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Full text of "Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie"

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LISTE 



DES 

MEMBRES EFFECTIFS ET CORRESPONDANTS 

DE LA 

COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS 

EN 1891 



MEMBRES EFFECTIFS : 



Président : M. Wellens (F.), à Bruxelles. 
Vice- Présidents : MM. BALAT(A.)et Piot(C), à Bruxelles. 



Membres : MM. Baeckelmans (F.), architecte, à Anvers. 

Betaert (H.), architecte, à Bruxelles. 
De Curte (L.), architecte, à Bruxelles, 
Fraikin (C.-A.)i statuaire, à Bruxelles. 
Helbig(J.), archéologue, à Liège. 
Helleputte (G.), architecte, à Louvain. 
Pauli (A.), architecte, à Gand. 
Portaels (J.), artiste peintre, à Bruxelles. 
Recsens (E.), chanoine, archéologue, à Louvain 

Membre et secrétaire général : Bousseau (J.), à Bruxelles. 
Secrétaire adjoint : Massaux (A.)r 



BULLETIN 



DES 



COMMISSIONS ROYALES 



D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE. 



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1 COMMISSIONS ROYALES 

D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE. 



BULLETIN 



BRUXELLES 

IHPnnlEBIB DE V e JULIEN BABXTSOKS , 8UCC' DE BOLS-WITTOUCK 

5, GranATlace, 5 



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LISTE 

DES 

MEMBRES EFFECTIFS ET CORRESPONDANTS 

DE LA 

COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS 

EN 1891 



MEMBRES EFFECTIFS : 



Président : M. Wellens (F.)i à Bruxelles. 
Vice- Présidents : MM. Balat(A.)cI Piot(C), à Bruxelles. 



Membres : MM. Baeckelmans (F.), architecte, à Anvers. 

Beyaert(H.), architecte, à Bruxelles. 
De Curte (L.), architecte, à Bruxelles, 
Fbaikin (C.-à.)i statuaire, à Bruxelles. 
Helbig (J.), archéologue, à Liège. 
Helleputte (G.), architecte, à Louvain. 
Pauli (à.), architecte, àGand. 
Portaels (J.), artiste peintre, à Bruxelles. 
Recsens (E.)> chanoine, archéologue, à Louvain 

Membre et secrétaire général : Rousseau (J.), à Bruxelles. 
Secrétaire adjoint : Massaux (A.). 



-=- 6 



COMITÉS DES CORRESPONDANTS : 

ANVERS. 

Président : M. le Gouverneur de la province* 

Membres : MM, Blomme (L.), architecte provincial, à Malines. 

Dierickx, échevin de la ville de Turnhout. 
Docajo (L.), statuaire, à Anvers. 
Mast (E.), archéologue, à Lierre. 
Schadde (J.), architecte, membre de V Académie 

royale do Belgique, à Anvers. 
Smekens (Th.), président du tribunal de première 

instance, à Anvers. 
Van Caster, abbé, archéologue, à Malines. 
Van der Ouderaa, artiste peintre, à Anvers. 

Membre-Secrétaire : Génard (P.), archiviste, à Anvers. 



BRADANT. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 
Vice- Président : M. Waîiters (A.), archiviste de la ville de Bruxelles 

Membres : MM. Bordiau (G.), architecte, à Bruxelles. 

Coulon (E.), architecte provincial, à Bruxelles. 
De Groot (G.), statuaire, à Bruxelles. 
Delvigne, chanoine, archéologue, curé de Saiut- 

Josse-lcn-Noode. 
Hanon, archéologue, à Nivelles. 
Jamaer, architecte de la ville, à Bruxelles. 
Janlet, architecte, à Bruxelles. 
Janssens(W.), architecte, à Bruxelles. 
Slinoeneyer (E.), peintre d'hieioire, à Bruxelles. 
Van Even (E.), archiviste de la ville, à Louvain. 
Van Ysendyck, architecte, à Bruxelles. 



— 7 — 



FLANDRE OCCIDENTALE. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 

Membres : MM. Béthune (F.)» chanoine, à Bruges. 

Bktiicne (baron), archéologue, à Ooslroosebeke. 

De Getnb (L.), architecte, à Cou ri rai. 

De Lff Censerie (L.) } architecte de la ville, à 

Bruges. 
De Meyer, docteur en médecine, à Bruges. 
Vandermbrscu (A.), secrétaire de l'Académie royale 

des Beaux-Arts, à Bruges. 
Van Rdymbeke, archéologue, à Courlrai. 

Secrétaire : Desmedt (B.), directeur au Gouvernement provincial, 
à Bruges. 



FLANDRE ORIENTALE. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 

Vice-Président : M. Canneel (T.), artiste peintre, directeur de 

l'Académie royale des Beaux-Arts, à Gand. 

Membres : MM, Béthune d'Ydewalle (baron J.)r archéologue, 

à Gand. 

De Ceuleneer, professeur à l'Université de Gand. 

Serrure (E,), architecte de la ville, à Saint-Nicolas. 

Van Assche (A.), architecte, à Gand, 

Van Biesbroeck (L.), statuaire, professeur à l'Aca- 
démie des Beaux-Arts, à Gand. 

Vanderhaegen (F.), bibliothécaire à l'Université 
de Gand. ♦ • . 

-Veriiaegen (A.), archéologue, à Gand. 

Wagener^A.), administrateur-inspecteur de l'Uni- 
versité de Gand. 

Secrétaire adjoint : De Landtsiieer (J.). chef de bureau à l'Admi- 
nistration provinciale, à Gand. 



— 8 — 



HMNAUT. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 

Vice-PrésiJent : M. Broqukt (A.), commissaire d'arrondissemenl, 

à Ath. 

Membres : MM. Bourlard, arlisle peintre, directeur de 1* Académie 

des Beaux-Arts, à Mon?. 
Bruyenne (J.)» arcliilecte, à Tournai. 
Cador (A.), archilocle de la ville, à Charleroi. 



Devillers (L.), archiviste de l'Etal, à Mons. 
Hubert (J.), archilcete de la ville, à Mons. 
Lecendre, arlisle peintre, directeur do l'Académie 

des Beaux-Arts, à Tournai. 
Van Bastelaer (D.), archéologue, a Marcinellc. 



LIEGE. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 
Vice-Président : M. Vierset-Godin, architecte, à Huy. 

Membres : MM. Bormaks, administrateur inspecteur de l'Université 

de 1 État, à Liège. 
Drion (M.-P.), directeur de l'Académie royale des 

Beaux-Arts, à Liège. 
Henrotte, chanoine, à Liège. 
Lohest (P.), archéologue, à Liège. 
Renier (J.), arlisle .peintre, à Vcrviers. 
Schdermans (II.), premier président de la Cour 

d'appel à Liège* 

Secrétaire adjoint : Ancenot (H.), greffier provincial, à Liège. 



— 9 — 



LIMBOURG. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 

Membres : MM. Claes (C), artiste peintre, à Tongrcs. 

Couqroit (J.)» statuaire, professeur à l'Académie 

des Beaux- Arts, à llassell. 
De Grûnne (comte G.), conseiller provincial, à 

Itusson. 
Scuaetzen (chevalier 0.), membre de la Chambre 

des représentants, à Tongres. 
Van Neuss, archiviste, à Hasselt. 

Membre-Secrétaire : De Borman (chevalier G.), membre de la 
Députalion permanente, à Schalkhoven. 

Secrétaire adjoint : Nelissen (E.), chef de division à l'Administration 
provinciale, à Hasselt. 



LUXEMBOURG. 

Président : M. le Gouverneur de la province. 

Vice-Président : M. Pety de TnozrëE, à Grune. 

Membres : MM. le P. Goffinet, membre de l'Institut archéolo- 
gique d' Arlon. 

Kurth (G.), professeur d'histoire à l'Université 
de Liège. 

Mathelin, ancien professeur d'archéologie, à 
Bastogne. 

Tandel (E.), commissaire d'arrondissement, à 
Arlon. 

Van de Wyngaert, architecte provincial, à Arlon. 

Wilwart, archéologue, à Amonines. 



— 10 — 

NAMUR. 

Prisaient : M. le Gouverneur de la province* 

Membres : MM. Bequet (A.)* archéologue, à Namur. 

Bonet (L.), arlisle peintre, à Belgrade (Flawinne). 
Boveroullk, archileclo provincial, à Namur, 
Dardenne, régcnl à l'école moyenne de l'Elut, 
à Andcnne. 

Del Maruol (E.) 9 archéologue, à Monlaiglc 
(Sommière). 

De Ramguès, inspecteur provincial des chemins 
vicinaux, à Namur. 

Legrand, chanoine, directeur de l'école Saint- 
Louis, à Namur, 

Soreil, archéologue-architecte, à Maredret. 



COMITÉ SPÉCIAL DES OBJETS DABT 



Président : M. Balat (A.), architecte, à Bruxelles. 



MEMBRES a . 

MM. Fraikin (C. A.), statuaire, à Bruxelles. 
Pauli (à.), architecte, à Garni. 
Piot (C), archéologue, à Bruxelles. 
Portaels (J,), arlisle peintre, à Bruxelles. 

Memhrc-Senéiaire : Rousseau (J.), à Bruxelles. 



COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS-VEBBA.UX. 



SÉANCES 



des 3, 10, 17, 24 et 31 janvier; des 7, 14, 21 et 28 février 18)1. 



PEINTURE ET SCULPTURE. 



La Commission a approuvé : 



ÉglifC 



1° Les dessins de vitraux à placer dans les fenêtres dudesahn'kirtin, 

à Saiul-Tioml. 

haut chœur et des chapelles latérales de l'église de Saint- Vilraux 
Martin, à Saint-Trond (Limbourg); 

2° Les dessins de cinq vilraux destinés à la nouvelle église dc %g£ nCÊa 
de Corcnnes (Namur) ; auteur, M. Dobbelacre ; v,lra,,x ' 

3° Les dessins présentés par M. Capronnier pour roxécu- deS J;f_^ arus 
lion de vitraux destinés au chœur, aux chapelles latérales et ■% r u l T k ' 
à la coupole de l'église de Sainte-Marie, à Schaerbeek 
(Brabanl), sous réserve de varier l'attitude trop uniforme 
des personnages représentant les vieillards de l'Apocalypse. 



lt — Un délégué a examiné, dans l'atelier de M. Primcn, 

les huit tableaux appartenant à l'église de Franc-Warct 

(Namur) et dont la restauration a été confiée à cet artiste. 

Rix de ces tableaux représentent les douze apôtres, à 

n do deux figures d'apolres de grandeur nature par 

au. Les deux autres tableaux représentent l'un sainte 

çoise Frcmot de Chantai et l'autre saint François de 

s, éveque de Genève. 

!s huit toiles, qui datent du dernier siècle, ne sont pas 
e valeur artistique bien grande et sont d'un faire assez 
gé; toutefois, l'auteur a de la verve et l'on peut accorder 
i ouvrages un certain aspect décoratif. La restauration, ' 
ont compris notamment te rentoilage d'une des toiles, 
paration de tous les châssis et de tous les cadres, a été 
.liée consciencieusement et elle peut être approuvée. 
■ Un délégué s'est rendu àFerrières (Liège) afin d'èxa- 
r les cinq stations du chemin de la croix déjà placées 
l'église de cette localité. 

a constaté que la peinture des stations est très conve- 
:mcnt exécutée et qu'il n'y a aucun inconvénient à ce 
les soient approuvées. 
Un délégué a procédé à l'inspection de la chaire à 
1er exécutée, avec le concours de l'Administration des 
x-Arls, pour l'église de Saint- Vincent, à Eecloo (Flandre 
taie). 

t ouvrage d'art, exécuté par M. Lippens, sculpteur, à 
brugge, d'après les dessins de M. l'architecte De 
■lie, a été exécuté avec un talent et une conscience dignes 
ces. Il y a lieu consëquemment de liquider le subside 
3 par le Gouvernement pour cette entreprise. 



— 13 — 

CONSTRUCTIOiNS CIVILES. 
Le Collège a émis un avis favorable sur le projet dressé Bib ^ ,,c 

_, _ . , . , „ ., de Bruxelles. 

par M. Delcorde pour la transformation intérieure de I aile 
droite des bâtiments occupés par les services de la Biblio- 
thèque royale, à Bruxelles, moyennant qu'il sera tenu 
compte de l'observation faite par le Conseil d'administration 
en ce qui concerne l'insuffisance de largeur du passage 
ménagé entre les galeries inférieures. 

ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs : c#MjmeiioB 

r • et restauration 

lo A la construction d'un presbytère à Pulle (Anvers) ; dc P rc * b - vlèrM - 
architecte, M. Gife ; 

2° A la reconstruction du presbytère de Givrouille, com- 
mune de Flamierge (Luxembourg) ; architecte, H. Cupper; 

5° À l'exécution de divers travaux au presbytère de 
Comines (Flandre occidentale) ; 

4' A la construction d'une annexe au nouveau presbytère 
dc Deurne (Anvers); architecte, M. Gife; 

5° A la restauration du presbytère de Wolenbcerscl 
(Limbourg); 

C° A l'exécution de travaux dc réparation au presbylerc 
de Novillc (Luxembourg) ; architecte, M. Cupper. 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

La Commission a approuvé les plans relatifs à la construc- 
tion d'églises : 

1° A Loxbergciî (Limbourg); architecte, M. Cbristiaens; dcl ^£ gcn . 



— a — 

*■ 2' A Awagnc.sous Lisogtic (Namur); architecle, M. Fié- 
mal; 

Au hameau de l'Hermile, sous Braiue-l'Alleud (Bra- 
); architecle, M. Meyns. 
!it aussi été approuvés les divers projets ci-après : 

Agrandissement de l'église d'Annevoie (Namur) ; 
itecte, M. Lange; 

Construction d'un jubé cl placement d'un orgue dans 
se de Cambron-Sa in t- Vincent (Hainaul) ; architecte, 
losveld ; 

Construction <i'un perron à l'église de Dcnée (Namur) ; 
ileele, M. Evrard ; 

Exécution d'un buffet d'orgues pour l'église de Mem- 
gen (Limbourg). 

TRAVAUX DE RESTAURATION. 

: Commission a approuvé : 

Le projet relatif à la restauration extérieure de l'église 
lerde (Flandre orientale); architecte, M. Geirnaert; 

Le projet de restauration de la tour de l'église d'Ardoye 
idrc occidentale); architecte, M. Verbeke; 

Le devis estimatif des travaux de réparations projetés à 
se et au presbytère de Spiennes (Hainaul); architecte, 



Le nouveau devis estimatif des travaux de reslaura- 
à effectuer à la tour de l'église de Saint-Nicolas, à 
es (Flandre occidentale) ; architecte, M. Vinck ; 

Le projet relatif au renouvellement des meneaus et du 
ce des fenêtres des chapelles absidales de l'église de 



^1? 



— 15 — 

Sainl- Bavon, à Gand (Flandre orientale); architecte, 
M. Mortier; 

G° Le projet des travaux à effectuer en 1891 pour la s ^^^ ûtu% 
restauration de l'église de Sainle-Waudru, à Mons (Hainaul); 
architecte, M. Hubert ; 

7° Les projets relatifs à l'achèvement de la restauration de . B É gi*« 

1 tf de Saint-Nicolas, 

l'église de Saint-Nicolas, à Tournai (Hainaul), et au rétablis- hTournai - 
sèment du niveau primitif de l'édifice; architecte, M. Van 
Loo; 

8" Les comptes des travaux de restauration exécutés aux 
églises de : d?.3Sc 

drt restauration 

Notre-Dame au delà de la Dylc, à Malrties (Anvers) : ^bk»«. 
exercices 1887, 1888 et 4889; 

Notre-Dame de Pamele, à Audenardc (Flandre orientale) : 
exercice 1 888 ; 

Saint-Rombaul, à Malines (Anvers) : vaisseau, quatrième 
trimestre de l'exercice 1890. 

Le Secrétaire Général) 

J. Rousseau. 
Vu en conformité de l'article 25 du règlement. 

Le Pré8tdenC t 

Wellens. 



SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUK DE NAUUB. 



RAPPORT ANNUEL SUR LES FOUILLES EXÉCUTÉES EN 1890 



Namur, le 17 février 1891. 

Monsieur le Ministre, 
Nous avons l'honneur de vous adresser notre rapport 
annuel sur les fouilles exécutées, en 1890, par la Société 
archéologique de Namur. 

Nos travaux de recherches ont commencé dans les pre- 
miers jours de mars et ont été continués, sans interruption, 
fin de novembre. 

de la province de Namur présente, comme on sait, 
de documeolsarchéologiquesd'unegrande richesse; 
résultats n'ont-ils pas été moins satisfaisants que 
i précédentes. 

ivons achevé l'exploration, commencée en 1889, 
c cimetière franc, situé au pied de la forteresse 
'Eprave, près de Rochefort, au lieu dit la Croix 
renfermait plus de 600 sépultures et parait avoir 
ihampde repos depuis le commencement du v" siècle 
milieu du vu e . 

tut de cette fouille, on trouva parmi les sépultures 
à inhumation, un certain nombre de tombeaux 



— 17 — 

belgo-romains à incinération. L'armement barbare qu'on y 
recueillit montre le commencement de la fusion entre l'an- 
cienne population vaincue et les conquérants germains. 

Bien que dévasté à l'époque mérovingienne par les spolia- 
teurs de tombeaux qui y cherchaient des matières précieuses, 
le cimetière de la Croix rouge nous a donné encore une 
quantité de pièces d'un grand intérêt archéologique et histo- 
rique. Nous citerons particulièrement une cinquantaine de 
verres d'une grande variété de formes, des spécimens de 
toutes les armes qui composaient alors l'équipement d'un 
guerrier franc, une foule d'objets de parure, des monnaies 
en or, argent et bronze, dont quelques-unes sont d'une 
grande rareté. 

L'art nouveau que les barbares avaient apporté de l'orient 
de l'Europe, leur pays d'origine, s'y montre sur un grand 
nombre de pièces. 

L'élude de cet art, empreint de traditions orientales, a un 
intérêt considérable pour l'histoire de la sculpture décorative 
au moyen âge. 

Entre Jemelle et Rochefort, au sommet des escarpements 
de la rive droite de la Lomme, se voient encore des restes 
assez considérables d'une construction romaine; celle-ci 
porte le- nom de Neufchàteau, en opposition avec une forte- 
resse appelée Vieux-Château, située sur la rive gauche, dont 
l'origine doit remonter à des temps antérieurs à la conquête 
des Gaules. La villa romaine du Neufchàteau est située à 
six kilomètres de Nassogne (Nasonacum), bien connu dans 
l'histoire comme séjour de chasse favori de l'empereur 
Valentinien I er (372) lorsqu'il résidait à Trêves. 
Comme nous n'avons rencontré aucune autre construc- 



— 18 — 

lion antique dans le voisinage, nous croyons que celle-ci 
servait de demeure à cet empereur pendant ses chasses . 

D'un autre côté, l'examen des constructions nous a per- 
mis de constater qu'elles ne pouvaient remonter au Haut- 
empire, mais dataient d'une époque où l'art de bàlir était 
déjà en décadence, comme à la fin du iv e siècle. Nous avons 
décidé, malgré la dépense qu'occasionnera ce travail, de 
déblayer entièrement les ruines afin d'en lever un plan com- 
plet et exact; c'est du reste ce que nous faisons pour toutes 
les villas romaines que nous explorons, on pourra ainsi, 
dans quelques années, connaître le mode de construction 
et la disposition de ces habitalions des champs qui, il y a 
dix-sept à dix-huit siècles, couvraient le sol de la Belgique 
méridionale. Les travaux de déblai du Neufchâleau seront 
continués cette année. 

Nous avons étudié les voies romaines entre la Meuse et 
rOurthe, sur une ligne passant à Rochefort et Marche. Ce 
travail est long et difficile, il demande un grand esprit d'ob- 
servation. Quatre voies ontélé reconnues, elles viennent du 
midi, probablement des pays du Rhin et de la Moselle ; l'une 
se dirige vers Tongres en passant près de Huy, où elle tra- 
verse la Meuse; une deuxième se dirige vers Namur; la 
troisième vers Bavay, par Hastière, et la quatrième vers la 
même ville par Givet. 

Telles sont, Monsieur le Ministre, les principales recherches 
exécutées par la Société archéologique de Namur en 1890. 



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LtVANGÈLlAIRE D'EYCK LEZ MAESEYCK 



DU VIII* SIÈCLE 



Parmi les œuvres de l'art ancien rassemblées dans la 
galerie supérieure de l'Exposition rétrospective du travail, et 
venues de tous les points de la terre belge, Tune des plus 
remarquables par la double authenticité de l'âge et de Pori- 
gioe, est incontestablement le fameux évangéliaire conservé 
jadis à l'abbaye d'Eyck lez Maeseyck et dont M. Ruelens a 
biea apprécié l'importance dans les quelques lignes qu'il lui 
a consacrées dans ÏArt ancien. Cet évangéliaire, le plus 
vieux manuscrit à miniatures que possède la Belgique, 
appartient aux archives de l'église primaire de Maeseyck. 
Il fol l'œuvre de deux sœurs, Harlinde et Relinde, filles du 
seigneur Adalhard et de Grimara, fondatrices, en Tan 750, 
(fane petite chapelle et d'une abbaye à Eyck. Issues de la 
paissante famille des Pépins, elles virent consacrer leur 
monastère par Saint-Willebrode, évêque d'Utrecht, et par 
Saint-Boniface, qui les élevèrent à la dignité d'abbesses. 

Après avoir reçu cette consécration, elles accueillirent 
douze jeunes filles, qui, après un court noviciat, pronon- 
cèrent les vœux éternels de religion. 

Aussitôt qu'Harlinde et Relinde se trouvèrent à la tète de 



— 20 — 

celle petite communauté, elles vouèrent leur vie entière à 
soulager les pauvres et à s'instruire dans les livres et les 
manuscrits, les transcrivant et s'exerçant à les orner de 
riches peintures. 

Dans l'ardeur de leur goût pour les arts, elles arrivèrent 
à constituer une sorte de gynécée (atelier), où elles pas- 
saient une partie de leurs jours et même de leurs veilles 
autant à enseigner à de jeunes apprenties l'art de peindre et 
de broder de riches étoffes de soie qu'à tisser le lin (i). 

D'après un récit légendaire dont l'origine est postérieure 
à la rédaction de l'ancienne vie latine, un soir, tandis 
qu'Harlinde et Relinde enluminaient le texte du manuscrit 
qui nous occupe, un nuage de soufre les enveloppa subi- 
tement et le démon, se montrant à elles sous la forme 
d'un spectre, éteignit les deux cierges (2) qui éclairaient 
leurs veilles laborieuses ; mais aussitôt les flambeaux se ral- 
lumèrent sous le souffle d'un esprit céleste et brillèrent avec 
plus d'éclat qu'auparavant. Ce récit naïf peut nous faire 
comprendre en quelle estime étaient tenues à Maeseyck les 
peintures d'Harlinde et de Relinde. 



(1) Sanctissine vero simperque beatae Virgin is Harlindis et Relindis sicut 
superius dictura est numquam otiosetaten imitabuntur, sed ingiter dueitabunt, 
ut mortiferam pestim. Unde accedit, ut et quedam 6 palliola, quae propriis 
manibus contexterant et quae multis modes variisque eis ducentibus ex auro 
margaritis ornata, composuerant sancti ille in loco poste relinquerunt. 

Quatuor Evangelistrarum scripta, quae sunt Christi-Jesus Domini uostri dicta 
et facta honorifico opère inscripserunt. (Bollandistes, Acla Sanctorum, t. III, 
p. 588). 

(i) Ces deux cierges, avec l'inscription suivante : « Dua candela S.S. Vir- 
ginum per cacoduemonem extincta subinde per S. angelum acccnsa dum S. Vir- 
ginisdivinum persolubant officium », se conservent encore de nos jours dans un 
magnifique reliquaire en vermeil dans le trésor de l'église primaire de Maeseyck. 



k 



— 21 — 

On nous apprend (0 que leurs miniatures s'étaient si bien 
conservées qu'elles offraient des couleurs encore fraîches et 
brillantes de l'or et de l'argent (2), et nous ne pouvons attri- 
buer qu'à l'admiration qu'avaient inspirée les œuvres de ces 
saintes artistes le soin avec lequel on a conservé comme des 
reliques leur évangéliaire, un petit vase en corne, dont le 
fond porte les traces d'une substance rouge-jaunàtre, un 
léger pinceau et un style en ivoire. 

Le précieux évangéliaire conservé dans le trésor de l'église 
de Maeseyck, forme un in-4° en parchemin de 134 feuillets 
sans pagination, dont il est regrettable que plusieurs aient 
énormément souffert de l'humidité et de l'usure. Le texte 



(1) Quatuor Evangelistrarura scripta, quae sunt Christi-Jesus-Domini nostri 
dicta et facta honorilico opère inscripserunt. Nihilominus vero Pspalmorum 
libellum quen Pspalmorum appellamus, ipsae stylo textuerunt : alias quamplurcs 
duiiias scripturas, quae quidem universa hactenus in eodem loco tam rccentia et 
vibrentia auro ac micantia margaritis fulgant, ut crederes ex hodie fuisse 
peracta. Nara quoties cimque contigit numéros semperque memoria dignas 
habendus Virginis in quihusdum operibus manum occupari propter regularia 
eomplenda precepta vel varia ornamenta paragenda monasterio profutura, 
sempre Pspalmorum, modulation pcrmixta propter quod (canitur eius ore meo) 
minime in bis diutius perdu rabunt : sed aliquo l'audibus exercebant, quasi nihil 
operis boni antia opcrate essent. (Bollandistes, Acta Sanctorum, t. III, p. 388.) 

(j) A cette époque, l'argent comme l'or était souvent mis en usage pour 
écrire le titre ou pour orner les majuscules et les miniatures des manuscrits, 
soit que ces métaux fussent employés à l'état d'encre, c'est-à-dire en poudre, 
suspendus dans un liquide ou en feuilles, tantôt collés immédiatement à l'aide 
d'une substance adhésive, quelquefois appliqués avec l'intermédiaire d'un apprêt 
oo d'une pâte plus ou moins épaisse et qu'on polissait à l'aide d'un brunissoir. 
Pour ce qui est de l'or, il se retrouve parfaitement conservé, tandis que l'argent, 
de quelque manière qu'il ait été appliqué, après un certain temps, se retrouve 
constamment altéré et moisi et faisant tache, tellement que nous avons rencontré 
des feuillets qui étaient corrodés et troués. Est-ce une simple oxydation de 
l'argent ou s'est-il formé quelque bydrosulfate ou quelque nitrate ou azote 
d'argent par la combinaison de l'oxyde du métal avec le soufre, l'hydrogène, 
l'azote contenus dans les substances animales, comme le vélin et le parchemin? 



— 22 — 

est écrit d'un bout à l'autre de celte écriture onciale lucide 
qui appartient encore à l'antiquité classique par sa forme et 
dont on fait remonter l'usage jusqu'au v a siècle. Afin de 
corroborer notre opinion au sujet de cet intéressant fait de 
la paléographie, le lecteur pourra comparer l'écriture du 
texte et des majuscules de l'cvangéliaire d'Eyck avec récri- 
ture du V et du vi" siècles du célèbre manuscrit du Penta- 
teuque de la bibliothèque de Lyon, décrit par Léopold 
Delisle (î), el avec l'écriture du vu" siècle des sermons de 
saint Augustin, à la bibliothèque de Paris (î). 

Les lettres majuscules par lesquelles commence chaque 
chapitre de l'évangéliaire d'Eyck sont ornées de petits filets 
perlés rose el blanc en relief et présentent aussi une frap- 
pante analogie avec le texte en majuscules, brodé en or fin 
sur un voile, comme les porlentles religieuses (vêla monialia), 
el qui se trouve également dans le trésor de l'église de 
Maeseyck; ce texte constate que Euloin, frère des sœurs 
Harlinde el Relinde, a consacré à Saint-Pierre ce don confec- 
tionné par les mains de l'une d'elles (s). 



(1} Mélanges de paléographie, t. Il, pp. 1-10. Léopold Delisle. 

(s) Les arts du moyen âge, par Pau! Lacroix, « En Angleterre, oii le type anglo- 
saxon était souverain, la conquête normande introduisit dans les chartes et les 
manuscrits l'écriture irlandaise, et tes lies des Bretons, dont il reste le beau 
livre des évangiles du vu' siècle, connu sous le nom de Kell's book et conservé ù 
Trîiiily Collège de Dublin, ainsi que d'autres monuments, mais qui, après 
examen l'ail, ne sont rien de plus qu'une variété de l'écriture anglo-saxonne, 
1. Il, pp. 4*8-449. Lacroix. 

(s) Lors de l'inventaire que l'on a Tait, au mois d'août 1867, des deux chasses 
des vierges Harlinde et Relinde, on j a trouvé différentes étoffes, telles que deux 
voiles comme les portent les religieuses. L'un de ces voiles, appartenant ii l'anti- 
quité classique, est brodé en lettres d'or qui constatent que Euloin, frère des deux 
sœurs, a consacré k Saint-Pierre ce faible don, confectionné par les mains île 
l'une d'elles. 



THE ItEW YORI 

PDBLIC LIBRARY 



— 25 — 

Les cinq premiers feuillets représentent au verso et au 
recto des portiques à pilastres polychromes en style roman 
très pur, enlre lesquels sont dessinés des demi-cercles animés 
par d'intéressantes tètes d'hommes et de femmes, accolées à 
des dessins zoomorphvs et ichthyomorphes. Du milieu de la 
taille des grandes arcades se détache un médaillon qui repré- 
sente le buste d'un apôtre : il y en a onze, Judas Iscariote 
est exclu. La plupart des nimbes des figures sont teintées 
en couleur jaune et blanche avec un orle en noir et, fait 
remarquable, aucun des personnages figurés dans l'évangé- 
liaire n'est muni de ses attributs, hormis Saint-Pierre, qui 
porte les clefs dans la main droite. 

Les quatre médaillons inscrits dans les grandes arcades 
aux pp. 9 et 10 contiennent les évangélistes, sous la forme 
symbolique de l'aigle, du lion, du bœuf et de l'ange repré- 
senté par un jeune homme à la figure imberbe et dont la tète 
est coiffée d'une épaisse tresse de cheveux. A propos des 
quatre évangélistes, qu'il nous soit permis de remarquer que 
les effigies de Saint-Luc, Saint-Marc, Saint-Mathieu et de 
Saint-Jean, n'ont pas élé arrachées du volume, comme l'af- 
firme M. Ruelens, à la p. 277, dans l'Art ancien à l'exposition 
nationale belge de 1880, mais qu'elles sont représentées aux 
pp. 9 et 10 sous la forme caractéristique de leur bestiaire 
légendaire. 

Nous présumons que les cinq grands médaillons des 
pp. H et 12, sont occupés par les bustes de Saint-Wille- 
brode, évèque d'Utrecht, né dans le Northumberland ; du 
missionnaire anglo-saxon du nom de Windfried (Saint- 
Boniface), né dans le Devonshire; de Saint-Floriberl, 
évèque de Liège, et de Saint-Lambert. 



— 24 — 

Il est aussi probable qu'il faut voir dans les trois portraits 
placés en forme de chapiteaux (au recto du 13 e feuillet), les 
saintes artistes Harlinde (1), Relindeet Grimara, leur mère. 
Quoi de plus naturel que de chercher dans les deux autres 
portraits formant aussi chapiteaux (au verso du 13 e feuillet) 
ceux d'Adalhard (2), leur père, et d'Euloin, leur frère. 

Nous reproduisons à la première page de cette étude 
sommaire, le fac-similé de la grande miniature formant le 
frontispice de Tévangéliaire : c'est celle où se voit l'apôtre 
Saint-Mathieu : l'évgngéliste est assis sur un large fauteuil en 
bois sculpté, au dossier roide et élevé, et porte sur le 
genou un livre ouvert, sur lequel il écrit avec le style 
(calamus) qu'il tient de la main droite. Ce spécimen nous 
paraît devoir caractériser aux yeux de nos lecteurs le curieux 
monument unique en Belgique que nous voulons leur faire 
connaître et que nous considérons comme un type carac- 
téristique de l'art anglo-saxon. 

L'ensemble présente un caractère austère; c'est évi- 
demment moins rigidité affectée ou sobriété voulue que sim- 
plicité naïve de conception et d'exécution. Les draperies 
offrent des plis secs et parallèles qui dessinent un corps 
sans souplesse et sans mouvement; entourée d'un nimbe 
opaque, la tète, aux contours fortement accentués par des 

(i) Harlinde et Relinde et Grimara. A cette époque, nous ne connaissons à 
Valenciennes qu'un monastère de filles de Saint-Jean-Baptiste, qui fut fondé par 
des religieuses Bénédictines vers 680, ensuite par Thierri ou Pépin de Herstal 
(690) et elles y demeurèrent jusqu'en Tannée 749 (voir la vie, dans Butler), sur 
la règle suivie à Denain et par conséquent, à Eick). Voir la notice dans les 
Act. Sanc.y 29 avril.) 

(s) Hincmar se rappela que, dans son enfance, il avait entendu Adalhard, 
parent de Charlemagne, discourir sur l'organisation du palais ; il composa un 
livre intitulé : De ordini palali, (Ampère, Bévue des arts, t. III, mars 1840.) 






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— 25 — 

traits noirs, se distingue par la raideur des cheveux et de la 
barbe, par la fixité des yeux grands ouverts, par la commis- 
sure étroite de la bouche; les mains maigres et effilées ne 
sont pas plus modelées que le reste. Quant aux couleurs 
de minium, composées de cinabre, d'ocre, de céruse, 
d'outre-mer ou bleu d'azur (résultant de la pulvérisation à 
l'eau du lapis-lazuli) et le noir d'os calciné, quel que soit le 
tcrnissement que l'on doive attribuer à l'action rongeante du 
temps, on devine aisément qu'elles n'ont jamais eu la 
richesse éblouissante ni l'éclat chatoyant qui s'accorderait 
mal avec la naïveté primitive du dessin. 

Rien des richesses d'effets, des oppositions de couleurs, 
des délicatesses de touches qui accusent un art avancé et 
déjà plus raffiné dans les manuscrits de la dernière période 
de l'école carlovingienne. Sur le fond, légèrement teinté de 
rose jaunâtre, les chairs, d'une nuance terreuse à peu près 
semblable, se détachent mal; toutes les touches sont uni- 
colores, avec des teintes plates mélangées de noir ou de 
blanc seulement, pour indiquer les lumières et les contours; 
d'où une monotonie et une crudité dont on dit, avec raison, 
comme du défaut de perspective, de l'absence du clair- 
obscur et de l'ignorance des raccourcis, que l'on pardonne 
el que l'on aime dans celte enfance de l'art jusqu'à sa déli- 
cieuse gaucherie. Tous ces caractères, tant paléographiques 
qu'archéologiques, se retrouvent dans l'évangéliaire d'Eyck 
comme dans ceux qui ont servi d'appui aux conjectures des 
archéologues, tels que Cantu (1), Champolion (2), Léopold 



(f) Histoire universelle des arts au moyen âge, t. XII, p. G. 
(*) Fragments inédits du VIII e siècle, 1. 1, p. 36. 



— an — 

Delisle 0), comte de Baslard (2), Emeric David (s), Paul 
Lacroix (4), pour faire remonter quelques ouvrages orne- 
mentes jusqu'au v e et vi c siècle. Et nous rapprocherons de ce 
fait, dont M. Ruelens a bien apprécié l'importance dans les 
savantes lignes qu'il lui a consacrées dans Y Art ancien, l'ob- 
servation de Humphreys, qui, dans son étude intitulée t The 
extra luminatcd books of the middlcagcs, on accound of Lhc 
developemcnt and progrès of art of illumination», émet 
l'opinion que la majeure partie des enluminures accusées 5 
fonds noirs et à traits rouges, verts et blancs peuvent être 
attribuées au vn e et au vin* siècle. 

Ceci s'explique du reste, si l'on veut bien considérer que 
non seulement les écoles d'orient et d'occident ont une 
origine commune greco-romaine, mais qu'en outre Kart 
byzantin a dû rétroagir sur Rome et par elle sur tout Poc- 
cidont, puisque nous savons que les papes accueillaient les 
peintres grecs fugitifs. En effet, il est dès lors aisé de com- 
prendre que l'art d'occident, où il forma deux écoles Bien 
distinctes, la gallo-franque et l'anglo-saxonne, dut avoir à 
l'origine une similitude plus grande avec l'art d'orient que 
par la suite, lorsque la différence du milieu et l'influence 
d'une nouvelle civilisation l'eurent transformé. 

Il est donc évident que l'influence venue directement de 
Byzance ou prise en Italie, à Rome, le grand centre reli- 
gieux et artistique est là. Mais le sol où fut jetée la semence 
donna bientôt des fruits si éloignés du type originaire et si 



(1) Mélanges de paléographie, 1. 1, p. 3. 

(2) Principes de paléographie appliqués aux manuscrits francs. 

(3) Histoire de la peinture au moyen âge et Vinfluence des arts du dessin. 
(*) Mœurs, usages et costumes an moyen âge, t. IF, pp. -M8-H9. 



£" 



— 27 ~ 

différents les uns des autres que c'est à tort qu'on a long- 
temps désigné ces produits sous la dénomination absolue 
d'art byzantin. 

Les écoles florissantes à la fin du vm e siècle et qui, sans 
doute, sortirent toutes de l'école palatine d'Aix-la-Chapelle, 
sont : l'école centrale de Saint-Martin de Tours, fondée par 
le savant anglais Àlcuin en 735 à 804 et qui crée ou con- 
serve le style gallo-franc et l'école de Reims, fondée par 
l'archevêque Eloin, où l'on remarque une influence saxonne. 

Notre manuscrit ne paraît se rattacher absolument ni à 
l'une ni à l'autre de ces écoles. 

N'oublions pas qu'il y a onze siècles, le petit coin ignoré 
du Limbourg était à peine en rapport avec les parties méri- 
dionales du pays et que, dès lors, il est plausible d'attribuer 
à l'influence anglo-saxonne (grâce aux missionnaires Willc- 
brode et Windfried (Saint-Boniface), l'un venu du Northum- 
berland, l'autre du Devonshire, pour convertir les Frisons), 
les caraclères propres de ce manuscrit. Les noms vénérés 
des saintes artistes Harlinde et Relinde, abbesses au monas- 
tère d'Eyck au vm c siècle, sont les seuls noms authentiques 
(à quelques exceptions) (i) qui nous soient parvenus après 
une période de onze siècles. Par eux commence, ainsi que 



(i) Léol ha relus, moine à l'abbaye de Saint-Bcrtin, enlumineur, vm e siècle. 

Foulques, 890, préchantre à l'abbaye de Saint-Huberi, miniaturiste et calli- 
grapiic, vm e siècle. 

Godeêcaly le paléographe qui exécuta en 778 l'évangéliaire dit « les heures de 
Charlemague. i 

Modeslus //, moine de l'école de Saint-Gai, ix e siècie. 

Natïcer, cali : mini, de l'école de Saint-Gai. 

Le moine Sicherus, du couvent d'Anchin (France), qui exécuta en entier, 
écriture et peinlure, le splendide manuscrit des œuvres de Saint-Bernard, 
xu e siècle-. 



le fait justement observer M. Ruelens, l'histoire paléogra- 
phique dans nos provinces. 

Toutes les dissertations sur les lieux de provenance des 
matières colorantes, sur les procédés de décor ou de la 
détrempe, sur les similitudes de forme et de couleur et sur 
les noms attribués par hypothèse à tel ou tel maître ne 
valent pas une page enluminée de notre célèbre évangéliaîre 
d'Eyck. Devant ces pages parlantes, la dissertation fait place 
à la couleur, à la forme, à l'œuvre. Le riche trésor de l'église 
primaire de la ville de Maeseyck, rempli de tant d'œuvres 
excellentes des saintes artistes Harlinde et Relinde, impé- 
rissable objet des études et de l'admiration de l'Europe, est 
une mine féconde, inépuisable; or, dans ce vaste champ 
clos, où les intelligences d'élite de tous pays et de toute 
nation se sont donné rendez-vous, les savants et les critiques 
sauront dégager les splendeurs réelles de ce trésor artistique 
que nous ont légué les siècles reculés. 

Joseph Gielen. 



NOTES 

POUB SEBVIB A. 



L'HISTOIRE DE LA SCULPTURE 

EN BELGIQUE 



LES RETABLES 

(Suite) (i) 



RETABLE D'HACKENDOVER. 

XIV SIÈCLE. 

Nous avons dit au début de ce travail que le plus 
ancien retable de la Belgique se trouve à l'église de Ghecl ; 
ce retable est en pierre. 

L'église du Saint-Sauveur, à Hackendover, peut s'enor- 
gueillir de posséder une œuvre à peu près aussi ancienne et 
d'une valeur artistique bien plus considérable ; en effet, le 
retable que l'on y admire date, à n'en pas douter, du 
xiv e siècle, et c'est le seul relable en bois de cette époque 
que nous connaissions en Belgique. 

Le Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie 
en a publié, il y a quelque quinze ans, une description 
détaillée (2); d'autre part, un moulage de cette œuvre figure 
au Musée des Échanges de Bruxelles. Nous nous bornerons 

(0 Voir Bull, des Comm, roy. d'art et d'archéol, t. XXIX (1890), p. 425. 
(s) Jean Rousseau, La sculpture flamande et wallonne du xi° au xix° siècle 
(Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XVI (1877), pp. 19 et suiv. 



— 50 — 

donc à un relève des groupes qui décorent cette sculpture 
remarquable que nous ne pouvons négliger de mentionner 
dans les présentes notes. 

Tel qu'on le voit aujourd'hui, le retable d'Hackendover 
affecte la forme d'un long rectangle mesurant 6 m 10 de lon- 
gueur sur 2 ra 85 de hauteur, et divisé en trois compartiments, 
renfermant vingt-six petites niches d'architecture gothique, 
superposées sur deux étages. Ainsi qu'il est dit dans l'ouvrage 
cité plus haut, il est plus que probable que ce n'était pas là 
sa configuration primitive et que dans l'un des incendies qui 
ravagèrent à différentes reprises l'église d'Hackendover, on 
aura sauvé d'abord les figures, qui forment des groupes 
détachés, abandonnant à l'élément destructeur la partie 
architecturale de l'œuvre, qui sans doute était fixée au mur, 
ou d'un poids trop considérable pour être mise rapidement 
à l'abri des atteintes du fléau. 

Ce fait expliquerait l'anachronisme que l'on peut constater 
entre l'architecture, qui date de la fin du*xv e siècle, et les 
personnages couverts des vêtements à la mode au xiv e siècle. 

On connaît la légende de l'érection de l'église. Trois soeurs, 
voulant se consacrer à Dieu, s'établissent au lieu dit Heybout 
et commencent la construction du temple saint; la nuit, des 
anges démolissent l'ouvrage de la journée ; les trois, sœurs se 
rendent au Steenbcrg et recommencent leur œuvre avec le 
même insuccès; enfin, sous la conduite d'un ange, elles 
arrivent au lieu où s'élève actuellement l'église d'Hackendo- 
ver et là parviennent à mener à bonne fin leur entreprise («). 



(i) A. Wauters, Histoire des communes belges. Canton, de Tirlemont, 
communes rurales, 1" partie, pp. 62 et suiv, 






— 51 — 

Celle légende est représentée par divers groupes placés à 
la partie centrale du retable; on y voit d'abord les trois 
vierges en prières ; puis les sœurs surveillant quatre ouvriers 
occupés à la construction de l'église, à Heybout. Dans le 
troisième compartiment, des anges démolissent l'édifice. 

Ici se place un compartiment sur lequel nous reviendrons 
plus loin. 

Le groupe des trois sœurs reparait dans la cinquième 
scène; plus bas, elles entament la construction de la seconde 
église, à Steenberg ; quatre maçons au travail ont absolument 
les mêmes physionomies que dans la seconde scène. 

Encore une fois deux anges (œuvres d'un restaurateur) 

anéantissent l'ouvrage. (Ce groupe a élé placé — à tort — 

dans la cinquième niche de la rangée supérieure du relable). 

Dans la sixième composition, les trois vierges sont en 

prières ; un oiseau leur apporte les ordres du Seigneur. 

Puis, deux ouvriers abattent un arbre, sans doute pour 
faire place à l'édifice; on commence enfin, toujours sous la 
surveillance des trois sœurs, la construction de l'église à 
l'emplacement qu'elle occupe encore de nos jours. 
. La onzième composition comporte treize figures, remar- 
quables par la diversité des expressions et des physionomies : 
les (rois sœurs règlent le salaire du bouwmeester et de ses 
ouvriers. 

L'église terminée est consacrée par trois évèques, — con* 
trairement à la légende qui veut qu'elle ait été consacrée par 
Dieu lui-même et que les deux évèques qui voulurent pro- 
céder à celte solennité furent frappés, l'un de paralysie, 
l'autre de cécité. 
Enfin nous voyons le Christ, portant le globe du monde, 



sortir de l'église; quatre personnages en prières sont age- 
nouillés sur son passage. 

Revenons au compartiment central que nous avons réservé 
tantôt : nous y voyons en-dessous, à gauche, la Vierge défail- 
lante, soutenue par la Madeleine et saint Jean ; à droite, (rois 
soldais. 

Il va de soi qu'il devait y avoir, au centre, le Christ en 
croix et que cette composition représentait jadis le Calvaire, 
formant sans doute la scène principale de l'œuvre, comme 
dans les retables à (rois panneaux du xv e siècle que. nous 
avons décrits précédemment; il est d'ailleurs probable que 
celui qui nous occupe avait, à l'origine, la forme d'un 
triptyque au centre surélevé. 

Cette scène devait être couronnée par la figure du Père 
Éternel; le restaurateur a placé cette statuette trop bas, au 
niveau de l'étage supérieur des groupes, ce qui ne laisse pas 
que de produire un effet assez bizarre. 

Les panneaux latéraux du retable contiennent onze apôtres 
revêtus de grandes robes largement drapées, les quatre 
Évangélistes, tenant chacun un livre ouvert et des statuettes 
de saints, parmi lesquels nous remarquons Jean-Baptiste, 
Denis, Antoine, Laurent, Sainte-Agnès, Sainte-Catherine, etc. 

L'œuvre est d'un grand style, d'une exécution souvent 
brutale, mais énergique et savante. 

Ici encore on a dépouillé la sculpture de sa polychromie 
5^^ÇO l "5((K*>■' primitive, dans les inscriptions de laquelle on eût' sans 
' w5tftk*j0^$k doute pu retrouver le nom de l'auteur et la date exacte de 
* 1 l'exécution de ce beau travail. Il pourrait être l'œuvre de 
I Couard Garnet, seul statuaire brabançon de cette époque 
t le nom soit parvenu jusqu'à nous; mais on ne saurait 




— ÔO — 

assurément continuer à l'attribuer à maître Denis, ainsi que 
l'ont fait certains auteurs, trompés en cela par le style de 
l'architecture; cet artiste travaillait à Hackendover en 
1485-86 et s'il a réellement collaboré au retable, il ne peut 
être Fauteur que de la partie architectonique, travail très 
riche et des plus habiles, mais, nous l'avons déjà dit, posté- 
rieur d'un siècle à l'exécution des groupes. 



RETABLE D'AUDERGHEM 

(au Musée royal d'Antiquités, à Bruxelles). 

XV e SIÈCLE. 

Ce retable en bois sculpté, polychrome et doré, présente 
la forme d'un écu français renversé, posé la pointe en l'air. 

Il ne comporte qu'une seule composition : sur un. large 
banc aux angles ornés de pinacles aigus, au grand dossier 
percé d'arcades à jour, sont assises la Vierge et sainte Anne. 

La Vierge est à gauche ; elle tient un livre ouvert sur ses 
genoux et semble interrompre sa lecture pour soutenir 
l'Enfant Jésus, qui, debout sur le siège, s'avance d'un pas 
chancelant en tendant la main vers une grappe de raisins 
que lui présente sainte Anne. 

Sept personnages debout, hommes et femmes, figurant la 
descendance de sainte Anne, sont groupés de chaque côté 
du banc; ils semblent parler entre eux avec animation et 
s'intéresser à la scène qui se passe au premier plan; en 
avant, dans chaque angle, est assise une femme; celle de 
droite tient un livre dont un enfant tourne les pages; elle 
porte une riche coiffure maintenue par des brides passant 



— oi- 
sons le me Dion ; un autre enfant la quille en retournant la 
tète vers elle. 

La femme assise à gauche allaite un nouveau-né. Deux 
enfants se tiennent debout devant elle ; un troisième s'appuie 
du bras sur son genou et se prépare à dormir. 

Le haut dossier du banc est couronné par une slatue de 
Dieu le Père debout, tenant un livre de la main gauche, 
bénissant de la droite. 

Les moulures courbes reliant les côtés perpendiculaires 
avec la pointe de l'écu se divisent et retombent sous celle 
dernière, de manière à former à l'intérieur deux arcades à 
plein cintre dont les archivoltes se rejoignent sur un cul-de- 
lampe. Sous chaque arcade voltige un ange jouant d'un 
instrument de musique. 

Le vide compris entre les contre-courbes des arcades 
intérieures et la pointe de l'écu est divisé en deux parties 
par un pilastre à angle saillant, naissant du cuUde-lampe ; 
les écoinçons sont remplis par deux écussons de forme 
allemande. 

Les coiffures de sainte Anne et de ses descendants sont 
extrêmement pittoresques : turbans, énormes bourrelets, 
bonnets pointus, longues queues, pièces d'étoffe entre- 
croisées, enroulées ou retombantes sont distribués avec la 
plus grande fantaisie; quelques-uns de ces couvre-chefs 
sont identiques à certains de ceux que nous avons rencontrés 
dans le retable de Saint-Georges. 

Les ornements d'architecture sont d'une grande simplicité. 

Les vêtements sont dorés, les revers bleus; l'Enfant 
Jésus est velu d'une longue robe bleu foncé avec des 
feuillages d'or. 



— 3b — 

Les étoffes sont amples et souples, simplement et savam- 
ment drapées ; les altitudes sont pleines d'expression ; la scène 
centrale est tout à fait charmante de sentiment intime et naïf. 

Les tètes semblent de véritables portraits et rappellent 
celles de Jean Borremans, mais avec une expression plus 
douce et plus noble, une exécution moins brutale et plus 
caressée. 

II est à regretter que le nom de Fauteur de ce remarquable 
morceau de sculpture ne soit point arrivé jusqu'à nous. 

RETABLE D'ESTINNES-AU-MONT 

(chapelle de Notre-Dame de Cambron). 
XV e SIÈCLE. 

Une légende curieuse se rattache à l'érection de la petite 
chapelle de Notre-Dame de Cambron : au commencement 
du xiv e siècle, dit cette légende, un juif, nommé Guillaume, 
frappa d'un coup de lance une image de la Vierge dans le 
monastère de Cambron, et le sang coula de la blessure. 

Peu de temps après ce sacrilège, en 1326, la Vierge 
apparut à un vieillard nommé Jehan le Flameng ou Le 
Febvre, demeurant à Estinnes-au-Mont, et lui ordonna de 
venger l'outrage qu'elle avait reçu. Le Flameng appela 
Guillaume en champ clos et le tua. 

Un siècle et demi après cet événement, en 1486, une 
chapelle dédiée à Notre-Dame de Cambron fut érigée en 
mémoire de ces faits à L'emplacement qu'occupait, dit-on, la 
maison de Jehan (i). 



(i)Th . Lejeune, Annales du Cercle archéologique de Mons, VU (1867), p. 81. 
Planche. 



— 36 — 

Cet édifice est peu intéressant sous le rapport de l'archi- 
tecture, mais il contient un certain nombre d'objets anciens, 
parmi lesquels un beau retable en style gothique, flam- 
boyant. 

A part une statue de Notre-Dame de Cambron, celle œuvre 
ne contient pas de figure; mais elle est des plus remar- 
quables au point de vue de la richesse d'invention, de Vêlé- 
gance et de la délicatesse d'exécution des ornements 
archilecloniques. 

Le retable se compose de trois niches ; celle du milieu, où 
se trouve la statue que nous venons de mentionner, esl plus 
large et plus élevée que les deux autres. 

Les arcatures sont en forme d'accolades d'un dessin tour- 
menté el couvertes d'une profusion d'ornements de branches 
et de feuillages d'une étonnante fertilité d'imagination et 
d'un travail merveilleux. Elles retombent sur des colon- 
nettes, auxquelles sont accolées de petites niches surmontées 
de dais richement décorés. 

Co retable est malheureusement fait de matériaux ex- 
trêmement friables; aussi les dégradalions qu'il a subies 
ont-elles nécessité une restauration parliclle, il y a une 

4 

vingtaine d'années. 

La pierre blanche de France dont il est construit avait 
été recouverte par quelque barbouilleur ignare d'une épaisse 
couche de couleur qui avait la prétention de la transformer 
en marbre noir. 

Mais ce n'est pas là le seul acte de vandalisme dont celte 
jolie sculpture a été victime : dans le principe, une tablette 
placée à mi-hauteur partageait chaque division en deux 
triches superposées ; or, dans les niches latérales, ces tablettes 



— 37 — 

ont été brisées pour faire place à d'affreuses statues peintur- 
lurées représentant Saint-Joseph et Saint-Gommaire. 

Hàtons-nous d'ajouter qu'un curé d'Estinnes-au-Monta eu 
le bon goût de faire disparaître ces vilaines postures (i). 
Quant aux groupes ou aux figures que les niches du retable 
devaient contenir antérieurement, il n'a pas été possible 
d'en retrouver la trace et l'on ne possède aucun rensei- 
gnement à leur sujet. 

RETABLES DE GHEEL. 

La Passion. 

XV e SIÈCLE. 

Le retable dit de la Passion, le plus beau peut-être de 
ceux que nous avons décrits jusqu'à présent, se trouve à 
Gheel, dans l'église de Sainte-Dimphne. 

II comporte un nombre considérable de figures, disposées 
dans trois compartiments rectangulaires; chacun de ceux-ci 
contient, outre une grande composition principale, quatre 
petits groupes adossés, à droite et à gauche, à la partie supé- 
rieure de l'encadrement; le compartiment du milieu, forte- 
ment surélevé, en possède huit. 

Le premier de ces groupes, dans l'angle supérieur gauche 
du premier compartiment, nous montre Jésus amené devant 
Pilale; plus bas, le Christ, assis et les yeux bandés, est 
insulté par les soldats. 

La scène principale de ce tableau représente la Flagel- 
lation. 

(0 V. Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol, X (!87t), p. 312. 



— 38 — 

Le Sauveur est au centre, adossé à une colonne, à laquelle 
il est attaché par les poignets et par les chevilles. Il n'a pour 
vêtement qu'un linge autour des reins; son corps est cou- 
vert de plaies. 

