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D'ART ET D'ARCHÉOLOBIE.
QUARANTE ET UNIÈME ANNEE.
BRUXELLES
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THE NEW YORK
PUBLIC LIBRARY
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1909
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LISTE
DES,
MEMBRES EFFECTIFS ET CORRESPONDANTS
DB LA
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
EN A 902
MEMBRES EFFECTIFS :
Président : M. Laoasse-de Locht (Ch.), ingénieur en chef, direc-
teur des ponts et chaussées, a Bruxelles.
Vice- Présidents : MM. Helleputte (G.), professeur à l'Université
de Louvain, membre de la Chambre des représentants, à Vlier-
beek lez Louvain, et Helbig (J.), artiste peintre, à Liège.
Membres : MM. Ackbr, architecte, à Bruxelles.
B 1.0 m me (L.), architecte provincial, à Anvers.
Bobdiau (6.), architecte, à Bruxelles.
Glutsenaar (A.), artiste peintre, à Bruxelles.
Delacen8Erie (L.) , architecte, directeur de
l'Académie des Beaux-Arts, à Bruges.
Maquet (H.), architecte, à Bruxelles.
Heusens (E.), chanoine, archéologue, à Louvain.
Van àssche(A.), architecte, à Gand.
Van Wint (B.), statuaire, à Anvers.
Vinçotte (Th.), statuaire, à Bruxelles.
ecrétaire : Massaux (A.), à Etterbeek.
— 6 —
COMITÉS DBS CORRESPONDANTS :
ANVERS.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Smbrens (Th.), président honoraire du tribunal
de lr* instance, à Anvers.
Membres : MM. Bilmeyer (J.), architecte, à Anvers.
De Braeckeleer (J.), statuaire, à Borgerhout.
de Vinck de Winnezeele (Bon), archéologue, à
Anvers.
Dierckx, membre de la Chambre des représen-
tants et bourgmestre de la ville de Turnhout.
Ma8T (E.), archéologue, échevin, à Lierre.
Nève (L.), ingénieur, à Saint-Léonard (Brecht).
Van Caster (abbé), archéologue, à Malines.
Van der Ouderaa, artiste peintre, à Anvers,
Van Leemputten (P.), artiste peintre, à Anvers.
Membre-Secrétaire : M. Donnet(F.), administrateur de l'Académie
des Beaux-Arts, à Anvers.
.
,••"•*'; ## Secrétaire-adjoint : M. Jacobs (H.), chef de bureau à l'Adminis-
tration provinciale, à Anvers.
• • • A
:'r: .: /;;•..: V BRABANT.
• • . ... •
*# •:/•*/ / Président : M. le Gouverneur de la province.
•••:
Vice-Président : M. Van Even (E.), archiviste delà ville, à Louvain.
Membres : MM. Cardon, artiste peintre, à Bruxelles.
De G root (G.), statuaire, à Bruxelles.
Delvigne, chanoine, archéologue, curé de Saint*
Josse-ten-Noode,
Di Vribndt (J.), artiste peintre, à Bruxelles.
— 7 —
MM. Dumortier (V.), architecte provincial en chef,
à Bruxelles.
Hanon de Louvet, archéologue, à Nivelles.
Janlet (E.), architecte, à Bruxelles.
Janssens (W.)t architecte, à Bruxelles.
Langehock (P.), architecte, à Louvain.
Licot (C), architecte provincial, à Schaerbeek.
Secrétaire- adjoint : M. Destrée (H.), chef de bureau à l'Admi-
nistration provinciale, à Bruxelles.
FLANDRE OCCIDENTALE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Membres : MM. Bethune (Bod F.), chanoine-archidiacre, à Bruges.
Bethune (Bon J.-B.), membre de la Députation
permanente du Conseil provincial, à Bruges.
De Geyne (L.), architecte, à Courtrai.
De Meyer (D.), docteur en médecine, à Bruges.
Vandermbrsoh (à.), avocat, à Bruges.
Membre-Secrétaire : M. Van Rutmbeke (J.), archéologue, bourg-
mestre d'Oedelem.
Secrétaire-adjoint : M. Axters (H.), docteur en droit, chef de divi-
sion à l'Administration provinciale, à Bruges.
FLANDRE ORIENTALE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Serrure (E.), architecte-archéologue, à G and.
Membres : MM. Cloquet (L.), professeur à l'Université de G and.
De Waele (J.), architecte, professeur à l'Aca-
démie des Beaux-Arts, à Gand.
Ltbaert (T.), artiste peintre, à Gand.
— 8 —
MM. Tttgadt (L.), artiste peintre, directeur de l'Aca-
démie des Beaux- Arts, à Gand.
Van Biesbroeck (L.), statuaire, professeur à
l'Académie des Beaux-Arts, à Gand.
Vandbrhaeoen (P.), bibliothécaire à l'Université
de Gand, à Saint- Denis -West rem.
Membre-Secrétaire : M. De Ceulenebr (A.), professeur de l'Uni-
versité, à Gand.
Sccri taire-adjoint : M. Db Landtsheer (J.)( chef de division à
l'Administration provinciale, à Gand.
HAINAUT.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Membres : MM. Cador (A.), anoien architecte de la ville, à
Charleroi.
Devillers (L.), archiviste de l'État, président du
Cercle archéologique, à Mon s.
Soil (£.), juge d'instruction, à Tournai.
Son ne vil le (C), architecte, à Tournai.
Van Bastelaer (D.), archéologue, à Saint- Josse-
ten-Noode.
Membre-Secrétaire : M. Hubert (J.), architecte-ingénieur, à Mons.
LIÈGE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice- Président : M. Rrnier (J.), artiste peintre, à Verviers.
Membres : MM. Bormans, administrateur inspecteur de l'Univer-
sité de l'État, à Liège.
Drion (M. -P.), directeur de l'Académie royale des
Beaux-Arts, à Liège.
— 9 —
MM. Feuillat(P.), architecte, à Huy.
Francotte (G.), Ministre de l'industrie et du
travail, à Bruxelles.
Jamar (E.), architecte, à Liège.
Schuermans (H.), premier président honoraire
de la Cour d'appel, è Liège.
Schoolmeesters (E.), archéologue, vicaire géné-
ral, à Liège.
Membre Secrétaire : M. Lohest(?.), archéologue, à Liège.
Secrétaire-adjoint : M. Angekot (H.), greffier provincial, à Liège.
LIMBOURG.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice- Président : M. Van Nedss (H.), archiviste de l'État, à Hasselt.
Membres : MM. Courroit (J.), statuaire, professeur à l'Académie
des Beaux-Arts, à Hasselt.
Daniels (l'abbé P.), archéologue, à Zolder.
De Grùnne (Cte G.), sénateur, à Russon.
Jaminé (L.), architecte provincial, à Hasselt.
Schaitzen (Chevalier 0.), à Ton grès.
Serrure (E.), architecte, à Saint-Trond.
Membre-Secrétaire : M. De Borman (Chevalier C), membre de la
Députation permanente, à Schalkhoven.
Secrétaire-adjoint : M. Van Weddingen (A.), commis à l'Adminis-
tration provinciale, à Hasselt.
LUXEMBOURG.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Tandel, commissaire d'arrondissement, a
Arlon.
— 10 —
Membres : MM. Cupper (.T.), architecte provincial, à Bastogne.
Déome,' avocat, à Neufchâteau.
de Mathelin, statuaire, à Liège.
le P. Gopfinet, membre de l'Institut archéolo-
gique d' Arlon.
Kurth (G.), professeur d'histoire à l'Université
de Liège.
Van de Wyngaebt père, directeur de l'école
industrielle, à Arlon.
van Limburg-Stirum (O A.), membre de la
Chambre des représentants, à Bruxelles.
Wilmar, archéologue, à Amonines.
Secrétaire : M. André (A.), chef de bureau au Gouvernement pro-
vincial, à Arlon.
NAMUR.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Bequet (A.), président de la Société archéo-
logique, à Namur.
Membres : MM. Boveroulle, architecte provincial, à Namur.
Dardenne, ancien régent d'école moyenne, à
Andenne.
Del Marmol (Bon p.), archéologue, à Dînant.
Léanne (F.), architecte honoraire de la ville de
Namur, à Etterbeek.
Soreil, ingénieur, à Maredsous (Sosoye).
Sosson, chanoine titulaire, à Namur.
Secrétaire-adjoint : M. Vandenneuker, chef de division à l'Admi-
nistration provinciale, à Namur.
— 11 —
COMITÉ SPÉCIAL DES OBJETS D'ART
Président : M. Helleputte (G.), architecte, professeur à l'Univer-
sité de Louvaiu, membre de la Chambre des représentants, à
Vlierbeek lez Louvain.
Membres : MM. De Groot (G.), statuaire, à Bruxelles.
Helbig (J.), artiste peintre, à Liège.
Hennebicq (A.), artiste peintre, à Bruxelles.
MABCHAL(le Chevalier Edra.), secrétaire perpétuel
de l'Académie royale de Belgique, à Bruxelles.
Reusens (le chanoine Edm.), archéologue, à
Louvain.
Vinçotte (Th.), statuaire, à Bruxelles.
Secrétaire : M. Massaux (A.), à Etterbeek.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX
SEANCES
des 4, 11, 18 et 25 janvier; des 1", 8, 15 et 22 février 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
Des avis favorables ont été émis sur :
1° Le projet rclalif au placement d'un chemin de la croix ggii^decboj.
peint dans l'église de Ghoy (Ilainaut) ; auteur, M. Ch. de,acroix
Janssens ;
2° Le projet relatif à la décoration picturale de l'église Égii*edeT«ttveo.
de Teuven (Liège). Il conviendrait de conserver aux écoin-
çons les anges que l'auteur a supprimés par erreur dans le
projet modifié. L'attention du conseil de fabrique a été
appelée sur la convenance qu'il y aurait de placer des
vitraux dans l'édifice avant de commencer la peinture. On
évitera ainsi des mécomptes dans l'effet d'ensemble de la
coloration, celle-ci étant susceptible d'être modifiée par le
placement ultérieur des vitraux; auteurs, MM. Scheen
el fils;
— H —
^Dé^niiZF*' **° ^e ProJet concernant la décoration picturale de l'église
de Huysse (Flandre orientale). L'auteur, M. Coppejans, a été
engagé à développer l'Arbre de Jessé sur toute la surface du
pignon, à mieux pondérer la frise du chœur en donnant
plus d'importance aux anges et en réduisant l'arc, enfin,
à vérifier si l'enduit sur lequel il doit peindre est suffisam-
ment résistant et dans un état de siccité tel qu'il n'y ait pas
à craindre des mécomptes dans l'avenir. Il devra être tenu
scrupuleusement compte de ces recommandations;
ÉgiiM 4° Le projet relatif au placement de vitraux dans l'église
viiraox. <je Montegnée (Liège), sous réserve de prolonger l'archi-
tecture au-dessus des figures inférieures de façon à former
un soubassement aux figures de la rangée supérieure, afin
d'éviter le damier intermédiaire, dont l'effet n'est pas
heureux ;
•Égiiw 50 Les projets relatifs au placement de vitraux dans
de Iteuingbelst. r * r
vitraux, l'église de Reninghelsl. Au cours de l'exécution, il y aura
lieu de donner un caractère plus architectural aux soubasse-
ments, de mieux encadrer les sujets et de revoir les nuages
qui manquent de style. Il importera aussi que l'auteur,
M. Dobbelaere, tienne la main à ce que la coloration ait la
même vigueur dans l'ensemble des verrières;
fiftae de 6° Le dessin-spécimen de deux vitraux destinés au chœur
Boiut-Bonlface,
V!uw* °*e ^gh"se de Saint-Boniface, à Ixelles (Brabant). Cette
étude a rencontré l'assentiment unanime du Collège. Aussi,
il l'a revêtue de son approbation sans aucune réserve; auteur,
M. Ladon;
Égiue 7* Le projet d'un vitrail à placer dans l'église de Saint-
de Saint-Nicolas, _,.. *rv ■ <r«i i • i i v » i i» »
* vî£ïïdt" Nicolas, a Dixmude (Flandre occidentale). Lors de 1 exécu-
tion, l'auteur, M. Dobbelaere, devra s'attacher à masquer
— Vi-
les tons bruns des costumes, le brun étant incompatible
avec la peinture sur verre ; par sa nature même elle doit
être essentiellement translucide;
8° Le projet élaboré par M. Ladon en vue du placement église
r * r de Noire- Dame,
d'une verrière dans l'église de Notre-Dame, à Saint-Trond àv!J!;kre.0,ld'
(Limbourg). Cette étude remarquable a rencontré l'appro-
bation unanime et sans la moindre réserve du Collège.
— A la suite du rapport du 18 décembre 1901 , de nou- ^liM
veaux échantillons ont été présentés en vue des modifications °<Ju sTûoÔ,
r à Bruxelles.
proposées à l'entourage des stations du chemin de la croix dec£ £jjx.
de l'église de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles.
Lors de l'inspection du ï*r février 1902, il a été reconnu
que le fond d'or diapré pour les stations devrait être lozangé
plutôt que quadrillé; l'effet en serait plus satisfaisant.
Le dernier type présenté vers le côté ouest de l'église pour
le diaprage des arcatures semble, par son aspect plus tran-
quille, devoir obtenir la préférence; il convient de lui donner
la tonalité rouge du premier compartiment vers le tran-
sept.
Pour la délimitation du champ d'or des stations, le Collège
préfère le modèle à trois petites arcatures rouges; celles-ci
seront délimitées, au-dessus, par un filet d'or les séparant
du diaprage. Ces arcatures encadrent bien le sujet et déli-
mitent mieux le diaprage qui les surmonte.
Il faut éviter de dorer les chanfreins longeant les arca-
tures; les chanfreins doivent être traités dans le ton des
colonnettes ; ils se rattachent à l'ossature de l'édifice, par
conséquent, ils ne peuvent se confondre avec les fonds.
II sera utile de renforcer un peu le ton des anges ; ceux-ci
doivent davantage se détacher des fonds diaprés.
— 16 —
église — Le vitrail dont le dessin a reçu le visa le 16 mars 1899,
de Sainl-Roch, * '
*viÎÏÏl" a è[û entièrement placé dans l'église de Sainl-Roch, à
Deurne.
Les auteurs se sont inspirés des recommandations faites
par la Commission en ce sens qu'ils ont remplacé la partie
incolore par des verres de couleur translucide dessinant
une bonne architecture. Quoique le soubassement, sous ce
dernier rapport, laisse à désirer, l'œuvre artistique est con-
venable et mérite le subside de l'État.
ékhm déu«w- — Il a été procédé, le 30 décembre 1901, à l'examen des
Saint-Pierre.
vu™*, vitraux placés dans le chœur de l'église de Leeuw-Sainl-
Pierre.
Les verrières dont il s'agit ayant été convenablement
exécutées, rien ne s'oppose à leur approbation.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a émis des avis favorables sur :
uftei de «aie 4° Le projet présenté par l'administration communale, en
vue de la restauration de la salle des Saquieaux à l'hôtel de
ville de Mons (Hainaul). L'attention de l'auteur de ce projet,
M. l'architecte Delacenserio, a été appelée sur la convenance
de s'assurer, au cours de l'exécution, s'il ne serait pas pos-
sible, au point de vue de l'aspect de la salle, de placer
l'escalier parallèlement au mur;
HàteidoTiiie 2° Le décompte final des travaux de restauration effectués
de Bruges. r
au vestibule de l'hôtel de ville de Bruges (Flandre occiden-
tale), dont le montant s'élève à fr. 42,607-36.
poterne — Il a clé procédé, le 23 décembre 1901, à l'examen,
de Hnmelgliem. . .
sur place, des propositions relatives au couronnement de la
— 17 —
façade principale et de la tourelle d'escalier de l'ancienne
poterne de Humclghem (Brabant).
Étant donnée l'importance du chéneau et surtout des arca-
tures qui le supportent, il semble qu'il a existé autrefois un
parapet. Il y a donc lieu de le rétablir mais en réduisant sa
hauteur au strict nécessaire pour ne pas trop changer l'aspect
de l'édifice qui est fort intéressant, même dans sa situation
actuelle.
L'escalier qui dessert non seulement les combles et les
échanguettes mais en même temps l'étage de la poterne qui
a été régulièrement habité, a dû nécessairement être couvert.
Mais le voisinage du pignon à gradins permet de supposer
que cette couverture était peu élancée ; il est même probable
qu'elle se composait de dalles superposées à recouvrement
dont l'aspect ne jouait guère de rôle dans la vue d'ensemble
du bâtiment. L'architecte, présent à l'inspection, a été
engagé à étudier un projet dans ce sens.
Les lucarnes projetées pour éclairer les combles sont
inutiles; il suffit, pour assurer cet éclairage, de ménager une
petite baie rectangulaire dans le sommet du pignon qui doit
être reconstruit.
Les observations qui précèdent ayant été communiquées
à M. Yan Nooten, cet architecte a apporté au projet les
modifications nécessaires. Cette élude a été revêtue du visa.
Les travaux de restauration déjà effectués à l'édifice sont
bien exécutés. Seulement, l'appareil des contreforts nou-
veaux est trop régulier; on fera bien de le rendre un peu
plus fruste au moyen de quelques coups de ciseau. Il con-
viendra aussi de remonter le gradin inférieur établi pour
neutraliser la poussée de la voûte sur le pignon sud ; ce
— 18 —
gradin devra s'arrèler à proximité du gradin supérieur et les
deux se termineront en glacis.
Le rejointoyage des parements devra être effectué à fleur
des maçonneries; ii n'empiétera en aucune façon sur les
pierres.
Avant l'acquisition de la poterne par l'État, le propriétaire
a vendu à M. Delacre, pharmacien, à Bruxelles, une espèce
de crédence qui se trouvait encastrée dans le mur de la salle
de l'étage. Ce récipient avait un écoulement au dehors par
un petit caniveau. Il serait extrêmement intéressant de
remettre ce récipient à la place qu'il occupait. Il parait que
M. Delacre serait disposé à le revendre à l'État, moyennant
le prix qu'il lui a coûté, soit 125 francs.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
convtruciioM Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs :
et restauration
de pre«bytèrM. i° A la construction d'un presbytère à Àssebroucke
(Flandre occidentale) ; architecte, M. Charels;
2° A la reconstruction du presbytère du Nukerke (Flandre
orientale), à la condition que l'on aura égard aux observa-
tions présentées dans le rapport de M. l'architecte provincial,
en date du 31 janvier 1902; architecte, M. Vossaert;
3° A la construction d'un presbytère à Buysinghen (Bra-
bant) ; architecte, M. Toen ;
4° À la construction d'un presbytère à Morhet (Luxem-
bourg); architecte, M. Cupper;
5° A la restauration et à l'amélioration du presbytère de
Stabroeck (Anvers); architecte, M. Gife.
— 49 —
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
1° A Koekelberg, paroisse de Sainte-Anne (Brabant), de Saf «;jfAoiie
sous les réserves suivantes : a) La parlie de l'édifice exposée à K<*ke,b«r«-
directement sur le boulevard Léopold II est seule construite
en pierre, tandis que le reste du monument, également
visible du boulevard, est en brique. Il en résultera un effet
malheureux. Il importerait que tout l'extérieur fût ou en
pierre ou en brique. Si on adoptait la brique, il faudrait
faire choix de matériaux de toute première qualité. Si on
adoptait la pierre on pourrait employer à cette fin celle qui
est prévue pour les parements intérieurs et se borner à
crépir ceux-ci. La quantité de pierre prévue pour l'intérieur
suffirait pour construire les parements extérieurs; b) le faux
triforium doit être supprimé. La Commission s'est ralliée à
l'avis de M. l'architecte provincial en chef, que les colonnes
doivent avoir un diamètre plus fort si on les exécute en
brique; que Ton doit prévoir les moyens de chauffage et de -
ventilation du temple ; que des citernes doivent être con-
struites pour recueillir les eaux pluviales ; que la surface des
sacristies et du refuge doit être augmentée; architecte,
M. Ramaekers;
2° A Wépion (Namur); architecte, M. Van Gheluwe; êçh*
de Wo pion.
3* A Lierre, paroisse de la Sainte-Famille (Anvers); É^.ieia
r Sainte-Famille,
architecte, M. Careels. *Lierre-
Ont aussi été visés les projets relatifs :
1° A l'agrandissement et à la restauration de l'église de ^.e
Passchendaele (Flandre occidentale). A la demande du
— 30 —
Collège, l'auteur a apporté au projet certaines modifications,
entre autres quelques-unes de celles suggérées par M. le baron
Belhune, auxquelles la Commission s'était ralliée, d'autres
indiquées lors d'une conférence avec l'auteur, M. Depauw.
La Commission avait engagé l'architecte à examiner si la
voûte de la nef centrale est suffisamment contrebultée et
posé la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux y établir
un plafond en bois. M. Depauw a répondu que ses calculs
établissent qu'aucun danger n'est à craindre. Au point de
vue de la construction de celle voùle, on ne peut que lui
laisser pleine liberté, tout en regrettant cependant qu'il
n'adopte pas un plafond eu bois, à l'exemple de ce qui s'est
pratiqué autrefois dans les anciennes églises romanes de
notre pays. Le transept et le chœur de l'église de Passchcn-
daele peuvent être rangés dans la 3e classe des monuments
du culte ;
ggite 2° A la construction d'une chapelle contre l'entrée sud
e BeVwi nne. * de l'église de Ciermont-sur-Berwinne (Liège); architecte,
M. Salée;
Église de g«w 5" A la construction d'une sacristie à l'église de Goé
(Liège); architecte, M. Jamar.
objeu mobilier. Ainsi que les dessins d'objets mobiliers destinés aux
d'églises. , ,. ,
églises de :
Montegnée (Liège) : maitre-aulel ;
Saint-Germain, à Tirlemont (Brabant) : autel et banc de
communion ;
Sainl-Servais, à Schaerbeek (Brabant) : deux autels
latéraux ;
Neerpelt(Limbourg) : mailre-autel et banc de communion ;
Opilter (Limbourg) : banc de communion ;
— 21 —
Lommel (Limbourg) : maitre-autel ;
Torgny (Luxembourg) : bancs ;
Callenelle (Hainaut) : buffet d'orgues.
— II a été procédé, le 20 février 4902, à l'examen du É8me de !«<*«*
maitre-autel placé dans l'église de Nokere.
H. Van Biesbroeck, membre du Comité des correspon-
dants de la Flandre orientale, assistait à cet examen, dont il
résulte que le meuble dont il s'agit a été exécuté dans de
bonnes conditions. En conséquence, rien ne s'oppose à la
liquidation du subside alloué par l'État en vue de sa réali-
sation.
— Les deux autels latéraux et le lambris de la chapelle Égiiuda
Braine-le-Corate.
de la Sainte-Vierge, placés récemment dans l'église de
Bratne-le-Gomte, ont fait l'objet d'un examen, le 19 décem-
bre i 901, de concert avec MM. Van Bastelaer, Devillers,
Hubert et Soil, membres du Comité des correspondants du
Hainaut.
Il a été constaté que les œuvres dont il s'agit sont exécu-
tées d'une façon très satisfaisante. Il y a lieu, conséquem-
ment, de liquider le subside promis sur les fonds des Beaux-
Arts, en vue de celte entreprise.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a visé :
1° Le projet de restauration de l'église d'Angreau (Hai- ê^
naut); architecte, M. Dosveld;
2° Le projet concernant la restauration de l'église d'Hyon tsu* d'Hyoo.
(Hainaut); architecte, M. Lenain ;
— 22 —
&»«! 3° Le projet de divers travaux de restauration à effectuer
de Tohogne. * •
à l'église de Tohogne (Luxembourg); architecte, M. Cupper ;
Église de FruiH» 4° Le projet relatif à la restauration de réalise de Frasnes
lez Gostelies. r ' °
lez Gosselies (Hainaut); architecte, M. Simon;
Égiue de vuien- 5° Le projet de restauration de l'église de Villers-sur-
sur-Somois.
Semois (Luxembourg) ;
ÉffUM 6° Le projet relatif à la restauration des vitrages des
de Saint-Loup, * * °
àN.mnr. fenêtres de l'église de Saint-Loup, à Namur;
ÉgiUf de jeueffe. 7° Le projet concernant des travaux divers de réparation
à effectuer à l'église de Jeneffe (Namur) ;
Égi.te 8° Le projet de restauration de redise de Wilskerke
(Flandre occidentale); architecte, M. Pil;
tifH£ f« iwm. 9° Le projet de travaux de réparation à exécuter à l'église
des Haies, à Marcinelle (Hainaut) ;
agit* 10° Le projet relatif à la restauration de redise de Moors-
dcMoorslede. r J °
lede (Flandre occidentale) ;
itgiue 11° Le projet de restauration de l'église de Xhijçnesse
de Xlngnme. r J DO
(Liège); architecte, M. Lohest;
ÉgHse de saint, 12° Le projet d'une première série de travaux de rcslau-
Jean-Baptiite,
i wavre. raiion à exécuter à l'église de Sainl-Jean-Baptiste, à Wavre
(Brabant); architecte, M. Langerock ;
compte. 13° Les comptes des travaux de restauration effectués aux
de travaux
de restauration, églises de ".
Saint-Martin, à Haï (Brabant) : exercice 1900;
Notre-Dame, à Anvers : premier semestre de 1901.
tou* — La délégation qui a procédé, le 20 janvier 1902, à
Brice- l'inspection de l'église de Rhode-Sainl-Brice, sous Meysse
(Brabant), a constaté que cet édifice mérite, autant par
l'aspect original que présente la succession et la disposition
des toitures de chacune de ses parties que par l'époque
— 23 —
reculée de leur construction, d'être compris dans la 3* classe
des monuments. Son état exigeant des travaux de restau-
ration et d'appropriation assez importants, il conviendra de
faire effectuer un relevé soigné de l'église et un projet com-
plet de restauration. Il sera utile aussi que l'architecte, à ce
commis, s'assure si la charpente et la voûte sont anciennes
et qu'il fasse procéder à la mise à nu d'une partie des murs
intérieurs, cette opération devant révéler la nature des maté*
riaux mis en œuvre.
— Pour satisfaire à la demande du conseil de fabrique, H
a été procédé, le 10 février 1902, à l'inspection de l'église
de Werchter (Brabant), à l'effet d'apprécier si elle peut
être rangée au nombre des édifices monumentaux du
culte.
Le vaisseau de cette église remonte tout entier à la der-
nière période ogivale, mais la construction du chœur parait
avoir précédé quelque peu celle du reste du temple. La base
de la tour appartient également à celte période, tandis que
sa partie supérieure est plus récente; elle porte, du reste,
la date de 1657. Son couronnement bulbeux ne manque pas
d'une certaine élégance.
Quelques parties de ce temple, notamment le transept et
peut-être aussi le haut de la grande nef, ont subi des
remaniements.
Les voûtes en maçonnerie de la haute nef et du transept
sont d'une époque plus récente que la construction ; elles ont
probablement été substituées à des voûtes en bardeaux dont
des fragments sont encore visibles sous les combles du tran-
sept sud.
Le chœur est recouvert par une belle voûte ogivale
Église
de Werchter.
— M —
remontant à l'époque de la construction de cette partie de
l'église.
Tous les parements extérieurs de l'édifice sont construits
en belles pierres ferrugineuse et grise.
Les fenêtres de la haute nef et celles du chœur sont ornées
de meneaux d'un beau tracé et d'un bon profil.
En somme, l'église de Werchter offre un bel ensemble,
d'un caractère imposant ; son mérite artistique et archéolo-
gique est suffisant pour qu'il y ait lieu de la ranger dans la
3e classe des monuments du culte.
L'église de Werchter possède une cuve baptismale en
marbre blanc très curieuse. A cause du caractère étrange
de ses sculptures, il est difficile de lui assigner une date
approximative; en tous cas, elle remonte à une époque très
reculée. Le couvercle en bronze, d'une forte épaisseur,
semble appartenir au xvi* siècle ; il a visiblement été confec-
tionné pour la cuve dont il suit tous les mouvements ; la
potence en fer forgé qui le fait mouvoir date de la dernière
période ogivale ; elle est intéressante.
L'église possède également une croix triomphale du
xv* siècle, d'un travail soigné et délicat.
Êgiuede — Il a été procédé, le 16 décembre 1901, dans l'église
8aiBte-Wandra, **
à Mo», je Sainte- Waudru, à Mons, à l'examen du programme
d'ensemble de tous les ouvrages qu'il est désirable de voir
effectuer à l'intérieur de cette ancienne collégiale.
MM. Devillers, Hubert et Van Bastelaer, membres du
Comité des correspondants du Hainaul, assistaient à cet
examen.
Le programme tracé par le conseil de fabrique, d'accord
avec son architecte, M. Mortier, est accompagné d'un
— 25 —
mémoire rédigé par M. le doyen Lemaitre, notamment pour
ce qui concerne les orgues et leur emplacement.
Après un examen attentif de ces documents et une inspec-
tion minutieuse de l'édifice, la délégation s'est trouvée
d'accord avec M. le doyen et le conseil de fabrique pour
admettre l'établissement d'un petit orgue d'environ quinze
jeux dans la première travée au côté nord du chœur.
Il y a eu également accord unanime pour admettre la
proposition de M. le doyen, de dégager immédiatement la
partie inférieure de la tour, des constructions informes qui y
ont été élevées en 1817 pour l'établissement d'un jubé. La
nécessité de ce dégagement, au point de vue de l'aspect du
temple et des convenances, ne peut être mise en doute.
L'emplacement du grand orgue serait réservé. Il pourrait
cire choisi soit sous la grande verrière de la tour, soit dans le
transept nord. Cette dernière disposition permettrait de
réédifier l'ancien jubé de Jacques Dubroeucq, artiste qui a
exécuté pour l'église de Sainte- Waudru des œuvres remar-
quables. Il est d'ailleurs indispensable que les bas-reliefs
soient placés à la même hauteur et dans les mêmes condi-
tions où ils l'étaient autrefois dans le jubé démoli; tout leur
effet artistique en dépend.
Avant de rien décider au sujet de l'une ou de l'autre de
ces deux solutions, il y a lieu de prier M. l'architecte Mortier
de soumettre une esquisse du projet de rétablissement du
jubé dans le sens de ce qui précède et une esquisse d'après
ses idées personnelles, c'est-à-dire du rétablissement à
l'entrée près de la tour. Ces esquisses doivent être très som-
maires et indiquer, par une teinte, ce qui existe encore de
l'ancien jubé.
— 26 —
La délégation partage encore ravis de M. le doyen en ce
qui concerne les nouvelles stalles du chœur, lesquelles
doivent être conçues en style gothique, dans le goût de
celles de Saint-Pierre, à Louvain. Les stalles actuelles,
appropriation peu heureuse des stalles chorales de l'ancienne
église de Saint-Germain, de Mons, seraient déplacées, divi-
sées en panneaux et reportées dans les chapelles, en forme
des anciens bancs des maîtres de confréries.
Le style gothique devra aussi être adopté pour les clôtures
du chœur comme pour celles des chapelles ; le type de ces
dernières clôtures a été adopté le 15 juin 1901.
Le conseil de fabrique rappelle l'urgence de restaurer les
toitures et les voûtes de l'église. Il ajoute qu'il y a lieu de
restaurer encore les bases et les fûts des colonnes, les
larmiers des fenêtres et de remplacer par la pierre bleue
diverses réfections faites au ciment, aux colonnes et aux
nervures, entamées pour le placement de l'ornementation
en style renaissance, aux siècles passés.
Il y a accord parfait avec le conseil de fabrique sur le
point qui précède : il faut enlever le ciment aux colonnes et
aux nervures. Il faut aussi remplacer toute pierre endom-
magée; mais il faut écarter, autant que possible, le ciment,
même pour les joints trop ouverts, pour la réparation des
ébréchures ou écornures des pierres, etc.
Il y a lieu également d'adopter le programme concernant
les vitraux : ceux de la haute nef et du transept seront
reconstitués en style renaissance, des fragments de cette
époque, relrouvés dans les combles, élant suffisants pour
rétablir au moins dix verrières. Les autres baies du vaisseau
principal et la grande fenêtre du portail ouest recevront une
— 27 —
décoration de même style lorsque les ressources le permet-
tront. Quant aux vitraux des basses-nefs et des bas-côtés du
chœur, ils seront en style ogival approprié au caractère de
la construction, soit dans le type de ceux placés récemment,
lesquels ont obtenu les approbations requises.
Pour le mailre-aulel, la délégation estime, contrairement
à l'avis du conseil de fabrique, qu'il serait opportun d'adopter
le style gothique comme pour les stalles et les clôtures, bien
entendu si l'on adopte la reconstitution du jubé de
Dubroeucq. En tous cas, cette question, comme celle du
jubé, doit être réservée jusqu'après la réception des études
réclamées ci-dessus à l'architecte.
C'est à l'unanimité que l'on adopte l'idée d'exécuter leê
confessionnaux en style gothique.
Mais, à l'unanimité aussi, on repousse l'idée d'établir deux
autels nouveaux dans le transept.
Dans les murailles de plusieurs chapelles, le décapage de
l'église a ouvert des baies bordées de forts moellons. On
adopte la proposition de les fermer par des portes parche-
minées comme celles qui sont placées déjà à la chapelle de
Notre-Dame de Tongres.
On adopte également l'idée d'exécuter en marbre la statue
du Christ au tombeau qui manque dans la petite chapelle en
hors-d'œuvre située à l'angle formé par le mur extérieur de
la nef nord et celui du transept. Les deux portes d'entrée de
ladite chapelle peuvent être en chêne sculpté avec des arma-
tures en fer forgé.
On est de même d'accord pour admettre que les retables
à exécuter pour les dix-sept chapelles qui en sont dépour-
vues, seront traités dans le style de l'église. Mais on appelle
— 28 —
toute l'altention du conseil de fabrique sur la nécessité de
doler la collégiale de Sainle-Waudru de retables dignes de
cet admirable monument ; qu'ils soient, dans leur variété, à
la hauteur de ceux existants et surtout de celui de la chapelle
de Saint-Joseph. Il va sans dire que cette assimilation s'ap-
plique aux anciens retables et nullement à celui placé récem-
ment dans une chapelle de la nef sud, lequel laisse beaucoup
à désirer au point de vue de la conception et de l'exécution.
Il parait qu'il existe un projet ayant pour but d'abaisser le
niveau du sanctuaire de Sainte- Waudru. Ce projet devra, le
cas échéant, être mûrement examiné.
Le rapport du 19 décembre 1896, dressé à la suite de
l'inspection du 19 novembre précédent, signalait la nécessité
de déplacer la châsse de Sainle-Waudru qui occupe l'arcade
derrière le maitre-autel et empêche la vue de s'étendre au
fond de la chapelle absidale. Il importe d'étudier le projet de
ce déplacement.
11 doit être formellement entendu qu'aucun travail, quel
qu'il soit, ne pourra être entamé et poursuivi qu'après que
le projet en aura été régulièrement soumis aux Autorités
compétentes et approuvé par elles.
Les avis relatés ci-dessus ont été formulés à l'unanimité
des membres de la Commission royale.
Eglise — Il a été procédé, le 16 janvier 1902, à l'inspection de
d'Haotrage.
l'église d'Haulrage, à laquelle il est question d'exécuter des
travaux de restauration tant intérieurs qu'extérieurs.
MM. Hubert, Devillers, Soil et Sonneville, membres du
Comité des correspondants du Hainaut, assistaient à celte
inspection.
La tour de l'église d'Hautrage semble remonter au
— 29 —
xvie siècle, et le vaisseau date, paraît- il, de 1829. C'est un
ensemble de constructions n'ayant aucune valeur artistique.
L'entretien de cet édifice a été très négligé.
À l'extérieur de l'édifice il n'y a pas d'écoulement d'eau
au pied des murailles, celles-ci se détériorent, pourrissent
littéralement. Les toitures sont en mauvais état; les gout-
tières et les tuyaux de descente sont dégradés, insuffisants
et manquent même à certains endroits; les seuils des fenêtres
du vaisseau et la retraite de l'étage de la tour n'ont pas de
larmier, de sorte que les eaux coulent sur les murs et s'y
introduisent. Des travaux de rejointoyage en recherche
s'imposent à toutes les maçonneries et surtout aux faces sud
et ouest de ta tour.
L'intérieur de l'édifice est aussi dans un état précaire.
Certaines parties des plafonds et des enduits sont tombées,
d'autres, crevassées, menacent ruine. L'humidité transperce
les murs et les plafonds. Les soffites qui relient les colonnes
s'affaissent. Bref, tout l'édifice réclame une restauration
sérieuse et urgente; on devra l'entamer dans le plus court
délai possible en commençant par l'extérieur. Parmi les
mesures les plus pressantes il convient de citer celle ayant
trait à la vérification des soffites dont l'état de situation ne
peut être déterminé exactement sans procéder à l'enlèvement
des plâtrages qui les recouvrent. Le soffite du jubé a subi
un mouvement inquiétant; on fera chose prudente en l'étan-
çonnant, en attendant qu'il soit possible d'en entamer la
restauration. Sa situation parait assez grave pour que l'auto-
rité locale prenne des mesures sérieuses en vue de mettre
sa responsabilité à couvert.
Deux devis ont été dressés par M. l'architecte Sonneville,
— 50 —
l'un au montant de 7,480 francs pour les travaux extérieurs,
le second s'élevant approximativement à 7,835 francs pour
les ouvrages intérieurs.
Estimant que ces dépenses sont exagérées, le conseil com-
munal a fait dresser un devis par M. l'architecte Lhoest dont
le total s'élève à fr. 5,226-58; il comporte la restauration
des toitures et du plafonnage.
Étant donné l'état de situation de l'édifice, le travail ainsi
limité par le conseil communal ne constituerait qu'un pal-
liatif. Il importe de procéder à un travail sérieux et, à celte fin,
il est à prévoir que les deux devis réunis de M. Sonneville
constitueront une estimation qui se rapprochera de la réalité.
Les travaux devraient èlre exécutés par voie d'adjudica-
tion restreinte, à bordereau de prix, entre quelques entre-
preneurs connus.
L'église d'Hautrage possède une œuvre de sculpture
intéressante, en pierre blanche, qui paraît remonter au
xv* siècle ; elle représente l'Ensevelissement du Christ.
II y a lieu de prendre toutes les mesures de précaution
nécessaires pour qu'elle ne subisse aucune détériorai ion
pendant les travaux qui s'exécuteront à l'intérieurde l'édifice.
On devrait même profiter de ces ouvrages pour lui assigner
un emplacement définitif autre que celui d'à présent; elle est
simplement déposée sur le pavement de la chapelle latérale
sud. On pourrait peut-être l'installer dans une niche à
creuser dans le mur séparant le chœur de ladite chapelle ou
l'utiliser comme retable d'autel.
église — A la demande du conseil de fabrique, il a été procédé,
de Nieuport. .
le 3 février 1902, à l'inspection des travaux de restauration
en voie d'exécution à l'église de Nieuport.
— 31 —
M. le baroo Bethune, membre du Comité des correspon-
dants de la Flandre occidentale, assistait à la visite.
Il résalle de cet examen que les travaux dont il s'agit
s'effectuent dans de très bonnes conditions. On ne peut que
louer les artistes chargés de ce travail, leurs collaborateurs
et les autorités civiles et ecclésiastiques qui les inspirent et
les appuient.
Des recherches opérées dans la façade longitudinale de la
chapelle sud bordant le chœur, ont permis de constater que
des fenêtres géminées primitives, semblables à celles récem-
ment restaurées de la chapelle nord, ont existé; elles ont été
remplacées postérieurement par des fenêtres simples. Il y
aura lieu de rétablir la situation primitive infiniment plus
intéressante que celle qui lui a été substituée.
Au côté nord, contre le chœur, il existe une ancienne
tribune ou oratoire d'une architecture très intéressante et
d'une grande légèreté de construction. Il importe que cette
annexe soit débarrassée des objets de toute espèce qui
l'encombrent et qu'on procède à sa restauration complète
Le projet de restauration de l'édifice, adopté par les
Autorités compétentes, prévoit une voûte en bardeaux pour
la croisée du transept. Des culs-de-lampe en maçonnerie
semblent démontrer qu'il a existé à cet endroit ou que l'on a
eu l'intention de construire une voûte en maçonnerie. Celte
partie du projet devra être revue et étudiée avec grand soin
avant de passer à l'exéculion du travail.
On a soulevé la question d'abaisser le seuil de la grande
fenêtre du transept sud au niveau de celui des autres baies
de l'édifice en vue d'obtenir plus d'unité. Ce parti est à
conseiller, car rien ne fait prévoir, dans l'avenir, le rétablis-
— 52 —
sèment des chapelles érigées autrefois par des corporations
et qui ont été démolies vers 1835.
Il n'y a pas lieu de compléter les contreforts du chœur
par des pinacles, les dispositions archi tectoniques de l'édifice
ne demandent pas cet amortissement.
Aux angles du chœur, il a existé des tourelles; leurs
points d'appui sont encore en place. Il y a lieu de les réta-
blir en s'inspirant, pour leurs proportions, de celles qui
cantonnent le porche d'entrée.
L'ancienne sacristie offre un type de construction très
curieux ; il faudra étudier avec le soin le plus scrupuleux le
projet de sa restauration. Il semble que cette annexe était
couronnée par un chéneau à bahut avec plate-forme. En
tous cas, il faudra conserver le plus possible les anciens
fragments de sa corniche d'un caractère aussi original que
distingué.
Parmi les travaux à effectuer en premier lieu, il faut
noter ceux ayant pour but d'éloigner de l'église les eaux
pluviales et celles provenant des habitations voisines,
lesquelles séjournent contre les murailles du temple. On
devra profiler de ce travail pour rétablir à son ancien niveau
le §oI formant le pourtour de l'édifice; du côté de la place,
l'abaissement devrait être opéré à partir de la dernière
rangée d'arbres.
Il est désirable aussi de voir dégager la vue des deux
principaux édifices de Nieuporl, son église majestueuse et
sa halle qui témoigne et rappelle une prospérité florissante;
il suffirait de démolir quelques maisons de peu de valeur
pour obtenir un résultat remarquable au point de vue de
l'embellissement de la ville.
— 33 —
— La délégation du Collège qui s'est rendue.. si. Saint- un*
n ° ' do Sainl-Hobert.
Hubert, le 20 janvier 1902, en vue de résoudre définitive-
ment la question relative à la restauration intérieure de
régi i se de celte localité, a été, comme les délégations anté-
rieures, unanime pour réclamer l'enlèvement des crépis
teintés appliqués sur les murs et les voûtes du côté nord,
opération très peu artistique déjà critiquée lors des précé-
dentes visites.
Après une longue étude de cette affaire importante, la
majorité du Collège (7 voix contre 4) est d'avis que le déro-
ebage ne doit pas se faire sur toute l'étendue des parois de
l'église ; il peut être continué sur toutes les surfaces de pare-
ments en pierre taillée. Ces parties peuvent être rejointoyées;
plus tard, si on peint l'édifice, on peindra sur la pierre
même.
Le dérochage peut, de même, être poursuivi sur les murs
soit en moellons, soit en briques, dans tous les endroits où
l'adhérence et la solidité du crépi seraient compromises,
mais on doit s'abstenir de faire cette opération à ceux des
crépis des voûtes qui seraient solides et bien secs. Les parties
des voûtes où le décrépissage devra avoir lieu seront récré-
pies au fur et à mesure de l'enlèvement de l'enduit en
mauvais état.
Il y a lieu de conserver telles qu'elles sont actuellement
les parties de murs et de voûtes déjà dérochées. On conser-
vera aussi aux parements en briques, aux deux côtés de
l'entrée de l'édifice, le crépi qui y a été appliqué dans le ton
général dominant de la pierre.
La proposition du conseil de fabrique de donner aux
voûtes en briques une teinte uniforme pour les harmoniser
— 34 —
n'est pas admissible. On ne peut davantage admettre le
ciment teinté pour donner aux nervures en briques résultant
de la restauration de l'église, après l'incendie de 1568,
l'apparence de nervures en pierre. II est préférable d'enlever
les nervures en briques, si ce travail est praticable, et d'y
Substituer la pierre en suivant le profil des parties primitives
de ces nervures restées intactes à leur point d'appui.
fitant donné que le soubassement des murailles du côté
nord de la nef est approprié, il n'y a pas lieu d'insister pour
qu'on y apporte des changements en vue de le mettre en
rapport avec celui du côté sud.
Lors de la restauration des bases des colonnes des nefs
extrêmes, on devra conserver le moellonnage tel qu'il est
aux parties où lesdites bases étaient masquées par les mar-
ches donnant accès à ces nefs, afin que l'on puisse recon-
naître, plus tard, quel était leur niveau primitif.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'art. 25 du règlement.
Le Président,
Ch. Lagasse-de Locht.
. /
MARQUES & MONOGRAMMES
de \y
FAÏENCIERS ANDENNAIS
PRÉCÉDÉS DU
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
DE8
FABRIQUES DE FAÏENCE D'ANDENNE
d'après des documents authentiques Inédits
8UIV1B D'UHE
NOTICE SUR JACQUES RICHARDOT
8CULPTEUR-FAiËNCIER
PAR
E.-J. DAItDENNE
Membre correspondant de la Commission royale des monuments, à Andenne
FAÏENCES D'ANDENNE
Le Comité du Bulletin des Commissions royales (Tari et d'archéologie
avait encouragé M. Dardenne, auteur d'un très intéressant travail
•sur les • Faïences d'Andenne », à des recherches complémentaires
dans les anciens actes de notaires, des paroisses et de l'état civil ; il
est résulté de là un afflux considérable de renseignements précieux,
et la nécessité de remettre le travail entier sur le métier, pour le
transformer en monographie spéciale, du genre de celles que M. Soil
•a consacrées aux porcelaines et aux faïences de Tournai.
Mais pour ne pas priver le public de la communication de détails
dès à présent parachevés, le Comité les distrait de l'œuvre» avec
l'assentiment de l'auteur et les communique aux lecteurs du Bulletin.
(Note de la rédaction.)
— 37 -
Tableau chronologique des fabriques de faïence d'Andenne
I. Première fabrique fondée par Joseph Woulers.
(Société anonyme des Terres plastiques et Produits
réfraclaires d'Andenne, actuellement.)
Joseph Wouters.
J. Woulers, G. Shoan et J.-C. Hennich, 30 avril 1783.
J. Woulers, J.-J.-E. baron Van de Wardt-d'Onsel et
L.-J.-W. de Kessel, 21 décembre 1784.
Van de Wardt et de Kessel (Harell, chef de fabrication
et séquestre), 10 juillet 1786.
Van de Wardt, de Kessel, d'Hondt et Boucquéau,
31 août 1786.
Van de Wardt, de Kessel, Hennisch et Boucquéau,
23 janvier 1787.
Directeurs : Hennisch ;
Van de Wardt et de Kessel, 13 avril 1787 ;
de Kessel ;
Harell, 30 août 1791;
Hennisch ;
Van de Wardt, 30 juin 1795;
Boucquéau.
Partage de la fabrique entre Van de Wardt et Bouc-
quéau, 14 février 1804.
— 38 —
a) Boucquéau.
Jacques Fourmy, 1813.
En faillite, 21 mai 1818.
b) VandeWardt.
Mathieu Servais, 30 octobre 181 S.
Leroy.
Les deux parties sont réunies par la Société Pastor-
Michiels et Clc, devenue en 1836 Société anonyme
Pastor-Bertrand et G1*, fabricants de produits réfrac-
taires.
H. Seconde fabrique fondée par J. Woulers (usine E. et
L. Godin et C).
Joseph Woulcrs, 1794.
J. Wouters, J.-P. Verdussem et B. Lammens,
21 mars 1805.
J.-P. Verdussem et B. Lammens, 12 décembre 1806.
(B. Lammens et C1*.)
Gockerill, papeterie et impression de coton.
III. Jean-François Kreymans, 1804. Place du Chapitre.
Concordat, 17 mai 1806. Emmanuel Malevé, cura-
teur.
Jean-Philippe Becquevort, 28 février 1806.
Aimé-Victor Bécherel, 4 juillet 1829.
Bâtiments vendus à la ville d'Andennc, 1837.
(École moyenne et école primaire de garçons.)
IV. Rue des Polonais.
Lambert Crefcœur, fabricant.
Michel Fonder, 31 juillet 1816, propriétaire.
Emmanuel-Fuigcnce Richard, 13 octobre 1817, pro-
priétaire.
— 39 —
Àmand-Joseph Pire, fabricant, 16 juillet 1816.
Rose Bonhi vers el C", 4831.
Antoine-Fossion et Joseph Rouleau, 1822.
Arnold Bon hivers.
Emmanuel Deville, 9 mai 1832.
Marcellin Deville.
Vendue à divers propriétaires et démolie.
V. Charles Smet, rue des Passettes, rue Neuve actuelle.
Smet et Joseph Nihoul, 20 juin 1833.
Joseph Nihoul.
Edouard La pierre, 1848.
Camille Renard, fabrique de porcelaine.
Jules Dothée, fabrique de porcelaine.
Démolie.
VI. Famille Richard au Stappe, 1812-1862.
Démolie. M"M Ramelot, propriétaires.
VII. Henneau, rue d'Hornilles.
Lerov.
Ferdinand Boulanger.
Tiburce Courtoy.
Transformée en maisons ouvrières.
VIII. Joseph Lapierre, rue des Chats.
Joseph Lapierre, place du Chapitre; finit vers 1844.
Transformée en habitations.
IX. Mentions isolées.
Charles Nihoul, époux Charlotte Polel, (814.
Louis Winand, Grand'Rue, 1817.
Transformée en fabrique de porcelaine, actuellement
en démolition.
— 40 —
n
Marques et monogrammes des faïences d'Andenne
Nous passerons en revue les marques et monogrammes
de faïences d'Ancienne que nous avons relevés ; ils nous
paraissent incontestables. C'est à dessein que nous avons
négligé quelques monogrammes de pièces que nous nous
croyons autorisé à attribuer à Andennc, soit parce qu'ils ne
nous semblent pas revêtir un caractère suffisant d'authenti-
cité, soit parce qu'ils sont appliqués sur des pièces de qualité
inférieure, ne méritant à aucun titre de figurer dans une
collection quelque peu sérieuse.
1. Wouters, Àndenne, en bleu, au pinceau. (Pi. V, n° 1.)
Plat à marly blanc; diamètre extérieur : 0ra265; diamètre
du bassin, 0mi85.
Le fond est décoré d'un paysage en camaïeu exécuté à la
main. Le premier plan est très accentué, le second est en
lointain et le ciel vaporeux est légèrement nuage.
Pour sujet, un château à donjon carré, campé sur un
rocher; au pied, un chemin à profondes ornières, bordé de
broussailles, d'où s'élance un arbre assez élevé, d'une belle
silhouette et très bien détaillé. Une large rivière semble
couler derrière le château; elle sépare les deux plans,
rejetant perspectivement le second à une assez grande
distance; dans ce second plan, on aperçoit un vaste château
— 41 —
avec escalier extérieur, pont, tourelles, etc. On le voit, nous
sommes loin du réalisme ; c'est une composition assez com-
pliquée, arrangée de toutes pièces. Tenant compte de la
difficulté inhérente à la décoration céramique, où les couleurs
et les teintes ne prennent leur valeur réelle qu'après la
cuisson, cette pièce témoigne d'une grande habileté, d'une
main sure et délicate. Bref, c'est un très beau spécimen
d'une exécution irréprochable, avec cette particularité que
le marly, assez large pourtant, ne porte aucun ornement.
2. Même marque, mais interposée, c'est-à-dire Àndenne,
Wouters, imprimée en creux dans la pâle, sous le vernis.
(PI. V. n* 2.)
Assiette au marly festonné, 0m225 de diamètre; c'est un
modèle lourd, peu gracieux, à cause de la forme concave
trop accentuée du marly. Le modèle est une imitation mal-
habile de celui de Luxembourg; les festons manquent d'élé-
gance et de souplesse dans la courbe, de modelé dans la
forme. Cette pièce est d'une pâte commune; le vernis en est
jaunâtre, épais; le décor en est original, curieux par sa
naïveté, manquant absolument de beauté.
3. J. Wouters, à Andenne, marque en creux sous
vernis (i). (PI. V, n* 3.)
Beurrière ou compotier ovale, adhérant à son plateau,
0-22 x (riôS. Récipient 0*15 x 0m10. Hauteur On,16o.
Le couvercle est surmonté, en guise de bouton, d'une
vache couchée, que nous supposons avoir été modelée par
J. Richardot Celte superbe pièce, au vernis quelque peu
(i) Feu Renard- Soubre, de Liège, attribuait cette marque à Van de
Waaidt. Rien ne nous parait justifier cette manière de voir.
— 44 —
Huilier décoré en bleu par de simples filets accentuant les
contours. Le plateau est de forme losangée presque régu-
lière, mesurant 0*17 de longueur sur 0°H)9 de largeur. Le
bord est formé d'une côte arrondie, s'épanouissant à ses
extrémités en deux ou trois feuilles de laurier qui, par leur
rencontre deux à deux affrontées, accusent les quatre angles
du losange. Les logeltes destinées à recevoir les carafes sont
de forme cylindrique ; les parois en sont formées de rubans
plats entrelacés, donnant huit festons pour le pourtour ; elles
mesurent 0n07 de hauteur et 0m08 de diamètre.
Modèle simple, élégant, de belle exécution.
7. Bernard Lammens et C", en creux, sous vernis.
(PI. V, n« 7.)
Plat au marly ajouré; diamètre intérieur 0*265 ; diamètre
supérieur du bassin, 0*18; hauteur, 0m027.
Sous le monogramme une étoile au tampon, en creux,
sous vernis ; les deux marques furent appliquées séparément,
car leur position relative n'est pas fixe sur les deux pièces
que nous avons sous les yeux. Sur une assiette décorée de
festons bleus, notre sigle est accompagné du n° 13, toujours
en creux, simple marque ou numéro de série, sans aucun
doute.
Le profil de notre plat est très élégant; il est peu profond
et le marly s'étale presque horizontalement. Le fond du
bassin est orné d'une sorte de guillochis formé de rayons et
de cercles concentriques de plus en plus rapprochés vers le
centre. La partie extérieure du marly, imitant assez bien les
brindilles d'osier tressées des vanniers, est enlacée dans un
ruban bleu en spirale, coloré en bleu foncé. Entre le marly
et le bassin court une mince corde en bleu clair. Le marly
— 48 —
offre autant de jours que de pleins, les uns et les autres
déterminés par le prolongement des rayons du guillochis
central. Ce plat portait une corbeille à fruits ajourée, de
forme sphérique surbaissée, d'un travail analogue, mais plus
léger et plus délicat que celui du marly, véritable moulage
de vannerie, qui figura à la vente de feu Eug. Lapierrc,
d'Ancienne.
8. Bernard Lammens et G", en creux, sous vernis.
(PI. V, n* 8.)
Cette marque se trouve sur deux pièces décorées à la
molette.
a) Pot à lait, hauteur, 0"I0; grand diamètre, (^OSS,
exécuté en pâte gris-cendré, avec incrustations de pâle
blanche. Vers le bas, formant en quelque sorte le pied, se
voit un rang de perles enserré entre deux très minces filets
noirs au pinceau. Plus haut, immédiatement au-dessus du
grand diamètre, c'est une frise, blanche aussi, formée de
trois rangs de petites rosettes très serrées, bordée de deux
rangs de petites perles ou grènetis et aussi cernée de deux
lignes ou filets noirs au pinceau (i).
b) Encrier en pâte brun clair, — brun Campana, — avec
incrustations noires. Il est de forme cylindrique, mesurant
0œt65 de diamètre et 0n055 de hauteur. En somme, c'est
an simple plateau au bord relevé verticalement, portant à
(t) Le même pot à lait, identique de forme, de dimensions et de décor,
— sauf la couleur, — fut aussi fabriqué en pâte rouge vermillon très fine,
polie, sans vernis.
Cette dernière pièce nous permet de fixer l'origine aniennaise d'un
sucrier de forme ovoïde, avec couvercle surmonté d'un bouton et de même
exécution. Hauteur 0"11; diamètre supérieur de la coupe, 0m076; il est
aussi molette de grènetis et de frises à rosettes.
— 48 —
est plus étalée, moins barde et plus large que celle du
service (i).
40. Bernard Lammens et C,#. Cachet ovale, en creux
sous vernis, OTO^l surOra018. (PI. V, n° 10.)
L'étoile marquant le point initial de l'inscription en
exergue, se trouve placée en bas; contrairement à la marque
précédente, la lecture se fait de bas en haut et de gauche à
droite. Remarquons que la firme sociale, inscrite dans le
champ du cachet, est seulement notée en initiales.
Cette marque est appliquée sur des assiettes et sur des
plats à festons bleus au pinceau, pièces de beau modèle,
d'excellente fabrication au vernis blanc et pur.
Nous l'avons aussi rencontrée sur le plateau ovale d'une
corbeille à fruits au bord ajouré, forme bateau, sorte d'imi-
tation de vannerie, décorée en bleu. Elle est enfin appliquée
sur un sucrier ou petit fruitier, ovale, avec couvercle,
adhérent à son plateau, accompagné d'une délicieuse petite
louche en passoire, décoré en bleu, genre feston, comme
les assiettes et les plats renseignés plus haut.
II. Bernard Lammens. (PI. V, n° II.)
Assiette au marly festonné, décoré de quatre bouquets en
bleu, au pinceau. Dans le fond s'étale un autre bouquet
assorti de lignes, de dimensions plus grandes et de compo-
sition plus compliquée.
(i) 11 est intéressant de rapprocher et de comparer, sous le rapport du
décor imprimé en noir, les spécimens d'Andenne et ceux de Creil : les
premiers sont de beaucoup supérieurs aux seconds comme vigueur de ton,
élégance et correction de dessin, intérêt des sujets choisis; faisons aussi
cette observation que le marly, lourd, compact, quelque peu empâté à
Andenne, est plus léger, plus élégant à Creil, mais parfois étrange, même
naïf, dans sa simplicité de composition.
— 49 —
Le modèle est élégant, le vernis blanc pur, gras et bril-
lant; bref, c'est une pièce de très belle exécution, offrant
une grande analogie avec des pièces de même forme portant
la marque de Tournai.
Diamètre, 0-235; hauteur, 0mO25.
12. Bernard Lammens, marque en creux, sous vernis.
(PI. V, n- 12.)
Cette marque se trouve sur deux pièces :
4# Une magnifique corbeille ovale ajourée, genre van-
nerie, avec son plateau à marly également ajouré; décor
bleu clair. Les anses de la corbeille sont formées par de
gentils nœuds de rubans.
2° Cache-pot de forme cylindrique, arrondi vers le bas,
avec petite moulure formant pied, et une moulure peu
saillante cerclant le bord supérieur. Deux anses accolées à
la paroi, genre rocaille, à saillie légère, complètent la
décoration modelée.
Faïence blanche, légèrement jaunâtre, vernis brillant.
Pour décor, des festons bleus (huit pour le contour entier),
tombant du cercle supérieur, où ils sont reliés deux à deux
par des nœuds; une chute coupe l'angle vers le dessous.
Chaque festou porte en son milieu, au bas de sa courbe, une
assez grande fleurette ; la guirlande est formée d'une simple
ligne agrémentée de brindilles latérales s'altongeant à mesure
qu'elles se rapprochent des fleurettes. En somme, rien que des
lignes, rien qui ressemble à quelque imitation de feuil-
lage.
12biV Un autre cache-pot de même genre et de même
décor, bien que d'un profil légèrement modifié, moins
heureux que le premier, porte les deux lettres BL, impri-
— 50 —
mées sur la paroi latérale intérieure du pied ; de plus, une
lettre est tracée au pinceau, en bleu, sur le fond.
Nous retrouvons le même décor sur deux autres pièces :
a) Un bol à deux anses, de forme hémisphérique avec
pied mouluré; l'ensemble est d'un profil élégant et la pièce
d'une belle fabrication.
Hauteur, 0*097; diamètre de la coupe, 0*14; diamètre,
les anses comprises, 0m21.
b) Un encrier de bureau, de forme cylindrique, légère-
ment évasé vers le bord supérieur, avec godet au centre,
genre du n° 8.
Hauteur, 0m06; diamètre inférieur, (Vil; diamètre
supérieur, Oml48.
43. Bernard Lammens, en bleu, au pinceau. (PI. V, n° 1 3 )
Assiette à dessert : diamètre, 0m22; hauteur, 0m097.
Le bord du marly est découpé en festons circulaires,
alternativement larges et étroits; trois bouquets alternant
avec trois brindilles décorent le marly. Celle décoration,
tout au moins inspirée par celle du n° (1 , est toutefois d'une
exécution plus artistique.
Dans le fond du bassin s'étale un écusson avec casque
fermé en cimier et lambrequins ; l'écu est tiercé en bande,
de gauche à droite ; cette bande est en pointillé, donc de
sable, en termes héraldiques, relevée de trois pièces au con-
tour très indécis, presque trois taches sur le caractère
desquelles il serait difficile de se prononcer. Elles éveillent
en nous, sans trop savoir pourquoi, l'image de la bande aux
trois coquilles des Beau fort-Spon tin. Le champ de l'écu est
hachuré verticalement, donc de gueules ; dans le quartier de
droite, il est relevé de deux pièces posées de fasce, et dans
— 51 —
le quartier de gauche, vers la pointe, d'une seule de ces
. mêmes pièces. Celle pièce de l'écu se retrouve enfin posée
sur le sommet du casque. Sous l'écusson se déroule, avec
forl peu d'élégance, il faut en convenir, une banderole
portant en caractères romains majuscules MR : AND : L.
FOSSOUL. C'est le nom, non du fabricant, mais bien celui
du propriétaire, André-Louis Fossoul, beau-père de François
Woulers.
Cette assielle, mince de profil, nette et élégante de forme,
fine de pâle, claire, de vernis blanc pur bien égal et bien
brillant, est une des plus belles pièces que nous ayons ren-
contrées.
Les assiettes portant cette marque furent fabriquées pour
André- Louis Fossoul, beau-père de François Woulers (fils
de Joseph), donl le mariage eut lieu le 15 octobre 1817;
elles demeurèrent dans la famille, religieusement conservées,
jusqu'en ces dernières années. Or, François Wouters travail-
lait chez B. Lammens et C1* comme ouvrier mouleur en
faïence (i). L'interprétation de ce monogramme ne présente
pour nous aucune difficulté ; c'est bien celui de B. Lammens.
Le lire d'une autre façon ce serait altribuer la pièce, comme
d'aucuns pourraient peut-être le faire, à la fabrique Boch
(Luxembourg). Mais n'oublions pas que celte fabrique était
fermée depuis 1809 et qu'alors notre François Wouters
comptait seulement quinze printemps. 11 serait absurde de
supposer qu'à cet âge le jeune Woulers eût commandé au
cooeurrent de son patron, — et encore en admettant qu'il
(i) C'est ainsi qu'il est qualifié à son acte de mariage et que nous l'avons
rencontré en divers actes authentiques ou d'état civil.
— 52 —
fut déjà son patron, — le cadeau de mariage qu'il destinait
à son futur beau-père.
Il y a seulement quelques années que la famille Wouters
se dessaisit de ces intéressants spécimens de faïence anden-
naise, en faveur du Musée archéologique de Namur et de
notre propre collection. Un exemplaire figure au Musée
céramique de Sèvres.
14-15. L'interprétation de ces deux monogrammes, qui
offrent une étroite analogie et se trouvent sur des pièces de
mêmes formes, des assiettes de même fabrication et de décor
identique, nous rend assez perplexe.
Ces assiettes à marly festonné à côtes sont bien de la
famille luxembourgeoise, mais on ne peut guère lire celte
marque Boch ni Bécherel. Nous tenons néanmoins nos
exemplaires pour andennais, à cause de leur provenance
ou de leur découverte. Nous inclinerions à croire que c'est
plutôt la signature du décorateur que la marque du fabri-
cant.
Quoi qu'il en soit, le modèle est joli, à fleur de coin,
le décor assez heureux, le vernis de belle qualité, mais non
d'une irréprochable blancheur.
16. Bécherel ou Becquevort, marque en bleu au pinceau.
Saucière à côtes en festons, analogue à celle portant la
marque n° 5, mais plus aplatie, plus écrasée, le bord de la
coupe plus fortement infléchi en dedans; les côtes sont aussi
plus saillantes, plus fortement accusées, plus vivement
modelées. Le décor en est aussi analogue, quoique plus
compliqué, d'une exécution plus lourde; la couleur est un
bleu foncé manquant de pureté et qui se rapproche beau-
coup de celle du numéro suivant.
— 53 —
17. Marque ou cachet eti creux sous vernis, inscrite
dans un cœur, OmOI4 x OmOI5.
Jean-Philippe Becquevort.
Ce sigle se trouve apposé sur deux pièces qui par elles-
mêmes ne présentent pas grand mérite : modèle peu gracieux,
pâte épaisse, vernis grisâtre, et, de plus, grattées, détériorées
au possible; mais elles nous sont précieuses comme seuls
spécimens de décoration à l'estampille.
1° Un plat de 0m3l de diamètre, hauteur 0m04, décoré
en bleu franc de teinte foncée, posé sous vernis. Le centre
du fond du bassin est marqué par une sorte de rosace ; le
pourtour du marly est exécuté en petit motif posé sur un filet
extérieur et qui ne se répète pas moins de cent vingt fois sur
le cercle entier. On se demande ce qu'il faut le plus admirer
dans cet ouvrage, ou la patience du décorateur ou sa dexté-
rité. L'adresse qu'il déployait dans ce travail, d'une régularité
presque complète, eût sans nul doute produit un résultat
infiniment meilleur si elle se fût exercée avec un pinceau au
lieu du rustique tampon de buis.
2° Un saladier ou légumier, mesurant 0m325 de diamètre
et 0*09 de hauteur ; la paroi latérale est relevée presque en
forme cylindrique et terminée en son contour supérieur par
six grands festons en accolade. Il conserve quelque aspect
des belles décorations au pinceau et sert en quelque sorte de
transition entre les deux procédés. En effet, certaines par-
ties de ce qui représente des roses sont faites à l'estampille
et complétées par de larges et francs coups de pinceau pour
terminer le grand bouquet qui occupe la plus grande partie
du fond du bassin. Hâtons-nous de dire qu'on y chercherait
en vain la grâce, la légèreté, le sentiment décoratif, délicat
— 54 —
et distingué des pièces andennaises d'une époque même
quelque peu antérieure.
18. Cachet en creux, sous vernis, ovale Om0i8 X O^li.
Arnold Bon hivers.
Petit plat ovale de 0m2U sur 0"156.
Pièce d'assez belle fabrication, mince de pâte, légère et
élégante de profil, au marly bombé, à vernis blanc, légè-
rement verdàtre et brillant. Un filet bleu assez large suit le
bord extérieur; un autre plus mince marque le milieu du
marly, le long duquel serpente un feston barbelé. Malgré sa
simplicité, ce décor ne manque ni de grâce ni d'agrément.
49. Marque donnée par Demmin, dans son Guide de
(amateur de fàience et de porcelaine (i).
Nous venons de la rencontrer sur une superbe pièce, un
plat à marly ajouré, décoré en bleu foncé, de composition
identique au modèle n° 7, mesurant 0m30 de diamètre.
Faisons aussi remarquer que le même auteur attribue
notre marque n° 4 à Van der Waert (pour Van de Wardt?).
(i) 3« édition. Paris, 1867.
— 55 —
m
JACQUES RICHARDOT, sculpteur-faïencier
Pendant vingt années, Jacques Richardot travailla à
Ancienne, soit dans les ateliers de Wouters, — première et
deuxième fabrique, — soit chez Van de Wardt. La quantité
de pièces qu'il produisit, le genre de ses sculptures, le sou-
venir qu'il laissa à Andenne lui méritent, nous semble-t-il,
une place spéciale dans notre modeste travail.
Jacques Richardot naquit à Lunéville (Lorraine), le
28 juillet 1743 ; il élait fils de Claude Richardot, attaché à la
fabrique de 6. Gharmelte, le doyen des faïenciers lorrains,
et tenu en haute estime par son patron (t).
De bonne heure, J. Richardot, filleul de Gharmelte,
s'essaya à façonner l'argile et à manier l'ébauchoir, encou-
ragé sans doute par Gharmette lui-même, heureux, comme
on le serait en pareille circonstance, de seconder ses belles
dispositions naturelles. Jacques reçut probablement les
premières leçons de P.-L. Cyfflé (s). Un fatal événement
faillit compromettre celle carrière qui s'ouvrait sous de si
heureux auspices : en 1758, Gharmelte mourut; son usine
(i) Notes pour servir à la biographie de Jacques Richardot, par Ed. Niffie-
Àndaux. Brochure in-8», Paris, 1895. (Extrait du Bulletin des Sociétés des
Beaux-Arts des départements.)
(«) « Les groupes et statuettes de Lunéville, surtout celles dues au
sculpteur Cyfflé, sont très recherchées. » Ed. Garnier : Céramique, Revue
encyclopédique de Larousse, 1899.
— 56 —
se ferma et la famille Richardot dut chercher ailleurs une
occupation qui assurât son pain quotidien. Noire jeune
sculpteur comptait alors quinze printemps !
Précisément à cette époque, une ardente rivalité existait
entre deux fabriques de faïence bruxelloises, celle de Jacques
Arloisenet et celle des héritiers Philippe Mombaerls. Ce fut
vers Bruxelles que Claude Richardot dirigea ses pas, escorté
de toute sa famille; tout ce que Ton sait, c'est qu'il entra
dans l'un des deux ateliers rivaux, M. Niffle ne put décou-
vrir quel patron se l'attacha.
Nous ne savons rien non plus des éludes sculpturales de
J. Richardot ; rien ne transpire ni quant à l'atelier ou l'école
qu'il fréquenta, ni quant au maître qui dirigea son éducation
artistique. D'après M. Niflle, le caractère de ses œuvres
semble avoir subi l'influence de Cyfflé (i); toujours est-il
que notre jeune sculpteur vécut dans l'ombre durant dix-
huit ans.
Au début de l'année i 786, Jacques Richardot travaille à
la fabrique de Saint-Servais, près de Namur ; du 15 juin 1786
au 24 octobre, nous le voyons figurer, avec son fils Guillin,
parmi les ouvriers de la fabrique J. Wouters et Cto (ouvriers
modeleurs); le 5 novembre 1786, Guillin Richardot épousa
Anne-Joseph Tonglet, de famille andennaise; J. Harell,
directeur de la fabrique, signa l'acte de mariage comme
témoin (s).
(i) Après la débâcle de Char mette, Cyfflé fonda à Hastière une fabrique
de faïence qui fut autorisée par octroi du 6 août 1785.
(i) A la suite de différends survenus avec ses associés (Van de Wardt et
de Kessel), Jacques Wouters introduisit au conseil provincial de Namur
une demande en dissolution de société. De leur côté, ses adversaires
— 57 —
Dans le courant de cette année 1786, Claude Richardot
vint rejoindre son fils Jacques et son petit-fils Guillin
à Andenne, où la société Van de Wardt et de Kessel
lui ouvrit ses ateliers. Il figure au compte du séquestre
comme tourneur en faïence. Guillin est inscrit comme
modeleur (i).
Enfin, en 1804, J. Richardot signale sa présence à
l'atelier de Wouters par son « Napoléon », signé tout au
long : t Fait à Andenne, dans la fabrique du sieur Wouters,
le 2 thermidor, au premier de l'empire français. Fait par
voulurent faire prononcer son exclusion de la fabrique. Afin de ne pas
interrompre le travail à la manufacture, ce qui eût nécessairement entraîné
la ruine de Tune et de l'antre des parties, le conseil provincial nomma an
séquestre chargé de l'administration de l'usine. Harell, directeur ou chef
de fabrication, s'occupa de la direction et de la marche des ateliers et Ton
préposa à la caisse le notaire Milquet, d'Àndenne. C'est en cette qualité
que Milquet reçut les fonds provenant des ventes de marchandises ou
versés par Van de Wardt et de Kessel ; d'autre part, il distribua force
à-compte anx ouvriers et fournisseurs, mais en ayant soin de se faire
donner par chacun un reçu en due forme. Tous ces reçus constituent un
volumineux dossier du plus haut intérêt, déposé aux archives de l'État à
Namur.
Durant les seize mois de comptabilité de Milquet, Jacques Richardot
reçut 34 florins 12 sols*10 deniers, bien maigre salaire sans doute pour un
artiste, surtout pendant une telle période. Nous ne nous appesantirons pas
sur la triste émotion que nous causa cette constatation ; pour la rendre plus
poignante encore» la liasse aux quittances nous fait passer sous les yeux
quatre pièces qui ne laissent aucun doute sur la situation gênante où il se
trouvait alors et toutes sont antérieures à son mariage ; ce sont des notes
de fournisseurs, qui se font payer à la fabrique, en déduction de son salaire.
Ce n'est pas à dire cependant que la besogne manquait aux ateliers,
puisque son compagnon, le modeleur Soudre, reçoit 305 florins, qu'à tel
tourneur on paie 525 florins, qu'un peintre touche 544 florins et même un
manœuvre 170 florins. Quelque mystère se cache sans doute là-dessous.
(0 Claude reçut du séquestre 66 florins 7 sols 6 deniers, les à-compte
payés à Guillin B'élèvent à 209 florins 7 sols 6 deniers. (Dossier du
séquestre.)
— 58 —
Richardot pèr », pièce qui se trouve au Musée des Arts
décoratifs de Bruxelles. (PI. I.)
Quelle que soit l'école à laquelle se forma le sculpteur
J. Richardot, ou l'influence du maître qui dirigea ses pre-
miers essais, ou ne peut lui contester un réel talent tout
personnel; ce fut un sculpteur de mérite, surtout dans
la période défloraison de son talent, un artiste consciencieux,
une nature richement douée, qui se révéla par les plus heu-
reuses dispositions. Hélas 1 il s'arrêta en chemin ; son génie
avait à peine pris son essor qu'il replia ses ailes ; l'artiste
brillant et radieux au début retombe bientôt, piétine sur
place, s'alanguit, pour s'éteindre de la plus poignante façon,
à l'âge de soixante-trois ans et dans l'indigence (18 novem-
bre 1806)!
Issu d'une famille de sculpteurs-céramistes, Richardot fut,
dès ses plus tendres années, un pélrisseur de terre; sa
vocation semble se dessiner de très bonne heure et, sous
l'œil paternel, il s'essaie, il réussit. Gharmette, le patron de
son père, Gharmette qui l'a tenu sur les fonts baptismaux de
Lunéville, l'entoure de sa bienveillante sollicitude, s'inté-
resse à ses débuts, encourage ses efforts. Sous l'influence
du milieu dans lequel il grandit, son talent de sculpteur se
développe, tout en évoluant vers l'application à la céra-
mique. La mort de Gharmette, en 1758, faillit briser son
avenir. Nous devons supposer que le jeune sculpteur con-
tinua de se perfectionner à Bruxelles, car dès 1786, alors
qu'il travaillait à Saint-Servais, il produit son œuvre capitale
t Andromède i, groupe de faïence de 60 centimètres de
hauteur.
Cette œuvre est bien d'un sculpteur, la figure principale
— 59 --
est bien d'an artiste dans toute l'acception du terme; c'est
une figure classique, d'un classique pur, correct, élégant.
Mais, pour terminer ce groupe, il fallait autre chose qu'un
sculpteur : le céramiste apparaît, et il se montre d'une
étonnante habileté dans le groupement des accessoires, dans
la disposition, dans l'agencement des branches et des ver-
dures, des blocs de rochers, etc.
En contemplant ce groupe, on sent que l'auteur, tout en
le modelant, s'occupe du travail qui s'accomplira à son insu,
dans le four de cuisson. Son habileté technique triomphe
magistralement des difficultés qu'il a prévues ou pressenties :
quand sa pièce sort du four, aucun détail n'a gauchi,
aucune ligne ne s'est affaissée, tous les moindres acces-
soires sont bien restés en place, intimement soudés à la
masse.
Les pièces importantes de Richardot sont peu nom-
breuses ; après Andromède, nous citerons c Le grand vase
décoratif» et c la Fontaine > , trois pièces du Musée archéo-
logique de Namur.
Le mérite de ces œuvres n'est toutefois pas égal. Andro-
mède est de beaucoup la plus importante par sa valeur
artistique, la science de sa composition, l'habileté de son
modelé et les qualités mêmes de son exécution. Le c Vase »
nous fournit une des caractéristiques du talent personnel de
Richardot, c'est-à-dire son habileté, sa surprenante dextérité
pour le modelé des fleurs. Cette pièce, qui mesure 45 centi-
mètres de hauteur, est une note typique du talent méticuleux
et délicat de Richardot; une opulente guirlande de fleurs,
toutes modelées avec une légèreté, une souplesse étonnante,
tombe sur la panse du vase et cela sans entassement, sans
— 60 —
apparence d'encombrement; elle orne, elle décore, mais sans
peser, sans étreindre.
La « Fontaine » disputerait peut-être la première place à
Andromède. Ici, le céramiste avait moins à compter avec
l'action du feu : la pièce est plus condensée, les détails sont
mieux fixés, plus intimement massés; l'inégalité ou le
caprice du retrait à la cuisson n'offre plus autant de danger
pour l'affaissement ou le gauchissement de la masse. Le
modeleur est ici seul en évidence et c'est un modeleur
travaillant d'inspiration, maniant l'ébauchoir avec une
aisance remarquable, une rare fermeté; il fouille sa pâte
avec une connaissance approfondie de la figure, une entente
parfaite de l'ornementation.
Citons encore, pour terminer notre visite au musée
namurois, « les Enfants jouant au bord d'un ruisseau » et la
« Scène de chasse », genre Watteau. Ce sont des groupes
intéressants, qui dénotent un certain talent de modelage,
une grande aisance de composition, une énorme fantaisie
d'agencement et une surprenante dextérité d'exécution;
mais l'art proprement dit n'y intervient que pour une part
assez légère. Ces œuvres marquent en quelque sorte la
transition dans l'évolution du talent de Richardot; il devient
surtout céramiste.
Deux autres pièces du même musée nous le démontrent
plus particulièrement. Voici d'abord une aiguière, genre
rocaille, avec son bassin. C'est d'un très joli modelé, d'une
forme élégante; les ornements, traités avec beaucoup de
grâce et de délicatesse, sont d'une grande pureté de style;
le décor, en bleu foncé, appliqué au pinceau, accentue et com-
plète très heureusement la note de la décoration modelée.
(
— 61 —
Enfin, voici la grande « Écritoire » en faïence blanche,
forme carrée; au plan inférieur, en avant, la case pour les
plumes el accessoires de bureau ; au second plan et plus
élevés, les deux godets; en arrière et pyramidalanl sur le
tout, le motif décoratif proprement dit, surmonté, pour
couronnement, d'un pelit vase dont nous retrouvons le
profil agrandi, l'ornementation amplifiée, dans le pelit
fruitier à couvercle ajouré. Ici apparaît le céramiste, tel que
nous l'avons retrouvé à Andenne, chez Wouters.
Revenons au sculpteur. Le « Napoléon » du Musée des
Arts décoratifs l'emporte, par ses dimensions, sur les autres
groupes que nous venons de signaler. Mais il leur est infé-
rieur par son modelé; la figure principale est lourde,
massive, le socle peu harmonisé avec le groupe; n'était le
petit amour posé sur le bord du piédestal, les divers attributs
qui gisent aux pieds de l'impériale effigie et les trophées
qui ornent le socle, on aurait peine, à première vue, à recon-
naître la main de notre grand sculpteur. (PI. I.) Quant à la
décoration, elle est bonne au point de vue technique, sono-
rité de la masse, perfection de la cuisson, éclat de transpa-
rence du vernis, mais les couleurs ne sont rien moins
qu'harmonieuses. A noter toutefois une circonstance atté-
nuante : celle dernière pièce est une œuvre de vieil-
lesse; Richardol avait alors atteint la soixantaine el,
chez lui, la vieillesse avait devancé les ans; il avait
perdu celte imagination vive des belles années, sa main
selait alourdie, peut-être tremblait-elle par les habitudes
prises, car, dans ses dernières années, Richardol ne fut
rien moins que tempérant; et c'est avec une poignante émo-
tion que nous relevons dans son acte de décès, — 18 novem-
— 62 —
bre 1806, — la mention officielle « sculteur indigent ».
Les œuvres de Richardot sont actuellement peu com-
munes ; d'après ce qui nous en reste, nous pouvons cepen-
dant affirmer qu'il fut d'une assez grande productivité. Son
œuvre comprend des statuettes, qu'il modelait avec un réel
talent, dont il fouillait les détails et les accessoires avec une
patience, une dextérité réellement étonnantes. Comme
preuve, nous citerons le petit médaillon ovale (0"l 25 x 0mi0),
< La Vierge à la Chaise » , composition toute gracieuse, so
rapprochant assez bien de celle de Raphaël, modelée avec
science et exactitude ; sur le cadre sont jetées deux branches
de fleurs, deux guirlandes n'ayant avec la masse du cadre
que les adhérences absolument nécessaires ; bref, c'est d'une
délicatesse inouïe. (PI. II.)
Notons ensuite les deux « Porte-Montre », l'un qu'on
pourrait intituler « Mercure et Vénus » (pi. III), l'autre
décoré d'attributs militaires (pi. II); tous deux sont ver-
nissés en blanc, les reliefs accusés par des rehauts
bleus (i). Puis deux plaques, la plus grande rectangulaire
(0m37 x 0m33), • Le Feu » (pi. IV), de très belle exécu-
tion ; une autre ovale (0mU x 0*18), « Les Quatre
Saisons » . Voici un t Christ » isolé, puis un autre plus
petit, fixé à une croix plantée sur un massif rocailleux,
avec branches de lierre qui poussent dans les interstices.
Vient enfin le cortège des bergers et bergères, jardi-
niers et jardinières, des saints, des vierges, des petits
bonshommes gras et dodus, hauts parfois de 8 à 42 centi-
(i) Le premier se trouve au Musée des Arts décoratifs. La reproduction
que nous en donnons a été faite d'après un exemplaire en terre rouge, non
vernissé, sorti de râtelier de Richardot.
— 63 -
mètres, assis sur un tertre gazonné et naturellement par-
semé de fleurettes, ou bien abrités sous un arbre aux
rameaux robustes, chargés de feuilles délicates qui semblent
trembler sous le souffle du curieux examinateur. Il y a
certainement de l'art dans toutes ces pièces, dans le modelé
de tous ces petils corps, mais il est noyé dans un flot de
minuties qui font perdre de vue l'ensemble et empêchent la
pensée de se dégager complètement; c'est joli, c'est délicat,
mais ce n'est pas d'un artiste.
Vu leurs faibles dimensions et leur fragilité, on s'explique
que ces œuvretles aient facilement disparu ; c'est réelle-
ment par un concours de circonstances toutes spéciales qu'il
en est arrivé jusqu'à nous, mais combien de détériorées ou
mutilées ! Elles montrent néanmoins le talent de leur auteur,
elles décèlent sa facilité de composition, sa science du
modelé, ses connaissances anatomiques et son admirable
dextérité pour l'exécution des détails, fleurs et verdures
dont certaines pièces sont parfois surchargées.
Nous avons émis l'opinion que Richardol se trouvait chez
Woulers, — première ou deuxième fabrique, — non pas
seulement comme sculpteur proprement dit, mais aussi
comme modeleur, comme ornemaniste. En rapprochant les
œuvres authentiques que nous connaissons, on voit figurer
ici un petit génie, un amour que Ton retrouve à peu près
dans la même altitude, isolé, posé sur un socle, avec des
attributs différents ; ailleurs, c'est un petit vase, ornement
tout accessoire, qui échapperait à première vue, et qui
donne la silhouette d'une pièce de service de table. Partout,
la main du maître sculpteur se retrouve souple, habile,
savante et féconde.
— 64 —
L'exposition de Liège de Tan dernier « Exposition des
anciennes gildes et corporations » nous fournit un puissant
argument en faveur de notre hypothèse. Là figurait, en
effet, sous le n° 633, page 82 du catalogue, « Service à café
fond saumon, relief* blancs. » L'une des lasses est signée
c Richardot » . Voilà bien la preuve que non seulement notre
artiste préparait, combinait les modèles de pièces ou groupes
de faïence, mais encore qu'il prenait part à leur décoration.
Eh bien ! ce décor de déjeuner, nous le retrouvons sur un
vase également fond saumon, décoré dans le style dit pre-
mier Empire, en émail blanc ou blanc fixe, très voisin du
décor du service à café (i).
Passons rapidement en revue son œuvre sculpturale secon-
daire, — nous avons renseigné les principales plus haut.
1° Jardinier et bouquetière, deux figurines se faisant
pendant, de 16 centimètres de hauteur, posées chacune sur
un simple socle cylindrique que l'auleur, contrairement à
ses habitudes, laissa complètement nu. (PI. IV.) Le jardinier
s'appuyait sans doute sur une bêche ou sur un râteau qui a
disparu. De sa main gauche, la bouquetière tient une cor-
beille de fleurs posée sur sa hanche; de la main droite, —
qui a disparu, — elle offrait sans doute une fleura son compa-
gnon. On peut lire dans les yeux de ces minuscules person-
nages les sentiments qui les animent. Ces deux figures sont
bien posées et bien construites, les chairs bien traitées, les
vêlements étudiés et bien rendus; quant aux détails, impos-
sible de pousser plus loin la minutie : les deux boucles du
(t) Notre vase fond saumon, avec cercles perlés on lignes à la molette,
est décoré par le procédé d'engobe, non par incrustation.
— 65 —
lacet qui ferme le soulier de la bouquetière sont complète-
ment détachées du pied 1
2* Bergère, groupe de 22 centimètres de hauteur, accom-
pagnée d'un mouton ; elle rappelle presque trait pour trait la
bouquetière de tantôt. La figure pose sur un socle rustique,
avec un vieux tronc d'arbre, des racines serpentant à fleur
de terre, de la mousse et des fleurettes.
3° Jardinière. Elle lient en mains l'arrosoir et arrose les
fleurs garnissant la plate-bande sur laquelle elle marche.
Hauteur 25 centimètres.
4° Jardinier et bergère sont du même genre et de mêmes
dimensions; c'est le même travail, le même souci des détails
les plus menus.
5° Voici deux Vierges, l'une de 40, l'autre de 20 centimè-
tres de hauteur. La première nous parait bien de Richardol,
— seconde période; — la seconde nous laisse quelque
hésitation, à cause des draperies raides et gauchement
traitées; entre les deux il y a cependant certaines affinités.
6° En revanche, nous n'éprouvons aucune hésitation
devant le moulage de [Enfant Jésus couché sur la croix.
Longueur 19 centimètres, largeur 10. (PI. III.)
V Enfant jouant avec un chien et Enfant tenant un
pigeon. Deux groupes se faisant pendant. Hauteur 0m16;
dimension du socle, Omll X 0m08. L'enfant est assis nu sur
un tronc d'arbre s'élevant d'un tertre rustique tout fouillé
de fleurs et de verdure. Le corps est légèrement incliné à
droite, les deux bras étendus, l'un vers le haut, l'autre
retombant, la tète tournée vers la gauche, semblant fixer
un point ou un objet à quelque distance. Le petit épagneul
pose ses deux pattes antérieures sur le genou droit de son
— 66 —
jeune maître et, par son altitude et son regard, semble
interroger son désir ou deviner sa juvénile taquinerie.
8° Deux statuettes décoratives, de 1 mètre 28 centimètres
de hauteur; ce sont et de beaucoup les plus grandes pièces
que nous connaissons de Richardol, Tune est signée de son
nom en toutes lettres. Elles appartiennent à M. V. Moojoie,
d'Andenne.
9° Porte-montre : Mercure et Vénus. Hauteur 49 centi-
mètres. Les deux figures sont campées sur le socle, aux
deux côtés de la loge de la montre, — ou d'un mouvement
de pendule, — surmontée d'un coq aux ailes déployées.
Sur la face antérieure du socle est un bas-relief symboli-
sant la géographie, très délicatement traité, spécimen très
pur et très correct de style Louis XVI. Notre exemplaire
est en terre cuite ; il conserve ainsi les détails dans toute
leur netteté. D'ordinaire, cette pièce est en faïence blanche
décorée en bleu. (Musée des Arts décoratifs.)
10° Porte-montre avec attributs militaires. Style premier
Empire. Hauteur : 0m335; socle : 0m20 X Omll.
11° Vase en terre cuite, à pâle d'un blanc jaunâtre, d'ap-
parence et de consistance approchant du grès. Hauteur
24 centimètres; diamètre, 13 4/2 centimètres.
42° Vase de 18 centimètres de hauteur. C'est du pur
Louis XVI, presque identique aux vases du Musée de
Namur, étiquetés Saint-Servais, vernissés de diverses cou-
leurs, réminiscence de Palissy.
13* Vase de 45 centimètres de hauteur et 20 centi-
mètres de diamètre, de forme élégante, de profil très pur,
avec deux tètes longuement barbues, servant de base ou
d'attache à des anses détachées et disparues.
— 67 —
Quant aux petites bergères qu'on rencontre çà et là sur
quelque étagère à bibelots, précieusement abritées sous leur
clochette de verre, nous croyons inutile de nous y arrêter.
Pour les œuvres de céramique vernissée, nous retrouvons
la main de Richardot dans diverses pièces de faïence, mal-
heureusement privées de marques et de monogrammes,
mais qui, rapprochées des documents authentiques, ne
laissent subsister aucun doute quant à leur attribution.
Rappelons seulement :
r La grande melonnière. Hauteur : 0*35. Grand dia-
mètre : O"^. Pied : Om18.
2° Le petit fruitier. Hauteur : Ô"15. Diamètre aux anses :
0»22. Pied : 0m088.
3» La beurrière. Hauteur : Om17. Plateau : 0m22 x 0-15.
La vache du porte- montre sert de boulon au couvercle.
4* Le sucrier. Hauteur : O-IS. Plateau : 0*225 X 0"18.
5* Une salière.
E.-J. Dardenne,
Membre correspondant de la Commission royale
des monuments, à Andenne.
Cinquantenaire)
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I* .* ♦
TABLR DKS NATIBRB&
1° Liste des membres effectifs et correspondants de ls Commission ro\i
des monuments en 1902.
2o Commission royale des monuments. — Résumé des procès-verbaux i
séances des mois de janvier et de février 1902.
3° Marques et monogrammes de faïenciers andeunais, précédés du tablr:
chronologique des fabriques de faïence d'Andenne, d'après des doc;
ments authentiques inédits, suivis d'une notice sur Jacques Richarv
sculpteur-faïencier, par E.-J. Daedenne, membre correspondant d!
Commission royale des monuments, à Andenne.
Planches IàV *
AVIS. — Les personnes qui collaborent aa Bulletin des Commuions rty'.t
d'art et d'archéologie ont droit de recevoir deux épreuves de leurs article . j
première en colonnes, la seconde après lu mise en pages.
Le bon à tirer devra être donné sur la revision de cette dernière épreuve.
i
Les remanieuieuts qui .seraient demandés ultérieure ihent devrout être pnye>H
les auteurs.
MM. la collaborateur* du Bulletin ont droit à 50 exemplaires, fin* à pv
de leur e articles admis dans le recueil. Les auteurs qui désirent un wv*J
supplémentaire d'exemplaires doivent l'adresser directement à cet ejf't
F imprimeur du Bulletin, qui les fournira à leurs fra>$.
Pour ce qai concerne le Bulletin, s'adresser a M. Mapsaux, Secrétaire de 1
Commission royale des monuments, 22, rue Montoyer, à Bruxelles.
/ .p
^JM*
•$>^ 'bulletin
,VIV>»
^ -j'W6.
COMMISSIONS ROYALES
D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE.
QUARANTE ET UNIEME ANNÉE. — 3, 4, 5, 6, 7 ET 8.
En vente chez M. IIArKZ,
luii'riinenr de l'Académie Royale 'lu Belgique,
112, me du LonT&in, 112.
BRUXELLES
Inp. •in Lingtieniiiinck. ■
COMMISSION ROYALE DESMONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS- VERBAUX.
SEANCES
des i", 8, 15, 22 et 29 mars ; des 5, 12, 19 et 26 avril 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1° La proposition du Comité des correspondants du *i»««de
Brabant de faire rétablir dans l'autel dessiné par Rubens T.Tu!.tfa.
que possède l'église de Saint-Josse-ten-Noode, la copie du
tableau de ce maître qui existe dans ladite église et qui
faisait autrefois partie de cet autel ;
2° Le projet de vitraux à placer dans une des chapelles m«
. de Vottelaere.
de l'église de Vosselaere (Flandre orientale); auteur, YilrâM-
H. Coucke;
3* Le projet relatif au placement de vitraux dans la cha- m»
pelle du Saint-Sacrement, en l'église de Saint-Ursmer, à *$£*£
Binche (Hainaut); auteur, M. Casier;
4° Les dessins de vitraux à placer dans l'église de Hozé- fr»»
1 ** à» Hoxémoiil.
mont (Liège) ; auteur, M. Grosse ; VUraiu-
— 70 —
ae Fontaine- 5° ^e ProJel re^^ * l'exécution de vitraux pour l'église
\îuaïïl: de Fontaine- Valmont (Hainaut) ; auteur, M. Vosch ;
Église G0 Le dessin d'un vitrail destiné à la chapelle de Notre-'
dEnghlen. r
vimii. Dame de Messine, en l'église paroissiale d'Enghien (Hai-
naut); auteur, M. Goucke;
ékiuo 7° Le projet de restauration de la croix triomphale et des
de Chalclet. ' *
cro« triomphale S(aiues je |a Sainte-Vierge et de Saint- Jean de l'église des
SS.-Pierre-el-Paul, à Ghàtelet (Hainaut) ; sculpteur, M. Blan-
chaert ;
M*« 8° Le projet concernant la restauration du jubé de l'église
de Tcsseaderloo.
jubé. fe Tessenderloo (Limbourg) et le rétablissement de cet
édicule à rentrée du chœur, place qu'il a occupée autrefois ;
sculpteur, M. Peelers;
éçiise 9° Le projet relatif au placement de cinq vitraux dans le
deWielibeke. r J r n
vuraox. chœur de l'église de Wielsbeke (Flandre occidentale);
auteur, M. Dobbelaere.
Égihude — Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le
N*-D. du S«blou, ^ r
k chimln1, 8 avril 1902, que les recommandations faites par la Com-
mission, en ce qui concerne des modifications a effectuera
l'entourage des stations du chemin de,ja croix de l'église de
Notre-Dame du Sa b Ion, à Bruxelles, ont été observées. En
conséquence, il y a lieu de poursuivre le travail dans le sens
de l'échantillon exécuté à la première travée sud à côté du
transept, lequel parait bien compris.
Le projet approuvé de l'autel dédié à Sainte-Anne, de la
même église, comporte la polychromie de ce meuble; le
conseil de fabrique désire faire exécuter celte décoration; il
désire en même temps faire apporter des modifications à la
polychromie de la tombe du maitre-autel, laquelle n'est pas
réussie. Rien ne s'oppose à l'exécution de ces projets. Il y
— 1i —
aura lieu de préparer des échantillons de ces ouvragés pour
lesquels des Tonds sont offerts par des bienfaiteurs. Le Col-
lège les fera ensuite examiner par des délégués.
— Il résulte d'un examen auquel il a élé procédé, que le ^{f^
travail de polychromie de l'autel du Saint-Sacrement, en d-iï^u^K
l'église cathédrale de Saint-Sauveur, à Bruges (Flandre
occidentale), a été exécuté d'une façon satisfaisante.
En conséquence, rien ne s'oppose à ce que ce travail
décoratif soit approuvé.
— A la suite d'un examen du dossier relatif au projet **"*
r * de Saint-Pierre,
d'enlèvement de la peinture à l'huile sur les soubassements ySTuTit"
et du badigeon sur les murs et les voûtes de l'église de
Saint-Pierre, à Louvain (Brabant), la Commission a émis
l'avis que, pour le débadigeonnage général de l'édifice, on
ne peut faire une entreprise publique à forfait; on doit
recourir à une adjudication restreinte. Mais, avant tout, il
faudra revoir le devis estimatif, qui parait insuffisant.
Le Collège estime aussi qu'il y a lieu de commencer
l'entreprise par le chœur.
Le 4 mars 1902, il a été procédé à un examen minutieux
des peintures murales découvertes sur la voûte de la chapelle
absidale.»
Il résulte de cet examen que le crépissage, dans toute son
épaisseur, en dessous et au-dessus de ces peintures, est
composé de lamelles de quelques millimètres d'épaisseur
qui n'adhèrent les unes aux autres que par places, de sorte
que de grandes surfaces ont une tendance à se détacher par
le poids et qu'il suffit de les loucher délicatement pour
ébranler toute la masse. Leur texture est par endroits pulvé-
rulente et elles tombent en poussière au moindre contact. '
— 7* —
Les différentes lamelles de chaux qui se trouvent entre la
peinture et les briques prouvent que Ton avait donné déjà
beaucoup de couches de badigeon quand on a songé à
peindre.
Les peintures ont disparu complètement sur quelques-
unes des voûtes ; sur d'autres elles n'apparaissent que par
places. Une chose digne de remarque et qui peut éclairer sur
le procédé de peinture employé, est que les parties conser-
vées sont celles qui offrent le plus d'intérêt, telles que les
têtes, les bustes, les bras et les mains. C'est que, probable-
ment, ces parties ont été plus soignées par l'artiste, qui aura
ajouté à ses couleurs des gommes pour leur donner plus de
transparence ou qui les a revêtues d'un onguent qui les a
préservées. Ce qui porte encore à le croire, c'est qu'en
frottant avec le doigt humide ces parties on ne les enlève
pas.
Les autres places non protégées par cet enduit de gomme
ou de résine ont dû disparaître sous l'action de la chaux du
badigeon; la chaux, en effet, n'épargne que six couleurs, le
blanc de craie, les terres et les ocres métalliques.
Si la chaqx a pu faire de tels ravages, il parait très
imprudent d'employer le ciment pour relier les différentes
couches de badigeon.
Du reste, comment remploierait-on? En soufflant entre
les couches du ciment en poudre. Il faudrait, pour cela,
écarter plus ou moins les couches, puisque sans être réunies
elles se touchent. Ensuite y introduire de l'eau à l'aide d'un
vaporisateur.
Le danger de faire tomber le tout est trop grand et la
certitude que l'eau aurait fait sa combinaison avec le ciment
— 73 —
trop minime pour permettre de tenter l'expérience ; ce travail
si délicat et si difficile devrait se faire pour chaque couche.
On pourrait encore discuter l'avantage qu'il y aurait
à conserver les peintures à la place où elles sont. En suppo-
sant qu'on y parvienne, ces peintures auraient besoin d'être
retouchées presque partout pour être appréciées ou seule-
ment vues du bas de l'église. Que reslera-t-il alors d'authen-
tique?
Quoi qu'il en soit, elles valent la peine d'être conservées.
Divers autres moyens de préservation ont été proposés.
Scier la peinture, on ne peut y songer, elle tomberait en
poussière et la double courbe concave de la voûte s'y oppo-
serait; les nervures en pierre des voûtes empêcheraient
l'introduction d'un instrument.
Il a été question de l'opération qu'on appelle le rentoilage
et qui consiste à coller des feuilles de papier juxtaposées sur
la peinture jusqu'à former un carton résistant et, ensuite,
enlever une à une par au-dessus de la voûte toutes les
briques et l'enduit sur lesquels se trouve la peinture.
Il faudrait, pour cela, commencer par étançonner la voûte
d'à côté, les voûtes reposant l'une sur l'autre et les nervures,
par suite du travail de redressement que l'on a fait, ne les
soutenant plus.
Restera alors le danger, quand on aura enlevé une cer-
taine quantité de briques, et qu'on aura détruit la stabilité
de la voûte, de voir en une fois tomber toutes les autres.
Aucun des moyens proposés n'est absolument certain ni
bon.
Ne serait-il pas préférable, si on arrive à enlever la pein-
ture, ce qui parait douteux, de la transporter dans un musée
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où on pourrait au moins la juger et l'apprécier convenable-
ment pour ce qu'elle est, sans aucune retouche, et d'y substi-
tuer des fac-similé d'après les copies qu'on est occupé à en
faire? Dans ce cas, le mieux serait, pour éviter l'effet de la
chaux, de coller ces peintures sur un enduit de carton-
pierre qui, par sa composition de carton, de gélatine, d'huile
et de craie, ne contient aucune substance caustique pouvant
avoir une action sur les couleurs.
Reste à voir encore si l'opération terminée, la peinture,
faite par un procédé très délicat de détrempe, de peinture à
l'œuf ou à l'eau, résistera à l'opération du collage, c'est-à-dire
si elle offrira une couche suffisamment épaisse pour ne pas
disparaitre complètement dans la colle.
Le plus sage serait de faire une expérience sur une des
voûtes où la couleur a totalement disparu. On peindrait cette
partie avec des couleurs imitant les tons des originaux par
un procédé qui s'en rapproche à Peau, à l'œuf ou à la
détrempe sans aucun empâtement. Puis on essaierait l'enlè-
vement de cette peinture nouvelle. En cas de réussite au
moins partielle, on risquerait l'opération sur les peintures
anciennes.
En cas de non-réussite de l'essai, il ne resterait qu'à laisser
périr, de leur mort naturelle ces beaux vestiges artistiques.
(ji.ifer»iié — Lors de la réunion préparatoire à la séance générale
peintre, du mois d'octobre 1901 , un membre correspondant a signalé
l'état de délabrement dans lequel se trouvent les peintures
monumentales du vestibule de l'Université de Gand.
Il a été décidé qu'une inspection de ces œuvres d'art serait
faite lors d'un prochain voyage à Gand.
Cette visite a eu lieu le 25 février 1902.
monumenlalet.
— 75 —
Il a été constaté, en effet, que certains panneaux décoratifs
sont dans un état lamentable. Nulle part, en Belgique, on
ne trouverait un second exemple d'une destruction aussi
complète et aussi rapide, il y a à peine 25 ans que ces pein-
tures existent. Aussi, cette situation déplorable provient
surtout de négligences coupables dans la surveillance et
l'entretien des gouttières. La situation de celles-ci est telle
que les eaux s'infiltrent dans certains murs, les salpètrent et
rongent littéralement les tableaux.
D'un autre côté, l'aérage et le chauffage de la salle sont
nuls; l'humidité de l'atmosphère se condense sur les murs
froids et baigne constamment les peintures. Enfin, le mur
ouest est exposé directement aux vents humides sans le
moindre abri. Toutes ces causes contribuent encore à
aggraver la situation.
Si l'on vent éviter à brève échéance la destruction totale
desdites peintures, il est de la plus grande urgence de
prendre les mesures suivantes :
1° Mettre obstacle aux infiltrations d'eau provenant des
gouttières par une double disposition de couverture entre la
rotonde et le vestibule;
2# Recouvrir d'ardoises ou de zinc les murs à l'extérieur
du côté ouest; il sera même prudent de faire semblable
opération au côté est; *
3# Aérer convenablement le vestibule en y établissant des
courants d'air facultatifs ; y établir un système de chauffage.
Il importera, d'autre part :
1° D'augmenter l'éclairage central de la coupole ;
2° De supprimer facultativement le jour aux deux extre-
mis au-dessus des panneaux peints.
i ■ ■
— 76 —
Les jours latéraux font le plus grand tort à l'effet artistique
desdites peintures; en les supprimant facultativement et en
augmentant la lumière centrale, la situation sera sensible-
ment améliorée.
Quand on aura remis les murs en bon état, on devra
prendre les mesures nécessaires pour faire restaurer ces
peintures d'une grande importance artistique.
£fii»e — Il a été procédé, le 19 mars 1902, à l'examen du
viiwii. vitrai| spécimen placé dans le chœur de l'église de Geys-
tingen (Limbourg).
Il résulte de cet examen que la série de vitraux pour
l'exécution de laquelle un subside a été promis sur les crédits
des Beaux-Arts peut être continuée et que la promesse du
subside précité peut être maintenue.
Il conviendra toutefois de recommander à l'artiste de
modérer l'emploi du jaune dans la poursuite de son œuvre
et de bien étudier la caractéristique des saints à représenter.
frise — Le 18 mars 1902, il a été procédé à l'examen du
d« HajMé.
dé^Siu. chemin de la croix placé dans l'église de Saint-Pierre, à
Huysse (Flandre orientale).
Celte entreprise ayant été effectuée dans de très bonnes
conditions, il y a lieu d'autoriser la liquidation du subside
promis par le Département de l'Agriculture, en vue de sa
réalisation.
egiii* — Il a été procédé, le 25 février 1902, dans l'atelier de
de l>*wl*rteetiw. ■
Tombe*., n Rooms> à l'examen du tombeau de la famille de Liede-
kerke que cet artiste est chargé de restaurer et de replacer
dans l'église de Denderleeuw (Flandre orientale).
M. Rooms procède d'une façon très judicieuse; il rétablit
sur le monument même, au moyen de plâtre, les parties
— 77 —
manquantes on celles qui ont subi des avaries. Quand le
monument sera ainsi complété, il passera à l'exécution en
pierre des parties à restaurer.
L'entreprise parait en bonne voie d'exécution.
On a conseillé à l'artiste :
1° De compléter les montants extrêmes par des pinacles,
lesquels semblent avoir existé autrefois; ce complément,
parait indispensable ;
2° D'établir contre les mêmes montants de petits dais
pour abriter les statuettes qui, sans aucun doute, y étaient
appliquées, leurs supports ou socles étant encore en
place;
3° De couvrir le monument d'une voûte légère ; certains
indices permettent de conclure que l'œuvre primitive était
couronnée de cette façon.
M. Rooms a été engagé à revoir la partie restituée de
l'ornement supportant les armoiries, dont la courbe manque
d'élégance.
— L'examen auquel il a été procédé, le 11 mars 1902, Monument
ily baron
de la maquette du monument à ériger à Arlon (Luxem- *ly:jJv0,*,B
bourg), à la mémoire de M. le baron Edouard Orban de hArt0B'
Xivry, a donné lieu aux observations suivantes :
1* Donner au médaillon la forme circulaire au lieu de la
forme ovale ;
V Améliorer les profils du soubassement du monument
surtout ceux de la face principale;
3' Supprimer les rainures dans le mur de soutènement;
4° Simplifier la plinthe de la balustrade;
3° Examiner si on ne pourrait simplifier le sommet des
deux pilastres d'avant.
— 78 —
t\>ur la grille, on donne la préférence au projet le pins
simple.
Il y a lieu de conseiller à l'artiste de supprimer le lion ;
c'est un motif très difficile à traiter et qui n'ajoutera rien à
l'effet d'ensemble du monument.
MoDom«Dt — A la demande de M. De Vreese, il a élé procédé, dans
commemoratif ' r '
d^e^Md^br. l'atelier de cet artiste, à l'examen de la maquette du monu-
ment commémoratif de la Bataille des Éperons d'or, laquelle
comporte les changements indiqués dans le rapport du
26 avril 1904.
L'ensemble de cette maquette a paru satisfaisant. On a
seulement fait à l'artiste quelques observations de détails
dont il tiendra compte lors de la poursuite de son entreprise.
Le travail de M. De Vreese est arrivé au point où il y a
lieu de lui délivrer l'acompte auquel il a droit en vertu de
son contrat.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a adopté :
orphelin 1° Le projet relatif à la restauration des façades de
et hospice
dM »c£onïm' l'orphelinat et de l'hospice des Chartriers, a Mons (Hainaut);
Mai»» 2° Le projet concernant la construction d'une maison
communale
deDiibeek. communale à Dilbeek (Brabant). L'auteur a tenu compte,
dans la mesure du possible, des observations qui lui avaient
été faites; dans ces conditions, la majorité des membres
présents de la Commission, cinq voix, a estimé qu'il y avait
lieu de viser les plans, tout en regrettant qu'ils n'aient pas
été rédigés dans le sens indiqué au précédent rapport (style
flamand); la minorité, trois voix, insistant sur ce qu'avait
.— 79 -—
demandé le Collège et sur ce qui n'a pas été fait, a rejeté les
plans.
— L'altenlion de la Commission ayant été appelée sur Mai»»
* ' ' communale
des travaux de restauration que Ton exécute à la maison d,°feryMChc-
communale d'Overyssche (Brabanl), édifice que Ton signa-
lait comme ayant quelque valeur artistique, il a été procédé,
le 10 mars 1902, à l'inspection de ce bâtiment.
M. Du mortier, membre du Comité des correspondants,
assistait à cette inspection.
La construction dont il s'agit parait avoir eu une certaine
importance autrefois, mais elle a subi de telles transforma*
tions qu'elle est aujourd'hui absolument nulle au point de
vue architectural. La remettre dans son état primitif, en
supposant que cela soit praticable en présence du peu d'élé-
ments archilectoniques qui en subsistent, aboutirait à une
reconstruction à peu près totale et à une restitution pure-
ment hypothétique.
Dans ces conditions, il ne reste qu'à laisser continuer les
travaux de restauration entrepris par les soins de l'Adminis-
tration communale dans les conditions où ils ont été entamés,
c'est-à-dire en réparant purement et simplement ce qui
existe.
— L'Administration communale d'Anvers a acquis, il y Ancienne
Boucherie
a quelque temps, l'ancienne Boucherie de cette ville, classée enfers.
parmi les monuments dont la conservation est d'intérêt
public.
Cet édifice, qui est destiné à recevoir le dépôt des archives
de la ville, nécessite des travaux de restauration importants.
Avant de faire dresser un projet complet et définitif de ces
travaux, la ville désire pouvoir faire exécuter, à titre d'essai,
— 80 —
quelques restaurations, du côté le moins en vue, à la façade
nord-ouest.
La visite à laquelle il a été procédé, le 7 avril 1902, a
démontré que le système de procéder d'abord à un essai de
restauration doit être encouragé. C'est le meilleur moyen
d'établir un accord entre les diverses autorités quant aux
limites à assigner à cette restauration. Une fois cet accord
intervenu, l'entreprise pourra s'exécuter sans interruption
dans des conditions satisfaisantes d'après le type arrêté.
Toutefois, l'échantillon dont il s'agit ne doit être établi que
sur une très minime surface.
Dans tous les cas, la restauration devra être bornée au
strict nécessaire, de façon à conserver au monument le
caractère ancien qu'il a aujourd'hui et qui donne tant de
charme à cette vénérable construction.
On ne pourra renouveler que les matériaux absolument
trop détériorés pour être maintenus en place ou dont l'état de
vétusté pourrait compromettre la conservation ou la solidité
du bâtiment. Gomme pour le renouvellement des pierres et
des briques, le rejointoyage se fera en recherche; on devra
se borner à boucher les seuls joints ouverts et surtout ne pas
empiéter sur les matériaux. Dans ce but, le rejointoyage
devra être opéré légèrement en creux, c'est-à-dire semblable
à l'ancien.
Il doit être entendu qu'avant d'entamer aucun travail de
restauration, on fera exécuter des photographies de l'édifice
à une assez grande échelle. Ces documents constitueront un
procès-verbal de la situation du monument avant sa restau-
ration et permettront de contrôler constamment si les travaux
se poursuivent dans les limites d'une stricte nécessité.
— 81 —
Gomme la Commission n'a pas été saisie officiellement de
la question des abords, elle s'est abstenue ici de s'en occuper.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été revêtus du visa :
i° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à rt^35J2ÎJt
Stembert (Liège) ; architecte, M. Monseur ; iïSSïèii
2* Le projet relatif à la construction d'un presbytère à
Molenbeek-Sainl-Jean (Brabant); architecte, M Janssens;
3° Le projet concernant la construction d'un presbytère à
Bouny, commune de Romsée (Liège) ; architecte, M. Soubre ;
4° Le projet relatif à la construction du presbytère de
Wesembeek (Brabant); au cours de l'exécution des travaux,
il conviendra que l'auteur, M. Syraons, ajoute un dormant
en bois à la porte d'entrée, afin de lui donner un aspect un
peu plus important; qu'il se borne, pour les châssis, à
l'exécution d'une seule traverse ;
5° Le projet concernant l'agrandissement du presbytère
de Mont (Namur), sous la réserve qu'il sera tenu compte
des recommandations faites par M. l'architecte provincial,
dans son rapport du 7 mars 1902; architecte, M. Lange;
6° Le projet d'agrandissement du presbytère de Merxplas
(Anvers) ; architecte, M. Taeymans ;
7° Le projet relatif à la construction de dépendances au
presbytère de Surice (Namur);
8° Le projet de restauration du presbytère d'Hacquegnies
(Hainaut) ; architecte, M. Clinquart.
— 82 —
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
(frite
de Ueignée.
Eglise
de l\ecog ne.
ÉgliM
de Liedekerke.
Église
de Boston*
Eglise de Loox.
Église
de Cambron-
Casleau*
Église
de Herflellogen.
Église
de Milmort.
La Commission a visé les plans relatifs à la construction
d'églises :
1* A Beignée, sous Ham-sur-Heure (Ilainaul), sous
réserve de prolonger les pilastres de la grande nef jusqu'à
la corniche, d'alléger la corniche sous la flèche et de revoir
l'amortissement du pied de la flèche qui ne se raccorde pas
bien à la maçonnerie de la tour, la hauteur des pénétrations
étant insuffisante; architecte, M. Dosveld;
2° A Recogne, commune de Noville (Luxembourg), à la
condition de tenir compte des recommandations faites par
le comité diocésain d'art chrétien; architecte, M. Cupper;
3° A Liedekerke (Brabanl); architecte, M. Van Roeleo;
4° A Bosson, sous Wêrbomonl (Liège), sous réserve
d'alléger la base de la flèche et d'orienter l'édifice en l'éri-
geant parallèlement à l'alignement de la roule; architecte,
M. E. Demany.
Ont aussi été visés les projets relatifs :
4° A l'agrandissement et à la restauration de l'église de
Looz (Limbourg). L'attention des architectes, MM. Lenerlz
et Martens, a été appelée sur l'utilité d'étudier avec soin
l'emplacement destiné au buffet d'orgue, de façon qu'il ne
masque pas la fenêtre de la façade principale de l'édifice;
2° A l'agrandissement de l'église de Cambron-Castcau
(Hainaut); architecte; M. Sonneville;
3° A l'agrandissement de l'église de Herffelingen (Bra-
bant); architecte, M. Demaeght;
. 4° A l'agrandissement et à la restauration de l'église de
— 83 -*
Milmort (Liège). L'attention de l'architecte, M. Lohest, a
été appelée sur l'escalier du jubé, qui parait trop important ;
sur le nombre de portes d'entrée, qui pourrait être diminué;
sur le porche, qui est trop vaste. Cet artiste a été engagé
aussi à abaisser un peu le seuil de la fenêtre éclairant le jubé
et h supprimer la corniche du pied de la flèche. Avant de
passer à l'exécution des travaux, il conviendra que M. Lohesl
fournisse un profil longitudinal de la route avec indication
de l'escalier d'accès à l'église; qu'il étudie à nouveau cet
escalier ainsi que le mur avec grillage de clôture.
Ainsi que les projets ci-après :
5° Établissement d'un pavement dans l'église d'Engs- £,»«
d*EDg»bergeiu
berge n, sous Tessenderloo (Limbourg), et construction de
dépendances à cet édifice;
6° Établissement d'un carrelage dans le chœur de l'église é8um de H»eien.
de Haeien (Limbourg) et placement de meubles dans cet
édifice. Au cours de l'exécution du maître-autel il y aura
lieu de prolonger davantage la marche supérieure; telle
qu'elle figure au plan, sa disposition offrirait du danger pour
les officiants lors des grandes cérémonies religieuses; archi-
tecte, M. Lenertz;
V Agrandissement du jubé de l'église d'Aye (Luxem- M^Aye.
bourg); architecte, M. Gupper;
8" Achèvement de la tour de l'église de Jehanster, sous Édite.
Polleur (Liège); architecte, M. Vivroux;
El, enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux objeu mobilier*
d'églises.
églises de :
Bouckhout (Limbourg) : buffet d'orgue ;
Nimy (Hainaut) : buffet d'orgue;
Fontaine- Valmonl (Hainaut) : mobilier complet ;
1
- 84 —
Notre-Dame-Auxiliatrice, à Tournai (Hainaut) : buffet
d'orgue ;
Suxy (Luxembourg) : deux autels latéraux et banc de
communion ;
Florenville (Luxembourg) : buffet d'orgue ;
Montplainchamps (Luxembourg) : deux autels latéraux et
chaire à prêcher ;
Denderleeuw (Flandre orientale) : mobilier complet;
Smetlede (Flandre orientale) : raaitre-autel et stalles ;
Boucle-Sainl-Denis (Flandre orientale) : mobilier complet;
Leeuw-Saint-Pierre (Brabant) : autel dédié à la Sainte-
Vierge ;
Pont-au-Ry, commune de Mettet (Namur) : deux confes-
sionnaux ;
Steendorp (Flandre orientale) : maitre-autel et stalles;
Neeroeleren (Limbourg) : chaire à prêcher.
egiitedê — Il a été procédé, le 25 novembre 1901 , à la visite des
Saiute-Walburff, f
>Furnor travaux d'agrandissement et de restauration de l'église de
Sainte- Walburge, à Fumes, de concert avec M. Van Ruym-
beke, membre du Comité des correspondants de la Flandre
occidentale.
Cette visite avait surtout pour but d'apprécier si les con-
structions romanes, restes de l'église primitive dont quelques
parties subsistent encore, sont suffisamment intéressantes
pour mettre obstacle au prolongement éventuel, soit partiel,
soit total de l'église.
Un examen minutieux de ces restes de la vieille église a
démontré que leur valeur architeclonique n'a pas l'impor-
tance qu'on parait leur avoir attribuée. Sans doute, ils
offrent un certain intérêt archéologique et un aspect véné-
— 85 —
rable; il est même probable que ce sont les débris de l'église
édifiée par Baudouin III dit le jeune. Mais il n'y a plus là
aucun élément architectonique important ni aucun détail
marquant On n'y retrouve môme plus une arcade complète
de la nef ni de sa galerie haute ou triforium. Il ne reste, en
définitive, que quelques pans de murs en moellons ayant
subi de nombreux et importants bouleversements et des
remaniements opérés au moyen de briques.
Si, il y a quelques années, on a insisté pour obtenir la
conservation de ces restes archéologiques, c'est parce qu'ils
ne contrariaient guère le travail d'agrandissement tel qu'il
avait été arrêté à celte époque. Mais aujourd'hui qu'un
agrandissement plus important est réclamé et qu'il est
sérieusement question de réserver la possibilité de pour-
suivre un jour l'achèvement de cette splendide église sur
tout le développement que les chanoines du xiit* siècle
avaient conçu, on ne saurait hésiter un seul instant à sacri-
fier ces quelques pans de murailles croulantes.
Si, à défaut de ressources on ne peut songer à réaliser dès
maintenant cette idée grandiose, il importe au moins que
Ton ne fasse pas des travaux qui auraient pour conséquence
d'en empêcher la réalisation future. Bien plus, il semble que
Ton doive faciliter celte solution, désirable à tous les points
de vue, en la préparant dès aujourd'hui par l'édification
immédiate d'une couple de travées des nefs. A cet effet, les
murs intérieurs édifiés à tort entre les colonnes du transept
et entre ces colonnes et le vieux mur roman doivent dispa-
raître immédiatement.
À la demande de la Commission, M. Van Assche a
diminué l'importance de la flèche centrale; au cours de
— 86 —
l'éxecution des travaux, il fera bien de remplacer les trompes
des tourelles par des culs-de-lampe. On l'a engagé aussi à
examiner s'il n'y aurait pas lieu de faire passer le triforium
devant la grande fenêtre du transept.
Gomme il est probable que l'édifice ne sera pas tout à fait
achevé d'ici à longtemps, il semble qu'on ne puisse se
dispenser d'ériger une façade un peu plus complète que si
elle était absolument provisoire. La dépense n'en sera guère
plus élevée et si, plus lard, on reprend les travaux de parfait
achèvement, la partie à démolir ne sera pas bien considé-
rable.
Les travaux de construction du transept, en voie d'exé-
cution, s'effectuent d'une façon convenable. On doit toutefois
regretter que l'on ail construit en pierre et non en brique
le larmier de la petite fenêtre du transept sud. II n'y a pas,
dans tout l'édifice, d'exemple de larmier en pierre.
Une fenêtre des chapelles du pourtour du chœur a été
restaurée il y a quelques années. Ce travail est loin d être
irréprochable; les pierres des réseaux sont médiocrement
taillées et les briques mises en œuvre sont d'une tonalité
beaucoup troprougequi contraste avec les briques anciennes.
En ce qui concerne cette tonalité de brique, pourquoi ne
pas imiter à Furnes ce que l'on fait si bien à Nieuport?
Pourquoi tout au moins ne pas rapprocher la manière de
Furnes de la bonne manière de Nieuport? Tous les membres
de la Commission royale attirent sur ce point la très sérieuse
attention de leur distingué collègue, M. Van Assche, le
maître des deux œuvres.
Les abords de l'église de Sainte- Walburge sont très mal
entretenus. L'humidité y séjourne en permanence par suit
— 87 —
de fumiers, de monceaux d'ordures, e(c, accumulés contre
les murs de l'édifice par les habitants des maisons dont les
cours touchent à l'église. II importe que l'on prenne des
mesures immédiates pour mettre fin à cette situation qui
peut compromeltre la solidité du monument.
L'église de Sainte-Walburge possède un beau triptyque
de Karel Van Yprc, dont le panneau central est enchâssé
dans la boiserie de l'autel de Sainte-Catherine, tandis que
les volets sont accrochés au mur du transept. Cette œuvre
importante parait nécessiter quelques mesures de conser-
vation. H y aura lieu d'en profiter pour réunir les trois
panneaux à l'effet d'en constituer un retable d'autel.
— Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le <««■•*■ t*i«*.
90 mars 1902, que le terrain destiné à l'emplacement de la
nouvelle église du Tuquet, sous Mouscron (Flandre occi-
dentale), est convenable.
Rien n'empêche d'orienter l'édifice tout en respectant les
intérêts des donateurs de l'emplacement, la partie de terrain
réservée par eux, pour la bâtisse, étant sensiblement la
même, l'église étant orientée ou non.
D'autre part, les craintes émises par le conseil de fabrique
en ce qui concerne l'aspect défavorable que présenterait
l'édifice érigé parallèlement à la chaussée, ne sont nullement
fondées. Cet effet sera supérieur au point de vue architec-
tural et pittoresque à celui qu'il présenterait si la façade
principale seule était vue.
On ne tient pas suffisamment compte des avantages
incontestables qui résultent de la bonne orientation des
édifices religieux. D'abord il est toujours désirable de voir
respecter une ancienne tradition liturgique; ensuite, il
— 88 —
importe de ne pas perdre de me que cette tradition est aussi
en correspondance avec les exigences de notre climat. Sous
ce rapport, l'église du Tuquet a plus besoin encore que
d'autres d'être orientée. Le terrain sur lequel elle sera assise
est situé sur une colline en déclivité vers l'ouest. Il en résulte
que l'édifice sera particulièrement exposé aux vents violents
et humides. Il est donc indispensable de le protéger dans la
mesure du possible en exposant aux mauvais vents Tune de
ses petites faces. De plus, la tour étant placée à l'ouest, elle
protégera toute la partie haute du vaisseau.
Ces considérations, dictées par l'expérience, méritent de
fixer l'attention des autorités locales chargées de l'entretien
du monument. Or, l'entretien d'une église qui présente l'un
de ses flancs à l'ouest est, à la campagne surtout, à peu
près impossible. En tous cas, c'est un entretien très coû-
teux qui ne suffit même pas à arrêter la ruine de la con-
struction.
De nombreux exemples de constructions érigées il y a peu
d'années et qui sont déjà dans un état de conservation
déplorable sont là pour nous avertir qu'il faut absolument
tenir la main à ce que toute nouvelle église soit orientée à
moins d'impossibilité manifeste résultant de la situation des
lieux. Ce cas n'existe pas ici ; par conséquent, il importe que
l'édifice soit érigé conformément au nouveau tracé joint au
dossier. Si la construction telle qu'elle figure à ce tracé est
trop rapprochée de la rue du côté du chœur, rien n'empêche
de la reculer un peu vers l'ouest ou de remanier la dispo-
sition des sacristies.
A la demande du Collège, M. l'architecte Garette a apporté
aux plans de l'église quelques modifications. Il a également
— 89 —
revu le projet do presbytère. Ces projets étant susceptibles
d'être mis à exécution, ont reçu le visa.
— Il résulte d'une inspection à laquelle il a été procédé, ch*pèiie
ri r do S»intf-MarW\
le 13 mars 1902, que la chapelle de Sainte-Marie, à Ans É Am-
(Liège), n'est pas, à beaucoup près, suffisante pour les
besoins du culte. Cette chapelle, ou plutôt cette espèce de
hangar, ne peut guère contenir que 250 personnes, alors
que la population de la paroisse atteint environ 2,400 âmes.
C'est d'ailleurs une construction aussi insalubre que
chétive, élevée dans les conditions les plus parcimonieuses.
Il n'y a pas de plafond, la hauteur intérieure est insuffisante.
La toiture est en zinc; enlevée totalement avec sa charpente
et le sommet des murs, l'année dernière, par un ouragan,
elle a encore été menacée d'une catastrophe semblable, il y
a peu de temps. Il est même urgent de se préoccuper de
celle situation dont il pourrait résulter des accidents
graves.
La nécessité de doter cette importante paroisse d'une
église convenable est évidente; la situation actuelle ne peut
que s'empirer, la population augmentant d'une façon con-
stante. Partant de ce point de vue, on doit même se
demander si la superficie indiquée au projet soumis pour la
construction de la nouvelle église, est suffisante. Il semble
que l'édifice devrait être augmenté au moins^ d'une travée.
En tous cas, la tour devrait être établie en avant de la nef
au lieu d'être enclavée dans celle-ci. Ce parti aura encore
pour avantage d'étendre la surface réservée>ux fidèles.
L'emplacement proposé pour le futur temple est conve-
nable. Toutefois, il importera d'établir Taxe de'la construction
de façon que le chœur soit dirigé aussi exactement que
— 90 —
possible vers l'orient. Il n'y a nulle nécessité d'ériger l'édifice
perpendiculairement à la chaussée.
m tfiife*» — A la demande du conseil de fabrique de Bilsen-la-
Ville, il a été procédé, le 5 mars 1909, à l'inspection de
l'église paroissiale, qui doit être agrandie et restaurée.
M. l'abbé Daniels, membre du Comité des correspondants
du Limbourg, assistait à cette inspection.
Il s'agissait surtout d'examiner quel est le moyen le plus
pratique d'agrandir l'édifice, les autorités locales ne parais-
sant pas tout à fait d'accord sur ce point.
Après une visite attentive de toutes les parties de la con-
struction, il a été reconnu que du côté de la tour, comme
du côté du chœur, il ne peut être question d'opérer des
démolitions, ces parties étant les plus intéressantes de
l'édifice; du reste, elles figurent au tableau des édifices
monumentaux du culte.
Dans cette situation, il ne reste qu'un parti à prendre,
celui d'étendre l'église latéralement, en élargissant les bas-
côtés dans la mesure du possible, tout en restant dans les
limites imposées par les nécessités de la voirie.
Le plan d'agrandissement devra être combiné de façon
que les faces latérales de la tour restent dégagées le plus
possible.
Il conviendra aussi d'étudier le moyen d'installer le jubé
et l'orgue à côté du chœur dans le prolongement de la basse
nef sud. De celle façon on pourra dégager l'intérieur de la
tour, dont la superficie est importante, en a (Te c ter le rez-de-
chaussée au service des fidèles et mieux assurer l'éclairage
de la haute nef vers l'ouest.
ÉgiiM — H a été procédé, le 19 mars 1902, à l'examen du
de KenenicfcL.
— 91 —
maitre-autel, de la chaire et du banc de communion placés
dans l'église de Kessenich.
M. l'abbé Daniels, membre du Comité des correspondants
du Limbourg, assistait à cet examen.
Les meubles dont il s'agit étant convenablement exécutés,
il y a lieu d'autoriser la liquidation du subside promis, sur
les crédits des Beaux-Arts, en vue de leur réalisation.
L'église de Kessenich possède une croix triomphale ayec
les statues de la Sainte-Vierge et de Saint-Jean. Il y aura
lieu de faire remettre ces œuvres d'art à leur emplacement
normal; avant cette opération, il faudra soumettre aux
autorités compétentes le projet de renouvellement de la
croix, celle qui existe étant d'une conception et d'une exé-
cution plus que médiocre et de beaucoup postérieure aux
figures.
La cuve baptismale en pierre est intéressante; elle
remonte à la dernière période ogivale. Son état de conser-
vation est satisfaisant.
— Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le «ch« primaire
17 mars 1902, que les objets mobiliers placés dans l'église
primaire de Saint-Nicolas (Flandre orientale), ont été exé-
cutés dans de très bonnes conditions.
Il y a lieu, en conséquence, d'autoriser la liquidation du
subside promis par le Département de l'Agriculture en vue
de ladite entreprise.
— L'autel latéral placé récemment dans l'église de Peer M* *• re«.
(Limbourg), a fait l'objet d'un examen, le 19 mars 1902,
de concert avec M. l'abbé Daniels, membre du Comité pro-
vincial des correspondants.
L'exécution du meuble dont il s'agit a été traitée d'une
— 92 —
façon satisfaisante. Il y a lieu, conséquemmenl, de liquider
le subside promis pour ce travail sur les crédits des Beaux-
Arts.
Il est urgent d'appeler l'attention des autorités locales sur
l'état de dégradation dans lequel se trouve la tour de l'église
de Peer. Cet édifice majestueux, l'un des plus importants de
la Gampine limbourgeoise, se détériore d'une façon tellement
rapide par suite de l'infiltration des eaux pluviales dans les
maçonneries, que bientôt il ne sera plus possible d'y porter
remède sans recourir à des reconstructions coûteuses et
regrettables.
La situation est grave; l'autorité communale fera bien de
s'en préoccuper activement, sa responsabilité étant fortement
engagée en raison des accidents qui peuvent se produire
d'un moment à l'autre par la chute de matériaux. Il est
indispensable que les travaux les plus urgents soient effec-
tués pendant la présente campagne.
d.s5Slrim« — " résulte d'un examen auquel il a été procédé que le
à uZt^â: mobi|ier p|acé dans régl|se de saint-Pierre, à Sainl-Trond
(Limbourg), a été exécuté d'une façon satisfaisante.
En conséquence, il peut être donné suite à la liquidation
du subside alloué par le Département de l'Agriculture en
vue de ladite entreprise.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
Ken»* 1* Le projet relatif à la restauration de la tour de l'église
«le Hériter.
de Merlaer, sous Vorst (Anvers). Il y aura lieu toutefois, au
— 93 —
cours de l'exécution des travaux, de lenir compte des obser-
vations formulées par le comité diocésain d'art chrétien,
dans son rapport du 3 décembre 1901 ; architecte, M Taey-
mans;
2' Le projet d'une troisième série de travaux de restau- &:■«
r ¥ de Sftint-Qttealio,
ration de l'église de Saint-Quentin, à Lou vain (Bra ban t); àLooTain-
architecte, M. Langerock;
3° Le projet de travaux de restauration à effectuer à A fe"*
90 de Doveate.
l'église de Bovesse (Namur) ;
4° Le projet de restauration des toitures de l'église de ^w * dk*.
Dhuy (Namur); architecte, M. Lange;
5* Le projet de travaux de réparation à effectuer aux Un* <i'o !«*»•.
toitures de l'église d'Odeigne (Namur) ;
6° Le projet relatif à l'exécution de travaux de restau- M«« de sibr*.
ration à l'église de Sibret (Luxembourg); architecte,
M. Gupper;
7° Le projet concernant l'exécution de travaux de répa- £«<:•«• d«
Kon«su-ea-Pafme
ration à l'église paroissiale de Boussu-en-Fagne et à l'annexe "l dc GéronMrt-
de Géronsart (Namur) ; architecte, M. Hautier;
8° Le projet de travaux de réparation à effectuer à l'église '(»««
de Tongrinne.
de Toogrinne (Namur) ;
9° Le projet de restauration de la tour de l'église M* rfHingeon.
d'Hingeon (Namur); architecte, M. Simon;
10* Le projet de restauration de l'église de Dochamps *gii.e
de DochimiM.
(Luxembourg) ;
11* Le projet de restauration des arcalures intérieures et m*
,, , . de Nccroeterea.
d exécution de la sculpture des culots sous ces arcatures, à
l'église de Neeroeteren, sous la réserve qu'au cours des
travaux on variera davantage la sculpture des culots. Si,
comme le fait remarquer M. l'architecte provincial, les
— M —
pierres d'attente n'ont pas les dimensions voulues pour qu'il
soit possible d'exécuter les culots tels qu'ils figurent au
dessin soumis, rien n'empêche de lés rendre plus petits. En
tous cas, il ne parait pas admissible que les blocs bruts dont
il s'agit aient été posés pour rester tels quels; s'ils n'ont pas
été sculptés, c'est apparemment par suite d'une circonstance
indépendante de la volonté du constructeur ;
Éguie 12° Le projet définitif de restauration du triforium de
de Noire-Dame,
■ nue*, féglise de Notre-Dame, à Bruges (Flandre occidentale);
architecte, M. De Wulf ;
Et»* 13° Le projet relatif à l'exécution de travaux de restau*
d'Aveceppetle. r '
ration à l'église d'Àvecappelle (Flandre occidentale) ; sous
la réserve de varier le tracé des réseaux des fenêtres; archi-
tecte, M. Nolf ;
érum 14° Le projet de restauration de la tour de l'église d'Elli-
d'BHîgniee-
saiDie-Aone. gnies-Sainte-Anne (Hainaut) ; architecte, M. Leborgne ;
égtiM 15° Le projet concernant la restauration de l'église
d'Ormeignie*. r J °
d'Ormeignies (Hainaut); architecte, M. Risselin;
Église de Moera. 16° Le projet de restauration de la tour de l'église de
Moere (Flandre occidentale), moyennant de tenir compte
des observations émises par M. l'inspecteur-architecte pro-
vincial; architecte, M. Nolf;
Et»»»* 47° Le projet relatif à la restauration de la toiture du
de Mévergoie». * *
clocher de l'église de Mévergnies (Hainaut); architecte,
M. Eyckmans;
Égiue dm!*». 18° Le projet de restauration de l'église d'Ellicom (Lim-
bourg); architecte, M. Wellens;
Église 49' Le projet relatif à la restauration de la tour de l'église
de Waremme.
de Waremme (Liège). Au cours de l'exécution des travaux,
la corniche projetée au pied de la flèche devra être sup-
— 95 —
primée ; elle produirait an effet déplorable. Il conviendra
aussi que le devis soit rectifié en mettant les ardoises indi-
gènes en concurrence avec celles de l'étranger ; architecte,
H. Bricteux.
— Il a été procédé, le 13 mars 1902, à l'inspection de **"•• ** Z"«>«.
l'église de Zande (Flandre occidentale).
L'édifice dont il s'agit est complètement débadigeonné
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, hormis la tour qui s'élève
au centre du transept.
Les murs de l'église sont fortement lézardés ; la majeure
partie des contreforts sont disloqués par suite de tassements
dus aux défauts du sol.
Cet édifice, peu intéressant, a clé plusieurs fois modifié à
plusieurs siècles d'intervalle. On y remarque des agrandis-
sements de nefs et aussi des traces de nefs disparues.
Les voûtes en bardeaux, de bois de sapin, n'offrent rien
de remarquable ; les meneaux et réseaux des fenêtres qui
primitivement devaient être en briques, sont aujourd'hui
en petit granit.
La tour seule est remarquable, elle parait être en très bon
état. Cette tour figure déjà dans la troisième classe des
édifices monumentaux du culte. Il n'y a pas lieu d'étendre
le classement au reste de l'église.
— Il résulte d'une inspection à laquelle il a été procédé figuu
. de Hcppigoies.
le 3 avril 1902, de concert avec MM. Gador, Devillers et
Hubert, membres du Comité des correspondants du Hainaut,
que la flèche de l'église de Heppignies se trouve dans un
état très grave ; le danger d'écroulement est très grand ; cet
accident pourrait se produire d'un moment à l'autre en occa-
sionnant des malheurs irréparables. Il importe donc de
— 98 —
rangée dans ia troisième classe des monuments du culte.
L'inspection, qui vient d'en être faite, ne permet point d'en
douter. Ce modeste édifice est un intéressant type de petite
église rurale; il importe conséquemment d'aider les* admi-
nistrations locales à le conserver.
Les travaux de restauration récemment exécutés sous la
direction de M. l'architecte De Wulf ont été effectués avec
beaucoup de soins. Ceux qui restent à faire pour achever
celle restauration sont de peu d'importance et n'auront guère
d'influence sur les budgets des pouvoirs publics appelés à y
contribuer,
tigit* — U a été procédé, le 25 février 1902, à l'examen, sur
de Saint- Bavoo, r
àG«nd. p|ace> (fa projet relatif à la reconstitution des entrées primi-
tives de la crypte de l'église de Saint-Bavon, à Gand.
MM. Van Biesbroeck et Yanderhaegen, membres du
Comité des correspondants de la Flandre orientale, assis-
taient à cet examen.
L'escalier donnant actuellement accès à la crypte doit
disparaître par suite de l'installation de YHeilig Graf dans le
local où il a son point de départ.
D'un autre côté, étant donnée l'importance artistique et
archéologique de cette vaste crypte, il semble nécessaire
qu'elle soit desservie, comme Tétaient, du reste, la plupart
des cryptes, par deux escaliers et que ces derniers soient
établis dans des endroits bien visibles et d'un accès facile.
On atteindra ce but en rétablissant tout simplement les deux
escaliers primitifs dans leurs dispositions originelles; ce qui
est d'ailleurs conforme aux principes d'une bonne restau-
ration. Il faudra veiller toutefois à ce que la première
marche descendante de chaque escalier n'avance pas plus
— 99 —
dans le transept que la première marche mon (an te de
chacun des escaliers donnant accès à l'ambulatoire du
chœur.
Le rétablissement des entrées primitives de la crypte est
également très désirable à un autre point de vue : il per-
mettra de reconstruire immédiatement les parties inférieures
des colonnes témérairement entaillées au xviii* siècle pour
Installation de grandes plaques de marbre. Toutes les
colonnes du chœur ont subi les mêmes mutilations; on les a
entamées à droite, à gauche, à une grande profondeur dans
leurs œuvres vives. Il n'est pas superflu, la Commission l'a
déjà déclaré en 1900, de se préoccuper de cette situation
capable de compromettre, à un moment donné, l'existence
même du monument.
Dans la crypte sont déposés deux grands monuments
funéraires renaissance, en marbre, qui se trouvaient autre-
fois dans des chapelles du pourtour du chœur, d'où on a dû
les enlever pour permettre la restauration desdites chapelles.
Ces monuments ont une certaine valeur artistique ou histo-
rique. On devra les installer contre les murs de l'entrée sud-
ouest de l'église, à l'exemple de ce qui a été fait, à l'intérieur
de la tour, pour d'autres monuments de même provenance,
et où ils produisent un effet satisfaisant.
Par un rapport du 4 décembre 1897, la Commission a eu
l'honneur de prier M. le Gouverneur de la province de
vouloir bien charger le Comité des correspondants de
dresser un inventaire de tous les objets d'art qui sont remisés
dans la crypte de la cathédrale, en indiquant, si possible, la
provenance de ces œuvres dont plusieurs semblent présenter
un réel mérite artistique. :* v . •
« /
— 100 —
II semble utile de ne pas perdre cette affaire de vue.
uJvSSVSïrn. — Le 14 avril 1902, il a été procédé à l'examen des
échantillons d'enduit avec tracés d'appareils, effectués à
l'intérieur de l'église de Leeuw-Saint-Pierre.
M. Lïcot, membre du Comité des correspondants du
Brabant, assistait à cet examen.
Le travail décoratif qu'on propose aujourd'hui est tout à
fait prématuré. Des modifications importantes devant être
exécutées aux fenêtres des bas-côtés pour qu'elles s'harmo-
nisent avec le style dominant de l'édifice, il importe de s'en
tenir d'abord à un enduit tout uni et de réserver la partie
décorative des murs. Lorsque les travaux de restauration
seront entièrement terminés, on examinera quel genre de
rusticage convient et quelle est l'échelle qu'il devra com-
porter pour être en rapport avec celle des chaînages irrégu-
liers des fenêtres. Il semble désirable que le rusticage soit
établi suivant les traditions de 1 époque; par conséquent, il
ne devrait pas se borner à un simple tracé rappelant un
appareil ordinaire de pierre.
Les murs du transept faisant face aux bas-côtés offrent
deux vastes panneaux très bien aménagés pour recevoir
des fresques] historiées. Il conviendra de préparer, dès
maintenant, un enduit spécial propre à recevoir sem-
blable décoration lorsque les ressources locales le per-
mettront.
Il y a lieu de rappeler au conseil de fabrique le dernier
paragraphe du rapport de la Commission en date du
9 mai 1900, concernant la nécessité de faire nettoyer et
revernir et de replacer ensuite dans l'église le tableau pro-
venant du maitre-autel.
— loi —
— Il a été procédé, le 17 avril 1902, à une inspection gjfgj*,^
des travaux de restauration qui s'exécutent à l'église de kL,errc#
Sainl-Gommaire, à Lierre.
MM. Smekens, Van Gaster et Donnet, membres du
Comité des correspondants de la province d'Anvers, assis-
taient à cette inspection.
Il a été constaté que les ouvrages dont il s'agit s'effectuent
dans des conditions satisfaisantes.
L'attention de l'architecte, présent à la visite, a été appelée
sur l'obligation qu'il y a, pour le renouvellement des pierres,
qui sont en trop mauvais état pour être maintenues, de con-
server scrupuleusement la hauteur des assises anciennes. Il
y a eu un peu de laisser-aller sous ce rapport, notamment
aux niches décorant des contreforts du pourtour du chœur.
Il est nécessaire d'employer la pierre de Gobertange pour
les renouvellements à faire aux parements; leur faible hau-
teur d'assises permet de faire usage de celte pierre; la roche
d'Ëuville ne doit être mise en œuvre que quand il s'agit
d'assises de hauteur inusitée; elle ferait tache dans les
parements.
Le rejointoyage ne doit être effectué que là où il est
indispensable pour boucher les joints ouverts. Il doit être
naturel, suivre l'irrégularité des joints, être opéré au moyen
de mortier ordinaire non teinté et légèrement en creux.
Il est nécessaire d'ouvrir et de restaurer les deux fenêtres
bouchées de la belle chapelle s'ouvrant sur le transept nord
vers l'orient; l'ouverture de ces baies n'implique nullement
la disparition de l'autel renaissance qui y est adossé et qui
ne manque pas de mérite.
Il est regrettable de devoir employer le zinc pour les
— 102 —
tuyaux de descente dans un monument de cette importance
et de cette valeur artistique. En tous cas, on doit faire en
sorte que les eaux qu'ils déversent ne séjournent pas au pied
des murailles. A celle fin, il est urgent de remanier le
pavage des trottoirs et de lui donner une pente suffisante
pour assurer le libre et rapide écoulement des eaux plu-
viales.
Plusieurs urinoirs sont accolés aux murs de l'édifice, leur
entretien laisse à désirer et il est très probable que les
moyens d'écoulement font défaut. Par suite, des infiltrations
dans les fondations doivent inévitablement se produire. On
ne saurait trop conseiller d'enlever ces réservoirs et de les
remplacer par un édicule à établir à une certaine distance
du monument.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Yu en conformité de Tari. 25 du règlement.
Le Président,
Gh. Lagassk-de Locht.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS- VERBAUX.
^0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0*0
SÉANCES
des 3, 17, 24 et 31 mai ; des 7, 14, 21 et 28 juin 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
!• L'essai de renloilage et de restauration de l'un des six Égu*ede
tableaux enchâssés dans les lambris du chœur de l'église de 'Tibi^».
Bois-de-Lessines (Hainaul);
2* Le projet relatif au placement de deux vitraux dans la figu*
■ * ■ de Saint-Pierre,
claire-voie du chœur de l'église de Sainl-Pierre, à Louvain *$££•
(Brabant). L'attention de l'auteur, M. Osterralb, a été
appelée sur les types des figures, qui devraient être plus
variés. Quand une verrière sera placée, il conviendrait
qu'on en avertit le Collège. Il fera examiner ce travail par
des délégués ;
3° Le projet d'une verrière à placer dans redise de Egu*>
r * r c de Notre-Dame,
Noire-Dame, à Sainl-Trond (Limbourg); auteur, M. Ladon; *%,-£? d-
— 104 —
M* 4° Les dessins de vitraux à placer dans l'église de
de Resieigne. * **
viirati.. Resleigne (Namur) ; auteur, M. Bardenhewer ;
fisiisa • 5° Le projet relatif au placement d'un vitrail dans le
de WesWlcleren. r * r
viimii. chœur de l'église de Westvleteren (Flandre occidentale),
sous réserve de mettre la translucidité des médaillons du
tympan en harmonie avec celle des lumières du vitrail. Le
visa est subordonné à une bonne exécution du projet, ce qui
devra être vérifié en temps opportun ; auteur, M. Casier ;
Égiue 6° Le projet relatif à la restauration d'un calvaire qui se
de l.inuneao. • * *
chaire. trouve dans l'église de Linsmeau (Brabant) ; auteur, M. Van
Gramberen.
*«.•« de — Il a été procédé, le 21 mai 1903, à l'examen de pein-
n.a0»k" tures murales qui se trouvent dans l'église de Saint-Germain
(Namur), dont l'existence a été signalée par M. Boveroulle,
architecte provincial et membre du Comité des correspon-
dants.
Ces peintures n'offrent d'intérêt à aucun point de vue.
Loin de se rapporter à la période romane à laquelle appar-
tient la construction primitive de l'église, actuellement en
voie d'agrandissement, ces peintures sont probablement de
la seconde moitié du xviu* siècle et, par l'exécution, ne
méritent pas le nom d'oeuvres d'art.
II n'y a donc aucune mesure à prendre en ce qui les con-
cerne et, dans les travaux de reconstruction dont le chœur
de l'église où elles se trouvent est l'objet, elles peuvent
disparaître sans inconvénient.
Hôtd de ville — II a été procédé, le 19 juin 1902, dans la grande salle
peloton»' échevinale, à l'étage de l'hôtel de ville de Bruges (Flandre
décoratives.
occidentale), à l'examen de deux panneaux décoratifs du
fond de ladite salle et représentant une foire tenue à Bruges,
— 405 —
peintures laissées inachevées par feu Àlberl De Vriendl.
M. Julien De Vrieudt, chargé d'achever l'œuvre délaissée
par son regretté frère, avait exprimé le désir d'être présent
lors de la visite à Bruges. Il a renseigné la délégation sur
les diverses clauses du contrat intervenu pour l'exécution de
l'ensemble du travail décoratif de la salle.
Après avoir examiné attentivement les deux panneaux
inachevés et reconnu ce qui reste encore à y faire pour les
terminer complètement, la délégation a fixé à 4,000 francs
la valeur de ces travaux.
— Le 19 juin 1902, il a été procédé, dans l'atelier de éKii.e
de KcAenicb.
M. Dobbelaere, à l'examen du vitrail-spécimen destiné à Vilraax-
l'église de Kessenich (Limbourg).
La verrière dont il s'agit a été convenablement traitée.
L'attention de l'artiste a seulement été appelée sur la conve-
nance d'accentuer davantage la baguette qui sépare l'enca-
drement du sujet, afin que ces deux parties du vitrail soient
mieux dégagées Tune de l'autre. M. Dobbelaere s'est engagé
à tenir compte de cette observation dans la suite de son
travail.
Sous cette réserve, il y a lieu d'autoriser l'exécution de la
série des cinq vitraux projetés pour le chœur de ladite église.
— Il a été procédé, le 16 juin 1902, dans le parc de Mutée de g™<\.
Groupe.
Gand, à l'examen du groupe exécuté par M. Van Biesbroeck
représentant € deux hommes plantant un mât » et placé en
face du nouveau musée des Beaux-Arts, en voie de con-
struction.
MM. De Waele et Serrure, membres du Comité des cor-
respondants de la Flandre orientale, assistaient à cet examen.
Le groupe dont il s'agit, exécuté en bronze, constitue une
— 106 —
œuvre asseï intéressante. Il est posé sur un tertre en forme
de cône. Il conviendra de conserver à ce tertre son aspect
réel de support en évitant de l'amoindrir par des guirlandes
de fleurs d'une coloration claire.
L'intervention de l'État dans les frais d'exécution de
l'œuvre parait justifiée.
Hôuid.TH». — À la demande de M. Dillens, il a été procédé, le
l.uZ: \q juiD i9039 à l'examen du modèle en plâtre, grandeur
d'exécution, de l'une des statues de la façade de l'hôtel de
ville de Gand, dont l'esquisse a été adoptée par la Commis-
sion, le 23 novembre 4900.
MM. DeWaele, Serrure et Lybaert, membres du Comité
des correspondants de la Flandre orientale, assistaient à cet
examen.
Ce modèle, exécuté par M. De Beule, d'après l'esquisse
produite par M. Dillens, est bien traité; toutefois, la partie
inférieure de la statue quoique ayant été allégée suivant les
indications du Collège, est encore trop volumineuse. Lors de
l'exécution en pierre, ce défaut devra être corrigé; il importe
que la figure n'empiète pas sur les moulures de la niche.
Les trois statues ornant la tourelle d'angle, dont les
modèles en grand ont été exécutés par M. Dillens lui-même,
sont exécutées en pierre; ces œuvres sont satisfaisantes.
Les quatre statues placées récemment et définitivement à
la gauche du spectateur vers une extrémité de la façade
gothique, ne sont pas d'une exécution aussi heureuse que les
précédentes. Il est regrettable que les artistes n'aient pas
tenu suffisamment compte de la recommandation faite par
le paragraphe final du rapport du 23 novembre 1900,
quant à la nécessité d'alléger la partie inférieure des figures ;
— 107 —
il eût convenu aussi que les modèles en grand fussent pré-
sentés sur place. Il semble que la recommandation précitée
n'a pas été communiquée aux statuaires, sinon, M. De
Beale, lors de l'inspection, n'aurait pas posé la question de
savoir s'il faut suivre exactement, dans toutes leurs parties,
les esquisses remises aux divers statuaires appelés à con-
courir à la décoration du monument. La recommandation
prérappelée avait, d'avance, résolu cette question.
Quoi qu'il en soit, les quatre dernières figures ont une
largeur exagérée et dépassent le cadre qui leur était assigné.
La première, à gauche du spectateur, accuse surtout ce
défaut; en outre, ses accessoires sont trop lourds.
Il conviendrait d'étudier le moyen d'apporter quelques
corrections en vue de faire mieux entrer ces quatre statues
dans leurs niches et d'alléger les accessoires de la première.
En tous cas, il importe que tous les socles des statues
soient mis en harmonie avec le motif architectural qui leur
sert de rapport et restent en retraite sur celui-ci.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Le projet concernant l'exécution de travaux d'appropria- n* de juuee
tion au Palais de Justice de G and, a fait l'objet d'un examen,
surplace, le 46 juin 1902.
MM. l'ingénieur en chef, directeur des ponts et chaussées
de la Flandre orientale, et ses adjoints, ainsi que MM. Moreau
et Bouckaert, délégués par M. le Ministre de la justice,
M. l'avocal-général près la Cour d'appel, Callier, et MM. De
Waele et Serrure, membres du Comité des correspondants
— 108 —
de la Commission royale des monuments, assistaient à cet
examen.
Il résulte de l'échange de considérations qui s'est produit
lors de la réunion que tout le monde reconnaît que des
travaux hygiéniques s'imposent dans l'édifice.
Les travaux d'aménagement projetés à l'étage rencontrent
également l'assentiment unanime ; ils sont, du reste, en voie
d'exécution.
L'inspection des lieux a démontré que la cour basse pro-
posée le long d'une partie de la façade sud est inutile pour
le moment; on est occupé à assainir et éclairer vivement les
caves où seront déposées les pièces à conviction.
L'escalier proposé pour desservir le dépôt des pièces à
conviction devient également inutile.
Il résulte des constatations faites dans le sous-sol de l'édi-
fice que les fondations sur pilotis sont en bon état, mais les
piliers en maçonnerie présentent de nombreuses traces
d'écrasement provenant sans doute de tassements irréguliers
qui ont occasionné certaines déformations des voûtes des
caves. On est unanimement d'accord qu'il faudra consolider
lesdils piliers. Il est même prudent, en attendant, de s'as-
surer, à l'aide de témoins, si les mouvements continuent.
C'est ce qu'a d'ailleurs ordonné sur place M. le Président
Lagasse-de Locht, à titre d'inspecteur-général des ponts et
chaussées chargé de la direction des bâtiments civils du
pays.
En somme, il n'y a guère de divergences d'opinions qu'en
ce qui concerne la question relative à l'appropriation, au
rez-de-chaussée, de l'ancienne salle de la bourse et des locaux
voisins en une salle des pas-perdus et deux salles d'audience
— 109 -
pour le tribunal correctionnel, le conseil de guerre et le
tribunal de police. Il semble qu'on peut également se mettre
d'accord sur celle question sans s'exposer à compromettre
la solidité de l'édifice, en adoptant la disposition indiquée
par le Département de la justice et en prenant les précau-
tions que la situation commande. Il ne semble pas qu'en
adoptant celte disposition, cette partie du palais serait déna-
turée au point de vue architectural, puisque le côté le plus
intéressant, c'est-à-dire le vestibule, conservera son aspect
et sa destination actuels. Il ne parait pas nécessaire, pour
celte transformation, de se livrer à des travaux aussi coûteux
que ceux de continuer le système d'arceaux en fonte et
colonnes qui règne dans le vestibule, attendu que les locaux
transformés et le vestibule ne pourront être vus simultané-
ment.
La nécessité de celte transformation est reconnue, même
au cas où l'on transporterait quelques services judiciaires
dans les locaux occupés actuellement par la poste, à proxi-
mité du Palais de Justice. Il est à remarquer que les locaux
de la poste ne seront disponibles que dans un laps de temps
assez long et que leur utilisation ne serait pas possible sans
qu'ils soient totalement remaniés. Il en résulte qu'il faudrait
cinq ou six ans avant qu'on ne soit en mesure d'en disposer.
Il conviendra de rechercher le moyen de mieux éclairer
les locaux transformés, en agrandissant les fenêtres au-dessus
de l'escalier extérieur.
Les façades de l'édifice réclament certaines restaurations
dont il est prudent de s'occuper à bref délai.
— À la demande de l'administration communale, il a été dm * «inc
d'Audenarde.
procédé, le 9 juin 1909, à l'inspection des travaux de res-
— 110 —
lauration en voie d'exécution à l'hôtel de ville d'Àudenarde.
M. De Waele, membre du Comité des correspondants de
la Flandre orientale, assistait à cette inspection.
La première série d'ouvrages, qui comportait les plus
urgents, est très avancée ; elle sera terminée pendant la pré-
sente campagne. La dépense en était évaluée à fr. 1 17,124-97.
Tous les travaux effectués à ce jour ont été traités dans de
très bonnes conditions.
Dans les travaux qui restent à effectuer de la première
série, est comprise la restitution des figures d'anges des
lucarnes et de la statue de la Sainte-Vierge située au-dessus
du portail. Les modèles présentés sur place pour ces figures
étant la reproduction aussi exacte que possible des anciennes
et ayant été modelés sur les restes de celles-ci, il y a lieu
d'en autoriser la réalisation.
Les statues destinées aux niches de la balustrade sont à
faire. 11 n'en reste rien. D'après les anciens comptes de la
ville, ces figures représentaient des souverains; on en trou-
vera, sans doute, les noms dans ces comptes. Il y a neuf
statues à exécuter; on s'arrêtera, pour leur choix, si on
n'en retrouve pas les noms, à l'époque où s'est terminée la
construction de l'hôtel de ville.
Pour ces figures, on se propose d'employer la pierre
d'Euville fine ou une autre similaire. On ne peut assez
recommander un choix judicieux de la pierre à mettre en
œuvre et surtout qu'elle soit bien résistante. Des échantil-
lons ne suffisent pas à cette fin; il faut que l'on soit fixé,
tout d'abord, sur la valeur de la pierre au point de vue de
sa résistance à l'action des intempéries.
Il importe de continuer la restauration du monument au
— 111 —
bâtiment tout entier. La deuxième série de travaux peut
être estimée approximativement à 110,000 francs. Elle
comprendrait le côté latéral vers l'ouest et le pignon en
retour vers la face postérieure. D'après les anciens comptes
de la ville, la tourelle sur la cheminée de celte dernière
façade était autrefois surmontée d'une statue en cuivre de
Saint-Michel; elle devra être rétablie.
Les mêmes comptes indiquent que certaines parties de
1 édifice étaient rehaussées de quelques points de couleur et
de dorure. Rien n'empêche de produire un projet dans ce
sens, basé sur lesdils comptes, sauf à en ajourner l'exé-
cution, si celle-ci est décidée, jusqu'après la restauration
complète du monument.
La charpente et la toiture de la halle, adossée à l'hôtel de
ville, nécessitent des travaux de restauration. Il importe de
les entreprendre à bref délai pour éviter des dégâts à cet
édifice d'une haute valeur archéologique. La dépense attein-
drait approximativement 40,000 francs.
Il est temps aussi de se préoccuper du dégagement de ce
groupe de deux monuments (l'hôtel de ville et la halle), afin
de les isoler complètement. Les maisons qui les entourent
appartiennent, pour la plupart, à la ville, qui les a acquises
successivement dans ce but au fur et à mesure qu'une occa-
sion se présentait.
Par suite des nombreux travaux de restauration dans
lesquels la ville a dû intervenir, ses ressources sont totale-
ment épuisées. L'État et la Province devront faire ici un
sacrifice tout spécial. Il s'agit d'un monument national de
premier ordre que le Gouvernement a jugé digne d'être
reproduit partiellement pour servir de pavillon belge à
— 112 —
l'Exposition internationale de Paris, en 1900. Il n'appartient
pas seulement à la ville d' Audenarde, mais an pays tout
entier, qui a an intérêt considérable à en assurer la conser-
vation. On ne saurait laisser ce soin exclusif à une localité
ne comptant que 6,000 habitants et assumant des charges
au-dessus de ses ressources pour rentre lien de ses grands
monuments du moyen âge qui font encore aujourd'hui la
gloire de la nation. La démolition des maisons précitées
servirait de part contributive de la ville ; elle peut être con-
sidérée comme un sacrifice énorme pour elle.
h*ii<! m Drap — Il a été procédé, le 18 mai 1902, à l'inspection des
de Gand.
travaux de restauration et d'achèvement en voie d'exécution
à la Halle aux Draps de Gand.
MM. De Geuleneer, Serrure, Lybaert, Van Biesbroeck et
Van der Haegen, membres du Comité des correspondants
de la Flandre orientale, assistaient à cette inspection.
L'entreprise se poursuit activement, aussi bien pour la
restauration de la partie ancienne que pour l'achèvement de
l'édifice. On a pu se procurer d'anciennes pierres non seule-
ment pour la restauration des parements anciens mais aussi
pour l'exécution des parements de la partie nouvelle du
bâtiment, de sorte que l'ensemble a un caractère très har-
monieux. Mais on ne doit pas, cependant, pousser trop loin
le système de l'uniformité. Il n'est pas admissible, par
exemple, que l'on retaille les joints pour pouvoir ensuite,
par un rejointoyage, donner aux constructions anciennes
l'aspect qu'ont les nouvelles. Les parements anciens doivent
rester tels qu'ils sont; on se bornera à boucher les joints
ouverts.
Dans la partie nouvelle de l'édifice, les joints sont trop
r- 413 —
grands; on ne s'inspire pas assez de ceux de la partie
ancienne qui sont bien conservés et qui sont très faibles.
On ne saurait trop recommander aux architectes chargés
de la direction des travaux, de conserver, dans la restau-
ration, le plus possible les anciennes pierres tant moulurées
qu'unies, par exemple les tympans, les encadrements, les
arcs et les larmiers des baies, les moulures en général, cer-
tains panneaux de la balustrade, etc., etc. En un mot, toutes
les pierres dont les avaries ne sont pas de nature à faire
disparaître les lignes de l'édifice, doivent être respectées.
Il est regrettable que, pour le renouvellement des poutres,
on ait adopté le fer au lieu du bois qui était prévu au projet
adopté. Dans un travail de restauration de cette importance
on doit toujours, lorsqu'il n'y a pas impossibilité absolue,
mettre en œuvre des matériaux de même composition que
ceux ayant servi à la construction primitive.
Les glacis déjà restaurés de plusieurs contreforts au
niveau du seuil des fenêtres de l'étage laissent à désirer au
point de vue de l'écoulement des eaux pluviales. Il y a là
une rectification à faire. Quelques sculptures nouvelles ne
sont pas non plus irréprochables.
A la façade ouest, les anciennes fenêtres qui avaient été
masquées et dont l'état de conservation permet de constater
la situation primitive, ont un double glacis séparé par une
petite partie verticale ; on devra respecter ce profil et exa-
miner avec soin si le glacis des baies de la façade opposée
n'avait pas un pareil profil, lequel aurait été modifié par la
suite, lors de réparations effectuées à l'édifice.
Le bâtiment de dépendances à annexer à la halle tant
pour la conciergerie que pour les installations sanitaires,
— m —
devra être érigé de telle façon qu'il laisse dégagée la partie
de la façade ouest de la halle comprise entre le beffroi et le
second contrefort de ladite façade.
On peut, comme le demande la Commission locale des
monuments, conserver, à litre d'expérience, ces deux travées
intactes, sans restauration. De celte façon, on pourra res-
taurer plus complètement la façade est, tout en maintenant,
bien entendu, les pierres qui sont encore bonnes. Toutefois,
le Collège doit dégager sa responsabilité dans une opération
de ce genre où le travail serait limité à ce point qu'il faudrait
recommencer dans quelques années.
M . le Gouverneur de la province a été prié de vouloir
bien transmettre d'urgence le présent rapport à l'adminis-
tration communale de Gand.
AnciMi.6 — Il a été procédé, le 22 avril 1902, à l'inspection des
fortcrtM*
deHôi.*. ruines de l'ancienne forteresse de Moha (Liège), à l'effet de
s'assurer de l'importance des dépenses restant à faire pour
la consolidation de l'édifice et de la situation générale de
celui-ci, M. l'ingénieur en chef directeur des ponts et chaus-
sées de la province de Liège ayant signalé la nécessité de
consacrer un nouveau crédit de 12,000 francs aux travaux
dont il s'agit.
Sans pouvoir affirmer qu'au moyen du nouveau crédit
sollicité on pourra terminer l'entreprise, on peut admettre
cependant que ce chiffre constitue une évaluation qui parait
assez approximative.
Sans aucun doute, il importe de poursuivre les travaux
de déblaiement et de consolidation entamés; il est même
désirable qu'une prompte décision intervienne, les fonds
sont épuisés et l'entrepreneur va être obligé, sous peu, de
— m —
retirer de ce travail des ouvriers qui sont aujourd'hui initiés
à ce genre d'opération.
Quant à la situation générale du château, elle est actuel-
lement satisfaisante. Les travaux s'exécutent avec soin et
intelligence. Le sommet des murailles reste tel qu'on le
découvre, c'est-à-dire dentelé; il est recouvert de gazon.
Cette double opération est très louable, car elle conserve
parfaitement l'aspect de ruine de la forteresse.
Il est bon de recommander de ne pas employer le ciment
pour les travaux de rejointoyage; cette matière a une
tendance à se fendiller. Il est préférable d'adopter un bon
mortier composé par moitié de chaux et de sable très rude
et surtout non teinté. Le rejointoyage doit être exécuté
légèrement en creux et non en relief. Il faut tout simplement
imiter le rejointoyage primitif tel qu'il se remarque aux pare-
ments anciens, qui étaient recouverts par des décombres.
Les déblaiements se poursuivent, à l'intérieur, le long du
rempart ouest; en les continuant vers l'extérieur, sans aucun
doute on retrouvera l'ancien chemin qui donnait accès à la
forteresse. On s'occupe, à l'extérieur du même rempart, à
déblayer le fossé creusé dans le roc.
Les fouilles à l'intérieur du château ont mis au jour quel-
ques pavements fort intéressants composés de petits car-
reaux vernissés. L'action du soleil et de la pluie leur est
funeste; il conviendra de rechercher le moyen de les pré-
server. Peut-être suffira-t-il de les protéger par une couver-
ture en bois et zinc posée à une hauteur suffisante pour
qu'on puisse les voir tout en les mettant à l'abri des intem-
péries.
Le périmètre des murailles de la forteresse est seul la
— 416 —
propriété de l'Étal. Au côté nord, le terrain appartient à an
particulier ; au côlé sud, il est la propriété de la commune.
Étant donné que l'État s'impose des sacrifices importants
pour conserver un des monuments les plus intéressants de
l'architecture militaire de notre pays, il est de la plus grande
utilité de veiller à ce qu'il ne soit pas un jour défiguré par
l'érection de bâtiments sur ces terrains; d'autre part, le
sous-sol de ceux-ci pourrait, à un moment donné, être
exploité comme carrière. Or, ce serait désastreux, à tous
les points de vue, pour l'ancienne forteresse. Pour prévenir
ces fâcheuses éventualités, il est indispensable que l'État
fasse l'acquisition de ces parcelles, du côté nord jusqu'au
chemin, du côlé sud ce qui appartient à la commune. Ces
terrains, peu étendus, n'ont guère de valeur; une entente,
à cette fin, parait de nature à pouvoir se réaliser dans des
conditions très peu dispendieuses pour le trésor. Cette
solution est d'autant plus désirable qu'il est possible que
des fouilles opérées dans le périmètre des terrains précités
amèneraient la découverte de restes d'anciens ouvrages
avancés du château.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été revêtus du visa :
conuruciion 1° Le projet relatif â la construction d'un presbytère à
et resta u ration
de presbytères. Namoussart, commune de Hamipré (Luxembourg), à la
condition que l'on aura égard, sauf en ce qui concerne le
troisième paragraphe, aux observations contenues dans le
— 117 —
rapport du Comité diocésain d'art chrétien; architecte,
M. Wûrlh;
2° Le projet concernant la construction d'un presbytère à
Vi lie-en- Waret (Namur), sous la réserve qu'au cours des
travaux les citernes soient établies de manière qu'elles ne
touchent, en aucune façon, aux murs du bâtiment; archi-
tecte, H. Lange;
3° Le projet du presbytère à construire dans la paroisse
de Saint-Martin, à Tamines (Namur). Au cours de l'exé-
cution de l'entreprise, l'architecte, M. Van Gheluwe, devra
revoir la porte d'entrée dont la forme peut être améliorée;
il conviendra aussi qu'il revoie le devis dont le montant est
insuffisant pour l'exécution d'un bâtiment de cette impor-
tance ;
4* Le projet relatif à la construction d'un presbytère à
Hemelveerdegem (Flandre orientale), moyennant d'avoir
égard aux observations de M. l'architecte provincial et de
mettre le pignon en harmonie avec le reste des façades du
bâtiment; architecte, M. De Leslré;
5° Le projet relatif à l'établissement d'une grille de clôture
au presbytère de Meir (Anvers); architecte, M. Taeymans;
6° Le projet de restauration du presbytère d'Hacquegnies
(Hainaut); architecte, M. Clinquart;
7° Le projet des travaux de réparation et d'appropriation
du presbytère de Meix-le-Tige (Luxembourg) ;
8* Le projet des réparations à effectuer au presbytère
d'Orchimont (Namur);
9° Le projet concernant l'exécution de travaux de restau-
ration au presbytère de Lowaige (Limbourg); architecte,
M. Christiaens;
— 118 —
(0° Le projet de restauration du presbytère de Liernu
(Namur) ;
11° Le projet relatif à la restauration du presbytère de
Reppel (Limbourg).
t.rcsb>lore — i| a été procédé, le 15 mai 1902, à l'inspection du
île Wolvmkem. r
presbytère de Wolverthem (Brabanl).
Il résulte de cet examen que l'édifice dont il s'agit offre
un intérêt artistique suffisant pour qu'il y ail lieu de le
ranger dans la troisième classe des monuments civils.
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
Et);* 1* A Hamont (Limbourg); architecte, M. Cuypers;
Kgu» 2° A Maldegem (Flandre orientale), sous la reserve que
e t «•(!<«. yon aura £gar(j ^ l'observation présentée par M. l'architecte
provincial en ce qui concerne la nécessité d'augmenter la
profondeur de la sacristie. Le Collège a demandé, en outre»
que le faux triforium soit supprimé. Il regrette, tout en
adoptant le projet, que l'auteur n'ait pas cru devoir adopter,
pour le nouvel édifice, le type d'églises à trois nefs d'égale
hauteur qui a été si fréquemment employé autrefois dans
la Flandre. Avant de passer à l'exécution des travaux du
nouvel édifice, il importera qu'on fasse parvenir une photo-
graphie de l'église actuelle et que l'architecte, M. Geirnaerl,
soit invité à faire connaître s'il y a impossibilité de conserver
la tour, qui figure dans la troisième classe des monu-
ments ;
— 119 —
3° A Lillois- Witterzée (Brabant) ; architecte, M. Léonard ; &** «i«
4° A Saint-Gilles lez Termonde (Flandre orientale); da sSS1Sgïii«
architecte, M . Vaerwyck ; ^ T~"
5° A Horendonck, sous Esschen (Anvers) ; architecte, e^
v ' de Horendonck.
M. Gife.
Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des
églises :
I0 De Ransart (Bois) (Hainaut) ; architecte, M. Leborgne ; egii»e de
V De Linckhout (Limbourg), sous la réserve qu'au cours "ty™
de Lincklioiil.
de l'exécution du travail, on donne un amortissement plus
convenable au pied delà flèche; architecte, M. Martens;
3° D'Aeltre (Flandre orientale). Au cours des travaux, *8iue d'Eure.
l'architecte, M. Goethals, devra réduire le nombre des
lucarnes de la flèche. Il importera qu'il donne aux murs du
baptistère et de la sacristie une épaisseur d'au moins une
brique et demie. Enfin, on a demandé que le chœur soit
mieux dégagé du côté sud par le recul de la sacristie et que
le water-closet soit reporté du côté du magasin ; il ne peut,
en aucune façon, être adossé au chœur ;
4° De Heppen (Limbourg); architecte, M. Martens. É«u«e
Ainsi que les projets ci-apres :
5° Construction de deux chœurs latéraux, d'une sacristie figu»
de Saffelaere.
el d'un magasin à l'église de Saffelaere (Flandre orientale),
sous la réserve de donner aux toits des chœurs nouveaux la
même inclinaison que celle des pignons auxquels ils seront
adossés; architecte, M. De Lestré;
6° Construction d'une sacristie à l'église de Meygem gd*
(Flandre orientale) ; architecte, M. Vandenheuvel ;
7° Construction d'une annexe et de clôtures à l'église de r«i.*
de Belgrade.
Belgrade (Namur) ; architecte, M. Van Gheluwe;
ISO
ygem
— 1Î0 —
objeu mobiiien 8° Et, enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux
d'éfluct.
églises de :
Chératte-Sa in t- Joseph (Liège) : cloche;
Momignies (Hainaut) : cloche;
Courtil, sous Bovigny (Luxembourg) : mobilier complet ;
Saint-Louis, à Marcinelle (Hainaut) : maitre-autel ;
Sainte- Waudru, à Mons (Hainaut) : retable pour la cha-
pelle de Sainte-Aye et armoire coffre-fort pour la sacristie ;
Saint-Jean- Baptiste, à Tongres (Limbourg) : banc de
communion ;
Lommel (Limbourg) : banc de communion ;
Vosselaere (Flandre orientale) : banc de communion et
complément des autels latéraux ;
Bassevelde (Flandre orientale) : buffet d'orgues ;
Sart-en-Fagne (Namur) : maître-autel ;
La Plante (Namur) : deux autels latéraux et chaire à
prêcher;
Tombes, sous Mozet (Namur) : maitre-autel ;
Cul-des-Sarls (Namur) : trois autels ;
Belœil (Hainaut) : lambris, confessionnaux, piédestal
pour la statue de Saint-Pierre et restauration de cette
statue ;
Slype (Flandre occidentale): confessionnaux et stalles;
Grimde, sous Tirlemont (Brabant) : deux autels latéraux ;
Deuzeld, sous Schooten (Anvers) : chaire à prêcher,
confessionnaux, stalles et buffet d'orgues ;
Montenaeken (Limbourg) : complément du mobilier.
£,!;„ — Par suite de la construction d'une nouvelle église
dans la section de Frassem, l'ancienne église est devenue
hors d'usage; elle est totalement abandonnée. L'adminis-
— 121 —
tralion communale de Bonnert sollicite rautorisalion de la
faire démolir.
Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le
24 avril 1902, de concert avec M. Sibenaler, délégué du
Comité des correspondants du Luxembourg, que cette
construction n'offre rien d'intéressant sous le rapport artis-
tique ou archéologique. Rien n'empêche d'en autoriser la
démolition.
Il est désirable, toutefois, de conseiller à l'autorité locale
de conserver la tour de l'édifice ; cette tour joue un rôle
assez marquant dans l'aspect du site qui se déroule à la vue
lorsqu'on le contemple de l'imposante vallée de Frassem,
laquelle est visitée, chaque été, par de nombreux étrangers.
La localité est donc intéressée à ce que l'on maintienne tout
ce qui contribue à la beauté d'un site renommé, d'autant
plus que ce maintien ne constituera aucune dépense et ne
contrariera en rien la combinaison que l'on semble avoir en
vue d'annexer le terrain occupé par l'église au jardin de la
cure. La tour conservée se trouvera à la limite du jardin.
Lorsque l'on procédera à la démolition de l'ancien vais-
seau, il importera de recueillir avec soin les objets d'anti-
quité que l'on pourrait y découvrir; de vérifier le sol à l'effet
de s'assurer s'il ne renferme pas d'anciens tombeaux ; si,
dans le massif de maçonnerie qui constituait le maître-autel,
il n'y a pas des reliques, etc.
Un délégué du Comité des correspondants pourrait être
chargé de surveiller les travaux de démolition.
— A la demande du conseil de fabrique de Wamont ê*iu«
(Liège), il a été procédé, le 7 mai 1902, à l'examen de
l'église de celte localité dont la reconstruction est projetée.
— 192 —
Cet édifice, dont la construction parait remonter à la
seconde moitié du xvin* siècle, n'a aucune valeur artistique ;
d'autre part, il n'est plus, à beaucoup près, en rapport avec
l'importance de la population de la paroisse.
Un agrandissement n'est guère praticable; il équivaudrait,
sans en avoir les avantages, à une reconstruction à peu près
totale.
On doit tenir compte aussi que cette église n'est pas
orientée. Sa reconstruction permettra de réaliser cette
mesure. La nouvelle église sera érigée en travers de celle
existante. Les ressources ne permettant pas la reconstruction
totale immédiate, on se bornera, pour le moment, à con-
struire la moitié du nouveau temple à l'est de l'ancien
jusqu'à sa rencontre avec celui-ci. Ce parti, qui remédiera
à une situation anormale, aura cet autre avantage de per-
mettre de continuer les offices dans l'ancienne église pendant
la construction de la première partie de la nouvelle. De plus,
la tour actuelle, qui restera en dehors de la limite de recon-
struction et qui est très solide, pourra être conservée; toute-
fois, il faudra remplacer son misérable couronnement actuel
par un autre mieux en rapport avec l'ensemble de la nouvelle
construction.
Le mobilier actuel pourra, du moins pour une bonne
partie, être utilisé dans la nouvelle église.
Le retable du maître-autel renferme un tableau qui semble
appartenir à l'ancienne école liégeoise; il offre un certain
mérite. Malheureusement il a été mutilé autrefois, lors du
placement du tabernacle.
La cuve baptismale est en pierre bleue ; elle est conçue
dans le goût du xv9 siècle, mais elle porte une date beaucoup
— 123 —
postérieure. Si celle date est celle de la confection de la cuve,
il est notoire que l'on se trouve en présence d'une repro-
duction d'une œuvre plus ancienne.
L'église possède une chape dont l'étoffe est moderne mais
dont les broderies appartiennent au xvi9 siècle. Celles-ci sont
intéressantes et assez bien conservées. Seulement quelques
petites parties du tissu sont défilées; elles devront être
fixées pour éviter que les détériorations ne s'accentuent.
Cette chape n'est plus utilisée.
— L'emplacement destiné à l'érection de l'église de La ttw*«
. JeLi VilU-tle,
Villetle, sous Marcinelle, a fait I objet d'un examen, le •««««««»••
28 avril! 902.
MM. Cador, Devillers et Hubert, membres du Comité des
correspondants du Hainaut, étaient présents à la visite.
II résulte de cet examen que le terrain donné au conseil
de fabrique est bien situé; il est très convenable. Toutefois,
sa disposition ne permet pas d'orienter complètement l'édifice
le chevet à l'est; il sera exposé au sud-est. Cette légère
déviation de l'orientation n'étant pas de nature à porter pré-
judice à la nouvelle construction, tant au point de vue de
sa conservation qu'à celui de son éclairage, il n'y a pas lieu
de s'en préoccuper.
Mais ce qui est plus important, c'est que le nouvel édifice
sera situe au milieu de terrains réservés à* la bâtisse. Or, la
parcelle dont il s'agit est bien étriquée pour y élever un
édifice qui doit, en raison de la densité de la population de
la paroisse, avoir une certaine importance. Si Ton s'en rap-
porte aux plans déjà élaborés de l'église, il ne restera, entre
le périmètre de celle-ci et la limite extrême du terrain, qu'un
espace d'environ sept mètres. C'est bien peu. Les donateurs
— 124 —
devraient compléter leur acte de générosité en portant cette
largeur de dix à quinze mètres. Cet espace est indispensable,
tant pour l'aspect de l'édifice que pour lui procurer un
éclairage convenable et l'isoler d'une façon suffisante pour
le préserver des dangers d'incendie. Du reste, les donateurs
sont eux-mêmes intéressés à la réalisation de cette mesure,
attendu qu'il en résultera un embellissement considérable
pour le quartier.
Le bâtiment affecté actuellement à l'exercice du culte n'est
pas une église provisoire; c'est une construction destinée à
des services paroissiaux, congrégations, patronages, etc. Il
est dû à la générosité de quelques paroissiens qui, tout en le
laissant momentanément à la disposition du conseil de
fabrique, n'entendent évidemment pas prolonger indéfini-
ment cette situation. II n'a d'ailleurs pas été aménagé dans
ce but et est insuffisant. Par conséquent, la construction
d'une église en rapport avec les nécessités de la nouvelle
paroisse s'impose à bref délai.
% »* de pin. — Lors de l'approbation du projet de construction d'une
église à Pin, sous Izel, la Commission a demandé qu'au
cours de l'exécution des travaux l'édifice soit parfaitement
orienté.
Le conseil communal d'Izel ayant fait remarquer que
l'orientation de l'édifice, dans les circonstances actuelles,
présenterait de nombreux inconvénients, il a été procédé, le
5 mai 1902, à un examen de l'emplacement dont on dispose.
