,  etc. 

Les  collections  de  l'époque  gothique  comprennent  un 
nombre  relativement  considérable  de  statuettes  de  saints, 
presque  toutes  du  xve  siècle.  Parmi  les  huit  ou  dix  figures 
de  la  Vierge  portant  Jésus,  il  en  est  une  du  xiv*  siècle  qui 
mérite  une  mention  spéciale  :  la  Vierge  est  assise  sur  un 
siège  sans  dossier;  elle  ne  porte  ni  voile  ni  couronne;  de  la 
main  gauche  elle  soutient  l'Enfant  Jésus  qui,  debout  sur  son 
genou,  touche  d'une  main  la  poitrine  de  sa  Mère  et  lient  dans 
l'autre  le  globe  terrestre;  entre  le  pouce  et  l'index  de  la 
main  droite,  les  autres  doigts  écartés,  la  Vierge  tient  avec 
précaution,  —  presque  avec  crainte,  —  un  grand  sceptre 
fleurdelisé,  probablement  moderne  ;  la  tète  est  un  peu  forte  ; 
le  visage,  largement  modelé,  les  joues  pleines;  la  bouche 
petite  et  les  yeux  aux  paupières  inférieures  légèrement 


—  470  — 

retroussées  ont  an  sourire  charmant  ;  un  peu  étonné  et 
presque  un  peu  railleur  à  la  fois;  c'est  la  jeune  mère  heu- 
reuse et  fière  de  son  enfant. 

On  remarque  encore  dans  Tune  des  salles  gothiques  quel- 
ques beaux  meubles  anciens»  —  parmi  des  imitations 
modernes,  —  provenant  de  la  chambre  à  coucher  du  docteur 
Franz  Bock,  l'un  des  principaux  bienfaiteurs  du  musée. 

Comme  moulages  : 

Le  lutrin-aigle  du  Dôme  (vu  à  Dûsseldorf); 

La  partie  supérieure  du  tombeau,  en  bronze,  d'Arnold  de 
Mérode,  qui  se  trouve  également  au  Dôme  d'Aix  ;  le  défunt  y 
est  représenté  agenouillé  devant  la  Vierge;  Saint-Michel  se 
tient  derrière  lui,  Saint-Bartholomé  du  côté  opposé. 

Je  passe  sur  quelques  autres  moulages  de  peu  d'impor- 
tance. 

*  • 

Le  musée  Suermondt  possède  une  remarquable  sériç  de 
meubles  de  la  Renaissance  :  secrétaires  avec  appliques  de 
fer  doré,  armoires,  chaises,  etc. 

Une  nombreuse  série  de  figures  de  la  Vierge,  de  Sainte- 
Anne,  de  Saint-Pierre,  de  Saint-Sébastien,  de  Saint-Chris- 
tophe, etc.,  en  bois  et  en  pierre,  du  xvie  siècle  pour  la 
plupart;  une  intéressante  collection  de  fragments  d'archi- 
tecture et  des  boiseries,  parmi  lesquelles  je  mentionnerai 
spécialement  une  remarquable  porte  en  chêne  sculpté,  avec 
dessus  vitré,  du  commencement  du  xviue  siècle  et  une 
chaire  hexagonale  en  chêne  également,  décorée  de  fenes- 
tralions  et  de  réseaux  d'un  dessin  très  riche;  elle  provient 


—  471  — 

de  Golkerad,  près  Erkelenz,  et  date  du  commencement  du 
xvi*  siècle. 

Comme  moulages,  il  y  a  à  signaler  : 

Le  beau  buste-reliquaire  de  Saint-Servais,  de  l'église  de 
Maeslricht  (original  en  argent  doré,  du  xvi°  siècle,)  et  quatre 
reliefs  d'un  retable  de  la  même  époque,  provenant  de  l'école 
de  Cal  car  et  appartenant  à  l'église  Saint- Victor,  à  Xanten. 

Le  Dôme. 

J'ai  mentionné,  Messieurs,  tant  à  l'exposition  de  Dûsseldorf 
que  dans  le  musée  Suermondt,  des  moulages  dont  les  origi- 
naux se  trouvent  dans  la  cathédrale  d'Aix-la-Chapelle,  me 
réservant  d'en  faire  la  description  d'après  les  originaux. 

La  clôture  de  la  Chapelle  des  Ames,  dans  le  cloître,  a 
été  décrite  assez  minutieusement  pour  qu'il  soit  inutile  d'y 
revenir. 

Le  sarcophage  romain  qui  renferma  les  restes  de  Charle- 
magne  représente,  je  l'ai  dit,  t  l'Enlèvement  de  Proserpinc  » . 

Sur  un  char  à  quatre  chevaux  dont  Mercure  tient  les 
rênes,  Plu  ton,  protégé  par  Minerve,  entraine  vers  les  Enfers 
la  fille  de  Cérès;  celle-ci  poursuit  le  ravisseur;  elle  est  dans 
un  char  tiré  par  des  serpents  ailés  que  guide  Hora,  symbole 
du  Temps  et  de  la  Rapidité,  et  excités  par  Iris,  qui  vole 
devant  eux  ;  dans  le  bas  se  voient  deux  des  tètes  de  Cerbère 
elle  haut  du  corps  du  géant  Encelade,  enseveli  sous  l'Etna; 
au-dessus  des  coursiers  de  Platon  plane  un  Amour  qui  porte 
le  flambeau  de  l'Hyménée;  sous  leurs  pieds  gît  Tellus.  Diane 
et  Vénus,  le  front  ceint  de  diadèmes,  se  tournent  vers  Cérès; 
entre  les  deux  déesses,  un  Amour  est  agenouillé  près  d'une 


—  473  — 

corbeille  de  fleurs  ;  un  autre  se  trouve  dans  le  char  du  dieu 
des  Enfers,  un  autre  encore  auprès  de  Minerve. 

Sur  l'un  des  petits  côtés  sont  représentés  un  jeune  homme 
et  deux  jeunes  filles  ;  sur  le  second,  un  autre  jeune  homme, 
un  génie  qui  porte  une  corne  d'abondance,  un  pâtre. 

La  Louve,  en  bronze,  date  de  l'époque  romaine  ;  elle  a 
donné  son  nom  à  l'entrée  principale  du  Dôme,  la  t  Wolfs- 
thûr  »  près  de  laquelle  elle  est  placée  ;  elle  décorait  jadis, 
parait-il,  une  fontaine,  au  milieu  du  parvis  du  Dôme  actuel; 
des  jets  d'eau  s'échappaient  de  ses  mamelles  et  de  sa 
gueule. 

Les  dix-sept  plaques  de  la  «  Table  d'or  »  représentent  :  le 
Christ  juge  du  monde,  la  Vierge,  Saint-Michel,  les  quatre 
Évangélistes  figurés  par  leurs  symboles,  l'Entrée  du  Christ 
à  Jérusalem,  la  Cène,  le  Lavement  des  pieds,  Jésus  au  Mont 
des  Oliviers,  son  Arrestation,  la  Flagellation,  le  Couronne- 
ment d'épines,  le  Portement  de  la  Croix,  la  Crucifixion  et 
les  saintes  Femmes  au  Sépulcre.  Jadis  ces  plaques,  qui 
peut-être  avaient  constitué  dans  le  principe  un  antependium, 
étaient  isolées  et  déposées  dans  le  Trésor  du  Dôme;  c'est  au 
moyen  d'un  don  fait  par  le  Dr  von  Olfers  que  l'on  a  pu  les 
assembler  pour  en  former  un  dessus  d'autel,  sur  le  modèle 
du  célèbre  «  paUotto  *  donné  vers  855  par  l'archevêque 
Angilbert  Pusterla  à  l'église  Sainl-Àmbroise  de  Milan  ;  leur 
encadrement  d'or  ciselé  et  enrichi  de  pierreries  esl  donc 
moderne. 

La  couronne  de  lumière,  chef-d'œuvre  de  l'orfèvre  Wibert, 
fut  offerte  à  la  cathédrale  en  1168  par  Frédéric  Barberousse 
et  sa  femme  Béatrix. 

*  * 


—  473  — 

Je  vous  ai  entretenu  longuement  —  trop  longuement 
peut-être,  Messieurs,  —  des  châsses  exposées  à  Diïsseldorf; 
je  ne  puis  cependant  parler  du  Dôme  d'Aix-la-Chapelle  sans 
mentionner  ses  deux  principaux  reliquaires,  aussi  célèbres  ' 
par  leur  beauté  que  par  les  restes  vénérés  qu'ils  ren- 
ferment. 

La  châsse  de  Gharlemagne  présente  sur  chacune  de  ses 
faces  longues  huit  arcades  à  plein  cintre  portées  par  des 
colonnettes  couplées  encadrant  des  figures  assises,  en  argent 
repoussé;  d'autres  figures  décorent  les  pignons;  chaque 
versant  du  toit  porte  quatre  panneaux  rectangulaires;  ils 
figurent,  en  bas-relief,  cinq  batailles  du  grand  empereur  en 
Espagne,  sa  confession,  l'acquisition  des  saintes  reliques  à 
Constantinople  et  la  consécration  du  Dôme  à  la  Vierge. 

La  châsse  de  Marie,  dite  aussi  c  des  quatre  grandes 
reliques  » ,  présente,  au  milieu  de  ses  faces,  un  avant-corps 
à  gâbje  répétant  les  pignons  ;  à  droite  et  à  gauche  de  cet 
avant-corps,  trois  Apôtres  sont  représentés  assis  dans  des 
niches  dont  l'arc  est  remplacé  par  deux  rampants  ;  des 
faisceaux  de  colonnettes  séparent  ces  niches  entre  elles;  de 
grandes  figures  sont  assises  aux  quatre  pignons,  sous  des 
arcs  trilobés;  celle  de  la  Vierge  avec  Jésus  est  la  plus  remar- 
quable. Chaque  versant  de  la  toiture  porte  six  arcades 
trilobées  avec  colonnettes  jumelles  surmontées  de  petits 
bustes  ;  sous  les  arcades,  des  bas-reliefs  retracent  des  scènes 
de  la  vie  de  la  Vierge  et  de  Jésus. 

La  première  de  ces  châsses  fut  exécutée  vers  la  fin  du 
xii9  siècle,  probablement  sous  la  direction  de  maitre  Wibert 
sinon  par  lui-même  ;  la  seconde  est  du  xm*  siècle,  par  ou 
sous  la  direction  de  maître  Johannes.  Toutes  deux  portent 


—  474  — 

celle  riche  ornementation  de  plaques  d'émail  que  j'ai  signalée 
I  déjà  dans  la  plupart  des  châsses  de  Dûsseldorf. 

Elles  ont  été  moulées,  au  moins  partiellement;  le  Musée 
Suermondt  en  possède  des  fragments. 

« 

La  conclusion  naturelle  de  ce  rapport,  Messieurs,  est  la 
proposition  d'inscrire  à  la  liste  des  desiderata  les  moulages 
qu'il  parait  désirable  d'acquérir,  autant  que  possible  par  voie 
d'échange  ;  il  y  aura  lieu  d'attendre  toutefois,  pour  entamer 
des  négociations  officielles  à  ce  sujet,  la  décision  de  la  Société 
Centrale  d'Art  industriel  de  Dûsseldorf;  cette  Compagnie 
sera  très  probablement  chargée,  comme  je  l'ai  fait  entrevoir, 
de  la  vente  et  sans  doute  aussi  de  l'échange  des  reproductions 
d'objets  d'art  de  l'Allemagne  occidentale. 

Le  Secrétaire, 

Henry  Rousseau. 
Vu: 

POUR   LE   PRÉSIDENT   #. 

Le  Membre  Délégué, 
Ad.  Delvigne. 


TABLE    DES   MATIERES. 


Paget. 

Liste  des  membres  effectifs  et  correspondants  de  la  Commission 
royale  des  monuments  en  1902 5 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1902  43 

Marques  et  monogrammes  de  faïenciers  andennais,  précédés  du 
tableau  chronologique  des  fabriques  de  faïence  d'Andenne, 
d'après  des  documents  authentiques  inédits,  suivis  d'une 
notice  sur  Jacques  Richardot,  sculpteur -faïencier,  par 
M.  E.-J.  Dardenne,  membre  correspondant  de  la  Commission 
royale  des  monuments,  à  Andenne 35 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mars  et  d'avril  1902       .       .      69 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1902 .       .       .103 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1902       .        .135 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  septembre  et  d'octobre  1902    .    163 

Commission  royale  des  monuments.  —  Séance  générale  prépara- 
toire du  4  octobre  1902.  Procès-verbal 193 

Commission  royale  des  monuments.  —  Assemblée  générale  et 
réglementaire  du  6  octobre  1902.  Présidence  de  M.  Lagàsse- 
deLocht 195 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  novembre  et  de  décembre  1902.    329 


—  476  — 


Pagw. 

,    559 


Nécrologie 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  section  artistique  de  la  Commission 
royale  des  échanges  internationaux  pendant  Tannée  4900,  par 
M.  Henry  Rousseau .565 

Rapport  au  Comité  de  la  section  artistique  de  la  Commission 
royale  des  échanges  internationaux.  —  L'art  ancien  de 
l'Allemagne  occidentale  (Exposition  de  Dûsseldorf,  1902), 
par  M.  Henry  Rousseau 595 

Rapport  au  Comité  de  la  section  artistique  de  la  Commission 

royale  des  échanges  internationaux.  —  Moulages  de  monu- 
ments français  au  Trocadéro.  —  Moulages  des  fouilles  de 

Delphes  au  Louvre,  par  M.  Henry  Rousseau.        .        .        .447 

Rapport  au  Comité  de  la  section  artistique  de  la  Commission 

royale  des  échanges  internationaux.  —  Les  musées  de  Cologne 

et  d'Aix-la-Chapelle,  par  M.  Henry  Rousseau       .       .       .457 


PLANCHES. 


Pagci. 


Faïences,  marques  et  monogrammes  de  faïenciers  andennais, 

pi.  1  à  V 67 

Plan  de  l'ancienne  forteresse  de  Logne 167 


i 


BULLETIN 


DE? 


MM1SSI0NS  ROYALES 


D'ART  ET  D'ARCHÉOLOGIE 


BULLETIN 

COMMISSIONS  ROYALES 

D'ART   ET   D'ARCHÉOLOGIE. 

QUARANTE-DEUXIÈME    ANNÉE. 


BRUXELLES 

IMPRIMERIE  VAN  LAKGHEKDONCK,   HUE  DES  CHARTREUX,  60 


1903 


|THE  NEW  YORK 

PUBLIC  LIBRARY 


ASTOR,  LCNOX  A  NO 
TILDEN  F0UNDAT1ON6. 

19r-9 


* 


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LISTE 

Ï>E8 

MEMBRES  EFFECTIFS  ET  CORRESPONDANTS 

DB'  LA  - 

COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 

EN    4  903 


MEMBRES   EFFECTIFS   : 

Président  :  M.  Lagasse-de  Locht  (Ch.),  Inspecteur  général  des 

ponts  et  chaussées  avec  rang  de  Directeur  général, 
à  Bruxelles. 

Vice- Présidents  :  MM.  Hellbputtb  (G.),  professeur  à  l'Université 
de  Louvain,  membre  de  la  Chambre  des  représentants,  à  Vlier- 
beek  lez  Louvain,  et  Helbig  (J.),  artiste  peintre,  à  Liège. 

Membres  :  MM.  Acrer,  architecte,  à  Bruxelles. 

Blohme  (L.),  architecte,  à  Anvers. 
Bordiad  (G.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Gardon  (Ch.-L.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 
Delacenserie    (L.),    architecte,    directeur    He 

l'Académie  des  Beaux-Arts,  à  Bruges. 
Maquet(H.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Beusens  (E.),  chanoine,  archéologue,  à  Louvain. 
Van  Assche(A.),  architecte,  à  Gand. 
Van  Wint  (B.),  statuaire,  à  Anvers. 
Vinçotte  (Th.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Secrétaire  :  Massaux  (A.),  à  Etterbeek. 


—  6  — 


COMITÉS   DBS   CORRESPONDANTS   : 

ANVERS. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président  :  M.  Smerens  (Th.),  président  honoraire  du  tribunal 

de  lr"  instance,  à  Anvers. 

Membres  :  MM.  Bilmeyer  (J.),  architecte,  à  Anvers, 

De  Bbaeckelebr(J.),  statuaire,  à  Borgerhout. 
de  Vinok  de  Winnezeele  (Bon),  archéologue,  à 

Anvers, 
Dibrckx,   ancien   membre  de  la   Chambre  des 

représentants,  à  Turnhout, 
Mast  (E.),  archéologue,  à  Lierre. 
Nève  (L.),  ingénieur,  à  Saint-Léonard  (Brecht). 
Van  Ca8TER  (le  chanoine),  archéologue,  à  Malioes. 
Van  der  Ouderaa,  artiste  peintre,  à  Anvers. 
Van  Leemputtbn  (F.),  artiste  peintre,  à  Anvers. 

Membre-Secrétaire  :  M.  Donnet(F.),  administrateur  de  l'Académie 

royale  des  Beaux-Arts,  à  Anvers. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Jacobs  (H.),  chef  de  bureau  à  l'Adminis- 
tration provinciale,  à  Anvers. 

BRABANT. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Van  Even  (E.),  archiviste  delà  ville,  à  Louvain. 

Membres  :  MM.  De  G  root  (G.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Delvionb  (le  chanoine),   archéologue,   curé  de 

Saint- Josse-ten-Noode. 
De  Vriendt  (J.),  artiste  peintre,  directeur 

l'Académie  des  Beaux-Arts  d'Anvers. 


i 


—  7  — 

MM .  Hanon  de  Louvet,  archéologue,  à  Nivelles. 
Janlbt  (E;),  architecte,  à  Bruxelles. 
Jakssens  (W.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Lanqerook  (P.),  architecte,  à  Louvain. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Désirée  (H.),  chef  de  bureau  à  l* Admi- 
nistration provinciale,  à  Bruxelles. 

FLANDRE  OCCIDENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Bethune  (Bon  J.-B.),  archéologue,  Gouverneur 
de  la  Flandre  occidentale,  à  Bruges. 

Membres  :  MM.  Bethune  (B°o  F.),  chanoine-archidiacre,  à  Bruges. 

De  Geyne  (L.),  architecte,  à  Court  rai. 

De  Meter  (D.)t  docteur  en  médecine,  à  Bruges. 

Vandebxbrsch  (A.),  avocat,  à  Bruges. 

Membre. Secrétaire  :  M.  Van  Ruymbeke  (J.),  archéologue,  bourg- 
mestre d'Oedelem. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Van  de  Walle  (R.),  commis  de  2me  classe 
à  l'Administration  provinciale,  à  Bruges. 


FLANDRE  ORIENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Serrure  (E.),  architecte-archéologue,  à  Ganl. 

Membres  :  MM.  C loquet  (L.),  architecte,  professeur  à  l'Université 

de  G and. 

De  Waele  (J.),  architecte,  professeur  à  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts,  à  Gand. 

LtB4Ert  (T.),  artiste  peintre,  professeur  à  l'Insti- 
tut supérieur  des  Beaux* Arts,  d'Anvers,  à  Gand. 

Tttgadt  (L.),  artiste  peintre,  ancien  directeur  de 
l'Académie  des  Beaux-Arts,  à  Gand. 


—  8  — 

MM.  Van  Biesbroeck    (L.),   statuaire,    professeur  à 
l'académie  des  Beaux-Arts,  à  Gand. 
Van  dbr  Haeghen  (F.),  bibliothécaire,  directeur 
de l'Université de  Gand,  à  Saint-Denis-Westrem. 

Membre-Secrétaire  :  M.  De  Ceulenber  (à.),  professeur  de  l'Uni- 
versité, à  Gand. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  De  Landtshber  (J.),   chef  de   division  à 

l'Administration  provinciale,  à  Gand. 

HAINAUT. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Hubert,  architecte-ingénieur,  à  Mons. 

Membres  :  MM.  Cador   (A.),   ancien    architecte    de    la  ville,   à 

Charleroi. 

Devillers  (L.  ),  conservateur  honoraire  des 
archives  de  l'État,  président  du  Cercle  archéolo- 
gique, à  Mons. 

Soil  (E.),  juge  d'instruction,  à  Tournai. 

Sonneville  (C),  architecte,  à  Tournai. 

Van  Ba*telaer  (D.),  archéologue,  à  Saint-Josse- 
ten-Noode. 

LIÈGE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Renier  (J.),  artiste  peintre,  à  Verviers. 

Membres  :  MM.  Bormans,  administrateur  inspecteur  de  l'Univer- 
sité de  l'État,  à  Liège. 

Drion  (M. -P.),  directeur  de  l'Académie  royale  des 
Beaux-^Arts,  à  Liège. 

Fb  an  cotte  (G.),  Ministre  de  l'industrie  et  du 
travail,  à  Bruxelles. 


-  »  — 

MM.  Jamab  (E.),  architecte,  à  Liège» 

Schuerhans  (H.),  premier  président  honoraire 

de  la  Cour  d'appel,  a  Liège. 
Sohoolmeesters  (E.),  archéologue,  vicaire  géné- 
ral, à  Liège. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Levers  (A.),  chef  de  division  au  Gouverne- 
ment provincial,  à  Liège. 


LIMBOURG. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice- Président  :  M.  Van  Neuss(H.),  ancien  conservateur  des  archives 

de  l'État,  à  Hasselt. 

Membres  :  MM.  Courroit  (J.),  statuaire,  professeur  à  l'Académie 

de  dessin  et  à  l'école  industrielle,  à  Hasselt. 
Daniels  (l'abbé  P.),  archéologue,  à  Zolder. 
De  Grûnne  (Of  G.),  sénateur,  à  Russon. 
Jaminé  (L.),  architecte  provincial,  à  Hasselt, 
Schaetzen  (Chevalier  0.),  ancien  membre  de  la 

Chambre  des  représentants,  à  Ton  grès. 
Serrure  (E.),  architecte  de  la  ville,  à  Saint-Trond. 

Membre-Secrétaire  :  M.   De  Borman  (Chevalier  C),  membre  de  la 

Députation  permanente,  à  Schalkhoven. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Van  Weddingen  (A.),  commis  de  lr«  classe 

au  Gouvernement  provincial,  à  Hasselt. 


LUXEMBOURG. 


Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice- Président    :    M.    Tandel,    commissaire   d'arrondissement,   à 

Arlon. 


—  10  — 

Membres  :  MM.  Cuppbr  (J.),  architecte  provincial,  à  Bastogne. 

Deome,  avocat,  à  Neufchàteau. 
dr  Mathblin,  statuaire,  à  Liège. 
Kurth  (G.),  professeur  d'histoire  à  l'Université 

de  Liège. 
van  Limburg-Stirum  (O   A.),  membre  de  la 

Chambre  des  représentants,  à  Bruxelles. 
Wilmar,  archéologue,  à  Amonines. 

Membre-Secrétaire  :  Van  dr  Wyngaert  père,  directeur  de  l'école 

industrielle,  à  Arlon. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Sibenaler  (J.-B.),  chef  de  bureau  au  Gou- 
vernement provincial,  à  Arlon. 

NÀMUR. 

Président  :  M.  lb  Gouverneur  db  la  province. 

Vice- Président  :  M.    Bequet  (A.),  président  de  la  Société  archéo- 
logique, à  Namur. 

Membres  :  MM.   Boveroulle,  architecte  provincial,  à  Namur. 

Dardenne,   ancien  régent  d'école    moyenne,   à 

Andenne. 
Del  Marmol  (Bon  F.),  archéologue,  à  Dinant. 
Lkanne  (F.\  architecte  honoraire  de  la  ville  de 

Namur,  à  Etterbeek. 
Soreil,  ingénieur,  à  Mnredsous  (Sosoye). 
Sosson,  chanoine  titulaire,  à  Namur. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Vandenneuker,  directeur  à  l'Administra- 
tion provinciale,  à  Namur. 


—  Il  — 


COMITÉ  SPÉCIAL  DES  OBJETS  D'ART. 


Président  :  M.  Hellbputte  (G.),  architecte,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Louvain,  membre  de  la  Chambre  des  représentants,  à 
Vlierbeek  lez  Louvain. 

Membres  :  MM.  De  Geoot  (G.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Helbig  (J.)»  artiste  peintre,  à  Liège. 
Heknebicq  (A.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 
M  arc  h  al  (le  Chevalier  Edm.)>  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  royale  de  Belgique,  à  Bruxelles. 
Reusen8    (le   chanoine    Edm.),    archéologue,    à 

Louvain. 
ViNÇ0TTE(Th.),  statuaire,  à  Bruxelles. 

Secrétaire  :  M.  Massaux  (A.),  à  Etterbeek. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX 


^^*M**^**W^#^^*^*V^*^ 


SÉANCES 
des  3,  10,  17,  24  et  31  janvier;  des  7,  14,  21  et  28  février  1903. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  onl  été  émis  sur  : 

1°  La  proposition  de  faire  restaurer  divers  tableaux  qui     Église* 

1  ^  Grlnberflita. 

ornent  l'église  de  Grimberghen  (Brabant).  Il  semble  résulter  T,bl**«- 
du  rapport  de  M.  Cardon,  membre  du  Comité  des  corres- 
pondants, que  les  travaux  à  exécuter  aux  œuvres  d'art 
signalées  n'en  traîneront  pas  à  des  frais  importants.  Dans  ces 
conditions,  il  semble  qu'il  y  a  lieu  de  restaurer  en  même 
temps  tous  les  tableaux  désignés.  Cette  mesure  parait  utile 
pour  éviter  des  dégradations  plus  importantes; 
2°  La  proposition  de  faire  procéder  à  la  restauration  du       ëcu* 

de  SieenhafféU 

tableau  de  De  Crayer  qui  orne  le  maitre-autel  de  l  église  de     Tab|<»»- 
Sic  enliuiïel  (Brabant).  Se  ralliant  aux  conclusions  du  rapport 
de  M.  Cardon,  le  Comité  mixte  des  objets  d'art  est  d'avis 


—  H  — 

qu'il  y  aura  lieu  de  commencer  par  fixer  les  parties  de  la 
peinture  menaçant  de  se  détacher  et  rentoiler  le  tableau. 
Cette  dernière  opération  devra  être  faite  par  un  spécialiste. 
Lorsque  ces  ouvrages  préliminaires  seront  effectués,  la  Com- 
mission fera  examiner  le  tableau  par  des  délégués  afin  de 
déterminer  quels  sont  les  autres  ouvrages  qu'il  y  aurait  lieu 
d'y  faire  exécuter; 
blinde        5°  La  proposition  de  faire  restaurer  le  monument  Schut 

Saint-WiJlebrord,  r      r 

objATd"ri.  el  un  tableau  d'autel  attribué  à  Rubeos  qui  se  trouvent  dans 
l'église  de  Saint-Willebrord,  à  Anvers,  en  tenant  strictement 
compte  des  recommandations  faites  par  le  Comité  provincial 
des  correspondants.  Il  doit  être  entendu  que  ces  ouvrages 
s'exécuteront  sous  la  surveillance  du  dit  Comité; 
Mm  4°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  peintures  murales 

m^nïlT     dans  l'église  de  Rhisnes  (Namur);  auteur,  M.  Meunier; 
dépara"  ^°  ^c  projet  concernant  la  décoration  picturale  de  l'église 

Décoration.    je  purnode  (Namur),  à  la  condition  que  le  ton  des  pilastres 
reste  uni  sans  aucune  ornementation;  auteur,  M.  Scboal; 
ÉfiiM  6°  Les  dessins  de  deux  vitraux  peints  à  placer  dans  la  nef 

de  Sainf-Sulplce, 

v.ulux      latérale  droite  de  l'église  de  Saint-Sulpice,  à  Diesl  (Brabant); 

auteurs,  MM.  Stalms  et  Janssens; 
Égiiaede         7°  Les  projets  relatifs  au  placement  de  sept  vitraux  le 

Saiole-Waadru,  r      '  r 

v.îJTax.  long  des  nefs,  du  pourtour  et  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Ghislain,  en  l'église  de  Sainte- Waudru,  à  Mons  (Hainaut); 
auteur,  M.  Ladon; 
cathédrale  8°  Le  projet  relatif  au  placement  de  quatre  vitraux  peints 
vuraux.  fans  |e  bas-côté  sud  de  la  cathédrale  de  Bruges.  H  n'y  a 
pas  d'inconvénient  à  ce  qu'on  varie  le  ton  des  arcatures  des 
soubassements  de  fenêtre  à  fenêtre,  mais  non  de  lumière  à 
lumière.  II  y  aura  lieu,  eu  exécution,  de  simplifier  le  plus 


—  15  — 

possible  les  fleurages  au-dessus  des  dais.  Contrairement  à 
l'avis  de  M*r  le  baron  Bethune,  la  Commission  estime  que 
les  trois  personnes  de  la  Sainte-Trinité  doivent  avoir  le 
nimbe  cruciforme;  mais  elle  partage  sa  manière  de  voir 
qu'il  y  a  lieu  de  donner  pour  vis-à-vis  à  la  figure  représen- 
tant la  Synagogue  la  figure  représentant  l'église  de  Jésus- 
Christ;  auteur,  M.  Dobbelaere; 
9*  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  vitrail  peint  dans     Egitoda 

....  .  StiBto-Walb«rf«, 

le  chœur  nord  de  l'église  de  Sainte- Walburge,  a  Âudenarde  kA^?,rd<- 
(Flandre  orientale)  ;  auteur,  M.  Ladon; 
10*  L'échantillon  de  restauration  de  la  croix  triomphale    x  **»* 

1  de  Rebaix. 

de  l'église  de  Rebaix  (Hainaul).  Tout  en  respectant  les  tons  °*ix t*»**- 
anciens  découverts  sous  les  couches  de  couleur  moderne, 
l'auteur,  M.  Manesse,  devra  donner  au  bleu  un  ton  moins 
noir,  un  peu  plus  verdàtreet  plus  harmonieux.  Son  attention 
a  été  appelée  également  sur  le  ton  brun,  qui  a  aussi  trop  de 
tendance  au  noir; 
il0  Le  modèle  de  la  statue  destinée  à  la  justice  de  paix  ju.u«. de p»«x 

J  r  do  BindM. 

de  Binche  (Hainaut),  moyennant  quelques  petites  observa-      Sul"°* 
tions  de  détails  dont  l'auteur,  M.  Mascré,  s'est  engagé  à  tenir 
compte  avant  de  livrer  son  œuvre  à  la  fonte. 
—  Il  a  été  procédé,  par  les  soins  du  Comité  mixte  des      égti* 

r  r  de  Sterrebeck. 

objets  d'art,  à  l'examen  des  tableaux  de  l'église  de  Slerrebeek,     T,w°««. 
dont  le  mauvais  état  a  été  signalé  par  le  Comité  des  corres- 
pondants du  Brabant. 

Les  tableaux  en  question  sont  au  r  ombre  de  six.  Deux 
surtout,  qui  sont  dépourvus  de  cadre  et  qui  sont  relégués 
dans  la  chapelle  des  fonts,  sont  dans  un  état  déplorable;  ils 
sont  recouverts  de  crasse,  troués,  les  bords  rongés  aux 
endroits  où  ils  ont  été  cloués  sur  les  châssis. 


—  16  — 

Sans  avoir  une  importance  marquante  au  point  de  vue 
artistique,  les  tableaux  de  l'église  de  Sterrebeek  ne  sont  pas 
cependantsansoffrirquelqueiutérét.  En  tous  cas,  ils  méritent 
de  recevoir  les  soins  que  comporte  leur  conservation. 

Il  faudrait,  en  tout  premier  lieu,  procéder  au  renloilage 
des  deux  plus  endommagées  de  ces  œuvres.  Ce  travail 
devrait  être  confié  à  un  spécialiste  qui  ne  s'occuperait  que 
du  renloilage,  M.  Mommen,  de  Bruxelles,  par  exemple. 
Il  pourrait  être  chargé  d'examiner  si  semblable  opération  ne 
doit  pas  être  effectuée  à  Tune  ou  l'autre  des  autres  toiles  et 
si  l'œuvre  peinte  sur  panneau,  le  Christ  en  croix,  ne  devrait 
pas  être  parquetée,  opération  qui  rentre  également  dans  les 
aptitudes  du  même  spécialiste. 

Ces  travaux  préliminaires  étant  effectués,  il  serait  procédé 
à  un  nouvel  examen  des  peintures  précitées  et  on  ferait  choix 
d'un  restaurateur  qui  aurait  pour  mission  de  nettoyer  les 
œuvres  avec  soin  et  de  retoucher  les  parties  endommagées. 
Celte  opération  devra,  en  lous  cas,  être  bornée  au  strict 
nécessaire  pour  assurer  la  conservation  de  la  peinture.  Par 
conséquent,  elle  ne  s'élèvera  pas  à  un  chiffre  bien  iraporlant. 

Le  conseil  de  fabrique  devrait  être  invité  à  s'entendre 
avec  M.  Mommen,  qui  fournirait  un  devis  de  la  dépense  à 
résulter  des  ouvrages  qui  rentrent  dans  sa  spécialité.  En 
transmettant  cette  estimation  aux  autorités  compétentes,  les 
administrations  locales  feraient  connaître  le  montant  de  leur 
intervention  dans  la  dépense. 

Mu^  de  Gud.      —  Le  tableau  de  feu  De  Taeye  représentant  Charles  Martel 

à  la  bataille  de  Poitiers,  a  été  examiné,  le  12  février  1903, 

dans  une  des  salles  du  nouveau  musée  de  la  ville  de  Gand. 

Cette  toile,  qui  mesure  9  mètres, sur  6,  était  dégagée  de 


—  17  — 

son  châssis  et  étendue  sur  le  parquet.  Elle  date  de  1858. 
Cela  n'empêche  pas  qu'elle  ne  révèle  déjà  des  fêlures  et  des 
retouches  tracées  par  une  main  maladroite. 

Un  ren toilage  complet  ne  semble  pas  nécessaire. 

Il  suffit  de  renouveler,  à  l'aide  de  patagons,  les  bords 
déchiquetés,  en  réparant,  après  le  dévernissage,  les  petites 
fentes,  qui  seront  ensuite  repassées  à  la  couleur.  L'application 
d'un  vernis  clôturera  les  opérations. 

S'il  ne  s'agissait  que  de  retouches,  M.  Louis  Maeterlinck 
pourrait  être  commis  à  les  pratiquer,  mais  comme  la  tâche 
à  accomplir  ne  laissera  pas  que  d'être  beaucoup  plus  com- 
plexe et  plus  difficullueuse,  il  sera  nécessaire,  si  la  commande 
lui  est  maintenue,  qu'il  s'adjoigne  un  spécialiste  de  grande 
expérience  tel  que  M.  Pelle  ou  un  autre  de  celte  force. 

La  remise  en  état  devra  être  faite  d'une  haleine  et  le  coût 
total  peut  en  être  évalué  à  500  francs  au  bas  mot. 

—  M.  le  curé  de  Deux-Acren  (Hainaut)  ayant  soumis  un       Êgii.ô 

de  Deux-Acreo. 

projet  de  décoration  du  chœur  et  du  transept  de  son  église,    Décoralion- 
il  a  été  décidé  que,  pour  se  prononcer  en  toute  compétence, 
un  examen  se  ferait  sur  place. 

L'édifice  est  conçu  en  partie  en  style  ogival  secondaire  et 
en  partie  en  style  ogival  tertiaire. 

C'est  un  des  plus  notables  spécimens  d'architecture  de 
cette  époque  que  l'on  rencontre  dans  la  région. 

La  tour  romane  élevée  entre  le  chœur  et  la  nef  principale, 
offre  une  masse  carrée  terminée  par  une  pyramide  à  quatre 
pans  flanquée  de  contreforts  très  élevés. 

L'église  n'est  pas  moins  intéressante  par  les  objets  mobiliers 
qu'elle  offre  à  l'attention  des  visiteurs. 

A  côté  de  fonts  baptismaux  romans  des  plus  remarquables, 


-  AS  — 

elle  conserve  des  lambris  en  chêne,  style  Louis  XV,  qui  en 
garnissent  toutes  les  parois,  deux  couronnes  de  lumières 
pédiculées  hexagonales,  en  fer  battu,  de  la  seconde  moitié 
du  xvc  siècle;  une  Vierge  miraculeuse  polychromée  en  bois, 
du  xue  siècle,  taillée  dans  un  seul  bloc  de  chêne  de  0m83. 

Le  trésor  renferme  aussi  plusieurs  pièces  de  grande  valeur 
appartenant  au  xvie  siècle. 

Les  trois  fenêtres  de  l'abside  ont  reçu  leur  décoration 
artistique  il  y  a  trente  ans.  Ces  verrières  méritent  une 
mention  honorable.  Elles  laissent  pénétrer  dans  celte  partie 
du  temple  une  clarté  douce  et  mystérieuse  qui  impressionne 
l'âme  et  invite  au  recueillement. 

Il  conviendra  que  l'auteur  du  projet  des  peintures  murales 
tienne  compte  du  cadre  artistique  où  ses  aptitudes  seront 
appelées  à  évoluer.  L'élude  qu'il  a  élaborée  paraît  acceptable 
dans  son  ensemble.  On  y  critiquera  toutefois  la  draperie  du 
soubassement  qui  gagnerait  à  être  monochrome,  verte  de 
préférence;  le  fond  du  décor  du  chœur  qui  est  terne  et  sans 
vie,  enfin  le  manque  d'harmonie  des  couleurs  de  l'œuvre 
présentée  et  des  vitraux. 

Sous  la  lour  ou  avant-chœur,  l'artiste  adoptera  la  même 
tonalité  que  dans  le  sanctuaire,  puisque  celui-ci  en  forme  la 
continuation. 

Le  fond  du  transept  devra  être  traité  plus  sobrement  que 
les  autres  parties  de  l'édifice. 
H6iei  —  Les  travaux  de  décoration  de  la  salle  du  Conseil  pro- 

du  Gouvernement 

^Gand8.1,     vincial,  ceux  du  promenoir,  de  même  que  les   tableaux 
Décoration.    a||£g0rjqUes  en  grisaille  placés  dans  les  panneaux  du  palier 

de  la  cage  de  l'escalier  d'honneur  de  l'hôtel  du  Gouvernement 
provincial,  à  Gand,  à  l'examen  desquels  il  a  été  procédé,  le 


Vitraux 


—  IS- 
IS février  1903,  sont  convenablement  exécutés.  En  consé- 
quence, rien  ne  s'oppose  à  ce  que  MM.  Heins  et  Vermeulen 
reçoivent  le  montant  de  leur  entreprise,  soit  7,956  francs. 

La  Commission  exprime  le  regret  que  les  dimensions  des 
cadres  des  panneaux  du  palier  de  l'escalier  n'aient  pas  été 
mesurées  d'une  façon  assez  précise  et  qu'on  ait  dû,  après 
coup,  compléter  les  panneaux  en  grisaille,  chacun  par  une 
bande  d'un  mauvais  effet. 

—  Il  résulte  d'une  communication  de  M.  le  curé  de      égu«e 

de  Diepeubcek. 

Diepenbeek  (Limbourg),  que  les  vitraux  dont  il  est  question 
dans  le  rapport  du  22  octobre  1902,  sont  placés  dans  le 
chœur  de  l'église  paroissiale. 

L'examen  auquel  il  a  été  procédé  de  ces  verrières,,  de 
concert  avec  MM.  Van  Neuss  et  l'abbé  Daniels,  membres  du 
Comité  des  correspondants,  a  démontré  que  ce  travail  est 
exécuté  en  dehors  des  principes  de  la  peinture  sur  verre 
préconisés  par  le  Collège.  En  effet,  la  composition  de  ces 
verrières  offre  un  médaillon  central  représentant  la  figure 
d'un  Saint  à  mi-corps,  entourée  d'un  encadrement  massif 
imitant  des  formes  plastiques.  Le  fond  même  de  la  fenêtre 
est  couvert  de  verre  à  peu  près  blanc  que  ceint  une  large 
bordure  aussi  peu  translucide  que  les  médaillons. 

Oo  ne  saurait  guère  approuver  semblable  travail  que 
l'autorité  fabricienne  n'a  d'ailleurs  laisser  placer,  parait-il, 
que  par  suite  d'un  malentendu  émanant  de  l'auteur  des 
vitraux  et  qui  avait  permis  à  la  Fabrique  de  croire  que  les 
projets  avaient  reçu  l'approbation  officieuse  de  la  Commission 
des  monuments  et  enfin  parce  qu'il  y  avait  urgence  à  rem- 
placer le  vitrage  délabré  qui  garnissait  les  baies  du  sanctuaire. 
Celui-ci  n'ayant  aucun  caractère  artistique  ni  monumental 


—  20  — 

et  le  remplacement  des  verrières  devant  causer  une  forte 
dépense  que  le  conseil  de  fabrique  n'est  pas  à  même  de  faire, 
on  peut  les  laisser  en  place,  mais  il  n'est  pas  possible  de 
recommander  semblable  travail  au  point  de  vue  d'un  subside 
à  imputer  sur  le  budget  des  Beaux-Arts. 
M.o«««M,Mu       —  Il  a  été  procédé,  le  19  janvier  4903,  dans  l'atelier  de 

Baroa 

0rbàVrioî!rrj'  M-  Vermeylen,  à  l'examen  des  modèles  du  groupe  el  du  lion 
destinés  au  monument  à  ériger,  à  Arlon,  à  la  mémoire  de 
M.  le  Baron  Edouard  Orban  de  Xivry,  ancien  gouverneur 
de  la  province  du  Luxembourg. 

Ces  modèles  ont  donné  lieu  à  une  observation  :  la  crinière 
du  lion  est  trop  peu  naturelle;  elle  est  composée  de  masses 
compactes  qui  ont  besoin  d'être  allégées. 

Sous  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  de  cette  observation, 
l'artiste  peut  être  autorisé  à  passer  à  l'exécution  définitive 
du  monument. 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

ArtMiuctopeiie  M.  Vander  Haegen,  brasseur,  rue  de  la  Porte  de  Bruges, 
i*^g™«e.  à  Gaod  (Flandre  orientale),  ayant  sollicité  l'autorisation  de 
percer  dans  la  façade  de  l'ancienne  chapelle  de  la  Leugemeete, 
sa  propriété,  en  celle  ville,  trois  baies  de  vitrines  et  une  baie 
de  porte  et  d'approprier  l'intérieur  en  maison  d'habitation, 
il  a  été  procédé,  sur  place,  le  12  février  1903,  à  l'examen 
de  cette  proposition. 

MM.  Lybaert,  De  Ceuleneer  et  Van  Biesbroeck,  membres 
du  Comité  des  correspondants,  assistaient  à  cet  examen. 

La  nouvelle  destination  de  l'édifice  devra  entraîner  fort 
probablement  la  destruction  des  restes  de  peintures  murales 


—  21  — 

qu'il  contient.  Ces  restes  se  rapportent  au  xive  siècle.  Ils 
sontépars,  très  clairsemés  et  très  mal  conservés.  On  distingue 
ou  plutôt  on  devine  quelques  rameaux  d'un  arbre  de  Jessé, 
les  linéaments  d'un  Saint-Jean,  à  la  gauche  du  chevet  de 
l'ancienne  chapelle  et  les  traces  d'un  pied  sur  la  façade  qui 
longe  la  rue. 

En  somme,  puisqu'il  existe  des  calques  et  des  photogra- 
phies des  peintures  faits  au  temps  où  on  pouvait  encore  les 
déchiffrer,  la  Commission,  d'accord  avec  ses  correspondants, 
est  d'avis  que  le  Gouvernement,  en  autorisant  tels  travaux 
que  de  besoin,  ne  commettra  point  de  faute  archéologique 
ou  artistique. 

—  Pour  répondre  au  désir  exprimé  par  M.  le  Ministre  de     château 
l'Agriculture,  il  a  été  procédé,  le  29  décembre  1902,  à  '«■««■«*• 
l'inspection  des  travaux  effectués  au  château  de  Franchimont. 

Ces  travaux,  jusqu'ici,  ont  consisté  en  de  simples  déblais; 
plus  de  vingt  mille  mètres  cubes  de  décombres  ont  été  enlevés 
et  déposés  dans  un  endroit  judicieusement  choisi.  Le  résultat 
immédiat  de  ces  déblais  effectués  dans  les  meilleures  condi- 
tions sans  qu'aucune  des  murailles  ait  été  compromise,  a  été 
la  découverte  de  presque  toutes  les  dispositions  du  château, 
de  manière  qu'il  est  aujourd'hui  possible  de  se  faire  une  idée 
précise  de  ce  qu'était  cette  célèbre  forteresse  au  temps  de  sa 
vitalité  et  de  son  éclat. 

Le  dégagement  des  fossés  nord  et  est  a  permis  de  déter- 
miner la  forme  et  les  dimensions  de  la  grosse  tour  nord-est, 
de  retrouver  les  vestiges  du  vieux  pont  de  pierre,  de  même 
plusieurs  embrasures  de  canon  donnant  sur  des  locaux 
encore  ignorés. 

Quant  au  château  lui-même,  abstraction  faite  de  son  intérêt 


—  22  — 

historique  el  archéologique,  il  produit  actuellement,  vu  de 
la  cour,  l'effet  le  plus  saisissant.  Franchimout  apparait 
maintenant  comme  une  des  ruines  les  plus  importantes  et 
les  plus  impressionnantes  du  pays. 

En  ce  qui  concerne  la  reprise  des  travaux,  vraisembla- 
blement au  retour  du  printemps,  il  a  été  décidé  qu'il  importait 
de  poursuivre  le  dégagement  complet  des  parties  basses  du 
monument,  c'est-à-dire  les  fossés  ouest  et  sud  en  contournant 
les  bastions  dont  plusieurs  sont  encore  inaccessibles. 

Le  cube  restant  à  enlever  serait  d'environ  dix  mille  mètres. 

D'après  M.  Lobest,  il  reste  encore  10,000  francs  environ 
sur  les  crédits  alloués.  Celte  somme  a  été  réservée  pour  qu'en 
tout  état  de  cause  il  y  ait  de  quoi  subvenir  aux  consolidations 
les  plus  urgentes.  La  délégation  est,  en  effet,  d'avis  d'affecter 
celle  somme  aux  réfections  qui  s'imposent  telles  aux  bastions, 
à  la  chapelle,  au  donjon,  au  mur  d'enceinte,  à  l'escalier  des 
princes,  etc.  Ces  consolidations  effectuées  avec  les  moellons 
de  décombre,  peuvent  se  faire  en  même  temps  que  le  restant 
des  déblais,  dont  on  utiliserait  une  partie  en  économisant  des 
frais  de  transport. 

En  beaucoup  d'endroits,  spécialement  à  la  chapelle  et  au 
donjon,  il  faudra  faire  des  coulis  de  ciment  et  prendre  toutes 
les  précautions  pour  éviter  l'infiltration  des  eaux  et  assurer 
leur  écoulement.  Ces  coulis  et  surtout  le  rejoiotoiemeot 
seront  effectués  en  échantillons  qui  seront  soumis  à  l'examen 
du  Collège. 

Il  est  encore  un  travail  éminemment  souhaitable  :  c'est  de 
reconstituer,  en  dessin,  ce  castel  du  xv*  siècle.  Les  restes 
en  sont  encore  nombreux  aujourd'hui;  toute  la  disposition 
terrienne  subsiste  et  le  donjon  a  presque  toute  sa  hauteur; 


;—  23  — 

en  outre,  de  nombreux  vesliges  ont  été  rencontrés  au  cours 
des  travaux  et  des  documents  importants  ont  été  assemblés. 
Il  y  aurait  là  matière  à  un  travail  graphique  d'une  importance 
archéologique  exceptionnelle,  car  il  donnerait  aux  historiens 
l'aspect  peu  connu  d'une  forteresse  du  moyen  âge  en  Belgique. 
Ce  serait  l'indispensable  complément  et  comme  la  conclusion 
des  travaux  entrepris. 

M.  Lohest  semble  tout  particulièrement  désigné  à  accom- 
plir  cette  tâche. 

On  ne  peut  se  dispenser  d'attirer  de  nouveau  l'attention 
de  l'autorité  supérieure  sur  la  nécessité  d'organiser,  dans  le 
plus  bref  délai  possible,  un  sérieux  gardiennal  du  monument 
par  les  soins  de  l'Administration  des  Bâtiments  civils,  à 
l'instar  de  ce  qui  se  pratique  à  Bouillon,  à  Laroche  et  ailleurs. 

Faute  d'un  préposé  énergique,  des  actes  de  déprédation 
se  commettent  fréquemment  et  c'est  peut-être  là,  pour  ce 
château,  une  cause  de  destruction  plus  sûre  que  les  intem- 
péries. 

Des  touristes  malveillants,  assurés  du  manque  absolu  de 
surveillance,  ne  se  font  pas  scrupule  d'arracher  des  moellons 
et  de  renverser  des  pans  de  mur.  Tout  récemment  une  porte 
a  été  enfoncée,  un  étançonnemenl  renversé  et  différents 
objets  provenant  des  fouilles  et  appartenant  à  l'État  ont  été 
volés. 

—  A  la  demande  de  l'Administration   communale  de  Pone  de  utti, 

à  Bouvigoet. 

Bou vignes,  il  a  été  procédé,  le  10  février  1903,  à  l'examen 
des  restes  de  la  porte  de  Laval. 

MM  Boveroulle,  Dardenne,  del  Marmol  et  Soreil,  membres 
du  Comité  des  correspondants  de  la  province  de  Namur, 
assistaient  à  cet  examen. 


—  u  — 

De  l'enceinte  de  la  ville,  il  ne  subsiste  que  l'entrée  repré- 
sentée par  deux  grosses  tours  massives,  tronquées  par  la 
vétusté  et  que  relie  un  passage  voûté. 

L'effort  lent  et  irrésistible  du  temps  les  désagrège,  les 
penche  de  plus  en  plus  vers  le  moment  fatal.  C'est  assez  dire 
qu'il  est  plus  que  temps  de  donner  le  signal  des  réparations 
que  leur  état  exige.  Sans  quoi  seront  anéantis  ces  vestiges 
si  célèbres  dans  le  pays,  peuplésde  tant  de  souvenirs  glorieux, 
témoins  de  tant  d'événements  qui  remplissent  les  pages  de 
l'histoire. 

Il  ne  peut  être  question  de  songer  à  rétablir  dans  leur 
situation  primitive  ces  spécimens  de  l'ancienne  architecture 
militaire.  Une  (elle  tentative  serait  hypothétique  et  dispen- 
dieuse. Les  seuls  travaux  que  la  Commission  voudrait  voir 
exécuter  sont  des  ouvrages  de  pure  consolidation  qui  déter- 
mineront un  point  d'arrêt  dans  la  marche  de  la  décrépitude 
des  vénérables  morceaux  trop  longtemps  dédaignés. 

Avant  d'entamer  ces  travaux  qu'il  importe  de  ne  confier 
qu'à  un  artiste  et  archéologue  compétent  en  matière  d'archi- 
tecture militaire,  il  conviendra  de  prendre  de  bonnes  photo- 
graphies du  monument. 

Ensuite,  on  devra  dégager,  au  bord  de  la  route,  la  tour 
où  se  sont  accumulés  des  décombres  s'élevanl  quasi  au  niveau 
du  sommet,  puis,  on  fera  les  déblais  intérieurs  et  la  répa- 
ration, à  l'aide  de  matériaux  écroulés,  des  larges  brèches  qui 
s'accusent  sous  la  voûte  du  passage.  On  ne  manquera  pas 
de  rendre  celui-ci  à  la  circulation  par  l'établissement  d'un 
aqueduc  souterrain  en  substitution  à  la  rigole  qui,  dévalant 
des  hauteurs,  le  traverse,  d'axe  en  axe,  avant  d'aller  jeter 
ses  eaux  dans  la  Meuse,  et  d'approprier  l'ensemble  en  débar- 


—  25  — 

rassant  les  murailles  des  plantes  sauvages  et  des  arbustes 
qui  émergent  des  assises  et  les  disjoignent. 

Enfin,  on  s'arrangera  de  telle  sorte  que  l'eau  ne  puisse 
pénétrer  dans  les  maçonneries  auxquelles  le  lierre  grimpant 
donnera,  un  jour,  le  charme  de  sa  végétation  élégante  et 
toujours  verte. 

Le  Comité  provincial  des  monuments  aurait  la  mission  de 
surveiller  ces  travaux  en  se  tenant  toujours  en  rapport  et 
d'accord  avec  la  Commission  royale. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  :    comtniction 

et  restauration 

i°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Havre  (Hainaul),  de  *«*■**««■• 
sous  la  réserve  de  supprimer  le  cordon  saillant  prévu  aux 
façades  entre  le  rez-de-chaussée  et  l'étage  ainsi  que  la  galerie 
aveugle  entre  les  deux  fenêtres  de  l'avant-corps;  architecte, 
M.  Muller; 

2°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Ghislelles  (Flandre 
occidentale).  L'attention  de  l'architecte,  M.  Pil,  a  été  attirée 
sur  la  distribution  intérieure  du  bâtiment,  l'escalier  et 
quelques  accessoires,  qui  pourraient  être  améliorés  au  cours 
de  l'exécution  des  travaux  ; 

3°  A  la  construction  d'une  maison  vicariale  à  Buret, 
commune  de  Ta  vigny  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper; 

4°  A  la  restauration  du  presbytère  du  Centre,  à  Montigny- 
sur-Sambre  (Hainaut);  architecte,  M.  Nicolas; 

5°  A  l'exécution  de  travaux  de  restauration  au  presbytère 
de  Sosoye  (Namur)  ; 


—  26  — 

6°  À  la  restauration  des  toitures  du  presbytère  de  Neer- 
Landen  (Liège);  architecte,  M.  Martens; 

7°  A  l'exécution  de  divers  travaux  de  restauration  au 
presbytère  de  Lustin  (Namur);  architecte,  M.  Lange. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
giiistfe         1°  A  Cortil,  sous  Corlil-Noirmont  (Brabant).  L'attention 

CorUI-Noirmont. 

de  l'auteur,  M.  l'architecte  Petit,  a  été  appelée  sur  le  danger 
des  infiltrations  pluviales  qui  pourraient  se  produire  dans  le 
mur  du  chœur  par  la  plate-forme  projetée  au-dessus  du 
dégagement  établi  vers  la  sacristie.  Il  serait  préférable 
d'éloigner  cette  toiture  du  mur  de  l'édifice; 
£*!••€  2*  A  Trois -Ponts  (Liège),  sous  réserve  de  diminuer  la 

de  Trois-PoaU.  \         O    /» 

hauteur  du  raccord  de  la  couverture  de  la  tourelle  d'escalier 
avec  la  maçonnerie  de  la  tour;  architecte,  M,  Hansen; 
Église  3°  A  Sleinbach,  sous  Limerlé  (Luxembourg),  sous  les 

de  Steinbeck. 

réserves  suivantes,  dont  il  pourra  être  tenu  compte  au  cours 
de  l'exécution  des  travaux  :  a)  l'édifice  sera  pourvu  de 
gouttières;  b)  les  fonts  baptismaux  seront  placés  au  nord,  la 
tourelle  d'escalier  au  sud;  c)  l'auteur  étudiera  avec  soin  les 
charpentes;  la  pente  des  toitures  sera  augmentée  en  vue  de 
la  couverture  en  ardoises;  architecte,  M.  Halkin. 
Ont  aussi  été  adoptés  les  projets  relatifs  : 
Égiite  U  A  l'aménagement  de  l'escalier  destiné  à  donner  accès 

de  MU  mort.  ° 

à  l'église  de  Milmort  (Liège);  architecte,  M.  Lohest; 
Égiite  2°  A  la  construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Burel, 

de  Bnret.  ** 

commune  de  Ta vigny  (Luxembourg);  architecte,  M.Cupper; 


—  87  — 
3°  A  rachèvoment  du  pavement  de  l'église  de  Saint-Jean,      fym 

r  G  de  Ssiiit-Jeao, 

à  Borgerhout  (Anvers),  et  au  placement  d'un  aulel  latéral  et  àBor*«rt0Bl- 
d'une  chaire  à  prêcher  dans  cet  édifice.  La  Commission  s'est 
ralliée  à  l'avis  émis  par  le  Comité  des  correspondants  en  ce 
qui  concerne  la  pierre  bleue  à  employer  pour  le  pied  de  la 
chaire;  ellea  aussi  appelé  l'attention  de  l'architecte,  M.  Toen, 
sur  le  peu  d'ampleur  de  la  cuve,  sur  la  maigreur  de  la  rampe 
de  l'escalier  et  sur  le  style  banal  de  la  grille  qui  entoure  le 
meuble; 
4*  A  la  construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Thibessart,   .   **»*  t 

°  de  Thibessart. 

commune  de  Mellier  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper; 
5"  A  l'aménagement  des  abords  de  l'église  de  Saint-     m*  de 

9  °  Saint-Germain. 

Germain  (Namur);  architecte,  M.  Lange. 
Ainsi  que  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux  oi.je*  mobiliers 

^  J  d'églises. 

églises  de  : 

Froid  lieu  (Luxembourg)  :  armoire; 

Zepperen  (Limbourg)  :  buffet  d'orgue; 

Louftémont  (Luxembourg)  :  chaire  à  prêcher  et  deux 
autels  latéraux; 

Saint- Bavon,  à  Gand  (Flandre  orientale)  :  armoire; 

Caulille  (Limbourg)  :  maitre-aulel; 

'S  Heeren-Elderen  (Limbourg)  :  buffet  d'orgue; 

Wurfeld,  sousMaeseyck  (Limbourg)  :  mobilier  complet; 

Waermaerde  (Flandre  occidentale)  :  mobilier  complet; 

—  Il  résulte  d'une  inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé     Église  de 

1  a  r  Heure  le-Romain. 

que  la  tour  de  l'église  de  Heure-le-Bomain  remonte  à  l'époque 
romane.  On  a  utilisé,  dans  sa  construction,  des  débris  de 
maçonneries  romaines  ou  gallo-romaines,  ce  qui  est  une 
preuve  dosa  haute  antiquité.  Toutefois,  les  inscriptions  qu'on 
remarque  à  l'intérieur,  vers  le  haut,  n'ont  rien  d'authentique; 


—  98  — 

elles  paraissent  avoir  élé  tracées  par  des  ouvriers  ayant 
travaillé  à  l'édifice,  lors  de  restaurations  de  celui-ci. 

Les  constructions  de  cette  époque  sont  assez  rares  dans 
nos  campagnes  pour  que  Ton  prenne  soin,  lorsqu'il  n'y  a  pas 
impossibilité  absolue,  d'en  assurer  le  maintien.  En  consé- 
quence, il  est  nécessaire,  puisque  l'église  doit  être  agrandie, 
d'opérer  cet  agrandissement  en  conservant  la  tour. 

La  restauration  soignée  de  celte  tour  s'impose  au  moyen 
de  matériaux  semblables  à  ceux  existants,  lesquels  sont,  en 
majeure  partie,  le  silex. 

On  devra  respecter  aussi  l'angle  nord-ouest  de  l'église  qui 
parait  être  un  reste  de  construction  romaine  étant  donnée 
la  disposition  de  la  maçonnerie  établie  par  assises  régulières 
de  pierres  séparées  par  une  rangée  de  grandes  briques  plates. 

D'autre  part,  l'entreprise  devra  comprendre  le  déchaus- 
sement de  l'édifice  et  tous  les  moyens  à  mettre  en  œuvre 
pour  éviter  que  les  eaux  pluviales  ne  séjournent  au  pied  des 
murailles. 

Dans  le  cimetière  gil  l'ancienne  cuve  baptismale;  elle  est 
en  assez  bon  état,  mais  elle  est  dépourvue  de  pied.  Sa 
restauration,  du  reste  très  facile,  est  d'autant  plus  désirable 
que  l'église  est  dépourvue  de  baptistère. 

Une  statuette  en  bois,  du  xv'  siècle,  est  conservée  dans 
l'église.  Il  serait  désirable  de  la  voir  dépouillée  des  nombreuses 
couches  de  couleur  grise  qui  y  ont  été  appliquées,  car  cette 
œuvre  de  sculpture  offre  un  certain  mérite. 

Enfin,  il  convient,  ainsi  que  le  demande  le  Comité  pro- 
vincial des  correspondants,  de  prendre  les  mesures  de 
précaution  nécessaires  pour  assurer  la  conservation  des 
pierres  tombales  qui  se  trouvent  dans  le  pavement  des  nefs 


—  29  — 

ainsi  que  cela  a  été  fait  pour  d'autres  dalles  qui  ont  été 
appliquées  contre  les  murs  intérieurs,  lors  de  la  restauration 
du  chœur  et  du  transept,  il  y  a  quelques  années. 

A  la  demande  de  la  Commission,  M.  l'architecte  Van  Assche 
a  dressé  un  nouveau  projet  d'agrandissement  de  l'église.  Il 
peut  éire  adopté  sous  les  réserves  suivantes  : 

1°  La  chapelle  des  fonts  sera  érigée  contre  la  nef  latérale 
nord,  au  point  indiqué  par  la  lettre  A,  afin  de  respecter 
l'angle  nord-ouest  de  l'ancien  bas-côté,  qui  paraitétreun  reste 
de  construction  romaine; 

2*  On  élargira  encore,  dans  la  mesure  du  possible,  les  nefs  de 
l'édifice;  on  atteindra,  de  cette  façon,  une  superficie  se  rap- 
prochant sensiblement  de  celle  prévue  au  projet  précédent. 

—  L'examen  auquel  il  a  été  procédé  le  12  février  1903,      Éguude 

1  r  Saint-Maeaire, 

du  maitre-autel  et  de  deux  petits  autels  placés  dans  l'église      4Gand- 
de  Saint-Macaire,  à  Gand  (Flandre  orientale),  a  démontré 
que  ces  meubles  avaient  été  exécutés  de  façon  artistique 
dans  leur  simplicité  de  bon  goût. 

En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  subside 
promis  sur  les  fonds  des  Beaux-Arts  en  vue  de  ce  travail, 
soit  liquidé. 

—  L'autel  majeur  placé  dans  l'église  d'Otlergem  (Flandre     ,  M» 
orientale),  a  été  examiné  par  une  délégation  du  Collège  à 
laquelle  assistait  M.  Van  Biesbroeck,  membre  du  Comité 
provincial  des  correspondants. 

Si  les  statues  du  retable  paraissent  insuffisamment 
gothiques,  les  autres  parties  du  meuble,  en  revanche, 
sont  bien  composées. 

En  résumé,  l'ensemble  en  est  satisfaisant  et  présente  assez 
de  mérite  artistique  pour  que  le  subside  de  200  francs 


—  30  — 

promis  par  l'Administration  des  Beaux-Arts,  en  vue  de  ce 
travail,  soit  liquidé. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  visé  : 
agi*  1°  Le  projet  relatif  à  la  réparation  de  l'église  d'Êcaussines- 

d*Bcantiinee- 

d-Enghien.    d'Enghien  (Hainaut);  architecte,  M.  Tournay; 
Égiue         2°  Le  projet  de  restauration  de  la  toiture  de  réalise  de 

deBlaagie*.      ~ 

Blaugies  (Hainaut).  Il  y  aura  lieu  de  se  borner  aux  travaux 
de  renouvellement  et  de  restauration  qu'indique  M.  l'archi- 
tecte provincial  dans  son  rapport  du  13  septembre  1901. 
En  tous  cas,  il  ne  peut  être  question  d'autoriser  remploi  du 
zinc,  surtout  dans  le  cas  actuel  où  il  est  question  d'un  édifice 
qui  offre  du  mérite  au  point  de  vue  artistique  et  archéologique. 
L'attention  des  autorités  locales  a  été  tout  spécialement  attirée 
sur  l'état  de  situation  de  la  charpente  de  la  flèche  décrit  par 
M.  Weiler; 
âgiiM  de        3°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  d'assai- 

YUIen-b-boooe- 

Etu-       nissement,  d'entretien  et  d'ameublement  à  l'église  de  Villers- 

la-bonne-Eau  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper; 
%hm  4°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  deSosoye(Namur), 

de  potoye. 

sous  la  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  de  toutes  les  recom- 
mandations formulées  par  M.  l'architecte  provincial,  dans 
son  rapport  du  29  décembre  1902; 

ta!*  5°  Le  projet  relatif  à  la  consolidation  de  l'église  d'Hdnret 

(Namur);  architecte,  M.  Lange; 

Église  6°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Neerlanden 

de  NeerUndeo.  % 

(Liège)  et  des  toitures  du  presbytère  de  celte  localité; 
architecte,  M.  Martens; 


—  31  — 

7°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Gyselbrechteghem    Jj^jJk. 
(Flandre  occidentale)  ; 
8°  Le  projet  concernant  des  travaux  de  restauration  à     ch»peii« 

1       "  d'Eegenhoven. 

effectuer  à  la  chapelle  d'Eegenhoven,  sous  Héverlé(Brabant); 
architecte,  M.  Van  Dormael  ; 
99  Le  projet  définitif  des  travaux  de  restauration  à  exécuter  ,  toi»  M 

r      *  de  Hougaerde. 

à  l'église  de  Hougaerde  (Brabant),  moyennant  de  tenir 
compte  des  observations  présentées  par  M.  l'architecte  pro- 
vincial en  chef;  architecte,  M.  Langerock; 
10°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Zande  (Flandre      taie 

de  Zande. 

occidentale),  à  la  condition  que  l'on  aura  égard  aux  obser- 
vations présentées  par  M.  le  baron  Belhune,  dans  son  rapport 
du  28  mars  1902,  en  ce  qui  concerne  la  restauration  de 
l'église  et  la  construction  de  la  sacristie;  architecte,  M.  Nolf; 
1 1°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  du  chœur  de  l'église      tien» 

r     J  °  deMeerbeek. 

de  Meerbeek  (Brabant);  architecte,  M.  Langerock; 

12°  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de      **»*• 

r     *  °  de  Notre-Dame, 

Noire-Dame,  à  Courtrai  (Flandre  occidentale);  architecte,    àCourlrai- 
M.  Geers. 

—  L'inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé,  des  travaux  de  ^iJffïhwm 
restitution  de  l'intérieur  du  chœur  de  l'église  de  Notre-Dame, 
à  Courtrai  (Flandre  occidentale),  a  permis  de  constater 
l'heureux  effet  que  produit  la  première  série  de  ces  travaux. 
Ceux-ci  consistent  en  réalité  à  découvrir  ce  que  l'on  avait 
caché  à  une  époque  où  l'exclusivisme  du  goût  allait  jusqu'au 
manque  de  respect  à  l'égard  de  formes  architecturales 
rationnelles  et  belles,  aujourd'hui  remises  en  lumière,  mais 
alors  qualifiées  de  barbares. 

Pour  découvrir  ce  beau  chœur,  ou  avait  à  enlever  le  revê- 
tement de  marbre  et  de  bois  peint,  retenu  au  moyen  de 


a  Courtrai. 


—  32  — 

crochets  scellés  dans  la  construction.  La  partie  enlevée  fait 
apparaître  au  jour  l'architecture  primitive.  Le  triforium  qui 
règne  dans  la  grande  nef  et  le  transept  restauré,  ne  se  répèle 
pas,  comme  on  le  supposait,  dans  le  chœur.  Il  en  résulte 
qu'on  pourra  un  jour  y  faire  peindre,  si  les  ressources  le 
permettent,  une  large  frise  de  figures,  dont  il  est  parlé  dans 
le  rapport  du  17  octobre  1896. 

Les  travaux  exécutés  le  sont  avec  soin  et  intelligence;  ils 
consistent  dans  la  restauration  des  deux  grands  piliers  de 
Tare  triomphal,  des  deux  premières  colonnes  du  chœur  et 
de  quatre  arcades  ogivales. 

Cinq  arcades  restent  encore  à  découvrir  ainsi  que  six 
colonnes  cylindriques  formant  l'abside. 

Une  de  ces  dernières  colonnes  est  déjà  visible  et  parait  en 
bon  état  de  conservation  ;  on  y  voit  encore  la  base  avec  ses 
moulures  primitives  presque  intactes,  ce  qui  fait  présumer 
et  espérer  qu'il  en  sera  de  même  des  autres. 

M.  le  curé,  MM.  les  délégués  de  la  fabrique  de  l'église 
et  de  l'Administration  communale,  présents  à  l'inspection, 
ont  tous  exprimé  le  vif  désir  de  voir  continuer  l'enlèvement 
complet  de  ce  hors-d'œuvre  disparate  dans  celte  église  si 
belle  et  si  intéressante  au  point  de  vue  de  notre  architecture 
du  xine  siècle. 

La  Commission  ne  peut  qu'appuyer  fortement  la  demande 
des  Administrations  intéressées.  Elle  verra  avec  bonheur  la 
restauration  complète  du  chœur  de  l'église  Noire-Dame. 

Le  projet  d'ancrage  soumis  parait  devoir  être  approuvé  ; 
ce  travail  est  d'une  urgence  incontestable. 

Le  projet  relatif  à  l'ouverture  et  à  la  restauration  de  la 
fenêtre  du  chevet  de  l'abside  peut  également  être  adopté, 


—  33  — 

sous  la  réserve  que  les  ajours  des  redents  seront  plus  ouverts 
et  que  la  naissance   des  petites  ogives  sera  légèrement 
remontée. 
—  Une  visite  faite  le  9  février  1903,  à  l'église  de  Saint-      U>*> 

°  de  Saint-Martin, 

Martin,  à  Àlost  (Flandre  orientale),  a  permis  de  constater      4A,osU 
que   les   travaux   de   décrépissage  s'exécutent  avec  une 
conscience  et  une  habileté  auxquelles  il  convient  de  rendre 
hommage. 

La  pierre  dure  de  Meldert  aux  tons  si  chauds  et  si  dis- 
tingués a  été,  entre  autres,  mise  à  nu  dans  le  chœur  et  dans 
le  pourtour,  laissant  voir  ainsi  l'appareil  de  la  construction. 
Le  sanctuaire  a  subi,  de  ce  chef,  une  métamorphose  radicale. 
Il  apparaît  maintenant  pénétré  d'une  lumière  abondante  et 
mystique,  dans  sa  note  vraie,  ayant  reconquis  sa  rare 
distinction.  C'est  un  spectacle  imposant  et  l'observateur  initié 
aux  principes  du  grand  art  de  la  restauration  y  éprouve  un 
vif  sentiment  de  surprise  et  d'admiration. 

Ces  magnifiques  travaux  ont  été  entrepris  pour  25,000  fr. 
Cette  somme  semble  modique  vu  l'ampleur  de  la  tâche  déjà 
accomplie  et  à  poursuivre  encore.  Dans  ce  coût  ne  figurent 
pas  les  imprévus  qui  ont  surgi  au  fur  et  à  mesureque  tombait 
le  manteau  de  plâtre  telles  les  pierres  ébrcchées,  les  moulures 
brisées  des  bases  de  colonnes  et  la  balustrade  mutilée  du 
triforium  médian. 

Dans  son  rapport  du  12  juillet  1902,  la  Commission 
déclarait  que  les  travaux  de  restauration  intérieure  de  l'église 
de  Saint-Martin  étaient  utiles  mais  ne  présentaient  pas  un 
caractère  de  réelle  urgence.  Cet  avis  était  basé  sur  le  vu  du 
monument  encore  recouvert  des  su  pei  fêta  lions  que  le  mau- 
vais goût  y  avait  accumulées  ;  mais  aujourd'hui  que  l'édifice 


—  34  — 

se  dépouille  de  ces  oripeaux,  le  mal  se  révèleetde  nombreuses 
mutilations,  des  désordres  graves  dans  les  œuvres  vives  se 
manifestent  à  toute  évidence.  Les  parties  en  péril  sur 
lesquelles  récemment  on  appelait  (attention  du  Collège, 
concernent  les  arcs  doubleaux  des  deux  voûtes  du  bas-côté 
du  transept  nord  déjà  reliés  par  des  armatures  de  fer  depuis 
la  reconstruction  à  la  suite  d'un  incendie  qui  le  dévora 
en  1600.  Une  crevasse  s'y  manifeste.  Une  flexion  vers  ledit 
transept  se  voit  dans  les  colonnes,  qui  sont  hors  d'aplomb 
de  0n10  au  moins  et  poussées  au  vide  par  le  poids  de  la 
voûte. 

La  première  colonne  à  l'entrée  de  la  grande  nef  du  côté 
nord-ouest  montre  aussi  des  signes  de  défaillance  qui  eo 
compromettent  beaucoup  la  solidité.  Son  lourd  fardeau  Ta 
fendue  à  la  base,  où  les  pierres  s'écrasent  et  menacent  de  se 
disjoindre. 

Sans  prétendre,  peut-être,  à  l'imminence  d'un  danger,  il 

importe  qu'une  prompte  et  prudente  réfection  des  parties 

disloquées  rende  la  sécurité  aux  fidèles  et  assure  pour 

longtemps  la  conservation  de  l'église. 

Église         —  M.  l'architecte  Langerock  ayant  signalé  à  l'attention 

S«inl  Germain,  °  J  ° 

à  Tiriemoot.  je  ja  Commission  la  découverte  qu'il  venait  de  faire,  sous 
le  chœur  de  l'église  de  Saint-Germain,  à  Tirlemont,  de 
l'entrée  de  la  crypte,  il  a  été  procédé,  le  25  décembre  1902, 
à  son  examen. 

C'est  en  creusant  les  fondations  du  nouvel  autel  du  Saint- 
Sacrement  que  le  pic  des  ouvriers  a  rencontré  l'ouverture 
de  cet.  hypogée  noyé  par  des  éboulis  qu'avait  provoqués  la 
chute  de  la  voûte  du  sanctuaire  lors  d'un  incendie  survenu 
en  1536. 


—  35  — 

La  baie  dégagée  est  cintrée  et  a  hauteur  d'homme.  Les 
déblais  opérés  s'étendent  à  im25  environ  en  profondeur 
horizontale.  Us  ont  mis  à  nu  deux  piliers  engagés  dans  les 
murs  extérieurs,  une  partie  des  nervures  et  les  naissances 
des  voûtes. 

Si  l'on  voulait  rendre  à  son  aspect  primitif  cette  ancienne 
chapelle  souterraine,  on  se  trouverait  en  face  d'une  lâche 
extrêmement  délicate  et  difficile.  La  dépense  en  serait  très 
élevée  —  au  bas  mot  100,000  francs  —  à  laquelle  la  fabrique, 
qui  a  consenti  les  plus  grands  sacrifices  lors  des  récents 
travaux  de  la  restauration,  n'est  pas  à  même  de  faire  face. 
Il  faudrait,  véritablement,  relever  le  niveau  du  chœur  d'au 
moins  lm50,  démolir  et  replacer  le  maître-autel  et,  en  outre, 
pour  obtenir  un  travail  satisfaisant,  surélever  la  voûte  du 
chœur  à  la  hauteur  qu'elle  avait  primitivement  à  en  juger 
par  les  vestiges  qui  existent  au-dessus  de  la  voûte  actuelle. 
Aussi,  le  parti  le  plus  simple  et  le  plus  sage  qui  a  été  suggéré, 
consiste  à  renoncer  aux  fouilles  mais  à  entreprendre  la  mise 
en  état  et  le  nettoyage  de  l'excavation.  Une  continuation 
ultérieure  des  investigations  risquerait  de  compromettre  la 
stabilité  du  remarquable  chœur,  d'en  disjoindre  et  d'en 
fissurer  le  riche  dallage  placé  il  y  a  un  quart  de  siècle. 

Le  travail  d'appropriation  du  souterrain  serait  complété 
par  la  construction  d'un  mur  de  soutènement.  Une  échelle 
de  fer  permettrait  d'y  accéder  et  une  trappe  plate  et  unie  au 
pavement,  défendrait  l'orifice.  Ainsi  le  visiteur  pourrait  se 
faire  une  idée  assez  exacte  de  la  disposition  et  du  caractère 
du  souterrain  tel  qu'il  existait  autrefois  et  dont  la  remise  au 
jour  ajoute  un  trait  à  l'histoire  et  à  la  physionomie  si 
intéressante  de  la  basilique. 


—  36  — 

ctutfku  —  Au  cours  d'an  examen  de  la  collégiale  d'Àerschot, 
le  15  février  1900,  il  avait  été  demandé  que  l'essai  de 
débadigeonnage  de  la  voûte  pratiqué  dix  ans  auparavant, 
fut  étendu  aux  murs  de  l'abside  du  chœur,  où  l'enlèvement 
de  l'enduit  avait  mis  au  jour  un  fragment  de  fresque. 

Une  récente  opération  de  ce  genre,  qui  a  porté  sur 
plusieurs  colonnes  de  la  grande  nef,  a  révélé  un  appareil 
de  grès  ferrugineux  sans  aucune  peinture. 

La  visite  du  26  janvier  1905  a  fait  reconnaître  l'utilité  de 
poursuivre  l'expérience  à  une  plus  grande  échelle,  sur  une 
travée  du  bas-côté. 

Il  y  aura  lieu  de  conserver  soigneusement  les  restes  de 
polychromie  qui  pourraient  être  découverts. 

La  tribune  des  orgues  est  suspendue  au  flanc  occidental 
du  transept  nord.  Les  autorités  fabricienne  et  communale 
ont  exprimé  le  désir  d'installer  ce  meuble  au  fond  de  l'église, 
sous  la  tour,  tout  en  disposant  les  choses  de  façon  à  ne  nuire 
en  rien  à  la  vue  de  la  grande  fenêtre.  Les  raisons  invoquées 
en  faveur  de  cette  translation  ne  sont  pas  dépourvues  de 
fondement.  Aujourd'hui,  les  sons  manquent  de  pureté,  ils 
descendent  affaiblis,  par  à-coups,  parfois  même  il  y  a  absence 
absolue  d'émission.  Ces  caprices,  qui  jettent  le  trouble  dans 
les  accompagnements,  sont  dus,  aux  dires  de  facteurs 
d'orgues,  à  la  complication  vraiment  extraordinaire  de 
transmission.  Les  mêmes  spécialistes,  consultés,  affirment 
que  la  mesure  sollicitée  remédierait  à  ces  graves  défauts 
incompatibles  avec  la  décence  et  la  majesté  que  réclame  le 
culte.  On  avait  aussi  émis  l'idée  de  placer  le  clavier  dans 
une  arcade  à  ouvrir  sur  la  basse-nef  nord,  arcade  dont  les 
traces  existent.  Il  semblerait  que  le  fonctionnement  en  serait 


—  37  — 

plus  régulier.  Deux  facteurs  d'orgues  prétendent  que  malgré 
cette  disposition  le  jeu  resterait  défectueux;  de  plus,  ils 
évaluent  la  dépense  à  8,000  francs.  La  fabrique  d'église 
estime  que  le  premier  projet  est  seul  réalisable. 

On  projette  aussi  de  rendre  à  l'usage  le  joli  porche  ogival 
vers  le  cimetière.  Il  sert  actuellement  de  refuge,  mais  les 
objets  qui  s'y  trouvent  sont  appelés  à  occuper  un  magasin 
loué  ad  hoc.  Une  pièce  adossée  au  transept  nord,  de 
construction  ancienne,  sera  utilisée  comme  sacristie.  Elle 
communique  avec  la  nef  latérale. 

Les  autorités  qui  assistaient  à  la  visite  ont  exprimé  avec 
insistance  leur  désir  d'être  autorisées  à  percer  une  arcade 
dans  chacun  des  massifs  latéraux  du  jubé  et  d'en  enlever 
les  petits  autels  qui  y  sont  adossés.  À  l'escalier  pratiqué  dans 
l'épaisseur  du  mur  gauche  serait  substitué  un  escalier  en 
spirale  emprisonné  dans  une  tourelle  à  claire-voie  montant 
jusqu'à  la  plate-forme.  La  fabrique  introduira  à  cet  égard 
une  demande  spéciale.  Cette  modification  aurait  pour  but 
d'ouvrir  le  chœur  aux  regards  des  fidèles,  qui  se  plaignent 
de  ne  pouvoir  s'associer  de  visu  aux  exercices  du  culte. 
Aujourd'hui,  pour  donner  satisfaction  aux  fidèles,  les  céré- 
monies doivent  s'accomplir  en  dehors  du  chœur.  Les  pompes 
liturgiques  souffrent  de  ne  pas  se  déployer  dans  leur  cadre 
véritable  et  le  sanctuaire,  réduit  au  silence  et  à  l'abandon, 
est  privé  de  son  utilité  pratique.  Les  délégués  se  sont  bornés 
à  prendre  acte  de  ce  desideratum,  réservant  à  la  Commission 
le  soin  de  se  prononcer  sur  cette  question  lorsque  celle-ci 
sera  régulièrement  introduite.  Ils  ont  cependantatliré  l'atten- 
tion de  l'autorité  fabricienne  sur  l'importance  du  changement 
demandé. 


—  38  — 

Gomme  le  mentionnait  le  rapport  du  15  février  1900, 
l'embarrassant  maître-autel  classique  est  un  échafaudage 
de  menuiserie  sans  aucune  valeur.  II  est,  en  sus,  dans  sa 
partie  supérieure,  d'une  solidité  qui  parait  sujette  à  caution. 
Lorsqu'on  le  remplacera,  le  tableau  de  De  Crayer,  c  l'Ado- 
ration des  Mages  » ,  qui  en  décore  le  retable,  devra  être 
appendu  dans  l'église. 

Les  plans  de  l'état  actuel  de  la  flèche  et  des  différents 
projets  de  sa  reconstruction  représentés  en  maquette,  ont 
fait  l'objet  d'un  examen  approfondi.  Une  ascension  dans  la 
flèche  a  permis  de  constater,  avec  la  certitude  la  plus  absolue, 
que  la  partie  de  la  flèche  jusqu'au  bulbe  est  primitive.  On  y 
voit  encore  les  anciennes  voliges  en  chêne.  La  charpente 
est  dans  un  étal  de  conservation  remarquable.  La  remplacer 
par  une  autre  serait  un  acte  injustifiable.  Dès  lors,  il  n'y  a 
pas  à  hésiter  sur  le  travail  de  restauration  à  effectuer.  Il  suffit 
de  prolonger  celte  partie  inférieure  de  façon  à  lui  donner  sa 
terminaison  première,  qui  était  en  pyramide.  Le  bulbe  et  la 
lanterne  supérieure,  de  date  plus  récente,  seraient  supprimés. 

Égiue  —  Le  conseil  de  fabrique  de  Saint-Quentin,  à  Louvain, 

de  Saint  Queulin,  , 

k  Louvain.  ayant  manifeste  l'intention  de  faire  restaurer  1  église  de  cette 
paroisse,  il  a  été  procédé,  sur  place,  le  1S  janvier  1905,  à 
l'examen  des  propositions  de  ce  Collège. 

MM.  Dumortier,  Van  Even  el  Langerock,  membres  du 
Comité  des  correspondants  du  Brabanl,  assistaient  à  cet 
examen. 

L'édifice  en  question  date  du  xvc  siècle.  11  est  d'un  élan- 
cement hardi,  d'une  structure  élégante  et  fine.  La  tour  est 
antérieure  d'environ  cent  ans. 

Le  chœur  élait  éclairé,  dans  le  principe,  par  sept  fenêtres. 


—  39  — 

Cinq  d'entre  elles  ont  élé  bouchées  pour  y  adosser  un  encom- 
brant autel  qui  ne  cadre  pas  avec  les  proportions  et  le  style 
de  cet  oratoire  et  lui  dérobe  la  partie  la  plus  intéressante. 
L'enlèvement  de  ce  hors-d'œuvre  s'imposera. 

La  nef  ne  compte  que  trois  travées.  Elle  devait  se  composer 
de  quatre  au  moins  ainsi  qu'en  font  foi  des  amorces  existant 
à  cet  endroit  du  temple. 

Le  travail  de  restauration  consistera  à  consolider  les  voûtes 
et  les  nervures,  à  rouvrir  les  sveltes  baies  qui  perçaient  le 
chœur,  à  rétablir  les  meneaux  et  les  réseaux  qui  les  rehaus- 
saient primitivement  et  à  étendre  cette  restitution  aux  autres 
fenêtres  de  l'édifice.  Le  projet  s'occupera,  en  outre,  de 
décorer  de  verrières,  d'après  un  programme  à  déterminer, 
le  sanctuaire,  d'en  relever  et  d'ériger  contre  les  murs  les 
dalles  funéraires  qui  commémorent  d'anciennes  familles. 

Les  surfaces  maçonnées  auront  aussi  leur  part  de  la 
restauration  générale;  on  en  détachera  l'épais  crépi  qui  les 
alourdit  et  les  défigure.  Ce  dépouillement  pratiqué  avec 
minutie  et  intelligence,  couche  par  couche,  livrera,  sans 
doute,  le  secret  de  vestiges  décoratifs  semblables  à  ceux  mis 
au  jour,  sans  dommage,  à  la  base  de  quelques  colonnes  et 
sur  un  faible  espace  du  pilier  sud  à  l'intersection  du  transept 
et  de  la  grande  nef. 

Les  polychromies  découvertes  ont  été  faites  directement 
sur  la  pierre.  Ce  sont,  pour  la  plupart,  des  fragments  fort 
altérés  mais  encore  assez  distincts  de  personnages. 

Si  tous  les  travaux  précités  de  réparation  et  d'embellisse- 
ment sont  désirables  et  même  utiles,  pour  rétablir  les  formes 
de  l'architecture  du  monument  et  lui  rendre  son  aspect 
originel,  ils  ne  pourront  toutefois  avoir  le  pas  sur  ceux  de 


—  40  — 

la  restauration  extérieure.  Celle-ci,  qui  ne  peut  subir  d'ajour- 
nement, concerne  le  renouvellement  des  toitures  dont  l'état 
de  délabrement  avancé  sur  toute  la  superficie  de  l'église,  a 
ouvert,  en  maints  endroits,  des  brèches  anjourd'bui  mal 
obturées  à  l'aide  de  carton  bitumé.  Malgré  ce  palliatif,  les 
eaux  pluviales  n'ont  pas  lardé  à  reprendre  leur  pénétration 
dévastatrice. 

A  l'issue  de  la  visite  au  dehors,  la  délégation  a  émis  le 
vœu  que  le  projet  de  restauration  à  rédiger  comprit  la 
disparition  du  petit  portail  septentrional.  Il  sert  d'enlrée 
exclusive  aux  fidèles  depuis  le  xvn*  siècle,  époque  de  sa 
fondation.  Il  conviendra  de  le  remplacer  par  un  édicule  de 
même  destination,  conçu  dans  le  style  ogival  tertiaire  auquel 
appartient  toute  la  basilique. 

Le  devis  général  devra  être  établi  par  séries  selon  le  degré 
d'urgence  des  travaux. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Ch.  Làgàsse-de  Locht. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


AVEC    LA 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  POUR  LA  PROTECTION  DES  SITES 


ET  DES  MONUMENTS  EN  BELGIQUE 


Nous  soumettons,  avec  confiance  et  sans  commentaire, 
au  jugement  du  public  la  correspondance  ci -après, 
provoquée  par  la  Société  nationale  pour  la  protection  des 
sites  et  des  monuments  en  ^Belgique. 


La  Commission  royale  des  monuments. 


Bruxelles,  8  mars  1903. 


—  43  — 


Société  nationale  poqi  la  Protection  des  sites  k  des  monuments 

EN  BELGIQUE 


12  décembre  1902. 

Monsieur  le  Minisire, 

Nous  ne  saurions  assez  vivement  insisler  auprès  de  vous 
pour  que  voire  intervention  rapide  et  énergique  arrête  les 
véritables  déprédations  qui  se  commettent  dans  un  grand 
nombre  d'églises  du  pays  et  non  des  moins  remarquables, 
sous  prétexte  de  restauration  et  de  restitution. 

Nous  vous  citerons  notamment,  à  litre  d'exemples  : 

i°  L'église  de  Walcourt,  dans  laquelle  on  a  enlevé  les 
très  intéressantes  boiseries  du  xvme  siècle  qui  ornaient  la 
sacristie; 

2°  L'église  de  Notre-Dame,  à  Courlrai,  où  l'on  fail  dispa- 
raître les  revêtements  en  marbre  et  en  bois  qui  la  garnissent  ; 

5°  L'église  Saint-Martin,  à  Alost,  où  l'on  voudrait  enlever 
la  riche  décoration  en  marbre  de  la  Renaissance  qui  forme 
au  célèbre  tableau  de  Rubens,  représentant  Saint-Roch,  un 
cadre  si  approprié,  voulu  par  le  maître  :  acte  de  vanda- 
lisme, dont  les  frais  seraient  couverts  par  la  vente  de  cette 
superbe  toile  elle-même  ; 

4°  L'église  d'Opchic,  près  de  Leuze,  où  l'on  a  égale- 
ment abattu  tout  ce  qui  était  de  style  gothique  el  renaissance, 
pour  y  substituer  des  morceaux  d'architecture  romane,  de 
pure  imagination,  notamment  des  chapiteaux,  qui  ont  soulevé 


—  44  — 

de  si  vives  protestations  qu'il  a  fallu  les  remplacer  plus  ou 
moins  bien  ; 

5°  L'église  de  Hulshout  (province  d'Anvers),  dont  les 
boiseries  anciennes  ont  été  vendues. 

Nous  pourrions  continuer  celte  triste  nomenclature;  les 
journaux  artistiques  spéciaux  signalent  pour  ainsi  dire 
chaque  jour  des  faits  nouveaux  tout  aussi  regrettables.  II  y 
a  là  une  tendance  contre  laquelle  il  faut  absolument  réagir, 
et  c'est  aller  tout  droit  à  l'anéantissement  d'une  quantité  de 
vestiges  hautement  intéressants  de  l'art  national  que  de 
vouloir  systématiquement  exclure  des  édifices  du  culte  tout 
ce  qu'y  a  amassé,  au  cours  des  siècles,  la  piété  ou  la  géné- 
rosité des  fidèles  pour  y  rétablir  prétendument  l'architecture 
primitive. 

Votre  Déparlement,  Monsieur  le  Ministre,  intervient  pour 
tout  ce  qui  concerne  l'entretien  de  ces  édifices;  il  en  a  pour 
ainsi  dire  la  garde,  et  il  suffirait  qu'il  y  tint  strictement  la 
main  pour  que  les  faits  si  regrettables  que  nous  vous  signa- 
lons ne  pussent  se  reproduire.  C'est  pourquoi  nous  vous 
adressons  ce  pressant  appel  et  nous  comptons  sur  votre 
esprit  éclairé,  sur  votre  culture  affinée,  sur  les  sentiments 
artistiques  qui  se  sont  affirmés  dans  tnnt  de  vos  discours  et 
de  vos  écrits,  pour  obtenir  de  vous  des  mesures  pleinement 
efficaces. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Ministre,  avec  les  remercie- 
ments de  tous  les  hommes  de  goùl,  les  assurances  de  nos 
sentiments  de  très  haute  considération. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

P.  Saintenoy.  J.  Carlier. 

A  Monsieur  Van  den  Heuvel, 

Ministre  de  la  Justice,  Bruxelles. 


—  48  — 


Ssciétt  nationale  pour  n  Protection  des  sites  &  des  monuments 

EN  BELGIQUE 


Bruxelles,  le  12  décembre  1902. 


Monsieur  le  Président, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  remettre  ci-contre  copie  de 
la  lettre  que  nous  adressons  par  ce  courrier  à  M.  le  Ministre 
de  la  Justice. 

Cette  lettre,  basée  sur  les  indications  qui  nous  sont 
fournies  par  nos  correspondants,  signale  à  M.  le  Ministre  la 
façon  dont  sont  poursuivis  les  travaux  de  restauration  de 
différentes  églises  du  pays. 

Il  y  a  là,  nous  le  faisons  remarquer,  une  tendance  presque 
générale  et  tout  à  fait  regrettable  à  faire  disparaître  les 
vestiges  les  plus  intéressants  de  fart  national. 

Nous  n'avons  d'autre  action  sur  les  autorités  ordonnant 
ces  travaux  que  celle  des  conseils  et  de  la  persuasion  ;  mais 
la  Commission  royale  des  monuments  a  le  pouvoir  d'inter- 
venir pour  mettre  un  terme  à  ce  que  l'on  peut  justement 
qualifier  de  vandalisme  inutile. 

Nous  osons  donc,  Monsieur  le  Président,  exprimer 
l'espoir  qu'elle  joindra  sa  voix  à  la  nôtre  et  qu'elle  usera  de 


—  46  — 

(ouïe  son  influence,  afin  qu'il  soit  fait  droit  aux  réclamations 
unanimes  de  (ous  les  hommes  de  goût. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  les  assurances  de 
nos  sentiments  les  plus  distingués. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

P.  Saintenoy.  J.  Carlier 


A  Monsieur  le  Président 

de  la  Commission  royale  des  monuments,  à  Bruxelles. 


—  47  — 


Commission  royale  des  Moments. 


Bruxelles,  le  16  janvier  1903. 


Monsieur  le  Ministre, 

Nous  avons  pris  connaissance,  au  cours  de  noire  dernière 
réunion,  de  la  lettre  que  la  Société  nationale  pour  la  protec- 
tion des  sites  et  des  monuments  vous  a  adressée  sous  la  date 
du  12  décembre  écoulé  et  dont  elle  a  bien  voulu  nous 
transmettre  une  ampliation.  Il  y  est  question  des  travaux  de 
restauration  de  différentes  églises  de  notre  pays. 

Permettez-nous  de  vous  faire  remarquer,  Monsieur  le 
Ministre,  que  celte  Société  a  été  bien  malheureuse  dans  le 
choix  de  ses  citations  empruntées,  dit-elle,  à  une  triste 
nomenclature  fournie  par  ses  correspondants. 

Elle  a  été,  tout  d'abord,  mal  renseignée  à  propos  des 
boiseries  du  xviue  siècle  soi-disant  enlevées  à  l'église  de 
Walcourt.  Ces  boiseries  sont  encore  en  place  dans  la 
sacristie.  Il  n'a  jamais  été  question  de  les  faire  disparaître, 
autrement  que  dans  l'imagination  de  journalistes  ou  d'écri- 
vains français,  fort  ignorants  des  choses  belges. 

Celle  assertion  ridicule  ayant  été  reproduite  par  la 
Chronique  dans  un  article  du  23  octobre  1902,  écrit  contre 
la  Commission  royale  par  un  membre  du  Comité  de  la 
Société  nationale  M.  Dommartin,  notre  Président,  en  adres- 


—  48  — 

sant  une  lettre  privée  à  Jean  d'Ardenne,  a  fait  bonne  justice 
de  pareilles  billevesées.  M.  Dommartin,  du  reste,  dans  une 
réponse  courtoise  également  privée,  en  date  du  5  novem- 
bre 1902,  a  reconnu  le  bien  fondé  des  réclamations  de  noire 
Président 

Au  surplus,  voici  la  réalité  des  faits  dont  la  Société  avait 
le  devoir  de  vérifier  l'histoire,  avant  de  les  signaler  à  votre 
attention  :  depuis  des  années,  à  chacune  de  nos  visites  des 
travaux  de  l'église  de  Walcourt,  nous  avons  recommandé  la 
conservation  des  boiseries.  Il  y  a  mieux  :  nous  avons 
prescrit  de  donner  à  la  nouvelle  sacristie  projetée  des 
dimensions  telles  qu'on  puisse  y  maintenir  les  dites  boiseries. 

L'enlèvement  de  certains  revêtements  en  marbre  et  en 
bois,  appliqués  au  xviu*  siècle  d'une  façon  barbare  dans  le 
chœur  de  l'église  Notre-Dame,  à  Cou  rirai,  a  été  autorisé  à  la 
suite  d'une  étude  longue  et  minutieuse,  au  cours  de  laquelle 
les  avis  de  nos  membres  sont  restés  unanimes. 

Dernièrement  encore,  une  nouvelle  visite  des  lieux  a 
confirmé  la  nécessité  de  poursuivre  l'exécution  des  travaux 
de  consolidation  et  de  remettre  ainsi  en  lumière  une  très 
belle  construction  du  moyen  âge  sottement  détériorée. 
D'autre  part,  les  revêtements  dont  il  s'agit  sont  en  très 
mauvais  étal.  Il  faudrait,  pour  les  conserver,  y  effectuer 
des  travaux  importants  qui  ne  sauraient  se  justifier  parla 
valeur  absolument  nulle  des  dits  revêtements. 

Veuillez  le  remarquer,  Monsieur  le  Ministre  :  notre 
Collège  est  unanime  pour  recommander  la  conservation, 
dans  nos  monuments,  des  apports  des  siècles,  lorsque  ces 
apports  ont  une  valeur  réellement  artistique,  archéologique, 
historique  et  pittoresque. 


—  49  — 

D'autre  part,  il  ne  saurait  engager  les  autorités  à  consa- 
crer leur  argent  au  maintien  ou  à  la  restitution  des  œuvres 
malheureuses. 

Nous  ignorons  s'il  a  jamais  été  question  d'enlever  la 
décoration  en  marbre  ou  en  bois  formant  cadre  au  tableau 
de  Rubens,dans  l'église  de  Saint-Martin,  à  Âlost.  En  tout  cas, 
nous  n'avons  pas  été  consultés  sur  ce  projet.  Nouvelle  erreur 
matérielle  de  la  Société  pour  la  protection  des  sites. 

En  signalant  l'église  d'Opdfcie  près  de  Leuze,  celte 
Société  a  voulu  faire  allusion  à  l'église  d'Aubechies.  Il  n'y  a 
donc  pas  que  certains  écrivains  français  qui  ignorent  la 
géographie  belge  t  Troisième  erreur  matérielle. 

Le  projet  concernant  la  restauration  de  cette  église,  qui 
tombait  en  ruines,  a  fait  l'objet  de  longues  et  consciencieuses 
études  dues  à  un  architecte  de  talent.  Cet  artiste  a  même 
poussé  le  scrupule  jusqu'à  présenter  successivement  plu- 
sieurs projets  basés  sur  des  découvertes  résultant  de 
recherches  approfondies.  Nous  avons  approuvé  celle  de  ces 
études  qui  nous  a  paru  le  mieux  convenir  pour  sauvegarder 
le  caractère  du  monument,  objet  de  tant  de  vicissitudes.  Ce 
projet  consciencieux,  auquel  nous  devons  ici  rendre  hom- 
mage une  fois  de  plus,  respecte  tout  ce  qui  a  du  mérite  au 
point  de  vue  artistique,  archéologique,  historique,  pitto- 
resque et  utilitaire. 

Il  est  fâcheux  qu'avant  de  vous  écrire,  Monsieur  le 
Ministre,  le  secrétaire  M.  l'architecte  Saintenoy  n'ait  pas 
songé  soit  à  aller  sur  les  lieux  pour  contrôler  les  assertions 
erronées  de  correspondants  incompétents,  soit  à  faire  per- 
sonnellement la  critique  artistique  et  scientifique  de  l'œuvre 
d'un  confrère  distingué. 


—  50  — 

Il  n'est  pas  admissible  qu'une  société  sérieuse  avance 
officiellement  des  erreurs  manifestes  d'appréciation  contre 
lesquelles  notre  Président  avait  mis  en  garde  verbalement 
M.  le  Président  Jules  Carlier. 

Les  meubles  <  hors  d'usage  » ,  que  l'église  de  Hulshout  a 
vendus  en  1900,  l'ont  été  de  l'assentiment  unanime  de 
toutes  les  autorités  consultées  à  celte  fin.  À  part  le  banc  de 
communion  et  une  tribune  en  bois  sculpté,  cédés  au  musée 
d'antiquités  d'Anvers,  ces  meubles  n'offraient  pas  le  moindre 
mérite  artistique.  Quatrième  erreur  matérielle. 

Pour  démontrer  à  la  Société  des  sites  que  nous  tenons 
constamment  la  main  à  la  conservation  de  notre  patrimoine 
artistique,  nous  vous  prions,  Monsieur  le  Ministre,  de 
vouloir  bien  lui  faire  parvenir,  puisqu'elle  les  ignore,  les 
comptes  rendus  de  nos  assemblées  générales  de  1898  à  1901. 
Elle  y  verra  que  nous  ne  négligeons  rien  afin  d'atteindre  le 
but  pour  lequel  notre  Collège  a  été  institué  et  auquel  il 
consacre  tous  ses  efforts,  sans  recourir,  autant  qu'il  sera 
bon  peut-être  de  le  faire  désormais,  aux  grandes  voix  de  la 
presse  quotidienne. 

Si  certains  abus  se  commettent  parfois,  et  c'est  inévitable, 
à  qui  la  faute  ? 

.  Aux  sociétés  du  genre  de  celle  dont  il  s'agit  ou  autres, 
qui  s'abandonnent  à  la  plaintive  manie  nationale  plutôt  que 
de  nous  signaler,  immédiatement  et  directement,  les  faits 
importants  dont  elles  auraient  connaissance  avant  nous  et 
avant  nos  correspondants  de  province. 

Ceux-ci  veillent,  avec  grand  soin,  aux  monuments  de  la 
Belgique,  nous  sommes  heureux  de  le  confirmer.  Ils  ont  le 
tort  aussi  de  ne  point  se  faire  connaître  par  la  voie  de  la 


—  51  — 

presse,  puisqu'il  est  acquis  que  les  travaux  contenus  dans 
nos  dossiers  ouverts  ou  dans  nos  bulletins  spéciaux  passent 
inaperçus  aux  yeux  d'une  société  telle  que  celle  à  laquelle 
nous  répondons. 

Nous  vous  prions,  Monsieur  le  Ministre,  de  vouloir  bien 
engager  cette  compagnie  à  joindre  ses  efforts  aux  nôtres 
afin  que  la  timbale,  trop  bruyante  pour  être  juste,  de  l'école 
dite  t  des  pittoresques  »  ne  jette  plus  aussi  souvent  sa 
fausse  note  dans  la  symphonie  des  instruments  de  la 
critique  vraiment  artistique  et  savante  complètement. 

En  art  comme  eh  science,  c'est  rester  petit  que  d'être 
exclusif.  Et  l'on  est  exclusif  en  donnant  a  priori  des  solu- 
tions, simplistes  à  force  d'être  pittoresques,  aux  délicates  et 
complexes  questions  relatives  soit  à  la  consolidation,  soit  à 
la  restauration,  voire  même  à  la  restitution  de  certains 
monuments.  Une  œuvre  est  belle,  simple,  grande,  quana 
elle  s'inspire  à  la  fois  du  grand  art,  de  la  science  vraie  et 
des  profondes  harmonies  dont  l'aspect  pittoresque  des 
choses  est  une  expression  familière. 

Il  importe  aussi,  Monsieur  le  Ministre,  que  cette  Société 
ne  croie  pas,  avec  l'un  ou  l'autre  adhérent  naïf  de  l'école 
dite  c  des  pittoresques  »,  que  l'architecte  restaurateur 
trouve  son  gain  dans  les  multiples  études  préalables  à  la 
moindre  restauration.  Le  secrétaire,  M.  Saintenoy,  connaît 
trop  son  artistique  métier  pour  ignorer  combien  est  ingrate 
et  mal  payée  la  rude  tâche  de  l'artiste  restaurateur. 

Dans  l'espoir,  Monsieur  le  Ministre,  que  la  Société  pour 
la  protection  des  sites  et  des  monuments  voudra  bien  désor- 
mais consacrer  ses  travaux  à  répandre  avec  nous  la  bonne 
semence  et  à  vulgariser  les  notions  justes  que  nous  ensei- 


—  52  — 

gnons  pratiquement  et  que  nous  nous  efforçons  de  faire 
prévaloir  en  matière  de  restauration,  nous  vous  prions 
d'agréer  l'assurance  de  notre  haute  considération. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massa ux.  Ch.  Lagasse-de  Locbt. 


P.  S.  —  Nous  adressons  copie  de  notre  réponse  à  la 
Société  visée,  nous  réservant  de  publier,  en  temps  et  lieu, 
les  pièces  du  débat.  Ch.  L. 


A  Monsieur  Van  den  Heuvel, 

Ministre  de  la  Justice,  Bruxelles. 


—  53  — 


Commission  royale  des  monuments. 


Bruxelles,  le  16  janvier  1903. 


Monsieur  le  Président, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  transmettre  en  copie  la 
lettre  que  nous  avons  fait  parvenir  à  M.  le  Ministre  de  la 
Justice  sous  la  date  du  16  de  ce  mois,  en  réponse  à  votre 
lettre  du  12  décembre  dernier. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de 
nos  sentiments  les  plus  distingués. 


Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massaux.  Cii.  Lagasse-de  Locht. 


leur  le  Président  de  la  Société  nationale  pour  la  protection 
i  sites  et  des  monuments,  rue  de  Rome,  31,  à  Bruxelles. 


—  54  — 


Saclétt  nationale  poir  la  nateatiai  laa  litaa  t  lea  nmumts 

EN  BELGIQUE 


Bruxelles,  le  8  férrier  1903. 


Messieurs, 


Nous  avons  eu  l'honneur  de  recevoir  votre  lettre  du 
16  janvier. 

La  Commission  des  monuments  et  nous,  nous  poursuivons 
avec  une  autorité  et  un  caractère  différents  un  but  identique: 
la  conservation  des  chefs-d'œuvre  que  nous  a  laissés  ud 
passé  particulièrement  riche  et  glorieux. 

Que,  dans  une  société  libre,  les  renseignements  fournis 
par  des  correspondants  de  bonne  volonté  soient  parfois 
empreints  d'exagération,  voire  d'inexactitude;  que  les 
tendances  des  membres  affectent  une  forme  jugée  excessive 
par  quelques-uns,  cela  n'a  rien  que  de  naturel,  et  en  somme 
il  ne  faut  pas  trop  s'en  plaindre,  car  mieux  vaut  en  pareille 
matière  l'excès  que  l'indifférence. 

Mais  c'est  précisément  parce  que  notre  Comité  connail 
celte  situation  qu'il  s'est  adressé  à  vous  et  vous  a  signalé  les 
faits  qui  lui  étaient  signalés  à  lui-même.  Il  n'était  pas  à  ses 
yeux  de  meilleur  moyen  de  contrôler  l'exactitude  de  ces 
faits  ou  d'y  remédier  le  cas  échéant. 

Loin  d'en  prendre  ombrage,  il  semble  que  votre  Corn- 


—  «5  — 

mission  avait,  au  contraire,  tout  lieu  de  se  féliciter  de  la 
marche  que  nous  avions  suivie.  Grâce  à  cette  façon  d'agir, 
en  effet,  nous  sommes  aujourd'hui  complètement  renseignés, 
et  nos  rapports  porteront  la  (race  de  ces  utiles  échanges 
d'informations. 

Nous  aimons  donc  à  croire  que,  revenant  à  d'autres  sen- 
timents, vous  accueillerez  avec  faveur  à  l'avenir  les  commu- 
nications de  même  nature  que  nous  serions  amenés  à  vous 
faire. 

Chacun  ne  pourra  que  gagner  à  cette  documentation  réci- 
proque, qui  sera  d'autant  plus  féconde  qu'elle  s'inspirera 
uniquement  des  intérêts  artistiques  du  pays. 

Veuillez  agréer,  Messieurs,  les  assurances  de  notre  consi- 
dération la  plus  distinguée. 

Pour  le  Secrétaire,  Le  Président, 

DOMMARTIN.  J.    CAR  LIER. 


Commission  royale  des  monuments, 
i  Bruxelles. 


—  56  — 


commtssioQ  ragaie  tes  monuments. 


Bruxelles,  le  11  février  1903. 

Messieurs, 

Noos  avons  bien  reçu  votre  lettre  du  3  février  courant. 

Voire  lettre  du  12  décembre  dernier,  adressée  directement 
à  M.  le  Ministre  de  la  Justice,  n'avait  aucune  valeur  dans  le 
fond.  Quant  à  la  forme,  cette  pièce  revêtait  celle  d'une 
démarche,  au  moins  inconsidérée,  faite  auprès  d'un  supé- 
rieur hiérarchique  de  la  Commission  royale  des  monuments, 
sans  que  ce  Collège  en  ail  été  prévenu  au  préalable.  Tels 
sont  les  faits. 

Nous  avons  répondu  à  M.  le  Ministre,  comme  c'était 
notre  devoir,  en  avant  soin  de  saisir  cette  occasion  favorable 
pour  convier  publiquement  tous  les  efforts  sérieux  à  se 
joindre  aux  nôtres. 

Comment  donc  aurions-nous  pris  ombrage?...  de  quoi 
d'ailleurs? 

Nous  accueillons  toujours,  avec  bienveillance  et  même 
avec  joie,  toute  communication  s'inspirant  de  cette  devise, 
la  nôtre  :  «  Patrie  et  Progrès  » .     * 

Veuillez  agréer,  Messieurs,  l'assurance  de  notre  considé- 
ration très  distinguée. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massaux.  Ch.  Lagasse-de  Locht. 

A  la  Société  nationale  pour  la  protection  des  sites  et  des  monuments 
en  Belgique,  rue  de  Rome,  31,  à  Bruxelles. 


—  57  — 


Mitt  nationale  pour  la  Protection  des  Sites  i  des  moments 

EN   BELGIQUE 


Bruxelles,  le  18  février  1903. 


Monsieur  le  Président, 


Les  intérêts  supérieurs  de  l'art,  que  nous  nous  attachons 
à  servir,  n'ont  rien  à  gagner  à  de  fastidieuses  polémiques 
sur  des  points  de  détail,  des  reproches  gratuits  et  des 
questions  purement  personnelles. 

C'est  pourquoi  nous  avons  préféré  ne  pas  relever  tout  ce 
que  contenait  d'étrange  et  comme  fond  et  comme  forme, 
votre  communication  du  16  janvier  dernier. 

Mais  la  nouvelle  lettre  dont  vous  nous  honorez  sous  la 
date  du  1 1  courant  révèle  une  prétention  que  nous  ne  pou- 
vons vraiment  pas  laisser  passer. 

Nous  n'avons  pas  à  solliciter  votre  assentiment  préalable 
pour  saisir  les  autorités  des  indications  et  des  plaintes  que 
nous  avons  le  devoir  de  leur  signaler,  et  votre  Collège  pro- 
voquerait d'unanimes  protestations  si,  sortant  du  rôle 
consultatif  que  lui  assigne  l'arrêté  royal  du  7  janvier  1835, 
il  voulait  s'arroger  le  droit  de  régir  en  maitre  un  patrimoine 
qui  appartient  à  la  Nation  tout  entière. 

Agréez,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de  nos  senti- 
ments distingués. 

Pour  le  Secrétaire,  Le  Président, 

DOMMÀRTIN.  J.    CARLIER. 

mneur  le  Président 

fe  la  Commission  royale  des  monuments  de  Belgique,  à  Bruxelles. 


—  58  — 


Commission  rogaie  des  monuments 


Bruxelles,  le  17  février  1903. 


Monsieur  le  Président, 

Les  répliques  de  votre  Société  sont  aussi  mal  Fondées  que 
ses  attaques. 

Notre  lettre  du  11  février  courant  a  rétabli  l'histoire 
réelle  des  fails.  Vous  les  aviez  rapportés  inexactement  le 
3  février.  Votre  lettre  du  13  février  continue  dans  cette 
fausse  voie  ;  puis,  elle  nous  attribue,  gratuitement,  une 
prétention  dont  le  ridicule  ne  saurait  atteindre  que  les 
auteurs  de  l'invention. 

Après  cela,  l'incident  nous  parait  clos. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  nos 
sentiments  distingués. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massa ux.  Ch    Lagasse-de  Locht. 


\  Monsieur  le  Président  de  la  Société  nationale  pour  la  protection 

des  sites  et  des  monuments  en  Belgique,  rue  de  Rome,  54,  à  Bruxelles. 


—  59  — 


totttf  nationale  pan  n  Protection  les  sucs  i  nés  flraeitîs 

EN  BELGIQUE 


Bruxelles,  le  19  février  1903. 


Monsieur  le  Président, 


Il  ne  nons  parait  pas  que  l'incident  puisse  être  clos  par 
votre  lettre  du  17  courant,  qui  contient  une  série  d'affirma- 
tions auxquelles  nous  nous  permettons  d'opposer  les  affirma- 
tions contraires. 

Votre  communication  du  44  ne  rétablissait  rien  et  n'avait 
rien  à  rétablir,  celle  à  laquelle  elle  répondait  s'élant  bornée  à 
vous  rappeler  au  sentiment  vrai  de  notre  situation  réciproque. 

Et  notre  lettre  du  13  continuait  dans  cette  voie,  qu'il 
vous  convient  d'appeler  fausse,  mais  qu'il  nous  plait  de 
trouver  la  bonne. 

Le  c  ridicule  »  dont  vous  parlez  est  un  accessoire  gênant, 
que  l'on  cherche  toujours  à  endosser  à  autrui.  Il  ne  nous 
étonne  donc  pas  de  vous  voir  chercher  à  répudier  celui  qui 
se  dégage  de  l'incident. 

Après  ceci,  seulement,  nous  clôturons  le  débat,  —  à 
moins  que  vous  ne  teniez  à  le  continuer,  auquel  cas  nous 
sommes  à  vos  ordres. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de 
nos  sentiments  distingués. 

Pour  le  Secrétaire,  Le  Président, 

DOM MARTIN.  J.    CaRLIER. 

tonsUvr  le  Président 
de  la  Commission royale  des  monuments,  Bruxelles. 


-  60  - 


Commission  royale  les  monuments. 


Bruxelles,  le  24  février  1903. 


Monsieur  le  Président, 

Nous  laissons  à  vous  le  dernier  mot  et  à  tout  homme 
impartial,  au  courant  des  faits,  le  soin  de  juger  entre  nous. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de 
nos  sentiments  distingués. 


Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massa ux.  Ch.  Lagasse-de  Loght. 


A  Monsieur  le  Président  de  la  Société  nationale  pour  la  protection 

des  sites  cl  des  monuments  en  Belgique,  rue  de  Rome,  51 ,  à  Bruxelles. 


il 


ACTES  OFFICIELS. 


Par  arrèlc  royal  du  47  mars  1903,  M.  Ch.-L.  Cardon,    Nomm.uon 

d'un  membre 

membre  correspondant  de  la  Commission  royale  des  monu-      t8«AiU 
menls  pour  la  province  de  Brabant,  a  été  nommé  membre 
effectif  de  ce  Collège,  en  remplacement  de  M.  Cluysenaar, 
décédé. 


COMMISSION  ROYALE  DESMONUMENTS. 


RÉSUMÉ  DES  PROCÈS- VERBAUX. 


SÉANCES 
des  7,  14,  21  et  28  mars;  des  4,  11,  18  et  25  avril  1903. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1°  La  proposition  de  faire  restaurer  le  tableau  de  De      taise 

1        '  de  Saiot-Job. 

Crayer  qui  orne  le  maître-autel  de  l'église  de  Saint-Job,  sous  T*btewï- 
Uccle  (Brabant)  et,  à  litre  provisoire,  le  prix  de  1,200  francs 
fixé  pour  cette  entreprise.  Lorsque  le  tableau  se  trouvera 
chez  le  restaurateur,  M.  Stevens,  des  délégués  seront 
chargés  d'aller  contrôler  le  travail  que  cet  artiste  propose; 
2*  Le  projet  d'un  vitrail  à  placer  dans  le  chœur  de  l'église      £guM 

r      J  '  °  de  Crimée. 

de  Crisnée  (Liège);  auteur,  M.  Ladon;  Vilr,il- 

5°  Les  dessins  de  vitraux  en  grisaille  à  établir  dans       Égu»e 

.  de  Smeennaes* 

l'église  de  Sroeermaes,  sous  Lanaeken  (Limbourg)  ;  auteur,      yiivm- 
M.  Sprenger; 
4°  Le  dessin  d'un  vitrail  offert  à  l'église  de  Waerdamme      Église 

.«.        i  .*  i   v  de  Wierdemme, 

(Flandre  occidentale);  vn«iL 


—  64  — 

Égibe  5°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  chemin  de  la  croix 

deCuTrou.  en  terre-cuite  polychromée  dans  l'église  de  Zonhoven  (Lim- 
bourg),  à  la  condition  que  les  cadres  des  stations  seront 
traités  tels  que  l'indique  la  photographie,  c'est-à-dire  encas- 
trés dans  les  murs;  sculpteur,  M.  De  Beule. 
wJ£gj  du«er.to  —  II  a  élé  procédé,  le  2  mars  1 903,  dans  l'église  de 
DëcomiÔ;.  Sainte-Marguerite,  à  Liège,  à  l'examen  d'échantillons  de 
décoration  de  cet  édifice  et  de  spécimens  de  stations  du 
chemin  de  la  croix. 

M  Lohest,  membre  du  Comité  des  correspondants,  assis- 
tait à  cet  examen. 

Le  travail  de  décoration  en  voie  d'exécution,  dans  la  nef 
de  l'édifice,  bien  que  d'une  tonalité  un  peu  faible,  peut 
cependant  être  poursuivi  dans  ces  conditions.  Les  stations 
du  chemin  de  la  croix,  peintes  en  grisaille,  auraient  gagné 
à  être  plus  marquantes;  en  tous  cas,  il  serait  utile  de  les 
distinguer  nettement  d'autres  sujets  qui,  tout  en  se  rappor- 
tant à  la  Passion,  ne  font  pas  partie  des  XIV  stations. 

La  décoration  entamée  dans  le  chœur  manque  d'accent; 
elle  devra  être  renforcée  dans  la  suite  du  travail  et  le  tableau 
déjà  peint  devra  être  revu  ;  les  figures  devraient  être  bordées 
d'un  contour  plus  ferme  et  plus  large  de  façon  à  les  faire 
ressortir  davantage;  les  guirlandes  devraient  être  plus 
étoffées. 

La  décoration  de  la  partie  architecturale  manque  égale- 
ment de  vigueur;  la  coupole  du  chœur  surtout  devrait  être 
plus  accentuée,  c'est  la  partie  de  l'édifice  qui  se  remarque 
d'abord  dès  l'entrée  dans  le  temple;  c'est  aussi  celle  qui  doit 
être  la  plus  caractéristique. 

Il  serait  toutefois  prudent,  avant  d'opérer  des  retouches 


—  6B  — 

dans  le  chœur  et  d'en  poursuivre  la  décoration,  de  placer 
des  vitraux  dans  les  deuk  baies  qui  ('éclairent  latéralement. 
Le  jeu  de  lumière  colorée  passant  par  les  vitraux  aura  une 
influence  marquante  sur  la  tonalité  de  la  décoration  murale; 
il  est  donc  nécessaire,  si  l'on  veut  éviter  des  mécomptes, 
d'exécuter  en  tout  premier  lieu  les  vitraux  ;  ils  détermineront 
la  note  exacte  à  adopter  pour  la  peinture  décorative. 

—  Il  a  été  procédé,  le  14  avril  t903,  dans  l'église  de  Léau      fcn« 
(Brabant),  à  l'examen  des  objets  d'art  que  possède  cet   0bJeud*rl- 
édifice. 

Les  staltles  modernes  placées  à  l'entrée  du  chœur,  ne 
constituent  évidemment  pas  des  chefs-d'œuvre,  mais  elles 
ne  sont  pas  cependant  dénuées  de  tout  mérite  ainsi  qu'on 
l'a  affirmé.  Elles  né  sont  pas  encombrantes  et  rentrent  dans 
la  moyenne  des  œuvres  de  même  genre  que  Ton  rencontre 
malheureusement  dans  la  plupart  de  nos  églises  et  qui  sont 
des  produits  du  commerce.  Ces  figures,  en  raison  des  sujets 
auxquels  elles  s'appliquent,  n'auraient  pu  être  remplacées 
pai1  d'autres  statues  que  possède  l'église.  Leur  installation 
sur  des  piédestaux  mobiles,  à  l'entrée  du  chœur,  n'est  du 
reste  pas  récente;  elle  date  d'avant  l'arrivée  à  Léau  du  doyen 
actuel,  qui  y  réside  depuis  cinq  ans. 

Les  statues  anciennes  dont  il  est  question  dans  la  dépèche 

•y 

de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  eu  date  du  5  mars  1903, 
ne  sont  nullement  cachées.  Elleà  sont  disposées  les  unes  sur 
des  consoles  de  l'ancien  porche  qui  Sert  aujourd'hui  de 
sacristie,  les  autres  sont  rangées  très  convenablement  contre 
les  parois  intérieures  de  la  galerie  haute  ou  triforium  du 
chœur,  où  elles  constituent  une  sorte  de  petit  musée.  Pour  ,  3  \ 
les  installer  dans  l'église,  où  il  serait  d'ailleurs  difficile  de 


c 


-  66  — 

leur  trouver  place,  il  faudrait  les  restaurer,  ce  qui  entraî- 
nerait un  travail  important  et  coûteux  qui  ne  parait  pas 
justifié  par  la  valeur  artistique  de  la  plupart  de  ces  œuvres. 
Celles-ci  sont  en  bois;  leur  état  de  conservation  laisse  à 
désirer;  beaucoup  sont  fortement  vermoulues.  Les  dégra- 
dations pourraient  peut-être  s'arrêter  si  on  plongeait  les 
figures  dans  un  bain  de  pétrole,  opération  que  l'on  signale 
comme  efficace.  On  les  laisserait  ensuite  telles  quelles.  II 
serait  toutefois  utile  de  consulter  un  spécialiste  sur  l'efficacité 
de  cette  opération. 

Les  figures  qui  sont  installées  dans  le  triforium  reposent 
actuellement  sur  le  pavement;  il  serait  bon  de  les  disposer 
sur  de  petits  socles. 

Le  tableau  peint  sur  bois  représentant  les  Saintes  Femmes 
visitant  le  tombeau  du  Christ,  constitue  une  belle  œuvre. 
Malheureusement  la  peinture  s'écaille  par  places.  Le  mal  ne 
semble  pas  s'aggraver.  Il  conviendrait  de  confier  ce  tableau 
aux  soins  d'un  restaurateur  habile. 

L'ancien  porche  servant  aujourd'hui  de  sacristie  est  une 
œuvre  architecturale  des  plus  remarquables.  Toutes  ses 
moulures  et  sculptures  sont  empâtées  par  les  nombreuses 
couches  de  badigeon  qui  y  ont  été  appliquées,  à  tel  point 
qu'il  est  devenu  pour  ainsi  dire  impossible  d'en  apprécier  le 
mérite.  On  devrait  le  faire  dérocher  avec  les  plus  grands 
soins  par  un  spécialiste.  Étant  donnée  la  surface  restreinte 
de  cette  construction,  l'opération  n'entraînerait  pas  une 
dépense  bien  importante,  tandis  qu'elle  remettrait  en  lumière 
des  détails  d'une  haute  valeur  artistique. 
Élu»  —  Pour  se  prononcer,  à  la  demande  de  M.  le  Gouver- 

deSiint-NicolM,  ' 

à  Djiw.d6,    neur  de  la  Flandre  occidentale,  sur  le  projet  de  restauration 


—  67  — 

du  jubé  de  l'église  de  Saint-Nicolas,  à  Dixmude,  la  Commis- 
sion avait  jugé  indispensable  que  Ton  pratiquai,  au  préalable, 
l'enlèvement  du  badigeon  de  Tune  des  statues  qui  le  décore 
et  que  l'on  appropriât  une  portion  du  monument  assombri 
par  la  poussière. 