Devant lui un bourreau, coiffé d'un énorme bonnet pointu 
orné d'un gros gland, resserre, d'un mouvement vigoureux, 
le lien d'une verge, sur laquelle il appuie le genou ; à droite 
et à gauche du Sauveur, deux bourreaux le frappent avec 
des martinets, dont les trois lanières sont renforcées de 
nœuds; un autre encore le tient par les cheveux. Au fond 
se tiennent deux juges vêtus de robes noires très belles, 
brochées de grands ornements d'or. A gauche est Pilale, 
coiffé d'un turban; à droite, deux juifs lèvent la main 
gauche d'un air d elonnement. 

Les ricanements des bourreaux, la tranquillité de la figure 
du Christ, qui semble avoir pitié de ses persécuteurs, sont 
d'une expression saisissante. 

Les deux autres petits groupes représentent le Christ cou- 
ronné d'épines et l'Etre Homo. 

Les épisodes du martyre de Jésus, depuis sa condamna- 
tion par Pilatc jusqu'à sa mort, forment le sujet du panneau 
principal. 

Les quatre petites compositions échelonnées le long du 
montant gauche de l'encadrement nous montrent successi- 
vement Pilale se lavant les mains, Jésus portant sa croix, 
Jésus dépouillé de ses vêtements et le Christ cloué sur la 
Croix. 

Nous arrivons à la composition la plus importante du 
retable : le Christ en croix; scène mouvementée, aux nom- 
breux personnages savamment groupés, dans des attitudes 



— 50 - 

animées et expressives, au-dessus desquels plane la grande 
placidité de la figure du Crucifié. A ses côlés, les deux lar- 
rons se tordent de douleur; deux anges voltigent à ses pieds 
en pleurant. 

Un cavalier armé d'une longue lance lui perce le flanc, 
aidé d'un second qui soutient le manche de l'arme. Quatre 
autres cavaliers entourent le pied de la croix. 

Au fond s'aperçoit la figure de Pilate; en avant, des 
guerriers couverls d'armures, des gens du peuple levant 
les bras, criant, ricanant, insultant et menaçant le divin 
supplicié. 

Enfin, à gauche, la Vierge — figure largement drapée et 
d'un sentiment admirable — s'affaisse, soutenue par une 
femme ; saint Jean se tient derrière elle ; sainte Véronique lui 
montre le voile sur lequel s'est imprimée la face de son Fils. 

Les groupes qui ornent le montant droit sont : Nieodème 
et Joseph d'Ariniathie demandant à Pilate de leur laisser 
emporter le corps du Christ; les soldats jouant aux dés sa 
robe; Jésus consolant les patriarches, enfin Jésus descendu 
dans les limbes. 

La composition principale du dernier panneau représente 
le Christ descendu de la Croix. 

Joseph d'Arimathie et Nieodème portent le corps; la 
Vierge s'agenouille et embrasse son Fils; saint Jean la 
soutient; trois saintes femmes et deux figures d'hommes 
complètent la scène. L'un des hommes lient l'échelle qui 
vient de servir à descendre le corps de la croix, que l'on 
aperçoit au fond. 

Les figures de la Vierge, de saint Jean et de Joseph 
d'Arimathie sont surtout saisissantes de sentiment. 



— 40 — 

Les quatre groupes latéraux représentent : à gauche, 
r Embaumement du corps du Sauveur et la Mise au tom- 
beau; à droite, les soldats gardant le Sépulcre et la Résur- 
rection. 

Les colonnetles formant les encadrements extrêmes et les 
divisions entre les panneaux supportent quatre niches, sur- 
montées de pinacles très élancés et dans lesquelles se trou- 
vent les figures des quatre prophètes : David, Baruch, 
Ezéchiel et Jérémie. 

Les trois grandes compositions sont couronnées de dais 
ajourés d'une imagination très riche et d'un faire délicat. 

L'exécution des figures, par contre, n'est pas des plus 
fines; les nez sont gros ; les traits souvent épais. 

Les hommes ont les proportions élancées des person- 
nages de Thierry Bouts; les jambes surtout sont longues et 
maigres. 

On a recueilli, sur la botte de l'un des personnages, cette 
inscription : 

Joseph Van AZOMÀ. 

Le retable est fermé par des volets peints, de l'école de 
Bouts. 

Celte belle œuvre nous paraît bien appartenir à l'école 
louvaniste. 

Elle est beaucoup mieux restaurée que le retable de 
Sainte-Dimphne, qui se trouve dans la même église. 

Cela tient à ce que l'on a évité ici l'errement trop fréquent 
qui consiste à confier à un seul artiste la restauration d'une 
sculpture polychroméc, d'où il résulte souvent que la pein- 
ture est massacrée. 

Trois artistes ont concourru à la restauration de ce retable. 



— 41 — 

M. Sohest a élé chargé de la partie sculpturale; M. Du lac, 
de la dorure; enfin, M. Le Roy, restaurateur de tableaux, 
a eu pour sa part la polychromie et a apporté dans ses 
retouches la discrétion et le respect qui conviennent à un 
travail de cette nature. 

Sainte-Dimphnc. 

XVI e SIÈCLE. 

Un magnifique retable en bois sculpté, polychrome et doré 
occupe la troisième chapelle du pourtour de la même église ; 
il contient un grand nombre de figures et représente divers 
épisodes de la vie de sainte Dimphne, patronne de l'église. 

Il se compose de trois étages; celui du dessous est rec- 
tangulaire et divisé en cinq compartiments; il est fermé par 
deux volels sculptés formant deux compartiments chacun. 

Chaque panneau renferme une grande composition prin- 
cipale ; une suite de scènes plus petites se déroule au 
milieu des riches ornemenls d'architecture qui en forment 
la partie supérieure. 

Chacune des scènes principales est expliquée par une 
inscription latine en caractères italiques tracée au-dessous. 
Cette inscription, dit M. Piol(i), date du xvn 6 siècle. 

Nous y voyons successivement : dans le haut du premier 
panneau (volet de gauche), la naissance de la sainte; au- 
dessous, son baptême, par saint Gerebernus. 

Le second compartimeut nous fait voir la mort de la 



(<) Ch. Piot, Le retable de Véglise de Sainte-Dimphne, à Gheel (Bull, des 
Comm. roy. d'art et d'archéol., I, pp. 400 et suiv.). 



— 42 — 

reine, mère de Sainle-Dimphne; la reine, étendue sur une 
sorte de grand fauteuil et les jambes couvertes d'une amplo 
draperie, recommande sa fille à Saint-Gerebernus. 

Au-dessus, le roi tient conseil pour conclure un nouveau 
mariage. 

Dans la scène suivante, le roi, conseillé par le démon, 
annoncée sa fille sa résolution de l'épouser. 

La volonté chez le roi, la surprise douloureuse et la sup- 
plication chez sa fille sont admirablement exprimées par les 
physionomies et les attitudes. 

Un démon à tète énorme, couverte d'un bonnet en 
éteignoir, porlc le pan du manteau royal, 

La sainte fait connaître à Gerebernus la funeste résolution 
de son père; tous deux décident de prendre la fuite. 

Dans le haut du quatrième panneau, nous les voyons 
s'éloigner; au-dessous, ils abordent à Anvers dans un petit 
esquif. La sainte est assise au milieu; deux personnages 
sont en face d'elle; un homme à longs cheveux et à barbe 
en pointe, une petite viole dans la main gauche, se tient 
près du gouvernail. Dans le fond s'aperçoit la ville. 

Les fugitifs arrivent à Westerloo et y achètent des .vivres. 

Sous cette petite scène, nous voyons le roi sur une sorte 
d'estrade, appuyé du coude gauche sur un parapet et tenant 
le sceptre de la main droite; un démon lui souffle à l'oreille 
de perfides conseils; un émissaire à cheval, le bonnet à la 
main, lui annonce qu'il a relroilvé, au moyen d'une pièce 
de monnaie, les traces du passage des fugitifs à Westerloo. 

Cette scène est expliquée par l'inscription latine placée 
au-dessous : Juventa patri prodilur. (La jeune fille est 
livrée au père.) 



- 43 - 

Sous l'estrade où se tient le roi, une niche devant laquelle 
est attaché un singe. 

Dans la composition suivante, le roi, tenant sa fille par 
les cheveux, la décapite lui-même d'un grand coup de sabre; 
à gauche, saint Gerebernus à genoux et les yeux bandés, 
subit la décollation de la main d'un bourreau; au milieu, 
un grand démon, aux ailes déployées, semble jouir de son 
triomphe. 

La figure de la sainte est remarquable de sublime 
résignation. 

Derrière le roi, dans l'angle droit, rampe un affreux 
monstre au corps de grenouille. 

Au-dessous se trouve l'inscription : Cadunt pudoris 
victimae. 

Dans le tableau suivant, six anges déposent les corps de 
sainte Dimphne et de Gerebernus dans un sarcophage. 

Puis nous voyons la chasse de la sainte porlée procession- 
nellemcnt; enfin, dans le dernier tableau, sainte Dimphne 
apparaît au milieu de malades et de possédés, qui l'invoquent. 

Les petites compositions supérieures montrent successi- 
vement l'arrivée à Weslerloo des envoyés du roi, la réunion 
dans la retraite de la sainte, les gens de Gheel enterrant les 
corps des deux suppliciés, enfin le transport des ossements 
de Sainte-Dimphne, sur un chariot (rainé par des bœufs. 

Les colonnes qui marquent les divisions sont ornées d'un 
double rang de figurines de saints et d'évèques. 

L'étage du milieu se compose d'une grande niche dans 
laquelle est déposée la chasse de Sainte-Dimphnc. 

Celte niche est fermée par deux volets, dont l'intérieur est 
sculpté; celui de gaucho représente un évèque montrant 



_ 44 — 

une lête coupée (i); deux personnages sont debout derrière 
lui; trois autres, dont deux portent des cierges, passent 
devant une châsse placée sur un petit autel. 

Daos le volet de droite, on voit un autel devant lequel 
deux hommes sont en prières; cinq prêtres occupent les 
deux côtés. 

Dans les ogives qui surmontent ces compositions se 
trouvent : au volet de gauche, un château fort; au volet de- 
droite, une église. 

La niche est surmontée d'un groupe représentant la 
glorification de la sainte, que quatre anges emportent au ciel ; 
de chaque côté, sur une colonne, un ange faisant de la 
musique. 

Le (oui, enfin, est couronné par un Christ en croix; le 
groupe de la sainte enlevée par les anges est adossé à un 
motif d'architecture avec une petite corniche moulurée, dont 
les extrémités se relèvent pour former deux socles sup- 
portant : à gauche, la Vierge; à droite, saint Jean, qui se 
trouvent ainsi au pied de la croix. 

Celte œuvre est d'un grand effet; les ornements archilec- 
toniques sont riches et variés. 

Si l'on peut reprocher aux figures d'être d'une exécution 
peu soignée, le style n'en est pas moins magistral, puissant 
et hardi, moins accentué que celui de Jean Borremans, mais 
tout aussi pittoresque et peut-être d'une imagination plus 
abondante. 

Plusieurs figures sont d'un jet superbe; d'autres, char- 
mantes de sentiment. 

(i) D'après M. Pioi {loe. cit.), la tète Je Saint-Denis. 



— 45 — 

Les draperies sont généralement belles; citons spécia- 
lement celle de l'évèquc qui baptise la sainte, dans le premier 
panneau. 

Les tètes sont peu caressées; les visages surtout semblent 
avoir attendu leur fini de l'enduit que recevait la sculpture, 
préalablement à la polychromie. 

Diverses inscriptions se trouvaient sur les robes de plu- 
sieurs personnages et indiquaient la date de l'exécution du 
retable ainsi que le nom de l'auteur ; malheureusement un 
restaurateur (!) les a effacées. II a cependant atténué quelque 
peu cet acte de vandalisme en prenant un calque de certaines 
phrases. 

L'un de ces calques a permis à M. Piot de retrouver la 
date et peut-être le nom de l'artiste auteur de la sculpture. 

Ce calque était mal pris et quelques caractères présentaient 
des anomalies qui frappèrent tout d'abord M. Piot. 

Dans une élude très intéressante (i), le savant archiviste 
est arrivé à restituer comme suit l'inscription en question : 
ALS . DESE . TAVEL . WAS . GHESTELT . SCREEF . 
MEN . MCCCCCXV . ONTTRENT . KERSMISSE . IAN . 
WAVE. 

Nous savons donc que le retable fut placé en 1515 et que 

J'auteur en fut peut-être Jean Wave; cependant, ajoute 

M. Piot,Wave n'est désigné nulle part comme sculpteur, mais 

diverses circonstances portent à croire qu'il exerçait cet art (2). 

(i) Bull, des Cotnm. roy. d'art et d'archéol, loc. cit. 

(«) Peut-être se trouvait-il, après Wave, un mot qui nous eût fait connaître 
en quelle qualité ce personnage intervint dans le placement du retable : Sculpsit. 
fecit . consecravit . dédit.... ? 

Dans une autre inscription, le restaurateur a lu : ave : santa : dtng. 

M. Piot suppose que ces lettres ont été mal copiées et que Ton pourrait 



— 46 — 

M. Ruyl (1) est d'accord avec M. Piot pour considérer 
Jean Wave comme l'auteur de cette belle œuvre. 



Le Christ descendu de la croix. 

XVI e SIÈCLE. 

Ce petit retable ne comporte qu'une seule scène : la Vierge 
assise porte sur (es genoux le corps du Sauveur; saint Jean 
se tient derrière elle; la Madeleine est debout, â gauche ; 
quelques autres personnages occupent le fond. 

Cette petite composition est admirable; la Vierge, enca- 
puchonnée dans un long voile, abîmée dans sa douleur, est 
d'un sentiment superbe. Le corps du Christ, raidi par la 
mort, est remarquable par la distinction et l'élégance de ses 
formes. 

La physionomie de saint Jean est pleine de finesse; mais 
la plus belle figure de ce tableau est celle de la Madeleine ; 
elle se tord les mains dans une attitude remarquable de sen- 
timent douloureux en même temps que de grâce et d'élé- 
gance. La tète, tout à fait ravissante, est coiffée d'une grande 
toque à fond évasé, retenue par une bande de mousseline 
qui passe sous le menton. 

Il est bien regrettable que ce petit chef-d'œuvre ait été 
peinturluré par un restaurateur qui y a multiplié les bleus 
crus et les ors aveuglants. 



lire : AVE . SANTA . D(e)I . G(enitrix) ou ave . sanîa . dinp (pour Dimpna). 

Ne pourrait-on aussi lire : ave . santa . Dfom)iN(i) Q(enilrix)^ 

Cette dernière phrase est, d'ailleurs, sans importance. 

(i) Gheel vermaerd door den eerdiemt der Heilige Dimphna. (Anvers, 1863, 
h.-3°, p. 120.) 



— 47 — 



RETABLE D'OPLINTER. 

XVI e SIÈCLE. 

Le retable que Ton admire actuellement dans une chapelle 
de l'église de Sainte-Geneviève, à Oplinter (près Tirlcmont), 
fut exécuté en 1 524 et placé un an plus tard dans l'abbaye 
de Maagdendale. 

Son transfert à remplacement actuel date de 1785, lors 
de la suppression de cette abbaye (t). 

Sa configuration générale est celle d'une arcade trilobée» 
très élevée au centre, très surbaissée au-dessus des panneaux 
latéraux. 

La partie principale forme trois grandes divisions mar- 
quées par des faisceaux de colonnellcs et subdivisées elles- 
mêmes en deux compartiments superposés. 

Le soubassement est de forme rectangulaire et comprend 
trois panneaux. 

Nous y voyons d'abord la Naissance du Christ; la figure 
de l'enfant a disparu ; à gauche se tient un vieillard curieu- 
sement costumé; ample robe dont les manches (de la forme 
dite pagode) pendent jusqu'aux pieds; pèlerine découpée, 
remontant entre les omoplates, aux ongles ornés de gros 
glands; chapeau rappelant celui dont est coi (Té saint 
Joachim dans le second panneau du retable de Lombcek. 
Au fond, un homme apparaît sous une sorte de porche à 
arcade en accolade. 

Le second tableau représente la Circoncision : au centre, 

(i) Vas Even, L'ancienne école de peinture de Louvain, pp* 344 et suiv. 



— 48 — 

un groupe de trois personnes tenant l'enfant; à l'avani-plan, 
de chaque côté, un homme; celui de gauche, d'un embon- 
point remarquable, est coiffe d'une sorte de turban à longues 
oreillères, terminées par des glands. La draperie de son 
costume est simple et magistrale. 

Deux vieillards paraissent plus loin sur des baies en 
arcades; d'autres encore, dans une sorte de niche, forment 
le fond. 

L'Adoration fournit le sujet du troisième compartiment. 
♦ La Vierge, assise à gauche, tient l'enfant sur ses genoux ; 
Saint-Joseph est debout à côté d'elle; devant, un Mage 
agenouillé découvre un vase; un autre, à droite, se prépare 
à faire son offrande. 

Ce soubassement est accosté à droite et à gauche de deux 
consoles allongées, décorées de feuilles d'acanthe retom- 
bantes et laissant entre elles une petite niche, qui supportent 
la partie principale. 

Celle-ci, comme nous l'avons dit, est divisée en six 
compartiments. 

A gauche, au-dessus, le Portement de la croix, groupe 
nombreux dont presque tous les personnages se retournent 
vers le spectateur. 

Plus bas se voyait le Christ couronné d'épines. 

Lorsqu'il nous a été donné d'examiner ce retable fi), il 
ne restait de celle dernière composition que six figures; à 
gauche, un soldat, vu de dos; à droite, un personnage 
beaucoup plus grand et dont la coiffure se termine par deux 
longues tresses qu'il tient de la main gauche; puis un vieil- 

(i) À l'Exposition de l'art ancien, au Palais du Cinquantenaire, en 1888. 



— 49 — 

lard chauve, agenouillé; enfin, dans le fond, un homme 
sonnant du cor et deux personnages assis à une sorte de 
balcon. 
La scène principale représente le Calvaire. 
Plusieurs figurines gravissent les roches qui l'entourent; 
au pied de la croix se tient la Vierge, debout; à droite et à 
gauche, deux cavaliers de fière tournure. 

Plus bas, un groupe de quatorze personnes : à gauche, la 
Vierge, soutenue par saint Jean; plus loin, des femmes; à 
droite, des soldats; au fond, le peuple. 

Au centre, à l'avant-plan, se trouvent deux petites figures 
de clercs très remarquables. 
Sous cette composition, nous voyons YEcce Homo. 
Au fond, au sommet d'un escalier très élevé, le Christ a 
les poignets attachés par une corde dont un bourreau tient 
Vextrémilé. 

Au bas de l'escalier, des figures truculentes de soldats 
beaucoup plus grandes rappelant ce contraste de propor- 
tions qu'affectionne André del Sarte. 

De la scène qui composait la partie inférieure du panneau 
droit, il ne reste que quatre statuettes : deux soldats au 
premier plan, deux petites figures au fond; cette com po- 
sition représentait le Christ renvoyé par Pilale. 
Au-dessus, la Descente de croix. 
A gauche, un soldat, vu de dos, s'appuie sur un large 
sabre recourbé ; il est vêtu d'une longue tunique aux bords 
taillés en créneaux ; les jambes sont enfermées dans un large 
pantalon, les épaules couvertes d'une pèlerine; sa coiffure 
est un chapeau à larges bords, d'où pendent de longues 
cordes. 



— 50 — 

Au centre est étendu le Christ, les bras pendants; autour 
de lui, un groupe de femmes élégantes et pimpantes, de 
véritables princesses; au fond, des spectateurs. 

Au-dessus du Calvaire est un molif d'architecture enca- 
drant un petit groupe : un homme et une femme agenouillés 
devant une table de communion, peut-être les donateurs. 

Adossées au lobe central surélevé sont deux figures pré- 
sentant le torse d'un ange sortant d'un support en forme de 
console à double volute; figures lourdes, trop grandes et 
dont la disposition nuit à la silhouette générale. 

Le retable est fermé par des volets peints, assez médiocres. 

Les compositions sont surmontées de dais formés d'une 
véritable broderie d'ornements, aux formes élancées, rap- 
pelant encore les golhiques, et d'une exécution des plus 
délicates. Plusieurs petits groupes accessoires en décorent 
les montants. 

Bien qu'un peu tourmenté et d'une Renaissance déjà 
avancée, le retable d'Oplinter n'en est pas moins une œuvre 
très remarquable; il ne présente ni le nerf ni la finesse de 
certaines sculptures gothiques ni la grandiose simplicité de 
certaines autres ; mais il est d'un beau jet, étonnant de faci- 
lité, de hardiesse et de fertilité d'invention, d'une panto- 
mime largement et spirituellement esquissée. 

Les physionomies sont pleines de vie et de naturel, 
c Elles sont, dit M. Van Even, aussi diversifiées et aussi 
> originales que dans la nature; l'artiste les a senties et 
» exprimées avec sincérité ; c'est la vie qui produit la 
» vie. » 

Grâce aux recherches faites par M. Van Even dans les 
anciens comptes de l'abbaye de Maagdendale, les noms des 



— M — 

deux artistes auxquels on doit cette œuvre remarquable ont 
pu heureusement arriver jusqu'à nous. 

Le sculpteur Guillaume Hessels y révèle un génie hardi, 
très pittoresque et amoureux de l'effet. Il a été puissamment 
secondé par le peintre Jean Van d en Berghe, chargé de la 
polychromie. 

Les coiffures et les ajustements rappellent les exagé- 
rations allemandes. Les turbans sont peints de diverses 
couleurs; les vêtements sont dorés et ornés de broderies 
peintes plus compliquées qu'à l'ordinaire. 

Des inscriptions se trouvent sur la plupart des draperies 
savamment gauffrées. 

Le retable d'Oplinter paraît être resté à l'abandon pendant 
nombre d'années; soit indifférence, soit manque de res- 
sources, il semble que les autorités qui en avaient la garde 
aient voulu laisser au temps le soin d'accomplir l'œuvre de 
destruction à laquelle il avait échappé de la part des 
iconoclastes et des révolutionnaires. 
Des personnes compétentes qui l'ont examiné il y a 

■ 

quelques années, lorsqu'il fut question de son acquisition 
par l'État belge, déclarèrent qu'il n'était pas possible de le 
restaurer et que le meilleur parti à prendre était de se 
borner à retoucher discrètement quelques parties de la 
polychromie et à entretenir le retable dans l'avenir avec 
plus de soin. 

Il a été partiellement restauré en 1866; certains détails 
architectoniques avaient déjà été remplacés à la fin du 
xvr siècle* 

Les délégués de la Commission royale des monuments 
qui l'examinèrent en 1866, firent, à propos de ce retable, 



— 52 — 

cette observation curieuse : « Il est à remarquer que la 
» partie centrale et sculptée du retable est partagée en deux 
» panneaux. Bien que les sculptures semblent de part et 
» d'autre de la main du même artiste, on a lieu de croire 
» pourtant que les deux panneaux ne faisaient pas origi- 
» nairement partie du même meuble, car leurs divisions 

» ne correspondent pas » 

Par la silhouette de l'ensemble, par les proportions des 
compartiments et la distribution des scènes, ce retable 
présente de frappantes analogies avec celui d'Opitter, dont 
nous allons parler. 

RETABLE D'OPITTER. 

XVI e SIÈCLE. 

Ainsi que nous venons de le remarquer, l'on est frappé, 
au premier aspect, par les nombreux rapports qui existent 
entre le retable d'Opitter et celui d'Oplinter, quant aux 
formes générales et à la distribution des scènes. 

Tous deux représentent le même sujet : la Passion. 

Des faisceaux de colonnes, dans le haut desquels se trou- 
vent des niches, dont l'une contient une statuette de saint 
(celle de droite a disparu), marquent les trois grandes divi- 
sions du retable. Chacune de ces divisions contient deux 
scènes. 

Les diverses compositions nous semblent devoir, au point 
de vue de la succession des épisodes, être classées dans 
Tordre suivant : 

Partie inférieure : 

1° Panneau du centre : au fond, un enfant posé sur une 



— 53 — 

sorte de table ou d'autel (?); devant, six personnages dont 

deux surtout sont à citer : à droite, au troisième plan, un 

grand vieillard à longue barbe, à cheveux retombant sur 

les épaules; il a l'air d'un souverain ou d'un grand-prètre; 

il est coiffé d'un chapeau rond à bords plats, dont la forme, 

très élevée, est surmontée d'une pelite boule; du même côté, 

au premier plan, une sorte de mendiant, courbé en deux et 

appuyé sur un bâton; il est couvert d'un capuchon pointu 

au sommet de la tète et s'a lion géant en pèlerine de façon 

à couvrir le dos; les manches, très longues, cachent et 

dépassent les mains. Tous les personnages de celte scène 

lèvent Ja main droite; nous supposons qu'ils représentent 

le peuple demandant la mort du Christ et la liberté de 

Barabbas ; 

2° Panneau gauche. La Flagellation. Au centre Jésus, 
attaché par les mains à une colonne, est flagellé par les 
soldats; à gauche, un bourreau le frappe du poing; 

3° Panneau droit. Le Christ couronné d'épines est assis 
au centre de la scène. Plusieurs personnages l'insultent et 
le menacent; au premier plan, à gauche, est un soldat 
portant un bouclier à la partie inférieure en pointe et décoré 
d'une tête fantastique. 
Rangée supérieure : 

1° À gauche, le Portement de la Croix. Sainte Véronique 
rencontre le Christ et lui essuie le visage; à droite, un bour- 
reau faisant le geste de donner un soufflet; 

2° Au centre, le Calvaire. Le Christ est en croix entre 
les deux larrons; des cavaliers sont au pied de la croix. 
Au-dessous, une grande composition de onze personnages : 
la Vierge s'évanouissant, entourée de plusieurs femmes; 



— 84 — 

saint Jean se tient à gauche; à droite, des guerriers armés 
de boucliers, dans l'un desquels nous remarquons celui que 
nous avons signalé plus haut ; 

5° A droite, la Descente de Croix. Un homme adossé 
dans l'angle gauche tient la couronne d'épines; puis le 
Christ assis, les jambes étendues; la Vierge est agenouillée 
à ses pieds. 

Des ornements architectoniques, des dais, remarquables 
de richesse d'invention et d'exéculion — qui n'ont pas perdu 
toute tournure gothique — encadrent et couronnent ces 
diverses compositions; les montants sont ornés de dix petits 
groupes accessoires : deux à chacun des panneaux latéraux, 
six au panneau central. 

Sous le dais du premier compartiment se trouve égale- 
ment une petite composition à plusieurs personnages. 

Ce retable appartient à l'école d'Anvers, dont il porte, en 
deux endroits, la marque faite au moyen d'un poinçon 
rougi au feu. 

Il a été restauré, en 1878-79, par deux artistes de talent : 
le statuaire de Haen et le peintre Franz Meerts. 

De nombreuses inscriptions ont été remarquées sur les 
bords des vêtements; M. Piot, qui les a examinées dans 
l'espoir d'y trouver le nom de l'auteur du retable, a remar- 
qué qu'elles se composent de caractères de fantaisie et ne 
présentent ni lettres gothiques, ni lettres romaines. 

Le savant archéologue a épuisé en vain toutes les com- 
binaisons possibles sans parvenir à en tirer un sens quel- 
conque ; il estime que ce sont des imitations plus ou moins 
dégénérées d'inscriptions dont on trouve parfois des traces 
sur les bords des vêtements des figures de l'école deByzance. 



-55 — 



RETABLE DE GESTEL 

(au Musée royal d'Antiquités, à Bruxelles). 

XVI e SIÈCLE. 

Ce relable, de petites dimensions, est en chêne sculpté ; 
il provient de l'église de Gestel, près Meerhout (Cam- 
pine). 

Il se compose de trois grandes divisions renfermant cha- 
cune deux compartiments superposés; le tout est couronné 
par une corniche moulurée, dont le contour rappelle les 
formes des retables d'Opitter et d'Oplinter. 

La composition placée à la partie supérieure du panneau 
gauche représente l'Annonciation; deux figures seulement : 
la Vierge et l'Archange. Ce dernier porte une longue cheve- 
lure ondulée, d'une abondance extraordinaire. 

Au-dessous se voit la Visitation, scène à plusieurs per- 
sonnages, hommes et femmes ; deux petits anges sont placés 
en avant; le fond est occupé par une sorte de château-fort. 

La composition placée au bas du panneau central repré- 
sente la Naissance du Christ. 

Au milieu, la Vierge est agenouillée devant le berceau de 
l'enfant; deux petits anges, à genoux, se tiennent à gauche; 
un autre, debout dans l'angle, porte une sorte de lanterne; 
à droite est un vieux berger en prières ; l'âne et le bœuf se 
trouvent dans le fond. 

Au-dessus de cette scène, l'artiste a placé un sujet que 
nous n'avons rencontré jusqu'à présent dans aucun autre 



— 56 — 

retable : le Christ, nu, la croix sur l'épaule, le pied droit 
posé sur le globe du monde, se tient debout sous une sorte 
de dais ou de tente; deux anges, dont l'un lient une épée, 
soulèvent la draperie; à l'avant-plan, deux autres anges en 
longues robes, les ailes dressées, lui présentent chacun une 
boîte; nous supposons que le sculpteur a voulu représenter 
ici une sorte d'apothéose de la jeunesse du Rédempteur. 

La composition inférieure du panneau droit comporte 
cinq personnages et représente la Circoncision. 

Dans la scène placée au-dessus de la précédente, on voit, 
au fond, un homme portant un enfant qu'il se dispose à 
mettre dans une sorte de corbeille ou de berceau carré que 
lui présente une femme agenouillée. 

A gauche se lient saint Joseph dans une attitude humble, 
un peu penché, le chapeau dans une main, un bâton dans 
l'autre; en face, la Vierge, encapuchonnée dans un long 
manteau très étoffé, les mains jointes; deux femmes occupent 
la droite. 

Cette œuvre est assez réaliste; elle constitue un beau 
travail de bois, mais n'est que de deuxième ou même de 
troisième ordre, si on la compare aux magnifiques sculptures 
précédemment décrites. 

Les figures sont un peu courtes, les mains lourdes, les 
gestes quelque peu vulgaires. 

La décoration architecturale, simple mais jolie et d'une 
exécution habile, ne saurait cependant être comparée aux 
riches et délicates dentelles de bois dans lesquelles les 
maîtres gothiques encadraient leurs compositions. 

Le retable de Gestel est très bien conservé et semble 
n'avoir jamais été peint. 



— 57 — 
RETABLE DE PAILHE 

(au Musée royal d'Antiquités, à Bruxelles). 

XVI e SIÈCLE. 

Le Musée royal d'Antiquités possède encore un retable 
en chêne, polychrome et doré, provenant de l'église de 
Pailhe (province de Liège). 

De même que la plupart des retables du commencement 
du xvi e siècle, celui-ci est divisé, sur sa longueur, en trois 
panneaux, dans chacun desquels sont placées des composi- 
tions superposées : deux à droite, deux à gauche, trois pour 
le panneau central, qui est surélevé. 

La silhouette tourmentée de son couronnement ne s'écarte 
pas sensiblement des profils généralement adoptés à celte 
époque» 

Il en est de même des sujets qui, ainsi que ceux d'un 
grand nombre de sculptures de la Renaissance, sont tirés du 
Nouveau Testament. 

Nous avons dit que deux compositions occupaient le pan- 
neau gauche ; celle du bas représente l'Adoration des Mages. 
Six personnages entourent l'Enfant; l'un d'eux, placé en 
avant dans l'angle droit, est un nègre ; l'àne et le bœuf mon- 
trent la tète dans le fond. 

Au-dessus se voit la Circoncision. L'opérateur, en lu- 
nettes, a une tète de vieux docteur; une femme, au premier 
plan à gauche, fait un geste des plus expressifs. Six autres 
figures complètent la composition. 

Dans le bas du panneau central est placée l'Adoration des 
Bergers. Au milieu, l'Enfant est couché sur de la paille; 



— 88 — 

sept personnes l'entourent, parmi lesquelles un jeune gar- 
' çon, au premier plan ; l'àne et le bœuf se voient au fond. 

A côlc de cette scène, dans le compartiment inférieur du 
panneau droit, nous voyons la Présentation de Jésus au 
temple. 

L'Enfant, debout sur une sorte de piédestal en forme de 
fonls baptismaux, est soutenu par sa mère; le grand-prèlre 
se tient à droite. 

La composition qui surmonte celle-ci représente la Mort 
de la Vierge. Parmi les nombreuses figures qui animent celte 
scène, nous remarquons au premier plan deux hommes, dont 
l'un porte des lunettes, agenouillés et en prières. 

Le centre du retable est occupé par un Arbre de Jessé 
aux nombreux personnages et terminé par la Vierge et 
l'Enfant Jésus. 

Enfin, le Calvaire couronne l'ensemble; le Christ est en 
croix entre les deux larrons; à ses pieds est la multitude, 
soldats et gens du peuple. 

Le fond et les détails archi tectoniques sont dorés, de 
même que les vêlements, dont les revers sont bleus. Les 
tètes et les mains sont peintes en tons de chair. 

L'exécution de cette sculpture est habile, le style en est 
aimable, élégant, mais n'a rien de magistral. 

RETABLE DE HAL. 

XVI e SIÈCLE. 

Le mailre-autel de l'église de Saint-Martin, à ,Hal, est 
orné d'un très beau retable çn albâtre rehaussé de dorures 
et du style Renaissance le plus pur. 



— 59 — 

Il se compose de trois ordres superposés, d'une archi- 
tecture très ornée, reposant sur un soubassement richement 
décoré de médaillons, de figures d'anges et de rinceaux de 
feuillage. 

L'étage inférieur comporte quatre baies carrées séparées 
entre elles par des pilastres. 

Dans chacune de ces baies est placé un médaillon de 
forme circulaire. 

Trois médaillons de même forme, séparés par des colonnes 
cannelées, composent le second élage de telle façon que les 
colonnes se trouvent placées dans Taxe des baies de l'ordre 
inférieur. 

Le troisième, enfin, n'a que deux colonnes très élancées, 
enfermant une niche ouverte par une arcade à plein cintre. 

Chacun des médaillons contient une composition allégo- 
rique figurant un des sept sacrements. 

La première scène du rang inférieur, à gauche, représente 
la Confirmation. Un évèque s'avance, accompagné de son 
assistant; il touche de deux doigts réunis de la main droite 
le front de l'un des trois enfants agenouillés devant lui; 
deux personnages complètent la composition. 

Le médaillon suivant représente la Pénitence. Un homme 
est à genoux devant une femme assise, symbolisant l'Église. 
Une femme debout, personnifiant la Mémoire, lui touche la 
tète de la main ; une autre femme, à gauche, semble du 
geste engager le pénitent à la sincérité ou lui donner 
l'absolution. 

La troisième scène comprend sept personnages et repré- 
sente le Mariage. Au centre, un prêtre pose le bout de 
lelole sur les mains unies des époux. 



— 60 — 

La quatrième composition figure FEcùtrême-Onction. Un 
vieillard est étendu sur un lit; deux personnages assis 
occupent le premier plan ; quatre autres se tiennent au fond. 

Nous arrivons au second ordre. 

La composition ornant le premier médaillon est te Bap- 
tême. Six personnages tiennent un enfant au-dessus des 
fonts baptismaux. Ceux-ci ont la forme d'une grande cuve 
portée par deux angclels et reposant sur un pied évasé par 
le bas, orné de deux dauphins. 

U Eucharistie vient ensuite; un prêtre tournant le dos à 
un petit autel, qui porte un chandelier et un livre ouvert, 
donne la communion à six fidèles agenouillés devant lui. 

Enfin, le dernier médaillon représente F Ordre. Un évèque 
accompagné de deux assistants sacre deux novices à genoux. 

Dans la niche formant le couronnement de l'édifice est 
placé un groupe : Saint Martin partageant son manteau 
avec le mendiant. 

Cette niche est accostée de deux grandes consoles ren- 
versées ornées de feuillages. 

Sur le socle de ce groupe se lit une double inscription 
donnant à la fois la date de l'exécution de l'œuvre et le nom 
de son auteur. 

1° Dans un cartouche, on voit : 
L'AN . DE . GRACE . 1353 . POSÉ . FUS . OFFICIANT . 

DE . BAILLI . EN . CESTE . VILLE . DE . HAVLX . 
MESSIRE . BALTHAZAR . DE . TOBERG . 

2° De chaque côté de ce cartouche : 
JEHAN . MONE L'EMPEREVR 

MAISTRE A . FAIT . CEST 

ARTISTE . DE DICT . RETABLE. 



— 61 — 

Jehan Mone était sculpteur de Charles-Quint; le retable 
deHal, par la remarquable composition des groupes, par 
l'exécution des figures, la pureté du dessin, le sentiment, 
la vérité d'expression des physionomies et des attitudes, 
suffit pour faire classer son auteur au premier rang des 
artistes de la Renaissance. 

La partie ornementale est traitée avec une habileté hors 
ligne. 

Le tiers inférieur des fûts des colonnes, les pilastres, les 
écoinçons, les frises, le soubassement, sont décorés de guir- 
landes de fleurs et de fruits, de rinceaux et de figurines qui 
ne le cèdent en rien comme richesse d'invention, comme 
grâce et comme délicatesse d'exécution, aux merveilleux 
détails architectoniques des maîtres gothiques. Aussi est-ce 
à juste titre que M. Piot (i) qualifie ce retable de chef- 
d'œuvre d'élégance et de bon goût. 

RETABLE DE BRAINE-LE-COMTE. 

XVI e SIÈCLE. 

Ce retable est d'une Renaissance avancée. 
Sa forme générale est carrée. 

Il se compose de deux ordres superposés, dont les enta- 
blements sont supportés par des caryatides. 
Les entrecolonnements, au nombre de trois pour chaque 

0) Ch. Piot, Notice historique sur V église de Hal (Bull, des Comm. roy. d'art 
eld'archêol., 1862, pp. 175 et suiv.). 

Voir gravures dans Les splendeurs de l'art en Belgique cl dans Gailhabaut, 
Uarchitecture du v 9 au xvn e siècle. 

V. aussi L. Everaert, Excursion archéologique à Hal (Annales du Cercle 
archêol. de Mons, XXI, p. 187). 



— 62 — 

ordre, forment des arcades à plein cinlre remplies par des 
panneaux sculptés représentant divers épisodes de la vie du 
Christ. 

Le tout repose sur un soubassement décoré de trois bas- 
reliefs. 

Le premier de ceux-ci, à gauche, représente les Hébreuco 
recueillant la manne dans le désert; le second, la Cène; le 
sujet du troisième n'est pas clairement déterminé : c'est une 
sorte d'agape; de nombreux personnages entourent une 
longue table servie ; peut-être 1rs Noces de Cana (?) 

Dans l'arcade surmontant le premier bas-relief, nous 
voyons le Portement de la croix. Le Christ succombe sous le 
fardeau ; un bourreau le frappe par derrière; un autre tiret la 
corde qui lui entoure la ceinture; agenouillée devant Jésus, 
sainte Véronique tient le linge avec lequel elle vient de lui es- 
suyer le visage. Au fond, des cavaliers et des gens du peuple. 

Dans le compartiment suivant, Ton voit le Christ en croioo 
entre les deux larrons ; les soldats s'éloignent au fond ; il ne 
reste au pied de la croix que la Vierge, saint Jean et des 
saintes femmes. 

Dans la troisième scène, le Christ attaché à une colonne 
est battu de verges; au fond, deux personnages accoudés 
à une fenêtre regardent le supplice. 

Les compositions placées dans les arcades de l'étage supé- 
rieur représentent la Descente du Saint-Esprit sur les 
Apôtres, la Résurrection, puis une troisième scène où l'on 
voit le Sauveur attirant à lui des personnages sortant d'une 
espèce de caverne ; d'autres personnages sont debout der- 
rière lui; au-dessus, une figure diabolique lance des 
flammes; c'est sans doute le Jugement dernier* 



— 65 — 

Les car valides du rang inférieur représentent l'Espérance, 
la Charité, la Foi et la Justice; celle du rang supérieur, la 
Tempérance, la Force, la Prudence;* la quatrième est une 
femme armée d'un glaive et tenant par les cheveux une tète 
coupée (Judith?.) 

Plus haut encore se voient : à gauche, la Vierge ; à droite, 
un évèque ; entre eux sont deux statuettes plus petites : un 
père et un évèque. 

Toute l'architecture rappelle l'ordre ionique. 

Les socles des caryatides de l'ordre inférieur sont ornés de 
tètes d'anges surmontant divers attributs; les piédroits des 
arcades portent des tètes de lions tenant dans la gueule des 
cordons auxquels sont accrochées des grappes de fleurs et 
de fruits ; les écoinçons sont remplis par des figures d'anges 
soutenant une couronne. 

La frise est décorée de triglyphes séparés par des métopes 
ornées de tètes de chérubins ailées. 

La décoration des socles de 1 étage supérieur se compose 
de guirlandes de fleurs et de fruits; celle des piédroits, de 
tètes de femmes et d'objets divers : fruits, armes, etc., des 
anges occupent également des écoinçons. 

La frise n'a pas de triglyphes ; elle est ornée de tètes 
ailées d'où parlent des cordons relevés par des anneaux et 
nouant des bouquets de fruits. 

Le retable supporte un tabernacle élevé, de silhouette 
élancée. 

Ce dernier est formé de nombreuses statuettes d'apôtres 
et d'évêques, disposées en pyramide ; au sommet sont des 
anges et à l'extrême pointe le pélican entouré de ses 
petits. 



— 64 — 

Les figures, courtes el trapues, n'en sont pas moins d'un 
bon style, énergique et viril. 

L'architecture est -d'une belle ordonnance, quoiqu'on 
puisse reprocher un peu de lourdeur aux arcades trop 
basses pour leur largeur. 

Les guirlandes de fleurs et de fruits sont d'une délicatesse 
charmante. Tout l'édifice est exécute en pierre blanche 
extrêmement friable ; aussi n'a-l-il pas échappé à quelques 
dégradations. 

Il porte l'inscription suivante : 

OPTIMATES . POPVLVSQ . BRENLE . COMITIS - 
SACRATISSIM;E . EVCHARISTLE . POSVERVNT . 
ANNO 1557. 

A-t-il été restauré ou seulement achevé vingt ans plus 
lard? Nous l'ignorons; toujours est-il que sur la frise des 
saillies de l'entablement que supportent les caryatides de 
l'ordre supérieur, nous relevons quatre chiffres formant le 
millésime 1577. 

La nature des matériaux employés peut faire supposer que 
les pierres ont été montées simplement dégrossies et pra- 
tiquées après la mise en place. 

On pourrait croire dès lors que la première date se rap- 
porte à la pose de la première pierre et la seconde à 
l'achèvement de l'œuvre. 

RETABLES DE HULSHOUT. 

XVI e ET XVII e SIÈCLES. 

L'église de Hulshout possède deux retables dont l'un date 
de la fin du xvi e siècle ; il est divisé en quatre compartiments 



— Go — 

comprenant la Nativité et des scènes de la Passion. Les 
Ikrures ont m 40 de hauteur. 

L'autre retable occupe la partie supérieure de l'autel ; il 
est moins beau et d'un demi-siècle moins ancien que le pré- 
cédent. Les six compartiments dont il se compose repré- 
sentent en figures de m 24 de hauteur des épisodes de la vie 
de saint Mathieu ou Mathias, patron de l'église. 

La composition des divers groupes qui décorent ces 
retables est bien conçue; l'exécution, en revanche, laisse à 
désirer. 

Bien qu'ils ne soient évidemment pas du même auteur, 
qu'ils aient été exécutés à des époques différentes et qu'ils ne 
présentent aucune analogie ni comme sculpture ni comme 
sujet, ils avaient anciennement été mutilés de manière à ne 
former qu'un seul retable. 

En 1867, le sculpteur Ducaju les a restaurés et rétablis 
dans leur forme primitive; l'encadrement a été renouvelé à 
la même époque. 

(A continuer.) 

Henry Rousseau. 



VERRES « FAÇON DE VENISE » 

FABRIQUÉS AUX PAYS-BAS 



Ceci n'est autre chose qu'un post-scriplum à ajouter à ma 
dixième lettre (i); lorsque celle-ci était déjà imprimée, j'ai 
reçu, trop tard pour y être insérés, les renseignements com- 
plémentaires ci-après de l'obligeant M. Angelo Sanli, direc- 
teur de la Voce di Murano et secrétaire du Musée de 
Murano. 

Ces renseignements sont extraits des archives générales 
d'État à Venise, sections suivantes : 

Inquisitori de Stato : Processi criminali; Lettcre agli 
Ambasciatori in Inghilterra, 1614 à 1795; Dispacci degli 
Àmbasciatori in Inghilterra, 1611 à 1797; Dispacci ai 
Reltori di Murano, 1693 à 1794; Arli e Mestieri, 1658 à 
1796; Lettere ai Residenti in Sassonia, Sicilia, Spagnia e 
Svizzera, depuis 1686; id. ail 'Hajà, de 1617 à 1761 ; id. 
in Spagna, 1639 à 1689 ; id. a Vienna, 1588 à 1697 ; 

Capi del Consiglio dei X; 

Cinque Savi alla Mercanlia; 

Senato-Corli : Lettere agli Ambasciatori (in Inghilterra), 
depuis 1 600 ; 

Senato-Secreta : Dispacci dell' Ambasciatore a Londra, 
de 1600 à 1677, etc. 

Il reste encore beaucoup de documents des archives de 

— iii .-...■- ii 

0) Voy. ci-dessus* Bull, des Comm. roy. d'art et d'archèoL, XXIX, p. 95* 



r 



— 67 — 

Venise à compulser; mais dès à présent, grâce au concours 
de M. Angelo Sanli, la moisson est abondante. 
Continuons à classer les renseignements d'après les pays. 

ALLEMAGNE. 

1468, 15 septembre. Giovanni Zannorio, verrier, va 
travailler à Trente et à Villaco (Villacb, en Carinthie). 

(Atti del Podesta di Murano.) 

4468, 7 novembre. Giovanni di Gurzola dénonce les 
suivants, qui vont travailler en verres « in Vallaco (Villach?), 
district. Ongarie et Alemanie» : Giovanni Zeni, Matteo Panizo 
di Yicenza, Benedelto Zarcasius. 

(Ibid.) 

1745, 24 juin. Giovanni Antonio Vistosi dello Gazzabin (i) 
écrit à son frère Giuseppe, à Murano, qu'il est arrivé à 
Trieste et va à Grâlz, où est une fournaise préparée pour la 
fabrication des laslre (plaques de verre, glaces). 

(Inquis. di Stato, Arti e mestieri. Lettere di Muranese 
assentati.) 

1745, 99 juin. Giov. Ant. Gazzabin, mailre en « smalti », 
Antonio (2) et Giacomo Gazzabin, maîtres en miroirs, 

(i) Gioyanni (ou Zuanne) Antonio Vistosi detio Gazzabin, ou Gazzabin detto 
Vistoso (le joli), était donc à Trieste avant 1745; à Grâtz en ladite année; à 
Silla, près de Grâtz en 1752 ; en 1754, a Florence (où ordre fut donné de l'em- 
poisonner); en 1708, à Innsbrûck, où il reçut son pardon et d'où il retourna à 
Murano; en 1770, à Madrid (dernière trace qu'on trouve de lui). 

(?) Antoine Gazzabin, distinct de Giovanni- (ou Zuanne-) Antonio Gazzabin, 
detto Vistoso, était, avec Giuseppe Gazzabin, frère de Domenico Gazzabin; or, 
comme celui-ci porte aussi le surnom de Vistoso et que Giovanni-Antonio avait 
an Giuseppe Gazzabin pour frère, on peut tirer la conclusion qu'il s'agit de quatre 
frères. Peut-être Antonio portait-il lui-même le surnom de Vistoso; il serait 
alors F Antonio (sans autre prénom) qui était à Silta en 1752. (Voir note 
précédente.) 



— G8 — 

écrivent qu'ils sont fugitifs de Triesle, parce que l'Inqui- 
siteur de la milice de mer a ordonné de les faire arrêter; ils 
se sont dirigés sur Grâlz pour travailler à une fournaise 
« da canna » et à deux de miroirs. Ils demandent de pou- 
voir se rapatrier. 

(lbid.) 

1 752, 20 janvier. L'ambassadeur à Vienne recommande, 
sous certaines conditions, Gio-Batta Santini (i), Orazio 
Beltrame et Domenico Mazziolli, qui se trouvent avec leurs 
familles à Grâtz et qui forment la même demande que les 
précédents. 

(Inquisitori di Slalo, Dispacci degli Àmbasciatori.) 

1752,4 novembre. L'ambassadeur de Venise écrit, de la 
résidence impériale de Schoenbrunn, qu'il a suivi les 
traces à Mestre (près de Venise) d'Antonio Vistoso dit Gaz- 
zabin avec un sien compagnon Girolamo Monolioni, de 
Venise; il croit que l'associé du Vistoso, Borlolo Vale(â), est 
retourné à Venise. Ils avaient fondé une fabrique de « perle 
o margarile » , à Silla, près de Gràlz ; mais elle n'avait pu 
faire de progrès en leur absence. La lettre continue : « J'ai 
pu constater avec quelque fondement que le comte de 
Codech (Choteck?), qui a pour système de nous ravir nos 
manufactures, particulièrement cellfe des verres, des « con- 
« terie » et autres de pareille espèce, a envoyé à Venise un 
certain D n Domenico Piconi, abbé qui porte perruque, 



(i) Ici, un seul personnage; plus haut, nous avons rencontré deux person- 
nages distincts : « fratelli Santini, Gio e Batta ». (Bull, des Comm. roy. d'art 
et d'archéol, XXIX, p. 115.) 

(*) C'est le Valle (Bortolo, fils de Carlo), déjà signalé en 1751, à Laybach. 
(Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX, p. 109.) 



— 69 — 

homme de stature non très grande, qui parie italien et 
allemand. Il doit s'aboucher avec les hommes de Murano et 
autres pour leur persuader, sous espoir de récompense, 
d'abandonner Venise et de se réfugier en Allemagne pour y 
travailler. VV. EE., par leurs prudentes recherches, pour- 
ront sans doute trouver cet abbé; il mérite toute punition 
extrême pour servir d'exemple à d'autres semblables 
indignes embaucheurs. » L'ambassadeur renseigne en outre 
qu'il y a à Grâlz trois autres Vénitiens de l'art du verre et 
des t conterie » (sans doule les Vislosi Gazzabin), entre- 
tenus par une pension de la Cour pour établir l'industrie ; 
mais eux trois ne pourront y suffire et ils en feront venir 
d'autres. 

(Ibid.) 

1766, 15 mars. Angelo Ricci (i) écrit que sont arrivés à 
Innsbruck Gaetano Acquabona (s), maître en perles (« alla 
lucerna », à la lampe, avec emploi du chalumeau), et 
Domenico Gazzabin, qui doit travailler la pâte pour ce travail. 

(Inquisitori di S lato, Arti e mestieri, Leltere di Murarensi 
assentati.) 

1767, 27 avril. Il résulte d'une lettre du même que la 
fabrique n'a pas encore fonctionné, mais qu'elle doit être 
mise en activité, soit à Innsbruck, soit à Brixlegg, c lieu 
situé à 2 1/2 postes ». 

(Ibid.) 

1767, 1 er mai. Rossi écrit de Brixlegg que Gazzabino il 



(0 II devait être un émissaire affidé de Venise à l'étranger. On a recueilli les 
lettres de cet agent adressées à son père. 

(s) Gaetano Acquabona était en 1766, à Innsbruck; en 1707, à Brixlegg; en 
1770, à Madrid ; en 1785, à Vienne. 



— 70 — 

Visfoso et Acquabona sont arrivés là à l'effet de faire les 
cannes nécessaires pour les essais. « Ils en ont produit 
quatre « pignatte » (sorte de cruche, prise pour mesure de 
capacité) : la fournaise est assez petite, mal constituée et 
incommode, ayant été établie pour travailler à la façon de 
Bohême, et là ne se fabrique que « bosse » et gobeleterie. 

(Ibid.) 

1767, 18 mai. Les susdits ont produit 2,500 livres de 
canons de diverses couleurs. 

(Ibid.) 

1767, 15 juin. Les mêmes, à moitié désespérés, sont 
obligés de subir une diminution de leur salaire à un florin 
par jour, au lieu de deux ou trois qu'ils recevaient d'abord. 

(Ibid.) 

1767, 20 juillet. Ricci est parvenu à obtenir des rensei- 
gnements du protecteur des « perleri » . Celui-ci croit qu'au 
commencement d'août, ils mettront à feu une fournaise nou- 
velle, établie par eux-mêmes à Godlac, à peu de distance de 
la ville, dans le faubourg. 

1 767, 23 décembre. L'ambassadeur à Vienne envoie une 
lettre du secrétaire Paul Salvi, d'où il résulte que Gaetano 
Acquabona renonce à faire préjudice à l'art vénitien et que 
Domenico Gazzabin se trouve incarcéré pour n'avoir pas été 
capable de faire les canons; les frères de ce dernier, Antonio 
et Giuseppe, se sont joints ensuite à lui. 

(Inquis. di Stato. Disp. degli Ambasc) 

1767, 16 septembre. (Annexe de la précédente lettre) : 
G. B. Savariso écrit d'Innsbrûck qu'il se propose de conduire 
devant l'ambassadeur à Vienne les deux frères de Domenico 
Gazzabin, qui est incarcéré là; ils étaient venus dans l'in- 



— 71 ~ 

tention de le libérer en remplissant ses engagements 
dans la mesure de leurs moyens; ils avaient aussi fait des 
essais qui avaient réussi à perfection. Il ajoute : « i due 
fratelli erano disposli far retorno, lasciando carcerato il 
fratello, ma il perler (Acquabona), essendo Ampezzano del 
Tirolo, non sa si potrà condurlo, me che procurera un ogni 
mezzo » . 

(Ibid.) 

1768, 27 février. L'ambassadeur à Vienne écrit que 
G. B. Zavariso lui a présenté les trois Gazzabin, parmi 
lesquels celui qui avait été incarcéré, et Antonio Ghedina, 
« perler » , qui sont retournés à Venise («). 

(Ibid.) 

1774, 19 août. Paulo Rioda écrit, de Triesle, à son cousin 
germain Tomaso Dorigo qu'il a établi un négoce de glaces 
(sans doute une fournaise), le priant de mettre de l'empres- 
sement à arriver avec un « spianador» (planeur de glaces) 
et un « vesicher » . 

(Inquis. di Slato. Arti e mesticri.) 

1785, 24 septembre. Le secrétaire écrit de Vienne qu'il 
s'occupe de connaître les intentions de Gaetano Acquabona, 
qui doit passer par la capitale de l'Autriche. 

(Inquis. di Stato. Dispacci degli Ambasc.) 

M. Angelo Santi signale en outre plusieurs lettres parti- 
culières relatives à Acquabona, qui était allé à Vienne pour 
établir une fabrique de perles en Bohème. 