M. Sibenaler, secrétaire du Comité des correspondants
du Luxembourg, assistait à la visite.
Il résulte, en effet, de cet examen, qu'en présence du plan
de distribution adopté pour la nouvelle église, il n'est pas
— 425 —
possible de donner à celle-ci l'orientation normale; ses deux
extrémités est et ouest seraient absolument trop rapprochées
des maisons voisines pour laisser un passage convenable;
la circulation s'en trouverait entravée.
Si Ton s'était préoccupé, dès le début de l'instruction de
cette affaire, de l'emplacement qui s'impose à défaut d'autre,
l'auteur du projet eut pu étudier et sans doute réaliser une
disposition du plan de l'édifice basée sur celle du périmètre
du terrain. Mais, étant donné que l'affaire a aujourd'hui
passé par toutes les phases d'une instruction déjà très labo-
rieuse, — l'adjudication des travaux a même eu lieu, — il
n'est plus possible de la remettre en question.
Dans cette situation, et attendu que le désir unanime des
administrations locales et de toute la population est de voir
réaliser le plus promptement possible le projet approuvé et
la disposition indiquée au plan G joint au dossier, il ne reste
qu'à subir la situation et à autoriser la construction suivant
celte disposition.
La Commission a, en plus d'une circonstance, fait res-
sortir combien, à divers points de vue, il est avantageux
d'orienter convenablement les édifices religieux. Cette
mesure ne devrait jamais être perdue de vue; elle devrait
même être imposée partout. C'est aux architectes, chargés
de l'élaboration des plans des édifices, à chercher à la réa-
liser, en tenant compte de la configuration du terrain mis à
leur disposition. De nombreux exemples d'églises anciennes
nous démontrent que les architectes du moyen âge n'étaient
jamais embarrassés dans des cas semblables et que même ils
savaient tirer parti de la situation du terrain, de son irrégu-
larité, de ses différences de niveau, pour donner à l'édifice
— 126 —
un aspect pittoresque et un cachet original dont on se préoc-
cupe malheureusement trop peu de nos jours.
d-E&r — Il a été procédé, dans l'église d'Embourg (Liège), à
l'examen de la chaire à prêcher pour l'exécution de laquelle
un subside a été promis sur les fonds des Beaux- Arts.
Il a été constaté que l'exécution de ce meuble est satisfai-
sante et qu'il correspond aux dessins approuvés. En consé-
quence, rien ne s'oppose à la liquidation du subside précité.
d JfàS — ^e P'an ^e ' aute' °Iue 'on se P^pose d'ériger dans
l'église de Neerhaeren (Limbourg), pour servir de soubas-
sement à l'ancien retable de cette église, a été dressé
en 4885. II est conçu dans le style de l'église bâtie vers 1875
d'après le type roman.
Le contraste entre ce style et celui du retable, qui remonte
à la fin du xv* siècle, est choquant. Puisque le travail n'a
encore reçu aucun commencement d'exécution, il semble
préférable d'abandonner le projet approuvé et d'étudier un
plan de mensa en concordance de style avec celui du retable,
tout en restant, bien entendu, dans des données très
simples. L'adoption de ce parti est désirable dans l'intérêt
de l'effet d'ensemble de l'œuvre.
Les volets peints qui se trouvent dans l'église n'appar-
tiennent pas au retable précité; ils ne peuvent s'y adapter
ni comme hauteur ni comme largeur. Ils proviennent, sans
aucun doute, d'un autre retable ayant appartenu à la même
église ; leur appropriation à l'œuvre de sculpture existante
ne pourrait que les mutiler sans aboutir à un résultat satis-
faisant. Il y a lieu de les conserver tels quels dans l'église, à
moins qu'on ne puisse les utiliser dans la confection d'un
autre autel.
— 127 —
Le conseil de fabrique voudrait voir doter son beau
retable de volets peints, non seulement pour le compléter,
mais surtout en vue de le protéger. Celle sollicitude mérite
d'être encouragée. Si l'on y donne suite, il conviendraque
l'on fasse choix d'un artiste de talent qui soumettrait un
projet complet de ces volets avec esquisses des compositions
qu'il compte réaliser et un devis estimatif de la dépense. En
transmettant ce projet à l'avis des autorités compétentes, les
administrations locales devront faire connaître pour quelles
sommes elles sont en situation d'intervenir dans les frais à en
résulter.
Un Christ triomphal, d'un certain mérite, est relégué
dans le magasin de l'église. Il est désirable de le faire
remettre à son emplacement normal, à l'entrée du chœur.
L'église possède aussi un intéressant petit groupe en bois,
de la fin de la période ogivale, représentant Sainte-Anne, la
Sainte- Vierge et l'Enfant Jésus. On ne peut que recom-
mander au conseil de fabrique de prendre tous les soins que
sa conservation comporte.
— Il a été procédé, le 11 juin 1903, à l'examen des trois M.ejc
Rendenx-Ha
autels placés dans l'église de Ren deux-Haut, moyennant le
concours financier du Gouvernement.
Il résulte de cet examen, auquel assistait M. Sibenaler,
secrétaire du Comité des correspondants du Luxembourg,
que les meubles dont il s'agit ont été exécutés d'une façon
satisfaisante. En conséquence, rien ne s'oppose à ce que le
subside promis sur les fonds des Beaux-Arts soit liquidé.
L'attention du conseil de fabrique devra être appelée sur
la nécessité de faire en sorte que les eaux pluviales ne
séjournent pas au pied des murs de l'église. Les travaux à
Haut.
— 1J8 —
faire à cette fin sont très peu importants; il suffît de régu-
lariser la pente du terrain vers l'extérieur et d'établir un
petit trottoir en pavés, posés au mortier, le long des murs.
Il y va de l'intérêt du conseil de fabrique, chargé de
l'entretien de l'édifice. Le maintien de la situation actuelle
ne manquerait pas, dans un avenir peu éloigné, de causer
des détériorations aux maçonneries et, partant, d'occasionner
des dépenses importantes pour y remédier dans la suite.
Umm — Il a été procédé, le 15 mai 4902, à l'inspection de
de Denoerlceiw. ■ ■
l'église de Denderleeuw (Flandre orientale), au point de vue
de la décoration projetée de cet édifice.
Il résulte de cet examen que le plafonnage n'est pas
terminé, que, par conséquent, il n'y a pas lieu de songer,
d'ici à longtemps, à exécuter un travail décoratif peint.
Le projet présenté devra être renvoyé au conseil de
fabrique, qui sera invité à le représenter en temps opportun.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
ÉgiiMi 1° Le projet relatif a l'exécution de travaux de restauration
de Wemmel. r *
à l'église de Wemmel (Brabanl). Si des travaux de rejoin-
toyage doivent être effectués aux parements anciens, il
importera de les borner au strict nécessaire, c'est-à-dire
limités aux seuls joints ouverts; ce rejointoyage devra être
exécuté légèrement en creux, au moyen de mortier ordi-
naire, à l'exclusion du ciment; architecte, M. Dbayer;
tyise de Roi,. 2° Le projet relatif à la restauration de la façade de l'église
de Roly (Namur). Au cours de l'exécution des travaux, il
— 129 —
conviendra de supprimer la pierre formant corniche
au-dessus de la porte d'entrée ; elle est inutile;
3° Le projet de restauration de l'église d'Orchimont d.0*g£onU
(Namur);
4° Le projet concernant l'appropriation et la restauration |*,l£ttX
de l'église de Gonrieux (Namur); architecte, M. Maréchal;
S9 Le projet de travaux de restauration à exécuter à l'église ***<>*
r J ° S*- Jean- Baptiste,
de Saint-Jean-Baptiste, à Namur, sous la réserve que l'on àNMIur-
tiendra compte des observations émises par M. l'architecte
provincial; architecte, M. Lange;
6° Le projet de restauration des églises de la commune de w****™™.
Samrée (Luxembourg) ;
V Le projet de divers travaux à exécuter à l'église de t*K«
de Le* Bullei*
Les Bulles (Luxembourg) ;
8* Le projet relatif à la restauration des toitures de la ^Jjjj}^.
chapelle de Grand ru, sous Hompré (Luxembourg) ;
9° Le projet de travaux de réparation à effectuer à l'église d6 Me%!i"Tif<>.
de Meix-le-Tige (Luxembourg);
40* Le projet de restauration de l'église de Berg (Lim-.Égu»eJeBerg.
bourg); architecte, M. Ghrisliaens;
119 Le projet relatif à la restauration de l'église de *§»»
r J ° deLowaige.
Lowaige (Limbourg); architecte, M. Christiaens;
12° Le projet de restauration de l'église de Rumbeke . êch»
r ° deRnmbeke.
(Flandre occidentale); architecte, M. Soele;
15° Le projet de restauration de l'église de Deerlyk M»
(Flandre occidentale), à la condition que l'on aura égard aux .
observations émises par la Dépulation permanente du conseil
provincial ; architecte, M. Depauw ;
14° Le projet relatif à la restauration de l'église de *«»■• .
r ê ° de Lootenhulle.
Lootenhulle (Flandre orientale), sous la réserve qu'il sera
— 130 —
tenu compte des observations présentées par M. l'architecte
provincial. L'auteur du projet, M. l'architecte Goethals,
devra revoir la retombée de la toiture de la tour sur les
murs de celle-ci, afin de rester dans le caractère de l'époque
romane ;
éiiiMdePeoq. 15° Le projet de travaux de réparation à effectuer aux
toitures de l'église de Pecq (Hainaut); architecte, M. Cor-
donnier;
figito 16° Le projet de grosses réparations à exécuter à l'église
de Bois-d'HtiM.
de Sainl-Jean-Baptiste, à Bois-d'Haine (Hainaut). Il n'est
pas admissible, toutefois, que l'on mette en œuvre le zinc
pour la restauration des couvertures. Les réparations doivent
être toutes effectuées au moyen d'ardoises semblables à celles
existantes; architecte, M. Simon;
tau, 1 7° Le projet de restauration de l'église de Saint-Jean-
Baptiste, à Gosselies (Hainaut); architecte, M. Leborgne;
éfibt *8* Le projet concernant l'exécution de travaux de res-
tauration à l'église d'Hacquegnies (Hainaut); architecte,
M. Clinquart;
Êf\i* 49° Le projet de restauration de la tour de l'église de
de VonielMi* r ... °
Vorsselaere (Anvers), a la condition que Ion se bornera aux
travaux strictement nécessaires; architecte, M. Taeymans;
feiiu 20° Le compte des travaux de restauration effectués en
régie, pendant le deuxième trimestre de 1901, à l'église de
Walcourt (Namur).
Éfiue — 11 résulte d'une inspection récente de l'église de Neer-
d6 NeCfltDdM» *
landen (Liège) que l'état où elle se trouve réclame des répa-
rations urgentes.
La plupart des murs sont hors plomb et commencent à se
crevasser; les toits sont en très mauvais étal et des infiltra-
— 131 —
lions se produisent de toutes parts ; il est évident que si cet
état de choses doit encore durer quelque temps, l'église
cessera d'être habitable. 11 convient donc que des mesures
soient prises sans retard.
Celle situation est d'autant plus étrange que, d'après les
renseignements pris, la situation financière de la fabrique
lui permet de faire face aux dépenses nécessaires pour
mettre la construction en bon état. C'est dans un esprit
d'économie fort mal entendu que le conseil de fabrique
(qui ne rend pas ses comptes) s'esj refusé jusqu'à présent
à faire exécuter les travaux devenus aujourd'hui très
urgents.
II n'est peut-être pas inutile de rappeler que si des travaux
de réparation sont indispensables, si l'église doit continuer
à répondre aux besoins du culte, ils sont encore hautement
désirables pour la conservation des objets d'art qu'elle con-
tient el qui sont loin d'être sans valeur : notamment la statue
en marbre blanc de Sainte-Madeleine sur laquelle un rapport
a été adressé à M. le Ministre de l'intérieur, le 18 novem-
bre 1893, et un important tableau de De Crayer qui sert de
retable à l'autel majeur.
— Lors de la visite qui a eu lieu à Wolverthem (Bra- hu
bant), le 15 mai 1902, il a été constaté que le rejoinloyage
en voie d'exécution au chœur de l'église ne s'effectue pas
dans des conditions satisfaisantes. Il importe de renoncer au
système adopté et de s'abstenir dorénavant d'employer le
ciment.
Le rejoinloyage doit être effectué au bon mortier ordinaire
et légèrement en creux comme l'exécutent les maçons. Et
celle opération doit se faire en recherche là où elle est
ÎM
verthem.
— 132 —
nécessaire pour boucher les joints ouverts. Les joints bien
conservés doivent être respectés.
Et»» — Il a été procédé, le 22 mai 1902, à l'examen du
de Wettiiibeek.
chœur de l'église de Wesembeek (Brabanl), dont le classe-
ment est sollicité.
Celte demande a donné lieu, de la part de M. l'architecte
provincial Licot et de celle du Comité des correspondants, à
des avis favorables.
Il y a lieu de se rallier h ces avis et de ranger le chœur
de l'église précitée, lequel remonte au xv* siècle, dans la
troisième classe des monuments du culte.
Le reste de l'édifice date de la seconde moitié du
xvin' siècle et ne présente aucun mérite artistique,
chapelle — L'attention de la Commission ayant été attirée sur
de Soinle-Ann*,
à Aa.iergi.c-n, ]*in(érèt qu'offre l'ancienne chapelle de Sainte-Anne, à
Àuderghem, il a été procédé, le 19 juin 1902, à une inspec-
tion de ce petit édifice.
M. Dumortier, membre du Comité des correspondants du
Brabanl, assistait à celte visite.
La chapelle en question est celle qui a servi de temple
paroissial à la localité avant la construction de l'église
actuelle, qui a été érigée vers 1843.
Dans ces derniers temps, la chapelle de Sainte-Anne était
affectée à l'usage de métairie; aujourd'hui elle est aban-
donnée. D'après des renseignements recueillis sur place, la
propriété vient d'être achetée par M. Madou, qui réside dans
la localité.
Il résulte de l'examen auquel il vient d'être procédé, que
l'édifice dont il s'agit est intéressant au double point de vue
- 133 —
de Fart et de l'archéologie; c'est le plus important souvenir
historique de la localité.
La tour remonte à la fin de la période romane; ses baies
d'abal-son se terminent en plein cintre et sont encadrées par
un grand arc extérieur ; elles renfermaient deux arcs mineurs
en retraite supportés, aux extrémités, par des impostes, au
centre par une mince colonnelle; elles offrent un type inté-
ressant de construction qui a été très usité à l'époque romane
dans nos contrées, mais dont les exemples deviennent tous
les jours plus rares. Une seule de ces baies, celle du sud,
est à peu prés intacte; les autres ont perdu leur colonnelle
et, par suite, leur tympan. La couverture de la tour est en
fort mauvais état; elle est en grande partie ruinée.
Le mur sud de la nef parait remonter à une époque encore
plus reculée que la tour; on y remarque une petite baie
romane qui n'a guère que les proportions d'une meurtrière,
ouverte en forme d'abat-jour concave.
La nef et le chœur ont été très remaniés vers la fin de la
période ogivale ; leur couverture était en bardeaux ; les bar-
deaux ont disparu, mais leur ossature en charpente existe
encore; on y remarque des clefs intéressantes. Il semble
qu'à cette époque la nef a été élargie vers le nord ; le mur de
ce côté est en briques ; au côté sud il est en moellons.
En résumé, la chapelle de Sainte- Anne présente un intérêt
assez sérieux. D'autre part, sa situation est superbe. On y
arrive par un chemin creux serpentant entre deux coteaux
sur l'un desquels elle s'élève; on y avait autrefois accès
par un escalier des plus rustiques qui est en partie détruit.
L'abandon de l'édifice à une ruine complète ou à la des-
truction violente serait regrettable non seulement à cause
— 134 —
de son intérêt artistique et archéologique, mais encore parce
que sa destruction entraînerait la disparition d'un site que
Ton peut considérer comme l'un des plus ravissants des
environs de la capitale.
La chapelle de Sainte-Anne figure déjà sur la liste des
édifices civils privés dignes d'être conservés. Si elle appar-
tenait à une administration publique, elle devrait être classée
comme monument national.
Le Secrétaire,
A. Massadx.
Vu en conformité de l'art. 95 du règlement.
Le Président,
Gh. Lagasse-de Locht.
COMMfSSION ROYALE DES MONUMENTS.
■ *— ».
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SÉANCES
des 5, 12, 19 et 26 juillet; des 2, 9, 16 et 23 août 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
Des avis favorables ont été émis sur :
4° Le projet relatif à la restauration des peintures murales EguM d« b<».
du chœur de l'église de Saint-Germain, à Ben, commune de «■»!••.
Ben-Âhin (Liège); auteur, M. Tassin;
2e Le projet de peintures décoratives à exécuter dans écu»
ds Krasd^Loo»
l'église de Kessel-Loo (Brabant) ; auteur, M. Brassinne ; d^".ltTvU
3* Le projet relatif à la décoration picturale de l'église e*kw «i-ewIoo.
d'Eecloo (Flandre orientale); auteur, M. Coppejans; ™"n\l.
4° Le projet relatif au placement d'un chemin de la croix é#\* d« cion«.
. Chemin
peint dans l'église de Glons (Liège) ; auteur, M . Coppejans ; dc u croix-
5" Le projet de vitraux à placer dans l'église d'Aubangeikiiwd'Aubang*
(Luxembourg); auteur, M. Ladon;
6° Les dessins de trois vitraux destinés au chœur de Eglise
de Lampernistjp.
l'église de Lampernisse (Flandre occidentale); auteur, VUrau'-
M. Dobbelaere ;
— 136 —
M* 7° Le projet relatif au placement d'un vitrail dans le
de Saint- Pierre, r * r
1 Avit!ïu!!*1' chœur de l'église de Saint-Pierre, à Ànderlecht (Brabant);
auteur, M. Dobbelaere ;
Égibe 8° Les dessins de vitraux à placer dans quatre chapelles
de Sainl-Pierre,
àvrt!ïïï" absidales de l'église de Saint-Pierre, à Louvain (Brabant).
Au cours de l'exécution, l'auteur, M. Os terra th, devra être
engagé à varier les soubassements ainsi que les réseaux des
verrières projetées.
ÉgiiM — Il a été procédé, dans l'église de Notre-Dame de Bon-
de Notre-Dame, r °
î^oi-^ou": Secours, à Saint-Nicolas (Flandre orientale), à l'examen des
peintures murales de cet édifice qui viennent d'être restau-
rées.
Il résulte de cet examen que les ouvrages projetés à ces
œuvres d'art sont terminés et qu'ils ont été effectués avec
tous les soins désirables,
feu» — Il résulte du rapport des délégués qui ont examiné, à
des SS.-Micliel-
àlAnïe£ Anvers, les projets des stations du chemin de la croix de
dHaTriii. l'église des SS.-Michel-et-Pierre, que l'étude qui leur a paru
le mieux dessinée, manque de simplicité. On y remarque
trop de figures; le fond est trop historié.
Il y aura lieu de soumettre un autre projet, accompagné
de l'étude des encadrements, lorsque M. le curé de la
paroisse aura, de concert avec son architecte, examiné les
cuivres artistiques qui ornent des murs de la collégiale de
Nivelles. En attendant cet envoi, M. le curé devra faire par-
venir les projets récemment vus par les délégués, afin que
le Collège, tout entier, puisse en prendre connaissance.
Hôtei de «uie — Il a été procédé à Louvain (Brabant), le 30 juillet 1902,
DétCauôn*. à l'examen de l'avant-projel de décoration picturale de la
salle des pas-perdus de l'hôtel de ville.
— 137 —
Ce projet constitue nne modification de celui présenté
antérieurement; il a subi certaines améliorations, suivant
ce qui a été indiqué à l'auteur, M. Dierickx, dans le rapport
du 12 décembre 1901. Toutefois, la frise historiée n'a pas
été suffisamment descendue; elle devrait, ainsi qu'on l'a
déjà fait remarquer, rester sous le niveau inférieur des
poutres. En descendant cette frise, la bande ornée sous le
plafond grandira dans la même proportion et l'auteur pourra
y introduire avantageusement les inscriptions se rapportant
aux sujets représentés.
Le rusticage pourrait être encore rendu plus calme.
Le lambris peint devra être haussé au détriment du rusti-
cage, de façon à atteindre le niveau supérieur des banquettes
des fenêtres. Ce lambris devra être d'une grande simplicité,
de façon à pouvoir être facilement retouché au cas où il y
surviendrait des avaries.
L'enduit sur lequel on a opéré un essai de décoration est
beaucoup trop épais ; il doit être aussi mince que possible, et
sa composition, imitée des anciens enduits, devra être tout
particulièrement soignée pour éviter des mécomptes dans
l'avenir. Le petit échantillon d'enduit spécial effectué par
H. Brassinne, parait convenable comme épaisseur, mais il
est trop lisse au point de vue de l'adhérence de la
peinture.
D'autre part, il est indispensable que l'enduit soit parfai-
tement sec lorsqu'on entreprendra l'exécution du travail
décoratif; à cet effet, il importe qu'on s'en occupe immédia-
tement. On devra examiner s'il est nécessaire d'appliquer
un enduit sur les parements de la salle, qui sont en pierre
blanche; il est probable que la peinture pourra être exécutée
— 158 —
directement sur la pierre après que les parements auront été
soigneusement mastiqués.
Une fenêtre ogivale avec meneaux, semblable à celles de
la façade principale, existe au fond de la sali*, à l'angle
sud-ouest; elle est bouchée. On devrait étudier le moyen de
l'ouvrir, car telle qu'elle se présente aujourd'hui, elle gène
beaucoup l'exécution du travail décoratif.
La grande porte avec entourage de style renaissance
constitue un autre obstacle; la Commission avait préconisé
son maintien. Mais, tout bien examiné, ce maintien n'est
guère pratique; il parait préférable de la remplacer par une
porte avec encadrement du même type que celles percées
dans le même mur, d'autant plus qu'on pourra, è ce que l'on
assure, l'utiliser ailleurs.
Ert vue de ne pas relarder le travail décoratif, dont l'exé-
cution est vivement désirée, il importe que l'on procède, de
suite, à la restauration du pan coupé et de la porte qui
clôturent le petit escalier au côté gauche de la salle.
Sous réserve qu'il sera tenu compte des recommandations
qui précèdent, le projet a été revêtu du visa.
ÉfUie a. — Un projet de travaux de peinture décorative pour les
à "SKuSÏ6""' nek ^e église de Sainte-Catherine, à Hoogstraelen (Anvers),
décote. a £(g soumis officieusement à la Commission, en mars 1900.
A la suite d'un examen sur place de ce projet, le Collège
a demandé que la décoration fût tenue dans la plus grande
simplicité ; il a même émis le vœu qu'elle soit bornée exclu-
sivement à la partie centrale des nervures et aux clefs de
voûte.
- On devait s'attendre à ce qu'un projet dans ce sens serait
soumis régulièrement aux autorités compétentes. Il n'en a
— 139 —
rien été e( le conseil de fabrique a fait procéder à l'exécution
des travaux. Ceux-ci sont aujourd'hui terminés. Il est vrai
qu'ils ont été maintenus dans des conditions très modestes et
n'ont dépassé les recommandations indiquées ci-dessus qu'en
ce que les chapiteaux des colonnes et des colonnettes ont
reçu une polychromie rehaussée de quelques dorures; les
nervures ont été bordées sur toute leur longueur de crétages
(racés en noir sur les briques; la rencontre des comparti-
ments des voûtes avec les murs a été délimitée par un filet
noir.
En somme, le travail décoratif effectué est modéré et ne
fait pas tort à l'aspect d'ensemble de l'édifice. Mais il eût pu
ne pas en être de même en l'absence de tout contrôle des
autorités constituées à celte fin. C'est pourquoi il importe de
rappeler au conseil de fabrique qu'à l'avenir il ne pourra
plus faire effectuer, à ce remarquable édifice, aucun travail,
quel qu'il soit, avant d'en avoir soumis régulièrement le
projet et obtenu les autorisations requises.
— Les quatre vitraux clôturant la série des verrières du Égii.« de L.bin,
1 Vitraux.
vaisseau de l'église de Libin, dont le placement vient
d'être opéré, ont fait l'objet d'un examen, sur place, le
29 juillet 1902, de concert avec M. Sibenaler, secrétaire-
adjoint du Comité des correspondants du Luxembourg.
Le travail décoratif dont il s'agit a été exécuté d'une façon
satisfaisante. En conséquence, il y a lieu de liquider les
subsides promis par l'État en vue de ladite entreprise.
— Il a été procédé, le 28 juin 1902, à l'examen des iittei d« «me
modèles, grandeur d'exécution, de neuf statues destinées Sl*tae*- '
aux niches du second étage de la façade ouest de l'hôtel de
ville de Bruxelles.
— 140 —
Les modèles dont il s'agit n'ayant soulevé aucune obser-
vation, rien n'empêche d'autoriser les artistes à passer à
l'exécution définitive en pierre.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
HAiei de viii« La Commission a émis un avis favorable sur le projet
de Loot. ■ *
relatif à la restauration de l'hôtel de ville de Looz (Lim-
bourg). Elle s'est ralliée à l'opinion de M. l'architecte pro-
vincial en ce qui concerne : 1° la nécessité de rechercher si
les plafonds primitifs n'ont pas été composés de soliveaux en
chêne et voùtelettes en briques ou en pisé; 2° la nécessité
d'adopter les poutrelles en bois et de rejeter celles en métal ;
3° la convenance de ne pas faire usage de consoles en plâtre
pour simuler des corbeaux sous les poutres; toute imitation
doit être proscrite dans la restauration d'un monument
ancien ; 4° l'importance qu'il y a au point de vue de la con-
struction, de ne pas faire usage de la pierre de sable pour
les souches des cheminées. Contrairement à l'avis de
M. l'architecte provincial, la Commission estime que le devis
doit comprendre les frais d'expropriation des maisons à
démolir et la démolition de celles-ci, attendu qu'il n'est pas
possible de restaurer le monument sans le dégager. La
Commission estime, de même, que les frais de levés des
plans doivent être payés à part. Ces relevés sont une néces-
sité inhérente à la restauration des anciens monuments; ils
constituent un travail très important qui ne peut être mis à
la charge de l'architecte. D'ailleurs on paie 5 p. c. pour une
construction nouvelle alors qu'il n'y a aucun relevé à pro-
duire pour en établir le projet. Le Collège admet parfaite-
— Ul —
ment l'article du cahier des charges stipulant que le sculpteur
devra être agréé par l'architecte dirigeant. Il est tout naturel
que l'architecte qui a la responsabilité de la bonne exécution
des travaux s'entoure de toutes les garanties nécessaires
pour mettre sa responsabilité à couvert. La Commission est
même d'avis que c'est à lui qu'il appartient de choisir les
spécialistes quand il s'agit de travaux artistiques. En ce qui
concerne le mode de paiement, l'idée émanant de M. l'archi-
tecte provincial parait fort judicieuse et il y a lieu de s'y
rallier. La Commission appelle l'attention de l'auteur du
projet sur la convenance d'examiner s'il ne pourrait placer
les water-closel à l'intérieur de l'édifice, afin de supprimer
le petit bâtiment spécial qu'il propose d'ériger à celle fin.
Le Collège demande, en outre, qu'il augmente la largeur du
palier du grand escalier d'au moins la longueur de l'emmar-
chemenl. Avant de passer à l'exécution des travaux, il
conviendra qu'on soumette une nouvelle étude de la clôture
dont les piliers et la grille laissent à désirer au point de vue
de la conception. Sous réserve qu'il sera tenu compte de
toutes les recommandations qui précèdent, le projet a été
revêtu du visa. Les travaux de restauration et d'appropriation
de l'hôtel de ville de Looz sont urgents. Eu égard à la valeur
architeelonique de ce petit monument, le Département de
l'Agriculture peut intervenir dans l'ensemble des travaux
projetés.
— Il a été procédé, le 26 juin 1902. à l'inspection des Ancien cbAu»»
* * r de Turuboot.
travaux qui s'exécutent aux abords de l'ancien château de
Tarnhout, servant actuellement de prison et de palais de
justice, travaux qui avaient suscité des protestations de la
part du Comité provincial des correspondants.
= 142 —
MM. le chanoine Van Casier, Dierckx et Donnel, membres
du Comité précité, assistaient à l'inspection.
Les faits signalés par le Comité sont de tous points exacts :
sans en avoir référé aux autorités compétentes, l'adminis-
tration communale a fait entamer le comblement des fossés
qui entouraient l'ancien castel; déjà ceux-ci sont réduits
considérablement de largeur et la partie à l'entrée, sous le
pont, est comblée.
Ces fossés étaient autrefois bordés d'une ceinture de beaux
arbres; plusieurs d'entre eux ont déjà disparu, d'autres sont
morts et devront être enlevés incessamment.
Le travail en cours parait avoir été entamé inconsciem-
ment, sans aucune raison légitime. L'emplacement occupé
par les fossés ne pourra jamais être utilisé, tandis que l'on
est en train de faire disparaître un ensemble caractéristique
et pittoresque et qu'on mutile les proportions du monument
dont la base a été construite pour rester apparente. On ne
saurait davantage donner pour excuse à ce malencontreux
projet le danger qu'offrait, pour la salubrité publique, l'eau
stagnante des fossés. Il suffisait d'empêcher certains égouts
de se déverser dans les fossés et de faire curer ceux-ci de
temps en temps. II parait d'autant plus déraisonnable de
réaliser ce projet, aujourd'hui que la ville va être dotée d'une
distribution d'eau, dont une petite partie aurait pu être utilisée
pour renouveler celle des fossés.
D'accord avec le Comité des correspondants, la Commis-
sion a émis l'avis qu'il y a lieu d'engager l'autorité commu-
nale à faire arrêter immédiatement les travaux entamés, à
empêcher que la partie encore existante des fossés soit
réduite, à rétablir le fossé sous le pont tel qu'il était naguère,
— us —
à avoir soin de sauvegarder les arbres non encore enlevés,
à faire remplacer ceux qui ont disparu par de jeunes plan-
tations. Il importe, en tous cas, que le château reste baigné
par l'eau sur tout son pourtour en vue de maintenir ses
proportions imposantes ; il importe aussi qu'il conserve son
beau cadre de verdure.
Les protestations qui se sont élevées ne pourront manquer,
sans doute, d'amener l'administration communale à réflexion
et l'engager à mettre tout en œuvre pour réparer le mal dans
la mesure du possible. On doit, d'autre part, lui conseiller
de faire curer à fond la partie des fossés qui reste intacte ;
on y rencontrera peut-être des objets d'antiquité d'un intérêt
suffisant pour former le noyau d'un modeste musée local.
Les façades du château sont badigeonnées; le caractère
monumental de l'édifice en souffre notablement. Il est hau-
tement désirable que ce badigeon soit enlevé et la brique,
dont se composent les parements, mise à nu. Cette opération
que terminerait un bon rejointoyage des maçonneries,
rehausserait sensiblement la masse majestueuse du château
et de son imposant donjon.
— Par lettre du 12 mars 1900, l'administration commu- uom^^\éu
d'Ypret.
nale d'Ypres (Flandre occidentale) a signalé l'omission, sur
la liste des édifices civils publics de celte ville, de l'ancien
mont-de-piété, appartenant aux hospices.
Lors de l'inspection du 15 juillet 1902, la délégation de la
Commission a constaté que cet édifice, qui constitue un des
meilleurs spécimens de l'architecture locale du xvue siècle,
est susceptible d'être rangé dans la troisième classe des
monuments civils publics. La Commission s'est ralliée à cet
avis.
— W4 —
Il est regrettable que l'administration des hospices ait fait
exécuter récemment à cette intéressante construction des
travaux de réparation qui laissent à désirer au point de vue
artistique. Il importera, lorsque des travaux y seront encore
jugés nécessaires, qu'ils soient effectués sous le contrôle des
autorités compétentes.
Ancien»* — L'administrai ion communale d'Y près ayant fait remar-
maltoot 4'Ypm. *
quer que cette ville compte plusieurs maisons particulières
dont les façades présentent un réel intérêt au point de vue
artistique et qui méritent de figurer sur la liste des édifices
civils privés, il a été procédé, le 15 juillet 1902, à l'examen
desdites constructions, savoir :
1° La maison du président Biebuyck, rue de Dixmude, 52.
Cette habitation date de 1545. Malgré quelques restaurations
récentes, sa façade gothique est, sans contredit, la plus belle
de la ville ;
2° L'hôtel deGand, rue des Chiens, 19. Façade à double
pignon. Remontant au xvi* siècle, elle peut être rangée
parmi les beaux morceaux d'architecture de la ville;
3° La maison de M. le bourgmestre Colaert, rue Saint-
Jacques, 14. Elle est en style Louis XV, d'une belle ordon-
nance et d'un caractère de réelle grandeur dans sa simplicité;
4° Trois maisons conliguës, Marché au Bétail, 17, 19
et 21 . Anciennes maisons *de corporations, elles datent res-
pectivement de 1629, 1624 et 1544. Ces trois maisons
offrent beaucoup d'intérêt à cause de leur caractère typique
de l'architecture yproise;
5° L'ancienne Conciergerie, immeuble attenant par un
angle au Nieuwerck; il date de 1633 et appartient à
M. C. Boone, brasseur. C'est un bon spécimen de Parchi-
— 14» —
(eclure domestique du xvue siècle. Quelques travaux de
restauration y sont nécessaires.
Les immeubles dont il s'agit sont susceptibles de figurer
sur la liste des édifices civils privés dont la conservation est
désirable.
— L'administration communale de Wulveringhem chite»
de Beanvoorde,
(Flandre occidentale) ayant sollicité le classement, parmi è WuWerin*l,eni-
les monuments historiques du pays, du château de Beau-
voorde, situé au centre de cette localité, il a été procédé, le
15 juillet 1903, à l'inspection de l'édifice.
Le manoir de Beauvoorde est une construction remar-
quable dont l'intérêt est encore rehaussé par le grand
nombre de meubles et d'objets d'art ancien qui le garnissent.
Le château remonte à la seconde moitié du xvie siècle; il
fut réédifié en partie au commencement du xvne siècle.
Il est entièrement entouré d'eau. Un pont en maçonnerie
donne accès à une petite avant-cour protégée par des murs
crénelés percés de meurtrières. Son aspect est des plus
pittoresque. La cour ainsi que le pignon sud-ouest et la
tourelle renfermant l'escalier remontent au xvue siècle. Ils
constituent, comme le dit M. le baron Bethune, un inté-
ressant spécimen de l'art avec lequel nos anciens maçons
agençaient la belle brique du pays. Quelques parties du
château ont été refaites par le propriétaire actuel, M. Mer-
ghelinck, d'après les vestiges existants ou des renseignements
historiques qu'il a recueillis.
En résumé, l'édifice dont il s'agit offre un intérêt artis-
tique et archéologique suffisant pour qu'il soit inscrit sur la
liste des édifices civils privés dont la conservation mérite
d'être assurée.
— 446 —
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRE8BYTÊRE8.
comtracUoB Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs :
dcprMbjtèm. \° a la reconstruction du presbytère de la paroisse de
Saint-Christophe, à Liège, sous réserve d'améliorer l'escalier
donnant accès à l'étage, tant comme forme que comme
dimensions et éclairage, et en évitant des marches au palier;
architecte, M. Léonard ;
T A la construction du presbytère de Bressoux (Liège) ;
architecte, M. Dejuzaine;
3° A la construction d'un presbytère à Les Hayons, com-
mune de Dohan (Luxembourg); architecte, M. Courtois ;
4° A la reconstruction du logement du chapelain de
Champion, sous Waha (Luxembourg). L'attention des
administrations intéressées a été appelée sur la convenance
d'examiner s'il ne conviendrait pas d'établir le cabinet de
travail à la place réservée pour la cuisine et de séparer la
salle à manger dudit cabinet par une boiserie mobile. En
cas de nécessité, ces deux pièces seraient alors transformées
en une seule; architecte, M. Déroché;
5° A la reconstruction du presbytère de Meuwen (Lim-
bourg), à la condition que l'on aura égard aux recomman-
dations consignées dans le rapport de M. l'architecte
provincial; architecte, M. Martens;
6° A la reconstruction du presbytère de Baelen-sur-Nèlhe
(Anvers); architecte, M. Taeymans;
7° A la construction d'un presbytère à Weelde (Anvers);
architecte, M. Taeymans;
— 147 —
8° A la construction d'un presbytère au hameau de Geer-
degem, sous Malines (Anvers) ; architecte, M. Van Boxmeer ;
9° A la construction d'un mur de clôture au presbytère
de Heysse (Brabant), à la condition qu'au cours des travaux,
l'auteur diminue un peu l'importance du pignon à gradins
qui surmonte la porte d'entrée et qu'il établisse, s'il y a lieu,
uo petit auvent derrière ce pignon pour justifier la présence
de celui-ci. L'auvent dont il s'agit aura, d'autre part, l'avau*
tage de protéger l'entrée de la cour lors des intempéries ;
architecte, H. Barbier;
10° A l'aménagement du presbytère de Remagne (Luxem-
bourg); architecte, M. Cupper;
11° A l'exécution de travaux complémentaires d'appro-
priation au presbytère d'Ollignies (Hainaut); architecte,
H. Sonnevîlle ;
12' A l'exécution de travaux de restauration au presby-
tère de Wolverthem (Brabant); architecte, M. Van
Roelen ;
13° A l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de Bouillon (Luxembourg); architecte, M. Adam;
U° A la restauration du presbytère de Borlon (Luxem-
bourg); architecte, M. Déroché;
15° A l'exécution de travaux de restauration au presby-
tère de Spalbeek (Limbourg); architecte, M. Martens;
16° A la restauration du presbytère de Fouleng (Hainaut);
architecte, M. Fourdin ;
17' A la restauration du presbytère de Thisselt (Anvers);
architecte, M. Gareels ;
1 8° A l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de Mcslin-l'Évèque (Hainaut); architecte, M. Fourdin;
— U8 —
19° A la restauration du presbytère d'Aische-cn-Refail
(Namur);
20° A l'exécution de travaux de réparation aux presby-
tères des sections des Flaches, Hymiée et Fromiée, sous
Gerpinnes (Hainaut) ; architecte, M. Heuseval ;
21° A l'acquisition d'une maison et à son appropriation à
l'usage de presbytère, à Hastière- par-delà (Namur); archi-
tecte, M. Joostens.
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a visé les plans relatifs :
chap«ne de 1° A la reconstruction de la chapelle de Notre-Dame de
N.-D. de Lorette, ,
* A,b- Lorette, a Ath (Hainaut) ; architecte, M. Holon;
deBÎm?0e 2° A l'agrandissement de l'église de Remagne (Luxem-
bourg); architecte, M. Cupper;
Efii* d-Ere. 3° A l'agrandissement et à la restauration de l'église
d'Ere (Hainaut); architecte, M. Sonneville;
M» 4° A l'exhaussement de la tour de l'église de Notre-
de Noire-Dame- °
m^VagS: Dame-Auxiliatrice, à Pâturages (Hainaut), et à la restau-
ration de cet édifice; architecte, M. Bodson;
objrt» mobilier* 6° A l'exécution d'objets mobiliers destinés aux églis s de :
d'égliaes. °
Longwilly (Luxembourg) : bancs ;
Stoumont (Liège) : bancs;
Gomery, commune de Bleid (Luxembourg) : bancs;
Kessenich (Limbourg) : confessionnal;
Mopertingen (Limbourg) : maître-autel ;
Genck (Limbourg) : complément du mobilier;
Polleur (Liège) : mobilier complet ;
— 149 —
Nokere (Flandre orientale) : complément du mobilier;
Mariakerke (Flandre orientale) : confessionnal ;
Lovendegem (Flandre orientale) : autel latéral ;
Marcke (Flandre occidentale) : mobilier complet;
Sainte- Waudru, à Mons (Hainaut) : autel de la chapelle
de Saint- Jean-Baptiste de la Salle ;
La Croyère, sous La Louvière (Hainaut) : mobilier com-
plet;
Minderbout (Anvers) : horloge;
Borsbeeck (Anvers) : horloge.
— Il a été procédé, le il août 1903, à Saint-Job, sous g^u.
» de Saint Jobt
Uccle (Brabant), a l'examen des deux emplacements pro- ~««uccie.
posés pour la nouvelle église de cette paroisse.
Le conseil communal d'Uccle estime qu'il y a lieu
d'adopter l'emplacement dit « Blanchisserie Schulte », où se
trouvait jadis le château de Carloo, à côté de l'église actuelle,
parce qu'il est plus au centre de l'agglomération.
Le conseil de fabrique, au contraire, préfère le terrain
dit du Hamt situé sur une hauteur, parfaitement propre
à la bâtisse, tandis que celui de la Blanchisserie Schulte est
situé dans la vallée et donnerait lieu pour les fondations à un
surcroit de dépense assez considérable.
Il résulte de l'examen qui a été fait des deux emplace-
ments sus-visés qu'en ce qui concerne la différence de leurs
positions par rapport à la délimitation de la paroisse, il ne
vaut guère la peine d'en tenir compte; ils ne sont distants
l'un de l'autre que d'environ 220 mètres. Si l'on tient compte
de la limite de la paroisse, c'est évidemment le terrain du
Ham qui se rapproche le plus du centre.
On peut, sans grands inconvénients, ériger l'église à la
(le Tri vurron.
— 180 —
Blanchisserie Schulte, mais l'inspection des emplacements
en cause a démontré que le plateau du Ram offre des avan-
tages incontestables au point de vue de la dépense, des
convenances hygiéniques et de l'aspect pittoresque sous
lequel s'y présentera l'édifice, au sommet d'un plateau.
Si cet emplacement est adoplé par les autorités compé-
tentes, il faudra, avant d'entamer la construction de l'église,
arrêter un plan complet des abords de celle-ci indiquant
tous les moyens d'accès au plateau sur lequel s'élèvera le
monument.
L'église peut et doit être orientée à l'un comme à l'autre
emplacement. La Commission est unanime pour préconiser
l'emplacement du Ham.
EçiiM — Le projet soumis en vue de l'agrandissement et de la
restauration de l'église de Tervueren (Brabant), a fait l'objet
d'un examen sur place, le 8 août 1902.
La superficie de l'église de Tervueren est de beaucoup
insuffisante pour les nécessités de cette importante paroisse.
On projette donc d'agrandir cet édifice en démolissant et en
reconstruisant la partie moderne vers l'ouest et en la pro-
longeant d'environ 2 mètres sur la voie publique. Cet
allongement serait insuffisant. D'autre part, ce serait une
faute d'empiéter sur la rue, qui n'est déjà pas trop large ; on
aboutirait à un mauvais effet en barrant la perspective de
celte rue. II semble préférable d'étudier le moyen d'établir
un bas-côté supplémentaire au sud et de borner l'allonge-
ment des nefs, vers la façade principale, à l'alignement de
la voie publique.
La nouvelle tour pourra être établie en tête du nouveau
bas côté sud et son rez-de-chaussée servira de porche
— 151 —
d'entrée ; la silhouette de cette tour doit être simple* et
inspirée des nombreux types de clochers qui se rencontrent
aux environs de Bruxelles.
Il importe, d'autre part, que l'on respecte la simplicité
qui caractérise les parties anciennes de l'église en s'abstenant
d'y introduire des éléments architectoniques dont l'existence
primitive n'est pas absolument démontrée.
Les parements extérieurs sont assez bien conservés ; les
restaurations n'y seront guère importantes. 11 faudra prévoir
le dérochage intérieur de l'édifice dont les moulures et les
sculptures sont empâtées par le badigeon.
L'architecte devra examiner s'il ne serait pas possible de
rétablir, à l'entrée du chœur, le jubé du commencement du
xvi* siècle dont les colonnes et de nombreux bas-reliefs
existent encore. Ce serait une opération intéressante qui
rendrait à l'intérieur de l'édifice une grande partie de sa
beauté première.
Si l'on parvient à reconstituer le jubé, dont les anciens
bas-reliefs sont déposés contre les parois du beau porche
nord, aujourd'hui transformé en chapelle du Saint-Sépulcre,
on pourrait rouvrir le porche et établir le Saint-Sepulcre
dans une chapelle à annexer au nouveau bas-côté sud.
— Il a été procédé, le 7 août 1902, à l'examen de deux *•«»• 'a»».
autels placés dans l'église d'Àlken (Limbourg), pour l'exé-
cution desquels un subside a été promis sur les crédits des
Beaux-Arts.
Sur production des plans conservés au presbytère et
après examen des meubles précités, il a été constaté que
l'artiste est resté fidèle, dans l'exécution de son œuvre, aux
projets approuvés.
— 182 —
II y a Heu d'approuver aussi l'exécution définitive du travail
et de liquider les subsides qui ont été alloués à cet effet.
Éciisede — H a été procédé, le 20 août 1902, à l'examen do
Wimmertingeo. r
maitre-aulel et de la chaire de vérité placés dans l'église de
Wimmerlingen.
M. l'abbé Daniels, membre du Comité des correspondants
du Limbourg, assistait à la visite.
Il résulte de cet examen que les meubles dont il s'agit ont
été exécutés conformément aux dessins approuvés et que le
travail a été effectué d'une façon convenable. En consé-
quence, rien ne s'oppose à ce que le subside promis sur les
fonds des Beaux-Arts, en vue de ladite entreprise, soit
liquidé.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
é«r»e 1° Le projet de travaux complémentaires de restauration
de Da usoit.
à effectuer à l'église de Daussois (Namur); architecte,
M. Lange rock;
cligne .te 2° Le projet de travaux de réparation à exécuter à la
Moalin-kVent.
chapelle de Moulin-à-Vent (Namur);
M** <ie se?. < 3° Le projet concernant des travaux de réparation à
exécuter à l'église de Scy (Namur) ;
£*»•« 4° Le projet relatif à l'exécution de travaux de réparation
de Bouillon. r * r
à l'église de Bouillon (Luxembourg); architecte, M. Adam;
£gHse 5° Le projet de restauration de l'église de Borlon (Luxem-
bourg); architecte, M. Déroché;
EffiiM 6° Le projet relatif à l'exécution de travaux de Instaura-
it CMUillon.
lion et de décoration à l'église de Chàlillon (Luxembourg);
— 153 —
7* Le projet de restauration de l'église de Seneffe t*r>*
de Seneflfo.
(Hainaut) ;
8° Les projets concernant l'exécution de travaux d'entre- é8h«»
de section»,
tien et d'amélioration à effectuer aux églises des sections des ■ GcrPiu,i«-
F lâches, Hymiée et Fromiée, sous Gerpinnes (Hainaut);
architecte, M. Heuseval ;
9° Le projet de restauration de l'église de Meslin-PÉvèque Eglise de
(Hainaut); architecte, M. Fourdin;
10° Le projet de restauration de l'église de Wasmuel egiu*
r * ° de Wasmuel.
(Hainaut);
41* Le projet de restauration de l'église du centre et du t#** d-obe*.
presbytère de Rosseignies, à Obaix (Hainaut) ; architecte,
M. Simon ;
12° Le projet de restauration des toitures de l'église de ^m^^kng%
Ronquières (Hainaut); architecte, M. Gharbonnelle ;
13° Le projet de travaux de restauration à effectuera frii*
r J de Tbulia.
l'église de Thulin (Hainaut) ; architecte, M. Bodson;
U° Le projet de restauration de l'église de Fouleng éihm*
(Hainaut) ; architecte, M. Fourdin ;
15° Le projet de restauration des toitures de l'église de Égiuede
r 4 ° Htote»-Wiheri«.
Hanles-Wiheries (Hainaut); architecte, M. Simon;
16° Le projet relatif à la restauration de l'église de Zer- égiue
r * "de Zerkegta*».
keghem (Flandre occidentale) ;
17° Le projet concernant l'exécution de travaux de restau- Bgiue
r 4 do WoUerUiem.
ration à l'église de Wolverthem (Brabanl); architecte,
M. Van Roelen ;
18° Le projet de restauration de l'église de Saint-Martin, A .*•«*• ,.
■ * ° ' de Saiul-M»itin,
à Gand (Flandre orientale); architecte, M. Denoyelte; àG"d*
19° Le projet relatif à l'exécution de travaux d'entretien Égii«
de Kerkom.
à l'église de Kerkom (Limbourg); architecte, M. Serrure;
— 154-
ÉfiiM 20° Le projet de restauration des fenêtres du chœur de
de Smerrtaebb*.
l'église de Smeerhebbe (Flandre orientale); architecte,
M. Delestré ;
ÉgitM SI9 Le projet de restauration du plafond de l'église de
de Mooleoaeken .
Montenaeken (Limbourg); architecte, M. De Hennin ;
tai» 22° Le projet relatif à la restauration des vitrages de dix-
de Nioove.
huit fenêtres de l'église de Ninove (Flandre orientale) ;
feu* de 23° Le projet de restauration des contreforts et des fenè-
Saiaie-Walberge, r '
i Braies. tres jg féglîse de Sainte-Walburge, à Bruges (Flandre
occidentale); architecte, M. Delacenserie ;
Mm de 24° I^e projet de restauration des toitures de l'église de
Domioicains Notre-Dame-aux-Domimcains, a Louvain (Brabant) ; archi-
à Louvaia.
tecte, M. Vandenperre ;
Mm 25° Le compte des travaux de restauration exécutés pen-
de Noire-Dame,
dant l'année 1901, au vaisseau de l'église de Notre-Dame,
à Anvers.
à Aérer».
coiiegi.ie — Il a été procédé, le 18 juillet 1902, à l'examen, sur
place, des études soumises en vue du rétablissement des
colonnettes dans les arcalures latérales, à l'intérieur du
chœur de la collégiale de Nivelles, études demandées par
le rapport du Collège en date du 28 décembre 1901.
MM. Degroot et Dumortier, membres du Comité des
correspondants du Brabant, assistaient à cet examen.
La première des études précitées, tracée d'après les colon-
nettes d'angles des fenêtres du chœur même, parait devoir
obtenir la préférence sur celle traitée avec soubassements
d'après le type des angles des anciens portails.
La voûte d'arête en tuf ancien qui vient d'être rétablie
au-dessus du chœur, est très réussie.
Les profils des chapiteaux et des bases des colonnettes
— 158 —
d'angles des fenêtres récemment exécutés ne sont pas tout
à fait conformes aux profils anciens dont il reste des spéci-
mens en place. Le caractère original et le sentiment artistique
qui se dégage des anciens modèles, manquent aux nouveaux.
Il conviendra d'y apporter les corrections nécessaires pour
les mettre en rapport avec les types anciens ; pour cela, il
y a lieu de se servir de gabarits, en zinc, découpés sur les
modèles primitifs.
Certains tailloirs nouveaux de pilastres débordent trop sur
ceux-ci. Il parait que ces tailloirs sont copiés exactement
sur les restes des anciens qu'on a dû renouveler. L'effet qu'ils
produisent n'est pas heureux; mais, comme il s'agit d'une
restauration, la direction des travaux a jugé prudent de
respecter la situation primitive.
Pour le crépissage tant de la voûte que des murs, il faudra
absolument s'inspirer des anciens crépis de l'époque dont on
retrouve des traces dans le monument même, au-dessus du
chœur et du transept. En tous cas, il doit être aussi mince
que possible. On insiste tout particulièrement pourvue
l'architecte surveille soigneusement ce travail d'enduit qui
a une grande importance au point de vue archéologique.
En cas de doute, il devra en référer immédiatement à la
Commission.
La fenêtre en plein cintre établie dans le pignon, au-dessus
de la voûte du chœur, pour éclairer le grenier, devra être
rétablie dans son étal primitif, c'est-à-dire qu'elle sera divisée
en deux baies cintrées séparées par une colonnette, comme
celles existant dans les pignons du transept. Cette ouverture
réclame, à cause de ses dimensions importantes, une ferme-
ture en bois. La direction des travaux devra étudier un
— 156 —
mode de fermeture, soit en arrêtant les volets à la hauteur
du tailloir du chapiteau, soit en les étendant jusqu'au sommet
des arcs et en y ménageant des vasistas, soit en établissant
dans les deux arcs mineurs une partie pleine en pierre en
forme de linteau cintré contre laquelle s'arrêteront les volets;
ce dernier type se rencontre fréquemment dans les baies
romanes.
On doit regretter que le chéneau établi au chœur ait un
aspect moderne.
ECU» — Il a été procédé, le 24 juillet 1902, de concert avec
de Zamlvooidé.
M. De Meyer, membre du Comité des correspondants de la
Flandre occidentale, à l'inspection de l'église de Zandvoorde,
dont le classement est sollicité.
Cet édifice se composait anciennement d'un chœur, de
trois nefs, d'un transept et d'une tour qui surmontait la
croisée. Il est. probable que les trois nefs élaient d'égale
hauteur, comme à la plupart des églises du littoral
Les deux nefs latérales, les bras du transept, le chœur et
la tour ont été démolis, de sorte qu'aujourd'hui l'édifice ne
comporte plus que la nef centrale et le croisillon du transept,
lequel a été converti en sanctuaire ; une sacristie a remplacé
le chœur primitif; la tour qui précède la nef, à l'occident,
ne date que de quelques années.
Il est aisé de comprendre que toutes ces mutilations ont
singulièrement atténué l'importance de l'édifice. Néanmoins,
ce qui en reste est encore pourvu de mérite. Les colonnes
en pierre de Tournai avec chapiteaux à crochets qui sépa-
raient les trois nefs et qui remontent au xiur siècle, sont
aujourd'hui en partie noyées dans la maçonnerie, relative-
ment récente, fermant les arcades; ces supports sont inté-
— «57 —
ressants. La nef est actuellement éclairée par des baies
ménagées dans le remplissage des arcades; les anciens
oculus qui l'éclairaient autrefois ont été bouchés vers l'inté-
rieur; ils sont parfaitement conservés à l'extérieur. Leur
profil mouluré en briques forme une tracé aussi gracieux
qu'énergique.
A part les colonnes précitées, tout l'édifice était construit
en belles briques qui n'ont pas moins de 0m30 de longueur.
Vu la valeur artistique et archéologique que présentent
encore la nef et le croisillon du transept, il y a lieu de
ranger ces parties de l'église de Zandvoorde dans la troisième
classe des monuments du culte.
Tel qu'il est aujourd'hui, l'édifice ne répond plus aux
besoins de la population de la paroisse. 11 doit nécessaire-
ment être agrandi. Celte opération ne rencontrera pas de
sérieuses difficultés. Il suffira de rétablir les deux nefs laté-
rales, les bras du transept ainsi que le chœur dont l'arc
triomphal est encore visible à l'extérieur; enfin, d'ériger
une nouvelle sacristie. Un projet dans ce sens, basé sur un
relevé très exact de la situation actuelle, devra être étudié et
soumis aux autorités compétentes.
— Le conseil de fabrique de Droogenbosch ayant décidé £fU*e
de Droog eobotcb.
de faire dresser un projet d'ensemble des travaux de restau-
ration et d'appropriation que nécessite l'église de cette
localité, a prié la Commission de faire procéder à une visite
de l'édifice.
Celte visite, à laquelle assistait M. Dumortier, membre du
Comité des correspondants du Brabant, a eu lieu le
31 juillet 1902.
Les travaux que le conseil de fabrique se propose de faire
— 188 —
exécuter, sont les suivants, lesquels se feront au fur et à
mesure des ressources dont il pourra disposer :
i° Restauration générale extérieure et intérieure de
l'édifice;
2* Rétablissement de la porte d'entrée au centre de la
façade principale où elle se trouvait jadis et suppression des
deux entrées latérales qui ont été ouvertes il y a une quaran-
taine d'années et qui provoquent des courants d'air insup-
portables ;
3° Établir une porte de sortie à la sacristie, laquelle est
nécessaire pour éviter de traverser toute l'église pendant les
offices ;
4* Avancer le banc de communion vers le transept pour
augmenter l'espace dans le chœur ;
5° Supprimer les stalles actuelles, vastes bacs informes,
qui obstruent une grande partie du chœur et les remplacer
par des stalles en rapport avec le style de l'édifice ;
6* Approprier le jubé qui occupe une petite annexe au
côté nord du chœur ; renouveler les orgues et les disposer
de façon à ménager un espace suffisant pour les chantres qui
se tiennent actuellement à l'entrée du chœur.
Le travail exposé au paragraphe 6° nécessitera l'ouverture
d'une arcade dans le mur du transept nord pour installer le
buffet d'orgue de façon à laisser libre l'arcade qui s'ouvre
vers le chœur et par où l'organiste et les chantres auront
vue sur l'autel.
Il n'y a pas d'inconvénient, semble-t-il, à ce que les
propositions du conseil de fabrique soient admises. En con-
séquence, rien n'empêche ce collège de soumettre ses
projets aux autorités compétentes. Ces études devront être
— 159 —
basées sur un relevé complet et tout à fait exact de la situa-
tion actuelle du monument.
Il conviendra de profiter des travaux qu'on exécutera
dans le chœur pour faire relever et disposer contre l'un des
murs, à l'intérieur de l'église, l'importante dalle tumulaire
qui est encastrée dans le pavement du sanctuaire.
— Lors de l'examen du rapport récent de M. l'inspecteur é*u*
architecte provincial de la Flandre occidentale, concernant
diverses questions relatives aux travaux de restauration en
voie d'exécution à l'église de Nieuporl, il a été décidé de
procéder à l'inspection desdits travaux.
Cette inspection a eu lieu le 30 juin 1902.
Par suite de certaines démolitions opérées depuis la visite
précédente, on peut constater aujourd'hui que la voûte de
la croisée du transept était primitivement en bois, comme
toutes les autres voûtes de l'édifice. Une partie des nervures
en bois est encore en place, de même que des débris de bar-
deaux. Il n'y a donc plus de doute, cette voûte doit être
rétablie en bois.
On vient de découvrir dans le mur est du transept sud
une fenêtre primitive qui a été bouchée lors d'un remanie-
ment de l'édifice et remplacée par une autre baie plus vaste.
La situation primitive devra être rétablie.
L'enlèvement de la couverture du transept sud a démontré
que le faite de cette partie du monument est plus élevé d'en-
viron 0"50 que celui des toitures adjacentes. Gomme il n'y
a eu là aucun remaniement, il importe de conserver la hau-
teur actuelle de la toiture et du pignon sud.
Dans une partie du même transept, à l'intérieur, règne
sous la corniche qui couronne le mur, une suite d'arcatures
I
— 160 —
de formes différentes établies à des hauteurs inégales. Une
partie du mur n'en a pas et n'a pu en avoir à cause de la
hauteur de l'arcade de la nef latérale. II y a lieu de conserver
celles de ces arcatures qui datent de la construction primi-
tive; celles ajoutées lors de remaniements postérieurs
devront disparaître; elles sont, du reste, sans intérêt et éta-
blies à une hauteur telle qu'elles sont interrompues par les
poutres de la charpente.
On s'occupe actuellement du rétablissement des contre-
forts primitifs de la nef sud latérale au chœur, dont on a
retrouvé les anciens emplacements. Pour la terminaison de
ces contreforts, on peut adopter le système suivi au côté
nord, c'est-à-dire un couronnement en forme de batière.
de frmbUk. — H a été procédé, le 4 août 1902, à l'inspection des
travaux de restauration en voie d'exécution à l'église de
Lombeek-Notre-Dame (Brabant).
Ainsi que le constate le procès-verbal de réception n° 1,
joint au dossier, les travaux dont il s'agît s'exécutent dans de
bonnes conditions. Il y a donc lieu de délivrer un acompte
à valoir sur le montant du subside promis sur les fonds des
Beaux-Arts, en vue de celle entreprise.
On ne saurait trop recommander de rechercher, pour
celle restauration, et surtout pour le chœur, des pierres
d'une teinte se rapprochant le plus possible de celle qu'ont
acquise les pierres anciennes.
Quelques-unes des pierres nouvelles ont paru un peu trop
ciselées. Elles devraient recevoir, par ci, par là, un petit
coup de boucharde et même parfais être simplement taillées.
Il y a nécessité de chercher, pour ainsi dire pour chaque
pierre à remplacer, à reproduire la taille ancienne, car il y
Noire-Dame.
— 161 —
a dans les parements, notamment au chœur, des tailles
différentes qui varient suivant la nature de la pierre mise en
œuvre, laquelle est de provenance variée.
La poursuite des travaux de restauration du chœur réclame
la démolition immédiate de la sacristie, laquelle doit, en tout
état de cause, disparailre. La sacristie nouvelle devra être
écartée du chœur, de façon à n'en masquer aucune partie.
L'entreprise en cours, qui comporte des travaux choisis
parmi les plus urgents, sera bientôt terminée. Mais il reste
encore à faire bien d'autres ouvrages dont l'extrême urgence
s'accentue de jour en jour; il est donc indispensable de se
préparer immédiatement à entreprendre une seconde série
de travaux. La situation de certaines parties de l'édifice est
assez grave pour que l'on s'en préoccupe. Mais les ressources
des administrations locales sont déjà épuisées par les travaux
de la première série. Il faut donc, de toute nécessité, que
les pouvoirs publics viennent largement en aide à cette
pauvre commune.
Le temps accomplit rapidement son œuvre de destruction
et il est à craindre que si une interruption dans les travaux
de conservation et de restauration se produisait, les dégra-
dations s'accentueraient au point qu'il faudrait sacrifier, plus
tard, des sommes d'argent considérables pour y faire face,
sans compter que l'on s'exposerait à perdre des documents
artistiques et archéologiques précieux. C'est là une respon-
sabilité qui doit être écartée; elle retomberait sur le pays
entier. L'édifice en cause n'appartient pas seulement à la
modeste commune de Lombeek-Notre-Dame ; c'est un
monument national.
La Commission a, à plusieurs reprises, fait ressortir
— 162 —
l'immense intérêt artistique et archéologique qui s'attache à
cet édifice, joyau de Fart, sans rival dans les communes
rurales de notre pays et qui, à bon droit, a été rangé parmi
les monuments de tout premier ordre. On peut le dire sans
exagération : lorsqu'il sera remis dans son étal primitif,
grâce aux soins qu'y apportent M. Veraart, architecte, et
M. Vuy, entrepreneur, le temple dont il s'agit constituera
réellement une petite merveille. Il est donc de l'intérêt artis-
tique du pays tout entier que les pouvoirs publics s'imposent
tous les sacrifices possibles pour aider à atteindre ce but.
Un des premiers ouvrages à entreprendre est le dérochage
de l'ancien porche nord qui remettra au jour des détails de
haute valeur artistique, modèles précieux pour restaurer
l'intérieur du monument qui a été très mutilé au xvm* siècle ;
l'église elle-même devra également être dérochée à l'intérieur
dès qu'on le pourra.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'art. 25 du règlement.
Le Président,
Ch. Lagasse-de Locht.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROQÈS-VERBAUX
»»»»■■%»
SÉANCES
des 20 et 27 septembre; des 4, 11, 18, 25 et 31 octobre 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1° La proposition de confier à M. Eyckelbosch, peintre &uMde
Bob dé-Leninei.
restaurateur à Bruxelles, le rentoilage et la restauration de T»w«««-
six grands tableaux enchâssés dans les boiseries du chœur
de l'église de Bois-de-Lessines (Hainaut) ;
2° Le projet relatif à l'exécution d'un chemin de la croix Église de si«a.
1 * Chemin
peint dans l'église de Sluze (Limbourg) et à la décoration * ■»«*«,*■.
picturale de l'abside du chœur de cet édifice; auteur,
H. Tassin ;
3° Le projet relatif à la reconstitution de la peinture èft..«
de Nceroelcrtn.
représentant le Jugement dernier, de lare triomphal de Peiutoro mural#-
l'église de Neeroeteren (Limbourg); auteur, M. B ressers;
— 164 —
Ê*tite 4° Le projet concernant l'exécution de peintures décora-
deCraiebem. ■ J r
dteônS^ l»ves dans l'église de Crainhem (Brabanl); auteur, M. Jour-
dain ;
% afi«iiie S0 Le dessin d'an vitrail à placer dans l'église de Suer-
de Soerbenpde. r D
Yiimii. bempde (Brabant); auteur, M. Vosch;
Égii<e 6" Le projet relatif au placement de vitraux peints dans
de Moalenaeeen. ..... « ,. . . x , ,
vitraux. | église de Monlenaeken (Limbourg), sous la reserve que
l'auteur, M. Jeurisseo, s'en tiendra à une seule couleur
pour les verrières en grisaille ;
gel»» 7° Le projet relatif au placement de huit vitraux, d'un
de Saiiil-Nicolat. ... "
vûnS^îL aule' el "un Porla" en chêne, dans l'église de Saint-
Nicolas, à Tournai (Hainaut) ;
SciLedeKttifd. 8° Le projet relatif au placement d'une croix triomphale
dans l'église de Kessel (Anvers), à la condition que la partie
inférieure de la croix soit allongée, afin de placer la statue
du Christ un peu plus au-dessus des statues attenantes.
Vu les conditions imposées par les donateurs, il n'y a
pas d'inconvénient à ce que le calvaire repose sur une
trabes ;
tifiue 9° Les modèles de deux bas-reliefs destinés à un des
tf« Iteo Bel.
B.«-reii«fi. autels latéraux de l'église de Den Eel, sous Raevels (Anvers) ;
sculpteur, M Daems.
BgiiM d« ceiiet. — Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le
Chemin ^ r
d« la mùx. 49 ao£t i9Q2f dans l'église de Celles (Namur), que les
quatre stations du chemin de la croix, exécutées par
M. Middeleer, sont traitées dans les mêmes conditions que
celles effectuées, il y a une vingtaine d'années, par M. Van-
derplaetsen .
En conséquence, il n'y a pas d'inconvénient à ce que
M. Middeleer poursuive l'achèvement de l'œuvre.
— 168 —
— Il a élé procédé, le 27 septembre 1902, dans l'église DÉ«^«loli
de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles, à l'examen de la *£££■•
polychromie de l'autel de Sainte-Anne et des échantillons ° "*" "'
des changements à apporter à la polychromie du maître-
aotel.
La décoration de l'autel de Sainte-Anne (échantillon avec
quadrillé en or) semble bien comprise, mais le rouge est un
peu trop violacé ; il conviendrait de le rapprocher du ver-
millon. L'inscription de la face latérale de la tombe devra
être encadrée par un filet d'or, interrompu où les extré-
mités des lignes de l'inscription l'exigent.
Pour les changements projetés à la polychromie de la
tombe du mailre-autel, la travée du côté de l'Évangile
parait devoir être choisie ; pour les colonneltes de la table,
on adoptera le décor de la seconde colonnette du même
côté; l'inscription du gradin sera moins grande.
Le changement qu'on propose d'apporter au fond der-
rière l'autel du Sacré-Cœur n'est pas heureux ; il est préfé-
rable de conserver 1 échantillon déjà adopté. Pour que cet
autel produise l'effet désirable, il importe de peindre les
piliers du côté de la chapelle sur toute leur hauteur. Le fond
même dudit autel devrait être modifié; il est trop clair.
Mieux vaudrait adopter un ton rouge.
On vient d'installer le nouveau retable de l'autel de
Sainte-Wivine. Ce travail est bien compris; il est plus heu-
reux que les ouvrages de même nature précédemment
exécutés dans la même église, tant au point de vue de la
conception qu'à celui de l'exécution.
— Ensuite de la recommandation faite par le rapport de «§»•«
la Commission, en date du 29 juin 1900, il a été procédé à Yitrail'
— 16« —
la mise en place d'une lumière du vitrail du choeur de
de Slevoort (Limbourg).
Celle parlie de la verrière a fait l'objet d'un exa
9 octobre 1902. Il en résulte que le travail dont il
été exécuté d'une façon convenable. En conséquenc
ne s'oppose à ce que la verrière soit définitivement appi
et à ce que son exécution complète soit poursuivie.
Le maitre-autel et la cuve baptismale de la même
sont terminés et placés. Ces objets mobiliers ayant été
d'une façon satisfaisante, il n'y a pas d'inconvénient à
la totalité du subside promis sur les fonds des Beau
soit liquidée.
%uM. — H a été procédé, le 8 octobre 1902, à l'exa
<lt Saiul-rwrra, . . . , ■» ■ • • i i • ••
* 8vu^xro*d* C1D(1 Vllraux Points places dans 1 abside et les absidi
l'église romane de Saint-Pierre, à Saint-Trond.
M. Van Neuss, membre du Comité des correspond
la province du Limbourg, assistait à cet examen, d
résulte que les verrières dont il s'agit, œuvres de M. J.
ont été exécutées dans de très bonnes conditions.
Tour Henri VIII,
à Tournai.
CONSTUCTIONS CIVILES.
La Commission a adopté toutes les propositions forn^
en vue de l'exécution des travaux de restauration sté
ment nécessaires pour assurer la conservation de la
Henri VIII, à Tournai (Hainaul). Au cours de l'entre
on devra imiter scrupuleusement les hauteurs d'app
la taille de la pierre et le rejoinloyage primitifs. La dir
des travaux devra se mettre en rapport, à celte fin, av
membres correspondants du Collège qui résident à Tou
fo
,,r
— (67 —
MM. Soil et Sonneville, lesquels consulteront la Commission
en cas de difficultés.
— Pour satisfaire à la demande de l'administration JvS^J? Piix
de Mechelentar-
communale de Mechelen-sur-Meuse, il a été procédé, le MeaM<
16 octobre 1902, à l'inspection de la nouvelle justice de
paix, avec salle de délibération pour le conseil communal
de celle localité.
Il résulte de cette inspection, à laquelle assistaient
MM. l'abbé Daniels et Van Neuss, membres du Comité des
correspondants du Limbourg, que l'édifice dont il s'agit est
entièrement terminé et que sa construction a été faite avec
soin. Ce petit monument a été édifié avec un goût et une
recherche que l'on rencontre rarement dans les construc-
tions modernes de l'espèce. Conçu dans des données simples,
il se distingue par des qualités artistiques réelles. Aussi ne
peut-on qu'engager les pouvoirs publics à prendre en consi-
dération les sacrifices importants que s'est imposés celte
modeste commune de 1 ,700 habitants, pour doter le canton
de Mechelen d une œuvre architecturale propre à propager
le goût artistique dans nos campagnes. Pour ce motif, il est
désirable que les subsides de l'Autorité supérieure soient
alloués dans la mesure la plus large possible et qu'une
même intervention généreuse soit accordée quand il s'agira
de doter l'édifice d'un mobilier en rapport avec le caractère
spécial qui le distingue.
— A la demande de la Société d'Archéologie du canton eu*.*
de Logne.
de Durbuy, il a été procédé, le 2 octobre 1902, de concert
avec M. l'architecte Fcrnand Lohest, à l'inspection des
travaux de déblaiement et de fouilles entrepris dans les
ruines de l'ancienne forteresse de Logne.
— 168 —
M. P. Lohest, membre du Comité des correspondants de
la province de Liège, assistait à cette inspection.
Les travaux effectués depuis la dernière visite (3 octo-
bre 1901), sont importants On a poursuivi les déblais dans
divers endroits de la forteresse, dans les fossés extérieurs,
dans le grand fossé du donjon, dans ce même donjon. On
a notamment fini de déblayer tous les parapets de ce dernier
et mis au jour la cuisine. Certaines fouilles ont, d'autre part,
amené la découverte des assises d'une tour destinée à
flanquer la grande courtine du côté de l'Ourlhe. On pour-
suivra l'élude de cet ouvrage pour en déterminer exactement
le raccordement à la forteresse ; celte tour est figurée au
plan annexé au dossier.
Les travaux ont aussi amené la découverte, dans la cour
du doujon, d'une troisième citerne au fond de laquelle on a
trouvé des monnaies intéressantes en argent et même en or.
Les fouilles ont encore mis au jour divers objets du moyen
âge, parmi lesquels des pièces de serrurerie, des poteries,
des armes, etc.
Jusqu'à présent, on n'a pas découvert de puits.
Les déblais effectués du côté du village de Logne ont
amené la mise au jour de deux chemins de ronde V et W,
en impasse, auxquels on avait probablement accès par une
échelle placée en X dans la caverne de la gatte d'or F'.
Le premier de ces chemins de ronde est taillé en plein roc.
Enfin, on a déblayé partiellement l'ouvrage avancé A de
la pointe extrême nord du rocher sur lequel est assise la
forteresse; on recherchera si ce bâtiment, de forme rectan-
gulaire, dont il ne reste que le soubassement, n'était pas une
chapelle extérieure.
— 169 —
La grande courtine vers l'Ourthe est presque entièrement
consolidée. Ce travail de maçonnerie est exécuté avec beau-
coup de soins; les matériaux en ont été pris dans les ruines;
leur taille est en tout semblable à celle des pierres anciennes.
Il semble que l'aspect de celte courtine gagnerait beaucoup
si on enlevait le remplissage en maçonnerie, d'ailleurs de
construction médiocre, qui bouche les meurtrières à embra-
sure du côté de l'Ourthe. La monotonie de ce grand mur,
qui se profile sur le ciel, en serait heureusement rompue, et
la vue, de la vallée et du chemin de fer, y gagnerait beau-
coup.
Il parait désirable de compléter les aboutissements des
voûtes du couloir H passant sous la cuisine ainsi que le côté
nord de la voûte S situé sous la tour de guet, enfin aussi
les bouts de la voûte du chemin de ronde L donnant accès
au donjon. Ces réfections empêcheront la désagrégation
desdites voûtes, dont les extrémités sont ruinées, mais elles
seront relativement coûteuses.
Pendant l'hiver prochain, on continuera le déblaiement
des fossés extérieurs, du grand fossé du donjon et de la
plate-forme de (a tour de guet du côté sud du château ; on
recherchera s'il n'exisfait pas plus de deux ouvrages avancés
de ce côté. On recherchera aussi la communication qui
parait avoir existé entre les cavernes de la gatte d'or F' et le
donjon qui les surmonte.
La Société d'Archéologie désirerait, pour débarrasser le
grand fossé extérieur, vers Logne, pouvoir prendre les
pierres qui s'y trouvent et en faire une sorte de mur sec
provisoire au delà du mur d'enceinte qui forme le glacis
extérieur. Ces pierres seraient ainsi placées provisoirement
— m —
6° Le projet relatif à la construction de dépendances au
presbytère de Grand-Rechain (Liège); architecte, M. Jacob.
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
È«iue 1° À Koekelberg (Brabant), à la condition que Fauteur,
de Koekelberg.
M. Ramaekers, examine les observations formulées dans le
rapport de M. l'architecte provincial en chef, en date du
12 août 1902 ;
egiise dortho. 2° À Ortho (Luxembourg), sous réserve de tenir compte
des recommandations suivantes : a) suppression des arcs
extérieurs qui encadrent les fenêtres de la haute nef; 6) sup-
pression du faux-transept ; c) donner plus d'élévation à
l'abside semi-circulaire et l'éclairer directement; architecte,
M. Van Gheluwe;
ficus* 3° À Longlain, commune de La Louvière (Hainaul) ;
de Longlain.
architecte, M. Leborgne ;
figure 4' A Saint-Lambert, commune de Tourinnes-Saint-Lam-
Saint-I>ambert(
àTonrinne». berl (Brabant). L'attention de l'architecte, M. Barbier, a été
appelée sur l'absence d'entraits à la charpente et on l'a invité
à examiner s'il a la certitude que les murs latéraux résisteront
à la poussée de la charpente.
Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des
églises :
Église 1° De Vaux-lez- Rosières, commune de Nives (Luxem-
de Vtux-lcx-
Roiièret. bourg); architecte, M. Clipper;
EgiiM. 2° D'Appelterre-Eychem (Flandre orientale). Au cours
Ey?5em.re de l'exécution des travaux, l'architecte, M. Vaerwyck, devra
— 175 —
examiner si Ton ne pourrait avancer la sacristie vers Test et,
au moyen d'an couloir, la relier au chœur même de l'église ;
on éviterait, de la sorte, le passage au travers de la chapelle
latérale nord ;
3* De Chaud fontaine (Liège) ; architecte, M. Wendeler. éf"**»
ChMofonta toc*
Ainsi que les projets ci-après :
4° Reconstruction de la flèche de 1 église de Pondrome é^m
de Poodrome.
(Namur) ; architecte, M. Lange ;
5° Établissement d'un jubé dans l'église de Jamoigne é,»^
(Luxembourg) ; architecte, M. Van Gheluwe.
Et, enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux ou* mobilier.
églises de :
Vosselaere (Flandre orientale) : stalles ;
Fonlin, sous Esneùx (Liège) : cloche ;
Hyon (Hainaut) : retable;
Ham-sur-Heure (Hainaut) : cloche;
Léglise (Luxembourg) : bancs ;
Assche (Brabant) : cloches ;
Louftémont, commune d'An lier (Luxembourg) : maître-
autel et confessionnaux ;
Bernissart (Hainaut) : mobilier complet.
— L'église de Familleureux a élé incendiée par la foudre, fy...
. . .^^** d« F««iHe«reoi.
le 30 juin 4902.
Une inspection des restes de l'édifice, à laquelle MM. Devil-
lers et Hubert, membres du Comité des correspondants du
Hainaut, assistaient, a eu lieu le 24 septembre 1902.
Le chœur est la partie la plus ancienne du temple; il
formait primitivement la chapelfe castrale dédiée à la Sai nie-
Vierge, bâtie en 1186, selon ce que dit Lejeune dans sa
notice sur Familleureux. Il est construit d'après les principes
— 174 —
romans» mais l'ogive y apparaît déjà. La nef semble remon-
ter au commencement du xvi* siècle ; on y a ajouté deux
travées il y a environ 25 ans.
Le chœur était recouvert par une voûte en bardeaux ; la
nef était voûtée en briques avec nervures et arcs doubleaux
en pierre bleue. Lors de l'agrandissement de l'édifice, vers
1877, le prolongement des bas-côtés a été recouvert par des
voûtes en plâtrage. C'est à ce système économique de con-
struction que l'on doit attribuer toute l'étendue du désastre
du 30 juin 1909; c'est par là que le feu est descendu dans
l'église, où le mobilier lui a procuré l'aliment propagateur
d'une conflagration générale.
L'édifice était assuré pour 60,000 francs. La Compagnie
d'assurance a évalué les dégâts à 34,000 francs.
Les murs, en général, semblent encore solides et paraissent
avoir conservé leur aplomb ; les colonnes, arcs et nervures
en pierre sont en grande partie calcinés ; on sera obligé d'en
rertiplacer beaucoup de pierres. En tous cas, il importe de
conserver tout ce qui peut être maintenu des maçonneries
anciennes, surtout les sommiers, les naissances des groupes
d'arcs, de nervures, etc., au-dessus des colonnes.
Pour le renouvellement partiel des colonnes, des bases,
des chapiteaux, des arcs et des nervures, on devra reproduire
exactement les éléments anciens en ayant soin d'en prendre
des moulages. La base et le chapiteau de la première colonne
au côté nord, près du chœur, semblent primitifs; c'est donc
là que l'architecte devra emprunter les types pour les parties
des colonnes à renouveler.
On devra remanier les quatre fenêtres de la partie
moderne des nefs, construites en dépit des principes de Tari
— 178 —
ogival, afin de les mettre en harmonie avec celles de la
partie ancienne desdites nefs.
Le clocher en bois qui surmontait la travée centrale de la
nef ayant élé détruit, rien n'empêche de le rétablir sur la
première travée près de la façade. Où il était situé, il consti-
tuait une gène pour la sonnerie des cloches pendant les
offices, au milieu des fidèles; on pourra sonner les cloches
du jubé, si le clocher est établi sur la première travée.
Il n'y a pas lieu de rétablir l'escalier en bois qui se trouvait
dans l'angle nord-ouest du bas-côté ; on aura accès au jubé
et au clocher par l'escalier en spirale ménagé dans la tourelle
de la façade ouest.
Quelques pierres lumulaires sont encastrées dans le pave-
ment de l'église; on devra les appliquer contre les murs
intérieurs lors de la restauration du temple; ce sont des
documents intéressants pour l'histoire locale ; à ce litre, ils
doivent être conservés avec soin.
Un bas-relief intéressant représentant les manants de
Houdeng venant solliciter de Fier-à-bras, seigneur de Velle-
reille et de Familleureux, le pardon des outrages qu'ils lui
ont faits, ainsi qu'une petite statue de la Sainte-Vierge, l'un
et l'autre du xve siècle, ont pu être sauvés lors de l'incendie.
On les rétablira dans l'église restaurée à leur place respective.
Un Ecce-Homoen pierre est adosséà l'extérieur du chevet;
cette œuvre, qui ne manque pas de mérite, devra être éga-
lement réintégrée dans l'église. On fera bien de l'abriter en
attendant que celte mesure puisse être prise.
— Il a été procédé, le 13 octobre 1902, à l'inspection des écu* de Bn<c.
travaux d'agrandissement et de restauration de l'église de
Brée.
— «76 —
MM. l'abbé Daniels, Jantiné el Van Neuss, membres du
Comité des correspondants de la province du Limbourg,
assistaient à celte inspection.
L'entreprise dont il s'agit est sur le point d'être terminée.
Les travaux ont été exéeutés avec tous les soins dési-
rables.
Bâtie en pierres jaunes de Fauquemont, l'église de Brée
constitue un édifice d'une réelle valeur artistique, <F un carac-
tère imposant. L'intérieur surtout, avec ses cinq ne£s,
présente un aspect majestueux où abondent les points de
vue pittoresques.
En résumé, l'édifice est réussi sous tous les rapports et il
y a lieu de féliciter les auteurs qui ont si bien tiré parti,
pour l'agrandir, de la disposition du terrain et des parties
conservées de l'ancienne église.
Elu* — I-e projet soumis en vue de l'agrandissement de l'église
de Brnu«fb«ro . „
de Brusseghem a fait I objet dun examen, sur place, le
2 octobre 1903, de concert avec M. Dumortier, membre du
Comité des correspondants du Brabant.
Après une longue étude, il a été reconnu que le parti le
plus avantageux pour conserver l'orientation du temple et
répondre aux besoins d'une population qui s'accroît sensi-
blement, était de prolonger les bas- côtés vers l'ouest, de
reculer la tour et d'ajouter deux travées à la nef.
En raison de la proximité d'une voie charretière en contre-
bas du mur qui ceint le cimetière, l'extension ne se prèle
pas du côté du sanctuaire, tandis qu'elle est praticable vers
la façade principale en absorbant un chemin qui, adminis-
trativemenl condamné, va être reporté et élargi un peu plus
loin.
— 177 —
Celte opération de voirie dotera même l'église d'un petit
parvis.
La tour qu'il s'agit de démolir, a marqué les débuts de la
construction de l'édifice. Elle remonte à la fin du xv* siècle»
Bâtie en moellons extérieurement, intérieurement jusqu'à
la hauteur des cod Ire forts, les rides qui sillonnent ses faces
massives ne sont pas imputables uniquement à l'âge. Ses
lézardes, ses fissures proviennent surtout des fondations
défectueuses et insuffisantes qui la supportent; des ancrages
la maintiennent de tous côtés. Son mérite réside dans l'an-
cienneté. Il conviendra de la rétablir dans ses dispositions
actuelles pour perpétuer le souvenir de ce témoin d'un passé
lointain. L'auteur ne dérogera à l'ordonnance générale que
par l'exhaussement des contreforts et le placement des
cadrans sous les abat-son.
Le chœur pen lagon al, qui est la portion la plus soignée,
architecluralement parlant, ne manque pas de caractère. Il
date, ainsi que les transepts, du commencement du xvi* siècle.
Son appareil est identique â celui de la tour. L'inéluctable
travail du temps ne l'a pas épargné. Il importera de le sou-
mettre à une restauration entendue sitôt l'achèvement de
l'agrandissement.
Ombrée par des bouquets d'arbres, entourée de labours
et de maisonnettes, l'église de Brusseghem, qui est rangée
dans la 3* classe des monuments, s'élève au sommet d'un
plateau herbu.
Celte construction ogivale, en pierres grises, a un aspect
ramassé. La tour, que surmonte une flèche élancée couverte
d'ardoises, constitue à peu près le tiers de la superficie du
monument. Les charpentes, contemporaines de son érection,
— ils —
étant intéressantes et en excellent état de conservation, leur
remise en œuvre dans la réfection est tout indiquée.
Il a été recommandé à M. Dhaeyer, venu sur les lieux,
de s'inspirer, dans le remaniement de son projet, pour les
parties à créer, des types existant ou à découvrir dans
l'église : bases de colonnes, chapiteaux, moulures, culs-de-
lampes, etc.
ÊfiiM — Il a été procédé, le 39 septembre 1 902, à l'examen de
deSaiol-MarUo,
iRentii. |a nouvelle série de meubles installés dans l'église de Saint-
Martin, à Renaix.
M. Serrure, membre du Comité des correspondants de la
Flandre orientale, assistait à cet examen.
Les meubles en question se composent :
Des autels de la Sainte-Vierge et de Saint-Joseph ;
De quatre confessionnaux ;
De quatre crédences ;
Du banc de communion devant la chapelle du Saint-
Sacrement ;
De la clôture du chœur ;
Des clôtures des chapelles de la Sainte- Vierge et de Saint-
Joseph ;
De l'autel du Saint-Sacrement ;
De la chaire à prêcher.
Tous ces objets ont été exécutés avec soin. En conséquence,
rien n'empêche de liquider les subsides y afférents.
Il résulte de renseignements fournis sur place que l'exé-
cuteur des grilles de clôture du chœur et des chapelles n'a
eu à sa disposition, lors de la rédaction de sa soumission,
que des dessins d'ensemble, les détails d'exécution n'étant
pas dressés à cette époque. Il se fait que ce soumissionnaire
— t79 —
n'a pu se rendre exactement compte de l'importance réelle
de son entreprise; par suite, celle-ci lai a imposé un travail
plus complexe que celui auquel il était en droit de s'attendre,
de sorte qu'il se trouve en présence d'une perte d'argent
au lieu d'un bénéfice.
Il semble équitable de lui en tenir compte en lui allouant
une certaine indemnité à répartir entre les diverses adminis-
trations intervenant dans la dépense, d'autant plus que
malgré l'éventualité d'une perte sèche, ce modeste entre-
preneur s'est acquitté, de la façon la plus consciencieuse, de
l'important travail qui lui était confié.
Dans l'intérêt de la conservation de la belle église de
Saint-Martin, dont la construction est 1res réussie, il importe
de la préserver des atteintes de l'humidité en dotant tout son
pourtour d'un bon trottoir en pavés posés au mortier et de
paver la petite cour à côté de la sacristie.
Dans le même but, il est prudent d'établir des contre-murs
autour du presbytère partout ou le terrain du jardin est en
contact avec les murs de l'habitation.
— Il a été procédé, le 26 octobre 1902, à l'examen t9u$»
tic Laroche
dune nouvelle partie de meubles placés dans l'église de
Laroche.
MM. le comte de Limburg-Slirum et Sibenaler, délégués
du Comité des correspondants du Luxembourg, assistaient
à cet examen.
Les orgues, bien que divisées en deux buffets, donnent
pleine satisfaction tant au point de vue du travail que de la
sonorité.
La chaire à prêcher est également reçue, mais sous la
réserve de raccorder la balustrade de l'escalier avec la cuve
— 180 —
et de faire disparaître la teinte noire trop visible du rejoio-
toyage des pierres.
La statue du Sacré-Cœur qui se trouve dans le trumeau,
entre les deux fenêtres au-dessus du maître- autel, n'est pas
suffisamment éclairée; c'est à peine si on la remarque. II y
aurait lieu de la placer à un endroit plus apparent, sur un
piédestal isolé.
Quant aux deux statues, dont une de Saint-Nicolas, patron
de l'église de Laroche, placées actuellement au-dessus du
portail-tambour de l'entrée de droite, elles pourront provi-
soirement être installées au-dessus des deux portes du chœur
de l'église donnant accès à la sacristie. En tous cas, on ne
peut, à aucun prix, les attacher aux deux gros piliers du
transept, où elles briseraient l'aspect de Tare triomphal.
Les couleurs rouges et bleues du fond des vitraux du
chœur seront remplacées par des teintes diaprées moins
voyantes.
La Vierge qui se trouve au centre du vitrail de gauche,
qu'il avait été question de remplacer par une véritable Notre-
Dame de Luxembourg, pourra être maintenue à raison de
son cachet artistique. L'image de Notre-Dame de Luxem-
bourg se trouve d'ailleurs déjà dans la partie supérieure de
la même verrière.
Le monument élevé par le conseil communal et les habi-
tants de la ville de Laroche à la mémoire de feu M. Edouard
Orban de Xivry, Gouverneur de la province de Luxembourg,
œuvre remarquable du sculpteur Vermeylen, gagnera à
l'exécution de quelques légers travaux d'ornementation en
ce qui concerne l'épitaphe ainsi que les armoiries de la
province et de la ville de Laroche : celles-ci pourront être
— 181 —
peintes de façon à indiquer les émaux et les métaux selon la
science héraldique. D'autre part, les lettres composant l'épi-
(aphe seront en ton rouge, afin que le visiteur puisse mieux
lire l'inscription, un peu sombre, par la nature même de la
pierre employée (i).
Le genre et le style de ce monument ont été inspirés par
un ancien monument dont il forme pendant, lequel a été
érigé, en 158 S, à la mémoire de la famille de Waha de
Baillonville.
Sur la proposition de M. le Président de la Commission,
la délégation a engagé les membres présents de l'adminis-
tration communale et les fabriciens à ne pas se presser pour
effectuer des travaux de polychromie à l'importante église
de Laroche et, le cas échéant, à ne confier ce travail qu'à
des artistes de talent en prenant, au préalable, l'avis de
l'architecte auteur de l'édifice et de la Commission royale
des monuments.
Le mobilier prévu pour l'église de Laroche étant terminé
et approuvé, sauf en ce qui concerne la peinture des volets
du mailre-autel, qui devra être refaite, rien n'empêche de
liquider le subside alloué sur les fonds des Beaux-Arts en
vue de celte entreprise.
(0 Voici le texte de cette inscription :
« Le conseil communal et les habitants de la ville de Laroche ont élevé
b ce monnment à la mémoire du baron Edouard Orban de Xivry, le très
» aimé Gouverneur, né en leur ville, le 28 septembre 1858, frappé dans
» l'exercice de ses fonctions et décédé à Arlon, le 26 janvier 1901. Vous
i tons qui visitez cette église, priez Dieu pour le repos de l'âme de cet
» homme de bien, mort victime de &a charité envers un pauvre insensé
• auquel il pardonna généreusement. »
— 18) —
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
ÉeiiM 1° Le projet de divers travaux de restauration et d'amé-
nagement à exécuter à régi i se de Pétigny (Namur) ; archi-
tecte, M. Lange;
É«iiM 9° Le projet relatif à la restauration de l'église de Léglise
(Luxembourg) ; architecte, H. Gupper ;
SfiiM 3° Le projet de restauration de l'église de Saint-Joseph,
luîmUSSL' à La Louvière (Hainaut); architecte, H. Draily;
ggiiM 4° Le projet concernant l'exécution de travaux de répa-
ration à l'église de Furnaux (Namur) ;
feu* 5° Le projet de restauration des toitures de l'église d'An-
d'Auaenelle.
denelle (Namur); architecte, M. Simon;
Égibe 6° Le projet relatif au renouvellement de la toiture de la
flèche de l'église de Vilrival (Namur) ;
Êgiiic <io vacbt. 7° Le projet de restauration de l'église de Vucht (Lim-
bourg); architecte, M. Marlens;
Égi»e 8° Le projet concernant des travaux de restauration à effec-
d'Haulrages*
tuer à l'église d'Haulrages (Hainaut) ; architecte, M. Lhœst ;
Église 9* Le projet relatif à la restauration de l'église de Vloer-
de Vlocrscgcm.
segem (Flandre orientale), à la condition que l'on aura égard
aux observations émises par M. l'architecte provincial;
Égii»c 10° Le projet de restauration de l'église de Husseignies
de Husseignies. r * ^ °
(Hainaut). Au cours de l'exécution de l'entreprise, l'archi-
tecte, M. Dufour, devra examiner s'il ne serait pas possible
d'augmenter l'élévation de la nef centrale en établissant la
voûte en bardeaux au-dessus des entrails et en laissant
visibles ces derniers ;
— 185 —
H* Le projet concernant l'exécution de travaux de res- *«»«,
■ • de NieowenlioTe.
tauration à l'église de Nieuwenhove (Flandre orientale) ;
architecte, H. Birmant;
12° Le projet de travaux complémentaires de restauration éciîm
r J r d'Eitairoboorg.
à effectuer à l'église d'Estaimbourg (Hainaut) ; architecte,
M. Cordonnier;
13* Le projet de restauration de la tour de l'église de Egiiaa
■ • ^ de Linsmean.
Linsmeau (Brabant); architecte, M. Langerock;
14° Le projet relatif à la restauration des toitures de U\<*
l'église d'Haulchin (Hainaut) ; architecte, M. Simon;
15° Le projet de restauration de la tour de l'église êcum
r J ° d'Eeckeren.
d'Eeckeren (Anvers) ;
16" Le projet d'une nouvelle série de travaux de restau- Égu* „
r * de Westmalle.
ration et d'agrandissement à effectuer à l'église de Westmalle
(Anvers) ; architecte, M. Gife ;
17° Le projet relatif à la restauration de l'église de Ver- u*«
. \ deVlnrjck..
tryck (Brabant) et à la construction d'une sacristie à cet
édifice; architecte, M. Langerock;
18° Le projet d'une troisième série de travaux de restau- fi***
1 * de BaintJacqaes,
ration à exécuter à la tour de l'église de Saint-Jacques, à kAntew-
Anvers; architectes, MM. Blomme frères ;
19* L'avant- projet d'une nouvelle catégorie de travaux à ta*
exécuter pour la restauration de l'église de Walcourl(Namur).
On devra combiner l'aménagement de la sacristie nouvelle
de façon à utiliser les armoires et les boiseries en style du
xviu' siècle qui se trouvent dans la sacristie actuelle. La
Commission n'a cessé d'insister, à chacune de ses visites,
dans ce sens ; l'importance artistique de ces boiseries oblige
à les conserver avec le plus grand soin ; architecte, M. Lan-
gerock;
— 184 —
«giiM 20° Le projet relatif à la reconstitution des entrées primi-
deSiint-BaTOQ, r 4 r
àc.nd. tjves (je ja çpyp^ je ja cathédrale de Saint-Bavon, à Gand
(Flandre orientale), sous la réserve qu'il sera tenu compte
des observations présentées par M. l'architecte provincial,
dans son rapport du 6 juin 1902, à l'exception de l'obser-
vation n° 1 : il parait préférable, en effet, de maintenir la
largeur de l'escalier telle qu'elle figure au plan adopté. Pour
ce qui concerne les garde-corps en fer forgé, il importe de
les mettre en rapport avec la simplicité de l'ensemble de la
construction; architecte, M. Van Âssche;
compu. 21° Les comptes des travaux de restauration exécutés aux
de travaux
d« re.Uuratio«. égjjses de l
Sainl-Gommaire, à Lierre (Anvers) : exercice 1901 ;
Saint-Hubert (Luxembourg) : trois premières séries d'ou-
vrages.
.ÉtiiM — Le projet soumis en vue de la restauration de l'église
de Ramsappellc
lexNieoport. <je Ramscappelle lez Nieuport (Flandre occidentale), a fait
l'objet d'un examen, sur place, le 21 août 1902.
M. van Roymbeke, membre du Comité des correspon-
dants, assistait à cet examen.
Ainsi que le déclare M. van Ruymbeke dans son intéressant
et très complet rapport du 26 mars 1902, aux conclusions
duquel le Comité des correspondants s'est rallié, beaucoup
de travaux prévus sont inutiles, d'autres sont inadmissibles
et n'ont pour but que de chercher à enjoliver, à tort, la
construction actuelle, qui est fort intéressante.
Le projet présenté doit, en conséquence, faire l'objet d'une
nouvelle et sérieuse étude. L'auteur devra se borner à y
prévoir les travaux strictement indispensables pour mettre
l'édifice en bon état d'entretien sans changer aucune forme,
— 185 —
sans y ajouter aucun élément dont l'existence primitive n'est
pas absolument démontrée.
Avant de se livrer à cette étude, l'architecte devra faire
dérocher et mettre à nu, à l'intérieur, quelques parties du
monument, notamment une travée complète et rechercher
l'ancienne disposition de la voûte en bardeaux masquée par
un plafonnage moderne.
■
Les travaux à faire en premier lieu doivent consister dans
la restauration des toitures, des gouttières, rejointoyage des
maçonneries, etc. Toutefois, les travaux de rejointoyage
devront être bornés au strict nécessaire, c'est-à-dire au
remplissage des joints ouverts et de ceux qui menacent de
s'ouvrir; tous les joints qui sont en bon état doivent être
rigoureusement respectés. On ne pourra employer le ciment
pour les rejoinloyages, cette matière n'est pas recomman-
dable pour des ouvrages de l'espèce. Il faut prévoir un bon
mortier composé de chaux et de sable rude.
Il faut conserver aux parements extérieurs, aux seuils,
cordons, larmiers, etc., toutes les briques ou pierres qui
sont susceptibles d'être maintenues sans inconvénient ; par
conséquent, on doit remplacer le moins possible de maté-
riaux.
Il n'y a pas lieu d'établir des corniches au pied des
toitures ; il n'y en a pas eu autrefois ; de simples gouttières
sur crochets suffisent, elles auront pour résultat de ne pas
changer l'aspect de la construction.
A la façade est des nefs, l'auteur trouvera, dans les fenê-
tres bouchées, d'excellents modèles d'anciens réseaux en
briques moulurées pour le rétablissement des meneaux et
réseaux des autres fenêtres de l'édifice.
— 186 —
On ne pourra employer la pierre, dans les travaux de
restauration, que là où il en existe actuellement, c'est-à-dire
à quelques soubassements et aux angles des contreforts. En
tous cas, remploi de la pierre bleue doit être évité.
L'arc triomphal doit être respecté.
Il est inutile d'ouvrir les deux fenêtres aux extrémités
occidentales des nefs latérales.
Le petit perron adossé à la face nord de la tour doit être
conservé, c'est un souvenir historique ; par suite, la fenêtre
derrière ce perron restera blindée.
L'arc en anse de panier de la porte occidentale et, en
général, tous les autres arcs que l'architecte propose de
modifier doivent être conservés intacts; il ne faut apporter
aucune modification aux dispositions archilectoniques de
cet intéressant monument; pour la même raison, la partie
supérieure de la tour et la flèche doivent rester telles qu'elles
sont. Il ne faut pas de meneaux aux abat-son et il est inutile
d'établir des larmiers au-dessus des cadrans, ces éléments
n'existant pas actuellement.
Les ancrages de la tour doivent rester intacts, sans ajoute
d'aucune ornementation.
Les pignons ne doivent subir aucune modification ; on les
restaurera simplement sans les couvrir de rampants en
pierre et sans les surmonter d'une croix. Ce dernier emblème
ne doit pas être prodigué.
On devra prévoir, au projet, les moyens à employer pour
assurer le libre écoulement des eaux pluviales tout autour
de l'édifice.
Une nouvelle élude du projet de sacristie est indispen-
sable; il y a lieu, pour ce bâtiment, de s'inspirer du style
— 187 —
local et d'y employer exclusivement des briques du type des
anciennes.
Il est visible que le pavement du chœur a été surélevé;
on peut donc prévoir son abaissement au niveau pri-
mitif.
Rien n'empêche de remonter un peu le plancher du jubé;
son peu d'élévation constitue une gène sérieuse pour le
passage des processions.
Les surfaces plates en briques des murs doivent être
dérochées ; elles seront ensuite recouvertes d'un léger enduit
sons forme de badigeon, comme on le faisait autrefois;
quant aux encadrements moulurés en briques et aux meneaux
des fenêtres, aux colonnes et aux moulures intérieures, rien
ne m pèche de les laisser apparents.
Les stalles et les clôtures entre les colonnes doivent être
maintenues tout en les appropriant ; tout au plus pourra-t-on
enlever l'enveloppe en bois des colonnes. Par contre, on
peut enlever les lambris insignifiants appliqués contre les
murs latéraux qui empiètent sur le seuil primitif des fenêtres;
le bois à en provenir pourra être utilisé pour la confection
d'armoires dans la nouvelle sacristie.
Les confessionnaux trouveront un emplacement très con-
venable au fond des nefs latérales, sous les fenêtres bouchées.
Un Saint-Sépulcre intéressant existe dans la nef latérale
nord ; il devra être conservé avec soin et l'architecte étudiera
un projet d'appropriation de l'arcade qui le surmonte.
Deux statuettes en bois de la Sainte- Vierge et de Saint-
Jean sont conservées dans l'église; elles proviennent sans
doute de l'ancienne croix triomphale qu'il conviendra de
rétablir.
— 188 —
s.iDu£m.io. — 11 a été procédé, le 22 août 1 902, à l'inspection des
travaux de restauration en voie d'exécution à Téglise de
Saint-Germain (Namur).
Il résulte de cet examen que l'entreprise s'effectue dans
de très bonnes conditions.
Le mur nord de la haute nef surplombe d'environ 23 cen-
timètres sur une certaine longueur vers le chœur et est
courbé vers l'extérieur à sa partie supérieure ; par suite, la
corniche produit une courbe semblable. L'architecte propo-
sait de rectifier cette courbe en employant des corbeaux de
différentes saillies. Ce travail ne produirait pas un bon effet.
Les corbeaux doivent avoir une saillie régulière. On pourra
maintenir plane la surface de la toiture en ajoutant au pied
de celle-ci, à la partie courbe, de petits coyaux qui ne seront
guère visibles de l'extérieur. Il faudra ancrer soigneusement
les entraits de la charpente pour neutraliser la poussée des
murs.
Pour les plafonds en chêne, l'architecte devra avoir soin
de bien s'inspirer du type des anciens.
La pente des toitures des bas-côtés devra être ramenée à
son ancienne inclinaison, de façon à conserver aux fenêtres
de la haute-nef leur hauteur primitive qui a été diminuée
par le bas.
Le crépissage intérieur devra être très mince et exécuté
au mortier rugueux comme on le faisait anciennement, à
l'exclusion du plâtre ; il ne faut pas que ce crépi soit tracé
à la règle, il importe qu'il suive les irrégularités des murs
comme s'il était exécuté à la brosse.
Il est nécessaire que l'architecte produise, à bref délai, un
plan d'ensemble des abords de l'édifice indiquant les trottoirs
— 189 —
à y établir, le déchaussement du côté nord et tous les moyens
à mettre en œuvre pour éviter que les eaux pluviales ne
séjournent au pied des murs.
— Pour se prononcer sur le projet relatif à la restauration égiiu de f***.
intérieure de l'église de Fosses, la Commission a jugé utile
de faire établir, dans le chœur de cet édifice, à la place qu'il
doit occuper, un fac-similé de l'un des escaliers projetés pour
donner accès au-dessus des voûtes de la crypte.
L'examen de ce fac-similé a eu lieu le 23 octobre 1902,
de concert avec MM. le chanoine Sosson, Baron del Marmol,
Boveroulle et Dardenne, membres du Comité des correspon-
dants de la province de Namur. Il en résulte que la largeur
indiquée au projet pour les escaliers précités est exagérée ;
une largeur approximative d'un mètre vingt centimètres
suffit. On devra établir ces escaliers contre les murs latéraux
du chœur de façon à ménager le plus d'espace possible aux
deux côtés de l'autel en vue de la facilité des cérémonies du
culte. Pour la même raison, cet autel sera adossé au mur
du fond.
Les escaliers devront avoir leur départ plus près du mur
du fond ; les marches seront réduites à une profondeur
strictement nécessaire afin de réduire, dans la mesure du
possible, le développement des escaliers.
Il est désirable qu'on renonce au fer pour les garde-corps
des escaliers et de la voûte au-dessus de la crypte. Il importe
d'adopter la pierre, laquelle était en usage à l'époque romane
et de rester dans une grande simplicité.
Les trois marches qui se trouvent à l'extrémité des stalles,
dans le chœur, devront être reculées vers l'autel, au delà de
l'emplacement choisi pour établir le banc de communion.
— 190 —
ÊgiiM.d* — Au cours des travaux de restauration du croisillon de
Satote-Gertrade,
« Nielle.. )a co||égiale de Sainte-Gertrude, à Nivelles, il a été constaté
que le grand arc occidental dudit croisillon a été élargi et
surélevé au xvii* siècle, comme l'arc oriental du même croi-
sillon.
Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le 90 octo-
bre 1902, que le rétablissement de l'arc occidental, dans
ses dimensions primitives, s'impose comme un complément
nécessaire de la restauration commencée. On devrait exécuter
ce travail sans retard pour profiter des échafaudages élevés
dans le croisillon. Le dessin joint au dossier rétablît l'arc
primitif.
Ainsi que le propose le conseil de fabrique, ce complément
de l'entreprise semble pouvoir être effectué sur le pied des
conditions du cahier des charges des travaux en cours.
Le conseil de fabrique demande aussi l'autorisation de
faire rejoinloyer le pignon du chœur, à l'extérieur, travail
non prévu. Rien n'empêche d'accéder à ce désir. Toutefois,
le rejointoyage devra être fait en recherche, au mortier
ordinaire et seulement aux endroits où les joints sont ouverts,
en suivant l'irrégularité des joints, en ayant soin d'imiter le
rejointoyage primitif et de n'empiéter en aucune façon sur
les matériaux. Il importera de faire d'abord un essai de
rejointoyage que des délégués iront voir avant de poursuivre
ce travail très important au point de vue archéologique.
Les travaux de restauration entrepris à la collégiale de
Nivelles se poursuivent dans des conditions satisfaisantes;
ils sont très avancés. Le chœur est presque terminé. La
crypte est terminée. L'un et l'autre rendent à celte antique
collégiale l'aspect sévère et harmonieux propre au style
— 191 —
roman dans lequel elle a été édifiée. Le résultat obtenu est
heureux au triple point de vue artistique, archéologique et
pittoresque.
On s'occupe actuellement du croisillon du transept. Pour
cette dernière partie il se présente certaines difficultés pour
la solution desquelles il conviendra de faire une étude appro-
fondie basée sur des relevés très exacts en vue de rechercher
la situation primitive.
Lors de la visite, il a été question de rétablir les astragales
des deux piliers extrêmes de la crypte, vers l'orient, lesquels
ont été abattus. Ce rétablissement n'est pas nécessaire, il
offrirait d'ailleurs des difficultés; il suffit qu'on voie que ces
astragales ont existé. On ne doit pas davantage s'occuper
des petites avaries qu'on remarque à certaines colonnes de
la cryple; elles n'ont aucune influence sur l'aspect d'en-
semble du vénérable monument.
A l'entrée du chœur se remarquent des vestiges d'archi-
tecture gothique. Il importe d'opérer des investigations et
des fouilles pour tâcher de retrouver ce qu'il y avait là au
xin* siècle et en tirer parti, au besoin.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'art. 25 du règlement.
Le Président,
Ch. Lagasse-de Locht.
SÉANCE GÉNÉRALE PRÉPARATOIRE
du 4 octobre 1902, à 2 heures.
Présidence de M. Lagabse-de Locht.
Membres effectifs présents : MM. Helleputle et Helbig,
vice- présidents ; Acker, Blommc, Bordiau, Cluysenaar,
Delacenscrie, Reusens, Van Assche, Van Wint et Vinçolte ;
Massaux, secrétaire.
Membres correspondants présents : MM. Dardenne, Van
Leempulten, Schuermans, DeCeuIeneer, Boveroulle, Hubert,
Dumortier, Vau Biesbroeck, Serrure (de Gand); Désirée et
Sibenaler, respectivement secrétaires des Comités du Bra-
banl et du Luxembourg.
Se sont fait excuser : MM. les Gouverneurs des provinces
du Brabant et de Namur, Donnet et De Waele.
M. le Président se fait l'interprète de l'assemblée en expri-
mant tous ses regrets de l'absence de MM. h s Gouverneurs
du Brabant et de Namur. Il remercie MM. les membres
correspondants qui ont bien voulu se rendre à la réunion.
H donne lecture du texte des art. 68 et 69 du règlement
ayant rapport aux séances préparatoires.
M. le Gouverneur de la province de Namur a fait par-
venir une proposition tendante à fixer dorénavant la séance
générale à 40 heures. On pourrait déjeuner en commun
vers 2 heures, de sorte que les personnes habitant la pro-
— \u —
vince pourraient rentrer chez elles par l'un des premiers
trains de la soirée. Il est décidé que cette proposition sera
soumise à l'assemblée générale du 6 octobre. Gomme amen-
dement, M. Scbuermans propose de fixer, comme antérieu-
rement, les deux réunions à deux jours ouvrables sans
intervalle. Renvoi également à l'avis de l'assemblée géné-
rale.
M. Schuermans demande que l'on supprime du para-
graphe 6 de l'ordre du jour la mention des travaux de con-
solidation de l'abbaye de Villers, ou tout au moins qu'elle
soit reportée à la fin de l'ordre du jour.
M. Helleputle, premier vice- président, remplace M. La-
gasse-de Locht au fauteuil de la présidence.
M. Lagasse combat la proposition de M. Schuermans,
mais ne voit pas d'inconvénient à ce que la discussion sur
l'abbaye de Villers soit remise à la fin de la séance.
L'assemblée -décide que cette mention sera maintenue à
l'ordre du jour, mais qu'elle sera reportée à la fin du para-
graphe 6.
Aucune autre proposition n'étant produite, l'ordre du jour
de la séance publique est définitivement approuvé.
H. Helleputle, Président, remercie MM. les membres
correspondants, qui se retirent à 3 1/2 heures.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massadx. Ch. Lagasse-de Locht.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
ASSEMBLÉE GENERALE & RÉGLEMENTAIRE DU 6 OCTOBRE 1902
Présidence de M. LAGASSE-de LOCHT,
Inspecteur général des Ponts et Chaussées,
Président de la Commission royale des Monuments.
Prennent également place au bureau : MM. le baron
de Kerchove d'Exaerde, Gouverneur de la Flandre orien-
tale; Verlant, Directeur des Beaux-Aris, remplaçant M. le
baron van der Bruggen, Ministre de l'Agriculture et des
Beaux-Arts, empêché; Luckx, Directeur général des cultes,
remplaçant M. Van den Heuvel, Minisire de la Justice,
également empêché ; Helbig, artiste peintre, vice-président
de la Commission royale des monuments, à Liège ; le
chanoine Reusens, archéologue, professeur à l'Université de
Louvain; Bordiau, architecte à Bruxelles; Maquet, archi-
tecte à Bruxelles; Cluysenaar, artiste peintre à Bruxelles;
Acker, architecte à Bruxelles; De la Genserie, architecte
à Bruges; Blomme, architecte à Anvers; Van Assche,
architecte à Gand ; Van Wint, statuaire à Anvers ; Vinçotte,
statuaire à Bruxelles, membres de la Commission royale
des monuments; le chevalier Marchai, Secrétaire perpétuel
— 496 —
de l'Académie royale de Belgique, el Massaux, secrétaire
de la Commission royale des monuments.
Membres correspondants présents :
Province d'Anvers : MM. Bilmeyer, Donnet et Yan Leem-
pulten.
Province de Brabant : MM. De Groot, De Vriendt,
Dumortier, Cardon, Hanon de Louvet, Janlct, Langerock
et Licot; Destréc, secrétaire-adjoint du Comité.
Province de la Flandre orientale : MM. De Ceulencer,
Serrure, Lybaert et Van Biesbroeck.
Province du Hainaut : MM. Hubert, Devillers, Soil et
Sonnevillc.
Province de Liège : MM. Schuermans el Lohest.
Province de Limbourg : MM. Van Neuss et Jaminé.
Province de Luxembourg : MM *Tandel et Sibenaler,
secrétaire-adjoint du Comité.
Province de Namur : MM. fioveroulle et Dardenne.
La séance est ouverte à une heure et trois quarls.
M. le Président. — Messieurs, nous avons le regret de
ne pas voir aujourd'hui à notre séance, MM. les Minisires de
l'Agriculture et des Beaux-Arts, el de la Justice, qui ont,
du reste, leurs représentants parmi nous, MM. les Directeurs
généraux Verlant et Luckx, que nous remercions d'avoir
bien voulu assister à la réunion. Ces deux Minisires, que
j'ai eu l'honneur de voir samedi, m'ont chargé de vous dire
combien ils regreltaienl de ne pouvoir être des nôtres à
cause de circonstances fortuites. Je vous exprime de leur
part tous les regrets qu'ils éprouvent.
Un de nos membres correspondants très distingué a eu
— 197 —
l'honneur, depuis notre dernière réunion, d'être appelé dans
les Conseils de la Couronne; c'est l'honorable M. Gustave
Francolle. Je répondrai certainement à votre vœu unanime,
Messieurs, en vous priant de charger le Bureau d'exprimer
à M. Gustave Francotte, au nom de l'Assemblée générale,
toute la satisfaction que vous avez éprouvée de le voir
appeler à ce poste très élevé par la confiance de Sa
Majesté.
S'il n'y a pas d'opposition à cette proposition, je la consi-
dère comme admise. (Adhésion générale.)
Messieurs, si M. le Ministre y avait été présent, il aurait,
avec beaucoup plus d'autorité et beaucoup mieux que votre
serviteur, rendu un légitime hommage à feue Sa Majesté la
Reine Marie-Henriette. Comme je vous l'ai dit dans ma
lettre du 26 septembre, nous ne pouvions songer à lever
notre séance annuelle et réglementaire, mais noire réunion
amicale de ce soir n'aura pas lieu en signe de deuil.
La Reine aimait les arts et les cultivait, particulièrement
la peinture et la musique. On se souvient de la répartie très
judicieuse dont elle honora un jour les membres du Conseil
de surveillance du Conservatoire royal de Bruxelles à propos
de l'école supérieure de chant.
Les beaux et nobles traits de Sa Majesté, comme ceux du
Roi, sont immortalisés dans les deux admirables bustes de
notre éminent collègue, M. Vinçolte.
Nous garderons dans notre cœur le souvenir d'une vie
consacrée tout entière au beau et au bien. (Très bien! de
toutes parts.)
MM. de la Tour, Secrétaire général du Ministère de la
Justice, et Beco, Secrétaire général du Ministère de l'Agri-
— 198 —
culture, sont également empêchés d'être parmi nous
aujourd'hui.
Nous avons à constater aussi l'absence, par suite d'indis-
position, d'un assez grand nombre de membres correspon-
dants, notamment de MM. Wilmar, l'abbé Daniels, le
chanoine Van Gaster.
M. Pely de Thozée, Gouverneur de la province de Liège,
a bien voulu nous écrire, ainsi que l'honorable Gouverneur
du Brabant, M. Vergote, qui exprime ses très vifs regrets,
à cause de l'étal de sa santé, de ne pouvoir assister à notre
réunion.
MM. le chevalier Oscar Schaetzen, membre correspondant,
et Helleputte, notre premier vice-président, sont retenus
dans le Limbourg pour les obsèques, à Marlinne, de leur
ancien sénateur, M. le comte de Borchgrave d'Àltena.
M. van Ruymbeke, membre correspondant, est à Bruges
comme juré à la Gour d'assises de Bruges.
Je remercie M. le baron de Kerchove d'Exaerde d'avoir
bien voulu, une fois de plus, être parmi nous. Déjà, l'année
dernière, il avait le premier prix ; celte année, il aura
certainement le prix d'honneur (Rires) ; j'espère qu'il voudra
bien continuer dans cette admirable voie. (Nouveaux rires).
Ces communications faites, j'accorde la parole à M. Mas-
saux, notre Secrétaire, pour donner lecture de son rapport
sur les travaux de la Commission pendant le dernier exer-
cice.
M. Massaux, Secrétaire. — Messieurs, la Commission n'a
pas cessé un seul instant, pendant l'année écoulée, de donner
de nombreuses preuves d'activité.
\\
^^
— 199 —
Le Bulletin rend compte périodiquement de dos travaux ;
il est donc inutile d'entrer dans de longs détails sur ceux-ci.
Rappelons seulement que notre Collège s'est réuni 47 fois,
a examiné et donné des avis sur plus de 1,150 affaires et
procédé à 120 inspections de lieux.
Ce court exposé démontre notamment que les inspections
ont été fréquentes celte année. Nous sommes loin de nous
eo plaindre. Non seulement ces visites locales sont de la plus
grande utilité pour faciliter l'examen et apprécier la néces-
sité et l'importance des travaux projetés, mais elles ont cet
autre et incontestable résultat d'aider à conserver à l'art de
chacune de nos provinces son génie propre, son caractère
d'originalité; elles mettent obstacle, parfois, à certaines
tendances à vouloir apporter des changements, des ajoutes
inutiles aux édifices anciens et à en chercher les éléments dans
n'importe quelle région, sans s'inquiéter des types locaux.
L'intérêt que les autorités constituées portent à nos monu-
ments stimule l'amour-propre de nos populations et amène
celles-ci insensiblement à aimer et à respecter ces témoins
d'un autre âge, quelquefois modestes en apparence, mais
précieux à bien des titres.
Les travaux de restauration de nos anciens monuments se
poursuivent avec une activité telle qu'il est même devenu
nécessaire de la modérer. Aussi, M. le Ministre de l'Agri-
culture nous a-t-il écrit, le 14 mars dernier, que le nombre
des édifices classés comme monuments et recommandés à la
générosité de son Département ne cessant de s'accroître, le
chiffre des engagements s'est élevé dans une proportion
telle qu'il s'est trouvé dans la nécessité de solliciter des
ressources nouvelles.
— 200 —
D'autre part, il importe, poursuit M. le Ministre, de
modérer l'essor des entreprises de restauration. Le nombre
des architectes et de leurs collaborateurs de tout ordre, en
mesure de s'y employer utilement, n'est pas indéfini et la
bonne exécution des restaurations pourrait être compromise
s'ils se trouvaient surchargés de travaux. C'est pourquoi
M. le Ministre nous a priés d'user de toute notre influence
pour relarder les entreprises nouvelles qui ne présenteraient
pas un caractère de réelle urgence et pour faire distraire
des devis, en tout cas, les travaux dont l'exécution peut être
retardée sans danger ou sans dommage.
Sans aucun doute, nous nous attacherons, de toutes nos
forces, à réaliser le programme exposé ci-dessus. Ainsi,
nous ne ferons que continuer la tradition que nous avons
constamment poursuivie.
Il importe, d'une part, de classer les édifices dignes d'être
considérés comme des monuments, afin d'en sauvegarder la
conservation. D'autre part, nous avons réagi jusqu'à présent
et nous continuerons à le faire avec plus d'énergie encore,
contre la tendance à vouloir trop entreprendre et à travailler
trop vite sans souci de l'ordre du temps qu'impose la suc-
cession naturelle des consolidations urgentes et des restau-
rations nécessaires.
De notre côté, nous engageons nos correspondants à nous
aider à faciliter notre tâche, à cet égard, dans la mesure de
leurs moyens.
S'il est possible de différer l'exécution de certaines entre-
prises de restauration, par contre il en est dont l'ajournement
pourrait amener de graves inconvénients. Il est à remarquer
qu'un ajournemenl prolongé peut avoir pour conséquence
— 201 —
de faire disparaître entièrement des détails de la construction
qui doivent servir de types pour la restauration ; la dispa-
rition totale de ces éléments architecturaux pourrait conduire
à des erreurs archéologiques regrettables dans la restitution
des parties disparues. D'autre part, il est non moins vrai
qu'en laissant trop se dégrader un monument on est entraîné,
lors de sa restauration, à un renouvellement presque total et
désastreux des parements.
Nous avons encore, dans ces derniers temps, rencontré
certaines difficultés en ce qui concerne l'orientation des
églises nouvelles.
Nous avons trop souvent fait ressortir les avantages qu'il
y a, à divers points de vue, à orienter convenablement les
édifices religieux pour les reproduire encore ici. Cette
mesure ne devrait jamais être perdue de vue ; elle devrait
même être imposée partout. C'est aux architectes chargés
de l'élaboration des plans des édifices, à chercher à la réaliser
en tenant compte de la configuration du terrain mis à leur
disposition. De nombreux exemples d'églises anciennes nous
démontrent que les architectes du moyen âge n'étaient
jamais embarrassés dans des cas semblables et que même
ils savaient tirer parti de la situation du terrain, de son irré-
gularité, de ses différences de niveau, pour donner à l'édifice
uo aspect pittoresque et un cachet original dont on se préoc-
cupe malheureusement trop peu de nos jours.
Le Comité de la Flandre orientale a attiré notre attention
sur l'effet désastreux que produit un réseau de fils télépho-
niques et télégraphiques placé sur chevalet au-dessus de
1 ancien monument dit c Porte aux Vaches », à Ninove.
Nous ralliant aux protestations du Comité, nous avons
— 302 —
demandé à M. le Minisire de l'Agriculture de vouloir bien
prier son honorable collègue du Déparlement des Chemins
de fer de prescrire sans relard l'enlèvement de ces appareils
qui offusquent la vue de l'observateur ami de l'esthétique el
qui surchargent irrévérencieusement un monument histo-
rique, seul souvenir légué par les siècles, des vieilles forti-
fications de la ville.
Il importerait qu'à l'avenir défense fut faite de surmonter
d'engins de l'espèce les édifices classés comme monuments.
Grâce à la sollicitude du Comité de la Flandre orientale,
le propriétaire de l'ancien manoir de Voorde a fait exécuter
les travaux les plus indispensables pour assurer la conser-
vation de cet intéressant monument.
Les démarches tentées en vue d'assurer l'existence des
belles ruines de l'ancien manoir de Herzele n'ont pas eu
le même succès. La seule combinaison qui resterait à adopter
serait celle d'acquérir ces ruines aux frais de l'État. Mais,
comme l'État ne peut acheter toutes les constructions inté-
ressantes disséminées dans le pays, il n'est pas possible, au
moins pour le moment, de donner à cette affaire la suite
désirable.
L'attention du Gouvernement a été appelée, une nouvelle
fois, sur l'urgence de prendre des mesures pour sauvegarder
la porte de Laval, à Bouvignes, dont l'état de délabrement
signalé par le Comité de Namur, devient de jour en jour
plus inquiétant.
Les tentatives que nous avons faites, à diverses reprises,
en vue de la conservation des ruines de l'abbave d'Orval,
n'ont malheureusement pas encore abouti. Certaines parties
de ces admirables ruines sont dans un état si précaire que
— 803 —
leur existence est menacée à tous les instants. En présence
du mauvais vouloir du propriétaire, il ne restera qu'un parti
à prendre, celui d'exproprier les parties les plus intéres-
santes de l'ancien monastère et une bande de terrain suffi-
sante pour y donner accès.
La même insouciance de la part du propriétaire de
l'ancienne abbaye des dames nobles de Herckenrode, voue
insensiblement à la disparition des parties fort intéressantes
de cet illustre monastère.
Nous nous sommes associés à un groupe d'artistes et
d'archéologues qui ont prolesté récemment contre une
décision prise par la ville de Gand, de tracer une nouvelle
rue qui fera disparaître quelques-unes des maisons de
l'ancien Grand-Béguinage de celte ville, en ouvrant une
brèche menaçante dans ce qui reste encore de cet enclos
jadis si célèbre. Tous les amis des arts s'intéressent vivement
aux restes si pittoresques et relativement si importants
encore, malgré les tristes mutilations d'il y a une trentaine
d'années, de cet ancien refuge qui a rendu tant de services
et qui, grâce à eux, a Iraversé les plus mauvais jours de
notre histoire, même au lendemain de 1793.
La rédaction de l'inventaire des objets d'art disséminés
dans les édifices publics du pays, a fait un grand pas. Dans
plusieurs provinces, ce recueil pourrait èlre soumis à l'im-
pression.
L'entretien que nous avons eu, le 15 février dernier, avec
des délégués des Comités provinciaux, qui sont chargés de
cet inventaire, aura pour conséquence de permettre de
consulter celte publication avec fruit. On pourra arriver à
l'unification au moyen des tables des malières.
— 204 —
Nous avons, Messieurs, le triste devoir de rappeler à
votre souvenir les noms des collaborateurs que nous avons
perdus depuis notre dernière réunion.
Nous citerons d'abord un ancien collègue qui ne siégeait
plus parmi nous, mais qui a été un confrère aussi distingué
qu'érudit, M. Jamaer, architecte honoraire de la ville de
Bruxelles, dont on admirera longtemps les remarquables
travaux.
Ensuite M. Broquel, vice-président du Comité du Hainaut,
qui a toujours donné des preuves d'une grande activité et
d'un profond dévouement à nos travaux.
Enfin, M. le baron de Pitteurs-Hiégaerls, notre distingué
correspondant du Limbourg, décédé à un âge où nous étions
en droit de penser que nous le compterions encore longtemps
parmi nous.
Il nous reste, Messieurs, un autre devoir à remplir, celui
d'exprimer ici notre profonde gratitude à MM. les Ministres
de l'Agriculture et de la Justice ainsi qu'à MM. les secrétaires
généraux Beco cl de Lalour et à MM. les directeurs géné-
raux Verlant et Luckx qui ne cessent de nous donner des
marques du vif intérêt qu'ils portent à nos travaux et de
leur sollicitude pour la conservation de nos richesses artis-
tiques.
M. le Président. — Messieurs, nous remercions notre
Secrétaire pour son rapport, toujours fait avec la même
précision et la même érudition. De plus, et je suis heureux
de pouvoir le constater à ce propos, la presse s'est occupée
du rapport de Tannée dernière et d'autres présentés par
notre Secrétaire. On y rencontre des considérations très
— 205 —
importantes sur la restauration des monuments, qui ont
élé reproduites par toute la presse. Je suis charmé de
constater, Messieurs, que ces travaux sont appréciés non
pas seulement par vous, mais également au dehors.
M. le Secrétaire. — Je vous remercie, Monsieur le
Président.
M. le Président. — Nous devrions maintenant aborder,
à proprement parler, notre ordre du jour, et ce que je vais
avoir l'honneur de vous dire, Messieurs, devrait venir après
la série des rapports des Comités provinciaux, mais je crois
que nous devrions d'abord examiner cette question d'ordre
intérieur.
Vous vous rappelez, Messieurs, que l'assemblée prépa-
ratoire de samedi dernier — du reste assez nombreuse, —
avait eu à examiner si des propositions étaient présentées
en dehors de celles qui vous ont été soumises par les diffé-
rentes circulaires envoyées les 12 juillet et 8 septembre,
et si, en vertu de l'art. 68 de notre règlement, portant :
c Toute motion ou proposition qu'un membre compte
faire à l'assemblée générale doit être annoncée sommaire-
ment à la Commission au plus tard dix jours avant la
séance ». Nous avons reçu deux propositions.
Et d'abord, je commence par celle que nous a faite un de
nos membres correspondants qui assistait à l'assemblée
préparatoire de samedi dernier, et qui a manifesté la ferme
intention d'être présent à notre réunion de ce jour; il s'agit
de l'honorable M. Schuermans, Premier président honoraire
de la Cour d'appel de Liège. A la suite d'une série de consi-
dérations développées samedi dernier, il a demandé que ce
— 806 -
qui concerne les travaux effectués à l'abbaye de Villers-la-
Ville fut supprimé momentanément de l'ordre du jour. Cette
proposition a été rejetée par l'assemblée préparatoire ; elle a
maintenu sur ce point l'ordre du jour. Mais, subsidiaire-
ment, M. Schuermans avait demandé que la mention relative
à l'abbaye de Villers, au lieu d'être mise en discussion au
cours de la séance, fût rejetée à la fin, dans l'espoir peut-être
qu'on n'y arriverait pas, mais surtout, je pense, avec
l'espoir, pour l'honorable correspondant, de nous arriver
ici un peu plus tard. (Rires.) En cela, la proposition n'avait
pour nous rien que de très agréable ; afin de satisfaire au
vœu de l'honorable correspondant, elle a été admise. Donc,
nous mettrons, avec votre assentiment, Messieurs, la men-
tion concernant l'abbaye de Villers à la fin du 6°. (Assen-
timent.)
Une autre proposition a été faite par M. le baron de
Montpellier, l'honorable Gouverneur de la province de
Namur; elle consiste en un vœu appuyé par M. Boveroulle,
qui a exposé son vif regret d'être empêché d'être parmi
nous avant-hier samedi. Et je profite de ce que je parle
de cette province pour faire savoir que M. le baron del
Marmol, de Dinant, a exprimé aussi ses regrets de ne
pouvoir assister à notre réunion. M. le Gouverneur de la
province de Namur propose de décider ceci : désormais la
séance annuelle, que nous tenons habituellement à celle
époque de l'année de une heure trois quarts à cinq heures,
aurait lieu à onze heures du matin pour se prolonger jusqu'à
trois heures, heure à laquelle on se réunirait pour déjeuner,
ce qui remplacerait le petit cliner annuel où nous nous
retrouvons tous généralement. M. de Montpellier, en exprî-
— 207 —
mant ce vœu, disait qu'il répondait au desideratum de tous
les membres de la province, et il demandait que ce vœu fût
soumis à l'assemblée générale.
L'assemblée préparatoire a autorisé la présentation de ce
vœu de M. de Montpellier; vous êtes appelés, Messieurs,
non pas à en délibérer — parce qu'en réalité il n'y a pas à
délibérer à ce sujet — mais à voter pour prendre une
décision.
M. Schuermans avait demandé que l'on en revint aux
errements d'il y a quarante ans; tout en se ralliant à la
proposition de M. de Montpellier, il demandait que l'on tint
deux jours de réunions consécutives, le lundi et le mardi,
afin d'empêcher que les participants ne fussent pas dans
l'obligation de retourner chez eux pour devoir revenir
ensuite. Nous avons dit à M. Schuermans que, pour notre
part, nous ne pouvions pas nous rallier à cet amendement,
attendu que la situation actuelle n'était pas à comparer avec
celle d'il y a quarante ans; aujourd'hui, les moyens de
communication sont bien plus développés qu'autrefois. Nous
pourrions, les années suivantes, si on le désire, nous réunir
à onze heures jusqu'à deux heures et demie, afin de pouvoir
aller ensuite luncher ensemble d'une façon amicale. S'il n'y
a pas d'opposition à celte proposition de M. de Montpellier,
on pourrait la considérer comme adoptée; dans le cas
contraire, j'accorderai la parole à qui la demandera pour
y faire opposition.
M. le baron de Kerchove d'Exaerde (Gand). — Si nous
nous réunissions à dix heures, au lieu de le faire à une
heure trois quarts ?
— 208 —
M. le Président. — Évidemment, ce sérail mieux; mais
est-ce que tout le monde pourra venir à dix heures ?
M. Boveroulle. — Nous pouvons arriver ici à dix heures,
mais il n'en sera pas de même pour ceux qui devront venir
d'Arlon, par exemple.
M. le Président. — Les délégués d'Arlon pourraient
venir dès la veille.
S'il n'y a pas d'opposition nous pourrions admettre dix
heures, et alors on pourrait déjeunera midi.
H . Soil (Tournai). — Nous préférerions, quant à nous, que
l'on maintint plutôt l'heure de la réunion à deux heures. 11
nous parait, en effet, bien plus facile de venir l'après-diner,
à deux heures, que de venir le matin à dix heures. C'est
l'amendement que je propose.
M. le Président. — Nous ne pouvons pas considérer
cela comme un amendement; nous restons en présence de
deux propositions.
M. Bilmeyer (Anvers). — Je crois que l'heure de dix
heures présenterait certains inconvénients ; je pense que,
dans ces conditions, il vaudrait mieux conserver le procédé
actuel, mais en fixant, comme on l'a déjà dit, l'heure de la
réunion à deux heures.
M. Boveroulle (Namur). — M. le Gouverneur deman-
dait que l'on terminât la séance à deux heures, afin que
chacun put encore retourner chez soi le même jour.
M. le Président. — L'on pourrait finir certainement à
deux heures en commençant plus tôt qu'actuellement.
— 209 —
M. Boveroulle. — Alors nous pourrions aller luncher
ensemble, el nous aurions encore, nous, dans ces conditions,
un Irain le jour même pour rentrer à Namur; tandis qu'en
fixant la séance de deux jusqu'à quatre ou cinq heures, il
nous est impossible de rester à Bruxelles le soir.
M. le Président. — Sans doute, mais je vous fais remar-
quer que cette séance-ci est en quelque sorte une séance
obligatoire, tandis que l'autre est facultative. (Rires).
M. Boveroulle. — Sans doute, ce n'est pas une obligation.
M. le baron de Kerchove d'Exaerde (Gand). — Je
demande un instant la parole pour présenter l'observation
que voici : évidemment, c'est cette réunion qui est la prin-
cipale. Il faut donc que celte réunion ait lieu à l'heure qui
convienne au plus grand nombre possible de membres.
Quant à l'autre réunion, ils peuvent y assister ou non, de
même qu'ils peuvent luncher ou diner à leur loisir. Mais il
est indispensable, ainsi que je viens de le dire, que la réunion
officielle ait lieu à l'heure qui convienne le mieux pour
permettre à tous, si possible, d'y être présents.
II. Lohest (Liège). — Pour ce qui concerne les délégués
de la province de Liège, comme pour ceux venant du
Luxembourg, la chose n'est pas des plus faciles. Ainsi,
aujourd'hui, je désirerais beaucoup pouvoir prendre le train
de quatre heures et demie pour rentrer chez moi.
M. le Président. — Si plus personne ne demande la
parole à ce sujet, je vais mettre aux voix la proposition de
11. le baron de Montpellier. Je prierai ceux qui sont d'avis
que notre réunion annuelle ail lieu dorénavant à dix heures
du matin — c'est l'amendement de M. le baron de Kerchove
d'Exaerde — et se termine vers une heure, de vouloir bien
lever la main.
L'épreuve étant douteuse, il est procédé à l'appel nominal.
La proposition est admise par 21 voix contre 15 non et
3 abstentions.
Rapports des Comités provinciaux des membres
correspondants sur leurs travaux de tannée écoulée.
M. le Président. — J'accorderai maintenant successive-
ment la parole à chacun des rapporteurs de nos Comités
provinciaux, en leur rappelant que, en vertu du règlement
(art. 64)t la lecture ou l'exposé n'en devra pas durer plus
d'un quart-d'heure.
La parole est à M. le rapporteur de la province d'Anvers.
— 2U —
PROVINCE D'ANVERS.
M. F. Donnet, rapporteur :
Messieurs,
Pendant Tannée qui vient de se terminer, le Comité des
membres correspondants de la province d'Anvers a tenu
des séances régulières/ et nombreux ont été les projets et
les plans sur lesquels son avis a été demandé.
Deux nouvelles églises doivent être érigées dans la pro-
vince ; la première, dans la paroisse de la Sainte-Famille, à
Lierre, et la seconde au hameau de Horendonck, dépendance
de la commune d'Esschen. Les plans, dus respectivement à
MM. les architectes Careels et Gife, ont été adoptés moyen-
nant quelques légères modifications.
D'autre pari, nous avons souvent été appelés à examiner
les projets de travaux partiels ou d'agrandissements à exé-
cuter dans les églises de notre ressort. Les voûtes de l'église
de Tongerloo étaient en très mauvais état et leur consolidation
s'imposait. Nous avons donc sur ce point admis les projets
de M. l'architecte Taeymans.
La fabrique de l'église de Merlaer-Vorst demandait de
pouvoir exécuter des travaux de restauration urgents à la
façade du temple. Les bâtiments sont modernes, ayant été
élevés en 1848, et n'offrent aucun mérite archilectonique ni
artistique. Dans ces conditions, il n'y avait pas lieu de
s'opposer à celte restauration.
— î« —
Quelques réparations inévitables sont à exécuter à la belle
tour de Vorsselaer. La fabrique de l'église a demandé de
pouvoir les effectuer sans loucher en quoi que ce soit aux
autres parties de l'édifice. À ces conditions, l'autorisation a
été accordée.
Une demande identique a été faite par la fabrique de
l'église d'Eeckeren, qui nous a prouvé qu'il n'élait pas
possible d éviter de faire des réparations à la petite tour
surmontant le transept. Nous avons recommandé de prendre
une photographie des bâtiments avant de commencer les
travaux pour être sûr que rien ne* serait modifié dans la
physionomie de l'édifice sacré.
L'ameublement des églises a donné lieu à de nombreux
examens. La question du beau retable de Loenhout n'est pas
encore résolue. Nous avions d'abord préconisé son transfert
dans l'église paroissiale, pour éviter que l'humidité et les
déprédations causées par les gamins du village ne viennent
y apporter des dommages irréparables. Plus tard, après
avoir consulté l'artiste qui avait restauré autrefois celte belle
œuvre d'art, nous avons pensé qu'il vaudrait peut-être mieux
de la laisser dans la petite chapelle qui la renferme. En
apportant au bâtiment les réparations suffisantes pour que
l'humidité n'y puisse pénétrer, et en le clôturant de façon à
empêcher qu'on occasionne des détériorations au retable, on
pourrait conserver celui-ci dans le milieu pour lequel il a
été créé, dans celte modeste chapelle de Sainl-Quirin, près
du puits légendaire, objets d'un pèlerinage annuel et de
dévotions séculaires. Toutefois, le curé de Loenhout insiste
pour que le premier projet puisse être exécuté.
Une nouvelle chaire de vérité devrait être placée dans
— 213 —
l'église de Saint- Willebrord, à Anvers. Nous avons présenté
quelques observations au sujet du projet qui nous avait été
soumis. La chaire de l'église de Terhaegen a encore une
fois attiré notre attention, et nous avons été d'avis que
l'ouvrage pouvait être accepté tel qu'il venait d'être achevé
et placé.
L'église d'Erlbrand, sous Cappellen, s'est enrichie d'un
nouvel autel. Nous avons été l'examiner, et nous avons
trouvé que l'artiste avait exactement exécuté la lâche qu'il
était chargé d'entreprendre.
Ces deux derniers examens ont été faits à la demande du
Comité central, qui nous avait prié de faire visite à Ertbrand
el à Terhaegen, et de lui envoyer ensuite un rapport.
La fabrique d'église de Hulsen-Baelen a l'intention de
commander un nouvel ameublement, consistant notamment
en fonts baptismaux, autels, chaire de vérité, confession-
naux, etc. Les dessins de tous ces objets nous ont été soumis.
Nous avons cru devoir proposer d'assez notables modifica-
tions ou améliorations.
Le jubé de l'église de Willebroeck est trop exigu; on
voudrait pouvoir l'agrandir. A cet effet des plans nous ont
été présentés ; nous les avons acceptés, après avoir recom-
mandé certains changements à la balustrade.
Au sujet des tableaux qui ornaient les églises, nous avons
plusieurs fois aussi été consultés.
L'église de Saint- Willebrord, à Anvers, possède l'épilaphe
du peintre Schut, qui provient de l'ancienne église. On
voudrait actuellement la restaurer et la placer dans la nou-
velle. Elle est ornée de (rois compositions, dues au pinceau
du peintre lui-même; elles sont en bon étal et ne demandent
— au —
qu'un simple nettoyage. L'encadrement en pierres pourrait
être reconstitué, en employant les débris subsistant et en
remplaçant simplement les parties perdues. La même église
possède encore un grand tableau provenant de l'atelier de
Rubens et représentant Sainl-Willebrord aux pieds de la
Vierge. Il est en bon état, et il suffirait de le faire nettoyer
à la mie de pain, et peut-être de remplacer la couche supé-
rieure de vernis.
La restauration du beau tableau de Rubens à Notre-Dame
au delà de la Dyle, à Malines : la Pèche miraculeuse, a été
achevée à l'entière satisfaction de notre Comité, sous la sur-
veillance spéciale de deux de nos membres.
M. le curé de Wyneghem a demandé à notre Comité de
bien vouloir venir examiner les tableaux que possède son
église. Nos membres y ont trouvé une dizaine d'oeuvres,
dont quelques-unes de valeur. L'énumération détaillée s'en
trouve dans l'inventaire qui a été dressé. Des restaurations
seraient nécessaires pour plusieurs toiles ; des conseils dans
ce but ont été donnés au curé.
Depuis longtemps l'église de Vieux-Turnhout aurait voulu
se défaire d'un tableau de De Craeyer, de valeur secondaire.
Le Musée d'Anvers ne désirant pas l'acquérir, notre Comité
a été d'avis qu'il n'y avait pas lieu de s'opposer à l'achat que
l'Étal voulait en faire pour ses collections.
La même décision a été prise au sujet d'un tabernacle ou
coffre en écaille, que l'église de Brecht voudrait vendre et
qui n'appartenait en aucune manière à son ameublement
propre.
L'église de Hulshout a été autorisée par M. le Ministre de
la Justice à céder au Musée d'antiquités du Steen certaines
— 3i5 —
«es d'ameublement hors d'usage. Par contre, la même
torisalion que nous espérions recevoir déjà Tannée der-
ire, après un long temps d'attente, pour le lutrin de
mmel, n'a pas encore été accordée. Sous la tour de l'église
Dolen est remisée une statue équestre de Saint-Martin, de
bur relative, et qui n'a jamais été placée dans le temple,
fabrique voulait en être débarrassée. Elle a sollicité la
rmissioD de l'aliéner; la décision favorable vient d'inter-
ûir.
Plusieurs nouvelles cures ont été érigées dans notre
wince. Chaque fois les projets nous en ont été soumis.
a clé le cas pour les communes de Weelde, de Baelen
de Geerdegem. Nous avons aussi approuvé les plans
grandisse ment de la cure de Merxplas.
foire action a du aussi s'exercer lors de la construction
la restauration de monuments civils.
* question relative à l'éclairage du Musée Fraikin, qui a
installé dans les combles de l'hôtel de ville d'Herenthals,
I pas encore tranchée. Nous voudrions voir disparaitre
iffrcuses fenêtres qui déparent la toiture de ce coquet
ce. Aucun plan d'appropriation n'a encore eu l'heur
tenir l'approbation nécessaire.
ir contre, nous avons adopté les projets qui nous ont été
lis en vue de la construction de nouveaux hôtels de
à Lille, à Morckboven, à Brasschaet, à Vlimmeren et à
>le.
idministration communale de Borgerhout, en vue de
fermer un quartier écarté, s'est rendue acquéreur d'un
use cube de maçonnerie, ayant autrefois formé le corps
Doulin à vent. Avant de le démolir, elle nous a demandé
1
— 216 —
si rien ne s'opposait à celle disparition. Nous avons cru qu'il
fallait autoriser celte démolition, puisqu'au point de vue du
pittoresque cet édifice moderne ne possédait aucun caractère
et que nul souvenir historique ne s'y rattachait.
Nous venons de faire distribuer le premier fascicule de
nos inventaires. Ceux-ci occupent l'ordre dans lequel ils ont
été dressés. Rien n'empêche, pour les tirés à part, de les
classer par canton, ou dans tel ordre qui serait recommandé
en vue d'un travail d'ensemble. Depuis notre dernier rapport,
quelques nouveaux inventaires ont été composés, notam-
ment ceux des églises d'Oolen, Norderwyck, Morckho-
ven, Merlaer-Vorst, Wyneghem, Achter-Oolen, Meerbeeck,
Schoonbroeck, Relhy et Desschel.
Les membres de notre Comité, qui forment la Commission
direclrice du musée du Steen, se sont vus adjoindre quatre
délégués de l'administration communale d'Anvers. Nous
avons continué la série de nos achats, tout en regrettant
que, faute de place, un grand nombre d'objets ne puissent
. être exposés ni présentés d'une façon rationnelle.
Les membres du Comité central se sont rendus souvent
dans notre province; plusieurs d'entre nous ont tenu chaque
fois à les accompagner. Ces visites avaient pour but d'inspec-
ter à Wommelghem les travaux d'agrandissement projetés à
l'église, d'examiner de nouveaux vitraux récemment placés
dans l'église Saint-Roch, à Deurne, de contrôler les impor-
tantes restaurations en voie d'exécution à la splendide église
collégiale de Saint-Gommaire, à Lierre, de donner un avis
au sujet de peintures murales exécutées dans l'église d'Hoog-
slraeten, de choisir parmi les modèles de stations d'un chemin
de croix ceux qui pourraient le plus heureusement être
— 217 —
placés dans l'église des SS.-Mîchel-et-Pierre, à Anvers. Enfin,
ensemble, nous avons encore été visiter le château de Turn-
bout et ses abords, et nous avons longuement étudié et
discuté la question si brûlante du dégagement de l'ancienne
Boucherie d'Anvers.
Le principal, et peut-on dire le seul monument intéressant
que renferme la capitale de la Campine, est sans contredit
son antique château, construit principalement au xv° siècle,
à la lisière de la grande forêt ducale, et restauré au xvne
siècle. Il servit longtemps de rendez-vous de chasse pour
nos Souverains, et la Cour y séjourna fort souvent.
Les bâtiments n'offrent pas un intérêt extraordinaire, mais
toutefois, leur masse imposante, dominée par le lourd donjon,
s'élevant au centre d'un vaste étang que bordaient des arbres
séculaires, formait un ensemble majestueux et plein de carac-
tère. L'administration communale de Turnhout, sous prétexte
que l'eau des fossés dégageait des miasmes délétères, a pris
la malencontreuse décision de faire combler l'étang. De plus,
une grande partie des arbres environnants ont disparu;
d'autres, souffreteux, ne tarderont pas à devoir être enlevés.
L'exécution des travaux projetés devait avoir pour résultat
d'isoler le château, qui aurait ainsi perdu tout caractère et
toutes proportions, au milieu d'une plaine de sable, miséra-
blement clôturée par des bâtisses ou des murs de la plus
désespérante vulgarité. Mis au courant malheureusement
an peu tard, nous nous sommes rendus à Turnhout et nous
avons pu constater que le mal était déjà en grande partie
consommé. Le Comité central, prévenu par nous, a pleine-
ment confirmé nos protestations, et a d'urgence demandé
aux autorités compétentes que l'on fasse immédiatement
- 218 —
slaler tous les travaux, que l'on ordonne de rouvrir, au
moins en grande partie, les fossés comblés, et que Ton
prenne les mesures nécessaires pour la conservation des
arbres. Nous espérons que de cette manière cet acte injusti-
fiable de vandalisme pourra être heureusement empêché.
Il nous reste à vous dire un mot, Messieurs, de l'ancienne
t Vleeschhuis » d'Anvers, et des diverses questions qui se
rattachent à la conservation et au dégagement de cet édifice
remarquable. Les membres du Comité central sont venus
plusieurs fois à Anvers pour étudier la chose sur place, et
une solution interviendra sans doute à bref délai.
Pour la restauration, on a été d'avis qu'il y avait lieu d'en
faire le moins possible; desimpies travaux sans conséquence
ont été autorisés à titre, pourrait-on dire, d'échantillon. Car
en général les bâtiments sont dans un étal de conservation
parfaite, revêtus d'une patine admirable, et il serait à crain-
dre que des restaurations trop apparentes ne nuisent à l'effet
général, et par enchaînement n'arrivent à provoquer une
transformation complète. Mais il existe encore un projet plus
important. La ville d'Anvers voudrait dégager le monument
et tracer une nouvelle rue aboutissant au quai.
Comme vous le savez, les bâtiments du « Vleeschhuis •,
édifiés d'après les plans de l'architecte Herman de Waghe-
maker le Vieux, ont été terminés en 1501. Ils ont été
construits au milieu d'une agglomération de maisons peu
importantes, bordant des rues étroites. Pour gagner de la
place, la façade occidentale a été portée au moyen d'une
arche au-dessus de l'ancien quai, jusqu'au bord du fossé du
Bourg. De l'autre côté de ce fossé fort étroit, s'élevait le mur
de l'enceinte, couronné d'une foule de constructions parasites.
— 219 —
Il est clair que l'architecte, dans l'élaboration de ses
plans, a dû tenir compte de la disposition des lieux ; l'étude
des caractères architecloniques de l'édifice le prouve à l'évi-
dence. En effet, on devra constater qu'une grande simplicité,
une sévérité de lignes fort apparente, ont été employées pour
toute la partie supérieure de la façade, pour le fronton
principal, pour les tours si élégantes. II est clair que cette
partie de l'édifice était destinée à être vue de loin, au-dessus
des toits des constructions avoisinanles. Par contre, dans
les parties basses, qui se trouvaient à proximité du specta-
teur et à portée immédiate de sa vue, dans les meneaux des
fenêtres, dans les encadrements des portes, sur les contre-
forts, l'architecte a prodigué une ornementation beaucoup
plus riche. Les documents de l'époque attestent encore que,
peu après la construction de l'édifice, les bouchers achetaient
des maisons voisines pour les reconstruire en un style
approprié à celui de leurs halles, preuve évidente qu'ils son-
geaient non à les isoler, mais à leur donner un cadre digne
d'elles.
On veut maintenant tracer une rue qui partirait de la
façade occidentale pour aboutir au quai, en face du Musée
du Steen. Ni au point de vue de l'utilité, ni à celui du
pittoresque, ni à celui des véritables traditions artistiques,
cette nouvelle voie ne serait justifiable.
En effet, celte rue, d'une longueur insignifiante, serait
parallèle à deux autres existant à quelques pas de là ; celles-ci
suffisent amplement à assurer la circulation très réduite
d'un quartier sans mouvement ni passage actif.
Le spectateur, l'étranger, qui voudrait jouir du pittoresque
créé par la nouvelle rue, devrait, d'une part, spécialement
— MO —
se rendre dans le quartier de la Boucherie et de là il pourrait
apercevoir le Steen avec ses ajoutes malheureuses ; en sens
inverse, il pourrait gagner la plate-forme étroite qui s'étend
devant ce Musée et de là il réussirait, il est vrai, de décou-
vrir la Boucherie, mais celle-ci ne lui apparaîtrait qu'enca-
drée par les deux cubes de maçonnerie, hauts de 16 à
17 mètres, qui s'élèveront à front de quai aux deux coins de
la nouvelle artère.
On ne pourra donc faire valoir ni l'utilité, ni le pittoresque
en faveur du projet actuellement en discussion.
Qu'on démolisse les bâtiments modernes, qui des deux
côtés flanquent la façade principale, soit. Qu'on dégage
celle-ci ; nous l'admettons. Mais qu'on ne donne pas à l'em-
placement nouveau à créer une largeur plus grande que
celle de l'ancien fossé; on rétablira ainsi les conditions topo-
graphiques exactes dont l'architecte a dû tenir compte lors
de la construction.
Du reste, ce dégagement des monuments du moyen âge
est en général contraire aux principes constitutifs qui prési-
daient aux styles employés à celte époque.
C'est cette même idée qu'exposait si justement dans une
récente étude, M. Henri Ghabeuf. Appréciant des opinions
émises par Taine, il écrivait : • Cette théorie du vide autour
des édifices n'est pas nouvelle, mais je ne la crois pas plus
vraie pour cela. D'abord, l'argument tiré de l'art antique
n'est pas péremploire, les Grecs et les Romains n'avaient
nullement pour les grands espaces le goût que leur attribue
l'auteur. Le forum romain n'était pas la place immense que
nous imaginons, et dans celui de Trajan, la fameuse colonne
à la spirale de marbre sculpté, se dressait dans un atrium
— m —
beaucoup plus exigu que la place Vendôme, à Paris. C'est
l'école classique des dernières années du xvi6 siècle, qui a
inauguré le système des grands vides en architecture, et la
place dont le Bernin a jeté l'ellipse à quadruple colonnade
au-devant de Saint-Pierre de Rome, est le type le plus réussi
d'un genre nouveau que l'on peut iouer ou blâmer, mais qui
est en tout cas une conception étrangère à l'art antérieur.
Pour ce qui est des cathédrales gothiques, leur structure,
tout à l'échelle humaine, exige qu'elles demeurent en contact
avec l'homme. Et ici la loi morale est d'accord avec la loi
géométrique. Et si ces lois sont vraies pour les édifices reli-
gieux, elles ne le sont pas moins pour les constructions civiles
conçues dans le même style. »
Monlalembert Ta très justement précisé : « L'isolement est
funeste aux admirables édifices du moyen âge; ils ne sont
pas faits pour le désert, comme les pyramides, mais pour
planer au-dessus des habitations humaines serrées à leurs
pieds. »
Mais au tracé de la nouvelle rue il existe encore un incon-
vénient. Entre la Boucherie et le quai s'élevait un ensemble
de constructions que l'on désignait sous l'ancienne enseigne
du c Gans ». C'étaient autour d'une succession de cours, des
bâtiments appartenant à toutes les époques, dans la con-
struction desquels on relevait des parties en style ogival,
d'autres en style renaissance et d'autres encore, il faut
l'avouer, sans aucun style. Mais, au dire des artistes qui
s'opposèrent énergiquement à leur disparition, l'ensemble
formait un motif d'une coloration des plus harmonieuse,
dans lequel pouvaient se discerner de nombreux détails,
dignes de fixer le pinceau. La disparition des ajoutes mo-
— 2*2 —
deroes et une habile restauration auraient pu donner à ces
derniers restes du vieil Anvers une indéniable valeur archéo-
logique. Mais ce bien était la propriété d'un particulier, et
en quelques jours tous ces bâtiments sont tombés sous la
pioche des démolisseurs.
Toutefois, la limite extérieure de cette propriété était for-
mée par l'ancien mur du bourg d'Anvers. Ce rare vestige
de la première enceinte de la ville primitive date de diverses
époques. La base, d'une épaisseur de près de deux mètres,
fut construite en pierres de Tournai probablement au xe siè-
cle. Plus haut se superposent diverses parties formées de
pierres blanches ou de briques, qui ont été ajoutées au cours
des siècles, toujours avant le xv*. A la veille de la démolition,
quand on a évacué les magasins du « Gans » et quand,
déjouant une consigne féroce, nous avons réussi à pénétrer
dans ces bâtiments déserts, nous avons pu constater avec
une joyeuse surprise que la partie supérieure de deux des
tours existait encore. Une courtine les joignait et Tune de
ces tours, en parfait étal de conservation, était encore cou-
verte de son toit conique et doublée de son chemin de ronde
entièrement intact. Hélas, ces restes précieux de l'architec-
ture militaire médiévale ont eu le sort des bâtiments dans
lesquels ils élaienl encastrés ; ils ont été brutalement anéan-
tis. Aujourd'hui n'existe plus que le mur d'une hauteur
d'environ trois mètres. 11 est évident qu'au point de vue du
pittoresque, il n'offre plus grand intérêt. Si on le veut, c'est
un fruste amas de pierres, dans lesquelles les voisins, au gré
de leurs nécessités, ont ménagé des escaliers, des armoires
ou d'autres dégagements. Mais au point de vue historique
ces restes ont une valeur immense. Ce sont les derniers et
— 223 —
incontestables vesliges du bourg primitif, berceau de la ville
d'Anvers ; ils ont été témoins de tous les événements heureux
et malheureux, qui pendant quatre siècles se sont déroulés
dans la capitale du Marquisat du Saint-Empire; enfin ils
persistent comme un suprême témoignage d'origine, pour
rappeler à tous les débuts modestes de celte cité superbe
qui s'étend orgueilleusement au loin. Faut-il condamner
aussi à la destruction cet ancien rempart ? Au Comité central
à se prononcer à ce sujet.
Toutefois ici surgit une question intéressante. A qui appar-
tient l'ancienne enceinte ? Il nous semble, qu'en étudiant les
sources historiques on devrait certainement pouvoir établir
sur ce point le droit de propriété de la ville, à laquelle elle
aurait été cédée par nos anciens ducs de Brabant. C'est à
rechercher. Mais même s'il était prouvé que le mur appar-
tenait aux riverains, ne pourrions-nous pas intervenir auprès
des particuliers pour les empêcher de détruire un monument
digne d'être conservé? La question n'est pas nouvelle. Et
déjà, lors du Congrès international d'Archéologie qui tint
ses assises à Anvers en 1866, ce point important fut débattu.
Vous connaissez sans doute le travail important que présenta
sur ce sujet avec une rare compétence, notre confrère M. le
président Schuermans : « Il n'est pas douteux, écrivait-il,
que le droit de réglementer celte matière appartient au légis-
lateur et même au pouvoir communal » . Puis, développant
sa pensée, il ajoutait aussi : « Ici encore, du reste, pour ne
pas rendre trop onéreuses aux particuliers, ce qui serait une
injustice, les restrictions opposées à l'usage de leurs pro-
priétés, le Gouvernement aurait une action bien plus directe,
en intervenant par voie de subsides conditionnels ou même
- 224 —
d'acquisition, voire même d'ex propria lion, comme cela a été
reconnu à propos des arènes de Nismes, dont une partie
était, on ne sait en quel temps, entrée dans le domaine
privé, et qu'un procès en expropriation, plus équitable
qu'une revendication, en a fait sortir. »
Il nous semble que celle question mériterait d'être étudiée
sur toutes ses faces ; car en bien des circonstances, uoe
intervention opportune ne pourrait que produire les résul-
tais les plus heureux.
Ce droit de protection dévolu à la Commission des monu-
ments serait fort important et son exercice pourrait plus
d'une fois sauver de la destruction ou d'une restauration
maladroite des monuments dignes de conservation.
N'avons-nous pas vu mettre récemment en vente à Anvers
la belle tour qui porte le nom de tour Van Slraelen.
Construite entre les années 1550 et 1560 aux frais d'un
marchand étranger établi à Anvers, Fernando de Bernuy,
elle fut complétée et achevée après 1565 par son nouveau
propriétaire, l'infortuné bourgmestre, Antoine Van Slraelen.
Ce monument, conservé intact tant à l'extérieur qu'à l'inté-
rieur, où se remarquent encore de fort intéressantes boiseries
sculptées, offre un intérêt considérable pour l'histoire de
l'architecture dans nos provinces, attendu qu'il peut servir
à indiquer d'une façon précise le moment où nos architectes
ont abandonné les principes de l'art ogival, pour adopter
ceux de la renaissance classique. La base de la tour et ses
divers étages inférieurs, les ornements de l'encadrement de
la porte d'entrée, sont conçus en un style gothique dans
lequel se remarque déjà l'influence du plein cintre classique,
tandis que l'étage supérieur, la toiture avec sa girouette aux
— 285 —
motifs héraldiques et l'aménagement intérieur, sont franche-
ment conçus en renaissance.
Ce monument appartenait à un particulier ; il a couru les
risques d'enchères publiques ; heureusement des acheteurs
intelligents ont promis de le conserver sans y apporter des
modifications quelconques.
Celte intervention que nous voudrions au besoin voir se
produire chez des particuliers, nous devrions quelquefois
plus efficacement la faire sentir au profit de monuments
classés. Dans ce cas se trouve la tour de l'église Saint-
Charles, qui forme un des spécimens les plus remarquables
de ce genre de constructions édifiés en style renaissance.
Construite entre les années 1614 et 1621, sur les plans du
père François d'Aiguillon, elle a heureusement échappé au
terrible incendie de 1718. C'est à ce monument que des
réparations urgentes étaient nécessaires. On les a exécutées
d'une façon déplorable. Tous les ornements ou les détails
d'architecture un peu délabrés ont été consolidés au moyen
de fortes armatures en fer, bien apparentes, et ce qui pis
est, toute la partie inférieure de la tour jusqu'au second
étage a été à grands coups de brosse revêtue d'un enduit
bien uniforme, d'une couleur grise noire des plus tristes.
Et ce, quand de l'autre côté du temple, on pouvait prendre
pour modèle la riche façade en pierres apparentes.
Dans un de nos précédents rapports nous vous parlions
de la si gracieuse chapelle Saint-Nicolas que la puissante
corporation des merciers fit édifier au commencement
du xv^ siècle d'après les plans, croit-on, de l'architecte
Pierre A ppelmans. Nous vous avions exposé le triste état dans
lequel se trouvait ce bijou architectural, transformé en dépôt
— M6 -
de linoléum, nous vous avions narré nos recherches dans les
combles de l'édifice pour sauver les restes mutilés du mobi-
lier sacré, abandonnés au milieu d'un monceau de débris
sans nom. Grâce à nos communes démarches, la chapelle
avait été évacuée et des négociations étaient entreprises entre
le Ministre compétent et l'administration des hospices, pro-
priétaire du bâtiment, pour y installer le dépôt des archives
de l'État. C'eût été le salut de la chapelle. Mais ces négocia-
tions viennent d'être brusquement rompues et l'administra-
tion des hospices s'est empressée d'autoriser le retour de
son ancien locataire, suivi de tout son stock de linoléum.
Et pour que l'édifice fut digne de le recevoir, on en a fait
rapidement la toiletté. Le petit porche renaissance a été
recouvert d'un plâtrage bien épais, sans oublier d'en revêtir
en même temps les médaillons si finement sculptés qui
l'ornent; les anciens petits carreaux sertis de plombs vétustés
garnissant les baies ogivales, ont été remplacés par de
grandes vitres bien claires. Messieurs, si vous n'intervenez
pas promplement, la liste des actes de vandalisme si longue
déjà pour Anvers s'enrichira d'une page nouvelle.
Ailleurs encore, à la Grand'Place, l'administration com-
munale est devenue propriétaire d'une maison portant autre-
fois pour enseigne de Alouwe. C'était le siège de l'ancienne
corporation des tonneliers, dont les insignes étaient sculptés
sur divers cartouches ornant la façade. Deux dates pouvaient
s'y lire, celle de 1579 indiquant la reconstruction après
l'incendie provoqué par les sanglantes journées de la furie
espagnole et celle de 1628, placée lors d'une restauration
postérieure. Le bâtiment était encore en parfait état; il
suffisait de rétablir l'ordonnance des fenêtres et de compléter
— 227 —
le fronton. C'était trop peu. On a procédé à une démolition
complète. Aujourd'hui s'élève en cet endroit une construction
nouvelle, édifiée, nous devons l'avouer, de façon heureuse
par un architecte de talent, mais néanmoins notre' ville
compte un vieil édifice de moins qui aurait mérité d'être
conservé, ne fùl-ce qu'en considération des souvenirs histo-
riques qui y étaient attachés.
Mais, Messieurs, il est temps que nous arrêtions ici ce
rapport trop long déjà. Permettez-nous, en terminant, de
formuler un vœu .
L'administration communale, la dépulation permanente,
les autorités des diverses communes de la province, se font
un devoir de nous soumettre leurs plans et projets de con-
struction ou de restauration. Nous les examinons conscien-
cieusement et émettons un avis motivé, arrêté après discussion
approfondie. Puis, nous faisons parvenir tout le dossier au
Comité central. Celui-ci, à son tour, se prononce. Mais le plus
souvent la décision prise ne nous est pas connue. N'y aurait-il
pas moyen de nous en faire part? Si nos observations sont
approuvées, nous serons toujours flattés d'être en commu-
nauté d'idées avec nos confrères du Comité central ; dans le
cas contraire, nous ne pourrions que nous instruire en pre-
nant connaissance des motifs qui ont décidé ces mêmes
confrères à émettre un avis opposé au nôtre.
Puis, dans bien des cas, la communication de la
décision finale nous éviterait des situations parfois embar-
rassantes, dans lesquelles nous nous trouvons inévitable-
ment, quand les intéressés viennent nous consulter ou
nous parler de projets qu'ils nous avaient soumis en premier
ressort.
— 238 —
M. le Président. — Monsieur Donnel, nous vous remer-
cions et nous vous félicitons pour votre beau rapport, rempli
de choses extrêmement intéressantes. Il n'a qu'un défaut,
vous l'avez dit vous-même : c'est d'avoir dépassé le quart-
d'heure réglementaire.
Vous avez parlé de deux points très intéressants : des
inventaires, dont il sera question au 3° de l'ordre du jour et,
ensuite, du massacre de la tour de l'église Saint-Charles, un
monument qui est, comme vous le dites fort bien, l'un des
spécimens les plus remarquables de ce genre de construc-
tions. Lorsque nous avons appris que l'on tentait de
détruire la tour de telle façon, nous avons envoyé une
délégation qui a émis son avis à ce sujet, avis très catégo-
rique, que nous avons signalé à M. le Ministre de la Justice.
Le projet consistait à détruire en quelque sorte une façade
extrêmement importante du monument, sans que personne,
ni Ministre, ni Comité provincial, ni Comité central, eût été
pressenti. Il y a là un véritable abus.
Quant au vœu que vous avez émis en terminant, c'est
à examiner; nous ne demandons pas mieux, évidemment,
que vous soyez avertis chaque fois que nous sommes
de votre avis ou même d'un avis différent. Seulement, il
peut se présenter des cas où cela peut offrir des inconvé-
nients, notamment celui-ci : quid, si notre avis n'est pas
suivi? Les autorités supérieures veulent bien se rallier à
notre opinion, mais elles n'y sont pas contraintes.
La parole est à M. le rapporteur du Brabant.
— 229 —
PROVINCE DE BRABANT.
M. Dumortier, en remplacement de M. Destrée, rappor-
teur :
Messieurs,
En conformité de l'art. 64 de votre règlement organique,
nous avons l'honneur de vous faire rapport sur les travaux
du Comité des correspondants du Brabant pendant l'année
19O1-1902.
Ainsi que nous l'avons constaté déjà les années précé-
dentes, notre Comité cherche à rendre chaque jour plus
efficace la mission de surveillance et de direction que la
vigilance du Gouvernement a si heureusement confiée à la
Commission royale des monuments. Dans toutes les déci-
sions que nous avons été appelés à prendre, dans tous les
avis que nous avons eu à émettre, nous ne nous sommes
préoccupés que d'assurer le maintien du patrimoine artis-
tique du pays.
C'est cette préoccupation si légitime qui nous fait ardem-
ment désirer que les restaurations ne soient jamais de
néfastes reconstructions. Les monuments que les siècles
nous ont légués et que mine l'inlassable action du temps ne
doivent subir que les plus indispensables réfections. Ils
tiennent de leur âge un charme que des mains sacrilèges
trop hardies leur arracheraient. Les siècles leur ont donné
une chaude patine qui dit leur histoire, leur vie, car ces
— 330 —
grands êtres de pierre vivent à côté des générations
humaines fuyantes et rapides et en expriment en quelque
sorte la philosophie.
Le souci de les conserver tous nous a poussés à vous
proposer de classer un certain nombre d'édifices parmi les
monuments. Ce classement donne la conscience de la valeur
artistique de ces constructions aux administrations publiques
qui en ont la garde et étend les bienfaits de votre tutelle
éclairée. C'est ainsi que nous avons attiré votre attention sur
Tintérêt qui s'attache à l'église du hameau de Rhode-Sainle-
Brice-sous Meysse. La multiplicité et la disposition des
toitures de chacune de ces parties, remontant à des époques
très différentes de notre histoire, lui donnent un aspect
caractéristique et original qui justifie à notre sens son clas-
sement parmi les monuments de la troisième classe.
11 en est de même de l'église de Nosseghem, qui, bien
que dénaturée par de malencontreuses transformations opé-
rées au xvme siècle, a conservé des restes importants de la
construction primitive, lesquels sont d'un dessin architec-
tural fort simple mais de belles proportions.
L'église de Wesembeek présente également des parties
qui offrent un sérieux intérêt. Le chœur, dont l'extrémité
forme la moitié d'un pentagone, appartient, en effet, à la
dernière période de l'art gothique.
Les murs de l'édifice, renforcés de contreforts, ont leurs
parements extérieurs bien dressés et appareillés en pierre de
Dieghem, tandis que les quatre fenêtres qui subsistent sur
les six baies anciennes, ont été garnies de meneaux refaits
il y a quelque vingt-cinq ans et fort maladroitement dessi-
nés.
— 23! —
Les désastres accumulés dans les réfections entreprises
vers cette époque sont, du reste, fort grands ; les édifices
anciens étaient mal étudiés et peu connus, et les architectes
appelés à restaurer et à agrandir les églises, se mettaient au
travail avec la superbe assurance que fait naître l'inconscience
des difficultés. Un aussi grave reproche ne peut plus être
adressé aux restaurateurs d'aujourd'hui. Entreprises dans le
seul but de sauver les édifices qui s'effritent sous l'irrésistible
morsure du temps, ces restaurations sont généralement bien
étudiées et ne reçoivent votre approbation que si elles res-
pectent complètement l'admirable harmonie des monuments
du passé.
Mais un projet bien étudié n'assure pas nécessairement
une exécution parfaite.
Les questions artistiques les plus délicates peuvent surgir
à tous les moments dans la restauration des édifices anciens,
sans qu'il ait été possible de les prévoir au début des travaux.
Or, l'auteur du projet se défend difficilement contre les exi-
gences et les fantaisies d'un client et est ainsi quelquefois
entraîné à prendre des décisions néfastes que l'intervention
des services techniques provinciaux lente le plus souvent
seule de prévenir. Il faut savoir reconnaître que la surveil-
lance qui s'exerce au cours des plus délicats ouvrages
architecturaux est aujourd'hui encore insuffisante.
Profitons de nos confraternelles et annuelles réunions
pour souhaiter que la Commission royale des monuments
recherche le moyen d'assurer un contrôle artistique effectif
sur les travaux entrepris à nos monuments les plus impor-
tants.
Vos délégués font actuellement déjà quelques visites sur
— 232 -»
les chantiers, mais ces visites, pour avoir des effets réellement
utiles, devraient èlre plus fréquentes. Peut-être pourriez-vous
recourir à vos représentants régionaux pour étendre sur des
travaux délicats d'art la surveillance autorisée d'hommes
compétents. Néanmoins les progrès sont manifestes dans les
travaux de restauration ; mais dans les constructions nou-
velles on découvre trop rarement des créations empreintes
d'une réelle et saine originalité.
Pour atteindre ce but, il faut inspirer aux jeunes archi-
tectes le souci constant de leur personnalité artistique d'une
individualité intangible. Qu'ils craignent, après avoir puisé
chez les maîtres les principes nécessaires de la science, de
se borner à imiter ces maîtres, à s'enrégimenter dans leurs
écoles. Ils ne connaîtront pas comme d'autres les affres du
doute sur la valeur de leurs productions ; ils auront la
satisfaction sûre et paisible de réussir rapidement, mais ils
ne pourront jamais aspirer aux triomphes que procure seule
l'audace enivrante d'être le créateur d'une nouvelle expres-
sion d'art.
Les maîtres, dans la maturité de leur âge, souhaitent
ardemment ce renouveau. Ils y puiseraient la sécurité de
voir leur œuvre que des imitations serviles diminueraient
confiée à d'habiles continuateurs, qu'ils attendent et qu'ils
espèrent. Car les élèves seulement consciencieux ne créent
pas une œuvre; ils la fabriquent, cherchant leurs inspirations
dans des modèles stéréotypés qui affaiblissent le monument
imité presque autant qu'ils réduisent la valeur du nouvel
édifice.
Pour obtenir cette originalité si souhaitable, il n'est pas
nécessaire de recourir à des complications d'ornementation
— 233 —
qui font sourire et paraissent un constant démenti aux prin-
cipes de construction qui « contentent l'intelligence par des
promesses d'éternité > .
Pendant toute l'année 1904-1902, notre Comité s'est
occupé avec activité de la rédaction d'un inventaire complet
des objets d'art épars dans la province. Toutes les églises
des communes de l'arrondissement de Bruxelles ont été
minutieusement visitées et nous sommes en mesure, pour
cet arrondissement, de publier un relevé complet de toutes
les richesses artistiques échappées aux effroyables ravages
des guerres civiles et des invasions.
Dans le but d'augmenter l'intérêt de celte publication et
d'en faire un recueil que consulteraient avec intérêt les
artistes et les archéologues, nous avons l'intention d'y
introduire des reproductions phototypiques des objets les
plus intéressants, soit au seul point de vue de l'histoire de
l'art, soit à celui de la valeur artistique propre des créations
des maitres anciens.
Dans la réunion à laquelle vous avez convié vos délégués
provinciaux, ce complément graphique du catalogue des
objets d'art a été unanimement approuvé et n'a suscité
d'objections qu'en ce qui concerne la dépense qu'entraînerait
l'impression d'une publication enrichie de dessins ou de
phototypies. Cette préoccupation est fort légitime, mais avec
quelque persévérance on parvient toujours à vaincre la
résistance des pouvoirs publics, qui finiront tous par consen-
tir aux légers sacrifices qu'on leur demande en présence du
résultat à attendre.
Notre Comité ne rencontre du reste pas celte difficulté ;
car la province de Brabanl met généreusement à sa dispo-
— 234 —
sition un crédit annuel suffisant pour assurer rira pression
d'un inventaire illustré de reproductions des meilleures
œuvres de nos maîtres d'anlan.
Avec la connaissance complète des chefs-d'œuvre créés
par nos ouvriers illustres, nailra peut-être chez quelques
artistes la compréhension de l'art que réclament les temples
saints, imprégnés de silence et de paix. Cette compré-
hension fait actuellement tout à fait défaut et les sculptures
modernes notamment, qu'il est bien difficile de qualifier
du nom pompeux d'objets d'art, ne paraissent avoir
d'autre rôle que de servir à rehausser l'éclat de nos trop
rares statues anciennes, figurant des saints vénérés, qui
éclairent les voûtes assombries « de leur immobilité rayon-
nante » .
Le respect que méritent les objets anciens n'a pas empêché
de malheureuses restaurations. N'a-l-on pas vu de trop
habiles praticiens détruire par leur imbécile intervention les
précieuses reliques artistiques du passé : ajouter à des boi-
series animées par le ciseau d'un maître sculpteur des
appliques ridicules, repeindre des tableaux qui ne récla-
maient qu'un simple nettoyage, pousser l'audace de leur
naïve outrecuidance jusqu'à corser les tons fondus et savam-
ment dégradés des maîtres.
Si les commissions comme les nôtres n'ont pas le pouvoir
de faire naître des artistes, il leur est aisé de s'opposer à des
restaurations maladroites, quelquefois criminelles, des objets
d'art existants. La mesure que nous avons préconisée et qui
a reçu votre pleine approbation, de joindre à toute demande
de restauration d'objets d'art la photographie de cet objet,
parait notamment de nature à mettre obstacle à l'exploitation
— 835 —
industrielle qui se cache si souvent derrière l'œuvre des
restaurateurs. ,
La photographie obligera ces derniers à se tenir dans les
limites d'un travail strictement nécessaire, empêchera les
modifications dangereuses qui détruisent le caractère d'une
œuvre. En présence de ce témoin incorruptible, les restau-
rateurs seront plus soigneux et plus patients.
Les efforts que nous faisons pour maintenir intact le trésor
artistique de la Belgique ne devraient-ils pas s'étendre à la
défense de ses beautés naturelles ?
L'initiative privée a bien créé quelques utiles organismes
destinés à s'opposer aux ravages inconsidérés que sèment
l'art de l'ingénieur et l'esprit d'industrialisme, mais ces
sociétés sont prévenues tardivement et leur intervention se
résume trop souvent en des plaintes malheureusement inu-
tiles devant le fait accompli.
La Commission des monuments et ses correspondants
provinciaux paraissent particulièrement bien placés pour per-
mettre aux pouvoirs publics de s'entourer d'avis d'hommes
compétents avant d'autoriser ou d'entreprendre des travaux
qui entraînent la disparition souvent sans nécessité absolue,
de vallons discrets, de sources moussues, de drèves sécu-
laires, dont le charme pénétrant donne des impressions
d'art, peut-on dire aussi vives que les plus purs chefs-
d'œuvre humains. Il s'y ajoute même une douceur émue
que le paysage familier fait nailre par une sorte d'évocation
de l'âme de la terre natale. Et c'est mal aimer son pays que
de laisser inutilement détruire les chênes de ses bois, les
ormes de ses routes, les fleurs de ses prés, qui sont bien
aussi un peu ses enfants.
— 236 —
M. le Président. — Comme toujours, le rapport de
M. Désirée est extrêmement bien Tait.
Permettez- moi, Monsieur Du mortier, de vous dire un
mot en ce qui concerne la surveillance des travaux. Nous
avons été d'accord avec le Ministre, et nous avons même été
beaucoup plus loin que précédemment dans cette voie-là,
comme vous l'avez, du reste, reconnu vous-même. Ainsi,
Tannée dernière, la Commission, — on vous l'a dit
dans le rapport, — a fait 121 visites et, plus d'une fois,
beaucoup d'entre vous le savent, nous avons chargé des
membres correspondants d'aller voir l'exécution des travaux.
Seulement, il ne faut pas oublier que les membres de la
Commission centrale, comme d'ailleurs les membres corres-
pondants, sont des hommes très occupés, qui ne peuvent
être absorbés exclusivement par ces inspections.
Au sujet des inventaires futurs, si vous voulez bien me le
permettre, je dirai deux mots : vous avez pu remarquer,
Messieurs, dans le rapport que M. Dumortier vient de vous
lire pour M. Destrée, qu'une surveillance des travaux se fait
en Brabant témoignant de l'influence très grande que peut
avoir un Comité lorsqu'il le veut bien et lorsqu'il se trouve en
possession d'une idée pratique. Ces Messieurs ont émis cette
autre idée d'exiger dorénavant, soit pour les objels d'art, soit
pour les monuments, d'avoir dans le dossier une photogra-
phie. Nous avons fait une proposition en ce sens par la
circulaire qui a été envoyée dernièrement et dont beaucoup
de journaux ont donné la reproduction C'est une innova-
tion dont l'idée appartient au Comité provincial du Brabant;
nous l'en félicitons, en signalant ce fait comme un exemple
à suivre parles autres Comités.
— 237 —
Maintenant, je devrais donner la parole au rapporteur de
la Flandre occidentale, qui n'est pas parmi nous. Ces Mes-
sieurs du Comité auraient bien pu nous envoyer un secré-
taire-adjoint si le titulaire effectif était empêché. On s'est
borné à nous envoyer le rapport de M. van Ruymbeke; par
ce fait même, le rapport ne sera pas discuté. Je vous pro-
pose purement et simplement de l'insérer à sa place dans
notre Bulletin, sans le lire à l'assemblée, afin que cela serve
d'exemple, pour l'avenir, aux autres Comités. (Adhésion.)
— 338 —
PROVINCE DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
Messieurs,
Si pendant l'année qui vient de finir, notre Comité n'a
pas eu à s'occuper de travaux aussi importants que ceux
des autres années, nous ne croyons cependant pas que le
nombre d'affaires soumises à l'approbation et à l'élude des
membres correspondants de notre province, ait diminué.
Félicitons-nous en, car c'est une preuve que nos efforts
ne sont pas inutiles et que le revirement de l'opinion
publique vers le bon goût se dessine de plus en plus.
Ce sont les restaurations qui occupent toujours la pre-
mière place dans les travaux du Comité.
Parmi celles-ci, il convient de citer celles de la Porte
des Baudets à Bruges, des Petites Halles de Courtrai, du
triforium de l'église Notre-Dame à Bruges, des tours des
églises de Moere et de Poperinghe, des églises de Rum-
bekc, Ramscappelle, Lampernisse, Zande, Locre, Leysele,
Notre-Dame à Courtrai et, enfin, la restauration du jubé et
du tabernacle de l'église Saint-Nicolas, à Dixmude.
Ce dernier travail, qui est encore à l'état de projet,
mérite une mention toute spéciale.
Le jubé, construit en 1567 par Jean Bertet, est un véri-
table chef-d'œuvre de décoration architecturale et florale,
et compte certainement parmi les plus beaux spécimens
connus.
— 239 —
Il fat garni à l'origine de 49 statues, posées dans autant
de niches à baldaquin, réparties sur les quatre faces.
II n'en reste malheureusement plus que 24, recouvertes
de nombreuses couches de chaux, sous lesquelles on trouve
une polychromie des plus riches et des plus brillantes.