Cette  condition  ayant  été  remplie,  il  a  été  procédé,  le 
26  mars  4903,  à  l'examen  de  l'admirable  œuvre  gothique  de 
Jean  Bertet. 

M.  van  Ruymbeke,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants, assistait  à  cet  examen. 

Les  essais  de  lavage  des  délicates  et  merveilleuses  cise- 
lures de  pierre  ont  été  effectués  sur  une  partie  extrême  de 
la  face  principale  et,  en  retour,  sur  le  profil  nord.  Ceux 
du  décapage  ont  porté  sur  quatre  statues  dont  trois,  — 
Sainte-Barbe,  le  Christ  et  un  Évèque,  —  appartenant  au 
côté  postérieur,  vers  le  sanctuaire. 

Ces  figures,  qui  semblent  contemporaines  de  la  clôture 
du  chœur,  sont  travaillées  en  bois  de  chêne.  L'exécution  en 
est  fine  et  soignée.  Elles  ont  été  débarrassées,  au  moyen 
d'esprit  de  sel  étendu  d'eau,  de  leur  enveloppe  de  chaux  qui 
les  souillait  depuis  le  commencement  du  siècle  dernier. 

La  polychromie  remise  en  lumière  est  complète,  en 
excellent  état  et  ne  réclame  aucune  retouche. 

Les  autres  effigies,  en  orme,  à  dépouiller  ultérieurement, 
sont  l'ouvrage,  pour  la  plupart,  des  premiers  temps  du 
xvii4  siècle.  Elles  représentent  les  Douze  Apôtres,  le  Sau- 
veur, deux  anges  tenant  chacun  un  encensoir  et  occupent 
des  niches  sises  du  côté  de  la  nef  depuis  la  restauration  du 
jubé  exécutée  par  le  sculpteur  yprois,  Urbain  Tailleberl. 

Les  patients  travaux  préliminaires  effectués  avec  circon- 


—  68  — 

speclion  et  habileté,  présagent  une  heureuse  continuation. 
La  délégation  n'a  pas  dissimulé  sa  satisfaction  à  leur  égard. 

Des  statues  ayant  subi  quelques  perles,  il  importera 
d'assembler  les  morceaux  et,  après  le  nettoyage  général,  de 
dresser  an  devis  des  frais  à  faire  pour  combler  soigneuse- 
ment ces  lacunes  et  réparer  les  mutilations  causées  par  le 
temps. 

Les  travaux  ayant  trait  au  jubé  primeront  ceux  qu'il  y 
aurait  utilité  d'apporter  au  tabernacle.  Ce  repositoriam,  fait 
en  1614,  en  marbre  et  albâtre,  par  Jérôme  Stalpaert,  de 
Bruges,  est  intéressant  tant  au  point  de  vue  de  son  élégance 
que  de  la  valeur  de  ses  matériaux.  Il  est  très  endommagé. 
Pourtant,  si  le  public  le  respecte,  ce  bel  ouvrage  pourra 
rester  longtemps  encore  dans  le  statu  quo.  Y  mettre  la  main 
serait  commencer  une  reconstruction;  un  renouvellement 
détruirait  son  cachet. 

On  se  bornera  à  refixer  les  attributs  et  les  membres  déta- 
chés que  l'on  a  retrouvés. 

À  droite  et  à  gauche  de  la  porte  en  chêne  sculptée,  ornée 
de  remarquables  bal u sires  en  cuivre,  se  dressent,  sous  le 
jubé,  deux  petits  autels  formant  hors-d  œuvre,  sans  valeur, 
usés  et  branlants,  dédiés  respectivement  aux  âmes  et  à  la 
Vierge  des  douleurs.  U  serait  vivement  à  souhaiter  qu'ils 
fussent  remplacés  par  des  meubles  en  concordance  de  style 
avec  le  bijou  artistique  qui  les  abrite. 

Une  fois  les  statues  débadigeonnées,  M.  van  Ruymbeke 
s'occuperait,  avec  fruit,  de  les  classer  chronologiquement, 
de  rechercher  les  noms  et  les  caractères  des  personnages 
avant  qu'ils  reprennent  possession  de  leurs  socles  de  pierre. 

Il  importe  que  les  travaux  soient  surveillés  de  près  par  le 


—  69  — 

Comité  des  correspondants  de  la  Flandre  occidentale  et  que 
ce  dernier  se  tienne  d'une  façon  continue,  à  ce  sujet,  en 
rapport  avec  la  Commission  royale. 

—  A  la  suite  du  rapport  adressé  par  la  Commission  à     *jDumèei;1 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  le  12  juin  1901,  le  projet  wiSSfc 
du  monument  à  ériger  sus  la  tombe  du  poêle  Guido  Gezelle, 

à  Bruges,  a  été  modifié. 

Il  résulte  de  l'examen  auquel  il  a  été  procédé,  le 
26  février  1903,  de  concert  avec  MM.  le  baron  BeLhune, 
van  Ruymbeke  et  Van  der  Meersch,  membres  du  Comité 
des  correspondants,  du  dessin  grandeur  d'exécution  dudit 
monument,  que  celte  nouvelle  étude  peut  être  adoptée  et 
que  la  dépense  prévue  (fr.  6,602-09)  paraît  en  rapport  avec 
l'importance  du  travail  à  effectuer. 

Il  y  aura  lieu  toutefois,  au  cours  de  l'exécution,  de 
rehausser  le  piédestal  par  quelques  points  de  dorure. 

^e  monument  projeté  offre  une  valeur  artistique  suffisante 
pour  que  le  Gouvernement  en  encourage  l'exécution  par  un 
subside. 

—  A  la  demande  de  M.  De  Vreese,  il  a  été  procédé,  dans    Monument 

eommémoratif 

l'atelier  de  cet  artiste,  à  l'examen  des  modèles  demi-grandeur  '•g"^!^ 
d'exécution,  du  piédestal  avec  groupes  du  monument  eom- 
mémoratif de  la  Bataille  des  Éperons  d'or. 

Le  travail  de  M.  De  Vreese  est  très  avancé;  il  est  arrivé 
au  point  où  il  y  a  lieu,  pour  le  Gouvernement,  de  lui  déli- 
vrer l'annuité  de  10,000  francs  à  laquelle  il  a  droit,  en 
vertu  de  son  contrat. 

II  a  été  recommandé  à  l'artiste  et  à  M.  l'architecte  Ver- 
helle,  son  collaborateur,  de  bien  combiner  les  joints  des 
pierres  et  de  les  rendre  aussi  peu  apparents  el  aussi  minces 


—  70  — 

que  possible.  La  même  recommandation  a  été  faite  en  ce  qui 
concerne  la  nécessité  d'éviter  des  poches  où  les  eaux 
pluviales  pourraient  séjourner. 

Le  lit  de  carrière  devra  être  scrupuleusement  observé 
dans  la  pose  des  pierres. 

Les  fondations  du  monument  devront  être  établies  d'un 
seul  bloc  pour  éviter  des  tassements  irréguliers. 

Quant  au  groupe  supérieur,  M.  De  Vreese  l'étudiera 
encore  d'une  façon  approfondie  au  point  de  vue  du  caractère 
et  de  la  distinction,  lors  de  l'exécution  du  modèle  en  grand; 
en  tous  cas,  il  est  d'accord  avec  la  délégation  que  la  hauteur 
du  drapeau  devra  être  quelque  peu  réduite. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

To«r  La  Commission  a  adopté  le  projet  relatif  à  la  conservation 

Vas  Straelen, 

*  An™».  <je  |a  tour  yan  Straelen,  à  Anvers.  L'attention  de  l'architecte, 
M.  De  Vooght,  a  été  appelée  sur  les  murailles  intérieures 
qu'il  propose  d'établir  pour  renforcer  la  construction.  Le 
Collège  craint  qu'il  en  résultera  des  tassements  capables 
d'entraîner  les  vieux  murs  contre  lesquels  ces  collages  seront 
appliqués.  Il  semble  qu'on  pourrait  éviter  celte  opération  en 
ancrant  solidement  la  tour. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  revêtus  du  visa  : 
construction       j°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  au 

et  resta  uralion  r  # 

de  presbytère..  hameau   «  Mylstraat  » ,  sous  Duffel  (Anvers)  ;  architecte, 
M.  Careels; 


—  71  — 

2°  Le  projet  relatif  à  la  reconstruction  du  presbytère 
d'Heyenbeek,  sous  Grimberghen  (Brabant),  sous  réserve  que 
la  citerne  soit  établie  à  une  certaine  distance  du  bâtiment, 
afin  d'éviter  toute  cause  d'infiltration  de  l'humidité  dans  les 
maçonneries  de  l'habitation;  architecte,  M.  Pauwels; 

3°  Le  projet  concernant  la  construction  d'un  presbytère 
à  Weelde  (Anvers)  à  la  condition  que  les  cheminées  soient 
un  peu  exhaussées  et  qu'il  soit  tenu  compte  des  observations 
présentées  par  le  Comité  des  correspondants;  architecte, 
M.  Taeymans; 

4°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  pour 
la  succursale  de  Wildenburg,  sous  Wyngene  (Flandre  occi- 
dentale); architecte,  M.  Soete; 

5°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  pour 
la  paroisse  du  Sacré-Cœur,  à  Hoboken  (Anvers);  architecte, 
M.  Gife; 

6°  Le  projet  de  reconstruction  du  presbytère  d'Ophain- 
Bois-Seigneur-lsaac  (Brabant),  sous  la  réserve  de  supprimer 
les  deux  marches  à  l'intérieur  du  vestibule  qui  constitueraient 
an  danger  pour  la  circulation  ;  de  ramener  la  hauteur  des 
marches  des  escaliers  à  0*16  en  portant  leur  profondeur 
à  0m25;  d'augmenter  un  peu  la  largeur  de  la  porte 
d'entrée  dont  l'aspect  est  maigre;  de  donner  aux  décharges 
des  baies  le  caractère  usité  autrefois  dans  la  contrée;  de 
renoncer  à  l'emploi  de  la  pierre  de  Savonnière  pour  les 
saillies  ainsi  qu'au  grès  d'Uccle  pour  l'extérieur  ;  architecte, 
M.  Symons; 

7°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'une  annexe  au 
presbytère  de  Rettigny,  commune  de  Cherain  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Cupper; 


—  72  — 

8*  Le  projet  de  restauration  de  la  maison  vicariale  de 
Fisenne,  commune  de  Soy  (Luxembourg). 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 


La  Commission  a  visé  les  plans  relatifs  : 
Éfiiieda         1°  A  la  reconstruction  de  l'église  de  Lillois- Witterzée 

Lilloit-Witieraée. 

(Brabant);  architecte,  H.  Léonard; 
ékiim  2°  A  l'achèvement  de  l'église  d'Uylkerke  (Flandre  occi- 

d'Uytktrke. 

dentale)  ; 
éciim  3°  A  la  construction  d'un  porche  latéral  à  l'église  de 

dcWelkeortodt. 

Welkenraedt  (Liège);  architecte,  M.  Lohest; 
fyiM  4°  A  la  construction  d'un  jubé  dans  l'église  de  Walcourl 

de  WftloovrU 

(Namur),  sous  réserve  de  renforcer  la  colonne  et  d'élargir 
les  retombées  sur  le  chapiteau.   La  colonne  pourra  être 
exécutée  soit  en  pierre,  soit  en  bois,  au  choix  de  l'architecte, 
M.  Langerock; 
Bxh*         5°  A  l'éiablissement  d'un  jubé  avec  tambour  dans  l'église 

d«  SmeeruiMt. 

de  Smeermaes   sous  Lanaeken   (Limbourg);   architecte, 
M.  Sprenger; 
g*!,'*  6°  Au  renouvellement  du  beffroi  de  l'église  de  Wevelghem 

(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  De  Wulf; 
objeu  mobilier*     7°  A  l'exécution  d'objets  mobiliers  destinés  aux  églises  de  : 

Crisnée  (Liège)  :  deux  confessionnaux; 

Libramont  (Luxembourg)  :  mobilier  complet; 

Momalle  (Liège)  :  deux  confessionnaux; 

Husseignies  (Hainaut)  :  autels  latéraux  ; 

Sainte- Walburge,  à  Audenarde  (Flandre  orientale)  : 
stalles  ; 


—  73  — 


Overboulaere  (Flandre  orientale)  :  mobilier  complet; 
Hannut  (Liège)  :  deux  confessionnaux  ; 
Gallenelle  (Hainaut)  :  cloche. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 

1°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  redise  de  Roi  le-  t*\\u> 
ghem  (Flandre  occidentale).  Il  conviendra  que  les  travaux 
fassent  l'objet  d'une  adjudication  restreinte  à  bordereau  de 
prix  et  qu'au  cours  de  l'exécution  l'auteur  supprime  les 
lucarnes  de  la  flèche  qui  ne  produisent  pas  un  effet  satis- 
faisant. La  tour  devra  être  achevée  en  pierres  de  Tournai  si 
la  base  est  en  même  pierre;  architecte,  M.  Caret  te; 

2°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Ronsele  (Flandre      fig"** 
orientale)  et  de  son  mobilier;  architecte,  M.  Geirnaerl; 

3*  Le  projet  concernant  la  restauration  de  la  chapelle    chaude 
de  Saint-Amand,  à  Mont-Saint-Amand  (Flandre  orientale);  Moal s'-AmMd- 
architecte,  M.  Nissens  ; 

4-  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Saint-  MJjSSmnm 
Pierre  (Luxembourg)  et  à  la  construction  d'une  sacristie  à 
cet  édifice;  architecte,  M.  Van  Gheluwe; 

5°  Le  projet  de  restauration  de  la  chapelle  de  Fisenne,      o^u» 
commune  de  Soy  (Luxembourg),  sous  la  réserve  que,  pour 
le  carrelage  du  chœur,  on  adoptera  la  pierre  du  pays  au 
lieu  de  la  céramique  ; 

6°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  couverture  ^g«««  *  Bouts», 
du  clocher  de  l'église  de  Boussu  (Hainaut);  architecte, 
M.  Bodson  ; 


de  Saint-Paul, 
h  Auvent. 


—  74  — 

dei^Sbo       7#  ^  Proiet  concernant  des  travaux  de  réparation  à 
exécuter  à  l'église  de  Beverloo  (Limbourg)  ; 
5l25Ml       8°  Le  projet  des  travaux  de  restauration  à  effectuer  en 
1903a  l'église  de  Saint-Paul,  à  Anvers;  architecte,  M.  Stuyck; 
de  weD        9°  ^e  ProJet  de  restauration  de  la  flèche  de  l'église  de 

Jesseren  (Limbourg);  architecte,  M.  Geirnaert; 
friue  de         |0°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés 

Sâiul-Rombauî,  r 

AMaliu"'  en  1900  et  1901  à  la  tour  de  l'église  de  Saint-Rombaut,  à 
Matines  (Anvers)  et  ceux  effectués  en  1901  au  vaisseau  du 
même  édifice. 
ggiiude  —  Il  a  été  procédé,  le  17  mars  1903,  à  l'inspection  de  la 
tour  de  l'église  de  Mannekensvere,  dont  le  classement  est 
sollicité. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  la  tour  dont  il  s'agit,  entiè- 
rement construite  en  belles  briques,  constitue  une  masse 
imposante  dont  le  caractère  architectural  accuse  bien  celui 
de  la  contrée  où  elle  s'élève.  Cet  édifice  parait  remonter  au 
commencement  du  xvie  siècle.  Son  intérêt  est  suffisant  pour 
qu'il  y  ail  lieu  de  le  ranger  dans  la  3e  classe  des  monuments 
du  culte. 

La  tour  de  Mannekensvere  réclame  des  travaux  de  res- 
tauration qui  n'atteindront  pas  un  chiffre  élevé,  mais  qui 
sont  de  la  plus  grande  urgence.  A  certaines  parties  des 
parements,  les  briques  se  détachent  ;  il  y  a  même  eu  déjà 
un  écroulement  partiel  au  glacis  supérieur  de  l'un  des 
contreforts.  Il  importe  que  les  travaux  de  réparation  soient 
encore  exécutés  pendant  la  présente  campagne. 

On  devra  se  garder  d'apporter  aucun  changement  ni 
aucune  ajoute  à  cette  belle  tour  qui  est  complète  telle  qu'elle 
est  aujourd'hui. 


—  7K  — 


—  Le  service  technique  provincial  ayant  attiré  l'attention 
sur  le  travail  de  restauration  du  pignon  du  transept  nord 
de  l'église  de  Ternath,  dont  l'appareil  lui  avait  paru  d'une 
hauteur  d'assises  trop  forte,  il  a  été  procédé  à  l'inspection 
de  ce  travail  le  19  mars  1903,  de  concert  avec  M.  Dumortier, 
membre  du  Comité  des  correspondants  du  Brabant. 

Il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  critiquer  cette  restau- 
ration. Les  assises  du  soubassement  et  des  contreforts  sont, 
en  effet,  assez  fortes,  mais  leur  hauteur  cependant  paraît 
conforme  aux  assises  primitives  si  l'on  en  juge  par  les  pierres 
anciennes  remises  en  œuvre  dans  les  parements. 

Il  est  à  remarquer  que  le  monument  tout  entier  est 
construit  en  appareil  très  irrégulier  et  très  disparate.  Les 
soubassements  et  les  contreforts  y  sont  généralement  établis 
en  appareil  plus  grand  que  les  autres  parements. 

La  teinte  claire  des  pierres  nouvelles  semble  seule  produire 
l'illusion  qui  a  attiré  l'observation  du  service  technique  pro- 
vincial. Elle  disparaîtra  promptement  par  suite  de  la  patine 
que  prendront  les  matériaux  neufs,  lesquels  sont  d'ailleurs 
de  très  bonne  qualité. 

La  seule  observation  qui  semble  pouvoir  être  produite, 
c'est  que  certaines  pierres  neuves  sont  un  peu  trop  lisses, 
ce  qui  résulte  du  sciage.  Il  y  aura  lieu  de  corriger  cet  aspect 
par  une  taille  imitée  de  l'ancienne. 

—  Il  a  été  procédé,  à  Tournai,  le  24  mars  1903,  à  l'examen 
du  projet  soumis  en  vue  du  dégagement  de  la  cathédrale  de 
cette  ville. 

MM.  Hubert,  Devillers,  Soil  et  Sonneville,  membres  du 
Comité  des  correspondants  de  la  province  du  Hainaut, 
assistaient  à  cet  examen. 


..  Sf,lse 

d«Tc 


ernatb. 


Cathédrale 
de  Tournai. 


—  76  — 

Le  tracé  des  dégagements  parait  bien  compris;  il  peut 
être  adopté.  Il  serait  utile,  toutefois,  d'étendre,  si  possible, 
l'expropriation  par  une  emprise  oblique  sur  les  deux  petites 
maisons  masquant  notablement  encore  la  vue  du  transept 
sud  au  spectateur  qui  se  trouve  sur  la  place  du  marché,  à 
proximité  du  beffroi. 

Il  semble  que  la  question  relative  à  l'établissement  de 
squares  devrait  être  réservée  jusqu'à  ce  que  les  travaux  de 
dégagement  soient  terminés.  On  jugera  mieux,  alors,  du 
parti  qu'il  conviendra  d'adopter  pour  ces  plantations.  Eo 
tous  cas,  il  parait  indispensable,  pour  la  place  devant  le 
transept  nord,  de  la  laisser  dégagée  le  plus  possible  en  vue 
de  la  facilité  de  la  circulation.  D'autre  part,  il  semble  que 
l'aspect  de  la  cathédrale  aurait  tout  à  gagner  si  on  dotait 
cette  place  de  quelques  arbres  de  haute  futaie,  plantés  irré- 
gulièrement, largement  espacés  entre  eux  et  suffisamment 
éloignés  de  la  cathédrale. 
ÉgtiM  —  Il  a  été  procédé,  sur  place,  le  26  février  4903,  à 

de  Notre-Dame, 

àBrngM.  l'examen  de  divers  projets  de  travaux  à  effectuer  à  l'église 
de  Notre-Dame,  à  Bruges,  Se  rapportant  notamment  à  la 
restauration  : 

1°  Des  voûtes  et  des  chapiteaux  des  colonnes  de  la  grande 
nef  et  du  chœur  ; 

2°  Du  portail  sud  ; 

3°  D'une  travée  du  collatéral  nord. 

MM.  le  baron  J.  Bethune,  le  chanoine  F.  Belbune,  van 
Ruymbeke  et  Van  der  Meersch,  membres  du  Comité  des 
correspondants  de  la  Flandre  occidentale,  étaient  présents. 

Il  résulte  de  l'examen  minutieux  auquel  il  a  été  procédé, 
qu'on  peut  poursuivre  le  dérochement  des  colonnes  et  des 


—  77  — 

chapiteaux  des  nefs  et  du  chœur»  mais  que  provisoirement 
les  chapiteaux  devront  être  conservés  tels  qu'ils  existent 
sans  restauration.  On  devra  avoir  soin  d'opérer  le  décrépis- 
sage avec  toutes  les  précautions  voulues  pour  respecter  les 
peintures  qu'on  pourrait  découvrir  sous  le  badigeon  et  dont 
de  nombreuses  traces  ont  déjà  été  remises  en  lumière.  On 
peut  également  continuer  le  dérochage  des  quelques  compar- 
timents des  voûtes  de  la  haute  nef  qui  ne  sont  pas  encore 
débadigeonnés.  Quant  à  la  question  de  savoir  s'il  n'y  aurait 
pas  lieu  de  remplacer  les  voûtes  hautes  en  maçonnerie 
substituées  au  xviii*  siècle  à  d'autres  du  xv9  siècle,  par  un 
lambrissage,  mode  de  couverture  primitive,  cette  question 
réclame  une  sérieuse  étude  en  présence  des  arcs-boulants 
du  xve  siècle,  lesquels  exerceraient  sur  les  murs  une  poussée 
qui  ne  serait  pas  suffisamment  conlrebuttée  par  le  lambris- 
sage. 

Celte  question  des  voûtes  est  encore  subordonnée  à  la 
restauration  de  la  façade  principale  à  l'intérieur  de  laquelle 
on  a  fait  des  découvertes  récentes  qui  nécessiteront  un 
remaniement  complet  du  projet  adopté  en  1900  pour  la 
restauration  de  ladite  façade. 

La  Commission  estime  que  les  voûtes  de  la  haute-nef 
doivent  être  conservées.  Le  triforium  sera  rétabli  d'après 
les  restes  retrouvés  du  côté  occidental  tant  à  l'extérieur  qu'à 
l'intérieur.  Le  projet  de  restauration  de  la  façade  devra 
comporter  deux  hypothèses,  soit  une  rosace  au-dessus  du 
triforium,  soit  une  baie  à  trois  lancettes;  on  pourra,  de  la 
sort*,  juger  à  quel  parti  il  convient  de  s'arrêter.  Il  se  peut 
que  de  nouvelles  découvertes  faciliteront  la  solution  du 
problème. 


—  78  — 

Le  projet  présenté  en  vue  de  la  restauration  du  portail 
sud  parait  bien  compris;  il  peut  être  adopté. 

Le  projet  de  restauration  de  la  première  travée  du  colla- 
téral nord  joignant  le  portail  est  également  bien  compris  et 
susceptible  d'être  mis  à  exécution.  On  devra  prendre  les 
mesures  de  précaution  nécessaires  pour  conserver  les  restes 
de  peinture  qui  se  remarquent  dans  les  arcatures. 

La  façade  principale  de  l'église  de  Notre-Dame  se  trouve 
dans  un  état  déplorable  qui  ne  peut  être  maintenu  plus 
longtemps.  Pour  cause  de  sécurité  publique,  on  a  été  obligé 
d'en  démolir  plusieurs  parties,  de  sorte  que  le  vénérable 
monument  présente  l'aspect  d'une  ruine.  Cette  situation, 
indigne  d'une  ville  comme  Bruges,  qui  est  visitée  par  de 
nombreux  étrangers,  doit  oesser  au  plus  tôt.  II  y  a  lieu,  en 
conséquence,  de  faire  dresser  immédiatement  le  projet  de 
restauration  de  cette  façade,  basé  sur  les  nouvelles  décou- 
vertes et  de  mettre  la  main  à  l'œuvre  sans  nouveau  retard. 

La  question  du  rétablissement  du  porche  occidental  pourra 
rester  en  suspens  jusqu'à  ce  que  l'on  se  soit  mis  complète- 
ment d'accord  avec  l'Administration  communale  sur  ce  point 
archéologique  d'une  haute  importance. 

Les  travaux  de  restauration  en  voie  d'exécution  à  l'église 
de  Notre-Dame  s'effectuent  dans  les  conditions  les  plus  satis- 
faisantes. Ils  rendent  à  ce  superbe  monument  l'aspect  sévère 
et  harmonieux  qu'il  avait  autrefois.  Le  résultat  déjà  obtenu 
est  des  plus  heureux  au  triple  point  de  vue  archéologique, 
pittoresque  et  artistique. 
éffH«  —  En  séance  du  3  janvier  1903,  la  Commission  a  procédé 

de  Dorante» 

à  l'examen  des  propositions  soumises  en  vue  de  la  conti- 
nuation de  la  restauration  de  l'église  de  Damme  et  des 


-  79  — 

rectifications  à  faire  aux  travaux  effectués  il  y  a  quelques 
années  dans  des  conditions  défectueuses. 

Après  avoir  entendu  en  conférence  M.  l'architecte  DeWulf, 
le  24  du  même  mois,  la  Commission  a  décidé  de  charger 
des  délégués  de  poursuivre  cet  examen  sur  place.  Celui-ci 
a  eu  lieu  le  26  février  suivant,  de  concert  avec  M.  van 
Ruymbeke,  membre  du  Comité  des  correspondants  de  la 
Flandre  occidentale. 

D'accord  avec  M.  l'ingénieur  en  chef  Vierendeel,  qui 
assistait  à  la  visite,  la  délégation  est  d'avis  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  renouveler  les  poutres-entraits  de  la  charpente  de  lia 
nef  centrale,  mais  qu'il  importe  d'établir  à  chaque  extrémité 
de  poutre  un  solide  ancrage  embrassant  les  deux  côtés 
latéraux  de  la  poutre  jusqu'au  poussard  en  descendant  sur 
la  face  postérieure  de  celui-ci  et  se  reliant,  en  passant  au 
travers  du  mur,  à  l'extrémité  inférieure  de  la  clef. 

Il  importera  de  renouveler  tes  sablières  défectueuses  et 
de  relier  solidement  toutes  les  sablières  avec  les  poutres- 
entraits;  de  rempiéter  soigneusement  tous  les  chevrons  qui 
ne  portent  pas  convenablement  sur  les  sablières. 

Pour  masquer  l'aspect  pauvre  des  poutres  et  des  bardeaux 
on  ne  saurait  admettre  le  palliatif  de  revêtements  en  plan- 
chettes de  chêne,  mais  on  aura  recours  à  la  polychromie  dont 
le  projet  devra  être  soumis  à  l'avis  des  autorités  compétentes. 
En  ce  qui  concerne  la  dislocation  de  la  maçonnerie  du 
haut  mur,  il  y  a  lieu  de  ne  rempiéter  que  ce  qui  est 
absolument  nécessaire.  On  profilera  de  ce  dernier  travail 
pour  restaurer  la  corniche  en  briques  anciennes  du  haut  mur 
au-dessus  du  collatéral  sud  qui  est  très  endommagée.  Celte 
réfection  est  évaluée  à  558  francs. 


—  80  — 

La  cloison  qui  clôture  l'extrémité  ouest  de  fa  nef  centrale, 
à  la  hauteur  du  berceau  ogival,  produit  un  mauvais  effet 
vue  de  l'intérieur  du  vaisseau  ;  il  faudra  la  reculer  jusqu'à 
la  dernière  ferme  et  prolonger  les  bardeaux  jusqu'à  celte 
ferme. 

Lors  de  la  construction  de  l'édifice,  on  a  fait  reposer  les 
tambours  des  colonnes  sur  des  tuileaux  pour  éviter  la  brisure 
des  pierres.  M.  l'architecte  De  Wulf  avait  émis  l'idée  de 
laisser  ces  tuileaux  apparents.  La  Commission  estime  que 
ceux-ci  ne  produiraient  pas  un  effet  satisfaisant;  il  convien- 
dra, en  conséquence,  d'opérer  le  rejointoyage  des  colonnes 
en  masquant  ces  tuileaux. 

Lorsqu'on  le  pourra,  il  faudra  remplacer  le  petit  granit 
employé  naguère  pour  la  consolidation  de  la  partie  en  ruine 
de  l'édifice  par  la  pierre  de  Tournai  seule  mise  en  œuvre 
dans  la  construction  primitive  Celte  partie  du  monument, 
d'un  haut  intérêt  archéologique,  est  trop  remarquable  pour 
qu'on  la  laisse  ainsi  défigurée  par  une  restauration  mala- 
droite. 

La  Commission  est  particulièrement  heureuse  de  constater 
que  les  travaux  qui  s'exécutent  actuellement  sont  en  bonne 
voie.  La  restauration  précédente,  confiée  à  des  mains  inha- 
biles, a  été  très  mal  faite  en  dépit  des  efforts  réunis  de  toutes 
les  autorités  compétentes.  Le  Collège  proposerait  volontiers 
de  la  refaire  si  le  travail  ne  devait  pas  entraîner  à  une 
dépense  qui  n'est  pas  compatible  avec  les  ressources  dont 
on  dispose. 

EgiiM  —  M.  le  chanoine  Van  Casier,  membre  du  Comité  des 

ï Man^i.*  correspondants  de  la  province  d'Anvers,  ayant  attiré  l'atten- 
tion de  la  Commission  sur  les  travaux  de  restauration  de  la 


—  84  — 

tour  de  l'église  de  Sainl-Rombaut,  à  Malines*  où  certaines 
réfections  loi  ont  paru  avoir  été  poussées  trop  loin  jusqu'ici, 
il  a  été  procédé,  le  12  mars  4903,  à  une  visite  des  liepx. 

MM.  Bilmeyer,  Donoet,  Van  Caster  et  Van  Leemputten, 
membres  du  Comité  des  correspondants,  assistaient  à  cette 
visite. 

Il  n'est  plus  possible  aujourd'hui  de  se  rendre  compte 
de  ce  qu'était  la  situation  avant  la  restauration  des  parties 
terminées.  Celles-ci  étant  ex  posées  au  sud  et  à  l'ouest  devaient 
nécessairement  être  plus  dégradées  que  celles  de  la  face 
nord  de  la  tour  à  laquelle  on  va  entreprendre  la  restauration 
du  dernier  contrefort.  Tout  ce  que  l'on  peut  dire»  c'est  qu'au 
contrefort  à  restaurer  de  ce  côté,  les  parements  unis  sont 
généralement  bien  conservés.   Les  cordons,  moulures  et 
larmiers  constituent  les  parties  les  plus  dégradées  et,  encore, 
ne  faudra-t-il  les  renouveler  que  partiellement  en  conservant 
les  fragments  qui  sont  encore  en  bon  état;  ceux-ci  serviront 
à  contrôler  l'exactitude  des  renouvellements  effectués.  En 
tous  cas,  aussi  bien  pour  les  panneaux  unis  que  pour  les 
moulures  et  sculptures,  il  importera  de  ne  remplacer  que 
les  pierres  absolument  frustes  dans  le  véritable  sens  du  mot. 
Les  petits  éclats  enlevés  à  certaines  pierres  d'angle  ne  consti- 
tuent pas  une  dégradation  suffisante  pour  nécessiter  une 
réfection  complète.  En  un  mot,  toutes  les  pierres  dont  les 
avaries  ne  sont  pas  de  nature  à  faire  disparaître  les  lignes 
architecturales  du  monument  doivent  être  respectées.  Tel 
est  d'ailleurs  également  l'avis  de  l'architecte  dirigeant  les 
travaux. 

Le  larmier  en  accolade  des  contreforts  de  la  tour  était 
primitivement  à  jour  et  relié  seulement  à  la  maçonnerie  par 


—  84  — 

sa  base  et  par  le  nœud  de  son  fleuron.  Celte  disposition,  qui 
n'a  pas  toujours  été  respectée  dans  les  réfections  antérieures, 
devra  l'être  dans  la  suite. 

Pour  le  rétablissement  de  la  balustrade  inférieure,  au  côté 
nord  de  la  tour,  on  devra  avoir  soin  de  prendre  pour  guide 
de  la  hauteur  à  lui  donner,  les  traces  qui  se  remarquent 
encore  dans  la  maçonnerie  des  contreforts.  Il  y  aura  lieu 
de  soumettre  le  projet  de  celte  balustrade  aux  autorités 
compétentes  préalablement  à  son  édification  et  de  se  tenir, 
pour  son  tracé,  dans  le  caractère  de  la  partie  du  monument 
qu'elle  doit  compléter;  la  balustrade  posée  au  côté  sud,  il  y 
a  quelques  années,  s'écarte  de  ce  caractère;  elle  «si  lourde 
et  son  style  laisse  beaucoup  a  désirer. 

M.  le  chanoine  Van  Caster  a  également  signalé  une  erreur 
commise  naguère  dans  la  restauration  des  deux  fenêtres 
au-dessus  du  grand  portail  où  le  dessin  des  tympans  ne 
reproduit  pas  fidèlement  l'ancien .  Les  baies  de  ces  fenêtres 
étaient  percées  obliquement  el  s'ouvraient  autrefois  à  égale 
distance  des  contreforts  dont  elles  n'étaient  séparées  que  par 
les  moulures  de  leurs  piédroits.  Les  meneaux  verticaux 
aussi  bien  que  ceux  du  tympan  suivaient  la  direction  oblique 
de  l'embrasure  des  baies.  Il  n'a  été  tenu  aucun  compte  de 
celle  disposition  originale.  Les  embrasures  extérieures  ont 
été  refaites  en  équerre  avec  la  façade  el  les  meneaux  ont 
subi  la  même  transformation.  Les  embrasures  intérieures, 
qui  ont  conservé  leur  direction  oblique,  permettent  de 
constater  celle  erreur.  Il  résulte  de  celte  malfaçon  que  la 
baie  n'est  plus  à  égale  distance  des  contreforts.  Elle  est 
serrée  contre  celui  du  milieu  au  point  de  n'avoir  plus  de 
piédroit  de  ce  côté,  tandis  qu'elle  ne  touché  plus  du  tout 


—  83  — 

le  contrefort  extérieur.  Elle  en  est  éloignée  de  toute  la 
largeur  du  piédroit  supprimé.  Le  fleuron  qui  couronne  le 
larmier  des  deux  fenêtres  visées  ne  se  trouvant  plus  au 
milieu  du  trumeau  accuse  d'autant  plus  nettement  l'erreur 
de  l'ordonnance  nouvelle. 

Il  est  regrettable  que  cette  malfaçon  n'ait  pas  été  signalée 
plus  tôt.  Il  y  a  lieu  de  faire,  dès  à  présent,  des  études  afin 
d'apporter  un  remède  à  cette  situation.  Le  Collège  attendra 
les  propositions  faisant  suite  à  ces  études. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  qu'il  importe  d'exercer  une 
surveillance  rigoureuse  dans  la  poursuite  des  travaux  qui 
restent  encore  à  effectuer  au  monument. 

La  Commission  a  prié  M.  le  Gouverneur  de  la  province 
d'Anvers  d'être  son  interprèle  auprès  du  Comité  des  corres- 
pondants et  en  particulier  auprès  de  M.  le  chanoine  Van 
Casier  pour  les  remercier  des  soins  qu'ils  apportent  dans 
l'accomplissement  de  leur  mission  et  les  féliciter  au  sujet 
tant  de  leurs  initiatives  que  de  leur  tact  dans  leurs  rapports 
avec  le  Collège. 

—  Dans  son  rapport  du  28  décembre  1901,  rendant      feu» 

rr  de  Saiiu-Vioccnt , 

compte  d'une  visite  des  travaux  de  restauration  en  voie  fc8ol«nlM- 
d'exécution  à  l'église  de  Saint-Vincent,  à  Soignies,  la  Com- 
mission a  signalé  le  plafond  en  bois  de  la  haute-nef,  dont 
l'aspect  est  pauvre.  Il  importera  de  remédier  à  ce  défaut  eh 
employant  des  couvre-joints  correspondant  à  des  poutres 
de  la  charpente.  Celles-ci  sont  très  rapprochées  l'une  de 
l'autre.  Elles  forment  lesentraits  de  fermes  d'une  charpente 
du  xie  siècle  admirablement  conservée,  grâce  peut-être  à  ce 
que  l'église  fut  recouverte  de  plomb  par  le  comte  de  Hainaut 
Baudouin  IV  dit  le  Bâtisseur  (f  2  novembre  1171)  ainsi  que 


—  84  — 

cela  résulte  du  texte  original  suivant  :  «  Ecclesiam  Sancti 
Vincentii  Senogiensis  plumbo  iexil.  •  Texte  extrait  des  Chro- 
niques de  Valenciennes  par  Jean  Doudelel  (manuscrit  n*  227 
de  la  bibliothèque  publique  de  Mons)  et  publié  par  le  savant 
correspondant  et  collègue  M.  Devillers  à  la  page  78  de  son 
Mémoire  histoi  ique  et  descriptif  sur  F  église  de  Sainte-  Waudru 
(Mons,  1857,  in-4')- 

Les  artistes  eussent  dû  personnellement  s'assurer,  sur  les 
lieux,  des  résultats  de  la  pose  d'un  premier  panneau  et 
appeler  à  leur  aide,  avant  d'achever  l'œuvre,  la  critique  et 
la  compétence  des  autorités.  Au  surplus,  celte  partie  du 
travail  n'a  pas  été  suffisamment  soignée  ainsi  qu'en  témoigne 
l'examen  attentif  du  plafond.  On  pourrailsans  doute  améliorer 
celui-ci  en  l'ornant  d'une  polychromie  bien  choisie. 

L'effet  actuel  étant  réellement  mauvais,  il  y  faut  remédier, 
sous  très  bref  délai,  dans  l'intérêt  de  l'art,  de  l'œuvre  et  de 
la  réputation  des  architectes  distingués  qui  y  ont  présidé. 

Les  nefs  de  l'église  de  Saint- Vincent  sont  aujourd'hui 
restaurées.  Il  convient  que  l'on  s'occupe  maintenant  du 
rétablissement  de  la  galerie  occidentale  dont  les  restes  ont 
été  découverts  au  rez-de-chaussée.  Les  architectes  devront 
étudier  ce  rétablissement  dans  deux  hypothèses,  soit  avec 
deux,  soit  avec  un  seul  pilier;  en  tous  cas,  il  est  nécessaire 
qu'ils  s'assurent  du  nombre  d'arcades  qu'il  y  avait  autrefois. 

En  vue  du  dégagement  de  la  grande  fenêtre  de  la  façade 
occidentale,  l'orgue  devra  être  déplacé;  on  est  d'accord  pour 
l'installer  dans  le  bras  sud  du  transept  devant  l'arcade 
s'ouvrant  sur  la  galerie  haute  ou  triforium. 

Le  conseil  de  fabrique  ou  tout  au  moins  l'un  des  plus 
distingués  de  ses  membres,  désirerait  voir  déplacer  la  m  bon 


—  85  — 

qui  se  trouve  adossé  au  transept,  où  il  masque  la  vue  du 
chœur,  et  l'installer  au  fond  du  bras  sud  du  transept.  II  s'agit 
ici  d'une  œuvre  remarquable  du  xvie  siècle  qu'il  serait  émi- 
nemment regrettable  de  voir  reléguer  dans  un  endroit  où 
elle  perdrait  une  grande  partie  de  sa  valeur  par  suite  d'un 
éclairage  défectueux.  Cet  édicule  doit  être  conservé  à  sa  place 
actuelle  dans  la  crainte  que  si  on  le  déplace  on  ne  se  voie 
obligé  de  le  ramener  au  lieu  où  il  est,  ainsi  que  cela  s'est 
produit  dans  d'autres  églises  anciennes.  H  serait  plus  pratique 
de  rechercher  si  l'ambon  n'était  pas  (ce  qui  est  peu  probable) 
autrefois  percé  de  deux  arcades  latérales;  dans  ce  cas,  il 
suffirait  de  les  ouvrir  pour  dégager  la  vue  vers  le  chœur. 
Toutefois,  ce  parti  entraînerait  la  disparition  ou  au  moins  le 
déplacement  des  parties  des  stalles  qui  font  retour  vers 
l'ambon.  Malgré  l'intérêt  qu'offrent  ces  stalles,  datant  de 
1676,  le  sacrifice  de  leurs  retours  se  justifierait,  jusqu'à  un 
certain  point,  par  les  nécessités  du  culte,  le  chœur  étant 
aujourd'hui  à  peu  près  complètement  soustrait  aux  regards 
des  fidèles. 

L'ambon,  les  stalles,  les  clôtures,  les  lambris  peints  et  le 
maitre-aulel,  quoique  appartenant  à  des  époques  différentes, 
forment  un  ensemble  qui  présente  un  réel  intérêt  historique 
et  artistique. 

Où  ne  doit  pas,  pour  compléter  la  restauration  de  l'édifice, 
faire  disparaître  cet  ensemble. 

Une  erreur  grave  serait  commise  si  l'on  voulait,  sous 
prétexte  de  logique  absolue,  ramener  l'édifice  exclusivement 
à  sa  simplicité  primordiale.  Autant  vaudrait  dire  qu'aucun 
siècle  n'a  compté  pour  l'achèvement  et  l'ornementation  de 
celte  belle  église,  hormis  celui  de  la  construction.  Sans 


—  86  — 

:  doute,  il  en  sera  ainsi  chaque  fois  que  le  dévelôppemeat 
historique  d'un  monument  aura  produit  des  œuvres  malheu- 
reuses. La  Commission  estime  que  ce  n'est  point  le  cas  ici. 

Si  des  remaniements  dans  le  chœur  et  le  transept 
deviennent  indispensables,  par  exemple  pour  le  rétablis- 
sement de  la  châsse  de  Saint- Vincent  sur  son  ancien  sup- 
port, au  fond  de  l'abside,  il  faudra  les  étudier  avec  les  plus 
grands  soins  et  soumettre  des  propositions  motivées  avant 
de  rien  décider  à  cet  égard. 

Le  Collège  aime  à  reconnaître  que  tons  les  travaux  de 

restauration  exécutés  à  l'extérieur  du  monument  ont  été 

effectués  dans  la  perfection.  Il  est  heureux  d'en  féliciter  les 

auteurs. 

collégiale        —  Il  a  été  procédé,  le  7  et  le  20  avril  1903,  dans  l'église 

de  Nivelles.  i  •         ■  ■  • 

collégiale  de  Nivelles,  à  l'examen  des  simulacres  du  maître- 
autel  de  cet  édifice  et  du  support  de  la  châsse  de  Sainie- 
Gertrude. 

M.  Hanon-de  Louvet,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants du  Hrabant,  assistait  à  ces  visites;  H.  Licol,  était 
présent  à  la  seconde. 

Étant  donnés  le  niveau  du  chœur  et  celui  des  banquettes 
en  pierre  qui  régnent  le  long  des  murs,  le  pavement  doit 
être  établi  à  un  niveau  inférieur  d'environ  15  à  20  centi- 
mètres à  celui  où  se  trouve  installé  le  simulacre  de  l'autel. 

Il  conviendra  de  ne  donner  à  la  table  de  l'autel  qu'une  hau- 
teur d'un  mètre  et  de  réduire  un  peu  la  hauteur  du  retable, 
ce  qui  donnera  plus  d'élégance  à  l'ensemble  du  meuble. 

Pour  le  support  de  la  châsse,  il  est  désirable  que  Ion 
recherche  et  que  l'on  utilise  tous  les  fragments  qui  en  pro- 
viennent, notamment  les  bases  de  groupes  de  colonnettes, 


—  87  — 

les  pierres  reliant  ces  basés  entre  elles,  etc.  Il  se  peut  qu'au 
moyeu  de  ces  fragments  on  arrive  à  déterminer,  d'une 
façon  à  peu  près  certaine,  les  dimensions  en  longueur  et  en 
largeur  de  ce  support,  ou  tout  au  moins  Tune  de  ces  dimen- 
sions. 

Un  support  sera  établi  dans  le  chœur  du  côté  de  l'Évan- 
gile, ainsi  que  l'avait  proposé  feu  le  baron  Jean  Bethune 
dès  1877;  la  châsse  y  sera  installée  dans  son  enveloppe, 
avec  son  grand  axe  parallèle  à  l'axe  longitudinal  de  l'église. 
La  galerie  gothique  en  cuivre  existante  sera  fixée  de  nouveau 
au  sol  et  gardera  le  support,  qu'elle  entourera,  contre  les 
indiscrétions  ou  les  maladresses  des  visiteurs.  Une  partie 
mobile  devra  être  ménagée  dans  celte  clôture  ou  garde- 
corps.  Elle  ne  devra  être  cantonnée  que  de  quatre  pilastres. 
S'il  le  faut,  on  complétera  les  panneaux  en  cuivre. 

Un  autre  support  sera  établi  derrière  l'autel  de  façon  que 
la  châsse  puisse  être  exposée  aux  grandes  fêtes  ;  elle  sera 
disposée  avec  son  grand  axe  établi  suivant  Taxe  longitudinal 
de  l'église,  en  manière  telle  qu'elle  repose  d'un  côté  sur 
l'autel  et  de  l'autre  côté  sur  le  support  mentionné  en  second 
lieu.  Les  pèlerins  pourront  passer  sous  le  corps  de  la  sainte 
dans  le  sens  perpendiculaire  à  celui-ci. 

Les  architectes  devront  modifier  leur  projet  dans  le  sens 
des  instructions  précédentes  adoptées,  après  un  débat  appro- 
fondi, à  l'unanimité  des  voix  et  le  soumettre,  à  bref  délai, 
à  l'examen  de  la  Commission. 

Par  la  même  occasion,  les  architectes  ont  soumis  à  la 
délégation  le  plan  de  restauration  du  transept.  La  Commis- 
sion est  d'avis,  à  l'unanimité,  qu'il  ne  faut  point  maintenir, 
dans  une  très  grande  partie  du  transept,  des  constructions 


—  88  — 

destinées  à  conserver,  au-dessus  d'un  escalier  d'entrée  de 
la  crypte,  one  voûte  dont  l'époque  (le  xinf  siècle,  dit-on) 
n'est  rien  moins  que  certaine.  Cette  même  voûte  n'existe 
plus  du  côté  sud.  Elle  n'y  a  même,  semble-t-il,  jamais  existé; 
on  devrait  donc  encombrer  le  bras  sud  du  transept  de 
constructions  tout  à  fait  nouvelles. 

Restent  trois  autres  projets  pour  le  raccordement  du  chœur 
et  du  transept,  le  premier  se  composant  de  deux  escaliers 
descendant  à  droite  et  à  gauche  du  chœur  avec  un  autel  aa 
milieu  ;  le  second  comprenant  un  escalier  central  avec  deux 
autels  de  chaque  côté  ;  enfin,  le  troisième  élargirait  quelque 
peu  cet  escalier  central  et  supprimerait  tout  autel  adossé  au 
mur  de  chute  établi  entre  le  sol  du  chœur  par-dessus  la 
crypte  et  le  sol  de  l'église. 

La  Commission  est  unanimement  d'avis  que  le  troisième 
projet  prémentionné  doit  être  adopté.  La  question  de  réta- 
blissement des  autels  latéraux  est  réservée.  On  pourra  toujours 
la  résoudre  plus  tard,  s'il  en  est  besoin. 

La  Commission  estime  que  l'entreprise  de  la  restauration 
du  chœur  et  du  transept  de  la  célèbre  collégiale  nivelloise 
fera  honneur  au  conseil  de  fabrique  et  au  conseil  communal 
qui  l'ont  ordonnée  aussi  bien  qu'aux  artistes  qui  l'ont  conçue 
et  à  l'entrepreneur  qui  l'a  réalisée  sous  la  haute  surveillance 
des  autorités. 

Ije  Secrétaire, 
A.  Màssaux. 

Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

le  Président, 

CH.   LàGA88E-D£  LOCHT. 


•\  1  .  » 

i       i 


RAPPORT 

■  •  .î    .  -  ■  .  •.:.■•  v-  ■■». 

SUR  LES  RECHERCHES  ET  LES  FOUILLES  FAITES  EN  1897, 
EN  1898  ET  EN  1899,  AU  PROFIT  DE  LA  SECTION  DE  LA 
BELGIQUE  ANCIENNE  DES  HUSÉES  ROYAUX  DU  CINQUANTE- 
NA1RE. 


M.  Louis  Gavens  nous  ayant  continué  ses  libéralités,  nous 
avons  pu  poursuivre,  durant  les  années  1897,  1898  et  1899, 
la  série  des  fouilles  commencée  en  1895-96  (i).  ; 


Les  recherches  et  les  fouilles  dont  notfs  allons  rendre 
compte,  ont  porté  sur  des  points  1res  distincts  de  noire 
territoire;  nous  avons  même  été  amené,  par  suite  de 
circonstances  favorables  et  aux  fins  d'une  étude  compa- 
rative, à  faire  une  fouille  hors  du  pays. 
:  Il  nous  a  été  donné  d'explorer  un  cimetière  belgo-romain 
et  un  cimetière  franc  à  Mierchamps;  de  pratiquer  des  fouilles 
à  Saint-Mard,  au  pied  des  roches-polissoirs  du  Brusél; 
d'étudier  les  marchets  de  Hotton,  de  Hampteau,  de  Resteigne 
et  de  la  forêt  de  Freyr;  d'examiner  à  nouveau  les  Pierres- 
du- Diable,  de  Forrières  ;  de  relever  les  (races  d'un  cimetière 
de  l'âge  du  fer  complètement  saccagé,  à  Conlich;  de  mettre 
au  jour  les  restes  d'un  foyer  paléolithique,  à  Ottenbourg,  et 


(i)  Voir  dans  les  Annales  de  la  Société  d?  Archéologie  de  Bruxelles, 
t.  XII,  1898,  p.  412,  le  rapport- qui  a  été  publié  sur  les  recherches  et  les 
fouiUes  faites  en  1895  et  en  1896.  > 


—  90  — 


de  Taire,  enfin,  quelques  fouilles  à  Solutré,  à  l'emplacement 
du  gisement  classique  du  Cro-du-Charnier. 

D'autre  part,  le  docteur  Tihon  a  fouillé  pour  nous  une 
grotte  à  La  Reid,  une  autre  à  Heyd  et  une  troisième  à 
Cornesse. 

Comme  on  le  verra,  le  résultat  de  ces  recherches  et  de 
ces  fouilles  ne  laisse  pas  d'être  satisfaisant,  tant  au  point  de 
vue  des  constatations  quelles  ont  permis  de  faire,  qu'à 
l'égard  des  trouvailles  mêmes,  qui  sont  venues  enrichir, 
dans  une  certaine  proportion,  notre  galerie  de  la  Belgique 
ancienne. 

Exploration  d'un  cimetière  belgo-romain  à  M ier champs y 

commune  de  Beausaint  (i). 

Le  territoire  de  la  commune  de  Beausaint  est  traversé, 
du  sud  au  nord,  par  un  embranchement  de  la  route  romaine 
de  Trêves  à  Bavay. 

Cet  embranchement,  qui  se  dirige  vers  Ton  grès,  est 
souvent  désigné  sous  le  nom  de  c  voie  de  Tongres  à  A  ri  on  »; 
mais  dans  le  pays  on  l'appelle  communément  la  chaussée 
des  Diales  ou  le  Vi  tchmin  (*). 

* 
*  * 


(0  Province  de  Luxembourg,  arrondissement  de  Marche,  canton  de 
Laroche. 

(i)  Annales  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques 
et  des  œuvres  d'art  dans  la  province  de  Luxembourg*  1849-1850  et  1850-1851, 
pp.  188  et  buiv.  —  C.  Van  Debsel,  Topographie  des  voies  romaines  de  le 
Belgique,  p.  24.  —  Publications  de  l'Institut  archéologique  du  Luxem- 
bourg, 1892,  t.  XXVI  des  Annales,  p.  476.  —  Annales  de  la  Société** Ar- 
chéologie de  Bruxelles,  t.  XII,  1898,  p.  4g4. 


—  91  — 

Le  cimetière  qui  fait  le  sujet  de  cette  note  est  sitqé  entre 
la  chaussée  des  Dtafa-etie  petit  village  de  Mierchamps,  au 
lieu  dit  Sur  le  Monly,  à  environ  700  mètres  de  la  voie 
antique,  sur  un  versant  très  sec  un  peu  exposé  au  midi. 

Les  tombes,  de  petites  dimensions  et  pauvres,  étaient  a» 
nombre  de  quarante-quatre. 

Nous  avons  constaté  que  la  plupart  d'entre  elles,  presque 
toutes  celles  en  dalles  notamment,  avaient  déjà  été  fouillées, 
mais  nous  ignorons  à  quelle  époque  et  par  qui  ces  fouilles 
ont  été  faites. 

Tombes  n°*  I,  2,  3,  4  et  5.  —  Ces  tombes  fouillées  et 
démolies  antérieurement,  avaient  été  construites  en  dalles. 
Nous  n'avons  rencontré,  à  l'emplacement  de  chacune  d'elles, 
que  des  débris  d'os  humains  calcinés  et  des  fragments  dé 
poteries. 

Tombe  n°  6.  —  Elle  mesurait  0*60  de  longueur,  0m4S  de 
largeur  et  0*35  de  profondeur.  Nous  n'y  avons  plus  trouvé 
que  des  débris  d'os  humains  calcinés  et  quelques  morceaux 
de  vases  en  terre. 

*  ■ 

Tombe  n°  7.  —  Les  dimensions  de  cette  tombe,  construite 
en  dalles,  étaient  les  suivantes  :  longueur,  Om45;  largeur, 
0*45  ;  profondeur,  0*50.  Bien  qu'ayant  été  fouillée  jadis, 
nous  y  avons  encore  trouvé,  sur  la  dalle  du  fond,  une 
monnaie  (grand  bronze  de  Faustine  Mère,  104-141),  les 
débris  d'un  objet  en  fer  et  des  fragments  d'os  humains 
calcinés. 

Tombes  n"  8,  9,  10,  11  et  12.  —  Fouillées  et  démolies 
complètement  par  nos  devanciers. 


—  92  — 

Tombe  n°  13.  —  Cette  tombe,  qui  avait  été  Touillée  jadis, 
mais  dont  les  quatre  dalles  de  côté  et  le  fond  étaient  restés 
en  place,  ne  contenait  plus  que  des  débris  d'os  humains 
calcinés.  Elle  mesurait  0m60  de  longueur,  0m60  de  largeur 
et  0*45  de  profondeur. 

Tombes  n"  14,  15,  16  et  17.  —  Fouillées  et  démolies 
antérieurement. 


Tombe  n°  18.  —  Elle  était  construite  en  dalles  et  mesurait 
0*47  de  longueur,  0m55  de  largeur  et  0n40  de  profondeur. 
Elle  avait  été  fouillée  autrefois,  mais  une  monnaie  (grand 
bronze  de  Trajan,  98  à  117),  des  débris  d'os  humains 
calcinés  et  des  fragments  de  poteries  étaient  restés  dans  le 
fond. 

Tombe  n°  19.  —  Fouillée  antérieurement  et  presque 
entièrement  démolie.  La  dalle  de  fond  seule  était  restée  en 
place. 

Tombe  n°  20.  —  Tombe  non  dallée,  mesurant  Om60  de 
longueur,  0m48  de  largeur  et  Om64  de  profondeur.  Elle 
contenait  les  objets  suivants  : 

Deux  urnes  frustes,  en  terre  noire. 

Une  cruche  (lagenà)  à  une  anse,  en  terre  de  couleur 
orange,  de  0m175  de  hauteur  et  de  0m125  de  largeur  à  la 
panse. 

Une  jolie  patère  en  terre  rouge  vernissée,  portant,  à  la 
place  habituelle  du  sigle,  une  rosace,  et  mesurant  Oral  45  de 
diamètre  et  0m033  de  hauteur.  Sur  celle  patère  se  trouvait 
une  monnaie  (moyen  bronze  de  Faustine  Mère,  104-141). 

Une  petite  fibule  en  bronze  émaillé,  de  0*031  de  longueur. 


—  95  — 

Une  jolie  petite  fibule  en  bronze  ciselé  et  émaillé,  de 
0"042  de  longueur  (i). 

Ces  deux  fibules  se  trouvaient  dans  le  fond  de  la  tombe, 
mélangées  aux  débris  d'os  humains  calcinés. 

Tombe  nc  21 .  —  Déjà  fouillée  anciennement.  Nous  y  avons 
recueilli  encore,  avec  des  charbons  de  bois  et  des  débris 
d'os  humains  calcinés,  une  petite  coupe  en  terre  rouge 
vernissée,  bien  conservée,  mesurant  0*045  de  hauteur  et 
0m078  de  diamètre  d'ouverture. 

Tombes  rtot  22  à  27.  —  Fouillées  et  démolies  anté- 
rieurement. 

Tombe  n°  28.  —  Elle  mesurait  environ  Om35  de  côté  et 
contenait  un  vase  fruste  en  terre  noire  ;  une  cruche  (lagena) 
en  terre  de  couleur  jaune,  à  une  anse,  de  0m21  de  hauteur 
et  de  Om21  de  largeur  à  la  panse;  une  petite  jatte  en  terre 
rouge  vernissée,  de  0*052  de  hauteur  et  de  0m090  de 
diamètre  d'ouverture;  une  fibule  en  bronze  émaillé  de  forme 
losangée,  ayant  subi  l'action  du  feu  ;  quelques  clous  et  des 
débris  d'os  humains  calcinés. 

Tombe  n°  29.  —  Cette  tombe,  formée  de  petites  dalles 
posées  de  champ,  avait  0m32  de  profondeur  et  contenait 
une  coupe  en  terre  de  couleur  orange  et  un  joli  vase  en 
terre  rouge  à  couverte  noire,  de  Om077  de  hauteur,  de 
0*055  de  largeur  à  la  panse  et  de  Om036  de  diamètre 
d'ouverture.  Sur  le  fond  de  la  tombe  étaient  de  petits  mor- 


(i)  Le  musée  de  Namur  (bijoutière  À,  11)  possède  deux  fibules  identiques 
provenant  des  tombes  du  cimetière  des  Villées,  à  Perzée  (i*r,  n"  et 
ni*  siècles). 


—  94  — 

ceaux  d'os  humains  calcinés»  des  cendres  et  des  charbons 
de  bois. 

Tombe  n°  30.  —  Fouillée  antérieurement.  Une  monnaie 
(moyen  bronze  de  Trajan,  98  à  117)  a  été  retrouvée  par 
nous  dans  les  déblais. 

Tombe  n°  31 .  —  Fouillée  antérieurement.  Nous  n'y  avons 
retrouvé  que  des  morceaux  de  plateau  ou  de  coupe  en  terre 
rouge  vernissée. 


Tombes  n"  32,  33,  56,  38,  39,  40,  41  et  42.  —  Fouillées 
et  démolies  antérieurement. 

Tombe  n°  34.  —  Représentée  par  une  toute  petite  fosse 
creusée  dans  le  sol,  contenant  une  urne  fruste  renfermant 
des  débris  d'os  humains  calcinés  et  des  cendres.  Cette  urne 
était  recouverte  d'un  fond  de  pot  très  large  en  terre  gros- 
sière. 

Tombe  k°  35.  —  Celte  tombe,  fouillée  antérieurement, 
mesurait  0ra80  de  profondeur.  Elle  contenait  encore  :  une 
jolie  patère  en  terre  rouge  vernissée,  portant  le  sigle  connu 
MERCATOR  et  mesurant  0m165  de  diamètre  et  0-045  de 
hauteur. 

Une  petite  jatte,  également  en  terre  rouge  vernissée,  de 
0"O50  de  hauteur  et  de  0*090  de  diamètre  d'ouverture. 

Deux  petites  fibules,  à  peu  près  identiques,  en  bronze 
ciselé,  de  forme  ansée  et  du  type  le  plus  habituel. 

Des  débris  d'os  humains  calcinés. 

Tombe  n°  37.  —  Elle  était  formée  de  dalles  et  mesurait 
0m35  de  longueur  sur  Om28  de  largeur.  Elle  avait  été  fouillée 


—  95  — 

antérieurement.  Nous  n'y  avons  plus  trouvé  que  des  débris 
d'os  humains  calcinés  et  des  fragments  de  poteries  éparpillés 
sur  le  fond. 

Tombe  n*  43.  —  Cette  fosse,  déjà  visitée  antérieurement, 
n'avait  jamais  été  garnie  de  dalles.  Un  joli  petit  vase  en 
terre,  à  parois  minces,  à  couverte  brune,  de  0ro093  de 
hauteur  et  de  0mO53  de  diamètre  d'ouverture  portant  à  la 
panse  une  série  de  dépressions  ou  de  fossettes  de  la  largeur 
du  pouce,  était  resté  en  place.  Une  monnaie  (moyen-bronze 
d'Antonin-le  Pieux,  138  à  161)  fut  retrouvée  dans  les 
déblais. 

Tombe  n°  44.  —  Celte  dernière,  bien  que  fouillée  déjà 
auparavant,  nous  a  encore  fourni,  avec  des  débris  d'os 
humains  calcinés,  une  petite  jatte  en  terre  rouge  jadis 
vernissée,  mesurant  0n058de  hauteur  et  0m093  de  diamètre. 


* 
*  * 


Conclusions  :  Les  cinq  pièces  de  monnaie  (deux  Trajan , 
deux  Faustine  Mère  et  un  Anlonin  Pie)  que  nous  avons  pu 
glaner  encore  dans  ces  tombes  déjà  fouillées,  semblent 
indiquer  que  l'antique  cimetière  du  Monly  a  surtout  servi 
durant  la  première  moitié  du  n9  siècle. 

Ce  champ  de  repos  renfermait  les  restes  d'une  population 
dont  rien  n'est  venu  nous  indiquer  les  ressources  ni  le  genre 
d'occupation,  mais  qui  ne  parait  pas  avoir  été  plus  riche 
que  ne  l'est  celle  qui  habile  aujourd'hui  ce  même  coin 
d'Ardenne. 


—  96  — 

i 

Exploration  dun  cimetière  franc  à  M  ter  champs  y 

commune  de  Beausaint. 

Ce  cimetière,  dont  l'existence  était  connue  depuis  long- 
temps (t),  est  situé  à  peu  de  distance  du  précédent,  dans 
le  village  même. 

Les  tombes  que  nous  y  avons  ouvertes  étaient  construites 
en  dalles,  et  dataient,  suivant  toute  apparence,  des  derniers 
temps  de  l'époque  franque. 

Elles  ne  renfermaient  pas  de  mobilier  et  nous  n'y  avons 
rencontré  que  quelques  clous. 

Fouilles  au  pied  des  roches-polissoirs  du  «  Brusel  > 

à  Saini-Mard  (*), 

Ces  blocs  de  grès  tertiaire,  au  nombre  de  dix,  de  volume 
variable,  de  couleur  gris-rosàire,  couverts,  par  places,  de 
mousse  et  d'une  sorte  de  lichen,  gisent  çà  et  là,  presque 
complètement  enterrés  dans  le  sol  d'une  prairie,  au  lieu  dil 
le  Trou  Ario  ou  Hario  à  255  mètres  d'altitude,  sur  la  rive 
gauche  et  tout  près  d'un  petit  ruisseau  appelé  le  Brusel, 
affluent  de  la  Basse- Vire,  à  4,900  mètres  sud-est  de  l'église 
du  village  de  Saini-Mard,  et  à  350  mètres  de  la  lisière  du 
bois  de  Lahan  ou  bois  de  Saini-Mard  dans  lequel  le  Brusef 
prend  sa  source. 

Ils  n'ont  aucune  forme  déterminée,  n'offrent  aucune  trace 


(i)  En  effet,  G.-F.  Pbat  en  faisait  mention  déjà  dans  le  premier  volume 
des  Annales  de  ta  Société  pour  la  conservation  des  monuments  historiques 
et  des  œuvres  d'art  dans  la  province  de  Luxembourg,  1849-1850  et  1850-1851. 
p.  136. 

(t)  Prorince  de  Luxembourg,  arrondissement  et  canton  de  Virton. 


—  97  — 

de  taille,  et  la  main  de  l'homme  est  étrangère  à  leur  grou- 
pement en  cet  endroit,  qui  est  purement  accidentel.  Ils  sont 
engagés  dans  les  alluvions  du  ruisseau.  Ce  sont  des  blocs 
naturels,  des  roches  dénudées  descendues  à  ce  niveau 
pendant  la  période  géologique  ou  le  large  fleuve  aux  eaux 
rapides  représenté  aujourd'hui  par  l'étroite  et  paisible  rivière 
qui  a  nom  la  Basse-Vire,  creusa  sa  vallée  d'érosion. 

*  * 

Trois  de  ces  blocs  présentent  le  plus  grand  intérêt  au 
point  de  vue  de  la  technologie  préhistorique.  Les  surfaces 
lisses,  les  cuvettes  et  les  rainures  à  fond  et  à  parois  d'un 
poli  excessivement  doux,  qu'on  y  observe,  témoignent,  en 
effet,  d'une  façon  incontestable,  de  leur  utilisation  exclusive 
comme  pierres  à  polir  le  silex  et  les  roches  dures  à  l'époque 
néolithique  (i). 

Ils  font  l'objet  de  diverses  légendes  : 

C'est  là  que  se  rassemblent  certaines  nuits,  les  sorciers, 
les  fées  et  les  mauvais  génies  du  voisinage  pour  se  livrer  à 
leurs  ébats. 

Les  surfaces  lisses  et  luisantes  sont  des  glissoires  où  les 
fées  s'amusent  comme  de  véritables  enfants.  Les  stries  et 
les  rainures  marquent  la  place  où  elles  déposent  habituel- 
lement leurs  baguettes  enchantées. 

L'homme  sans  tête  qui  dirige  la  «  haute  chasse  »  nocturne 
au  travers  des  bois,  vient  souvent  visiter  ces  cailloux. 


(«)  C'est  à  M  Sondag,  inspecteur  cantonal  de  l'enseignement  primaire, 
i  Virton,  aujourd'hui  décédé,  que  revient  le  mérite  d'avoir  signalé  le 
premier  ces  intéressants  monuments  à  l'attention  des  palethnologues. 
{Institut  archéologique  du  Luxembourg,  t.  XXII 1  des  Annales,  p.  324.) 


—  98  — 

Enfin,  on  entend  parfois  dans  ces  lieux  hantés  un  tinta- 
marre infernal. 

*  * 

Le  premier  en  montant  vers  le  bois,  d'une  forme  très 
irrégulière,  mesure  2"80  de  longueur  sur  environ  0*60  de 
largeur  et  dépasse  le  sol  de  0m25  à  0m30.  Il  présente  deux 
surfaces  polies  résultant  du  frottement,  et  deux  cavités 
naturelles,  oblongues,  peut-être  un  peu  retouchées,  assez 
profondes,  ou  s'amasse  l'eau  de  pluie.  C'est  le  moins  inté- 
ressant. 

*  * 

Le  second  est  situé  à  J2  mètres  du  premier.  Il  n'est  pas 
aussi  irrégulier  que  celui-ci  et  mesure  ln95  de  longueur 
sur  1m55  de  largeur.  Sa  hauteur,  au-dessus  du  sol,  est  de 
0m20  environ.  Il  porte  une  grande  dépression  centrale,  cinq 
cuvettes  elliptiques  et  trois  rainures  anguleuses,  le  tout  parfai- 
tement défini,  à  parois  et  à  fond  très  unis,  provenant  d'usure. 

Les  cuvettes  ont  été  produites  insensiblement  par  le  polis- 
sage des  faces  larges  des  haches,  les  rainures  par  le  polissage 
de  la  tranche. 

*  * 

Le  troisième  n'est  qu'à  5m50  du  second.  C'est  un  bloc 
très  irrégulier  de  2m20  de  longueur  sur  2  mètres  de  largeur 
environ.  Sa  hauteur  visible  au-dessus  du  sol  est  de  0m50  en 
moyenne.  Vers  le  milieu  est  une  anfractuosité  naturelle  qui 
semble  toutefois  avoir  été  agrandie  et  régularisée  par  la 
main  de  l'homme.  Elle  est  de  forme  ovale  et  mesure  0m50 
de  longueur,  0m27  de  largeur  et  0m3O  environ  de  profondeur. 

Dans  le  voisinage  immédiat  de  celte  cavité  centrale 


—  99  - 

existent  une  surface  polie,  huit  cuvettes  elliptiques  et  six 
rainures  plus  ou  moins  longues. 

Nous  avons  pratique  des  fouilles  autour  de  ces  trois 
blocs  (i). 

Ces  fouilles,  très  gracieusement  autorisées  par  le  proprié- 
taire du  terrain,  M.  Louis  Siméon,  nous  ont  permis  de  faire 
quelques  constatations  intéressantes  : 

Presque  entièrement  dégagé,  le  premier  bloc  mesurait 
4  mètres  de  longueur  et  environ  9  mètres  de  largeur.  Au 
cours  de  ce  travail  de  dégagement,  nous  avons  recueilli,  en 
des  points  différents  et  à  très  peu  de  profondeur  autour  du 
bloc,  deux  tessons  de  poterie  fort  grossière,  de  couleur  rou- 
geâtre,  ayant  appartenu  à  de  grands  vases  aux  parois  épaisses, 
faits  à  la  main;  un  fragment  d'os  excessivement  ancien;  un 
gros  morceau  de  grès  à  cassures  concoïdales,  dont  on  semble 
avoir  enlevé  méthodiquement  des  éclats;  un  fragment  de 
carreau  en  terre  cuite  et  quelques  tessons  de  vases  romains. 

Les  dimensions  du  deuxième  bloc,  après  son  dégagement 
presque  complet,  étaient  les  suivantes  :  longueur,  3m40; 
largeur,  3  mètres.  Nous  n'avons  rencontré,  près  de  ce  bloc, 
que  deux  fragments  de  poterie  romaine  gisant  à  Une  faible 
profondeur. 

Le  troisième  bloc,  mis  à  nu  presque  complètement, 
présentait  des  dimensions  moindres  que  celles  des  deux  blocs 
précédents.  Il  ne  mesurait,  en  effet,  que  2"50  de  longueur 
et  9  mètres  de  largeur. 


(i)  En  août  1897. 


*  * 


—  100  — 

Nous  avons  recueilli,  éparpillés  autour  de  ce  bloc,  mais 
toujours  à  très  peu  de  profondeur,  deux  petits  fragments  de 
poterie  excessivement  grossière  présentant  l'aspect  de  la 
poterie  préhistorique,  deux  morceaux  de  tegulœ  et  quatre 
tessons  de  poterie  romaine. 

Les  trois  blocs  étudiés  ne  semblaient  pas  reposer  entière- 
ment dans  les  alluvions  du  ruisseau. 

Nous  disons  ne  semblaient  pas,  car  l'eau  d'infiltration  qui, 
lorsque  nous  étions  arrivé  à  une  certaine  profondeur,  vint 
régulièrement  envahir  nos  tranchées,  nous  empêcha  de  pour- 
suivre plus  avant  encore  nos  investigations.  Nous  n'avons 
donc  pu  constater  d'une  façon  positive  si  les  blocs  reposaient 
sur  le  sol  primitif  ou  si  les  mêmes  alluvions  existaient 
également  en  dessous  d'eux.  Cependant,  au  dire  de  notre 
fouilleur  Jean  Godelaine,  homme  très  expérimenté,  le  terrain 
semblait  devenir  plus  ferme  sous  les  blocs. 

En  tout  état  de  cause,  ces  alluvions  sont  très  anciennes 
et  l'émergence  des  blocs  ne  devait  pas  être  beaucoup  plus 
forte  à  l'époque  néolithique  que  de  nos  jours.  Nous  n'avons 
constaté,  en  effet,  aucune  trace  d'utilisation,  aucune  surface 
polie,  aucune  cuvette  ni  aucune  rainure  nouvelles  sur  les 
parties  des  blocs  situées  en  dessous  du  niveau  du  sol  actuel 
et  mises  au  jour  par  nous. 

*  * 

Conclusion  :  l'opinion  exprimée  en  1899  au  congrès 
d'Arlon  (i)  que  ces  pierres  ont  aussi  servi  de  meules  dor- 


(i)  Compte  rendu  des  travaux  du  quatorzième  congrès  de  la  Fédération 
archéologique  et  historique  de  Belgique  tenu  à  Ârlon,  du  30  juillet  au 
2  août  1899,  pp.  16  et  30. 


—  401  — 

mantes;  qu'elles  proviennent  des  sommets  et  que  c'est  là 
qu'elles  furent  employées  par  les  hommes  de  la  préhistoire, 
et  que  ce  n'est  que  plus  tard  qu'elles  furent  etitraînées  dans 
la  vallée  (sic)  nous  parait  donc  bien  hasardée. 

Ijes  <  M  archets  *. 

Le  vulgaire  entend,  par  le  mot  marchet,  dans  le  Namurois 
surfont,  un  amoncellement  quelconque  de  pierres. 

Le  cultivateur  qui  crée  un  nouveau  champ  ou  améliore 
son  terrain,  rassemble  à  l'écart  les  pierres  qui  empêchent 
ou  gênent  la  culture  :  il  fait  ainsi  un  marchet. 

Mais  à  côté  de  ces  marchets  modernes  on  rencontre 
également  des  amas  de  pierres  fort  anciens,  de  forme  toujours 
plus  ou  moins  circulaire  et  de  largeuret  de  hauteur  variables, 
indistincts  des  autres  pour  un  œil  peu  exercé.  Ce  sont  des 
monuments  antiques. 

Les  uns  recouvrent  une  tombe  à  inhumation  :  près  du 
squelette  se  voient  quelques  débris  de  poterie  grossière  et 
parfois,  mais  très  rarement,  un  peu  de  brome. 

D'autres  renferment  une  sépulture  à  incinération.  Les 
deux  modes  se  rencontrent  aussi  dans  le  même  marchet. 
Il  n'est  pas  rare  d'y  recueillir  également  des  fragments  de 
poterie  romaine,  mais  jamais  de  silex  mêlés  au  dépôt 
funéraire. 

En  outre,  certains  marchets  ont  été  élevés  sur  des  empla- 
cements de  cabanes  ou  de  huttes  en  torchis  et  d'autres 
recouvrent  simplement  un  foyer,  ou  seulement  le  lieu  d'un 
repas.  Les  emplacements  dont  il  s'agit  ici  ayant  dû,  à  là 
suite  de  certains  événements,  être  soustraits  à  tout  usage 
postérieur,  sont  devenus  ainsi  res  sacra. 


— .  105  — 

•  L'antiquité  des  marchett  ne  nous  parait  pas  devoir  aller 
au  delà  de  la  première  époque  du  fer,  ou  époque  Hallstat- 
tienne.  De  plus,  la  présence  dans  plusieurs  de  ceux-ci  d'une 
poterie  beaucoup  moins  grossière  et  parfois  même  assez 
fine,  faite  au  tour,  nous  indique  également  que  la  coutume 
d'élever  des  monuments  de  ce  genre  s'est  continuée  chez 
nous  pendant  les  premiers  temps  de  la  domination  romaine. 

• 

Le  mot  marche!,  qui  a  son  équivalent  dans  les  mots 
murgers,  murguets  et  mûriers  usités  en  Bourgogne,  en 
Savoie  et  dans  la  Suisse  française,  renferme  Cidée  de  pierres 
comme  le  prouvent  les  exemples  suivants  : 

Deux  très  anciennes  carrières  abandonnées,  situées  dans 
la  province  de  Namur,  l'une  à  Sovel,  l'autre  à  Mohi ville, 
portent  le  nom  de  Marchoù%  Marchaels  ou  Marchais. 

À  Messein,  en  Lorraine,  l'enceinte  inférieure  du  «  Camp 
d'Affrique»,  aux  alignements  et  aux  tumulus  en  pierres 
sèches,  porte  le  nom  de  Vieux  Marché  (i). 

Un  petit  hameau  dépendant  d'Àix-les-Bains  (Savoie) 
s'appelle  Les  Murguets.  Il  tire  son  nom  des  nombreux  et 
importants  tas  de  pierres  (murguets)  qui  se  voient  sur  les 
coteaux  et  qui  résultent  de  l'épierrement  des  champs  et  des 
vignes. 


(i)  Le  «  Camp  d'Affrique  »  existait  avant  la  conquête  et  fat  occupé  aune 
époque  qui  correspond,  en  Lorraine,  à  la  civilisation  de  Hallstatt. 

Voir  :  F.  Babthklïmy,  Recherches  archéologiques  sur  la  Lorraine  avant 
V histoire,  pp.  210  à  219,  et  pi.  31.  -  Gu  J.  Bbaupb*,  Les  éludes  préhisto- 
riques en  Lorraine  de  1889  à  1902  et  aperçu  général  sur  les  époques  gallo- 
romaine  et  mérovingienne  dans  le  département  de  Meurthe  et  Moselle, 
pp.  71  à  75,  et  plan  n°  9. 


—  103  — 

Enfin,  il  existe  près  de  Pralognan,  en  Savoie  également, 
deux  montagnes  rocheuses  appelées  le  Grand  et  le  Petit 
M  archet. 

* 

Dans  une  très  intéressante  communication  faite  en  1900, 
à  Paris,  au  Congrès  international  des  Américanistes,  par 
MM.  le  comte  H.  de  la  Vaulx,  l'explorateur  bien  connu,  et 
le  docteur  R.  Verneau,  sur  Les  anciens  habitants  des  rives 
du  Colhué  Hua  pi  (Patagonié)  nous  relevons  ce  qui  suit  : 

«  La  présence,  en  cette  partie  de  la  pampa,  de  deux 
grands  lacs  (Colhué  et  Musters)  et  d'une  rivière  (le  Rio 
Senguer)  aussi  importante  que  le  fleuve  (le  Rio  Chubut) 
dans  lequel  elle  vient  déverser  ses  eaux,  constitue  des 
conditions  exceptionnellement  favorables  pour  l'habitation. 
Aussi  les  vieux  indigènes  de  la  Palagonie  paraissent-ils 
avoir  séjourné  volontiers  sur  les  rives  du  Colhué  Huapi  et 
du  lac  Musters. 

»  La  preuve  nous  en  est  fournie  parles  nombreuses  pointes 
de  flèches  qu'on  rencontre  dans  les  environs  et  par  l'abon- 
dance des  sépultures  que  l'un  de  nous  (le  comte  de  la  Vaulx) 
a  découvertes  dans  la  chaîne  qui  sépare  les  deux  lacs.  En 
effet,  au  nord  et  au  sud  de  cette  chaîne,  sur  la  série  de 
gradins  que  forment  les  collines  qui  s'étagent  depuis  la  cime 
jusqu'à  la  pampa,  existe  une  grande  quantité  de  tchenques, 
c'est-à-dire  de  monticules  de  pierres,  parfois  énormes,  qui 
ont  été  entassées  par  les  anciens  habitants.  C'est  sous  ces 
monticules,  tout  à  fait  comparables  à  ceux  des  Canaries,  que 
reposent  les  restes  des  Palagons  qui  fréquentaient  autrefois 
la  région. 


—  104  — 

»  Les  tchenques  ont  des  proportions  assez  variables  ;  il  en 
est  qui  dépassent  5  mètres  en  longueur  et  dont  la  hauteur 
est  supérieure  à  1  mètre. 

»  Les  indigènes  actuels  prétendent  que  les  dimensions  des 
tumulus  sont  en  rapport  avec  le  nombre  de  parents  et  d'amis 
que  possédait  le  défunt,  chacun  d'eux  ayant  à  cœur  de  déposer 
une  pierre  sur  la  sépulture  toutes  les  fois  qu'il  venait  à  passer 
dans  t endroit  où  le  mort  avait  été  enseveli. 

»  En  général,  les  tombes  sont  isolées  les  unes  des  autres. 
Toutefois,  vers  l'extrémité  méridionale  du  lac  Musters  se 
trouvait  un  groupe  de  cinq  tchenques  conligus,  dont  le 
principal  était  situé  au  centre  et  renfermait  deux  cadavres; 
les  quatre  autres  rayonnaient  autour,  de  sorte  que  l'ensemble 
du  monument  affectait  une  forme  étoilée. 

»  Les  tumulus  de  la  région  des  lacs  Golhué  et  Musters  ne 
sont  pas  élevés  au-dessus  de  fosses.  Le  mort  était  déposé  à 
la  surface  du  sol,  que  l'on  avait  à  peine  gratté  pour  y  coucher 
le  cadavre...  Les  cadavres  étaient  couchés  sur  le  côté,  de 
façon  à  ce  que  les  yeux  fussent  toujours  tournés  vers  le  soleil 
levant;  les  membres  inférieurs  étaient  ramenés  en  avant 
dy  tronc,  les  jambes  fléchies  sur  les  cuisses  et  celles-ci  sur  le 
thorax,  au  point  que  les  genoux  venaient  toucher  la  poitrine. 

»  C'est  la  position  que  donnent  encore  à  leurs  morts  les 
Indiens  modernes. 

»  Lorsque  le  défunt  avait  été  placé  dans  la  position  voulue, 
ses  parents,  ses  amis  se  mettaient  en  devoir  d'entasser 
au-dessus  de  lui  les  pierres  qui,  par  leur  amoncellement, 
devaient  constituer  le  monument  funéraire.  Ces  pierres 
étaient  placées  sans  ordre  et  reposaient  directement  sur  le 
cadavre... 


—  108  — 


»  Le  mobilier  funéraire  fait  à  peu  près  totalement  défaut 
dans  les  tchenques  du  Golhué  Huapi  »  (1). 


En  1895,  M.  de  Villenoisy,  à  qui  nous  avions  adressé  un 
exemplaire  de  notre  première  étude  sur  les  inarchets  (2),  avait 
l'extrême  obligeance  de  nous  communiquer  les  curieux 
renseignements  que  voici  : 

c  En  Dauphiné,  où  je  suis  en  ce  moment,  nous  écrivait-il, 
nous  avons  quelques  amas  de  pierres  du  genre  de  vos  mar- 
chets, ou  chaque  passant  ajoute  un  caillou,  bien  que  les 
motifs  de  cette  pratique  soient  depuis  longtemps  oubliés. 
Ou  croit  que  quelques-uns  marquent  le  lieu  d'un  assassinat 
ou  d'un  suicide. 

»  Un  de  ces  amas  ou  mollars  existe  près  d'Uriage-les-Bains 
et  s'appelle  la  Tombe  du  Mercier. 

»  J'ai  lu,  je  ne  sais  où,  qu'en  Bretagne  il  y  a,  dans  certains 
champs,  des  parcelles  de  terrain  où,  de  temps  immémorial, 
on  ne  passe  pas  la  charrue;  celui  qui  les  profanerait  par  la 
culture,  mourrait  dans  Tannée.  Ces  lieux  devenus  néfastes 
me  sont  revenus  en  mémoire  en  lisant  votre  description  des 
marchets  n°*  1,  7,  15  et  17  de  Ave-et-Auffe.  Ce  dernier, 
avec  sa  cabane,  est  caractéristique  »  (3). 


Nos  marchets,  tout  au  moins  ceux  qui  recouvrent  une 


(4)  Compte  rendu  du  Congrès  international  des  américanisas,  XIIe  ses- 
sion tenue  à  Paris  en  1900,  pp.  115,  116  et  117. 

(t)  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  XXP,  1895, 
pp.  47  à  79. 

(s)  La  Buisserate,  par  Gbbhoblk,  5  novembre  1895. 


—  106  — 

tombe,  l'emplacement  d'un  bûcher  funéraire  ou  les  raines 
de  la  cabane  d'un  défunt,  auraient-ils  été  construits  de  cette 
manière,  c'est-à-dire  simplement  ébauchés  au  début,  puis 
continuellement  augmentés  dans  la  suite  par  la  piété  des 
parents,  des  amis  ou  des  simples  passants  ? 

On  peut,  à  notre  avis,  considérer  la  chose  comme  assez 
probable,  bien  que  cette  coutume  du  jet  de  pierre  n'ait 
point  perduré  ici,  jusqu'à  notre  époque,  comme  en  Dauphiné. 

Étude  des  Marchets  de  Hotton  (i). 

Ces  marchets  sont  situés  à  environ  900  mètres  au  sud-est 
de  1  église  de  Hotton,  sur  la  rive  gauche  de  l'Ourlhe,  en  un 
plateau  très  élevé,  aride  et  inculte,  au  lieu  dit  Les  Alti. 

* 
*  * 

Geubel,  à  qui  rien  n'échappait,  les  mentionne  dès  1830  : 
...  c  La  plaine  au  nord  de  Brérenne,  dit-il,  s'affaisse  vers 
l'Ourlhe,  c'est  par  là  que  descend  celte  voie.  A  gauche, 
avant  de  descendre,  on  rencontre  un  large  tumulus  de 
pierres,  après  avoir  dépassé  le  lieu  dit  Natr inchamps.  Ce 
tas  de  pierres  ramassées  est  trop  grand  et  trop  régulier  pour 
avoir  été  fait  par  les  cultivateurs,  beaucoup  d'autres  tas 
moins  grands  et  aussi  réguliers,  placés  en  lignes,  me 
paraissent  encore  être  des  tumulus,  mais  je  ne  puis  l'assurer. 
Ce  qui  est  certain,  c'est  que  le  sol  y  est  incultivable  à  défaut 
de  terre,  et  par  sa  nature  rocheuse  et  par  le  rapprochement 
de  tous  ces  tas.  Ce  lieu,  qui  est  élevé,  est  le  prolongement 
du  Tichâteau,  dont  il  est  séparé  par  l'Ourlhe;  et  ce  qui 

(i)  Province  de  Luxembourg,  arrondissement  et  canton  de  Marche. 


—  407  — 

confirme  davantage  mon  opinion  sur  ces  lumulus,  c'est  le 
nom  d'Alti  qu'ils  portent  encore.  Le  paysan  les  appelle 
les  Alti  (élevés  ou  ancêtres).  Die  Allen  (les  anciens)  est  la 
désignation  des  Celtes,  qui  étaient  les  anciens  pour  les 
Romains. 

»  Ces  lumulus  n'ont  pas  été  ouverts. 

»  Depuis  que  j'ai  recueilli  ces  notes,  ajoute  Geubel,  un 
ouvrier  de  Hotton,  Jean  Lallemand,  a  ouvert  une  partie  de 
ces  tas  de  pierres  et  y  a  trouvé  des  tombes  gauloises  taillées 
dans  le  rocher,  il  n'a  vu  que  le  squelette;  l'entaille  élait 
recouverte  d'une  dalle  »  (i)... 

De  tous  les  tas  de  pierres  qui  subsistent  encore  aux  Alix, 
deux  seulement  nous  ont  paru  offrir  l'aspect  de  monuments 
antiques  et  valoir  la  peine  d'être  explorés  méthodiquement. 

Les  fouilles  ont  duré  du  45  au  17  juillet  1897. 

Marcbet  n»  1.  —  Ce  marchet,  resté  intact,  mesurait 
14"50  de  diamètre  et  1*50  de  hauteur.  II  était  constitué  de 
fragments  de  calcaire  de  volume  variable  (2),  tous  plus  ou 
moins  roulés,  de  pierraille,  et  d'un  peu  de  terre  dans  les 
interstices  des  pierres. 

Nous  y  avons  rencontré  deux  squelettes  inhumés  à  des 
niveaux  différents. 

Le  premier,  orienté  nord-sud,  les  pieds  vers  le  sud, 
gisait  à  environ  0*30  en  dessous  du  niveau  du  sol,  dans 


(i)   Publications  de  V Institut  archéologique  du   Luxembourg,  1892, 
t.  XXVI  des  Annales,  p.  134. 
(i )  Les  plus  gros  mesuraient  0"50  X  0*30  et  avaient  0"10  d'épaisseur. 


—  108  — 

une  sorte  de  petite  fosse.  Les  ossements  étaient  en  Tort 
mauvais  état  (i);  ce  qui  fait  que  les  conclusions  que  le 
docteur  Houzé  a  pu  tirer  de  leur  étude  sont  presque  nulles 
et  se  résument  à  ceci  :  squelette  âgé,  probablement  masculin. 
Il  mesurait,  sur  place,  environ  ln15. 

Le  second,  étendu  dans  une  couche  de  terre  végétale 
noirâtre,  était  encore  moins  bien  conservé  que  le  pre- 
mier (*). 


(0  Voici  l'inventaire  qu'a  bien  voulu  en  faire  le  docteur  Houzé  : 

a.  Fragment  d'occipital,  écaille  peu  saillante; 

b.  Six  fragments  de  pariétaux,  droit  et  gauche  ; 

c.  Mandibule  déformée  par  la  vieillesse  et  la  pression  posthume  du 
terrain  sus-jacent,  alvéoles  des  troisièmes  molaires  atrophiées.  Les  quatre 
dents  encore  présentes  ont  les  couronnes  creusées,  fort  usées  ; 

d.  Fragment  de  première  côte; 

e.  Fragments  d'humérus  droit  et  gauche  de  même  sujet,  sans  perfo- 
ration olécranienne  ; 

/.  Deui  fragments  de  cubitus  ; 

g.  Deux  fragments  de  radius  ; 

h.. Deux  tibias  fragmentaires,  droit  et  gauche,  même  sujet,  présentant 
la  lame  de  sabre; 

t.  Diaphyse  complète  de  fémur  gauche  présentant  des  modifications 
pathologiques  dues  probablement  (?)  à  une  ostéite  :  ostéophytes  à  Tépiphyse 
supérieure  (à  sa  racine,  car  l'épipbyse  elle-même  est  brisée)  ; 

j.  Diaphyse  de  fémur  droit;  ligne  âpre  très  accusée,  fémur  dit  à 
colonne;  gouttière  hypotrochantérienne  marquée,  troisième  trochanter 
fort;  tête  brisée; 

k.  Fragment  de  rotule. 

(i)  Inventaire  et  remarques  du  docteur  Houzé  : 

a.  Fragments  de  crâne  masculin  adulte  :  fragment  composé  d'une  partie 
du  pariétal  gauche  ainsi  que  du  droit  et  de  la  région  sus-iniaque  de  l'occi- 
pital; suture  lambdoïde  ouverte,  os  wormien  au  lambda;  le  diamètre 
approximatif  bi- pari  étal  ou  transversal  est  de  150  millimètres;  par  la 
forme  de  l' écaille  occipitale  peu  saillante  et  le  grand  diamètre  transversal 
on  peut  presque  affirmer  que  le  sujet  était  brachycéphale,  probabilité 
corroborée  par  la  face  qui  est  large  (voir  plus  bas); 

b.  Fragments  de  frontal,  glabelle  très  accusée  (caractère  masculin); 

c.  Partie  de  temporal  gauche  ; 


—  109  — 

II  se  trouvait  à  environ  lDiO  plus  haut  que  le  précédent, 
mais  sur  le  côté,  et  à  0m30  seulement  de  la  surface  du 
marchet.  Il  paraissait  avoir  au  moins  lro60  de  taille. 

L'orientation  était  sud-ouest-nord-est,  les  pieds  vers  le 
nord-est. 

Le  crâne  est  harmonique  et  présente  une  grande  largeur 
bipariétale,  faciale  et  nasale.  Il  est  probablement  brachycé- 
phale,  mésorrhinien  et  euryprosope  (visage  large);  la  face 
supérieure  (sans  la  mandibule)  est  large  et  en  même  temps 
assez  haute  à  cause  de  la  hauteur  mandibulaire  (i). 

Nous  n'avons  observé  aucune  trace  de  mobilier. 

Parmi  les  pierres  qui  constituaient  le  marchet,  était  un 
polissoir  en  grès,  de  0m33  de  longueur,  de  0mO9  de  largeur 
et  de  Om09  d'épaisseur,  ramassé  jadis  sur  le  sol  environnant 
par  les  constructeurs  du  monument  en  même  temps  que  les 
autres  matériaux  employés. 

La  présence  de  ce  polissoir  dans  le  marchet  est  donc  toute 
fortuite  et  ne  peut  avoir  aucune  signification.  Elle  s'explique 
très  naturellement  par  ce  fait  que  les  marchets  des  A  Ut  ont 


d.  Face,  largeur  raaiima,  narines,  26mm  (nez  large,  au  moins  mésor- 
rhinien). 

Largeur  bijugale  99  (?),  large. 

Os  malaires  saillants,  fosses  canines  profondes.  Incisive  médiane  supé- 
rieure tombée  post  mortem  ainsi  que  la  latérale  gauche  supérieure  et  la 
canine  du  même  côté;  troisième  molaire  gauche  supérieure  atrophiée; 
tubercules  disparus. 

e.  Mandibule  forte,  haute,  branche  montante  droite  manque.  Denture  : 
il  reste  les  trois  molaires  des  deux  côtés,  la  deuxième  prémolaire  droite 
et  la  canine  du  môme  côté,  les  tubercules  ont  disparu  par  usure;  les 
autres  dents  qui  manquent  sont  tombées  post  mortem.  Diamètre  bimen- 
tonnier  :  49mB. 

(i)  Telles  sont  les  conclusions  de  l'étude  du  docteur  Houzé. 


—  no  — 

été  élevés  sur  remplacement  d'une  station  néolithique  (i). 
C'est  donc  encore  un  nouvel  exemple  de  cette  loi  ethnogra- 
phique de  la  succession  de  l'habitat  en  certains  points  donnés. 

*  * 

Marchet  n*  2.  —  Le  second  marchet,  qui  mesurait  à  pea 
près  4  mètre  de  hauteur  et  10  mètres  de  diamètre,  éiait 
formé,  comme  le  premier,  de  pierres  de  diverses  grosseurs 
recueillies  à  la  surface  du  sol. 

Il  ne  recouvrait  absolument  rien  et  il  y  a  même  lieu  de 
douter  de  son  ancienneté. 

Nous  avons  rencontré,  deci,  delà,  parmi  les  matériaux 
dont  il  était  constitué,  quelques  fragments  d'ossements  d'ani- 
maux, trois  morceaux  de  poterie  très  grossière  et  une  belle 
hachette  taillée  à  petits  éclats,  en  grès  gedinnien,  mesurant 
Om140  de  longueur  et  Om055  de  largeur  au  tranchant. 

De  même  que  le  polissoir  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
ces  objets  ont  été  ramassés  par  hasard  sur  le  sol  et,  comme 
dans  le  cas  précédent,  aucune  conséquence  n'est  à  tirer  de 
leur  présence  dans  le  marchet. 

Étude  des  marchets  de  Hampteau  (*). 

L'exploration  de  deux  marchets  et  d'un  tumulus  situés 
dans  les  bois  de  Hampteau,  commencée  le  24  juillet  1897 
et  poursuivie  durant  les  jours  suivants,  a  été  infructueuse. 


(0  Nous  avons  recueilli  sur  ce  plateau,  à  la  surface  du  sol,  dans  le 
voisinage  des  marchets,  plusieurs  silex  taillés  :  éclats  bruts  on  retouchés, 
petites  lames,  grattoirs  discoïdes,  etc.... 

(t)  Province  de  Luxembourg,  arrondissement  et  canton  de  Marche. 


—  111  — 

Les  deux  marchets  dont  il  s'agil  sont  éloignés  l'un  de 
l'autre  d'une  centaine  de  mètres. 

Le  premier  mesure  0*75  de  hauteur  sur  6  mètres  de 
diamètre. 

Le  second  a  lm25  de  hauteur  et  9  mètres  de  diamètre. 
Ces  marchets,  malgré  leur  apparence  de  très  grande  ancien- 
neté, ne  renfermaient  absolument  rien. 

Le  lumulus  que  nous  avons  exploré  ensuite,  se  trouve  à 
une  distance  d'environ  1,000  mètres  au  levant  des  deux 
marchets. 

Il  est  formé  de  terres  rapportées  et  mesure  lm40  de 
hauteur  et  7  mètres  de  diamètre. 

Nos  travaux  nous  ont  révélé  l'existence,  sous  ce  tumulus, 
d'une  sorte  de  sillon  de  2  mètres  de  longueur,  de  0m30  de 
largeur  moyenne  et  d'environ  0m25  de  profondeur  creusé 
dans  le  sol  et  orienté  ouest-est.  Ce  sillon  était  rempli  d'une 
terre  beaucoup  plus  meuble,  mélangée  de  charbon  de  bois. 
Nous  n'y  avons  rencontré  aucune  trace  d'ossements  ni  aucun 
débris  de  poterie. 

Étude  des  marchets  de  Resteigne  (i). 

A  3,000  mètres  au  sud  de  l'église  de  Resteigne,  dans  un 
endroit  écarté  et  solitaire,  à  l'entrée  du  bois  de  Beslin,  au 
lieu  dit  MarchimorU,  sur  la  rive  droite  du  petit  ruisseau 
appelé  Passe-Brebt  (cotes  385  à  380),  est  un  groupe  de 
neuf  marchets  accompagnés  de  quatre  levées  construites 
également  en  pierres  sèches. 

(i)  Province  de  Namnr,  arrondissement  de  Dinant,  canton  de  Rochefort. 


—  us  — 

Nous  devions  l'indication  de  l'existence  de  cet  ensemble 
de  curieux  vestiges  véritablement  perdu  dans  les  bois,  à 
notre  bienveillant  confrère  Alfred  Bequet  : 

Je  crois,  nous  écrivait-il  le  20  mai  1898,  que  cet  endroit 
mérite  dêtre  étudié  de  près;  n'y  a-l-il  pas  eu  là,  peut-être, 
un  lieu  de  réunion  pour  les  peuplades  belges,  un  signal,  un 
point  de  ralliement;  on  n'est  pas  très  loin  de  la  montagne  et 
de  la  grotte  de  Sinsin9  on  n'est  pas  très  loin  non  plus  de 
Saint-Ode,  d'Amberbup,  etc... 

M.  Bequet  ayant  bien  voulu  mettre,  celte  fois  encore, 
à  notre  entière  disposition,  son  excellent  fouilleur  Jean 
Godelaine,  nous  avons  commencé  peu  après  les  travaux. 

Les  matériaux  employés  à  la  construction  des  marchels 
et  des  levées,  étaient  des  pierres  ramassées  un  peu  partout 
à  la  surface  du  sol.  Elles  avaient,  en  effet,  pour  la  plupart, 
leurs  arêtes  usées  et  on  ne  remarquait  nulle  part  d'excava- 
tions d'où  elles  auraient  pu  être  extraites. 

Màrchet  n°  1 .  —  Cet  énorme  marchet,  situé  à  la  lisière 
du  bois,  était  constitué  par  un  noyau  de  terre  recouvert 
d'une  lourde  chape  de  pierres.  Il  mesurait  2m50  de  hauteur 
et  environ  18  mètres  de  diamètre,  et  avait  été  élevé  sur  un 
foyer. 

Celui-ci,  rencontré  au  niveau  du  sol,  presque  au  centre  de 
la  périphérie,  mesurait  2  mètres  de  diamètre  et  formait  une 
couche  de  terre  brûlée  de  0m05  à  0*06  d'épaisseur.  On 


—  113  - 

pouvait  observer,  en  certains  endroits  autour  de  ce  foyer, 
surtout  du  côté  du  raidi,  que  la  terre  était  plus  dure  que 
partout  ailleurs,  comme  si  elle  avait  été  fortement  piétinée. 

La  chape  de  pierres  présentait  une  épaisseur  de  0m80 
à  110. 

Nous  n'avons  trouvé,  dans  ce  marchet,  ni  ossements,  ni 
débris  d'aucune  sorte. 

M  archets  a0*  2  et  3.  —  Situés  à  environ  250  mètres  au 
sud-ouest  du  précédent,  et  constitués  uniquement  de  pierres. 

L'un  mesurait  lm20  de  hauteur  sur  8  mètres  de  diamètre  ; 
l'autre  n'avait  que  1  mètre  de  hauteur  et  6  mètres  de  diamètre. 
Ils  ne  contenaient  absolument  rien. 

Marchet  n°  4.  —  Appartenait  au  même  groupe  que  les 
deux  précédents  (nos  2  et  3)  et  mesurait  îm50  de  hauteur  et 
12  mètres  de  diamètre. 

Au  centre,  reposant  sur  le  sol  ancien,  était  un  massif  de 
pierres  reliées  entre  elles  par  de  la  terre  glaise  et  disposé  en 
plan  incliné  du  levant  au  couchant.  Cette  construction  pré- 
sentait les  dimensions  suivantes  : 

Longueur,  3  mètres. 

Largeur,  2  mètres. 

(  au  couchant,  0m10. 
Hauteur  J       .       4  ^mû/v 
{  au  levant,  0m80. 

On  y  pouvait  observer  les  traces  d'un  feu  violent  et 
continu. 

Cette  rampe  aboutissait,  au  levant,  à  un  foyer  circulaire 
d'environ  1  mètre  de  diamètre  établi  sur  une  sorte  de  pave- 
ment fait  de  morceaux  de  grès  et  entouré  d'un  petit  mur  de 


—  m  - 

soutènement  de  0"35  de  hauteur  et  de  0*60  d'épaisseur 
construit  en  moellons  de  grès  joints  avec  de  la  terre  glaise 
en  guise  de  mortier. 

Nous  n'avons  trouvé,  dans  ce  marcbet,  que  des  fragments 
d'os  d'animaux  et  quelques  tessons  d'une  poterie  grise  qui 
parait  être  belgo-romaine. 

Marghet  n°  5.  —  Même  groupe.  Ne  mesurait  que  lm20 
de  hauteur  sur  environ  5  mètres  de  diamètre  et  était  constitué 
de  fragments  de  grès  concassés  et  offrant  à  peu  près  la 
grosseur  des  pierres  employées  au  rechargement  des  routes. 

Ces  matériaux  présentaient  une  teinte  rougeâtre  comme 
s'ils  avaient  subi  l'action  du  feu.  D'abondants  charbons  de 
bois  se  trouvaient  du  reste  mélangés  aux  pierres  et  on  eut 
dit  qu'un  ignorant  avait  tenté  de  faire  de  la  chaux  avec  ces 
grès. 

M  archet  n°  6.  —  Même  groupe.  Était  de  forme  oblongue 
et  mesurait  1*20  de  hauteur,  9  mètres  de  longueur  et 
6  mètres  de  largeur. 

Nous  n'y  avons  rencontré  que  quelques  fragments  d'os 
d'animaux,  une  dent  de  ruminant  et  un  morceau  de  poterie 
grise. 

M  archet  n°  7.  —  Même  groupe.  Ce  marchet,qui  présentait 
également  une  forme  oblongue,  mais  qui  avait  été  bouleversé 
en  grande  partie,  mesurait  2m50  de  hauteur,  48*30  de 
longueur  et  10  mètres  de  largeur.  Il  offrait  intérieurement 
des  dispositions  analogues  à  celles  observées  dans  le  marchet 
n*  4  (foyer  avec  rampe  d'accès). 

Nous  y  avons  trouvé  un  petit  morceau  de  tuile  romaine, 


—  m  — 

des  fragments  d'os  d'animaux  et  le  fond  d'un  vase  belgo- 
romain. 

in  et  ¥  levées.  —  Marchet  n°  8.  —  La  première  levée, 
qui  passe  à  une  centaine  de  mètres  à  l'ouest  des  marchets 
2  et  3  et  qui  suit  à  peu  près  la  direction  nord-sud,  mesure 
actuellement  encore  150  mètres  de  longueur,  40  mètres  de 
largeur  et  Om80  à  1  mètre  de  hauteur.  Elle  est  faite  de 
pierres  dont  les  dimensions  varient  à  l'infini,  sans  mélange 
de  terre. 

A  une  époque  probablement  assez  récente,  cette  levée  a 
été  exploitée  en  certains  endroits,  comme  carrière  à  pavés. 
Vers  le  milieu,  par  rapport  à  la  longueur,  et  faisant  corps 
avec  elle,  était  un  énorme  marchet  constitué  des  mêmes 
matériaux.  Celui-ci  avait  2  mètres  de  hauteur  et  18  mètres 
de  diamètre.  Nous  y  avons  trouvé,  sur  le  fond  et  aussi  parmi 
les  pierres  à  différents  niveaux,  quelques  ossements  et  dents 
d'animaux  (cheval,  cerf,  bœuf,  etc..)  des  morceaux  de 
poterie  grise  belgo-romaine  et  un  éclat  de  silex  ne  portant 
aucune  retouche. 

La  seconde  levée,  à  peu  près  perpendiculaire  à  la  première 
et  orientée,  par  conséquent,  ouest-est,  est  beaucoup  moins 
importante  que  celle-ci.  Elle  lui  est  toutefois  identique  comme 
composition  et  mode  de  construction. 

Marchet  n°  9.  —  Situé  à  environ  250  mètres  à  l'est  du 
précédent  —  pour  autant,  bien  entendu,  qu'il  nous  ait  été 
possible  de  nous  orienter  et  de  relever  des  mesures  quelque 
peu  exactes  au  travers  des  fougères  et  des  genêts  géants  qui 
partout  couvraient  le  sol  —  le  marchet  auquel  nous  donnons 
le  n°  9  était  formé  uniquement  de  pierres  (grès)  sans  terre. 


—  116  — 

Sa  hauteur  ne  dépassait  guère  4  "50,  mais  son  diamètre 
était  d'au  moins  20  mètres. 

Les  pierres  présentaient,  en  général,  d'assez  fortes  dimen- 
sions, et  les  plus  grosses  mesuraient  0m403 . 

Ce  marchet,  dont  rien  n'est  venu  révéler  la  destination 
première,  avait,  dans  la  suite  des  temps,  subi  divers  avatars  : 
c'est  ainsi  qu'au  moyen  âge  très  probablement,  on  y  installa, 
après  avoir  déblayé  préalablement  le  centre,  une  sorte  de 
bas-fourneau  pour  la  réduction  du  minerai  de  fer  et  que  plus 
tard  on  y  ouvrit  une  carrière  comme  Ta  prouvé  la  rencontre, 
au  milieu  des  déchets  de  taille,  de  plusieurs  bornes  ébau- 
chées. 

Les  fouilles  n'ont  produit  que  deux  crochets  en  fer  tordus, 
une  molaire  et  des  os  longs  de  cheval  et  de  bœuf,  fendus 
dans  le  sens  de  la  longueur  pour  en  extraire  la  moelle,  et 
plusieurs  fragments  d'une  poterie  gris-jaunàtre,  bien  cuite, 
sonore,  portant,  deci,  delà,  quelques  touches  de  vernis, 
poterie  que  Ton  peut  rapporter  au  xi%  xu*  ou  xinc  siècle. 

L'existence  possible  de  minerai  dans  les  environs  immé- 
diats, ou  le  fait  de  trouver  là  le  combustible  en  abondance, 
sont  les  seules  raisons  plausibles  que  l'on  puisse  donner  de 
l'établissement  d'un  fourneau  à  fondre  le  fer  en  un  endroit 
aussi  écarté. 

3e  et  4e  LEVÉES.  —  SUBSTRUCTIONS.  —  VESTIGES  D'UN  FOUR 

a  chaux.  —  Nous  avons  encore  reconnu,  mais  sans  pouvoir 
en  déterminer  exactement  la  direction  ni  les  dimensions,  à 
cause  de  l'épaisseur  du  bois,  deux  autres  levées  situées  à 
l'ouest  du  groupe  des  marchels. 


—  m  - 

Enfin,  à  environ  200  mètres  au  sud  du  même  groupe, 
sur  le  versant  (côté  du  midi)  du  vallon  où  coule  le  ruis- 
seau dil  Passe-Brebt,  ont  été  rencontrées  des  subslructions 
auxquelles  il  nous  a  été  impossible  d'assigner  une  époque. 

Ce  sont  les  restes  d'une  construction  rectangulaire,  com- 
posée d'une  place  unique  mesurant  26m80  de  longueur  du 
levant  au  couchant  et  6m60  de  largeur.  Les  murs  de  cette 
bâtisse  rudimentaire  étaient  en  pierres  avec  de  la  terre  pour 
mortier,  et  n'avaient  de  parement  que  du  côté  intérieur. 

Dans  celte  place,  vers  le  levant,  à  7  mètres  du  mur,  se 
trouvait  un  foyer  de  lm80  de  longueur  surOm90  de  largeur, 
garni  de  pierres  d'appui  et  sous  lequel  subsistaient  encore 
certaines  parties  d'une  aire  en  terre  battue. 

De  menus  fragments  d'os  calcinés,  dont  un  teinté  d'oxyde 
de  cuivre,  et  une  moitié  de  dent  humaine  ont  été  recueillis 
dans  le  voisinage  du  foyer.  On  peut  ajouter,  à  cette  maigre 
récolte,  deux  petits  morceaux  de  fer  et  un  clou,  trouvés  un 
peu  plus  loin. 

*  * 

Quelle  a  pu  être  la  destination  de  cette  construction?  Faut-il 
y  voir  les  restes  d'une  habitation  ou  n'est-ce  que  l'emplace- 
ment d'un  petit  ustrinum? 

Nous  ne  pouvons  rien  affirmer  non  plus  à  cet  égard. 

Mentionnons  aussi  les  vestiges  d'un  four  à  chaux  ren- 
contrés dans  le  voisinage  :  c'était  une  fosse  carrée  mesurant 
î^âO  de  côté  et  4m30  de  profondeur,  remplie  encore,  sur 
environ  1  mètre  de  hauteur,  de  chaux  et  de  pierres  calcaires. 


—  118  — 

Un  canal  de  2  mètres  de  longueur  et  de  0*60  de  largeur, 
parlant  du  niveau  du  sol  et  creusé  en  partie  dans  le  grès, 
aboutissait  au  fond  de  l'excavation  du  côté  nord. 

D'après  ce  que  nous  avons  pu  voir,  on  aurait  procédé, 
non  pas  comme  on  le  fait  maintenant,  en  étendant  alterna- 
tivement un  lit  de  combustible  et  un  lit  de  pierres»  mais  en 
plaçant  du  bois  non  seulement  sur  le  fond  mais  aussi  tout 
le  long  des  parois  de  la  fosse,  puis  en  accumulant  les  pierres 
au  milieu» 

Nous  avons  retrouvé,  en  effet,  sur  le  fond  et  le  long  des 
parois,  une  grande  quantité  de  bois  carbonisé;  c'est  là  aussi 
que  la  chaux  était  la  moins  imparfaite,  tandis  qu'au  centre 
les  pierres  se  trouvaient  à  peine  entamées.  Le  fond  du  canal 
était  recouvert  également  d'une  forte  couche  de  cendre  et  de 
charbon  de  bois,  ce  canal  servait  vraisemblablement  à 
allumer  le  feu  au  fond  du  four  et  à  fournir  l'air  nécessaire  à 
la  combustion.  Au  dire  des  gens  du  pays,  le  calcaire 
n'existerait  pas  à  Marchimont,  et  il  faudrait,  pour  en  ren- 
contrer, aller  jusqu'au  village  de  Resteigne,  ou  à  Tellin, 
soit  à  environ  trois  kilomètres  de  distance. 

L'examen  de  la  carte  géologique  confirme  pleinement  ce 
renseignement. 

Les  faits  observés  à  Marchimont  peuvent  se  résumer 
comme  suit  : 

En  un  endroit  éloigné  de  toute  habitation  et  perdu  dans 
les  bois,  se  voient,  groupés,  des  amoncellements  de  pierres 
dus  à  la  main  de  l'homme. 

Ils  sont  très  anciens  et  remontent  à  l'époque  belgo-romaine 
tout  au  moins. 


—  119  — 

Quelques-uns  recouvrent  ou  contiennent  un  foyer.  Dans 
d'autres,  on  ne  rencontre  que  des  fragments  d'os  d'animaux 
et  quelques  morceaux  de  poterie  éparpillés  sur  le  fond  et  à 
divers  niveaux  parmi  les  pierres. 

D'autres  ne  renferment  absolument  rien. 

Presque  tous  ces  amoncellements  de  pierres  ont  été 
remaniés  postérieurement  : 

Dansl'un d'eux  on  a  installé  un  petit  fourneau  pour  réduire 
le  minerai  de  fer;  dans  un  autre  on  a  essayé  de  faire  de  la 
chaux  avec  les  matériaux  (tout  à  fait  impropres  à  cet  usage) 
dont  il  est  constitué;  ailleurs,  enfin,  on  constate  les  preuves 
de  leur  mise  en  exploitation  comme  carrières. 

Quelle  a  pu  être  la  destination  de  ces  amoncellements  de 
pierres  et  quels  en  furent  les  constructeurs  ? 

De  quand  datent  les  foyers  qu'on  y  observe  et  quelle  fut 
leur  destination  ? 

L'absence,  parmi  les  cendres  et  les  charbons  de  débris 
d'os  humains  calcinés,  doit-elle  faire  écarter  absolument 
Fidée  de  bûchers  funéraires  ? 

Sont-ce  des  feux  allumés  pour  certaines  autres  cérémonies? 

L'altitude  du  lieu  (cotes  375  à  380)  peut-elle  justifier  ici 
f  hypothèse  de  feux  de  signaux  ?  (i) 


(i)  Voici,  mais  à  titre  de  simple  renseignement,  les  trois  principales 
stations  du  voisinage  avec  lesquelles  Marchimont  eût  pu  communiquer  au 
moyen  de  signaux  : 

Au  nord,  avec  la  petite  forteresse  d'Eprave,  distante  de  9,000  mètres  en 
ligne  droite.  (Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  II,  1851, 
p.  442;  t.  V,  1857-1*58,  p.  28;  t.  YI1, 1861-1862,  pp.  293, 294, 295  et 489; 


—  420  — 

Où  chercher  enfin  les  raisons  qui  ont  pu  amener  l'homme 
à  venir  établir  dans  un  endroitaussi  écarté  de  toute  habitation 
et  relativement  éloigné  des  gisements  de  calcaire,  le  four  à 
chaux  dont  nous  avons  retrouvé  les  vestiges  ? 

L'imagination  a  le  champ  libre  pour  tenter  d'expliquer 
tout  cela  ! 

Nous  nous  en  abstiendrons,  de  crainte  d'errer  dans  le 
domaine  des  hypothèses  et  préférant  attendre,  pour  nous 
prononcer,  de  pouvoir  rapprocher  de  ce  que  nous  avons 
observé  ici  d'autres  faits  analogues,  mais  mieux  définis,  que 
peul-ètre  il  nous  sera  donné  dans  la  suite  de  rencontrer 
ailleurs. 

Étude  des  marchets  de  la  forêt  de  Freyr  (1). 

On  nous  avait  signalé  l'existence,  dans  cette  forêt,  de 
nombreux  et  grands  tumulus  construits  en  pierres  et  en 
terre  ;  on  nous  avait  parlé  également  d'un  cimetière  immense 
formé  de  tumulus  situé  en  la  forêt  de  Saint-Michel,  qui  fait 
suite  à  celle  de  Freyr,  dans  le  voisinage  immédiat  d'un 
rocher  dit  Falhoth,  près  des  Vieilles  forges. 

Un  rapport  d'expertise,  de  1893  (s),  faisait  mention,  à  son 


t.  Vin,  1863-1864,  pp.  231  et  448;  t.  IX,  1865-1866,  p.  455;  t.  XII, 
1872-1873,  p.  124;  t.  X1H,  1875,  p.  522;  t.  XV,  1881,  pp.  309  à  319,  et 
t.  XIX,  1891,  p.  435  ) 

Au  nord  également,  avec  la  station  d'Ave-et-Auffe  (groupe  de  marchets 
de  la  «  Croix-de-Tige  »),  distante  de  8,000  mètres.  (/<*.,  t.  XV,  1881, 
p.  321,  et  t.  XXI,  1895,  p.  58.) 

Au  nord-ouest,  avec  la  station  de  Pondrôme  (groupe  de  marchets,  an 
lieu  dit  «  Tombois  »),  distante  de  13,000  mètres.  (/<*.,  t.  3tXl,  le95,p.67.) 

(i)  Cette  grande  et  belle  forêt  au  nom  suggestif  s'étend  entre  Saint- 
Hubert  et  les  villages  de  Champion,  Tenneville,  Lavacherie,  Amberloap, 
Tillet,  Moircy,  Freux  et  Vesque ville. 

(t)  Bulletin  de  la  Société  centrale  forestière,  septembre  1893, 5*  livraison. 


—  121  — 

tour,  de  nombreux  tumulus  en  pïerres  brûles  connus  dans 
le  pays  sous  le  nom  de  marchets  et  existant  à  Haseille  et 
dans  Freyr  même,  principalement  dans  les  coupes  de  1875 
et  de  1876  de  Freyr  Septenlrional  :  Ce  sont,  disait  le  rapport, 
des  cônes  ronds,  pointus,  de  iÔ  mètres  environ  de  diamètre 
et  de  2  à  3  mètres  de  hauteur  au  centre,  en  moellons  de  grès 
amoncelés  pêle-mêle  sur  le  sol  sans  le  moindie  ordre  aux 
abords  du  tracé  qu'a  dû  suivre  la  chaussée  romaine. 

* 

Nous  avions  donc  là,  en  apparence  du  moins,  un  vaste 
chjmp  de  recherche  que  nous  ne  pouvions  négliger  et  où 
des  fouilles  s'imposaient. 

Celles-ci  v  furent  exécutées  en  août  1897,  mais  leur 
résultat  fut  absolument  nul  et  il  faut  aujourd'hui  en  rabattre 
des  marchets  et  des  tumulus  de  Freyr. 

Six  marchets  situés  dans  la  foret  de  Freyr  Septentrional, 
au  lieu  dit  Ry  Baileux,  ont  été  ouverts  sans  succès. 

Us  mesuraient  de  0"80  à  2m50  de  hauteur  sur  8  à  1 0  mètres 
de  diamètre  et  étaient  constitués  uniquement  de  pierres 
ramassées  à  la  surface  du  sol,  sans  une  poignée  de  terre. 

4 

Nous  n'y  avons  rien  observé,  ni  ossements,  ni  débris  de 

poterie  el  nous  ne  pouvons  nous  expliquer  leur  origine. 

Dans  Freyr-Royal,  plusieurs  marchets  ont  été  enlevés  il 
y  a  quelques  années  pour  l'empierrement  des  roules  sans 

que  Ton  y  ait  trouvé  le  moindre  objet  ni  le  moindre  débris 

quelconque. 

Il  existe  dans  Freyr  Méridional  de  gros  tas  de  pierres, 
mais  qui  sont  l'œuvre  de  la  nature  seule. 

Contre  la  Fange  de  la  hutte  y  qui  touche  au  Prangeleuœ 


—  122  — 

des  Galles,  nous  avons  reconnu,  sur  une  dislance  de  plus  de 
100  mètres,  un  tronçon  de  chemin  empierré  ayant  de  7  à 
8  mètres  de  largeur  et  présentant  tous  les  caractères  des 
roules  romaines. 

Enfin,  les  prétendus  lumulus  de  la  forêt  de  Saint-Michel, 
nu  lieu  dit  Falhoth  (dont  il  y  a,  du  reste,  des  milliers  dans 
Freyr),  ne  sont,  comme  l'ont  prouvé  nos  fouilles,  que  de 
très  vieilles  souches  de  grands  arbres  déracinés  par  les 
ouragans. 

Fouillvs  au  pied  des  t  Pierrcs-du- Diable  » ,  à  Forrières  (i). 

1  Les  Pierres -du- Diable,  de  Forrières,  nommées  aussi 
Cuvelée-du- Diable  (s),  qui,  actuellement,  ne  sont  plus  qu'au 
nombre  de  six,  ont  tout  une  petite  littérature  (s). 


(i)  Province  de  Luxembourg,  arrondissement  de  Marche,  canton  de 
Nassogne. 

(t)  C'est-à-dire  :  charge  du  diable, 

(s)  Voir  :  J.-B.  G  eu  bel,  Note  sur  l  "existence  de  monuments  des  anciens 
cultes  dans  la  forêt  ardennaise.  {Annales  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  historiques  et  des  œuvres  d'art  dans  la  province  de  Luxem- 
bourg, 1. 1",  1847-1848  et  1818-1849,  p.  87,  et  pi  I,  fig.  2.)  -  H.  Schuer- 
manb,  Notice  sur  les  monuments  du  Limbourg  antérieurs  au  moyen  âge. 
(Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  première  année, 
18C2,  p.  90,  note  4.)  —  Daufbesnb  de  la  Chevalerie,  Les  Antiquités  du 
village  de  Wéris  (suite).  (Revue  catholique  de  Louvain,  mai  1879,  p.  14.) 
—  B°°  de  Loê  ,  Étude  sur  les  mégalithes  ou  monuments  de  pierres  brutes 
existant  ou  ayant  existé  sur  le  territoire  de  la  Belgique  actuelle.  (Publi- 
cations de  la  Fédération  archéologique  et  historique  de  Belgique,  4e  session, 
Charlcroi,  1888, 1. 1,  p.  106.)  —  Ch.-J.  Comhaire,  Contributions  à  l'étude 
des  monuments  mégalithiques.  La  cuvelée  du  diable  de  Forrières.  (Bulletin 
delà  Société  d'anthropologie  de  Bruxelles,  t.  VIII,  2«  fascicule,  1889-1890, 
p.  167.)  —  D1  N.  Cloquet,  Des  Dolmens  en  Belgique  et  spécialement  des 
dolmens  de  Wéris  et  de  Forrières.  (/<*.,  t.  IX.  1"  fascicule,  1890-1891, 
p.  9<t.)  —  Emile  Tandel,  Les  Communes  luxembourgeoises.  (Publications 
de  l'Institut  archéologique  du  Luxembourg,  1892,  t.  XXVI  des  Annotes, 
p.  591.) 


—  125  — 

Elles  sont  situées  à  environ  800  mètres  de  l'église  de 
Forrières,  vers  l'ouest,  et  occupent  la  pointe  d'une  colline 
schisteuse  (schistes  de  Frasnes)  appelée  Inzomet. 

Ces  pierres  sont  brutes  et  placées  là  sans  le  moindre  ordre 
apparent.  Ce  sont  des  blocs  de  grès  landenien. 

Le  sol  sur  lequel  elles  reposent  est  uni  et  aucune  autre 
pierre  semblable  ne  se  voit  dans  les  environs. 

D'après  la  légende,  un  trésor,  caché  sous  la  plus  grosse, 
appartiendra  à  celui  qui  la  pourra  soulever. 

On  en  comptait  encore  17  en  1849,  et  Geubel,  qui  a  été  le 
premier  à  en  parler,  nous  apprend  qu'elles  présentaient,  à 
celle  époque,  un  assemblage  de  six  dolmens,  formant  à  peu 
près  un  cercle,  composés  chacun  de  trois  pierres,  Tune 
formant  table  sur  les  deux  autres.  Il  ajoute,  à  la  vérité,  que 
les  tables  ont  été  renversées,  il  y  a  longtemps,  mais  que 
chacune  d'elles  était  encore  appuyée  contre  ses  bases  (i). 

Depuis  lors,  le  marteau  des  vandales  modernes  a  poursuivi 
son  œuvre  de  destruction,  et  onze  de  ces  pierres  ont  été 
brisées  pour  en  faire  des  bornes  ou  pour  réparer  les  chemins. 