[\) Il y a lieu de compléter à cet égard les premiers renseignements : « 1768, 
7 avril, Est accordé pardon à Giovanni Antonio, Domenico e Giuseppe Gazzabin, 
qui étaient allés travailler à Innsbrùck. » (Inquis. di Stato, Annotnzioni.) 



— 72 — 



ANGLETERRE («). 

1 672, 6 janvier. Le secrétaire de l'ambassadeur à Londres 
écrit pour se plaindre du « disordine de' specchi non 
fregati » qui s'exportent de Venise. Plusieurs sont envoyés 
à Livourne en des caisses à vitres et de là passent en Hol- 
lande, « vi fregano », et s'envoient ensuite en Angleterre, 
au détriment des glaces fabriquées à Venise. Le signataire 
de la lettre demande des instructions et dit que l'intérêt de 
Venise est de s'accommoder avec le duc de Buckingham, 
ou celui qu'il a préposé et intéressé à la fabrique de glaces. 
11 ajoute qu'il existe en Angleterre beaucoup d'autres four- 
naises qui travaillent en gobclclerie. 

(Inquisitori di Stato. — Dispacci degli Ambasciatori.) 

1672, 14 janvier. Le Sénat écrit audit secrétaire, en 
réponse à sa lettre, que l'affaire est renvoyée au « Provve- 
ditore e Regolatore dei Datii » . 

(Senalo-Corti.) 

1672, 21 janvier. Le Sénat mande au même qu'il serait 
désirable de faire réduire les droits d'entrée (Dazî) en Angle- 
terre, de manière à ne pas dépasser de beaucoup 5 p. c. 

(Ibid.) 

1672, 17 et 24 février. Deux lettres du secrétaire de 
l'ambassade à Londres sur le même sujet. 

(Senato-Secreta, Dispacci degli Ambasciatori.) 



(i) Les renseignements ci-après complètent, pour le xvn e siècle, 2« moitié, 
ceux qui ont été donnés ci-dessus, Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., 
XXIX, pp. 151 et 132, et qui se sont arrêtés à l'an 1640 pour Londres et ou 
1665 pour Lambeth. 



— 75 — 

1672, 21 avril. Le secrétaire susdit écrit au Sénat : Je ne 
désespère pas de traiter avantageusement avec la Cour 
d'Angleterre, parce que le duc de Buckingham ne fera pas 
opposition : il a, dans la plus grande de ses fabriques de 
verre, un ouvrier qui prétend avoir trouvé le secret de 
joindre quatre glaces pour en faire une seule et qui a déjà 
réussi à le réaliser en petit. 

(Ibid.) 

1672, 7 octobre. Le même écrit qu'en vertu du privilège 
du duc de Buckingham pour les glaces et la gobeleterie, cette 
fabrication s'est introduite en Angleterre. Les produits simi- 
laires de Venise ne sont pas prohibés ; mais une douzaine de 
verres qui se vend à Venise tout au plus 5 shellings, est 
évaluée en douane à 18 et les glaces à miroirs paient un peu 
moins que la moitié de la valeur. 

(Ibid.) 

1672, 29 octobre et 6 novembre. Le Sénat écrit au secré- 
taire qu'il a communiqué ses doléances au magistrat « delli 
cioque Savi alla Mercanlia.) 

(Senato-Corti et Sécréta.) 

1675, 6 janvier. Le secrétaire de Londres insiste dans ses 
recommandations : il est nécessaire de trouver quelque 
expédient pour empêcher la ruine de l'industrie du verre, 
qui, de jour en jour déchoit, à cause de la facilité qu'on 
laisse aux ouvriers verriers de déserter Murano pour allumer 
des fournaises ailleurs, à cause aussi de l'expérience que les 
étrangers acquièrent dans le travail du verre; les miroirs 
de France commencent à arriver avec quelque abondance 
en Angleterre. 

(Inquisitori di Stato, Dispacci degli Ambasciatori.) 



— 74 — 

4673, 23 février. Longue lettre du secrétaire à Londres, 
où il rapporte une conversation avec un Lord, son ami, sur 
les avantages ou le préjudice qu'il y a à maintenir la fabri- 
cation anglaise plutôt que de se servir de produits originaux 
de Murano. 

(Senato-Corti, Dispacci degli Ambascialori.) 

1G73, H-18 mars, 2 juin. Plusieurs lettres du Sénat au 
secrétaire et de celui-ci sur les droits de douane pour le 
verre. 

(Senalo-Corli et Sécréta, Dispacci degli Ambasc.) 

1673, 22 septembre. Le secrétaire écrit aux Inquisiteurs 
pour signaler des pratiques à l'effet de faire acheter les 
verreries faites à Venise par les marchands à qui Ton rem- 
bourserait secrètement les droits de douane qu'ils auraient 
à payer. 

(Inquisilori di Stato, Dispacci degli Ambasciatori). 

1674, en février. Le Ministre résidant à Londres écrit aux 
Inquisiteurs . c Pour obéir aux ordres de VV. EE. dans leur 
lettre du 26 janvier dernier, j'ai dû me transporter ces jours 
derniers à Birmingham, lieu distant d'environ 70 milles de 
cette ville capitale. De celte manière, j'ai pu reconnaître 
d'une façon certaine que, 9 depuis quelques années, on 
fabrique là des « smalti ad uso di Venetia ». 

(Idem.) 

1674, 13 juin. Le secrétaire à Londres écrit qu'un certain 
Vicenzo, dont le nom ne lui est pas encore connu, est venu 
travailler à la fournaise de verres de Georges Ravcnsgroft, 
Anglais, lequel pendant longtemps trafiqua avec Venise. 
Ledit Ravensgrofl a tenu ici pendant plusieurs mois Pietro 



— 78 — 

Rossello, de Murano (i), maître en glaces à miroirs, pro- 
jetant d'établir avec lui une fournaise; mais doutant du 
succès, il avait abandonné son projet. 

(Senato-Secreta, Dispacci degli Ambasc.) 

1674. Le même écrit : Durant la guerre qui vient de 
finir, beaucoup ont fait venir de France une quantité de 
glaces à l'usage des carrosses. Il s'en fabrique aussi dans la 
fournaise du duc de Buckingham, qui, vendue aux créan- 
ciers de celui-ci, est administrée avec plus d'ordre et 
produira grand travail. 

(Ibid.) 

1674, 7 juillet. Le Sénat écrit au secrétaire que tout ce 
qui regarde la fabrication des verres est renvoyé au Conseil 
des X, avec lequel il peut se mettre en relations, selon les 
circonstances. 

(Senato-Corli.) 

1674, 29 juillet, 18 août, 25 août, 26 octobre, 15 décembre. 
Cinq lettres semblables, mais sans rien de concret ni de 
positif (a). 

(Ibid.) 

HOLLANDE. 

1690, 5 mars. Santo Gianeti (Zanelli), dit Schiopeton, 
écrit au signor Bonetto (Bonetti), à « Venecia per Moran », 
et le prie d'intervenir auprès du Conseil des X pour lui 



(1) C'est le personnage signalé ci-dessus comme ayant travaillé en Angleterre, 
en glaces, au xviii* siècle, sans désignation d'année. {Bull, des Comm. roy t d'art 
etiTarchéoL.XHilX.p. 121.) 

(i) Voy. ci-dessus, BulL des Comm» roy. d'art et d'archéol, XXIX, p. 135, 
la constatation de l'existence de la verrerie du duc de Buckingham, a Lambeth, 
en 1G77, 



— 76 -' 

obtenir son pardon de la faute commise par lui en allant 
travailler «à la canne » hors du pays. L'adresse donnée 
pour la réponse est « Àndrich Bachn, Arlem (1), in 
Olanda. » 

Étaient aussi allés travailler là :. Zuane Palada (2) et 
Francesco Radi (3). 

(Inquis. di Stato. Àrti e mestieri. Lettere di Muranese 
assentali.) 

La nomenclature des verriers italiens qui allèrent travailler 
de ce côté ci des Alpes doit donc être augmentée des noms 
nouveaux que voici : 

Allemagne. 

Bellrame(Orazio);' 
Dorigo (Tomaso); 
Ghedina (Antonio); 
Mazziolli (Domenico) (i); 
Monolioni (Girolamo); 
Panizo (Matteo) , de Vicence ; 
Rioda (Paolo); 



0) L'existence de cette verrerie a l'italienne de Harlem avait été induite 
ci-dessus d'un passage du Journal des Sçavants parlant d'une fabrique de 
Harlem où, en 1667, on fabriquait des verres ayant l'apparence des pierres 
précieuses, etc. {Bull, des Comm. roy. d'art et tfarckéol., XXII, pp. 165 et 571 ; 
XXIX, p. 154.) 

(i) Un Jean Palada, Italien (père? de celui-là), comparait dans un acte de 1629 
concernant la verrerie « façon de Venise » de Namur ; il était sans doute attaché 
à cette verrerie- (Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIV, p. 52.) 

(s) Peut-être le Francesco Roda, verrier à Liège, en 1667. (Ibid., p. 80.) 

(4) Peut-être le Mazzola signalé à Gràtz, sans prénom. (Bull, des Comm. roy. 
d'art et d'archéol., XXIX, p. 115.) 



— 77 — 



Santino (Gio. Balta); 
Zarcasius (Bencdetlo); 
Zannorio (Giovanni); 
Zeni (Giovanni). 



Angleterre. 



N. (Vicenzo). 



Hollande. 



Palada (Zuane); 

Radi^Francesco); 

Zanelti (Santo), dit Schiopeton. 



Errata (indiqués par M. Sanli) : Vol. XXIX, ci-dessus, 
p. 98 : au lieu de S. Franc , S. Michiel, S. Antonio, etc., 
ce qui pourrait faire naître l'idée d'un nom de saint ou de 
localité, lire comme s'il y avait ser (sieur); 
P. 99 : 1690, Picoti, lire Picoli; 
» » Zuanne Dalmoro, lire Moro detlo Soldato; 

» » figlio da Giacomo, lire di; 

» 1691, heppe Berton, lire Iseppo; 
» 1791, Guiseppe Gazzabin, lire Giuseppe; 
P. 101 , 1. 8 et 10 : Colleone, lire Colleoni; 
P. 104, note 4, pp. 114, 115 : Zuanne Antonio Victori 
detto Gazzabin, lire Vistosi; 
P. 115 : Barbaria, heppe et Zorzo, lire Iseppo et Zorsi. 
Zorsi Barbaria est sans doute le Georges Barbaria natu- 
ralisé à Venise (voy. p. 120) : ce n'était donc pas un Mu- 
raniste ; 



— 78 — 

P. HC : Valle Berlolo, lire Bortolo; 

Ib., pp. 117 el 157 : Les noms (copiés textuellement dans 
•les documents anglais) doivent être rectifiés: Iseppo Gas- 
seler, Grazioso dit Desperao, Alvise di Albertino ; 

P. 120 et 137 : Berovieri, lire Beroviero; 

P. 140 : 1544, au lieu de (di Piave?), lire Ballarin; 

P. 146 : Ballarin (deux membres de cette famille), 
substituer Ballarin (Antonio); 

P. 147 : Supprimer Antonio di Piave; 

Ibid. Ajouter : le Musée de Murano possède des verres 
d'Espagne fabriqués, au xvi e siècle et au xvn*, par des 
ouvriers muranistes ; 

P. 1 66 : Manzanilla, lire Manzoni; 

P. 167 : Pellizari (Gracomo), lire Giacomo. 

En outre, p. 106, 1. 8, Fliïgerglâser, lire Flïigelglâser; 

P. 139, 1. 16, Italien est, lire Italiens et. 



Liège, décembre 1890. 



H. SCHUERMANS, 



NOTES 



POUR SERVIE A 



L'HISTOIRE DE LA SCULPTURE 

EN BELGIQUE 



LES KET 

(Suite) (1) 



RETABLE DE GÙSTROW. 

XVI e SIÈCLE. 

Bien que notre intention, en commençant ce travail, ait 
été de nous borner strictement à la description de sculptures 
conservées en Belgique, nous ne pouvons résister au désir 
de mentionner ici un superbe retable de Jean Borremans, 
appartenante l'église de Gùstrow (Mecklembourg-Schwérin). 

Cette œuvre importante, sur laquelle figure la signature 
du maître brabançon, ainsi que la marque Bruesel, sept fois 
répétée, offre, avec le retable de Saint-Georges, des analogies 
qui sautent aux yeux les moins expérimentés et viennent 
corroborer de la manière la plus indiscutable l'importante 



(0 Voir BuU. des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. XXIX (1890), p. 425, 
et XXX (1891), p. 29. 



- 80 - 

découverte de M. Van Even au sujet de l'auteur du retable 
du Musée de Bruxelles. 

En mentionnant les renseignements recueillis par M. Van 
Even dans les archives anciennes, nous avons oublié de 
désigner la notice qui relate le résultat de ses recherches ; 
on la trouvera dans le Bulletin des Commissions royales 
d'art et d'archéologie (t. XVI, 1877, pp. 581 à 598), sous 
le titre : L auteur du retable de 1493 au Musée de la Porte 
de Hal, à Bruxelles. 

Autre remarque : En parlant du retable d'Hérenthals (i) 
nous disions que Passier Borremans était frère ou, plus 
probablement, fils de Jean; dans la notice précitée, M. Van 
Even déclare avoir découvert dans les archives de la ville 
de Louvain un document permettant d'établir que Passier 
était, en effet, le propre fils de l'auteur du Martyre de saint 
Georges. 

Revenons au retable de Gùstrow (2). 

De dimensions plus importantes que l'œuvre du Musée 
de Bruxelles, celle-ci se compose de treize compartiments, 
répartis dans trois grands panneaux rectangulaires de la 
façon suivante : cinq dans le panneau principal, quatre dans 
chacun des panneaux latéraux. 

Le sujet représenté est la Passion. 

Dans le premier compartiment (rangée supérieure, à 
gauche), nous voyons la Cène. 



(1) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX, p. 454. 

(*) Van Even, Maître Jean Bonnan, le grand sculpteur belge de la lin du 
xv 9 siècle. — Le retable de l'église de Gùstrow, au grand-duché de Mecklenbourg, 
exécuté par Jean Boruian et orné de peintures attribuées à Bernard Van Orley. 
Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIII (1884), p. 397. 



— 81 — 

Le Christ est assis au haut bout de la table qu'entourent 
les apôtres ; d'un geste de la main droite il désigne Judas ; 
ce dernier est seul debout, faisant face au Christ ; de la main 
gauche, il semble vouloir dissimuler derrière la table la 
bourse qui est le prix de sa trahison. 

A côté de ce tableau apparaît le Christ au Jardin des Oli- 
viers; le Sauveur est en prières devant un rocher, au som- 
met duquel est placé un calice. Deux apôtres sont endormis, 
assis derrière lui; un troisième, à l'avant-plan, est étendu 
sur le sol et dort, le front appuyé sur la paume de la main» 

Dans l'angle droit, Judas, tenant toujours sa bourse, 
montre le Christ au chef d'une troupe armée, dont on voit, 
dans le fond, les derniers rangs franchir la porte du jardin. 

Il semble que l'artiste ait voulu cacher le visage du traître 
eo lui faisant tourner le dos au spectateur dans chaque scène 
à laquelle il assiste. 

La première composition du rang inférieur représente 
(Ecce Homo. 

Sur une estrade élevée de six degrés, le Seigneur est 
debout, les poignets croisés; il a sur la tête la couronne 
d'épines; deux juifs le couvrent du manteau de pourpre, 
ouvert par devant, de façon à laisser voir le corps nu. 

A la droite du Christ, Pilate le montre au peuple. 

La physionomie du persécuteur n'est pas sans analogie 
avec celle du proconsul Dacien, du retable de Saint-Georges ; 
il a, comme ce dernier, de longs cheveux ondulés et 
la barbe tressée. 

Un autre juif se tient du côté opposé; les huit person- 
nages, rangés par quatre à droite et à gauche, qui figurent 
le peuple, sont aussi remarquables par la diversité et le 



— 82 — 

mouvement de leurs attitudes que par la bizarrerie de leurs 
accoutrements et surtout de leurs coiffures. 

Certains de ces personnages nous sont déjà connus : Je 
gros homme, vu de dos, velu d'uue ample robe à capuchon, 
qui occupe l'angle gauche du premier plan, n'est autre que 
celui placé dans la même position dans la scène représentant 
saint Georges couché dans un brasier (i). Le vieillard barbu 
du second plan à droite ressemble à celui qui lève la main 
gauche pour exciter les bourreaux dans la scène où le mar- 
tyre, attaché à un arbre, est battu de verges (2). 

A l'extrême droite, un personuage imberbe, couvert d'une 
large robe et d'une tunique ornée de glands, se détourne 
vers le spectateur; il lève le bras par un geste ironique et se 
plie en deux dans un éclat de rire qui ressemble plutôt à un 
affreux ricanement. 

Deux enfants à tète bouclée, vus de dos, se tiennent au 
pied de l'escalier. 

La composition suivante comporte onze personnages. 

Assis sur un trône, au milieu du fond, Pilate se lave les 
mamsdans un bassin où un serviteur verse de l'eau. 

Le Christ, dans le costume décrit à la scène précédente, 
s'avance, venanl de la gauche; le juif qui le conduit en le 
tenant par son manteau a les jambes enfermées dans un 
vêtement de même forme que notre pantalon moderne, très 
large au bassin, se rétrécissant vers le bas et serrant la 
cheville. Sa tunique a le col très étoffé, les manches larges 
avec un boulon au poignet; elle descend jusqu'aux genoux 



(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX, p. 431. 
(*) lbid., p. 4-29. 



— 83 — 

et s'arrondit devant et derrière, ornée d'une étroite bordure 
de passementerie en forme de tresse. Le soldat, armé d'une 
hallebarde, qui s'incline ironiquement devant Georges, pendu 
par les pieds au-dessus d'un brasier (i), porte une tunique 
du même genre. 

Le juif dont il s'agit a la tète enveloppée d'un linge 
recouvert d'un chapeau rond, mou, au bord relevé par 
derrière et abaissé sur le front. 

Plus loin, un jeune homme imberbe parle à Pilate en 
soulevant son chapeau; derrière lui surgit une tète absolu- 
ment caricaturale: menton énorme, nez démesurément long 
et large; entre les deux, il reste à peine place pour la bouche, 
cachée sous une moustache effroyable; les yeux sont petits, 
les cheveux pendent, longs et aplatis; le tout est couronné 
d'un turban à triple étage. 

L'homme que l'on aperçoit au fond, à gauche, est coiffé 
d'un chapeau rond au bord très étroit devant et derrière et 
prolongé sur les côtés en oreillères, relevées sur le sommet 
de la tête et maintenues ensemble par un gros bouton. 

Il a les cheveux arrondis sur les tempes; la touffe de bar- 
biche qu'il porte sous le menton lui donne une cerlaine 
ressemblance avec nos types de vieux mariniers. 

Trois des individus placés à droite ont le visage glabre; 
le plus éloigné de nous porte une coiffure dont le fond 
carré rappelle les schapskas des lanciers du commencement 
de notre siècle ; un autre se pare d'un bonnet pointu; le 
serviteur qui verse de l'eau à Pilate a la tête entourée d'une 
torsade d'étoffe. sous laquelle s'échappent quelques boucles 



(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX, p. 434. 



— 84 — 

de cheveux; ses boucles d'oreilles et son vêtement décolleté 
en carré lui donnent l'apparence d'une femme. 

L'homme du second plan a les cheveux longs et un large 
bonnet plat à la Rembrandt. Enfin celui que nous voyons de 
profil au premier plan tient droit devant lui un large sabre 
dont la pointe s'appuie sur le sol; le pan de son vaste man- 
teau est rejeté sur le bras gauche; la manche est découpée 
au coude par de grands jours, à travers lesquels passent 
d'autres manches très étoffées, celles de son vêtement de 
dessous; enfin sa coiffure, à la pointe de laquelle pend une 
pièce d'étoffe, ressemble forl à celle dont nous avons fait une 
mention spéciale dans le cinquième panneau du retable de 
Saint-Georges (i). 

Il tient en laisse un grand lévrier, assis au centre de 
l'avant-plan. 

Dans l'angle supérieur gauche du panneau central nous 
voyons le Christ amené devant Caïphe. 

Ce dernier est assis à droite sur un fauteuil à haut dossier, 
rectangulaire, couronné d'un baldaquin. Il porte les deux 
mains à la poitrine, déchirant son vêtement; il incline la 
tête sur l'épaule gauche, en s'écriant : « II a blasphémé ! 
vous avez entendu le blasphème...!» 

Cette tète est grosse el longue, le nez forl, la bouche 
grande, le menton glabre. 

Le grand prêtre est vêtu d'une robe aux manches évasées 
vers le bas el d'une tunique à pans arrondis, bordée d'une 
frange et ornée d'un gros gland. La coiffure, dont les 
bords plats et relevés s'avancent en angle au-dessus du 

— — ^M — — —■■ ——■—>■■■— — —■— — — ^ ■- ■ ^ — — — — — ■ — - — — ■ 1 I ■ ■ ■ I . IIP. . ■■- I ,. - - 

(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., XXIX, p. 430. 



— 85 — 

front, s'attache sur la nuque à une pèlerine couvrant les 
épaules et nouée sous le menton. 

Devant lui est un guerrier dont la torse et les reins sont 
couverts d'une armure, au ceinturon de laquelle pend un 
large sabre. 

Le pantalon (î) est étoffé à hauteur des cuisses et serré aux 
chevilles. Une pièce de linge nouée sur la nuque entoure le 
crâne chauve. Ce personnage nous tourne le dos; il a un 
genou en terre; la main gauche appuyée sur l'autre genou 
tient le chapeau, tandis que la droite montre le Christ 
qu'amènent des soldats. 

Le Sauveur est entièrement recouvert de sa longue 
tunique; il a les poignets liés ensemble. 

Un autre guerrier est dans l'angle gauche du premier 
plan; son pantalon est le même que celui du soldat qui 
fléchit le genou; les pans arrondis et frangés de sa tu- 
nique dépassent une armure de métal qui protège le buste 
et le bassin ; la ceinture est en étoffe, nouée par devant 
el pend entre les jambes. Il porte dès genouillères et des 
epaulières de métal; une autre pièce, attachée à ces der- 
nières par une chaînette, emboîte le coude et l'avant- 
bras; les manches d'étoffe bouffent sur le biceps. La main 
droite, enfouie dans un gantelet, tient une hallebarde au fer 
démesuré. Le casque, à fond pointu, est entouré d'une 
étoffe nouée derrière la tète; les oreillères ressemblent 
assez à de grandes feuilles de lierre; une plaque flexible 



d) Que l'on veuille bien ne pas considérer ce mot comme un anachronisme; 
si nous employons ici certains termes modernes, c'est à seule fin d'indiquer 
l'analogie entre le vêtement dont nous parlons et la pièce correspondante de notre 
habillement actuel. 



— 86 — 

formée de cinq pièces de métal descend entre les omoplates. 

Deux hommes tiennent le Seigneur par les bras; le pre- 
mier est celui dont nous avons parlé en dernier lieu à la 
scène précédente; l'autre est un soldat au type farouche et 
vulgaire, au mouvement violent. Les oreillères de son casque 
figurent des ailes. 

Deux autres hommes sont au fond; l'un est un vieillard 
au front ceint d'une étroite bande d'étoffe; l'autre, un guer- 
rier couvert d'une cuirasse courte et dont la tête s'emboîte 
dans un casque rond très bas. 

Trois soldats apparaissent à gauche sous une baie cintrée. 

Enfin, deux personnages se tiennent à droite. L'un, vers 
lequel Caïphe se penche, est coiffé d'un bonnet pointu; 
l'autre, au premier plan, est drapé dans une grande pièce 
d'étoffe; ses cheveux sont enfermés dans une résille, sur- 
montée d'un petit chapeau rond sans bords. 

La composition placée à la partie inférieure du même côté 
représente le Portement de la Croix. 

Sortant de la ville, dont on voit à gauche là porte flanquée 
de tourelles crénelées, le Christ s'avance en chancelant. Il a 
sur l'épaule la croix, dont Simon le Cyrénéen soulève l'extré- 
mité; un soldat est encore dans l'encadrement de la porte. 

Deux guerriers couverts d'armures sont au premier plan ; 
l'un, à gauche, porte les clous et le marteau avec lequel il 
semble dans sa rage menacer le Rédempteur. 

Celui de droite est vu de dos. Une longue corde entourant 
la ceinture du Christ est enroulée plusieurs fois autour de 
son poignet. De la main droite, il lève violemment une autre 
corde renforcée d'un gros nœud. 

Les manches de son vêtement de dessous, très bouffantes 



— 87 — 

sur les bras, sont découpées en crevés si grands qu'elles 

paraissent formées d'une réunion de lanières. 

Un sabre recourbé pend à son côté ; c'est sur le large 

fourreau de cette arme que l'on peut lire la signature de 

l'artiste : 

IAN : BORMAN. 

Plus loin, à. droite, deux hommes nu-tète, à la figure 
placide, figurent le peuple; au fond se voient la Vierge et 
saint Jean. 

Un tout petit — trop petit — enfant est vu de dos sur le 
devant de la composition. 

Nous voici en présence de la scène capitale de l'œuvre et 
de ce drame lugubre de la Passion : le Calvaire. 

Toutes les facultés de l'artiste, toute la science du compo- 
siteur et l'habileté de l'exécutant, tout le génie du physiono- 
miste, tout le sentiment du penseur et du philosophe se sont 
concentrés dans cette composition. 

Outre les trois suppliciés, seize personnages peuplent ce 
tableau . 

Ce sont d'abord à gauche, la Vierge, la Madeleine, saint 
Jean et deux saintes femmes. A droite, un groupe de quatre 
soldats dans une conversation vive et animée. Celui qui est 
le plus rapproché de nous s'appuie d'une main sur une 
hallebarde, de l'autre, sur un bouclier en forme de poire, 
décoré d'une tète d'animal tenant un anneau dans la 
gueule. 

Le second se retourne vers ses compagnons, faisant un 
geste explicatif de la main gauche; il élève l'index droit pour 
désigner le Sauveur; à côté de lui, un vieillard à longue 
barbe semble vouloir calmer son ardeur; mais l'orateur, 



— 88 — 

emporté par la fougue de son discours, ne l'écoute pas. Le 
quatrième, à moustaches énormes, regarde le Christ. 

Au centre, au pied de la croix, nous voyons de dos un 
homme tenant une immense pique, au bout de laquelle est 
fixée l'éponge. Puis viennent deux cavaliers barbus dont le 
regard et le geste ironique insultent encore celui qu'ils ont 
martyrisé. 

Derrière la croix s'éloignent deux autres cavaliers au 
grandnez, à la bouche édentée, au menton rasé et en galoche. 
L'un d'eux est affreusement bossu. 

Enfin, deux petits personnages se tiennent sur les rochers 
qui garnissent le fond; un tout petit singe est accroupi à 
gauche. 

Tel est le côté matériel de la composition ; mais comment 
en dépeindre le côté philosophique et sentimental! Gomment 
faire comprendre l'attitude d'abattement profond, pleine 
d'élégance dans son laisser-aller, dans laquelle la Vierge 
s'affaisse et le mouvement de violent désespoir en même 
temps que d'ardente supplication avec lequel la Madeleine 
agenouillée, la tèle renversée en arrière, élève les mains 
jointes vers les cieux ! 

Comment exprimer la majesté, l'absolue sérénité de la 
figure du Christ, le calme profond de ce supplicié dont les 
pieds et les mains sont transpercés de clous, alors que les 
larrons, simplement attachés par des cordes, se tordent sur 
leurs croix? Et ce regard empreint d'une miséricorde, d'une 
pitié indicibles, que le martyr laisse tomber sur la foule 
de ses bourreaux hurlante à ses pieds? 

Toute cette scène est d'un sentiment poignant qu'aucune 
phrase ne saurait décrire. 



— 89 — 

Bien touchante encore est la figure de la Madeleine dans 
la scène suivante : la Descente de Croix. Debout dans l'angle 
droit du tableau, la sainte, dans un mouvement plein de 
grâce, de naïveté et de naturel, s'essuie les yeux avec un 
linge et se détourne, ne pouvant supporter la vue du corps 
que deux hommes descendent de l'instrument du supplice; 
l'un d'eux le porte par les genoux; l'autre, encore sur 
l'échelle, le tient sous l'épaule. 

Au côté opposé de la scène, la Mère regarde son Fils, les 
mains jointes. Nous voyons derrière elle un homme, puis 
une femme; au fond, vers la droite,saint Jean; dans l'angle 
le pins éloigné, un païen regarde les bras croisés ; une autre 
femme enfin est debout derrière la Madeleine. 

La dernière composition du grand panneau représente le 
Christ descendu de la Croix. 

La Vierge, assise dans une pose pleine d'abandon et de 
douleur muette, tient le corps du Sauveur couché sur ses 
geooux. Un personnage derrière elle soutient la tète; un 
autre, en avant à gauche, porte dans une pièce d'étoffe la 
couronne d'épines. 

Derrière ce dernier est la Madeleine, puis une autre 
femme. 

Saint Jean est debout derrière la Vierge et à droite. Du 
même côté est une femme dont les cheveux en bandeaux 
sont recouverts d'une énorme coiffe retenue par une bride 
passant sous le menton et garnie d'un long voile qui lui 
enserre les coudes. 

Deux hommes, à droite, causent ensemble. Le premier 
nous tourne le dos; il porte une longue robe et une sorte de 
cuirasse de peau ; il est armé d'un grand sabre, dans la 



— 90 — 

poignée duquel passe l'extrémité d'une pièce d'étoffe qui 
tombe de la pointe de sa coiffure, tandis qu'une seconde 
pièce d'étoffe semblable pend droite, plus bas que les reins. 

Le dernier personnage, auquel parle celui-ci, a la phy- 
sionomie douce et sympathique, encadrée de longs cheveux 
ondulés ; il porte des moustaches et la barbe, assez courte, 
ouverte au milieu du menton. 

Un grand manteau l'enveloppe; la forme de son chapeau 
est entourée d'une étoffe repliée; le bord, très étroit par 
devant, forme sur chaque côté un angle long et aigu, 
destiné à couvrir l'oreille, mais en ce moment relevé sur 
le haut de la tète et recourbé en crochet vers l'extérieur. 

Les figures les plus remarquables de ce tableau sont la 
Vierge et la femme à la grande coiffe; cette dernière est très 
jolie ; le visage est très expressif, la pose gracieuse et remplie 
de sentiment. 

Le grand panneau central est porté sur un soubassement 
divisé en sept niches. Dans celle du milieu est une statuette 
du Christ, debout, tenant le globe du monde dans la main 
gauche, bénissant de la droite; les autres niches ont en 
largeur le double de celle du centre et sont en forme d'ar- 
cades bilobées; elles encadrent, deux par deux, les statuettes 
des douze apôtres. 

Le troisième et dernier panneau du triptyque est con- 
sacré aux événements qui suivirent la mort du Sauveur. 

Le compartiment gauche du rang supérieur représente 
le Christ au tombeau. 

Les deux mêmes personnages qui tantôt descendaient 
le corps de la croix — Nicodème et Joseph d'Arimalhie — 
le déposent dans un sarcophage placé un peu de biais et 



— 91 



prenant la plus grande partie de la largeur du tableau. 

Le corps de Nicodème est presque entièrement caché par 
celui du Christ et par le tombeau. 

Plus haut, perdue dans l'angle, est une figure de 
femme. 

Dans le fond, saint Jean soutient la Vierge, qui regarde 
son fils, les mains jointes et la tète inclinée, dans une 
expression des plus touchantes. Du côté opposé, une femme 
la soutient également et tourne la tète vers une compagne, 
à qui elle parle; toutes deux ont de volumineuses coiffures 
faites de tissus repliés en tous sens. 

A l'extrême droite, un personnage est debout derrière 
Joseph ; tous deux portent à peu près la même coiffure : un 
chapeau conique à forme élevée, autour de laquelle s'enroule 
une bande d'étoffe dont les bouts, noués par derrière, 
pendent dans le dos. Celle qui entoure le chapeau de 
Joseph est si longue que les extrémités, ornées de glands, 
sont passées sur la hanche gauche dans sa ceinture ; celle-ci 
se compose d'une chaîne d'anneaux ronds et carrés alternés. 
De gros glands pendent à chaque anneau rond ainsi qu'aux 
angles du col carré qui couvre les épaules du personnage 
et au milieu du fond de sa coiffure. 

Les jambes nues s'enfoncent dans de larges bottes à tiges 
molles. 

Une figure, placée à l'avant-plan, à gauche, attire spéciale- 
ment notre attention : c'est la Madeleine. 

Agenouillée près du tombeau, nous ne la voyons qu'en 
profil très perdu, presque de dos. 

Les grandes nattes de sa coiffure s'étalent en rond sur 
les tempes, passent sous le bord de son petit chaperon et 



— 92 — 

descendent dans le dos, réunies à leur extrémité par deux 
larges rubans relevés sur le poignet gauche. 

Dans un mouvement plein de grâce et d'élégance, elle 
ouvre un vase de parfums déposé près d'elle sur le sol. 

Nous expliquerons plus loin l'intérêt tout particulier qui 
s'attache à cette figure. 

Sous la mise au tombeau se voit la Résurrection. 

Le Christ, très calme, est debout devant le sépulcre ; sa 
main gauche, cachée sous la draperie qu'elle relève, tient 
une hampe au sommet de laquelle est une petite croix ornée. 
Le torse est en partie nu ; la main droite fait un geste de 
bénédiction. 

Quatre soldats couverts d'armures l'entourent. Le premier, 
à gauche, est assis par terre; il porte le casque tout rond, 
en forme de pot de fer, que nous avons déjà vu dans la scène 
du Christ devant Caïphe. Une tête d'animal fait saillie sur le 
dos de sa cuirasse, tenant dans la gueule la chaîne qui doit 
porter le sabre. Sur la cuisse droite est posé le manche d'une 
formidable masse d'armes, auquel une boule armée de pointes 
est rattachée par une chaînette. Les bottes sont molles et 
évasées. Le personnage est sans mouvement et paraît dormir. 

Celui qui lui fait face, dans l'angle opposé, se relève eu 
s'appuyant sur les poignets et tourne la tête vers le Christ; 
en même temps, il saisit d'une main le haut d'une halle- 
barde posée entre ses jambes. 

Derrière celui-ci, un vieux soldat barbu dort paisiblement, 
les coudes sur les genoux, le menton dans la paume de la 
main droite. 

Le quatrième enfin, à gauche, se relève en s'aidant du 
manche de sa hallebarde ; dans un mouvement de frayeur 



— 93 — 

et de stupéfaction, il porte à la visière de son casque la 
main gauche, couverte d'un gantelet. 

Tout au fond, du même côté, est un petit ange aux ailes 
éployées, les mains jointes. A droite, trois petites figures, 
portant des vases, débouchent entre les roches qui ferment 
le paysage : ce sont les femmes revenant d'avoir été embau- 
mer le corps du Sauveur. 

Le compartiment supérieur droit nous fait voir le Christ 
apparaissant aux apôtres et à ses disciples. 

Au centre, au fond de la scène, Jésus est debout Sa main 
gauche, à hauteur des hanches, relève sa tunique ; la droite 
est élevée, le pouce, l'index et le médius ouverts, les autres 
doigts repliés vers la paume. 

Onze personnages, dont quatre agenouillés, sont rangés 
en cercle autour de lui, dans différentes attitudes de joie et 
de surprise. 

Au premier plan, deux autres figures à genoux sont vues 
de dos : à gauche, une femme couverte d'une très ample dra- 
perie, la tète perdue dans un long voile formant capuchon ; 
à droite, un vieillard au sommet du crâne rasé comme un 
carme, tenant un gros chapelet passé dans la main gauche. 

Au dessous de cette dernière scène, Jésus apparaît à la 
Madeleine sous la figure d'un jardinier. La sainte est age- 
nouillée à droite, avec un geste d'étonnement heureux. En 
face d'elle le Seigneur, drapé dans un vaste manteau qui laisse 
nue l'épaule droite, porte la main de ce côté à la poitrine. 
Son attitude est aisée, souple et expressive. Les pieds et les 
mains conservent la trace des clous qui les ont percés. 

Tout au fond, sur des rochers, le Seigneur apparaît à 
Pierre, en prières. 



— 94 — 

Eotre ce petit groupe et celui du premier plan, nous voyons 
trois personnages en conversation, debout sur une terrasse 
élevée de quatre marches. C'est Jésus, couvert d'un manteau 
et coiffé d'un chapeau à larges bords, avec les disciples 
d'Emmaûs. Ils sontà l'entrée de cette ville et les deux disciples 
insistent pour y offrir l'hospitalité au Sauveur, qu'ils n'ont 
pas encore reconnu. 

Le côté droit de la scène représente une sorte de chàteau- 
fort flanqué de tourelles et figurant la ville. Par une baie en 
plein cintre, ouverte en face du public, on aperçoit une table 
servie autour de laquelle sont assis le Christ et les deux dis- 
ciples, au moment où le Sauveur rompt le pain. 

L'exécution du retable de Gùstrow est digne de celle 
du Martyre de saint Georges et Ton y remarque eu plus, 
surtout dans les figures de femmes, une profondeur de sen- 
timent que n'atteint pas la sculpture conservée au Musée de 
Bruxelles; cependant, nous lui préférons ce dernier au point 
de vue de la composition, du mouvement, de l'expression 
dramatique. 

L'on sent, dans cette dernière œuvre, l'artiste dans la 
plénitude de son talent pittoresque, livré à toute l'exubé- 
rance de son génie fantaisiste, se laissant librement emporter 
par les mille caprices de son imagination fantasque. L'âge 
devait avoir calmé la fougueuse nature de Borremans lorsqu'il 
exécuta le retable de la Passion, postérieur de plusieurs 
années à celui de Saint-Georges. 

L'œuvre dont nous venons de parler fut placée dans 
l'église de Gùstrow en 4522 (i). 

(4) D r Friedrich Schlie, Vas Altarwerk der beiden Brùsseler Meister Jah 
Borman und Bernaert Van Orley, in derPfarrkirche zu Gùstrow. Gùstrow, 1883. 



— 95 — 

Cette différence est sensible même dans les ornements 
architectoniques qui surmontent chacune des compositions ; 
bien que d'une exécution extrêmement habile et d'un goût 
parfait, la décoration architecturale du retable allemand 
n'offre pas la prodigieuse fertilité d'invention, la variété et 
la délicatesse de la merveilleuse dentelle de bois qui com- 
plète le retable bruxellois, et celui-ci reste, à notre avis, le 
chef-d'œuvre du plus grand maître de son époque. 

Si nous avons introduit la description détaillée de cette 
sculpture dans ce recueil, ce n'est pas seulement à cause de 
l'intérêt qu'elle présente au point de vue de l'œuvre du 
maître brabançon ou de la comparaison avec celle que notre 
Musée d'antiquités a le bonheur de posséder; c'est encore 
parce qu'en l'examinant attentivement, nous y avons 
remarqué certaines analogies qui, peut-être, pourraient nous 
mettre sur la trace de l'auteur d'un autre retable conservé 
en Belgique : celui de Blaugies. 

Nous voulons parler surtout de la figure de la Madeleine 
agenouillée devant le tombeau du Christ; même mouve- 
ment, même pose, même vêtement, même coiffure ; mais 
combien celle de Borremans est plus légère, plus élégante ! 
Comme la proportion en est plus heureuse, moins massive, 
combien le pli de la draperie est plus savant en même temps 
que plus rationnel ! 

11 en est de même, d'ailleurs, de toutes les autres figures, 
un peu lourdes dans la sculpture de Blaugies et infiniment 
moins pittoresques comme attitudes et comme accoutre- 
ments que dans l'œuvre de notre sculpteur. 

Cependant il ne nous paraît pas douteux que l'auteur du 
retable de Blaugies a dû voir celui de Gùslrow et s'en 



— 96 — 

inspirer et nous croyons que cette sculpture pourrait bien 
avoir été exécutée par un élève de Jean Borremans. 

Quoiqu'il en soit, cette comparaison nous donne une 
indication au sujet de la date du retable de Blaugies : celui 
de Gùstrow ayant très probablement été exécuté dans le 
premier quart du xvi e siècle, nous ne pensons pas que Ton 
puisse faire dater l'autre du commencement de ce siècle et 
même du xv e , comme certains auteurs l'ont supposé. 



RETABLE DE BLAUGIES. 

XVI e SIÈCLE. 

Le retable, en bois, de l'église de Blaugies ne se com- 
pose que d'une seule scène : le Christ au tombeau. 

L'arêle intérieure des côtés verticaux du cadre forme une 
moulure sobre qui se continue à la partie supérieure ; celle-ci 
se compose, au centre, d'une arcade à plein cintre reliée, 
à droite et à gauche, par une petite partie horizontale à un 
quart de rond, convexe à l'intérieur et partant des deux 
angles supérieurs de l'encadrement. 

La largeur du retable est de l m 56 ; sa hauteur au centre 
dei ra 67. 

Au milieu de la scène, dont il occupe presque toute la 
largeur, se trouve le tombeau, dans lequel Nicodème et 
Joseph d'Arimathie déposent le corps du Christ.. Celui-ci a 
la tète renversée sur l'épaule droite et laisse pendre le bras 
droit; derrière le sarcophage, la Vierge soulève le bras 
gauche du corps. Saint Jean la soutient; à ses côtés et à 
droite du spectateur, une sainte femme tient le bord du 



— 97 — 

linceul; une autre, à gauche, élève ses mains jointes, dans 
un geste de commisération. 

Au premier plan, la Madeleine est agenouillée; elle lève 
la tète vers le visage du Sauveur; sa coiffure est formée de 
deux longues nattes dont l'extrémité est attachée par des 
cordons passant au-dessus du poignet gauche. Le bras de 
ce côté est seul visible; la main soulève le couvercle d'un 
vase de parfum. C'est la figure que nous avons signalée à 
propos du retable de Gûstrow. 

A l'avant-plan se voient les instruments du supplice : 
clous, couronne d'épines, marteaux, tenailles, etc. 

Nicodème, qui soutient, à gauche, la tète du Christ, est 
un vieillard au crâne dénudé, à la longue barbe légèrement 
ondulée. 11 porte une robe monacale, dont le capuchon 
recouvre à peine la partie supérieure de la tète. Une escar- 
celle de forme triangulaire pend à sa ceinture. 

Joseph d'Arimathie, placé à droite, a les jambes couvertes 
d'une sorte de caleçon très collant, les pieds chaussés de 
souliers à bouts arrondis. Son vêtement de dessous a des 
manches longues et étroites, relevées aux poignets. La 
tunique qui le recouvre est à deux pans arrondis devant et 
derrière et réunis sur la hanche par une boucle à laquelle 
se rattache une longue floche. Une ceinture d'étoffe, nouée 
sur les reins, lui ceint la taille. Les manches sont larges 
et découpées de telle façon que la partie externe recouvre 
à peine le biceps, tandis que la partie interne pend jusqu'au 
coude. La tète est couverte d'uiu capuchon à pèlerine bou- 
tonné sous le menton et d'un chapeau de forme haute, à fond 
plat, aux bords mous, relevés et découpés par devant, 
retombant sur les côtés ; une pièce d'étoffe entoure le front 



; f 



— 98 — 

et descend sur le dos. La moustache, ondulée, est aussi 
longue que la barbe, sur laquelle elle retombe. 

La Vierge porte le costume qu'on lui voit habituellement: 
grande robe formant capuchon et recouvrant presque 
entièrement la tète; la Madeleine a un corsage aux manches 
serrantes, recouvert d'une ample draperie. 

La femme qui tient le bord du linceul porte une grosse 
coiffe ronde, au bord relevé au-dessus du front, maintenue 
par une bride passant sous le menton. Les manches de son 
vêtement sont légèrement bouffantes aux épaules. L'autre 
femme a les cheveux enfermés dans une façon de bonnet 
très simple, avec deux plaques rondes aux tempes. 

Saint Jean est nu-tète et vêtu d'un manteau sans 
manches, attaché par un seul bouton. 

Dans les angles de la composition se voient les deux 
larrons attachés à leurs croix. 

Celui de gauche a les reins entourés d'une étroite bande 
d'étoffe et le torse couvert d'une sorte de petite veste ou 
plutôt de gilet sans boutons, à manches très courtes; l'autre 
est vêtu d'une chemise passant entre les jambes, qui restent 
nues. 

Le fond est formé d'une chaîne de rochers escarpés, dans 
lesquels sont creusées des cavernes où l'on distingue 
quelques petites figures. 

Enfin, au centre, l'arc à plein cintre de la partie supé- 
rieure est orné du buste du Père Éternel, appuyant la main 
gauche sur le globe du monde, levant deux doigts de la 
droite pour bénir; dans les nuées qui l'entourent se voient, 
à sa droite, le soleil ; à sa gauche, le croissant de la lune. 

Cette œuvre est d'une ligne savante, d'une composition 



— 99 — 

pittoresque el d'un excellent travail; elle est restée fort 
heureusement très complète et à peu près intacte. 

La finesse de la sculpture était, il y a quelques années, 
émoussée par d'épaisses couches de couleur. 

En 1876, la restauration du retable fut confiée à 
M. Primen, qui s'acquitta de ce travail délicat d'une façon 
digne d'éloges et rendit à cette belle œuvre son aspect 
ancien . 

Placé sur un des autels latéraux de l'église de Blaugies, 
ce retable s'y trouve malheureusement encadré entre des 
colonnes peintes en imitation de marbre et d'un style 
pseudo-classique des plus médiocres. 

Certains archéologues font remonter l'exécution de cette 
œuvre jusqu'au xv* siècle; nous avons dit précédemment 
les indices qui nous portent à croire qu'elle date du second 
quart du xvi 6 . 

Les recherches que M. le curé de Blaugies a bien voulu 
faire dans les anciens comptes de la fabrique n'ont donné 
aucun résultat relativement à l'auteur ou à la date exacte 
de cette belle sculpture. 

RETABLE DE PONTHOZ 

(dans la chapelle du château). 
XVI e SIÈCLE. 

La chapelle du château des comtes van der Straeten- 
Ponthoz est ornée d'un curieux retable en bois sculpté, 
peint et doré. 

Il est réparti dans le sens de la longueur en trois pan- 
neaux rectangulaires; celui du milieu est beaucoup plus 



399018 h 



— 100 — 

élevé que les autres et divisé sur sa hauteur en deux étages. 

Les huit compositions qui les décorent sont tirées de la 
vie du Christ. 

L'étage inférieur des panneaux latéraux est à deux 
compartiments. 

A gauche se voient : l'Annonciation et l'Étable de Bethléem; 
dans cette dernière, la Vierge et saint Joseph sont en 
prières; la figurine de l'Enfant qui devait se trouver près 
d'eux a disparu ; dans le fond s'aperçoivent les tètes de Tàne 
et du bœuf. 

Dans le bas du panneau droit : la Circoncision, scène à 
six personnages, puis l'Adoration des Mages. La Vierge, 
assise à gauche, tient sur les genoux l'Enfant Jésus, qui 
prend des présents des mains d'un roi agenouillé devant 
lui ; deux autres Mages et saint Joseph sont debout dans 
le fond. 

La Passion fait le sujet des trois grandes compositions 
principales : à gauche est le Portement de la Croix. Le 
Christ est aidé par le Cyrénéen; à genoux devant lui, 
sainte Véronique tient le linge dont elle lui a essuyé le 
visage. Derrière lui, un guerrier couvert d'une armure le 
frappe; un autre, dans l'angle opposé, tient enroulée autour 
de son poignet l'extrémilé de la grosse corde qui noue la 
ceinture du Sauveur. Plus loin ? quatre figures : une femme, 
deux hommes, un guerrier. 

Dans le fond, sous une baie rectangulaire décorée d'orne- 
ments ajourés, on voit le Christ montré au peuple. 

Le panneau droit représente la Résurrection. 

Le Sauveur est debout au centre; son corps est nu, sous 
un ample manteau dont il porte les pans relevés sur le bras 



— 101 — 

gauche; un soldat coiffé d'un gros turban est couché près 

de lui, appuyant les mains sur une massue ; le bas de la 

figure disparaît dans une mentonnière. 

Dans les deux angles de l'avant-plan, deux guerriers 

cuirassés sont accroupis, les bras levés, endormis dans des 

al ti tudes gro tesq ues . 

La même baie que dans la scène précédente perce le 

fond ; Ton y aperçoit le Jardinier et la Madeleine. 

Le Calvaire occupe le compartiment central; le Christ 

est cloué sur sa croix; les deux larrons, les yeux bandés, 
sont attachés aux leurs avec des cordes. 

Deux cavaliers se tiennent au pied. Dans le fond se 
trouvent deux personnages de dimensions énormes; l'un 
d'eux est renversé par le second, qui le tient d'une main par 
les cheveux et lève le poing pour le frapper; — peut-être 
une allégorie figurant le triomphe du Ciel sur l'Enfer. 

Plus bas, comme dans toutes les compositions représentant 
la Passion, l'artiste a placé la Vierge tombant en défaillance; 
saint Jean la soutient sous les bras; six femmes et un 
homme l'entourent; au premier plan, à droite, est un soldat 
vu de dos, d'un accoutrement des plus fantaisistes. Les 
bords d'une cotte de mailles dépassent sa cuirasse; une 
longue bande d'étoffe descend de la ceinture jusqu'à terre; 
les tiges de ses chaussures, larges et évasées à l'excès, 
traînent sur le sol. Une chaîne lui traverse le torse en ban- 
douillère, se croise à un gros anneau à hauteur de la cein- 
ture et soulient le large fourreau d'un sabre recourbé, à 
poignée démesurée. Un large chapeau à bord rond, à fond 
découpé en crevés, lui couvre la tète. 

Sous cette composition, le sculpteur a placé, au centre 



— 102 — 

d'un compartiment oblong, la Vierge assise portant le corps 
de son Fils couché en travers sur ses genoux. Quatre saintes 
femmes apportent des parfums pour l'embaumer ; saint Jean 
se tient à gauche; deux hommes, sans doute Nicodème et 
Joseph d'Arimathie, au fond. 

Huit petits groupes accessoires décorent les montants des 
trois grandes divisions : la Fuite en Egypte, le Christ au 
Jardin des Oliviers, le Christ insulté par les soldats, la 
Flagellation, le Christ couronné d'épines, la Descente de 
Croix, le Christ au Tombeau et une autre dont le sujet n'est 
pas clairement indiqué : le Christ debout parlant à une 
femme assise devant une espèce d'alcôve à rideaux. 

Seule, la scène du Calvaire est couronnée d'un dais; les 
cadres des autres panneaux sont simplement ornés, sous la 
traverse supérieure, d'une guirlande de branches et de 
feuilles. 

Le dais du panneau central est d'une belle invention et 
délicatement exécuté; mais il n'atteint pas à la surpre- 
nante fertilité d'imagination, de l'admirable délicatesse 
d'exécution qui ont produit, par exemple, les dais aux 
innombrables détails des retables de la Passion, à Gheel, ou 
de Saint-Georges, à Bruxelles. 

Plusieurs des personnages sont trapus et trop courts; les 
bras, par contre, sont parfois trop longs. 

Les soldats affeclent des poses bizarres, des gestes violents ; 
d'autres figures, en revanche, — des femmes surtout, — ont 
des attitudes et des physionomies remplies d'expression et 
de sentiment. Certains groupes, notamment dans la scène 
centrale, sont d'une poésie ravissante. 

Citons spécialement la Sainte- Véronique du premier pan- 



— 103 — 

neau, les deux femmes de l'avant-plan du compartiment 
central et, au-dessous, la Vierge assise. 

Les draperies ont généralement un beau pli, très naturel ; 
les accoutremenls et les coiffures des femmes, les armures 
des soldats, sont de la plus haute fantaisie. 

Quelques costumes de femmes, à manches à bouillonnes 
et à crevés, indiquent la Renaissance; cependant, des orne- 
ments d'architecture sont absolument gothiques. 

RETABLE DE SAINT-PIERRE PRÈS LIBRAMONT 

(au Musée royal d'Antiquités, à Bruxelles). 

XVI e SIÈCLE. 

L'église du petit village de Saint-Pierre possédait naguère 
un retable en chêne sculpté du xvi e siècle. 

Placée dans Tune des nefs de l'église, cette sculpture, aux 
personnages de laquelle manquaient ici un nez, là une main, 
fut jugée indigne de faire plus longtemps pendant à un de 
ces horribles petits autels en simili-marbre, dont le mauvais 
goût de certaines administrations fabriciennes a doté beau- 
coup de nos églises de village et qui ornait la nef opposée. 

Grâce à de généreux donateurs, les paroissiens eurent la 
satisfaction de voir un second autel, semblable à ce dernier, 
venir prendre la place de l'œuvre d'art; celle-ci fut démontée 
et reléguée dans un réduit obscur sous le clocher. 

C'est là que, grâce à la complaisance du curé desservant 
alors l'église de Saint-Pierre, nous pûmes la voir pour la 
première fois en 1881. 

Elle était en morceaux, et d'épaisses couches de couleur 
blanche cachaient la finesse de la sculpture. 



— 104 — 

Peu de temps après, le retable, acquis par le Gouverne- 
ment Belge, était confié aux soins de l'habile restaurateur 
Gosselin; il figure actuellement avec honneur au Musée 
royal d'Antiquités. 

Les compositions sont encadrées dans un ordre d'archi- 
tecture composé de quatre pilastres peu saillants, sans bases, 
aux fûts décorés de branchages, surmontés d'un entable- 
ment et renfermant trois baies à plein cintre. 

Les deux pilastres intermédiaires se prolongent de deux 
caryatides à chapiteaux ioniques, supportant un entablement 
plus important dont la corniche est ornée de modillons, et 
exhaussant ainsi le compartiment central. 

L'entablement inférieur s'interrompt à l'endroit de ce 
dernier compartiment; il fait retour de chaque côté et s'amor- 
tit contre les piédroits de l'arcade principale. 

Un ornement découpé se profile à l'extérieur, accolé à 
chacune des caryatides. Celles-ci supportent une statue de 
saint placée sur un socle. 

Le compartiment du milieu estsurmonté d'un autre ordre, 
plus petit, composé d'un soubassement portant deux pilastres 
avec entablementet fronton. La baie, rectangulaire, renferme 
un motif ornemental ajouré. 

Les écoinçons sont remplis par des têtes de chérubins 
ailées; une tète semblable, plus grande, décore le centre de 
la frise de chaque entablement, accostée, à droiteet à gauche, 
d'un bouquet de fruits. 

Enfin, l'ensemble de la sculpture repose sur une corniche 
moulurée, sous laquelle une console se profile extérieurement 
à chaque extrémité. 

Passons à la description des groupes. 



— 105 — 

La première scène, à gauche, nous montre le Christ au 
Jardin des oliviers. 

Dans les nuées apparaît un ange, portant une croix sur 
Pépau le gauche, un calice dans la main droite. Le Rédempteur 
est à genoux, les mains tendues dans un geste exprimant 
bien la prière : « Mon Père, détournez ce calice de mes 
lèvres ! » 

Au premier plan, trois apôtres sont endormis; l'un d'eux, 
à demi-couché dans l'angle droit, tient la poignée d'un grand 
sabre. 