Les statues sont d'époques différentes. Un de nos mem-
bres rapporteurs, envoyé à Dixmude, a découvert sur Tune
d'elles le nom d'Urbain Taillebert (1600), et celui de
Wouter van Volmcrbeke, en caractères gothiques, sur une
Sainte-Barbe; d'autres sont considérées comme contempo-
raines du jubé, œuvres peut-être de Jean Bertet ou de
Jean Bottelgier, qui contribuèrent à son exécution.
Le tabernacle est une œuvre de marbrerie du style de la
renaissance, orné de sculptures et de 24 statues. II est en
très mauvais état de conservation et sa restauration équi-
vaudrait à une reconstruction totale.
Les statues, très gravement mutilées, sont en albâtre; de
quelques-unes il ne reste plus que d'insignifiants fragments.
Aussi, notre Comité a estimé qu'il serait utile que les
travaux de restauration soient soumis à la surveillance du
membre rapporteur.
S'il nous est permis de nous réjouir le plus souvent
d'heureux projets de restauration, il nous est parfois pénible
de devoir constater que certaines . administrations, dans
un but louable, nous le voulons bien, sacrifient l'art et
commettent ainsi de véritables actes de vandalisme.
Il en est ainsi de l'administration fabricienne de Notre-
Dame, à Courtrai, qui, dans le but d'agrandir l'espace
réservé aux fidèles, a réussi, contrairement à l'avis de la
majorité des membres de notre Commission, à obtenir
— 240 —
de l' Autorité supérieure le dépouillement des marbres du
transept et des deux premières travées du chœur.
Ce travail est actuellement terminé.
Il avait été entendu que, pour ne pas isoler le maître-
autel, on maintiendrait le revêtement en marbre autour du
sanctuaire et qu'on grouperait dans celui-ci les divers
objets d'ameublement en style renaissance : stalles, lutrins,
clôture, que possède l'église et qui méritent d'être conservés.
Au lieu de cela, la fabrique décide l'enlèvement de tous
les marbres du sanctuaire. Ce n'est pas tout. Il parait que
l'on vise maintenant aussi l'enlèvement des marbres de
revêtement du rnaitre-aulel, des trois autels des absides et
des lambris qui les relient.
A l'origine, la fabrique n'invoquait que des motifs d'uti-
lité pratique; aujourd'hui qu'elle a obtenu satisfaction sur
ce point, elle formule de nouvelles exigences, qui seront
suivies d'autres.
Nous osons espérer que la Commission royale s'opposera
à ce projet et qu'elle refusera toute concession nouvelle à
la fabrique.
Celte administration témoigne, d'autre part, du peu de
souci qu'elle prend des choses de l'art et de la conservation
du monument, en négligeant les soins à donner à divers
tableaux remarquables, notamment au chef-d'œuvre de
Van Dyck, et en proposant un système inadmissible au
point de vue archéologique, pour consolider les voûtes du
chœur.
L'ameublement des églises de Wervicq, Marcke, Hoog-
staede, Slype, Waermaerde et Westvleleren et le placement
où la restauration de vitraux dans trois églises de notre
— 341 —
province, ont donné lieu à d'intéressants travaux de nos
membres.
Le projet des nouvelles peintures murales de l'église
d'Iseghem et la restauration des anciennes peintures murales
de l'église Notre-Dame, à Bruges, et de quelques tableaux,
ont également fait l'objet d'études très approfondies.
Enfin, Messieurs, la Commission royale a bien voulu
décider le classement de divers monuments dont nous ne
citerons que la Porte des Baudets à Bruges, les églises de
Wulveringhem, Zande, Zandvoorde, Houcke, Mannekens-
vere et Ramscappelle, et bien que notre Comité ait exprimé
l'avis qu'en multipliant l'inscription sur la liste des monu-
ments, on diminuait la valeur de la classification, diverses
constructions appartenant à des particuliers ont été inscrites
sur la liste des édifices privés dont la conservation mérite
d être assurée.
La parole est maintenant à M. le rapporteur de la Flandre
orientale.
— uè —
PROVINCE DE LA FLANDRE ORIENTALE.
M. Adolf de Ceuleneer, rapporteur :
Messieurs,
Depuis le rapport dont j'ai eu l'honneur de vous donner
lecture à l'assemblée générale de Tan dernier, aucune modi-
fication ne s'est produite dans la composition du Comité.
Malgré nos instances réitérées, il n'a pas été pourvu au
remplacement de deux de nos membres, alors que ces
places sont vacantes depuis plusieurs années. Comme il
arrive à plus d'un collègue d'être empêché d'assister régu-
lièrement à nos réunions, le nombre restreint de nos
membres fait que bien des fois les assistants aux séances
sont à peine en nombre suffisant pour pouvoir délibérer
d'une manière efficace.
Depuis le mois d'octobre dernier, le Comité a tenu dix
séances. Il n'a été appelé à émettre son avis que sur deux
points, de bien minime importance, relatifs au mobilier des
églises.
La fabrique de l'église de Vosselaere demandait l'autori-
sation d'aliéner quelques vingt-huit chandeliers du xix' siècle
n'ayant pas la moindre valeur artistique. Celle de l'église de
Munckzwalm désirait remplacer un banc de communion qui
datait du xvin* siècle. Le Comilé a émis l'avis qu'il était
préférable de le restaurer, vu qu'il n'était pas dénué d'an
certain caractère artistique.
— 245 —
D'un autre côté, le Comité a été invité par la Commission
centrale à déléguer un de ses membres pour examiner si
l'on pouvait autoriser la réception de nouveaux autels établis
dans diverses églises de village. Notre Comité a pu ainsi
proposer la réception de trois autels nouveaux de l'église de
Semmerzaeke, de deux de celle de Petit-Sinay et des nou-
veaux maitre-aulels des églises de Ressegem et de Letler-
haulem.
Comme les années précédentes, le Comité a usé de la
part d'initiative qui lui est reconnue pour appeler l'attention
des pouvoirs compétents sur des points qui lui paraissaient
présenter quelque intérêt archéologique pour les monuments
de notre province. C'est ainsi que nous avons adressé à la
Commission centrale un rapport sur l'état du manoir de
Voorde et sur les travaux de réparation absolument indis-
pensables effectués par le propriétaire de ces intéressants
débris de ferme fortifiée du xvie siècle. J'ai, du reste, déjà
eu l'occasion d'insister sur leur valeur archéologique dans
mes rapports de 1900 et de 1901.
Dans une de nos dernières séances, un de nos membres
nous a fait part d'un projet de restauration du de Craeyer
de l'église de Borsbeke. Je ne sache point qu'une décision
quelconque soit intervenue à ce sujet; mais le Comité estime
qu'on ne saurait prendre assez de précautions lorsqu'il s'agit
de toucher à des tableaux ayant une valeur artistique véri-
table, comme c'est le cas ici.
Nous nous sommes adressés aussi à la Commission cen-
trale pour lui signaler l'abus qui s'était produit par rapport
à la Koeienpoort de Ninove.
Le Département des chemins de fer, postes et télégraphes
— 244 —
avait cherché à embellir celle construction en la faisant
servir de support à un poteau téléphonique. Nous avons
cru bien faire en proposant que dans la suite on ne couronne
plus nos monuments de ce complément tout moderne, qui ne
parait aucunement indispensable à l'effet artistique qu'ils
peuvent produire.
Nous avons aussi prié la Commission royale de chercher
les moyens qui auraient pour résultat que le caractère
archéologique de l'ancienne tour de Saint- Martin, de Renaix,
ne fût point détérioré par les changemenls que le proprié-
taire actuel se proposait de faire subir à ce monument. II
avait, en effet, l'intention d'établir dans celte tour un café et
de remplacer la flèche par un belvédère, du haut duquel on
aurait pu contempler le panorama de la jolie cité renai-
sienne. On le voit, la race des Vandales, que déjà en 1839
l'illustre Montalembert poursuivait de ses sarcasmes cl de
ses invectives, n'est pas près de s'éteindre en Belgique, pas
plus que dans les autres pays.
D'un autre côté, nous nous sommes adressés au collège
échevinal de la ville de Gand pour demander que l'Hôtel de
la Banque nationale, que l'on se propose de construire à
côté du Geeraards Duivelsteen et en face de l'entrée latérale
de Saint-Bavon, ait un caractère architectural qui ne con-
traste pas trop avec le style de ces deux édifices.
L'administration de la ville de Gand avait fait entourer
la cathédrale et la partie finalement dégagée de l'église
Saint-Nicolas d'une pelouse qui s'étendait jusqu'aux murs
de ces édifices religieux. Nous avons cru devoir rappeler
au Collège, qu'a fin de préserver les murs de toute infiltration
et de toute humidité, il était nécessaire d'établir entre les
— 245 —
murs et le gazon an accotement en pierres d'au moins
50 centimètres de largeur.
Gomme les années précédentes, les membres du Comité
ont été invités à maintes reprises à se joindre aux délégués
de la Commission royale pour les inspections que ceux-ci
venaient faire dans la Flandre orientale.
C'est ainsi qu'un de nos collègues a pris part à l'examen
de la restauration de la remarquable église de Sainte- Wal-
burge et du splendide hôtel de ville d'Audenarde. D'autres
inspections ont eu pour objet le maintien de la tour de
l'église de Maldegem, le nouveau mobilier de l'église de
Saint-Nicolas, le nouveau chemin de la croix installé dans
l'église d'Huysse, les trois nouveaux autels de celle de
Vosselaere et le nouveau maître autel de l'église de Nokere.
Un de nos membres s'est joint aussi aux délégués de la
Commission royale pour examiner si les murs de l'église de
Denderleeuw étaient suffisamment secs pour recevoir une
peinture décorative et pour apprécier les travaux de restau-
ration effectués aux peintures murales de Guffens et Swerls,
qui décorent l'église Notre-Dame, de Saint-Nicolas.
C'est naturellement à Gand que les inspections ont été les
plus fréquentes. Je citerai l'examen du groupe de M. Van
Biesbroeck, établi au Parc, des statuettes qui décorent
l'extérieur de l'hôtel de ville, du projet de transformation
pour la distribution des locaux du Palais de Justice, de
l'entrée de la crypte de Saint-Bavon et des plans de peinture
décorative pour la salle des séances de l'Académie royale
flamande. Mais je tiens à appeler surtout l'attention sur les
Iravaux de restauration et d'agrandissement de la Halle aux
Draps. Plus d'un membre a cru devoir présenter des obser-
— 246 —
valions sur la tendance ullra-conservalrice qui semble
inspirer ces travaux. C'est, en effet, devenu une mode chez
certains, je ne dirai pas archéologues, mais chez certains
artistes qui croiraient commettre un crime de faire dispa-
raître une pierre antique quelque vermoulue qu'elle soit, dût
même la stabilité de l'édifice en pâtir quelque peu : Un mur
en ruine est d'un effet si pittoresque !
La question de la méthode à suivre en fait de restauration
d'anciens monuments a déjà été maintes fois débattue. Dans
nos premières assemblées générales, on se livra à ce sujet à
des discussions aussi vives qu'approfondies, et le souvenir
en est encore resté vivace quoique bon nombre d'années se
soient écoulées depuis (i). La gilde de Saint-Thomas et de
Saint-Luc s'en occupa non moins sérieusement pendant ses
premières réunions (*), et il n'existe peut-être pas de cercle
archéologique en Belgique qui ne l'ait soumise à un labo-
rieux examen, de même que tous les congrès archéologiques
de Belgique et de France s'en sont occupés (s).
La discussion de la sixième question portée à l'ordre du
jour de l'assemblée générale d'aujourd'hui, ne manquera
point, j'en ai l'intime conviction, de répandre une nouvelle
lumière sur la solution de celte question brûlante et d'ameuer
peut-être des conclusions riches en résultat, grâce à la
grande pratique et à la longue expérience des membres qui
(1) Lettre de M. Weale aui membres de la Commission, 1862; assemblée
générale de 1852, p. 48. Bull, des Comm. d'art et d'arckéol., III, 109;
IV, 101; V, 201; VU, 369.
(t) Id., Vil, p. 23; VIII, p. 8; IX, pp. 18, 32; X, pp. 18, 35.
(s) Aussi Compte rendu des Congrès archéologiques de France : 36,
p. 349; 40, p. 600; 41, p. 352; 42, p. 383.
— 247 —
y prendront part. Inutile d'ajouter que la question s'est
compliquée, dans ces derniers temps, d'un élément nouveau.
Je songe à ce que j'appellerai l'école toute jeune, donc toute
vivace et toute vigoureuse, du pittoresque dans l'art.
Nous avons eu à nous livrer aussi à un autre examen non
moins important et au sujet duquel tous les hommes com-
pétents ont été d'un avis unanime. Je veux parler de l'état
vraiment déplorable dans lequel se trouvent les splendides
peintures murales de Gluysenaer qui décorent l'escalier de
la salle des pas-perdus de notre université. Ayant l'honneur
d'être de la maison, vous voudrez bien me permettre d'en
dire quelques mots, d'autant plus que cet examen a provoqué
des observations qui sont d'une application générale. Depuis
bon nombre d'années ces peintures, dont la haute valeur a
été si justement appréciée par Riegel dans ses Études sur
la peinture murale en Belgique (i), et qui dans leur ensemble
représentent les grandes époques de l'histoire de l'humanité,
se détérioraient, s'effritaient de plus en plus, et à maintes
reprises le conseil communal eut à s'occuper de la recherche
des moyens qui pourraient préserver cette grande œuvre
artistique d'une destruction complète. Mais rien n'y fit,
l'élément destructeur continuait son œuvre.
Lors de l'inspection faite par les délégués de la Commis-
sion royale le 25 février dernier, la question fut longuement
disculée. Je me permis de faire remarquer que la ventilation
était des plus mauvaises.
La grande porte n'est que rarement ouverte, et encore
(4) H. Rœgkl. Qcsch. der Wandmalerei in Belgiën seit 1856. Berlin,
1882, p. 83.
— 248 —
•
seulement pour peu de temps, à l'occasion des cérémonies
académiques. L'air ambiant y est toujours froid et humide,
au point qu'en été, c'est à peine si l'on se hasarde à s'y
arrêter pendant quelques instants, alors qu'il serait si facile,
— et cette observation peut s'appliquer aussi à nos églises, —
d'ouvrir — à l'exemple de ce qui se pratique partout en
Angleterre et peut-être aussi dans d'autres pays, — large-
ment, pendant les journées chaudes et sèches, la porte à
deux battants durant une bonne partie de la journée. En
Angleterre, on empêche l'entrée des curieux au moyen
d'une cloison peu élevée et à jour. Seulement mon obser-
vation n'était fondée qu'en partie. Une cause de détérioration
plus importante encore fut indiquée par un des membres
les plus compétents de la Commission royale. Ayant
remarqué que la peinture la plus endommagée était celle
dont le mur était exposé â l'ouest, il demanda à examiner
l'état extérieur de ce mur qui devait surtout avoir à souffrir
des intempéries et des vents humides de l'ouest. Les délégués
se rendirent dans l'immeuble contigu à l'université, et quelle
ne fut pas notre surprise de devoir constater que ce mur
était resté à nu depuis la construction de 1817. Les briques
portaient une efllorescence si forte qu'on aurait cru le mur
entier recouvert de flocons de neige. La cause principale de
l'humidité était donc nettement indiquée. Si dans un établis-
sement qui a compté de tout temps dans son corps profes-
soral des ingénieurs si distingués, on n'a pas songé
depuis 1817 à inspecter l'état extérieur des murs de l'édifice,
cachés, il est vrai, de toute part par les constructions a voi-
sinantes, que penser dès lors de quantité de monuments,
églises, édifices civils de toute sorte qui, au point de vue de
— 249 —
l'inspection, se trouvent dans des conditions bien moins
favorables? Ceci m'amène à émettre Ta vis qu'il serait
peut-être désirable que la Commission des monuments fit
publier une plaquette indiquant brièvement les précautions
essentielles à prendre pour la conservation des monuments
et des œuvres d'art. Rien que dans ce rapport, j'ai dû appeler
l'attention sur les murs exposés à l'ouest, sur la mauvaise
ventilation surtout de nos églises, sur les pelouses établies
tout contre les murs des édifices. Je tiens à dire que toutes
ces observations m'ont été suggérées par les inspections
faites en commun avec les délégués de la Commission cen-
trale, preuve évidente de la grande utilité de ce mode
d'inspection. Dans le même ordre d'idées, je pourrais vous
rappeler aussi l'étude si suggestive de mon savant collègue
et ami, M. Vander Mensbrugge, recteur actuel de notre
université, et dont un exemplaire a été envoyé dans le
temps à tous les membres des Comités provinciaux par les
soins de la Commission royale, qui a prouvé qu'un des
meilleurs moyens de conserver les tableaux consistait à
étendre un vernis sur la face postérieure des toiles. Toutes
ces indications, et bien d'autres encore, constitueraient un
ensemble des plus précieux, dont l'application entraverait
bien des détériorations et préviendrait bien des désastres
souvent irréparables si elles étaient connues des personnes
chargées de la conservation des églises et des œuvres d'art.
Je termine ce rapport, peut-être déjà un peu trop étendu,
par quelques mots sur les publications de notre Comité.
Les procès-verbaux de nos séances ont été régulièrement
publiés. Nous en sommes au troisième volume.
Dans mon rapport de l'an dernier, j'avais émis l'espoir que
— 250 —
j'aurais pu vous annoncer maintenant que la reproduction
des blasons des membres du chapitre de la Toison d'or
de 1539, peints par Lucas d'Heere, serait en bonne voie
d'exécution. Mais voyez comme nous jouons de malheur !
En 1891, le Gouvernement veut bien nous informer qu'il
interviendra pour les 3/7 dans les dépenses qu'on prévoyait
devoir èlre de 5,000 francs. La Province déclarait qu'elle
ne pouvait prendre de décision aussi longtemps que la ville
refusait d'intervenir. Le bourgmestre d'alors, que certains
de ses amis taxaient, au point de vue de l'art, d'américa-
nisme, nous écrivait que la situation financière de la com-
mune ne permettait pas l'allocation d'une somme de
fr. 1,428-58, alors même qu'elle devait se répartir sur trois
exercices. Le collège actuel, présidé par M. Braun, ayant
des tendances artistiques que je qualifierai de plus effectives
et de plus réelles, le Comité se hasarda, quoique timidement,
à revenir à la charge, preuve nouvelle de la ténacité de ces
flamands gantois. El voilà que le collège, sensible à noire
demande, y donne son acquiescement, et nous confirme par
lettre du H décembre dernier, celle du 18 mai 1891, par
laquelle il nous annonçait qu'il interviendrait pour les 2/7.
La cause paraissait gagnée, car dès le 20 décembre le Gou-
vernement nous informait qu'il maintenait sa décision de
4891 et fixait, par conséquent, le taux de son intervention
aux 3/7. Nous estimions l'adhésion de la Province comme
certaine, d'autant plus que l'honorable Gouverneur, qui de
tout temps a donné tant de preuves de dévouement aux
travaux du Comité, était acquis à notre projet de publi-
cation. Mais ne voilà-l-il pas qu'en sa séance du 3 juillet
dernier, le conseil provincial adopte le rapport du conseiller
— Î8I —
M. Herman De Baets, concluant que « sans méconnaître
1'inlérét que peut présenter cet objet, il estime que l'état des
finances de la Province ne permet pas d'allouer le crédit
sollicité » (fr. 376-19 pendant trois ans!). Je n'apprécierai
pas ces incidents en disant que la ville de Gand, depuis
4891, est devenue plus riche et la province plus pauvre,
car je connais les ressources si restreintes de notre com-
mune, mais non la situation opulente ou précaire de la
Flandre orientale. Faisant bonne mine en mauvaise fortune,
le Comité se résignera à remettre l'exécution de son projet
héraldique à des temps meilleurs.
Ce n'est heureusement pas sur celte malheureuse issue de
démarches qui ont duré plus de dix ans, — et dire que nous
chavirons au moment où nous croyions avoir atteint le port,
— ce n'est pas sur cette triste fin que je dois clore mon
rapport.
Dans chacune de nos assemblées générales, il a été
question du Répertoire arcliéologique. Le 15 février dernier,
notre Comité a délégué deux de ses membres à la séance de
la Commission royale pour s'entendre sur la confection
uniforme du Répertoire. J'eus l'honneur d'y présenter un
projet de rédaction, accompagné d'un spécimen. On fut
unanimement d'avis que pour que ce Répertoire pût être
réellement utile, il était nécessaire d'illustrer le texte de la
reproduction des principaux monuments. A la suite de ce
vœu, notre Comité sollicita l'intervention pécuniaire de la
Province.
Dans sa séance du 17 juillet, le conseil provincial voulut
bien décider que « la somme de 1,000 francs, inscrite
• annuellement au budget de la Province à titre d'inler-
— 252 —
» vention dans les frais du Comité, sera augmentée pendant
» cinq années consécutives d'une somme de 400 francs par
» an, afin de nous aider à publier un répertoire illustré des
» principaux monuments et objets d'art delà province».
Le Comité est heureux de pouvoir témoigner sa sincère
gratitude au conseil provincial de la Flandre orientale pour
sa généreuse intervention et pour l'intérêt qu'il porte à nos
travaux, et nous ne pouvons que souhaiter que cet exemple
soit suivi par les autres provinces. Grâce à cette décision,
nous voilà donc riches de 2,000 francs pour la publication
du Répertoire. Mais cette somme ne sera pas suffisante.
L'honorable président de la Commission royale a bien
voulu laisser entendre, à la séance du 15 février dernier,
que peut-être la Commission pourrait prélever une certaine
somme sur son budget à titre d'intervention dans les frais
de la publication du Répertoire archéologique. Je ne doute
guère que cette promesse ne se réalise, et alors le Comité
pourra directement mettre la main à l'œuvre. C'est le sou-
hait que j'exprime en terminant ce rapport.
M. le Président. — Vous avez, Monsieur De Geu-
leneer, dépassé le quart-d'heure accordé réglementaire-
ment à chaque rapporteur. Aussi, je ne voudrais pas
m'étendre, à mon tour, sur les observations que vous avez
présentées avec tant d'humour et tant de lucidité; vous me
permettrez cependant de faire une remarque ou plutôt
une réserve sur ce que vous m'attribuez. Je ne me sou-
viens pas du tout d'avoir promis à votre Comité, lors de
la séance du 15 février dernier, que l'on pourrait imputer
quoi que ce soit sur le crédit de la Commission centrale pour
— Î53 —
la publication, — si intéressante qu'elle soit, — de l'inven-
taire dont vous parlez. Je pense, si je l'avais fait, que
j'aurais commis un abus administratif; à coup sûr, j'aurais
encouru les foudres de MM. les Directeurs de la Justice et
des Beaux-Arts ici présents (rires). Si je l'avais dit, je
devrais faire mon meâ culpâ, parce que je ne vois vraiment
pas comment on pourrait faire un pareil transfert. C'est, au
reste, une question à examiner; nous y reviendrons tantôt,
à propos du 3° de notre ordre du jour.
La parole est maintenant à M. le rapporteur du Hainaut.
— 254 —
PROVINCE DU HAINAUT
M. Hubert, rapporteur :
Messieurs,
Dans le cours de cet exercice, nous avons eu le profond
regret de perdre notre cher et estimé vice-président,
M. Augustin Broquet. Docteur en droit et candidat notaire,
il fut tour à tour : administrateur des hospices, conseiller
communal, échevin, bourgmestre et commissaire d'arron-
dissement.
Il a rempli brillamment ces diverses fonctions et s'est
fait remarquer par ses goûts artistiques, l'étendue de ses
connaissances historiques et archéologiques et son grand
zèle pour la conservation de nos monuments nationaux.
Ces aptitudes le firent nommer, par arrêté royal du
23 octobre 1879, membre correspondant de notre Commis-
sion, en remplacement de Barthélémy Dumorlier.
Cinq ans plus tard, en raison de sa grande expérience
des affaires administratives, ses collègues lui conférèrent la
vice-présidence du Comité, laissée vacante par le décès du
vicaire général Voisin.
Durant le quart de siècle qu'il a passé parmi nous, nous
n'avons cessé d'admirer son zèle, son assiduité, la part très
importante qu'il a prise à nos discussions et à nos travaux,
— 255 —
de même que l'urbanité, l'amabilité et la bonté de son
heureux caractère.
* *
La perte de ce regretté collègue a fait un nouveau vide
dans notre Comité, où MM. Bourlard et Dosveld, décédés
depuis plus de trois ans, n'ont pas été remplacés. D'autres
membres étant empêchés par leur état de santé d'assister à
nos réunions, plusieurs de nos séances réglementaires n'ont
pu avoir lieu, parce que nous n'étions pas en nombre.
Nécessairement nos travaux en ont souffert et particuliè-
rement la préparation de l'inventaire des œuvres d'art de la
province. Mais nous avons assisté à toutes les visites des
délégués de la Commission centrale. Nous avons ainsi
inspecté :
A Charleroi, les travaux exécutés à l'église de la ville
basse. C'est dans cet édifice que sont les deux grands et
beaux tableaux de François Joseph Navez, natif de Char-
leroi : t Notre-Dame des affligés », et de son gendre, Jean
Portaels : « Scène de la vie de Saint-Antoine de Padoue > ;
A Binche, les travaux de restauration de l'hôtel de ville,
qui ont remis l'édifice dans le style ogival. Il avait été
transformé et déguisé dans le style de la renaissance, lors
d'une première restauration faite après l'incendie de la ville
par les troupes du roi de France Henri II ;
A Ollignies, six nouvelles verrières ;
A Bois-de-Lessines, un chemin de la croix et des tableaux
qui sont en mauvais état ;
A Bois-d'Haine, la suppression d'un grillage en fer ;
A Soignies, les travaux de restauration de la nef de la
— 256 —
collégiale. Les autres parties seront restaurées après un
complément d'étude. C'est une de nos plus anciennes
églises romanes; elle était fortifiée, dit la tradition. Elle
renferme des stalles de chœur qui sont des meilleures du
pays et un jubé qui a du mérite, c'est de plus un don fait à
l'église. Bien qu'ils soient de style renaissance, tout milite
en faveur de leur conservation. Ce sont de précieux souve-
nirs locaux qui intéressent notre histoire nationale de l'art;
en même temps ce sont des originaux que ne sauraient
remplacer des imitations. La question d'unité de style est
secondaire en pareil cas ;
A Mons, à l'église de Sainte- Waudru, le programme
d'ensemble de tous les ouvrages à y effectuer. Ce pro-
gramme comprend éventuellement la reproduction d'une
face du splendide jubé de Du Brœucq, à laquelle, depuis
longtemps, la Commission s'intéresse beaucoup ;
A Braine-le Comte, deux autels et un lambris ;
A Hautrage, les travaux de restauration à effectuer à
l'église ;
A Marchienne-au-Pont, la nouvelle église ;
A Heppignies, le clocher dont une partie menace
ruine ;
A Marcinelle, l'emplacement de la nouvelle église du
quartier de La Villette ;
A Neuville, un autel placé dans l'église de La Gage;
A Familleureux, l'église qui a été incendiée et dont la
reconstruction est projetée. Son assurance contre l'incendie
était insuffisante et il n'y avait pas de paratonnerre. Ces
deux éléments de conservation sont souvent négligés, les
administrations locales n'y attachant pas toujours assez
— 287 —
d'importance. Ils pourraient utilement faire l'objet d'une
surveillance de l'Autorité supérieure.
*
* *
La Commission centrale a chargé le Comité d'examiner
l'église de Saint-Vaast, dont le classement est demandé. D'un
premier examen, il semble résulter que la nef et le chœur
sont de l'époque romane, dont il nous reste bien peu de
spécimens, et que la tour est de style ogival tertiaire.
*
Des fouilles ont été commencées à Grandmetz, dans une
pièce de terre appartenant à l'honorable président de notre
Comité, M. le Baron R. du Sart de Bouland, Gouverneur
du Hainaut, qui se propose de les continuer. Elles ont
permis d'y constater la présence des ruines d'une ancienne
villa gallo-romaine que l'on suppose avoir été détruite par
un incendie. Notre collègue M. Soil en a publié la relation
dans le dernier volume des Annales de la Société historique
el archéologique de Tournai (1901)
*
* *
Les travaux de restauration de l'abbaye d'Aulne et de la
cathédrale de Tournai se continuent. Le projet de dégage-
ment des abords de celle-ci est en bonne voie, grâce à la
sollicitude et au bienveillant appui de M. le Ministre de
la Justice, qui» dans son excellent discours d'ouverture de
— 888 —
notre dernière assemblée, a attiré l'attention sur la grande
utilité du dégagement des monuments historiques.
Beaucoup des renseignements qui précèdent étant surtout
d'intérêt local, ne sont qu'indiqués sommairement; mais ils
se trouvent détaillés au compte rendu publié, comme ceux
des années précédentes, dans ï Exposé de la situation admi-
nistrative de la province. Toutefois, qu'il nous soit permis de
rappeler le vif désir que nous y exprimons en faveur de la
réalisation d'un vœu présenté par la Commission à M. le
Ministre de l'Agriculture, celui de voir le Gouvernement
subsidier la restauration des façades des anciennes maisons
particulières qui présentent un intérêt d'art, d'archéologie
ou d'histoire.
Comme l'a dit la Commission, beaucoup de ces façades
sont mutilées par des réparations économiques ; d'autres
disparaissent, parce que les propriétaires ne sont pas
toujours à même de faire le nécessaire pour les conserver.
Elles sont souvent alors remplacées par des œuvres vul-
gaires, mais moins coûteuses à entretenir.
On pourrait en citer de nombreux exemples. Nous n'en
rappellerons qu'un seul. Il y a, sur la place de Chièvres,
des restes d'une ancienne résidence d'une famille illustre,
devenue dans les temps modernes une propriété particu-
lière et qui a passé en bien des mains. Elle est connue sous
la dénomination de «Château des comtes d'Egmont», et
rappelle toute une période tragique de notre histoire. En
1874, comme elle était de nouveau à vendre, l'attention du
— 2S9 —
Ministre de l'Intérieur fat appelée sur l'intérêt historique
que présente ce monument ; de son côté, le Cercle archéo-
logique de Mons émit le vœu que le château de Chièvres fut
conservé, et en publia une façade que j'avais dessiné alors (i).
Le nouvel acquéreur devant en faire réparer les toitures,
surtout celles de l'avanl-corps, et des fenêtres du grenier,
sollicita un subside de 400 francs. N'ayant pu l'obtenir, il
fit disparaître ces fenêtres ; et quant au couronnement de
l'avanl-corps qui, sous un aspect original, rappelait le
passage du golhiqne à la renaissance, il le remplaça par
une vulgaire plate-forme en zinc.
Il est réellement très regrettable que, pour la modique
somme de 400 francs, on n'ait pu conserver, sous une forme
convenable, les restes d'un château qui, au point de vue
historique, sont d'un intérêt réel pour la ville de Chièvres,
le Hainaut et le pays tout entier.
Comme le disait encore la Commission, si le Gouverne-
ment et les administrations locales intervenaient, de telles
façades pourraient être conservées, restaurées et grevées
d'une sorte de servitude qui les mettrait pour l'avenir à
l'abri des changements.
La ville de Bruges a ouvert franchement cette voie ; celle
de Bruxelles l'a suivie, mais pour la restauration de la
Grand' Place seulement. L'administration communale de
Tournai, l'une des plus zélées pour les constructions archi-
tec tu raies, tout en protestant de sa sympathie pour la
conservation des anciennes façades, ne s'est pas cependant
(«) Bulletin des séances du Cercle archéologique de Mons, 3' série, p. 261 .
— 260 —
décidée à voler le principe. On voit, par le peu de résultats
obtenus jusqu'ici, combien l'intervention sollicitée serait
utile.
Depuis 25 ans, la ville de Bruges a contribué, moyennant
une dépense de 89,207 francs, à la restauration de 79 con-
structions, soit 1,130 francs pour chacune, et annuellement
3,568 francs. Cette contribution n'est guère élevée, et
cependant Bruges est une de nos plus grandes cités et
c'est à coup sur celle qui renferme le plus d'anciennes
maisons ; la charge serait donc légère pour les autres
localités. Partout, le résultat serait considérable. Il le serait
au double point de vue de l'esthétique et des finances, car
il n est pas de localité qui ne s'impose des sacrifices pour
son embellissement, et il n'est pas d'embellissement plus
apparent et moins coûteux que la restauration de ces
anciennes façades.
A très peu de frais, tout en donnant de la variété et du
pittoresque aux cités, ces façades de style divers contribue-
raient à la direction du goût, à l'étude de l'archéologie, à
celle de l'histoire nationale et au développement du patrio-
tisme.
Tel est, Messieurs, le résumé succinct de nos travaux de
l'exercice.
■
M. le Président. — Nous vous remercions pour votre
rapport, Monsieur Hubert.
— 261 —
PROVINCE DE LIÈGE
M. Lohbst-de Waha, rapporteur :
Messieurs)
Le rapport sur les travaux du Comité de Liège, pendant
Tannée écoulée, n'aura pas le développement que je lui
souhaiterais. Le nombre très restreint d'affaires qui lui ont
été soumises, et surtout leur peu d'importance, ne demandent
pas un long exposé.
On nous propose trop souvent et « on nous impose des
» besognes peu artistiques » et nous aurions c le désir qu'on
> nous saisisse de travaux d'une importance capitale dont
» nous ne sommes jamais avisés. On nous consulte chaque
> fois qu'il s'agit d'acquisitions ou de travaux insignifiants,
» qui concernent des monuments qui n'ont ni valeur ni carac-
> 1ère, et, on n'a pas recours à nos lumières quand on
* bouleverse nos monuments les plus remarquables » . Telle
csl l'appréciation de notre Président, M. le Gouverneur de
la province de Liège, que je fais mienne en l'occurrence,
d'autant mieux que, précédemment, j'ai déjà eu l'occasion
de parler en ce sens.
Notre bonne ville de Liège voit s'élever des édifices et
mouuments, tels que hôtel des Postes, écoles, commis-
sariats, sans que le Comité ait été consulté ; d'autres sont
restaurés, décorés, meublés, sans même que l'on s'en doute.
— 262 —
Je me vois même dans un singulier embarras pour
exprimer toute ma pensée, parce que je suis dans la crainte
d'entrer dans un domaine où je ne serai pas accueilli,
malgré ma bonne intention, de poursuivre le but commun
de tous les Comités et de la Commission des Monuments
elle-même. Je ne puis cependant me résoudre à ne pas
constater qu'il s'exécute actuellement à Liège des travaux
d'une importance capitale et dont l'intérêt esthétique est
incontestable. Nous voulons parler du pont nouveau de
Fragnée. Néanmoins, l'administration des Ponts et Chaus-
sées, suivant l'exemple donné par le Ministre des chemins
de fer, n'a pas paru se souvenir qu'il y avait un Comité de
correspondants de la Commission royale des Monuments
composé de Liégeois assurément très aptes à examiner les
questions d'intérêt local, où leur compétence peut être utile
et tout au moins à fournir des renseignements et des indi-
cations dont les administrations auraient profil à tenir
compte. — Je cite pour mémoire, la restauration du fronton
du Palais de Justice, ancien palais des Princes Évéques, qui
n'a jamais été présenté au Comité, même à titre officieux.
— L'insignifiance d'un grand nombre de projets inscrits à
nos ordres du jour désintéresse les membres du Comité au
lieu d'encourager leur assiduité.
Lorsqu'un objet vraiment digne d'intérêt est inscrit,
les réunions sont nombreuses. Tel a été le cas pour le
projet de restauration du portail de Saint-Jacques, dont j'ai
déjà eu à signaler l'état lamentable l'année dernière.
L'intervention du Comité n'est pas étrangère à la restau-
ration de ce portail. Depuis plusieurs années, les rapports
annuels mentionnaient l'état de délabrement de ce monu-
— 263 —
ment et faisaient appel à la sollicitude des administrations
compétentes. Ces appels ont été entendus, des plans produits
et l'on peut espérer un bon résultat si l'on sait éviter recueil
de la reconstruction au lieu de la restauration et si l'on
arrive a retrouver les pierres de même nature que celles
qui ont été employées au xvi9 siècle. Pour cette restauration,
les observations qui ont été faites en celle enceinte sur
l'emploi et le choix des matériaux, trouveront leur place et
leur utilité. Les parties nouvelles seront nombreuses et il
importe qu'elles ne détonnent pas dans l'ensemble de la
restauration.
Une seconde affaire importante est arrivée à une solution
partielle. Depuis que l'église de Xhignesse a été classée, les
administrations fabricienne et communale ont souscrit tout
ce qu'elles pouvaient, vu leurs maigres ressources. Les
plans sont terminés, approuvés, mais ce n'est pas avec les
3,000 francs que ces administrations s'engagent à four dît,
que l'on peut entreprendre la restauration.
En inscrivant cette intéressante et exceptionnelle église
romane dans la seconde classe, il avait paru que la Commis-
sion royale se disposait à prêter son appui, dans une certaine
mesure, comme elle l'avait fait pour l'église de Saint-
Séverin ? Or, il n'y a pas à se le dissimuler, si une inter-
vention pécuniaire ne se produit pas à bref délai, non
seulement les frais de restauralion-s'accroitront, mais celle-ci
deviendra impossible.
Il est superflu de faire mention des autres objets dont le
Comité a eu à s'occuper, autels, confessionnaux, chaires de
vérité, ameublement, vitraux, etc., etc., auxquels des avis
favorables n'ont pas été refusés.
— 264 —
Les travaux ont été poursuivis aux forteresses ou châteaux
de Moha, Franchimont et Logne et, comme les années pré-
cédentes, les membres du Comité ont été invités à participer
à de nombreuses inspections auxquelles, plusieurs de nos
collègues ont assisté.
Enfin, l'inventaire des constructions civiles et religieuses
intéressantes est à peu près rédigé. Celui des objets d'art
est encore incomplet, mais il pourra être terminé en quelques
mois, d'autant plus facilement que, en ce qui concerne la
ville de Liège, il a été publié dans la collection des
mémoires couronnés par la Société d'Émulation. Le lauréat
était M. Renier, membre correspondant.
M. le Président. — Nous remercions M. Lohest au sujet
de son intéressant rapport.
Pour 1 église de Xhignesse, la Commission royale des
monuments Ta vivement recommandée auprès du Ministre
compétent, comme elle Ta fait pour l'église Saint-Séverin.
Quant à la question si importante que vous soulevez,
savoir si les Comités provinciaux peuvent être consultés ou
non au sujet des grands monuments, tels que ceux en con-
struction actuellement à Liège : l'Hôtel des Postes, le
Pont de Fragnée, etc., c'est chose capitale; on peut se
demander si la Commission centrale et les Comités des
correspondants doivent être consultés à ce sujet? Nous
sommes chargés de la conservation, mais non pas de la
création des monuments. Remarquez-le : nous sommes
partisans d'être consultés au sujet des nouveaux monuments ;
c'est l'objet d'une motion de M. Maquet au sein de la
Commission centrale qui a été transmise aux Ministres. En
— 26S —
fait, nous avons été consultés pour les nouveaux musées de
Mons, de Gand et de Liège. Quant à l'Hôtel des Postes de
Liège, il ne faut pas oublier que c'est un de vos collègues
du Comité de Liège, M. Jamar, qui a été chargé de ce
travail. Il aurait pu prendre officieusement votre avis et
celui de la Commission royale.
Ainsi procède notre éminent collègue, M. Maquet, chaque
fois qu'il est appelé à édifier un monument important.
En ce qui concerne l'exécution du fronton du Palais des
Évèques du côté de la place Saint-Lambert, il ne faut pas
oublier que, dans une visite à Liège, à laquelle vous n'as-
sistiez pas malheureusement, la question a été débattue
d'une façon si approfondie que nous ne nous étonnons pas
que M. le Gouverneur n'ait pas jugé à propos de consulter
de nouveau votre Comité.
La parole est à M. le rapporteur du Limbourg.
— 266 —
PROVINCE DU LIMBOURG
M. Van Neuss, en remplacement de M. l'abbé Daniels,
rapporteur :
Messieurs,
Le Comité du Li m bourg n'a pas à vous faire celle année
un long rapport et je n'abuserai donc pas de votre bienveil-
lante attention.
Notre Comité n'a été consulté sur aucun projet de con-
struction, de reconstruction ou de restauration de monu-
ments, et aucune autre question, rentrant dans le cadre de
sa compétence, n'a été soumise à son examen.
On a fait ressortir, à plus d'une occasion, dans celte
assemblée, combien il peut parfois être utile ou nécessaire
de faire appel aux connaissances locales des Comités pro-
vinciaux dans l'instruction des affaires sur lesquelles la
Commission royale doit se prononcer souverainement.
Après ce qui a été dit et répété à ce propos, nous ne
voulons pas revenir sur la question autrement que pour
exprimer encore une fois nos regrets d'être tenus, par
continuation, à l'écart dans l'étude préliminaire des projets,
même de ceux auxquels nous portons manifestement le plus
vif intérêt. En règle générale, nous restons parfaitement
étrangers aux projets de restauration d'édiGccs, de place-
ment, dans les églises, de meubles artistiques, d'autels, de
— 267 —
vitraux, etc., jusqu'à l'agréable moment où nous sommes
prévenus de l'arrivée dans la province de la Commission
royale des monuments. Alors, dans des entretiens aussi
charmants qu'instructifs avec MM. les membres de cette
Commission et, souvent, avec son distingué Président, nous
faisons, sur le tard, la connaissance de travaux exécutés
d'après des plans que nous n'avons jamais vus.
Si nous devons finir par accepter définitivement cette
situation, nous l'accepterons avec une philosophique rési-
gnation, mais on voudra bien convenir que la résignation à
jouer un rôle aussi effacé ne peut manquer de produire à
la longue un effet très déprimant au point de vue du zèle de
nos membres les plus dévoués. — Soit dit tout cela sans
aigreur pour personne, mais non sans un grain d'envie
lorsque nous voyons d'autres Comités provinciaux être
largement associés à tous les travaux qui s'exécutent dans
leur ressort.
Cette année, les occasions n'ont pourtant pas fait défaut
dans le Limbourg pour entretenir un peu l'activité du
Comité provincial. Les administrations fabriciennes et les
administrations communales sont dans notre province de
plus en plus soucieuses de la conservation des monuments
du passé et, depuis notre dernière réunion générale, elles
ont mis en avant plusieurs projets de construction, de res-
tauration et d'ameublement. Nous avons pris à ce sujet des
renseignements dans les bureaux du Gouvernement pro-
vincial et, d'après ces renseignements, nous pouvons citer :
le placement, dans la nouvelle église de Kessenich, d'un
maître-autel, d'un banc de communion et d'une chaire de
vérité; dans l'église de Wimmerlingen, récemment détruite
— 268 —
par un incendie et reconstruite aussitôt, le placement d'un
maitre-autel et d'une chaire de vérité.
Les églises de Widoye, de Geystingen et de Loramel ont
été dotées d'un maitre-autel, et la belle église de Neeroe-
teren, d'une chaire de vérité.
Les églises d'Àlken, de Zolder et de Corthys ont été
pourvues de divers objets d'ameublement, parmi lesquels
deux autels latéraux.
La construction de meubles artistiques pour les églises
de Genck, de Neerhaeren, d'Àlken, de Loramel et pour
l'église Saint-Jean-Baptiste, à Tongres, est à l'élude.
En ce qui concerne la restauration partielle ou totale de
monuments, nous nous trouvons aussi devant plusieurs
projets ou avant-projets en instruction, notamment : la res-
tauration du chœur de l'église de Halen, la restauration de
la tour de l'ancienne abbaye de Saint-Trond qui orne la
pittoresque Grand'Place de celte ville, el les travaux à faire
pour assurer la conservation de la gracieuse porte renais-
sance qui se trouve au pied de la tour. Ajoutons encore à
cette liste, que nous pourrions allonger, la restauration de
l'intéressante église de Berg près de Tongres, les sculptures
intérieures à faire dans l'église de Neeroeleren, le délicat
projet de restaurer et de déplacer le jubé monumental de
Tessenderloo et, finalement, les décisions à prendre au sujet
des peintures murales découvertes dans les églises de Zep-
peren et du Bôguinage de Tongres.
La Commission royale des monuments nous fait le plaisir
de nous convoquer très régulièrement et en lemps utile à
ses visites dans la province. Nous lui en exprimons toute
notre reconnaissance. Des délégués de notre Comité ont
-- 269 —
accompagné les membres de la Commission dans les visites
suivantes :
À Peer, pour l'examen d'un autel latéral placé dans l'église
paroissiale;
A Saint-Trond, pour l'examen du mobilier placé dans
l'église Saint-Pierre et d'un chemin de la croix et de vitraux
dans l'église Saint- Martin ;
À Zepperen, pour l'examen des travaux de restauration
intérieure de l'église ;
Dans les églises d'Alken et de Geystingen, pour le place-
ment d'objets mobiliers et, enfin, à Bilsen et à Looz, où les
délégués de notre Comité ont eu la satisfaction, pour la
première fois, croyons-nous, de prendre connaissance de
projets en instruction et non encore exécutés. Il s'agissait,
à Bilsen, d'examiner sur place des questions relatives à
l'agrandissement et à la restauration de l'église et, à Looz,
d'examiner un avant-projet pour la* restauration de l'hôtel
de ville.
La rédaction de notre inventaire des objets d'art continue
d'avancer. Nous nous proposons de profiter des derniers
beaux jours de l'année pour visiter les communes qu'il nous
reste à voir dans le canton de Saint-Trond. Nous n'avons
découvert, cette année, dans nos visites, que des objets d'un
intérêt secondaire.
Comme détail, un peu étranger à notre mission, nous
dirons que pendant notre tournée à Dilsen, nous avons
fortuitement rencontré, sur le territoire de cette commune,
contre la voie romaine qui longe la rive gauche de la Meuse,
des restes non douteux d'une villa, relais de poste ou autre
établissement gallo-romain. Nous avons recueilli notamment
— 270 —
de nombreux débris de tuiles et des morceaux de vases en
terre samienne et un fragment de lèle avec un sigle devenu
illisible par suite d'usure.
Deux de nos membres ont assisté à la réunion que la
Commission royale a convoquée à Bruxelles en vue d'adopter
un plan uniforme pour l'impression de l'inventaire des
objets d'art conservés dans des édifices publics. Il a paru
utile à nos délégués de communiquer dans cette assemblée,
à litre de spécimen, quelques articles de la minute de notre
inventaire, tels que la description de statues, de meubles,
d'objets d'orfèvrerie, etc., et il s'est trouvé que nos descrip-
tions sont en général conformes au plan qui a été adopté pour
l'impression.
Dans quelques provinces, les Comités ont fait précéder
l'inventaire d'une courte notice descriptive des églises ou
monuments où les objets se trouvent. C'est là une extension
donnée à l'inventaire qui n'a pas été prévue dans le Li Hi-
bou rg. Mais, dans l'intérêt de l'uniformité, nous sommes
disposés à combler la lacune que notre travail pourrait pré-
senter sous ce rapport.
La question de la création d'un musée provincial que
notre Comité ne cesse de recommander, est toujours arrêtée
par des difficultés financières. Avec l'espoir que ces diffi-
cultés puissent être résolues, nous nous appliquons à enri-
chir les collections naissantes qu'un fonctionnaire intelligent
a réunies, avec le zèle le plus louable, dans les locaux du
Gouvernement provincial.
Avant de terminer notre rapport, nous avons le devoir,
Messieurs, de rendre hommage à la mémoire d'un de nos
membres les plus éclairés, M. le baron de Pitleurs-d'Ordangc,
— 271 —
dont nous avons eu à déplorer la perte dans le courant de
Tannée et qui n'est pas encore remplacé.
M. le Président. — Monsieur Van Neuss, vous avez bien
raison, au nom de votre Comité provincial, de vous plaindre,
d'autan l plus que nous savons tous que le Comité du L im-
bourg est l'un des plus actifs; vous savez que la faute com-
mise ne peut pas être imputée à la Commission royale. Il ne
dépend pas de nous que vous soyez consultés tout d'abord.
C'est à l'administration provinciale que vous devriez adresser
votre réclamation.
La parole est à M. le rapporteur du Luxembourg.
M. Sibenaler, rapporteur. — Monsieur le Président,
M. Tandcl étant indisposé, je vais avoir l'honneur de donner
lecture du rapport en son nom.
M. le Président. — Parfaitement.
— 272 —
PROVINCE DU LUXEMBOURG.
M. Sibenaler, en remplacement de M. Tandel, rap-
porteur :
Messieurs,
Depuis tantôt deux ans, ensuite du cruel événement du
26 janvier 1901, qui lui a enlevé son Président d'honneur,
le Comité des correspondants du Luxembourg n'a pu faire
preuve de grande activité ; aucun projet ne lui a été soumis
de la part de l'Autorité supérieure.
Quelques inspections ont eu lieu de concert avec les
délégués de la Commission royale des Monuments. En voici
l'énumération succincte :
Réception du banc de communion et des statues placées à
l'église de Berlrix ;
Examen d'un tableau à restaurer à l'église de Rossignol ;
Examen de vitraux placés à l'église de Bastogne;
Nouvelle visite de l'église de Saint-Hubert ;
Visite de l'ancienne chapelle de Frassem;
Choix de l'emplacement proposé pour la nouvelle église
de Pin ;
Examen du maitre-aulel et des autels latéraux de l'église
de Rendeux-Haut ;
Examen de quatre vitraux placés dans les nefs latérales
de l'église de Libin.
En dehors de ces inspections, le Comité luxembourgeois
— à73 —
s'est occupé de l'inventaire des objets d'art existant dans la
province. Ce travail est préparé, il est même déjà fait pour
l'arrondissement d'Arlon-Virton, mais il manque malheu-
reusement quelques documents pour l'achever.
Toutefois, il serait désirable que la Commission des
Monuments donnât un plan général d'ensemble pour effec-
tuer ce travail, afin d'obtenir l'uniformité pour lout le
royaume.
Je crois utile de faire connaître de quelle façon il a été
procédé dans le Luxembourg au récolement des objets
d'art :
Feu M. Orban de Xivry, le très regretté Gouverneur
de la province, a adressé une circulaire aux conseils de
fabrique d'église avec un questionnaire formulé de la
manière suivante :
Quel est le patron de l'église que vous administrez?
En quelle année l'église a-t-elle été construite et quel est
son style?
Exisle-L-il des paratonnerres ou des gargouilles artistiques?
Y a-t-il des grilles de défense ?
Existe- 1- il des vitraux et à quelle époque sont-ils attribués?
Existe-l-il des monuments funéraires dans l'église ?
Indiquez le nombre et les inscriptions, si possible.
Les pierres lumulaires servent-elles de dallage? — Dans
l'affirmative, peut-on encore lire les inscriptions qui s'y
trouvent?
Existe-l-il des blasons, des inscriptions épigraphiques ou
des marques anciennes ?
Indiquez la nature de ces blasons, inscriptions ou
marques.
— 274 —
Ne trouve-ton pas dans les combles de l'église des objets
qui pourraient avoir une certaine valeur archéologique?
N'y a-t-il rien de remarquable en fail de cryptes, con-
fessionnaux, boiseries, stalles, chaires à prêcher, bancs
d'oeuvre, siège du célébrant?
N'existe-t-il rien de curieux en fail d'orfèvrerie, de lumi-
naire, de dais, d'autel, de ciboires, fonts, bénitiers, lutrins,
ornements, habits?
N'y a-t-il pas de peintures murales anciennes, des
tableaux, des meubles ou des statues?
Tous ces questionnaires, dûment remplis, ont été classés
et remis aux membres du Comité provincial des correspon-
dants du Luxembourg.
On a assigné ù ces membres un certain nombre de
communes et de sections de communes en tenant compte
de leur résidence et des facilités de communication avec
ces localités. Chaque membre s'est rendu sur les lieux, aGn
de contrôler les renseignements contenus dans les question-
naires mis à sa disposition et a fail un rapport spécial en y
comprenant les autres édifices civils, religieux, publics ou
privés ayant un caractère monumental, archéologique, his-
torique ou curieux.
Tous ces rapports, à l'exception d'un seul qui ne m'est
pas encore parvenu, sont classés et l'on n'attend plus que
les instructions de la Commission royale des Monuments pour
faire le travail de fusion d'une manière méthodique permet-
tant de consulter utilement et rapidement l'inventaire général.
Notre Comité préconise le classement alphabétique par
nom des localités où les objets inventoriés se trouvent et
pour chaque province en particulier.
— 275 —
D'autres questions, dont les détails sonl trop longs pour
trouver place dans ce rapport, ont été traitées dans la
dernière réunion du Comité.
Afin de ne pas abuser de vos moments, je remettrai le
procès-verbal de celte réunion à M. le Président, qui jugera,
sans doute, utile de le publier dans le Bulletin de la Com-
mission royale.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
Réunion du Comité provincial du Luxembourg.
SÉANCE DU 13 AOUT 1902.
Présents : MM. le comte C. de Briey, gouverneur, prési-
dent; Tandel, vice- président; Van de Wyngaert, membre-
secrétaire; Cupper, Déome, le R. P. Goffinet, Wilmarî,
membres, et Sibenaler, secrétaire-adjoint.
M. le Gouverneur entretient le Comité de l'inventaire à
former des objets d'art appartenant aux établissements
publics et des édifices civils, privés, religieux ou autres,
ayant un caractère monumental, archéologique, historique
ou curieux. Il dépose le dossier contenant tous les rapports
fournis par les membres correspondants, à l'exception de
celui de M. Kurth, qui n'est pas encore parvenu.
M. le Gouverneur promet d'insister personnellement
auprès de M. Kurth, afin que le dossier dont il s'agit puisse
— 276 —
èlre complété le plus tôt' possible et le travail de fusion
entrepris, ainsi que la Commission royale des Monuments,
par l'organe de son Président, M. Ch. Lagasse de Locht, en
a exprimé le désir à diverses reprises.
M. le Gouverneur fait également connaître que M. le
Ministre de la Justice s'intéresse spécialement à la question
de restauration de l'église de Saint-Hubert. La question de
dérochement du plâtras intérieur de l'édifice a donné lieu à
des divergences clopinions qui ont amené l'arrêt complet
des travaux, en attendant une nouvelle décision.
M. Déome proteste conlre l'idée de polychromer l'église
de Saint-Hubert sauf quelques parties spécialement réservées
à cet usage; mais le travail devrait être confié à de vrais
artistes.
M. Van de Wyngaert trouve que l'harmonie des couleurs
dans les matériaux employés pour la construction de l'église
de Saint- Hubert est parfaite et qu'il serait regrettable de
recouvrir ce beau travail d'architecture d'un nouveau plâ-
trage et de couleur.
Le R. P. Goflinel est du même avis et attire l'attention
de la Commission des Monuments sur ladite église, plus
spécialement depuis sa dernière visite. Les murs du chœur
u'étaient pas décrépis, personne n'a pu savoir s'ils sont
polychromes comme ceux des nefs et des colonnes. Ces
dernières sont admirables parce que la polychromie tient au
choix et à la disposition des matériaux employés et non à
une peinture à l'huile.
Si le chœur est semblablemenl construit, c'est à fortiori
que tiendront à leur opinion les adversaires de la poly-
chromie à l'huile.
— 277 —
Mais si les murs du chœur sont en pierres grises, vient
la plus grave question : Que faire?
1° Évidemment rechercher si les constructeurs ont voulu
cette différence pour en tirer bon parti ou s'ils l'ont subie à
regrel. En ce dernier cas, examiner ce qu'ils ont fait pour
sortir de leur embarras ;
2° Prendre une décision et juger s'il faut polychromer le
chœur seulement, les nefs seulement, le tout.
Le ft. P. Gofiinet demande s'il n'y aurait pas moyen
d'engager plusieurs villages à tenir propres et convenables
les abords, les alentours de leurs églises? D'y faire quelques
embellissements et de les entretenir, surtout d'en écarter
les choses encombrantes, inconvenantes, etc.
La plus pauvre église, bien soignée extérieurement, inspi-
rerait non seulement la piété, mais l'ordre et la bonne tenue
des maisons particulières.
Cette observation doit s'appliquer à beaucoup de villages
et plus spécialement à Saint-Hubert, dont les abords mal
entretenus de l'admirable église, ne permettent même pas
l'écoulement régulier des eaux pluviales. D'autre part, les
cryptogames s'introduisent entre les pierres de la façade et
les font éclater.
M. Tandel dit que le cas a été de même pour beaucoup
d'églises de son arrondissement, mais qu'à force d'intervenir
auprès des communes, il a obtenu le dégagement général
des édifices du culte.
H. Gupper insiste également sur cette question et
signale plus spécialement les églises de Bande et de
Sibret, où les eaux pluviales coulent dans les fondations,
provoquent l'humidité et hâteront la destruction. Il y
— 278 —
aurait lien de construire des filets d'eau et des trottoirs.
M. Cupper signale aussi qu'il est question d'agrandir le
chœur de l'église de Bourcy. Il prie le Comité d'émettre un
vœu auprès de la Commission royale des Monuments pour
qu'une visite soit ordonnée avant d'entamer les travaux. La
voûte du chœur est polychromée et il y aurait peut-être
lieu de prescrire des travaux de conservation.
M. le Gouverneur promet d'en référer à la Commission
royale des Monuments et insistera tout spécialement pour
que les desiderata du Comité soient pris en considération.
M. Tandel fuit connaître qu'il existe à l'église du village
de Lacuisine des verres à vilre d'une crudité peu en rapport
avec l'édifice du culte. 11 y aurait peut-être lieu d'engager
le conseil communal à faire poser des vitraux et au besoin
des grisailles dont le prix est peu élevé.
M. Cupper a eu l'occasion de constater à diverses reprises
que les matériaux employés dans la construction des bâti-
ments civils sont de mauvaise qualité et de provenance
étrangère au pays. Il fait valoir l'excellence des produits de
nos carrières et les désavantages des matériaux étrangers
à la région : On fait usage de pierres provenant du Grand-
Duché, de briques qui ne peuvent supporter, sans s'effriter,
les rigueurs de notre climat et des ardoises de qualité
inférieure, alors que celles qui proviennent de nos établis-
sements du Luxembourg belge sont préférables à tous les
points de vue. Il y aurait certainement lieu de favoriser
l'industrie nationale.
Les constructions se font sous la direction des étrangers
sans autre contrôle de la Commission royale des Monuments
que l'approbation des plans et, parfois, la réception des
— 279 —
travaux. A son avis, un membre compétent de ladite Com-
mission devrait être désigné pour surveiller les travaux au
cours de leur exécution et qui aurait pour mission de
s'assurer également de la qualité des matériaux employés.
M. le Gouverneur fait part au Comité de l'entrevue qu'il
a eue avec M. le Ministre de l'Agriculture au sujet de la
conservation des ruines d'Orval. Les difficultés en vue
d'arriver à une entente avec le propriétaire, M. Wauters,
sont en grande partie aplanies. II verra lui-même le pro-
priétaire et tâchera d'obtenir une solution favorable.
Le R. P. Goffinet remercie M. le Gouverneur pour l'intérêt
qu'il porte aux précieux restes de la célèbre abbaye d'Orval.
Il le prie également d'intervenir auprès de M. Kurlh pour
obtenir le renvoi des archives concernant Saint-Hubert et
qui appartiennent au dépôt des archives de l'État, à Arlon.
Depuis longtemps, il cherche à les consulter cl on lui répond
invariablement qu'elles sont chez M. Kurlh.
M. le Gouverneur en parlera à M. l'archiviste de l'État et
l'engagera à réclamer les documents dont il s'agit.
•
* *
Il est remis à chaque membre présent une lettre de
convocation pour assister à l'assemblée générale annuelle de
la Commission royale dos Monuments et de ses correspon-
dants, qui aura lieu à Bruxelles, le lundi 6 octobre pro-
chain.
M. le Gouverneur propose de déléguer, comme d'habi-
tude, MM. Tandel, vice-président du Comité, et Sibenaler,
secrétaire-adjoint, pour assister à ladite assemblée.
— 280 —
Celte proposition est ratifiée à ruoanimité.
L'ordre du jour étant épuisé et plus personne ne deman-
dant la parole, la séance est levée à 3 heures.
M. le Président. — Nous vous remercions beaucoup
pour ce rapport, Monsieur Sibenaler, cl nous pourrons
rencontrer tout ce que vous venez de dire lorsque nous
discuterons la troisième question à l'ordre du jour.
La parole est maintenant à M. le rapporteur de la province
de Namur.
— 28Î —
PROVINCE DE NAMUR
H. Dàrdenne, rapporteur :
Messieurs,
Nous n'avons que peu de chose à vous exposer celte
année ; les travaux, dans notre province, subissent un
temps d'arrêt dont la cause toutefois nous est absolument
étrangère : dans la plupart des cas, c'est le nerf des con-
structions qui fait défaut, les crédits disponibles étant depuis
longtemps engagés.
Depuis notre dernière réunion, nous n'avons tenu que
deux séances ; les ordres du jour comprenaient douze
points :
Quatre mobiliers d'église (La Plante, Sart-en-Fagne, Cul-
des-Sarts, des Tombes) ;
Un placement de vitrail (Resteigne) ;
Une construction d'église (Han-sur-Lesse) ;
Trois restaurations d'églises (Gonrieux, Roly, Vierves);
Une décoration d'église (Haslière-Lavaux).
Ajoutons à ce maigre exposé les travaux de Walcourt.
Celle restauration se faisant sous la direction et le contrôle
directs de la Commission royale, nous ne sommes guère à
même de relater la situation que par le rapport de fin
d'année de l'architecte dirigeant, rapport mentionnant d'une
façon sommaire et traditionnelle les gros travaux exécutés,
— 28* —
le cube des pierres employées, les menues dépenses d'atelier,
de taille, etc.
La question de la tour de l'église de Dinant reste toujours
en suspens ; il parait cependant qu'il y a urgence à s'en
occuper. Quel que soit le projet qui sorte des méditations ou
négociations en cours, il nous sera sans doute permis de
formuler ici notre vœu le plus cher : c'est de voir maintenir
la flèche originale qui s'est, durant sa longue existence, si
bien identifiée avec son entourage, accommodée à son
milieu, associée aux souvenirs des touristes et des archéo-
logues. Nous n'en pouvons rien si nous avons au cœur une
si vive affection pour la « citrouille •, et c'est plein de
confiance que nous supplions qu'on la conserve à notre
vénération (i).
Puisque nous parlons de. Dinant, nous nous permettrons,
au nom de tous les membres de notre Comité — sauf
M. del Marmol, qui se trouvait sur place, — d'exprimer
nos regrets de n'avoir pu assister à l'examen de réceplion
de la dernière verrière placée dans la collégiale de celle
ville : mais la nouvelle de la démarche de MM. les délégués
de la Commission centrale arriva trop tardivement à Namur
pour nous être transmise en temps utile.
Le seul travail intéressant, bien que d'ordre secondaire,
qui s'exécute actuellement dans notre province, c'est l'agran-
dissement de la vénérable et intéressante église de Saint-
0) A la dernière-heure, nous ayons appris officieusement que nos désirs
seront exaucés : la flèche subira une réfection complète mais conservera,
parait- il, sa forme primitive. S'il en est ainsi, nous manquerions à notre
devoir le plus élémentaire en n'offrant point ici nos plus sincères remer-
ciements aux promoteurs et défenseurs de cette mesure.
— 283 —
Germain. Après des vicissitudes diverses, dos menaces
d'abandon et des reprises du projet, l'accord se fil enfin.
Les travaux, entrepris avec une sage lenteur, se poursuivent
régulièrement sous l'œil vigilant et la haute sollicitude de la
Commission royale ; nous sommes dès maintenant assurés
qu'ils donneront pleine et entière satisfaction à tous les
intéressés, aux paroissiens, d'une part, aux touristes et aux
amateurs de l'autre.
Quant aux restaurations de Gonrieux, de Roly et de
Vierves, ce ne sont là que des travaux d'ordre minime, exé-
cutés à des constructions qui n'avaient avant et n'auront
après aucun caractère monumental.
Enfin, la décoration de l'église de Haslière-Lavaux est
une de ces choses dont on voudrait n'avoir jamais eu à
s'occoper, tant le projet présenté était, à tous les points de
vue, banal et insuffisant.
A propos de mobiliers d'églises, nous devons prolester
contre la facilité, disons plutôt l'espèce d'acharnement avec
lequel on fait disparaître nombre de pierres tombales du
plus haut intérêt historique ou archéologique. Il y a bon
nombre d'années que ces monuments ont été cités, étudiés
ou décrits, avec un soin tout particulier et une remarquable
érudition, par notre savant et passionné collègue M. Alf.
Bequel (i). Bien que ces mausolées aient été jadis signalés à
l'attention des communes et des fonctionnaires de divers
degrés préposés à leur garde ou à leur conservation, il
(0 Nombre de frottis exécutés par M. Bequet lui-même sont exposés au
musée archéologique de Namur ; en outre, quantité de notices leur sont
consacrées dans les Annales de la Société archéologique de Namur.
— 284 —
arrive presque chaque jour que nous ayons à constater de
nouvelles disparitions. Or, nous considérons ces pierres
tumulaires comme faisant partie du domaine public et nous
voudrions que des mesures quelconques, mais avec sanction
efficace, fussent prises à bref délai, pour assurer la conser-
vation de ces intéressants et souvent curieux monuments.
La commune de Bouvignes s'est, dernièrement, adressée à
l'administration provinciale de Namur pour s'enquérir de la
suite donnée au projet de restauration de la « Porte de
Laval », qui s'écroule chaque jour davantage, et dont la
disparition est prochaine si l'on n'y porte remède. Cependant
cette porte rappelle un des plus beaux souvenirs de l'histoire
locale, un haut fait d'armes reconnu et récompensé par
Charles-Quint lui-même.
A ce titre, nous estimons que ce modeste édicule a des
titres suffisants pour solliciter avec succès la bienveillante
sollicitude des pouvoirs publics et l'octroi d'un léger subside.
Bien que nous ayons déjà touché, dans nos précédents
rapports, la question des mobiliers d'église, nous ne pouvons
nous empêcher d'y revenir pour déplorer plus que jamais
l'insuffisance et la pauvrelé des plans qu'on nous soumet
après approbation des mandataires communaux et des fabri-
ciens. Malgré nos refus et nos observations, c'est toujours
le même système qui prédomine, le même style — et
lequel? — vide et banal, l'absence de caractère, la simi-
litude de conception, disons le mot, le même mercantilisme.
D'ordinaire, ces projets nous sont présentés sous forme de
simples croquis parfois teintés de chic, avec un certain
aspect imagier, mais sans plans de détails, cotes d'épais-
seurs, modes d'assemblage, projets tracés en grandeur
— 285 —
d'exécution, bref, sans aucun détail constructif qui permette
de se faire une idée suffisamment exacte du meuble à con-
struire, des garanties de solidité qu'il présente, des indices
de durée qu'il comporte, du caractère a rchi tectonique qu'il
revêt. Et cependant il y a là de bien graves intérêts à
sauvegarder : ceux des autorités qui commandent et qui
naturellement paient des deniers publics ; et, d'autre part,
ceux des entrepreneurs qui devraient se rendre un compte
exact des engagements qu'ils prennent, des responsabilités
qu'ils encourent. A notre humble avis, celte grave question
ne se résoudra que par une entente complète entre tous les
pouvoirs qui interviennent en celte circonstance. Aussi
longtemps que cet accord ne se fera point, on trouvera des
administrateurs assez peu soucieux des intérêts de leurs
concitoyens et de l'accomplissement de leur mandat, pour
accepter des plans insignifiants ou incomplets, — des entre-
preneurs disposés à fournir quand même les meubles
projetés, — des fonctionnaires enfin, intervenant toujours
trop tard, pour constater toujours avec le même regret et
le même écœurement, les faits accomplis; tous aidant ainsi,
à leur insu, à doter nos églises de mobiliers de pacotille que
la génération prochaine devra remplacer, au grand détri-
ment des finances publiques. Inspirons-nous davantage de
la manière d'agir de nos devanciers et tâchons enfin d'avoir
à cœur de léguer à nos descendants des œuvres au moins
solides et durables ; si nous ne pouvons aspirer à briguer
leurs éloges ou leurs félicitations, évitons au moins leurs
récriminations. Et alors, ce sera sans crainte et sans
reproche, avec le calme et la dignité du devoir accompli,
que nous quitterons la carrière, laissanl à la génération
— 286 --
prochaine le soin, non de démolir ou de renouveler, mais
bien de conserver et de continuer notre œuvre.
Une autre question importante, c'est remploi des maté-
riaux de construction. Lorsqu'il s'agit de restauration, il est
évident qu'il importe avant tout de remplacer les éléments
devenus défectueux, par des éléments similaires, sains et
durables, de procéder de telle façon, que le côté matériel
de la réfection disparaisse; bref, que la restauration, autant
que possible, passe inaperçue, laissant l'illusion de la persis-
tance de l'œuvre primitive.
Mais, pour ce qui concerne les constructions nouvelles,
nous voudrions qu'on imposât aux architectes, comme
première condition préalable à la rédaction des plans,
l'emploi des matériaux naturels fournis par la localité elle-
même. Si toutefois cette localité se trouvait absolument trop
pauvre, si elle ne récelait que des matériaux inutilisables,
on devrait au moins se confiner dans la région, sans aller
chercher au loin soit des éléments d'un prix de revient
très élevé, soit dés éléments n'offrant pas des garanties
suffisantes de durée ou de résistance au climat local. Plus
que jamais, nous sommes persuadés que c'est là l'unique
moyen d'arriver à donner à nos églises, maisons commu-
nales, écoles ou presbylères, une physionomie spéciale, un
caractère local, le moyen enfin de les approprier, par leur
aspect et leur silhouette, au site dans lequel ils s'élèvent.
Nous avons assez subi, en définitive, ces constructions
transplantées d'une extrémité à l'autre de notre province,
restant toujours et partout semblables, parfois identiques à
elles-mêmes. Bref, nous voudrions voir les architectes
adopter celle maxime : « À chaque homme son habit, à
— 287 —
chaque commune ses constructions. » Ce système, appliqué
de façon soutenue, finirait par doter nos communes de
bâtiments qui seraient à elles, qui constitueraient les élé-
ments de leur physionomie spéciale, leur personnalité, si
nous pouvons nous exprimer ainsi. Et puis, c'est, à notre
avis, nous devons bien l'avouer, le seul moyen de faire
disparaître cette fâcheuse coutume, beaucoup trop fréquente,
de tirer de nouveaux plans des vieux papiers. Quand on
voit le parti que certains architectes ont su tirer du
judicieux emploi de certains matériaux que la nature leur
offrait pour ainsi dire à pied-d'œuvre, les heureux effets de
couleur qu'ils leur ont fait produire, la variété des formes
qu'ils ont dû créer pour les mettre en valeur, l'heureuse
harmonie qu'ils ont su faire régner entre ces éléments
souvent si divers, le caractère à la fois neuf, pittoresque et
élégant qu'ils ont su donner à leurs constructions, on se
prend à déplorer avec amertume que celte idée ne se
généralise pas davantage (i). Aussi, faisons-nous un chaleu-
reux appel à tous nos collègues, pour que tous nous
marchions la main dans la main à la conquête de cet idéal.
Puissions-nous finir bientôt par triompher de celte honteuse
inertie contre laquelle nous luttons depuis tant d'années.
Nous ne désespérons pas toutefois de voir un jour dispa-
raître ces plans de bâtiments communaux quelconques,
tirés à nombre d'exemplaires, à l'instar des épreuves photo-
graphiques fournies par un seul et même cliché. Un appui
qui nous viendra puissamment en aide et sur lequel on
(i) Voir les gares récentes de certaines lignes de l'État, la Poste de
flny, etc.
— 288 —
n'eût peut- être pas compté jadis, c'est la clientèle bourgeoise.
De ce côté, la tendance est manifeste et jusque dans nos
plus modestes bourgades on voit s'élever des constructions
qui témoignent d'une évidente recherche du nouveau. Que
les communes ne se laissent pas devancer par les parti-
culiers et que leurs mandataires imposent leurs désirs aux
architectes de leur choix ; que ceux-ci, avant de jeter aucune
ligne, même d'avant-projet, se rendent dans la localité, qu'ils
se renseignent sur place de la situation et de ses ressources,
qu'ils examinent ensuite quelque vieille construction de
l'endroit et ils pourront se rendre un compte exact des
ressources naturelles, de la convenance ou de la résistance
des matériaux. Dès lors, ils seront fixés sur le mode de
construction à adopter, ils n'auront plus à étudier que les
lignes ou les formes les mieux appropriées aux matériaux à
mettre en œuvre.
Nous demanderons, pour terminer, qu'il nous soit permis
de soulager notre cœur d'un poids qui l'oppresse, et ce
faisant, nous aurons rempli notre devoir en dégageant notre
responsabilité. Voici à quel propos. Il existe dans notre
province une église rurale de construction récente, que
nous ne nous lassons point d'admirer, une église remar-
quable à tous égards, signée d'un grand nom, d'un nom
qui brillera longtemps encore dans l'histoire de l'art belge,
une église enfin, que l'architecte avait étudiée, caressée plus
peut-être que d'autres édifices de haute importance. Malheu-
reusement ceux qui assistèrent à l'éclosion du projet, ceux
qui aidèrent à sa réalisation, disparurent avant l'achèvement
de l'œuvre, disons plutôt du chef-d'œuvre : l'église fût, en
effet, construite mais non entièrement meublée. Il y a
— 289 —
quelques années, on y plaça un « Chemin de croix », vul-
gaire moulage en plaire, bariolé d'indigne façon ; nous avons
vainement protesté contre cette profanation. Aujourd'hui, il
s'agit d'un autel à installer dans notre petit bijou d'église.
Or, le plan de l'autel a été dressé par l'architecte lui-même,
non pas uniquement dans ses grandes lignes, mais bien dans
tous ses détails; les plans sont donc là, prêts à être utilisés;
cl si d'ailleurs il surgissait quelque difficulté d'exécution,
les élèves du maître sont là, prêts à la résoudre. Nous
estimons que l'adoption de ce projet, à l'exclusion de tout
autre, était un hommage de reconnaissance dû à la mémoire
du grand architecte dont nous pleurons encore la perte. La
réalisation de ce plan pouvait seule conserver à l'édifice son
caractère d'unité, en identifiant le meuble principal à la
construction elle-même. Eh bien! nous regrettons que celte
idée n'ait point été partagée et que pour une mesquine
question de finance, parait-il, — question qu'on eût peut-être
pu résoudre par d'autres voies, — nous regrettons que le
plan du regretté Beyaert ait été écarté et remplacé par
celui d'une personne complètement étrangère à l'église des
Tombes, personne dont nous ne songeons nullement à con-
tester le talent de sculpteur; mais, à notre avis, il ne
devait entrer dans l'église de Beyaert qu'un autel de
Beyaert.
Enfin, nous sommes heureux de vous annoncer que
la rédaction de l'inventaire des objets d'art de notre
province est entrée dans sa phase d'exécution ; la grande
majorité des matériaux sont réunis ; nous nous occu-
perons incessamment du groupement et de la coordi-
nation.
— 290 —
M. le Président. — Nous vous félicitons, Monsieur Dar-
denne, pour votre beau rapport.
M. IIelbig (Liège). — Les faits que vous déplorez, Mon-
sieur le rapporteur, nous les déplorons aussi, peut-être plus
que vous. Nous avons voulu, nous, établir une situation :
c'est que ce ne sont pas les administrations qui peuvent
modifier cet état de choses ; ce sont les artistes qu'il faut
former pour cela. C'est par eux qu'il est possible de régé-
nérer l'art ; nous aurons beau prendre les mesures les plus
rigoureuses et les meilleures pour l'élaboration d'une œuvre
d'art; nous n'aboutirons à aucun résultat désirable par des
moyens administratifs. 11 faut des artistes; il faut que l'édu-
cation d'un grand nombre d'artistes soit faite à ce point de
vue, car si nous avons assez souvent de beaux plans d'église,
en réalité, nous avons fort peu de plans d'ameublement
convenables ; cela est négligé, dans l'enseignement, d'une
façon presque complète. 11 nous faut insensiblement arriver,
sous ce rapport, à un meilleur état de choses; toutefois,
d'après mon expérience personnelle, nous sommes cepen-
dant à ce sujet en voie d'amélioration, malgré ce défaut de
formation que je vous signalais à juste litre et que, je le
répète, nous regrettons autant que vous.
M. le Président. — Nous arrivons, Messieurs, au troi-
sième objet de notre ordre du jour : « Invenlaires des objets
d'art appartenant aux établissements publics». Ce point a
été traité dans presque chacun des rapports qui nous ont
été présentés aujourd'hui par nos membres correspondants.
Jusqu'à ce moment, c'était la province de Namur qui était
la plus en retard sous ce rapport. Vous avez pu vous
— 291 —
convaincre qu'elle était entrée dans la bonne voie à cet
égard.
M. Sibenaler, au nom du Comité du Luxembourg, nous
a lu le rapport de M Tandel; il a exprimé le vœu que la
Commission royale donnât des instructions afin de voir
achever le plus vite possible les différents inventaires. Ce
n'est pas d'aujourd'hui que nous demandons cela. Vous vous
rappelez, en effet, que, dès le 15 février de cette année,
nous avons demandé aux correspondants de déléguer deux
de leurs membres, dans chaque Comité, pour s'entendre
sur ce point-là. Depuis, nous avons demandé aux divers
Comités de nous faire parvenir les propositions qui auraient
été faites depuis le 1S février. Je ne sais pas si notre
demande a été bien comprise à cet égard; en tout cas,
personne ne nous a répondu jusqu'ici. Mais, afin de ne pas
allonger outre mesure celte séance par des questions trop
détaillées, je vous proposerai, Messieurs, comme résolution
pratique, pour ce troisième objet de l'ordre du jour, de
décider que la Commission centrale s'occupera de convoquer
à nouveau chez elle une nouvelle réunion ; seulement, dès
à présent je vous demanderai de vous y faire représenter
par voie de délégués, car nous serions dans l'impossibilité
de vous abriter tous sous notre toit.
Voilà, Messieurs, quelle serait la meilleure résolution à
prendre actuellement concernant cette question. Si, d'autre
part, des membres avaient des éclaircissements à donner à
ce sujet, je suis prêt à leur accorder la parole.
M. Helbig (Liège). — Je demande la parole pendant
quelques instants seulement sur ce sujet-là.
— 292 —
Il importe, on Ta déjà dit, qu'il y ait, sous ce rapport, un
système uniforme; je puis, à ce propos, recommander tout
spécialement un ouvrage qui, malheureusement, est écrit
en langue allemande, mais qui, cependant, peut servir de
document, de modèle, surtout au point de vue de la division
et de l'exactitude, c'est l'ouvrage de M. Glemen, sur le pays
rhénan. C'est un ouvrage excellent et que je puis conseiller
en toute confiance à tous ceux qui s'occupent de ces inven-
taires. Je crois qu'ils ne trouveront pas de meilleur modèle
à suivre. Ceux qui savent le flamand peuvent générale-
ment lire l'allemand, et les Wallons, qui ne savent pas le
flamand, mais qui connaissent une langue germanique,
pourront très souvent aussi le comprendre. Mais, dans tous
les cas, ils pourront voir, par la simple division de ce travail,
combien il peut être utile à tous sous tous les points de
vue.
M. le Président. — Vous avez, Messieurs, entendu le
conseil de M. Helbig, tout particulièrement désigné pour
vous le donner; j'espère que vous voudrez bien en profiter.
M. Bordiau (Bruxelles). — Je crois savoir que la pro-
vince d'Anvers et celle de la Flandre orientale ont toutes les
deux terminé leur travail; je fais la proposition de réunir
ces Messieurs le plus tôt possible afin qu'ils nous montrent
ce qu'ils ont déjà fait et qu'ils nous disent, en même temps,
ce qu'ils se proposent encore de faire pour qu'il y ail une
certaine uniformité dans le travail, quoique je pense que le
travail soit, sous ce rapport, presque fini partout.
M. le Président. — Pas partout.
— 293 —
M. Bordiau. — 11 l'est, dans tout cas, dans plusieurs
provinces.
H. le Président. — Votre conclusion, Monsieur Bordiau,
est aussi de faire une réunion prochaine, comme suite à
celle du 13 février.
Si plus personne ne demande la parole, je prie les
Comités provinciaux de vouloir bien nous envoyer deux
délégués. Ceux d'enlr'eux qui auraient à peu près terminé
leur travail, peuvent nous apporter leurs projets.
M. Van Leemputten (Anvers). — Pour la province
d'Anvers, vous avez tout reçu.
M. le Président. — C'est entendu.
Nous abordons maintenant, Messieurs, la quatrième
question, en vertu d'une décision de l'Assemblée générale
de l'année dernière. Elle est ainsi conçue : « Les formes
de structure simulée, que l'artiste conçoit pour exprimer
son impression personnelle, doivent-elles jouer le rôle prin-
cipal dans l'aspect des monuments? »
L'année dernière, M. Bilmeyer avait, je pense, demandé
des explications à ce sujet. Je suis tout disposé à lui
accorder la parole, s'il le désire?
M. Bilmeyer (Anvers). — Si, l'année dernière, j'ai
demandé la parole à ce sujet, c'était parce que j'avais
constaté que plusieurs personnes ne comprenaient pas la
question.
M. le Président. — N'avez-vous rien préparé à ce sujet,
Monsieur Bilmeyer ?
— 294 —
M. Bilmever. — La question demande si les formes
de structure simulée doivent jouer le rôle principal dans
l'aspect des monuments. A la question ainsi posée, je répon-
drai catégoriquement : Non.
Aux explications de notre honorable Président j'ajouterai
celles-ci :
Prenant en considération les diverses formes de structure,
vous avez les formes simulées, les formes transposées cl les
formes réelles.
Ces dernières se définissent ainsi : elles accusent un
moyen effectif de construction ; elles sont l'expression vraie
de l'organisme architectural. A mon avis, celte expression
est la seule dont on doit tenir compte, principalement et
à priori quand il s'agit de la restauration de monuments.
Pour les constructions modernes, c'esl encore ce principe
qui devrait dominer, car ce sont les matériaux employés et
leur mise en œuvre rationnelle qui forment les bases fonda-
mentales de loutc architecture bien raisonnée.
De ce qui précède, il y aurait lieu de recommander
les formes réelles dans toute restauration et construction
moderne, et de condamner les formes simulées et transpo-
sées, surtoul si elles ont pour seul but une satisfaction le
plus souvent imaginaire et personnelle de l'artiste.
M. le Président. — Si plus personne ne demande la
parole à ce sujet, je considérerai cette question comme ne
devant plus être reproduite cette année ni Tannée prochaine.
(Assentiment.)
Nous passons à la question suivante : t Qu'enseignent
les découvertes de peintures murales faites dans les monu-
— 295 —
menls de la Belgique ? » Cette question a également été
remise à Tordre du jour en vertu de la décision unanime de
l'Assemblée générale du 7 octobre 1901.
Au sujet de celte question, nous avons une triple consta-
tation à faire : M. van Ruymbeke nous avait, Tannée
dernière, promis de faire une étude complète sur ce
dont il nous avait parlé, c'est-à-dire de la décoration de
Téglise de Sainte-Walburge, à Furnes, où il y a des pein-
tures extrêmement intéressantes. Malheureusement, M. van
Ruymbeke est empêché d'èlre parmi nous par le fait qu'il
fait partie du jury de la Cour d'assises de Bruges, siégeant
actuellement. Peut-être aussi n'a-t-il pas pu terminer son
travail.
H. Helbig (Liège). — Je puis vous donner l'affirmation
que le travail de M. van Ruymbeke est terminé.
M. le Président. — C'est étrange, qu'il ne nous Tait pas
envoyé. Nous considérerons sa communication comme faite
et nous l'insérerons au Bulletin.
M. Bordiau (Bruxelles). — Il me semble que, préala-
blement, nous devrions avoir une discussion.
M. le Président. — Nous l'aurons quand même.
M. Bordiau. — Nous devrions, d'après moi, attendre
pour insérer ce travail au Bulletin.
M. le Président. — Si, dès à présent, ce travail est
inséré au Bulletin, vous aurez tout le temps voulu pour le
lire et le discuter.
M. Bordiau. — Ce serait irrégulier.
— 296 —
M. le Président. — M. Van Caster ne serait pas de cet
avis, je pense.
M. Bordiau. — Je trouve qu'avant de rien insérer au
Bulletin nous devrions avoir une discussion à ce sujet.
M. le Président. — MM. De Groote et Bilmeyer ont été
sollicités par nous de faire également rapport sur ce sujet.
Aucun de ces messieurs n'est probablement prêt?
M. Bilmeyer (Anvers). — Il en a été question dans la
dernière réunion du Comité, et la Commission royale sera
saisie des propositions du Comité.
M. le Président. — Donc, contrairement à ce que j'avais
dit d'abord, on serait d'avis de ne pas publier dès à présent
au Bulletin le travail de M. van Ruymbeke? C'est, du
moins, ce que propose M. Bordiau. Je demande si tout le
monde est d'avis de retarder la publication du travail de
M. van Ruymbeke jusqu'à ce qu'une discussion ait eu lieu
sur ce sujet. J'ajoute que, quant à moi, je pense que le
rapport de M. van Ruymbeke constituerait un élément très
utile de discussion.
M. Bordiau. — Vous aurez assez d'éléments sans cela.
M. le Président. — Je ne le pense pas ; on n'en a jamais
assez, bien entendu au point de vue scientifique. Il me
semble que précisément ce travail viendrait à point, à moins
qu'on ne veuille commencer la discussion dès à présent,
sans les documents attendus. Il me semble plutôt que la
question doive être remise à l'assemblée prochaine.
M. Bordiau. — Il n'y a rien qui brûle.
— 297 —
M. Helbig (Liège). — L'année dernière on s'est déjà
préoccupé de cette question, mais, malheureusement, au
moment où j'avais dû quitter la séance.
H. le Président. — J'en ai exprimé le regret.
M. Helbig. — Aujourd'hui, j'en suis réduit à exprimer,
à mon tour, le regret de ne pas voir parmi nous M. Van
Caster. (Rires.)
Je ne songe pas, en ce moment, à entrer dans le fond de
la question, mais je tiens seulement à faire une observation :
c'est que M. Van Caster, en participant à la discussion à l'Aca-
démie d'archéologie à Anvers, a rappelé un certain nombre
d'arguments que j'avais déjà fait valoir. Il a notamment fait
observer, avec beaucoup de raison, que je m'étais tenu sur
le terrain de la question de principe, et que lui, de son côté,
s'était tenu sur le terrain des faits. Gela n'a pas empêché que
j'ai appuyé cependant les indications quant aux principes,
d'un certain nombre de faits qui me semblaient acquis.
M. Van Caster en a indiqué aussi quelques-uns, mais il en a
omis d'autres, quoique je ne veuille pas du tout compléter
ce qu'il a pu dire sous ce rapport. Il y aurait, de ma part,
mauvaise grâce à vouloir le faire pendant son absence. Je
me réserve de le faire plus tard, puisque la question doit
être remise à l'ordre du jour, et que j'espère qu'elle sera
traitée d'une façon complète l'année prochaine. Aujourd'hui,
je n'ai donc qu'une chose à faire : exprimer mes réserves à
cet égard, car il n'entre nullement dans mon intention de
formuler les objections que j'aurais à présenter à ce sujet
en l'absence de M. Van Casier, avec lequel j'ai toujours
eu d'excellentes relations, que je tiens à continuer. Il y
— 298 —
a là une question de délicatesse que chacun comprendra.
M. le Président. — La question sera d'autant plus
volontiers mise à l'ordre du jour que vous nous promettez
de prendre part à la discussion.
M. Helbig. — Je vous remercie.
M. le Président. — Si personne ne fait d'opposition, la
question figurera à l'ordre du jour de notre prochaine
réunion.
On demande que le travail de M. van Ruymbeke ne soit
pas publié au Bulletin. J'avoue ne pas bien comprendre en
quoi l'insertion pourrait nuire à la discussion.
M. Bordiau. — Il faut laisser la question entière.
M. Helbig (Liège). — Je tiens, messieurs, à vous mettre
d'accord, et je crois pouvoir arriver à ce résultat en vous
annonçant que M. van Ruymbeke m'a proposé son travail
pour la Revue de FArt chrétien. Lorsque ce travail aura
paru dans ce recueil, vous pourrez en tenir compte ou non,
selon votre désir.
M. le Président. — C'est aussi mon avis. Je demanderai
néanmoins si l'on est d'avis de ne pas insérer le travail au
Bulletin ?
M. Jaminé (Hasselt). — Je crois que l'on pourrait parfai-
tement publier le travail au Bulletin. Gomment voulez-vous
qu'une discussion ait lieu si on ne l'a pas l'année prochaine
et si ce rapport n'est pas inséré cette année-ci au Bulletin?
Il faudrait commencer, lors de notre prochaine séance
annuelle, une discussion sur un fait qui n'aura pas été exposé.
- 299 —
Il me semble donc qu'il faudrait faire avant celte date une
publication du rapport dont il s'agit.
M. Bordiau (Bruxelles). — Ce n'est pas d'une publi-
cation spéciale que vous entendez parler, mais d'une
impression au Bulletin de la Commission ?
M. Jaminé. — Parfaitement.
H. le Président. — C'est sous le nom de l'auteur que
paraîtrait le rapport.
M. Bordiau (Bruxelles). — Que Ton publie le rapport
d'une autre manière, je l'admets, mais qu'on ne l'insère pas
dans le Bulletin, car il recevrait ainsi, en quelque sorte,
une consécration officielle.
Je demande que la question reste absolument entière,
avant que tous les éléments du débat ne soient réunis et
qu'on ne publie absolument rien sous ce rapport.
M. le Président. — J'ai entendu dire tout à l'heure que
M. van Ruymbeke avait promis de remettre son travail pour
être inséré dans la Bévue de lArt chrétien. Dans l'intérêt
même de nos discussions, il me semble qu'il n'y aurait aucun
inconvénient à ce que cette publication eut lieu aussi dans
notre Bulletin, d'autant plus qu'elle n'engage personne.
M. Bordiau (Bruxelles). — C'est la consécration officielle
incontestablement d'une opinion personnelle.
M. le Président. — Pardon ; c'est sous le nom de l'auteur
que le travail sera publié.
M. Bordiau. — Il ne devrait pas être publié dans un
bulletin officiel.
— 500 —
M. le Président. — Je vois des membres, comme
MM. Darderme et Jaminé, qui ne me paraissent pas de cet
avis. Dans ces conditions, nous sommes bien obligés de pro-
céder à un vote, qui pourrait se faire à mains levées.
M. Van Leemputten (Anvers). — La question n'ayant pas
été discutée jusqu'ici, il vaudrait beaucoup mieux ne pas
publier n'importe quoi à ce sujet; c'est une question très
importante que celle dont il s'agit.
M. Helbig (Liège). — La publication dans le Bulletin
n'engage absolument personne de la Commission royale des
Monuments, si ce n'est l'auteur du rapport.
M. Bordiau (Bruxelles). — On annonce une discussion
qui devait commencer il y a deux ans. On peut donc bien
l'entamer aujourd'hui sans que le rapport soit publié.
M. le Président. — Il ne faut pas oublier ceci : c'est que,
comme je l'ai dit au commencement de la séance, M. van
Ruymbeke a été malheureusement retenu aujourd'hui à
Bruges par des devoirs civiques. Sans cette circonstance, il
nous aurait probablement lu son travail et la discussion
aurait tout au moins commence aujourd'hui, mais il est peu
vraisemblable qu'elle aurait pu être terminée. C'est un des
sujets les plus compliqués que l'on puisse aborder.
Je dis aussi que si nous publions dès à présent ce rapport
au Bulletin* nous ajouterons un document de plus pour la
discussion ; mais il serait publié sous la responsabilité exclu-
sive de celui qui le signera. Personne d'autre que lui ne
sera engagé.
M. Dumortier (Bruxelles). — Ne pourrait-on pas, si on
— 301 —
le demandait à la direction de tArt chrétien, obtenir, si
elle publie le rapport, un certain nombre de tirés à part et
les distribuer avant la séance de Tannée prochaine ; comme
cela nous n'aurions pas d'insertion à faire au préalable dans
notre Bulletin? Gela ne nous coûterait rien ou peu de chose.
M. Helbig (Liège). — Je tiendrai des tirés à part à la
disposition de Fauteur; il en fera l'usage qui lui conviendra
et il se fera certainement un plaisir d'envoyer un exemplaire
à chacun de vous.
M. Dumortier (Bruxelles). — L'auteur a tout intérêt à ce
que son travail soit lu, et les membres de la Commission,
comme ceux des Comités et les correspondants, pourront
ainsi le posséder plus tôt.
M. Jàminé (Hasselt). — C'est surtout au point de vue du
principe qu'il importe qu'une décision soit prise en ce qui
concerne le point de savoir si, préalablement à sa commu-
nication aux membres, le rapport sera envoyé à un journal
quelconque aux fins d'y paraître.
Il y a deux ans, celle question avait déjà figuré à l'ordre
du jour; mais, au moment de commencer la discussion, on
a réclamé des explications au Président pour savoir ce que
l'on voulait exactement dire, el cette année personne n'a fait
de rapport. Je crois que nous pourrions ainsi allonger notre
ordre du jour d'une série de questions comme celles-là et
n'avoir jamais aucune discussion à ce sujet
M. le Président. — Monsieur Bordiau, maintenez-vous
votre proposition de ne pas insérer maintenant le travail au
Bulletin?
— 302 —
M. Bordiàu. — Que Ton publie le rapport si Ton veuf,
mais qu'on ne l'insère pas au Bulletin. On ne doit pas, je le
répèle, donner une consécration officielle à un rapport qui
comprend des faits constituant une appréciation personnelle.
M. le Président. — Il y a une proposition d'insérer au
Bulletin le travail de M. van Ruymbeke avant l'année pro-
chaine. Je vais consulter l'assemblée à ce sujet.
M. Helbig (Liège). — Il apparlient à M. van Ruymbeke
de décider cette question ; il reste, en effet, maître de son
œuvre. Mais, quant à moi, je déclare que s'il me donne sou
travail, je l'insérerai dans la Reçue de FArt chrétien.
M. le Président. — Parfaitement; cela n'empêche pas
que nous pouvons l'insérer aussi dans le Bulletin. Sous toute
réserve de l'adoption de cette proposition, M. van Ruymbeke
reste toujours libre de remettre son travail à CArt chrétien.
Il n'y a aucun doute à cet égard. Cependant, s'il en subsis-
tait un, je demanderais à ceux qui désirent voir insérer
dans le Bulletin le travail de M. van Ruymbeke, sous sa
responsabilité bien entendu, de bien vouloir lever la main.
M. le Président. — Il n'y a pas de doute que la majorité
est d'avis que l'insertion au Bulletin peut avoir lieu. Cepen-
dant, s'il y avait contestation à cet égard, — pour que Ion
ne puisse pas dire que nous avons remporté facilement
une victoire, — nous pourrions faire l'appel nominal. C'est
inutile, n'est-ce pas?
M. Bordiau. — Absolument!
M. le Président. — Nous arrivons, Messieurs, au 6mt et
dernier objet de l'ordre du jour.
— 303 —
M. le Président. — Vous vous le rappellerez : je vous
ai dit, au commencement de la séance, qu'à la suite d'une
proposition de M. Schuermans, — heureusement arrivé
parmi nous — l'Assemblée préparatoire avait décidé que la
partie de la question relative aux travaux effectués à l'abbaye
de Villers serait reportée à la fin de la séance.
Est-ce que quelqu'un s'oppose à ce qu'il en soit ainsi?
Si personne ne s'y oppose, je considérerai la proposition
comme définitivement adoptée. Voici les termes de la ques-
tion : • Les travaux effectués ou en cours d'exécution, d'une
part aux maisons et monuments de la Grand'PIace de
Bruxelles, au château des Comtes à Gand et aux abbayes
de Villers et d'Aulne ; d'autre part, aux églises romanes de
Nivelles et de Soignies, ainsi qu'aux églises gothiques de
Walcourl et de Nieuport, revètent-ils un caractère à la fois
pittoresque, scientifique et artistique? »
Je n'ai pas besoin, Messieurs, de vous donner de longues
explications au sujet de cette question. Vous l'aurez remar-
qué : on fait, en ce moment surtout, des travaux à toute
une série de monuments. On désigne expressément le genre
de travaux à exécuter à chaque monument; on demande
s'ils satisfont à ce que désire l'école « des pittoresques » , et
si, en même temps j ces restaurations satisfont à ce qu'on a
le droit de leur demander au double point de vue scienti-
fique (archéologique) et artistique. Dans cette polémique
qui a surgi entre « les pittoresques » et leurs adversaires,
réside, à mon avis, un malentendu. Ainsi, l'on ne peut
pas, dans nombre de cas, ne faire exclusivement que
« du pittoresque » et sacrifier à cette tendance l'art et
l'archéologie. On peut, on doit satisfaire en même temps à
— 504 —
Tari, à la science et au pittoresque dans une œuvre belle
et complète.
A-t-on réussi, à ce triple point de vue, dans les cas
invoqués par la question? C'est à quoi revient celle-ci.
Je donnerai la parole à ceux qui voudront s'occuper à
cet égard de l'un ou l'autre des monuments ici mentionnés.
Quelqu'un demande-t-il la parole?
Personne n'a-t-il de remarques à faire sur les travaux
effectués ou en cours d'exéculion à la Grand'Place de
Bruxelles, au château des Comtes à Gand, à l'abbaye
d'Aulne, aux églises romanes de Nivelles et de Soignies?
En ce qui concerne l'église de Nivelles, voici mon
avis :
Après l'avoir souvent visitée, j'estime que la restauration
du chœur et du transept est très satisfaisante, au triple
point de vue pittoresque, scientifique et artistique.
En ce qui concerne les églises gothiques de Walcourl et
de Nieuport, les correspondants qui pourraient s'en occuper
ne sont pas ici.
En tous cas, ceux d'entre nous qui ont vu ces restau-
rations en ont été satisfaits.
Nous en arrivons maintenant à la question dont M. Schuer-
mans désirait s'occuper spécialement.
La parole est à M. Schuermans.
M. Schuermans (Liège). — Je demanderai, Monsieur le
Président, à ne parler que tantôt, quand nous aurons
entendu d'autres membres.
M. le Président. — Quelqu'un demande-t-il la parole?
M. Licot, qui est encore présent à la séance, et qui est une
—^305 —
au lo ri té en la matière, ne désire-t-il pas parler? Nous
Tentendrions avec plaisir.
Eh bien ! si personne ne demande la parole, je vais me
permettre de dire deux mots delà question. Je prie M. Helbig
de bien vouloir me remplacer.
(1/. Helbig, Vice- Président, prend place au fauteuil de la
Présidence.)
M. Lagasse-oe Locht (Bruxelles). — Messieurs, au sujet
de l'abbaye de Villers précisément se présente le triple point
de vue dont nous parlions tantôt.
L'abbaye de Villers a fait couler, dans notre pays,
beaucoup plus d'encre que n'importe quel autre monument;
on en a même parlé à la Chambre. Et il n'est pas mauvais,
je crois, que quelques mots soient dits à cet égard avant la
communication de M. Schuermans.
Nous serions heureux qu'à Villers l'on pût satisfaire tout
le monde. Tant mieux, si les c pittoresques » pouvaient con-
tinuer à y jouir du < charme inimitable des ruines » , c'est le
mot dont ils se sont servis. Tant mieux encore si les artistes,
les savants pouvaient aussi s'y déclarer satisfaits.
La restauration de la brasserie, déjà en très grande partie
réalisée d'une façon remarquable par M. Licot, devrait
pouvoir être achevée complètement.
Le réfectoire aussi devrait être complètement restauré. Ce
sont là deux morceaux d'architecture, très beaux, qui gagne-
raient beaucoup à revivre sous les mains consciencieuses de
l'artiste éminent qui dirige les travaux de Villers.
En restaurant complètement le réfectoire; on aurait un
local qui servirait de musée pour les restes découverts dans
— 306 —
les décombres de Villers et qui» aujourd'hui, se trouvent
relégués dans une dépendance. Heureusement, la clef en est
bien gardée. A l'intérieur de 1 église abbatiale nous voudrions
réédifier le mausolée du Duc Henri et de la Duchesse, dont
on a retrouvé les lombes. On a tous les éléments de celte
restauration dans les documents historiques concernant
l'abbaye (i). M. Licol le sait : M le Ministre des Beaux-Arts
l'a chargé de formuler un programme complet des travaux
de diverse nature resta ni à effectuer à Villers. En passant,
je forme le vœu que, malgré la maladie qui parfois l'étreinl,
il hâte, le plus possible, la présentation de ce programme.
D'accord avec lui, je viens d'en esquisser les grandes lignes.
Voilà pour satisfaire les architectes et les savants archéo-
logues.
Quant aux pittoresques, qu'ils se rassurent : il n'est pas
question de ressusciter l'église de ses ruines. Mais, pour
les satisfaire, faut-il la laisser s'anéantir absolument? Ne
faul-il pas reconslituer quelques bandeaux dans la voûte,
afin d'empêcher que certains contre-forts, destinés à subir
les poussées de la voûte, manquant de quoi répondre à
leur destination primitive, ne produisent juste l'effet con-
traire et n'achèvent, en poussant au vide, d'abattre ce qui
reste encore des murs magnifiques et vénérables de la
splendide abbatiale?
Je le sais : on objecte la beauté de l'actuelle ruine. Mais
ici vraiment on oublie ce que savent tous les vieux amis de
(i) Outre la gravure figurant dans les Trophées de Butkkns et dans le
grand Théâtre sacré, il y a, dans un manuscrit de la Bibliothèque de
Bourgogne, cité par M. Schuerraans, une aquarelle représentant le tombeau
tel qu'il était au xviue siècle.
+- 507 —
Vitlers dont nous sommes, MM. Schuermans, Licol el moi :
nous avons connu la haute nef de l'église revèlue de sa
voûte. Il y a à peine 25 ans que cette voûte s'est effondrée
tout entière.
Si cette voûte était rétablie partiellement dans un but
confortatif, les ruines de Villers en seraieîil-elles moins
belles? Selon moi, elles seraient comme je les ai connues
jadis, beaucoup plus grandioses et plus impressionnantes.
Elles s offriraient sous un aspect plus charmant, plus « inimi-
table » aux amateurs du pittoresque.
Je vais plus loin, Messieurs. Qui de vous ne s'est arrêté,
étreint par l'admiration, devant l'abside fière et simple de
l'abbatiale? Combien le feneslrage en est imposant! Et
pourtant, la lumière crue tombant de haut el directement
dans le chœur non voûté embarrasse, interfère, diminue
et détruit presque les rayons du soleil pénétrant à travers
les baies latérales. Toutes les nuances dues aux jeux de la
lumière venant de ces baies grandes et sveltes du chœur
ont disparu avec la voûte. Rétablissons celte voûte, ne fût-ce
que par dessus le chevet, et voici que l'œuvre géniale
reprend tous ses aspects, ceux qu'a voulus l'artiste et ceux
aussi qu'ont entrevus el devinés les rêves féconds de son
imagination. Dites : quel c pittoresque » y trouvera sérieu-
sement à redire?
Ce qui est beau, ce qui est grand, ce qui est simple revêt
nécessairement la forme pittoresque. Ainsi, il n'y a point de
contradiction réelle entre la recherche de cette forme et une
restauration rationnelle. Tout est affaire de tact el de mesure.
Il ne saurait y avoir, en l'espèce, de principe absolu. Il
convient, dans chaque cas, de se livrer à une élude complète
— 308 —
et d'arriver à des résultats contre lesquels viennent s'éraoos-
ser les traits divers de la critique totale. L'artiste restaurateur
peut, s'il est de force, rendre de grands services non seule-
ment à l'art, mais à l'archéologie et aux « pittoresques»,
l'attends de pied ferme la contradiction.
Autre observation : rien n'est plus délicat qu'une restau-
ration. Quelques critiques se sont imaginés que les restaura-
tions réclamées par les artistes avaient surtout pour but un
gain d'argent. Ces critiques me permettront de le leur dire :
ils n'ont pas l'àme artiste ; sans quoi ils n'invoqueraient pas
un argument à la fois si pitoyable et si faux. Il fait pitié aux
yeux de l'artiste véritable. Il est faux pour quiconque
connaît vraiment la question. Les études préalables à une
restauration, les soins à apporter dans l'exécution des tra-
vaux sont sans proportion avec la rémunération coutumière.
On ne travaille pas ici au mètre carré et au mètre cube.
Telle restaurai ion dont la dépense s'est élevée à une trentaine
de mille francs et qui a valu à l'artiste quinze cents francs
de rémunération (5 °/0), lui a coulé, avec nombre de tracas
et de veilles, des milliers de francs tirés de son propre
fonds, à cause des recherches d'érudition et des esquisses
répétées après lesquelles ont été dessinés seulement les
premiers traits de l'avant-projet.
C'est donc une utopie, c'est presque une calomnie, que
d'attribuer au désir de gagner de l'argent la tendance des
partisans, dans la juste mesure, de la restauration des
monuments.
Dernière observation : on a beaucoup critiqué l'emploi, à
Villers, d'une pierre neuve jaunâtre pour l'encadrement de
certaines baies de fenêtres ; on a dit, même à la Chambre
— 309 —
des Représentants, que l'emploi de ces matériaux était d'un
effet désastreux.
J'ai voulu en avoir le cœur net; voici l'expérience que
j'ai ordonnée.
On a pris, çà et là, dans des encadrements ruinés, des
morceaux de pierre jaune ancienne (1). J'ai fait dresser, sur
le sol, deux encadrements de baies, l'un composé avec ces
pierres jaunes anciennes ; l'autre avec des pierres jaunes
nouvelles. On a demandé à ceux qui n'étaient point au
courant de l'expérience de quel côté étaient les anciens
matériaux et de quel côté étaient les nouveaux.
Personne n'a pu faire la distinction.
On a fait un autre essai. L'entourage d'un fenestrage
a été composé d'un mélange de pierres anciennes et
nouvelles. Encore un coup, on n'a pu distinguer les unes
des autres.
D'où provient donc l'effet soi-disant désastreux invoqué
jusqu'au sein du Parlement? L'œil, habitué trop vite hélas I
au ton grisâtre d'une ruine désolée, s'est effarouché, avant
toute réflexion, à la vue d'une couleur jaune réapparaissant
et se détachant sur l'aspect terne et misérable des baies
dépouillées de leur encadrement. Est-ce qu'un aspect terne
et misérable saurait jamais appartenir à quelque forme pitto-
resque? Encore un coup, dans ce cas particulier, les artistes,
les savants et les t pittoresques » sérieux ne sauraient être
en désaccord.
Voilà, Messieurs, en quelques mots improvisés, ma
réponse aux objections qui ont fait le plus de tapage.
(*) Sar la provenance de ces pierres jaunes, voir Bulletin des Commis-
siont royales d'art et d'archéologie, tome XVil, 1878, p 275.
-^310 —
- Si ces observations ne donnent lieu à aucune communi-
cation immédiate, je demanderai à M. le Président d'accorder
la parole à M. Schuermans pour nous faire l'exposé qu'il
nous a annoncé.
M. Helbig, ff. de Président. — M. Schuermans a la
parole.
. M. Schuermans (Liège). — Messieurs, dans mes publica-
tions sur Villers, j'avais imprimé ceci (i) : « Reprise,
» comme par accès périodiques de fouilles indiscrètes (a)
» dans les caveaux encore existants en l'église ».
Conséquent avec cette prémisse, j'ai essayé, à votre
assemblée préparatoire, de faire supprimer Villers du n° t>
de l'ordre du jour.
J'avais eu la hardiesse grande de proposer à la Commis-
sion des monuments une déclaration d'incompétence. Je
n'ai pas réussi ; mais ma correspondance en fait foi : j'avais
prévu mon échec, et je m'en suis consolé par la concor-
dance de mon effort avec mes écrits.
Vous m'avez mis en demeure de m'exéculer ; je m'exécute.
La question posée est celle-ci : les travaux effectués ou
en cours deooécution à Villers revélent-ils un caractère scien-
tifique?
Je ne parlerai que de cela, m'abstenant de tout examen
au point de vue pittoresque ou artistique, autres membres de
la question.
V
(i) Annales de la Société archéologique de V arrondissement de Nivelles,
Vil (1899), p. 43, travail intitulé : Abbaye de Villers. Les reliques de la
B. Julienne de Cornillon.
(i) a Le mot indiscrètes n'est pas assez sévère ; mais à quoi bon signaler
» l'irréparable? Ce serait an scandale inutile, t
— 311 —
Même je ne parlerai que de l'église de l'abbaye; de plus,
ne disposant, de par le règlement, que d'un temps très
restreint, je m'abstiendrai de discuter le système scientifique
qui a présidé aux travaux de Villers : je m'occuperai de cela
à mon heure.
Aujourd'hui, je me bornerai à quelques faits principaux,
en m'abs tenant systématiquement des personnalités.
Les quinze minutes réglementaires ne me seront pas de
trop, rien que pour cela seul.
J'ai donc à parler de Villers au point de vue scienti-
fique.
Puisque science il y a, je constate que le dernier mot de
la science est ici le travail sur l'abbaye de Villers, publié en
1899, par M. Edgar de Prelle de la Nieppe, dans notre
Bulletin des Commissions royales dart et d'archéologie (i).
Vu l'importance de la matière, ce travail avait été soumis
à un contrôle très sérieux, je dirai même sévère, de la part
du Comité de ce Bulletin, dont je fais partie. Tandis que
l'un des rapporteurs, un maitre en archéologie religieuse,
examinait, au point de vue de sa spécialité, le mémoire où il
a indiqué des corrections importantes, moi, de mon côté, je
me suis -appliqué à n'y rien laisser passer qui ne fût appuyé
par certains inédits, découverts récemment en des biblio-
thèques et archives de Belgique et de l'étranger.
Voici la conclusion du travail de M. de Prelle de la
Nieppe :
1° L'est de l'église a été commencé par saint Bernard
(i) Bulletin des Commissions royales (Fart et d'archéologie, XXXVIII
(1899), page 37.
_ 314 —
lui-même, puis achevé (jusqu'à un certain point, transept
compris), ayant 1200;
2* Le nord de l'église (chapelles latérales) a été construit
avant 1300.
Ces données, qui sont celles de Gramaye et de Sanderus,
comme de la Chronique de Villers, ne sont pas celles des
monographes de Villers, du siècle passé, antérieurs à M. de
Prelle (dont l'œuvre a paru en 1899 seulement).
I. — Parmi les faits antérieurs à l'acquisition de l'État en
1895, je n'ai pas à critiquer les travaux effectués à Villers
par les précédents propriétaires, qui, d'ailleurs, se sont
bornés à faire office de destructeurs.
Cependant je découvre un document officiel dont je me
reprocherais de ne pas vous signaler la tendance anti-scienli-
fique.
Je lis dans un rapport adressé au Département de Tinté-
rieur par le Comité des correspondants du Brabant (que mes
honorables collègues m'excusent de les critiquer; ils savent
que je ne parle que l'épée dans les reins) : « Le monument
(l'église de l'abbaye de Villers) gagnerait par la suppression
des chapelles du xve siècle, accolées au côté nord • .
Depuis la découverte provoquée par moi — je m'en fais
un titre d'honneur — de cerlain document tiré des archives
de l'archevêché de Malines, il n'est plus permis aujourd'hui
d'ignorer que les neuf chapelles nord ne sont pas du xv'
siècle; qu'elles furent consacrées en 1243, 1251, 1280 et
par conséquent avaient été bâties avant 1300, et ce en verlu
d'un bref papal de l'an 1234 qui permit à l'abbé de Villers
d'enterrer les bienfaiteurs du monastère, dans les chapelles
fondées par eux, ce qui eut lieu pour plusieurs.
— 313 —
Indépendamment de la profanation des sépultures de ces
chapelles que ne légitimerait ici aucune nécessité publique,
supprimer de pareilles annexes serait un acte de lèse-
archéologie, comme le serait la démolition du portique de
Lambert Lombard à Saint-Jacques de Liège, autre construc-
tion adventive des siècles ultérieurs.
Si Ton veut revoir dans toute sa simplicité grandiose, le
type primitif de l'église, celui qu'a créé saint Bernard
lui-même quand, de l'abbaye de Foigny, près de Vervins,
où il s'était établi à celte fin, il présidait à la construction de
nos abbayes de Villers,de Gambron, etc., qu'on édifie quelque
part un fac-similé complet de l'église de Villers, sans ses
chapelles nord. Mais qu'on ne touche pas à ces dernières!
Je pense bien que cette motion ne trouvera pas de contra-
dicteurs. Or, comme cela se détache fort nettement de ce qui
me reste à dire, je vous propose, Monsieur le Président, de
m'interrompre ici et de donner la parole aux membres qui
voudraient me contredire.
M. le Président. — Il en sera ainsi, si personne n'y voit
d'inconvénient. Quelqu'un demande-l-il la parole?
M. Licot. — Je n'ai qu'un mot à dire : Jamais je n'ai
songé à supprimer les chapelles septentrionales.
M. Schuermans. — Je saisis cette occasion de me mettre
complètement d'accord avec M. Licot : le rapport cité est
du 7 avril 1878, époque où M. Licol ne faisait pas encore
partie du Comité brabançon.
II. — Avant l'acquisition par l'État, en 1893, l'aire du
sol, dans l'église de Villers, était surhaussée par l'accumu-
lation de trois mille mètres cubes de débris, etc.
— 3U —
Là se trouvaient enfouis une quantité de menus indices
révélateurs des emplacements respectifs des chapelles, tom-
beaux, etc.
La preuve de cette surabondance est dans une lettre
adressée à M. Galesloot et imprimée par celui-ci dans le
Messager des sciences historiques (i), où je lis : c En faisant
des fouilles dans le transept, j'ai découvert de nombreux
fragments et il m'a été impossible de les apporter tous à
Bruxelles; mais les quelques débris d'ornements que je
possède... sont sculptés avec une habileté prodigieuse. Ils
proviennent des dais qui surmontaient les niches dont
le soubassement du tombeau (du duc Jean III) était
garni » .
En 1883, on retrouvait donc encore dans le sol de menus
restes du monument dû au ciseau de Golart Garnet...
Aujourd'hui, une controverse s'est élevée sur l'empla-
cement de la chapelle de Saint-Bernard ; si les choses étaient
restées entières, il aurait suffi de mettre la main, dans le
sol, sur quelque menu débris de bronze, de jaspe, d'onyx,
de fleur sculptée en marbre noir, de peinture murale,
d'inscription lapidaire, comme les auteurs en décrivent dans
la chapelle en question.
Plus rien ; le sol avait été soigneusement nettoyé...
Voici, à mon avis, ce qu'il aurait fallu faire, non pas certes
pour les dix-sept mille mètres cubes de déblais de l'abbaye
entière, mais au moins pour les trois mille de l'église : cribler
au tamis les terres enlevées; puis déposer les tas en jlfis.
endroits distincts pour les différentes chapelles.
(i) LI, année 1883, p. 484.
I
— 318 —
Aujourd'hui, quand on veut connaître le sort des débris,
on apprend qu'ils ont servi, en 1893 et 1894, à combler la
partie du vivier de l'abbaye qui était à gauche du chemin
moderne vers la station.
L'impossibilité de déterminer désormais l'emplacement de
la chapelle cherchée a suscité les fouilles indiscrètes de 1895
et de 1898...
III. — Voici comment les travaux de Villers pra-
tiquent aujourd'hui le respect des sépultures ; laisser scru-
puleusement en place les ossements des défunts, à moins
que des nécessités (par exemple, de travaux publics) n'en
exigent impérieusement le déplacement ; dans ce cas, on
creuse une nouvelle fosse à proximité.
Ces égards pour la dépouille de simples moines, les tra-
vaux de Villers auraient dû les avoir, je dirai non pas
surtout, mais même pour celle des anciens souverains et
celle des fondateurs de l'abbaye...
Ce n'est pas ce qui a eu lieu.
Ici, je suis forcé de citer personnellement feu l'architecte
De Wit, de résidence à Villers ; mais c'est pour rendre hom-
mage à l'exactitude de ses renseignements, soigneusement
contrôlée par moi, et à son grand souci de correction admi-
nistrative dont je puis fournir la preuve.
Voici les détails que je tiens personnellement de lui :
Le tombeau double de Henri II, duc de Brabant, et de sa
femme Sophie de Thuringe, est placé des deux côtés de la
ligne séparalive entre le chœur où est le mailre-autel, et la
chapelle de Saint-Jean-Baptiste; ce tombeau est composé
de deux loges : l'une, la plus honorable et par conséquent la
principale, plus large, fut occupée la première; l'autre,
— 346 —
secondaire, plus étroite, occupée plus tard, est le compar-
timent du côté de la chapelle.
Le 25 avril 1895, les travaux de Villers, dans le tréfonds
du sol de la chapelle citée de Saint-Jean-Baptiste, atteignirent
un mur en moellons qui Tut défoncé.
Derrière ce mur, on trouva une loge de caveau, avec
ossements entourés de plâtre, qui furent transportés dans un
hangar dépendant de l'habitation de M. De Wit, et qui furent
placés dans une caisse que j'ai vue et qui, à mon avis, ne
protégeait pas suffisamment son contenu contre la dent des
rats...
Les travaux continuèrent et, le 4 mai seulement, attei-
gnirent le compartiment du même caveau correspondant au
chœur, ou, au moins, on laissa reposer en paix les restes
qu'on y découvrit.
On me présenta le squelette du hangar comme étant celui
du duc Henri II.
Malgré la maigreur de mes connaissances en physiologie
(dues uniquement à un cours très ancien de médecine légale),
rien qu'à la conformation du bassin, je reconnus un squelette
féminin : d'ailleurs le caveau secondaire, moins large, occupé
après l'autre, tout indiquait Sophie de Thuringe, qui mourut
longtemps après son mari, à l'étranger : de là la nécessité
d'un transport lointain ayant nécessité le coulage, par
mesure hygiénique, d'une couche de plâtre dans le cercueil.
Je communiquai à M. De Wit le procès-verbal de l'enter-
rement de Sophie de Thuringe à Villers, où un contemporain
de cet enterrement (ce qui a été reconnu à l'examen paléo-
graphique de la pièce), constate de visu le placement des
restes de Sophie la défunte dans le compartiment de caveau
— 317 —
qu'on défonça en avril 1895. Je donnerai en note ce docu-
ment important qui fait partie de ceux que j'ai découverts (<)•
Vérification faite à loisir, M. De Wit prit des mesures
comparatives sur chacun des deux squelettes et m'informa
qu'il se rendait...
Dans le hangar, reposait donc bien Sophie de Thuringe,
la princesse — détail qui certes intéressera les personnes
pieuses — de qui provient la statuette miraculeuse de Hal
qu'elle tenait de sa mère, sainte Elisabeth.
Et ces ossements de Sophie de Thuringe, voilà ce que
pendant quatre ans on a exhibé comme étant le squelette
d'un duc deBrabant...
Quatre ans, oui quatre ans! En mai 1899, les ossements
de Sophie de Thuringe étaient encore dans le hangar.
Qu'on ne vienne donc pas parler de dépôt provisoire, en
attendant soit des travaux au caveau, soit un plan pour le
cénotaphe...
IV. — Ici un épisode assez original.
D'aucuns qui avaient lu le cours d'histoire nationale de
l'abbé Namèche, se sont avisés de soutenir que Sophie de
Thuringe avait été enterrée, non pas à Villers, en 1275, mais
à Marbourg, en 1 284, dans l'église consacrée à sa mère,
sainte Elisabeth de Hongrie.
On ajoutait que notre tradition de posséder en Belgique
0) De obitu et sepultura gloriosi Henrici ducis Brabantiœ et uxoris ejns
Sophie, béate Elysabeth filie. « Anno Domini M0CC°XLVIII0 Kalendis
febrnarii, obiit Henricus gloriosus dax Brabantie. Postea anno Domini
M-CC*LXXVe, IIII Kalendas junii, obiit domina Sophia, filia sancte Elisa-
beth eJQS uxor. Reconditi in mansoleo jnxta altare sancti Johannis Baptiste.
lia quod corpus domini ducis versus majus altare, corpus vero ducisse
versus altare sancti Johannis Baptiste. In singulis loculis snnt locata ».
— 348 —
la sépulture de la duchesse Sophie, était controuvée et sévè-
rement jugée à Tétranger ; que les archives de Marbonrg
sont pleines de documents réduisant à néant de pareilles
prétentions; que si nous maintenions celles-ci, il y aurait
des protestations...
On ajoutait encore que, si le tombeau de Villers contient
une sépulture de femme, il s'agit sans doute de Marie de
Souabe, première épouse de Henri II.
Voyez donc ça ! Sophie de Thuringe, la jeune veuve
éprouvée par un deuil récent, ne s'étant pas réservé pour
elle-même la loge ménagée à côté de son époux, mais ayant
eu le souci d'y faire placer le corps de sa devancière, morte
depuis douze ans et exhumée pour la circonstance !
C'était tellement absurde que je ne résistai pas à ma
curiosité : j'en référai au redoutable archiviste de Marbourg.
Or, pas un mot de vrai i
Loin de posséder des documents sur Sophie de Thuringe,
l'archiviste m'en demande et je les lui ai fournis, abon-
dants.
Depuis longtemps, ajoute-l-il, on est fixé en Allemagne
sur Terreur du comte de Montalemberl (copié par Namèche).
À Marbourg, il avait pris le tombeau d'Alhéïde de Brunswick,
morte en 1284, pour celui de sa belle-mère, enterrée à Vil-
lers depuis l'an 1275...
L'archiviste de Marbourg m'a fait remarquer d'ailleurs que
l'obituaire de l'Ordre teutonique, à Marbourg, pour la com-
mémoration de Sophie de Thuringe, omet la mention hic
sepulta (ici enterrée), caractérisant les tombeaux qui corres-
pondent à des sépultures effectives.
Ici, loin de critiquer les travaux de Villers^ je lesféli-
— 319 —
cite : ils Font échappé belle en résistant aux suggestions
aoliscientifiques qui ont pu leur venir de ce côté.
V. — J'ai ressenti du malaise en lisant certains dithy-
rambes de la presse à propos des travaux de Villers.
Assurément je n'impute pas aux auteurs de ces travaux
une participation à ce qu'ont publié les journaux, ni surtout
à la phrase malencontreuse que voici, imprimée après la
description du tombeau violé de Henri II : c Les travaux
> vont être repris sous peu dans le bas-côté du transept
> méridional, où Ton ESPÈRE mettre au jour les restes de
> Jean III, duc de Brabant. »
Annoncer qu'on allait, sous l'autorité du Gouvernement,
pour satisfaire à la curiosité des badauds, violer la sépulture
d'un de nos anciens souverains ! . . .
Il y avait là de quoi émouvoir le Gouvernement, qui estima,
avec raison, que sa responsabilité était en jeu; un arrêté
royal du 3 juillet 1895 créa un Comité chargé : 1° «de sur-
» veiller les fouilles pratiquées dans les ruines de l'ancienne
> abbaye de Villers » et 2° c de donner son avis sur les
> mesures à prendre au sujet des découvertes qui pourraient
» être faites dans les ruines » .
Il y a certes lieu d'approuver le Gouvernement au sujet
de celte institution.
Mais j'ai été curieux de constater combien de fois ce
Comité s'est réuni; trois fois : le 18 juillet 4895, le 3 sep-
tembre 1896 et le 2 décembre 1897...
M. le Directeur des Bâtiments civils nous a appris, à
rassemblée préparatoire, qu'il y a eu, durant les cinq der-
nières années, une quatrième réunion dudil Comité...
Est-ce suffisant? Comment un comité, non résidant, peut-il
— 530 —
ainsi réaliser efficacement la première de ses charges, la
surveillance?
Quant à la seconde des dites charges : avis à donner au
sujet des découvertes qui pourraient être faites dans les ruines,
c'était bien, en 1898, le moment d'en provoquer l'exercice.
Alors sévissait, chez les gens pieux, une fièvre aiguë ; ils
voulaient, à tout prix, retrouver les ossements de la
B. Julienne de Corn i lion, dans le tréfonds du sol où ils n'ont
jamais été (i) : à sa mort, en effet, sa dépouille fut immédia*
le ment placée parmi les reliques du monastère et plus tard,
en 4599, on se serait bien gardé, liturgiquement, de faire
« rentrer sous terre » des reliques déjà honorées du prélimi-
naire canonique de la sanctification : l'élévation sur les
autels.
De plus, on se faisait illosioa en recherchant un squelette
entier : depuis le xvie siècle, les reliques des saints du monas-
tère, dont Julienne, avaient été irrémédiablement confondues
en un amalgame indistinct.
Au lieu de soumettre la demande d'opérer des fouilles à
(i) C'est surtout dans la dernière chapelle, la neuvième à gauche en
entrant, que certains auteurs du xiz* siècle se sont appliques à retrouver
celle où l'abbé Henrion, en 1599, transféra les reliques du monastère.
Pendant les trois siècles antérieur*, il y a unanimité pour désigner, au
contraire, la première à gauche en entrant :
xvi* siècle, Gbimayb (contemporain, puisqu'il dédie son livre à l'abbé
Henrion, auteur de la translation de 1599) : c Templum ingressis, ad
laevam, primuin in ordine (c'est-à-dire dans la série, en rang).
xtii* siècle, Sakdbbus : Templum ingresBis ad laevam occurrunt
sacella. Primum in ordine... ».
xvm* siècle, Papbbboch : « Sacellum ad sinistram occurrit ingredien-
tibus Villariense templum... ».
C'est la thèse reprise au seuil du xx* siècle, par M. Edgar db Prblls
db hk Nibppb, dam son travail de 1899.
— 321 — -
lavis du Comité de 1895, qui lui aurait dit tout cela, le
Gouvernement y accéda d'emblée, influencé peut-être par
récrit d'un haut personnage ecclésiastique qui, juste en
1898, parlant de l'incertitude entre plusieurs chapelles pour
y découvrir les reliques cherchées, s'écriait : c Qu'on les
fouille toutes ! »
Sous le couvert de l'autorisation gouvernementale, on se
mit à bouleverser les tombeaux des chapelles, à tort et à
travers. C'est ainsi que, dans la chapelle de Malève, on est
allé troubler dans sa tombe le porte-bannière de Brabanl à la
bataille de Woeringen, Raes de Grez dont on avait d'abord
pris les restes pour ceux de sainte Julienne. (Hilarité)...
Ici, un squelette d'homme, pris pour celui d'une femme,
à l'inverse de Sophie de Thuringe pour Henri II...
El, d'après ce que j'ai compris dans les explications
données sur ce point avant-hier, il n'aurait été accordé que
des autorisations simplement orales.
Moyen commode certes pour un membre du Gouverne-
ment de se dégager de toute responsabilité ministérielle : ne
pas laisser de trace de ses actes !
Mais comment la Direction des bâtiments civils n'a-t-elle
pas empêché des tiers non munis d'un ordre écrit, en due
forme, d'opérer des fouilles dans l'église de Villers?
Le quart d'heure réglementaire est accompli; aussi bien
ai-je dit tout ce que j'avais à dire aujourd'hui.
M. Licot (Schaerbeek). — Dans les travaux de Villers, il
s'est agi tout d'abord d'effectuer le déblai des matériaux
accumulés sur le sol par suite des effondrements. Il y avait
des décombres sur toute l'étendue de l'abbaye. Dans l'église
— 5M —
notamment, ils s'élevaient jusqu'à 6 mètres à peu près. On
peut s'en assurer sur les lieux. Nous avons fait un tracé sur
murs, à l'aide de lignes rouges, indiquant les hauteurs
qu'atteignait le monceau de décombres. C'est en les
enlevant que nous avons découvert des ossements en divers
lieux. Mais avec la plus grande circonspection, avec la plus
grande déférence, nous avons remis ces ossements soit dans
les caveaux d'où ils provenaient, soit là où ils avaient été
découverts.
Le corps de Henri II était dans un caveau. Il a été déposé
quelque temps dans la salle servant de musée archéologique.
M. Schuermàns. — Il est resté dans le tombeau.
M. Licot. — C'était le corps de la duchesse.
M. Schuermàns. — Vous vous exposez à des démentis, à
l'aide de pièces officielles de l'époque.
M. Lagasse-de Locht (Bruxelles). — Je ne veux dire que
quelques mots au sujet du corps qui a été déposé dans le
bâtiment attenant à l'habitation de feu M. De Wit, et qui
sert provisoirement de musée archéologique. Peu importe
que ce soit le corps du duc ou celui de la duchesse. Seule-
ment, le corps, déposé là, y est resté dans les meilleures
conditions possibles, sous la garde consciencieuse de feu
De Wit, auquel M. Schuermàns a rendu un juste hommage.
Si la Commission des fouilles ne s'est pas réunie plus
souvent, c'est qu'elle n'en a pas vu la nécessité.
Lorsque des ossements ont été découverts, immédiate-
ment après on les a remis en place, ainsi que Fa dit
M. Licot.
— 323 —
On a fait des caveaux là où il n'y en avail pas, pour
recueillir certains ossements éparpillés.
11 esl arrivé une fois, suivant la remarque de M. Schuer-
mans, qu'une fouille a été pratiquée avec l'autorisation
supérieure, mais cela s'est passé à l'insu et sans l'intermé-
diaire soit du Comité des fouilles, soit du service des Bâti-
ments civils. Je le répèle, ce cas s'est présenté une seule
fois et ne se reproduira plus.
M. Schuermans (Liège). — Voici, Messieurs, la traduc-
tion du document dont je vous parlais tantôt au sujet de la
sépulture du duc Henri II et de la duchesse :
« Mort et sépulture de Henri H et de sa femme, fille
de S. Elisabeth.
» L'an 1247, aux calendes de février, est mort le duc
Henri. Ensuite, l'an 1275, le 4 des calendes de juin, est
morte Sophie, fille de S. Elisabeth, sa femme. Ils furent
enterrés dans un mausolée près l'autel de S. -Jean-Baptiste,
le corps du duc vers le maitre-autel, le corps de la duchesse
vers l'autel de S.-Jean-Bapiisle, chaque corps dans un
caveau distinct. »
Voilà un document péremploire et qui nous permet
d'affirmer que le corps prétendu du duc qui a reposé
quelque temps dans le musée provisoire annexé à l'habi-
tation de feu De Wit, est le corps de Sophie de Thuringe,
la duchesse.
On discute à perte de vue sur l'emplacement de la
chapelle de Saint-Bernard. On prétend aujourd'hui, contrai-
rement au témoignage des historiens, que la chapelle où,
en 1599, on a déposé les reliques du monastère, se trouvait
au nord du transept.
— 324 —
Je donne en noie (i) les passages de Gramaye, qui peut
être considéré comme élant du xvi* siècle ; de Sanderus, au
siècle suivant, et de Papebroch, au xvma siècle. Les auteurs
de ces trois siècles sont unanimes pour reconnaître que Fou
rencontre la première chapelle dont ils parlent, à feutrée
de l'église, en y pénétrant par le fond, à gauche.
Je ne veux certes pas prétendre que tous les débris de
Villers eussent dû être passés au crible; mais n'eùt-il pas
fallu trier à part les débris de chaque chapelle ? Cela certai-
nement aurait tranché la question en ce qui concerne la
chapelle de Saint-Bernard, au sujet de laquelle on discute
tant aujourd'hui.
En effet, lorsque l'on a procédé à des fouilles dans le
monument, on y a trouvé des marbres, des bronzes, des
inscriptions, des peintures, et de tous ces débris on n'a abso-
lument rien laissé. Tout a été transporté, en 1893 et en 1894,
dans un endroit appelé le Vivier, à l'entrée de l'abbaye, du
côté du village, et là tout a été jeté pêle-mêle.
On ne me dira pas que les anciens propriétaires n'avaient
rien laissé debout. Us étaient loin d'avoir enlevé tous les
(i) Voici, sans commentaires, les trois passages annoncés, où il s'agit
bien certainement de rentrée de l'église, par le fond, à gauche :
Gramaye : a Templmn ingressis ad îaevam, varia sacella; prinram in
ordiue... »
Sanderus : « Templuin iugressis ad laevam in oculos occurrunt varia
sacella, Primumin ordine... »
Papebroch : a Sacellum ad tinistram occurrit ingredientibus eccle-
aiam... »
Dans ces trois passages, absolument concordants, il s'agit de la chapelle
de Saint -Bernard, qu'on rencontrait la première à gauche en entrant dans
l'église par le fond; il est impossible d'appliquer cela, comme on Ta
essayé, à la chapelle de la Sainte-Trinité, qui était la dernière à gauche,
lorsqu'on pénétrait dans le temple par l'entrée de l'ouest.
— 3*23 —
débris. J'en trouve la preuve dans une lettre adressée à
M. Galesloot et qui a paru dans le Messager des Sciences de
Gaod. Dans cette lettre, M. Licot lui-même affirme qu'il a
été dans le chœur de l'église de Villers découvert un grand
nombre de débris provenant des sépultures, notamment des
fragments de marbre noir qui avaient dû appartenir au
tombeau de Jean III.
M. Licot (Schaerbeek). — Il a élé fait présent du tombeau
de Jean III au musée archéologique de Nivelles ; ce n'est pas
dans le chœur, mais dans le transept qu'on l'a trouvé.
M. Lagasse-de Locht (Bruxelles). — Voici ce que je vou-
drais répondre très brièvement à M. Schuermans :
Il y a eu, à l'abbaye de Villers, 17,000 mètres cubes de
débris déblayés et enlevés. M. Schuermans n'a pas demandé
qu'on les passât tous au tamis. Il a eu soin de dire qu'il ne
s'agissait que des débris des chapelles. Or, précisément tous
ces débris provenant des chapelles ont été examinés avec un
soin scrupuleux, extraordinaire, non seulement par M. Licot,
mais encore par M. De Wit, en qui M. Schuermans avait, à
juste litre, pleine confiance. On peut le dire : M. De Wit s'est
dévoué, pendant toute sa carrière trop courte, à l'abbaye de
Villers. Il y a été victime de son dévouement. Tout a été
minutieusement et consciencieusement examiné par cet
homme aussi dévoué que savant et modeste. Ne l'oublions
pas : les déblais ont été faits partout et notamment là où
reposaient les restes du duc Henri II et de la duchesse
Sophie de Thuringe.
En cet endroit, on a retrouvé de nombreux débris du
mausolée des deux illustres époux On peut les voir, bien
— 526 —
classés, dans le musée provisoire dont il a déjà été question.
Ailleurs, l'on a relire une ardoise sur laquelle l'horaire du
couvent était écrit en écriture romane. Ce curieux spécimen a
été envoyé à la Bibliothèque royale el a fait l'objet d'un
travail très remarquable de M. l'avocat Sheridao. On n'a
rien trouvé de plus qui soit intéressant au point de vue histo-
rique et scientifique. Il faut, quoiqu'on ait dit M. Schuer-
mans, attribuer ce maigre résultat aux dévastations
incroyables des propriétaires anciens. Pendant quarante ou
cinquante années, nous avons pu, nous les anciens fidèles de
Villers, mesurer la progression sans cesse croissante des
dévastations barbares. Contrairement à l'avis de mon savant
contradicteur, nous pouvons l'affirmer : tout ce qu'il a été
possible de sauver des restes de l'abbaye, a été conserve
précieusement. Je regrette, comme lui, que l'on n'ait pas
trouvé plus de débris capables d'aider à terminer les
discussions sur Villers.
Ceux qui auront bien étudié le dernier travail de M. Edgar
de Prelle de la Nieppe sur Villers, seront édifiés au sujet du
véritable emplacement de la chapelle de Saint- Bernard, où se
trouvaient dans le temps les reliques spéciales du monas-
tère.
M. Schuermans. — Je partage complètement ce sentiment
au sujet de l'emplacement de la chapelle de Saint-Bernard.
M. Licot. — Vous parlez de la chapelle de Saint-Bernard.
11 n'y a plus de doute à cet égard et je tâcherai de vous le
prouver dans un travail que je publierai très prochaine-
ment.
M. Schuermans. — Je serai très heureux de le lire.
— 327 «
M. Licot. — En faisant état des documents inédits dont
parlait tout à l'heure M. Schucrmans.
M. Schuermans. — J'invoquerai plus lard tous ces docu-
ments inédits. Je liens à ce que la sténographie prenne bien
noie de ma menace.
M. Helbig, ff. de Président. — Je pense que celte discus-
sion, très intéressante, peut être considérée comme actuel-
lement épuisée, en présence surtout de cette déclaration
à laquelle nous adhérons tous, que les fouilles ont été
consciencieusement exécutées.
Il me reste, avant de lever la séanee, à remercier
M. le chevalier Marchai d'avoir bien voulu mettre ce local à
notre disposition, et k nous ajourner à l'année prochaine.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
»
*
" t, i
IMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SEANCES
38 8, 15, 22 et 29 novembre; des 6, 18, 20 et 27 décembre 1902.
PEINTURE ET SCULPTURE.
Des avis favorables ont été émis sur :
1° La proposition de confier à M. Van Landuyt la
tauralion de trois (ableaux qui se trouvent dans l'église
Molhem-Bollebeek (Brabant);
2° Le projet de peintures décoratives à exécuter dans
glise de Somzée (Namur); auteur, M. Enderlé-Maréchal ;
3° Le projet relatif à la décoration picturale de l'église
Îaslièrc-Lavaux (Namur) ;
4° Le projet relatif à l'exécution de peintures murales
ns l'église d'Iseghem (Flandre occidentale), sous la
serve de prolonger la litre sur toute l'étendue du mur de
id, afin de mieux relier l'ensemble du travail décoratif;
leur, M. Wybo;
Église
de Nolbem-
Bollebcek
Tableaux.
Église
de Somxée.
Décoration.
Église
d'Haslicre*
La vaux.
Décoration.
Église
d'Iseghem.
Décoration.
- 330 —
Égiite S0 Les dessins de vitraux à placer dans l'église d'Iseghem
viiwnx. (Flandre occidentale), à la condition qu'au cours de l'exé-
cution du travail il sera tenu compte des observations
présentées par M. le baron Bethune; auteur, M. Dobbelaere;
Égi^ d0 6° Les dessins de vitraux à placer dans l'église de Rebecq-
RebecqoRognon .
viimi. Rognon (Brabant); auteur, M. Teller;
c.ibédraie 7° Le projet relatif à la reconstitution de l'ancien vitrail
de Bruges*
vura.l de |a chapelle de Saint-Joseph, en l'église cathédrale de
Bruges (Flandre occidentale). II y a toutefois trop de
symétrie et de lourdeur dans la partie inférieure des drape-
ries des anges du tympan. Vu l'importance de cette verrière,
il y a lieu d'en compléter d'abord une lumière. Lorsque
cette partie du travail sera terminée et mise en place, le
Collège la fera examiner par des délégués; auteur,
M. Goucke;
Égiiseda 8° Les projets de deux vitraux peints destinés à l'église
*îiiSui "' ^e Saint-Martin, à Hal (Brabant); auteur, M. Casier;
Égiiw 9° Le projet d'un vitrail à placer dans le chœur de
de Zcpperea. '
viuaii. l'église de Zepperen (Limbourg), sous la réserve que
l'auteur, M. Bardenhewer, supprimera les banderolles des
réseaux et les remplacera par des motifs plus sérieux. Au
cours de l'exécution, il importera de soigner tout particu-
lièrement le dessin et la coloration ainsi que le choix du
verre, qui doit être très translucide. Lorsque cette verrière
sera exécutée et mise en place, elle sera examinée par des
délégués avant que les autres vitraux ne soient exécutés;
Égii.e de 10° Le projet de vitrail destiné à la baie centrale du
kvur!'i?' chœur de l'église de Sainte-Gertrude, à Nivelles (Brabant).
Celle étude a reçu l'entière approbation du Collège, qui
a adressé ses félicitations à l'auteur, M. Casier, pour ce
— 331 —
travail difficile et consciencieux. L'attention du peintre a
cependant été attirée sur l'utilité de tracer une seconde
bande dans la robe du Christ, afin d'en rompre la monotonie.
Le programme des verrières à placer ultérieurement dans
le chœur de la collégiale de Nivelles parait pouvoir être
admis. L'auteur a été engagé toutefois à s'assurer si Pépin
de Landen est bien rangé, comme le Collège le croit, parmi
les Bienheureux ;
41° La nouvelle soumission de M. Wilmotte, en date du
30 juin 4902, concernant le travail de restauration du
tabernacle en cuivre de l'église de Bocholt (Limbourg). La
Commission a insisté tout particulièrement pour que le
travail projeté soit borné au strict nécessaire. Lorsque la
restauration sera terminée, le Collège fera procéder à
l'examen de l'œuvre d'art dont il s'agit. Aucune pièce de
celle-ci ne pourra être nettoyée ni patinée. Le tabernacle de
Bocholt étant une œuvre de dinanderie importante, on ne
peut qu'engager l'État à se montrer très généreux dans
l'allocation de ses subsides.
— Il a été procédé, le 17 novembre 4902, dans l'église
de Lembecq lez Hal, à l'examen de la fresque représentant
le Jugement dernier, exécutée par M. De Geetere au-dessus
de Parc triomphal.
II résulte de cet examen, auquel assistait M. Dumortier,
membre du Comité des correspondants du Brabant, que
l'œuvre d'art dont il s'agit a été exécutée d'une façon très
satisfaisante.
En conséquence, rien ne s'oppose à ce que le subside
promis, sur les fonds des Beaux-Arts, en vue de ce travail
décoratif» soit liquidé.
Église
de Bocholt.
Tabernacle.
Eglise
de Lembecq
lez Hal.
Fresque.
— 332 —
unitmiié — A la demande de l'administration communale de
Je Garni.
Peinture*, QAn^9 j| a £(é procédé, le 1" décembre 1902, à un nouvel
el minutieux examen des peintures du grand vestibule de
l'université de cette ville.
MM. l'échevin Bodart, l'architecte de la ville et son
adjoint, ainsi que MM. Serrure, De Geulenecr et Lybaert,
membres du Comité des correspondants de la Flandre
orientale, assistaient à cet examen.
Cette visite a démontré, comme les précédentes, que l'état
de dégradation des peintures doit être attribué à plusieurs
causes, notamment aux fuites d'eau provenantes chéneaux
entre la rotonde et le vestibule; à la non- protection exté-
rieure contre les pluies, du mur exposé à l'ouest; à l'atmos-
phère de la salle, qui est froide et humide; au manque
d'aérage, etc.
Mais la cause principale de l'état de choses signalé pro-
vient évidemment des fuites d'eau par les chéneaux. Les
traces très visibles et très importantes de ces infiltrations
existent encore dans le mur où les peintures sont le plus
endommagées; ces traces se voient surtout du côté delà
rotonde; il y en a même une assez récente où l'enduit est
encore humide
Ainsi qu'on l'a déjà déclaré, le 8 août 1902, des travaux
très importants onlété effectués aux gouttières et aux toitures,
précisément aux endroits où les infiltrations se produisaient.
Sans s'arrêter aux assertions désagréables pour la Com-
mission, de la lettre de l'administration communale, le
Collège se bornera à faire remarquer que si cette adminis-
tration avait fait procéder plus tôt à l'examen minutieux
qu'elle devait faire, elle aurait, sans aucun doute, mis plus
— 533 —
de retenue dans sa réponse. Du reste, les représentante de
ce Collège qui assistaient à la dernière visite, n'ont pu man-
quer de reconnaître la justesse des conclusions des rapports
précédents. Les observations qui ont été produites surplace
parun membre correspondant de la Commission royale et
par l'architecte de la ville au sujet de l'exécution des fresques
sont sans doute très intéressantes. Il n'en est pas moins vrai
que les faits graves signalés par la Commission subsistent
et qu'ils ont été reconnus comme vrais par l'administration
communale elle-même, puisqu'elle y a porté remède après
les constatations de la Commission royale.
Les travaux effectués après l'envoi du rapport du
15 mars 1902, ne sont nullement des ouvrages d'entretien
et d'amélioration, comme on l'affirmait, mais des réfections
très importantes. M. le Président a tenu à s'en assurer
personnellement en cheminant le long d'une corniche d'un
bâtiment universitaire pour se rendre ainsi, lors de la visite
du 1er décembre, en l'aimable compagnie de M. l'architecte
adjoint, jusque dans la noue profonde existant entre le
vestibule décoré et la rotonde. M. l'Inspecteur général
Lagasse-de Locht y a constaté que le revêtement en zinc a
été renouvelé en grande partie et surhaussé d'environ Om40,
afin de parer aux infiltrations résultant des accumulations
d'eau antérieures dans ce vaste bac à neige. Il y a constaté
aussi les soins apportés pour que le débouché de la descente
d'eau soit toujours mis à l'abri des débris d'ardoises, de
feuilles, etc., qui bien souvent auparavant l'ont obstrué.
Telle est l'importance des travaux ainsi effectués depuis le
13 mars 1902 que M. le Président a félicité, sur place,
AI. l'architecte adjoint au sujet de leur bonne exécution.
— 334 —
Au surplus, si tout avait été si parfait avant mars dernier,
pourquoi serait-on occupé aujourd'hui encore à enduire, à
l'extérieur, le mur exposé à l'ouest? Pourquoi améliore-l-on
la ventilation par les jours latéraux du vestibule?
La Commission ne considère pas comme une opération
parfaite l'enduit extérieur du mur exposé à l'ouest. Elle aura
pour conséquence d'enfermer dans le mur l'humidité qui s'y
est accumulée. Il eût mieux valu, comme l'indiquaient les
rapports antérieurs, recouvrir ce mur d'ardoises ou de zinc;
ce recouvrement, en empêchant l'humidité de s'introduire
graduellement dans les maçonneries, n'aurait mis aucun
obstacle à l'évaporation de celle qui peut encore s'y trouver
concentrée aujourd'hui.
Ëgiue — Suivant le conseil donné par la Commission, dans son
de Biesme- ■
MTiHm rapport du 12 avril 1901, M. le curé de Biesme-Colonoise
(Namur) a cherché à débarrasser les colonnes et les arcades
de l'église de cette localité du plâtrage qui y a été appliqué
aux siècles écoulés.
Ce travail a fait découvrir, sur le piédroit nord de Tare
triomphal, des restes de peintures murales qui paraissent
remonter à la première moitié du xviê siècle.
En dessous est représenté l'Agneau de Dieu laissant
échapper le saint sang dans un calice et surmonté d'une
bannière avec banderolle.
Plus haut est représenté le prophète David avec la harpe
et, enfin, des anges et des ornements.
Au-dessus des banderolles on lit, en caractères gothiques,
ces paroles des Psaumes :
fiûubûte eum in d)oro et tgmpano.
faubatr cum in cortie rt organo.
— 535 —
Sur le piédroit sud du même arc triomphal, il y a eu
également des peintures murales, mais celles-ci ont disparu.
Il semble, d'après quelques vestiges de couleur, que la
décoration se continuait vers les bras du transept.
Les recherches opérées dans d'autres parties de l'édifice
n'ont pas abouti.
Les peintures dont il s'agit ne sont pas d'une valeur artis-
tique marquante. Leur principal intérêt est de permettre de
constater que nos édifices religieux du moyen âge ont été
décorés de peintures murales, même dans les localités les
plus reculées de nos provinces.
II n'y a aucune mesure à prendre à l'égard de ces vestiges
de décoration. Ces restes doivent être conservés tels qu'ils
ont été retrouvés.
Si, au cours des travaux de restauration et d'agrandisse-
ment de l'église, que l'on sera amené à exécuter dans un
avenir peu éloigné, les peintures dont il s'agit créaient un
obstacle sérieux à ces travaux, il n'y aurait pas grand
inconvénient à les sacrifier; mais, dans ce cas, il faudrait
en prendre des calques et en faire une aquarelle, à échelle
réduite, pour un de nos musées, afin d'en conserver le
souvenir.
La porte clôturant l'escalier du jubé est composée de
fragments de planches sur lesquelles se remarquent des
peintures; ce sont probablement des débris de volets d'un
retable. Ces restes, malheureusement très mutilés, offrent
un certain intérêt. Gomme ilssontexposésàd'autres sérieuses
mutilations, il conviendrait de les déposer au musée de Namur.
Il serait intéressant de faire dérocher la jolie porte du
xvi* siècle qui ferme la chapelle des fonts, déjà signalée dans
— 336 —
le rapport du 12 avril 1901 , et d'en faire exécuter une bonne
photographie. C'est une œuvre de sculpture de réelle valeur
artistique, exécutée dans le goût de celle du baplistère de
l'église de Malorme, mais de moindre importance.
Égiiu — Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, que les
de Galonné. ' r » T
vitraux, vitraux placés dans l'église de Calonne (Hainaut), ont élé
exécutés d'une façon satisfaisante.
En conséquence, rien ne s'oppose à ce que le subside
promis par le Déparlement de l'Agriculture, pour ce travail,
soit liquidé,
j ■*"?. — AJa demande de MM. Comère et Capronnier, il a été
de Sainl-Pierrf, •
^vuS?1' procédé, dans l'atelier de ces artistes, à l'examen de deux
vitraux anciens du chœur de l'église de Saint-Pierre, à
Anderlecht (Brabant), dont la restauration est terminée.
Il résulte de cet examen que les artistes précités ont
apporté tous leurs soins et une entière conscience dans
l'exécution de leur entreprise. Il y a lieu de les féliciter à
propos de ce travail important dont la réussite est complète.
ÉgiiMdAyeacux. — Il a été procédé, le 8 décembre 1902, à l'examen des
Vitraux.
vitraux placés dans le chœur et à l'extrémité des basses-nefs
de l'église d'Ayeneux (Liège).
Il a élé constaté que les œuvres précitées ont élé bien
exécutées et qu'on peut donner suite à la liquidation du
subside alloué par l'État en vue de ce travail.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a émis des avis Favorables sur :
Abbaye d'Auine. 1° La proposition de M. l'architecte Cloquet de faire
exécuter d'urgence certains travaux de consolidation aux
— 337 —
ruines de l'abbaye d'Aulne (Hainaut). Il y a lieu d'autoriser
ces travaux dans la mesure indiquée par M. Cloquet, c'est-
à-dire en les étendant à la travée entière au pied du colla-
téral sud avec son arc-boulant ;
2° Le projet relatif à la restauration des façades de J hjk.1 de 7nie
■ J * de Saint-Nicolas.
l'ancien hôtel de ville de Saint-Nicolas (Flandre orientale),
ainsi que des façades latérales et postérieure du bâtiment y
attenant dit « Ciperagie ». II doit être entendu qu'au cours
de l'exécution des travaux, il sera tenu rigoureusement
compte de toutes les observations présentées par M. l'archi-
tecte provincial, dans son rapport du 14 novembre 1902;
3° Le projet des travaux complémentaires de restauration Ancienne
■ * r halle aux viandes
à effectuer à l'ancienne halle aux viandes de Termonde deTcrmoDdc-
(Flandre orientale). Il doit être entendu qu'à la façade en
pierre de l'édifice, les lucarnes seront construites en pierre
et qu'à la façade en briques, les lucarnes seront établies en
briques. Il y aura lieu de mettre en œuvre la pierre de
Baelegem partout où sa hauteur d'assises le permel, mais
où cela ne sera pas possible, on pourra employer la pierre
de Refroy, à la condition que le banc de provenance en soit
bien choisi. Quant à la pierre de La Rochette, elle doit être
écartée dans le cas actuel ; elle ne doit être autorisée que
pour des parements unis et encore elle ne se marierait pas
avec la pierre de Baelegem, sa coloration étant différente.
Puisqu'il est démontré que la flèche de la tour était autrefois
garnie de huit lucarnes, il est logique de les rétablir;
architecte, M. Sterckx.
— Il a été procédé, le 1er décembre 1902, de concert Ancien
* Granri-Begmnagi)
avec M. Compyn, ingénieur de la ville de Gand, à l'examen deG,mi
de l'ancien Grand-Béguinage de celle localité au point de
— 338 —
vue du prolongement de la rue Courte du Béguinage jusqu'à
la rue de la Porte de Bruges.
MM. Serrure et Lybaert, membres du Comité des cor-
respondants de la Flandre orientale, assistaient à celle
visite.
Après un examen attentif des lieux, il a été reconnu que
ce prolongement très utile, notamment pour les dégagements
vers la rue Haute, ne ferait pas de tort à ce qui reste encore
de l'enclos du Béguinage, attendu qu'il aura lieu au travers
de constructions modernes. Par conséquent, il n'y a pas
utilité à en entraver la réalisation. Mais il ne peut être
question d'autoriser l'élargissement de la rue Courte du
Béguinage actuelle par l'empiétement sur les jardinets, la
largeur de celte rue étant suffisante. Il importe de laisser
subsister le mur clôturant les jardinets à la place qu'il occupe
aujourd'hui. C'est un des rares vestiges qui contribuent à
rappeler le caractère tout spécial qu'avait le Grand-Bégui-
nage avant les mutilations déplorables qu'il a subies il y a
une trentaine d'années
Ancienne f«me — L'attention de la Commission ayant été appelée sur la
du Cbâtelet, * r r
h M.rbai». valeur historique que paraît présenter l'ancienne ferme du
Chàtelet, à Marbais, il a été procédé à son inspection le
30 octobre 1902.
MM. Dumortier et Désirée, délégués du Comité des
correspondants du Brabant, assistaient à celle visite. .
La ferme du Chàtelet est l'ancienne résidence féodale
de Marbais.
C'est une place fort ancienne formant un rectangle com-
plet. On y arrive de plein pied du côté sud ; au nord, elle
surplombe la vallée de la Thyle et l'ancien moulin banal de
— 359 —
la baronnie ; des deux autres côtés ses abords sont également
escarpés.
Le manoir était jadis entouré de fossés dont une petite
partie subsiste encore, mais dont on retrouve le tracé à peu
près complet; le pont-levis a disparu.
L'enceinte subsiste presque en entier ainsi que la tour
circulaire du sud, à gauche de la porte d'entrée et la base
d'une seconde tour vers l'ouest; plusieurs autres tours ont
été démolies.
Les tours sont appareillées en assises assez régulières de
pierre schisteuse noire et rongée par le temps. Ces tours
remontent, sans aucun doute, à une époque très reculée ;
elles sont peut-être contemporaines des châteaux de Bouillon
et de Laroche.
Un donjon carré, situé dans la cour, à gauche de l'entrée,
de construction plus récente, est bâti en moellons provenant
des environs et appareillés selon le système des constructions
de l'abbaye de Villers, qui en est voisine. Les courtines
étaient construites en même pierre et appareillées de même.
Un bâtiment faisant saillie, à droite de l'entrée, passe pour
avoir été la chapelle du château. Il est appareillé en grandes
assises de pierre calcaire bien taillée, d'un ton gris jaunâtre.
La tradition qui le représente comme ayant été la chapelle,
parait avoir quelque fondement. Cette construction rectan-
gulaire, orientée, a conservé d'anciennes petites baies murées
terminées en plein-cintre dont le tympan est fermé par un
linteau qui occupe tout le cintre, type de construction qui
se remarque aussi à l'abbaye de Villers. En l'absence d'autres
détails caractéristiques d'architecture et vu l'appareil exté-
rieur, il est difficile de déterminer l'âge de cette construction,
— 340 —
mais si Ton peut s'en rapporter à la forme des baies
bouchées, on peut croire que Ton se trouve en présence
(Tune construction romane.
En résumé, l'ancien château de Marbais constitue un resle
très intéressant au point de vue historique; il n'est pas moins
instructif pour 1 étude des conslruclions féodales de notre
pays, ce manoir ayant conservé à peu près totalement son
périmètre primitif. Il figure déjà sur la liste des édifices
civils privés dignes d'être conservés. S'il appartenait à une
administration publique, il devrait être classé comme monu-
ment national.
L'édifice en question constitue actuellement un usufruit.
Il appartient à un grand nombre de propriétaires. A la mort
de l'usufruitier il sera certainement mis en vente publique
et sera adjugé vraisemblablement à vil prix. Il sera peut-être
possible alors de l'acquérir pour y installer un service
public quelconque. Ce serait le seul moyen d'en assurer la
conservation.
Vu l'importance du monument, il est désirable d'en faire
exécuter, dès maintenant, des vues par le service photo-
graphique des ponts et chaussées, à une échelle suffisante
pour se rendre compte des détails de la construction et d'en
déposer un exemplaire dans les archives de la Commission.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
consirociion . Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs :
ei restauration
riP presbytère». j<> \ja restauration du presbytère de Hulshout (Anvers);
architecte, M. Taeymans;
— 341 —
2* À la restauration du presbytère de Beyghem (Brabanf);
architecte, M. Thomisse;
3° À l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de Brouckom lez Looz (Li m bourg);
4° A l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de Rothem (Limbourg); architecte, M. Ghrisliaens;
5- À la restauration du presbytère de Laer (Liège);
4
architecte, M. Janssen ;
6° A l'appropriation du presbytère de Ramelot (Liège)*
architecte, M. Feuillal;
7° A la construction d'une clôture au presbytère de
Beersse (Anvers) ;
8° A la construction d'une grille de clôture au presbytère
de Vorsselaer (Anvers) ;
9e A la reconstruction du mur de clôture du presbytère
de Meerle (Anvers); architecte, M, Taeymans.
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs :
1° A la construction d'une église à Han-sur-Lesse (Namur), Ëgiuede
lUa-sur-Lesse.
sous réserve de terminer la flèche en pointe et de mettre la
fenêtre du jubé en rapport avec les autres baies de la tour ;
architecte, M. Léonard;
2° A la reconstruction de l'église de Familleureux (Hai- Égiue
naut), incendiée !c 30 juin (902. Il a été recommandé aux
autorités locales de veiller à ce que les travaux soient effectués
avec les plus grands soins. Le Collège se propose, du reste,
— 542 —
de les faire examiner, en temps opportun, par des délégués;
architecte, M. Selvais ;
&"« 3° A la reconstruction de l'église de Wamont (Liège);
de Wamoot
architecte, M. Corthouls;
Église 4° A la construction d'une église à Longchamps (Luxem-
de Longchsmpe. v * r
bourg); architecte, M. Wûrlh;
Eglise 5° A l'exécution de travaux d'amélioration à l'église en
de Beigoée. t
construction à Beignée, sous Ham-sur-Heure (Hainaut);
architecte, M. Dosveld ;
SgkM d« Beyne. 6° A l'exécution de travaux complémentaires à la nouvelle
église de Beyne, sous Beyne-Heusay (Liège); architecte,
M. Monseur;
Égnse 7° A l'établissement de grillages à l'entrée de l'église de
de Soheit-Tinlot. © © ~©
Soheil-Tinlot (Liège); architecte, M. Taurel;
Église 8° A la reconstruction du jubé de l'église de Willebroeck
deWUiebroeek. * ^
(Anvers); architecte, M. Careels;
9° A l'exécution d'objets mobiliers destinés aux églises de :
Slekene (Flandre orientale) : deux confessionnaux ;
Bavichove (Flandre occidentale) : maitre-autel;
Westvleteren (Flandre occidentale) : maitre-autel ;
•Sclayn (Namur) : cloche;
Bertogne (Luxembourg) : mobilier complet;
Ramillies (Brabant) : cloche;
Seneffe (Hainaut) : buffet d'orgue;
Sommethonne (Luxembourg) : mobilier complet ;
Sainte- Walburge, à Audenarde (Flandre orientale) : trois
couronnes de lumières.
Eglise — L'attention de la Commission ayant été attirée sur an
deLaBulislère. J
projet de l'administration communale de La Buissière ayant
pour but de mettre en vente une parcelle de terrain à bâtir,
— 343 —
situé à proximité de l'église de cette localité, il a été procédé
à une inspection des lieux, le 6 novembre 1902, de concert
avec MM. De vi 11ers et Hubert, membres du Comité des
correspondants du Hainaut.
Il résulte de cet examen que la parcelle de terrain dont il
s'agit est située entre le chemin de fer et l'église. Son
exiguïté est telle que si on y érigeait une construction, celle-ci
n'aurait même pas de cour.
Mais, ce qui serait beaucoup plus grave, c'est que celte
construction masquerait la vue de l'église, dont elle ne serait
éloignée que de quelques mètres; d'autre part, le terrain
étant en déclivité vers l'église, le nouveau bâtiment nuirait
beaucoup à l'éclairage intérieur du temple.
Située entre la gare et l'église, la future construction
serait, sans doute, affectée à un cabaret duquel, étant donnée
sa situation en contre-haut de l'église, on pourrait voir à
l'intérieur de celle-ci sans compter que les bruits qui en
proviendraient troubleraient considérablement l'exercice du
culte.
Il semble que l'autorité locale, en proposant la mise en
vente du terrain précité, n'a pas réfléchi aux inconvénients
graves qui s'en suivraient non seulement pour l'église mais
aussi pour l'aspect de la localité et qu'après un nouvel
examen elle abandonnera son projet. Il est à remarquer,
du reste, que la vente du terrain en question ne lui rappor-
terait qu'une misérable somme de quelques centaines de
francs, ce qui serait bien loin de compenser l'effet désastreux
que produirait une construction sur ce coin qui ne manque
pas de pittoresque.
Il y a lieu d'espérer que ce projet malencontreux ne se
— 344 —
réalisera pas. Aussi, ne peut-on qu'engager les pouvoirs
compétents à s'y opposer.
église — A la demande de M. le curé d'Henri-Chapelle (Liège),
d'Ilcori-Cliapelle. r v ° '
il a été procédé, le 27 novembre 1902, à l'inspection de
l'église de cette localité.
Il est question, depuis longtemps, d'agrandir cet édifice
qui, à ce que l'on assure, ne suffit plus aux besoins de la
population.
Le chœur, le transept et la haute nef sont en style ogival
rappelant la dernière période de ce style; ils portent la date
1630. Les bas-côtés ont été érigés en 1718, date qui y est
inscrite et dans le style du temps. La tour est romane. C'est
une construction massive, d'une grande solidité. Sa face
ouest est recouverte d'ardoises. A sa face sud on remarque
deux petites baies d'abat-son dont l'une est blindée; l'autre
est en partie bouchée; à l'étage intermédiaire se remarque
une meurtrière. La face nord ne présente aucun détail
caractéristique.
Toute l'église est en bon état de conservation.
L'agrandissement ne peut èlre opéré du côté du chœur,
lequel offre de l'intérêt et par la date de sa construction et
par ses proportions qui sont très bien comprises.
A première vue, il semble qu'il n'y a guère d'autre moyen
que de prolonger l'église vers l'ouest en démolissant la tour.
On doit toutefois reconnaître qu'il serait regrettable, au point
de vue archéologique, de devoir sacrifier cette tour, qui est
peut-être la construction la plus ancienne de toute la contrée.
Il est donc indispensable d'inviter l'architecte à étudier, avec
les plus grands soins, s'il n'y a pas moyen d'éviter celte
éventualité en recherchant un autre mode d'agrandissement
— 34» —
de l'édifice. Peut-être y arriverait-il en élargissant les bas-
culés.
En tous cas, quel que soit le mode d'agrandissement
auquel on s'arrêtera, il est désirable qu'il ne soit apporté
aucun changement à l'architecture des parties à conserver
de l'ancien temple.
Si la tour est conservée, on pourra en améliorer considé*
'rablement l'aspect en remplaçant sa couverture vulgaire par
une flèche en rapport avec son importance architeclonique
et ses vastes proportions.
— II a été procédé, le 25 novembre 1902, à l'inspection ggti»
de Floriffoux.
des emplacements proposés pour l'église de Floriffoux, dont
la reconstruction est projetée.
MM. Boveroulle etSoreil, membres du Comité des corres-
pondants de la province de Namur, assistaient à cette
inspection.
Il résulte de renseignements recueillis sur place que
l'église actuelle ne suffit plus aux nécessités de la population.
C est une construction des plus médiocres, érigée avec par-
cimonie; elle est d'ailleurs en mauvais état. Son agrandisse-
menlne serait possiblequ'au moyen de dépenses importantes ;
le résultat obtenu ne serait guère en rapport avec ces sacri-
fices financiers.
Le seul parti à prendre parait être celui d'une reconstruc-
tion totale.
Quoi qu'il en soit, il est indispensable qu'une solution
immédiate intervienne, la situation actuelle ne pouvant se
prolonger plus longtemps.
Trois emplacements ont été préconisés :
4° Celui de l'église actuelle. Ce serait, semble-l-il, le plus
— 346 —
convenable s'il élait possible d'y orienter l'édifice en ajoutant
à cet emplacement la parcelle de pré que M. de Dorlodot
offre de céder gratuitement pour agrandir le cimetière. Mais,
étant donnée la situation de ce terrain, il parait difficile d'y
ériger la nouvelle construction en l'orientant ;
2° Le terrain donné par M. Philippot-Préler. Cet empla-
cement, que préconise le conseil de fabrique, est très conve-
nable. Il est situé à proximité de l'ancienne église, du'
cimetière, de la cure, de la maison communale et de l'école.
De plus, il permet d'orienter l'église, ce qui constitue un
grand avantage au point de vue de son éclairage et de sa
conservation. Sa situation sur une hauteur est tout indiquée
pour le nouvel édifice, lequel dominera ainsi toute l'agglo-
mération et se présentera d'une façon très pittoresque,
surtout du côté de la vallée de la Sambre ;
3° L'emplacement proposé par le conseil communal. Ce
terrain, appartenant à M. le baron Snoy, est situé près delà
ferme Valentin. Ainsi que le déclare M. l'architecte provin-
cial, par suite de son rapprochement de la Sambre, il faut
tenir compte des crues d'eau possibles et des inconvénients
qui proviendront des brouillards qui régnent souvent dans
la vallée. D'autre part, cet emplacement est trop éloigné du
presbytère; il nécessiterait le déplacement de celui-ci, donc
une nouvelle dépense qui peut être évitée. Il faut tenir
compte aussi que des travaux très importants seraient néces-
saires pour y asseoir l'édifice et préserver la construction
des atteintes de l'humidité.
Gomme conclusion, il y a lieu de charger l'architecte,
auteur du projet, d'examiner s'il pourrait établir la nouvelle
église à l'emplacement de l'ancienne en l'orientant et en
Weter.
— 347 —
empiétant, à celle fin, sur la prairie voisine offerte par
M. de Dorlodot. Si ce parti n'est pas réalisable, il importera
de faire choix de l'emplacement proposé par le conseil de
fabrique, dans le verger de M. Philippot-Préler.
Les raisons invoquées par le conseil communal pour
rejeter cet emplacement ne sont pas sérieuses : l'accès n'y
sera d'aucune difficulté; il suffira d'aménager convenable-
ment les abords du nouveau temple, ce dont le projet de
reconstruction soumis devra tenir compte.
— Il a été procédé, le 10 décembre 1902, à l'inspection ^{^^
de l'église de Saint-André, à Attenrode-Wever (Brabant),
dont l'état de délabrement a été signalé par le Comité pro-
vincial des correspondants.
Le chœur est la partie la plus ancienne de l'édifice ; il
parait remonter aux premières années du xvie siècle. Ses
fenètre$ ogivales à meneaux et réseaux en pierre sont d'un
bon tracé. Sa voûte est en bois, mais elle a été plafonnée au
xixe siècle.
La nef unique et la tour datent vraisemblablement du
xvii4 siècle. Elles n'offrent pas d'intérêt, sauf la flèche qui
est très élégante.
La nef est recouverte par un plafond reposant sur des
poutres.
L'église d'Àllenrode est insuffisante pour les besoins de la
population; sa surface devrait être doublée. Il importe
d'autant plus d'en poursuivre sans retard l'agrandissement,
que certaines de ses parties sont en fort mauvais élat. En
attendant que l'on procède à cette entreprise, il serait
prudent de faire examiner avec soin la charpente dont
les poutres sont, à ce qu'il parait, entrées en décom-
— 348 —
position à leurs points de contact avec les maçonneries.
Tenant compte de l'intérêt qu'offre le chœur, l'agrandis-
sement devra s'opérer vers l'ouest. La qualité médiocre des
briques employées aux parements de la tour sera un obstacle
à la conservation de celle-ci. Mais il conviendra de donner
à la nouvelle tour les mêmes proportions que celles de la
tour actuelle afin de pouvoir remettre en œuvre l'ancienne
flèche dont la silhouette est très heureuse.
L'église possède une ancienne croix triomphale accom-
pagnée des statues de la Sainte-Vierge et de Saint-Jean.
Celte œuvre d'art devra être conservée avec soin et remise,
après l'agrandissement de l'édifice, à sa place normale.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a visé :
£gii« 1° Le projet relatif à l'exécution de travaux de restauration
d6 Cerfoniaine.
à l'église de Cerfontaine (Namur); architecte, M. Frère;
ÉgiiMdAUe. 2° Le projet de restauration de l'église d'Aile (Namur);
égiuo de Beho. 3° Le projet concernant la restauration de l'église de Beho
(Luxembourg) et la construction d'une sacristie à cet édifice;
architecte, M. Cupper;
M* de vedrin. * i° Le projet de restauration de l'église de Vedrin (Namur),
sous la réserve qu'il sera tenu compte des recommandations
formulées par M. l'architecte provincial;
Église 8° Le projet de restauration des glacis de la tour de
logeai. j.£g|jse (je Bjsseghem (Flandre occidentale); architecte,
M. Carelte;
Êgii,e de vicnci. 6° Le projet relatif à la restauration de la tour de l'église
de Vierves (Namur); architecte, M. Van Gheluwe;
— 349 —
V Le projet de travaux de restauration à exécuter à ë^c d-Eugie*.
leglise d'Eugies (Hainaut); architecte, M. Dufrasne;
8° Le projet concernant des travaux de réparation à ËgUie
de Moostreux.
effectuer à l'église de Monstreux (Brabant); architecte,
H. Van Halen ;
9* Le projet de travaux de grosses réparations à exécuter Égu«
r * ° r de Moni-Sainte-
à l'église de Mont-Sainte-Geneviève (Hainaut) ; architecte, Geneviève.
H. Simon;
10° Le projet de restauration de la tour de l'église de u**>
r * ' ° dcRamelot.
Ramelot (Liège); architecte, M. Feuillat;
11° Le projet de travaux complémentaires de restauration Égiue
" de Nolr*»Dame-
à effectuer à l'église de Notre-Dame-Auxiliatrice, à Pâturages £ pjïïSJS
(Hainaut); architecte, M. Bodson;
12° Le projet de restauration de la toiture de la tour de écu»
1 de Hermalle-
leglise de Hermalle-sous-Argenteau (Liège); architecte, MU$ Kx^ym-
M. Lambrecht;
13° Le projet de restauration de l'église de Rothem éjum
de Rothem.
(Limbourg) ;
14° Le compte des travaux de restauration exécutés Egn«
. de Notre-Dame,
pendant le premier semestre de 4902, à l'église de Notre- à *■*«■.
Dame, à Anvers.
— Le 24 novembre 1898 et le 6 décembre 1900, la Égn.e
do Nalinues.
Commission a signalé l'étal déplorable et dangereux dans
lequel se trouve l'église de Nalinnes, faute d'entretien.
Depuis quatre ans, cette triste situation n'a fait qu'empirer.
Il résulte d'une nouvelle inspection qui vient d'être faite
de l'édifice et à laquelle assistaient MM. Cador, Devillers et
Hubert, membres du Comité des correspondants du Hainaut,
que le danger d'écroulement d'une grande partie des pare-
ments de la tour est très grand. Ces parements se détachent
— 350 —
du noyau de la maçonnerie el des boursouflures inquiétantes
se remarquent surtout vers l'ouest.
D'autre part, le vaisseau est également en très mauvais
état. Les murs, principalement ceux exposés au nord, sont
transpercés par l'humidité; les eaux pluviales séjournent au
pied des maçonneries, où il n'y a nul moyen d'écoulement.
Ajoutons que les toitures sont délabrés et laissent filtrer les
eaux, comme on peut le voir aux plafonds ; les gouttières
sont en partie détruites et déversent les eaux sur les pare-
ments.
Si l'on ne prend pas de promptes mesures pour remédier
à cette situation déplorable, situation que l'on ne rencon-
trerait même pas dans les plus pauvres localités de notre
pays, non seulement il arrivera des accidents regrettables,
mais l'église deviendra inhabitable tant elle est humide et
malsaine. Cette dernière- éventualité s'est déjà réalisée pour
ce qui concerne la sacristie, de laquelle on a dû évacuer les
objets principaux servant au culte.
L'administration communale ne semble pas se rendre
compte de la responsabilité grave qu'elle encoure en mainte-
nant une situation semblable C'est ainsi qu'elle a fait naguère
placer un grillage pour fermer l'entrée de l'ancien cimetière
et empêcher la circulation du côté menacé de la tour avec
une inscription : « Fermé pour cause de danger public ou
sûreté » . Ce grillage est déplacé et l'inscription est réléguée
dans un coin.
Il y a lieu d'inviter une nouvelle fois les autorités locales
à s'entendre d'urgence pour soumettre aux pouvoirs publics
des propositions en vue de remédier à un état de choses qui
peut, d'un jour à l'autre, compromettre et la sécurité publique
— 351 —
et un édifice très intéressant qui figure dans- la troisième
classe des mouuments du culte.
Les travaux les plus urgents à entreprendre sont les
suivants :
1° Restaurer les parements extérieurs des murs, surtout
ceux de la tour ;
2° Vérifier l'appui de la flèche, laquelle s'incline vers
l'ouest ;
3° Réparer les toitures ;
4° Établir partout des chéneaux aux toitures avec tuyaux
de descente, égouts et aqueducs souterrains ainsi que des
trottoirs sur tout le pourtour de la construction ;
5° Enlever le plâtrage intérieur des murs, restaurer
ceux-ci et les récrépir au moyen d'un bon mortier.
— Il a été procédé, le 4 décembre 1902, à l'examen detoiMd-Huuèn.
par-delfe.
Tare triomphal de l'église d'Hastière-par-delà, dont le mau-
vais état avait été signalé.
MM. le baron del Marmol, Boveroulle et Dardenne, mem-
bres du Comité des correspondants de la province de
Namur, assistaient à cet examen.
On remarque, en effet, dans ledit arc, plusieurs lézardes
assez sérieuses, mais son état ne parait pas inquiétant au
point qu'il faille le démolir et le reconstruire. Il suffira de
faire des coulées de ciment dans les crevasses et aux endroits
où les joints sont ouverts entre les claveaux. II est à remar-
quer, d'ailleurs, que cet arc ne porte aucune charge, le
pignon qui le surmontait ayant été démoli naguère par
mesure de précaution.
Il serait d'autant plus regrettable de devoir reconstruire
l'arc précité, qu'il porte des restes de peinture murale qui
— 352 —
paraissent (rès anciens et que, par conséquent, il y a intérêt
à conserver.
L'arc opposé dans le transept, à rentrée de la haute-nef,
offre également plusieurs lézardes ; il y aura lieu d'y faire la
même opération qu'à l'arc triomphal.
Le projet relatif à la construction d'une sacristie et à l'éta-
blissement d'un trottoir autour de l'église est à l'étude; il
sera soumis, à bref délai, à l'avis des autorités compé-
tentes.
Par suite de l'existence à l'entrée du vaste chœur de l'église
d'Hastière-par-delà de la crypte restée ouverle, les fidèles,
placés dans la nef, se trouvent à une très grande distance
du maitre-autel établi au fond de l'abside. M. le curé de la
paroisse a émis l'idée de placer un petit autel, composé d'une
simple table, dans le transept, en avant de l'ouverture de la
crypte. Cet autel servirait dans les cas ordinaires pour les
offices, tandis que le maitre-autel serait réservé pour les
solennités. Il n'y a pas d'inconvénient à ce que celle propo-
sition soit adoptée.
Égiu« — Il a été procédé, le <0 novembre 1904, à l'inspection
d'AUombcrg.
de l'église d'Alsembcrg, pour l'achèvement de la restauration
et de l'ameublement de laquelle un projet complet est
présenté.
M. Dumortier, membre du Comité des correspondants du
Brabant, assistait à cette inspection.
La dépense totale des travaux prévus s'élèveà fr. 148,139-63
Ce chiffre n'est pas en rapport avec les ressources locales.
Par conséquent, il y a lieu, semble-t-il, d'extraire du devis
une série d'ouvrages comprenant les travaux de restauration
qui sont considérés comme les plus urgents, sur l'exécution
— 355 —
desquels il n'y a rien d'hypothétique et ceux comportant les
objets mobiliers strictement indispensables pour l'exercice
régulier du culte. Ce parti est d'autant plus à conseiller
que les travaux de restauration de cette belle église
offrent, en certains points, des difficultés sérieuses pour
la solution desquelles une étude plus approfondie est indis-
pensable.
Il est entendu que cette série d'ouvrages comprendra ceux
repris aux paragraphes 2° et 3° du rapport du 13 juin 1900
(voir Bulletin, page 155), ayant trait à la restauration de la
chapelle nord latérale au chœur et au grand arc sous la
tour.
Tous les parements intérieurs en pierre peuvent rester
apparents; on rétablira en pierre les parties détruites de ces
parements et on pourra compléter, aussi en pierre, les petites
parties qui ont été refaites autrefois en briques. Mais il y a
lieu de crépir tous les parements en briques ainsi que les
panneaux des voûtes. S'il reste encore des parties de pare-
ments en pierre à décrépir, on devra avoir soin de ne pas
ouvrir les joints comme on l'a fait, à tort, aux parements
déjà décrépits. Tous les joints en bon état devront être
respectés.
Pour le rejointoyage des parements en pierre, on peut
adopter le système échantillonné dans la première travée
de la haute-nef près de la tour, où les joints sont parfaitement
visibles. Le mortier à employer sera le mortier blanc ordi-
naire non teinté.
La restauration intérieure du chœur offre surtout des
difficultés à cause de remaniements qui y ont été opérés. Il
sera indispensable, avant tout, d'y faire des sondages pour
— 384 —
rechercher la situation primitive, notamment aux cordons
sous les fenêtres et aux arcatures.
Quant à l'extrémité de la basse-nef sud, vers le chœur,
où l'on suppose qu'il a existé une tribune, il convient de
maintenir strictement la situation actuelle, de conserver avec
soin toutes les amorces et autres vestiges mis à découvert;
on pourra toutefois enduire lès parties de parements qui sont
en briques.
Le rétablissement de cette tribune ne serait possible qu'en
faisant disparaître la belle grille en fer forgé qui clôture celte
partie du temple et en mutilant la verrière latérale, don de
l'ancien curé Mariën.
Le cordon qui régnait sous les fenêtres de la haute-nef
a été détruit; on pourra le rétablir, mais on recherchera
quel était son profil primitif; le fragment de cordon rétabli
sous l'une des fenêtres parait trop volumineux et trop
saillant.
Des traces de peinture se remarquent sur les colonnes de
la nef; ces vestiges semblent démontrer qu'il y avait là des
figures isolées, probablement les figures des Apôtres. Il
conviendra d'étudier le moyen de les rétablir, lorsque les
ressources le permettront. Il conviendra aussi de conserver
soigneusement tous les restes de polychromie trouvés dans
l'église.
Egii* — Le projet soumis en vue de la restauration du portail
âuege. 'de l'église de Saint-Jacques, à Liège, a fait l'objet d'an
examen, sur place, le 24 novembre 1902.