* 

Nous  y  avons  fait  des  fouilles,  à  la  fin  du  mois  d'août  de 
4807,  mais  nous  n'avons  trouvé,  aux  alentours  des  six 
pierres  restantes  que  nous  avons  dégagées,  que  deux  petits 
morceaux  de  silex,  des  fragments  d'os  et  quelques  mor- 
ceaux d'une  poterie  faite  au  tour  et  qui  parait  être  belgo- 
romaine. 


(i)  Loc^cit.,  p.  88. 


—  124  — 


Voici  les  dimensions  de  ces  blocs 


I.  Longueur 

im90 

Largeur. 
Épaisseur  . 

Omj5 

II.  Longueur 
Largeur. 
Épaisseur  . 

Jm60 
0"90 
0-50 

III.  Longueur 
Largeur 
Épaisseur  . 

0m75 
(T75 
0m40 

IV.  Longueur  , 

4m75 

Largeur 
Épaisseur  . 

lm20 
Om70 

V.  Longueur  . 
Largeur.     . 
Épaisseur   , 

1m80 
1m00 
Om7Q 

VI.  Longueur 

lm50 

Largeur. 

im55 

Épaisseur 

0°75 

—  Om80 


—  lm6?J 


—  1m50 


Recherches  à  Remplacement  dun  cimetière  à  incinération 
du  premier  âge  du  fer,  à  Contich  (i). 

M.  l'avocat  Bernavs,  d'Anvers,  nous  écrivait  le 
1" février  1898 que,  d'après  les  renseignements  de  M.  Truyls, 
industriel  à  Conlich,  on  avait  découvert  Tannée  précédente, 


(i)  Province  d'Anvers,  arrondissement  et  canton  d'Anvers. 


—  125  — 

sur  le  territoire  de  celle  commune,  en  plantant  un  bois  près 
du  hameau  de  Duffelschenhocck,  une  cinquantaine  d'urnes 
cinéraires  qui  furent  toutes  brisées  et  dont  quelques-unes 
contenaient  des  vases  plus  petits  suivant  une  pratique  des 
Belges  d'avant  l'invasion  romaine.  Ces  urnes  étaient  déposées 
en  pleine  terre,  à  environ  0m6O  de  profondeur. 

* 

Nous  nous  rendîmes  sur  les  lieux  (i)  le  8  février,  accom- 
pagné de  M.  Bernays,  de  M.  Truyts  et  du  sieur  Jef  Verbeek, 
journalier  à  Gontich,  qui  avait  dirigé  les  travaux  de  plan- 
tation, et  nous  pûmes  encore  recueillir,  épars  sur  le  terrain, 
de  nombreux  fragments  de  vases  en  terre  assez  grossière, 
faits  sans  l'aide  du  lonr,  des  débris  d'ossements  humains 
calcinés  et  les  morceaux  d'un  vase  minuscule  qui  a  pu  être 
reconstitué. 

Ce  petit  vase  mesure  0.058  de  hauteur,  0.147  de  circon- 
férence à  la  panse  et  0.042  de  diamètre  d'ouverture. 

Il  est  en  terre  grossière  de  couleur  brune,  chocolat,  el 
façonné  uniquement  à  la  main. 

Étant  retourné  au  Duffelschenhoeck  le  4  mai  suivant,  en 
compagnie  de  M.  le  baron  Alfred  de  Vinck  de  Winnezeele, 
propriétaire  du  terrain,  et  de  M.  Donnel,  nous  fîmes  ouvrir 
des  tranchées  d'exploration  dans  les  parcelles  voisines  du 
bois,  mais  sans  résultat. 


(i)  L'endroit  en  question  est  situé  à  2,150  mètres  sud-est  de  l'église  de 
Contich. 


—  126  — 

Ayant  poursuivi  nos  recherches  dans  le  bois  même  et  Tait 
creuser  en  un  point  où  Ton  remarquait  encore,  à  la  surface, 
quelques  débris  de  poterie,  nous  avons  découvert  un  bon 
nombre  de  tessons  se  rapportant  à  un  même  vase  d'assez 
grande  dimension. 

Il  y  avait  donc  bien  là  un  lieu  de  sépulture. 

Toutefois  les  Belges  avaient  eu  déjà  des  prédécesseurs  en 
cet  endroit,  car  nous  y  avons  récollé,  çà  et  là,  divers  silex 
taillés,  notamment  un  grattoir  bien  caractérisé. 

L'absence  de  débris  romains,  le  mode  de  sépulture,  la 
nature  des  poteries  et  cette  pratique  de  déposer  des  vases 
minuscules  a  l'intérieur  des  urnes  cinéraires,  nous  autorisent 
à  faire  remonter  ces  tombes  au  premier  âge  du  fer  ou  époque 
Hallstattienne. 

La  découverte  de  ce  cimetière  vient  aussi  atténuer  un  peu 
la  stérilité,  plus  apparente  que  réelle,  d'une  province,  où, 
au  prix  d'un  léger  effort,  il  y  aurait  certainement  à  faire  des 
trouvailles  aussi  nombreuses  que  partout  ailleurs. 

Fouille  d'un  foyer  paléolithique  à  Ottenbourg  (i). 

M.  Louis  De  Pauw  avait  observé,  en  un  point  du  territoire 
de  cette  commune,  les  vestiges  d'un  foyer  très  ancien.  Il 
nous  fit  part  de  celle  découverte  et  nous  résolûmes  d'un 
commun  accord  d'y  pratiquer  immédialemenl  des  fouilles. 

Celles-ci  eurent  lieu  le  19  octobre  1899. 


(4)  Province  de  Brabant,  arrondissement  et  canton  de  Louvain. 


—  127  — 

Les  vestiges  de  ce  foyer,  qui  mesuraient  à  peu  près  1*50 
de  diamètre,  étaient  visibles  en  coupe  à  0m80  de  profondeur 
dans  une  berge  de  lm75  de  hauteur,  exposée  au  midi  et 
située  vers  la  partie  supérieure  d'un  petit  ravin,  à  environ 
1,730  mètres  à  Test  de  l'église  d'Ottenbourg. 

COUPE   OU  TERRAIN. 

Humus  et  sable 0m40 

Limon  non  stratifié,  homogène,  poussiéreux, 
friable,  d'origine  éolienne  (Brabantien).     .     .     .        0œ60 
Couche  charbonneuse  de  0m05  d'épaisseur. 
Sable  bruxellien  calcarifère     ......        0ra75 

lra75 

Les  fouilles  ne  mirent  au  jour  que  des  charbons  mélangés 
de  terre,  mais  dans  les  environs  immédiats,  et  au  même 
niveau  que  le  foyer,  furent  trouvés  antérieurement  de  nom- 
breux silex  taillés  appartenant  à  l'industrie  éburnéenne  (i). 

Fouilles  au  «  Cro-du-Charnier  »  à  Solutré  (a). 

En  1899,  profitant  de  notre  séjour  à  Maçon,  où  se  tenait 
cette  année-là  le  congrès  archéologique  de  France,  nous 
avons  pratiqué,  du  46  au  19  juin,  quelques  fouilles  à  Solutré 
sans  autre  prétention  que  celle  d'y  recueillir  nous-mêmes  du 
tout  venant  bien  en  place. 

* 
*  * 


(i)  Troisième  période  glaciaire  quaternaire  de  l'Europe  centrale, 
deuxième  phase  contemporaine  de  la  fin  de  l'époque  du  Mammouth 
(Rotot). 

(»)  Département  de  Saône -et-Loxre. 


—  128  — 

Une  tranchée  de  8  mètres  de  longueur,  de  2  mètres  de 
largeur  et  d'environ  lm75  de  profondeur,  creusée  en  un 
des  rares  endroits  non  encore  bouleversés  du  gisemenl 
classique,  nous  a  donné  en  assez  grande  abondance  des 
ossements  d'animaux  (cheval,  renne,  bœuf,  etc.);  des 
débris  de  repas  (os  fendus);  des  silex  taillés  (éclats  détaille 
obtenus  par  débitage  intentionnel  avec  trace  du  plan  de 
frappe,  bulbe  et  esquillement  de  percussion  ;  éclats  de  taille 
irréguliers  ou  en  forme  de  lames  utilisés  le  long  des  bords; 
grattoirs  allongés;  lames-grattoirs;  poinçons,  etc..)  et  une 
canine  de  loup  (canis  lupus)  percée  à  la  racine  d'un  trou  de 
suspension. 

Cette  industrie  ressemble  donc  beaucoup,  dans  son  ensemble, 
à  celle  des  couches  supérieures  de  nos  cavernes  (i). 


si 


* 


D'autre  part,  l'exploration  de  la  terrasse  d'une  petite 
grotte  s'ouvrant  à  mi-hauteur  dans  le  flanc  du  rocher  domi- 
nant le  gisement  préhistorique,  a  amené  la  trouvaille,  à 
4m20  de  profondeur,  d'une  sépulture  en  dalles  brutes  ren- 
fermant un  squelette  très  bien  conservé,  sans  mobilier  et 
les  pieds  tournés  vers  le  nord. 

Dans  la  tombe  même,  et  au-dessus  des  dalles  qui  en 
formaient  la  couverture,  étaient  des  fragments  de  tegulœ  et 
des  morceaux  de  poteries  romaines  et  barbares  aux  cassures 
fortement  usées,  le  tout  très  remanié  et  mélangé  à  la  terre. 


*  * 


(\)  Quatrième  périodo  glaciaire  quaternaire  de  l'Europe  centrale,  pre- 
mière phase.  Époque  flandrienne  (Rutot).  Industrie  tarandienne  (Piette1. 


—  129  - 

L'âge  précis  de  celle  sépulture  est  difficile  à  déterminer. 
Elle  nous  parait  pouvoir  être  franque  ou  burgonde,  mais  le 
docteur  Jacques,  qui  a  étudié  le  crâne  en  provenant,  ne 
reconnaît  pas  chez  celui-ci  les  caractères  propres  au  type 
germanique 

«  La  pièce  qui  nous  est  présentée,  dit-il,  n'est  certai- 
nement pas  une  pièce  quaternaire.  En  faisant  même 
abstraction  des  conditions  de  gisement  qui  ont  été  relevées 
si  soigneusement,  l'étal  de  conservation  des  os  suffirait  seul 
à  faire  rejeter  celle  hypothèse.  La  seule  chose  que  nous 
puissions  dire,  c'est  que  ce  crâne  est  postérieur  à  l'époque 
romaine.  Et  cependant  il  présente  dans  ses  caractères,  à 
côté  de  différences  notables,  des  analogies  frappantes  avec 
d'autres  pièces  de  Solutré  que  l'on  décrit  comme  quater- 
naires. . . 

•  Quant  à  rapprocher  ce  crâne  du  type  germanique  (bur- 
gonde), il  me  sérail  bien  difficile  de  le  faire  :  l'élévation  de 
l'indice  céphalique,  la  largeur  et  le  peu  de  hauteur  de  la 
face,  les  mesures  du  nez  et  des  orbites  me  paraissent  s'y 
opposer  d'une  façon  absolue. 

»  Je  ne  voudrais  tirer  aucune  autre  conclusion  de  cel  exa- 
men, car  la  seule  hypothèse  que  j'oserais  émettre,  me  por- 
terait à  supposer  que  si  les  crânes  de  Solutré,  décrits  par  de 
Quatrefages  et  Hamy,  sont  bien  quaternaires,  les  débris  de 
celte  race  ont  encore  vécu  longtemps  dans  le  pays,  et  qu'à 
Solaire,  comme  presque  partout  ailleurs,  les  invasions  suc- 
cessives d'éléments  ethniques  étrangers  ne  sont  pas  parvenues 
à  détruire  complètement  les  populations  autochtones  dont 
les  caractères  réapparaissent  jusqu'à  l'époque  moderne.  Mais 
pour  affirmer  cette  hypolhèse,  il  faudrait  des  éléments  basés 


—  130  — 

sur  une  étude  complète  des  populations  actuelles,  et  ces 
éléments  je  ne  les  possède  pas  »  (t). 

Ajoutons,  de  notre  côté,  qu'en  employant  le  terme  sépul- 
ture franqueou  burgonde,  nous  n'avons  pas  entendu  désigner 
la  tombe  d'un  individu  appartenant  absolument  à  la  race 
franque  ou  burgonde,  mais  simplement  une  sépulture  datant 
de  l'époque  de  la  domination  de  ces  barbares  sur  le  pays, 
cette  sépulture  ne  renferma-t-elle  que  les  restes  d'un  autoch- 
tone. 

Fouilles  au  «  Trou  des  Sottais  »  à  La  Reid  (î). 

En  1899  également,  M.  le  docteur  Tihon  a  pratiqué  des 
fouilles  dans  la  terrasse  d'une  cavité  appelée  Le  Trou  des 
Sottais,  située  près  du  hameau  de  Hestroumont,  commune 
de  La  Reid. 

Il  y  a  rencontré,  à  une  assez  grande  profondeur,  sous  une 
couche  tufacée  de  0m33  d'épaisseur,  les  traces  d'un  foyer, 
et  parmi  la  terre  brûlée,  quelques  débris  de  ferrailles  indé- 
terminables et  un  morceau  de  houille. 

Le  fait  de  la  trouvaille  d'un  morceau  de  charbon  de  terre 
dans  ces  conditions  de  gisement  est  fort  intéressant  et  mène 
à  la  conclusion  suivante  :  ou  bien  le  dépôt  tufacé  qui  recou- 
vrait le  foyer  est  moins  ancien  qu'on  pourrait  le  croire  et 
s'est  formé  rapidement,  ou  bien  la  date  généralement  admise 


(0  Bulletin  de  la  Société  d'anthropologie  de  Bruxelles,  t.   XVI H 
1899-1900,  p.  XCIX. 
(«)  Province  de  Liège,  arrondissement  de  Verriers,  canton  de  Spa. 


—  131  — 

de  la  découverte  et  de  l'emploi  de  la  houille  au  pays  de  Liège 
(le  milieu  du  xr  siècle,  croyons-nous)  doit  èlrc  reculée. 

Le  docteur  Tihon  avait,  du  reste,  rencontré  antérieure- 
ment à  Burdinne  (également  dans  la  province  de  Liège),  un 
fragment  de  charbon  de  terre  dans  des  subslructions  belgo- 
romaines  qui  semblaient  n'avoir  point  subi  de  remaniements 
postérieurs. 

Fouilles  dans  la  grotte  de  Hohière  ou  grotte  d Aisne, 

à  Heyd  (i). 

Une  tranchée  large  et  profonde  ouverte  par  le  docteur 
Tihon  dans  les  dépôts  meubles  de  cette  grotte,  a  révélé  la 
présence,  au  sein  de  ceux-ci,  de  deux  foyers  superposés 
d'âge  différent. 

Le  premier,  en  commençant  par  le  haut,  était  très  consi- 
dérable et  datait  de  l'époque  belgo-romaine.  On  y  a  recueilli 
des  morceaux  de  vases  faits  au  tour  et  une  mâchoire 
humaine  («). 

Le  second,  moins  étendu  et  moins  épais,  était  pré-romain. 
Il  a  donné  de  nombreux  fragments  de  poteries  grossières 
quoique  bien  lissées,  non  faites  au  tour,  de  couleur  brun- 
rougeàlre,  ornementées  de  séries  de  lignes  ou  de  stries 
parallèles  très  rapprochées  les  unes  des  autres,  se  coupant 


(1)  Province  de  Luxembourg,  arrondissement  de  Marche,  canton  de 
Durbuy. 

(t)  Mandibule  d'enfant,  deuxième  dentition,  pas  de  troisièmes  molaires, 
cuspides  à  peine  entamées.  (Houzé,  Bulletin  de  la  Société  d'anthropologie 
de  Bruxelles,  t.  XVII,  quatrième  fascicule,  1898-1893,  p.  369.) 


—  13a  — 

€D  tout  sens  et  tracées  légèrement  en  creux,  sur  la  pâle 
molle,  au  moyen  d'un  instrument  qui  devait  être  une  sorte 
de  peigne. 

Ces  tessons  mesurent  de  OmOIO  à  0m013  d'épaisseur  et 
semblent  provenir  de  deux  ou  trois  vases  différents.  Nous 
n'hésitons  pas  à  les  rapporter  à  l'âge  du  fer  (i).  Le  docteur 
tihon  a  trouvé  aussi,  à  ce  niveau,  associés  aux  fragments 
de  poteries  dont  il  vient  d'être  question,  une  fusaïole  ou 
volant  de  fuseau  fait  de  la  même  terre  que  ceux-ci. 

Fouilles  à  Goflbntaine. 

Enfin  les  fouilles  pratiquées  à  Goflbntaine,  hameau  de  la 
commune  de  Cornesse  (*),  en  une  cavité  voisine  de  la  grotte 
étudiée  jadis  par  l'illustre  Schmerling,  n'ont  donné,  au  point 
de  vue  archéologique  et  ethnographique,  aucun  résultat. 

Le  docteur  Tihon  y  a  fait,  par  contre,  d'intéressantes 
constatations  d'ordre  géologique. 

*  * 

Adressons  ici,  à  M.  Louis  Cavens,  l'expression  de  notre 
vive  gratitude  pour  son  généreux  concours  et  remercions 
également  M.  le  Bourgmestre  de  Hampteau,  M.  A.  Dubois, 
directeur  des  forêts  à  Bruxelles;  M.  Houba,  inspecteur  des 
Eaux  et  Forêts,  à  Marche;  M.  Alfred  Bequet,  président  de 
la  Société  archéologique  de  Namur;  M.  Ed.  Bernays,  avocat 


(0  Nous  avons  remarqué,  en  1900,  au  musée  de  Nîmes  (Maison  Carrée 
des  fragments  semblables  et  ornés  de  même  façon,  provenant  de  l'oppidum 
de  Nages  (Gard). 

(*)  Province  de  Liège,  arrondissement  de  Verviers,  caaton  de  Spa. 


—  155  — 

à  Anvers;  M.  Charles  Truyls,  industriel  à  Conlich;  M.  le 
sénateur  Baron  Alfred  de  Vinck  de  Winnezeele  et  l'admi- 
nistration communale  de  Resteigne  des  autorisations  et  des 
obligeants  renseignements  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  donner. 

Bruxelles,  avril  1905. 

Bon  Alfred  de  Loë. 


*"*: 


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/  * 


/ 


[MISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS, 


ÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SEANCES 
es  2,  9,  16,  23  et  30  mai;  des  6,  13,  20  et  27  juin  1903. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

,a  proposition  de  confier  à  M.  Maillard  la  restau-      ^uM 
de  deux  tableaux  que  possède  l'église  de  Minderhoul   Vue?«0." 
•s),  sous  la  réserve  que  ce  travail  s'exécutera  sous  la 
>n  d'un  membre  du  Comité  provincial  des  corres- 
ils,  dans  le  local  du  musée  d'Anvers; 
•e  projet  relatif  à  la  décoration  de  l'église  de  Heusy      g„liM 
)•  Au  cours  des  travaux,  l'auteur,  M.  Meunier,  devra    DiorïîS. 
la  petite  frise  ornementée  contre  les  chaînages  des 
3,  sans  empiéter  sur  ceux-ci.  Pour  la  réfection  des 
es  et  enduits,  on  peut  adopter  indifféremment  le 
ou  l'asphalte  recouvert  d'un  plâtrage  ordinaire; 


—  136  — 


<t«  Bleguj. 
Décoration. 


Btf» 


iM 


de  Houcke. 
Décoration. 


Églhe  d'Alkea 
Vitrail. 


tfgl  iM  de 

Siinl-JacquM, 

a  Anvers. 

Verrière. 


Église  de 

Cambrnn-Cfttteau 

Vitraux. 


Église 

de  G boy. 

Vitraux. 


Église 

d'AUcmberg. 

Vitraux. 


3°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  peintures  décoratives 
dans  l'église  de  Blégny,  sous  Trembleur  (Liège),  sous  les 
réserves  suivantes,  qui  ont  été  communiquées  verbalement 
à  l'auteur,  M.  Tassin  :  a)  un  rusticage  sera  substitué  aux 
losanges  pour  le  fond  des  murs;  b)  la  partie  de  l'architecture 
construite  en  pierre  de  taille  se  raccordera  d'une  façon 
modérée  à  la  décoration  générale  par  quelques  points  de 
couleur;  c)  les  encadrements  des  figures  seront  revus.  Il 
doit  être  entendu  que  l'auteur  fera  d'abord  un  échantillon 
de  la  décoration  sur  une  travée  de  l'édifice.  La  Commission 
le  fera  examiner  par  des  délégués  avant  que  l'œuvre  entière 
ne  soit  poursuivie; 

4°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  peintures  décora- 
tives dans  l'église  de  Houcke  (Flandre  occidentale);  auteur, 
M.  Goelhals; 

5°  Le  projet  d'un  vitrail  peint  destiné  à  la  fenêtre 
centrale  de  l'abside  de  l'église  d'Alken  (Limbourg);  auteur, 
M.  Ladon; 

6°  Le  projet  relatif  au  placement  d'une  verrière  dans  le 
pourtour  du  chœur  de  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Anvers; 
auteur,  M.  Ladon; 

7°  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  peints  dans 
l'église  de  Cambron-Casteau  (Hainaut);  auteur,  M.  Ladon; 

8°  Le  projet  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  de  Ghoy 
(Hainaut);  auteur,  M.  Casier; 

9°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  le  chœur  de 
l'église  d'Alsemberg  (Brabanl),  à  la  condition  qu'il  sera  tenu 
compte  des  observations  fartes  par  le  Comité  diocésain  des 
monuments  et  de  celles  que  M.  le  chanoine  Reusens  a 
communiquées  verbalement  à  M.  Uobbelaere,  notamment 


( 


ot-Rombeut, 
k  MaliQes. 
Monument 
funéraire. 


—  137  — 

en  ce  qui  concerne  le  remplacement  de  certains  patrons 
qui  n'existent  pas,  tels  que  Sainle-Célestine,  par  exemple,  à 
laquelle  il  faudra  substituer  Saint- Céleslin,  etc.; 
10°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  d'une  statue  pour  le      egti» 

1       •  'de  Noire-Dame, 

portail  sud-ouest  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Huy  (Liège);      J^ 

41°  Le  projet  d'un  monument  à  ériger  à  la  mémoire  de  ^.^J^ 
feu  Son  Éminence  le  Cardinal  Deschamps,  dans  l'église  de 
Saint-Rombaul,  à  Malines  (Anvers),  moyennant  qu'au  cours 
de  l'exécution  on  ne  place  pas  Saint-Alphonse  sur  un  socle. 
Si  l'auteur,  M.  Van  Wint,  cherche  à  le  faire  dominer,  il 
obtiendra  mieux  ce  résultat  en  augmentant  les  proportions 
de  la  statue.  Il  conviendra  aussi  de  revoir  la  partie  archi- 
tecturale du  monument  projeté; 

13°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  chemin  de  la      fruie 

r      *  r  «THevilleri. 

croix  dans  l'église  d'Hévillers  (Brabant);  sculpteur,  M.  De    dec£e£0'îx. 
Beule; 

13°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  d'un  chemin  de  la  croix      t%\\%* 

1       *  de  Saint-Pierre, 

pour  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Louvain  (Brabant)  ;  sculpteur,    àcE2JjlB- 
M.  Van  Wint;  de,acroix' 

14°  Le  projet  concernant  le  placement  de  deux  statues  mm  *•  pii 

r      *  r  d'Anderlecht. 

dans  la  salle  d'audience  de  la  justice  de  paix  d'Anderlecht;     8taluef' 
sculpteur,  M.  Dekeyser; 

J5°  Le  projet  relatif  à  l'érection,  à  Molenbeek-Saint-Jean     noo..m«ot 

eommémoraUf 

(Brabant),  d'un  monument  commémoratif  des  installations  ^JSSSJ" 
maritimes.  Au  cours  de  l'exécution,  l'auteur,  M.  De  Wever,  *s£n£w~ 
devra  accuser  franchement  l'encadrement  du  bas-relief  du 
piédestal.  Il  est  entendu  que  l'approbation  ne  s'applique  pas 
au  dessin  de  la  grille  destinée  à  proléger  le  monument, 
laquelle  sera  exécutée  plus  tard.  Elle  devra  faire  l'objet 
d'une  autre  étude  conçue  pour  que  ce  travail  soit  exécuté 


—  138  — 

en  fer  forgé  et  non  en  fonte,  celte  dernière  matière  étant 
trop  fragile. 

dcw&mtue  ~"a  été  procédé,  le  28  avril  1903,  en  l'église  de 
»«»(£?  Weslmalle,  de  concert  avec  MM.  le  chanoine  Van  Casier 
et  Donnet,  membres  du  Comité  des  correspondants  de  la 
province  d'Anvers,  à  l'examen  des  restes  de  peintures 
murales  que  les  récents  travaux  d'agrandissement  ont  rendu 
au  jour. 

Ces  vestiges,  qui  s'aperçoivent  sur  les  six  piliers  de  la  nef 
médiane,  représentent  des  Apôtres. 

Les  couleurs  et  les  dessins  en  sont  vagues,  il  est  vrai, 
mais  après  les  avoir  ravivés  à  l'aide  d'un  frottage  à  l'huile, 
on  reconnaît  le  motif  de  la  composition. 

Il  ne  serait  pas  difficile  de  prendre  des  calques  coloriés 
de  ces  peintures,  puis  de  tenter  de  les  reconstituer  en  bor- 
nant, avec  circonspection,  un  essai  à  une  seule  effigie. 

Si  une  réussite  couronnait  les  efforts  de  l'artiste,  on 

pourrait  poursuivre  la  restitution  et  même  compléter  la 

série  des  Saints  sur  les  six   autres   colonnes   nouvelles 

comprises  dans  la  partie  agrandie  du  temple. 

ËKiite  —  Il  a  été  procédé,  le  50  avril  1903,  dans  l'église  de 

de  Nreroeteren.  . 

mu!?!?  Neeroeteren,  a  1  examen  de  la  peinture  du  Jugement  dernier, 
sur  le  tympan  de  l'arc  triomphal,  d'après  les  dispositions 
générales  du  calque  relevé  à  ce  même  endroit. 

M.  Van  Neuss,  membre  du  Comité  des  correspondants 
du  Limbourg,  assistait  à  cet  examen. 

Le  résultat  obtenu  est  satisfaisant.  Toutefois,  il  y  aura 
lieu  de  supprimer  l'appareil  de  pierres  peint,  si  peu  accentué 
soil-il,  qui  forme  le  fond  de  cette  composition. 

Les  fleurages  qui  ornent  la  voûte  et  qui  donnent  à  l'église 


—  139  — 


ud  aspect  à  la  fois  monumental  et  élégant,  sont  bien  réussis 
et  comme  dessin  et  comme  coloris. 

On  pourra  essayer  de  décorer,  suivant  les  propositions 
de  l'artiste,  l'un  des  panneaux  du  chœur. 

On  peut  aussi,  à  titre  d'essai,  peindre  un  des  panneaux 
des  cinq  mystères  joyeux  sur  le  fond  du  transept.  De  même, 
il  convient  de  dessiner  et  de  colorier  le  second  des  deux 
prophètes,  dont  l'un  a  été  retrouvé  sous  le  badigeon  d'une 
travée  de  la  grande  nef.  Tous  ces  travaux  seront  examinés 
en  même  temps  par  la  Commission  royale  dès  qu'ils  seront 
achevés. 

—  L'examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  6  mai  1903,  de 
douze  vitraux,  de  trois  autels  et  d'une  chaire  placés  dans 
l'église  de  Fontaine- Valmont  (Hainaut)  a  démontré  que  ces 
œuvres  sont  convenablement  exécutées  et  qu'il  y  a  lieu, 
pour  le  Département  de  l'Agriculture,  de  liquider  le  subside 
de  fr.  1,890-83,  promis  sur  les  crédits  des  Beaux-Arts,  en 
vue  de  ce  travail. 

—  A  la  demande  de  M.  le  curé  de  la  paroisse,  il  a  été 
procédé,  le  30  avril  1903,  à  l'examen  sur  place  des  peintures 
murales  à  exécuter  derrière  les  autels  latéraux  et  au-dessus 
de  la  porte  d'entrée  de  la  nouvelle  église  de  Grimde,  sous 
Tirlemont  (Brabant). 

A  cette  occasion,  examen  a  été  fait  des  peintures  exécu- 
tées dans  le  chœur  de  l'église  et  de  la  représentation  du 
Jugement  dernier  qui  orne  déjà  le  tympan  au-dessus  de  l'arc 
triomphal. 

En  ce  qui  concerne  les  peintures  du  chœur,  l'artiste  n'a 
pas  tenu  suffisamment  compte  des  observations  rappelées 
dans  le  rapport  du  4  octobre  1901.  Le  Collège  croit  néceS- 


ÉgK* 

d«  Foniaioe- 

Valmont. 

VilTMX 

et  meuble*. 


Éfflitt 

de  Grinitle. 

Peinture» 

morales. 


—  140  — 

saire  d'insister  sur  ces  critiques,  qui  peuvent  être  appliquées 
aussi  aux  peintures  de  l'arc  triomphal. 

L'aspect  général  du  Jugement  dernier  n'est  pas  satisfaisant. 
Les  tons  en  sont  trop  crus  et  si  certaines  figures  comme 
celle  se  trouvant  à  la  droite  du  Christ,  au  bord  de  la  compo- 
sition, ne  sont  pas  dénuées  de  talent,  il  faut  constater  d'autre 
part  que  le  fond  noir  sur  lequel  se  détachent  les  sujets  peints 
à  gauche  du  Christ  est  trop  dur  et  fait  tache  dans  l'ensemble. 

L'artiste  a  d'ailleurs  fait  erreur  en  faisant  dépendre  une 
partie  de  sa  composition  de  celle  de  la  fenêtre  centrale 
percée  au-dessus  de  l'arc  triomphal. 

La  Commission  est  d'avis  qu'avant  de  continuer  l'œuvre 
de  la  décoration  picturale  de  l'église  de  Grimde,  il  convient 
de  chercher  à  améliorer  les  peintures  faites  jusqu'à  ce  jour, 
dût  l'artiste  être  payé  pour  la  peinture  de  ces  quelques 
parties  de  l'église,  comme  si  son  travail  s'était  étendu  à 
toute  la  décoration  de  toute  l'église. 

Cette  expérience  prouve  une  fois  de  plus  qu'il  est  impos- 
sible de  bien  décorer  un  monument  à  trop  bon  compte. 
Hôtei  de  Tiue       —  Ha  été  procédé,  le  26  mai  1903,  à  l'examen  des 

de 

su**  m°dèles,  mis  en  place,  des  nouvelles  stalues  destinées  à  la 
décoration  de  la  façade  ouest  de  l'hôtel  de  ville  de  Louvain. 

MM.  Hanon  de  Louvet,  Langerock  et  Van  Even,  membres 
du  Comité  des  correspondants  du  Brabanl,  assistaient  à  cet 
examen. 

L'ensemble  de  ce  travail  décoratif  est  satisfaisant.  On 
voudrait  toutefois  voir  donner  aux  statues  représentant  des 
personnages  anciens  un  cachet  plus  gothique  se  rapprochant 
mieux  des  types  en  usage  au  temps  où  l'édifice  a  été  érigé  ; 
les  barbes  surtout  laissent  à  désirer  sous  ce  rapport. 


—  Ui  — 

L'attention  des  artistes,  MM.  Vermeylen  et  Van  Uytvanck, 
a  été  aussi  appelée  : 

1°  Sur  les  figures  de  la  quatrième  rangée  vers  le  haut  de 
la  tourelle  à  droite  du  spectateur,  dont  les  proportions 
devraient  être  légèrement  réduites;  les  têtes  se  rapprochent 
trop  des  dais  qui  les  abritent  ; 

2°  Sur  la  figure  de  prophète,  à  l'angle  de  la  tourelle,  à 
gauche  du  spectateur,  dont  la  main  droite  devrait  être  rap- 
prochée du  buste  en  vue  d'éviter  une  prompte  destruction 
de  ce  membre  ; 

3°  Sur  la  statue  représentant  le  Roi  Léopold  II  :  le  par- 
chemin qu'elle  tient  à  la  main  droite  devrait  être  raccourci 
ou  légèrement  roulé;  ce  parchemin  semble  donner  au  bras 
une  longueur  exagérée  qu'il  n'a  pas  en  réalité; 

4°  Sur  la  convenance  de  grouper,  lors  du  placement 
définitif,  les  statues  représentant  des  souverains  d'époques 
relativement  récentes; 

5°  Sur  l'utilité  de  reculer,  en  général,  les  figures  un  peu 
plus  vers  le  fond  des  niches. 

Sous  réserve  qu'il  sera  tenu  compte  des  recommandations 
qui  précèdent,  on  peut  autoriser  l'exécution  définitive  des 
statues  précitées. 

—  Lors  d'une  inspection  faite  à  Gand,  le  (3  mai  1903,   HAuideviiu 

de 

il  a  été  procédé  à  l'examen  des  statues  posées  définitivement      ££ 
dans  les  niches  de  la  façade  principale  de  l'hôtel  de  ville. 

Tout  en  reconnaissant  que  ces  œuvres  sont  bien  traitées 
au  point  de  vue  sculptural,  on  y  a  constaté  le  désaccord  qui 
se  manifeste  entre  les  plinthes  des  statues  et  la  forme  du 
piédestal  qui  les  supporte  ainsi  que  le  volume  exagéré  de  la 
plupart  d'entre  elles. 


Dans  la  poursuite  du  développement  du  programme  qui 
lui  a  été  tracé,  des  autres  sujets  à  représenter»  il  importera 
que,  s'unfssant  à  l'architecte,  M.  Dillens  harmonise  les  formes 
des  socles  des  statues  avec  leurs  supports  et  leurs  niches. 
Les  proportions  des  statues  doivent  être  telles  qu'elles 
continuent  les  lignes  de  l'architecture  et  qu'elles  complètent 
celles-ci  sans  les  contrarier. 

D'autre  part,  il  est  indispensable  que  les  modèles  grandeur 
d'exécution  soient  présentés  sur  place  avant  l'exécution  défi- 
nitive. 
ÉfHM         —  Il  a  été  procédé,  le  4  juin  1903,  à  l'examen  des  sculp- 

de  Noire-Dame,  .  ,  .  ..     .        „       ,.  _ 

su"™'  tures  u  lymPan  «u  K1^11^  portail  de  1  église  de  Notre- 
Dame,  à  Anvers,  des  statues  du  même  portail  et  de  celles 
du  portail  nord. 

MM.  Bilmeyer,  Smekens  et  Van  Leemputten,  membres 
du  Comité  des  correspondants  de  la  province  d'Anvers, 
assistaient  à  cet  examen. 

Ces  importantes  compositions,  dues  à  M.  J.-B.  Van  Wint, 
constituent  des  œuvres  d'une  réelle  et  grande  valeur.  Leur 
exécution  n'est  pas  moins  remarquable  que  leur  conception. 
On  y  retrouve  complètement  les  traditions  et  les  qualités 
artistiques  qui  distinguaient  les  œuvres  de  ce  genre  à 
l'époque  où  a  été  érigé  l'édifice.  Ce  travail  décoratif  est,  à 
tous  les  points  de  vue,  digne  du  magnifique  monument  qu'il 
est  appelé  à  compléter. 

S'il  y  a  lieu  de  féliciter  vivement  l'auteur  de  cette  vaste  et 
belle  conception,  il  convient  aussi  de  louer  le  Bureau  des 
Marguilliers  et  le  Conseil  de  fabrique  qui  en  ont  pris 
l'initiative  et  qui,  par  leur  persévérance,  ont  su  la  mener 
à  bonne  fin. 


-  4*3 


CONSTRUCTIONS  CIVILES, 

La  Commission  a  émis  an  avis  favorable  sur  le  projet     Jjgjgg*  j 

relatif  au  dégagement  de  l'ancienne  boucherie  d*Ànvers.     d'AnTcM- 
L'attention  de  l'Administration  communale  a  été  appelée  sur 
l'importance  donnée  aux  tourelles  des  maisons  bordant  le 
nouvel  alignement  proposé.  Le  Collège  craint  la  concurrence 
de  ces  tourelles  avec  celles  de  la  boucherie. 

—  Pour  se  prononcer  sur  le  projet  de  la  restauration  des  contertaioire 

■  ■       »  de  musique 

façades  du  Conservatoire  de  musique  de  Gand,  la  Commis-      6aod. 
sion  a  jugé  utile  de  le  faire  examiner  sur  place. 

Il  résulte  de  cette  constatation,  qui  a  eu  lieu  le  13  mai 
1903,  de  concert  avec  MM.  Serrure,  De  Ceuleneer  et  Van 
der  Haegen,  membres  du  Comité  des  correspondants  de  la 
Flandre  orientale,  que  les  travaux,  qui  sont  à  leur  début, 
s'effectuent  de  façon  satisfaisante  et  que  l'architecte  prend  à 
tâche  de  restituer  au  monument  son  aspect  primitif  d'après 
les  indices  trouvés  dans  les  maçonneries. 

Le  projet  prévoit  le  rétablissement  des  deux  lucarnes, 
xvi#  siècle,  qui  faisaient  partie  intégrante  de  la  décoration. 
Elles  sont  empruntées  au  type,  d'un  gracieux  caractère,  qui 
surmonte  la  maison  conliguë,  rue  Haut-Port,  occupée  par 
un  café. 

M.  l'architecte  Van  Rysselberghe  devra  être  invité,  au 
cours  des  travaux,  à  réduire  un  peu  les  dimensions  de  ces 
lucarnes.  L'effet  général  du  bâtiment  s'en  trouvera  bien. 

—  Il  a  été  procédé  sur  place,  le  8  juin  190.1,  à  l'examen  Mit  de  jutie* 
du  projet  relatif  à  des  modifications  demandées  dans  la  distri- 
bution de  certains  locaux  du  Palais  de  Justice  de  Liège, 


—  144  - 

afin  de  satisfaire  à  des  nécessités  signalées  par  les  magis- 
trats. 

MM.  Lohest,  Jamar  et  Renier,  membres  du  Comité  pro- 
vincial des  correspondants,  assistaient  à  cet  examen. 

Si  les  travaux  projetés  ne  comportaient  que  des  remanie- 
ments intérieurs,  il  n'y  aurait  aucun  inconvénient  à  en 
autoriser  l'exécution,  bien  que  la  distribution  des  bureaux 
ne  soit  pas  irréprochable.  Mais  l'installation  nouvelle  devant 
nécessiter  le  percement  de  fenêtres  vers  la  deuxième  cour 
du  palais,  il  en  résulterait  une  modification  très  sensible 
dans  la  disposition  de  la  façade  intérieure,  laquelle  modifi- 
cation ferait  un  tort  considérable  à  l'aspect  de  l'architecture 
très  simple  et  très  austère  de  la  cour.  Une  modification  aussi 
importante  de  cette  belle  partie  du  palais  ne  semblerait 
pouvoir  être  tolérée  qu'au  cas  où  l'on  ne  pourrait  absolument 
l'éviter. 

Il  est  question,  depuis  un  certain  temps  déjà,  de  construire 
de  nouveaux  et  vastes  locaux  dans  la  troisième  cour  du 
palais.  S'il  est  donné  suite  à  ce  projet,  dont  les  études  sont 
en  cours,  on  pourra  y  réserver  des  emplacements  pour  les 
services  que  Ton  se  propose  d'installer  aujourd'hui  dans  le 
couloir  donnant  sur  la  deuxième  cour;  ce  couloir  servira 
alors  à  la  bibliothèque  des  avocats,  pour  laquelle  les  jours 
actuels  seront  suffisants,  tandis  qu'ils  ne  le  seraient  point 
pour  des  bureaux. 

On  ne  peut  donc  qu'engager  les  autorités  intéressées  a 
ajourner  les  remaniements  proposés  aujourd'hui. 

Ancienne        —  En  vue  de  répondre  à  la  dépèche  de  M.  le  Ministre  de 

dC*Toûra.i.    l'Agriculture,  en  date  du  25  avril  1905,  la  Commission  a 

fait  procéder  à  l'inspection  des  vestiges   de    l'ancienne 


-  H8  - 

eweinte  de  la  ville  4e  Tournai  située  le  long  de  la  petite 
rivière,  eptre  l'Escaut  el  la  porte  de  Marvis. 

M.  le  Goqvemeur  de  la  province  du  Ifainaut,  président, 
et  MM.  Soil,  Sonneville  et  Devillers,  membres  du  Comité 
des  correspondants,  assistaient  à  cette  inspection. 

L'État  a  fait  cession  à  la  ville  de  ces  restes  des  fortifi- 
cations. 

En  ce  qui  concerne  la  partie  de  ces  remparts  qui  s'étend 
devant  la  caserne  de  cavalerie,  l'Administration  communale, 
avant  d'en  accepter  la  remise,  sollicite  de  l'État  une  partici- 
pation de  moitié  au  moins  dans  les  frais  de  consolidation,  de 
restauration  et  de  clôture  qu'entraîneront  les  travaux  exigés 
par  l'autorité  militaire  et  dont  le  devis  s'élève  à  la  somme  de 
fr.  12,266-31. 

Examiné  attentivement  sur  place,  le  projet  de  consoli- 
dation présenté  n'a  soulevé  aucune  observation.  Il  ne  com- 
porte d'ailleurs  que  le  strict  nécessaire  pour  assurer  la 
conservation  de  ces  vestiges  qui  remontent  au  xin°  siècle. 

Si,  en  1891,  se  basant  sur  des  considérations  hygiéniques 
que  faisait  valoir  le  Département  de  la  Guerre,  on  avait  cru 
pouvoir  abandonner  l'idée  de  conserver  la  partie  des  rem- 
parts située  à  proximité  de  la  caserne,  il  semble  que  l'on  est 
d'accord  aujourd'hui  pour  reconnaître  que  les  conditions 
d'hygiène  seront  singulièrement  améliorées  lorsque  Ton  aura 
exécuté  les  travaux  projetés,  lesquels,  entre  autres,  ont  pour 
but  de  ramener  le  rempart  à  sa  hauteur  primitive  par 
l'enlèvement  de  la  partie  supérieure  de  courtine  ajoutée  à 
une  époque  beaucoup  postérieure  à  la  construction,  peut-être 
à  l'approche  d'un  siège,  si  l'on  en  juge  par  sa  construction 
très  médiocre. 


D'autre  part,  si  l'intérêt  archéologique  dé  ces  vestige* 
n'est  pas  de  premier  ordre,  il  n'feii ' 'ètft  pas  moïtis  vraïqt» 
les  constructions  de  ce  genre  el  de  cette  époque  sont  extrê- 
mement rares  dans  notre  pays;  l'intérêt  historique  qui  s'y 
rattache  a  aussi  son  importance,  sans  compter  que  le  carac- 
tère pittoresque  joue  ici  un  rôle  manifeste.  Vue  du  boulevard, 
la  ville  se  présente,  au  delà  des  fortifications,  pour  ainsi  dire 
sous  l'aspect  qu'elle  avait  au  moyen  âge.  Examinées  oblique- 
ment, du  côté  de  l'Escaut,  les  tours  de  Marvis,  si  pittoresques 
et  encore  complètes  avec  leurs  courtines,  donnent,  aujour- 
d'hui encore,  l'illusion  d'une  enceinte  continue. 

Ces  considérations  militent  en  faveur  de  la  conservation 
Intacte  de  ce  qui  subsiste  de  ce  spécimen  d'enceinte  primi- 
tive, laquelle,  du  reste,  donne  une  idée  exacte  du  système 
de  défense  de  la  ville  à  cette  époque.  Aussi,  ne  peut-on 
qu'engager  l'État  à  faire  le  léger  sacrifice  financier  qui  lui 
est  demandé  pour  atteindre  le  but,  éminemment  louable, 
'que  l'autorité  locale  a  en  vue. 
Manoir  d'Henou.  —  Les  ruines  de  l'ancien  manoir  d'Herzele  ont  fait  l'objet 
d'une  inspection,  le  2  juin  1903,  de  concert  avec  MM.  De 
Waele  et  Van  Biesbroeck,  membres  du  Comité  des  corres- 
pondants de  la  Flandre  orientale. 

Le  monument  dont  il  s'agit  constitue  un  type  de  construc- 
tion féodale  des  plus  intéressants  dont  il  reste  peu  d'exemples 
dans  notre  pays.  L'enceinte  est  complète;  elle  était  baignée, 
sur  tout  son  pourtour,  par  l'eau  des  fossés;  la  grande  tour 
cylindrique,  la  partie  la  plus  importante  de  ce  qui  subsiste 
du  cftqlpau,  plonge  encore  aujourd'hui  partiellement  dans 
l'eau. 

Il  n'çpl  pas  surprenant  qu'un  artiste  de  talent,  tel  que 


—  447  — 

M.  î)e  Waele,  ail  été  séduit  par  la  vue  de  ces  restes  où  l'on 
retrouve  toute  la  disposition  primitive  de  la  forteresse  et 
qu'il  ail  été  amené  à  proposer  de  rendre  à  la  lumière  des 
documents  qui  intéressent  sérieusement  les  études  de 
l'architecture  féodale. 

Ajoutons  que  le  manoir  d'Herzele  se  trouve  dans  une 
situation  réellement  ravissante;  c'est  un  des  plus  beaux 
sites  des  Flandres. 

La  vue  du  château,  publiée  par  Sanderus  en  1735,  nous 
fait  voir  qu'Herzele  était  déjà  en  ruines  à  cette  époque;  seule 
la  grosse  tour  cylindrique  avec  ses  mâchicoulis  et  sa  couver- 
ture en  cône  ainsi  que  le  corps  de  bâtiment  adjacent  étaient 
encore  intacts. 

Sans  doute,  on  ne  peut  songer  à  reconstituer,  même 
partiellement,  le  manoir.  Tout  ce  que  Ton  pourrait  faire,  ce 
serait  de  chercher  à  maintenir,  dans  leur  situation  actuelle, 
les  parties  en  élévation  qui  ont  conservé  leur  belle  et  puis- 
sante allure  en  bouchant  par  un  bétonnage  et  des  coulis  de 
ciment  les  brèches  supérieures  des  murailles  par  où  les 
eaux  s'introduisent  et  disloquent  les  maçonneries  et  en 
gazounanl  ensuite  le  sommet  de  celles-ci. 

On  pourrait  peut-être,  comme  complément,  déblayer  les 
fossés  pour  remettre  en  évidence  la  configuration  du  manoir; 
ensuite,  y  faire  revenir  l'eau.  Dans  ce  cas,  il  serait  peut-être 
nécessaire  de  relever  un  peu  certains  murs  de  courtines. 

D'après  des  renseignements  fournis  par  M.  le  notaire 
De  Vuyst,  délégué  de  Mma  la  baronne  van  de  Woestyne,  la 
propriétaire  est  toujours  disposée  à  consacrer  4,000  francs 
aux  réparations  et  à  admettre  la  servitude  de  ne  pas  bâtir 
sur  le  pré  qui  dégage  la  vue  des  ruines  du  côté  de  la 


—  148  — 

chaussée,  pourvu  que  le  Gouvernement  se  charge  de  foire 
des  réparations  pour  plus  que  cette  somme.  Si  non,  Ma*  la 
baronne  réparera  elle-même  par  des  récrépissages  et  conser- 
vera la  propriété  quitte  et  libre. 

Il  ne  parait  guère  possible  de  demander  davantage  à  la 
propriétaire;  la  servitude  qu'elle  s'impose  constitue  déjà  uo 
sacrifice  important,  attendu  que  le  terrain  longeant  la 
chaussée,  presque  au  centre  du  village,  représente  une 
valeur  importante.  Ce  sacrifice  serait  évidemment  tout  à 
l'avantage  du  pays;  aussi  faut-il  regretter  que  les  pouvoirs 
publics  ne  puissent  intervenir  financièrement  et  qu'il  faille 
assister  impuissants  à  la  disparition  lente  mais  continue  de 
documents  aussi  importants  au  point  de  vue  de  l'histoire,  de 
l'art  et  de  l'archéologie  que  du  caractère  pittoresque  du 
lieu. 

La  commune  est  la  principale  intéressée  à  la  conservation 
de  ces  ruines,  qui,  si  elles  étaient  mieux  connues,  ne  man- 
queraient pas  d'attirer  dans  la  localité  de  nombreux  visiteurs. 

Au  cas  où  il  serait  possible  d'obtenir  le  concours  financier 
des  pouvoirs  publics,  il  importerait  que  la  servitude  consentie 
s'applique  non  seulement  au  présent,  mais  aussi  à  l'avenir, 
afin  que  la  conservation  du  site  et  du  monument  soit  désor- 
mais  assurée. 

Nous  avons  souligné  ci-dessus  le  mol  récrépissage  qui  a 
sans  doute  été  écrit  par  erreur  et  qu'on  a  voulu  dire  rejoin- 
toyage.  S'il  en  était  autrement,  il  faudrait  condamner  abso- 
lument une  telle  opération  qui,  tout  en  étant  inefficace  au 
point  de  vue  de  la  conservation  des  maçonneries,  ne  pourrait 
que  dénaturer  ces  belles  ruines.  Dans  ce  cas,  il  vaudrait 
infiniment  mieux  abandonner  celles-ci  à  leur  sort. 


—  149  — 


ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  :    uooitroctioo 

et  restauration 

1°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Hompré  (Luxem-  ëe  pw»*jt*«. 
bourg),  sous  réserve  de  tenir  compte  des  observations  pré- 
sentées par  le  comité  diocésain  d'art  chrétien  ;  architecte, 
M.  Gupper; 

2°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Kinkempois,  sous 
Àngleur  (Liège),  à  la  condition  que  Ton  supprime  les  arca- 
lures  des  rampants  du  pignon  de  l'avant-corps;  architecte, 
M.  Lamy; 

3°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Slaceghem,  sous 
Harlebeke  (Flandre  occidentale)  ;  architecte,  M.  Vercoutere; 

4*  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Rillaer  (Brabant), 
moyennant  que  l'on  augmente  l'inclinaison  de  la  toiture  dont 
la  pente  n'est  pas  suffisante  pour  une  couverture  en  tuiles; 
architecte,  M.  Van  Areubergh; 

5°  A  là  construction  d'un  presbytère  à  Woesten  (Flandre 
occidentale),  sous  la  réserve  de  tenir  compte  des  observations 
présentées  par  la  Députation  permanente  du  Conseil  pro- 
vincial; architecte;  M.  Vercoutere; 

6»  A  la  reconstruction  du  presbytère  de  Rieseghem  (Bra- 
bant), sous  les  réserves  suivantes  :  a)  la  tour  sera  supprimée; 
elle  est  inutile;  b)  les  corniches,  en  général,  seront  allégées  ; 
c)  les  marches  des  escaliers  auront  plus  de  largeur  et  moins 
de  hauteur,  soit  On25  sur  0m16;  architecte,  M.  Geens; 

7°  A  l'exécution  de  travaux  d'appropriation  et  de  restau- 
ration au  presbytère  de  Ponlillas  (Namur); 


«  150  — 

8°  À  l'appropriation  du  presbytère  de  Vinalmont  (Liège); 
architecte,  M.  Piron; 

9"  À  l'appropriation  du  presbytère  de  Knesselaere  (Flandre 
orientale),  à  la  condition  que  la  citerne  et  la  fosse  d'aisance 
soient  écartées  l'une  de  l'autre  d'une  façon  suffisante  pour 
éviter  toute  communication  et  infiltration  entre  ces  réservoirs 
et  que,  d'autre  part,  ceux-ci  ne  louchent,  en  aucune  façon, 
aux  murs  du  bâtiment;  architecte,  M.  Haché; 

1 0°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  Hampteau  (Luxembourg); 

11°  À  la  restauration  du  presbytère  de  Mariembourg 
(Namur)  ; 

12°  A  l'exécution  de  travaux  de  réparation  au  presbytère 
de  La  Hestre  (Hainaul);  architecte,  M.  Lechien; 

13°  A  la  restauration  du  presbytère  de  Saint-Denis 
(Namur)  ; 

11°  A  la  reconstruction  du  mur  mitoyen  entre  le  jardin 
du  presbytère  de  Jesseren  (Limbourg)  et  le  potager  de  la 
ferme  Del  vaux;  architecte,  M.  Geirnaert; 

15°  A  la  construction  de  dépendances  au  presbytère  de 
Hendrieken-Voordt  (Limbourg),  et  à  la  restauration  de 
l'habitation  ;  architecte,  M.  Geens. 
Prêter»  —  A  la  demande  de  M.  le  curé  d'Oosiham  (Limbourg), 
une  délégation  de  la  Commission  royale  des  monuments  s'est 
rendue,  le  30  avril  1903,  en  cette  commune  pour  y  visiter 
les  travaux  en  cours  à  l'extérieur  du  presbytère  et  s'assurer 
de  l'état  intérieur  de  cet  édifice  rangé  dans  la  troisième  classe 
des  monuments  civils. 

.  S'il  est  intéressant  par  ses  façades,  il  ne  l'est  pas  moins  à 
l'intérieur.  On  y  découvre  des  traces  nombreuses  du  goût 


—  151  — 

avec  lequel  il  a  été  édifié.  Ainsi,  au  premier  palier  de 
l'escalier  tout  en  chêne  de  l'époque  depuis  le  bas  jusqu'en 
haut,  se  trouvent  des  verrières  en  forme  de  médaillons 
ornant,  d'une  façon  très  gracieuse,  une  fenêtre  de  faible 
importance.  Ces  médaillons,  portant  le  millésime  de  1680, 
représentent  des  personnages  en  pied  avec  armoiries  et  sont 
incontestablement  de  l'époque.  A  diverses  places,  les  contre- 
marches de  l'escalier  sont  munies  de  trous  se  fermant  par 
des  clapets  mobiles  dans  des  glissières.  Ces  trous  servaient 
de  meurtrières  en  cas  d'attaque. 

Les  plafonds  de  plusieurs  places  semblent  d'époque  plus 
récente,  fin  du  xvm'  siècle  sinon  du  commencement  du  xix*. 
Ne  recouvrent-ils  pas  des  gites  et  voussetles  encore  appa- 
rentes sous  le  plâtras  et  le  badigeon  du  plafond  de  la  salle 
servant  de  bureau? 

Des  placages  en  bois  peint  en  imitation  de  marbre 
entourent  les  cheminées.  Que  sont  en  réalité  celles-ci? 

Toutes  ces  questions  demandent,  pour  être  résolues,  des 
recherches  qui  devraient  être  suivies  de  proportions  permet- 
tant une  restauration  simple  mais  artistique  de  l'intérieur  de 
l'édifice. 

Au  surplus,  si  on  veut  le  conserver,  il  importe  que  des 
travaux  de  réparation  y  soient  faits  d'urgence. 

M.  l'architecte  Christiaens,  chargé  des  travaux  en  cours 
d'exécution  à  l'extérieur,  parait  tout  désigné  pour  s'occuper, 
comme  il  convient,  de  l'intérieur. 

Il  y  aura  lieu  de  charger  cet  architecte  de  cette  mission; 
elle  devra  se  borner  à  ce  que  réclame  strictement  la  mise  en 
état  convenable  du  presbytère  d'Oostham. 


—  182  — 


ÉGLISES.  -  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 

dei^d.  *°  ^  Payvelde,  sous  Belcele  (Flandre  orientale),  sous 
réserve  qu'au  cours  de  l'exécution  l'auteur  diminue  la 
saillie  sur  la  façade  principale  de  la  tourelle  d'escalier  et 
qu'il  supprime  les  arcs  encadrant  les  petites  fenêtres  de  la 
tour;  architecte,  M.  Geirnaert; 

dc.sfiou  vicier  2'  ^  ^iége,  paroisse  des  SS.  Victor  et  Léonard.  Conlrai- 
^u*^'  remeut  à  l'avis  du  Comité  des  correspondants,  la  Commission 
estime  que  la  flèche  à  quatre  pans,  telle  que  l'a  dessinée 
M.  Froment,  est  préférable  au  tracé  primitif.  Mais  elle  pense, 
avec  le  Comité,  que  le  bandeau  sous  les  fenêtres  des  bas 
côtés,  à  l'intérieur,  doit  être  supprimé;  que  l'éclairage  du 
bas  de  la  tour  serait  avantageusement  modifié  dans  le  sens 
qu'il  indique.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  réduire  l'espace  entre  les 
arceaux  de  la  grande  nef  et  le  seuil  des  fenêtres;  on  trouvera 
là,  plus  tard,  un  emplacement  très  convenable  pour  une  frise 
peinte.  Au  cours  de  l'exécution  des  travaux,  il  importera  de 
prendre  toutes  les  mesures  de  précaution  nécessaires  en  vue 
d'assurer  le  libre  écoulement  des  eaux  au  pied  des  murailles 
de  l'édifice; 
£,11*,  3°   A  Thielrode  (Flandre  orientale).   Au  cours  d'une 

deTlûelrode. 

conférence  avec  M.  Geirnaert,  le  Collège  a  engagé  cet  archi- 
tecte à  arrêter  les  contreforts  de  la  tour  à  la  hauteur  du 
pied  des  abat-sons,  à  leur  donner  plus  de  vigueur  et  à 
augmenter  la  surface  de  tous  les  contreforts  de  l'édifice  qui, 
en  général,  paraissent  faibles.  11  conviendra  aussi,  si  la 


—  153  — 


situation  le  permet,  d'avancer  légèrement  la  façade  princi- 
pale vers  l'ouest,  dç  façon  que  le  pignon  de  la  haute  nef  soit 
dégagé  de  la  tour.  En  tous  cas,  on  devra  plaper  l'escalier  à 
l'intérieur  de  la  tour  en  vue  de  ce  dégagement; 

4°  A  Hompré  (Luxembourg),  sous  la  réserve  de  tenir 
compte  des  observations  présentées  par  le  Comité  diocésain 
d'art  chrétien;  architecte,  M.  Cupper; 

5°  A  Bagimont  (Luxembourg),  sous  les  réserves  suivantes  : 
a)  le  filet  en  pierre  prévu  sous  les  corbeaux,  au  pied  de  la 
flèche,  sera  supprimé  ;  b)  on  donnera,  si  possible,  moins  de 
variété  de  matériaux  à  l'intérieur  de  l'édifice;  c)  les  pilastres 
des  arcalures  du  jubé  s'arrêteront  à  la  balustrade,  sans  se 
profiler  sur  celle-ci;  architecte,  M.  Van  Gheluwe. 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 
églises  : 

1°  De  Marloie  (Luxembourg);  architecte,  M.  Van  Ghe- 
luwe ; 

2°  De  Hodeige  (Liège).  Contrairement  à  l'avis  de 
M.  Jamar,  membre  du  Comité  des  correspondants,  la  Com- 
mission estime  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  proscrire,  pour  cette 
entreprise,  le  calcaire  des  bords  de  la  Meuse,  pourvu  que 
les  recommandations  suivantes  soient  observées  :  1°  les 
pierres  de  Meuse  (calcaire  carbonifère)  proviendront  des 
bancs  désignés  ci-après  :  a)  étage  inférieur  ;  cinq  quarts  de 
pied  ;  mince  blanc  ;  deux  pieds  de  dessous  ;  via  de  biche  ; 
sept  pieds;  douze  pouces;  fort  banc;  b)  étage  supérieur  : 
deuxième  banc  de  trois  pieds  ;  banc  des  crèches  ;  banc  de 
dessous;  blanche  roche;  quatre  gros  bancs,  ainsi  que  les 
produits  similaires  présentant,  sous  tous  les  rapports,  les 
mêmes  garanties  de  résistance  et  provenant  de  toute  autre 


ËfllM 

d«  lit 


omprë. 


Bflisa 
de  Bagtwopt. 


EfliM 
de  Marleie. 


de  Uodeige. 


—  154  — 

carrière,  soit  du  vallon  de  Sara  son,  soit  des  carrières  en 
amont  de  Namur  ;  2°  l'entrepreneur  devra  indiquer,  dans  sa 
soumission,  la  provenance  de  la  pierre  de  taille  et  fournira, 
en  outre,  un  état  exact  des  carrières  la  lui  fournissant. 
Ainsi  que  les  projets  ci-après  : 
Et»»».  3*  Reconstruction  de  la  tour  de  l'église  de  Samponl, 

de  SampoAl* 

commune  deHachy  (Luxembourg);  architecte,  M.  Wûrlh; 
CfiiM  4°  Construction  d'un  porche  au  transept  de  l'église  de 

de  Griref  nê«. 

Grivegnée  (Liège);  architecte,  M.  Demeuse; 
«fi*  5°  Exhaussement  de  la  tour,  construction  d'une  annexe 

de  Fouettes* 

et  travaux  d'appropriation  de  l'église  de  Fouches  (Luxem- 
bourg), sous  la  réserve  de  tenir  compte  de  l'observation  du 
Comité  diocésain  d'art  chrétien,  quant  à  la  nécessité  de 
construire  la  chapelle  des  fonts  sur  plan  carré,  de  manière 
qu'elle  occupe  tout  l'espace  formé  par  l'angle  rentrant  entre 
la  tour  et  le  mur  de  façade;  architecte,  M.  Wùrth, 
ohjeu mobilier  6°  El»  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 
églises  de  : 
Warneton  (Flandre  occidentale)  :  confessionnal  el  armoire 

de  sacristie.; 
Saint-Jean-in-Eremo  (Flandre  orientale)  :  complément  du 

mobilier; 

Notre-Dame  de  Bon-Secours,  à  Alosl  (Flandre  orientale)  : 
mailre-autel  et  cloches  ; 

Bosson,  sous  Werbomont  (Liège)  :  mobilier  complet; 

La  Chatqueue,  sous  Seraing  (Liège)  :  mobilier  complet; 

Assenois,  sous  Offagne  (Luxembourg)  :  mobilier  complet; 

Locre  (Flandre  occidentale)  :  portail  en  bois. 
éfii»  d-Etet.        —  A  la  suite  d'un  premier  examen  des  pièces  relatives  à 
l'agrandissement  de  l'église  d'Exel  (Limbourg)  et  notamment 


—  153  — 

des  rapports  de  M.  l'architecte  provincial  et  du  Comité  des 
correspondants,  il  a  été  décidé  qu'une  délégation  se  rendrait 
à  Exel.  Cette  inspection  s'est  faite,  le  30  avril  1903,  avec  le 
plus  grand  soin. 

Les  plans  présentés  pour  l'agrandissement  de  celte  intéres- 
sante église  sont  bien  étudiés.  Toutefois,  les  auteurs  devront 
les  revoir  en  ayant  égard  aux  observations  et  demandes 
suivantes  : 

1°  Il  existe  du  côté  sud  des  contreforts  du  xvi*  siècle 
portant  encore  le  millésime  de  1517.  Tous  les  contreforts  à 
refaire  doivent  être  rétablis  d'après  le  modèle  des  anciens 
contreforts; 

2°  De  même,  pour  les  meneaux  des  fenêtres,  il  y  a  lieu 
de  suivre  non  pas  ceux  de  1903,  mais  les  modèles  encore 
bien  conservés  qu'offrent  les  demi-fenèlres  de  la  claire- 
voie; 

3°  On  a  soulevé  la  question  de  mettre  les  fonts  dans  le 
portail  sud  bien  conservé,  parce  que  ce  dernier  ne  s'ouvre 
pas  sur  une  voie  d'accès.  La  Commission  estime  que  ce 
portail  mérite  à  tous  égards  de  rester  ouvert.  Peut-être  les 
architectes  trouveront-ils  une  solution  qui  satisfasse  à  la  fois 
aux  exigences  de  l'art  et  aux  désirs  manifestés  quant  aux 
facilités  de  l'exercice  du  culte  ; 

4°  Des  bandeaux  de  pierre  blanche,  caractéristiques  du 
xvie  siècle,  se  voient  encore  nombreux  dans  les  maçonneries 
extérieures  de  l'église;  il  y  a  lieu  d'en  reproduire  d'analogues 
pour  l'ornementation  des  nouvelles  constructions. 

—  Le  projet  soumis  en  vue  de  l'agrandissement  de  l'église      échu 

de  Knocki 

de  Knocke  (Flandre  occidentale),  a  fait  l'objet  d'un  examen 
sur  place. 


-  156  — 

L'église  de  ce  village  maritime  est  moderne  hormis  sa 
petite  tour  octogonale  du  xvi*  siècle  qui  ne  manque  pas 
d'intérêt.  Elle  n'est  pas  une  inconnue  pour  les  artistes  qui, 
en  quête  de  sites  pittoresques  sur  le  littoral,  Font,  maintes 
fois,  tracée  au  crayon  et  au  pinceau.  Son  mérite  artistique 
est  suffisant  pour  la  ranger  dans  la  troisième  classe  des 
édifices  monumentaux  du  culte. 

Après  avoir  pesé  mûrement,  sous  tous  ses  aspects,  la 
question  de  la  conservation -ou  de  la  démolition,  la  Commis- 
sion estime  que  les  défauts  que  l'on  reproche  à  1  édifice 
existant  ne  sont  pas  suffisants  pour  motiver  une  reconstruc- 
tion totale.  L'entreprendre  en  vue  d'élever  une  construction 
con ligue  entraînerait,  en  pure  perte,  une  dépense  double, 
au  moins,  de  celle  qu'exigerait  l'extension  de  la  superficie 
projetée.  De  plus,  dans  le  devis  dressé  par  M.  Hoste,  qui 
évalue  la  dépense  à  faire  à  68,460  francs,  la  part  d'inter- 
vention des  pouvoirs  locaux  constitue  une  extrême  limite. 
Ces  considérations  militent  encore  en  faveur  de  l'adoption 
de  l'étude  élaborée  par  cet  architecte,  moyennant  quelques 
modifications.  C'est  ainsi  qu'il  lui  a  été  conseillé  verbalement, 
sur  les  lieux,  d'approfondir  le  chœur  de  deux  à  trois  mètres, 
de  lui  donner  la  largeur  de  la  nef  centrale  et  d'augmenter, 
dans  la  mesure  du  possible,  la  hauteur  intérieure  de  cette 
dernière. 

Les  petites  fenêtres  tracées  dans  la  coupe  transversale, 
au-dessus  des  autels  latéraux,  seront  avantageusement  rem- 
placées par  des  baies  triangulaires. 

La  chapelle  des  fonts  figurée  devant  la  façade  principale 
de  la  nef  latérale  nord  ainsi  que  le  portail  devant  celle  du 
sud,  devront  être  placés  la  première  au  nord,  le  second  an 


nUta. 


—  157  — 

sud,  sous  la  première  fenêtre,  en  manière  telle  que  la  tour 
apparaisse  plus  en  vedette. 

Le  travail  de  restauration  de  la  tour  comprendra  aussi  le 
débouche  ment  de  la  grande  fenêtre  occidentale  dont  des 
traces  très  visibles,  indiquent,  sans  conteste,  le  rôle  qu'elle 
a  joué  dans  le  principe.  Cette  entreprise  devra  faire  l'objet 
d'un  devis  distinct  de  celui  de  l'agrandissement  de  l'édifice. 

—  Le  projet  présenté  en  vue  de  la  reconstruction  de  Ccu» 
l'église  de  Hulsle  ne  constitue  que  la  première  partie  de 
l'édifice  projeté.  Il  comporte  le  chœur,  le  transept,  la  tour, 
les  sacristies  et  la  première  travée  des  nefs,  les  ressources 
locales  ne  permettant  pas  d'exécuter  l'église  complète  en 
une  seule  entreprise.  La  reconstruction  totale  des  nefs  est 
réservée  pour  une  époque  plus  favorable. 

Avant  de  se  prononcer  sur  le  projet,  la  Commission  a 
jugé  utile  de  faire  inspecter  l'édifice  existant  dont  la  tour 
lui  avait  été  signalée  comme  une  construction  très  ancienne, 
intéressante  au  point  de  vue  artistique  et  archéologique. 
Cette  inspection  a  eu  lieu  le  12  mai  1903. 

La  visite  minutieuse  de  l'édifice,  dont  la  plus  grande 
partie,  c'est-à-dire  les  nefs,  date  de  1778,  a  démontré  que 
celle-ci  est  une  construction  en  briques  fort  médiocre, 
lézardée,  affaissée,  partiellement  hors  d'aplomb. 

De  la  tour,  dont  la  construction  est  attribuée  à  Robert  le 
Frison,  il  ne  subsiste  plus  que  les  gros  piliers  carrés,  trois 
arcs  en  plein-cintre  les  reliant  et  un  fragment  du  mur  vers 
l'occident,  lequel  reposait  sur  le  quatrième  arc,  qui  a  disparu. 
Les  maçonneries  de  ces  morceaux  sont  en  moellons  de  pierre 
de  Tournai  et  n'offrent  aucun  détail  caractéristique.  Ces 
rentes  de  l'église  primitive,  d'ailleurs  infléchis,  ne  présentent 


—  458  — 

pas  un  intérêt  suffisant  pour  que  leur  conservation  doive 
contrarier  le  projet  soumis  ;  une  telle  mesure  nécessiterait 
des  reprises  des  maçonneries  telles  qu'elles  entraîneraient 
une  reconstruction  à  peu  près  totale. 

L'ancien  chœur,  qui  sert  aujourd'hui  de  portail  au  rez-de- 
chaussée  et  de  jubé  à  l'étage,  semble  remonter  au  xv*  siècle; 
il  a  été  tellement  remanié  qu'il  n'offre,  dans  ses  maçonneries, 
plus  rien  d'intéressant;  il  est  en  mauvais  étal.  La  seule  partie 
à  signaler  est  sa  voûte  en  bardeaux  où  se  remarquent,  sous 
des  nervures  d'un  bon  profil,  des  figures  sculptées  formant 
consoles  et,  au  sommet  du  berceau  ogival,  des  clefs  orne- 
mentées d'un  beau  caractère.  Celte  voûte  devra  être  con- 
servée. Il  ne  sera  pas  difficile  de  l'utiliser  dans  l'une  ou 
l'autre  partie  de  la  nouvelle  construction,  peut-être  dans  l'uo 
des  bras  du  transept. 

Examiné  sur  place,  le  projet  présenté  a  paru  bien  compris. 
Il  est  conçu  dans  des  données  économiques  en  rapport  avec 
les  ressources  locales.  Un  seul  point  paraissait  laisser  à 
désirer  :  la  tour  a  un  aspect  mesquin.  Il  est  désirable  que 
sa  surface  soit  augmentée;  on  pourrait  étendre  celle-ci 
jusqu'à  l'extrémité  des  contreforts  projetés  et  supprimer  ces 
derniers  dont  l'utilité  ne  parait  pas  démontrée.  Réalisée  de 
la  sorte,  la  tour  offrira  plus  d'ampleur,  ce  qui  est  désirable 
ne  fût-ce  que  pour  la  conservation  du  type  régional  où  les 
tours  se  distinguent  généralement  par  leur  masse  imposante. 

A  la  demande  de  la  Commission,  M.  l'architecte  Carelte 
a  modifié  le  projet  dans  le  sens  de  ce  qui  précèJe  et  Ta 
complété  en  traçant  le  plan  total  de  l'église  en  vue  de  sa 
reconstruction  future. 

Le  projet  ainsi  modifié  peut  être  mis  à  exécution  sous  la 


—  m.— 

reserve  qu'on  donnera  suite  an  projet  où  la  tour  offre  la  plus 
grande  surface,  mais  en  maintenant  les  arcatures  aveugles 
à  la  largeur  indiquée  au  premier  projet. 

Il  conviendra  de  recommander  à  l'architecte  de  prévoir 
des  moyens  sérieux  d'écoulement  des  eaux  pluviales  aux 
abords  de  l'édifice.  Ces  moyens  sont  généralement  négligés; 
il  en  résulte  que  le  pied  des  murailles  se  salpêtre,  que  les 
eaux  s'introduisent  dans  les  fondations  et  y  produisent  des 
tassements  qui  amènent  des  lézardes  dans  les  maçonneries 
et,  par  suite,  une  prompte  ruine  des  édifices. 

—  M.  le  curé  de  Saint-Antoine  de  Padoue,  à  Gand,  ayant     É*i»ede 

Saint-Antoine 

avisé  la  Commission  que  la  première  partie  du  mobilier    ^gJï* 
destiné  à  l'église  de  cette  paroisse  était  terminée,  il  a  été 
procédé,  le  13  mai  1903,  à  son  examen,  de  concert  avec 
MM.  Serrure,  De  Ceuleneer  et  Van  der  Haegen,  membres 
du  Comité  des  correspondants  de  la  Flandre  orientale. 

Les  meubles  livrés  et  placés  à  ce  jour  comprennent  :  les 
marches,  la  tombe,  le  gradin  des  trois  autels,  le  retable  de 
l'autel  dédié  à  Saint-Antoine  de  Padoue,  le  banc  de  commu- 
nion au  complet,  les  trois  doubles  portes  et  les  deux  tambours 
de  l'entrée  principale. 

Ce  travail,  aussi  artistique  que  consciencieux,  peut  être 
approuvé  et  l'allocation  du  subside  autorisée  dans  la  propor- 
tion du  travail  effectué. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 

1°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  qu'on  propose       £*"»* 

r       r  de  Huppaw- 

d'effectuer  aux  deux  églises  de  Huppaye-Molembais-Sainl-Mo,cp|J)™,,,l■ 
Pierre  (Brabant);  architecte,  M.  Daurmont; 


—  160  — 

d«  Mît*       *"  ^e  P™^  des  travaux  de  réparation  à  effectuer  à  l'église 

de  la  Hestre  (Hainaut);  architecte,  M.  Lechien; 
j  eirtiae  3°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  réalise  de  Ville- 

de  Yilleronx.  r     J  " 

roux,  commune  de  Chastre-Villeroux-Blaumont  (Brabanl); 
architecte,  M.  Petit; 
Égliie  4°  Le  projet  de  restauration  des  deux  fenêtres  du  transept 

de  Rnjtbrorck.  r     *  r 

de  l'église  de  Ruysbroeck  (Anvers);  architecte,  M.  Ca réels; 

d«  vlSiimoai.      *°  ^e  ProJet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Vinal- 
mont  (Liège);  architecte,  M.  Piron; 

n^mbodÛ  ®°  ^e  ProJet  de  travaux  de  restauration  à  exécuter  à 
l'église  de  Mariembourg  (Namur); 
Édite  de  7°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de 
Schuyffersca pelle  (Flandre  occidentale),  à  la  condition  qu'au 
cours  de  l'exécution  toutes  les  lucarnes,  grandes  et  petites, 
de  la  flèche,  seront  supprimées;  architecte,  M.  Provost; 

^  feu?  8°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Nettinne 

de  Nettinne.  r      *  ° 

(Namur),  sous  la  réserve  que  l'auteur  aura  égard  aux 
observations  contenues  dans  le  rapport  de  M.  l'architecte 
provincial,  en  date  du  4  mai  1905;  architecte,  M.  Van 
Gheluwe  ; 
Et»*  9°  Le  projet  concernant  la  restauration  des  fenêtres  de 

de  Chevetogoe. 

l'église  de  Ghevetogne  (Namur)  ;  architecte,  M.  Lange  ; 
EfiiM  10°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  toitures  de 

de  Hamem-Salnt-  r      " 

Liétin.  l'abside  et  de  la  tourelle  d'escalier  dit  «  monument  funéraire 
deSaint-Liévin»  en  l'église  de  Hautem-Saint-Liévin  (Flandre 
orientale);  architecte,  M.  Vaerwyck; 

Édue  11°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  effectuer  à 

de  Ceulille* 

l'église  de  Caulille  (Limbourg);  architecte,  M.  Debruyne; 

Éffiitede         12°  Le  projet  de  restauration  des  fenêtres  des  bas-côlés 

'  r»"'*      de  l'église  de  Leeuw-Saint-Pierre  (Brabant).  Au  cours  de 


—  161  — 

I exécution  des  travaux,  l'architecte,  M.  Rao,  fera  bien 
d'examiner  si  les  carreaux  des  vitrages  ne  devraient  pas  être 
agrandis  ; 

13*  Le  projet  d'une  seconde  série  de  travaux  à  exécuter  mm  . 
pour  la  restauration  de  l'église  de  Saint-Séverin-en-Condroz  •- C0D,,rql- 
(Liège);  architecte,  M.  Langerock; 

1 4°  Le  projet  d'une  quatrième  et  dernière  série  de  travaux     b^i*^ 
de  restauration  à  exécuter  à  l'église  de  Saint-Nicolas,  à     arôme*  • 
Fumes  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Hoste; 

15°  Le  projet  de  divers  travaux  de  restauration  à  l'église      **uM 

r     w  de  Walcourt. 

de  Walcourt  (Namur);  architecte,  M.  Langerock; 
16°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  effectués  aux     comPi« 

1  àm  Iravaai 

églises  de  :  dt  $jff£" 

Nieuport  (Flandre  occidentale)  :  ouvrages  complémen- 
taires ; 

Walcourt  (Namur)  :  exercice  1901 . 

—  L'église  d'Eeckeren  (Anvers),  à  l'examen  de  laquelle    d.^j]j£B 
il  a  été  procédé  le  27  avril  1903,  de  concert  avec  M.  Donnet, 
membre  du  Comité  provincial  des  correspondants,  en  vue 
de  s'assurer  s'il  était  possible  de  l'admettre  au  nombre  des 
édifices  monumentaux,  appartient  à  la  fin  du  xve  siècle. 

Le  chœur  voûté,  à  cinq  pans,  disposition  assez  rare  pour 
une  église  de  village,  h  grande  nef  large,  couverte  en 
bardeaux,  sont  bâtis  en  briques.  Les  bas-côtés  étroits  et 
les  transepts  sont  composés  de  la  même  espèce  de  maté- 
riaux. 

L'unité  d'ensemble,  la  similitude  des  détails,  le  raccord 
exact  des  lignes  attestent,  au  premier  coup  d'œil,  que  l'œuvre 
a  été  produite  d'un  seul  jet  sous  l'influence  d'une  même 
inspiration.  C'est  le  même  style  et  aux  chaînages  des  angles 


—  «62  — 

des  contreforts,  aux  encadrements  des  fenêtres  règne  la 
même  nature  de  pierre  blanche. 

La  grosse  tour  quadrangulaire,  d'une  architecture  très 
simple,  a  un  revêtement  constitué  en  pierres  des  environs 
de  Grimberghen.  Une  petite  toiture  ardoisée  lui  serl  d'amor- 
tissement depuis  l'incendie  qui  détruisit  la  flèche  et  calcina 
le  faite  des  maçonneries. 

A  part  quelques  légères  mutilations  éparses  et  des  disjonc- 
tions peu  visibles,  causées  par  des  lichens  implantés  dans 
les  assises,  il  n'y  a  rien  à  redire  à  son  état  de  conservation 
non  plus  qu'aux  autres  parties  adjacentes. 

L'église  d'Eeckeren,  dont  la  construction  est  attribuée  à 
Herman  de  Waghemakere  le  Vieux,  produit  bon  effet  autant 
à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur.  Elle  possède  un  intérêt  et  une 
valeur  qui  autorisent  suffisamment  son  inscription  dans  la 
troisième  classe  des  édifices  monumentaux  du  culte. 

d.sai&iinbert  —  H  a  été  procédé,  le  15  juin  1903,  à  l'inspection  des 
travaux  de  débadigeonnage  des  nefs  de  l'église  de  Saint- 
Hubert.  M.  Van  de  Wyngaert,  membre  du  Comité  des 
correspondants  du  Luxembourg,  assistait  à  cette  inspection. 

L'exécution  de  l'entreprise  est  terminée  pour  ce  qui  con- 
cerne celte  partie  du  monument.  Les  travaux  ont  été  effectués 
avec  soin. 

Les  rapports  faits  précédemment,  à  la  suite  d'autres 
inspections,  notamment  celui  du  15  mai  1901,  ont  signalé  : 

1°  L'état  déplorable  des  abords  de  l'édifice  où  les  eaux 
pluviales  séjournent  et  peuvent  occasionner  des  dégâts 
importants  au  pied  des  murailles; 

2°  Le  diamètre  des  tuyaux  de  descente  qui  est  insuffisant 
pour  l'évacuation  régulière  des  eaux  des  toitures. 


—  463  — 

Il  est  urgent  de  remédier  à  ces  situations  préjudiciables 
à  la  conservation  du  monument.  On  fera  bien  de  profiter  de 
l'occasion  pour  faire  examiner,  avec  soin,  si  les  chéneaux 
sont  en  parfait  étal  d'entretien. 

En  attendant  qu'il  soit  procédé  à  la  consolidation  du  beau 
portail  sud,  il  importera  de  prendre  des  mesures  de  préser- 
vation pour  que  celte  intéressante  partie  de  l'édifice  ne  se 
détériore  pas  davantage;  elle  est  exposée  à  toutes  les  intem- 
péries. 

Il  est  non  moins  urgent  de  faire  examiner  scrupuleusement 
la  façade  principale  et  les  tours  de  l'église;  on  doit  faire 
en  sorte  que  des  infiltrations  ne  se  produisent  dans  les 
corniches  et  les  maçonneries  et  n'amènent  des  dislocations 
désastreuses,  surtout  en  temps  de  gelée. 

—  A  la  demande  de  M.  le  curé  de  la  paroisse,  il  a  été      m« 

d«  Saint-Remy, 

procédé,  le  17  juin  1903,  à  l'inspection  de  l'église  de  Saint-      àGI,,y- 
Remy,  à  Gilly,  qui  nécessite  des  travaux  de  restauration. 

MM.  Devillers  et  Cador,  membres  du  Comité  des  corres- 
pondants du  Hainaut,  assistaient  à  celle  inspection. 

Le  vaisseau  de  l'église  de  Saint-Remy  est  une  construction 
en  briques  datant  du  xviii*  siècle;  il  n'a  guère  d'importance 
au  point  de  vue  architectural. 

La  lour  est  plus  ancienne;  elle  semble  remonter  au 
xvie  siècle;  elle  est  bâtie  en  grès  avec  anglées  en  petit 
granit;  celles-ci  on:  été  introduites  dans  les  parements  à 
une  époque  postérieure,  probablement  lorsqu'on  a  reconstruit 
le  vaisseau. 

Depuis  longtemps  déjà,  les  exploitations  houillères  ont 
causé  des  dommages  à  l'édifice.  Tous  les  arcs-doubleaux 
en  maçonnerie  de  la  haute  nef  sont  fissurés;  des  fissures  se 


—  464  — 

remarquent  aussi  à  plusieurs  compartiments  des  voûtes  en 
briques  des  nefs.  Le  pavement  est  dénivelé  par  places.  La 
tour  a  également  subi  un  mouvement  qui  y  a  produit  des 
lézardes,  peu  graves,  il  est  vrai.  Ces  mouvements  qui 
paraissaient  arrêtés  depuis  plusieurs  années,  ont  subi  une 
recrudescence  assez  récemment. 

La  société  des  charbonnages  en  cause  a  alloué  les  fonds 
nécessaires  pour  faire  exécuter  les  travaux  reconnus  utiles 
par  les  experts  ;  des  ancrages  importants  ont  été  prévus  pour 
tout  l'édifice. 

On  devra  profiler  de  ces  travaux  pour  faire  repeindre 
l'édifice  dont  l'état  de  propreté  laisse  beaucoup  à  désirer. 
Étant  donné  le  voisinage  des  exploitations  houillères,  qui 
produisent  beaucoup  de  poussière  dans  la  localité,  il  con- 
viendra de  borner  le  travail  de  peinture  à  une  grande 
simplicité,  par  exemple  à  deux  tons  exécutés  à  l'huile,  afin 
qu'on  puisse  procéder  à  des  lavages  périodiques. 

Il  y  aura  lieu  de  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires 
pour  assurer  le  libre  et  rapide  écoulement  des  eaux  pluviales 
au  pied  des  murs  de  l'édifice  surtout  du  côté  de  l'ancien 
cimetière. 

Les  stalles  du  chœur,  en  style  Louis  XV,  sont  intéres- 
santes. Les  tableaux  sur  toile  qui  ornent  leurs  dossiers  sont 
en  très  mauvais  état  ;  leur  intérêt  est  suffisant  pour  qu'il  y 
ait  lieu  d'en  assurer  la  conservation.  A  cet  effet,  il  importera 
de  faire  appel  à  un  spécialiste  qui  aura  pour  mission  de 
soumettre  des  propositions  en  vue  du  rentoilage,  du  nettoyage 
et  de  la  retouche  des  parties  endommagées  de  la  peinture. 

4 

Égutê  —  Dans  son  rapport  du  28  décembre  1901,   rendant 

de  8»iat-Vlnc«ot,  "  l     ■ 

isoles,    compte  d'une  visite  des  travaux  de  restauration  en  voie 


—  165  — 

d'exécution  à  l'église  de  Saint- Vincent,  à  Soignies  (Hainaul), 
la  Commission  a  signalé  le  plafond  en  bois  de  la  haute-nef, 
dont  l'aspect  est  pauvre.  Il  importera  de  chercher  à  remédier 
à  ce  défaut  en  employant  des  couvre-joints  correspondant 
à  des  poutres  de  la  charpente.  Celles-ci  sont  très  rapprochées 
Tune  de  l'autre.  Elles  forment  les  enlraits  de  fermes  d'une 
charpente  du  xie  siècle,  admirablement  conservée,  grâce 
peut-être  à  ce  que  l'église  fût  recouverte  de  plomb  par  le 
comte  de  Hainaut,  Baudouin  IV,  dit  le  Bâtisseur  (f  2  novem- 
bre 1171),  ainsi  que  cela  résulte  du  texte  original  suivant  : 
t  Ecclesiam  sancli  Vincentii  Senogiensis  plumbo  texil  •, 
texte  extrait  des  Chroniques  de  Valenciennes,  par  Jean 
Doudelet  (manuscrit  n°  227  de  la  bibliothèque  publique  de 
Mons)  et  publié  par  le  savant  correspondant  et  collègue, 
M.  Devillers,  à  la  page  78  de  son  Mémoire  historique  et 
descriptif  sur  Céglisede  Sainte-  Waudru.  (Mons,  1857,  in-4°.) 

Les  artistes  eussent  dû  personnellement  s'assurer,  sur  les 
lieux,  des  résultats  de  la  pose  d'un  premier  panneau  et 
appeler  à  leur  aide,  avant  d'achever  l'œuvre,  la  critique  et  la 
compétence  des  autorités.  Au  surplus,  cette  partie  du  travail 
n'a  pas  été  suffisamment  soignée  ainsi  qu'en  témoigne 
l'examen  attentif  du  plafond.  On  pourrait,  sans  doute,  amé- 
liorer celui-ci  en  l'ornant  d'une  polychromie  bien  choisie. 

L'effet  actuel  étant  réellement  mauvais,  il  y  faut  remédier, 
sous  très  bref  délai,  dans  l'intérêt  de  l'art,  de  l'œuvre  et  de 
la  réputation  des  architectes  qui  y  ont  présidé. 

Les  nefs  de  l'église  de  Saint-Vincent  sont  aujourd'hui 
restaurées.  Il  convient  que  l'on  s'occupe  maintenant  du 
rétablissement  de  la  galerie  occidentale  dont  les  restes  ont 
été  découverts  au  rez-de-chaussée.  Les  architectes  devront 


—  166  — 

étudier  ce  rétablissement  dans  deux  hypothèses,  soit  avec 
deux,  soit  avec  un  seul  pilier;  en  tous  cas,  il  est  nécessaire 
qu'ils  s'assurent  du  nombre  d'arcades  qu'il  y  avait  autrefois. 

En  vue  du  dégagement  de  la  grande  fenêtre  de  la  façade 
occidentale,  l'orgue  devra  être  déplacé;  on  est  d'accord  pour 
l'installer  dans  le  bras  sud  du  transept  devant  l'arcade 
s'ouvrant  sur  la  galerie  haute  ou  triforium 

Le  Conseil  de  fabrique,  ou  tout  au  moins  l'un  des  plus 
distingués  de  ses  membres,  désirerait  voir  déplacer  l'ambon 
qui  se  trouve  adossé  au  transept,  où  il  masque  la  vue  du 
chœur,  et  l'installer  au  fond  du  bras  sud  du  transept.  II  s'agit 
ici  d'une  œuvre  remarquable  du  xvi*  siècle  qu'il  serait  émi- 
nemment regrettable  de  voir  reléguer  dans  un  endroit  où 
elle  perdrait  une  grande  partie  de  sa  valeur  par  suite  d'un 
éclairage  défectueux.  Cet  édicule  doit  être  conservé  à  sa 
place  actuelle,  dans  la  crainte  que  si  on  le  déplace  on  ne  se 
voie  obligé  de  le  ramener  au  lieu  où  il  était,  ainsi  que  cela 
s'est  produit  dans  d'autres  églises  anciennes.  Il  serait  plus 
pratique  de  rechercher  si  l'ambon  n'était  pas  (ce  qui  est  peu 
probable)  autrefois  percé  de  deux  arcades  latérales;  dans  ce 
cas,  il  suffirait  de  les  ouvrir  pour  dégager  la  vue  vers 
le  chœur.  Toutefois,  ce  parti  entraînerait  la  disparition  oa 
au  moins  le  déplacement  des  parties  des  stalles  qui  font 
retour  vers  l'ambon.  Malgré  l'intérêt  qu'offrent  ces  stalles, 
datant  de  1676,  le  sacrifice  de  leurs  retours  se  justifierait 
jusqu'à  un  certain  point,  par  les  nécessités  du  culte,  le  chœur 
étant  aujourd'hui  à  peu  près  complètement  soustrait  aux 
regards  des  fidèles. 

L'ambon,  les  stalles,  les  clôtures,  les  lambris  peints  et  le 
maitre-autel,  quoique  appartenant  à  des  époques  différentes, 


—  167  — 

forment  un  ensemble  qui  présente  un  réel  intérêt  historique 
et  artistique. 

On  ne  doit  pas,  pour  compléter  la  restauration  de  l'édifice, 
faire  disparaitre  cet  ensemble. 

Une  erreur  grave  serait  commise,  si  l'on  voulait,  sous 
prétexte  de  logique  absolue,  ramener  l'édifice  exclusivement 
à  sa  simplicité  primordiale.  Autant  vaudrait  dire  qu'aucun 
siècle  n'a  compte  pour  l'achèvement  et  l'ornementation  de 
cette  belle  église,  hormis  celui  de  la  construction.  Sans 
doute,  il  en  sera  ainsi  chaque  fois  que  le  développement 
historique  d'un  monument  aura  produit  des  œuvres  malheu- 
reuses. La  Commission  estime  que  ce  n'est  point  le  cas  ici. 

Si  des  remaniements  dans  le  chœur  et  le  transept 
deviennent  indispensables,  par  exemple  pour  le  rétablis- 
sement de  la  châsse  de  Saint- Vincent  sur  son  ancien  support, 
au  fond  de  l'abside,  il  faudra  les  étudier  avec  les  plus  grands 
soins  et  soumettre  des  propositions  motivées  avant  de  rien 
décider  à  cet  égard. 

Le  Collège  aime  à  reconnaître  que  tous  les  travaux  de 
restauration  exécutés  à  l'extérieur  du  monument  ont  été 
effectués  dans  la  perfection.  Il  est  heureux  d'en  féliciter  les 
auteurs. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'art.  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Ch.  Lagasse-de  Locht. 


\ 


ACTES  OFFICIELS. 


M.  le  Minisire  de  l'Agriculture  a  transmis  au  Collège  copie  coD^ionde» 
de  la  circulaire  suivante,  qu'il  a  adressée  à  MM.  les  Gouver-    CirciWw- 
neurs  des  provinces  : 

«  Bruxelles,  le  7  août  4903. 

»  Monsieur  le  Gouverneur, 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  attirer 
l'attention  toute  spéciale  des  administrations  fabriciennes 
sur  la  conservation  des  tableaux  placés  dans  les  églises  et 
notamment  sur  celle  des  retables  nouveaux  dont  l'exécution 
est  subsidiée  par  l'État. 

»  Les  couleurs  transparentes  et  sombres,  telles  que  les 
laques,  les  bruns,  les  terres,  les  noirs  broyées  à  l'huile  et 
qui  servent  à  la  peinture  des  retables,  mettent  des  années  à 
sécher  et  à  durcir;  encore  leur  faut-il,  à  cet  effet,  beaucoup 
de  lumière  et  surtout  d'air  sec,  constamment  renouvelé. 

*  Or,  nombre  d'églises  ne  sont  même  pas  ventilées;  il  y 
en  a  où  pas  un  seul  carreau  des  fenêtres  n'est  mobile  ;  les 
volets  des  retables  y  demeurent  perpétuellement  fermés;  à 
peine  reçoivent-ils,  aux  grands  jours  de  fêtes,  un  peu  d'air 
et  de  lumière.  De  là,  les  moisissures  que  l'on  remarque 
souvent  sur  les  peintures  récentes,  même  les  mieux  soignées. 
Ces  moisissures  s'attaquent  d'abord  aux  laques,  aux  bruns, 


—  170  — 

aux  noirs,  puis  aux  dorures  ;  elles  s'étendent  enfin  sur  toute 
la  peinture,  l'assombrissent,  la  corrodent  et  l'anéantissent. 

>  Les  peintures  murales  souffrent  aussi  beaucoup  de 
manque  d'air. 

»  On  ne  pourrait,  Monsieur  le  Gouverneur,  trop  recom- 
mander aux  Conseils  de  fabrique  de  bien  ventiler  les  églises; 
c'est  le  moyen  le  plus  efficace  d'assurer  la  conservation  et 
de  l'édifice  et  des  objets  d'art  dont  il  est  orné. 


>  Le  Minisire, 
(Signé)  Baron  M.  van  der  Bruggen.  > 


î  I  • 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ   DES    PROCÈS-VERBAUX^ 


SÉANCES 
dos  4,  11,  18  et  25  juillet;  des  1".  8,  14,  22  et  29  août  1903. 


iiWWWMWMfi 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  d'un  chemin  de  la  croix  ÉgutedeBrée. 

Chemin 

pour  l'église  de  Bree  (Limbourg);  peintre,  M.  Tassin;  de  i« croix. 

2*  Le  projet  relatif  à  l'exécution  d'un  chemin  de  la  croix  tt\\*> 

peint  pour  l'église  de  Sainte-Marguerite,  à  Liège;  auteur,  M;tft,ereU5* 

M.  Javaux  ;  d«  uTrô*. 

3°  Le  projet  concernant  la  restauration  et  le  complément  m« 

de  Kesseoich. 

de  la  croix  triomphale  de  l'église  de  Kesseoich  (Limbourg)  Crolx  lriomPh»le- 
L'attention  de  l'auteur,  M.  le  sculpteur  Peeters,  a  été  attirée 
sur  les  fleurs  de  lis  des  bras  de  la  croix  dont  le  tracé  n'est 
pas  heureux. 
—  Il  a  été  procédé,  le  29  juin  1903,  dans  les  locaux  du    .  £<••«  , 

r  .  *  de  Siiot-Nicobu, 

Gouvernement  provincial,  à  Bruges»  à  l'examen  du  tableau    '£§££' 


—  172  — 

de  l'église  de  Saint-Nicolas,  à  Dixmude  (Flandre  occiden- 
tale), représentant  la  Naissance  de  la  Sainte- Vierge. 

MM.  le  baron  J.  Belbune,  van  Ruymbeke  et  De  Meyer, 
membres  du  Comité  provincial  des  correspondants,  assis- 
taient à  cet  examen. 

L'intéressante  œuvre  d'art  dont  il  s'agit  ne  parait  pas  se 
trouver  dans  un  état  tel  qu'il  faille  y  exécuter  un  travail  de 
restauration  aussi  important  que  celui  prévu  par  M.  Tulpinck. 

H  est  à  remarquer  que  les  panneaux  sont  couverts  de 
crasse  et  que  le  vernis  semble  s'être  décomposé  sous  l'action 
de  l'humidité.  Il  est  à  présumer  qu'un  bon  nettoyage  et  un 
revernissage,  opérés  après  qu'on  aura  rejoint  les  ais  du 
tableau,  suffiront  pour  remettre  l'œuvre  en  état  convenable. 
En  tous  cas,  il  y  a  lieu  de  se  borner,  pour  le  moment,  à  ces 
seules  opérations.  Lorsque  celles-ci  seront  terminées,  et  avant 
le  revernissage,  il  sera  procédé  à  un  nouvel  examen  de 
l'œuvre  en  vue  de  déterminer  s'il  convient  de  faire  davan- 
tage. 

Il  semble  que  l'atmosphère  de  l'église  de  Saint-Nicolas  se 
prèle  peu  à  la  conservation  du  tableau  dont  l'état  s'est  aggravé 
depuis  quelques  années.  Il  se  peut  aussi  que  les  conditions 
défectueuses  du  milieu  dans  lequel  se  trouvait  le  tableau 
n'aient  été  que  momentanées  par  suite  des  travaux  de 
restauration  effectués  récemment  à  l'intérieur  du  monument. 
S'il  était  reconnu  que  ces  conditions  sont  permanentes,  il 
vaudrait  mieux  ne  pas  replacer  le  tableau  dans  l'église  et 
déposer  celui-ci  dans  un  musée. 

Quant  au  revers  du  seul  volet  qui  existe  encore,  la  pein- 
ture en  grisaille  en  est  irrémédiablement  perdue;  il  faut 
renoncer  à  la  réparer.  Quelques  soins  pourront  peut-être 


—  173  — 

empêcher  la  marche  de  la  décomposition  des  fragments  qui 
en  restent. 

—  Les  trente- trois  tableanx  de  l'église  de  Sainte- Anne,  à  de  s.ftÊ^, 
Bruges,  dont  la  restauration  est  projetée,  ont  fait  l'objet  d'un     t£SÏ. 
examen,  le  29  juin  1903,  de  concert  avec  MM.  van  Ruym- 
beke  et  De  Meyer,  membres  du  Comité  des  correspondants 
de  la  Flandre  occidentale. 

Les  œuvres  d'art  dont  il  s'agit  sont  intéressantes  et 
produisent  un  bon  effet  décoratif. 

Le  travail  à  effectuer  consiste  en  nettoyage,  rentoilage  et 
en  mesures  de  préservation  contre  l'humidité.  La  dépense 
totale  est  évaluée  à  3,740  francs. 

L'un  des  tableaux  dont  il  s'agit  a  subi  les  opérations 
précitées  par  les  soins  de  M.  Alphonse  Vincent,  peintre  à 
Bruges.  Cet  artiste  s'étant  bien  acquitté  de  sa  mission,  rien 
n'empêche  de  lui  confier  l'ensemble  du  travail. 

Les  prévisions  de  dépenses  paraissent  en  rapport  avec  les 
nécessités  constatées. 

Il  conviendra  de  commencer  l'entreprise  par  la  série  de 
toiles  entourant  le  chœur  et  de  réparer  d'abord  les  deux 
voisines  de  celle  qui  a  été  restaurée  à  titre  d'échantillon. 
Lorsque  ces  deux  œuvres  seront  remises  en  étal,  la  Com- 
mission devra  en  être  avertie;  elle  les  fera  examiner  par 
des  délégués  à  l'effet  de  s'assurer  si  l'on  peut  continuer  dans 
fa  même  voie. 

On  doit  néanmoins  recommander  au  restaurateur  la  plus 

grande  prudence;  il  doit  s'abstenir  de  tout  repeint  et  de 

tonte  retouche  et  se  borner  à  donner  aux  tableaux  les  soins 

nécessaires  à  leur  conservation. 

Au  fur  et  à  mesure  qu'on  remettra  les  tableaux  restaurés 


—  174  — 

à  leur  place  respective,  dans  les  lambris,  il  faudra  les  écarter 
suffisamment  des  murs  et  percer  au  bas  des  encadrements 
et  au  haut  de  ceux-ci,  à  des  endroits  peu  apparents,  des 
trous  destinés  à  permettre  à  l'air  de  circuler  entre  les  toiles 
et  les  murs. 

Enfin,  on  ne  saurait  trop  recommander  au  Conseil  de 

fabrique  de  bien  ventiler  l'église;  c'est  le  plus  puissant  moyen 

pour  assurer  la  conservation  et  du  temple  et  des  œuvres 

d'art  qu'il  renferme. 

ékkm  —  Il  a  été  procédé,  dans  l'église  de  Merchlem  (Brabanl), 

dt  Mercbtem. 

Tableau,  à  l'examen  du  tableau  de  De  Crayer  nouvellement  restauré 
et  qui  sert  de  retable  à  l'autel  latéral  du  côté  de  l'Évan- 
gile. 

Si  l'on  peut  souvent  reprocher  aux  peintres  restaurateurs 
de  faire  trop,  on  peut  constater  que  l'artiste  chargé  de  la 
restauration  dont  il  s'agit,  n'a  pas  fait  assez. 

En  effet,  dans  le  tableau  de  De  Crayer,  la  toile  est 
composée  de  trois  morceaux  superposés,  réunis  au  moyen 
de  coutures.  Dans  les  joints  des  morceaux  il  existe  des 
parties  qui  ne  semblent  pas  assez  adhérentes  et  qui  très 
probablement  se  marqueront  davantage  à  la  suite  des  chan- 
gements  atmosphériques  et  surtout  de  l'influence  de  l'humi- 
dité. 

Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  un  rentoilage  fait  avec 
soin  semble  nécessaire  et  l'on  eût  pu  profiter  de  ce  travail 
pour  fixer  les  parties  qui  menacent  de  se  soulever.  De  la 
sorte,  on  pouvait  remédier  aux  négligences  d'une  restau- 
ration antérieure  qui  semble  remonter  à  un  demi-siècle 
environ  et  prévenir  un  nouveau  travail  qui,  dans  le  même 
laps  de  temps,  pourra  devenir  nécessaire. 


—  178  — 

Sous  ces  réserves,  le  travail  de  restauration  peut  être 
approuvé. 

La  Commission  a  saisi  la  présente  occasion  pour  insister, 
de  nouveau,  sur  un  point  déjà  signalé  à  différentes  reprises, 
au  cours  de  ses  séances  :  Il  est  de  nécessité  absolue  que  toutes 
les  inspections  qui  se  font  à  la  suite  des  restaurations  de 
peintures,  se  fassent  avant  que  ces  peintures  aient  quitté 
l'atelier  du  peintre  restaurateur.  Dans  l'atelier  on  peut,  en 
effet,  les  examiner  sous  un  jour  plus  favorable;  on  peut 
faire  à  l'artiste  les  observations  que  son  travail  suggère  et 
entendre  les  raisons  qui  lui  ont  fait  adopter  un  parti  de 
préférence  à  tel  autre;  on  peut  enfin  demander  un  travail 
complémentaire  si  celui-ci  est  jugé  utile. 

A  ces  raisons  péremptoires  pour  adopter  ce  mode  de 
procéder  on  peut  ajouter  encore  que,  pour  les  membres  du 
Collège  chargés  de  ces  sortes  d'inspections,  il  en  résulterait 
une  grande  économie  de  temps  et  de  déplacements  dont 
rÉtat,  au  point  de  vue  des  frais,  profiterait  également. 

—  Il  a  été  procédé,  le  29  juin  1903,  dans  la  cathédrale    o.hedr,ie 
de  Bruges,  à  l'examen  des  tentures  placées  dans  la  chapelle 
de  Notre-Dame  des  VII  Douleurs,  aux  côtés  de  l'autel,  en 
vue  de  masquer  les  portes  des  armoires  ménagées  dans  les 
murs  de  la  dite  chapelle. 

Il  résulte  de  cet  examen,  auquel  assistaient  Mgr  le  chanoine 
Bethone  ainsi  que  MM.  De  Meyer  et  van  Ruymbeke,  membres 
du  Comité  des  correspondants  de  la  Flandre  occidentale, 
que  les  tentures  en  question  peuvent  être  adoptées.  Il  y  a 
lieu  toutefois  de  remarquer  que  les  franges  de  ces  draperies 
sont  simulées;  il  importera  de  les  remplacer  par  des  franges 
réelles. 


île  Briig>*«. 
Tenture». 


—  176  — 

L'attention  du  Conseil  de  fabrique  devra  être  appelée  sur 

la  tonalité  adoptée  pour  la  peinture  des  arcatures  au-dessus 

des  tentures;  cette  tonalité,  trop  faible,  gagnera  à  être 

renforcée. 

ÉfiiM  —  Il  résulte  de  l'examen  auquel  il  a  été  procédé,  dans 

dfSalDie-Martt,  ^  r 

kByltXitk'  l'ég"se  <*e  Sainte-Marie,  à  Schaerbeek  (Brabant),  des  essais 
de  placement  des  vilraux  peints  du  tambour  sous  la  coupole, 
que  ces  verrières  doivent  être  placées  de  façon  que  la  pro- 
fondeur de  l'embrasure  des  fenêtres  soit  égale  partout.  La 
distance  entre  le  vitrage  extérieur  et  les  verrières  intérieures 
sera  d'environ  0*10  à  0*1  K.  Les  vitraux  devront  suivre  le 
contour  de  la  balustrade,  c'est-à-dire  qu'aux  extrémités,  à 
droite  et  à  gauche  des  deux  baies  latérales  de  chaque  travée, 
ils  ne  seront  plus  parallèles  aux  vitrages  extérieurs. 
tifiiM  —  Il  a  été  procédé,  le  3  août  1905,  à  l'examen,  sur  place, 

tmEL    de  deux  projets  de  verrières  destinées  à  l'église  cathédrale 
de  Saint-Bavon,  à  Gand. 

MM.  Serrure,  Lybaerl  et  Van  Biesbroeck,  membres  du 
Comité  des  correspondants  de  la  Flandre  orientale,  assistaient 
à  cet  examen. 

L'une  de  ces  verrières  aurait  sa  place  dans  la  chapelle 
dédiée  à  Saint-Sébastien,  derrière  le  sanctuaire,  l'autre  dans 
la  chapelle  du  chemin  de  la  croix  sise  au  côté  nord  près 
l'entrée  principale. 

La  chapelle  citée  en  premier  lieu  est  déjà  dotée  d'un 
vitrail  représentant  la  Proclamation  du  dogme  de  C Imma- 
culée Conception,  dont  l'auteur  est  M.  Joseph  Casier.  C'est 
une  œuvre  très  ouvragée  étalant  un  coloris  riche  indépen- 
damment de  la  forme  et  du  dessin,  qui  sont  bien  soignés. 

Le  vitrage  en  grisaille  qu'il  est  question  de  lui  opposer 


—  177  — 

dans  la  fenêtre  nord-est,  serait  d'un  effet  pâle  et  mesquin. 
En  conséquence,  il  conviendrait  pour  obtenir  un  ensemble 
qui  satisfit  l'œil,  de  prier  l'auteur  de  ce  nouveau  travail  de 
produire  une  peinture  sur  verre  à  sujets  se  liant,  autant  que 
possible,  à  la  gamme  de  celle  qui  remplit  déjà  la  baie  voisine. 

Le  second  projet  appelé  à  décorer  la  fenêtre  de  la  chapelle 
du  chemin  de  la  croix  est  en  harmonie  avec  les  stations 
polychromées  en  bas-relief  de  cet  oratoire  dont  il  accentuera 
sensiblement  la  lumière.  Il  peut  être  adoplé.  Il  a  été  conseillé 
à  M.  Ladon,  présent  à  la  visite,  de  se  bien  pénétrer,  dans 
l'exécution,  des  traditions  de  la  fin  du  xvie  siècle. 

Les  travaux  de  restauration  à  exécuter  aux  meneaux  de 
la  fenêtre  et  aux  murs  de  la  chapelle  de  Saint-Sébastien,  de 
même  que  ceux  relatifs  aux  meneaux  de  la  chapelle  du 
chemin  de  la  croix  en  vue  de  la  réception  respective  des 
verrières  proposées,  semblent  de  nature  à  être  autorisés. 

En  vue  d'isoler  du  reste  de  l'église  les  fidèles  priant  dans 
la  chapelle  dont  il  a  été  parlé  secondement,  il  serait  désirable 
qu'on  plaçât  une  clôture  la  séparant  de  la  nef  nord  et  qu'on 
l'exécutât  dans  le  goût  de  celle  qui  défend,  à  proximité,  la 
chapelle  décorée  par  feu  Bethune. 

—  Il  a  été  procédé,  le  30  juillet  1903,  à  l'examen  des  £cii«d*Libt». 

Yitriux. 

cinq  derniers  vitraux  placés  récemment  dans  l'église  de  Libin 
(Luxembourg). 

Les  œuvres  d'art  dont  il  s'agit  ayant  été  exécutées  d'une 
façon  satisfaisante,  il  y  a  lieu  de  liquider  les  subsides  promis 
par  l'État  en  vue  de  la  dile  entreprise. 

—  Il  résulte  de  l'examen  auquel  il  a  été  procédé  des  ,   *§»•« 

1  'de  Noire-Dame 

ornements  sacerdotaux  de  l'église  de  Notre-Dame  du  Sablon,    èdîîeD.' 
à  Bruxelles,  que  l'un  de  ces  ornements,  de  date  relativement  ««"«aït. 


—  478  — 

récente,  n'a  guère  de  valeur;  que  la  cbape  est  très  intéres- 
sante et  qu'il  y  a  lieu  de  la  consolider  en  fixant  avec  soin  les 
broderies  qui  se  défilent;  que  l'autre  ornement,  sans  avoir 
de  l'importance,  ne  manque  cependant  pas  d'intérêt. 

En  résumé,  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  Conseil  de  fabrique 
fasse  procéder  à  la  réparation  de  ces  broderies  en  ayant  soin 
de  recommander  que  les  opérations  soient  bornées  au  strict 
nécessaire. 

La  dépense  à  résulter  de  ces  travaux  ne  parait  pas  assez 
importante  pour  justifier  une  demande  de  subside  aux 
pouvoirs  publics. 
Élu»  —  Par  lettre  du  16  juin  1903,  M.  le  Gouverneur  du 

de  Roucouit.  * 

chair*.  Hainaut  a  soumis  à  la  Commission  le  projet  relatif  à  la 
restauration  de  la  chaire  à  prêcher  de  l'église  de  Roucourl. 
Cette  étude  a  fait  l'objet  d'un  examen,  sur  place,  le  19  août 
suivant,  de  concert  avec  MM.  Devillers  et  Hubert,  membres 
du  Comité  provincial  des  correspondants. 

La  chaire  à  prêcher  de  l'église  de  Roucourt  est  un  travail 
remarquable  qui  doit  être  attribué  au  premier  quart  du 
xvi9  siècle. 

Par  l'importance  de  ses  sculptures  légendaires  et  décora- 
tives elle  se  dislingue  des  œuvres  de  même  nature  conservées 
dans  le  pays.  Une  seule  chaire  à  prêcher  peut,  à  cet  égard, 
être  mise  sur  le  même  rang  :  c'est  celle  qui  se  trouve  dans 
l'église  de  Nieuport. 

Les  photographies  envoyées  au  Collège  donnent  des 
renseignements  suffisants  sur  l'ensemble  et  les  détails  de 
l'œuvre. 

Les  cinq  panneaux  sculptés  en  haut-relief  ont  sans  aucun 
doute  représenté  des  sujets  relatifs  à  la  prédication.  Trois 


—  179  — 

d'entre  eux  sont  faciles  à  déterminer.  Ils  représentent  te 
Jugement  dernier;  la  Prédication  de  Saint-Jean-Baptiste 
et  Saint-François-  d'Assise  préchant  aux  animaux.  Deux 
panneaux  détériorés,  partiellement  restaurés  d'une  manière 
barbare,  semblent  représenter  des  scènes  de  la  vie  du  roi 
Salomon  et  de  la  légende  de  Sainte-Catherine  d'Alexan- 
drie. 

Les  montants  en  forme  de  contreforts  encadrant  ces  hauts* 
reliefs  ont  été  ornés  de  figurines  placées  sur  des  baldaquins. 
Ces  statuettes  ont  disparu. 

On  peut  se  rendre  compte  par  ces  simples  indications  que 
ce  travail  remarquable  exige  une  restauration  aussi  nécessaire 
que  délicate  à  exécuter.  Il  importerait  de  ne  la  confier  qu'à 
un.  sculpteur  expérimenté  en  ce  genre  de  travaux,  tels  qu'il 
n'en  existe  que  deux  ou  trois  en  Belgique.  Encore  convien- 
drait-il que  ce  travail  se  fit  sous  la  direction  d'un  membre 
de  la  Commission. 

On  ne  peut  que  recommander  cette  entreprise  d'une 
manière  particulière  à  l'intervention  du  Gouvernement,  la 
fabrique  de  l'église  de  Roucourt  étant  dénuée  de  ressources. 

Il  y  a  lieu  de  regretter  que  l'on  ne  possède  aucune  infor- 
mation historique  sur  cet  intéressant  travail  ni  même  sur  la 
manière  dont,  dans  l'origine,  la  chaire  était  placée  dans 
l'église. 

En  dernier  lieu,  elle  était  établie  en  encorbellement  contre 
un  massif  de  maçonnerie.  Il  y  aurait  lieu  de  rétablir  cette 
disposition.  Un  escalier  très  simple  en  pierre  prenant  le 
moins  de  place  possible  avec  rampe  semble  être  le  meilleur 
parti  à  prendre. 

Quant  au  projet  soumis,  il  parait  devoir  être  simplifié  ;  le 


Collège  eslimç,  d'autre  part,  que  le  fer  ne  convient  pas  pour 
la  rampe  ;  celle-ci  devra  être  en  bois. 
o»p*)u>  —  Il  a  été  procédé,  à  Oupeye  (Liège),  à  l'examen  de  la 
chapelle  qui  a  servi  an  culte  paroissial  jusqu'à  la  construction 
de  la  nouvelle  église,  ainsi  que  des  objets  offrant  un  certain 
intérêt  archéologique  qui  s'y  trouvent. 

La  chapelle,  complètement  abandonnée  depuis  l'inaugu- 
ration de  la  nouvelle  église,  est  aujourd'hui  à  l'état  de  ruine  ; 
c'est  d'ailleurs  une  masure  sans  intérêt  dont  la  démolition 
peut  être  autorisée  sans  inconvénient  pour  personne. 

Dans  le  pavement  cependant  se  trouvent  quelques  pierres 
tombales,  assez  bien  sculptées,  notamment  du  xvir  et  du 
xviu*  siècles  et  qui  méritent  d'être  conservées  au  point  de 
vue  de  l'histoire  locale  et  de  la  généalogie  des  familles  qui 
ont  habité  Oupeye. 

Il  serait  facile  d'assurer  leur  conservation  en  les  encastrant 
dans  les  murs  au  parvis  de  la  nouvelle  église  ou  même  en 
les  fixant  dans  le  pavement.  En  y  rappelant  le  souvenir  des 
défunts  inhumés  dans  l'ancienne  église  d'Oupeye,  elles 
conserveraient,  dans  la  nouvelle,  une  partie  de  leur  desti- 
nation primitive. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  adopté  : 
por^  de  uni.      {o  j^  devis  estimatif  des  travaux  de  consolidation  à  effec- 

a  Bouvignm. 

tuer  à  l'ancienne  porte  de  Laval,  à  Bouvignes  (Namur); 
iiypocsutu       2°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  destinés  à 

à  Tongret. 

abriter  un  hypocauste  découvert  rue  de  Saint  Trond,  à 
Tongres  (Limbourg). 


—  II  a  été  procédé,  le  4  août  1903,  de  concert  avec  H^^Jnto 
M.  Vierendeel,  ingénieur  en   chef  directeur  du   service 
technique  provincial,  à  l'examen,  sur  place,  du  projet 
soumis  en  vue  de  la  restauration  de  l'hôtel  de  ville  de  Loo 
(Flandre  occidentale). 

L'hôtel  de  ville  de  Loo  est  un  petit  édifice  du  xvi*  siècle, 
d'une  conception  originale  et  intéressante.  Sa  restauration 
est  devenue  nécessaire. 

Le  projet  présenté  par  H.  l'architecte  Vinck  parait  bien 
compris  pour  ce  qui  concerne  l'ensemble  de  la  restauration. 
Toutefois,  au  point  de  vue  des  restitutions  à  opérer,  notam- 
ment aux  fenêtres,  il  serait  utile  de  démolir  partiellement 
an  ou  deux  jambages  des  baies  du  rez-de-chaussée  et  du 
second  étage  du  bâtiment  principal  en  vue  de  retrouver  la 
situation  primitive.  Quelques  crevasses  se  sont  produites 
dans  le  mur  postérieur  de  l'édifice.  La  charpente  du  grand 
toit  est  belle  et  bien  combinée  ;  elle  est  en  bon  état  de  conser- 
vation. 

Il  conviendra  de  dérocher  l'intérieur  de  la  tour  pour 
s'assurer  exactement  de  l'état  de  cette  construction  et  notam- 
ment de  sa  partie  supérieure  où  se  remarquent,  vers  l'ouest, 
deux  petites  lézardes. 

La  tour  est  la  partie  de  l'édifice  qui  a  le  plus  souffert.  La 
base  (comptée  du  sol  jusque  environ  7  mètres  de  hauteur) 
de  la  face  sud  a  cédé  et  la  partie  supérieure  s'est  sensiblement 
inclinée  dans  la  direction  sud-ouest. 

Le  mouvement  a  dû  se  produire  pendant  la  période  de 
construction,  car  la  tour  ne  s'est  pas  détachée  du  bâtiment 
voisin.  Toutefois,  la  corniche  de  la  face  sud  de  ce  bâtiment 
a  été  quelque  peu  entraînée  dans  le  mouvement  de  bascule 


de  la  tour,  mais  aucune  crevasse  ou  dislocation  ne  s'est 
produite. 

Le  mouvement  pris  par  la  construction  ne  semble  pas  dû 
à  une  faiblesse  dans  les  fondations;  il  semble  qu'on  peut 
l'attribuer  soit  à  une  malfaçon  dans  les  maçonneries  de 
l'étage  inférieur,  soit  à  un  équilibre  imparfait  des  poussées 
des  arcades  du  rez-de-chaussée. 

Il  y  a  une  soixantaine  d'années  le  pied  de  la  tour  a  été 
empâté  d'une  maçonnerie  de  consolidation  du  plus  fâcheux 
effet.  En  présence  de  celte  situation,  le  pied  de  la  tour  doit 
être  repris  en  sous-œuvre,  depuis  le  niveau  des  fondations 
jusqu'au  plancher  du  second  étage  (soit  sur  7  à  8  mètres  de 
hauteur),  travail  qui  peut  se  faire  sans  danger  et  sans  grands 
frais  en  adoptant  un  étançonnement  soigné  dont  un  cro- 
quis de  M.  Vierendeel  donne  l'idée  générale,  en  cerclant 
la  tourelle  à  diverses  hauteurs  pendant  le  travail  en  sous- 
œuvre  et  en  confiant  celui-ci  à  un  spécialiste  de  choix. 

Au  cas  où  les  travaux  de  dérochage  sus-indiqués  démon- 
treraient que  la  partie  supérieure  de  la  tour  a  subi  des  avaries 
importantes,  il  serait  peut-être  prudent  de  reconstruire  entiè- 
rement la  tour  en  remettant  en  œuvre  les  anciennes  briques 
moulurées  et  toutes  autres  qui  sont  en  bon  état. 

Les  nouvelles  recherches  préconisées  ci-dessus  auront 
peut-être  pour  conséquence  de  faire  apporter  au  projet 
présenté  quelques  modifications  nécessitées  par  la  découverte 
de  dispositions  primitives. 
Abbaye  d'Auine.  _  \\  a  été  procédé,  sur  place,  le  17  août  1903,  à 
l'examen  du  projet  relatif  à  la  reconstruction  de  la  pre- 
mière travée  ouest  du  collatéral  sud  de  l'église  abbatiale 
d'Aulne. 


-.  «83  — 

M.  Devillers,  membre  du  Comité  des  correspondants  du 
Hainaut,  assistait  à  cet  examen. 

Le  travail  projeté,  qui  a  du  reste  déjà  été  adopté  en 
principe  par  la  Commission,  le  10  décembre  1902,  n'a 
soulevé  aucune  observation. 

La  plupart  des  matériaux  nécessaires  à  l'exécution  de  celte 
entreprise  sont  sur  place;  ils  ont  été  recueillis  dans  les 
décombres  et  les  fouilles. 

D'autre  part,  cette  reconstruction  est  indispensable  et 
argenté  pour  empêcher  la  chute  du  haut  mur  qui  est  immi- 
nente et  pour  assurer  la  reconstitution  du  seul  arc- boulant 
qui  existait  encore  il  y  a  quelques  années,  mais  dont  les 
restes  sont  suffisants  pour  permettre  de  le  rétablir  avec 
certitude. 

Enfin,  celte  reconstruction  est  encore  utile  pour  donner 
aux  nombreux  visiteurs  une  idée  exacte  de  la  majestueuse 
conception  et  de  l'ampleur  de  style  de  l'église  d'Aulne,  au 
temps  de  sa  splendeur. 

Les  travaux  entrepris  à  l'abbaye  d'Aulne  en  vue  de  la 
conservation  de  ces  admirables  ruines,  louchent  à  leur  fin  ; 
ils  ont  été  poursuivis  avec  une  rare  intelligence.  On  ne  peut 
que  louer  la  direction  et  l'exécution  de  ces  travaux  délicats 
qui,  tout  en  assurant  l'existence  de  restes  précieux  au  point 
de  vue  de  l'art  architectural,  ont  su  conserver  aux  édifices 
leur  aspect  de  ruine. 

—  Comme  suite  à  la  dépêche  de  M.  le  Ministre  de  l'Agri-  M.uon Porqti* 

à  Liège. 

culture,  en  date  du  18  août  1903,  il  a  été  procédé,  le  25  du 
même  mois,  à  une  nouvelle  visite  de  la  maison  Porquin, 
à  Liège. 
La  construction  connue  sous  ce  nom,  à  Liège,  est,  dans. 


le  quartier  de  la  ville  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse, 
la  plus  ancienne  et  Ton  peut  ajouter  la  seule  construction 
civile  qui  ait  un  caractère  architectural  :  encore  ne  s'agit-il 
ici  que  dune  habitation  particulière  dont  l'histoire  peut  être 
écrite  en  peu  de  lignes. 

Dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  un  banquier 
lombard,  du  nom  de  Bernard  Porcini  (nom  que  les  Liégeois 
ont  bientôt  traduit  en  Porquin)  vint  s'établir  à  Liège. 

On  sait  peu  de  chose  sur  son  compte,  si  ce  n'est  que  vers 
le  milieu  du  même  siècle,  il  se  fit  bâtir  une  demeure 
somptueuse  dans  un  terrain  qui  alors  se  trouvait  à  l'extré- 
mité de  la  ville  et  qu'il  y  mourut  le  20  juillet  1579.  Lui  et 
sa  femme,  Dorothée  Rustique,  avaient  fondé  une  chapelle 
dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Nicolas,  aujourd'hui  démolie 
et  où  les  deux  époux  ont  été  inhumés. 

Le  prince  de  Liège,  Ernest  de  Bavière,  acheta  aux  enfants 
Porquin  sa  riche  habitation,  le  13  décembre  1584;  elle  fut 
payée  24,000  florins  des  Pays-Bas.  Le  16  septembre  1603, 
Ernest  de  Bavière  fit  donation  de  cette  belle  demeure  à  la 
confrérie  de  la  Miséricorde,  afin  d'y  établir  un  hospice  destiné 
à  recueillir  les  pauvres  malades  ;  mais  cet  hôtel  n'était  qu'une 
sorte  d'annexé  à  l'hôpital  principal  de  la  ville  bâti  grâce  à  la 
munificence  du  prince  et  qui  porta  le  nom  d'hôpital  de 
Bavière  jusqu'à  sa  démolition  qui  eût  lieu  il  y  a  peu  d'années. 