Dans le fond, à gauche, un petit bas-relief montre Judas 
franchissant la porte du jardin, entouré de soldats qu'il guide 
et auxquels son geste désigne le Sauveur. 

La composition principale est le Calvaire. Au centre, le 
Ghrist meurt sur la croix; au-dessus de lui, le Père laisse 
tomber sur le Crucifié un regard rempli d'une Compassion 
infinie. 

Dans le bas du tableau, au premier plan, la Vierge est 
assise, les mains jointes; à gauche, derrière elle, se tient la 
Madeleine; à droite, saint Jean levant la tète vers le Christ, 
les bras ouverts dans un mouvement ample et énergique. 

Deux anges voltigent à gauche de la croix, un autre à 
droite; un quatrième, portant, de même que les précédents, 
un calice, est debout au pied de la croix, à laquelle il s'appuie 
de la main droite. Le bon larron est à la droite du Christ; 
le mauvais, à sa gauche. Au-dessus du premier se voit un 
ange conduisant une âme au ciel ; au-dessus de l'autre est un 
démon emportant sur le dos un corps renversé qu'il tient 
par les jambes. 

Ce panneau est des plus remarquables ; la composition sort 



— 106 — 

radicalement des données généralement suivies dans les 
scènes analogues 

Nous avons remarqué précédemment dans divers retables 
gothiques représentant la Passion, une identité presque com- 
plète dans la disposition des personnages : la Vierge s'affaisse 
à gauche, saint Jean est derrière elle, la Madeleine devant, 
un soldat dans l'angle droit, etc. 

Ici rien ne rappelle cette distribution presque invariable; 
l'artiste s'est donné libre carrière dans le groupement de ses 
figures et il en a obtenu un effet très original et des plus 
heureux. 

La Résurrection fait le sujet du troisième panneau. 

Au centre est Je sépulcre, dont la pierre est dérangée; le 
Christ s'élève dans un nimbe. A droite et à gauche du tom- 
beau, deux soldats font un mouvement de terreur. 

Trois autres guerriers sont au premier plan ; l'un est assis 
dans l'angle gauche, encore endormi; un autre, dans l'angle 
opposé, est renversé en arrière; il s'appuie sur la paume de 
la main gauche; de la droite, il élève un sabre; entre ces 
deux figures, un troisième soldat, nu-tète, tombe en avant, 
foudroyé. 

L'exécution de cette sculpture est fine et soignée ; les têtes, 
celles des femmes surtout, sont délicatement caressées ; si 
l'on peut reprocher aux physionomies de n'être pas des plus 
expressives, on ne peut en dire autant du geste, grand, 
significatif et vrai, sans aucune exagération dramatique. 

. Les draperies sont amples et d'un beau pli, moins éner- 
giques cependant que chez les gothiques du siècle précédent. 

Cette œuvre, très abîmée, nous l'avons dit, a été restaurée 
par feu Gosselin avec un tact et un soin dignes des plus 



— 107 — 

grands éloges, et qui font doublement regretter la perte de 
ce praticien habile et consciencieux. 

Quoique l'artiste ait enlevé minutieusement l'une après 
l'autre les nombreuses couches de couleur et de dorure qui 
empâtaient la sculpture, il n'a découvert aucune inscription 
qui puisse nous faire connaître le nom de son auteur non 
plus que la date exacte de son exécution. 

RETABLE DE NAMUR 

(à l'Ermitage des Grands-Malades). 
XVI e SIÈCLE. 

Deux motifs d'architecture superposés forment ce retable; 
Pétage inférieur est porté par un soubassement uni, avec 
base et corniche moulurées. 

Cet étage comprend trois baies rectangulaires, encadrées 
et séparées entre elles par des caryatides montées sur pié- 
destaux et soutenant l'entablement. 

L'étage supérieur n'a qu'une seule baie, en arcade à plein 
cintre, avec deux caryatides supportant une corniche archi- 
travée et un fronton triangulaire. 

Chacune des baies de l'ordre inférieur renferme un 
bas-relief; le premier, à gauche, représente le Portement 
de la Croix, scène animée de nombreux personnages; les 
remparts crénelés d'une ville s'aperçoivent au fond. 

Dans le panneau central se voit le Christ en croix entre 
les deux larrons ; au pied de la croix se tiennent la Vierge, 
saint Jean, la Madeleine, des femmes. 

La troisième composition nous montre le Christ descendu 
de la croix. 



— 108 — 

Au centre, au premier plan, le Sauveur est étendu sur la 
terre; un personnage le soulève en le tenant sous les ais- 
selles ; la Vierge s'approche pour l'embrasser ; quatre autres 
personnages sont groupés autour d'elle. Les deux larrons 
sont encore attachés à l'instrument de leur supplice ; une 
ville se dessine dans le lointain. 

Dans Tunique baie à plein cintre formant l'étage supérieur, 
le sculpteur a placé l'Ascension. 

Le Rédempteur monte au ciel entouré de nuées, tandis 
que les païens sont renversés sur le sol. 

Le tympan du fronton est décoré d'une figure du Père 
Éternel. 

A droite et à gauche de cet ordre se profile un ornement 
en forme de console renversée, occupant toute la hauteur 
des caryatides ; les piédestaux de celles-ci sont décorés de 
rainures verticales. 

Les quatre caryatides de l'ordre inférieur représentent 
les Évangélistes; chacun d'eux tient un livre ouvert. Celles 
de l'étage supérieur sont deux figures d'anges. 

Toute cette sculpture était dorée et polychromée. 

La partie ornementale est exécutée avec plus de délica- 
tesse que les figures. 

Le grand entablement est divisé en trois parties par les 
saillies que supportent les caryatides. 

Chaque frise est ornée, au centre, d'une tête de chérubin 
ailée, entourée de guirlandes de fleurs et de fruits. Des 
grappes du même genre décorent les piédestaux de l'ordre 
inférieur. 

Cette gracieuse ornementation est traitée avec beaucoup 
d'habileté et de bon goût. 



— 109 — 

Nous rencontrerons plus tard, à Gedinne, un retable en 
chêne sculpté qui n'est pas sans présenter certaines analogies 
avec celui de Namur, tant sous le rapport des sujets qu'au 
point de vue de la distribution et de l'exécution; ces deux 
œuvres paraissent, d'ailleurs, être contemporaines. 

Le retable de Gedinne est attribué à Jean Muzelle, qui 
pourrait bien être aussi l'auteur de celui de l'Ermitage des 
Grands-Malades. 



RETABLES DE MONS 

(à l'église de Sainte -Waudru). 

Chapelle de Notre-Dame et de Saint-Joseph. 

XVI e SIÈCLE. 

L'église de Sainte-Waudru, à Mons, est ornée de deux 
beaux retables, l'un en pierre sculptée, l'autre en albâtre et 
marbre. 

Le premier décore l'autel de la chapelle de Notre-Dame 
et de Saint-Joseph, à droite du chœur. 

Bien qu'il ait été exécuté au cours du xvi e siècle (i), 
il ne présente encore aucune tendance Renaissance; le 
style de l'architecture, la richesse d'invention, la délica- 
tesse d'exécution des ornements prodigieusement fouillés, 
en font une œuvre du plus pur gothique tertiaire. 

Large d'environ trois mètres, il s'élève jusqu'au plafond 
de la chapelle ; il se compose de deux étages de niches. 



(i) Le retable que nous décrivons n'existait pas en 1505; en effet, on lit dans 
une résolution de cette date du chapitre de Sainte-Waudru que Ton se propose 
de faire à la première chapelle (où il se trouve) « la chappelle de la Conception ». 



— no — 

L'étage inférieur est réparti en trois compartiments ; celui 
du milieu, plus large et plus élevé que les autres, est cou- 
ronné par un arc en double accolade rappelant la silhouette 
du retable d'Eslinnes-au-Mont (t). Contre les parois, à la 
partie supérieure, voltigent de petits anges aux longues robes 
flottantes qui donnent à supposer que le groupe placé dans 
cette niche représentait F Assomption* Toutes les autres 
figures ayant disparu, Ton a, pour combler le vide, placé 
dans la niche une grande statue de la Vierge tenant l'Enfant 
Jésus; cette belle figure, datant du xvi e siècle, est en pierre 
argentée; elle se trouvait jadis dans une niche, devant 
laquelle était une lanterne, à l'extérieur de la chapelle du 
chevet de l'église. Douze autres niches contenaient les 
statues des Apôtres, qui ont disparu. 

La statue en question est désignée sous le nom de Notre- 
Dame de Grâce ; lors de la réouverture de l'église, après les 
troubles révolutionnaires, elle fut posée à l'intérieur de 
l'édifice sur un autel du transept; cet autel ayant été sup- " 
primé en 1857, à la demande de M. l'archiviste L. Devillers, 
la statue de la Vierge, réargentée, fut placée dans la cha- 
pelle dite aujourd'hui de Saint- Joseph, parce qu'une statue 
de ce saint qui l'orne depuis le siècle dernier est l'objet 
d'une grande vénération. 

Antérieurement à l'année 1857, la niche principale du 
retable en question contenait une statue de la Vierge portant 
l'Enfant Jésus, que l'on invoquait sous le nom de Notre- 



(4) A propos de ce retable, disons que M. l'abbé Lairein, ancien curé d'Es- 
tinnes-au-Mont, a pu réunir les statuettes qui se trouvaient dans les niches; 
elles ont trait à la légende du sacrilège commis par un juif, que nous avons 
résumée. 



— m — 

Dame de l'Assomption; cette appellation vient corroborer 
l'hypothèse que nous avons émise plus haut relativement au 
groupe qui devait en premier lieu occuper cette niche. 

Cette dernière statue, de peu de valeur, a été conservée ; 
elle est en pierre et dorée; quant au groupe primitif, il est 
probable qu'il a disparu à l'époque de la domination française. 

Les deux compartiments latéraux, dont la corniche figure 
une accolade surhaussée, portent à mi-hauteur une tablette 
qui les partage en deux étages, dont le supérieur est lui- 
même divisé en deux parties par un faisceau de nervures 
verticales. 

Toutes ces niches sont vides ; les dessous des arcs et les 
supports des tablettes sont ornés de riches ornements ajourés 
formant dais, d'un travail d'une rare habileté. 

L'étage supérieur est également divisé en trois compar- 
timents, dont l'un, au centre, a de plus grandes proportions 
que les deux latéraux. 

On y voit Dieu le Père et le Christ couronnant la Vierge 
agenouillée entre eux. Le Père Éternel porte la couronne de 
l'empire du monde; le Fils, la couronne d'épines. Le Saint- 
Esprit est au-dessus, sous la forme d'une colombe. 

Ce groupe repose sur un socle rectangulaire dont les faces 
sont décorées d'ogives géminées. L'entablement dessine 
trois saillies octogonales dont chacune est sous l'un des 
personnages. 

La corniche moulurée est séparée du fût du socle par un 
épais coussinet décoré de rinceaux de feuillages. 

Deux socles du même genre, mais plus petits et plus 
simples, sont placés dans les niches latérales; sur celui de 
gauche est une grande statue de sainte Anne, tenant un 




— 412 — 

livre ouvert de la main gauche et appuyant la droite sur 
lepaule d'une petite Vierge portant l'Enfant Jésus. 

A droite est une statue de saint Jean-Baptiste; il tient 
également dans la main gauche un livre ouvert, sur lequel 
un petit agneau est couché. 

Chacune de ces trois niches est couronnée d'un dais sur- 
monté d'un clocheton formé d'un triple étage de motifs d'ar- 
chitecture, sculptés à jour et d'une exécution merveilleu- 
sement habile. 

Aux faisceaux de colonneltes élancées formant les montants 
extérieurs et intermédiaires sont accolés des socles, qui ont 
dû recevoir des statuettes, dont aucune ne subsiste. 

On ignore le nom de l'auteur de cette élégante sculpture ; 
elle pourrait bien èlre de la même main que celle qui orne 
la chapelle de Notre-Dame de Cambron, à Estinnes-au-Mont. 

Ce relable est abrité par une gracieuse charpente, de 
laquelle descendaient jadis deux grands rideaux, qui permet- 
taient de ne découvrir la sculpture qu'aux jours des grandes 
fêtes. 

La chapelle où il se trouve est désignée dans les anciens 
documents (1) sous le nom de « chapelle des Féeries de 
Notre-Dame » , ce qui indique que l'on y célébrait autrefois 
les fêtes de la Vierge. 

La table de l'autel est en pierre bleue; le retable est 
porté par un gradin en pierre blanche orné de rinceaux, qui 
est de l'époque du monument et qu'on a le tort de cacher 
sous un ornement insignifiant. 

(i) Nous devons la plupart des renseignements relatifs aux retables des églises 
de Mons à l'obligeance de M. L. Devillers, conservateur des Archives de l'État, 
a Mons. 



•-."-» 



— U3 — 

Chapelle de Sainte-Marie-Madelelne. 

XVI e SIÈCLE. 

Quoiqu'il ne soit postérieur au précédent que d'un demi- 
siècle à peine, le retable de sainte Marie-Madeleine n'a plus 
un trait qui rappelle le golhique; c'est, au contraire, l'une des 
œuvres les plus pures que nous ait laissées la Renaissance. 

Il se compose d'un triple étage d'ordres d'architecture, 
reposant sur un soubassement. Ce dernier est divisé par un 
piédestal en deux parties, décorées chacune d'un petit bas- 
relief récemment ajouté, dont nous n'avons pas à nous 
occuper. 

L'ordre inférieur présente au centre un grand bas-relief 
rectangulaire : le Christ dans la maison du Pharisien. Le 
Seigneur est assis à l'extrémité d'une table servie, entouré 
de neuf convives ; derrière lui, la Madeleine lui verse des 
parfums dans les cheveux ; deux femmes et un serviteur se 
montrent dans le fond. 

De chaque côté de ce bas-relief sont deux colonnes corin- 
thiennes, de proportions heureuses; des figurines, de riches 
arabesques et des feuillages décorent le tiers inférieur des 
fûts, aux deux tiers supérieurs cannelés et d'un galbe 
élégant; entre chaque couple de colonnes est réservée une 
niche à plein cintre abritant les statues, debout, des Évan- 
gélistes saint Marc et saint Mathieu. 

Un bas-relief plus petit, carré, forme le motif principal 
du second ordre. Il se compose de quatre personnages, 
dont trois femmes, et représente Je Christ apparaissant à la 
Madeleine, après sa résurrection, sous le costume d'un 
jardinier. 



— m — 

Ce tableau est accosté de deux consoles très allongées, 
décorées de trois rainures. 

L'entablement de Tordre principal est porté en saillie par 
chaque couple de colonnes. 

Deux couples de colonnettes en marbre rouge reposent 
sur ces saillies; elles sont d'ordre dorique; la diminution 
partant directement de la base Fait paraître le diamètre supé- 
rieur trop réduit et leur donne un aspect bien moins gracieux 
que celui des colonnes du grand ordre. Entre ces colonnettes 
sont les statues assises des Évangélistes saint Jean et saint 
Luc. 

Chacun des quatre Évangélistes écrit dans un grand livre 
et est accompagné de son attribut :1e lion, l'ange, l'aigle ou 
le taureau. 

La statue de saint Jean est la plus remarquable. 

Couronnant le centre de l'œuvre, une statue, grandeur 
nature, de sainte Marie-Madeleine, tenant dans la main 
droite un vase de parfums, est placée sur une saillie de 
l'entablement du second ordre. 

La niche qui l'enferme est encadrée de deux colonnes sur 
piédestaux. Le fût, trop élancé, est cannelé; la partie infé- 
rieure s'arrondit en rejoignant la base et est ornée de 
figurines et de feuillage. 

L'entablement forme un dôme à calotte sphérique, sur- 
monté d'un vase. Deux grandes volutes en relief très plat 
accostent la niche. 

Les bas-reliefs, les statues, les colonnes, les frises, le 
socle et le dé du piédestal du soubassement, sont en albâtre; 
l'intérieur des niches, les encadrements, les architraves et 
les corniches sont en marbre noir. 



— 115 — 

Cette élégante sculpture est l'œuvre de Jacques Du 
Brgeucq (i) et fut exécutée en 1549 (2). Toutefois, il y a 
lieu de se demander si la grande statue de la Madeleine, qui 
semble un peu lourde, est aussi de cet artiste. 

Il est certain que Du Brœucq avait habituellement plu- 
sieurs collaborateurs. 

(A continuer.) 

Henry Rousseau. 



(1) Une résolution du chapitre de Sainte- Waudru, datée du 1 er mars 1549, 
porte : « Conclut et ordonnet à Anthoine Yeuwain de payer à maistre Jacques 
Du Brœucq, de ce que lui estait deu pour le paye de la marchandize de la table 
de la Magdelaine. » 

(s) L. Devillers, Mémoire historique et descriptif sur l'église de Sainte- 
Waudru, à Mons y p. 73. 



COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX. 



SÉANCES 
des 7, 14, 21 et 28 mars; des 4, 11, 18 et 24 avril 1891 



PEINTURE ET SCULPTURE. 

La Commission a approuvé : 
Église V Le dessin de verrières à placer dans les petites fenêtres 

de Notre-Dame, ' ' 

ve L rr?èreï. du transept de l'église de Notre-Dame, à Laeken (BrabantJ ; 

auteur, M. De Keghel; 
Église de 2° Le projet d'une verrière à exécuter par M. Ladon pour 

Btrombeek-Bever. r J r r 

verrière. j a f en êt re du jubé de l'église de Strombeek-Bever (Brabant), 
sous réserve de remplacer le fond rouge intense des compo- 
sitions inférieures par un fond bleu semblable à celui des 
parties supérieures de la verrière, et ce en vue d'harmoniser 
davantage la tonalité générale ; 

Église de 3° Le devis estimatif dressé par M. Capronnier pour la 

Sainte Catherine, r r r 

à "viSiu* 616 " réparation des vitraux du chœur et du transept de l'église de 
Sainte-Catherine, à Hoogstraeten (Anvers); 



— 117 — 

4° Le devis eslimatif des réparations à effectuer à quatre de St f n Çiî artiIlf 
tableaux de l'église de Saint-Martin, à Overyssche (Brabant); a Ta v Ex he 

5° Le modèle demi-grandeur d'exécution des lions destinés ^l^mouàl 
aux rampes du perron de l'hôtel de ville de Termonde Scu,pllirei - 
(Flandre orientale); 

6° Le programme des ouvrages de sculpture destinés à Mu scîipturè v s ers ' 
compléter la décoration des façades du nouveau musée 
d'Anvers. 

— Les délégués qui ont examiné, à la date du 16 février de saifcime, 

à Garni. 

4891 , les nouvelles peintures murales exécutées par M. Can- p m e ;2 ! 
neel pour la chapelle de Sainte-Barbe, dans l'église de Sainte- 
Anne, à Gand, ne peuvent qu'approuver ces peintures, qui 
s'accordent parfaitement par le style comme par les tonalités 
avec le reste de la décoration de l'édifice. 

II ne reste plus que quatre travées à peindre et l'unité de 
ce grand travail peut être dès maintenant considérée comme 
assurée. 

CONSTRUCTIONS CIVILES. 

Le Collège a émis un avis favorable sur le projet dressé ^^«t^. 
par M. l'architecte Cupper pour la restauration de la porte RestauraUoQ 
de Trêves, à Bastogne (Luxembourg). 

ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs : 
4° A la construction d'un presbytère à Stevoort (Lim- J^^^ 
bourg), sous réserve de supprimer l'encorbellement de de pre8bylerea - 
Tavant-corps de la façade principale et d'améliorer l'escalier 



— il» — 

donnant accès à l'étage en diminuant la longueur de la 
première volée, dût-on pour cela prolonger la saillie de la 
cage vers la cour; architecte, M. Martens; 

2° A la construction d'un presbytère à Ourthe, commune 
de Beho (Luxembourg) ; architecte, M. Cupper; 

3° A la construction d'un presbytère à Borsbeek (Anvers), 
à la condition de donner une certaine pente à la couverture 
des annexes afin d'éviter des infiltrations pluviales et de 
diminuer la hauteur des lucarnes du bâtiment principal ; 
architecte, M. Gife; 

4° A l'appropriation d'un immeuble destiné à servir de 
presbytère à Hal (Brabant) ; 

5° A la restauration du presbytère de Calmpthout( An vers); 
architecte, M. Gife; 

6° A la restauration du presbytère de Sombreffe(Namur) ; 
architecte, M. Frère. 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

Le Collège a approuvé les plans relatifs : 
Égi»e de cothem. i° A la construction d'une église au hameau de Cothem, 
sous Boorsheim (Limbourg) ; architecte, M. Christiaens ; 
synagogue 2° A la construction d'une synagogue à Anvers ; l'attention 
de l'architecte, M. Hertogh, a été appelée sur la difficulté de 
construire les fondations de l'édifice suivant les deux modes 
différents qu'il propose et sur les précautions qu'il devra 
prendre pour éviter des tassements inégaux ; 
de Itevoort. 3° A l'agrandissement de l'église de Stevoort (Limbourg) ; 
architecte, M. Martens; 
Église 4° A la construction d'une sacristie à l'église d'Alveringhena 

d'Alveringhem. 

(Flandre occidentale) ; architecte, M. Vinck ; 



— H9 — 

5° A la construction d'un escalier donnant accès à l'église delSïîoi». 
de Kerckom (Brabant); 

6° Les dessins d'objets mobiliers destinés aux églises de : ow 55 f l nïïï îew 

Graty, sous Hoves (Hainaut) : maître-autel ; 

Kemseke (Flandre orientale) : stalles ; 

Ethc (Luxembourg) : maitre-autel; 

Wevelghem (Flandre occidenlale) : stalles; 

Ville, communedeMy (Luxembourg): deux autels latéraux. 

TRAVAUX DE RESTAURATION. 

La Commission a approuvé : 

1° Le projet de restauration de l'église de Bavichove * fiSëS,,». 
(Flandre occidentale) ; architecte, M. Garette; 

2° La restauration des châssis et vitrages des fenêtres de dep ÉgH»e ^ 
Fégl i se de Poelcappclle (Flandre occidentale); architecte, 
M. Soete; 

3° La restauration des toitures de l'église deRamscappellc^^;^,^ 
(Flandre occidenlale) ; 

4° Les comptes des travaux de restauration exécutés aux 6 ^°SS^ X 

, .. . de restauration 

églises de : d-ëgu»e 8 . 

Saint-Martin, à Hal (Brabant) : exercices 1887 et 1888; 

Sainl-Sulpice, à Diest (Brabant) : exercices 1888 et 1889. 

— M. le Ministre de l'intérieur et de l'instruction publique , o to« u , 
a fait connaître que, d'après le procès-verbal de réception aGan,i 
provisoire, les travaux effectués à ce jour en vue de la res- 
tauration de l'église de Saint-Michel, à Gand, s'élevaient à la 
somme de fr. 53,856-61 et demandé s'il y avait lieu de 
liquider un acompte sur le subside promis par son dépar- 
tement. Ce subside s'élève à 9,000 francs. Les travaux 
exécutés sont ceux de la restauration intérieure de l'église. 



— 120 — 

Celle-ci est presque achevée, à la réserve de quelques travaux 
peu importants du côté du jubé. Le badigeon a été enlevé 
d'un bout à l'autre de l'église. Cette opération, qui lui a donné 
beaucoup plus de caractère, a permis de restituer l'ancien 
triforium et de constater plus d'une grave altération qui 
avaient été apportées aux dispositions intérieures. C'est ainsi 
que d'importants fragments de colonnettes avaient été enlevés, 
qu'une porte avait été masquée et qu'on avait supprimé en 
même temps un escalier intérieur conduisant au triforium, etc. 

Il resterait encore, pour rendre à l'église son aspect pri- 
mitif, à y supprimer quelques superfétations d'un goût dou- 
teux, tel que l'espèce de couronnement gothique dont 
l'architecte Minard avait surmonté le maître* autel et qui, par 
ses dimensions considérables, masque tout le chevet du 
temple, qui est d'une belle disposition architecturale et décoré 
de verrières d'un bon style. 

La fabrique voudrait aussi renouveler tout le mobilier de 
l'édifice. Mais celui-ci est assez convenable et la mesure peut 
être différée sans inconvénient. 

En attendant, d'accord avec ses délégués, la Commission 

ne peut que donner un avis favorable à la liquidation du 

subside promis si les ouvrages auxquels il s'appliquait sont, 

comme il semble, exécutés. 

Égiitc — Des délégués ont inspecté, le l er avril 1891 , les travaux 

de Suint-Germain, 

iTiriemom. <j e restauration exécutés à l'intérieur de l'église de Saint- 
Germain, à Tirlemont. 

Ces travaux forment le complément de l'entreprise dn 
débadigeonnage et de la restauration intérieure du monu- 
ment; ils étaient évalués à fr. 14,596-81 et sont entièrement 
terminés. 



— 121 — 

Les délégués sont d'avis que ces ouvrages ont été exécutés 
avec beaucoup de soins et que rien ne s'oppose à la liqui- 
dation du subside du département de l'intérieur et de l'in- 
struction publique. 

Lors de l'inspection précédente, les délégués avaient con- 
seillé, pour limiter le plus possible la dépense, de maintenir 
le crépissage qui couvre certaines parties de parements irré- 
guliers de maçonneries en pierres et briques du transept. 
Le conseil de fabrique a cru devoir faire tracer sur ce crépis- 
sage des joints blancs simulant un appareil de pierre. On ne 
peut que regretter ce trompe-i'œil Mais il résulte des expli- 
cations du conseil de fabrique que ce n'est là qu'une opéra- 
tion provisoire et qu'il compte, dès que ses ressources le 
permettront, remplacer ces quelques parties de parements 
en briques par des parements en pierre blanche, afin d'har- 
moniser tout l'intérieur de l'édifice. Il y a lieu de l'encourager 
dans cette voie, d'autant plus que la dépense à en résulter 
n'atteindra pas un chiffre bien important. 

Le Secrétaire Général, 

J. Rousseau. 
Vu en conformité de l'article 28 du règlement. 

Le Président y 

Wellens. 



— 122 — 



ERRATUM. 



Tome XXX, p. 8 (Liste des membres correspondants de 
la Commission royale des monuments pour la province de 
Hainaut), 

Après le nom de M. Cador, au lieu de « architecte de la 
ville, » lire : o ancien architecte de la ville. » 



NOTES 



POUR SERVIR A. 



L'HISTOIRE DE LA SCULPTURE 

EN BELGIQUE 



LES RET 

(Suite) (i) 



RETABLES DE MONS. (Suite.) 

Outre les deux retables dont nous venons de parler, les 
églises de Monsen possèdent plusieurs autres qui présentent 
un intérêt artistique suffisant pour que nous croyions devoir 
les signaler et en faire une courte description, bien que la 
sculpture proprement dite ne joue, dans certains d'entre 
eux, qu'un rôle secondaire.. 

Autel de la chapelle des Trépassés. 

(A. l'église de Sainte-Waudru.) 

FIN DU XVI e OU COMMENCEMENT DU XVII e SIÈCLE. 

Le retable qui orne cet autel est en marbre blanc et noir ; 
il se compose de quatre pilastres encadrant deux bas-reliefs; 
l'un de ceux-ci a pour sujet le Calvaire, l'autre le Pur- 
gatoire. 

Les donateurs de l'œuvre se sont fait représenter dans la 

(0 Voir Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. XXIX (1890), p. 425, 
et XXX (1891), pp. 29 et 79. 



— 124 — 

première de ces compositions : en effet, on y voit, au pied 
du Calvaire, d'un, côté un seigneur et ses trois fils 
agenouillés; de l'autre, une dame et ses deux filjes dans 
l'attitude de la prière. Saint Jean-Baptiste se tient derrière 
les premiers; sainte Catherine derrière les autres. 

Des emblèmes de la mort sont sculptés en divers endroits 
du retable. Son couronnement se termine par une statue 
qui figure un homme assis, élevant les mains. 

Chapelle de Saint - Michel. 

(Même église.) 

FIN DU XVI e SIÈCLE. 

L'autel dédié à Saint-Michel est en style Renaissance ; il 
se compose de deux colonnes torses qui entourent un tableau 
peint sur bois et représentant Saint Michel combattant les 
infidèles; plus bas, sur le même tableau, figure la bataille 
de Lépantë. 

Le couronnement est surmonté de la statue de Saint- 
Michel, armé d'un bouclier et d'un glaive flamboyant, et 
terrassant le démon. 

Cette statue est placée sous un dais. 

Chapelle de Saint - Roeh. 

(Même église.) 

XVIII e SIÈCLE. 

Le retable placé dans la chapelle de Saint-Roch se com- 
pose de deux colonnes torses, en marbre, auxquelles sont 
adossées les statues des saints Fabien et Sébastien. 



— 125 — 

Ces colonnes encadrent un tableau représentant Saint 
Roch au milieu des pestiférés. 

Le tout est couronné de la statue du saint, avec son chien 
et un ange, placée sous un dais. 

Nous connaissons Fauteur de cette œuvre, ainsi que la 
date de son exécution : elle fut sculptée par Albert Fonson, 
en 1712. 

Chapelle de Salnt-Élol. 

(Même église.) 

XVIII e SIÈCLE. 

Ce retable est d'un aspect tout à fait charmant. 

De même que le précédent, il se compose de deux colonnes 
de marbre, encadrant un tableau peint; mais ici, ces 
colonnes supportent une arcade, surmontée de la statue de 
Saint-EIoi. 

Le tableau est une copie de la célèbre Sainte-Famille, de 
Raphaël d'Urbin, dont l'original se trouve à Versailles. 

Plus bas que le tableau est une petite niche en marbre 
noir, de chaque côté de laquelle sont placées des sculptures 
en albâtre, d'une remarquable finesse d'exécution. 

ÉGLISE DE SAINT-NICOLAS-EN-HAVKÉ. 
Le maître -autel. 

XVIII e SIÈCLE. 

Le maître-autel de l'église de Saint-Nicolas-en-Havré est 
construit sur un plan semi-circulaire ; il se compose d'un 
soubassement à deux étages et de deux portiques d'ordre 



— 12H — 

corinthien avec entablement et attique de balustres, accos- 
tant une niche centrale en plein cintre. 

Sous l'architrave des portiques pendent un baldaquin et 
des draperies, relevées par un petit ange aux ailes déployées. 

Les baies des portiques contiennent les statues de Saint- 
Jean de Matha et de Saint-Félix de Valois, fondateurs d'un 
ordre religieux ayant pour but le rachat des captifs et 
patrons d'une confrérie, et qui était établie dans l'église de 
Saint-Nicolas (i). 

Sous l'arcade centrale est une statue de saint Nicolas, sur 
la tète duquel deux anges déposent la mitre épiscopale. Le 
tout est couronné d'un majestueux groupe de la Sainte- 
Trinité, entourée d'anges, de séraphins et de tètes ailées se 
détachant sur uue gloire à rayons dorés. 

Le contre-retable, à la hauteur du second étage du sou- 
bassement, est orné de quatre médaillons : deux de ceux-ci, 
placés sous les statues des portiques, représentent en buste 
les apôtres Saint-Pierre et Saint-Paul. Les deux autres, 
sous la niche centrale, ont pour sujet des épisodes de la 
légende de Saint-Nicolas : à droite sont représentées trois 
jeunes filles qui reçurent de ce saint la dot, à défaut de 
laquelle elles ne pouvaient se marier ; à gauche se voit le 
sacre du saint, placé entre deux pontifes. 

Entre ces deux médaillons est un tabernacle en forme de 
rotonde grecque, surmonté d'un crucifix entouré d'anges. 



(«) Des vingt-deux autels qui ornent l'église de Saint-Nicolas-en-Havré, ceux 
que nous décrivons ici sont les seuls qui méritent une mention spéciale. 

On trouvera une description détaillée de ceux-ci, comme de ceux que nous ne 
citons pas, dans l'ouvrage de M. F. Hachez, Mémoire sur la paroisse et r église 
de Saint-Nicolas en Havre, à Mons. Mous, 1859, in-4°. Planches. 



— 127 — 

Le plan du maitre-autel a été dressé en 1 7KÎ5 par Charles- 
Augustin Fonson, architecte et sculpteur, puis modifié par 
le même en 1758. Cet artiste est également Fauteur des 
plans et de l'exécution des stalles, des autres boiseries et de 
la clôture du chœur de la même église. 

En avant de l'autel se tiennent deux anges agenouillés 
dans une attitude parfaite d'adoration, qui sont l'œuvre du 
sculpteur Alexandre Ghienne. 



Chapelle de Notre-Dame du Mont-Serrat. 

(Même église.) 
XVIII e SIÈCLE. 

La chapelle de Notre-Dame du Mont-Serrat fut fondée en 
1618, détruite par un incendie en 1664, puis rétablie en 
1686. Toutefois, son ameublement actuel ne date que de 
1733 (i). 

L'autel est surmonté d'un portique d'ordre composite, 
entourant une grotte formée de quartiers de roc, dans 
lesquels sont pratiqués des ermitages. 

L'image de Notre-Dame occupe le centre; deux pèlerins 
se tiennent à ses côtés. 

Un attique couronnant l'entablement du portique com- 
porte une niche, où est placée une statue en pied de la 
Vierge. Deux vases et deux aigles décorent cette partie 
supérieure de l'œuvre. 



(i) F. Hachez, Op. cit., p. 34. 



— 128 — 

Chapelle du Saint-Sacrement. 

(Même église.) 

XVIII e SIÈCLE. 

Le relable de l'autel de cette chapelle est formé de deux 
couples de colonnes corinthiennes, réunies par une arcade à 
plein cintre. 

Dans la baie de cette arcade est un tableau représentant 
l'Exaltation de l'Eucharistie, d'après l'œuvre de Raphaël 
conservée au Vatican. 

Entre les colonnes accouplées de gauche se trouve la 
statue de Melchisedech portant des pains et au-dessus de 
laquelle un ange tient une urne; entre les colonnes de droite 
est la statue de Moïse élevant la baguette miraculeuse et 
dans le haut, un ange portant les tables de la loi. 

Le centre de l'arcade est surmonté d'un groupe repré- 
sentant le sacrifice d'Abraham ; il est placé sous un dais 
porté par des anges et orné de draperies et d'un lambrequin. 
Quatre gracieux enroulements partent du dais et le rat- 
tachent aux socles des balustrades formant attique au-dessus 
des couples de colonnes. 

Le soubassement des deux statues est orné de torses d'anges; 
les piédroits de la grande arcade sont décorés de guirlandes 
d'épis de froment, de feuilles et de grappes de raisin. 

Chapelle des Trépassés. 

(Même église.) 

XVIII e SIÈCLE. 

Le retable qui orne la chapelle des Trépassés est, de 
même que plusieurs des précédents, un motif d'architecture 
servant de cadre à un tableau peint. 



— 129 — 

t 

Celui-ci, qui a pour sujet le Purgatoire, est placé dans 
une arcade accostée de portiques d'ordre corinthien. 

Les côtés en sont ornés des statues de la Mort et du 
Temps. Les entablements des colonnes sont surmontés de 
pyramides funéraires. 

Comme couronnement, une statue du Christ tenant sa 
croix est placée dans un dais garni de draperies. 

On remarque à la partie inférieure du retable deux anges 
qui pleurent. 

Ces sculptures, sans être de tout premier ordre, méritent 
d'être signalées. 

ÉGLISE DE SAINTE-ELISABETH. 
Chapelle des Trépasses. 

XVIII e SIÈCLE. 

Le principal ornement de l'autel de cette chapelle est un 
magnifique tabernacle en écaille. Nous croyons devoir le 
mentionner à cause des statuettes qui le décorent et repré- 
sentent la Vierge, saint Pierre et saint Paul; l'ensemble est 
surmonté d'un Christ en cuivre doré. 

Chapelle du couvent des Ursuîlnes. 

XVIII e SIÈCLE. 

Cette chapelle possède un autel en style Renaissance, de 
proportions considérables. 

Un tableau de maître représentant Sainte-Ursule est 
encadré par cet élégant morceau de sculpture, décoré de 
statues de la Sainte-Trinité, de la Vierge et de Saint-Joseph. 



— 130 — 

On a des raisons de croire que cet autel a été construit au 
commencement du xvni e siècle sur un plan dressé par 
Claude-Joseph De Bettignies, à la fois architecte et 
sculpteur. 

RETABLES DE VILLERS-LA-VILLE. 

XV e ET XVI e SIÈCLES. 

Deux fragments de retables superposés sont placés sur 
Tautel.de la chapelle de Sainte- Anne, dans la nef latérale 
droite de l'église de Villers-la-Ville. 

Ces deux sculptures diffèrent absolument tant sous le 
rapport de l'exécution et de la dimension des figures qu'au 
point de vue du style et des motifs architectoniques qui les 
décorent. On y sent deux mains et deux époques; le seul 
motif de leur réunion parait, être que toutes deux se com- 
posent de scènes relatives au même sujet : « la vie de la 
Vierge » . 

Le fragment placé directement sur la table de l'autel est 
divisé en cinq compartiments, juxtaposés sur une même ligne 
horizontale. 

Le premier, à gauche, représente le Mariage de la Vierge. 
Celle-ci se lient à droite, au premier plan, faisant .face à 
saint Joseph; au fond, le prêtre prononce l'union; qualre 
assistants se tiennent à ses côtés. 

Le tableau suivant a pour sujet l'Annonciation; Marie est 
agenouillée, à droite; derrière elle, dans l'angle du fond, se 
voit suspendu un baldaquin. Du côté opposé se tient l'ar- 
change, portant à la main une hampe surmontée d'un fer de 
lance. 



— 431 — 

Dans le panneau central est représentée la Nativité. 

L'Enfant est couché au centre de l'étable entre la Vierge 
et Joseph. Deux angelets, vus de dos, sont agenouillés 
devant lui. 

Une femme regarde, au fond; un homme est en avant, à 
gauche; trois autres, à droite. 

La scène est fermée de chaque côté par des rochers, sur 
lesquels se voient trois petits personnages : un à droite, 
deux à gauche. 

Au-dessus de l'étable, dans le paysage, se présentent sept 
hommes à cheval et un huitième, à gauche, monté sur un 
chameau; ils semblent interroger un petit berger agenouillé 
au centre et accompagné de trois animaux, porcs ou 
moutons. 

La Circoncision vient ensuite. 

Au premier plan, à gauche, une femme porte l'enfant ; 
au fond, cinq personnages, trois hommes et deux femmes, 
assistent à l'opération que pratique un vieillard coiffé d'une 
espèce de capuchon surmonté — détail original — d'une 
pointe ressemblant à celle des casques prussiens de nos 
jours. 

La dernière composition de cette partie du retable figure 
l'Adoration des Mages, scène à cinq personnages. 

La Vierge, assise au premier plan, a l'Enfant sur les 
genoux. Un mage, agenouillé devant elle, offre son présent, 
tandis que ses deux compagnons, au fond à gauche, attendent 
leur tour pour apporter leur offrande. Saint Joseph est au 
fond, dans l'angle droit. 

Cette suite de scènes repose sur un soubassement peu 
élevé, décoré d'entrelacs ajourés. 



— 132 — 

Les figures, de bonnes proportions, ne sont pas d'une 
grande finesse d'exécution ; ce défaut se remarque d'ailleurs 
souvent dans les retables qui ont été polychromes ou dorés 
et dans lesquels la sculpture du bois recevait son fini de 
l'enduit que l'on y appliquait préalablement à la peinture ou 
à la dorure. C'est là encore une considération qui milite 
contre le procédé absurde de certains restaurateurs, qui 
consiste à mettre le bois complètement à nu en enlevant, 
d'un seul coup, l'enduit avec toutes les couches de couleur 
qui le recouvrent. Sans parler des multiples inconvénients, 
maintes fois signalés par les archéologues les plus autorisés, 
qu'offre cette manière de faire, l'aspect de la dorure ou de 
la polychromie avec la patine que les siècles y ont imprimée, 
n'est-il pas de beaucoup préférable à celui d'une sculpture 
qui paraît grossière et que l'on sent incomplète? 

Les riches dais en style gothique qui couronnent ces 
diverses compositions sont des plus habiles d'exécution et 
ont été signalées par plusieurs personnes comme étant d'une 
conservation surprenante, lorsqu'on songe à l'extrême fra- 
gilité due à la sécheresse du bois de chêne dans lequel 
sont taillées ces frêles dentelles. Leur état de conservation 
étonne moins lorsqu'on sait que la plus grande partie de ces 
ornements sont l'œuvre du restaurateur et ne datent guère 
que d'une trentaine d'années. 

Les six colonnettes qui encadrent ces divers compar- 
timents sont ornées chacune d'une figurine de prophète, 
haute de quelques centimètres et d'un faire délicat. 

Ces statuettes tiennent des banderolles; elles ont été 
refaites par le restaurateur du retable, le sculpteur Sohesl. 

Les figures du retable supérieur, bien que de plus petites 



— 133 — 

dimensions que celles dont nous venons de parler, sont 
d'une exécution plus caressée. 

Nous croyons nous trouver ici devant la partie centrale 
d'un retable auquel, eu égard à ses proportions, il nous 
paraît manquer non pas un soubassement, mais des volets; 
le fragment que nous avons sous les yeux est divisé en sept 
compartiments. 

Celui qui occupe l'angle supérieur, à la gauche du spec- 
tateur, représente la Visitation. 

La Vierge se tient à gauche; devant elle, Elisabeth plie le 
genou. Assis dans un fauteuil, du côté droit, Zacharie fait de 
la main un geste d'accueil. 

Nous ne saisissons pas bien le sujet représenté sous cette 
composition : 

Sur une place publique, huit personnages, debout, cau- 
sent dans diverses attitudes. Au fond se voient les murailles 
d'une ville percées, à droite, d'une porte. Par cette dernière 
sort un jeune homme, auprès duquel un vieillard s'empresse, 
paraissant l'interroger. 

D'après M. J. Tarlier (i), cette scène figurerait la Sépa- 
ration des Apôtres; cette interprétation nous paraît exacte. 
Dans le panneau supérieur du côté droit, nous voyons la 
Présentation au temple. Au milieu de la scène, le grand 
prêtre tient le nouveau-né ; six personnages l'entourent. 

Dans le compartiment inférieur, du même côté, l'artiste 
a placé les Obsèques de la Vierge. Les apôtres, venant de la 
gauche, portent le corps sur un brancard; le cortège 
funèbre est précédé d'un homme tenant un long cierge. 

0) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. IV (1865), p. 232. 



— 134 — 

Au premier plan, le païen qui veut profaner le cadavre 
tombe foudroyé, tandis que la main se sépare du bras et 
reste attachée au linceul qu'elle a touché. 

La scène principale, formant le centre de ce retable, est 
la Mort de la Vierge. 

La plus grande partie du tableau est occupée par un lit à 
baldaquin, sur lequel repose la mourante. 

Trois hommes se tiennent derrière le lit; un quatrième, à 
gauche, tourne le dos au spectateur. Quatre autres occupent 
la droite ; un homme, dans l'angle de ce côté, pleure dans 
un mouchoir. Enfin, au premier plan, un personnage à 
demi-couché sur le sol tient un gros livre. 

On remarquera la presque identité de cette disposition 
avec celle de la scène représentant le même sujet, dans le 
retable de Lombeek-Notre-Dame. Il en est de même des 
Obsèques de la Vierge, qui sont représentées, dans les deux 
sculptures, à peu près de la même façon. 

Enfin ici, comme dans le retable de Lombeek, la compo- 
sition centrale repose sur deux petites niches carrées dont 
chacune contient la figure d'un homme accroupi, tenant 
une banderolle, sans doute les deux scribes consultés à 
l'occasion de la naissance de la Vierge. Ces deux person- 
nages, dans le retable de Lombeek, sont placés face à face, 
tandis que dans la sculpture de Villers-la-Ville ils se tournent 
le dos. Cette dernière disposition, qui nous paraît peu 
logique, est peut-être due à une erreur du restaurateur. 

Dans le dais qui surmonte la scène centrale est placé un 
buste du Père Éternel, le front ceint d'une couronne, levant 
la main droite en signe de bénédiction, portant le globe du 
monde dans la gauche. 



— 135 — 

Les habitants de la paroisse désignent ces retables sous le 
nom de « Bethléem » . On croit généralement qu'ils pro- 
viennent de l'ancienne abbaye de Villers, ce qui est assez 
vraisemblable. 

La partie supérieure de la sculpture porte le millésime 
1538. 

Cette date pourrait s'appliquer à ce fragment; l'autre 
nous semble plus ancien d'un demi -siècle environ. 

On n'a aucune donnée au sujet de l'auteur de ce dernier. 
Quant au premier, la distribution des personnages dans 
diverses scènes n'est pas la seule analogie que nous y ayons 
remarquée avec celui de Lombeek-Notre-Dame : la manière 
de l'exécution, les ressemblances entre les types, les cos- 
tumes, les objets d'ameublement, etc., nous font présumer 
que ces deux œuvres sont dues au même ciseau. 



RETABLES DE BUVRINNES. 

XVI e SIÈCLE. 

Dans la nef droite de l'église de Buvrinnes (Hainaut) se 
trouve un autel dédié à saint Pierre, surmonté d'un retable 
qui retrace divers épisodes de la vie de ce martyr. 

Ce retable est en chêne, polychrome et doré. Il est porté 
sur un soubassement à double étage, dont la partie infé- 
rieure est décorée de guirlandes de feuilles de vigne et de 
ceps chargés de grappes de raisin. 

Le contour supérieur de l'encadrement est d'une sil- 
houette originale : il forme d'abord un quart de rond, 
convexe à l'intérieur, puis une partie horizontale, une partie 



— 136 — 

verticale, enfin un nouveau quart de rond, également 
convexe vers l'intérieur, de façon à former, avec le même 
dessin venant en sens inverse, une pointe aiguë au centre de 
l'encadrement (i). 

Le retable comporte, dans le sens de sa largeur, trois 
divisions; les deux latérales sont fermées par une arcade 
intérieure à plein cintre ; celle du centre, par une arcade 
trilobée. 

Le panneau placé à droite du spectateur a pour sujets 
l'emprisonnement de saint Pierre et son jugement. 

Au fond s'aperçoit la prison, à la fenêtre de laquelle se 
trouve le Saint ; un homme — peut-être le geôlier — est 
debout à l'extérieur. 

Le groupe principal représente saint Pierre devant ses 
juges. Saint Jean se tient à côté de lui ; à droite se trouve 
un spectateur; à gauche, deux juges vêtus de longues 
robes, coiffés de chapeaux aplatis, à larges bords. 

Dans l'angle droit, en avant, est un personnage barbu, 
coiffé d'un bonnet pointu entouré d'une bande d'étoffe nouée 
par derrière et dont les longs bouts, lui pendent dans le dos. 
Nous avons rencontré des coiffures du même genre dans 
les sculptures de Jean Borremans. 

Le personnage en question s'appuie de la main gauche 
sur un bouclier orné d'une tète fantastique, — ce qui nous 
fait supposer qu'il représente un soldat, — tandis que de la 
droite il fait un geste d'explication au juge placé en face de 
lui. Celui-ci lui répond en désignant, accroupi sur le sol, le 



(i) Th. Lejeune, Retable gothique de l'église paroissiale de Buvrinnes. 
Annales du Cercle archéologique de Mons, t. III (1862), p. 302. Planche. 



— 137 — 



boiteux dont la miraculeuse guérison a été cause de l'empri- 
sonnement des deux apôtres. 
| Le panneau gauche du retable figure la délivrance mira- 

■ 

j culeuse de saint Pierre. 

; Aux premiers plans, les guerriers chargés de la garde du 

i prisonnier sont assis ou couchés sur le sol. Les uns sont 
vêtus de courtes tuniques, les autres d'amples manteaux ; tous 
sont coiffés de casques de formes fantaisistes ; celui qui est 

| assis au premier plan à gauche tient d'une main la poignée 

i 

d'un large sabre posé à côté de lui, de l'autre un bouclier 
rond. 

Au centre, entre les gardes, s'avance saint Pierre; l'ange 
qui l'a délivré le guide et le tient par la main, tandis que 
l'on aperçoit au fond la porte, encore ouverte, de la prison 
d'où il vient de s'échapper. 

Un personnage, appuyé sur un bâton, contemple la 
scène; un autre s'éloigne par le fond. 

Sous le compartiment principal est un panneau rectangu- 
laire divisé en trois parties : deux niches ogivales, étroites, 
accostant une troisième niche en cintre très surbaissé. 

Dans cette dernière, deux petits personnages représentent 
la fuite de saint Pierre. Le Saint, craignant la tyrannie de 
Néron, s'échappe de Rome, quand soudain le Christ lui 
apparaît, chargé de sa croix. 

Dans le fond se dessibent les murailles de la ville, au 
centre desquelles se voit, flanquée de deux tourelles, la porte 
Capène par laquelle il est sorti. 

La grande composition centrale représente le martyre de 
saint Pierre. 

Au centre de la scène, le Saint est attaché, la tête en bas, 



— 138 - 

à une croix renversée. Un bourreau, agenouillé au devant, 
lui cloue les mains à la traverse de la croix. 

A gauche est un personnage à grande barbe, vêtu d'une 
longue robe serrée à la taille, qu'il relève de la main droite, 
de manière à laisser voir le genou nu entre le mollet, 
couvert d'un long bas, et le bord inférieur d'une tunique 
courte. Il tient un clou de l'autre main. 

A droite, un guerrier a les jambes enfermées dans un 
large pantalon serré aux chevilles, le dos couvert d'un ample 
manteau rejeté sur les épaules ; il est coiffé d'un chapeau 
à larges bords, relevés par derrière et abaissés par devant. 
Un sabre pend à sa ceinture. 

Des bourreaux, montés sur des échelles, s'occupent à 

fixer les pieds du Saint à l'instrument de supplice. 

« 

A l'entour sont des gens du peuple, faisant des gestes de 
joie et de menace, puis d'autres bourreaux et des soldats 
armés de lances et d'épées. 

A droite est la prison Mamertine ; au fond, le Capitole, 
juché au sommet de rochers escarpés que gravissent, à 
gauche, un piéton appuyé sur un bâton, à droite, un cava- 
lier lancé au galop. 

Les trois grandes compositions sont couronnées de dais 
sculptés formant voûtes en pendentifs, d'une exécution 
habile. Elles sont séparées entre elles par des faisceaux de 
colonnettes à angles saillants, terminés en pinacles aigus. 

Un sculpteur gantois chargé, en 1854, de la restauration de 
ce retable, l'a couronné d'une motif d'architecture à jour repré- 
sentant un double rang d'arcades trilobées séparées par des 
piliers surmontés de pinacles à crochets, accostant, au som- 
met, une niche, dans laquelle il a placé une statuette du Saint. 



— 139 — 

Le même artiste est l'auteur du devant de l'autel repré- 
sentant, dans une grande niche cenlrale, l'ensevelissement 
, de saint Pierre; dans deux petites niches latérales, des anges 
portent des banderoles. 

Quant à la partie ancienne, dont l'ordonnance et l'exé- 
cution sont des plus intéressantes, rien jusqu'à présent n'en 
a pu faire connaître l'auteur. 

La même église possède un second retable en pierre 
blanche datant de la fin du xvi e siècle. 

Il est divisé en trois compartiments rectangulaires, sans 
colonnettes ni arcatures, dont l'un, au centre, est du quart 
de sa hauteur plus élevé que les deux autres. 

A l'intérieur, des groupes, comportant au total trente- 
quatre personnages, figurent des scènes de la Passion. 

Ce travail est de beaucoup inférieur au retable de l'autel 
de Saint-Pierre; en outre d'épaisses couches de couleur, 
apposées à diverses époques, enlèvent toute la finesse des 
détails de la sculpture. 

RETABLE DE NEERHAEREN. 

XVI e SIÈCLE. 

Le retable de l'église de Neerhaeren comporte trois divi- 
sions principales : celle du centre dépasse les autres de la 
moitié environ de sa hauteur. Il présente une configuration 
générale assez simple, quoique originale, et que nous n'avons 
pas encore rencontrée jusqu'ici. 

Une moulure peu compliquée contourne les arêtes laté- 
rales et supérieures du cadre. Cette moulure, au-dessus des 
petits compartiments, s'élève en pente douce, le rampant 



— 140 — 

dessine deux arcs de cercle ; vers le milieu de la case le 
cadre redescend en un nouvel arc de cercle à corde horizon- 
taie, convexe, comme les deux précédents, vers l'intérieur, 
et rattachant ce membre à la partie verticale du cadre du 
grand compartiment; le sommet de celui-ci forme un angle 
dont les deux côtés dessinent également chacun deux arcs 
de cercle dont les centres se trouvent en dehors du retable. 

Ce grand compartiment est réparti en trois étages super- 
posés; les autres n'en ont que deux. 

Le sujet de la sculpture est la Passion. 

Nous voyons d'abord, à gauche, le Sauveur s'avancer, 
couronné d'épines et chancelant sous le poids de sa croix. 
Il sort de la ville, dont on aperçoit, au troisième plan, la 
porte grillée et surmontée d'une échauguelte à créneaux. 

A gauche, au premier plan, s'avance un juif à l'air rébar- 
batif. Il porte sur l'épaule une sorte de crémaillère, dans 
laquelle est passée l'anse d'un panier. 

Le haut de la tète, jusqu'aux yeux, est enfoui dans un 
grand bonnet à oreillères, découpé de manière à protéger 
la nuque. Le nez est gros, le menton proéminent. 

Une ample robe enveloppe le personnage ; elle est serrée 
à la taille par une ceinture d'étoffe dont les bouts pendent et 
s'étalent sur le sol ; le bord inférieur est découpé en festons 
carrés. Une petite pèlerine arrondie couvre les omoplates; 
les manches sont largement évasées vers le bas. 

Du côté opposé, sainte Véronique s'agenouille devant le 
Christ. Sa robe, qui dessine la partie supérieure du dos, est 
très drapée à partir de la ceinture. Les manches, aux bords 
ornés d'une broderie, s'arrêtent à mi-bras et en laissent 
passer d'autres, larges au point de descendre sur le genou. 



— 141 — 

Les cheveux sont cachés sous un linge replié, dont les bouts 
pendent derrière la tète. Le bord, orné, du chaperon est 
relevé sur le front; une plaque ronde couvre l'oreille. 

Dans l'angle droit de la composition, un soldat est vu de 
dos; il porte sur l'épaule l'extrémité d'une grosse corde, qui 
pend derrière lui. Son costume se rapproche de celui du 
juif à la crémaillère, sauf le bonnet, qui est pointu et à 
grands bords. 

Derrière Jésus, Simon le Cyrénéen soulève la croix. Du 
côté opposé est un guerrier couvert d'une armure. La tète, 
à forte moustache, s'emboîte dans un casque sans cimier ; la 
pièce du coude est très saillante ; une énorme coquille pro- 
tège le poignet. 