MM. Renier, Lohest, Bormans, Schoolmeeslers, Drion et
Jamar, membres du Comité provincial des correspondants,
assistaient à cet examen.
— 358 —
Il n'est pas douteux que le portail est une œuvre de mérite
contestable, conçue dans le style de la renaissance par Lam-
bert Lombard, plutôt peintre qu'architecte.
II est certain que ce portail a été accolé au porche de
l'église. Peut-être même a-t-il été substitué à un portail
ancien du style gothique de la dernière époque auquel
appartient la majeure partie de l'église.
A ce point de vue, l'établissement de ce portail constitue
une erreur de l'artiste, improvisé architecte, un sacrifice
irrationnel qu'il a fait à l'influence italienne.
On ne peut le contester non plus : la restauration ne
pourra s'effectuer sans que l'ouvrage soit en grande partie
démoli, sans qu'il perde beaucoup aux yeux des amateurs
exclusifs du pittoresque.
Suit-il de ce qui précède qu'il faille démolir le portail
renaissance de Saint-Jacques et le remiser tel quel dans
quelque musée? N'y a-t-il pas à côté des considérations
architecturales, artistiques et pittoresques, l'histoire de
l'illustre et splendide église de Saint-Jacques? Elle est écrite,
en traits ineffaçables, dans le sévère narthex roman ; dans
les richesses sculpturales des nefs, des chapelles, des
tribunes scabinales; dans l'harmonie délicate des grandes
lignes et des détails du jubé et du buffet d'orgue; dans les
arcs ogivaux du porche nord appuyés sur des culs-de-lampe
de pure renaissance; enfin, dans le portail où les plans de
Lambert Lombard, abandonnant totalement le style de
l'édifice, ont ouvert celui-ci au public de la fin du xvie siècle
par une entrée décorée en pierre à l'aide de motifs empruntés
à l'artistique ébénisterie liégeoise de l'époque.
La Commission tient compte de l'histoire des monu-
— 556 —
ments; elle a le devoir de s'en préoccuper pour l'exercice
de sa mission. Elle remarque que, d'après les plans de
l'architecte et suivant le désir de la ville de Liège il s'agit
de restaurer le portail et non point de le reconstruire.
Elle estime, dès lors, que ledit projet de restauration peut
èlre admis.
II est indispensable toutefois que, dans l'exécution, on
se borne à renouveler les pierres qui sont absolument
hors d'état d'être maintenues en place. On doit éviter,
à tout prix, que la restauration n'aboutisse à une recon-
struction.
Avant tout, il convient de faire exécuter des photographies
à grande échelle des diverses parties du portail. Ensuite, il
faudra prendre des moulages nombreux, même des parties
frustes, à titre de renseignements et de guides ainsi que
pour le contrôle des travaux.
Il est incontestable que le succès de l'entreprise dépendra
du choix du sculpteur.
Une des principales causes qui ont amené la dégradation
extrême du monument, c'est la qualité médiocre de la pierre
employée. Il importera de l'extraire des bancs connus
comme fournissant de la pierre non gélive et tout à fait
saine. Il importera tout autant de faire surveiller l'extraction,
sur place, par un agent très expert.
Il n'y a pas de doute que le portail a été polychrome à
l'extérieur; des traces de couleur en font foi. Il y aura donc
lieu, avant de mettre la main à l'œuvre, de relever avec soin
et de bien étudier les traces de polychromie et de dorure,
pour qu'on puisse rétablir la décoration après la restauration
de la partie architecturale.
— 357 —
Il est visible que la base du portail est enterrée ; il impor-
tera de ramener le sol à son niveau primitif en abaissant le
pavage de la place en pente douce vers le monument. Il
faudra aussi réduire la courbe du terre-plein qui réunit le
portail à la tour de l'église.
La Commission exprime le vœu que les travaux du portail
de Saint-Jacques soient l'objet, dans leur ensemble, dune
surveillance spéciale émanant d'un Comité local dont ferait
partie l'architecte et où les diverses autorités seraient repré-
sentées : le conseil communal, le Comité provincial des
correspondants de la Commission royale, le conseil de
fabrique. Tous les doutes que suggérerait l'exécution du
travail délicat confié à M. l'architecte Léonard pourraient
ainsi être examinés avec soin et soumis au jugement de la
Commission royale elle-même. On signalera dès à présent
comme pouvant être soumises en premier ressort à l'avis de
la susdite Commission locale deux questions : le renouvelle-
ment ou non du médaillon central et le remplissage des
niches vides par de nouvelles statues.
Le Collège croit devoir subordonner le présent avis à la
réserve suivante : si l'on venait, au cours des travaux, à faire
des découvertes plus importantes encore que celles auxquelles
s'attend la Commission, découvertes établissant les grandes
lignes d'un ancien portail gothique, toute la question devrait
être soumise de nouveau à ses délibérations.
En ce qui concerne le projet d'exhaussement de la
chapelle latérale nord ou plutôt de son achèvement, comme
il s'agit de faire ici la même opération que celle effectuée, il
y a quelques années, à la chapelle sud, il n'y a aucun incon-
vénient à ce que le travail projeté soit autorisé.
— 358 —
En somme, le devis présenté, au montant de fr. 40,715-13,
comprend, en totalité, des travaux urgents et nécessaires
susceptibles d'être subsidiés sur les crédits des Beaux- Arts.
I* Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'art. 25 du règlement.
Le Président,
Gh. Lagasse-de Locht.
NÉCROLOGIE
La mort vient de creuser un nouveau vide au
sein de la Commission royale des monuments.
M. Jean-André-Alfred CLUYSENÂAR
ARTISTE PEINTRE
Membre de la dite Commission
est décédé à 'Bruxelles le 23 novembre iço2.
^^^^^0»0w^^^^^^»#»*%*»^^^
De nombreux discours ont été lus à la maison
mortuaire le jour des funérailles. Nous repro-
duisons celui prononcé, au nom de la Commission
royale des monuments, par M. Jules Helbig,
Vice-Président de ce Collège.
360 —
« Messieurs,
» C'est au nom de mes collègues, membres de la
Commission royale des monuments, que j'accomplis le
douloureux devoir de déposer auprès de la dépouille
mortelle d'Alfred Cluysenaar, l'expression de regrets pro-
fondément sentis et l'hommage d'affectueux souvenirs.
» Alfred Cluysenaar, par ordre de date, était le dernier
membre entré dans notre Collège. L'arrêté royal qui porie
sa nomination est daté du 30 mai 1901. Il venait remplacer
Albrecht De Vriendt, enlevé si prématurément à l'art belge,
à l'utile coopération qu'il nous apportait et, j'ose le dire, à
l'amitié de ses collègues.
> Nous fumes heureux de le voir remplacer si dignement.
» Alfred Cluysenaar, peintre d'histoire, venait pour ainsi
dire reprendre au milieu de nous, le siège occupé autrefois
pendant de longues années par son digne père, l'architecte
Cluysenaar, le constructeur des galeries Saint-Hubert de
Bruxelles.
» Son fils, artiste de race, naturellement désigné au choix
du Gouvernement par la haute situation qu'il avait conquise
dans l'École de peinture contemporaine et la tendance élevée
qui caractérisait son talent, successeur de son père à la
Commission royale des monuments, on pouvait dire de lui
qu'il y entrait « par droit de conquête et par droit de
» naissance » .
» 11 y sut bientôt gagner toutes les sympathies de ses
nouveaux collègues par la nature courtoise et aimable de
— 361 —
ses relations, la droiture de son jugement, par l'autorité
qu'il ne tarda pas à acquérir dans l'examen de toutes les
questions où la peinture et l'art monumental étaient en jeu
et enfin par le concours précieux qu'il apportait à notre
Collège dans l'inspection des monuments, toutes les fois que
sa santé déjà ébranlée, lui permettait d'y prendre part.
» Cependant cet état de santé, qui ne l'éloignait que
rarement de nos séances, ne semblait pas devoir inspirer de
sérieuses inquiétudes et, assez récemment surtout, la guéri-
son semblait assurée, sa constitution paraissait avoir triomphé
des indispositions que l'on s'était habitué à regarder comme
passagères.
» Aussi espérions- nous conserver longtemps parmi nous
an collaborateur dévoué, assidu et affectueux lorsque la
divine Providence en décida autrement : ce fut pour ses
collègues un coup aussi douloureux qu'inattendu lorsqu'ils
apprirent que la mort, l'implacable mort, venait de le
frapper au milieu des siens, mettant un terme prématuré à
ses travaux, à ses projets d'avenir, à ses espérances!
» Je viens de rappeler en peu de mots ce que fut
Cluysenaar au sein de la Commission royale des monuments,
le vide et les regrets qu'il y laisse.
i Je ne sais si c'est à moi et si c'est le moment aussi de
rappeler la place qu'il a conquise dans l'École de peinture
belge. Les monuments et plusieurs musées du pays et de
l'étranger possèdent ses titres de gloire. Les panneaux de
l'Université de Gand et le musée royal de Bruxelles conser-
veront pendant des siècles, je l'espère, plusieurs des œuvres
— 362 —
les plus marquantes du peintre. Eu ce moment les journaux
de toutes nuances rappellent avec des éloges mérités, bon
nombre de travaux qui marquent pour ainsi dire les étapes
de la carrière de l'artiste. Je crois seulement devoir insister
sur ses qualités de portraitiste. Un assez grand nombre de
familles haut placées conservent des portraits dus à son
pinceau, et parmi ceux-ci il en est d'excellents.
> Gomme la plupart des maîtres, Gluysenaar s'est cru
appelé à l'apostolat de l'enseignement. Son atelier, déjà,
était une sorte d'école. Détail professeur à l'Institut supérieur
des Beaux-Arts d'Anvers, où il enseignait la peinture déco*
rative monumentale, et c'était là un cours qui convenait
parfaitement à la direction de son esprit. Il était Directeur
de l'Académie de Saint-Gilles, où son enseignement produisit
bientôt des résultats remarquables.
» Ses succès comme artiste et comme professeur reçurent
la consécration méritée des distinctions les plus hautes et
les plus flatteuses. En 1895, il fut élu membre de l'Académie
royale de Belgique.
» Mais, dans la carrière de ce laborieux, il est un point
qui semble commander tout particulièrement le respect de
tous ceux qui font connu et qui ont suivi ses travaux. C'est
le respect qu'il avait lui-même pour son art et les convictions
auxquelles il est resté fidèle. C'est la dignité de sa vie
d'artiste.
» Il se croyait, et non sans raison, appelé à continuer les
grands maîtres que dans les années radieuses de sa jeunesse
il avait admirés à Paris, en Italie, en Allemagne et notam-
ment dans un séjour prolongé à Rome. Les visions du grand
art, de l'art monumental le poursuivaient; son imagination
— 363 —
était hantée par les grandes scènes de l'histoire et de la
Bible : les cavaliers destructeurs de l'Apocalypse était un
sujet qu'il aimait d'une véritable prédilection, parce que
c'était là une scène qui lui permettait en quelque sorte
d'entrer en lutte avec les artistes penseurs comme Albert
Durer et Cornélius. C'était avec les maîtres de cette taille
qu'il aurait aimé à vivre et à se mesurer...
» Mais hélas, à notre époque où la peinture semble se
transformer en peu d'années, où souvent, affaire d'engoue-
ment et de mode» elle prend les allures les plus étranges et
les plus déconcertantes et où il se trouve même un public
pour accepter toutes les tentatives et toutes les nouveautés,
des hommes de la nature de Cluysenaar sont vite, sinon
dépassés, du moins délaissés et demeurent dans une sorte
d'isolement. Peu disposés à courir après les succès du jour,
au moyen de concessions et de transformations que leur
conscience d'artiste désapprouve, ils demeurent en quelque
sorte victimes de la fidélité à leurs convictions. J'admire trop
les hommes de cette trempe pour songer à les plaindre et
lorsque la mort vient couronner leur carrière en leur
imposant le repos de la tombe, je m'incline respectueusement
et je crois voir celte tombe entourée d'une sorte de rayonne-
ment. Je m'imagine que ces âmes d'artiste qui n'ont pu
donner un corps à leurs plus beaux rêves, en verront la
réalisation dans cette autre vie à laquelle je crois et que la
foi que je professe me permet d'espérer pour leur âme ! »
RAPPORT
sur les travaux de la section artistique de la
commission royale des échanges internationaux pendant
l'année 1900.
Les résultais donnés par les voyages de recherche, en
Belgique, d'objets d'art dignes d'être reproduits par le
m
moulage, nous ont encouragés à continuer ce système
d'investigations; elles ont été particulièrement nombreuses
en 1900 et non moins fructueuses que pendant les deux
années précédentes.
Presque tous les monuments et objets d'art examinés ont
été photographiés; nous avons reconnu l'opportunité de
faire mouler un certain nombre d'entre eux, tant pour com-
pléter les collections exposées dans notre musée que pour
fournir de nouveaux aliments au service des Échanges inter-
nationaux; pour d'autres, d'un intérêt secondaire, il nous a
paru que la photographie suffisait à les représenter dans nos
collections.
L'un des plus importants de ces monuments est le jubé de Lierre.
l'église Saint-Gommaire, à Lierre.
Contemporain de ceux de Dixmude et de Notre-Dame de
Walcourt, il est conçu, comme eux, dans ce style issu du
gothique, contourné, fouillé, ouvragé au delà de toute
description, qui fut en usage pendant la première moitié du
xvr siècle.
— 366 —
Il nous parait indispensable d'exposer un monument de
ce genre : placé en regard de la cheminée du Franc de
Bruges et du portail de la salle échevinale d'Àudenarde, qui
datent de la même époque, il démontrerait éloquemment la
lutte de l'esprit national contre l'influence étrangère; les
éléments gothiques y abondent : les supports du jubé de
Lierre, comme ceux du jubé de Dixmude, sont eucore des
groupes de colonnetles cylindriques, mais les chapiteaux
sont d'un modèle nouveau; plusieurs petits pinacles se
réunissent pour former le dais d'une statuette; l'arc ogive y
est encore, mais déformé; les moulures se relèvent en
pointes d'accolades, dessinent des courbes et des contre-
courbes variées, surchargées d'une multitude d ornements
végétaux dont l'exécution étonne l'œil ; la recherche visible
d'originalité dans cette riche décoration dénote l'effort
opiniâtre de l'artiste s'obstinant à rajeunir un style épuisé,
tandis que Lancelot Blondeel et les exécuteurs de ses plans
laissent dans son repos l'art de l'autre siècle et tendent les
bras aux nouveautés fastueuses que leur apporte l'art plate-
resque.
La comparaison de ces deux monuments serait, nous le
répétons, d'un enseignement profond, et cette considération
nous a fait inscrire le moulage du jubé de Lierre sur la liste
de nos principaux desiderata, malgré la dépense élevée que
doit entraîner son exécution.
Die*. Une autre dépense assez forte, mais qui ne nous parait
pas moins justifiée, devra être faite pour le moulage de
quelques stalles de l'église Saint-Sulpice, à Diest.
— 367 —
Cette église en possède vingt-qualre, datant de la (in de
la période ogivale; presque toutes ont des miséricordes d'un
haut pittoresque.
Notre musée possède deux ensembles de stalles : celles
de Vilvorde, du xvna siècle, et celles de Dordrecht, du xvia ;
nous proposons d'y ajouter, pour représenter ce genre de
meuble au xve siècle, un groupe de quatre stalles de Saint-
Sulpice. Il nous parait presque inutile d'insister sur l'oppor-
tunité de montrer ainsi des séries de meubles d'églises de
différentes époques et sur la grande utilité des renseigne-
ments que des collections de cette nature peuvent fournir
aux architectes chargés de dresser des plans d'ameublement
des édifices du culte.
A l'extérieur de la même église, il y aurait à prendre
certaines statues, notamment un beau Saint-Denis, et
plusieurs gargouilles; signalons en passant que la gargouille
de i la Recevresse » d'Aviothest le seul spécimen que nous
possédions jusqu'à présent de ce détail d'architecture dont
les artistes du moyen âge ont tiré si grand parti.
La c Porte du Béguinage » , dans la même ville, est loin
d'être dénuée d'intérêt : elle se compose d'une voûte en
anse de panier, entre deux colonnes doriques; l'entable-
ment, légèrement cintré au-dessus de la clef de voûte,
supporte un motif décoratif composé d'une niche à plein
cintre reliée par une sorte d'attique courbe à une spirale qui
surmonte chaque colonne ; sur chaque spirale est posé un
vase; la niche est couronnée et accostée de guirlandes de
fleurs et contient une grande statue de la Vierge.
L'église du Béguinage possède quelques sculptures inté-
ressantes, entre autres une figure assise de Sainte-Anne,
-r 368 —
polychromée, et une fort belle Vierge du xiv* siècle en
marbre blanc, avec le bord des vêtements doré. Celte figure
rappelle celle de Notre-Dame d'Anvers, dont nous avons le
moulage; il serait intéressant de la reproduire et de juxta-
poser ces deux œuvres.
Nous croyons, bien que cela sorte des attributions de
notre Comité, devoir attirer l'attention de l'Autorité supé-
rieure sur l'étal déplorable dans lequel se trouve l'église du
Béguinage : les toitures sont percées en maint endroit, la
pluie a pourri les plafonds et tombe dans l'église. Les hôtes
du lieu sont, parait-il, dénués de toutes ressources; nous
pensons qu'une intervention des pouvoirs publics s1 impose
ici; en tous cas, nous signalons le fait à nos honorables
collègues de la Commission royale des monuments.
Noirhu. Nous leur signalons aussi, bien que sans le moindre
espoir d'y voir porter remède, l'état dans lequel on laisse
tomber le château de La Motte, à Noirhat.
C'est avec autant d'indignation que de pitié que l'on
contemple l'œuvre de destruction qu'on a laissée s'accomplir
là sans vouloir faire le moindre effort sérieux pour l'enrayer;
— car on ne peut considérer comme sérieux moyens d'en-
tretien quelques bouts de planches clôturant plus ou moins
certaines fenêtres, quelques tuyaux de zinc placés aux
gouttières, quelques réfections exécutées à la toiture, — le
tout beaucoup trop tard, alors que l'intérieur était déjà
totalement dévasté par les eaux pluviales.
Cette jolie demeure Louis XV, qui eût pu être restaurée
ou tout au moins conservée il y a vingt ans, ne sera bientôt
— 369 —
plus qu'un monceau de ruines informes. Les murs lézardés
s'inclinent de (ouïes parts; leur chute est imminente. Si
encore ces ruines étaient vides! Mais non : il y a là des
détails artistiques délicieux, des documents précieux pour
l'exposé de l'art de la sculpture sur bois et de la ferron-
nerie. Outre un terme d'escalier dont nous avons obtenu,
— grâce à une haute intervention, — l'autorisation de
prendre le moulage, il existe toute une série de portes
décorées de ces ravissantes guirlandes de fleurs dont les
artistes contemporains de Louis XV savaient parsemer les
boiseries diverses, avec autant de grâce que de variété.
Les panneaux supérieurs des vantaux de la porte princi-
pale ont de fort jolies sculptures ; les panneaux inférieurs
ont été rabotés par les essieux des chariots, car le vestibule
d'honneur a servi de hangar au fermier voisin !
Aux fenêtres, de charmantes grilles sont rongées par la
rouille; un autre grillage non moins intéressant clôture le
chœur de la petite chapelle ; dans celle-ci, la tribune fermée,
du premier étage de laquelle les châtelains entendaient la
messe, existe encore entière; si le propriétaire voulait
consentir à la laisser enlever, elle pourrait devenir l'une des
pièces les plus intéressantes de la Section des anciennes
industries d'art de nos musées.
Dans les jardins enfin, un reste de statue à peu près
informe, dans lequel on peut encore reconnaître une Léda,
semble prouver que l'on ne s'est pas plus soucié des œuvres
d'art proprement dites que de la décoration artistique du
château.
Il est temps encore de sauver quelques pièces : cinq ou
six portes, la tribune et certains des ouvrages de ferronnerie
— 570 —
cités plus haut; mais il importe de s'aboucher sans retard
avec le propriétaire, car l'état du bâtiment ne permettra
bientôt plus de s'en approcher.
«
oHfeyiiuem. M. le Baron van den Bossche a bien voulu nous autoriser
à photographier les deux termes monumentaux, en style
Louis XV, de l'escalier d'honneur de son château de
Heylissem.
«
court- L'église de Court-Saint-Étienne possède un tfiestre»,
Saint-Etienne. ° r
c'est-à-dire un reliquaire, mentionné déjà par MM. Tarlier
et Wauters (i) et par M. Goovaerts (2). C'est un édicule
rectangulaire couvert d'une toiture à deux versants. Saint-
Etienne, le patron du lieu, y est représenté trois fois : à l'un
des pignons, au-dessous d'un buste du Père Éternel bénis-
sant, et au milieu de chacune des deux faces, entre Saint-
Paul et Saint- Pierre, d'un côté; entre Saint-Laurent et Sainte-
Gertrude, de l'autre. Le second pignon présente les instru-
ments de la Passion surmontés d'un buste du Père Étemel
identique au premier. Chaque figurine de saint est placée
sous une arcalure dont l'intrados est gjrni d'une branche de
feuillage et qui retombe sur deux colonnettes minuscules;
des colonnettes plus fortes marquent les trois divisions de
chaque face et soutiennent les angles. Les rampants des
(4) La Belgique ancienne et moderne ; canton de Wavre, p. 134.
(«) Une ancienne description de Court-Saint-Étienne. Bull, de laComm.
royale d'histoire, tome VI, n° 3, 5m* série.
Voir aussi : Weale, Catalogue des objets d'art religieux, etc., exposés
à l'hôtel Liedekerke, à Malin es. Septembre 1864, n° 484.
— 571 —
pignons sont hérissés de crochets en feuilles de chicorée;
un élégant crétage court sur le faite et se répèle le long de
chaque chéneau; le toit se compose de plaques d'argent en
losange avec dessins repoussés extrêmement gracieux; enfin
une boule de cristal est posée à l'amortissement de chaque
pignon; une troisième marque le centre de Pédicule.
Le corps du reliquaire et les statuettes sont en argent; les
colonneltes, les arcatures, les crétages et les rampants à
crochets sont en. cuivre doré. Le tout ne mesure que
59 centimètres de longueur sur 27 de largeur et 40 centi-
mètres de hauteur.
Ce petit monument mérite d'être conservé avec le plus
grand soin ; mais son importance artistique n'est pas assez
grande pour que nous puissions en proposer le moulage.
L'église de Léau possède aussi un reliquaire, — celui-ci Léau.
de Saint-Léonard — d'un tout autre genre que le précédent
et d'une inestimable valeur, ainsi que de nombreux objets
d'or et d'argent : monstrances, calices, ciboires, etc., d'un
grand mérite artistique ; nous ne nous attarderons pas à les
décrire, nous réservant d'y revenir plus tard, lorsqu'il nous
sera permis de songer à organiser sur des bases sérieuses
nos collections de reproductions galvanoplastiques.
Nous avons été attirés dans celte église par les nombreuses
sculptures qu'elle renferme.
Nous avons déjà les moulages de plusieurs d'entre elles :
une statue de la Vierge, trois figures de saints debout, une de
Saint-Georges à cheval, une de Saint-Léonard assis; enfin,
le superbe retable du xiv* siècle qui retrace la vie du patron
— 572 —
de l'église (i) ; nous proposerons de reproduire encore par-
tiellement le retable dit : « de Saint-Roch » (s) qui comporte
six grandes figures dont deux, celle de Sainte-Catherine et
celle de la Vierge, sont d'un fort beau style Nous préconi-
serons aussi le moulage, lorsque nos ressources le permet-
tront, d'un grand retable (3) dont nous n'avons qu'une
minuscule figurine; il se compose de trois compartiments :
au centre est une statue de la Vierge ; d'un côté, le Portement
de la croix ; de l'autre, la Déposition de croix, et, au dessous
de la Vierge, la Mise au tombeau ; trois petits sujets sont
disposés dans les dais : la Présentation au temple, la Fuite
en Egypte et Jésus parmi les Docteurs. L'architecture de ce
retable est fort intéressante ; elle passe pour avoir été dessinée
par Mathieu de Layens ; de fait, les crochets de chardon qui
suivent la moulure supérieure de l'encadrement ont une
physionomie toute particulière et présentent une parenté
frappante avec ceux des arcades du jubé de Saint-Pierre, à
Louvain.
La figurine de femme que nous possédons provient de la
predella à double étage sur laquelle le retable est posé; bien
que cette predella ne nous paraisse pas appartenir au retable,
elle n'en est pas moins digne d'être moulée.
Nous proposerons encore la reproduction du c Rosaire »
de Léau ; la Vierge, à double face, s'y détache sur un fond
de glaives et de flammes, entourée d'une couronne de roses
que six anges soutiennent; nous n'avons pas encore de
(0 Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX (1890), p. 440.
(t) Jd.f p. 443.
(») Id.f p. 445.
— 373 —
spécimen de ce genre de sculpture et celui-ci est d'une
exécution remarquable.
Citons enfin un fort beau lutrin-aigle en laiton, compa-
rable à celui de l'église de Freeren, que notre atelier de
moulage a reproduit.
L'église Saint Gorgon, à Hougaerde, possède aussi un Hougurd*.
lutrin en laiton très élégant; il figure le Pélican symbolique
dressé sur le bord de son nid. Le support est moderne.
L'oiseau mesure 67 centimètres de hauteur sur 54 centi-
mètres de largeur entre les extrémités des ailes. L'arête
qui sert à retenir l'anliphonaire porte l'inscription :
1AN . VELDENER . ME . FECIT AN0 . 1573 . 8 DECEBR.
D'autre part sur la douille, qui est coulée d'une pièce avec
cette partie, on lit :
MATHIAS . INGHELS . DEDIT . QS . OB . 3 . 1568 . D.
Ces deux inscriptions, parfaitement conservées, sont en
caractères identiques; on peut conclure de la différence des
dates que le lutrin fut offert à l'église en exécution d'une
disposition testamentaire de Mathias Inghels, cinq ans après
la mort de celui-ci.
La même église possède des fonts baptismaux fort anciens,
probablement du xme siècle. Ils se composent de trois blocs
de pierre bleue constituant respectivement le socle, le sup-
port et la cuve.
Celle ci est hémisphérique, bordée d'une moulure très
simple et cantonnée de quatre masques humains en haut
relief; chacun de ces masques surplombe une colonnelte
— 574 —
cylindrique engagée dans le pédoncule, de même forme,
massif et trapu. Deux Glets à profil triangulaire leur tiennent
lieu, l'un de base, l'autre de chapiteau. Le plan du soubas-
sement épouse les contours du support; au bas de chaque
colon nette, sur le socle, est sculpté en haut relief un petit
animal chimérique.
L'ensemble mesure 97 cenlimètres de largeur sur iœ23
de hauteur, non compris le couvercle.
Le Comité, se rangeant à l'avis de ses délégués, a décidé
le moulage de ce curieux monument.
BniM- Un certain nombre de communes belges ont encore leur
ancien pilori : on en trouve à Mespelaer, à Rijmenam, a
Gestel, à Eename, etc.; ils ne consistent en général qu'en
une simple colonne de pierre, dénuée d'intérêt sculp-
tural.
Celui de Braine-le -Château est un monument complet :
au sommet de quatre hauts degrés, construits sur un plan
hexagonal, se dresse une épaisse colonnette cylindrique à
base moulurée hexagone; une astragale sépare du fut une
sorte de bourrelet qui tient la place du chapiteau et sur le
pourtour duquel se déploie une banderolle portant une
inscription gravée en creux; trois moulures s'étagent eo
pyramide au-dessus du bourrelet et le relient à une plate-
forme hexagonale sur chaque angle de laquelle s'élève une
colonnette; les fûts de ces colonneltes sont cylindriques;
leurs bases sont hexagones» de même que leurs chapiteaux;
ceux-ci reçoivent les retombées d'arcatures en anse de
panier, à redents, au-dessus desquelles règne un rebord
— 575 —
saillant. Une colonnette qui se dressait au centre de la
plateforme a disparu.
Ce monument est, pensons-nous, unique en Belgique.
Nous en avons décidé la reproduction, persuadés qu'elle
constituera une pièce de haut intérêt à la fois pour notre
musée et pour les établissements avec lesquels nous sommes
en relations d'échange.
Notre délégué a vu dans le cimetière de Braine-le-Chàleau
trois petites pierres anciennes, d'une sculpture naïve, repré-
sentant : le Sauveur couronné d'épines ; le Portement de la
croix et le Christ en croix ; une quatrième pierre semblable,
qui figure l'Érection de la croix, se trouvait dans la cour
d'un café de la localité.
Dans l'église de Braine, sous une baie ouverte, — sorte
d'enfeu à jour entre le chœur et une petite pièce contigué, —
est une fort belle statue couchée, en albâtre. C'est un
chevalier en armure; ses pieds s'appuient contre un lion;
deux angelots soutiennent le coussin brodé sur lequel repose
la tète. Cette sculpture est aussi belle, — et mieux conser-
vée, — que la statue gisante du comte de Lalaing, dont nous
avons le moulage.
Dans sa Notice historicité et généalogique sur les Sei-
gneurs de Braine-le-Châleau et Haut-litre, Stroobant
dit : c Maximilien, comte de Hornes et de Hautekerke,
chevalier de la Toison d'or et chambellan de Charles-
Quint, mourut le 3 février 1542 et fut enterré à Braine-
le-Châleau sous un monument en marbre blanc qui
ne porte aucune inscription » . Nul doute que cette
mention ne se rapporte à la statue dont nous venons de
parler.
— 376 —
Nous souhaitons vivement voir entrer dans nos collections
le moulage de cette belle sculpture.
jodoign*. Nous ne pouvons en dire autant du monument funéraire
du comte et de la comtesse de Glimes, placé actuellement
dans la petite chapelle Noire-Dame, à Jodoigne.
Le sarcophage est un cube de pierre insignifiant, dont la
monotonie est à peine atténuée par des écussons, d'un relief
peu prononcé. Les gisants, dont les pieds sont appuyés sur
le lion et le chien traditionnels, sont des figures assez
banales.
La photographie qui en a été prise représentera suffisam-
ment ce monument dans nos collections.
Loofaio. Il existe, par contre, dans l'église Saint-Pierre, à Louvain,
deux tombeaux qui seront pour notre musée des pièces
capitales : celui de Henri Ier, duc de Brabant, qui se trouve
au centre d'une des petites chapelles du pourtour du chœur,
et celui de Malhilde et de Marie, sa femme et sa fille,
rélégué sous un enfeu pour lequel il n'a certainement pas
été fait.
Tout nous permet d'espérer que les moulages de ces deux
beaux monuments du xni° siècle ne tarderont pas à prendre
place dans notre musée.
Signalons, en passant à Louvain, les magnifiques stalles
de l'église Sainte-Gertrude.
Nous émettons aussi le vœu de nous trouver bientôt en
mesure de prendre un moulage complet du portail roman
— 377 —
de l'hôpital Saint-Pierre. Le jardinet clôturé d'un grillage au
fond duquel il se trouve à l'abandon ne le protège que bien
insuffisamment contre le vandalisme inconscient des enfants;
déjà plusieurs fragments des sculptures des impostes ont
disparu ; nous possédons heureusement les moulages de ces
parties; ils nous aideront à reconstituer l'ensemble complet
dès que nos ressources nous permettront d'exécuter celte
importante reproduction.
* *
L'église de Boendael possède un grand retable complet, bonum.
— ou plutôt complété — et deux panneaux provenant d'un
autre retable (i).
Le premier, placé maintenant sur le maitre-aulel, repré-
sente en trois compositions le martyre de Saint-Crislophe.
C'est une œuvre du xvie siècle; les figures sont de propor-
tions un peu courtes; il y a de nombreuses restaurations.
Les deux panneaux séparés décorent les autels latéraux;
ils ont trait au martyre de Saint-Adrien. Les compositions
sont très pittoresques; les figures ne sont pas sans parenté
avec celles du retable de Saint-Georges, de Jan Borman. Ces
compositions seules méritent d'être reproduites par le mou-
lage. Les fonds d'architecture et les encadrements sont
modernes.
* *
Notre délégué a examiné et photographié les deux retables vmm-n-viiie.
superposés, sur l'autel latéral droit de l'église de Vil lers- Ja-
Ville (3). Il nous parait très regrettable que le restaurateur
(1) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIXX (1890), p. 43G.
(t) Op. cit., XXX (1891), p. 133.
L*e»ko«t.
HultWut.
— 378 —
ait adopté une disposition présentant le double défaut de
dénaturer la forme du retable inférieur et de réunir en une
seule deux œuvres d'époques différentes.
Nous émettons le vœu que ces sculptures, d'un réel mérite,
soient remises en bon état. Nous n'estimons pas, toutefois,
qu'il y ait lieu de les reproduire par le moulage, notre musée
possédant des compositions analogues d'un mérite supérieur.
Le retable représentant le martyre de Saint-Quirin, placé
dans une chapelle isolée, à Loenhout (i), est une œuvre du
xvr siècle assez originale et qui mérite d'être conservée avec
soin ; mais la photographie que nous en avons prise suffira
pour le représenter dans nos collections.
L'église de Hulshoul possède un beau retable du xv* siècle
représentant des scènes de la Passion. Le moulage de cette
œuvre figure depuis longtemps dans nos collections, sous la
fausse dénomination de « Retable de Thielen » (2).
La vérité est que l'église de Thielen possédait des volets
peints anciens de valeur, provenant d'un retable dont la
partie principale avait disparu; pour utiliser ces volets, on
a exécuté une copie des groupes du retable de Hulshout; les
moulages de ces groupes, après avoir servi à faire cette
copie, ont été versés dans nos collections et renseignés
comme provenant de Thielen. L'erreur a été rectifiée dans
le catalogue-tarif des échanges.
(1) Bull, des Comm. roy. d'art et tfarchéol., XXXII (1893), p. 248.
(«) Op'. cit , XXXI (1892), p. 475.
— 379 —
Il existe dans la même église un autre retable, consacré à
la vie de son patron, saint Malhieu; il n'atteint pas au mérite
artistique du précédent (<)•
*
L'église de Buvrinnes possède aussi — outre le très beau Baronet,
tabernacle dont nous avons le moulage, — deux retables
anciens : l'un, en pierre, a pour sujet la Passion ; l'autre, en
bois, retrace la légende de Saint-Pierre.
Ce dernier est assez connu ; il a été décrit dans le Bulletin
des Commissions royales d'art et d'archéologie (2) et dans
les Annales du Cercle archéologique de Mons (3), qui en ont
donné une planche, d'un dessin assez naïf.
Ce retable, de réelle valeur, a été surmonté, en 1854,
d'un couronnement pseudo-gothique prétentieux et de mau-
vais goût; il gagnerait à en être débarrassé.
Le retable en pierre date du xvie siècle ; les figures, courtes
et d'une exécution peu caressée, sont encore alourdies par
d'épaisses couches de couleur blanche. De plus, on a trouvé
bon de placer dans la main de plusieurs des personnages de
la scène du Calvaire de petits drapeaux en papier découpé,
d'un effet franchement malheureux.
Notre délégué a remarqué encore, dans l'église de
Buvrinnes, une jolie statuette gothique de Saint-Pierre assis,
coiffé de la tiare; elle est vraiment curieuse et mériterait
d'être moulée, si la fabrique voulait bien nous la confier
dans ce but.
* *
(1) Bull, des Comm. roy. d'art et dfarchéoL, XXX (1891), p. 65.
(1) Op. cit, XXX (1891), p. 135.
(») Tome III (1862), p. 302.
— 380 —
boumu. Le beau retable accolé au mur dans le bras gauche du
transept de I église de Boussu (i) porte aussi un couronne-
ment moderne de mauvais goût, qu'il conviendrait de
supprimer. Ce retable est probablement contemporain de
l'église, qui date de 1501; il est antérieure celui de Lombeek-
Nolre-Dame, mais appartient sans conteste à la même école.
La disposition des petits groupes étages le long de l'enca-
drement et suivant les contours des trois cintres est très
originale. La sculpture est d'un fort bon style et mérite à
tous égards d'être reproduite pour notre musée, où elle
marquera la transition entre le retable de Léau et celui de
Lombeek.
La chapelle seigneuriale attenante à l'église de Boussu
renferme deux monuments funéraires. L'un est un sarco-
phage sur lequel plusieurs figures sont agenouillées; il ne
présente pas un intérêt exceptionnel. L'autre, qui fait face à
l'autel, est très important et tout à fait remarquable. II se
compose d'une grande arcade à plein cintre entre deux
piédroits, à chacun desquels est accolée une colonne corin-
thienne sur piédestal; deuxanges planent dans les écoinçons;
sous l'arcade est un sarcophage entre les pieds duquel on
voit, représenté en grandeur naturelle, un cadavre nu,
étendu sur une natte ; ce corps décharné est d'un réalisme
effrayant.
Sur le sarcophage, au pied d'un crucifix, sont agenouillés
les défunts : un seigneur et son fils à gauche; sa femme et
sa fille, à droite. Une plaque de marbre blanc, postérieure
(i) Annales du Cercle archéologique de Mont, t. XI, p. 263, et Bull
des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. XXXIII, 1894, p. 90.
— 381 —
au monument, rappelle qu'en cet endroit reposent « haull,
noble et puissant seigneur mess ire Jean, comle de Boussu,
baron de Raikem » , etc., etc., « capitaine général en diverses
armées de Sa Ma" impérialle Charles Gint »..., décédé
à Boussu le 12 Février 1567, et « madame Anne de Bour-
goigneson épouse, laquelle trespassa Tan 1 55 1 , le 25 Mars » .
Sur l'entablement sont posés : au centre, un buste du
Père éternel entouré d'anges et, dans l'axe de chaque
colonne, une figure d'homme debout portant un écu armorié.
Sept têtes de chérubins décorent l'archivolte et seize
blasons sont accolés, par couples, à l'intrados de l'arcade.
Le tout est en marbres de différentes couleurs.
C'est un monument très original, très complet et d'un
bon style, dont le moulage constituera Tune des meilleures
pièces de nos collections.
II y aura lieu d'en profiter pour mouler également un
bas-relief encastré dans la muraille de la même chapelle et
qui représente la Vierge, assise, à laquelle un chevalier est
présenté par ses patrons. Une inscription de cinq lignes
donne le nom de « Signevr de Tvin dit de Bovssvt » et la
date de 1430.
Deux monuments funéraires sont placés dans l'église de c©oi««mp.
Coolscamp; ils nous ont été signalés par M. van Overloop,
conservateur en chef des musées royaux du Cinquantenaire.
L'un est un sarcophage cubique décoré sur ses quatre
faces de figures de pleurants taillées en bas-relief. Le gisant,
couvert de son armure, les pieds appuyés contre un lion,
est un seigneur de Lichlervelde mort en 1435.
— 382 —
L'autre monument consiste en une grande dalle fixée au
mur de gauche de l'église; elle porte les effigies, en bas-
relief, d'un seigneur de Lichlervelde et de Goolscamp mort
en 1375 et de sa femme.
Le chevalier porte l'armure ; la télé s'emboîte dans le
€ petit bacinet » sans nasal, qui recouvre le front et les
tempes et auquel s'attache un € camail » de mailles, cachant
les joues, le menton et les épaules. La dame porte une
coiffure à bordure de passementerie encadrant le visage et
une longue robe très simple avec manches étroites recou-
vrant une partie de la main, à la manière de nos c mitaines» .
Au-dessus de chaque figure est un dais peu saillant, formé
de trois gables avec rampants à crochets et fleuron, se
détachant sur un fond de fenestrations.
Cette dalle est absolument remarquable et son moulage
fournira des documents utiles au point de vue de l'histoire
du costume.
Nous préconisons aussi le moulage du premier de ces
monuments, qui est un excellent morceau de sculpture et un
curieux exemple de tombeau à pleurants.
* *
cour-iur-Heure. La toute petite église de Cour-su r-Heure est presque
entièrement lambrissée de chêne sculpté de l'époque de
Louis XV; c'est un ensemble fort intéressant, à la conser-
vation duquel il importe de veiller. Nous n'y avons toutefois
pas trouvé de motifs à reproduire par le moulage.
*
iiebaiz. Notre délégué a examiné, au presbytère de Rebaix, un
calvaire dont la restauration était projetée.
— 585 —
Il date de la fin du xve siècle; les arêtes de la croix sont
ornées de crochets de feuilles de chicorée; ses quatre ex l ré-
mités sont fleurdelisées et chacune d'elles porte, dans un
médaillon carré aux côtés en accolades, la représentation
symbolique d'un Évangéliste. Celte croix étant vermoulue,
on a enlevé à la scie le milieu de la traverse et une partie
du montant et on a rapproché les morceaux en les fixant sur
une autre croix qui sert en quelque sorte de doublure et de
support.
La figure du Christ est franchement mauvaise; celle de.
Saint-Jean est un peu meilleure, quoique la tète soit assez
maladroite et la pose maniérée; par contre, la Vierge est
fort bien traitée. Nous proposerions même de la faire mouler
si nous n'avions déjà un assez grand nombre de statuettes
gothiques de la Vierge.
L'administration communale de Tournai avait conçu le tomwl
projet d'envoyer à l'exposition de l'Art public, à Paris, un
moulage de la fameuse entrée de la cathédrale dite < la Porte
Manlile » . Il est regrettable que ce projet ait été abandonné :
nous aurions pu saisir cette occasion pour faire entrer dans
nos collections un exemplaire de ce moulage.
Nous estimons, en effet, que la place de cette superbe
porte romane est marquée dans notre musée, et nous devrons
faire en temps opportun les sacrifices nécessaires pour en
posséder la reproduction.
*
Nous avons le moulage de la balustrade du jubé de l'église Moha-
de Moha, à l'exception des deux panneaux extrêmes ; il nous
— 384 —
parait opportun de combler cette lacune et d'ajouter à ce
moulage celui des colonnes qui supportent le jubé.
Ces colonnes sont d'ordre composite ; leur fût est cannelé
depuis le quart environ de sa hauteur jusqu'au chapiteau ;
sa partie inférieure est décorée de branches, de fruits et de
petits masques humains en haut relief; le dé du piédestal
est orné de panneaux rectangulaires à cadre mouluré.
L'exécution est délicate et l'ensemble d'une grande élégance.
*
* *
Aoiuisnei. M. le Baron de Waha de Bâillon vil le a bien voulu faire à
notre délégué les honneurs de son château d'Ouhar, à
Anlhisnes, et l'autoriser à photographier une cheminée
ancienne qui s'y trouve. Celle cheminée provient d'un autre
château de la localité ; elle est, malgré le déplacement, dans
un état de conservation des plus satisfaisants.
Les montants sont formés d'une haute volute portée par
une griffe et surmontée d'une tète de monslre marin formant
console; un lerme-caryalide fait avant-corps sur chaque
retour; la frise, décorée de rinceaux, est couronnée d'une
corniche moulurée. Le toul est en pierre blanche de France.
Celle cheminée a conservé sa ferronnerie ancienne, ainsi
qu'une bonne partie des briques du fond de l'àtre, décorées
de jolis bas-reliefs et encadrant une taque en fonte d'un beau
travail.
M. le Baron de Waha nous a gracieusement autorisés à
en faire prendre le moulage; nous l'inscrivons sur la liste de
nos desiderala, nous réservant de faire exécuter au préalable
d'autres travaux plus urgents.
*
— 588 —
Notre Secrétaire s'est rendu à Maestricht pour y examiner mmutiai.
le grand portail de l'église Saint-Servais. Il a ouvert des
négociations avec la Direction du Rijksmuseum d'Amsterdam
à l'effet d'obtenir pour notre musée, par voie d'échange, un
exemplaire du moulage de ce portail.
Chargé de dresser une liste des moulages qu'il convien-
drait d'acquérir à l'étranger pour compléter nos collections,
le Secrétaire de notre Comité a été invité à se rendre à
Paris, où il a visité, dans ce but, les Musées du Trocadéro,
du Louvre, de Cluny et de l'École des Beaux-Arts.
Les résultais de celle mission onl fait l'objet d'un rapport
spécial, qui a été publié (1).
Desiderata.
Tant ensuite des différents voyages que nous venons de
résumer que sur la proposition de ses membres, noire Comité
a porté sur la liste de ses desiderata les moulages des
monuments et objets d'art suivants :
PROVINCE D'ANVERS.
Lierre. Église Sainl-Gommaire : Jubé.
PROVINCE DE BRABANT.
Diest. Église Saint- Sulpice : Quatre stalles; vingt misé-
ricordes ; statuettes et gargouilles.
0) Bull, ies Comm. roy. d'art et (TarchéoL, XXXIX (1900), p. 157.
— 386 —
Diest. Église du Béguinage : Statue de la Vierge.
Noirhat. Château de La Moite : Portes sculptées ; tribune
de la chapelle.
Léau. Église Saint-Léonard : Retable dit « de la Vierge » ;
deux figures du retable dit « de Saint-Roch » ; rosaire;
lutrin.
Hougaerde. Église Saint-Gorgon : lutrin; fonts baptis-
maux.
B raine- le-Chàteau. Pilori; statue tombale de Maximilien
de Hornes.
Louvain. Église Saint-Pierre : Tombeaux de Henri 1", de
Malhilde et Marie de Brabanl.
Louvain. Hôpital Saint-Pierre : Portail roman.
Boendael. Église : Deux groupes du martyre de Saint-
Adrien.
PROVINCE DE HAINAUT.
Buvrinncs. Église : Statuette de Saint-Pierre.
Boussu. Église : Relable; monument funéraire de Jean de
Boussu ; bas-relief commémoratif.
Tournai. Cathédrale : Porte Manlile.
FLANDRE OCCIDENT A' E.
Goolscamp. Église : Tombeau et dalle funéraire.
Ypres. Église Saint-Martin : Chapiteaux.
PROVINCE DE LIÈGE.
Anlhisnes. Château d'Ouhar : Cheminée.
Huy. Église primaire : Portail dit « Bethléem ».
Moha. Église : Colonnes et panneaux extrêmes du jubé.
— 387 —
ÉTRANGER.
France. Monuments divers. (Voir le rapport spécial
prérappelé.)
Italie. Arc de Trajan, à Bénévent.
Pays-Bas. Portail de l'église Sain (-Servais, à Maestricht.
Atelier de moulage.
Le personnel de notre atelier a exécuté les moulages
suivants :
Croix triomphale et statuette de Saint-Jean, du Calvaire
de l'église de Walhain-Saint-Paul ;
Statue dite « Jeune homme casqué » (marbre antique), de
la collection de Somzée, à Bruxelles;
Terme d'escalier du château de La Motte, à Noirhat ;
Pierre tombale aux effigies de Jean de Melun et de ses
deux femmes; pierre tombale de Béatrice de Beausarl,
épouse de Hugues de Melun, et de son fils Guillaume;
statuette de Saint-Jean, avtc console et support; écusson des
seigneurs de Melun, au château d'Antoing.
Photographies.
Notre fonds de reproductions photographiques s'est
enrichi de cent quarante-deux clichés, dont une partie
d'après des moulages de nos collections et les autres d'après
les monuments originaux dont la liste suit :
Court-Saint-Étienne. Châsse (quatre vues);
— 388 —
Noirhat. Tribune de la chapelle du château de La Motte;
Moha. Jubé (deux vues);
Anthisnes. Cheminée du château d'Ouhar (deux vues);
Hougaerde. Fonts baptismaux; lutrin;
Rebaix. Calvaire;
Audenarde. Fragments d'un retable conservés au musée
communal;
Givry. Retable ;
Flobecq. Retable;
s'Heeren Elderen. Retable;
Cour-sur-Heure. Chapelle latérale ;
Lierre. Jubé de Sainl-Gommaire (deux vues);
Bréda. Plaque tombale de G. van Gaelen ;
Clonmacnoise (Irlande). Croix de cimetière anciennes
(trois vues) ;
Loozen. Retable.
Herbais. Retable.
Oplinter. Retable (au Musée d'Antiquités);
Estinnes-au-Mont. Retable;
Boendael. Trois retables ;
Hérenlhals. Retable.
Strengnâs. Retable;
Braine-le-Chàteau. Pilori; statue de Maximilien de Hornes;
Lcau. Retables : de la Vierge, de Sainte- Anne, de Saint-
Roch; retable moderne; lutrin; rosaire; ostensoir; reli-
quaire ;
Villers-la- Ville. Deux retables;
Hulshout. Deux retables;
Buvrinnes. Retable de Saint-Pierre; ensemble de l'autel ;
retable de la Passion ; statuette de Saint-Pierre ;
— 389 —
Louvain. Tabernacle de Saint-Jacques; stalles de Sainle-
Gerlrudc (deux vues); tombeau du duc Henri Ier, à Saint-
Pierre ;
Freiberg (Saxe). Porlail du Dôme;
Coolscamp Deux monuments funéraires;
Boussu. Retable; monument funéraire; bas-relief;
Heylissem. Termes d'escalier (quatre vues).
Nos collections de phololypies de monuments anciens se
sont accrues des vues suivantes :
Tour de l'église de Saint-Léonard en Gampine;
Tour de l'église d'Hoogstraeten ;
Portail de l'église et hôtel de ville d'Hoogstraeten ;
Hôtel de ville de Lierre ;
Église Saint-Gommaire, à Lierre (trois vues);
Église Sainl-Amand, à Gheel,
exécutées par AI. C. Àubry.
Maison des Templiers et portail de l'église Saint-Pierre,
à Ypres ;
Façade de l'église Noire-Dame; porte d'Ostende ; maisons
anciennes Marché aux Poissons, à Bruges,
exécutées par M. G. D'Hoy.
Dons, Acquisitions et Échanges,
Sa Majesté le Roi nous a fait don d'un moulage d'une
chapelle de l'église de Drontheim (Norvège), très intéressant
monument du xiu* siècle.
— 390 —
Le cooseil de fabrique de l'église Notre-Dame-au-Lac, à
Tirlemont, nous a ofTert les moulages de deux fragments d'un
trumeau de portail de cette église.
Nous avons acquis, à Rome, les moulages d'une tète de
Silène, d'une statue de Vénus dite < Esquiline » et d'une
statue de Pugiliste au repos.
Nous avons obtenu par voie d'échange :
Du Musée de moulages de sculptures classiques, de Munich ,
un exemplaire de la Némésis, de la collection de Somzée;
Une tète antique de l'école de Praxitèle;
Une tète avec partie de torse d'une statue dénommée — à
tort — c Alhéna mycénienne » , qui est en réalité une œuvre
étrusque.
Du Musée du Louvre, un exemplaire de l'A urige vainqueur,
trouvé à Delphes.
Des négociations sont en cours en vue d'un important
échange avec le Musée Royal de Sculpture de Dresde.
Vers la fin de cette année, notre Secrétaire nous a présenté
son projet de création d'un < Office central des Échanges
artistiques internationaux ».
Nous avons la conviction que celte institution est appelée
à rendre les plus grands services à tous les établissements
qui voudront y adhérer; nous avons, en conséquence,
transmis le projet au Gouvernement, avec l'espoir qu'il
tiendra à en favoriser la réalisation.
— 391 —
Sur l'invitation de M. le Ministre de l'Agriculture, nous
l'avons communiquéaussi à nos correspondants de l'étranger,
ouvrant entre eux un référendum dont notre prochain rap-
port annuel fera connaître les résultats.
Le Secrétaire,
Henry Rousseau.
Vu:
POUR LE PRÉ8JDENT :
Le Membre délégué,
Ad. Delvigne.
397 —
ANOERNACH.
*
Eglise Notre-Dame.
8. — Portai] méridional.
Quatre colonnes supportent une arcature à tores orne-
mentés. Le tympan présente, en bas-relief, deux anges
portant un médaillon sur lequel est figuré l'Agneau
divin.
xih* siècle. — Trachyte, tuffeau et marbre.
Hauteur 6"80. Largeur 5m80.
9. — Cuve baptismale.
Bassin dodécagone; aux angles, douze colonnettes, dont
les chapiteaux sont taillés dans la pierre supérieure ; celle-ci
est de forme circulaire et décorée d'une frise sculptée.
Première moitié du xin6 siècle. — Trachyte.
Hauteur 0-68. Largeur 0m89.
BOPPARD.
Église des Carmélites.
10. — Dalle tumulaire de Marguerite von Eltz.
De forme rectangulaire, avec hémicycle à la tète. Au
milieu est sculptée la figure du Père Éternel avec le corps
du Christ, d'après la composition d'Albert Durer. L'enca-
drement porte des blasons armoriés.
Exécutée en 1519 par von Loyen Hering, de Eichstedt. —
Marbre jaune clair.
Hauteur 2m4i. Largeur lmli.
— 398 —
BRAUWEILER.
Église (ancienne abbatiale).
10 a et 6. — Deux médaillons circulaires avec les figures
de la Vierge et de Saint-Nicolas. — 1514.
CAPPENBERG.
Église paroissiale
11. — Dalle tumulaire des deux fondateurs Otto et
Goltfried de Gappenberg.
Les deux gisants sont vêtus de même d'une chemise de
mailles recouverte d'une tunique sans manches et d'un man-
teau ; leur ceinture est ornée de petits fleurons ; sur la hanche
gauche est accroché l'écu, recouvrant le glaive, dont on voit
dépasser la poignée. Ils portent ensemble un édicule en
forme d'église gothique. Leurs pieds s'appuient sur des
lions. Au-dessus de leurs têtes s'avancent deux baldaquins
en demi-octogones avec arcalures trilobées surmontées de
gables à crochets.
xiv0 siècle. — Grès.
Hauteur 2"41. Largeur lm48.
12. — Tombeau du comte Gottfried de Gappenberg.
Le gisant, sous une arcade à plein cintre, porte une tunique
plissée avec longue ceinture décorée de fleurons, à laquelle
pendent une courte dague à droite, un glaive à gauche. Son
manteau, jeté sur les épaules, est retenu par deux grosses
billes en forme de fleurs. Il tient de la main droite une croix
grecque, de la gauche un écu. Au-dessus de l'épaule gauche
est sculpté le Pélican symbolique sur le bord de son nid.
— 399 —
Les retombées de l'arcade s'appuient contre de petits contre-
forts à pinacles que supportent des culs-de-lampe à figurés
humaines. Au-dessus planent deux anges portant une cou-
ronne; au bas, un lion couché. La sculpture est assez rade
et la figure un peu courte.
xiv6 siècle. — Grès.
Hauteur 2m22. Largeur l-Og.
■
COESPELD.
Église Saint-Jacques.
13. — Portail occidental.
Arcade à plein cintre formée de quatre archivoltes en
boudins, séparées par des bandes d'ornements très élégam-
ment travaillés. Comme supports, de chaque côte quatre
colonnes cylindriques avec bases formées de deux tores
séparés par une scotie et chapiteaux de fantaisie à rinceaux
délicatement ouvragés, avec figures d'animaux. Le cadre de
la baie est formé de deux épaisses colonnes qui se continuent
» . . *
en moulures sous l'arcade, dessinant une archivolte trilobée.
Dans les écoinçons sont sculptés un dragon et un lion.
Ce portail est des plus remarquable comme style,et comme
exécution.
Vers 1200. — Grès westphalien.
Hauteur 5m00. Largeur 4*40.
M' i ' .
CUES-SUR-MOSELLE.
Église de C Hôpital.
14. — Dalle tumulaire de Clara Krifts (f 1473)», steurdu
cardinal Nicolas Cusanus. <
— 400 —
Figure gisante en bas- relief ; au-dessus de la lé le, deux
anges portent des armoiries.
Fin du xv« siècle. — Grès.
Hauteur 2"10. Largeur i"05.
ENGER.
Eglise capitulaire.
15. — Dalle îumulaire de Wiltekiod, duc de Saxe (t 807).
Le gisant, d'un relief très peu accusé, porte une tunique
plissée et un bonnet avec couronne basse : il tient un sceptre.
L'original porte des traces de peintures et d'incrustations.
(Le moulage de celte dalle figure, sous le n° 1017, dans
la Section d'Art monumental des Musées du Cinquantenaire).
xue siècle. — Pierre.
Hauteur 2ra00. Largeur 0"6 1 .
FRANCFORT-SUR-MEIN.
Cathédrale.
16. — Dalle tumulaire du roi Gunthers de Schwarzbourg
(fl349).
Le défunt, qui tient son casque à la main, pose les pieds
sur deux lions debout. L'encadrement et l'arcade supérieure
sont sculptés et ornés de figures.
Exécuté en 1352. — Pierre.
Hauteur 3n30. Largeur lm68.
FRECKENHORST.
Eglise paroissiale catholique,
il. — Fonts baptismaux.
Cuve cylindrique posée sur une plinthe moulurée de même
(
; i
R A PPORT
AU COMITÉ DE LA SECTION ARTISTIQUE DE LA COMMISSION
ROYALE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX.
L'art ancien de l'Allemagne occidentale. (Exposition de Dûsseldorf, 1902.)
Messieurs,
L'Exposition historique de l'Art, à Dûsseldorf, dont le
succès a été si grand et si mérité, avait des litres nombreux
à noire intérêt.
Ses organisateurs s'étaient proposé de donner un aperçu
du développement progressif des arts plastiques dans l'ouest
de l'Allemagne et plus spécialement dans la Prusse Rhénane
el dans la Westphalie. L'archileclure, la sculpture, la pein-
ture elles branches qui s'y rattachent : céramique, orfèvrerie,
verrerie, etc., y étaient représentées par d'importants mou-
lages, des photographies, des copies, et par une quantité
considérable d'objets originaux de grande valeur, car les
collections privées, aussi bien que les musées et les trésors
d églises, avaient été largement mises à contribution, et
ceux qui connaissent l'amour ombrageux des collectionneurs
pour leurs « pièces » ne savent ce qu'il faut le plus admirer,
du zèle intelligent et persuasif des commissaires qui ont
réussi à faire confier tant de merveilles à une exhibition
publique, ou du goût érudit et des idées généreuses de ceux
qui, ayant pu les réunir, n'ont pas hésité à courir les risques
— 394 —
de s'en séparer pendant plusieurs mois pour les exposer à
l'admiration universelle.
Les peintures décoratives, les tapisseries, les émaux, les
verres, les poteries diverses, sont étudiées spécialement par
certaines sections des Musées royaux du Cinquantenaire; je
m'attacherai donc exclusivement aux objets qui intéressent
directement le Comité artistique des Échanges, soit pour ses
collections propres, soit dans ses rapports avec la Section
d'Art monumental des Musées.
* *
En première ligne viennent les moulages.
L'initiative de faire et d'exposer ces reproductions fut
prise par la t Cenlral-Gewerbe-Verein » de Dûsseldorf, qui
y consacra d'abord une somme de C00 marks; puis le Gou-
vernement Royal de la Prusse accorda un subside de
50,000 marks et les Landtag provinciaux rhénan et westpha-
lien votèrent respectivement 20,000 et 15,000 marks de
subvention. Les organisateurs se trouvèrent ainsi à la tète
d'un capital de 85,000 marks — soit 107,000 francs — au
moyen duquel ils firent exécuter, tant par les ateliers des
Musées royaux que par la Société industrielle de Dûsseldorf
et par des mouleurs particuliers, les soixante-cinq moulages,
pour la plupart d'une grande importance, dont j'ai cru
devoir donner ici le catalogue détaillé.
AIX-LA-CHAPELLE.
Cathédrale.
t. — Clôture de la Chapelle des âmes, dans le cloître.
Suite de sept arcades trilobées supportées par des colonnes
— 395 —
cylindriques avec chapiteaux à crochets et bases à deux
tores, posées sur un mur de soubassement peu élevé. L'arcade
centrale, servant de porte, est encadrée de deux piliers
cantonnés sur trois côtés de colonnes engagées de même
modèle que les premières; celle de la face antérieure est
surmontée d'une colon nette, motif répété aux deux extré-
mités de la clôture. L'ensemble est couronné d'une frise de
21 arcalures aveugles trilobées. Le fond et les fûts des
colonnes sont en pierre calcaire, la frise et les arcades en
granit jaunâtre.
Fin du xii* siècle.
Hauteur 3m66. Longueur 9ro22.
(Ce moulage a été exécuté et exposé aux frais exclusifs de
la maison de construction J.-P. Radermacher, d'Aix-la-
Chapelle).
2. — Sarcophage dans lequel Frédéric Barberousse fit
déposer, en 1165, les restes de Charlemagne, qui y demeu-
rèrent jusqu'en 1215 ; à celle date, Frédéric II les plaça dans
la châsse d'or, où ils se trouvent encore.
Le pourtour du sarcophage représente, en haut- relief,
l'Enlèvement de Proserpine. Il est en marbre blanc et parait
dater de la fin du na siècle.
Hauteur 0-85. Largeur 2m23. Profondeur 0m95.
3. — Louve assise, de la fin de l'époque romaine. —
Bronze.
Hauteur 0m85. Largeur 0B7o. Profondeur 0œ95.
4. — Couronnement de fontaine, sur une base quadran-
gulaire portant les restes de figures personnifiant les quatre
— 396 —
fleuves du Paradis terrestre. D'après l'inscription, l'auteur
ou le donateur serait l'abbé Udalricus.
x« siècle. — Bronze.
Hauteur 0m90. Largeur 0m63.
5. — Lutrin-aigle.
Support triangulaire richement décoré, couronné d'une
sphère sur laquelle se tient l'aigle aux ailes éployées.
xv* siècle. — Bronze.
Hauteur 2 mètres. Largeur On>80.
6/ — Couronnement d'autel dit « la Table d'or • .
Dix-sept bas-reliefs représentent : au centre, le Christ entre
la Vierge et Saint-Michel ; à l'en tour, les figurations symbo-
liques des Évangélistes et dix scènes de la Passion. Les
encadrements sont enrichis d'émaux ; appliques ciselées et
pierreries.
Date approximativement de l'an 1000. — Or repoussé.
Hauteur lm29. Largeur lm76.
ALTENBERG-SUR-LAHN .
Église du cbître.
7. — Tombeau de Sainle-Gertrude, fille de Sainte-Elisa-
beth (f 1297).
La sainte est étendue sur le sarcophage au dessous d'un
baldaquin ; près de la tète, deux anges dont l'un porte une
couronne et l'autre un encensoir.
Achevé en 1334; restauré en 1827. — Grès.
Hauteur 0m73. Largeur 2m20. Profondeur 4"05.
— 405 —
et la couronne. L'Enfant Jésus, couvert d'un petit manteau,
tient une colombe.
Vers Fan 1300. — Pierre.
Hauteur 4 "26.
LAACH.
Église abbatiale.
34. — Monument funéraire de Henri II, comte palatin.
La statue du défunt fondateur de l'abbaye repose sur un
sarcophage orné de motifs décoratifs encadrant trois médail-
lons à figures de moines. L'original est recouvert d'une riche
polychromie moderne.
Au-dessus s'élève un élégant baldaquin porté par six
colonnes que réunissent entre elles des arcs trilobés avec
écoinçons sculptés à jour. Le baldaquin se compose de
gables ajourés; le couronnement, de nervures libres recour-
bées pour former coupole.
xiii* siècle. — Tuf et pierre calcaire.
Sarcophage. Hauteur lm20. Profondeur 3 mètres.
Baldaquin. Hauteur 6m40. Largeur 3"I5.
LIMBOURG-SUR-LÀHN.
Cathédrale.
35. — Fonts baptismaux.
Cuve octogone décorée de feuillage, sur un socle bas
portant des tètes d'animaux. Les angles sont soutenus par
huit colonnettes trapues avec chapiteaux historiés de sujets
en haut relief représentant : le Baptême de Jésus ; le Christ,
Maître et Juge, et diverses figures symboliques.
— 406 —
Milieu du xiii0 siècle. — Grès.
Hauteur lm05. Largeur lro60.
36. — Monument funéraire du comte Conrad Cuzi-
bold (f 948).
Le gisant, couvert de longs vêtements et tenant entre les
mains le bâton de Justice, repose sur une dalle encadrée de
feuillages sculptés. Celle-ci est portée par six colonnetles
dont quatre aux angles et deux au milieu des longs côtés;
une figure de moine est adossée à chacune des premières,
un lion et un ours aux deux autres.
Milieu du xiii* siècle. — Grès rouge.
Hauteur lm25. Largeur 1"14. Profondeur 2n25.
LIPPSTADT.
Ruines de l'église du monastère.
37. — Petit monument reclangulaire à colonnes.
A chaque angle se trouvent cinq colonnes groupées; trois
autres colonnes marquent le milieu de chacun des longs
côtes et une seule celui des faces étroites; elles sont réunies
entre elles par des arcatures ogivales et supportent une
plateforme à forte saillie.
Seconde moitié du xm° siècle. — Grès westphalien.
Hauteur 2"77. Largeur 1"67. Profondeur 2m17.
MINDEN.
Cathédrale.
3S. — Ancienne clôture du chœur (?).
• -.■
Cette sculpture, qui se trouve aujourd'hui au-dessus de
^407 —
la porte, au fond du porche du Dôme, constitue une sorte
de longue frise à personnages. isolés.
Au milieu est place le Christ, bénissant à la manière latine
et tenant de la main gauche un livre ouvert où se lisent
l'alpha et l'oméga; à sa droite, la Vierge, qui tient une
branche fleurie, puis Saint-Pierre, avec la clef emblématique
et un livre; à la gauche du Christ, Saint-Paul, tenant aussi
un livre fermé. Tous quatre sont assis sous des baldaquins
en forme d'arcades ogivales avec deux petits contreforts
portés par des culs-de-lampe de feuillage. Ils sont séparés
entre eux par une colonnetle avec base à deux tores, dont
l'un à griffes, et chapiteaux de feuillages élégamment traités.
Du côté droit du Christ se trouvent encore quatre person^
nages et six du côté gauche, tous sous des arcades et entre
des colonneltes semblables aux précédentes; ces figures sont
plus modernes et de proportions trop courtes.
Les colonnettes sont posées sur une plinthe décorée
d'entrelacs de galons et supportent une frise à palmettes
encadrées.
Les quatre premières figures et la partie ornementale sont
vraiment très intéressantes. Malheureusement celte sculpture
asubi, dans le déplacement, desmutilalionsassez importantes.
Si l'acquisition de ce moulage était décidée, elle pourrait
être bornée aux figures du Christ, de la Vierge, de Saint-
Pierre et de Saint-Paul.
Milieu du xme siècle. — Pierre.
Hauteur 4m2S. Largeur 7 mètres.
59-40. — L'Église et la Synagogue; statues très mutilées.
Chacune de ces figures est placée dans une niche, aux
— 408 —
côtés d'une petite porte do Dôme de Minden ; elles ont beau-
coup souffert des intempéries, mais leurs restes n'en sont
pas moins plein de caractère.
La statue qui personnifie l'Église est couronnée; de la
main gauche, cachée sous le manteau qu'elle relève, elle
tient un calice à coupe sphérique ; le bras droit est cassé au
poignet. La figure de la Synagogue a les yeux bandés et la
tète penchée sur l'épaule gauche; elle a perdu les deux
mains, en même temps que son attribut : la hampe brisée.
Vers l'an 1240. — Pierre.
Hauteur lm24 chacune.
41. — Retable à volels sculptés.
Ce retable se compose de deux parties distinctes, qui
diffèrent de style et d'époque :
1° La predella; deux rangées superposées de quatorze
petites arcatures trilobées sur colonneltes minuscules; sous
chaque arcade est une figurine assise. Il y eu a huit au
milieu, sur une porte carrée (de tabernacle ou d'armoire à
reliques), ce sont : le Christ couronnant la Vierge; un saint
à droite, un à gauche, quatre au dessous. Les vingt figures
réparties sur les deux côtés représentent des apôtres et des
saints.
Vers le milieu du xin* siècle. — Bois.
Hauteur 0m69. Largeur 2m85.
2° Le retable proprement dit ; il est de forme rectangu-
laire; la partie centrale est occupée par un groupe en haut-
relief, le Couronnement de la Vierge, dans un encadrement
légèrement elliptique décoré en bas-relief de trente-huit
figures, à mi-corps, d'anges musiciens et chanteurs. Le
— 401 —
forme. Une bande avec inscription gravée la divise, sur sa
hauteur, en deux zones inégales. Celle du bas, la plus petite,
porte en bas-relief une série de lions accroupis, vus alterna-
tivement de face et de profil. La zone supérieure présente
une suite d'arcades surbaissées portant sur des colonnettes,
et sous lesquelles sont sculptées des compositions qui repré-
sentent : l'Annonciation, la Nativité, le Baptême du Christ,
la Crucifixion, la Résurrection et la Descente aux limbes,
l'Ascension, la Cène. Au-dessus règne une frise à palmettes
encadrées.
xii* siècle (1198?). — Grès.
Hauteur lm26. Largeur lm14.
GUSTORF.
Église paroissiale catholique.
18 à 21 — Ensemble de quatre bas-reliefs portant chacun
un sujet sous une arcade à plein cintre.
Les deux plus grands représentent l'Annonciation aux
Bergers et l'Adoration des Mages; sur ce dernier l'on voit
aussi les Femmes au Sépulcre; les deux plus petits portent :
le Christ et trois Apôtres.
Ce sont peut-être les restes de la clôture du chœur de
l'ancienne église romane démolie. Les originaux sont recou-
verts d'une riche polychromie sous une peinture à l'huile,
celle-ci moderne.
Milieu du xu* siècle. — Granit ou tuf.
Hauteur 0*90. Longueur totale 6m30.
— 402 —
HOERDB.
(
Église paroissiale catholique.
24. — Dalle tumulaire du comte Dielrich von derMarck-
Clève, morl à Elbcrfeld eo 1398.
■
Le gisant, en armure, a les pieds posés sur un dragon;
près de la tète, deux belles figures d'anges portant des
armoiries. L'encadrement esl mouluré et forme un arc sur-
m t * * '
ê f
baissé.
Vers 1400. —Grès.
Hauteur 2*20. Largeur 1"13.
COLOGNE.
Cathédrale.
23-24. — Couronnement de deux joues extrêmes des
stalles du chœur.
Feuillages d'un beau travail, avec deux figures de guer-
riers; dans le haut, deux figurines accroupies.
Vers 1280 (?). — Bois de chêne.
Hauteur 0~35. Largeur 1*14.
Église Sainte-Cécile.
25. Tympan du portail septentrional.
Au-dessus de la figure, à mi-corps, de Sainte-Cécile plane
un ange descendant du ciel ; de chaque côté, un saint à
genoux; leur tète se détache sur un nimbe en forme de
coquille. Dans l'original, les yeux des figures sont en verre
incrusté.
— 405 —
Milieu du xif siècle. — Grès.
Hauteur J"43. Largeur 2"80.
Église Sainl-Géréon.
26. — Statue de la Vierge portant Jésus.
Sur la tète, légèrement inclinée, sont posés le voile et la
couronne ; l'Enfant lient une pomme.
Cette figure est remarquablement bien drapée.
Milieu du xiv* siècle. — Bois.
Hauteur lm89.
27-28. — Deux joues de stalle?.
La partie supérieure dessine une double volute, avec
syrènes dans les écoinçons. Les figures de Sainte-Hélène et
de Saint-Géréon sont taillées en ronde bosse.
Vers 1300. — Bois de chêne.
Hauteur 2m20. Largeur 0œ60.
Église Sainte- Marie-au-CajUole.
29. — Monument funéraire de Sainte-Pleclrude.
Ce. tombeau, placé dans la crypte de l'église, se compose
d'un sarcophage uni sur socle mouluré, avec frise de feuil-
lage sculpté. Dans la dalle supérieure est taillée en faible
relief la figure de la sainte; elle porte une robe plissée et
tient à la main une banderolle avec inscription; cette figure
est également encadrée de feuillage.
L'ensemble de ce tombeau, d'un travail délicat, constitue
un monument fort intéressant.
xii€ siècle. — Pierre.
Hauteur Um83. Largeur 2m37. Profondeur lm03.
— 404 —
50. — Statue de la Vierge portant Jésus.
Elle est couverte d'un voile et d'un manteau fort joliment
drapés. De la main droite, la Vierge offre une pomme à
l'Enfant Jésus, qui tient un objet en forme de cœur.
Première moitié du xive siècle. — Bois.
Hauteur t"86.
31. — Double porte romane.
Chacun des deux vantaux, encadré d'une moulure en
demi-boudin avec ornements sculptés, est divisé sur sa hau-
teur en huit rangées superposées de panneaux avec sujets
en haut-relief; aux premier, quatrième et septième rangs
en partant du haut se trouve un seul panneau rectangulaire
en largeur; chacun des autres rangs est occupé par deux
panneaux étroits en forme de rectangles en hauteur. Les
vingt-six compositions ont trait à la vie du Christ, depuis
l'Annonciation jusqu'à la Séparation des Apôtres; elles sont
entourées d'une bordure plate à ornements gravés, parsemée
de vingt-sept ornements très saillants, en forme de citrons,
placés aux angles des panneaux.
Exécutée à Cologne au xie siècle. — Bois de chêne portant
des traces de polychromie.
Hauteur 4m74. Largeur 2m24.
Église Sainte- Ursule.
32. — Le Portement de la Croix ; bas-relief.
Travail flamand, vers 1800. — Grès.
Hauteur i"25. Largeur lra27.
33. — Statue de la Vierge avec Jésus.
Elle porte une robe drapée à petits plis réguliers, le voile
— 409 —
Christ et la Vierge, assis sur une longue chéière avec
accotoirs en forme de contreforts à pinacles, portent de
hautes couronnes à grands fleurons. Au-dessus de ce
médaillon s'avance un dais formé d'une partie horizontale et
de deux rampants avec arcades en accolades à redents. De
chaque côté du motif central sont placées deux statuettes
d'apôtres debout, en haut-relief, et quatre autres dans chaque
volet. Chacune de ces figures est abritée par un baldaquin
de style ogival. Elles sont posées sur un soubassement
commun dans lequel sont découpés à jour quatorze médail-
Ions circulaires encadrant chacun la figurine à mi-corps
d'un homme tenant un phylactère.
L'original est bien conservé ; il présente de nombreuses
traces de la polychromie ancienne.
Commencement du xv€ siècle. — Bois de chêne.
Hauteur 1*31. Largeur #mS8 (ouvert).
MUNSTER.
Cathédrale.
42. — Portail méridional, appelé « le Paradis ».
Celte pièce est la plus importante de la série des moulages.
Le porche est couvert d'une triple voûte d'arêtes dont les
nervures ogivales retombent, en avant, sur deux grosses
colonnes cylindriques à chapiteaux décorés de rinceaux à
jour avec figures d'animaux ; en arrière, ces nervures sont
supportées par deux groupes de trois colonneltes accolées
au mur du fond. Celui-ci présente, au centre, une arcade
en ogive surmontant une double porte rectangulaire ; au
trumeau central est appliquée une colonnette qui sert de
piédestal à une grande statue de Saint-Paul tenant un livre
— 410 —
cl un glaive ; celle figure, très élégante et dont les draperies
imitent les plis archaïques, est de la première moitié du
XVIe siècle. Au-dessus, sous la pointe de l'ogive, une figure
assise du Christ bénissant, avec grand nimbe crucifère;
celle-ci est d'époque romane.
Sur les linteaux sont appliquées deux frises romanes, un
peu postérieures à la statue, représentant chacune deux
sujets : à gauche, l'Adoration des Mages et la Circoncision;
à droite, un groupe de cavaliers dont l'un est désarçonné,
puis ce même cavalier transporté dans une maison (la
Conversion de Saint-Paul?).
De chaque côté de l'entrée, toujours au fond, se dessine
une fausse arcade ogivale sous laquelle sont rangées quatre
figures debout ; trois autres figures leur font suite sur chacun
des murs latéraux; ce sont : à gauche, un chevalier, Sainte-
Marie-Madeleine et la fondatrice de l'église ; à droile, Saint-
Laurent avec le fondateur et un évêque ; ces figures sont du
xme siècle; sous leurs pieds court une bande de rinceaux
historiés.
Au-dessus de chacune des grosses colonnes de Pavant-corps
est posée, sur une console, une figure moderne d'apôtre.
Ce monument, dont l'ensemble date de la première moitié
du xme siècle, a été complété et restauré deux siècles plus tard.
Hauteur 7ra25. Largeur 15m20. Profondeur 6m30.
MÙNSTERMAIFELD.
Église paroissiale catholique.
43. — Slatue de la Vierge.
Elle lient un bouquet de fleurs et porte sur le bras Jésus,
qui a dans la main le fragment d'un oiseau.
— 411 —
Première moitié du xivf siècle. — Tuffeau.
Hauteur im75.
44. — Statue de la Vierge.
Couverte d'un voile, elle porte l'Enfant Jésus, qui tient une
grappe de raisin et un oiseau, en partie brisé. Le sceptre
placé dans la main droite de la Vierge est une restauration.
La draperie est largement traitée.
Commencement du xiv* siècle. — Grès.
Hauteur 4m8S.
OBERMARSBERG.
Église Saint-Nicolas.
45. — Portail méridional.
L'arcade ogivale, en tiers-point, est composé de six archi-
voltes qui prennent naissance sur une étroite moulure tenant
lieu d'imposte, et se continuent verticalement au dessous
sous forme de colonnettes, posées sur un soubassement
mouluré.
L'archivolte extérieure, en quart de rond, est décorée de
palmettes encadrées; la seconde, en boudin, est ornée de
billeltes; la troisième est une arête à angle droit; la quatrième
et la sixième sont des tores unis; la cinquième est couverte
de rinceaux ; les colonnettes qui prolongent celle-ci et la
première sont seules séparées du soubassement par une base.
Les deuxième, quatrième et sixième colonnettes ont des
chapiteaux avec animaux et feuillages, auxquels la moulure
imposte sert de tailloir. La sixième archivolte se divise en
deux branches au-dessus du chapiteau et tandis que l'une
d'elles suit le contours ogival, l'autre se recourbe en arc
— 412 —
trilobé ; le lobe du milieu est développé au point d'entourer
presque entièrement, comme un cadre circulaire, une sta-
tuette assise de Saint-Nicolas qui décore le tympan. Le
linteau de la porte dessine un arc trilobé surbaissé, avec
fleuron aux deux angles.
Seconde moitié du xiue siècle. — Grès weslpbalien.
Hauteur 6m50. Largeur S^SO.
OBERWESEL.
Église Notre-Dame.
46. — Tombeau du doyen Johannes Lutern (f 1515).
Le défunt, qui tient un calice, est au dessous d'un balda-
quin de la dernière époque gothique; de chaque côté, dans
une gorge, est placée une figure sur une console de style
renaissance. Inscription encadrée d'ornements dans le bas.
Premier quart du xvi* siècle. — Grès.
Hauteur 2*56. Largeur lm10
47. — Tombeau du Chevalier Johann von Schônburget
de sa femme.
Le chevalier est couvert de son armure ; la dame porte de
riches vêtements, bien drapés.
Tous deux sont placés sous une arcade portée par deux
pilastres renaissance. Inscription et armoiries dans le bas.
Premier quart du xvie siècle. — Grès clair.
Hauteur 2m36. Largeur 1mH.
48. — Tombeau d'un saint.
Sur un large socle décoré de sculptures et sous un balda-
quin ogival se trouvent les figures, en bois polychrome, de
— 413 —
quatre femmes et d'un ange, entourant le corps du Christ.
Commencement du xiv* siècle. Le socle et le baldaquin du
xvf siècle. — Grès.
Hauteur 2"12. Largeur 1-00. Profondeur 0m56.
SOEST.
Église Saint-Palrocle.
49. — Tympan du portail septentrional.
En forme de demi-cercle; au milieu, la figure du Christ
bénissant, la main gauche posée sur un livre; la (ète se
détache sur un nimbe crucifère; autour de lui, les symboles
des Évangélisles : le lion et l'ange à sa droite, l'aigle et le
taureau du côté opposé. Les trois premiers ont la tète nimbée.
Une bordure de palmettes encadrées à la partie inférieure.
Fin du xne siècle. — Pierre calcaire.
Hauteur lm12. Largeur 2*25.
Eglise Sainte-Marie-sur-la-Colline.
50. — Tympan.
Il est de même forme que le précédent et porte au centre,
dans un médaillon quadrilobé, le Christ en croix, Saint-Jean,
la Vierge et deux anges; dans le haut, le soleil et la lune.
Dans les angles du bas sont représentés en bas-relief : à
gauche la Nativité ; à droite les soldats païens endormis et
les saintes Femmes, conduites par un ange, auprès du
Saint Sépulcre.
Le cadre du médaillon quadrilobé et la bordure inférieure
portent des inscriptions.
— 4U —
xin0 siècle. — Pierre.
Hauteur 4"10. Largeur î"20.
Église Saint-Pierre.
51 . — Tympan du portail méridional.
Le sujet est ici le martyre de Saint-Jean l'Évangélisle ; on
le voit plongé dans une chaudière d'huile bouillante, par
ordre de Domilien, qui assiste au supplice. Deux soldats
romains sont auprès de lui; un ange assiste le Saint.
Cette sculpture, qui date de la fin du xue siècle, est d'une
exécution peu caressée.
Hauteur 0m73. Largeur \mkl.
52. — Tympan du portail septentrional.
Ogive obtuse à gros tore d écailles imbriquées. Le fond
présente un joli cadre de feuillage et une rangée d'arcatures
à plein cintre.
L'original porte des traces de polychromie ancienne et de
restaurations.
xn^ siècle. — Pierre.
Hauteur lm50. Largeur 2m60.
TRÊVES.
Cathédrale.
53. Portail méridional.
Arcade à plein cintre, avec supports octogones et moulures
décorées. Dans le tympan, la figure assise du Christ bénis-
sant, entre la Vierge et Saint-Pierre, ceux-ci debout.
xii- siècle. — Granit.
Hauteur 6m55. Largeur 4m70.
— 415 -^
54. — Clôture du chœur.
Sous des arcatures aveugles à colonnelles engagées sont
(aillées huit niches dont chacune contient la figure, en haut
relief, d'un apôtre debout. L'un d'eux porte un livre; les
autres, des manuscrits roulés. Les écoinçons sont remplis de
feuillage.
L'ornementation des archivoltes, celle des fûts et des
chapiteaux des colonnettes est la même pour les huit com-
partiments.
Fin du xii1 siècle. — Pierre calcaire.
Hauteur lm30. Largeur 4m60.
55. — Tombeau du Prince-Électeur Richard von Greif-
fenklau.
Sur un soubassement portant une inscription s'élève une
grande niche entre deux pilastres d'une décoration fort
riche. Dans la niche sont les statues du Christ en croix, de
la Madeleine, de Sainte-Hélène, de Saint-Pierre et du défunt,
ce dernier agenouillé, en vêtements de cérémonie. Les
pilastres se répètent en petit dans la zone supérieure, où ils
encadrent quatre écussons armoriés ; les armes et les insignes
du Prince-Électeur couronnent le tout.
Ce monument date du premier quart du xvi* siècle. Le
soubassement est en grès gris de Lorich, près Trêves ; le
reste en tuffeau gris de Weibern.
Hauteur 6m87. Largeur lm96. Profondeur 0m58.
56. — Tombeau du Prince-Électeur Johann von Melzen-
hausen.
Ce monument se compose de trois niches à plein cintre
avec couronnement, sur une haute predella qui porte
— 416 —
1'înscriplion ; les deux niches latérales n'ont guère que le
tiers de la largeur de celle du milieu.
Quatre pilastres font saillie sur le soubassement; ils sont
couverts d'ornements et portent à mi-hauteur, dans un
médaillon circulaire, une tête vue de profil ; des écussons
armoriés portés par de petits génies remplacent les chapi-
teaux.
Ces motifs servent de piédestaux aux quatre grands
pilastres qui encadrent les niches ; ceux-ci sont aussi enrichis
d'ornements et de médaillons avec profils. Chacun des deux
pilastres des extrémités supporte un piédestal avec une
statuette : à gauche, Sainl-Géréon appuyé sur un écu alle-
mand ; à droite, Saint-Georges transperçant le dragon de sa
lance. Sur la face de chaque piédestal, an écusson pareil à
ceux du soubassement.
Les deux pilastres de la niche centrale reprennent au-des-
sus de leur chapiteau et soutiennent une sorte d'attique à
corniche moulurée tressaillante; au milieu de cetallique,
une figure à mi-corps de vieillard déployant deux banderolles;
aux extrémités, qui font avant-corps au-dessus des pilastres,
deux écussons analogues à ceux mentionnés plus haut. Sur
ces avant-corps, une statuette de la Vierge à gauche, de
Saint-Jean à droite. Entre les deux, un fronton cintré avec
les armoiries du défunt dans le tympan et comme couron-
nement la statuette du Christ nu, couronné d'épines, debout
sur un globe; les piédestaux des deux premières statuettes
se relient au motif central par deux dauphins que chevauchent
des génies.
Dans les niches sont placées : au milieu la grande statue
en pied du Prince de Metzenhausen, en grand costume
— 417 —
d'évéque, les mains jointes, la crosse avec sudarium passée
dans le bras gauche; à sa droite, Saint-Pierre avec sa clef,
à sa gauche, Saint-Paul avec le glaive; ces deux dernières
figures sur des piédestaux on forme de colonneltes cannelées.
Ce monument est 1res élégant et fort bien conservé.
Vers 1541 . — Grès jaune- verdàtre de Wasserliesch, près
Trêves.
Hauteur 6m70. Largeur 3m57. Profondeur 0*73.
Église Notre-Dame.
57. — Portail principal.
Grande arcade à six archivoltes, à plein cintre, percée
d'une porte rectangulaire. Dans le tympan, de nombreuses
figures d'une sculpture un peu maigre, représentent : au
milieu la Vierge assise, tenant sur les genoux Jésus et
foulant aux pieds le basilic; à sa droite, les Mages agenouillés,
puis les bergers; à sa gauche, la Présentation de Jésus au
temple et le Massacre des Innocents.
Cinq des archivoltes sont décorées de statuettes : celle qui
encadre le tympan porte huit anges debout, qui tiennent
alternativement un encensoir et une couronne; la suivante,
huit évoques, debout aussi ; la troisième, huit cardinaux assis;
la quatrième, huit rois musiciens et, à la clef d'arc, un ange
tenant un phylactère; la cinquième présente les cinq Vierges
sages à droite, les cinq Vierges folles à gauche ; enfin l'archi-
volte extérieure forme une gorge décorée de grandes feuilles
d'acanthe à crochets.
Les ébrasements du portail présentent chacun quatre
niches avec dais trilobés surmontés de gables. A gauche, les
deux niches du fond sont vides ; la troisième contient une
— 418 —
figure en pied personnifiant l'Église : une femme couronnée
tenant une croix et un calice (ces attributs sont modernes).
Dans la niche correspondante du côté droit, est figurée la
Synagogue : la couronne tombe de sa tète, sa main droite
laisse échapper les tables de la Loi, l'autre tient le reste de
la hampe brisée traditionnelle. A sa droite est une statue de
Saint-Jean TÉvangélisle, qui porte un calice ; la niche prés
de la porte est vide.
La dernière niche vers l'extérieur de chaque côté est vide
aussi et présente un fond de grandes feuilles à crochets d'une
belle exécution.
Dans les soubassements sont taillées, à droite et à gauche,
quatre arcades trilobées avec fleurons dans les écoinçons,
portant sur des colonnettes avec chapiteaux de feuillages à
crochets et bases à deux tores.
De chaque côté fait saillie sur le nu du mur un fort pilastre
cantonné de trois colonnes avec chapiteaux à deux rangs de
larges feuilles de vigne. La colonne de face, d'un diamètre
au moins double des autres, quoique de même hauteur, est
surmontée d'un socle qui porte, du côté gauche, la statue de
Noë : vieillard à longue barbe appuyé sur un bâton ; devant
lui est le bûcher rappelant son sacrifice d'actions de grâce;
sur la colonne de droite, Abraham s'apprèlant à sacrifier
Isaac ; l'ange qui arrête son bras apparaît dans l'angle supé-
rieur du mur de fond, au-dessus de l'arcade. Ces deux
grandes figures sont abritées sous des dais à trois arcs trilo-
bés, surmontés de gables et d'édicules en forme de tourelles
cylindriques percées de meurtrières et couvertes de toits
coniques. Un gros pilastre auquel ces motifs sont adossés
porte encore, à droite et à gauche, deux statues de prophètes.
— «9 —
L'ensemble est imposant d'aspect; la décoration architec-
turale est d'une exécution particulièrement remarquable.
Milieu du xni8 siècle. — Grès de Jaumont.
Hauteur 8m0O. Largeur 8ro55.
K8. —Portail latéral.
Haute arcade à plein cintre, à six archivoltes ; les quatre
plus grandes sont décorées de feuillages variés, d'une
inexprimable délicatesse d'exécution. Les deux autres sont
ornées chacune de huit figurines d'anges portant des flam-
beaux, des couronnes, des encensoirs et d'autres attributs.
Cinq figures presque en ronde bosse remplissent le tympan :
au milieu, la Vierge, entre le Christ à sa droite et Saint-Michel
à sa gauche, qui lui posent ensemble une couronne sur la
télé; de chaque côté, un ange debout.
Sur le nu des ébrasemenls ressortcnl six colonnetles cylin-
driques, avec anneaux ornementés à mi-hauteur, et chapi-
teaux de feuillages ajourés; la colonne attenant au piédroit
est séparée de la suivante par une bande de feuillage grimpant.
La décoration de ce portail est réellement merveilleuse ;
il n'existe guère d'exemples d'ouvrages de pierres travaillées
avec une aussi prodigieuse habileté; l'archivolte extérieure,
notamment, est comparable à une œuvre d'orfèvrerie.
Milieu du xiu* siècle.
Hauteur 6B20. Largeur 5m48.
WESTERNKAPPELN.
Église paroissiale catholique.
59. — Portail méridional.
Arcade ogivale obtuse à quatre archivoltes en boudins.
Celle du fond est décorée d'un feuillage largement traité ; la
— 420 —
suivante, de billeltes; la troisième est un tore uni, assez
étroit, séparé par une gorge peu profonde d'une plate-bande
unie aussi ; un gros tore anneié sans ornemeols forme l'archi-
volte extérieure. De grandes pierres d'une seule pièce forment
à la fois le tympan et le linteau ; ce dernier dessine une ligne
brisée, la partie horizontale du milieu étant reliée par deux
obliques aux piédroits.
Au milieu du tympan est taillée en haut-relief une figure
assise du Sauveur bénissant; dans chaque angle, un homme
en prières.
Les piédroits se composent de moulures en boudins. Dans
les ébrasements sont creusées deux niches à plein cintre dont
chacune abrite une statue posée sur une colon nel te formant
piédestal. De chaque côté devaient se trouver deux colon-
nettes cylindriques, dont il ne subsiste que les chapiteaux à
feuillages et quelques fragments de bases.
Toute cette partie a beaucoup souffert : les moulures da sou-
bassement sont tout à fait dégradées, les crochets des chapiteaux
sont abattus ; les mains et les tètes des statues ont disparu,
leurs corps sont presque informes; néanmoins l'ensemble de
ce petit portail se fait remarquer par la largeur de l'exécution
etson absolue simplicité lui donne un réel aspect de grandeur.
Seconde moitié du xui* siècle. — Grès westphalien gris-
verdàtre.
Hauteur 5"00. Largeur 4m50.
WETZLAR.
Cathédrale.
59a. — Pelite maquette à l'échelle de l h 80.
La cathédrale est figurée dans son élat primitif, avec les
— 421 —
restes de la lour romane y accolée, la tour gothique du
sud-ouest, le chœur du xme siècle, la grande nef et le
transept du xiv*.
C'est un petit modèle très intéressant; il est à espérer que
nous serons bientôt en mesure d'exposer des reproductions
similaires de nos belles cathédrales.
XANTEN.
Cathédrale.
60. — Groupe de la Visitation (contre un pilastre du
chœur).
Les figures, de grandeur naturelle, sont habillées de dra-
peries aux petits plis archaïques. Sur le socle sont sculptés
une figure de Juif avec un porc, un dragon et un lion.
Vers l'an 1300. —Grès.
Hauteur 2n,20 (avec le socle). Largeur 0ra85.
61 à 64. — Quatre joues de stalles.
La partie inférieure est décorée d'arcalures trilobées
aveugles ; le dessus est formé de forts branchages sculptés à
jour, largement traités, avec de petits animaux : un chien,
un aigle, un singe et un dragon.
Seconde moitié du xiu° siècle. — Bois de chêne.
Hauteur 2*20. Largeur chacun 0m90.
Voilà, Messieurs, pour ce qui concerne les moulages; avant
d'aborder les objets originaux, je tiens à vous dire un mot
des photographies.
Le conseiller intime Meydenbauer avait exécuté, au moyen
i
L
— 422 —
d'un procédé de son invention, soixante-quinze photogra-
phies ne mesurant pas moins de un mètre sur un mètre
quatre-vingt-dix chacune, d'après les monuments les plus
remarquables de la province rhénane (40 vues), de la West-
phalie (26 vues) et du district de Wiesbaden (9 vues).
Ces planches énormes sont d'un haut intérêt et peuvent
certainement rendre les plus grands services pour l'élude
des monuments qu'elles représentent; je n'en ai pas moins
pensé avec quelque fierté au succès qu'obtiendrait dans une
exposition analogue notre superbe collection de photolypies,
due à l'iniative de M. Gloquel ; il s'en faut encore de quatre-
vingt quatre vues qu'elle atteigne le chiffre de deux cents
auquel votre Comité s'est arrêté provisoirement ; je pense
qu'il n'est guère de musées, — s'il en est, — qui puissent
nous opposer une galerie plus belle et plus intéressante.
Je cite pour mémoire quelques agrandissements, très
utiles aussi, de photographies d'objets d'art inscrits à
l'inventaire monumental de la Westphalie. Ces belles repro-
ductions sont dues à M. le conseiller Ludorff, conservateur
provincial.
Je ne puis me dispenser, Messieurs, de vous parler à
présent des objets d'art originaux ; il va sans dire que je ne
tenterai même pas l'énuméralion des 3,200 pièces exposées;
mais il en est qui se rattachent si intimement à la nature de
nos collections qu'ils ne peuvent être ici passés sous silence.
Il est tout d'abord une catégorie de ces objets qui relève
directement de l'art monumental : ce sont les châsses; il y en
a, — tel notre merveilleux reliquaire de Sainte-Gertrude, —
qui sont de véritables cathédrales en miniature.
— 423 —
De l'admirable collection de châsses exposées à Dûssel-
dorf, celles qui offrent le plus de caractères architectoniques
appartiennent l'une à la cathédrale, l'autre à 1 église Saint-
Jean, à Osnabriick.
La première (n° 582) renferme les reliques de Sainte^
Cordula. Elle figure une nef rectangulaire dont chaque
façade est percée de cinq baies ogivales à deux rangs super-
posés de quatre lumières chacun ; les réseaux dessinent trois
œils quadrilobés; une statuette debout est placée devant les
première, troisième et cinquième ogives; ces baies sont
séparées entre elles par un contrefort à trois glacis; des
contreforts de même modèle, placés dans Fsrxe des diago-
nales, renforcent les angles de l'édifice.
Chacun des pignons est occupé par une haute fenêtre
ogivale à claire- voie divisée dans sa hauteur, par une
galerie de cinq quatrefeuilles, en deux étages à six lumières
chacun. Les meneaux du bas dessinent des arcs surbaissés;
ceux de l'étage supérieur forment deux ogives à roses
quadrilobées; une grande rose à six lobes à redents entou-
rant un œil à trois flammes occupe le tympan de la grande
ogive.
La toiture est à deux versants, portant chacun cinq
fenêtres cintrées aveugles à trois divisions et œil quadrilobé;
les rampants des pignons sont unis; ils portent à l'extrémité
inférieure une grande feuille arrondie et comme amortisse-
ment une minuscule colon nette annelée.
L'ensemble est rehaussé de fleurettes de métal, de pierre-
ries et de nombreux cabochons de formes variées.
xv* siècle. — Argent.
Hauteur 0m42. Largeur 0m62. Profondeur 0m30.
— 424 —
La châsse de l'église Saint-Jean (n° 586) est du même
genre, maïs plus simple. Chaque face présente trois fenêtres
ogivales à trois lumières et trois œils quadrilobés; la grande
fenêtre de chaque pignon est à quatre lumières et l'œil a cinq
lobes à redents. Des contreforts sont disposés comme dans
la châsse précédente, mais ils n'ont que deux glacis ; celui du
bas porte une sorte de pinacle en forme de tourelle adossée à
la partie supérieure du contrefort ; dont le couronnement
dessine un petit toit en saillie.
L'édicule repose sur un soubassement mouluré dont le
contour suit les ressauts des contreforts. La toiture, à deux
versants, simule des ardoises arrondies, en imbrication. Une
côte saillante, — sorte de fort tasseau mouluré, — corres-
pond à Taxe de chaque contrefort des façades et porte à
l'amortissement un bouquet de feuilles. Les rampants des
pignons sont moulurés et portent un amortissement iden-
tique.
Une figurine de femme en prières est agenouillée à l'un des
pignons. De multiples fleurettes et des cabochons enri-
chissent le monument.
xive siècle. — Argent.
Hauteur 0m54. Largeur 0m55. Profondeur 0n33.
Le musée royal ancien de Berlin exposait aussi une châsse
de forme monumentale; celle de Sainl-Palrocle (nr 315).
Chaque face présente sept arcades ogivales aveugles
trilobées à l'intérieur; celle du milieu, plus grande, est
dessinée dans une sorte de portail en avant-corps avec gables
à crochets de feuillage, flanqué de contreforts avec pinacles
en forme de tourelles à quatre étages ; ce portail reproduit
le motif des pignons.
— 428 —
Le soubassement fait saillie sous ehaque arcade, formant
an piédestal qui porte une statuette; les quatre statuettes
principales ont en outre un socle décoré de quatrefeuilles
à jour; elles représentent : à l'un des pignons la Vierge, à
l'autre le Christ, tous deux assis sur un trône; à Tune des
faces Saint-Palrocle, à l'autre Saint-Bruno; dans les petites
arcades sont les figurines des douze apôtres.
La toiture, à deux versants, est faite de petites plaques
arrondies ; une légère balustrade de quatrefeuilles à jour,
court sur les chéneaux; le crétage, semé de feuilles, porte
cinq 'fleurons en bouquets de feuillage, dont deux aux amor-
tissements des rampants des pignons. Dans les gables qui
surmontent les quatre grandes ogives, une rose quadrilobée
encadre une figurine. L'ensemble est élégant quoique un
peu maigre de proportions.
Commencement du xiv'siècle. — Restaurations modernes.
— Argent.
Hauteur 0m74. Largeur 1m76. Profondeur 0"47.
La châsse dite « des Macchabées », qui appartient à
l'église Saint-André, à Cologne (n° 4G5), présente aussi
l'aspect général d'un édicule; mais elle est entièrement
couverte de bas-reliefs.
Six contreforts décorés d'arcades aveugles divisent cha-
cune de ses faces en cinq compartiments subdivisés à leur
tour en deux panneaux superposés. Sur chacun des deux
versants de la toiture, des tasseaux en moulures ornées
tracent les mêmes divisions. La châsse comporte ainsi
quarante sujets en argent repoussé, retraçant des épisodes
de la vie du Christ et du martyre des sept frères torturés
par Antiochus Epiphane. Chaque contrefort est surmonté
— 426 —
d'une figurine en ronde bosse : anges à ceux des extrémités,
personnages porteurs de phylactères aux autres.
Les pignons sont renforcés de deux contreforts; dans
l'angle rentrant qu'ils forment avec ceux des extrémités des
faces s'élève un piédestal en forme de colonnelle torse
cannelée, portant une statuette dont le dais, en arc accolade,
sert de support à une figurine plus grande assise à chaque
angle de la corniche. Les pignons sont aigus ; les rampants,
qui portent des crochets en feuilles de chicorée, ont pour
amortissement une tète ailée.
Dans les champs des pignons sont représentés, en bas-
relief : d'un côté l'Entrée des Macchabées dans le ciel, plus
haut l'Assomption et, dans l'angle du gable, le buste du Père
Éternel bénissant; à l'autre pignon, la récompense de la
mère des Macchabées, le Couronnement de la Vierge et le
même buste.
Le soubassement porte des inscriptions en capitales
romaines.
Exécuté à Cologne vers la fin du xv* siècle. — Argent et
cuivre doré.
Hauteur 0m97. Largeur l^O. Profondeur 0*87.
Les églises de Cologne exposaient encore quatre autres
châsses fort belles; celle de Sainte-Ursule (n° 511), qui
appartient à l'église de ce nom, se fait remarquer par une
disposition particulière assez rare : le toit en voûte en
berceau.
Les pignons, à plein cintre, se répètent au milieu de
chacune des faces, qui présentent six arcades également à
plein cintre avec pilastres d email à dessins variés; le tout
enrichi de plaques d'argent repoussé, de médaillons émaillés
— 437 —
circulaires et rectangulaires et de nombreux cabochons.
Exécuté à Cologne à la fin du xae siècle.
Hauteur 0-50. Largeur 4*20. Profondeur Om40.
Toutes les autres châsses sont des édicules avec toiture
à double versant.
Celle de Saint-Albin (n° 504) qui appartient à l'église
Sainte-Marie « in den Schnurgasse • , présente à chaque face
six arcades trilobées retombant sur des colonnetles jumelles
émaillées.
Aux pignons, deux arcs trilobés sont superposés; les
angles- redents de Tare inférieur sont soutenus par des
colon nettes plus grandes; dans les arcades sont peintes des
figures modernes de saints, qui malheureusement ne s'har-
monisent guère avec l'ensemble du vénérable monument.
Sur chaque versant de la toiture quatre panneaux rectan-
gulaires en cuivre repoussé représentent, en bas relief, des
scènes de la vie de Saint- Albin.
L'ornementation de cette châsse : émaux, pierres taillées,
cabochons multiples, est d'une richesse inimaginable.
Travail colonais. — Vers 1200.
Hauteur 0T7% Largeur 4m53. Profondeur Oœ51.
La châsse de Sainl-Maurin (n° 505) qui appartient à la
même église, offre sur chaque face, en retrait sur le chéneau,
sept arcades à plein cintre sur pilastres; aux deux extré-
mités une saillie en forme d'ante, à face émaillée, présente
une figure allégorique.
Sur chaque versant du toit, cinq médaillons en losanges
quadrilobés encadrent des scènes de martyres en argent
repoussé. Un fort joli crétage de cuivre découpé et rehaussé
au centre d'un fleuron à cinq branches couronne le faite.
— 428 —
Les chéneaux, les écoiuçons et les pilastres sont en
plaques d'émail avec nombreux cabochons.
Travail colonais de la fin du xn0 siècle.
Hauteur 0n60. Largeur im32. Profondeur 0"42.
L'église paroissiale de Saint-Héribert, à Cologne-Deulz,
conserve les reliques de son patron dans une châsse tout à
fait remarquable (n° 524).
De même forme que les précédentes, elle présente sur
chaque face six divisions rectangulaires, occupée chacune
par la figurine, en argent repoussé, d'un apôtre assis et
séparées par des trumeaux d'émail avec figures de prophètes.
Les pignons sont recouverts de bas-reliefs d'argent
repoussé représentant : d'un côté la Vierge assise, cou-
ronnée, tenant le sceptre de la main droite; l'Enfant Jésus
assis sur son genou gauche donne la bénédiction latine;
deux anges se tiennent à ses côtés ; au pignon opposé se
trouve la figure de Saint-Héribert; ces deux compositions
sont surmontées d'une arcade trilobée surbaissée.
Sur chaque versant de la toiture sont fixés six médaillons
d'émail figurant des scènes de la vie du Saint. Le crélage,
en cuivre, se répète sur les rampanls des pignons, entrecoupé
de cabochons de cristal.
De nombreuses pierres précieuses rehaussent ce petit
monument dont toute l'ornementation, d'émail, de cuivre et
d'argent repoussé, est d'une incomparable richesse.
Exécuté à Cologne au milieu du xue siècle.
Hauteur 0,n64. Largeur lm54. Profondeur 0œ45.
La chasse de Sainte-Prudence (n° 214), à l'église parois-
siale de Beckum, est plus simple mais non moins belle.
Les six niches de chacune de ses faces longues dessinent
— 429 -r-
des arcades trilobées sur colonnettes jumelles; chacune
d'elles contient une statuette d'argent repoussé; à l'un dos
pignons se trouve Saint-Fabien, à l'autre Saint-Sébastien.
Le crétage des rinceaux est d'une rare élégance ; il porte trois
fleurons en forme de gros boutons entr'ouverts.
Cette châsse, exécutée au commencement du xiu* siècle,
est fortement restaurée.
Hauteur 0m47. Largeur lm05. Profondeur 0m72.
Les faces de la chasse de Safnl-Suitbert (n° 449), à l'an-
cienne collégiale de Kaiser werth, offrent la même disposition
d'arcs trilobés sur colonnes jumelles, avec figures d'apôtres.
Sur chaque versant du toit quatre bas-reliefs rectangu-
laires ont pour sujets des scènes de la vie du Christ.
Aux pignons se voient d'une part la Vierge entre deux
saintes femmes, d'autre part Saint-Suitbert entre Sainte-
Plectrude et le roi Pépin. Le crétage des rinceaux pleins
parait un peu lourd ; ses cinq fleurons figurent des bouquets
de feuillage surmontés de boules de cristal.
Cette châsse date de 1264; elle a subi certaines restau-
rations.
Hauteur 0m76. Largeur lm60. Profondeur 0B45.
L'église paroissiale catholique de Siegbourg n'exposait
pas moins de cinq châsses toutes restaurées par l'orfèvre
P. Beumers, de Dùsseldorf.
La première renferme les reliques de Sainl-Anno (n°625).
Elle présente sur ses faces la disposition déjà décrite de six
arcs trilobés sur colonnettes géminées; les arcades sont
vides; dans les écoinçons apparaissent, sous de petits arcs
à plein cintre, les figurines à mi-corps des Apôtres et des
Évangélistes, en métal repoussé sur fond d'émail.
— 450 —
Chaque versant de la couverture porte cinq panneaux
rectangulaires, vides aussi. Des pilastres renforcent les
angles.
Les arcades trilobées des pignons sont vides comme les
autres. Toutes les archivoltes portent des inscriptions.
S.ur le faîtage et les rampants des gables court un crétage
de rinceaux avec figurines, d'une exécution habile mais un
peu lourd.
Les colonnettes et les chéneaux sont en émail; les pierres
précieuses sont répandues à profusion.
Exécuté, probablement à Cologne, en 1182.
Hauteur 0"78. Largeur lra07. Profondeur 0B46.
La chasse des Saints-Maurice et Innocent (n° 626) ne
présente pas davantage de sujets animés.
Sept colonnettes cylindriques d'émail répartissent ces faces
en six divisions carrées ; au-dessous des bases et au-dessus
des chapiteaux court un bandeau avec inscriptions.
Les versants du toit sont à sept panneaux chacun, avec
encadrements plats de métal gravé rehaussés de bossages
hémisphériques. Le crétage de feuillage entremêlé de petites
boules de cristal est d'un joli travail.
A chaque pignon, une arcade aveugle trilobée; rampants
des gables en plaques d'émail et de métal alternées, ces
dernières portant des pierres enchâssées. Le soubassement
est en forme de doucine à palmettes.
A Cologne, vers l'an 1200.
Hauteur 0*74. Largeur l'HS. Profondeur 0œ51.
La châsse de Sainl-Benignus(n° 628) a les mêmes pignons
que la précédente. Ses faces offrent six arcades à plein cintre
sur colonnettes cylindriques isolées, en émail. Les versants
— 431 —
du toit sont à quatre panneaux, sans ornements. Le crétage
de pal mettes encadrées parait massif.
Les archivoltes portent des inscriptions; les écoinçons en
plaques d'argent repoussé, sont enrichis de pierreries.
Vers l'an 1200.
Hauteur 0m6I. Longueur ln02. Profondeur 0m40.
La châsse de Sainte-Apollinaire (n° 629) est entièrement
garnie de plaques de cuivre repoussé et doré.
Les sept arcades ogivales de chacune de ses faces ont un
fond strié en losanges. Les plaques de la toiture sont aussi
des losanges et portent en relief alternativement une fleur de
lis et un aigle aux ailes éployées.
Le crétage dessine une galerie d'arcatures, avec cinq
cabochons de cristal sur tiges d'inégales hauteurs; des
branches de feuillage courent le long des rampants des
pignons.
Un contrefort oblique, renforçant chaque angle, porte
aussi un ornement sphérique en cristal.
Exécuté en 1446.
Hauteur 0œ62. Largeur 1m52.
Enfin la châsse de Saint-Honoré (n° 627), du même type
général que les autres, se fait remarquer par l'importance
donnée à la toiture : elle a près du double de la hauteur des
faces latérales. Celles-ci présentent chacune six arcades à
plein cintre sur colonnettes jumelles cylindriques à chapi-
teaux cubiques ; elles sont occupées par les figurines assises
des Apôtres, en argent repoussé; des bustes de Saints
ressortent en haut-relief au-dessus de chaque couple de
colonnettes. Toute cette partie est d'un caractère archaïque
particulièrement prononcé.
— 432 —
Au milieu de chaque face s'élève un fronton triangulaire
équilatéral dont le tympan est occupé par un buste en haut
relief.
A chaque pignon, une arcade trilobée avec archivolte à
inscription ; de nombreuses pierres, et un très grand cabo-
chon dans l'angle des gables. Le crétage se répèle sur les
rampants des deux frontons et des deux pignons.
Sur le toit, quatre bas-reliefs au repoussé représentent
des scènes de la vie de Jésus : l'Annonciation, la Nativité, etc.
Le catalogue renseigne cette châsse comme datant du
xiii6 siècle; je dois émettre un doute à ce sujet, tout au moios
pour ce qui concerne les parties verticales, c'est-à-dire le
coffre proprement dit, qui ne me parait pas postérieur au
commencement du xu° siècle.
Hauteur 0m53. Longueur 0W61. Profondeur 0m3i.
La dernière châsse à mentionner appartient à l'église de
Xanten (ancienne abbatiale) ; on y conserve les reliques de
Saint-Victor. (N° 719).
La disposition des faces est nouvelle : on y voit (rois
niches rectangulaires entre pilastres en émail, à chapiteaux
foliacés ; ces niches contiennent chacune la figure debout
d'un apôtre, en or repoussé ; elles alternent avec des trumeaux
revêtus d'une plaque de métal offrant, en repoussé, un cadre
dont les côtés verticaux sont en forme d'accolade et les autres
en demi-cercle.
A l'un des pignons se voit le Christ ; à l'autre une grande
croix avec pierres dans un médaillon ovale. Ce coffre est un
travail rhénan de l'année 1129.
La toiture date du xiv° siècle ; chaque versant porte cinq
médaillons quadrilobés avec la figure d'une Vierge sage ou
— 433 —
d'une Vierge Folle, en bas-relief. Le fond poMe de fort jolis
ornements végétaux repousses. Le crétage esl une galerie
de quatrefeuilles, sans fleurons.
Cette châsse fut restaurée d'abord en 1394, puis après les
pillages de 1593 et 1604, enfin en 1749.
Hauteur 0*61. Longueur lm42. Profondeur 0m48.
Chacune des seize châsses que je viens de citer présente,
vous le voyez, Messieurs, des éléments archi tectoniques qui
m'ont paru justifier une description un peu étendue.
Dans presque toutes celles qui furent exécutées à Cologne
nous retrouvons un même motif, sorte de marque d'origine :
les chéneaux des faces et les rampants des gables décorés de
rectangles d'émail alternant avec des feuilles rectangulaires
de métal dans lesquelles sont serties des pierres précieuses
an nombre de cinq : une à chaque angle, une plus grosse
au centre.
Ces plaques d'émail, de même que les colonnettes, les
pilastres, les écoinçons, les médaillons de même matière, aux
dessins délicats variés à l'infini, attestent la vigoureuse
floraison à Cologne, au xn* et au xiue siècles, d'une industrie
d'art émule de celle qui a consacré la gloire séculaire de
Limoges.
On admirait à l'Exposition de Dûsseldorf, outre les châsses
dont je viens de parler, une grande quantité de reliquaires :
chefs, bras, cylindres de cristal sur pieds d'or ou d'argent,
coffrets de formes diverses. Je dois, à regret, passer sous
— 434 —
silence ces trésors de joaillerie, de même qie les autels por-
tatifs, calices, ciboires, ostensoirs...
Parmi ces derniers pourtant je ferai exception eu faveur
d'une merveilleuse monstrance, haute d'un mètre, exécutée
à Amsterdam au milieu du xvi* siècle et qui appartient à
régi i se paroissiale de Calcar. (N° 325).
Le pied, couvert d'ornements repoussés, a la forme d'un
carré quadrilobé ; la tige, octogone, est coupée à mi-hauteur
d'un gros nœud décoré de losanges ; le cylindre de cristal
renfermant la lunette occupe le centre d'une plateforme sur
laquelle se dressent dix contreforts en forme de tourelles à
deux étages, avec pinacles aigus garnis de crochets, portant
comme amortissements une sphère; sur cette dernière sont
posés : aux deux contreforts les plus éloignés du centre (et
les moins élevés) une figure d'ange; aux quatre suivants un
ange portant un instrument de la Passion; aux quatre plus
grands, une médaille avec monogramme découpé à jour.
Chacun des contreforts porte en outre, accolées à sa face
externe, deux minuscules figurines de saints en haut relief;
ils sont reliés entre eux par des motifs d'ornements formant
arcs-boutants.
Le couronnement de la partie centrale se compose d'une
nouvelle ordonnance de contreforts gothiques étages sur deux
rangs et surmontés d'une coupole entièrement à jour sur
laquelle se dresse le crucifix. Le tout est parsemé de nom-
breuses figurines et de motifs architectoniques divers : gables,
arcs en accolade à crochets avec tympans ajourés, etc., etc.,
qu'il serait oiseux de détailler.
Je ne puis comparer cet ostensoir, au point de vue de
l'habileté du travail de l'orfèvre, qu'à notre chasse de Nivelles
— 455 —
toute réserve faite, bien entendu, quant à la grande différence
de valeur artistique et archéologique, qui est incontestable-
ment en faveur de cette dernière.
La même église de Galcar possède un objet Tort original
appelé c Marienleuchler » (flambeau de Marie), qui présente
une combinaison du lustre et du Rosaire.
Il se compose, dans le bas, d'une sorte de cul-de-lampe
hexagone dont chaque face est décorée d'une figure assise,
en bas-relief, et dont la partie inférieure forme un petit culot
avec torse d'ange. A chaque angle s'attache une branche de
rinceaux portant à son extrémité six plateaux de candélabres
avec pointes.
Sur cette espèce de socle suspendu, si je puis m'exprimer
ainsi, se dresse, debout sur un croissant de lune, une statue
à double face de la Vierge portant Jésus, entourée d'une
gloire elliptique de flammes et de glaives; dans le haut
planent deux anges qui portent la couronne de Marie sur
laquelle descend le Saint-Esprit : une colombe environnée
de rayons.
La Vierge est encadrée de deux grandes branches naissant
du cul-de-lampe; elles projettent des rameaux en rinceaux
dans les enroulements desquels douze figures d'hommes, à
mi-corps et en ronde bosse, rappellent la généalogie du
Christ.
Au sommet, sous l'anneau de suspension, le Père Éternel
portant le globe terrestre, bénit à la manière latine.
Ce curieux et précieux monument ne mesure pas moins
de 3 mètres 50 de hauteur; commencé en 1503 par Hein-
— 436 —
rich Bemst, qui y consacra huit années, il fut achevé, après
la mort de celui-ci, par Kerstken de Ringenbacht.
L'église paroissiale d'Erkelenz possède aussi un lustre en
bois avec figure double de la Vierge de grandeur naturelle,
du même genre que le précédent et de même dimension.
Sculpté en 1517, il fut peint par Johann Erwein, de Cologne,
en 1553 ; sa polychromie actuelle est moderne. (N° 377).
L'église paroissiale de Siersdorf exposait une curieuse
arcade, dénommée « Lettnerbogen » . (N°641).
Elle se compose d'un arc elliptique fait de rinceaux à jour,
sur deux faisceaux de quatre colonneltes cylindriques bra-
celées, à cannelures perlées; leurs chapiteaux — corbeilles
de feuillage avec tailloirs octogones — supportent deux
statuettes : d'un côté l'empereur Auguste (?) (i) ; de l'autre,
une sibylle.
Dans les rinceaux se voient : au bas, deux monstres
chimériques; plus haut deux chevaliers qui les attaquent à
coups de lance; enfin Saint-Jean d'un côté, de l'autre le
donateur, que l'on croit être Jean de Gohr; tous deux prient
agenouillés et lèvent la tète vers une figure de la Vierge
entourée d'une gloire de glaives et de flammes qui, placée
sur un socle pareil aux chapiteaux, couronne l'édifice.
Celui-ci date du milieu du xvie siècle; il mesure 4m90 de
hauteur sur 2n,80 de largeur.
L'église paroissiale catholique de Calcar dont j'ai déjà parlé,
exposait encore trois retables.
(i) D'après le catalogue ; ne s'agit-il pas d'Auguste Ier, Électeur de Saxe,
•qui naquit en 1526 et régna de 1553 à 1586?
— 437 — "
Le premier (n° 32Î) est consacré aux Saints-Grépin et
Crépinien; il se compose de trois niches rectangulaires
encadrées de quatres colonnelles très ornées avec figurines,
vases, médaillons, animaux, etc. Le long du cadre sont
disposés des supports et de pelits dais pour des statuettes,
qui ont disparu ; les baldaquins des niches sont faits de
motifs décoratifs à rinceaux entremêlés d'angelots, sculptés
à jour et d'un travail très habile.
Dans la niche centrale est la statue de la Madeleine; dans
les deux autres, celles des Saints-Pierre et Paul; le milieu
estsurélevé et forme un compartiment rectangulaire à fronton
cintré, dans lequel un groupe en ronde bosse représente le
Baptême du Christ; à côté de lui se tient un ange et, en
avant, deux angelots musiciens. Les quatre colonnettes
supportaient des figures dont deux seulement subsistent.
Au-dessus du cadre des niches latérales sont posées les
statues des Sainls-Crcpin et Crépinien, armés tous deux de
larges épées; l'un a entre les pieds la meule qu'on leur
attacha au cou avant de les précipiter dans la rivière; l'autre
tient un livre. Il me parait étonnant que le sculpteur ait
réservé cette place à ces deux grandes figures, qui écrasent
son œuvre.
Le retable est fermé par des volets peints ; trois sujets en
peinture décorent aussi la predella.
Cette œuvre date de la première moitié du xvie siècle.
Sa hauteur est de 3mS5; sa largeur de 2m10 sans les-
volets.
L'ornementation est extrêmement riche et les figures d'un
bon style. : '
Le second retable (n°322) est analogue au précédent
— 438 —
comme dimensions et comme dispositions ; il lui est postérieur
de quelques années.
Dans celui-ci les statues de la Madeleine, de Saint-Pierre
et de Saint-Paul sont remplacées respectivement par celles
de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Jean l'Évangélisle et de
Saint-Sévère; celles des Saints-Grépin et Crépi nien, par les
Évangélistes Luc et Mathieu.
Le troisième retable, dit « de la famille Brower, » se
compose d'une huche en bois sculpté ; il est relevé de dorures
sur fond noir; deux bas-reliefs d'albâtre y sont encastrés;
les donateurs sont représentés sur les volets. II fut exécuté
en 1539, probablement à Amsterdam.
Sa hauteur n'est que de 1m60 ; sa largeur de 0m87.
Citons encore, parmi les retables, deux ouvrages fla-
mands :
L'un appartient à la chapelle catholique d'EImpt (n° 368).
Il est en chêne sculpté et polychrome, fermé par des volets
peints dont l'intérieur représente des scènes de la Passion;
à l'extérieur la messe de Saint-Grégoire d'un côté, Abraham
et Melchisedech de l'autre.
La partie principale contient trois grandes compositions :
le Portement de la Croix, le Calvaire et la Déposition de
Croix; dans les compartiments inférieurs: l'Annonciation,
la Visilation, la Nativité, l'Adoration des Mages, la Circon-
cision et la Présentation au Temple.
Ce retable date du commencement du xvi6 siècle; il est
haut de 2m50 et large de 2m20.
L'autre retable, qui appartient à l'église Saint-Géréon, à
Cologne (n° 487) est un peu plus petit : 2m20 sur 2m05.
C'est à peu près la seule différence que l'on constate entre
— 439 —
ces deux œuvres de l'École d'Anvers; les sujets sont les
mêmes, tant pour les volets peints que pour la partie sculptée
et polychromée ; il ne peut y avoir de doute quant à leur
origine commune. Toutefois, le retable d'Elmpt est dans un
encadrement rectangulaire tandis que la partie supérieure
de la huche du retable de Cologne forme une suite de courbes
et de contrecourbes d'un dessin à peu près identique au
couronnement de notre retable de Pailhe (Musée des Anti-
quités) ; il est, je pense, postérieur de quelques années à la
sculpture d'Elmpt.
Le lutrin exposé par l'église Sainte- Marie, à Dorlmund
(o°343)a unsupport de pierre, formé d'un piédestal octogone
sur une plinthe carrée, surmonté d'un pilier chevronné en
relief, également à huit faces, avec base et chapiteau de
moulures ; il est couronné d'un aigle en laiton, sur une demi-
sphère entourée d'une couronne d'ornements coulés en
relief.
Il est haut de lm53 et date du xve siècle.
L'église évangélique de Saint-Reinold, dans la même ville,
possède un lutrin-aigle avec support triangulaire à contre-
forts, entièrement en laiton, haut d'environ 2 mètres; il date
de la fin du xv° ou du commencement du xvie siècle.
Celui de l'église paroissiale d'Erkelenz (n°375) mérite une
mention spéciale.
Il est entièrement en laiton, comme le précédent; trois
lions accroupis supportent les angles d'un socle bas, de
forme triangulaire, aux faces décorées de qualreféuilles et
de trèfles découpés à jour. A chaque angle se dresse un
— 440 —
contrefort avec pinacle à crochets, relié par un arc-boulant
ajouré de quatrefeuilles à un édicule central.
Celui-ci est également à trois faces, chacune percée d'une
arcade très légèrement ogivale à l'extrados, trilobée à l'intra-
dos, avec redents en forme de trèfle; une statuette est placée
au-dessous.
L'arcade est couronnée d'un gable qui se détache sur un
fond à jour de feneslrations, surmontées d'une galerie de
quatrefeuilles avec joli crélage.
Couronnant le tout, un aigle sur un socle octogone mouluré
porte sur l'extrémité de ses ailes ouvertes l'arête d'évangé-
liaire, élégamment travaillée à jour.
L'ensemble mesure 2 mètres de hauteur.
Ce lutrin date du xv° siècle; je me propose d'en faire
une étude comparative avec les moulages que nous possé-
dons, notamment avec celui de l'église Saint-Martin, à
Hal.
Le lutrin de l'église catholique Saint-Max, à Dûsseldorf,
appartenait jadis à l'abbaye d'Altenberg, près Cologne;
suivant l'inscription que porte sa base, il fut exécuté pour
cet établissement en 1449.
Le pied triangulaire avec contreforts, entre lesquels se
trouvaient des figures aujourd'hui perdues, est couronné
d'un globe portant l'aigle.
Sa hauteur est de 2 mètres; il parait contemporain du
précédent.
L'église paroissiale catholique de Marienfeld possède un
lutrin en bronze du commencement du xvie siècle, d'un
modèle original (n° 528). La base, circulaire, est portée par
trois lions couchés sur une plinthe de pierre; le fùtcylin-
— 441 —
driqoe est annelé et l'aigle du couronnement est posé sur un
livre.
L'ensemble est haut de im45.
* *
De nombreux groupes et slaluelles fort artistiques seraient
à mentionner; mais, sous peine d'allonger démesurément
ce rapport, je dois me borner à citer deux pièces très impor-
tantes :
Une grande statue en chêne, Saint-Michel terrassant le
démon (n° 471).
Le saint est vêtu d'une armure et d'un ample manteau
jeté sur les épaules ; il lient de la main gauche une croix de
procession fleurdelisée et brandit de l'autre son glaive flam-
boyant. Il porte un charmant visage d'adolescent encadré
d'une épaisse chevelure bouclée.
Cette figure, très élégante, a 2m20 de hauteur; elle a
conservé sa polychromie primitive du xv° siècle.
Elle appartient à l'église Saint-André, à Cologne.
L'autre sculpture, très originale, porte le nom de
c Palmesel » (l'Ane des Rameaux) (n° 1484).
Elle représente le Christ entrant à Jérusalem, monté sur
un âne; il bénit de la main droite et tenait de la gauche une
palme, qui a disparu.
Cette figure, haute de im72, est en bois de tilleul poly-
chrome; elle date du commencement du xvie siècle et, a
appartenu jusqu'en 1840, croit-on, à l'église Sainte-Colombe,
à Cologne; elle est montée sur une planche à roulettes
(celles-ci renouvelées); jadis, le jour de la fêle des Ramoaux,
le fossoyeur la traînait dans la procession de l'église.
— 442 —
Elle fait parlie actuellement de la collection du chanoine
Schniitgen, du chapitre de Cologne, collection qui est par
elle-même tout un musée dont près de six cents pièces occu-
paient à Dûsseldorf une salle spéciale.
* *
Je ne puis songer à reproduire ici, Messieurs, toutes mes
notes concernant quantité d'autres sculptures des plus inté-
ressantes ; mais je ne puis terminer sans dire quelques mois
d'une branche qui devrait être mieux représentée encore
dans nos collections : le mobilier civil et religieux.
J'ai cité parmi les moulages quelques joues de stalles;
l'église paroissiale de Wissemberg en exposait deux origi-
nales fort jolies (n« 700 et 701).
La partie inférieure est un panneau plein dans l'épaisseur
duquel est taillée à plein bois une arcade aveugle, ogival à
l'extrados, trilobée au dedans. Au bord du panneau est
appliquée une colonnelte avec chapiteau très simplement et
très élégamment décoré de trois larges feuilles de chêne
formant crochets* remontants.
La parlie supérieure se compose d'une moulure verticale
en forme de gorge entre deux listels ; ses deux extrémités
se recourbent en volutes vers l'intérieur et portent quelques
feuilles; la gorge est ornée de rosettes.
Entre les deux volutes se trouve, à Tune de ces pièces,
un chevalier à genoux en prières devant la Vierge; celle-ci,
assise sur un siège sans dossier, tient Jésus debout sur son
genou gauche. A l'autre stalle, le même chevalier, armé
pour le combat, monte un cheval caparaçonné d'une longue
draperie.
— uz —
Ces sculptures, de la fin du xme siècle ou des premières
années du xive, onl 2 mètres de hauteur.
Deux stalles en chêne (n0> 227 et 228) appartenant au
musée d'art industriel de Berlin présentent avec ces frag-
ments une certaine analogie dans la disposition générale des
côtés; l'arcade ogivale du panneau inférieur retombe sur
deux grêles colonnettes à chapiteaux de feuillage; la colon-
nette du bord est aussi fort maigre; deux oiseaux occupent
les écoinçons.
La partie supérieure comporte une moulure en arc à plein
cintre dont le sommet touche le fond des stalles tandis que
Tune des extrémités repose sur la colonnette du bord du
panneau du bas et que l'autre soutient l'angle de la toiture
inclinée; deux autres moulures de même forme et disposées
dans le même sens partent des extrémités du grand arc et se
rencontrent sur son point de centre. L'intervalle entre les
arcs est évidé; ils sont décorés de feuilles d'arum, de même
que les écoinçons de l'arc principal.
Ces meubles proviennent de l'abbaye d'Altenberg et datent
de la fin du xiu" siècle.
Au même musée appartiennent :
1° Un ensemble de quatre stalles en chêne (n° 226) de
même époque et de même provenance ; elles sont décorées
de feuillage, de figures grotesques d'hommes et d'animaux
et des symboles des évangélistes ;
2* Un prie-Dieu en forme de pupitre (n° 225); sur la
plus grande face, des moulures dessinent trois ogives
aveugles dont le bas est découpé en forme d'arc trilobé à
bordure moulurée; les champs des ogives sont occupés par
des rinceaux de vigne avec feuilles et grappes. Les côtés onl
— 444 —
la même décoration, mais avec une seule ogive; les angles
sont renforcés de colonneltes.
Ce meuble, travail allemand de la seconde moitié du
xiue siècle, provient de l'église Saint-Jean, à Herford. Il
mesure lm30 de hauteur sur 4m37 de largeur et 0*72 de
profondeur.
La collection exposée par M. Thewalt, bourgmestre-
adjoint de Gologne-Deutz, comprend environ 250 meubles,
vases, statuettes et objets divers de grande valeur, parmi
lesquels deux remarquables bahuts.
L'un (2025) n'a qu'une tablette dans le dessous ; la partie
supérieure est fermée par deux portes carrées décorées
d'écussons allemands entourés de rinceaux en bas-reliefs;
elles sont séparées par une niche renfermant la figurine d'un
chevalier qui porte une bannière. Les plaques des serrures
sont travaillées à jour; les pentures de même; celles du haut
portent des rinceaux, celles du bas des quatrefeuilies.
Au-dessous des portes, deux tiroirs décorés de même avec
menottes cordiformes.
C'est un meuble westphalien de la fin du xv° siècle.
L'autre bahut (2026) est en style gothique dans le bas,
renaissance au dessus.
Chacune des deux portes de la zone inférieure est divisée
en quatre panneaux à parcheminures par un assemblage en
croix, rehaussé d'appliques de fer très joliment travaillées à
jour.
Les deux portes du haut sont décorées de médaillons avec
profils, entre deux animaux chimériques ; une petite niche à
— 445 —
plein cintre les sépare; à chaque extrémité une niche de
même forme mais plus grande contient la figurine d'un
homme d'armes; ces niches sont flanquées de colonnettes
en forme de balustres ouvragés.
La décoration de ce meuble n'est pas sans analogie avec
celle du retable des Saints-Crépin et Crépinien, de Galcar;
il provient de la même localité et parait dater de la même
époque.
*
* *
Ce n'est pas sans regrets, Messieurs, que j'arrête ici cette
étude sommaire des merveilles exposées à Dùsseldorf; si
incomplète qu'elle soit, je dois vous prier pourtant d'en
excuser la longueur : devant l'imminente dispersion de ces
trésors artistiques, j'ai cru devoir dresser une sorte de
catalogue de ceux d'entre eux qui nous intéressent particu-
lièrement par leur nature, dans l'espoir de donner à ce
rapport le caractère d'un document qui pût être utilement
consulté dans l'avenir.
*
« *
II me reste à vous rendre compte, Messieurs, des résultats
pratiques de mon voyage.
M. le Conseiller Ludorff, Conservateur Provincial des
Monuments pour la Weslphalie, qui a donné l'adhésion du
Musée de Munster au projet d'Office central des Échanges
artistiques internationaux, met dès à présent à notre disposi-
tion une série de moulages comprenant :
Le tombeau des comtes Otto et Goltfried de Gappenberg
(oMi);
— 446 —
Le portail occidental de l'église Saint-Jacques h Goesfeld
(n°13);
Les fonts baptismaux de Freckenhorst (n° 17);
L'ancienne clôture de chœur actuellement placée dans le
porche du Dôme de Minden (n° 38) ;
Les statues de l'Église et de la Synagogue, qui décorent
un porche secondaire du même monument (n° 39 et 40).
M. Frauberger, Directeur du Musée d'Art industriel de
Dùsseldorf, a pris un vif intérêt à l'exposé du projet d'Office
prémenlionné. Il en donnera connaissance à la prochaine
réunion de son Comité et m'a exprimé l'espoir de pouvoir
nous apporter bientôt l'adhésion de la Société Centrale d'Art
industriel de Dùsseldorf; cette accession paraîtra d'une
grande importance si l'on considère que, selon toute proba-
bilité, cette Société disposera bientôt des différents moulages
que je vous ai décrits — et j'espère à mon tour que notre
Comité aura ainsi la satisfaction d'avoir contribué le premier
à la diffusion de ces remarquables reproductions monumen-
tales.
Le Secrétaire,
Henry Rousseau.
Vu :
POUR LE PRÉSIDENT :
Le Membre Délégué,
Ad. Delvigne.
RAPPORT
AU COMITÉ DE LA SECTION ARTISTIQUE DE LA COMMISSION
ROYALE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX.
Moulages de monuments français au Trocadéro.
Moulages des fouilles de Delphes au Louvre.
Messieurs,
À la suite de mon voyage à Paris, en 1900, j'ai eu l'hon-
neur de vous soumettre une liste, — que votre Comité a bien
voulu ratifier, — des moulages de monuments français dont
l'acquisition paraissait à désirer, pour compléter progressi-
vement les collections réunies par la Commission des
Échanges et exposées dans les locaux des musées.
Cette liste comprenait un choix de monuments intéres-
sants à des titres divers, mais qui ne pouvaient évidemment
être tous acquis; une sélection était à opérer; je suis
retourné, dans ce but, au musée de Sculpture comparée du
Trocadéro.
m m
Des six portails du xn6 siècle mentionnés dans mon rap-
port de 1900, je n'en ai retenu qu'un seul, pour le moment
du moins : celui de l'église Saint-Lazare, à Àvallon.
J'ai dit dans ce rapport que les bas-reliefs du tympan, —
— 448 —
j'ajouterai : et ceux du linteau, — sont mutilés à tel point
que Ton n'en distingue plus les sujets ; j'estime que cette
lacune ne doit pas nous arrêter : ce n'est pas pour ce détail
de sculpture, mais bien pour l'ensemble architectural que
l'acquisition de ce portail est désirable; cet ensemble est
d'un puissant intérêt.
L'arcade est formée de cinq archivoltes, l'une appliquée à
plat au fond du tympan, les autres en forme de tores. La
première est décorée de palmettes ; la seconde, d'une grosse
branche ondulée lançant alternativement à droite et à gauche
des rameaux qui portent des fruits en cônes ; la troisième, de
grandes fleurs à huit pétales, épanouies; la quatrième, de
rinceaux qui rappellent à la fois certains ornements romains
et certains détails décoratifs de l'art plateresque ; la dernière
et la plus développée, de ceps de vigne entrelacés et chargés
de grappes; ce dernier motif, bordé d'un rang de grecques,
se continue verticalement le long de l'arête, arrondie, du mur
de façade.
Comme supports il y a, outre les piédroits ornés de
rinceaux, trois colonnetles de chaque côté : une torse entre
deux cylindriques; elles ont le fût lisse, à l'exception de la
colonnette torse du côté droit, qui est formée de cordes
entrelacées, motif employé fréquemment par les décorateurs
coptes et les Scandinaves.
Les six chapiteaux sont du genre corinthien. Les bases
diffèrent entre elles : celles des colonnettes torses sont à deux
tores séparés par une scolie; celles des colonnettes cylin-
driques du côté gauche de l'ébrasement ont un gros tore
orné de rinceaux; du côté droit, elles sont à peu près
cubiques, et historiées.
— 449 -
Les piédestaux ne sont ni moins variés ni moins originaux :
leur moulure supérieure est arrondie en forme de tore et
décorée de feuilles encadrées de cercles; au-dessous, une
partie cubique en légère saillie sur le dé présente diverses
figures d'animaux; les dés eux-mêmes sont couverts de
rinceaux, d'en I relacs, de losanges, ele ; ils sont posés sur
une petite base formée de deux tores séparés par une gorge
et d'un socle bas; puis vient une seconde base du même
modèle, mais plus forte; le tout est posé sur une plinthe
assez haute dont l'arête supérieure est taillée en biseau.
Il y a là, vous le voyez, Messieurs, une réunion peu com-
mune de différents motifs décoratifs de l'époque romane ;
cette considération m'a porté à donner au portail d'Avallon
la préférence sur d'autres, plus complets peut-être, mais
moins documentaires.
Il sera bien intéressant de le comparer à l'encadrement
de porte de Sainte-Gertrude, de Nivelles; aux faces de
pilastres de Hubinne, aux frises de Saint- Jacques, de Liège;
à la croix de Ruthwell ; j'ajouterai que, comme silhouette et
comme dimensions autant que comme style, il ferait un
pendant superbe au moulage de la Porte Mantile, de Tournai,
dont vous avez depuis longtemps décidé d'enrichir les
collections des échanges.
*
* •
Du xme siècle, j'ai retenu l'un, au moins, des trumeaux
de la cathédrale d'Amiens : celui de la porte Saint- Honoré,
qui est en vente chez le mouleur Pouzadoux.
Du xive siècle, le portail de Saint-André, de Bordeaux.
Du xv6, la croix de carrefour de Saint-Cirgues, monument
— 4ÎS0 —
original qui fera équilibre à notre pilori de Braine-le-
Ghâfeau.
Du xvi9 siècle, j'ai maintenu le jubé de Saint-Etienne, de
Limoges, — une entrée de salle magnifique.
Pour le xvn*, nous avons la porte de l'hôtel de ville de
Toulon.
Cette nomenclature, Messieurs, n'exclut évidemment pas
d'une façon radicale les autres moulages indiqués sur raa
liste de 1900; il en est beaucoup dont l'acquisition s'impo-
sera plus tard sans offrir toutefois, quant à présent, le
caractère d'urgence des achats dont je viens de parler.
* *
Mon voyage à Paris avait un autre but que cette révision :
j'avais à examiner les moulages, récemment exposés au
Louvre, des monuments découverts dans les fouilles de
l'École française à Delphes, — fouilles desquelles était sortie
déjà la belle statue de l'Aurige vainqueur.
Il y a là, sur un palier voisin de la < Victoire de Samo-
thrace » , des bas-reliefs : les Dioscures, le vaisseau Argo,
Athénaet Thésée, Hercule elKykuos,la Gigantomachie, etc.,
et des statues : Ajias, Sisyphos, et d'autres encore. Certaines
de ces sculptures sont d'un caractère archaïque prononcé;
d'autres appartiennent à une époque relativement avancée.
Deux monuments sur lesquels je tiens à attirer l'attention
spéciale de votre Comité, Messieurs, sont la partie supérieure
de la t Colonne des Danseuses » et la « Façade du Trésor
des Cnidiens • .
La colonne est un de ces monuments cornmémoratifs ou
ex-voto dont les peuples de la Grèce avaient semé les abords
— 451 —
du grand lemple d'Apollon Delphien ; quelques-uns d'entre
eux ont déjà revu le jour : la colonne des Naxiens, avec son
chapiteau ionique surmonté d'un sphinx de plus de deux
mètres de hauteur; le < Trophée de Paul- Emile », piédestal
colossal supportant un cavalier qui combat un fantassin
renversé; enfin, cette «colonne de Danseuses » d'une
si franche originalité.
Son fût cannelé jaillit d'une touffe d'acanthe; en trois
endroits sur sa hauteur, de larges feuilles de la même plante
l'entourent comme de gigantesques bracelets; au sommet
enfin, l'acanthe s'épanouit en un bouquet dont les feuilles
immenses se recourbent de quatre côtés, tandis que le jet
central s'élève encore et est entouré de quatre gracieuses
figures de femmes, drapées de jupes légères; un trépied de
métal couronnait le monument.
Telle est, du moins, la restauration dessinée par M. Tour-
nais, architecte du Gouvernement français.
Le fragment dont le moulage est au Louvre est le principal :
le grand bouquet d'acanthe formant chapiteau, surmonté de
ce qui reste du joli groupe des danseuses.
Les bons creux de ce moulage n'existent pas encore; il
n'est pas douteux qu'ils ne soient exécutés bientôt et je vous
proposerai alors, Messieurs, d'en acquérir l'une des premières
épreuves.
*
En même temps que ces monuments, les explorateurs de
Delphes ont retrouvé les emplacements de ces nombreux
édicules dans lesquelles les villes grecques entassaient des
trésors, sous la protection immédiate du dieu, aux abords
— 4S2 —
de la voie sacrée qui menait à son Temenos, en serpentant
sur le flanc du Parnasse.
Les trésors des Thébains, des Sicyoniens, des Béotiens,
gMégariens, des Corinthiens, des Cyrénéens se sont
révélésNfisuns par quelques pierres, les autres en restituant
la presque touKJité de leurs fragments épars.
De ce nombre\sont les trésors d'Athènes et de Cnide. Ce
dernier date de la Seconde moitié du vie siècle avant J.-C. ;
il a été reconstitué presqojren entier et son moulage figure au
Louvre. v
C'est un petit temple à antes :\4J ne mesure guère que six
mètres au nu extérieur des murs, et st^pt mètres environ de
la plinthe à l'angle supérieur du fronton.
Entre les antes, deux caryatides sur piédestal soutiennent
l'architrave ; elles sont un peu lourdes d'aspect, ma^s typiques :
les plis symétriques de leurs draperies, les quatre^ mèches
de cheveux descendant sur chaque épaule marquer^ |eur
archaïsme; sur le front, la chevelure ondulée semble axvojr
été fortement enduite de pommade : chaque dent du peigi»e
y a laissé un sillon bien net. Les oreilles, très fortes et per-
cées de grands trous, ont dû porter des bijoux. L'un des
genoux est légèrement infléchi, le poids du corps portant
sur l'autre jambe; elles se répètent textuellement : chacune
d'elles est l'exacte contre-partie de l'autre, comme si elle se j
trouvait placée devant une glace. Quelle intéressante compa-
raison à faire avec nos gracieuses caryatides de l'Erechthéïon !
Elles portent des chapiteaux d'un type inconnu jusqu'ici :
une corbeille cylindrique entourée de personnages en bas-
relief en constitue la moitié inférieure; une astragale la
sépare d'une échine en forme de doucine, autour de laquelle
— 453 —
courent des lions; un petit listel termine la doucinc et reçoit
un tailloir carré.
Les chapiteaux des antes se composent simplement d'un
talon à raies de cœur supportant un mince abaque.
L'architrave n'a d'autre décoration qu'une petite rosace
près de chaque angle, en dehors des axes des antes.
La frise, à sujets, se développe entre deux fortes moulures
ornées : au-dessous, un rang de perles sous un rang de
grands oves avec fers de lance ; au-dessus, un autre rang de
perles bordant un talon à raies de cœur.
Le fronton se compose d'un larmier et d'une doucine
presque plate, à palmetles; le tympan est profond et peuplé
de figurines en ronde bosse mais un peu aplaties, comme un
bas-relief découpé. Il subsiste actuellement : dans l'angle
gauche, un homme ayant un genou en terre, les bras
appuyés sur l'autre genou ; puis un cheval et, vers le milieu,
sept ou huit petits personnages debout, dans quelques-uns
desquels on peut reconnaître des guerriers ; celui du milieu,
un peu plus grand que les autres, parait porter une brassée
de javelots; son voisin lui en prend un, tout en mar-
chant vers l'ennemi, qui doit venir de la droite du spec-
tateur.
La restauration proposée par M. Tournaire donne : dans
chaque angle un personnage couché à plat ventre, la tète
vers le centre du fronton ; puis, à partir de la gauche, un
cheval attelé à un char, deux personnages debout de profil
à gauche; deux autres de profil à droite; au centre l'homme
aux javelots, le guerrier qui prend son arme; puis deux
personnages, un rang de chevaux dirigés vers la droite, un
guerrier qui lance le javelot tout en marchant; un autre
— *54 —
tombé sur le dos, qu'un ennemi accable de coups; enfin,
l'homme couché, déjà cilé.
Cette composition est en partie hypothétique; néanmoins
ce qui reste de la sculpture permet de constater que le
tympan ne présentait pas autant de symétrie que les frontons
d'Egine, contemporains de celui-ci.
La composition qui décore la frise est très animée : on y
voit d'abord en partant de l'angle gauche (par rapport au
spectateur), huit personnages assis, — cinq tournés vers la
droite et trois leur faisant face, — qui paraissent tenir
conseil*; — une lacune; — un groupe de quatre chevaux
avec leur conducteur, marchant vers la gauche ; deux
guerriers casqués et armés du bouclier rond, s'élançant en
courant vers la droite; deux autres leur font face et les
reçoivent à coups de javelots; un nouveau groupe de quatre
chevaux, ceux-ci dirigés vers la droite de la frise, à l'angle
de laquelle un homme se tient debout. Les scènes guerrières
se continuent sur les façades latérales du monument.
La restauration dessinée par M. Tournaire, dans l'ouvrage
sur les fouilles de Delphes, modifie complètement cette
ordonnance : elle place au centre les personnages assis, au
nombre de cinq seulement, et aux deux extrémités, attelés
chacun à un char, les deux groupes de chevaux ; à gauche
un personnage drapé monte sur ce char; à droite, un homme
en descend ; à chaque angle de la frise, un homme debout
contient l'ardeur des chevaux.
Il est à supposer que réminent architecte a dessiné cette
restauration avant d'avoir retrouvé les fragments qui ont
permis de reconstituer la frise telle qu'elle se présente
actuellement, et ce détail a son importance ; en effet, la
— 455 —
composition de M. Tournaire est symétrique; celle du mou-
lage ne Test pas du tout; elle offre autant de variété et
d'animation que celle, — bien postérieure, — du mausolée
d'Halica masse. Le groupe des personnages assis fait pres-
sentir le « groupe des dieux » de la frise du Parthénon.
Il me reste à dire, pour terminer cette description, que le
chéneau à palmettes du fronton se termine, à chaque angle,
par une figure de quadrupède en bas-relief; il fait retour sur
les faces latérales et reçoit, de distance en dislance, des
gargouilles à tètes de lions.
Les acrotères des angles extrêmes portent des figures
courantes drapées, aux talons ailés ; celui du sommet du
fronton, un sphinx.
Sous le porche enfin est percée une porte à chambranle
mouluré, avec palmettes et rang de perles; deux fortes
consoles accostent les angles du linteau.
Tel est, Messieurs, le monument dont j'ai l'honneur de
vous proposer l'acquisition. C'est un ensemble plein d'intérêt,
un point de comparaison des plus utiles; j'estime qu'il nous
est indispensable.
Un échange n'est pas réalisable; nous devrons donc
l'acheter. Les pièces, prises séparément et non ajustées,
coûtent 2,000 francs; le monument complet, avec les
plaques d'épaisseur, entièrement ajusté et tout prêt à être
monté dans le musée, coûte 3,330 francs.
Je pense, Messieurs, que c'est dans ces dernières condi-
tions que nous devons faire cet achat : exécutés ici, les
ajustements ne nous coûteraient pas moins cher et peuvent
— 456 —
donner lieu à des tâtonnements, voire à des erreurs des
plus regrettables; faits à Paris, ils nous donnent toute sécu-
rité et toute facilité pour le montage et en réduisent de
beaucoup les frais.
L'exécution de ce moulage demandera six mois; com-
mandé dès à présent, il nous parviendrait en mai ou juin de
l'année prochaine. 11 pourrait être monté immédiatement
dans le Musée qui serait le premier, après celui du Louvre,
à posséder ce curieux spécimen d'un monument disparu
depuis des siècles et restitué presque intact, par la terre qui
le conservait, aux patients et érudits explorateurs de l'École
française d'Athènes.
Le Secrétaire,
Henry Rousseau.
Vu :
pour le président :
Le Membre délégué.
Ad. Delvigne.
RAPPORT
AU COMITÉ DE LA SECTION ARTISTIQUE DE LA COMMISSION
ROYALE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX.
Les Musées de Cologne et d'Aix-la-Chapelle.
Messieurs»
*
II est vraiment utile, au moment où le transfert des Musées
va permettre de donner aux collections des Échanges et
d'Art monumental une organisation nouvelle et définitive,
d'examiner ce que Ton a fait dans les Musées de l'étranger
et d'y puiser toutes les indications qui peuvent aider non
seulement à compléter judicieusement ces collections, mais
encore à les disposer méthodiquement; l'expérience d'aulrui
jointe à la nôtre nous montrant les exemples à suivre, les
erreurs à éviter, nous pourrons arriver à réaliser un classe-
ment et des dispositions qui répondent au but essentiel de
l'institution d'un Musée de moulages : un enseignement large
et fécond — parce qu'intuitif — de fart monumental.
J'envisage donc les missions que vous me faites l'honneur
de me confier à ce double point de vue : acquisitions à faire ;
dispositions à retenir, non pour les copier, mais pour s'en
inspirer à l'occasion.
— 458 —
Dans cet ordre d'idées, je vous signalerai tout d'abord les
deux salles pompéiennes du Musée Wallraf-Richarlz, à
Cologne.
Décorées dans le style léger qui florissait dans la ville de
plaisance des Romains au moment de sa brusque destruc-
tion, elles renferment notamment des moulages, bromes, de
sculptures antiques en métal.
Il me parait y avoir là, Messieurs, un principe à retenir;
en effet, quel intérêt n'acquerrait pas le Musée si les moulages
placés dans les petites salles y étaient présentés dans un
entourage de leur époque? II ne s'agit pas, bien entendu,
de composer une architecture conçue dans tel ou tel style,
mais bien d'étendre à l'intérieur des salles le principe admis
déjà pour leurs entrées et de réaliser cette décoration syn-
chronique au moyen d'éléments moulés sur des originaux
authentiques.
Certes cela ne sera pas toujours facile, ni même possible
dans certains cas ; mais j'estime qu'il importera de ne laisser
échapper aucune occasion de recourir à ce mode d'exposition
à la fois plus attrayant et plus instructif.
Déjà la générosité du Roi a doté le Musée d'Art monu-
mental d'un intérieur de chapelle gothique primaire, pris
dans l'église de Dronlheim; en ce moment même, nos
ouvriers achèvent de mouler riotérieur des deux chapelles
que sépare le Tabernacle dans l'église de Hal ; ce sont là,
Messieurs, les noyaux d'une nouvelle série de reproductions
d'ensembles que nous pourrons compléter jusqu'à un certain
point dans l'avenir.
Je n'ai pas grand'chose à dire des moulages d'antiques du
Musée Wallraf-Richartz ; ce sont, pour la plupart, les clas-
— 459 —
siques bien connus : le Discobole de Myron, la Pallas de
Vellelri, les bustes d'Auguste, de Lucius Verus, etc. ; j'y
ai remarqué aussi le « Satyre versant à boire » , de l'école
de Praxitèle, et la c Le m nia » , d'après Phidias, dont les
moulages viennent précisément de nous être envoyés par
les Musées royaux de Berlin.
Je ne vous ferai donc aucune proposition, Messieurs, pour
ce qui concerne les reproductions de cette catégorie, estimant
que le seul moulage d'après l'antique à acquérir quant à
présent est celui du Portique du Trésor des Gnidiens, qui a
ait l'objet d'un de mes précédents rapports.
.**
Passons au moyen âge.
Le Musée de Cologne possède le moulage de la partie
supérieure de la statue de Sainte-Plectrude, couchée sur son
tombeau, dans la crypte de l'église Sainte-Marie au Gapilole;
j'ai décrit le moulage complet de ce monument dans mon
rapport sur l'Exposition de Dûsseldorf et j'en proposerai
l'acquisition aussitôt que je la saurai réalisable.
A mentionner encore : un bas-relief du xiu* siècle repré-
sentant le Christ entre Saint-Pierre et Saint-Eucharius (l'ori-
ginal en pierre se trouve à Neuthor, près de Trêves), et deux
statues aux formes un peu grêles : l'Église et la Synagogue,
qui se trouvent au portail méridional de la cathédrale de
Strasbourg.
Pour ce qui concerne l'art de la Renaissance allemande,
je n'ai à proposer, Messieurs, que la confirmation d'un projet
— 460 —
inscrit depuis longtemps sur la liste de nos desiderata : l'achat
des moulages de deux statues de Pierre Yischer appartenant
à la série des personnages de la race des Habsbourg qui font
un cortège triomphal au tombeau de Maximilien Ier, dans la
Hofkirche dinnsbruck (i).
Ces figures représentent respectivement Théodoric, roi
des Osl-Golhs, mort en 826, et Arthur, roi d'Angleterre,
mort en 542; toutes deux furent exécutées en 1513. Il y
aura lieu d'y joindre celle de Rodolphe, comte de Habsbourg,
mort en 1252. Ces moulages se vendent chez Kreitlmayr, à
Munich, au prix de 750 marks chacun.
La renaissance italienne est assez largement représentée
dans le musée Golonais ; j'y ai remarqué plus d'un moulage
dont l'acquisition serait à souhaiter.
• Ce sont d'abord quatre fragments d'une des trois portes
d'Andréa Pisano, placées au Baptistère Saint-Jean entre les
années 1330 et 1356; ils représentent : la Naissance de
Saint-Jean-Baptiste, ses funérailles et deux sujets allégo-
riques : la Foi et l'Espérance.
Puis six des panneaux de la frise des orgues du Dôme de
Florence, par Luca délia Robbia ; l'ensemble, actuellement
au musée de Sainte-Marie-des Fleurs, se compose de dix
bas-reliefs décorés d'anges chanteurs et musiciens.
Un beau médaillon en marbre d'Antonio Rossellino : la
(<) Voir : Les statues de bronze entourant le tombeau de l'empereur
Maximilien Ier à Iunsbruck ; notice par Eug. van Overloop. — Bruxelles,
Hayez, impr., 1902.
— 461 —
Vierge en adoration devant Jésus, Saint-Joseph derrière elle,
des pâtres au fond.
Un bas-relief de Verrocchio : la Vierge, coiffée à la mode
du temps de l'artiste, posant la main droite sur l'épaule de
Jésus, debout sur un meuble à côté d'elle.
L'admirable « Pieta *, de Saint-Pierre de Rome, que
Michel-Ange exécuta à l'âge de 24 ans et qui est peut-
être la plus émouvante des œuvres de cet admirable
artiste.
Enfin le gracieux « Mercure soulevé par le souffle du
vent », de Jean Bologne.
Tous les sculpteurs que je viens de nommer sont repré-
sentés déjà dans nos collections, et l'acquisition des mou-
lages dont l'énumération précède peut être ajournée jusqu'à
ce que nous ayions pu obtenir certaines reproductions d'une
utilité plus immédiate ; je ferai exception toutefois pour la
• Pieta » de Michel-Ange, que nous avons sous la main :
notre mouleur, M. Simon, en a fait l'achat pour son compte
personnel et serait disposé à nous la céder; ce moulage se
vend 600 francs à l'École des Beaux-Arts de Paris.
*
Je mentionne pour mémoire et sans rien proposer en ce
qui les concerne, quelques moulages de sculptures modernes:
une c Hébé » de Thorwaldsen, deux « Victoires » de Rauch,
c Agar et Ismaël » par Witlig, des bustes du même auteur
et de Tilgner, un portrait du prince Léopold de Dessau, par
Schadow; une maquette pour le monument de Frédéric-
Guillaume III, dont la statue équestre est de Blaser, le
— 462 —
piédestal de Schievelhein, les statues et bas-reliefs qui le
décorent, de différents artistes.
* •
Quelques roots à présent, Messieurs, des objets originaux.
Nombreux sont, au musée municipal de Cologne, les
fragments de l'architecture romaine provenant des états
successifs de la ville, depuis la Colonia Agrippinensis,
élevée, après les Ubiens, par les vétérans de la mère de
Néron, jusqu'à la Colonia dont les Francs s'emparèrent. Si
intéressante que soit leur étude, je ne m'y attarderai pas ;
elle serait inutile ici, puisque nous avons à notre disposition
un grand nombre de moulages de monuments romains; je
me borne à noter en passant d'intéressants sarcophages et
des stèles d'une belle conservation.
Quelques pierres tumulaires encore, celles-ci de l'époque
mérovingienne; les unes portent la croix ansée, d'autres la
croix en forme de tau; puis des chapiteaux, provenant pro-
bablement du dôme primitif, commencé sous le règne de
Gharlemagne el consacré cinquante-neuf ans après sa mort,
par l'archevêque Willibert; ces chapiteaux procèdent direc-
tement de l'ordre corinthien des Romains.
Quelques fragments permettent d'étudier les éléments
constructifs dans leurs transformations successives depuis
le commencement du xi* siècle : bases à deux tores séparés
par une scolie; chapiteaux cubiques, ou bien en forme de
corbeille entourée de feuillage rappelant encore le corin-
— 463 —
thien, ou agrémentés de figures d'hommes ou d'animaux,
comme le pélican avec ses petits.
Gomme sculptures, de curieuses cuves baptismales du
xê ou du xi* siècle, portant à l'extérieur les quatre tètes que
Ton rencontre habituellement à cette époque, ainsi que les
lions et les dragons symboliques; puis des fragments de
reliefs d'une sculpture naïve mais énergique; l'un porte
des ornements d'un beau style ; d'autres, des personnages :
un prêtre entre un charpentier et un dragon qui tient une
sphère dans la gueule; plus loin, un autre dragon qui dévore
un homme, un autre homme couché, un combat entre un
lion et un dragon; des bases de colonnes formées d'ani-
maux, etc., etc.
*
« *
D'autres chapiteaux encore montrent les formes diverses
appliquées à ce membre caractéristique de l'architecture
depuis les entrelacs de galons et les rubans perlés jusqu'à
la luxuriante végétation créée par les tailleurs de pierre de
l'époque gothique ; d'autres fragments indiquent le tracé des
arcs, la décoration des frises, etc. Beaucoup de morceaux
historiés : un tympan décoré des figures de la Vierge, de
Saint-Jean et de deux évéques; une vingtaine de consoles
du début du xve siècle, avec des ouvriers au travail (comme
à celles de notre hôtel de ville de Bruxelles), des moines,
des musiciens, des animaux à tète humaine et autres créa-
tions hybrides qui rappellent nos écoinçons de l'église du
Sablon et de la Chapelle des Comtes à Courlrai; sculptures
habiles et d'une haute fantaisie, dans lesquelles la verve
fantastique et parfois trop hardie des artistes du xive et du
XVe siècle s'est donnée libre carrière.
— 464 —
La sculpture de la fin du xiv* siècle est représentée,
notamment, par trois belles pierres avec figures en haut-
relief : des chevaliers couverts d'armures.
Celle de la première moitié du xv* siècle, par plusieurs
statues, entre autres celles de Marsilius et de Marcus Agrippa
qui décoraient antérieurement la tour du Giirzenich.
De la fin du xv9 siècle, plusieurs statues encore, dont une
fort belle Vierge de grès, à vêtements d'un beau pli ; comme
sculptures décoratives, les armoiries de la ville portées par
deux anges ; ce motif provient de la Chapelle du Conseil,
située sur la place de l'Hôtel de Ville.
Quelques jolis bas-reliefs du xvie siècle enfin, entre autres
la Cène et le Christ au Jardin des Oliviers, une Sainte-
Véronique et la Résurrection de Lazare.
Tous ces ouvrages sont en pierre; la sculpture sur bois
peut être étudiée aussi dans ce Musée, sur des spécimens de
différentes époques.
Deux figures d'un Calvaire, la Vierge et Saint-Jean, carac-
térisent son étal au xn6 siècle : leur exécution rude et
sommaire est rachetée par une évidente et naïve sincérité.
Parmi les sculptures exposées dans les galeries du cloître,
il faut remarquer aussi la statue d'un évèque de Cologne,
datant du xn* siècle environ; puis une très belle Vierge
assise, évidemment française, mais qui sans doute a appartenu
à une église de Cologne : la tète est couverte d'un voile sur
lequel est posée la couronne à gros fleurons ; le costume se ;
compose d'une robe et d'un manteau d'un pli élégant et
naturel ; l'Enfant Jésus, debout sur le genou gauche de sa
— 465 —
Hère, est aussi velu d'une robe tombant jusqu'aux pieds ; il
tient un petit globe de la main gauche et regarde en souriant
un fruit que lui offre la Vierge ; celle-ci est légèrement pen-
chée à droite, dans une attitude aisée et gracieuse ; les yeux,
fendus en amande, et la bouche, ont un sourire bien
maternel. Le pied gauche est posé sur le Basilic.
L'art allemand du xive siècle est caractérisé encore dans
trois hauts-reliefs typiques en marbre, qui proviennent d'un
ancien maître-autel du Dôme de Cologne : l'Annonciation,
l'Adoration des Mages et la Présentation au temple. Les
visages sont d'un large ovale, les chevelures ondulées aux
tempes, les vêtements amplement drapés; les proportions
sont un peu courtes et les altitudes légèrement affectées.
Une jolie Vierge, de la fin du même siècle, a conservé
toute sa belle polychromie primitive.
De la fin du xv* siècle, deux fort belles figures d'anges en
habits sacerdotaux, debout et tenant des phylactères; ils
portent un long surplis recouvert d'une chasuble à franges
et d'une chape brodée de passementerie, retenue par une
bille en losange quadrilobé; les ailes, courtes, sont éployées,
la chevelure tombe en longues boucles sur les épaules ; la
tète est ceinte d'un diadème avec petit mascaron ; ces figures
sont en bois de tilleul.
Notons encore les statuettes de Sainte-Agnès et de Sainte*
Dorothée, groupées sous un élégant baldaquin provenant du
tabernacle du Dôme.
— 466 —
J'ai mentionné dans mon rapport sur l'Exposition de
Dûsseldorf des retables de l'école de Galcar; le M osée
Wallraf-Richartz en possède un très intéressant, surtout
par son réalisme; il est en chêne et représente la Déposition
de Croix, le Spasimo et le Christ au tombeau ; tous les per-
sonnages— d'attitudes fort naturelles — portent des costumes
du xvi* siècle et les soldats romains sont armés de mousquets!
Unejautre figure bien réaliste de la même époque est un
Saint-Quirin en pierre provenant de Neuss (Bas-Rhin).
Le même Saint, accompagné des saints Éloi et Léonard,
est encore représenté dans un milieu de retable daté de 1519,
exécuté en Souabe; cette pièce est posée sur un gradin
portant les armoiries des barons de Zimmern et des comtes
de Henneberg, pour l'un desquels Pierre Vischer fit un
tombeau de bronze dont le moulage figure dans nos collec-
tions (n° 1793).
Du xviie siècle enfin, le beau monument funéraire e&
marbre de Henri deReuschenberg(morten 1603). Au-dessus
de la statue du défunt, un haut-relief représente le Christ
dans les limbes.
*
L'École d'Anvers, dont j'ai signalé des œuvres à Dûssel-
dorf, est aussi représentée dans le Musée municipal de
Cologne; j'y ai remarqué notamment un très joli retable qui
a pour sujet l'Apparition du Christ à la Madeleine, et quatre
figures d'hommes porteurs de phylactères, qu'il serait inté-
ressant de comparer aux retables de même origine, de la
chapelle du Château de Ponthoz et du Musée archéologique
— 467 ~
d'Arlon (t). L'un de ces hommes a le nez surmonté de grosses
besicles ; il est imberbe ; un autre porte la barbe courte, le
troisième l'a plus longue et pointue ; le dernier la porte très
longue et tressée, signe dislinctif que les sculpteurs attri-
buaient jadis aux persécuteurs des chrétiens. Leurs coiffures
bizarres : turbans, bonnets pointus, chapeaux à larges bords
dentelés, — leurs manteaux très amples à plis nombreux,
un justaucorps à bords découpés agrémentés de glands, avec
manches bouffantes à crevés, — les font reconnaître pour
des œuvres d'une époque bien proche encore de celle à
laquelle Jean Borman florissait dans le Brabant et antérieure
à toute immixtion des influences espagnole ou italienne dans
l'art de la renaissance aux Pays-Bas.
Ce sont là, Messieurs, des figures qui intéressent tout
particulièrement notre art national; il importerait que nous
en possédions les moulages; ceux-ci n'existent pas encore;
mais, grâce à l'extension toujours croissante de nos relations
internationales, je ne désespère pas d'obtenir qu'ils soient
exécutés un jour à notre intention.
AIX-LA-CHAPELLE.
Le Musée Suermondt.
Le Musée municipal d'Aix-la-Chapelle a, comme celui de
Cologne, des salles décorées en styles divers plus ou moins
en rapport avec les collections qu'elles contiennent. Il a, lui
aussi, son salon pompéien, dans lequel sont rassemblés les
objets d'art de l'antiquité, y compris les Égyptiens! Ce
(4) Bull, dts Comm. royales d'art et (Tarchéol., XXX (1891),pp. 99 et 216.
— 468 —
n'est pas précisément cela, je me hâte de le dire, que j'avais
en vue en parlant tantôt des installations futures.
Près du « Triomphe de Galathée », peinture murale copiée
à la Maison des chapiteaux peints (Casa dei capitelli colorali)
de Pompéi, des armoires renfermant des statuettes d'Isis, des
fragments de sarcophages et de momies, un bateau des morts,
des étoffes et autres tissus coptes, etc. (La suite des collec-
tions égyptiennes est exposée dans une autre salle; je n'ai
rien à y signaler qui intéresse spécialement notre Comité).
La même salle contient des objets mycéniens : restitu-
tions en galvanoplastie, armes, etc.; des vases grecs, des
figurines de Tanagra, des poteries diverses ; des statuettes
de marbre et de bronze, des monnaies et autres objets de
l'époque romaine et enfin quelques moulages.
Parmi ces derniers : le sarcophage qui renferma pendant
un demi-siècle les restes de Charlemagne (moulage signalé
à Dùsseldorf) ; la Méduse Rondanini, réplique romaine d'une
œuvre de l'époque de Praxitèle (à la Glyptothèque de
Munich); puis des torses et des bustes bien connus : le
Satyre aux crotales des Uffizi, Laocoon, Vilellius, etc.
* *
La salle consacrée à l'époque romane est décorée de copies
de peintures murales du xne siècle; le plafond, du xui*, est
copié d'une maison de Zurich, la « Zum Loch ».
Parmi les moulages :
La fameuse t Table d'or » , sorte de retable en or repoussé
(mentionné aussi à Dùsseldorf;;
Les beaux fonts baptismaux d'Hildesheim, bronze du
xme siècle (acquisition décidée en principe, en séance du
— 469 —
9 décembre dernier, sur la proposition de M. le chevalier
Marchai) ;
Une partie de la grande couronne de lumière suspendue
dans l'Octogone de la cathédrale d'Aix;
Quelques jolies statuettes, entre autres la figurine équestre
de Charlemagne, du musée Carnavalet à Paris.
Des fragments divers : tète de la statue de Sainte-PIec-
trude ;
Deux panneaux de la porte du Dôme d'Hildesheim (que
nous avons toute entière);
Des panneaux des châsses du Trésor de la cathédrale,
dont je parlerai tantôt;
Des reproductions d'objets historiques comme le candé-
labre et la crosse de Saint-Bernward, etc.
Les collections de l'époque gothique comprennent un
nombre relativement considérable de statuettes de saints,
presque toutes du xve siècle. Parmi les huit ou dix figures
de la Vierge portant Jésus, il en est une du xiv* siècle qui
mérite une mention spéciale : la Vierge est assise sur un
siège sans dossier; elle ne porte ni voile ni couronne; de la
main gauche elle soutient l'Enfant Jésus qui, debout sur son
genou, touche d'une main la poitrine de sa Mère et lient dans
l'autre le globe terrestre; entre le pouce et l'index de la
main droite, les autres doigts écartés, la Vierge tient avec
précaution, — presque avec crainte, — un grand sceptre
fleurdelisé, probablement moderne ; la tète est un peu forte ;
le visage, largement modelé, les joues pleines; la bouche
petite et les yeux aux paupières inférieures légèrement
— 470 —
retroussées ont an sourire charmant ; un peu étonné et
presque un peu railleur à la fois; c'est la jeune mère heu-
reuse et fière de son enfant.
On remarque encore dans Tune des salles gothiques quel-
ques beaux meubles anciens» — parmi des imitations
modernes, — provenant de la chambre à coucher du docteur
Franz Bock, l'un des principaux bienfaiteurs du musée.
Comme moulages :
Le lutrin-aigle du Dôme (vu à Dûsseldorf);
La partie supérieure du tombeau, en bronze, d'Arnold de
Mérode, qui se trouve également au Dôme d'Aix ; le défunt y
est représenté agenouillé devant la Vierge; Saint-Michel se
tient derrière lui, Saint-Bartholomé du côté opposé.
Je passe sur quelques autres moulages de peu d'impor-
tance.
* •
Le musée Suermondt possède une remarquable sériç de
meubles de la Renaissance : secrétaires avec appliques de
fer doré, armoires, chaises, etc.
Une nombreuse série de figures de la Vierge, de Sainte-
Anne, de Saint-Pierre, de Saint-Sébastien, de Saint-Chris-
tophe, etc., en bois et en pierre, du xvie siècle pour la
plupart; une intéressante collection de fragments d'archi-
tecture et des boiseries, parmi lesquelles je mentionnerai
spécialement une remarquable porte en chêne sculpté, avec
dessus vitré, du commencement du xviue siècle et une
chaire hexagonale en chêne également, décorée de fenes-
tralions et de réseaux d'un dessin très riche; elle provient
— 471 —
de Golkerad, près Erkelenz, et date du commencement du
xvi* siècle.
Comme moulages, il y a à signaler :
Le beau buste-reliquaire de Saint-Servais, de l'église de
Maeslricht (original en argent doré, du xvi° siècle,) et quatre
reliefs d'un retable de la même époque, provenant de l'école
de Cal car et appartenant à l'église Saint- Victor, à Xanten.
Le Dôme.
J'ai mentionné, Messieurs, tant à l'exposition de Dûsseldorf
que dans le musée Suermondt, des moulages dont les origi-
naux se trouvent dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, me
réservant d'en faire la description d'après les originaux.
La clôture de la Chapelle des Ames, dans le cloître, a
été décrite assez minutieusement pour qu'il soit inutile d'y
revenir.
Le sarcophage romain qui renferma les restes de Charle-
magne représente, je l'ai dit, t l'Enlèvement de Proserpinc » .
Sur un char à quatre chevaux dont Mercure tient les
rênes, Plu ton, protégé par Minerve, entraine vers les Enfers
la fille de Cérès; celle-ci poursuit le ravisseur; elle est dans
un char tiré par des serpents ailés que guide Hora, symbole
du Temps et de la Rapidité, et excités par Iris, qui vole
devant eux ; dans le bas se voient deux des tètes de Cerbère
elle haut du corps du géant Encelade, enseveli sous l'Etna;
au-dessus des coursiers de Platon plane un Amour qui porte
le flambeau de l'Hyménée; sous leurs pieds gît Tellus. Diane
et Vénus, le front ceint de diadèmes, se tournent vers Cérès;
entre les deux déesses, un Amour est agenouillé près d'une
— 473 —
corbeille de fleurs ; un autre se trouve dans le char du dieu
des Enfers, un autre encore auprès de Minerve.
Sur l'un des petits côtés sont représentés un jeune homme
et deux jeunes filles ; sur le second, un autre jeune homme,
un génie qui porte une corne d'abondance, un pâtre.
La Louve, en bronze, date de l'époque romaine ; elle a
donné son nom à l'entrée principale du Dôme, la t Wolfs-
thûr » près de laquelle elle est placée ; elle décorait jadis,
parait-il, une fontaine, au milieu du parvis du Dôme actuel;
des jets d'eau s'échappaient de ses mamelles et de sa
gueule.
Les dix-sept plaques de la « Table d'or » représentent : le
Christ juge du monde, la Vierge, Saint-Michel, les quatre
Évangélistes figurés par leurs symboles, l'Entrée du Christ
à Jérusalem, la Cène, le Lavement des pieds, Jésus au Mont
des Oliviers, son Arrestation, la Flagellation, le Couronne-
ment d'épines, le Portement de la Croix, la Crucifixion et
les saintes Femmes au Sépulcre. Jadis ces plaques, qui
peut-être avaient constitué dans le principe un antependium,
étaient isolées et déposées dans le Trésor du Dôme; c'est au
moyen d'un don fait par le Dr von Olfers que l'on a pu les
assembler pour en former un dessus d'autel, sur le modèle
du célèbre « paUotto * donné vers 855 par l'archevêque
Angilbert Pusterla à l'église Sainl-Àmbroise de Milan ; leur
encadrement d'or ciselé et enrichi de pierreries esl donc
moderne.
La couronne de lumière, chef-d'œuvre de l'orfèvre Wibert,
fut offerte à la cathédrale en 1168 par Frédéric Barberousse
et sa femme Béatrix.
* *
— 473 —
Je vous ai entretenu longuement — trop longuement
peut-être, Messieurs, — des châsses exposées à Diïsseldorf;
je ne puis cependant parler du Dôme d'Aix-la-Chapelle sans
mentionner ses deux principaux reliquaires, aussi célèbres '
par leur beauté que par les restes vénérés qu'ils ren-
ferment.
La châsse de Gharlemagne présente sur chacune de ses
faces longues huit arcades à plein cintre portées par des
colonnettes couplées encadrant des figures assises, en argent
repoussé; d'autres figures décorent les pignons; chaque
versant du toit porte quatre panneaux rectangulaires; ils
figurent, en bas-relief, cinq batailles du grand empereur en
Espagne, sa confession, l'acquisition des saintes reliques à
Constantinople et la consécration du Dôme à la Vierge.
La châsse de Marie, dite aussi c des quatre grandes
reliques » , présente, au milieu de ses faces, un avant-corps
à gâbje répétant les pignons ; à droite et à gauche de cet
avant-corps, trois Apôtres sont représentés assis dans des
niches dont l'arc est remplacé par deux rampants ; des
faisceaux de colonnettes séparent ces niches entre elles; de
grandes figures sont assises aux quatre pignons, sous des
arcs trilobés; celle de la Vierge avec Jésus est la plus remar-
quable. Chaque versant de la toiture porte six arcades
trilobées avec colonnettes jumelles surmontées de petits
bustes ; sous les arcades, des bas-reliefs retracent des scènes
de la vie de la Vierge et de Jésus.
La première de ces châsses fut exécutée vers la fin du
xii9 siècle, probablement sous la direction de maitre Wibert
sinon par lui-même ; la seconde est du xm* siècle, par ou
sous la direction de maître Johannes. Toutes deux portent
— 474 —
celle riche ornementation de plaques d'émail que j'ai signalée
I déjà dans la plupart des châsses de Dûsseldorf.
Elles ont été moulées, au moins partiellement; le Musée
Suermondt en possède des fragments.
«
La conclusion naturelle de ce rapport, Messieurs, est la
proposition d'inscrire à la liste des desiderata les moulages
qu'il parait désirable d'acquérir, autant que possible par voie
d'échange ; il y aura lieu d'attendre toutefois, pour entamer
des négociations officielles à ce sujet, la décision de la Société
Centrale d'Art industriel de Dûsseldorf; cette Compagnie
sera très probablement chargée, comme je l'ai fait entrevoir,
de la vente et sans doute aussi de l'échange des reproductions
d'objets d'art de l'Allemagne occidentale.
Le Secrétaire,
Henry Rousseau.
Vu:
POUR LE PRÉSIDENT #.
Le Membre Délégué,
Ad. Delvigne.
TABLE DES MATIERES.
Paget.
Liste des membres effectifs et correspondants de la Commission
royale des monuments en 1902 5
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de janvier et de février 1902 43
Marques et monogrammes de faïenciers andennais, précédés du
tableau chronologique des fabriques de faïence d'Andenne,
d'après des documents authentiques inédits, suivis d'une
notice sur Jacques Richardot, sculpteur -faïencier, par
M. E.-J. Dardenne, membre correspondant de la Commission
royale des monuments, à Andenne 35
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mars et d'avril 1902 . . 69
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mai et de juin 1902 . . .103
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de juillet et d'août 1902 . .135
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de septembre et d'octobre 1902 . 163
Commission royale des monuments. — Séance générale prépara-
toire du 4 octobre 1902. Procès-verbal 193
Commission royale des monuments. — Assemblée générale et
réglementaire du 6 octobre 1902. Présidence de M. Lagàsse-
deLocht 195
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de novembre et de décembre 1902. 329
— 476 —
Pagw.
, 559
Nécrologie
Rapport sur les travaux de la section artistique de la Commission
royale des échanges internationaux pendant Tannée 4900, par
M. Henry Rousseau .565
Rapport au Comité de la section artistique de la Commission
royale des échanges internationaux. — L'art ancien de
l'Allemagne occidentale (Exposition de Dûsseldorf, 1902),
par M. Henry Rousseau 595
Rapport au Comité de la section artistique de la Commission
royale des échanges internationaux. — Moulages de monu-
ments français au Trocadéro. — Moulages des fouilles de
Delphes au Louvre, par M. Henry Rousseau. . . .447
Rapport au Comité de la section artistique de la Commission
royale des échanges internationaux. — Les musées de Cologne
et d'Aix-la-Chapelle, par M. Henry Rousseau . . .457
PLANCHES.
Pagci.
Faïences, marques et monogrammes de faïenciers andennais,
pi. 1 à V 67
Plan de l'ancienne forteresse de Logne 167
i
BULLETIN
DE?
MM1SSI0NS ROYALES
D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE
BULLETIN
COMMISSIONS ROYALES
D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE.
QUARANTE-DEUXIÈME ANNÉE.
BRUXELLES
IMPRIMERIE VAN LAKGHEKDONCK, HUE DES CHARTREUX, 60
1903
|THE NEW YORK
PUBLIC LIBRARY
ASTOR, LCNOX A NO
TILDEN F0UNDAT1ON6.
19r-9
*
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jffii«S8^
LISTE
Ï>E8
MEMBRES EFFECTIFS ET CORRESPONDANTS
DB' LA -
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
EN 4 903
MEMBRES EFFECTIFS :
Président : M. Lagasse-de Locht (Ch.), Inspecteur général des
ponts et chaussées avec rang de Directeur général,
à Bruxelles.
Vice- Présidents : MM. Hellbputtb (G.), professeur à l'Université
de Louvain, membre de la Chambre des représentants, à Vlier-
beek lez Louvain, et Helbig (J.), artiste peintre, à Liège.
Membres : MM. Acrer, architecte, à Bruxelles.
Blohme (L.), architecte, à Anvers.
Bordiad (G.), architecte, à Bruxelles.
Gardon (Ch.-L.), artiste peintre, à Bruxelles.
Delacenserie (L.), architecte, directeur He
l'Académie des Beaux-Arts, à Bruges.
Maquet(H.), architecte, à Bruxelles.
Beusens (E.), chanoine, archéologue, à Louvain.
Van Assche(A.), architecte, à Gand.
Van Wint (B.), statuaire, à Anvers.
Vinçotte (Th.), statuaire, à Bruxelles.
Secrétaire : Massaux (A.), à Etterbeek.
— 6 —
COMITÉS DBS CORRESPONDANTS :
ANVERS.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Smerens (Th.), président honoraire du tribunal
de lr" instance, à Anvers.
Membres : MM. Bilmeyer (J.), architecte, à Anvers,
De Bbaeckelebr(J.), statuaire, à Borgerhout.
de Vinok de Winnezeele (Bon), archéologue, à
Anvers,
Dibrckx, ancien membre de la Chambre des
représentants, à Turnhout,
Mast (E.), archéologue, à Lierre.
Nève (L.), ingénieur, à Saint-Léonard (Brecht).
Van Ca8TER (le chanoine), archéologue, à Malioes.
Van der Ouderaa, artiste peintre, à Anvers.
Van Leemputtbn (F.), artiste peintre, à Anvers.
Membre-Secrétaire : M. Donnet(F.), administrateur de l'Académie
royale des Beaux-Arts, à Anvers.
Secrétaire-adjoint : M. Jacobs (H.), chef de bureau à l'Adminis-
tration provinciale, à Anvers.
BRABANT.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Van Even (E.), archiviste delà ville, à Louvain.
Membres : MM. De G root (G.), statuaire, à Bruxelles.