La  démolition  de  la  maison  Porquin  devait  être  comprise 
dans  celle  des  autres  bâtiments  de  l'hôpital  et  ce  fait  explique, 
sans  le  justifier,  l'état  de  ruine  dans  lequel  cet  immeuble  se 
trouve  aujourd'hui. 

II  y  a  peu  d'années  encore,  lorsqu'il  faisait  partie  de 
l'hôpital  et  que  ses  chambres  les  plus  modestes  étaient 


—  185  — » 

habitées  par  les  religieuses  hospitalières,  tandis  que  le  reste 
était  affecté  aux  services  de  l'Administration,  l'ensemble  de 
l'intérieur  offrait  un  exemple  des  plus  intéressants  des  dispo- 
sitions et  du  décor  de  la  demeure  d'un  patricien  du  seizième 
siècle.  Mais  lorsque  la  démolition  des  autres  bâtiments  de 
l'hôpital  fut  décrétée,  tout  cet  intérieur  fut  abandonné  à  un 
bien  regrettable  esprit  de  spoliation  et  de  destruction  :  Jes 
cheminées  sculptées,  les  portes  ornementées  avec  leurs 
encadrements,  les  lambris  en  bois,  les  décors  en  carreaux 
de  faïence  et  jusqu'aux  fenêtres  avec  leurs  châssis  furent 
enlevés.  La  voûte  même  des  caves  a  été  défoncée  et  c'est  à 
peine  si  les  escaliers  en  bois  permettent  encore  l'accès  d'un 
étage  à  l'autre.  Il  ne  reste  debout  que  les  murs  des  façades, 
les  robustes  maçonneries  de  l'intérieur  et  les  toits  avec  leurs 
épis,  portées  par  une  remarquable  charpente. 

En  présence  de  cette  situation  lamentable  et  après  la 
démolition  complète  des  bâtiments  de  l'ancien  hôpital  de 
Bavière,  les  esprits  se  sont  émus  dans  une  partie  de  la 
population  liégeoise;  des  démarches  ont  été  faites  pour  la 
conservation  de  la  maison  Porquin.  Les  imaginations  se  sont 
échauffées  et  l'on  a  vu  surgir  des  plans  de  restauration 
étendus  dans  lesquels  on  pouvait  contempler  les  façades  de 
l'ancienne  construction  se  refléter  dans  un  étang  imagi- 
naire... 

La  Commission  royale  des  monuments  ne  saurait  assuré- 
ment s'associer  aux  rêves  qui  ont  pu  se  produire  à  celle 
occasion;  mais  lorsqu'elle  a  eu,  une  première  fois,  à  examiner 
cet  édifice  d'un  caractère  simple  et  d'une  architecture  sobre 
et  raisonnée,  elle  y  a  vu  un  monument  qui  reflète  encore  un 
passé  historique  et  qu'il  est  intéressant  de  conserver,  aujour- 


—  486  — 

d'hui  qu'il  est  isolé  dans  un  quartier  de  la  ville  vaste  et 
populeux  ou  tout  à  peu  près  est  de  date  récente  et  ne  réveille 
aucun  souvenir. 

Appelé  à  se  prononcer  de  nouveau  —  bien  tardivement 
il  faut  le  regretter  —  le  Collège,  fidèle  à  son  esprit  de 
conservation  de  tout  ce  qui  rappelle  le  passé  de  notre 
pays,  ne  saurait  revenir  sur  une  opinion  émise  précédem- 
ment. 

Il  estime  qu'il  y  a  lieu  de  conserver,  de  réparer  et  d'uti- 
liser ce  qui  reste  de  la  maison  Porquin,  malgré  l'état  de 
ruine  actuel.  Il  y  a  urgence  que  l'autorité  supérieure  inter- 
vienne, car  si  la  bâtisse  reste  encore  exposée  aux  intempéries 
d'un  hiver,  il  est  probable  que  la  question  sera  tranchée  en 
faveur  de  la  ruine  et  de  la  destruction. 

L'édilité  de  la  ville  de  Liège  a  fait  dresser  par  son 
architecte  un  devis  de  la  dépense  d'une  restauration,  devis 
qui  s'élève  à  la  somme  de  30,000  francs.  L'administration 
communale  trouve  ce  chiffre  fort  élevé  pour  un  immeuble 
dont  l'affectation  n'est  pas  déterminée. 

Il  n'entre  pas  dans  les  attributions  de  la  Commission  de 
trouver  une  destination  à  l'immeuble  dont  il  s'agit.  Mais 
l'examen  auquel  elle  s'est  livrée,  l'a  convaincue  que  la  dispo- 
sition intérieure  de  la  maison  Porquin  la  rendait  propre  à 
des  services  de  plus  d'une  nature. 

D'autre  part,  l'entretien  que  la  délégation  a  eu  avec  l'un 
des  membres  du  Collège  échevinal,  lui  a  fait  connaître 
que  l'un  des  projets  de  celui-ci  était  d'établir  dans  ce 
quartier  si  populeux  d'Outremeuse,  un  parc  étendu  dont 
les  confins  s'arrêteraient  précisément  à  la  maison  dont 
il  s'agit  et  qui,   convenablement  restaurée,   ne  pourrait 


—  187  — 

qu'ajouter  an  caractère  plus  artistique  à  rembéllissemetU 
projeté."  »."•«••,'  ":*';'  *  '•  *  ■"• * 

-■-  Àfir>  de  répondre  à  la  demande  de  M!  le  Ministre  de  iuiraDch*»eBU 

,    anciens  h  E  j«4ro. 

l'Agriculture,  la  Commission  a  fait  procéder,  à  Eysden-sur- 
Meuse  (Li  m  bourg),  à  l'examen  de  la  vaste  bruyère  sur 
laquelle  se  trouvent  les  restes  de  retranchemeills  et  les 
carrières  de  gravier  dont  la  commune  d'Eysden  demande  a 
continuer  l'exploitation. 

Les  retranchements  en  terre  nommés  Camp  romain, 
établis  sur  une  étendue  considérable,  ont  été,  à  différentes 
reprises,  l'objet  d'études  et  d'investigations  entreprises  '  par 
des  savants.  Notamment  en  1867-1868,  ils  ont  été  examinés 
avec  grand  soin  par  feu  M.  Habets,  conservateur  des  archives 
à  Maestrichl,  et  par  M.  Scbuermans,  premier  président  de 
la  Cour  d'appel  à  Liège  et  correspondant  de  la  Commission 
royale  des  monuments.  À  celte  époque,  le  Gouvernement  à 
alloué  un  subside  destiné  à  couvrir  les  frais  des  fouilles  et 
des  travaux  de  recherche. 

Le  résultat  de  ces  recherches  se  trouve  consigné  dans  les 

* 

Publications  de  la  Société  historique  et  archéologique  dans 
le  Duché  dé  Limbourg,  tome  XVIII,  année  1881,  pp.  180 
et  suiv.  ; 

Les  conclusions  de  ce  rapport,  très  détaillé,  sont  malheu- 
reusement négatives. 

Ce  que  l'on  nomme  vulgairement  c  Camp  romain  «  ne 
semble  avoir  rien  de  romain.  C'est  un  vaste  travail  d'épau- 
lement  et  de  retranchement  qui  semble  l'œuvre  de  ces 
peuplades  barbares  qui,  dans  les  cinq  ou  six  premiers  siècles 
de  l'ère  chrétienne,  ont  envahi  notre  pays.  De  même,  lés 
trois  ou  quatre  tertres  élevés  seulement  de  quelques  mèlréà, 


_  488  _ 

mais  dont  plusieurs  ont  uoe  circonférence  étendue,  et  quç 
l'on  a  nommés  tumulus,  ne  sont  pas  des  tombes  romaines. 
Ces  tertres  doivent  plutôt  être  considérés  comme  1'assietle 
des  lentes  on  des  abris  destinés  aux  chefs  de  ces.  peuplades 
et  à  leur  famille.  Les  fouilles  pratiquées  dans  la  plus  impor- 
tante de  ces  élévations,  par  les  deux  savants  précités,  n'ont 
amené  que  des  charbons  consumés. 

L'origine  romaine  attribuée  à  ces  anciens  vestiges,  pro- 
vient très  probablement  du  voisinage  d'une  partie  de  la 
chaussée  romaine  que  l'on  a  retrouvée  à  une  petite  dislance 
de  l'autre  côté  du  canal  de  Maestricht  à  Bois-le-Duc. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  science  historique  et  archéologique 
n'ayant  encore  donné  aucune  solution  aux  questions  que 
soulève  ce  vaste  travail  de  défense,  il  convient  de  ne  pas  le 
faire  disparaître  de  la  bruyère  inculte  qu'il  couvre  san$  motifs 
graves.  De  nos  jours,  la  science  historique  a  fait  bien  des 
progrès,  il  importe  de  ne  pas  détruire  les  documents  qui 
peuvent  préparer  les  solutions  de  l'avenir. 

Cependant,  on  peut  autoriser  la  commune  d'Eysden  à 
laisser  poursuivre  les  excavations  de  gravier  commencées 
en  imposant  aux  exploitants  l'obligation  de  respecter  les 
retranchements  et  l'enceinte  dont  ils  marquent  le  con- 
tour. 

L'examen  auquel  il  a  été  procédé  a  permis  de  constater 
que  l'exploitation  de  gravier  pourra  encore  se  poursuivre 
pendant  un  quart  de  siècle  avant  d'entamer  les  anciens 
travaux  de  terrassement.  L'administration  communale 
d'Eysden  peut  très  bien  introduire  une  condition  de  cette 
nature  dans  la  convention  qu'elle  fera  avec  les  entrepreneurs 
exploitant  les  fosses  de  gravier. 


—  189  — 
.    ÉDIFICES  RELIGIEUX; 

*         • .  *  • 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  revêtus  du  visa  : 

4°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  fi  ^SSmL 
Morialmé  (Namur)  ;  architecte,  M.  Leborgne ;  :  de  ^^ 

2°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Orgeo  (Luxembourg),  à  la  condition  que  Ton  aura  égard  à 
l'avis  émis  par  le  comité  diocésain  d'art  chrétien,  dans  son 
rapport  du  25  juillet  4903.  Il  semble  toutefois  qu'il  n'y  a 
pas  lieu  de  prescrire  le  chêne  au  lieu  du  hêtre  pour  l'escalier 
d'accès  à  la  cave;  architecte,  M.  Wùrth; 

3°  Le  projet  relatif  à  la  transformation,  en  presbytère,  de  . 
la  maison  communale  de  Wesembeek  (Brabant).  II  y  aura 
lieu  toutefois,  au  cours  de  l'exécution  des  travaux,  de  réduire 
l'importance  du  fronton  de  la  lucarne  centrale  de  la  façade 
et,  pour  les  autres  lucarnes,  de  rester  dans  le  type  de  celle 
du  centre;  architecte,  M.  Symons; 

4°  Le  projet  concernant  l'appropriation  du  presbytère 
d'Haslière-par-delà  (Namur);  architecte,  M.  Joostens; 

5°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  d'appro- 
priation et  de  restauration  au  presbytère  de  Bommershoven 
(Limbourg);  architecte,  M.  Bricteux; 

6°  Le  projet  relatif  à  l'appropriation  de  la  maison  destinée 
au  logement  du  chapelain  de  Biourge,  sous  Orgeo  (Luxem- 
bourg), sous  la  réserve  qu'au  cours  de  l'exécution  :  des 
travaux  l'auteur  aura  égard  aux  observations  consignées 
dans  le  rapport  dii  25  juillet  1903,  du  comité  diocésain  d'art 
chrétien  ;  architecte,  M.  Wùrth  ; 


—  190  — 

V  Le  projet  d'appropriation  du  presbytère  de  Rooborst 
(Flandre  orientale);  architecte,  M.  Cobbaert; 

8°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  de  Wechelder- 
zande  (Anvers);  architecte»  M.  Taeymans; 

9°  Le  projet  des  travaux  de  restauration  à  effectuer  au 
presbytère  de  Marvie,  sous  Wardin  (Luxembourg)  ;  archi- 
tecte, H.  Gupper. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
delfl^éc        *°  ^  Gagnée  (Liège);  architecte,  M.  Léonard; 
Égiite         2'  Au  hameau  «  Kruisstraat  • ,  sous  Moerbeke  (Flandre 

de  Krulutrtet, 

à  Mwrbeke.  orientale).  Il  y  aura  lieu  toutefois,  au  cours  de  l'exécutioD 
des  travaux,  de  tenir  compte  des  observations  consignées 
dans  le  rapport  de  M.  l'architecte  provincial,  en  date  du 
30  mai  1903;  architecte,  M.  Depauw. 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 
églises  : 

E<iue  d-Êuiie.  4°  D'Étaile  (Luxembourg),  à  la  condition  que  toutes  les 
couvertures  soient  exécutées  en  ardoises  et  qu'on  amortisse 
la  tour  au  moyen  d'une  flèche  de  forme  ordinaire.  Il  impor- 
tera aussi  de  déplacer  le  water-closet  qui  est  contigu  au 
mur  contre  lequel  est  adossé  un  autel  et  de  doter  la  sacristie 
d'une  piscine,  ainsi  que  le  demande  le  comité  diocésain  d'art 
chrétien  ; 
SfiJïot6        2*  De  Marche-les-Dames  (Namur);  architecte,  M.  Lange; 

ÉguLdisTei.      3*  D'Exel  (Limbourg);  architecte,  M.  Martcns; 


—  19*  — . 

4*  De  Bilsen-la-Ville  (Limbourg);  architecte,  M.  Chris-  J^ff^ 
tiaens. 
Ainsi  que  les  projets  ci-après  : 
5°  Construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Sainte-Marie  _,    fri«   , 

°  de  Sainte-Mari* 

lez  Neufchàteau  (Luxembourg),  moyennant  de  tenir  compte lw  Nattfcbâle,IB- 
des  observations  formulées  par  le  comité  diocésain  d'art 
chrétien,  dans  son  rapport  du  9  juillet  1903;  architecte, 
M.  Wûrth  ; 
6°  Construction  d'un  garde-meubles  pour  l'église  de  Sainte*     égiued0 

.  Stinle-Gertrodfl, 

Gertrude,  à  Elterbèek  (Brabant);  architecte,  M.  Mârcq;         à  *!•*••*. 

7°  Et,  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux  on*u mouiit» 
églises  de  : 

Saint-Mard  (Luxembourg)  :  deux  confessionnaux  ; 

Warneton  (Flandre  occidentale)  :  confessionnal  ; 

Redu  (Luxembourg)  :  bancs; 

Bertrix  (Luxembourg)  :  autels,  confessionnaux,  buffet 
d'orgue  et  fonts  baptismaux  ; 

Beyne,  sous  Beyne-Heusy  (Liège)  :  mailre-autel,  buffet 
d'orgue  et  banc  de  communion  ; 

Impde,  sous  Wolverlhem  (Brabant)  :  buffet  d orgue; 

Saint-Gilles  lez  Bruxelles  :  banc  de  communion  ; 

Hulsen,  sous  Baelen  (Anvers)  :  mobilier  complet; 

Lommel  (Limbourg)  :  chaire  à  prêcher; 

Saint- Lazare.,  à  Tournai  (Hainaut)  :  complément  du  mobi- 
lier; 

Aile  (Namur)  :  cloche. 

—  A  la  demande  de  l'administration  communale  de      toi» 

de  Palifeol. 

Paliseul  (Luxembourg),  il  a  été  procédé,  sur  place,  le 
28  juillet  1903,  à  l'examen  des  questions  relatives  à  :la 
reconstruction  de  l'église  de  cette  localité.       ;>:    ,     .-;■•,.■! 


—  198  — 

*  L'église  actuelle  de  Paliseul  est  une  construction  insi- 
gnifiante qui  date  de  diverses  époques,  notamment  du 
xviii9  siècle.  Elle  n'offre  aucun  intérêt  artistique  ou  archéo- 
logique ;  elle  est  d'ailleurs  en  mauvais  état.  De  plus,  elle  est 
de  beaucoup  trop  exiguë  pour  les  nécessités  de  la  population 
qui  s'accroît  sans  cesse.  Il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  ce 
qu'il  soit  procédé  à  sa  reconstruction. 

L'édifice  existant,  qui  est  parfaitement  orienté,  se  trouve 
au  centre  de  l'ancien  cimetière  désaffecté  depuis  assez  long- 
temps déjà.  Le  nouveau  temple  sera  érigé  au  même  endroit. 
Cet  emplacement  est,  du  reste,  très  beau  et  il  occupe  le 
centre  de  l'agglomération. 

Les  autorités  locales  ne  sont  pas  d'accord  sur  l'orientation 
à  donner  au  nouvel  édifice.  C'est  pourquoi  elles  ont  cru 
devoir  faire  appel  aux  lumières  de  la  Commission.  Certains 
membres  de  ces  administrations  paraissent  indifférents  sur 
ce  choix;  d'autres  voudraient  voir  établir  l'édifice  dans 
le  sens  opposé  à  celui  qu'il  occupe  aujourd'hui,  c'est-à- 
dire  que  la  façade  principale  serait  exposée  à  l'est,  vers 
la  place  publique,  le  chœur  à  l'ouest.  Enfin,  l'un  des 
délégués  des  autorités  locales  représentées  à  l'inspection 
voudrait  voir  établir  l'édifice  dans  le  sens  perpendiculaire 
à  son  axe  actuel,  soit  la  façade  principale  exposée  au 
sud  vers  la  chaussée  conduisant  à  la  gare,  le  chœur  au 
nord. 

Il  résulte  de  la  visite  à  laquelle  il  a  été  procédé,  qu'il  n'y 
a  nulle  raison  de  changer  l'orientation  actuelle. 

•  C'est  une  erreur  grave  de  croire  que  l'église  ne  se  présen- 
terait pas  tout  aussi  biep  qu'elle  ait  sou  chevet  exposé  vers 
la  place  publique  plutôt  que  sa  façade  principale.  C'est,  au 


—  193.  «-- 

contraire,  le  chevet  qui  constitue  la  partie  la  plus  intéres- 
sante de  l'église. 

Les  administrations,  en  général,  ne  tiennent  pas  suffisam- 
ment compte  des  avantages  incontestables  qui  résultent  de 
la  bonne  orientation  des  édifices  religieux.  D'abord,  il  est 
toujours  désirable  de  voir  respecter  une  ancienne  tradition 
liturgique;  ensuite,  il  importe  de  ne  pas  perdre  de  vue  que 
celte  tradition  est  aussi  en  concordance  avec  les  exigences 
de  notre  climat.  Sous  ce  rapport,  l'église  de  Paliseul  a  plus 
besoin  encore  que  d'autres  'd'être  bien  orientée.  Elle  occu- 
pera l'un  des  hauts  plateaux  de  la  province  et  sera  particu-  * 
lièrement  exposée  aux  vents  violents  et  humides.  Il  est  donc 
indispensable  de  la  protéger  tout  spécialement. 

Ces  considérations,  dictées  par  l'expérience,  méritent  de 
fixer  l'attention  des  autorités  locales  chargées  de  l'entretien  '  ' 
du  monument.  Or,  l'entretien  d'une  église  mal  orientée  est, 
à  la  campagne  surtout,  à  peu  près  impossible.  En  tous  cas, 
c'est  un  entretien  très  coûteux  qui  ne  suffit  même  pas  à 
arrêter  la  ruine  de  la  construction. 

De  nombreux  exemples  d'églises  érigées  il  y  a  peu 
d'années  et  qui  sont  déjà  dans  un  état  de  conservation 
déplorable  ne  manquent  pas  de  nous  avertir  qu'il  faut  abso-  ' 
lument  tenir  la  main  à  ce  que  toute  nouvelle  église  soit 
orientée  à  moins  d'impossibilité  manifeste  résultant  de  la 
situation  des  lieux.  Ce  cas  n'existe  pas  à  Paliseul;  par 
conséquent,  on  doit  considérer  comme  un  devoir  de  conseiller 
aux  autorités  intéressées  de  maintenir  l'orientation  existante 
à  laquelle  d'ailleurs  la  population  est  habituée. 

Au  cours  de  l'inspection  des  lieux  à  laquelle  M.  l'architecte 
Van  Gheluwe  assistait,  il  a  été  demandé  à  cet  artiste  de 


j 


—  .104  ^ 

produire  des  extraits  du  plan  topographrque  indiquant 
l'emplacement  de  la  nouvelle  église  suivant  les  hypothèses 
proposées.  Il  a  dressé  les  trois  plans  suivants  : 

a)  Orientation  proposée  par  la  commune,  le  chevet  à 
l'ouest; 

b)  Orientation  actuelle  conservée,  le  chevet  à  Test  ; 

c)  Le  chevet  également  à  Test,  le  jubé  au  transept  et  la 
tour  adossée  au  jubé. 

II  y  a  lieu  de  donner  la  préférence  au  tracé  indiqué  par  la 
lettre  c. 

Cette  disposition,  qui  présente  l'édifice  sous  un  aspect 
très  pittoresque,  a  en  outre  l'avantage  de  donner  satisfaction 
au  désir  des  autorités  locales  qui  tiennent  à  ce  que  la  tour 
se  trouve  en  évidence  vers  la  Grand'Rue  du  bourg. 
*giiM<i<DMMid.  —  M  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le 
24  août  4903,  que  le  maitre-autel  et  la  chaire  de  vérité 
placés  dans  l'église  de  Deuzeld,  sous  Schooten  (Anvers), 
ont  été  exécutés  d'une  façon  satisfaisante. 

En  conséquence,  rien  ne  s'oppose  à  la  liquidation   du 
subside  promis  par  le  Département  de  l'Agriculture  en  vue 
de  cette  entreprise. 
£f«iMde8oiy.      —  Il  a  été  procédé,  le  9  juillet  1903,  à  l'examen  du 
maitre-autel  placé  dans  l'église  de  Suxy  (Luxembourg). 

Il  a  été  constaté  que  le  meuble  dont  il  s'agit  est  conforme 
au  plan  qui  a  reçu  le  visa  le  21  mars  1900  et  que  son 
exécution  a  été  traitée  d'une  façon  satisfaisante. 

En  conséquence,  il  y  a  lieu  de  liquider  te  subside  promis 
sur  les  fonds  des  Beaux-Arts,  en  vue  de  la  réalisation  du 
travail  précité. 
ti^iMdgtbt.       —  L'examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  1"  juillet  1903, 


—  18*  ^. 

de  concert  avec  MM.  Van  de  Wyngaert  et  Sibenaler,  délé- 
gués du  Comité  des  correspondants  du  Luxembourg,  d'an 
autel  placé  dans  l'église  d'Ethe,  a  établi  que  le  travail  était 
bien  exécuté  et  conformément  aux  indications  du  plan 
approuvé  par  la  Commission.  En  conséquence,  rien  ne  s'op- 
pose à  ce  que  le  Département  de  l'Agriculture  liquide  le 
subside  de  700  francs  promis,  sur  les  crédits  des  Beaux- 
Arts,  en  vue  de  la  réalisation  de  l'œuvre. 

—  Le  meuble  que  le  Conseil  de  fabrique  de  Saint-Mard  ^  Jjgj^ 
demande  d'aliéner  a  fait  l'objet  d'un  examçn,  sur  place,  le 
1er  juillet  1903,  de  concert  avec  MM.  Van  de  Wyngaert  et 
Sibenaler,  délégués  du  Comité  des  correspondants  de  la 
province  du  Luxembourg. 

Ce  meuble  est  un  buffet  en  chêne  que  surmonte  une 
armoire  de  même  bois.  Il  est  placé  dans  une  annexe  de  la 
sacristie  servant  de  refuge  à  l'église.  Aucun  style  ne  le 
caractérise  nettement.  Sa  confection  parait  remonter  à  la 
seconde  moitié  du  xviu9  siècle.  L'œuvre  n'a  pas  une  valeur 
suffisante  pour  mériter  d'être  conservée  dans  la  dite  pièce, 
où  elle  gêne  et  n'a  pas  d'emploi.  En  outre,  elle  est  fort 
délabrée  et  disloquée. 

Les  réparations  pour  sa  remise  en  bon  état  dépasseraient 
de  beaucoup  l'évaluation  maxima  de  200  francs  qui  en  a  été 
faite  par  un  expert  en  antiquités  et  par  un  amateur.  Dans 
ces  conditions,  il  semble  qu'il  y  aurait  mauvaise  grâce  à  ne 
pas  permettre  à  l'autorité  fabricienne  de  s'en  dessaisir  en  . 
Belgique  au  mieux  de  ses  intérêts  plutôt  que  de  la  laisser  se 
détériorer  davantage  dans  l'abandon.  Les  fonds  versés 
seraient  consacrés  utilement  à  l'achat  d'une  armoire  destinée 

* 

à  serrer  les  ornements  sacerdotaux. 


—  W8  — • 

•         ♦       •     .    .  »  •  •  »  .  r 

.    ■  #  »  %  *  *  *  ^  •  \  * 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION,'    /     ' 

'  î   /  .......      I  t 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 
tff"*«         4°  Le  projet  relatif  à  l'achèvement  de  la  restauration  de 

de  Borght.  r     * 

Fégl i se  de  Burghl  (Flandre  orientale),  à  la  condition  que 
Ton  aura  égard  aux  observations  émises  par  M.  l'architecte 
provincial,  dans  son  rapport  du  19  juin  1903;  architectes, 
MM.  Piscador  et  Reychle; 
gin*.         2'  Le  projet  de  divers  travaux  de  restauration  à  effectuer 
à Hc^hiede. •  à  l'église  de  Saint-Amand,  à  Hooghlede  (Flandre  occiden- 
tale); architecte,  M.  Nolf; 
*•*«  3*  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de 

de  Dnooetre* 

Dranoutre  (Flandre occidentale);  architecte,  M.  Vierin; 
BftiM  4°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  à  effectuer  à 

eeoroncke* 

l'église  d'Àssebroucke  (Flandre  occidentale);  architecte, 
M.  Charels; 
ta;*  5°  Le  projet  de  travaux  complémentaires  de  restauration 

de  Gonriettx. 

à  exécuter  à  l'église  de  Gonrieux  (Namur);   architecte, 
M.  Maréchal  ; 
ggtted.        6°  Le  projet  concernant  le  renouvellement  des  fenêtres  de 

l'église  de  Bois-de-Villers  (Namur); 
ËfiiM  7°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  complémen- 

taires de  restauration  à  l'église  de  Malempré  (Luxembourg); 
architecte,  M.  Gupper; 
KgiiM  de  Min..     8°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  à 
l'église  de  Marvie,  sous  Wardin  (Luxembourg)  ;  architecte, 
M.  Gupper; 
Église  9°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Fauvillers 

de  Faurillers. 

(Luxembourg);  architecte,  M.  Gupper; 


d*Àtteoroncke, 


_  |»7  — 

10*  Le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'église  de  ÉtUM*^*.. 
Thieu(Hainaut); 

1 1*  Le  projet  de  restauration  des  abat-sons  de  la  tour  de .  .*•«■■ ;«• 
réglise  de  Braine-le-Comte  (Hainaut);  architecte,  M.  Char- 
boonelle  ; 

12°  Le  projet  relatif  à  l'appropriation  de  réglise  d'Has-  ^tflg 
tière- par-delà  (Naraur)  et  à  la  construction  d'une  sacristie  *"* 
avec  dépendances  à  cet  édifice.  Au  cours  de  l'exécution  de 
ces  travaux,  il  importera  de  prendre  toutes  les  mesures  de 
précaution  nécessaires  pour  éviter  de  détruire  les  plantations 
dans  la  propriété  de  M.  De  Paepe,  au  côté  nord  de  l'église. 
A  cet  effet,  l'égout  destiné  à  évacuer  les  eaux  pluviales 
provenant  des  toitures  de  l'édifice  devra  être  établi  sous  le 
chemin  longeant  l'église  dans  la  dite  propriété;  architecte, 
M.  Van  Assche; 

13°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  travaux  de  restau-     ggiuede 

Droocto  botch . 

ration  à  l'église  de  Droogenbosch  (Brabant).  Au  cours  de 
l'exécution  de  cette  première  série  d'ouvrages,  il  importera 
de  veiller  à  ce  que  l'écoulement  des  eaux  pluviales  soit 
parfaitement  assuré  le  long  des  trottoirs  à  établir.  L'auteur 
du  projet  devra  examiner  avec  soin  si  la  petite  baie  à  l'étage 
de  l'annexe  située  au  côté  nord  de  l'édifice,  entre  le  transept 
et  le  chœur,  est  la  reproduction  fidèle  de  la  situation  actuelle, 
laquelle,  en  tous  cas,  doit  être  respectée.  La  couverture  du 
pignon  de  cette  annexe  sera  appareillée  par  assises  et  non 
pas  composée  de  tablettes  comme  le  projet  le  prévoit;  archi- 
tecte, H.  Symons; 

14*  Le  projet  dressé  en  vue  du  rétablissement  de  l'église      *•"* 
de  Bierbeek  (Brabant)  dans  son  état  primitif;  architecte, 
M.  Langerock; 


—  19g  — 

«•  s.!S.jl«,«M    **"  ^projet  relatif  à  l'exéotrtioà  de  trafapx  de  resta  u- 
•"SïîeSet*  ration  à  la  façade  principale  de  l'église  de  Saint-Jacques  sut 
Caudenberg,  à  Bruxelles;  architecte,  IL  Delpy  ;  • . 

decifmbThM  ***"  ^e  ProJ*1  d®  travaux  de  restauration  à  effectuer  à 
l'intérieur  de  l'église  de  Grimberghen  (Brabant),  sous  la 
réserve  que,  dans  sa  soumission,  l'entrepreneur  Brassinne- 
De  Boeck  énumérera  d'une  façon  complète  et  précise  les 
travaux  à  faire  conformément  aux  indications  du  rapport  du 
Collège  en  date  du  48  décembre  1901  ;  architecte,  M.Dhayer; 
(  Éfii*  J7°  Le  projet  des  travaux  les  plus  urgents  à  effectuer 

pour  la  restauration  de  l'église  d'Alsemberg  (Brabant).  Se 
référant  au  rapport  du  4  décembre  1902,  la  majorité  de  la 
Commission  estime  que  tous  les  parements  intérieurs  en 
briques  et  les  panneaux  des  voûtes  doivent  être  crépis.  Le 
Collège  ne  voit  aucun  inconvénient  à  ce  que  les  ouvrages 
projetés  soient  confiés  à  M.  Brassinne,  entrepreneur,  à 
Bruxelles;  architecte,  M.  Van  Ysendyck  ; 
fiffiiM  18°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  salle  du  caté- 

de  Sainl'Htorc,  r      * 

i  AïKicriechi.  chisme,  au  dégagement  des  fenêtres  du  chœur  et  du  transept 

kiord-est  et  au  rétablissement  des  meneaux  dans  les  fenêtres 

de  la  haute-nef  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Ànderlecht 

(Brabant);  architecte,  M.  Langerock; 

ftgiiM  19°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  du  chœur  et  du 

de  Notre-Dame, 

kDeym*.  iransept  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Deynze  (Flandre 
orientale),  à  la  condition  qu'au  cours  du  travail  Fauteur 
aura  égard  aux  observations  émises  par  M.  l'architecte  pro- 
vincial dans  son  rapport  du  8  juin  1903  ;  architecte,  M.  Vas 
Assche; 
égiito         20°  Le  projet  de  travaux  de  restauration  très  urgents 

de  Notre-Dame.  *  ° 

à  poperinghe.  $  effectuer  à  l'église  de  Nolrc-Dame,  a  Poperingbe  (Flandre 


occidentale);  fte  rapportant' aux  toitures,  aux7  voûtes,  à  une 
fenêtre  du  transept  et  aux  arcades  intérieures  de  ta  nef 
centrale.  Il  y  a  lieu  de  prendre  des  mesures  pour  que  ces 
ouvrages  soient  entamés  sans  délai:  Bien  que  le  coût  des 
arcades  intérieures  figure  au  nombre  des  travaux  urgents, 
la  Commission  se  réserve  d'examiner,  lors  de  la  prochaine 
visite  du  monument,  si  l'exécution  de  ces  ouvrages  se 
justifie  par  la  situation  actuelle  ou  primitive  de  l'édifice  ou 
si  plutôt  ce  ne  sont  pas  des  «  ponts  »  qui  doivent  être  édifiés 
en  place  de  ces  arcades;  architecte,  M.  Goomans; 
24°  Le  projet  n°  III,  dressé  en  vue  de  la  reconstruction      éciu« 

de  Notre-Dame, 

de  la  flèche  de  la  tour  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Pope-  ■p°p«in«|»«- 
ringhe  (Flandre  occidentale),  à  la  condition  qu'on  supprime 
la  lucarne  figurée  à  la  partie  supérieure  de  la  pyramide; 
elle  est  inutile.  Pour  l'exécution  de  ce  travail,  le  Collège 
estime,  avec  le  Comité  des  correspondants,  qu'il  y  a 
lieu  de  faire  usage  de  la  brique  de  Zandvoorde  ;  l'auteur 
du  projet,  M.  l'architecte  Coomans,  se  rallie  à  cette  propo- 
sition ; 

22°  La  proposition  du  Conseil  de  fabrique  de  l'église  de  figure 
Saint-Hubert  (Luxembourg),  tendant  à  pouvoir  confier  à 
M.  Houssa,  sans  passer  par  une  nouvelle  adjudication,  la 
continuation  du  dérochage  intérieur  de  cette  église,  sur  les 
bases  des  prix  de  l'adjudication  relative  aux  travaux  actuel- 
lement en  cours.  À  ce  propos,  la  majorité  de  la  Commission 
réitère  les  réserves  qu'elle  a  faites  et  qui  sont  consignées 
dans  le  rapport  du  20  février  1902,  en  ce  qui  concerne 
l'enlèvement  total  de  l'enduit  intérieur  du  monument  qui, 
d'après  elle,  ne  s'impose  pas; 

23°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  intérieure  du  chœur  ÉgiucdeFo*^ 


de  l'église  de  Fosses  (Namur).  Il  y  a  lieu  toutefoisde  réserver 
TexécolioD  des  rampes  des  deux  escaliers  et  du  garde-corps 
au-dessus  de  la  crypte  pour  lesquels  l'auteur,  M.  l'architecte 
Van  Assche,  fera  une  étude  spéciale  qu'il  soumettra  prochai- 
nement. En  attendant,  vu  l'urgence  de  mettre  le  ehceur  de 
l'église  de  Fosses  en  état  convenable,  il  importe  d'entamer 
les  travaux  sans  plus  de  retard  ; 


CMiptot        24°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  aux 

de  trava»  ■ 

d6  y^KS1100  églises  de  : 

Notre-Dame,  à  Anvers  :  second  semestre  de  1902; 

Walcourt  (Namur)  :  ouvrages  effectués  par  entreprise, 
du  15  septembre  1901  au  5  janvier  4902; 

Flobecq  (Hainaut)  :  travaux  complémentaires. 
ÉrfiMde  —  Par  son  rapport  du  12  juin  1903,  la  Commission  a 
Lu*!*,  approuvé  le  projet  de  restauration  des  toitures  de  l'abside 
et  de  la  tourelle  de  l'oratoire  de  Saint-Liévin,  situé  au  côté 
sud  du  chœur  de  l'église  de  Hautem-Sainl-Liévin,  tout  en  se 
réservant  de  faire  inspecter  cet  édifice  qui  lui  paraissait 
intéressant.  Cette  inspection  a  eu  lieu  le  13  août  1903. 
M.  Serrure,  Vice-Président  du  Comité  des  correspondants 
de  la  Flandre  orientale,  y  assistait. 

L'église  de  Haulem-Sainl-Liévin  se  compose  de  parties 
d'époques  différentes. 

Les  nefs  datent  de  1769. 

Le  chœur  ainsi  que  l'oratoire  de  Saint-Liévin  portent  le 
cachet  d'une  haute  antiquité. 

L'édicule  avec  la  tourelle  qu'il  est  question  de  restaurer 
aujourd'hui  constituent  des  documents  archéologiques  de  la 
plus  haute  importance.  Leur  cachet  vénérable  et  pittoresque 
appelle  toute  la  sollicitude  des  administrations  chargées  de 


—  201  — 

concourir  à  leur  entretien  et  par  conséquent  à  leur  conserr 
vation. 

Deux  tourelles  flanquaient  autrefois  l'abside  de  l'église. 
Celle  du  côté  nord  a  été  détruite;  on  en  aperçoit  encore 
aujourd'hui  le  tronçon  à  l'intersection  des  toitures  des  nefs 
et  du  chœur. 

Dans  les  murs  latéraux  du  chœur,  à  l'intérieur»  sont 
ménagés  deux  grands  arcs  plein-cintre  aveugles  reposant 
sur  des  colon  nettes  très  trapues  à  chapiteaux  en  forme  de 
cône  renversé.  Les  bases  sont  enterrées  par  suite  de  l'exhaus- 
sement du  sol  intérieur.  Des  fouilles  devraient  être  opérées 
pour  mettre  ces  bases  à  découvert. 

L'oratoire  de  Saint-Liévin  est  encombré  de  toutes  sortes 
d'objets;  il  est  convenable  de  profiter  des  travaux  à  y  entre- 
prendre pour  le  nettoyer  avec  soin  et  enlever  l'épaisse  couche 
de  chaux  qui  en  recouvre  les  parois.  Ce  crépissage  est 
d'ailleurs  en  mauvais  état.  La  voûte  est  sillonnée  sur  toute 
sa  longueur  d'une  importante  crevasse  qui  appelle  une  res- 
tauration soignée.  Il  y  aura  lieu,  en  outre,  d'étudier  la 
possibilité  de  rétablir  le  niveau  primitif  de  celte  intéressante 
petite  construction. 

On  ne  saurait  trop  recommander  de  soigner  tout  particu- 
lièrement les  travaux  de  restauration  de  ce  monument  et 
surtout  de  n'y  faire  que  le  strict  nécessaire  afin  de  lui  conserver 
son  aspect  vénérable.  Quelques  ouvrages  y  effectués  vers 
1887,  n'ont  pas  été  heureux;  c'est  à  tort  qu'on  a  mis  en 
œuvre,  à  cette  époque,  une  pierre  étrangère  alors  que  l'on 
pouvait  se  procurer  sur  place  des  matériaux  semblables  à 
ceux  employés  lors  de  la  construction  primitive. 
.  A  l'extrémité  de  la  nef,  près  du  chœur,  se  trouve  le 


—  808  — 

mausolée  de  Saint-Liévin,  érigé  au  xv*  siècle  par  l'abbé  de 
Saint-Bavon,  Jacques  Van  Brussel.  Cette  œuvre  ne  manque 
pas  de  mérite;  elle  réclame  certains  travaux  de  restauration 
pour  l'exécution  desquels  il  serait  utile  de  faire  étudier  no 
projet  par  l'architecte  de  l'église,  M.  Vaerwyck. 
ÉgiiM  —  Il  résulte  de  l'inspection  de  l'église  de  Zuydschole 
(Flandre  occidentale),  à  laquelle  il  a  été  procédé  le  14  juil- 
let 1903,  que  certaines  parties  de  cet  édifice  sont  en  très 
mauvais  état. 

Les  toitures  et  surtout  les  cbéneaux  doivent  être  dans  une 
situation  déplorable  si  l'on  en  juge  par  les  nombreuses  infil- 
trations qui  se  sont  produites  dans  les  murs  de  la  nef  centrale; 
l'humidité  a  suivi  les  arcades  reliant  les  colonnes  et  est  même 
descendue  jusqu'à  la  base  de  plusieurs  de  celles-ci.  Il  en  est 
résulté  des  dégâts  qui  nécessiteront  des  travaux  de  restau- 
ration sérieux  et  le  renouvellement  d'une  grande  partie  des 
crépissages. 

La  base  de  l'une  des  colonnes  a  été  dégagée  d'une  partie 
des  plaques  de  marbre  qui  y  ont  été  appliquées  au  siècle 
dernier.  Cet  enlèvement  a  mis  à  découvert  des  avaries  graves 
dans  la  maçonnerie  inférieure  de  ces  appuis.  Il  est  probable 
que  d'autres  bases  se  trouvent  dans  le  même  état. 

Le  projet  de  restauration  de  l'édifice  a  donné  lieu,  de  la 
part  du  Comité  provincial  des  correspondants,  à  des  obser- 
vations fondées.  II  importera  de  revoir  ce  projet  et  de  le 
modifier  en  tenant  compte  des  dites  observations. 

Les  arcades  qui  réunissent  les  colonnes  ont  pour  profil  an 
double  chanfrein  ;  à  une  époque  relativement  récente,  on  a 
noyé  ces  chanfreins  dans  une  forte  moulure  de  plâtre.  Il 
faudra  dégager  les  arcades  de  cette  surcharge.  Toutefois, 


—  Î05  — 

comme  le  dit  M.  van  Ruymbeke  dans  son  rapport,  l'appareil 
intérieur  en  briques  ne  pourra  rester  apparent. 

De  nouvelles  recherches  pourront  peut-être  faire  retrouver 
des  fragments  indiquant  la  forme  des  bases  et  des  chapiteaux 
primitifs.  Ces  détails  du  projet  doivent  être  étudiés  de  nou- 
veau avec  grand  soin. 

La  flèche  en  maçonnerie  de  la  tour  réclame  un  rejointoyage 
sérieux  à  effectuer  au  moyen  d'un  bon  mortier  composé  de 
moitié  chaux  et  moitié  sable  très  rude.  Ce  travail,  qui  n'est 
pas  moins  urgent  que  celui  à  effectuer  à  l'église  même,  devra 
être  prévu  au  devis  des  travaux  projetés. 

—  A  la  demande  du  Conseil  de  fabrique,  il  a  été  procédé,      é^» 

de  Notre-Dtme- 

le  3  amit  1903,  à  une  inspection  de  l'église  de  Notre-Dame-  ■U1;^û™!rna^in,> 
aux- Dominicains,  à  Louvain. 

MM.  Langerock  et  Van  Even,  membres  du  Comité  des 
correspondants  du  Brabant,  assistaient  à  cette  inspection. 

L'église  dont  il  s'agit  est  extrêmement  intéressante;  elle 
figure  d'ailleurs  dans  la  première  classe  au  tableau  des 
édifices  monumentaux  du  culte. 

Il  résulte  de  l'inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé,  que 
les  toitures  sont  dans  un  état  lamentable.  Des  infiltrations 
produites  par  les  eaux  pluviales  se  remarquent  en  de 
nombreux  endroits  des  voûtes.  La  tourelle  est  en  tel  mauvais 
étal  qu'elle  menace  de  s'écrouler. 

Il  est  de  la  plus  grande  urgence  de  remédier  à  cette 
situation  déplorable.  Tout  nouveau  relard  aurait  pour  consé- 
quence d'accentuer  les  dégâts  au  point  qu'on  ne  pourrait  y 
faire  face  qu'au  moyen  degrandes  dépenses  ;  de  compromettre 
la  conservation  de  ce  beau  monument  et  même  la  sécurité 
publique. 


r-  204  — 

Outre  les  toitures,  beaucoup  d'autres  parties  de  l'édifice 
réclament  de  promptes  mesures  de  consolidation.  On  peut 
citer  notamment  les  rampants  des  pignons,  les  glacis  des 
contreforts,  les  arcs- boutants,  etc.  Ces  diverses  parties  de  la 
construction  plus  exposées  que  d'autres  aux  intempéries, 
laissent  pénétrer  les  eaux  pluviales  dans  les  maçonneries, 
qu'elles  disjoignent  en  amenant  une  prompte  ruine. 

Les  arcs-boulants  ont  été  autrefois  recouverts  d'ardoises 
qui  n'ont  pu  être  fixées  qu'imparfaitement.  En  tombant, 
elles  brisent  celles  des  couvertures  des  bas-côtés.  La  restau- 
ration des  arcs-boulants  devra  donc  nécessairement  être 
combinée  avec  celle  des  toitures  et  effectuée  en  tout  premier 
lieu. 

Il  y  a  quelques  années,  on  a  restauré  la  partie  inférieure 
des  toitures.  Il  parait  que  la  ville  dispose,  de  ce  chef,  d'un 
reliquat  de  1 ,841  francs  provenant  de  la  somme  versée  en 
commun  par  les  diverses  autorités  intervenantes  pour  cette 
restauration  partielle.  Il  existe  donc  déjà  un  premier  crédit 
qui  pourrait  être  employé  utilement  aux  travaux  les  plus 
pressants  compris  au  devis  de  fr.  40,500-58  au  sujet  duquel 
la  Commission  a  émis  un  avis  favorable,  le  35  juillet  1902. 
Egiiwde         —  Le  8  août  1903,  au  cours  d'une  conférence  avec 

SainkM»ertrud«, 

à  Nivei^.  m  Verhaegen,  le  Conseil  de  fabrique  de  Sainte-Gerlrude,  le 
bourgmestre  et  le  doyen  de  Nivelles,  l'architecte  prénommé 
contredit  les  instructions  délivrées  par  la  Commission  royale 
des  monuments  dans  sa  lettre  au  Conseil  de  fabrique  en 
date  du  2  mai  1903,  n°  7463,  à  la  suite  des  inspections  du 
7  et  du  20  avril  précédent  (voir  Bulletin,  p.  86),  en  ce 
qui  concerne  l'emplacement  de  la  châsse  et  l'enlèvement  de 
certaines  constructions  dans  le  transept  nord.  M.  Verhaegen 


—  208  — 

combat  ces  instructions  quant  au  fond  et  quant  à  la  forme, 
à  son  avis  trop  impéralive.  Il  va  jusqu'à  prolester  au  nom 
des  artistes  et  des  architectes.  Il  dénie  à  la  Commission 
royale,  en  vertu  de  l'arrêté  organique  du  7  janvier  1835 
qui  la  constitue,  le  droit  de  faire  prévaloir  ses  avis,  tout  au 
moins  dans  cette  forme.  Il  rappelle  qu'il  est  à  la  fois  un 
architecte  travaillant  sans  honoraires  et  un  membre  de  la 
Chambre  des  Représentants  et  qu'à  ce  double  titre  il  croit 
mériter  des  égards  particuliers. 

M.  le  Président  répond  sur  les  divers  points  de  fond. 
Quant  à  la  forme  critiquée,  il  fait  observer  qu'elle  est  de 
style  à  la  Commission;  que  jamais  aucun  artiste  ne  s'en  est 
plaint  avant  M.  Verhaegen.  Il  ajoute  que  le  Collège  met  tous 
les  artistes  de  talent  sur  la  même  ligne  au  point  de  vue  du 
respect  de  leur  dignité  professionnelle.  Il  n'appartient  pas  à 
la  Commission  de  faire  des  distinctions  tirées  de  la  situation 
financière  et  politique  des  artistes.  M.  le  Président  termine 
la  discussion,  à  laquelle  prennent  part  divers  membres,  en 
rappelant  que  la  Commission,  cette  fois  comme  de  coutume, 
se  réserve  naturellement,  après  avoir  entendu  les  parties  en 
cause,  de  statuer  à  nouveau  et  en  séance  privée,  sur  les 
résolutions  qu'elle  avait  prises  à  l'unanimité. 

L'assemblée  convient  de  délibérer  de  nouveau  sur  les 
points  de  fond  litigieux  au  commencement  de  la  prochaine 
séance.  Elle  réclamera  les  plans  que  M.  Verhaegen  n'avait  pas 
apportés  avec  lui  ainsi  que  les  petites  photographies  d'ailleurs 
connues  des  délégués  du  Collège  qu'il  a  produites  en  séance 
en  faveur  de  l'emplacement  qu'il  propose  pour  la  châsse. 
Au  début  de  la  séance  du  44  août,  après  une  discussion 
approfondie,  la  Commission  décide,   par  41   voix  (et  2 


—  206  — 

abstentions)  de  maintenir  toutes  les  conclusions  de  son  rapport 
du  2  mai  précédent,  concernant  le  maitre-autel  de  l'église 
de  Sainte-Gerlrude,  à  Nivelles,  le  double  emplacement  de 
la  châsse  et  l'enlèvement  des  constructions  qui  s'élèvent  dans 
le  transept. 
de  tee«.n.  —  II  a  élé  procédé,  le  13  juillet  (903,  à  l'inspection  des 
travaux  de  restauration  en  voie  d'exécution  à  l'église  de 
Walcourt. 

MM.  Boveroulle,  Dardenne  et  Soreil,  membres  du  Comité 
des  correspondants  de  la  province  de  Namur,  assistaient  à 
cette  inspection. 

Les  ouvrages  effectués  en  dernier  lieu  comportent  la 
restauration  du  clocheton  du  transept,  des  toitures  de  la  tour, 
des  arcs-boulants,  des  contreforts  et  des  parements  du 
chœur.  Ces  travaux  ont  élé  suivis  de  la  restauration  du 
narthex  et  de  l'établissement  d'un  pavement  dans  le  chœur. 
Ces  derniers  ouvrages  constituent  des  travaux  supplémen- 
taires ;  ceux  du  narthex  ont  été  autorisés  par  les  diverses 
administrations  intervenantes;  vu  l'urgence,  le  pavement  du 
chœur  a  été  autorisé  verbalement  par  la  Députalion  perma- 
nente du  Conseil  provincial. 

Tous  ces  ouvrages  ont  été  exécutés  avec  beaucoup  de 
soins. 

Lors  de  la  visite  précitée,  il  a  été  question  de  placer  les 
orgues  dans  la  tribune  sous  la  tour.  La  Commission  estime 
que  cette  installation  ne  serait  pas  pratique  ni  heureuse.  11 
y  a  lieu,  d'après  elle,  d'établir  les  orgues  dans  la  tribune  à 
ériger  au  transept  sud,  d'après  le  plan  qui  a  déjà  été  adopté 
et  suivant  la  disposition  du  simulacre  qui  se  trouve  dans  le 
transept. 


—  207  — 

M.  le  doyen  de  Walcourt  avait  aussi  soulevé  la  question 
d'apporter  un  changement  à  la  partie  supérieure  de  la  porte 
d'entrée  du  chœur,  sous  le  jubé.  Cette  modification  ne  pré- 
sentant pas  un  caractère  de  réelle  urgence,  le  Collège  se 
propose  d'y  revenir  lors  d'une  inspection  ultérieure  du 
monument. 

En  ce  qui  concerne  la  nouvelle  catégorie  de  travaux 
dont  le  projet  a  été  soumis  par  M.  le  Gouverneur  de  la 
province  de  Namur,  le  22  juillet  1903,  la  Commission 
est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  de  l'approuver.  Elle  demande  seule- 
ment que  le  dégagement  provisoire  reliant  la  nouvelle 
sacristie  à  l'église  soit  établi  en  bois,  de  façon  à  lui  con- 
server son  caractère  provisoire  et  à  ne  pas  entraver  la 
restitution  du  cloitre,  laquelle  fera  l'objet  d'une  entreprise 
ultérieure. 

—  À   la  demande  de  l'Administration  communale  de   _**»»?d.? 
Lootenhulle,  il  a  été  procédé,  le  2  juillet  1903,  à  l'inspection 
de  l'église  de  cette  localité,  dont  on  sollicite  le  classement 
parmi  les  édifices  monumentaux  du  culte. 

M.  Serrure,  vice-président  du  Comité  des  correspondants 
de  la  Flandre  orientale,  assistait  à  cette  inspection. 

Les  nefs  de  cette  église  sont  modernes;  elles  ont  été 
reconstruites  vers  1871.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'y  avoir 
égard.  Il  en  est  de  même  des  bras  du  transept,  de  l'avant- 
chœur  et  du  chœur  lui-même  qui,  bien  qu'anciens,  sont 
dépourvus  d'intérêt,  ayant  subi  de  nombreux  et  importants 
remaniements  qui  leur  ont  enlevé  tout  mérite.  Mais  la  tour, 
qui  surmonte  la  croisée,  est  romane  et  d'un  beau  caractère  ; 
elle  peut  être  rangée  dans  la  troisième  classe  des  monuments 
du  culte. 


Lootenbnlle. 


—  208  — 

Le  dérochage  intérieur  des  parties  anciennes  de  l'édi- 
fice, dont  la  restauration  vient  d'être  entamée,  a  remis 
au  jour  quelques  éléments  d'architecture  ancienne  qu'il 
conviendra  de  ne  pas  faire  disparaître,  entre  autres  un 
encadrement  de  baie  de  porte  romane  dans  le  pignon  du 
transept  sud;  l'arc  roman  aveugle  derrière  l'autel  latéral 
nord;  la  trace  d'une  fenêtre  au-dessus  de  cet  arc.  Ces 
détails  constituent  des  souvenirs  qui  intéressent  l'histoire 
de  l'édifice. 

Les  arcades  ogivales  qui  séparent  les  deux  chapelles 
latérales  de  l'avanl-chœur,  que  l'on  a  tracées  en  plein  cintre 
au  projet  de  restauration  adopté,  devront  conserver  leur 
forme  ogivale;  leurs  piédroits  mutilés  devront  être  rétablis 
en  matériaux  semblables  aux  anciens,  c'est-à-dire  en  veld- 
steen  et  non  en  briques. 

L'attention  des  autorités  locales  a  été  appelée  sur  la 
nécessité  de  rejointoyer  les  maçonneries  extérieures  au  fur 
et  à  mesure  de  leur  rempiétement  et  de  leur  restauration, 
au  moyen  du  mortier  dont  se  servent  les  maçons  ;  il  ne  faut 
pas  adopter  un  mortier  spécial  pour  ces  rejointoyages, 
lesquels  devront  être  exécutés  légèrement  en  creux,  sans 
empiéter  en  aucune  façon  sur  les  matériaux. 

11  importera  de  prendre  toutes  les  mesures  de  pré- 
caution nécessaires  pour  que  les  eaux  pluviales  ne  séjournent 
pas  au  pied  des  murailles  de  l'édifice  restauré.  À  cet 
effet,  la  pente  du  terrain  sera  régularisée  et  des  rigoles 
seront  établies  de  façon  à  assurer  la  prompte  évacuation  des 
eaux. 

Le  projet  de  restauration  approuvé  récemment  prévoit 
l'ajoute  d'un  étage  à  la  tour.  L'examen  de  l'édifice  semble 


—  209  — 

démontrer  qu'il  y  aurait  tout  avantage,  au  point  de  vue 
artistique  et  archéologique,  à  renoncer  à  cette  ajoute.  Bien 
que  peu  élevée,  la  tour  se  termine  aujourd'hui  d'une  façon 
satisfaisante  selon  le  type  en  usage  en  Flandre  à  l'époque 
romane. 

Si  le  projet  est  ainsi  réduit,  ce  qui  est  désiré  d'ailleurs 
par  les  autorités  locales,  il  faudra  enlever  la  petite  partie 
supérieure  de  la  maçonnerie  de  la  tour  qui  est  en  briques 
et  la  remplacer  par  des  matériaux  semblables  à  ceux  des 
maçonneries  voisines,  soit  en  veldsteen. 

Une  décision  sur  ce  point  devrait  être  prise  immédiate- 
ment, la  tour  étant  à  découvert  et  exposée  aux  intem- 
péries (i). 

—  Le  projet  soumis  en  vue  de  la  restauration  intérieure     Égiuede 

r      '  Stiot-Bertin, 

de  l'église  de  Saint-Berlin,  à  Poperinghe,  a  fait  l'objet  d'un  t**"»*** 
examen,  sur  place,  le  18  août  1903,  de  concert  avec  M.  van 
Ruymbeke,  membre  du  Comité  des  correspondants  de  la 
Flandre  occidentale. 

Il  résulte  de  cet  examen  qu'avantde  poursuivre  l'instruction 
de  cette  affaire,  il  importe  de  faire  procéder  à  des  recherches 
plus  nombreuses  que  celles  opérées  jusqu'ici  sous  les 
plâtrages  et  ce  en  vue  de  retrouver  autant  que  possible  la 
situation  primitive  des  diverses  parties  du  monument  et  de 


(i)  Postérieurement  à  l'envoi  du  présent  rapport,  les  autorités  locales, 
revenant  sur  leur  adhésion  prérappelée,  ayant  insisté  vivement  pour  que 
la  tour  soit  surmontée  de  l'étage  prévu  au  projet  adopté  en  1902  par  toutes 
les  administrations  intéressées,  la  Commission  a  émis  l'avis  qu'on  peut 
autoriser  l'exécution  de  cette  partie  du  projet  telle  qu'elle  a  été  prévue. 
Par  suite  de  cet  exhaussement,  la  tour  perdra  nécessairement  une  partie 
de  sa  valeur  archéologique.  Dans  ces  conditions,  il  n'y  a  plus  lieu  de  la 
maintenir  sur  la  liste  des  édifices  monumentaux  du  culte. 


—  210  — 

s'assurer  des  avaries  qu'il  a  subies  et  dont  quelques-unes 
paraissent  graves,  notamment  aux  bases  des  colonnes.  Il  est 
probable  que  les  dégâts  sont  suffisamment  importants  pour 
nécessiter  la  reprise  en  sous-œuvre  de  certaines  colonnes. 

L'architecte  propose  de  démolir  les  maçonneries  inté- 
rieures que  l'on  désigne  généralement  sous  le  nom  de  ponts, 
sous  prétexte  qu'elles  ont  été  construites  après  coup,  en 
1645,  dit-on.  Il  y  a  lieu  de  faire  de  sérieuses  recherches  à 
ce  sujet,  car  si  l'on  en  juge  d'après  l'aspect  actuel  de  ces 
maçonneries,  rien  ne  peut  faire  prévoir  qu'elles  sont  de  date 
postérieure  à  la  construction  de  l'édifice.  Du  reste,  des 
arcades  analogues  se  remarquent  dans  de  nombreuses  églises 
voisines  du  littoral  et  même  à  Poperinghe,  dans  1  église  de 
Notre-Dame.  C'est  un  détail  caractéristique  de  la  région. 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'ouvrir  les  fenêtres  des  chevets  des  deux 
collatéraux,  ce  travail  nécessiterait  l'enlèvement  des  autels 
qui  y  sont  adossés.  D'ailleurs,  l'église  est  suffisamment 
éclairée  aujourd'hui  et  les  autels  précités-  ne  sont  pas  dénués 
de  mérite. 

La  tourelle  qui  flanque  un  des  piliers  devra  être  restaurée 
et  élevée  jusqu'à  la  voûte  comme  le  propose  le  Comité  des 
correspondants,  s'il  est  démontré,  par  des  recherches,  qu'elle 
a  été  abaissée. 

.  Toutes  les  colonnes  devroni  être  vérifiées  soigneusement  ; 
en  enlevant  le  plâtrage,  on  y  retrouvera  probablement  des 
fragments  qui  permettront  de  restituer  leurs  bases  et  leurs 
chapiteaux  avec  certitude. 

On  doit  approfondir  l'étude  des  voûtes  en  bardeaux  des 
nefs  en  suivant  les  indications  du  rapport  du  Comité  provin- 
cial. Il  n'y  a  pas  lieu  de  laisser  apparentes  les  conlre-ner- 


—  2H  *- 

vures;  elles  ne  l'étaient  pas  autrefois.  Le  système  indiqué 
pour  le  chœur  parait  en  rapport  avec  letat  ancien. 

L'application  autour  de  l'église  d'une  plinthe  en  pierre  de 
Basècles  polie  de  0m30  de  hauteur  n'est  pas  recommandable, 
ce  travail  n'est  pas  conslructif  ;  toutefois,  une  petite  plinthe 
à  fleur  du  plafonnage,  pour  préserver  le  bas  des  murs,  peut- 
être  admise.  i 

Il  importe,  pour  tous  les  travaux  à  effectuer,  qu'on  mette 
en  œuvre  des  matériaux  semblables  à  ceux  employés  lors  de 
la  construction  primitive  et  qu'on  respecte  scrupuleusement 
le  style  de  cette  dernière  dans  chacune  de  ses  parties. 

L'inspection  du  monument  a  amené  la  constatation  que 
les  relevés  produits  ont  été  faits  d'une  façon  négligée.  On  y 
constate  des  inexactitudes..  C'est  ainsi  que  les  travées,  dans, 
la  coupe  longitudinale,  ont  des  proportions  fautives  ;  que  la 
nef -est  indiquée  comme  n'ayant  que  quatre  travées  alors 
qu'elle  en  compte  cinq. 

En  résumé,  le  projet  doit  être  revu  avec  soin  et  rectifié, 
s'il* y  a  lieu,  après  les  recherches-précitées. 

—  Il  a  été  procédé  sur  place,  le  18  août  1903,  à  l'examen       £&** 

r  ,  de  Noire-Dame, 

du-  projet  soumis  en  vue  de  la  restauration  de  l'église  de  àPoi>erinshe 
Notre-Dame,  à  Poperinghe. 

M.  van  Ruymbeke,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants de  là  Flandre  occidentale,  assistait  à  cet  examen. 

Pour  l'étude  d'un  projet  de  cette  importance,  où  l'on  pré-' 
voit  le  rétablissement  dé  certaines  dispositions  primitives,  il 
eût  été  nécessaire,  avant  tout,  que  l'on  procédât  à  de  nom- 
breuses recherches  sous  le  plâtrage  et  le  badigeon  qui1 
recouvrent  tes  parois  intérieures.   Avant  de.  poursuivre 
l'instruction  complète  de  l'affaire,  il  importé  que  de  sérieuses' 


-r-    21%    — 

investigations  soient  ordonnées,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'exté- 
rieur de  l'édifice. 

D'autre  part,  les  ressources  locales  ne  paraissent  pas  en 
rapport  avec  le  travail  qu'on  propose  d'entreprendre  aujour- 
d'hui. Par  conséquent,  il  semble  utile  de  se  borner,  pour  ie 
moment,  à  prévoir  les  travaux  strictement  indispensables 
pour  mettre  l'édifice  en  bon  état.  Les  parties  restaurées 
autrefois  doivent  être  maintenues  dans  leur  situation  actuelle 
lorsqu'elles  sont  encore  bonnes.  On  les  restaurera  plus  tard, 
au  fur  et  à  mesure  des  nécessités.  Mais,  ce  qui  doit  être 
restauré  aujourd'hui  doit  l'être  dans  le  style  primitif  et  au 
moyen  de  matériaux  de  même  composition  que  ceux  mis  en 
œuvre  à  l'origine.  C'est  surtout  sous  ce  dernier  rapport  qu'il 
y  a  lieu  de  faire  des  recherches  approfondies,  car  la  brique 
domine  d'une  façon  presque  générale  dans  la  construction. 

La  pierre  ne  semble  devoir  être  admise  que  là  où  l'emploi 
de  la  brique  est  impossible  ou  quand  il  est  démontré  qu'il  a 
été  fait  usage,  à  l'origine,  de  matériaux  pierreux.  A  moins 
de  constatations  contraires,  le  petit  granit  doit  être  exclu. 

Les  briques  à  mettre  en  œuvre  pour  toute  cette  restaura- 
tion devront  être  celles  de  Zandvoorde  en  ayant  soi  a  de  les 
harmoniser  avec  les  briques  anciennes  tant  comme  dimen- 
sions que  comme  coloration. 

Le  pinacle  qui  termine  les  gables  parait  avoir  toujours 
existé  ;  il  est  donc  logique  de  le  respecter. 

Comme  il  n'y  a  pas  lieu  de  toucher  aux  fenêtres  qui  sont 
encore  en  bon  état,  il  importe  de  ne  transformer  celles  qu'il 
serait  nécessaire  de  renouveler  que  si  les  investigations 
démontrent  qu'il  y  a  eu  là  des  remaniements  lors  de  précé- 
dentes restaurations. 


—  213  — 

L'ouverture  des  fenêtres  de  l'abside  et  de  celles  des  chœurs 
latéraux  parait  désirable;  elle  peut  être  admise  s'il  est  constaté 
qu'elle  peut  s'effectuer  de  l'extérieur  sans  endommager  les 
retables  ou  décorations  de  style  renaissance  qui  surmontent 
ou  contournent  les  autels.  L'ouverture  des  fenêtres  des 
pignons  ouest  n'a  rien  d'urgent;  elle  n'est  pas  justifiée  non 
plus  par  des  raisons  d'éclairage.  Il  en  est  de  même  pour  les 
fenêtres  au  fond  de  l'église  entre  les  deux  premiers  contre- 
forts. 

Le  portail  principal  est  encore  en  assez  bon  état;  il  ne 
semble  pas  avoir  subi  d'importantes  transformations;  il  est 
donc  désirable  de  le  maintenir  tel  quel  en  y  faisant  les  répa- 
rations  nécessaires. 

La  restauration  des  voûtes  en  bardeaux  est  tout  indiquée 
par  les  éléments  qui  en  restent;  ce  travail  ne  donnera  lieu 
à  aucune  difficulté. 

Les  arcades  ou  espèces  de  ponts  qui  existent  dans  le 
transept  à  travers  de  la  nef  et  des  collatéraux  paraissent  tels 
qu'ils  ont  été  construits;  il  n'y  a  pas  lieu  de  les  surmonter 
d'une  maçonnerie  ajourée. 

Les  colonnes  sont  en  pierre  bleue  de  Tournai  et  très 
endommagées;  des  fragments  de  base  et  de  chapiteau  ont 
été  retrouvés  sous  le  plâtrage  de  l'une  d'elles;  ces  fragments 
étant  peu  concluants,  il  est  possible  que  de  nouvelles 
recherches  en  feront  découvrir  de  plus  importants. 

On  ne  peut  laisser  apparents  les  matériaux  intérieurs; 
îi  est  préférable  de  les  enduire  en  vue  d'une  polychromie 
future  qui  s'étendrait  aux  murs  et  aux  nervures  des  voûtes. 

La  limitation  de  la  restauration  de  l'église  de  Notre-Dame 
aux  travaux  strictement  nécessaires  pour  en  assurer  la  con- 


—  su  — 

servatioo  permettra  de  conserver  presque  tout  le  mobilier  de 
cet  édifice.  En  tous  cas,  on  ne  pourra  faire  disparaître  que 
les  seuls  objets  qui  n'offrent  pas  une  réelle  valeur  au  point 
de  vue  de  l'art.  Il  y  a  lieu  de  se  rallier  entièrement,  sur  ce 
point,  au  rapport  du  Comité  provincial  des  correspondants 
qui  propose  de  former  un  inventaire  de  ce  mobilier  et  de 
soumettre  des  propositions  en  ce  qui  concerne  les  objets  qui 
pourront  disparaître. 

En  attendant  que  le  projet  soumis  soit  revisé,  il  importe 
de  prendre  des  mesures  pour  que  l'exécution  des  travaux  de 
restauration  des  toitures,  des  voûtes  et  de  la  fenêtre  du 
transept  nord  soient  entamés  sans  nul  relard  d'après  le 
devis  spécial  joint  au  rapport  de  la  Commission  en  date  du 
29  juillet  1903.  Les  maçonneries  ajourées  prévues  à  cette 
estimation,  pour  surmonter  les  ponts,  en  seront  supprimées. 

Le  Secrétaire, 

A.  Massaux. 
Vu  en  conformité  de  Tari.  23  du  règlement. 

Le  Président , 

Ch.  Lagasse-de  Locht. 


TABLK    DBS    1RT1ÈRRS. 


lo  Commission  royale  des  moauments.  —  Résumé  des  procès-verbaux  H* 
séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1903. 

2°  Actes  officiels. 

8°  Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-verbaux  û 
séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1903. 


A  VIS.  —  Les  personnes  qui  collaborant  an   Bulletin  des  Commissions  ro*.>  ' 
d'art  et  d'archéologie  ont  droit  de  recevoir  deux  épreuves  de  leurs  article- 
première  en  colonnes,  la  seconde  après  lu  mise  en  pages. 

Le  bon  à  tirer  devra  être  donné  sur  la  révision  de  cette  dernière  épreuve. 

Les  remaniements  qui  seraient  demandés  ultérieurement  devront  être  payes  r 
les  auteurs. 


Si  M.  les  collaborateur*  du  Bulletin  ont  droit  à  &0  exemplaires ,  tirrs  à  f 
de  leurs  articles  admis  dans  le  recueil.  Les  auteurs  f»?  désirent  un  n-r*.' 
supplémentaire  d'exemplaires  doivent  s'adresser  directement  à  cet  efn 
V  imprimeur  du  Bulletin,  qui  les  fournira  à  leurs  frais. 


Pour  ce  qui  concerne  le  Bulletin,  s'adresser  à  M.  Masbaux,  Secrétaire 
Commission  royale  des  monuments,  22,  rue  Montoyer,  à  Bruxelles. 


SBBVICE  BELGEDES  ÉCHANGE 
ACTES  OFFICIELS. 


M.  le  Ministre  de  la  Justice  a  transmis  à  la  Commission  Travaux  exécuté. 

sans 

copie  de  la  circulaire  suivante,  qu'il  a  adressée  à  MM.  les   "i?cra"i!£>' 
Gouverneurs  des  provinces  : 

«  Bruxelles,  le  5  septembre  (903. 

»  Monsieur  le  Gouverneur, 

»  La  Commission  royale  des  monuments  me  signale  que, 
malgré  les  prescriptions  de  l'arrêté  royal  du  16  août  1824 
et  les  nombreuses  instructions  de  mon  département,  les 
administrations  fabriciennes  sont  généralement  disposées  à 
croire  que  lorsqu'elles  ne  demandent  pas  de  subsides  à  la 
Province  et  à  l'État,  elles  peuvent  se  dispenser  de  soumettre 
aux  autorités  les  plans  des  travaux  de  restauration,  de 
construction,  d'ameublement  ou  de  décoration  qu'elles  font 
exécuter  aux  édifices  du  culte.  «  Plusieurs  cas  de  ce  genre, 
»  dit-elle,  viennent  d'être  portés  à  notre  connaissance.  Nous 
>  avons,  en  diverses  circonstances,  fait  ressortir  les  graves 
»  inconvénients  pouvant  résulter  de  cette  manière  d'agir. 
»  Des  travaux  ainsi  exécutés  en  dehors  de  tout  contrôle 
»  des  autorités  peuvent  altérer  gravement  les  éléments 
»  artistiques  des  édifices  du  culte.  * 


—  216  — 

>  Je  vous  prie,  Monsieur  le  Gouverneur,  de  bien  vouloir 
inviter  à  nouveau  les  administrations  fabriciennes  à  solliciter, 
pour  les  travaux  susmentionnés,  l'autorisation  prévue  par 
l'arrêté  royal  du  16  août  1824. 

•  Il  conviendra  de  leur  faire  remarquer  que  les  dépenses 
ordonnées  irrégulièrement  peuvent  être  rejetées  des  comptes, 
que  mon  département  se  réserve  d'examiner  dans  chaque 
cas  si  les  travaux  effectués  sans  autorisation  pourront  être 
maintenus,  alors  même  qu'ils  n'auraient  rien  coûté  à  la 
fabrique  et  que  les  fabriciens  s'exposent  à  devoir  supporter 
personnellement  tous  les  frais  résultant  de  l'exécution  des 
mesures  qui  seraient  prises  pour  faire  respecter  la  loi 
méconnue  par  eux. 

»  Le  Ministre  de  la  Justice, 
*  (Signé)  J.  Van  den  Heuvel.  » 


Marche  à  suitrc      M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  a  transmis  au  Collège  copie 
\!TSSST  de  la  circulaire  suivante,  qu'il  a  adressée  à  MM.  les  Gouver- 

Circolairc.  . 

neurs  des  provinces  : 

«  Bruxelles,  le  6  octobre  1903. 

«  Monsieur  le  Gouverneur, 

»  La  marche  actuellement  suivie  pour  l'instruction  des 
affaires  relatives  à  la  restauration  des  tableaux  décorant  les 
édifices  publics  laisse  parfois  à  désirer. 

»  11  est  indispensable  d'imposer  désormais  aux  artistes 
restaurateurs  l'obligation  de  n'entamer  la  restauration  d'un 


—  217  — 

tableau  et  de  ne  le  renvoyer  à  sa  destination  que  lorsqu'il 
aura  été  vu  par  les  délégués  de  la  Commission  royale  des 
monuments.  Ceux-ci  examineront  l'œuvre  avant  tout  travail 
et,  après  la  restauration,  dans  l'atelier  de  l'artiste,  en  de 
meilleures  conditions  que  dans  l'édifice  même,  où  il  est 
souvent  difficile  de  l'apprécier. 

»  D'autre  part,  si  le  travail  effectué  suscite  des  observa- 
tions, il  pourra  y  être  fait  droit  avant  que  l'œuvre  soit  remise 
en  place.  Comme  la  plupart  des  restaurateurs  habitent 
Bruxelles,  les  inspections  pourront  se  faire  le  jour  des 
séances  hebdomadaires  de  la  Commission  précitée,  sans 
déplacement  et  sans  frais. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien,  Monsieur 
le  Gouverneur,  veiller  à  ce  qu'il  soit  tenu  compte  de  ces 
instructions  chaque  fois  que  des  affaires  de  l'espèce  seront 
déférées  à  votre  examen. 

»  Le  Ministre, 
»  (Signé)  B0B  M.  van  der  Bruggen.  » 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX, 


*«^^***#V^*0**W»««M» 


SÉANCES 
do  26  septembre;  des  3,  10,  17,  24  et  31  octobre  1903. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

1°  Le  dessin  d'un  vitrail  à  placer  derrière  l'autel  de  la  ÉgiiMde 

iifi*            i        n«         ¥>        •!•               «ru  Saint-Boniface, 

Sainte- Vierge,  dans  1  église  de  Saint-Bomface,  a  Ixelles  ^jjjjy- 
(Brabant);  auteur,  M.  Ladon; 

2°  Le  projet  d'un  vitrail  à  exécuter  pour  l'église  de  Lacui-  Égiiw 

sine  (Luxembourg);  auteur,  M.  Ladon;  eviuîï,,e* 

3*  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  dans  le  chœur  g,»»* 

de  l'église  de  Boucle-Saint-Denis  (Flandre  orientale);  auteur,  00vur««.M,*# 
H.  Casier  ; 

4°  Le  dessin  d'un  vitrail  destiné  à  l'église  d'Ànthisnes  ê*iu* 

(Liège);  auteur,  M.  Osterralb;  vanii. 

5°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  deux  vitraux  pour  é«iu« 

de  Goefferdingeo. 

le  choeur  de  l'église  de  Goefferdingen  (Flandre  orientale);  Vilra«- 
auteur,  M.  Ladon; 

6°  Le  projet  relatif  au  placement  de  vitraux  dans  la  partie  tiguu 

r      *                                r                                                                       r  deSaiiit-Maitin, 

agrandie  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Ransart  (Hainaut);  *$££• 
auteur,  M.  Bardenbewer; 


—  220  — 

Efiiu  de  Brée.      7°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  de  Brée 

Vitreux.  r  ° 

(Limbourg);  auteur,  M.  Osterrath; 
égiiw  d«        8°  Le  projet  relatif  au  placement  de  six  vitraux  dans  réélise 

Bicsme-ColoooiM  *  '  G 

viinui.  jç  Biesme  Golonoise  (Namur),  sous  réserve  qu'avant  de 
passer  à  l'exécution  complète  de  son  œuvre,  l'artiste  fasse 
d'abord  un  groupe  de  l'un  des  vitraux  et  qu'il  l'envoie  au 
local  des  réunions  de  la  Commission.  Celle-ci  l'examinera 
afin  de  décider  s'il  y  a  lieu  de  poursuivre  l'entreprise  dans 
les  mêmes  conditions;  auteur,  M.  Vosch; 

giriiM  9°  Le  projet  de  quatre  vitraux  à  placer  dans  le  chœur  de 

de  Urugelttte. 

vitrai,     l'église  de  Brugelette  (Hainaut);  auteur,  M.  Coucke; 

écum  de        10°  Le  projet  de  vitraux  à  placer  dans  le  chœur  de  l'église 

Su-MirpuerUe,  ° 

viintfx;     de  Sainte-Marguerite,  à  Liège;  auteur,  M.  Javaux; 
iiôtei  commua     1  !•  Les  propositions  relatives  à  la  décoration  extérieure 
^orêiion'**  et  intérieure  de  l'hôtel  communal  de  Saint-Gilles  (Brabant). 
Toutefois,  les  projets  ne  consistant  qu'en  de  simples  rensei- 
gnements, il  parait  indispensable  que  la  Commission  soit 
appelée  à  aller  voir,  sur  place,  les  maquettes  de  la  statuaire 
et  les  esquisses  coloriées  des  peintures  des  plafonds. 
Éffiuede        —  Il  a  été  procédé,  le  7  octobre  1903,  à  l'examen  des 

Foy-Notre-Dame. 

-peinture.,  travaux  de  restauration  des  peintures  ornant  les  autels  et  le 
plafond  de  l'église  de  Foy-Nolre-Dame  (Namur),  dont  le 
devis  estimatif,  au  montant  de  1,695  francs,  a  été  approuvé 
par  la  Commission,  le  41  janvier  1901. 

II  résulte  de  cet  examen  que  les  travaux  précités,  exécutés 
par  M.  Crahay,  de  Liège,  ont  été  effectués  d'une  façon 
satisfaisante. 

En  conséquence,  il  y  a  lieu  de  liquider  le  subside,  alloué 
spécialement  pour  celte  entreprise,  sur  les  crédits  des  Beaux- 
Arts.  ^ 


I 

I 


—  221  — 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  approuvé  le  projet  relatif  à  la  construction  hôuummmmi 
de  bâtiments  destinés  à  servir  d'annexés  à  l'hôtel  communal 
d'Anderlecht  (Brabant),  tout  en  regrettant  que,  dans  l'élabo- 
ration de  cette  élude,  on  ne  se  soit  pas  rapproché  davantage 
de  l'architecture  du  bâtiment  principal.  Le  Collège  craint 
que  les  nouvelles  constructions  ne  nuisent  à  l'aspect  de 
l'œuvre  existante.  Au  cours  de  la  construction  de  la  nouvelle 
annexe,  l'auteur,  M.  S'Jonghers,  fera  bien  de  revoir  les 
lucarnes  figurées  au  pied  des  toitures,  dont  la  silhouette 
pourrait  être  améliorée  et  la  décoration  simplifiée. 

—    Pour   satisfaire  au  désir  exprimé  par   la   Société    cMte»u-rort 

de  Logne. 

d'archéologie  du  canton  de  Durbuy,  il  a  été  procédé,  le 
19  octobre  1903,  de  concert  avec  M.  l'architecte  Fernand 
Lohest,  à  l'inspection  des  travaux  de  déblaiement  et  de 
fouilles  entrepris  dans  les  ruines  de  l'ancien  château-fort 
de  Logne  (Liège). 

M.  Pascal  Lohest,  membre  du  Comité  provincial  des 
correspondants,  assistait  à  cette  visite. 

Les  travaux  effectués  depuis  la  dernière  inspection  (2  octo- 
bre 4902),  sont  considérables. 

Dans  (es  parties  hautes,  on  a  déblayé  les  murs  de  contour 
de  l'ouvrage  avancé  de  la  pointe  extrême  nord  du  rocher 
sur  lequel  est  bâtie  la  forteresse.  Une  excavation  au  sud 
révèle  une  grotte  naturelle  s'avançanl  sous  celte  construc- 
tion; il  sera  intéressant  d'explorer  cette  caverne.  Il  n'est  pas 
possible  toutefois  que  la  dite  construction  avancée,  de  forme 
rectangulaire,  fût  la  chapelle  du  château.  Il  semble  que  la 
chapelle  devait  se  trouver  à  proximité  du  donjon,  peut-être 


—  22Î  — 

était- elle  ménagée  dans  la  tour  flanquant  la  grande  courtine 
vers  l'Ourthe.  Cette  disposition  existe  à  Francbimont  et  dans 
d'autres  châteaux  de  l'époque.  Des  investigations  résoudront 
peut-être  ce  problème  intéressant. 

Le  bastion  qui  forme  le  premier  ouvrage  extérieur,  dit 
bastion  «Wibald»,  a  été  complètement  mis  au  jour.  Une 
grande  partie  de  son  fossé  est  déblayée.  Un  pont  en  bois  est 
établi  sur  ce  fossé  et  donne  accès  au  fort.  Les  maçonneries 
du  pourtour  ainsi  que  celles  de  l'entrée  et  du  réduit  adjacent 
ont  été  consolidées  et  rejoinloyées  avec  soin.  Le  mur  de 
culée  du  pont  a  été  refait  d'après  les  vestiges  de  son  ancien 
tracé. 

Dans  le  château  proprement  dit  ont  été  mis  au  jour  et 
déblayés  : 

a)  Un  chemin  de  ronde  en  terrasse  adossé  au  rocher  et 
défendant  l'accès  du  grand  fossé.  On  n'avait  vraisemblable- 
ment accès  à  ce  chemin  de  ronde  que  par  la  caverne  dite  de 
la  f  Galle  d'or  »  et  sans  doute  au  moyen  d'échelles; 

b)  Deux  anciens  corps  de  garde  de  la  courtine  vers  Logne; 

c)  Un  local  de  la  courtine  nord; 

d)  Une  oubliette  profonde  taillée  dans  le  roc  et  dans  laquelle 
sept  pièces  d'or  ont  été  trouvées  ; 

e)  La  cour  basse  du  château,  laquelle  a  été  couverte 
autrefois,  car  on  remarque  encore  entaillées  dans  ses  parois 
rocheuses,  des  enclaves  de  poutres  de  gilage; 

f)  Trois  petites  salles  précédant  la  tour  carrée  flanquant 
la  courtine  vers  l'Ourthe  ; 

g)  Le  pied  de  la  tour  carrée  dont  il  est  question  ci-dessus. 
Enfin,  une  découverte  fort  intéressante  au  point  de  vue 

archéologique  a  été  faite  :  c'est  celle  des  couchis  de  cintres 


—  223  — 

en  chêne  qui  oui  servi  à  la  construction  de  la  voûte  de  l'une 
des  tours  et  qui  sont  encore  aujourd'hui  en  place  après  une 
existence  d'au  moins  cinq  siècles. 

Dans  le  donjon  on  a  totalement  déblayé  l'ancienne  cuisine 
dont  le  pavement,  des  plus  rustique,  est  intact.  On  y  remarque 
i'àtre  composé  de  briques  sur  champ,  le  four  à  pain,  la 
plate-forme  et  le  déversoir  de  l'évier. 

La  tour  de  guet  a  été  débarrassée  des  végétations  qui 

l'encombraient;  l'année  prochaine,  on  consolidera  cette  tour. 

Les  tètes  des  voûtes  du  couloir  sous  ladite  tour;  celles  du 

couloir  voûté  du  chemin  de  ronde  et  celles  du  couloir  sous 

la  cuisine  du  donjon  ont  été  refaites. 

Dans  les  parties  basses  du  château,  l'entrée  destinée  à  la 
garnison  et  qui  forme  poterne  de  fossé,  a  été  reconstituée 
telle  qu'elle  existait,  tous  les  vestiges  découverts  ayant  permis 
d'en  connaître  les  moindres  détails. 

Les  travaux  de  déblai  du  grand  fossé  se  sont  poursuivis 
sans  relâche;  ils  ont  mis  à  nu  le  pied  de  deux  tours.  L'une 
de  ces  dernières  a  été  consolidée  et  surélevée  de  3  mètres. 
Les  voûtes  des  deux  casemates  qu'elle  renferme  ont  été 
reconstituées. 

On  va  continuer  à  vider  le  grand  fossé,  où  il  reste  encore 
un  bon  tiers  d'éboulis  à  enlever. 

La  grande  courtine  qui  domine  l'Ourthe  à  90  mètres 
environ  de  hauteur,  est  aujourd'hui  consolidée  sur  la  plus 
grande  partie  de  son  parcours.  Ses  grandes  meurtrières  ont 
été  rétablies.  On  a  continué  à  dégager  le  pied  de  cette  cour- 
tine de  ses  éboulis  sur  4  mètres  de  hauteur.  La  Société  se 
propose  de  poursuivre  ce  travail  de  façon  à  débarrasser 
entièrement  les  rochers  abrupts  sur  lesquels  s'élevait  le 


—  224  — 

donjon.  On  devrait  se  borner,  sur  ce  point,  à  ce  qui  est 
déjà  fait  et  s'occuper  exclusivement  de  remettre  les  talus 
vers  l'Ourlhe  en  convenable  végétation. 

Dans  l'exécution  des  travaux  de  même  nature  à  faire  dans 
les  fossés  on  ne  doit  enlever  que  les  éboulis  en  respectant 
les  bétonnages  établis  autrefois  pour  relier  les  diverses  parties 
du  rocher.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  remettre  du  béton  là  où  il  a 
été  détruit  contre  les  rochers.  Ceux-ci  doivent  rester  tels 
quels;  on  les  laissera  se  garnir  de  mousse  et  dans  les  fentes, 
si  possible,  on  facilitera  la  végétation. 

Rien  n'empêche  de  rétablir  l'encadrement  et  les  claveaux 
de  la  porte  de  l'escalier  du  donjon  dont  toutes  les  pierres 
sont  sur  place. 

Les  déblais  et  les  fouilles  ont  encore  mis  à  découvert, 
celte  année,  des  ferrures  et  armatures;  des  armes  et  des 
projectiles  en  pierre  et  en  fer;  des  poteries  et  des  objets  en 
verre;  des  ossements  et  des  monnaies.  Tous  ces  objets  sont 
conservés  avec  soin.  Il  convient  de  rappeler  à  la  Société 
qu'ils  appartiennent  à  l'État. 

Les  travaux  effectués  à  ce  jour  ont  été  exécutés  avec  soin 
et  intelligence.  Ils  ont  pour  conséquence  de  doter  le  pays 
d'un  souvenir  archéologique  de  premier  ordre  qui  se  trouvait 
enfoui  sous  un  énorme  amoncellement  de  décombres.  Il  y  a 
lieu  d'en  féliciter  vivement  la  Société  qui  les  a  entrepris. 

Il  y  a  tout  intérêt  pour  le  pays  à  ce  que  l'État  continue 
son  allocation,  comme  les  années  précédentes,  en  allouant 
à  la  Société  un  nouveau  subside  de  3,500  francs. 

Il  serait  même  désirable  que  cette  allocation  fût  consentie 
encore,  en  principe,  pendant  les  quelques  exercices  dont  la 
Société  aura  besoin  pour  achever  complètement  ses  travaux. 


—  225  — 

A  ce  point  de  vue,  il  importe  de  fixer,  dès  à  présent,  tout 
le  programme  des  travaux  restant  à  faire.  La  Société  devrait 
être  priée  de  le  fournir  sans  délai  et  de  faire  des  propositions 
pour  la  détermination  du  dernier  des  exercices  à  partir 
duquel  elle  n'aura  plus  besoin  d'être  aidée  par  l'État. 

Tenant  compte  de  l'importance  de  la  forteresse  de  Logne 
comme  construction  militaire,  il  semble  intéressant  de  la 
voir  figurer  en  fac-similé  à  l'exposition  universelle  de  Liège, 
eo  1905,  telle  qu'elle  devait  être  au  moyen  âge,  à  côté  des 
maquettes  de  Franchimont  et  de  Moha.  La  confection  de  ce 
fac-similé  serait  confiée  aux  soins  de  M.  F.  Lohest,  qui  a 
fait  une  étude  approfondie  de  l'ancienne  forteresse. 

Enfin,  il  serait  désirable  que  la  communication  entre  le 
bastion  t  Wibald  »  et  le  donjon  fût  rétablie.  Si  l'on  en  juge 
par  les  piliers  qui  existent  encore  dans  le  fossé,  cette  com- 
munication se  faisait  au  moyen  d'un  solide  pont  en  bois 
monté  sur  chevalets  appuyés  sur  les  piliers.  Le  rétablisse- 
ment de  ce  pont  ajouterait  beaucoup  au  caractère  pittoresque 
des  ruines.  M.  l'architecte  Lohest  serait  chargé  d'en  dessiner 
les  formes  en  s'inspirant  de  ce  qui  existait  à  Bouillon  au 
xii"  siècle.  La  dépense  à  en  résulter  ne  serait  pas  bien 
importante. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  approuvés  : 

1°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  pour   constrocûou 

'  r  y  r  et  restauration 

la  paroisse  des  SS.-Victoret  Léonard,  au  Thier,  à  Liège;  de  p"»1**™- 
architecte,  M.  Froment; 
2°  Le  projet  concernant  la  construction  d'un  presbytère 


—  2*6  — 

à  Lindel-Hoeven,  sous  Overpelt  (Limbourg);  architecte, 
M.  Collés  ; 

3°  Le  projet  d'appropriation  du  presbytère  de  la  commune 
de  Saint- Remy  (Hainaut);  architecte,  M.  Maréchal; 

4°  Le  projet  d'une  clôture  à  établir  au  presbytère  de  Bei- 
rendrechl  (Anvers);  architecte,  H.  Gîfe. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
feu*  4°  A  Balgerhoeke,  sous  Eecloo  (Flandre  orientale),  sous 

la  réserve  qu'au  cours  de  l'exécution  l'auteur  tienne  compte 
des  observations  suivantes  émises  par  M.  l'architecte  provin- 
cial :  a)  le  tirant  placé  à  deux  tiers  de  la  hauteur  de  la  voûte 
devra  relier  le  dessous  des  deux  arbalétriers  ;  6)  on  devra 
pouvoir  entrer  directement  dans  le  magasin  sans  devoir 
passer  par  la  sacristie.  Il  serait  préférable  de  placer  les 
annexes  au  côté  sud  ;  c)  on  devra  pouvoir  accéder  au  grenier 
au-dessus  de  la  sacristie;  d)  des  puits  et  citerne  sont  néces- 
saires. On  devra  aussi  prévoir  une  pompe  dans  la  sacristie 
et  établir  une  cave  sous  ce  local  ;  c)  on  doit  de  même  prévoir 
des  cheminées  pour  le  chauffage  de  l'édifice  et  des  murs 
extérieurs  doubles  pour  les  dépendances';  f)  il  sera  néces- 
saire, pour  l'adjudication,  de  dresser  des  plans  à  0"01  par 
mètre,  de  compléter  les  coupes  et  de  produire  des  détails 
de  menuiserie,  charpente,  etc.;  architecte,  M.  Oenoyette; 
w  ÉgiiM  de         2°  A  Lindel-Hoeven,  sous  Overpelt  (Limbourg).  L'attention 

Lindel-Uoetcn.  ■         N  *•" 

de  l'architecte,  M.  Collés,  a  été  appelée  :  a)  sur  les  murs  de 
l'édifice  qui,  en  général,  paraissent  faibles;  b)  sur  la  possi- 
bilité d'augmenter  un  peu  la  hauteur  de  la  voûte  de  la  nef; 


—  227  — 

e)  sur  l'utilité  de  prendre  toutes  les  mesures  de  précaution 
nécessaires  pour  mettre  la  construction  à  l'abri  de  l'humi- 
dité, aussi  bien  de  celle  provenant  du  sol  que  de  celle  qui 
pourrait  être  causée  par  les  pluies;  d)  sur  la  convenance 
de  réserver  le  moyen  de  construire,  plus  tard,  une  tour  en 
maçonnerie  vers  la  façade  principale. 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 
églises  : 

4*  D'Okegem  (Flandre  orientale),  moyennant  de  lenirégiitedokegem. 
compte  des  recommandations  faites  par  M.  l'architecte  pro- 
vincial; architecte,  M.  Goethals; 

2°  De  Notre-Dame  à  Peiseghcm,  sous  Merchtem  (Brabant);       i#\* 

«le  PeiMgbem. 

architectes,  MM.  Struyven  et  Dankelman. 
Ainsi  que  les  projets  ci-après  : 
3°  Exhaussement  de  l'église  de  Sainte-Anne,  à  Zwyndrecht      é^.* 

«**  Sainie-Anne, 

(Flandre  orientale);  architecte,  M.  Stuyck;  *  zwyndrecht. 

4°  Exécution  de  divers  travaux  à  l'église  de  Herbeiimont       Étiue 

de  Herheumoot. 

(Luxembourg);  architecte,  M.  Thibeau; 
5°  Construction  d'une  flèche  et  travaux  d'amélioration  à      Uu* 

de  Rocicugc. 

l'église  de  Roclenge  (Limbourg),  sous  réserve  qu'avant  de 
passer  à  l'exécution  de  la  flèche,  l'architecte,  M.  Jolet,  en 
soumette  une  nouvelle  élude,  la  silhouette  de  cette  construc- 
tion pouvant  être  améliorée  sans  augmentation  de  la  dépense; 

6°  Appropriation  delà  sacristie  de  l'église  d'Oycke  (Flandre  M«e  d'Ojcke. 
orientale); 

7°  Construction  d'un  mur  de  clôture  à  l'église  de  Caulille      £gii<* 

°  de  Caulille. 

(Limbourg),  à  la  condition  de  placer  un  petit  cordon  en 
pierre  à  la  partie  supérieure  de  la  plinthe  du  mur  pour 
éviter  que  l'humidité  ne  s'introduise  dans  la  maçonnerie; 
architecte,  M;  De  bru  y  ne; 


—  m»  — 

e#jm         8*  Renouvellement  du  dallage  de  l'église  d'Haulcbio 

d'HaulcbiD. 

(Hainaot)  ; 
d«  sJSsLt*      ^°  Établissement  d'un  pavement  céramique  dans  l'église 
à  mmUJK^  Saint-Saulve,  à  Jollain-Merlin  (Hainant); 
ohiouBobiii«rt      10»  Et,  enfin,  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 
églises  de  : 
Saffelaere  (Flandre  orientale)  :  deux  confessionnaux  ; 
Ransart  (Hainant)  :  trois  autels; 
Mylslraat,  sous  Duffel  (Anvers)  :  trois  autels; 
Pessoux  (Namur)  :  mobilier  complet; 
Noire-Dame  des  VII  Douleurs,  à  La  Louvière  (Hainaut)  : 
mobilier  complet  ; 
Sainte-Catherine,  à  Malines  (Anvers)  :  deux  autels , 
Bioulx  (Namur)  :  confessionnaux  ; 
Huyssinghen  (Brabant)  :  trois  autels  ; 
Lootenbulle  (Flandre  orientale)  :  maitre-autel  ; 
Flobecq  (Hainaut)  :  trois  autels. 
M"  —  Il  a  été  procédé,  le  29  septembre  4903,  à  l'examen 

■  oiwude.    (]u  mobilier  placé  dans  l'église  de  Saint-Joseph,  à  Ostende 
(Flandre  occidentale). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  mobilier  dont  il  s'agit  a  été 
exécuté  dans  de  bonnes  conditions.  En  conséquence,  il  y  a 
lieu  de  liquider  le  subside  promis,  sur  les  crédits  des  Beaux- 
Arts,  en  vue  de  cette  entreprise. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  visé  : 
Egii»*         i9  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  tour  de  l'église 

dn  Saint-Dentt.  r      J  ° 

de  Saint-Denis  (Namur),  à  la  condition  que  l'auteur  ménage 


—  829  — 

an  arc  de  décharge  au-dessus  du  linteau  de  la  porte  d'entrée 
et  qu'il  revoie  les  proportions  de  cette  baie.  En  tous  cas,  il 
importera  qu'avant  de  passer  à  l'exécution  de  la  dite  porté, 
il  en  soumette  un  détail  à  plus  grande  échelle;  architecte, 
M .  Lange  ; 
2°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  exécuter  à  1  église  „  *c""<)6 

r      *  r  °  N.-D.  du  Rosaire, 

de  Noire-Dame  du  Rosaire,  à  Cou  réelles  (Hainaut);  archi-   kCource,,M- 
lecte,  M.  Bridoux  ; 
3°  Le  projet  de  divers  travaux  à  effectuer  à  l'église      éfiiM 

r      é  °  d'Havelanf*. 

d'Havelange  (Namur);  architecte,  M.  Lange; 

*•  Le  projet  relatif  à  la  restauration  extérieure  de  l'église  de     ^J^ 
Rhode-Sainte-Agathe  (Brabant);  architecte,  M.  Langerock;  Sâlnle"A«alh* 

5°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Gestel,  sous      «««* 

r     J  ^  J  de  Meerhont. 

Meerhout  (Anvers);  architecte,  M.  Taeymans; 
6°  Le  projet  concernant  la  restauration  des  voûtes  enJ     *««'•»•    . 

'        »  de  SHiid-Amand, 

bardeaux  de  l'église  de  Saint-Amand,  à  Roulers  (Flandre     àlUM,,m- 
occidentale);  architecte,  M.  De  Nyt; 

7°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Ramscap-  da  R  *£«  |Jc 
pelle  lez  Nieuport  (Flandre  occidentale).  La  Commission 
partage  l'avis  de  M.  le  Gouverneur  de  la  province,  que  la 
fabrique  d'église  a  fait  chose  opportune  en  présentant  un 
projet  d'ensemble  en  vue  de  la  restauration  de  l'intéressant 
monument  dont  il  s'agit.  Comme  l'exécution  des  travaux  se 
fera  par  séries,  au  fur  et  à  mesure  des  ressources  dont  la 
fabrique  pourra  disposer,  rien  n'empêche  d'autoriser  les 
travaux  repris  dans  la  première  série,  laquelle  s'applique 
aux  toitures  et  aux  fenêtres,  et  âont  la  dépense  est  estimée 
à  fr.  11,835-61. 

—  Pour  satisfaire  à  la  demande  de  l'administration  corn-      £*"»  . 

de  Saintr-llarie 

munale  d'Ostende  (Flandre  occidentale),  il  a  été  procédé,  le  (ï  aSSi* 


—  530  — 

29  septembre  1903,  à  l'inspection  de  l'église  de  Sainte-Marie 
(Mariakerke),  en  cette  ville. 

L'église  de  Mariakerke  remonte  à  la  dernière  période 
ogivale.  Elle  se  compose  d'une  tour  massive,  d'une  nef 
unique  et  d'un  chœur.  A  une  époque  relativement  récente, 
on  a  ajouté  aux  deux  côtés  de  la  nef  deux  petites  chapelles. 

L'ensemble  de  l'édifice  offre  un  certain  intérêt,  surtout  au 
point  de  vue  pittoresque;  il  est  situé  dans  un  joli  site  au  pied 
des  dunes.  D'autre  part,  c'est  un  des  rares  types  des  petites 
églises  de  la  côte  maritime.  Pour  ce  double  motif,  il  y  a  lieu 
d'en  assurer  la  conservation. 

A  l'extérieur,  la  construction  est  en  très  mauvais  état;  à 
la  façade  ouest  surtout,  certaines  maçonneries  sont  disjointes 
au  point  que  des  écroulements  partiels  sont  à  craindre;  les 
toitures  sont  pour  ainsi  dire  en  ruines;  les  eaux  pluviales 
les  traversent  de  part  en  part.  Il  est  donc  urgent  de  prendre 
des  mesures  de  conservation  et  de  restauration. 

A  l'intérieur,  l'état  de  conservation  du  temple  est  plus 
satisfaisant.  Mais  les  enduits  et  le  plafond  réclament  aussi 
des  réfections  et  des  réparations.  Le  plafond  est  couvert  de 
peintures  qui,  sans  avoir  une  valeur  artistique  marquante, 
jouent  un  certain  rôle  dans  l'ensemble  décoratif;  elles  devront 
être  respectées,  dans  la  mesure  du  possible,  lors  de  la  restau- 
ration du  plafond. 

Le  mobilier,  les  revêtements,  les  lambris,  etc.,  offrent  au 
ensemble  intéressant  des  époques  Louis  XV  et  Louis  XVI  ; 
il  importera  de  les  conserver  avec  soin.  Du  reste,  l'intérieur 
de  l'édifice  ne  réclame  pas  des  travaux  bien  importants. 

L'administration  communale  devra  être  invitée  à  présenter, 
sans  retard,  un  projet  d'ensemble  complet  des  travaux  que 


—  231  — 

nécessite  la  conservation  et  la  mise  en  état  convenable  du 
temple,  dont  l'entretien  a  été  négligé  par  suite  du  manque 
de  ressources  de  la  localité  récemment  annexée  à  la  ville 
d'Ostende. 

Pour  pouvoir  étudier  sérieusement  ce  projet,  il  faudra 
faire  enlever  partiellement  le  badigeon  qui  recouvre  les  murs 
extérieurs,  afin  de  pouvoir  s'assurer  si  des  éléments  a rchi tec- 
toniques primitifs  ne  sont  pas  dissimulés  sous  tes  nombreuses 
couches  de  chaux  appliquées  sur  les  maçonneries. 

Il  sera  utile  de  joindre  au  projet  quelques  vues  photogra- 
phiques tant  intérieures  qu'extérieures  de  l'édifice. 

—  À  la  demande  du  bureau  des  marguilliers  de  l'église  de      ê^* 

°  °  de  Benhem. 

Berthera  (Brabant),  il  a  été  procédé,  le  45  octobre  1903,  à 
l'examen  du  plafond  de  cette  église,  dont  une  petite  partie 
s'est  détachée  au-dessus  du  jubé. 

L'état  de  vétusté  de  ce  plafond  a  déjà  été  signalé  en  1901; 
il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  un  danger  immédiat  pour  la 
partie  au  dessous  de  laquelle  se  tiennent  les  fidèles,  mais  il 
est  prudent  de  faire  examiner  la  situation  par  l'architecte  de 
la  fabrique  et,  au  besoin,  de  faire  enlever  les  parties  de 
plâtras  dont  la  chute  serait  à  craindre. 

En  tout  état  de  cause,  l'église  de  Berthem  doit  être  l'objet, 
incessamment,  d'un  travail  important  de  restauration  et  son 
rétablissement  dans  son  état  primitif  nécessitera  la  démolition 
du  plafond  en  plâtrage  sur  lattes  qui  a  été  substitué,  au 
xvh9  siècle,  au  plafond  en  bois. 

L'église  de  Berthem  est  une  construction  romane  du 
xii*  siècle.  On  peut,  sans  contredit,  la  ranger  au  nombre  des 
églises  les  plus  intéressantes  des  communes  rurales  de  la 
province.  Malheureusement,  ses  proportions  ne  sont  plus  en 


—  43*  — 

rapport  avec  le  chiffre  de  la  population,  celle-ci  s'accroissant 
sans  cesse.  L'agrandir  serait  une  opération  regrettable  qui 
lui  enlèverait  une  grande  partie  de  son  importance  archéolo- 
gique. D'autre  part,  telle  qu'elle  se  présente  aujourd'hui, 
sur  un  point  élevé  de  l'agglomération,  elle  offre  à  l'œil  du 
spectateur  une  silhouette  attrayante. 

Vu  ces  considérations,  on  ne  peut  que  renouveler  le  vœu, 
déjà  exprimé,  de  la  voir  conserver  telle  quelle  en  renonçant 
à  tout  agrandissement. 

On  arriverait  ï  suppléer  à  l'insuffisance  de  sa  surface  en 
créant  une  seconde  place  de  vicaire.  Les  autorités  compétentes 
devraient  remettre  cette  question  à  l'étude.  Si  une  entente 
se  réalisait  sur  ce  point,  on  se  bornerait  à  restaurer  l'église 
avec  tous  les  soins  que  sa  valeur  archéologique  comporte  et 
on  conserverait  ainsi  intacte  la  belle  silhouette  de  ce  monu- 
ment vénérable,  dont  il  serait  impossible  d'étendre  la  surface 
sans  en  altérer  les  heureuses  proportions. 
Éciite  de  —  Lors  de  l'inspection  des  peintures  restaurées  du  plafond 
de  l'église  de  Foy- Notre-Dame  (Namur),  le  7  octobre  1903, 
il  a  été  constaté  que  les  travaux  de  restauration  de  l'édifice 
même  sont  en  bonne  voie  d'avancement. 

Tout  en  reconnaissant  que  les  ouvrages,  en  général, 
ont  été  effectués  dans  de  bonnes  conditions,  il  y  a  lieu 
cependant  de  maintenir  les  réserves  faites  dans  le  rapport  du 
23  avril  1902,  dressé  à  la  suite  de  l'avant-dernière  inspection 
du  monument,  à  l'exception  toutefois  de  celle  ayant  trait 
au  prolongement  du  plafond  à  caissons  au-dessus  du  jubé, 
plafond  qui  a  été  modifié  suivant  l'observation  présentée. 

Le  devis  primitif  de  la  restauration  s'élevait  à  fr.  23,438-80. 
Il  ne  comprenait  que  les  travaux  les  plus  urgents. 


—  333  — 

Un  second  devis  comportant  des  travaux  complémentaires 
également  urgents  et  montant  à  fr.  14)338-70,  aété  approuvé 
par  la  Commission. 

Le  bureau  des  marguilliers  propose  de  confier  ces  der- 
niers ouvrages  à  l'adjudicataire  de  l'entreprise  principale, 
moyennant  le  chiffre  de  l'estimation  dont  les  prix  d'unité 
sont  conformes  à  ceux  de  l'entreprise  première. 

H  est  à  remarquer  que  plusieurs  de  ces  travaux  sont  déjà 
terminés  et  qu'ils  ont  dû  l'être  en  même  temps  que  ceux 
de  l'entreprise  en  cours.  Dans  ces  conditions,  il  y  a  lieu 
d'accueillir  la  demande  formulée  par  le  bureau  des  marguil- 
liers dans  sa  délibération  du  31  juin  1903. 

Au  nombre  des  travaux  complémentaires  figure  l'appro- 
priation du  tambour  sous  le  jubé,  auquel  manquent  l'ouvrant 
central  et  les  deux  portes  latérales.  Le  plan  soumis  figurant 
cette  appropriation  peut  être  adopté. 

Parmi  les  travaux  prévus  aux  deux  devis  approuvés,  ne 
figurent  pas  ceux,  urgents  aussi,  de  réparation  du  soubas- 
sement en  pierre  de  la  façade  latérale  sud  de  l'église.  Il  y  a 
là  un  certain  nombre  de  pierres  à  remplacer  et  un  bon 
rejointoyage  à  opérer,  ouvrages  qu'il  importo  de  ne  pas 
différer.  Ils  devront  être  complétés  par  la  régularisation  de 
la  pente  du  terrain,  au  pied  des  murailles,  sur  tout  le 
pourtour  de  l'église,  afin  de  faciliter  l'écoulement  des  eaux 

pluviales. 

Le  Secrétaire, 

A.  Massaux. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 
Gh.  Lagasse-de  Locht. 


R  A  PPORT 

SUR  LES  TRAVAUX  DU  COMITÉ  DE  LA  SECTION  ARTISTIQUE 
DE  LA  COMMISSION  ROYALE  DES  ÉCHANGES  INTERNATIONAUX 
PENDANT  L'ANNÉE   1901. 


L'année  1901  a  été  marquée,  comme  la  précédente,  par 
une  importante  série  de  voyages  féconds  en  résultats  pra- 
tiques, car  ils  ont  amené,  d'une  part,  un  accroissement 
notable  de  notre  fonds  de  clichés  destinés  à  rechange  de 
photographies  ;  d'autre  part,  l'inscription  à  la  liste  de  desi- 
derata de  plusieurs  moulages  d'oeuvres  de  haute  valeur. 

Nous  possédons  depuis  longtemps  le  moulage  de  l'enca-  Niques. 
drement  d'une  ancienne  porte  de  l'église  Sainte-Gertrude, 
à  Nivelles  (n°  949  du  Catalogue  du  Musée  d'art  monu- 
mental). Les  montants  sont  décorés  de  feuillages,  le  linteau 
de  figurines  représentant  l'histoire  de  Samson.  Deux  statues 
placées  sur  des  colonnettes  dans  les  angles  du  porche  repré- 
sentent :  Tune  Samson  enlevant  les  portes  de  Gaza,  l'autre 
Samson  ébranlant  la  colonne  du  temple  de  Dagon  (ij. 

L'état  de  vétusté  dans  lequel  se  trouvent  ces  deux  œuvres 
nous  a  fait  renoncer  à  notre  projet  qui  était  de  compléter, 
par  leur  moulage,  celui  du  cadre  de  la  porte.  L'examen  de 
ce  monument  a  permis  de  constater  que,  dans  notre  mou- 


Ci)  Bsmnvfl  :  Éléments  d'archéologie  chrétienne.  Louvain,  Peeters,  1871, 
t,  I,  pp.  321-322,  pi. 


—  236  — 

lage,  on  a  réduit  à  tort  la  hauteur  de  la  partie  inférieure 
des  piédroits,  ce  qui  donne  à  la  baie  une  forme  à  peu  près 
carrée,  d'aspect  disgracieux.  Il  y  aura  lieu  de  profiler  du 
transfert  de  nos  collections  pour  rétablir  la  hauteur  réelle, 
qui  est  de  lm60,  du  sol  au  bas  de  la  partie  sculptée.  Ce 
portail  désaffecté  est  transformé  en  une  sorte  de  remise  au 
fond  de  laquelle  la  sculpture  en  question,  toujours  à  sa  place 
primitive,  est  cachée  au  public  et  parait  exposée  à  être 
dégradée  par  le  contact  des  objets  divers  que  Ton  dépose  en 
cet  endroit.  Nous  pensons  qu'il  serait  utile  de  signaler  cet 
état  de  choses  à  la  Commission  royale  des  monuments,  qui 
jugera  probablement  opportun  de  profiter  de  la  restauration 
de  l'église  pour  mettre  à  l'abri  et  restituer  à  la  vue  des 
visiteurs  cette  sculpture  en  tous  points  remarquable. 

L'église  Sainte -Gerlrude  possède  plusieurs  statues 
anciennes,  en  pierre,  remisées  dans  la  crypte  :  deux  de 
celles-ci,  représentant  Saint-Antoine  et  Saint-Laurent,  nous 
paraissent  dignes  d'être  reproduites  par  le  moulage. 

A  gauche  de  l'entrée  principale  de  la  même  église  on 
remarque,  accolé  à  un  pilier,  un  ex-voto  de  style  renais- 
sance; il  se  compose  d'un  haut-relief  aux  nombreuses 
figures,  représentant  YEcce  Homo,  encadré  de  deux  colonnes 
composites  qui  supportent  un  entablement  surmonté  d'une 
arcade  à  plein  cintre  au  fond  de  laquelle  se  voit  la  Résur- 
rection. Contre  les  retombées  de  l'archivolte,  au-dessus  des 
colonnes,  deux  caryatides  portent  un  fronton  triangulaire 
dont  le  tympan  est  occupé  par  un  buste,  en  bas-relief,  du 
Père  Éternel  bénissant;  deux  figures  d'anges  couchées  sur 
les  rampants  du  fronton,  et  une  statuette  de  Saint-Hubert 
debout  sur  l'angle  supérieur,  couronnent  l'ensemble.  Au  bas, 


-  237  — 

un  cadavre  est  étendu  sur  une  natte  de  jonc  et  au  dessous  se 
lit  l'épilaphe  du  chanoine  Hubert  Kerssan,  décédé  le 
27  juin  1569. 

Ce  monument  est  en  pierre,  il  porte  des  traces  de  dorure 
et  de  polychromie,  et  Ton  voit  encore  aux  côtés  de  l'enca- 
drement les  ferrures  de  volets  qui  ont  disparu  (i). 

Dans  une  chapelle  latérale  se  Irouve  une  remarquable 
boiserie  attribuée  au  ciseau  de  Paul  Vander  Schelden  et 
bien  digne  de  servir  de  pendant  à  son  célèbre  portail  de  la 
salle  échevinale  d'Àudenarde.  C'est  un  grand  motif  d'archi- 
tecture formé  de  quatre  colonnes  composites  au  fût  cannelé 
el  décoré  dans  le  bas  de  feuillages  et  de  fleurs;  elles 
portent  un  entablement  dont  la  frise  est  décorée  de  végétaux 
el  de  mascarons.  Le  fond  des  entrecolonnemenls  est  occupé 
par  trois  panneaux  :  sur  celui  du  milieu,  la  figure  de  Sainte-  . 
Gerlrude  se  détache  sur  un  fond  de  feuillage;  les  deux 
autres  sont  décorés  de  figurines  d'anges  portant  divers  attri- 
buts de  plantes  avec  feuilles  et  fruits  du  plus  gracieux  effet. 

M.   van  Overloop,  conservateur   en    chef  des   Musées  steenœkmeei. 
royaux  du  Cinquantenaire,  nous  avait  signalé  des  sculptures 
dans  les  églises  de  Steenockerzeel  et  de  Crainhem. 

Deux  pierres  tombales  notamment  sont  encastrées  dans 
la  muraille  à  l'intérieur  du  portail  de  la  première  de  ces 
églises.  L'une,  qui  porte  le  nom  du  baron  Guillaume  de 
Cotereau  et  la  date  de  1661,  est  décorée  de  blasons  enca- 
drant un  grand  écu  armorié  accosté  de  deux  lions  ;  elle  n'a 
guère  d'intérêt. 


(i)    Tablieb  et  Wauters  :  Géographie  et  histoire  des  communes  belges. 
Fille  de  Nivelles,  p.  127. 


—  238  — 


Craiokei 


Louflia. 


L'autre,  beaucoup  plus  grande,  remonte  au  xve  siècle. 
Elle  porte,  en  relief  très  plat,  les  effigies  du  chevalier  van 
Harame,  en  armure,  et  de  son  épouse,  drapée  dans  un  ample 
vêtement.  Chacun  des  gisants  se  trouve  au  dessous  d'une 
arcade  ogivale  à  redents,  surmontée  de  fenestrations  simu- 
lant un  dais.  Autour  de  chaque  arcade  et  le  long  de  l'enca- 
drement se  développent  de  longues  inscriptions  en  beaux 
caractères  gothiques,  interrompus  à  chaque  angle  de  la 
pierre  par  un  médaillon  quadrilobé  entourant  un  blason. 

Celte  dalle  mérite  d'être  reproduite;  mais,  eu  égard  à  son 
peu  de  relief,  nous  estimons  que  le  frottis  conviendrait  ici 
mieux  que  le  moulage.  Il  serait  bon  d'examiner  aussi  s'il  ne 
serait  pas  possible  soit  d'exhausser  la  pierre,  soit  d'abaisser 
quelque  peu  le  pavement,  qui  cache  une  partie  de  l'inscription. 

A  l'église  de  Crainhem,dans  l'ancien  portail  transformé  en 
réduit,  se  trouvent  deux  chapiteaux  de  colonne! Les  romanes, 
demeurés  à  leur  place  primitive;  ils  sont  de  forme  cubique, 
l'un  tout  uni,  l'autre  orné  de  palmetles;  un  croquis  en  a  été 
pris  par  les  soins  de  M.  van  Overloop;  il  y  aura  lieu  d'en 
prendre  aussi  le  moulage. 

Derrière  le  mailre-aulel  de  l'église  Saint-Pierre,  à  Louvain, 
est  fixé  un  bas-relief  en  pierre  d'Avesnes  polychromée  haut 
de  0m90,  long  de  2ml2.  On  y  voit  :  au  milieu  le  Christ  en 
croix  entre  la  Vierge  et  Saint-Jean;  à  droite,  la  Résur- 
rection ;  à  gauche,  un  personnage  à  genoux,  présenté  par 
Saint-Jean.  Il  résulte  d'un  renseignement  dû  à  l'obligeance 
d'un  vicaire  de  la  paroisse  que  ce  monument  a  été  donné, 
quelques  années  avant  sa  mort,  par  Jean  Keynooghe  décédé 
en  4460.  C'est  une  pièce  intéressante  qu'il  sera  bon  de 
reproduire. 


—  239  — 

Un  autre  monument  funéraire,  encastré  dans  le  mur  d'une 
chapelle  latérale  de  la  même  église,  mérite  aussi  le  moulage. 

Deux  caryatides,  personnifiant  la  Foi  et  l'Espérance,  sup- 
portent un  entablement  dont  la  frise  est  semée  de  bouquets 
de  feuilles  et  de  fruits;  sur  la  corniche  s'élève  un  fronton 
semi-circulaire  qui  porle  un  groupe  figurant  la  Charité.  Dans 
le  tympan,  deux  anges  soutiennent  d'une  main  un  écusson 
armorié  et  portent  de  l'autre  une  torche  renversée.  Les 
caryatides  encadrent  un  haut- relief  où  l'on  voit  un  seigneur 
agenouillé  que  son  saint  patron  présente  au  Père  Éternel, 
personnifié  par  une  petite  figure  assise,  placée  sur  une  sorte 
d'autel.  Ce  motif  est  séparé  par  une  frise  d'ornements  d'une 
inscription  en  flamand,  qui  rappelle  la  mémoire  d'Adolf  van 
Baussel,  officier  du  Prince  d'Orange,  décédé  le  11  décem- 
bre 1559. 

Beaucoup  de  détails  de  ce  petit  monument  rappellent  les 
tabernacles  de  Suerbempde  et  de  Léau;  c'est  évidemment 
une  œuvre  sortie  de  l'atelier  de  Corneille  II  Floris  De  Yriendt. 
Les  moulages  de  ces  deux  monuments  funéraires  coûteront 
ensemble  800  francs. 

L'église  de  Lubbeek  possède  de  bien  curieux  restes  de     Lubta* 
fonts  baptismaux  d'époque  romane  (î)  : 

La  cuve  est  sculptée  dans  une  épaisse  dalle  carrée  dont 
les  angles  ont  été  transformés  par  l'artiste  en  masques 
humains  :  les  quatre  faces  sont  arrondies  et  décorées  de 
feuillage,  de  grappes  et  d'animaux  fantastiques  du  style 
le  plus  primitif.  La  partie  inférieure  porte  la  trace  d'un  gros 


(i)  De  la  fin  du  zn*  siècle,  d'après  M.  Ed.  van  Even.  {Bulletin  du 
Comité  de  la  province  de  Bradant,  1881-1883.  —  Bruxelles,  1884,  p.  69). 


—  240  — 


Zillebeke. 


Liibe. 


pédoncule  cylindrique  et  quatre  bases  de  colon  nettes  à  gros 
tore  avec  griffe  en  forme  de  feuille  toute  unie.  It  manque  à 
ces  fonts  le  support,  c'est-à-dire  le  pilier  central  et  les  colon- 
nettes  qui  le  cantonnaient. 

Ces  parties  étant  de  simples  cylindres  de  pierre,  sans 
sculpture,  la  restauration  serait  aisée  et  il  est  vraiment  à 
souhaiter  que  cet  intéressant  monument,  maintenant  exposé 
à  être  dégradé,  prenne  la  place  qu'il  mérite,  soit  dans  l'église, 
soit  dans  un  musée. 

Les  fonts  baptismaux  encore  actuellement  en  usage  dans 
I  église  de  Zillebeke  n'ont  qu'un  support  unique,  un  gros 
pilier  cylindrique  monté  sur  un  tore.  La  cuve,  de  forme 
carrée,  est  décorée  de  pa (mettes  encadrées  sur  ses  quatre 
faces  et  de  mascarons  grimaçants  aux  angles.  Le  dessous 
affecte  la  forme  d'une  doucine  ornée  de  grandes  feuilles. 

Ces  fonts  sont  mieux  conservés  que  ceux  de  Lubbeek, 
mais  leur  ornementation  est  moins  pittoresque.  Il  existe  des 
monuments  analogues  qui  pourraient  être  moulés  plus  utile- 
ment que  celui-ci. 

Signalons  encore  des  fonts  très  anciens,  relégués  actuel- 
lement dans  le  cimetière  qui  entoure  la  petite  église  deLixbe, 
près  Visé.  La  cuve  est  formée,  comme  à  Lubbeek,  d'une 
dalle  carrée  large  de  0m85,  épaisse  de  Om45,  aux  angles 
sculptés  en  forme  de  masques  humains,  entre  lesquels  les 
côtés  ont  été  arrondis;  mais  à  part  ces  masques,  l'extérieur 
ne  porte  aucune  décoration.  Cette  cuve  est  posée  sur  un 
pédoncule  cylindrique,  épais,  court,  avec  base  en  forme  de 
tore  très  saillant. 

On  trouve  à  Luslin  des  fonts  à  fort  peu  près  identiques. 
Très  intéressants  au  point  de  vue  archéologique  ces  monu- 


—  241  — 

ments  ne  présentent  pas  un  caractère  artistique  suffisant 
pour  en  justifier  le  moulage. 

Dans  le  chœur  de  l'église  de  Lixhe  se  dresse  la  grande 
pierre  tombale  d'un  baron  de  Waha,  décédé  en  1622.  Inté- 
ressante surtout  au  point  de  vue  héraldique,  elle  se  signale 
par  la  précision  un  peu  sèche  de  la  taille  et  par  son  parfait 
état  de  conservation.  Son  mérite  artistique  n'est  pas  suffisant 
pour  que  nous  en  proposions  le  moulage. 

Il  existe  dans  l'église  de  Ghàlelineau  un  monument  funé-  gumiimm. 
raire  qui  ne  comporte  pas  moins  de  quatorze  figures  en 
ronde  bosse;  douze  d'entre  elles  sont  agenouillées  sur  la 
tablette  supérieure  d'un  sarcophage  adossé  au  mur  et  dont 
la  face  est  ornée  de  trente  et  un  écussons  armoriés.  Ce  sont, 
en  avant,  Philippe  de  Mérode,  mort  en  1623,  et  sa  femme 
Jehanne  de  Montmorency  ;  puis  viennent,  deux  par  deux, 
quatre  garçons  et  six  filles;  enfin  deux  poupons  au  maillot 
sont  assez  singulièrement  suspendus  à  une  certaine  hauteur, 
contre  le  fond. 

A  chaque  extrémité  du  monument  se  dresse  une  colonne 
ionique  un  peu  lourde,  supportant  une  moulure  au-dessus 
de  laquelle  s'élève  un  couronnement  où  se  lisent  des  inscrip- 
tions commémoratives. 

L'architecture  est  d'un  style  lourd  et  banal;  mais  les 
statues  sont  fort  bien  venues  et  pourraient  être  moulées.  Ce 
travail  coûterait  3,000  francs. 

En  face  de  ce  tombeau  à  l'autre  bout  du  transept,  un 
beau  bas-relief  d'albâtre  est  encastré  dans  la  muraille.  Il  a 
pour  sujet  le  martyre  de  Saint-Barthélémy  et  est  daté  de 
Tan  1600. 

Le  style  de  la  sculpture  rappelle  jusqu'à  un  certain  point 


—  84Î  — 


ChâUlet. 


celai  de  Jacques  Du  Broeucq,  mais  avec  moins  d'élégance 
et  plus  de  réalisme.  Nous  en  avons  décidé  le  moulage  au 
prix  de  75  francs. 

Une  grande  croix  triomphale,  accompagnée  des  figures 
de  la  Vierge  et  de  Saint-Jean,  nous  avait  élé  signalée  dans 
l'église  de  Ghàtelet.  On  se  préparait  à  la  restaurer  au  moment 
de  notre  visite;  elle  avait  été,  dans  ce  but,  déposée  sur  le 
pavement,  ce  qui  nous  a  permis  de  l'examiner  de  près. 

La  croix  ne  mesure  pas  moins  de  5n50  de  hauteur  sur 
4  mètres  de  largeur  à  la  traverse;  les  arêtes  sont  garnies  de 
crochets  de  feuillage. 