Deux personnages, presque entièrement cachés par les 
précédents, sont placés au troisième plan. L'un, à droite, est 
coiffé d'un chapeau à grands bords plats, recouvrant un 
capuchon, dont l'angle, orné d'un gland, passe sur l'épaule. 

L'autre lève violemment le bras gauche comme pour 
souffleter le Christ. Toute la tète disparaît dans un vaste 
chapeau aux bords abaissés et dont la forme, entourée d'un 
chapelet de boules à l'endroit où nous plaçons le ruban, 
figure parfaitement un melon, dont on distingue toutes les 
côtes. 

Enfin, dans le fond de la scène s'aperçoivent deux figures 
en bas-relief de plus petites dimensions: la Vierge, en 
prières, soutenue par saint Jean. 

Cette composition est surmontée d'une case, de forme 
rectangulaire, qui était encore absolument vide en 1887. 
Cette case avait contenu le dais qui couronnait les groupes; 
mais le travail original était complètement détruit, ainsi 



que les motifs qui devaient orner les montants, à l'intérieur 
du cadre. Il en est de même du panneau correspondant du 
côté droit. 

Le Calvaire occupe la partie principale du retable. 

Le Christ est en croix entre les deux larrons ; deux per- 
sonnages se distinguent au fond ; un autre, à gauche, a le 
bras passé dans l'anse d'un panier. 

Quatre cavaliers, au pied de la croix, contemplent le 
Sauveur en faisant des gestes divers. Le plus éloigné de 
nous, à gauche, lève la main avec étonnemenl; le second, 
au même plan, nous tourne le dos; il renverse fortement 
la tête en arrière pour voir le Christ, et le geste de sa main 
semble indiquer qu'il lui adresse une phrase ironique. Il 
est, comme ses compagnons, vêtu d'un ample manteau. Ses 
épaules sont couvertes d'une pèlerine de fourrure; la tète, 
d'une coiffure sans bord, élevée et à fond plat, dans le genre 
du bonnet persan. 

Le cavalier du premier plan, à gauche, est un vieillard à 
longue barbe ondulée ; il se ferme un œil avec l'index de la 
main gauche, la droite tient les rênes du cheval. Sa coiffure, 
de forme conique, est formée d'une pièce d'étoffe dont les 
bouts pendent en arrière. Sa monture lève également la tète 
vers le Sauveur. 

. Le quatrième cavalier, qui fait face au précédent, montre 
le Christ de la main droite. Ce personnage porte une grosse 
moustache; c'est un guerrier, comme nous l'indiquent le 
bouclier de cuir bizarrement découpé et orné d'une tète 
fantastique qui est attaché à son épaule gauche et le sabre 
recourbé à large fourreau qui pend sur le flanc de sa mon- 
ture, retenu par une chaîne croisée à un gros anneau. 



— 143 — 

Sa coiffure est un bonnet pointu, aux bords relevés. Son 
cheval est enveloppé jusqu'à la croupe d'une pièce d'étoffe. 

Cette composition présente ce fait, contraire à toute 
logique et aux lois de la perspective, que les personnages du 
fond sont plus grands que ceux du premier plan. Celui qui 
est debout au troisième plan, à gauche, et qui porte un 
panier, est surtout de dimensions énormes relativement aux 
autres. 

Au-dessus de cette scène se trouvait aussi, en 1887, une 
case vide qui devait être jadis remplie par un dais sous 
lequel se trouvait peut-être un buste du Père Éternel, ainsi 
que nous l'avons vu dans diverses autres œuvres repré- 
sentant le même sujet. 

A droite et à gauche du calvaire grimpent le long du 
cadre des enroulements de branchages dans lesquels sont 
échelonnés de chaque côté six personnages. Les uns sont 
des vieillards barbus, à longs cheveux, vêtus de vastes man- 
teaux ou d'amples tuniques, coiffés de bonnets coniques 
ou de chapeaux à grands bords enfoncés sur la tète. 
D'autres, à la ceinture desquels pend un sabre, semblent être 
des guerriers ; d'autres encore, jeunes gens imberbes, ont la 
tète nue ou couverte d'un bonnet rond ; ils sont habillés d'un 
corsage collant à larges manches, ici évasées vers le bas, 
là bouffantes sur le bras et serrantes aux poignets, et d'une 
jupe courte plissée ou ornée de broderies. Le second, en 
partant d'en haut, du côté droit, est un vieillard à la tète 
remarquablement petite, couverte d'une gigantesque toque 
en forme de tromblon. 

Tous ces personnages tiennent un sceptre. 

Quelle a été l'intention de l'artiste? A-t-il voulu représenter 



— U4 — 

la généalogie du Christ? Ou bien ces figures rappellent-elles 
des souverains de notre pays? Ces deux hypothèses nous 
paraissent également admissibles; nous inclinons cependant 
vers la première. 

Dans le bas du panneau central est une scène à neuf per- 
sonnages : à gauche, la Vierge défaillante est soutenue par 
saint Jean ; devant elle, une femme lui tend les mains ; la 
coiffure de celle-ci est une sorte de bonnet énorme fait de 
linges repliés, noués en arrière et dont les extrémités tombent 
jusqu'à la ceinture. Une pièce d'étoffe attachée au bonnet 
passe sous le menton ; une autre descend en torsade derrière 
l'épaule. Les manches, d'abord bouffantes, puis serrées au 
gros du bras, deviennent extrêmement larges dans le bas. 
La robe forme autour de la taille un gros pli en boudin 
découpé de crevés, auquel pendent des ornements en forme 
de poires, alternés avec d'autres de même forme, plus 
petits. 

Trois guerriers sont groupés à la droite du tableau ; l'un, 
dans l'angle, porte à la ceinture un large sabre recourbé 
pendant à une chaîne croisée, semblable à celui d'un cavalier 
que nous avons vu plus haut. On ne voit de la tête qu'un 
gros nez et une longue barbe; le reste disparait dans 
un bonnet de fourrure dont les bords sont étrangement 
découpés : la partie antérieure, de forme triangulaire, est 
relevée et maintenue au bonnet par un bouton ; l'extrémité 
d'une partie latérale, coupée en angle très aigu, forme un 
nœud plus bas que la ceinture ; un troisième lambeau est 
rectangulaire et couvre le dos. 

Notre soldat tient de la main droite le manche d'une 
pique; il pose la gauche sur l'épaule de son voisin. 



— UK — 

Celui-ci s'appuie sur le bouclier bizarre que nous avons 
précédemment rencontré. Les manches de son vêtement, 
collantes sur le bras et l'avant-bras, bouffent à l'endroit du 
coude, ou elles sont découpées de crevés. Les épaules sont 
couvertes d'une pèlerine de fourrure; la tète, d'un bonnet 
de hautç forme, à fond plat, à bord rond très épais, d'où 
tombe un bout d'étoffe frangée. Il fait un geste de la main 
gauche en parlant au troisième soldat vers lequel il se 
retourne. Ce dernier, appuyé sur la hampe d'une pique, 
se penche vers lui et parait l'écouter avec attention. 

Enfin, trois femmes, dont on ne voit guère que le haut du 
corps, garnissent le fond de la scène; celle du milieu 
pleure; les deux autres joignent les mains avec pitié. 

L'arête inférieure de ce panneau est plus élevée que celle 
des compartiments latéraux ; les deux angles qu elle forme 
avec les montants marquant les divisions sont remplis par 
des écoincons décorés de tètes de morts. 

Le dernier panneau du retable a pour sujet le Christ 
descendu de la croix. 

A demi-couché au centre de la scène, le corps du Sauveur 
est soutenu par un homme debout au deuxième plan, à 
gauche, peut-être Nicodème. 

Plus loin, la Vierge s'agenouille et prie; saint Jean veille 
sur elle avec sollicitude; deux saintes femmes se tiennent 
derrière lui. 

Au premier plan, à gauche, est Joseph d'Arimathie, 
tenant dans un linge la couronne d'épines. 

C'est un homme à longue barbe ondulée, vêtu d'une 
ample tunique drapée recouverte d'un manteau à grande 
pèlerine, avec bords garnis de fourrures. 



— 146 — 

Dans l'angle opposé se tient la Madeleine, qui porte un 
vase de parfums. 

Sa coiffure est un bonnet très fourni en arrière et dont le 
bord, relevé sur le front, affecte un contour des plus fantai- 
sistes. 

Une longue pièce de linge s'échappe du fond et flotte sur 
le dos. 

Les manches de son vêtement ressemblent à celles de l'un 
des soldats que nous venons de décrire : presque collantes 
sur les biceps et aux poignets, elles bouffent largement aux 
coudes, où elles sont ornées de crevés. 

Sa robe, largement drapée, est bordée de franges. 

La main gauche relève légèrement le devant de cette 
robe, tout en tenant le pied du vase de parfums, sur le cou- 
vercle duquel se porte la droite. 

De petits personnages s'aperçoivent aux plans plus éloi- 
gnés; enfin, tout au fond, est la croix et derrière celle-ci, 
dans le lointain, on distingue les murailles crénelées et 
renforcées de demi-tourelles d'une ville fortifiée. 

Presque tous les ornements architectoniques primitifs de 
ce retable ont disparu ; ce qui en subsiste, de l'époque bien 
entendu, est de peu d'importance . ce n'est guère que l'or- 
nementation des divisions verticales marquant les séparations 
des panneaux. 

C'est d'abord un demi-pilastre octogonal dont chaque face 
est décorée d'une rainure; puis, plus haut, un petit socle cou- 
ronné d'ornements en forme de fleurs de lys et supportant un • 
petit piédestal. Le dé de celui-ci est cylindrique et creusé de 
rainures en spirales à droite et en chevrons à gauche. Le 
coussinet, très épais, est décoré de branches entrelacées. 



— 147 — 

La tablette forme la base d'une niche; mais, à gauche 
comme à droite, la statue qui occupait celte dernière a dis- 
paru. Le dais, très simple, est surmonté d'un fût cannelé 
couronné d'un chapiteau. Au pourtour de ce dernier se 
relèvent, comme plus bas, des fleurs de lys. Enfin, une 
boule ornemenlée termine le tout. 

Toute la belle décoration qui encadre et complète si heu- 
reusement les compositions sculptées est moderne et ne date 
que de quelques années; c'est l'œuvre de l'habile restau- 
rateur feu Gosselin. 

Quant à la partie sculpturale, elle est des plus remar- 
quables; la composition est savante et mouvementée; les 
physionomies sont expressives; les attitudes naturelles et 
pleines de sentiment; le geste, sobre et significatif. Les 
vêlements sont d'un très beau pli, ferme et logique. 

Le groupe de cavaliers au pied de la croix est un des 
meilleurs que nous ayons vus ; les figurines échelonnées le 
long de l'encadrement, dans une remarquable variété d'atti- 
tudes, sont exécutées avec une habileté rare. 

En résumé, l'ensemble de l'œuvre dénote une conception 
pittoresque, une main savante et sûre. 

L'auteur de cette belle œuvre était certainement un admi- 
rateur de Jean Borrernans. 

La finesse de la sculpture disparaissait naguère encore 
sous de nombreuses couches de couleur à l'huile et à la 
céruse appliquées à diverses époques éloignées et qui en 
empâtaient fortement les détails. 

C'est au travail minutieux du regretté Henri Gosselin 
que nous devons de pouvoir admirer aujourd'hui la poly- 
chromie ancienne que le savant restaurateur est parvenu à 



— 148 — 

mettre au jour ; il a apporté dans celte entreprise délicate 
des soins et une discrétion dignes des éloges que lui a 
décernés à ce sujet la Commission royale des Monuments, 
laquelle a déclaré que la restauration du retable de l'église 
de Neerhaeren avait été effectuée « avec une conscience 
» tout à fait exemplaire » (t). 

La sculpture était, dès l'origine, fermée par des volets 
peints. L'église en possède que l'on supposait être ceux du 
retable, mais qui ne semblent pas en avoir fait partie ancien- 
nement; ils sont d'une époque postérieure, d'une exécution 
médiocre et n'ont pas paru mériter les frais d'une restaura- 
lion. Aussi la Commission royale des Monuments a-t-elle 
eslimé (2) qu'il y avait lieu de commander à Gosselin, — 
qui en même temps que restaurateur de talent était un 
peintre de mérite, — de nouveaux volets destinés à protéger 
l'œuvre qu'il avait si heureusement reconstituée; malheu- 
reusement, la mort a surpris l'artiste au moment où la com- 
mande du Gouvernement venait de lui être remise et ne lui 
a pas même permis d'entamer l'exécution de ces œuvres. 
Depuis lors, divers motifs ont fait que l'on a renoncé à ce 
complément du retable. 

RETABLE DE SCHOONBROECK. 

FIN DU XV e — COMMENCEMENT DU XVI e SIÈCLE. 

L'histoire du pauvre Job a inspiré l'auteur d'un fort beau 
retable en bois sculpté et doré, qui appartient à l'église de 
Schoonbroeck. 



(1) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéoL, XXVI, p, 265; XXVIH, p. 314. 
(«) hoc. cit. et XXIX, p. 346. 



— U9 — 

L'ensemble de l'œuvre est d'heureuses proportions; la 
corniche moulurée, avec cavet orné, par intervalles, de 
branches et de feuillages, affecte la forme d'une arcade tri- 
lobée, surélevée au centre d'environ un tiers de sa hauteur, 
et dont la configuration ne s'écarte pas sensiblement de celle 
du retable d'Oplinter. Ici cependant les couronnements des 
compartiments latéraux, s'é levant obliquement vers le 
centre, au lieu d'être placés sur un plana peu près horizontal, 
donnent plus de légèreté à la silhouette générale. 

À l'intérieur, le retable est divisé en trois parties par de 
demi-colonneltes octogonales; leurs fûts sont coupés de 
moulures qui en forment six tronçons superposés, dont 
le diamètre décroit au fur et à mesure de l'élévation. 

Les chapiteaux, aux épais coussinets fleuris, servent 
chacun de socle à une statuette de Père ou d'Apôtre, sur- 
montée d'un joli dais ogival. 

Chacune des trois divisions principales renferme deux 
niches superposées, où sont placées des compositions figu- 
rant divers épisodes de la légende de Job. 

Huit petits groupes, ayant trait au même sujet, sont 
accolés à l'intérieur des parois latérales des niches de l'étage 
supérieur. Le compartiment central possède quatre de ces 
groupes; chacun de ses voisins en a deux. 

La légende débute par le petit groupe placé à gauche, dans 
le haut de la case supérieure du même côté. L'on y voit le 
Seigneur autorisant le démon à frapper son serviteur Job de 
calamités diverses afin d'éprouver sa constance ; Satan, sous 
la forme d'un monstre ailé, prend son vol vers la terre. 

La scène principale de ce compartiment nous montre Job 
en pleine prospérité. 



— 450 — 

Dans le fond s'aperçoivent ses habitations et ses fermes, 
vastes bâtiments étages dans un site pittoresque; murs cré- 
nelés, fortifiés de tourelles ; pignons rampants ou à gradins, 
percés de nombreuses fenêtres et de grandes portes aux- 
quelles conduisent des chemins serpentant à travers de 
fertiles campagnes. 

Job se tient au centre de la scène, entouré d'adulateurs ; 
trois hommes sont à gauche, deux à droite ; tous parlent à 
la fois et semblent le congratuler; l'un des premiers surtout 
se penche en arrière en faisant de la main un geste qui 
semble embrasser l'étendue des propriétés dont il vante la 
beauté et la richesse; une femme, accroupie à droite, met 
la main sur son cœur.... Mais ce temps heureux est de 
courte durée, et déjà nous voyons à droite, dans le haut du 
panneau, un premier messager de malheur annonçant à 
Job le commencement des fléaux qui vont le frapper : 
« Tes bœufs labouraient, lui dit cet homme, et à quelque 
» distance tes ânes paissaient l'herbe des champs, quand 
» les Sabéens sont venus fondre sur nous; ils ont tout 
» enlevé, après avoir passé tes serviteurs au fil de l'épée ! » 

Cette invasion des Sabéens est représentée dans la niche 
inférieure du panneau de gauche. 

Dans la campagne, un laboureur conduit une charrue 
attelée de bœufs; au premier plan, des guerriers vêtus de 
tuniques courtes, coiffés de casques à cimiers, armés de 
petits boucliers ronds, de lances et d'épées, transpercent de 
coups les serviteurs de Job. Un homme se tient à l'écart, à 
gauche, faisant un geste d'effroi. 

Comme fond du paysage, des bâtiments à droite; à 
gauche, un bouquet d'arbres. 



— 451 — 

Suivant la légende, un second messager vint alors 
annoncer à Job que le feu du ciel avait détruit ses troupeaux 
el leurs bergers ; puis un troisième lui dit que les Chai- 
déens s'étaient emparés de ses chameaux, après avoir 
massacré leurs gardiens. Ce dernier n'avait pas fini de 
parler qu'un quatrième lui apprenait la plus terrible des 
catastrophes qui devaient fondre sur lui : ses enfants, assem- 
blés dans la maison de leur frère aîné, avaient été ensevelis 
sous les ruines de celle-ci, renversée par un ouragan. 

Ces événements ne sont pas absolument ceux que notre 
sculpteur a représentés : nous voyons ici, dans l'angle supé- 
rieur gauche du plus grand panneau du retable, un serviteur 
de Job l'avertissant que ses bâtiments sont devenus la proie 
des flammes; le fond de la composition principale nous 
offre le spectacle de l'incendie. 

L'aile gauche (1) des constructions est un corps de 
bâtiment couvert en plate-forme ; les murs sont découpés en 
créneaux; la façade de l'étage est flanquée d'une petite tou- 
relle en encorbellement, crénelée comme les murs; plus bas 
sont deux fenêtres jumelles, puis, au rez-de-chaussée, une 
baie en plein cintre par où sort un porc. 

Le bâtiment principal est précédé d'un avant-corps, dont 
la face latérale visible monte du sol au toit sans ouvertures. 

La façade principale est percée à l'étage seulement de 
deux fenêtres, puis vient une grande arcade tenant toute la 
hauteur des étages, encadrée de deux colonnes surmontées 
de sphères et couronnée d'un fronton triangulaire. 



(0 Nous rappelons que nos indications sont données par rapport au spec- 
tateur. 



— 452 — 

Plus loin un mur adjacent, à pignon aigu, est percé d'une 
ouverture fermée par une porte de bois renforcée de grandes 
ferrures. Entre le versant de ce pignon et celui du fronton se 
dresse une tourelle cylindrique; une autre, de même forme, 
couverte d'une voûte en calotte sphérique, s'élève au centre 
des constructions. Toutes les baies sont à plein cintre. 

Des flammes violentes s'échappent des toits et de toutes 
les ouvertures. De l'arcade principale, élevée de quatre 
degrés au-dessus du sol, sort un homme portant sur l'épaule 
un sac et sous le bras un coffret qui renferment sans doute 
la fortune de Job. 

Celui-ci est assis au centre du tableau, sur un mon- 
ticule de terre ou de cendres; il est entièrement nu, à l'ex- 
ception de la tête, couverte d'un bonnet plat sans bords, et 
des reins, ceints de quelques haillons. Une femme debout, 
les mains jointes, se tient à sa droite. 

D'autres personnages, hommes à droite, hommes et 
femmes à gauche et deux toutes petites figures à Pavant- 
plan, font divers gestes d'étonnemenl et de compassion. 

Le petit groupe qui décore le montant droit du cadre nous 
montre Job assis, tandis qu'un homme debout, devant lui, 
semble lui prodiguer des consolations. 

Deux autres groupes accessoires sont accolés aux mon- 
tants à la hauteur du dais qui couronne cette composition. 
Dans celui de gauche, nous croyons reconnaître le Seigneur 
apparaissant à Job, devant lequel un ange est debout; dans 
l'autre, Job est représenté résistant aux tentations du démon. 

Le Seigneur permit alors que son serviteur fût frappé 
d'un ulcère repoussant. 

Nous le voyons dans la partie inférieure du panneau 



— 153 — 

central assis sur un monceau de cendres à l'ombre de 
grands arbres, au dehors de la ville, dont la porte se voit 
sur la gauche. Plusieurs personnages sont à ses côtés, entre 
autres sa femme, qui, les deux mains appuyées sur les 
hanches, l'excite à abandonner le culte du Seigneur; à 
gauche sont les trois amis qui étaient venus le visiter et qui, 
après avoir manifesté un profond chagrin à la vue des maux 
dont il était frappé, le consolèrent à leur façon en lui décla- 
rant que ceux-ci lui étaient envoyés en punition de ses 
péchés. 

Les mêmes personnages se retrouvent dans la composition 
supérieure du troisième panneau. Job est toujours assis au 
centre, à peu près nu ; sa femme et ses amis s'éloignent de 
lui en ayant l'air de désapprouver et de railler les paroles 
qu'il leur adresse et par lesquelles il affirme de nouveau sa 
foi et sa confiance en Dieu. 

Le fond du tableau représente, à droite, un vallon dans 
lequel est assise une enceinte aux murs crénelés que 
dépassent les cimes de grands arbres; le terrain remonte 
vers la gauche et forme une colline au sommet de laquelle 
est un moulin à vent; dans le sentier sinueux par lequel 
on y accède, s'avance vers ce moulin un homme courbé sous 
le poids d'un sac de grains. 

Job est encore représenté assis dans les deux petits 
groupes suspendus dans le haut des parois latérales de cette 
case ; à gauche, il a les mains jointes et est en conversation 
avec un personnage qui paraît l'exhorter; à droite, le Sei- 
gneur lui apparaît dans les nues. 

Enfin, le dernier compartiment sous celui-ci nous montre 
la fin des misères de Job et sa récompense. 



— 154 — 

Le héros de la légende, dans la même pose que dans les 
autres compositions, est toujours vêtu seulement d'un linge 
entourant les reins et coiffé d'une toque sans bords évasée 
dans le haut, plate de fond et ressemblant assez aux coif- 
fures actuelles de nos magistrats. 

Comme dans la première scène, les personnages qui 
peuplent ce tableau s'empressent autour de lui; ils lui pré- 
sentent des troupeaux de brebis et de béliers; l'un d'eux, 
à gauche, est à genoux; un autre, à droite, tient une 
volaille. Un soufflet, destiné sans doute à faciliter le dépouil- 
lement des animaux abattus, gît sur le sol au premier plan. 
Des chameaux se voient plus loin, à droite. Enfin, l'horizon 
est coupé de bâtiments divers. 

Les petits groupes accessoires du panneau central sont 
portés par des motifs d'architecture figurant des arcades 
accouplées, découpées de trèfles, de flammes, etc. Ceux 
des compartiments latéraux reposent sur des tablettes à 
bords moulurés, soutenues par des encorbellements décorés 
de feuillage. 

Toute la partie surhaussée du centre du retable est 
occupée par un grand dais gothique. Les autres niches sont 
également couronnées de dais ou de motifs divers flanqués 
de pinacles aigus d'une invention sobre, claire et très élé- 
gante et d'une exécution des plus habiles. 

M. le curé de Schoonbroeck a bien voulu, sur notre • 
demande, se livrer à des recherches dans les archives de 
la fabrique, mais il n'a rien découvert qui soit de nature 
à jeter quelque lumière sur les origines de cette belle 
œuvre. 

Il parait qu'une tradition répandue dans la localité prétend 



— 155 — 

qu'elle fut apportée du séminaire de Bois-le-Duc (Hollande) 
à l'époque des troubles des protestants. 

La sculpture, passablement dégradée, a été convena- 
blement restaurée par deux artistes belges en 1864-65. 
Quelques figures ont été entièrement refaites. 

RETABLE DE CORBEEK-DYLE. 

FIN DU XV SIÈCLE. 

Le retable, en bois, de l'église de Corbeek-Dyle mesure 
2 œ 38 de largeur sur 2 m 05 de hauteur. Il présente la forme 
d'un rectangle allongé, divisé en trois compartiments. Celui 
du milieu contient deux scènes, Tune aux premiers plans, 
l'autre dans le fond. Chacun des deux autres est coupé par 
une séparation verticale qui le subdivise en deux cases. Le 
compartiment central est surmonté d'un second rectangle, 
un peu plus long que haut et qui contient un groupe de la 
Sainte-Trinité et des anges. Le tout est doré et polychrome. 

Toutes les compositions disposées dans les niches de 
l'étage inférieur sont relatives à la légende de saint Etienne. 

C'est d'abord, à l'extrême gauche, le Saint sacré diacre 
par les apôtres. 

Saint Etienne est debout, au centre du premier plan ; les 
apôtres sont groupés autour de lui; un seul de ceux-ci est 
imberbe ; il se tient à droite, les bras en croix sur la poitrine. 

Nous voyons ensuite le Saint en discussion avec les Juifs: 
« Et comme Etienne prêchait fort souvent au peuple, dit 
» Voragine (i), des Juifs vinrent disputer avec lui. Et il eut 

(0 La Légende dorée. Édition citée tupra, 1. 1, pp. 45 et suiv. 



— J86 — 

» à tenir tête à ceux de la synagogue des affranchis, et aux 
> Cyrénéens, et à ceux d'Alexandrie, et à ceux de Cilicie et 
» d'Asie, et ils disputèrent tous avec Etienne. Et ils ne 
» purent résister à sa sagesse, et ce fut son premier combat 
» et sa première victoire... » 

Le Saint se tourne vers le Juif placé à sa droite et, portant 
une main à sa poitrine, répond à la phrase que cet homme 
vient sans doute de prononcer, car il conserve encore le 
geste dont il a souligné ses paroles. A la gauche d'Etienne, 
un autre contradicteur se penche vers lui avec un mouve- 
ment de l'index qui semble indiquer qu'il vient de trouver 
un nouvel argument. Quatre autres Juifs écoutent la dis- 
cussion; l'un d'eux, au fond, penche la tète sur l'épaule en 
regardant le Saint d'un air railleur. 

Le héros de ces deux épisodes est représenté beaucoup 
plus petit que les personnages qui l'entourent; d'autre part, 
en opposition aux lois les plus élémentaires de la perspec- 
tive, la dimension des figures croît en raison directe de 
l'éloignement du plan qu'elles occupent. C'est là sans doute 
un moyen employé par l'artiste pour laisser voir, au-dessus 
des autres, les personnages les plus éloignés, piètre strata- 
gème qui ne dénote chez l'auteur qu'une ingéniosité naïve 
et un manque de la science du groupement. 

Le compartiment central, aussi large à lui seul que les 
deux précédents ensemble, contient, nous l'avons dit, deux 
scènes, placées Tune derrière l'autre. 

Nous voyons, au fond, se dérouler le cortège qui conduit 
le Saint au lieu du supplice. 

Etienne s'avance en priant, entre les deux faux témoins 
qui l'ont accusé de blasphèmes ; deux hommes barbus les 



- 157 — 

suivent, deux cavaliers ferment la marche. Ils sortent de la 
ville, figurée à droite par un grand mur à créneaux, derrière 
lequel s'aperçoivent des toits à pignons aigus; une porte 
cintrée, percée dans un mur qui ressort en arc de cercle, 

est flanquée de deux tourelles circulaires crénelées éga- 
lement. 

« Ils se jetèrent sur lui, dit la Légende dorée, et l'em- 
> menèrent hors de la ville, et ils le lapidèrent cruelle- 
» ment; et ils prétendaient accomplir la loi qui prescrivait 
» que le blasphémateur fût lapidé hors de l'enceinte de la 
» cité... » 

Le supplice fait l'objet de la composition principale. Le 
Saint, à genoux au centre de la scène, joint les mains et 
lève les yeux au ciel. Les deux faux témoins qui l'ont accusé 
lui jettent la première pierre ; l'un de ces hommes est tout 
petit, barbu et possède une forte chevelure; l'autre, par 
contre, est une sorte de géant à grosse tête, dont le crâne est 
aussi bien rasé que la lèvre et le menton. Ils ne sont point 
nus, comme le fait supposer la phrase de la Légende : 
« Et les deux faux témoins qui devaient jeter la première 
■ pierre ôtèrent leurs vêtements afin qu'ils ne fussent pas 
» souillés de son contact et afin d'être plus disposés à le 
» lapider... » 

Le premier porte une chemise ou tunique courte, large- 
ment ouverte au col, serrée à la taille par une ceinture; les 
manches sont retroussées jusqu'aux coudes. Le plus grand 
a le torse couvert d'un vêtement collant à revers, dont les 
manches ne dépassent pas le biceps; sur les reins, une jupe 
courte dans le pan de laquelle il tient une provision de 
pierres, tandis qu'il lance la première avec un mouvement 



— 158 — 

furieux. Ses jambes nues se perdent dans de larges bottes à 
tiges molles. 

Les deux hommes qui tantôt suivaient le martyr sont en 
conversation à gauche; l'un porte un chapeau très plat; 
l'autre, coiffé d'un turban, met la main sur la poignée, ter- 
minée en tète d'oiseau, d'un large sabre accroché, contre 
l'usage, à sa hanche droite. 

Tous deux ont la barbe, la moustache et les longs cheveux 
ondulés. 

Du côté opposé sont rangés les deux cavaliers. Celui qui 
est le plus près de nous porte une culotte courte et collante ; 
il est chaussé de bottes et coiffé d'une sorte de casquette à 
visière. Son compagnon est couvert jusqu'aux pieds d'une 
robe amplement drapée; une pièce d'étoffe cache la nuque 
et les oreilles; sur la tète, un bonnet entouré d'un linge 
autour du front, et dont la pointe, inclinée en avant, est 
garnie d'une boule. 

Dans l'angle gauche du premier plan est accroupi sur le 
sol un personnage que nous n'avons pas encore rencontré. 
Il est imberbe; ses longs cheveux, tombant sur les épaules, 
sont couverts d'un chapeau qui paraît imité de celui du 
proconsul Dacien, dans le retable du Martyre de saint 
Georges. Sa robe est ample, à manches larges ; il tient sur 
les genoux une pièce d'étoffe ; un chapeau est déposé par 
terre à ses pieds. Ces objets appartiennent sans doute aux 
faux témoins et figurent les vêtements qu'ils ôlèrent, suivant 
Jacques de Voragine, « et il les mirent aux pieds d'un 
» enfant qui était là, et qui se nommait Saul, et qui depuis 
» eut le nom de Paul. Et comme il gardait les vêtements 
» de ceux qui lapidaient Etienne, afin de leur faciliter leur 



— 189 — 

> œuvre de destruction, il le lapida, pour ainsi dire, par les 
» mains de tous. » 

Des rochers sont disposés en cirque derrière les acteurs 
de ce drame; les côtés de la scène sont fermés de murs, 
percés de larges et hautes fenêtres ogivales, garnies de 
petits carreaux en losange. Les mêmes fenêtres se remarquent 
dans chacun des autres compartiments. 

Après la mort de saint Etienne, « Gamaliel et Nicodème, 

> qui dans tous les conseils des juifs étaient favorables aux 

> chrétiens, l'ensevelirent au champ de Gamaliel, et ils le 
» pleurèrent beaucoup. » 

C'est l'ensevelissement du martyr qui fait le sujet de la 
quatrième composition du retable. 

Deux hommes portent le corps en le tenant sous les 
épaules; un autre, à droite, le soulève par les jambes. Deux 
assistants se tiennent du côté droit; le premier a les mains 
jointes, l'autre, les bras en croix sur la poitrine. Trois per- 
sonnages, qui garnissent le fond, présentent avec les pre- 
miers ce contraste illogique de proportions que nous avons 
remarqué plus haut. 

La dernière composition montre la vénération des reliques 
du Saint. 

Lâchasse est déposée au fond, sur un autel. Deux prêtres 
se tiennent à droite, un troisième à gauche. De chaque côté 
est un enfant de chœur. L'un a la main sur un livre posé sur 
un lutrin, dont le pied figure un balustre fort simple et peu 
élégant; l'autre porte d'une main un flambeau, de l'autre, 
une petite coupe d'encens. Tous deux ont un costume 
pareil à celui dont le martyr était vêtu dans les scènes 
précédentes : longue robe, dont les manches passent 



— 160 — 

sous celles, beaucoup plus courtes, de la tunique. Cette 
dernière pièce descend jusqu'aux genoux; elle est fendue, 
de chaque côté, de la ceinture jusqu'au bas et bordée d'une 
broderie. 

Il nous reste à parler du panneau qui surmonte le com- 
partiment central du retable. 

Un large banc en occupe presque toute la largeur; le 
dossier est découpé en deux rectangles que des meneaux 
divisent en ogives ajourées. 

Sur ce banc, à notre droite, est assis le Père Éternel. Il 
bénit de la main droite, tandis que la gauche tient un livre 
ouvert posé verticalement, de façon à en montrer le texte. 

Le Christ est debout à gauche, les mains ouvertes, levées 
à la hauteur des épaules. 

Au centre et un peu plus haut, entre le Père et le Fils, se 
voit, les ailes déployées, la colombe symbolique du Saint- 
Esprit. 

A chaque extrémité du tableau, dans l'espace réservé 
entre le cadre et les bras du banc, se tiennent deux anges 
aux ailes ouvertes; ceux du second plan sont debout; les 
premiers, assis sur le sol, jouent d'un instrument de 
musique. 

Les arêtes des cloisons séparant les diverses com- 
positions de l'étage inférieur sont ornées, jusqu'à mi- 
hauteur, de colonnettes à nervures saillantes en chevrons. 
Leur chapiteau sert de socle à une statuette. On voit, 
de chaque côté du panneau central, un saint barbu, 
tète nue; à gauche, un diacre, puis un évangélisle, — 
du moins nous le supposons tel à cause du grand livre 
ouvert qu'il porte; à droite sont un évèque mitre, puis 



— 161 — 

an guerrier couvert d'une armure, — sans doute saint 
Georges. 

Chacune de ces figurines est surmontée d'un dais avec 
pinacle orné de crochets, accolé à un faisceau de nervures 
couronné d'un chapiteau qu'un autre pinacle surmonte. 

Une personne autorisée a émis l'avis que cette œuvre 
« paraît dater du milieu du xvi e siècle » . 

Nous doutons qu'elle soit d'une époque aussi avancée; les 
vêtements, les détails architectoniques, offrent infiniment 
plus de rapports avec le xv e siècle qu'avec le milieu du xvi 6 . 
C'est du gothique, mais non pas du meilleur. 

Les costumes, il est vrai, sont loin de présenter cette 
diversité, cette richesse qui distinguaient les sculptures 
gothiques de la belle époque; ils sont en général assez 
simples. Dans la seconde scène, un des juifs porte une 
tunique courte au bord découpé de larges festons en demi- 
cercle ornés de glands; d'autres ont les épaules couvertes 
de pèlerines qui, de même que cette tunique, semblent une 
imitation — mais combien dégénérée ! — des vêtements pit- 
toresques dont Borremans habille ses personnages. 

Le pli des draperies manque souvent de logique, de 
science et de fermeté. 

Les coiffures sont bizarres, mais en général des plus 
simples. Plusieurs se composent d'une forme en boule 
autour de laquelle sont relevés les bords, découpés en 
festons arrondis. Le personnage qui joint les mains, dans la 
scène de l'ensevelissement, a sur la tète une sorte de bol 
renversé; son voisin, qui a les bras en croix, porte un cha- 
peau qui rappelle parfaitement celui de nos mineurs. Après 
les coiffures que nous avons notées dans la scène de la lapi- 



— 162 — 

dation, celles des cavaliers, de l'homme au turban et du 
personnage accroupi à gauche, — cette dernière, copiée de 
Jean Borremans, — nous n'avons guère à en signaler que 
deux, dans le second compartiment : au fond, l'homme qui 
regarde Etienne avec ironie est coiffé d'un chapeau mou et 
bas; les bords sont découpés en quatre rectangles, relevés 
autour de la forme; celui qui se trouve au-dessus du front 
est orné d'une espèce de bouton carré; un autre individu, à 
la droite du précédent, possède un de ces bonnets peu 
élevés, aux bords ondulés et chiffonnés, dont Teniers a 
coiffé plusieurs de ses paysans. 

Des cinquante-cinq figures qui peuplent le retable, trente- 
trois ont la tête nue. Nous ne comptons pas, dans ce nombre, 
les statuettes adossées aux montants, dont deux sur six 
seulement sont coiffées : l'une dune mitre, l'autre d'un 
casque. 

L'exécution de la sculpture est très inégale et ne paraît 
pas être partout du même ciseau. À côté de personnages 
bien proportionnés, à la physionomie expressive et bien 
personnelle, nous en trouvons d'autres absolument difformes, 
avec des mains minuscules et d'énormes têtes dénuées de 
toute espèce de sentiment quelconque. 

Quant aux dais et aux ornements architectoniques qui 
couronnent chaque composition, ils sont d'un faire habile et 
d'une conception convenable, sans être des plus remar- 
quables comme richesse d'invention. 

En somme, les volets peints qui ferment le retable sont ce 
qu'il y a de meilleur dans toute l'œuvre. 

Celle-ci a été restaurée, il y a quelque trente ans, et appro- 
priée pour prendre place sur le maître-autel de l'église. 



— 463 — 
RETABLES DE NIEUPORT. 

XVII e SIÈCLE. 

Les nefs latérales de l'église de Nieuport sont ornées de 
deux retables en style Renaissance dans lesquels la sculp- 
ture de figures ne joue qu'un rôle secondaire ; de même que 
plusieurs des retables précédemment décrits — à Mons 
notamment — ce sont des ordres d'architecture servant de 
cadre à des tableaux peints. 

Le plus riche et le plus intéressant au point de vue de la 
sculpture est placé dans la nef latérale de droite. 

Les extrémités d'un soubassement divisé en compar- 
timents forment les piédestaux de deux couples de colonnes 
encadrant une grande niche rectangulaire que remplit 
l'œuvre picturale. Les deux colonnes extrêmes sont en 
retrait. 

Le tiers inférieur des fûts est décoré de riches arabesques 
et de demi-figurines en bas-relief. Celles qui sont sculptées 
sur les colonnes les plus rapprochées de la baie représentent 
des anges en prières; les ailes sont ouvertes; les torses 
revêtus de tuniques à plis réguliers. 

De tout petits chérubins, hauts comme le doigt à peine, 
sont placés dans les enroulements de l'ornementation. Le 
reste des fûts est couvert de branches entrelacées, garnies de 
feuillage et sur lesquelles sont perchés çà et là des oiseaux. 

Les chapiteaux corinthiens supportent un entablement 
dont l'architecture et la frise sont divisées par deux consoles 
en trois compartiments et font saillie sur les deux colonnes 
intérieures, tandis que la corniche, très large de plafond, est 
d'un bout à l'autre sur un même plan. 



— 164 - 

La frise est décorée, au-dessus de chacune des quatre 
colonnes, de tètes ailées ; les trois compartiments formés par 
les consoles au-dessus du tableau sont ornés de rinceaux ; 
celui du milieu, plus allongé que les deux autres, porle en 
outre, au centre, un petit cartouche que soutiennent deux 
figurines vues jusqu'à mi-corps. Deux tètes ailées se trouvent 
encore au-dessous des consoles. 

L'attique qui surmonte l'entablement forme six piédestaux ; 
deux sont au-dessus des consoles de la partie centrale; ceux 
des extrémités, accouplés, sont supportés par les grandes 
colonnes. Les premiers sont reliés aux seconds par un garde- 
corps à trois balustres. 

Les piédestaux du centre sont réunis entre eux par un 
soubassement plein et portent deux colonnettes entre les- 
quelles est réservée une niche à plein cintre. 

La partie inférieure des fûts est enrichie de tètes de 
fantaisie et d'ornements divers; la partie supérieure est cou- 
verte, comme aux colonnes principales, d'entrelacements de 
branches feuillées où se posent des oiseaux. 

Dans la niche est une statue d'archevêque mitre tenant de 
la main droite un calice surmonté d'une hostie, de l'autre, une 
hampe terminée par la croix archiépiscopale. Sous ses pieds 
sont, à sa droite, une figure humaine, à sa gauche, un affreux 
démon dont la queue de serpent se tord, dont les griffes 
énormes s'accrochent désespérément à la robe du saint. 

Cette statue repose sur une saillie de la corniche de 
l'attique, portée par un encorbellement; la partie médiane de 
celui-ci forme une sorte de corbeille à travers laquelle 
s échappent des feuilles et des fruits; la partie supérieure 
est un quart de rond orné d'oves. 



— 165 — 

Les écoinçons et la clef de l'arcade sont garnis de tètes 
ailées. L'entablement porte à ses extrémités les amorces 
d'un fronton dont la moulure se recourbe en volutes vers 
l'intérieur; deux anges y sont assis, accoudés sur les 
volutes, les ailes déployées. 

Les quatre piédestaux qui surmontent les grandes colonnes 
portent des statues d'anges jouant de divers instruments de 
musique : figures gracieuses, joliment drapées; poses natu- 
relles et diversifiées; exécution souple et élégante. 

Nous avons dit que le soubassement qui porte tout l'édi- 
fice est divisé en compartiments ; les divisions sont marquées 
par des caryatides dont le haut figure un buste d'ange; au 
centre est une arcade à plein cintre devant laquelle est 
placée une statue assise de la Vierge, tenant sur ses genoux 
le corps de son fils. 

Enfin, deux petites niches sont accolées au mur à droite 
et à gauche du retable. Elles sont encadrées de colonnettes 
corinthiennes renflées vers la base et contiennent chacune 
une statuette : d'un côté, un évêque mitre portant un cœur 
dans une main, la crosse dans l'autre; du côté opposé, saint 
Nicolas avec la cuvelle d'où sortent les trois petits enfants. 

Les frises des entablements qui couronnent ces niches 
nous apprennent la date de l'exécution du retable; elles 
portent l'inscription : anno 1630. 

Ce monument est bien conçu, très élégant et d'une 
exécution savante; il est en chêne, rehaussé de dorures et 
malheureusement bariolé d'une imitation de marbre aux 
innombrables petites veines très voyantes, qui n'est pas faite 
pour mettre en valeur les délicats détails de l'ornementation 
sculptée. 



_ 166 — 

Le second refable est placé dans la nef gauche de l'église, 
non loin d'un très beau tabernacle dont la description 
viendra en son temps. 

Ce retable est de proportions extrêmement élégantes. 
Comme dans le précédent, l'architecture encadre la pein- 
ture qui se compose ici de trois tableaux. 

La partie inférieure est un soubassement à deux étages, 
dont quatre saillies servent de piédestaux à autant de 
colonnes corinthiennes, formant un portique à trois baies, 
dans lesquelles sont placées les peintures. Les deux baies 
latérales n'ont que la moitié de la largeur de celle du centre. 

La partie inférieure des fûts des colonnes est décorée de 
tètes ailées, de rinceaux entremêlés de grappes de fruits et 
d'ornements divers. La partie supérieure, correctement 
galbée, est ornée de cannelures. 

L'entablement est d'une conception originale : l'archi- 
trave, extrêmement réduite, est surmontée d'une très haute 
frise qui forme, comme elle, saillie au-dessus de chaque 
colonne et retrait dans les entrecolonnements. La corniche, 
au contraire, n'est en retrait qu'au-dessus des deux baies 
latérales. 

Cette corniche est excessivement saillante; elle est sou- 
tenue par douze élégantes consoles à l'extrémité desquelles 
pend un ornement en poire renversée et dont la base s'ap- 
puie sur un petit cul-de- lampe orné d'une tète. 

(Jne de ces consoles surmonte chacune des colonnes; les 
autres, à raison de deux pour les entrecolonnements latéraux 
et de quatre pour celui du centre, s'appliquent sur la frise; 
celle-ci se trouve ainsi divisée sur les côtés en trois, au 
milieu en cinq panneaux décorés chacun d'une tête de 



— 167 — 

chérubin ailée, plaeée au centre d'un gracieux encadre- 
ment. 

Dans les compartiments formés dans le plafond du lar- 
mier par les consoles pendent les mêmes ornements en 
forme de poire qu'aux extrémités de celles-ci. 

L'attique qui couronne l'édifice est plein à la partie cen- 
trale et découpé dans les parties latérales en onze petites 
arcades séparées entre elles par des balustres. 

A chacune de ses extrémités est un piédestal portant un 
ange. Sur deux autres piédestaux, au-dessus des colonnes 
intermédiaires, sont dès statuettes plus grandes représen- 
tant : à gauche, saint Nicolas avec la cuvelle et les enfants 
à côté de lui; à droite, saint Laurent, tenant le gril, 
emblème de son martyre. 

Tout un motif d'architecture s'élève au centre : c'est un 
portique à trois entrecolonnements formés, aux extrémités, 
par deux pilastres; au milieu, par deux colonnettes à chapi- 
teaux doriques. Le bas du fût de celles-ci est chargé d'orne- 
ments en relief très faible. Entre elles se dessine une arcade 
à plein cintre posant sur des piédroits dont l'imposte se 
prolonge en moulures sur les entrecolonnements latéraux. 
Chacun de ces derniers est décoré d'une petite niche 
cintrée avec tablette en encorbellement; ces niches sont 
vides. 

Sous l'arcade centrale, au contraire, se trouve une statue 
assise de la Vierge portant l'Enfant. La tablette sur laquelle 
repose ce groupe est formée d'une saillie semi-circulaire de 
la corniche de l'attique, soutenue par un encorbellement 
ornementé. 

L'entablement est conçu dans le genre de celui du grand 



— 168 — 

ordre; chaque colonnette est surmontée d'une console, qui 
porte la corniche, de même forme que celles décrites plus 
haut. Enfin, des ornements découpés accostent et couronnent 
ce minuscule édifice. 

(A continuer.) 

Henry Rousseau. 



ERRATUM. 

Nous tenons à rectifier un lapsus qui nous a échappé en 
parlant des retables de l'église de Hulshout. 

Nous avons dit (p. 65) — répétant une erreur qui s'est 
glissée dans un rapport annuel des Comités provinciaux de 
la Commission royale des Monuments (î), — que l'une de ces 
œuvres, placée à la partie supérieure de l'autel, représente 
des épisodes de la vie de saint Mathieu ou Mathias, patron 
de l'église. 

Or c'est à saint Mathieu que l'église de Hulshout est 
consacrée et ce sont des scènes de la légende de cet Évan- 
géliste, telle que la rapporte Jacques de Voragine (2), qui se 
déroulent dans la sculpture en question. 

H. R. 



(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol. VII (1868), p. 479. Le rapport 
dit : Commune de Hulshout. Retables de l'église de Saint-Mathias. 
(«) Édition indiquée supra, t. II, p. 132. 



QUELQUES RENSEIGNEMENTS 



8UB LA 



PROVENANCE DES OBJETS LACUSTRES 

ACQUIS RÉCEMMENT 

PAR LE MUSÉE ROYAL D'ANTIQUITÉS 



ET 



DESCRIPTION DE CES OBJETS 



Le Musée royal d'Antiquités a acquis, en 1889, à des 
conditions avantageuses, une belle série d'objets lacustres. 
Cet achat est venu combler un vide, nos collections ne 
possédant point encore de pièces retirées de ces gisements 
archéologiques si nombreux et si intéressants à étudier, 
surtout en Suisse, et qui, jusqu'ici du moins, semblent 
devoir rester introuvés en Belgique («). 

(0 En effet, si l'on en excepte la station lacustre signalée par M. C. Ubaghs, 
près de Maestricht, qui, politiquement parlant, n'est plus sur notre territoire, 
nous n'avons fait aucune découverte dont l'importance nous permette d'affirmer 
l'existence en Belgique, aux temps préhistoriques, de cette coutume d'élever des 
constructions au-dessus des eaux. 
Il y a cependant des probabilités reposant sur les trouvailles suivantes : 
M. Ed. Haubourdin, de Stambruges (Hainaut), a découvert des silex taillés 
en un point du territoire de celte commune, sous quelques couches de sable, 
stratifié par deux minces couches de tourbe, « Si je dois écouter le dire des 
ouvriers, ajoute-t-il dans son rapport, dire que je suis en droit de supposer non 
préconçu, les alignements de pieux de chêne, mis à égale distance, en-dessous 



— 170 — 

Grâce aux renseignements que nous ont obligeamment 
fournis MM. E. Vouga, le D r V. Gross et E. Delessert, nous 
pouvons rétablir aujourd'hui d'une façon précise l'état civil 
de ces différents objets. Ils proviennent tous d'une seule et 
même station située près de Saint-Biaise, sur le lac de 
Neuchâtel. 

Cette curieuse station, dont les restes de pilotis appa- 
raissent sur un espace de terrain assez considérable, s'éten- 
dant à l'ouest du village, appartient à M. Charles Zumbach, 
banquier à Saint-Biaise. Elle a été découverte vers 1879, 



de ces terrains, me font croire que ces peuplades, de même que les habitants des 
cités lacustres, se logeaient sur pilotis, au milieu des marais impraticables. » 
(V. Ann. du Cercle archéol, de Mons, t. XVI II, p. 283.) 

Autre découverte : au commencement de l'été de 1872, des changements faits 
au cours d'eau qui traverse le parc du château de Wideux, à Herck-Saint-Lambert 
(province de Limbourg), mirent au jour plusieurs ossements de grands mammi- 
fères et quelques débris de poterie, puis, en creusant un bassin, au même 
endroit, les ouvriers déterrèrent un crâne d'aurochs encore muni de tronçons de 
cornes. Ayant continué à approfondir et à draguer le ruisseau, on trouva un 
certain nombre d'ossements, parmi lesquels quatre autres crânes, ainsi qu'une 
quantité assez considérable de noisettes et des fragments d'un pot de terre d'un 
travail très grossier. Comme le font remarquer MM. Geraerts et A. Van der 
Capellen, cette trouvaille, sans résoudre la question de l'existence des cités 
lacustres dans le Limbourg, peut cependant projeter quelque nouvelle lumière 
sur ces âges reculés (V. Bull, de la Soc. des Mélophiles de Hasselt, 9 e année, 
pp. 17 et suiv.). 

Enfin, M. le capitaine E. Delvaux a fait aux environs d'Audenarde des 
constatations et des découvertes qui lui permettent de croire a l'existence, dans 
ces parages, aux temps préhistoriques, de rudimentaires palafittes. 

Il y a peu d'années, en effet, des travaux considérables ayant pour objet la 
dérivation de l'Escaut et la rectification du lit de ce fleuve, atteignirent une 
couche de tourbe très ancienne. 

M. Delvaux, qui suivait les travaux, put recueillir dans cette tourbe, dont 
l'étude géologique des lieux lui prouvait la grande ancienneté, des fragments de 
poterie, des armes et des outils en pierre, de nombreux ossements d'animaux, 
des bois de cerf incisés, des restes de repas, des graines, des céréales, des fruits 
carbonisés et deux fémurs humains (V. Bull, de la Soc. d'anthropologie de 
Bruxelles, t. II, pp. 113 et suiv.). 



— 171 — 

alors que, par suite des travaux exécutés pour la correction 
des eaux du Jura, le niveau du lac avait été abaissé de 
plusieurs mètres. 



DESCRIPTION DES OBJETS 



Pierre 

Les hachettes et les haches-marteaux sont faites de roches 
dures (néphrite, diorite, quartzile, saussurite, jadéite, chlo- 
romélanile et serpentine). 

— Hachettes à moitié polies. Ce ne sont même que des 
galets de torrent dont on s'est borné à aiguiser Tune des 
extrémités. Elles varient entre 4 et 10 centimètres de hauteur 
sur 3 et 4 centimètres de largeur au tranchant (Fig. 5, 6, 
10,11 et 12 de la pi. I). 

— Hachettes minuscules en roche dure de couleur ver- 
dâtre, entièrement polies. La plus petite ne mesure que 
3 1/2 cenlimètres de hauteur sur 3 centimètres de largeur 
au tranchant (Fig. 7 et U de la pi. I). 

— Trois haches-marteaux ayant environ 15 centimètres 
de longueur (Fig. 17, 18 et 19 de la pi. II). Ces pièces 
peuvent compter parmi les plus belles de la collection. 

L'une (Fig. 18) est demeurée brute, les deux autres sont 
entièrement et admirablement polies. 

Percées, au centre, d'un trou rond, elles s'emmanchaient 
perpendiculairement à la façon de nos haches modernes. 
La forme de ces objets nous montre que l'on avait soin de 
renfler la pièce à l'endroit du trou d'emmanchure pour lui 
donner plus de solidité. 



— 172 — 

La plupart des haches-marteaux trouvées dans les diffé- 
rentes stations ont le tranchant et le marteau absolument 
intacts et ne paraissent point avoir servi d'armes ou d'outils, 
mais bien plutôt d'objets de parade ou d'insignes de com- 
mandement. 

Saint-Biaise était un endroit où l'on fabriquait ces haches- 
marteaux, car on en a retrouvé beaucoup et à tous les degrés 
de fabrication, depuis l'ébauche la plus grossière jusqu'aux 
spécimens les plus parfaits. Malheureusement, elles étaient 
presque toujours cassées et ce n'est que bien rarement que 
l'on rencontrait des exemplaires comme ceux que nous 
représentons ici. 

— Amulettes ou pendeloques en roche polie d'apparence 
schisteuse (Fig. 20 et 21 de la pi. II). L'une est munie, à sa 
partie supérieure, d'un trou de suspension, et mesure 
6 1/2 centimètres de hauteur; l'autre porte, à la partie supé- 
rieure également, une encoche ou entaille destinée à fixer le 
cordon qui la tenait suspendue; elle a 8 centimètres de 
hauteur. Toutes les deux sont plates. 

— Pointes en silex (Fig. 13 et 16 de la pi. I), dont l'une 
est taillée avec beaucoup de soin (Fig. 16). Elles mesurent 
5 centimètres de hauteur. 

Les objets en silex étaient assez nombreux à Saint-Biaise 
et généralement bien travaillés. 

— Simples disques ou rondelles en pierre percées d'un 
trou au centre et dont le diamètre varie entre 4 1/2 et 6 cen- 
timètres (Fig. 22, 23, 24 et 26 de la pi. II). 

Les unes sont plates des deux côtés, les autres sont plates 
d'un côté et légèrement bombées de l'autre. 
Elles ont été taillées dans une roche tendre, se rayant 



— 175 — 

très aisément à l'ongle, d'un blanc jaunâtre présentant la 
couleur du mastic. 

— Petites sphères pleines en pierre dure et en terre cuite 
perforées au centre (Fig. 1, 2, 5, 4 et 8 de la pi. I). 

On est maintenant fixé sur la destination de ces petites 
sphères et de ces disques que nous venons de décrire : ce 
sont des fusaïoles ou pesons de fuseaux. 

Us ont été employés comme volants pour imprimer un 
mouvement durable plus accentué aux fuseaux (î). 

M. le D r V. Gross, de Neuveville, a retrouvé plusieurs de 
ces objets encore munis de la tige de bois qui complétait 
l'instrument (2). 

Le même savant a découvert aussi dans la station de 
Locraz une tige de bois de 15 centimètres de longueur 
autour de laquelle était encore enroulée une certaine quan- 
tité de fil carbonisé. « Représentons-nous, dit M. le D r Gross, 
la lige de bois munie d'un de ces petits volants en pierre 
dont j'ai parlé plus haut et nous obtiendrons l'outil complet, 
c'est-à-dire le fuseau employé à l'époque de la pierre pour 
préparer le fil » (5). 