Delvionb (le chanoine), archéologue, curé de
Saint- Josse-ten-Noode.
De Vriendt (J.), artiste peintre, directeur
l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers.
i
— 7 —
MM . Hanon de Louvet, archéologue, à Nivelles.
Janlbt (E;), architecte, à Bruxelles.
Jakssens (W.), architecte, à Bruxelles.
Lanqerook (P.), architecte, à Louvain.
Secrétaire-adjoint : M. Désirée (H.), chef de bureau à l* Admi-
nistration provinciale, à Bruxelles.
FLANDRE OCCIDENTALE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Bethune (Bon J.-B.), archéologue, Gouverneur
de la Flandre occidentale, à Bruges.
Membres : MM. Bethune (B°o F.), chanoine-archidiacre, à Bruges.
De Geyne (L.), architecte, à Court rai.
De Meter (D.)t docteur en médecine, à Bruges.
Vandebxbrsch (A.), avocat, à Bruges.
Membre. Secrétaire : M. Van Ruymbeke (J.), archéologue, bourg-
mestre d'Oedelem.
Secrétaire-adjoint : M. Van de Walle (R.), commis de 2me classe
à l'Administration provinciale, à Bruges.
FLANDRE ORIENTALE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Serrure (E.), architecte-archéologue, à Ganl.
Membres : MM. C loquet (L.), architecte, professeur à l'Université
de G and.
De Waele (J.), architecte, professeur à l'Aca-
démie des Beaux-Arts, à Gand.
LtB4Ert (T.), artiste peintre, professeur à l'Insti-
tut supérieur des Beaux* Arts, d'Anvers, à Gand.
Tttgadt (L.), artiste peintre, ancien directeur de
l'Académie des Beaux-Arts, à Gand.
— 8 —
MM. Van Biesbroeck (L.), statuaire, professeur à
l'académie des Beaux-Arts, à Gand.
Van dbr Haeghen (F.), bibliothécaire, directeur
de l'Université de Gand, à Saint-Denis-Westrem.
Membre-Secrétaire : M. De Ceulenber (à.), professeur de l'Uni-
versité, à Gand.
Secrétaire-adjoint : M. De Landtshber (J.), chef de division à
l'Administration provinciale, à Gand.
HAINAUT.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Hubert, architecte-ingénieur, à Mons.
Membres : MM. Cador (A.), ancien architecte de la ville, à
Charleroi.
Devillers (L. ), conservateur honoraire des
archives de l'État, président du Cercle archéolo-
gique, à Mons.
Soil (E.), juge d'instruction, à Tournai.
Sonneville (C), architecte, à Tournai.
Van Ba*telaer (D.), archéologue, à Saint-Josse-
ten-Noode.
LIÈGE.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice-Président : M. Renier (J.), artiste peintre, à Verviers.
Membres : MM. Bormans, administrateur inspecteur de l'Univer-
sité de l'État, à Liège.
Drion (M. -P.), directeur de l'Académie royale des
Beaux-^Arts, à Liège.
Fb an cotte (G.), Ministre de l'industrie et du
travail, à Bruxelles.
- » —
MM. Jamab (E.), architecte, à Liège»
Schuerhans (H.), premier président honoraire
de la Cour d'appel, a Liège.
Sohoolmeesters (E.), archéologue, vicaire géné-
ral, à Liège.
Secrétaire-adjoint : M. Levers (A.), chef de division au Gouverne-
ment provincial, à Liège.
LIMBOURG.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice- Président : M. Van Neuss(H.), ancien conservateur des archives
de l'État, à Hasselt.
Membres : MM. Courroit (J.), statuaire, professeur à l'Académie
de dessin et à l'école industrielle, à Hasselt.
Daniels (l'abbé P.), archéologue, à Zolder.
De Grûnne (Of G.), sénateur, à Russon.
Jaminé (L.), architecte provincial, à Hasselt,
Schaetzen (Chevalier 0.), ancien membre de la
Chambre des représentants, à Ton grès.
Serrure (E.), architecte de la ville, à Saint-Trond.
Membre-Secrétaire : M. De Borman (Chevalier C), membre de la
Députation permanente, à Schalkhoven.
Secrétaire-adjoint : M. Van Weddingen (A.), commis de lr« classe
au Gouvernement provincial, à Hasselt.
LUXEMBOURG.
Président : M. le Gouverneur de la province.
Vice- Président : M. Tandel, commissaire d'arrondissement, à
Arlon.
— 10 —
Membres : MM. Cuppbr (J.), architecte provincial, à Bastogne.
Deome, avocat, à Neufchàteau.
dr Mathblin, statuaire, à Liège.
Kurth (G.), professeur d'histoire à l'Université
de Liège.
van Limburg-Stirum (O A.), membre de la
Chambre des représentants, à Bruxelles.
Wilmar, archéologue, à Amonines.
Membre-Secrétaire : Van dr Wyngaert père, directeur de l'école
industrielle, à Arlon.
Secrétaire-adjoint : M. Sibenaler (J.-B.), chef de bureau au Gou-
vernement provincial, à Arlon.
NÀMUR.
Président : M. lb Gouverneur db la province.
Vice- Président : M. Bequet (A.), président de la Société archéo-
logique, à Namur.
Membres : MM. Boveroulle, architecte provincial, à Namur.
Dardenne, ancien régent d'école moyenne, à
Andenne.
Del Marmol (Bon F.), archéologue, à Dinant.
Lkanne (F.\ architecte honoraire de la ville de
Namur, à Etterbeek.
Soreil, ingénieur, à Mnredsous (Sosoye).
Sosson, chanoine titulaire, à Namur.
Secrétaire-adjoint : M. Vandenneuker, directeur à l'Administra-
tion provinciale, à Namur.
— Il —
COMITÉ SPÉCIAL DES OBJETS D'ART.
Président : M. Hellbputte (G.), architecte, professeur à l'Univer-
sité de Louvain, membre de la Chambre des représentants, à
Vlierbeek lez Louvain.
Membres : MM. De Geoot (G.), statuaire, à Bruxelles.
Helbig (J.)» artiste peintre, à Liège.
Heknebicq (A.), artiste peintre, à Bruxelles.
M arc h al (le Chevalier Edm.)> secrétaire perpétuel
de l'Académie royale de Belgique, à Bruxelles.
Reusen8 (le chanoine Edm.), archéologue, à
Louvain.
ViNÇ0TTE(Th.), statuaire, à Bruxelles.
Secrétaire : M. Massaux (A.), à Etterbeek.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX
^^*M**^**W^#^^*^*V^*^
SÉANCES
des 3, 10, 17, 24 et 31 janvier; des 7, 14, 21 et 28 février 1903.
PEINTURE ET SCULPTURE.
Des avis favorables onl été émis sur :
1° La proposition de faire restaurer divers tableaux qui Église*
1 ^ Grlnberflita.
ornent l'église de Grimberghen (Brabant). Il semble résulter T,bl**«-
du rapport de M. Cardon, membre du Comité des corres-
pondants, que les travaux à exécuter aux œuvres d'art
signalées n'en traîneront pas à des frais importants. Dans ces
conditions, il semble qu'il y a lieu de restaurer en même
temps tous les tableaux désignés. Cette mesure parait utile
pour éviter des dégradations plus importantes;
2° La proposition de faire procéder à la restauration du ëcu*
de SieenhafféU
tableau de De Crayer qui orne le maitre-autel de l église de Tab|<»»-
Sic enliuiïel (Brabant). Se ralliant aux conclusions du rapport
de M. Cardon, le Comité mixte des objets d'art est d'avis
— H —
qu'il y aura lieu de commencer par fixer les parties de la
peinture menaçant de se détacher et rentoiler le tableau.
Cette dernière opération devra être faite par un spécialiste.
Lorsque ces ouvrages préliminaires seront effectués, la Com-
mission fera examiner le tableau par des délégués afin de
déterminer quels sont les autres ouvrages qu'il y aurait lieu
d'y faire exécuter;
blinde 5° La proposition de faire restaurer le monument Schut
Saint-WiJlebrord, r r
objATd"ri. el un tableau d'autel attribué à Rubeos qui se trouvent dans
l'église de Saint-Willebrord, à Anvers, en tenant strictement
compte des recommandations faites par le Comité provincial
des correspondants. Il doit être entendu que ces ouvrages
s'exécuteront sous la surveillance du dit Comité;
Mm 4° Le projet relatif à l'exécution de peintures murales
m^nïlT dans l'église de Rhisnes (Namur); auteur, M. Meunier;
dépara" ^° ^c projet concernant la décoration picturale de l'église
Décoration. je purnode (Namur), à la condition que le ton des pilastres
reste uni sans aucune ornementation; auteur, M. Scboal;
ÉfiiM 6° Les dessins de deux vitraux peints à placer dans la nef
de Sainf-Sulplce,
v.ulux latérale droite de l'église de Saint-Sulpice, à Diesl (Brabant);
auteurs, MM. Stalms et Janssens;
Égiiaede 7° Les projets relatifs au placement de sept vitraux le
Saiole-Waadru, r ' r
v.îJTax. long des nefs, du pourtour et dans la chapelle de Saint-
Ghislain, en l'église de Sainte- Waudru, à Mons (Hainaut);
auteur, M. Ladon;
cathédrale 8° Le projet relatif au placement de quatre vitraux peints
vuraux. fans |e bas-côté sud de la cathédrale de Bruges. H n'y a
pas d'inconvénient à ce qu'on varie le ton des arcatures des
soubassements de fenêtre à fenêtre, mais non de lumière à
lumière. II y aura lieu, eu exécution, de simplifier le plus
— 15 —
possible les fleurages au-dessus des dais. Contrairement à
l'avis de M*r le baron Bethune, la Commission estime que
les trois personnes de la Sainte-Trinité doivent avoir le
nimbe cruciforme; mais elle partage sa manière de voir
qu'il y a lieu de donner pour vis-à-vis à la figure représen-
tant la Synagogue la figure représentant l'église de Jésus-
Christ; auteur, M. Dobbelaere;
9* Le projet relatif au placement d'un vitrail peint dans Egitoda
.... . StiBto-Walb«rf«,
le chœur nord de l'église de Sainte- Walburge, a Âudenarde kA^?,rd<-
(Flandre orientale) ; auteur, M. Ladon;
10* L'échantillon de restauration de la croix triomphale x **»*
1 de Rebaix.
de l'église de Rebaix (Hainaul). Tout en respectant les tons °*ix t*»**-
anciens découverts sous les couches de couleur moderne,
l'auteur, M. Manesse, devra donner au bleu un ton moins
noir, un peu plus verdàtreet plus harmonieux. Son attention
a été appelée également sur le ton brun, qui a aussi trop de
tendance au noir;
il0 Le modèle de la statue destinée à la justice de paix ju.u«. de p»«x
J r do BindM.
de Binche (Hainaut), moyennant quelques petites observa- Sul"°*
tions de détails dont l'auteur, M. Mascré, s'est engagé à tenir
compte avant de livrer son œuvre à la fonte.
— Il a été procédé, par les soins du Comité mixte des égti*
r r de Sterrebeck.
objets d'art, à l'examen des tableaux de l'église de Slerrebeek, T,w°««.
dont le mauvais état a été signalé par le Comité des corres-
pondants du Brabant.
Les tableaux en question sont au r ombre de six. Deux
surtout, qui sont dépourvus de cadre et qui sont relégués
dans la chapelle des fonts, sont dans un état déplorable; ils
sont recouverts de crasse, troués, les bords rongés aux
endroits où ils ont été cloués sur les châssis.
— 16 —
Sans avoir une importance marquante au point de vue
artistique, les tableaux de l'église de Sterrebeek ne sont pas
cependantsansoffrirquelqueiutérét. En tous cas, ils méritent
de recevoir les soins que comporte leur conservation.
Il faudrait, en tout premier lieu, procéder au renloilage
des deux plus endommagées de ces œuvres. Ce travail
devrait être confié à un spécialiste qui ne s'occuperait que
du renloilage, M. Mommen, de Bruxelles, par exemple.
Il pourrait être chargé d'examiner si semblable opération ne
doit pas être effectuée à Tune ou l'autre des autres toiles et
si l'œuvre peinte sur panneau, le Christ en croix, ne devrait
pas être parquetée, opération qui rentre également dans les
aptitudes du même spécialiste.
Ces travaux préliminaires étant effectués, il serait procédé
à un nouvel examen des peintures précitées et on ferait choix
d'un restaurateur qui aurait pour mission de nettoyer les
œuvres avec soin et de retoucher les parties endommagées.
Celte opération devra, en lous cas, être bornée au strict
nécessaire pour assurer la conservation de la peinture. Par
conséquent, elle ne s'élèvera pas à un chiffre bien iraporlant.
Le conseil de fabrique devrait être invité à s'entendre
avec M. Mommen, qui fournirait un devis de la dépense à
résulter des ouvrages qui rentrent dans sa spécialité. En
transmettant cette estimation aux autorités compétentes, les
administrations locales feraient connaître le montant de leur
intervention dans la dépense.
Mu^ de Gud. — Le tableau de feu De Taeye représentant Charles Martel
à la bataille de Poitiers, a été examiné, le 12 février 1903,
dans une des salles du nouveau musée de la ville de Gand.
Cette toile, qui mesure 9 mètres, sur 6, était dégagée de
— 17 —
son châssis et étendue sur le parquet. Elle date de 1858.
Cela n'empêche pas qu'elle ne révèle déjà des fêlures et des
retouches tracées par une main maladroite.
Un ren toilage complet ne semble pas nécessaire.
Il suffit de renouveler, à l'aide de patagons, les bords
déchiquetés, en réparant, après le dévernissage, les petites
fentes, qui seront ensuite repassées à la couleur. L'application
d'un vernis clôturera les opérations.
S'il ne s'agissait que de retouches, M. Louis Maeterlinck
pourrait être commis à les pratiquer, mais comme la tâche
à accomplir ne laissera pas que d'être beaucoup plus com-
plexe et plus difficullueuse, il sera nécessaire, si la commande
lui est maintenue, qu'il s'adjoigne un spécialiste de grande
expérience tel que M. Pelle ou un autre de celte force.
La remise en état devra être faite d'une haleine et le coût
total peut en être évalué à 500 francs au bas mot.
— M. le curé de Deux-Acren (Hainaut) ayant soumis un Êgii.ô
de Deux-Acreo.
projet de décoration du chœur et du transept de son église, Décoralion-
il a été décidé que, pour se prononcer en toute compétence,
un examen se ferait sur place.
L'édifice est conçu en partie en style ogival secondaire et
en partie en style ogival tertiaire.
C'est un des plus notables spécimens d'architecture de
cette époque que l'on rencontre dans la région.
La tour romane élevée entre le chœur et la nef principale,
offre une masse carrée terminée par une pyramide à quatre
pans flanquée de contreforts très élevés.
L'église n'est pas moins intéressante par les objets mobiliers
qu'elle offre à l'attention des visiteurs.
A côté de fonts baptismaux romans des plus remarquables,
- AS —
elle conserve des lambris en chêne, style Louis XV, qui en
garnissent toutes les parois, deux couronnes de lumières
pédiculées hexagonales, en fer battu, de la seconde moitié
du xvc siècle; une Vierge miraculeuse polychromée en bois,
du xue siècle, taillée dans un seul bloc de chêne de 0m83.
Le trésor renferme aussi plusieurs pièces de grande valeur
appartenant au xvie siècle.
Les trois fenêtres de l'abside ont reçu leur décoration
artistique il y a trente ans. Ces verrières méritent une
mention honorable. Elles laissent pénétrer dans celte partie
du temple une clarté douce et mystérieuse qui impressionne
l'âme et invite au recueillement.
Il conviendra que l'auteur du projet des peintures murales
tienne compte du cadre artistique où ses aptitudes seront
appelées à évoluer. L'élude qu'il a élaborée paraît acceptable
dans son ensemble. On y critiquera toutefois la draperie du
soubassement qui gagnerait à être monochrome, verte de
préférence; le fond du décor du chœur qui est terne et sans
vie, enfin le manque d'harmonie des couleurs de l'œuvre
présentée et des vitraux.
Sous la lour ou avant-chœur, l'artiste adoptera la même
tonalité que dans le sanctuaire, puisque celui-ci en forme la
continuation.
Le fond du transept devra être traité plus sobrement que
les autres parties de l'édifice.
H6iei — Les travaux de décoration de la salle du Conseil pro-
du Gouvernement
^Gand8.1, vincial, ceux du promenoir, de même que les tableaux
Décoration. a||£g0rjqUes en grisaille placés dans les panneaux du palier
de la cage de l'escalier d'honneur de l'hôtel du Gouvernement
provincial, à Gand, à l'examen desquels il a été procédé, le
Vitraux
— IS-
IS février 1903, sont convenablement exécutés. En consé-
quence, rien ne s'oppose à ce que MM. Heins et Vermeulen
reçoivent le montant de leur entreprise, soit 7,956 francs.
La Commission exprime le regret que les dimensions des
cadres des panneaux du palier de l'escalier n'aient pas été
mesurées d'une façon assez précise et qu'on ait dû, après
coup, compléter les panneaux en grisaille, chacun par une
bande d'un mauvais effet.
— Il résulte d'une communication de M. le curé de égu«e
de Diepeubcek.
Diepenbeek (Limbourg), que les vitraux dont il est question
dans le rapport du 22 octobre 1902, sont placés dans le
chœur de l'église paroissiale.
L'examen auquel il a été procédé de ces verrières,, de
concert avec MM. Van Neuss et l'abbé Daniels, membres du
Comité des correspondants, a démontré que ce travail est
exécuté en dehors des principes de la peinture sur verre
préconisés par le Collège. En effet, la composition de ces
verrières offre un médaillon central représentant la figure
d'un Saint à mi-corps, entourée d'un encadrement massif
imitant des formes plastiques. Le fond même de la fenêtre
est couvert de verre à peu près blanc que ceint une large
bordure aussi peu translucide que les médaillons.
Oo ne saurait guère approuver semblable travail que
l'autorité fabricienne n'a d'ailleurs laisser placer, parait-il,
que par suite d'un malentendu émanant de l'auteur des
vitraux et qui avait permis à la Fabrique de croire que les
projets avaient reçu l'approbation officieuse de la Commission
des monuments et enfin parce qu'il y avait urgence à rem-
placer le vitrage délabré qui garnissait les baies du sanctuaire.
Celui-ci n'ayant aucun caractère artistique ni monumental
— 20 —
et le remplacement des verrières devant causer une forte
dépense que le conseil de fabrique n'est pas à même de faire,
on peut les laisser en place, mais il n'est pas possible de
recommander semblable travail au point de vue d'un subside
à imputer sur le budget des Beaux-Arts.
M.o«««M,Mu — Il a été procédé, le 19 janvier 4903, dans l'atelier de
Baroa
0rbàVrioî!rrj' M- Vermeylen, à l'examen des modèles du groupe el du lion
destinés au monument à ériger, à Arlon, à la mémoire de
M. le Baron Edouard Orban de Xivry, ancien gouverneur
de la province du Luxembourg.
Ces modèles ont donné lieu à une observation : la crinière
du lion est trop peu naturelle; elle est composée de masses
compactes qui ont besoin d'être allégées.
Sous réserve qu'il sera tenu compte de cette observation,
l'artiste peut être autorisé à passer à l'exécution définitive
du monument.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
ArtMiuctopeiie M. Vander Haegen, brasseur, rue de la Porte de Bruges,
i*^g™«e. à Gaod (Flandre orientale), ayant sollicité l'autorisation de
percer dans la façade de l'ancienne chapelle de la Leugemeete,
sa propriété, en celle ville, trois baies de vitrines et une baie
de porte et d'approprier l'intérieur en maison d'habitation,
il a été procédé, sur place, le 12 février 1903, à l'examen
de cette proposition.
MM. Lybaert, De Ceuleneer et Van Biesbroeck, membres
du Comité des correspondants, assistaient à cet examen.
La nouvelle destination de l'édifice devra entraîner fort
probablement la destruction des restes de peintures murales
— 21 —
qu'il contient. Ces restes se rapportent au xive siècle. Ils
sontépars, très clairsemés et très mal conservés. On distingue
ou plutôt on devine quelques rameaux d'un arbre de Jessé,
les linéaments d'un Saint-Jean, à la gauche du chevet de
l'ancienne chapelle et les traces d'un pied sur la façade qui
longe la rue.
En somme, puisqu'il existe des calques et des photogra-
phies des peintures faits au temps où on pouvait encore les
déchiffrer, la Commission, d'accord avec ses correspondants,
est d'avis que le Gouvernement, en autorisant tels travaux
que de besoin, ne commettra point de faute archéologique
ou artistique.
— Pour répondre au désir exprimé par M. le Ministre de château
l'Agriculture, il a été procédé, le 29 décembre 1902, à '«■««■«*•
l'inspection des travaux effectués au château de Franchimont.
Ces travaux, jusqu'ici, ont consisté en de simples déblais;
plus de vingt mille mètres cubes de décombres ont été enlevés
et déposés dans un endroit judicieusement choisi. Le résultat
immédiat de ces déblais effectués dans les meilleures condi-
tions sans qu'aucune des murailles ait été compromise, a été
la découverte de presque toutes les dispositions du château,
de manière qu'il est aujourd'hui possible de se faire une idée
précise de ce qu'était cette célèbre forteresse au temps de sa
vitalité et de son éclat.
Le dégagement des fossés nord et est a permis de déter-
miner la forme et les dimensions de la grosse tour nord-est,
de retrouver les vestiges du vieux pont de pierre, de même
plusieurs embrasures de canon donnant sur des locaux
encore ignorés.
Quant au château lui-même, abstraction faite de son intérêt
— 22 —
historique el archéologique, il produit actuellement, vu de
la cour, l'effet le plus saisissant. Franchimout apparait
maintenant comme une des ruines les plus importantes et
les plus impressionnantes du pays.
En ce qui concerne la reprise des travaux, vraisembla-
blement au retour du printemps, il a été décidé qu'il importait
de poursuivre le dégagement complet des parties basses du
monument, c'est-à-dire les fossés ouest et sud en contournant
les bastions dont plusieurs sont encore inaccessibles.
Le cube restant à enlever serait d'environ dix mille mètres.
D'après M. Lobest, il reste encore 10,000 francs environ
sur les crédits alloués. Celte somme a été réservée pour qu'en
tout état de cause il y ait de quoi subvenir aux consolidations
les plus urgentes. La délégation est, en effet, d'avis d'affecter
celle somme aux réfections qui s'imposent telles aux bastions,
à la chapelle, au donjon, au mur d'enceinte, à l'escalier des
princes, etc. Ces consolidations effectuées avec les moellons
de décombre, peuvent se faire en même temps que le restant
des déblais, dont on utiliserait une partie en économisant des
frais de transport.
En beaucoup d'endroits, spécialement à la chapelle et au
donjon, il faudra faire des coulis de ciment et prendre toutes
les précautions pour éviter l'infiltration des eaux et assurer
leur écoulement. Ces coulis et surtout le rejoiotoiemeot
seront effectués en échantillons qui seront soumis à l'examen
du Collège.
Il est encore un travail éminemment souhaitable : c'est de
reconstituer, en dessin, ce castel du xv* siècle. Les restes
en sont encore nombreux aujourd'hui; toute la disposition
terrienne subsiste et le donjon a presque toute sa hauteur;
;— 23 —
en outre, de nombreux vesliges ont été rencontrés au cours
des travaux et des documents importants ont été assemblés.
Il y aurait là matière à un travail graphique d'une importance
archéologique exceptionnelle, car il donnerait aux historiens
l'aspect peu connu d'une forteresse du moyen âge en Belgique.
Ce serait l'indispensable complément et comme la conclusion
des travaux entrepris.
M. Lohest semble tout particulièrement désigné à accom-
plir cette tâche.
On ne peut se dispenser d'attirer de nouveau l'attention
de l'autorité supérieure sur la nécessité d'organiser, dans le
plus bref délai possible, un sérieux gardiennal du monument
par les soins de l'Administration des Bâtiments civils, à
l'instar de ce qui se pratique à Bouillon, à Laroche et ailleurs.
Faute d'un préposé énergique, des actes de déprédation
se commettent fréquemment et c'est peut-être là, pour ce
château, une cause de destruction plus sûre que les intem-
péries.
Des touristes malveillants, assurés du manque absolu de
surveillance, ne se font pas scrupule d'arracher des moellons
et de renverser des pans de mur. Tout récemment une porte
a été enfoncée, un étançonnemenl renversé et différents
objets provenant des fouilles et appartenant à l'État ont été
volés.
— A la demande de l'Administration communale de Pone de utti,
à Bouvigoet.
Bou vignes, il a été procédé, le 10 février 1903, à l'examen
des restes de la porte de Laval.
MM Boveroulle, Dardenne, del Marmol et Soreil, membres
du Comité des correspondants de la province de Namur,
assistaient à cet examen.
— u —
De l'enceinte de la ville, il ne subsiste que l'entrée repré-
sentée par deux grosses tours massives, tronquées par la
vétusté et que relie un passage voûté.
L'effort lent et irrésistible du temps les désagrège, les
penche de plus en plus vers le moment fatal. C'est assez dire
qu'il est plus que temps de donner le signal des réparations
que leur état exige. Sans quoi seront anéantis ces vestiges
si célèbres dans le pays, peuplésde tant de souvenirs glorieux,
témoins de tant d'événements qui remplissent les pages de
l'histoire.
Il ne peut être question de songer à rétablir dans leur
situation primitive ces spécimens de l'ancienne architecture
militaire. Une (elle tentative serait hypothétique et dispen-
dieuse. Les seuls travaux que la Commission voudrait voir
exécuter sont des ouvrages de pure consolidation qui déter-
mineront un point d'arrêt dans la marche de la décrépitude
des vénérables morceaux trop longtemps dédaignés.
Avant d'entamer ces travaux qu'il importe de ne confier
qu'à un artiste et archéologue compétent en matière d'archi-
tecture militaire, il conviendra de prendre de bonnes photo-
graphies du monument.
Ensuite, on devra dégager, au bord de la route, la tour
où se sont accumulés des décombres s'élevanl quasi au niveau
du sommet, puis, on fera les déblais intérieurs et la répa-
ration, à l'aide de matériaux écroulés, des larges brèches qui
s'accusent sous la voûte du passage. On ne manquera pas
de rendre celui-ci à la circulation par l'établissement d'un
aqueduc souterrain en substitution à la rigole qui, dévalant
des hauteurs, le traverse, d'axe en axe, avant d'aller jeter
ses eaux dans la Meuse, et d'approprier l'ensemble en débar-
— 25 —
rassant les murailles des plantes sauvages et des arbustes
qui émergent des assises et les disjoignent.
Enfin, on s'arrangera de telle sorte que l'eau ne puisse
pénétrer dans les maçonneries auxquelles le lierre grimpant
donnera, un jour, le charme de sa végétation élégante et
toujours verte.
Le Comité provincial des monuments aurait la mission de
surveiller ces travaux en se tenant toujours en rapport et
d'accord avec la Commission royale.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs : comtniction
et restauration
i° A la construction d'un presbytère à Havre (Hainaul), de *«*■**««■•
sous la réserve de supprimer le cordon saillant prévu aux
façades entre le rez-de-chaussée et l'étage ainsi que la galerie
aveugle entre les deux fenêtres de l'avant-corps; architecte,
M. Muller;
2° A la construction d'un presbytère à Ghislelles (Flandre
occidentale). L'attention de l'architecte, M. Pil, a été attirée
sur la distribution intérieure du bâtiment, l'escalier et
quelques accessoires, qui pourraient être améliorés au cours
de l'exécution des travaux ;
3° A la construction d'une maison vicariale à Buret,
commune de Ta vigny (Luxembourg); architecte, M. Cupper;
4° A la restauration du presbytère du Centre, à Montigny-
sur-Sambre (Hainaut); architecte, M. Nicolas;
5° A l'exécution de travaux de restauration au presbytère
de Sosoye (Namur) ;
— 26 —
6° À la restauration des toitures du presbytère de Neer-
Landen (Liège); architecte, M. Martens;
7° A l'exécution de divers travaux de restauration au
presbytère de Lustin (Namur); architecte, M. Lange.
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
giiistfe 1° A Cortil, sous Corlil-Noirmont (Brabant). L'attention
CorUI-Noirmont.
de l'auteur, M. l'architecte Petit, a été appelée sur le danger
des infiltrations pluviales qui pourraient se produire dans le
mur du chœur par la plate-forme projetée au-dessus du
dégagement établi vers la sacristie. Il serait préférable
d'éloigner cette toiture du mur de l'édifice;
£*!••€ 2* A Trois -Ponts (Liège), sous réserve de diminuer la
de Trois-PoaU. \ O /»
hauteur du raccord de la couverture de la tourelle d'escalier
avec la maçonnerie de la tour; architecte, M, Hansen;
Église 3° A Sleinbach, sous Limerlé (Luxembourg), sous les
de Steinbeck.
réserves suivantes, dont il pourra être tenu compte au cours
de l'exécution des travaux : a) l'édifice sera pourvu de
gouttières; b) les fonts baptismaux seront placés au nord, la
tourelle d'escalier au sud; c) l'auteur étudiera avec soin les
charpentes; la pente des toitures sera augmentée en vue de
la couverture en ardoises; architecte, M. Halkin.
Ont aussi été adoptés les projets relatifs :
Égiite U A l'aménagement de l'escalier destiné à donner accès
de MU mort. °
à l'église de Milmort (Liège); architecte, M. Lohest;
Égiite 2° A la construction d'une sacristie à l'église de Burel,
de Bnret. **
commune de Ta vigny (Luxembourg); architecte, M.Cupper;
— 87 —
3° A rachèvoment du pavement de l'église de Saint-Jean, fym
r G de Ssiiit-Jeao,
à Borgerhout (Anvers), et au placement d'un aulel latéral et àBor*«rt0Bl-
d'une chaire à prêcher dans cet édifice. La Commission s'est
ralliée à l'avis émis par le Comité des correspondants en ce
qui concerne la pierre bleue à employer pour le pied de la
chaire; ellea aussi appelé l'attention de l'architecte, M. Toen,
sur le peu d'ampleur de la cuve, sur la maigreur de la rampe
de l'escalier et sur le style banal de la grille qui entoure le
meuble;
4* A la construction d'une sacristie à l'église de Thibessart, . **»* t
° de Thibessart.
commune de Mellier (Luxembourg); architecte, M. Cupper;
5" A l'aménagement des abords de l'église de Saint- m* de
9 ° Saint-Germain.
Germain (Namur); architecte, M. Lange.
Ainsi que les dessins d'objets mobiliers destinés aux oi.je* mobiliers
^ J d'églises.
églises de :
Froid lieu (Luxembourg) : armoire;
Zepperen (Limbourg) : buffet d'orgue;
Louftémont (Luxembourg) : chaire à prêcher et deux
autels latéraux;
Saint- Bavon, à Gand (Flandre orientale) : armoire;
Caulille (Limbourg) : maitre-aulel;
'S Heeren-Elderen (Limbourg) : buffet d'orgue;
Wurfeld, sousMaeseyck (Limbourg) : mobilier complet;
Waermaerde (Flandre occidentale) : mobilier complet;
— Il résulte d'une inspection à laquelle il a été procédé Église de
1 a r Heure le-Romain.
que la tour de l'église de Heure-le-Bomain remonte à l'époque
romane. On a utilisé, dans sa construction, des débris de
maçonneries romaines ou gallo-romaines, ce qui est une
preuve dosa haute antiquité. Toutefois, les inscriptions qu'on
remarque à l'intérieur, vers le haut, n'ont rien d'authentique;
— 98 —
elles paraissent avoir élé tracées par des ouvriers ayant
travaillé à l'édifice, lors de restaurations de celui-ci.
Les constructions de cette époque sont assez rares dans
nos campagnes pour que Ton prenne soin, lorsqu'il n'y a pas
impossibilité absolue, d'en assurer le maintien. En consé-
quence, il est nécessaire, puisque l'église doit être agrandie,
d'opérer cet agrandissement en conservant la tour.
La restauration soignée de celte tour s'impose au moyen
de matériaux semblables à ceux existants, lesquels sont, en
majeure partie, le silex.
On devra respecter aussi l'angle nord-ouest de l'église qui
parait être un reste de construction romaine étant donnée
la disposition de la maçonnerie établie par assises régulières
de pierres séparées par une rangée de grandes briques plates.
D'autre part, l'entreprise devra comprendre le déchaus-
sement de l'édifice et tous les moyens à mettre en œuvre
pour éviter que les eaux pluviales ne séjournent au pied des
murailles.
Dans le cimetière gil l'ancienne cuve baptismale; elle est
en assez bon état, mais elle est dépourvue de pied. Sa
restauration, du reste très facile, est d'autant plus désirable
que l'église est dépourvue de baptistère.
Une statuette en bois, du xv' siècle, est conservée dans
l'église. Il serait désirable de la voir dépouillée des nombreuses
couches de couleur grise qui y ont été appliquées, car cette
œuvre de sculpture offre un certain mérite.
Enfin, il convient, ainsi que le demande le Comité pro-
vincial des correspondants, de prendre les mesures de
précaution nécessaires pour assurer la conservation des
pierres tombales qui se trouvent dans le pavement des nefs
— 29 —
ainsi que cela a été fait pour d'autres dalles qui ont été
appliquées contre les murs intérieurs, lors de la restauration
du chœur et du transept, il y a quelques années.
A la demande de la Commission, M. l'architecte Van Assche
a dressé un nouveau projet d'agrandissement de l'église. Il
peut éire adopté sous les réserves suivantes :
1° La chapelle des fonts sera érigée contre la nef latérale
nord, au point indiqué par la lettre A, afin de respecter
l'angle nord-ouest de l'ancien bas-côté, qui paraitétreun reste
de construction romaine;
2* On élargira encore, dans la mesure du possible, les nefs de
l'édifice; on atteindra, de cette façon, une superficie se rap-
prochant sensiblement de celle prévue au projet précédent.
— L'examen auquel il a été procédé le 12 février 1903, Éguude
1 r Saint-Maeaire,
du maitre-autel et de deux petits autels placés dans l'église 4Gand-
de Saint-Macaire, à Gand (Flandre orientale), a démontré
que ces meubles avaient été exécutés de façon artistique
dans leur simplicité de bon goût.
En conséquence, rien ne s'oppose à ce que le subside
promis sur les fonds des Beaux-Arts en vue de ce travail,
soit liquidé.
— L'autel majeur placé dans l'église d'Otlergem (Flandre , M»
orientale), a été examiné par une délégation du Collège à
laquelle assistait M. Van Biesbroeck, membre du Comité
provincial des correspondants.
Si les statues du retable paraissent insuffisamment
gothiques, les autres parties du meuble, en revanche,
sont bien composées.
En résumé, l'ensemble en est satisfaisant et présente assez
de mérite artistique pour que le subside de 200 francs
— 30 —
promis par l'Administration des Beaux-Arts, en vue de ce
travail, soit liquidé.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a visé :
agi* 1° Le projet relatif à la réparation de l'église d'Êcaussines-
d*Bcantiinee-
d-Enghien. d'Enghien (Hainaut); architecte, M. Tournay;
Égiue 2° Le projet de restauration de la toiture de réalise de
deBlaagie*. ~
Blaugies (Hainaut). Il y aura lieu de se borner aux travaux
de renouvellement et de restauration qu'indique M. l'archi-
tecte provincial dans son rapport du 13 septembre 1901.
En tous cas, il ne peut être question d'autoriser remploi du
zinc, surtout dans le cas actuel où il est question d'un édifice
qui offre du mérite au point de vue artistique et archéologique.
L'attention des autorités locales a été tout spécialement attirée
sur l'état de situation de la charpente de la flèche décrit par
M. Weiler;
âgiiM de 3° Le projet concernant l'exécution de travaux d'assai-
YUIen-b-boooe-
Etu- nissement, d'entretien et d'ameublement à l'église de Villers-
la-bonne-Eau (Luxembourg); architecte, M. Cupper;
%hm 4° Le projet de restauration de l'église deSosoye(Namur),
de potoye.
sous la réserve qu'il sera tenu compte de toutes les recom-
mandations formulées par M. l'architecte provincial, dans
son rapport du 29 décembre 1902;
ta!* 5° Le projet relatif à la consolidation de l'église d'Hdnret
(Namur); architecte, M. Lange;
Église 6° Le projet de restauration de l'église de Neerlanden
de NeerUndeo. %
(Liège) et des toitures du presbytère de celte localité;
architecte, M. Martens;
— 31 —
7° Le projet de restauration de l'église de Gyselbrechteghem Jj^jJk.
(Flandre occidentale) ;
8° Le projet concernant des travaux de restauration à ch»peii«
1 " d'Eegenhoven.
effectuer à la chapelle d'Eegenhoven, sous Héverlé(Brabant);
architecte, M. Van Dormael ;
99 Le projet définitif des travaux de restauration à exécuter , toi» M
r * de Hougaerde.
à l'église de Hougaerde (Brabant), moyennant de tenir
compte des observations présentées par M. l'architecte pro-
vincial en chef; architecte, M. Langerock;
10° Le projet de restauration de l'église de Zande (Flandre taie
de Zande.
occidentale), à la condition que l'on aura égard aux obser-
vations présentées par M. le baron Belhune, dans son rapport
du 28 mars 1902, en ce qui concerne la restauration de
l'église et la construction de la sacristie; architecte, M. Nolf;
1 1° Le projet relatif à la restauration du chœur de l'église tien»
r J ° deMeerbeek.
de Meerbeek (Brabant); architecte, M. Langerock;
12° Le projet de restauration des toitures de l'église de **»*•
r * ° de Notre-Dame,
Noire-Dame, à Courtrai (Flandre occidentale); architecte, àCourlrai-
M. Geers.
— L'inspection à laquelle il a été procédé, des travaux de ^iJffïhwm
restitution de l'intérieur du chœur de l'église de Notre-Dame,
à Courtrai (Flandre occidentale), a permis de constater
l'heureux effet que produit la première série de ces travaux.
Ceux-ci consistent en réalité à découvrir ce que l'on avait
caché à une époque où l'exclusivisme du goût allait jusqu'au
manque de respect à l'égard de formes architecturales
rationnelles et belles, aujourd'hui remises en lumière, mais
alors qualifiées de barbares.
Pour découvrir ce beau chœur, ou avait à enlever le revê-
tement de marbre et de bois peint, retenu au moyen de
a Courtrai.
— 32 —
crochets scellés dans la construction. La partie enlevée fait
apparaître au jour l'architecture primitive. Le triforium qui
règne dans la grande nef et le transept restauré, ne se répèle
pas, comme on le supposait, dans le chœur. Il en résulte
qu'on pourra un jour y faire peindre, si les ressources le
permettent, une large frise de figures, dont il est parlé dans
le rapport du 17 octobre 1896.
Les travaux exécutés le sont avec soin et intelligence; ils
consistent dans la restauration des deux grands piliers de
Tare triomphal, des deux premières colonnes du chœur et
de quatre arcades ogivales.
Cinq arcades restent encore à découvrir ainsi que six
colonnes cylindriques formant l'abside.
Une de ces dernières colonnes est déjà visible et parait en
bon état de conservation ; on y voit encore la base avec ses
moulures primitives presque intactes, ce qui fait présumer
et espérer qu'il en sera de même des autres.
M. le curé, MM. les délégués de la fabrique de l'église
et de l'Administration communale, présents à l'inspection,
ont tous exprimé le vif désir de voir continuer l'enlèvement
complet de ce hors-d'œuvre disparate dans celte église si
belle et si intéressante au point de vue de notre architecture
du xine siècle.
La Commission ne peut qu'appuyer fortement la demande
des Administrations intéressées. Elle verra avec bonheur la
restauration complète du chœur de l'église Noire-Dame.
Le projet d'ancrage soumis parait devoir être approuvé ;
ce travail est d'une urgence incontestable.
Le projet relatif à l'ouverture et à la restauration de la
fenêtre du chevet de l'abside peut également être adopté,
— 33 —
sous la réserve que les ajours des redents seront plus ouverts
et que la naissance des petites ogives sera légèrement
remontée.
— Une visite faite le 9 février 1903, à l'église de Saint- U>*>
° de Saint-Martin,
Martin, à Àlost (Flandre orientale), a permis de constater 4A,osU
que les travaux de décrépissage s'exécutent avec une
conscience et une habileté auxquelles il convient de rendre
hommage.
La pierre dure de Meldert aux tons si chauds et si dis-
tingués a été, entre autres, mise à nu dans le chœur et dans
le pourtour, laissant voir ainsi l'appareil de la construction.
Le sanctuaire a subi, de ce chef, une métamorphose radicale.
Il apparaît maintenant pénétré d'une lumière abondante et
mystique, dans sa note vraie, ayant reconquis sa rare
distinction. C'est un spectacle imposant et l'observateur initié
aux principes du grand art de la restauration y éprouve un
vif sentiment de surprise et d'admiration.
Ces magnifiques travaux ont été entrepris pour 25,000 fr.
Cette somme semble modique vu l'ampleur de la tâche déjà
accomplie et à poursuivre encore. Dans ce coût ne figurent
pas les imprévus qui ont surgi au fur et à mesureque tombait
le manteau de plâtre telles les pierres ébrcchées, les moulures
brisées des bases de colonnes et la balustrade mutilée du
triforium médian.
Dans son rapport du 12 juillet 1902, la Commission
déclarait que les travaux de restauration intérieure de l'église
de Saint-Martin étaient utiles mais ne présentaient pas un
caractère de réelle urgence. Cet avis était basé sur le vu du
monument encore recouvert des su pei fêta lions que le mau-
vais goût y avait accumulées ; mais aujourd'hui que l'édifice
— 34 —
se dépouille de ces oripeaux, le mal se révèleetde nombreuses
mutilations, des désordres graves dans les œuvres vives se
manifestent à toute évidence. Les parties en péril sur
lesquelles récemment on appelait (attention du Collège,
concernent les arcs doubleaux des deux voûtes du bas-côté
du transept nord déjà reliés par des armatures de fer depuis
la reconstruction à la suite d'un incendie qui le dévora
en 1600. Une crevasse s'y manifeste. Une flexion vers ledit
transept se voit dans les colonnes, qui sont hors d'aplomb
de 0n10 au moins et poussées au vide par le poids de la
voûte.
La première colonne à l'entrée de la grande nef du côté
nord-ouest montre aussi des signes de défaillance qui eo
compromettent beaucoup la solidité. Son lourd fardeau Ta
fendue à la base, où les pierres s'écrasent et menacent de se
disjoindre.
Sans prétendre, peut-être, à l'imminence d'un danger, il
importe qu'une prompte et prudente réfection des parties
disloquées rende la sécurité aux fidèles et assure pour
longtemps la conservation de l'église.
Église — M. l'architecte Langerock ayant signalé à l'attention
S«inl Germain, ° J °
à Tiriemoot. je ja Commission la découverte qu'il venait de faire, sous
le chœur de l'église de Saint-Germain, à Tirlemont, de
l'entrée de la crypte, il a été procédé, le 25 décembre 1902,
à son examen.
C'est en creusant les fondations du nouvel autel du Saint-
Sacrement que le pic des ouvriers a rencontré l'ouverture
de cet. hypogée noyé par des éboulis qu'avait provoqués la
chute de la voûte du sanctuaire lors d'un incendie survenu
en 1536.
— 35 —
La baie dégagée est cintrée et a hauteur d'homme. Les
déblais opérés s'étendent à im25 environ en profondeur
horizontale. Us ont mis à nu deux piliers engagés dans les
murs extérieurs, une partie des nervures et les naissances
des voûtes.
Si l'on voulait rendre à son aspect primitif cette ancienne
chapelle souterraine, on se trouverait en face d'une lâche
extrêmement délicate et difficile. La dépense en serait très
élevée — au bas mot 100,000 francs — à laquelle la fabrique,
qui a consenti les plus grands sacrifices lors des récents
travaux de la restauration, n'est pas à même de faire face.
Il faudrait, véritablement, relever le niveau du chœur d'au
moins lm50, démolir et replacer le maître-autel et, en outre,
pour obtenir un travail satisfaisant, surélever la voûte du
chœur à la hauteur qu'elle avait primitivement à en juger
par les vestiges qui existent au-dessus de la voûte actuelle.
Aussi, le parti le plus simple et le plus sage qui a été suggéré,
consiste à renoncer aux fouilles mais à entreprendre la mise
en état et le nettoyage de l'excavation. Une continuation
ultérieure des investigations risquerait de compromettre la
stabilité du remarquable chœur, d'en disjoindre et d'en
fissurer le riche dallage placé il y a un quart de siècle.
Le travail d'appropriation du souterrain serait complété
par la construction d'un mur de soutènement. Une échelle
de fer permettrait d'y accéder et une trappe plate et unie au
pavement, défendrait l'orifice. Ainsi le visiteur pourrait se
faire une idée assez exacte de la disposition et du caractère
du souterrain tel qu'il existait autrefois et dont la remise au
jour ajoute un trait à l'histoire et à la physionomie si
intéressante de la basilique.
— 36 —
ctutfku — Au cours d'an examen de la collégiale d'Àerschot,
le 15 février 1900, il avait été demandé que l'essai de
débadigeonnage de la voûte pratiqué dix ans auparavant,
fut étendu aux murs de l'abside du chœur, où l'enlèvement
de l'enduit avait mis au jour un fragment de fresque.
Une récente opération de ce genre, qui a porté sur
plusieurs colonnes de la grande nef, a révélé un appareil
de grès ferrugineux sans aucune peinture.
La visite du 26 janvier 1905 a fait reconnaître l'utilité de
poursuivre l'expérience à une plus grande échelle, sur une
travée du bas-côté.
Il y aura lieu de conserver soigneusement les restes de
polychromie qui pourraient être découverts.
La tribune des orgues est suspendue au flanc occidental
du transept nord. Les autorités fabricienne et communale
ont exprimé le désir d'installer ce meuble au fond de l'église,
sous la tour, tout en disposant les choses de façon à ne nuire
en rien à la vue de la grande fenêtre. Les raisons invoquées
en faveur de cette translation ne sont pas dépourvues de
fondement. Aujourd'hui, les sons manquent de pureté, ils
descendent affaiblis, par à-coups, parfois même il y a absence
absolue d'émission. Ces caprices, qui jettent le trouble dans
les accompagnements, sont dus, aux dires de facteurs
d'orgues, à la complication vraiment extraordinaire de
transmission. Les mêmes spécialistes, consultés, affirment
que la mesure sollicitée remédierait à ces graves défauts
incompatibles avec la décence et la majesté que réclame le
culte. On avait aussi émis l'idée de placer le clavier dans
une arcade à ouvrir sur la basse-nef nord, arcade dont les
traces existent. Il semblerait que le fonctionnement en serait
— 37 —
plus régulier. Deux facteurs d'orgues prétendent que malgré
cette disposition le jeu resterait défectueux; de plus, ils
évaluent la dépense à 8,000 francs. La fabrique d'église
estime que le premier projet est seul réalisable.
On projette aussi de rendre à l'usage le joli porche ogival
vers le cimetière. Il sert actuellement de refuge, mais les
objets qui s'y trouvent sont appelés à occuper un magasin
loué ad hoc. Une pièce adossée au transept nord, de
construction ancienne, sera utilisée comme sacristie. Elle
communique avec la nef latérale.
Les autorités qui assistaient à la visite ont exprimé avec
insistance leur désir d'être autorisées à percer une arcade
dans chacun des massifs latéraux du jubé et d'en enlever
les petits autels qui y sont adossés. À l'escalier pratiqué dans
l'épaisseur du mur gauche serait substitué un escalier en
spirale emprisonné dans une tourelle à claire-voie montant
jusqu'à la plate-forme. La fabrique introduira à cet égard
une demande spéciale. Cette modification aurait pour but
d'ouvrir le chœur aux regards des fidèles, qui se plaignent
de ne pouvoir s'associer de visu aux exercices du culte.
Aujourd'hui, pour donner satisfaction aux fidèles, les céré-
monies doivent s'accomplir en dehors du chœur. Les pompes
liturgiques souffrent de ne pas se déployer dans leur cadre
véritable et le sanctuaire, réduit au silence et à l'abandon,
est privé de son utilité pratique. Les délégués se sont bornés
à prendre acte de ce desideratum, réservant à la Commission
le soin de se prononcer sur cette question lorsque celle-ci
sera régulièrement introduite. Ils ont cependantatliré l'atten-
tion de l'autorité fabricienne sur l'importance du changement
demandé.
— 38 —
Gomme le mentionnait le rapport du 15 février 1900,
l'embarrassant maître-autel classique est un échafaudage
de menuiserie sans aucune valeur. II est, en sus, dans sa
partie supérieure, d'une solidité qui parait sujette à caution.
Lorsqu'on le remplacera, le tableau de De Crayer, c l'Ado-
ration des Mages » , qui en décore le retable, devra être
appendu dans l'église.
Les plans de l'état actuel de la flèche et des différents
projets de sa reconstruction représentés en maquette, ont
fait l'objet d'un examen approfondi. Une ascension dans la
flèche a permis de constater, avec la certitude la plus absolue,
que la partie de la flèche jusqu'au bulbe est primitive. On y
voit encore les anciennes voliges en chêne. La charpente
est dans un étal de conservation remarquable. La remplacer
par une autre serait un acte injustifiable. Dès lors, il n'y a
pas à hésiter sur le travail de restauration à effectuer. Il suffit
de prolonger celte partie inférieure de façon à lui donner sa
terminaison première, qui était en pyramide. Le bulbe et la
lanterne supérieure, de date plus récente, seraient supprimés.
Égiue — Le conseil de fabrique de Saint-Quentin, à Louvain,
de Saint Queulin, ,
k Louvain. ayant manifeste l'intention de faire restaurer 1 église de cette
paroisse, il a été procédé, sur place, le 1S janvier 1905, à
l'examen des propositions de ce Collège.
MM. Dumortier, Van Even el Langerock, membres du
Comité des correspondants du Brabanl, assistaient à cet
examen.
L'édifice en question date du xvc siècle. 11 est d'un élan-
cement hardi, d'une structure élégante et fine. La tour est
antérieure d'environ cent ans.
Le chœur élait éclairé, dans le principe, par sept fenêtres.
— 39 —
Cinq d'entre elles ont élé bouchées pour y adosser un encom-
brant autel qui ne cadre pas avec les proportions et le style
de cet oratoire et lui dérobe la partie la plus intéressante.
L'enlèvement de ce hors-d'œuvre s'imposera.
La nef ne compte que trois travées. Elle devait se composer
de quatre au moins ainsi qu'en font foi des amorces existant
à cet endroit du temple.
Le travail de restauration consistera à consolider les voûtes
et les nervures, à rouvrir les sveltes baies qui perçaient le
chœur, à rétablir les meneaux et les réseaux qui les rehaus-
saient primitivement et à étendre cette restitution aux autres
fenêtres de l'édifice. Le projet s'occupera, en outre, de
décorer de verrières, d'après un programme à déterminer,
le sanctuaire, d'en relever et d'ériger contre les murs les
dalles funéraires qui commémorent d'anciennes familles.
Les surfaces maçonnées auront aussi leur part de la
restauration générale; on en détachera l'épais crépi qui les
alourdit et les défigure. Ce dépouillement pratiqué avec
minutie et intelligence, couche par couche, livrera, sans
doute, le secret de vestiges décoratifs semblables à ceux mis
au jour, sans dommage, à la base de quelques colonnes et
sur un faible espace du pilier sud à l'intersection du transept
et de la grande nef.
Les polychromies découvertes ont été faites directement
sur la pierre. Ce sont, pour la plupart, des fragments fort
altérés mais encore assez distincts de personnages.
Si tous les travaux précités de réparation et d'embellisse-
ment sont désirables et même utiles, pour rétablir les formes
de l'architecture du monument et lui rendre son aspect
originel, ils ne pourront toutefois avoir le pas sur ceux de
— 40 —
la restauration extérieure. Celle-ci, qui ne peut subir d'ajour-
nement, concerne le renouvellement des toitures dont l'état
de délabrement avancé sur toute la superficie de l'église, a
ouvert, en maints endroits, des brèches anjourd'bui mal
obturées à l'aide de carton bitumé. Malgré ce palliatif, les
eaux pluviales n'ont pas lardé à reprendre leur pénétration
dévastatrice.
A l'issue de la visite au dehors, la délégation a émis le
vœu que le projet de restauration à rédiger comprit la
disparition du petit portail septentrional. Il sert d'enlrée
exclusive aux fidèles depuis le xvn* siècle, époque de sa
fondation. Il conviendra de le remplacer par un édicule de
même destination, conçu dans le style ogival tertiaire auquel
appartient toute la basilique.
Le devis général devra être établi par séries selon le degré
d'urgence des travaux.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le Président,
Ch. Làgàsse-de Locht.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
AVEC LA
SOCIÉTÉ NATIONALE POUR LA PROTECTION DES SITES
ET DES MONUMENTS EN BELGIQUE
Nous soumettons, avec confiance et sans commentaire,
au jugement du public la correspondance ci -après,
provoquée par la Société nationale pour la protection des
sites et des monuments en ^Belgique.
La Commission royale des monuments.
Bruxelles, 8 mars 1903.
— 43 —
Société nationale poqi la Protection des sites k des monuments
EN BELGIQUE
12 décembre 1902.
Monsieur le Minisire,
Nous ne saurions assez vivement insisler auprès de vous
pour que voire intervention rapide et énergique arrête les
véritables déprédations qui se commettent dans un grand
nombre d'églises du pays et non des moins remarquables,
sous prétexte de restauration et de restitution.
Nous vous citerons notamment, à litre d'exemples :
i° L'église de Walcourt, dans laquelle on a enlevé les
très intéressantes boiseries du xvme siècle qui ornaient la
sacristie;
2° L'église de Notre-Dame, à Courlrai, où l'on fail dispa-
raître les revêtements en marbre et en bois qui la garnissent ;
5° L'église Saint-Martin, à Alost, où l'on voudrait enlever
la riche décoration en marbre de la Renaissance qui forme
au célèbre tableau de Rubens, représentant Saint-Roch, un
cadre si approprié, voulu par le maître : acte de vanda-
lisme, dont les frais seraient couverts par la vente de cette
superbe toile elle-même ;
4° L'église d'Opchic, près de Leuze, où l'on a égale-
ment abattu tout ce qui était de style gothique el renaissance,
pour y substituer des morceaux d'architecture romane, de
pure imagination, notamment des chapiteaux, qui ont soulevé
— 44 —
de si vives protestations qu'il a fallu les remplacer plus ou
moins bien ;
5° L'église de Hulshout (province d'Anvers), dont les
boiseries anciennes ont été vendues.
Nous pourrions continuer celte triste nomenclature; les
journaux artistiques spéciaux signalent pour ainsi dire
chaque jour des faits nouveaux tout aussi regrettables. II y
a là une tendance contre laquelle il faut absolument réagir,
et c'est aller tout droit à l'anéantissement d'une quantité de
vestiges hautement intéressants de l'art national que de
vouloir systématiquement exclure des édifices du culte tout
ce qu'y a amassé, au cours des siècles, la piété ou la géné-
rosité des fidèles pour y rétablir prétendument l'architecture
primitive.
Votre Déparlement, Monsieur le Ministre, intervient pour
tout ce qui concerne l'entretien de ces édifices; il en a pour
ainsi dire la garde, et il suffirait qu'il y tint strictement la
main pour que les faits si regrettables que nous vous signa-
lons ne pussent se reproduire. C'est pourquoi nous vous
adressons ce pressant appel et nous comptons sur votre
esprit éclairé, sur votre culture affinée, sur les sentiments
artistiques qui se sont affirmés dans tnnt de vos discours et
de vos écrits, pour obtenir de vous des mesures pleinement
efficaces.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, avec les remercie-
ments de tous les hommes de goùl, les assurances de nos
sentiments de très haute considération.
Le Secrétaire, Le Président,
P. Saintenoy. J. Carlier.
A Monsieur Van den Heuvel,
Ministre de la Justice, Bruxelles.
— 48 —
Ssciétt nationale pour n Protection des sites & des monuments
EN BELGIQUE
Bruxelles, le 12 décembre 1902.
Monsieur le Président,
Nous avons l'honneur de vous remettre ci-contre copie de
la lettre que nous adressons par ce courrier à M. le Ministre
de la Justice.
Cette lettre, basée sur les indications qui nous sont
fournies par nos correspondants, signale à M. le Ministre la
façon dont sont poursuivis les travaux de restauration de
différentes églises du pays.
Il y a là, nous le faisons remarquer, une tendance presque
générale et tout à fait regrettable à faire disparaître les
vestiges les plus intéressants de fart national.
Nous n'avons d'autre action sur les autorités ordonnant
ces travaux que celle des conseils et de la persuasion ; mais
la Commission royale des monuments a le pouvoir d'inter-
venir pour mettre un terme à ce que l'on peut justement
qualifier de vandalisme inutile.
Nous osons donc, Monsieur le Président, exprimer
l'espoir qu'elle joindra sa voix à la nôtre et qu'elle usera de
— 46 —
(ouïe son influence, afin qu'il soit fait droit aux réclamations
unanimes de (ous les hommes de goût.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, les assurances de
nos sentiments les plus distingués.
Le Secrétaire, Le Président,
P. Saintenoy. J. Carlier
A Monsieur le Président
de la Commission royale des monuments, à Bruxelles.
— 47 —
Commission royale des Moments.
Bruxelles, le 16 janvier 1903.
Monsieur le Ministre,
Nous avons pris connaissance, au cours de noire dernière
réunion, de la lettre que la Société nationale pour la protec-
tion des sites et des monuments vous a adressée sous la date
du 12 décembre écoulé et dont elle a bien voulu nous
transmettre une ampliation. Il y est question des travaux de
restauration de différentes églises de notre pays.
Permettez-nous de vous faire remarquer, Monsieur le
Ministre, que celte Société a été bien malheureuse dans le
choix de ses citations empruntées, dit-elle, à une triste
nomenclature fournie par ses correspondants.
Elle a été, tout d'abord, mal renseignée à propos des
boiseries du xviue siècle soi-disant enlevées à l'église de
Walcourt. Ces boiseries sont encore en place dans la
sacristie. Il n'a jamais été question de les faire disparaître,
autrement que dans l'imagination de journalistes ou d'écri-
vains français, fort ignorants des choses belges.
Celle assertion ridicule ayant été reproduite par la
Chronique dans un article du 23 octobre 1902, écrit contre
la Commission royale par un membre du Comité de la
Société nationale M. Dommartin, notre Président, en adres-
— 48 —
sant une lettre privée à Jean d'Ardenne, a fait bonne justice
de pareilles billevesées. M. Dommartin, du reste, dans une
réponse courtoise également privée, en date du 5 novem-
bre 1902, a reconnu le bien fondé des réclamations de noire
Président
Au surplus, voici la réalité des faits dont la Société avait
le devoir de vérifier l'histoire, avant de les signaler à votre
attention : depuis des années, à chacune de nos visites des
travaux de l'église de Walcourt, nous avons recommandé la
conservation des boiseries. Il y a mieux : nous avons
prescrit de donner à la nouvelle sacristie projetée des
dimensions telles qu'on puisse y maintenir les dites boiseries.
L'enlèvement de certains revêtements en marbre et en
bois, appliqués au xviu* siècle d'une façon barbare dans le
chœur de l'église Notre-Dame, à Cou rirai, a été autorisé à la
suite d'une étude longue et minutieuse, au cours de laquelle
les avis de nos membres sont restés unanimes.
Dernièrement encore, une nouvelle visite des lieux a
confirmé la nécessité de poursuivre l'exécution des travaux
de consolidation et de remettre ainsi en lumière une très
belle construction du moyen âge sottement détériorée.
D'autre part, les revêtements dont il s'agit sont en très
mauvais étal. Il faudrait, pour les conserver, y effectuer
des travaux importants qui ne sauraient se justifier parla
valeur absolument nulle des dits revêtements.
Veuillez le remarquer, Monsieur le Ministre : notre
Collège est unanime pour recommander la conservation,
dans nos monuments, des apports des siècles, lorsque ces
apports ont une valeur réellement artistique, archéologique,
historique et pittoresque.
— 49 —
D'autre part, il ne saurait engager les autorités à consa-
crer leur argent au maintien ou à la restitution des œuvres
malheureuses.
Nous ignorons s'il a jamais été question d'enlever la
décoration en marbre ou en bois formant cadre au tableau
de Rubens,dans l'église de Saint-Martin, à Âlost. En tout cas,
nous n'avons pas été consultés sur ce projet. Nouvelle erreur
matérielle de la Société pour la protection des sites.
En signalant l'église d'Opdfcie près de Leuze, celte
Société a voulu faire allusion à l'église d'Aubechies. Il n'y a
donc pas que certains écrivains français qui ignorent la
géographie belge t Troisième erreur matérielle.
Le projet concernant la restauration de cette église, qui
tombait en ruines, a fait l'objet de longues et consciencieuses
études dues à un architecte de talent. Cet artiste a même
poussé le scrupule jusqu'à présenter successivement plu-
sieurs projets basés sur des découvertes résultant de
recherches approfondies. Nous avons approuvé celle de ces
études qui nous a paru le mieux convenir pour sauvegarder
le caractère du monument, objet de tant de vicissitudes. Ce
projet consciencieux, auquel nous devons ici rendre hom-
mage une fois de plus, respecte tout ce qui a du mérite au
point de vue artistique, archéologique, historique, pitto-
resque et utilitaire.
Il est fâcheux qu'avant de vous écrire, Monsieur le
Ministre, le secrétaire M. l'architecte Saintenoy n'ait pas
songé soit à aller sur les lieux pour contrôler les assertions
erronées de correspondants incompétents, soit à faire per-
sonnellement la critique artistique et scientifique de l'œuvre
d'un confrère distingué.
— 50 —
Il n'est pas admissible qu'une société sérieuse avance
officiellement des erreurs manifestes d'appréciation contre
lesquelles notre Président avait mis en garde verbalement
M. le Président Jules Carlier.
Les meubles < hors d'usage » , que l'église de Hulshout a
vendus en 1900, l'ont été de l'assentiment unanime de
toutes les autorités consultées à celte fin. À part le banc de
communion et une tribune en bois sculpté, cédés au musée
d'antiquités d'Anvers, ces meubles n'offraient pas le moindre
mérite artistique. Quatrième erreur matérielle.
Pour démontrer à la Société des sites que nous tenons
constamment la main à la conservation de notre patrimoine
artistique, nous vous prions, Monsieur le Ministre, de
vouloir bien lui faire parvenir, puisqu'elle les ignore, les
comptes rendus de nos assemblées générales de 1898 à 1901.
Elle y verra que nous ne négligeons rien afin d'atteindre le
but pour lequel notre Collège a été institué et auquel il
consacre tous ses efforts, sans recourir, autant qu'il sera
bon peut-être de le faire désormais, aux grandes voix de la
presse quotidienne.
Si certains abus se commettent parfois, et c'est inévitable,
à qui la faute ?
. Aux sociétés du genre de celle dont il s'agit ou autres,
qui s'abandonnent à la plaintive manie nationale plutôt que
de nous signaler, immédiatement et directement, les faits
importants dont elles auraient connaissance avant nous et
avant nos correspondants de province.
Ceux-ci veillent, avec grand soin, aux monuments de la
Belgique, nous sommes heureux de le confirmer. Ils ont le
tort aussi de ne point se faire connaître par la voie de la
— 51 —
presse, puisqu'il est acquis que les travaux contenus dans
nos dossiers ouverts ou dans nos bulletins spéciaux passent
inaperçus aux yeux d'une société telle que celle à laquelle
nous répondons.
Nous vous prions, Monsieur le Ministre, de vouloir bien
engager cette compagnie à joindre ses efforts aux nôtres
afin que la timbale, trop bruyante pour être juste, de l'école
dite t des pittoresques » ne jette plus aussi souvent sa
fausse note dans la symphonie des instruments de la
critique vraiment artistique et savante complètement.
En art comme eh science, c'est rester petit que d'être
exclusif. Et l'on est exclusif en donnant a priori des solu-
tions, simplistes à force d'être pittoresques, aux délicates et
complexes questions relatives soit à la consolidation, soit à
la restauration, voire même à la restitution de certains
monuments. Une œuvre est belle, simple, grande, quana
elle s'inspire à la fois du grand art, de la science vraie et
des profondes harmonies dont l'aspect pittoresque des
choses est une expression familière.
Il importe aussi, Monsieur le Ministre, que cette Société
ne croie pas, avec l'un ou l'autre adhérent naïf de l'école
dite c des pittoresques », que l'architecte restaurateur
trouve son gain dans les multiples études préalables à la
moindre restauration. Le secrétaire, M. Saintenoy, connaît
trop son artistique métier pour ignorer combien est ingrate
et mal payée la rude tâche de l'artiste restaurateur.
Dans l'espoir, Monsieur le Ministre, que la Société pour
la protection des sites et des monuments voudra bien désor-
mais consacrer ses travaux à répandre avec nous la bonne
semence et à vulgariser les notions justes que nous ensei-
— 52 —
gnons pratiquement et que nous nous efforçons de faire
prévaloir en matière de restauration, nous vous prions
d'agréer l'assurance de notre haute considération.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massa ux. Ch. Lagasse-de Locbt.
P. S. — Nous adressons copie de notre réponse à la
Société visée, nous réservant de publier, en temps et lieu,
les pièces du débat. Ch. L.
A Monsieur Van den Heuvel,
Ministre de la Justice, Bruxelles.
— 53 —
Commission royale des monuments.
Bruxelles, le 16 janvier 1903.
Monsieur le Président,
Nous avons l'honneur de vous transmettre en copie la
lettre que nous avons fait parvenir à M. le Ministre de la
Justice sous la date du 16 de ce mois, en réponse à votre
lettre du 12 décembre dernier.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de
nos sentiments les plus distingués.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massaux. Cii. Lagasse-de Locht.
leur le Président de la Société nationale pour la protection
i sites et des monuments, rue de Rome, 31, à Bruxelles.
— 54 —
Saclétt nationale poir la nateatiai laa litaa t lea nmumts
EN BELGIQUE
Bruxelles, le 8 férrier 1903.
Messieurs,
Nous avons eu l'honneur de recevoir votre lettre du
16 janvier.
La Commission des monuments et nous, nous poursuivons
avec une autorité et un caractère différents un but identique:
la conservation des chefs-d'œuvre que nous a laissés ud
passé particulièrement riche et glorieux.
Que, dans une société libre, les renseignements fournis
par des correspondants de bonne volonté soient parfois
empreints d'exagération, voire d'inexactitude; que les
tendances des membres affectent une forme jugée excessive
par quelques-uns, cela n'a rien que de naturel, et en somme
il ne faut pas trop s'en plaindre, car mieux vaut en pareille
matière l'excès que l'indifférence.
Mais c'est précisément parce que notre Comité connail
celte situation qu'il s'est adressé à vous et vous a signalé les
faits qui lui étaient signalés à lui-même. Il n'était pas à ses
yeux de meilleur moyen de contrôler l'exactitude de ces
faits ou d'y remédier le cas échéant.
Loin d'en prendre ombrage, il semble que votre Corn-
— «5 —
mission avait, au contraire, tout lieu de se féliciter de la
marche que nous avions suivie. Grâce à cette façon d'agir,
en effet, nous sommes aujourd'hui complètement renseignés,
et nos rapports porteront la (race de ces utiles échanges
d'informations.
Nous aimons donc à croire que, revenant à d'autres sen-
timents, vous accueillerez avec faveur à l'avenir les commu-
nications de même nature que nous serions amenés à vous
faire.
Chacun ne pourra que gagner à cette documentation réci-
proque, qui sera d'autant plus féconde qu'elle s'inspirera
uniquement des intérêts artistiques du pays.
Veuillez agréer, Messieurs, les assurances de notre consi-
dération la plus distinguée.
Pour le Secrétaire, Le Président,
DOMMARTIN. J. CAR LIER.
Commission royale des monuments,
i Bruxelles.
— 56 —
commtssioQ ragaie tes monuments.
Bruxelles, le 11 février 1903.
Messieurs,
Noos avons bien reçu votre lettre du 3 février courant.
Voire lettre du 12 décembre dernier, adressée directement
à M. le Ministre de la Justice, n'avait aucune valeur dans le
fond. Quant à la forme, cette pièce revêtait celle d'une
démarche, au moins inconsidérée, faite auprès d'un supé-
rieur hiérarchique de la Commission royale des monuments,
sans que ce Collège en ail été prévenu au préalable. Tels
sont les faits.
Nous avons répondu à M. le Ministre, comme c'était
notre devoir, en avant soin de saisir cette occasion favorable
pour convier publiquement tous les efforts sérieux à se
joindre aux nôtres.
Comment donc aurions-nous pris ombrage?... de quoi
d'ailleurs?
Nous accueillons toujours, avec bienveillance et même
avec joie, toute communication s'inspirant de cette devise,
la nôtre : « Patrie et Progrès » . *
Veuillez agréer, Messieurs, l'assurance de notre considé-
ration très distinguée.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massaux. Ch. Lagasse-de Locht.
A la Société nationale pour la protection des sites et des monuments
en Belgique, rue de Rome, 31, à Bruxelles.
— 57 —
Mitt nationale pour la Protection des Sites i des moments
EN BELGIQUE
Bruxelles, le 18 février 1903.
Monsieur le Président,
Les intérêts supérieurs de l'art, que nous nous attachons
à servir, n'ont rien à gagner à de fastidieuses polémiques
sur des points de détail, des reproches gratuits et des
questions purement personnelles.
C'est pourquoi nous avons préféré ne pas relever tout ce
que contenait d'étrange et comme fond et comme forme,
votre communication du 16 janvier dernier.
Mais la nouvelle lettre dont vous nous honorez sous la
date du 1 1 courant révèle une prétention que nous ne pou-
vons vraiment pas laisser passer.
Nous n'avons pas à solliciter votre assentiment préalable
pour saisir les autorités des indications et des plaintes que
nous avons le devoir de leur signaler, et votre Collège pro-
voquerait d'unanimes protestations si, sortant du rôle
consultatif que lui assigne l'arrêté royal du 7 janvier 1835,
il voulait s'arroger le droit de régir en maitre un patrimoine
qui appartient à la Nation tout entière.
Agréez, Monsieur le Président, l'expression de nos senti-
ments distingués.
Pour le Secrétaire, Le Président,
DOMMÀRTIN. J. CARLIER.
mneur le Président
fe la Commission royale des monuments de Belgique, à Bruxelles.
— 58 —
Commission rogaie des monuments
Bruxelles, le 17 février 1903.
Monsieur le Président,
Les répliques de votre Société sont aussi mal Fondées que
ses attaques.
Notre lettre du 11 février courant a rétabli l'histoire
réelle des fails. Vous les aviez rapportés inexactement le
3 février. Votre lettre du 13 février continue dans cette
fausse voie ; puis, elle nous attribue, gratuitement, une
prétention dont le ridicule ne saurait atteindre que les
auteurs de l'invention.
Après cela, l'incident nous parait clos.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de nos
sentiments distingués.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massa ux. Ch Lagasse-de Locht.
\ Monsieur le Président de la Société nationale pour la protection
des sites et des monuments en Belgique, rue de Rome, 54, à Bruxelles.
— 59 —
totttf nationale pan n Protection les sucs i nés flraeitîs
EN BELGIQUE
Bruxelles, le 19 février 1903.
Monsieur le Président,
Il ne nons parait pas que l'incident puisse être clos par
votre lettre du 17 courant, qui contient une série d'affirma-
tions auxquelles nous nous permettons d'opposer les affirma-
tions contraires.
Votre communication du 44 ne rétablissait rien et n'avait
rien à rétablir, celle à laquelle elle répondait s'élant bornée à
vous rappeler au sentiment vrai de notre situation réciproque.
Et notre lettre du 13 continuait dans cette voie, qu'il
vous convient d'appeler fausse, mais qu'il nous plait de
trouver la bonne.
Le c ridicule » dont vous parlez est un accessoire gênant,
que l'on cherche toujours à endosser à autrui. Il ne nous
étonne donc pas de vous voir chercher à répudier celui qui
se dégage de l'incident.
Après ceci, seulement, nous clôturons le débat, — à
moins que vous ne teniez à le continuer, auquel cas nous
sommes à vos ordres.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de
nos sentiments distingués.
Pour le Secrétaire, Le Président,
DOM MARTIN. J. CaRLIER.
tonsUvr le Président
de la Commission royale des monuments, Bruxelles.
- 60 -
Commission royale les monuments.
Bruxelles, le 24 février 1903.
Monsieur le Président,
Nous laissons à vous le dernier mot et à tout homme
impartial, au courant des faits, le soin de juger entre nous.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de
nos sentiments distingués.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massa ux. Ch. Lagasse-de Loght.
A Monsieur le Président de la Société nationale pour la protection
des sites cl des monuments en Belgique, rue de Rome, 51 , à Bruxelles.
il
ACTES OFFICIELS.
Par arrèlc royal du 47 mars 1903, M. Ch.-L. Cardon, Nomm.uon
d'un membre
membre correspondant de la Commission royale des monu- t8«AiU
menls pour la province de Brabant, a été nommé membre
effectif de ce Collège, en remplacement de M. Cluysenaar,
décédé.
COMMISSION ROYALE DESMONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS- VERBAUX.
SÉANCES
des 7, 14, 21 et 28 mars; des 4, 11, 18 et 25 avril 1903.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1° La proposition de faire restaurer le tableau de De taise
1 ' de Saiot-Job.
Crayer qui orne le maître-autel de l'église de Saint-Job, sous T*btewï-
Uccle (Brabant) et, à litre provisoire, le prix de 1,200 francs
fixé pour cette entreprise. Lorsque le tableau se trouvera
chez le restaurateur, M. Stevens, des délégués seront
chargés d'aller contrôler le travail que cet artiste propose;
2* Le projet d'un vitrail à placer dans le chœur de l'église £guM
r J ' ° de Crimée.
de Crisnée (Liège); auteur, M. Ladon; Vilr,il-
5° Les dessins de vitraux en grisaille à établir dans Égu»e
. de Smeennaes*
l'église de Sroeermaes, sous Lanaeken (Limbourg) ; auteur, yiivm-
M. Sprenger;
4° Le dessin d'un vitrail offert à l'église de Waerdamme Église
.«. i .* i v de Wierdemme,
(Flandre occidentale); vn«iL
— 64 —
Égibe 5° Le projet relatif au placement d'un chemin de la croix
deCuTrou. en terre-cuite polychromée dans l'église de Zonhoven (Lim-
bourg), à la condition que les cadres des stations seront
traités tels que l'indique la photographie, c'est-à-dire encas-
trés dans les murs; sculpteur, M. De Beule.
wJ£gj du«er.to — II a élé procédé, le 2 mars 1 903, dans l'église de
DëcomiÔ;. Sainte-Marguerite, à Liège, à l'examen d'échantillons de
décoration de cet édifice et de spécimens de stations du
chemin de la croix.
M Lohest, membre du Comité des correspondants, assis-
tait à cet examen.
Le travail de décoration en voie d'exécution, dans la nef
de l'édifice, bien que d'une tonalité un peu faible, peut
cependant être poursuivi dans ces conditions. Les stations
du chemin de la croix, peintes en grisaille, auraient gagné
à être plus marquantes; en tous cas, il serait utile de les
distinguer nettement d'autres sujets qui, tout en se rappor-
tant à la Passion, ne font pas partie des XIV stations.
La décoration entamée dans le chœur manque d'accent;
elle devra être renforcée dans la suite du travail et le tableau
déjà peint devra être revu ; les figures devraient être bordées
d'un contour plus ferme et plus large de façon à les faire
ressortir davantage; les guirlandes devraient être plus
étoffées.
La décoration de la partie architecturale manque égale-
ment de vigueur; la coupole du chœur surtout devrait être
plus accentuée, c'est la partie de l'édifice qui se remarque
d'abord dès l'entrée dans le temple; c'est aussi celle qui doit
être la plus caractéristique.
Il serait toutefois prudent, avant d'opérer des retouches
— 6B —
dans le chœur et d'en poursuivre la décoration, de placer
des vitraux dans les deuk baies qui ('éclairent latéralement.
Le jeu de lumière colorée passant par les vitraux aura une
influence marquante sur la tonalité de la décoration murale;
il est donc nécessaire, si l'on veut éviter des mécomptes,
d'exécuter en tout premier lieu les vitraux ; ils détermineront
la note exacte à adopter pour la peinture décorative.
— Il a été procédé, le 14 avril t903, dans l'église de Léau fcn«
(Brabant), à l'examen des objets d'art que possède cet 0bJeud*rl-
édifice.
Les staltles modernes placées à l'entrée du chœur, ne
constituent évidemment pas des chefs-d'œuvre, mais elles
ne sont pas cependant dénuées de tout mérite ainsi qu'on
l'a affirmé. Elles né sont pas encombrantes et rentrent dans
la moyenne des œuvres de même genre que Ton rencontre
malheureusement dans la plupart de nos églises et qui sont
des produits du commerce. Ces figures, en raison des sujets
auxquels elles s'appliquent, n'auraient pu être remplacées
pai1 d'autres statues que possède l'église. Leur installation
sur des piédestaux mobiles, à l'entrée du chœur, n'est du
reste pas récente; elle date d'avant l'arrivée à Léau du doyen
actuel, qui y réside depuis cinq ans.
Les statues anciennes dont il est question dans la dépèche
•y
de M. le Ministre de l'Agriculture eu date du 5 mars 1903,
ne sont nullement cachées. Elleà sont disposées les unes sur
des consoles de l'ancien porche qui Sert aujourd'hui de
sacristie, les autres sont rangées très convenablement contre
les parois intérieures de la galerie haute ou triforium du
chœur, où elles constituent une sorte de petit musée. Pour , 3 \
les installer dans l'église, où il serait d'ailleurs difficile de
c
- 66 —
leur trouver place, il faudrait les restaurer, ce qui entraî-
nerait un travail important et coûteux qui ne parait pas
justifié par la valeur artistique de la plupart de ces œuvres.
Celles-ci sont en bois; leur état de conservation laisse à
désirer; beaucoup sont fortement vermoulues. Les dégra-
dations pourraient peut-être s'arrêter si on plongeait les
figures dans un bain de pétrole, opération que l'on signale
comme efficace. On les laisserait ensuite telles quelles. II
serait toutefois utile de consulter un spécialiste sur l'efficacité
de cette opération.
Les figures qui sont installées dans le triforium reposent
actuellement sur le pavement; il serait bon de les disposer
sur de petits socles.
Le tableau peint sur bois représentant les Saintes Femmes
visitant le tombeau du Christ, constitue une belle œuvre.
Malheureusement la peinture s'écaille par places. Le mal ne
semble pas s'aggraver. Il conviendrait de confier ce tableau
aux soins d'un restaurateur habile.
L'ancien porche servant aujourd'hui de sacristie est une
œuvre architecturale des plus remarquables. Toutes ses
moulures et sculptures sont empâtées par les nombreuses
couches de badigeon qui y ont été appliquées, à tel point
qu'il est devenu pour ainsi dire impossible d'en apprécier le
mérite. On devrait le faire dérocher avec les plus grands
soins par un spécialiste. Étant donnée la surface restreinte
de cette construction, l'opération n'entraînerait pas une
dépense bien importante, tandis qu'elle remettrait en lumière
des détails d'une haute valeur artistique.
Élu» — Pour se prononcer, à la demande de M. le Gouver-
deSiint-NicolM, '
à Djiw.d6, neur de la Flandre occidentale, sur le projet de restauration
— 67 —
du jubé de l'église de Saint-Nicolas, à Dixmude, la Commis-
sion avait jugé indispensable que Ton pratiquai, au préalable,
l'enlèvement du badigeon de Tune des statues qui le décore
et que l'on appropriât une portion du monument assombri
par la poussière.
Cette condition ayant été remplie, il a été procédé, le
26 mars 4903, à l'examen de l'admirable œuvre gothique de
Jean Bertet.
M. van Ruymbeke, membre du Comité des correspon-
dants, assistait à cet examen.
Les essais de lavage des délicates et merveilleuses cise-
lures de pierre ont été effectués sur une partie extrême de
la face principale et, en retour, sur le profil nord. Ceux
du décapage ont porté sur quatre statues dont trois, —
Sainte-Barbe, le Christ et un Évèque, — appartenant au
côté postérieur, vers le sanctuaire.
Ces figures, qui semblent contemporaines de la clôture
du chœur, sont travaillées en bois de chêne. L'exécution en
est fine et soignée. Elles ont été débarrassées, au moyen
d'esprit de sel étendu d'eau, de leur enveloppe de chaux qui
les souillait depuis le commencement du siècle dernier.
La polychromie remise en lumière est complète, en
excellent état et ne réclame aucune retouche.
Les autres effigies, en orme, à dépouiller ultérieurement,
sont l'ouvrage, pour la plupart, des premiers temps du
xvii4 siècle. Elles représentent les Douze Apôtres, le Sau-
veur, deux anges tenant chacun un encensoir et occupent
des niches sises du côté de la nef depuis la restauration du
jubé exécutée par le sculpteur yprois, Urbain Tailleberl.
Les patients travaux préliminaires effectués avec circon-
— 68 —
speclion et habileté, présagent une heureuse continuation.
La délégation n'a pas dissimulé sa satisfaction à leur égard.
Des statues ayant subi quelques perles, il importera
d'assembler les morceaux et, après le nettoyage général, de
dresser an devis des frais à faire pour combler soigneuse-
ment ces lacunes et réparer les mutilations causées par le
temps.
Les travaux ayant trait au jubé primeront ceux qu'il y
aurait utilité d'apporter au tabernacle. Ce repositoriam, fait
en 1614, en marbre et albâtre, par Jérôme Stalpaert, de
Bruges, est intéressant tant au point de vue de son élégance
que de la valeur de ses matériaux. Il est très endommagé.
Pourtant, si le public le respecte, ce bel ouvrage pourra
rester longtemps encore dans le statu quo. Y mettre la main
serait commencer une reconstruction; un renouvellement
détruirait son cachet.
On se bornera à refixer les attributs et les membres déta-
chés que l'on a retrouvés.
À droite et à gauche de la porte en chêne sculptée, ornée
de remarquables bal u sires en cuivre, se dressent, sous le
jubé, deux petits autels formant hors-d œuvre, sans valeur,
usés et branlants, dédiés respectivement aux âmes et à la
Vierge des douleurs. U serait vivement à souhaiter qu'ils
fussent remplacés par des meubles en concordance de style
avec le bijou artistique qui les abrite.
Une fois les statues débadigeonnées, M. van Ruymbeke
s'occuperait, avec fruit, de les classer chronologiquement,
de rechercher les noms et les caractères des personnages
avant qu'ils reprennent possession de leurs socles de pierre.
Il importe que les travaux soient surveillés de près par le
— 69 —
Comité des correspondants de la Flandre occidentale et que
ce dernier se tienne d'une façon continue, à ce sujet, en
rapport avec la Commission royale.
— A la suite du rapport adressé par la Commission à *jDumèei;1
M. le Ministre de l'Agriculture, le 12 juin 1901, le projet wiSSfc
du monument à ériger sus la tombe du poêle Guido Gezelle,
à Bruges, a été modifié.
Il résulte de l'examen auquel il a été procédé, le
26 février 1903, de concert avec MM. le baron BeLhune,
van Ruymbeke et Van der Meersch, membres du Comité
des correspondants, du dessin grandeur d'exécution dudit
monument, que celte nouvelle étude peut être adoptée et
que la dépense prévue (fr. 6,602-09) paraît en rapport avec
l'importance du travail à effectuer.
Il y aura lieu toutefois, au cours de l'exécution, de
rehausser le piédestal par quelques points de dorure.
^e monument projeté offre une valeur artistique suffisante
pour que le Gouvernement en encourage l'exécution par un
subside.
— A la demande de M. De Vreese, il a été procédé, dans Monument
eommémoratif
l'atelier de cet artiste, à l'examen des modèles demi-grandeur '•g"^!^
d'exécution, du piédestal avec groupes du monument eom-
mémoratif de la Bataille des Éperons d'or.
Le travail de M. De Vreese est très avancé; il est arrivé
au point où il y a lieu, pour le Gouvernement, de lui déli-
vrer l'annuité de 10,000 francs à laquelle il a droit, en
vertu de son contrat.
II a été recommandé à l'artiste et à M. l'architecte Ver-
helle, son collaborateur, de bien combiner les joints des
pierres et de les rendre aussi peu apparents el aussi minces
— 70 —
que possible. La même recommandation a été faite en ce qui
concerne la nécessité d'éviter des poches où les eaux
pluviales pourraient séjourner.
Le lit de carrière devra être scrupuleusement observé
dans la pose des pierres.
Les fondations du monument devront être établies d'un
seul bloc pour éviter des tassements irréguliers.
Quant au groupe supérieur, M. De Vreese l'étudiera
encore d'une façon approfondie au point de vue du caractère
et de la distinction, lors de l'exécution du modèle en grand;
en tous cas, il est d'accord avec la délégation que la hauteur
du drapeau devra être quelque peu réduite.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
To«r La Commission a adopté le projet relatif à la conservation
Vas Straelen,
* An™». <je |a tour yan Straelen, à Anvers. L'attention de l'architecte,
M. De Vooght, a été appelée sur les murailles intérieures
qu'il propose d'établir pour renforcer la construction. Le
Collège craint qu'il en résultera des tassements capables
d'entraîner les vieux murs contre lesquels ces collages seront
appliqués. Il semble qu'on pourrait éviter celte opération en
ancrant solidement la tour.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été revêtus du visa :
construction j° Le projet relatif à la construction d'un presbytère au
et resta uralion r #
de presbytère.. hameau « Mylstraat » , sous Duffel (Anvers) ; architecte,
M. Careels;
— 71 —
2° Le projet relatif à la reconstruction du presbytère
d'Heyenbeek, sous Grimberghen (Brabant), sous réserve que
la citerne soit établie à une certaine distance du bâtiment,
afin d'éviter toute cause d'infiltration de l'humidité dans les
maçonneries de l'habitation; architecte, M. Pauwels;
3° Le projet concernant la construction d'un presbytère
à Weelde (Anvers) à la condition que les cheminées soient
un peu exhaussées et qu'il soit tenu compte des observations
présentées par le Comité des correspondants; architecte,
M. Taeymans;
4° Le projet relatif à la construction d'un presbytère pour
la succursale de Wildenburg, sous Wyngene (Flandre occi-
dentale); architecte, M. Soete;
5° Le projet relatif à la construction d'un presbytère pour
la paroisse du Sacré-Cœur, à Hoboken (Anvers); architecte,
M. Gife;
6° Le projet de reconstruction du presbytère d'Ophain-
Bois-Seigneur-lsaac (Brabant), sous la réserve de supprimer
les deux marches à l'intérieur du vestibule qui constitueraient
an danger pour la circulation ; de ramener la hauteur des
marches des escaliers à 0*16 en portant leur profondeur
à 0m25; d'augmenter un peu la largeur de la porte
d'entrée dont l'aspect est maigre; de donner aux décharges
des baies le caractère usité autrefois dans la contrée; de
renoncer à l'emploi de la pierre de Savonnière pour les
saillies ainsi qu'au grès d'Uccle pour l'extérieur ; architecte,
M. Symons;
7° Le projet relatif à la construction d'une annexe au
presbytère de Rettigny, commune de Cherain (Luxem-
bourg); architecte, M. Cupper;
— 72 —
8* Le projet de restauration de la maison vicariale de
Fisenne, commune de Soy (Luxembourg).
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a visé les plans relatifs :
Éfiiieda 1° A la reconstruction de l'église de Lillois- Witterzée
Lilloit-Witieraée.
(Brabant); architecte, H. Léonard;
ékiim 2° A l'achèvement de l'église d'Uylkerke (Flandre occi-
d'Uytktrke.
dentale) ;
éciim 3° A la construction d'un porche latéral à l'église de
dcWelkeortodt.
Welkenraedt (Liège); architecte, M. Lohest;
fyiM 4° A la construction d'un jubé dans l'église de Walcourl
de WftloovrU
(Namur), sous réserve de renforcer la colonne et d'élargir
les retombées sur le chapiteau. La colonne pourra être
exécutée soit en pierre, soit en bois, au choix de l'architecte,
M. Langerock;
Bxh* 5° A l'éiablissement d'un jubé avec tambour dans l'église
d« SmeeruiMt.
de Smeermaes sous Lanaeken (Limbourg); architecte,
M. Sprenger;
g*!,'* 6° Au renouvellement du beffroi de l'église de Wevelghem
(Flandre occidentale); architecte, M. De Wulf;
objeu mobilier* 7° A l'exécution d'objets mobiliers destinés aux églises de :
Crisnée (Liège) : deux confessionnaux;
Libramont (Luxembourg) : mobilier complet;
Momalle (Liège) : deux confessionnaux;
Husseignies (Hainaut) : autels latéraux ;
Sainte- Walburge, à Audenarde (Flandre orientale) :
stalles ;
— 73 —
Overboulaere (Flandre orientale) : mobilier complet;
Hannut (Liège) : deux confessionnaux ;
Gallenelle (Hainaut) : cloche.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
1° Le projet relatif à la restauration de redise de Roi le- t*\\u>
ghem (Flandre occidentale). Il conviendra que les travaux
fassent l'objet d'une adjudication restreinte à bordereau de
prix et qu'au cours de l'exécution l'auteur supprime les
lucarnes de la flèche qui ne produisent pas un effet satis-
faisant. La tour devra être achevée en pierres de Tournai si
la base est en même pierre; architecte, M. Caret te;
2° Le projet de restauration de l'église de Ronsele (Flandre fig"**
orientale) et de son mobilier; architecte, M. Geirnaerl;
3* Le projet concernant la restauration de la chapelle chaude
de Saint-Amand, à Mont-Saint-Amand (Flandre orientale); Moal s'-AmMd-
architecte, M. Nissens ;
4- Le projet relatif à la restauration de l'église de Saint- MJjSSmnm
Pierre (Luxembourg) et à la construction d'une sacristie à
cet édifice; architecte, M. Van Gheluwe;
5° Le projet de restauration de la chapelle de Fisenne, o^u»
commune de Soy (Luxembourg), sous la réserve que, pour
le carrelage du chœur, on adoptera la pierre du pays au
lieu de la céramique ;
6° Le projet relatif à la restauration de la couverture ^g««« * Bouts»,
du clocher de l'église de Boussu (Hainaut); architecte,
M. Bodson ;
de Saint-Paul,
h Auvent.
— 74 —
dei^Sbo 7# ^ Proiet concernant des travaux de réparation à
exécuter à l'église de Beverloo (Limbourg) ;
5l25Ml 8° Le projet des travaux de restauration à effectuer en
1903a l'église de Saint-Paul, à Anvers; architecte, M. Stuyck;
de weD 9° ^e ProJet de restauration de la flèche de l'église de
Jesseren (Limbourg); architecte, M. Geirnaert;
friue de |0° Les comptes des travaux de restauration exécutés
Sâiul-Rombauî, r
AMaliu"' en 1900 et 1901 à la tour de l'église de Saint-Rombaut, à
Matines (Anvers) et ceux effectués en 1901 au vaisseau du
même édifice.
ggiiude — Il a été procédé, le 17 mars 1903, à l'inspection de la
tour de l'église de Mannekensvere, dont le classement est
sollicité.
Il résulte de cet examen que la tour dont il s'agit, entiè-
rement construite en belles briques, constitue une masse
imposante dont le caractère architectural accuse bien celui
de la contrée où elle s'élève. Cet édifice parait remonter au
commencement du xvie siècle. Son intérêt est suffisant pour
qu'il y ail lieu de le ranger dans la 3e classe des monuments
du culte.
La tour de Mannekensvere réclame des travaux de res-
tauration qui n'atteindront pas un chiffre élevé, mais qui
sont de la plus grande urgence. A certaines parties des
parements, les briques se détachent ; il y a même eu déjà
un écroulement partiel au glacis supérieur de l'un des
contreforts. Il importe que les travaux de réparation soient
encore exécutés pendant la présente campagne.
On devra se garder d'apporter aucun changement ni
aucune ajoute à cette belle tour qui est complète telle qu'elle
est aujourd'hui.
— 7K —
— Le service technique provincial ayant attiré l'attention
sur le travail de restauration du pignon du transept nord
de l'église de Ternath, dont l'appareil lui avait paru d'une
hauteur d'assises trop forte, il a été procédé à l'inspection
de ce travail le 19 mars 1903, de concert avec M. Dumortier,
membre du Comité des correspondants du Brabant.
Il ne semble pas qu'il y ait lieu de critiquer cette restau-
ration. Les assises du soubassement et des contreforts sont,
en effet, assez fortes, mais leur hauteur cependant paraît
conforme aux assises primitives si l'on en juge par les pierres
anciennes remises en œuvre dans les parements.
Il est à remarquer que le monument tout entier est
construit en appareil très irrégulier et très disparate. Les
soubassements et les contreforts y sont généralement établis
en appareil plus grand que les autres parements.
La teinte claire des pierres nouvelles semble seule produire
l'illusion qui a attiré l'observation du service technique pro-
vincial. Elle disparaîtra promptement par suite de la patine
que prendront les matériaux neufs, lesquels sont d'ailleurs
de très bonne qualité.
La seule observation qui semble pouvoir être produite,
c'est que certaines pierres neuves sont un peu trop lisses,
ce qui résulte du sciage. Il y aura lieu de corriger cet aspect
par une taille imitée de l'ancienne.
— Il a été procédé, à Tournai, le 24 mars 1903, à l'examen
du projet soumis en vue du dégagement de la cathédrale de
cette ville.
MM. Hubert, Devillers, Soil et Sonneville, membres du
Comité des correspondants de la province du Hainaut,
assistaient à cet examen.
.. Sf,lse
d«Tc
ernatb.
Cathédrale
de Tournai.
— 76 —
Le tracé des dégagements parait bien compris; il peut
être adopté. Il serait utile, toutefois, d'étendre, si possible,
l'expropriation par une emprise oblique sur les deux petites
maisons masquant notablement encore la vue du transept
sud au spectateur qui se trouve sur la place du marché, à
proximité du beffroi.
Il semble que la question relative à l'établissement de
squares devrait être réservée jusqu'à ce que les travaux de
dégagement soient terminés. On jugera mieux, alors, du
parti qu'il conviendra d'adopter pour ces plantations. Eo
tous cas, il parait indispensable, pour la place devant le
transept nord, de la laisser dégagée le plus possible en vue
de la facilité de la circulation. D'autre part, il semble que
l'aspect de la cathédrale aurait tout à gagner si on dotait
cette place de quelques arbres de haute futaie, plantés irré-
gulièrement, largement espacés entre eux et suffisamment
éloignés de la cathédrale.
ÉgtiM — Il a été procédé, sur place, le 26 février 4903, à
de Notre-Dame,
àBrngM. l'examen de divers projets de travaux à effectuer à l'église
de Notre-Dame, à Bruges, Se rapportant notamment à la
restauration :
1° Des voûtes et des chapiteaux des colonnes de la grande
nef et du chœur ;
2° Du portail sud ;
3° D'une travée du collatéral nord.
MM. le baron J. Bethune, le chanoine F. Belbune, van
Ruymbeke et Van der Meersch, membres du Comité des
correspondants de la Flandre occidentale, étaient présents.
Il résulte de l'examen minutieux auquel il a été procédé,
qu'on peut poursuivre le dérochement des colonnes et des
— 77 —
chapiteaux des nefs et du chœur» mais que provisoirement
les chapiteaux devront être conservés tels qu'ils existent
sans restauration. On devra avoir soin d'opérer le décrépis-
sage avec toutes les précautions voulues pour respecter les
peintures qu'on pourrait découvrir sous le badigeon et dont
de nombreuses traces ont déjà été remises en lumière. On
peut également continuer le dérochage des quelques compar-
timents des voûtes de la haute nef qui ne sont pas encore
débadigeonnés. Quant à la question de savoir s'il n'y aurait
pas lieu de remplacer les voûtes hautes en maçonnerie
substituées au xviii* siècle à d'autres du xv9 siècle, par un
lambrissage, mode de couverture primitive, cette question
réclame une sérieuse étude en présence des arcs-boulants
du xve siècle, lesquels exerceraient sur les murs une poussée
qui ne serait pas suffisamment conlrebuttée par le lambris-
sage.
Celte question des voûtes est encore subordonnée à la
restauration de la façade principale à l'intérieur de laquelle
on a fait des découvertes récentes qui nécessiteront un
remaniement complet du projet adopté en 1900 pour la
restauration de ladite façade.
La Commission estime que les voûtes de la haute-nef
doivent être conservées. Le triforium sera rétabli d'après
les restes retrouvés du côté occidental tant à l'extérieur qu'à
l'intérieur. Le projet de restauration de la façade devra
comporter deux hypothèses, soit une rosace au-dessus du
triforium, soit une baie à trois lancettes; on pourra, de la
sort*, juger à quel parti il convient de s'arrêter. Il se peut
que de nouvelles découvertes faciliteront la solution du
problème.
— 78 —
Le projet présenté en vue de la restauration du portail
sud parait bien compris; il peut être adopté.
Le projet de restauration de la première travée du colla-
téral nord joignant le portail est également bien compris et
susceptible d'être mis à exécution. On devra prendre les
mesures de précaution nécessaires pour conserver les restes
de peinture qui se remarquent dans les arcatures.
La façade principale de l'église de Notre-Dame se trouve
dans un état déplorable qui ne peut être maintenu plus
longtemps. Pour cause de sécurité publique, on a été obligé
d'en démolir plusieurs parties, de sorte que le vénérable
monument présente l'aspect d'une ruine. Cette situation,
indigne d'une ville comme Bruges, qui est visitée par de
nombreux étrangers, doit oesser au plus tôt. II y a lieu, en
conséquence, de faire dresser immédiatement le projet de
restauration de cette façade, basé sur les nouvelles décou-
vertes et de mettre la main à l'œuvre sans nouveau retard.
La question du rétablissement du porche occidental pourra
rester en suspens jusqu'à ce que l'on se soit mis complète-
ment d'accord avec l'Administration communale sur ce point
archéologique d'une haute importance.
Les travaux de restauration en voie d'exécution à l'église
de Notre-Dame s'effectuent dans les conditions les plus satis-
faisantes. Ils rendent à ce superbe monument l'aspect sévère
et harmonieux qu'il avait autrefois. Le résultat déjà obtenu
est des plus heureux au triple point de vue archéologique,
pittoresque et artistique.
éffH« — En séance du 3 janvier 1903, la Commission a procédé
de Dorante»
à l'examen des propositions soumises en vue de la conti-
nuation de la restauration de l'église de Damme et des
- 79 —
rectifications à faire aux travaux effectués il y a quelques
années dans des conditions défectueuses.
Après avoir entendu en conférence M. l'architecte DeWulf,
le 24 du même mois, la Commission a décidé de charger
des délégués de poursuivre cet examen sur place. Celui-ci
a eu lieu le 26 février suivant, de concert avec M. van
Ruymbeke, membre du Comité des correspondants de la
Flandre occidentale.
D'accord avec M. l'ingénieur en chef Vierendeel, qui
assistait à la visite, la délégation est d'avis qu'il n'y a pas
lieu de renouveler les poutres-entraits de la charpente de lia
nef centrale, mais qu'il importe d'établir à chaque extrémité
de poutre un solide ancrage embrassant les deux côtés
latéraux de la poutre jusqu'au poussard en descendant sur
la face postérieure de celui-ci et se reliant, en passant au
travers du mur, à l'extrémité inférieure de la clef.
Il importera de renouveler tes sablières défectueuses et
de relier solidement toutes les sablières avec les poutres-
entraits; de rempiéter soigneusement tous les chevrons qui
ne portent pas convenablement sur les sablières.
Pour masquer l'aspect pauvre des poutres et des bardeaux
on ne saurait admettre le palliatif de revêtements en plan-
chettes de chêne, mais on aura recours à la polychromie dont
le projet devra être soumis à l'avis des autorités compétentes.
En ce qui concerne la dislocation de la maçonnerie du
haut mur, il y a lieu de ne rempiéter que ce qui est
absolument nécessaire. On profilera de ce dernier travail
pour restaurer la corniche en briques anciennes du haut mur
au-dessus du collatéral sud qui est très endommagée. Celte
réfection est évaluée à 558 francs.
— 80 —
La cloison qui clôture l'extrémité ouest de fa nef centrale,
à la hauteur du berceau ogival, produit un mauvais effet
vue de l'intérieur du vaisseau ; il faudra la reculer jusqu'à
la dernière ferme et prolonger les bardeaux jusqu'à celte
ferme.
Lors de la construction de l'édifice, on a fait reposer les
tambours des colonnes sur des tuileaux pour éviter la brisure
des pierres. M. l'architecte De Wulf avait émis l'idée de
laisser ces tuileaux apparents. La Commission estime que
ceux-ci ne produiraient pas un effet satisfaisant; il convien-
dra, en conséquence, d'opérer le rejointoyage des colonnes
en masquant ces tuileaux.
Lorsqu'on le pourra, il faudra remplacer le petit granit
employé naguère pour la consolidation de la partie en ruine
de l'édifice par la pierre de Tournai seule mise en œuvre
dans la construction primitive Celte partie du monument,
d'un haut intérêt archéologique, est trop remarquable pour
qu'on la laisse ainsi défigurée par une restauration mala-
droite.
La Commission est particulièrement heureuse de constater
que les travaux qui s'exécutent actuellement sont en bonne
voie. La restauration précédente, confiée à des mains inha-
biles, a été très mal faite en dépit des efforts réunis de toutes
les autorités compétentes. Le Collège proposerait volontiers
de la refaire si le travail ne devait pas entraîner à une
dépense qui n'est pas compatible avec les ressources dont
on dispose.
EgiiM — M. le chanoine Van Casier, membre du Comité des
ï Man^i.* correspondants de la province d'Anvers, ayant attiré l'atten-
tion de la Commission sur les travaux de restauration de la
— 84 —
tour de l'église de Sainl-Rombaut, à Malines* où certaines
réfections loi ont paru avoir été poussées trop loin jusqu'ici,
il a été procédé, le 12 mars 4903, à une visite des liepx.
MM. Bilmeyer, Donoet, Van Caster et Van Leemputten,
membres du Comité des correspondants, assistaient à cette
visite.
Il n'est plus possible aujourd'hui de se rendre compte
de ce qu'était la situation avant la restauration des parties
terminées. Celles-ci étant ex posées au sud et à l'ouest devaient
nécessairement être plus dégradées que celles de la face
nord de la tour à laquelle on va entreprendre la restauration
du dernier contrefort. Tout ce que l'on peut dire» c'est qu'au
contrefort à restaurer de ce côté, les parements unis sont
généralement bien conservés. Les cordons, moulures et
larmiers constituent les parties les plus dégradées et, encore,
ne faudra-t-il les renouveler que partiellement en conservant
les fragments qui sont encore en bon état; ceux-ci serviront
à contrôler l'exactitude des renouvellements effectués. En
tous cas, aussi bien pour les panneaux unis que pour les
moulures et sculptures, il importera de ne remplacer que
les pierres absolument frustes dans le véritable sens du mot.
Les petits éclats enlevés à certaines pierres d'angle ne consti-
tuent pas une dégradation suffisante pour nécessiter une
réfection complète. En un mot, toutes les pierres dont les
avaries ne sont pas de nature à faire disparaître les lignes
architecturales du monument doivent être respectées. Tel
est d'ailleurs également l'avis de l'architecte dirigeant les
travaux.
Le larmier en accolade des contreforts de la tour était
primitivement à jour et relié seulement à la maçonnerie par
— 84 —
sa base et par le nœud de son fleuron. Celte disposition, qui
n'a pas toujours été respectée dans les réfections antérieures,
devra l'être dans la suite.
Pour le rétablissement de la balustrade inférieure, au côté
nord de la tour, on devra avoir soin de prendre pour guide
de la hauteur à lui donner, les traces qui se remarquent
encore dans la maçonnerie des contreforts. Il y aura lieu
de soumettre le projet de celte balustrade aux autorités
compétentes préalablement à son édification et de se tenir,
pour son tracé, dans le caractère de la partie du monument
qu'elle doit compléter; la balustrade posée au côté sud, il y
a quelques années, s'écarte de ce caractère; elle «si lourde
et son style laisse beaucoup a désirer.
M. le chanoine Van Caster a également signalé une erreur
commise naguère dans la restauration des deux fenêtres
au-dessus du grand portail où le dessin des tympans ne
reproduit pas fidèlement l'ancien . Les baies de ces fenêtres
étaient percées obliquement el s'ouvraient autrefois à égale
distance des contreforts dont elles n'étaient séparées que par
les moulures de leurs piédroits. Les meneaux verticaux
aussi bien que ceux du tympan suivaient la direction oblique
de l'embrasure des baies. Il n'a été tenu aucun compte de
celle disposition originale. Les embrasures extérieures ont
été refaites en équerre avec la façade el les meneaux ont
subi la même transformation. Les embrasures intérieures,
qui ont conservé leur direction oblique, permettent de
constater celle erreur. Il résulte de celte malfaçon que la
baie n'est plus à égale distance des contreforts. Elle est
serrée contre celui du milieu au point de n'avoir plus de
piédroit de ce côté, tandis qu'elle ne touché plus du tout
— 83 —
le contrefort extérieur. Elle en est éloignée de toute la
largeur du piédroit supprimé. Le fleuron qui couronne le
larmier des deux fenêtres visées ne se trouvant plus au
milieu du trumeau accuse d'autant plus nettement l'erreur
de l'ordonnance nouvelle.
Il est regrettable que cette malfaçon n'ait pas été signalée
plus tôt. Il y a lieu de faire, dès à présent, des études afin
d'apporter un remède à cette situation. Le Collège attendra
les propositions faisant suite à ces études.
Il résulte de ce qui précède qu'il importe d'exercer une
surveillance rigoureuse dans la poursuite des travaux qui
restent encore à effectuer au monument.
La Commission a prié M. le Gouverneur de la province
d'Anvers d'être son interprèle auprès du Comité des corres-
pondants et en particulier auprès de M. le chanoine Van
Casier pour les remercier des soins qu'ils apportent dans
l'accomplissement de leur mission et les féliciter au sujet
tant de leurs initiatives que de leur tact dans leurs rapports
avec le Collège.
— Dans son rapport du 28 décembre 1901, rendant feu»
rr de Saiiu-Vioccnt ,
compte d'une visite des travaux de restauration en voie fc8ol«nlM-
d'exécution à l'église de Saint-Vincent, à Soignies, la Com-
mission a signalé le plafond en bois de la haute-nef, dont
l'aspect est pauvre. Il importera de remédier à ce défaut eh
employant des couvre-joints correspondant à des poutres
de la charpente. Celles-ci sont très rapprochées l'une de
l'autre. Elles forment lesentraits de fermes d'une charpente
du xie siècle admirablement conservée, grâce peut-être à ce
que l'église fut recouverte de plomb par le comte de Hainaut
Baudouin IV dit le Bâtisseur (f 2 novembre 1171) ainsi que
— 84 —
cela résulte du texte original suivant : « Ecclesiam Sancti
Vincentii Senogiensis plumbo iexil. • Texte extrait des Chro-
niques de Valenciennes par Jean Doudelel (manuscrit n* 227
de la bibliothèque publique de Mons) et publié par le savant
correspondant et collègue M. Devillers à la page 78 de son
Mémoire histoi ique et descriptif sur F église de Sainte- Waudru
(Mons, 1857, in-4')-
Les artistes eussent dû personnellement s'assurer, sur les
lieux, des résultats de la pose d'un premier panneau et
appeler à leur aide, avant d'achever l'œuvre, la critique et
la compétence des autorités. Au surplus, celte partie du
travail n'a pas été suffisamment soignée ainsi qu'en témoigne
l'examen attentif du plafond. On pourrailsans doute améliorer
celui-ci en l'ornant d'une polychromie bien choisie.
L'effet actuel étant réellement mauvais, il y faut remédier,
sous très bref délai, dans l'intérêt de l'art, de l'œuvre et de
la réputation des architectes distingués qui y ont présidé.
Les nefs de l'église de Saint- Vincent sont aujourd'hui
restaurées. Il convient que l'on s'occupe maintenant du
rétablissement de la galerie occidentale dont les restes ont
été découverts au rez-de-chaussée. Les architectes devront
étudier ce rétablissement dans deux hypothèses, soit avec
deux, soit avec un seul pilier; en tous cas, il est nécessaire
qu'ils s'assurent du nombre d'arcades qu'il y avait autrefois.
En vue du dégagement de la grande fenêtre de la façade
occidentale, l'orgue devra être déplacé; on est d'accord pour
l'installer dans le bras sud du transept devant l'arcade
s'ouvrant sur la galerie haute ou triforium.
Le conseil de fabrique ou tout au moins l'un des plus
distingués de ses membres, désirerait voir déplacer la m bon
— 85 —
qui se trouve adossé au transept, où il masque la vue du
chœur, et l'installer au fond du bras sud du transept. II s'agit
ici d'une œuvre remarquable du xvie siècle qu'il serait émi-
nemment regrettable de voir reléguer dans un endroit où
elle perdrait une grande partie de sa valeur par suite d'un
éclairage défectueux. Cet édicule doit être conservé à sa place
actuelle dans la crainte que si on le déplace on ne se voie
obligé de le ramener au lieu où il est, ainsi que cela s'est
produit dans d'autres églises anciennes. H serait plus pratique
de rechercher si l'ambon n'était pas (ce qui est peu probable)
autrefois percé de deux arcades latérales; dans ce cas, il
suffirait de les ouvrir pour dégager la vue vers le chœur.
Toutefois, ce parti entraînerait la disparition ou au moins le
déplacement des parties des stalles qui font retour vers
l'ambon. Malgré l'intérêt qu'offrent ces stalles, datant de
1676, le sacrifice de leurs retours se justifierait, jusqu'à un
certain point, par les nécessités du culte, le chœur étant
aujourd'hui à peu près complètement soustrait aux regards
des fidèles.
L'ambon, les stalles, les clôtures, les lambris peints et le
maitre-aulel, quoique appartenant à des époques différentes,
forment un ensemble qui présente un réel intérêt historique
et artistique.
Où ne doit pas, pour compléter la restauration de l'édifice,
faire disparaître cet ensemble.
Une erreur grave serait commise si l'on voulait, sous
prétexte de logique absolue, ramener l'édifice exclusivement
à sa simplicité primordiale. Autant vaudrait dire qu'aucun
siècle n'a compté pour l'achèvement et l'ornementation de
celte belle église, hormis celui de la construction. Sans
— 86 —
: doute, il en sera ainsi chaque fois que le dévelôppemeat
historique d'un monument aura produit des œuvres malheu-
reuses. La Commission estime que ce n'est point le cas ici.
Si des remaniements dans le chœur et le transept
deviennent indispensables, par exemple pour le rétablis-
sement de la châsse de Saint- Vincent sur son ancien sup-
port, au fond de l'abside, il faudra les étudier avec les plus
grands soins et soumettre des propositions motivées avant
de rien décider à cet égard.
Le Collège aime à reconnaître que tons les travaux de
restauration exécutés à l'extérieur du monument ont été
effectués dans la perfection. Il est heureux d'en féliciter les
auteurs.
collégiale — Il a été procédé, le 7 et le 20 avril 1903, dans l'église
de Nivelles. i • ■ ■ •
collégiale de Nivelles, à l'examen des simulacres du maître-
autel de cet édifice et du support de la châsse de Sainie-
Gertrude.
M. Hanon-de Louvet, membre du Comité des correspon-
dants du Hrabant, assistait à ces visites; H. Licol, était
présent à la seconde.
Étant donnés le niveau du chœur et celui des banquettes
en pierre qui régnent le long des murs, le pavement doit
être établi à un niveau inférieur d'environ 15 à 20 centi-
mètres à celui où se trouve installé le simulacre de l'autel.
Il conviendra de ne donner à la table de l'autel qu'une hau-
teur d'un mètre et de réduire un peu la hauteur du retable,
ce qui donnera plus d'élégance à l'ensemble du meuble.
Pour le support de la châsse, il est désirable que Ion
recherche et que l'on utilise tous les fragments qui en pro-
viennent, notamment les bases de groupes de colonnettes,
— 87 —
les pierres reliant ces basés entre elles, etc. Il se peut qu'au
moyeu de ces fragments on arrive à déterminer, d'une
façon à peu près certaine, les dimensions en longueur et en
largeur de ce support, ou tout au moins Tune de ces dimen-
sions.
Un support sera établi dans le chœur du côté de l'Évan-
gile, ainsi que l'avait proposé feu le baron Jean Bethune
dès 1877; la châsse y sera installée dans son enveloppe,
avec son grand axe parallèle à l'axe longitudinal de l'église.
La galerie gothique en cuivre existante sera fixée de nouveau
au sol et gardera le support, qu'elle entourera, contre les
indiscrétions ou les maladresses des visiteurs. Une partie
mobile devra être ménagée dans celte clôture ou garde-
corps. Elle ne devra être cantonnée que de quatre pilastres.
S'il le faut, on complétera les panneaux en cuivre.
Un autre support sera établi derrière l'autel de façon que
la châsse puisse être exposée aux grandes fêtes ; elle sera
disposée avec son grand axe établi suivant Taxe longitudinal
de l'église, en manière telle qu'elle repose d'un côté sur
l'autel et de l'autre côté sur le support mentionné en second
lieu. Les pèlerins pourront passer sous le corps de la sainte
dans le sens perpendiculaire à celui-ci.
Les architectes devront modifier leur projet dans le sens
des instructions précédentes adoptées, après un débat appro-
fondi, à l'unanimité des voix et le soumettre, à bref délai,
à l'examen de la Commission.
Par la même occasion, les architectes ont soumis à la
délégation le plan de restauration du transept. La Commis-
sion est d'avis, à l'unanimité, qu'il ne faut point maintenir,
dans une très grande partie du transept, des constructions
— 88 —
destinées à conserver, au-dessus d'un escalier d'entrée de
la crypte, one voûte dont l'époque (le xinf siècle, dit-on)
n'est rien moins que certaine. Cette même voûte n'existe
plus du côté sud. Elle n'y a même, semble-t-il, jamais existé;
on devrait donc encombrer le bras sud du transept de
constructions tout à fait nouvelles.
Restent trois autres projets pour le raccordement du chœur
et du transept, le premier se composant de deux escaliers
descendant à droite et à gauche du chœur avec un autel aa
milieu ; le second comprenant un escalier central avec deux
autels de chaque côté ; enfin, le troisième élargirait quelque
peu cet escalier central et supprimerait tout autel adossé au
mur de chute établi entre le sol du chœur par-dessus la
crypte et le sol de l'église.
La Commission est unanimement d'avis que le troisième
projet prémentionné doit être adopté. La question de réta-
blissement des autels latéraux est réservée. On pourra toujours
la résoudre plus tard, s'il en est besoin.
La Commission estime que l'entreprise de la restauration
du chœur et du transept de la célèbre collégiale nivelloise
fera honneur au conseil de fabrique et au conseil communal
qui l'ont ordonnée aussi bien qu'aux artistes qui l'ont conçue
et à l'entrepreneur qui l'a réalisée sous la haute surveillance
des autorités.
Ije Secrétaire,
A. Màssaux.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
le Président,
CH. LàGA88E-D£ LOCHT.
•\ 1 . »
i i
RAPPORT
■ • .î . - ■ . •.:.■• v- ■■».
SUR LES RECHERCHES ET LES FOUILLES FAITES EN 1897,
EN 1898 ET EN 1899, AU PROFIT DE LA SECTION DE LA
BELGIQUE ANCIENNE DES HUSÉES ROYAUX DU CINQUANTE-
NA1RE.
M. Louis Gavens nous ayant continué ses libéralités, nous
avons pu poursuivre, durant les années 1897, 1898 et 1899,
la série des fouilles commencée en 1895-96 (i). ;
Les recherches et les fouilles dont notfs allons rendre
compte, ont porté sur des points 1res distincts de noire
territoire; nous avons même été amené, par suite de
circonstances favorables et aux fins d'une étude compa-
rative, à faire une fouille hors du pays.
: Il nous a été donné d'explorer un cimetière belgo-romain
et un cimetière franc à Mierchamps; de pratiquer des fouilles
à Saint-Mard, au pied des roches-polissoirs du Brusél;
d'étudier les marchets de Hotton, de Hampteau, de Resteigne
et de la forêt de Freyr; d'examiner à nouveau les Pierres-
du- Diable, de Forrières ; de relever les (races d'un cimetière
de l'âge du fer complètement saccagé, à Conlich; de mettre
au jour les restes d'un foyer paléolithique, à Ottenbourg, et
(i) Voir dans les Annales de la Société d? Archéologie de Bruxelles,
t. XII, 1898, p. 412, le rapport- qui a été publié sur les recherches et les
fouiUes faites en 1895 et en 1896. >
— 90 —
de Taire, enfin, quelques fouilles à Solutré, à l'emplacement
du gisement classique du Cro-du-Charnier.
D'autre part, le docteur Tihon a fouillé pour nous une
grotte à La Reid, une autre à Heyd et une troisième à
Cornesse.
Comme on le verra, le résultat de ces recherches et de
ces fouilles ne laisse pas d'être satisfaisant, tant au point de
vue des constatations quelles ont permis de faire, qu'à
l'égard des trouvailles mêmes, qui sont venues enrichir,
dans une certaine proportion, notre galerie de la Belgique
ancienne.
Exploration d'un cimetière belgo-romain à M ier champs y
commune de Beausaint (i).
Le territoire de la commune de Beausaint est traversé,
du sud au nord, par un embranchement de la route romaine
de Trêves à Bavay.
Cet embranchement, qui se dirige vers Ton grès, est
souvent désigné sous le nom de c voie de Tongres à A ri on »;
mais dans le pays on l'appelle communément la chaussée
des Diales ou le Vi tchmin (*).
*
* *
(0 Province de Luxembourg, arrondissement de Marche, canton de
Laroche.
(i) Annales de la Société pour la conservation des monuments historiques
et des œuvres d'art dans la province de Luxembourg* 1849-1850 et 1850-1851,
pp. 188 et buiv. — C. Van Debsel, Topographie des voies romaines de le
Belgique, p. 24. — Publications de l'Institut archéologique du Luxem-
bourg, 1892, t. XXVI des Annales, p. 476. — Annales de la Société** Ar-
chéologie de Bruxelles, t. XII, 1898, p. 4g4.
— 91 —
Le cimetière qui fait le sujet de cette note est sitqé entre
la chaussée des Dtafa-etie petit village de Mierchamps, au
lieu dit Sur le Monly, à environ 700 mètres de la voie
antique, sur un versant très sec un peu exposé au midi.
Les tombes, de petites dimensions et pauvres, étaient a»
nombre de quarante-quatre.
Nous avons constaté que la plupart d'entre elles, presque
toutes celles en dalles notamment, avaient déjà été fouillées,
mais nous ignorons à quelle époque et par qui ces fouilles
ont été faites.
Tombes n°* I, 2, 3, 4 et 5. — Ces tombes fouillées et
démolies antérieurement, avaient été construites en dalles.
Nous n'avons rencontré, à l'emplacement de chacune d'elles,
que des débris d'os humains calcinés et des fragments dé
poteries.
Tombe n° 6. — Elle mesurait 0*60 de longueur, 0m4S de
largeur et 0*35 de profondeur. Nous n'y avons plus trouvé
que des débris d'os humains calcinés et quelques morceaux
de vases en terre.
* ■
Tombe n° 7. — Les dimensions de cette tombe, construite
en dalles, étaient les suivantes : longueur, Om45; largeur,
0*45 ; profondeur, 0*50. Bien qu'ayant été fouillée jadis,
nous y avons encore trouvé, sur la dalle du fond, une
monnaie (grand bronze de Faustine Mère, 104-141), les
débris d'un objet en fer et des fragments d'os humains
calcinés.
Tombes n" 8, 9, 10, 11 et 12. — Fouillées et démolies
complètement par nos devanciers.
— 92 —
Tombe n° 13. — Cette tombe, qui avait été Touillée jadis,
mais dont les quatre dalles de côté et le fond étaient restés
en place, ne contenait plus que des débris d'os humains
calcinés. Elle mesurait 0m60 de longueur, 0m60 de largeur
et 0*45 de profondeur.
Tombes n" 14, 15, 16 et 17. — Fouillées et démolies
antérieurement.
Tombe n° 18. — Elle était construite en dalles et mesurait
0*47 de longueur, 0m55 de largeur et 0n40 de profondeur.
Elle avait été fouillée autrefois, mais une monnaie (grand
bronze de Trajan, 98 à 117), des débris d'os humains
calcinés et des fragments de poteries étaient restés dans le
fond.
Tombe n° 19. — Fouillée antérieurement et presque
entièrement démolie. La dalle de fond seule était restée en
place.
Tombe n° 20. — Tombe non dallée, mesurant Om60 de
longueur, 0m48 de largeur et Om64 de profondeur. Elle
contenait les objets suivants :
Deux urnes frustes, en terre noire.
Une cruche (lagenà) à une anse, en terre de couleur
orange, de 0m175 de hauteur et de 0m125 de largeur à la
panse.
Une jolie patère en terre rouge vernissée, portant, à la
place habituelle du sigle, une rosace, et mesurant Oral 45 de
diamètre et 0m033 de hauteur. Sur celle patère se trouvait
une monnaie (moyen bronze de Faustine Mère, 104-141).
Une petite fibule en bronze émaillé, de 0*031 de longueur.
— 95 —
Une jolie petite fibule en bronze ciselé et émaillé, de
0"042 de longueur (i).
Ces deux fibules se trouvaient dans le fond de la tombe,
mélangées aux débris d'os humains calcinés.
Tombe nc 21 . — Déjà fouillée anciennement. Nous y avons
recueilli encore, avec des charbons de bois et des débris
d'os humains calcinés, une petite coupe en terre rouge
vernissée, bien conservée, mesurant 0*045 de hauteur et
0m078 de diamètre d'ouverture.
Tombes rtot 22 à 27. — Fouillées et démolies anté-
rieurement.
Tombe n° 28. — Elle mesurait environ Om35 de côté et
contenait un vase fruste en terre noire ; une cruche (lagena)
en terre de couleur jaune, à une anse, de 0m21 de hauteur
et de Om21 de largeur à la panse; une petite jatte en terre
rouge vernissée, de 0*052 de hauteur et de 0m090 de
diamètre d'ouverture; une fibule en bronze émaillé de forme
losangée, ayant subi l'action du feu ; quelques clous et des
débris d'os humains calcinés.
Tombe n° 29. — Cette tombe, formée de petites dalles
posées de champ, avait 0m32 de profondeur et contenait
une coupe en terre de couleur orange et un joli vase en
terre rouge à couverte noire, de Om077 de hauteur, de
0*055 de largeur à la panse et de Om036 de diamètre
d'ouverture. Sur le fond de la tombe étaient de petits mor-
(i) Le musée de Namur (bijoutière À, 11) possède deux fibules identiques
provenant des tombes du cimetière des Villées, à Perzée (i*r, n" et
ni* siècles).
— 94 —
ceaux d'os humains calcinés» des cendres et des charbons
de bois.
Tombe n° 30. — Fouillée antérieurement. Une monnaie
(moyen bronze de Trajan, 98 à 117) a été retrouvée par
nous dans les déblais.
Tombe n° 31 . — Fouillée antérieurement. Nous n'y avons
retrouvé que des morceaux de plateau ou de coupe en terre
rouge vernissée.
Tombes n" 32, 33, 56, 38, 39, 40, 41 et 42. — Fouillées
et démolies antérieurement.
Tombe n° 34. — Représentée par une toute petite fosse
creusée dans le sol, contenant une urne fruste renfermant
des débris d'os humains calcinés et des cendres. Cette urne
était recouverte d'un fond de pot très large en terre gros-
sière.
Tombe k° 35. — Celte tombe, fouillée antérieurement,
mesurait 0ra80 de profondeur. Elle contenait encore : une
jolie patère en terre rouge vernissée, portant le sigle connu
MERCATOR et mesurant 0m165 de diamètre et 0-045 de
hauteur.
Une petite jatte, également en terre rouge vernissée, de
0"O50 de hauteur et de 0*090 de diamètre d'ouverture.
Deux petites fibules, à peu près identiques, en bronze
ciselé, de forme ansée et du type le plus habituel.
Des débris d'os humains calcinés.
Tombe n° 37. — Elle était formée de dalles et mesurait
0m35 de longueur sur Om28 de largeur. Elle avait été fouillée
— 95 —
antérieurement. Nous n'y avons plus trouvé que des débris
d'os humains calcinés et des fragments de poteries éparpillés
sur le fond.
Tombe n* 43. — Cette fosse, déjà visitée antérieurement,
n'avait jamais été garnie de dalles. Un joli petit vase en
terre, à parois minces, à couverte brune, de 0ro093 de
hauteur et de 0mO53 de diamètre d'ouverture portant à la
panse une série de dépressions ou de fossettes de la largeur
du pouce, était resté en place. Une monnaie (moyen-bronze
d'Antonin-le Pieux, 138 à 161) fut retrouvée dans les
déblais.
Tombe n° 44. — Celte dernière, bien que fouillée déjà
auparavant, nous a encore fourni, avec des débris d'os
humains calcinés, une petite jatte en terre rouge jadis
vernissée, mesurant 0n058de hauteur et 0m093 de diamètre.
*
* *
Conclusions : Les cinq pièces de monnaie (deux Trajan ,
deux Faustine Mère et un Anlonin Pie) que nous avons pu
glaner encore dans ces tombes déjà fouillées, semblent
indiquer que l'antique cimetière du Monly a surtout servi
durant la première moitié du n9 siècle.
Ce champ de repos renfermait les restes d'une population
dont rien n'est venu nous indiquer les ressources ni le genre
d'occupation, mais qui ne parait pas avoir été plus riche
que ne l'est celle qui habile aujourd'hui ce même coin
d'Ardenne.
— 96 —
i
Exploration dun cimetière franc à M ter champs y
commune de Beausaint.
Ce cimetière, dont l'existence était connue depuis long-
temps (t), est situé à peu de distance du précédent, dans
le village même.
Les tombes que nous y avons ouvertes étaient construites
en dalles, et dataient, suivant toute apparence, des derniers
temps de l'époque franque.
Elles ne renfermaient pas de mobilier et nous n'y avons
rencontré que quelques clous.
Fouilles au pied des roches-polissoirs du « Brusel >
à Saini-Mard (*),
Ces blocs de grès tertiaire, au nombre de dix, de volume
variable, de couleur gris-rosàire, couverts, par places, de
mousse et d'une sorte de lichen, gisent çà et là, presque
complètement enterrés dans le sol d'une prairie, au lieu dil
le Trou Ario ou Hario à 255 mètres d'altitude, sur la rive
gauche et tout près d'un petit ruisseau appelé le Brusel,
affluent de la Basse- Vire, à 4,900 mètres sud-est de l'église
du village de Saini-Mard, et à 350 mètres de la lisière du
bois de Lahan ou bois de Saini-Mard dans lequel le Brusef
prend sa source.
Ils n'ont aucune forme déterminée, n'offrent aucune trace
(i) En effet, G.-F. Pbat en faisait mention déjà dans le premier volume
des Annales de ta Société pour la conservation des monuments historiques
et des œuvres d'art dans la province de Luxembourg, 1849-1850 et 1850-1851.
p. 136.
(t) Prorince de Luxembourg, arrondissement et canton de Virton.
— 97 —
de taille, et la main de l'homme est étrangère à leur grou-
pement en cet endroit, qui est purement accidentel. Ils sont
engagés dans les alluvions du ruisseau. Ce sont des blocs
naturels, des roches dénudées descendues à ce niveau
pendant la période géologique ou le large fleuve aux eaux
rapides représenté aujourd'hui par l'étroite et paisible rivière
qui a nom la Basse-Vire, creusa sa vallée d'érosion.
* *
Trois de ces blocs présentent le plus grand intérêt au
point de vue de la technologie préhistorique. Les surfaces
lisses, les cuvettes et les rainures à fond et à parois d'un
poli excessivement doux, qu'on y observe, témoignent, en
effet, d'une façon incontestable, de leur utilisation exclusive
comme pierres à polir le silex et les roches dures à l'époque
néolithique (i).
Ils font l'objet de diverses légendes :
C'est là que se rassemblent certaines nuits, les sorciers,
les fées et les mauvais génies du voisinage pour se livrer à
leurs ébats.
Les surfaces lisses et luisantes sont des glissoires où les
fées s'amusent comme de véritables enfants. Les stries et
les rainures marquent la place où elles déposent habituel-
lement leurs baguettes enchantées.
L'homme sans tête qui dirige la « haute chasse » nocturne
au travers des bois, vient souvent visiter ces cailloux.
(«) C'est à M Sondag, inspecteur cantonal de l'enseignement primaire,
i Virton, aujourd'hui décédé, que revient le mérite d'avoir signalé le
premier ces intéressants monuments à l'attention des palethnologues.
{Institut archéologique du Luxembourg, t. XXII 1 des Annales, p. 324.)
— 98 —
Enfin, on entend parfois dans ces lieux hantés un tinta-
marre infernal.
* *
Le premier en montant vers le bois, d'une forme très
irrégulière, mesure 2"80 de longueur sur environ 0*60 de
largeur et dépasse le sol de 0m25 à 0m30. Il présente deux
surfaces polies résultant du frottement, et deux cavités
naturelles, oblongues, peut-être un peu retouchées, assez
profondes, ou s'amasse l'eau de pluie. C'est le moins inté-
ressant.
* *
Le second est situé à J2 mètres du premier. Il n'est pas
aussi irrégulier que celui-ci et mesure ln95 de longueur
sur 1m55 de largeur. Sa hauteur, au-dessus du sol, est de
0m20 environ. Il porte une grande dépression centrale, cinq
cuvettes elliptiques et trois rainures anguleuses, le tout parfai-
tement défini, à parois et à fond très unis, provenant d'usure.
Les cuvettes ont été produites insensiblement par le polis-
sage des faces larges des haches, les rainures par le polissage
de la tranche.
* *
Le troisième n'est qu'à 5m50 du second. C'est un bloc
très irrégulier de 2m20 de longueur sur 2 mètres de largeur
environ. Sa hauteur visible au-dessus du sol est de 0m50 en
moyenne. Vers le milieu est une anfractuosité naturelle qui
semble toutefois avoir été agrandie et régularisée par la
main de l'homme. Elle est de forme ovale et mesure 0m50
de longueur, 0m27 de largeur et 0m3O environ de profondeur.
Dans le voisinage immédiat de celte cavité centrale
— 99 -
existent une surface polie, huit cuvettes elliptiques et six
rainures plus ou moins longues.
Nous avons pratique des fouilles autour de ces trois
blocs (i).
Ces fouilles, très gracieusement autorisées par le proprié-
taire du terrain, M. Louis Siméon, nous ont permis de faire
quelques constatations intéressantes :
Presque entièrement dégagé, le premier bloc mesurait
4 mètres de longueur et environ 9 mètres de largeur. Au
cours de ce travail de dégagement, nous avons recueilli, en
des points différents et à très peu de profondeur autour du
bloc, deux tessons de poterie fort grossière, de couleur rou-
geâtre, ayant appartenu à de grands vases aux parois épaisses,
faits à la main; un fragment d'os excessivement ancien; un
gros morceau de grès à cassures concoïdales, dont on semble
avoir enlevé méthodiquement des éclats; un fragment de
carreau en terre cuite et quelques tessons de vases romains.
Les dimensions du deuxième bloc, après son dégagement
presque complet, étaient les suivantes : longueur, 3m40;
largeur, 3 mètres. Nous n'avons rencontré, près de ce bloc,
que deux fragments de poterie romaine gisant à Une faible
profondeur.
Le troisième bloc, mis à nu presque complètement,
présentait des dimensions moindres que celles des deux blocs
précédents. Il ne mesurait, en effet, que 2"50 de longueur
et 9 mètres de largeur.
(i) En août 1897.
* *
— 100 —
Nous avons recueilli, éparpillés autour de ce bloc, mais
toujours à très peu de profondeur, deux petits fragments de
poterie excessivement grossière présentant l'aspect de la
poterie préhistorique, deux morceaux de tegulœ et quatre
tessons de poterie romaine.
Les trois blocs étudiés ne semblaient pas reposer entière-
ment dans les alluvions du ruisseau.
Nous disons ne semblaient pas, car l'eau d'infiltration qui,
lorsque nous étions arrivé à une certaine profondeur, vint
régulièrement envahir nos tranchées, nous empêcha de pour-
suivre plus avant encore nos investigations. Nous n'avons
donc pu constater d'une façon positive si les blocs reposaient
sur le sol primitif ou si les mêmes alluvions existaient
également en dessous d'eux. Cependant, au dire de notre
fouilleur Jean Godelaine, homme très expérimenté, le terrain
semblait devenir plus ferme sous les blocs.
En tout état de cause, ces alluvions sont très anciennes
et l'émergence des blocs ne devait pas être beaucoup plus
forte à l'époque néolithique que de nos jours. Nous n'avons
constaté, en effet, aucune trace d'utilisation, aucune surface
polie, aucune cuvette ni aucune rainure nouvelles sur les
parties des blocs situées en dessous du niveau du sol actuel
et mises au jour par nous.
* *
Conclusion : l'opinion exprimée en 1899 au congrès
d'Arlon (i) que ces pierres ont aussi servi de meules dor-
(i) Compte rendu des travaux du quatorzième congrès de la Fédération
archéologique et historique de Belgique tenu à Ârlon, du 30 juillet au
2 août 1899, pp. 16 et 30.
— 401 —
mantes; qu'elles proviennent des sommets et que c'est là
qu'elles furent employées par les hommes de la préhistoire,
et que ce n'est que plus tard qu'elles furent etitraînées dans
la vallée (sic) nous parait donc bien hasardée.
Ijes < M archets *.
Le vulgaire entend, par le mot marchet, dans le Namurois
surfont, un amoncellement quelconque de pierres.
Le cultivateur qui crée un nouveau champ ou améliore
son terrain, rassemble à l'écart les pierres qui empêchent
ou gênent la culture : il fait ainsi un marchet.
Mais à côté de ces marchets modernes on rencontre
également des amas de pierres fort anciens, de forme toujours
plus ou moins circulaire et de largeuret de hauteur variables,
indistincts des autres pour un œil peu exercé. Ce sont des
monuments antiques.
Les uns recouvrent une tombe à inhumation : près du
squelette se voient quelques débris de poterie grossière et
parfois, mais très rarement, un peu de brome.
D'autres renferment une sépulture à incinération. Les
deux modes se rencontrent aussi dans le même marchet.
Il n'est pas rare d'y recueillir également des fragments de
poterie romaine, mais jamais de silex mêlés au dépôt
funéraire.
En outre, certains marchets ont été élevés sur des empla-
cements de cabanes ou de huttes en torchis et d'autres
recouvrent simplement un foyer, ou seulement le lieu d'un
repas. Les emplacements dont il s'agit ici ayant dû, à là
suite de certains événements, être soustraits à tout usage
postérieur, sont devenus ainsi res sacra.
— . 105 —
• L'antiquité des marchett ne nous parait pas devoir aller
au delà de la première époque du fer, ou époque Hallstat-
tienne. De plus, la présence dans plusieurs de ceux-ci d'une
poterie beaucoup moins grossière et parfois même assez
fine, faite au tour, nous indique également que la coutume
d'élever des monuments de ce genre s'est continuée chez
nous pendant les premiers temps de la domination romaine.
•
Le mot marche!, qui a son équivalent dans les mots
murgers, murguets et mûriers usités en Bourgogne, en
Savoie et dans la Suisse française, renferme Cidée de pierres
comme le prouvent les exemples suivants :
Deux très anciennes carrières abandonnées, situées dans
la province de Namur, l'une à Sovel, l'autre à Mohi ville,
portent le nom de Marchoù% Marchaels ou Marchais.
À Messein, en Lorraine, l'enceinte inférieure du « Camp
d'Affrique», aux alignements et aux tumulus en pierres
sèches, porte le nom de Vieux Marché (i).
Un petit hameau dépendant d'Àix-les-Bains (Savoie)
s'appelle Les Murguets. Il tire son nom des nombreux et
importants tas de pierres (murguets) qui se voient sur les
coteaux et qui résultent de l'épierrement des champs et des
vignes.
(i) Le « Camp d'Affrique » existait avant la conquête et fat occupé aune
époque qui correspond, en Lorraine, à la civilisation de Hallstatt.
Voir : F. Babthklïmy, Recherches archéologiques sur la Lorraine avant
V histoire, pp. 210 à 219, et pi. 31. - Gu J. Bbaupb*, Les éludes préhisto-
riques en Lorraine de 1889 à 1902 et aperçu général sur les époques gallo-
romaine et mérovingienne dans le département de Meurthe et Moselle,
pp. 71 à 75, et plan n° 9.
— 103 —
Enfin, il existe près de Pralognan, en Savoie également,
deux montagnes rocheuses appelées le Grand et le Petit
M archet.
*
Dans une très intéressante communication faite en 1900,
à Paris, au Congrès international des Américanistes, par
MM. le comte H. de la Vaulx, l'explorateur bien connu, et
le docteur R. Verneau, sur Les anciens habitants des rives
du Colhué Hua pi (Patagonié) nous relevons ce qui suit :
« La présence, en cette partie de la pampa, de deux
grands lacs (Colhué et Musters) et d'une rivière (le Rio
Senguer) aussi importante que le fleuve (le Rio Chubut)
dans lequel elle vient déverser ses eaux, constitue des
conditions exceptionnellement favorables pour l'habitation.
Aussi les vieux indigènes de la Palagonie paraissent-ils
avoir séjourné volontiers sur les rives du Colhué Huapi et
du lac Musters.
» La preuve nous en est fournie parles nombreuses pointes
de flèches qu'on rencontre dans les environs et par l'abon-
dance des sépultures que l'un de nous (le comte de la Vaulx)
a découvertes dans la chaîne qui sépare les deux lacs. En
effet, au nord et au sud de cette chaîne, sur la série de
gradins que forment les collines qui s'étagent depuis la cime
jusqu'à la pampa, existe une grande quantité de tchenques,
c'est-à-dire de monticules de pierres, parfois énormes, qui
ont été entassées par les anciens habitants. C'est sous ces
monticules, tout à fait comparables à ceux des Canaries, que
reposent les restes des Palagons qui fréquentaient autrefois
la région.
— 104 —
» Les tchenques ont des proportions assez variables ; il en
est qui dépassent 5 mètres en longueur et dont la hauteur
est supérieure à 1 mètre.
» Les indigènes actuels prétendent que les dimensions des
tumulus sont en rapport avec le nombre de parents et d'amis
que possédait le défunt, chacun d'eux ayant à cœur de déposer
une pierre sur la sépulture toutes les fois qu'il venait à passer
dans t endroit où le mort avait été enseveli.
» En général, les tombes sont isolées les unes des autres.
Toutefois, vers l'extrémité méridionale du lac Musters se
trouvait un groupe de cinq tchenques conligus, dont le
principal était situé au centre et renfermait deux cadavres;
les quatre autres rayonnaient autour, de sorte que l'ensemble
du monument affectait une forme étoilée.
» Les tumulus de la région des lacs Golhué et Musters ne
sont pas élevés au-dessus de fosses. Le mort était déposé à
la surface du sol, que l'on avait à peine gratté pour y coucher
le cadavre... Les cadavres étaient couchés sur le côté, de
façon à ce que les yeux fussent toujours tournés vers le soleil
levant; les membres inférieurs étaient ramenés en avant
dy tronc, les jambes fléchies sur les cuisses et celles-ci sur le
thorax, au point que les genoux venaient toucher la poitrine.
» C'est la position que donnent encore à leurs morts les
Indiens modernes.
» Lorsque le défunt avait été placé dans la position voulue,
ses parents, ses amis se mettaient en devoir d'entasser
au-dessus de lui les pierres qui, par leur amoncellement,
devaient constituer le monument funéraire. Ces pierres
étaient placées sans ordre et reposaient directement sur le
cadavre...
— 108 —
» Le mobilier funéraire fait à peu près totalement défaut
dans les tchenques du Golhué Huapi » (1).
En 1895, M. de Villenoisy, à qui nous avions adressé un
exemplaire de notre première étude sur les inarchets (2), avait
l'extrême obligeance de nous communiquer les curieux
renseignements que voici :
c En Dauphiné, où je suis en ce moment, nous écrivait-il,
nous avons quelques amas de pierres du genre de vos mar-
chets, ou chaque passant ajoute un caillou, bien que les
motifs de cette pratique soient depuis longtemps oubliés.
Ou croit que quelques-uns marquent le lieu d'un assassinat
ou d'un suicide.
» Un de ces amas ou mollars existe près d'Uriage-les-Bains
et s'appelle la Tombe du Mercier.
» J'ai lu, je ne sais où, qu'en Bretagne il y a, dans certains
champs, des parcelles de terrain où, de temps immémorial,
on ne passe pas la charrue; celui qui les profanerait par la
culture, mourrait dans Tannée. Ces lieux devenus néfastes
me sont revenus en mémoire en lisant votre description des
marchets n°* 1, 7, 15 et 17 de Ave-et-Auffe. Ce dernier,
avec sa cabane, est caractéristique » (3).
Nos marchets, tout au moins ceux qui recouvrent une
(4) Compte rendu du Congrès international des américanisas, XIIe ses-
sion tenue à Paris en 1900, pp. 115, 116 et 117.
(t) Annales de la Société archéologique de Namur, t. XXP, 1895,
pp. 47 à 79.
(s) La Buisserate, par Gbbhoblk, 5 novembre 1895.
— 106 —
tombe, l'emplacement d'un bûcher funéraire ou les raines
de la cabane d'un défunt, auraient-ils été construits de cette
manière, c'est-à-dire simplement ébauchés au début, puis
continuellement augmentés dans la suite par la piété des
parents, des amis ou des simples passants ?
On peut, à notre avis, considérer la chose comme assez
probable, bien que cette coutume du jet de pierre n'ait
point perduré ici, jusqu'à notre époque, comme en Dauphiné.
Étude des Marchets de Hotton (i).
Ces marchets sont situés à environ 900 mètres au sud-est
de 1 église de Hotton, sur la rive gauche de l'Ourlhe, en un
plateau très élevé, aride et inculte, au lieu dit Les Alti.
*
* *
Geubel, à qui rien n'échappait, les mentionne dès 1830 :
... c La plaine au nord de Brérenne, dit-il, s'affaisse vers
l'Ourlhe, c'est par là que descend celte voie. A gauche,
avant de descendre, on rencontre un large tumulus de
pierres, après avoir dépassé le lieu dit Natr inchamps. Ce
tas de pierres ramassées est trop grand et trop régulier pour
avoir été fait par les cultivateurs, beaucoup d'autres tas
moins grands et aussi réguliers, placés en lignes, me
paraissent encore être des tumulus, mais je ne puis l'assurer.
Ce qui est certain, c'est que le sol y est incultivable à défaut
de terre, et par sa nature rocheuse et par le rapprochement
de tous ces tas. Ce lieu, qui est élevé, est le prolongement
du Tichâteau, dont il est séparé par l'Ourlhe; et ce qui
(i) Province de Luxembourg, arrondissement et canton de Marche.
— 407 —
confirme davantage mon opinion sur ces lumulus, c'est le
nom d'Alti qu'ils portent encore. Le paysan les appelle
les Alti (élevés ou ancêtres). Die Allen (les anciens) est la
désignation des Celtes, qui étaient les anciens pour les
Romains.
» Ces lumulus n'ont pas été ouverts.
» Depuis que j'ai recueilli ces notes, ajoute Geubel, un
ouvrier de Hotton, Jean Lallemand, a ouvert une partie de
ces tas de pierres et y a trouvé des tombes gauloises taillées
dans le rocher, il n'a vu que le squelette; l'entaille élait
recouverte d'une dalle » (i)...
De tous les tas de pierres qui subsistent encore aux Alix,
deux seulement nous ont paru offrir l'aspect de monuments
antiques et valoir la peine d'être explorés méthodiquement.
Les fouilles ont duré du 45 au 17 juillet 1897.
Marcbet n» 1. — Ce marchet, resté intact, mesurait
14"50 de diamètre et 1*50 de hauteur. II était constitué de
fragments de calcaire de volume variable (2), tous plus ou
moins roulés, de pierraille, et d'un peu de terre dans les
interstices des pierres.
Nous y avons rencontré deux squelettes inhumés à des
niveaux différents.
Le premier, orienté nord-sud, les pieds vers le sud,
gisait à environ 0*30 en dessous du niveau du sol, dans
(i) Publications de V Institut archéologique du Luxembourg, 1892,
t. XXVI des Annales, p. 134.
(i ) Les plus gros mesuraient 0"50 X 0*30 et avaient 0"10 d'épaisseur.
— 108 —
une sorte de petite fosse. Les ossements étaient en Tort
mauvais état (i); ce qui fait que les conclusions que le
docteur Houzé a pu tirer de leur étude sont presque nulles
et se résument à ceci : squelette âgé, probablement masculin.
Il mesurait, sur place, environ ln15.
Le second, étendu dans une couche de terre végétale
noirâtre, était encore moins bien conservé que le pre-
mier (*).
(0 Voici l'inventaire qu'a bien voulu en faire le docteur Houzé :
a. Fragment d'occipital, écaille peu saillante;
b. Six fragments de pariétaux, droit et gauche ;
c. Mandibule déformée par la vieillesse et la pression posthume du
terrain sus-jacent, alvéoles des troisièmes molaires atrophiées. Les quatre
dents encore présentes ont les couronnes creusées, fort usées ;
d. Fragment de première côte;
e. Fragments d'humérus droit et gauche de même sujet, sans perfo-
ration olécranienne ;
/. Deui fragments de cubitus ;
g. Deux fragments de radius ;
h.. Deux tibias fragmentaires, droit et gauche, même sujet, présentant
la lame de sabre;
t. Diaphyse complète de fémur gauche présentant des modifications
pathologiques dues probablement (?) à une ostéite : ostéophytes à Tépiphyse
supérieure (à sa racine, car l'épipbyse elle-même est brisée) ;
j. Diaphyse de fémur droit; ligne âpre très accusée, fémur dit à
colonne; gouttière hypotrochantérienne marquée, troisième trochanter
fort; tête brisée;
k. Fragment de rotule.
(i) Inventaire et remarques du docteur Houzé :
a. Fragments de crâne masculin adulte : fragment composé d'une partie
du pariétal gauche ainsi que du droit et de la région sus-iniaque de l'occi-
pital; suture lambdoïde ouverte, os wormien au lambda; le diamètre
approximatif bi- pari étal ou transversal est de 150 millimètres; par la
forme de l' écaille occipitale peu saillante et le grand diamètre transversal
on peut presque affirmer que le sujet était brachycéphale, probabilité
corroborée par la face qui est large (voir plus bas);
b. Fragments de frontal, glabelle très accusée (caractère masculin);
c. Partie de temporal gauche ;
— 109 —
II se trouvait à environ lDiO plus haut que le précédent,
mais sur le côté, et à 0m30 seulement de la surface du
marchet. Il paraissait avoir au moins lro60 de taille.
L'orientation était sud-ouest-nord-est, les pieds vers le
nord-est.
Le crâne est harmonique et présente une grande largeur
bipariétale, faciale et nasale. Il est probablement brachycé-
phale, mésorrhinien et euryprosope (visage large); la face
supérieure (sans la mandibule) est large et en même temps
assez haute à cause de la hauteur mandibulaire (i).
Nous n'avons observé aucune trace de mobilier.
Parmi les pierres qui constituaient le marchet, était un
polissoir en grès, de 0m33 de longueur, de 0mO9 de largeur
et de Om09 d'épaisseur, ramassé jadis sur le sol environnant
par les constructeurs du monument en même temps que les
autres matériaux employés.
La présence de ce polissoir dans le marchet est donc toute
fortuite et ne peut avoir aucune signification. Elle s'explique
très naturellement par ce fait que les marchets des A Ut ont
d. Face, largeur raaiima, narines, 26mm (nez large, au moins mésor-
rhinien).
Largeur bijugale 99 (?), large.
Os malaires saillants, fosses canines profondes. Incisive médiane supé-
rieure tombée post mortem ainsi que la latérale gauche supérieure et la
canine du même côté; troisième molaire gauche supérieure atrophiée;
tubercules disparus.
e. Mandibule forte, haute, branche montante droite manque. Denture :
il reste les trois molaires des deux côtés, la deuxième prémolaire droite
et la canine du môme côté, les tubercules ont disparu par usure; les
autres dents qui manquent sont tombées post mortem. Diamètre bimen-
tonnier : 49mB.
(i) Telles sont les conclusions de l'étude du docteur Houzé.
— no —
été élevés sur remplacement d'une station néolithique (i).
C'est donc encore un nouvel exemple de cette loi ethnogra-
phique de la succession de l'habitat en certains points donnés.
* *
Marchet n* 2. — Le second marchet, qui mesurait à pea
près 4 mètre de hauteur et 10 mètres de diamètre, éiait
formé, comme le premier, de pierres de diverses grosseurs
recueillies à la surface du sol.
Il ne recouvrait absolument rien et il y a même lieu de
douter de son ancienneté.
Nous avons rencontré, deci, delà, parmi les matériaux
dont il était constitué, quelques fragments d'ossements d'ani-
maux, trois morceaux de poterie très grossière et une belle
hachette taillée à petits éclats, en grès gedinnien, mesurant
Om140 de longueur et Om055 de largeur au tranchant.
De même que le polissoir dont il a été question plus haut,
ces objets ont été ramassés par hasard sur le sol et, comme
dans le cas précédent, aucune conséquence n'est à tirer de
leur présence dans le marchet.
Étude des marchets de Hampteau (*).
L'exploration de deux marchets et d'un tumulus situés
dans les bois de Hampteau, commencée le 24 juillet 1897
et poursuivie durant les jours suivants, a été infructueuse.
(0 Nous avons recueilli sur ce plateau, à la surface du sol, dans le
voisinage des marchets, plusieurs silex taillés : éclats bruts on retouchés,
petites lames, grattoirs discoïdes, etc....
(t) Province de Luxembourg, arrondissement et canton de Marche.
— 111 —
Les deux marchets dont il s'agil sont éloignés l'un de
l'autre d'une centaine de mètres.
Le premier mesure 0*75 de hauteur sur 6 mètres de
diamètre.
Le second a lm25 de hauteur et 9 mètres de diamètre.
Ces marchets, malgré leur apparence de très grande ancien-
neté, ne renfermaient absolument rien.
Le lumulus que nous avons exploré ensuite, se trouve à
une distance d'environ 1,000 mètres au levant des deux
marchets.
Il est formé de terres rapportées et mesure lm40 de
hauteur et 7 mètres de diamètre.
Nos travaux nous ont révélé l'existence, sous ce tumulus,
d'une sorte de sillon de 2 mètres de longueur, de 0m30 de
largeur moyenne et d'environ 0m25 de profondeur creusé
dans le sol et orienté ouest-est. Ce sillon était rempli d'une
terre beaucoup plus meuble, mélangée de charbon de bois.
Nous n'y avons rencontré aucune trace d'ossements ni aucun
débris de poterie.
Étude des marchets de Resteigne (i).
A 3,000 mètres au sud de l'église de Resteigne, dans un
endroit écarté et solitaire, à l'entrée du bois de Beslin, au
lieu dit MarchimorU, sur la rive droite du petit ruisseau
appelé Passe-Brebt (cotes 385 à 380), est un groupe de
neuf marchets accompagnés de quatre levées construites
également en pierres sèches.
(i) Province de Namnr, arrondissement de Dinant, canton de Rochefort.
— us —
Nous devions l'indication de l'existence de cet ensemble
de curieux vestiges véritablement perdu dans les bois, à
notre bienveillant confrère Alfred Bequet :
Je crois, nous écrivait-il le 20 mai 1898, que cet endroit
mérite dêtre étudié de près; n'y a-l-il pas eu là, peut-être,
un lieu de réunion pour les peuplades belges, un signal, un
point de ralliement; on n'est pas très loin de la montagne et
de la grotte de Sinsin9 on n'est pas très loin non plus de
Saint-Ode, d'Amberbup, etc...
M. Bequet ayant bien voulu mettre, celte fois encore,
à notre entière disposition, son excellent fouilleur Jean
Godelaine, nous avons commencé peu après les travaux.
Les matériaux employés à la construction des marchels
et des levées, étaient des pierres ramassées un peu partout
à la surface du sol. Elles avaient, en effet, pour la plupart,
leurs arêtes usées et on ne remarquait nulle part d'excava-
tions d'où elles auraient pu être extraites.
Màrchet n° 1 . — Cet énorme marchet, situé à la lisière
du bois, était constitué par un noyau de terre recouvert
d'une lourde chape de pierres. Il mesurait 2m50 de hauteur
et environ 18 mètres de diamètre, et avait été élevé sur un
foyer.
Celui-ci, rencontré au niveau du sol, presque au centre de
la périphérie, mesurait 2 mètres de diamètre et formait une
couche de terre brûlée de 0m05 à 0*06 d'épaisseur. On
— 113 -
pouvait observer, en certains endroits autour de ce foyer,
surtout du côté du raidi, que la terre était plus dure que
partout ailleurs, comme si elle avait été fortement piétinée.
La chape de pierres présentait une épaisseur de 0m80
à 110.
Nous n'avons trouvé, dans ce marchet, ni ossements, ni
débris d'aucune sorte.
M archets a0* 2 et 3. — Situés à environ 250 mètres au
sud-ouest du précédent, et constitués uniquement de pierres.
L'un mesurait lm20 de hauteur sur 8 mètres de diamètre ;
l'autre n'avait que 1 mètre de hauteur et 6 mètres de diamètre.
Ils ne contenaient absolument rien.
Marchet n° 4. — Appartenait au même groupe que les
deux précédents (nos 2 et 3) et mesurait îm50 de hauteur et
12 mètres de diamètre.
Au centre, reposant sur le sol ancien, était un massif de
pierres reliées entre elles par de la terre glaise et disposé en
plan incliné du levant au couchant. Cette construction pré-
sentait les dimensions suivantes :
Longueur, 3 mètres.
Largeur, 2 mètres.
( au couchant, 0m10.
Hauteur J . 4 ^mû/v
{ au levant, 0m80.
On y pouvait observer les traces d'un feu violent et
continu.
Cette rampe aboutissait, au levant, à un foyer circulaire
d'environ 1 mètre de diamètre établi sur une sorte de pave-
ment fait de morceaux de grès et entouré d'un petit mur de
— m -
soutènement de 0"35 de hauteur et de 0*60 d'épaisseur
construit en moellons de grès joints avec de la terre glaise
en guise de mortier.
Nous n'avons trouvé, dans ce marcbet, que des fragments
d'os d'animaux et quelques tessons d'une poterie grise qui
parait être belgo-romaine.
Marghet n° 5. — Même groupe. Ne mesurait que lm20
de hauteur sur environ 5 mètres de diamètre et était constitué
de fragments de grès concassés et offrant à peu près la
grosseur des pierres employées au rechargement des routes.
Ces matériaux présentaient une teinte rougeâtre comme
s'ils avaient subi l'action du feu. D'abondants charbons de
bois se trouvaient du reste mélangés aux pierres et on eut
dit qu'un ignorant avait tenté de faire de la chaux avec ces
grès.
M archet n° 6. — Même groupe. Était de forme oblongue
et mesurait 1*20 de hauteur, 9 mètres de longueur et
6 mètres de largeur.
Nous n'y avons rencontré que quelques fragments d'os
d'animaux, une dent de ruminant et un morceau de poterie
grise.
M archet n° 7. — Même groupe. Ce marchet,qui présentait
également une forme oblongue, mais qui avait été bouleversé
en grande partie, mesurait 2m50 de hauteur, 48*30 de
longueur et 10 mètres de largeur. Il offrait intérieurement
des dispositions analogues à celles observées dans le marchet
n* 4 (foyer avec rampe d'accès).
Nous y avons trouvé un petit morceau de tuile romaine,
— m —
des fragments d'os d'animaux et le fond d'un vase belgo-
romain.
in et ¥ levées. — Marchet n° 8. — La première levée,
qui passe à une centaine de mètres à l'ouest des marchets
2 et 3 et qui suit à peu près la direction nord-sud, mesure
actuellement encore 150 mètres de longueur, 40 mètres de
largeur et Om80 à 1 mètre de hauteur. Elle est faite de
pierres dont les dimensions varient à l'infini, sans mélange
de terre.
A une époque probablement assez récente, cette levée a
été exploitée en certains endroits, comme carrière à pavés.
Vers le milieu, par rapport à la longueur, et faisant corps
avec elle, était un énorme marchet constitué des mêmes
matériaux. Celui-ci avait 2 mètres de hauteur et 18 mètres
de diamètre. Nous y avons trouvé, sur le fond et aussi parmi
les pierres à différents niveaux, quelques ossements et dents
d'animaux (cheval, cerf, bœuf, etc..) des morceaux de
poterie grise belgo-romaine et un éclat de silex ne portant
aucune retouche.
La seconde levée, à peu près perpendiculaire à la première
et orientée, par conséquent, ouest-est, est beaucoup moins
importante que celle-ci. Elle lui est toutefois identique comme
composition et mode de construction.
Marchet n° 9. — Situé à environ 250 mètres à l'est du
précédent — pour autant, bien entendu, qu'il nous ait été
possible de nous orienter et de relever des mesures quelque
peu exactes au travers des fougères et des genêts géants qui
partout couvraient le sol — le marchet auquel nous donnons
le n° 9 était formé uniquement de pierres (grès) sans terre.
— 116 —
Sa hauteur ne dépassait guère 4 "50, mais son diamètre
était d'au moins 20 mètres.
Les pierres présentaient, en général, d'assez fortes dimen-
sions, et les plus grosses mesuraient 0m403 .
Ce marchet, dont rien n'est venu révéler la destination
première, avait, dans la suite des temps, subi divers avatars :
c'est ainsi qu'au moyen âge très probablement, on y installa,
après avoir déblayé préalablement le centre, une sorte de
bas-fourneau pour la réduction du minerai de fer et que plus
tard on y ouvrit une carrière comme Ta prouvé la rencontre,
au milieu des déchets de taille, de plusieurs bornes ébau-
chées.
Les fouilles n'ont produit que deux crochets en fer tordus,
une molaire et des os longs de cheval et de bœuf, fendus
dans le sens de la longueur pour en extraire la moelle, et
plusieurs fragments d'une poterie gris-jaunàtre, bien cuite,
sonore, portant, deci, delà, quelques touches de vernis,
poterie que Ton peut rapporter au xi% xu* ou xinc siècle.
L'existence possible de minerai dans les environs immé-
diats, ou le fait de trouver là le combustible en abondance,
sont les seules raisons plausibles que l'on puisse donner de
l'établissement d'un fourneau à fondre le fer en un endroit
aussi écarté.
3e et 4e LEVÉES. — SUBSTRUCTIONS. — VESTIGES D'UN FOUR
a chaux. — Nous avons encore reconnu, mais sans pouvoir
en déterminer exactement la direction ni les dimensions, à
cause de l'épaisseur du bois, deux autres levées situées à
l'ouest du groupe des marchels.
— m -
Enfin, à environ 200 mètres au sud du même groupe,
sur le versant (côté du midi) du vallon où coule le ruis-
seau dil Passe-Brebt, ont été rencontrées des subslructions
auxquelles il nous a été impossible d'assigner une époque.
Ce sont les restes d'une construction rectangulaire, com-
posée d'une place unique mesurant 26m80 de longueur du
levant au couchant et 6m60 de largeur. Les murs de cette
bâtisse rudimentaire étaient en pierres avec de la terre pour
mortier, et n'avaient de parement que du côté intérieur.
Dans celte place, vers le levant, à 7 mètres du mur, se
trouvait un foyer de lm80 de longueur surOm90 de largeur,
garni de pierres d'appui et sous lequel subsistaient encore
certaines parties d'une aire en terre battue.
De menus fragments d'os calcinés, dont un teinté d'oxyde
de cuivre, et une moitié de dent humaine ont été recueillis
dans le voisinage du foyer. On peut ajouter, à cette maigre
récolte, deux petits morceaux de fer et un clou, trouvés un
peu plus loin.
* *
Quelle a pu être la destination de cette construction? Faut-il
y voir les restes d'une habitation ou n'est-ce que l'emplace-
ment d'un petit ustrinum?
Nous ne pouvons rien affirmer non plus à cet égard.
Mentionnons aussi les vestiges d'un four à chaux ren-
contrés dans le voisinage : c'était une fosse carrée mesurant
î^âO de côté et 4m30 de profondeur, remplie encore, sur
environ 1 mètre de hauteur, de chaux et de pierres calcaires.
— 118 —
Un canal de 2 mètres de longueur et de 0*60 de largeur,
parlant du niveau du sol et creusé en partie dans le grès,
aboutissait au fond de l'excavation du côté nord.
D'après ce que nous avons pu voir, on aurait procédé,
non pas comme on le fait maintenant, en étendant alterna-
tivement un lit de combustible et un lit de pierres» mais en
plaçant du bois non seulement sur le fond mais aussi tout
le long des parois de la fosse, puis en accumulant les pierres
au milieu»
Nous avons retrouvé, en effet, sur le fond et le long des
parois, une grande quantité de bois carbonisé; c'est là aussi
que la chaux était la moins imparfaite, tandis qu'au centre
les pierres se trouvaient à peine entamées. Le fond du canal
était recouvert également d'une forte couche de cendre et de
charbon de bois, ce canal servait vraisemblablement à
allumer le feu au fond du four et à fournir l'air nécessaire à
la combustion. Au dire des gens du pays, le calcaire
n'existerait pas à Marchimont, et il faudrait, pour en ren-
contrer, aller jusqu'au village de Resteigne, ou à Tellin,
soit à environ trois kilomètres de distance.
L'examen de la carte géologique confirme pleinement ce
renseignement.
Les faits observés à Marchimont peuvent se résumer
comme suit :
En un endroit éloigné de toute habitation et perdu dans
les bois, se voient, groupés, des amoncellements de pierres
dus à la main de l'homme.
Ils sont très anciens et remontent à l'époque belgo-romaine
tout au moins.
— 119 —
Quelques-uns recouvrent ou contiennent un foyer. Dans
d'autres, on ne rencontre que des fragments d'os d'animaux
et quelques morceaux de poterie éparpillés sur le fond et à
divers niveaux parmi les pierres.
D'autres ne renferment absolument rien.
Presque tous ces amoncellements de pierres ont été
remaniés postérieurement :
Dansl'un d'eux on a installé un petit fourneau pour réduire
le minerai de fer; dans un autre on a essayé de faire de la
chaux avec les matériaux (tout à fait impropres à cet usage)
dont il est constitué; ailleurs, enfin, on constate les preuves
de leur mise en exploitation comme carrières.
Quelle a pu être la destination de ces amoncellements de
pierres et quels en furent les constructeurs ?
De quand datent les foyers qu'on y observe et quelle fut
leur destination ?
L'absence, parmi les cendres et les charbons de débris
d'os humains calcinés, doit-elle faire écarter absolument
Fidée de bûchers funéraires ?
Sont-ce des feux allumés pour certaines autres cérémonies?
L'altitude du lieu (cotes 375 à 380) peut-elle justifier ici
f hypothèse de feux de signaux ? (i)
(i) Voici, mais à titre de simple renseignement, les trois principales
stations du voisinage avec lesquelles Marchimont eût pu communiquer au
moyen de signaux :
Au nord, avec la petite forteresse d'Eprave, distante de 9,000 mètres en
ligne droite. (Annales de la Société archéologique de Namur, t. II, 1851,
p. 442; t. V, 1857-1*58, p. 28; t. YI1, 1861-1862, pp. 293, 294, 295 et 489;
— 420 —
Où chercher enfin les raisons qui ont pu amener l'homme
à venir établir dans un endroitaussi écarté de toute habitation
et relativement éloigné des gisements de calcaire, le four à
chaux dont nous avons retrouvé les vestiges ?
L'imagination a le champ libre pour tenter d'expliquer
tout cela !
Nous nous en abstiendrons, de crainte d'errer dans le
domaine des hypothèses et préférant attendre, pour nous
prononcer, de pouvoir rapprocher de ce que nous avons
observé ici d'autres faits analogues, mais mieux définis, que
peul-ètre il nous sera donné dans la suite de rencontrer
ailleurs.
Étude des marchets de la forêt de Freyr (1).
On nous avait signalé l'existence, dans cette forêt, de
nombreux et grands tumulus construits en pierres et en
terre ; on nous avait parlé également d'un cimetière immense
formé de tumulus situé en la forêt de Saint-Michel, qui fait
suite à celle de Freyr, dans le voisinage immédiat d'un
rocher dit Falhoth, près des Vieilles forges.
Un rapport d'expertise, de 1893 (s), faisait mention, à son
t. Vin, 1863-1864, pp. 231 et 448; t. IX, 1865-1866, p. 455; t. XII,
1872-1873, p. 124; t. X1H, 1875, p. 522; t. XV, 1881, pp. 309 à 319, et
t. XIX, 1891, p. 435 )
Au nord également, avec la station d'Ave-et-Auffe (groupe de marchets
de la « Croix-de-Tige »), distante de 8,000 mètres. (/<*., t. XV, 1881,
p. 321, et t. XXI, 1895, p. 58.)
Au nord-ouest, avec la station de Pondrôme (groupe de marchets, an
lieu dit « Tombois »), distante de 13,000 mètres. (/<*., t. 3tXl, le95,p.67.)
(i) Cette grande et belle forêt au nom suggestif s'étend entre Saint-
Hubert et les villages de Champion, Tenneville, Lavacherie, Amberloap,
Tillet, Moircy, Freux et Vesque ville.
(t) Bulletin de la Société centrale forestière, septembre 1893, 5* livraison.
— 121 —
tour, de nombreux tumulus en pïerres brûles connus dans
le pays sous le nom de marchets et existant à Haseille et
dans Freyr même, principalement dans les coupes de 1875
et de 1876 de Freyr Septenlrional : Ce sont, disait le rapport,
des cônes ronds, pointus, de iÔ mètres environ de diamètre
et de 2 à 3 mètres de hauteur au centre, en moellons de grès
amoncelés pêle-mêle sur le sol sans le moindie ordre aux
abords du tracé qu'a dû suivre la chaussée romaine.
*
Nous avions donc là, en apparence du moins, un vaste
chjmp de recherche que nous ne pouvions négliger et où
des fouilles s'imposaient.
Celles-ci v furent exécutées en août 1897, mais leur
résultat fut absolument nul et il faut aujourd'hui en rabattre
des marchets et des tumulus de Freyr.
Six marchets situés dans la foret de Freyr Septentrional,
au lieu dit Ry Baileux, ont été ouverts sans succès.
Us mesuraient de 0"80 à 2m50 de hauteur sur 8 à 1 0 mètres
de diamètre et étaient constitués uniquement de pierres
ramassées à la surface du sol, sans une poignée de terre.
4
Nous n'y avons rien observé, ni ossements, ni débris de
poterie el nous ne pouvons nous expliquer leur origine.
Dans Freyr-Royal, plusieurs marchets ont été enlevés il
y a quelques années pour l'empierrement des roules sans
que Ton y ait trouvé le moindre objet ni le moindre débris
quelconque.
Il existe dans Freyr Méridional de gros tas de pierres,
mais qui sont l'œuvre de la nature seule.
Contre la Fange de la hutte y qui touche au Prangeleuœ
— 122 —
des Galles, nous avons reconnu, sur une dislance de plus de
100 mètres, un tronçon de chemin empierré ayant de 7 à
8 mètres de largeur et présentant tous les caractères des
roules romaines.
Enfin, les prétendus lumulus de la forêt de Saint-Michel,
nu lieu dit Falhoth (dont il y a, du reste, des milliers dans
Freyr), ne sont, comme l'ont prouvé nos fouilles, que de
très vieilles souches de grands arbres déracinés par les
ouragans.
Fouillvs au pied des t Pierrcs-du- Diable » , à Forrières (i).
1 Les Pierres -du- Diable, de Forrières, nommées aussi
Cuvelée-du- Diable (s), qui, actuellement, ne sont plus qu'au
nombre de six, ont tout une petite littérature (s).
(i) Province de Luxembourg, arrondissement de Marche, canton de
Nassogne.
(t) C'est-à-dire : charge du diable,
(s) Voir : J.-B. G eu bel, Note sur l "existence de monuments des anciens
cultes dans la forêt ardennaise. {Annales de la Société pour la conservation
des monuments historiques et des œuvres d'art dans la province de Luxem-
bourg, 1. 1", 1847-1848 et 1818-1849, p. 87, et pi I, fig. 2.) - H. Schuer-
manb, Notice sur les monuments du Limbourg antérieurs au moyen âge.
(Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, première année,
18C2, p. 90, note 4.) — Daufbesnb de la Chevalerie, Les Antiquités du
village de Wéris (suite). (Revue catholique de Louvain, mai 1879, p. 14.)
— B°° de Loê , Étude sur les mégalithes ou monuments de pierres brutes
existant ou ayant existé sur le territoire de la Belgique actuelle. (Publi-
cations de la Fédération archéologique et historique de Belgique, 4e session,
Charlcroi, 1888, 1. 1, p. 106.) — Ch.-J. Comhaire, Contributions à l'étude
des monuments mégalithiques. La cuvelée du diable de Forrières. (Bulletin
delà Société d'anthropologie de Bruxelles, t. VIII, 2« fascicule, 1889-1890,
p. 167.) — D1 N. Cloquet, Des Dolmens en Belgique et spécialement des
dolmens de Wéris et de Forrières. (/<*., t. IX. 1" fascicule, 1890-1891,
p. 9<t.) — Emile Tandel, Les Communes luxembourgeoises. (Publications
de l'Institut archéologique du Luxembourg, 1892, t. XXVI des Annotes,
p. 591.)
— 125 —
Elles sont situées à environ 800 mètres de l'église de
Forrières, vers l'ouest, et occupent la pointe d'une colline
schisteuse (schistes de Frasnes) appelée Inzomet.
Ces pierres sont brutes et placées là sans le moindre ordre
apparent. Ce sont des blocs de grès landenien.
Le sol sur lequel elles reposent est uni et aucune autre
pierre semblable ne se voit dans les environs.
D'après la légende, un trésor, caché sous la plus grosse,
appartiendra à celui qui la pourra soulever.
On en comptait encore 17 en 1849, et Geubel, qui a été le
premier à en parler, nous apprend qu'elles présentaient, à
celle époque, un assemblage de six dolmens, formant à peu
près un cercle, composés chacun de trois pierres, Tune
formant table sur les deux autres. Il ajoute, à la vérité, que
les tables ont été renversées, il y a longtemps, mais que
chacune d'elles était encore appuyée contre ses bases (i).
Depuis lors, le marteau des vandales modernes a poursuivi
son œuvre de destruction, et onze de ces pierres ont été
brisées pour en faire des bornes ou pour réparer les chemins.
*
Nous y avons fait des fouilles, à la fin du mois d'août de
4807, mais nous n'avons trouvé, aux alentours des six
pierres restantes que nous avons dégagées, que deux petits
morceaux de silex, des fragments d'os et quelques mor-
ceaux d'une poterie faite au tour et qui parait être belgo-
romaine.
(i) Loc^cit., p. 88.
— 124 —
Voici les dimensions de ces blocs
I. Longueur
im90
Largeur.
Épaisseur .
Omj5
II. Longueur
Largeur.
Épaisseur .
Jm60
0"90
0-50
III. Longueur
Largeur
Épaisseur .
0m75
(T75
0m40
IV. Longueur ,
4m75
Largeur
Épaisseur .
lm20
Om70
V. Longueur .
Largeur. .
Épaisseur ,
1m80
1m00
Om7Q
VI. Longueur
lm50
Largeur.
im55
Épaisseur
0°75
— Om80
— lm6?J
— 1m50
Recherches à Remplacement dun cimetière à incinération
du premier âge du fer, à Contich (i).
M. l'avocat Bernavs, d'Anvers, nous écrivait le
1" février 1898 que, d'après les renseignements de M. Truyls,
industriel à Conlich, on avait découvert Tannée précédente,
(i) Province d'Anvers, arrondissement et canton d'Anvers.
— 125 —
sur le territoire de celle commune, en plantant un bois près
du hameau de Duffelschenhocck, une cinquantaine d'urnes
cinéraires qui furent toutes brisées et dont quelques-unes
contenaient des vases plus petits suivant une pratique des
Belges d'avant l'invasion romaine. Ces urnes étaient déposées
en pleine terre, à environ 0m6O de profondeur.
*
Nous nous rendîmes sur les lieux (i) le 8 février, accom-
pagné de M. Bernays, de M. Truyts et du sieur Jef Verbeek,
journalier à Gontich, qui avait dirigé les travaux de plan-
tation, et nous pûmes encore recueillir, épars sur le terrain,
de nombreux fragments de vases en terre assez grossière,
faits sans l'aide du lonr, des débris d'ossements humains
calcinés et les morceaux d'un vase minuscule qui a pu être
reconstitué.
Ce petit vase mesure 0.058 de hauteur, 0.147 de circon-
férence à la panse et 0.042 de diamètre d'ouverture.
Il est en terre grossière de couleur brune, chocolat, el
façonné uniquement à la main.
Étant retourné au Duffelschenhoeck le 4 mai suivant, en
compagnie de M. le baron Alfred de Vinck de Winnezeele,
propriétaire du terrain, et de M. Donnel, nous fîmes ouvrir
des tranchées d'exploration dans les parcelles voisines du
bois, mais sans résultat.
(i) L'endroit en question est situé à 2,150 mètres sud-est de l'église de
Contich.
— 126 —
Ayant poursuivi nos recherches dans le bois même et Tait
creuser en un point où Ton remarquait encore, à la surface,
quelques débris de poterie, nous avons découvert un bon
nombre de tessons se rapportant à un même vase d'assez
grande dimension.
Il y avait donc bien là un lieu de sépulture.
Toutefois les Belges avaient eu déjà des prédécesseurs en
cet endroit, car nous y avons récollé, çà et là, divers silex
taillés, notamment un grattoir bien caractérisé.
L'absence de débris romains, le mode de sépulture, la
nature des poteries et cette pratique de déposer des vases
minuscules a l'intérieur des urnes cinéraires, nous autorisent
à faire remonter ces tombes au premier âge du fer ou époque
Hallstattienne.
La découverte de ce cimetière vient aussi atténuer un peu
la stérilité, plus apparente que réelle, d'une province, où,
au prix d'un léger effort, il y aurait certainement à faire des
trouvailles aussi nombreuses que partout ailleurs.
Fouille d'un foyer paléolithique à Ottenbourg (i).
M. Louis De Pauw avait observé, en un point du territoire
de cette commune, les vestiges d'un foyer très ancien. Il
nous fit part de celle découverte et nous résolûmes d'un
commun accord d'y pratiquer immédialemenl des fouilles.
Celles-ci eurent lieu le 19 octobre 1899.
(4) Province de Brabant, arrondissement et canton de Louvain.
— 127 —
Les vestiges de ce foyer, qui mesuraient à peu près 1*50
de diamètre, étaient visibles en coupe à 0m80 de profondeur
dans une berge de lm75 de hauteur, exposée au midi et
située vers la partie supérieure d'un petit ravin, à environ
1,730 mètres à Test de l'église d'Ottenbourg.
COUPE OU TERRAIN.
Humus et sable 0m40
Limon non stratifié, homogène, poussiéreux,
friable, d'origine éolienne (Brabantien). . . . 0œ60
Couche charbonneuse de 0m05 d'épaisseur.
Sable bruxellien calcarifère ...... 0ra75
lra75
Les fouilles ne mirent au jour que des charbons mélangés
de terre, mais dans les environs immédiats, et au même
niveau que le foyer, furent trouvés antérieurement de nom-
breux silex taillés appartenant à l'industrie éburnéenne (i).
Fouilles au « Cro-du-Charnier » à Solutré (a).
En 1899, profitant de notre séjour à Maçon, où se tenait
cette année-là le congrès archéologique de France, nous
avons pratiqué, du 46 au 19 juin, quelques fouilles à Solutré
sans autre prétention que celle d'y recueillir nous-mêmes du
tout venant bien en place.
*
* *
(i) Troisième période glaciaire quaternaire de l'Europe centrale,
deuxième phase contemporaine de la fin de l'époque du Mammouth
(Rotot).
(») Département de Saône -et-Loxre.
— 128 —
Une tranchée de 8 mètres de longueur, de 2 mètres de
largeur et d'environ lm75 de profondeur, creusée en un
des rares endroits non encore bouleversés du gisemenl
classique, nous a donné en assez grande abondance des
ossements d'animaux (cheval, renne, bœuf, etc.); des
débris de repas (os fendus); des silex taillés (éclats détaille
obtenus par débitage intentionnel avec trace du plan de
frappe, bulbe et esquillement de percussion ; éclats de taille
irréguliers ou en forme de lames utilisés le long des bords;
grattoirs allongés; lames-grattoirs; poinçons, etc..) et une
canine de loup (canis lupus) percée à la racine d'un trou de
suspension.
Cette industrie ressemble donc beaucoup, dans son ensemble,
à celle des couches supérieures de nos cavernes (i).
si
*
D'autre part, l'exploration de la terrasse d'une petite
grotte s'ouvrant à mi-hauteur dans le flanc du rocher domi-
nant le gisement préhistorique, a amené la trouvaille, à
4m20 de profondeur, d'une sépulture en dalles brutes ren-
fermant un squelette très bien conservé, sans mobilier et
les pieds tournés vers le nord.
Dans la tombe même, et au-dessus des dalles qui en
formaient la couverture, étaient des fragments de tegulœ et
des morceaux de poteries romaines et barbares aux cassures
fortement usées, le tout très remanié et mélangé à la terre.
* *
(\) Quatrième périodo glaciaire quaternaire de l'Europe centrale, pre-
mière phase. Époque flandrienne (Rutot). Industrie tarandienne (Piette1.
— 129 -
L'âge précis de celle sépulture est difficile à déterminer.
Elle nous parait pouvoir être franque ou burgonde, mais le
docteur Jacques, qui a étudié le crâne en provenant, ne
reconnaît pas chez celui-ci les caractères propres au type
germanique
« La pièce qui nous est présentée, dit-il, n'est certai-
nement pas une pièce quaternaire. En faisant même
abstraction des conditions de gisement qui ont été relevées
si soigneusement, l'étal de conservation des os suffirait seul
à faire rejeter celle hypothèse. La seule chose que nous
puissions dire, c'est que ce crâne est postérieur à l'époque
romaine. Et cependant il présente dans ses caractères, à
côté de différences notables, des analogies frappantes avec
d'autres pièces de Solutré que l'on décrit comme quater-
naires. . .
• Quant à rapprocher ce crâne du type germanique (bur-
gonde), il me sérail bien difficile de le faire : l'élévation de
l'indice céphalique, la largeur et le peu de hauteur de la
face, les mesures du nez et des orbites me paraissent s'y
opposer d'une façon absolue.