La  figure  du  Christ  est  molle  et  peu  intéressante  ;  celle 
de  Saint- Jean  ne  vaut  pas  mieux;  seule  celle  de  la  Vierge 
présente  un  certain  mérite  artistique  —  d'ailleurs  insuffisant 
pour  nous  permettre  d'en  proposer  le  moulage. 
TrucgniM.  Deux  monuments  funéraires  précèdent  l'entrée  du  chœur 
de  l'église  de  Trazegnies. 

Celui  de  droite,  tout  en  pierre  bleue,  comporte  un  soubas- 
sement sur  lequel  se  dressent  douze  colonnelles-ba lustres 
supportant  une  dalle  à  corniche  moulurée.  Deux  gisants, 
un  seigneur  en  armure  et  une  dame,  y  sont  couchés,  la  tète 
sur  un  coussin,  les  pieds  sur  le  lion  et  le  chien  traditionnels. 
La  sculpture  est  précise,  un  peu  sèche  et  certaines  parties 
semblent  avoir  été  retaillées. 

L'autre  tombeau  est  d'un  tout  autre  caractère  :  c'est  un 
grand  sarcophage  de  marbre  noir,  avec  base  et  corniche 
moulurées;  neuf  écussons  de  marbre  blanc  se  détachent  sur 
chaque  face.  Sur  la  dalle  supérieure  sont  couchées  les  statues 
de  Gilles  de  Trazegnies  et  de  sa  femme. 

Le  seigneur  est  en  armure,  botté  et  éperonné,  en  partie 


—  243  — 

enveloppé  dans  un  ample  manteau;  ses  longs  cheveux 
bouclés  couvrent  les  épaules.  La  dame  est  enveloppée  tout 
entière  de  draperies.  Tous  deux  ont  les  yeux  fermés  et  les 
mains  jointes. 

Celte  composition  présente  une  particularité  assez  curieuse: 
l'homme  est  beaucoup  plus  grand  que  la  femme,  et  le  lion 
sur  lequel  il  pose  les  pieds  occupe  presque  toute  la  largeur 
de  la  dalle;  le  chien  couché  aux  pieds  de  la  défunte  vient 
plus  haut,  au  second  rang. 

La  sculpture,  très  largement  traitée,  d'une  exécution  souple, 
aisée  et  énergique,  est  due  au  maître  Luc  Fayd'herbe. 

Nous  souhaiterions  voir  entrer  dans  nos  collections  au 
moins  le  moulage  de  la  figure  du  défunt  :  nous  préférerions 
toutefois  posséder  la  reproduction  du  tombeau  complet  qui 
coûterait  2,200  francs. 

L'église  de  Familleureux  possède  un  tableau  historique  Fanmeartux. 
en  bois  sculpté  et  peint. 

c  C'iftt  » ,  dit  l'inscription  qui  l'accompagne,  «  li  raraenbrance 
bel  offenser  que  el)U  be  JJouftatng  awient  fait  a  tttont  :  f  terabrae 
be  Uertatng  en  ce  oile  rt  maison  bu  f  amtllrue  roele  » . 

La  légende  qui  a  provoqué  l'exécution  de  cette  œuvre  est 
rapportée  en  détail  par  M.  Théophile  Lejeune  dans  sa  *  Notice 
historique  sur  le  village  de  Familleureux  i  (i)  :  Au  cours 
d'une  fêle,  les  manants  de  Familleureux  se  sont  pris  de 
querelle  avec  ceux  de  Houdaing;  Fier-à-bras  de  Vertaing 
essaie  vainement  de  les  apaiser;  il  doit  se  retirer  devant  les 
menaces  et  les  injures  des  gens  de  Houdaing.  Furieux,  il 
jure  de  les  exterminer  tous  et  de  livrer  leur  village  aux 

(«)  Mons,  Mabquilie  et  Diqomnb,  1863. 


—  *44  — 

flammes.  Les  insulteurs,  calmés  par  la  réflexion,  viennent 
implorer  leur  pardon,  mais  Fier-à-bras,  d'un  coup  de  son 
glaive,  tranche  la  tète  du  premier  qui  s'adresse  à  lui;  comme 
il  s'apprête  à  traiter  les  autres  de  même,  la  Vierge  lui  appa- 
raît tout  à  coup,  en  même  (emps  qu'une  main  invisible  lui 
enlève  son  casque;  aussitôt  Fier-à-brasse  calme  et  pardonne. 

Tel  est  le  sujet  du  tableau  :  on  voit  à  droite  le  seigneur 
de  Verlaing  qui  remet  son  glaive  au  fourreau;  la  Vierge 
portant  l'Enfant  Jésus  est  devant  lui;  puis  viennent  hait 
hommes  de  Houdaing  agenouillés,  en  file  ;  au  premier  plan 
git  le  cadavre  à  la  tète  tranchée. 

Cette  sculpture  parait  avoir  été  exécutée  au  xv*  siècle  — 
probablement  sur  la  commande  de  Fier-à-bras  lui-même.  — 
Elle  est  intéressante  surtout  pour  les  historiens  et  les  archéo- 
logues; mais,  au  point  de  vue  artistique,  nous  ne  pouvons  eo 
préconiser  la  reproduction. 
Niaècb*.  Nous  proposerons,  par  contre,  le  moulage  d'une  pierre 
tombale  fort  remarquable,  dressée  dans  le  portail  de  l'église 
de  Namèche.  Elle  date  de  la  fin  du  xu°  siècle. 

Une  petite  dalle  carrée  encastrée  dans  le  mur  au-dessus 
de  cette  pierre  porte  l'inscription  suivante  : 

ICI  REPOSE  LES 

OSSEMENS  DE 

SYBILLE  DE 

LVSIGNANT 

REINE  DE 

YERVSALEME 

DÊCÊDÊE  L'AN 

1187. 


—  2*5  — 

La  défunte  est  couchée  sous  une  arcade  trilobée  découpée 
dans  un  motif  d'architecture  formant  dais  et  figurant  un 
grand  pignon  entre  deux  corps  de  bâtiments  flanqués  chacun 
d'une  échauguette  à  toiture  en  poivrière. 

Elle  porte  une  couronne  basse  et  une  longue  robe  aux 
plis  raides  et  symétriques;  les  mains  sont  jointes  sur  la 
poitrine,  les  coudes  en  équerre  très  pointus;  une  aumô- 
nière  pend  à  la  ceinture.  Un  long  manteau,  dont  le  fond  est 
décoré  de  rectangles,  forme  capuchon  au-dessus  de  la  tète 
et  s'étend  sous  la  figure  jusqu'aux  pieds,  qui  s'appuient  sur 
un  chien.  Une  inscription  en  lettres  capitales,  en  partie 
effacées,  contourne  les  bords  de  la  pierre. 

La  personne  à  la  mémoire  de  laquelle  celte  dalle  est 
consacrée  est  donc  Sibylle,  fille  de  Baudouin  IV,  roi  de 
Jérusalem,  laquelle  épousa  en  1180  Guy  de  Lusignan,  comte 
de  Jaffa  et  d'Ascalon;  celui-ci,  devenu  roi  de  Jérusalem  en 
1185  à  la  mort  du  jeune  Baudouin  V,  fut  fait  prisonnier  par 
Saladin  à  la  bataille  de  Tibériade  en  1187,  l'année  même 
que  l'inscription  donne  comme  étant  celle  de  la  mort  de 
Sibylle,  sa  femme. 

La  date  de  l'exécution  de  cette  sculpture  (fin  du  xne  siècle) 
ne  parait  pas  douteuse.  Elle  a,  dans  son  caractère  archaïque, 
plus  d'un  point  d'analogie  avec  les  figures  de  Mathilde  et  de 
Marie,  femme  et  fille  du  duc  Henri  Ier,  couchées  sur  leur 
tombeau,  dans  l'église  Saint-Pierre,  à  Louvain  ;  les  draperies 
et  différents  détails  tels  que  l'aumônière  suspendue  à  la  cein- 
ture l'apparentent  même  à  la  figure  du  tombeau  de  Henri  Ier, 
qui  ne  lui  est  guère  postérieur  que  d'un  demi-siècle. 


—  S46  — 

Le  Secrétaire  de  notre  Comité  a  été  chargé,  cette  année, 
de  visiter  différents  musées  de  la  Hollande,  à  l'effet  de  com- 
pléter la  liste  des  moulages  qu'il  conviendrait  d'acquérir  à 
l'étranger,  en  même  temps  que  d'entretenir  et  d'étendre  à 
l'occasion  nos  relations  internationales.  Les  résultats  de  celte 
mission  ont  fait  l'objet  d'un  rapport  spécial  qui  a  été 
publié. 

Ils  se  traduiront  en  fait  par  d'importants  échanges  notam- 
ment avec  les  musées  d'Amsterdam,  de  Harlem  et  de  Leyde. 


Desiderata. 

Statuant  sur  les  conclusions  des  rapports  relatifs  aux 
différents  voyages  que  nous  venons  de  résumer,  comme  sur 
les  propositions  de  ses  membres,  notre  Comité  a  porté  sur 
la  liste  de  ses  desiderata  les  reproductions  des  monuments 
et  objets  d'art  dont  la  liste  suit  : 

PROVINCE   DE   BRABANT. 

C rai n hem.  Église  :  Deux  chapiteaux  romans. 

Louvain.  Église  Saint-Pierre  :  Monuments  commémo- 
ratifs  de  Jean  Keynooghe  et  d'Adolf  van  Baussel. 

Lubbeek  :  Fonts  baptismaux. 

Nivelles.  Église  Sainte-Gertrude  :  Statues  de  Saint- 
Antoine  et  de  Saint-Laurent;  boiserie  attribuée  à  Paul 
Vander  Schelden. 

Steenockerzeel.  Église  :  Dalle  tumulaire  du  chevalier  van 
Hamme  (frottis). 


—  247  — 


PROVINCE   DE   HAINAUT. 


Châlelineau.  Église  :  Tombeau  de  Philippe  de  Mérode  et 
de  sa  famille  ;  bas-relief  de  Saint-Barthélémy. 

Trazegoies.  Église  :  Tombeau  de  Gilles  de  Trazegnies  et 
de  sa  femme. 

PROVINCE   DE   LIÈGE. 

Liège.  Église  Saint-Jacques  :  Jubé. 

PROVINCE   DE   NAMUR. 

Namèche.  Église  :  Dalle  tumulaire  de  Sibylle  de  Lusi- 
gnan. 

ÉTRANGER. 

Hollande.  (Liste  annexée  au  rapport  spécial.) 


Atelier  de  moulage. 

Le  personnel  de  noire  atelier  a  exécuté  les  moulages 
suivants  :  Bases,  chapiteaux  et  fragments  divers  de  l'église 
Notre-Dame  à  l'ancienne  abbaye  d'Orval;  buste  du  roi 
Guillaume  I"  (du  Musée  deGand),  de  Mercure  et  de  Vulcain, 
par  Rude;  ces  deux  derniers  bustes  décoraient  jadis  la 
façade  de  l'ancien  Hôtel  des  Monnaies,  à  Bruxelles;  monu- 
ments commémoratifs  de  Jean  Keynooghe  et  d'Adolf  van 
Baussel  ;  tombeaux  de  Henri  Ier,  duc  de  Brabant,  de  Mathilde 
et  de  Marie,  sa  femme  et  sa  fille,  dans  l'église  Saint-Pierre,  et 
portail  roman  de  l'hôpital  Saint-Pierre,  à  Louvain, 


—  248  — 

Nous  avons  fait  exécuter,  en  outre,  par  des  mouleurs  de 
la  localité,  les  reproductions  de  trois  bas-reliefs  de  l'église 
de  Rimini  et  de  deux  lombes  plates  appartenant  au  Musée 
archéologique  de  Gand. 


Photographies. 

Notre  fonds  de  reproductions  photographiques  s'est 
augmenté  de  cent  cinquante-sept  clichés,  dont  une  partie 
d'après  les  moulages  de  nos  collections  et  les  autres  d'après 
les  monuments  originaux  dont  la  liste  suit  : 

Fronton  de  l'ancien  Hôtel  des  Monnaies,  à  Bruxelles; 
bustes  de  Mercure  et  Vulcaiu,  du  même  monument,  par 
François  Rude  ; 

Haut-relief  représentant  YEcce  Homo;  statues  de  Saint- 
Antoine  et  de  Saint-Laurent;  boiserie  attribuée  à  Vander 
Schelden,  dans  l'église  Sainle-Gertrude,  à  Nivelles; 

Tombes  plates  du  chevalier  van  Hamme  et  du  baron  de 
Colereau,  dans  le  portail  de  I  église  de  Steenockerzeel  ; 

Fonts  baptismaux  de  l'église  de  Zillebeke; 

Anciens  fonts  baptismaux  et  dalle  funéraire,  à  Lixhe; 

Anciens  fonts  baptismaux  dans  l'église  de  Lubbeek  ; 

Pierre  tombale  de  Sibylle  de  Lusignan  dans  le  portait  de 
l'église  de  Namèche; 

Deux  monuments  funéraires  dans  l'église  de  Trazegnies; 

Bas-relief  de  Fier-à-Bras  dans  l'église  de  Familleureux; 

Tombeau  de  Philippe  de  Mérode  et  bas-relief  dans  l'église 
de  Chàlelineau; 


—  249.— 

Deux  monuments  commémoratifs  dans  l'église  Saint- 
Pierre,  à  Louvain  ; 

Fonts  baptismaux  de  l'église  de  Sainl-Séverin  en  Gondroz 
(don  de  M.  C.  Aubry)  ; 

Deux  statues  tombales  dans  l'église  de  Beersel  ; 

Statue  de  la  «  Vénus  aux  Colombes  »  du  Musée  royal  de 
sculpture,  à  Bruxelles. 


Phototypies. 

Notre  collection  de  photolypies  de  monuments  nationaux 
anciens  s'est  accrue  des  vues  suivantes  : 

Bruges.  Église  Saint-Sauveur  (intérieur);  église  Notre- 
Dame  (façade  septentrionale  et  grande  nef);  greffe  de 
l'hôtel  de  ville;  maisons  anciennes  Pré-aux-Moulins  et  rue 
Notre-Dame;  pignons  du  Franc  ; 

Gourtrai.  Église  Notre-Dame  (façade,  nef  et  transept, 
chapelle  des  comtes);  église  Saint-Martin  (grande  nef); 
Porle-d'Eau  ; 

Furnes.  Hôtel  de  ville  et  maisons  anciennes; 

Poperinghe.  Ëglise  Saint-Jean  (tour  et  chevet,  façade 
nord-ouest,  façade  méridionale)  ;  église  Notre-Dame  (façade 
sud-est)  ; 

Ypres.  Église  Saint-Martin  (extérieur);  Hôtel  de  Ville; 
Boucherie. 

Soit  vingt  vues,  exécutées  par  M.  Constant  d'Hoy,  de 
Gand. 


—  250   — 

Frottis. 

Sur  la  proposition  de  M.  Cloquet,  notre  Comité  a  décidé 
de  faire  reproduire  par  le  frottis  une  centaine  des  plus  inté- 
ressantes des  <  tombes  plates  »  de  la  Belgique  ;  ces  frottis 
seront  photographiés  et  les  épreuves  serviront  aux  échanges 
internationaux. 

Six  de  ces  frottis  ont  été  exécutés  cette  année  par 
M.  Kremcr,  de  Gand. 


Dons,  Acquisitions  et  Échanges. 

Nous  avons  acheté,  aux  ateliers  du  Musée  du  Louvre,  les 
moulages  de  trois  statues  chaldéennes  au  nom  de  Goudéa. 

Nous  avons  reçu  du  Musée  royal  de  sculpture  de  Dresde 
les  moulages  des  œuvres  dont  la  liste  suit  : 

Antiquité  :  Torse  d'une  statue  archaïque  d'Àlhena  tenant 
une  lance  ;  statue  colossale  d'Alhena  Lemnia  ;  statue  d'an 
athlète  se  frottant  d'huile  ;  statue  d'un  satyre  versant  à  boire, 
d'après  Praxitèle;  torse  d'un  guerrier  mourant;  statue  colos- 
sale de  femme  d'Herculanum  ;  tète  de  femme,  par  Ryzikos. 

Moyen  âge  :  Le  tympan,  deux  consoles  et  les  huit  statues 
de  la  «  Porte-d'Or  »  du  dôme  de  Freiberg  (Saxe). 

Renaissance:  Statue  agenouillée  de  Catherine  de  Mecklem- 
bourg,  par  Carlo  de  Cesare. 


—  251  — 


Vente. 


La  vente  de  photographies  et  de  moulages  au  public  à 
produit  la  somme  de  fr.  4,991-55. 


[Relations  internationales. 

A  la  demande  de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  nous 
avons  ouvert  une  enquête  officieuse  parmi  nos  correspon- 
dants de  l'étranger,  en  vue  de  connaître  ceux  d'entre  eux 
qui  approuvaient  en  principe  notre  projet  de  création,  à 
Bruxelles,  d'un  «  office  central  des  échanges  artistiques 
internationaux  ». 

Nous  avons  reçu  jusqu'à  ce  jour  les  adhésions  énumérées 
ci-après  : 

Musée  d'art  décoratif  de  Harlem.  Directeur  :  M.  Ed.  von 
Saher ; 

Musée  d'art  industriel  de  Nuremberg; 

Musée  national  germanique  de  Nuremberg; 

Musée  d'art  industriel  d'Utrecht.  Directeur  :  M.  Houlza- 
gers; 

Musée  municipal  de  sculpture  de  Leipzig.  Directeur  : 
M.  Th.  Schreiber; 

Musée  royal  de  sculpture  de  Dresde.  Directeur  :  M.  le 
professeur  Dr  Georg  Treu  ; 

Musée  royal  de  moulages  de  sculptures  classiques  à 
Munich; 

Musée  provincial  de  Munster  (Westphalie).  Conservateur: 
M.  le  conseiller  Lùdorff  ; 


—  2Ki  — 

Musées  royaux  de  Berlin.  Directeur  général  :  M.  Schône; 

Musée  national  de  sculpture  comparée,  h  Paris.  Directeur  : 
M.  Haraucourt. 

Soit  onze  adhésions,  dont  plusieurs  nous  sont  données  à 
titre  officiel  d'après  examen  de  noire  projet  par  les  adminis- 
trations des  Beaux-Arts  des  Gouvernements  intéressés. 

Nul  doute  que  de  nouvelles  adhésions  ne  nous  parviennent 
dans  le  courant  de  Tannée  prochaine. 

Le  Secrétaire, 
Henry  Rousseau. 
Vu  : 

POUR   LE    PRÉSIDENT   : 

Le  Membre  délégué, 
Ad.  Delvigne. 


SEANCE  GENERALE  PRÉPARATOIRE 

du  10  octobre  1903,  à  2  heures. 


Présidence  de  M.  Lagasse-de  Locht. 


Membres  effectifs  présents  :  MM.  Helbig,  vice- président; 
Acker,Blommc,  Bordiau,Delacenserie,  VanWinl;  Massaux, 
secrétaire. 

Se  sont  Tait  excuser  :  MM.  Hellepulte,  Gardon,  Maquet, 
Reusens. 

Membres  correspondants  présents  :  MM.  Schuermans, 
Boveroulle,  Van  Leemputten,  De  Ceuleneer,  Devillers, 
Serrure  (de  Gand),  Hubert,  Van  Biesbroeck,  Van  de 
Wyngaert,  Tandel,  Dardenne;  Désirée  et  Sibenaler,  res- 
pectivement secrétaires  des  Comités  du  Brabant  et  du 
Luxembourg. 

Se  sont  fait  excuser  :  MM.  les  Gouverneurs  des  provinces 
du  Brabant  et  de  Namur. 

Au  nom  de  l'assemblée,  M.  le  Président  exprime  tous  ses 
regrets  de  l'absence  de  MM.  les  Gouverneurs  du  Brabant  et 
de  Namur.  Il  remercie  MM.  les  membres  correspondants 
qui  ont  bien  voulu  se  rendre  à  la  réunion. 

Il  donne  lecture  du  texte  des  art.  68  et  69  du  règle- 
ment ayant  rapport  aux  séances  préparatoires. 

II  est  donné  lecture  de  la  résolution  prise  en  séance  du 
26  septembre  dernier,  relativement  à  la  publication  de 


—  254  — 

l'inventaire  des  objets  d'art  conservés  dans  les  établissements 
publics  du  pays.  Cette  résolution  est  adoptée  après  demande 
d'explications  par  M.  Tandel.  Elle  sera  également  soumise 
à  la  ratification  de  l'assemblée  générale  du  12  octobre 
courant. 

Il  est  également  donné  lecture  de  Tordre  du  jour  de  la  dite 
assemblée. 

M.  Schuermans  a  fait  parvenir  une  proposition  tendante 
à  porter  à  l'ordre  du  jour  un  paragraphe  6°,  ainsi  libellé  : 
Communication  de  M.  Schuermans  relative  aux  travaux  de 
l'abbaye  de  Villers.  Cettre  proposition  est  adoptée  à  l'unani- 
mité. 

Aucune  autre  proposition  n'ayant  été  produite,  l'ordre  du 
jour  de  la  séance  publique  est  définitivement  approuvé. 

H.  De  Ceuleneer  demande  s'il  n'y  aurait  pas  opportunité 
à  remettre  à  l'ordre  du  jour  de  l'assemblée  de  1904,  U 
question  relative  à  la  peinture  sur  verre,  comme  suite  au 
remarquable  travail  produit  par  M.  le  Baron  Bethune  Cette 
proposition  rencontre  l'adhésion  unanime. 

M.  le  Président  remercie  MM.  les  membres  correspon- 
dants, qui  se  retirent  à  3  heures. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

A.  Massaux.  Ch.  Lagàsse-de  Locht. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


ASSEMBLÉE  GENERALE  &  RÉGLEMENTAIRE  DU  12  OCTOBRE  1903 


Présidence  de  M.  LAGA88E-DB   LOGHT, 

Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées, 
Président  de  It  Commission  royale  des  Monuments. 


Prennent  également  place  au  bureau  :  MM.  Van  den 
Heuvel,  Ministre  de  la  Justice;  le  baron  de  Kercbove 
d'Exaerde,  Gouverneur  de  la  Flandre  orientale;  le  baron 
Belhune,  Gouverneur  de  la  Flandre  occidentale;  de  Rode, 
secrétaire  général  du  Département  de  la  Justice;  Luckx, 
directeur  général  des  cultes;  Helbig,  artiste  peintre,  vice- 
président  de  la  Commission  royale  des  monuments,  à  Liège; 
Bordiau,  architecte  à  Bruxelles;  Acker,  architecte  à 
Bruxelles;  De  la  Genserie,  architecte  à  Bruges  ;  Blomme, 
architecte  à  Anvers;  Van  Wint,  statuaire  à  Anvers  ;  Vinçolle, 
statuaire  h  Bruxelles,  membres  effectifs  de  la  Commission 
royale  des  monuments;  le  chevalier  Marchai,  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  royale  de  Belgique;  De  Groot, 
statuaire,  membre  du  Comité  mixte  et  permanent  des  objets 
d'art,  et  Massaux,  secrétaire  de  la  Commission  royale  dès 
monuments. 


-  Î86  — 

Membres  correspondants  présents  : 

Province  d'Anvers  :  MM.  Van  Leem  pollen,  Bilmeyer,  le 
chanoine  Van  Casier,  Louis  Nève  et  Fernand  Donnet. 

Province  de  Brabant  :  MM.  le  chanoine  Delvigne,  Janlet, 
Hanon  de  Louvel,  Langerock  et  J.  De  Vriendl;  Désirée, 
secrétaire-adjoint  du  Comité. 

Province  de  la  Flandre  occidentale  :  M.  van  Rnymbeke. 

Province  de  la  Flandre  orientale  :  MM.  Serrure,  Van 
Biesbroeck,  Lybaert  et  De  Ceuleneer. 

Province  du  Hainaut  :  MM.  Devillers,  Hubert  et  Soil. 

Province  de  Liège  :  MM.  Schuermans  et  Lohesl-de  Waha. 

Province  de  Limbourg  :  MM.  l'abbé  Daniels,  Van  Neuss 
et  Jaminé. 

Province  du  Luxembourg  :  MM.  Tandel,  Van  de  Wyn- 
gaert;  Sibenaler,  secrétaire-adjoint  du  Comité. 

Province  de  Namur  :  MM.  le  chanoine  Sosson,  Bove- 
roulle  et  Dardenne. 

La  séance  est  ouverte  à  dix  heures  dix  minutes  du  matin. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  l'année  dernière,  la  Com- 
mission royale  des  monuments  toute  entière  s'est  associée 
à  un  deuil  national.  Aujourd'hui,  je  ue  doute  point  qu'elle 
ne  participe  à  une  joie  nationale  et  qu'elle  n'acclame  notre 
nouveau  prince,  Charles-Théodore  (très  bien).  Je  présume 
que  vous  témoignerez,  sans  aucune  opposition,  votre  désir 
de  voir  le  bureau  adresser,  par  un  télégramme,  ses  chaleu- 
reuses félicitations  cl  ses  vœux  sincères  au  Prince  Albert  et 
à  la  Princesse  Elisabeth.  Comme  vous  vous  ralliez  tous  à  la 
motion  que  j'ai  l'iionneur  de  faire,  le  télégramme  dont  je 


—  *S7  — 

viens  de  vous  parler  sera  envoyé  immédiatement  au  Prince 
Albert.  (Marques  unanimes  d'adhésion  et  applaudissements.) 

M.  Van  der  Bruggen,  Ministre  de  l'Agriculture  et  des 
Beaux- Arts,  regrette  de  ne  pouvoir  être  parmi  nous  aujour- 
d'hui. 

M.  Verlan t,  directeur  des  Beaux-Arts»  est  actuellement 
en  mission  artistique  en  Italie;  il  s'est  également  excusé  de 
ne  pouvoir  assister  à  notre  réunion. 

De  même  M.  Béco,  secrétaire  général  du  Déparlement  de 
l'Agriculture  et  des  Beaux-Arts,,  qui  avait  d'abord  accepté,' 
se  trouve  aujourd'hui  en  mission  à  Paris. 

M.  le  chanoine  Reusens,  à  cause  de  l'étal  de  sa  santé,  ne 
peut  malheureusement  être  des  nôtres  non  plus. 

Notre  premier  vice- président,  M.  Helleputle,  m'écrit  une 
lettre  dans  laquelle  il  dit  qu'il  n'a  pu  venir  samedi  dernier 
à  noire  ac semblée  ordinaire  et  préparatoire,  en  raison  des 
examens  d'octobre  qui  sont,  cette  année-ci,  excessivement 
nombreux  et  très  longs,  et  que  la  même  raison  l'empêche 
d'assister  à  notre  réunion  d'aujourd'hui.  Il  espère  bien,  — 
sans  pouvoir  cependant  l'affirmer,  —  que  la  marche  de  ces 
examens  lui  permettra  d'assister  à  notre  séance  hebdoma- 
daire de  samedi  prochain. 

M.  le  chevalier  Oscar  Schaetzen  s'excuse  aussi,  ainsi  que 
M.  de  Montpellier,  Gouverneur  de  la  province  de  Namur. 
Ce  dernier  m'écrit  combien  il  regrette  de  ne  pouvoir  être 
parmi  nous  aujourd'hui.  Toujours  jeune,  mais  indisposé,  il 
a  tenu  à  prendre  des  précautions  à  cause  du  temps  affreux 
que  nous  avons  subi  ces  jours  derniers. 

De  son  côté,  M.  Vergote,  Gouverneur  du  Brabant,  qui  a 
toujours  sa  noble  tèle,  mais  dont  les  jambes  ne  semblent  pas 


—  858  — 

aussi  fortes,  s'excuse  également  de  n'être  pas  parmi  nous* 

MM.  Maquet  et  Gardon,  en  mission  en  Allemagne,  se  sont 
aussi  excusés  de  ne  pouvoir  assister  à  notre  réunion. 

M.  le  Gouverneur  de  la  Flandre  orientale  n'est  pas  encore 
arrivé  parmi  nous  à  ce  moment.  Il  est  un  de  nos  membres 
les  plus  assidus.  Il  ne  tardera  pas  à  venir. 

Je  constate,  au  reste,  avec  plaisir,  Messieurs,  que  le 
changement  d'heure  de  notre  réunion  générale  et  réglemen- 
taire n'a  pas  écarté  trop  de  membres.  S'il  en  était  autrement, 
nous  pourrions  toujours  revenir  sur  cette  décision. 

J'accorde  maintenant  la  parole  à  M.  le  Ministre  de  la 
Justice. 

M.  Van  den  Heuvel,  Ministre  de  la  Justice.  —  Messieurs, 
je  suis  heureux  de  pouvoir  vous  remercier  publiquement 
du  zèle  éclairé  que  vous  ne  cessez  de  déployer  et  de  rendre 
une  nouvelle  fois  hommage  à  la  manière  dont  vous  com- 
prenez le  rôle  important  dévolu  à  la  Commission  royale 
des  monuments. 

Il  s'agit,  pour  les  œuvres  nouvelles,  d'encourager  l'esprit 
d'initiative  tout  en  lui  ménageant  les  sages  conseils  qu'in- 
spirent les  traditions  du  bon  goût. 

Il  s'agit,  pour  les  œuvres  du  passé,  d'assurer  le  respect 
de  leur  beauté  et  de  leur  cachet  par  le  souci  d'une  prudente 
restauration. 

Vous  avez  trop  à  cœur  la  conservation  des  merveilles  que 
nous  a  léguées  le  génie  de  nos  ancêtres,  des  travaux  esthé- 
tiques qu'ils  ont  accomplis  et  même  du  pittoresque  où  ils  se 
sont  complus,  pour  permettre  à  des  mains  ignorantes  ou 
téméraires  de  commettre  des  dégâts  irréparables. 


—  859  — 

Éprises  du  charme  harmonieux  qui  se  dégage  d'un 
ensemble  où  règne  l'unité  du  style,  beaucoup  de  personnes 
n'ont  qu'une  pensée  le  jour  où  on  leur  parle  de  restaurer 
un  édifice  ancien,  celle  d'enlever  et  de  jeter  au  dehors  tout 
ce  qui  ne  cadre  pas  avec  la  pureté  de  la  ligne  primitive.  Elles 
dénient  la  moindre  valeur  aux  objets  qu'ont  placés  les 
époques  postérieures  à  la  fondation  du  monument.  Marbres 
et  boiseries  ne  trouvent  plus  grâce  à  leurs  yeux.  A  les 
entendre,  on  n'hésiterait  pas  à  mettre  aujourd'hui  à  nu  de 
longs  pans  de  mur  en  pauvre  appareil,  d'une  malheureuse 
coloration,  et  à  garnir  demain  les  vides  avec  des  meubles 
faits  à  'la  hâte,  suivant  les  canons  adoptés  par  l'industrie  et 
sans  originalité  artistique. 

Votre  vigilance  est  là  heureusement  pour  arrêter  cet 
exclusivisme  aveugle  et  vandale. 

Gardez  y  à  deux  fois,  dit  la  sagesse  des  nations,  avant 
de  porter  la  cognée  à  un  grand  arbre.  Il  faudrait  attendre 
deux  générations  pour  reconquérir  son  ombre  bienfai- 
sante. 

Redoublons  aussi  d'attention  avant  d'enlever  de  nos 
églises  les  lambris,  les  clôtures,  les  autels,  les  statues,  les 
meubles  qui  ne  nous  paraissent  pas  s'harmoniser  avec  le 
style  général. 

D'abord,  parce  que  nous  devons  veiller  à  ne  perdre 
aucune  de  nos  richesses  et  éviter  les  condamnations  à  priori 
auxquelles  sont  entraînés  ceux  qui  croient  pouvoir  arrêter 
la  liberté  de  l'art  et  ne  veulent  saluer  qu'une  seule  forme 
de  beauté.  {Applaudissements.) 

Puis,  parce  qu'il  semble  sage  de  ne  modifier  et  de  ne 
détruire  ce  qui  existe,  qu'à  l'heure  où  nous  sommes  certains 


—  360  — 

de  trouver  immédiatement  quelque  chose  qui  ail  plus  ou, 
tout  au  moins,  autant  de  valeur  esthétique. 

Enfin,  parce  qu'il  ne  doit  point  déplaire  aux  croyants  de 
voir  leurs  églises  témoigner  que,  dans  le  cours  des  siècles, 
des  séries  de  générations  ne  partageant  pas  les  mêmes  goûts 
artistiques,  ont  toutes  communié  dans  un  même  sentiment 
de  piété  élevée,  dans  un  même  idéal  religieux. 

Le  premier  devoir  du  restaurateur  doit  être  de  conserver 
avec  intelligence  et  de  mettre  en  relief  tout  ce  qui  porte  la 
marque  d'une  véritable  beauté  sans  distinction  de  paternité 
entre  les  styles  et  les  écoles. 

Vous  avez  eu  souvent.  Messieurs,  à  rappeler  ce  précepte 
d'éclectisme  et  c'est  un  honneur  pour  votre  Commission 
d'avoir  toujours  cherché  à  s'en  inspirer  dans  ses  décisions 
et  dans  ses  recommandations. 

Le  Gouvernement  sait  qu'il  peut  compter  sur  votre 
perspicacité  et  votre  dévouement.  Il  a  confiance  dans  votre 
savante  collaboration  pour  garder  et  accroître  le  patrimoine 
artistique  du  pays.  {Applaudissements  prolongés.) 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  je  répondrai  certaine- 
ment à  votre  désir  en  remerciant  chaleureusement  M.  le 
Ministre  d'être  venu,  une  nouvelle  fois,  siéger  parmi  nous. 
C'est  un  grand  honneur  qu'il  nous  fait.  Nous  lui  en  sommes 
profondément  reconnaissants. 

Messieurs,  au  cours  de  la  dernière  session  parlementaire, 
à  propos  d'une  grave  question  qui  n'est  pas  de  notre 
compétence,  M.  le  Ministre  a  prononcé  à  la  Chambre  des 
Représentants  un  magistral  discours,  qui  a  été  admiré,  j'ose 
le  dire,  par  l'Europe  tout  entière. 


—  261  — 

La  hauteur  des  vues  de  M.  le  Ministre  ne  s'applique 
pas  seulement  à  l'œuvre  législative;  elle  s'étend  aussi  aux 
matières  qui  nous  tiennent  à  cœur  :  à  l'art  et  à  la  science 
archéologique.  Il  vient  d'en  donner  une  preuve  manifeste. 
Je  me  bornerai  à  rappeler  son  excellente  intervention,  très 
efficace,  notamment  dans  l'exécution  des  travaux  de  restau- 
ration de  l'église  de  Sainte- Walburge,  à  Fumes.  Je  pourrais 
encore  citer  d'autres  exemples.  Je  crois  répondre  au  vœu 
de  M.  le  Ministre  en  n'allongeant  pas  trop  cette  liste. 

Dieu  me  garde  de  vouloir  flatter  M.  le  Ministre!  Je  ne 
suis  ici  qu'un  témoin  de  la  vérité. 

Pour  la  proclamer  tout  entière,  je  n'ajouterai  qu'un  seul 
mot  :  s'il  m'était  permis  de  donner  un  modeste  conseil  à 
M.  le  tyinislre  de  la  Justice  et  à  tous  les  Ministres  de  la 
Justice  de  l'avenir  —  que  je  souhaite  le  plus  éloigné  possible, 
— -  je  les  supplierais  d'être  très  prudents  dans  les  décisions 
à  prendre  concernant  la  restauration  des  monuments. 

Si  bien  doués  qu'ils  soient,  très  rares  sont  les  hommes 
à  qui  la  Providence  a  fait  don  du  jugement  sûr  et  de  la 
science  consommée  qui  distinguent  M.  Van  den  Heuvel. 
(Vifs  applaudissements.) 

J'accorde  maintenant  la  parole  à  M.  le  Secrétaire  pour 
donner  lecture  de  son  rapport  sur  les  travaux  de  la  Com- 
mission pendant  le  dernier  exercice. 

M.  Massaux,  Secrétaire.  —  Messieurs,  nos  travaux  de 
Tannée  qui  vient  de  s'écouler  ne  le  cèdent  en  importance 
à  ceux  des  années  précédentes.  Nous  nous  sommes  réunis 
51  fois;  nous  avons  eu  à  examiner  plus  de  1,100  affaires; 
nous  avons  eu  de  nombreuses  conférences  avec  des  artistes 


—  J6«  — 

ou  des  délègues  d'administrations  publiques;  nous  avons 
enfin  procédé  à  100  inspections  de  lieux. 

Gomme  lo  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et 
d'archéologie  vous  rend  compte  périodiquement  de  nos 
travaux,  nous  nous  dispenserons  de  les  en u mère r  ici  en 
détail. 

Nous  nous  bornerons  à  signaler,  en  particulier,  quelques 
faits  saillants  de  Tannée  écoulée. 

Mais  avant  tout,  Messieurs,  nous  considérons  comme  le 
premier  devoir  de  consacrer  un  souvenir  aux  collaborateurs 
que  nous  avons  perdus.  L'impitoyable  mort  a  encore  causé 
de  nombreux  vides  dans  nos  rangs.  Depuis  notre  dernière 
assemblée  générale  nous  avons  perdu  un  de  nos  membres 
effectifs  les  plus  distingués,  M.  Alfred  Gluysenaar,  qui  n'a 
malheureusement  siégé  que  très  peu  de  temps  parmi  nous. 
Nommé  par  arrêté  royal  du  30  mai  1901 ,  il  est  décédé  à  la 
tâche  le  23  novembre  1902. 

Notre  regretté  collègue  a  été  remplacé  par  un  autre  artiste 
aussi  distingué  que  dévoué  à  nos  travaux,  M.  Gardon. 

Parmi  nos  correspondants,  nous  avons  le  regret  de  signa- 
ler la  perle  :  1°  du  R.  P.  Goffinet,  savant  aussi  modeste 
qu'érudit,  auteur  de  nombreuses  publications  remarquables 
concernant  l'histoire  du  Luxembourg;  2°  de  M.  Dumortier, 
architecte  provincial  en  chef  du  Brabanl,  fonctionnaire  ayant 
une  grande  expérience  des  affaires  administratives  et  dont 
nous  n'avons  cessé,  pendant  sa  carrière  vraiment  trop  courte, 
d'admirer  le  zèle  et  l'assiduité  à  nos  travaux;  3°  de  M.  Licol, 
architecte  provincial  du  Brabant,  archéologue  émincnl  autant 
que  dessinateur  remarquable,  qui  s'est  acquis  une  juste  célé- 
brité par  ses  travaux  graphiques  sur  l'abbaye  de  Villers, 


éludes  qui  Font  désigné  d'emblée  au  choix  du  Gouverne- 
ment pour  la  direction  des  travaux  de  consolidation  de  ce 
célèbre  monastère,  travaux,  disons-le  en  passant,  qui  ont 
été  diriges  avec  un  soin  et  une  conscience  dignes  d'éloges; 
4°  signalons  enfin  la  démission  de  M.  Feuillat,  du  Comité 
provincial  de  Liège,  qui  s'est  vu  dans  la  nécessité  de  résilier 
ses  fonctions  pour  motif  de  santé. 

Il  serait  temps  de  pourvoir  an  remplacement  de  tous  les 
membres  correspondants  disparus  depuis  plusieurs  années. 
Toutes  ces  vacances  mettent  certains  Comités  dans  l'impos- 
sibilité de  poursuivre  régulièrement  leurs  travaux.  Nous 
avons  fait,  à  cet  égard,  les  propositions  nécessaires. 

Tout  récemment,  nous  avons  prié  M.  le  Ministre  de  la 
Justice  de  rappeler  aux  administrations  fabriciennes  les 
obligations  qui  leur  sont  imposées  en  matière  de  travaux 
à  exécuter  aux  édifices  publics. 

Malgré  les  prescriptions  du  décret  du  30  décembre  4809, 
de  l'arrêté  royal  du  16  août  1824  et  les  nombreuses  instruc- 
tions du  Département  de  la  Justice,  nous  le  constatons  encore 
trop  souvent  :  les  administrations  fabriciennes  sont  généra- 
lement disposées  à  croire  que,  si  elles  ne  demandent  pas 
des  subsides  à  la  Province  et  à  l'État,  elles  peuvent  se 
dispenser  de  soumettre  à  ces  autorités  les  plans  des  travaux 
de  restauration,  de  construction,  d'ameublement  ou  de  déco- 
ration qu'elles  font  exécuter  aux  édifices  du  culte. 

Nous  avons,  en  diverses  occasions,  fait  ressortir  les 
graves  inconvénients  résultant  de  cette  manière  d'agir.  Des 
travaux  ainsi  exécutés  en  dehors  de  tout  contrôle  des  auto- 
rités peuvent  altérer  gravement  les  éléments  artistiques  des 
édifices. 


—  *6*  — 

Noos  avons  appelé  l'attention  de  M.  le  Ministre  de  la 
Justice  sur  la  nécessité  de  faire  prendra  de  bonnes  photo- 
graphies des  diverses  parties  des  monuments  avant  d'en 
entamer  la  restauration.  Des  documents  de  l'espèce  consti- 
tuent d'excellents  procès-verbaux  de  la  situation  des  édifices 
préalablement  à  leur  restauration.  Ils  permettent  de  contrôler 
ensuite,  pas  à  pas,  le  travail  du  restaurateur  et  de  se  rendre 
compte  de  la  fidélité  apportée  dans  les  restitutions,  de 
s'assurer  enfin  si  aucun  travail  ne  s'effectue  inutilement. 
Un  point  important,  dans  les  restaurations,  est  le  respect 
scrupuleux  des  hauteurs  d'appareil;  il  soulève  quelquefois, 
après  coup,  des  contestations  qu'il  est  souvent  impossible 
d'apprécier  en  l'absence  de  témoins  sûrs,  tels  que  de  bonnes 
photographies. 

Nous  avons  aussi  jugé  opportun  d'appeler  l'attention  de 
l'autorité  supérieure  sur  la  conservation  des  tableaux  placés 
dans  les  églises  et  notamment  sur  les  retables  nouveaux  et 
les  peintures  murales  dont  l'exécution  est  subsidiée  par  le 
Gouvernement. 

La  destruction  de  la  peinture  a  le  plus  souvent  pour  cause 
un  manque  d'air.  On  ne  saurait  donc  trop  recommander  aux 
Conseils  de  fabrique  de  bien  ventiler  les  églises;  c'est  le  plus 
puissant  moyen  pour  assurer  la  conservation  et  du  temple 
et  des  objets  d'art  qu'il  renferme. 

Dans  ces  derniers  temps,  nous  avons  eu,  à  plusieurs 
reprises,  l'occasion  de  signaler  les  dangers  qui  résultent, 
pour  la  conservation  des  églises  situées  dans  les  cimetières, 
du  voisinage  des  tombes  II  est  indispensable  de  ménager 
un  espace  suffisant  entre  les  tombes  et  les  murs  des  édifices. 
La  proximité  des  fosses  produit  des  affaissements  qui  amènent 


—  865  — 

des  désordres  dans  les  maçonneries,  des  lézardes  el  la  raine 
partielle  des  édifices. 

L'attention  des  administrations  locales  devrait  être  appelée 
aussi  sur  l'inconvenance  de  laisser  adosser  des  monuments 
funéraires  aux  murs  extérieurs  des  églises. 

Le  moindre  défaut  de  ces  produits,  la  plupart  de  mauvais 
g<'ùl,  est  de  dénaturer  l'aspect  extérieur  des  monuments. 
Ce  qui  est  plus  grave,  c'est  qu'ils  entretiennent  l'humidité 
dans  les  murs,  laquelle  y  produit  d'importants  dégâts. 

Les  amateurs  de  ruines  pittoresques  ou  de  modestes 
édifices  des  temps  passés  connaissent  tous  les  restes  de 
féglise  de  Saint-Jean,  dans  le  cimetière  de  Diest,  et  la  vieille 
église  de  Grimde,  sous  Tirlemont. 

Ces  restes  attirent  toujours  l'attention  des  artistes;  ils 
servent  de  rendez-vous  aux  voyageurs,  nombreux  encore, 
que  les  grands  el  nobles  souvenirs  émeuvent,  qui  sont  sen- 
sibles aux  traditions  religieuses  et  historiques  de  la  patrie, 
qui  ne  répudient  pas  les  gloires  du  passé. 

Depuis  des  années,  nos  plus  sérieux  efforts  tendent  à  la 
conservation  de  ces  deux  monuments  historiques.  Nous  ne 
rencontrons  que  du  mauvais  vouloir.  On  nous  oppose  tou- 
jours la  question  financière.  Serait-il  si  difficile  de  réunir 
quelques  milliers  de  francs  pour  assurer  la  conservation  des 
belles  ruines  de  Saint-Jean,  à  Diest,  morceau  d'architecture 
où  le  style  ogival  primaire  a  laissé  une  note  toute  spéciale, 
pleine  d'originalité  dans  sa  simplicité? 

La  ville  de  Tirlemont  est-elle  si  déchue  qu'elle  ne  puisse 
contribuer  par  quelques  centaines  de  francs  à  conserver  la 
partie  romane  de  la  vieille  église  de  Grimde,  page  impor- 
tante de  l'histoire  de  cette  cité? 


—  »Ô«  - 

Tout  cela  semble  démontrer,  d'une  part,  la  tendance  de 
certaines  administrations  à  vouloir  endosser  à  l'Étal  l'entre- 
tien et  la  conservation  de  leurs  monuments.  On  va  jusqu'à 
menacer  de  faire  démolir  ces  vieux  témoins  du  passé,  pleins 
d'impérissables  souvenirs,  sous  prétexte  de  sécurité  publique, 
—  mais  avec  espoir  de  tirer  profit  des  matériaux,  —  si 
l'État  ne  se  charge  pas  de  les  entretenir  à  ses  frais. 

D'autre  part,  certaines  administrations  locales  aiment  à 
vanter  leur  bonne  gestion  financière.  N'en  avons  nous  pas 
vu  qui  se  sont  flattées  d'avoir  fait  exécuter  des  travaux 
importants  sans  bourse  délier? 

Il  est  urgent  de  mettre  une  entrave  sérieuse  à  cette  façon 
de  procéder  si  l'on  ne  veut  qu'à  courte  échéance,  l'exemple 
étant  contagieux,  nos  principales  curiosités  archéologiques 
ne  disparaissent  par  suite  d'incurie  ou  de  spéculation. 

L'État  devrait  se  mettre  en  mesure  de  forcer  les  adminis- 
trations communales  à  contribuer  à  l'entretien  de  leurs 
monuments,  même  en  inscrivant  d'office  à  leurs  budgets  les 
sommes  nécessaires  à  cette  fin.  Au  besoin,  l'État  devrait 
refuser  tout  subside  pour  d'autres  services  à  l'administration 
communale  qui  manquerait  à  ce  devoir  patriotique. 

11  faut  que  les  communes,  les  principales  intéressées  à 
la  conservation  de  leur  patrimoine  artistique,  y  mettent  de 
la  bonne  volonté,  car  il  y  a  là  une  source  de  revenus  pour 
elles. 

Grâce  à  de  persévérantes  sollicitations,  nous  avons  enfin 
obtenu  que  l'ancienne  porte  de  Laval,  à  Bouvignes,  soit 
l'objet  de  mesures  de  conservation.  Bientôt  on  pourra  mettre 
la  main  à  l'œuvre  à  ce  seul  reste  des  anciens  remparts  de  la 
petite  cité  illustrés  par  de  nobles  souvenirs  et  qui  ont  subi 


—  267  — 

maints  assauts  mémorables,  notamment  celui  des  troupes 
d'Henri  II,  en  1554. 

Il  est  une  autre  catégorie  de  monuments  au  sujet  de  la 
conservation  desquels  notre  action  est  absolument  nulle; 
nous  voulons  parler  des  édifices  civils  privés.  Aussi  long- 
temps qu'une  loi  proleclrice  de  ces  constructions  n'aura  pas 
été  promulguée,  l'autorité  supérieure  sera  impuissante  à 
empêcher  ou  à  réprimer  les  actes  de  vandalisme.  C'est  ainsi, 
pour  ne  rappeler  que  l'un  des  cas  les  plus  intéressants, 
qu'en  présence  du  mauvais  vouloir  du  propriétaire,  il  ne 
nous  est  pas  possible  d'obtenir  qu'on  exécute  aux  célèbres 
raines  de  l'église  de  Notre-Dame  d'Orval  les  quelques 
travaux  nécessaires  pour  en  empêcher  la  chute.  Malheureu- 
sement celle-ci  est  si  imminente  qu'il  suffirait  d'un  hiver 
rigoureux  pour  voir  disparaître  ce  splendide  morceau  d'ar- 
chitecture de  transition. 

Si  nous  revenons  chaque  année  sur  ce  sujet,  c'est  qu'il 
dous  tient  à  cœur.  Tous  les  archéologues  regretteront  qu'un 
pouvoir  bienfaisant,  d'où  qu'il  vienne,  n'arrête  en  leur  chute 
ces  belles  ruines,  ne  fût- ce  que  pour  attester  la  foi  de  nos 
pères,  leur  force  et  leur  génie.  Cette  destruction  serait  pour 
l'Ardenne  et  pour  la  Belgique  entière  un  très  grand  malheur. 

D'après  des  renseignements  de  la  dernière  heure,  nous 
croyons  pouvoir  espérer  encore  que  bientôt  un  pas  décisif 
sera  fait  dans  la  voie  de  la  conservation  de  ces  admirables 
ruines. 

.  La  conservation  de  nos  richesses  monumentales  et  artis- 
tiques n'est  pas  noire  seule  préoccupation.  Nous  y  joignons 
aussi  la  protection  des  paysages  lorsqu'ils  nous  paraissent 
menacés. 


—  868  — 

C'est  ainsi  qu'à  notre  demande  M.  le  Ministre  des  chemins 
de  fer,  postes  et  télégraphes,  s'est  empressé  d'ordonner  qoe 
des  mesures  soient  prises  en  vue  de  la  conservation  du 
Rocher  du  Diable,  l'un  des  plus  beaux  sites  de  la  vallée  de 
la  Hoëgne,  dont  l'existence  était  menacée  par  la  construc- 
tion de  la  seconde  voie  du  chemin  de  fer  de  Pepinsler 
à  Spa. 

En  général,  c'est  par  la  persuasion  qu'on  peut  obtenir  le 
respect  et  l'amour  des  paysages  et  faire  comprendre  au 
public  l'intérêt  général  qui  s'y  attache. 

L'inventaire  des  objets  d'art  appartenant  aux  édifices 
publics  du  pays,  continue  à  faire  l'objet  de  nos  préoccu- 
pations. Nous  avons  eu,  le  26  septembre  dernier,  une 
nouvelle  réunion  avec  des  délégués  des  Comités  provinciaux 
en  vue  de  déterminer  le  type,  le  format  et  l'illustration  de 
celte  publication. 

Nous  nous  félicitons  des  excellents  et  multiples  rapports 
que  nous  entretenons  avec  nos  membres  correspondants. 
Nous  sommes  heureux  de  reconnaître  l'empressement  avec 
lequel  ces  savants  collaborateurs  répondent  à  notre  appel 
en  toute  circonstance.  Nous  leur  en  adressons  tous  nos 
remerciements.  Notre  reconnaissance  n'est  pas  moins  due  à 
MM.  les  Minisires  de  l'Agriculture  et  de  la  Justice,  ainsi 
qu'à  leurs  représentants  au  sein  de  cette  assemblée,  dont 
l'active  intervention  facilite  beaucoup  le  service  important 
qui  nous  est  confié. 

Dans  l'accomplissement  de  celui-ci,  nous  avons  rencontré, 
celte  année,  plus  que  la  critique  nécessaire  au  bon  fonction- 
nement d'une  institution  telle  que  la  nôtre. 

Nous  citerons,  pour  mémoire,  nos  relations  épistolaires 


—  369  — 

avec  la  Société  nationale  pour  la  protection  des' Sites  et  des 
Monuments  en  Belgique.  Nous  croyons  n'avoir  point  à  y 
revenir,  puisque  nous  avons  eu  soin,  dès  le  8  mars  dernier, 
de  soumettre,  sans  commentaire,  toute  cette  correspondance 
au  jugement  du  public. 

Des  erreurs  manifestes  se  sont  produites  au  sujet  de  nos 
relations  avec  les  Gomités  provinciaux  de  nos  correspon- 
dants, tant  dans  l'assemblée  solennelle  et  publique  en  date 
du  8  février  1903,  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de 
G  and,  qu'à  la  Chambre  des  Représentants  en  séance  du 
8  juillet  dernier.  Ces  erreurs  ont  trouvé  un  écho  affaibli 
dans  la  Hevue  de  VArl  chrétien  (*). 

Nous  n'avons  pas  ici  à  nous  y  arrêter  plus  qu'il  ne  faut. 
Nous  serions  tout  prêts  à  aider  le  Gouvernement  à  modifier 
Carrelé  royal  organique  de  notre  institution  en  date  du 
7  janvier  1835,  et  notre  règlement  d'ordre  approuvé  par 
arrêté  royal  du  30  juin  1862,  si  cela  était  reconnu  néces- 
saire. Mais  nous  avons  le  droit  et  le  devoir  de  faire 
remarquer  que  l'interprétation  donnée  à  ces  arrêtés  depuis 
1897  par  notre  Président,  avec  l'approbation  du  Gouverne- 
ment, de  l'unanimité  de  nos  membres  et,  nous  osons  le  dire, 
de  tous  nos  Comités  provinciaux,  répond  d'avance  aux 
critiques  formulées. 

La  Commission  royale,  nous  n'avons  cessé  de  le  répéter 
par  voie  de  circulaire  et  dans  nos  assemblées  générales, 
provoque  les  avis  des  Comités  provinciaux,  autant  qu'elle  le 
peut,  sur  les  affaires  qui  lui  sont  soumises. 


(i)  Revue  de  VArt  chrétien.  —  Travaux  des  sociétés  savantes,  5e  livraison, 
sept  1903,  pp.  418-419. 


-  Î70  — 

Elle  considère  qu'un  dossier  est  complet  quand  il  renferme 
le  rapport  des  correspondants  de  la  région. 

Chaque  fois  que  le  dossier  est  transmis  à  l'un  des  Dépar- 
tements compétents,  il  renferme,  avec  l'avis  du  Comité  pro- 
vincial, quand  il  nous  est  parvenu,  la  confirmation  de  celui-ci 
par  la  Commission  royale  ou  l'avis  différent  de  celle 
dernière.  MM.  les  Ministres  de  la  Justice  et  des  Beaux- Â ris 
ont  ainsi  toutes  les  pièces  sous  les  yeux. 

Quant  à  vouloir  que  les*  Comités  provinciaux  aient  non 
seulement,  comme  aujourd'hui,  le  droit  de  critiquer  les  plans 
et  les  projets  qu'on  leur  soumet,  mais,  comme  le  voudrait 
M.  Verhaegen,  celui  «  d'ordonner  des  modifications  aux 
»  plans,  des  recherches  et  des  études  nouvelles  »  (i),  notre 
honorable  collègue  perd  de  vue  qu'en  loule  organisation  il 
faut  une  hiérarchie.  Qui  empêche  les  Comités  provinciaux  de 
proposer  à  la  Commission  centrale,  d'accord  avec  l'auteur 
des  plans,  des  modifications,  de  faire  des  recherches,  des 
études?  M.  Verhaegen  oublie  en  outre  que  la  Commission 
centrale  se  trouve  composée  non  pas  seulement  de  membres 
résidant  à  Bruxelles,  mais  aussi  d'artistes  de  toutes  les 
régions  de  la  Belgique. 

Sur  13  membres  dont  se  compose  à  celte  heure  notre 
Collège,  la  majorité,  7,  représentent  les  principaux  centres 
artistiques  de  la  Belgique  ;  1 ,  Liège  ;  1 ,  Gand  ;  2,  Louvain  ; 
2,  Anvers;  1,  Bruges.  Avant  la  mort  du  regretté  Albert 
De  Vriendt,  la  majorité  des  non-résidents  à  Bruxelles  était 
de  8  sur  43,  la  ville  d'Anvers  était  alors  représentée  par  trois. 


«  (0  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Gand,  22*  année, 
t.  202,  p.  96. 


—  874  — 

Il  appartient  au  Gouvernement  seul  soit  d'augmenter  le 
nombre  des  membres  de  la  Commission  centrale,  ce  que 
nous  ne  proposons  point,  soit  de  modifier  dans  le  sens  ou 
il  le  voudra  la  majorité  de  notre  Collège. 

Nous  ne  le  proposons  pas  non  plus,  convaincus  que  les 
faits  répondent  mieux  que  des  considérations  théoriques  à 
des  critiques  hasardées.  (  Vifs  applaudissements  ) 

M.  le  Président.  —  Je  crois,  Messieurs,  être  votre 
interprète  en  remerciant  une  nouvelle  fois  notre  Secrétaire, 
non  seulement  pour  son  rapport,  mais  aussi  pour  le  zèle  et 
\o  dévouement  qu'il  déploie  constamment  dans  l'exercice  de 
ses  fonctions.  (Applaudissements.) 

(A  ce  moment,  M.  le  Gouverneur  de  la  Flandre  orientale^ 
faisant  son  entrée  dans  la  salle,  M.  le  Président  ajoute  .-) 

Nous  ne  doutions  pas,  Monsieur  le  Gouverneur,  que  vous 
arriveriez  parmi  nous.  L'année  dernière,  nous  vous  avions 
déjà  distribué  le  prix  d'honneur,  que  vous  avez  mérité  une 
fois  de  plus  celte  année-ci.  (Sourires  approbatifs.) 

J'accorderai  maintenant  successivement  la  parole  à  Mes- 
sieurs les  rapporteurs  des  Comités,  en  les  priant  de  se 
souvenir  des  termes  de  l'art.  64  de  notre  règlement,  en 
vertu  duquel  la  lecture  ou  leur  exposé  ne  pourra  pas  durer 
plus  d'un  quart-d'heure. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  d'Anvers. 


—  272  — 


PROVINCE  D'ANVERS. 


M.  F.  Don  net,  rapporteur  : 

Messieurs, 

L'activité  du  Comité  provincial  de  la  province  d'Anvers 
ne  s'est  pas  ralentie  pendant  le  cours  de  l'exercice  écoulé; 
nos  séances  ont  été  régulières,  et  chaque  fois  un  ordre 
du  jour  chargé  nous  a  permis  d'émettre  noire  opinion  sur 
nombre  de  projets  de  diverses  natures. 

L'année  dernière  nous  avons  dû  donner  un  avis  favorable 
au  sujet  de  l'agrandissement  de  l'église  de  Westmallc.  Les 
travaux  sont  aujourd'hui  achevés,  nous  avons  été  heureux 
de  constater  que  les  parties  nouvelles  s'harmonisent  assez 
bien  avec  les  anciennes  et  que  l'ensemble  du  monument  n'a 
pas  trop  souffert  de  ces  modifications  malheureusement 
inévitables. 

Les  demandes  de  restaurations  d'églises  n'ont  pas  été 
nombreuses.  Nous  avons  autorisé  l'ouverture  dans  la  belle 
tour  de  Weelde  d'une  fenêtre  autrefois  bouchée.  A  Malines, 
nous  avons  assisté  à  la  visite  faite  pour  constater  l'état  des 
restaurations  en  cours  d'exécution  à  la  tour  de  l'église  cathé- 
drale de  Sainl-Rombaul.  Nous  ne  nous  sommes  pas  opposés 
à  la  restauration  des  meneaux  de  six  fenêtres  de  l'église  de 
Ruysbroeck  ;  il  est  vrai,  qu'ils  étaient  à  peu  près  modernes. 

La  nouvelle  église  de  la  Sainte-Famille  est  en  construction 
à  Lierre.  Un  différend  s'est  élevé  entre  l'architecte  et  l'entre- 


—  973  — 

preneur  au  sujet  de  l'emploi  de  certains  matériaux.  Nous 
avons  été  appelés  à  trancher  cette  difficulté. 

De  nombreux  projets  de  modifications  ou  de  construction 
de  mobilier  religieux  nous  ont  été  soumis.  Successivement, 
nous  avons  approuvé  ou  critiqué  les  plans  :  pour  l'édification 
d'autels,  d'une  chaire  et  d'un  pavement  dans  l'église  Saint- 
Jean,  à  Borgerhout;  d'une  chaire  de  vérité  dans  l'église 
d'Oorderen;  pour  le  placement  d'un  monument  commémo- 
ra tif  destiné  à  perpétuer  le  souvenir  du  cardinal  Deschamps, 
dans  l'église  Saint-Rombaut,  à  Malines;  pour  l'érection  du 
mailre-aulel  de  la  nouvelle  église  Saint-Norbert,  à  Anvers 
(Zîirenborg). 

Par  contre,  nous  avons  été  assez  heureux  pour  retrouver 
dans  le  jardin  du  doyen  de  l'église  Saint-Amand,  à  Gheel, 
un  magnifique  lutrin  en  laiton  représentant  le  pélican  symbo- 
lique, œuvre  admirablementconservée,  du  xm*  ou xiv" siècle, 
dont  le  piédestal  et  l'aire  avaient  malheureusement  été  cédés 
il  y  a  quelques  années  par  un  serviteur  infidèle  à  un  de  ces 
marchands  qui  ont  réussi  à  dépouiller  à  vil  prix  nos  églises 
rurales  de  tant  d'objets  précieux.  Grâce  à  notre  intervention, 
celte  œuvre  d'art  a  repris  sa  place  dans  l'église. 

Les  deux  tableaux  de  réelle  valeur  que  nous  avions  trouvés 
dans  l'église  de  Minderhout  et  que  nous  avions  signalés  dans 
notre  inventaire,  ont  été  envoyés  au  Musée  d'Anvers;  ils  y 
seront  discrètement  nettoyés  sous  la  surveillance  de  membres 
de  notre  Comité.  On  nous  a  aussi  demandé  notre  appré- 
ciation sur  divers  tableaux  anciens  appartenant  à  l'église  de 
Gestel.  Il  en  est  parmi  ces  œuvres  d'art  plusieurs  dignes 
d'être  signalées,  et  nous  avons  indiqué  les  mesures  à  prendre 
en  vue  de  leur  conservation. 


—  274  — 

Des  restes  de  peintures  murales  ont  été  découverts  dans 
l'église  de  Westmalle;  appelés  à  apprécier  leur  valeur,  nous 
avons  jugé  qu'il  était  difficile  de  les  conserver.  Nous  avons 
toutefois  recommandé  d'en  prendre  des  calques  coloriés 
fidèles,  de  manière  à  ce  que  ceux-ci  puissent  servir  de 
modèles  si  plus  tard  il  était  décidé  de  décorer  l'intérieur  du 
temple. 

L'administration  communale  d'Anvers  nous  a  demandé 
de  venir  examiner  l'état  dans  lequel  se  trouvaient  les  belles 
peintures  murales  ornant  la  grande  salle  décorée  par  Henri 
Leys,  en  l'hôtel  de  ville  d'Anvers.  Celles-ci  ont  malheureu- 
sement beaucoup  souffert.  Par  suite  de  l'étal  défectueux  de 
l'enduit  sur  lequel  elles  ont  été  appliquées,  des  dégâts  plus 
ou  moins  importants  se  sont  produits.  La  ville  a  décidé  de 
faire  sans  délai  remédier  à  celte  situation,  et  les  travaux  de 
restauration  seront,  parait-il,  confiés  à  deux  artistes,  dont 
l'un  fait  partie  de  notre  Comité. 

L'administration  communale  de  la  petite  ville  d'Hoogstrae- 
ten  projette  de  faire  orner  de  peintures  décoratives  à  sujets 
historiques,  pris  dans  son  histoire  locale,  la  grande  salle  et 
le  corridor  de  la  maison  communale.  Un  projet  nous  a  été 
soumis,  et  nous  avons  cru  bien  faire  d'en  approuver  les 
dispositions  générales. 

Nous  avons  été  heureux  de  pouvoir  accepter  le  dessin 
exécuté  par  le  peintre  verrier  M.  Ladon  pour  un  grand 
vitrail  destiné  à  l'église  Saint-Jacques,  à  Anvers. 

Nous  avons  donné  un  avis  favorable  au  sujet  des  plans 
dressés  en  vue  de  l'érection  d'une  petite  chapelle  sur  le 
territoire  de  la  commune  de  Ruysbroeck. 

11  était  projeté  de  construire  dans  une  cour  dépendant  de 


-  $75  - 

l'église  Saint-Paul,  à  Anvers,  un  bâtiment  destiné  à  servir 
d'école.  Les  plans  en  étaient  trop  médiocres,  nous  en  avons 
demandé  le  changement,  jugeant  que  les  façades  environ- 
nantes pouvaient  être  un  jour  restaurées  et  qu'il  fallait,  en 
vue  de  cette  éventualité,  élever  une  construction  en  rapport 
avec  le  style  général  des  édifices  adjacents.  Nous  avons 
obtenu  gain  de  cause,  et  les  plans  ont  été  modifiés  de  manière 
à  nous  donner  satisfaction. 

La  construction  de  nouvelles  cures  à  Hoboken,  à  Weelde 
et  au  hameau  de  Mylslraal  à  Duffel,  a  été  approuvée  par 
notre  Comité,  après  que  les  architectes  eurent  accepté  les 
observations  que  nous  avons  cru  devoir  leur  présenter. 

Par  contre,  nous  n'avons  pas  admis  les  plans  qui  nous 
étaient  soumis  pour  la  construction  d'une  nouvelle  maison 
communale  à  Schooten.  Nous  attendons  que  l'architecte 
modifie  son  projet  suivant  les  indications  que  nous  lui  avons 
données. 

Après  quelques  changements  de  détail,  nous  avons  accepté, 
d'autre  part,  les  plans  pour  l'érection  de  maisons  communales 
à  Waerloes  et  à  Poppel. 

Plus  d'une  fois  nous  avons  été  consultés  relativement  à  la 
vente  d'objets  mobiliers  appartenant  aux  églises  ou  établisse- 
ments religieux  de  notre  province.  Parmi  les  objets  conservés 
au  béguinage  d'Herenthals,  et  que  l'administration  des  hos- 
pices de  celte  ville  demandait  à  pouvoir  aliéner,  nous 
avons  fait  un  choix.  Il  en  est  dont  nous  avons  conseillé  la 
conservation  ;  pour  d'autres,  d'intérêt  et  de  valeur  médiocres, 
nous  ne  nous  sommes  pas  opposés  à  la  vente.  A  la  veille  de 
la  mise  aux  enchères  des  nombreuses  antiquités  existant  au 
château  de  Fruytenborg,  à  Wavre-Sainte-Catherine,  on  nous 


—  J76  — 

a  demandé  de  bien  vouloir  venir  les  examiner.  Provenant 
d'un  legs  fait  par  un  particulier  aux  hospices  de  cette  com- 
mune, elles  n'offraient  en  général  pas  de  grande  valeur. 
Certaines  d'entre  elles  néanmoins  présentant  de  l'intérêt, 
nous  les  avons  signalées  dans  le  rapport  dressé  à  la  suite  de 
cette  visite. 

On  nous  a  demandé  une  seconde  fois  notre  avis  au  sujet 
de  l'aliénation  par  l'église  de  Brecht  d'une  petite  armoire 
ayant  servi  de  tabernacle.  Encore  une  fois  nous  avons  cru 
ne  pas  devoir  nous  opposer  à  cette  réalisation,  cet  objet 
n'appartenant  aucunement  au  mobilier  de  l'église  et  n'offrant 
pas  un  mérite  artistique  transcendant. 

Une  demande  du  même  genre  se  rapportant  à  quelques 
chaises  anciennes,  est  faite  par  l'église  de  Sanlvliet;  elle  est 
encore  en  instruction . 

D'autre  part,  nous  avions  cru  devoir  particulièrement 
appuyer  l'autorisation  demandée  par  l'église  de  Zammel  de 
pouvoir  vendre  au  Musée  d'antiquités  d'Anvers  un  lutrin  en 
bois  dont  elle  ne  se  sert  plus  depuis  longtemps.  En  règle 
générale,  nous  sommes  d'avis  qu'il  faut  s'opposer  énergique- 
ment  à  la  vente  d'objets  d'art  ayant  une  valeur  artistique  on 
historique  et  conservés  dans  nos  églises.  Mais  ici  le  cas  était 
différent.  L'église  est  neuve,  et  le  lutrin  hors  d'usage,  formé 
de  matériaux  extrêmement  fragiles,  sera  fatalement  destiné 
à  se  perdre  s'il  doit  rester  remisé  dans  le  coin  perdu  de  la 
petite  église  rurale  qui  le  possède.  Son  transfert  dans  notre 
Musée  provincial  aurait  assuré  sa  conservation.  Mais  le 
Comité  central  n'a  pas  été  de  cet  avis  et  il  s'est  opposé  à  la 
vente  projetée. 

Les  membres  du  même  Comité  se  sont  plusieurs  fois 


—  877  — 

rendus  dans  notre  province;  ils  ont  bien  voulu  nous  inviter 
à  les  accompagner  dans  les  visites  qu'ils  ont  faites.  C'est  ainsi 
qu'ensemble  nous  avons  étudié  les  restaurations  de  l'église 
Saint-Rombaut,  à  Malines,  que  nous  avons  discuté  la  question 
de  la  conservation  des  restes  de  peintures  murales  décou- 
vertes dans  l'église  de  Weslmalle,  que  nous  avons  approuvé 
l'acceptation  du  tympan  sculpté  du  portail  principal  de 
l'église  Notre-Dame,  à  Anvers,  que  nous  avons  examiné  le 
maitre-autel  et  la  chaire  de  vérité  placés  dans  l'église  de 
Deuzeld,  à  Schooten,  et  qu'enfin  nous  avons  proposé  de 
classer  parmi  les  monuments  historiques  la  tour  de  l'église 
d'Eeckeren.  Mais  ici  cette  décision  n'a  été  prise,  peut-on 
dire,  qu'en  appel,  car  notre  Comité,  chargé  une  première 
fois  de  donner  son  avis  sur  ce  point,  n'avait  pas  cru  devoir 
proposer  le  classement,  se  basant  sur  des  raisons  d'éco- 
nomie et  manquant  sur  ce  point  d'instructions  précises. 
La  décision  d'appel  pourra  pour  l'avenir  nous  servir  de 
guide. 

La  liste  de  nos  inventaires  ne  s'est  pas  sensiblement 
allongée.  Il  est  vrai  que  sur  ce  point  nous  avons  continué 
notre  tâche  au  commencement  de  l'année,  mais  le  Comité 
central  ayant  mis  à  l'étude  l'unification  des  inventaires  et 
leur  mode  de  publication,  nous  avons  cru  bien  faire  en 
attendant  sur  ce  point  si  important  des  instructions  plus 
précises,  et  ainsi  Tété  s'est  passé. 

Le  Musée  d'antiquités  du  Steen,  dont  la  Commission  pro- 
vinciale a  la  direction,  a  continué  régulièrement  la  série  de 
ses  achats.  Il  est  toutefois  profondément  regrettable  que 
l'extrême  exiguïté  de  nos  locaux  ne  nous  permette  pas  de 
faire  des  acquisitions  quelque  peu  importantes  ni  d'exposer 


—  i78  — 

de  façon  plus  avantageuse  et  pluâ  scientifique  les  riches 
collections  que  nous  avons  réussi  à  rassembler. 

Messieurs,  Tannée  dernière,  dans  notre  rapport  annuel, 
nous  avions  peut-être  dépassé  les  limites  de  temps  qui  régle- 
mentairement nous  étaient  assignées.  Nous  n'aurons  garde 
cette  fois  de  récidiver.  Nous  nous  permettrons  simplement  de 
signaler  brièvement  que  dans  le  rapport  que  nous  venons 
d'avoir  l'honneur  de  rappeler,  nous  protestions  contre  le  bou- 
leversement systématique  des  abords  du  château  de  Turnhou  t. 
Celte  situation  ne  s'est  guère  modifiée;  elle  s'est  plutôt 
aggravée.  Dans  le  même  ordre  d'idées,  il  existe  un  projet 
qui,  s'il  était  mis  à  exécution,  ne  pourrait  que  détruire  à 
tout  jamais  le  caractère  si  pittoresque  de  la  jolie  petite  ville 
de  Lierre.  Il  est  question  d'abattre  une  partie  des  arbres 
séculaires  des  anciens  remparts  pour  livrer  passage  à  une 
ligne  de  tramways  vicinaux.  Ce  serait  un  acte  de  vanda- 
lisme inqualifiable,  et  il  est  à  espérer  que  l'administration 
communale  aura  à  cœur  de  l'éviter.  A  Anvers,  nous  nous 
élevions  avec  force  contre  la  transformation  du  quartier  de 
l'ancienne  Boucherie  et  le  percement  d'une  rue  inutile  à 
travers  l'emplacement  du  bourg  primitif.  Nos  protestations, 
à  notre  grand  regret,  n'ont  pas  eu  le  moindre  succès.  La 
ville  a  été  autorisée  à  ouvrir  la  rue.  Il  est  vrai  qu'elle  sera 
un  peu  moins  large  que  dans  le  projet  primitif  et  que  les 
extrémités  du  mur  resteront  visibles  des  deux  côtés  de  la 
brèche  qui  les  mutilera. 

La  déplorable  couche  de  ciment  dont  on  avait  si  libéra- 
lement enduit  la  tour  de  Saint-Charles  s'y  prélasse  toujours; 
de  ci  de  là  elle  s'écaille  même,  ce  qui  accentue  encore  la 
note  pittoresque. 


—  579  — 

L'administration  des  hospices  a  tout  simplement  nié  les 
actes  de  vandalisme  que  nous  l'avions  accusée  d'avoir  exé- 
cutés à  la  gracieuse  chapelle  de  Saint-Nicolas,  à  Anvers; 
elle  s'est  même  refusée  à  faire  sur  ce  point  une  visite  contra- 
dictoire avec  noire  Comité.  Mais  sans  doute  pour  nous 
donner  satisfaction,  elle  a  achevé  le  plâtrage  commencé,  et 
aujourd'hui,  le  petit  porche  avec  sa  couleur  crue  est  bien 
fait  pour  égayer  les  acheteurs  qui  visitent  l'ancien  édifice 
pour  y  marchander  quelque  pièce  de  linoléum. 

La  reconstruction  de  la  maison  des  Tonneliers,  à  la 
Grand'Place,  est  achevée;  mais  l'exemple  donné  par  la  ville 
n'a  pas  été  perdu.  Une  seconde  maison  de  la  même  place, 
celle  du  Jeune  Serment  de  l'arc,  sans  caractère  du  reste,  a 
été  abattue  pour  faire  place  à  une  construction  ogivale,  quand 
depuis  le  xvic  siècle,  la  Gilde  de  Saint-Sébastien,  qui  en  cet 
endroit  possédait  son  local,  l'avait  reconstruite  en  style 
renaissance. 

Il  serait  à  souhaiter  que  le  système  si  heureusement 
employé  dans  d'autres  villes,  soit  également  adopté  à  Anvers 
et  que  l'administration  communale  en  devenant  propriétaire 
sous  certaines  conditions  des  façades  intéressantes,  puisse 
veiller  à  leur  conservation  ou  à  leur  restauration  intelligente. 
Car  encore  une  fois,  derrière  l'hôtel  de  ville  deux  anciennes 
maisons  ont  été  abattues  par  un  particulier,  l'une  d'elles, 
celle  des  Poissonniers,  portant  la  date  de  1573,  n'était  pas 
dépourvue  d'intérêt.  L'administration  communale  est  inter- 
venue en  achetant  ces  immeubles  quand  seuls  les  rez-de- 
chaussée  en  restaient  encore  debout. 

El  c'est  ainsi  que  chaque  jour,  dans  l'un  ou  l'autre  coin 
de  la  vieille  ville,  disparaissent  tour  à  tour  les  derniers 


—  280  — 

vestiges  des  monuments  anciens  qne  nos  pères  nous  avaient 
légués.  Par  contre,  il  est  vrai,  une  transformation  radicale 
s'opère  ailleurs.  De  toutes  parts,  les  administrations  diverses, 
aussi  bien  que  les  particuliers,  sacrifiant  à  la  mode  du 
jour,  font  élever  des  constructions  colossales,  des  séries  de 
demeures,  des  bazars,  des  théâtres,  voire  même  des  kiosques, 
avec  prodigalité  on  accumule  sur  leurs  façades  gigantesques 
les  matériaux  précieux,  les  œuvres  d'art  de  tous  genres. 

Nous  ne  voulons  nullement  incriminer  ici  certains  archi- 
tectes de  talent  qui,  pour  l'édification  de  ces  bâtiments  divers, 
sont  souvent  forcés  de  se  conformer  à  un  thème  imposé,  et 
qui  voient  parfois  leurs  œuvres  méritoires  amoindries  par  des 
voisinages  malheureux. 

Ces  modifications  feront  sans  doute  la  joie  de  ces  modernes 
esthètes,  oublieux  de  la  ligne,  mais  aveugles  admirateurs 
des  masses  et  des  surcharges;  elles  ne  pourront  qu'augmenter 
les  regrets  des  gens  de  goût,  malheureusement  trop  rares 
chez  nous,  qui  savent  encore  apprécier  les  productions 
architectoniques  des  siècles  passés  et  qui  tiennent  aux  sou- 
venirs historiques  qu'elles  consacraient. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Donnet,  votre  rapport 
témoigne  une  fois  de  plus  de  l'activité,  de  l'intelligence  et  de 
l'esprit  d'initiative  de  votre  Comité.  Le  Comité  d'Anvers,  que 
l'on  peut  certainement  citer  comme  exemple,  —  vous  en  avez 
donné  la  preuve  au  cours  de  votre  rapport,  —  confirme  ce 
que  disait  tout  à  l'heure  notre  Secrétaire.  Un  Comité  de 
correspondants  peut  prendre  telle  initiative  qui  lai  plaît, 
pourvu  que  cette  initiative  rentre  dans  l'ordre  des  choses 
admises  et  que  cette  initiative  nous  parvienne  par  la  voie 


—  381  — 

hiérarchique.  Et  il  est  nécessaire  qu'il  en  soit  ainsi,  sans 
cela,  se  produirait,  dans  le  travail  des  correspondants,  dans 
celui  du  Comité  central  et  celui  du  Ministère,  une  véritable 
anarchie.  Je  le  répèle  :  on  peut  éviter  cet  inconvénient  en 
observant  tout  simplement  les  règles  de  la  hiérarchie. 
Cela  dit,  je  vous  adresse  toutes  nos  félicitations. 

La  parole  esta  M.  le  rapporteur  de  la  province  de  Brabant. 


—  »83  — 


PROVINCE  DE  BRABANT. 


M.  Destrée,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Depuis  notre  dernière  réunion  annuelle,  le  Comité  des 
correspondants  du  Brabant  a  été  fort  éprouvé  par  la  perte 
de  deux  de  ses  membres  très  distingués  :  MM.  Dumortier 
et  Licot.  Entré  en  1897  au  Comité,  M  Dumortier  se  préoc- 
cupa de  réaliser  l'œuvre  de  l'inventaire  des  objets  d'art 
existant  dans  les  édifices  publics  du  Brabant.  Ses  fréquents 
voyages  dans  les  communes  rurales  de  la  province  lui  en 
faisaient  apprécier  l'urgente  nécessité.  Sous  son  impulsion, 
le  Comité  du  Brabant  se  consacra  activement  à  ce  travail 
long  et  délicat,  dans  lequel  M.  Dumortier  fit  apprécier 
ses  connaissances  artistiques  et  archéologiques. 

Il  apportait,  du  reste,  dans  l'accomplissement  de  tous  les 
devoirs  de  ses  fonctions  de  membre  correspondant  l'inlas- 
sable activité  qu'il  mettait  à  remplir  complètement  les  man- 
dats qu'il  acceptait  Sa  robuste  nature  ne  put  satisfaire  aux 
exigences  de  sa  volonté,  et  c'est  ainsi  qu'en  pleine  maturité, 
ce  collègue,  de  rapports  si  cordiaux  et  si  francs,  nous  fut 
brutalement  enlevé. 

La  mort  de  M.  Licol  suivit  de  près  celle  de  M.  Dumortier 
et  créa  un  nouveau  vide  au  sein  du  Comité,  dont  il  faisait 
partie  depuis  1897. 

Ce  remarquable  artiste,  qu'une  maladie  implacable  minait 
depuis  quelque  temps,  apporta  fréquemment  l'aide  de  ses 
connaissances  étendues  à  nos  délibérations.  Il  mettait  dans 


—  Î83  — 

ses  avis  une  lumineuse  clarté  d'exposition  qui  disait  sa 
science  et  une  séduisante  simplicité  qui  laissait  deviner  la 
bonté  de  son  cœur. 

M.  Licot  consacra  une  grande  partie  de  sa  trop  courle 
vie  à  la  reconstitution  des  ruines  de  l'abbaye  de  Villers,  et 
si  nous  les  voyons  aujourd'hui  sauvées  de  la  destruction, 
c'est  au  labeur  passionné  de  notre  regretté  collègue  que 
nous  le  devons.  Devant  un  tel  effort,  la  mort  aurait  dû 
l'épargner  jusqu'au  complet  achèvement  de  sa  gigantesque 
entreprise,  si  la  vie  humaine  devait  offrir  à  chacun  la  récom- 
pense de  voir  la  réalisation  de  son  œuvre. 

Malgré  ces  pertes  si  sensibles,  le  Comité  du  Brabant  a 
continué  à  veiller  aclivement  à  la  conservation  de  nos 
monuments  anciens  et  de  nos  richesses  artistiques 

Les  exigences  de  la  vie  moderne  intense  et  rapide 
entraînent  la  transformation  de  nos  vieilles  cités  et  font  sentir 
leurs  effets  jusqu'au  petit  bourg  villageois,  auquel  des  com- 
munications faciles  apportent  l'afflux  d'une  activité  inat- 
tendue. 

Ces  transformations  sont  souvent  bien  brutales;  il  est 
profondément  regrettable  d'avoir  à  constater  qu'on  ne  se 
préoccupe  pas  assez  de  conserver  ces  vieux  quartiers  de 
nos  villes  qui  nous  font  figure  amie  et  qui  seuls  donnent 
une  personnalité  distincte  à  nos  cités  d'aujourd'hui  trop 
souvent  uniformes  et  monotones. 

Est-ce  trop  oser  que  de  demander  aux  bâtisseurs  de  villes 
d'assouvir  leur  désir  de  créer  des  voies  larges,  faciles, 
aérées,  qui  ont  aussi  leur  beauté,  ailleurs  que  dans  les  coins 
retirés  où  sommeille  dans  la  quiétude  et  l'oubli  la  vie  d'un 
autre  âge?  Il  y  a  une  monstrueuse  ingratitude  à  les  faire 


—  284  — 

disparaître  comme  si  on  voulait  détruire  le  souvenir  de 
l'existence  qu'y  ont  menée  nos  pères;  caries  vieux  murs, 
les  façades  noircies  par  le  vent  et  la  plaie,  les  rues  étroites 
où  résonnaient  les  pas  du  guet  évoquent  les  ancêtres.  «  Les 
villes  ne  sonl-ce  point  des  livres,  de  beaux  livres  d'images  où 
l'on  voit  les  aïeux  »?  Soyons  respectueux  de  leur  mémoire 
pour  tenter  d'assurer  la  nôtre  et  répétons  avec  un  ancien  : 
c  La  vieillesse  des  hommes  est  vénérable,  mais  celle  des 
villes  est  sacrée.  » 

Pourtant,  malgré  toute  la  tendresse  que  nous  avons  pour 
le  passé,  nous  sommes  bien  forcés  de  reconnaître  que  la 
conservation  intacte  de  toute  la  vie  d'autrefois,  écrite  en  ses 
œuvres  de  pierre,  ne  peut  être  complètement  obtenue,  car 
il  nous  faut  admettre  les  transformations  qu'exigent  impé- 
rieusement les  lois  de  l'hygiène  et  de  la  santé  publique. 

Nous  inclinant  donc  devant  ces  nécessités  inéluctables, 
nous  avons  recherché  le  moyen  de  conserver  aux  géné- 
rations futures  le  souvenir  des  carrefours  disparus,  des 
demeures  démolies,  de  la  ferme  qui  s'effrite  et  se  meurt. 

Dans  ce  but,  M.  le  Gouverneur  a  bien  voulu  adresser  aux 
administrations  communales  de  la  province  la  circulaire 
suivante  qui,  bien  comprise  par  les  autorités  locales,  nous 
permettra  de  maintenir  le  souvenir  de  tous  les  témoins  du 
passé. 

Voéet  le  texte  de  celle  cùcakire  : 

•  Aux  administrations  communales  de  la  province. 

•  Messieurs, 
»  Les  transformations  qu'entraînent  dans  les  villes  et  les 
villages,  les  exigences  de  la  vie  moderne,  amènent  fréquent- 


—  285  — 

ment  la  disparition  de  quartiers  anciens,  de  maisons  parti- 
culières, de  fermes  seigneuriales,  auxquels  s'attache  un 
intérêt  historique  ou  architectural. 

»  Désireux  d'assurer  le  souvenir  de  ces  vestiges  du  passé, 
le  Comité  des  correspondants  de  la  Commission  royale  des 
monuments  pour  le  Brabant  a  décidé  d'en  faire  prendre  des 
photographies  et  d'en  publier  ensuite,  dans  son  Bulletin, 
des  reproductions  photolypiques  accompagnées  d'une  courte 
monographie. 

*  Je  vous  prie,  en  conséquence,  Messieurs,  d'attirer 
l'attention  de  ce  Comité  sur  tous  les  quartiers  et  habitations, 
menacés  de  démolition,  qui  ont  un  caractère  marqué  ou  qui 
furent  le  théâtre  d'événements  historiques  importants. 

»  Je  vous  saurais  gré  de  signaler  également  à  cette  com- 
mission artistique  les  maisons,  fermes,  etc.,  présentant  un 
sérieux  intérêt  et  que  leur  mauvais  état  d'entretien  condamne 
à  une  prompte  disparition. 

»  L'œuvre  qu'entreprend  le  Comité  provincial  des  monu- 
ments fournira  une  ample  moisson  de  documents  historiques 
et  artistiques,  rares  et  originaux,  si  toutes  les  communes  ont 
le  souci  d'y  prêter  complètement  leur  concours. 

»  J'ai  la  conviction  qu'elles  ne  failliront  pas  à  ce  devoir. 

•   Le  Gouverneur \ 
»  V ergote.  » 

Cette  intervention  de  notre  Comité  en  vue  d'assurer  la 
conservation  des  propriétés  particulières  n'a  pas  détourné 
notre  attention  des  grands  monuments  historiques  dont  noof 
avons  plus  spécialement  la  garde. 

Appelé  par  M.  le  Gouverneur  à  exprimer  son  avis  sur  le 


—  *8ft  — 

projet  de  décoration  picturale  de  la  salle  des  pas-perdus  de 
l'hôlel  de  ville  de  Louvain,  le  Comité  s'est  rallié  à  la  manière 
de  voir  de  M.  Janlet,  qui  s'est  élevé  avec  fermeté  contre  ce 
projet  dont  un  essai  réalisé  ne  permet  pas  d'espérer  grand 
chose. 

J'estime,  disait  le  rapporteur,  qu'il  importe  de  conserver 
à  ce  hall  le  caractère  de  sa  destination.  Ce  n'est  pas  là  une 
salle  de  fêles,  mais  bien  un  simple  hall  d'entrée  faisant 
presque  partie  de  la  voie  publique.  Il  réclame,  me 
semble-Nil,  un  décor  durable  et  sérieux  à  l'abri  par  sa 
nature,  de  détériorations  que  la  destination  de  ce  local  ne 
manquerai!  pas  de  causer  à  des  murs  enduits  et  peints.  On 
obtiendrait  ce  résultat  en  restaurant,  sans  les  remplacer,  les 
parements  en  pierre  existants  et  en  remplaçant  les  parements 
actuellement  en  briques  par  des  parements  en  pierre  encas- 
trés de  même  nature,  de  même  appareil  que  les  parements 
anciens  conservés. 

J'estime  que  le  plafond  ne  réclame  pas  de  peinture.  Les 
semelles  des  poutres  et  les  corbeaux  en  pierre  ont  tout  à 
gagner  à  rester  dans  leur  élat  naturel  et  logique. 

Dans  ces  conditions,  l'exécution  des  tableaux  historiques 
projetés  pourrait  se  faire  sans  nuire  à  l'ensemble  général. 
Il  serait  possible  de  les  isoler  des  murs  et  du  plafond  par 
une  frise  décorative,  formant  liaison  entre  eux.  Ces  œuvres 
d'art  s'accommoderont  mieux  certainement  des  tons  vieux 
chêne  et  vieille  pierre  que  des  tons  violents  actuellement 
échantillonnés. 

La  question  se  présente  entière  devant  vous  et  nul  ne 
doute  qu'une  solution  favorable  aux  intérêts  artistiques  en  . 
jeu  n'intervienne  à  bref  délai. 


—  287  —  . 

Le  Comité  du  Brabant  a  continué  à  s'occuper  de  la  rédac- 
tion de  l'inventaire  des  objets  d'art  existant  dans  les  édifices 
publics  de  la  province.  Cet  inventaire,  complètement  terminé 
en  ce  qui  concerne  les  communes  de  l'arrondissement  de 
Bruxelles,  est  actuellement  à  l'impression.  Sa  distribution  à 
toutes  les  fabriques  d'église,  à  toutes  les  autorités  publiques, 
empêchera  la  disparition  des  derniers  vestiges  des  splen- 
deurs d'art  que  nous  possédions  autrefois,  car  c'est  presque 
toujours  par  ignorance  qu'ont  péché  les  administrateurs  des 
établissements  publics;  informés  aujourd'hui  de  la  valeur 
artistique  des  objets  dont  ils  ont  la  garde,  ils  auront  le  souci 
de  les  conserver  pieusement. 

Le  travail  que  nous  avons  accompli  ne  répond  pas,  il  est 
vrai,  à  tous  les  desiderata  que  vous  avez  exprimés  lors  des 
réunions  que  nous  avons  tenues  ensemble.  Nous  nous 
sommes  bornés  à  faire  œuvre  de  conservation  et  non  d'éru- 
dition. 

La  Commission  royale  des  monuments  croit  pouvoir 
réclamer  aujourd'hui  de  ses  correspondants  un  effort  plus 
considérable  et  espère  réaliser,  avec  leur  concours,  une 
histoire  complète  des  monuments  et  des  objets  d'art  que 
Ton  rencontre  dans  les  communes  du  pays.  Pour  chacune 
des  paroisses,  vous  souhaitez  que  l'inventaire  des  objets 
d'art  soit  précédé  d'une  notice  historique,  d'une  description 
détaillée  de  l'édifice  et  complété  par  un  index  bibliographique. 

La  tentative  a  de  la  hardiesse.  Mais  on  peut  se  demander 
si  des  commissions,  comme  les  nôtres,  nécessairement  indi- 
vidualistes, auront  jamais,  quelque  soin  que  l'on  prenne  de 
leur  imposer  des  règles  rigides,  un  même  mode  de  travail, 
an  point  de  vue  commun. 


—  288  — 

Il  est  dès  lors  à  craindre  que  l'avenir  et,  un  avenir  bien 
éloigné,  nous  réserve  un  inventaire  qui  n'aura  pas,  dans  sa 
nouvelle  forme,  plus  d'unité  qu'auparavant.  L'unification 
du  travail  que  l'on  préconise  seulement  aujourd'hui,  nous 
vaudra  vraisemblablement  une  sorte  de  façade  identique 
derrière  laquelle  s'abriteront  des  œuvres  complètement 
étrangères  l'une  à  l'autre. 

C'est  peut-être  montrer  trop  peu  d'enthousiasme  que 
d'exprimer  la  crainte  que  le  mieux  ne  soit  ici  l'ennemi  du 
bien. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Désirée,  nous  vous  remer- 
cions beaucoup  pour  le  rapport  dont  vous  venez  de  donner 
lecture  au  nom  de  votre  Comité. 

Nous  nous  associons  aux  regrets  que  vous  avez  exprimés 
au  sujet  de  la  perte  de  deux  de  nos  éminenls  collègues, 
M.  l'architecte  provincial  en  chef  Dumortier  et  M.  l'archi- 
tecte provincial  Licot. 

Quant  à  la  question  qui  termine  votre  rapport,  je  n'en 
dirai  rien  en  ce  moment,  puisqu'elle  figure  au  5°  de  notre 
ordre  du  jour,  que  nous  aborderons  tout  à  l'heure. 

Pour  le  moment,  je  vous  félicite  de  ce  que  vous  n'avez,  — 
pas  plus  que  le  rapporteur  qui  vous  a  précédé,  du  reste,  — 
dépassé  le  quart-d'heure  accordé  par  le  règlement. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  Flandre  occidentale. 


—  289  — 


PROVINCE  DE  LA  FLANDRE  OCCIDENTALE, 


M.  van  Ruymbeke,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Je  ne  puis  commencer  rénumération  des  travaux  du 
Comité  provincial  de  la  Flandre  occidentale  pendant  Tannée 
1902- 1903  sans  rendre  un  hommage  ému  à  la  mémoire  de 
son  regretté  Président,  M.  le  comte  Charles  d'Ursel,  Ministre 
plénipotentiaire,  Gouverneur  de  la  province,  décédé  au 
château  de  Gruuthuuse,  le  28  juin  dernier. 

Pendant  les  deux  années  qu'il  passa  au  milieu  de  nous, 
M.  le  comte  d'Ursel  s'intéressa  à  toutes  les  questions  artis- 
tiques. 

Vous  connaissez  la  part  importante  qu'il  prit  à  la  réussite 
de  l'inoubliable  exposition  des  primitifs  flamands  à  Bruges. 

Non  content  de  diriger  les  travaux  du  Comité  provincial, 
il  se  plaisait  encore  à  suivre  leur  exécution  de  près.  C'est 
ainsi  que,  peu  de  jours  avant  la  maladie  qui  devait  l'em- 
porter, il  se  rendait  à  Nieuport  et  visitait  incognito  les 
importants  travaux  de  restauration  de  l'église. 

C'était  l'homme  d'action  par  excellence,  et  tous  ceux  qui 
l'approchaient  subissaient  l'influence  de  ce  besoin  de  travail 
et  d'activité. 

Il  nous  laisse  le  souvenir  d'un  Président  éclairé  dont 
l'affabilité  et  la  droiture  savaient  vaincre  toutes  les  difficultés. 

Il  nous  reste  aussi  à  déplorer  un  second  vide  au  sein  de 
notre  Comité. 


—  290  — 

M.  le  baron  Belhune,  appelé  à  succéder  comme  Gouver- 
neur à  M.  le  comte  d'Ursel,  ne  pourra  malheureusement 
plus  par  ses  nouvelles  fonctions  nous  seconder  d'une  façon 
aussi  active  que  par  le  passé.  Heureusement  il  nous  reste 
comme  Président  cl  précieux  sera  le  concours  qu'il  pourra 
encore  nous  prêter  en  mettant  à  notre  service  ses  nom- 
breuses connaissances  et  sa  compétence  justement  appréciée. 

Nos  séances  ont  eu  lieu  régulièrement  et  ont  été  suivies 
avec  la  même  assiduité. 

Le  rapport  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  me  per- 
mettra de  vous  renseigner  sur  leur  importance. 

L'année  dernière  j'ai  eu  l'occasion  de  vous  entretenir 
longuement  sur  les  travaux  de  restauration  du  jubé  de 
l'église  de  Saint- Nicolas,  à  Dixmude. 

Depuis  lors,  la  Commission  royale  des  monuments,  après 
une  inspection  sur  place,  a  exprimé  le  désir  de  voir  ces 
travaux  surveillés  d'une  façon  spéciale  par  le  Comité  pro- 
vincial. 

Votre  rapporteur  a  accepté  cette  mission  et  il  ne  manquera 
pas  de  se  tenir  en  rapports  constants  avec  la  Commission 
royale  à  ce  sujet. 

Nous  n'avons  qu'à  nous  féliciter  de  l'excellente  restau- 
ration du  triforium  et  des  fenêtres  de  l'église  de  Notre-Dame, 
à  Bruges,  mais  il  nous  a  semblé  que  la  tonalité  et  la  forme 
des  voûtes  nuisent  à  ce  beau  monument. 

Votre  attention  a  d'ailleurs  été  attirée  sur  ce  point  lors  de 
la  visite  du  26  février  1903. 

Deux  importants  projets  de  restauration  nous  ont  égale- 
ment été  soumis  et  méritent,  ce  me  semble,  que  je  m'étende 
un  peu  plus  longuement  à  leur  sujet. 


—  391  — 

Je  veux  parler  de  la  restauration  des  églises  de  Notre- 
Dame  et  de  Saint-Bertin,  à  Poperinghe. 

La  ville  de  Poperinghe  compte  trois  églises  paroissiales 
d'époques  différentes  qui,  sous  prétexte  de  restauration,  ont 
subi  il  y  a  40  ans  une  transformation  extérieure  radicale. 

Leurs  meneaux,  leurs  galeries,  leurs  corniches  et  leurs 
moulures  en  briques  ont  été  remplacés  par  une  décoration 
en  pierre  blanche  dans  le  style  français  du  xuie  siècle. 

La  pierre,  sous  l'action  de  la  pluie,  du  soleil  et  de  la 
gelée,  s'effrite  et  se  décompose. 

L'église  de  Notre-Dame,  dont  les  ressources  ont  été  épui- 
sées par  celte  transformation,  se  voit  dans  la  nécessité  de 
pourvoir,  en  outre,  à  la  restauration  intérieure  de  l'édifice 
et  à  la  reconstruction  de  la  flèche  de  la  tour  démolie  l'an 
dernier  par  mesure  de  sécurité  publique,  après  80  ans 
d'existence. 

Un  projet  de  reconstruction  de  la  flèche  en  brique  a  été 
étudié  par  l'architecte  Coomans  et  adopté  par  nous  moyen- 
nant certaines  réserves. 

Quant  à  la  restauration  extérieure,  nous  avons  constaté 
avec  plaisir  que  l'architecte,  M.  Coomans,  s'est  assimilé 
dans  une  large  mesure  les  traditions  de  la  contrée,  en 
employant  la  brique  d'une  façon  presque  générale,  notam- 
ment dans  les  corniches,  dans  les  moulures  et  dans  le 
garde-corps. 

Nous  avons  exprimé  l'avis  que  ce  système  de  construction 
soit  étendu  aux  pinacles  dont  le  couronnement  devrait  être 
simplifié  et  aux  fenêtres  dont  le  tracé  devrait  être  modifié. 

L'emploi  de  la  pierre  blanche  pourrait  ainsi  être  limité 
aux  bases  et  aux  chapiteaux  des  fenêtres  et  celui  de  la  pierre 


—  S9S  — 

bleue  à  la  couverture  du  garde-corps  qui  contourne  l'église. 
Nous  avons  même  proposé  de  refaire  les  gables  des  pignons 
en  brique  el  de  supprimer  le  pinacle  qui  les  termine. 

La  restauration  intérieure  comprend  la  reconstitution  des 
voûtes  des  murs  et  des  colonnes. 

Comme  toutes  les  églises  de  la  contrée,  les  voûtes  de 
1  église  de  Notre-Dame  étaient  en  bardeaux  et,  pour  autant 
qu'il  nous  a  été  permis  d'en  juger,  elles  étaient  pannelées 

Vers  4890,  les  bardeaux  étant  enlevés,  on  a  fait  un  plafon- 
nage  sur  les  cintres  et  les  nervures.  Ce  plafonnage,  dans  le 
goût  de  la  renaissance  classique,  s'étend  aussi  aux  colonnes 
el  à  tout  l'intérieur  de  l'église.  Il  est  aujourd'hui  à  l'état 
ruineux  el  se  détache  par  grands  morceaux. 

Ce  projet  de  restauration  nous  a  semblé  beaucoup  trop 
radical,  car  il  comporte  l'enlèvement  d'objets  dont  quel- 
ques-uns sont  de  première  valeur.  Les  boiseries  et  les  autels 
sont  exécutés  avec  une  grande  finesse  el  élégance.  Quant 
aux  stalles,  elles  sont  une  œuvre  de  tout  premier  mérite. 
Nous  ignorons  les  projets  de  la  fabrique  d  église  relatifs  à  ce 
beau  mobilier.  Nous  ne  pouvons  croire  que  la  Commission 
royale  autorisera  sa  cession  à  quelque  brocanteur,  non  plus 
que  la  belle  collection  de  devants  d'autel  en  damas  d'or  et 
d'argent  qui  en  forme  le  complément. 

Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Saint- 
Berlin  n'a  pas  reçu  notre  approbation.  Nous  avons  proposé 
son  renvoi  à  la  fabrique  pour  recherches  et  éludes  complé- 
mentaires. 

Par  contre,  celui  de  la  restauration  de  l'église  de  Zuid- 
schoole  a  été  favorablement  accueilli.  Celte  église  appartient 
au  type  des  églises  si  intéressantes  de  la  Flandre  maritime. 


—  293  — 

Elle  a  conservé  une  belle  série  de  fenêtres  à  trois  lumières 
en  brique  chanfreinée. 

C'est  à  cette  contrée  de  la  Flandre  que  les  restaurateurs 
semblent  réserver  la  plus  grande  partie  de  leur  activité.  De 
nombreuses  demandes  de  classement  d'églises  nous  sont,  en 
effet,  parvenues,  prélude  certain  de  leur  prochaine  restau- 
ration. Parmi  ces  églises,  je  citerai  celles  de  Saint-Jacques 
à  Ypres,  de  Zuidschoole,  de  Leysele,  de  Dranoulre,  de 
Neuve-Église,  de  Reninghe,  d'Eessen  et  de  la  tour  de 
Knocke. 

Celui  de  la  restauration  de  l'église  de  Doltignies,  que  nous 
avions  écarté,  nous  reviendra  sous  une  autre  forme.  Au  lieu 
d'utiliser  pour  l'agrandissement  de  l'église  de  vieux  murs 
sans  caractère,  l'on  procédera  à  la  construction  d'un  édifice 
nouveau,  en  utilisant  la  tour  et  l'ancien  terminal  qui  seront 
conservés  et  restaurés  avec  soin. 

Parmi  les  édifices  civils,  le  Comité  n'a  eu  cette  année  à 
s'occuper  que  de  l'hôtel  de  ville  de  Loo,  qui,  avec  la  gran- 
diose église  abbatiale  et  la  vieille  porte  des  remparts, 
constitue  un  ensemble  d'édifices  qui  témoignent  de  l'antique 
prospérité  de  la  petite  cité. 

Le  Comité  a  décidé  qu'avant  d'émettre  un  avis  formel  sur 
le  projet  qui  lui  est  soumis,  il  importerait  d'avoir  un  rapport 
technique  sur  la  stabilité  de  la  construction  et  d'être  com- 
plètement renseigné  par  l'arrachage  du  badigeon  sur  les 
formes  exactes  des  membrures  de  l'édifice. 

Voilà,  Messieurs,  pour  les  travaux  de  restauration  et  de 
reconstruction . 

Trois  projets  de  verrières  nous  ont  été  soumis. 

La  Commission  royale  a  bien  voulu  accueillir  favorable- 


—  194  — 

ment  les  projets  dus  au  pinceau  de  M.  J.  Dobbelaere  de 
quatre  verrières,  destinées  au  bas-côté  sud  de  la  cathédrale. 

Notre  Comité  a  approuvé,  de  son  côté,  un  projet  de  res- 
tauration du  vitrail  de  la  chapelle  de  Saint-Joseph,  à  Notre- 
Dame»  à  Bruges,  et  un  projet  de  restauration  des  verrières 
de  l'église  de  Wulveringem,  où  Ton  voit  une  collection  des 
plus  intéressantes  de  vitraux  incolores. 

Plusieurs  tableaux  ont  été  soumis  à  l'examen  de  nos 
membres  correspondants.  Trois  toiles  de  l'église  de  Lap- 
scheure  ont  été  remises  en  état  d'une  façon  satisfaisante. 
Une  autre,  de  l'église  de  Rolleghem-Capelle,  a  été  trouvée 
hors  d'état  d'être  restaurée.  Par  contre,  huit  tableaux  de 
l'église  de  Warnelon  ont  été  jugés  dignes  d'être  restaurés. 

Nous  avons  eu  un  avis  à  émettre  sur  l'acquisition  pour  le 
musée  de  Bruges  de  deux  tableaux  attribués,  l'un  à  Odevaere, 
l'autre  à  Bosch. 

Notre  Comité  a  aussi  procédé  à  l'examen  du  tableau  de 
l'église  de  Dixmude,  représentant  la  Naissance  de  la  Vierge* 
et  qui,  bien  qu'incomplet  et  assez  détérioré,  a  figuré  digne- 
ment à  l'exposition  des  primitifs  flamands. 

Il  a  décidé  qu'il  ne  proposerait  pas  la  restauration  de 
cette  œuvre,  mais  qu'il  préconiserait  de  la  confier  à  uu  musée 
où  tous  les  soins  et  toutes  les  précautions  seront  prises  pour 
sa  conservation. 

Un  examen  sur  place  du  nouveau  mobilier  de  l'église  de 
Waermaerdc  nous  a  donné  pleine  satisfaction. 

La  Commission  royale,  bien  que  noire  Comité  ait  exprimé 
un  avis  différent,  a  jugé  que  le  château  de  Beauvoorde  et 
plusieurs  maisons  particulières  situées  à  Ypres  offraient  un 
intérêt  artistique  et  archéologique  suffisant  pour  être  inscrits 


—  2W  — 

sur  la  liste  des  édifices  privés  dont  la  conservation  mérite 
d'être  assurée. 

L'ancien  mont-de-piété  d'Ypres  a  été  rangé  dans  la  troi- 
sième classe  des  monuments  civils  publics. 

Je  ne  puis,  Messieurs,  terminer  cette  revue  de  nos  travaux 
sans  vous  dire  un  mot  de  la  publication  de  l'inventaire  des 
objets  d'art  existant  dans  la  province. 

A  la  suite  de  la  lettre  de  la  Commission  royale,  en  date  du 
13  mai  dernier,  le  Comité  s'est  réuni  extraordinairement 
le  27  mai  pour  prendre  les  décisions  suivantes  : 

1°  Il  serait  écrit  à  la  Députât  ion  permanente  pour 
demander  qu'elle  fasse  connaître  ses  vues  quant  à  la  publi- 
cation de  l'inventaire  des  objets  d'art  et  spécialement  quant 
à  sa  participation  dans  les  frais  qui  résulteraient  de  cette 
publication,  soit  par  voie  d'un  crédit  spécial,  soit  par  une 
souscription  à  un  nombre  d'exemplaires  qui  permettrait  d'en 
faire  la  distribution  aux  autorités  et  administrations  inté- 
ressées ; 

2°  Qu'il  serait  donné  communication  à  la  Commission 
royale  du  rapport  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  relati- 
vement à  la  question  lors  du  Congrès  de  la  Fédération  des 
sociétés  archéologiques,  tenu  à  Bruges  en  1902; 

3°  Qu'il  y  a  lieu  de  se  rapprocher,  autant  que  possible, 
du  type  des  invenlaires  archéologiques  publiés  en  Allemagne, 
notamment  de  celui  pour  les  provinces  rhénanes,  sous  la 
direction  du  docteur  Clemen  ; 

4°  Que  je  serais  délégué  pour  représenter  le  Comité  pro- 
vincial auprès  de  la  Commission  royale  pour  l'examen  des 
divers  points  que  comporte  la  publication  de  l'inventaire 
projeté. 


—  296  — 

Voici,  Messieurs,  la  réponse  que  la  Députalion  perma- 
nente vient  de  nous  faire  parvenir  : 

•  Faute  de  connaître  le  montant,  même  approximatif,  des 
frais  auxquels  donneront  lieu  la  confection  et  la  publi- 
cation de  cet  inventaire,  la  Députalion  permanente  ne 
saurait  fixer,  dès  à  présent,  la  mesure  de  l'intervention 
provinciale. 

b  Les  premiers  éléments  de  ce  travail  ont  été  recueillis 
par  M.  l'architecte  inspecteur  provincial  Naerl,  qui  a 
touché  de  ce  chef  une  somme  de  1 ,000  francs  sur  les  fonds 
de  la  Province. 

»  Reste  maintenant,  avant  de  publier  l'inventaire,  à  en 
coordonner  les  éléments  et  à  en  rédiger  convenablement 
le  texte. 

»  La  Province  contribuera  sans  doute  au  paiement  de 
l'indemnité  qui  sera  allouée  au  fonctionnaire  chargé  de 
parfaire  l'œuvre  de  M.  Naerl. 

»  Pour  le  surplus,  le  mode  d'intervention  semble  être  la 
souscription  à  un  certain  nombre  d'exemplaires.  Si  l'Étal, 
de  son  côté,  veut  souscrire  un  nombre  suffisant  d'exem- 
plaires, les  frais  de  publication  seront  couverts. 
»  Les  exemplaires  souscrits  par  lu  Province  seraient 
envoyés  aux  commissaires  d'arrondissement,  aux  admi- 
nistrations communales  et  aux  bibliothèques  publiques. 
»  Plus  l'inventaire  sera  répandu,  mieux  les  objets  d'art 
seront  connus  et  appréciés,  mieux  aussi  ils  seront  à  l'abri 
de  vente  inconsidérée.  » 
En  terminant  ce  compte  rendu,  il  me  reste  à  exprimer  le 
vœu  du  Comité  de  voir  combler  les  vides  qui  se  sont  produits 
dans  son  sein.  Il  croit  même  que  l'augmentation  du  nombre 


—  897  — 

des  membres  correspondants  serait  justifié  par  l'accroisse- 
ment de  ses  travaux. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  van  Ruymbeke,  nous  vous 
remercions  également  pour  votre  rapport. 

Si,  comme  vous,  nous  avons  regretté  profondément  la 
mort  de  M.  le  comte  d'Ursel,  nous  pouvons  nous  réjouir 
avec  vous  que  l'un  de  nos  collègues  les  plus  distingués  soit 
devenu  voire  Président.  La  nomination  de  M.  le  baron 
Bethune,  comme  Gouverneur  de  la  Flandre  occidentale,  est 
un  gage  certain  que  votre  province  ne  perdra  rien  à  cette 
promotion,  si  méritée,  de  notre  excellent  et  savant  collègue. 
{M.  le  baron  Bethune  s'incline.) 

Au  sujet  de  l'inventaire,  vous  me  permettrez  également 
d'en  ajourner  ce  qu'il  y  aurait  à  en  dire  jusqu'à  la  discussion 
de  tout  à  l'heure,  c'est-à-dire  celle  concernant  le  3*. 

Avant  d'accorder  la  parole  à  M.  le  rapporteur  de  la  Flan- 
dre orientale  pour  qu'il  nous  donne  lecture  de  son  rapport, 
je  le  dirai  à  M.  van  Ruymbeke  et  à  vous  tous,  Messieurs  : 
nous  avons  fait,  depuis  quelque  temps  déjà,  des  propo- 
sitions pour  le  remplacement  des  membres  disparus  et 
démissionnaires  et  même,  dans  certaines  provinces,  pour 
l'augmentation  du  nombre  des  membres  correspondants. 

Cette  question,  je  l'espère,  ne  tardera  pas  à  recevoir  une 
solution  définitive.  Nous  avions  espéré  que  celle-ci  serait 
intervenue  avant  notre  séance  de  ce  jour;  mais,  vous  le 
savez,  Messieurs  :  en  matière  administrative,  souvent  se 
présentent  des  difficultés  à  la  dernière  heure.  C'est  vraisem- 
blablement à  l'une  ou  l'autre  d'entre  Iles  qu'il  faut  attribuer 
le  relard  que  nous  déplorons  aussi  bien  que  vous. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  Flandre  orientale. 


—  298  — 


PROVINCE  DE  LA  FLANDRE  ORIENTALE. 


M.  Adolf  de  Ceulbneer,  rapporteur  : 

Messieurs, 

En  vous  faisant  lecture  du  rapport  des  travaux  de  notre 
Commission  dans  nos  séances  annuelles  antérieures,  noire 
honorable  Président,  tout  en  rendant  hommage  à  l'activité 
de  notre  Comité,  se  voyait  obligé  tous  les  ans  de  me  faire 
remarquer  que  j'avais  dépassé  pour  la  lecture  du  rapport  le 
quart-d'heure  qui  nous  est  accordé  par  le  règlement.  Cette 
année  pareille  observation  ne  pourra  pas,  je  crois,  m'èlre 
adressée. 

Je  le  regrette  quelque  peu,  car  le  peu  d'étendue  de  mon 
rapport  sera  malheureusement  la  preuve  que  pendant  l'année 
qui  vient  de  s'écouler  l'activité  du  Comité  n'a  guère  été  bien 
grande.  Quelle  est  donc  la  cause  de  celte  espèce  de  léthargie 
qui,  espérons-le,  ne  sera  que  passagère?  D'abord  noire 
Comité  n'est  plus  au  complet  depuis  plusieurs  années, 
plusieurs  places  sont  restées  vacantes;  et  d'un  autre  côté 
nous  n'avons  été  appelés  à  émettre  un  avis  que  sur  un  bien 
petit  nombre  de  questions,  encore  toutes  de  bien  minime 
importance.  Peut- on  autoriser  la  vente  d'objets  mobiliers 
n'ayant  aucune  valeur  artistique  ni  archéologique,  proposée 
par  les  fabriques  des  églises  de  Cruyshautem  et  de  Smellede; 
le  nouveau  maître-autel  d'Otlergem  se  trouve-l-il  dans  les 
conditions  voulues  pour  pouvoir  être  reçu;  y  a-t-il  lieu  de 
remplacer  celui  de  Lootenhulle,  de  remplacer  les  vieux 


—  899  — 

confessionnaux  de  l'église  de  Saffelaere  par  des  nouveaux 
qui  seraient  mieux  en  rapport  avec  le  style  de  l'édifice; 
quelles  mesures  conviendrait-il  de  prendre  pour  assurer  la 
conservation  du  De  Graeyer  de  l'église  de  La  Clinge?  Et  c'est 
tout.  Avouons  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  se  réunir  souvent  pour 
délibérer  sur  des  points  d'une  si  minime  importance.  Aussi 
notre  Comité  n'a  tenu  cette  année  que  cinq  séances,  alors  que 
nous  en  avions  eu  dix  en  1902.  Encore  ces  cinq  séances 
n'auraient-elles  eu  un  ordre  du  jour  suffisamment  chargé, 
si  le  Comité,  suivant  son  habitude,  ne  les  avait  consacrées 
à  l'examen  de  questions  dues  à  son  initiative.  Je  ne  sais 
comment  expliquer  la  chose,  mais  presque  toutes  les  ques- 
tions dont  le  Comité  prend  l'initiative  sont  d'ordinaire  d'une 
telle  envergure  que  bien  des  fois  il  nous  faut  plusieurs 
années  avant  d'arriver  à  une  solution  ;  et  encore  nous  n'abou- 
tissons pas  toujours. 

La  question  qui  nous  occupe  pour  le  moment,  le  mot  n'est 
peul-èlre  pas  des  plus  exacts,  car  elle  fut  introduite  en  1899, 
est  celle  de  la  restauration  du  manoir  d'Herzele,  qui  date  du 
xv*  siècle 

Notre  zélé  confrère  M.  Van  Biesbroeck  découvrit  ces 
ruines  et  notre  confrère  M.  De  Waele,  qui  depuis  sa  remar- 
quable restauration  du  château  des  Comtes  est  passé  maitre 
en  la  matière,  s'occupa  du  projet  de  consolidation  et  de 
rétablissement  du  fossé,  actuellement  comblé. 

La  propriétaire,  Ma*  la  baronne  van  de  Woestyne,  avec 
une  générosité  qu'on  ne  saurait  assez  apprécier,  consentit  à 
intervenir  dans  les  frais  pour  une  somme  de  1,000  francs  et 
s'engagea  à  ne  pas  modifier  les  abords  du  manoir.  Le  conseil 
communal  d'Herzele,  moins  généreux,  tout  en  reconnaissant 


—  300  — 

que  si  Ton  ne  met  la  main  à  l'œuvre,  il  n'y  aura  bientôt  plus 
même  des  ruines  du  manoir,  refusa  d'intervenir;  la  Province 
suivit  ce  triste  exemple  et  le  Gouvernement,  en  présence  de 
celle  situation,  refusa  de  faire  à  ses  seuls  frais  les  travaux 
nécessaires  pour  la  conservation  de  ce  souvenir  féodal  unique 
en  notre  province. 

Notre  Comité  ne  saurait  trop  insister  pour  que  ces  ruines 
ne  soient  pas  perdues  de  vue.  Il  espère  qu'on  ne  se  conten- 
tera pas  d'un  replâtrage  inefficace,  qu'on  ne  couvrira  pas 
les  ruines  d'un  toit  banal  et  qu'on  dégagera  le  périmètre  de 
l'enceinte  en  rétablissant  le  fossé  qui  est  encore  si  nettement 
indiqué. 

Nous  avons  aussi  appelé  l'attention  du  chef  du  diocèse  sur 
l'arrêté  royal  du  16  août  1824  défendant  l'aliénation  d'objets 
d'art  conservés  dans  les  églises. 

Monseigneur  nous  a  fait  savoir  qu'à  plusieurs  reprises  il 
avait  rappelé  les  prescriptions  de  cet  arrêté  aux  membres 
du  clergé  de  son  diocèse,  et,  qu'à  l'occasion  delà  lettre  que 
nous  lui  avions  adressée  il  rappellerait  de  nouveau  à  MM.  les 
curés  qu'il  leur  est  interdit  d'aliéner  sans  autorisation  des 
objets  d'art  qui  se  trouvent  dans  leurs  églises. 

Neuf  fois  les  membres  de  notre  Comité  ont  été  appelés  à 
se  joindre  aux  délégués  de  la  Commission  centrale  pour 
inspecter  des  monuments.  C'est  ainsi  qu'on  a  examiné  de 
nouveau  les  peintures  murales  de  notre  Université  dont  j'ai 
eu  l'honneur  de  vous  entretenir  dans  mon  rapport  de  Tan 
derqier;  on  s'est  rendu  aussi  à  l'ancien  grand  Béguinage 
pour  voir  si  la  nouvelle  rue  qu'on  se  propose  de  percer  du 
côté  du  Fossé  Sainte-Elisabeth  n'aggravera  pas  trop  l'acte  de 
vandalisme  commis  il  y  a  quelque  vingt-cinq  ans;  non  loin 


—  30!  — 

de  là  on  a  cherché  à  reconnaître  les  faibles  débris  de  pein- 
tures murales  de  la  Leugemeele.  Rappelons  aussi  l'examen 
du  nouveau  mobilier  de  la  paroisse  de  Saint-Anloine,  des 
projets  de  vitraux  à  placer  dans  les  chapelles  de  Saint- 
Sébastien  et  du  chemin  de  la  croix  à  la  cathédrale  et  l'état 
de  détérioration  du  grand  tableau  de  De  Taeye  qui  décore 
la  salle  des  pas  perdus  du  Palais  de  Justice.  On  s'est  rendu 
à  Saint-Martin,  à  Alost,  et  à  Hauthem-Saint-Liévin  pour  se 
rendre  compte  de  la  nécessité  et  de  l'urgence  des  travaux  de 
restauration  intérieure,  à  Oltergem  pour  voir  le  nouveau 
maitre-aulel,  et  à  Lootenhulle  où  on  a  examiné  l'église  au 
point  de  vue  du  classement  de  cet  édifice. 

Je  ne  saurais  terminer  ce  rapport  sans  dire  deux  mots  de 
l'inventaire.  Les  deux  réunions  tenues  celte  année  par  la 
Commission  royale  et  auxquelles  des  délégués  des  diverses 
provinces  assistaient,  font  espérer  que  l'année  nouvelle  ne 
s'écoulera  point  sans  qu'au  moins  un  ou  deux  fascicules  n'en 
aient  paru.  Pour  que  le  travail  soit  aussi  complet  que  possible, 
je  me  permettrai  d'adresser  une  prière  à  mes  savants  con- 
frères. Pour  la  partie  bibliographique,  chaque  secrétaire 
chargé  de  la  rédaction  de  l'inventaire  ne  dépouillera  que  les 
publications  archéologiques  des  Sociétés  et  des  revues  de 
sa  province.  Or,  il  se  fait  que  bien  des  fois  on  y  rencontre 
des  études  relatives  à  des  monuments  d'autres  provinces. 
Pendant  le  dépouillement  ce  sera  une  bien  petite  peine  de 
signaler  aux  secrétaires  des  autres  provinces  les  éludes  qui 
peuvent  les  intéresser  pour  leur  inventaire  respectif.  Il  y 
aura  ainsi  un  échange  mutuel  d'information  qui  ne  pourra 
que  rendre  l'inventaire  plus  complet  et  plus  exact.  C'est  par 
ce  vœu  que  je  termine  le  rapport  de  celte  année. 


—  302  — 

M.  le  Président.  —  Nos  félicitations  à  M.  De  Ceuleneer; 
non  seulement,  il  n'a  pas  atteint  le  temps  déterminé,  mais 
il  est  même  resté  en  dessous.  Nouveau  regret  à  joindre  à 
celui  exprimé  par  lui  concernant  les  cinq  séances  de  son 
Comité!  Vous  oubliez,  mon  cher  collègue,  les  neuf  séances 
que  vos  délégués  ont  eues  avec  le  Comité  central.  Je  m'étonne 
qu'un  Comité  aussi  savant,  aussi  actif,  aussi  zélé  que  le 
vôtre  n'ait  tenu  que  cinq  séances.  Avouez-le  :  cela  dépend 
un  peu  de  votre  honorable  Président,  M.  le  Gouverneur, 
et  aussi  un  peu  de  vous-mêmes. 

Vous  pouvez  toujours  joindre  votre  avis  aux  dossiers.  Il 
serait  même  à  désirer  que  vous  le  fissiez  en  chaque  occasion. 

Quant  à  l'affaire  de  Herzele,  la  Commission  centrale  s'est 
entièrement  associée  à  votre  vœu.  Permettez-moi  de  le  dire, 
avec  tout  le  respect  que  je  dois  à  M™9  la  baronne  van  de 
Woesteyne  :  je  trouve  son  intervention  de  4,000  francs  bien 
faible  dans  le  cas  présent.  Il  ne  faut  pas  l'oublier  :  quand 
on  sollicite  de  l'argent  de  la  commune,  de  la  province  et  de 
l'État  pour  restaurer  un  monument  privé,  ce  qu'on  demande, 
en  réalité,  à  la  commune,  à  la  province  et  à  l'État,  c'est  on 
petit  cadeau. 

Quant  à  la  bibliographie  relative  aux  inventaires,  votre 
vœu  est  excellent.  Vous  désirez  une  bibliographie  interpro- 
vinciale. Eh  bien,  je  suis  persuadé  que  MM.  les  secrétaires 
des  Comités  ici  présents  se  rendront  à  votre  vœu.  C'est  bien 
celui  du  savant  que  nous  nous  plaisons  à  louer  et  à  applaudir 
une  fois  de  plus.  (Marques  répétées  (f  approbation.) 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  du  Hainaut. 


-  303  - 


PROVINCE  DU  HAINAUT. 


M.  Hubert,  rapporteur  : 

Messieurs, 

En  conformité  du  règlement,  nous  avons  l'honneur  de 
vous  présenter  le  rapport  du  Comilé  des  correspondants  du 
Hainaut  sur  l'exercice  1902-1903. 