M. James Yates décrit comme suit (4) l'opération du filage 
à la main des anciens : « Le fuseau était un bâton long de 



(i) Toutefois, beaucoup de sphères semblables en pierre ou en terre cuite, 
mais plus petites et affectant des formes plus régulières et plus symétriques, 
doivent être rangées dans la catégorie des grains de collier. 

(s) D r V. Gross, Résultai des recherches exécutées dans tes lacs de la Suisse 
occidentale depuis Vannée 1866. Station de Locraz, pp. 2 et 18. Voir aussi, du 
même auteur, Les Prolohelvètes. Paris, 1883, pp. 100 et 101. 

(5) Résultat des recherches exécutées dans les lacs de la Suisse occidentale 
depuis l'année 1866, p. 6. 

(a) Dans le Dictionary ofGreek and Roman antiquités, du D r William Smith, 
article F mus, p. 565 de la 2 e édition. 



— 174 - 

25 à 30 centimètres, pourvu à sa partie supérieure d'une 
fente ou d'un crochet dans lequel le til était arrêté, de sorte 
que le poids du fuseau tirait sur le fil et le faisait descendre 
au fur et à mesure qu'il se formait. L'extrémité inférieure 
du fuseau élait insérée dans une petite rondelle que nous 
appelons fusaïole, faite de bois, de pierre ou de métal, des- 
tinée à tenir le fuseau d'aplomb et à accélérer sa rotation. La 
fileuse imprimait de la main droite, et de temps en temps, 
un mouvement de rotation au fuseau pour mieux tordre le 
fil, et, toutes les fois que l'allongement de celui-ci faisait 
descendre le fuseau jusqu'à terre, la fileuse retirait le fil de la 
fente, l'enroulait sur le fuseau, et, l'ayant replacé dans sa 
fente, recommençait à tirer les fibres attachés à la quenouille 
et à tresser une autre longueur >» . 

Corne de cerf 

— Gaine de hache formée de la partie du bois la plus 
rapprochée de la couronne (Fig. 36 de la pi. III). Elle a 
7 centimètres de hauteur sur i 1/2 centimètres de largeur. 
La partie opposée à la douille est taillée carrément pour 
l'adaptation d'un manche de bois. 

— Superbe hache-marteau en corne de cerf (Fig. 50 de 
la pi. III). Dimension : 48 1/2 centimètres. 

— Marteau façonné dans un andouiller à plusieurs bouts 
et dont l'extrémité opposée au marteau a été creusée en 
douille pour recevoir une hachette de pierre (Fig. 31 
de la pi. III). Celte pièce, ainsi que la précédente, s'em- 
manchait perpendiculairement. Dimension : 17 1/2 centi- 
mètres. 



— 175 



Os 



— Épingle de tète ou poinçon, en os poli. Hauteur : 
18 centimètres (Fig. 27 de la pi. III). 

— Éplingle à tète sphérique ayant probablement servi à 
assujettir la coiffure ou à fixer les vêlements. Hauteur : 
14 1/2 centimètres (Fig. 29 de la pi. III). 

De tous les objets de parure recueillis à Saint-Biaise, 
l'épingle est celui dont on a retrouvé le plus d'exem- 
plaires. 

— Poinçon en os avec cran pour le suspendre au moyen 
d'un cordon. Hauteur : 9 1/2 centimètres (Fig. 54 de la 

pi. III). 

— Fragment d'un harpon muni de crochets, en os poli 

d'un seul côté. Hauteur : 8 centimètres, largeur moyenne : 
2 1/2 centimètres (Fig. 32 de la pi. III). 

— Ciseau, gouge ou lissoir en os poli. Hauteur : 5 1/2 
centimètres, largeur : 2 1/2 centimètres (Fig. 18 de la pi. I). 

— Ciseau, gouge ou lissoir en os. Hauteur : 1 1 centi- 
mètres (Fig. 28 de la pi. III). 

— Poinçon en os. Hauteur : 8 1/2 centimètres (Fig. 53 
de la pi. III). 

— Poinçon en os. Hauteur : 15 centimètres (Fig. 35 de 
la pi. III). 

Cet objet et les quatre précédents, comme tous ceux du 
même genre recueillis à Saint-Biaise, sont des os longs de 
certains animaux, surtout de la vache et du porc, brisés 
pour en extraire la moelle ou sciés longitudinalement avec 
un silex, puis appointés ou rendus tranchants à l'une des 
extrémités. 



— 17<> - 

Ces ustensiles, tant en bois de cerf qu'en os, par suite de 
leur long séjour dans un milieu vaseux, ont acquis une 
patine superbe de couleur brune. 

Divers 

— Moule à pointes de lance, en terre cuite, d'une seule 
pièce. Hauteur : 11 centimètres; largeur : haut 5 1/2 centi- 
mètres, bas 5 centimètres (Fig. 25 de la pi. II). 

— Petite scie en silex en forme de croissant, logée dans 
un bâton en os muni d'un trou de suspension et y fixée au 
moyen d'un mastic d'asphalte. Longueur : 12 centimètres 
(Fig. 9 de la pi. I). 

C'est un des bijoux de la collection. Ces objets se trouvent 
bien rarement en aussi parfait état de conservation que 
celui-ci, car la plupart du temps le bois ou l'os est plus ou 
moins décomposé. Le trou pratiqué à l'extrémité servait, 
croit-on, à suspendre la scie aux vêlements ou dans la cabane. 

— Petite hachette polie en roche dure, de couleur 
verdàtre, encore fixée dans sa gaîne en corne de cerf à talon 
entaillé en V pour faciliter l'adaptation de la poignée en bois. 
Hauteur totale de l'objet : 10 centimètres; largeUr de la 
hachette au tranchant : 2 centimètres (Fig. 38 de la pi. III). 

Le tranchant de la hachette et le manche n'étaient point, 
comme on le voit, dans la même ligne; l'outil s'emmanchait 
donc de la même façon qu'une houe. 

— Hachette polie en roche dure, de couleur verdàtre, 
dans son emmanchure en corne de cerf taillée pour s'adapter 
dans une poignée en bois. Hauteur totale : 11 centimètres; 
largeur de la hachette au tranchant : 3 1/2 centimètres 
(Fig. 57 de la pi. III). 



— 177 — 

Ces derniers objets sont précieux également, car il est 
rare de retrouver les deux pièces ensemble : la hachette 
dans sa gaine. 

AGE DE LA STATION 

La station de Saint-Biaise appartient en majeure partie à 
l'époque de la pierre polie, mais ce qui la rend surtout inté- 
ressante, c'est que le métal semble y faire son apparition, 
non comme d'habitude à l'état de cuivre et d'étain alliés, 
c'est-à-dire de bronze, mais à l'état de cuivre pur. 

La station qui nous occupe aurait donc pris fin au moment 
où l'usage du cuivre se serait introduit (i). 

EXPLORATION DE LA STATION ET DISPERSION DES OBJETS 

Découverte en 1879 par M. E. Vouga, instituteur à Saint- 
Biaise, qui y fit, pendant ses heures de loisir, les premières 
et hélas les seules recherches méthodiques, cette station 
devint bientôt le champ de tout le monde. 

Pendant plusieurs années, on y pratiqua des fouilles; 
quatre ou cinq personnes s'en mêlèrent, malheureusement 
sans suite, car elles ne recherchaient que des objets. Ceux-ci 
furent dispersés et éparpillés un peu partout. Nous en avons 
vu aux musées de Berne et de Neuchâtel et, d'après les ren- 



(i) « Dans l'Est de l'Europe, en Hongrie, écrit M. Vouga, on a trouvé assez 
d'objets de cuivre pour pouvoir y admettre cet âge intermédiaire, mais dans 
l'Ouest, on en a jusqu'à présent trouvé trop peu pour qu'il soit possible de 
l'établir. Cependant le résultat des fouilles de ces dernières années est que nous 
avons eu dans nos lacs de Suisse des stations où les hommes de l'âge de la 
pierre ont commencé à se servir de métal, c'est-à-dire de cuivre pur, peut-être 
plus tard mélangé d'un peu d'étain. » 



— 178 — 

seignements qui nous ont été donnés, des envois importants 
auraient été faits à plusieurs musées étrangers, notamment 
à Paris, à Berlin, à Londres et même en Amérique. Malgré 
cela, il en existerait encore, paraît-il, quelques collections 
particulières dans la contrée. 

ÉTAT ACTUEL DE LA STATION 

Il ne nous reste plus maintenant qu'à dire un mot de l'état 
actuel de la station : on suppose qu'elle renferme toujours 
et quand même bien des objets, mais on estime que les 
fouilles seraient à présent trop difficiles et trop coûteuses 
par le fait surtout du changement complet du régime des 
eaux. 

B 0D Alfred de Loë, 

Secrétaire de la Société d'Archéologie de Bruxelles. 




Phototrpie E. Aiibty. Bnixttla. 



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Pàalatypi, E. Autrr. Btmrlla. 



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COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX. 



SÉANCES 



des 2, 9, 16, 23 et 30 mai; des 6, 13, 20 et 27 juin 1891. 



ACTES OFFICIELS. 

Par arrêté royal du 8 juin 1891, M. Sosson, professeur Nomination 

d'un membre 

d'archéologie au grand séminaire, a été nommé membre correspondant. 
correspondant de la Commission royale des monuments 
pour la province de Namur, en remplacement de M. le 
comte de Limminghe, décédé. 

PEINTURE ET SCULPTURE. 

La Commission a approuvé : 

1° Les dessins du chemin de la croix à exécuter par, J$* , 

r de Middelkerke. 

M m * de Gault pour l'église de Middelkerke (Flandre orien- de?. 6 ?»"». 
taie); 

2° Les dessins de vitraux à placer dans l'église d'AsscheÉgHsed'Assche. 

r ° Vitraux. 

(Brabant); auteur, M. Dobbelaere. 



— 180 — 
Ha p"n d turer — ^ es délégués qui se sont rendus à Ypres (Flandre 



décoratives. 



occidentale), le 11 juin 1891, pour examiner les peintures 
décoratives exécutées par M. Delbeke dans la grande salle 
à l'étage des Halles, ont constaté que l'artiste, aujourd'hui 
décédé, avait complété son œuvre et achevé les deux pan- 
neaux restants, à l'exception du dernier, qui n'est qu'ébauché. 
Cetle ébauche étant assez avancée et complète sous le rap- 
port des colorations et s'accordant bien au reste de la salle, 
il y a lieu de laisser le travail tel quel ; l'introduction d'une 
main étrangère risquerait de compromettre l'heureuse har- 
monie de l'ensemble. 

Il y aura à compléter la décoration de la salle en peignant 
les panneaux qui font face aux peintures Delbeke et à 
décider si les nouvelles peintures seront des sujets à figures 
ou, comme dans la salle Pauwels, des trophées et des 
attributs. 

Pour le pavement de la salle, on pourrait renouveler sim- 
plement le motif ancien, semis qui parait plus heureux que 
le système employé dans la salle Pauwels, où la représen- 
tation de la double croix d'Ypres se suit en longues lignes 
monotones. 

L'administration communale désirant fermer la salle 
Delbeke, la clôture, si elle est admise, devra être mobile 
afin d'être enlevée à volonté, et devra s'arrêter à une cer- 
taine hauteur pour permettre au regard d'apprécier toute 
l'étendue des galeries. M. l'architecte Van Ysendyck présen- 
tera un projet à cette fin. 
deTMelen. — Des délégués se sont rendus à Thielen (Anvers) pour 
inspecter le travail de restauration exécuté par M. Maillard, 
d'Anvers, aux deux volets peints qui recouvrent le retable 



Retable. 



— 181 — 

sculpté placé sur l'un des autels latéraux de l'église parois- 
siale. Ce retable n'est qu'une copie moderne d'un retable 
ancien conservé dans l'église d'Hulshout, copie assez bien 
exécutée, bien que les polychromies et les dorures en soient 
un peu dures. Il se compose de quatre compartiments, deux 
dans la partie centrale, en bas la Nativité, en haut le Cal- 
vaire, et une grande composition sur chacun des côtés, à 
gauche le Christ portant sa croix, à droite le Christ au 
tombeau. 

A l'égard des volets, ils représentent l'histoire de Sainte- 
Marguerite, patronne de l'église. Chaque volet est à cinq 
compartiments. Au revers, on trouve trois autres compo- 
sitions peintes comme les faces. La restauration paraît bien 
exécutée. Les peintures sont intéressantes, bien qu'appar- 
tenant à une époque visiblement postérieure à celle du 
retable sculpté, auquel il n'est pas sûr qu'elles aient appar- 
tenu. Il y a lieu de liquider la somme d'ailleurs très modique, 
900 francs, due pour ce travail à M. Maillard. 

L'église possède d'autres retables sculptés par MM. Blan- 
chaert et Bressers et le chœur est décoré de verrières de 
M. Verhaegen. Il a été entièrement polychrome par M. Bres- 
sers et, à part quelques crudités de tons dans la grande nef, 
dont la décoration n'est d'ailleurs que commencée, l'ensemble 
est très satisfaisant. 

Il faut noter aussi dans le chœur deux rangées de stalles 
sculptées, œuvre de M. Blanchaert, et dans la nef une chaire 
décorée de bonnes figures de M. Peeters, d'Anvers. 

On ne peut accorder toutefois les mêmes éloges aux socles 
qui supportent dans l'église des statues polychromées, socles 
peints en couleurs très vives et décorés de simulacres de 



— iss — 

fenêtres ogivales. La nature de l'objet ne comportait évi- 
demment pas ce motif d'ornementation. 

L'église renferme quelques objets d'art ancien des plus 
intéressants. A l'entrée du chœur, une croix triomphale, où 
la figure du Christ, d'un beau sentiment, a été polychroraée 
à neuf. Il est fâcheux qu'on ne se soit pas borné à un simple 
travail de restauration, qui, dans les cas de l'espèce, doit 
toujours être aussi discret que possible. La même obser- 
vation s'applique à un autre Christ ancien, d'une fort belle 
sculpture, mais de moindre dimension, qui est conservé 
dans le presbytère. 

A l'entrée du chœur, encastrée dans le mur, on remarque 
également une fort belle plaque tombale en cuivre qui a 
figuré à l'exposition de l'art ancien et qui représente Louis 
van Leefdael et sa femme. Les délégués ont beaucoup 
détourné M. le curé de Thielen de faire restaurer les armoi- 
ries en émail, un peu dégradées, qui décorent les deux 
côtés de celte plaque. 

On garde également dans la sacristie un petit Christ de 
procession en cuivre, de style roman et de beaucoup de 
caractère. 

On remarque enfin à l'entrée de l'église, encastrée dans 
le mur, une grande pierre tombale de la famille des van der 
Gracht, anciens seigneurs de la localité. C'est une excellente 
sculpture de l'époque de la Renaissance. La figure de la 
femme, dont la tète est légèrement inclinée vers le mari, est 
particulièrement remarquable par le sentiment et le carac- 
tère. Un ange ailé, d'un grand mouvement et d'une belle 
tournure, tient l'écusson de la famille suspendu au-dessus 
des deux figures, et six petites tètes de chérubins, d'un 



- 183 — 

modelé charmant, servent de chaque côté de la composition 
principale à montrer des armoiries qui y sont en quelque 
sorte accrochées. 

Il faut mentionner encore dans le jardin du presbytère 
l'ancienne cuve baptismale de l'église, de style roman, et 
de bon caractère. Il n'en reste guère que la moitié, mais 
avec celte moitié il serait aisé de reconstituer la cuve entière, 
décorée de tètes d'hommes bien conservées, et il serait 
intéressant de la conserver dans l'église. 

— Des délégués ont inspecté, dans l'église de Sainte- Sai ^ e ^ a d u e dru 
Waudru, à Mons (Hainaut), les trois verrières n cs 12, 13 veS*. 
et 14, du côté méridional du haut-chœur, dont la restaura- 
tion avait été évaluée en 1869 à 1,980 francs. Ces verrières 
ayant été fortement endommagées par l'ouragan du 12 mars 
1876, l'estimation primitive a dû être majorée et portée à 
2,130 francs. 

Le travail de restauration exécuté par M. Capronnier 
a été effectué avec les plus grands soins et rien n'empêche 
de liquider les subsides alloués pour cette entreprise. 

Il reste encore à exécuter quelques réparations aux 
vitraux des fenêtres hautes septentrionales du chœur, ainsi 
qu'à la grande fenêtre du transept nord. A la demande de 
M. Capronnier, le conseil de fabrique a même fait établir un 
échafaudage devant cette dernière fenêtre. Il est désirable 
que l'artiste exécute sans délai, ainsi qu'il la promis, du 
reste, les travaux peu importants qui doivent compléter la 
restauration des vitraux du chœur et du transept. 

Les délégués ont profité de leur visite pour inspecter les * 
travaux de restauration exécutés depuis quelques années au 
monument. Ces travaux leur ont paru satisfaisants. 



— 184 — 

La restauration de la partie méridionale de la nef avoi- 
sinant la façade ouest est adjugée; elle sera exécutée dans 
le courant de cette campagne avec le concours financier de 
l'État et de la province. 

La ville s'est chargée de dégager les abords des côtés sud 
et ouest de l'édifice; ce travail complétera la restauration 
extérieure. 

Lorsque les travaux de la campagne actuelle seront ter- 
minés, il importera de continuer la restauration tant inté- 
rieure qu'extérieure de la façade occidentale, ainsi que de la 
première travée et du portail intérieur. L'orgue qui occupe 
aujourd'hui cette première travée devrait être transporté 
dans un des bras du transept ou à proximité du chœur. 

Il y aurait aussi utilité à placer un portail intérieur en 
bois devant la porte donnant accès dans l'église par le 
transept sud. Ce portail devrait être établi avant qu'on entre- 
prenne les travaux de restauration du porche extérieur et de 
l'escalier. L'artiste chargé de dresser les plans de ce portail 
pourrait utilement s'inspirer d'un portail de la fin du 
xv e siècle qui existe dans l'église de Saint-Pierre, à Louvain, 
monument contemporain de l'église de Sainte-Waudru. II 
est désirable que le projet du portail précité soit soumis en 
même temps que le projet de restauration du porche et de 
son escalier, qu'il doit compléter. 

Les délégués ont remarqué dans la première chapelle du 
bas-côté sud du chœur un autel en pierre sculpté avec 
retable du commencement du xvi e siècle et dédié à Saint- 
Joseph. Ils ont cru devoir appeler l'attention du conseil de 
fabrique sur la convenance qu'il y aurait de soumettre des 
propositions pour la restauration de cet intéressant objet d'art. 



— 185 — 

— Des délégués ont examiné le nouveau modèle de la "jÇjjjJîi 1 
statue de Char les-le -Téméraire que M. Van Pottelsberghe 

est chargé d'exécuter pour l'escalier du Musée royal d'ar- 
mures, à Bruxelles. 

Cette figure ayant été trouvée satisfaisante, les délégués 
ont émis l'avis que rien ne s'opposait à son exécution en 
bronze. 

— En 1887, le conseil de fabrique de l'église de Saint- de s f$% oa 
Loup, à Namur, a soumis un devis estimatif des répara- scuiptïrcs. 
tions à exécuter aux confessionnaux, à la chaire, au banc 

de communion, aux stalles et aux armoires du chœur. 

Après avoir pris l'avis du comité provincial, la Commis- 
sion s'est rangée à l'opinion de ses correspondants, qui 
étaient unanimes pour déclarer qu'il n'y avait aucune néces- 
sité de faire les importants travaux demandés par le conseil 
de fabrique et qu'on devait se borner à quelques légères 
réparations, à remettre à leur place des fragments de sculp- 
ture détachés et ^renouveler quelques parties de plinthes en 
trop mauvais état pour être maintenues. 

A la suite de cette décision, le conseil de fabrique ayant 
renouvelé sa demande, en insistant sur l'utilité des répa- 
rations qu'il projetait, la Commission a décidé de faire 
examiner les boiseries par des délégués lors du plus pro- 
chain voyage à Namur. 

Celte visite a eu lieu le 20 avril 1891. Les délégués ont 
remarqué que l'ornementation sculpturale des boiseries pré- 
sente, en effet, des lacunes qu'il serait intéressant de 
combler, parce qu'elles font tache dans l'ensemble de la 
décoration. Ce travail n'offrirait pas de sérieuses difficultés, 
puisqu'on trouverait dans ce qui existe tous les éléments 



— 186 — 

nécessaires à la restitution des parties disparues. II n'y 
aurait pas lieu toutefois de réparer les petits accidents surve- 
nus à certaines parties des sculptures comme, par exemple, 
des angles ébréchés, des fragments de feuillages enle- 
vés, etc., dont l'absence n'altère pas l'aspect d'ensemble de 
la décoration. 

Les délégués ont pensé que le conseil de fabrique pourrait 
faire exécuter par un artiste de talent un essai de restaura- 
tion d'un fragment de boiserie; ce parti permettrait de 
prendre ensuite une décision sur la suite à donner à cette 
affaire. 

CONSTRUCTIONS CIVILES. 

Ont été approuvés : 
Hôpital de Liège. |o Le projet relatif à la construction du nouvel hôpital de 
Liège; architecte, M. L. Demany; 

deiK-vaie ^° ^ e P r0 J el relatif à l'agrandissement des locaux des 
hospices civils de Looz-la-Ville (Limbourg); architecte, 
M. Serrure; 
Hôtei ^ nue 3° Le projet relatif à la restauration de l'hôtel de ville de 
rammont. Q rammont (Flandre orientale), sous la réserve de tenir 
compte des remarques faites par la direction du service 
technique provincial en ce qui concerne quelques postes du 
devis et du cahier des charges. En vue de faire droit à une 
observation de M. l'architecte provincial, il conviendra de 
soumettre à l'autorité supérieure, lors de l'exécution des 
travaux, le détail des chapiteaux des colonnes du perron, afin 
qu'on puisse s'assurer si le caractère de ces ornements 
concorde avec le style de l'ensemble du monument, archi- 
tectes, MM. Léonard et Langerock. 



— 187 — 



ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des avis favorables ont été donnés sur les projets relatifs : e f^2S l £ , n 

\° A la construction d'un presbytère à Bevel (Anvers); eprc8byler< * 
architecte, M. Blomme; 

2° A la reconstruction du presbytère de Nassogne 
(Luxembourg); architecte, M. Bouvrie ; 

3<> A la construction d'un presbytère à Woluwe-Saint- 
Etienne (Brabant), sous réserve d'améliorer la pente de 
l'escalier donnant accès à l'étage en faisant commencer la 
montée plus près du corridor; architecte, M. Struyven; 

4° Al'agrandissement du presbytère deCorennes(Namur); 
architecte, M. Van Riel; 

5° A l'exhaussement du presbytère de Saint-Jean-in- 
Eremo (Flandre orientale); architecte, M. Van Wassenhove; 

6* A l'exécution de travaux complémentaires de restau- 
ration au presbytère d'Overbroeck, sous Brecht (Anvers); 
architecte, M. Gife. 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

La Commission a approuvé les plans relatifs à la construc- 
tion d'églises : 

1° A Corlhys (Limbourg); architecte, M. Serrure; Égiiiedecorthy*. 

2° A Bael (Brabant), sous réserve de modifier les réseaux ÉgiuedeBaH. 
de la rose du fond du chœur, afin de leur enlever la forme 
d'une croix qu'ils affectent dans le projet soumis; archi- 
tecte, M. A. Van Arenbergh. 



— 188 — 

Ont aussi élé approuvés les projets d'agrandissement des 

églises de : 

d. Dommaruu. *° Dommartin, sous Saint-Georges (Liège); architecte, 

M. BoverouIIe; 

Égiuc 2° Chavanne, commune de Harsin (Luxembourg); archi- 

ve Chavanue v "" 

tecte, M. Michaux; 
Égii«e 3° Annevoie (Namur); architecte, M. Lange. 

d Annevoie. \ /» » g 

Ainsi que les divers projets ci-après : 
Égiu* 1° Travaux divers à exécuter à l'église et au presbytère 

et presbytère G v * 

i£ctaiî&. de Warel-la-Chaussée (Namur); architecte, M. Lange; 

de saitec u<» ^° Dégagement du porche principal de l'église de Saint- 

àBruge.. j ac q UeSj à Bruges (Flandre occidentale), et construction 

de dépendances pour cet édifice; architecte, M. De la Cen- 

série ; 

d^'G^iîï." 3 ° Établissement d'un portail intérieur à l'église de 

Houdeng-Goegnies ; 
Am <?é£u™ uX 4° Et enfin les dessins d'objets mobiliers destinés aux 
églises de : 
Saint-Martin, à Saint-Trond (Limbourg) : maîlre-autel ; 
Eecloo (Flandre orientale) : stalles; 
Etterbeek (Brabanl) : appareils d'éclairage; 
Westerloo (Anvers) : autel de la Sainte- Vierge ; 
Saint-Barthélémy, à Grammont (Flandre orientale) : deux 
autels latéraux ; 

Naast (Hainaut) : buffet d'orgues. 
de samlAÎiand, — Un délégué a examiné la chaire à prêcher placée 
récemment dans l'église de Saint-Amand, à Roulers 
(Flandre occidentale). Cette inspection a permis de constater 
que le meuble produit un bon effet et qu'il ne laisse rien à 
désirer sous le rapport des soins donnés à l'exécution. 



— 189 



TRAVAUX DE RESTAURATION. 

La Commission a approuvé : 

1° Le devis estimatif des travaux de restauralion à dft ?££„„. 
exécuter à l'église de Treignes (Namur); architecte, 
M. Baclèoe; 

2° Le projet relatif à la consolidation de la tour de l'église de z ^f CTke> 
de Zuyenkerke (Flandre occidentale); architecte, M. Verbeke; 

3° Le devis estimatif des travaux de réparation à exécuter ÉgHse 

»,,,,. ei presbytère 

a I église et au presbytère de Pontillas (Namur) ; de pw»«hm. 

4° Le projet dressé par M. l'architecte Geirnaert pour la Égiue 

d'Elversele< 

restauration de 1 église d'Elversele (Flandre orientale) ; 
5° Le projet de restauration des toitures de l'église Égu» 

r J v d'Oosterzeele. 

d'Oosterzeele (Flandre orientale) et d'établissement de trot- 
toirs autour de l'édifice; architecte, M. DeBosscher; 
6° Le projet de restauration de l'église de Dacknam Égu* 

de Dacknam. 

(Flandre orientale), sous réserve de conserver les traces des 
fenêtres romanes qui se remarquent encore dans la façade 
latérale nord et qui rappellent l'origine de l'édifice; archi- 
tecte, M. Geirnaert; 

7° Le projet relatif à la restauration de l'église de Botte- <le f^Lre. 
laere (Flandre orientale) ; 

8° Le projet des travaux complémentaires de restauration figine de »««. 
à effectuer à l'église de Dinez, commune de Mont (Luxem- 
bourg); architecte, M. Cupper; 

9° Le devis estimatif des travaux de restauration à exé- Égiue 

v de Bierwaert. 

cuter à l'église de Bierwart (Namur); architecte, M.Blandot; 
10° La restauration d'une partie des toitures de l'église de Egiue 

de Vosselaere. 

Vosselaere (Flandre orientale); architecte, M. Van Assche; 
11° Le devis estimatif des travaux de réparation à h J$!îl$f eme , 



— 190 — 

effectuera l'église de Habay-la- Vieille (Luxembourg); archi- 
tecte, M. Legros; 
Eli!**-!»».**. 12 o ^ devis eS (j mal jf j es travaux supplémentaires occa- 
sionnés par la restauration de l'église de Damme (Flandre 
occidentale) ; architecte, M. Verbeke ; 
deKbok,. *3° La restauration des toitures de l'église de Hollebeke 

(Flandre occidentale); architecte, M. Carette; 
AMnvM* * 4 ° kes comptes des travaux de restauration exécutes aux 

de restauration » i« « 

d'cgii»»*. églises de : 

Walcourt (Namur): exercices 1889 et 1890; 

Notre-Dame, à Huy (Liège) : exercice 1885; 

Saint-Rombaul,à Malincs (Anvers), tour : exercice 1890; 

Saint-Bavon, à Gand (Flandre orientale) : exercices 1888, 
1889 et 1890. 
de s a fn g t-B e avo D , — Un délégué a examiné les travaux de restauration 
effectués au transept sud de la cathédrale de Saint-Bavon, 
à Gand. 

11 a constaté que ces ouvrages sont entièrement terminés 
et que leur exécution ne laisse rien à désirer. La façade du 
transept ainsi restaurée produit le meilleur effet et l'on peut 
citer le nouveau portail dont elle est ornée parmi les concep- 
tions les mieux réussies. 
Égiiu de — En séance du 17 janvier 1891 , la Commission, appelée 
a Namur. ^ ge p rononcer sur | e p ro j e t de restauration de la tour de 
l'église de Sainl-Jean-Baptisle, à Namur, a décidé, pour 
apprécier l'importance des travaux projetés , de faire 
inspecter l'édifice par des délégués. 

Les travaux étaient estimés à . . fr. 49,266 

Les ressources locales s'élevaient à . . . 25,000 

Déficit. fr. 24,266 



— 191 — 

La province avait décidé d'allouer un subside de 
12,133 francs, égal à la moitié du déficit, et on sollicitait 
une pareille subvention de l'État. 

Le 17 février suivant, M. le Ministre de la justice a fait 
connaître que, sans que les plans aient été soumis à l'appro- 
bation de Sa Majesté, comme l'exige l'arrêté royal du 
16 août 1824, des travaux coûtant 49,266 francs ont été 
exécutés à l'édifice. Il priait en même temps la Commission 
d'examiner si les plans qui, d'après une annotation inscrite 
sur les dessins, ont été adoptés par le collège le 4 septem- 
bre 1876, ont reçu leur complète exécution. 

Il résulte des pièces du dossier que les plans ont, en effet, 
été adoptés non pas le 4 septembre, mais le 4 novembre 1876, 
et que le devis qui y était joint s'élevait à fr. 71 ,456-54. 

Les délégués qui ont inspecté l'édifice ont constaté que 
l'entreprise est terminée ; ils ont remarqué toutefois qu'on a 
négligé de restaurer une partie de la corniche en pierre à 
la naissance de la flèche du côté de la façade principale. Il 
y aura lieu de compléter ce travail. 

Les ouvrages exécutés semblent en rapport avec le chiffre 
de la dépense prévue (49,266 francs); ils ont été effectués 
avec soin et il a été tenu compte de la recommandation faite 
par la Commission, dans son rapport du 8 novembre 1876, 
de ne pas employer des assises de pierre d'une hauteur 
régulière et de suivre l'appareil existant. 

Les délégués ont remarqué, lors de leur visite, que la 
façade latérale de gauche et le retour de celle-ci vers la tour 
sont en mauvais état et exigent de promptes réparations. Il 
serait à désirer que l'on soumît à bref délai un projet com- 
plet de restauration de toutes les parties endommagées. 



— 192 — 

d. sateierre, — Par ,eUre du 2 février 1891, M. le Gouverneur de la 
» Andcriecht. p rov j nce j u B ra ^ n j a soumis à la Commission le projet 

relatif à la restauration intérieure du chœur de l'église de 
Saint-Pierre, à Anderlecht. 

Une lettre de l'administration communale, jointe au 
dossier, faisant connaître que les travaux précités étaient en 
voie d'exécution, la Commission a chargé des délégués 
d'inspecter l'édifice pour lui rendre compte de l'état d'avan- 
cement de ces ouvrages et de la façon dont ils s'effectuent. 

Il résulte de cet examen que la restauration proprement 
dite du chœur est terminée; elle comporte le débadigeon- 
nage, le grattage et le nettoyage des parements, mou- 
lures, etc., la restauration des moulures et sculptures qui 
avaient été détériorées, la réparation des peintures décora- 
tives découvertes sur les voûtes, l'enlèvement des stalles, etc. 
Le tout a été complété par la restauration d'un ancien 
Christ et son placement sur une croix dans l'arc triomphai. 

Le débadigeon nage a été aussi opéré dans la première 
chapelle à gauche de la tour, qui est occupée par les fonts 
baptismaux; la même opération était sur le point d'être ter- 
minée dans la chapelle de Saint-Guidon, à droite de la tour. 

Outre que tous ces travaux ont été effectués sans l'assen- 
timent préalable des autorités compétentes, il est visible 
qu'ils ont été exécutés avec une certaine précipitation. On 
remarque, par exemple, dans la restitution des crochets de 
l'arcade, à droite de l'abside, des défauts de proportion et 
de style qu'une étude plus minutieuse et une instruction 
complète du projet eussent permis d'éviter. L'essai de poly- 
chromie exécuté aux niches et dais de l'abside n'est pas non 
plus à recommander. 



— 195 — 

Bien que les renseignements fournis aux délégués soient 
affirmatifs sur ce point que le débadigeonnage s'est borné à 
l'enlèvement du crépissage et au lavage des murs, l'aspect 
actuel des parements, d'un ton blanc absolument uniforme, 
permet de supposer que si l'on n'y a pas appliqué un enduit, 
on a tout au moins employé un procédé de lavage trop 
énergique qui a fait disparaître la teinte naturelle et variée 
de la pierre. 

Le rejointoyage laisse aussi à désirer en ce sens qu'il imite 
la taille et se confond avec la pierre et n'a laissé que des 
joints presque imperceptibles. Au chœur, on a accusé les 
joints par des traits d'ocre rouge d'un effet très peu satisfai- 
sant. L'architecte a toutefois déclaré que ce dernier travail 
n'est que provisoire, en attendant une peinture décorative, 
qui est subordonnée à l'exécution des verrières. 

On doit regretter que des travaux d'une nature aussi 
délicate et dont l'exécution devait nécessairement rencontrer 
certaines difficultés, aient été poursuivis sans aucun contrôle. 
On doit aussi appeler l'attention des autorités compétentes 
sur le peu de convenance qu'il y a de consacrer des sommes 
importantes à des ouvrages qui peuvent être considérés 
comme de luxe, alors que l'extérieur de l'édifice réclame 
des travaux considérables et urgents de consolidation et de 
restauration. Il importerait, semble-t-il, de suspendre tous 
travaux inutiles à la conservation même de l'édifice, à 
moins qu'ils ne s'exécutent au moyen de dons particuliers 
spécialement alloués à cette fin. 

Partageant l'avis de ses délégués, la Commission pense 
qu'il n'y a pas d'inconvénient à accepter le fait accompli, 
sauf toutefois en ce qui concerne les crochets de l'arcade du 



— \u — 

chœuiyqui devront être remplacés. Leurs dimensions et leur 
style ne concordent pas avec le fragment qui est visible sur 
une photographie prise avant la restauration. D'autre part, 
depuis l'inspection de l'édifice, plusieurs conférences que le 
collège a eues avec l'architecte l'ont convaincu que la repro- 
duction de ces ornements est inexacte. Pour ces détails, on 
devra se conformer rigoureusement au fragment précité et 
soumettre des modèles avant l'exécution en pierre. 
Ég ïrDSt a . irc — Par lettre du 10 octobre 1890, M. le doyen de Dinant 
a fait connaître que les deux maisonnettes qui se trouvaient 
accolées au transept sud de l'église primaire ont été démolies 
et qu'une inspection était nécessaire pour que le collège 
puisse se rendre compte de la situation de cette partie de 
l'édifice et examiner d'anciens meneaux de la grande fenêtre 
mis à découvert par suite de cette démolition. 

Les délégués qui se sont rendus à Dinant ont examiné ces 
restes de la fenêtre primitive et ils sont d'avis qu'il y a lieu 
d'en tenir compte pour le rétablissement des meneaux qui, 
dans tous les cas, doivent être renouvelés. 

Le devis estimatif, dressé le 2 avril 1891 par M. l'archi- 
tecte Van As$che, pour l'achèvement complet de la restau- 
ration de l'église est accompagné de nouvelles études de 
meneaux pour la fenêtre précitée ; elles sont basées sur la 
situation primitive, et la Commission a donné la préférence 
au projet n° 4. Ce devis s'élève à fr. 42*508-54, et les tra- 
vaux seraient exécutés en deux ans; il y aura lieu toutefois 
d'ajourner la construction du grillage au pourtour de 
l'église; le devis sera ainsi réduit à fr. 38,067-03, 

L'administration communale déclare ne plus pouvoir 
intervenir dans les frais de cette restauration. La province 



— 195 — 

consent à allouer un dernier subside de 7,000 francs 
et demande que le département de la justice accorde 
U,0OO francs. Le conseil de fabrique ne fait pas connaître 
le chiffre de son intervention, mais il résulte des termes dé 
sa lettre du 13 septembre 1890, qu'il lui reste encore un 
capital en caisse. 

A part une observation au sujet de l'exécution de la porte 
en bois de l'entrée principale, les travaux exécutés depuis la 
dernière inspection n'ont donné lieu à aucune critique. 

Les délégués ont engagé M. Van Assche à faire exécuter 
quelques fouilles dans le portail méridional pour rechercher 
s'il n'y aurait pas possibilité de lui restituer son niveau 
ancien et, par suite, d'établir une communication entre ce 
portail et l'ancien porche roman qui sert actuellement de 
chapelle des fonts baptismaux. 

Se ralliant aux conclusions du rapport de ses délégués, la 
Commission a émis l'avis que rien ne s'oppose à ce que le 
Gouvernement autorise l'exécution de ces travaux d'achève- 
ment et alloue les subsides qui lui sont demandés. 

Le Secrétaire Général, 

J. Rousseau. 
Vu en conformité de l'article 25 du règlement. 

Le Président, 

Wellens. 



/? t 



COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



Le 7 août 1891, la Commission a eu le regret de perdre 
vin de ses membres effectifs, M. Louis De Curte, architecte, 
à Bruxelles. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS- VERBAUX. 



SÉANCES 
des 3, 4, 11, 18 et 25 juillet; des 1, 8, 13, 22 et 29 août 1801 



PEINTURE ET SCULPTURE. 

Des avis favorables ont été émis sur : 

1° Le dessin d'un vitrail à placer dans l'église de Sainl- de s ^!isui P iec, 
Sulpice, à Diest (Brabant); auteur, M. Osterrath ; vuS: 

2° Le projet de verrières à placer dans la basse-nef sud deSai J;^ main 
de l'église de Saint-Germain, à Tirlemont (Brabant); auteur, \crSs. 1 ' 
M. Verhaegen; 

3° Le devis estimatif des travaux de restauration 5, „ w* c vv 

de Bcvereu-» acs. 

exécuter au chemin de la croix de l'église de Beveren-Waes d C c iaTrô"x. 
(Flandre orientale); 



— 198 — 
"fe te î,o d a c vaiJ!. e *° ^e projet des peintures décoratives à exécuter par 

Décoration/ M ^^ ^ ^ ^ ^ ^f^^ à rhôlel de yi H e de 

Louvain (Brabant). Il conviendra toutefois, avant de passer 
à l'exécution définitive de ce projet, que l'auteur indique sur 
place par des échantillons la décoration qu'il propose pour 
la cheminée et les compartiments du plafond. L'examen de 
ces essais permettra de se rendre un compte plus exact de 
l'effet d'ensemble du travail; 
dewaicourt. s ° ^e devis estimatif dressé par M. Van Dycke pour 
^ï 1 jubé? l'achèvement du nettoyage des sculptures du jubé de l'église 
de Walcourt (Namur). 

G dlBr e uwiies. rc — ^es délégués ont inspecté le moulage exécuté par 
M. De Rudder du groupe représentant le Commerce, qui 
orne l'allée asphaltée du Parc de Bruxelles. 

Ce travail ayant été exécuté avec soin, la Commission a 
émis l'avis qu'on pouvait autoriser la reproduction en pierre 
de l'œuvre précitée. 

de saim-QucniiD, — ^es délégués qui ont inspecté l'église de Saint-Quentin, 
s a c"ptu?c l J. à Hasselt (Limbourg), ont examiné les travaux de restau- 
ration exécutés à l'ancienne croix triomphale et à une série 
de statues que cet édifice possède. Ils ont émis l'avis, auquel 
la Commission s'est ralliée, que ces travaux ont été conve* 
nablement exécutés et que rien ne s'opposait à la liquidation 
du subside promis pour cette entreprise. 

CONSTRUCTIONS CIVILES. 



de Nieuport. La Commission a approuvé le devis estimatif de quelques 

Restauration. . , , , , , , , , 

travaux urgents de réparation a exécuter a la tour de la 
halle de Nieuport (Flandre occidentale). 



— 199 — 

— Des délégués ont inspecté, le 6 août 1891, les travaux J^ft^J?. 
de restauration exécutés 'à l'hôtel de ville de Termonde Rcs,aura,ion; 
(Flandre orientale). 

Ils ont constaté que ces ouvrages ont été effectués dans 
de bonnes conditions et que pour la restauration du pignon 
vers le palais de justice, il a été tenu compte des recom- 
mandations faites lors d'une précédente inspection. 

Il n'y a donc aucun inconvénient à opérer la liquidation 
du subside promis par l'État pour l'exécution de cette 
entreprise. 

ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont été approuvés : 

l 3 Le projet de reconstruction du presbytère de Nieu- commcuçu 

r » • * et restauration 

cappelle (Flandre occidentale) ; architecte, M. Verbeke ; de p ,esb y lères - 

2° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à 
Becquevoort (Brabant), sous réserve de tenir compte des 
observations faites par M. l'architecte provincial adjoint 
intérimaire dans son rapport en date du 6 août 1891. 
Toutefois, en ce qui concerne la dimension des locaux que 
ce fonctionnaire signale comme étant très vastes, c'est aux 
administrations intéressées à apprécier s'ils répondent aux 
nécessités locales ; architecte, M. Langerock ; 

3° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à 
Chairière (Namur), à la condition de donner à la citerne et 
à la fosse des murs indépendants de ceux de l'habitation* 
afin d'éviter des infiltrations dans les maçonneries du sous- 
sol; architecte, M. Van Gheluwe; 



— 200 — 

4° Le projet de construction d'un presbytère à Bourcy. 
commune de Longwilly (Luxembourg); architecte, 
M. Cupper; 

S° Le projet de construction d'un presbytère k Chaumont, 
sous Florennes (Namur); architecte, M. Devreux; 

6° Le projet d'agrandissement du presbytère de Wieze 
(Flandre orientale); architecte, M. Van Assche; 

7° Le projet de restauration du presbytère de Rothem 
(Limbourg); architecte, M. Christiaens ; 

8° Le devis estimatif de divers travaux complémentaires 
à exécuter au presbytère de Moinet, commune de Long- 
willy (Luxembourg); architecte, M. Cupper; 

9° Le projet relatif à l'exhaussement du presbytère de 
Knocke (Flandre occidentale). 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

La Commission a émis des avis favorables sur des projets 
relatifs à la construction d'églises : 

(lesa&och *° ^ Deurne, paroisse de Saint-Roch (Anvers); archi- 
<C ^" u,n " '' tecte, M. Baeckelmans ; 

Egii-c 2° A Geronsart, sous Boussu-en-Fagne (Namur), sous la 

de licronsart. o \ • » 

réserve de tenir compte des observations présentées par 
M. l'architecte provincial et par le Comité des correspon- 
dants, au sujet de certains points qui intéressent la solidité de 
la construction et de remplacer la triple fenêtre rectangulaire 
du deuxième étage de la tour par une simple meurtrière, qui 
suffira à l'éclairage de cette partie de l'édifice; architecte, 
M. Haverland. 



— 201 - 

Ont aussi été approuvés les projets d'agrandissement des ' 
églises : 
1° De Saint-Jean, à Watou (Flandre occidentale); archi- de sfi&an 

• à Watou. 

tccte, M. Carelte ; 
2 1 De Hollogne-aux-Pierres (Liège); architecte, M. Jamar ; de %$!£*- 

a aux-Pierres. 

5° De Régnez, commune de Bihain (Luxembourg), à laE g ii S cdcRe g ne*. 
condition que, dans le cours de l'exécution des travaux, 
Fauteur supprimera les arcalures de la partie supérieure de 
la tour ainsi que les fenêtres ménagées dans le mur antérieur 
de la nef, aux deux cotés de la tour ; la chapelle des fonts 
baptismaux et l'escalier donnant accès au jubé pourront être 
éclairés par de petites baies percées dans les murs latéraux 
de la nef; architecte, M. Cupper ; 

4° De La Panne, sous Adinkerke (Flandre occidentale); (leI I ^ 1UP 
architecte, M. Vinck. 

Ainsi que les divers projets ci-après : 

o° Clôture et éclairage des escaliers latéraux de l'église,,, saSS!™*. 
de Saint-Servais, à Schaerbeek (Brabant); 

6° Travaux supplémentaires nécessités par la construction , J&y 

11 ' «Je lVu-BrieltMi. 

de l'église de Ten Brielen, sous Comines (Flandre occiden- 
tale); architecte, M. De Geyne ; 

7° Travaux complémentaires motivés par la reconstruction d(i ^;, 
de l'église de Sysseele (Flandre occidentale); architecte, 
M. Verbeke ; 

8° Substitution d'une rosace à la fenêtre latérale prévue t^^w. 

, Viller<-!'K\rque. 

au chœur de 1 église de VilIers-l'Evêque (Liège); architecte, 
M. Froment; 

9° Travaux d'achèvement de l'église de Ville- du -deYiKf-Bois. 
Bois, commune de Vielsalm (Luxembourg); architecte, 
M. Cupper; 



— 202 — 

KgKsc io° Complément des travaux de reconstruction de l'église 

de Bovigny. r *-* 

de Bovigny (Luxembourg); architecte, M. Cupper; 
iioRÏ,fô,cut. H° Placement de meneaux et de vitraux dans trois 

fenêtres du fond du chœur de l'église de Reninghelst 

(Flandre occidentale); 
Kguse do Forant. \<%> Construction d'une sacristie à l'église de Focant 

(Namur); architecte, M. Van Gheluwe ; 
Église de chioy. 430 Construction d'une sacristie à l'église de Chiny 

(Luxembourg); architecte, M. Lange; 
de MaSow. **° Construction d'une sacristie à l'église de Marbisoux, 

sous Marbais (Brabant), et exécution de quelques travaux à 

cet édifice et au presbytère ; 

0bj d* ™ef c " *^° ^ l en ^ n ' es dessins d'objets mobiliers destinés aux 
églises de : 

Bambrugge (Flandre orientale) : stalles ; 

Eelen (Limbourg) : banc de communion et chaire à 
prêcher ; 

Overslag, sous Wachtebeke (Flandre orientale) : autel 
latéral ; 

Lahestre (Hainaut) : stalles ; 

Etterbeek (Brabant) : autels et confessionnaux ; 

Wechelderzanden (Anvers) : stalles ; 

Assche (Brabant) : maître-autel ; 

Vivy (Luxembourg) : chaire à prêcher et confes- 
sionnal ; 

Hoogstraeten (Anvers) : autel latéral ; 

Winxele (Brabant) : maître-autel ; 

Sorinne-la-Longue (Namur) : cloche ; 

Rupelmonde (Flandre orientale) : maître-autel; 

Assenede (Flandre orientale) : buffet d'orgues. 



— 205 — 

TRAVAUX DE RESTAURATION. 

Le Collège a approuvé : 

1° Le devis estimatif des travaux de réparation à exécuter . **»'«* .„ 

r dcrlorenvilK 

à l'église de Florenville (Luxembourg); architecte, M. Van 
de Wyngaert ; 
2° Le projet de restauration de réélise et du presbytère w** 

r J ° r J et presbytère 

de Merlemont (Namur) ; de Merlemonl 

3° Le devis estimatif des travaux de réparation à exécuter A to* 

r de Mechelen- 

à l'église de Mechelen-sur-Meuse (Limbourg) ; 8ur - Meuse - 

4° La restauration des toitures de l'église de ForestÉgusedeForest. 
(Brabant) ; 

5° Le devis des ouvrages de réparation à exécuter à^giuodcvicssart, 
l'église de Vlessart, commune d'Anlier (Luxembourg) ; 

6° Le projet de restauration de la façade de l'église de deSa ,^ e uiface 
Saint-Boniface, à Ixelles (Brabant); architecte, H. Collés; 

7° Le devis estimatif des travaux de réparation à exé- Ég,iM dHéver,<i - 
cuter à l'église d'Héverlé (Brabant); architecte, M. Lan- 
gerock; 

8° Le projet de restauration de la tour de l'église d'Avel- Égn* 

r J ° d'Avelgbem. 

ghem (Flandre occidentale); architecte, M. Vercoutere ; 
9° La restauration de l'église et du presbytère de Wiesme t 9 w» 

^ * * et |iresbvtére 

(Namur) ; d " Wie,w - 

10° La restauration de la chapelle de Fa i Ion, commune cii» P eiie 

1 de Failon. 

de Barvaux-Condroz (Namur) ; 
\l° Le devis estimatif des travaux de réparation à é k iu« 

1 de Weslmallo. 

exécuter à la tour de l'église de Westmalle (Anvers); archi- 
tecte, M. Gife; 

12 ft Les travaux de réparation à effectuer à l'église deegiutdesoKe. 
Sorée (Namur) ; 



— 204 — 

Eglise d'itegem {%» Le projet des travaux de consolidation à exécuter à la 
tour de l'église d'itegem (Anvers); architecte, M. Blorame; 
.ie i/^fgemarck. 1*° La restauration de la tour de l'église de Langemarck 
(Flandre occidentale), sous réserve de réduire la hauteur 
de la maçonnerie projetée entre les petits corbeaux et la 
balustrade; de donner plus d'élévation à la balustrade et de 
supprimer les tourelles d'angles qui ne semblent pas justi- 
fiées par l'aspect actuel de l'édifice; architecte, M. Soete; 
de îKnge. 13° Le devis estimatif des travaux de restauration projetés 
à l'église de Freylange, commune de Heynsch (Luxem- 
bourg); architecte, M. Van de Wyngaert; 
de Pciu-Fay S . 16° La réparation de l'église de Petit-Fays (Namur); 
de saiof-jacques, * 7 ° ^ e projet relatif à la restauration d'une chapelle de 
aBrugcs l'église de Saint-Jacques, à Bruges (Flandre occidentale) et 

à l'exécution de verrières; architecte, M. Geirnaert; 
ÉgHse 18° Le projet de restauration de l'église de Saint- Médard, 

de Saint-Médard, r J © 

à wemcq. ^ \y e rvi C q (Flandre occidentale); architecte, M. Van Assche ; 
compte* \q° Les comptes des travaux de restauration exécutés aux 

de travaux » 

de restauration ,» i» „_ J- . 

d'égiises. églises de : 

Saint-Rombaut, à Malines (Anvers) : vaisseau, deuxième 
trimestre de l'exercice 1891 ; 

Notre-Dame, à Anvers : vaisseau, exercice 1890; petite 
tour, exercice 1 890. 
desanu&ard — ^ es délégués ont inspecté, le 22 juillet 1891, les tra- 
vaux de restauration en voie d'exécution à l'église de Saint- 
Léonard (Anvers). 

Ils ont constaté que ces ouvrages s'effectuent d'une façon 
satisfaisante et au moyen de bons matériaux. 

Les travaux exécutés à ce jour ont donné lieu à une 
dépense de fr. 25,575-32, soit près des deux tiers du 



— 205 — 

montant de l'entreprise. Il y a donc lieu pour le Gouver- 
nement de liquider une partie du subside promis dans la 
proportion de la dépense faite. 
— Les délégués qui ont inspecté les travaux de restau- , ll É « ,i6e , 

« * * de Kyckevoroel. 

ration effectués à la tour de l'église de Ryckevorsel (Anvers) 
sont d'avis que ces ouvrages ontété convenablement exécutés 
et qu'ils peuvent être approuvés. Ils ont cru, toutefois, devoir 
appeler l'attention de l'architecte sur les redents des réseaux 
de la fenêtre du jubé, qui ne sont pas exécutés suivant les 
règles de l'art ogival. Ces redents auraient dû avoir une 
profondeur moindre que celle des réseaux, c'est-à-dire qu'ils 
auraient dû prendre naissance sur la partie oblique des 
réseaux au lieu de se raccorder à la plate-bande de ceux-ci, . 
ce qui leur donne un aspect de lourdeur. Comme il n'est 
plus possible de remédier à cette incorrection, on doit se 
borner à la signaler pour l'avenir. 

Les travaux faisant l'objet de l'entreprise étant complè- 
tement terminés, il n'y a aucun inconvénient à liquider le 
subside promis par l'État en vue d'en couvrir les frais. 

Pour être mise en bon état d'entretien, la tour de Rycke- 
vorsel devrait subir un rejointoyage général fait au moyen 
de bon mortier hydraulique et il importerait, dans l'intérêt 
de la conservation de cette belle tour, que ce travail pût se 
faire à bref délai. 

Le chœur de l'édifice a été l'objet, dans ces derniers 
temps, d'un travail de décoration murale. Cet ouvrage, 
exécuté au moyen de dons, présente un aspect peu satis- 
faisant : les tons en sont criards et les éléments trop grands 
d'échelle. Le conseil de fabrique a cru, puisque le travail 
s'effectuait aux frais de particuliers, pouvoir se dispenser de 



— 206 — 

soumettre ses projets à l'approbation de l'autorité supé- 
rieure. On ne peut que le regretter, car la décoration pré- 
citée est des plus banales, et si la Commission avait été 
consultée préalablement sur ce projet, elle ne l'aurait pas 
admis. 

dcL?£e g he. ~ Sous ,a date du 8 J uin 1891 » M. le Gouverneur de la 
province de la Flandre occidentale a communiqué un rap- 
port par lequel M. l'architecte inspecteur provincial faisait 
connaître qu'on avait enlevé la plus grande partie du crépis- 
sage intérieur du chœur et du transept de l'église de Lisse- 
weghe, ainsi que les maçonneries qui obstruaient le triforium 
et les arcatures qui régnent à la base des murs, et que cette 
opération avait révélé des dégâts considérables causés par 
l'incendie qui a ravagé l'église vers la fin du xvi e siècle. 

Le fonctionnaire précité ajoutait que cette situation occa- 
sionnera des travaux beaucoup plus importants que ceux 
prévus au devis estimatif approuvé, dont le montant est de 
23,730 francs. 

Les délégués qui ont inspecté l'édifice le 25 juin, ont pu 
se rendre compte de cet état déplorable de l'un des beaux 
monuments de la province. Ils n'ont pu qu'engager M. l'ar- 
chitecte Van Assche, présent à l'inspection, à dresser un 
nouveau devis estimatif comprenant tous les ouvrages indis- 
pensables pour assurer la restauration complète de cette 
partie de l'édifice. 

L'architecte propose de reconstruire la voûte du chœur 
édifiée après l'incendie précité, qui n'est pas dans le style du 
monument et qui a été établie à un niveau inférieur à celui 
de la«voûle ancienne ; il n'y aura lieu de prendre ce parti 
que s'il est constaté que cette voûte est en trop mauvais état 



— 207 — 

pour être conservée; en attendant, il convient de la main- 
tenir et de s'occuper des travaux les plus urgents. 