» Je ne voudrais tirer aucune autre conclusion de cel exa-
men, car la seule hypothèse que j'oserais émettre, me por-
terait à supposer que si les crânes de Solutré, décrits par de
Quatrefages et Hamy, sont bien quaternaires, les débris de
celte race ont encore vécu longtemps dans le pays, et qu'à
Solaire, comme presque partout ailleurs, les invasions suc-
cessives d'éléments ethniques étrangers ne sont pas parvenues
à détruire complètement les populations autochtones dont
les caractères réapparaissent jusqu'à l'époque moderne. Mais
pour affirmer cette hypolhèse, il faudrait des éléments basés
— 130 —
sur une étude complète des populations actuelles, et ces
éléments je ne les possède pas » (t).
Ajoutons, de notre côté, qu'en employant le terme sépul-
ture franqueou burgonde, nous n'avons pas entendu désigner
la tombe d'un individu appartenant absolument à la race
franque ou burgonde, mais simplement une sépulture datant
de l'époque de la domination de ces barbares sur le pays,
cette sépulture ne renferma-t-elle que les restes d'un autoch-
tone.
Fouilles au « Trou des Sottais » à La Reid (î).
En 1899 également, M. le docteur Tihon a pratiqué des
fouilles dans la terrasse d'une cavité appelée Le Trou des
Sottais, située près du hameau de Hestroumont, commune
de La Reid.
Il y a rencontré, à une assez grande profondeur, sous une
couche tufacée de 0m33 d'épaisseur, les traces d'un foyer,
et parmi la terre brûlée, quelques débris de ferrailles indé-
terminables et un morceau de houille.
Le fait de la trouvaille d'un morceau de charbon de terre
dans ces conditions de gisement est fort intéressant et mène
à la conclusion suivante : ou bien le dépôt tufacé qui recou-
vrait le foyer est moins ancien qu'on pourrait le croire et
s'est formé rapidement, ou bien la date généralement admise
(0 Bulletin de la Société d'anthropologie de Bruxelles, t. XVI H
1899-1900, p. XCIX.
(«) Province de Liège, arrondissement de Verriers, canton de Spa.
— 131 —
de la découverte et de l'emploi de la houille au pays de Liège
(le milieu du xr siècle, croyons-nous) doit èlrc reculée.
Le docteur Tihon avait, du reste, rencontré antérieure-
ment à Burdinne (également dans la province de Liège), un
fragment de charbon de terre dans des subslructions belgo-
romaines qui semblaient n'avoir point subi de remaniements
postérieurs.
Fouilles dans la grotte de Hohière ou grotte d Aisne,
à Heyd (i).
Une tranchée large et profonde ouverte par le docteur
Tihon dans les dépôts meubles de cette grotte, a révélé la
présence, au sein de ceux-ci, de deux foyers superposés
d'âge différent.
Le premier, en commençant par le haut, était très consi-
dérable et datait de l'époque belgo-romaine. On y a recueilli
des morceaux de vases faits au tour et une mâchoire
humaine («).
Le second, moins étendu et moins épais, était pré-romain.
Il a donné de nombreux fragments de poteries grossières
quoique bien lissées, non faites au tour, de couleur brun-
rougeàlre, ornementées de séries de lignes ou de stries
parallèles très rapprochées les unes des autres, se coupant
(1) Province de Luxembourg, arrondissement de Marche, canton de
Durbuy.
(t) Mandibule d'enfant, deuxième dentition, pas de troisièmes molaires,
cuspides à peine entamées. (Houzé, Bulletin de la Société d'anthropologie
de Bruxelles, t. XVII, quatrième fascicule, 1898-1893, p. 369.)
— 13a —
€D tout sens et tracées légèrement en creux, sur la pâle
molle, au moyen d'un instrument qui devait être une sorte
de peigne.
Ces tessons mesurent de OmOIO à 0m013 d'épaisseur et
semblent provenir de deux ou trois vases différents. Nous
n'hésitons pas à les rapporter à l'âge du fer (i). Le docteur
tihon a trouvé aussi, à ce niveau, associés aux fragments
de poteries dont il vient d'être question, une fusaïole ou
volant de fuseau fait de la même terre que ceux-ci.
Fouilles à Goflbntaine.
Enfin les fouilles pratiquées à Goflbntaine, hameau de la
commune de Cornesse (*), en une cavité voisine de la grotte
étudiée jadis par l'illustre Schmerling, n'ont donné, au point
de vue archéologique et ethnographique, aucun résultat.
Le docteur Tihon y a fait, par contre, d'intéressantes
constatations d'ordre géologique.
* *
Adressons ici, à M. Louis Cavens, l'expression de notre
vive gratitude pour son généreux concours et remercions
également M. le Bourgmestre de Hampteau, M. A. Dubois,
directeur des forêts à Bruxelles; M. Houba, inspecteur des
Eaux et Forêts, à Marche; M. Alfred Bequet, président de
la Société archéologique de Namur; M. Ed. Bernays, avocat
(0 Nous avons remarqué, en 1900, au musée de Nîmes (Maison Carrée
des fragments semblables et ornés de même façon, provenant de l'oppidum
de Nages (Gard).
(*) Province de Liège, arrondissement de Verviers, caaton de Spa.
— 155 —
à Anvers; M. Charles Truyls, industriel à Conlich; M. le
sénateur Baron Alfred de Vinck de Winnezeele et l'admi-
nistration communale de Resteigne des autorisations et des
obligeants renseignements qu'ils ont bien voulu nous donner.
Bruxelles, avril 1905.
Bon Alfred de Loë.
*"*:
•■m/?*
., ~"">*
/ *
/
[MISSION ROYALE DES MONUMENTS,
ÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SEANCES
es 2, 9, 16, 23 et 30 mai; des 6, 13, 20 et 27 juin 1903.
PEINTURE ET SCULPTURE.
avis favorables ont été émis sur :
,a proposition de confier à M. Maillard la restau- ^uM
de deux tableaux que possède l'église de Minderhoul Vue?«0."
•s), sous la réserve que ce travail s'exécutera sous la
>n d'un membre du Comité provincial des corres-
ils, dans le local du musée d'Anvers;
•e projet relatif à la décoration de l'église de Heusy g„liM
)• Au cours des travaux, l'auteur, M. Meunier, devra DiorïîS.
la petite frise ornementée contre les chaînages des
3, sans empiéter sur ceux-ci. Pour la réfection des
es et enduits, on peut adopter indifféremment le
ou l'asphalte recouvert d'un plâtrage ordinaire;
— 136 —
<t« Bleguj.
Décoration.
Btf»
iM
de Houcke.
Décoration.
Églhe d'Alkea
Vitrail.
tfgl iM de
Siinl-JacquM,
a Anvers.
Verrière.
Église de
Cambrnn-Cfttteau
Vitraux.
Église
de G boy.
Vitraux.
Église
d'AUcmberg.
Vitraux.
3° Le projet relatif à l'exécution de peintures décoratives
dans l'église de Blégny, sous Trembleur (Liège), sous les
réserves suivantes, qui ont été communiquées verbalement
à l'auteur, M. Tassin : a) un rusticage sera substitué aux
losanges pour le fond des murs; b) la partie de l'architecture
construite en pierre de taille se raccordera d'une façon
modérée à la décoration générale par quelques points de
couleur; c) les encadrements des figures seront revus. Il
doit être entendu que l'auteur fera d'abord un échantillon
de la décoration sur une travée de l'édifice. La Commission
le fera examiner par des délégués avant que l'œuvre entière
ne soit poursuivie;
4° Le projet concernant l'exécution de peintures décora-
tives dans l'église de Houcke (Flandre occidentale); auteur,
M. Goelhals;
5° Le projet d'un vitrail peint destiné à la fenêtre
centrale de l'abside de l'église d'Alken (Limbourg); auteur,
M. Ladon;
6° Le projet relatif au placement d'une verrière dans le
pourtour du chœur de l'église de Saint-Jacques, à Anvers;
auteur, M. Ladon;
7° Le projet relatif au placement de vitraux peints dans
l'église de Cambron-Casteau (Hainaut); auteur, M. Ladon;
8° Le projet de vitraux à placer dans l'église de Ghoy
(Hainaut); auteur, M. Casier;
9° Les dessins de vitraux à placer dans le chœur de
l'église d'Alsemberg (Brabanl), à la condition qu'il sera tenu
compte des observations fartes par le Comité diocésain des
monuments et de celles que M. le chanoine Reusens a
communiquées verbalement à M. Uobbelaere, notamment
(
ot-Rombeut,
k MaliQes.
Monument
funéraire.
— 137 —
en ce qui concerne le remplacement de certains patrons
qui n'existent pas, tels que Sainle-Célestine, par exemple, à
laquelle il faudra substituer Saint- Céleslin, etc.;
10° Le projet relatif à l'exécution d'une statue pour le egti»
1 • 'de Noire-Dame,
portail sud-ouest de l'église de Notre-Dame, à Huy (Liège); J^
41° Le projet d'un monument à ériger à la mémoire de ^.^J^
feu Son Éminence le Cardinal Deschamps, dans l'église de
Saint-Rombaul, à Malines (Anvers), moyennant qu'au cours
de l'exécution on ne place pas Saint-Alphonse sur un socle.
Si l'auteur, M. Van Wint, cherche à le faire dominer, il
obtiendra mieux ce résultat en augmentant les proportions
de la statue. Il conviendra aussi de revoir la partie archi-
tecturale du monument projeté;
13° Le projet relatif au placement d'un chemin de la fruie
r * r «THevilleri.
croix dans l'église d'Hévillers (Brabant); sculpteur, M. De dec£e£0'îx.
Beule;
13° Le projet relatif à l'exécution d'un chemin de la croix t%\\%*
1 * de Saint-Pierre,
pour l'église de Saint-Pierre, à Louvain (Brabant) ; sculpteur, àcE2JjlB-
M. Van Wint; de,acroix'
14° Le projet concernant le placement de deux statues mm *• pii
r * r d'Anderlecht.
dans la salle d'audience de la justice de paix d'Anderlecht; 8taluef'
sculpteur, M. Dekeyser;
J5° Le projet relatif à l'érection, à Molenbeek-Saint-Jean noo..m«ot
eommémoraUf
(Brabant), d'un monument commémoratif des installations ^JSSSJ"
maritimes. Au cours de l'exécution, l'auteur, M. De Wever, *s£n£w~
devra accuser franchement l'encadrement du bas-relief du
piédestal. Il est entendu que l'approbation ne s'applique pas
au dessin de la grille destinée à proléger le monument,
laquelle sera exécutée plus tard. Elle devra faire l'objet
d'une autre étude conçue pour que ce travail soit exécuté
— 138 —
en fer forgé et non en fonte, celte dernière matière étant
trop fragile.
dcw&mtue ~"a été procédé, le 28 avril 1903, en l'église de
»«»(£? Weslmalle, de concert avec MM. le chanoine Van Casier
et Donnet, membres du Comité des correspondants de la
province d'Anvers, à l'examen des restes de peintures
murales que les récents travaux d'agrandissement ont rendu
au jour.
Ces vestiges, qui s'aperçoivent sur les six piliers de la nef
médiane, représentent des Apôtres.
Les couleurs et les dessins en sont vagues, il est vrai,
mais après les avoir ravivés à l'aide d'un frottage à l'huile,
on reconnaît le motif de la composition.
Il ne serait pas difficile de prendre des calques coloriés
de ces peintures, puis de tenter de les reconstituer en bor-
nant, avec circonspection, un essai à une seule effigie.
Si une réussite couronnait les efforts de l'artiste, on
pourrait poursuivre la restitution et même compléter la
série des Saints sur les six autres colonnes nouvelles
comprises dans la partie agrandie du temple.
ËKiite — Il a été procédé, le 50 avril 1903, dans l'église de
de Nreroeteren. .
mu!?!? Neeroeteren, a 1 examen de la peinture du Jugement dernier,
sur le tympan de l'arc triomphal, d'après les dispositions
générales du calque relevé à ce même endroit.
M. Van Neuss, membre du Comité des correspondants
du Limbourg, assistait à cet examen.
Le résultat obtenu est satisfaisant. Toutefois, il y aura
lieu de supprimer l'appareil de pierres peint, si peu accentué
soil-il, qui forme le fond de cette composition.
Les fleurages qui ornent la voûte et qui donnent à l'église
— 139 —
ud aspect à la fois monumental et élégant, sont bien réussis
et comme dessin et comme coloris.
On pourra essayer de décorer, suivant les propositions
de l'artiste, l'un des panneaux du chœur.
On peut aussi, à titre d'essai, peindre un des panneaux
des cinq mystères joyeux sur le fond du transept. De même,
il convient de dessiner et de colorier le second des deux
prophètes, dont l'un a été retrouvé sous le badigeon d'une
travée de la grande nef. Tous ces travaux seront examinés
en même temps par la Commission royale dès qu'ils seront
achevés.
— L'examen auquel il a été procédé, le 6 mai 1903, de
douze vitraux, de trois autels et d'une chaire placés dans
l'église de Fontaine- Valmont (Hainaut) a démontré que ces
œuvres sont convenablement exécutées et qu'il y a lieu,
pour le Département de l'Agriculture, de liquider le subside
de fr. 1,890-83, promis sur les crédits des Beaux-Arts, en
vue de ce travail.
— A la demande de M. le curé de la paroisse, il a été
procédé, le 30 avril 1903, à l'examen sur place des peintures
murales à exécuter derrière les autels latéraux et au-dessus
de la porte d'entrée de la nouvelle église de Grimde, sous
Tirlemont (Brabant).
A cette occasion, examen a été fait des peintures exécu-
tées dans le chœur de l'église et de la représentation du
Jugement dernier qui orne déjà le tympan au-dessus de l'arc
triomphal.
En ce qui concerne les peintures du chœur, l'artiste n'a
pas tenu suffisamment compte des observations rappelées
dans le rapport du 4 octobre 1901. Le Collège croit néceS-
ÉgK*
d« Foniaioe-
Valmont.
VilTMX
et meuble*.
Éfflitt
de Grinitle.
Peinture»
morales.
— 140 —
saire d'insister sur ces critiques, qui peuvent être appliquées
aussi aux peintures de l'arc triomphal.
L'aspect général du Jugement dernier n'est pas satisfaisant.
Les tons en sont trop crus et si certaines figures comme
celle se trouvant à la droite du Christ, au bord de la compo-
sition, ne sont pas dénuées de talent, il faut constater d'autre
part que le fond noir sur lequel se détachent les sujets peints
à gauche du Christ est trop dur et fait tache dans l'ensemble.
L'artiste a d'ailleurs fait erreur en faisant dépendre une
partie de sa composition de celle de la fenêtre centrale
percée au-dessus de l'arc triomphal.
La Commission est d'avis qu'avant de continuer l'œuvre
de la décoration picturale de l'église de Grimde, il convient
de chercher à améliorer les peintures faites jusqu'à ce jour,
dût l'artiste être payé pour la peinture de ces quelques
parties de l'église, comme si son travail s'était étendu à
toute la décoration de toute l'église.
Cette expérience prouve une fois de plus qu'il est impos-
sible de bien décorer un monument à trop bon compte.
Hôtei de Tiue — Ha été procédé, le 26 mai 1903, à l'examen des
de
su** m°dèles, mis en place, des nouvelles stalues destinées à la
décoration de la façade ouest de l'hôtel de ville de Louvain.
MM. Hanon de Louvet, Langerock et Van Even, membres
du Comité des correspondants du Brabanl, assistaient à cet
examen.
L'ensemble de ce travail décoratif est satisfaisant. On
voudrait toutefois voir donner aux statues représentant des
personnages anciens un cachet plus gothique se rapprochant
mieux des types en usage au temps où l'édifice a été érigé ;
les barbes surtout laissent à désirer sous ce rapport.
— Ui —
L'attention des artistes, MM. Vermeylen et Van Uytvanck,
a été aussi appelée :
1° Sur les figures de la quatrième rangée vers le haut de
la tourelle à droite du spectateur, dont les proportions
devraient être légèrement réduites; les têtes se rapprochent
trop des dais qui les abritent ;
2° Sur la figure de prophète, à l'angle de la tourelle, à
gauche du spectateur, dont la main droite devrait être rap-
prochée du buste en vue d'éviter une prompte destruction
de ce membre ;
3° Sur la statue représentant le Roi Léopold II : le par-
chemin qu'elle tient à la main droite devrait être raccourci
ou légèrement roulé; ce parchemin semble donner au bras
une longueur exagérée qu'il n'a pas en réalité;
4° Sur la convenance de grouper, lors du placement
définitif, les statues représentant des souverains d'époques
relativement récentes;
5° Sur l'utilité de reculer, en général, les figures un peu
plus vers le fond des niches.
Sous réserve qu'il sera tenu compte des recommandations
qui précèdent, on peut autoriser l'exécution définitive des
statues précitées.
— Lors d'une inspection faite à Gand, le (3 mai 1903, HAuideviiu
de
il a été procédé à l'examen des statues posées définitivement ££
dans les niches de la façade principale de l'hôtel de ville.
Tout en reconnaissant que ces œuvres sont bien traitées
au point de vue sculptural, on y a constaté le désaccord qui
se manifeste entre les plinthes des statues et la forme du
piédestal qui les supporte ainsi que le volume exagéré de la
plupart d'entre elles.
Dans la poursuite du développement du programme qui
lui a été tracé, des autres sujets à représenter» il importera
que, s'unfssant à l'architecte, M. Dillens harmonise les formes
des socles des statues avec leurs supports et leurs niches.
Les proportions des statues doivent être telles qu'elles
continuent les lignes de l'architecture et qu'elles complètent
celles-ci sans les contrarier.
D'autre part, il est indispensable que les modèles grandeur
d'exécution soient présentés sur place avant l'exécution défi-
nitive.
ÉfHM — Il a été procédé, le 4 juin 1903, à l'examen des sculp-
de Noire-Dame, . , . .. . „ ,. _
su"™' tures u lymPan «u K1^11^ portail de 1 église de Notre-
Dame, à Anvers, des statues du même portail et de celles
du portail nord.
MM. Bilmeyer, Smekens et Van Leemputten, membres
du Comité des correspondants de la province d'Anvers,
assistaient à cet examen.
Ces importantes compositions, dues à M. J.-B. Van Wint,
constituent des œuvres d'une réelle et grande valeur. Leur
exécution n'est pas moins remarquable que leur conception.
On y retrouve complètement les traditions et les qualités
artistiques qui distinguaient les œuvres de ce genre à
l'époque où a été érigé l'édifice. Ce travail décoratif est, à
tous les points de vue, digne du magnifique monument qu'il
est appelé à compléter.
S'il y a lieu de féliciter vivement l'auteur de cette vaste et
belle conception, il convient aussi de louer le Bureau des
Marguilliers et le Conseil de fabrique qui en ont pris
l'initiative et qui, par leur persévérance, ont su la mener
à bonne fin.
- 4*3
CONSTRUCTIONS CIVILES,
La Commission a émis an avis favorable sur le projet Jjgjgg* j
relatif au dégagement de l'ancienne boucherie d*Ànvers. d'AnTcM-
L'attention de l'Administration communale a été appelée sur
l'importance donnée aux tourelles des maisons bordant le
nouvel alignement proposé. Le Collège craint la concurrence
de ces tourelles avec celles de la boucherie.
— Pour se prononcer sur le projet de la restauration des contertaioire
■ ■ » de musique
façades du Conservatoire de musique de Gand, la Commis- 6aod.
sion a jugé utile de le faire examiner sur place.
Il résulte de cette constatation, qui a eu lieu le 13 mai
1903, de concert avec MM. Serrure, De Ceuleneer et Van
der Haegen, membres du Comité des correspondants de la
Flandre orientale, que les travaux, qui sont à leur début,
s'effectuent de façon satisfaisante et que l'architecte prend à
tâche de restituer au monument son aspect primitif d'après
les indices trouvés dans les maçonneries.
Le projet prévoit le rétablissement des deux lucarnes,
xvi# siècle, qui faisaient partie intégrante de la décoration.
Elles sont empruntées au type, d'un gracieux caractère, qui
surmonte la maison conliguë, rue Haut-Port, occupée par
un café.
M. l'architecte Van Rysselberghe devra être invité, au
cours des travaux, à réduire un peu les dimensions de ces
lucarnes. L'effet général du bâtiment s'en trouvera bien.
— Il a été procédé sur place, le 8 juin 190.1, à l'examen Mit de jutie*
du projet relatif à des modifications demandées dans la distri-
bution de certains locaux du Palais de Justice de Liège,
— 144 -
afin de satisfaire à des nécessités signalées par les magis-
trats.
MM. Lohest, Jamar et Renier, membres du Comité pro-
vincial des correspondants, assistaient à cet examen.
Si les travaux projetés ne comportaient que des remanie-
ments intérieurs, il n'y aurait aucun inconvénient à en
autoriser l'exécution, bien que la distribution des bureaux
ne soit pas irréprochable. Mais l'installation nouvelle devant
nécessiter le percement de fenêtres vers la deuxième cour
du palais, il en résulterait une modification très sensible
dans la disposition de la façade intérieure, laquelle modifi-
cation ferait un tort considérable à l'aspect de l'architecture
très simple et très austère de la cour. Une modification aussi
importante de cette belle partie du palais ne semblerait
pouvoir être tolérée qu'au cas où l'on ne pourrait absolument
l'éviter.
Il est question, depuis un certain temps déjà, de construire
de nouveaux et vastes locaux dans la troisième cour du
palais. S'il est donné suite à ce projet, dont les études sont
en cours, on pourra y réserver des emplacements pour les
services que Ton se propose d'installer aujourd'hui dans le
couloir donnant sur la deuxième cour; ce couloir servira
alors à la bibliothèque des avocats, pour laquelle les jours
actuels seront suffisants, tandis qu'ils ne le seraient point
pour des bureaux.
On ne peut donc qu'engager les autorités intéressées a
ajourner les remaniements proposés aujourd'hui.
Ancienne — En vue de répondre à la dépèche de M. le Ministre de
dC*Toûra.i. l'Agriculture, en date du 25 avril 1905, la Commission a
fait procéder à l'inspection des vestiges de l'ancienne
- H8 -
eweinte de la ville 4e Tournai située le long de la petite
rivière, eptre l'Escaut el la porte de Marvis.
M. le Goqvemeur de la province du Ifainaut, président,
et MM. Soil, Sonneville et Devillers, membres du Comité
des correspondants, assistaient à cette inspection.
L'État a fait cession à la ville de ces restes des fortifi-
cations.
En ce qui concerne la partie de ces remparts qui s'étend
devant la caserne de cavalerie, l'Administration communale,
avant d'en accepter la remise, sollicite de l'État une partici-
pation de moitié au moins dans les frais de consolidation, de
restauration et de clôture qu'entraîneront les travaux exigés
par l'autorité militaire et dont le devis s'élève à la somme de
fr. 12,266-31.
Examiné attentivement sur place, le projet de consoli-
dation présenté n'a soulevé aucune observation. Il ne com-
porte d'ailleurs que le strict nécessaire pour assurer la
conservation de ces vestiges qui remontent au xin° siècle.
Si, en 1891, se basant sur des considérations hygiéniques
que faisait valoir le Département de la Guerre, on avait cru
pouvoir abandonner l'idée de conserver la partie des rem-
parts située à proximité de la caserne, il semble que l'on est
d'accord aujourd'hui pour reconnaître que les conditions
d'hygiène seront singulièrement améliorées lorsque Ton aura
exécuté les travaux projetés, lesquels, entre autres, ont pour
but de ramener le rempart à sa hauteur primitive par
l'enlèvement de la partie supérieure de courtine ajoutée à
une époque beaucoup postérieure à la construction, peut-être
à l'approche d'un siège, si l'on en juge par sa construction
très médiocre.
D'autre part, si l'intérêt archéologique dé ces vestige*
n'est pas de premier ordre, il n'feii ' 'ètft pas moïtis vraïqt»
les constructions de ce genre el de cette époque sont extrê-
mement rares dans notre pays; l'intérêt historique qui s'y
rattache a aussi son importance, sans compter que le carac-
tère pittoresque joue ici un rôle manifeste. Vue du boulevard,
la ville se présente, au delà des fortifications, pour ainsi dire
sous l'aspect qu'elle avait au moyen âge. Examinées oblique-
ment, du côté de l'Escaut, les tours de Marvis, si pittoresques
et encore complètes avec leurs courtines, donnent, aujour-
d'hui encore, l'illusion d'une enceinte continue.
Ces considérations militent en faveur de la conservation
Intacte de ce qui subsiste de ce spécimen d'enceinte primi-
tive, laquelle, du reste, donne une idée exacte du système
de défense de la ville à cette époque. Aussi, ne peut-on
qu'engager l'État à faire le léger sacrifice financier qui lui
est demandé pour atteindre le but, éminemment louable,
'que l'autorité locale a en vue.
Manoir d'Henou. — Les ruines de l'ancien manoir d'Herzele ont fait l'objet
d'une inspection, le 2 juin 1903, de concert avec MM. De
Waele et Van Biesbroeck, membres du Comité des corres-
pondants de la Flandre orientale.
Le monument dont il s'agit constitue un type de construc-
tion féodale des plus intéressants dont il reste peu d'exemples
dans notre pays. L'enceinte est complète; elle était baignée,
sur tout son pourtour, par l'eau des fossés; la grande tour
cylindrique, la partie la plus importante de ce qui subsiste
du cftqlpau, plonge encore aujourd'hui partiellement dans
l'eau.
Il n'çpl pas surprenant qu'un artiste de talent, tel que
— 447 —
M. î)e Waele, ail été séduit par la vue de ces restes où l'on
retrouve toute la disposition primitive de la forteresse et
qu'il ail été amené à proposer de rendre à la lumière des
documents qui intéressent sérieusement les études de
l'architecture féodale.
Ajoutons que le manoir d'Herzele se trouve dans une
situation réellement ravissante; c'est un des plus beaux
sites des Flandres.
La vue du château, publiée par Sanderus en 1735, nous
fait voir qu'Herzele était déjà en ruines à cette époque; seule
la grosse tour cylindrique avec ses mâchicoulis et sa couver-
ture en cône ainsi que le corps de bâtiment adjacent étaient
encore intacts.
Sans doute, on ne peut songer à reconstituer, même
partiellement, le manoir. Tout ce que Ton pourrait faire, ce
serait de chercher à maintenir, dans leur situation actuelle,
les parties en élévation qui ont conservé leur belle et puis-
sante allure en bouchant par un bétonnage et des coulis de
ciment les brèches supérieures des murailles par où les
eaux s'introduisent et disloquent les maçonneries et en
gazounanl ensuite le sommet de celles-ci.
On pourrait peut-être, comme complément, déblayer les
fossés pour remettre en évidence la configuration du manoir;
ensuite, y faire revenir l'eau. Dans ce cas, il serait peut-être
nécessaire de relever un peu certains murs de courtines.
D'après des renseignements fournis par M. le notaire
De Vuyst, délégué de Mma la baronne van de Woestyne, la
propriétaire est toujours disposée à consacrer 4,000 francs
aux réparations et à admettre la servitude de ne pas bâtir
sur le pré qui dégage la vue des ruines du côté de la
— 148 —
chaussée, pourvu que le Gouvernement se charge de foire
des réparations pour plus que cette somme. Si non, Ma* la
baronne réparera elle-même par des récrépissages et conser-
vera la propriété quitte et libre.
Il ne parait guère possible de demander davantage à la
propriétaire; la servitude qu'elle s'impose constitue déjà uo
sacrifice important, attendu que le terrain longeant la
chaussée, presque au centre du village, représente une
valeur importante. Ce sacrifice serait évidemment tout à
l'avantage du pays; aussi faut-il regretter que les pouvoirs
publics ne puissent intervenir financièrement et qu'il faille
assister impuissants à la disparition lente mais continue de
documents aussi importants au point de vue de l'histoire, de
l'art et de l'archéologie que du caractère pittoresque du
lieu.
La commune est la principale intéressée à la conservation
de ces ruines, qui, si elles étaient mieux connues, ne man-
queraient pas d'attirer dans la localité de nombreux visiteurs.
Au cas où il serait possible d'obtenir le concours financier
des pouvoirs publics, il importerait que la servitude consentie
s'applique non seulement au présent, mais aussi à l'avenir,
afin que la conservation du site et du monument soit désor-
mais assurée.
Nous avons souligné ci-dessus le mol récrépissage qui a
sans doute été écrit par erreur et qu'on a voulu dire rejoin-
toyage. S'il en était autrement, il faudrait condamner abso-
lument une telle opération qui, tout en étant inefficace au
point de vue de la conservation des maçonneries, ne pourrait
que dénaturer ces belles ruines. Dans ce cas, il vaudrait
infiniment mieux abandonner celles-ci à leur sort.
— 149 —
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs : uooitroctioo
et restauration
1° A la construction d'un presbytère à Hompré (Luxem- ëe pw»*jt*«.
bourg), sous réserve de tenir compte des observations pré-
sentées par le comité diocésain d'art chrétien ; architecte,
M. Gupper;
2° A la construction d'un presbytère à Kinkempois, sous
Àngleur (Liège), à la condition que Ton supprime les arca-
lures des rampants du pignon de l'avant-corps; architecte,
M. Lamy;
3° A la construction d'un presbytère à Slaceghem, sous
Harlebeke (Flandre occidentale) ; architecte, M. Vercoutere;
4* A la construction d'un presbytère à Rillaer (Brabant),
moyennant que l'on augmente l'inclinaison de la toiture dont
la pente n'est pas suffisante pour une couverture en tuiles;
architecte, M. Van Areubergh;
5° A là construction d'un presbytère à Woesten (Flandre
occidentale), sous la réserve de tenir compte des observations
présentées par la Députation permanente du Conseil pro-
vincial; architecte; M. Vercoutere;
6» A la reconstruction du presbytère de Rieseghem (Bra-
bant), sous les réserves suivantes : a) la tour sera supprimée;
elle est inutile; b) les corniches, en général, seront allégées ;
c) les marches des escaliers auront plus de largeur et moins
de hauteur, soit On25 sur 0m16; architecte, M. Geens;
7° A l'exécution de travaux d'appropriation et de restau-
ration au presbytère de Ponlillas (Namur);
« 150 —
8° À l'appropriation du presbytère de Vinalmont (Liège);
architecte, M. Piron;
9" À l'appropriation du presbytère de Knesselaere (Flandre
orientale), à la condition que la citerne et la fosse d'aisance
soient écartées l'une de l'autre d'une façon suffisante pour
éviter toute communication et infiltration entre ces réservoirs
et que, d'autre part, ceux-ci ne louchent, en aucune façon,
aux murs du bâtiment; architecte, M. Haché;
1 0° A l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de Hampteau (Luxembourg);
11° À la restauration du presbytère de Mariembourg
(Namur) ;
12° A l'exécution de travaux de réparation au presbytère
de La Hestre (Hainaul); architecte, M. Lechien;
13° A la restauration du presbytère de Saint-Denis
(Namur) ;
11° A la reconstruction du mur mitoyen entre le jardin
du presbytère de Jesseren (Limbourg) et le potager de la
ferme Del vaux; architecte, M. Geirnaert;
15° A la construction de dépendances au presbytère de
Hendrieken-Voordt (Limbourg), et à la restauration de
l'habitation ; architecte, M. Geens.
Prêter» — A la demande de M. le curé d'Oosiham (Limbourg),
une délégation de la Commission royale des monuments s'est
rendue, le 30 avril 1903, en cette commune pour y visiter
les travaux en cours à l'extérieur du presbytère et s'assurer
de l'état intérieur de cet édifice rangé dans la troisième classe
des monuments civils.
. S'il est intéressant par ses façades, il ne l'est pas moins à
l'intérieur. On y découvre des traces nombreuses du goût
— 151 —
avec lequel il a été édifié. Ainsi, au premier palier de
l'escalier tout en chêne de l'époque depuis le bas jusqu'en
haut, se trouvent des verrières en forme de médaillons
ornant, d'une façon très gracieuse, une fenêtre de faible
importance. Ces médaillons, portant le millésime de 1680,
représentent des personnages en pied avec armoiries et sont
incontestablement de l'époque. A diverses places, les contre-
marches de l'escalier sont munies de trous se fermant par
des clapets mobiles dans des glissières. Ces trous servaient
de meurtrières en cas d'attaque.
Les plafonds de plusieurs places semblent d'époque plus
récente, fin du xvm' siècle sinon du commencement du xix*.
Ne recouvrent-ils pas des gites et voussetles encore appa-
rentes sous le plâtras et le badigeon du plafond de la salle
servant de bureau?
Des placages en bois peint en imitation de marbre
entourent les cheminées. Que sont en réalité celles-ci?
Toutes ces questions demandent, pour être résolues, des
recherches qui devraient être suivies de proportions permet-
tant une restauration simple mais artistique de l'intérieur de
l'édifice.
Au surplus, si on veut le conserver, il importe que des
travaux de réparation y soient faits d'urgence.
M. l'architecte Christiaens, chargé des travaux en cours
d'exécution à l'extérieur, parait tout désigné pour s'occuper,
comme il convient, de l'intérieur.
Il y aura lieu de charger cet architecte de cette mission;
elle devra se borner à ce que réclame strictement la mise en
état convenable du presbytère d'Oostham.
— 182 —
ÉGLISES. - CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
dei^d. *° ^ Payvelde, sous Belcele (Flandre orientale), sous
réserve qu'au cours de l'exécution l'auteur diminue la
saillie sur la façade principale de la tourelle d'escalier et
qu'il supprime les arcs encadrant les petites fenêtres de la
tour; architecte, M. Geirnaert;
dc.sfiou vicier 2' ^ ^iége, paroisse des SS. Victor et Léonard. Conlrai-
^u*^' remeut à l'avis du Comité des correspondants, la Commission
estime que la flèche à quatre pans, telle que l'a dessinée
M. Froment, est préférable au tracé primitif. Mais elle pense,
avec le Comité, que le bandeau sous les fenêtres des bas
côtés, à l'intérieur, doit être supprimé; que l'éclairage du
bas de la tour serait avantageusement modifié dans le sens
qu'il indique. Il n'y a pas lieu de réduire l'espace entre les
arceaux de la grande nef et le seuil des fenêtres; on trouvera
là, plus tard, un emplacement très convenable pour une frise
peinte. Au cours de l'exécution des travaux, il importera de
prendre toutes les mesures de précaution nécessaires en vue
d'assurer le libre écoulement des eaux au pied des murailles
de l'édifice;
£,11*, 3° A Thielrode (Flandre orientale). Au cours d'une
deTlûelrode.
conférence avec M. Geirnaert, le Collège a engagé cet archi-
tecte à arrêter les contreforts de la tour à la hauteur du
pied des abat-sons, à leur donner plus de vigueur et à
augmenter la surface de tous les contreforts de l'édifice qui,
en général, paraissent faibles. 11 conviendra aussi, si la
— 153 —
situation le permet, d'avancer légèrement la façade princi-
pale vers l'ouest, dç façon que le pignon de la haute nef soit
dégagé de la tour. En tous cas, on devra plaper l'escalier à
l'intérieur de la tour en vue de ce dégagement;
4° A Hompré (Luxembourg), sous la réserve de tenir
compte des observations présentées par le Comité diocésain
d'art chrétien; architecte, M. Cupper;
5° A Bagimont (Luxembourg), sous les réserves suivantes :
a) le filet en pierre prévu sous les corbeaux, au pied de la
flèche, sera supprimé ; b) on donnera, si possible, moins de
variété de matériaux à l'intérieur de l'édifice; c) les pilastres
des arcalures du jubé s'arrêteront à la balustrade, sans se
profiler sur celle-ci; architecte, M. Van Gheluwe.
Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des
églises :
1° De Marloie (Luxembourg); architecte, M. Van Ghe-
luwe ;
2° De Hodeige (Liège). Contrairement à l'avis de
M. Jamar, membre du Comité des correspondants, la Com-
mission estime qu'il n'y a pas lieu de proscrire, pour cette
entreprise, le calcaire des bords de la Meuse, pourvu que
les recommandations suivantes soient observées : 1° les
pierres de Meuse (calcaire carbonifère) proviendront des
bancs désignés ci-après : a) étage inférieur ; cinq quarts de
pied ; mince blanc ; deux pieds de dessous ; via de biche ;
sept pieds; douze pouces; fort banc; b) étage supérieur :
deuxième banc de trois pieds ; banc des crèches ; banc de
dessous; blanche roche; quatre gros bancs, ainsi que les
produits similaires présentant, sous tous les rapports, les
mêmes garanties de résistance et provenant de toute autre
ËfllM
d« lit
omprë.
Bflisa
de Bagtwopt.
EfliM
de Marleie.
de Uodeige.
— 154 —
carrière, soit du vallon de Sara son, soit des carrières en
amont de Namur ; 2° l'entrepreneur devra indiquer, dans sa
soumission, la provenance de la pierre de taille et fournira,
en outre, un état exact des carrières la lui fournissant.
Ainsi que les projets ci-après :
Et»»». 3* Reconstruction de la tour de l'église de Samponl,
de SampoAl*
commune deHachy (Luxembourg); architecte, M. Wûrlh;
CfiiM 4° Construction d'un porche au transept de l'église de
de Griref nê«.
Grivegnée (Liège); architecte, M. Demeuse;
«fi* 5° Exhaussement de la tour, construction d'une annexe
de Fouettes*
et travaux d'appropriation de l'église de Fouches (Luxem-
bourg), sous la réserve de tenir compte de l'observation du
Comité diocésain d'art chrétien, quant à la nécessité de
construire la chapelle des fonts sur plan carré, de manière
qu'elle occupe tout l'espace formé par l'angle rentrant entre
la tour et le mur de façade; architecte, M. Wùrth,
ohjeu mobilier 6° El» enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux
églises de :
Warneton (Flandre occidentale) : confessionnal el armoire
de sacristie.;
Saint-Jean-in-Eremo (Flandre orientale) : complément du
mobilier;
Notre-Dame de Bon-Secours, à Alosl (Flandre orientale) :
mailre-autel et cloches ;
Bosson, sous Werbomont (Liège) : mobilier complet;
La Chatqueue, sous Seraing (Liège) : mobilier complet;
Assenois, sous Offagne (Luxembourg) : mobilier complet;
Locre (Flandre occidentale) : portail en bois.
éfii» d-Etet. — A la suite d'un premier examen des pièces relatives à
l'agrandissement de l'église d'Exel (Limbourg) et notamment
— 153 —
des rapports de M. l'architecte provincial et du Comité des
correspondants, il a été décidé qu'une délégation se rendrait
à Exel. Cette inspection s'est faite, le 30 avril 1903, avec le
plus grand soin.
Les plans présentés pour l'agrandissement de celte intéres-
sante église sont bien étudiés. Toutefois, les auteurs devront
les revoir en ayant égard aux observations et demandes
suivantes :
1° Il existe du côté sud des contreforts du xvi* siècle
portant encore le millésime de 1517. Tous les contreforts à
refaire doivent être rétablis d'après le modèle des anciens
contreforts;
2° De même, pour les meneaux des fenêtres, il y a lieu
de suivre non pas ceux de 1903, mais les modèles encore
bien conservés qu'offrent les demi-fenèlres de la claire-
voie;
3° On a soulevé la question de mettre les fonts dans le
portail sud bien conservé, parce que ce dernier ne s'ouvre
pas sur une voie d'accès. La Commission estime que ce
portail mérite à tous égards de rester ouvert. Peut-être les
architectes trouveront-ils une solution qui satisfasse à la fois
aux exigences de l'art et aux désirs manifestés quant aux
facilités de l'exercice du culte ;
4° Des bandeaux de pierre blanche, caractéristiques du
xvie siècle, se voient encore nombreux dans les maçonneries
extérieures de l'église; il y a lieu d'en reproduire d'analogues
pour l'ornementation des nouvelles constructions.
— Le projet soumis en vue de l'agrandissement de l'église échu
de Knocki
de Knocke (Flandre occidentale), a fait l'objet d'un examen
sur place.
- 156 —
L'église de ce village maritime est moderne hormis sa
petite tour octogonale du xvi* siècle qui ne manque pas
d'intérêt. Elle n'est pas une inconnue pour les artistes qui,
en quête de sites pittoresques sur le littoral, Font, maintes
fois, tracée au crayon et au pinceau. Son mérite artistique
est suffisant pour la ranger dans la troisième classe des
édifices monumentaux du culte.
Après avoir pesé mûrement, sous tous ses aspects, la
question de la conservation -ou de la démolition, la Commis-
sion estime que les défauts que l'on reproche à 1 édifice
existant ne sont pas suffisants pour motiver une reconstruc-
tion totale. L'entreprendre en vue d'élever une construction
con ligue entraînerait, en pure perte, une dépense double,
au moins, de celle qu'exigerait l'extension de la superficie
projetée. De plus, dans le devis dressé par M. Hoste, qui
évalue la dépense à faire à 68,460 francs, la part d'inter-
vention des pouvoirs locaux constitue une extrême limite.
Ces considérations militent encore en faveur de l'adoption
de l'étude élaborée par cet architecte, moyennant quelques
modifications. C'est ainsi qu'il lui a été conseillé verbalement,
sur les lieux, d'approfondir le chœur de deux à trois mètres,
de lui donner la largeur de la nef centrale et d'augmenter,
dans la mesure du possible, la hauteur intérieure de cette
dernière.
Les petites fenêtres tracées dans la coupe transversale,
au-dessus des autels latéraux, seront avantageusement rem-
placées par des baies triangulaires.
La chapelle des fonts figurée devant la façade principale
de la nef latérale nord ainsi que le portail devant celle du
sud, devront être placés la première au nord, le second an
nUta.
— 157 —
sud, sous la première fenêtre, en manière telle que la tour
apparaisse plus en vedette.
Le travail de restauration de la tour comprendra aussi le
débouche ment de la grande fenêtre occidentale dont des
traces très visibles, indiquent, sans conteste, le rôle qu'elle
a joué dans le principe. Cette entreprise devra faire l'objet
d'un devis distinct de celui de l'agrandissement de l'édifice.
— Le projet présenté en vue de la reconstruction de Ccu»
l'église de Hulsle ne constitue que la première partie de
l'édifice projeté. Il comporte le chœur, le transept, la tour,
les sacristies et la première travée des nefs, les ressources
locales ne permettant pas d'exécuter l'église complète en
une seule entreprise. La reconstruction totale des nefs est
réservée pour une époque plus favorable.
Avant de se prononcer sur le projet, la Commission a
jugé utile de faire inspecter l'édifice existant dont la tour
lui avait été signalée comme une construction très ancienne,
intéressante au point de vue artistique et archéologique.
Cette inspection a eu lieu le 12 mai 1903.
La visite minutieuse de l'édifice, dont la plus grande
partie, c'est-à-dire les nefs, date de 1778, a démontré que
celle-ci est une construction en briques fort médiocre,
lézardée, affaissée, partiellement hors d'aplomb.
De la tour, dont la construction est attribuée à Robert le
Frison, il ne subsiste plus que les gros piliers carrés, trois
arcs en plein-cintre les reliant et un fragment du mur vers
l'occident, lequel reposait sur le quatrième arc, qui a disparu.
Les maçonneries de ces morceaux sont en moellons de pierre
de Tournai et n'offrent aucun détail caractéristique. Ces
rentes de l'église primitive, d'ailleurs infléchis, ne présentent
— 458 —
pas un intérêt suffisant pour que leur conservation doive
contrarier le projet soumis ; une telle mesure nécessiterait
des reprises des maçonneries telles qu'elles entraîneraient
une reconstruction à peu près totale.
L'ancien chœur, qui sert aujourd'hui de portail au rez-de-
chaussée et de jubé à l'étage, semble remonter au xv* siècle;
il a été tellement remanié qu'il n'offre, dans ses maçonneries,
plus rien d'intéressant; il est en mauvais étal. La seule partie
à signaler est sa voûte en bardeaux où se remarquent, sous
des nervures d'un bon profil, des figures sculptées formant
consoles et, au sommet du berceau ogival, des clefs orne-
mentées d'un beau caractère. Celte voûte devra être con-
servée. Il ne sera pas difficile de l'utiliser dans l'une ou
l'autre partie de la nouvelle construction, peut-être dans l'uo
des bras du transept.
Examiné sur place, le projet présenté a paru bien compris.
Il est conçu dans des données économiques en rapport avec
les ressources locales. Un seul point paraissait laisser à
désirer : la tour a un aspect mesquin. Il est désirable que
sa surface soit augmentée; on pourrait étendre celle-ci
jusqu'à l'extrémité des contreforts projetés et supprimer ces
derniers dont l'utilité ne parait pas démontrée. Réalisée de
la sorte, la tour offrira plus d'ampleur, ce qui est désirable
ne fût-ce que pour la conservation du type régional où les
tours se distinguent généralement par leur masse imposante.
A la demande de la Commission, M. l'architecte Carelte
a modifié le projet dans le sens de ce qui précèJe et Ta
complété en traçant le plan total de l'église en vue de sa
reconstruction future.
Le projet ainsi modifié peut être mis à exécution sous la
— m.—
reserve qu'on donnera suite an projet où la tour offre la plus
grande surface, mais en maintenant les arcatures aveugles
à la largeur indiquée au premier projet.
Il conviendra de recommander à l'architecte de prévoir
des moyens sérieux d'écoulement des eaux pluviales aux
abords de l'édifice. Ces moyens sont généralement négligés;
il en résulte que le pied des murailles se salpêtre, que les
eaux s'introduisent dans les fondations et y produisent des
tassements qui amènent des lézardes dans les maçonneries
et, par suite, une prompte ruine des édifices.
— M. le curé de Saint-Antoine de Padoue, à Gand, ayant É*i»ede
Saint-Antoine
avisé la Commission que la première partie du mobilier ^gJï*
destiné à l'église de cette paroisse était terminée, il a été
procédé, le 13 mai 1903, à son examen, de concert avec
MM. Serrure, De Ceuleneer et Van der Haegen, membres
du Comité des correspondants de la Flandre orientale.
Les meubles livrés et placés à ce jour comprennent : les
marches, la tombe, le gradin des trois autels, le retable de
l'autel dédié à Saint-Antoine de Padoue, le banc de commu-
nion au complet, les trois doubles portes et les deux tambours
de l'entrée principale.
Ce travail, aussi artistique que consciencieux, peut être
approuvé et l'allocation du subside autorisée dans la propor-
tion du travail effectué.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
1° Le projet de travaux de restauration qu'on propose £*"»*
r r de Huppaw-
d'effectuer aux deux églises de Huppaye-Molembais-Sainl-Mo,cp|J)™,,,l■
Pierre (Brabant); architecte, M. Daurmont;
— 160 —
d« Mît* *" ^e P™^ des travaux de réparation à effectuer à l'église
de la Hestre (Hainaut); architecte, M. Lechien;
j eirtiae 3° Le projet relatif à la restauration de réalise de Ville-
de Yilleronx. r J "
roux, commune de Chastre-Villeroux-Blaumont (Brabanl);
architecte, M. Petit;
Égliie 4° Le projet de restauration des deux fenêtres du transept
de Rnjtbrorck. r * r
de l'église de Ruysbroeck (Anvers); architecte, M. Ca réels;
d« vlSiimoai. *° ^e ProJet relatif à la restauration de l'église de Vinal-
mont (Liège); architecte, M. Piron;
n^mbodÛ ®° ^e ProJet de travaux de restauration à exécuter à
l'église de Mariembourg (Namur);
Édite de 7° Le projet de restauration de la tour de l'église de
Schuyffersca pelle (Flandre occidentale), à la condition qu'au
cours de l'exécution toutes les lucarnes, grandes et petites,
de la flèche, seront supprimées; architecte, M. Provost;
^ feu? 8° Le projet relatif à la restauration de l'église de Nettinne
de Nettinne. r * °
(Namur), sous la réserve que l'auteur aura égard aux
observations contenues dans le rapport de M. l'architecte
provincial, en date du 4 mai 1905; architecte, M. Van
Gheluwe ;
Et»* 9° Le projet concernant la restauration des fenêtres de
de Chevetogoe.
l'église de Ghevetogne (Namur) ; architecte, M. Lange ;
EfiiM 10° Le projet relatif à la restauration des toitures de
de Hamem-Salnt- r "
Liétin. l'abside et de la tourelle d'escalier dit « monument funéraire
deSaint-Liévin» en l'église de Hautem-Saint-Liévin (Flandre
orientale); architecte, M. Vaerwyck;
Édue 11° Le projet de travaux de restauration à effectuer à
de Ceulille*
l'église de Caulille (Limbourg); architecte, M. Debruyne;
Éffiitede 12° Le projet de restauration des fenêtres des bas-côlés
' r»"'* de l'église de Leeuw-Saint-Pierre (Brabant). Au cours de
— 161 —
I exécution des travaux, l'architecte, M. Rao, fera bien
d'examiner si les carreaux des vitrages ne devraient pas être
agrandis ;
13* Le projet d'une seconde série de travaux à exécuter mm .
pour la restauration de l'église de Saint-Séverin-en-Condroz •- C0D,,rql-
(Liège); architecte, M. Langerock;
1 4° Le projet d'une quatrième et dernière série de travaux b^i*^
de restauration à exécuter à l'église de Saint-Nicolas, à arôme* •
Fumes (Flandre occidentale); architecte, M. Hoste;
15° Le projet de divers travaux de restauration à l'église **uM
r w de Walcourt.
de Walcourt (Namur); architecte, M. Langerock;
16° Les comptes des travaux de restauration effectués aux comPi«
1 àm Iravaai
églises de : dt $jff£"
Nieuport (Flandre occidentale) : ouvrages complémen-
taires ;
Walcourt (Namur) : exercice 1901 .
— L'église d'Eeckeren (Anvers), à l'examen de laquelle d.^j]j£B
il a été procédé le 27 avril 1903, de concert avec M. Donnet,
membre du Comité provincial des correspondants, en vue
de s'assurer s'il était possible de l'admettre au nombre des
édifices monumentaux, appartient à la fin du xve siècle.
Le chœur voûté, à cinq pans, disposition assez rare pour
une église de village, h grande nef large, couverte en
bardeaux, sont bâtis en briques. Les bas-côtés étroits et
les transepts sont composés de la même espèce de maté-
riaux.
L'unité d'ensemble, la similitude des détails, le raccord
exact des lignes attestent, au premier coup d'œil, que l'œuvre
a été produite d'un seul jet sous l'influence d'une même
inspiration. C'est le même style et aux chaînages des angles
— «62 —
des contreforts, aux encadrements des fenêtres règne la
même nature de pierre blanche.
La grosse tour quadrangulaire, d'une architecture très
simple, a un revêtement constitué en pierres des environs
de Grimberghen. Une petite toiture ardoisée lui serl d'amor-
tissement depuis l'incendie qui détruisit la flèche et calcina
le faite des maçonneries.
A part quelques légères mutilations éparses et des disjonc-
tions peu visibles, causées par des lichens implantés dans
les assises, il n'y a rien à redire à son état de conservation
non plus qu'aux autres parties adjacentes.
L'église d'Eeckeren, dont la construction est attribuée à
Herman de Waghemakere le Vieux, produit bon effet autant
à l'extérieur qu'à l'intérieur. Elle possède un intérêt et une
valeur qui autorisent suffisamment son inscription dans la
troisième classe des édifices monumentaux du culte.
d.sai&iinbert — H a été procédé, le 15 juin 1903, à l'inspection des
travaux de débadigeonnage des nefs de l'église de Saint-
Hubert. M. Van de Wyngaert, membre du Comité des
correspondants du Luxembourg, assistait à cette inspection.
L'exécution de l'entreprise est terminée pour ce qui con-
cerne celte partie du monument. Les travaux ont été effectués
avec soin.
Les rapports faits précédemment, à la suite d'autres
inspections, notamment celui du 15 mai 1901, ont signalé :
1° L'état déplorable des abords de l'édifice où les eaux
pluviales séjournent et peuvent occasionner des dégâts
importants au pied des murailles;
2° Le diamètre des tuyaux de descente qui est insuffisant
pour l'évacuation régulière des eaux des toitures.
— 463 —
Il est urgent de remédier à ces situations préjudiciables
à la conservation du monument. On fera bien de profiter de
l'occasion pour faire examiner, avec soin, si les chéneaux
sont en parfait étal d'entretien.
En attendant qu'il soit procédé à la consolidation du beau
portail sud, il importera de prendre des mesures de préser-
vation pour que celte intéressante partie de l'édifice ne se
détériore pas davantage; elle est exposée à toutes les intem-
péries.
Il est non moins urgent de faire examiner scrupuleusement
la façade principale et les tours de l'église; on doit faire
en sorte que des infiltrations ne se produisent dans les
corniches et les maçonneries et n'amènent des dislocations
désastreuses, surtout en temps de gelée.
— A la demande de M. le curé de la paroisse, il a été m«
d« Saint-Remy,
procédé, le 17 juin 1903, à l'inspection de l'église de Saint- àGI,,y-
Remy, à Gilly, qui nécessite des travaux de restauration.
MM. Devillers et Cador, membres du Comité des corres-
pondants du Hainaut, assistaient à celle inspection.
Le vaisseau de l'église de Saint-Remy est une construction
en briques datant du xviii* siècle; il n'a guère d'importance
au point de vue architectural.
La lour est plus ancienne; elle semble remonter au
xvie siècle; elle est bâtie en grès avec anglées en petit
granit; celles-ci on: été introduites dans les parements à
une époque postérieure, probablement lorsqu'on a reconstruit
le vaisseau.
Depuis longtemps déjà, les exploitations houillères ont
causé des dommages à l'édifice. Tous les arcs-doubleaux
en maçonnerie de la haute nef sont fissurés; des fissures se
— 464 —
remarquent aussi à plusieurs compartiments des voûtes en
briques des nefs. Le pavement est dénivelé par places. La
tour a également subi un mouvement qui y a produit des
lézardes, peu graves, il est vrai. Ces mouvements qui
paraissaient arrêtés depuis plusieurs années, ont subi une
recrudescence assez récemment.
La société des charbonnages en cause a alloué les fonds
nécessaires pour faire exécuter les travaux reconnus utiles
par les experts ; des ancrages importants ont été prévus pour
tout l'édifice.
On devra profiler de ces travaux pour faire repeindre
l'édifice dont l'état de propreté laisse beaucoup à désirer.
Étant donné le voisinage des exploitations houillères, qui
produisent beaucoup de poussière dans la localité, il con-
viendra de borner le travail de peinture à une grande
simplicité, par exemple à deux tons exécutés à l'huile, afin
qu'on puisse procéder à des lavages périodiques.
Il y aura lieu de prendre toutes les mesures nécessaires
pour assurer le libre et rapide écoulement des eaux pluviales
au pied des murs de l'édifice surtout du côté de l'ancien
cimetière.
Les stalles du chœur, en style Louis XV, sont intéres-
santes. Les tableaux sur toile qui ornent leurs dossiers sont
en très mauvais état ; leur intérêt est suffisant pour qu'il y
ait lieu d'en assurer la conservation. A cet effet, il importera
de faire appel à un spécialiste qui aura pour mission de
soumettre des propositions en vue du rentoilage, du nettoyage
et de la retouche des parties endommagées de la peinture.
4
Égutê — Dans son rapport du 28 décembre 1901, rendant
de 8»iat-Vlnc«ot, " l ■
isoles, compte d'une visite des travaux de restauration en voie
— 165 —
d'exécution à l'église de Saint- Vincent, à Soignies (Hainaul),
la Commission a signalé le plafond en bois de la haute-nef,
dont l'aspect est pauvre. Il importera de chercher à remédier
à ce défaut en employant des couvre-joints correspondant
à des poutres de la charpente. Celles-ci sont très rapprochées
Tune de l'autre. Elles forment les enlraits de fermes d'une
charpente du xie siècle, admirablement conservée, grâce
peut-être à ce que l'église fût recouverte de plomb par le
comte de Hainaut, Baudouin IV, dit le Bâtisseur (f 2 novem-
bre 1171), ainsi que cela résulte du texte original suivant :
t Ecclesiam sancli Vincentii Senogiensis plumbo texil •,
texte extrait des Chroniques de Valenciennes, par Jean
Doudelet (manuscrit n° 227 de la bibliothèque publique de
Mons) et publié par le savant correspondant et collègue,
M. Devillers, à la page 78 de son Mémoire historique et
descriptif sur Céglisede Sainte- Waudru. (Mons, 1857, in-4°.)
Les artistes eussent dû personnellement s'assurer, sur les
lieux, des résultats de la pose d'un premier panneau et
appeler à leur aide, avant d'achever l'œuvre, la critique et la
compétence des autorités. Au surplus, cette partie du travail
n'a pas été suffisamment soignée ainsi qu'en témoigne
l'examen attentif du plafond. On pourrait, sans doute, amé-
liorer celui-ci en l'ornant d'une polychromie bien choisie.
L'effet actuel étant réellement mauvais, il y faut remédier,
sous très bref délai, dans l'intérêt de l'art, de l'œuvre et de
la réputation des architectes qui y ont présidé.
Les nefs de l'église de Saint-Vincent sont aujourd'hui
restaurées. Il convient que l'on s'occupe maintenant du
rétablissement de la galerie occidentale dont les restes ont
été découverts au rez-de-chaussée. Les architectes devront
— 166 —
étudier ce rétablissement dans deux hypothèses, soit avec
deux, soit avec un seul pilier; en tous cas, il est nécessaire
qu'ils s'assurent du nombre d'arcades qu'il y avait autrefois.
En vue du dégagement de la grande fenêtre de la façade
occidentale, l'orgue devra être déplacé; on est d'accord pour
l'installer dans le bras sud du transept devant l'arcade
s'ouvrant sur la galerie haute ou triforium
Le Conseil de fabrique, ou tout au moins l'un des plus
distingués de ses membres, désirerait voir déplacer l'ambon
qui se trouve adossé au transept, où il masque la vue du
chœur, et l'installer au fond du bras sud du transept. II s'agit
ici d'une œuvre remarquable du xvi* siècle qu'il serait émi-
nemment regrettable de voir reléguer dans un endroit où
elle perdrait une grande partie de sa valeur par suite d'un
éclairage défectueux. Cet édicule doit être conservé à sa
place actuelle, dans la crainte que si on le déplace on ne se
voie obligé de le ramener au lieu où il était, ainsi que cela
s'est produit dans d'autres églises anciennes. Il serait plus
pratique de rechercher si l'ambon n'était pas (ce qui est peu
probable) autrefois percé de deux arcades latérales; dans ce
cas, il suffirait de les ouvrir pour dégager la vue vers
le chœur. Toutefois, ce parti entraînerait la disparition oa
au moins le déplacement des parties des stalles qui font
retour vers l'ambon. Malgré l'intérêt qu'offrent ces stalles,
datant de 1676, le sacrifice de leurs retours se justifierait
jusqu'à un certain point, par les nécessités du culte, le chœur
étant aujourd'hui à peu près complètement soustrait aux
regards des fidèles.
L'ambon, les stalles, les clôtures, les lambris peints et le
maitre-autel, quoique appartenant à des époques différentes,
— 167 —
forment un ensemble qui présente un réel intérêt historique
et artistique.
On ne doit pas, pour compléter la restauration de l'édifice,
faire disparaitre cet ensemble.
Une erreur grave serait commise, si l'on voulait, sous
prétexte de logique absolue, ramener l'édifice exclusivement
à sa simplicité primordiale. Autant vaudrait dire qu'aucun
siècle n'a compte pour l'achèvement et l'ornementation de
cette belle église, hormis celui de la construction. Sans
doute, il en sera ainsi chaque fois que le développement
historique d'un monument aura produit des œuvres malheu-
reuses. La Commission estime que ce n'est point le cas ici.
Si des remaniements dans le chœur et le transept
deviennent indispensables, par exemple pour le rétablis-
sement de la châsse de Saint- Vincent sur son ancien support,
au fond de l'abside, il faudra les étudier avec les plus grands
soins et soumettre des propositions motivées avant de rien
décider à cet égard.
Le Collège aime à reconnaître que tous les travaux de
restauration exécutés à l'extérieur du monument ont été
effectués dans la perfection. Il est heureux d'en féliciter les
auteurs.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'art. 25 du règlement.
Le Président,
Ch. Lagasse-de Locht.
\
ACTES OFFICIELS.
M. le Minisire de l'Agriculture a transmis au Collège copie coD^ionde»
de la circulaire suivante, qu'il a adressée à MM. les Gouver- CirciWw-
neurs des provinces :
« Bruxelles, le 7 août 4903.
» Monsieur le Gouverneur,
» J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien attirer
l'attention toute spéciale des administrations fabriciennes
sur la conservation des tableaux placés dans les églises et
notamment sur celle des retables nouveaux dont l'exécution
est subsidiée par l'État.
» Les couleurs transparentes et sombres, telles que les
laques, les bruns, les terres, les noirs broyées à l'huile et
qui servent à la peinture des retables, mettent des années à
sécher et à durcir; encore leur faut-il, à cet effet, beaucoup
de lumière et surtout d'air sec, constamment renouvelé.
* Or, nombre d'églises ne sont même pas ventilées; il y
en a où pas un seul carreau des fenêtres n'est mobile ; les
volets des retables y demeurent perpétuellement fermés; à
peine reçoivent-ils, aux grands jours de fêtes, un peu d'air
et de lumière. De là, les moisissures que l'on remarque
souvent sur les peintures récentes, même les mieux soignées.
Ces moisissures s'attaquent d'abord aux laques, aux bruns,
— 170 —
aux noirs, puis aux dorures ; elles s'étendent enfin sur toute
la peinture, l'assombrissent, la corrodent et l'anéantissent.
> Les peintures murales souffrent aussi beaucoup de
manque d'air.
» On ne pourrait, Monsieur le Gouverneur, trop recom-
mander aux Conseils de fabrique de bien ventiler les églises;
c'est le moyen le plus efficace d'assurer la conservation et
de l'édifice et des objets d'art dont il est orné.
> Le Minisire,
(Signé) Baron M. van der Bruggen. >
î I •
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX^
SÉANCES
dos 4, 11, 18 et 25 juillet; des 1". 8, 14, 22 et 29 août 1903.
iiWWWMWMfi
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1° Le projet relatif à l'exécution d'un chemin de la croix ÉgutedeBrée.
Chemin
pour l'église de Bree (Limbourg); peintre, M. Tassin; de i« croix.
2* Le projet relatif à l'exécution d'un chemin de la croix tt\\*>
peint pour l'église de Sainte-Marguerite, à Liège; auteur, M;tft,ereU5*
M. Javaux ; d« uTrô*.
3° Le projet concernant la restauration et le complément m«
de Kesseoich.
de la croix triomphale de l'église de Kesseoich (Limbourg) Crolx lriomPh»le-
L'attention de l'auteur, M. le sculpteur Peeters, a été attirée
sur les fleurs de lis des bras de la croix dont le tracé n'est
pas heureux.
— Il a été procédé, le 29 juin 1903, dans les locaux du . £<••« ,
r . * de Siiot-Nicobu,
Gouvernement provincial, à Bruges» à l'examen du tableau '£§££'
— 172 —
de l'église de Saint-Nicolas, à Dixmude (Flandre occiden-
tale), représentant la Naissance de la Sainte- Vierge.
MM. le baron J. Belbune, van Ruymbeke et De Meyer,
membres du Comité provincial des correspondants, assis-
taient à cet examen.
L'intéressante œuvre d'art dont il s'agit ne parait pas se
trouver dans un état tel qu'il faille y exécuter un travail de
restauration aussi important que celui prévu par M. Tulpinck.
H est à remarquer que les panneaux sont couverts de
crasse et que le vernis semble s'être décomposé sous l'action
de l'humidité. Il est à présumer qu'un bon nettoyage et un
revernissage, opérés après qu'on aura rejoint les ais du
tableau, suffiront pour remettre l'œuvre en état convenable.
En tous cas, il y a lieu de se borner, pour le moment, à ces
seules opérations. Lorsque celles-ci seront terminées, et avant
le revernissage, il sera procédé à un nouvel examen de
l'œuvre en vue de déterminer s'il convient de faire davan-
tage.
Il semble que l'atmosphère de l'église de Saint-Nicolas se
prèle peu à la conservation du tableau dont l'état s'est aggravé
depuis quelques années. Il se peut aussi que les conditions
défectueuses du milieu dans lequel se trouvait le tableau
n'aient été que momentanées par suite des travaux de
restauration effectués récemment à l'intérieur du monument.
S'il était reconnu que ces conditions sont permanentes, il
vaudrait mieux ne pas replacer le tableau dans l'église et
déposer celui-ci dans un musée.
Quant au revers du seul volet qui existe encore, la pein-
ture en grisaille en est irrémédiablement perdue; il faut
renoncer à la réparer. Quelques soins pourront peut-être
— 173 —
empêcher la marche de la décomposition des fragments qui
en restent.
— Les trente- trois tableanx de l'église de Sainte- Anne, à de s.ftÊ^,
Bruges, dont la restauration est projetée, ont fait l'objet d'un t£SÏ.
examen, le 29 juin 1903, de concert avec MM. van Ruym-
beke et De Meyer, membres du Comité des correspondants
de la Flandre occidentale.
Les œuvres d'art dont il s'agit sont intéressantes et
produisent un bon effet décoratif.
Le travail à effectuer consiste en nettoyage, rentoilage et
en mesures de préservation contre l'humidité. La dépense
totale est évaluée à 3,740 francs.
L'un des tableaux dont il s'agit a subi les opérations
précitées par les soins de M. Alphonse Vincent, peintre à
Bruges. Cet artiste s'étant bien acquitté de sa mission, rien
n'empêche de lui confier l'ensemble du travail.
Les prévisions de dépenses paraissent en rapport avec les
nécessités constatées.
Il conviendra de commencer l'entreprise par la série de
toiles entourant le chœur et de réparer d'abord les deux
voisines de celle qui a été restaurée à titre d'échantillon.
Lorsque ces deux œuvres seront remises en étal, la Com-
mission devra en être avertie; elle les fera examiner par
des délégués à l'effet de s'assurer si l'on peut continuer dans
fa même voie.
On doit néanmoins recommander au restaurateur la plus
grande prudence; il doit s'abstenir de tout repeint et de
tonte retouche et se borner à donner aux tableaux les soins
nécessaires à leur conservation.
Au fur et à mesure qu'on remettra les tableaux restaurés
— 174 —
à leur place respective, dans les lambris, il faudra les écarter
suffisamment des murs et percer au bas des encadrements
et au haut de ceux-ci, à des endroits peu apparents, des
trous destinés à permettre à l'air de circuler entre les toiles
et les murs.
Enfin, on ne saurait trop recommander au Conseil de
fabrique de bien ventiler l'église; c'est le plus puissant moyen
pour assurer la conservation et du temple et des œuvres
d'art qu'il renferme.
ékkm — Il a été procédé, dans l'église de Merchlem (Brabanl),
dt Mercbtem.
Tableau, à l'examen du tableau de De Crayer nouvellement restauré
et qui sert de retable à l'autel latéral du côté de l'Évan-
gile.
Si l'on peut souvent reprocher aux peintres restaurateurs
de faire trop, on peut constater que l'artiste chargé de la
restauration dont il s'agit, n'a pas fait assez.
En effet, dans le tableau de De Crayer, la toile est
composée de trois morceaux superposés, réunis au moyen
de coutures. Dans les joints des morceaux il existe des
parties qui ne semblent pas assez adhérentes et qui très
probablement se marqueront davantage à la suite des chan-
gements atmosphériques et surtout de l'influence de l'humi-
dité.
Pour obvier à cet inconvénient, un rentoilage fait avec
soin semble nécessaire et l'on eût pu profiter de ce travail
pour fixer les parties qui menacent de se soulever. De la
sorte, on pouvait remédier aux négligences d'une restau-
ration antérieure qui semble remonter à un demi-siècle
environ et prévenir un nouveau travail qui, dans le même
laps de temps, pourra devenir nécessaire.
— 178 —
Sous ces réserves, le travail de restauration peut être
approuvé.
La Commission a saisi la présente occasion pour insister,
de nouveau, sur un point déjà signalé à différentes reprises,
au cours de ses séances : Il est de nécessité absolue que toutes
les inspections qui se font à la suite des restaurations de
peintures, se fassent avant que ces peintures aient quitté
l'atelier du peintre restaurateur. Dans l'atelier on peut, en
effet, les examiner sous un jour plus favorable; on peut
faire à l'artiste les observations que son travail suggère et
entendre les raisons qui lui ont fait adopter un parti de
préférence à tel autre; on peut enfin demander un travail
complémentaire si celui-ci est jugé utile.
A ces raisons péremptoires pour adopter ce mode de
procéder on peut ajouter encore que, pour les membres du
Collège chargés de ces sortes d'inspections, il en résulterait
une grande économie de temps et de déplacements dont
rÉtat, au point de vue des frais, profiterait également.
— Il a été procédé, le 29 juin 1903, dans la cathédrale o.hedr,ie
de Bruges, à l'examen des tentures placées dans la chapelle
de Notre-Dame des VII Douleurs, aux côtés de l'autel, en
vue de masquer les portes des armoires ménagées dans les
murs de la dite chapelle.
Il résulte de cet examen, auquel assistaient Mgr le chanoine
Bethone ainsi que MM. De Meyer et van Ruymbeke, membres
du Comité des correspondants de la Flandre occidentale,
que les tentures en question peuvent être adoptées. Il y a
lieu toutefois de remarquer que les franges de ces draperies
sont simulées; il importera de les remplacer par des franges
réelles.
île Briig>*«.
Tenture».
— 176 —
L'attention du Conseil de fabrique devra être appelée sur
la tonalité adoptée pour la peinture des arcatures au-dessus
des tentures; cette tonalité, trop faible, gagnera à être
renforcée.
ÉfiiM — Il résulte de l'examen auquel il a été procédé, dans
dfSalDie-Martt, ^ r
kByltXitk' l'ég"se <*e Sainte-Marie, à Schaerbeek (Brabant), des essais
de placement des vilraux peints du tambour sous la coupole,
que ces verrières doivent être placées de façon que la pro-
fondeur de l'embrasure des fenêtres soit égale partout. La
distance entre le vitrage extérieur et les verrières intérieures
sera d'environ 0*10 à 0*1 K. Les vitraux devront suivre le
contour de la balustrade, c'est-à-dire qu'aux extrémités, à
droite et à gauche des deux baies latérales de chaque travée,
ils ne seront plus parallèles aux vitrages extérieurs.
tifiiM — Il a été procédé, le 3 août 1905, à l'examen, sur place,
tmEL de deux projets de verrières destinées à l'église cathédrale
de Saint-Bavon, à Gand.
MM. Serrure, Lybaerl et Van Biesbroeck, membres du
Comité des correspondants de la Flandre orientale, assistaient
à cet examen.
L'une de ces verrières aurait sa place dans la chapelle
dédiée à Saint-Sébastien, derrière le sanctuaire, l'autre dans
la chapelle du chemin de la croix sise au côté nord près
l'entrée principale.
La chapelle citée en premier lieu est déjà dotée d'un
vitrail représentant la Proclamation du dogme de C Imma-
culée Conception, dont l'auteur est M. Joseph Casier. C'est
une œuvre très ouvragée étalant un coloris riche indépen-
damment de la forme et du dessin, qui sont bien soignés.
Le vitrage en grisaille qu'il est question de lui opposer
— 177 —
dans la fenêtre nord-est, serait d'un effet pâle et mesquin.
En conséquence, il conviendrait pour obtenir un ensemble
qui satisfit l'œil, de prier l'auteur de ce nouveau travail de
produire une peinture sur verre à sujets se liant, autant que
possible, à la gamme de celle qui remplit déjà la baie voisine.
Le second projet appelé à décorer la fenêtre de la chapelle
du chemin de la croix est en harmonie avec les stations
polychromées en bas-relief de cet oratoire dont il accentuera
sensiblement la lumière. Il peut être adoplé. Il a été conseillé
à M. Ladon, présent à la visite, de se bien pénétrer, dans
l'exécution, des traditions de la fin du xvie siècle.
Les travaux de restauration à exécuter aux meneaux de
la fenêtre et aux murs de la chapelle de Saint-Sébastien, de
même que ceux relatifs aux meneaux de la chapelle du
chemin de la croix en vue de la réception respective des
verrières proposées, semblent de nature à être autorisés.
En vue d'isoler du reste de l'église les fidèles priant dans
la chapelle dont il a été parlé secondement, il serait désirable
qu'on plaçât une clôture la séparant de la nef nord et qu'on
l'exécutât dans le goût de celle qui défend, à proximité, la
chapelle décorée par feu Bethune.
— Il a été procédé, le 30 juillet 1903, à l'examen des £cii«d*Libt».
Yitriux.
cinq derniers vitraux placés récemment dans l'église de Libin
(Luxembourg).
Les œuvres d'art dont il s'agit ayant été exécutées d'une
façon satisfaisante, il y a lieu de liquider les subsides promis
par l'État en vue de la dile entreprise.
— Il résulte de l'examen auquel il a été procédé des , *§»•«
1 'de Noire-Dame
ornements sacerdotaux de l'église de Notre-Dame du Sablon, èdîîeD.'
à Bruxelles, que l'un de ces ornements, de date relativement ««"«aït.
— 478 —
récente, n'a guère de valeur; que la cbape est très intéres-
sante et qu'il y a lieu de la consolider en fixant avec soin les
broderies qui se défilent; que l'autre ornement, sans avoir
de l'importance, ne manque cependant pas d'intérêt.
En résumé, rien ne s'oppose à ce que le Conseil de fabrique
fasse procéder à la réparation de ces broderies en ayant soin
de recommander que les opérations soient bornées au strict
nécessaire.
La dépense à résulter de ces travaux ne parait pas assez
importante pour justifier une demande de subside aux
pouvoirs publics.
Élu» — Par lettre du 16 juin 1903, M. le Gouverneur du
de Roucouit. *
chair*. Hainaut a soumis à la Commission le projet relatif à la
restauration de la chaire à prêcher de l'église de Roucourl.
Cette étude a fait l'objet d'un examen, sur place, le 19 août
suivant, de concert avec MM. Devillers et Hubert, membres
du Comité provincial des correspondants.
La chaire à prêcher de l'église de Roucourt est un travail
remarquable qui doit être attribué au premier quart du
xvi9 siècle.
Par l'importance de ses sculptures légendaires et décora-
tives elle se dislingue des œuvres de même nature conservées
dans le pays. Une seule chaire à prêcher peut, à cet égard,
être mise sur le même rang : c'est celle qui se trouve dans
l'église de Nieuport.
Les photographies envoyées au Collège donnent des
renseignements suffisants sur l'ensemble et les détails de
l'œuvre.
Les cinq panneaux sculptés en haut-relief ont sans aucun
doute représenté des sujets relatifs à la prédication. Trois
— 179 —
d'entre eux sont faciles à déterminer. Ils représentent te
Jugement dernier; la Prédication de Saint-Jean-Baptiste
et Saint-François- d'Assise préchant aux animaux. Deux
panneaux détériorés, partiellement restaurés d'une manière
barbare, semblent représenter des scènes de la vie du roi
Salomon et de la légende de Sainte-Catherine d'Alexan-
drie.
Les montants en forme de contreforts encadrant ces hauts*
reliefs ont été ornés de figurines placées sur des baldaquins.
Ces statuettes ont disparu.
On peut se rendre compte par ces simples indications que
ce travail remarquable exige une restauration aussi nécessaire
que délicate à exécuter. Il importerait de ne la confier qu'à
un. sculpteur expérimenté en ce genre de travaux, tels qu'il
n'en existe que deux ou trois en Belgique. Encore convien-
drait-il que ce travail se fit sous la direction d'un membre
de la Commission.
On ne peut que recommander cette entreprise d'une
manière particulière à l'intervention du Gouvernement, la
fabrique de l'église de Roucourt étant dénuée de ressources.
Il y a lieu de regretter que l'on ne possède aucune infor-
mation historique sur cet intéressant travail ni même sur la
manière dont, dans l'origine, la chaire était placée dans
l'église.
En dernier lieu, elle était établie en encorbellement contre
un massif de maçonnerie. Il y aurait lieu de rétablir cette
disposition. Un escalier très simple en pierre prenant le
moins de place possible avec rampe semble être le meilleur
parti à prendre.
Quant au projet soumis, il parait devoir être simplifié ; le
Collège eslimç, d'autre part, que le fer ne convient pas pour
la rampe ; celle-ci devra être en bois.
o»p*)u> — Il a été procédé, à Oupeye (Liège), à l'examen de la
chapelle qui a servi an culte paroissial jusqu'à la construction
de la nouvelle église, ainsi que des objets offrant un certain
intérêt archéologique qui s'y trouvent.
La chapelle, complètement abandonnée depuis l'inaugu-
ration de la nouvelle église, est aujourd'hui à l'état de ruine ;
c'est d'ailleurs une masure sans intérêt dont la démolition
peut être autorisée sans inconvénient pour personne.
Dans le pavement cependant se trouvent quelques pierres
tombales, assez bien sculptées, notamment du xvir et du
xviu* siècles et qui méritent d'être conservées au point de
vue de l'histoire locale et de la généalogie des familles qui
ont habité Oupeye.
Il serait facile d'assurer leur conservation en les encastrant
dans les murs au parvis de la nouvelle église ou même en
les fixant dans le pavement. En y rappelant le souvenir des
défunts inhumés dans l'ancienne église d'Oupeye, elles
conserveraient, dans la nouvelle, une partie de leur desti-
nation primitive.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a adopté :
por^ de uni. {o j^ devis estimatif des travaux de consolidation à effec-
a Bouvignm.
tuer à l'ancienne porte de Laval, à Bouvignes (Namur);
iiypocsutu 2° Le projet relatif à l'exécution de travaux destinés à
à Tongret.
abriter un hypocauste découvert rue de Saint Trond, à
Tongres (Limbourg).
— II a été procédé, le 4 août 1903, de concert avec H^^Jnto
M. Vierendeel, ingénieur en chef directeur du service
technique provincial, à l'examen, sur place, du projet
soumis en vue de la restauration de l'hôtel de ville de Loo
(Flandre occidentale).
L'hôtel de ville de Loo est un petit édifice du xvi* siècle,
d'une conception originale et intéressante. Sa restauration
est devenue nécessaire.
Le projet présenté par H. l'architecte Vinck parait bien
compris pour ce qui concerne l'ensemble de la restauration.
Toutefois, au point de vue des restitutions à opérer, notam-
ment aux fenêtres, il serait utile de démolir partiellement
an ou deux jambages des baies du rez-de-chaussée et du
second étage du bâtiment principal en vue de retrouver la
situation primitive. Quelques crevasses se sont produites
dans le mur postérieur de l'édifice. La charpente du grand
toit est belle et bien combinée ; elle est en bon état de conser-
vation.
Il conviendra de dérocher l'intérieur de la tour pour
s'assurer exactement de l'état de cette construction et notam-
ment de sa partie supérieure où se remarquent, vers l'ouest,
deux petites lézardes.
La tour est la partie de l'édifice qui a le plus souffert. La
base (comptée du sol jusque environ 7 mètres de hauteur)
de la face sud a cédé et la partie supérieure s'est sensiblement
inclinée dans la direction sud-ouest.
Le mouvement a dû se produire pendant la période de
construction, car la tour ne s'est pas détachée du bâtiment
voisin. Toutefois, la corniche de la face sud de ce bâtiment
a été quelque peu entraînée dans le mouvement de bascule
de la tour, mais aucune crevasse ou dislocation ne s'est
produite.
Le mouvement pris par la construction ne semble pas dû
à une faiblesse dans les fondations; il semble qu'on peut
l'attribuer soit à une malfaçon dans les maçonneries de
l'étage inférieur, soit à un équilibre imparfait des poussées
des arcades du rez-de-chaussée.
Il y a une soixantaine d'années le pied de la tour a été
empâté d'une maçonnerie de consolidation du plus fâcheux
effet. En présence de celte situation, le pied de la tour doit
être repris en sous-œuvre, depuis le niveau des fondations
jusqu'au plancher du second étage (soit sur 7 à 8 mètres de
hauteur), travail qui peut se faire sans danger et sans grands
frais en adoptant un étançonnement soigné dont un cro-
quis de M. Vierendeel donne l'idée générale, en cerclant
la tourelle à diverses hauteurs pendant le travail en sous-
œuvre et en confiant celui-ci à un spécialiste de choix.
Au cas où les travaux de dérochage sus-indiqués démon-
treraient que la partie supérieure de la tour a subi des avaries
importantes, il serait peut-être prudent de reconstruire entiè-
rement la tour en remettant en œuvre les anciennes briques
moulurées et toutes autres qui sont en bon état.
Les nouvelles recherches préconisées ci-dessus auront
peut-être pour conséquence de faire apporter au projet
présenté quelques modifications nécessitées par la découverte
de dispositions primitives.
Abbaye d'Auine. _ \\ a été procédé, sur place, le 17 août 1903, à
l'examen du projet relatif à la reconstruction de la pre-
mière travée ouest du collatéral sud de l'église abbatiale
d'Aulne.
-. «83 —
M. Devillers, membre du Comité des correspondants du
Hainaut, assistait à cet examen.
Le travail projeté, qui a du reste déjà été adopté en
principe par la Commission, le 10 décembre 1902, n'a
soulevé aucune observation.
La plupart des matériaux nécessaires à l'exécution de celte
entreprise sont sur place; ils ont été recueillis dans les
décombres et les fouilles.
D'autre part, cette reconstruction est indispensable et
argenté pour empêcher la chute du haut mur qui est immi-
nente et pour assurer la reconstitution du seul arc- boulant
qui existait encore il y a quelques années, mais dont les
restes sont suffisants pour permettre de le rétablir avec
certitude.
Enfin, celte reconstruction est encore utile pour donner
aux nombreux visiteurs une idée exacte de la majestueuse
conception et de l'ampleur de style de l'église d'Aulne, au
temps de sa splendeur.
Les travaux entrepris à l'abbaye d'Aulne en vue de la
conservation de ces admirables ruines, louchent à leur fin ;
ils ont été poursuivis avec une rare intelligence. On ne peut
que louer la direction et l'exécution de ces travaux délicats
qui, tout en assurant l'existence de restes précieux au point
de vue de l'art architectural, ont su conserver aux édifices
leur aspect de ruine.
— Comme suite à la dépêche de M. le Ministre de l'Agri- M.uon Porqti*
à Liège.
culture, en date du 18 août 1903, il a été procédé, le 25 du
même mois, à une nouvelle visite de la maison Porquin,
à Liège.
La construction connue sous ce nom, à Liège, est, dans.
le quartier de la ville situé sur la rive droite de la Meuse,
la plus ancienne et Ton peut ajouter la seule construction
civile qui ait un caractère architectural : encore ne s'agit-il
ici que dune habitation particulière dont l'histoire peut être
écrite en peu de lignes.
Dans la première moitié du seizième siècle, un banquier
lombard, du nom de Bernard Porcini (nom que les Liégeois
ont bientôt traduit en Porquin) vint s'établir à Liège.
On sait peu de chose sur son compte, si ce n'est que vers
le milieu du même siècle, il se fit bâtir une demeure
somptueuse dans un terrain qui alors se trouvait à l'extré-
mité de la ville et qu'il y mourut le 20 juillet 1579. Lui et
sa femme, Dorothée Rustique, avaient fondé une chapelle
dans l'église paroissiale de Saint-Nicolas, aujourd'hui démolie
et où les deux époux ont été inhumés.
Le prince de Liège, Ernest de Bavière, acheta aux enfants
Porquin sa riche habitation, le 13 décembre 1584; elle fut
payée 24,000 florins des Pays-Bas. Le 16 septembre 1603,
Ernest de Bavière fit donation de cette belle demeure à la
confrérie de la Miséricorde, afin d'y établir un hospice destiné
à recueillir les pauvres malades ; mais cet hôtel n'était qu'une
sorte d'annexé à l'hôpital principal de la ville bâti grâce à la
munificence du prince et qui porta le nom d'hôpital de
Bavière jusqu'à sa démolition qui eût lieu il y a peu d'années.
La démolition de la maison Porquin devait être comprise
dans celle des autres bâtiments de l'hôpital et ce fait explique,
sans le justifier, l'état de ruine dans lequel cet immeuble se
trouve aujourd'hui.
II y a peu d'années encore, lorsqu'il faisait partie de
l'hôpital et que ses chambres les plus modestes étaient
— 185 — »
habitées par les religieuses hospitalières, tandis que le reste
était affecté aux services de l'Administration, l'ensemble de
l'intérieur offrait un exemple des plus intéressants des dispo-
sitions et du décor de la demeure d'un patricien du seizième
siècle. Mais lorsque la démolition des autres bâtiments de
l'hôpital fut décrétée, tout cet intérieur fut abandonné à un
bien regrettable esprit de spoliation et de destruction : Jes
cheminées sculptées, les portes ornementées avec leurs
encadrements, les lambris en bois, les décors en carreaux
de faïence et jusqu'aux fenêtres avec leurs châssis furent
enlevés. La voûte même des caves a été défoncée et c'est à
peine si les escaliers en bois permettent encore l'accès d'un
étage à l'autre. Il ne reste debout que les murs des façades,
les robustes maçonneries de l'intérieur et les toits avec leurs
épis, portées par une remarquable charpente.
En présence de cette situation lamentable et après la
démolition complète des bâtiments de l'ancien hôpital de
Bavière, les esprits se sont émus dans une partie de la
population liégeoise; des démarches ont été faites pour la
conservation de la maison Porquin. Les imaginations se sont
échauffées et l'on a vu surgir des plans de restauration
étendus dans lesquels on pouvait contempler les façades de
l'ancienne construction se refléter dans un étang imagi-
naire...
La Commission royale des monuments ne saurait assuré-
ment s'associer aux rêves qui ont pu se produire à celle
occasion; mais lorsqu'elle a eu, une première fois, à examiner
cet édifice d'un caractère simple et d'une architecture sobre
et raisonnée, elle y a vu un monument qui reflète encore un
passé historique et qu'il est intéressant de conserver, aujour-
— 486 —
d'hui qu'il est isolé dans un quartier de la ville vaste et
populeux ou tout à peu près est de date récente et ne réveille
aucun souvenir.
Appelé à se prononcer de nouveau — bien tardivement
il faut le regretter — le Collège, fidèle à son esprit de
conservation de tout ce qui rappelle le passé de notre
pays, ne saurait revenir sur une opinion émise précédem-
ment.
Il estime qu'il y a lieu de conserver, de réparer et d'uti-
liser ce qui reste de la maison Porquin, malgré l'état de
ruine actuel. Il y a urgence que l'autorité supérieure inter-
vienne, car si la bâtisse reste encore exposée aux intempéries
d'un hiver, il est probable que la question sera tranchée en
faveur de la ruine et de la destruction.
L'édilité de la ville de Liège a fait dresser par son
architecte un devis de la dépense d'une restauration, devis
qui s'élève à la somme de 30,000 francs. L'administration
communale trouve ce chiffre fort élevé pour un immeuble
dont l'affectation n'est pas déterminée.
Il n'entre pas dans les attributions de la Commission de
trouver une destination à l'immeuble dont il s'agit. Mais
l'examen auquel elle s'est livrée, l'a convaincue que la dispo-
sition intérieure de la maison Porquin la rendait propre à
des services de plus d'une nature.
D'autre part, l'entretien que la délégation a eu avec l'un
des membres du Collège échevinal, lui a fait connaître
que l'un des projets de celui-ci était d'établir dans ce
quartier si populeux d'Outremeuse, un parc étendu dont
les confins s'arrêteraient précisément à la maison dont
il s'agit et qui, convenablement restaurée, ne pourrait
— 187 —
qu'ajouter an caractère plus artistique à rembéllissemetU
projeté." »."•«••,' ":*';' * '• * ■"• *
-■- Àfir> de répondre à la demande de M! le Ministre de iuiraDch*»eBU
, anciens h E j«4ro.
l'Agriculture, la Commission a fait procéder, à Eysden-sur-
Meuse (Li m bourg), à l'examen de la vaste bruyère sur
laquelle se trouvent les restes de retranchemeills et les
carrières de gravier dont la commune d'Eysden demande a
continuer l'exploitation.
Les retranchements en terre nommés Camp romain,
établis sur une étendue considérable, ont été, à différentes
reprises, l'objet d'études et d'investigations entreprises ' par
des savants. Notamment en 1867-1868, ils ont été examinés
avec grand soin par feu M. Habets, conservateur des archives
à Maestrichl, et par M. Scbuermans, premier président de
la Cour d'appel à Liège et correspondant de la Commission
royale des monuments. À celte époque, le Gouvernement à
alloué un subside destiné à couvrir les frais des fouilles et
des travaux de recherche.
Le résultat de ces recherches se trouve consigné dans les
*
Publications de la Société historique et archéologique dans
le Duché dé Limbourg, tome XVIII, année 1881, pp. 180
et suiv. ;
Les conclusions de ce rapport, très détaillé, sont malheu-
reusement négatives.
Ce que l'on nomme vulgairement c Camp romain « ne
semble avoir rien de romain. C'est un vaste travail d'épau-
lement et de retranchement qui semble l'œuvre de ces
peuplades barbares qui, dans les cinq ou six premiers siècles
de l'ère chrétienne, ont envahi notre pays. De même, lés
trois ou quatre tertres élevés seulement de quelques mèlréà,
_ 488 _
mais dont plusieurs ont uoe circonférence étendue, et quç
l'on a nommés tumulus, ne sont pas des tombes romaines.
Ces tertres doivent plutôt être considérés comme 1'assietle
des lentes on des abris destinés aux chefs de ces. peuplades
et à leur famille. Les fouilles pratiquées dans la plus impor-
tante de ces élévations, par les deux savants précités, n'ont
amené que des charbons consumés.
L'origine romaine attribuée à ces anciens vestiges, pro-
vient très probablement du voisinage d'une partie de la
chaussée romaine que l'on a retrouvée à une petite dislance
de l'autre côté du canal de Maestricht à Bois-le-Duc.
Quoi qu'il en soit, la science historique et archéologique
n'ayant encore donné aucune solution aux questions que
soulève ce vaste travail de défense, il convient de ne pas le
faire disparaître de la bruyère inculte qu'il couvre san$ motifs
graves. De nos jours, la science historique a fait bien des
progrès, il importe de ne pas détruire les documents qui
peuvent préparer les solutions de l'avenir.
Cependant, on peut autoriser la commune d'Eysden à
laisser poursuivre les excavations de gravier commencées
en imposant aux exploitants l'obligation de respecter les
retranchements et l'enceinte dont ils marquent le con-
tour.
L'examen auquel il a été procédé a permis de constater
que l'exploitation de gravier pourra encore se poursuivre
pendant un quart de siècle avant d'entamer les anciens
travaux de terrassement. L'administration communale
d'Eysden peut très bien introduire une condition de cette
nature dans la convention qu'elle fera avec les entrepreneurs
exploitant les fosses de gravier.
— 189 —
. ÉDIFICES RELIGIEUX;
* • . * •
PRESBYTÈRES.
Ont été revêtus du visa :
4° Le projet relatif à la construction d'un presbytère fi ^SSmL
Morialmé (Namur) ; architecte, M. Leborgne ; : de ^^
2° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à
Orgeo (Luxembourg), à la condition que Ton aura égard à
l'avis émis par le comité diocésain d'art chrétien, dans son
rapport du 25 juillet 4903. Il semble toutefois qu'il n'y a
pas lieu de prescrire le chêne au lieu du hêtre pour l'escalier
d'accès à la cave; architecte, M. Wùrth;
3° Le projet relatif à la transformation, en presbytère, de .
la maison communale de Wesembeek (Brabant). II y aura
lieu toutefois, au cours de l'exécution des travaux, de réduire
l'importance du fronton de la lucarne centrale de la façade
et, pour les autres lucarnes, de rester dans le type de celle
du centre; architecte, M. Symons;
4° Le projet concernant l'appropriation du presbytère
d'Haslière-par-delà (Namur); architecte, M. Joostens;
5° Le projet concernant l'exécution de travaux d'appro-
priation et de restauration au presbytère de Bommershoven
(Limbourg); architecte, M. Bricteux;
6° Le projet relatif à l'appropriation de la maison destinée
au logement du chapelain de Biourge, sous Orgeo (Luxem-
bourg), sous la réserve qu'au cours de l'exécution : des
travaux l'auteur aura égard aux observations consignées
dans le rapport dii 25 juillet 1903, du comité diocésain d'art
chrétien ; architecte, M. Wùrth ;
— 190 —
V Le projet d'appropriation du presbytère de Rooborst
(Flandre orientale); architecte, M. Cobbaert;
8° Le projet de restauration du presbytère de Wechelder-
zande (Anvers); architecte» M. Taeymans;
9° Le projet des travaux de restauration à effectuer au
presbytère de Marvie, sous Wardin (Luxembourg) ; archi-
tecte, H. Gupper.
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
delfl^éc *° ^ Gagnée (Liège); architecte, M. Léonard;
Égiite 2' Au hameau « Kruisstraat • , sous Moerbeke (Flandre
de Krulutrtet,
à Mwrbeke. orientale). Il y aura lieu toutefois, au cours de l'exécutioD
des travaux, de tenir compte des observations consignées
dans le rapport de M. l'architecte provincial, en date du
30 mai 1903; architecte, M. Depauw.
Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des
églises :
E<iue d-Êuiie. 4° D'Étaile (Luxembourg), à la condition que toutes les
couvertures soient exécutées en ardoises et qu'on amortisse
la tour au moyen d'une flèche de forme ordinaire. Il impor-
tera aussi de déplacer le water-closet qui est contigu au
mur contre lequel est adossé un autel et de doter la sacristie
d'une piscine, ainsi que le demande le comité diocésain d'art
chrétien ;
SfiJïot6 2* De Marche-les-Dames (Namur); architecte, M. Lange;
ÉguLdisTei. 3* D'Exel (Limbourg); architecte, M. Martcns;
— 19* — .
4* De Bilsen-la-Ville (Limbourg); architecte, M. Chris- J^ff^
tiaens.
Ainsi que les projets ci-après :
5° Construction d'une sacristie à l'église de Sainte-Marie _, fri« ,
° de Sainte-Mari*
lez Neufchàteau (Luxembourg), moyennant de tenir compte lw Nattfcbâle,IB-
des observations formulées par le comité diocésain d'art
chrétien, dans son rapport du 9 juillet 1903; architecte,
M. Wûrth ;
6° Construction d'un garde-meubles pour l'église de Sainte* égiued0
. Stinle-Gertrodfl,
Gertrude, à Elterbèek (Brabant); architecte, M. Mârcq; à *!•*••*.
7° Et, enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux on*u mouiit»
églises de :
Saint-Mard (Luxembourg) : deux confessionnaux ;
Warneton (Flandre occidentale) : confessionnal ;
Redu (Luxembourg) : bancs;
Bertrix (Luxembourg) : autels, confessionnaux, buffet
d'orgue et fonts baptismaux ;
Beyne, sous Beyne-Heusy (Liège) : mailre-autel, buffet
d'orgue et banc de communion ;
Impde, sous Wolverlhem (Brabant) : buffet d orgue;
Saint-Gilles lez Bruxelles : banc de communion ;
Hulsen, sous Baelen (Anvers) : mobilier complet;
Lommel (Limbourg) : chaire à prêcher;
Saint- Lazare., à Tournai (Hainaut) : complément du mobi-
lier;
Aile (Namur) : cloche.
— A la demande de l'administration communale de toi»
de Palifeol.
Paliseul (Luxembourg), il a été procédé, sur place, le
28 juillet 1903, à l'examen des questions relatives à :la
reconstruction de l'église de cette localité. ;>: , .-;■•,.■!
— 198 —
* L'église actuelle de Paliseul est une construction insi-
gnifiante qui date de diverses époques, notamment du
xviii9 siècle. Elle n'offre aucun intérêt artistique ou archéo-
logique ; elle est d'ailleurs en mauvais état. De plus, elle est
de beaucoup trop exiguë pour les nécessités de la population
qui s'accroît sans cesse. Il n'y a aucun inconvénient à ce
qu'il soit procédé à sa reconstruction.
L'édifice existant, qui est parfaitement orienté, se trouve
au centre de l'ancien cimetière désaffecté depuis assez long-
temps déjà. Le nouveau temple sera érigé au même endroit.
Cet emplacement est, du reste, très beau et il occupe le
centre de l'agglomération.
Les autorités locales ne sont pas d'accord sur l'orientation
à donner au nouvel édifice. C'est pourquoi elles ont cru
devoir faire appel aux lumières de la Commission. Certains
membres de ces administrations paraissent indifférents sur
ce choix; d'autres voudraient voir établir l'édifice dans
le sens opposé à celui qu'il occupe aujourd'hui, c'est-à-
dire que la façade principale serait exposée à l'est, vers
la place publique, le chœur à l'ouest. Enfin, l'un des
délégués des autorités locales représentées à l'inspection
voudrait voir établir l'édifice dans le sens perpendiculaire
à son axe actuel, soit la façade principale exposée au
sud vers la chaussée conduisant à la gare, le chœur au
nord.
Il résulte de la visite à laquelle il a été procédé, qu'il n'y
a nulle raison de changer l'orientation actuelle.
• C'est une erreur grave de croire que l'église ne se présen-
terait pas tout aussi biep qu'elle ait sou chevet exposé vers
la place publique plutôt que sa façade principale. C'est, au
— 193. «--
contraire, le chevet qui constitue la partie la plus intéres-
sante de l'église.
Les administrations, en général, ne tiennent pas suffisam-
ment compte des avantages incontestables qui résultent de
la bonne orientation des édifices religieux. D'abord, il est
toujours désirable de voir respecter une ancienne tradition
liturgique; ensuite, il importe de ne pas perdre de vue que
celte tradition est aussi en concordance avec les exigences
de notre climat. Sous ce rapport, l'église de Paliseul a plus
besoin encore que d'autres 'd'être bien orientée. Elle occu-
pera l'un des hauts plateaux de la province et sera particu- *
lièrement exposée aux vents violents et humides. Il est donc
indispensable de la protéger tout spécialement.
Ces considérations, dictées par l'expérience, méritent de
fixer l'attention des autorités locales chargées de l'entretien ' '
du monument. Or, l'entretien d'une église mal orientée est,
à la campagne surtout, à peu près impossible. En tous cas,
c'est un entretien très coûteux qui ne suffit même pas à
arrêter la ruine de la construction.
De nombreux exemples d'églises érigées il y a peu
d'années et qui sont déjà dans un état de conservation
déplorable ne manquent pas de nous avertir qu'il faut abso- '
lument tenir la main à ce que toute nouvelle église soit
orientée à moins d'impossibilité manifeste résultant de la
situation des lieux. Ce cas n'existe pas à Paliseul; par
conséquent, on doit considérer comme un devoir de conseiller
aux autorités intéressées de maintenir l'orientation existante
à laquelle d'ailleurs la population est habituée.
Au cours de l'inspection des lieux à laquelle M. l'architecte
Van Gheluwe assistait, il a été demandé à cet artiste de
j
— .104 ^
produire des extraits du plan topographrque indiquant
l'emplacement de la nouvelle église suivant les hypothèses
proposées. Il a dressé les trois plans suivants :
a) Orientation proposée par la commune, le chevet à
l'ouest;
b) Orientation actuelle conservée, le chevet à Test ;
c) Le chevet également à Test, le jubé au transept et la
tour adossée au jubé.
II y a lieu de donner la préférence au tracé indiqué par la
lettre c.
Cette disposition, qui présente l'édifice sous un aspect
très pittoresque, a en outre l'avantage de donner satisfaction
au désir des autorités locales qui tiennent à ce que la tour
se trouve en évidence vers la Grand'Rue du bourg.
*giiM<i<DMMid. — M résulte d'un examen auquel il a été procédé, le
24 août 4903, que le maitre-autel et la chaire de vérité
placés dans l'église de Deuzeld, sous Schooten (Anvers),
ont été exécutés d'une façon satisfaisante.
En conséquence, rien ne s'oppose à la liquidation du
subside promis par le Département de l'Agriculture en vue
de cette entreprise.
£f«iMde8oiy. — Il a été procédé, le 9 juillet 1903, à l'examen du
maitre-autel placé dans l'église de Suxy (Luxembourg).
Il a été constaté que le meuble dont il s'agit est conforme
au plan qui a reçu le visa le 21 mars 1900 et que son
exécution a été traitée d'une façon satisfaisante.
En conséquence, il y a lieu de liquider te subside promis
sur les fonds des Beaux-Arts, en vue de la réalisation du
travail précité.
ti^iMdgtbt. — L'examen auquel il a été procédé, le 1" juillet 1903,
— 18* ^.
de concert avec MM. Van de Wyngaert et Sibenaler, délé-
gués du Comité des correspondants du Luxembourg, d'an
autel placé dans l'église d'Ethe, a établi que le travail était
bien exécuté et conformément aux indications du plan
approuvé par la Commission. En conséquence, rien ne s'op-
pose à ce que le Département de l'Agriculture liquide le
subside de 700 francs promis, sur les crédits des Beaux-
Arts, en vue de la réalisation de l'œuvre.
— Le meuble que le Conseil de fabrique de Saint-Mard ^ Jjgj^
demande d'aliéner a fait l'objet d'un examçn, sur place, le
1er juillet 1903, de concert avec MM. Van de Wyngaert et
Sibenaler, délégués du Comité des correspondants de la
province du Luxembourg.
Ce meuble est un buffet en chêne que surmonte une
armoire de même bois. Il est placé dans une annexe de la
sacristie servant de refuge à l'église. Aucun style ne le
caractérise nettement. Sa confection parait remonter à la
seconde moitié du xviu9 siècle. L'œuvre n'a pas une valeur
suffisante pour mériter d'être conservée dans la dite pièce,
où elle gêne et n'a pas d'emploi. En outre, elle est fort
délabrée et disloquée.
Les réparations pour sa remise en bon état dépasseraient
de beaucoup l'évaluation maxima de 200 francs qui en a été
faite par un expert en antiquités et par un amateur. Dans
ces conditions, il semble qu'il y aurait mauvaise grâce à ne
pas permettre à l'autorité fabricienne de s'en dessaisir en .
Belgique au mieux de ses intérêts plutôt que de la laisser se
détériorer davantage dans l'abandon. Les fonds versés
seraient consacrés utilement à l'achat d'une armoire destinée
*
à serrer les ornements sacerdotaux.
— W8 — •
• ♦ • . . » • • » . r
. ■ # » % * * * ^ • \ *
TRAVAUX DE RESTAURATION,' / '
' î / ....... I t
Le Collège a revêtu de son visa :
tff"*« 4° Le projet relatif à l'achèvement de la restauration de
de Borght. r *
Fégl i se de Burghl (Flandre orientale), à la condition que
Ton aura égard aux observations émises par M. l'architecte
provincial, dans son rapport du 19 juin 1903; architectes,
MM. Piscador et Reychle;
gin*. 2' Le projet de divers travaux de restauration à effectuer
à Hc^hiede. • à l'église de Saint-Amand, à Hooghlede (Flandre occiden-
tale); architecte, M. Nolf;
*•*« 3* Le projet de restauration des toitures de l'église de
de Dnooetre*
Dranoutre (Flandre occidentale); architecte, M. Vierin;
BftiM 4° Le projet de travaux de restauration à effectuer à
eeoroncke*
l'église d'Àssebroucke (Flandre occidentale); architecte,
M. Charels;
ta;* 5° Le projet de travaux complémentaires de restauration
de Gonriettx.
à exécuter à l'église de Gonrieux (Namur); architecte,
M. Maréchal ;
ggtted. 6° Le projet concernant le renouvellement des fenêtres de
l'église de Bois-de-Villers (Namur);
ËfiiM 7° Le projet relatif à l'exécution de travaux complémen-
taires de restauration à l'église de Malempré (Luxembourg);
architecte, M. Gupper;
KgiiM de Min.. 8° Le projet de travaux de réparation à effectuer à
l'église de Marvie, sous Wardin (Luxembourg) ; architecte,
M. Gupper;
Église 9° Le projet de restauration de l'église de Fauvillers
de Faurillers.
(Luxembourg); architecte, M. Gupper;
d*Àtteoroncke,
_ |»7 —
10* Le projet de restauration des toitures de l'église de ÉtUM*^*..
Thieu(Hainaut);
1 1* Le projet de restauration des abat-sons de la tour de . .*•«■■ ;«•
réglise de Braine-le-Comte (Hainaut); architecte, M. Char-
boonelle ;
12° Le projet relatif à l'appropriation de réglise d'Has- ^tflg
tière- par-delà (Naraur) et à la construction d'une sacristie *"*
avec dépendances à cet édifice. Au cours de l'exécution de
ces travaux, il importera de prendre toutes les mesures de
précaution nécessaires pour éviter de détruire les plantations
dans la propriété de M. De Paepe, au côté nord de l'église.
A cet effet, l'égout destiné à évacuer les eaux pluviales
provenant des toitures de l'édifice devra être établi sous le
chemin longeant l'église dans la dite propriété; architecte,
M. Van Assche;
13° Le projet relatif à l'exécution de travaux de restau- ggiuede
Droocto botch .
ration à l'église de Droogenbosch (Brabant). Au cours de
l'exécution de cette première série d'ouvrages, il importera
de veiller à ce que l'écoulement des eaux pluviales soit
parfaitement assuré le long des trottoirs à établir. L'auteur
du projet devra examiner avec soin si la petite baie à l'étage
de l'annexe située au côté nord de l'édifice, entre le transept
et le chœur, est la reproduction fidèle de la situation actuelle,
laquelle, en tous cas, doit être respectée. La couverture du
pignon de cette annexe sera appareillée par assises et non
pas composée de tablettes comme le projet le prévoit; archi-
tecte, H. Symons;
14* Le projet dressé en vue du rétablissement de l'église *•"*
de Bierbeek (Brabant) dans son état primitif; architecte,
M. Langerock;
— 19g —
«• s.!S.jl«,«M **" ^projet relatif à l'exéotrtioà de trafapx de resta u-
•"SïîeSet* ration à la façade principale de l'église de Saint-Jacques sut
Caudenberg, à Bruxelles; architecte, IL Delpy ; • .
decifmbThM ***" ^e ProJ*1 d® travaux de restauration à effectuer à
l'intérieur de l'église de Grimberghen (Brabant), sous la
réserve que, dans sa soumission, l'entrepreneur Brassinne-
De Boeck énumérera d'une façon complète et précise les
travaux à faire conformément aux indications du rapport du
Collège en date du 48 décembre 1901 ; architecte, M.Dhayer;
( Éfii* J7° Le projet des travaux les plus urgents à effectuer
pour la restauration de l'église d'Alsemberg (Brabant). Se
référant au rapport du 4 décembre 1902, la majorité de la
Commission estime que tous les parements intérieurs en
briques et les panneaux des voûtes doivent être crépis. Le
Collège ne voit aucun inconvénient à ce que les ouvrages
projetés soient confiés à M. Brassinne, entrepreneur, à
Bruxelles; architecte, M. Van Ysendyck ;
fiffiiM 18° Le projet relatif à la restauration de la salle du caté-
de Sainl'Htorc, r *
i AïKicriechi. chisme, au dégagement des fenêtres du chœur et du transept
kiord-est et au rétablissement des meneaux dans les fenêtres
de la haute-nef de l'église de Saint-Pierre, à Ànderlecht
(Brabant); architecte, M. Langerock;
ftgiiM 19° Le projet relatif à la restauration du chœur et du
de Notre-Dame,
kDeym*. iransept de l'église de Notre-Dame, à Deynze (Flandre
orientale), à la condition qu'au cours du travail Fauteur
aura égard aux observations émises par M. l'architecte pro-
vincial dans son rapport du 8 juin 1903 ; architecte, M. Vas
Assche;
égiito 20° Le projet de travaux de restauration très urgents
de Notre-Dame. * °
à poperinghe. $ effectuer à l'église de Nolrc-Dame, a Poperingbe (Flandre
occidentale); fte rapportant' aux toitures, aux7 voûtes, à une
fenêtre du transept et aux arcades intérieures de ta nef
centrale. Il y a lieu de prendre des mesures pour que ces
ouvrages soient entamés sans délai: Bien que le coût des
arcades intérieures figure au nombre des travaux urgents,
la Commission se réserve d'examiner, lors de la prochaine
visite du monument, si l'exécution de ces ouvrages se
justifie par la situation actuelle ou primitive de l'édifice ou
si plutôt ce ne sont pas des « ponts » qui doivent être édifiés
en place de ces arcades; architecte, M. Goomans;
24° Le projet n° III, dressé en vue de la reconstruction éciu«
de Notre-Dame,
de la flèche de la tour de l'église de Notre-Dame, à Pope- ■p°p«in«|»«-
ringhe (Flandre occidentale), à la condition qu'on supprime
la lucarne figurée à la partie supérieure de la pyramide;
elle est inutile. Pour l'exécution de ce travail, le Collège
estime, avec le Comité des correspondants, qu'il y a
lieu de faire usage de la brique de Zandvoorde ; l'auteur
du projet, M. l'architecte Coomans, se rallie à cette propo-
sition ;
22° La proposition du Conseil de fabrique de l'église de figure
Saint-Hubert (Luxembourg), tendant à pouvoir confier à
M. Houssa, sans passer par une nouvelle adjudication, la
continuation du dérochage intérieur de cette église, sur les
bases des prix de l'adjudication relative aux travaux actuel-
lement en cours. À ce propos, la majorité de la Commission
réitère les réserves qu'elle a faites et qui sont consignées
dans le rapport du 20 février 1902, en ce qui concerne
l'enlèvement total de l'enduit intérieur du monument qui,
d'après elle, ne s'impose pas;
23° Le projet relatif à la restauration intérieure du chœur ÉgiucdeFo*^
de l'église de Fosses (Namur). Il y a lieu toutefoisde réserver
TexécolioD des rampes des deux escaliers et du garde-corps
au-dessus de la crypte pour lesquels l'auteur, M. l'architecte
Van Assche, fera une étude spéciale qu'il soumettra prochai-
nement. En attendant, vu l'urgence de mettre le ehceur de
l'église de Fosses en état convenable, il importe d'entamer
les travaux sans plus de retard ;
CMiptot 24° Les comptes des travaux de restauration exécutés aux
de trava» ■
d6 y^KS1100 églises de :
Notre-Dame, à Anvers : second semestre de 1902;
Walcourt (Namur) : ouvrages effectués par entreprise,
du 15 septembre 1901 au 5 janvier 4902;
Flobecq (Hainaut) : travaux complémentaires.
ÉrfiMde — Par son rapport du 12 juin 1903, la Commission a
Lu*!*, approuvé le projet de restauration des toitures de l'abside
et de la tourelle de l'oratoire de Saint-Liévin, situé au côté
sud du chœur de l'église de Hautem-Sainl-Liévin, tout en se
réservant de faire inspecter cet édifice qui lui paraissait
intéressant. Cette inspection a eu lieu le 13 août 1903.
M. Serrure, Vice-Président du Comité des correspondants
de la Flandre orientale, y assistait.
L'église de Haulem-Sainl-Liévin se compose de parties
d'époques différentes.
Les nefs datent de 1769.
Le chœur ainsi que l'oratoire de Saint-Liévin portent le
cachet d'une haute antiquité.
L'édicule avec la tourelle qu'il est question de restaurer
aujourd'hui constituent des documents archéologiques de la
plus haute importance. Leur cachet vénérable et pittoresque
appelle toute la sollicitude des administrations chargées de
— 201 —
concourir à leur entretien et par conséquent à leur conserr
vation.
Deux tourelles flanquaient autrefois l'abside de l'église.
Celle du côté nord a été détruite; on en aperçoit encore
aujourd'hui le tronçon à l'intersection des toitures des nefs
et du chœur.
Dans les murs latéraux du chœur, à l'intérieur» sont
ménagés deux grands arcs plein-cintre aveugles reposant
sur des colon nettes très trapues à chapiteaux en forme de
cône renversé. Les bases sont enterrées par suite de l'exhaus-
sement du sol intérieur. Des fouilles devraient être opérées
pour mettre ces bases à découvert.
L'oratoire de Saint-Liévin est encombré de toutes sortes
d'objets; il est convenable de profiter des travaux à y entre-
prendre pour le nettoyer avec soin et enlever l'épaisse couche
de chaux qui en recouvre les parois. Ce crépissage est
d'ailleurs en mauvais état. La voûte est sillonnée sur toute
sa longueur d'une importante crevasse qui appelle une res-
tauration soignée. Il y aura lieu, en outre, d'étudier la
possibilité de rétablir le niveau primitif de celte intéressante
petite construction.
On ne saurait trop recommander de soigner tout particu-
lièrement les travaux de restauration de ce monument et
surtout de n'y faire que le strict nécessaire afin de lui conserver
son aspect vénérable. Quelques ouvrages y effectués vers
1887, n'ont pas été heureux; c'est à tort qu'on a mis en
œuvre, à cette époque, une pierre étrangère alors que l'on
pouvait se procurer sur place des matériaux semblables à
ceux employés lors de la construction primitive.
. A l'extrémité de la nef, près du chœur, se trouve le
— 808 —
mausolée de Saint-Liévin, érigé au xv* siècle par l'abbé de
Saint-Bavon, Jacques Van Brussel. Cette œuvre ne manque
pas de mérite; elle réclame certains travaux de restauration
pour l'exécution desquels il serait utile de faire étudier no
projet par l'architecte de l'église, M. Vaerwyck.
ÉgiiM — Il résulte de l'inspection de l'église de Zuydschole
(Flandre occidentale), à laquelle il a été procédé le 14 juil-
let 1903, que certaines parties de cet édifice sont en très
mauvais état.
Les toitures et surtout les cbéneaux doivent être dans une
situation déplorable si l'on en juge par les nombreuses infil-
trations qui se sont produites dans les murs de la nef centrale;
l'humidité a suivi les arcades reliant les colonnes et est même
descendue jusqu'à la base de plusieurs de celles-ci. Il en est
résulté des dégâts qui nécessiteront des travaux de restau-
ration sérieux et le renouvellement d'une grande partie des
crépissages.
La base de l'une des colonnes a été dégagée d'une partie
des plaques de marbre qui y ont été appliquées au siècle
dernier. Cet enlèvement a mis à découvert des avaries graves
dans la maçonnerie inférieure de ces appuis. Il est probable
que d'autres bases se trouvent dans le même état.
Le projet de restauration de l'édifice a donné lieu, de la
part du Comité provincial des correspondants, à des obser-
vations fondées. II importera de revoir ce projet et de le
modifier en tenant compte des dites observations.
Les arcades qui réunissent les colonnes ont pour profil an
double chanfrein ; à une époque relativement récente, on a
noyé ces chanfreins dans une forte moulure de plâtre. Il
faudra dégager les arcades de cette surcharge. Toutefois,
— Î05 —
comme le dit M. van Ruymbeke dans son rapport, l'appareil
intérieur en briques ne pourra rester apparent.
De nouvelles recherches pourront peut-être faire retrouver
des fragments indiquant la forme des bases et des chapiteaux
primitifs. Ces détails du projet doivent être étudiés de nou-
veau avec grand soin.
La flèche en maçonnerie de la tour réclame un rejointoyage
sérieux à effectuer au moyen d'un bon mortier composé de
moitié chaux et moitié sable très rude. Ce travail, qui n'est
pas moins urgent que celui à effectuer à l'église même, devra
être prévu au devis des travaux projetés.
— A la demande du Conseil de fabrique, il a été procédé, é^»
de Notre-Dtme-
le 3 amit 1903, à une inspection de l'église de Notre-Dame- ■U1;^û™!rna^in,>
aux- Dominicains, à Louvain.
MM. Langerock et Van Even, membres du Comité des
correspondants du Brabant, assistaient à cette inspection.
L'église dont il s'agit est extrêmement intéressante; elle
figure d'ailleurs dans la première classe au tableau des
édifices monumentaux du culte.
Il résulte de l'inspection à laquelle il a été procédé, que
les toitures sont dans un état lamentable. Des infiltrations
produites par les eaux pluviales se remarquent en de
nombreux endroits des voûtes. La tourelle est en tel mauvais
étal qu'elle menace de s'écrouler.
Il est de la plus grande urgence de remédier à cette
situation déplorable. Tout nouveau relard aurait pour consé-
quence d'accentuer les dégâts au point qu'on ne pourrait y
faire face qu'au moyen degrandes dépenses ; de compromettre
la conservation de ce beau monument et même la sécurité
publique.
r- 204 —
Outre les toitures, beaucoup d'autres parties de l'édifice
réclament de promptes mesures de consolidation. On peut
citer notamment les rampants des pignons, les glacis des
contreforts, les arcs- boutants, etc. Ces diverses parties de la
construction plus exposées que d'autres aux intempéries,
laissent pénétrer les eaux pluviales dans les maçonneries,
qu'elles disjoignent en amenant une prompte ruine.
Les arcs-boulants ont été autrefois recouverts d'ardoises
qui n'ont pu être fixées qu'imparfaitement. En tombant,
elles brisent celles des couvertures des bas-côtés. La restau-
ration des arcs-boulants devra donc nécessairement être
combinée avec celle des toitures et effectuée en tout premier
lieu.
Il y a quelques années, on a restauré la partie inférieure
des toitures. Il parait que la ville dispose, de ce chef, d'un
reliquat de 1 ,841 francs provenant de la somme versée en
commun par les diverses autorités intervenantes pour cette
restauration partielle. Il existe donc déjà un premier crédit
qui pourrait être employé utilement aux travaux les plus
pressants compris au devis de fr. 40,500-58 au sujet duquel
la Commission a émis un avis favorable, le 35 juillet 1902.
Egiiwde — Le 8 août 1903, au cours d'une conférence avec
SainkM»ertrud«,
à Nivei^. m Verhaegen, le Conseil de fabrique de Sainte-Gerlrude, le
bourgmestre et le doyen de Nivelles, l'architecte prénommé
contredit les instructions délivrées par la Commission royale
des monuments dans sa lettre au Conseil de fabrique en
date du 2 mai 1903, n° 7463, à la suite des inspections du
7 et du 20 avril précédent (voir Bulletin, p. 86), en ce
qui concerne l'emplacement de la châsse et l'enlèvement de
certaines constructions dans le transept nord. M. Verhaegen
— 208 —
combat ces instructions quant au fond et quant à la forme,
à son avis trop impéralive. Il va jusqu'à prolester au nom
des artistes et des architectes. Il dénie à la Commission
royale, en vertu de l'arrêté organique du 7 janvier 1835
qui la constitue, le droit de faire prévaloir ses avis, tout au
moins dans cette forme. Il rappelle qu'il est à la fois un
architecte travaillant sans honoraires et un membre de la
Chambre des Représentants et qu'à ce double titre il croit
mériter des égards particuliers.
M. le Président répond sur les divers points de fond.
Quant à la forme critiquée, il fait observer qu'elle est de
style à la Commission; que jamais aucun artiste ne s'en est
plaint avant M. Verhaegen. Il ajoute que le Collège met tous
les artistes de talent sur la même ligne au point de vue du
respect de leur dignité professionnelle. Il n'appartient pas à
la Commission de faire des distinctions tirées de la situation
financière et politique des artistes. M. le Président termine
la discussion, à laquelle prennent part divers membres, en
rappelant que la Commission, cette fois comme de coutume,
se réserve naturellement, après avoir entendu les parties en
cause, de statuer à nouveau et en séance privée, sur les
résolutions qu'elle avait prises à l'unanimité.
L'assemblée convient de délibérer de nouveau sur les
points de fond litigieux au commencement de la prochaine
séance. Elle réclamera les plans que M. Verhaegen n'avait pas
apportés avec lui ainsi que les petites photographies d'ailleurs
connues des délégués du Collège qu'il a produites en séance
en faveur de l'emplacement qu'il propose pour la châsse.
Au début de la séance du 44 août, après une discussion
approfondie, la Commission décide, par 41 voix (et 2
— 206 —
abstentions) de maintenir toutes les conclusions de son rapport
du 2 mai précédent, concernant le maitre-autel de l'église
de Sainte-Gerlrude, à Nivelles, le double emplacement de
la châsse et l'enlèvement des constructions qui s'élèvent dans
le transept.
de tee«.n. — II a élé procédé, le 13 juillet (903, à l'inspection des
travaux de restauration en voie d'exécution à l'église de
Walcourt.
MM. Boveroulle, Dardenne et Soreil, membres du Comité
des correspondants de la province de Namur, assistaient à
cette inspection.
Les ouvrages effectués en dernier lieu comportent la
restauration du clocheton du transept, des toitures de la tour,
des arcs-boulants, des contreforts et des parements du
chœur. Ces travaux ont élé suivis de la restauration du
narthex et de l'établissement d'un pavement dans le chœur.
Ces derniers ouvrages constituent des travaux supplémen-
taires ; ceux du narthex ont été autorisés par les diverses
administrations intervenantes; vu l'urgence, le pavement du
chœur a été autorisé verbalement par la Députalion perma-
nente du Conseil provincial.
Tous ces ouvrages ont été exécutés avec beaucoup de
soins.
Lors de la visite précitée, il a été question de placer les
orgues dans la tribune sous la tour. La Commission estime
que cette installation ne serait pas pratique ni heureuse. 11
y a lieu, d'après elle, d'établir les orgues dans la tribune à
ériger au transept sud, d'après le plan qui a déjà été adopté
et suivant la disposition du simulacre qui se trouve dans le
transept.
— 207 —
M. le doyen de Walcourt avait aussi soulevé la question
d'apporter un changement à la partie supérieure de la porte
d'entrée du chœur, sous le jubé. Cette modification ne pré-
sentant pas un caractère de réelle urgence, le Collège se
propose d'y revenir lors d'une inspection ultérieure du
monument.
En ce qui concerne la nouvelle catégorie de travaux
dont le projet a été soumis par M. le Gouverneur de la
province de Namur, le 22 juillet 1903, la Commission
est d'avis qu'il y a lieu de l'approuver. Elle demande seule-
ment que le dégagement provisoire reliant la nouvelle
sacristie à l'église soit établi en bois, de façon à lui con-
server son caractère provisoire et à ne pas entraver la
restitution du cloitre, laquelle fera l'objet d'une entreprise
ultérieure.
— À la demande de l'Administration communale de _**»»?d.?
Lootenhulle, il a été procédé, le 2 juillet 1903, à l'inspection
de l'église de cette localité, dont on sollicite le classement
parmi les édifices monumentaux du culte.
M. Serrure, vice-président du Comité des correspondants
de la Flandre orientale, assistait à cette inspection.
Les nefs de cette église sont modernes; elles ont été
reconstruites vers 1871. Il n'y a donc pas lieu d'y avoir
égard. Il en est de même des bras du transept, de l'avant-
chœur et du chœur lui-même qui, bien qu'anciens, sont
dépourvus d'intérêt, ayant subi de nombreux et importants
remaniements qui leur ont enlevé tout mérite. Mais la tour,
qui surmonte la croisée, est romane et d'un beau caractère ;
elle peut être rangée dans la troisième classe des monuments
du culte.
Lootenbnlle.
— 208 —
Le dérochage intérieur des parties anciennes de l'édi-
fice, dont la restauration vient d'être entamée, a remis
au jour quelques éléments d'architecture ancienne qu'il
conviendra de ne pas faire disparaître, entre autres un
encadrement de baie de porte romane dans le pignon du
transept sud; l'arc roman aveugle derrière l'autel latéral
nord; la trace d'une fenêtre au-dessus de cet arc. Ces
détails constituent des souvenirs qui intéressent l'histoire
de l'édifice.
Les arcades ogivales qui séparent les deux chapelles
latérales de l'avanl-chœur, que l'on a tracées en plein cintre
au projet de restauration adopté, devront conserver leur
forme ogivale; leurs piédroits mutilés devront être rétablis
en matériaux semblables aux anciens, c'est-à-dire en veld-
steen et non en briques.
L'attention des autorités locales a été appelée sur la
nécessité de rejointoyer les maçonneries extérieures au fur
et à mesure de leur rempiétement et de leur restauration,
au moyen du mortier dont se servent les maçons ; il ne faut
pas adopter un mortier spécial pour ces rejointoyages,
lesquels devront être exécutés légèrement en creux, sans
empiéter en aucune façon sur les matériaux.
11 importera de prendre toutes les mesures de pré-
caution nécessaires pour que les eaux pluviales ne séjournent
pas au pied des murailles de l'édifice restauré. À cet
effet, la pente du terrain sera régularisée et des rigoles
seront établies de façon à assurer la prompte évacuation des
eaux.
Le projet de restauration approuvé récemment prévoit
l'ajoute d'un étage à la tour. L'examen de l'édifice semble
— 209 —
démontrer qu'il y aurait tout avantage, au point de vue
artistique et archéologique, à renoncer à cette ajoute. Bien
que peu élevée, la tour se termine aujourd'hui d'une façon
satisfaisante selon le type en usage en Flandre à l'époque
romane.
Si le projet est ainsi réduit, ce qui est désiré d'ailleurs
par les autorités locales, il faudra enlever la petite partie
supérieure de la maçonnerie de la tour qui est en briques
et la remplacer par des matériaux semblables à ceux des
maçonneries voisines, soit en veldsteen.
Une décision sur ce point devrait être prise immédiate-
ment, la tour étant à découvert et exposée aux intem-
péries (i).
— Le projet soumis en vue de la restauration intérieure Égiuede
r ' Stiot-Bertin,
de l'église de Saint-Berlin, à Poperinghe, a fait l'objet d'un t**"»***
examen, sur place, le 18 août 1903, de concert avec M. van
Ruymbeke, membre du Comité des correspondants de la
Flandre occidentale.
Il résulte de cet examen qu'avantde poursuivre l'instruction
de cette affaire, il importe de faire procéder à des recherches
plus nombreuses que celles opérées jusqu'ici sous les
plâtrages et ce en vue de retrouver autant que possible la
situation primitive des diverses parties du monument et de
(i) Postérieurement à l'envoi du présent rapport, les autorités locales,
revenant sur leur adhésion prérappelée, ayant insisté vivement pour que
la tour soit surmontée de l'étage prévu au projet adopté en 1902 par toutes
les administrations intéressées, la Commission a émis l'avis qu'on peut
autoriser l'exécution de cette partie du projet telle qu'elle a été prévue.
Par suite de cet exhaussement, la tour perdra nécessairement une partie
de sa valeur archéologique. Dans ces conditions, il n'y a plus lieu de la
maintenir sur la liste des édifices monumentaux du culte.
— 210 —
s'assurer des avaries qu'il a subies et dont quelques-unes
paraissent graves, notamment aux bases des colonnes. Il est
probable que les dégâts sont suffisamment importants pour
nécessiter la reprise en sous-œuvre de certaines colonnes.
L'architecte propose de démolir les maçonneries inté-
rieures que l'on désigne généralement sous le nom de ponts,
sous prétexte qu'elles ont été construites après coup, en
1645, dit-on. Il y a lieu de faire de sérieuses recherches à
ce sujet, car si l'on en juge d'après l'aspect actuel de ces
maçonneries, rien ne peut faire prévoir qu'elles sont de date
postérieure à la construction de l'édifice. Du reste, des
arcades analogues se remarquent dans de nombreuses églises
voisines du littoral et même à Poperinghe, dans 1 église de
Notre-Dame. C'est un détail caractéristique de la région.
Il n'y a pas lieu d'ouvrir les fenêtres des chevets des deux
collatéraux, ce travail nécessiterait l'enlèvement des autels
qui y sont adossés. D'ailleurs, l'église est suffisamment
éclairée aujourd'hui et les autels précités- ne sont pas dénués
de mérite.
La tourelle qui flanque un des piliers devra être restaurée
et élevée jusqu'à la voûte comme le propose le Comité des
correspondants, s'il est démontré, par des recherches, qu'elle
a été abaissée.
. Toutes les colonnes devroni être vérifiées soigneusement ;
en enlevant le plâtrage, on y retrouvera probablement des
fragments qui permettront de restituer leurs bases et leurs
chapiteaux avec certitude.
On doit approfondir l'étude des voûtes en bardeaux des
nefs en suivant les indications du rapport du Comité provin-
cial. Il n'y a pas lieu de laisser apparentes les conlre-ner-
— 2H *-
vures; elles ne l'étaient pas autrefois. Le système indiqué
pour le chœur parait en rapport avec letat ancien.
L'application autour de l'église d'une plinthe en pierre de
Basècles polie de 0m30 de hauteur n'est pas recommandable,
ce travail n'est pas conslructif ; toutefois, une petite plinthe
à fleur du plafonnage, pour préserver le bas des murs, peut-
être admise. i
Il importe, pour tous les travaux à effectuer, qu'on mette
en œuvre des matériaux semblables à ceux employés lors de
la construction primitive et qu'on respecte scrupuleusement
le style de cette dernière dans chacune de ses parties.
L'inspection du monument a amené la constatation que
les relevés produits ont été faits d'une façon négligée. On y
constate des inexactitudes.. C'est ainsi que les travées, dans,
la coupe longitudinale, ont des proportions fautives ; que la
nef -est indiquée comme n'ayant que quatre travées alors
qu'elle en compte cinq.
En résumé, le projet doit être revu avec soin et rectifié,
s'il* y a lieu, après les recherches-précitées.
— Il a été procédé sur place, le 18 août 1903, à l'examen £&**
r , de Noire-Dame,
du- projet soumis en vue de la restauration de l'église de àPoi>erinshe
Notre-Dame, à Poperinghe.
M. van Ruymbeke, membre du Comité des correspon-
dants de là Flandre occidentale, assistait à cet examen.
Pour l'étude d'un projet de cette importance, où l'on pré-'
voit le rétablissement dé certaines dispositions primitives, il
eût été nécessaire, avant tout, que l'on procédât à de nom-
breuses recherches sous le plâtrage et le badigeon qui1
recouvrent tes parois intérieures. Avant de. poursuivre
l'instruction complète de l'affaire, il importé que de sérieuses'
-r- 21% —
investigations soient ordonnées, tant à l'intérieur qu'à l'exté-
rieur de l'édifice.
D'autre part, les ressources locales ne paraissent pas en
rapport avec le travail qu'on propose d'entreprendre aujour-
d'hui. Par conséquent, il semble utile de se borner, pour ie
moment, à prévoir les travaux strictement indispensables
pour mettre l'édifice en bon état. Les parties restaurées
autrefois doivent être maintenues dans leur situation actuelle
lorsqu'elles sont encore bonnes. On les restaurera plus tard,
au fur et à mesure des nécessités. Mais, ce qui doit être
restauré aujourd'hui doit l'être dans le style primitif et au
moyen de matériaux de même composition que ceux mis en
œuvre à l'origine. C'est surtout sous ce dernier rapport qu'il
y a lieu de faire des recherches approfondies, car la brique
domine d'une façon presque générale dans la construction.
La pierre ne semble devoir être admise que là où l'emploi
de la brique est impossible ou quand il est démontré qu'il a
été fait usage, à l'origine, de matériaux pierreux. A moins
de constatations contraires, le petit granit doit être exclu.
Les briques à mettre en œuvre pour toute cette restaura-
tion devront être celles de Zandvoorde en ayant soi a de les
harmoniser avec les briques anciennes tant comme dimen-
sions que comme coloration.
Le pinacle qui termine les gables parait avoir toujours
existé ; il est donc logique de le respecter.
Comme il n'y a pas lieu de toucher aux fenêtres qui sont
encore en bon état, il importe de ne transformer celles qu'il
serait nécessaire de renouveler que si les investigations
démontrent qu'il y a eu là des remaniements lors de précé-
dentes restaurations.
— 213 —
L'ouverture des fenêtres de l'abside et de celles des chœurs
latéraux parait désirable; elle peut être admise s'il est constaté
qu'elle peut s'effectuer de l'extérieur sans endommager les
retables ou décorations de style renaissance qui surmontent
ou contournent les autels. L'ouverture des fenêtres des
pignons ouest n'a rien d'urgent; elle n'est pas justifiée non
plus par des raisons d'éclairage. Il en est de même pour les
fenêtres au fond de l'église entre les deux premiers contre-
forts.
Le portail principal est encore en assez bon état; il ne
semble pas avoir subi d'importantes transformations; il est
donc désirable de le maintenir tel quel en y faisant les répa-
rations nécessaires.
La restauration des voûtes en bardeaux est tout indiquée
par les éléments qui en restent; ce travail ne donnera lieu
à aucune difficulté.
Les arcades ou espèces de ponts qui existent dans le
transept à travers de la nef et des collatéraux paraissent tels
qu'ils ont été construits; il n'y a pas lieu de les surmonter
d'une maçonnerie ajourée.
Les colonnes sont en pierre bleue de Tournai et très
endommagées; des fragments de base et de chapiteau ont
été retrouvés sous le plâtrage de l'une d'elles; ces fragments
étant peu concluants, il est possible que de nouvelles
recherches en feront découvrir de plus importants.
On ne peut laisser apparents les matériaux intérieurs;
îi est préférable de les enduire en vue d'une polychromie
future qui s'étendrait aux murs et aux nervures des voûtes.
La limitation de la restauration de l'église de Notre-Dame
aux travaux strictement nécessaires pour en assurer la con-
— su —
servatioo permettra de conserver presque tout le mobilier de
cet édifice. En tous cas, on ne pourra faire disparaître que
les seuls objets qui n'offrent pas une réelle valeur au point
de vue de l'art. Il y a lieu de se rallier entièrement, sur ce
point, au rapport du Comité provincial des correspondants
qui propose de former un inventaire de ce mobilier et de
soumettre des propositions en ce qui concerne les objets qui
pourront disparaître.
En attendant que le projet soumis soit revisé, il importe
de prendre des mesures pour que l'exécution des travaux de
restauration des toitures, des voûtes et de la fenêtre du
transept nord soient entamés sans nul relard d'après le
devis spécial joint au rapport de la Commission en date du
29 juillet 1903. Les maçonneries ajourées prévues à cette
estimation, pour surmonter les ponts, en seront supprimées.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de Tari. 23 du règlement.
Le Président ,
Ch. Lagasse-de Locht.
TABLK DBS 1RT1ÈRRS.
lo Commission royale des moauments. — Résumé des procès-verbaux H*
séances des mois de mai et de juin 1903.
2° Actes officiels.
8° Commission royale des monuments. — Résumé des procès-verbaux û
séances des mois de juillet et d'août 1903.
A VIS. — Les personnes qui collaborant an Bulletin des Commissions ro*.> '
d'art et d'archéologie ont droit de recevoir deux épreuves de leurs article-
première en colonnes, la seconde après lu mise en pages.
Le bon à tirer devra être donné sur la révision de cette dernière épreuve.
Les remaniements qui seraient demandés ultérieurement devront être payes r
les auteurs.
Si M. les collaborateur* du Bulletin ont droit à &0 exemplaires , tirrs à f
de leurs articles admis dans le recueil. Les auteurs f»? désirent un n-r*.'
supplémentaire d'exemplaires doivent s'adresser directement à cet efn
V imprimeur du Bulletin, qui les fournira à leurs frais.
Pour ce qui concerne le Bulletin, s'adresser à M. Masbaux, Secrétaire
Commission royale des monuments, 22, rue Montoyer, à Bruxelles.
SBBVICE BELGEDES ÉCHANGE
ACTES OFFICIELS.
M. le Ministre de la Justice a transmis à la Commission Travaux exécuté.
sans
copie de la circulaire suivante, qu'il a adressée à MM. les "i?cra"i!£>'
Gouverneurs des provinces :
« Bruxelles, le 5 septembre (903.
» Monsieur le Gouverneur,
» La Commission royale des monuments me signale que,
malgré les prescriptions de l'arrêté royal du 16 août 1824
et les nombreuses instructions de mon département, les
administrations fabriciennes sont généralement disposées à
croire que lorsqu'elles ne demandent pas de subsides à la
Province et à l'État, elles peuvent se dispenser de soumettre
aux autorités les plans des travaux de restauration, de
construction, d'ameublement ou de décoration qu'elles font
exécuter aux édifices du culte. « Plusieurs cas de ce genre,
» dit-elle, viennent d'être portés à notre connaissance. Nous
> avons, en diverses circonstances, fait ressortir les graves
» inconvénients pouvant résulter de cette manière d'agir.
» Des travaux ainsi exécutés en dehors de tout contrôle
» des autorités peuvent altérer gravement les éléments
» artistiques des édifices du culte. *
— 216 —
> Je vous prie, Monsieur le Gouverneur, de bien vouloir
inviter à nouveau les administrations fabriciennes à solliciter,
pour les travaux susmentionnés, l'autorisation prévue par
l'arrêté royal du 16 août 1824.
• Il conviendra de leur faire remarquer que les dépenses
ordonnées irrégulièrement peuvent être rejetées des comptes,
que mon département se réserve d'examiner dans chaque
cas si les travaux effectués sans autorisation pourront être
maintenus, alors même qu'ils n'auraient rien coûté à la
fabrique et que les fabriciens s'exposent à devoir supporter
personnellement tous les frais résultant de l'exécution des
mesures qui seraient prises pour faire respecter la loi
méconnue par eux.
» Le Ministre de la Justice,
* (Signé) J. Van den Heuvel. »
Marche à suitrc M. le Ministre de l'Agriculture a transmis au Collège copie
\!TSSST de la circulaire suivante, qu'il a adressée à MM. les Gouver-
Circolairc. .
neurs des provinces :
« Bruxelles, le 6 octobre 1903.
« Monsieur le Gouverneur,
» La marche actuellement suivie pour l'instruction des
affaires relatives à la restauration des tableaux décorant les
édifices publics laisse parfois à désirer.
» 11 est indispensable d'imposer désormais aux artistes
restaurateurs l'obligation de n'entamer la restauration d'un
— 217 —
tableau et de ne le renvoyer à sa destination que lorsqu'il
aura été vu par les délégués de la Commission royale des
monuments. Ceux-ci examineront l'œuvre avant tout travail
et, après la restauration, dans l'atelier de l'artiste, en de
meilleures conditions que dans l'édifice même, où il est
souvent difficile de l'apprécier.
» D'autre part, si le travail effectué suscite des observa-
tions, il pourra y être fait droit avant que l'œuvre soit remise
en place. Comme la plupart des restaurateurs habitent
Bruxelles, les inspections pourront se faire le jour des
séances hebdomadaires de la Commission précitée, sans
déplacement et sans frais.
» J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, Monsieur
le Gouverneur, veiller à ce qu'il soit tenu compte de ces
instructions chaque fois que des affaires de l'espèce seront
déférées à votre examen.
» Le Ministre,
» (Signé) B0B M. van der Bruggen. »
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX,
*«^^***#V^*0**W»««M»
SÉANCES
do 26 septembre; des 3, 10, 17, 24 et 31 octobre 1903.
PEINTURE ET SCULPTURE.
Des avis favorables ont été émis sur :
1° Le dessin d'un vitrail à placer derrière l'autel de la ÉgiiMde
iifi* i n« ¥> •!• «ru Saint-Boniface,
Sainte- Vierge, dans 1 église de Saint-Bomface, a Ixelles ^jjjjy-
(Brabant); auteur, M. Ladon;
2° Le projet d'un vitrail à exécuter pour l'église de Lacui- Égiiw
sine (Luxembourg); auteur, M. Ladon; eviuîï,,e*
3* Le projet relatif au placement de vitraux dans le chœur g,»»*
de l'église de Boucle-Saint-Denis (Flandre orientale); auteur, 00vur««.M,*#
H. Casier ;
4° Le dessin d'un vitrail destiné à l'église d'Ànthisnes ê*iu*
(Liège); auteur, M. Osterralb; vanii.
5° Le projet concernant l'exécution de deux vitraux pour é«iu«
de Goefferdingeo.
le choeur de l'église de Goefferdingen (Flandre orientale); Vilra«-
auteur, M. Ladon;
6° Le projet relatif au placement de vitraux dans la partie tiguu
r * r r deSaiiit-Maitin,
agrandie de l'église de Saint-Martin, à Ransart (Hainaut); *$££•
auteur, M. Bardenbewer;
— 220 —
Efiiu de Brée. 7° Les dessins de vitraux à placer dans l'église de Brée
Vitreux. r °
(Limbourg); auteur, M. Osterrath;
égiiw d« 8° Le projet relatif au placement de six vitraux dans réélise
Bicsme-ColoooiM * ' G
viinui. jç Biesme Golonoise (Namur), sous réserve qu'avant de
passer à l'exécution complète de son œuvre, l'artiste fasse
d'abord un groupe de l'un des vitraux et qu'il l'envoie au
local des réunions de la Commission. Celle-ci l'examinera
afin de décider s'il y a lieu de poursuivre l'entreprise dans
les mêmes conditions; auteur, M. Vosch;
giriiM 9° Le projet de quatre vitraux à placer dans le chœur de
de Urugelttte.
vitrai, l'église de Brugelette (Hainaut); auteur, M. Coucke;
écum de 10° Le projet de vitraux à placer dans le chœur de l'église
Su-MirpuerUe, °
viintfx; de Sainte-Marguerite, à Liège; auteur, M. Javaux;
iiôtei commua 1 !• Les propositions relatives à la décoration extérieure
^orêiion'** et intérieure de l'hôtel communal de Saint-Gilles (Brabant).
Toutefois, les projets ne consistant qu'en de simples rensei-
gnements, il parait indispensable que la Commission soit
appelée à aller voir, sur place, les maquettes de la statuaire
et les esquisses coloriées des peintures des plafonds.
Éffiuede — Il a été procédé, le 7 octobre 1903, à l'examen des
Foy-Notre-Dame.
-peinture., travaux de restauration des peintures ornant les autels et le
plafond de l'église de Foy-Nolre-Dame (Namur), dont le
devis estimatif, au montant de 1,695 francs, a été approuvé
par la Commission, le 41 janvier 1901.
II résulte de cet examen que les travaux précités, exécutés
par M. Crahay, de Liège, ont été effectués d'une façon
satisfaisante.
En conséquence, il y a lieu de liquider le subside, alloué
spécialement pour celte entreprise, sur les crédits des Beaux-
Arts. ^
I
I
— 221 —
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a approuvé le projet relatif à la construction hôuummmmi
de bâtiments destinés à servir d'annexés à l'hôtel communal
d'Anderlecht (Brabant), tout en regrettant que, dans l'élabo-
ration de cette élude, on ne se soit pas rapproché davantage
de l'architecture du bâtiment principal. Le Collège craint
que les nouvelles constructions ne nuisent à l'aspect de
l'œuvre existante. Au cours de la construction de la nouvelle
annexe, l'auteur, M. S'Jonghers, fera bien de revoir les
lucarnes figurées au pied des toitures, dont la silhouette
pourrait être améliorée et la décoration simplifiée.
— Pour satisfaire au désir exprimé par la Société cMte»u-rort
de Logne.
d'archéologie du canton de Durbuy, il a été procédé, le
19 octobre 1903, de concert avec M. l'architecte Fernand
Lohest, à l'inspection des travaux de déblaiement et de
fouilles entrepris dans les ruines de l'ancien château-fort
de Logne (Liège).
M. Pascal Lohest, membre du Comité provincial des
correspondants, assistait à cette visite.
Les travaux effectués depuis la dernière inspection (2 octo-
bre 4902), sont considérables.
Dans (es parties hautes, on a déblayé les murs de contour
de l'ouvrage avancé de la pointe extrême nord du rocher
sur lequel est bâtie la forteresse. Une excavation au sud
révèle une grotte naturelle s'avançanl sous celte construc-
tion; il sera intéressant d'explorer cette caverne. Il n'est pas
possible toutefois que la dite construction avancée, de forme
rectangulaire, fût la chapelle du château. Il semble que la
chapelle devait se trouver à proximité du donjon, peut-être
— 22Î —
était- elle ménagée dans la tour flanquant la grande courtine
vers l'Ourthe. Cette disposition existe à Francbimont et dans
d'autres châteaux de l'époque. Des investigations résoudront
peut-être ce problème intéressant.
Le bastion qui forme le premier ouvrage extérieur, dit
bastion «Wibald», a été complètement mis au jour. Une
grande partie de son fossé est déblayée. Un pont en bois est
établi sur ce fossé et donne accès au fort. Les maçonneries
du pourtour ainsi que celles de l'entrée et du réduit adjacent
ont été consolidées et rejoinloyées avec soin. Le mur de
culée du pont a été refait d'après les vestiges de son ancien
tracé.
Dans le château proprement dit ont été mis au jour et
déblayés :
a) Un chemin de ronde en terrasse adossé au rocher et
défendant l'accès du grand fossé. On n'avait vraisemblable-
ment accès à ce chemin de ronde que par la caverne dite de
la f Galle d'or » et sans doute au moyen d'échelles;
b) Deux anciens corps de garde de la courtine vers Logne;
c) Un local de la courtine nord;
d) Une oubliette profonde taillée dans le roc et dans laquelle
sept pièces d'or ont été trouvées ;
e) La cour basse du château, laquelle a été couverte
autrefois, car on remarque encore entaillées dans ses parois
rocheuses, des enclaves de poutres de gilage;
f) Trois petites salles précédant la tour carrée flanquant
la courtine vers l'Ourthe ;
g) Le pied de la tour carrée dont il est question ci-dessus.
Enfin, une découverte fort intéressante au point de vue
archéologique a été faite : c'est celle des couchis de cintres
— 223 —
en chêne qui oui servi à la construction de la voûte de l'une
des tours et qui sont encore aujourd'hui en place après une
existence d'au moins cinq siècles.
Dans le donjon on a totalement déblayé l'ancienne cuisine
dont le pavement, des plus rustique, est intact. On y remarque
i'àtre composé de briques sur champ, le four à pain, la
plate-forme et le déversoir de l'évier.
La tour de guet a été débarrassée des végétations qui
l'encombraient; l'année prochaine, on consolidera cette tour.
Les tètes des voûtes du couloir sous ladite tour; celles du
couloir voûté du chemin de ronde et celles du couloir sous
la cuisine du donjon ont été refaites.
Dans les parties basses du château, l'entrée destinée à la
garnison et qui forme poterne de fossé, a été reconstituée
telle qu'elle existait, tous les vestiges découverts ayant permis
d'en connaître les moindres détails.
Les travaux de déblai du grand fossé se sont poursuivis
sans relâche; ils ont mis à nu le pied de deux tours. L'une
de ces dernières a été consolidée et surélevée de 3 mètres.
Les voûtes des deux casemates qu'elle renferme ont été
reconstituées.
On va continuer à vider le grand fossé, où il reste encore
un bon tiers d'éboulis à enlever.
La grande courtine qui domine l'Ourthe à 90 mètres
environ de hauteur, est aujourd'hui consolidée sur la plus
grande partie de son parcours. Ses grandes meurtrières ont
été rétablies. On a continué à dégager le pied de cette cour-
tine de ses éboulis sur 4 mètres de hauteur. La Société se
propose de poursuivre ce travail de façon à débarrasser
entièrement les rochers abrupts sur lesquels s'élevait le
— 224 —
donjon. On devrait se borner, sur ce point, à ce qui est
déjà fait et s'occuper exclusivement de remettre les talus
vers l'Ourlhe en convenable végétation.
Dans l'exécution des travaux de même nature à faire dans
les fossés on ne doit enlever que les éboulis en respectant
les bétonnages établis autrefois pour relier les diverses parties
du rocher. Il n'y a pas lieu de remettre du béton là où il a
été détruit contre les rochers. Ceux-ci doivent rester tels
quels; on les laissera se garnir de mousse et dans les fentes,
si possible, on facilitera la végétation.
Rien n'empêche de rétablir l'encadrement et les claveaux
de la porte de l'escalier du donjon dont toutes les pierres
sont sur place.
Les déblais et les fouilles ont encore mis à découvert,
celte année, des ferrures et armatures; des armes et des
projectiles en pierre et en fer; des poteries et des objets en
verre; des ossements et des monnaies. Tous ces objets sont
conservés avec soin. Il convient de rappeler à la Société
qu'ils appartiennent à l'État.
Les travaux effectués à ce jour ont été exécutés avec soin
et intelligence. Ils ont pour conséquence de doter le pays
d'un souvenir archéologique de premier ordre qui se trouvait
enfoui sous un énorme amoncellement de décombres. Il y a
lieu d'en féliciter vivement la Société qui les a entrepris.
Il y a tout intérêt pour le pays à ce que l'État continue
son allocation, comme les années précédentes, en allouant
à la Société un nouveau subside de 3,500 francs.
Il serait même désirable que cette allocation fût consentie
encore, en principe, pendant les quelques exercices dont la
Société aura besoin pour achever complètement ses travaux.
— 225 —
A ce point de vue, il importe de fixer, dès à présent, tout
le programme des travaux restant à faire. La Société devrait
être priée de le fournir sans délai et de faire des propositions
pour la détermination du dernier des exercices à partir
duquel elle n'aura plus besoin d'être aidée par l'État.
Tenant compte de l'importance de la forteresse de Logne
comme construction militaire, il semble intéressant de la
voir figurer en fac-similé à l'exposition universelle de Liège,
eo 1905, telle qu'elle devait être au moyen âge, à côté des
maquettes de Franchimont et de Moha. La confection de ce
fac-similé serait confiée aux soins de M. F. Lohest, qui a
fait une étude approfondie de l'ancienne forteresse.
Enfin, il serait désirable que la communication entre le
bastion t Wibald » et le donjon fût rétablie. Si l'on en juge
par les piliers qui existent encore dans le fossé, cette com-
munication se faisait au moyen d'un solide pont en bois
monté sur chevalets appuyés sur les piliers. Le rétablisse-
ment de ce pont ajouterait beaucoup au caractère pittoresque
des ruines. M. l'architecte Lohest serait chargé d'en dessiner
les formes en s'inspirant de ce qui existait à Bouillon au
xii" siècle. La dépense à en résulter ne serait pas bien
importante.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été approuvés :
1° Le projet relatif à la construction d'un presbytère pour constrocûou
' r y r et restauration
la paroisse des SS.-Victoret Léonard, au Thier, à Liège; de p"»1**™-
architecte, M. Froment;
2° Le projet concernant la construction d'un presbytère
— 2*6 —
à Lindel-Hoeven, sous Overpelt (Limbourg); architecte,
M. Collés ;
3° Le projet d'appropriation du presbytère de la commune
de Saint- Remy (Hainaut); architecte, M. Maréchal;
4° Le projet d'une clôture à établir au presbytère de Bei-
rendrechl (Anvers); architecte, H. Gîfe.
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a émis des avis favorables sur les projets
relatifs à la construction d'églises :
feu* 4° A Balgerhoeke, sous Eecloo (Flandre orientale), sous
la réserve qu'au cours de l'exécution l'auteur tienne compte
des observations suivantes émises par M. l'architecte provin-
cial : a) le tirant placé à deux tiers de la hauteur de la voûte
devra relier le dessous des deux arbalétriers ; 6) on devra
pouvoir entrer directement dans le magasin sans devoir
passer par la sacristie. Il serait préférable de placer les
annexes au côté sud ; c) on devra pouvoir accéder au grenier
au-dessus de la sacristie; d) des puits et citerne sont néces-
saires. On devra aussi prévoir une pompe dans la sacristie
et établir une cave sous ce local ; c) on doit de même prévoir
des cheminées pour le chauffage de l'édifice et des murs
extérieurs doubles pour les dépendances'; f) il sera néces-
saire, pour l'adjudication, de dresser des plans à 0"01 par
mètre, de compléter les coupes et de produire des détails
de menuiserie, charpente, etc.; architecte, M. Oenoyette;
w ÉgiiM de 2° A Lindel-Hoeven, sous Overpelt (Limbourg). L'attention
Lindel-Uoetcn. ■ N *•"
de l'architecte, M. Collés, a été appelée : a) sur les murs de
l'édifice qui, en général, paraissent faibles; b) sur la possi-
bilité d'augmenter un peu la hauteur de la voûte de la nef;
— 227 —
e) sur l'utilité de prendre toutes les mesures de précaution
nécessaires pour mettre la construction à l'abri de l'humi-
dité, aussi bien de celle provenant du sol que de celle qui
pourrait être causée par les pluies; d) sur la convenance
de réserver le moyen de construire, plus tard, une tour en
maçonnerie vers la façade principale.
Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des
églises :
4* D'Okegem (Flandre orientale), moyennant de lenirégiitedokegem.
compte des recommandations faites par M. l'architecte pro-
vincial; architecte, M. Goethals;
2° De Notre-Dame à Peiseghcm, sous Merchtem (Brabant); i#\*
«le PeiMgbem.
architectes, MM. Struyven et Dankelman.
Ainsi que les projets ci-après :
3° Exhaussement de l'église de Sainte-Anne, à Zwyndrecht é^.*
«** Sainie-Anne,
(Flandre orientale); architecte, M. Stuyck; * zwyndrecht.
4° Exécution de divers travaux à l'église de Herbeiimont Étiue
de Herheumoot.
(Luxembourg); architecte, M. Thibeau;
5° Construction d'une flèche et travaux d'amélioration à Uu*
de Rocicugc.
l'église de Roclenge (Limbourg), sous réserve qu'avant de
passer à l'exécution de la flèche, l'architecte, M. Jolet, en
soumette une nouvelle élude, la silhouette de cette construc-
tion pouvant être améliorée sans augmentation de la dépense;
6° Appropriation delà sacristie de l'église d'Oycke (Flandre M«e d'Ojcke.
orientale);
7° Construction d'un mur de clôture à l'église de Caulille £gii<*
° de Caulille.
(Limbourg), à la condition de placer un petit cordon en
pierre à la partie supérieure de la plinthe du mur pour
éviter que l'humidité ne s'introduise dans la maçonnerie;
architecte, M; De bru y ne;
— m» —
e#jm 8* Renouvellement du dallage de l'église d'Haulcbio
d'HaulcbiD.
(Hainaot) ;
d« sJSsLt* ^° Établissement d'un pavement céramique dans l'église
à mmUJK^ Saint-Saulve, à Jollain-Merlin (Hainant);
ohiouBobiii«rt 10» Et, enfin, les dessins d'objets mobiliers destinés aux
églises de :
Saffelaere (Flandre orientale) : deux confessionnaux ;
Ransart (Hainant) : trois autels;
Mylslraat, sous Duffel (Anvers) : trois autels;
Pessoux (Namur) : mobilier complet;
Noire-Dame des VII Douleurs, à La Louvière (Hainaut) :
mobilier complet ;
Sainte-Catherine, à Malines (Anvers) : deux autels ,
Bioulx (Namur) : confessionnaux ;
Huyssinghen (Brabant) : trois autels ;
Lootenbulle (Flandre orientale) : maitre-autel ;
Flobecq (Hainaut) : trois autels.
M" — Il a été procédé, le 29 septembre 4903, à l'examen
■ oiwude. (]u mobilier placé dans l'église de Saint-Joseph, à Ostende
(Flandre occidentale).
Il résulte de cet examen que le mobilier dont il s'agit a été
exécuté dans de bonnes conditions. En conséquence, il y a
lieu de liquider le subside promis, sur les crédits des Beaux-
Arts, en vue de cette entreprise.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a visé :
Egii»* i9 Le projet relatif à la restauration de la tour de l'église
dn Saint-Dentt. r J °
de Saint-Denis (Namur), à la condition que l'auteur ménage
— 829 —
an arc de décharge au-dessus du linteau de la porte d'entrée
et qu'il revoie les proportions de cette baie. En tous cas, il
importera qu'avant de passer à l'exécution de la dite porté,
il en soumette un détail à plus grande échelle; architecte,
M . Lange ;
2° Le projet de travaux de réparation à exécuter à 1 église „ *c""<)6
r * r ° N.-D. du Rosaire,
de Noire-Dame du Rosaire, à Cou réelles (Hainaut); archi- kCource,,M-
lecte, M. Bridoux ;
3° Le projet de divers travaux à effectuer à l'église éfiiM
r é ° d'Havelanf*.
d'Havelange (Namur); architecte, M. Lange;
*• Le projet relatif à la restauration extérieure de l'église de ^J^
Rhode-Sainte-Agathe (Brabant); architecte, M. Langerock; Sâlnle"A«alh*
5° Le projet de restauration de l'église de Gestel, sous «««*
r J ^ J de Meerhont.
Meerhout (Anvers); architecte, M. Taeymans;
6° Le projet concernant la restauration des voûtes enJ *««'•»• .
' » de SHiid-Amand,
bardeaux de l'église de Saint-Amand, à Roulers (Flandre àlUM,,m-
occidentale); architecte, M. De Nyt;
7° Le projet relatif à la restauration de l'église de Ramscap- da R *£« |Jc
pelle lez Nieuport (Flandre occidentale). La Commission
partage l'avis de M. le Gouverneur de la province, que la
fabrique d'église a fait chose opportune en présentant un
projet d'ensemble en vue de la restauration de l'intéressant
monument dont il s'agit. Comme l'exécution des travaux se
fera par séries, au fur et à mesure des ressources dont la
fabrique pourra disposer, rien n'empêche d'autoriser les
travaux repris dans la première série, laquelle s'applique
aux toitures et aux fenêtres, et âont la dépense est estimée
à fr. 11,835-61.
— Pour satisfaire à la demande de l'administration corn- £*"» .
de Saintr-llarie
munale d'Ostende (Flandre occidentale), il a été procédé, le (ï aSSi*
— 530 —
29 septembre 1903, à l'inspection de l'église de Sainte-Marie
(Mariakerke), en cette ville.
L'église de Mariakerke remonte à la dernière période
ogivale. Elle se compose d'une tour massive, d'une nef
unique et d'un chœur. A une époque relativement récente,
on a ajouté aux deux côtés de la nef deux petites chapelles.
L'ensemble de l'édifice offre un certain intérêt, surtout au
point de vue pittoresque; il est situé dans un joli site au pied
des dunes. D'autre part, c'est un des rares types des petites
églises de la côte maritime. Pour ce double motif, il y a lieu
d'en assurer la conservation.
A l'extérieur, la construction est en très mauvais état; à
la façade ouest surtout, certaines maçonneries sont disjointes
au point que des écroulements partiels sont à craindre; les
toitures sont pour ainsi dire en ruines; les eaux pluviales
les traversent de part en part. Il est donc urgent de prendre
des mesures de conservation et de restauration.
A l'intérieur, l'état de conservation du temple est plus
satisfaisant. Mais les enduits et le plafond réclament aussi
des réfections et des réparations. Le plafond est couvert de
peintures qui, sans avoir une valeur artistique marquante,
jouent un certain rôle dans l'ensemble décoratif; elles devront
être respectées, dans la mesure du possible, lors de la restau-
ration du plafond.
Le mobilier, les revêtements, les lambris, etc., offrent au
ensemble intéressant des époques Louis XV et Louis XVI ;
il importera de les conserver avec soin. Du reste, l'intérieur
de l'édifice ne réclame pas des travaux bien importants.
L'administration communale devra être invitée à présenter,
sans retard, un projet d'ensemble complet des travaux que
— 231 —
nécessite la conservation et la mise en état convenable du
temple, dont l'entretien a été négligé par suite du manque
de ressources de la localité récemment annexée à la ville
d'Ostende.
Pour pouvoir étudier sérieusement ce projet, il faudra
faire enlever partiellement le badigeon qui recouvre les murs
extérieurs, afin de pouvoir s'assurer si des éléments a rchi tec-
toniques primitifs ne sont pas dissimulés sous tes nombreuses
couches de chaux appliquées sur les maçonneries.
Il sera utile de joindre au projet quelques vues photogra-
phiques tant intérieures qu'extérieures de l'édifice.
— À la demande du bureau des marguilliers de l'église de ê^*
° ° de Benhem.
Berthera (Brabant), il a été procédé, le 45 octobre 1903, à
l'examen du plafond de cette église, dont une petite partie
s'est détachée au-dessus du jubé.
L'état de vétusté de ce plafond a déjà été signalé en 1901;
il ne semble pas qu'il y ait un danger immédiat pour la
partie au dessous de laquelle se tiennent les fidèles, mais il
est prudent de faire examiner la situation par l'architecte de
la fabrique et, au besoin, de faire enlever les parties de
plâtras dont la chute serait à craindre.
En tout état de cause, l'église de Berthem doit être l'objet,
incessamment, d'un travail important de restauration et son
rétablissement dans son état primitif nécessitera la démolition
du plafond en plâtrage sur lattes qui a été substitué, au
xvh9 siècle, au plafond en bois.
L'église de Berthem est une construction romane du
xii* siècle. On peut, sans contredit, la ranger au nombre des
églises les plus intéressantes des communes rurales de la
province. Malheureusement, ses proportions ne sont plus en
— 43* —
rapport avec le chiffre de la population, celle-ci s'accroissant
sans cesse. L'agrandir serait une opération regrettable qui
lui enlèverait une grande partie de son importance archéolo-
gique. D'autre part, telle qu'elle se présente aujourd'hui,
sur un point élevé de l'agglomération, elle offre à l'œil du
spectateur une silhouette attrayante.
Vu ces considérations, on ne peut que renouveler le vœu,
déjà exprimé, de la voir conserver telle quelle en renonçant
à tout agrandissement.
On arriverait ï suppléer à l'insuffisance de sa surface en
créant une seconde place de vicaire. Les autorités compétentes
devraient remettre cette question à l'étude. Si une entente
se réalisait sur ce point, on se bornerait à restaurer l'église
avec tous les soins que sa valeur archéologique comporte et
on conserverait ainsi intacte la belle silhouette de ce monu-
ment vénérable, dont il serait impossible d'étendre la surface
sans en altérer les heureuses proportions.
Éciite de — Lors de l'inspection des peintures restaurées du plafond
de l'église de Foy- Notre-Dame (Namur), le 7 octobre 1903,
il a été constaté que les travaux de restauration de l'édifice
même sont en bonne voie d'avancement.
Tout en reconnaissant que les ouvrages, en général,
ont été effectués dans de bonnes conditions, il y a lieu
cependant de maintenir les réserves faites dans le rapport du
23 avril 1902, dressé à la suite de l'avant-dernière inspection
du monument, à l'exception toutefois de celle ayant trait
au prolongement du plafond à caissons au-dessus du jubé,
plafond qui a été modifié suivant l'observation présentée.
Le devis primitif de la restauration s'élevait à fr. 23,438-80.
Il ne comprenait que les travaux les plus urgents.
— 333 —
Un second devis comportant des travaux complémentaires
également urgents et montant à fr. 14)338-70, aété approuvé
par la Commission.
Le bureau des marguilliers propose de confier ces der-
niers ouvrages à l'adjudicataire de l'entreprise principale,
moyennant le chiffre de l'estimation dont les prix d'unité
sont conformes à ceux de l'entreprise première.
H est à remarquer que plusieurs de ces travaux sont déjà
terminés et qu'ils ont dû l'être en même temps que ceux
de l'entreprise en cours. Dans ces conditions, il y a lieu
d'accueillir la demande formulée par le bureau des marguil-
liers dans sa délibération du 31 juin 1903.
Au nombre des travaux complémentaires figure l'appro-
priation du tambour sous le jubé, auquel manquent l'ouvrant
central et les deux portes latérales. Le plan soumis figurant
cette appropriation peut être adopté.
Parmi les travaux prévus aux deux devis approuvés, ne
figurent pas ceux, urgents aussi, de réparation du soubas-
sement en pierre de la façade latérale sud de l'église. Il y a
là un certain nombre de pierres à remplacer et un bon
rejointoyage à opérer, ouvrages qu'il importo de ne pas
différer. Ils devront être complétés par la régularisation de
la pente du terrain, au pied des murailles, sur tout le
pourtour de l'église, afin de faciliter l'écoulement des eaux
pluviales.
Le Secrétaire,
A. Massaux.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le Président,
Gh. Lagasse-de Locht.
R A PPORT
SUR LES TRAVAUX DU COMITÉ DE LA SECTION ARTISTIQUE
DE LA COMMISSION ROYALE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX
PENDANT L'ANNÉE 1901.
L'année 1901 a été marquée, comme la précédente, par
une importante série de voyages féconds en résultats pra-
tiques, car ils ont amené, d'une part, un accroissement
notable de notre fonds de clichés destinés à rechange de
photographies ; d'autre part, l'inscription à la liste de desi-
derata de plusieurs moulages d'oeuvres de haute valeur.
Nous possédons depuis longtemps le moulage de l'enca- Niques.
drement d'une ancienne porte de l'église Sainte-Gertrude,
à Nivelles (n° 949 du Catalogue du Musée d'art monu-
mental). Les montants sont décorés de feuillages, le linteau
de figurines représentant l'histoire de Samson. Deux statues
placées sur des colonnettes dans les angles du porche repré-
sentent : Tune Samson enlevant les portes de Gaza, l'autre
Samson ébranlant la colonne du temple de Dagon (ij.
L'état de vétusté dans lequel se trouvent ces deux œuvres
nous a fait renoncer à notre projet qui était de compléter,
par leur moulage, celui du cadre de la porte. L'examen de
ce monument a permis de constater que, dans notre mou-
Ci) Bsmnvfl : Éléments d'archéologie chrétienne. Louvain, Peeters, 1871,
t, I, pp. 321-322, pi.
— 236 —
lage, on a réduit à tort la hauteur de la partie inférieure
des piédroits, ce qui donne à la baie une forme à peu près
carrée, d'aspect disgracieux. Il y aura lieu de profiler du
transfert de nos collections pour rétablir la hauteur réelle,
qui est de lm60, du sol au bas de la partie sculptée. Ce
portail désaffecté est transformé en une sorte de remise au
fond de laquelle la sculpture en question, toujours à sa place
primitive, est cachée au public et parait exposée à être
dégradée par le contact des objets divers que Ton dépose en
cet endroit. Nous pensons qu'il serait utile de signaler cet
état de choses à la Commission royale des monuments, qui
jugera probablement opportun de profiter de la restauration
de l'église pour mettre à l'abri et restituer à la vue des
visiteurs cette sculpture en tous points remarquable.
L'église Sainte -Gerlrude possède plusieurs statues
anciennes, en pierre, remisées dans la crypte : deux de
celles-ci, représentant Saint-Antoine et Saint-Laurent, nous
paraissent dignes d'être reproduites par le moulage.
A gauche de l'entrée principale de la même église on
remarque, accolé à un pilier, un ex-voto de style renais-
sance; il se compose d'un haut-relief aux nombreuses
figures, représentant YEcce Homo, encadré de deux colonnes
composites qui supportent un entablement surmonté d'une
arcade à plein cintre au fond de laquelle se voit la Résur-
rection. Contre les retombées de l'archivolte, au-dessus des
colonnes, deux caryatides portent un fronton triangulaire
dont le tympan est occupé par un buste, en bas-relief, du
Père Éternel bénissant; deux figures d'anges couchées sur
les rampants du fronton, et une statuette de Saint-Hubert
debout sur l'angle supérieur, couronnent l'ensemble. Au bas,
- 237 —
un cadavre est étendu sur une natte de jonc et au dessous se
lit l'épilaphe du chanoine Hubert Kerssan, décédé le
27 juin 1569.
Ce monument est en pierre, il porte des traces de dorure
et de polychromie, et Ton voit encore aux côtés de l'enca-
drement les ferrures de volets qui ont disparu (i).
Dans une chapelle latérale se Irouve une remarquable
boiserie attribuée au ciseau de Paul Vander Schelden et
bien digne de servir de pendant à son célèbre portail de la
salle échevinale d'Àudenarde. C'est un grand motif d'archi-
tecture formé de quatre colonnes composites au fût cannelé
el décoré dans le bas de feuillages et de fleurs; elles
portent un entablement dont la frise est décorée de végétaux
el de mascarons. Le fond des entrecolonnemenls est occupé
par trois panneaux : sur celui du milieu, la figure de Sainte- .
Gerlrude se détache sur un fond de feuillage; les deux
autres sont décorés de figurines d'anges portant divers attri-
buts de plantes avec feuilles et fruits du plus gracieux effet.
M. van Overloop, conservateur en chef des Musées steenœkmeei.
royaux du Cinquantenaire, nous avait signalé des sculptures
dans les églises de Steenockerzeel et de Crainhem.
Deux pierres tombales notamment sont encastrées dans
la muraille à l'intérieur du portail de la première de ces
églises. L'une, qui porte le nom du baron Guillaume de
Cotereau et la date de 1661, est décorée de blasons enca-
drant un grand écu armorié accosté de deux lions ; elle n'a
guère d'intérêt.
(i) Tablieb et Wauters : Géographie et histoire des communes belges.
Fille de Nivelles, p. 127.
— 238 —
Craiokei
Louflia.
L'autre, beaucoup plus grande, remonte au xve siècle.
Elle porte, en relief très plat, les effigies du chevalier van
Harame, en armure, et de son épouse, drapée dans un ample
vêtement. Chacun des gisants se trouve au dessous d'une
arcade ogivale à redents, surmontée de fenestrations simu-
lant un dais. Autour de chaque arcade et le long de l'enca-
drement se développent de longues inscriptions en beaux
caractères gothiques, interrompus à chaque angle de la
pierre par un médaillon quadrilobé entourant un blason.
Celte dalle mérite d'être reproduite; mais, eu égard à son
peu de relief, nous estimons que le frottis conviendrait ici
mieux que le moulage. Il serait bon d'examiner aussi s'il ne
serait pas possible soit d'exhausser la pierre, soit d'abaisser
quelque peu le pavement, qui cache une partie de l'inscription.
A l'église de Crainhem,dans l'ancien portail transformé en
réduit, se trouvent deux chapiteaux de colonne! Les romanes,
demeurés à leur place primitive; ils sont de forme cubique,
l'un tout uni, l'autre orné de palmetles; un croquis en a été
pris par les soins de M. van Overloop; il y aura lieu d'en
prendre aussi le moulage.
Derrière le mailre-aulel de l'église Saint-Pierre, à Louvain,
est fixé un bas-relief en pierre d'Avesnes polychromée haut
de 0m90, long de 2ml2. On y voit : au milieu le Christ en
croix entre la Vierge et Saint-Jean; à droite, la Résur-
rection ; à gauche, un personnage à genoux, présenté par
Saint-Jean. Il résulte d'un renseignement dû à l'obligeance
d'un vicaire de la paroisse que ce monument a été donné,
quelques années avant sa mort, par Jean Keynooghe décédé
en 4460. C'est une pièce intéressante qu'il sera bon de
reproduire.
— 239 —
Un autre monument funéraire, encastré dans le mur d'une
chapelle latérale de la même église, mérite aussi le moulage.
Deux caryatides, personnifiant la Foi et l'Espérance, sup-
portent un entablement dont la frise est semée de bouquets
de feuilles et de fruits; sur la corniche s'élève un fronton
semi-circulaire qui porle un groupe figurant la Charité. Dans
le tympan, deux anges soutiennent d'une main un écusson
armorié et portent de l'autre une torche renversée. Les
caryatides encadrent un haut- relief où l'on voit un seigneur
agenouillé que son saint patron présente au Père Éternel,
personnifié par une petite figure assise, placée sur une sorte
d'autel. Ce motif est séparé par une frise d'ornements d'une
inscription en flamand, qui rappelle la mémoire d'Adolf van
Baussel, officier du Prince d'Orange, décédé le 11 décem-
bre 1559.
Beaucoup de détails de ce petit monument rappellent les
tabernacles de Suerbempde et de Léau; c'est évidemment
une œuvre sortie de l'atelier de Corneille II Floris De Yriendt.
Les moulages de ces deux monuments funéraires coûteront
ensemble 800 francs.
L'église de Lubbeek possède de bien curieux restes de Lubta*
fonts baptismaux d'époque romane (î) :
La cuve est sculptée dans une épaisse dalle carrée dont
les angles ont été transformés par l'artiste en masques
humains : les quatre faces sont arrondies et décorées de
feuillage, de grappes et d'animaux fantastiques du style
le plus primitif. La partie inférieure porte la trace d'un gros
(i) De la fin du zn* siècle, d'après M. Ed. van Even. {Bulletin du
Comité de la province de Bradant, 1881-1883. — Bruxelles, 1884, p. 69).
— 240 —
Zillebeke.
Liibe.
pédoncule cylindrique et quatre bases de colon nettes à gros
tore avec griffe en forme de feuille toute unie. It manque à
ces fonts le support, c'est-à-dire le pilier central et les colon-
nettes qui le cantonnaient.
Ces parties étant de simples cylindres de pierre, sans
sculpture, la restauration serait aisée et il est vraiment à
souhaiter que cet intéressant monument, maintenant exposé
à être dégradé, prenne la place qu'il mérite, soit dans l'église,
soit dans un musée.
Les fonts baptismaux encore actuellement en usage dans
I église de Zillebeke n'ont qu'un support unique, un gros
pilier cylindrique monté sur un tore. La cuve, de forme
carrée, est décorée de pa (mettes encadrées sur ses quatre
faces et de mascarons grimaçants aux angles. Le dessous
affecte la forme d'une doucine ornée de grandes feuilles.
Ces fonts sont mieux conservés que ceux de Lubbeek,
mais leur ornementation est moins pittoresque. Il existe des
monuments analogues qui pourraient être moulés plus utile-
ment que celui-ci.
Signalons encore des fonts très anciens, relégués actuel-
lement dans le cimetière qui entoure la petite église deLixbe,
près Visé. La cuve est formée, comme à Lubbeek, d'une
dalle carrée large de 0m85, épaisse de Om45, aux angles
sculptés en forme de masques humains, entre lesquels les
côtés ont été arrondis; mais à part ces masques, l'extérieur
ne porte aucune décoration. Cette cuve est posée sur un
pédoncule cylindrique, épais, court, avec base en forme de
tore très saillant.
On trouve à Luslin des fonts à fort peu près identiques.
Très intéressants au point de vue archéologique ces monu-
— 241 —
ments ne présentent pas un caractère artistique suffisant
pour en justifier le moulage.
Dans le chœur de l'église de Lixhe se dresse la grande
pierre tombale d'un baron de Waha, décédé en 1622. Inté-
ressante surtout au point de vue héraldique, elle se signale
par la précision un peu sèche de la taille et par son parfait
état de conservation. Son mérite artistique n'est pas suffisant
pour que nous en proposions le moulage.
Il existe dans l'église de Ghàlelineau un monument funé- gumiimm.
raire qui ne comporte pas moins de quatorze figures en
ronde bosse; douze d'entre elles sont agenouillées sur la
tablette supérieure d'un sarcophage adossé au mur et dont
la face est ornée de trente et un écussons armoriés. Ce sont,
en avant, Philippe de Mérode, mort en 1623, et sa femme
Jehanne de Montmorency ; puis viennent, deux par deux,
quatre garçons et six filles; enfin deux poupons au maillot
sont assez singulièrement suspendus à une certaine hauteur,
contre le fond.
A chaque extrémité du monument se dresse une colonne
ionique un peu lourde, supportant une moulure au-dessus
de laquelle s'élève un couronnement où se lisent des inscrip-
tions commémoratives.
L'architecture est d'un style lourd et banal; mais les
statues sont fort bien venues et pourraient être moulées. Ce
travail coûterait 3,000 francs.
En face de ce tombeau à l'autre bout du transept, un
beau bas-relief d'albâtre est encastré dans la muraille. Il a
pour sujet le martyre de Saint-Barthélémy et est daté de
Tan 1600.
Le style de la sculpture rappelle jusqu'à un certain point
— 84Î —
ChâUlet.
celai de Jacques Du Broeucq, mais avec moins d'élégance
et plus de réalisme. Nous en avons décidé le moulage au
prix de 75 francs.
Une grande croix triomphale, accompagnée des figures
de la Vierge et de Saint-Jean, nous avait élé signalée dans
l'église de Ghàtelet. On se préparait à la restaurer au moment
de notre visite; elle avait été, dans ce but, déposée sur le
pavement, ce qui nous a permis de l'examiner de près.
La croix ne mesure pas moins de 5n50 de hauteur sur
4 mètres de largeur à la traverse; les arêtes sont garnies de
crochets de feuillage.
La figure du Christ est molle et peu intéressante ; celle
de Saint- Jean ne vaut pas mieux; seule celle de la Vierge
présente un certain mérite artistique — d'ailleurs insuffisant
pour nous permettre d'en proposer le moulage.
TrucgniM. Deux monuments funéraires précèdent l'entrée du chœur
de l'église de Trazegnies.
Celui de droite, tout en pierre bleue, comporte un soubas-
sement sur lequel se dressent douze colonnelles-ba lustres
supportant une dalle à corniche moulurée. Deux gisants,
un seigneur en armure et une dame, y sont couchés, la tète
sur un coussin, les pieds sur le lion et le chien traditionnels.
La sculpture est précise, un peu sèche et certaines parties
semblent avoir été retaillées.
L'autre tombeau est d'un tout autre caractère : c'est un
grand sarcophage de marbre noir, avec base et corniche
moulurées; neuf écussons de marbre blanc se détachent sur
chaque face. Sur la dalle supérieure sont couchées les statues
de Gilles de Trazegnies et de sa femme.
Le seigneur est en armure, botté et éperonné, en partie
— 243 —
enveloppé dans un ample manteau; ses longs cheveux
bouclés couvrent les épaules. La dame est enveloppée tout
entière de draperies. Tous deux ont les yeux fermés et les
mains jointes.
Celte composition présente une particularité assez curieuse:
l'homme est beaucoup plus grand que la femme, et le lion
sur lequel il pose les pieds occupe presque toute la largeur
de la dalle; le chien couché aux pieds de la défunte vient
plus haut, au second rang.
La sculpture, très largement traitée, d'une exécution souple,
aisée et énergique, est due au maître Luc Fayd'herbe.
Nous souhaiterions voir entrer dans nos collections au
moins le moulage de la figure du défunt : nous préférerions
toutefois posséder la reproduction du tombeau complet qui
coûterait 2,200 francs.
L'église de Familleureux possède un tableau historique Fanmeartux.
en bois sculpté et peint.
c C'iftt » , dit l'inscription qui l'accompagne, « li raraenbrance
bel offenser que el)U be JJouftatng awient fait a tttont : f terabrae
be Uertatng en ce oile rt maison bu f amtllrue roele » .
La légende qui a provoqué l'exécution de cette œuvre est
rapportée en détail par M. Théophile Lejeune dans sa * Notice
historique sur le village de Familleureux i (i) : Au cours
d'une fêle, les manants de Familleureux se sont pris de
querelle avec ceux de Houdaing; Fier-à-bras de Vertaing
essaie vainement de les apaiser; il doit se retirer devant les
menaces et les injures des gens de Houdaing. Furieux, il
jure de les exterminer tous et de livrer leur village aux
(«) Mons, Mabquilie et Diqomnb, 1863.
— *44 —
flammes. Les insulteurs, calmés par la réflexion, viennent
implorer leur pardon, mais Fier-à-bras, d'un coup de son
glaive, tranche la tète du premier qui s'adresse à lui; comme
il s'apprête à traiter les autres de même, la Vierge lui appa-
raît tout à coup, en même (emps qu'une main invisible lui
enlève son casque; aussitôt Fier-à-brasse calme et pardonne.
Tel est le sujet du tableau : on voit à droite le seigneur
de Verlaing qui remet son glaive au fourreau; la Vierge
portant l'Enfant Jésus est devant lui; puis viennent hait
hommes de Houdaing agenouillés, en file ; au premier plan
git le cadavre à la tète tranchée.
Cette sculpture parait avoir été exécutée au xv* siècle —
probablement sur la commande de Fier-à-bras lui-même. —
Elle est intéressante surtout pour les historiens et les archéo-
logues; mais, au point de vue artistique, nous ne pouvons eo
préconiser la reproduction.
Niaècb*. Nous proposerons, par contre, le moulage d'une pierre
tombale fort remarquable, dressée dans le portail de l'église
de Namèche. Elle date de la fin du xu° siècle.