Avec  le  même  empressement  que  de  coutume,  nous  avons 
pris  pari  à  toutes  les  visites  faites  dans  notre  province  par 
des  délégués  de  la  Commission  centrale,  sauf  à  une,  pour 
laquelle  les  convocations  ne  nous  sont  pas  arrivées  à  temps. 
Cependant,  comme  nous  le  rappelions  aux  assemblées  gêné* 
raies  précédentes,  depuis  plus  de  quatre  ans  notre  Comilé 
est  incomplet;  trois  de  nos  membres  décédés  n'ont  pas  été 
remplacés;  d'autres,  à  cause  de  leur  étatde  santé,  ne  peuvent 
assister  aux  réunions,  de  sorte  que  nous  ne  nous  y  trouvons 
plus  en  nombre  suffisant. 

Dans  ces  conditions,  à  son  très  grand  regret,  notre  Comité 
ne  peut  rendre  à  la  cause  de  l'art  ou  de  l'archéologie  les 
mêmes  services  que  les  Comités  non  désorganisés. 

Notre  rapport  n'aura  donc  pas  le  développement  que  nous 
aurions  désiré  lui  donner.  Nous  avons  dû  nous  borner  aux 
visites  faites  avec  les  délégués  de  la  Commission  royale  et 
aux  inventaires  que,  dans  ces  occasions,  nous  nous  sommes 
empressés  de  dresser.  Nous  les  indiquerons  brièvement 
parce  que  les  comptes  rendus  des  visites  oot  paru- ou  parai- 


—  304  — 

Iront  au  Bulletin  des  Commissions  royales  tari  et  <f archéo- 
logie, et  que  les  inventaires  ont  été  m  seront  publiés  avec 
le  rapport  du  Comité,  inséré  chaque  année  dans  V Exposé 
de  la  situation  administrative  de  la  province  de  Hainaut. 

Nos  délégués  se  sont  rendus,  avec  ceux  de  la  Commission 
centrale,  dans  les  localités  suivantes  : 

A  Faniilleureux,  pour  inspecter  l'église  incendiée  par  la 
foudre. 

À  Galonné,  pour  l'examen  de  vitraux  placés  dans  le  chœur. 
Nous  avons  profité  de  la  circonstance  pour  visiter  le  cime* 
tière;  il  renferme  de  nombreuses  lombes  de  Sires  de  Calonne 
ainsi  que  d'officiers  français  tués  à  la  bataille  de  Fontenoy. 
Nous  avons  inventorié  le  mobilier,  qui  est  d'un  confortable 
exceptionnel. 

A  La  Buissière,  pour  une  question  de  vente  d'un  terrain 
à  bâtir  situé  à  quelques  mètres  de  l'église. 

A  Nalinnes,  afin  de  procéder  à  l'examen  du  clocher  signalé 
comme  se  trouvant  dans  un  état  inquiétant. 

Aux  Deux-Acren,  à  1  église,  pour  examiner  un  projet 
relatif  à  l'exécution  de  peintures  décoratives. 

Nous  avons,  en  outre,  dressé  l'inventaire  du  mobilier.  II 
est  composé  d'objets  dont  les  styles  variés  diffèrent  de  celai 
du  vaisseau,  lequel  est  gothique.  On  y  remarque  une  belle 
menuiserie  de  l'époque  de  Louis  XV,  comprenant  le  lam- 
bris, les  stalles,  les  confessionnaux;  des  pierres  tombales 
du  moyen  âge  et  des  siècles  suivants  jusqu'au  xviue;  une 
cuve  baptismale  romane  ;  une  Vierge  de  la  même  époque 
et  deux  couronnes  de  lumière  gothiques.  Tout  cela  fait 
néanmoins  un  ensemble,  fort  agréable,  d'oeuvres  qui  ont  le 
grand  mérite  d'être  originales. 


—  508  — 

* 

La  restauration  de  cette  intéressante  église  a  été  faite  de 
1871  à  1873  par  l'architecte  E.  Carpenlier,  qui  a  eu  le 
bon  esprit  d'y  conserver  l'ancien  mobilier.  Quelques  années 
plus  tôt,  il  avait  restauré  la  vénérable  collégiale  romane  de 
Lobbes.  Et,  sous  l'inspiration  d'idées  alors  en  vogue,  pour 
y  rétablir  le  soi-disant  slyte  primitif,  y  avait  fait  disparaître 
systématiquement  ce  que  des  siècles  y  avaient  accumulés. 
Il  faut  maintenant  la  remeubler  avec  des  copies,  plus  ou 
moins  fantaisistes,  d'objets  qui  y  étaient  étrangers.  Jamais  il 
ue  viendra  à  l'idée  d'un  architecte  archéologue  de  chercher 
à  s'en  inspirer. 

À  Tournai,  le  but  de  la  visite  était  le  dégagement  d'une 
partie  de  la  cathédrale.  Il  s'agit  d'en  démasquer  entièrement 
la  façade  nord,  avec  sa  très  remarquable  abside  et  ses  deux 
tours  romanes;  ainsi  que  la  façade  est,  qui  mettra  en  vue 
l'élégant  chœur  gothique.  On  se  rappelle  qu'au  couchant, 
elle  est  entièrement  libre  et  qu'au  sud,  elle  Test  en  grande 
partie.  Ces  splendides  façades  cachées  étaient  comme  des 
trésors  perdus.  Désormais  l'importante  basilique  sera  presque 
vue  de  toutes  parts. 

Cette  grandiose  entreprise  comprend  :  de  nombreuses 
expropriations,  la  démolition  de  maisons  multiples,  la 
création  de  rues  et  de  squares. 

Deux  de  nos  dévoués  collègues  y  travaillent  avec  ardeur  : 
M.  Soil  préside  l'association  fondée  pour  le  réaliser  et 
M.  Sonneville  en  est  l'architecte.  Une  des  grandes  diffi- 
cultés était  d'obtenir  les  600,000  francs  que  nécessitera 
l'exécution  du  projet.  La  somme  est  votée. 

A  Soignies,  nous  avons  inspecté  les  travaux  de  restaura- 
tion de  l'église  romane.  La  première  partie  des  ouvrages 


—  306  — 

étant  terminée,  sauf  le  plafond  de  la  grande  nef,  il  a  surtout 
été  question  de  la  seconde,  qui  est  à  1  étude,  notamment  du 
maintien  ou  de  la  suppression,  dans  ce  vaisseau  roman,  du 
jubé,  qui  est  de  1640;  des  stalles  du  chœur,  qui  sont  de  1676; 
des  porches  en  menuiserie,  qui  remontent  à  la  même  époque, 
enfin  de  pièces  importantes  d'un  mobilier,  qui  est  principa- 
lement du  xvii*  et  du  xviii*  siècle.  Si  on  maintenait  le  jubé 
en  avant  du  chœur,  a-t-on  dit,  on  pourrait  évider  les  arcades 
latérales  comme  l'est  celle  du  milieu.  Ainsi  la  vue  du  sanc- 
tuaire serait  peu  interceptée  ;  et  l'on  aurait  ce  grand  avantage 
de  ne  pas  devoir  démonter,  et  par  conséquent  détériorer, 
un  ouvrage  en  marbre  qui  a  de  la  valeur  et  qui  est  un  don 
fait  à  l'église.  Il  a  été  aussi  question  de  le  reporter  dans  l'un 
des  transepts  afin  de  dégager  complètement  le  chœur,  et 
surtout  de  ne  plus  avoir  un  jubé  de  la  renaissance  au  milieu 
d'une  église  romane.  On  a  répondu  qu'il  serait  contraire  aux 
principes  aujourd'hui  admis  de  supprimer  ou  de  cacher  des 
originaux  de  valeur  de  l'époque  de  Rubens,  pour  les  rem- 
placer par  des  copies  de  l'époque  rudimenlaire  du  xi*  siècle. 
Mais  on  a  été  unanime  pour  demander  le  déplacement  des 
stalles  en  vue  de  rétablir  le  chœur  dans  ses  dimensions 
primitives. 

A  Gilly,  la  réunion  avait  pour  but  une  inspection  de  l'église 
de  Sainl-Remy,  qui  réclame  des  travaux  de  restauration. 

A  Tournai,  M.  le  baron  du  Sart  de  Boulant,  Gouverneur 
du  Hainaut,  assistait  à  notre  visite.  Il  s'agissait  de  la  conser- 
vation des  vestiges  de  la  troisième  enceinte  de  la  ville,  qui 
comprennent  deux  tours  reliées  par  une  courtine.  M.  le 
commandant  du  génie  a  exposé  les  motifs  qui  s'opposent, 
selon  lui,  à  la  conservation  de  la  partie  des  murs  qui  touchent 


—  307  — 

aux  nouveaux  bâtiments  de  la  caserne  de  cavalerie.  MM.  les 
délégués  ont  indiqué  les  travaux  qui  permettent  de  parer 
aux  inconvénients  signalés. 

Aux  ruines  de  l'abbaye  d'Aulne,  nous  avons  visilé  des 
travaux  que  l'on  y  exécute  sous  la  direction  de  M.  L.  Cloquet, 
ingénieur-architecte,  professeur  à  l'Université  de  Gand.  A 
plusieurs  reprises  les  délégués  ont  exprimé  leur  satisfaction 
sur  l'exécution  des  ouvrages  de  consolidation  accomplis 
depuis  la  dernière  visite.  Ils  ont  entendu,  avec  un  vif  intérêt, 
les  explications  de  M.  Cloquet  sur  la  marche  qui  lui  parait 
devoir  être  suivie  pour  terminer  la  restauration.  Quelques 
observations  lui  ont  été  présentées  ;  il  a  promis  d'en  tenir 
compte. 

En  dernier  lieu  nous  nous  sommes  rendus  à  Roucourt 
pour  voir  une  chaire  de  vérité  du  xvie  siècle.  C'est  une 
œuvre  de  mérite  dont  la  grande  rareté  augmente  la  valeur. 
On  n'en  connaissait  que  deux  en  Belgique  :  celle  d'Alsem- 
berg,  qui  est  au  Musée  royal  d'antiquités  (porte  de  Haï),  à 
Bruxelles,  et  celle  de  Nieuport.  Encore  celle-ci  a- 1- elle  subi 
des  remaniements  regrettables.  M.  le  chanoine  Reusens  ne 
cite  que  ces  deux  là;  Viollel-le-Duc  et  De  Caumont, 
tout  en  disant  qu'il  n'y  avait  guère  de  chaires  de  vérité  en 
bois  dans  les  églises  avant  le  xvie  siècle,  n'en  mentionnent 
aucune. 

Sa  cuve  a  une  face  adossée  au  mur  et  cinq  faces  visibles. 
Chacune  est  décorée  d'un  sujet  sculpté  en  haut  relief,  placé 
dans  une  arcade  en  anse  de  panier  dont  les  montants  sont 
renforcés  de  contreforts  ornés  d'élégantes  colonnettes.  Les 
moulures  de  ces  montants  se  continuent  sans  interruption 
dans  l'arc.  Celui-ci  est  surmonté  d'une  accolade  et  d'orne- 


—  308  — 


ments.  Enfin  la  cuve  se  termine  par  une  corniche  reposant 
sur  une  frise  creuse  où  courent  des  feuillages  découpés. 


En  mai  dernier,  la  Commission  royale  a  rappelé  à  M.  le 
Gouverneur-Président  qu'en  vue  d'un  plan  à  adopter  pour 
l'impression  de  l'inventaire  des  objets  d'art,  il  avait  été 
convenu  qu'une  commission,  composée  de  délégués  de  son 
Collège  et  d'un  délégué  par  Comité  provincial,  serait  chargée 
de  déterminer  le  type  et  le  genre  d'illustrations  du  dit  inven- 
taire. La  Commission  a  ajouté  que  la  réunion  devant  être 
prochaine,  elle  priait  M.  le  Président  d'inviter  le  Comité 
à  désigner  son  représentant  et  de  lui  faire  connaître  quelle 
est  la  somme  allouée  par  la  Province  pour  la  publica- 
tion du  dit  inventaire.  Le  Comité  a  désigné  son  repré- 
sentant, mais  jusqu'ici  il  n'y  a  pas  de  réponse  à  la  seconde 
demande. 

Nous  avons  successivement  été  chargés  de  procéder  à  la 
réception  :  d'un  maiire-autel  de  l'église  du  hameau  des 
Charbonnages  de  Peronnes;  d'objets  mobiliers  de  l'église  de 
Belœil;  d'un  retable  d'autel  de  l'église  d'Hyon. 

A  propos  de  celte  dernière,  nous  devons  signaler  un  fait 
regrettable.  L'église  d'Hyon,  qui  est  récente,  a  été  construite 
par  Carpenlier.  Elle  est  très  bien,  c'est  une  de  ses  meilleures. 
Toutes  ses  parties  sont  très  étudiées  et  bien  harmonieuses. 
Or,  dans  ces  derniers  temps,  on  a  ajouté  à  sa  façade  nord 
une  sacristie,  importante  comme  dimension.  Elle  a  absolu- 
ment l'aspect  d'une  briqueterie,  alors  qu'au  sud  il  en  existe 
une  qui  aurait  pu  servir  de  modèle.  Il  est  à  supposer  qu'elle 
a  été  construite  sans  demande  et  par  conséquent  sans  auto- 


—  309  — 

risation.  Mais  comment  de  pareils  méfaits  peuvent-ils  se 
commettre  ? 

Conformément  à  une  invitation  de  la  Commission  royale, 
M.  le  Gouverneur  nous  a  communiqué  une  demande  du 
conseil  de  fabrique  d'Ormeignies  tendante  relever  des  pierres 
tombales  du  pavement  de  l'église  pour  les  placer  contre  les 
murs  intérieurs  et  extérieurs.  Après  visite,  vu  l'intérêt  de 
conserver  les  souvenirs  qu'elles  rappellent,  un  avis  favorable 
a  été  donné. 

Ce  relèvement  devrait  être  pratiqué  plus  souvent  ;  dans 
beaucoup  de  cas,  c'est  le  seul  moyen  de  conserver  des 
épilaphes  utiles  à  l'histoire  locale. 

Le  Comité  a  été  appelé  à  donner  son  avis  sur  la  demande 
du  conseil  de  fabrique  de  Saint- Vaast,  sollicitant  le  classe- 
ment de  son  église. 

Le  chœur  et  la  nef  sont  de  l'époque  romane;  le  clocher  est 
de  la  fin  du  règne  ogival.  On  dit  que  la  tradition  donne  à 
cette  tour  une  origine  à  la  fois  religieuse  et  militaire.  On  dit 
qu'elle  était  fortifiée,  que  les  murailles  du  cimetière  étaient 
garnies  de  meurtrières  etde  mâchicoulis.  Dans  nos  recherches, 
pourtant  très  détaillées,  nous  n'avons  rien  vu  qui  tende  à 
appuyer  ces  dires,  nous  n'avons  rencontré  aucun  des  témoi- 
gnages si  concluants  qui  se  voient  dans  les  églises  fortifiées 
en  France  et  ailleurs.  Mais,  à  cause  de  la  rareté  des  con- 
structions romanes  dans  nos  contrées  et  de  l'importance 
exceptionnelle  de  ce  clocher  à  quatre  tourelles,  nous  avons 
proposé  de  ranger  dans  la  troisième  classe  des  édifices 
religieux  celle  tour  exceptionnelle  et  celle  église  huit  fois 
séculaires. 

Nous  ne  terminerons  pas,  Messieurs,  sans  vous  exprimer 


-  310  - 

le  vœu  de  pouvoir,  l'an  prochain,  notre  Comité  étant  com- 
plété, vous  présenter  un  rapport  plus  documenté. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Hubert,  votre  rapport  est 
très  documenté;  seulement,  permettez-moi  de  vous  faire 
observer  que  vous  avez  dépassé  le  quart-d'heure  réglemen- 
taire; j'espère  que,  Tannée  prochaine,  il  n'en  sera  plus 
ainsi. 

Vous  avez  parlé  des  restaurations  faites  à  la  collégiale  de 
Lobbes.  Vous  avez  formulé,  à  cet  égard,  les  idées  qu'a 
exprimées  d'une  façon  si  nette  M.  le  Ministre  de  la  Justice 
en  ouvrant  notre  séance. 

Quant  à  Tournai,  c'est  à  juste  litre  que  vous  avez  félicité 
MM.  Soil  et  Sonneville  de  leur  intervention.  A  ce  propos, 
j'ai  un  petit  péché  à  confesser  :  j'ai  oublié  tout  à  l'heure  de 
citer,  à  côté  de  l'église  de  Sainle-Walburge,  à  F  urnes,  dont 
j'ai  fait  mention  en  répondant  à  M.  le  Ministre,  le  dégage- 
ment de  la  cathédrale  de  Tournai,  dont  il  a  été  l'initiateur. 

En  ce  qui  concerne  H  von,  nous  sommes  aussi  ignorants 
que  vous. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  de  Liège. 


—  311  — 


PROVINCE  DE  LIÈGE. 


M.  Lohest,  rapporteur. 

Messieurs, 

Pendant  l'année  écoulée,  les  objets  soumis  à  l'examen  du 
Comité  des  monuments  ont  été  en  général  d'une  très  minime 
importance,  tandis  que  des  travaux  d'art  considérables  s'exé- 
cutent à  Liège  et  dans  la  province  sans  que  le  Comité  ail 
été  appelé  à  émettre  aucun  avis. 

Celte  situation  a  fait  l'objet  des  critiques  de  M.  le  Gouver- 
neur-Président; elles  ont  été  transmises  à  la  Commission 
centrale  dans  la  réunion  plénière  du  6  octobre. 

Le  Comité  a  renouvelé  ses  instances  pour  la  conservation 
de  la  maison  Porquin  et  du  porche  renaissance  de  Saint- 
Jacques.  Une  délégation  très  importante  de  membres  de  la 
Commission  centrale  de  Bruxelles,  Gantois  et  Anversois, 
accompagnés  de  la  plupart  des  membres  du  Comité  de 
Liège,  est  venue  examiner  ce  dernier  monument  pour  se 
rendre  compte  de  l'opportunité  de  l'exécution  des  plans 
de  restauration;  mais  les  avis  se  sont  partagés  :  les  uns 
opinant  pour  la  démolition,  les  autres  pour  la  réfection,  et 
l'avis  qui  semble  devoir  prévaloir  dépend  d'un  examen  qui 
révélera  si  la  façade  actuelle  cache  un  porche  gothique  dans 
son  entièreté. 

Le  Comité  a  eu  la  satisfaction  de  pouvoir  émettre,  sous 
certaines  réserves,  un  avis  très  favorable  sur  les  plans  de 
construction  d'une  église  à  Trois- Ponts;  c'est  le  seul  projet 
de  construction  nouvelle  qui  lui  ait  été  soumis. 


—  312  — 

M.  le  Gouverneur-Président  a  envoyé  des  délégués  pour 
procéder  à  un  examen  attentif  des  églises  de  Scry  et  de 
Tbys  et  se  rendre  compte  de  l'inlérël  qu'elles  présentent  au 
point  de  vue  monumental.  Le  résultat  a  clé  favorable  au 
classement  de  ces  deux  intéressants  spécimens  de  notre 
architecture  religieuse  du  xvi*  siècle,  Pun  donnant  un  type 
de  la  construction  en  brique  et  en  pierre  de  sable  très 
fréquent  en  Hesbaye,  l'autre  un  bel  exemple  de  la  construc- 
tion en  pierre  calcaire  usitée  dans  le  Gondroz. 

Les  autres  objets  inscrits  aux  ordres  du  jour  concernent 
des  projets  de  vitraux,  de  décoration,  de  mobiliers,  sans 
intérêt  ni  importance,  quelques-uns  même  si  médiocres 
qu'ils  ont  dû  recevoir  un  avis  défavorable;  nous  n'en  faisons 
pas  mention. 

L'inventaire  des  édifices  civils  et  religieux,  publics  et 
privés  qui  offrent  de  l'intérêt,  soit  au  point  de  vue  historique 
et  archéologique,  soit  au  point  de  vue  artistique,  est  terminé. 
Mais  inscrit  en  première  ligne  dans  le  programme  de  la 
Commission  centrale,  il  arrive  maintenant  en  second  et  est 
remplacé  par  l'inventaire  des  objets  d'art  contenus  dans  les 
édifices  publics.  Il  y  a  des  années,  la  confection  de  cet 
inventaire  avait  été  tentée  au  moyen  de  circulaires  et  de 
tableaux  à  remplir,  envoyés  aux  administrations  compétentes 
(communes  et  fabriques).  Le  résultat  fut  négatif. 

L'initiative  privée  ou  celle  de  sociétés  particulières  a 
mieux  réussi;  l'inventaire  de  Liège  est  terminé;  c'est  un 
mémoire  couronné  par  la  Société  d'Émulation,  dû  au  labeur 
du  vice-Président  du  Comité  de  Liège,  M.  Renier.  Il  a  été 
publié  en  un  volume  de  336  pages;  toutefois,  trop  étendu 
pour  paraître  dans  les  bulletins  des  Sociétés  d'art  et  d'archéo- 


—  313  — 

logie,  il  sera  résumé  conformément  au  programme  du 
Comité  central  et  rectifié,  s'il  y  a  lieu. 

Le  Comité  s'est  encore  occupé  d'assurer  la  conservation 
des  pierres  d'Oupeye  et  il  n'abandonne  pas  son  programme 
de  moulages  à  effectuer  sur  des  spécimens  de  sculpture  des 
xvne  et  xvuie  siècles. 

Enfin,  comme  les  années  précédentes,  plusieurs  membres 
ont  participé  aux  inspections  qui  ont  eu  lieu  dans  la  province. 

M.  le  Président.  —  Monsieur  Lohest,  nous  vous  félici- 
tons également,  mais  nous  regrettons  beaucoup  que  votre 
Comité  ne  se  réunisse  pas  plus  souvent.  Vous  le  savez  :  la 
faute  en  est  d'abord  à  votre  Gouverneur  et  ensuite  un  peu  à 
vous-mêmes. 

Quant  à  la  maison  Porquin,  nous  vous  remercions  d'en 
avoir  dit  un  mot  Nous  avons  fait,  de  notre  côté,  tous  nos 
efforts  pour  la  garder. 

Pour  le  portail  Saint-Jacques,  on  s'en  est  occupé  dans  des 
conditions  qui  ont  réuni  l'unanimité  des  suffrages.  Nous 
avons  proposé  qu'une  commission  locale  composée,  par 
exemple,  des  représentants  de  la  Commission  royale  des 
monuments,  du  Comité  provincial  de  nos  correspondants, 
de  la  ville,  etc.,  voulût  bien  voir  ce  qu'il  y  avait  à  faire  dans 
le  sens  indiqué  par  la  Commission  centrale. 

Depuis,  nous  n'avons  plus  eu  de  nouvelles. 

Quant  au  Palais  de  Justice,  je  vous  avouerai  que  je  ne  puis 
pas  m'avancer  pour  le  moment  sur  ce  point. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  du  Lim- 
bourg. 


—  314  — 


PROVINCE  DU  LIMBOURG. 


M.  l'abbé  Daniels,  rapporteur  : 

Messieurs, 

On  se  rappellera  peut-être  les  plaintes  que  nous  avons  fait 
entendre  Tan  passé  au  sujet  du  rôle  trop  effacé  que  notre 
Comité  jouait  sous  certains  rapports.  Nous  avons  aujour- 
d'hui le  plaisir  de  constater  que  ces  plaintes  ne  se  sont  pas 
perdues  dans  le  désert. 

En  effet,  dans  le  courant  de  cette  année,  les  projets  de 
construction,  de  restauration,  d'ameublement,  etc.,  qui 
doivent  recevoir  l'approbation  de  la  Commission  royale  des 
monuments,  ont  été  soumis  régulièrement  à  un  avis  préa- 
lable, et  notre  Comité  a  lâché  de  se  montrer  digne  de  la 
confiance  de  cette  haute  juridiction  en  consacrant  à  l'examen 
de  ces  projets  toute  son  attention  et  tout  son  bon  vouloir. 

Nous  avons  eu  à  délibérer  sur  deux  projets  de  construc- 
tions nouvelles  ;  sur  sept  projets  de  restauration  et  d'agran- 
dissement d'églises;  sur  huit  projets  d'ameublement  total 
ou  partiel  d'édifices  du  culte  ;  de  placement  de  vitraux  et  de 
peinture  murale  ;  sur  trois  demandes  d'autorisation  d'aliéner 
d'anciens  meubles  d'églises  et  sur  cinq  affaires  de  moindre 
importance.  Nous  avons  toujours  tâché  de  motiver  nos  avis 
de  façon  à  aider  à  éclairer  la  Commission  appelée  à  prendre 
une  décision  souveraine. 

Vous  nous  permettrez  d'entrer  dans  quelques  détails  à 
propos  d'observations  émises  par  notre  Comité. 


—  318  — 

L'église  paroissiale  d'Exel  ne  répondant  plus  aux  besoins 
d'une  population  notablement  accrue,  —  cas  qui  dans  la 
suite  se  présentera  souvent  dans  le  Li  m  bourg,  —  l'agran- 
dissement de  cet  intéressant  édifice  du  xv9  siècle  s'imposait. 
Or,  l'auteur  du  projet  des  travaux  à  faire  ne  s'était  inspiré 
ni  de  certains  détails  arcbitecloniques  propres  à  l'édifice,  ni 
d'autres  tenant  à  un  système  régional.  Ainsi,  au  lieu 
d'adopter  le  type  fort  intéressant  des  contreforts  existants, 
il  en  inventait  un  nouveau;  il  ne  tenait  aucun  compte  du 
portail  latéral  sud,  une  des  caractéristiques  de  nos  églises  de 
Gampine,  et  qu'il  convertissait  en  chapelle.  Nous  pensons 
que  des  transformations  de  ce  genre  ne  sont  pas  admissibles 
et  avons  conclu  à  une  nouvelle  élude. 

Nous  avons  émis  un  avis  similaire  pour  le  porche  existant 
à  l'église  si  remarquable  de  Zepperen,  et  nous  ne  saurions 
assez  insister  sur  le  soin  que  les  architectes  restaurateurs 
devraient  apporter  à  l'étude  des  types  régionaux. 

Nous  avons  eu  à  émettre  un  avis  sur  un  projet  assez 
original  conçu  pour  l'embellissement  (?)  de  l'église  de 
Roclengc-sur-Geer.  Ce  bâtiment  moderne  ne  se  dislingue 
que  par  une  banalité  déplorable  et  un  manque  absolu  de 
caractère.  Or,  on  espérait  donner  à  cet  édifice  un  peu  de 
respectabilité  en  dépensant  de  l'argent  à  la  construction 
d'une  flèche  à  renflement,  entrant  dans  la  catégorie  d'ou- 
vrages achevés  aux  époques  du  plus  mauvais  goût.  Nous 
n'avons  pas  voulu  encourager  cette  regrettable  tentative,  et 
sommes  d'avis  qu'il  faut  plutôt  engager  les  autorités  locales 
à  ménager  les  ressources  pour  les  employer  plus. lard,  s'il  le 
faut,  à  doter  la  commune  d'une  église  convenable. 

Un  projet  de  travail  aussi  délicat  qu'intéressant  nous  fut 


—  316  — 

soumis  pour  la  jolie  église  d'Opitter.  Il  existé  là,  le  long  des 
bas-côlés,  une  série  d'arcalures  retombant  sur  des  cals-de- 
lampe  formés  chacun  d'une  pierre  cubique  destinée  proba- 
blement à  être  sculptée;  car,  quelques-uns  de  ces  culs-de- 
lampe  sont  décorés  de  létes  très  belles  datant  de  l'époque  de 
la  construction  de  l'édifice.  Or,  la  fabrique  d'église  avait 
conçu  le  projet  d'achever  le  travail  indiqué  et  nous  soumit 
une  série  de  dessins  qui  ne  nous  ont  satisfaits  ni  en  eux- 
mêmes,  ni  quant  à  la  dépense  prévue;  on-  ne  saurait  livrer 
une  œuvre  artistique  pour  une  croule  de  pain,  et  il  vaut 
mieux  s'abstenir  que  faire  les  choses  à  demi  ou  pas  même  à 
demi. 

Une  dernière  observation  à  propos  de  projets  qu'on  pré- 
sente. Il  nous  arrive  de  recevoir  des  plans  de  travaux  à  faire 
sur  lesquels  il  est  impossible  de  donner  un  avis  faute  d'indi- 
cations suffisantes.  On  se  contente  le  plus  souvent  d'envoyer 
un  joli  dessin,  surtout  quand  il  s'agit  d'un  meuble  d'église, 
et  puis  c'est  tout.  Nous  avons  pris  la  résolution  de  renvoyer 
impitoyablement  ces  plans  «  pour  plus  ample  information  ». 

La  question  de  la  polychromie  étant  à  l'ordre  du  jour, 
nous  dirons  en  passant  que  les  quelques  projets  qui  nous  ont 
été  soumis  trahissent  :  1°  un  manque  absolu  d'études  et 
2°  une  préoccupation  démesurée  du  bon  marché.  Nous  n'en 
dirons  pas  davantage,  mais  émettons  le  vœu  de  voir  la 
Commission  royale  user  de  grande  sévérité  dans  l'admission 
des  projets  de  polychromie,  pour  forcer  les  artistes  à  revenir 
aux  bonnes  et  saines  traditions  qui  inspiraient  autrefois  ce 
bel  art  complémentaire  de  l'architecture. 

Trois  demandes  d'autorisation  d'aliéner  des  objets  mobi- 
liers ont  été  introduites;  l'une  d'elles  mérite  une  mention. 


—  317  — 

C'est  celle  faite  par  ia  fabrique  d'église  de  Bocholt  à  l'effet 
de  vendre  à  vil  prix  une  quinzaine  de  statues  remisées 
comme  objets  de  rebut  dans  les  combles  de  l'église.  Or,  nous 
avons  voulu  voir  ces  statues  et  nous  avons  trouvé  parmi 
elles  de  très  beaux  spécimens  de  l'art  médiéval,  ayant  une 
réelle  valeur  artistique.  Fidèles  à  l'esprit  conservateur  qui 
anime  plus  que  jamais  notre  Comité,  nous  nous  sommes 
formellement  opposés  à  l'aliénation.  Notre  principe  est  qu'en 
attendant  utilisation,  moyennant  restauration  s'il  le  faut,  l'on 
doit  conserver  ce  que  l'on  a;  nous  n'admettrons  jamais  que 
pour  un  prix  dérisoire  on  se  défasse  d'objets  d'art  réputés  à 
tort  inutiles  ou  encombrants,  surtout  quand  c'est  pour  les 
envoyer  loin  des  monuments  pour  lesquels  ils  ont  été 
exécutés. 

A  propos  de  Bocholt,  nous  recommandons  à  la  sollici- 
tude de  la  Commission  royale  le  magnifique  retable  de  la 
chapelle  de  Velthoven  et  dont  la  restauration  est  projetée 
depuis  1864.  Nous  sommes  en  l'an  de  grâce  1905,  et  il  y  a 
urgence,  véritable  urgence  de  restauration,  si  l'on  ne  veut 
voir  disparaître  une  œuvre  remarquable  de  l'école  anver- 
soîse.  La  Commission  est  d'ailleurs  édifiée  sur  la  chose  par 
le  procès-verbal  d'une  de  nos  séances  de  celte  année  cou- 
rante. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  mentionnons  trois  points  qui 
ne  manquent  pas  d'intérêt. 

A  l'occasion  d'un  projet  de  vente  du  terrain  connu  sous 
le  nom  de  Sleenkuilen  au  hameau  de  Gelieren  sous  Geock, 
l'attention  de  notre  Comité  a  été  appelée  sur  les  grandes 
pierres  légendaires  gisant  en  cet  endroit.  C'est  bien  à  tort 
qu'on  les  désigne  aux  touristes. comme  pierres  druitiques; 


tout  comme  celles  de  Sledderloo,  un  autre  hameau  de  Genck, 
et  celles  du  lieu  dit  Holsteen  à  Zonhoven,  ces  pierres  sont 
de  formation  naturelle  et  n  ont  aucun  rapport  avec  l'archéo- 
logie. 

La  commune  d'Eysden  exploite  en  ce  moment  une  balas- 
tière  non  loin  du  canal  de  la  Campine;  les  travaux 
d'extraction  de  gravier  devant  atteindre  dans  quelque  temps 
trois  petits  tumulus  et  des  levées  de  terre  qui  paraissent  avoir 
fait  partie  d'un  camp  ou  d'un  retranchement  antérieur  à 
l'époque  romaine,  la  Dé  pu  (a  lion  permanente  nous  a  priés  de 
nous  rendre  sur  les  lieux  pour  aviser  aux  mesures  à  prendre 
en  vue  de  la  conservation  de  ces  restes  d'une  civilisation 
disparue.  Deux  délégués  de  notre  Comité  se  sont  rendus 
sur  les  lieux  et  ont  proposé  d'insérer  dans  le  cahier  des 
charges  réglant  l'extraction  du  gravier,  une  clause  qui 
défendrait  de  toucher  aux  tertres  et  aux  retranchements. 
MM.  Schuermans  et  Habets  ont,  en  1881,  publié  un  travail 
sur  ces  retranchements,  mais  qui  n'apporte  pas  de  solution 
définitive  du  problème,  et  notre  Gomité  s'est  adressé  à  de 
savants  spécialistes  pour  que  ceux-ci  reprennent  cet  objet 
d'étude  à  coup  sur  très  intéressant. 

Dans  le  courant  de  l'été,  on  a  trouvé  des  pierres  taillées 
et  des  antiquités  préhistoriques  sur  le  territoire  de  la  com- 
mune de  Bassenge.  Avertis  tardivement,  comme  il  arrive 
malheureusement  souvent,  nous  sommes  arrivés  trop  tard 
pour  apprécier  l'importance  et  l'intérêt  de  la  trouvaille. 
Gomme  il  arrive  souvent  aussi,  on  s'est  empressé  d'enlever 
les  objets  découverts  et  ceux-ci  se  trouvent  actuellement  en 
plusieurs  mains.  A  en  juger  par  quelques  débris  parvenus 
au  Gouvernement  provincial  à  Hasselt,  la  trouvaille  consiste 


—  319  — 

en  silex  (aillés  et  eu  poteries  ante-romaines,  et,  s'il  faut  se 
baser  sur  les  renseignements  assez  vagues  que  nous  avons 
pu  recueillir  sur  place,  ces  objets  auraient  été  rencontrés 
sur  des  fonds  de  cabanes. 

Notre  Comité  continue  la  confection  de  l'inventaire.  Nous 
avons  vu  cette  année-ci,  et  assez  fructueusement,  des  com- 
munes des  cantons  de  Saint-Trond,  de  Looz,  de  Vlytingen 
et  de  Bree.  Malheureusement  il  faudra,  vu  les  exigences  du 
programme  adopté  récemment,  retourner  presque  partout. 
Mais  la  besogne  ne  nous  effraie  point,  et  nous  comptons  bien 
être  prêts  à  fournir  notre  contingent  «  alphabétiquement  », 
surtout  que,  plus  nous  avançons  le  travail,  plus  nous  sommes 
convaincus  de  la  nécessité  qu'il  y  a  de  publier  l'inventaire. 

Voilà,  Messieurs,  les  quelques  points  que  le  Comité  pro- 
vincial du  Li  m  bourg  a  cru  devoir  exposer  en  celte  assemblée 
générale. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  on  nous  annonce  que  le 
Limbourg  sera  bientôt  la  terre  bénie  de  la  géologie.  11  y  a 
longtemps  que  les  rapports  de  l'honorable  membre  nous 
rapprennent  :  sa  province  est  la  terre  bénie  de  la  science 
archéologique,  grâce  au  Comité  provincial  du  Limbourg  el 
en  particulier  à  M.  l'abbé  Daniels.  Votre  éminent  rapporteur, 
Messieurs,  fait  honneur  au  Comité  du  Limbourg,  qu'il  me 
permette  de  ie  lui  dire,  sans  froisser  en  rien  sa  modestie,  ni 
celle  de  ses  collègues  du  Brabant,  qui  ont  déjà  parlé,  comme 
lui,  de  la  polychromie.  Que  l'honorable  abbé  Daniels  en  soit 
bien  persuadé  :  la  Commission  centrale  a  été  très  heureuse 
de  proclamer  qu'il  importe  de  ne  pas  favoriser  les  œuvres  à 
bon  marché  en  celle  matière  importante. 


—  3Î0  — 

Quant  au  retable  de  Vellhoven  (Bocholl),  nous  insisterons 
avec  vous  pour  que  la  situation  désastreuse  dans  laquelle  il  se 
trouve,  et  qui  persiste  depuis  1834,  prenne  fin  le  plus  tôt 
possible.  Nous  n'avons  pas  à  noire  disposition  des  gen- 
darmes pour  obliger  certains  gens  à  réaliser  ce  que  leur 
sentiment  artistique  seul  devrait  leur  faire  exécuter  avec 
enthousiasme. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  du 
Luxembourg. 


—  321  — 


PROVINCE  DU  LUXEMBOURG. 


M.  Tandel,  rapporteur  : 

Messieurs, 

Mon  rapport,  comme  celui  de  plusieurs  de  mes  collègues, 
commencera  par  un  légitime  hommage  à  rendre  à  la 
mémoire  de  celui  de  nos  membres  que  nous  avons  perdu, 
le  P.  Goffinet,  qui,  pendant  plus  de  vingt  ans,  a  partagé 
nos  travaux  au  Comité  et  qui,  pendant  quarante  ans,  a  été 
membre  de  l'Institut  archéologique  d'Arlon.  Je  n'ai  rien 
à  ajouter  à  ce  qui  a  été  dit  tout  à  l'heure  à  cet  égard. 

Depuis  la  dernière  assemblée  plénière  de  la  Commission 
royale  des  Monuments,  les  membres  du  Comité  ont  eu  à 
remplir  plusieurs  missions  que  nous  rappelons  succinctement 
ci-après  : 

26  octobre  1902.  —  Inspection  des  nouvelles  parties  de 
meubles  placés  dans  l'église  de  Laroche. 

Délégués:  MM.  lecomtedeLimburg-StirumetSibenaler. 

Le  Bulletin  des  Commissions  royales  (tari  et  d'archéologie, 
41*  année,  n**  9-10,  page  179,  rend  compte  de  la  mission. 

14  avril  1903:  —  Réception  et  examen  des  travaux  à 
Téglise  de  Houflalize. 
Délégué  :  M.  Cupper. 


—  3*2  — 

15  juin  1903.  —  Inspection  des  travaux  de  dérochagede 
l'église  de  Saiût-Hubert. 

Délégués  :  MM.  Van  de  Wyngaert,  Déome  el  Kurlh  (le 
premier  était  seul  présent). 

1er  juillet  1903.  —  Examen  d'un  autel  latéral  placé  dans 
l'église  d'Elhe  el  d'une  armoire  à  l'église  de  Saint-Mard. 
Délégués  :  MM.  Van  de  Wyngacrl  et  Sibenaler. 

9  juillet  1903.  —  Examen  d'un  maître-autel  placé  dans 
l'église  de  Suxy. 
Délégués  :  MM.  Cupper  et  Déome. 

28  juillet  1903.  —  Examen  des  questions  relatives  à  la 
reconstruction  de  l'église  de  Paliseul. 
Délégué  :  M.  Kurlh. 

30  juillet  1903.  —  Examen  des  vitraux  placés  dans  l'église 
de  Libin. 
Délégué  :  M.  Déome. 

5  septembre  1903.   —  Réception  du  maiire-autel   de 
Grandménil. 
Délégués  :  MM.  Tandel  el  Wilmarl. 

Le  7  septembre,  ces  Messieurs  ont  adressé  à  M.  le  Gou- 
verneur un  rapport  dans  lequel  ils  reconnaissent  que  le 
travail  a  été  fort  bien  exécute,  tanl  sous  le  rapport  des 
matériaux  que  du  fini  de  l'exécution  ;  qu'aucune  observation 
n  est  à  présenter  et  que  rien  ne  s'oppose  au  paiement  du 
subside  promis  sur  le  crédit  des  Beaux-Arts. 

Dans  sa  séance  du  7  mai  1903,  le  Comité  a  nommé 
M.  Tandel,  membre  effectif,  el  M.  Sibenaler,  membre  sup- 
pléant de  la  sous- commission  chargée  de  rechercher  et 
d'arrêter  les  moyens  les  plus  pratiques  de  réaliser  la  publi- 


—  323  — 

cation  de  l'inventaire  général  des  objets  d'art  appartenant 
aux  édifices  publics  du  pays,  inventaire  dont  la  confection 
a  été  prescrite  par  le  Gouvernement. 

M.  Tandel  fait  observer  qu'il  y  aurait  là  une  excellente 
occasion  de  publier  la  description  des  monuments  romains 
du  Musée  d'Arlon,  qui  ont  tous  été  photographiés  par 
M.  Sibenaler. 

Ces  photographies,  très  réussies,  pourraient  être  repro- 
duites par  des  phototypies,  sous  réserve  que  les  clichés 
seront  abandonnés  à  l'Institut  archéologique  pour  la  repro- 
duction dans  ses  annales. 

M.  le  Gouverneur  a  eu  l'occasion  d'entretenir  M.  le  Ministre 
compétent  de  l'importance  des  collections  archéologiques 
du  Musée  d'Arlon,  que  la  publication  dont  il  s'agit  aurait 
l'avantage  de  faire  connaître  au  public. 

Des  savants  allemands,  qui  sont  venus  visiter  cette  collec- 
tion, ont  assuré  que  nulle  part  un  musée  de  province  ne 
possédait  des  richesses  pareilles,  et  ils  ont  émis  le  vœu  qu'il 
serait  à  désirer  que  ces  vestiges  du  passé  fussent  reproduits 
par  la  photographie. 

A  ma  demande,  la  Commission  royale  des  Monuments 
avait  chargé  plusieurs  de  ses  membres  de  visiter  la  vieille 
église  d'Attert,  exemple  intéressant  et  très  rare  dans  notre 
pays  d'une  construction  qui,  à  part  le  chœur  du  siècle 
dernier,  remonte  à  la  période  ogivale.  Les  trois  nefs,  d'égale 
hauteur,  et  recouvertes  par  une  seule  toiture,  appartiennent 
au  type  qu'en  Allemagne  on  désigne  sous  le  nom  d'église- 
halle. 

Le  rapport  de  la  Commission,  en  date  du  22  mars  1900, 
concluait  à  la  conservation  en  raison  de  sa  valeur  archéolo- 


—  3Î4  — 

gique,  au  moins  de  la  nef  existante  qu'on  transformerait  en 
chapelle  pour  le  cimetière. 

Quatre  années  se  sont  écoulées  :  l'œuvre  du  temps  s'accentue 
avec  d'aulant  plus  de  rapidité  que  du  côté  nord,  les  terres 
du  cimetière  ont  été  accumulées  contre  les  murs;  que  les 
toitures  n*onl  pas  de  gouttière  et  que  les  eaux  pluviales 
séjournent  au  pied  de  l'édifice  et  s'introduisent  sous  les 
fondations. 

Aucun  travail  d'entretien,  de  simple  réparation,  n'est 
effectué  et  il  ne  peut  plus  se  passer  longtemps  avant  que  la 
ruine  soit  complète.  Aucune  action  ne  s'exercera-t-elle  avant 
cela? 

En  dehors,  Messieurs,  des  questions  exposées  dans  le  rap- 
port dont  je  viens  d'avoir  l'honneur  de  vous  lire  une  grande 
partie,  il  y  a  encore  à  l'ordre  du  jour  une  question  très  impor- 
tante :  c'est  celle  qui  concerne  la  construction  d'une  église 
à  Arlon.  C'est  une  question  qui,  depuis  très  longtemps,  est 
disculée  et  qui  a  été  retardée  jusqu'ici  par  suite  de  diverses 
circonstances  :  question  d'emplacement,  question  d'argent, 
mais  l'accord  parait  s'être  établi  définitivement  entre  le 
Gouvernement,  la  ville  et  la  province. 

M.  le  Ministre  des  Finances  a  prié  M.  le  Gouverneur  du 
Luxembourg  d'interroger  noire  Comité  sur  les  trois  points 
que  voici  :  quel  serait  le  style  à  adopter;  quels  seraient  les 
matériaux  à  employer,  et  quelle  serait  l'orientation  à  donner 
au  monument? 

Je  vais  résumer  la  question,  afin  de  gagner  du  temps. 

Une  très  longue  discussion  a  eu  lieu  au  sujet  du  plan,  et 
l'on  s'est  mis  d'accord  pour  l'adoption  du  style  ogival  pri- 
maire du  xuc  ou  xni#  siècle.  La  situation  de  la  ville  d'Arlon, 


—  385  — 

qui  est  bâtie  sur  un  cône,  exige  non  seulement  un  peu 
l'élévation  des  terres,  —  c'est-à-dire  l'élévation  générale  du 
terrain,  —  mais  également  la  rigueur  du  climat  exige  l'emploi 
de  matériaux  solides  et  imperméables.  J'ai  renseigné  à  nos 
collègues  une  carrière  qui  est  ouverte  depuis  quelque  temps  : 
la  carrière  de  Jamoigne,  qui  semble  donner  de  très  bons 
produits.  M.  Van  de  Wyngaert,  un  de  nos  collègues,  a 
parlé  de  la  carrière  de  Montourdon  et  a  fourni  certains 
renseignements  à  ce  sujet.  Nous  transmettrons  ceux-ci  à 
MM.  les  Ministres  de  la  Justice  et  des  Finances.  Sur  ce  point 
l'accord,  après  discussion,  a  paru  devenir  parfait,  c'est-à-dire 
en  ce  qui  concerne  la  question  des  matériaux. 

Pour  la  question  d'orientation,  l'accord  n'a  pas  été  aussi 
facile;  on  a  cherché  cependant  à  concilier  les  désirs  de  la 
Commission  royale  des  Monuments  avec  les  nécessités  du 
terrain.  Nous  nous  sommes  rendus  sur  les  lieux  et  nous 
avons  reconnu  qu'en  reculant  quelque  peu  l'église  vers 
l'ouest,  elle  y  serait  mieux  que  placée  sur  le  terrain  que  vous 
connaissez  et  qui  est  un  peu  creux,  dirai-je.  On  placerait 
l'église  sur  la  hauteur,  où  elle  dominerait,  et  on  se  confor- 
merait ainsi  à  la  tradition  d'orientation. 

A  celte  réunion  du  10  septembre,  à  part  MM.  Wilmart  et 
Déome,  empêchés,  et  qui  avaient  donné  leur  manière  de 
voir  par  écrit,  le  Comité  était  au  grand  complet. 

MM.  Ensch-Tesch, bourgmestre  d'Arlon,  et  Lefèvre,  prési- 
dent du  Tribunal  et  du  conseil  de  fabrique  de  l'église  de 
Saint-Martin,  à  Arlon,  s'y  étaient  joints  sur  invitation  spé- 
ciale. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  reproduire  ci-dessous 
le  procès- verbal  de  cette  réunion,  qui  expose,  en  les  résumant 


-  326  — 

exactement,  les  opinions  exprimées  au  cours  de  la  discussion 
et  des  conclusions  finalement  adoptées. 

Comité  provincial  de  la  Commission  royale  des  Monuments. 


SÉANCE   DU   10  SEPTEMBRE   1903. 

M.  le  Gouverneur  fait  connaître  qu'il  a  eu  récemment  on 
entretien  avec  M.  le  Ministre  des  Finances  au  sujet  de  la 
construction  de  la  nouvelle  église  à  Àrlon  et  que  ce  haut 
fonctionnaire  a  émis  l'idée  de  consulter  le  Comité  des  corres- 
pondants de  la  Commission  royale  des  Monuments  au  sujet 
du  choix  des  matériaux  à  employer,  du  style  et  de  l'orien- 
tation de  l'édifice. 

Pour  sa  part,  il  estime  que  le  style  gothique  conviendrait 
tout  spécialement,  non  pas  le  gothique  flamboyant  du 
xiv*  siècle,  mais  le  gothique  primaire  du  xir  siècle. 

On  pourrait  donner  à  l'édifice  une  entrée  principale  vers 
la  rue  Francq  et  l'avenue  J.-B.  Nolhomb. 

M.  le  comte  de  Limburg  croit  qu'il  faut  laisser  le  choix 
du  style  à  l'architecte  qui  dressera  les  plans 

M.  Ensch  fait  savoir  que  l'église  devrait  èlre  vue  :  4°  de 
la  ville  cT Arlon;  2*  de  la  rue  Francq;  3°  de  l'avenue 
J.-B.  Nolhomb  en  venant  des  bureaux  de  la  Direction  des 
contributions. 

M.  le  Gouverneur  propose  de  visiter  les  lieux  avant  de 
continuer  la  discussion  quant  à  l'emplacement. 

M.  Ensch  pense  que  l'on  pourrait,  dès  maintenant,  discuter 
la  question  du  style  de  la  nouvelle  église.  Pour  sa  part,  il 


-  557  — 

n'est  pas  partisan  du  style  gothique  parce  que  le  Palais  de 
Justice  est  déjà  de  cette  période,  qu'il  faut  varier  et  adopter 
plutôt  le  roman,  qui  permettrait,  d'ailleurs,  de  faire  une 
entrée  sur  le  côté  de  l'avenue  J.-B.  Nothomb. 

Il  reconnaît  que  le  gothique  est  plus  beau,  mais  à 
raison  de  notre  climat,  les  fleurons  ne  résisteraient  pas 
longtemps  aux  intempéries.  On  en  a  l'exemple  au  Palais  de 
Justice. 

M.  le  Gouverneur  répèle  qu'il  ne  s'agit  pas  du  gothique 
flamboyant  mais  du  gothique  primitif  ou  ogival.  Il  cite 
l'exemple  de  l'église  d'Elhe  dont  les  moulures  et  les  fleurons 
sont  tombés.  Les  matériaux  employés  en  sont  également 
cause,  la  pierre  ne  résiste  pas  à  la  gelée. 

M.  Cupper  est  aussi  d'avis  qu'il  faut  éviter  le  gothique 
des  xiva  et  xv*  siècles.  Le  premier  gothique  convient  spécia- 
lement dans  nos  Ardennes,  l'architecture  du  xue  et  du 
xiu0  siècle  répond  en  toutes  choses  à  sa  destination.  Elle 
élève  l'âme  des  fidèles.  Arlon  possède  déjà  une  église  romane, 
celle  des  RR.  PP.  Jésuites,  il  convient  donc  d'employer  le 
style  préconisé  par  M.  le  Gouverneur  et  l'architecte  pourra 
tirer  parti  des  difficultés  du  terrain  en  plaçant  un  portail 
principal  du  côté  de  la  rue  Francq. 

Il  cite  l'exemple  de  l'église  de  Laroche,  de  construction 
récente  et  l'une  des  plus  belles  de  la  province. 

M.  le  comte  de  Liroburg-Stirum  dit  que  l'on  pourrait 
s'inspirer  de  ce  qui  a  été  fait  pour  l'église  de  la  célèbre 
abbaye  d'Orval,  dont  les  restes  attestent  le  style  gothique  le 
plus  pur  à  son  début,  à  l'époque  de  transition  entre  le  roman 
et  le  gothique. 

M.  le  Gouverneur  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Wil- 


—  358  — 

roart,  qui  est  empêché  d'assister  à  la  séance  et  qui  transmet 
son  avis  par  écrit  dans  les  termes  suivants  : 

c  En  ce  qui  concerne  le  style  à  préconiser,  j* aurais 
été  partisan  de  l'époque  médiévale  et  particulièrement  du 
xm1  siècle. 

*  Le  caractère  de  cette  époque  répondrait  par  la  simplicité 
de  ses  lignes  aux  exigences  du  climat,  tout  en  permettant 
une  décoration  assez  riche  pour  un  monument  de  celte 
importance. 

»  Quant  à  l'orientation,  je  pense  que  l'étude  très  sérieuse 
faite  par  un  architecte  connaissant  bien  les  ressources  qu'offre 
l'art  du  moyen  âge,  montrera  la  possibilité  de  concilier  la 
nécessité  d'une  entrée  monumentale  avec  la  présentation 
d'une  façade  latérale  parallèle  à  l'avenue. 

»  Cet  art,  en  effet,  possède  ces  mérites  particuliers  de 
laisser  à  l'architecte  une  grande  liberté  dans  les  combinai- 
sons que  lui  impose  la  nature  des  lieux.  C'est,  dans  le  cas 
présent,  une  raison  de  plus  en  sa  faveur. 

»  Du  reste,  l'orientation  ne  trouve  pas  seulement  sa  justi- 
fication dans  une  longue  tradition  toujours  respectable  et 
appuyée  sur  des  données  liturgiques,  mais  aussi  dans  des 
motifs  d'ordre  purement  matériels. 

»  En  effet,  le  vaisseau  se  trouvant  dirigé  vers  l'est,  on 
évitera  que  sa  façade  la  plus  longue  soit  exposée  à  l'ouest, 
toujours  si  pernicieux  à  cause  des  pluies,  des  neiges  et  des 
vents  humides  et  très  fréquents  dans  nos  contrées.  La 
question  des  matériaux,  enfin,  jouera  un  rôle  important 
tant  au  point  de  vue  de  la  tonalité  générale  de  l'œuvre  qu'au 
point  de  vue  de  la  résistance  et  de  la  durée. 

»  Notre  Comité,  me  parait-il,  a  le  devoir  d'empêcher  toute 


—  349  — 

tentative  d'économie  mal  entendue  au  détriment  de  leur 
qualité. 

»  Il  ferait  œuvre  utile  également  en  renseignant  à  M.  le 
Ministre,  sur  ravis  des  hommes  compétents  et  expérimentés 
qui  ne  manquent  pas  autour  de  nous,  les  constructions  déjà 
existantes  dans  notre  province  et  qui  font  leurs  preuves  à 
cet  égard. 

»  Ce  point  particulier  des  matériaux  mériterait,  semble-l-il, 
un  peu  plus  de  temps  pour  être  examiné  en  connaissance  de 
cause.  Chacun  d'entre  nous  pourrait,  pour  une  séance  ulté- 
rieure, s'entourer  d'éléments  d'appréciation.  » 

M.  Déome  a  fait  également  connaître  sa  manière  de  voir 
par  écrit  : 

D'après  lui,  le  style  ogival  est  incontestablement  celui  qui 
convient  le  mieux  à  un  édifice  religieux,  mais  le  roman 
permet  de  construire  avec  beaucoup  plus  de  solidité  et  de 
manière  à  n'avoir  que  très  peu  de  frais  d'entretien.  L'église 
de  Berlrix  est  d'un  style  roman  pur,  on  pourrait  la  voir 
avant  de  décider. 

Il  serait  important  de  faire  choix  de  matériaux  aussi 
imperméables  que  possible,  car  l'humidité  est  le  plus  grand 
ennemi  des  édifices,  surtout  dans  notre  contrée. 

M.  Kurih  se  rallie  entièrement  à  l'avis  émis  par  M.  Wilmart. 
II  ne  comprendrait  pas  que  nous  eussions  un  autre  style  que 
le  gothique  pour  1  église  d'Arlon  On  ne  peut  évidemment 
songer  à  construire  des  édifices  comme  la  Sinl-Lorenzkirche, 
de  Nuremberg,  mais  on  peut  adopter  une  variété  de  gothique 
pur  et  si  le  gothique  du  Palais  de  Justice  est  critiquable,  il 
faut  au  moins  respecter  les  bonnes  intentions  du  construc- 
teur. 


—  530  — 

Le  gothique  est  le  style  national,  le  roman  marque  bien 
une  tendance  vers  le  gothique,  mais  celui-ci  donne  le  maxi- 
mum en  fait  d'art.  On  ne  connaît  pas  d'école  romane,  mais 
on  a  l'école  gothique  de  Saint-Luc,  pour  retrouver  les 
anciennes  traditions.  On  a  comme  exemple,  notamment, 
les  splendides  bâtiments  construits  à  Maredsous. 

Arlon  est  construit  en  pyramide,  les  tours  élancées  lui 
conviennent  mieux  que  les  tours  romanes,  qui  sont  trop 
écrasées. 

Il  espère  bien  que  la  tour  de  l'église  Saint-Martin  sera 
conservée  malgré  la  nouvelle  construction. 

Il  faut  donc  écarter  le  roman  pour  préférer  le  gothique 
du  xii'-xiii*  siècle.  L'emploi  du  flamboyant  n'est  pas  néces- 
saire, il  faut  éviter  les  dentelles  fragiles  qui  existent  dans 
certains  monuments  de  l'intérieur  du  pays,  tels  que  l'Hôtel 
de  ville  de  Louvain. 

Le  gothique  du  début  est  d'une  simplicité  absolue;  il 
résiste  parfaitement  à  l'action  du  temps  et  l'église  Saint- 
Christophe,  à  Liège,  est  un  des  plus  beaux  édifices  connus 
qui  marquent  l'époque  de  la  transition. 

M.  Ensch-Tesch  se  rallie  également  à  ce  choix. 

M.  Lefèvre,  Président  du  conseil  de  fabrique  de  I  église 
Saint-Martin,  est  du  même  avis. 

M.  Van  de  Wyngaert  propose  d'exposer  les  desiderata  du 
Comité  à  M.  le  Ministre. 

M.  Ensch-Tesch  désire  encore  présenter  une  observation 
quant  au  revêtement  intérieur  de  l'église.  Il  désire  que 
l'appareil  soit  entièrement  ou  autant  que  possible  apparent, 
afin  d'éviter  le  plâtrage  et  la  polychromie. 

M.  le  Gouverneur  soumettra  donc  au  Ministre  l'accord 


—  531  — 

unanime  du  Comité  sur  le  slyle  du  xne  et  xm*  siècle,  avec 
une  entrée  latérale  donnant  sur  la  rue  Francq. 

M.  le  Bourgmestre  recommande  d'avoir  égard  à  la  situation 
financière  de  la  ville  d'Arlon,  laquelle  ne  saurait  supporter 
plus  que  sa  part  d'intervention  fixée  à  1 50,000  francs. 

M.  le  Gouverneur  promet  de  faire  son  possible  pour  con- 
cilier tous  les  intérêts  en  présence. 

On  aborde  ensuite  la  question  des  matériaux  à  employer. 

M.  le  comte  de  Limburg-Stirum  insiste  sur  la  question  de 
la  tonalité  de  la  pierre  à  employer  dans  tous  les  édifices 
luxembourgeois;  il  faut  tenir  compte  de  la  région  jurassique 
et  des  excellents  matériaux  qu'elle  contient.  On  ferait  un 
édifice  disparate  en  employant  dans  cette  contrée  du  calcaire. 
Il  conseille  d'employer  la  véritable  pierre  ardennaise  de 
qualité  supérieure. 

M.  Van  de  Wyngaert  cite  les  carrières  de  Montourdon. 

M.  Tandel,  celles  de  Jamoigne  et  de  Glairefontaine. 

M.  le  Gouverneur  fait  remarquer  que  les  pierres  de 
Montourdon  deviennent  noirâtres  et  que  les  bancs  n'ont  pas 
d'épaisseur.  Il  est  d'avis  de  prendre  les  matériaux  autant 
que  possible  dans  la  province  sinon  dans  le  pays. 

Pour  le  gros  œuvre,  le  granitau  besoin  ;  pour  les  moellons, 
la  pierre  de  Jamoigne.  Il  fait  apporter  un  bel  échantillon  de 
celte  pierre,  laquelle  ressemble  beaucoup  à  celle  de  Laro- 
chelte  (G.  D.)  et  de  Goberlange. 

M.  le  Bourgmestre  dit  que  la  pierre  de  Jamoigne  est  celle 
qui  a  servi  à  construire  Orval. 

M.  le  comte  de  Limburg-Stirum  trouve  que,  dans  ces 
conditions,  elle  devrait  être  adoptée  ou  une  autre  pierre  de 
la  région. 


—  33*  — 

M.  Kurth  appuie  la  proposition  et  dit  que  Ton  a  tout 
avaolage  à  se  servir  de  la  pierre  de  la  région. 

M.  Lefèvre  parle  du  presbytère  et  fait  prévoir  qu'il  doit 
être  construit  pour  un  doyen  et  deux  vicaires  et  plus  si 
possible,  pour  la  paroisse  qui  peut  avoir  7,000  âmes. 

M.  le  Gouverneur  promet  qu'il  en  sera  tenu  compte  et 
que,  de  plus,  il  tiendra  un  échantillon  de  la  pierre  de 
Jamoigne  à  la  disposition  de  M.  le  Ministre. 

M.  le  Bourgmestre  fait  connaître  que  le  conseil  communal 
d'Arlon  a  émis  le  vœu  de  voir  confier  les  plans  et  devis  à 
M.  l'architecte  Van  de  Wyngacrl  fils,  qui  est  favorablement 
connu  et  a  déjà  produit  une  foule  de  projets  qui  ont  été 
exécutés  à  la  satisfaction  de  tous. 

Il  cite  notamment  la  gare  d'Arlon,  les  églises  de  Weyler, 
de  Frassem,  de  Tœrnich,  le  château  de  M.  Jules  Tesch,  à 
Messancy,  et  le  monument  érigé  en  mémoire  de  feu  M.  le 
baron  Ed.  Orban  de  Xivry. 

Il  y  a  une  quinzaine  d'années,  il  avait  même  fait  un  projet 
pour  l'église  d'Àrlon  et  son  travail  ne  lui  a  pas  été  payé. 

M.  le  Gouverneur  fera  part  à  M.  le  Ministre  du  vœu  émis 
par  le  conseil  communal  d'Arlon;  mais  il  pense  que  ie 
Gouvernement  ainsi  que  la  Commission  royale  des  Monu- 
ments ont  l'intention  de  mettre  le  projet  dont  il  s'agit  au 
concours. 

M.  Gupper  propose  aussi  de  mettre  ce  projet  au  concours. 

M.  le  Bourgmestre  maintient  sa  proposition  pour  le  cas 
où  il  n'y  aurait  pas  de  concours.  Il  pense  qu'il  faut  se  méfier 
des  architectes  étrangers  en  raison  de  leur  peu  de  connais- 
sance du  climat  et  de  ses  exigences,  des  matériaux  du  pays, 
des  ouvriers  et  de  leur  mode  de  travail,  d'autant  plus  que 


—  333  — 

la  ville  possède  un  architecte  local  dont  la  réputation  est 
établie. 

M.  Lefèvre  fait  connaître  qu'il  n'y  a  pas  d'opposition  de 
la  part  du  conseil  de  fabrique  de  l'église  Saint-Martin. 

On  se  rend  ensuite  sur  les  lieux  pour  examiner  la  question 
de  remplacement  et  de  l'orientation. 

On  est  unanimement  d'accord  pour  donner  à  la  nouvelle 
église  l'orientation  classique,  de  l'est  à  l'ouest,  avec  une 
entrée  latérale  du  côté  de  l'avenue  J.-B.  Nothomb,  soit  dans 
le  transept,  soit  dans  une  autre  partie  de  l'église. 

On  est  d'avis  que  l'emplacement  choisi  ne  convient  pas 
complètement  pour  la  construction  d'une  église  qui  aurait 
devant  elle  une  élévation  du  sol  sur  laquelle  se  trouvent 
déjà  plusieurs  maisons  et  aussi  les  terrains  que  la  ville  se 
propose  de  vendre  comme  place  à  bâtir. 

Du  côté  de  l'est  elle  aurait  les  bâtiments  du  Gouvernement 
provincial  et  celui  des  Archives  de  l'État. 

L'église  serait  donc,  à  un  certain  point  de  vue,  dans  un 
fond  et  pour  la  placer  au  niveau  de  l'avenue  J.-B.  Nothomb, 
il  faudrait  construire,  outre  des  fondations  profondes  dans 
des  terrains  amenés,  une  crypte  fort  coûteuse. 

Il  conviendrait  donc  d'avancer  l'édifice  sur  la  hauteur 
pour  éviter  tous  ces  inconvénients. 

Il  serait  alors  sur  le  point  culminant*  dominerait  de  toute 
part,  serait  vu  de  toutes  les  directions  et  il  se  grouperait 
d'une  manière  pittoresque  avec  les  maisons  déjà  construites 
du  nouveau  quartier  et  celles  qui  ne  tarderont  pas  à  s'élever 
autour  de  la  future  église. 

Dans  les  plans  déjà  produits  pour  les  expropriations,  il 
y  aurait  lieu  de  comprendre  encore  la  propriété  Falen  dont 


—  334  — 

le  coùl  ne  dépasserait  certainement  pas  celui  de  la  crypte 
qui  devrait  être  construite  si  le  choix  du  premier  empla- 
cement devait  prévaloir. 

M.  le  Bourgmestre  se  rallierait  volontiers  à  la  manière  de 
voir  du  Comité  si  l'État  voulait  tenir  compte  à  la  ville  d'Arlon 
de  la  perte  qu'elle  subirait  par  l'expropriation  nouvelle  et 
des  terrains  qu  elle  ne  pourrait  plus  vendre,  si  la  nouvelle 
combinaison  était  admise. 

Il  est  également  convaincu  que  l'église  gagnerait  beaucoup 
au  point  de  vue  esthétique. 

Le  Comité  décide  que  ses  observations  seront  transmises 
à  M.  le  Ministre  et  à  la  Commission  royale  des  Monuments. 

pour  le  comité  :  Le  Président, 

Le  Secrétaire  adjoint,  (Signé)  Cu  de  Briey. 

(Signé)  J.-B.  SlBENALER. 

Voilà,  Messieurs,  où  nous  en  sommes  à  ce  sujet.  11  est  à 
espérer  que  bientôt  la  question  sera  résolue  complètement 
et  à  la  satisfaction  générale. 

Je  ne  vous  dirai  rien  de  l'inventaire. 

M.  le  Président.  —  Nous  allons  en  parler. 

Mais,  avant  de  le  faire,  nous  remercions  M.  Tandel  pour 
son  exposé.  Nous  espérons  bien  l'entendre  encore  le  plus 
souvent  possible. 

Quant  à  la  question  de  l'église  d'Arlon,  nous  espérons 
qu'elle  sera  résolue  bientôt.  Certainement,  la  Commission 
royale  des  Monuments  est  à  la  disposition  de  M.  le  Ministre 
de  la  Justice,  s'il  jugeait  utile  de  la  consulter  à  ce  propos. 

La  parole  est  à  M.  le  rapporteur  de  la  province  de  Naraur. 


—  53»  — 


PROVINCE  DE  NAMUR 


M.  Dardenne,  rapporteur: 

Messieurs, 

Ad  cours  de  Tannée  qui  s'achève,  noire  Comité  ne  se 
réunit  que  deux  fois  et  encore  n'eut- il  à  examiner  que  des 
affaires  de  médiocre  importance.  Ce  sont  : 

a)  Construction  d'une  église  à  Naomé  ; 

b)  Travaux  divers  exécutés  aux  églises  et  presbytères  do 
Havelnnge  et  de  Balàtre  ; 

c)  Ameublement  des  églises  de  Pessoux,  Bioul  et  Somme- 
Leuze ; 

d)  Vitraux  pour  l'église  de  Biesme; 

e)  Restauration  des  églises  de  Saint-Denis  et  Houdremont. 
Il  faut  bien  en  convenir,  ce  n'est  pas  là  une  somme  de 

travail  considérable;  c'est  qu'un  moment  d'arrêt  se  mani- 
festa dans  notre  province,  tant  pour  la  construction  que 
pour  l'ameublement  des  édifices  du  culte.  Cela  ne  doit  pas 
étonner,  après  la  vive  impulsion  qui  leur  fut  donnée  durant 
trente  ans.  Nous  en  avons  donné  la  preuve  dans  un  de  nos 
précédents  rapports,  en  relevant  et  le  nombre  et  la  nature 
des  travaux  entrepris  et  en  supputant  les  sommes  qui  y 
furent  consacrées.  Inutile  de  revenir  sur  ce  point  ;  mais  nous 
espérons  être  mieux  documentés  pour  notre  prochaine 
réunion;  plusieurs  projets  d'églises  et  même  d'une  certaine 
importance  sont  déjà  en  voie  d'instance  ou  d'instruction. 


—  336  ^ 

D'autre  part,  les  grandes  restaurations  de  la  cathédrale  de 
Namur,  des  collégiales  de  Diuanl  et  de  Walcourt  sont  ou  bien 
terminées  ou  bien  se  continuent  régulièrement,  les  travaux 
de  la  collégiale  d'Andenne  sont  en  cours  d'exécution. 

C'est  avec  une.  bien  vive  satisfaction  que  nous  avons 
constaté,  ces  tout  derniers  jours,  l'achèvement  de  la  réfection 
de  la  flèche  de  Dinant;  débarrassée  de  ses  derniers  échafau- 
dages, elle  se  montre  aujourd'hui,  fraîche  et  pimpante,  dans 
tout  l'éclat  de  sa  jeunesse.  D'ici  quelques  mois,  lorsque  les 
agents  atmosphériques  auront  patiné  sa  parure,  elle  s'harmo- 
nisera comme  jadis  avec  le  beau  paysage  qui  l'encadre  à  la 
grande  satisfaction  de  tous,  artistes,  archéologues  et  touristes. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  signalerons  avec  bon- 
heur la  mise  en  train  des  travaux  de  la  *  Porte  de  Laval  à 
Bouvignes  » .  La  tour  est  déblayée,  la  courtine  se  débarrasse 
peu  à  peu  du  tas  de  décombres  qui  la  surchargeait.  Il  nous  a 
paru  que  certaine  brèche  constatée  à  notre  dernière  visite 
s'jesl  quelque  peu  agrandie,  —  puissant  argument  en  faveur 
de  l'urgence  des  travaux  de  conservation,  —  mais  c'est  là  le 
dernier  terme  de  la  dégradation.  Les  Bâtiments  civils,  chargés 
de  celle  restauration  ou  plutôt  de  ce  sauvetage,  ont  compris 
l'importance  de  leur  mission  ;  ils  conduiront  l'œuvre  à  bonne 
fin,  dans  le  plus  bref  délai  possible,  et,  soyons  en  certains, 
de  façon  à  donner  complète  satisfaction  à  tous  ceux  qui 
s'intéressent  à  ces  précieux  débris. 

Tel  est  le  tableau  complet  des  travaux  exécutés  ou  en 
cours  dans  notre  province  ;  s'ils  ne  sont  ni  plus  nombreux 
ni  plus  importants,  c'est  que  les  besoins  locaux  n'en  onl 
point  suscité  d'autres.  Cependant,  si  tous  les.  intéressés  se 
conformaient  aux  instructions,  circulaires  et  règlements,  il 


—  337  — 

est  bien  des  projets  qui  devraient  nous  être  soumis.  Nous 
voulons  surtout  parler  des  travaux  décoratifs  entrepris  dans 
nos  églises,  mode  du  jour  et  objet  d'engouement  de  notre 
clergé  et  de  ses  fabriciens,  peintures  murales,  vitraux, 
statues,  chemins  de  croix,  etc.  Or,  malgré  tout,  ces  œuvres 
qui  souvent  n'ont  qu'une  parenté  très  éloigpée  avec  l'art,  ces 
œuvres,  disons-nous,  s'introduisent  clandestinement  dans 
nos  églises.  Sous  prétexte  de  dons  volontaires,  de  souscription 
publique,  de  généreuse  intervention  particulière,  on  exécute 
ces  divers  travaux  dans  nos  églises,  aussi  bien  urbaines  que 
rurales,  sans  aucune  espèce  d'autorisation  préalable,  malgré 
les  stipulations  formelles  des  règlements  spéciaux  sur  la 
matière,  sans  surveillance  spéciale,  sans  réception  compé- 
tente. Aussi  avons  nous  applaudi,  —  et  de  tout  cœur,  —  à 

la  circulaire  du  14  septembre  dernier,  n°  745489  ;  n'oublions 
pas  toukfois  que  les  plus  belles  circulaires  restent  lettres 
mortes  si  elles  ne  s'appuient  sur  une  sanction  suffisante,  si 
elles  n'ont  pour  corollaire  des  mesures  répressives  nettement 
arrêtées,  énergiquement  appliquées.  Si  nous  pouvions,  grâce 
au  concours  de  la  Commission  centrale,  arriver  à  refréner 
cette  intempestive  manie  décorative,  à  interdire  ces  travaux 
entrepris  sans  autorisations,  conduits  sans  plans,  reçus  sans 
contrôle,  nous  estimerions  avoir  rendu  un  immense  service  à 
notre  pays.  Notons  que,  dans  la  plupart  des  cas,  l'art 
n'intervient  que  pour  une  part  bien  minime  dans  ces  travaux 
dits  artistiques  et,  dans  bien  des  cas,  on  aurait  pu,  soit  en 
prenant  une  autre  voie,  soit  en  adoptant  un  autre  projet, 
obtenir,  sans  grande  augmentation  de  dépense,  une  œuvre 
d'un  caractère  plus  élevé,  plus  digne  et,  disons  franchement 
notre  pensée,  plus  chrétien. 


—  338  — 

Nous  avons  également  applaudi  à  la  circulaire  du  6  cou- 
rant relative  à  la  restauration  de  tableaux  ou  d'oeuvres 
d'art.  Toutefois,  pour  nous,  qui  vivons  assez  éloignés  des 
centres  artistiques,  nous  manquons  de  ces  mille  occasions  de 
connaître  ou  d'apprécier  les  talents  ou  les  spécialités,  nous 
sommes  souvent  embarrassés  pour  répondre  à  une  sollici- 
tation d'avis  et  désigner  un  artiste  compétent  pour  tel  sujet 
présenté.  Malgré  les  difficultés  qui  se  présenteraient  dans  la 
pratique,  malgré  les  inévitables  froissements  qui  en  résulte- 
raient, il  nous  est  avis  qu'une  liste  de  restaurateurs  d'œuvres 
d'art,  avec  indication  de  leurs  spécialités,  rendrait  grand 
service  à  nombre  d'administrateurs  ou  de  fabriciens.  Mais 
ce  n  est-là,  hâtons-nous  de  le  dire,  qu'un  petit  détail  d'exé- 
cution ;  au  moins,  dès  aujourd'hui,  les  détenteurs  d'œuvres 
d'art  du  patrimoine  commun  qui  désirent  en  assurer  la 
conservation,  savent  à  quel  contrôle  ils  doivent  se  sou- 
mettre. 

Qu'il  nous  soit  permis,  pour  terminer,  d'adresser  un 
sympathique  adieu  à  l'Exposition  de  Dinant,  dont  les  portes 
sont  bien  près  de  se  fermer;  envoyons  un  dernier  et  cordial 
salut,  d'une  part  à  ces  chefs-d'œuvre  revenus  de  tous  les 
coins  du  pays  et  du  monde  à  leur  berceau  d'origine,  comme 
ces  enfants  qui  reviennent  au  foyer  paternel  aux  grands 
anniversaires  commémoralifs  de  la  famille  et,  d'autre  part, 
salut  aussi  à  cette  pléiade  d'œuvres  remarquables  inspirées 
par  nos  illustres  batteurs  ou  fondeurs  dinantais.  Celte  expo- 
sition a  du  moins  fait  revivre  pendant  quelques  mois  le 
souvenir  d'une  industrie  qui  joua  jadis  un  grand  rôle  dans 
l'ornementation  de  nos  édifices  publics,  dans  l'ameublement 
de  nos  maisons  particulières.  Honneur  aux  promoteurs  de 


—  359  — 

celle  entreprise  réellement  nationale,  honneur  à  leurs  efforts, 
honneur  à  leur  succès! 

M.  le  Président.  —  Nous  vous  remercions,  Monsieur  Dar- 
denne,  pour  voire  beau  rapport.  Nous  sommes  tout  à  fait  de 
votre  avis  en  ce  qui  concerne  les  conditions  imposées  par  les 
dons  faits  à  certaines  églises,  par  exemple,  celle  de  confier  une 
besogne  à  certaines  personnes  déterminées  d'avance.  Il  y  a 
là  un  abus  qui,  malheureusement,  échappe,  comme  tant 
d'autres,  à  toute  sanction.  Sous  ce  rapport,  la  sanction 
manque  pour  atteindre  les  curés  qui,  contrairement  à  tout, 
ce  que  l'on  pourrait  leur  dire,  introduisent  clandestinement 
dans  les  églises  des  œuvres  mauvaises  au  point  de  vue  de 
l'art.  Nous  ne  pouvons  pas,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure, 
les  mettre  entre  deux  gendarmes.  {Rires.)  , 

Vous  avez,  dans  votre  rapport,  Monsieur  Dardenne,  émis, 
un  vœu  qui  me  parait  assez  dangereux.  Il  est  certain  que  nous 
serions  plus  à  même,  par  exemple  à  Bruxelles,  à  Anvers 
qu'ailleurs,  de  connaître  des  spécialistes  :  mais,  adressez- 
vous  à  nous  officieusement,  pas  officiellement.  On  peut,  en 
effet,  se  dire  tant  de  choses  à  l'oreille,  alors  qu'on  ne  peut 
pas  le  faire  en  quelque  sorte  publiquement. 

En  ce  qui  concerne  l'exposition  de  Dinant,  je  crois  me 
faire  l'écho  de  tous  ici  en  félicitant  parmi  les  organisateurs 
de  cette  exposition,  qui  a  été,  en  effet,  des  plus  remar- 
quables, notamment  M.  le  bourgmestre  Le  Boulengé,  notre 
savant  correspondant  M.  le  baron  del  Marmol  et  M.  Destrée, 
l'éminent  conservateur  des  Musées  royaux,  etc.  Qu'on  s'en 
inspire,  comme  l'a  dit  tout  à  l'heure  M.  le  Ministre  de  la 
Justice.  Elle  a  été  particulièrement  admirée;  elle  a  fait 


—  340  - 

honneur  à  Dînant,  à  la  province  de  Namur,  à  la  patrie  tout 
entière. 

Je  suis  persuadé,  Messieurs,  que  vous  vous  joindrez  à 
nous  pour  féliciter  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  l'expo- 
sition de  Dinant,  du  magnifique  résultat  auquel  ils  ont 
abouti.  {Applaudissements). 

Nous  arrivons,  Messieurs,  au  troisième  objet  de  notre 
ordre  du  jour  :  «  Inventaires  des  objets  d'art  appartenant 
aux  établissements  publics  • .  Celte  question  sera,  je  pense, 
rapidement  examinée,  parce  que,  lors  de  notre  réunion  du 
26  septembre  dernier,  les  délégués  de  la  plupart  de  nos 
Comités  ont  exposé  à  ce  sujet  leurs  desiderata.  II  y  a  eu, 
à  celte  occasion,  une  discussion  très  approfondie.  Vous  serez 
probablement  d'avis  d'admettre  les  résolutions  qui  y  ont  été 
prises.  Je  vais  vous  en  donner  lecture.  Si  quelqu'un  désire 
la  parole  à  ce  sujet,  je  la  lui  accorderai,  mais  je  pense  que 
vous  pourrez  vous  rallier  aux  conclusions  telles  qu'elles  ont 
été  formulées  par  l'assemblée  dont  je  viens  de  parler.  II  en 
résulterait,  je  crois,  un  très  grand  bien. 

Examinant  successivement  les  diverses  questions  à 
résoudre,  l'assemblée  s'arrête  aux  dispositions  suivantes  : 
€  Le  type  à  adopter  semble  devoir  être  celui  de  l'ouvrage 
de  même  nature  édité  par  M.  Clemen  pour  les  provinces 
rhénanes.  Le  format  devra  être  identique  pour  toutes  les 
provinces;  celui  du  Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne^ 
à  deux  colonnes,  de  M.  Chabrol,  pourrait  être  choisi,  mais 
l'impression  serait  faite  au  moyen  de  caractères  un  peu  plus 
grands.  Il  sera  utile  de  donner  une  petite  histoire  des  loca- 
lités el  une  monographie  sommaire  des  édifices  comme 


—  341  -^ 

préface  à  fin ven taire  des  objets  d'art  qu'ils  renferment; 
dans  le  genre  de  ce  qu'a  fait  M.  Glemen  avec,  si  possible, 
des  plans  généraux  des  édifices. 

Il  parait  indispensable  d'illustrer  la  publication  par  la 
reproduction  des  principaux  objets  inventoriés.  L'inventaire 
devra  être  divisé  en  quatre  chapitres,  savoir  :  1°  histoire 
sommaire  de  la  paroisse;  2*  monographie  abrégée  de  l'édi- 
fice; 3"  inventaire  des  objets  d'art  qu'il  renferme;  4°  index 
bibliographique  avec  indication  des  sources.  L'ordre  à  suivre 
pour  la  publication  devra  être  l'ordre  régional  par  canton 
avec  rappel  de  l'influence  spéciale  à  la  région;  on  suivra 
l'ordre  alphabétique  par  canton  administratif.  Par  ordre 
régional  on  entend,  par  exemple,  la  Flandre  maritime,  la 
région  mosane,  la  Gampine,  etc. 

Pour  qu'il  y  ait  de  la  précision  et  de  l'unité  dans  la  publi- 
cation, MM.  De  Ceuleneer  et  Donnet  veulent  bien  s'engager 
à  s'entendre  pour  rédiger  deux  types  d'inventaires,  l'un  pour 
une  petite  localité,  l'autre  pour  une  commune  importante, 
avec  illustrations.  Ils  soumettront  ces  types  à  la  Commission 
qui  les  examinera  et,  après  approbation,  les  enverra  à  toutes 
les  provinces  à  titre  de  modèles  à  suivre.  Il  est  entendu 
qu'avant  toute  publication,  un  Comité  de  rédaction,  composé 
de  deux  ou  de  trois  membres,  fera  la  revision  des  manuscrits. 

L'inventaire  sera  publié  par  livraisons  successives  et  par 
province.  Les  provinces  devraient  prendre  à  leur  charge 
les  frais  de  rédaction  de  l'inventaire  ;  l'État  devrait  se  charger 
des  frais  d'impression.  » 

Ce  qui  précède  a  été  adopté  à  l'unanimité  par  la  réunion 
du  26  septembre  précitée. 

J'ajoute  :  toutes  les  communes  ne  se  rattachent  pas  à  tme 


-  34J  - 

même  région  artistique,  d'une  façon  certaine.  S'il  y  a  doute, 
on  ne  parlera  dans  la  monographie  que  du  style  originel. 

Quant  à  la  précision  et  à  l'unité  de  la  publication,  voici 
qui  ralliera  certainement  tous  vos  suffrages. 

MM.  De  Geuleneer  et  Donnet,  dont  personne  ne  contestera 
la  compétence,  veulent  bien  s'entendre  pour  rédiger  deux 
types  différents  d'inventaires  ;  l'un  pour  les  petites  localités, 
l'autre  pour  les  grandes. 

M.  De  Ceuleneer  a  terminé  son  travail  ;  M.  Donnet  possède 
tous  les  éléments  du  sien.  Eh  bien  !  voilà  des  collègues  qui, 
ayant  presque  achevé  complètement  leurs  travaux,  con- 
sentent pourtant  à  les  reprendre  et  à  soumettre  chacun  leur 
type  à  la  Commission. 
Il  sera  entendu  qu'avant  toute  publication,  un  Comité 

!  composé  de  trois  ou  quatre  membres  fera  la  revision  des 

manuscrits.  Les  provinces  voudront  sans  doute  prendre  à 
leur  charge  une  part  dans  les  frais  de  publication.  L'État 

!  ferait  le  reste. 

I  Je  l'espère  :  l'assemblée  ratifiera  purement  et  simplement 

les  décisions  prises  samedi  dernier  par  l'assemblée  prépa- 
ratoire. 

M.  Tandel  (Àrlon).  —  Il  y  a  un  point  sur  lequel  il  me 
semble  que  l'on  pourrait  s'entendre  assez  facilement.  Vous 
dites,  Monsieur  le  Président,  que  les  provinces  devraient  se 
charger  d'une  partie  de  la  dépense. 

M.  le  Président.  —  C'est  un  vœu  ! 

M.  Tandel.  —  Est-ce  que  cela  doit  être  rémunéré?  Ne 
trouverez-vous  pas  des  personnes  qui  feront  ce  que  nous 
avons  fait,  par  exemple,  dans  le  Luxembourg?  Il  y  a 


—  345  — 

toujours»  dans  une  population,  beaucoup  de  personnes  qui 
consentiront  à  travailler  d'une  façon  désintéressée. 

H.  le  Président.  —  Ce  serait  la  perfection,  mais  peut-on 
l'espérer? 

M.  Tandel.  —  Il  me  semble  qu'en  faisant  appel  à  tous 
nos  collègues  il  s'en  présenterait  en  nombre  suffisant  pour 
faire  le  travail  sans  rémunération,  comme  cela  s'est  fait 
chez  nous. 

M.  le  Président.  —  On  dirait  que  vous  êtes  jaloux  de 
ne  pas  avoir  été  proposé  comme  modèle?  (Sourires). 

M.  Tandel.  —  En  abdiquant  toute  prétention,  nous  avons 
fait  appel  au  clergé,  aux  instituteurs,  aux  bourgmestres,  à 
toutes  les  personnes  compétentes;  nous  avons  réuni  ainsi 
des  documents  considérables.  Je  crois  que  ce  serait  le  mode 
le  plus  pratique  et  qui  nous  permettrait  d'arriver  au  résultat 
le  plus  complet. 

M.  le  Président.  —  C'est  un  point  qui  a  été  discuté  dans 
une  précédente  réunion  et  au  sujet  duquel  nous  avons  émis 
un  vœu. 

M.  Donnet  (Anvers).  —  Un  mot  seulement,  Messieurs, 
si  vous. le  permettez. 

Si  l'on  a  employé  la  méthode  dont  parlait  M.  Tandel, 
c'est-à-dire  adresser  un  questionnaire  aux  curés,  aux  insti- 
tuteurs et  aux  bourgmestres,  je  crois  pouvoir  dire  que  ce 
système  là  est  tout  à  fait  boiteux;  parce  que  l'on  est  obligé 
de  surveiller  soi-même  et  de  contrôler  la  moindre  indication 
donnée  soit  par  le  clergé,  soit  par  les  instituteurs,  soit  même 


—  344  — 

par  les  bourgmestres.  Il  serait  bien  pins  simple  de  faim 
soi-même  le  travail  que  de  s'entourer  des  lumières  des  dits 
curés,  instituteurs  ou  autres,  car  on  ne  peut  pas  se  fier  à  des 
rapports  faits  par  ces  autorités  locales. 

M.  lk  chanoine  Sosson  (Namur).  —  Je  pense,  quant  à 
moi,  que  M.  Donnet  a  raison.  Dans  le  Luxembourg,  sur 
l'initiative  du  commissaire  d'arrondissement,  on  a  fait  une 
œuvre  de  récolement,  mais  il  y  a  dans  cette  émunération 
tant  de  non-valeurs  qu'il  faudrait  au  moins  la  reviser. 

Quant  à  la  rémunération,  il  faut  compter  le  déplacement 
des  membres;  cela  me  parait  juste  et  équitable. 

M.  le  Président.  —  Oui,  je  crois  que  les  provinces  le 
comprendront  et  que  M.  Tandel  sera  du  même  avis. 

M.  le  chanoine  Sosson.  —  Nous  avons  essayé,  dans  le 
diocèse  de  Namur,  de  faire  un  inventaire.  Eb  bien!  il  faut 
que  nous  le  fassions  par  nous-mêmes  ;  nous  ne  pouvons  pas 
croire  les  instituteurs,  ni  même  les  prêtres  qui  n'ont  pas 
fait  d'études  spéciales;  ils  peuvent  attribuer  une  valeur  à 
des  choses  qui  n'en  opt  pas;  ce  sont  là  de  mauvais  témoins 
qui  sont  bien  plutôt  de  nature  à  nous  induire  en  erreur  sur 
beaucoup  de  points.  J'en  parle  par  expérience. 

* 

M.  le  Président.  —  Ces  paroles  venant  de  vous,  Mon- 
sieur le  chanoine,  ont  beaucoup  d'autorité. 

Messieurs,  je  vous  demanderai  si  vous  considérez  les 
décisions  précitées  comme  adoptées?  N'y  a-t-il  pas  d'objec- 
tion à  cet  égard? 

M.  Donnet  (Anvers).  —  Messieurs,  il  se  peut  très  bien 
que  les  membres  des  Comités  provinciaux  soient  dans  la 


—  545  — 

nécessité,  —  et  dans  ces  cas  il  y  aurait  des  frais,  —  de 
s'adjoindre  des  artistes  spéciaux;  par  exemple,  des  dessi- 
nateurs pour  lever  les  plans. 

M.  le  Président.  —  Gela  est  incontestable  ;  mais  corn* 
mençons,  si  vous  le  voulez  bien,  par  admettre  ceci  :  nous 
acceptons  de  tout  cœur  les  types  que  MM.  De  Geuleneer  et 
Don  net  veulent  bien  nous  fournir. 

M.  Van  den  Heovel,  Ministre  de  la  Justice.  —  Et  qu'on 
adopte  le  meilleur  format. 

M.  le  Président.  —  Et,  comme  M.  le  Ministre  de  la 
Justice  le  fait  observer  avec  raison,  qu'on  adopte  le  meilleur 
des  deux  formats. 

S'il  n'y  a  plus  d'objections  à  cet  égard,  je  considérerai 
comme  admises  à  l'unanimité  les  résolutions  dont  il  s'agit. 
(Adhésion.) 

Nous  passons  au  4°  de  l'ordre  du  jour  :  «  Qu'enseignent 
les  découvertes  des  peintures  murales  faites  dans  les  monu- 
ments de  la  Belgique?  »  (question  remise  à  l'ordre  du  jour 
en  vertu  de  la  décision  de  rassemblée  générale  du  26  octo- 
bre 1902). 

La  parole  est  à  M.  le  vice-président  Helbig,  toujours  si 
jeune  et  si  actif. 

M.  Helbig  (Liège).  —  Messieurs,  la  question  sur  laquelle 
M.  le  Président  m'a  prié  de  faire  rapport  est  une  question 
un  peu  délicate  et  assez  controversée.  Dans  les  notes  que 
je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  soumettre,  je  vous  prie 
de  voir  plutôt  mon  opinion  personnelle  que  l'opinion  de  la 
Commission  même. 


—  346  — 
M.  le  Président.  —  Évidemment;  vous  êtes  rapporteur. 

M.  Helbig.  —  Je  sais,  en  effet,  rapporteur,  et  mon  opinion 
n'engage  en  rien  l'opinion  de  mes  honorables  collègues  de  la 
Commission  des  monuments.  Je  serai  forcément  très  court, 
attendu  que  l'heure  est  assez  avancée.  Cependant,  je  tiens  à 
répéter  que  la  matière  étant  controversée  au  sein  même  de 
notre  Collège,  elle  exigerait,  pour  être  traitée  dans  toute  son 
étendue,  de  longs  développements  ;  le  temps  dont  je  puis 
disposer  ne  me  permet  pas  de  les  donner.  Je  suis  forcé 
d'être  concis  et,  par  conséquent,  d'être  affirmatif. 

t  Toutes  les  architectures  connues,  dit  Viollel-Ie-Duc,  se 
sont  aidées  de  la  peinture,  ou  plutôt  (car  il  faut  éviter  les 
équivoques)  de  l'harmonie  produite  par  l'assemblage  des 
couleurs,  pour  donner  à  la  pierre,  aux  enduits  et  même  au 
marbre  une  valeur  indépendante  de  la  forme  plastique.  » 

Je  devrais,  me  conformant  aux  termes  dans  lesquels  la 
question  est  posée,  ne  m'occuper  que  des  édifices  de  notre 
pays,  mais  je  crois  que  personne  ne  contestera  que  les  monu- 
ments de  la  Belgique  ont  été  construits  et  achevés  sous 
l'influence  des  mêmes  principes  et  des  mêmes  règles  qui  ont 
prévalu  dans  les  pays  voisins,  notamment  en  France,  en 
Allemagne  et  en  Angleterre. 

Je  pose  donc  en  principe  qu'aucun  monument,  digne  de 
ce  nom,  ait  pu  être  considéré  comme  achevé,  sans  avoir 
reçu  le  décor  que  seule  la  couleur  peut  donner. 

Voilà  la  thèse  telle  que  je  la  conçois,  posée  dans  toute  sa 
simplicité. 

Qu'un  très  grand  nombre  d'édifices  soient  restés  inachevés 
et  n'aient  pas  reçu  par  conséquent  ce  dernier  complément, 


—  347  — 

cela  est  assurément  aussi  un  fait  certain,  que  personne  ne 
contestera. 

Mais  il  est  non  moins  certain  que  (ous  nos  monuments  du 
moyen  âge  portent  à.  la  fois  le  double  caractère  d'un  art 
religieux  et  populaire.  Or,  il  n'y  a  pas  d'art  populaire  sans 
l'éclat  et  le  chatoiement  des  couleurs.  Le  peuple  ne  com- 
prend guère  un  art  incolore. 

Aussi  ce  besoin  de  coloration,  de  l'harmonie  des  couleurs 
et  des  ors  ne  s'est-il  pas  seulement  étendu  à  l'architecture  ; 
la  statuaire  cl  les  arts  plastiques  ont  été  soumis  aux  mêmes 
lois.  Dans  les  savantes  et  brillantes  leçons  de  Louis  Cou- 
rajod,  publiées  récemment,  la  polychromie  générale  de  la 
statuaire  est  établie  en  principe  et  illustrée  par  de  très 
nombreux  exemples. 

D'un  autre  côté,  un  prêtre  allemand,  très  savant,  du  nom 
de  Johann  Kuhn,  a  publié,  il  y  a  deux  ans,  un  livre  très 
étudié  sur  la  peinture  du  mobilier  et  de  la  statuaire  des 
églises,  où  il  appuie  continuellement  ses  démonstrations 
des  exemples  de  meubles  et  des  statues  du  moyen  âge  qu'il 
a  trouvés  dans  les  monuments  des  différentes  contrées  de 
l'Allemagne. 

Il  s'appuie  aussi  de  l'autorité  du  chanoine  Schnutgen,  le 
directeur  de  VOrgan  fur  Chrùtliche  Kunst,  et  du  regretté 
abbé  Munlzen berger,  l'auteur  du  bel  ouvrage  sur  les  autels, 
continué  aujourd'hui  par  le  R.  P.  Beissel. 

Les  études  de  ces  savants  s'appliquent  aussi  à  notre 
pays,  dont  souvent  ils  citent  les  monuments  à  l'appui  de 
leur  thèse.  Je  ne  sache  pas  d'ailleurs  qu'une  sorte  de 
muraille  de  la  Chine  ait  existé  sous  le  rapport  des  arts 
entre  les  provinces  de  la  Belgique  et  les  pays  voisins  :  on 


—  3M  — 

sait,  au  contraire,  l'influence  exercée  par  l'art  flamand  sur 
l'art  français  el  allemand,  influence  qui,  à  certains  moments, 
a  été  réciproque. 

Mais  je  dois  me  renfermer  dans  la  question  formulée  sous 
le  n*  4  de  notre  ordre  du  jour,  et  rester  dans  les  limites  de 
notre  pays. 

Dans  notre  climat  humide  et  froid  qui  a  si  souvent  porté 
atteinte  à  la  durée  de  nos  monuments  et  des  arts  qui  ont  si 
largemeol  participé  à  leur  décor,  je  conviens  volontiers  que 
dans  la  plupart  de  nos  églises  les  peintures  murales  ont 
disparu. 

Ajoutez  à  cela  que,  vers  la  fin  du  xvf  siècle,  une  évolution 
dans  le  goût  se  produit  d'une  façon  générale,  et  se  manifeste 
par  une  réaction  souvent  violente  contre  tout  ce  qui  porte 
l'empreinte  du  style  ogival.  Au  xvu*  et  au  xviii*  siècle  on 
se  mit  à  blanchir  les  églises,  animé  de  la  même  fureur  avec 
laquelle  on  a  détruit  les  vitraux  de  couleur,  les  retables  peints 
et  dorés,  et  avec  laquelle  on  enduit  de  badigeon  blanc  les 
statues  polychromes. 

Dans  mes  recherches  sur  l'histoire  de  la  Peinture  au  Pays 
de  Liège  et  sur  tes  bords  de  la  Meuse,  je  trouve  qu'un  Italien 
fixé  à  Liège,  s'annonce  dans  la  Gazette  de  Liège,  du  mois 
de  juin  1784,  en  se  qualifiant  de  blanchisseur  d'églises. 

Malgré  l'annonce  d'un  spécialiste  de  ce  genre,  dont  le 
besoin  se  faisait  parait-il  encore  généralement  sentir,  malgré 
les  travaux  du  même  genre  de  ses  nombreux  prédécesseurs, 
il  est  étonnant  que  des  restes  de  peinture  soient  parvenus 
jusqu'à  nous;  pendant  lo  xviii0  siècle  surtout,  il  était  con- 
venu que  rien  n'était  beau,  rien  n'était  de  bon  goût  que 
des  murs  blancs,  des  statues  blanches,  des  vitres  incolores. 


—  34fr-* 

A  la  fin  du  siècle,'  la  grande  révolution  politique  et  sociale 
a  achevé  l'œuvre  de  cette  révolution  du  goût,  en  fermant  la 
plupart  des  églises  el  en  désaffectant  celles  d'entre  elles 
qu'on  ne  pouvait  démolir»  —  ce  sont  là  des  faits  historiques 
sur  lesquels  il  esl  inutile  d'insister. 

Eh  bien  !  malgré  ces  agents  de  destruction  multiples,  et 
notre  climat  peu  conservateur,  il  n'est  pas  difficile  de  nommer 
bon  nombre  d'églises  où  des  restes  de  peintures  murales 
existent  ou  ont  encore  existé  à  une  date  récente.  Permettez- 
moi  de  citer  quelques  peintures  conservées  dans  les  monu- 
ments de  la  région  mosane. 

A  Liège,  voûtes  de  la  cathédrale  Saint-Paul.  On  sait  que 
le  transept  était  peint  par  L.  Lombard  et  ses  élèves.  Lors 
de  la  dernière  et  radicale  transformation  du  chœur,  j'y  ai 
encore  vu  des  traces  nombreuses  de  peintures  bien  anté- 
rieures à  Lombard  et  qui  semblaient  remonter  au  xive  siècle. 

Saint-Jacques,  peintures  de  la  voûte,  encore  complètes, 
mais  restaurées  dans  certaines  parties,  xvi°  siècle;  peinture 
du  buffet  des  orgues,  garnies  encore  en  1830  de  leurs  volets 
peints. 

Saint-Antoine,  église  des  Minimes  :  restes  de  très  anciennes 
peintures  des  parois.  Il  en  a  été  de  même  à  Saint-Chris- 
tophe. 

Saint-Martin,  peintures  de  la  voûte,  complètement  renou- 
velées à  une  date  récente. 

A  Tongres,  collégiale,  peintures  des  parois  du  chœur. 

Saint-Trond,  église  de  Saint-Pierre.  Peintures  des  parois, 
représentant  les  Vierges  sages  el  les  Vierges  folles  dans  des 
médaillons. 

Collégiale  de  Iluy,  peintures  des  voûtes. 


—  380  — 

Église  de  Bastogne,  peinture  des  voûtes  encore  bien 
conservées.  Dans  les  Flandres  et  le  Brabant  que  j'ai  moins 
étudiés  que  les  régions  m  osa  nés,  de  nombreuses  peintures 
murales  seraient  également  à  citer  : 

Église  Sainte-Walburge,  à  Furnes.  Système  complet 
d'une  peinture  murale  décorative  modeste,  mais  rationnel, 
que  notre  collègue,  M.  van  Ruymbeke,  a  relevé  et  étudié 
avec  soin. 

Peintures  de  l'église  du  Sablon,  à  Bruxelles.  Peintures  du 
chœur  de  Sainle-Gudule.  Peintures  de  l'ancienne  église  de 
Laeken. 

Dans  toutes  les  églises  où  la  peinture  des  voûtes  s'est 
conservée,  on  peut  hardiment  conclure  à  l'existence  de  la 
peinture  décorative  des  parois,  c'est-à-dire  de  l'ensemble  du 
vaisseau,  ou  tout  au  moins  de  Y  intention  d'exécuter  cette 
décoration  générale.  On  ne  saurait  vraiment  admettre  que, 
dans  une  nation  aussi  foncièrement  artiste  comme  l'a  été 
celle  de  nos  pères,  on  aurait  eu  l'idée  saugrenue  de  décorer 
seulement  de  peintures  les  voûtes  d'un  noble  et  somptueux 
édifice,  en  laissant  visible,  dans  sa  nudité,  le  reste  de  la 
construction. 

Cette  déduction  logique  est  encore  fortifiée  par  l'aspect 
de  la  maçonnerie,  lorsque  les  matériaux  laissés  apparents, 
offrent  des  disparates  choquants  dans  le  mélange  de  pierres 
bleues  et  de  pierres  de  sable,  comme  cela  se  voit  dans  les 
nefs  des  églises  de  Saint-Paul,  de  Saint-Jacques  et  de  Saint- 
Martin,  à  Liège,  ou  le  manteau  d'Arlequin,  de  matériaux 
roses  et  gris,  qui  existe  à  l'ancienne  église  abbatiale  de 
Saint-Hubert.  Ne  perdons  pas  de  vue  que  nous  avons  affaire 
à  un  peuple  artiste,  qui  certainement  aurait  disposé  les 


-  381  — 

matériaux  suivant  une  coloration  harmonieuse,  s'il  ne  s'était 
réservé  de  les  couvrir  par  une  peinture  décorative. 

Mais  je  dois  abréger,  et  j'ai  hâte  d'arriver  aux  conclusions. 

Des  restes  de  peintures  murales,  dont  je  viens  de  con- 
stater l'existence,  faut-il  conclure  que  toutes  nos  églises 
étaient  peintes  complètement,  à  l'intérieur  au  moins,  et 
richement  décorées  de  dorures  et  de  peintures  murales? 

Non  assurément.  Un  grand  nombre  d'entre  elles  n'ont  pas 
été  achevées  même  sous  le  rapport  de  la  construction  et  de 
l'architecture,  à  plus  forte  raison  sont  elles  restées  incom- 
plètes sous  le  rapport  de  la  décoration  picturale. 

Les  restes  de  peinture  que  l'on  découvre  encore  assez 
fréquemment  dans  nos  édifices  du  culte  nous  enseignent, 
selon  moi,  le  fait  suivant  : 

Il  était,  jusqu'à  la  fin  du  xve  siècle  et  même  jusqu'au  milieu 
du  xvic  siècle,  dans  Cesprit  du  temps  que  tout  édifice  fùtorné 
de  peintures  murales,  historiques  ou  purement  décoratives. 
Lorsque  l'on  décorait  les  fenêtres  d'un  édifice  de  vitraux 
colorés,  il  était  logique,  comme  le  remarque  Viollct-le-Ducv 
de  ne  pas  laisser  les  parois  opaques  des  murs  dans  l'état 
brut  des  matériaux  employés.  Dans  l'art,  la  couleur  appelle 
la  couleur.  En  enrichissant  de  couleurs  brillantes  les  parois 
translucides  d'un  édifice,  il  ne  pouvait  entrer  dans  l'esprit  de 
l'architecte  artiste  de  laisser  sans  décor  les  parois  opaques 
du  même  édifice. 

Mais,  encore  une  fois,  le  temps  a  souvent  manqué  pour 
achever  l'édifice  dans  tous  ses  détails. 

Pour  suppléer  à  cette  décoration  d'ensemble,  on  a  parfois, 
des  siècles  après  la  construction  de  l'édifice,  procédé  à  des 
peintures  fragmentaires.  Généralement  ces  peintures  isolées 


—  35*  — 

sont  dues  à  la  dévotion  et  à  l'esprit  de  sacrifice  des  fidèles. 
Il  arrive  ainsi  que  différentes  parties  ont  été  peintes  isolé- 
ment, successivement,  quelquefois  à  de  longs  intervalles, 
par  des  donateurs  et  des  artistes  d'époques  différentes. 

Mais  les  documents,  comme  les  monuments,  nous 
enseignent  que,  déjà  à  l'époque  de  Chffrlemagne,  il  a  existé 
des  peintures  exécutées  d'après  un  plan  d'ensemble  et  que 
ce  système  a  été  suivi  avec  plus  ou  moins  de  richesse  pendant 
tous  les  siècles  du  moyen  âge. 

Exemples  : 

La  Sainte-Chapelle  de  Paris, 

L'église  de  Saint-Savin, 

Le  chœur  de  la  cathédrale  de  Cologne, 

La  cathédrale  de  Brunswick. 

Je  conclus  en  formulant  le  vœu  que  nos  peintres  décora- 
teurs et  nos  architectes  étudient  très  sérieusement  les  restes 
de  décoration  picturale  qui  se  trouvent  encore  dans  nos 
églises  et  dans  celles  des  pays  voisins,  et  que  loin  de  les 
décourager  par  des  jugements  qui  ne  sont  pas  basés  sur  la 
connaissance  des  monuments  du  moyen  âge,  ceux  qui 
s'attachent  à  en  étudier  sérieusement  le  décor,  on  leur 
facilite  cette  étude,  et  éventuellement  son  application  aux 
édifices  modernes  de  même  style. 

Je  dépose  sur  le  bureau  l'ouvrage  allemand  dont  je  viens 
de  parler,  il  n'est  pas  bien  volumineux,  il  est  intitulé  : 
Die  Bemalung  der  Kirchlichen  Mo  bel  und  Skulpturen.  Ein 
Leitfaden  fur  Kunsller,  geistliche  und  Kunstliebende  Laien, 
von  Johann  Kuhn,  Pfarrer.  Je  le  recommande  très  spécia- 
lement; c'est  un  ouvrage  savant,  très  étudié  et  qui  s'appuie 
d'exemples  nombreux  et  d'autotités  très  considérables* 


—  383  — 

Un  dernier  mot  encore.  Je  viens  de  rappeler  qu'il  existe 
dans  noire  pays  bon  nombre  d'églises  décorées  de  pein- 
tures autrefois  et  dont  il  ne  reste  plus  de  traces  aujourd'hui. 
Je  tiens  à  citer,  à  cet  égard,  un  monument  qui  se  trouve 
1res  près  d'ici  et  que  probablement  plusieurs  d'enlre  vous 
seront  surpris  d'entendre  nommer  :  il  s'agit  de  l'église 
Sainte-Gudule  de  Bruxelles. 

Au  mois  de  mai  1873,  on  élait  occupé  à  débadigeonner 
le  vaisseau  et  le  chœur.  On  travaillait  avec  hâte,  l'ouvrage 
devant  être  terminé  pour  les  fêtes  de  la  kermesse  de 
Bruxelles.  Je  fus  averti  par  l'un  des  vicaires,  M.  Van 
Ilooft,  qui  m'écrivit  :  c  Le  débadigeonnage  de  l'église 
Sainte-Gudule  se  poursuit  avec  activité.  On  vient  d'entamer 
le  chœir,  où  Ton  a  découvert  des  vestiges  de  tout  un 
système  de  peinture  décorative,  que  je  vous  engage  à  venir 
voir  le  plus  tôt  possible.  » 

Je  me  rendis  à  Bruxelles,  mais  j'étais  engagé  à  celte 
époque  dans  un  travail  qu'il  ne  m'était  pas  possible  d'inter- 
rompre assez  longtemps  pour  prendre  à  Sainte-Gudule  les 
notes  et  les  esquisses  nécessaires  et  de  tirer  parti  des  docu- 
ments que  l'on  venait  de  trouver,  mais  je  priai  le  jeune  prêtre 
qui  me  les  avait  renseignés  de  faire,  dans  la  mesure  du 
possible,  le  nécessaire  pour  en  conserver  le  souvenir. 

Dans  la  visite  que  je  fis  à  Sainte  Gudule,  à  cette  occasion, 
j'étais  accompagné  par  notre  collègue,  le  Rév.  chanoine 
Van  Casier,  ici  présent,  et  qui  ne  me  démentira  pas. 

Les  souvenirs  qui  me  sont  restés  de  cette  visite,  me 
permettent  d'affirmer  que  les  restes  de  peinture  qui  se 
trouvaient  dans  le  chœur  de  l'église,  notamment  sur  les 
parois,  les  moulures  et  les  membres  de  l'architecture,  se 


—  354  — 

rapportaient  à  tout  un  système  de  décoration,  qui  m'a  paru 
très  intéressant.  J'éprouvai  alors  un  vif  regret  de  ne  pouvoir 
les  étudier  avec  le  soin  que  j'aurais  désiré  donner  à  ces 
vestiges  intéressants. 

Je  pourrais,  Messieurs,  vous  citer  encore  d'autres  exem- 
ples de  même  nature;  mais  vous  avouerez,  si  vous  avez 
visité  récemment  l'église  de  Sainle-Gudule,  qu'il  y  aurait  là 
un  travail  sérieux  à  faire  en  se  rappelant  celui  qui  a  existé 
autrefois.  Assurément,  dans  l'état  sordide  où  se  trouve 
actuellement  ce  beau  monument,  le  besoin  d'une  œuvre  de 
réparation,  sous  le  rapport  du  décor  intérieur,  se  fait  vive- 
ment sentir.  Je  trouve  que  l'état  actuel  de  l'intérieur  de 
Sainle-Gudule  ne  fait  pas  honneur  à  la  capitale  d'un  pays 
qui,  à  juste  litre,  jouit  d'un  grand  renom  artistique. 

Évidemment,  il  y  a  des  éludes  à  faire  avant  d'aborder  la 
peinture  décorative  des  édifices  de  différents  styles  et  de 
différentes  époques.  11  est  certain  que  beaucoup  d'essais  de 
celle  nature  ont  été  malheureux,  j'en  conviens  très  volon- 
tiers; mais  une  peinture  murale  mauvaise  ne  permet  pas  de 
conclure  au  rejet  de  toute  peinture  qui  serait  bonne,  pas 
plus  qu'un  tableau  mauvais  dans  une  exposition  ne  permet 
de  conclure  au  rejet  des  bons  tableaux. 

Il  faut,  sous  ce  rapport,  une  étude  approfondie  et  je 
voudrais  que  celle  étude  se  poursuivit  sérieusement,  en  ce 
sens  que  l'on  adjoigne  aux  architectes,  des  peintres  qui 
auraient  fail  une  étude  particulière  de  tout  ce  qui  s'est  fait 
dans  ce  genre.  Je  suis  persuadé  que,  de  la  sorte,  nous  arri- 
verions un  jour  à  des  travaux  dignes  d'être  comparés  aux 
meilleurs  travaux  de  nos  voisins  et  dont  l'aspect  serait  préfé- 
rable assurément  à  la  vue  des  briques,  des  pierres  brutes  ou 


—  355  — 

du  badigeon  dont  sont  couverts  bon  nombre  de  nos  édifices. 
Je  voudrais  surtout  que  des  essais  de  cette  nature  fussent 
faits  de  préférence  dans  les  nouvelles  constructions.  Je 
conclus  à  ce  que  l'on  ne  décourage  pas  trop  les  artistes 
qui  cherchent  un  avenir  dans  cette  voie;  et  que  l'on  ne 
trouve  pas  tout  mauvais,  parce  qu'il  y  aura  des  couleurs. 
Nous  devons  nous  habituer  à  reprendre  les  traditions  des 
artistes  du  moyen  âge.  II  est  certain  que  nous  avons  aujour- 
d'hui un  autre  sentiment  de  la  coloration  et  de  l'harmonie 
que  celui  qu'avaient  les  hommes  qui  ont  construit  les 
splendides  édifices  que  nous  admirons  sans  réserve.  Mais, 
dans  ma  conviction,  les  hommes  qui  ont  érigé  ces  monu- 
ments, avaient  aussi  le  sentiment  juste  de  leur  décoration, 
et  que,  s'ils  devaient  revivre,  ils  ne  partageraient  pas  l'avis 
de  ceux  qui  veulent  laisser  les  édifices  sans  décor  et  sans  la 
richesse  et  le  prestige  que  la  coloration  peut  y  apporter. 
(A  pplaudùsements.) 

M.  le  Président.  —  Notre  savant  Vice- Président  a  eu 
soin,  Messieurs,  de  vous  dire  que,  comme  rapporteur,  il 
émettait  des  opinions  personnelles.  Il  a  formulé  des  conclu- 
sions très  nettes.  D'après  lui,  tout  édifice  est  fait  pour  la 
polychromie;  s'il  n'en  est  pas  trouvé  de  traces  partout,  c'est 
que  l'édifice  n'a  pas  été  achevé.  Voilà  sa  conclusion  à  lui. 

Il  est  évident  que  cette  conclusion  sera  combattue  par 
des  membres. 

Notre  honorable  Vice-Président  a  émis  un  autre  vœu  qui, 
celui-là,  je  crois,  sera  partagé  par  tout  le  monde  :  c'est 
que  l'on  appelle  l'attention  des  artistes  sur  la  nécessité  de 
bien  faire  les  études  nécessaires  à  la  bonne  polychromie. 


—  356  — 

S'il  n'est  pas  absolument  certain  que  tous  les  édifices  ont 
été  faits  pour  être  polychromes,  il  est,  par  contre,  indispen- 
sable que,  lorsqu'on  fait  de  la  polychromie,  on  doive  la  bien 
faire.  A  cet  égard,  ce  vœu  sera  bien  accueilli  par  tous. 

Si  quelqu'un  désire  la  parole  au  sujet  des  conclusions  du 
rapporteur,  je  suis  prêt  à  la  lui  donner. 

M.  Bordiau  (Bruxelles).  —  Je  la  demande. 

M.  le  Président.  —  Vous  avez  la  parole,  Monsieur  Bor- 
diau. 

M.  Bordiau.  —  Messieurs,  l'heure  étant  déjà  assez  avancée, 
il  me  sera  assez  difficile  de  rencontrer  toutes  les  objections 
formulées  par  M.  Helbig;  c'est  pourquoi,  je  m'efforcerai 
d'être  aussi  bref  que  possible. 

L'honorable  rapporteur  se  fait,  au  sujet  des  peintures 
murales  et  spécialement  de  la  polychromie,  beaucoup  d'illu- 
sions. 

Si  l'honorable  rapporteur  a  pu  citer  ce  qui  se  faisait  dans 
certaines  régions  à  cet  égard,  d'après  Viollet-le-Duc,  je 
rappellerai  à  mon  tour  que  ce  savant  disait,  entre  autres, 
ceci  : 

c  Je  ne  m'occupe  pas  beaucoup  des  personnalités,  qui 
sont  des  hommes,  mais  je  m'occuperai  des  styles.  » 

La  peinture  ne  doit  pas  vouloir  manger  l'architecture 
(Hilarité),  voiU  la  vérité.  C'est  ce  que  l'on  cherche  à  faire 
dans  la  plupart  des  monuments;  généralement,  on  met 
l'architecte  à  la  porte  quand  il  a  fini.  (Nouveaux  rires.) 

M.  Helbig  —  Il  ne  doit  pas  en  être  ainsi. 


—  387  — 

M.  Bordiau.  —  Eh  bien,  je  liens  à  rappeler  que  l'archi- 
tecte est  souvent  mis  à  la  porle,  alors  que  peintre  et 
architecte  devraient  marcher  la  main  dans  la  main  ;  bien 
souvent  on  a  recours  au  premier  peintre  venu. 

M.  l'abbé  Daniels,  et  ensuite  M.  le  chanoine  Van  Casier, 
ont  émis  à  cet  égard  des  idées  très  justes.  On  nous  donne 
des  peintures,  mais  hélas!  quelles  peintures! 

Eh  bien,  je  citerai  quelques  extraits  des  personnalités  qui 
se  sont  occupées  de  la  question;  je  les  citerai  parce  que 
souvent  on  les  a  attaquées.  Si  l'on  veut  connaître  le  carac- 
tère des  peintures,  on  n'a  qu'à  consulter  ce  qui  s'est  dit  au 
Concile  d'Àrras  en  905. 

Je  voudrais  qu'on  laissât  à  l'architecte  l'effet  qu'il  doit 
produire,  c'est-à-dire  qu'on  lui  laissât  son  rôle.  Le  caractère 
du  monument  doit  subsister  absolument  en  entier.  Que  l'on 
fasse  de  la  peinture  légendaire,  historique  dans  les  remplis- 
sages, soit;  voilà  la  peinture  que  l'on  doit  demander  pour 
les  édifices,  mais  je  dois  m'élever  et  je  m'élève  énergique- 
meot  contre  ce  système,  qui  consiste  à  éliminer  pour  ainsi 
dire  l'architecte. 

Un  des  auteurs  qui  s'est  beaucoup  occupé  également  de 
la  question,  a  dit  :  •  Les  églises  n'étaient  pas  peintes  dans 
leur  ensemble.  » 

Je  constate,  quant  à  moi,  que,  dans  la  plupart  des  peintures 
décoratives  que  l'on  fait  aujourd'hui,  on  détruit  absolument 
l'architecture. 

Vous  avez  parlé  tantôt  de  modèles.  Je  serais  arrivé 
également  à  celte  conclusion,  qu'il  conviendrait  d'avoir  deux 
ou  trois  modèles  avec  des  peintures  décoratives,  comme  on 
le  fait  presque  toujours  et  l'on  pourrait  ainsi  juger.  Il  y 


—  558  — 

aurait  un  modèle  pour  les  remplissages,  pour  la  peinture 
légendaire  et  historique  et  Ton  pourrait  parfaitement  établir 
cela  pour  l'année  prochaine,  dans  des  carions?  Il  est  bien 
évident  que  l'on  ne  doit  pas  arriver  avec  des  peintures,  soit 
des  dessins  historiques  qui  sont  plutôt  du  ressort  d'un 
alcazar  que  dune  église.  On  ne  doit  pas  non  plus  arriver 
avec  les  mêmes  peintures  partout.  Pourquoi  ne  pas  s'inspirer, 
dans  chaque  contrée,  du  caractère  du  monument?  Ainsi, 
je  n'admettrai  pas  qu'un  artiste  voulut  modifier,  sous  ce 
rapport,  la  cathédrale  de  Liège.  Pourquoi  ne  pas  lui  laisser 
son  caractère  ?  Vous  auriez  ainsi  plus  de  pittoresque  et  d'ori- 
ginalité, ce  qui  manque  généralement  aujourd'hui.  Avec  vos 
conclusions,  vous  arriverez  à  la  même  peinture  partout,  et 
pas  à  autre  chose. 

Dans  la  peinture  décorative  on  introduit  toutes  espèces 
de  choses. 

La  beauté  est  incompatible  avec  le  mensonge  en  archi- 
tecture. 

Je  me  résume,  Messieurs;  c'est  la  construction  qui  se 
montre  dans  un  édifice  et  les  peintures  se  bornent  à  occuper 
tous  les  remplissages  dans  un  monument.  Mettons  qu'il  y 
ait  quelques  reliefs  dans  certaines  parties  d'un  temple  comme 
dans  les  voûtes  ;  généralement,  il  n'y  a  à  cela  aucun  incon- 
vénient. 

Voilà  pourquoi  je  ne  puis  admettre  les  conclusions  du 
rapporteur.  Je  trouve  qu'on  modifie  complètement  le  carac- 
tère de  nos  monuments  en  agissant  comme  on  le  fait  aujour- 
d'hui. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  nous  avons  ici  la  preuve 


—  559  — 

qu'il  y  a,  au  sein  de  la  Commission  des  monuments,  sur  la 
question  si  intéressante  de  la  polychromie,  deux  écoles.  Cela 
se  conçoit  parfaitement.  Mais  il  serait  utile  que  ces  deux 
écoles  principales  ne  se  bornassent  point  à  discuter  agréa- 
blement et  savamment  leur  opinion,  comme  elles  le  font  en 
ce  moment-ci,  mais  qu'elles  pussent  arriver  è  réaliser 
chacune  son  idéal  ;  alors,  certainement,  le  débat  pourrait 
s'engager  d'une  façon  bien  précise. 

M.  Bordiau.  —  Évidemment,  et  c'est  pourquoi  je  pense 
que  l'on  pourrait  parfaitement  mettre  deux  ou  trois  modèles 
sur  cartons  que  nous  aurions  ici  à  notre  disposition  pour 
l'année  prochaine. 

M.  Helbig.  —  Deux  mots  seulement,  Messieurs. 

Je  tiens  à  dire  à  M.  Bordiau  que  je  suis  tout  à  fait  d'accord 
avec  lui  quand  il  dit  que  le  peintre  décorateur  doit  s'inspirer 
de  l'ossature  du  monument.  Certainement  il  doit  en  être 
ainsi.  Je  soutiens  donc  que  le  peintre  doit  toujours  s'inspirer 
du  caractère  monumental,  c'est-à-dire  qu'il  doit  subordonner 
son  art  à  celui  de  l'architecte.  L'architecte  est  le  maître  de 
l'œuvre,  et  le  peintre-décorateur  doit  être  le  serviteur  sous 
ce  rapport. 

M.  Bordiau.  —  Très  bien  !  (Rires.) 

M.  Helbig.  —  Seulement,  je  demande  que  l'architecte 
connaisse  les  ressources  qu'il  peut  tirer  de  la  peinture 
monumentale  ;  qu'il  se  mette  en  rapport  avec  le  peintre  et 
qu'ils  se  soient  entendus  pour  donner  à  l'œuvre  de  l'archi- 
tecte le  dernier  achèvement  et  tout  l'effet  que  la  peinture 
seule  peut  lui  donner. 


—  360  — 

J'ai  maintenant  un  mot  à  dire  des  critiques  absolument 
générales  de  M.  Bordiau,  au  sujet  de  ce  qui  se  fait  sous  ce 
rapport,  de  nos  jours. 

Je  devrai  lui  citer  quelques  exemples,  entre  autres  les 
peintures  murales  de  l'abbaye  de  Maredsous.  Je  lui  deman- 
derai s'il  les  a  vues  et  s'il  les  met  toutes  dans  le  même  sac? 
(Rires.) 

M.  Bordiau.  —  Je  les  ai  vues,  mais  je  ne  les  mets  pas 
toutes  dans  le  même  sac,  comme  vous  dites. 

M.  Helbig.  —  El  pour  celles  de  l'église  Saint-Martin,  à 
Cologne  ? 

M.  Bordiau.  —  Restons  en  Belgique,  je  vous  prie. 
(Nouveaux  rires.) 

M.  Helbig.  —  Mais  il  n'y  a  pas  de  mal  à  en  sortir! 

Je  vous  citerai  encore  l'église  moderne  de  Saint-Denis, 
décorée  sous  la  direction  de  Viollet-Ie  Duc.  Il  y  a  même 
dans  la  peinture  décorative  récente  des  œuvres  faites  par 
des  maîtres  et  j'entends  qu'on  respecte  les  mailres. 

M.  Bordiau.  —  Je  les  respecte  aussi. 

M.  le  Président.  —  M.  Bordiau  est  tellement  respectueux 
de  la  polychromie  de  l'église  de  l'abbaye  de  Maredsous  qu'il 
l'a  toujours  admirée. 