Les voûtes des chapelles latérales ont subi des dégra- 
dations, mais les délégués sont d'avis qu'elles peuvent être 
réparées, sauf peut-être celle de la chapelle à gauche du 
chœur, dont un vice de construction a occasionné une 
poussée mal équilibrée et amené des désordres dans la 
maçonnerie. 

Se ralliant à l'appréciation de ses délégués, la Commission 
a décidé d'attendre la production du nouveau devis que 
M. l'architecte Van Assche s'est engagé à soumettre à bref 
délai, 

— Le chœur de l'église de Saint-Séverin-eh-Condroz^ c &■»?? . 

v de Saïut-Sévcrm- 

(Liège), ainsi que les deux absidioles qui l'accompagnent, le en * Gondroz - 
transept et la tour placée au centre de la croisée, ont été 
reslaurés vers 1862. 

Un projet de restauration des nefs a été approuvé en n 
1876, mais à cause de l'insuffisance des ressources locales, 
cette affaire est restée sans suite. Bien que la situation finan- 
cière du conseil de fabrique ne soit guère plus prospère 
aujourd'hui, ce collège, désirant entreprendre le travail qui 
est devenu urgent, a sollicité une inspection de l'édifice par 
des délégués de la Commission. 

Les délégués qui ont procédé à cette visite, le 50 juillet 
1891 ne peuvent que féliciter le conseil de fabrique de ses 
intentions qui tendent à s'entourer de toutes les garanties 
possibles pour aboutir à une restauration intelligente de ce 
monument remarquable, l'un des plus anciens du pays. 

La restauration de l'édifice ne présentera pas de sérieuses 
difficultés, cette construction, d'une grande simplicité, ayant 



— 208 — 

conservé tous les éléments nécessaires pour la rétablir dans 
son état primitif. 

Les autorités locales ne semblent pas disposées à donner 
suite au projet qui a été approuvé en 1876; elles préfére- 
raient, en présence de la valeur archéologique du monument, 
soumettre cette affaire à une étude entièrement nouvelle. 
Ce parti semble conforme aux intérêts bien entendus de la 
restauration, mais, avant de l'adopter, il est nécessaire que la 
Commission reçoive communication du projet déjà approuvé. 

La charpente de l'édifice parait dater de la construction 
primitive; il conviendra, par conséquent, de prendre des 
mesures pour sa conservation, tout en y faisant les répa- 
rations nécessaires. 

L'église de Saint-Séverin a conservé sa cuve baptismale 
romane qui est peut-être aussi ancienne que l'édifice ; elle a 
malheureusement subi des mutilations; des fissures s'y 
étant produites, il a été nécessaire de la protéger par un 
cercle en fer; les douze côlonnettes qui entouraient la 
colonne centrale supportant le bassin ont disparu. Il serait 
intéressant de faire rétablir cette œuvre d'art dans son état 
primitif. Mais ce travail ne pourrait être entrepris qu'au 
cas où le Gouvernement s'imposerait un sacrifice excep- 
tionnel, le conseil de fabrique devant réserver ses faibles 
ressources pour contribuer dans la restauration de l'édifice. 

Le Secrétaire Général, 

J. Rousseau. 

Vu en conformité de l'article 25 du règlement. 

Le Président, 

Wellens. 



NO TES 



POUR SERVIR A 



L'HISTOIRE DE LA SCULPTURE 

EN BELGIQUE 



LES n, e TA B Xt E s 

(S««fe) (i) 



RETABLE DE HAM-SUR-HEURE. 

i 

XV e SIÈCLE. 

Le superbe retable gothique de Ham-sur-Heure a subi, 
dans ces dernières années, une importante restauration, 
exécutée avec son habileté habituelle par feu Gosselin. Une 
grande partie des détails de l'architecture du couronne- 
ment, les divisions entre les groupes, toute l'ornementation 
architectonique de la partie centrale notamment, avaient 
disparu. 

Heureusement, cinq groupes, comportant ensemble 
vingt-cinq personnages, avaient été conservés sans recevoir 
de bien importantes mutilations. 

C'est seulement de cette partie ancienne que nous nous 
occuperons; les fragments modernes, quel que soit le talent 



(*) Voir Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéoL, t. XXIX (1890), p. 425, 
et XXX (189t), pp. 29, 79 et 123. 



— 210 — 

avec lequel la restauration a été faite, n'ont point d'intérêt 
au point de vue de l'histoire de la sculpture. 

Ces cinq compositions se rapportent à la naissance du 
Christ; elles représentent respectivement: l'Annonciation, 
la Visitation, la Nativité, V Adoration des Mages, la Cir- 
concision. 

Nous avons entendu émettre la supposition que l'œuvre 
ne se bornait pas là mais pouvait se continuer par d'autres 
scènes représentant la vie de Jésus, jusqu'à son ensevelisse- 
ment ; nous ne croyons pas devoir admettre cette hypothèse. 

Nos cinq groupes sont rangés sur une seule ligne hori- 
zontale, dont l'Annonciation occupe l'extrémité de gauche, 

Marie est en prières, agenouillée sur un tabouret très bas 
devant une sorte de petit lutrin, sur lequel un livre est 
ouvert. L'ange Gabriel est debout près d'elle. 

Les gestes des deux personnages sont expressifs ; l'artiste 
a choisi le moment où l'ange, après avoir annoncé à Marie 
la naissance de Jésus, lève sa main pour montrer le Ciel, en 
disant: « Il sera appelé le Fils du Très-Haut...», La Vierge 
se tourne à demi vers lui, les yeux baissés ; le mouvement 
de la main droite semble à la fois exprimer la surprise et 
indiquer la réponse: « Voici la servante du Seigneur... ». 
La main gauche retient, d'un mouvement élégant des doigts, 
les pages du livre. 

Le pupitre sur lequel repose ce dernier est porté par un 
pied cylindrique vertical, brisé d'une petite partie horizon- 
tale à mi- hauteur. 

Derrière la Vierge est un meuble carré avec de hauts 
pieds, élégamment décoré, sur lequel sont disposés des 
ustensiles de ménage. 



— 211 — 

La scène suivante représente la Visitation ; elle se passe 
dans la campagne. 

Elisabeth, la tète couverte d'une coiffe de linge, le corps 
enveloppé d'un ample manteau, s'avance au-devant de 
Marie et lui saisit les mains. 

La Vierge porte un corsage étroit, au-dessus duquel est 
jetée une draperie qui recouvre la partie postérieure de lq 
tèle; de même que dans la scène précédente — et que dans 
toutes les compositions de ce retable — ses yeux sont 
baissés et son attitude exprimé la modestie. 

Le paysage est fermé par un fond de rochers. Au sommet 
de ceux-ci, le muet Zacharie est assis au seuil de sa 
demeure, sur un petit tertre qu'ombrage un arbre touffu. 
Il s'appuie d'une main sur un bâton et fait de l'autre un 
geste de bienvenue. 
' L'architecture de la maison de Zacharie est intéressante. 
i L'entrée — une porte simple à linteau horizontal — est 
percée dans le pignon, dont les rampants ont une incli- 
naison d'environ 45°. A droite de cette porte et vers la 
moitié de sa hauteur se dessine une petite baie reclan* 
gulaire. 

La façade latérale visible est fortement en surplomb et 
soutenue par cinq montants assez fluets; leur hauteur varie 
suivant les accidents du terrain. 

Cette façade est percée d'une grande fenêtre carrée, que 
divise un lourd croisillon. 

La partie supérieure du mur de ce côté est ornée de sculp- 
tures cl couronnée par une corniche horizontale, au-dessus 
de laquelle s'élève une lucarne couverte d'un petit toit à 
deux versants. 



— 212 — 

D'autres bâtiments, un clocher aigu, s'aperçoivent dans 
le lointain; à gauche, un chemin montant conduit à une 
baie en plein cintre, étroite et élevée, percée dans un 
mur d'enceinte crénelé et renforcé de tourelles polygo- 
nales. 

Les mêmes tours, avec le soubassement saillant, le haut 
des murs en surplomb, flanquent une porte de ville que l'on 
voit dans le haut du panneau suivant. 

Le sujet de celui-ci, nous l'avons dit, est la Nativité, 

II reste de cette composition quatre des figures origi- 
nales : à gauche, la Vierge agenouillée, dont la coiffure est 
à remarquer : on ne voit que la naissance et le bout tombant 
sur les épaules de ses longs cheveux ondulés ; le reste est 
enveloppé d'un linge; à droite, saint Joseph, barbu et 
drapé dans un grand manteau; derrière lui, un personnage 
faisant un geste d'étonnement ; enfin, au fond et au milieu, 
une femme coiffée d'une pièce d'étoffe roulée en turban, 
vêtue d'un corsage collant ouvert en carré à la gorge. 

Dans l'angle gauche, le bœuf passe la tête au-dessus du 
garrot de l'âne. 

Un toit de chaume abrite ce groupe; plus haut, se 
déroule une perspective de rochers entre lesquels surgissent 
trois cavaliers, les trois mages. Au centre, adossé à un 
arbre, un pâtre joue de la cornemuse. Au loin, des maison- 
nettes et la porle de ville dont nous avons parlé. 

L'Adoration des Mages vient ensuite; la Vierge, char- 
mante d'intimité et de simplicité, est assise à gauche et 
désigne d'une main à l'Enfant, qu'elle porte sur le bras, 
le vase de parfums que lui offre un mage agenouillé devant 
elle. 



— 215 — 

Dans le fond, derrière Marie, se tient saint Joseph; 
à côté de lui est le second mage, puis, à droite, le roi 
nègre. 

La coiffure de ce dernier rappelle les fantaisies d'Hessels 
ou de Jean Borremans : le bord de son chapeau, court sur 
les côtés, s'allonge par devant en un angle très aigu, enroulé 
au-dessus du front; la forme est entourée d'une couronne. 
Le mage debout entre celui-ci et Joseph a les cheveux longs, 
Réchappant avec abondance de dessous un petit bonnet plat. 
Comme le précédent, il est imberbe. 

Celui qui est agenouillé porte la barbe et la moustache. 
Son justaucorps descend jusqu'à la moitié des cuisses; le 
bord en est orné de broderies et de glands allongés ; les 
manches en sont larges, évasées de, l'épaule au poignet; son 
manteau est une sorte de vaste chasuble, dont les deux 
parties sont réunies sous le bras par une boucle de métal; 
une petite pèlerine, ou plutôt un grand collet arrondi, bordé 
de glands, descend sur les omoplates. 

Nous avons encore des costumes remarquables dans la 
scène suivante, la Circoncision. Celui du prêtre qui tient 
l'Enfant sur la table où il va l'opérer présente également 
quelques analogies avec les créations de Borremans. Sur une 
robe longue, ne laissant passer que la pointe du pied, tombe 
jusqu'aux genoux une tunique ouverte sur les côtés du 
bord jusqu'à la hanche. La manche, évasée avec excès vers 
le bas, se termine par un gros gland. 

Des glands garnissent encore l'extrémité de deux bandes 
d'étoffe qui tombent de la coiffure. Le chapeau est mou, de 
forme haute; le bord est relevé, étroit au-dessus des oreilles, 
élargi au-dessus du front; le fond a reçu un pli transversal, 



— 2M — 

d'une oreille à l'autre ; dans le bas de la forme s'enroule une 
pièce de linge, 

La Vierge, du côté opposé, soutient aussi son Enfant. Ses 
cheveux sont découverts et pendent librement sur les 
épaules. 

Plus haut est une femme vêtue d'une robe à corsage 
collant, dont les manches couvrent la main jusqu'à la 
naissance des doigts. Le bord de son chaperon, lourd et 
épais, descend en s'arrondissanl pour couvrir les oreilles et 
remonte pour se terminer en angle relevé sur le front. Le 
fond s'allonge en une pièce d'étoffe ramenée sur l'épaule 
droite. 

Une vieille femme, au type très caractéristique, se tient 
debout à droite; elle regarde l'Enfant. Son visage ridé, 
presque caricatural, exprime la crainte de l'opération qu'il 
va subir. 

Ses cheveux sont enveloppés d'une pièce de linge enroulée, 
formant une toque énorme, maintenue par une bande qui 
passe sous le menton. 

Saint Joseph, les mains jointes, est debout entre ces deux 
femmes. 

Les dais qui couronnent les quatre compositions latérales 
présentent de grandes baies à plein cintre, que des meneaux 
divisent en six ouvertures ogivales géminées, jusqu'à la 
hauteur de la naissance du cintre; les meneaux se pour- 
suivent dans le cintre en se ramifiant, de manière à former 
divers dessins où le trèfle et la flamme se remarquent surtout. 

À la base de ces grandes baies court une galerie de 
fenêtres accouplées, en forme d'accolades surhaussées ; deux 
meneaux les subdivisent en trois ouvertures et forment, 



— 215 — 

dans l'accolade, des motifs décoratifs variés, où les trèfles 
jouent encore le rôle principal. 

Plus bas encore est une suite de grandes ogives, dont 
Tinlérieur est décoré de festons trèfles. 

Ces dais sont construits sur un plan semi-hexagonal; 
chaque angle est flanqué d'un contrefort que surmonte un 
pinacle élancé. L'ornementation n'est pas identique à droite 
et à gauche. 

Toute cette architecture se ressent de la troisième époque 
du style ogival, sans cependant présenter le luxe et les 
exagérations de détails de l'époque flamboyante; c'est le 
commencement de la période tertiaire. 

Les vêtements, surtout ceux des femmes, aux corsages 
bien ajustés aux corps, aux manches serrantes de l'épaule 
au poignet, sont encore bien gothiques; quelques ajuste- 
ments d'hommes se rapprochent, nous l'avons dit, du genre 
de Guillaume Hcssels ou de Jean Borremans, mais sont d'une 
époque moins avancée. Le retable de Ham-sur- Heure ne 
nous parait pas postérieur à la première moitié du xv* siècle. 

Les attitudes des personnages sont simples et naturelles ; 
les physionomies, bien personnelles; Elisabeth, dans le 
second groupe, fait un geste d'accueil charmant, 

La Vierge est, dans les cinq compositions, ravissante de 
grâce et de naïveté ; sa figure rappelle ces bonnes tètes de 
Jean Van Eyck, dont la rondeur n exclut pas l'extrême 
finesse des traits. 

Le roi mage, debout près du nègre, est un type de bon 
flamand, et la vieille femme, qui grimace en voyant cir- 
concire l'Enfant, est digne du ciseau des grands maîtres que 
nous avons nommés plus haut. 



— 216 — 



RETABLE D'ÀRLON (i) 

(au Musée archéologique). 
XV e SIÈCLE. 

Voici un retable en chêne sculpté qui, s'il n'a pas élc 
épargné par le temps, a du moins gardé intactes ses figures 
principales, sa polychromie et sa dorure primitives. 

C'est encore la vie du Christ qui en fait le sujet; les 
épisodes divers en sont répartis dans trois grands compar- 
timents rectangulaires juxtaposés, celui du centre ayant 
près du double de la hauteur des autres ; chacun de ces 
compartiments est à deux étages, dont celui du dessous 
— qui n'occupe, dans les parties latérales, que le quart, au 
centre, le cinquième environ de la hauteur totale — est 
divisé à son tour par une cloison verticale en deux petites 
cases carrées. Dans celles-ci se déroulent les scènes qui 
précédèrent et suivirent immédiatement la naissance du 
Sauveur. 

La première niche est complètement vide; il n'est pas 
douteux qu'elle ait contenu l'Annonciation. 

Immédiatement après se voit la Visitation. La Vierge et 
Elisabeth se tiennent la main ; les deux femmes sont minces, 
assez élancées; vêtues de longues robes drapées et traî- 
nantes; Marie a la tète nue; Elisabeth est couverte d'un 
linge en capuchon, retombant sur les épaules. 



(4) Nous devons d'intéressantes communications relatives à cette œuvre à 
l'obligeance de M. Sibenaler, conservateur du Musée archéologique d'Arlon, à qui 
nous adressons ici nos sincères remerciements. 



s 



— 217 — 

Sous la grande scène centrale sont l'Adoration des Mages, 
puis, croyons-nous, V Adoration des Bergers: Nous émettons 
un doute sur ce point, parce que. les trois personnages qui 
subsistent de ce groupe ne nous permettent pas d'être affir- 
matifs quant au sujet de cette composition. 

Dans la première, la Vierge assise, regarde, la tête 
inclinée vers l'épaule, l'Enfant divin qu'elle tient sur ses 
genoux; celui-ci, d'un mouvement plein de grâce enfantine, 
enlève le couvercle d'un vase de parfum que lui présente 
un mage agenouillé. 

Un second mage, la tète découverte, est debout au fond 
et porte un autre vase, tandis que le roi nègre, coiffé d'un 
chapeau bizarre, se tient dans l'angle gauche, prêt à faire 
son offrande. Derrière la Vierge se voit de profil une figure 
énorme en comparaison des autres. 

De ce que nous supposons être l'Adoration des Bergers, 
il ne reste que Marie et Joseph, tous deux agenouillés et en 
prières, et entre lesquels devait être couché l'Enfant ; puis, 
au fond à gauche, un très grand personnage joignant les 
mains. 

Dans la Circoncision, qui vient ensuite, l'Enfant est 
étendu sur une table polygonale, couverte d'un long tapis 
bordé de franges. Une femme lui tient les deux bras. Cette 
femme porte une robe dont les manches, très évasées, 
passent en dessous de celles, courtes et étroites, d'une 
tunique qui la recouvre presque entièrement; ce dernier 
vêtement est fendu sur les côtés du bas à la hanche et orné 

m 

d'une bordure de franges. La coiffe est très grosse, formée 
d'une pièce de linge enroulée plusieurs fois sur elle-même 
et retombant sur le bras. 



— 218 — 

Le grand-prétre qui pratique l'opération porte également 
une tunique à bords frangés, ouverte sur les côtés jusqu'à 
la ceinture ; mais tandis que celle de la femme est coupée 
en rectangle, les deux pans de celle-ci sont arrondis devant 
et derrière. Sa coiffure est une sorte de mitre; une pèlerine 
lui couvre les épaules ; les manches sont étoffées et retrous- 
sées sur les poignets pour dégager les mains. 

Deux femmes se tiennent au fond et contemplent l'opé- 
ration avec une curiosité nuancée de pitié. 

La dernière niche de l'étage inférieur ne contient plus 
une seule figure; il serait difficile de deviner le sujet qui y 
était représenté. 

Les grands compartiments, auxquels ces six petites cases 
servent de soubassements, présentent une disposition que 
nous n'avons pas encore rencontrée dans les retables ana- 
logues à celui-ci : bien que le contour extérieur en soit 
rectangulaire, ils forment à l'intérieur une arcade ogivale 
dont les courbes sont décorées de petits groupes accessoires, 
placés sur des consoles en encorbellement et surmontés de 
dais inclinés suivant la courbure de la voûte. 

L'étage inférieur nous a montré la naissance du Sauveur; 
nous allons assister maintenant aux principales péripéties de 
sa mort. 

C'est d'abord, à gauche, le Portement de la Croix. Jésus 
s'incline sous le fardeau; sa jambe plie sous lui, il est prêt 
h s'affaisser; un bourreau le soutient en le poussant brutale- 
ment du genou, tandis qu'il lève avçc violence, pour le 
frapper, un bras nu, énergiquement musclé. En face, un 
guerrier lève aussi le poing, excitant ses compagnons et 
insultant le Christ. Son accoutrement est fantaisiste. La 



— 219 — 

figure, contournée dans un ricanement féroce, est envahie 
par une barbe sur laquelle tombe une grosse moustache. 
Des sourcils au bas de la nuque, la tête est emboîtée dans 
un casque d'une forme indescriptible; ses manches sont 
très larges; de longues manchettes de cuir enserrent les 
poignets; sa tunique, aux bords arrondis ornés de franges 
en touffes, couvre une courte robe de cuir qui s'arrête aux 
genoux; des jambières de métal enferment les membres 
inférieurs jusqu'aux chevilles. L'ensemble est sauvage et 
fantastique comme un guerrier de Borremans. 

La Vierge, suivie de saint Jean, marché sur les pas de 
son Fils; deux autres personnages sont au fond; un dernier 
fait défaut, dans l'angle gauche de l'avant-plan. 

Nous arrivons au Calvaire. Trois hautes croix se dressent, 
sur lesquelles sont attachés le Christ et les deux larrons ; ces 
derniers ont les yeux bandés; les trois suppliciés n'ont 
d'autre vêtement qu%n linge autour des reins. Un ange est 
agenouillé à gauche, près du Christ; il y en avait sans 
doute un autre du côté opposé. 

Au pied de laOoix sont des groupes de juifs et de soldats; 
l'un d'eux, à gauche, semble être en faction, appuyé des 
deux mains sur la hampe de sa lance. 

Plus près de nous sont deux cavaliers, dont les longues 
robes couvrent presque tout le dos de leurs montures. Celui 
de droite, tout petit homme aux gros pieds, aux grandes 
mains, coiffé d'un énorme bonnet aplati, désigne le Christ 
à son camarade ; celui-ci lève la tête en abritant ses yeux 
de la main gauche, portée à hauteur de la visière du casque. 
Deux groupes sont placés au premier plan : à gauche, 
c'est la Vierge évanouie, soutenue par saint Jean. Son bras 



— 220 — 

droit pend, inerte et roide; l'autre repose dans la main 
droite de la Madeleine, qui de la gauche s'essuie les yeux 
avec un pan de la draperie qui rhabille; sa coiffe est grasse 
et ronde, formée de linges repliés en tous sens. 

Ce petit groupe, par sa grâce touchante et pleine d'émo- 
tion, fait contraste avec la rude énergie des deux guerriers 
qui sont du côté opposé. L'un de ceux-ci, grand gaillard, 
dont les longues jambes maigres s'enfoncent dans des bottes 
en etitonnoir, est vêtu d'une tunique qui ne dépasse guère 
les reins et dont les manches sont pareilles à celles du soldat 
à grand casque que nous avons vu dans le Portement de la 
croix. Son casque est moins compliqué, mais aussi original ; 
la forme en est ronde comme une boule ; les bords s'allongent 
devant et derrière en angles aigus enroulés sur eux-mêmes, 
vers le dehors, au-dessus du front, vers l'intérieur, sur la 
nuque. Deux lanières, entrecroisées à un gros anneau, 
retiennent un sabre dont la poignée, figurant une tète d'ani- 
mal fantastique, émerge d'un large fourreau recourbé. 

Cet individu pose une main sur l'épaule de son compagnon 
et lui fait de l'autre un geste significatif. Son interlocuteur 
tourne la tète vers lui et se penche en arrière, s'esclaffant 
d'un rire féroce. Le geste de sa main gauche ne saurait être 
traduit, — que le lecteur nous pardonne, — que par l'ex- 
pression vulgaire : « £h! elle est bien bonne! » 

L'animation triviale de ces deux êtres est mise en relief 
par le sentiment du groupe précédent. 

Quatre figures seulement nous restent de la dernière com- 
position : le Christ descendu de la croix. C'est, au milieu, la 
Vierge assise, tenant le corps raidi de son Fils étendu en 
biais sur ses genoux. 



— 221 — 

A gauche est saint Jean, — figure vraiment typique, — 
les mains en croix sur la poitrine. A droite, un vieillard 
imberbe, coiffé d'un ample chapeau des bords duquel des- 
cend une pièce d'étoffe couvrant les épaules et pendant 
presque jusqu'à la ceinturer. C'est sans doute Nicodème, et 
l'on devait voir au premier plan la Madeleine et Joseph 
d'Ârimathie. 

Le petit groupe accolé le long de l'archivolte, à gauche 
du premier compartiment, représentait le Christ àla colonne; 
il ne reste que celte dernière et, de chaque côté, un bour- 
reau levant une verge. Le pendant de ce groupe a disparu, 
de même que les deux qui devaient orner l'ogive du troi- 
sième compartiment et trois sur six des compositions qui 
étaient échelonnées le long du cadre de la scène centrale. 

Celui-ci, dont la forme est non une ogive mais un plein 
cintre, a perdu, en outre, le centre de son couronnement, ainsi 
que les élégantes arabesques ajourées qui, sans doute, comme 
dans les deux compartiments latéraux où elles subsistent 
encore, devaient remplir les écoinçons, entre les extrados 
des voûtes et les angles supérieurs du cadre. 

Quelques draperies portent des lettres auxquelles on n'est 
pas parvenu jusqu'à présent à donner un sens permettant 
d'élucider cette intéressante question : Quel est l'auteur de 
cette œuvre d'art? 

Elle provient de l'église de Fisenne (î). 

Elle appartient à l'école d'Anvers, comme l'attestent d'ail- 
leurs les mains marquées en différents endroits et, sur un 
côté, la forteresse flanquée des deux mains coupées. 

(j) E. Reusens, Éléments d'archéologie chrétienne, tome IF, p. 271. 



— 222 — 

Elle n'est pas sans analogies avec le retable de la cha- 
pelle d a château des comtes Vander Straeten-Ponthoz ; on 
remarque même dans ces deux sculptures, — mais dans la 
partie ornementale seulement, — des détails presque iden- 
tiques; mais les types des personnages diffèrent radicalement 
et l'examen des costumes prouve que le retable d'Arlon est 
antérieur à l'autre d'un bon quart de siècle. 

Certaines figures, tels le guerrier au sabre, dans la scène 
du Calvaire, et les trois crucifiés, sont longues, efflanquées ; 
certaines autres, au contraire, trapues, avec des torses 
petits, des bras longs, des poings et des pieds exagérés, 
rappellent plutôt, avec moins de naïveté, le retable d'Ollo- 
mont. 

Les groupements sont heureux. L'originalité de plusieurs 
accoutrements, le sentiment plein de mélancolique poésie de 
certaines figures, la sauvage énergie des autres font penser 
aux inventions de Borremans, dont le présent retable n'a 
point cependant la prodigieuse habileté. 

Les volets peints — que nous n'avons pas à décrire dans 
ce travail, consacré exclusivement à la sculpture — ressem- 
blent aussi à ceux du retable de Ponthoz ; plusieurs des 
scènes qui les décorent sont les mêmes et représentées de la 
même façon ; mais on ne peut tirer de ce fait aucun argu- 
ment quant à l'époque de la sculpture, à laquelle ils peuvent 
être postérieurs. 

L'intelligente Direction du Musée archéologique d'Arlon 
a résolu de prendre des mesures pour assurer la conserva- 
tion de celle belle œuvre et de solliciter le concours de l'État 
pour la restaurer; nous ne pouvons qu'applaudir à celte 
idée, à la condition expresse, toutefois, que l'on se borne 



— 223 — 

strictement a fixer les parties qui se détachent, à refaire, çà 
et là, les ornements architectoniques qui font défaut; mais, 
pour Dieu, que Ton ne touche pas aux figures! Que Ton ne 
remplace pas celles dont on regrette l'absence, que Ton 
ne refasse pas les membres brisés — et surtout, que l'on se 
garde bien de toucher à cette belle polychromie primitive 
dont il nous reste si peu de spécimens ; que Ton ne substi- 
tue pas des ors criards dans leur luxe nouveau, des couleurs 
toutes fraiches, à cette admirable patine que les siècles y 
ont imprimée; que Ton respecte religieusement ces tons, 
placés par les inventeurs de l'œuvre, merveilleusement har- 
monisés par le temps, et qui donnent un aspect si vénérable 
aux productions de nos pères ! 

RETABLES DE TONGRES. 

I. — Retable dit Soltykoff. 

FIN DU XV e SIÈCLE. 

Le retable placé dans l'église de Notre-Dame, à Tongres, 
appartint jadis à la célèbre collection Soltykoff; il fut acquis 
par M. Malfait, qui le restaura et le revendit à la fabrique de 
Fégl i se. 

Cette sculpture, en bois, présente une silhouette originale 
et passablement maniérée, sentant déjà l'approche de la 
Renaissance. 

Des faisceaux de colonnettes la répartissent, dans sa 
largeur, en trois grandes divisions; celle du milieu est 
beaucoup plus haute que les deux autres; son couronne- 
ment forme trois angles aigus reliés par des courbes ren- 
trantes et ressortantes. 



— 224 — 

La corniche des deux divisions latérales dessine une 
suite d'accolades tournées alternativement en dedans et en 
dehors. 

Le sommet de chaque angle sortant porte une fleur de 
chardon, entourée d'un bouquet de feuilles épineuses ; celui 
du centre supporte une statuette d'ange tenant un phy- 
lactère. 

Chacune des trois grandes divisions porte, au tiers envi- 
ron de sa hauteur, une tablette horizontale qui en forme 
deux étages; l'étage inférieur, à droite et à gauche, est à son 
tour subdivisé, dans sa largeur, par une cloison verticale, de 
manière à former deux cases rectangulaires, 

La première de ces petites cases, à gauche, représente 
V Annonciation. 

L'ange Gabriel, couvert d'un long manteau, s'avance vers 
la Vierge; celle-ci, agenouillée sur un prie-Dieu, à droite, 
se retourne vers lui en souriant; c'est une jeune femme un 
peu grasse, vêtue d'une large draperie étalée autour d'elle 
sur le sol. 

Dans la niche voisine se voit la Visitation. 

Sainte Elisabeth, figure magnifique, avec une draperie 
riche et élégante formant capuchon, s'élance au-devant de 
Marie et se penche vers elle, les bras ouverts, avec un 
mouvement un peu brusque. 

Un vieillard se tient au fond ; un autre paraît, à droite, 
dans l'encadrement d'une porte. 

Un compartiment, plus grand que les deux premiers, 
placé au milieu de l'étage inférieur du retable, représente 
le Mariage de la Vierge. 

Au fond, au centre de la scènfr, un pontife, grand et gros, 



— 225 — 

bénit les nouveaux époux, qui, debout devant lui, se tiennent 
la main. 

Quatre hommes, à gauche, trois femmes, à droite, 
semblent échanger leurs impressions sur la cérémonie; 
tous leurs costumes sont très étoffés ; l'un des hommes relève 
sa robe d'une main et porte l'autre .à sa poitrine; une courte 
pèlerine lui couvre les épaules. Son voisin, vu de dos, porte 
un chapeau conique, de forme élevée, autour duquel est 
enroulée une pièce d'étoffe dont les bouts sont noués et lui 
pendent jusqu'au bas des omoplates ; son manteau, attaché 
sur une épaule, laisse libre un bras enfermé dans une 
manche de tunique, bouffante et découpée de crevés au 
biceps. Il est chaussé de bottes à tiges larges et molles. 

L'une des femmes est derrière la Vierge, au troisième 
plan ; celle qui est en avant se tourne vers le spectateur et 
semble, des deux mains, lui montrer la cérémonie qui se 
célèbre plus loin. 

Elles portent des coiffures connues et que nous avons 
déjà rencontrées; telle, par exemple, la.femme vue de dos, 
au second plan, dont les deux longues nattes s'échappent 
d'une coiffe ronde, descendent plus bas que la ceinture et 
sont retenues dans la main gauche, qui soulève en même 
temps un pan de la robe. 

Toutes trois ont des types très bourgeois, pour ne pas 
dire vulgaires. 

Deux petits groupes accessoires sont enchâssés, à droite et 
à gauche, dans les ornements archilectoniques qui décorent 
le plafond et les parois de ce compartiment. 

Pour suivre l'ordre logique des épisodes, nous devons 
nous reporter à la grande niche de l'étage supérieur, 



— 226 — 

à gauche, où est représentée V Adoration des Bergers. 

L'Enfant est couché au milieu; à gauche, est agenouillée 
la Vierge, tête nue et coiffée de longues tresses. Derrière 
elle et du même côté est un vieillard, peut-être saint Joseph, 
aux longs cheveux ondulés couvrant les épaules, coiffé d'un 
chapeau en cône tronqué et appuyé sur un grand bâton. 
Plus loin, encadrée dans une baie en arcade à plein cintre, 
paraît une jeune bergère en turban, figure vraiment virgi- 
nale, pleine de simplicité en même temps que d'élégance. 

Deux angelets se tiennent auprès de l'Enfant; à droite 
entre un jeune berger, jouant de la cornemuse ; un autre, 
plus vieux, semble parler à la Vierge, la tète découverte ; 
un autre encore tient une houlette. 

Plusieurs bergers se tiennent encore au fond. 

Derrière l'Enfant, sous une étable au toit de chaume 
percé en maint endroit se voient l'âne et le bœuf; ce dernier 
allonge le col vers Jésus. 

Sur les rochers qui garnissent le fond de la scène paissent 
quelques petits moutons. 

La même étable se répète dans le compartiment faisant 
pendant à celui-ci, du côté opposé. Ici, l'artiste a placé 
r Adoration des Mages. 

Jésus n'est plus couché; il est sur les genoux de sa mère, 
assise ; il tend les mains vers un vase de parfums que lui 
offre un mage, qui ploie le genou. 

Derrière celui-ci, à l'extrême droite, est un petit page; 
le second mage, debout plus loin, offre un calice en ôtant 
son bonnet. 

Le troisième est à gauche. Il se retourne pour prendre 
un vase que lui présente un serviteur à grande barbe 



t)u 



pointue. L'accoutrement de ce mage est très singulier. Son 
vêtement inférieur dessine les mollets; les cuisses sont 
recouvertes d'une jupe découpée, du bord à la ceinture, en 
une suite do larges lanières, sur chacune desquelles pend 
une boule attachée à la taille par un bout de cordelière. 

La ceinture, en boudin, est coupée de crevés; un ample 
manteau est jeté sur les épaules ; la coiffure est plate, légère- 
ment évasée vers le fond. 

Le type de ce personnage, comme d'autres de la même 
composition, est accentué jusqu'à friser la charge. Son nez 
est retroussé, ses joues gonflées. 

La même physionomie boursouflée appartient encore à un 
individu qui se penche au-dessus de l'épaule du précédent. 

L'homme qui lui présente le calice est coiffé d'un chapeau 
à fond allongé en pointe, à bords pitloresquement découpés, 
comme nous en avons vus déjà dans le martyre de saint 
Georges, dans le retable de Buvrinnes, etc. 

Saint Joseph se tient près de la Vierge; des spectateurs 
garnissent le fond. 

Dans le haut de ce panneau, comme du précédent, on 
remarque, de chaque côté, un petit groupe accessoire. 

Deux petites cases se présentent sous l'Adoration des 
Mages; dans celle qui est la plus proche du compartiment 
central est figurée la Circoncision. 

L'Enfant est très joli ; sa petite tête ronde rit positivement. 

L'opérateur, le corps penché en avant, est traité avec 
autant de verve qu'un personnage de Jean Borremans. 

Saint Joseph, la Vierge, d'autres personnages encore* 
assistent à l'opération. 

Dans la case joignant celle-ci est un groupe intime et 



— 228 — 

charmant; sur les genoux de la Vierge, assise, l'Enfant 
Jésus ouvre un livre. Saint Joseph les contemple. Au fond, 
dans une baie, parait une figure d'ange, joignant les mains. 

Toute cette scène, bien que le sujet n'en soit pas claire- 
ment indiqué, est empreinte d'un fort joli sentiment. 

La composition principale du retable, dans le grand 
compartiment central de l'étage supérieur, représente 
la Mort de la Vierge. 

Pour la première fois, nous la voyons ici de face, en 
raccourci, les pieds tournés vers le spectateur. 

La mourante a les mains jointes; de chaque côté du lit, 
des apôlres se penchent sur elle avec un très réel intérêt. 

D'autres apôlres sont encore en avant; l'un d'eux, dans 
l'angle droit, tient un gros chapelet; c'est un vieillard à la 
physionomie originale ; il parle à un de ses confrères qui, 
debout au pied du lit, se tourne vers lui en faisant de la 
main un geste qui semble dire que tout espoir est perdu. 

Bien original encore et bien personnel est ce vieillard assis 
au premier plan, à gauche, qui, un gros livre sur les genoux, 
interrompt sa lecture et lève le nez comme pour regarder 
en dessous des grandes besicles qui chevauchent sur celui-ci. 

Un autre apôtre, plus jeune, est debout dans l'angle 
gauche; un dernier, devant l'homme au chapelet, est à 
genoux et prie. 

Le lit de l'agonisante est surmonté d'un baldaquin ou dais 
rectangulaire, qui semble neuf. Ce baldaquin a-t-il été entiè- 
rement refait ou seulement réparé par le restaurateur du 
retable? 

Nous ne pensons pas, quant à nous, qu'il occupât cette 
place dans le principe ; en effet, il semble servir à supporter 



— 229 — 

une Assomption, placée plus haut, et certes la Vierge, 
enlevée au ciel par des anges, n'a nul besoin de s'appuyer 
sur cet ornement, sur lequel elle paraît reposer. 

Dans ce compartiment, de chaque côté de l'Assomption, 
trois petits groupes sont échelonnés à l'intérieur des mon- 
tants du cadre. 

Ces petits groupes, de même que les six autres que nous 
avons mentionnés déjà, ont pour sujets des scènes tirées de 
l'Écriture Sainte. 

Un dernier groupe enfin, placé sous l'angle qui marque le 
centre du couronnement, nous paraît représenter le Christ 
battu de verges. 

Chacun des deux faisceaux de colonnelles qui marquent 
les grandes divisions supporte deux statuettes de prophètes ; 
ces figures, de même que l'ange au phylactère qui surmonte 
le grand panneau central, et, croyons-nous, deux ou trois 
des personnages, sont l'œuvre du restaurateur. 

Ce retable ne mesure pas moins de 4 m 70 de hauteur sur 
3"20 de largeur; il passe pour avoir été exécuté par un 
maître de l'école d'Anvers (?). Il provient, dit M. Reuscns (i), 
de l'église de Venray (Limbourg hollandais). 

Le style en est, en général, maniéré et un peu chargé. 

Ce n'en est pas moins un très bon morceau de sculpture, 
œuvre d'un maître à l'imagination féconde, au ciseau sûr et 
délicat, doué d'un talent fin, peut-être, à l'excès, sans pou- 
voir, cependant, être classé de pair avec les Hessels ou 
surtout avec les Borremans, dont il est loin de posséder la 
puissante énergie et le sentiment dramatique. 



(0 Éléments d'archéologie chrétienne, tome II, p. 271 



230 — 



II. — Retable de la salle du chapitre. 

XVI e SIÈCLE. 

Un retable, de beaucoup postérieur au précédent, est 
placé dans la salle du chapitre de l'église de Notre-Dame. 

Il est en albâtre et composé d'un grand compartiment 
surmontant une suite de panneaux plus petits rangés en 
frise. 

Le compartiment principal a pour sujet une naissance. 

Le lit de l'accouchée est placé dans le haut de la compo- 
sition; au premier plan, deux jeunes femmes lavent le nou- 
veau-né, qui parait déjà singulièrement grand et fort. 

La scène se complète par plusieurs figures de femmes 
traitées très finement, en bas-relief très plat. 

Les petites sculptures placées sous ce grand sujet sont, à 
gauche : 

1 . Un homme drapé dans un manteau jusqu'à mi-jambes 
et tenant sous le bras une petite lyre, peut-être David? 

2. Un compartiment en pierre blanche : Le Seigneur 
défendant à Adam et Eve de toucher à l'arbre de la science 
du bien et du mal. 

Cette scène, très élégamment traitée, est encadrée entre 
deux panneaux décorés d'arabesques. 

3. Un guerrier, d'une facture un peu contournée. 

4. Une femme en robe longue et flottante, levant un 
grand livre ouvert. 

Les quatre sujets représentés à droite sont : 

1 . Un homme tenant un livre sous le bras* 

2. Une figure de vieillard, magnifiquement drapée et 



— 231 — 

d'une tournure rappelant la manière de Michel- Ange; H lit 
un phylactère. 

3. Un autre compartiment en pierre blanche également 
encadré de panneaux d'arabesques et représentant Adam 
recevant la pomme des mains d'Eve. 

4. Un homme — quelque peu maniéré — qui se retourne 
en regardant par-dessus l'épaule. 

Toutes ces figures sont fines et élégantes, drapées avec 
goût et d'une jolie tournure. 

Leur style fait penser à J. Du Brœucq ou, plutôt encore, 
à Goltzius. 

Cette sculpture paraît avoir fait partie d'une œuvre plus 
importante. 

RETABLE DE LIÈGE 

(à l'église de Saint-Denis). 



COMMENCEMENT DU XVI e SIECLE. 

Deux sujets bien distincts sont représentés dans le beau 
retable en chêne sculpté que l'on peut admirer dans l'église 
de Saint-Denis, à Liège. 

Six grands compartiments, répartis sur deux étages, 
racontent le drame de la Passion. Plus bas sont rangés en 
forme de frise, sur une seule ligne horizontale, cinq pan- 
neaux rectangulaires contenant des compositions relatives à 
l'histoire de Saint-Denis. 

La partie centrale du retable est surhaussée ; l'arête supé* 
Heure est formée d'une suite de courbes et de pointes 
saillantes ou rentrantes, qui lui donnent une silhouette tour* 



— 232 — 

mentée à l'excès elqui défie toute description ; M. le chanoine 
Reusens en a donné un croquis à la p. 264 (fig,. 9), du tome 
second de ses Éléments d'Archéologie chrétienne (i). 

La première scène de la Passion se trouve du côté gauche, 
à la partie inférieure, oùj'on voit le Christ couronné d'épines, 
insulté par les soldats. 

Plus haut, le sculpteur a représenté le Christ à la colonne. 
Le Sauveur, les bras attachés, est flagellé par ses bourreaux. 

Dans le compartiment inférieur de la partie centrale du 
retable, nous voyons le Christ rencontrant sainte Véronique. 

Deux personnages de cette scène sont surtout remar- 
quables : la sainte qui, devant le Christ courbé sous le 
poids de la croix, s'agenouille avec un mouvement charmant 
de sentiment et de grâce; elle est élégante, malgré l'ample 
draperie aux plis multiples qui la couvre; de sa haute coif- 
fure tombe un long voile, sorte d'écharpe pendante, dont 
l'extrémité est relevée sur le bras; du côté opposé, un soldat 
au casque élevé, à l'accoutrement fantastique, étrange et 
féroce comme un guerrier japonais, s'élance le bras levé 
pour frapper le Seigneur. 

Toute cette composition brille surtout par ses qualités dra- 
matiques et son sentiment passionné. 

Au-dessus et occupant comme d'habitude la place princi- 
pale de l'œuvre, se trouve le Crucifiement, scène animée de 
nombreux personnages, gens du peuple et guerriers, dans 
des attitudes diverses; mouvements violents, physionomies 
menaçantes ou ironiques, ricanements féroces, vêtements, 
cuirasses et coiffures de la plus haute fantaisie. Tout cela 

. (i) Louvain, Peeters, éditeur, 1878. 



— 233 — 

semble sorti du crayon d'Albert Durer et du ciseau de Jean 
Borremans. 

Des deux angles de l'avanl-plan et gravissant les reins de 
la voûte qui forme le couronnement de la case inférieure, 
s'élancent deux figures : d'un côté, un guerrier, vu de dos; 
un large sabre est accroché à sa ceinture et lui bat les mol- 
lets; du côté opposé — étrange antithèse — une jeune 
femme d'une tournure charmante; elle est vue de dos égale- 
ment; un large manteau la couvre, ses cheveux sont tressés 
en longues nattes pendant sur le dos. Devant elle marche un 
petit enfant tenant à la main un objet qui paraît être un sabre 
de bois. 

Au milieu du tableau, la Madeleine se jette violemment au 
pied de la croix, en levant les bras vers le Christ. 

L'épilogue du drame se trouve dans les deux compositions 
formant l'aile droite du retable : la Descente de Croix et, 
au-dessous, le Christ au tombeau. 

Au premier plan, dans la Descente de Croix, la Vierge 
est assise ou accroupie, les mains jointes ; sur ses genoux 
et devant elle s'étale un grand manteau, qui semble destiné 
à recevoir le corps. Derrière elle, saint Jean se tient debout; 
c'est un jeune homme, maigre, à la physionomie austère, à 
l'expression anxieuse, aux longs cheveux blonds tombant 
sur la nuque. 

Une autre femme, la Madeleine sans doute, vue de dos, 
s'agenouille éperdue, les bras tendus. 

Dans la dernière scène, le corps du Christ est entre les 
bras d'un homme coiffé d'un bonnet large et plat, sorte de 
béret à la Rembrandt. 

Un autre personnage, au premier plan, porte une grande 



-- 254 — 

coiffure avec une pièce d'étoffe enroulée et terminée par un 
gland ; il lient un petit vase de parfums. Un second vase est 
entre les mains de la Madeleine, agenouillée, et dont le 
costume, aux manches à bouillonnes, se ressent du commen- 
cement des modes de la Renaissance. 

Un troisième individu se tient plus loin ; au fond, la 
Vierge, encapuchonnée d'un grand voile, et saint Jean sont 
debout; tous deux semblent trembler et n'oser s'approcher 
du sépulcre. 

La plupart des vêtements ont de larges bordures 
dorées avec des broderies diverses, et peut-être une obser- 
vation approfondie permettrait-elle d'y découvrir des inscrip- 
tions qui feraient connaître les origines de l'œuvre; il ne 
nous a pas été possible de vérifier ce point. 

A part les accents d'ors qui relèvent les habillements, 
toute la polychromie consiste dans la peinture des chairs, 
d'un ton pâle et un peu fade. 

Quel peut être l'auteur de cette remarquable sculpture? 
L'exécution possède toute l'énergique accentuation de Jean 
Borremans, mais avec moins d'élégance et de simplicité. 
L'invention est tout aussi fantasque; les vêlements tour- 
mentés, les coiffures, grandes et bizarres, ne sont pas sans 
analogies avec le retable d'Oplinter, dont celui-ci semble 
contemporain ; est-ce à dire qu'on puisse l'attribuer à Guil- 
laume Hessels? Peut-être; nous ne voudrions cependant 
point l'affirmer. 

Ces observations ne s'appliquent qu'à la partie du retable 
qui représente la Passion; le soubassement où se déroule 
la légende de saint Denis, ne nous parait ni du même auteur 
ni de la même époque. Les personnages sont moins grands 



— 235 — 

que ceux de la Passion; la facture est plus souple ; le style, 
d'une Renaissance plus avancée, rappelle, en grâce et en 
richesse, les admirables clôtures du chœur d'Amiens. 

Le premier compartiment représente le Baptême de saint 
Denis. 

Converti par la guérison miraculeuse d'un aveugle qu'il 
avait lui-même opérée en invoquant le nom de Jésus, 
Denis, surnommé Théosophe, se fait baptiser par saint 
Paul en même temps que Damare, son épouse, et toute sa 
maison. 

L'apôtre, debout, verse sur la tète des deux époux, age- 
nouillés devant lui, de l'eau puisée à une fontaine à trois jets 
que l'on voit couler dans le fond ; au fond également se 
tiennent, à droite, une femme et un homme coiffé d'un 
turban; quatre autres personnages assistent à la céré- 
monie. 

Cette sculpture est élégante, plus fine et moins tourmentée, 
dans les draperies surtout, que celle des compartiments 
supérieurs. 

Le second tableau représente saint Denis préchant au 
peuple. 

Denis est ordonné évêque d'Athènes ; on le voit, au fond 
de la composition, dans une chaire d'un style absolument 
Renaissance, — et certainement postérieur à celui de l'ar- 
chitecture qui encadre les scènes de ta Passion. 

Plusieurs personnages figurent l'auditoire : au premier 
plan est une femme accroupie, comme une Espagnole assis- 
tant à la messe sur sa natte ; sa robe s'étend autour d'elle en 
unemultitude de plis. Sa coiffure est fort jolie; elle porte 
au-dessus des oreilles des plaques de métal ciselées. Près 



~ 23f> — 

d'elle est un enfant presque nu ; en face, un homme assis 
et appuyé sur un bâton. 

Deux autres femmes sont accroupies au second plan ; 
Tune d'elles porte les deux mains à la poitrine, faisant le 
geste d'ouvrir son cœur; l'autre a les mains jointes. 

Enfin, de chaque côté, trois hommes, — moines et bour- 
geois, — écoutent le prédicateur. 

Le troisième compartiment a pour sujet la Mission de 
saint Denis. 

Un vieillard, — sorte de solitaire à grande barbe, à la 
physionomie austère, — bénit l'évêque qui, vêtu d'un man- 
teau richement brodé, est assis devanl lui, les mains jointes. 
Un jeune clerc, charmant de finesse et d'élégance, est 
accroupi au premier plan tenant l'encensoir. 

Un autre clerc plus vieux est à genoux et tient contre sa 
poitrine un gros livre; enfin parmi quatre autres assistants 
se remarque une sorte de gentilhomme à la truculente 
figure de reitre. 

Au fond est un autel sur lequel se dresse un retable 
décoré de grandes figures en bas-relief. 

Le quatrième épisode représenté est la Réception de saint 
Denis par le Pape. 

Clément a succédé à saint Pierre dans le pontificat; il 
ordonne à Denis d'aller prêcher la vraie foi en France et lui 
adjoint deux compagnons ; Ruslique et Éleuthère. 

La figure de l'évêque prosterné est élégante et belle; mais 
plus belle encore est celle du vieux moine debout, qui d'une 
main relève son manteau sur la cuisse. 

Cinq autres figures debout garnissent le fond de la scène, 
— des ecclésiastiques, coiffés du chapeau cardinalice, et un 



— 237 — 

guerrier en turban à oreillères, appuyé des deux mains sur 
un bâton. 

Les prédications de saint Denis et les nombreuses conver- 
sions qu'il a opérées ont excité la colère de l'empereur 
Domitien ; il ordonne partout de grands massacres de chré- 
tiens et envoie de Rome à Paris le proconsul Fescennius, 
avec ordre de s'emparer du saint évèque. 

Fescennius trouve le bienheureux Denis occupé à prêcher 
le peuple; il le fait saisir par ses soldats, le fait souffleter, 
accabler d'outrages et charger de chaînes; ses deux com- 
pagnons, Rustique cl Éleuthère, sont victimes des mémos 
traitements. 

C'est le sujet du cinquième et dernier panneau de notre 
retable. 

L'évêque semble se débattre entre les mains des soldats 
qui l'arrêtent. Ceux-ci portent les figures truculentes et 
ricanantes des guerriers de Borremans ; leurs casques sont 
contournés en des formes fantastiques ; leurs armures, cou- 
vertes de grandes arabesques; dans le mouvement do 
la lutte, des bouts d'étoffe, des écharpes voltigent. 

D'autres hommes d'armes, dans le fond, entourent les 
lévites, qui se tiennent calmes. 

Ces diverses compositions sont encadrées d'ornements 
archilectoniques d'une imagination, d'une délicatesse de 
travail vraiment prodigieuses. 

Tout ce que l'art ogival, arrivé à l'apogée de sa troisième 
période, a de richesse et d'abondance, est répandu là avec 
profusion . 

Cette merveilleuse ornementation n'est pas sans avoir 
souffert et présente, çà et là, quelques lacunes regrettables 



— 238 — 

cl parfois assez importantes; mais par contre — et c'est 
l'essentiel — les figures sont intactes et n'ont eu à souf- 
frir ni des outrages du temps, ni du travail d'un restau- 
rateur. 



RETABLE D'HORRUES. 

COMMENCEMENT DU XVI e SIÈCLE. 

Le retable gothique du maitre-aulel de l'église d'Horrues, 
véritable monument de pierre blanche, est une œuvre des 
plus remarquables. 

Il parait malheureusement avoir subi une restauration 
peu adroite. 

Les groupes qui composent cette sculpture sont répartis 
dans quatre niches disposées sur deux étages. 

Trois cases forment la rangée inférieure; les deux laté- 
rales renferment chacune deux statues de saints : à droite, 
Saint-Jean 1 Évangéliste et Saint-Étienne, martyr; à gauche; 
Saint-André, apôtre, et Saint-Laurent, martyr. 

Ces figures sont debout, vêtues de robes superbement 
drapées. Chaque saint est représenté avec son attribut 
distinctif. 

Le grand compartiment du centre présente une scène 
mouvementée, aux nombreux personnages ; c'est l'épisode 
capital de la légende de saint Hubert. 

Le saint est surpris en pleine chasse à courre, au milieu 
d'une forêt ; son veneur, ses pages, sa meute l'entourent. 

Lui-même tombe à genoux et joint les mains devant le 
cerf miraculeux, entre les bois duquel rayonne la croix. 



— 239 — 

Un ange plane au-dessus de ce groupe et désigne du 
doigt au chasseur le signe de la rédemption, en lui disant : 
« Hîc Christum adora! » 

Dans le lointain se dessine une tour que Ton dit être celle 
de l'abbaye de Saint-Hubert. 

Quelques figures — notamment celle du saint à genoux — 
ne sont pas à la hauteur du reste de la sculpture et doivent 
avoir élé refaites par un restaurateur. 

Un groupe élégant surmonte cette composition ; on y voit 
la Vierge, l'Enfant Jésus, sainte Anne, sainte Catherine et 
sainte Barbe. 

Une notice concernanl l'église d'Horrues (i) dit, en 
parlant de ce retable : « Ce monument, d'après la tradition, 
» a été érigé au xiv* siècle, en l'honneur de l'Enfant Jésus, 
» de saint Hubert, d'autres saints et saintes, par les 
» seigneurs de FEsclatidre... » 

S'il n'y a pas là une faute d'impression, la tradition se 
trompe étrangement en rangeant celle sculplurq parmi les 
œuvres du xiv e siècle. Elle appartient incontestablement à 
la dernière période de l'art ogival, c'est-à-dire au commen- 
cement du xvi" siècle. 

Si les seigneurs de l'Esclatière possédaient déjà ce fief au 
xiv f siècle, ils le détenaient encore deux cents ans plus tard ; 
et précisément à celle époque exista un André de l'Escla- 
tière, qui fit don à l'église d'Horrues d'un antependiutn en 
velours brodé; or, la statue de Saint-André figure parmi 



(0 G. Zech-Du Biez, Quelques mots sur l'église d'Horrues (près Soignies), 
Braine-le-ComtP, 1800, p. II. 



— 240 — 

celles qui déeorent ce retable ; on peut donc supposer que 
celui-ci provient du même donateur. 

D'autre part, on a découvert, derrière les boiseries du 
chœur de la même église, un fragment de bas-relief mutilé 
qui est évidemment dû au même ciseau que le retable ; 
or, ce fragment porte la date de 1510, qui parait bien 
s'appliquer au style des deux sculptures. 



RETABLE D'HERBAIS-SOUS-PIÉTMIN. 

XVI e SIÈCLE. 

Voici encore un retable dont la configuration générale, en 
forme d'arcade trilobée, surélevée au centre, surbaissée sur 
les côtés, est à peu près identique à celle des sculptures 
d'Oplinter, d'Opïtter, etc. 

Il semble un peu moins ancien que ceux-ci; cependant, 
si nous ayons eu à regretter chez ces derniers quelques 
dégradations, nous nous trouvons ici en présence d'une véri- 
table dévastation! 