Une petite dalle carrée encastrée dans le mur au-dessus
de cette pierre porte l'inscription suivante :
ICI REPOSE LES
OSSEMENS DE
SYBILLE DE
LVSIGNANT
REINE DE
YERVSALEME
DÊCÊDÊE L'AN
1187.
— 2*5 —
La défunte est couchée sous une arcade trilobée découpée
dans un motif d'architecture formant dais et figurant un
grand pignon entre deux corps de bâtiments flanqués chacun
d'une échauguette à toiture en poivrière.
Elle porte une couronne basse et une longue robe aux
plis raides et symétriques; les mains sont jointes sur la
poitrine, les coudes en équerre très pointus; une aumô-
nière pend à la ceinture. Un long manteau, dont le fond est
décoré de rectangles, forme capuchon au-dessus de la tète
et s'étend sous la figure jusqu'aux pieds, qui s'appuient sur
un chien. Une inscription en lettres capitales, en partie
effacées, contourne les bords de la pierre.
La personne à la mémoire de laquelle celte dalle est
consacrée est donc Sibylle, fille de Baudouin IV, roi de
Jérusalem, laquelle épousa en 1180 Guy de Lusignan, comte
de Jaffa et d'Ascalon; celui-ci, devenu roi de Jérusalem en
1185 à la mort du jeune Baudouin V, fut fait prisonnier par
Saladin à la bataille de Tibériade en 1187, l'année même
que l'inscription donne comme étant celle de la mort de
Sibylle, sa femme.
La date de l'exécution de cette sculpture (fin du xne siècle)
ne parait pas douteuse. Elle a, dans son caractère archaïque,
plus d'un point d'analogie avec les figures de Mathilde et de
Marie, femme et fille du duc Henri Ier, couchées sur leur
tombeau, dans l'église Saint-Pierre, à Louvain ; les draperies
et différents détails tels que l'aumônière suspendue à la cein-
ture l'apparentent même à la figure du tombeau de Henri Ier,
qui ne lui est guère postérieur que d'un demi-siècle.
— S46 —
Le Secrétaire de notre Comité a été chargé, cette année,
de visiter différents musées de la Hollande, à l'effet de com-
pléter la liste des moulages qu'il conviendrait d'acquérir à
l'étranger, en même temps que d'entretenir et d'étendre à
l'occasion nos relations internationales. Les résultats de celte
mission ont fait l'objet d'un rapport spécial qui a été
publié.
Ils se traduiront en fait par d'importants échanges notam-
ment avec les musées d'Amsterdam, de Harlem et de Leyde.
Desiderata.
Statuant sur les conclusions des rapports relatifs aux
différents voyages que nous venons de résumer, comme sur
les propositions de ses membres, notre Comité a porté sur
la liste de ses desiderata les reproductions des monuments
et objets d'art dont la liste suit :
PROVINCE DE BRABANT.
C rai n hem. Église : Deux chapiteaux romans.
Louvain. Église Saint-Pierre : Monuments commémo-
ratifs de Jean Keynooghe et d'Adolf van Baussel.
Lubbeek : Fonts baptismaux.
Nivelles. Église Sainte-Gertrude : Statues de Saint-
Antoine et de Saint-Laurent; boiserie attribuée à Paul
Vander Schelden.
Steenockerzeel. Église : Dalle tumulaire du chevalier van
Hamme (frottis).
— 247 —
PROVINCE DE HAINAUT.
Châlelineau. Église : Tombeau de Philippe de Mérode et
de sa famille ; bas-relief de Saint-Barthélémy.
Trazegoies. Église : Tombeau de Gilles de Trazegnies et
de sa femme.
PROVINCE DE LIÈGE.
Liège. Église Saint-Jacques : Jubé.
PROVINCE DE NAMUR.
Namèche. Église : Dalle tumulaire de Sibylle de Lusi-
gnan.
ÉTRANGER.
Hollande. (Liste annexée au rapport spécial.)
Atelier de moulage.
Le personnel de noire atelier a exécuté les moulages
suivants : Bases, chapiteaux et fragments divers de l'église
Notre-Dame à l'ancienne abbaye d'Orval; buste du roi
Guillaume I" (du Musée deGand), de Mercure et de Vulcain,
par Rude; ces deux derniers bustes décoraient jadis la
façade de l'ancien Hôtel des Monnaies, à Bruxelles; monu-
ments commémoratifs de Jean Keynooghe et d'Adolf van
Baussel ; tombeaux de Henri Ier, duc de Brabant, de Mathilde
et de Marie, sa femme et sa fille, dans l'église Saint-Pierre, et
portail roman de l'hôpital Saint-Pierre, à Louvain,
— 248 —
Nous avons fait exécuter, en outre, par des mouleurs de
la localité, les reproductions de trois bas-reliefs de l'église
de Rimini et de deux lombes plates appartenant au Musée
archéologique de Gand.
Photographies.
Notre fonds de reproductions photographiques s'est
augmenté de cent cinquante-sept clichés, dont une partie
d'après les moulages de nos collections et les autres d'après
les monuments originaux dont la liste suit :
Fronton de l'ancien Hôtel des Monnaies, à Bruxelles;
bustes de Mercure et Vulcaiu, du même monument, par
François Rude ;
Haut-relief représentant YEcce Homo; statues de Saint-
Antoine et de Saint-Laurent; boiserie attribuée à Vander
Schelden, dans l'église Sainle-Gertrude, à Nivelles;
Tombes plates du chevalier van Hamme et du baron de
Colereau, dans le portail de I église de Steenockerzeel ;
Fonts baptismaux de l'église de Zillebeke;
Anciens fonts baptismaux et dalle funéraire, à Lixhe;
Anciens fonts baptismaux dans l'église de Lubbeek ;
Pierre tombale de Sibylle de Lusignan dans le portait de
l'église de Namèche;
Deux monuments funéraires dans l'église de Trazegnies;
Bas-relief de Fier-à-Bras dans l'église de Familleureux;
Tombeau de Philippe de Mérode et bas-relief dans l'église
de Chàlelineau;
— 249.—
Deux monuments commémoratifs dans l'église Saint-
Pierre, à Louvain ;
Fonts baptismaux de l'église de Sainl-Séverin en Gondroz
(don de M. C. Aubry) ;
Deux statues tombales dans l'église de Beersel ;
Statue de la « Vénus aux Colombes » du Musée royal de
sculpture, à Bruxelles.
Phototypies.
Notre collection de photolypies de monuments nationaux
anciens s'est accrue des vues suivantes :
Bruges. Église Saint-Sauveur (intérieur); église Notre-
Dame (façade septentrionale et grande nef); greffe de
l'hôtel de ville; maisons anciennes Pré-aux-Moulins et rue
Notre-Dame; pignons du Franc ;
Gourtrai. Église Notre-Dame (façade, nef et transept,
chapelle des comtes); église Saint-Martin (grande nef);
Porle-d'Eau ;
Furnes. Hôtel de ville et maisons anciennes;
Poperinghe. Ëglise Saint-Jean (tour et chevet, façade
nord-ouest, façade méridionale) ; église Notre-Dame (façade
sud-est) ;
Ypres. Église Saint-Martin (extérieur); Hôtel de Ville;
Boucherie.
Soit vingt vues, exécutées par M. Constant d'Hoy, de
Gand.
— 250 —
Frottis.
Sur la proposition de M. Cloquet, notre Comité a décidé
de faire reproduire par le frottis une centaine des plus inté-
ressantes des < tombes plates » de la Belgique ; ces frottis
seront photographiés et les épreuves serviront aux échanges
internationaux.
Six de ces frottis ont été exécutés cette année par
M. Kremcr, de Gand.
Dons, Acquisitions et Échanges.
Nous avons acheté, aux ateliers du Musée du Louvre, les
moulages de trois statues chaldéennes au nom de Goudéa.
Nous avons reçu du Musée royal de sculpture de Dresde
les moulages des œuvres dont la liste suit :
Antiquité : Torse d'une statue archaïque d'Àlhena tenant
une lance ; statue colossale d'Alhena Lemnia ; statue d'an
athlète se frottant d'huile ; statue d'un satyre versant à boire,
d'après Praxitèle; torse d'un guerrier mourant; statue colos-
sale de femme d'Herculanum ; tète de femme, par Ryzikos.
Moyen âge : Le tympan, deux consoles et les huit statues
de la « Porte-d'Or » du dôme de Freiberg (Saxe).
Renaissance: Statue agenouillée de Catherine de Mecklem-
bourg, par Carlo de Cesare.
— 251 —
Vente.
La vente de photographies et de moulages au public à
produit la somme de fr. 4,991-55.
[Relations internationales.
A la demande de M. le Ministre de l'Agriculture nous
avons ouvert une enquête officieuse parmi nos correspon-
dants de l'étranger, en vue de connaître ceux d'entre eux
qui approuvaient en principe notre projet de création, à
Bruxelles, d'un « office central des échanges artistiques
internationaux ».
Nous avons reçu jusqu'à ce jour les adhésions énumérées
ci-après :
Musée d'art décoratif de Harlem. Directeur : M. Ed. von
Saher ;
Musée d'art industriel de Nuremberg;
Musée national germanique de Nuremberg;
Musée d'art industriel d'Utrecht. Directeur : M. Houlza-
gers;
Musée municipal de sculpture de Leipzig. Directeur :
M. Th. Schreiber;
Musée royal de sculpture de Dresde. Directeur : M. le
professeur Dr Georg Treu ;
Musée royal de moulages de sculptures classiques à
Munich;
Musée provincial de Munster (Westphalie). Conservateur:
M. le conseiller Lùdorff ;
— 2Ki —
Musées royaux de Berlin. Directeur général : M. Schône;
Musée national de sculpture comparée, h Paris. Directeur :
M. Haraucourt.
Soit onze adhésions, dont plusieurs nous sont données à
titre officiel d'après examen de noire projet par les adminis-
trations des Beaux-Arts des Gouvernements intéressés.
Nul doute que de nouvelles adhésions ne nous parviennent
dans le courant de Tannée prochaine.
Le Secrétaire,
Henry Rousseau.
Vu :
POUR LE PRÉSIDENT :
Le Membre délégué,
Ad. Delvigne.
SEANCE GENERALE PRÉPARATOIRE
du 10 octobre 1903, à 2 heures.
Présidence de M. Lagasse-de Locht.
Membres effectifs présents : MM. Helbig, vice- président;
Acker,Blommc, Bordiau,Delacenserie, VanWinl; Massaux,
secrétaire.
Se sont Tait excuser : MM. Hellepulte, Gardon, Maquet,
Reusens.
Membres correspondants présents : MM. Schuermans,
Boveroulle, Van Leemputten, De Ceuleneer, Devillers,
Serrure (de Gand), Hubert, Van Biesbroeck, Van de
Wyngaert, Tandel, Dardenne; Désirée et Sibenaler, res-
pectivement secrétaires des Comités du Brabant et du
Luxembourg.
Se sont fait excuser : MM. les Gouverneurs des provinces
du Brabant et de Namur.
Au nom de l'assemblée, M. le Président exprime tous ses
regrets de l'absence de MM. les Gouverneurs du Brabant et
de Namur. Il remercie MM. les membres correspondants
qui ont bien voulu se rendre à la réunion.
Il donne lecture du texte des art. 68 et 69 du règle-
ment ayant rapport aux séances préparatoires.
II est donné lecture de la résolution prise en séance du
26 septembre dernier, relativement à la publication de
— 254 —
l'inventaire des objets d'art conservés dans les établissements
publics du pays. Cette résolution est adoptée après demande
d'explications par M. Tandel. Elle sera également soumise
à la ratification de l'assemblée générale du 12 octobre
courant.
Il est également donné lecture de Tordre du jour de la dite
assemblée.
M. Schuermans a fait parvenir une proposition tendante
à porter à l'ordre du jour un paragraphe 6°, ainsi libellé :
Communication de M. Schuermans relative aux travaux de
l'abbaye de Villers. Cettre proposition est adoptée à l'unani-
mité.
Aucune autre proposition n'ayant été produite, l'ordre du
jour de la séance publique est définitivement approuvé.
H. De Ceuleneer demande s'il n'y aurait pas opportunité
à remettre à l'ordre du jour de l'assemblée de 1904, U
question relative à la peinture sur verre, comme suite au
remarquable travail produit par M. le Baron Bethune Cette
proposition rencontre l'adhésion unanime.
M. le Président remercie MM. les membres correspon-
dants, qui se retirent à 3 heures.
Le Secrétaire, Le Président,
A. Massaux. Ch. Lagàsse-de Locht.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS
ASSEMBLÉE GENERALE & RÉGLEMENTAIRE DU 12 OCTOBRE 1903
Présidence de M. LAGA88E-DB LOGHT,
Inspecteur général des Ponts et Chaussées,
Président de It Commission royale des Monuments.
Prennent également place au bureau : MM. Van den
Heuvel, Ministre de la Justice; le baron de Kercbove
d'Exaerde, Gouverneur de la Flandre orientale; le baron
Belhune, Gouverneur de la Flandre occidentale; de Rode,
secrétaire général du Département de la Justice; Luckx,
directeur général des cultes; Helbig, artiste peintre, vice-
président de la Commission royale des monuments, à Liège;
Bordiau, architecte à Bruxelles; Acker, architecte à
Bruxelles; De la Genserie, architecte à Bruges ; Blomme,
architecte à Anvers; Van Wint, statuaire à Anvers ; Vinçolle,
statuaire h Bruxelles, membres effectifs de la Commission
royale des monuments; le chevalier Marchai, Secrétaire
perpétuel de l'Académie royale de Belgique; De Groot,
statuaire, membre du Comité mixte et permanent des objets
d'art, et Massaux, secrétaire de la Commission royale dès
monuments.
- Î86 —
Membres correspondants présents :
Province d'Anvers : MM. Van Leem pollen, Bilmeyer, le
chanoine Van Casier, Louis Nève et Fernand Donnet.
Province de Brabant : MM. le chanoine Delvigne, Janlet,
Hanon de Louvel, Langerock et J. De Vriendl; Désirée,
secrétaire-adjoint du Comité.
Province de la Flandre occidentale : M. van Rnymbeke.
Province de la Flandre orientale : MM. Serrure, Van
Biesbroeck, Lybaert et De Ceuleneer.
Province du Hainaut : MM. Devillers, Hubert et Soil.
Province de Liège : MM. Schuermans et Lohesl-de Waha.
Province de Limbourg : MM. l'abbé Daniels, Van Neuss
et Jaminé.
Province du Luxembourg : MM. Tandel, Van de Wyn-
gaert; Sibenaler, secrétaire-adjoint du Comité.
Province de Namur : MM. le chanoine Sosson, Bove-
roulle et Dardenne.
La séance est ouverte à dix heures dix minutes du matin.
M. le Président. — Messieurs, l'année dernière, la Com-
mission royale des monuments toute entière s'est associée
à un deuil national. Aujourd'hui, je ue doute point qu'elle
ne participe à une joie nationale et qu'elle n'acclame notre
nouveau prince, Charles-Théodore (très bien). Je présume
que vous témoignerez, sans aucune opposition, votre désir
de voir le bureau adresser, par un télégramme, ses chaleu-
reuses félicitations cl ses vœux sincères au Prince Albert et
à la Princesse Elisabeth. Comme vous vous ralliez tous à la
motion que j'ai l'iionneur de faire, le télégramme dont je
— *S7 —
viens de vous parler sera envoyé immédiatement au Prince
Albert. (Marques unanimes d'adhésion et applaudissements.)
M. Van der Bruggen, Ministre de l'Agriculture et des
Beaux- Arts, regrette de ne pouvoir être parmi nous aujour-
d'hui.
M. Verlan t, directeur des Beaux-Arts» est actuellement
en mission artistique en Italie; il s'est également excusé de
ne pouvoir assister à notre réunion.
De même M. Béco, secrétaire général du Déparlement de
l'Agriculture et des Beaux-Arts,, qui avait d'abord accepté,'
se trouve aujourd'hui en mission à Paris.
M. le chanoine Reusens, à cause de l'étal de sa santé, ne
peut malheureusement être des nôtres non plus.
Notre premier vice- président, M. Helleputle, m'écrit une
lettre dans laquelle il dit qu'il n'a pu venir samedi dernier
à noire ac semblée ordinaire et préparatoire, en raison des
examens d'octobre qui sont, cette année-ci, excessivement
nombreux et très longs, et que la même raison l'empêche
d'assister à notre réunion d'aujourd'hui. Il espère bien, —
sans pouvoir cependant l'affirmer, — que la marche de ces
examens lui permettra d'assister à notre séance hebdoma-
daire de samedi prochain.
M. le chevalier Oscar Schaetzen s'excuse aussi, ainsi que
M. de Montpellier, Gouverneur de la province de Namur.
Ce dernier m'écrit combien il regrette de ne pouvoir être
parmi nous aujourd'hui. Toujours jeune, mais indisposé, il
a tenu à prendre des précautions à cause du temps affreux
que nous avons subi ces jours derniers.
De son côté, M. Vergote, Gouverneur du Brabant, qui a
toujours sa noble tèle, mais dont les jambes ne semblent pas
— 858 —
aussi fortes, s'excuse également de n'être pas parmi nous*
MM. Maquet et Gardon, en mission en Allemagne, se sont
aussi excusés de ne pouvoir assister à notre réunion.
M. le Gouverneur de la Flandre orientale n'est pas encore
arrivé parmi nous à ce moment. Il est un de nos membres
les plus assidus. Il ne tardera pas à venir.
Je constate, au reste, avec plaisir, Messieurs, que le
changement d'heure de notre réunion générale et réglemen-
taire n'a pas écarté trop de membres. S'il en était autrement,
nous pourrions toujours revenir sur cette décision.
J'accorde maintenant la parole à M. le Ministre de la
Justice.
M. Van den Heuvel, Ministre de la Justice. — Messieurs,
je suis heureux de pouvoir vous remercier publiquement
du zèle éclairé que vous ne cessez de déployer et de rendre
une nouvelle fois hommage à la manière dont vous com-
prenez le rôle important dévolu à la Commission royale
des monuments.
Il s'agit, pour les œuvres nouvelles, d'encourager l'esprit
d'initiative tout en lui ménageant les sages conseils qu'in-
spirent les traditions du bon goût.
Il s'agit, pour les œuvres du passé, d'assurer le respect
de leur beauté et de leur cachet par le souci d'une prudente
restauration.
Vous avez trop à cœur la conservation des merveilles que
nous a léguées le génie de nos ancêtres, des travaux esthé-
tiques qu'ils ont accomplis et même du pittoresque où ils se
sont complus, pour permettre à des mains ignorantes ou
téméraires de commettre des dégâts irréparables.
— 859 —
Éprises du charme harmonieux qui se dégage d'un
ensemble où règne l'unité du style, beaucoup de personnes
n'ont qu'une pensée le jour où on leur parle de restaurer
un édifice ancien, celle d'enlever et de jeter au dehors tout
ce qui ne cadre pas avec la pureté de la ligne primitive. Elles
dénient la moindre valeur aux objets qu'ont placés les
époques postérieures à la fondation du monument. Marbres
et boiseries ne trouvent plus grâce à leurs yeux. A les
entendre, on n'hésiterait pas à mettre aujourd'hui à nu de
longs pans de mur en pauvre appareil, d'une malheureuse
coloration, et à garnir demain les vides avec des meubles
faits à 'la hâte, suivant les canons adoptés par l'industrie et
sans originalité artistique.
Votre vigilance est là heureusement pour arrêter cet
exclusivisme aveugle et vandale.
Gardez y à deux fois, dit la sagesse des nations, avant
de porter la cognée à un grand arbre. Il faudrait attendre
deux générations pour reconquérir son ombre bienfai-
sante.
Redoublons aussi d'attention avant d'enlever de nos
églises les lambris, les clôtures, les autels, les statues, les
meubles qui ne nous paraissent pas s'harmoniser avec le
style général.
D'abord, parce que nous devons veiller à ne perdre
aucune de nos richesses et éviter les condamnations à priori
auxquelles sont entraînés ceux qui croient pouvoir arrêter
la liberté de l'art et ne veulent saluer qu'une seule forme
de beauté. {Applaudissements.)
Puis, parce qu'il semble sage de ne modifier et de ne
détruire ce qui existe, qu'à l'heure où nous sommes certains
— 360 —
de trouver immédiatement quelque chose qui ail plus ou,
tout au moins, autant de valeur esthétique.
Enfin, parce qu'il ne doit point déplaire aux croyants de
voir leurs églises témoigner que, dans le cours des siècles,
des séries de générations ne partageant pas les mêmes goûts
artistiques, ont toutes communié dans un même sentiment
de piété élevée, dans un même idéal religieux.
Le premier devoir du restaurateur doit être de conserver
avec intelligence et de mettre en relief tout ce qui porte la
marque d'une véritable beauté sans distinction de paternité
entre les styles et les écoles.
Vous avez eu souvent. Messieurs, à rappeler ce précepte
d'éclectisme et c'est un honneur pour votre Commission
d'avoir toujours cherché à s'en inspirer dans ses décisions
et dans ses recommandations.
Le Gouvernement sait qu'il peut compter sur votre
perspicacité et votre dévouement. Il a confiance dans votre
savante collaboration pour garder et accroître le patrimoine
artistique du pays. {Applaudissements prolongés.)
M. le Président. — Messieurs, je répondrai certaine-
ment à votre désir en remerciant chaleureusement M. le
Ministre d'être venu, une nouvelle fois, siéger parmi nous.
C'est un grand honneur qu'il nous fait. Nous lui en sommes
profondément reconnaissants.
Messieurs, au cours de la dernière session parlementaire,
à propos d'une grave question qui n'est pas de notre
compétence, M. le Ministre a prononcé à la Chambre des
Représentants un magistral discours, qui a été admiré, j'ose
le dire, par l'Europe tout entière.
— 261 —
La hauteur des vues de M. le Ministre ne s'applique
pas seulement à l'œuvre législative; elle s'étend aussi aux
matières qui nous tiennent à cœur : à l'art et à la science
archéologique. Il vient d'en donner une preuve manifeste.
Je me bornerai à rappeler son excellente intervention, très
efficace, notamment dans l'exécution des travaux de restau-
ration de l'église de Sainte- Walburge, à Fumes. Je pourrais
encore citer d'autres exemples. Je crois répondre au vœu
de M. le Ministre en n'allongeant pas trop cette liste.
Dieu me garde de vouloir flatter M. le Ministre! Je ne
suis ici qu'un témoin de la vérité.
Pour la proclamer tout entière, je n'ajouterai qu'un seul
mot : s'il m'était permis de donner un modeste conseil à
M. le tyinislre de la Justice et à tous les Ministres de la
Justice de l'avenir — que je souhaite le plus éloigné possible,
— - je les supplierais d'être très prudents dans les décisions
à prendre concernant la restauration des monuments.
Si bien doués qu'ils soient, très rares sont les hommes
à qui la Providence a fait don du jugement sûr et de la
science consommée qui distinguent M. Van den Heuvel.
(Vifs applaudissements.)
J'accorde maintenant la parole à M. le Secrétaire pour
donner lecture de son rapport sur les travaux de la Com-
mission pendant le dernier exercice.
M. Massaux, Secrétaire. — Messieurs, nos travaux de
Tannée qui vient de s'écouler ne le cèdent en importance
à ceux des années précédentes. Nous nous sommes réunis
51 fois; nous avons eu à examiner plus de 1,100 affaires;
nous avons eu de nombreuses conférences avec des artistes
— J6« —
ou des délègues d'administrations publiques; nous avons
enfin procédé à 100 inspections de lieux.
Gomme lo Bulletin des Commissions royales d'art et
d'archéologie vous rend compte périodiquement de nos
travaux, nous nous dispenserons de les en u mère r ici en
détail.
Nous nous bornerons à signaler, en particulier, quelques
faits saillants de Tannée écoulée.
Mais avant tout, Messieurs, nous considérons comme le
premier devoir de consacrer un souvenir aux collaborateurs
que nous avons perdus. L'impitoyable mort a encore causé
de nombreux vides dans nos rangs. Depuis notre dernière
assemblée générale nous avons perdu un de nos membres
effectifs les plus distingués, M. Alfred Gluysenaar, qui n'a
malheureusement siégé que très peu de temps parmi nous.
Nommé par arrêté royal du 30 mai 1901 , il est décédé à la
tâche le 23 novembre 1902.
Notre regretté collègue a été remplacé par un autre artiste
aussi distingué que dévoué à nos travaux, M. Gardon.
Parmi nos correspondants, nous avons le regret de signa-
ler la perle : 1° du R. P. Goffinet, savant aussi modeste
qu'érudit, auteur de nombreuses publications remarquables
concernant l'histoire du Luxembourg; 2° de M. Dumortier,
architecte provincial en chef du Brabanl, fonctionnaire ayant
une grande expérience des affaires administratives et dont
nous n'avons cessé, pendant sa carrière vraiment trop courte,
d'admirer le zèle et l'assiduité à nos travaux; 3° de M. Licol,
architecte provincial du Brabant, archéologue émincnl autant
que dessinateur remarquable, qui s'est acquis une juste célé-
brité par ses travaux graphiques sur l'abbaye de Villers,
éludes qui Font désigné d'emblée au choix du Gouverne-
ment pour la direction des travaux de consolidation de ce
célèbre monastère, travaux, disons-le en passant, qui ont
été diriges avec un soin et une conscience dignes d'éloges;
4° signalons enfin la démission de M. Feuillat, du Comité
provincial de Liège, qui s'est vu dans la nécessité de résilier
ses fonctions pour motif de santé.
Il serait temps de pourvoir an remplacement de tous les
membres correspondants disparus depuis plusieurs années.
Toutes ces vacances mettent certains Comités dans l'impos-
sibilité de poursuivre régulièrement leurs travaux. Nous
avons fait, à cet égard, les propositions nécessaires.
Tout récemment, nous avons prié M. le Ministre de la
Justice de rappeler aux administrations fabriciennes les
obligations qui leur sont imposées en matière de travaux
à exécuter aux édifices publics.
Malgré les prescriptions du décret du 30 décembre 4809,
de l'arrêté royal du 16 août 1824 et les nombreuses instruc-
tions du Département de la Justice, nous le constatons encore
trop souvent : les administrations fabriciennes sont généra-
lement disposées à croire que, si elles ne demandent pas
des subsides à la Province et à l'État, elles peuvent se
dispenser de soumettre à ces autorités les plans des travaux
de restauration, de construction, d'ameublement ou de déco-
ration qu'elles font exécuter aux édifices du culte.
Nous avons, en diverses occasions, fait ressortir les
graves inconvénients résultant de cette manière d'agir. Des
travaux ainsi exécutés en dehors de tout contrôle des auto-
rités peuvent altérer gravement les éléments artistiques des
édifices.
— *6* —
Noos avons appelé l'attention de M. le Ministre de la
Justice sur la nécessité de faire prendra de bonnes photo-
graphies des diverses parties des monuments avant d'en
entamer la restauration. Des documents de l'espèce consti-
tuent d'excellents procès-verbaux de la situation des édifices
préalablement à leur restauration. Ils permettent de contrôler
ensuite, pas à pas, le travail du restaurateur et de se rendre
compte de la fidélité apportée dans les restitutions, de
s'assurer enfin si aucun travail ne s'effectue inutilement.
Un point important, dans les restaurations, est le respect
scrupuleux des hauteurs d'appareil; il soulève quelquefois,
après coup, des contestations qu'il est souvent impossible
d'apprécier en l'absence de témoins sûrs, tels que de bonnes
photographies.
Nous avons aussi jugé opportun d'appeler l'attention de
l'autorité supérieure sur la conservation des tableaux placés
dans les églises et notamment sur les retables nouveaux et
les peintures murales dont l'exécution est subsidiée par le
Gouvernement.
La destruction de la peinture a le plus souvent pour cause
un manque d'air. On ne saurait donc trop recommander aux
Conseils de fabrique de bien ventiler les églises; c'est le plus
puissant moyen pour assurer la conservation et du temple
et des objets d'art qu'il renferme.
Dans ces derniers temps, nous avons eu, à plusieurs
reprises, l'occasion de signaler les dangers qui résultent,
pour la conservation des églises situées dans les cimetières,
du voisinage des tombes II est indispensable de ménager
un espace suffisant entre les tombes et les murs des édifices.
La proximité des fosses produit des affaissements qui amènent
— 865 —
des désordres dans les maçonneries, des lézardes el la raine
partielle des édifices.
L'attention des administrations locales devrait être appelée
aussi sur l'inconvenance de laisser adosser des monuments
funéraires aux murs extérieurs des églises.
Le moindre défaut de ces produits, la plupart de mauvais
g<'ùl, est de dénaturer l'aspect extérieur des monuments.
Ce qui est plus grave, c'est qu'ils entretiennent l'humidité
dans les murs, laquelle y produit d'importants dégâts.
Les amateurs de ruines pittoresques ou de modestes
édifices des temps passés connaissent tous les restes de
féglise de Saint-Jean, dans le cimetière de Diest, et la vieille
église de Grimde, sous Tirlemont.
Ces restes attirent toujours l'attention des artistes; ils
servent de rendez-vous aux voyageurs, nombreux encore,
que les grands el nobles souvenirs émeuvent, qui sont sen-
sibles aux traditions religieuses et historiques de la patrie,
qui ne répudient pas les gloires du passé.
Depuis des années, nos plus sérieux efforts tendent à la
conservation de ces deux monuments historiques. Nous ne
rencontrons que du mauvais vouloir. On nous oppose tou-
jours la question financière. Serait-il si difficile de réunir
quelques milliers de francs pour assurer la conservation des
belles ruines de Saint-Jean, à Diest, morceau d'architecture
où le style ogival primaire a laissé une note toute spéciale,
pleine d'originalité dans sa simplicité?
La ville de Tirlemont est-elle si déchue qu'elle ne puisse
contribuer par quelques centaines de francs à conserver la
partie romane de la vieille église de Grimde, page impor-
tante de l'histoire de cette cité?
— »Ô« -
Tout cela semble démontrer, d'une part, la tendance de
certaines administrations à vouloir endosser à l'Étal l'entre-
tien et la conservation de leurs monuments. On va jusqu'à
menacer de faire démolir ces vieux témoins du passé, pleins
d'impérissables souvenirs, sous prétexte de sécurité publique,
— mais avec espoir de tirer profit des matériaux, — si
l'État ne se charge pas de les entretenir à ses frais.
D'autre part, certaines administrations locales aiment à
vanter leur bonne gestion financière. N'en avons nous pas
vu qui se sont flattées d'avoir fait exécuter des travaux
importants sans bourse délier?
Il est urgent de mettre une entrave sérieuse à cette façon
de procéder si l'on ne veut qu'à courte échéance, l'exemple
étant contagieux, nos principales curiosités archéologiques
ne disparaissent par suite d'incurie ou de spéculation.
L'État devrait se mettre en mesure de forcer les adminis-
trations communales à contribuer à l'entretien de leurs
monuments, même en inscrivant d'office à leurs budgets les
sommes nécessaires à cette fin. Au besoin, l'État devrait
refuser tout subside pour d'autres services à l'administration
communale qui manquerait à ce devoir patriotique.
11 faut que les communes, les principales intéressées à
la conservation de leur patrimoine artistique, y mettent de
la bonne volonté, car il y a là une source de revenus pour
elles.
Grâce à de persévérantes sollicitations, nous avons enfin
obtenu que l'ancienne porte de Laval, à Bouvignes, soit
l'objet de mesures de conservation. Bientôt on pourra mettre
la main à l'œuvre à ce seul reste des anciens remparts de la
petite cité illustrés par de nobles souvenirs et qui ont subi
— 267 —
maints assauts mémorables, notamment celui des troupes
d'Henri II, en 1554.
Il est une autre catégorie de monuments au sujet de la
conservation desquels notre action est absolument nulle;
nous voulons parler des édifices civils privés. Aussi long-
temps qu'une loi proleclrice de ces constructions n'aura pas
été promulguée, l'autorité supérieure sera impuissante à
empêcher ou à réprimer les actes de vandalisme. C'est ainsi,
pour ne rappeler que l'un des cas les plus intéressants,
qu'en présence du mauvais vouloir du propriétaire, il ne
nous est pas possible d'obtenir qu'on exécute aux célèbres
raines de l'église de Notre-Dame d'Orval les quelques
travaux nécessaires pour en empêcher la chute. Malheureu-
sement celle-ci est si imminente qu'il suffirait d'un hiver
rigoureux pour voir disparaître ce splendide morceau d'ar-
chitecture de transition.
Si nous revenons chaque année sur ce sujet, c'est qu'il
dous tient à cœur. Tous les archéologues regretteront qu'un
pouvoir bienfaisant, d'où qu'il vienne, n'arrête en leur chute
ces belles ruines, ne fût- ce que pour attester la foi de nos
pères, leur force et leur génie. Cette destruction serait pour
l'Ardenne et pour la Belgique entière un très grand malheur.
D'après des renseignements de la dernière heure, nous
croyons pouvoir espérer encore que bientôt un pas décisif
sera fait dans la voie de la conservation de ces admirables
ruines.
. La conservation de nos richesses monumentales et artis-
tiques n'est pas noire seule préoccupation. Nous y joignons
aussi la protection des paysages lorsqu'ils nous paraissent
menacés.
— 868 —
C'est ainsi qu'à notre demande M. le Ministre des chemins
de fer, postes et télégraphes, s'est empressé d'ordonner qoe
des mesures soient prises en vue de la conservation du
Rocher du Diable, l'un des plus beaux sites de la vallée de
la Hoëgne, dont l'existence était menacée par la construc-
tion de la seconde voie du chemin de fer de Pepinsler
à Spa.
En général, c'est par la persuasion qu'on peut obtenir le
respect et l'amour des paysages et faire comprendre au
public l'intérêt général qui s'y attache.
L'inventaire des objets d'art appartenant aux édifices
publics du pays, continue à faire l'objet de nos préoccu-
pations. Nous avons eu, le 26 septembre dernier, une
nouvelle réunion avec des délégués des Comités provinciaux
en vue de déterminer le type, le format et l'illustration de
celte publication.
Nous nous félicitons des excellents et multiples rapports
que nous entretenons avec nos membres correspondants.
Nous sommes heureux de reconnaître l'empressement avec
lequel ces savants collaborateurs répondent à notre appel
en toute circonstance. Nous leur en adressons tous nos
remerciements. Notre reconnaissance n'est pas moins due à
MM. les Minisires de l'Agriculture et de la Justice, ainsi
qu'à leurs représentants au sein de cette assemblée, dont
l'active intervention facilite beaucoup le service important
qui nous est confié.
Dans l'accomplissement de celui-ci, nous avons rencontré,
celte année, plus que la critique nécessaire au bon fonction-
nement d'une institution telle que la nôtre.
Nous citerons, pour mémoire, nos relations épistolaires
— 369 —
avec la Société nationale pour la protection des' Sites et des
Monuments en Belgique. Nous croyons n'avoir point à y
revenir, puisque nous avons eu soin, dès le 8 mars dernier,
de soumettre, sans commentaire, toute cette correspondance
au jugement du public.
Des erreurs manifestes se sont produites au sujet de nos
relations avec les Gomités provinciaux de nos correspon-
dants, tant dans l'assemblée solennelle et publique en date
du 8 février 1903, de la Société d'histoire et d'archéologie de
G and, qu'à la Chambre des Représentants en séance du
8 juillet dernier. Ces erreurs ont trouvé un écho affaibli
dans la Hevue de VArl chrétien (*).
Nous n'avons pas ici à nous y arrêter plus qu'il ne faut.
Nous serions tout prêts à aider le Gouvernement à modifier
Carrelé royal organique de notre institution en date du
7 janvier 1835, et notre règlement d'ordre approuvé par
arrêté royal du 30 juin 1862, si cela était reconnu néces-
saire. Mais nous avons le droit et le devoir de faire
remarquer que l'interprétation donnée à ces arrêtés depuis
1897 par notre Président, avec l'approbation du Gouverne-
ment, de l'unanimité de nos membres et, nous osons le dire,
de tous nos Comités provinciaux, répond d'avance aux
critiques formulées.
La Commission royale, nous n'avons cessé de le répéter
par voie de circulaire et dans nos assemblées générales,
provoque les avis des Comités provinciaux, autant qu'elle le
peut, sur les affaires qui lui sont soumises.
(i) Revue de VArt chrétien. — Travaux des sociétés savantes, 5e livraison,
sept 1903, pp. 418-419.
- Î70 —
Elle considère qu'un dossier est complet quand il renferme
le rapport des correspondants de la région.
Chaque fois que le dossier est transmis à l'un des Dépar-
tements compétents, il renferme, avec l'avis du Comité pro-
vincial, quand il nous est parvenu, la confirmation de celui-ci
par la Commission royale ou l'avis différent de celle
dernière. MM. les Ministres de la Justice et des Beaux- Â ris
ont ainsi toutes les pièces sous les yeux.
Quant à vouloir que les* Comités provinciaux aient non
seulement, comme aujourd'hui, le droit de critiquer les plans
et les projets qu'on leur soumet, mais, comme le voudrait
M. Verhaegen, celui « d'ordonner des modifications aux
» plans, des recherches et des études nouvelles » (i), notre
honorable collègue perd de vue qu'en loule organisation il
faut une hiérarchie. Qui empêche les Comités provinciaux de
proposer à la Commission centrale, d'accord avec l'auteur
des plans, des modifications, de faire des recherches, des
études? M. Verhaegen oublie en outre que la Commission
centrale se trouve composée non pas seulement de membres
résidant à Bruxelles, mais aussi d'artistes de toutes les
régions de la Belgique.
Sur 13 membres dont se compose à celte heure notre
Collège, la majorité, 7, représentent les principaux centres
artistiques de la Belgique ; 1 , Liège ; 1 , Gand ; 2, Louvain ;
2, Anvers; 1, Bruges. Avant la mort du regretté Albert
De Vriendt, la majorité des non-résidents à Bruxelles était
de 8 sur 43, la ville d'Anvers était alors représentée par trois.
« (0 Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Gand, 22* année,
t. 202, p. 96.
— 874 —
Il appartient au Gouvernement seul soit d'augmenter le
nombre des membres de la Commission centrale, ce que
nous ne proposons point, soit de modifier dans le sens ou
il le voudra la majorité de notre Collège.
Nous ne le proposons pas non plus, convaincus que les
faits répondent mieux que des considérations théoriques à
des critiques hasardées. ( Vifs applaudissements )
M. le Président. — Je crois, Messieurs, être votre
interprète en remerciant une nouvelle fois notre Secrétaire,
non seulement pour son rapport, mais aussi pour le zèle et
\o dévouement qu'il déploie constamment dans l'exercice de
ses fonctions. (Applaudissements.)
(A ce moment, M. le Gouverneur de la Flandre orientale^
faisant son entrée dans la salle, M. le Président ajoute .-)
Nous ne doutions pas, Monsieur le Gouverneur, que vous
arriveriez parmi nous. L'année dernière, nous vous avions
déjà distribué le prix d'honneur, que vous avez mérité une
fois de plus celte année-ci. (Sourires approbatifs.)
J'accorderai maintenant successivement la parole à Mes-
sieurs les rapporteurs des Comités, en les priant de se
souvenir des termes de l'art. 64 de notre règlement, en
vertu duquel la lecture ou leur exposé ne pourra pas durer
plus d'un quart-d'heure.
La parole est à M. le rapporteur de la province d'Anvers.
— 272 —
PROVINCE D'ANVERS.
M. F. Don net, rapporteur :
Messieurs,
L'activité du Comité provincial de la province d'Anvers
ne s'est pas ralentie pendant le cours de l'exercice écoulé;
nos séances ont été régulières, et chaque fois un ordre
du jour chargé nous a permis d'émettre noire opinion sur
nombre de projets de diverses natures.
L'année dernière nous avons dû donner un avis favorable
au sujet de l'agrandissement de l'église de Westmallc. Les
travaux sont aujourd'hui achevés, nous avons été heureux
de constater que les parties nouvelles s'harmonisent assez
bien avec les anciennes et que l'ensemble du monument n'a
pas trop souffert de ces modifications malheureusement
inévitables.
Les demandes de restaurations d'églises n'ont pas été
nombreuses. Nous avons autorisé l'ouverture dans la belle
tour de Weelde d'une fenêtre autrefois bouchée. A Malines,
nous avons assisté à la visite faite pour constater l'état des
restaurations en cours d'exécution à la tour de l'église cathé-
drale de Sainl-Rombaul. Nous ne nous sommes pas opposés
à la restauration des meneaux de six fenêtres de l'église de
Ruysbroeck ; il est vrai, qu'ils étaient à peu près modernes.
La nouvelle église de la Sainte-Famille est en construction
à Lierre. Un différend s'est élevé entre l'architecte et l'entre-
— 973 —
preneur au sujet de l'emploi de certains matériaux. Nous
avons été appelés à trancher cette difficulté.
De nombreux projets de modifications ou de construction
de mobilier religieux nous ont été soumis. Successivement,
nous avons approuvé ou critiqué les plans : pour l'édification
d'autels, d'une chaire et d'un pavement dans l'église Saint-
Jean, à Borgerhout; d'une chaire de vérité dans l'église
d'Oorderen; pour le placement d'un monument commémo-
ra tif destiné à perpétuer le souvenir du cardinal Deschamps,
dans l'église Saint-Rombaut, à Malines; pour l'érection du
mailre-aulel de la nouvelle église Saint-Norbert, à Anvers
(Zîirenborg).
Par contre, nous avons été assez heureux pour retrouver
dans le jardin du doyen de l'église Saint-Amand, à Gheel,
un magnifique lutrin en laiton représentant le pélican symbo-
lique, œuvre admirablementconservée, du xm* ou xiv" siècle,
dont le piédestal et l'aire avaient malheureusement été cédés
il y a quelques années par un serviteur infidèle à un de ces
marchands qui ont réussi à dépouiller à vil prix nos églises
rurales de tant d'objets précieux. Grâce à notre intervention,
celte œuvre d'art a repris sa place dans l'église.
Les deux tableaux de réelle valeur que nous avions trouvés
dans l'église de Minderhout et que nous avions signalés dans
notre inventaire, ont été envoyés au Musée d'Anvers; ils y
seront discrètement nettoyés sous la surveillance de membres
de notre Comité. On nous a aussi demandé notre appré-
ciation sur divers tableaux anciens appartenant à l'église de
Gestel. Il en est parmi ces œuvres d'art plusieurs dignes
d'être signalées, et nous avons indiqué les mesures à prendre
en vue de leur conservation.
— 274 —
Des restes de peintures murales ont été découverts dans
l'église de Westmalle; appelés à apprécier leur valeur, nous
avons jugé qu'il était difficile de les conserver. Nous avons
toutefois recommandé d'en prendre des calques coloriés
fidèles, de manière à ce que ceux-ci puissent servir de
modèles si plus tard il était décidé de décorer l'intérieur du
temple.
L'administration communale d'Anvers nous a demandé
de venir examiner l'état dans lequel se trouvaient les belles
peintures murales ornant la grande salle décorée par Henri
Leys, en l'hôtel de ville d'Anvers. Celles-ci ont malheureu-
sement beaucoup souffert. Par suite de l'étal défectueux de
l'enduit sur lequel elles ont été appliquées, des dégâts plus
ou moins importants se sont produits. La ville a décidé de
faire sans délai remédier à celte situation, et les travaux de
restauration seront, parait-il, confiés à deux artistes, dont
l'un fait partie de notre Comité.
L'administration communale de la petite ville d'Hoogstrae-
ten projette de faire orner de peintures décoratives à sujets
historiques, pris dans son histoire locale, la grande salle et
le corridor de la maison communale. Un projet nous a été
soumis, et nous avons cru bien faire d'en approuver les
dispositions générales.
Nous avons été heureux de pouvoir accepter le dessin
exécuté par le peintre verrier M. Ladon pour un grand
vitrail destiné à l'église Saint-Jacques, à Anvers.
Nous avons donné un avis favorable au sujet des plans
dressés en vue de l'érection d'une petite chapelle sur le
territoire de la commune de Ruysbroeck.
11 était projeté de construire dans une cour dépendant de
- $75 -
l'église Saint-Paul, à Anvers, un bâtiment destiné à servir
d'école. Les plans en étaient trop médiocres, nous en avons
demandé le changement, jugeant que les façades environ-
nantes pouvaient être un jour restaurées et qu'il fallait, en
vue de cette éventualité, élever une construction en rapport
avec le style général des édifices adjacents. Nous avons
obtenu gain de cause, et les plans ont été modifiés de manière
à nous donner satisfaction.
La construction de nouvelles cures à Hoboken, à Weelde
et au hameau de Mylslraal à Duffel, a été approuvée par
notre Comité, après que les architectes eurent accepté les
observations que nous avons cru devoir leur présenter.
Par contre, nous n'avons pas admis les plans qui nous
étaient soumis pour la construction d'une nouvelle maison
communale à Schooten. Nous attendons que l'architecte
modifie son projet suivant les indications que nous lui avons
données.
Après quelques changements de détail, nous avons accepté,
d'autre part, les plans pour l'érection de maisons communales
à Waerloes et à Poppel.
Plus d'une fois nous avons été consultés relativement à la
vente d'objets mobiliers appartenant aux églises ou établisse-
ments religieux de notre province. Parmi les objets conservés
au béguinage d'Herenthals, et que l'administration des hos-
pices de celte ville demandait à pouvoir aliéner, nous
avons fait un choix. Il en est dont nous avons conseillé la
conservation ; pour d'autres, d'intérêt et de valeur médiocres,
nous ne nous sommes pas opposés à la vente. A la veille de
la mise aux enchères des nombreuses antiquités existant au
château de Fruytenborg, à Wavre-Sainte-Catherine, on nous
— J76 —
a demandé de bien vouloir venir les examiner. Provenant
d'un legs fait par un particulier aux hospices de cette com-
mune, elles n'offraient en général pas de grande valeur.
Certaines d'entre elles néanmoins présentant de l'intérêt,
nous les avons signalées dans le rapport dressé à la suite de
cette visite.
On nous a demandé une seconde fois notre avis au sujet
de l'aliénation par l'église de Brecht d'une petite armoire
ayant servi de tabernacle. Encore une fois nous avons cru
ne pas devoir nous opposer à cette réalisation, cet objet
n'appartenant aucunement au mobilier de l'église et n'offrant
pas un mérite artistique transcendant.
Une demande du même genre se rapportant à quelques
chaises anciennes, est faite par l'église de Sanlvliet; elle est
encore en instruction .
D'autre part, nous avions cru devoir particulièrement
appuyer l'autorisation demandée par l'église de Zammel de
pouvoir vendre au Musée d'antiquités d'Anvers un lutrin en
bois dont elle ne se sert plus depuis longtemps. En règle
générale, nous sommes d'avis qu'il faut s'opposer énergique-
ment à la vente d'objets d'art ayant une valeur artistique on
historique et conservés dans nos églises. Mais ici le cas était
différent. L'église est neuve, et le lutrin hors d'usage, formé
de matériaux extrêmement fragiles, sera fatalement destiné
à se perdre s'il doit rester remisé dans le coin perdu de la
petite église rurale qui le possède. Son transfert dans notre
Musée provincial aurait assuré sa conservation. Mais le
Comité central n'a pas été de cet avis et il s'est opposé à la
vente projetée.
Les membres du même Comité se sont plusieurs fois
— 877 —
rendus dans notre province; ils ont bien voulu nous inviter
à les accompagner dans les visites qu'ils ont faites. C'est ainsi
qu'ensemble nous avons étudié les restaurations de l'église
Saint-Rombaut, à Malines, que nous avons discuté la question
de la conservation des restes de peintures murales décou-
vertes dans l'église de Weslmalle, que nous avons approuvé
l'acceptation du tympan sculpté du portail principal de
l'église Notre-Dame, à Anvers, que nous avons examiné le
maitre-autel et la chaire de vérité placés dans l'église de
Deuzeld, à Schooten, et qu'enfin nous avons proposé de
classer parmi les monuments historiques la tour de l'église
d'Eeckeren. Mais ici cette décision n'a été prise, peut-on
dire, qu'en appel, car notre Comité, chargé une première
fois de donner son avis sur ce point, n'avait pas cru devoir
proposer le classement, se basant sur des raisons d'éco-
nomie et manquant sur ce point d'instructions précises.
La décision d'appel pourra pour l'avenir nous servir de
guide.
La liste de nos inventaires ne s'est pas sensiblement
allongée. Il est vrai que sur ce point nous avons continué
notre tâche au commencement de l'année, mais le Comité
central ayant mis à l'étude l'unification des inventaires et
leur mode de publication, nous avons cru bien faire en
attendant sur ce point si important des instructions plus
précises, et ainsi Tété s'est passé.
Le Musée d'antiquités du Steen, dont la Commission pro-
vinciale a la direction, a continué régulièrement la série de
ses achats. Il est toutefois profondément regrettable que
l'extrême exiguïté de nos locaux ne nous permette pas de
faire des acquisitions quelque peu importantes ni d'exposer
— i78 —
de façon plus avantageuse et pluâ scientifique les riches
collections que nous avons réussi à rassembler.
Messieurs, Tannée dernière, dans notre rapport annuel,
nous avions peut-être dépassé les limites de temps qui régle-
mentairement nous étaient assignées. Nous n'aurons garde
cette fois de récidiver. Nous nous permettrons simplement de
signaler brièvement que dans le rapport que nous venons
d'avoir l'honneur de rappeler, nous protestions contre le bou-
leversement systématique des abords du château de Turnhou t.
Celte situation ne s'est guère modifiée; elle s'est plutôt
aggravée. Dans le même ordre d'idées, il existe un projet
qui, s'il était mis à exécution, ne pourrait que détruire à
tout jamais le caractère si pittoresque de la jolie petite ville
de Lierre. Il est question d'abattre une partie des arbres
séculaires des anciens remparts pour livrer passage à une
ligne de tramways vicinaux. Ce serait un acte de vanda-
lisme inqualifiable, et il est à espérer que l'administration
communale aura à cœur de l'éviter. A Anvers, nous nous
élevions avec force contre la transformation du quartier de
l'ancienne Boucherie et le percement d'une rue inutile à
travers l'emplacement du bourg primitif. Nos protestations,
à notre grand regret, n'ont pas eu le moindre succès. La
ville a été autorisée à ouvrir la rue. Il est vrai qu'elle sera
un peu moins large que dans le projet primitif et que les
extrémités du mur resteront visibles des deux côtés de la
brèche qui les mutilera.
La déplorable couche de ciment dont on avait si libéra-
lement enduit la tour de Saint-Charles s'y prélasse toujours;
de ci de là elle s'écaille même, ce qui accentue encore la
note pittoresque.
— 579 —
L'administration des hospices a tout simplement nié les
actes de vandalisme que nous l'avions accusée d'avoir exé-
cutés à la gracieuse chapelle de Saint-Nicolas, à Anvers;
elle s'est même refusée à faire sur ce point une visite contra-
dictoire avec noire Comité. Mais sans doute pour nous
donner satisfaction, elle a achevé le plâtrage commencé, et
aujourd'hui, le petit porche avec sa couleur crue est bien
fait pour égayer les acheteurs qui visitent l'ancien édifice
pour y marchander quelque pièce de linoléum.
La reconstruction de la maison des Tonneliers, à la
Grand'Place, est achevée; mais l'exemple donné par la ville
n'a pas été perdu. Une seconde maison de la même place,
celle du Jeune Serment de l'arc, sans caractère du reste, a
été abattue pour faire place à une construction ogivale, quand
depuis le xvic siècle, la Gilde de Saint-Sébastien, qui en cet
endroit possédait son local, l'avait reconstruite en style
renaissance.
Il serait à souhaiter que le système si heureusement
employé dans d'autres villes, soit également adopté à Anvers
et que l'administration communale en devenant propriétaire
sous certaines conditions des façades intéressantes, puisse
veiller à leur conservation ou à leur restauration intelligente.
Car encore une fois, derrière l'hôtel de ville deux anciennes
maisons ont été abattues par un particulier, l'une d'elles,
celle des Poissonniers, portant la date de 1573, n'était pas
dépourvue d'intérêt. L'administration communale est inter-
venue en achetant ces immeubles quand seuls les rez-de-
chaussée en restaient encore debout.
El c'est ainsi que chaque jour, dans l'un ou l'autre coin
de la vieille ville, disparaissent tour à tour les derniers
— 280 —
vestiges des monuments anciens qne nos pères nous avaient
légués. Par contre, il est vrai, une transformation radicale
s'opère ailleurs. De toutes parts, les administrations diverses,
aussi bien que les particuliers, sacrifiant à la mode du
jour, font élever des constructions colossales, des séries de
demeures, des bazars, des théâtres, voire même des kiosques,
avec prodigalité on accumule sur leurs façades gigantesques
les matériaux précieux, les œuvres d'art de tous genres.
Nous ne voulons nullement incriminer ici certains archi-
tectes de talent qui, pour l'édification de ces bâtiments divers,
sont souvent forcés de se conformer à un thème imposé, et
qui voient parfois leurs œuvres méritoires amoindries par des
voisinages malheureux.
Ces modifications feront sans doute la joie de ces modernes
esthètes, oublieux de la ligne, mais aveugles admirateurs
des masses et des surcharges; elles ne pourront qu'augmenter
les regrets des gens de goût, malheureusement trop rares
chez nous, qui savent encore apprécier les productions
architectoniques des siècles passés et qui tiennent aux sou-
venirs historiques qu'elles consacraient.
M. le Président. — Monsieur Donnet, votre rapport
témoigne une fois de plus de l'activité, de l'intelligence et de
l'esprit d'initiative de votre Comité. Le Comité d'Anvers, que
l'on peut certainement citer comme exemple, — vous en avez
donné la preuve au cours de votre rapport, — confirme ce
que disait tout à l'heure notre Secrétaire. Un Comité de
correspondants peut prendre telle initiative qui lai plaît,
pourvu que cette initiative rentre dans l'ordre des choses
admises et que cette initiative nous parvienne par la voie
— 381 —
hiérarchique. Et il est nécessaire qu'il en soit ainsi, sans
cela, se produirait, dans le travail des correspondants, dans
celui du Comité central et celui du Ministère, une véritable
anarchie. Je le répèle : on peut éviter cet inconvénient en
observant tout simplement les règles de la hiérarchie.
Cela dit, je vous adresse toutes nos félicitations.
La parole esta M. le rapporteur de la province de Brabant.
— »83 —
PROVINCE DE BRABANT.
M. Destrée, rapporteur :
Messieurs,
Depuis notre dernière réunion annuelle, le Comité des
correspondants du Brabant a été fort éprouvé par la perte
de deux de ses membres très distingués : MM. Dumortier
et Licot. Entré en 1897 au Comité, M Dumortier se préoc-
cupa de réaliser l'œuvre de l'inventaire des objets d'art
existant dans les édifices publics du Brabant. Ses fréquents
voyages dans les communes rurales de la province lui en
faisaient apprécier l'urgente nécessité. Sous son impulsion,
le Comité du Brabant se consacra activement à ce travail
long et délicat, dans lequel M. Dumortier fit apprécier
ses connaissances artistiques et archéologiques.
Il apportait, du reste, dans l'accomplissement de tous les
devoirs de ses fonctions de membre correspondant l'inlas-
sable activité qu'il mettait à remplir complètement les man-
dats qu'il acceptait Sa robuste nature ne put satisfaire aux
exigences de sa volonté, et c'est ainsi qu'en pleine maturité,
ce collègue, de rapports si cordiaux et si francs, nous fut
brutalement enlevé.
La mort de M. Licol suivit de près celle de M. Dumortier
et créa un nouveau vide au sein du Comité, dont il faisait
partie depuis 1897.
Ce remarquable artiste, qu'une maladie implacable minait
depuis quelque temps, apporta fréquemment l'aide de ses
connaissances étendues à nos délibérations. Il mettait dans
— Î83 —
ses avis une lumineuse clarté d'exposition qui disait sa
science et une séduisante simplicité qui laissait deviner la
bonté de son cœur.
M. Licot consacra une grande partie de sa trop courle
vie à la reconstitution des ruines de l'abbaye de Villers, et
si nous les voyons aujourd'hui sauvées de la destruction,
c'est au labeur passionné de notre regretté collègue que
nous le devons. Devant un tel effort, la mort aurait dû
l'épargner jusqu'au complet achèvement de sa gigantesque
entreprise, si la vie humaine devait offrir à chacun la récom-
pense de voir la réalisation de son œuvre.
Malgré ces pertes si sensibles, le Comité du Brabant a
continué à veiller aclivement à la conservation de nos
monuments anciens et de nos richesses artistiques
Les exigences de la vie moderne intense et rapide
entraînent la transformation de nos vieilles cités et font sentir
leurs effets jusqu'au petit bourg villageois, auquel des com-
munications faciles apportent l'afflux d'une activité inat-
tendue.
Ces transformations sont souvent bien brutales; il est
profondément regrettable d'avoir à constater qu'on ne se
préoccupe pas assez de conserver ces vieux quartiers de
nos villes qui nous font figure amie et qui seuls donnent
une personnalité distincte à nos cités d'aujourd'hui trop
souvent uniformes et monotones.
Est-ce trop oser que de demander aux bâtisseurs de villes
d'assouvir leur désir de créer des voies larges, faciles,
aérées, qui ont aussi leur beauté, ailleurs que dans les coins
retirés où sommeille dans la quiétude et l'oubli la vie d'un
autre âge? Il y a une monstrueuse ingratitude à les faire
— 284 —
disparaître comme si on voulait détruire le souvenir de
l'existence qu'y ont menée nos pères; caries vieux murs,
les façades noircies par le vent et la plaie, les rues étroites
où résonnaient les pas du guet évoquent les ancêtres. « Les
villes ne sonl-ce point des livres, de beaux livres d'images où
l'on voit les aïeux »? Soyons respectueux de leur mémoire
pour tenter d'assurer la nôtre et répétons avec un ancien :
c La vieillesse des hommes est vénérable, mais celle des
villes est sacrée. »
Pourtant, malgré toute la tendresse que nous avons pour
le passé, nous sommes bien forcés de reconnaître que la
conservation intacte de toute la vie d'autrefois, écrite en ses
œuvres de pierre, ne peut être complètement obtenue, car
il nous faut admettre les transformations qu'exigent impé-
rieusement les lois de l'hygiène et de la santé publique.
Nous inclinant donc devant ces nécessités inéluctables,
nous avons recherché le moyen de conserver aux géné-
rations futures le souvenir des carrefours disparus, des
demeures démolies, de la ferme qui s'effrite et se meurt.
Dans ce but, M. le Gouverneur a bien voulu adresser aux
administrations communales de la province la circulaire
suivante qui, bien comprise par les autorités locales, nous
permettra de maintenir le souvenir de tous les témoins du
passé.
Voéet le texte de celle cùcakire :
• Aux administrations communales de la province.
• Messieurs,
» Les transformations qu'entraînent dans les villes et les
villages, les exigences de la vie moderne, amènent fréquent-
— 285 —
ment la disparition de quartiers anciens, de maisons parti-
culières, de fermes seigneuriales, auxquels s'attache un
intérêt historique ou architectural.
» Désireux d'assurer le souvenir de ces vestiges du passé,
le Comité des correspondants de la Commission royale des
monuments pour le Brabant a décidé d'en faire prendre des
photographies et d'en publier ensuite, dans son Bulletin,
des reproductions photolypiques accompagnées d'une courte
monographie.
* Je vous prie, en conséquence, Messieurs, d'attirer
l'attention de ce Comité sur tous les quartiers et habitations,
menacés de démolition, qui ont un caractère marqué ou qui
furent le théâtre d'événements historiques importants.
» Je vous saurais gré de signaler également à cette com-
mission artistique les maisons, fermes, etc., présentant un
sérieux intérêt et que leur mauvais état d'entretien condamne
à une prompte disparition.
» L'œuvre qu'entreprend le Comité provincial des monu-
ments fournira une ample moisson de documents historiques
et artistiques, rares et originaux, si toutes les communes ont
le souci d'y prêter complètement leur concours.
» J'ai la conviction qu'elles ne failliront pas à ce devoir.
• Le Gouverneur \
» V ergote. »
Cette intervention de notre Comité en vue d'assurer la
conservation des propriétés particulières n'a pas détourné
notre attention des grands monuments historiques dont noof
avons plus spécialement la garde.
Appelé par M. le Gouverneur à exprimer son avis sur le
— *8ft —
projet de décoration picturale de la salle des pas-perdus de
l'hôlel de ville de Louvain, le Comité s'est rallié à la manière
de voir de M. Janlet, qui s'est élevé avec fermeté contre ce
projet dont un essai réalisé ne permet pas d'espérer grand
chose.
J'estime, disait le rapporteur, qu'il importe de conserver
à ce hall le caractère de sa destination. Ce n'est pas là une
salle de fêles, mais bien un simple hall d'entrée faisant
presque partie de la voie publique. Il réclame, me
semble-Nil, un décor durable et sérieux à l'abri par sa
nature, de détériorations que la destination de ce local ne
manquerai! pas de causer à des murs enduits et peints. On
obtiendrait ce résultat en restaurant, sans les remplacer, les
parements en pierre existants et en remplaçant les parements
actuellement en briques par des parements en pierre encas-
trés de même nature, de même appareil que les parements
anciens conservés.
J'estime que le plafond ne réclame pas de peinture. Les
semelles des poutres et les corbeaux en pierre ont tout à
gagner à rester dans leur élat naturel et logique.
Dans ces conditions, l'exécution des tableaux historiques
projetés pourrait se faire sans nuire à l'ensemble général.
Il serait possible de les isoler des murs et du plafond par
une frise décorative, formant liaison entre eux. Ces œuvres
d'art s'accommoderont mieux certainement des tons vieux
chêne et vieille pierre que des tons violents actuellement
échantillonnés.
La question se présente entière devant vous et nul ne
doute qu'une solution favorable aux intérêts artistiques en .
jeu n'intervienne à bref délai.
— 287 — .
Le Comité du Brabant a continué à s'occuper de la rédac-
tion de l'inventaire des objets d'art existant dans les édifices
publics de la province. Cet inventaire, complètement terminé
en ce qui concerne les communes de l'arrondissement de
Bruxelles, est actuellement à l'impression. Sa distribution à
toutes les fabriques d'église, à toutes les autorités publiques,
empêchera la disparition des derniers vestiges des splen-
deurs d'art que nous possédions autrefois, car c'est presque
toujours par ignorance qu'ont péché les administrateurs des
établissements publics; informés aujourd'hui de la valeur
artistique des objets dont ils ont la garde, ils auront le souci
de les conserver pieusement.
Le travail que nous avons accompli ne répond pas, il est
vrai, à tous les desiderata que vous avez exprimés lors des
réunions que nous avons tenues ensemble. Nous nous
sommes bornés à faire œuvre de conservation et non d'éru-
dition.
La Commission royale des monuments croit pouvoir
réclamer aujourd'hui de ses correspondants un effort plus
considérable et espère réaliser, avec leur concours, une
histoire complète des monuments et des objets d'art que
Ton rencontre dans les communes du pays. Pour chacune
des paroisses, vous souhaitez que l'inventaire des objets
d'art soit précédé d'une notice historique, d'une description
détaillée de l'édifice et complété par un index bibliographique.
La tentative a de la hardiesse. Mais on peut se demander
si des commissions, comme les nôtres, nécessairement indi-
vidualistes, auront jamais, quelque soin que l'on prenne de
leur imposer des règles rigides, un même mode de travail,
an point de vue commun.
— 288 —
Il est dès lors à craindre que l'avenir et, un avenir bien
éloigné, nous réserve un inventaire qui n'aura pas, dans sa
nouvelle forme, plus d'unité qu'auparavant. L'unification
du travail que l'on préconise seulement aujourd'hui, nous
vaudra vraisemblablement une sorte de façade identique
derrière laquelle s'abriteront des œuvres complètement
étrangères l'une à l'autre.
C'est peut-être montrer trop peu d'enthousiasme que
d'exprimer la crainte que le mieux ne soit ici l'ennemi du
bien.
M. le Président. — Monsieur Désirée, nous vous remer-
cions beaucoup pour le rapport dont vous venez de donner
lecture au nom de votre Comité.
Nous nous associons aux regrets que vous avez exprimés
au sujet de la perte de deux de nos éminenls collègues,
M. l'architecte provincial en chef Dumortier et M. l'archi-
tecte provincial Licot.
Quant à la question qui termine votre rapport, je n'en
dirai rien en ce moment, puisqu'elle figure au 5° de notre
ordre du jour, que nous aborderons tout à l'heure.
Pour le moment, je vous félicite de ce que vous n'avez, —
pas plus que le rapporteur qui vous a précédé, du reste, —
dépassé le quart-d'heure accordé par le règlement.
La parole est à M. le rapporteur de la Flandre occidentale.
— 289 —
PROVINCE DE LA FLANDRE OCCIDENTALE,
M. van Ruymbeke, rapporteur :
Messieurs,
Je ne puis commencer rénumération des travaux du
Comité provincial de la Flandre occidentale pendant Tannée
1902- 1903 sans rendre un hommage ému à la mémoire de
son regretté Président, M. le comte Charles d'Ursel, Ministre
plénipotentiaire, Gouverneur de la province, décédé au
château de Gruuthuuse, le 28 juin dernier.
Pendant les deux années qu'il passa au milieu de nous,
M. le comte d'Ursel s'intéressa à toutes les questions artis-
tiques.
Vous connaissez la part importante qu'il prit à la réussite
de l'inoubliable exposition des primitifs flamands à Bruges.
Non content de diriger les travaux du Comité provincial,
il se plaisait encore à suivre leur exécution de près. C'est
ainsi que, peu de jours avant la maladie qui devait l'em-
porter, il se rendait à Nieuport et visitait incognito les
importants travaux de restauration de l'église.
C'était l'homme d'action par excellence, et tous ceux qui
l'approchaient subissaient l'influence de ce besoin de travail
et d'activité.
Il nous laisse le souvenir d'un Président éclairé dont
l'affabilité et la droiture savaient vaincre toutes les difficultés.
Il nous reste aussi à déplorer un second vide au sein de
notre Comité.
— 290 —
M. le baron Belhune, appelé à succéder comme Gouver-
neur à M. le comte d'Ursel, ne pourra malheureusement
plus par ses nouvelles fonctions nous seconder d'une façon
aussi active que par le passé. Heureusement il nous reste
comme Président cl précieux sera le concours qu'il pourra
encore nous prêter en mettant à notre service ses nom-
breuses connaissances et sa compétence justement appréciée.
Nos séances ont eu lieu régulièrement et ont été suivies
avec la même assiduité.
Le rapport que j'ai l'honneur de vous présenter me per-
mettra de vous renseigner sur leur importance.
L'année dernière j'ai eu l'occasion de vous entretenir
longuement sur les travaux de restauration du jubé de
l'église de Saint- Nicolas, à Dixmude.
Depuis lors, la Commission royale des monuments, après
une inspection sur place, a exprimé le désir de voir ces
travaux surveillés d'une façon spéciale par le Comité pro-
vincial.
Votre rapporteur a accepté cette mission et il ne manquera
pas de se tenir en rapports constants avec la Commission
royale à ce sujet.
Nous n'avons qu'à nous féliciter de l'excellente restau-
ration du triforium et des fenêtres de l'église de Notre-Dame,
à Bruges, mais il nous a semblé que la tonalité et la forme
des voûtes nuisent à ce beau monument.
Votre attention a d'ailleurs été attirée sur ce point lors de
la visite du 26 février 1903.
Deux importants projets de restauration nous ont égale-
ment été soumis et méritent, ce me semble, que je m'étende
un peu plus longuement à leur sujet.
— 391 —
Je veux parler de la restauration des églises de Notre-
Dame et de Saint-Bertin, à Poperinghe.
La ville de Poperinghe compte trois églises paroissiales
d'époques différentes qui, sous prétexte de restauration, ont
subi il y a 40 ans une transformation extérieure radicale.
Leurs meneaux, leurs galeries, leurs corniches et leurs
moulures en briques ont été remplacés par une décoration
en pierre blanche dans le style français du xuie siècle.
La pierre, sous l'action de la pluie, du soleil et de la
gelée, s'effrite et se décompose.
L'église de Notre-Dame, dont les ressources ont été épui-
sées par celte transformation, se voit dans la nécessité de
pourvoir, en outre, à la restauration intérieure de l'édifice
et à la reconstruction de la flèche de la tour démolie l'an
dernier par mesure de sécurité publique, après 80 ans
d'existence.
Un projet de reconstruction de la flèche en brique a été
étudié par l'architecte Coomans et adopté par nous moyen-
nant certaines réserves.
Quant à la restauration extérieure, nous avons constaté
avec plaisir que l'architecte, M. Coomans, s'est assimilé
dans une large mesure les traditions de la contrée, en
employant la brique d'une façon presque générale, notam-
ment dans les corniches, dans les moulures et dans le
garde-corps.
Nous avons exprimé l'avis que ce système de construction
soit étendu aux pinacles dont le couronnement devrait être
simplifié et aux fenêtres dont le tracé devrait être modifié.
L'emploi de la pierre blanche pourrait ainsi être limité
aux bases et aux chapiteaux des fenêtres et celui de la pierre
— S9S —
bleue à la couverture du garde-corps qui contourne l'église.
Nous avons même proposé de refaire les gables des pignons
en brique el de supprimer le pinacle qui les termine.
La restauration intérieure comprend la reconstitution des
voûtes des murs et des colonnes.
Comme toutes les églises de la contrée, les voûtes de
1 église de Notre-Dame étaient en bardeaux et, pour autant
qu'il nous a été permis d'en juger, elles étaient pannelées
Vers 4890, les bardeaux étant enlevés, on a fait un plafon-
nage sur les cintres et les nervures. Ce plafonnage, dans le
goût de la renaissance classique, s'étend aussi aux colonnes
el à tout l'intérieur de l'église. Il est aujourd'hui à l'état
ruineux el se détache par grands morceaux.
Ce projet de restauration nous a semblé beaucoup trop
radical, car il comporte l'enlèvement d'objets dont quel-
ques-uns sont de première valeur. Les boiseries et les autels
sont exécutés avec une grande finesse el élégance. Quant
aux stalles, elles sont une œuvre de tout premier mérite.
Nous ignorons les projets de la fabrique d église relatifs à ce
beau mobilier. Nous ne pouvons croire que la Commission
royale autorisera sa cession à quelque brocanteur, non plus
que la belle collection de devants d'autel en damas d'or et
d'argent qui en forme le complément.
Le projet relatif à la restauration de l'église de Saint-
Berlin n'a pas reçu notre approbation. Nous avons proposé
son renvoi à la fabrique pour recherches et éludes complé-
mentaires.
Par contre, celui de la restauration de l'église de Zuid-
schoole a été favorablement accueilli. Celte église appartient
au type des églises si intéressantes de la Flandre maritime.
— 293 —
Elle a conservé une belle série de fenêtres à trois lumières
en brique chanfreinée.
C'est à cette contrée de la Flandre que les restaurateurs
semblent réserver la plus grande partie de leur activité. De
nombreuses demandes de classement d'églises nous sont, en
effet, parvenues, prélude certain de leur prochaine restau-
ration. Parmi ces églises, je citerai celles de Saint-Jacques
à Ypres, de Zuidschoole, de Leysele, de Dranoulre, de
Neuve-Église, de Reninghe, d'Eessen et de la tour de
Knocke.
Celui de la restauration de l'église de Doltignies, que nous
avions écarté, nous reviendra sous une autre forme. Au lieu
d'utiliser pour l'agrandissement de l'église de vieux murs
sans caractère, l'on procédera à la construction d'un édifice
nouveau, en utilisant la tour et l'ancien terminal qui seront
conservés et restaurés avec soin.
Parmi les édifices civils, le Comité n'a eu cette année à
s'occuper que de l'hôtel de ville de Loo, qui, avec la gran-
diose église abbatiale et la vieille porte des remparts,
constitue un ensemble d'édifices qui témoignent de l'antique
prospérité de la petite cité.
Le Comité a décidé qu'avant d'émettre un avis formel sur
le projet qui lui est soumis, il importerait d'avoir un rapport
technique sur la stabilité de la construction et d'être com-
plètement renseigné par l'arrachage du badigeon sur les
formes exactes des membrures de l'édifice.
Voilà, Messieurs, pour les travaux de restauration et de
reconstruction .
Trois projets de verrières nous ont été soumis.
La Commission royale a bien voulu accueillir favorable-
— 194 —
ment les projets dus au pinceau de M. J. Dobbelaere de
quatre verrières, destinées au bas-côté sud de la cathédrale.
Notre Comité a approuvé, de son côté, un projet de res-
tauration du vitrail de la chapelle de Saint-Joseph, à Notre-
Dame» à Bruges, et un projet de restauration des verrières
de l'église de Wulveringem, où Ton voit une collection des
plus intéressantes de vitraux incolores.
Plusieurs tableaux ont été soumis à l'examen de nos
membres correspondants. Trois toiles de l'église de Lap-
scheure ont été remises en état d'une façon satisfaisante.
Une autre, de l'église de Rolleghem-Capelle, a été trouvée
hors d'état d'être restaurée. Par contre, huit tableaux de
l'église de Warnelon ont été jugés dignes d'être restaurés.
Nous avons eu un avis à émettre sur l'acquisition pour le
musée de Bruges de deux tableaux attribués, l'un à Odevaere,
l'autre à Bosch.
Notre Comité a aussi procédé à l'examen du tableau de
l'église de Dixmude, représentant la Naissance de la Vierge*
et qui, bien qu'incomplet et assez détérioré, a figuré digne-
ment à l'exposition des primitifs flamands.
Il a décidé qu'il ne proposerait pas la restauration de
cette œuvre, mais qu'il préconiserait de la confier à uu musée
où tous les soins et toutes les précautions seront prises pour
sa conservation.
Un examen sur place du nouveau mobilier de l'église de
Waermaerdc nous a donné pleine satisfaction.
La Commission royale, bien que noire Comité ait exprimé
un avis différent, a jugé que le château de Beauvoorde et
plusieurs maisons particulières situées à Ypres offraient un
intérêt artistique et archéologique suffisant pour être inscrits
— 2W —
sur la liste des édifices privés dont la conservation mérite
d'être assurée.
L'ancien mont-de-piété d'Ypres a été rangé dans la troi-
sième classe des monuments civils publics.
Je ne puis, Messieurs, terminer cette revue de nos travaux
sans vous dire un mot de la publication de l'inventaire des
objets d'art existant dans la province.
A la suite de la lettre de la Commission royale, en date du
13 mai dernier, le Comité s'est réuni extraordinairement
le 27 mai pour prendre les décisions suivantes :
1° Il serait écrit à la Députât ion permanente pour
demander qu'elle fasse connaître ses vues quant à la publi-
cation de l'inventaire des objets d'art et spécialement quant
à sa participation dans les frais qui résulteraient de cette
publication, soit par voie d'un crédit spécial, soit par une
souscription à un nombre d'exemplaires qui permettrait d'en
faire la distribution aux autorités et administrations inté-
ressées ;
2° Qu'il serait donné communication à la Commission
royale du rapport que j'ai eu l'honneur de présenter relati-
vement à la question lors du Congrès de la Fédération des
sociétés archéologiques, tenu à Bruges en 1902;
3° Qu'il y a lieu de se rapprocher, autant que possible,
du type des invenlaires archéologiques publiés en Allemagne,
notamment de celui pour les provinces rhénanes, sous la
direction du docteur Clemen ;
4° Que je serais délégué pour représenter le Comité pro-
vincial auprès de la Commission royale pour l'examen des
divers points que comporte la publication de l'inventaire
projeté.
— 296 —
Voici, Messieurs, la réponse que la Députalion perma-
nente vient de nous faire parvenir :
• Faute de connaître le montant, même approximatif, des
frais auxquels donneront lieu la confection et la publi-
cation de cet inventaire, la Députalion permanente ne
saurait fixer, dès à présent, la mesure de l'intervention
provinciale.
b Les premiers éléments de ce travail ont été recueillis
par M. l'architecte inspecteur provincial Naerl, qui a
touché de ce chef une somme de 1 ,000 francs sur les fonds
de la Province.
» Reste maintenant, avant de publier l'inventaire, à en
coordonner les éléments et à en rédiger convenablement
le texte.
» La Province contribuera sans doute au paiement de
l'indemnité qui sera allouée au fonctionnaire chargé de
parfaire l'œuvre de M. Naerl.
» Pour le surplus, le mode d'intervention semble être la
souscription à un certain nombre d'exemplaires. Si l'Étal,
de son côté, veut souscrire un nombre suffisant d'exem-
plaires, les frais de publication seront couverts.
» Les exemplaires souscrits par lu Province seraient
envoyés aux commissaires d'arrondissement, aux admi-
nistrations communales et aux bibliothèques publiques.
» Plus l'inventaire sera répandu, mieux les objets d'art
seront connus et appréciés, mieux aussi ils seront à l'abri
de vente inconsidérée. »
En terminant ce compte rendu, il me reste à exprimer le
vœu du Comité de voir combler les vides qui se sont produits
dans son sein. Il croit même que l'augmentation du nombre
— 897 —
des membres correspondants serait justifié par l'accroisse-
ment de ses travaux.
M. le Président. — Monsieur van Ruymbeke, nous vous
remercions également pour votre rapport.
Si, comme vous, nous avons regretté profondément la
mort de M. le comte d'Ursel, nous pouvons nous réjouir
avec vous que l'un de nos collègues les plus distingués soit
devenu voire Président. La nomination de M. le baron
Bethune, comme Gouverneur de la Flandre occidentale, est
un gage certain que votre province ne perdra rien à cette
promotion, si méritée, de notre excellent et savant collègue.
{M. le baron Bethune s'incline.)
Au sujet de l'inventaire, vous me permettrez également
d'en ajourner ce qu'il y aurait à en dire jusqu'à la discussion
de tout à l'heure, c'est-à-dire celle concernant le 3*.
Avant d'accorder la parole à M. le rapporteur de la Flan-
dre orientale pour qu'il nous donne lecture de son rapport,
je le dirai à M. van Ruymbeke et à vous tous, Messieurs :
nous avons fait, depuis quelque temps déjà, des propo-
sitions pour le remplacement des membres disparus et
démissionnaires et même, dans certaines provinces, pour
l'augmentation du nombre des membres correspondants.
Cette question, je l'espère, ne tardera pas à recevoir une
solution définitive. Nous avions espéré que celle-ci serait
intervenue avant notre séance de ce jour; mais, vous le
savez, Messieurs : en matière administrative, souvent se
présentent des difficultés à la dernière heure. C'est vraisem-
blablement à l'une ou l'autre d'entre Iles qu'il faut attribuer
le relard que nous déplorons aussi bien que vous.
La parole est à M. le rapporteur de la Flandre orientale.
— 298 —
PROVINCE DE LA FLANDRE ORIENTALE.
M. Adolf de Ceulbneer, rapporteur :
Messieurs,
En vous faisant lecture du rapport des travaux de notre
Commission dans nos séances annuelles antérieures, noire
honorable Président, tout en rendant hommage à l'activité
de notre Comité, se voyait obligé tous les ans de me faire
remarquer que j'avais dépassé pour la lecture du rapport le
quart-d'heure qui nous est accordé par le règlement. Cette
année pareille observation ne pourra pas, je crois, m'èlre
adressée.
Je le regrette quelque peu, car le peu d'étendue de mon
rapport sera malheureusement la preuve que pendant l'année
qui vient de s'écouler l'activité du Comité n'a guère été bien
grande. Quelle est donc la cause de celte espèce de léthargie
qui, espérons-le, ne sera que passagère? D'abord noire
Comité n'est plus au complet depuis plusieurs années,
plusieurs places sont restées vacantes; et d'un autre côté
nous n'avons été appelés à émettre un avis que sur un bien
petit nombre de questions, encore toutes de bien minime
importance. Peut- on autoriser la vente d'objets mobiliers
n'ayant aucune valeur artistique ni archéologique, proposée
par les fabriques des églises de Cruyshautem et de Smellede;
le nouveau maître-autel d'Otlergem se trouve-l-il dans les
conditions voulues pour pouvoir être reçu; y a-t-il lieu de
remplacer celui de Lootenhulle, de remplacer les vieux
— 899 —
confessionnaux de l'église de Saffelaere par des nouveaux
qui seraient mieux en rapport avec le style de l'édifice;
quelles mesures conviendrait-il de prendre pour assurer la
conservation du De Graeyer de l'église de La Clinge? Et c'est
tout. Avouons qu'il n'y a pas lieu de se réunir souvent pour
délibérer sur des points d'une si minime importance. Aussi
notre Comité n'a tenu cette année que cinq séances, alors que
nous en avions eu dix en 1902. Encore ces cinq séances
n'auraient-elles eu un ordre du jour suffisamment chargé,
si le Comité, suivant son habitude, ne les avait consacrées
à l'examen de questions dues à son initiative. Je ne sais
comment expliquer la chose, mais presque toutes les ques-
tions dont le Comité prend l'initiative sont d'ordinaire d'une
telle envergure que bien des fois il nous faut plusieurs
années avant d'arriver à une solution ; et encore nous n'abou-
tissons pas toujours.
La question qui nous occupe pour le moment, le mot n'est
peul-èlre pas des plus exacts, car elle fut introduite en 1899,
est celle de la restauration du manoir d'Herzele, qui date du
xv* siècle
Notre zélé confrère M. Van Biesbroeck découvrit ces
ruines et notre confrère M. De Waele, qui depuis sa remar-
quable restauration du château des Comtes est passé maitre
en la matière, s'occupa du projet de consolidation et de
rétablissement du fossé, actuellement comblé.
La propriétaire, Ma* la baronne van de Woestyne, avec
une générosité qu'on ne saurait assez apprécier, consentit à
intervenir dans les frais pour une somme de 1,000 francs et
s'engagea à ne pas modifier les abords du manoir. Le conseil
communal d'Herzele, moins généreux, tout en reconnaissant
— 300 —
que si Ton ne met la main à l'œuvre, il n'y aura bientôt plus
même des ruines du manoir, refusa d'intervenir; la Province
suivit ce triste exemple et le Gouvernement, en présence de
celle situation, refusa de faire à ses seuls frais les travaux
nécessaires pour la conservation de ce souvenir féodal unique
en notre province.
Notre Comité ne saurait trop insister pour que ces ruines
ne soient pas perdues de vue. Il espère qu'on ne se conten-
tera pas d'un replâtrage inefficace, qu'on ne couvrira pas
les ruines d'un toit banal et qu'on dégagera le périmètre de
l'enceinte en rétablissant le fossé qui est encore si nettement
indiqué.
Nous avons aussi appelé l'attention du chef du diocèse sur
l'arrêté royal du 16 août 1824 défendant l'aliénation d'objets
d'art conservés dans les églises.
Monseigneur nous a fait savoir qu'à plusieurs reprises il
avait rappelé les prescriptions de cet arrêté aux membres
du clergé de son diocèse, et, qu'à l'occasion delà lettre que
nous lui avions adressée il rappellerait de nouveau à MM. les
curés qu'il leur est interdit d'aliéner sans autorisation des
objets d'art qui se trouvent dans leurs églises.
Neuf fois les membres de notre Comité ont été appelés à
se joindre aux délégués de la Commission centrale pour
inspecter des monuments. C'est ainsi qu'on a examiné de
nouveau les peintures murales de notre Université dont j'ai
eu l'honneur de vous entretenir dans mon rapport de Tan
derqier; on s'est rendu aussi à l'ancien grand Béguinage
pour voir si la nouvelle rue qu'on se propose de percer du
côté du Fossé Sainte-Elisabeth n'aggravera pas trop l'acte de
vandalisme commis il y a quelque vingt-cinq ans; non loin
— 30! —
de là on a cherché à reconnaître les faibles débris de pein-
tures murales de la Leugemeele. Rappelons aussi l'examen
du nouveau mobilier de la paroisse de Saint-Anloine, des
projets de vitraux à placer dans les chapelles de Saint-
Sébastien et du chemin de la croix à la cathédrale et l'état
de détérioration du grand tableau de De Taeye qui décore
la salle des pas perdus du Palais de Justice. On s'est rendu
à Saint-Martin, à Alost, et à Hauthem-Saint-Liévin pour se
rendre compte de la nécessité et de l'urgence des travaux de
restauration intérieure, à Oltergem pour voir le nouveau
maitre-aulel, et à Lootenhulle où on a examiné l'église au
point de vue du classement de cet édifice.
Je ne saurais terminer ce rapport sans dire deux mots de
l'inventaire. Les deux réunions tenues celte année par la
Commission royale et auxquelles des délégués des diverses
provinces assistaient, font espérer que l'année nouvelle ne
s'écoulera point sans qu'au moins un ou deux fascicules n'en
aient paru. Pour que le travail soit aussi complet que possible,
je me permettrai d'adresser une prière à mes savants con-
frères. Pour la partie bibliographique, chaque secrétaire
chargé de la rédaction de l'inventaire ne dépouillera que les
publications archéologiques des Sociétés et des revues de
sa province. Or, il se fait que bien des fois on y rencontre
des études relatives à des monuments d'autres provinces.
Pendant le dépouillement ce sera une bien petite peine de
signaler aux secrétaires des autres provinces les éludes qui
peuvent les intéresser pour leur inventaire respectif. Il y
aura ainsi un échange mutuel d'information qui ne pourra
que rendre l'inventaire plus complet et plus exact. C'est par
ce vœu que je termine le rapport de celte année.
— 302 —
M. le Président. — Nos félicitations à M. De Ceuleneer;
non seulement, il n'a pas atteint le temps déterminé, mais
il est même resté en dessous. Nouveau regret à joindre à
celui exprimé par lui concernant les cinq séances de son
Comité! Vous oubliez, mon cher collègue, les neuf séances
que vos délégués ont eues avec le Comité central. Je m'étonne
qu'un Comité aussi savant, aussi actif, aussi zélé que le
vôtre n'ait tenu que cinq séances. Avouez-le : cela dépend
un peu de votre honorable Président, M. le Gouverneur,
et aussi un peu de vous-mêmes.
Vous pouvez toujours joindre votre avis aux dossiers. Il
serait même à désirer que vous le fissiez en chaque occasion.
Quant à l'affaire de Herzele, la Commission centrale s'est
entièrement associée à votre vœu. Permettez-moi de le dire,
avec tout le respect que je dois à M™9 la baronne van de
Woesteyne : je trouve son intervention de 4,000 francs bien
faible dans le cas présent. Il ne faut pas l'oublier : quand
on sollicite de l'argent de la commune, de la province et de
l'État pour restaurer un monument privé, ce qu'on demande,
en réalité, à la commune, à la province et à l'État, c'est on
petit cadeau.
Quant à la bibliographie relative aux inventaires, votre
vœu est excellent. Vous désirez une bibliographie interpro-
vinciale. Eh bien, je suis persuadé que MM. les secrétaires
des Comités ici présents se rendront à votre vœu. C'est bien
celui du savant que nous nous plaisons à louer et à applaudir
une fois de plus. (Marques répétées (f approbation.)
La parole est à M. le rapporteur de la province du Hainaut.
- 303 -
PROVINCE DU HAINAUT.
M. Hubert, rapporteur :
Messieurs,
En conformité du règlement, nous avons l'honneur de
vous présenter le rapport du Comilé des correspondants du
Hainaut sur l'exercice 1902-1903.
Avec le même empressement que de coutume, nous avons
pris pari à toutes les visites faites dans notre province par
des délégués de la Commission centrale, sauf à une, pour
laquelle les convocations ne nous sont pas arrivées à temps.
Cependant, comme nous le rappelions aux assemblées gêné*
raies précédentes, depuis plus de quatre ans notre Comilé
est incomplet; trois de nos membres décédés n'ont pas été
remplacés; d'autres, à cause de leur étatde santé, ne peuvent
assister aux réunions, de sorte que nous ne nous y trouvons
plus en nombre suffisant.
Dans ces conditions, à son très grand regret, notre Comité
ne peut rendre à la cause de l'art ou de l'archéologie les
mêmes services que les Comités non désorganisés.
Notre rapport n'aura donc pas le développement que nous
aurions désiré lui donner. Nous avons dû nous borner aux
visites faites avec les délégués de la Commission royale et
aux inventaires que, dans ces occasions, nous nous sommes
empressés de dresser. Nous les indiquerons brièvement
parce que les comptes rendus des visites oot paru- ou parai-
— 304 —
Iront au Bulletin des Commissions royales tari et <f archéo-
logie, et que les inventaires ont été m seront publiés avec
le rapport du Comité, inséré chaque année dans V Exposé
de la situation administrative de la province de Hainaut.
Nos délégués se sont rendus, avec ceux de la Commission
centrale, dans les localités suivantes :
A Faniilleureux, pour inspecter l'église incendiée par la
foudre.
À Galonné, pour l'examen de vitraux placés dans le chœur.
Nous avons profité de la circonstance pour visiter le cime*
tière; il renferme de nombreuses lombes de Sires de Calonne
ainsi que d'officiers français tués à la bataille de Fontenoy.
Nous avons inventorié le mobilier, qui est d'un confortable
exceptionnel.
A La Buissière, pour une question de vente d'un terrain
à bâtir situé à quelques mètres de l'église.
A Nalinnes, afin de procéder à l'examen du clocher signalé
comme se trouvant dans un état inquiétant.
Aux Deux-Acren, à 1 église, pour examiner un projet
relatif à l'exécution de peintures décoratives.
Nous avons, en outre, dressé l'inventaire du mobilier. II
est composé d'objets dont les styles variés diffèrent de celai
du vaisseau, lequel est gothique. On y remarque une belle
menuiserie de l'époque de Louis XV, comprenant le lam-
bris, les stalles, les confessionnaux; des pierres tombales
du moyen âge et des siècles suivants jusqu'au xviue; une
cuve baptismale romane ; une Vierge de la même époque
et deux couronnes de lumière gothiques. Tout cela fait
néanmoins un ensemble, fort agréable, d'oeuvres qui ont le
grand mérite d'être originales.
— 508 —
*
La restauration de cette intéressante église a été faite de
1871 à 1873 par l'architecte E. Carpenlier, qui a eu le
bon esprit d'y conserver l'ancien mobilier. Quelques années
plus tôt, il avait restauré la vénérable collégiale romane de
Lobbes. Et, sous l'inspiration d'idées alors en vogue, pour
y rétablir le soi-disant slyte primitif, y avait fait disparaître
systématiquement ce que des siècles y avaient accumulés.
Il faut maintenant la remeubler avec des copies, plus ou
moins fantaisistes, d'objets qui y étaient étrangers. Jamais il
ue viendra à l'idée d'un architecte archéologue de chercher
à s'en inspirer.
À Tournai, le but de la visite était le dégagement d'une
partie de la cathédrale. Il s'agit d'en démasquer entièrement
la façade nord, avec sa très remarquable abside et ses deux
tours romanes; ainsi que la façade est, qui mettra en vue
l'élégant chœur gothique. On se rappelle qu'au couchant,
elle est entièrement libre et qu'au sud, elle Test en grande
partie. Ces splendides façades cachées étaient comme des
trésors perdus. Désormais l'importante basilique sera presque
vue de toutes parts.
Cette grandiose entreprise comprend : de nombreuses
expropriations, la démolition de maisons multiples, la
création de rues et de squares.
Deux de nos dévoués collègues y travaillent avec ardeur :
M. Soil préside l'association fondée pour le réaliser et
M. Sonneville en est l'architecte. Une des grandes diffi-
cultés était d'obtenir les 600,000 francs que nécessitera
l'exécution du projet. La somme est votée.
A Soignies, nous avons inspecté les travaux de restaura-
tion de l'église romane. La première partie des ouvrages
— 306 —
étant terminée, sauf le plafond de la grande nef, il a surtout
été question de la seconde, qui est à 1 étude, notamment du
maintien ou de la suppression, dans ce vaisseau roman, du
jubé, qui est de 1640; des stalles du chœur, qui sont de 1676;
des porches en menuiserie, qui remontent à la même époque,
enfin de pièces importantes d'un mobilier, qui est principa-
lement du xvii* et du xviii* siècle. Si on maintenait le jubé
en avant du chœur, a-t-on dit, on pourrait évider les arcades
latérales comme l'est celle du milieu. Ainsi la vue du sanc-
tuaire serait peu interceptée ; et l'on aurait ce grand avantage
de ne pas devoir démonter, et par conséquent détériorer,
un ouvrage en marbre qui a de la valeur et qui est un don
fait à l'église. Il a été aussi question de le reporter dans l'un
des transepts afin de dégager complètement le chœur, et
surtout de ne plus avoir un jubé de la renaissance au milieu
d'une église romane. On a répondu qu'il serait contraire aux
principes aujourd'hui admis de supprimer ou de cacher des
originaux de valeur de l'époque de Rubens, pour les rem-
placer par des copies de l'époque rudimenlaire du xi* siècle.
Mais on a été unanime pour demander le déplacement des
stalles en vue de rétablir le chœur dans ses dimensions
primitives.
A Gilly, la réunion avait pour but une inspection de l'église
de Sainl-Remy, qui réclame des travaux de restauration.
A Tournai, M. le baron du Sart de Boulant, Gouverneur
du Hainaut, assistait à notre visite. Il s'agissait de la conser-
vation des vestiges de la troisième enceinte de la ville, qui
comprennent deux tours reliées par une courtine. M. le
commandant du génie a exposé les motifs qui s'opposent,
selon lui, à la conservation de la partie des murs qui touchent
— 307 —
aux nouveaux bâtiments de la caserne de cavalerie. MM. les
délégués ont indiqué les travaux qui permettent de parer
aux inconvénients signalés.
Aux ruines de l'abbaye d'Aulne, nous avons visilé des
travaux que l'on y exécute sous la direction de M. L. Cloquet,
ingénieur-architecte, professeur à l'Université de Gand. A
plusieurs reprises les délégués ont exprimé leur satisfaction
sur l'exécution des ouvrages de consolidation accomplis
depuis la dernière visite. Ils ont entendu, avec un vif intérêt,
les explications de M. Cloquet sur la marche qui lui parait
devoir être suivie pour terminer la restauration. Quelques
observations lui ont été présentées ; il a promis d'en tenir
compte.
En dernier lieu nous nous sommes rendus à Roucourt
pour voir une chaire de vérité du xvie siècle. C'est une
œuvre de mérite dont la grande rareté augmente la valeur.
On n'en connaissait que deux en Belgique : celle d'Alsem-
berg, qui est au Musée royal d'antiquités (porte de Haï), à
Bruxelles, et celle de Nieuport. Encore celle-ci a- 1- elle subi
des remaniements regrettables. M. le chanoine Reusens ne
cite que ces deux là; Viollel-le-Duc et De Caumont,
tout en disant qu'il n'y avait guère de chaires de vérité en
bois dans les églises avant le xvie siècle, n'en mentionnent
aucune.
Sa cuve a une face adossée au mur et cinq faces visibles.
Chacune est décorée d'un sujet sculpté en haut relief, placé
dans une arcade en anse de panier dont les montants sont
renforcés de contreforts ornés d'élégantes colonnettes. Les
moulures de ces montants se continuent sans interruption
dans l'arc. Celui-ci est surmonté d'une accolade et d'orne-
— 308 —
ments. Enfin la cuve se termine par une corniche reposant
sur une frise creuse où courent des feuillages découpés.
En mai dernier, la Commission royale a rappelé à M. le
Gouverneur-Président qu'en vue d'un plan à adopter pour
l'impression de l'inventaire des objets d'art, il avait été
convenu qu'une commission, composée de délégués de son
Collège et d'un délégué par Comité provincial, serait chargée
de déterminer le type et le genre d'illustrations du dit inven-
taire. La Commission a ajouté que la réunion devant être
prochaine, elle priait M. le Président d'inviter le Comité
à désigner son représentant et de lui faire connaître quelle
est la somme allouée par la Province pour la publica-
tion du dit inventaire. Le Comité a désigné son repré-
sentant, mais jusqu'ici il n'y a pas de réponse à la seconde
demande.
Nous avons successivement été chargés de procéder à la
réception : d'un maiire-autel de l'église du hameau des
Charbonnages de Peronnes; d'objets mobiliers de l'église de
Belœil; d'un retable d'autel de l'église d'Hyon.
A propos de celte dernière, nous devons signaler un fait
regrettable. L'église d'Hyon, qui est récente, a été construite
par Carpenlier. Elle est très bien, c'est une de ses meilleures.
Toutes ses parties sont très étudiées et bien harmonieuses.
Or, dans ces derniers temps, on a ajouté à sa façade nord
une sacristie, importante comme dimension. Elle a absolu-
ment l'aspect d'une briqueterie, alors qu'au sud il en existe
une qui aurait pu servir de modèle. Il est à supposer qu'elle
a été construite sans demande et par conséquent sans auto-
— 309 —
risation. Mais comment de pareils méfaits peuvent-ils se
commettre ?
Conformément à une invitation de la Commission royale,
M. le Gouverneur nous a communiqué une demande du
conseil de fabrique d'Ormeignies tendante relever des pierres
tombales du pavement de l'église pour les placer contre les
murs intérieurs et extérieurs. Après visite, vu l'intérêt de
conserver les souvenirs qu'elles rappellent, un avis favorable
a été donné.
Ce relèvement devrait être pratiqué plus souvent ; dans
beaucoup de cas, c'est le seul moyen de conserver des
épilaphes utiles à l'histoire locale.
Le Comité a été appelé à donner son avis sur la demande
du conseil de fabrique de Saint- Vaast, sollicitant le classe-
ment de son église.
Le chœur et la nef sont de l'époque romane; le clocher est
de la fin du règne ogival. On dit que la tradition donne à
cette tour une origine à la fois religieuse et militaire. On dit
qu'elle était fortifiée, que les murailles du cimetière étaient
garnies de meurtrières etde mâchicoulis. Dans nos recherches,
pourtant très détaillées, nous n'avons rien vu qui tende à
appuyer ces dires, nous n'avons rencontré aucun des témoi-
gnages si concluants qui se voient dans les églises fortifiées
en France et ailleurs. Mais, à cause de la rareté des con-
structions romanes dans nos contrées et de l'importance
exceptionnelle de ce clocher à quatre tourelles, nous avons
proposé de ranger dans la troisième classe des édifices
religieux celle tour exceptionnelle et celle église huit fois
séculaires.
Nous ne terminerons pas, Messieurs, sans vous exprimer
- 310 -
le vœu de pouvoir, l'an prochain, notre Comité étant com-
plété, vous présenter un rapport plus documenté.
M. le Président. — Monsieur Hubert, votre rapport est
très documenté; seulement, permettez-moi de vous faire
observer que vous avez dépassé le quart-d'heure réglemen-
taire; j'espère que, Tannée prochaine, il n'en sera plus
ainsi.
Vous avez parlé des restaurations faites à la collégiale de
Lobbes. Vous avez formulé, à cet égard, les idées qu'a
exprimées d'une façon si nette M. le Ministre de la Justice
en ouvrant notre séance.
Quant à Tournai, c'est à juste litre que vous avez félicité
MM. Soil et Sonneville de leur intervention. A ce propos,
j'ai un petit péché à confesser : j'ai oublié tout à l'heure de
citer, à côté de l'église de Sainle-Walburge, à F urnes, dont
j'ai fait mention en répondant à M. le Ministre, le dégage-
ment de la cathédrale de Tournai, dont il a été l'initiateur.
En ce qui concerne H von, nous sommes aussi ignorants
que vous.
La parole est à M. le rapporteur de la province de Liège.
— 311 —
PROVINCE DE LIÈGE.
M. Lohest, rapporteur.
Messieurs,
Pendant l'année écoulée, les objets soumis à l'examen du
Comité des monuments ont été en général d'une très minime
importance, tandis que des travaux d'art considérables s'exé-
cutent à Liège et dans la province sans que le Comité ail
été appelé à émettre aucun avis.
Celte situation a fait l'objet des critiques de M. le Gouver-
neur-Président; elles ont été transmises à la Commission
centrale dans la réunion plénière du 6 octobre.
Le Comité a renouvelé ses instances pour la conservation
de la maison Porquin et du porche renaissance de Saint-
Jacques. Une délégation très importante de membres de la
Commission centrale de Bruxelles, Gantois et Anversois,
accompagnés de la plupart des membres du Comité de
Liège, est venue examiner ce dernier monument pour se
rendre compte de l'opportunité de l'exécution des plans
de restauration; mais les avis se sont partagés : les uns
opinant pour la démolition, les autres pour la réfection, et
l'avis qui semble devoir prévaloir dépend d'un examen qui
révélera si la façade actuelle cache un porche gothique dans
son entièreté.
Le Comité a eu la satisfaction de pouvoir émettre, sous
certaines réserves, un avis très favorable sur les plans de
construction d'une église à Trois- Ponts; c'est le seul projet
de construction nouvelle qui lui ait été soumis.
— 312 —
M. le Gouverneur-Président a envoyé des délégués pour
procéder à un examen attentif des églises de Scry et de
Tbys et se rendre compte de l'inlérël qu'elles présentent au
point de vue monumental. Le résultat a clé favorable au
classement de ces deux intéressants spécimens de notre
architecture religieuse du xvi* siècle, Pun donnant un type
de la construction en brique et en pierre de sable très
fréquent en Hesbaye, l'autre un bel exemple de la construc-
tion en pierre calcaire usitée dans le Gondroz.
Les autres objets inscrits aux ordres du jour concernent
des projets de vitraux, de décoration, de mobiliers, sans
intérêt ni importance, quelques-uns même si médiocres
qu'ils ont dû recevoir un avis défavorable; nous n'en faisons
pas mention.
L'inventaire des édifices civils et religieux, publics et
privés qui offrent de l'intérêt, soit au point de vue historique
et archéologique, soit au point de vue artistique, est terminé.
Mais inscrit en première ligne dans le programme de la
Commission centrale, il arrive maintenant en second et est
remplacé par l'inventaire des objets d'art contenus dans les
édifices publics. Il y a des années, la confection de cet
inventaire avait été tentée au moyen de circulaires et de
tableaux à remplir, envoyés aux administrations compétentes
(communes et fabriques). Le résultat fut négatif.
L'initiative privée ou celle de sociétés particulières a
mieux réussi; l'inventaire de Liège est terminé; c'est un
mémoire couronné par la Société d'Émulation, dû au labeur
du vice-Président du Comité de Liège, M. Renier. Il a été
publié en un volume de 336 pages; toutefois, trop étendu
pour paraître dans les bulletins des Sociétés d'art et d'archéo-
— 313 —
logie, il sera résumé conformément au programme du
Comité central et rectifié, s'il y a lieu.
Le Comité s'est encore occupé d'assurer la conservation
des pierres d'Oupeye et il n'abandonne pas son programme
de moulages à effectuer sur des spécimens de sculpture des
xvne et xvuie siècles.
Enfin, comme les années précédentes, plusieurs membres
ont participé aux inspections qui ont eu lieu dans la province.
M. le Président. — Monsieur Lohest, nous vous félici-
tons également, mais nous regrettons beaucoup que votre
Comité ne se réunisse pas plus souvent. Vous le savez : la
faute en est d'abord à votre Gouverneur et ensuite un peu à
vous-mêmes.
Quant à la maison Porquin, nous vous remercions d'en
avoir dit un mot Nous avons fait, de notre côté, tous nos
efforts pour la garder.
Pour le portail Saint-Jacques, on s'en est occupé dans des
conditions qui ont réuni l'unanimité des suffrages. Nous
avons proposé qu'une commission locale composée, par
exemple, des représentants de la Commission royale des
monuments, du Comité provincial de nos correspondants,
de la ville, etc., voulût bien voir ce qu'il y avait à faire dans
le sens indiqué par la Commission centrale.
Depuis, nous n'avons plus eu de nouvelles.
Quant au Palais de Justice, je vous avouerai que je ne puis
pas m'avancer pour le moment sur ce point.
La parole est à M. le rapporteur de la province du Lim-
bourg.
— 314 —
PROVINCE DU LIMBOURG.
M. l'abbé Daniels, rapporteur :
Messieurs,
On se rappellera peut-être les plaintes que nous avons fait
entendre Tan passé au sujet du rôle trop effacé que notre
Comité jouait sous certains rapports. Nous avons aujour-
d'hui le plaisir de constater que ces plaintes ne se sont pas
perdues dans le désert.
En effet, dans le courant de cette année, les projets de
construction, de restauration, d'ameublement, etc., qui
doivent recevoir l'approbation de la Commission royale des
monuments, ont été soumis régulièrement à un avis préa-
lable, et notre Comité a lâché de se montrer digne de la
confiance de cette haute juridiction en consacrant à l'examen
de ces projets toute son attention et tout son bon vouloir.
Nous avons eu à délibérer sur deux projets de construc-
tions nouvelles ; sur sept projets de restauration et d'agran-
dissement d'églises; sur huit projets d'ameublement total
ou partiel d'édifices du culte ; de placement de vitraux et de
peinture murale ; sur trois demandes d'autorisation d'aliéner
d'anciens meubles d'églises et sur cinq affaires de moindre
importance. Nous avons toujours tâché de motiver nos avis
de façon à aider à éclairer la Commission appelée à prendre
une décision souveraine.
Vous nous permettrez d'entrer dans quelques détails à
propos d'observations émises par notre Comité.
— 318 —
L'église paroissiale d'Exel ne répondant plus aux besoins
d'une population notablement accrue, — cas qui dans la
suite se présentera souvent dans le Li m bourg, — l'agran-
dissement de cet intéressant édifice du xv9 siècle s'imposait.
Or, l'auteur du projet des travaux à faire ne s'était inspiré
ni de certains détails arcbitecloniques propres à l'édifice, ni
d'autres tenant à un système régional. Ainsi, au lieu
d'adopter le type fort intéressant des contreforts existants,
il en inventait un nouveau; il ne tenait aucun compte du
portail latéral sud, une des caractéristiques de nos églises de
Gampine, et qu'il convertissait en chapelle. Nous pensons
que des transformations de ce genre ne sont pas admissibles
et avons conclu à une nouvelle élude.
Nous avons émis un avis similaire pour le porche existant
à l'église si remarquable de Zepperen, et nous ne saurions
assez insister sur le soin que les architectes restaurateurs
devraient apporter à l'étude des types régionaux.
Nous avons eu à émettre un avis sur un projet assez
original conçu pour l'embellissement (?) de l'église de
Roclengc-sur-Geer. Ce bâtiment moderne ne se dislingue
que par une banalité déplorable et un manque absolu de
caractère. Or, on espérait donner à cet édifice un peu de
respectabilité en dépensant de l'argent à la construction
d'une flèche à renflement, entrant dans la catégorie d'ou-
vrages achevés aux époques du plus mauvais goût. Nous
n'avons pas voulu encourager cette regrettable tentative, et
sommes d'avis qu'il faut plutôt engager les autorités locales
à ménager les ressources pour les employer plus. lard, s'il le
faut, à doter la commune d'une église convenable.
Un projet de travail aussi délicat qu'intéressant nous fut
— 316 —
soumis pour la jolie église d'Opitter. Il existé là, le long des
bas-côlés, une série d'arcalures retombant sur des cals-de-
lampe formés chacun d'une pierre cubique destinée proba-
blement à être sculptée; car, quelques-uns de ces culs-de-
lampe sont décorés de létes très belles datant de l'époque de
la construction de l'édifice. Or, la fabrique d'église avait
conçu le projet d'achever le travail indiqué et nous soumit
une série de dessins qui ne nous ont satisfaits ni en eux-
mêmes, ni quant à la dépense prévue; on- ne saurait livrer
une œuvre artistique pour une croule de pain, et il vaut
mieux s'abstenir que faire les choses à demi ou pas même à
demi.
Une dernière observation à propos de projets qu'on pré-
sente. Il nous arrive de recevoir des plans de travaux à faire
sur lesquels il est impossible de donner un avis faute d'indi-
cations suffisantes. On se contente le plus souvent d'envoyer
un joli dessin, surtout quand il s'agit d'un meuble d'église,
et puis c'est tout. Nous avons pris la résolution de renvoyer
impitoyablement ces plans « pour plus ample information ».
La question de la polychromie étant à l'ordre du jour,
nous dirons en passant que les quelques projets qui nous ont
été soumis trahissent : 1° un manque absolu d'études et
2° une préoccupation démesurée du bon marché. Nous n'en
dirons pas davantage, mais émettons le vœu de voir la
Commission royale user de grande sévérité dans l'admission
des projets de polychromie, pour forcer les artistes à revenir
aux bonnes et saines traditions qui inspiraient autrefois ce
bel art complémentaire de l'architecture.
Trois demandes d'autorisation d'aliéner des objets mobi-
liers ont été introduites; l'une d'elles mérite une mention.
— 317 —
C'est celle faite par ia fabrique d'église de Bocholt à l'effet
de vendre à vil prix une quinzaine de statues remisées
comme objets de rebut dans les combles de l'église. Or, nous
avons voulu voir ces statues et nous avons trouvé parmi
elles de très beaux spécimens de l'art médiéval, ayant une
réelle valeur artistique. Fidèles à l'esprit conservateur qui
anime plus que jamais notre Comité, nous nous sommes
formellement opposés à l'aliénation. Notre principe est qu'en
attendant utilisation, moyennant restauration s'il le faut, l'on
doit conserver ce que l'on a; nous n'admettrons jamais que
pour un prix dérisoire on se défasse d'objets d'art réputés à
tort inutiles ou encombrants, surtout quand c'est pour les
envoyer loin des monuments pour lesquels ils ont été
exécutés.
A propos de Bocholt, nous recommandons à la sollici-
tude de la Commission royale le magnifique retable de la
chapelle de Velthoven et dont la restauration est projetée
depuis 1864. Nous sommes en l'an de grâce 1905, et il y a
urgence, véritable urgence de restauration, si l'on ne veut
voir disparaître une œuvre remarquable de l'école anver-
soîse. La Commission est d'ailleurs édifiée sur la chose par
le procès-verbal d'une de nos séances de celte année cou-
rante.
Dans un autre ordre d'idées, mentionnons trois points qui
ne manquent pas d'intérêt.
A l'occasion d'un projet de vente du terrain connu sous
le nom de Sleenkuilen au hameau de Gelieren sous Geock,
l'attention de notre Comité a été appelée sur les grandes
pierres légendaires gisant en cet endroit. C'est bien à tort
qu'on les désigne aux touristes. comme pierres druitiques;
tout comme celles de Sledderloo, un autre hameau de Genck,
et celles du lieu dit Holsteen à Zonhoven, ces pierres sont
de formation naturelle et n ont aucun rapport avec l'archéo-
logie.
La commune d'Eysden exploite en ce moment une balas-
tière non loin du canal de la Campine; les travaux
d'extraction de gravier devant atteindre dans quelque temps
trois petits tumulus et des levées de terre qui paraissent avoir
fait partie d'un camp ou d'un retranchement antérieur à
l'époque romaine, la Dé pu (a lion permanente nous a priés de
nous rendre sur les lieux pour aviser aux mesures à prendre
en vue de la conservation de ces restes d'une civilisation
disparue. Deux délégués de notre Comité se sont rendus
sur les lieux et ont proposé d'insérer dans le cahier des
charges réglant l'extraction du gravier, une clause qui
défendrait de toucher aux tertres et aux retranchements.
MM. Schuermans et Habets ont, en 1881, publié un travail
sur ces retranchements, mais qui n'apporte pas de solution
définitive du problème, et notre Gomité s'est adressé à de
savants spécialistes pour que ceux-ci reprennent cet objet
d'étude à coup sur très intéressant.
Dans le courant de l'été, on a trouvé des pierres taillées
et des antiquités préhistoriques sur le territoire de la com-
mune de Bassenge. Avertis tardivement, comme il arrive
malheureusement souvent, nous sommes arrivés trop tard
pour apprécier l'importance et l'intérêt de la trouvaille.
Gomme il arrive souvent aussi, on s'est empressé d'enlever
les objets découverts et ceux-ci se trouvent actuellement en
plusieurs mains. A en juger par quelques débris parvenus
au Gouvernement provincial à Hasselt, la trouvaille consiste
— 319 —
en silex (aillés et eu poteries ante-romaines, et, s'il faut se
baser sur les renseignements assez vagues que nous avons
pu recueillir sur place, ces objets auraient été rencontrés
sur des fonds de cabanes.
Notre Comité continue la confection de l'inventaire. Nous
avons vu cette année-ci, et assez fructueusement, des com-
munes des cantons de Saint-Trond, de Looz, de Vlytingen
et de Bree. Malheureusement il faudra, vu les exigences du
programme adopté récemment, retourner presque partout.
Mais la besogne ne nous effraie point, et nous comptons bien
être prêts à fournir notre contingent « alphabétiquement »,
surtout que, plus nous avançons le travail, plus nous sommes
convaincus de la nécessité qu'il y a de publier l'inventaire.
Voilà, Messieurs, les quelques points que le Comité pro-
vincial du Li m bourg a cru devoir exposer en celte assemblée
générale.
M. le Président. — Messieurs, on nous annonce que le
Limbourg sera bientôt la terre bénie de la géologie. 11 y a
longtemps que les rapports de l'honorable membre nous
rapprennent : sa province est la terre bénie de la science
archéologique, grâce au Comité provincial du Limbourg el
en particulier à M. l'abbé Daniels. Votre éminent rapporteur,
Messieurs, fait honneur au Comité du Limbourg, qu'il me
permette de ie lui dire, sans froisser en rien sa modestie, ni
celle de ses collègues du Brabant, qui ont déjà parlé, comme
lui, de la polychromie. Que l'honorable abbé Daniels en soit
bien persuadé : la Commission centrale a été très heureuse
de proclamer qu'il importe de ne pas favoriser les œuvres à
bon marché en celle matière importante.
— 3Î0 —
Quant au retable de Vellhoven (Bocholl), nous insisterons
avec vous pour que la situation désastreuse dans laquelle il se
trouve, et qui persiste depuis 1834, prenne fin le plus tôt
possible. Nous n'avons pas à noire disposition des gen-
darmes pour obliger certains gens à réaliser ce que leur
sentiment artistique seul devrait leur faire exécuter avec
enthousiasme.
La parole est à M. le rapporteur de la province du
Luxembourg.
— 321 —
PROVINCE DU LUXEMBOURG.
M. Tandel, rapporteur :
Messieurs,
Mon rapport, comme celui de plusieurs de mes collègues,
commencera par un légitime hommage à rendre à la
mémoire de celui de nos membres que nous avons perdu,
le P. Goffinet, qui, pendant plus de vingt ans, a partagé
nos travaux au Comité et qui, pendant quarante ans, a été
membre de l'Institut archéologique d'Arlon. Je n'ai rien
à ajouter à ce qui a été dit tout à l'heure à cet égard.
Depuis la dernière assemblée plénière de la Commission
royale des Monuments, les membres du Comité ont eu à
remplir plusieurs missions que nous rappelons succinctement
ci-après :
26 octobre 1902. — Inspection des nouvelles parties de
meubles placés dans l'église de Laroche.
Délégués: MM. lecomtedeLimburg-StirumetSibenaler.
Le Bulletin des Commissions royales (tari et d'archéologie,
41* année, n** 9-10, page 179, rend compte de la mission.
14 avril 1903: — Réception et examen des travaux à
Téglise de Houflalize.
Délégué : M. Cupper.
— 3*2 —
15 juin 1903. — Inspection des travaux de dérochagede
l'église de Saiût-Hubert.
Délégués : MM. Van de Wyngaert, Déome el Kurlh (le
premier était seul présent).
1er juillet 1903. — Examen d'un autel latéral placé dans
l'église d'Elhe el d'une armoire à l'église de Saint-Mard.
Délégués : MM. Van de Wyngacrl et Sibenaler.
9 juillet 1903. — Examen d'un maître-autel placé dans
l'église de Suxy.
Délégués : MM. Cupper et Déome.
28 juillet 1903. — Examen des questions relatives à la
reconstruction de l'église de Paliseul.
Délégué : M. Kurlh.
30 juillet 1903. — Examen des vitraux placés dans l'église
de Libin.
Délégué : M. Déome.
5 septembre 1903. — Réception du maiire-autel de
Grandménil.
Délégués : MM. Tandel el Wilmarl.
Le 7 septembre, ces Messieurs ont adressé à M. le Gou-
verneur un rapport dans lequel ils reconnaissent que le
travail a été fort bien exécute, tanl sous le rapport des
matériaux que du fini de l'exécution ; qu'aucune observation
n est à présenter et que rien ne s'oppose au paiement du
subside promis sur le crédit des Beaux-Arts.
Dans sa séance du 7 mai 1903, le Comité a nommé
M. Tandel, membre effectif, el M. Sibenaler, membre sup-
pléant de la sous- commission chargée de rechercher et
d'arrêter les moyens les plus pratiques de réaliser la publi-
— 323 —
cation de l'inventaire général des objets d'art appartenant
aux édifices publics du pays, inventaire dont la confection
a été prescrite par le Gouvernement.
M. Tandel fait observer qu'il y aurait là une excellente
occasion de publier la description des monuments romains
du Musée d'Arlon, qui ont tous été photographiés par
M. Sibenaler.
Ces photographies, très réussies, pourraient être repro-
duites par des phototypies, sous réserve que les clichés
seront abandonnés à l'Institut archéologique pour la repro-
duction dans ses annales.
M. le Gouverneur a eu l'occasion d'entretenir M. le Ministre
compétent de l'importance des collections archéologiques
du Musée d'Arlon, que la publication dont il s'agit aurait
l'avantage de faire connaître au public.
Des savants allemands, qui sont venus visiter cette collec-
tion, ont assuré que nulle part un musée de province ne
possédait des richesses pareilles, et ils ont émis le vœu qu'il
serait à désirer que ces vestiges du passé fussent reproduits
par la photographie.
A ma demande, la Commission royale des Monuments
avait chargé plusieurs de ses membres de visiter la vieille
église d'Attert, exemple intéressant et très rare dans notre
pays d'une construction qui, à part le chœur du siècle
dernier, remonte à la période ogivale. Les trois nefs, d'égale
hauteur, et recouvertes par une seule toiture, appartiennent
au type qu'en Allemagne on désigne sous le nom d'église-
halle.
Le rapport de la Commission, en date du 22 mars 1900,
concluait à la conservation en raison de sa valeur archéolo-
— 3Î4 —
gique, au moins de la nef existante qu'on transformerait en
chapelle pour le cimetière.
Quatre années se sont écoulées : l'œuvre du temps s'accentue
avec d'aulant plus de rapidité que du côté nord, les terres
du cimetière ont été accumulées contre les murs; que les
toitures n*onl pas de gouttière et que les eaux pluviales
séjournent au pied de l'édifice et s'introduisent sous les
fondations.
Aucun travail d'entretien, de simple réparation, n'est
effectué et il ne peut plus se passer longtemps avant que la
ruine soit complète. Aucune action ne s'exercera-t-elle avant
cela?
En dehors, Messieurs, des questions exposées dans le rap-
port dont je viens d'avoir l'honneur de vous lire une grande
partie, il y a encore à l'ordre du jour une question très impor-
tante : c'est celle qui concerne la construction d'une église
à Arlon. C'est une question qui, depuis très longtemps, est
disculée et qui a été retardée jusqu'ici par suite de diverses
circonstances : question d'emplacement, question d'argent,
mais l'accord parait s'être établi définitivement entre le
Gouvernement, la ville et la province.
M. le Ministre des Finances a prié M. le Gouverneur du
Luxembourg d'interroger noire Comité sur les trois points
que voici : quel serait le style à adopter; quels seraient les
matériaux à employer, et quelle serait l'orientation à donner
au monument?
Je vais résumer la question, afin de gagner du temps.
Une très longue discussion a eu lieu au sujet du plan, et
l'on s'est mis d'accord pour l'adoption du style ogival pri-
maire du xuc ou xni# siècle. La situation de la ville d'Arlon,
— 385 —
qui est bâtie sur un cône, exige non seulement un peu
l'élévation des terres, — c'est-à-dire l'élévation générale du
terrain, — mais également la rigueur du climat exige l'emploi
de matériaux solides et imperméables. J'ai renseigné à nos
collègues une carrière qui est ouverte depuis quelque temps :
la carrière de Jamoigne, qui semble donner de très bons
produits. M. Van de Wyngaert, un de nos collègues, a
parlé de la carrière de Montourdon et a fourni certains
renseignements à ce sujet. Nous transmettrons ceux-ci à
MM. les Ministres de la Justice et des Finances. Sur ce point
l'accord, après discussion, a paru devenir parfait, c'est-à-dire
en ce qui concerne la question des matériaux.
Pour la question d'orientation, l'accord n'a pas été aussi
facile; on a cherché cependant à concilier les désirs de la
Commission royale des Monuments avec les nécessités du
terrain. Nous nous sommes rendus sur les lieux et nous
avons reconnu qu'en reculant quelque peu l'église vers
l'ouest, elle y serait mieux que placée sur le terrain que vous
connaissez et qui est un peu creux, dirai-je. On placerait
l'église sur la hauteur, où elle dominerait, et on se confor-
merait ainsi à la tradition d'orientation.
A celte réunion du 10 septembre, à part MM. Wilmart et
Déome, empêchés, et qui avaient donné leur manière de
voir par écrit, le Comité était au grand complet.
MM. Ensch-Tesch, bourgmestre d'Arlon, et Lefèvre, prési-
dent du Tribunal et du conseil de fabrique de l'église de
Saint-Martin, à Arlon, s'y étaient joints sur invitation spé-
ciale.
Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ci-dessous
le procès- verbal de cette réunion, qui expose, en les résumant
- 326 —
exactement, les opinions exprimées au cours de la discussion
et des conclusions finalement adoptées.
Comité provincial de la Commission royale des Monuments.
SÉANCE DU 10 SEPTEMBRE 1903.
M. le Gouverneur fait connaître qu'il a eu récemment on
entretien avec M. le Ministre des Finances au sujet de la
construction de la nouvelle église à Àrlon et que ce haut
fonctionnaire a émis l'idée de consulter le Comité des corres-
pondants de la Commission royale des Monuments au sujet
du choix des matériaux à employer, du style et de l'orien-
tation de l'édifice.
Pour sa part, il estime que le style gothique conviendrait
tout spécialement, non pas le gothique flamboyant du
xiv* siècle, mais le gothique primaire du xir siècle.
On pourrait donner à l'édifice une entrée principale vers
la rue Francq et l'avenue J.-B. Nolhomb.
M. le comte de Limburg croit qu'il faut laisser le choix
du style à l'architecte qui dressera les plans
M. Ensch fait savoir que l'église devrait èlre vue : 4° de
la ville cT Arlon; 2* de la rue Francq; 3° de l'avenue
J.-B. Nolhomb en venant des bureaux de la Direction des
contributions.
M. le Gouverneur propose de visiter les lieux avant de
continuer la discussion quant à l'emplacement.
M. Ensch pense que l'on pourrait, dès maintenant, discuter
la question du style de la nouvelle église. Pour sa part, il
- 557 —
n'est pas partisan du style gothique parce que le Palais de
Justice est déjà de cette période, qu'il faut varier et adopter
plutôt le roman, qui permettrait, d'ailleurs, de faire une
entrée sur le côté de l'avenue J.-B. Nothomb.
Il reconnaît que le gothique est plus beau, mais à
raison de notre climat, les fleurons ne résisteraient pas
longtemps aux intempéries. On en a l'exemple au Palais de
Justice.
M. le Gouverneur répèle qu'il ne s'agit pas du gothique
flamboyant mais du gothique primitif ou ogival. Il cite
l'exemple de l'église d'Elhe dont les moulures et les fleurons
sont tombés. Les matériaux employés en sont également
cause, la pierre ne résiste pas à la gelée.
M. Cupper est aussi d'avis qu'il faut éviter le gothique
des xiva et xv* siècles. Le premier gothique convient spécia-
lement dans nos Ardennes, l'architecture du xue et du
xiu0 siècle répond en toutes choses à sa destination. Elle
élève l'âme des fidèles. Arlon possède déjà une église romane,
celle des RR. PP. Jésuites, il convient donc d'employer le
style préconisé par M. le Gouverneur et l'architecte pourra
tirer parti des difficultés du terrain en plaçant un portail
principal du côté de la rue Francq.
Il cite l'exemple de l'église de Laroche, de construction
récente et l'une des plus belles de la province.
M. le comte de Liroburg-Stirum dit que l'on pourrait
s'inspirer de ce qui a été fait pour l'église de la célèbre
abbaye d'Orval, dont les restes attestent le style gothique le
plus pur à son début, à l'époque de transition entre le roman
et le gothique.
M. le Gouverneur donne lecture d'une lettre de M. Wil-
— 358 —
roart, qui est empêché d'assister à la séance et qui transmet
son avis par écrit dans les termes suivants :
c En ce qui concerne le style à préconiser, j* aurais
été partisan de l'époque médiévale et particulièrement du
xm1 siècle.
* Le caractère de cette époque répondrait par la simplicité
de ses lignes aux exigences du climat, tout en permettant
une décoration assez riche pour un monument de celte
importance.
» Quant à l'orientation, je pense que l'étude très sérieuse
faite par un architecte connaissant bien les ressources qu'offre
l'art du moyen âge, montrera la possibilité de concilier la
nécessité d'une entrée monumentale avec la présentation
d'une façade latérale parallèle à l'avenue.
» Cet art, en effet, possède ces mérites particuliers de
laisser à l'architecte une grande liberté dans les combinai-
sons que lui impose la nature des lieux. C'est, dans le cas
présent, une raison de plus en sa faveur.
» Du reste, l'orientation ne trouve pas seulement sa justi-
fication dans une longue tradition toujours respectable et
appuyée sur des données liturgiques, mais aussi dans des
motifs d'ordre purement matériels.
» En effet, le vaisseau se trouvant dirigé vers l'est, on
évitera que sa façade la plus longue soit exposée à l'ouest,
toujours si pernicieux à cause des pluies, des neiges et des
vents humides et très fréquents dans nos contrées. La
question des matériaux, enfin, jouera un rôle important
tant au point de vue de la tonalité générale de l'œuvre qu'au
point de vue de la résistance et de la durée.
» Notre Comité, me parait-il, a le devoir d'empêcher toute
— 349 —
tentative d'économie mal entendue au détriment de leur
qualité.
» Il ferait œuvre utile également en renseignant à M. le
Ministre, sur ravis des hommes compétents et expérimentés
qui ne manquent pas autour de nous, les constructions déjà
existantes dans notre province et qui font leurs preuves à
cet égard.
» Ce point particulier des matériaux mériterait, semble-l-il,
un peu plus de temps pour être examiné en connaissance de
cause. Chacun d'entre nous pourrait, pour une séance ulté-
rieure, s'entourer d'éléments d'appréciation. »
M. Déome a fait également connaître sa manière de voir
par écrit :
D'après lui, le style ogival est incontestablement celui qui
convient le mieux à un édifice religieux, mais le roman
permet de construire avec beaucoup plus de solidité et de
manière à n'avoir que très peu de frais d'entretien. L'église
de Berlrix est d'un style roman pur, on pourrait la voir
avant de décider.
Il serait important de faire choix de matériaux aussi
imperméables que possible, car l'humidité est le plus grand
ennemi des édifices, surtout dans notre contrée.
M. Kurih se rallie entièrement à l'avis émis par M. Wilmart.
II ne comprendrait pas que nous eussions un autre style que
le gothique pour 1 église d'Arlon On ne peut évidemment
songer à construire des édifices comme la Sinl-Lorenzkirche,
de Nuremberg, mais on peut adopter une variété de gothique
pur et si le gothique du Palais de Justice est critiquable, il
faut au moins respecter les bonnes intentions du construc-
teur.
— 530 —
Le gothique est le style national, le roman marque bien
une tendance vers le gothique, mais celui-ci donne le maxi-
mum en fait d'art. On ne connaît pas d'école romane, mais
on a l'école gothique de Saint-Luc, pour retrouver les
anciennes traditions. On a comme exemple, notamment,
les splendides bâtiments construits à Maredsous.
Arlon est construit en pyramide, les tours élancées lui
conviennent mieux que les tours romanes, qui sont trop
écrasées.
Il espère bien que la tour de l'église Saint-Martin sera
conservée malgré la nouvelle construction.
Il faut donc écarter le roman pour préférer le gothique
du xii'-xiii* siècle. L'emploi du flamboyant n'est pas néces-
saire, il faut éviter les dentelles fragiles qui existent dans
certains monuments de l'intérieur du pays, tels que l'Hôtel
de ville de Louvain.
Le gothique du début est d'une simplicité absolue; il
résiste parfaitement à l'action du temps et l'église Saint-
Christophe, à Liège, est un des plus beaux édifices connus
qui marquent l'époque de la transition.
M. Ensch-Tesch se rallie également à ce choix.
M. Lefèvre, Président du conseil de fabrique de I église
Saint-Martin, est du même avis.
M. Van de Wyngaert propose d'exposer les desiderata du
Comité à M. le Ministre.
M. Ensch-Tesch désire encore présenter une observation
quant au revêtement intérieur de l'église. Il désire que
l'appareil soit entièrement ou autant que possible apparent,
afin d'éviter le plâtrage et la polychromie.
M. le Gouverneur soumettra donc au Ministre l'accord
— 531 —
unanime du Comité sur le slyle du xne et xm* siècle, avec
une entrée latérale donnant sur la rue Francq.
M. le Bourgmestre recommande d'avoir égard à la situation
financière de la ville d'Arlon, laquelle ne saurait supporter
plus que sa part d'intervention fixée à 1 50,000 francs.
M. le Gouverneur promet de faire son possible pour con-
cilier tous les intérêts en présence.
On aborde ensuite la question des matériaux à employer.
M. le comte de Limburg-Stirum insiste sur la question de
la tonalité de la pierre à employer dans tous les édifices
luxembourgeois; il faut tenir compte de la région jurassique
et des excellents matériaux qu'elle contient. On ferait un
édifice disparate en employant dans cette contrée du calcaire.
Il conseille d'employer la véritable pierre ardennaise de
qualité supérieure.
M. Van de Wyngaert cite les carrières de Montourdon.
M. Tandel, celles de Jamoigne et de Glairefontaine.
M. le Gouverneur fait remarquer que les pierres de
Montourdon deviennent noirâtres et que les bancs n'ont pas
d'épaisseur. Il est d'avis de prendre les matériaux autant
que possible dans la province sinon dans le pays.
Pour le gros œuvre, le granitau besoin ; pour les moellons,
la pierre de Jamoigne. Il fait apporter un bel échantillon de
celte pierre, laquelle ressemble beaucoup à celle de Laro-
chelte (G. D.) et de Goberlange.
M. le Bourgmestre dit que la pierre de Jamoigne est celle
qui a servi à construire Orval.
M. le comte de Limburg-Stirum trouve que, dans ces
conditions, elle devrait être adoptée ou une autre pierre de
la région.
— 33* —
M. Kurth appuie la proposition et dit que Ton a tout
avaolage à se servir de la pierre de la région.
M. Lefèvre parle du presbytère et fait prévoir qu'il doit
être construit pour un doyen et deux vicaires et plus si
possible, pour la paroisse qui peut avoir 7,000 âmes.
M. le Gouverneur promet qu'il en sera tenu compte et
que, de plus, il tiendra un échantillon de la pierre de
Jamoigne à la disposition de M. le Ministre.
M. le Bourgmestre fait connaître que le conseil communal
d'Arlon a émis le vœu de voir confier les plans et devis à
M. l'architecte Van de Wyngacrl fils, qui est favorablement
connu et a déjà produit une foule de projets qui ont été
exécutés à la satisfaction de tous.
Il cite notamment la gare d'Arlon, les églises de Weyler,
de Frassem, de Tœrnich, le château de M. Jules Tesch, à
Messancy, et le monument érigé en mémoire de feu M. le
baron Ed. Orban de Xivry.
Il y a une quinzaine d'années, il avait même fait un projet
pour l'église d'Àrlon et son travail ne lui a pas été payé.
M. le Gouverneur fera part à M. le Ministre du vœu émis
par le conseil communal d'Arlon; mais il pense que ie
Gouvernement ainsi que la Commission royale des Monu-
ments ont l'intention de mettre le projet dont il s'agit au
concours.
M. Gupper propose aussi de mettre ce projet au concours.
M. le Bourgmestre maintient sa proposition pour le cas
où il n'y aurait pas de concours. Il pense qu'il faut se méfier
des architectes étrangers en raison de leur peu de connais-
sance du climat et de ses exigences, des matériaux du pays,
des ouvriers et de leur mode de travail, d'autant plus que
— 333 —
la ville possède un architecte local dont la réputation est
établie.
M. Lefèvre fait connaître qu'il n'y a pas d'opposition de
la part du conseil de fabrique de l'église Saint-Martin.
On se rend ensuite sur les lieux pour examiner la question
de remplacement et de l'orientation.
On est unanimement d'accord pour donner à la nouvelle
église l'orientation classique, de l'est à l'ouest, avec une
entrée latérale du côté de l'avenue J.-B. Nothomb, soit dans
le transept, soit dans une autre partie de l'église.
On est d'avis que l'emplacement choisi ne convient pas
complètement pour la construction d'une église qui aurait
devant elle une élévation du sol sur laquelle se trouvent
déjà plusieurs maisons et aussi les terrains que la ville se
propose de vendre comme place à bâtir.
Du côté de l'est elle aurait les bâtiments du Gouvernement
provincial et celui des Archives de l'État.
L'église serait donc, à un certain point de vue, dans un
fond et pour la placer au niveau de l'avenue J.-B. Nothomb,
il faudrait construire, outre des fondations profondes dans
des terrains amenés, une crypte fort coûteuse.
Il conviendrait donc d'avancer l'édifice sur la hauteur
pour éviter tous ces inconvénients.
Il serait alors sur le point culminant* dominerait de toute
part, serait vu de toutes les directions et il se grouperait
d'une manière pittoresque avec les maisons déjà construites
du nouveau quartier et celles qui ne tarderont pas à s'élever
autour de la future église.
Dans les plans déjà produits pour les expropriations, il
y aurait lieu de comprendre encore la propriété Falen dont
— 334 —
le coùl ne dépasserait certainement pas celui de la crypte
qui devrait être construite si le choix du premier empla-
cement devait prévaloir.
M. le Bourgmestre se rallierait volontiers à la manière de
voir du Comité si l'État voulait tenir compte à la ville d'Arlon
de la perte qu'elle subirait par l'expropriation nouvelle et
des terrains qu elle ne pourrait plus vendre, si la nouvelle
combinaison était admise.
Il est également convaincu que l'église gagnerait beaucoup
au point de vue esthétique.
Le Comité décide que ses observations seront transmises
à M. le Ministre et à la Commission royale des Monuments.
pour le comité : Le Président,
Le Secrétaire adjoint, (Signé) Cu de Briey.
(Signé) J.-B. SlBENALER.
Voilà, Messieurs, où nous en sommes à ce sujet. 11 est à
espérer que bientôt la question sera résolue complètement
et à la satisfaction générale.
Je ne vous dirai rien de l'inventaire.
M. le Président. — Nous allons en parler.
Mais, avant de le faire, nous remercions M. Tandel pour
son exposé. Nous espérons bien l'entendre encore le plus
souvent possible.
Quant à la question de l'église d'Arlon, nous espérons
qu'elle sera résolue bientôt. Certainement, la Commission
royale des Monuments est à la disposition de M. le Ministre
de la Justice, s'il jugeait utile de la consulter à ce propos.
La parole est à M. le rapporteur de la province de Naraur.
— 53» —
PROVINCE DE NAMUR
M. Dardenne, rapporteur:
Messieurs,
Ad cours de Tannée qui s'achève, noire Comité ne se
réunit que deux fois et encore n'eut- il à examiner que des
affaires de médiocre importance. Ce sont :
a) Construction d'une église à Naomé ;
b) Travaux divers exécutés aux églises et presbytères do
Havelnnge et de Balàtre ;
c) Ameublement des églises de Pessoux, Bioul et Somme-
Leuze ;
d) Vitraux pour l'église de Biesme;
e) Restauration des églises de Saint-Denis et Houdremont.
Il faut bien en convenir, ce n'est pas là une somme de
travail considérable; c'est qu'un moment d'arrêt se mani-
festa dans notre province, tant pour la construction que
pour l'ameublement des édifices du culte. Cela ne doit pas
étonner, après la vive impulsion qui leur fut donnée durant
trente ans. Nous en avons donné la preuve dans un de nos
précédents rapports, en relevant et le nombre et la nature
des travaux entrepris et en supputant les sommes qui y
furent consacrées. Inutile de revenir sur ce point ; mais nous
espérons être mieux documentés pour notre prochaine
réunion; plusieurs projets d'églises et même d'une certaine
importance sont déjà en voie d'instance ou d'instruction.
— 336 ^
D'autre part, les grandes restaurations de la cathédrale de
Namur, des collégiales de Diuanl et de Walcourt sont ou bien
terminées ou bien se continuent régulièrement, les travaux
de la collégiale d'Andenne sont en cours d'exécution.
C'est avec une. bien vive satisfaction que nous avons
constaté, ces tout derniers jours, l'achèvement de la réfection
de la flèche de Dinant; débarrassée de ses derniers échafau-
dages, elle se montre aujourd'hui, fraîche et pimpante, dans
tout l'éclat de sa jeunesse. D'ici quelques mois, lorsque les
agents atmosphériques auront patiné sa parure, elle s'harmo-
nisera comme jadis avec le beau paysage qui l'encadre à la
grande satisfaction de tous, artistes, archéologues et touristes.
Dans le même ordre d'idées, nous signalerons avec bon-
heur la mise en train des travaux de la * Porte de Laval à
Bouvignes » . La tour est déblayée, la courtine se débarrasse
peu à peu du tas de décombres qui la surchargeait. Il nous a
paru que certaine brèche constatée à notre dernière visite
s'jesl quelque peu agrandie, — puissant argument en faveur
de l'urgence des travaux de conservation, — mais c'est là le
dernier terme de la dégradation. Les Bâtiments civils, chargés
de celle restauration ou plutôt de ce sauvetage, ont compris
l'importance de leur mission ; ils conduiront l'œuvre à bonne
fin, dans le plus bref délai possible, et, soyons en certains,
de façon à donner complète satisfaction à tous ceux qui
s'intéressent à ces précieux débris.
Tel est le tableau complet des travaux exécutés ou en
cours dans notre province ; s'ils ne sont ni plus nombreux
ni plus importants, c'est que les besoins locaux n'en onl
point suscité d'autres. Cependant, si tous les. intéressés se
conformaient aux instructions, circulaires et règlements, il
— 337 —
est bien des projets qui devraient nous être soumis. Nous
voulons surtout parler des travaux décoratifs entrepris dans
nos églises, mode du jour et objet d'engouement de notre
clergé et de ses fabriciens, peintures murales, vitraux,
statues, chemins de croix, etc. Or, malgré tout, ces œuvres
qui souvent n'ont qu'une parenté très éloigpée avec l'art, ces
œuvres, disons-nous, s'introduisent clandestinement dans
nos églises. Sous prétexte de dons volontaires, de souscription
publique, de généreuse intervention particulière, on exécute
ces divers travaux dans nos églises, aussi bien urbaines que
rurales, sans aucune espèce d'autorisation préalable, malgré
les stipulations formelles des règlements spéciaux sur la
matière, sans surveillance spéciale, sans réception compé-
tente. Aussi avons nous applaudi, — et de tout cœur, — à
la circulaire du 14 septembre dernier, n° 745489 ; n'oublions
pas toukfois que les plus belles circulaires restent lettres
mortes si elles ne s'appuient sur une sanction suffisante, si
elles n'ont pour corollaire des mesures répressives nettement
arrêtées, énergiquement appliquées. Si nous pouvions, grâce
au concours de la Commission centrale, arriver à refréner
cette intempestive manie décorative, à interdire ces travaux
entrepris sans autorisations, conduits sans plans, reçus sans
contrôle, nous estimerions avoir rendu un immense service à
notre pays. Notons que, dans la plupart des cas, l'art
n'intervient que pour une part bien minime dans ces travaux
dits artistiques et, dans bien des cas, on aurait pu, soit en
prenant une autre voie, soit en adoptant un autre projet,
obtenir, sans grande augmentation de dépense, une œuvre
d'un caractère plus élevé, plus digne et, disons franchement
notre pensée, plus chrétien.
— 338 —
Nous avons également applaudi à la circulaire du 6 cou-
rant relative à la restauration de tableaux ou d'oeuvres
d'art. Toutefois, pour nous, qui vivons assez éloignés des
centres artistiques, nous manquons de ces mille occasions de
connaître ou d'apprécier les talents ou les spécialités, nous
sommes souvent embarrassés pour répondre à une sollici-
tation d'avis et désigner un artiste compétent pour tel sujet
présenté. Malgré les difficultés qui se présenteraient dans la
pratique, malgré les inévitables froissements qui en résulte-
raient, il nous est avis qu'une liste de restaurateurs d'œuvres
d'art, avec indication de leurs spécialités, rendrait grand
service à nombre d'administrateurs ou de fabriciens. Mais
ce n est-là, hâtons-nous de le dire, qu'un petit détail d'exé-
cution ; au moins, dès aujourd'hui, les détenteurs d'œuvres
d'art du patrimoine commun qui désirent en assurer la
conservation, savent à quel contrôle ils doivent se sou-
mettre.
Qu'il nous soit permis, pour terminer, d'adresser un
sympathique adieu à l'Exposition de Dinant, dont les portes
sont bien près de se fermer; envoyons un dernier et cordial
salut, d'une part à ces chefs-d'œuvre revenus de tous les
coins du pays et du monde à leur berceau d'origine, comme
ces enfants qui reviennent au foyer paternel aux grands
anniversaires commémoralifs de la famille et, d'autre part,
salut aussi à cette pléiade d'œuvres remarquables inspirées
par nos illustres batteurs ou fondeurs dinantais. Celte expo-
sition a du moins fait revivre pendant quelques mois le
souvenir d'une industrie qui joua jadis un grand rôle dans
l'ornementation de nos édifices publics, dans l'ameublement
de nos maisons particulières. Honneur aux promoteurs de
— 359 —
celle entreprise réellement nationale, honneur à leurs efforts,
honneur à leur succès!
M. le Président. — Nous vous remercions, Monsieur Dar-
denne, pour voire beau rapport. Nous sommes tout à fait de
votre avis en ce qui concerne les conditions imposées par les
dons faits à certaines églises, par exemple, celle de confier une
besogne à certaines personnes déterminées d'avance. Il y a
là un abus qui, malheureusement, échappe, comme tant
d'autres, à toute sanction. Sous ce rapport, la sanction
manque pour atteindre les curés qui, contrairement à tout,
ce que l'on pourrait leur dire, introduisent clandestinement
dans les églises des œuvres mauvaises au point de vue de
l'art. Nous ne pouvons pas, comme je le disais tout à l'heure,
les mettre entre deux gendarmes. {Rires.) ,
Vous avez, dans votre rapport, Monsieur Dardenne, émis,
un vœu qui me parait assez dangereux. Il est certain que nous
serions plus à même, par exemple à Bruxelles, à Anvers
qu'ailleurs, de connaître des spécialistes : mais, adressez-
vous à nous officieusement, pas officiellement. On peut, en
effet, se dire tant de choses à l'oreille, alors qu'on ne peut
pas le faire en quelque sorte publiquement.
En ce qui concerne l'exposition de Dinant, je crois me
faire l'écho de tous ici en félicitant parmi les organisateurs
de cette exposition, qui a été, en effet, des plus remar-
quables, notamment M. le bourgmestre Le Boulengé, notre
savant correspondant M. le baron del Marmol et M. Destrée,
l'éminent conservateur des Musées royaux, etc. Qu'on s'en
inspire, comme l'a dit tout à l'heure M. le Ministre de la
Justice. Elle a été particulièrement admirée; elle a fait
— 340 -
honneur à Dînant, à la province de Namur, à la patrie tout
entière.
Je suis persuadé, Messieurs, que vous vous joindrez à
nous pour féliciter tous ceux qui se sont occupés de l'expo-
sition de Dinant, du magnifique résultat auquel ils ont
abouti. {Applaudissements).
Nous arrivons, Messieurs, au troisième objet de notre
ordre du jour : « Inventaires des objets d'art appartenant
aux établissements publics • . Celte question sera, je pense,
rapidement examinée, parce que, lors de notre réunion du
26 septembre dernier, les délégués de la plupart de nos
Comités ont exposé à ce sujet leurs desiderata. II y a eu,
à celte occasion, une discussion très approfondie. Vous serez
probablement d'avis d'admettre les résolutions qui y ont été
prises. Je vais vous en donner lecture. Si quelqu'un désire
la parole à ce sujet, je la lui accorderai, mais je pense que
vous pourrez vous rallier aux conclusions telles qu'elles ont
été formulées par l'assemblée dont je viens de parler. II en
résulterait, je crois, un très grand bien.
Examinant successivement les diverses questions à
résoudre, l'assemblée s'arrête aux dispositions suivantes :
€ Le type à adopter semble devoir être celui de l'ouvrage
de même nature édité par M. Clemen pour les provinces
rhénanes. Le format devra être identique pour toutes les
provinces; celui du Dictionnaire d'archéologie chrétienne^
à deux colonnes, de M. Chabrol, pourrait être choisi, mais
l'impression serait faite au moyen de caractères un peu plus
grands. Il sera utile de donner une petite histoire des loca-
lités el une monographie sommaire des édifices comme
— 341 -^
préface à fin ven taire des objets d'art qu'ils renferment;
dans le genre de ce qu'a fait M. Glemen avec, si possible,
des plans généraux des édifices.
Il parait indispensable d'illustrer la publication par la
reproduction des principaux objets inventoriés. L'inventaire
devra être divisé en quatre chapitres, savoir : 1° histoire
sommaire de la paroisse; 2* monographie abrégée de l'édi-
fice; 3" inventaire des objets d'art qu'il renferme; 4° index
bibliographique avec indication des sources. L'ordre à suivre
pour la publication devra être l'ordre régional par canton
avec rappel de l'influence spéciale à la région; on suivra
l'ordre alphabétique par canton administratif. Par ordre
régional on entend, par exemple, la Flandre maritime, la
région mosane, la Gampine, etc.
Pour qu'il y ait de la précision et de l'unité dans la publi-
cation, MM. De Ceuleneer et Donnet veulent bien s'engager
à s'entendre pour rédiger deux types d'inventaires, l'un pour
une petite localité, l'autre pour une commune importante,
avec illustrations. Ils soumettront ces types à la Commission
qui les examinera et, après approbation, les enverra à toutes
les provinces à titre de modèles à suivre. Il est entendu
qu'avant toute publication, un Comité de rédaction, composé
de deux ou de trois membres, fera la revision des manuscrits.
L'inventaire sera publié par livraisons successives et par
province. Les provinces devraient prendre à leur charge
les frais de rédaction de l'inventaire ; l'État devrait se charger
des frais d'impression. »
Ce qui précède a été adopté à l'unanimité par la réunion
du 26 septembre précitée.
J'ajoute : toutes les communes ne se rattachent pas à tme
- 34J -
même région artistique, d'une façon certaine. S'il y a doute,
on ne parlera dans la monographie que du style originel.
Quant à la précision et à l'unité de la publication, voici
qui ralliera certainement tous vos suffrages.
MM. De Geuleneer et Donnet, dont personne ne contestera
la compétence, veulent bien s'entendre pour rédiger deux
types différents d'inventaires ; l'un pour les petites localités,
l'autre pour les grandes.
M. De Ceuleneer a terminé son travail ; M. Donnet possède
tous les éléments du sien. Eh bien ! voilà des collègues qui,
ayant presque achevé complètement leurs travaux, con-
sentent pourtant à les reprendre et à soumettre chacun leur
type à la Commission.
Il sera entendu qu'avant toute publication, un Comité
! composé de trois ou quatre membres fera la revision des
manuscrits. Les provinces voudront sans doute prendre à
leur charge une part dans les frais de publication. L'État
! ferait le reste.
I Je l'espère : l'assemblée ratifiera purement et simplement
les décisions prises samedi dernier par l'assemblée prépa-
ratoire.
M. Tandel (Àrlon). — Il y a un point sur lequel il me
semble que l'on pourrait s'entendre assez facilement. Vous
dites, Monsieur le Président, que les provinces devraient se
charger d'une partie de la dépense.
M. le Président. — C'est un vœu !
M. Tandel. — Est-ce que cela doit être rémunéré? Ne
trouverez-vous pas des personnes qui feront ce que nous
avons fait, par exemple, dans le Luxembourg? Il y a
— 345 —
toujours» dans une population, beaucoup de personnes qui
consentiront à travailler d'une façon désintéressée.
H. le Président. — Ce serait la perfection, mais peut-on
l'espérer?
M. Tandel. — Il me semble qu'en faisant appel à tous
nos collègues il s'en présenterait en nombre suffisant pour
faire le travail sans rémunération, comme cela s'est fait
chez nous.
M. le Président. — On dirait que vous êtes jaloux de
ne pas avoir été proposé comme modèle? (Sourires).
M. Tandel. — En abdiquant toute prétention, nous avons
fait appel au clergé, aux instituteurs, aux bourgmestres, à
toutes les personnes compétentes; nous avons réuni ainsi
des documents considérables. Je crois que ce serait le mode
le plus pratique et qui nous permettrait d'arriver au résultat
le plus complet.
M. le Président. — C'est un point qui a été discuté dans
une précédente réunion et au sujet duquel nous avons émis
un vœu.
M. Donnet (Anvers). — Un mot seulement, Messieurs,
si vous. le permettez.
Si l'on a employé la méthode dont parlait M. Tandel,
c'est-à-dire adresser un questionnaire aux curés, aux insti-
tuteurs et aux bourgmestres, je crois pouvoir dire que ce
système là est tout à fait boiteux; parce que l'on est obligé
de surveiller soi-même et de contrôler la moindre indication
donnée soit par le clergé, soit par les instituteurs, soit même
— 344 —
par les bourgmestres. Il serait bien pins simple de faim
soi-même le travail que de s'entourer des lumières des dits
curés, instituteurs ou autres, car on ne peut pas se fier à des
rapports faits par ces autorités locales.
M. lk chanoine Sosson (Namur). — Je pense, quant à
moi, que M. Donnet a raison. Dans le Luxembourg, sur
l'initiative du commissaire d'arrondissement, on a fait une
œuvre de récolement, mais il y a dans cette émunération
tant de non-valeurs qu'il faudrait au moins la reviser.
Quant à la rémunération, il faut compter le déplacement
des membres; cela me parait juste et équitable.
M. le Président. — Oui, je crois que les provinces le
comprendront et que M. Tandel sera du même avis.
M. le chanoine Sosson. — Nous avons essayé, dans le
diocèse de Namur, de faire un inventaire. Eb bien! il faut
que nous le fassions par nous-mêmes ; nous ne pouvons pas
croire les instituteurs, ni même les prêtres qui n'ont pas
fait d'études spéciales; ils peuvent attribuer une valeur à
des choses qui n'en opt pas; ce sont là de mauvais témoins
qui sont bien plutôt de nature à nous induire en erreur sur
beaucoup de points. J'en parle par expérience.
*
M. le Président. — Ces paroles venant de vous, Mon-
sieur le chanoine, ont beaucoup d'autorité.
Messieurs, je vous demanderai si vous considérez les
décisions précitées comme adoptées? N'y a-t-il pas d'objec-
tion à cet égard?
M. Donnet (Anvers). — Messieurs, il se peut très bien
que les membres des Comités provinciaux soient dans la
— 545 —
nécessité, — et dans ces cas il y aurait des frais, — de
s'adjoindre des artistes spéciaux; par exemple, des dessi-
nateurs pour lever les plans.
M. le Président. — Gela est incontestable ; mais corn*
mençons, si vous le voulez bien, par admettre ceci : nous
acceptons de tout cœur les types que MM. De Geuleneer et
Don net veulent bien nous fournir.
M. Van den Heovel, Ministre de la Justice. — Et qu'on
adopte le meilleur format.
M. le Président. — Et, comme M. le Ministre de la
Justice le fait observer avec raison, qu'on adopte le meilleur
des deux formats.
S'il n'y a plus d'objections à cet égard, je considérerai
comme admises à l'unanimité les résolutions dont il s'agit.
(Adhésion.)
Nous passons au 4° de l'ordre du jour : « Qu'enseignent
les découvertes des peintures murales faites dans les monu-
ments de la Belgique? » (question remise à l'ordre du jour
en vertu de la décision de rassemblée générale du 26 octo-
bre 1902).
La parole est à M. le vice-président Helbig, toujours si
jeune et si actif.
M. Helbig (Liège). — Messieurs, la question sur laquelle
M. le Président m'a prié de faire rapport est une question
un peu délicate et assez controversée. Dans les notes que
je vais avoir l'honneur de vous soumettre, je vous prie
de voir plutôt mon opinion personnelle que l'opinion de la
Commission même.
— 346 —
M. le Président. — Évidemment; vous êtes rapporteur.
M. Helbig. — Je sais, en effet, rapporteur, et mon opinion
n'engage en rien l'opinion de mes honorables collègues de la
Commission des monuments. Je serai forcément très court,
attendu que l'heure est assez avancée. Cependant, je tiens à
répéter que la matière étant controversée au sein même de
notre Collège, elle exigerait, pour être traitée dans toute son
étendue, de longs développements ; le temps dont je puis
disposer ne me permet pas de les donner. Je suis forcé
d'être concis et, par conséquent, d'être affirmatif.
t Toutes les architectures connues, dit Viollel-Ie-Duc, se
sont aidées de la peinture, ou plutôt (car il faut éviter les
équivoques) de l'harmonie produite par l'assemblage des
couleurs, pour donner à la pierre, aux enduits et même au
marbre une valeur indépendante de la forme plastique. »
Je devrais, me conformant aux termes dans lesquels la
question est posée, ne m'occuper que des édifices de notre
pays, mais je crois que personne ne contestera que les monu-
ments de la Belgique ont été construits et achevés sous
l'influence des mêmes principes et des mêmes règles qui ont
prévalu dans les pays voisins, notamment en France, en
Allemagne et en Angleterre.
Je pose donc en principe qu'aucun monument, digne de
ce nom, ait pu être considéré comme achevé, sans avoir
reçu le décor que seule la couleur peut donner.
Voilà la thèse telle que je la conçois, posée dans toute sa
simplicité.
Qu'un très grand nombre d'édifices soient restés inachevés
et n'aient pas reçu par conséquent ce dernier complément,
— 347 —
cela est assurément aussi un fait certain, que personne ne
contestera.
Mais il est non moins certain que (ous nos monuments du
moyen âge portent à. la fois le double caractère d'un art
religieux et populaire. Or, il n'y a pas d'art populaire sans
l'éclat et le chatoiement des couleurs. Le peuple ne com-
prend guère un art incolore.
Aussi ce besoin de coloration, de l'harmonie des couleurs
et des ors ne s'est-il pas seulement étendu à l'architecture ;
la statuaire cl les arts plastiques ont été soumis aux mêmes
lois. Dans les savantes et brillantes leçons de Louis Cou-
rajod, publiées récemment, la polychromie générale de la
statuaire est établie en principe et illustrée par de très
nombreux exemples.
D'un autre côté, un prêtre allemand, très savant, du nom
de Johann Kuhn, a publié, il y a deux ans, un livre très
étudié sur la peinture du mobilier et de la statuaire des
églises, où il appuie continuellement ses démonstrations
des exemples de meubles et des statues du moyen âge qu'il
a trouvés dans les monuments des différentes contrées de
l'Allemagne.
Il s'appuie aussi de l'autorité du chanoine Schnutgen, le
directeur de VOrgan fur Chrùtliche Kunst, et du regretté
abbé Munlzen berger, l'auteur du bel ouvrage sur les autels,
continué aujourd'hui par le R. P. Beissel.
Les études de ces savants s'appliquent aussi à notre
pays, dont souvent ils citent les monuments à l'appui de
leur thèse. Je ne sache pas d'ailleurs qu'une sorte de
muraille de la Chine ait existé sous le rapport des arts
entre les provinces de la Belgique et les pays voisins : on
— 3M —
sait, au contraire, l'influence exercée par l'art flamand sur
l'art français el allemand, influence qui, à certains moments,
a été réciproque.
Mais je dois me renfermer dans la question formulée sous
le n* 4 de notre ordre du jour, et rester dans les limites de
notre pays.
Dans notre climat humide et froid qui a si souvent porté
atteinte à la durée de nos monuments et des arts qui ont si
largemeol participé à leur décor, je conviens volontiers que
dans la plupart de nos églises les peintures murales ont
disparu.
Ajoutez à cela que, vers la fin du xvf siècle, une évolution
dans le goût se produit d'une façon générale, et se manifeste
par une réaction souvent violente contre tout ce qui porte
l'empreinte du style ogival. Au xvu* et au xviii* siècle on
se mit à blanchir les églises, animé de la même fureur avec
laquelle on a détruit les vitraux de couleur, les retables peints
et dorés, et avec laquelle on enduit de badigeon blanc les
statues polychromes.
Dans mes recherches sur l'histoire de la Peinture au Pays
de Liège et sur tes bords de la Meuse, je trouve qu'un Italien
fixé à Liège, s'annonce dans la Gazette de Liège, du mois
de juin 1784, en se qualifiant de blanchisseur d'églises.
Malgré l'annonce d'un spécialiste de ce genre, dont le
besoin se faisait parait-il encore généralement sentir, malgré
les travaux du même genre de ses nombreux prédécesseurs,
il est étonnant que des restes de peinture soient parvenus
jusqu'à nous; pendant lo xviii0 siècle surtout, il était con-
venu que rien n'était beau, rien n'était de bon goût que
des murs blancs, des statues blanches, des vitres incolores.
— 34fr-*
A la fin du siècle,' la grande révolution politique et sociale
a achevé l'œuvre de cette révolution du goût, en fermant la
plupart des églises el en désaffectant celles d'entre elles
qu'on ne pouvait démolir» — ce sont là des faits historiques
sur lesquels il esl inutile d'insister.
Eh bien ! malgré ces agents de destruction multiples, et
notre climat peu conservateur, il n'est pas difficile de nommer
bon nombre d'églises où des restes de peintures murales
existent ou ont encore existé à une date récente. Permettez-
moi de citer quelques peintures conservées dans les monu-
ments de la région mosane.
A Liège, voûtes de la cathédrale Saint-Paul. On sait que
le transept était peint par L. Lombard et ses élèves. Lors
de la dernière et radicale transformation du chœur, j'y ai
encore vu des traces nombreuses de peintures bien anté-
rieures à Lombard et qui semblaient remonter au xive siècle.
Saint-Jacques, peintures de la voûte, encore complètes,
mais restaurées dans certaines parties, xvi° siècle; peinture
du buffet des orgues, garnies encore en 1830 de leurs volets
peints.
Saint-Antoine, église des Minimes : restes de très anciennes
peintures des parois. Il en a été de même à Saint-Chris-
tophe.
Saint-Martin, peintures de la voûte, complètement renou-
velées à une date récente.
A Tongres, collégiale, peintures des parois du chœur.
Saint-Trond, église de Saint-Pierre. Peintures des parois,
représentant les Vierges sages el les Vierges folles dans des
médaillons.
Collégiale de Iluy, peintures des voûtes.
— 380 —
Église de Bastogne, peinture des voûtes encore bien
conservées. Dans les Flandres et le Brabant que j'ai moins
étudiés que les régions m osa nés, de nombreuses peintures
murales seraient également à citer :
Église Sainte-Walburge, à Furnes. Système complet
d'une peinture murale décorative modeste, mais rationnel,
que notre collègue, M. van Ruymbeke, a relevé et étudié
avec soin.
Peintures de l'église du Sablon, à Bruxelles. Peintures du
chœur de Sainle-Gudule. Peintures de l'ancienne église de
Laeken.
Dans toutes les églises où la peinture des voûtes s'est
conservée, on peut hardiment conclure à l'existence de la
peinture décorative des parois, c'est-à-dire de l'ensemble du
vaisseau, ou tout au moins de Y intention d'exécuter cette
décoration générale. On ne saurait vraiment admettre que,
dans une nation aussi foncièrement artiste comme l'a été
celle de nos pères, on aurait eu l'idée saugrenue de décorer
seulement de peintures les voûtes d'un noble et somptueux
édifice, en laissant visible, dans sa nudité, le reste de la
construction.
Cette déduction logique est encore fortifiée par l'aspect
de la maçonnerie, lorsque les matériaux laissés apparents,
offrent des disparates choquants dans le mélange de pierres
bleues et de pierres de sable, comme cela se voit dans les
nefs des églises de Saint-Paul, de Saint-Jacques et de Saint-
Martin, à Liège, ou le manteau d'Arlequin, de matériaux
roses et gris, qui existe à l'ancienne église abbatiale de
Saint-Hubert. Ne perdons pas de vue que nous avons affaire
à un peuple artiste, qui certainement aurait disposé les
- 381 —
matériaux suivant une coloration harmonieuse, s'il ne s'était
réservé de les couvrir par une peinture décorative.
Mais je dois abréger, et j'ai hâte d'arriver aux conclusions.
Des restes de peintures murales, dont je viens de con-
stater l'existence, faut-il conclure que toutes nos églises
étaient peintes complètement, à l'intérieur au moins, et
richement décorées de dorures et de peintures murales?
Non assurément. Un grand nombre d'entre elles n'ont pas
été achevées même sous le rapport de la construction et de
l'architecture, à plus forte raison sont elles restées incom-
plètes sous le rapport de la décoration picturale.
Les restes de peinture que l'on découvre encore assez
fréquemment dans nos édifices du culte nous enseignent,
selon moi, le fait suivant :
Il était, jusqu'à la fin du xve siècle et même jusqu'au milieu
du xvic siècle, dans Cesprit du temps que tout édifice fùtorné
de peintures murales, historiques ou purement décoratives.
Lorsque l'on décorait les fenêtres d'un édifice de vitraux
colorés, il était logique, comme le remarque Viollct-le-Ducv
de ne pas laisser les parois opaques des murs dans l'état
brut des matériaux employés. Dans l'art, la couleur appelle
la couleur. En enrichissant de couleurs brillantes les parois
translucides d'un édifice, il ne pouvait entrer dans l'esprit de
l'architecte artiste de laisser sans décor les parois opaques
du même édifice.
Mais, encore une fois, le temps a souvent manqué pour
achever l'édifice dans tous ses détails.
Pour suppléer à cette décoration d'ensemble, on a parfois,
des siècles après la construction de l'édifice, procédé à des
peintures fragmentaires. Généralement ces peintures isolées
— 35* —
sont dues à la dévotion et à l'esprit de sacrifice des fidèles.
Il arrive ainsi que différentes parties ont été peintes isolé-
ment, successivement, quelquefois à de longs intervalles,
par des donateurs et des artistes d'époques différentes.
Mais les documents, comme les monuments, nous
enseignent que, déjà à l'époque de Chffrlemagne, il a existé
des peintures exécutées d'après un plan d'ensemble et que
ce système a été suivi avec plus ou moins de richesse pendant
tous les siècles du moyen âge.
Exemples :
La Sainte-Chapelle de Paris,
L'église de Saint-Savin,
Le chœur de la cathédrale de Cologne,
La cathédrale de Brunswick.
Je conclus en formulant le vœu que nos peintres décora-
teurs et nos architectes étudient très sérieusement les restes
de décoration picturale qui se trouvent encore dans nos
églises et dans celles des pays voisins, et que loin de les
décourager par des jugements qui ne sont pas basés sur la
connaissance des monuments du moyen âge, ceux qui
s'attachent à en étudier sérieusement le décor, on leur
facilite cette étude, et éventuellement son application aux
édifices modernes de même style.
Je dépose sur le bureau l'ouvrage allemand dont je viens
de parler, il n'est pas bien volumineux, il est intitulé :
Die Bemalung der Kirchlichen Mo bel und Skulpturen. Ein
Leitfaden fur Kunsller, geistliche und Kunstliebende Laien,
von Johann Kuhn, Pfarrer. Je le recommande très spécia-
lement; c'est un ouvrage savant, très étudié et qui s'appuie
d'exemples nombreux et d'autotités très considérables*
— 383 —
Un dernier mot encore. Je viens de rappeler qu'il existe
dans noire pays bon nombre d'églises décorées de pein-
tures autrefois et dont il ne reste plus de traces aujourd'hui.
Je tiens à citer, à cet égard, un monument qui se trouve
1res près d'ici et que probablement plusieurs d'enlre vous
seront surpris d'entendre nommer : il s'agit de l'église
Sainte-Gudule de Bruxelles.
Au mois de mai 1873, on élait occupé à débadigeonner
le vaisseau et le chœur. On travaillait avec hâte, l'ouvrage
devant être terminé pour les fêtes de la kermesse de
Bruxelles. Je fus averti par l'un des vicaires, M. Van
Ilooft, qui m'écrivit : c Le débadigeonnage de l'église
Sainte-Gudule se poursuit avec activité. On vient d'entamer
le chœir, où Ton a découvert des vestiges de tout un
système de peinture décorative, que je vous engage à venir
voir le plus tôt possible. »
Je me rendis à Bruxelles, mais j'étais engagé à celte
époque dans un travail qu'il ne m'était pas possible d'inter-
rompre assez longtemps pour prendre à Sainte-Gudule les
notes et les esquisses nécessaires et de tirer parti des docu-
ments que l'on venait de trouver, mais je priai le jeune prêtre
qui me les avait renseignés de faire, dans la mesure du
possible, le nécessaire pour en conserver le souvenir.
Dans la visite que je fis à Sainte Gudule, à cette occasion,
j'étais accompagné par notre collègue, le Rév. chanoine
Van Casier, ici présent, et qui ne me démentira pas.
Les souvenirs qui me sont restés de cette visite, me
permettent d'affirmer que les restes de peinture qui se
trouvaient dans le chœur de l'église, notamment sur les
parois, les moulures et les membres de l'architecture, se
— 354 —
rapportaient à tout un système de décoration, qui m'a paru
très intéressant. J'éprouvai alors un vif regret de ne pouvoir
les étudier avec le soin que j'aurais désiré donner à ces
vestiges intéressants.
Je pourrais, Messieurs, vous citer encore d'autres exem-
ples de même nature; mais vous avouerez, si vous avez
visité récemment l'église de Sainle-Gudule, qu'il y aurait là
un travail sérieux à faire en se rappelant celui qui a existé
autrefois. Assurément, dans l'état sordide où se trouve
actuellement ce beau monument, le besoin d'une œuvre de
réparation, sous le rapport du décor intérieur, se fait vive-
ment sentir. Je trouve que l'état actuel de l'intérieur de
Sainle-Gudule ne fait pas honneur à la capitale d'un pays
qui, à juste litre, jouit d'un grand renom artistique.
Évidemment, il y a des éludes à faire avant d'aborder la
peinture décorative des édifices de différents styles et de
différentes époques. 11 est certain que beaucoup d'essais de
celle nature ont été malheureux, j'en conviens très volon-
tiers; mais une peinture murale mauvaise ne permet pas de
conclure au rejet de toute peinture qui serait bonne, pas
plus qu'un tableau mauvais dans une exposition ne permet
de conclure au rejet des bons tableaux.
Il faut, sous ce rapport, une étude approfondie et je
voudrais que celle étude se poursuivit sérieusement, en ce
sens que l'on adjoigne aux architectes, des peintres qui
auraient fail une étude particulière de tout ce qui s'est fait
dans ce genre. Je suis persuadé que, de la sorte, nous arri-
verions un jour à des travaux dignes d'être comparés aux
meilleurs travaux de nos voisins et dont l'aspect serait préfé-
rable assurément à la vue des briques, des pierres brutes ou
— 355 —
du badigeon dont sont couverts bon nombre de nos édifices.
Je voudrais surtout que des essais de cette nature fussent
faits de préférence dans les nouvelles constructions. Je
conclus à ce que l'on ne décourage pas trop les artistes
qui cherchent un avenir dans cette voie; et que l'on ne
trouve pas tout mauvais, parce qu'il y aura des couleurs.
Nous devons nous habituer à reprendre les traditions des
artistes du moyen âge. II est certain que nous avons aujour-
d'hui un autre sentiment de la coloration et de l'harmonie
que celui qu'avaient les hommes qui ont construit les
splendides édifices que nous admirons sans réserve. Mais,
dans ma conviction, les hommes qui ont érigé ces monu-
ments, avaient aussi le sentiment juste de leur décoration,
et que, s'ils devaient revivre, ils ne partageraient pas l'avis
de ceux qui veulent laisser les édifices sans décor et sans la
richesse et le prestige que la coloration peut y apporter.
(A pplaudùsements.)
M. le Président. — Notre savant Vice- Président a eu
soin, Messieurs, de vous dire que, comme rapporteur, il
émettait des opinions personnelles. Il a formulé des conclu-
sions très nettes. D'après lui, tout édifice est fait pour la
polychromie; s'il n'en est pas trouvé de traces partout, c'est
que l'édifice n'a pas été achevé. Voilà sa conclusion à lui.
Il est évident que cette conclusion sera combattue par
des membres.
Notre honorable Vice-Président a émis un autre vœu qui,
celui-là, je crois, sera partagé par tout le monde : c'est
que l'on appelle l'attention des artistes sur la nécessité de
bien faire les études nécessaires à la bonne polychromie.
— 356 —
S'il n'est pas absolument certain que tous les édifices ont
été faits pour être polychromes, il est, par contre, indispen-
sable que, lorsqu'on fait de la polychromie, on doive la bien
faire. A cet égard, ce vœu sera bien accueilli par tous.
Si quelqu'un désire la parole au sujet des conclusions du
rapporteur, je suis prêt à la lui donner.
M. Bordiau (Bruxelles). — Je la demande.
M. le Président. — Vous avez la parole, Monsieur Bor-
diau.
M. Bordiau. — Messieurs, l'heure étant déjà assez avancée,
il me sera assez difficile de rencontrer toutes les objections
formulées par M. Helbig; c'est pourquoi, je m'efforcerai
d'être aussi bref que possible.
L'honorable rapporteur se fait, au sujet des peintures
murales et spécialement de la polychromie, beaucoup d'illu-
sions.
Si l'honorable rapporteur a pu citer ce qui se faisait dans
certaines régions à cet égard, d'après Viollet-le-Duc, je
rappellerai à mon tour que ce savant disait, entre autres,
ceci :
c Je ne m'occupe pas beaucoup des personnalités, qui
sont des hommes, mais je m'occuperai des styles. »
La peinture ne doit pas vouloir manger l'architecture
(Hilarité), voiU la vérité. C'est ce que l'on cherche à faire
dans la plupart des monuments; généralement, on met
l'architecte à la porte quand il a fini. (Nouveaux rires.)
M. Helbig — Il ne doit pas en être ainsi.
— 387 —
M. Bordiau. — Eh bien, je liens à rappeler que l'archi-
tecte est souvent mis à la porle, alors que peintre et
architecte devraient marcher la main dans la main ; bien
souvent on a recours au premier peintre venu.
M. l'abbé Daniels, et ensuite M. le chanoine Van Casier,
ont émis à cet égard des idées très justes. On nous donne
des peintures, mais hélas! quelles peintures!
Eh bien, je citerai quelques extraits des personnalités qui
se sont occupées de la question; je les citerai parce que
souvent on les a attaquées. Si l'on veut connaître le carac-
tère des peintures, on n'a qu'à consulter ce qui s'est dit au
Concile d'Àrras en 905.
Je voudrais qu'on laissât à l'architecte l'effet qu'il doit
produire, c'est-à-dire qu'on lui laissât son rôle. Le caractère
du monument doit subsister absolument en entier. Que l'on
fasse de la peinture légendaire, historique dans les remplis-
sages, soit; voilà la peinture que l'on doit demander pour
les édifices, mais je dois m'élever et je m'élève énergique-
meot contre ce système, qui consiste à éliminer pour ainsi
dire l'architecte.
Un des auteurs qui s'est beaucoup occupé également de
la question, a dit : • Les églises n'étaient pas peintes dans
leur ensemble. »
Je constate, quant à moi, que, dans la plupart des peintures
décoratives que l'on fait aujourd'hui, on détruit absolument
l'architecture.
Vous avez parlé tantôt de modèles. Je serais arrivé
également à celte conclusion, qu'il conviendrait d'avoir deux
ou trois modèles avec des peintures décoratives, comme on
le fait presque toujours et l'on pourrait ainsi juger. Il y
— 558 —
aurait un modèle pour les remplissages, pour la peinture
légendaire et historique et Ton pourrait parfaitement établir
cela pour l'année prochaine, dans des carions? Il est bien
évident que l'on ne doit pas arriver avec des peintures, soit
des dessins historiques qui sont plutôt du ressort d'un
alcazar que dune église. On ne doit pas non plus arriver
avec les mêmes peintures partout. Pourquoi ne pas s'inspirer,
dans chaque contrée, du caractère du monument? Ainsi,
je n'admettrai pas qu'un artiste voulut modifier, sous ce
rapport, la cathédrale de Liège. Pourquoi ne pas lui laisser
son caractère ? Vous auriez ainsi plus de pittoresque et d'ori-
ginalité, ce qui manque généralement aujourd'hui. Avec vos
conclusions, vous arriverez à la même peinture partout, et
pas à autre chose.
Dans la peinture décorative on introduit toutes espèces
de choses.
La beauté est incompatible avec le mensonge en archi-
tecture.
Je me résume, Messieurs; c'est la construction qui se
montre dans un édifice et les peintures se bornent à occuper
tous les remplissages dans un monument. Mettons qu'il y
ait quelques reliefs dans certaines parties d'un temple comme
dans les voûtes ; généralement, il n'y a à cela aucun incon-
vénient.
Voilà pourquoi je ne puis admettre les conclusions du
rapporteur. Je trouve qu'on modifie complètement le carac-
tère de nos monuments en agissant comme on le fait aujour-
d'hui.
M. le Président. — Messieurs, nous avons ici la preuve
— 559 —
qu'il y a, au sein de la Commission des monuments, sur la
question si intéressante de la polychromie, deux écoles. Cela
se conçoit parfaitement. Mais il serait utile que ces deux
écoles principales ne se bornassent point à discuter agréa-
blement et savamment leur opinion, comme elles le font en
ce moment-ci, mais qu'elles pussent arriver è réaliser
chacune son idéal ; alors, certainement, le débat pourrait
s'engager d'une façon bien précise.
M. Bordiau. — Évidemment, et c'est pourquoi je pense
que l'on pourrait parfaitement mettre deux ou trois modèles
sur cartons que nous aurions ici à notre disposition pour
l'année prochaine.
M. Helbig. — Deux mots seulement, Messieurs.
Je tiens à dire à M. Bordiau que je suis tout à fait d'accord
avec lui quand il dit que le peintre décorateur doit s'inspirer
de l'ossature du monument. Certainement il doit en être
ainsi. Je soutiens donc que le peintre doit toujours s'inspirer
du caractère monumental, c'est-à-dire qu'il doit subordonner
son art à celui de l'architecte. L'architecte est le maître de
l'œuvre, et le peintre-décorateur doit être le serviteur sous
ce rapport.
M. Bordiau. — Très bien ! (Rires.)
M. Helbig. — Seulement, je demande que l'architecte
connaisse les ressources qu'il peut tirer de la peinture
monumentale ; qu'il se mette en rapport avec le peintre et
qu'ils se soient entendus pour donner à l'œuvre de l'archi-
tecte le dernier achèvement et tout l'effet que la peinture
seule peut lui donner.
— 360 —
J'ai maintenant un mot à dire des critiques absolument
générales de M. Bordiau, au sujet de ce qui se fait sous ce
rapport, de nos jours.
Je devrai lui citer quelques exemples, entre autres les
peintures murales de l'abbaye de Maredsous. Je lui deman-
derai s'il les a vues et s'il les met toutes dans le même sac?
(Rires.)
M. Bordiau. — Je les ai vues, mais je ne les mets pas
toutes dans le même sac, comme vous dites.
M. Helbig. — El pour celles de l'église Saint-Martin, à
Cologne ?
M. Bordiau. — Restons en Belgique, je vous prie.
(Nouveaux rires.)
M. Helbig. — Mais il n'y a pas de mal à en sortir!
Je vous citerai encore l'église moderne de Saint-Denis,
décorée sous la direction de Viollet-Ie Duc. Il y a même
dans la peinture décorative récente des œuvres faites par
des maîtres et j'entends qu'on respecte les mailres.
M. Bordiau. — Je les respecte aussi.
M. le Président. — M. Bordiau est tellement respectueux
de la polychromie de l'église de l'abbaye de Maredsous qu'il
l'a toujours admirée.
M. Bordiau. — Elle fait certainement exception.
M. le baron Bethune, Gouverneur de la Flandre occiden-
tale. — Je vous demande, Messieurs, de pouvoir présenter
quelques observations à l'en contre de la thèse que M. Bor-
— 361 —
diau a rappelée tantôt et qui a élé formulée précédemment
par mon excellent collègue et ami, M. le chanoine Van
Casier, lorsqu'il disait que, dans les églises du moyen âge,
on exécutait des travaux de polychromie, des décorations
picturales, mais que l'on ne trouverait pas une église où se
rencontre un ensemble complet de décorations peintes.
M. Helbig nous a expliqué les motifs pour lesquels, dans
beaucoup d'édifices, ce travail d'une peinture décorative
d'ensemble, qui devait terminer ou du moins compléter
l'œuvre, n'a pas été exécuté. On peut trouver à cet égard
des motifs historiques, des motifs financiers, d'autres encore.
Si je m'en rapporte aux églises de ma province, c'est-à-
dire de la Flandre occidentale, je vous dois ce témoignage
que, dans les principaux édifices qui nous sont conservés,
il demeure des traces indiscutables montrant que l'édifice
entier était polychrome, c'est-à-dire décoré de peinture.
Tout d'abord, il faut établir une distinction essentielle
entre les décorations que je nommerai artistiques, décora-
lions en panneaux historiés, ornements en forme de rideaux,
de draperies, etc., et la décoration monumentale, c'est-à-dire
le revêtement coloré dont on enduit les membres de l'archi-
tecture. Dans les principales églises de notre province, je
puis vous assurer que partout on rencontre, — je l'ai
constaté depuis vingt ou vingt-cinq ans que je suis un peu
mêlé aux choses archéologiques, — des traces de décora-
lions non seulement ornementales, mais de décorations
d'ensemble, que je qualifierai presque d'architecturales.
Ainsi, à la cathédrale de Bruges, on a retrouvé, il y a
une trentaine d'années, des vestiges assez nombreux de
colonnes peintes en vert ou en brun; d'autres membres
— 368 —
d'architecture avaient reçu une peinture d'une tonalité si
accentuée, qu'elle était de nature à heurter notre sens
artistique.
De même, des vestiges de polychromie architecturale ont
été récemment retrouvés sur les colonnes, dans les nefs et
le transept de l'église Notre-Dame, à Bruges; dans les
débris du triforium notamment, qui ont été exhumés des
constructions modernes et heureusement remis en place, on
voit des vestiges nombreux de polychromie, rouge, or,
jaune, noir, etc. Quant aux voûtes, il ne saurait être ques-
tion de leur polychromie, puisqu'elles ont été reconstruites
vers 1770.
A la chapelle inférieure du Saint-Sang, nous avons ren-
contré des vestiges de décor peint. A l'église Saint-Jacques,
on a également trouvé des traces nombreuses de peintures
décoratives, quoique l'église ne soit pas encore débadi-
geonnée entièrement.