M.  Bordiau.  —  Elle  fait  certainement  exception. 

M.  le  baron  Bethune,  Gouverneur  de  la  Flandre  occiden- 
tale. —  Je  vous  demande,  Messieurs,  de  pouvoir  présenter 
quelques  observations  à  l'en  contre  de  la  thèse  que  M.  Bor- 


—  361  — 

diau  a  rappelée  tantôt  et  qui  a  élé  formulée  précédemment 
par  mon  excellent  collègue  et  ami,  M.  le  chanoine  Van 
Casier,  lorsqu'il  disait  que,  dans  les  églises  du  moyen  âge, 
on  exécutait  des  travaux  de  polychromie,  des  décorations 
picturales,  mais  que  l'on  ne  trouverait  pas  une  église  où  se 
rencontre  un  ensemble  complet  de  décorations  peintes. 

M.  Helbig  nous  a  expliqué  les  motifs  pour  lesquels,  dans 
beaucoup  d'édifices,  ce  travail  d'une  peinture  décorative 
d'ensemble,  qui  devait  terminer  ou  du  moins  compléter 
l'œuvre,  n'a  pas  été  exécuté.  On  peut  trouver  à  cet  égard 
des  motifs  historiques,  des  motifs  financiers,  d'autres  encore. 

Si  je  m'en  rapporte  aux  églises  de  ma  province,  c'est-à- 
dire  de  la  Flandre  occidentale,  je  vous  dois  ce  témoignage 
que,  dans  les  principaux  édifices  qui  nous  sont  conservés, 
il  demeure  des  traces  indiscutables  montrant  que  l'édifice 
entier  était  polychrome,  c'est-à-dire  décoré  de  peinture. 

Tout  d'abord,  il  faut  établir  une  distinction  essentielle 
entre  les  décorations  que  je  nommerai  artistiques,  décora- 
lions  en  panneaux  historiés,  ornements  en  forme  de  rideaux, 
de  draperies,  etc.,  et  la  décoration  monumentale,  c'est-à-dire 
le  revêtement  coloré  dont  on  enduit  les  membres  de  l'archi- 
tecture. Dans  les  principales  églises  de  notre  province,  je 
puis  vous  assurer  que  partout  on  rencontre,  —  je  l'ai 
constaté  depuis  vingt  ou  vingt-cinq  ans  que  je  suis  un  peu 
mêlé  aux  choses  archéologiques,  —  des  traces  de  décora- 
lions  non  seulement  ornementales,  mais  de  décorations 
d'ensemble,  que  je  qualifierai  presque  d'architecturales. 

Ainsi,  à  la  cathédrale  de  Bruges,  on  a  retrouvé,  il  y  a 
une  trentaine  d'années,  des  vestiges  assez  nombreux  de 
colonnes  peintes  en  vert  ou  en  brun;  d'autres  membres 


—  368  — 

d'architecture  avaient  reçu  une  peinture  d'une  tonalité  si 
accentuée,  qu'elle  était  de  nature  à  heurter  notre  sens 
artistique. 

De  même,  des  vestiges  de  polychromie  architecturale  ont 
été  récemment  retrouvés  sur  les  colonnes,  dans  les  nefs  et 
le  transept  de  l'église  Notre-Dame,  à  Bruges;  dans  les 
débris  du  triforium  notamment,  qui  ont  été  exhumés  des 
constructions  modernes  et  heureusement  remis  en  place,  on 
voit  des  vestiges  nombreux  de  polychromie,  rouge,  or, 
jaune,  noir,  etc.  Quant  aux  voûtes,  il  ne  saurait  être  ques- 
tion  de  leur  polychromie,  puisqu'elles  ont  été  reconstruites 
vers  1770. 

A  la  chapelle  inférieure  du  Saint-Sang,  nous  avons  ren- 
contré des  vestiges  de  décor  peint.  A  l'église  Saint-Jacques, 
on  a  également  trouvé  des  traces  nombreuses  de  peintures 
décoratives,  quoique  l'église  ne  soit  pas  encore  débadi- 
geonnée entièrement. 

Quant  à  l'église  de  Saint-Gilles,  dont  la  restauration  date 
d'il  y  a  assez  longtemps,  je  n'ai  pas  de  renseignements 
précis. 

De  même,  l'intérieur  de  l'église  de  Damme  a  été  com- 
plètement polychrome.  Voilà  cependant  une  église  qui  a 
conservé  son  caractère  primitif  et  la  polychromie  dont  elle 
a  été  revêtue,  s'applique  à  des  membres  architecturaux 
demeurés  intacts;  il  se  pourrait  donc  qu'elle  remonte  à  la 
première  moitié  du  xme  siècle,  immédiatement  après  la 
construction. 

Le  décor  monumental  qu'on  a  retrouvé  à  Lissewcghe 
date  incontestablement  de  celle  époque  reculée.  Il  se  ren- 
contrait dans  toutes  les  parties  de  l'admirable  édifice  et  a 


été  fréquemment  pris  comme  modèle  à  cause  de  sa  simpli- 
cité et  de  sa  beauté. 

Dans  le  sud  de  la  province,  il  en  est  de  même.  Ainsi, 
dans  les  deux  anciennes  églises  de  Court  rai,  j'ai  vu  des 
vestiges  de  coloration  très  apparents  sur  les  piliers  et  sur  les 
voûtes.  A  Saint-Martin,  ce  décor  subsiste  encore  dans  la 
nef  et  date  du  xv9  siècle.  A  Notre-Dame,  de  Gourtrai,  qui  a 
été  bâtie  en  1204,  on  a  retrouvé  des  vestiges  d'ornemen- 
tation, notamment  sur  les  colonnes  du  transept,  qui  étaient 
teintées  en  rouge  avec  des  zones  ornées  de  riuceaux  dorés  ; 
on  doit  dater  cette  décoration  du  milieu  du  xiu*  siècle. 
Dans  toute  cette  église,  les  membres  architecturaux  ont  été 
rehaussés  d'une  coloration  où  le  rouge  domine. 

Il  y  a  une  autre  église  dont  les  décorations  sont  particu- 
lièrement intéressantes,  c'est  celle  de  Sainte-Walburge,  à 
Fumes,  dont  le  chœur  a  été  bâti  au  xiv°  siècle,  vers  1352; 
là,  toutes  les  parois,  tous  les  membres  architecturaux,  les 
voussures  des  fenêtres,  les  triforiums,  tout  a  été  couvert  de 
peintures,  ou  plutôt  de  teintes  colorées.  Les  vestiges  exis- 
tants montrent  à  toute  évidence  que  toute  l'église  a  reçu  un 
complément  décoratif.  Je  signale  spécialement  les  encadre- 
ments des  fenêtres  ornés  de  rinceaux. 

Fait  remarquable  :  les  voussures  et  les  sculptures  du 
grand  porche  occidental  montrent  encore  les  vestiges  d'une 
décoration  polychrome. 

Voilà  donc  une  église  complètement  décorée,  tout  au 
moins  pour  la  partie  construite  ;  car,  vous  le  savez,  on  n'a 
bâti  que  le  chœur  de  cet  édifice,  mais  on  l'a  fait  dans  des 
proportions  gigantesques  et  monumentales  et  il  a  été  com- 
plètement peint.  11  y  a  peu  d'années,  on  a  exécuté  une  copie 


—  36*  — 

fidèle  des  différents  fragments  de  ces  peintures;  ces  calques 
existent  au  Musée  de  Bruges. 

Si  I'od  se  décidait  à  réaliser  ridée  qui  vient  d'être  émise, 
de  soumettre  à  la  Commission  royale  des  monuments  un 
projet  d'église  décorée  complètement,  on  ne  pourrait  pas 
avoir  de  meilleurs  éléments  que  ceux  de  l'église  de  Fumes, 
parce  que  la  décoration  y  est  tout  à  fait  adéquate  au  style  du 
monument. 

Nous  aurions  encore  à  citer  mainte  église  de  village;  car 
il  est  difficile  de  dépouiller  un  vieil  édifice  du  plâtras  dont 
on  l'a  recouvert,  sans  y  retrouver  des  traces  de  peinture. 
Ce  ne  sont  généralement  pas  des  décorations  proprement 
dites,  mais  des  teintes  appliquées  notamment  sur  les  colonnes 
et  sur  les  voûtes. 

Je  ne  rappellerai  pas  les  noms  de  nombreuses  localités 
de  la  Flandre  occidentale  où  il  en  est  ainsi.  Je  me  bornerai 
à  ces  indications  sommaires,  car  je  n'avais  pas  prévu  que 
j'aurais  à  vous  présenter  ces  souvenirs. 

Pour  me  résumer,  je  crois  que,  au  moins  dans  cette  pro- 
vince, qui  n'avait  guère  des  matériaux  choisis  à  mettre  en 
œuvre  pour  la  construction  des  églises  et  où  on  ne  faisait 
guère  usage  que  de  la  brique,  l'architecte  devait  avoir 
nécessairement  recours  au  procédé  du  crépissage  des  murs; 
or,  le  crépissage  appelle  la  décoration  polychromée.  Il  est 
impossible,  en  effet,  de  laisser  un  monument  construit  à 
l'aide  de  pareils  matériaux,  sans  le  revêtir  d'un  enduit  sur 
les  surfaces  intérieures.  Nous  n'avons  pas,  chez  nous,  ce  que 
Ton  pourrait  appeller  des  matériaux  nobles,  nous  n'avons 
que  des  matériaux  pauvres;  l'architecte  doit  pouvoir  les 
décorer  à  l'aide  de  la  polychromie. 


—  368  — 

Là  où  les  matériaux  riches  ne  se  trouvent  pas,  comme 
dans  la  Flandre  occidentale,  l'architecte  est  bien  obligé 
d'avoir  recours  à  d'autres  procédés  pour  parachever  l'édifice. 
Je  crois  que  la  plupart  de  nos  églises  ont  été  généralement 
polychromées,  non  pas  seulement  en  vue  de  la  décoration, 
mais  en  vue  de  compléter  l'architecture. 

M.  Bordiau  disait  tantôt  qu'il  ne  faut  pas  que  le  peintre 
mette  l'architecte  à  la  porte;  permettez-moi  de  croire,  à  mon 
tour,  qu'il  ne  faut  pas  que  l'architecte  mette  le  peintre- 
décorateur  à  la  porte.  (Rires.) 

M.  Bordiau.  —  Pardon,  j'ai  dit  qu'ils  devraient  marcher 
d'accord,  la  main  dans  la  main  et  je  maintiens  qu'il  y  a  des 
exceptions  comme  celle  qui  concerne  Maredsous;  il  est 
évident  que  quand  il  y  a  des  matériaux  forts,  on  doit 
s'ablenir  de  les  peindre. 

M.  l'abbé  Daniels  (Limbourg).  —  Je  désire  répondre 
deux  mots  aux  observations  qui  viennent  d'être  présentées 
par  M.  Bordiau.  Je  crois  que  l'honorable  membre,  qui  a 
invoqué  mon  nom,  ne  m'a  pas  très  bien  compris.  Il  y  a, 
dans  l'objet  qui  nous  occupe,  une  question  de  fait  et  une 
question  de  principe. 

M.  Bordiau.  —  Il  ne  s'agit  pas  de  principe  ici  ! 

M.  l'abbé  Daniels.  —  Je  croyais  avoir  entendu  qu'en 
principe  vous  vous  opposiez  à  la  polychromie  ! 

M.  Bordiau.  —  Pas  absolument! 

M.  l'abbé  Daniels.  —  Alors,  je  dirai  un  mol  de  la 
question  de  fait. 
J'ai  consigné  dans  mon  rapport  cette  observation  que  les 


—  366  — 

projets  qui  nous  étaient  soumis  trahissaient  un  manque 
absolu  delude  et  que  Ton  ne  se  préoccupait  que  du  bon 
marché.  J'ai  dit  aussi  que  l'on  considérait  la  polychromie 
comme  un  art  complémentaire  de  celui  de  l'architecte 
et  destiné  à  rendre  complètement  toutes  les  idées  de 
celui-ci. 

M.  le  Président.  —  Vous  voyez,  Messieurs,  que  la 
discussion,  commencée  sur  ce  sujet  a  pris  une  grande 
extension.  Ainsi,  l'honorable  Gouverneur  de  la  Flandre 
occidentale  a  fait  remarquer  qu'il  y  avait  lieu  de  faire  une 
distinction  entre  les  matériaux  nobles  et  les  matériaux 
pauvres. 

Il  y  a  encore  à  invoquer  le  cas  de  la  décoration  à  l'aide  de 
matériaux  :  marbres,  mosaïques;  c'est  celui  de  l'église 
Sainte-Sophie,  à  Gonstantinople,  par  exemple.  Tout  ceci  le 
prouve  :  la  question  n'est  pas  entièrement  vidée  ;  elle  devrait 
être  remise  à  l'ordre  du  jour  de  l'assemblée  prochaîne. 
Cependant,  si  quelqu'un  voulait  encore  s'en  occuper  aujour- 
d'hui —  tout  en  lui  faisant  remarquer  que  l'heure  s'avance  et 
que  notre  déjeuner  a  été  fixé  entre  une  et  deux  heures,  — 
je  lui  accorderais  volontiers  la  parole. 

Si  personne  ne  la  demande  actuellement,  nous  remettrons 
la  suite  de  la  discussion  à  l'année  prochaine. 

Un  vœu  a  été  émis  à  l'assemblée  préparatoire  de  samedi 
dernier;  c'est  celui  de  remettre  à  l'ordre  du  jour  de  noire 
réunion  générale  de  l'année  prochaine  la  question  des 
vitraux  d'art.  Cette  question,  traitée  d'une  façon  si  remar- 
quable par  l'honorable  baron  Belhune,  reviendrait  ainsi 
devant  nous,  si  l'assemblée  le  décide  ainsi.  (Adhésion.) 


—  367  — 

M.  le  chanoine  Van  Caster  (Malines).  —  Messieurs,  je 
n'ai  pas  grand'chosc  à  ajouter  à  la  discussion  de  celle  année. 
Si  j'ai  demandé  la  parole,  c'esl  pour  un  petit  fait  personnel  ; 
il  me  semble  que  Ton  n'a  pas  très  bien  compris  ce  que  j'ai 
dit  au  sujet  de  la  question  qui  nous  occupe. 

Ma  thèse,  quand  j'ai  parlé  des  peintures  murales  il  y  a 
deux  ans,  élait  simplement  celle-ci  :  dans  noire  pays,  la 
peinture  des  églises  n'est  pas  faite  d'un  seul  jet,  —  ptu 
importe  pour  quel  motif;  -  par  conséquent,  il  n'est  pas 
étonnant  qu'on  ne  puisse  pas  les  avoir  poly chromées  tout  à 
fait  d'après  un  plan  général.  Mais  j'ai  dit  qu'il  était  tout 
naturel  de  décorer  les  murs,  qu'on  l'avait  fait  partout,  et 
particulièrement  dans  les  églises. 

Je  ne  suis  donc  pas  du  tout  opposé  à  la  polychromie, 
seulement  j'ai  fait  une  distinction  entre  la  peinture  des 
surfaces  unies  et  celle  de  la  partie  architecturale  ;  je  soutiens 
que  la  décoration  de  la  partie  architecturale  concerne  l'archi- 
tecte seul,  tandis  que,  pour  la  partie  murale,  j'admettrais 
qu'un  artiste  particulier  s'en  chargeât.  Quant  à  la  peinture 
même,  il  n'a  jamais  été  question,  dans  ma  pensée,  de  la  faire 
diriger  par  l'architecte.  Gela  n'est  pas  de  sa  compétence.  Il 
faut  qu'un  peintre  en  soit  chargé.  Celui-ci  devrait  s'en- 
tendre avec  l'architecte  pour  que  le  travail  soit  mis  en 
harmonie  avec  le  travail  du  premier. 

M.  Bordiau.  —  Un  peintre  artiste  peut  parfaitement  être 
engagé  par  l'architecte. 

M.  le  chevalier  Marchal,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie (Bruxelles).  —  Messieurs,  en  ce  qui  concerne  la 
peinture  des  églises,  il  y  a  deux  genres  de  motifs  :  le  motif 


—  368  — 

polychrome  el  le  motif  mural.  Les  Égyptiens,  il  y  a 
5,000  ans,  —  vous  voyez  que  c'est  très  ancien,  —  les  avaient 
déjà  complètement  séparés.  Les  peintures  de  choix  étaient 
confiées  à  des  artistes  proprement  dits,  tandis  que  l'autre 
l'était  purement  et  simplement  à  des  artisans  ordinaires. 

Quand  on  fait  de  la  peinture,  il  faut  essayer  de  produire  le 
meilleur  effet  au  point  de  vue  du  dessin  et  du  tableau. 

M.  le  Président.  —  Nous  arrivons,  Messieurs,  à  la 
cinquième  question  portant  :  «  Applications  de  l'esthétique  à 
l'entourage  (cadre  et  dégagement)  des  monuments  » . 

La  parole  est  à  M.  Rordiau  pour  présenter  le  rapport  fait 
en  son  nom  et  en  celui  de  M.  Acker. 

M.  Bordiàu  (Bruxelles).  —  Messieurs,  on  peut  poser  en 
principe  que  l'aspect  d'un  monument  ne  dépend  poinf  seule- 
ment de  sa  forme,  de  ses  lignes,  de  ses  dimensions,  mais 
aussi  du  milieu  dans  lequel  il  est  placé,  et  que  cet  aspect 
peut  être  rehaussé  ou  amoindri,  parfois  dans  de  notables 
proportions,  par  le  seul  fait  de  l'entourage. 

Il  en  résulte  que  le  cadre  d'un  édifice  doit  être  combiné 
de  façon  à  lui  laisser  toute  sa  valeur  el  même  à  le  faire  valoir 
davantage. 

Il  en  résulte  encore  que,  dans  le  cas  où  plusieurs  édifices 
monumentaux  sont  réunis  au  même  endroit,  sur  une  place 
publique  par  exemple,  chacun  d'eux  doit,  par  son  style  et 
ses  proportions,  concourir  à  l'aspect  général  de  l'ensemble, 
contribuer  à  rehausser  la  valeur  de  ses  voisins  ou  tout  au 
moins  ne  pas  la  diminuer,  sans  rien  perdre  de  sa  valeur 
propre,  si  bien  que  l'ensemble  du  groupe  de  monuments  de 
chacun  d'eux  pris  en  particulier  ait  sa  beauté  complète. 


—  369  — 

Prenons  d'abord  le  cas  d'un  édifice  seul.  A-t-il  intérêt 
à  cire  isolé  ou  englobé  dans  un  groupe  de  constructions? 

En  général,  l'isolement  dans  un  vaste  espace  est  nuisible  : 
le  vide  rapetisse  et  il  est  nécessaire  qu'il  y  ait  «  un  point 
intuitif  de  comparaison  »  à  une  dislance  assez  courte  pour 
qu'il  puisse  être  embrassé  d'un  coup  d'oeil  avec  le  monu- 
ment, donner  son  échelle  et  faire  valoir  sa  grandeur;  ainsi 
un  édifice  dessine  ou  photographié  tout  à  fait  isolément  ne 
donne  aucune  idée  de  ses  dimensions,  tandis  que  celles-ci 
sautent  aux  yeux,  même  des  moins  initiés,  s'il  se  trouve  à 
côté  un  personnage  debout,  qui  fait  voir  instantanément  le 
rapport  de  la  hauteur  de  l'édifice  à  la  taille  humaine. 

Si  donc,  pour  des  motifs  particuliers,  l'isolement  dans  un 
vaste  espace  est  imposé,  il  est  nécessaire  de  disposer  à  proxi- 
mité de  l'édifice  des  arbres,  des  terrasses  avec  escaliers  et 
murs  d'appui  ou  toute  autre  construction  qui  le  ramène  en 
quelque  sorte  automatiquement  à  l'échelle  humaine;  tout  en 
atténuant  l'effet  du  vide,  elles  feront  ressortir  la  grandeur  du 
monument. 

Les  inconvénients  de  l'isolement  se  font  sentir  aussi  sur  les 
monuments  autres  que  les  édifices  :  je  veux  parler  des 
statues,  fontaines,  etc.,  que  l'on  a  le  tort  d'ériger  le  plus 
souvent  en  plein  courant  de  la  circulation,  qu'elles  entravent, 
ou  dans  une  solitude  pénible  si  la  place  est  peu  fréquentée. 
De  toutes  façons,  il  y  aurait  avantage  à  placer  ces  monu- 
ments à  un  point  mort  de  la  circulation,  à  proximité  des 
habitations,  qui  leur  feraient  un  voisinage  d'agréable  aspect; 
et  l'on  arriverait  h  dos  effets  d'un  pittoresque  charmant  si, 
au  Heu  des  places  rigoureusement  et  banalement  régulières 
que  l'on  s'applique  à  créer,  on  se  permettait  dans  leur  dessin 


—  370  — 

certaines  irrégularités  qui  seraient  non  point  dissimulées,  mais 
utilisées  très  avantageusement  par  l'érection  des  statues, 
fontaines  ou  autres  petits  monuments  en  question.  Nos  pères 
nous  ont  laissé,  sous  ce  rapport,  des  leçons  à  méditer. 

Sans  être  isolé  dans  un  vaste  espace,  un  édifice  doit-il 
être  libre  de  tous  ses  côtés? 

Avant  la  question  esthétique  il  faut  considérer  ici  la  ques- 
tion pratique,  c'est-à-dire  la  destination  de  l'édifice. 

S'il  s'agit  d'un  théâtre,  par  exemple,  il  sera  nécessaire  de 
l'isoler,  afin  de  pouvoir  ménager  dans  toutes  ses  façades  de 
multiples  issues  qui  en  permettent  l'évacuation  rapide  et  de 
diminuer  en  même  temps  les  dangers  des  édifices  voisins 
en  cas  d'incendie. 

S'il  s'agit  d'une  église,  il  est  également  indispensable  d'en 
réaliser  l'orientation,  et  cela  pour  trois  motifs  :  l'observation 
des  prescriptions  liturgiques;  puis  la  solennité  que  prèle 
aux  actes  de  l'officiant  l'éclairage  du  chœur,  le  matin,  alors 
que  les  nefs  restent  dans  l'ombre;  enfin,  l'utilité  d'opposer 
aux  vents  d'ouest  la  masse  de  la  tour,  qui  protège  en  grande 
partie  les  façades  et  toitures. 

Sauf  de  très  rares  exceptions  motivées,  les  églises  devraient 
toujours  être  isolées,  avec  un  parvis  de  dimensions  suffi- 
santes et  en  rapport  avec  les  dimensions  de  l'édifice. 

L'édifice  à  construire  est-il  une  banque,  un  hôtel  des 
postes,  un  hôtel  de  ville,  etc.  Il  faut  alors,  pour  bien 
choisir  son  emplacement,  tenir  compte  de  l'éclairage  de 
l'intérieur,  des  issues  indispensables  aux  divers  services  et 
au  public,  etc... 

Il  faut  encore  étudier  avec  grand  soin  le  tracé  des  artères 
qui  aboutissent  à  une  place  publique.  La  perspective  mono- 


—  371   — 

tonc  el  fatigante  d'une  rue  large  et  fort  longue  a  besoin 
d'une  vaste  silhouette  qui  l'interrompe,  et  certains  styles 
peuvent  se  prêtera  un  point  de  vue  lointain;  mais  en  général, 
il  n'est  pas  à  souhaiter  que  l'édifice  se  voie  ainsi  de  loin, 
rapetissé  à  la  fois  par  la  distance  el  par  la  comparaison  des 
constructions  beaucoup  plus  proches  du  spectateur,  mais 
comprises  dans  le  champ  de  son  regard.  L'œil  s'habitue 
peu  à  peu  à  l'aspect  du  monument  qu'il  voit  grandir  au  fur 
et  à  mesure  qu'il  s'en  approche;  cette  habitude  émousse 
l'impression,  qui  est  bien  plus  profonde  lorsque  l'édifice  se 
présente  en  quelque  sorte  inopinément,  comme  cela  arrive 
lorsqu'on  débouche  par  l'angle  d'une  place. 

La  construction  de  monuments  en  bordure  des  rues  est 
défavorable  en  principe  à  leur  aspect.  Il  me  parait  superflu 
de  le  démontrer. 

Lorsque  plusieurs  édifices  monumentaux  doivent  être 
réunis  sur  une  même  place,  deux  écueils  se  présentent  : 
ou  bien  l'auteur  de  chacun  d'eux  se  préoccupera  de  faire 
valoir  son  œuvre  aux  dépens  des  autres  et  l'effet  sera  désas- 
treux; ou  bien  la  préoccupation  outrée  de  l'harmonie  fera 
tomber  dans  l'excès  d'unité,  et  l'effet  sera  monotone. 

De  ce  que  l'harmonie  soit  nécessaire  à  l'ensemble  archi- 
tectural, il  ne  résulte  pas  —  loin  de  là  —  que  tous  les 
édifices  réunis  en  un  même  lieu  doivent  être  conçus  dans  le 
même  style;  car  il  est  à  noter  que  la  beauté  harmonique  de 
cet  ensemble  résulte  tout  d'abord  des  proportions  relatives 
des  monuments  qui  le  composent,  de  l'équilibre  de  ses 
différentes  parties,  el  des  édifices  de  styles  différents  peuvent 
s'équilibrer  parfaitement  L'important  est  que  chacun  soit 
à  sa  place,  approprié  à  sa  destination  :  que  la  Bourse  ne 


—  372  — 

vise  pas  à  dépasser  la  hauteur  de  la  cathédrale,  ou  le  bureau 
de  poste  la  richesse  de  l'hôtel  de  ville.  Si  la  destination  de 
l'un  prescrit  la  simplicité,  si  le  luxe  du  second  doit  sym- 
boliser l'état  prospère  de  la  cité,  l'élégante  simplicité  du 
premier  fera  ressortir  la  décoration  plus  fastueuse  de  l'autre, 
mais  ensuite  l'œil  se  reposera  sur  lui  avec  plaisir,  et  ces 
deux  édifices,  de  style  et  de  caractère  tout  différents,  se 
feront  ainsi  valoir  mutuellement  tout  en  conservant  leur 
valeur  propre  et  en  concourant  à  l'harmonie  de  l'ensemble. 

Je  me  résume  : 

1°  En  règle  générale,  un  monument  gagne  à  être  dégagé, 
dans  le  sens  d'abord  facile;  mais  il  ne  faut  pas  ériger  le 
dégagement  en  système  et  poser  en  principe  que  tout  édifice 
d'un  caractère  monumental  doit  nécessairement  avoir  toutes 
ses  façades  libres; 

3°  Il  faut  se  garder  de  pousser  le  dégagement  jusqu'à 
l'isolement,  et  s'appliquer  au  contraire  à  ménager  dans 
l'entourage  des  points  de  comparaison  appréciables  sans 
calcul  et  qui  donnent  l'échelle  du  monument; 

3°  Il  faut  dans  un  ensemble  monumental,  comme  dans 
un  monument  pris  à  part,  ménager  des  repos  et  propor- 
tionner chaque  édifice  à  la  fois  à  son  rôle  personnel  et  à 
son  rôle  d'élément  de  l'ensemble. 

M.  le  Président.  —  Nous  remercions  beaucoup  MM.  Bor- 
diau  et  Acker  pour  leur  rapport,  qui  renferme  des  idées  si 
justes. 

Quelqu'un  a-t-il  des  observations  à  formuler  au  sujet  des 
conclusions  de  ce  rapport? 

Si  personne  n'en  présente,  je  les  déclare  adoptées. 


—  373  — 

Messieurs,  l'assemblée  préparatoire  de  samedi  dernier  a 
admis  que  notre  savant  collègue,  M.  Schuermans,  fit  à 
notre  réunion  de  ce  jour  une  communication  au  sujet  de 
l'abbaye  de  Villers. 

M.  Schuermans.  —  Il  ne  s'agit  nullement  de  rouvrir  la 
discussion  sur  la  direction  scientifique  des  fouilles  de  Villers  ; 
à  plusieurs  égards,  ce  serait  inopportun  ;  d'ailleurs,  il  y  aurait 
trop  à  en  dire,  même  à  n'en  parler  qu'en  bien,  et,  vous  le 
savez,  ce  n'est  pas  uniquement  pour  en  faire  l'apologie  que 
j'aurais  à  vous  en  entretenir. 

Certes,  je  rends  hommage  à  la  mémoire  du  regretté 
collègue  Licot,  l'«  artisle  des  ruines  de  Villers»,  comme 
on  pourrait  si  bien  l'appeler;  mais  historiquement,  j'ai  des 
restrictions  à  proposer  au  rajeunissement  excessif,  à  mon 
sens,  qu'il  inflige  à  l'église  et  aux  chapelles  nord,  en  datant 
seulement  celle-là  du  xiu*  siècle,  celles-ci  du  xiv%  voire 
du  xve;  millésimes  irrémissiblement  rectifiés  aujourd'hui 
par  le  travail  de  M.  de  Prelle  de  la  Nieppe,  qui  vous  a  été 
cité  l'an  dernier  et  que  j'ai  assumé  la  lâche  de  corroborer 
ultérieurement  à  l'aide  de  documents  inédits  que  je  tiens  en 
réserve. 

Si  j'ai  redemandé  la  parole  cette  année,  c'est  pour  vous 
signaler  un  événement  scientifique  important,  corollaire  et 
complément  des  découvertes  provoquées  par  moi  dans  les 
archives  de  l'archevêché  de  Malines  (t)  :  cela  connu  l'an 


(i)  M.  l'abbé  Laenen  qui  a  édité  ces  découvertes,  m'a  signalé  spon- 
tanément dans  ces  mêmes  archives  l'original  même  du  diplôme  pontifical 
où,  dès  1599  (c'est-à-dire  avant  Urbain  VIII),  le  pape  Clément  VIII  attri- 
bnait  le  titre  de  «  Sainte  »  à  la  B.  Julienne  de  Cornillon  (voy.  Anna  Un  de 
V Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique,  1900  (b9  s.,  II,  p  381). 


—  374  — 

dernier,  eùl  évité  au  collègue  que  je  viens  de  nommer 
Terreur  d'appliquer  au  transept  de  l'église,  ce  qui  concerne 
Tentrée,  et  d'induire  par  là,  en  d'inutiles  profanations  (0, 
les  trop  zélés  perquisiteurs  des  reliques  de  la  fi.  Julienne 
de  Gornillon,  qui,  en  juillet  1898  (je  précise),  se  sont 
ingérés  de  fouiller  là,  sur  une  pseudo  autorisation  ministé- 
rielle à  l'égard  de  laquelle,  peut-être,  je  n'ai  pas  dît  mon 
dernier  mot  (<)... 

Non  !  la  chapelle  Saint-Bernard  où,  pendant  deux  siècles 
ont  reposé  en  paix  les  reliques  spéciales  du  monastère,  ne 
doit  pas  se  chercher  au  transept;  elle  est  au  fond  du  temple  : 
aux  témoignages  de  Gramaye,  Sanderus  et  Papebroch, 
signalés  l'an  dernier,  est  venu  s'en  adjoindre  un  tout 
nouveau,  celui  que  j'ai  à  vous  révéler. 

Je  dois  la  découverte  à  M.  Somville  (de  Mellcry,  près  de 
Villers),  conservateur  adjoint  à  la  Bibliothèque  royale,  bon 
à  citer  ici  :  Somville  est  précisément  le  nom  d'un  des  derniers 
moines  de  l'abbaye,  qui  signa  le  document  suprême  rédigé 
au  moment  de  la  dispersion  du  couvent,  le  15  août  1795... 


(0  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XXXVIII  (1899),  p.  81, 
note  1;  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Nivelles,  VII  (190  J), 
pp.  43  et  44. 

(t)  Ici  une  remarque  épisodique  :  Personnes,  noms,  dates,  démarches, 
procédés,  tout,  dans  les  moindres  détails,  m'est  connu  de  ces  fouilles 
interlopes  (permettez-moi  le  mot),  auxquelles  d'ailleurs,  je  m'empresse  de 
le  reconnaître,  la  Commission  spéciale  des  fouilles  de  Villers  et  la 
Direction  des  bâtiments  civils  sont  restées  étrangères,  comme  vous  Ta 
affirmé,  Tan  dernier,  notre  honoré  Président. 

J'ajoute  qu'il  en  est  de  même  d'un  haut  personnage  ecclésiastique  de 
Liège,  qu'à  raison  d'une  sienne  phrase  prononcée  à  propos  des  chapelles 
de  l'église  de  Villers:  «  Qu'on  les  fouille  toutes!  ».  J'avais  impliqué  à 
tort  dans  ma  critique  :  c'est  exclusivement  entre  Brabançons  que  cela  avait 
été  manigancé  (passez  moi  encore  l'expression) .. 


—  378  — 

M.  Somville  allira  mon  attention  sur  un  avis  d'il  y  aura 
bientôt  cinquante  ans  («)•  dénonçant  aux  chercheurs  certain 
manuscrit  à  retrouver,  recueil  des  épitaphes  de  l'abbaye  de 
Villers... 

J'eus  l'heureuse  idée  de  passer  le  renseignement  au 
P.  Nimal,  auteur  d'une  monographie  importante  sur  Villers, 
qui  se  mit  immédiatement  en  campagne  et  n'eut  point  de 
cesse  avant  de  mettre  la  main  sur  le  précieux  document. 
Il  finit  par  le  découvrir  chez  M.  le  baron  Houtart,  au  château 
deMonceau-sur-Sambre,  amateur  éclairé  et  possesseur  d'une 
importante  collection  de  manuscrits,  où  il  avait,  bien  à 
propos,  recueilli  celui-ci  pour  le  sauver.  Je  rends  à  ce  bien- 
veillant intermédiaire  des  grâces  infinies  d'en  avoir  autorisé 
la  communication  par  moi. 

Le  P.  Nimal  d'abord  soutenait  l'opinion  de  M.  Licot  sur 
la  situation  de  la  chapelle  Saint-Bernard  dans  le  transept  : 
aussi  me  contredisait-il  énergiquemenl;  il  publia  même  un 
travail  sur  ce  sujet  (2);  or,  je  vous  signale,  Messieurs,  cet 
acte  qui  n'est  pas  sans  grandeur  :  se  reconnaissant  battu, 
c'est  à  moi,  le  vainqueur,  qu'il  s'est  empressé  de  signaler 
lui-même  sa  défaite... 

Celte  défaite,  elle  est  absolument  complète;  le  manuscrit 
Houtart  (5)  la  consacre  définitivement  :  la  .chapelle  Saint- 


(1)  Messager  des  sciences  historiques  (de  Gand),  XXVI  (1858),  p  490. 

(*)  Autour  de  Villers.  La  Bienheureuse  Julienne.  Ses  reliques  et  son 
culte  (Extrait  de  l'Echo  religieux  de  Belgique,  du  16  novembre  1902). 

(1)  A  confronter  avec  les  textes  cités,  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et 
d'archéol ,  XLI,  p.  320  et  324.  Le  manuscrit  Houtart,  en  tête  de  sa 
première  page,  au  moment  même  où  il  entre  en  matière,  inaugure  en  ces 
termes  sa  description  de  l'église  où  l'auteur  pénètre  par  le  fond  (entrée 
occidentale),  en  laissant  à  gauche  l'entrée  décrite  par  les  auteurs  :  «  lu 
d'eerste  capelle,  op  de  slinke  zyde,  langs  de  groote.  kerkdeur  inkomende  ». 


—  376  — 

Bernard,  dans  l'église  de  Villers,  est  bien  à  feutrée  du  fond, 
et  non  pas  au  transept  où  la  plaçait  M.  Licot,  à  plus  de 
soixante  mètres  de  là.  J'ai  mesuré... 

Puisque  j'ai  la  parole  sur  Villers,  encore  un  mot. 

L'un  de  nous,  non  l'un  des  moindres  —  il  vous  présidait, 
l'an  dernier  —  me  disait  naguère  :  le  Roi  voudrait,  aux 
environs  de  Bruxelles,  un  monument  bien  en  évidence  sur 
un  point  culminant,  comme  Fourvière,  Notre-Dame  de  la 
Garde  ou  Montmartre  :  que  ne  couronne-t-on  d'un  nouveau 
Villers  le  plateau  de  Koekelberg... 

Certes,  l'idée  est  séduisante  :  là,  sur  la  hauteur,  de  quel 
effet  ne  serait  pas  une  réplique  de  l'antique  abbaye  braban- 
çonne, avec  ses  voûtes  élevées  et  les  •  oculus  »  de  son 
chevet  et  de  son  transept,  se  découpant  sur  l'azur  du  ciel  ! 

Voici  ce  que,  côtoyant  la  même  idée,  je  disais,  ici  même, 
l'an  dernier  :  «  Si  l'on  veut  revoir  dans  toute  sa  simplicité 
grandiose  le  type  primitif  de  Villers,  qu'on  en  édifie  quelque 
part  un  fac-similé  complet.  » 

Je  l'avoue  à  regret,  je  n'ai  pas  le  mérite  de  l'invention; 
la  priorité  appartient  à  feu  l'architecte  Coulon,  notre  collègue 
du  Brabant,  qui,  il  y  ajuste  trente  ans  (i),  disait  à  propos 
de  Villers  : 

c  Si  j'osais,  je  terminerais  par  un  vœu,  c'est  que  le 
»  monument  soit  reconstruit  quelque  part  ;  il  ferait  honneur 


(i)  Commission  royale  des  Monuments.  Bulletin  du  Comité  du  Brabant, 
n»  2,  p.  51.  (Séance  du  7  avril  1873). 

M.  Coulon  est  revenu  sur  ce  point  (Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et 
d'archéol.,  XVII  (1878),  p.  264)  :  «  Rien  n'empêche  qu'on  n'entreprenne 
•  nn  jour  la  reconstruction  de  l'église  de  Villers  ;  la  localité  qui  en  serait 
»  dotée  aurait  lieu  d'être  fière  de  posséder  un  monument  de  cette  valeur 
s  et  elle  rendrait  un  service  signalé  à  notre  art  national.  » 


—  377  — 

»  à  la  local i lé  où  il  se  trouverait.  L'administration  à  laquelle 
»  on  devrait  la  renaissance  de  l'église  de  Villers  rendrait 
»  un  immense  service  à  l'art  belge  :  c'est  le  type  le  plus  pur, 
»  le  plus  complet,  de  la  plus  belle  époque  de  l'art  ogival. 

»  Quant  à  la  beauté  de  l'édifice,  il  serait  difficile  d'en 
»  citer  un  seul  qui,  étant  si  peu  orné,  présente  autant 
»  d'harmonie  dans  les  formes,  de  pureté  dans  les  lignes.  » 

M.  Goulon  terminait  par  ces  mots  qui  ont  bien  leur 
importance  : 

c  La  question  de  dépense  est  souvent  la  principale  ;  or, 
»  je  crois  pouvoir  assurer  qu'il  n'y  a  guère  moyen  de  bâtir, 
a  dans  ces  proportions,  en  aucun  style,  une  église  monu- 
•  mentale  voûtée  qui  coule  aussi  peu  que  n'en  coûterait 
»  celle  de  Villers.  » 

Je  ne  gâterai  pas  l'effet  de  paroles  si  bien  dites  par  des 
objections  tirées  du  traditionnel  Bernardus  va  lies,  ou  bien 
de  l'orientation  liturgique,  et  je  me  rassieds. 

On  construit  tant  d'églises  :  Que  ne  choisisse-t-on  une 
fois  le  type  de  celle  de  Villers...  (Assentiment.) 

M.  le  Président.  —  Nous  vous  remercions,  Monsieur 
Schuermans,  pour  votre  communication. 

M.  Schuermans.  —  Pardon!  Post-scriptum  important  que 
j'allais  oublier... 

On  agite  en  ce  moment  même  une  proposition  de 
transférer  les  restes  de  Henri  II  et  de  Sophie  de  Thuringe 
de  l'abbaye  de  Villers  dans  une  église  de  Louvain... 

Caveant  consules  :  que  les  autorités  veillent...,  à  moins 
qu'elles  ne  se  mettent  de  la  partie  en  sens  contraire,  comme 
dans  l'autre  affaire... 


—  378  — 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  avant  de  terminer  celle 
séance,  je  dois  un  mot  de  réponse  au  sujet  de  la  question 
que  vient  de  soulever  M.  Schuermans.  La  question  de  trans- 
férer dans  l'église  Saint-Pierre  de  Louvain  les  restes  du 
duc  Henri  II  et  de  la  duchesse  Sophie  de  Thuringe,  de 
l'abbaye  de  Villers,  où  ils  se  trouvent  depuis  des  siècles 
est  en  effet  soulevée.  H.  le  professeur  Henry,  membre 
éminenl  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  que  j'ai  vu  tout 
à  l'heure  dans  le  public,  mais  qui  est  malheureusement 
parti,  s'en  occupe.  Je  me  permets  de  répondre  à  M.  Schuer- 
mans deux  mots  à  titre  d'opinion  personnelle.  Il  n'appartient 
pas  à  la  Commission  royale  des  monuments  de  décider  cette 
question.  Je  crois  que  le  seul  pouvoir,  qui  puisse  le  faire, 
c'est  le  Gouvernement.  Si  j'étais  le  maître,  je  vous  l'avoue  : 
je  ne  permettrais  pas  le  transfert  des  restes  dont  il  s'agit 
de  Villers  à  Louvain  ;  c'est  ce  que  j'ai  déjà  dit  à  M.  Henry. 

L'abbaye  de  Villers,  propriété  de  l'État,  est  maintenant 
bien  gardée;  il  n'y  a  pas  de  déprédations  à  y  craindre.  Je 
pourrais  m  étendre  en  considérations  longues  ce  sujet.  Je 
me  bornerai  à  dire  ceci  :  si  le  Gouvernement  désire  opérer 
ce  transfert,  il  serait  nécessaire  de  ne  pas  oublier  la  propo- 
sition de  M.  Licot,  qui  est  aussi  un  peu  la  mienne  et  dont 
j'ai  déjà  dit  un  mot  lors  de  l'assemblée  dernière  :  s'il  convient 
que  les  corps  restent  là  où  ils  ont  été  déposés,  il  est  utile  de 
rétablir  le  mausolée  dont  on  a  relevé  un  grand  nombre  de 
débris  mis  en  bonne  place  à  Villers  et  dont,  au  surplus, 
on  connaît  les  dessins  reproduits  dans  les  documents  histo- 
riques. 

Dans  le  cas  où  le  Gouvernement  déciderait  le  transfert 
a  Louvain,  il  faudrait  que  le  mausolée  à  élever  dans  l'église 


—  379  — 

Saint-Pierre  de  Louvain,  fui  différent  du  mausolée  historique 
à  réédifier  à  Villers.  Il  faudrait  aussi  que  des  inscriptions 
missent  en  garde  les  chercheurs  de  l'avenir  contre  de  regret- 
tables confusions. 

Il  me  reste,  Messieurs,  avant  de  lever  cette  séance,  un 
peu  longue,  mais  très  intéressante,  à  remercier  particulière- 
ment l'Académie  dans  la  personne  de  son  cher  et  dévoué 
secrétaire  perpétuel,  M.  le  chevalier  Marchai. 

M.  le  chevalier  Marchal.  —  C'est  à  moi  à  vous  dire, 
Messieurs,  à  l'année  prochaine  1 

M.  le  Président.  —  Pardon,  c'est  à  nous  à  vous  remer- 
cier, mon  cher  ami. 

M.  le  chevalier  Marchal.  —  Nous  sommes  toujours 
très  honorés  de  vous  recevoir. 

M.  le  Président.  —  Messieurs,  je  vous  rappelle  notre 
réunion  au  Granl  Miroir,  et  à  Tannée  prochaine. 

M.  le  chevalier  Marchal.  —  Oui,  espérons-le,  à  l'année 
prochaine  ! 

—  La  séance  est  levée  à  1  heure  40  minutes. 


«' 


SfiLlSS  DE  L'iBBAYÏ  DE  TILLEBS 


I 


4 

I 


En  1902,  j'ai  entretenu  rassemblée  générale  des  membres 
Correspondants  de  la  Commission  royale  des  Monuments, 
de  la  direction  nouvelle  donnée  aux  études  sur  l'église  dç 
Villers,  par  M   Edg.ir  de  Prelle  de  la  Nieppe  (i). 

J'ai  annoncé,  à  cette  occasion  (2),  qu'il  m'a  va  il  été  donné, 
grâce  à  des  recherches  dans  les  archives,  provoquées  par 
mon  initiative,  de  mettre  la  main  sur  une  série  (je  documents 
inédits,  relatifs  à  l'antique  abbaye  brabançonne. 

En  voici  la  liste  bien  garnie,  mais,  je  l'espère,  encore 
incomplète  (3)  : 

1°  Consécration  du  cimetière  de  l'abbaye,  en  1210; 


(•)  Voj.  ci-dessus,  Bull,  des  Comm.  roy  (Part  et  d'archéol.,  XXXVIII 
(1899),  p.  37,  et  XLI,  p.  311 

(t)  Annales  delà  Société  archéologique  de  l'arrondissement  de  Nivelles, 
VII,  p.  2, 

-  (9)  Analectes  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique,  etc.,  XXV  (1808), 
p.  85.  C'est  feu  M.  le  chanoine  Rxusbvs,  professeur  d'archéologie  à 
l'Université  de  Louvain  (dont  le  nom  reviendra  ci-après)  qui  m'a  mis  en 
relations  avec  M.  l'abbé  Laenen,  archiviste  de  l'archevêché  de  Malines,  à 
qui  j'ai  fait  connaître  mes  desiderata,  entre  antres  une  liste  des  consé- 
crations des  autels  de  l'abbaye  de  Villers  (signalée  par  Bvthmàhh,  le 
correspondant  de  Psrtz),  dont  j'avais  immédiatement  saisi  l'importance, 
bien  dépassée  encore  par  la  réalité. 


—  382  — 

2°  Sépulture,  dans  l'église,  du  duc  Henri  H  et  de  la 
duchesse  Sophie  de  Thuringe,  en  1247  et  en  1275; 

3*  Translation  des  reliques  du  monastère,  dans  l'église, 
en  1269; 

4*  Catalogue  de  la  bibliothèque  de  l'abbaye,  dressé 
en  1309; 

5°  Consécrations  des  autels  de  l'église,  de  1217  à  1294, 
continuées  en  1313,  1317  et  même  en  4499; 

6*  Notice  nécrologique  sur  le  B.  Gobert  d'Àspremont; 

V  Mentions  diverses  d'un  bref  du  pape  Clément  VIII,  de 
l'an  1899,  qualifiant  «  Sainte  »  la  B.  Julienne  de  Cornillon, 
avec  le  texte  du  diplôme  pontifical,  retrouvé  en  original  à 
l'archevêché  de  Matines  (i). 

Ce  n'était  pas  peu,  mais  pour  moi  pas  assez  :  d'après  la 
maxime  évangélique  :  c  cherchez  et  vous  trouverez  » ,  je 
redoublai  de  fouilles  en  d'anciens  documents. 

Un  complément  bien  utile  de  ces  recherches  a  été  la 
découverte  (*),  parmi  les  manuscrits  précieux  qu'a  rassem- 
blés M.  le  baron  Edouard  Houtarl,  en  la  riche  bibliothèque 
de  son  château  de  Monceau-sur-Sambre,  d'un  recueil  des 


(t)  Voir  mon  travail  :  «  Châsse  des  XXXVI  Saints,  à  Anvers  (Annales 
de  V Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique,  Anvers,  1900,  LIi,  p.  881. 
J'y  ai  démontré  que  la  qualification  citée,  insérée  dans  un  bref  d'avant 
Urbain  VIII,  emporte,  ipso  jure,  la  canonisation.  Cela  n'est  pas  oontesté 
de  la  part  de  la  Curie  romaine;  mais  le  5  juillet  1899,  tout  en  ordonnant, 
d'après  ma  demande,  réouverture  de  la  cause  de  la  B.  Julienne,  elle  décide 
qu'il  y  a  lieu  de  compléter  la  procédure  par  une  enquête  «  de  virtutibus  et 
miraculis  »,  manière  polie  de  me  dire  ;  «  le  surplus  n'est  pas  qui  vous 
regarde  1  » 

(i)  Voy.  l'exposé  des  circonstances  de  la  trouvaille,  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  t }  arrondissement  de  Nivelles,  VIII,  p.  41. 

Je  l'appellerai  le  manuscrit  Houtabt,  comme  je  donnerai  le  nom  de 
manuscrit  Laener  à  celui  dont  je  parle  ci-dessus,  page  précédente,  note  3. 


—  383  — 

épitaphes  de  Féglise  de  Villers,  qui  a  été  formé  au  xvui*  siècle* 
J'aurai,  de  plus,  dans  le  cours  du  présent  article,  à  faire 
des  emprunts  à  un  important  Car  tu  la  ire  de  l'abbaye  de 
Villers,  encore  inédit. 

À  soi  seul,  cela  suffit  pour  indiquer  que  la  période  des 
études  préliminaires  au  sujet  de  Villers  ne  peut  pas  être 
considérée  comme  close  et  que  l'heure  de  la  synthèse  n'a 
pas  encore  sonné;  aussi  vais-je  me  borner  à  présenter  ici, 
non  pas  un  travail  d'ensemble,  mais  de  simples  noies  déta- 
chées, sur  plusieurs  points  de  détail  (me  paraissant  dignes 
d'être  posés  comme  jalons  futurs),  tout  en  laissant  de  côté 
nue  série  de  menues  questions  que  je  renonce  à  traiter  ici 
toutes  :  de  ma  part,  qu'on  veuille  bien  le  noter,  ne  pas 
contrpdire  n'équivaut  nullement  à  acquiescer  (<). 

J'ai  comme  le  sentiment  que  la  discussion  relative  à  l'église 
de  Villers  (sans  pour  cela  rien  perdre  en  indépendance,  au 
contraire)  aura  tout  à  gagner  en  sérénité  et  en  dignité,  par 
la  suppression  des  noms  propres  des  contemporains  encore 


(1)  A  l'appui  de  la  présente  étude  :  Edg.  de  Prsllb  de  là  Nieppb, 
ÊglUe  de  V abbaye  de  Villers  (Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  ffarchéol., 
supra,  XXXVIII,  1899,  p.  37);  Schobrmàkb,  Abbaye  de  Villers.  Reliques 
de  la  B.  Julienne  de  Cornillon  {Annales  de  la  Société  archéologique  de 
r arrondissement  de  Nivelles,  Vil,  p.  1);  Id.,  La  Châsse  des  XXXVI 
Saints  à  Anvers  (Annales  de  V Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique, 
Ve  série,  1900,  p.  381);  Id.,  Bull,  cité,  XLI,  p.  30;  Bal  au,  Sources  de 
Vhistoire  de  Liège  au  moyen  âge  (Mém.  cour.  Acad.  roy.  de  Belg.,  1903), 
p.  480. 

Eu  sens  inverse  :  Mon  champ,  Les  reliques  de  S.  Julienne  de  Cornillon. 
Contribution  à  Vhistoire  de  son  culte  {Gazette  de  Liège,  snppl.  4  et 
10  août  1898);  Nimal,  Autour  de  Villers.  La  B.  Julienne.  Ses  reliques  et 
son  culte  (Écho  religieux  de  Belgique,  26  novembre  1902);  Id.,  V Église 
de  Villers.  Étude  historique  et  archéologique,  avec  en  appendice  un 
manuscrit  du  xyiii"  siècle  (Ann.  citées  de  Nivelles,  VIII,  p.  1). 


—  384  — 

Vivants  (i)  dont  je  suis  exposé  à  devoir  discuter  l'opinion. 
Ainsi  ferai  je  el,  pour  éviter  toute  occasion  de  personnalité, 
je  me  borne  à  indiquer,  en  note,  de  façon  générale,  la 
«  littérature  •  de  la  question. 

II 

Dans  un  intérêt,  au  moins  apparent,  de  méthode,  il  y  a 
lieu  de  déblayer  le  terrain  pour  débarrasser  la  discussion 
d'une  de  ses  plus  grandes  occasions  d'encombrement  : 

Je  veux  parler  d'une  thèse  qui  vient  d'apparaître  pour  la 
toute  première  fois,  motif  suffisant  déjà,  à  soi  seul,  pour  la 
rendre  suspecte. 

Jusqu'à  présent,  tout  ce  que  les  auteurs  disaient  de  l'anti- 
quité de  l'église  de  Villers,  se  concentrait  en  ces  quelques 
paroles  de  Sanderus  (s)  :  •  L'église  de  Villers,  bien  qu'elle  ait 
été  construite  à  peu  près  à  l'époque  de  la  fondation  du  monas- 
tère, est  pourtant  une  construction  de  tout  premier  ordre  * . 

La  force  de  cette  énoncialion  si  nette  s'accentue  même 
par  une  antithèse  expressive  dont  voici  la  paraphrase  :  «  Ne 
vous  y  trompez  pas;  d'après  le  caractère  si  distingué  de 
l'édifice,  on  pourrait  être  tenté  de  le  considérer  comme 
moins  ancien  que  son  apparence.  Eh  bien  !  ce  serait  une 


(i)  J'aurais,  en  tous  cas,  été  obligé  de  faire  exception  pour  un  de  mes 
contradicteurs,  Licot  (qu'on  me  permette,  à  raison  de  la  notoriété  obtenue, 
à  bon  droit,  par  lui  pour  sa  restauration  de  Villers,  de  rappeler  de  son 
nom  tout  court);  je  me  suis,  malgré  mes  efforts  pour  m'y  soustraire 
(Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  iïarchéol.,  XLI,  p.  194).  laissé  entraînera 
une  discussion  contradictoire  arec  lui.  J'ai  donc  conquis  mon  franc  parler 
vis-à-vis  de  lui,  présent  comme  absent. 

(t)  a  Templum  quamvis  ab  initio  p&ene  fundati  monasterii  constructum 
sit,  Camen  elegans  est  et  augustum.  » 


—  38»  — 

illusion;  l'église  de  Villers,  en  vérilé,  remonte  à  une  anti- 
quité très  reculée;  elle  est,  à  peu  d'années  près,  aussi 
ancienne  que  l'abbaye  elle-même...  » 

Voilà  certes  une  thèse  péremploire  !  Comment,  après 
cela,  contester  la  haute  antiquité  de  l'église  de  Villers? 

Mais  un  contradicteur,  pour  échapper  à  l'argumentation, 
s'élance  sur  la  tangente  et,  en  vérilé,  quand  on  y  regarde 
de  près,  l'on  doit  bien  reconnaître  qu'il  n'y  avait  guère 
pour  lui  d'autre  ressource... 

«  Les  auteurs  de  ces  temps,  nous  dit-on,  n'attachaient 
qu'une  importance  médiocre  à  la  chronologie...  Dans  une 
suite  de  siècles,  cinquante  ans  comptent-ils  et  la  date  de 
1 197  ne  constitue-t-elle  pas  une  véritable  antiquité?  »... 

Pour  remettre  les  choses  au  point,  il  suffit  de  remarquer 
qu'ici  le  sens  «  obvie  »  (comme,  parait-il,  on  appelle  cela), 
consiste  précisémeni  ici  à  déterminer  l'antiquité  relative,  et 
de  la  fondation  du  monastère  et  de  la  construction  de  l'église, 
deux  époques  distinctes,  bien  marquées  par  l'opposition  des 
termes  «  fundati  »  et  •  construclum  ». 

Généralement  certes,  il  n'y  a  pas  de  concomitance  absolue 
et  nécessaire  entre  les  deux  époques  de  la  fondation  et  de  la 
construction,  qui  peuvent  retarder  l'une  sur  l'autre;  mais 
quand  elles  se  rencontrent,  l'observation  y  gagne  en  préci- 
sion et  en  importance;  or,  à  peu  d'années  près,  c'est  le  cas 
ici  :  il  y  a  coïncidence. 

III 

Une  seconde  occasion  d'encombrement  que  je  désire  sup- 
primer, est  certaine  thèse  que  je  vois  apparaître  et  qui  est 
une  nouveauté,  plus  encore  que  la  précédente. 


—  386  — 

Au  moins  les  spécialistes  de  Villers,  bien  que  dissidents 
sur  d'autres  points,  étaient-ils  d'accord  pour  déclarer  ce  qui 
sait  :  c  Qu'on  ne  vienne  pas  ici  parler  de  tâtonnements, 
»  d'un  temple  primitif,  de  services  provisoires;  rien  n'accuse 
»  le  doute.  L'église  n'eut  jamais  et  autre  emplacement  (i).  » 

Et  brochant  sur  le  tout,  des  passages  où  on  lit  :  c  Le  plan 
d'ensemble  existe  dès  le  premier  coup  de  pioche...  » 

Ces  spécialistes  discutaient  ensemble  si  telle  ou  telle 
partie  de  l'église  est  antérieure  à  telle  autre;  mais  jamais 
ils  n'étaient  sortis  du  cadre  formé  par  les  ruines  actuelles, 
pour  loger,  par  hypothèse,  sur  leur  emplacement,  une  partie 
quelconque  des  constructions  de  l'abbaye. 

Ici,  une  erreur  vraiment  piquante  :  C'est  Licol  qui  a  écrit 
la  ligne  reproduite  ci-dessus  en  italiques  :  •  L  église  ri  eut 
jamais  et  autre  emplacement.  » 

Eh  bien  1  pour  réfuter  celte  donnée,  c'est  Licot  et  c  Licot 
lui-même  (a)  »  qui  est  invoqué,  comme  si  son  témoignage 
était  de  nature  à  être  produit  à  l'appui  de  la  thèse  diamétra- 
lement opposée  à  la  sienne... 

Licot  contre  Licot  ! 

Malheureusement  pour  l'auteur  de  cette  ingénieuse  combi- 
naison (que  j'aime,  en  vérité,  à  croire  être  plutôt  encore  une 
confusion),  M.  de  Prelle  de  la  Nieppe  n'a  jamais  rien  dit  de 
semblable  et  Licol  doit  rentrer  en  possession  des  paroles  en 
question  :  c'est  bien  lui  qui  les  a  écrites. 


.  (i)  Licot,  Abbaye  de  Villers- La  Ville,  de  Vordre  de  Citeaux.  Descrip- 
tion des  ruines,  p.  72  (Bruxelles,  1877);  Coulon,  Bull,  des  Comm.  roy. 
d'art  et  d'archéol.,  XVII,  pp.  271,  272,  282,  318,  etc. 

(t)  Dans  un  autre  passage  de  l'auteur  critiqué,  c'est  M.  c  de  Prbixb 
lui-même  »  à  qui  le  même  rôle  est  attribué... 


—  387  — 

Avec  la  citation,  disparait  naturellement  tout  ce  qui  a  été 
déduit  d'elle,  pour  appuyer  certaine  opinion  réfutée  depuis 
longtemps,  entre  autres  par  M.  de  Prelle  (i),  à  savoir  que 
l'église  primitive,  à  Villers,  «  était  dans  la  partie  la  plus 
cachée  du  monastère,  c'est-à-dire  au  sud,  précisément  le 
côté  opposé  à  celui  où  le  pieux  fondateur  plaçait  toujours 
l'église.  • 

Je  me  suis  permis  d'appeler  •  piquante  »  l'erreur  de  cette 
citation  où  Licot  est  mis  en  avant  pour  réfuter  Licot... 

Voici  un  rapprochement  plus  piquant  encore.  Gomme  si 
Bulkens  avait  prévu  la  présente  discussion,  il  l'a  tranchée 
d'un  mot,  il  y  a  plus  de  deux  siècles  (*)  :  c  S.  Bernard 
•  fit  à  nouveau  bâtir  église  et  demeure  pour  ses  religieux 
»  qu'ils  dédièrent,  à  la  S.  Vierge  Mère,  au  même  lieu  où 
»  V église  de  Villers  se  voit  maintenant. . .  • 

On  ne  peut  être  plus  catégorique... 

IV 

Il  est  indispensable  que  des  plans  appropriés  à  la  discus- 
sion (voir  pi.  I)  soient  mis  sous  les  yeux  du  lecteur  :  je  lui 
demande  la  permission,  parmi  les  points  que  jfy  marque, 
d'y  comprendre,  comme  définitivement  établis,  ceux  que  je 
lui  présente  tels  ci-après. 

J'entre  dans  l'église  par  le  fond. 

Avant  d'avoir  franchi  le  seuil,  je  côtoie  à  gauche  (3)  la 


(1)  L.  cit.,  XXXVIII,  p.  40. 
(«)  Trophées  de  Bradant,  I,  p.  123. 

(•)  c  In  d*eerste  capelle  op  de  slinke  zyde,  lange  de  groote  kerk  deur 
inkomende.  »  Manuscrit  Houtabt,  tonte  première  ligne. 


—  568  — 

Chapelle  n*  9,  sous  le  porche  t  c'est  la  «  nona  capella  in 
porlicu  subtus  »,  de  la  Chronique,  chapelle  du  narlhex, 
affectée  spécialement,  après  1599,  au  cuite  de  Saint-Bernard. 

Chapelle  n°  8,  dite  de  Monl-Saint-Guiberl  ;  c'est  celle 
qu'on  présente  aujourd'hui  comme  étant,  au  lieu  de  la 
précédente,  la  seule  et  vraie  chapelle  de  Saint-Bernard, 
opinion  que  je  combats  énergiquemcnl. 

Les  chapelles  suivantes  (en  remontant  l'église  depuis  7 
jusqu'à  S)  ne  présentent  pas  un  intérêt  spécial  pour  le 
moment. 

Quant  à  la.  Chapelle  n°  4,  il  est  inutile  d'en  entretenir  le 
lecteur,  quoique  Ion  ait  fait  quelque  tapage  autour  d'elle  à 
propos  des  reliques  à  retrouver  de  la  B.  Julienne  de  Corail- 
Ion  (i);  l'opinion  de  Licot  est  aujourd'hui  abandonnée,  même 
par  ses  protagonistes  d'antan  (*). 

II  n'a  jamais  été  question  de  la  Chapelle  B,  sinon  d'une 
manière  toute  hypothétique,  et  cela  à  seule  fin  d'écarter 
toute  application  du  texte  des  auteurs  à  une  entrée  aussi 
secondaire.  Il  est  d'ailleurs  manifeste  que  M.  de  Prelle  a 
fait  erreur  en  plaçant  en  B  la  chapelle  de  Saint-Paul  (s). 

Chapelle  C.  Je  possède,  sur  un  plan  de  Villers,  une 
annotation  autographe  de  feu  M.  Piot,  membre  de  la  Com- 
mission des  Monuments,  pour  y  marquer  certaine  chapelle 
qu'en  son  enfance  (premières  années  du  xixe  siècle),  on  lui 


(i)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XLI,  pp.  314  et  320 . 
compte  rendu  non  encore  publié  de  l'Assemblée  générale  de  la  Commission 
des  monuments  en  1903. 

(s)  Ann.  Soc.  archéol.  de  Nivelles,  VIII,  p.  55. 

(»)  Celle-ci  était  dans  l'angle  du  mur  méridional  et  la  chapelle  6. 
(Voy.  ci-après  ) 


—  589  — 

avait,  m'a-t-il  dit,  désignée  comme  chapelle  de  la  Vierge  : 
c'est  la  chapelle  G  (i). 

Chapelle  D.  Là,  dans  l'en  I  recolon  neitient  d'avec  le  maître- 
autel,  fui  placé  le  tombeau  double  du  duc  Henri  et  de 
Sophie  de  Thuringe,  dont  je  vais  reparler. 

Le  Maître-autel  A  ne  donne  guère  lieu  à  des  observations 
à  part,  non  plus  que  les  chapelles  E,  F,  G,  si  ce  n'est  que 
la  chapelle  E,  comme  le  soupçonnait  M.  de  Prelle<Y),  fait, 
en  effet,  double  emploi  avec  F;  le  vocable  de  cet  autel  est 
complexe  :  «  ad  titulum  beali  Mychaelis  archangeli  et 
»  omnium  sanclorum  angelorum  (3).  » 

Gramaye  parle  d'autels  c  quaquaversus  templum  coro- 
nantia.  »  Il  y  avait  donc  des  autels  même  du  côté  sud  (à 
l'exclusion  tout  naturellement  de  l'ouest).  Ce  texte  est 
confirmé  : 

1°  Par  la  constatation  qu'un  autel  se  trouvait  «  ante 
januam  secretarii  (*)  »,  donc  adossé  h  la  paroi  méridionale 
du  mur  de  l'église; 

2°  Par  un  passage  où  Tarlier  et  Wauters  (5)  signalent 
€  au  mur  des  collatéraux  de  l'est,  des  arrachements  qui 
semblent  indiquer  la  présence  d'autels  ou  de  cloisons  »  ; 

3°  Par  un  texte  de  Jongelinus  indiquant  un  autel  de 
SS.  Simon  cl  Jude  du  côté  méridional  de  l'église  (6); 


(1)  Certes,  je  ne  vais  pas  jusqu'à  présenter  cela  comme  une  preuve  de 
rexistence  de  la  chapelle  de  la  Vierge,  en  C;  mais  j'aurai  pins  tard  à- 
insister  sur  la  coïncidence  de  la  désignation  avec  le  texte  des  auteurs  du 
ziii*  siècle  sur  des  miracles  qui  auraient  été  accomplis  dans  le  transept. 

(1)  X.  cit.,  p.  77. 

(s)  Laenkn,  Analectes,  XXVII,  p.  91. 

(*)  Idm  ibid.t  p.  95. 

(s)  Canton  de  Qenappe,  p.  88. 

(e)  Notitia  abbatiarum  ordinis  Cistertiensis,  fascicule  ix,  35, 


—  390  — 

4*  Enfin  par  le  fait  de  la  découverte  qu'a  faite  Lîcot ,  des  fou* 
déments  d'un  autel  en  H'"  (où  il  s'agit  de  marquer  l'autel  H", 
un  peu  à  gauche  de  l'endroit  désigné  par  M.  de  Prelle  et  an 
tant  soit  peu  plus  haut). 


Je  m'interromps  ici  pour  dire  deux  mots  des  tombeaux 
du  duc  Henri  de  Brabant(f  1247)  et  de  Sophie  de  Thuringe, 
son  épouse  (f  1275),  réunis  en  un  caveau  double,  à  gauche 
du  chœur  (situation  indiquée  par  Gramaye  et  Sanderus  : 
c  ad  laevam,  »  où,  en  effet,  des  fouilles  utiles  furent  opérées 
en  1895). 

Je  pense,  après  ce  que  j'ai  dit  à  l'assemblée  générale  de 
la  Commission  des  Monuments,  en  1902  (i),  que  personne 
ne  songera  plus,  à  la  suite  du  comte  de  Montalemberl  et  de 
l'abbé  Namèche,  à  déposséder  Sophie,  la  fille  de  Sainte- 
Elisabeth,  de  sa  sépulture  en  l'église  de  Villers  :  le  document 
qu'il  m'a  été  donné  de  produire,  un  vrai  procès-verbal  du 
temps,  coupe  court  à  toute  discussion  sur  ce  point,  comme 
à  l'erreur  grossière  de  ceux  qui,  dans  la  partie  gauche  du 
caveau,  croyaient  avoir  découvert  des  ossements,  non  pas  de 
femme,  mais  d'homme  (*);  je  complète  les  renseignements 
que  j'ai  présentés  alors,  par  la  reproduction  d'un  croquis  que 
m'a  fourni,  en  1897,  feu  l'architecte  De  Wil,  directeur  des 
fouilles  de  l'abbaye  (Voir  pi.  H). 

J'ajoute  un  détail  :  la  chapelle  près  de  laquelle  furent 


(i)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  etd'archéol ,  XLI,  p  315. 

(t)  Voy.  ibid.,  p.  315,  où  Licot  a  encore  produit  l'allégation,  contraire 
an  «  procès- verbal  »  cité,  que  le  corps  laissé  dans  le  tombeau,  en  1895,  est 
celui  de  la  duchesse. 


—  391  — 

enterrés  Henri  II  el  Sophie,  est  qualifiée,  dans  les  documents 
que  j'ai  retrouvés,  tantôt  chapelle  Saint-Jean-Baptiste  (i), 
tantôt  chapelle  des  Saints  Évangélisles;  le  fait  est  que,  dans 
l'acte  de  consécration  de  l'autel  «  quod  stat  ad  lumbam 
ducis  »,  la  désignation  est  double  :  c  S.  Johannis-Baptistœ 
et  IIII  Sanctorum  Ewangelistarum  (s).  » 

—  Puisque  j'en  suis  aux  tombeaux  des  ducs  enterrés  en 
l'église  de  Villers,  il  n'est  pas  inutile  que  je  parle  ici  de  celui 
du  duc  Jean  III  de  Brahant  (mort  en  135*5). 

Ce  tombeau,  on  parait  s'être  assigné  pour  lâche  de  le 
chercher  du  côté  Épitre;  je  lis,  en  effet,  dans  une  sorte  de 
«  communiqué  »  adressé  aux  journaux  (5),  la  phrase  dont 
j'ai  donné  connaissance  à  la  Commission  des  Monuments  : 
€  Les  travaux  vont  être  repris  dans  le  bas-côté  du  transept 
méridional  où  l'on  espère  mettre  au  jour  les  restes  de 
Jean  III,  duc  de  Brabant  (a)  » 

Le  monument  de  ce  grand  personnage  n'était  pas  de  ce 
côté  de  l'église  :  Gramaye  et  Sanderus  parlent  l'un  et  l'autre 
des  tombeaux  des  ducs  de  Brabant,  <  tumuli  duoducum  », 
(donc  Jean  III,  aussi  bien  que  Henri  II,  l'un  de  ses  prédé- 
cesseurs), comme  se  trouvant  à  gauche,  c  ad  laevam  », 
c'est-à-dire  du  côte  Évangile. 

Quant  à  Butkens,  il  y  met  moins  de  précision  et  il  place  le 
tombeau  devant  le  maitre-autel;  mais,  sous  peine  de  donner 


(1)  Cartulaire  182,  aux  Archives  du  royaume,  à  Bruxelles,  pp.  2  et  14. 

(1)  Analectes  ecclésiastiques,  XXVII,  p.  96;  cet  autel  fut  consacré 
seulement  en  1250,  trois  ans  après  l'enterrement  du  duc  Henri  II  au  pied 
de  cet  autel. 

(a)  Voy  supra,  XL1,  p.  319. 

(4)  Inutile,  sans  doute,  de  répéter  ma  protestation  contre  l'inconvenance 
du  terme... 


—  39»  — 

un  démenti  aux  deux  autres  au  leurs  cités,  H  s'agit,  en  tous 
cas,  de  se  figurer  le  tombeau  cherché,  face  au  chœur  sans 
doute,  mais  à  gauche,  non  à  droite,  de  Taxe  de  l'église. -, 

La  production  du  manuscrit  Houtart  n'est  pas, de  nature 
à  élucider  la  question  :  ce  document  indique  bien  le  tombeau 
de  Henri  II  du  côté  Évangile;  mais  quand  il  parle,  après 
cela,  du  tombeau  de  Jean  III,  c'est  le  côté  Épitre  qu'il 
désigne  pour  celui-ci... 

Heureusement,  une  autre  énonciatton  du  même  manuscrit 
Houtart  permet  de  résoudre  celte  nébuleuse.  Il  en  résulte 
qu'à  un  moment  donné,  l'abbé  de  Villers  obtint  la  permission 
de  déplacer  le  monument  de  Jean  III,  pour  faire  pendant, 
sans  doute,  à  celui  de  Henri  II,  de  l'autre  côté  du  mailre- 
aulel,  vers  l'autel  de  Saint-Michel  (plan  lill.  E}. 

Voici  ce  qui  aura  eu  lieu  :  d'abord,  la  sépulture  et  le 
cénola plie  coïncidaient  l'un  au-dessus  de  l'autre;  mais,  pour 
des  nécessités  de  service,  le  second  aura  été  transporté  du 
côté  Épitre,  en  laissant  sa  partie  souterraine  du  côté  Évangile. 

De  là,  la  fausse  idée  que  la  place  primitive  du  cénotaphe, 
œuvre  de  Golard  Garnel,  était  vers  la  gauche  du  maitre- 
aulel  (1),  où,  en  effet,  paraissent  en  avoir  été  trouvés  de 
menus  débris. 

A  mon  avis,  le  caveau,  contenant  sans  doute  encore 
aujourd'hui  les  restes  du  duc  Jean  III  de  Brabant,  a  échappé 
au  vandalisme,  parce  qu'aucun  signe  extérieur  ne  le  signalait 
plus,  et  le  caveau,  d'après  les  indications  combinées  fournies 
par  Gramaye,  Sanderus  et  Butkens,  doit  se  trouver  sur  une 


(i)  «  Bas-côté  du  transept  méridional.  »  (Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et 
f0rçhéol-fXIA,  p.  319.) 


—  S98  — 

r 

ligne  droite  que  n'intercepte  pas  le  gros  pilier  du  transept, 
côté  Évangile. 

Ces  conditions  paraissent  ne  point  être  remplies  quant  à 
certain  caveau  qu'on  soupçonne  exister  au  tréfonds  du  tran- 
sept; en  fait  de  tombeau,  on  ne  retrouvera  sans  doute  là  que 
celui  de  l'abbé  de  Vleeschouwere,  c  sepullus  in  medio 
ecclesiœ,  anle  altare  SS.  Trinitalis...  » 

Une  croisade  pieuse  (i)  s'organise  pour  ramener  à  Louvain 
les  restes  mortels  de  nos  anciens  souverains,  enterrés  à 
Villers,  dont  le  duc  Henri  II  et  la  duchesse  Sophie  de 
Thuringe... 

Pou  ira- 1- on  y  joindre  ceux  du  duc  Jean  III?  Il  y  a  lieu 
d'en  douter... 

En  tous  cas,  j'estime,  quant  à  moi,  qu'il  faut  laisser  en 
paix  les  défunts,  où  qu'ils  aient  été  enterrés;  mais  du 
moins  convient-il  de  faire  respecter  leurs  tombeaux  (comme 
d'ailleurs  ceux  des  autres  occupants  des  sépultures  de  Villers, 
moines  ou  ducs),  mieux  qu'on  ne  le  fait  aujourd'hui  où 
Villers  est  devenu  un  lieu  de  rendez-vous  joyeux. 


VI 


Vu  l'importance  de  la  matière  qui  attire,  de  plus  en  plus, 
l'attention  des  archéologues,  l'étude  de  M.  Edg.  de  Prelle 


(i)  L.  Hekby,  président  du  conseil  de  fabrique  de  Saint-Pierre  à  Lonvatn. 
(Petites  Affiches  de  Louvain  du  13  septembre  et  du  18  octobre  1903.) 

Voy.  à  ce  sujet  les  paroles  prononcées  par  M.  Lagassb-dx  Locht, 
président  de  la  Commission  royale  des  monuments,  et  par  moi-même,  à 
rassemblée  générale  de  1906  dont  le  compte  rendu  n'a  pas  encore  été 
publié. 


—  394  — 

de  la  Nieppe  sur  l'église  de  l'abbaye  de  Villers  (i), 
avait  élé  soumise  préalablement  à  un  contrôle  €  sérieux, 
même  sévère  («)  »,  de  la  part  des  deux  rapporteurs 
du  Comité  du  Bulletin  des  Commissions  royales  dort  et 
d archéologie,  feu  M.  le  chanoine  Reusens  (s)  et  moi- 
même,  qui  nous  rencontrions  régulièrement  tous  les 
mois,  à  la  Commission  du  Musée  royal  du  Cinquantenaire, 
à  Bruxelles,  avec  l'auteur,  alors  notre  collègue  en  celle 
Commission. 

Au  dit  Musée,  nous  avions  précisément  l'avantage  d'avoir 
sous  les  yeux  la  maquette  de  l'abbaye  de  Villers,  dressée 
par  l'architecte  Licol,  occasion  favorable  pour  y  raccorder 
nos  entretiens  et,  je  puis  le  dire,  une  correspondance  active 
et  minutieuse. 

Il  s'était  tenu,  le  28  août  1877,  à  l'abbaye  même  de  Villers, 
une  assemblée  de  la  Gilde  de  Saint-Luc  et  Saint-Thomas, 
où  furent  en  présence  et  même  en  contradiction,  d'une  part 
le  chanoine  Reusens  et  le  savant  archéologue  anglais  James 
Weale,  émule  de  Sharpe,  dont  le  nom  reviendra  ci-après, 
—  et  d'autre  part  l'architecte  Licot,  avec  un  personnage, 


(i)  Bulletin,  supra,  XXXVII,  p.  37. 

(t)  Ibtd.,  XLI,  p.  310 

(s)  11  est  inutile  de  rappeler  ici  les  titres  de  réminent  professeur 
d'archéologie  de  Louvain.  Je  me  sourions  avec  émotion  qu'à  la  dernière 
séance  du  Musée  où  assista  ce  regretté  collègue,  il  est  venu  me  retrouver 
au  fond  de  la  salle  du  Musée  du  Cinquantenaire  où  repose  la  maquette  de 
Villers,  et  là,  devant  celle-ci,  nous  nous  sommes  entretenus  de  plusieurs 
questions  concernant  l'abbaye.  U  est  résulté,  pour  moi,  de  cette  suprême 
entrevue,  que  M.  Reusens  approuvait  les  efforts  de  M.  de  Pbelle,  pour  se 
dégager  de  la  routine  et  surtout  pour  résister  aux  tendances  dont  je  parle 
ci-dessus  :  du  ton  dont  il  en  parlait,  il  m'a  semblé  que,  sur  lui-même,  elles 
avaient  produit  un  très  médiocre  effet. 


—  395  — 

doDl  le  compte  rendu  de  la  séance  parle  en  ces  termes  (1)  : 
€  un  inconnu  se  leva  et  demanda  la  parole...  La  parole  lui  fut 
accordée  et  il  put  se  faire  entendre.  Nous  sûmes  plus  tard  que 
ce  monsieur  avait  collaboré  à  une  monographie  de  l'abbaye 
et  c'est  ainsi  qu'il  connaissait  si  bien  les  lieux  1  » 

La  façon  pittoresque  de  ce  compte  rendu  n'implique  pas 
précisément  une  parfaite  communion  d'idées  entre  ce 
€  monsieur  inconnu  »  et  les  archéologues  devant  lesquels 
il  fut  admis  à  exprimer  les  siennes... 

Aussi  ne  serai-je  pas  taxé  de  témérité  pour  affirmer  que 
si,  —  comme  moi  d'ailleurs,  —  le  chanoine  Reusens  ne 
marchandait  pas  son  approbation  à  Licot  artiste,  il  n'en 
était  pas  de  même  pour  Licot,  auteur  d'un  livre  sur  les  ruines 
de  Yillers,  qui  venait  de  paraître  et  dont  le  savant  professeur 
de  Louvain,  en  1877,  n'avait  pas  sans  doute  encore  entendu 
parler. 

Dans  mes  entretiens  avec  ce  dernier,  j'ai,  en  effet,  entrevu 
quelque  réaction  contre  les  novateurs  du  xix6  siècle  qui 
c  s'emballent  à  l'envi  »  pour  soutenir  que  le  constructeur  de 
Yillers  fut,  non  pas  le  fondateur  lui-même,  mais  un  abbé 
du  lieu  vivant  un  demi-siècle  plus  tard. 

Je  trouve  même  la  preuve  de  celte  disposition  d'esprit 
dans  le  contraste  de  Reusens,  vieillissant  de  l'église  de 
Villers,  et  de  Licot  tendant  à  la  rejeunir. 

C'est  aussi  la  déclaration  très  nette  du  premier  à  la  Gilde 
de  1877  :  c  Église  de  Villers.  Le  plein  cintre  s'y  trouve 


(i)  Ce  personnage  était  M.  Lefêvre,  membre  correspondant  de  l'Aca- 
démie de  Reims,  coauteur  du  livre  publié  par  Licot,  en  1877,  sur  l'abbaye 
de  Ville»,  livre  qui  venait  à  peine  de  paraître. 


—  396  — 

•  encore,  notamment  au  chœur  et  au  narthex  •,  ce  que 
James  Weale  appuyait  :  «  On  a  pu  remarquer  que  le  narthex 
»  et  la  partie  orientale  de  l'église  sont  d'une  époque  plus 
»  reculée  que  le  reste  de  l'édifice.  > 

Pour  la  première  fois,  on  entendait  se  préciser  celte 
importante  détermination  d'époque  :  les  constructions 
primitives  de  Villers,  celles  qui  se  rapprochent  le  plus 
du  temps  de  S.  Bernard,  appartenant  encore  au  style 
roman... 

L'honorable  professeur  d'archéologie  de  Louvain  eut  une 
occasion  ultérieure  d'exprimer  son  avis  sur  l'âge  du  narthex, 
classé  par  lui  parmi  les  constructions  primitives  de  l'église 
de  Villers;  celte  occasion,  ce  fut  l'élude  de  M.  de  P relie 
de  la  Nieppe;  voici  la  déclaration  importante  et  dont  tous 
les  mots  portent, qu'il  dicta  lui-même  à  ce  dernier:  «  D'après 
»  une  observation  précieuse  que  nous  suggère  M.  le  cha- 
»  noine  Reusens,  l'idée  d'établir  une  chapelle  sous  le 
»  porche,  tient  peut-être  à  ce  que,  en  effet,  pendant  le 
»  xii*  siècle,  le  narthex  servit  de  chapelle  pour  les  péni- 
»  tents.  » 

Par  celte  fixation  précise  de  date  :  «  pendant  le  xne  siècle  » 
(pas  plus  tard  !),  le  chanoine  Reusens  a  bien  accentué  son 
intention  de  décliner  toute  solidarité  avec  la  thèse  Licol  qui 
fait  remonter  l'église  toute  entière,  narthex  compris,  non  pas 
au  xii°  siècle,  mais  au  xiii';  en  émettant  pareil  avis,  le  savant 
chanoine  avait  bien  certainement  son  attention  concentrée 
sur  ce  que  j'appellerai  les  <  incunables  »  de  l'abbaye  de 
Villers.  J'estime  que,  ces  origines,  il  les  faisait  remonter  un 
bon  demi-siècle  avant  la  fin  du  xu*,  celui  dont  il  a  parlé  en 
toutes  lettres... 


-  307  — 


VII 

Ce  n'est  pas  que  Licot  ait  bien  été  encouragé  dans  son 
affirmation,  trop  hardie,  que  les  travaux  de  l'église  de 
Viilers  ont  commencé  seulement  en  1  197  :  deux  ans  à  peine 
après  ie  livre  relatif  à  Viilers  (i),  Goulon,  son  émule  (*) 
pour  les  études  relatives  à  l'antique  abbaye  brabançonne, 
publiait  l'importante  déclaration  que  voici  : 

t  Sous  l'entrée  de  la  grande  nef  existe  une  crypte  romane 
»  dont  la  voûte  est  portée  par  trois  pileltes  centrales.  Elle 
»  appartient  au  temple  primitif  ou  du  moins  à  une  église 
»  antérieure  h  celle-ci  ;  j'estime  que  celle  substruction  date 
»  de  H50à  1200   » 

Confirmation  éclatante  et  précise  de  la  thèse  de  Reusens 
et  de  Wcale!  D'après  Goulon,  le  narlhex  de  l'église  aurait 
même  été  commencé  en  1150,  trois  ans  avant  la  mort  de 
S.  Bernard... 

En  deux  autres  passages,  Goulon  parle  du  narlhex  dans 
les  mêmes  conditions  :  c  Pour  aller  à  la  cave  sous  le  porche, 
»  on  passe  par  une  profonde  embrasure  qui  a  été  pratiquée 
9  dans  le  mur  primilif,  lorsqu'on  y  accola  ce  porche...  Le 
»  mur,  placé  entre  les  deux  souterrains,  est  d'une  épaisseur 
»  inusitée,  ce  qui  s'explique  parce  que  c'était  la  fondation 


(i)  V église  de  V abbaye  de  Viilers  (#»//.  des  Comm.  roy.  d'art  etcParchéoh, 
XVII,  p.  259). 

(s)  Lire  le  Messager  des  sciences  historiques,  1882,  p.  16,  qui  a  opposé 
les  deux  artistes  l'un  à  l'autre. 

Je  puis  bien  me  permettre,  sans  doute,  de  traiter  les  deux  «  rivaux  » 
avec  la  même  familiarité,  c'est-à-dire  en  les  appelant  l'un  et  l'autre  par 
leur  4iom  «  tout  court  ». 


39fc~- 


de  l'ancienne  façade,  dont  les  assises  avancées  auront  été 

reparementées  (1)  » . 

Plus  haut,  il  a  même  une  réminiscence  de  ces  bancs  de 
pénitents  sur  lesquels  Reusens  nous  a  fait  en  (rejeter  les 
yeux  :  «  Attendons  l'ouverture  du  temple  dans  le  porche. 
J'y  ai  découvert  les  restes  des  bancs  qui  existaient  le  long 
des  murs  (t)  » . 

C'est  encore  au  nartheœ  (partie  souterraine)  que  me  rap- 
pellent les  points  de  comparaison,  choisis  par  M.  de 
Prelle  (s),  entre  Villers  et  sa  contemporaine  Cambron 
(année  1140);  là,  en  effet,  a  été  signalée  une  antre  crypte 
remontant  aux  toutes  premières  années  de  l'abbaye;  elle 
présente  tant  d'analogie  avec  la  nôtre  que,  je  me  le  demande, 
cette  identité,  à  elle  seule,  ne  devrait-elle  pas  servir  de  sujet 
d'étude  ultérieure? 

De  plus,  le  narlhex  est  expressément  compris  par 
l'abbé  Balau  (*),  parmi  les  constructions  primitives  de 
l'abbaye  :  non  seulement  le  chœur  et  le  transept,  mais, 
en  outre ,  le  <  porche  occidental  » ,  c'est-à-dire  le 
nartheœ. 

Que  nous  sommes  déjà  loin  du  temps  où  Licot  produisait 
sa  planche  représentant  le  plan  terrier  de  l'église  où,  en 
1197,  pas  encore  uue  seule  brique  n'est  posée  sur  une 
autre  ! 


(i)  Ibid.,  pp.  288  et  318. 

(î)  P.  279.  À  la  vérité,  Coulon,  qui  avait  si  bien  fait  débuter  les 
travaux  de  Villers  de  1150  à  1200,  s'est-il  mis  à  retarder  plus  tard;  mais 
j'estime  qu'il  y  a  lieu  de  le  quitter  à  partir  du  xn*  siècle. 

(»)  Bull,  (supra),  XXXVIII,  p.  44. 

(*)  Mém.  cités  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  LXt,  p.  480, 1903. 


—  399  — 


VIII 


C'est  le  moment  d'entretenir  spécialement  le  lecteur  d'une 

création  personuelle  de  S.  Bernard,  qui  est  précisément  le 

narthej),  la  partie  de  l'église  cistercienne  dont  il  est  ici 
question. 

Viollet-le-Duc  (i)  définit  le  nartheœ  : 

«  Portique  élevé  en  avant  de  la  nef  et  formant  le  fond  de 
Valrium.  Dans  la  primitive  église,  le  nartheœ  était  destiné  à 
contenir  les  catéchumènes,  les  énergumènes  et,  au  centre, 
en  face  de  la  porte  de  la  nef,  les  pénitents  auditeurs,  c'est-à- 
dire  auxquels  il  était  permis  d'assister  au  service  en  dehors 
du  temple.  Les  églises  de  l'ordre  de  Gluny  et  de  Tordre  de 
Cileaux  avaient  toutes  des  porches  plus  ou  moins  fermés  en 
avant  de  la  nef.  » 

Et  ailleurs  :  «  Le  nartheœ  est  une  véritable  église.  Était-il 
un  vestibule  pour  les  pénitents?...  Un  texte  vient  appuyer 
cette  hypothèse  :  dans  l'ancien  pontifical  de  Chalon-sur- 
Saône,  si  voisin  de  Cluny,  on  lisait  (s)  :  <  Dans  quelques 
églises,  le  prêtre,  par  ordre  de  l'évèque,  célèbre  la  messe 
sur  un  autel  très  rapproché  des  portes  du  temple,  pour  les 
pénitents  placés  devant  les  portes  de  l'église.  » 

€  Il  paraîtrait,  ajoute  Viollet-le-Duc,  que  S.  Bernard  vou- 
lait revenir  aux  dispositions  des  églises  primitives  et  rénover 
le  nartheœ  des  basiliques  de  l'antiquité  chrétienne.  * 


(«)  Dictionnaire  d'archéologie  religieuse,  I,  p.  259;  VI,  p.  411;  VII, 
p.  269.  Narthex,  qu'on  le  remarque,  est  une  expression  purement  conven- 
tionnelle. 

(t)  t  In  quibusdam  ecclesiis  sacerdos  in  aliquo  altari  foribus  proxi- 
xniori,  célébrât  missam,  jussu  episcopi,  penitentibus  an  te  foras  ecclesi» 
constitutis.  » 


—  400  — 

Gel  auteur  a  même  retrouvé  à  Cluny,  à  gauche  de  la  porte 
d'entrée  du  narthex  (t),  la  table  de  pierre  qui  y  servait 
d'autel. 

Le  narthex  de  Villers  est  donc  bien  une  création  person- 
nelle de  Saint-Bernard;  lui-même  a  d'ailleurs  réalisé  cette 
pensée  en  d'autres  endroits. 

Je  dirai  mieux  :  pas  d'église  cistercienne  du  temps,  sans 
narthex. 

Le  narthex  de  Villers  était  au  n°  9  du  plan. 

Le  lecteur  y  remarquera,  d'après  la  planche  de  Cou- 
Ion  (*),  la  relation  entre  la  crypte  placée  dans  le  caveau  et 
le  soupirail  qui  s'ouvre  dans  le  mur  extérieur  de  l'église, 
tandis  que,  du  côté  opposé,  le  souterrain  ne  pénètre  pas 
dans  toute  la  profondeur  du  caveau,  s'arrèlant  à  16  mètres 
de  l'entrée,  au  delà  de  quoi  les  constructeurs  n'ont  pas 
jugé  à  propos  de  creuser  le  sol. 

II  résulte  de  celte  disposition  que,  dans  la  partie  souter- 
raine, l'espace  était  plus  ample  qu'en  haut  el  qu'on  pouvait 
s'y  étaler  avec  plus  de  développement  qu'à  la  partie  supé- 
rieure, comme  on  peut  le  remarquer  aussi  au  narthex 
présumé  de  Gambron.  Quel  que  soit  le  motif  de  cette  inégalité 
de  dimension  en  ire  les  deux  salles  superposées,  elle  indique 
loul  au  moins  que  la  cryple  était  bien  destinée  à  desser- 
vir cette  partie  de  l'édifice  el  elle  atteste  l'importance  de 
l'ensemble. 


(1)  Telle  doit  avoir  été  la  position  de  la  table  d'autel  de  Ville», 
doute  adossée  au  côté  nord  de  l'église. 

(i)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arckéol.,  XVII,  pi.  IX  (coupe);  le 
soupirail  est  indiqué  sur  le  plan  correspondant. 


—  401  — 


IX 


C'est  précisément  la  chapelle  n°  9  que  l'abbé  Henrion, 
eo  1599,  choisit  comme  sanctuaire  propre  («  sacellum 
proprium  »)v  pour  aller  y  déposer,  par-delà  le  temple 
€  trans  templum  »,  (i)  les  reliques  vénérées  du  monas- 
tère. 

Aucune  place  plus  convenable  ne  pouvait  être  choisie  : 
la  chapelle  était  libre;  personne  n'y  avait  encore  été  enterré; 
en  effet,  les  deux  fondateurs,  Gobert  de  Bioul,  grand  seigneur 
de  la  Cour  de  Brabant,  et  Matthieu  Piétoul,  lui-même  fon- 
dateur à  Nivelles,  avaient  des  attaches  intimes  loin  de  Vil lers, 
comme  Ta  démontré  M.  de  Prelle  (s). 

Ici  viendrait,  peut-être  fort  à  propos,  une  légère  digres- 
sion au  sujet  des  expressions  :  eere  tombe,  eere  capelle  (que 
je  ne  suis  pas  seul  à  lire  dans  le  manuscrit  Houlart,  aux 
pp.  53, 1.  19,  et  p.  37, 1.  6).  Hais  je  ne  veux  pas  prêter  le 
flanc  à  des  discussions  de  paléographie  et  de  diplomatique, 
sur  la  forme  de  certaines  lettres  dudit  manuscrit,  et  je  crois, 
par  tactique,  devoir  m'abstenir  de  soulever  de  pareilles 
questions,  en  les  laissant  se  produire  spontanément  là  où 
cela  sera  jugé  utile. 


(i)  Robertus  praesul,  disent  des  vers  du  temps,  recueillis  par  Hbnriquhz 
(Lilia  Cistercii,  p.  144)  : 

Doua  Beatorum,  tram  templum,  corpora  dmit. 

M.  de  Pabllz,  selon  moi,  n'a  pas  accordé  à  ce  passage  l'importance 
qu'il  mérite.  (Voir  Ann.  Soc.  arckéol.  de  Nivelles,  VII,  p.  12.) 
(t)  Voy.  supra,  XXXVIII,  p.  82,  note  2. 


—  402  — 

J'estime  d'ailleurs  que  ma  thèse  au  sujet  de  remplacement 
de  la  chapelle  Saint-Bernard  est  suffisamment  ancrée  pour 
pouvoir  se  soutenir  d'elle-même  sans  arguments  suréroga- 
toires. 

Je  montrerai  ci-après  quelle  est  la  cause  de  l'erreur 
commise  par  certaine  interprétation  récente  du  manuscrit 
Houtart;  je  me  contente  pour  le  moment  du  texte  de 
Uramaye,  de  Sanderus,  de  Papebroch,  texte  qui  ne  peut 
donner  absolument  lieu  à  aucune  équivoque,  tant  il  est 
clair. 

Les  auteurs  que  je  cite  sont  unanimes  pour  indiquer  la 
chapelle  Saint-Bernard  comme  étant  la  première  qui  se 
présente  aux  visiteurs  pénétrant  dans  l'église  par  la  porte 
du  fond  à  gauche.  C'est  la  chapelle  du  narthex. 

Je  répète  le  jugement  catégorique  que  je  me  suis  permis 
d'énoncer  à  ce  sujet  (t),  en  disant  que,  pour  y  contredire, 
on  a  c  méconnu  ou  (plutôt)  l'on  n'a  non  compris  le  rôle 
»  important  du  narthex,  celte  création  de  Saint- Bernard  qui 
»  voulait  rénover  (*)  cette  partie  de  la  basilique  chrétienne 
*  des  premiers  temps.  » 

Les  neuf  chapelles  adventices  qui  ont  été  ajoutées  à  l'église 
de  Villers  à  une  époque  que  j'aurai  à  préciser  ci-après, 
commencent  leur  série  à  la  chapelle  du  narthex;  celle-ci 
est  à  la  fois  la  plus  vénérable  par  son  ancienneté,  et  par  son 
remploi,  depuis  le  xvi9  siècle,  époque  où  elle  a  été  consacrée 
à  la  conservation  des  reliques  du  monastère. 


(i)  Ann.  Soc.  arehéol.  de  Nivelles,  VII,  p  52. 
(t)  C'est  moi  qui  me  permets  de  prêter  à  Viollbt-lb-Duc,  ce  néologisme 
expressif. 


—  403  — 

C'est  là,  et  non  pas  au  n°  8  (ni  surtout  au  n°  1  !) 
qu'il  fallait  chercher  les  reliques  de  la  B.  Julienne  de 
Corn  i  11  on... 


Observation  dictée  par  le  bon  sens  :  en  cas  de  bâtisses 
juxtaposées,  ce  n'est  pas  toujours  la  plus  ancienne  qui  a  été 
achevée  la  première;  il  s'agit,  dans  chaque  cas  particulier, 
de  vérifier  minutieusement  —  on  ne  peut  le  faire  avec  assez 
de  soin  —  si  l'enchevêtrement  de  certaines  constructions 
parmi  d'autres  plus  récentes,  ne  doit  pas  être  attribué  à  des 
circonstances  passagères  ou  même  purement  provisoires  et 
accidentelles. 

c  Ne  suffit-il  pas,  fait  observer  justement  M.  de  Prelle  (i), 
que  telle  ou  telle  partie  du  mur  sud  du  transept  date  d'après 
le  dortoir  des  moines,  pour  que  celui-ci  révèle  nécessai- 
rement des  indices  d'antériorité?  » 

J'irai  même  plus  loin  et,  renversant  les  termes,  je  poserai 
ainsi  la  question  :  Ne  suffirait-il  pas  qu'il  y  eût  eu,  pour 
n'importe  quelle  cause,  ralentissement  dans  la  construction 
de  l'église,  genre  de  travail  auquel  on  ne  met  pas  généra- 
lement de  précipitation,  pour  qu'à  un  moment  donné,  telle 
autre  partie  (ici  les  dortoirs)  semble  avoir  pris  l'avance  : 
que  d'apparences  pareilles  se  dissipent  quand  on  les  scrute 
de  près... 

Mais  à  quoi  bon  embarrasser  le  sujet  de  pareille  discussion 
sur  des  antériorités?  Je  préfère  reléguer  à  l'arrière  plan  ce 


(i)  Voy.  supra,  XXX VII,  p.  75. 


—  404  — 

qui  concerne  ce  point  (i),  et  je  veux  aborder  directement 
un  essai  de  simplifier  le  débat  en  réduisant  la  proposition 
adverse  à  l'absurde;  pour  éviter  des  longueurs  et  des  détours, 
il  me  faut  bien  pousser  les  choses  jusque  là... 

Je  n'ai  absolument  besoin,  à  cet  effet,  que  d'opposer  l'un 
à  l'autre,  les  deux  plans  de  Licot  lui-même. 

Or,  j'y  découvre  le  nariheœ  de  Villers  indiqué  comme 
construit  seulement  de  1250  à  1300  :  c'est  un  démenti 
flagrant  infligé  aux  faits,  puisque  Reusens  et  Weale,  cités 
ci-dessus,  y  constatent  encore  alors  le  style  roman,  et  que 
Goulon  (s),  comme  je  l'ai  montré,  assigne  comme  date  au 
nariheœ  cent  ans  plus  tôt  :  1150  à  1200... 

Il  est  temps  qu'on  en  revienne  à  la  détermination  d'époque 
proposée  par  Edm.  Sharpe  (3)  :  dès  le  temps  de  S.  Bernard, 
le  cercle  et  le  plein  cintre  cèdent  le  pas  à  l'ogive,  et  se 
contenteront  désormais  du  rôle  d'ornement;  partout  où  ils 
semblent  encore  concourir  à  la  solidité  de  l'édifice,  il  faut 


(1)  Le  livre  de  Licot  contient  deux  plans  : 

«  1°  Les  premières  constructions  du  couvent  élevées  sons  l'abbé  Charles 
»  de  Seyne  (1197-1209); 

»  2°  Vue  cavalière  de  l'église  et  des  bâtiments  conventuels  pendant  la 
»  première  moitié  du  xni*  siècle,  restituées  d'après  les  constructions 
»  existantes  et  les  documents  historiques. 

v  Dressé  par  l'architecte  soussigné  Ch.  Licot.  » 

(«)  Il  est  intéressant  de  rassembler  les  notes  de  Cocloh  sur  ce  point  : 

P.  280  :  «  On  est  en  présence  d'un  porche  roman  par  ses  quatre  mors; 
mais  la  manière  gothique  perce  déjà  dans  la  voûte,  dont  la  forme  générale 
accuse  timidement  Vogive  o 

P.  319  :  «  Dans  ses  murailles,  le  porche  appartient  au  roman  pur; 
cependant  une  pointe  ogivale  perce  déjà  dans  ses  murs.  » 

(s)  Le  chanoine  Reuskns  est  l'auteur  de  la  communication  faite  à 
M.  db  Prblle  db  la  Nibppe,  des  œuvres  de  Sharpe  ;  c'est  moi-même  qui 
ai  été  son  intermédiaire,  tant  le  savant  archéologue  de  Lonvain  appréciait 
l'importance  de  l'étude  sur  l'église  de  Villers,  dans  notre  Bulletin. 


—  40»  — 

vérifier  de  près  s'il  ne  s'agit  pas  déjà  de  quelque  infiltration 
du  système  nouveau  d'architecture  qui  bientôt  dominera 
souverainement  :  l'arc  en  tiers  point... 

L'église  de  Villers  (i)  fournit  une  occasion  sans  pareille 
de  constater,  en  même  temps,  et  le  cercle  encore  employé 
à  titre  d'ornement,  cl  l'ogive  déjà  consacrée  à  obtenir  l'équi- 
libre par  le  contre-balancement  des  poussées  : 

Il  s'agit  de  ces  «  oculus  >  qui,  dans  le  chœur  et  le 
transept,  ont  été  percés,  à  la  hauteur  des  voûtes,  uniquement 
comme  motifs  de  décoration. 

Ces  c  oculus  » ,  une  observation  toute  récente  de  l'archéo- 
logue français  Camille  Enlart  (*),  les  a  retrouvés  en  France, 
à  Poissy  (vers  1U0)  et  Ghampeaux  (vers  1180)... 

C'est  précisément  l'âge  que  leur  assigne,  à  Villers,  leur 
construction,  dès  qu'elle  est  reconnue  être  contemporaine 
du  narthex. 

XI 

À  l'assemblée  générale  de  la  Commission  royale  des 
Monuments,  en  4903,  j'ai  énoncé,  au  point  de  vue  scienti- 
fique, des  restrictions  au  rajeunissement  excessif,  selon  moi, 
infligé  à  l'église  de  Villers  et  à  ses  chapelles  latérales  nord, 


(1)  Osw.  Van  dbn  Bbrghb,  Annales  de  C  Académie  d'archéologie  de 
Belgique,  XIV  (1857)  :  0  C'est  bien  là  un  des  effets  les  plus  extraordinaires 
que  l'œil  de  l'archéologue  ait  jamais  rencontrés  et  que  l'art  de  l'architecte 
ait  jamais  produits  9. 

(«)  Manuel  a? archéologie  française  (1902),  I,  p.  239,  où  il  cite  une  série 
d'  c  oculus  »,  notamment  ceux  de  l'église  de  Villers. 

Jl  s'agit  d'ailleurs,  par  l'étude  du  livre  (TEnlàrt,  de  noter,  avec  toute  la 
précision  que  la  situation  comporte,  l'évolution  du  style  de  transition,  dès 
1120, 1140  et  1170  (Enlart,  I,  p.  435). 


—  406  — 

par  Licol,  qui  date  seulement  celle-là  du  xtii*  siècle,  celles-ci 
du  xiv*,  voire  du  xv\.. 

La  première  partie  de  cette  tâche,  c'est  l'ensemble  de  ce 
qui  précède;  voici  la  deuxième. 

Il  se  trouve  que  le  lien  qui  les  rattache  Tune  à  l'autre 
est  ce  nartheœ  dont,  comme  je  le  répète,  l'on  méconnaît  ou 
l'on  n'a  pas  compris  le  rôle  important  tracé  par  S.  Bernard 
lui-même  :  rénover  cette  partie  de  la  basilique  chrétienne 
des  premiers  temps  du  christianisme. 

Les  Archives  de  l'État,  à  Bruxelles  (i),  ont  recueilli  un 
diplôme  pontifical,  de  tout  premier  ordre,  par  lequel  le 
pape  Grégoire  IX  (1227-1241),  un  siècle  à  peine  après  la 
fondation  par  S.  Bernard,  accordait  aux  bienfaiteurs  de 
l'abbaye  de  Villers  (spécialement  dénommée)  le  privilège 
d'être  enterrés  dans  l'église  du  monastère  :  mode,  ardem- 
ment désiré,  d'y  faire  affluer  les  libéralités  des  fidèles. 

Une  formule  insolite,  bizarre  même  :  «  ante  faciès  vestras 
cum  sanclis  animalibus...  (s)  »  me  frappa  dans  ce  diplôme; 
je  n'eus  point  de  cesse  que  je  ne  parvinsse  à  me  rendre 
compte  d'où  cela  pouvait  bien  venir... 

Or,  j'eus  la  main  assez  heureuse  pour  la  mettre  sur  un 
document  absolument  identique,  du  même  pape,  en  faveur 
d'une  abbaye  cistercienne.de  Pologne,  en  date  du  48  décem- 
bre 1234(3),  date  bien  voisine,  on  voudra  le  remarquer, 
de  l'année  1243,  qui  d'après  le  recueil  «  Gai  lia  christiana  » 


(0  Cartulairti  n°  181,  p.  27. 

(i)  Il  s'agit  d'un  passage  d'EzàcHiBL,  ch.  I,  t.  12,  qu'on  retrouve  chez 
S.  Paul,  Philipp.,  II,  13. 

(»)  Potthast,  Regesta  pontifient*  romanorum,  I,  p.  835,  diplôme 
accordé  a  abbati  et  conventui  Lubensis  ordinis  Wratislaw  ». 


—  407  — 

fut  celle  de  la  fondation,  à  Villers,  de  la  chapelle  de  Ja 
Sainte-Trinité. 

Puisque  nous  connaissons  la  date  de  cette  consécration 
d'autel  de  1243  (et  même  d'une  deuxième  de  1 352,  consignée 
dans  le  même  recueil),  il  n'y  aura  pas  grand  effort  à  faire 
pour  en  retrouver  de  subséquentes;  car,  Grarfcaye  parlant 
de  l'ensemble  des  neuf  fondations  citées  par  lui  en  l'église 
de  l'abbaye  de  Villers,  les  dit  à  peu  près  contemporaines, 
«  eodem  fere  omnes  te  m  pore  ». 

Or,  indépendamment  d'une  liste  de  ces  fondations  dont 
j'aurai  bientôt  à  faire  spécialement' état,  que  d'indices  à 
relever  à  l'appui  de  l'assertion  de  Gramaye... 

Je  remarque,  tout  d'abord,  que  le  milieu  du  xm*  siècle 
sur  lequel  ces  dates  de  1245,  1252,  appellent  l'attention, 
est  l'époque  de  l'achèvement  de  la  cathédrale  de  Paris  où, 
dès  1240,  on  imagina  de  crever  les  murs,  comme  à  Villers, 
pour  y  annexer  des  chapelles  entre  les  contreforts  (i);  c'est 
aussi  l'époque  de  la  construction  de  la  Sainte-Chapelle,  de 
la  même  ville  (s)... 

Or  c'est  précisément  aussi  celle  que  nous  indiquent  les 
détails  d'architecture  des  chapelles  septentrionales  de  l'église 
de  Villers  :  «  Grandeur  disproportionnée  des  fenêtres,  toutes 


(i)  Rappelée  par  M.  de  Pbbllb  de  la  Nieppb,  l.  cit ,  p  70. 

A  propos  d'un  texte  (TEnlabt,  d'où  Ton  infère  qu'à  Notre-Dame  de 
Paris  on  n'aurait  commencé  à  ajouter  des  chapelles  qu'en  1290,  voici  le 
témoignage  bien  catégorique  de  Violt.et-Le-Dco,  I,  p.  207  :  a  En  1230, 
la  cathédrale  de  Paris  était  achevée  et,  en  1240  déjà,  on  crevait  les  bas- 
côtés  de  la  nef  pour  établir  des  chapelles  éclairées  par  de  larges  fenêtres  à 
meneaux  entre  les  saillies  des  contreforts  ».  H,  p.  ?93  :  <r  A  Notre-Dame  de 
Pari  s,  en  1257,  entre  les  contreforts  du  chœur,  trois  chapelles  au  nord  et 
trois  chapelles  au  sud  Turent  bâties  en  même  temps.  » 

(•)  Viollbt-Le-Duc,  I,  p.  207,  et  II,  pp.  257  et  424. 


—  *08  — 

à  meneaux  et  à  nervures,  de  travail  aussi  délicat  qu'original, 
culs-de-lampe  à  clef  délicatement  sculptée,  niches  de  cré- 
dence,  etc.,  etc.  »  (1). 

Même  des  vitraux  peints  (certes  une  exception  dans  une 
église  cistercienne  !)  :  les  blasons  des  familles  de  Malève  et 
de  Sombreffe  (dont  j'aurai  ci-après  à  déterminer  la  date 
d'apparition  à  Villers)  sont  signalés  par  le  manuscrit  Houtart 
dans  les  chapelles  portant  au  plan,  les  nM  2  et  3  (*). 

Observation  importante  :  Le  manuscrit  Laenen  relate, 
dans  l'église  de  Villers,  la  consécration  de  M  autels;  sauf 
pour  le  maitre-autel,  où  cela  est  explicable,  tous  les  autels 
sont  portés  sur  la  liste  comme  ayant  été  consacrés  dès  avant 
l'an  1300;  même,  l'année  1980  a  vu,  à  elle  seule,  le  97  juin, 
cinq  de  ces  cérémonies  (où  je  crois  bien  en  distinguer  telle 
ou  telle  se  rapportant  aux  chapelles  nord)... 

C'est  donc  bien  au  xm*  siècle  qu'a  priori  il  faudrait  bien 
rapporter  la  fondation  des  dites  chapelles  septentrionales... 

Mais  pas  du  tout  :  c'est  du  xiv*,  même  du  xv*  siècle  qu'on 
nous  parle.  Pas  même  un  mot  du  xiuM  .. 

Qu'on  contrôle  mon  assertion  par  ce  qui  va  suivre... 


XII 


Vrai  travail  d'écureuils  tournant  perpétuellement  dans  la 
même  «  gire  »... 


(0  Supra,  XVII,  pp.  '295  à  297,  où  Ton  retrouvera,  entra  autres,  les 
larges  fenêtres  à  meneaux  de  la  cathédrale  de  Paris. 

(f)  Voir  Coulon,  supra  XVII,  p.  304,  sur  la  question  des  vitraux  peints 
à  Villers. 


—  409  — 

Qu'on  lise  tout  ce  qui  a  été  écrit  au  sujet  de  l'âge  des 
chapelles  nord  de  l'église  de  Villers  (rien  d'omis)  : 

Schatbs(1888)  :  *  Gomme  dans  toutes  les  églises  de  style  ogival 
primaire,  les  bas-côtés  (à  Villers)  n'avaient  point  été  bordés  de  cha- 
pelles, primitivement;  mais,  au  xi Ve  siècle  ou  au  XVe,  on  ajouta, 
au  collatéral  gauche,  un  rang  de  chapelles  de  très  peu  de  profon- 
deur (i)  #. 

De  Vigne  (1846)  :  *  De  abdey  van  Villers  werd  begonnen  ten 
jare  1187  (lire  11#7),  en  in  de  xivde  en  in  de  xv*e  eeuw  ver- 
nieuwd  (j)  ». 

Schayes  (1849)  :  •  Les  bas-côtés  étaient  primitivement  sans 
chapelles;  celles  qu'on  remarque  au  collatéral  gauche  (côté  nord)  ne 
datent  que  de  la  fin  du  xiv«  siècle  (3)  ». 

Rodenbach  (1850)  :  •  xiv«  siècle.  C'est  à  cette  époque  que  Ton 
construit,  à  Villers,  neuf  nouvelles  chapelles  dans  la  nef  gauche 
(côté  nord).  'Les  bas-côtés  de  la  nef  sont  bordés  de  chapelles  de  peu 
de  profondeur  qui  furent  ajoutées  aux  bâtisses  primitives  vers  le 
milieu  du  xive  siècle  (4)  •• 

Schayes  (1852)  :  •  Comme  dans  la  plupart  des  églises  du 
xme  siècle,  les  collatéraux  de  la  nef  centrale  n'étaient  point  bordés 
de  chapelles  dans  le  principe.  Ce  n'est  qu'AU  xiv*  siècle  qu'on 
construisit  les  chapelles  qui  flanquent  le  collatéral  gauche  (5)  *• 

Taulier  (1856)  :  «Il  est  facile  de  voir  que  les  sept  chapelles  de 
peu  de  profondeur  dont  les  fenêtres  éclairent  la  nef  latérale  gauche. 


(0  Mémoire  sur  tarchitecture  ogivale  en  Belgique.  (Acad.  roy.  de 
Belgique,  Mémoire  des  prix,  XIV,  p.  71.) 

(t)  Qesckiedenis  der  middeleeutvsche  bouwkunst,  p.  68. 

(•)  Histoire  de  Varchitecture  en  Belgique,  111,  p.  45.  L'auteur,  p.  47, 
date  la  construction  des  neuf  chapelles,  du  règne  de  Jean  III,  duc  de 
Brabant,  mort  en  1355. 

(4)  L Abbaye  de  Villers,  pp.  47  et  83. 

(5)  Messager  des  sciences  historiques,  XX,  p.  1. 


—  «0  — 

ont  été  ajoutées  à  la  disposition  primitive  de  l'église;  elles  'datent 
de  la  fin  du  xiv«  siècle  (i)  •• 

Osw.  Van  dbn  Berohi  (1857)  :  «  A  voir  l'unité  qui  règne  dans 
l'architecture  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Villers,  on  dirait  que  ce 
beau  bâtiment  a  été  construit  comme  d'un  seul  jet;  nous  faisons 
abstraction  des  chapelles  du  bas-côté  gauche,  construites  à  la  fin  su 
xiv«  siècle  (s)  «. 

Tablier  et  Wauters  (1859)  ;  •  Les  fenêtres  du  nord,  sauf  les 
plus  rapprochées  du  porche,  ont  été  supprimées  lorsqu'on  a  construit, 
de  ce  côté,  sept  chapelles  peu  profondes,  qui,  selon  toute  apparence, 
datent  du  xr  siècle  (3)  ». 

Vos  (1867)  :  -  Vers  le  nord,  on  borda  l'église  de  chapelles  où  la 
lumière  pénètre  par  de  grandes  fenêtres  ogivales.  Leur  architecture 
appartient  au  xv«  siècle  (4)  •. 

Wauters  (1868)  :  •  Vers  le  nord,  on  borda  l'église  de  sept  cha- 
pelles; leur  architecture  appartient  à  une  époque  tardive.  M.  Schayes 

dit  :  FIN  DU  XVe  8IÈCLB  (s)  «. 

Coulon  (1878)  :  •  Le  monument  gagnerait  par  la  suppression 
des  chapelles  du  xve  siècle,  accolées  an  côté  nord  (s)  *. 

Id.  (1878)  :  *  Au  xiv*  siècle,  alors  que  le  monument  était 
complet,  on  éleva  les  chapelles  latérales  côté  nord...  La  chapelle 
adossée  au  transept  est  une  œuvre  assez  sérieuse  du  xiv«  siècle  (sut 
le  plan  •  fin  du  XIVe  siècle  •  ).  Lorsque,  par  la  suite,  on  mutila 


(1)  Les  Ruines  de  l'abbaye  de  Villers,  p.  34. 

(1)  Annales  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique,  XIV,  p.  24. 

(1)  Géographie  et  Histoire  des  communes  belges.  Canton  de  (renappe, 
p.  83. 

(4)  Notice  historique  et  descriptive  de  V abbaye  de  Vilters  en  Brabant,  de 
l'ordre  de  Citeaua,  p.  78. 

(5)  L'ancienne  Abbaye  de  Villers,  p.  84. 

(s)  Comité  des  Monuments  du  Bradant  (Rapport  du  7  avril  1873),  p.  52. 


—  4H  — 

«  •  * 

les  bas-côtés,  pour  bâtir  successivement  sept  autres  chapelles,  on  se 
raccorda  à  ses  principales  lignes  architecturales  (i)  *. 

Licot  (1877)  :  »  Aux  xiv  et  xve  siècles,  on  ajouta  au  bas-côté 
gauche,  en  utilisant  les  contreforts  de  l'église,  sept  chapelles  qui 
existent  encore.  Une  huitième  se  trouve  à  l'extrémité  du  transept 
nord  (*)  • . 

Nimal  (1896)  :  •  Les  bas-côtés  étaient  primitivement  sans  cha- 
pelles; celles  que  Ton  remarque  du  côté  collatéral  gauche  (nord)  ne 
datent  que  de  la  fin  du  xive  siècle  (s)  ». 

Boulmont  (1897)  :  •  Église  de  Villers.  Style  ogival  rayonnant 
du  xiv6  siècle.  Les  chapelles  latérales  (bas-côté  nord)  sont  placées 
le  long  des  bas-côtés  de  la  nef  (*)  * . 

Nimal  (1904)  :  »  Lorsque  des  architectes  et  des  archéologues 
tels  que  Schayes,  Coulon,  Licot...  reportent  au  xiv*  siècle  ces  cha- 
pelles latérales,  on  peut  s'incliner  devant  leur  autorité  (s)  •. 


XIII 


J'avais  écrit  la  phrase  suivante  (6)  :  «  Le  manuscrit 
Houtart  coupe  court  à  l'anachronisme  commis  par  tous  les 
auteurs,  sans  exception,  qui  se  sont  occupés  des  chapelles 
septentrionales  de  l'église  de  Villers  et  qui  les  attribuent  au 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.  (supra),  XVII,  pp.  273, 
290,  295. 

(t)  Abbaye  de  Villers  de  l'ordre  de  Cîteaux.  Description  des  ruines, 
p.  63. 

(s)  Villers  et  Aulne.  Célèbres  abbayes  de  l'ancien  diocèse  de  Liège, 
p.  263. 

(«)  Description  des  Ruines  de  l'abbaye  de  Villers,  pp.  75  et  235. 

(s)  V Église  de  Villers.  Étude  historique  et  archéologique.  Nivelles,  1904, 
p.  38. 

(•)  Ann.  Soc.  archéol.  Nivelles,  VII,  p.  3. 


—  412  — 

xiv r  siècle,  et  même  au  xvV  Toutes,  elles  sont  du  treizième  ». 

Celle  conclusion  esl  vivement  attaquée  :  je  la  maintiens 
énergiquemenl. 

Les  auteurs  que  je  viens  de  citer  ont  commencé  par 
passer  sous  silence  certaine  lis  le  —  une  liste  bien  connue 
pourtant  (i)  —  où,  en  1315-1317,  ont  été  consignées  les 
neuf  fondations  (simples  ou  multiples),  autorisées  dans  les 
neuf  chapelles  septentrionales  de  l'église  de  Villers  (s). 

Celle  liste  suit  une  à  une,  dans  l'ordre  de  leur  construction 
et,  bien  certainement  aussi  de  leur  consécration,  la  série 
des  susdites  neuf  chapelles,  et  soudain,  elle  s'arrête  avec 
celle  série,  ainsi  que  la  construction  elle-même,  à  des 
c  amorces  dénotant  l'idée  de  prolonger  le  même  œuvre  (3)  » . 

J'ai  toujours  été  frappé  de  cette  coïncidence  si  parfaite 
entre  la  Chronique  et  l'œuvre  architecturale  :  l'une  et  l'autre 
comportent  neuf  chapelles,  après  quoi,  brusquement,  et  le 
document  et  la  bâtisse  restent  tous  deux,  non  seulement 
inachevés,  mais  définitivement  incomplets. 

Autre  coïncidence;  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  :  sur  la 
liste  Laenen,  ne  figure  aucune  chapelle  qui,  consacrée 


(1)  Elle  a  été  publiée,  en  1717,  dans  la  Chronique  de  l'abbaye  de  Villers, 
au  III*  volume  du  Thésaurus  novus  anecdolorum  de  DD.  Mabtbhb  et 
Durabd. 

(t)  Je  préviens  le  lecteur  que  je  juge  à  propos  de  ne  pas  m'arrêter  à 
certaine  combinaison  des  huit  premières  chapelles  septentrionales  avec 
une  neuvième  qu'on  va  chercher  à  droite  de  la  porte  d'entrée  de  l'église 
(litt.  H"'  du  plan);  celle-ci  était  non  pas  une  chapelle,  mais  un  simple 
autel.  D'après  Licot  lui-même  {Ann.  Soc.  archéol.  Nivelles ,  VIII,  p.  57), 
dans  une  lettre  de  lui,  cela  ne  peut  pas  être  présenté  comme  la  «  nona 
capella  »  de  la  Chronique. 

(s)  Coulon,  supra,  XVII,  p.  295. 


—  «5  — 

pour  la  première  fois,  Tait  été  après  l'an  1300  (i)  :  le 
xiii9  siècle  est  bien  exclusivement  celui  des  consécrations 
pour  les  chapelles  de  l'église  de  Villers. 

C'en  était  assez  pour  me  demander  si  toutes  ces  chapelles 
à  propos  desquelles  revient  toujours  celte  notion  de  xiii*  siècle, 
n'appartiendraient  pas  au  dit  xiii'  siècle,  et  non  pas  au  xiv* 
ou  même  au  xv\  comme  le  portent  ces  textes  que  j'ai  convié 
le  lecteur  à  passer  en  revue  avec  moi,  et  encore  une  fois,  j'ai 
eu  la  main  assez  heureuse  —  qui  cherche  trouve!  —  pour 
la  mettre  aux  Archives  du  Royaume,  à  Bruxelles,  sur  le 
cartulaire  182  (s)  :  C'est  un  recueil  des  «  pitances  »,  etc., 
avec  autres  menus  détails  sur  l'abbaye  et  sur  son  régime, 
ses  revenus,  etc. 

Ce  recueil  était  resté  complètement  inédit  jusqu'ici. 

XIV 

Je  n'ai  jamais  songé,  quant  à  moi,  à  bouleverser  l'ordre 
si  naturel  des  neuf  chapelles,  tel  que  le  présente  la  Chro- 
nique de  l'abbaye  de  Villers,  et  notamment  à  désassortir  la 
série,  de  la  plus  importante  de  ces  chapelles,  la  dernière, 
pour  la  faire  passer,  par  hypothèse,  de  l'autre  côté  de  l'église 
(au  point  H'"  du  plan). 


(i)  Toutes  les  chapelles  de  la  libte  Labvbzt  qui  forent  l'objet  d'une 
r ^consécration  ultérieure,  avaient  été  consacrées  une  première  fois  an 
xiii*  siècle  (dont  les  denz  rappelées  à  propos  du  B.  Boniface  de  Lansanne). 
Ce  sont  les  nM  7,  10,  11, 17,  18  de  la  dite  liste,  à  laquelle,  cela  va  de  soi 
pour  le  rédacteur  de  la  liste,  il  faut  ajouter  le  maître-autel. 

(*)  c  Titulus  literarnm  abbaciae  Vilariensis  »,  manuscrit  donné  aux 
Archives  par  M.  le  conseiller  de  Bayât,  parent  d'an  des  derniers  abbés, 
Dom  Eobert  di  Bayât  (1765-1788). 


—  4M  — 

Je  vais  parcourir  régi i se  de  Villers,  chapelle  par  chapelle, 
en  présentant  successivement,  à  chacune  d'elles,  ce  que  j'ai 
pu  amasser  de  renseignements,  pour  prouver  ce  que  j'ai 
dit  (i)  à  propos  du  siècle  auquel  appartiennent  les  chapelles 
septentrionales  de  l'église  de  Villers  : 

«Toutes    elles    sont    du    xiii*  ». 

Oui  !  Toutes  elles  sont,  et  franchement,  du  xm\ 

Je  rappelle,  d'abord,  ce  que  nous  savons  par  Gramaye, 
à  savoir  qu'elles  ont  été,  toutes  les  neuf,  construites  vers  la 
même  époque  :  «  eodem  fere  omnes  tempore  » . 

J'ajoute  un  renseignement  que  me  fournil  Goulon  (?)  : 
c  On  fit  celte  rangée  de  chapelles  en  plusieurs  fois  et,  comme 
pour  l'église,  de  test  à  F  ouest.  La  dernière,  proche  de  lavaot- 
corps,  est  terminée  par  des  amorces  dénotant  l'idée  de 
prolonger  le  même  œuvre  »... 

C'est  l'histoire  de  la  construction  de  ces  oeuf  chapelles, 
commencées  à  Test,  et  dont  la  dernière  est  naturellement  à 
l'ouest  de  la  série,  que  je  vais  tracer  :  je  n'ai  qu'à  suivre  les 
neuf  numéros,  d'après  Tordre  indiqué  par  la  Chronique 
elle-même. 

1°  Chapelle  de  la  Sainte-Trinité,  fondée  par  Gerlrude  de 

Bordeal  (3)  ou  de  Moriasarl. 

Celte  chapelle  fut  consacrée,  en  4943,  par  I'évéque  de 
Lausanne,  le  B.  Boniface,  qui  passa  la  fin  de  sa  vie  à 

l'abbaye  de  la  Cambre,  près  Bruxelles. 


(1)  Ann.  Soc.  archéol.  de  Nivelles,  VII,  p.  3t  note. 

(•)  Voy.  supra,  XVII,  p.  295. 

(s)  Nom  révélé  par  le  manuscrit  Labnbm  et  que  portaient,  en  effet,  des 
membres  de  la  famille  de  limai  :  «  René  de  Limai,  dit  de  Moriasart,  dit 
aussi  de  Bourdeal,  chevalier.  »  (Ann.  Soc.  archéol.  de  Nivelles,  V,  p.  31.) 


—  418  — 

Licot  s'était  imbu  de  l'idée  d'identifier  la  chapelle  n°  1 
avec  celle  de  Saint-Bernard  :  cette  erreur  est  aujourd'hui 
reconnue  (t);  je  m'en  voudrais  d'insister... 

Aujourd'hui,  il  ne  s'agit  plus  de  cela;  mais  je  rencontre 
encore  des  orties,  comme  celte  phrase  :  «  Rien  ne  prouve 
que  Gertrude  de  Moriasart  ait  été  enterrée  en  la  chapelle  de 
la  Sainte-Trinité  » . 

Une  chose  est  certaine  :  la  fondatrice  qui  était  majeure, 
disposait  déjà  de  son  patrimoine  en  1243,  appartient  bien  au 
xiu*  siècle;  il  serait  dérisoire  de  la  classer  dans  un  autre!... 

La  chapelle  n°  1  fut  consacrée  une  seconde  fois  en  1317, 
avec  adjonction  du  vocable  des  SS.  Vierges  Marie,  Agathe 
el  Sabine;  c'est  bien  à  cet  autel  que  se  rapporte,  en  effet,  la 
mention,  d'après  la  place  où  elle  est  insérée  dans  le 
manuscrit  de  Malines. 

2°  Chapelle  de  Sombreffe,  fondée  par  Rixa  de  Sombreffe, 
qui  fut  personnellement  rappelée  dans  le  Gartulaire  cité  (i) 
(bien  des  années  sans  doute  après  sa  mort),  comme  une 
personne  «  quondam  felicis  memoriae  »,  dont  l'abbé  crut 
devoir  consigner  par  écrit  les  suprêmes  volontés,  pour  sup- 
pléer à  quelque  insuffisance  d'interprétation. 

Cette  chapelle  fut  consacrée,  en  1252,  par  le  même  prélat 
que  la  précédente,  Boniface  de  Lausanne;  elle  appartient 
donc  bien  aussi  au  xiii'  siècle  dont  le  prélat  cité  doit  ne  pas 
avoir  vu  la  fin  ;  car,  dès  1251,  en  vue  de  sa  mort  prochaine, 
on  le  voit  réglant  ce  qui  doit  advenir  de  certains  biens  de 
sa  succession  (3). 


(«)  laid.,  VII,  p.  55. 

(«)  P.  62  V  (acte  de  Fan  1318). 

(s)  P.  35  y°  (id.  de  l'an  1318). 


—  416  — 

Le  manuscrit  Houlart  présente  un  croquis  des  armoiries 
se  trouvant  sur  les  vitraux  de  cette  chapelle  :  ce  sont  celtes 
de  la  famille  de  Sombreffe,  de  môme  que  le  blason  des 
Malève  se  rencontrera  dans  la  chapelle  suivante. 

C'est  au  xui9  siècle  que  ces  deux  familles  interviennent 
pour  mêler  leur  histoire  à  celle  de  l'abbaye  de  Villers  ;  deux 
siècles  plus  tard,  on  rencontrait  encore,  à  Villers,  un  Som- 
breffe, époux  d'une  de  Roisin  (i). 

S0  Chapelle  de  Malève,  fondée  par  Clémence  de  Malève, 
dame  de  Rixensart. 

Wauters  (dont  la  citation  ne  s'est  pas  trouvée  vérifiée) 
dit  que  le  nom  de  Clémence  de  Rixensart  est  cité  dans  un 
diplôme  du  milieu  du  xm*  siècle;  mais  il  est  exact  que  le 
chevalier  Oaniel  d'Yssche  qui  se  fit  moine  à  Villers,  en 
revenant  du  tournoi  de  Trazegnies,  en  1251,  était  l'oncle 
de  celte  personne  (s). 

Le  même  auteur  (dans  sa  publication  faite  en  commun 
avec  Tarlier)  commet  une  autre  erreur,  tout  récemment 
rééditée  :  le  Carlulaire  182  (3)  mentionne,  de  la  manière  la 
plus  expresse,  le  père  de  cette  Clémence  de  Malève,  comme 
défunt  (et  peut-être  depuis  de  longues  années)  à  la  date 
de  1393;  il  ne  peut  donc  s'agir  d'argumenter  de  la  date  de 


(1)  Butkens,  p.  250. 

(1)  Clémence  de  Malève  est  déjà  appelée  de  Rixensart  (comme  eUe  Test 
en  effet  devenue  par  mariage  avec  Henri  de  Limai);  mais  il  serait  inté- 
ressant de  connaître  si  le  mariage  a  en  lieu  antérieurement  à  Tannée 
1251,  où  la  Chronique  de  l'abbaye  parle  du  chevalier  Daniel  d'Yssche, 
pour  le  désigner  de  plus  près  au  lecteur  comme  «  persona  grata  »,  à  raison 
de  ses  libéralités  au  couvent.  (Voy.  Ann.  Soc.  archéol.  de  Nivelles,  V, 

p.  47.) 
(5)  P.  50  y*  :  «  Pie  recordationis  dominus  Renerusde  Malevia  quondam 

miles  noster  iidelis  ».  (Le  duc  Jean  parle  déjà  en  ces  termes  en  1289.) 


sa  sépulture  pour  rajeunir  les  chapelles  septentrionales  do 
l'église  de  Villers. 

Quant  à  Clémence  de  Malève,  c'est  encore  sous  ce  nom 
qu'elle  apparaît  dans  un  acte  de  1296  (i);  mais  elle  était 
morte  lors  du  relevé  de  1315-1317. 

On  est,  en  vérité,  destiné  ici  à  des  surprises  :  Si  la  cha- 
pelle n°  A  va  faire  apparaître  un  défunt  qui,  à  en  croire  son 
épifaphe,  s'est  survécu  d'un  siècle,  la  chapelle  n°  3  nous 
montre  l'inverse  :  un  personnage  porté  comme  décédé 
trois  ans  avant  sa  mort,  et  non  pas  des  moindres,  Rase 
de  Grez  (a),  porte-bannière  de  Brabanl  à  la  bataille  de 
Woeringen,  enterré  à  l'abbaye  de  Villers,  en  1318,  comme 
le  porte  son  épitaphe  (conservée  au  Musée  du  Cinquan- 
tenaire, à  Bruxelles)...  tandis  que  —  nul  n'en  a  fait  la 
remarque,  bien  qu'elle  saute  aux  yeux  —  le  relevé  de  1315- 
1317  mentionne  ledit  Rase  de  Grez  comme  enterré  à  Villers, 
de  même  que  Clémence  de  Malève  et  le  père  de  celle-ci. 

Voilà  des  contradictions,  telles  qu'en  entraîne  la  tenue 
au  courant,  à  jour,  de  tout  ce  qui  est  éphémérides... 

4°  Chapelle  de  Cracovie,  fondée  par  deux  chanoines 
polonais,  Herman  et  Pierre,  plaisamment  transformés  par 
Wauters,  à  l'aide  d'un  changement  de  lettres,  en  napo- 
litains (de  Draconara,  en  Pou  il  le). 


(«)  Cartutaire  182,  p.  52  ▼*. 

(t)  Wautbbb  a  suggéré  à  Phbtz  une  grave  erreur  {Monumenta  Germ* 
hist.y  XXV,  p.  213),  en  transformant  le  héros  brabançon,  Rase  de  Grez, 
en  Rase  de  Gavre  :  les  Grez  (de  Gravio)  et  les  Gavre  étaient  deux  familles 
bien  distinctes. 

Le  même  Cartutaire,  p.  57  (anno  1309),  parle  de  lai  sons  les  noms 
on  titres  Radalphe,  Kase,  Raes,  de  Greis,  Gréez,  «ire  de  Piétrebais  et  de 
Bergh  11  est  cité  dans  l'acte  «  ponr  la  grande  affection  et  dévotion  qu'elh 
at  à  dit  covent  de  Villers  ». 


—  418  — 

Ces  c  concaoici  »,  «  co-chanoines  »  prirent  plusieurs 
dispositions  en  faveur  de  l'église  de  Villers,  où,  entre  autres, 
l'un  des  deux  eut  son  nom  associé  à  celui  du  duc  de  Bra- 
banl,  pour  fondation  de  pitances  (ici,  des  harengs  pour  la 
table  des  moines). 

L'épitaphe  conjointe  des  deux  chanoines,  présentée  par 
Jongelinus,  est  d'accord  en  cela  avec  le  texte  du  manuscrit 
Houtart  pour  la  date  1378... 

Il  y  a  erreur  d'un  siècle,  et  elle  est  rendue  palpable  par 
le  fait  que,  dans  le  relevé  de  1315-1317,  sont  déjà  notés 
par  la  Chronique  les  noms  des  deux  chanoines  de  Cracovie. 

L'erreur  est  rendue  absolument  évidente  par  le  texte  da 
Car  Lu  la  ire  u°  182  (i),  où  l'on  retrouve  mentionné  comme 
déjà  décédé,  en  1283,  l'un  de  ces  deux  chanoines. 

11  m'est  absolument  impossible  d'expliquer  la  concordance 
si  parfaite  de  ces  deux  erreurs  (2)  :  deux  copies  de  la  même 
date  (pour  la  même  inscription),  et  toutes  deux  fausses... 

Mais,  en  tout  cas,  il  ne  s'agit  pas  ici  de  «  faire  mentir 
la  pierre  funéraire  »  ;  et  les  copies  doivent  être  rectifiées  : 
les  chanoines  polonais,  Herman  (de  Cracovie)  et  Pierre  de 
Curtis  vivaient  dans  la  seconde  moitié  du  xm*  siècle,  époque 
où,  l'un  et  l'autre,  ils  furent  enterrés  dans  l'église  de  Villers. 

5°  Chapelle  de  Merlyre  (de  Mellery)  :  C'est  là  que  fut 
enterré  le  prêtre  Hugues  de  ce  nom,  avec  son  chapelain 
(qui,  d  après  le  Cartulaire  (3),  avait  nom  Jean  de  Luze). 


(1)  Cartulaire  n*  182,  p.  44  v*  :  anno  1272,  Pierre  de  Cortis,  custos, 
alors  o  in  plena  vita  »  ;  p.  46  v°,  anno  1283,  Pierre  de  Courtis  «  quondam 
canonicus  et  custos  ecclesie  Cracoviensis  ». 

(i)  Les  chiffres  romains  des  deux  dates,  celle  da  manuscrit  et  celle  de  la 
copie  de  Jongelinus,  sont  toutes  deux  MCCCLXXV1II. 

(»)  P.  63. 


—  419  — 

M.  de  Prelle  (i)  nous  avait  déjà  signalé  des  acles  de  1272 
et  1274,  portant  le  nom  du  fondateur  de  celte  chapelle. 
Le  Cartulaire  cité  met  à  même  d'y  ajouter,  comme  date,  la 
Pentecôte  1269  (s). 

La  Chronique  de  l'abbaye,  sous  L'abbé  de  Geest  (1303- 
1308),  s'occupe  spécialement  d'actes  de  Hugues  de  Mellery, 
remontant  à  cette  époque. 

6°  Chapelle  de  Jean  de  Sovrelh  ou  Soureil  :  C'est  ainsi  que 
le  manuscrit  Houlart  combiné  avec  le  Cartulaire  (3)  permet 
de  rectifier  le  nom  du  fondateur  de  la  sixième  chapelle,  que 
la  Chronique  de  Villers  avait  estropié. 

Jehan  de  Sovrelh  et  sa  femme  Marguerite  sont  portés, 
l'un  comme  l'autre,  sur  deux  parties  de  la  pierre  sépul- 
crale, mentionnées  séparément  Tune  de  l'autre,  p.  58  du 
manuscrit  Houtart. 

Tous  les  deux  ensemble  figurent  dans  un  acte  du  mois 
de  juin  1299,  relatif  à  l'abbaye  de  Villers. 

Dans  le  même  tombeau  que  Jean  et  Marguerite  de  Souvrelh, 
fut  enterrée,  d'après  le  manuscrit  Houlart,  une  bourgeoise  de 
Bruxelles,  Elisabeth  de  Cambourne,  à  propos  de  laquelle  se 
présente  la  contradiction  déjà  signalée  :  morte  avant  1315- 
1317;  vivant  encore  en  1324... 

Un  fragment  de  la  dalle  de  Jehan  de  Sovrelh  servait 
naguère  au  jeu  de  quilles  qu'on  avait  établi  au  moulin  de 
l'abbaye  (4). 


(1)  Voy.  supra,  XXXVIII,  pp.  66  et  78. 

(1)  Cartulaire  182,  p.  68. 

(*)  Ibid.,  p.  50  ▼•. 

(*)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XXXVII,  p.  224. 


—  4M  — 

Le  nom  du  fondateur  correspond  à  celui  d'une  localité 
du  Hainaut  :  aujourd'hui  Souvret. 

7*  Chapelle  de  Thomas  de  Namur,  fondée,  dit  la  Chro- 
nique de  l'abbaye,  par  un  ancien  trésorier  ■  bursarius  »  de 
l'abbaye. 

Cette  chapelle  est  omise  dans  le  manuscrit  Houtart,  sans 
doute  parce  que,  à  la  fin  du  xvui*  siècle,  aucune  inscription 
n'y  était  plus  lisible. 

Thomas  de  Namur  1 

Réponse  de  trois  côtés  à  la  fois  : 

1°  Thomas  de  Jauche,  bourgeois  de  Namur  (i),  signataire 
en  1389,  d'un  acte  relatif  à  l'abbaye  de  Villers.  —  Mais 
il  s'agit  d'un  couple  d'époux  (la  femme  s'a p pelant  Àlif, 
dénommée  dans  l'acte)  ; 

2°  €  Thomas  d ictus  Cokàrs  de  Namurco,  presbyter  Leo- 
diensis  •,  apparaissant  dans  un  acte  du  18  avril  1335; 

3°  Enfin,  Thomas  de  Namur,  «  quondam  bursarius  nos- 
ter  »,  d'après  le  relevé  de  1315-1317,  où  il  était  déjà  porté 
comme  défunt. 

Malgré  la  coïncidence  rare  des  noms,  il  ne  peut  s'agir 
d'une  seule  et  même  personne... 

Pourtant  la  «  critique  historique  >  ne  trouvera-t-elle  pas 
à  s'exercer  pour  l'hypothèse  d'un  registre  tenu  à  jour,  où 
après  1333  aurait  été  inscrite  la  mention  relative? 

Il  n'est  pas  interdit  de  le  supposer;  dans  ce  cas,  la  chapelle 
n°  8  présente  de  la  latitude  comme  date  jusqu'en  1343, 
huit  ans  plus  tard... 

(•)  Cartulaire  n*  182,  p.  61  v°. 


— .  «1  — 

8°  Chapelle  de  Mont-Saint-Guiberl. 

Cette  chapelle  a  été  présentée  récemment  comme  étant  la 
vraie  et  seule  chapelle  Saint-Bernard*  créée  en  1899  par 
l'abbé  Henriou,  pour  servir  de  réceptacle  aux  reliques  du 
monastère  et  en  outre  à  quelques  sépultures  ou  monu- 
ments (t)  d'élite;  je  résume  mon  opinion  sur  cela  :  la 
chapelle  n*  8,  chapelle  qu'on  peut  appeler  de  second  plan, 
n'a  pu  être  et  n'a  pas  élé  choisie  pour  remplir  le  rôle 
important  de  «  chapelle  d'honneur  »,  de  •  sacellum  pro- 
prium  ».  Ce  qu'elle  était  au  xme  siècle,  lors  de  son  établis- 
sement, une  chapelle  accessoire,  elle  l'est  restée  au  xvie,  et 
même,  peut-on  dire,  son  caractère  secondaire  s'est  encore 
accentué;  car,  après  l'an  1640  (époque  où  écrivait  Jonge- 
linus),  on  s'est  servi  de  cette  chapelle  pour  y  remiser  ce  que 
les  profanes  pourraient  appeler  les  «  accessoires  hors  de 
service  » ,  les  dalles  des  abbés  de  Bornai  et  de  Franea  retirées 
des  cloîtres  (*). 

La  chapelle  de  Mont-Saint-Guiberl  est  la  dernière  des 
huit  chapelles  annexées  à  l'église  après  sa  construction  (la 
neuvième  étant  le  n°  9,  également  adventice,  mais  construite 
dans  l'œuvre  même). 

Est-ce  que  peut-être  ce  n°  8  ne  daterait  pas  des  temps  de 


(i)  J'admets  parfaitement,  parmi  les  «  monumenta  »  de  cette  chapelle, 
de  simples  pierres  commémoratives  :  telles  sont  sans  doute  les  épitaphes 
introduites  dans  la  chapelle  d'honneur  «  eere  capelle  »,  par  l'abbé  Henrion, 
en  souvenir  de  son  père  et  de  sa  mère  ;  pas  un  mot  n'y  est  dit  de  leur 
dépouille  même;  il  y  est  seulement  parlé  de  «  décoration  et  d'ornement  » 
de  l'église. 

(«)  Jongelinus  qui  écrivait  en  1640,  mentionne  ces  deux  dalles  comme 
se  trouvant,  de  son  temps,  dans  le  cloître;  or,  d'après  le  manuscrit 
Houtâbt,  à  la  fin  du  xviir9  siècle,  elles  étaient  déjà  dans  la  chapelle 
n*  8,  où  eUes  avaient  donc  été  transportées  depuis. 


—  4M  — 

l'abbé  Bernard  de  Mont-Saint-Guibert,  après  lesquels  ses 
parents,  Jean  du  même  nom,  sa  sœur  Marie  et  sa  nièce 
Marguerite  seraient  intervenus  dans  la  fondation  de  la 
dernière  chapelle  destinée  à  occuper  l'espace  encore  dispo- 
nible? 

Je  sais  fort  bien  que  ce  n'est  là  qu'une  supposition  ;  mais 
elle  s'appuie  sur  la  longévité  des  deux  dames  de  Mont-Saint- 
Guibert,  dont  l'une,  déjà  mentionnée  dans  le  relevé  de 
13IK-1317,  vivait  encore  en  1343,  comme  le  porte  son 
épilaphe. 

J'en  conclus  à  la  possibilité  (même,  le  dirai-je,  à  la  proba- 
bilité) de  la  fondation  de  la  chapelle  n°  8,  postérieurement  à 
la  quintuple  fondation  du  27  juin  1280;  il  ne  s'agirait  plus 
que  de  compléter  la  série  des  chapelles  septentrionales, 
par  une  neuvième  qui  ne  peut  guère  être  indiquée  avec  cer- 
titude, faute  de  renseignements  catégoriques  sur  chacune 
des  autres. 

9"  Chapelle  du  Portique  c  in  porticu  sublus  ».  Cette 
chapelle  a  été  fondée  par  Gobert  de  Bioul  qui  vivait  de 
1210  à  1266,  et  par  Matthieu  Piéloul  (ou  de  Pituel),  dont 
on  retrouve  des  traces  jusqu'en  1279. 

C'est  bien  certainement  la  chapelle  désignée  par  le  n*  16 
de  la  liste  Laenen,  Tune  des  cinq  consacrées  le  27  juin  1280, 
parmi  lesquelles  doit  se  classer  fort  probablement  encore 
telle  ou  telle  autre  des  chapelles  n°*  3  à  8  du  plan. 

Pour  moi,  il  ne  s'agit  pas  un  instant  d'hésiter  à  reconnaître 
dans  la  chapelle  n°  9,  celle  qui  fut  aménagée  en  1S99,  par 
l'abbé  Henrion,  pour  y  loger  les  reliques  du  monastère  et 
trois  monuments  ou  cénotaphes  en  l'honneur  de  ses  parents 
et  de  lui-même.  J'ai  dit  assez  longuement  mon  avis  sur  ce 


—  425  — 

point  et  je  n'y  reviendrai  point,  d'autant  plus  que  ce  qui  est 
proposé  pour  jouer  le  rôle  de  c  nona  capella  in  portion 
subtus  > ,  n'est  pas  une  chapelle,  mais  seulement  un  autel  (i) 
et  que  pour  la  faire  entrer  en  ligne  de  compte  comme 
neuvième,  il  faut  la  déplacer  et  la  porter  fictivement 
de  l'autre  côté  de  l'église,  où  elle  perd  son  numéro 
d'ordre... 

La  chapelle  n°  9  fait  exception  aux  huit  autres  en  ce 
qu'elle  a  été  bâtie  c  dans  œuvre  » ,  c'est-à-dire  en  utilisant 
les  murs  de  l'édifice  lui-même,  et  non  pas  en  logeant  l'espace 
à  clore  entre  les  contreforts.  Elle  est  donc  indépendante  des 
autres  chapelles  quant  à  l'époque  de  sa  construction,  et, 
comme  les  documents  l'indiquent,  fut  commencée  par  une 
personne  vivant  dans  la  première  moitié  du  xui*  siècle,  et 
terminée  par  une  autre  pendant  la  seconde  moitié. 

Celte  intervention  successive  de  membres  de  familles  bien 
distinctes  laisse  supposer  qu'à  un  moment  donné,  la  fondation 
primitive  aura  été  jugée  ou  sera  devenue  insuffisante  et  que 
des  tiers  auront  été  appelés  à  y  suppléer  (a). 

Gobert  de  Bioul  était  un  grand  personnage  de  la  Cour  de 
Brabant,  apparenté  à  la  famille  ducale;  il  figure  dans  une 
série  considérable  d'actes,  surtout  de  1239  et  1246,  qu'il 
n'est  nullement  téméraire  de  rapporter  à  l'époque  où  la 
c  nona  capella  in  porticu  subtus  » ,  n'avait  pas  encore  été 
consacrée  au  culte  de  S.  Bernard,  nouvelle  preuve  qu'il  ne 
s'agit  pas  de  chercher  cette  chapelle  en  H'"... 

Matthieu  Piétoul  (Pietol,  de  Pituel),  et  son  épouse  Helwide 


(i)  Ann.  Soc.  archéol.  de  Nivelles,  VII 1,  p.  7. 
(i)  Voy.  supra,  XXXV11I,  p.  68. 


—  434  — 

(611e  de  Henri  de  la  Joncherie),  figurent  ensemble  dans  on 
acte  du  mois  de  mai  1367,  relatif  à  l'abbaye  de  Villers  (i). 


XV 


L'histoire  des  tombeaux  de  l'église  de  Villers  pourrait  se 
diviser  en  plusieurs  paragraphes  bien  distincts  :  on  vient 
d'en  lire  un  dont  le  point  de  départ  serait  l'autorisation 
papale  de  1234,  citée  ci-dessus. 

Le  point  de  départ  d'un  nouveau  paragraphe  serait  le 
moment  où  l'on  vient  de  bâtir  la  chapelle  de  Mont- Sain t- 
Guiberl  (voir  au  plan,  n°  8),  c  terminée  par  des  amorces 
dénotant  l'idée  de  prolonger  le  même  œuvre  »  (s)y  et  où  l'on 
abandonne  brusquement  celte  idée  pour  laisser  désormais 
interrompue  la  construction  des  chapelles  latérales. 

Nous  avons  ainsi  atteint  l'abbatiat  de  Jacques  de  Plan- 
cenois  (1317-1329)  :  à  partir  de  ce  moment,  on  ne  nous 
parle  plus  des  chapelles  septentrionales;  elles  sont  achevées 
et  les  amorces  de  tantôt,  restées  «  pendantes  »,  montrent 
bien  qu'on  a  renoncé  à  y  ajouter  aucune  construction  nou- 
velle. . 

Aussi  est-ce,  non  plus  de  chapelles  adventices  à  bâtir  sur 
les  flancs  de  l'église,  c'est  seulement  des  chapelles  orientées 
qu'on  va  nous  reparler  :  il  y  a  là  deux  de  ces  chapelles 
(voir  au  plan,  lilt.  Eet  G)  qu'on  trouve  disposées  au  mieux, 
pour  servir  en  même  temps  à  des  sépultures  d'élite  :  dans 


(i)  Cartulaire  n°  182,  p.  42  v°. 
(•)  Voy.  supra,  XVII,  p.  295. 


—  m  — 

la  première,  on  enterre  le  moine  Anselme  de  Samme,  et 
deux  femmes  de  sa  famille;  dans  la  seconde,  on  admet 
l'abbé  Jean  de  Bruxelles,  le  premier  abbé  qui  ait  été  enterré 
dans  l'église  de  Villers  (i)  et,  comme  dans  l'autre,  on  enterre 
une  femme,  la  mère  de  l'abbé... 

—  Ici,  un  détail  épisodique  que  le  lecteur  m'en  voudrait 
de  ne  point  lui  signaler  en  passant  : 

Celte  mère  de  l'abbé  Jean  de  Bruxelles  apparait  deux 
fois  dans  le  Gartulaire  n°  189,  une  première  fois  comme 
c  relicta  Johannis  dicto  Frisonis,  oppidani  Bruxellensis  », 
une  seconde  fois  comme  c  dicta  des  Yrisen  »  (évidemment 
le  même  nom). 

Or,  Jongelinus  ne  pouvant  se  rendre  compte  de  ce  bizarre 
des  Yrisen  (peut-être  Van  de  Vrisen,  pourquoi  pas?;,  avait 
disposé  d'autre  façon  les  lettres  du  nom,  et  la  mère  susdite 
avait  fini  par  s'appeler  Elisabeth  de  Surisen... 

Le  Gartulaire  cité  rapporte  une  libéralité  de  celle  personne, 
grevée  d'un  de  Profundis  à  réciter  sur  la  tombe  de  l'abbé 
cité  et  de  sa  mère,  par  le  prêtre  ayant  célébré  au  maitre- 
autel  et  retournant  à  la  sacristie  pour  y  déposer  les  vêtements 
sacerdotaux. 

Celle  mère  d'abbé,  enterrée  dans  l'église,  rappelle  le  sou- 
venir d'une  autre,  dont  le  nom  a  été  prononcé  pour  la 
première  fois  par  le  précieux  manuscrit  Houlart  :  Àleyde 
de  Rotselaer,  mère  de  l'abbé  Gérard  de  Louvain  (1443). 
Celte  personne  avait  été  honorée  d'une  dalle  sépulcrale  qui 
a  été  retrouvée  dans  la  chapelle  n°  8  (de  Mont-Saint-Guibert) 


(i )  «  Notandum  esse  primura  abbatem  in  ecclesia  sepultum  ».  (MS.  7777 
do  la  bibl.  de  Bourgogne,  p,  3). 


—  4*6  — 

avec  deux  autres  dalles  d'abbés  dénommées  ci-dessus  :  de 
Borna  le  et  de  Franea,  qui  toutes  deux,  en  1640,  au  temps 
où  Jongelinus  fil  paraître  l'ouvrage  où  il  s'occupe  des  tom- 
beaux de  Vil lers,  se  trouvaient  encore  dans  les  cloîtres  et, 
par  conséquent,  non  encore  transportées  dans  l'église. 

CONCLUSION 

Je  m'interromps  ici  et  j'ajourne  la  suite  :  je  veux  attendre 
l'effet  que  pourra  produire  mon  équation  :  narlhex  =  cha- 
pelle Saint-Bernard. 

Jusqu'ici,  pas  un  mot  à  ce  sujet  dans  la  «  littérature  » 
relative  à  Villers  d'avant  le  xix*  siècle,  soigneusement 
passée  en  revue  :  le  narlhex  de  l'église  n'y  est  pas  même 
dénommé  (i);  c'est  à  peine  si  on  y  parle  du  caveau  sous 
le  porche,  et  tout  à  fait  en  passant... 

Mais  je  me  suis  engagé  (*)  vis-à-vis  du  public  spécial  que 
cela  intéresse,  à  démontrer  la  nécessité  de  lire  le  précieux 
manuscrit  Houlart  comme  il  a  été  écrit,  c'est-à-dire  en 
commençant  par  le  commencement,  et  en  ne  faisant  pas 
intervenir  la  proposition  de  modifier  l'ordre  des  feuillets, 
avant  les  pages  55  et  56  qui  —  cela  ne  fait  pas  pour  moi 
l'ombre  d'un  doute  —  ont  été  intercalées  là  par  erreur  et 
mal  raccordées  au  surplus. 

Je  vais  me  borner  à  renforcer  ici  ma  «  réduction  à 
l'absurde  »  de  la  proposition  —  selon  moi,   absolument 


(t)  Je  n'ai  guère  rencontré  que  M .  Osw.  Van  dvr  Bbbqhb  qui  en  pro- 
nonçât le  nom. 
(t)  Ann,  Soc.  archéologique  de  Nivelles,  VIII,  p.  54. 


—  va  — 

inadmissible  —  d'assimiler  la  chapelle  Saint-Bernard  à  celle 
de  Monl-Saint-Guibert  (n°  8  du  plan). 

Je  répète  en  résumé  ce  que  j'ai  déjà  eu  occasion  de  dire 
à  ce  sujet  (i)  : 

Impossibilité  de  montrer,  dans  la  dite  chapelle  n°  8, 
I'«  arcade  »  sous  laquelle  D.  Guy  ton  (s)  y  décrit  le  tombeau 
des  Saints  du  monastère  ; 

Impossibilité  même  d'entre-apercevoir  la  chapelle  en  ques- 
tion, de  la  porte  d'entrée  de  l'église  par  où  Gramaye, 
Sanderus  et  Papebroch  introduisent,  et  sous  laquelle  tout 
spécialement  le  manuscrit  Houtart  fait  passer  le  visiteur  en 
attirant  ses  yeux  sur  l'inscription  du  frontispice; 

Impossibilité  de  tracer,  tirée  du  chœur  de  l'église  (où  la 
chapelle  Saint-Bernard  est  décrite  à  la  fin  du  xviii'  siècle), 
une  ligne  droite,  passant  par  cette  même  chapelle  n°  8; 

Impossibilité  de  justifier,  toujours  pour  celte  chapelle  n*  8, 
les  dénominations  de  «  sacellum  proprium  »  (3),  de  c  eere 
ca pelle  (4).  » 

Impossibilité  d'ailleurs,  sans  recourir  à  des  circonlocutions 
sentant  l'huile,  d'expliquer  comment  la  phrase  «  première  à 
gauche  en  entrant  dans  l'église  par  la  porte  principale  » , 
pourrait  bien  concerner  une  chapelle  qui  est,  non  pas  à 
l'entrée,  mais  obliquement  à  quinze  mètres  du  seuil,  et 
même  qu'on  ne  peut  apercevoir  de  ce  seuil,  à  raison  du 


(t)  Ibid. 

(1)  Ibid.,  VII,  p.  122. 

(s)  Chapelle  propre,  c'est-à-dire  spécialement  affectée  aux  reliques  du 
monastère  et  à  quelques  sépultures  d'élite. 

(4)  Chapelle  d'honneur,  où  après  1640,  Ton  aurait  encore  admis  des 
pierres  tombales  adventices!  Voir  ce  que  j'en  dis  Ann.  Soc.  archéoL  de 
Nivelles,  VUI,  p.  55. 


—  448  — 

premier  pilier  de  la  nef  qui  y  intercepte  la  vue...  Peut-on 
se  figurer  les  Gramaye  et  consorts  appliquant  l'image  hardie 
de  venir  à  la  rencontre  («  occurrere  t),  à  une  chapelle 
c  en  retraite  sur  la  nef  et  vers  laquelle  le  visiteur  doit 
fortement  obliquer  pour  la  rencontrer  lui-même  (0?  * 

Je  me  borne  à  ajouter  ici  quelques  observations  locales 
complémentaires  : 

Je  répète  ce  que  j'ai  dit  au  sujet  de  la  translation  des 
reliques  du  monastère  dans  la  chapelle  de  Saint-Bernard, 
opérée  en  1599,  par  l'abbé  Henrion.  Un  contemporain,  bien 
certainement  un  moine  de  Villers,  y  décrit  en  détail  la 
cérémonie  : 

...  Fratrum  comitante  caterra, 

Robertus  prosul,  latitantibus  abdita  terris, 

Dena  Beatorum,  trans  templum,  oorpora  cinxit  (t). 

Celle  expression  trans  templum  est  caractéristique;  c'est 
plus  que  c  outre  »;  c'est  absolument  :  de  t  autre  côté;  cela 
implique  en  quelque  sorte  l'idée  :  «  Qu'il  n'en  soit  plus 
question  !  Passons  à  autre  chose  > ... 

Gela  est  peut-être  bien  un  peu  subtil,  et  cependant  je  ne 
puis  me  défendre  de  mon  impression  toute  pareille  à  propos 
de  deux  autres  passages  où  je  vois  très  clairement  qu'il 
s'agit,  comme  dans  le  passage  relatif  à  ce  c  trans  templum  » , 
d'un  endroit  qui,  tout  en  faisant  partie  de  l'église,  est  décrit 
comme  en  étant  pour  ainsi  dire  indépendant,  ce  qui  cadre 


0)  Db  Pbelle  db  la  Nieppb,  /.  cit.,  p.  82. 

(«)  «  Le  prélat,  accompagné  en  cortège  par  les  moines,  transporte,  par 
delà  le  temple,  les  reliques  des  Bienheureux,  retirées  de  leur  obscure 
cachette  sous  terre  ». 


—  4*9  — 

parfaitement  avec  la  notion  de  portique,  simple  annexe  du 
monument,  tout  en  en  faisant  partie  intégrante. 

Ces  passages,  tous  deux  contemporains  de  l'époque  où 
l'église  était  encore  «  en  èlre  »,  sont  : 

1°  Les  délices  des  Pays-Bas  (i)  :  «  Église  de  Villers... 
On  y  conserve,  dans  une  chapelle,  les  ossements  de  dix 
Bienheureux  de  Tordre  de  Saint-Bernard  qui  y  furent  solen- 
nellement placés  en  1590  (1599).  » 

3°  Inventaire  du  5  vendémiaire  an  V  :  «  Dans  l'église, 
un  mausolée  de  marbre  noir,  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Bernard.  » 

On  pourra  sans  doute  épiloguer  sur  les  mots  ;  mais,  tout 
ou  moins,  on  ne  m'ôtera  pas  de  l'idée  qu'il  ne  s'agit  pas  là 
de  la  chapelle  de  Mont-Saint-Guibert... 


APPENDICE. 

Au  moment  même  où  je  termine  la  correction  des  épreuves 
de  l'article  ci-dessus,  M.  l'abbé  Laenen,  archiviste  de  l'arche- 
vêché de  Matines,  l'archéologue  distingué  qui  m'a  commu- 
niqué l'original  du  bref  pontifical  décernant  à  la  B.  Julienne 
de  Cornillon  le  titre  de  t  Sainte»  (i),  découvre  et  s'empresse 
de  me  communiquer  encore,  et  tout  spontanément,  un  autre 
document  qu'il  a  trouvé  dans  son  important  dépôt  :  une 
Séries  abbatum  Villariensium,  résumé  de  la  Chronique  de 
l'abbaye.  Cette  «  Séries  »  se  distingue  des  documents 
similaires,  en  ce  que  le  rédacteur  (du  commencement  du 

(i)  Ann.  Acad.  roy.  d' arche ol.  de  Belgique,  LU  (1900),  pp.  420  et  440. 


—  430  — 

xviii'  siècle)  a  spécialement  choisi  pour  consigner  cela  à 
part,  tout  ce  qu'il  a  trouvé  de  détails  sur  la  position  des 
autels  et  des  tombeaux  de  l'église  de  Villers,  comme  sur 
certains  déplacements  dont  ils  ont  été  l'objet. 

II  y  a  là  des  renseignements  très  importants  et  il  est  fort 
intéressant  d'en  publier  à  part,  dès  à  présent,  des  extraits 
relatifs  à  ces  indications  (t). 

SERIES  ABBATUM  VILLARIENSIUM 

(Ex  tabulario  archiepiscopatus  Mechliniensis). 

...  12.  —  B.  Nicolaua  abbas.  Jacet  sepultus  Villarii  in  Capitule, 
directe  ante  sedile  Abbatis,  ubi  appositum  fuit  monumentum  ex 
lapide  caeruieo. 

13.  —  B.  Arnulphus  de  Lovanio.  Sepultus  est  immédiate  juxta 
fenestram  Capituli  foris.  Et  super  eum  est  plantata  vinea,  ne  processu 
temporis  effoderetur. 

14.  —  D.  Walterus  de  Geldonia.  Anno  2°  regiminis  ejus,  in  festo 
Su  Mauritii,  ipsa  hora  qua  Salvator  noster  in  Cruce  pependit,  erecta 
est  Crux  magna  Conversorum  in  qua  reliquise  sanctœ  plures  conti- 
nentur.  Sepultus  est  in  Capitulo  immédiate  ad  dexteram  Beati 
Nicolai,  12°"  Abbatis  Yillariensis. 

15.  —  D.  Nicolaua  de  Hannut.  Sepultus  est  in  Capitulo,  immé- 
diate ad  sinistram  Beati  Nicolai  lî™1  abbatis  Yillariensis. 

16.  —  D.  Joannes  de  Saint-Gery.  In  Capitulo  sepultus  est. 

17.  —  D.  Bernardus  de  Monte-Sancti-Guiberti.  Anno  3°  regi- 
minis ejus  in  festo  Inventionis  Su  Stephani,  erecta  est  crux  ferrea 
argento  cooperta  super  pinnaculum  frontia  Ecclesite   Yillariensis 

(0  Le  surplus  importe  moins. 


—  431  — 

occidentalis,  in  qua  plures  reliquiae  continentar.  In  Capitulo  sepultus 
est. 

18.  —  D.  Aibericu,  abbas.  Hic,  anno  2°  regiminis  aui  plorimo- 
ram  utriusque  sexus  Beatorum  ao  sanctitate  illustrium  corpora  rétro 
altare  summum  reposuit,  inscriptione  quadam  addita. 

19.  —  D.  Arnulphus  de  Gestele.  8epultus  est  Villarii  in  Capitulo. 

20.  —  D.  Jacobus  de  Somalia.  Sepultus  est  in  Coemiterio  rétro 
Gapitulum  versus  Sacristiam.  Anno  au  te  m  1651°,  lapis  sepulcralis 
ejua  translatus  est  in  8acello  Sli  Bernard i,  per  D.  Robertum  de 
Namur,  Abbatem  50um. 

La  Séries,  après  cela,  jusqu'en  1333,  ne  présente  pas 
d'autre  particularité  utile  à  noter  ici,  sinon  quant*  au  nom 
du  25e  abbé  (Jean  de  Maldere?)  qu'elle  appelle  Jean  de 
Malrez. 

Au  30*  abbé,  la  Séries  reprend  intérêt  : 

30.  —  D.  Joannes  de  Bruxella.  Sepultus  est  in  Ecclesia  Villa- 
riensi,  in  sacelio  S1"  Catharinœ  et  Virginibus  sacro.  Primus  hic 
Abbas  fuit  Villariensis,  in  ecclesia  Villariensi  sepultus. 

31.  —  D.  Joannes  de  Steenberghe.  Est  in  Capitulo  Villariensi 
sepultus. 

32.  —  D.  Albericus  de  Genappia.  Sepultus  est  in  Capitulo 
Villariensi. 

33.  —  Joannes  de  Franea.  Sepultus  est  rétro  fenestram  mediam 
Capituli  Villariensis,  versus  ambitum. 

34.  —  D.  Nicolaus  de  Brigode.  Sepultus  est  in  Capitulo  Villa- 
riensi. 

35.  —  D.  Martinus  de  Hoyo  In  Capitulo  Villariensi  sepultus  est. 

Rien  de  spécial  à  propos  de  l'abbé  36e,  Jean  de  Holers. 

87.  —  D.  Ottbo.  Sepultus  est  in  Ecclesia  Villariensi  ante  altare 
Apostolorum  Pétri  et  Pauli. 


—  432  — 

Les  deux  abbés  suivants  n'ont  donné  lieu  à  aucune  obser- 
vation spéciale  qu'il  y  ail  lieu  de  relever  ici. 

40.  —  D.  Walterus  de  Asca.  Hic  a  monasterio  Binderen  rever- 
tendoin  Parco  Dominaram  prope  Lovanium  vitafunctus  est...  Inde 
in  Villarium  rectus  est  et  in  Capitnlo  sepultus. 

41.  —  D.  Franco  Oalaber.  Obiît  Loranii,  Inde  Villarium  vectus, 
in  Capitulo  sepultus  est. 

49.  —  D.  Joannes  de  Campernoille.  In  domo  de  Wildere  obiit. 
Corpus  ejas  post  obitum  ex  Wildere  fuit  in  Villare  translatum  et 
in  Capitulo  sepultum. 

43  (|),  —  J).  Philibertus  Naturelle  Mechliniae  obiit,  atqoe  Villa- 
rium  adrectus,  magna  pompa  sepulturœ  traditus  est  juxta  ehorum 
ad  latus  altaris  Angelorum. 

44,  —  D.  Dionysius  a  Zeverdonck  Lovanii  obiit  Corpus  ejus 
Villarium  adveclum  in  medio  ebori  sepulturœ  traditum  est,  cui 
tumulus  hon or i ficus  appositus  est.  Anno  vero  1706,  abbatiaante 
D.  de  Camargo,  tumulus  ejus  de  medio  ebori  translatus  est  et  posîtus 
prope  parvam  sacristiam,  dictam  S.  Caroli,  ubi  etiamnum  extat 
quod  utique  factum  est  ad  Ecclesiœ  condecorationem,  dum  chorus 
novo  pavimento  stratus  est. 

45.  —  D.  Dionysius  de  Spina.  Sepultus  est  in  Sacello  SS.  Trini- 
tatis,  quod  tune  extabat  in  templo  Villariensi,  in  loco  ubi  jam  est 
sacristia  parva  dicta  S.  Caroli,  ad  cornu  epistolœ  altaris  predicti 
sacelli,  prope  locum  in  quo  jam  extat  illias  Àbbatis  tumulus  (biffé  : 
nempe  in  angulo),  nam  anno  1706,  dum  ibidem  positisunt  quatuor 
tumuli,  motus  est  parum  tumulus  D.  Dionysii  de  Spina,  et  collocatus 
est  prœcise  in  angulo  ubi  nunc  jacet. 


(i)  A  ce  numéro  correspond,  dans  la  réalité,  le  temps  ou  Jean  Reginald 
de  Mallet  fut  abbé  de  Vi liera,  par  commande,  et  où  mourut  son  successeur 
D.  Philibert  Naturelle. 


—  433  — 

46.  —  D.  Matthias  Hortebeeck.  Sepultus  est  in  ingressu  Capituli 
Villariensis,  ubi  estât  ejus  tumulus  cum  epitapbio  legibili  continente' 
diem  et  annum  obitus  ejus. 

47.  —  D.  Franciscus  Vleyschouwere.  Sepultus  est  ad  introitum 
cbori  infra  odeum  (biffé  :  ubi  ejus  in  memoriam  exigu am  tune... 
cum  epitapbio  poni  curavit  D.  Robertus  Henrion,  immediatus  ipsi 
successor).  D.  Henricus  Vanderheyden,  Abbas  Villariensis,  49mi  (cujus 
abavunculus  erat  prœdictus  Franciscus  Vleyschouwere,  in  abavunculi 
et  abantecessoris  sui  memoriam  (un  mot  biffé)  tumulum  pulcherrimum 
confici  curavit,  qui  positus  fuit  in  navi  Ecclesiœ  Villariensis  (en 
marge  :  a  parte  ambitus  collationis),  fere  inter  duas  primas  columnas 
naris  versus  chorum,  parum  versus  médium  navis,  ante  altare 
8S.  Martyrum.  Sed  anno  1706,  ejus  tumulus  translatas  est  ac 
positus  prope  parvam  sacristiam  dictam  S.  Caroli  :  quod  factum  est 
ad  Ecclesiœ  condecorationem  ut  pavimentum  novum  apponeretur. 

48.  —  D.  Robertus  Henrion.  Sepultus  est  in  Ecclesia  Villariensi, 
in  sacello  Sli  fiernardi,  ante  altare  in  loco  ubi  stat  sacerdos  missœ 
introitum  dicens,  atque  ibidem  ejus  tumulus  jacet. 

49.  —  D.  Henricus  Vander  Heyden.  Sepultus  in  navi  Ecclesiœ 
Villariensis,  fere  inter  duas  primas  columnas  chori  seu  odeo  proximas, 
parum  versus  médium  navis,  a  parte  sacellorum,  ante  altare  Sancta- 
rum  Ânnœ  et  Mariae  Magdalenœ,  ubi  positus  fuit  ejus  tumulus,  qui 
anno  1706°  est  translatas  prope  sacristiam  parvam  dictam  Su  Caroli 
ob  ecclesiœ  condecorationem. 

50.  —  D.  Robertus  de  Namur.  Sepultus  est  Villarii  in  Ecclesia 
infra  cam panas,  ubi  tumulus  ejus  positus  fuit.  Scd  anno  1706°, 
dum  nempe  chorus  pavimento  novo  stratus  est,  tumulus  ipsius 
translatus  est  et  positus  prope  sacristiam  dictam  Sli  Caroli,  ubi 
etiamnum  jacet. 

La  communication  ci-dessus  est  des  plus  intéressantes  et 
j'en  remercie  vivement  l'auteur  :  il  y  a  là  des  détails  précieux 


—  434  — 

sur  la  position  relative  des  autels  et  des  chapelles  de  l'église 
abbatiale  de  Villers,  el  l'on  ne  pourra  plus  écrire  sur  ce 
sujet,  sans  avoir  soigneusement  étudié  la  Séries. 

Que  de  mutations,  de  translations  de  tombeaux,  etc.,  ce 
relevé  fait  connaître,  indépendamment  de  la  plus  importante, 
celle  du  monument  du  duc  Jean  III,  transporté  du  côté  de 
PË  pitre  (manuscrit  Hou  tari)... 

Un  détail  qui  a  excité  chez  moi  une  vive  surprise  nous 
apprend,  sous  l'abbé  Robert  de  Namur  (1647-1653),  la 
translation  de  la  pierre  sépulcrale  de  l'abbé  de  Bomalia 
dans  la  chapelle  Saint- Bernard... 

D'où  l'on  va,  sans  doute,  s'empresser  de  conclure  que 
ladite  pierre  se  trouvant  aujourd'hui  même  dans  la  chapelle 
nc  8,  celte  chapelle  8  est,  par  le  fait,  identifiée  avec  la 
chapelle  Saint- Bernard... 

Eh  bien!  non!  je  maintiens,  et  de  la  manière  la  plus 
absolue,  que  la  chapelle  Saint-Bernard  est  au  n*  9,  où  les 
témoignages  formels  de  Gramaye,  Sanderus,  Pape  broc  h,  el 
enfin  le  manuscrit  Houtart,  lu  comme  il  doit  l'être,  constatent 
formellement  sa  présence  :  «  dans  la  première  chapelle  à 
gauche,  en  entrant  dans  l'église  »  (notion  qui  est  la  résul- 
tante des  textes  unanimes  de  tous  les  auteurs  cités). 

Voici  sans  doute  ce  qui  a  eu  lieu  : 

L'abbé  Robert  de  Namur  (i)  aura  conçu  l'idée  de  réunir 
dans  la  chapelle  Saint-Bernard  tous  les  souvenirs  sépul- 
craux des  anciens  abbés.  En  effet,  ce  n'est  pas  seulement  la 


(t)  Le  Séries,  en  attribuant  la  translation  à  la  date  1647-1653  est 
confirmée  indirectement  par  le  témoignage  de  Johoklinus,  qui,  en  1640, 
décrit  comme  étant  encore  dans  les  cloîtres,  les  dalles  des  abbés  de  Bomale 
et  de  Franea. 


—  435  — 

dalle  de  l'abbé  de  Borna  le  (d'après  le  manuscrit  Houlart) 
qu'on  a  retrouvée  en  la  chapelle  8;  c'est,  en  outre,  d'après 
le  manuscrit  Houtart,  la  dalle  pareille  de  l'abbé  de  Franea 
(1347-1349). 

On  dirait  même  que  l'exécution  de  la  pensée  pieuse  de 
réunir  les  souvenirs  funéraires  des  anciens  abbés,  s'est 
étendue  jusqu'aux  membres  de  leurs  familles,  puisque  nous 
retrouvons,  d'après  le  manuscrit  Houtart,  dans  la  chapelle 
n°  8,  la  dalle  de  la  mère  de  l'abbé  Gérard  de  Louvain 
(1433-1446). 

Les  dalles  abbatiales  auront  donc  été  placées  par  l'abbé 
de  Namur,  dans  la  chapelle  Saint-Bernard  (mon  n°  9)  et 
nullement  dans  la  chapelle  de  Mont-Saint-Guibert  (n°  8). 

Mais  en  1697  et  en  1705,  à  la  mort  des  deux  abbés  Moniot 
et  Gupis  de  Camargo,  il  s'est  agi  de  prendre  des  mesures  (i) 
pour  faciliter  leur  enterrement  qui  eut  lieu  dans  la  chapelle 
Saint-Bernard... 

Dès  lors  les  dalles  de  Bomale,  de  Franea,  etc.,  devenaient 
des  embarras,  et  il  n'y  avait  plus  qu'à  en  <  désencombrer  » 
la  chapelle  Saint-Bernard... 

C'est  là  précisément  le  rôle  que,  par  hypothèse,  ci-dessus, 
j'ai  assigné  à  la  chapelle  n°  8  :  «  remiser  les  accessoires 
hors  de  service  » .  Voy.  supra,  XIV,  n°  8... 

S'il  en  est  ainsi,  j'imagine  difficilement  ce  qu'on  eût  pu 
faire  de  la  chapelle  de  Mont-Saint-Guibert  (n°  8),  juste  la 
plus  rapprochée,  sinon  transporter  là  même,  les  dalles  des 


(i)  A  voir  dans  le  Théâtre  sacré  du  Brabant  les  dimensions  énormes  de 
U  dalle  de  l'abbé  de  Camargo,  on  admettra  que  o'est  bien  là  le  mot  juste, 
dans  le  sens  propre. 


—  436  — 

deux  abbés  dont  le  manuscrit  Houtarl  y  signale  la  présence... 

L'objection  devient  un  argument  à  l'appui... 

Qu'ai-je  encore  besoin,  après  cela,  de  demander  où,  dans 
la  chapelle  de  Monl-Saint-Guiberl,  on  trouverait  bien  une 
place  pour  le  tombeau  de  l'abbé  Henrion,  c  in  loco  ubi  slat 
sacerdos  miss©  introitum  dicens  »?... 

H.    SCHDERMAIIS. 


Erratum.  À  la  pi.  II,  dans  le  compartiment  G  (italique), 
le  chiffre  0,78  doit  être  substitué  à  0,85. 


THLNFW  YCRK 

Pbtr'ILirRARY 


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TILDE  >  r  .  S6. 


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JPl.I. 


7û/*3£*é/  /7V01/C  //£&#/  //.  -**■  ^ 


X  2è&t  dfJ  JpU&Mtàu 


^JCff.  ç/û£J  Ztzveœux  en  mceUenjZej&eutâts  Zêin&ej  csl. 
Stt?e  sasef&Zafe/t/té&s  eéjngéauuer&J  eZitee /reirtZUre-  jr&izae  . 


H.M. 


Ûmpslle  ou  AU/rr»£X . 


X 


.  X  écrende  


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 


îles  7,  14,  21  et  28  novembre;  des  5,  12,  19  et  24  décembre  1908. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  réalise  de  Saint-     écu»* 

Saint-Quentin, 

Quentin,  à  Hasselt  (Limbourg).  Certaines  figures  sont  trop  VSSïïïî" 
courtes.  Il  y  aura  lieu  de  les  allonger  d'abord  par  le  haut 
pour  que  les  barbes  ne  soient  pas  coupées  parla  barlotière; 
ensuite  par  le  bas  pour  qu'elles  ne  fassent  pas  l'effet  de 
reposer  sur  les  fers.  Le  soubassement  ne  doit  pas  nécessai- 
rement se  terminer  à  la  barlotière  inférieure;  il  peut  rester 
en  dessous.  Pour  les  fonds,  l'artiste  fera  bien  de  s'inspirer 
des  vitraux  de  la  même  époque  qui  décorent  la  cathédrale 
de  Bourges.  L'attention  de  l'auteur,  M.  Osterrath,  a  aussi 
été  appelée  sur  la  convenance  d'examiner  s'il  ne  vaudrait 
pas  mieux  représenter  Saint-Hubert  en  costume  d'évèque  ; 


—  438  — 

d«%iM  2°  ^C  Proiet  ^e  placement  de  vitraux  peints  dans  l'église 

YiinM.  je  Heppen  (Limbourg),  sous  réserve  qu'au  cours  de 
l'exécution  l'auteur,  M.  Bardenhewer,  représentera  Saint- 
Lambert  porteur  du  camail; 

*  T«r  3°  ^e  ProJet  de  viraux  à  placer  dans  l'église  de  Terwagne 


Variai. 


(Liège);  auteur,  M.  Ladon; 


aihunie        4°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  deux  vitraux  pour  la 
v.inai.     claire-voie  du  chœur  de  la  cathédrale  de  Bruges  (Flandre 
occidentale);  auteur,  M.  Coucke; 
wfôriUta*      *°  ^es  dessins  de  deux  vitraux  peints  à  placer  dans  le 
viirMK.     chœur  de  l'église  de  Wulveringhem  (Flandre  occidentale), 
sous  la  réserve  de  revoir  les  soubassements  des  verrières, 
de  modifier  le  ton  de  la  toge  de  Saint-Edouard  et  d'harmo- 
niser davantage  l'ensemble  de  la  coloration,  qui  n'est  pas 
suffisamment  équilibrée;  auteur,  M.  Dobbelaere; 
^«■6  6°  Le  projet  relatif  au  placement  d'un  vitrail  dans  la 

Avuraili!M'    ^apelle  de  l'Ange  gardien  de  l'église  des  Minimes,   à 
Bruxelles  ; 
Égiue  7°  Les  projets  de  vitraux  et  de  statues  à  placer  dans 

eTiutM     l'église  de  Pepinster  (Liège) ;  peintre  verrier,  M.  Ladon; 
sculpteur,  H.  De  Beule; 
*§«••  8"  Le  projet  relatif  au  chemin  de  la  croix  à  placer  dans 

<e€u?rô%.    l'église  de  Baelegem  (Flandre  orientale),  à  la  condition  qu'au 
cours  du  travail  l'auteur,  M.  De  Beule,  réduise  l'importance 
des  cadres  des  stations. 
M»  —  Il  a  été  procédé,  le  30  octobre  1903,  à  l'examen  des 

à»  Deux-Acren. 


Peinlorec 
airole». 


peintures  murales  exécutées  à  titre  d'échantillon  dans  le 
chœur  de  l'église  de  Deux-Acren  (Hainaul). 

Le  travail  a  été  fait  conformément  aux  plans  soumis 
précédemment  à  la  Commission. 


—  439  — 

La  tonalité  générale  est  harmonieuse  :  dans  le  style  du 
dessin  et  l'étude  des  détails,  l'artiste  a  fait  preuve  de 
connaissances  archéologiques  dont  on  doit  souvent  regretter 
l'absence  dans  les  travaux  modernes  de  ce  genre. 

Il  y  a  lieu  d'approuver  ce  travail  et  d'en  autoriser  la 
continuation  duns  le  transept  de  l'église,  conformément  aux 
esquisses  présentées  antérieurement. 

—  Par  dépêche  du  24  juin  1872,  un  subside  total  de  rifii»  primaire 
9,000  francs  a  été  promis,  sur  les  crédits  des  Beaux-Arts,     **in**<«- 

à  l'église  primaire  de  Notre-Dame,  à  Saint-Trond  (Lim- 
bourg),  pour  des  peintures  à  exécuter  dans  la  dite  église, 
dans  la  nef  du  côté  de  l'Ëpitre.  Ce  subside  devait  être  liquidé 
en  trois  fois,  chaque  fois  un  tiers. 

Les  deux  premiers  tiers  ont  été  liquidés  en  1872  et 
en  1875.  Le  second  tiers  a  été  liquidé  à  la  suite  d'une 
demande  du  conseil  de  fabrique,  du  4  décembre  1874.  Dans 
cette  demande,  le  conseil  de  fabrique  faisait  connaître  que 
toutes  les  peintures  étaient  achevées,  sauf  celles  de  la 
chapelle  de  la  Sainte-Croix.  Le  troisième  tiers  ne  devait 
être  liquidé  qu'après  achèvement  des  peintures  delà  chapelle 
de  la  Sainte-Croix  et  qu'après  approbation  de  cette  déco- 
ration par  la  Commission  royale  des  monuments. 

Il  résulte  d'une  inspection  à  laquelle  il  a  été  procédé,  le 
3  novembre  1903,  que  tout  le  travail  décoratif  prévu  est 
terminé  et  qu'il  a  été  effectué  avec  soin.  Dans  ces  conditions, 
rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  Déparlement  de  l'Agriculture 
liquide  le  troisième  tiers  du  subside  total  de  9,000  francs 
qu'il  a  promis  pour  cette  entreprise. 

—  L'inspection  de  l'église  de  Cambron-Casteau  (liai-     gfiùede 

r  ^  Catnhroa-Catleau 

naut),  qui  a  eu  lieu  le  26  novembre  1903,  a  été  mise  à      ViirtM- 


—  440  — 

profit    pour  examiner   les  vitraux    peints    exécutés    par 
M.  Ladon  pour  les  diverses  fenêtres  de  l'édifice. 

Ce  travail  décoratif  est  entièrement  achevé.  Son  exécution 
ne  laisse  rien  à  désirer  au  point  de  vue  artistique.  En 
conséquence,  il  peut  être  donné  suite  à  la  liquidation  do 
subside  alloué,  sur  les  crédits  des  Beaux-Arts,  en  vue  de 
cette  entreprise. 
tifitM  —  Il  a  été  procédé,  le  7  décembre  1903,  à  l'examen  des 

d'RoofstractM. 

Tapmeriet.  tapisseries  anciennes  que  possède  l'église  de  Sainte-Cathe- 
rine, à  Hoogstraeten. 

M.  Van  Leemputten,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants de  la  province  d'Anvers,  assistait  à  cet  examen. 

Ces  tapisseries,  qui  remontent  à  la  première  moitié  du 
xvi6  siècle,  sont  au  nombre  de  cinq  :  trois  représentent  des 
scènes  de  la  vie  de  Sainte-Élisabelh  de  Hongrie;  les  deux 
autres  des  scènes  de  la  vie  de  Saint-Antoine.  Ces  œuvres 
constituent  sans  doute  un  don  du  comte  Antoine  et  de  la 
comtesse  Elisabeth  de  Lalaing,  qui  les  ont  fait  confectionner 
en  l'honneur  de  leurs  patrons.  C'est  aussi  à  leur  générosité 
qu'on  doil  la  construction  de  la  magnifique  église  d' Hoog- 
straeten dont  la  tour  majestueuse  porte  leurs  initiales  et  la 
date  1546. 

L'une  des  tapisseries  représentant  la  vie  de  Saint-Antoine 
a  été  mutilée  :  la  partie  centrale  en  a  été  enlevée  et  les 
parties  restantes  ont  été  rattachées  bout  à  bout. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  œuvres  d'art  sont  des  plus  remar- 
quables. Naturellement,  les  couleurs  ont  un  peu  pâli  par 
l'usage,  mais  l'expression  des  figures  et  la  beauté  des 
costumes  ne  laissent  rien  à  désirer.  Les  bordures  sont  inté- 
ressantes par  l'élégance  et  la  simplicité  du  dessin. 


—  441  — 

Ces  tapis,  tissés  de  laine  et  de  soie,  sont  quelque  peu 
endommagés;  on  y  remarque  certains  trous  causés  sans 
doute  par  des  rongeurs  lors  du  séjour  des  tissus  dans  la  tour 
de  l'église,  où  ils  ont  été  retrouvés  autrefois. 

Le  travail  de  restauration,  qui  est  devenu  urgent,  devra 
toutefois  être  borné  au  strict  nécessaire,  c'esl-à-dire  à  de 
simples  mesures  de  consolidation  et  de  conservation.  Il 
importera  de  ne  le  confier  qu'à  des  mains  habiles  qui  y 
apporteront  tout  le  respect  et  toute  la  prudence  que  corn* 
portent  ces  ouvrages  remarquables  de  notre  ancienne 
industrie  nationale. 

—  En  octobre  1902,  le  conseil  de  fabrique  de  redise  de      *«"* 

^  °  de  Saint-Martin, 

Saint-Martin,  à  Liège,  a  soumis  officieusement  à  la  Gom-  iLoXo 
mission  un  projet  de  décoration  picturale  du  chœur  de  cet  pi€lanl6a 
édifice. 

L'ensemble  de  ce  projet  a  paru  bien  compris  et  suscep- 
tible d'être  transmis  à  l'approbation  des  autorités  compé- 
tentes par  la  voie  administrative.  Toutefois,  la  Commission 
a  émis  l'avis  que  l'auteur,  M.  Tassin,  devrait  exécuter  un 
panneau  à  titre  d'essai  et  qu'elle  le  ferait  ensuite  examiner 
par  des  délégués  à  l'effet  de  s'assurer  si  l'entreprise  peut 
être  continuée  dans  ce  sens. 

L'essai  demandé  a  été  effectué.  Il  a  été  examiné  le 
10  décembre  1903,  de  concert  avec  Mgr  Schoolmeesters, 
membre  du  Comité  provincial  des  correspondants.  Il  résulte 
de  cet  examen  que  le  travail  déjà  exécuté  est  très  satisfai- 
sant. Il  y  aurait  lieu  toutefois,  si  possible,  d'apporter  quel- 
ques corrections  au  cheval  et  à  la  figure  de  Saint-Martin. 
Ces  derniers  sont  bien,  mais  ils  ne  semblent  pas  aussi  étudiés 
que  le  reste  de  la  composition.  En  conséquence,  on  ne  voit 


—  44*  — 

rien  qui  s'oppose  à  ce  que  l'entreprise  soit  poursuivie. 

Les  stalles  ornant  actuellement  le  chœur  sont  de  date 
moins  ancienne  que  l'édifice;  ce  sont  de  simples  formes 
dépourvues  de  hauts  dossiers.  On  s'est  demandé  s'il  faut  les 
remplacer  par  des  stalles  nouvelles  avec  hauts  dossiers  et 
si  celles-ci  ne  devraient  pas  s'étendre  sur  toute  la  longueur 
du  chœur.  Il  est  incontestable  que  des  boiseries  établies  dans 
ces  conditions  constitueraient  un  excellent  soutien  pour  la 
peinture  historiée  des  panneaux  supérieurs  des  murs;  mais 
il  .y  a  lieu  de  remarquer  que  le  chœur  est  très  profond  et 
que  ce  travail  de  menuiserie  donnerait  lieu  à  une  dépense 
élevée.  D'un  autre  côté,  les  stalles  existantes,  toutes  simples 
qu'elles  soient,  ne  sont  pas  dénuées  d'un  certain  mérite  et 
leur  aspect  d'ensemble  est  satisfaisant.  Dans  ces  conditions, 
il  semble  qu'on  pourrait  les  conserver  telles  quelles. 

Si  ce  parti  est  adopté,  il  conviendra  de  donner  à  la  paroi 
du  mur  située  entre  les  stalles  et  les  tableaux  de  M.  Tassin 
une  décoration  très  sobre,  de  façon  à  laisser  à  la  partie 
historiée  toute  sa  valeur. 

La  partie  purement  ornementale  de  la  décoration  semble 
devoir  s'arrêter,  vers  le  bas,  à  l'alignement  des  banquettes 
en  pierre  qui  régnent  partiellement  à  la  base  des  murs. 
L'espace  entre  le  sol  et  cet  alignement  recevrait  un  ton  uni 
soutenu  équivalent  à  celui  de  la  pierre  des  banquettes.  Un 
essai  dans  ce  sens  devra  être  pratiqué  et  soumis  à  l'examen 
d'une  délégation  de  la  Commission  royale. 

L'église  de  Saint-Martin,  telle  qu'elle  est  apparue  à  la 
délégation,  avec  sa  restauration  presque  achevée,  avec  ses 
magnifiques  vitraux  et  ses  meubles  des  xvi"  et  xvii*  siècle  est 
l'un  des  plus  beaux  spécimens  de  l'art  national  :  sévère  et 


—  443  — 

plein  d'élégance;  simple  et  tout  resplendissant  de  richesses 
architecturales.  Le  vaisseau  de  la  basilique  offre  des  lignes 
d'une  grande  majesté.  On  y  rencontre  d'autre  part  des  détails 
exquis. 

Grâce  à  ces  contrastes  qui  semblent  multipliés  comme  à 
plaisir  par  les  artistes  appelés  successivement  à  élever  et  à 
orner  celte  grande  œuvre,  celle-ci  se  classe  naturellement  au 
premier  rang.  La  Commission  estime  que  la  basilique  de 
Saint-Martin,  maintenant  qu'elle  est  rétablie  dans  sa  haute 
valeur  primitive,  doit  être  comprise  au  nombre  des  monu- 
ments religieux  de  première  classe. 

*  * 

Le  rapport  suivant  a  été  adressé  par  la  Commission  à 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  le  23  décembre  1903  : 

«  Monsieur  le  Ministre, 

»  Nous  avons  l'honneur  de  vous  faire  connaître  qu'au 
cours  de  la  dernière  réunion  du  Comité  mixte  des  objets  d'art, 
à  l'occasion  de  l'examen  de  mesures  à  prendre  en  vue  de  la 
conservation  des  peintures  de  la  salle  Leys,  à  l'hôtel  de  ville 
d'Anvers,  M.  le  chevalier  Marchai,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  royale  de  Belgique,  a  déposé,  pour  être  soumise 
à  l'avis  de  notre  Collège,  la  proposition  suivante  : 

>  Inviter  les  peintres  qui  feront  des  fresques  d'une  certaine 
»  importance  à  déposer  à  l'Académie  royale  des  Beaux- 
»  Arts  un  billet  cacheté  renfermant  la  description  de  leur 
»  procédé.  Ce  billet  serait  ouvert  dans  le  cas  où  des  répa- 
»  rations  devraient  être  exécutées  aux  fresques  après  la 
»  mort  de  l'artiste.  » 


—  4M  — 

»  M.  Marchai  nous  a  remis  le  texte  d'un  billet  de  ce  genre 
déposé,  le  8  août  1850,  dans  les  archives  de  F  Académie, 
par  le  peintre  Van  Eycken,  relatif  à  son  procédé  de  peinture 
à  la  gutta-percha. 

i  Nous  sommes  unanimement  d'avis,  Monsieur  le  Ministre, 
que  celle  proposition  mérite  d'être  prise  en  considération. 
Si  vous  adoptez  notre  manière  de  voir,  il  y  aura  lieu  d'en 
tenir  compte  lorsqu'il  s'agira  de  l'exécution  de  travaux 
importants  de  décoration  monumentale. 

»  Nous  estimons  aussi,  avec  M.  Marchai,  que  cette  pro- 
position pourrait  être  insérée  dans  le  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  tari  el  d'archéologie. 

»  Veuillez  agréer,  etc. 

»  Le  Président, 
»  (Signé)  Ch.  Lagasse-de  Locht. 

»   Le  Secrétaire, 
•  (Signé)  A.  Massaux.  » 

Se  ralliant  à  l'avis  du  Collège,  M.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture a  estimé  y  avoir  lieu  de  prendre  en  considération  la 
proposition  précitée  et  de  l'insérer  au  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  dart  el  d!  archéologie. 


PROCÉDÉ  VAN  EYCKEN 

POUR   LA   PEINTURE   MURALE   A   LA   GUTTA-PERCHA. 

Faire  dissoudre  au  bain-marie  dans  trois  parties,  huile  de 
lin  purifiée,  une  partie  gutta-percha.  Quand  la  dissolution 
est  complète,  laissez  refroidir  celte  préparation  qui  devient 


—  445  — 

gélatineuse.  Au  moment  de  broyer  les  couleursavec  cette  pré- 
paration, rendez  la  fluide  au  point  que  vous  jugerez  conve- 
nable en  y  ajoutant  à  chaud  une  petite  partie  d'huile  de  lin. 

Il  est  à  remarquer  que  celte  composition  reçle  fraîche 
pendant  plusieurs  mois  et  que  son  contact  avec  le  mur  la 
fait  sécher  au  bout  de  trois  jours. 

Avantages.  —  Celle  préparation  permet  de  travailler 
pendant  (rois  jours  à  la  même  parlie  de  peinture  et  nous 
donne  ainsi  le  moyen  de  la  terminer  complètement,  avantage 
que  n'offre  aucun  autre  procédé.  La  dessication  se  fait,  du 
reste,  à  volonté,  en  ajoutant  de  l'huile  siccalive.  On  employera 
sans  danger,  surtout  à  l'intérieur,  toutes  les  couleurs  dont 
on  se  sert  pour  la  peinture  à  l'huile.  Lorsque  la  peinture  est 
sèche,  on  peut  faire  usage  des  glacis  soit  en  mêlant  de 
l'essence  de  térébenthine  à  la  préparation,  soit  en  faisant 
dissoudre  la  gutta  percha  dans  l'essence  de  térébenthine 
même,  ce  qui  se  fait  de  la  même  manière  qu'avec  l'huile. 

Préparation  du  fond  sur  le  mur.  —  L'enduit  de  la  pre- 
mière couche  se  compose  de  chaux  hydraulique  éteinte  à 
l'air  et  bien  tamisée.  Elle  est  versée  ensuite  dans  une  cuve 
que  l'on  remplit  d'eau  de  pluie  filtrée  qui  doit  être  fréquem- 
ment renouvelée.  Tous  les  jours  on  a  soin  d'enlever  la  croûte 
qui  apparaît  à  la  surface  de  l'eau. 

Ce  travail  dure  une  quinzaine  de  jours. 

Ensuite  on  mêle  à  la  chaux  du  sable  rude  bien  lavé  et  du 
gros  gravier,  ou  de  la  cendre  de  houille,  ou  de  la  brique 
pilée,  dans  la  proportion  de  1  partie  de  chaux  sur  2  de 
gravier  ou  de  sable,  etc. 

Ce  mortier  doit  être  battu  journellement  pendant  quinze 
jours. 


—  446  — 

Ce  premier  fond  doit  être  très  rode,  afin  de  donner 
attache  à  la  seconde  couche  formée  de  la  même  chaux,  mais 
alliée,  cette  fois,  à  du  sable  lavé  très  fin  et  à  du  marbre  blanc 

en  poudre. 

IUne  partie  chaux; 
Id.        sable; 
Id.        marbre. 

Ce  mortier  s'applique  avec  une  truelle  eu  bois.  Le  mur 
ainsi  préparé  devient  d'une  excessive  dureté  et  absorbe  faci- 
lement la  couleur.  On  peut  lui  donner  le  grain  que  Ion 
désire,  d'après  la  dimension  du  tableau. 

Opération.  —  Quand  le  mur  est  bien  sec,  l'on  y  applique 
une  couche  de  cire  blanche  fondue  dans  de  l'essence  de  téré- 
benthine, que  l'on  fait  pénétrer  au  moyen  du  réchaud. 

Sur  ce  fond  on  peint  le  tableau. 

La  couleur  y  prend  facilement;  la  partie  grasse  pénètre 
et  va  s'attacher  au  corps  gras  qui  est  en  dessous.  La  gutla- 
percha  réunit  le  tout  et,  couvrant  la  surface  d'un  voile 
imperceptible,  préserve  les  couleurs  de  tout  agent  extérieur 
nuisible.  Les  couleurs  deviennent  vives  sans  miroiter  en 
séchant,  tout  en  conservant  leur  vigueur  à  peu  près  comme 
celle  de  la  peinture  à  l'huile. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 
Ancienne         II  a  été  procédé,  le  10  novembre  1903,  à  l'examen  des 

Boucherie  t 

rf'Antert.     essais  de  restauration  opères  à  l'ancienne  Boucherie  d'Anvers, 
en  vue  de  déterminer  la  limite  à  assigner  aux  travaux  de 
restauration  générale  de  cet  intéressant  monument. 
MM.  Bilmcyer,  Donnet,  Smekens,  Van  Casier,  Van  der 


—  447  — 

Ouderaa  et  Van  Leemputten,  membres  du  Comité  prov 
des  correspondants,  assistaient  à  cet  examen. 

Des  échantillons  de  restauration  ont  été  effectue! 
diverses  parties  de  la  construction. 

Le  mortier  mis  en  œuvre  à  la  façade  latérale  poi 
rejointoyages  est  un  peu  trop  blanc;  par  contre, 
employé  au  pignon  postérieur  est  trop  bleu.  Il  f 
prendre  une  moyenne  entre  ces  deux  teintes.  Ces 
échantillons  de  rejointoyage  sont  effectués  un  peu  t 
fleur  des  maçonneries;  l'adoption  d'un  léger  creux,  u 
moins  accentué  que  celui  pratiqué  à  la  tourelle  du  p 
postérieur  est  préférable. 

Il  ne  semble  pas  qu'il  soit  indispensable  d'opén 
rejointoyage  général  des  parements  ;  on  devrait  plutôt 
un  rejointoyage  en  recherche  et  se  borner  à  bouch< 
seuls  joints  ouverts.  Ce  parti  aurait  l'avantage  de  cons 
à  l'édifice  son  aspect  vétusté. 

Pour  les  renouvellements  à  effectuer  aux  maçonner 
est  désirable  que  l'on  recherche  le  plus  que  l'on  pour 
vieilles  briques  et  les  vieilles  pierres  afin  que  les  maté 
trop  neufs  ne  fassent  point  tache  dans  l'ensemble. 

Mais  faut-il,  comme  certains  le  pensent,  pousser  le 
pule  jusqu'à  briser  les  coins  et  les  arêtes  des  pierres  nou 
pour  leur  donner  l'aspect  des  anciennes?  On  ne  le 
point.  Mieux  vaudrait  alors  conserver  celles  existantes. 
a  aucun  mal  à  ce  que  l'on  voie  que  le  monument  a  sul 
restaurations  nécessaires.  Le  temps  et  le  climat  auron 
vite  fait  d'harmoniser  les  tonalités. 

On  a,  lors  de  la  visite,  soulevé  la  question  de  savoir 
pierres  nouvelles  ne  devraient  pas  être  bouchardées  | 


—  448  — 

que  ciselées;  un  essai  a  même  été  fait  séance  tenante. 
L'examen  des  anciens  parements  semble  démontrer  que 
certaines  pierres  anciennes  étaient  ciselées,  d'autres  seule- 
ment dressées.  La  prudence  commande  de  s'inspirer,  dans 
chaque  cas,  de  la  taille  primitive  des  pierres  à  remplacer  ou 
des  pierres  voisines  lorsqu'il  n'est  plus  possible  de  recon- 
naître la  taille  primitive. 

À  propos  de  la  restauration  intérieure  de  l'édifice,  on  s'est 
demandé  s'il  faut  boucher  les  petits  trous  ou  éclats  qui  se 
sont  produits  dans  les  colonnes  en  pierre.  Les  trous  ou 
éclats  d'une  certaine  importance  pourraient  être  bouchés; 
quant  à  ceux  qui  ne  jouent  pas  un  rôle  marquant  dans 
l'aspect  des  maçonneries,  il  vaut  mieux  ne  pas  y  loucher. 

La  situation  intérieure  du  monument  démontre  qu'à  l'ori- 
gine les  murs  en  briques  n'étaient  pas  crépis;  ils  étaient 
rejointoyés  avec  soin.  Le  crépi  y  a  été  appliqué  après  coup. 
L'essai  de  rejoinloyage  effectué  parait  satisfaisant.  Les  pan- 
neaux en  briques  des  voûtes  sont  très  bien  maçonnés  ;  rien 
n'empêche  de  les  laisser  apparents. 

M.  l'architecte  Van  Mechelen,  chargé  de  la  direction  des 
travaux,  propose  de  ménager  des  vides  dans  les  planchers 
des  étages  supérieurs  pour  que  de  la  grande  salle  du  pre- 
mier étage  on  puisse  voir  la  belle  charpente  de  l'édifice.  Il 
semble  qu'il  y  a  lieu  de  laissera  l'Administration  communale 
le  soin  de  résoudre  cette  question.  La  Commission  royale, 
quant  à  elle,  ne  voit  rien  qui  empêche  de  donner  suite  à 
celle  proposition. 

En  résumé,  s'il  était  possible  de  laisser  la  vieille  boucherie 
s'effriter  et  se  ruiner  sous  l'influence  des  brumes  de  l'Escaut, 
aux  rives  duquel  ce  vieil  édifice  ajoute  tant  de  poésie,  il 


—  449  — 

faudrait  n'y  point  toucher  comme  le  réclame  l'école  des 
«  pittoresques  »  exclusivistes. 

Mais  a-t-on  le  droit  de  laisser  disparaître  un  aussi  beau 
spécimen  de  notre  art  national  sous  le  prétexte  égoïste  de 
jouir  de  l'aspect  pittoresque  de  ses  ruines?  A-t-on  le  droit 
d'empêcher  la  ville  d'Anvers  de  l'utiliser  pendant  des  siècles 
encore  dans  un  but  noble  :  la  conservation  des  archives 
communales? 

Les  réponses  à  ces  deux  questions  s'imposent  à  tout  esprit 
jugeant  des  choses  d'après  les  faits  et  non  conformément  à 
des  théories  préconçues  et  d'ailleurs  fort  hypothétiques. 

La  Commission  royale,  en  approuvant  le  principe  des  tra- 
vaux entrepris  par  la  ville  d'Anvers,  ne  peut  que  lui  recom- 
mander d'apporter  une  très  grande  délicatesse,  un  tact  exquis 
dans  les  retouches  faites  obligatoirement  à  l'un  des  plus 
beaux  et  des  plus  vénérables  monuments  de  la  fière  métropole. 

—  Il  a  été  procédé,  le  23  novembre  1903,  de  concert  avec       ticoie 

de  bienfaisance 

M   l'ingénieur  Bouckaert,  à  l'inspection  de  la  cour  principale de  «wm-Hiben. 
de  l'école  de  bienfaisance  de  Saint-Hubert,  à  laquelle  il  est 
nécessaire  de  faire  effectuer  des  travaux  de  réparation. 

M.  Sibenaler,  délégué  du  Comité  des  correspondants  du 
Luxembourg,  assistait  aussi  à  cette  inspection. 

Certaines  traces  d'humidité  se  remarquent  à  l'intérieur 
des  bâtiments  entourant  la  cour,  spécialement  dans  ceux 
dont  les  façades  sont  exposées  au  sud  et  à  l'ouest. 

Celte  humidité  provient  de  l'absence  de  rejets  d'eau  aux 
corniches,  cordons,  frontons  et  seuils  et  de  certains  joints 
ouverts  tant  dans  les  parties  saillantes  en  pierre  que  dans  les 
parements  en  briques  des  façades. 

Il  ne  peut  être  question  d'enlever   la  couleur  rouge 


—  480  — 

appliquée  autrefois  sur  les  parements  en  briques  et  encore 
moins  de  la  renouveler.  Il  y  a  lieu  de  conserver  la  situation 
actuelle  en  se  bornant  à  bien  rejoinloyer  les  maçonneries 
partout  où  les  joints  se  sont  ouverts  et  où  ils  menacent  de 
s'ouvrir;  on  ne  touchera  pas  à  ceux  qui  sont  en  bon  état. 

Lors  du  rejointoyage,  on  s'abstiendra  d'empiéter  sur  les 
matériaux.  On  devra  surtout  avoir  soin,  en  ouvrant  les  joints 
défectueux,  de  ne  pas  les  élargir  au  détriment  des  matériaux, 
malfaçon  qui  se  pratique  trop  souvent  par  des  ouvriers 
inexpérimentés. 

Le  mortier  à  employer  devra  être  de  toute  première 
qualité  et  sa  teinte  s'harmonisera  avec  celle  du  mortier  com- 
posant les  joints  à  conserver  intacts. 

Toutes  les  saillies  des  corniches,  cordons,  frontons,  etc., 
seront  pourvues  de  rejets  d'eau  soit  en  plomb,  soit  en  zinc 
n°  46.  De  petits  rejets  d'eau  en  zinc  formant  un  léger  bour- 
relet à  l'extrémité,  devront  aussi  être  appliqués  sous  les 
seuils  des  fenêtres  pour  écarter  les  eaux  pluviales  en  empê- 
chant leur  écoulement  sur  les  parements  des  murs. 

En  vue  d'éviter  que  l'humidité  ne  s'introduise  dans  la  base 
des  murailles,  il  conviendra  de  poser  tout  autour  de  la  cour 
un  trottoir  composé  de  trois  ou  quatre  rangs  de  pavés 
'  maçonnés  au  bon  mortier  hydraulique. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  revêtus  du  visa  : 
coMtracUM       4°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 

cl  rotlturalios 

de  prêter*.  \yezel,  sous  Baelen  (Anvers);  architecte,  M.  Taeymans; 


—  45i  — 

2°  Le  projet  concernant  la  restauration  du  presbytère  de 
Laneuville-au-Bois  (Luxembourg); 

3°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  de  Balàlre 
(Namur);  architecte,  M.  Petit; 

4°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  répa- 
ration au  presbytère  de  Sur- le- M ez  (Liège);  architecte, 
M.  Blandot. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  visé  les  plans  relatifs  : 

1°  A  la  construction  d'une  église  à  Wezel,  sous  BaelenÉfuMdewet«i. 
(Anvers).  L'attention  de  l'architecte,  M.  Taeymans,  a  été 
appelée  sur  les  murs  de  l'édifice,  dont  l'épaisseur  parait 
insuffisante  ; 

2°  A  l'agrandissement  de  l'église  de  Marbehan  (Luxem-       ggtue 
bourg);  architecte,  M.  Van  Gheluwe; 

3°  A  l'exécution  de  travaux  complémentaires  nécessités       M* 

de  Maoage. 

par  la  construction  de  l'église  de  Manage  (Hainaut)  ;  archi- 
tecte, M.  Sonneville; 
4°  A  l'exécution  de  travaux  complémentaires  projetés  à      Égiue 

1  *  de  Sainl-JoMpb, 

l'église  en  construction  de  Saint-Joseph,  à  Menin  (Flandre     iMfUin* 
occidentale); 

5°  A  l'exécution  d'objets  mobiliers  destinés  aux  églises  de  :  objeu  usiner. 

d  églises* 

Bertrix  (Luxembourg)  :  chaire  à  prêcher,  chemin  de  la 
croix  et  sièges  pour  officiants; 

Givroulle,  commune  de  Flamierge  (Luxembourg)  :  mobi- 
lier complet; 

Limerlé  (Luxembourg)  :  mobilier  complet; 

Peer  (Lira bourg)  :  autel  latéral; 


—  454  — 

Maoage  (Hainaut)  :  mobilier  complet  ; 

Saint-Norberl,  à  Zurenborg  (Anvers)  :  maitre-autel  ; 

Houdrémonl  (Namur)  :  achèvement  du  tambour  de 
rentrée  principale; 

Woodelgem  (Flandre  orientale)  :  fonts  baptismaux  et  deux 
confessionnaux  ; 

Somme-Leuze  (Namur)  :  chaire  à  prêcher; 

Saint-Sauveur  (Hainaut)  :  buffet  d'orgue. 
Étui*  —  Il  a  été  procédé,  à  Anvers,  le  10  novembre  1903,  à 

de  8aiot-Aoloin6 

dàAû\d«0iT  l'examen  de  l'emplacement  qu'on  destine  à  l'église  de  Saint- 
Antoine  de  Padoue,  ainsi  que  des  considérations  développées 
par  le  conseil  de  fabrique  en  faveur  de  l'adoption  de  la  dispo- 
sition présentée  pour  l'édifice. 

MM.  Bilmeyer,  Donnet,  Van  Casier,  Smekens,  Van  Leem- 
putten  et  Van  der  Ouderaa,  membres  du  Comité  provincial 
des  correspondants,  assistaient  à  cet  examen. 

L'une  des  objections  formulées  par  le  conseil  de  fabrique 
pour  combattre  la  proposition  faite  antérieurement  de 
renoncer  à  l'acquisition  de  la  propriété  Josson  pour  se 
contenter  du  terrain  dont  il  dispose,  porte  que  •  la  construc- 
»  tion  sur  pareil  terrain  serait  d'abord  tout  à  fait  impropre 
•  aux  besoins  du  culte  par  suite  de  sa  forme  irrégulière, 
»  ensuite  qu'elle  serait  plus  coûteuse  comme  construction  et 
»  plus  tard  comme  entretien,  tant  pour  les  bâtiments  que 
»  pour  les  toitures.  » 

Celte  objection  n'est  guère  fondée.  Une  église  de  forme 
irrégulière  n'est  pas  plus  impropre  aux  besoins  du  culte 
qu'une  église  de  forme  régulière.  Nombre  d'églises  anciennes 
se  trouvent  dans  ces  conditions  précisément  à  cause  de  leur 
emplacement,  dont  il  a  fallu  tenir  compte.  Elles  n'en  sont  pas 


—  453  — 

moins  belles  et  pratiques.  Rien  ne  prouve,  d'autre  part,  que 
leur  entretien  soit  plus  onéreux  que  celui  d'édifices  de  forme 
régulière. 

L'examen  auquel  il  a  été  procédé  de  la  situation  des  lieux, 
a  permis  de  reconnaître  que  s'il  y  a  impossibilité  absolue 
d'acquérir  une  partie  du  couvent  voisin,  l'orientation  de 
l'édifice  devient  impossible,  le  chœur  sérail  adossé  à  un  mur 
d'environ  15  mètres  de  hauteur;  il  serait  absolument  privé 
de  lumière. 

D'un  autre  côté,  si  la  propriété  Josson  n'était  pas  acquise, 
1  Vglise,  tout  en  étant  trop  exiguë,  se  trouverait  encore,  de 
ce  côté,  accolée  à  un  mur  de  18  mètres  de  haut  ;  de  plus,  le 
voiM'nage  de  cet  entrepôt  constituerait  un  danger  permanent 
d'incendie. 

L'examen  des  lieux  a  aussi  démontré  que  le  nouveau 
temple  ne  saurait  être  érigé  à  l'endroit  même  qu'occupe 
l'église  actuelle  et  dans  la  même  direction  orientée,  en 
alignement  du  Marché- aux- Chevaux.  Ici  encore  le  terrain 
est  insuffisant  et  il  est  frappé  d'une  servitude  qu'il  faut 
respecter. 

Vu  ces  considérations  et  tenant  compte  que  le  terrain  dont 
on  dispose  aujourd'hui  est  insuffisant,  il  faut  bien  se  résoudre 
à  y  incorporer  la  propriété  Josson  et,  par  suite,  adopter  une 
disposition  pour  le  nouvel  édifice  qui  sacrifie  la  question 
d'orientation. 

Si  telles  n'étaient  pas  les  circonstances,  mieux  vaudrait 
adopter  la  disposition  indiquée  au  croquis  joint  au  dossier 
où  l'église  est  orientée  et  les  dépendances  placées  sur  le 
terrain  tV,  y  compris  le  terrain  Josson  d'une  façon  très 
convenable. 


—  W4  — 

tfii*  —  H  a  été  procédé,  le  4"  décembre  1905,  à  Houffalize 

(Luxembourg),  à  l'examen  de  l'avant-projct  soumis  en  vue 
de  l'agrandissement  de  l'église  de  celte  localité. 

L'inspection  des  lieux  a  démontré  que  l'étude  présentée 
par  M.  l'architecte  Gupper  est  bien  comprise  dans  son 
ensemble;  l'auteur  a  tiré  de  la  situation  le  meilleur  parti 
possible. 

Toutefois,  il  serait  avantageux  de  tenir  compte  de  l'avenir 
et  d'étendre  davantage  encore  l'agrandissement  de  l'édifice 
en  donnant  plus  de  largeur  au  bas-côté  projeté,  tout  en 
respectant  l'accès  et  la  vue  du  presbytère  contigu  à  l'église. 

Le  local  projeté  pour  recevoir  les  fonts  baptismaux  est 
trop  exigu;  il  importera  d'en  augmenter  la  superficie.  En 
vue  de  réserver  le  plus  possible  la  surface  destinée  aux 
fidèles,  il  serait  préférable  d'établir  la  chapelle  baptismale 
en  saillie  sur  le  bas-côté. 

M.  Gupper  devra  aussi,  au  cours  de  son  élude  définitive, 
rechercher  le  moyen  d'établir  les  appuis  des  fenêtres  à  une 
hauteur  suffisante  pour  qu'on  puisse  adosser  au  mur  nouveau 
les  lambris,  qui  devront  être  enlevés  par  suite  de  l'ouverture 
d'arcades  destinées  à  mettre  en  communication  le  nouveau 
bas-côté  avec  la  nef  ancienne. 

H  serait  intéressant  de  profiter  des  travaux  d'agrandisse- 
ment projetés  pour  remettre  en  évidence  la  voûte  eo 
bardeaux  de  la  nef  existante. 

L'église  de  Houffalize  possède  deux  tombeaux  remar- 
quables du  moyen  âge.  Lors  de  l'exécution  des  travaux  pro- 
jetés à  l'édifice,  il  faudra  prendre  toutes  les  mesures  de 
précaution  nécessaires  pour  que  ces  œuvres  d'art  ne  subissent 
aucune  détérioration. 


—  455  — 

—  La  presse  ayant  signalé  le  placement  récent  au  portait  £gi»e 
sud  de  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Anvers,  d  un  lambour  en  * A,,vc"- 
bois  d'un  caractère  peu  artistique,  il  a  élé  procédé,  le 
10  novembre  4903,  à  une  visite  des  lieux,  de  concert  avec 
MM.  liilmeyer,  Donnel,  Van  Casier,  Smekens,  Van  Leem- 
pulten  et  Van  der  Ouderaa,  membres  du  Comité  provincial 
des  correspondants» 

Le  tambour  en  question  est,  en  effet,  d'un  aspect  assez 
mesquin,  mais  il  résulte  des  déclarations  faites  par  le  conseil 
de  fabrique  que  ce  placement  n'a  qu'un  caractère  tout  à  fait 
provisoire.  Il  n'a  d'autre  but  que  de  briser  la  violence  du  vent 
du  sud  qui  s'introduit  dans  l'église  par  une  rue  étroite  se 
dirigeant  directement  vers  l'édifice.  Ce  tambour  ne  restera 
en  place  que  pendant  la  saison  rigoureuse;  pendant  l'été  il 
sera  enlevé.  Il  ne  constitue,  en  somme,  qu'un  écran  destiné 
à  mettre  à  l'abri  des  courants  d'air  froid  les  fidèles  placés 
dans  le  transept. 

La  disposition  architectonique  de  la  tribune  en  marbre 
formant  portail  à  l'intérieur  du  transept  constitue  une  grosse 
difficulté  pour  l'installation  d'un  tambour  définitif;  celte 
question  a  été  débattue  pendant  de  longues  années  et  finale- 
ment on  a  dû  recourir  au  système  intermittent  actuel. 

En  somme,  l'installation  telle  qu'elle  est  établie  dans  l'angle 
du  portail  n'est  pas  de  nature  à  nuire  à  l'aspect  intérieur  du 
monument  et,  il  faut  bien  le  reconnaître,  il  eût  été  difficile 
de  recourir  à  un  autre  système.  Néanmoins,  on  devrait 
donner,  à  cette  clôture,  dans  un  avenir  prochain,  un  cachet 
plus  distingué. 

—  Il  résulte  d'un  examen  auquel  il  a  été  procédé,  le  Égii,eP, 
2  novembre  1903,  que  l'autel  placé  dans  la  chapelle  de 


imaire 


—  456  — 

NoIre-Dame-des-Sepl-Doulcurs,  en  l'église  primaire  de  Ton- 
gres  (Limbourg),  a  été  exécuté  d'une  façon  très  satisfai- 
sante. 

Rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le  Département  de  l'Agriculture 
liquide  le  subside  qu'il  a  promis  pour  la  réalisation  de  ce 
travail. 
&ifM  —  Il  a  été  procédé,  le  2  novembre  1903,  à  l'examen  du 

de  Mo|iertt»|ei . 

mailre-aulel  placé  dans  l'église  de  Mopertiogen  (Limbourg). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  meuble  dont  il  s'agit  a  été 
exécuté  dans  de  bonnes  conditions. 

En  conséquence,  il  y  a  lieu  de  liquider  le  subside  promis 

par  le  Déparlement  de  l'Agriculture  en  vue  du  travail  précité. 

ÉgiiM  —  A  la  demande  de  M.  le  curé  de  Lommel  (Limbourg), 

de  LoommI.      ...»  .1.1  « 

il  a  cle  procède,  le  2  novembre  1903,  a  1  examen  du  maître- 
autel  et  du  banc  de  communion  placés  dans  l'église  de  cette 
paroisse. 

Il  a  été  constaté  que  les  meubles  dont  il  s'agit  ont  été 
exécutés  selon  toutes  les  règles  de  l'art  Par  conséquent,  rien 
ne  s'oppose  à  la  liquidation  du  subside  promis  sur  les  fonds 
des  Beaux-Arts,  en  vue  de  la  réalisation  de  cette  entreprise. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  revêtu  de  son  visa  : 
Mie  *°  ^e  projet  relatif  à  la  restauration  des  corniches  de 

l'église  de  Mall-sur-Geer  (Limbourg); 
éiiiM  2fc  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  exécuter  à  l'église 

de  Sur-le-Mez (Liège);  architecte,  M.  Blandot; 
•etiiie  3°  Le  projet  concernant  l'exécution  de  travaux  de  répa- 

oMODcear   ra(|0n  ^  |ȣg|jse  fo  Gossoncourl  (Limbourg)  ; 


de  Miill-Mr-Geer. 


—  457  — 

4°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  de  G  es  tel,  ecu»  de  Gciei. 
sous  Meerhoul  (Anvers);  architecte,  M.  Taeymaos; 

5°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Balàlre(Namur)  ;       Un» 
architecte,  M.  Petit; 

6°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  la  toiture  de  redise  ,  Jt"»  f 

■       •  °  de  WilUapoif. 

de  Willaupuis(Hoinaut);  architecte,  M.  Glerbois; 

V  Le  projet  de  reconstruction  des  glacis  de  la  tour  de      M* 
l'église  de  Bisseghem   (Flandre  occidentale);  architecte, 
M.  Garette; 

8°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Laneuville-au-^^Mjj^^ 
Bois  (Luxembourg)  ;  ■*• 

9°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  des  fenêtres  de  l'église     W«*  do 
de  Wulvcringhem  (Flandre  occidentale)  et  au  rétablissement 
des  meneaux  dans  deux  fenêtres  du  chœur  de  cet  édifice; 
architecte,  M.  Vinck; 

10°  Le  projet  de  travaux  de  réparation  à  effectuer  à  Égii«edeci«»i*. 
l'église  de  Gielle,  sous  Marcour  (Luxembourg)  ;  architecte, 
M.  Laloux; 

11°  Le  projet  de  restauration  du  plafond  de  la  grande  nef  deBo^Jiycren 
de  l'église  de  Bois-d'Acren  (Hainaut);  architecte,  M.  Depor- 
temont; 

12°  Le  projet  concernant  des  travaux  de  réparation  à    ^SSîoi. 
exécuter  à  l'église  de  Buzenol  (Luxembourg); 

13°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Houdrémont      *§«•• 

r      J  °  de  llovdrémont. 

(Namur),  sous  les  réserves  suivantes  :  le  rejoinloyage  sera 
opéré  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  tel  que  le  propose  l'archi- 
tecte, au  moyen  de  bon  mortier;  à  l'intérieur  les  murs  reste- 
ront non  crépis  pendant  un  certain  temps,  afin  que  les 
maçonneries  aient  le  temps  de  sécher;  les  couches  de  gou- 
dron prévues  pour  précéder  le  crépissage  intérieur  seront 


I      I.IO» 


—  438  — 

remplacées  par  de  l'asphalte.  Il  est  probable  que  pour  l'exté- 
rieur un  bon  rejointoyage  suffira  pour  préserver  les  murs  de 
l'humidité;  l'expérience  le  démontrera.  Par  conséquent,  il 
est  utile  de  n'y  appliquer  aucun  enduit  pour  le  moment;  son 
.-  effet  serait  désastreux  au  point  de  vue  architectural.  Si,  plus 
tard,  il  est  reconnu  qu'un  enduit  extérieur  est  indispensable, 
il  importera,  en  tous  cas,  de  ne  pas  l'asperger  de  sulfate  de 
fer;  architecte,  M.  Joostens; 
CfiiM  14°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  protestante 

proto»Untt, 

B^ttou1',  Sl'se  rue  ^e  'a  Boutique,  à  Anvers.  Il  y  aura  lieu,  au  cours  de 
à  a»™».  |*exécution  des  travaux,  de  tenir  compte  des  recommanda- 
tions formulées  par  le  Comité  provincial  des  correspondants. 
La  Commission  se  rallie  aussi  au  vœu  des  correspondants  de 
voir  restaurer  la  façade  principale  dès  que  les  ressources  le 
permettront  et,  si  possible,  de  reproduire  la  charpente  primi- 
tive. Enfin,  l'attention  des  autorités  compétentes  est  appelée 
sur  la  convenance  d'examiner  s'il  n'y  aurait  pas  oppor- 
tunité de  profiler  des  travaux  projetés  actuellement  pour 
ouvrir  les  fenêtres  inférieures  de  la  nef;  architecte,  M.  Van 
Dyck  ; 
EgiiM  15°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  divers  travaux  à 

d«  Sainl-Hubert. 

l'église  de  Saint-Hubert  (Luxembourg).  Avant  de  passer 
à  l'exécution   du  trottoir  longeant  les  murs  de  l'édifice, 
l'architecte,  M.  Capronnier,  devra  en  soumettre  un  croquis 
accompagné  d'un  profil  transversal; 
complet         16°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés 

d«  travaux 

*  "#££!"■  aux  églises  de  : 

Notre-Dame,  à  Anvers  :  exercice  1902; 
Saint-Gommaire,  à  Lierre  (Anvers)  :  exercice  1902; 
Sainl-Rombaut,  à  Malines  (Anvers)  :  exercice  1902. 


—  439  — 

—  Au  cours  d'une  inspection  qui  a  eu  lieu  le  2  novem-       ékkm 
bre  1903,  la  Commission  a  reconnu  à  l'église  de  Hern- 
Saint-Hubert  (Limbourg),    une  importance  artistique   et 
archéologique  suffisante  pour  qu'il  y  ait  lieu  de  la  ranger 

dans  la  troisième  classe  des  édifices  monumentaux  du  culte. 

—  Il  a  été  procédé  sur  place,  le  2  novembre  1903,  à      U*- 

r  r  <l«Zcpp*eo. 

l'examen  du  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de 
Zepperen  (Limbourg). 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  projet  présenté  est  bien 
compris  et  qu'il  y  a  lieu  d'en  autoriser  l'exécution. 

La  Commission  estime  toutefois  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'éta- 
blir une  glace  dans  la  voûte  de  la  tour;  il  est  préférable  de 
laisser  le  trou  ouvert  et  de  le  proléger  par  un  garde-corps. 

Le  Collège  demande  aussi  que,  dans  le  cours  des  travaux, 
la  nouvelle  chapelle  des  fonts  baptismaux  soit  terminée 
carrément  vers  l'ouest. 

La  visite  de  l'édifice  a  démontré  : 

1*  Qu'un  tambour  est  nécessaire  à  l'entrée,  sous  la  tour, 
pour  éviter  les  courants  d'air  ; 

2°  Qu'il  est  indispensable  d'établir  les  arcs-boulants  pro- 
jetés pour  neutraliser  la  poussée  des  voûtes  hautes  sur  les 
murs  goutlcrots,  lesquels  s'inclinent  visiblement  vers  l'exté- 
rieur. Du  reste,  des  amorces  et  des  arrachements  ainsi  que 
les  robustes  contreforts  des  bas-côtés  indiquent  que  ces 
arcs-boulants  ont  existé  ; 

3*  Qu'il  n'y  a  nul  inconvénient  à  ce  que  le  porche  latéral 
sud  soit  supprimé;  c'est  une  ajoute  postérieure  qui  n'a 
aucune  valeur  artistique; 

4°  Que  la  petite  porte  latérale  nord,  déjà  condamnée  et 
presque  disparue,  est  inutile. 


à* 


—  4«0  — 
Mm         —  À  la  demande  du  conseil  de  fabrique  de  Merckem,  il  a 

Mercàtm. 

été  procédé,  le  S  novembre  1903,  à  l'examen  des  quatre 
gros  piliers  de  l'église  paroissiale,  à  l'effet  de  déterminer  le 
mode  à  employer  pour  les  restaurer. 
)  M.  Van  der  Mersch,  membre  du  Comité  des  correspon- 
dants de  la  Flandre  occidentale,  assistait  à  la  visite. 

II  résulte  de  l'examen  des  maçonneries  mises  à  nu  que  les 
piliers  en  question  étaient  autrefois  cantonnés  de  demi- 
colonnes  tant  vers  la  nef  centrale  que  vers  les  nefs  latérales 
et  que  ces  demi-colonnes  se  répétaient  à  l'opposite  contre  les 
murs  latéraux  nord  et  sud  ;  leurs  fondations  existent  encore. 

Il  n'y  a  pas,  à  l'église  de  Merckem,  de  transept  propre- 
ment dit;  mais  la  travée  qui  le  remplace  s'accuse  à  l'exté- 
rieur par  des  pignons  et  à  l'intérieur  par  une  plus  grande 
largeur  que  les  travées  voisines. 

Les  fondations  signalées  ci-dessus  et  les  arrachements  des 
maçonneries  démontrent  qu'il  y  a  eu  là  des  arcades  connues 
dans  la  Flandre  maritime  sous  le  nom  de  ponts  ;  ces  arcades 
auront  été  démolies  lorsque  l'édifice  a  été  remanié  aux  siècles 
derniers.  De  nombreux  exemples  de  ce  mode  de  construction 
existent  encore  dans  le  voisinage.  Il  y  a  lieu  de  rétablir  la 
situation  primitive.  Toutefois,  la  maçonnerie  au-dessus  des 
arcs  devra  s'arrêter  à  la  hauteur  des  corniches,  de  façon  à 
conserver  visible  la  perspective  des  voûtes  en  bardeaux.  Il 
n'y  a  pas  d'exemple  que  ces  maçonneries  s'élevaient  jusqu'aux 
voûtes. 

II  semble  que  les  arcades  dont  il  s'agit,  type  tout  à  fait 
spécial  à  la  région,  n'avaient  d'autre  but  que  de  simuler  à 
l'intérieur  de  l'église  le  transept  également  simulé  à  l'exté- 
rieur. 


—  461  — 

Le  tore  des  bases  et  l'astragale  des  chapiteaux  des  colonnes 
en  pierre  blanche  du  vaisseau  ont  été  abattus;  il  importera 
de  les  remplacer.  Il  a  été  question,  au  cours  de  la  visite,  de 
les  rétablir  au  moyen  de  ciment  métallique  par  mesure 
d'économie.  Une  opération  de  ce  genre  n'est  pas  à  conseiller; 
l'église  de  Merckem  offre  une  valeur  artistique  suffisante 
pour  mériter  une  restauration  sérieuse.  Il  conviendra  de 
remplacer  ces  moulures  par  parties  au  moyen  d'une  pierre 
analogue  à  celle  ayant  servi  à  la  construction. 

La  nouvelle  sacristie  est  presque  achevée.  Le  chéneau  qui 
la  couronne  est  trop  élevé  et  trop  lourd,  son  profil  laisse  à 
désirer;  cette  partie  de  la  construction  devra  être  modifiée. 

Les  lambris  qui  entourent  les  nefs  et  les  autels  n'ont  pas 
la  moindre  valeur  artistique.  Rien  n'empêche  d'autoriser  le 
conseil  de  fabrique  à  les  aliéner  s'ils  constituent  un  obstacle 
à  l'exécution  des  travaux  de  restauration  intérieure  du  monu- 
ment. 

—  L'inspection  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Liège,  à       gg»M 

i  ni  »»  'l'i.jxi'  i  *%  de  8tinullirlint 

laquelle  il  a  ete  procède,  le  10  décembre  1903,  de  concert     àLW**- 
avec  M*r  Schoolmeesters,  membre  du  Comité  provincial  des 
correspondants,  a  été  mise  à  profit  pour  examiner  des  échan- 
tillons do  restauration  pratiqués  récemment  aux  bases  de 
plusieurs  colonnes  en  pierre  de  cet  édifice. 

Ces  échantillons  ont  paru  bien  compris  cl  rien  n'empêche 

de  poursuivre  ce  travail  indispensable  à  toutes  les  bases 

mutilées  d'une  façon  barbare  aux  siècles  derniers. 

II  est  à  remarquer  toutefois  que  la  taille  adoptée  est  trop 

fine  et  trop  régulière  ;  il  y  aura  lieu,  dans  la  suite  du  travail, 

de  se  rapprocher  plus  étroitement  de  la  taille  des  pierres 

anciennes,  restées  intactes,  des  colonnes. 


I 

II 


—  463  — 

Toutes  les  bases  ont  des  moulures  différentes;  M.  l'archi- 
tecte Froment  en  a  relevé  les  restes  avec  la  plus  grande 
précision  et  a  élaboré  les  projets  pour  le  rétablissement  de 
chacune  d'elles.  Ces  dessins  semblent  susceptibles  d'être 
adoptés.  Ils  ont  été  revêtus  du  visa. 
ÉcKttde         —  A  la  demande  de  l'Administration  communale  de 

Cambron-Cutoan 

Cambron-Casleau,  il  a  été  procédé,  le  26  novembre  1903,  à 
l'inspection  des  travaux  de  restauration  de  l'église  de  celte 
localité. 

MM.  Devillers,  Hubert  et  Sonneville,  membres  du  Comité 
des  correspondants  du  HainauL,  assistaient  à  cette  visite. 

Les  travaux  de  restauration  et  d'appropriation  de  cet 
édifice  sont  terminés.  Leur  exécution  a  été  faite  avec  soin. 
Les  ouvrages  effectués  ont  eu  pour  conséquence  de  rendre  à 
cet  intéressant  édifice  ses  dispositions  primitives  tout  en 
assurant  sa  conservation. 

L'église  de  Cambron-Casleau,  dont  la  construction 
remonte  au  xui*  siècle,  a  été  rangée  à  bon  droit  dans  la 
troisième  classe  des  édifices  monumentaux  du  culte.  C'est 
un  beau  type  de  petite  église  de  village;  intéressant  autant 
par  sa  silhouette  pittoresque  que  par  des  qualités  de  grande 
simplicité,  on  peut  le  citer  comme  modèle  d'inspiration  aux 
architectes  chargés  de  l'élaboration  des  plans  d'églises 
rurales. 

Bien  que  de  proportions  modestes,  ce  temple  offre  cepen- 
dant, par  sa  triple  nef  et  sa  massive  tour  carrée,  l'allure 
d'une  grande  construction.  Il  est  heureusement  disposé  sur 
un  coteau  élevé  et  domine  de  la  façon  la  plus  pittoresque  la 
petite  agglomération. 

Les  autorités  locales,  mues  par  un  sen Liment  qui   les 


—  463  — 

honore,  n'ont  pas  hésité  à  entreprendre  un  travail  de  restau- 
ration considérable  pour  leurs  modiques  ressources  et  ont 
su,  parleur  persévérance,  le  mènera  bonne  fin.  On  ne  peut 
que  les  louer  de  la  solution  heureuse  à  laquelle  elles  sont 
parvenues.  Ces  félicitations  s'adressent  aussi  à  M.  l'architecte 
Sonneville,  qui  a  apporté  son  talent  et  ses  soins  à  la  réali- 
sation de  l'œuvre. 

La  Commission  a  prié  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  de 
vouloir  bien  transmettre  ses  vives  félicitations  aux  adminis- 
trations locales  de  Cambron-Casleau  par  la  voie  hiérar- 
chique. 

—  Le  projet  soumis  en  vue  de  l'exécution  de  travaux  de      M" 

r      *  de  Brugeltlte. 

restauration.au  chœur  de  l'église  de  Brugelelte,  a  fait  l'objet 
d'un  examen  sur  place,  le  36  novembre  1903,  de  concert 
avec  MM.  Devillers,  Hubert  et  Sonneville,  membres  du 
Comité  des  correspondants  du  Hainaut 

Le  projet  présenté  est  bien  compris;  il  peut  être  adopté. 

Pour  les  meneaux  à  rétablir  dans  les  fenêtres  de  l'abside, 
l'auteur  du  projet,  M.  Marit,  devra  avoir  soin  de  reproduire 
très  exactement  le  tracé  et  les  proportions  des  réseaux  qui 
existent  encore  dans  la  fenèlre  bouchée  au  fond  de  l'abside, 
un  peu  de  lourdeur  se  remarquant  au  tracé  du  réseau  dans 
le  projet  soumis. 

Le  changement  proposé  à  une  partie  de  la  plate-forme 
couvrant  la  sacristie,  en  vue  de  dégager  le  bas  des  fenêtres 
du  chœur,  devra  être  modifié  au  cours  de  l'exécution  des 
travaux  :  le  mur  postérieur  de  la  sacristie  a  visiblement  été 
prolongé,  après  coup,  jusqu'à  sa  rencontre  avec  l'abside.  II 
suffirait  de  démolir  ce  bout  de  mur  inutile  pour  obtenir  un 
dégagement  très  convenable  du  chevet.  Par  ce  moyen  on 


—  464  — 

éviterait  de  prolonger  la  plate-forme  contre  une  partie  impor- 
tante de  l'un  des  pans  coupés  de  l'abside.  D'autre  pari,  il  est 
probable  que  le  mur  primitif  séparant  la  sacristie  du  chevet 
existe  encore,  l'angle  clôturé  ayant  été  converti  en  armoire. 

Le  devis  estimatif  des  travaux  projetés  porte  que  les 
pierres  extérieures  du  chœur  seront  nettoyées  au  moyen  de 
la  brosse  d'acier.  Un  tel  nettoyage  serait  plus  nuisible 
qu'utile;  il  y  a  lieu  d'y  renoncer.  D'ailleurs,  les  pierres  en 
question  n'ont  besoin  d'aucun  nettoyage. 

Le  chœur  de  l'église  de  Brugelette  remonte  à  la  dernière 
période  ogivale;  la  nef  a  été  construite  en  I83i,  dans  le 
style  classique.  Si  cet  édifice  n'a  pas  une  valeur  artistique 
marquante,  par  contre  il  renferme  un  certain  nombre 
d'objets  d'art  intéressants  parmi  lesquels  on  peut  citer  : 

Plusieurs  monuments  funéraires  renaissance  des  plus 
curieux  érigés  à  la  mémoire  de  membres  de  la  famille  de 
Jauche-Mastaing; 

Le  bénitier  gothique  en  pierre,  aux  armes  de  Jauche- 
Maslaing,  placé  dans  le  portail  ; 

La  cuve  baptismale  gothique  également  en  pierre  ; 

Une  croix  de  procession  en  argent,  du  xve  siècle  ; 

Un  ostensoir  en  argent  doré  avec  pierres  incrustées, 
portant  les  armoiries  de  Jauche-Maslaing; 

Une  lampe  en  argent  avec  inscription  et  la  date  1 647  ; 

Un  encensoir  en  argent  de  date  plus  récente  ; 

Un  ornement  sacerdotal  portant  d'anciens  médaillons 
brodés  qui  semblent  avoir  subi  des  réparations; 

Un  appareil  de  lumière  en  fer  forgé  dont  la  tige  parait 
remonter  au  xvi6  siècle.  Il  a  reçu  des  ajoutes  modernes. 
C'était  probablement,  à  l'origine,  un  chandelier  pascal; 


—  465  — 

De  nombreuses  pierres  tumulaires,  demi  plusieurs  inté- 
ressent l'histoire  locale,  sont  encastrées  dans  le  pavement  de 
l'église  et  dans  les  murs  du  cimetière. 

Le  Secrétaire, 
À.  Massaux. 

Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

le  Président, 
Ch.  Lagasse-de  Locut. 


NÉCROLOGIE 


La  mort  vient  de  creuser  un  nouveau  vide  au 
sein  de  la  Commission  royale  des  monuments  : 

M  Edmond-Henri-Joseph  REUSENS 


»  » 


CHANOINE  HONORAIRE  DE  L  EGLISE  METROPOLITAINE 

DE   MALINES 

PROFESSEUR   ÉMÉRITE 
A   L'UNIVERSITÉ   CATHOLIQUE   DE   LOUVAIN 

Membre  de  la  dite  Commission 

est  décédé  à  Louvain  le  24  décembre  ipo3. 


Trois  discours  ont  été  prononcés  à  la  maison 
mortuaire  le  jour  des  funérailles,  le  premier  par 
M.  l'abbé  Maere,  professeur  d'archéologie  à 
l'Université,  successeur  de  M.  le  chanoine  Reu- 
sens;  le  troisième  par  M.  S.  Bormans,  admi- 
nistrateur délégué  de  l'Université  de  Liège  et 
professeur  à  cette  Université,  au  nom  de  la 
Commission  royale  d'histoire. 

Nous  reproduisons  celui  prononcé,  au  nom  de 
de  la  Commission  royale  des  monuments,  par 
M.  Lagasse-de  Locht,  président  de  ce  Collège. 


c  Messeigneurs  (i)9  Messieurs, 

»  La  Commission  royale  des  monuments,  en  perdant  le 
chanoine  Reusens,  se  trouve  privée  d'un  collaborateur  de 
premier  ordre. 

»  Fidèle  à  nos  séances  hebdomadaires,  se  dévouant  aux 
nombreuses  et  fatigantes  inspections  qui  se  font,  par  tout  le 
pays,  dans  l'intérêt  de  la  science  el  de  l'art,  notre  cher 
collègue  a  été  un  laborieux,  durant  les  vingt  années  de  son 
passage  au  milieu  de  nous. 

»  Il  avait  conquis  une  grande  place,  grâce  à  ce  travail 
constant,  à  son  activité  silencieuse,  si  l'on  peut  dire  ainsi; 
grâce  à  la  connaissance  approfondie  de  sa  spécialité.  Il  y 
a  voué  la  plus  grande  partie  de  sa  belle  carrière,  soit  dans 
la  chaire  professorale,  soit  dans  des  ouvrages  qui  sont  clas- 
siques. 

»  Voici  une  autre  qualité  bien  rare  de  la  haute  person- 
nalité de  Reusens.  Versé,  comme  il  l'était,  dans  l'archéo- 
logie, il  ne  quittait  qu'avec  répugnance  le  champ  préféré  de 
ses  labeurs  pour  jeter  sur  les  cultures  voisines  un  coup 
d'œil  qui  eût  été  celui  d'un  maitre,  s'il  l'avait  voulu. 

»  En  faut-il  un  exemple?  L'iconographie  compte  pour 
beaucoup  dans  la  science  du  peintre  verrier.  Les  sujets  qu'il 
traite  à    la  plus   grande  gloire   du  sanctuaire   et  pour 


(«)  M*r  Hebbelynck,  recteur  magnifique  de  l'Université  catholique  de 
Louvain. 
Ms*  Coenraets,  Yice-recteur. 


—  469  - 

l'instruction  du  peuple,  ne  se  disposent  point  au  hasard  de 
l'imagination,  quoiqu'il  appartienne  à  chaque  artiste  de  les 
interpréter  à  sa  manière.  Reuscns  était  un  guidé  sûr  en 
cette  matière  délicate.  Il  eût  pu  l'èlrc  aussi  au  point  de  vue, 
delà  correction  du  dessin;  de  l'jnicnsilé,  de  la  tra'oslucidité 
et  de  l'harmonie  des  couleurs;  de  la  juste  entente  des  motifs, 
architecturaux.  Il  a  une  grande  part,  à  côté  die  maître  Jean 
Bethune,  pour  ne  signaler  que  les  morts,  dans  la  rénovation 
de  l'école  belge  des  peintres  sur  verre.  A  celte  heure,  elle] 
dépasse  toutes  les  écoles  du  continent  et  peut-être  celles.de 
l'Europe, et  du  monde  entier. 

»  Cependant,  même  en  ce  qui  concerne  les  vitraux 
artistiques,  Rcusens  se  défiait  de  sa  vaste  érudition.  Il  la 
soumettait  sans  cesse  au  contrôle  de  son  jugement  positif, 
fin,  très  sûr. 

>  De  temps  ;i  autre,  nous  l'obligions  à  recevoir,  chez 
lui,  un  peintre  verrier  encore  inexpérimenté,  alin  qu'il  lui 
donnât,  dans  l'intimité,  des  conseils  appuyés  sur  ses  grandes 
connaissances  et  sur  les  nombreux  documents  dont,  en 
bibliophile  pratique,  il  s'était  rendu  possesseur.  Encore  un 
coup,  il  ne  cédait  à  nos  instances  qu'à  son  corps  défendant. 

»  Solidement  établi  sur son  domaine,  il  n'aimait  point 
les  incursions  dans  celui  des  artistes.  Il  avait  un  profond 
respect  pour  la  liberté  artistique. 

»  Sur  le  chapitre  complexe  de  la  restauration  des  monu- 
ments, ses  idées  étaient  nettes  et  pourtant  très  larges. 
Homme  de  goùl,  il  se  taisait  devant  la  beauté.  Son  émotion 
ne  se  traduisait,  le  plus  souvent,  que  par  quelques  contrac- 
lions  des  lèvres,  précipitant  et  accentuant  le.  sou  file  de  la 
respiration. 


—  470  — 

»  L'aspect  pittoresque  des  ruines  lai  plaisait,  sans  te 
séduire;  y  sacrifier  plus  que  de  raison  n'eût  pas  convenu 
à  la  pondération  de  son  talent.  I!  était  l'ennemi  des  exagé- 
rations et  des  systèmes  préconçus. 

»  Les  Iraces  de  polychromie  découvertes  dans  les  monu- 
ments antiques,  dans  ceux  des  origines  et  des  beaux  siècles  do 
christianisme  faisaient  de  lui  un  partisan  de  l'ornementation 
picturale  des  églises.  Toutefois,  il  partageait  l'opinion  de 
ceux  qui  demandent,  avant  tout,  de  bons  peintres  pour  faire 
de  boones  peintures. 

»  Par  celte  rapide  esquisse,  nous  espérons  montrer  toute 
l'importance  du  vide  creusé  au  milieu  de  nous,  en  ces  jours 
douloureux  d'une  brusque  séparation  d'avec  notre  regretté 
et  émioenl  collègue. 

•  Tandis  qu'on  disserte  sur  l'accord  ou  sur  la  prétendue 
opposition  de  la  science  et  de  la  foi»  des  hommes,  comme 
Reusens,  offrent  à  la  jeunesse  le  noble  exemple  d'une  vie 
consacrée  à  la  science  vraie  et  profonde,  à  la  foi  sincère  et 
obéissante.  Savants,  ils  travaillent  en  parlant  peu.  Chrétiens, 
ils  le  sont  avec  modestie. 

•  L'un  de  ces  hommes  complets,  membre  illustre  de 
l'Institut  de  France,  aécrit  ces  mots  qui  achèvent,  semble-t-il, 
de  caractériser  la  physionomie  du  cher  défunt  : 

•  Je  ne  suis  pas  assez  antiquaire  pour  croire  que  l'avenir 
»  du  christianisme  consiste  dans  la  restauration  de  tel  ou 
i  tel  ancien  étal  des  choses,  quels  que  soient  les  noms  qui 
•  le  recommandent;  pas  plus  que  je  ne  suis  assez  conscr- 
»  valeur  pour  trouver  que  tout  ce  qui  est  doit  indéfiniment 
»  continuer  d'être.  Saint  Pierre  n'a 'pas  l'idée  de  jeter  l'ancre, 
»  ni  de  ramener  sa  barque  dans  le  sillage  effacé  qu'elle 


•  traçait  autrefois  sur  les  (lois.  Duc  in  altum.  C'est  au  large 
>  qu'il  va,  fidèle  au  commandement  du  Christ.  ■  (i) 

•  Prosternés  aux  pieds  du  Divin  Maître,  nous  Le  prions 
humblement,  cher  collègue,  de  transfigurer  voire  vie  de 
savant  et  de  prêtre  dans  la  lumière  pure  et  ravissante  de 
l'éternelle  Beauté.  ■ 


(i)  Les  Églises  séparées,  par  Mes  Duchjmip,  de  l'tastitat.  Préface, 

pp.  YII-VI1I. 


TABLE    DES   MATIÈRES. 


Paget. 

Liste  des  membres  effectifs  et  correspondants  de  la  Commission 
royale  des  monuments  en  1903 .5 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver* 
baux  des  séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1903        .      13 

Commission  royale  des  monuments.  —  Correspondance  avec  la 
Société  nationale  pour  la  protection  des  sites  et  des  monu- 
ments en  Belgique 41 

Actes  officiels 61 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mars  et  d'avril  1903        .        .      63 

Rapport  sur  les  recherches  et  les  fouilles  faites  en  1897,  en  1898 
et  en  1899,  au  profit  de  la  section  de  la  Belgique  ancienne  des 
musées  royaux  du  Cinquantenaire,  par  M.  le  baron  Alfred 
de  Loë 89 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1903 .        .        .135 

Actes  officiels 169 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1903       .        .171 

Actes  officiels 215 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  septembre  et  d'octobre  1903    .    219 

Rapport  sur  les  travaux  du  Comité  de  la  section  artistique  de  la 
Commission  royale  des  échanges  internationaux  pendant 
l'année  1901,  par  M.  Henry  Rousseau 235 


—  474  — 

Pagn. 

Commission  royale  des  monuments.  —  Séance  générale  prépara- 
toire du  10  octobre  1903 253 

Commission  royale  des  monuments.  —  Assemblée  générale  et 
réglementaire  du  12  octobre  1903.  Présidence  de  M.  Lagassk- 
dbLocht 255 

L'Église  de  l'abbaye  de  Yillers,  par  M.  H.  Schcermans  .    581 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès- ver- 
baux des  séances  des  mois  de  novembre  et  de  décembre  1905.    437 

Nécrologie 467 


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PLANCHES. 
L'Église  de  i'abbaye  de  Yillers,  pi.  I,  II  et  III  .        .        .        .    436 


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