Quant à l'église de Saint-Gilles, dont la restauration date
d'il y a assez longtemps, je n'ai pas de renseignements
précis.
De même, l'intérieur de l'église de Damme a été com-
plètement polychrome. Voilà cependant une église qui a
conservé son caractère primitif et la polychromie dont elle
a été revêtue, s'applique à des membres architecturaux
demeurés intacts; il se pourrait donc qu'elle remonte à la
première moitié du xme siècle, immédiatement après la
construction.
Le décor monumental qu'on a retrouvé à Lissewcghe
date incontestablement de celle époque reculée. Il se ren-
contrait dans toutes les parties de l'admirable édifice et a
été fréquemment pris comme modèle à cause de sa simpli-
cité et de sa beauté.
Dans le sud de la province, il en est de même. Ainsi,
dans les deux anciennes églises de Court rai, j'ai vu des
vestiges de coloration très apparents sur les piliers et sur les
voûtes. A Saint-Martin, ce décor subsiste encore dans la
nef et date du xv9 siècle. A Notre-Dame, de Gourtrai, qui a
été bâtie en 1204, on a retrouvé des vestiges d'ornemen-
tation, notamment sur les colonnes du transept, qui étaient
teintées en rouge avec des zones ornées de riuceaux dorés ;
on doit dater cette décoration du milieu du xiu* siècle.
Dans toute cette église, les membres architecturaux ont été
rehaussés d'une coloration où le rouge domine.
Il y a une autre église dont les décorations sont particu-
lièrement intéressantes, c'est celle de Sainte-Walburge, à
Fumes, dont le chœur a été bâti au xiv° siècle, vers 1352;
là, toutes les parois, tous les membres architecturaux, les
voussures des fenêtres, les triforiums, tout a été couvert de
peintures, ou plutôt de teintes colorées. Les vestiges exis-
tants montrent à toute évidence que toute l'église a reçu un
complément décoratif. Je signale spécialement les encadre-
ments des fenêtres ornés de rinceaux.
Fait remarquable : les voussures et les sculptures du
grand porche occidental montrent encore les vestiges d'une
décoration polychrome.
Voilà donc une église complètement décorée, tout au
moins pour la partie construite ; car, vous le savez, on n'a
bâti que le chœur de cet édifice, mais on l'a fait dans des
proportions gigantesques et monumentales et il a été com-
plètement peint. 11 y a peu d'années, on a exécuté une copie
— 36* —
fidèle des différents fragments de ces peintures; ces calques
existent au Musée de Bruges.
Si I'od se décidait à réaliser ridée qui vient d'être émise,
de soumettre à la Commission royale des monuments un
projet d'église décorée complètement, on ne pourrait pas
avoir de meilleurs éléments que ceux de l'église de Fumes,
parce que la décoration y est tout à fait adéquate au style du
monument.
Nous aurions encore à citer mainte église de village; car
il est difficile de dépouiller un vieil édifice du plâtras dont
on l'a recouvert, sans y retrouver des traces de peinture.
Ce ne sont généralement pas des décorations proprement
dites, mais des teintes appliquées notamment sur les colonnes
et sur les voûtes.
Je ne rappellerai pas les noms de nombreuses localités
de la Flandre occidentale où il en est ainsi. Je me bornerai
à ces indications sommaires, car je n'avais pas prévu que
j'aurais à vous présenter ces souvenirs.
Pour me résumer, je crois que, au moins dans cette pro-
vince, qui n'avait guère des matériaux choisis à mettre en
œuvre pour la construction des églises et où on ne faisait
guère usage que de la brique, l'architecte devait avoir
nécessairement recours au procédé du crépissage des murs;
or, le crépissage appelle la décoration polychromée. Il est
impossible, en effet, de laisser un monument construit à
l'aide de pareils matériaux, sans le revêtir d'un enduit sur
les surfaces intérieures. Nous n'avons pas, chez nous, ce que
Ton pourrait appeller des matériaux nobles, nous n'avons
que des matériaux pauvres; l'architecte doit pouvoir les
décorer à l'aide de la polychromie.
— 368 —
Là où les matériaux riches ne se trouvent pas, comme
dans la Flandre occidentale, l'architecte est bien obligé
d'avoir recours à d'autres procédés pour parachever l'édifice.
Je crois que la plupart de nos églises ont été généralement
polychromées, non pas seulement en vue de la décoration,
mais en vue de compléter l'architecture.
M. Bordiau disait tantôt qu'il ne faut pas que le peintre
mette l'architecte à la porte; permettez-moi de croire, à mon
tour, qu'il ne faut pas que l'architecte mette le peintre-
décorateur à la porte. (Rires.)
M. Bordiau. — Pardon, j'ai dit qu'ils devraient marcher
d'accord, la main dans la main et je maintiens qu'il y a des
exceptions comme celle qui concerne Maredsous; il est
évident que quand il y a des matériaux forts, on doit
s'ablenir de les peindre.
M. l'abbé Daniels (Limbourg). — Je désire répondre
deux mots aux observations qui viennent d'être présentées
par M. Bordiau. Je crois que l'honorable membre, qui a
invoqué mon nom, ne m'a pas très bien compris. Il y a,
dans l'objet qui nous occupe, une question de fait et une
question de principe.
M. Bordiau. — Il ne s'agit pas de principe ici !
M. l'abbé Daniels. — Je croyais avoir entendu qu'en
principe vous vous opposiez à la polychromie !
M. Bordiau. — Pas absolument!
M. l'abbé Daniels. — Alors, je dirai un mol de la
question de fait.
J'ai consigné dans mon rapport cette observation que les
— 366 —
projets qui nous étaient soumis trahissaient un manque
absolu delude et que Ton ne se préoccupait que du bon
marché. J'ai dit aussi que l'on considérait la polychromie
comme un art complémentaire de celui de l'architecte
et destiné à rendre complètement toutes les idées de
celui-ci.
M. le Président. — Vous voyez, Messieurs, que la
discussion, commencée sur ce sujet a pris une grande
extension. Ainsi, l'honorable Gouverneur de la Flandre
occidentale a fait remarquer qu'il y avait lieu de faire une
distinction entre les matériaux nobles et les matériaux
pauvres.
Il y a encore à invoquer le cas de la décoration à l'aide de
matériaux : marbres, mosaïques; c'est celui de l'église
Sainte-Sophie, à Gonstantinople, par exemple. Tout ceci le
prouve : la question n'est pas entièrement vidée ; elle devrait
être remise à l'ordre du jour de l'assemblée prochaîne.
Cependant, si quelqu'un voulait encore s'en occuper aujour-
d'hui — tout en lui faisant remarquer que l'heure s'avance et
que notre déjeuner a été fixé entre une et deux heures, —
je lui accorderais volontiers la parole.
Si personne ne la demande actuellement, nous remettrons
la suite de la discussion à l'année prochaine.
Un vœu a été émis à l'assemblée préparatoire de samedi
dernier; c'est celui de remettre à l'ordre du jour de noire
réunion générale de l'année prochaine la question des
vitraux d'art. Cette question, traitée d'une façon si remar-
quable par l'honorable baron Belhune, reviendrait ainsi
devant nous, si l'assemblée le décide ainsi. (Adhésion.)
— 367 —
M. le chanoine Van Caster (Malines). — Messieurs, je
n'ai pas grand'chosc à ajouter à la discussion de celle année.
Si j'ai demandé la parole, c'esl pour un petit fait personnel ;
il me semble que Ton n'a pas très bien compris ce que j'ai
dit au sujet de la question qui nous occupe.
Ma thèse, quand j'ai parlé des peintures murales il y a
deux ans, élait simplement celle-ci : dans noire pays, la
peinture des églises n'est pas faite d'un seul jet, — ptu
importe pour quel motif; - par conséquent, il n'est pas
étonnant qu'on ne puisse pas les avoir poly chromées tout à
fait d'après un plan général. Mais j'ai dit qu'il était tout
naturel de décorer les murs, qu'on l'avait fait partout, et
particulièrement dans les églises.
Je ne suis donc pas du tout opposé à la polychromie,
seulement j'ai fait une distinction entre la peinture des
surfaces unies et celle de la partie architecturale ; je soutiens
que la décoration de la partie architecturale concerne l'archi-
tecte seul, tandis que, pour la partie murale, j'admettrais
qu'un artiste particulier s'en chargeât. Quant à la peinture
même, il n'a jamais été question, dans ma pensée, de la faire
diriger par l'architecte. Gela n'est pas de sa compétence. Il
faut qu'un peintre en soit chargé. Celui-ci devrait s'en-
tendre avec l'architecte pour que le travail soit mis en
harmonie avec le travail du premier.
M. Bordiau. — Un peintre artiste peut parfaitement être
engagé par l'architecte.
M. le chevalier Marchal, Secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie (Bruxelles). — Messieurs, en ce qui concerne la
peinture des églises, il y a deux genres de motifs : le motif
— 368 —
polychrome el le motif mural. Les Égyptiens, il y a
5,000 ans, — vous voyez que c'est très ancien, — les avaient
déjà complètement séparés. Les peintures de choix étaient
confiées à des artistes proprement dits, tandis que l'autre
l'était purement et simplement à des artisans ordinaires.
Quand on fait de la peinture, il faut essayer de produire le
meilleur effet au point de vue du dessin et du tableau.
M. le Président. — Nous arrivons, Messieurs, à la
cinquième question portant : « Applications de l'esthétique à
l'entourage (cadre et dégagement) des monuments » .
La parole est à M. Rordiau pour présenter le rapport fait
en son nom et en celui de M. Acker.
M. Bordiàu (Bruxelles). — Messieurs, on peut poser en
principe que l'aspect d'un monument ne dépend poinf seule-
ment de sa forme, de ses lignes, de ses dimensions, mais
aussi du milieu dans lequel il est placé, et que cet aspect
peut être rehaussé ou amoindri, parfois dans de notables
proportions, par le seul fait de l'entourage.
Il en résulte que le cadre d'un édifice doit être combiné
de façon à lui laisser toute sa valeur el même à le faire valoir
davantage.
Il en résulte encore que, dans le cas où plusieurs édifices
monumentaux sont réunis au même endroit, sur une place
publique par exemple, chacun d'eux doit, par son style et
ses proportions, concourir à l'aspect général de l'ensemble,
contribuer à rehausser la valeur de ses voisins ou tout au
moins ne pas la diminuer, sans rien perdre de sa valeur
propre, si bien que l'ensemble du groupe de monuments de
chacun d'eux pris en particulier ait sa beauté complète.
— 369 —
Prenons d'abord le cas d'un édifice seul. A-t-il intérêt
à cire isolé ou englobé dans un groupe de constructions?
En général, l'isolement dans un vaste espace est nuisible :
le vide rapetisse et il est nécessaire qu'il y ait « un point
intuitif de comparaison » à une dislance assez courte pour
qu'il puisse être embrassé d'un coup d'oeil avec le monu-
ment, donner son échelle et faire valoir sa grandeur; ainsi
un édifice dessine ou photographié tout à fait isolément ne
donne aucune idée de ses dimensions, tandis que celles-ci
sautent aux yeux, même des moins initiés, s'il se trouve à
côté un personnage debout, qui fait voir instantanément le
rapport de la hauteur de l'édifice à la taille humaine.
Si donc, pour des motifs particuliers, l'isolement dans un
vaste espace est imposé, il est nécessaire de disposer à proxi-
mité de l'édifice des arbres, des terrasses avec escaliers et
murs d'appui ou toute autre construction qui le ramène en
quelque sorte automatiquement à l'échelle humaine; tout en
atténuant l'effet du vide, elles feront ressortir la grandeur du
monument.
Les inconvénients de l'isolement se font sentir aussi sur les
monuments autres que les édifices : je veux parler des
statues, fontaines, etc., que l'on a le tort d'ériger le plus
souvent en plein courant de la circulation, qu'elles entravent,
ou dans une solitude pénible si la place est peu fréquentée.
De toutes façons, il y aurait avantage à placer ces monu-
ments à un point mort de la circulation, à proximité des
habitations, qui leur feraient un voisinage d'agréable aspect;
et l'on arriverait h dos effets d'un pittoresque charmant si,
au Heu des places rigoureusement et banalement régulières
que l'on s'applique à créer, on se permettait dans leur dessin
— 370 —
certaines irrégularités qui seraient non point dissimulées, mais
utilisées très avantageusement par l'érection des statues,
fontaines ou autres petits monuments en question. Nos pères
nous ont laissé, sous ce rapport, des leçons à méditer.
Sans être isolé dans un vaste espace, un édifice doit-il
être libre de tous ses côtés?
Avant la question esthétique il faut considérer ici la ques-
tion pratique, c'est-à-dire la destination de l'édifice.
S'il s'agit d'un théâtre, par exemple, il sera nécessaire de
l'isoler, afin de pouvoir ménager dans toutes ses façades de
multiples issues qui en permettent l'évacuation rapide et de
diminuer en même temps les dangers des édifices voisins
en cas d'incendie.
S'il s'agit d'une église, il est également indispensable d'en
réaliser l'orientation, et cela pour trois motifs : l'observation
des prescriptions liturgiques; puis la solennité que prèle
aux actes de l'officiant l'éclairage du chœur, le matin, alors
que les nefs restent dans l'ombre; enfin, l'utilité d'opposer
aux vents d'ouest la masse de la tour, qui protège en grande
partie les façades et toitures.
Sauf de très rares exceptions motivées, les églises devraient
toujours être isolées, avec un parvis de dimensions suffi-
santes et en rapport avec les dimensions de l'édifice.
L'édifice à construire est-il une banque, un hôtel des
postes, un hôtel de ville, etc. Il faut alors, pour bien
choisir son emplacement, tenir compte de l'éclairage de
l'intérieur, des issues indispensables aux divers services et
au public, etc...
Il faut encore étudier avec grand soin le tracé des artères
qui aboutissent à une place publique. La perspective mono-
— 371 —
tonc el fatigante d'une rue large et fort longue a besoin
d'une vaste silhouette qui l'interrompe, et certains styles
peuvent se prêtera un point de vue lointain; mais en général,
il n'est pas à souhaiter que l'édifice se voie ainsi de loin,
rapetissé à la fois par la distance el par la comparaison des
constructions beaucoup plus proches du spectateur, mais
comprises dans le champ de son regard. L'œil s'habitue
peu à peu à l'aspect du monument qu'il voit grandir au fur
et à mesure qu'il s'en approche; cette habitude émousse
l'impression, qui est bien plus profonde lorsque l'édifice se
présente en quelque sorte inopinément, comme cela arrive
lorsqu'on débouche par l'angle d'une place.
La construction de monuments en bordure des rues est
défavorable en principe à leur aspect. Il me parait superflu
de le démontrer.
Lorsque plusieurs édifices monumentaux doivent être
réunis sur une même place, deux écueils se présentent :
ou bien l'auteur de chacun d'eux se préoccupera de faire
valoir son œuvre aux dépens des autres et l'effet sera désas-
treux; ou bien la préoccupation outrée de l'harmonie fera
tomber dans l'excès d'unité, et l'effet sera monotone.
De ce que l'harmonie soit nécessaire à l'ensemble archi-
tectural, il ne résulte pas — loin de là — que tous les
édifices réunis en un même lieu doivent être conçus dans le
même style; car il est à noter que la beauté harmonique de
cet ensemble résulte tout d'abord des proportions relatives
des monuments qui le composent, de l'équilibre de ses
différentes parties, el des édifices de styles différents peuvent
s'équilibrer parfaitement L'important est que chacun soit
à sa place, approprié à sa destination : que la Bourse ne
— 372 —
vise pas à dépasser la hauteur de la cathédrale, ou le bureau
de poste la richesse de l'hôtel de ville. Si la destination de
l'un prescrit la simplicité, si le luxe du second doit sym-
boliser l'état prospère de la cité, l'élégante simplicité du
premier fera ressortir la décoration plus fastueuse de l'autre,
mais ensuite l'œil se reposera sur lui avec plaisir, et ces
deux édifices, de style et de caractère tout différents, se
feront ainsi valoir mutuellement tout en conservant leur
valeur propre et en concourant à l'harmonie de l'ensemble.
Je me résume :
1° En règle générale, un monument gagne à être dégagé,
dans le sens d'abord facile; mais il ne faut pas ériger le
dégagement en système et poser en principe que tout édifice
d'un caractère monumental doit nécessairement avoir toutes
ses façades libres;
3° Il faut se garder de pousser le dégagement jusqu'à
l'isolement, et s'appliquer au contraire à ménager dans
l'entourage des points de comparaison appréciables sans
calcul et qui donnent l'échelle du monument;
3° Il faut dans un ensemble monumental, comme dans
un monument pris à part, ménager des repos et propor-
tionner chaque édifice à la fois à son rôle personnel et à
son rôle d'élément de l'ensemble.
M. le Président. — Nous remercions beaucoup MM. Bor-
diau et Acker pour leur rapport, qui renferme des idées si
justes.
Quelqu'un a-t-il des observations à formuler au sujet des
conclusions de ce rapport?
Si personne n'en présente, je les déclare adoptées.
— 373 —
Messieurs, l'assemblée préparatoire de samedi dernier a
admis que notre savant collègue, M. Schuermans, fit à
notre réunion de ce jour une communication au sujet de
l'abbaye de Villers.
M. Schuermans. — Il ne s'agit nullement de rouvrir la
discussion sur la direction scientifique des fouilles de Villers ;
à plusieurs égards, ce serait inopportun ; d'ailleurs, il y aurait
trop à en dire, même à n'en parler qu'en bien, et, vous le
savez, ce n'est pas uniquement pour en faire l'apologie que
j'aurais à vous en entretenir.
Certes, je rends hommage à la mémoire du regretté
collègue Licot, l'« artisle des ruines de Villers», comme
on pourrait si bien l'appeler; mais historiquement, j'ai des
restrictions à proposer au rajeunissement excessif, à mon
sens, qu'il inflige à l'église et aux chapelles nord, en datant
seulement celle-là du xiu* siècle, celles-ci du xiv% voire
du xve; millésimes irrémissiblement rectifiés aujourd'hui
par le travail de M. de Prelle de la Nieppe, qui vous a été
cité l'an dernier et que j'ai assumé la lâche de corroborer
ultérieurement à l'aide de documents inédits que je tiens en
réserve.
Si j'ai redemandé la parole cette année, c'est pour vous
signaler un événement scientifique important, corollaire et
complément des découvertes provoquées par moi dans les
archives de l'archevêché de Malines (t) : cela connu l'an
(i) M. l'abbé Laenen qui a édité ces découvertes, m'a signalé spon-
tanément dans ces mêmes archives l'original même du diplôme pontifical
où, dès 1599 (c'est-à-dire avant Urbain VIII), le pape Clément VIII attri-
bnait le titre de « Sainte » à la B. Julienne de Cornillon (voy. Anna Un de
V Académie royale d'archéologie de Belgique, 1900 (b9 s., II, p 381).
— 374 —
dernier, eùl évité au collègue que je viens de nommer
Terreur d'appliquer au transept de l'église, ce qui concerne
Tentrée, et d'induire par là, en d'inutiles profanations (0,
les trop zélés perquisiteurs des reliques de la fi. Julienne
de Gornillon, qui, en juillet 1898 (je précise), se sont
ingérés de fouiller là, sur une pseudo autorisation ministé-
rielle à l'égard de laquelle, peut-être, je n'ai pas dît mon
dernier mot (<)...
Non ! la chapelle Saint-Bernard où, pendant deux siècles
ont reposé en paix les reliques spéciales du monastère, ne
doit pas se chercher au transept; elle est au fond du temple :
aux témoignages de Gramaye, Sanderus et Papebroch,
signalés l'an dernier, est venu s'en adjoindre un tout
nouveau, celui que j'ai à vous révéler.
Je dois la découverte à M. Somville (de Mellcry, près de
Villers), conservateur adjoint à la Bibliothèque royale, bon
à citer ici : Somville est précisément le nom d'un des derniers
moines de l'abbaye, qui signa le document suprême rédigé
au moment de la dispersion du couvent, le 15 août 1795...
(0 Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXXVIII (1899), p. 81,
note 1; Annales de la Société archéologique de Nivelles, VII (190 J),
pp. 43 et 44.
(t) Ici une remarque épisodique : Personnes, noms, dates, démarches,
procédés, tout, dans les moindres détails, m'est connu de ces fouilles
interlopes (permettez-moi le mot), auxquelles d'ailleurs, je m'empresse de
le reconnaître, la Commission spéciale des fouilles de Villers et la
Direction des bâtiments civils sont restées étrangères, comme vous Ta
affirmé, Tan dernier, notre honoré Président.
J'ajoute qu'il en est de même d'un haut personnage ecclésiastique de
Liège, qu'à raison d'une sienne phrase prononcée à propos des chapelles
de l'église de Villers: « Qu'on les fouille toutes! ». J'avais impliqué à
tort dans ma critique : c'est exclusivement entre Brabançons que cela avait
été manigancé (passez moi encore l'expression) ..
— 378 —
M. Somville allira mon attention sur un avis d'il y aura
bientôt cinquante ans («)• dénonçant aux chercheurs certain
manuscrit à retrouver, recueil des épitaphes de l'abbaye de
Villers...
J'eus l'heureuse idée de passer le renseignement au
P. Nimal, auteur d'une monographie importante sur Villers,
qui se mit immédiatement en campagne et n'eut point de
cesse avant de mettre la main sur le précieux document.
Il finit par le découvrir chez M. le baron Houtart, au château
deMonceau-sur-Sambre, amateur éclairé et possesseur d'une
importante collection de manuscrits, où il avait, bien à
propos, recueilli celui-ci pour le sauver. Je rends à ce bien-
veillant intermédiaire des grâces infinies d'en avoir autorisé
la communication par moi.
Le P. Nimal d'abord soutenait l'opinion de M. Licot sur
la situation de la chapelle Saint-Bernard dans le transept :
aussi me contredisait-il énergiquemenl; il publia même un
travail sur ce sujet (2); or, je vous signale, Messieurs, cet
acte qui n'est pas sans grandeur : se reconnaissant battu,
c'est à moi, le vainqueur, qu'il s'est empressé de signaler
lui-même sa défaite...
Celte défaite, elle est absolument complète; le manuscrit
Houtart (5) la consacre définitivement : la .chapelle Saint-
(1) Messager des sciences historiques (de Gand), XXVI (1858), p 490.
(*) Autour de Villers. La Bienheureuse Julienne. Ses reliques et son
culte (Extrait de l'Echo religieux de Belgique, du 16 novembre 1902).
(1) A confronter avec les textes cités, Bull, des Comm. roy. d'art et
d'archéol , XLI, p. 320 et 324. Le manuscrit Houtart, en tête de sa
première page, au moment même où il entre en matière, inaugure en ces
termes sa description de l'église où l'auteur pénètre par le fond (entrée
occidentale), en laissant à gauche l'entrée décrite par les auteurs : « lu
d'eerste capelle, op de slinke zyde, langs de groote. kerkdeur inkomende ».
— 376 —
Bernard, dans l'église de Villers, est bien à feutrée du fond,
et non pas au transept où la plaçait M. Licot, à plus de
soixante mètres de là. J'ai mesuré...
Puisque j'ai la parole sur Villers, encore un mot.
L'un de nous, non l'un des moindres — il vous présidait,
l'an dernier — me disait naguère : le Roi voudrait, aux
environs de Bruxelles, un monument bien en évidence sur
un point culminant, comme Fourvière, Notre-Dame de la
Garde ou Montmartre : que ne couronne-t-on d'un nouveau
Villers le plateau de Koekelberg...
Certes, l'idée est séduisante : là, sur la hauteur, de quel
effet ne serait pas une réplique de l'antique abbaye braban-
çonne, avec ses voûtes élevées et les • oculus » de son
chevet et de son transept, se découpant sur l'azur du ciel !
Voici ce que, côtoyant la même idée, je disais, ici même,
l'an dernier : « Si l'on veut revoir dans toute sa simplicité
grandiose le type primitif de Villers, qu'on en édifie quelque
part un fac-similé complet. »
Je l'avoue à regret, je n'ai pas le mérite de l'invention;
la priorité appartient à feu l'architecte Coulon, notre collègue
du Brabant, qui, il y ajuste trente ans (i), disait à propos
de Villers :
c Si j'osais, je terminerais par un vœu, c'est que le
» monument soit reconstruit quelque part ; il ferait honneur
(i) Commission royale des Monuments. Bulletin du Comité du Brabant,
n» 2, p. 51. (Séance du 7 avril 1873).
M. Coulon est revenu sur ce point (Bull, des Comm. roy. d'art et
d'archéol., XVII (1878), p. 264) : « Rien n'empêche qu'on n'entreprenne
• nn jour la reconstruction de l'église de Villers ; la localité qui en serait
» dotée aurait lieu d'être fière de posséder un monument de cette valeur
s et elle rendrait un service signalé à notre art national. »
— 377 —
» à la local i lé où il se trouverait. L'administration à laquelle
» on devrait la renaissance de l'église de Villers rendrait
» un immense service à l'art belge : c'est le type le plus pur,
» le plus complet, de la plus belle époque de l'art ogival.
» Quant à la beauté de l'édifice, il serait difficile d'en
» citer un seul qui, étant si peu orné, présente autant
» d'harmonie dans les formes, de pureté dans les lignes. »
M. Goulon terminait par ces mots qui ont bien leur
importance :
c La question de dépense est souvent la principale ; or,
» je crois pouvoir assurer qu'il n'y a guère moyen de bâtir,
a dans ces proportions, en aucun style, une église monu-
• mentale voûtée qui coule aussi peu que n'en coûterait
» celle de Villers. »
Je ne gâterai pas l'effet de paroles si bien dites par des
objections tirées du traditionnel Bernardus va lies, ou bien
de l'orientation liturgique, et je me rassieds.
On construit tant d'églises : Que ne choisisse-t-on une
fois le type de celle de Villers... (Assentiment.)
M. le Président. — Nous vous remercions, Monsieur
Schuermans, pour votre communication.
M. Schuermans. — Pardon! Post-scriptum important que
j'allais oublier...
On agite en ce moment même une proposition de
transférer les restes de Henri II et de Sophie de Thuringe
de l'abbaye de Villers dans une église de Louvain...
Caveant consules : que les autorités veillent..., à moins
qu'elles ne se mettent de la partie en sens contraire, comme
dans l'autre affaire...
— 378 —
M. le Président. — Messieurs, avant de terminer celle
séance, je dois un mot de réponse au sujet de la question
que vient de soulever M. Schuermans. La question de trans-
férer dans l'église Saint-Pierre de Louvain les restes du
duc Henri II et de la duchesse Sophie de Thuringe, de
l'abbaye de Villers, où ils se trouvent depuis des siècles
est en effet soulevée. H. le professeur Henry, membre
éminenl de l'Académie royale de Belgique, que j'ai vu tout
à l'heure dans le public, mais qui est malheureusement
parti, s'en occupe. Je me permets de répondre à M. Schuer-
mans deux mots à titre d'opinion personnelle. Il n'appartient
pas à la Commission royale des monuments de décider cette
question. Je crois que le seul pouvoir, qui puisse le faire,
c'est le Gouvernement. Si j'étais le maître, je vous l'avoue :
je ne permettrais pas le transfert des restes dont il s'agit
de Villers à Louvain ; c'est ce que j'ai déjà dit à M. Henry.
L'abbaye de Villers, propriété de l'État, est maintenant
bien gardée; il n'y a pas de déprédations à y craindre. Je
pourrais m étendre en considérations longues ce sujet. Je
me bornerai à dire ceci : si le Gouvernement désire opérer
ce transfert, il serait nécessaire de ne pas oublier la propo-
sition de M. Licot, qui est aussi un peu la mienne et dont
j'ai déjà dit un mot lors de l'assemblée dernière : s'il convient
que les corps restent là où ils ont été déposés, il est utile de
rétablir le mausolée dont on a relevé un grand nombre de
débris mis en bonne place à Villers et dont, au surplus,
on connaît les dessins reproduits dans les documents histo-
riques.
Dans le cas où le Gouvernement déciderait le transfert
a Louvain, il faudrait que le mausolée à élever dans l'église
— 379 —
Saint-Pierre de Louvain, fui différent du mausolée historique
à réédifier à Villers. Il faudrait aussi que des inscriptions
missent en garde les chercheurs de l'avenir contre de regret-
tables confusions.
Il me reste, Messieurs, avant de lever cette séance, un
peu longue, mais très intéressante, à remercier particulière-
ment l'Académie dans la personne de son cher et dévoué
secrétaire perpétuel, M. le chevalier Marchai.
M. le chevalier Marchal. — C'est à moi à vous dire,
Messieurs, à l'année prochaine 1
M. le Président. — Pardon, c'est à nous à vous remer-
cier, mon cher ami.
M. le chevalier Marchal. — Nous sommes toujours
très honorés de vous recevoir.
M. le Président. — Messieurs, je vous rappelle notre
réunion au Granl Miroir, et à Tannée prochaine.
M. le chevalier Marchal. — Oui, espérons-le, à l'année
prochaine !
— La séance est levée à 1 heure 40 minutes.
«'
SfiLlSS DE L'iBBAYÏ DE TILLEBS
I
4
I
En 1902, j'ai entretenu rassemblée générale des membres
Correspondants de la Commission royale des Monuments,
de la direction nouvelle donnée aux études sur l'église dç
Villers, par M Edg.ir de Prelle de la Nieppe (i).
J'ai annoncé, à cette occasion (2), qu'il m'a va il été donné,
grâce à des recherches dans les archives, provoquées par
mon initiative, de mettre la main sur une série (je documents
inédits, relatifs à l'antique abbaye brabançonne.
En voici la liste bien garnie, mais, je l'espère, encore
incomplète (3) :
1° Consécration du cimetière de l'abbaye, en 1210;
(•) Voj. ci-dessus, Bull, des Comm. roy (Part et d'archéol., XXXVIII
(1899), p. 37, et XLI, p. 311
(t) Annales delà Société archéologique de l'arrondissement de Nivelles,
VII, p. 2,
- (9) Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique, etc., XXV (1808),
p. 85. C'est feu M. le chanoine Rxusbvs, professeur d'archéologie à
l'Université de Louvain (dont le nom reviendra ci-après) qui m'a mis en
relations avec M. l'abbé Laenen, archiviste de l'archevêché de Malines, à
qui j'ai fait connaître mes desiderata, entre antres une liste des consé-
crations des autels de l'abbaye de Villers (signalée par Bvthmàhh, le
correspondant de Psrtz), dont j'avais immédiatement saisi l'importance,
bien dépassée encore par la réalité.
— 382 —
2° Sépulture, dans l'église, du duc Henri H et de la
duchesse Sophie de Thuringe, en 1247 et en 1275;
3* Translation des reliques du monastère, dans l'église,
en 1269;
4* Catalogue de la bibliothèque de l'abbaye, dressé
en 1309;
5° Consécrations des autels de l'église, de 1217 à 1294,
continuées en 1313, 1317 et même en 4499;
6* Notice nécrologique sur le B. Gobert d'Àspremont;
V Mentions diverses d'un bref du pape Clément VIII, de
l'an 1899, qualifiant « Sainte » la B. Julienne de Cornillon,
avec le texte du diplôme pontifical, retrouvé en original à
l'archevêché de Matines (i).
Ce n'était pas peu, mais pour moi pas assez : d'après la
maxime évangélique : c cherchez et vous trouverez » , je
redoublai de fouilles en d'anciens documents.
Un complément bien utile de ces recherches a été la
découverte (*), parmi les manuscrits précieux qu'a rassem-
blés M. le baron Edouard Houtarl, en la riche bibliothèque
de son château de Monceau-sur-Sambre, d'un recueil des
(t) Voir mon travail : « Châsse des XXXVI Saints, à Anvers (Annales
de V Académie royale d'archéologie de Belgique, Anvers, 1900, LIi, p. 881.
J'y ai démontré que la qualification citée, insérée dans un bref d'avant
Urbain VIII, emporte, ipso jure, la canonisation. Cela n'est pas oontesté
de la part de la Curie romaine; mais le 5 juillet 1899, tout en ordonnant,
d'après ma demande, réouverture de la cause de la B. Julienne, elle décide
qu'il y a lieu de compléter la procédure par une enquête « de virtutibus et
miraculis », manière polie de me dire ; « le surplus n'est pas qui vous
regarde 1 »
(i) Voy. l'exposé des circonstances de la trouvaille, Annales de la
Société archéologique de t } arrondissement de Nivelles, VIII, p. 41.
Je l'appellerai le manuscrit Houtabt, comme je donnerai le nom de
manuscrit Laener à celui dont je parle ci-dessus, page précédente, note 3.
— 383 —
épitaphes de Féglise de Villers, qui a été formé au xvui* siècle*
J'aurai, de plus, dans le cours du présent article, à faire
des emprunts à un important Car tu la ire de l'abbaye de
Villers, encore inédit.
À soi seul, cela suffit pour indiquer que la période des
études préliminaires au sujet de Villers ne peut pas être
considérée comme close et que l'heure de la synthèse n'a
pas encore sonné; aussi vais-je me borner à présenter ici,
non pas un travail d'ensemble, mais de simples noies déta-
chées, sur plusieurs points de détail (me paraissant dignes
d'être posés comme jalons futurs), tout en laissant de côté
nue série de menues questions que je renonce à traiter ici
toutes : de ma part, qu'on veuille bien le noter, ne pas
contrpdire n'équivaut nullement à acquiescer (<).
J'ai comme le sentiment que la discussion relative à l'église
de Villers (sans pour cela rien perdre en indépendance, au
contraire) aura tout à gagner en sérénité et en dignité, par
la suppression des noms propres des contemporains encore
(1) A l'appui de la présente étude : Edg. de Prsllb de là Nieppb,
ÊglUe de V abbaye de Villers (Bull, des Comm. roy. d'art et ffarchéol.,
supra, XXXVIII, 1899, p. 37); Schobrmàkb, Abbaye de Villers. Reliques
de la B. Julienne de Cornillon {Annales de la Société archéologique de
r arrondissement de Nivelles, Vil, p. 1); Id., La Châsse des XXXVI
Saints à Anvers (Annales de V Académie royale d'archéologie de Belgique,
Ve série, 1900, p. 381); Id., Bull, cité, XLI, p. 30; Bal au, Sources de
Vhistoire de Liège au moyen âge (Mém. cour. Acad. roy. de Belg., 1903),
p. 480.
Eu sens inverse : Mon champ, Les reliques de S. Julienne de Cornillon.
Contribution à Vhistoire de son culte {Gazette de Liège, snppl. 4 et
10 août 1898); Nimal, Autour de Villers. La B. Julienne. Ses reliques et
son culte (Écho religieux de Belgique, 26 novembre 1902); Id., V Église
de Villers. Étude historique et archéologique, avec en appendice un
manuscrit du xyiii" siècle (Ann. citées de Nivelles, VIII, p. 1).
— 384 —
Vivants (i) dont je suis exposé à devoir discuter l'opinion.
Ainsi ferai je el, pour éviter toute occasion de personnalité,
je me borne à indiquer, en note, de façon générale, la
« littérature • de la question.
II
Dans un intérêt, au moins apparent, de méthode, il y a
lieu de déblayer le terrain pour débarrasser la discussion
d'une de ses plus grandes occasions d'encombrement :
Je veux parler d'une thèse qui vient d'apparaître pour la
toute première fois, motif suffisant déjà, à soi seul, pour la
rendre suspecte.
Jusqu'à présent, tout ce que les auteurs disaient de l'anti-
quité de l'église de Villers, se concentrait en ces quelques
paroles de Sanderus (s) : • L'église de Villers, bien qu'elle ait
été construite à peu près à l'époque de la fondation du monas-
tère, est pourtant une construction de tout premier ordre * .
La force de cette énoncialion si nette s'accentue même
par une antithèse expressive dont voici la paraphrase : « Ne
vous y trompez pas; d'après le caractère si distingué de
l'édifice, on pourrait être tenté de le considérer comme
moins ancien que son apparence. Eh bien ! ce serait une
(i) J'aurais, en tous cas, été obligé de faire exception pour un de mes
contradicteurs, Licot (qu'on me permette, à raison de la notoriété obtenue,
à bon droit, par lui pour sa restauration de Villers, de rappeler de son
nom tout court); je me suis, malgré mes efforts pour m'y soustraire
(Bull, des Comm. roy. d'art et iïarchéol., XLI, p. 194). laissé entraînera
une discussion contradictoire arec lui. J'ai donc conquis mon franc parler
vis-à-vis de lui, présent comme absent.
(t) a Templum quamvis ab initio p&ene fundati monasterii constructum
sit, Camen elegans est et augustum. »
— 38» —
illusion; l'église de Villers, en vérilé, remonte à une anti-
quité très reculée; elle est, à peu d'années près, aussi
ancienne que l'abbaye elle-même... »
Voilà certes une thèse péremploire ! Comment, après
cela, contester la haute antiquité de l'église de Villers?
Mais un contradicteur, pour échapper à l'argumentation,
s'élance sur la tangente et, en vérilé, quand on y regarde
de près, l'on doit bien reconnaître qu'il n'y avait guère
pour lui d'autre ressource...
« Les auteurs de ces temps, nous dit-on, n'attachaient
qu'une importance médiocre à la chronologie... Dans une
suite de siècles, cinquante ans comptent-ils et la date de
1 197 ne constitue-t-elle pas une véritable antiquité? »...
Pour remettre les choses au point, il suffit de remarquer
qu'ici le sens « obvie » (comme, parait-il, on appelle cela),
consiste précisémeni ici à déterminer l'antiquité relative, et
de la fondation du monastère et de la construction de l'église,
deux époques distinctes, bien marquées par l'opposition des
termes « fundati » et • construclum ».
Généralement certes, il n'y a pas de concomitance absolue
et nécessaire entre les deux époques de la fondation et de la
construction, qui peuvent retarder l'une sur l'autre; mais
quand elles se rencontrent, l'observation y gagne en préci-
sion et en importance; or, à peu d'années près, c'est le cas
ici : il y a coïncidence.
III
Une seconde occasion d'encombrement que je désire sup-
primer, est certaine thèse que je vois apparaître et qui est
une nouveauté, plus encore que la précédente.
— 386 —
Au moins les spécialistes de Villers, bien que dissidents
sur d'autres points, étaient-ils d'accord pour déclarer ce qui
sait : c Qu'on ne vienne pas ici parler de tâtonnements,
» d'un temple primitif, de services provisoires; rien n'accuse
» le doute. L'église n'eut jamais et autre emplacement (i). »
Et brochant sur le tout, des passages où on lit : c Le plan
d'ensemble existe dès le premier coup de pioche... »
Ces spécialistes discutaient ensemble si telle ou telle
partie de l'église est antérieure à telle autre; mais jamais
ils n'étaient sortis du cadre formé par les ruines actuelles,
pour loger, par hypothèse, sur leur emplacement, une partie
quelconque des constructions de l'abbaye.
Ici, une erreur vraiment piquante : C'est Licol qui a écrit
la ligne reproduite ci-dessus en italiques : • L église ri eut
jamais et autre emplacement. »
Eh bien 1 pour réfuter celte donnée, c'est Licot et c Licot
lui-même (a) » qui est invoqué, comme si son témoignage
était de nature à être produit à l'appui de la thèse diamétra-
lement opposée à la sienne...
Licot contre Licot !
Malheureusement pour l'auteur de cette ingénieuse combi-
naison (que j'aime, en vérité, à croire être plutôt encore une
confusion), M. de Prelle de la Nieppe n'a jamais rien dit de
semblable et Licol doit rentrer en possession des paroles en
question : c'est bien lui qui les a écrites.
. (i) Licot, Abbaye de Villers- La Ville, de Vordre de Citeaux. Descrip-
tion des ruines, p. 72 (Bruxelles, 1877); Coulon, Bull, des Comm. roy.
d'art et d'archéol., XVII, pp. 271, 272, 282, 318, etc.
(t) Dans un autre passage de l'auteur critiqué, c'est M. c de Prbixb
lui-même » à qui le même rôle est attribué...
— 387 —
Avec la citation, disparait naturellement tout ce qui a été
déduit d'elle, pour appuyer certaine opinion réfutée depuis
longtemps, entre autres par M. de Prelle (i), à savoir que
l'église primitive, à Villers, « était dans la partie la plus
cachée du monastère, c'est-à-dire au sud, précisément le
côté opposé à celui où le pieux fondateur plaçait toujours
l'église. •
Je me suis permis d'appeler • piquante » l'erreur de cette
citation où Licot est mis en avant pour réfuter Licot...
Voici un rapprochement plus piquant encore. Gomme si
Bulkens avait prévu la présente discussion, il l'a tranchée
d'un mot, il y a plus de deux siècles (*) : c S. Bernard
• fit à nouveau bâtir église et demeure pour ses religieux
» qu'ils dédièrent, à la S. Vierge Mère, au même lieu où
» V église de Villers se voit maintenant. . . •
On ne peut être plus catégorique...
IV
Il est indispensable que des plans appropriés à la discus-
sion (voir pi. I) soient mis sous les yeux du lecteur : je lui
demande la permission, parmi les points que jfy marque,
d'y comprendre, comme définitivement établis, ceux que je
lui présente tels ci-après.
J'entre dans l'église par le fond.
Avant d'avoir franchi le seuil, je côtoie à gauche (3) la
(1) L. cit., XXXVIII, p. 40.
(«) Trophées de Bradant, I, p. 123.
(•) c In d*eerste capelle op de slinke zyde, lange de groote kerk deur
inkomende. » Manuscrit Houtabt, tonte première ligne.
— 568 —
Chapelle n* 9, sous le porche t c'est la « nona capella in
porlicu subtus », de la Chronique, chapelle du narlhex,
affectée spécialement, après 1599, au cuite de Saint-Bernard.
Chapelle n° 8, dite de Monl-Saint-Guiberl ; c'est celle
qu'on présente aujourd'hui comme étant, au lieu de la
précédente, la seule et vraie chapelle de Saint-Bernard,
opinion que je combats énergiquemcnl.
Les chapelles suivantes (en remontant l'église depuis 7
jusqu'à S) ne présentent pas un intérêt spécial pour le
moment.
Quant à la. Chapelle n° 4, il est inutile d'en entretenir le
lecteur, quoique Ion ait fait quelque tapage autour d'elle à
propos des reliques à retrouver de la B. Julienne de Corail-
Ion (i); l'opinion de Licot est aujourd'hui abandonnée, même
par ses protagonistes d'antan (*).
II n'a jamais été question de la Chapelle B, sinon d'une
manière toute hypothétique, et cela à seule fin d'écarter
toute application du texte des auteurs à une entrée aussi
secondaire. Il est d'ailleurs manifeste que M. de Prelle a
fait erreur en plaçant en B la chapelle de Saint-Paul (s).
Chapelle C. Je possède, sur un plan de Villers, une
annotation autographe de feu M. Piot, membre de la Com-
mission des Monuments, pour y marquer certaine chapelle
qu'en son enfance (premières années du xixe siècle), on lui
(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XLI, pp. 314 et 320 .
compte rendu non encore publié de l'Assemblée générale de la Commission
des monuments en 1903.
(s) Ann. Soc. archéol. de Nivelles, VIII, p. 55.
(») Celle-ci était dans l'angle du mur méridional et la chapelle 6.
(Voy. ci-après )
— 589 —
avait, m'a-t-il dit, désignée comme chapelle de la Vierge :
c'est la chapelle G (i).
Chapelle D. Là, dans l'en I recolon neitient d'avec le maître-
autel, fui placé le tombeau double du duc Henri et de
Sophie de Thuringe, dont je vais reparler.
Le Maître-autel A ne donne guère lieu à des observations
à part, non plus que les chapelles E, F, G, si ce n'est que
la chapelle E, comme le soupçonnait M. de Prelle<Y), fait,
en effet, double emploi avec F; le vocable de cet autel est
complexe : « ad titulum beali Mychaelis archangeli et
» omnium sanclorum angelorum (3). »
Gramaye parle d'autels c quaquaversus templum coro-
nantia. » Il y avait donc des autels même du côté sud (à
l'exclusion tout naturellement de l'ouest). Ce texte est
confirmé :
1° Par la constatation qu'un autel se trouvait « ante
januam secretarii (*) », donc adossé h la paroi méridionale
du mur de l'église;
2° Par un passage où Tarlier et Wauters (5) signalent
€ au mur des collatéraux de l'est, des arrachements qui
semblent indiquer la présence d'autels ou de cloisons » ;
3° Par un texte de Jongelinus indiquant un autel de
SS. Simon cl Jude du côté méridional de l'église (6);
(1) Certes, je ne vais pas jusqu'à présenter cela comme une preuve de
rexistence de la chapelle de la Vierge, en C; mais j'aurai pins tard à-
insister sur la coïncidence de la désignation avec le texte des auteurs du
ziii* siècle sur des miracles qui auraient été accomplis dans le transept.
(1) X. cit., p. 77.
(s) Laenkn, Analectes, XXVII, p. 91.
(*) Idm ibid.t p. 95.
(s) Canton de Qenappe, p. 88.
(e) Notitia abbatiarum ordinis Cistertiensis, fascicule ix, 35,
— 390 —
4* Enfin par le fait de la découverte qu'a faite Lîcot , des fou*
déments d'un autel en H'" (où il s'agit de marquer l'autel H",
un peu à gauche de l'endroit désigné par M. de Prelle et an
tant soit peu plus haut).
Je m'interromps ici pour dire deux mots des tombeaux
du duc Henri de Brabant(f 1247) et de Sophie de Thuringe,
son épouse (f 1275), réunis en un caveau double, à gauche
du chœur (situation indiquée par Gramaye et Sanderus :
c ad laevam, » où, en effet, des fouilles utiles furent opérées
en 1895).
Je pense, après ce que j'ai dit à l'assemblée générale de
la Commission des Monuments, en 1902 (i), que personne
ne songera plus, à la suite du comte de Montalemberl et de
l'abbé Namèche, à déposséder Sophie, la fille de Sainte-
Elisabeth, de sa sépulture en l'église de Villers : le document
qu'il m'a été donné de produire, un vrai procès-verbal du
temps, coupe court à toute discussion sur ce point, comme
à l'erreur grossière de ceux qui, dans la partie gauche du
caveau, croyaient avoir découvert des ossements, non pas de
femme, mais d'homme (*); je complète les renseignements
que j'ai présentés alors, par la reproduction d'un croquis que
m'a fourni, en 1897, feu l'architecte De Wil, directeur des
fouilles de l'abbaye (Voir pi. H).
J'ajoute un détail : la chapelle près de laquelle furent
(i) Bull, des Comm. roy. d'art etd'archéol , XLI, p 315.
(t) Voy. ibid., p. 315, où Licot a encore produit l'allégation, contraire
an « procès- verbal » cité, que le corps laissé dans le tombeau, en 1895, est
celui de la duchesse.
— 391 —
enterrés Henri II el Sophie, est qualifiée, dans les documents
que j'ai retrouvés, tantôt chapelle Saint-Jean-Baptiste (i),
tantôt chapelle des Saints Évangélisles; le fait est que, dans
l'acte de consécration de l'autel « quod stat ad lumbam
ducis », la désignation est double : c S. Johannis-Baptistœ
et IIII Sanctorum Ewangelistarum (s). »
— Puisque j'en suis aux tombeaux des ducs enterrés en
l'église de Villers, il n'est pas inutile que je parle ici de celui
du duc Jean III de Brahant (mort en 135*5).
Ce tombeau, on parait s'être assigné pour lâche de le
chercher du côté Épitre; je lis, en effet, dans une sorte de
« communiqué » adressé aux journaux (5), la phrase dont
j'ai donné connaissance à la Commission des Monuments :
€ Les travaux vont être repris dans le bas-côté du transept
méridional où l'on espère mettre au jour les restes de
Jean III, duc de Brabant (a) »
Le monument de ce grand personnage n'était pas de ce
côté de l'église : Gramaye et Sanderus parlent l'un et l'autre
des tombeaux des ducs de Brabant, < tumuli duoducum »,
(donc Jean III, aussi bien que Henri II, l'un de ses prédé-
cesseurs), comme se trouvant à gauche, c ad laevam »,
c'est-à-dire du côte Évangile.
Quant à Butkens, il y met moins de précision et il place le
tombeau devant le maitre-autel; mais, sous peine de donner
(1) Cartulaire 182, aux Archives du royaume, à Bruxelles, pp. 2 et 14.
(1) Analectes ecclésiastiques, XXVII, p. 96; cet autel fut consacré
seulement en 1250, trois ans après l'enterrement du duc Henri II au pied
de cet autel.
(a) Voy supra, XL1, p. 319.
(4) Inutile, sans doute, de répéter ma protestation contre l'inconvenance
du terme...
— 39» —
un démenti aux deux autres au leurs cités, H s'agit, en tous
cas, de se figurer le tombeau cherché, face au chœur sans
doute, mais à gauche, non à droite, de Taxe de l'église. -,
La production du manuscrit Houtart n'est pas, de nature
à élucider la question : ce document indique bien le tombeau
de Henri II du côté Évangile; mais quand il parle, après
cela, du tombeau de Jean III, c'est le côté Épitre qu'il
désigne pour celui-ci...
Heureusement, une autre énonciatton du même manuscrit
Houtart permet de résoudre celte nébuleuse. Il en résulte
qu'à un moment donné, l'abbé de Villers obtint la permission
de déplacer le monument de Jean III, pour faire pendant,
sans doute, à celui de Henri II, de l'autre côté du mailre-
aulel, vers l'autel de Saint-Michel (plan lill. E}.
Voici ce qui aura eu lieu : d'abord, la sépulture et le
cénola plie coïncidaient l'un au-dessus de l'autre; mais, pour
des nécessités de service, le second aura été transporté du
côté Épitre, en laissant sa partie souterraine du côté Évangile.
De là, la fausse idée que la place primitive du cénotaphe,
œuvre de Golard Garnel, était vers la gauche du maitre-
aulel (1), où, en effet, paraissent en avoir été trouvés de
menus débris.
A mon avis, le caveau, contenant sans doute encore
aujourd'hui les restes du duc Jean III de Brabant, a échappé
au vandalisme, parce qu'aucun signe extérieur ne le signalait
plus, et le caveau, d'après les indications combinées fournies
par Gramaye, Sanderus et Butkens, doit se trouver sur une
(i) « Bas-côté du transept méridional. » (Bull, des Comm. roy. d'art et
f0rçhéol-fXIA, p. 319.)
— S98 —
r
ligne droite que n'intercepte pas le gros pilier du transept,
côté Évangile.
Ces conditions paraissent ne point être remplies quant à
certain caveau qu'on soupçonne exister au tréfonds du tran-
sept; en fait de tombeau, on ne retrouvera sans doute là que
celui de l'abbé de Vleeschouwere, c sepullus in medio
ecclesiœ, anle altare SS. Trinitalis... »
Une croisade pieuse (i) s'organise pour ramener à Louvain
les restes mortels de nos anciens souverains, enterrés à
Villers, dont le duc Henri II et la duchesse Sophie de
Thuringe...
Pou ira- 1- on y joindre ceux du duc Jean III? Il y a lieu
d'en douter...
En tous cas, j'estime, quant à moi, qu'il faut laisser en
paix les défunts, où qu'ils aient été enterrés; mais du
moins convient-il de faire respecter leurs tombeaux (comme
d'ailleurs ceux des autres occupants des sépultures de Villers,
moines ou ducs), mieux qu'on ne le fait aujourd'hui où
Villers est devenu un lieu de rendez-vous joyeux.
VI
Vu l'importance de la matière qui attire, de plus en plus,
l'attention des archéologues, l'étude de M. Edg. de Prelle
(i) L. Hekby, président du conseil de fabrique de Saint-Pierre à Lonvatn.
(Petites Affiches de Louvain du 13 septembre et du 18 octobre 1903.)
Voy. à ce sujet les paroles prononcées par M. Lagassb-dx Locht,
président de la Commission royale des monuments, et par moi-même, à
rassemblée générale de 1906 dont le compte rendu n'a pas encore été
publié.
— 394 —
de la Nieppe sur l'église de l'abbaye de Villers (i),
avait élé soumise préalablement à un contrôle € sérieux,
même sévère («) », de la part des deux rapporteurs
du Comité du Bulletin des Commissions royales dort et
d archéologie, feu M. le chanoine Reusens (s) et moi-
même, qui nous rencontrions régulièrement tous les
mois, à la Commission du Musée royal du Cinquantenaire,
à Bruxelles, avec l'auteur, alors notre collègue en celle
Commission.
Au dit Musée, nous avions précisément l'avantage d'avoir
sous les yeux la maquette de l'abbaye de Villers, dressée
par l'architecte Licol, occasion favorable pour y raccorder
nos entretiens et, je puis le dire, une correspondance active
et minutieuse.
Il s'était tenu, le 28 août 1877, à l'abbaye même de Villers,
une assemblée de la Gilde de Saint-Luc et Saint-Thomas,
où furent en présence et même en contradiction, d'une part
le chanoine Reusens et le savant archéologue anglais James
Weale, émule de Sharpe, dont le nom reviendra ci-après,
— et d'autre part l'architecte Licot, avec un personnage,
(i) Bulletin, supra, XXXVII, p. 37.
(t) Ibtd., XLI, p. 310
(s) 11 est inutile de rappeler ici les titres de réminent professeur
d'archéologie de Louvain. Je me sourions avec émotion qu'à la dernière
séance du Musée où assista ce regretté collègue, il est venu me retrouver
au fond de la salle du Musée du Cinquantenaire où repose la maquette de
Villers, et là, devant celle-ci, nous nous sommes entretenus de plusieurs
questions concernant l'abbaye. U est résulté, pour moi, de cette suprême
entrevue, que M. Reusens approuvait les efforts de M. de Pbelle, pour se
dégager de la routine et surtout pour résister aux tendances dont je parle
ci-dessus : du ton dont il en parlait, il m'a semblé que, sur lui-même, elles
avaient produit un très médiocre effet.
— 395 —
doDl le compte rendu de la séance parle en ces termes (1) :
€ un inconnu se leva et demanda la parole... La parole lui fut
accordée et il put se faire entendre. Nous sûmes plus tard que
ce monsieur avait collaboré à une monographie de l'abbaye
et c'est ainsi qu'il connaissait si bien les lieux 1 »
La façon pittoresque de ce compte rendu n'implique pas
précisément une parfaite communion d'idées entre ce
€ monsieur inconnu » et les archéologues devant lesquels
il fut admis à exprimer les siennes...
Aussi ne serai-je pas taxé de témérité pour affirmer que
si, — comme moi d'ailleurs, — le chanoine Reusens ne
marchandait pas son approbation à Licot artiste, il n'en
était pas de même pour Licot, auteur d'un livre sur les ruines
de Yillers, qui venait de paraître et dont le savant professeur
de Louvain, en 1877, n'avait pas sans doute encore entendu
parler.
Dans mes entretiens avec ce dernier, j'ai, en effet, entrevu
quelque réaction contre les novateurs du xix6 siècle qui
c s'emballent à l'envi » pour soutenir que le constructeur de
Yillers fut, non pas le fondateur lui-même, mais un abbé
du lieu vivant un demi-siècle plus tard.
Je trouve même la preuve de celte disposition d'esprit
dans le contraste de Reusens, vieillissant de l'église de
Villers, et de Licot tendant à la rejeunir.
C'est aussi la déclaration très nette du premier à la Gilde
de 1877 : c Église de Villers. Le plein cintre s'y trouve
(i) Ce personnage était M. Lefêvre, membre correspondant de l'Aca-
démie de Reims, coauteur du livre publié par Licot, en 1877, sur l'abbaye
de Ville», livre qui venait à peine de paraître.
— 396 —
• encore, notamment au chœur et au narthex •, ce que
James Weale appuyait : « On a pu remarquer que le narthex
» et la partie orientale de l'église sont d'une époque plus
» reculée que le reste de l'édifice. >
Pour la première fois, on entendait se préciser celte
importante détermination d'époque : les constructions
primitives de Villers, celles qui se rapprochent le plus
du temps de S. Bernard, appartenant encore au style
roman...
L'honorable professeur d'archéologie de Louvain eut une
occasion ultérieure d'exprimer son avis sur l'âge du narthex,
classé par lui parmi les constructions primitives de l'église
de Villers; celte occasion, ce fut l'élude de M. de P relie
de la Nieppe; voici la déclaration importante et dont tous
les mots portent, qu'il dicta lui-même à ce dernier: « D'après
» une observation précieuse que nous suggère M. le cha-
» noine Reusens, l'idée d'établir une chapelle sous le
» porche, tient peut-être à ce que, en effet, pendant le
» xii* siècle, le narthex servit de chapelle pour les péni-
» tents. »
Par celte fixation précise de date : « pendant le xne siècle »
(pas plus tard !), le chanoine Reusens a bien accentué son
intention de décliner toute solidarité avec la thèse Licol qui
fait remonter l'église toute entière, narthex compris, non pas
au xii° siècle, mais au xiii'; en émettant pareil avis, le savant
chanoine avait bien certainement son attention concentrée
sur ce que j'appellerai les < incunables » de l'abbaye de
Villers. J'estime que, ces origines, il les faisait remonter un
bon demi-siècle avant la fin du xu*, celui dont il a parlé en
toutes lettres...
- 307 —
VII
Ce n'est pas que Licot ait bien été encouragé dans son
affirmation, trop hardie, que les travaux de l'église de
Viilers ont commencé seulement en 1 197 : deux ans à peine
après ie livre relatif à Viilers (i), Goulon, son émule (*)
pour les études relatives à l'antique abbaye brabançonne,
publiait l'importante déclaration que voici :
t Sous l'entrée de la grande nef existe une crypte romane
» dont la voûte est portée par trois pileltes centrales. Elle
» appartient au temple primitif ou du moins à une église
» antérieure h celle-ci ; j'estime que celle substruction date
» de H50à 1200 »
Confirmation éclatante et précise de la thèse de Reusens
et de Wcale! D'après Goulon, le narlhex de l'église aurait
même été commencé en 1150, trois ans avant la mort de
S. Bernard...
En deux autres passages, Goulon parle du narlhex dans
les mêmes conditions : c Pour aller à la cave sous le porche,
» on passe par une profonde embrasure qui a été pratiquée
9 dans le mur primilif, lorsqu'on y accola ce porche... Le
» mur, placé entre les deux souterrains, est d'une épaisseur
» inusitée, ce qui s'explique parce que c'était la fondation
(i) V église de V abbaye de Viilers (#»//. des Comm. roy. d'art etcParchéoh,
XVII, p. 259).
(s) Lire le Messager des sciences historiques, 1882, p. 16, qui a opposé
les deux artistes l'un à l'autre.
Je puis bien me permettre, sans doute, de traiter les deux « rivaux »
avec la même familiarité, c'est-à-dire en les appelant l'un et l'autre par
leur 4iom « tout court ».
39fc~-
de l'ancienne façade, dont les assises avancées auront été
reparementées (1) » .
Plus haut, il a même une réminiscence de ces bancs de
pénitents sur lesquels Reusens nous a fait en (rejeter les
yeux : « Attendons l'ouverture du temple dans le porche.
J'y ai découvert les restes des bancs qui existaient le long
des murs (t) » .
C'est encore au nartheœ (partie souterraine) que me rap-
pellent les points de comparaison, choisis par M. de
Prelle (s), entre Villers et sa contemporaine Cambron
(année 1140); là, en effet, a été signalée une antre crypte
remontant aux toutes premières années de l'abbaye; elle
présente tant d'analogie avec la nôtre que, je me le demande,
cette identité, à elle seule, ne devrait-elle pas servir de sujet
d'étude ultérieure?
De plus, le narlhex est expressément compris par
l'abbé Balau (*), parmi les constructions primitives de
l'abbaye : non seulement le chœur et le transept, mais,
en outre , le < porche occidental » , c'est-à-dire le
nartheœ.
Que nous sommes déjà loin du temps où Licot produisait
sa planche représentant le plan terrier de l'église où, en
1197, pas encore uue seule brique n'est posée sur une
autre !
(i) Ibid., pp. 288 et 318.
(î) P. 279. À la vérité, Coulon, qui avait si bien fait débuter les
travaux de Villers de 1150 à 1200, s'est-il mis à retarder plus tard; mais
j'estime qu'il y a lieu de le quitter à partir du xn* siècle.
(») Bull, (supra), XXXVIII, p. 44.
(*) Mém. cités de l'Académie royale de Belgique, LXt, p. 480, 1903.
— 399 —
VIII
C'est le moment d'entretenir spécialement le lecteur d'une
création personuelle de S. Bernard, qui est précisément le
narthej), la partie de l'église cistercienne dont il est ici
question.
Viollet-le-Duc (i) définit le nartheœ :
« Portique élevé en avant de la nef et formant le fond de
Valrium. Dans la primitive église, le nartheœ était destiné à
contenir les catéchumènes, les énergumènes et, au centre,
en face de la porte de la nef, les pénitents auditeurs, c'est-à-
dire auxquels il était permis d'assister au service en dehors
du temple. Les églises de l'ordre de Gluny et de Tordre de
Cileaux avaient toutes des porches plus ou moins fermés en
avant de la nef. »
Et ailleurs : « Le nartheœ est une véritable église. Était-il
un vestibule pour les pénitents?... Un texte vient appuyer
cette hypothèse : dans l'ancien pontifical de Chalon-sur-
Saône, si voisin de Cluny, on lisait (s) : < Dans quelques
églises, le prêtre, par ordre de l'évèque, célèbre la messe
sur un autel très rapproché des portes du temple, pour les
pénitents placés devant les portes de l'église. »
€ Il paraîtrait, ajoute Viollet-le-Duc, que S. Bernard vou-
lait revenir aux dispositions des églises primitives et rénover
le nartheœ des basiliques de l'antiquité chrétienne. *
(«) Dictionnaire d'archéologie religieuse, I, p. 259; VI, p. 411; VII,
p. 269. Narthex, qu'on le remarque, est une expression purement conven-
tionnelle.
(t) t In quibusdam ecclesiis sacerdos in aliquo altari foribus proxi-
xniori, célébrât missam, jussu episcopi, penitentibus an te foras ecclesi»
constitutis. »
— 400 —
Gel auteur a même retrouvé à Cluny, à gauche de la porte
d'entrée du narthex (t), la table de pierre qui y servait
d'autel.
Le narthex de Villers est donc bien une création person-
nelle de Saint-Bernard; lui-même a d'ailleurs réalisé cette
pensée en d'autres endroits.
Je dirai mieux : pas d'église cistercienne du temps, sans
narthex.
Le narthex de Villers était au n° 9 du plan.
Le lecteur y remarquera, d'après la planche de Cou-
Ion (*), la relation entre la crypte placée dans le caveau et
le soupirail qui s'ouvre dans le mur extérieur de l'église,
tandis que, du côté opposé, le souterrain ne pénètre pas
dans toute la profondeur du caveau, s'arrèlant à 16 mètres
de l'entrée, au delà de quoi les constructeurs n'ont pas
jugé à propos de creuser le sol.
II résulte de celte disposition que, dans la partie souter-
raine, l'espace était plus ample qu'en haut el qu'on pouvait
s'y étaler avec plus de développement qu'à la partie supé-
rieure, comme on peut le remarquer aussi au narthex
présumé de Gambron. Quel que soit le motif de cette inégalité
de dimension en ire les deux salles superposées, elle indique
loul au moins que la cryple était bien destinée à desser-
vir cette partie de l'édifice el elle atteste l'importance de
l'ensemble.
(1) Telle doit avoir été la position de la table d'autel de Ville»,
doute adossée au côté nord de l'église.
(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'arckéol., XVII, pi. IX (coupe); le
soupirail est indiqué sur le plan correspondant.
— 401 —
IX
C'est précisément la chapelle n° 9 que l'abbé Henrion,
eo 1599, choisit comme sanctuaire propre (« sacellum
proprium »)v pour aller y déposer, par-delà le temple
€ trans templum », (i) les reliques vénérées du monas-
tère.
Aucune place plus convenable ne pouvait être choisie :
la chapelle était libre; personne n'y avait encore été enterré;
en effet, les deux fondateurs, Gobert de Bioul, grand seigneur
de la Cour de Brabant, et Matthieu Piétoul, lui-même fon-
dateur à Nivelles, avaient des attaches intimes loin de Vil lers,
comme Ta démontré M. de Prelle (s).
Ici viendrait, peut-être fort à propos, une légère digres-
sion au sujet des expressions : eere tombe, eere capelle (que
je ne suis pas seul à lire dans le manuscrit Houlart, aux
pp. 53, 1. 19, et p. 37, 1. 6). Hais je ne veux pas prêter le
flanc à des discussions de paléographie et de diplomatique,
sur la forme de certaines lettres dudit manuscrit, et je crois,
par tactique, devoir m'abstenir de soulever de pareilles
questions, en les laissant se produire spontanément là où
cela sera jugé utile.
(i) Robertus praesul, disent des vers du temps, recueillis par Hbnriquhz
(Lilia Cistercii, p. 144) :
Doua Beatorum, tram templum, corpora dmit.
M. de Pabllz, selon moi, n'a pas accordé à ce passage l'importance
qu'il mérite. (Voir Ann. Soc. arckéol. de Nivelles, VII, p. 12.)
(t) Voy. supra, XXXVIII, p. 82, note 2.
— 402 —
J'estime d'ailleurs que ma thèse au sujet de remplacement
de la chapelle Saint-Bernard est suffisamment ancrée pour
pouvoir se soutenir d'elle-même sans arguments suréroga-
toires.
Je montrerai ci-après quelle est la cause de l'erreur
commise par certaine interprétation récente du manuscrit
Houtart; je me contente pour le moment du texte de
Uramaye, de Sanderus, de Papebroch, texte qui ne peut
donner absolument lieu à aucune équivoque, tant il est
clair.
Les auteurs que je cite sont unanimes pour indiquer la
chapelle Saint-Bernard comme étant la première qui se
présente aux visiteurs pénétrant dans l'église par la porte
du fond à gauche. C'est la chapelle du narthex.
Je répète le jugement catégorique que je me suis permis
d'énoncer à ce sujet (t), en disant que, pour y contredire,
on a c méconnu ou (plutôt) l'on n'a non compris le rôle
» important du narthex, celte création de Saint- Bernard qui
» voulait rénover (*) cette partie de la basilique chrétienne
* des premiers temps. »
Les neuf chapelles adventices qui ont été ajoutées à l'église
de Villers à une époque que j'aurai à préciser ci-après,
commencent leur série à la chapelle du narthex; celle-ci
est à la fois la plus vénérable par son ancienneté, et par son
remploi, depuis le xvi9 siècle, époque où elle a été consacrée
à la conservation des reliques du monastère.
(i) Ann. Soc. arehéol. de Nivelles, VII, p 52.
(t) C'est moi qui me permets de prêter à Viollbt-lb-Duc, ce néologisme
expressif.
— 403 —
C'est là, et non pas au n° 8 (ni surtout au n° 1 !)
qu'il fallait chercher les reliques de la B. Julienne de
Corn i 11 on...
Observation dictée par le bon sens : en cas de bâtisses
juxtaposées, ce n'est pas toujours la plus ancienne qui a été
achevée la première; il s'agit, dans chaque cas particulier,
de vérifier minutieusement — on ne peut le faire avec assez
de soin — si l'enchevêtrement de certaines constructions
parmi d'autres plus récentes, ne doit pas être attribué à des
circonstances passagères ou même purement provisoires et
accidentelles.
c Ne suffit-il pas, fait observer justement M. de Prelle (i),
que telle ou telle partie du mur sud du transept date d'après
le dortoir des moines, pour que celui-ci révèle nécessai-
rement des indices d'antériorité? »
J'irai même plus loin et, renversant les termes, je poserai
ainsi la question : Ne suffirait-il pas qu'il y eût eu, pour
n'importe quelle cause, ralentissement dans la construction
de l'église, genre de travail auquel on ne met pas généra-
lement de précipitation, pour qu'à un moment donné, telle
autre partie (ici les dortoirs) semble avoir pris l'avance :
que d'apparences pareilles se dissipent quand on les scrute
de près...
Mais à quoi bon embarrasser le sujet de pareille discussion
sur des antériorités? Je préfère reléguer à l'arrière plan ce
(i) Voy. supra, XXX VII, p. 75.
— 404 —
qui concerne ce point (i), et je veux aborder directement
un essai de simplifier le débat en réduisant la proposition
adverse à l'absurde; pour éviter des longueurs et des détours,
il me faut bien pousser les choses jusque là...
Je n'ai absolument besoin, à cet effet, que d'opposer l'un
à l'autre, les deux plans de Licot lui-même.
Or, j'y découvre le nariheœ de Villers indiqué comme
construit seulement de 1250 à 1300 : c'est un démenti
flagrant infligé aux faits, puisque Reusens et Weale, cités
ci-dessus, y constatent encore alors le style roman, et que
Goulon (s), comme je l'ai montré, assigne comme date au
nariheœ cent ans plus tôt : 1150 à 1200...
Il est temps qu'on en revienne à la détermination d'époque
proposée par Edm. Sharpe (3) : dès le temps de S. Bernard,
le cercle et le plein cintre cèdent le pas à l'ogive, et se
contenteront désormais du rôle d'ornement; partout où ils
semblent encore concourir à la solidité de l'édifice, il faut
(1) Le livre de Licot contient deux plans :
« 1° Les premières constructions du couvent élevées sons l'abbé Charles
» de Seyne (1197-1209);
» 2° Vue cavalière de l'église et des bâtiments conventuels pendant la
» première moitié du xni* siècle, restituées d'après les constructions
» existantes et les documents historiques.
v Dressé par l'architecte soussigné Ch. Licot. »
(«) Il est intéressant de rassembler les notes de Cocloh sur ce point :
P. 280 : « On est en présence d'un porche roman par ses quatre mors;
mais la manière gothique perce déjà dans la voûte, dont la forme générale
accuse timidement Vogive o
P. 319 : « Dans ses murailles, le porche appartient au roman pur;
cependant une pointe ogivale perce déjà dans ses murs. »
(s) Le chanoine Reuskns est l'auteur de la communication faite à
M. db Prblle db la Nibppe, des œuvres de Sharpe ; c'est moi-même qui
ai été son intermédiaire, tant le savant archéologue de Lonvain appréciait
l'importance de l'étude sur l'église de Villers, dans notre Bulletin.
— 40» —
vérifier de près s'il ne s'agit pas déjà de quelque infiltration
du système nouveau d'architecture qui bientôt dominera
souverainement : l'arc en tiers point...
L'église de Villers (i) fournit une occasion sans pareille
de constater, en même temps, et le cercle encore employé
à titre d'ornement, cl l'ogive déjà consacrée à obtenir l'équi-
libre par le contre-balancement des poussées :
Il s'agit de ces « oculus > qui, dans le chœur et le
transept, ont été percés, à la hauteur des voûtes, uniquement
comme motifs de décoration.
Ces c oculus » , une observation toute récente de l'archéo-
logue français Camille Enlart (*), les a retrouvés en France,
à Poissy (vers 1U0) et Ghampeaux (vers 1180)...
C'est précisément l'âge que leur assigne, à Villers, leur
construction, dès qu'elle est reconnue être contemporaine
du narthex.
XI
À l'assemblée générale de la Commission royale des
Monuments, en 4903, j'ai énoncé, au point de vue scienti-
fique, des restrictions au rajeunissement excessif, selon moi,
infligé à l'église de Villers et à ses chapelles latérales nord,
(1) Osw. Van dbn Bbrghb, Annales de C Académie d'archéologie de
Belgique, XIV (1857) : 0 C'est bien là un des effets les plus extraordinaires
que l'œil de l'archéologue ait jamais rencontrés et que l'art de l'architecte
ait jamais produits 9.
(«) Manuel a? archéologie française (1902), I, p. 239, où il cite une série
d' c oculus », notamment ceux de l'église de Villers.
Jl s'agit d'ailleurs, par l'étude du livre (TEnlàrt, de noter, avec toute la
précision que la situation comporte, l'évolution du style de transition, dès
1120, 1140 et 1170 (Enlart, I, p. 435).
— 406 —
par Licol, qui date seulement celle-là du xtii* siècle, celles-ci
du xiv*, voire du xv\..
La première partie de cette tâche, c'est l'ensemble de ce
qui précède; voici la deuxième.
Il se trouve que le lien qui les rattache Tune à l'autre
est ce nartheœ dont, comme je le répète, l'on méconnaît ou
l'on n'a pas compris le rôle important tracé par S. Bernard
lui-même : rénover cette partie de la basilique chrétienne
des premiers temps du christianisme.
Les Archives de l'État, à Bruxelles (i), ont recueilli un
diplôme pontifical, de tout premier ordre, par lequel le
pape Grégoire IX (1227-1241), un siècle à peine après la
fondation par S. Bernard, accordait aux bienfaiteurs de
l'abbaye de Villers (spécialement dénommée) le privilège
d'être enterrés dans l'église du monastère : mode, ardem-
ment désiré, d'y faire affluer les libéralités des fidèles.
Une formule insolite, bizarre même : « ante faciès vestras
cum sanclis animalibus... (s) » me frappa dans ce diplôme;
je n'eus point de cesse que je ne parvinsse à me rendre
compte d'où cela pouvait bien venir...
Or, j'eus la main assez heureuse pour la mettre sur un
document absolument identique, du même pape, en faveur
d'une abbaye cistercienne.de Pologne, en date du 48 décem-
bre 1234(3), date bien voisine, on voudra le remarquer,
de l'année 1243, qui d'après le recueil « Gai lia christiana »
(0 Cartulairti n° 181, p. 27.
(i) Il s'agit d'un passage d'EzàcHiBL, ch. I, t. 12, qu'on retrouve chez
S. Paul, Philipp., II, 13.
(») Potthast, Regesta pontifient* romanorum, I, p. 835, diplôme
accordé a abbati et conventui Lubensis ordinis Wratislaw ».
— 407 —
fut celle de la fondation, à Villers, de la chapelle de Ja
Sainte-Trinité.
Puisque nous connaissons la date de cette consécration
d'autel de 1243 (et même d'une deuxième de 1 352, consignée
dans le même recueil), il n'y aura pas grand effort à faire
pour en retrouver de subséquentes; car, Grarfcaye parlant
de l'ensemble des neuf fondations citées par lui en l'église
de l'abbaye de Villers, les dit à peu près contemporaines,
« eodem fere omnes te m pore ».
Or, indépendamment d'une liste de ces fondations dont
j'aurai bientôt à faire spécialement' état, que d'indices à
relever à l'appui de l'assertion de Gramaye...
Je remarque, tout d'abord, que le milieu du xm* siècle
sur lequel ces dates de 1245, 1252, appellent l'attention,
est l'époque de l'achèvement de la cathédrale de Paris où,
dès 1240, on imagina de crever les murs, comme à Villers,
pour y annexer des chapelles entre les contreforts (i); c'est
aussi l'époque de la construction de la Sainte-Chapelle, de
la même ville (s)...
Or c'est précisément aussi celle que nous indiquent les
détails d'architecture des chapelles septentrionales de l'église
de Villers : « Grandeur disproportionnée des fenêtres, toutes
(i) Rappelée par M. de Pbbllb de la Nieppb, l. cit , p 70.
A propos d'un texte (TEnlabt, d'où Ton infère qu'à Notre-Dame de
Paris on n'aurait commencé à ajouter des chapelles qu'en 1290, voici le
témoignage bien catégorique de Violt.et-Le-Dco, I, p. 207 : a En 1230,
la cathédrale de Paris était achevée et, en 1240 déjà, on crevait les bas-
côtés de la nef pour établir des chapelles éclairées par de larges fenêtres à
meneaux entre les saillies des contreforts ». H, p. ?93 : <r A Notre-Dame de
Pari s, en 1257, entre les contreforts du chœur, trois chapelles au nord et
trois chapelles au sud Turent bâties en même temps. »
(•) Viollbt-Le-Duc, I, p. 207, et II, pp. 257 et 424.
— *08 —
à meneaux et à nervures, de travail aussi délicat qu'original,
culs-de-lampe à clef délicatement sculptée, niches de cré-
dence, etc., etc. » (1).
Même des vitraux peints (certes une exception dans une
église cistercienne !) : les blasons des familles de Malève et
de Sombreffe (dont j'aurai ci-après à déterminer la date
d'apparition à Villers) sont signalés par le manuscrit Houtart
dans les chapelles portant au plan, les nM 2 et 3 (*).
Observation importante : Le manuscrit Laenen relate,
dans l'église de Villers, la consécration de M autels; sauf
pour le maitre-autel, où cela est explicable, tous les autels
sont portés sur la liste comme ayant été consacrés dès avant
l'an 1300; même, l'année 1980 a vu, à elle seule, le 97 juin,
cinq de ces cérémonies (où je crois bien en distinguer telle
ou telle se rapportant aux chapelles nord)...
C'est donc bien au xm* siècle qu'a priori il faudrait bien
rapporter la fondation des dites chapelles septentrionales...
Mais pas du tout : c'est du xiv*, même du xv* siècle qu'on
nous parle. Pas même un mot du xiuM ..
Qu'on contrôle mon assertion par ce qui va suivre...
XII
Vrai travail d'écureuils tournant perpétuellement dans la
même « gire »...
(0 Supra, XVII, pp. '295 à 297, où Ton retrouvera, entra autres, les
larges fenêtres à meneaux de la cathédrale de Paris.
(f) Voir Coulon, supra XVII, p. 304, sur la question des vitraux peints
à Villers.
— 409 —
Qu'on lise tout ce qui a été écrit au sujet de l'âge des
chapelles nord de l'église de Villers (rien d'omis) :
Schatbs(1888) : * Gomme dans toutes les églises de style ogival
primaire, les bas-côtés (à Villers) n'avaient point été bordés de cha-
pelles, primitivement; mais, au xi Ve siècle ou au XVe, on ajouta,
au collatéral gauche, un rang de chapelles de très peu de profon-
deur (i) #.
De Vigne (1846) : * De abdey van Villers werd begonnen ten
jare 1187 (lire 11#7), en in de xivde en in de xv*e eeuw ver-
nieuwd (j) ».
Schayes (1849) : • Les bas-côtés étaient primitivement sans
chapelles; celles qu'on remarque au collatéral gauche (côté nord) ne
datent que de la fin du xiv« siècle (3) ».
Rodenbach (1850) : • xiv« siècle. C'est à cette époque que Ton
construit, à Villers, neuf nouvelles chapelles dans la nef gauche
(côté nord). 'Les bas-côtés de la nef sont bordés de chapelles de peu
de profondeur qui furent ajoutées aux bâtisses primitives vers le
milieu du xive siècle (4) ••
Schayes (1852) : • Comme dans la plupart des églises du
xme siècle, les collatéraux de la nef centrale n'étaient point bordés
de chapelles dans le principe. Ce n'est qu'AU xiv* siècle qu'on
construisit les chapelles qui flanquent le collatéral gauche (5) *•
Taulier (1856) : «Il est facile de voir que les sept chapelles de
peu de profondeur dont les fenêtres éclairent la nef latérale gauche.
(0 Mémoire sur tarchitecture ogivale en Belgique. (Acad. roy. de
Belgique, Mémoire des prix, XIV, p. 71.)
(t) Qesckiedenis der middeleeutvsche bouwkunst, p. 68.
(•) Histoire de Varchitecture en Belgique, 111, p. 45. L'auteur, p. 47,
date la construction des neuf chapelles, du règne de Jean III, duc de
Brabant, mort en 1355.
(4) L Abbaye de Villers, pp. 47 et 83.
(5) Messager des sciences historiques, XX, p. 1.
— «0 —
ont été ajoutées à la disposition primitive de l'église; elles 'datent
de la fin du xiv« siècle (i) ••
Osw. Van dbn Berohi (1857) : « A voir l'unité qui règne dans
l'architecture de l'église de Notre-Dame de Villers, on dirait que ce
beau bâtiment a été construit comme d'un seul jet; nous faisons
abstraction des chapelles du bas-côté gauche, construites à la fin su
xiv« siècle (s) «.
Tablier et Wauters (1859) ; • Les fenêtres du nord, sauf les
plus rapprochées du porche, ont été supprimées lorsqu'on a construit,
de ce côté, sept chapelles peu profondes, qui, selon toute apparence,
datent du xr siècle (3) ».
Vos (1867) : - Vers le nord, on borda l'église de chapelles où la
lumière pénètre par de grandes fenêtres ogivales. Leur architecture
appartient au xv« siècle (4) •.
Wauters (1868) : • Vers le nord, on borda l'église de sept cha-
pelles; leur architecture appartient à une époque tardive. M. Schayes
dit : FIN DU XVe 8IÈCLB (s) «.
Coulon (1878) : • Le monument gagnerait par la suppression
des chapelles du xve siècle, accolées an côté nord (s) *.
Id. (1878) : * Au xiv* siècle, alors que le monument était
complet, on éleva les chapelles latérales côté nord... La chapelle
adossée au transept est une œuvre assez sérieuse du xiv« siècle (sut
le plan • fin du XIVe siècle • ). Lorsque, par la suite, on mutila
(1) Les Ruines de l'abbaye de Villers, p. 34.
(1) Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, XIV, p. 24.
(1) Géographie et Histoire des communes belges. Canton de (renappe,
p. 83.
(4) Notice historique et descriptive de V abbaye de Vilters en Brabant, de
l'ordre de Citeaua, p. 78.
(5) L'ancienne Abbaye de Villers, p. 84.
(s) Comité des Monuments du Bradant (Rapport du 7 avril 1873), p. 52.
— 4H —
« • *
les bas-côtés, pour bâtir successivement sept autres chapelles, on se
raccorda à ses principales lignes architecturales (i) *.
Licot (1877) : » Aux xiv et xve siècles, on ajouta au bas-côté
gauche, en utilisant les contreforts de l'église, sept chapelles qui
existent encore. Une huitième se trouve à l'extrémité du transept
nord (*) • .
Nimal (1896) : • Les bas-côtés étaient primitivement sans cha-
pelles; celles que Ton remarque du côté collatéral gauche (nord) ne
datent que de la fin du xive siècle (s) ».
Boulmont (1897) : • Église de Villers. Style ogival rayonnant
du xiv6 siècle. Les chapelles latérales (bas-côté nord) sont placées
le long des bas-côtés de la nef (*) * .
Nimal (1904) : » Lorsque des architectes et des archéologues
tels que Schayes, Coulon, Licot... reportent au xiv* siècle ces cha-
pelles latérales, on peut s'incliner devant leur autorité (s) •.
XIII
J'avais écrit la phrase suivante (6) : « Le manuscrit
Houtart coupe court à l'anachronisme commis par tous les
auteurs, sans exception, qui se sont occupés des chapelles
septentrionales de l'église de Villers et qui les attribuent au
(1) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol. (supra), XVII, pp. 273,
290, 295.
(t) Abbaye de Villers de l'ordre de Cîteaux. Description des ruines,
p. 63.
(s) Villers et Aulne. Célèbres abbayes de l'ancien diocèse de Liège,
p. 263.
(«) Description des Ruines de l'abbaye de Villers, pp. 75 et 235.
(s) V Église de Villers. Étude historique et archéologique. Nivelles, 1904,
p. 38.
(•) Ann. Soc. archéol. Nivelles, VII, p. 3.
— 412 —
xiv r siècle, et même au xvV Toutes, elles sont du treizième ».
Celle conclusion esl vivement attaquée : je la maintiens
énergiquemenl.
Les auteurs que je viens de citer ont commencé par
passer sous silence certaine lis le — une liste bien connue
pourtant (i) — où, en 1315-1317, ont été consignées les
neuf fondations (simples ou multiples), autorisées dans les
neuf chapelles septentrionales de l'église de Villers (s).
Celle liste suit une à une, dans l'ordre de leur construction
et, bien certainement aussi de leur consécration, la série
des susdites neuf chapelles, et soudain, elle s'arrête avec
celle série, ainsi que la construction elle-même, à des
c amorces dénotant l'idée de prolonger le même œuvre (3) » .
J'ai toujours été frappé de cette coïncidence si parfaite
entre la Chronique et l'œuvre architecturale : l'une et l'autre
comportent neuf chapelles, après quoi, brusquement, et le
document et la bâtisse restent tous deux, non seulement
inachevés, mais définitivement incomplets.
Autre coïncidence; je l'ai déjà fait remarquer : sur la
liste Laenen, ne figure aucune chapelle qui, consacrée
(1) Elle a été publiée, en 1717, dans la Chronique de l'abbaye de Villers,
au III* volume du Thésaurus novus anecdolorum de DD. Mabtbhb et
Durabd.
(t) Je préviens le lecteur que je juge à propos de ne pas m'arrêter à
certaine combinaison des huit premières chapelles septentrionales avec
une neuvième qu'on va chercher à droite de la porte d'entrée de l'église
(litt. H"' du plan); celle-ci était non pas une chapelle, mais un simple
autel. D'après Licot lui-même {Ann. Soc. archéol. Nivelles , VIII, p. 57),
dans une lettre de lui, cela ne peut pas être présenté comme la « nona
capella » de la Chronique.
(s) Coulon, supra, XVII, p. 295.
— «5 —
pour la première fois, Tait été après l'an 1300 (i) : le
xiii9 siècle est bien exclusivement celui des consécrations
pour les chapelles de l'église de Villers.
C'en était assez pour me demander si toutes ces chapelles
à propos desquelles revient toujours celte notion de xiii* siècle,
n'appartiendraient pas au dit xiii' siècle, et non pas au xiv*
ou même au xv\ comme le portent ces textes que j'ai convié
le lecteur à passer en revue avec moi, et encore une fois, j'ai
eu la main assez heureuse — qui cherche trouve! — pour
la mettre aux Archives du Royaume, à Bruxelles, sur le
cartulaire 182 (s) : C'est un recueil des « pitances », etc.,
avec autres menus détails sur l'abbaye et sur son régime,
ses revenus, etc.
Ce recueil était resté complètement inédit jusqu'ici.
XIV
Je n'ai jamais songé, quant à moi, à bouleverser l'ordre
si naturel des neuf chapelles, tel que le présente la Chro-
nique de l'abbaye de Villers, et notamment à désassortir la
série, de la plus importante de ces chapelles, la dernière,
pour la faire passer, par hypothèse, de l'autre côté de l'église
(au point H'" du plan).
(i) Toutes les chapelles de la libte Labvbzt qui forent l'objet d'une
r ^consécration ultérieure, avaient été consacrées une première fois an
xiii* siècle (dont les denz rappelées à propos du B. Boniface de Lansanne).
Ce sont les nM 7, 10, 11, 17, 18 de la dite liste, à laquelle, cela va de soi
pour le rédacteur de la liste, il faut ajouter le maître-autel.
(*) c Titulus literarnm abbaciae Vilariensis », manuscrit donné aux
Archives par M. le conseiller de Bayât, parent d'an des derniers abbés,
Dom Eobert di Bayât (1765-1788).
— 4M —
Je vais parcourir régi i se de Villers, chapelle par chapelle,
en présentant successivement, à chacune d'elles, ce que j'ai
pu amasser de renseignements, pour prouver ce que j'ai
dit (i) à propos du siècle auquel appartiennent les chapelles
septentrionales de l'église de Villers :
«Toutes elles sont du xiii* ».
Oui ! Toutes elles sont, et franchement, du xm\
Je rappelle, d'abord, ce que nous savons par Gramaye,
à savoir qu'elles ont été, toutes les neuf, construites vers la
même époque : « eodem fere omnes tempore » .
J'ajoute un renseignement que me fournil Goulon (?) :
c On fit celte rangée de chapelles en plusieurs fois et, comme
pour l'église, de test à F ouest. La dernière, proche de lavaot-
corps, est terminée par des amorces dénotant l'idée de
prolonger le même œuvre »...
C'est l'histoire de la construction de ces oeuf chapelles,
commencées à Test, et dont la dernière est naturellement à
l'ouest de la série, que je vais tracer : je n'ai qu'à suivre les
neuf numéros, d'après Tordre indiqué par la Chronique
elle-même.
1° Chapelle de la Sainte-Trinité, fondée par Gerlrude de
Bordeal (3) ou de Moriasarl.
Celte chapelle fut consacrée, en 4943, par I'évéque de
Lausanne, le B. Boniface, qui passa la fin de sa vie à
l'abbaye de la Cambre, près Bruxelles.
(1) Ann. Soc. archéol. de Nivelles, VII, p. 3t note.
(•) Voy. supra, XVII, p. 295.
(s) Nom révélé par le manuscrit Labnbm et que portaient, en effet, des
membres de la famille de limai : « René de Limai, dit de Moriasart, dit
aussi de Bourdeal, chevalier. » (Ann. Soc. archéol. de Nivelles, V, p. 31.)
— 418 —
Licot s'était imbu de l'idée d'identifier la chapelle n° 1
avec celle de Saint-Bernard : cette erreur est aujourd'hui
reconnue (t); je m'en voudrais d'insister...
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de cela; mais je rencontre
encore des orties, comme celte phrase : « Rien ne prouve
que Gertrude de Moriasart ait été enterrée en la chapelle de
la Sainte-Trinité » .
Une chose est certaine : la fondatrice qui était majeure,
disposait déjà de son patrimoine en 1243, appartient bien au
xiu* siècle; il serait dérisoire de la classer dans un autre!...
La chapelle n° 1 fut consacrée une seconde fois en 1317,
avec adjonction du vocable des SS. Vierges Marie, Agathe
el Sabine; c'est bien à cet autel que se rapporte, en effet, la
mention, d'après la place où elle est insérée dans le
manuscrit de Malines.
2° Chapelle de Sombreffe, fondée par Rixa de Sombreffe,
qui fut personnellement rappelée dans le Gartulaire cité (i)
(bien des années sans doute après sa mort), comme une
personne « quondam felicis memoriae », dont l'abbé crut
devoir consigner par écrit les suprêmes volontés, pour sup-
pléer à quelque insuffisance d'interprétation.
Cette chapelle fut consacrée, en 1252, par le même prélat
que la précédente, Boniface de Lausanne; elle appartient
donc bien aussi au xiii' siècle dont le prélat cité doit ne pas
avoir vu la fin ; car, dès 1251, en vue de sa mort prochaine,
on le voit réglant ce qui doit advenir de certains biens de
sa succession (3).
(«) laid., VII, p. 55.
(«) P. 62 V (acte de Fan 1318).
(s) P. 35 y° (id. de l'an 1318).
— 416 —
Le manuscrit Houlart présente un croquis des armoiries
se trouvant sur les vitraux de cette chapelle : ce sont celtes
de la famille de Sombreffe, de môme que le blason des
Malève se rencontrera dans la chapelle suivante.
C'est au xui9 siècle que ces deux familles interviennent
pour mêler leur histoire à celle de l'abbaye de Villers ; deux
siècles plus tard, on rencontrait encore, à Villers, un Som-
breffe, époux d'une de Roisin (i).
S0 Chapelle de Malève, fondée par Clémence de Malève,
dame de Rixensart.
Wauters (dont la citation ne s'est pas trouvée vérifiée)
dit que le nom de Clémence de Rixensart est cité dans un
diplôme du milieu du xm* siècle; mais il est exact que le
chevalier Oaniel d'Yssche qui se fit moine à Villers, en
revenant du tournoi de Trazegnies, en 1251, était l'oncle
de celte personne (s).
Le même auteur (dans sa publication faite en commun
avec Tarlier) commet une autre erreur, tout récemment
rééditée : le Carlulaire 182 (3) mentionne, de la manière la
plus expresse, le père de cette Clémence de Malève, comme
défunt (et peut-être depuis de longues années) à la date
de 1393; il ne peut donc s'agir d'argumenter de la date de
(1) Butkens, p. 250.
(1) Clémence de Malève est déjà appelée de Rixensart (comme eUe Test
en effet devenue par mariage avec Henri de Limai); mais il serait inté-
ressant de connaître si le mariage a en lieu antérieurement à Tannée
1251, où la Chronique de l'abbaye parle du chevalier Daniel d'Yssche,
pour le désigner de plus près au lecteur comme « persona grata », à raison
de ses libéralités au couvent. (Voy. Ann. Soc. archéol. de Nivelles, V,
p. 47.)
(5) P. 50 y* : « Pie recordationis dominus Renerusde Malevia quondam
miles noster iidelis ». (Le duc Jean parle déjà en ces termes en 1289.)
sa sépulture pour rajeunir les chapelles septentrionales do
l'église de Villers.
Quant à Clémence de Malève, c'est encore sous ce nom
qu'elle apparaît dans un acte de 1296 (i); mais elle était
morte lors du relevé de 1315-1317.
On est, en vérité, destiné ici à des surprises : Si la cha-
pelle n° A va faire apparaître un défunt qui, à en croire son
épifaphe, s'est survécu d'un siècle, la chapelle n° 3 nous
montre l'inverse : un personnage porté comme décédé
trois ans avant sa mort, et non pas des moindres, Rase
de Grez (a), porte-bannière de Brabanl à la bataille de
Woeringen, enterré à l'abbaye de Villers, en 1318, comme
le porte son épitaphe (conservée au Musée du Cinquan-
tenaire, à Bruxelles)... tandis que — nul n'en a fait la
remarque, bien qu'elle saute aux yeux — le relevé de 1315-
1317 mentionne ledit Rase de Grez comme enterré à Villers,
de même que Clémence de Malève et le père de celle-ci.
Voilà des contradictions, telles qu'en entraîne la tenue
au courant, à jour, de tout ce qui est éphémérides...
4° Chapelle de Cracovie, fondée par deux chanoines
polonais, Herman et Pierre, plaisamment transformés par
Wauters, à l'aide d'un changement de lettres, en napo-
litains (de Draconara, en Pou il le).
(«) Cartutaire 182, p. 52 ▼*.
(t) Wautbbb a suggéré à Phbtz une grave erreur {Monumenta Germ*
hist.y XXV, p. 213), en transformant le héros brabançon, Rase de Grez,
en Rase de Gavre : les Grez (de Gravio) et les Gavre étaient deux familles
bien distinctes.
Le même Cartutaire, p. 57 (anno 1309), parle de lai sons les noms
on titres Radalphe, Kase, Raes, de Greis, Gréez, «ire de Piétrebais et de
Bergh 11 est cité dans l'acte « ponr la grande affection et dévotion qu'elh
at à dit covent de Villers ».
— 418 —
Ces c concaoici », « co-chanoines » prirent plusieurs
dispositions en faveur de l'église de Villers, où, entre autres,
l'un des deux eut son nom associé à celui du duc de Bra-
banl, pour fondation de pitances (ici, des harengs pour la
table des moines).
L'épitaphe conjointe des deux chanoines, présentée par
Jongelinus, est d'accord en cela avec le texte du manuscrit
Houtart pour la date 1378...
Il y a erreur d'un siècle, et elle est rendue palpable par
le fait que, dans le relevé de 1315-1317, sont déjà notés
par la Chronique les noms des deux chanoines de Cracovie.
L'erreur est rendue absolument évidente par le texte da
Car Lu la ire u° 182 (i), où l'on retrouve mentionné comme
déjà décédé, en 1283, l'un de ces deux chanoines.
11 m'est absolument impossible d'expliquer la concordance
si parfaite de ces deux erreurs (2) : deux copies de la même
date (pour la même inscription), et toutes deux fausses...
Mais, en tout cas, il ne s'agit pas ici de « faire mentir
la pierre funéraire » ; et les copies doivent être rectifiées :
les chanoines polonais, Herman (de Cracovie) et Pierre de
Curtis vivaient dans la seconde moitié du xm* siècle, époque
où, l'un et l'autre, ils furent enterrés dans l'église de Villers.
5° Chapelle de Merlyre (de Mellery) : C'est là que fut
enterré le prêtre Hugues de ce nom, avec son chapelain
(qui, d après le Cartulaire (3), avait nom Jean de Luze).
(1) Cartulaire n* 182, p. 44 v* : anno 1272, Pierre de Cortis, custos,
alors o in plena vita » ; p. 46 v°, anno 1283, Pierre de Courtis « quondam
canonicus et custos ecclesie Cracoviensis ».
(i) Les chiffres romains des deux dates, celle da manuscrit et celle de la
copie de Jongelinus, sont toutes deux MCCCLXXV1II.
(») P. 63.
— 419 —
M. de Prelle (i) nous avait déjà signalé des acles de 1272
et 1274, portant le nom du fondateur de celte chapelle.
Le Cartulaire cité met à même d'y ajouter, comme date, la
Pentecôte 1269 (s).
La Chronique de l'abbaye, sous L'abbé de Geest (1303-
1308), s'occupe spécialement d'actes de Hugues de Mellery,
remontant à cette époque.
6° Chapelle de Jean de Sovrelh ou Soureil : C'est ainsi que
le manuscrit Houlart combiné avec le Cartulaire (3) permet
de rectifier le nom du fondateur de la sixième chapelle, que
la Chronique de Villers avait estropié.
Jehan de Sovrelh et sa femme Marguerite sont portés,
l'un comme l'autre, sur deux parties de la pierre sépul-
crale, mentionnées séparément Tune de l'autre, p. 58 du
manuscrit Houtart.
Tous les deux ensemble figurent dans un acte du mois
de juin 1299, relatif à l'abbaye de Villers.
Dans le même tombeau que Jean et Marguerite de Souvrelh,
fut enterrée, d'après le manuscrit Houlart, une bourgeoise de
Bruxelles, Elisabeth de Cambourne, à propos de laquelle se
présente la contradiction déjà signalée : morte avant 1315-
1317; vivant encore en 1324...
Un fragment de la dalle de Jehan de Sovrelh servait
naguère au jeu de quilles qu'on avait établi au moulin de
l'abbaye (4).
(1) Voy. supra, XXXVIII, pp. 66 et 78.
(1) Cartulaire 182, p. 68.
(*) Ibid., p. 50 ▼•.
(*) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXXVII, p. 224.
— 4M —
Le nom du fondateur correspond à celui d'une localité
du Hainaut : aujourd'hui Souvret.
7* Chapelle de Thomas de Namur, fondée, dit la Chro-
nique de l'abbaye, par un ancien trésorier ■ bursarius » de
l'abbaye.
Cette chapelle est omise dans le manuscrit Houtart, sans
doute parce que, à la fin du xvui* siècle, aucune inscription
n'y était plus lisible.
Thomas de Namur 1
Réponse de trois côtés à la fois :
1° Thomas de Jauche, bourgeois de Namur (i), signataire
en 1389, d'un acte relatif à l'abbaye de Villers. — Mais
il s'agit d'un couple d'époux (la femme s'a p pelant Àlif,
dénommée dans l'acte) ;
2° € Thomas d ictus Cokàrs de Namurco, presbyter Leo-
diensis •, apparaissant dans un acte du 18 avril 1335;
3° Enfin, Thomas de Namur, « quondam bursarius nos-
ter », d'après le relevé de 1315-1317, où il était déjà porté
comme défunt.
Malgré la coïncidence rare des noms, il ne peut s'agir
d'une seule et même personne...
Pourtant la « critique historique > ne trouvera-t-elle pas
à s'exercer pour l'hypothèse d'un registre tenu à jour, où
après 1333 aurait été inscrite la mention relative?
Il n'est pas interdit de le supposer; dans ce cas, la chapelle
n° 8 présente de la latitude comme date jusqu'en 1343,
huit ans plus tard...
(•) Cartulaire n* 182, p. 61 v°.
— . «1 —
8° Chapelle de Mont-Saint-Guiberl.
Cette chapelle a été présentée récemment comme étant la
vraie et seule chapelle Saint-Bernard* créée en 1899 par
l'abbé Henriou, pour servir de réceptacle aux reliques du
monastère et en outre à quelques sépultures ou monu-
ments (t) d'élite; je résume mon opinion sur cela : la
chapelle n* 8, chapelle qu'on peut appeler de second plan,
n'a pu être et n'a pas élé choisie pour remplir le rôle
important de « chapelle d'honneur », de • sacellum pro-
prium ». Ce qu'elle était au xme siècle, lors de son établis-
sement, une chapelle accessoire, elle l'est restée au xvie, et
même, peut-on dire, son caractère secondaire s'est encore
accentué; car, après l'an 1640 (époque où écrivait Jonge-
linus), on s'est servi de cette chapelle pour y remiser ce que
les profanes pourraient appeler les « accessoires hors de
service » , les dalles des abbés de Bornai et de Franea retirées
des cloîtres (*).
La chapelle de Mont-Saint-Guiberl est la dernière des
huit chapelles annexées à l'église après sa construction (la
neuvième étant le n° 9, également adventice, mais construite
dans l'œuvre même).
Est-ce que peut-être ce n° 8 ne daterait pas des temps de
(i) J'admets parfaitement, parmi les « monumenta » de cette chapelle,
de simples pierres commémoratives : telles sont sans doute les épitaphes
introduites dans la chapelle d'honneur « eere capelle », par l'abbé Henrion,
en souvenir de son père et de sa mère ; pas un mot n'y est dit de leur
dépouille même; il y est seulement parlé de « décoration et d'ornement »
de l'église.
(«) Jongelinus qui écrivait en 1640, mentionne ces deux dalles comme
se trouvant, de son temps, dans le cloître; or, d'après le manuscrit
Houtâbt, à la fin du xviir9 siècle, elles étaient déjà dans la chapelle
n* 8, où eUes avaient donc été transportées depuis.
— 4M —
l'abbé Bernard de Mont-Saint-Guibert, après lesquels ses
parents, Jean du même nom, sa sœur Marie et sa nièce
Marguerite seraient intervenus dans la fondation de la
dernière chapelle destinée à occuper l'espace encore dispo-
nible?
Je sais fort bien que ce n'est là qu'une supposition ; mais
elle s'appuie sur la longévité des deux dames de Mont-Saint-
Guibert, dont l'une, déjà mentionnée dans le relevé de
13IK-1317, vivait encore en 1343, comme le porte son
épilaphe.
J'en conclus à la possibilité (même, le dirai-je, à la proba-
bilité) de la fondation de la chapelle n° 8, postérieurement à
la quintuple fondation du 27 juin 1280; il ne s'agirait plus
que de compléter la série des chapelles septentrionales,
par une neuvième qui ne peut guère être indiquée avec cer-
titude, faute de renseignements catégoriques sur chacune
des autres.
9" Chapelle du Portique c in porticu sublus ». Cette
chapelle a été fondée par Gobert de Bioul qui vivait de
1210 à 1266, et par Matthieu Piéloul (ou de Pituel), dont
on retrouve des traces jusqu'en 1279.
C'est bien certainement la chapelle désignée par le n* 16
de la liste Laenen, Tune des cinq consacrées le 27 juin 1280,
parmi lesquelles doit se classer fort probablement encore
telle ou telle autre des chapelles n°* 3 à 8 du plan.
Pour moi, il ne s'agit pas un instant d'hésiter à reconnaître
dans la chapelle n° 9, celle qui fut aménagée en 1S99, par
l'abbé Henrion, pour y loger les reliques du monastère et
trois monuments ou cénotaphes en l'honneur de ses parents
et de lui-même. J'ai dit assez longuement mon avis sur ce
— 425 —
point et je n'y reviendrai point, d'autant plus que ce qui est
proposé pour jouer le rôle de c nona capella in portion
subtus > , n'est pas une chapelle, mais seulement un autel (i)
et que pour la faire entrer en ligne de compte comme
neuvième, il faut la déplacer et la porter fictivement
de l'autre côté de l'église, où elle perd son numéro
d'ordre...
La chapelle n° 9 fait exception aux huit autres en ce
qu'elle a été bâtie c dans œuvre » , c'est-à-dire en utilisant
les murs de l'édifice lui-même, et non pas en logeant l'espace
à clore entre les contreforts. Elle est donc indépendante des
autres chapelles quant à l'époque de sa construction, et,
comme les documents l'indiquent, fut commencée par une
personne vivant dans la première moitié du xui* siècle, et
terminée par une autre pendant la seconde moitié.
Celte intervention successive de membres de familles bien
distinctes laisse supposer qu'à un moment donné, la fondation
primitive aura été jugée ou sera devenue insuffisante et que
des tiers auront été appelés à y suppléer (a).
Gobert de Bioul était un grand personnage de la Cour de
Brabant, apparenté à la famille ducale; il figure dans une
série considérable d'actes, surtout de 1239 et 1246, qu'il
n'est nullement téméraire de rapporter à l'époque où la
c nona capella in porticu subtus » , n'avait pas encore été
consacrée au culte de S. Bernard, nouvelle preuve qu'il ne
s'agit pas de chercher cette chapelle en H'"...
Matthieu Piétoul (Pietol, de Pituel), et son épouse Helwide
(i) Ann. Soc. archéol. de Nivelles, VII 1, p. 7.
(i) Voy. supra, XXXV11I, p. 68.
— 434 —
(611e de Henri de la Joncherie), figurent ensemble dans on
acte du mois de mai 1367, relatif à l'abbaye de Villers (i).
XV
L'histoire des tombeaux de l'église de Villers pourrait se
diviser en plusieurs paragraphes bien distincts : on vient
d'en lire un dont le point de départ serait l'autorisation
papale de 1234, citée ci-dessus.
Le point de départ d'un nouveau paragraphe serait le
moment où l'on vient de bâtir la chapelle de Mont- Sain t-
Guiberl (voir au plan, n° 8), c terminée par des amorces
dénotant l'idée de prolonger le même œuvre » (s)y et où l'on
abandonne brusquement celte idée pour laisser désormais
interrompue la construction des chapelles latérales.
Nous avons ainsi atteint l'abbatiat de Jacques de Plan-
cenois (1317-1329) : à partir de ce moment, on ne nous
parle plus des chapelles septentrionales; elles sont achevées
et les amorces de tantôt, restées « pendantes », montrent
bien qu'on a renoncé à y ajouter aucune construction nou-
velle. .
Aussi est-ce, non plus de chapelles adventices à bâtir sur
les flancs de l'église, c'est seulement des chapelles orientées
qu'on va nous reparler : il y a là deux de ces chapelles
(voir au plan, lilt. Eet G) qu'on trouve disposées au mieux,
pour servir en même temps à des sépultures d'élite : dans
(i) Cartulaire n° 182, p. 42 v°.
(•) Voy. supra, XVII, p. 295.
— m —
la première, on enterre le moine Anselme de Samme, et
deux femmes de sa famille; dans la seconde, on admet
l'abbé Jean de Bruxelles, le premier abbé qui ait été enterré
dans l'église de Villers (i) et, comme dans l'autre, on enterre
une femme, la mère de l'abbé...
— Ici, un détail épisodique que le lecteur m'en voudrait
de ne point lui signaler en passant :
Celte mère de l'abbé Jean de Bruxelles apparait deux
fois dans le Gartulaire n° 189, une première fois comme
c relicta Johannis dicto Frisonis, oppidani Bruxellensis »,
une seconde fois comme c dicta des Yrisen » (évidemment
le même nom).
Or, Jongelinus ne pouvant se rendre compte de ce bizarre
des Yrisen (peut-être Van de Vrisen, pourquoi pas?;, avait
disposé d'autre façon les lettres du nom, et la mère susdite
avait fini par s'appeler Elisabeth de Surisen...
Le Gartulaire cité rapporte une libéralité de celle personne,
grevée d'un de Profundis à réciter sur la tombe de l'abbé
cité et de sa mère, par le prêtre ayant célébré au maitre-
autel et retournant à la sacristie pour y déposer les vêtements
sacerdotaux.
Celle mère d'abbé, enterrée dans l'église, rappelle le sou-
venir d'une autre, dont le nom a été prononcé pour la
première fois par le précieux manuscrit Houlart : Àleyde
de Rotselaer, mère de l'abbé Gérard de Louvain (1443).
Celte personne avait été honorée d'une dalle sépulcrale qui
a été retrouvée dans la chapelle n° 8 (de Mont-Saint-Guibert)
(i ) « Notandum esse primura abbatem in ecclesia sepultum ». (MS. 7777
do la bibl. de Bourgogne, p, 3).
— 4*6 —
avec deux autres dalles d'abbés dénommées ci-dessus : de
Borna le et de Franea, qui toutes deux, en 1640, au temps
où Jongelinus fil paraître l'ouvrage où il s'occupe des tom-
beaux de Vil lers, se trouvaient encore dans les cloîtres et,
par conséquent, non encore transportées dans l'église.
CONCLUSION
Je m'interromps ici et j'ajourne la suite : je veux attendre
l'effet que pourra produire mon équation : narlhex = cha-
pelle Saint-Bernard.
Jusqu'ici, pas un mot à ce sujet dans la « littérature »
relative à Villers d'avant le xix* siècle, soigneusement
passée en revue : le narlhex de l'église n'y est pas même
dénommé (i); c'est à peine si on y parle du caveau sous
le porche, et tout à fait en passant...
Mais je me suis engagé (*) vis-à-vis du public spécial que
cela intéresse, à démontrer la nécessité de lire le précieux
manuscrit Houlart comme il a été écrit, c'est-à-dire en
commençant par le commencement, et en ne faisant pas
intervenir la proposition de modifier l'ordre des feuillets,
avant les pages 55 et 56 qui — cela ne fait pas pour moi
l'ombre d'un doute — ont été intercalées là par erreur et
mal raccordées au surplus.
Je vais me borner à renforcer ici ma « réduction à
l'absurde » de la proposition — selon moi, absolument
(t) Je n'ai guère rencontré que M . Osw. Van dvr Bbbqhb qui en pro-
nonçât le nom.
(t) Ann, Soc. archéologique de Nivelles, VIII, p. 54.
— va —
inadmissible — d'assimiler la chapelle Saint-Bernard à celle
de Monl-Saint-Guibert (n° 8 du plan).
Je répète en résumé ce que j'ai déjà eu occasion de dire
à ce sujet (i) :
Impossibilité de montrer, dans la dite chapelle n° 8,
I'« arcade » sous laquelle D. Guy ton (s) y décrit le tombeau
des Saints du monastère ;
Impossibilité même d'entre-apercevoir la chapelle en ques-
tion, de la porte d'entrée de l'église par où Gramaye,
Sanderus et Papebroch introduisent, et sous laquelle tout
spécialement le manuscrit Houtart fait passer le visiteur en
attirant ses yeux sur l'inscription du frontispice;
Impossibilité de tracer, tirée du chœur de l'église (où la
chapelle Saint-Bernard est décrite à la fin du xviii' siècle),
une ligne droite, passant par cette même chapelle n° 8;
Impossibilité de justifier, toujours pour celte chapelle n* 8,
les dénominations de « sacellum proprium » (3), de c eere
ca pelle (4). »
Impossibilité d'ailleurs, sans recourir à des circonlocutions
sentant l'huile, d'expliquer comment la phrase « première à
gauche en entrant dans l'église par la porte principale » ,
pourrait bien concerner une chapelle qui est, non pas à
l'entrée, mais obliquement à quinze mètres du seuil, et
même qu'on ne peut apercevoir de ce seuil, à raison du
(t) Ibid.
(1) Ibid., VII, p. 122.
(s) Chapelle propre, c'est-à-dire spécialement affectée aux reliques du
monastère et à quelques sépultures d'élite.
(4) Chapelle d'honneur, où après 1640, Ton aurait encore admis des
pierres tombales adventices! Voir ce que j'en dis Ann. Soc. archéoL de
Nivelles, VUI, p. 55.
— 448 —
premier pilier de la nef qui y intercepte la vue... Peut-on
se figurer les Gramaye et consorts appliquant l'image hardie
de venir à la rencontre (« occurrere t), à une chapelle
c en retraite sur la nef et vers laquelle le visiteur doit
fortement obliquer pour la rencontrer lui-même (0? *
Je me borne à ajouter ici quelques observations locales
complémentaires :
Je répète ce que j'ai dit au sujet de la translation des
reliques du monastère dans la chapelle de Saint-Bernard,
opérée en 1599, par l'abbé Henrion. Un contemporain, bien
certainement un moine de Villers, y décrit en détail la
cérémonie :
... Fratrum comitante caterra,
Robertus prosul, latitantibus abdita terris,
Dena Beatorum, trans templum, oorpora cinxit (t).
Celle expression trans templum est caractéristique; c'est
plus que c outre »; c'est absolument : de t autre côté; cela
implique en quelque sorte l'idée : « Qu'il n'en soit plus
question ! Passons à autre chose > ...
Gela est peut-être bien un peu subtil, et cependant je ne
puis me défendre de mon impression toute pareille à propos
de deux autres passages où je vois très clairement qu'il
s'agit, comme dans le passage relatif à ce c trans templum » ,
d'un endroit qui, tout en faisant partie de l'église, est décrit
comme en étant pour ainsi dire indépendant, ce qui cadre
0) Db Pbelle db la Nieppb, /. cit., p. 82.
(«) « Le prélat, accompagné en cortège par les moines, transporte, par
delà le temple, les reliques des Bienheureux, retirées de leur obscure
cachette sous terre ».
— 4*9 —
parfaitement avec la notion de portique, simple annexe du
monument, tout en en faisant partie intégrante.
Ces passages, tous deux contemporains de l'époque où
l'église était encore « en èlre », sont :
1° Les délices des Pays-Bas (i) : « Église de Villers...
On y conserve, dans une chapelle, les ossements de dix
Bienheureux de Tordre de Saint-Bernard qui y furent solen-
nellement placés en 1590 (1599). »
3° Inventaire du 5 vendémiaire an V : « Dans l'église,
un mausolée de marbre noir, dans la chapelle de Saint-
Bernard. »
On pourra sans doute épiloguer sur les mots ; mais, tout
ou moins, on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il ne s'agit pas là
de la chapelle de Mont-Saint-Guibert...
APPENDICE.
Au moment même où je termine la correction des épreuves
de l'article ci-dessus, M. l'abbé Laenen, archiviste de l'arche-
vêché de Matines, l'archéologue distingué qui m'a commu-
niqué l'original du bref pontifical décernant à la B. Julienne
de Cornillon le titre de t Sainte» (i), découvre et s'empresse
de me communiquer encore, et tout spontanément, un autre
document qu'il a trouvé dans son important dépôt : une
Séries abbatum Villariensium, résumé de la Chronique de
l'abbaye. Cette « Séries » se distingue des documents
similaires, en ce que le rédacteur (du commencement du
(i) Ann. Acad. roy. d' arche ol. de Belgique, LU (1900), pp. 420 et 440.
— 430 —
xviii' siècle) a spécialement choisi pour consigner cela à
part, tout ce qu'il a trouvé de détails sur la position des
autels et des tombeaux de l'église de Villers, comme sur
certains déplacements dont ils ont été l'objet.
II y a là des renseignements très importants et il est fort
intéressant d'en publier à part, dès à présent, des extraits
relatifs à ces indications (t).
SERIES ABBATUM VILLARIENSIUM
(Ex tabulario archiepiscopatus Mechliniensis).
... 12. — B. Nicolaua abbas. Jacet sepultus Villarii in Capitule,
directe ante sedile Abbatis, ubi appositum fuit monumentum ex
lapide caeruieo.
13. — B. Arnulphus de Lovanio. Sepultus est immédiate juxta
fenestram Capituli foris. Et super eum est plantata vinea, ne processu
temporis effoderetur.
14. — D. Walterus de Geldonia. Anno 2° regiminis ejus, in festo
Su Mauritii, ipsa hora qua Salvator noster in Cruce pependit, erecta
est Crux magna Conversorum in qua reliquise sanctœ plures conti-
nentur. Sepultus est in Capitulo immédiate ad dexteram Beati
Nicolai, 12°" Abbatis Yillariensis.
15. — D. Nicolaua de Hannut. Sepultus est in Capitulo, immé-
diate ad sinistram Beati Nicolai lî™1 abbatis Yillariensis.
16. — D. Joannes de Saint-Gery. In Capitulo sepultus est.
17. — D. Bernardus de Monte-Sancti-Guiberti. Anno 3° regi-
minis ejus in festo Inventionis Su Stephani, erecta est crux ferrea
argento cooperta super pinnaculum frontia Ecclesite Yillariensis
(0 Le surplus importe moins.
— 431 —
occidentalis, in qua plures reliquiae continentar. In Capitulo sepultus
est.
18. — D. Aibericu, abbas. Hic, anno 2° regiminis aui plorimo-
ram utriusque sexus Beatorum ao sanctitate illustrium corpora rétro
altare summum reposuit, inscriptione quadam addita.
19. — D. Arnulphus de Gestele. 8epultus est Villarii in Capitulo.
20. — D. Jacobus de Somalia. Sepultus est in Coemiterio rétro
Gapitulum versus Sacristiam. Anno au te m 1651°, lapis sepulcralis
ejua translatus est in 8acello Sli Bernard i, per D. Robertum de
Namur, Abbatem 50um.
La Séries, après cela, jusqu'en 1333, ne présente pas
d'autre particularité utile à noter ici, sinon quant* au nom
du 25e abbé (Jean de Maldere?) qu'elle appelle Jean de
Malrez.
Au 30* abbé, la Séries reprend intérêt :
30. — D. Joannes de Bruxella. Sepultus est in Ecclesia Villa-
riensi, in sacelio S1" Catharinœ et Virginibus sacro. Primus hic
Abbas fuit Villariensis, in ecclesia Villariensi sepultus.
31. — D. Joannes de Steenberghe. Est in Capitulo Villariensi
sepultus.
32. — D. Albericus de Genappia. Sepultus est in Capitulo
Villariensi.
33. — Joannes de Franea. Sepultus est rétro fenestram mediam
Capituli Villariensis, versus ambitum.
34. — D. Nicolaus de Brigode. Sepultus est in Capitulo Villa-
riensi.
35. — D. Martinus de Hoyo In Capitulo Villariensi sepultus est.
Rien de spécial à propos de l'abbé 36e, Jean de Holers.
87. — D. Ottbo. Sepultus est in Ecclesia Villariensi ante altare
Apostolorum Pétri et Pauli.
— 432 —
Les deux abbés suivants n'ont donné lieu à aucune obser-
vation spéciale qu'il y ail lieu de relever ici.
40. — D. Walterus de Asca. Hic a monasterio Binderen rever-
tendoin Parco Dominaram prope Lovanium vitafunctus est... Inde
in Villarium rectus est et in Capitnlo sepultus.
41. — D. Franco Oalaber. Obiît Loranii, Inde Villarium vectus,
in Capitulo sepultus est.
49. — D. Joannes de Campernoille. In domo de Wildere obiit.
Corpus ejas post obitum ex Wildere fuit in Villare translatum et
in Capitulo sepultum.
43 (|), — J). Philibertus Naturelle Mechliniae obiit, atqoe Villa-
rium adrectus, magna pompa sepulturœ traditus est juxta ehorum
ad latus altaris Angelorum.
44, — D. Dionysius a Zeverdonck Lovanii obiit Corpus ejus
Villarium adveclum in medio ebori sepulturœ traditum est, cui
tumulus hon or i ficus appositus est. Anno vero 1706, abbatiaante
D. de Camargo, tumulus ejus de medio ebori translatus est et posîtus
prope parvam sacristiam, dictam S. Caroli, ubi etiamnum extat
quod utique factum est ad Ecclesiœ condecorationem, dum chorus
novo pavimento stratus est.
45. — D. Dionysius de Spina. Sepultus est in Sacello SS. Trini-
tatis, quod tune extabat in templo Villariensi, in loco ubi jam est
sacristia parva dicta S. Caroli, ad cornu epistolœ altaris predicti
sacelli, prope locum in quo jam extat illias Àbbatis tumulus (biffé :
nempe in angulo), nam anno 1706, dum ibidem positisunt quatuor
tumuli, motus est parum tumulus D. Dionysii de Spina, et collocatus
est prœcise in angulo ubi nunc jacet.
(i) A ce numéro correspond, dans la réalité, le temps ou Jean Reginald
de Mallet fut abbé de Vi liera, par commande, et où mourut son successeur
D. Philibert Naturelle.
— 433 —
46. — D. Matthias Hortebeeck. Sepultus est in ingressu Capituli
Villariensis, ubi estât ejus tumulus cum epitapbio legibili continente'
diem et annum obitus ejus.
47. — D. Franciscus Vleyschouwere. Sepultus est ad introitum
cbori infra odeum (biffé : ubi ejus in memoriam exigu am tune...
cum epitapbio poni curavit D. Robertus Henrion, immediatus ipsi
successor). D. Henricus Vanderheyden, Abbas Villariensis, 49mi (cujus
abavunculus erat prœdictus Franciscus Vleyschouwere, in abavunculi
et abantecessoris sui memoriam (un mot biffé) tumulum pulcherrimum
confici curavit, qui positus fuit in navi Ecclesiœ Villariensis (en
marge : a parte ambitus collationis), fere inter duas primas columnas
naris versus chorum, parum versus médium navis, ante altare
8S. Martyrum. Sed anno 1706, ejus tumulus translatas est ac
positus prope parvam sacristiam dictam S. Caroli : quod factum est
ad Ecclesiœ condecorationem ut pavimentum novum apponeretur.
48. — D. Robertus Henrion. Sepultus est in Ecclesia Villariensi,
in sacello Sli fiernardi, ante altare in loco ubi stat sacerdos missœ
introitum dicens, atque ibidem ejus tumulus jacet.
49. — D. Henricus Vander Heyden. Sepultus in navi Ecclesiœ
Villariensis, fere inter duas primas columnas chori seu odeo proximas,
parum versus médium navis, a parte sacellorum, ante altare Sancta-
rum Ânnœ et Mariae Magdalenœ, ubi positus fuit ejus tumulus, qui
anno 1706° est translatas prope sacristiam parvam dictam Su Caroli
ob ecclesiœ condecorationem.
50. — D. Robertus de Namur. Sepultus est Villarii in Ecclesia
infra cam panas, ubi tumulus ejus positus fuit. Scd anno 1706°,
dum nempe chorus pavimento novo stratus est, tumulus ipsius
translatus est et positus prope sacristiam dictam Sli Caroli, ubi
etiamnum jacet.
La communication ci-dessus est des plus intéressantes et
j'en remercie vivement l'auteur : il y a là des détails précieux
— 434 —
sur la position relative des autels et des chapelles de l'église
abbatiale de Villers, el l'on ne pourra plus écrire sur ce
sujet, sans avoir soigneusement étudié la Séries.
Que de mutations, de translations de tombeaux, etc., ce
relevé fait connaître, indépendamment de la plus importante,
celle du monument du duc Jean III, transporté du côté de
PË pitre (manuscrit Hou tari)...
Un détail qui a excité chez moi une vive surprise nous
apprend, sous l'abbé Robert de Namur (1647-1653), la
translation de la pierre sépulcrale de l'abbé de Bomalia
dans la chapelle Saint- Bernard...
D'où l'on va, sans doute, s'empresser de conclure que
ladite pierre se trouvant aujourd'hui même dans la chapelle
nc 8, celte chapelle 8 est, par le fait, identifiée avec la
chapelle Saint- Bernard...
Eh bien! non! je maintiens, et de la manière la plus
absolue, que la chapelle Saint-Bernard est au n* 9, où les
témoignages formels de Gramaye, Sanderus, Pape broc h, el
enfin le manuscrit Houtart, lu comme il doit l'être, constatent
formellement sa présence : « dans la première chapelle à
gauche, en entrant dans l'église » (notion qui est la résul-
tante des textes unanimes de tous les auteurs cités).
Voici sans doute ce qui a eu lieu :
L'abbé Robert de Namur (i) aura conçu l'idée de réunir
dans la chapelle Saint-Bernard tous les souvenirs sépul-
craux des anciens abbés. En effet, ce n'est pas seulement la
(t) Le Séries, en attribuant la translation à la date 1647-1653 est
confirmée indirectement par le témoignage de Johoklinus, qui, en 1640,
décrit comme étant encore dans les cloîtres, les dalles des abbés de Bomale
et de Franea.
— 435 —
dalle de l'abbé de Borna le (d'après le manuscrit Houlart)
qu'on a retrouvée en la chapelle 8; c'est, en outre, d'après
le manuscrit Houtart, la dalle pareille de l'abbé de Franea
(1347-1349).
On dirait même que l'exécution de la pensée pieuse de
réunir les souvenirs funéraires des anciens abbés, s'est
étendue jusqu'aux membres de leurs familles, puisque nous
retrouvons, d'après le manuscrit Houtart, dans la chapelle
n° 8, la dalle de la mère de l'abbé Gérard de Louvain
(1433-1446).
Les dalles abbatiales auront donc été placées par l'abbé
de Namur, dans la chapelle Saint-Bernard (mon n° 9) et
nullement dans la chapelle de Mont-Saint-Guibert (n° 8).
Mais en 1697 et en 1705, à la mort des deux abbés Moniot
et Gupis de Camargo, il s'est agi de prendre des mesures (i)
pour faciliter leur enterrement qui eut lieu dans la chapelle
Saint-Bernard...
Dès lors les dalles de Bomale, de Franea, etc., devenaient
des embarras, et il n'y avait plus qu'à en < désencombrer »
la chapelle Saint-Bernard...
C'est là précisément le rôle que, par hypothèse, ci-dessus,
j'ai assigné à la chapelle n° 8 : « remiser les accessoires
hors de service » . Voy. supra, XIV, n° 8...
S'il en est ainsi, j'imagine difficilement ce qu'on eût pu
faire de la chapelle de Mont-Saint-Guibert (n° 8), juste la
plus rapprochée, sinon transporter là même, les dalles des
(i) A voir dans le Théâtre sacré du Brabant les dimensions énormes de
U dalle de l'abbé de Camargo, on admettra que o'est bien là le mot juste,
dans le sens propre.
— 436 —
deux abbés dont le manuscrit Houtarl y signale la présence...
L'objection devient un argument à l'appui...
Qu'ai-je encore besoin, après cela, de demander où, dans
la chapelle de Monl-Saint-Guiberl, on trouverait bien une
place pour le tombeau de l'abbé Henrion, c in loco ubi slat
sacerdos miss© introitum dicens »?...
H. SCHDERMAIIS.
Erratum. À la pi. II, dans le compartiment G (italique),
le chiffre 0,78 doit être substitué à 0,85.
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^JCff. ç/û£J Ztzveœux en mceUenjZej&eutâts Zêin&ej csl.
Stt?e sasef&Zafe/t/té&s eéjngéauuer&J eZitee /reirtZUre- jr&izae .
H.M.
Ûmpslle ou AU/rr»£X .
X
. X écrende
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SÉANCES
îles 7, 14, 21 et 28 novembre; des 5, 12, 19 et 24 décembre 1908.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1° Les dessins de vitraux à placer dans réalise de Saint- écu»*
Saint-Quentin,
Quentin, à Hasselt (Limbourg). Certaines figures sont trop VSSïïïî"
courtes. Il y aura lieu de les allonger d'abord par le haut
pour que les barbes ne soient pas coupées parla barlotière;
ensuite par le bas pour qu'elles ne fassent pas l'effet de
reposer sur les fers. Le soubassement ne doit pas nécessai-
rement se terminer à la barlotière inférieure; il peut rester
en dessous. Pour les fonds, l'artiste fera bien de s'inspirer
des vitraux de la même époque qui décorent la cathédrale
de Bourges. L'attention de l'auteur, M. Osterrath, a aussi
été appelée sur la convenance d'examiner s'il ne vaudrait
pas mieux représenter Saint-Hubert en costume d'évèque ;
— 438 —
d«%iM 2° ^C Proiet ^e placement de vitraux peints dans l'église
YiinM. je Heppen (Limbourg), sous réserve qu'au cours de
l'exécution l'auteur, M. Bardenhewer, représentera Saint-
Lambert porteur du camail;
* T«r 3° ^e ProJet de viraux à placer dans l'église de Terwagne
Variai.
(Liège); auteur, M. Ladon;
aihunie 4° Le projet relatif à l'exécution de deux vitraux pour la
v.inai. claire-voie du chœur de la cathédrale de Bruges (Flandre
occidentale); auteur, M. Coucke;
wfôriUta* *° ^es dessins de deux vitraux peints à placer dans le
viirMK. chœur de l'église de Wulveringhem (Flandre occidentale),
sous la réserve de revoir les soubassements des verrières,
de modifier le ton de la toge de Saint-Edouard et d'harmo-
niser davantage l'ensemble de la coloration, qui n'est pas
suffisamment équilibrée; auteur, M. Dobbelaere;
^«■6 6° Le projet relatif au placement d'un vitrail dans la
Avuraili!M' ^apelle de l'Ange gardien de l'église des Minimes, à
Bruxelles ;
Égiue 7° Les projets de vitraux et de statues à placer dans
eTiutM l'église de Pepinster (Liège) ; peintre verrier, M. Ladon;
sculpteur, H. De Beule;
*§«•• 8" Le projet relatif au chemin de la croix à placer dans
<e€u?rô%. l'église de Baelegem (Flandre orientale), à la condition qu'au
cours du travail l'auteur, M. De Beule, réduise l'importance
des cadres des stations.
M» — Il a été procédé, le 30 octobre 1903, à l'examen des
à» Deux-Acren.
Peinlorec
airole».
peintures murales exécutées à titre d'échantillon dans le
chœur de l'église de Deux-Acren (Hainaul).
Le travail a été fait conformément aux plans soumis
précédemment à la Commission.
— 439 —
La tonalité générale est harmonieuse : dans le style du
dessin et l'étude des détails, l'artiste a fait preuve de
connaissances archéologiques dont on doit souvent regretter
l'absence dans les travaux modernes de ce genre.
Il y a lieu d'approuver ce travail et d'en autoriser la
continuation duns le transept de l'église, conformément aux
esquisses présentées antérieurement.
— Par dépêche du 24 juin 1872, un subside total de rifii» primaire
9,000 francs a été promis, sur les crédits des Beaux-Arts, **in**<«-
à l'église primaire de Notre-Dame, à Saint-Trond (Lim-
bourg), pour des peintures à exécuter dans la dite église,
dans la nef du côté de l'Ëpitre. Ce subside devait être liquidé
en trois fois, chaque fois un tiers.
Les deux premiers tiers ont été liquidés en 1872 et
en 1875. Le second tiers a été liquidé à la suite d'une
demande du conseil de fabrique, du 4 décembre 1874. Dans
cette demande, le conseil de fabrique faisait connaître que
toutes les peintures étaient achevées, sauf celles de la
chapelle de la Sainte-Croix. Le troisième tiers ne devait
être liquidé qu'après achèvement des peintures delà chapelle
de la Sainte-Croix et qu'après approbation de cette déco-
ration par la Commission royale des monuments.
Il résulte d'une inspection à laquelle il a été procédé, le
3 novembre 1903, que tout le travail décoratif prévu est
terminé et qu'il a été effectué avec soin. Dans ces conditions,
rien ne s'oppose à ce que le Déparlement de l'Agriculture
liquide le troisième tiers du subside total de 9,000 francs
qu'il a promis pour cette entreprise.
— L'inspection de l'église de Cambron-Casteau (liai- gfiùede
r ^ Catnhroa-Catleau
naut), qui a eu lieu le 26 novembre 1903, a été mise à ViirtM-
— 440 —
profit pour examiner les vitraux peints exécutés par
M. Ladon pour les diverses fenêtres de l'édifice.
Ce travail décoratif est entièrement achevé. Son exécution
ne laisse rien à désirer au point de vue artistique. En
conséquence, il peut être donné suite à la liquidation do
subside alloué, sur les crédits des Beaux-Arts, en vue de
cette entreprise.
tifitM — Il a été procédé, le 7 décembre 1903, à l'examen des
d'RoofstractM.
Tapmeriet. tapisseries anciennes que possède l'église de Sainte-Cathe-
rine, à Hoogstraeten.
M. Van Leemputten, membre du Comité des correspon-
dants de la province d'Anvers, assistait à cet examen.
Ces tapisseries, qui remontent à la première moitié du
xvi6 siècle, sont au nombre de cinq : trois représentent des
scènes de la vie de Sainte-Élisabelh de Hongrie; les deux
autres des scènes de la vie de Saint-Antoine. Ces œuvres
constituent sans doute un don du comte Antoine et de la
comtesse Elisabeth de Lalaing, qui les ont fait confectionner
en l'honneur de leurs patrons. C'est aussi à leur générosité
qu'on doil la construction de la magnifique église d' Hoog-
straeten dont la tour majestueuse porte leurs initiales et la
date 1546.
L'une des tapisseries représentant la vie de Saint-Antoine
a été mutilée : la partie centrale en a été enlevée et les
parties restantes ont été rattachées bout à bout.
Quoi qu'il en soit, ces œuvres d'art sont des plus remar-
quables. Naturellement, les couleurs ont un peu pâli par
l'usage, mais l'expression des figures et la beauté des
costumes ne laissent rien à désirer. Les bordures sont inté-
ressantes par l'élégance et la simplicité du dessin.
— 441 —
Ces tapis, tissés de laine et de soie, sont quelque peu
endommagés; on y remarque certains trous causés sans
doute par des rongeurs lors du séjour des tissus dans la tour
de l'église, où ils ont été retrouvés autrefois.
Le travail de restauration, qui est devenu urgent, devra
toutefois être borné au strict nécessaire, c'esl-à-dire à de
simples mesures de consolidation et de conservation. Il
importera de ne le confier qu'à des mains habiles qui y
apporteront tout le respect et toute la prudence que corn*
portent ces ouvrages remarquables de notre ancienne
industrie nationale.
— En octobre 1902, le conseil de fabrique de redise de *«"*
^ ° de Saint-Martin,
Saint-Martin, à Liège, a soumis officieusement à la Gom- iLoXo
mission un projet de décoration picturale du chœur de cet pi€lanl6a
édifice.
L'ensemble de ce projet a paru bien compris et suscep-
tible d'être transmis à l'approbation des autorités compé-
tentes par la voie administrative. Toutefois, la Commission
a émis l'avis que l'auteur, M. Tassin, devrait exécuter un
panneau à titre d'essai et qu'elle le ferait ensuite examiner
par des délégués à l'effet de s'assurer si l'entreprise peut
être continuée dans ce sens.
L'essai demandé a été effectué. Il a été examiné le
10 décembre 1903, de concert avec Mgr Schoolmeesters,
membre du Comité provincial des correspondants. Il résulte
de cet examen que le travail déjà exécuté est très satisfai-
sant. Il y aurait lieu toutefois, si possible, d'apporter quel-
ques corrections au cheval et à la figure de Saint-Martin.
Ces derniers sont bien, mais ils ne semblent pas aussi étudiés
que le reste de la composition. En conséquence, on ne voit
— 44* —
rien qui s'oppose à ce que l'entreprise soit poursuivie.
Les stalles ornant actuellement le chœur sont de date
moins ancienne que l'édifice; ce sont de simples formes
dépourvues de hauts dossiers. On s'est demandé s'il faut les
remplacer par des stalles nouvelles avec hauts dossiers et
si celles-ci ne devraient pas s'étendre sur toute la longueur
du chœur. Il est incontestable que des boiseries établies dans
ces conditions constitueraient un excellent soutien pour la
peinture historiée des panneaux supérieurs des murs; mais
il .y a lieu de remarquer que le chœur est très profond et
que ce travail de menuiserie donnerait lieu à une dépense
élevée. D'un autre côté, les stalles existantes, toutes simples
qu'elles soient, ne sont pas dénuées d'un certain mérite et
leur aspect d'ensemble est satisfaisant. Dans ces conditions,
il semble qu'on pourrait les conserver telles quelles.
Si ce parti est adopté, il conviendra de donner à la paroi
du mur située entre les stalles et les tableaux de M. Tassin
une décoration très sobre, de façon à laisser à la partie
historiée toute sa valeur.
La partie purement ornementale de la décoration semble
devoir s'arrêter, vers le bas, à l'alignement des banquettes
en pierre qui régnent partiellement à la base des murs.
L'espace entre le sol et cet alignement recevrait un ton uni
soutenu équivalent à celui de la pierre des banquettes. Un
essai dans ce sens devra être pratiqué et soumis à l'examen
d'une délégation de la Commission royale.
L'église de Saint-Martin, telle qu'elle est apparue à la
délégation, avec sa restauration presque achevée, avec ses
magnifiques vitraux et ses meubles des xvi" et xvii* siècle est
l'un des plus beaux spécimens de l'art national : sévère et
— 443 —
plein d'élégance; simple et tout resplendissant de richesses
architecturales. Le vaisseau de la basilique offre des lignes
d'une grande majesté. On y rencontre d'autre part des détails
exquis.
Grâce à ces contrastes qui semblent multipliés comme à
plaisir par les artistes appelés successivement à élever et à
orner celte grande œuvre, celle-ci se classe naturellement au
premier rang. La Commission estime que la basilique de
Saint-Martin, maintenant qu'elle est rétablie dans sa haute
valeur primitive, doit être comprise au nombre des monu-
ments religieux de première classe.
* *
Le rapport suivant a été adressé par la Commission à
M. le Ministre de l'Agriculture, le 23 décembre 1903 :
« Monsieur le Ministre,
» Nous avons l'honneur de vous faire connaître qu'au
cours de la dernière réunion du Comité mixte des objets d'art,
à l'occasion de l'examen de mesures à prendre en vue de la
conservation des peintures de la salle Leys, à l'hôtel de ville
d'Anvers, M. le chevalier Marchai, secrétaire perpétuel de
l'Académie royale de Belgique, a déposé, pour être soumise
à l'avis de notre Collège, la proposition suivante :
> Inviter les peintres qui feront des fresques d'une certaine
» importance à déposer à l'Académie royale des Beaux-
» Arts un billet cacheté renfermant la description de leur
» procédé. Ce billet serait ouvert dans le cas où des répa-
» rations devraient être exécutées aux fresques après la
» mort de l'artiste. »
— 4M —
» M. Marchai nous a remis le texte d'un billet de ce genre
déposé, le 8 août 1850, dans les archives de F Académie,
par le peintre Van Eycken, relatif à son procédé de peinture
à la gutta-percha.
i Nous sommes unanimement d'avis, Monsieur le Ministre,
que celle proposition mérite d'être prise en considération.
Si vous adoptez notre manière de voir, il y aura lieu d'en
tenir compte lorsqu'il s'agira de l'exécution de travaux
importants de décoration monumentale.
» Nous estimons aussi, avec M. Marchai, que cette pro-
position pourrait être insérée dans le Bulletin des Commis-
sions royales tari el d'archéologie.
» Veuillez agréer, etc.
» Le Président,
» (Signé) Ch. Lagasse-de Locht.
» Le Secrétaire,
• (Signé) A. Massaux. »
Se ralliant à l'avis du Collège, M. le Ministre de l'Agri-
culture a estimé y avoir lieu de prendre en considération la
proposition précitée et de l'insérer au Bulletin des Commis-
sions royales dart el d! archéologie.
PROCÉDÉ VAN EYCKEN
POUR LA PEINTURE MURALE A LA GUTTA-PERCHA.
Faire dissoudre au bain-marie dans trois parties, huile de
lin purifiée, une partie gutta-percha. Quand la dissolution
est complète, laissez refroidir celte préparation qui devient
— 445 —
gélatineuse. Au moment de broyer les couleursavec cette pré-
paration, rendez la fluide au point que vous jugerez conve-
nable en y ajoutant à chaud une petite partie d'huile de lin.
Il est à remarquer que celte composition reçle fraîche
pendant plusieurs mois et que son contact avec le mur la
fait sécher au bout de trois jours.
Avantages. — Celle préparation permet de travailler
pendant (rois jours à la même parlie de peinture et nous
donne ainsi le moyen de la terminer complètement, avantage
que n'offre aucun autre procédé. La dessication se fait, du
reste, à volonté, en ajoutant de l'huile siccalive. On employera
sans danger, surtout à l'intérieur, toutes les couleurs dont
on se sert pour la peinture à l'huile. Lorsque la peinture est
sèche, on peut faire usage des glacis soit en mêlant de
l'essence de térébenthine à la préparation, soit en faisant
dissoudre la gutta percha dans l'essence de térébenthine
même, ce qui se fait de la même manière qu'avec l'huile.
Préparation du fond sur le mur. — L'enduit de la pre-
mière couche se compose de chaux hydraulique éteinte à
l'air et bien tamisée. Elle est versée ensuite dans une cuve
que l'on remplit d'eau de pluie filtrée qui doit être fréquem-
ment renouvelée. Tous les jours on a soin d'enlever la croûte
qui apparaît à la surface de l'eau.
Ce travail dure une quinzaine de jours.
Ensuite on mêle à la chaux du sable rude bien lavé et du
gros gravier, ou de la cendre de houille, ou de la brique
pilée, dans la proportion de 1 partie de chaux sur 2 de
gravier ou de sable, etc.
Ce mortier doit être battu journellement pendant quinze
jours.
— 446 —
Ce premier fond doit être très rode, afin de donner
attache à la seconde couche formée de la même chaux, mais
alliée, cette fois, à du sable lavé très fin et à du marbre blanc
en poudre.
IUne partie chaux;
Id. sable;
Id. marbre.
Ce mortier s'applique avec une truelle eu bois. Le mur
ainsi préparé devient d'une excessive dureté et absorbe faci-
lement la couleur. On peut lui donner le grain que Ion
désire, d'après la dimension du tableau.
Opération. — Quand le mur est bien sec, l'on y applique
une couche de cire blanche fondue dans de l'essence de téré-
benthine, que l'on fait pénétrer au moyen du réchaud.
Sur ce fond on peint le tableau.
La couleur y prend facilement; la partie grasse pénètre
et va s'attacher au corps gras qui est en dessous. La gutla-
percha réunit le tout et, couvrant la surface d'un voile
imperceptible, préserve les couleurs de tout agent extérieur
nuisible. Les couleurs deviennent vives sans miroiter en
séchant, tout en conservant leur vigueur à peu près comme
celle de la peinture à l'huile.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Ancienne II a été procédé, le 10 novembre 1903, à l'examen des
Boucherie t
rf'Antert. essais de restauration opères à l'ancienne Boucherie d'Anvers,
en vue de déterminer la limite à assigner aux travaux de
restauration générale de cet intéressant monument.
MM. Bilmcyer, Donnet, Smekens, Van Casier, Van der
— 447 —
Ouderaa et Van Leemputten, membres du Comité prov
des correspondants, assistaient à cet examen.
Des échantillons de restauration ont été effectue!
diverses parties de la construction.
Le mortier mis en œuvre à la façade latérale poi
rejointoyages est un peu trop blanc; par contre,
employé au pignon postérieur est trop bleu. Il f
prendre une moyenne entre ces deux teintes. Ces
échantillons de rejointoyage sont effectués un peu t
fleur des maçonneries; l'adoption d'un léger creux, u
moins accentué que celui pratiqué à la tourelle du p
postérieur est préférable.
Il ne semble pas qu'il soit indispensable d'opén
rejointoyage général des parements ; on devrait plutôt
un rejointoyage en recherche et se borner à bouch<
seuls joints ouverts. Ce parti aurait l'avantage de cons
à l'édifice son aspect vétusté.
Pour les renouvellements à effectuer aux maçonner
est désirable que l'on recherche le plus que l'on pour
vieilles briques et les vieilles pierres afin que les maté
trop neufs ne fassent point tache dans l'ensemble.
Mais faut-il, comme certains le pensent, pousser le
pule jusqu'à briser les coins et les arêtes des pierres nou
pour leur donner l'aspect des anciennes? On ne le
point. Mieux vaudrait alors conserver celles existantes.
a aucun mal à ce que l'on voie que le monument a sul
restaurations nécessaires. Le temps et le climat auron
vite fait d'harmoniser les tonalités.
On a, lors de la visite, soulevé la question de savoir
pierres nouvelles ne devraient pas être bouchardées |
— 448 —
que ciselées; un essai a même été fait séance tenante.
L'examen des anciens parements semble démontrer que
certaines pierres anciennes étaient ciselées, d'autres seule-
ment dressées. La prudence commande de s'inspirer, dans
chaque cas, de la taille primitive des pierres à remplacer ou
des pierres voisines lorsqu'il n'est plus possible de recon-
naître la taille primitive.
À propos de la restauration intérieure de l'édifice, on s'est
demandé s'il faut boucher les petits trous ou éclats qui se
sont produits dans les colonnes en pierre. Les trous ou
éclats d'une certaine importance pourraient être bouchés;
quant à ceux qui ne jouent pas un rôle marquant dans
l'aspect des maçonneries, il vaut mieux ne pas y loucher.
La situation intérieure du monument démontre qu'à l'ori-
gine les murs en briques n'étaient pas crépis; ils étaient
rejointoyés avec soin. Le crépi y a été appliqué après coup.
L'essai de rejoinloyage effectué parait satisfaisant. Les pan-
neaux en briques des voûtes sont très bien maçonnés ; rien
n'empêche de les laisser apparents.
M. l'architecte Van Mechelen, chargé de la direction des
travaux, propose de ménager des vides dans les planchers
des étages supérieurs pour que de la grande salle du pre-
mier étage on puisse voir la belle charpente de l'édifice. Il
semble qu'il y a lieu de laissera l'Administration communale
le soin de résoudre cette question. La Commission royale,
quant à elle, ne voit rien qui empêche de donner suite à
celle proposition.
En résumé, s'il était possible de laisser la vieille boucherie
s'effriter et se ruiner sous l'influence des brumes de l'Escaut,
aux rives duquel ce vieil édifice ajoute tant de poésie, il
— 449 —
faudrait n'y point toucher comme le réclame l'école des
« pittoresques » exclusivistes.
Mais a-t-on le droit de laisser disparaître un aussi beau
spécimen de notre art national sous le prétexte égoïste de
jouir de l'aspect pittoresque de ses ruines? A-t-on le droit
d'empêcher la ville d'Anvers de l'utiliser pendant des siècles
encore dans un but noble : la conservation des archives
communales?
Les réponses à ces deux questions s'imposent à tout esprit
jugeant des choses d'après les faits et non conformément à
des théories préconçues et d'ailleurs fort hypothétiques.
La Commission royale, en approuvant le principe des tra-
vaux entrepris par la ville d'Anvers, ne peut que lui recom-
mander d'apporter une très grande délicatesse, un tact exquis
dans les retouches faites obligatoirement à l'un des plus
beaux et des plus vénérables monuments de la fière métropole.
— Il a été procédé, le 23 novembre 1903, de concert avec ticoie
de bienfaisance
M l'ingénieur Bouckaert, à l'inspection de la cour principale de «wm-Hiben.
de l'école de bienfaisance de Saint-Hubert, à laquelle il est
nécessaire de faire effectuer des travaux de réparation.
M. Sibenaler, délégué du Comité des correspondants du
Luxembourg, assistait aussi à cette inspection.
Certaines traces d'humidité se remarquent à l'intérieur
des bâtiments entourant la cour, spécialement dans ceux
dont les façades sont exposées au sud et à l'ouest.
Celte humidité provient de l'absence de rejets d'eau aux
corniches, cordons, frontons et seuils et de certains joints
ouverts tant dans les parties saillantes en pierre que dans les
parements en briques des façades.
Il ne peut être question d'enlever la couleur rouge
— 480 —
appliquée autrefois sur les parements en briques et encore
moins de la renouveler. Il y a lieu de conserver la situation
actuelle en se bornant à bien rejoinloyer les maçonneries
partout où les joints se sont ouverts et où ils menacent de
s'ouvrir; on ne touchera pas à ceux qui sont en bon état.
Lors du rejointoyage, on s'abstiendra d'empiéter sur les
matériaux. On devra surtout avoir soin, en ouvrant les joints
défectueux, de ne pas les élargir au détriment des matériaux,
malfaçon qui se pratique trop souvent par des ouvriers
inexpérimentés.
Le mortier à employer devra être de toute première
qualité et sa teinte s'harmonisera avec celle du mortier com-
posant les joints à conserver intacts.
Toutes les saillies des corniches, cordons, frontons, etc.,
seront pourvues de rejets d'eau soit en plomb, soit en zinc
n° 46. De petits rejets d'eau en zinc formant un léger bour-
relet à l'extrémité, devront aussi être appliqués sous les
seuils des fenêtres pour écarter les eaux pluviales en empê-
chant leur écoulement sur les parements des murs.
En vue d'éviter que l'humidité ne s'introduise dans la base
des murailles, il conviendra de poser tout autour de la cour
un trottoir composé de trois ou quatre rangs de pavés
' maçonnés au bon mortier hydraulique.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été revêtus du visa :
coMtracUM 4° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à
cl rotlturalios
de prêter*. \yezel, sous Baelen (Anvers); architecte, M. Taeymans;
— 45i —
2° Le projet concernant la restauration du presbytère de
Laneuville-au-Bois (Luxembourg);
3° Le projet de restauration du presbytère de Balàlre
(Namur); architecte, M. Petit;
4° Le projet concernant l'exécution de travaux de répa-
ration au presbytère de Sur- le- M ez (Liège); architecte,
M. Blandot.
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a visé les plans relatifs :
1° A la construction d'une église à Wezel, sous BaelenÉfuMdewet«i.
(Anvers). L'attention de l'architecte, M. Taeymans, a été
appelée sur les murs de l'édifice, dont l'épaisseur parait
insuffisante ;
2° A l'agrandissement de l'église de Marbehan (Luxem- ggtue
bourg); architecte, M. Van Gheluwe;
3° A l'exécution de travaux complémentaires nécessités M*
de Maoage.
par la construction de l'église de Manage (Hainaut) ; archi-
tecte, M. Sonneville;
4° A l'exécution de travaux complémentaires projetés à Égiue
1 * de Sainl-JoMpb,
l'église en construction de Saint-Joseph, à Menin (Flandre iMfUin*
occidentale);
5° A l'exécution d'objets mobiliers destinés aux églises de : objeu usiner.
d églises*
Bertrix (Luxembourg) : chaire à prêcher, chemin de la
croix et sièges pour officiants;
Givroulle, commune de Flamierge (Luxembourg) : mobi-
lier complet;
Limerlé (Luxembourg) : mobilier complet;
Peer (Lira bourg) : autel latéral;
— 454 —
Maoage (Hainaut) : mobilier complet ;
Saint-Norberl, à Zurenborg (Anvers) : maitre-autel ;
Houdrémonl (Namur) : achèvement du tambour de
rentrée principale;
Woodelgem (Flandre orientale) : fonts baptismaux et deux
confessionnaux ;
Somme-Leuze (Namur) : chaire à prêcher;
Saint-Sauveur (Hainaut) : buffet d'orgue.
Étui* — Il a été procédé, à Anvers, le 10 novembre 1903, à
de 8aiot-Aoloin6
dàAû\d«0iT l'examen de l'emplacement qu'on destine à l'église de Saint-
Antoine de Padoue, ainsi que des considérations développées
par le conseil de fabrique en faveur de l'adoption de la dispo-
sition présentée pour l'édifice.
MM. Bilmeyer, Donnet, Van Casier, Smekens, Van Leem-
putten et Van der Ouderaa, membres du Comité provincial
des correspondants, assistaient à cet examen.
L'une des objections formulées par le conseil de fabrique
pour combattre la proposition faite antérieurement de
renoncer à l'acquisition de la propriété Josson pour se
contenter du terrain dont il dispose, porte que • la construc-
» tion sur pareil terrain serait d'abord tout à fait impropre
• aux besoins du culte par suite de sa forme irrégulière,
» ensuite qu'elle serait plus coûteuse comme construction et
» plus tard comme entretien, tant pour les bâtiments que
» pour les toitures. »
Celte objection n'est guère fondée. Une église de forme
irrégulière n'est pas plus impropre aux besoins du culte
qu'une église de forme régulière. Nombre d'églises anciennes
se trouvent dans ces conditions précisément à cause de leur
emplacement, dont il a fallu tenir compte. Elles n'en sont pas
— 453 —
moins belles et pratiques. Rien ne prouve, d'autre part, que
leur entretien soit plus onéreux que celui d'édifices de forme
régulière.
L'examen auquel il a été procédé de la situation des lieux,
a permis de reconnaître que s'il y a impossibilité absolue
d'acquérir une partie du couvent voisin, l'orientation de
l'édifice devient impossible, le chœur sérail adossé à un mur
d'environ 15 mètres de hauteur; il serait absolument privé
de lumière.
D'un autre côté, si la propriété Josson n'était pas acquise,
1 Vglise, tout en étant trop exiguë, se trouverait encore, de
ce côté, accolée à un mur de 18 mètres de haut ; de plus, le
voiM'nage de cet entrepôt constituerait un danger permanent
d'incendie.
L'examen des lieux a aussi démontré que le nouveau
temple ne saurait être érigé à l'endroit même qu'occupe
l'église actuelle et dans la même direction orientée, en
alignement du Marché- aux- Chevaux. Ici encore le terrain
est insuffisant et il est frappé d'une servitude qu'il faut
respecter.
Vu ces considérations et tenant compte que le terrain dont
on dispose aujourd'hui est insuffisant, il faut bien se résoudre
à y incorporer la propriété Josson et, par suite, adopter une
disposition pour le nouvel édifice qui sacrifie la question
d'orientation.
Si telles n'étaient pas les circonstances, mieux vaudrait
adopter la disposition indiquée au croquis joint au dossier
où l'église est orientée et les dépendances placées sur le
terrain tV, y compris le terrain Josson d'une façon très
convenable.
— W4 —
tfii* — H a été procédé, le 4" décembre 1905, à Houffalize
(Luxembourg), à l'examen de l'avant-projct soumis en vue
de l'agrandissement de l'église de celte localité.
L'inspection des lieux a démontré que l'étude présentée
par M. l'architecte Gupper est bien comprise dans son
ensemble; l'auteur a tiré de la situation le meilleur parti
possible.
Toutefois, il serait avantageux de tenir compte de l'avenir
et d'étendre davantage encore l'agrandissement de l'édifice
en donnant plus de largeur au bas-côté projeté, tout en
respectant l'accès et la vue du presbytère contigu à l'église.
Le local projeté pour recevoir les fonts baptismaux est
trop exigu; il importera d'en augmenter la superficie. En
vue de réserver le plus possible la surface destinée aux
fidèles, il serait préférable d'établir la chapelle baptismale
en saillie sur le bas-côté.
M. Gupper devra aussi, au cours de son élude définitive,
rechercher le moyen d'établir les appuis des fenêtres à une
hauteur suffisante pour qu'on puisse adosser au mur nouveau
les lambris, qui devront être enlevés par suite de l'ouverture
d'arcades destinées à mettre en communication le nouveau
bas-côté avec la nef ancienne.
H serait intéressant de profiter des travaux d'agrandisse-
ment projetés pour remettre en évidence la voûte eo
bardeaux de la nef existante.
L'église de Houffalize possède deux tombeaux remar-
quables du moyen âge. Lors de l'exécution des travaux pro-
jetés à l'édifice, il faudra prendre toutes les mesures de
précaution nécessaires pour que ces œuvres d'art ne subissent
aucune détérioration.
— 455 —
— La presse ayant signalé le placement récent au portait £gi»e
sud de l'église de Saint-Jacques, à Anvers, d un lambour en * A,,vc"-
bois d'un caractère peu artistique, il a élé procédé, le
10 novembre 4903, à une visite des lieux, de concert avec
MM. liilmeyer, Donnel, Van Casier, Smekens, Van Leem-
pulten et Van der Ouderaa, membres du Comité provincial
des correspondants»
Le tambour en question est, en effet, d'un aspect assez
mesquin, mais il résulte des déclarations faites par le conseil
de fabrique que ce placement n'a qu'un caractère tout à fait
provisoire. Il n'a d'autre but que de briser la violence du vent
du sud qui s'introduit dans l'église par une rue étroite se
dirigeant directement vers l'édifice. Ce tambour ne restera
en place que pendant la saison rigoureuse; pendant l'été il
sera enlevé. Il ne constitue, en somme, qu'un écran destiné
à mettre à l'abri des courants d'air froid les fidèles placés
dans le transept.
La disposition architectonique de la tribune en marbre
formant portail à l'intérieur du transept constitue une grosse
difficulté pour l'installation d'un tambour définitif; celte
question a été débattue pendant de longues années et finale-
ment on a dû recourir au système intermittent actuel.
En somme, l'installation telle qu'elle est établie dans l'angle
du portail n'est pas de nature à nuire à l'aspect intérieur du
monument et, il faut bien le reconnaître, il eût été difficile
de recourir à un autre système. Néanmoins, on devrait
donner, à cette clôture, dans un avenir prochain, un cachet
plus distingué.
— Il résulte d'un examen auquel il a été procédé, le Égii,eP,
2 novembre 1903, que l'autel placé dans la chapelle de
imaire
— 456 —
NoIre-Dame-des-Sepl-Doulcurs, en l'église primaire de Ton-
gres (Limbourg), a été exécuté d'une façon très satisfai-
sante.
Rien ne s'oppose à ce que le Département de l'Agriculture
liquide le subside qu'il a promis pour la réalisation de ce
travail.
&ifM — Il a été procédé, le 2 novembre 1903, à l'examen du
de Mo|iertt»|ei .
mailre-aulel placé dans l'église de Mopertiogen (Limbourg).
Il résulte de cet examen que le meuble dont il s'agit a été
exécuté dans de bonnes conditions.
En conséquence, il y a lieu de liquider le subside promis
par le Déparlement de l'Agriculture en vue du travail précité.
ÉgiiM — A la demande de M. le curé de Lommel (Limbourg),
de LoommI. ...» .1.1 «
il a cle procède, le 2 novembre 1903, a 1 examen du maître-
autel et du banc de communion placés dans l'église de cette
paroisse.
Il a été constaté que les meubles dont il s'agit ont été
exécutés selon toutes les règles de l'art Par conséquent, rien
ne s'oppose à la liquidation du subside promis sur les fonds
des Beaux-Arts, en vue de la réalisation de cette entreprise.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Le Collège a revêtu de son visa :
Mie *° ^e projet relatif à la restauration des corniches de
l'église de Mall-sur-Geer (Limbourg);
éiiiM 2fc Le projet de travaux de réparation à exécuter à l'église
de Sur-le-Mez (Liège); architecte, M. Blandot;
•etiiie 3° Le projet concernant l'exécution de travaux de répa-
oMODcear ra(|0n ^ |ȣg|jse fo Gossoncourl (Limbourg) ;
de Miill-Mr-Geer.
— 457 —
4° Le projet de restauration de la tour de l'église de G es tel, ecu» de Gciei.
sous Meerhoul (Anvers); architecte, M. Taeymaos;
5° Le projet de restauration de l'église de Balàlre(Namur) ; Un»
architecte, M. Petit;
6° Le projet relatif à la restauration de la toiture de redise , Jt"» f
■ • ° de WilUapoif.
de Willaupuis(Hoinaut); architecte, M. Glerbois;
V Le projet de reconstruction des glacis de la tour de M*
l'église de Bisseghem (Flandre occidentale); architecte,
M. Garette;
8° Le projet de restauration de l'église de Laneuville-au-^^Mjj^^
Bois (Luxembourg) ; ■*•
9° Le projet relatif à la restauration des fenêtres de l'église W«* do
de Wulvcringhem (Flandre occidentale) et au rétablissement
des meneaux dans deux fenêtres du chœur de cet édifice;
architecte, M. Vinck;
10° Le projet de travaux de réparation à effectuer à Égii«edeci«»i*.
l'église de Gielle, sous Marcour (Luxembourg) ; architecte,
M. Laloux;
11° Le projet de restauration du plafond de la grande nef deBo^Jiycren
de l'église de Bois-d'Acren (Hainaut); architecte, M. Depor-
temont;
12° Le projet concernant des travaux de réparation à ^SSîoi.
exécuter à l'église de Buzenol (Luxembourg);
13° Le projet de restauration de l'église de Houdrémont *§«••
r J ° de llovdrémont.
(Namur), sous les réserves suivantes : le rejoinloyage sera
opéré à l'extérieur et à l'intérieur tel que le propose l'archi-
tecte, au moyen de bon mortier; à l'intérieur les murs reste-
ront non crépis pendant un certain temps, afin que les
maçonneries aient le temps de sécher; les couches de gou-
dron prévues pour précéder le crépissage intérieur seront
I I.IO»
— 438 —
remplacées par de l'asphalte. Il est probable que pour l'exté-
rieur un bon rejointoyage suffira pour préserver les murs de
l'humidité; l'expérience le démontrera. Par conséquent, il
est utile de n'y appliquer aucun enduit pour le moment; son
.- effet serait désastreux au point de vue architectural. Si, plus
tard, il est reconnu qu'un enduit extérieur est indispensable,
il importera, en tous cas, de ne pas l'asperger de sulfate de
fer; architecte, M. Joostens;
CfiiM 14° Le projet relatif à la restauration de l'église protestante
proto»Untt,
B^ttou1', Sl'se rue ^e 'a Boutique, à Anvers. Il y aura lieu, au cours de
à a»™». |*exécution des travaux, de tenir compte des recommanda-
tions formulées par le Comité provincial des correspondants.
La Commission se rallie aussi au vœu des correspondants de
voir restaurer la façade principale dès que les ressources le
permettront et, si possible, de reproduire la charpente primi-
tive. Enfin, l'attention des autorités compétentes est appelée
sur la convenance d'examiner s'il n'y aurait pas oppor-
tunité de profiler des travaux projetés actuellement pour
ouvrir les fenêtres inférieures de la nef; architecte, M. Van
Dyck ;
EgiiM 15° Le projet relatif à l'exécution de divers travaux à
d« Sainl-Hubert.
l'église de Saint-Hubert (Luxembourg). Avant de passer
à l'exécution du trottoir longeant les murs de l'édifice,
l'architecte, M. Capronnier, devra en soumettre un croquis
accompagné d'un profil transversal;
complet 16° Les comptes des travaux de restauration exécutés
d« travaux
* "#££!"■ aux églises de :
Notre-Dame, à Anvers : exercice 1902;
Saint-Gommaire, à Lierre (Anvers) : exercice 1902;
Sainl-Rombaut, à Malines (Anvers) : exercice 1902.
— 439 —
— Au cours d'une inspection qui a eu lieu le 2 novem- ékkm
bre 1903, la Commission a reconnu à l'église de Hern-
Saint-Hubert (Limbourg), une importance artistique et
archéologique suffisante pour qu'il y ait lieu de la ranger
dans la troisième classe des édifices monumentaux du culte.
— Il a été procédé sur place, le 2 novembre 1903, à U*-
r r <l«Zcpp*eo.
l'examen du projet relatif à la restauration de l'église de
Zepperen (Limbourg).
Il résulte de cet examen que le projet présenté est bien
compris et qu'il y a lieu d'en autoriser l'exécution.
La Commission estime toutefois qu'il n'y a pas lieu d'éta-
blir une glace dans la voûte de la tour; il est préférable de
laisser le trou ouvert et de le proléger par un garde-corps.
Le Collège demande aussi que, dans le cours des travaux,
la nouvelle chapelle des fonts baptismaux soit terminée
carrément vers l'ouest.
La visite de l'édifice a démontré :
1* Qu'un tambour est nécessaire à l'entrée, sous la tour,
pour éviter les courants d'air ;
2° Qu'il est indispensable d'établir les arcs-boulants pro-
jetés pour neutraliser la poussée des voûtes hautes sur les
murs goutlcrots, lesquels s'inclinent visiblement vers l'exté-
rieur. Du reste, des amorces et des arrachements ainsi que
les robustes contreforts des bas-côtés indiquent que ces
arcs-boulants ont existé ;
3* Qu'il n'y a nul inconvénient à ce que le porche latéral
sud soit supprimé; c'est une ajoute postérieure qui n'a
aucune valeur artistique;
4° Que la petite porte latérale nord, déjà condamnée et
presque disparue, est inutile.
à*
— 4«0 —
Mm — À la demande du conseil de fabrique de Merckem, il a
Mercàtm.
été procédé, le S novembre 1903, à l'examen des quatre
gros piliers de l'église paroissiale, à l'effet de déterminer le
mode à employer pour les restaurer.
) M. Van der Mersch, membre du Comité des correspon-
dants de la Flandre occidentale, assistait à la visite.
II résulte de l'examen des maçonneries mises à nu que les
piliers en question étaient autrefois cantonnés de demi-
colonnes tant vers la nef centrale que vers les nefs latérales
et que ces demi-colonnes se répétaient à l'opposite contre les
murs latéraux nord et sud ; leurs fondations existent encore.
Il n'y a pas, à l'église de Merckem, de transept propre-
ment dit; mais la travée qui le remplace s'accuse à l'exté-
rieur par des pignons et à l'intérieur par une plus grande
largeur que les travées voisines.
Les fondations signalées ci-dessus et les arrachements des
maçonneries démontrent qu'il y a eu là des arcades connues
dans la Flandre maritime sous le nom de ponts ; ces arcades
auront été démolies lorsque l'édifice a été remanié aux siècles
derniers. De nombreux exemples de ce mode de construction
existent encore dans le voisinage. Il y a lieu de rétablir la
situation primitive. Toutefois, la maçonnerie au-dessus des
arcs devra s'arrêter à la hauteur des corniches, de façon à
conserver visible la perspective des voûtes en bardeaux. Il
n'y a pas d'exemple que ces maçonneries s'élevaient jusqu'aux
voûtes.
II semble que les arcades dont il s'agit, type tout à fait
spécial à la région, n'avaient d'autre but que de simuler à
l'intérieur de l'église le transept également simulé à l'exté-
rieur.
— 461 —
Le tore des bases et l'astragale des chapiteaux des colonnes
en pierre blanche du vaisseau ont été abattus; il importera
de les remplacer. Il a été question, au cours de la visite, de
les rétablir au moyen de ciment métallique par mesure
d'économie. Une opération de ce genre n'est pas à conseiller;
l'église de Merckem offre une valeur artistique suffisante
pour mériter une restauration sérieuse. Il conviendra de
remplacer ces moulures par parties au moyen d'une pierre
analogue à celle ayant servi à la construction.
La nouvelle sacristie est presque achevée. Le chéneau qui
la couronne est trop élevé et trop lourd, son profil laisse à
désirer; cette partie de la construction devra être modifiée.
Les lambris qui entourent les nefs et les autels n'ont pas
la moindre valeur artistique. Rien n'empêche d'autoriser le
conseil de fabrique à les aliéner s'ils constituent un obstacle
à l'exécution des travaux de restauration intérieure du monu-
ment.
— L'inspection de l'église de Saint-Martin, à Liège, à gg»M
i ni »» 'l'i.jxi' i *% de 8tinullirlint
laquelle il a ete procède, le 10 décembre 1903, de concert àLW**-
avec M*r Schoolmeesters, membre du Comité provincial des
correspondants, a été mise à profit pour examiner des échan-
tillons do restauration pratiqués récemment aux bases de
plusieurs colonnes en pierre de cet édifice.
Ces échantillons ont paru bien compris cl rien n'empêche
de poursuivre ce travail indispensable à toutes les bases
mutilées d'une façon barbare aux siècles derniers.
II est à remarquer toutefois que la taille adoptée est trop
fine et trop régulière ; il y aura lieu, dans la suite du travail,
de se rapprocher plus étroitement de la taille des pierres
anciennes, restées intactes, des colonnes.
I
II
— 463 —
Toutes les bases ont des moulures différentes; M. l'archi-
tecte Froment en a relevé les restes avec la plus grande
précision et a élaboré les projets pour le rétablissement de
chacune d'elles. Ces dessins semblent susceptibles d'être
adoptés. Ils ont été revêtus du visa.
ÉcKttde — A la demande de l'Administration communale de
Cambron-Cutoan
Cambron-Casleau, il a été procédé, le 26 novembre 1903, à
l'inspection des travaux de restauration de l'église de celte
localité.
MM. Devillers, Hubert et Sonneville, membres du Comité
des correspondants du HainauL, assistaient à cette visite.
Les travaux de restauration et d'appropriation de cet
édifice sont terminés. Leur exécution a été faite avec soin.
Les ouvrages effectués ont eu pour conséquence de rendre à
cet intéressant édifice ses dispositions primitives tout en
assurant sa conservation.
L'église de Cambron-Casleau, dont la construction
remonte au xui* siècle, a été rangée à bon droit dans la
troisième classe des édifices monumentaux du culte. C'est
un beau type de petite église de village; intéressant autant
par sa silhouette pittoresque que par des qualités de grande
simplicité, on peut le citer comme modèle d'inspiration aux
architectes chargés de l'élaboration des plans d'églises
rurales.
Bien que de proportions modestes, ce temple offre cepen-
dant, par sa triple nef et sa massive tour carrée, l'allure
d'une grande construction. Il est heureusement disposé sur
un coteau élevé et domine de la façon la plus pittoresque la
petite agglomération.
Les autorités locales, mues par un sen Liment qui les
— 463 —
honore, n'ont pas hésité à entreprendre un travail de restau-
ration considérable pour leurs modiques ressources et ont
su, parleur persévérance, le mènera bonne fin. On ne peut
que les louer de la solution heureuse à laquelle elles sont
parvenues. Ces félicitations s'adressent aussi à M. l'architecte
Sonneville, qui a apporté son talent et ses soins à la réali-
sation de l'œuvre.
La Commission a prié M. le Ministre de l'Agriculture de
vouloir bien transmettre ses vives félicitations aux adminis-
trations locales de Cambron-Casleau par la voie hiérar-
chique.
— Le projet soumis en vue de l'exécution de travaux de M"
r * de Brugeltlte.
restauration.au chœur de l'église de Brugelelte, a fait l'objet
d'un examen sur place, le 36 novembre 1903, de concert
avec MM. Devillers, Hubert et Sonneville, membres du
Comité des correspondants du Hainaut
Le projet présenté est bien compris; il peut être adopté.
Pour les meneaux à rétablir dans les fenêtres de l'abside,
l'auteur du projet, M. Marit, devra avoir soin de reproduire
très exactement le tracé et les proportions des réseaux qui
existent encore dans la fenèlre bouchée au fond de l'abside,
un peu de lourdeur se remarquant au tracé du réseau dans
le projet soumis.
Le changement proposé à une partie de la plate-forme
couvrant la sacristie, en vue de dégager le bas des fenêtres
du chœur, devra être modifié au cours de l'exécution des
travaux : le mur postérieur de la sacristie a visiblement été
prolongé, après coup, jusqu'à sa rencontre avec l'abside. II
suffirait de démolir ce bout de mur inutile pour obtenir un
dégagement très convenable du chevet. Par ce moyen on
— 464 —
éviterait de prolonger la plate-forme contre une partie impor-
tante de l'un des pans coupés de l'abside. D'autre pari, il est
probable que le mur primitif séparant la sacristie du chevet
existe encore, l'angle clôturé ayant été converti en armoire.
Le devis estimatif des travaux projetés porte que les
pierres extérieures du chœur seront nettoyées au moyen de
la brosse d'acier. Un tel nettoyage serait plus nuisible
qu'utile; il y a lieu d'y renoncer. D'ailleurs, les pierres en
question n'ont besoin d'aucun nettoyage.
Le chœur de l'église de Brugelette remonte à la dernière
période ogivale; la nef a été construite en I83i, dans le
style classique. Si cet édifice n'a pas une valeur artistique
marquante, par contre il renferme un certain nombre
d'objets d'art intéressants parmi lesquels on peut citer :
Plusieurs monuments funéraires renaissance des plus
curieux érigés à la mémoire de membres de la famille de
Jauche-Mastaing;
Le bénitier gothique en pierre, aux armes de Jauche-
Maslaing, placé dans le portail ;
La cuve baptismale gothique également en pierre ;
Une croix de procession en argent, du xve siècle ;
Un ostensoir en argent doré avec pierres incrustées,
portant les armoiries de Jauche-Maslaing;
Une lampe en argent avec inscription et la date 1 647 ;
Un encensoir en argent de date plus récente ;
Un ornement sacerdotal portant d'anciens médaillons
brodés qui semblent avoir subi des réparations;
Un appareil de lumière en fer forgé dont la tige parait
remonter au xvi6 siècle. Il a reçu des ajoutes modernes.
C'était probablement, à l'origine, un chandelier pascal;
— 465 —
De nombreuses pierres tumulaires, demi plusieurs inté-
ressent l'histoire locale, sont encastrées dans le pavement de
l'église et dans les murs du cimetière.
Le Secrétaire,
À. Massaux.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
le Président,
Ch. Lagasse-de Locut.
NÉCROLOGIE
La mort vient de creuser un nouveau vide au
sein de la Commission royale des monuments :
M Edmond-Henri-Joseph REUSENS
» »
CHANOINE HONORAIRE DE L EGLISE METROPOLITAINE
DE MALINES
PROFESSEUR ÉMÉRITE
A L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN
Membre de la dite Commission
est décédé à Louvain le 24 décembre ipo3.
Trois discours ont été prononcés à la maison
mortuaire le jour des funérailles, le premier par
M. l'abbé Maere, professeur d'archéologie à
l'Université, successeur de M. le chanoine Reu-
sens; le troisième par M. S. Bormans, admi-
nistrateur délégué de l'Université de Liège et
professeur à cette Université, au nom de la
Commission royale d'histoire.
Nous reproduisons celui prononcé, au nom de
de la Commission royale des monuments, par
M. Lagasse-de Locht, président de ce Collège.
c Messeigneurs (i)9 Messieurs,
» La Commission royale des monuments, en perdant le
chanoine Reusens, se trouve privée d'un collaborateur de
premier ordre.
» Fidèle à nos séances hebdomadaires, se dévouant aux
nombreuses et fatigantes inspections qui se font, par tout le
pays, dans l'intérêt de la science el de l'art, notre cher
collègue a été un laborieux, durant les vingt années de son
passage au milieu de nous.
» Il avait conquis une grande place, grâce à ce travail
constant, à son activité silencieuse, si l'on peut dire ainsi;
grâce à la connaissance approfondie de sa spécialité. Il y
a voué la plus grande partie de sa belle carrière, soit dans
la chaire professorale, soit dans des ouvrages qui sont clas-
siques.
» Voici une autre qualité bien rare de la haute person-
nalité de Reusens. Versé, comme il l'était, dans l'archéo-
logie, il ne quittait qu'avec répugnance le champ préféré de
ses labeurs pour jeter sur les cultures voisines un coup
d'œil qui eût été celui d'un maitre, s'il l'avait voulu.
» En faut-il un exemple? L'iconographie compte pour
beaucoup dans la science du peintre verrier. Les sujets qu'il
traite à la plus grande gloire du sanctuaire et pour
(«) M*r Hebbelynck, recteur magnifique de l'Université catholique de
Louvain.
Ms* Coenraets, Yice-recteur.
— 469 -
l'instruction du peuple, ne se disposent point au hasard de
l'imagination, quoiqu'il appartienne à chaque artiste de les
interpréter à sa manière. Reuscns était un guidé sûr en
cette matière délicate. Il eût pu l'èlrc aussi au point de vue,
delà correction du dessin; de l'jnicnsilé, de la tra'oslucidité
et de l'harmonie des couleurs; de la juste entente des motifs,
architecturaux. Il a une grande part, à côté die maître Jean
Bethune, pour ne signaler que les morts, dans la rénovation
de l'école belge des peintres sur verre. A celte heure, elle]
dépasse toutes les écoles du continent et peut-être celles.de
l'Europe, et du monde entier.
» Cependant, même en ce qui concerne les vitraux
artistiques, Rcusens se défiait de sa vaste érudition. Il la
soumettait sans cesse au contrôle de son jugement positif,
fin, très sûr.
> De temps ;i autre, nous l'obligions à recevoir, chez
lui, un peintre verrier encore inexpérimenté, alin qu'il lui
donnât, dans l'intimité, des conseils appuyés sur ses grandes
connaissances et sur les nombreux documents dont, en
bibliophile pratique, il s'était rendu possesseur. Encore un
coup, il ne cédait à nos instances qu'à son corps défendant.
» Solidement établi sur son domaine, il n'aimait point
les incursions dans celui des artistes. Il avait un profond
respect pour la liberté artistique.
» Sur le chapitre complexe de la restauration des monu-
ments, ses idées étaient nettes et pourtant très larges.
Homme de goùl, il se taisait devant la beauté. Son émotion
ne se traduisait, le plus souvent, que par quelques contrac-
lions des lèvres, précipitant et accentuant le. sou file de la
respiration.
— 470 —
» L'aspect pittoresque des ruines lai plaisait, sans te
séduire; y sacrifier plus que de raison n'eût pas convenu
à la pondération de son talent. I! était l'ennemi des exagé-
rations et des systèmes préconçus.
» Les Iraces de polychromie découvertes dans les monu-
ments antiques, dans ceux des origines et des beaux siècles do
christianisme faisaient de lui un partisan de l'ornementation
picturale des églises. Toutefois, il partageait l'opinion de
ceux qui demandent, avant tout, de bons peintres pour faire
de boones peintures.
» Par celte rapide esquisse, nous espérons montrer toute
l'importance du vide creusé au milieu de nous, en ces jours
douloureux d'une brusque séparation d'avec notre regretté
et émioenl collègue.
• Tandis qu'on disserte sur l'accord ou sur la prétendue
opposition de la science et de la foi» des hommes, comme
Reusens, offrent à la jeunesse le noble exemple d'une vie
consacrée à la science vraie et profonde, à la foi sincère et
obéissante. Savants, ils travaillent en parlant peu. Chrétiens,
ils le sont avec modestie.
• L'un de ces hommes complets, membre illustre de
l'Institut de France, aécrit ces mots qui achèvent, semble-t-il,
de caractériser la physionomie du cher défunt :
• Je ne suis pas assez antiquaire pour croire que l'avenir
» du christianisme consiste dans la restauration de tel ou
i tel ancien étal des choses, quels que soient les noms qui
• le recommandent; pas plus que je ne suis assez conscr-
» valeur pour trouver que tout ce qui est doit indéfiniment
» continuer d'être. Saint Pierre n'a 'pas l'idée de jeter l'ancre,
» ni de ramener sa barque dans le sillage effacé qu'elle
• traçait autrefois sur les (lois. Duc in altum. C'est au large
> qu'il va, fidèle au commandement du Christ. ■ (i)
• Prosternés aux pieds du Divin Maître, nous Le prions
humblement, cher collègue, de transfigurer voire vie de
savant et de prêtre dans la lumière pure et ravissante de
l'éternelle Beauté. ■
(i) Les Églises séparées, par Mes Duchjmip, de l'tastitat. Préface,
pp. YII-VI1I.
TABLE DES MATIÈRES.
Paget.
Liste des membres effectifs et correspondants de la Commission
royale des monuments en 1903 .5
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver*
baux des séances des mois de janvier et de février 1903 . 13
Commission royale des monuments. — Correspondance avec la
Société nationale pour la protection des sites et des monu-
ments en Belgique 41
Actes officiels 61
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mars et d'avril 1903 . . 63
Rapport sur les recherches et les fouilles faites en 1897, en 1898
et en 1899, au profit de la section de la Belgique ancienne des
musées royaux du Cinquantenaire, par M. le baron Alfred
de Loë 89
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mai et de juin 1903 . . .135
Actes officiels 169
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de juillet et d'août 1903 . .171
Actes officiels 215
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de septembre et d'octobre 1903 . 219
Rapport sur les travaux du Comité de la section artistique de la
Commission royale des échanges internationaux pendant
l'année 1901, par M. Henry Rousseau 235
— 474 —
Pagn.
Commission royale des monuments. — Séance générale prépara-
toire du 10 octobre 1903 253
Commission royale des monuments. — Assemblée générale et
réglementaire du 12 octobre 1903. Présidence de M. Lagassk-
dbLocht 255
L'Église de l'abbaye de Yillers, par M. H. Schcermans . 581
Commission royale des monuments. — Résumé des procès- ver-
baux des séances des mois de novembre et de décembre 1905. 437
Nécrologie 467
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PLANCHES.
L'Église de i'abbaye de Yillers, pi. I, II et III . . . . 436
1
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