Le retable d'Herbais, qui est en bois, est placé sur l'autel 
d'une chapelle privée, exposé à l'humidité habituelle des 
lieux où l'on entre rarement; soit manque de ressources, 
soit indifférence ou ignorance de sa valeur, ses propriétaires 
successifs l'ont laissé tomber dans un état de délabrement 
pitoyable; ajoutons que le vandalisme de certains visiteurs 
semble avoir voulu aider le temps dans son œuvre de 
destruction : en effet, la partie inférieure est celle qui a le 
plus souffert ; deux cases sur trois — celles qui sont le plus 
à portée de la main — sont vides ou peu s'en faut. 



— 241 — 

Bref, la réunion de ces diverses causes de dégradation 
donne à craindre que dans quelques années on n'ait à 
déplorer la perte totale de cette belle œuvre. 

Nous avons dit que sa silhouette rappelle celle des retables 
d'Oplinter et d'Opilter; il en est de même de la disposition 
intérieure, somme de la distribution et du sujet de la plupart 
des scènes. 

Deux faisceaux de colonneltes à angles saillants divisent 
sa largeur en trois parties principales. Chacune de celles-ci 
est à son tour répartie par une tablette horizontale en deux 
étages superposés. 

Les trois compartiments de la rangée supérieure sont 
couronnés de dais gothiques; ce qui en reste décèle une 
composition bien inventée, en même temps qu'une exécution 
habile et délicate. Au-dessous des tablettes formant le pla- 
fond des niches inférieures court une dentelle d'ornements 
sobres et bien travaillés. 

On ignore quel a été le sujet de la composition qui occu- 
pait la première case du rang inférieur. Nous remarquons 
seulement sur la paroi, dans l'angle gauche au premier plan, 
des traces d'une figure qui devait y être adossée et dont il 
ne reste que les pieds. Du côté opposé se trouvent quelques 
marches dHin escalier, montant vers le centre de la case; 
c'est tout. 

Dans le panneau central de la même rangée se trouve un 
groupe à peu près intact représentant la Circoncision. Sur 
une table circulaire recouverte d'un tapis à franges est 
étendu l'Enfant. L'opérateur, penché sur lui, est un vieillard 
barbu, coiffé d'un chapeau très élevé, aux grands bords 
relevés. Sur la longue robe dont il est vêtu tombe une 



— 242 — 

(unique qui descend jusqu'aux genoux. Son manteau est 
rejeté sur les épaules, pour faciliter les mouvements des 
bras, couverts de manches collantes. 

Un autre personnage, derrière lui, porte une coiffure 
ronde, sans bords, dont le fond s'élève en une pointe aiguë. 
Il soulève le pan du manteau du précédent. 

De l'autre côté de la table sont deux femmes debout, 
habillées toutes deux de robes amplement drapées, avec 
corsages de dessous ajustés à la (aille et décolletés en carré 
jusqu'à mi-hauteur de la poitrine. L'une d'elles a une tunique 
semblable à celle de l'opérateur; l'autre, qui tient l'Enfant 
sous les aisselles, a des manches bouffantes aux coudes et 
aux épaules. 

Dans l'angle gauche, en avant, est un homme barbu, 
enveloppé d'un manteau 1res étoffé et coiffé d'un turban. 

En face de celui-ci, une femme est agenouillée; sous sa 
haute coiffe s'échappent des nattes de cheveux, relevées en 
anneaux ; sa ceinture forme un large bourrelet; ses manches 
sont bouffantes aux épaules et surtout aux coudes. 

Au fond du tableau, une porte à arc très surbaissé, 
découpée dans une arcade à plein cintre, s'ouvre sur 
l'extérieur. 

Le plafond de ce panneau, plus élevé que ceux de ses 
deux voisins, ne forme pas comme ceux-ci une arête hori- 
zontale : la moulure qui le décore, pour reprendre le niveau 
de celles des panneaux latéraux, s'abaisse à chaque extré- 
mité en deux arcs de cercle, légèrement indiqués, dont la 
courbure se trouve vers l'intérieur. Cette disposition est 
semblable à celle que nous avons mentionnée sous la scène 
principale du retable de Neerhaeren; de même que dans 



— 243 — 

ce dernier, les écoinçons sont ornés d'une tète de mort. 

Le compartiment droit de l'étage inférieur ne contient plus 
que deux figures, debout à gauche. 

M. A. Waulers (i), qui sans doute a vu celte sculpture 
plusieurs années avant nous, dit que cette composition repré- 
sentait des personnages adorant le Saint-Sépulcre. II s'y 
trouvait probablement, à l'époque où M. Waulers a vu le 
retable, quelques statuettes qui ont disparu depuis; mais 
nous croyons pouvoir déduire de ce renseignement que le 
sujet de ce groupe était en réalité la Mise au tombeau. En 
effet, la figure de femme agenouillée que nous venons de 
citer dans le compartiment central ne nous parait pas y être 
à sa place; elle se trouvait vraisemblablement à l'origine 
dans la case qui nous occupe; sa main gauche, brisée, 
(levait soulever le couvercle d'un vase de parfums; c'est la 
Madeleine, (elle que nous lavons vue dans les retables de 
Gùslrow et de Blaugies. 

Les trois épisodes principaux de la Passion se déroulent 
à l'étage supérieur; c'est d'abord, à gauche, le Portement 
de la Croix. 

Le Christ s'avance, pliant sous le faix; il tourne la léte 
vers la Véronique, qui, à genoux au premier plan, lui montre 
le linge où vient de s'imprimer la face du Sauveur. 

Derrière celle-ci se voient les pieds d'un personnage qui 
devait occuper l'extrémité gauche de l'avanl-plan. 

A gauche, le Cyrénéen soulève la croix; au fond, un 
homme coiffé d'un turban, des bourreaux, dont l'un, penché 
en avant, s'appuie d'une main à la traverse de la croix et 

(0 Géographie et histoire des communes belges. Canton de Jodoigne, p. 245. 



_ 244 — 

lient de l'autre un martinet aux longues lanières. Un aulrc, 
à droite, se retourne vers le Christ d'un air menaçant; sa main 
saisit un bout de corde qui sans doute devait se rattacher à 
la ceinture du Sauveur. Ce païen est chaussé de demi- 
hottes; les jambes sont enfermées dans un caleçon collant; 
les genoux sont protégés par des plaques de métal; son 
costume se compose d'une tunique courte et d'une pèlerine 
arrondie ; sa coiffure, d'un casque. 

Le grand compartiment central représente le Calvaire. 

Quatre cavaliers, dans diverses altitudes ironiques ou 
menaçantes, lèvent la tète vers le crucifié, ou du moins 
vers la place où il se trouvait, car la croix a été brisée au 
pied et le Christ a disparu. 

Trois autres soldats sont au fond; l'un se couvre d'un 
petit bouclier rond ; un autre brandit un énorme glaive. 

Les deux larrons se trouvent encore sur leurs croix. De 
même qu'à Blaugies, celui de gauche a le torse vêtu d'un 
petit justaucorps très court; celui de droite n'a que sa 
chemise. 

Deux groupes sont placés à la base du Calvaire ; c'est 
encore l'arrangement que nous avons maintes fois décrit : 
à gauche, la Vierge évanouie, saint Jean et une sainte 
femme la soutenant, la Madeleine debout à ses pieds. 
À droite, deux soldats échangent leurs observations sur ce 
drame. 

La sainte femme, derrière la Vierge, a une grosse coiffe 
ronde très étoffée, un corsage dessinant la poitrine, des 
manches à bouillonnes. 

La Madeleine porte, sur une longue robe d'étoffe légère, 
une tunique arrêtée aux genoux, au bord de laquelle pend 



— 243 — 

une rangée de glands. Un peu plus bas que la ceinture se 
dessine un gros bourrelet entourant le corps et divisé par des 
crevés. Les manches bouffent aux articulations; de l'épaisse 
coiffe tombe un linge relevé sur le bras gauche. 

Le guerrier placé près d elle et qui nous tourne le dos 
porte une tunique à manches larges et courtes, curieusement 
découpées. Sur sa tète est un casque rond; à ses épaules, 
des plaques de métal avec pointes tordues en tire- bouchon s. 
Sa main s'appuie sur le bouclier en poire renversée, orné 
d'une tète fantaslique, que nous avons déjà rencontré dans 
d'autres sculptures. 

Son interlocuteur porte un turban au fond pointu, un 
haut-de-chausses collant, un large manteau ouvert retenu 
simplement sur l'épaule gauche par une boucle carrée. La 
main, protégée par un gantelet, devait tenir la poignée d'un 
large sabre recourbé qui pend à sa ceinture. La droite, nue, 
s'appuie sur la hampe d'une pique. 

La dernière composition, qui comporte six personnages, 
a pour sujet le Christ descendu de la croix. 

Crânement campé au premier plan, à gauche, l'homme 
au turban et au grand manteau, dont nous venons de parler, 
observe attentivement la scène qui se passe devant lui. 

Ses mains n'existent plus; d'après le mouvement des bras, 
il est à supposer que la gauche s'appuyait sur la poignée d'un 
sabre et que la droite était peut-être posée sur la hanche. 

Au milieu du groupe est couché le Christ, la tète inclinée 
sur Tépaule. Joseph d'Arimathie le soulève par les épaules ; 
la Vierge, les mains jointes dans un mouvement de déses- 
poir et de pitié, s'incline sur le cadavre ; une femme, peut- 
être la Madeleine, est debout près d'elle. Au pied de Jésus, 



— 246 — 

un homme est agenouillé ; ce dernier pourrait représenter 
Nicodème; cependant, il nous semble qu'il n'occupe pas ici 
sa place réelle et nous inclinons à croire que c'est un des 
personnages qui ont disparu de la première niche du bas. 
S'il en est bien ainsi, ce compartiment, complètement vide 
aujourd'hui, aurait pu contenir l'Adoration des Bergers ou 
la Nativité. 

Enfin, dans le fond du tableau qui nous occupe se dresse 
la croix. 

On remarquera dans cette composition l'absence de saint 
Jean ; mais un vide, entre la Vierge et Joseph d'Arimathie, 
nous porte à croire qu'il occupait cette place, celle, d'ail- 
leurs, où on le voit le plus souvent dans les scènes 
analogues. 

Plusieurs petits groupes, posés sur des consoles en encor- 
bellement travaillées à jour, sont accolés aux parois des 
cases de l'étage supérieur ; il y en avait deux dans chacun 
des compartiments latéraux, quatre dans le grand panneau 
central. Autant que l'on peut en juger, ces groupes acces- 
soires figurent des scènes de la Bible. 

Dans le premier à gauche est un homme dont une main 
s'appuie sur la poignée d'un sabre recourbé, accroché à sa 
hanche droite, tandis que l'autre semble indiquer le chemin 
à un autre personnage, mutilé, placé devant lui. 

Dans le groupe opposé, un individu est à genoux; un 
autre — l'homme au sabre de tantôt — le tient par les 
cheveux et lève le bras pour lui trancher la tète. La main et 
l'arme qu'elle tenait n'existent plus. 

Ces deux compositions sont probablement relatives au 
Sacrifice d'Abraham. 



— 247 — 

L'an des groupes du panneau central a disparu; le second 
représente Samson transportant sur la montagne les portes 
de la ville. 

Eu pendant, Ton voit un homme étendu au pied d'un 
arbre; deux autres, les mains jointes, semblent implorer le 
ciel. 

Au-dessous, une scène à trois personnages nous parait 
représenter Moïse frappant le rocher de sa baguette miracu- 
leuse pour en faire jaillir une source. 

Enfin, dans le compartiment droit. Ton voit Jonas préci- 
pité dans les flots du haut de son navire; le dernier groupe 
fait défaut. 

Au-dessus de chacun des faisceaux de colonnettes qui 
marquent les trois grandes divisions du retable se dresse un 
piédestal cylindrique élancé, supportant une statuette; la 
seule figurine qui subsiste, à gauche, tient à la main une 
longue banderolle avec une inscription. 

Un grand crucifix a été placé, dominant toute l'œuvre, 
au centre du couronnement. 

Disons, pour terminer, que la sculpture est entièrement 
dorée et polychromée, et qu'elle est protégée par des volets 
peints. 

De ce que nous avons relevé divers points de similitude 
entre le retable d'Herbais-sous-Piétrain et ceux d'Opitter et 
d'Oplinter, il ne faudrait pas conclure que nous les attri- 
buions au même auteur; loin de là. Quelques analogies 
existent dans la configuration générale et dans la distribution 
des sujets; mais là s'arrête toute la ressemblance. L'exécution 
de ces sculptures n'est pas de la même main; les types, les 
ajustements sont absolument différents. Les costumes, ceux 



— 248 — 

des femmes surtout, du retable d'Herbais, d'un caractère 
franchement Renaissance, accusent une époque déjà 
avancée. 

On ne possède d'ailleurs aucun renseignement sur les 
origines de cette œuvre; on sait seulement qu'elle provient 
de la chapelle de Nodrange; mais les inscriptions que l'on 
peut y lire en divers endroits ne jettent aucune clarté sur le 
nom de son auteur pas plus que sur la date de son exécution. 



RETABLE D'ENHET 

(au Musée archéologique de Namur). 
XVII e SIÈCLE. 

Celte sculpture de dimensions restreintes, trouvée dans * 
un hameau sans importance, est tout simplement un petit 
chef-d'œuvre. 

C'est un triptyque, dont le panneau principal ne mesure 
que 70 centimètres de hauteur sur 50 de largeur. 

Ce panneau est fermé par deux volets, sculptés sur la face 
interne, peints sur l'autre. 

Le sujet qu'il représente est le Calvaire. Au second plan, 
et en demi-relief, le Christ est en croix entre les deux 
larrons. La Madeleine embrasse le pied de la croix; des 
saintes femmes sont groupées autour d'elle. 

En avant est une scène traitée en ronde bosse : la Vierge 
à genoux, abimée dans sa douleur, s'affaisse enlre les bras 
d'une femme agenouillée comme elle et qui la soutient; une 
autre femme est à ses côtés; à droite saint Jean, debout-, 
tend les bras vers le Christ. 



— 249 — 

Au fond de la scène et sculptés en bas-relief très plat se 
voient des groupes de soldats, les uns à cheval, d'autres 
jouant aux dés la robe du Christ. Dans le lointain, la ville de 
Jérusalem. 

La face sculptée de chaque volet est divisée en deux 
parties superposées. 

Sur le volet de droite, l'artiste a représenté la Décollation 
de saint Jean- Baptiste. Plus bas, et sous une arcade d'un 
style Renaissance très avancé, une dame — la donatrice — 
est agenouillée sur un prie-Dieu. Debout derrière elle se 
tient sainte Elisabeth, sa patronne, tenant à la main des 
écuelies et un panier. 

Le volet de gauche présente, en pendant à la Décollation, 
la Conversion de saint Paul. Au-dessous est sculpté le 
portrait du donateur, à genoux, et derrière lui saint Jean- 
Baptiste. 

Les donateurs sont vêtus comme les personnages de 
Pourbus; ils ne sont accompagnés d'aucune armoirie. 

Cette petite sculpture est très remarquable par la liberté 
des compositions, la différence bien calculée des reliefs, la 
variété des effets, enfin, le goût de la parfaite modération de 
l'ensemble. Rien n'est exagéré dans les bas-reliefs en per- 
spective. Le ciseau, d'une liberté absolue, est dépouillé de 
tout pédantisme, comme de ce côté un peu théâtral des imita- 
tions florentines de la fin du xvi e siècle. 

L'œuvre est vraiment simple et originale ; la Vierge, jeune, 
agenouillée au pied de la croix, les mains jointes, la télé 
inclinée, est d'une beauté et d'un sentiment admirables. 

La figure du Christ est pleine de calme et de noblesse, 
tandis que les deux autres suppliciés se tordent — le mau- 



— 280 — 

vais larron surtout — dans des mouvements convulsifs. 

Quel peut être l'auteur de ce petit chef-d'œuvre? 

Il n'appartient assurément pas à une école flamande; la 
manière est toute différente. Les peintures des volets — 
sans grande valeur, du reste — sont l'œuvre d'un peintre 
wallon. 

D'autre part, il provient d'un village de l'ancien pays de 
Liège, Enhet, commune de Chévetogne, dans le haut 
Condroz. 

Un archéologue distingué et bien connu suppose — sans 
être affirmatif sur ce point — que nous pourrions nous trou- 
ver ici en présence d'une œuvre du célèbre sculpteur liégeois 
Jean Delcour (1640 + 1707), exécutée après son retour 
d'Italie. 

Délcour fit, en effet, deux fois le voyage d'Italie, et sa 
manière se ressent de ses études approfondies des grands 
maîtres du xv e siècle. 

Or, il est certain que l'auteur du petit retable d'Enhet a vu 
l'Italie et a dû y séjourner assez longtemps. 

L'œuvre qu'il a produite est loin des anciens retables aux 
multiples figures en ronde bosse. 

Il s'inquiète peu du petit détail ; son style est familier sans 
cesser d'être noble; ses draperies, simples, sont d'une 
extrême habileté. 

La charmante sculpture du Musée archéologique de 
Namur est due bien certainement au ciseau d'un admirateur 
passionné des superbes bas-reliefs de Ghiberti ou des Dona- 
tello de Padoue. 

L'attribution à Jean Delcour de la paternité de cette œuvre 
né nous paraît donc aucunement aventurée. 



— 251 — 
RETABLES DE BRUGES. 

La Généalogie de Sainte-Anne. 

XVI e SIÈCLE. 

Ce retable surmonte Tune des portes de la cathédrale de 
Saint-Sauveur; il ne se compose que d'un seul compartiment 
rectangulaire, ne mesurant pas moins de l m 36 de hauteur 
sur l m 86 de longueur. 

Il est en bois sculpté en haut-relief, rehaussé de poly- 
chromie et de dorure. 

Au centre de la composition, Sainte Anne est assise, les 
mains jointes, dans un fauteuil à haut dossier rectangulaire ; 
de chaque côté se tiennent debout six personnages. 

Au milieu du dossier du siège s'élève un arbre dont les 
branches, largement étendues, portent cinq socles arrondis 
sur lesquels sept figures sont placées; au sommet du tronc, 
Ton voit la Vierge couronnée, tenant l'Enfant Jésus. 

Chaque personnage tient à la main une ban de roi le sur 
laquelle est écrit son nom. 

Nous voyons, à droite (1) de Sainte Anne : Emerencia, 
Gléophas, Salomé, Sacarias, Etisabet et un petit Saint 
Jean-Baptiste au pied duquel un agneau est couché; à 
gauche se trouvent successivement : Stolanus, Joachim, 
Iosep (Joseph) (2), Elnet, Hismeria, puis une petite figure 
d'évèque milré et tenant une crosse, qui représente peut- 
être le donateur de l'œuvre. 

Les figures, plus petites, qui sortent des branches de 
l'arbre sont : à droite, Jean, évangéliste ; plus haut : Jacob 

(4) Par rapport au spectateur. 

(») Nous respectons l'orthographe des inscriptions. 



— 252 — 

et Simoei (Siméon) ensemble, puis Maria Salomé ; à gauche : 
Jude et Joseph Justus côte à côte, et plus loin, Maria 
Gleophas. 

Enfin, les colonnettes qui sont appliquées aux montants 
latéraux de l'encadrement portent deux petites statues sur- 
montées de dais en forme de clochetons. Sur la banderolle 
que tient celle de droite se lit le nom : Sebedeus. Celle de 
gauche représente un homme barbu, à longs cheveux 
ondulés, coifi'é d'un ample chapeau à bords relevés, velu 
d'un caleçon collant et d'une tunique à larges manches, 
serrée à la taille par une courroie; il appuie le dos de la 
main droite sur la hanche; la main gauche tient une bande- 
rolle qui ne porte aucune inscription. Peut-être figure-l-il 
l'artiste lui-même. 

Cette sculpture est d'un bon travail; les proportions sont 
bien observées ; les tètes ont de la bonhommie et de l'exprès- 
sion ; le tout ne manque pas de caractère, sans être cependant 
d'un style très accentué ni d'un talent réellement supérieur. 

Le retable a gardé, jusqu'à présent, sa polychromie 
ancienne; les vêlements sont dorés, avec des revers bleus ; 
les tuniques de dessous sont rouges. 

Le fond est bleu, décoré d'arcatures aveugles à meneaux 
dorés, d'un aspect agréable. 

On ignore le nom de l'auteur de celte œuvre, à laquelle il 

r 

serait difficile d'assigner une date bien exacte. 
La sculplure est fermée par deux volets peints. 

Henry Rousseau. 

(A continuer,) 



COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX. 



SÉANCES 
des 5, 12, 19 et 26 septembre; des 3, 10, 17, 24 et 31 octobre 1391. 



'■ —M 



ACTES OFFICIELS. 

Par arrêtés royaux du 9 octobre 1891, ont été nommés ^"^fc" 
membres correspondants de la Commission royale des monu- cor,esponda,,ls 
ments : pour la province d'Anvers : MM. Alberl De Vriendt, 
artiste peintre, directeur de l'Académie des Beaux-Arts 
d'Anvers, et Jacques De Braeckeleer, statuaire, professeur 
au même établissement, en remplacement de MM. Charles 
Verlat, artiste peintre, et Joseph Ducaju, statuaire, décédés. 
Pour la province du Luxembourg : M. le docteur Lambert, 
de Bouillon, en remplacement de feu M. Maus. 

PEINTURE ET SCULPTURE. 

La Commission a approuvé : 

1° Le dessin d'un vitrail à exécuter pour l'église de Notre- de Not g re-î)ame 
Dame de la Chapelle, à Bruxelles; auteur, M. Dobbelaere; Huxeiul 6 ' 

r ' ' ' Vitrail. 

2* Les dessins de huit verrières en grisaille à placer dansËgiisedeTemu*. 
l'église de Termes (Luxembourg); auteur, M. Haussaire; 



— 254 — 
c>théd»ie 3« Les modèles au tiers des statues commandées à 

de Narour. 

siai™. ^ p râ j| L j n e t à M. Desenfans, pour le couronnement de la 

façade de la cathédrale de Namur ; 
EgiiM 4° Les maquettes des statues de Saint- André et de Saint- 

de Notre-Dame, * 

"stalue"' Jacques, commandées à M. Deckers, pour l'ornementation 
de la petite tour de l'église de Notre-Dame, à Anvers. 
Hôpital s« jeao, • — Des délégués se sont rendus à l'hôpital Saint-Jean, 

a Bruges. © r • > 

Tableau. ^ Bruges, pour examiner les restaurations exécutées au 
célèbre tableau de Memliuc, le Mariage de sainte Cathe- 
rine. 

Les délégués n'ont pu que se rallier, en ce qui regarde les 
soins et la conscience apportés à ce travail, aux conclusions 
d'un rapport présenté antérieurement au Collège par un de 
ses membres. Ils ont constaté que celte restauration avait été 
exécutée avec un grand respect de l'œuvre originale, à 
laquelle l'artiste n'a touché que dans la mesure du plus strict 
nécessaire. 

Se ralliant à l'opinion de ses délégués, la Commission a 
émis l'avis qu'il y avait lieu de donner une entière approba- 
tion à ce travail. 
Église — Des délégués ont inspecté, à* Middelkerke (Flandre 

de Middelkerke. © ■ r » \ 

de^aTroix. occidentale) , le chemin de la croix, exécuté par M me de 
Gault, pour la décoration de l'église paroissiale. 

Les délégués sont d'avis que ce travail est bien compris 
au point de vue de l'arrangement des scènes représentées et 
de l'effet décoratif général et qu'il est susceptible d'être 
approuvé. 

La Commission s'est ralliée à l'appréciation de ses délégués 
et a émis l'avis que rien ne s'oppose à la liquidation de la 
somme due à l'artiste en vertu de son contrat. 



— 25o — 

— A la demande de M. Ooms, des délégués ont examiné, p " la A d D t e J " Uce 
au Palais de Justice d'Anvers, le panneau peint par cet 

artiste et représentant toutes les classes de la société rendant 
hommage à la Justice. 

Les délégués ayant constaté que cette œuvre d'art a été 
exécutée avec soin, le Collège en a autorisé la réception 
définitive. 

— Des délégués se sont rendus à Anvers le 3 septembre iMuidetnie 

Q Anvers» 

4891, pour examiner, à l'hôtel de ville, la dernière peinture Décoratioq 
exécutée par M. Victor Lagye, pour la décoration de la salle 
des mariages. Celte composition représente le Mariage civil. 
Traitée en style du consulat, elle n'est pas moins réussie 
que les précédentes et complète bien l'ensemble décoratif. 

Deux défauts déparent cependant l'aspect général de la 
salle. 

Les deux dernières compositions traitées représentent des 
intérieurs, tandis que les premières, qui couvrent le mur 
principal, en face des fenêtres, figurent des scènes en plein 
air. lien résulte des notes différentes qui ne s'accordent pas 
et il importe dès lors d'établir une démarcation nette entre 
ces compositions. Pour y arriver, M. Lagye propose de 
simuler un membre d'architecture qui les séparerait. Mais 
cette architecture simulée est d'un effet maigre et il a paru 
aux délégués que l'artiste atteindrait plus facilement le 
résultat désiré en peignant simplement dans sa dernière 
composition de plein air un arbre dont le tronc suffirait 
à séparer cette scène de la composition d'intérieur qui 
l'avoisine. 

Un contraste très désagréable est produit par le dernier 
côté de la salle resté sans peinture et décoré seulement de 



- 256 — 

sa haute cheminée flamande; il est d'un aspect très sombre, 
tandis que les autres murs ont été considérablement éclairés 
et égayés par les peintures qu'ils ont reçues. Il semble de 
toute nécessité que ce côté de la salle soit peint comme 
les autres. II pourrait recevoir des figures allégoriques qui 
résumeraient l'idée générale de la décoration, et, pour faci- 
liter ces nouvelles compositions, il serait désirable qu'on fit 
disparaître le couronnement des deux portes percées au 
deux côtés de la cheminée et qui constituent d'ailleurs de 
ce côté de la salle une décoration surchargée qui demande 
à être allégée. L'aspect général de la salle aura tout à gagner 
à cette suppression. 
iiu*^ ro >a i — Les délégués qui ont inspecté les bas-reliefs en bronze 

de peinture . o * r 

e -L d BrniK e placés par M. Mignon dans la rampe de l'escalier du Musée 

Bas-reliefs. . _ 

royal de peinture et de sculpture de Bruxelles, n ont eu que 
des éloges à adresser à l'artiste pour le talent et la conscience 
dont il a fait preuve dans l'exécution de ce travail d'une 
délicatesse extrême. 

CONSTRUCTIONS CIVILES. 

H de e DÎmmé! c ^e Collège a émis un avis favorable sur le projet dressé 
par M. l'architecte Buyck pour la restauration de l'hôtel 
de ville de Damme (Flandre occidentale). 

dHérenihî'u — ^es délégués ont inspecté les travaux de restauration 
exécutés à l'hôtel de ville d'Hérenthals (Anvers). 

Ces ouvrages, qui sont pour ainsi dire terminés, leur ont 
paru avoir été exécutés d'une façon satisfaisante. Ils ont cru 
toutefois devoir appeler l'attention de l'autorité locale sur 
le raccord de la plate-forme en plomb de l'étage du carillon 
avec les nouveaux piédroits du campanile, qui ne paraît pas 



— 257 — 

suffisamment efficace pour empêcher l'eau de s'infiltrer entre 
les piédroits et la plate-forme. 
— Des délégués ont inspecté, le 17 septembre, les travaux Haiicaux dr aps , 

dcGand. 

de restauration en voie d'exécution à la façade de l'ancienne 
halle aux draps, à Gand (Flandre orientale). 

Ils ont constaté que ces ouvrages s'exécutent d'une façon 
très satisfaisante. L'entreprise est très avancée; à part, 
l'escalier à double rampe qui sera établi en dernier lieu, la 
restauration de la façade est arrivée à la hauteur du pignon 
terminal, qui est déjà entamé, de même que les deux 
tourelles d'angles. 

L'administration communale a soumis aux délégués le 
modèle des balustrades à placer à la naissance des flèches 
de ces lourelles; ce modèle a été approuvé et les délégués 
ont émis l'avis qu'il conviendrait de rétablir aux angles des 
corniches, sur lesquelles s'appuient ces balustrades, les 
gargouilles qui sans doute ont existé anciennement et qui 
doivent compléter l'aspect d'ensemble des lourelles. 

Les délégués ont aussi émis le vœu de voir acquérir et 
démolir la maison située à droite de la halle, à l'effet de 
dégager la façade latérale du monument, qui est d'une belle 
ordonnance archilectoriique, et de permettre, en outre, 
d'utiliser le rez-de-chaussée de l'édifice. 

Des recherches faites à l'intérieur de la halle ont amené 
la découverte des montants d'une vaste cheminée ; il serait 
intéressant de continuer ces investigations, qui aboutiraient 
très probablement à d'autres découvertes, lesquelles met- 
traient sur la voie d'une restauration intérieure. 

— Des délégués ont examiné les travaux d'aménagement hôici 

» • ii»»i • iii» • i»ia« i Gruiitlumse, 

intérieur de I aile orientale de I ancien hôtel Gruuthuuse, à à Bn, 6 es - 



— 258 — 

Bruges (Flandre occidentale), qui vient d'être utilisé comme 
musée et qui a reçu notamment une importante collection 
de dentelles. 

Les délégués ayant constaté que ces ouvrages ont été 
soigneusement exécutés, la Commission a émis l'avis que 
rien ne s'opposait à la liquidation du subside alloué par le 
Gouvernement pour aider l'administration communale à 
couvrir le montant de l'entreprise. 

Hôi 1!b™ c? nci * — ^es m ® mes délégués ont inspecté les travaux de 
restauration exécutés à la tourelle de l'ancien hôtel de 
Fiennes, à Bruges. Ces ouvrages ayant été effectués avec 
soin, le Collège s'est rallié à l'avis de ses délégués, qui ont 
proposé d'en opérer la réception. 

ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des avis favorables ont été donnés sur les projets re- 
latifs : 
construction 1° A la construction d'un presbytère à Haesrode, sous 

et restauration * » 

de presbytères. Bierbeek (gobant); architecte, M. Langerock; 

2° À l'exhaussement et à la restauration du presbytère de 
Linde, sous Peer (Limbourg) ; architecte, M. Chris tiaens; 

3° À la construction de dépendances au presbytère de 
Martenslinde (Limbourg) et à la restauration des bâtiments 
existants ; 

4° A l'exécution de divers travaux complémentaires 
nécessités par la reconstruction du presbytère de Moinet, 
commune de Longwilly (Luxembourg); architecte, M. Gup- 
per. 



— 259 — 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

La Commission a approuvé les plans relatifs à la construc- 
tion d'églises : 

1° A Gingelom (Limbourg), sous réserve de supprimer de ^J^ 
les cadres des cadrans de l'horloge. On a aussi appelé 
l'attention de l'architecte, M. Serrure, sur l'utilité de ménager 
un emplacement pour les fonts baptismaux et sur la néces- 
sité de relier soigneusement la charpente de la flèche à la 
maçonnerie de la tour ; 

2° A Haesrode (Brabant); architecte, M. Langerock; de ÈSS^e. 

3° A Rhode-Saint-Pierre (Brabant), sous réserve de sap- Église de 

Rhode-S'-Pierre> 

primer l'arc surbaissé figuré au-dessus de certaines fenêtres 
du vaisseau et de ne conserver que la double lancette; 
architecte, M. Langerock. 

Ont aussi été approuvés, les projets ci-après : 

1* Construction d'un porlail et d'un jubé à l'église d'As-Égusc d'Asscnede. 
senede (Flandre orientale); architecte, M. Brandes; 

2° Établissement de porlails dans l'église de Saint-Jacques, dc Sa f n g ^ c ues 
à Gand (Flandre orientale), à la condition de supprimer les aGand * 
ogives de tous les vitrages et de laisser les panneaux fran- 
chement rectangulaires ; auteur, M. Zens. 

Et enfin les dessins d'objets mobiliers destinés aux Ameublement 
églises de : 

Saint- Ghislain (Hainaut) : maitre-autel et deux verrières; 

Overbroeck, sous Brecht (Anvers) : mobilier complet; 

Notre-Dame de la Chapelle, à Bruxelles : buffet d'orgues ; 

Braine-le-Comte (Hainaut) : buffet d'orgues ; 

Mont (Luxembourg) : chaire à prêcher ; 

Morlanwelz (Hainaut) ; buffet d'orgues. 



— 260 — 



TRAVAUX DE RESTAURATION. 

La Commission a approuvé : 
Eglise de Fosse» i° Le devis estimatif des travaux de renouvellement 
des toitures de l'église de Fosses (Namur) ; architecle, 
M. Cador ; 
Église de Brée. 2° Le devis estimatif des travaux supplémentaires néces- 
sités par suite de la restauration de l'église de Brée (Lim- 
bourg) ; architecle, M. Jaminé ; 
' Égiue 5° Le projet relatif à l'exécution de divers travaux de 

de Sainte-Anne, , 

a Hamme. réparation à l'église de Sainte-Anne, à Hamme (Flandre 

orientale); architecte, M. Debosscher; 
Égiue de 4° Le projet de restauration de l'église de Sainle-Gertrude , 

Sainte -(iert rude, r J ° 

à Nivelles, ;, Nivelles (Brabant) ; auteur, M. Verhaegen ; 
Éguse S Le projet des travaux complémentaires de reslau- 
au tacmc ra ti on e td e renouvellement du mobilier de l'église d'Hand- 
zaeme (Flandre occidentale) ; 
ÉgHse aobourg. 6° Le projet relatif à l'exécution de divers travaux de 
restauration à l'église d'Obourg (Hainaut) ; architecte, 
M. Mahieu; 
Égiiw de 70 Le devis des travaux de renouvellement de la cou- 

Monligincs-lo 

Tiiieui. verlure du clocher de l'église de Monlignies-le- Tilleul 
(Hainaut) ; 
devfeeie **° k e projet de restauration de l'église de Vlierzele 
(Flandre orientale); architecte, M. Goethals; 
Éguse de Brecht. 9° La restauration des fenêtres du chœur de 1 église de 
Brecht (Anvers) et l'établissement d'une grille de clôture 
entre ledit chœur et le pourtour de l'édifice; architecte, 
M. Gife; 



— 261 — 

10° Le projet relatif à l'exécution de divers travaux de é^sc de gu*. 
restauration et de consolidation à l'église de Gits (Flandre 
occidentale) ; 

11° Le projet de restauration de la tour de l'église de- is««« f 

r J ° de Kesscl-Loo. 

Kessel-Loo (Brabant) ; architecte, M. Langerock; 

12° Le relevé des travaux supplémentaires occasionnés é 8 um 

de Saiut-Michcl, 

par la restauration de l'église de Saint-Michel, à Gand àGaild - 
(Flandre orientale) ; architecte, M. VanÀssche; 
15° Le devis des réparations projetées aux toitures et aux j U?* 

r r • de Herderscm. 

corniches de l'église de Herdersem (Flandre orientale); 
architecte, M. Van Wassenhove ; 

14° Le renouvellement d'une partie des toitures et des Église de Bray. 
boiseries du clocher de l'église de Bray (Hainaut) ; 

18° Le débadigeonnage et la restauration intérieure de dc Êînc8. 
l'église de Messines (Flandre occidentale) et l'établissement 
d'un plafond en bois de chêne dans la salle des morts du 
même édifice ; 

16 Le devis des ouvrages de réparation à exécuter à toue 

«y * de Woutergem. 

l'église de Wontergem (Flandre orientale); architecte, 
M. Hoste; 
17° Les comptes des travaux de restauration exécutés comptes 

de travaux 

aUX éff lises de : de restauration 

o d églises. 

Sichem (Brabant) : exercice 1 889 ; 

Saint-Hubert (Luxembourg) : exercice 1890; 

Saint-Germain, à Tirlemont (Brabant) : exercices 1889 
à 1891. 

— Les délégués qui se sont rendus à Bruges le 25 sep- du cjjjjJ^ 
tembre 1891, ont inspecté les travaux de restauration à Bruges * 
effectués à la chapelle du Saint-Sang. 

Ils ont constaté que ces ouvrages sont terminés et qu'ils 



— 262 — 

ont été exécutés avec soin, conformément au projet approuvé. 
La Commission s'est ralliée à l'avis de ses délégués et a 
proposé d'autoriser la liquidation des subsides promis pour 
l'exécution de cette entreprise. 

Le Secrétaire, 

À. Massaux. 



Vu en conformité de l'article 25 du règlement. 



Le Président, 

Wellens. 



RECHERCHES 

BUB LES 



ENLUMINEURS FLAMANDS 



PAR 

J. DESTRÉE 



LE PLUS ANCIEN LIVRE DHEORES DE MAXIMILIEN I er , 

VERS 1486. 

La Bibliothèque impériale de Vienne possède un livre 
d'Heures qui présente cette particularité intéressante d'avoir 
des en-têtes rédigés ^n flamand, bien que le manuscrit ait 
été fait pour un prince allemand (1). 

Ce manuscrit contient cinq miniatures à pleine page, 
représentant : a) David ; 6) la Messe de Saint-Grégoire ; 
c) Marie et l'Enfant Jésus ; d) la Mort ; e) Saint Christophe, 
et pour terminer f) Maximilien agenouillé devant saint 
Sébastien. 

Les enluminures b et c, un encadrement et une grande 
lettre représentant David, ont été reproduits dans un article 
de M. Edouard Ghmelraz, lequel a paru dans la magnifique 



(i) Les présentes Recherches étaient terminées dès le mois de mai 1890, mais 
diverses circonstances en ont retardé l'impression. J'ai consacré quelques notes 
aux observations qui m'ont été suggérées par des recherches subséquentes. 



— 264 — 

publication consacrée à 1 étude des collections appartenant 
à la maison impériale d'Autriche. Les fleurs, qui constituent 
le plus bel ornement du manuscrit, ont été traitées avec 
autant de conscience que de goût. Quant aux autres pein- 
tures, elles ne décèlent aucun talent particulier. Je dirai 
plus, la Vierge tenant l'Enfant Jésus est exécutée avec une 
gaucherie réelle; la Messe de Saint-Grégoire est faite de 
pratique, mais plus habilement que la miniature précédente. 
Cependant l'artiste a réussi à faire de la miniature, où 
Maximilien figure à genoux devant saint Sébastien, un joli 
morceau d'une grande finesse et d'une extrême fraî- 
cheur. 

Maximilien est représenté revêtu de son armure, le front 
ceint d'une couronne et les épaules couvertes d'un manteau 
de pourpre avec camail d'hermine. Il est agenouillé devant 
saint Sébastien, qui tient en main un arc. Près du prince est 
couché un beau lévrier blanc. A un arbre est suspendu un 
blason portant de sable à l'aigle d'or à une seule tète, ayant 
en cœur un écu aux armes de la maison d'Autriche et de 
celle de Bourgogne. La scène a pour fond un jardin entouré 
d'imposantes constructions en style ogival. 

Dans le prince agenouillé, il ne faut pas encore voir le 
chef du Saint-Empire. En effet, Maximilien, élu en qualité de 
roi au mois de février 1486, fut couronné à Aix-la-Chapelle 
la même année. En 1495, il succéda de fait à son père dans 
le gouvernement, mais il ne prit le titre d'empereur qu'en 
1508, à Trente. A celte occasion, il substitua dans ses 
armoiries l'aigle à deux tètes à l'aigle à une tète. 

Le manuscrit qui nous occupe a donc été exécuté entre 
les années 1486 et 1508. 



— 265 — 

Cet espace de douze ans peut être singulièrement rac- 
courci. Il suffit pour cela d'examiner les éléments contenus 
dans le livre d'Heures. 

Il est manifeste que le peintre a voulu représenter un 
homme dans la fraîcheur de la jeunesse. Le texte d'une 
pierre, folio 43, renferme d'ailleurs à cet égard les plus 
grandes lumières. Car cette invocation, comme M. Ghmelraz 
le fait très bien ressortir, a été faite à l'intention d'un prince 
qui vient de monter sur le trône et qui sent combien il lui 
importe d'avoir de bons et de fidèles conseillers. 

« Deus patrum meorum et domine misericordiae... da 
michi sedium tuorum assistricem sapientiam et noli me 
repobare a pueris tuis quoniam ego servus tuus sum et 
iilius ancille tue homo infirmus et exigui temporis et junior 
ad inteltectum judicii et legum... Tu autem elegisti me 
regem populo tuo et judicem populi instituisti... Concède 
michi gratiam bonos et fidèles consiliarios elegendi. Deus 
qui michi curam populi commisisti inspira michi... ut 
honorem quem indignus gero valeam moribus adornare 
ne cum alios direxero ipse reprobus invenior et indi- 
gnus, ne quaeso domine vita mea maculet statum 
meum... », etc., etc. 

Pour M. Chmelraz, le manuscrit a dû être exécuté avant 
Tannée 1489, date à laquelle il quitta nos contrées pour ne 
plus y faire que de courtes apparitions, II n'avait pas oublié 
sa captivité à Bruges. 

Sur la miniature où se trouve représenté un mort étendu 
sur une natte de jonc et couvrant sa nudité de la main, on 
aperçoit les lettres P. B. M. Chmelraz y voit le mono- 
gramme de l'auteur. 11 a consulté 5 cet effet les listes d'ar- 



— 266 — 

tistes brugeois publiées par M. Van de Casteele (i) et le 
Beffroi. 

Or, deux artistes ont porté les mêmes initiales : Peter Bee- 
kaert, entré dans la Gilde de Saint-Jean des libraires et des 
enlumineurs; Pieter Bramaert ou Bramare le jeune, entré 
en 1460 dans la Gilde de Saint-Luc ou des peintres. Mais 
puisque les enlumineurs appartenaient, dit M. Chmelraz, 
non à la Gilde de Saint-Luc, mais à celle de Saint-Jean Évan- 
géliste, la balance penche en faveur de Beckaert; M. Chmel- 
raz ajoute toutefois très prudemment qu'il reste incertain si 
sous le nom de Peter Beckaert il faille chercher un libraire 
ou un enlumineur. 

Ce dernier n'a jamais joui, que je sache, de la moindre 
notoriété. Il y a lieu cependant de supposer que Maximilien 
a dû faire exécuter un livre d'Heures destiné à son usage 
personnel par un artiste appartenant à un atelier en vogue. 

L'identification proposée par l'érndit autrichien est donc 
très problématique, d'autant plus qu'il n'a pas été établi si 
le manuscrit avait été fait à Bruges ou à Gand ou même 
dans une autre ville. 

En effet, la vogue des manuscrits décorés à la manière 
ganto-brugeoise fut bientôt si grande qu'elle suscita sur divers 
points des Pays-Bas de nombreuses imitations. D'autre part, 
l'examen seul du calendrier ne fournirait éventuellement que 
des données insuffisantes, car rien ne s'oppose à ce que le 
copiste ait transcrit sur commande ou de son initiative 
propre, tel calendrier étranger aux deux villes précitées. 



(1) Annales de la Société d'émulation pour Vélude de l'histoire et des anti- 
quités de la Flandre, sér. iv, vol. III, p. 258. 



— 267 — 

En admettant même comme établi que le livre d'Heures 
de Maximilien provienne de Gand ou de Bruges, je pourrais 
citer dans le même ordre d'idées que M. Chmelraz, un arliste 
appartenant à une famille d'enlumineurs célèbres : Paul 
Bening, dont les initiales coïncident avec celles prémen- 
tionnées (i). 

Seulement, le monogramme ne paraît pas avoir le carac- 
tère de l'époque où le livre a élé écrit. Aussi y aurait-il lieu 
de se demander s'il ne constitue pas une adjonction due à 
une main relativement moderne. 



(t) Cette étude était rédigée depuis longtemps quand parut dans la Gazette 
des Beaux-Arts un article intitulé : « Alexandre Bening et les peintres du 
Grimani ». Dans cette étude, M. Paul Durrieu, conservateur au Musée du 
Louvre, a émis un avis qu'il sera fort à propos de signaler au lecteur. Il fait 
remarquer que Paul Bening est peu connu, car il a dû mourir jeune, peu après 
Tannée 1517. Aussi, Guichardin,qui écrivait un demi-siècle plus tard, a pu parler 
de Simon Bening sans mentionner son frère Paul. Et même le nom de Paul 
Bening ne se rencontre pas sur la liste des enlumineurs brugeois dressée par 
M. J. Wheale. 

D'après M. Durrieu, sans être de la main d'Alexandre Bening, les Heures de 
l'empereur Maximilien présentent cependant une étroite parenté avec ses œuvres ; 
aussi n'hésite 4-il pas à rattacher cette production à l'atelier de Bening et à voir 
dans le monogramme P. B la signature de Paul Bening, frère de Simon. 

« Or voici l'intérêt de cette conclusion. Si les peintures du maître au mono- 
gramme P B prêtent, d'une part, à un rapprochement avec celles de maître 
Alexandre Bening, elles tiennent, d'autre part, de bien plus près encore à une 
partie des illustrations du Bréviaire Grimani. M. Edouard Chmelraz a très 
justement relevé l'identité presque absolue qui existe entre la figure de Saint 
Sébastien, placée dans une miniature du livre d'Heures à côté d'un portrait de 
Maximilien, à genoux, en prières, et celle du même saint dans le Bréviaire 
Grimani, où il fait face à saint Fabien. Mais ce n'est pas tout, cette même figure, 
qui semble la reproduction d'un patron d'atelier, est aussi répétée dans deux livres 
d'Heures de la Bibliothèque nationale et du Musée britannique, que j'ai les plus 
sérieuses raisons de considérer comme ayant été enluminés sous la direction et 
en partie de la main même de Paul, frère de Simon Bening, l'autre tils de 
maître Alexandre. » Gazette des Beaux- Arts, pp. 65 et 66, 1 er juillet 1891. 



— 268 — 



LE BRÉVIAIRE GRIMANI. 

La bibliothèque de Saint-Marc, à Venise, conserve un 
bréviaire magnifique qui a pris le nom de son ancien 
propriétaire, le cardinal Grimani. 

M. Zanotto (i) et après lui M. A. Wauters (2) ont conté en 
détail l'histoire de ce manuscrit. Il serait donc superflu de 
reprendre cet exposé et les descriptions qui l'accompagnent. 
Ma tâche consiste à examiner certains points encore en 
litige : l'ancien propriétaire du manuscrit, les auteurs des 
miniatures qui le décorent et enfin la date du manuscrit (3). 

A cet égard la question des armoiries qui se trouvent 
dans le Grimani a été soulevée à diverses reprises par 
plusieurs auteurs. 

t Les armoiries de la maison d'Autriche et l'aigle romaine 
à une seule tète font songer, dit M. A. Wauters, à une 
période antérieure (4); mais ce qui est contraire, c'est l'em- 



(1) Fac siraile dellc miniature contenute nel Breviario Grimani conservato 
nella Bibliotheca de S. Marco esequito in fotografia da Antonio Pcrini con 
illustrazioni di Francisco Zanotto. Venise, 1862, in-4°, avec traduction fran- 
çaise par Louis de Mas-Latrie. 

(2) Sur quelques peintres de la fin du xv° siècle. Bull de VAcad., 5 e série, 
t. IV, pp. 117 à 159. 

(3) M. A. Wauters emploie indifféremment les mois bréviaire et missel pour 
désigner le Grimani. Cependant, le premier est seul exact. L'cn-téte du manuscrit 
est conçu en ces termes : Incipit ordo breviarti secundum consueludinem 
Romanae curiae. Au surplus, il y a lieu de remarquer que la décoration d'un 
missel eût affecté un tout autre caractère que celle d'un bréviaire ; l'iconographie 
variant nécessairement d'après la nature du livre liturgique. 

(4) M. A. Wauters part de l'idée que le manuscrit est antérieur a la mort de 
Jean de Bourgogne (1480). 



— 269 — 

ploi de l'aigle impériale allemande associée sur la même 
page 781 au lis bourguignon, ce qui n'a pu avoir lieu 
qu'après l'élévation de Maximilien à la dignité d'empereur 
des Romains, en 1493. L'argument, fait observer M. Wau- 
lers, me semble absolument dénué de force. Maximilien, fils 
d'un empereur des Romains et son successeur probable, 
était, dès 1477, uni en mariage à l'héritière de la maison 
de Bourgogne. Quelle importance a donc un motif simple- 
ment décoratif? L'apparition simultanée du drapeau ducal 
de Bourgogne et celui du meilleur allié de Maximilien, 
son père, l'empereur Frédéric? » 

L'emploi des armoiries dans certaines enluminures n'a 
souvent, en effet, aucune signification propre. J'en conviens. 
C'est ainsi que la double aigle impériale est employée par 
les artistes du moyen âge pour désigner l'armée romaine. 
Après l'aigle, ce sont les lis de France qui jouent le plus 
grand rôle et on peut souvent n'y voir qu'un motif décoratif. 
Le livre d'Heures de Hennessy, dont il sera bientôt question, 
nous donne encore un exemple de ces rapprochements 
purement fantaisistes : on voit sur une des scènes de la 
Passion des étendards portant la croix de Bourgogne. 

Cependant le bréviaire Grimani fournil certaines données 
héraldiques qu'on aurait tort de négliger. 

Une des scènes les plus intéressantes qui ornent le bré- 
viaire Grimani représente un barbier occupé à saigner un 
de ses clients. La salle dans laquelle l'opération a lieu est 
éclairée de plusieurs fenêtres ornées de vitraux armoriés. 
Les photographies ne permettant pas déjuger des meubles 
héraldiques, je me suis adressé à M. Castellani, préfet de 
la bibliothèque de Sainl-Marc, qui s'est empressé de 



— 270 — 

me transmettre des croquis avec l'indication des émaux : 

1° Écu vide; 

2° D'argent au lion de sable; 

5° D'or à la double aigle de sable; 

4° D'azur coupé (?) aux trois lis d'or; 

5° De gueules à la fasce d'argent; 

6° De sable au lion d'argent ; 

7° D'or au lion de sable ; 

8° D'argent au chevron de gueules. 

N° 2. Cet écusson doit probablement être d'argent au 
lion de gueules, au lieu de sable : armes du Limbourg. 

N« 4. L'écu d'azur coupé est une chose impossible. 
Cela doitêlreun traitqui traverse accidentellement l'écusson. 
Il est à présumer que cet écusson d'azur à trois fleurs de lis 
d'or a une bordure composée d'argent et de gueules. 

N° 5. Armes de l'Autriche. 

N° 6. Cet écusson doit probablement être de sable au 
lion d'or, au lieu d'argent, c'est-à-dire les armes du Brabant. 
En admettant que les armes et l'écusson qui sont devenus 
invisibles soient ceux de Bourgogne ancien, alors les écus- 
sons Set S formeraient le blason de l'empereur Maximilien P r , 
porté par lui depuis 1508 jusqu'à sa mort (1519), et les 
écussons n 08 1, 2, 4, 6 et 7 formeraient le blason de sa 
femme, Marie de Bourgogne («). 

Le fait qu'elle était morte quand Maximilien commença à 
se servir de l'aigle à deux tètes n'offre rien d'extraordinaire, 
car on rencontre souvent les armes de Marie jointes à celles 



(0 Le docteur Waagen avait supposé que le bréviaire avait appartenu à Marie 
de Bourgogne {Ktmstblaft, 1847, v. 49). 



- — 271 — 

de Maximilien, plusieurs années après le trépas de l'infor- 
tunée princesse. Citons, par exemple, le vitrail de 1503 
dans l'église de,Nolre-Dame, à Anvers. 

Quant à l'écusson n° 8, M. le comte de Nahuys, dont je 
suis ici les ingénieux rapprochements, y voit les armes de 
Fauteur des enluminures. Les renseignements que j'ai 
recueillis jusqu'à présent ne me permettent pas d'apprécier 
la valeur de celle affirmation. Au surplus, les armoiries 
renfermant un seul chevron, sont si fréquentes que Ton doit 
renoncer à rechercher une identification 0). 

On m'objectera peut-être que l'on n'est pas en mesure de 
tirer une conclusion certaine des éléments qui viennent d'être 
produits. Il y a cependant des indices qu'on n'est pas en droit 
de rejeter sans examen. A vrai dire, l'enlumineur eût dû indi- 
quer les armoiries du propriétaire beaucoup plus clairement; 
mais j'ai hâte d'ajouter que rien ne prouve qu'il ne Ta pas 
fait dans le principe. Il a pu les peindre en tète du volume. 
C'est, du reste, la disposition qui a été adoptée pour le livre 
d'Heures d'Albert de Brandebourg, qui émane de la même 
école, sinon du même atelier que le bréviaire Grimani. Qui 
sait si le célèbre cardinal n'a pas supprimé les armoiries 
qui formaient le frontispice du livre comme ne présentant 
plus pour lui aucun intérêt spécial. Les armoiries qui ornent 
les fenêtres de l'officine du barbier- chirurgien seraient donc 
des emprunts ou des réminiscences du blason principal. 



(0 Dans un article intitulé Ein verwandler des Breviarium Grimani in der 
K,K. Hofbib1iothek{Wien 9 B. IX). M. Chmelraz fait observer que la présence des 
armes de Bourgogne et de la double aigle indique que le propriétaire a dû se 
trouver dans une plus intime relation avec Maximilien qu'on avait été disposé a 
le croire jusqu'à présent. 



— 272 — 

Si le blason n° 8, à savoir : d'argent au chevron de 
gueules, est celui du propriétaire, les autres armoiries ne 
seraient ici que pour marquer un rapport, de dépendance 
entre le propriétaire du manuscrit et le prince régnant, 
comme le cas se présente dans le manuscrit : la Cité de 
Dieu, exécuté pour le compte de Jean Chevrot, évèque de 
Tournai, et conservé à la Bibliothèque royale de Belgique. 
On voit à la miniature initiale du tome 11 de cet ouvrage, 
le roi de France sur son trône recevant la traduction fran- 
çaise du célèbre traité de Saint-Augustin. Les vitraux de la 
place où la scène se passe sont décorés aux armes de France, 
de Bourgogne et de l'évèque tournaisien. 

J'ai peine à croire que le Grimani n'ait pas été fait pour 
une personne déterminée, que ce soit Maximilien ou un 
riche seigneur de sa cour. Je pencherais cependant à 
admettre que ce fut ce prince qui l'avait commandé. Maxi- 
milien aura été obligé d'aliéner ce joyau ou il sera mort 
avant d'en prendre possession. Ce sera à ce moment qu'An- 
tonio de Sicile l'aura acheté d'occasion. 

Tout en combattant l'hypothèse que le manuscrit était 
destiné à un prince régnant de la maison de Bourgogne, 
M. A. Wauters admet cependant qu'il a été exécuté pour «un 
Bourguignon éminent, à en juger par la prédilection mar- 
quée que les peintres du manuscrit montrent pour les 
armoiries de la famille du côté de Bourgogne et des familles 
alliées. » « Ce fut sans doute aussi, dit M. Wauters, pour un 
prince de l'église, ami de l'art, opulent, de mœurs peu 
sévères. Si on ajoute que la Vierge et les Saints-Jean sont 
dans le missel les objets d'une prédilection tellement mar- 
quée, nous sommes amenés à déclarer que notre manuscrit 



— 275 — 

fut commencé dans les dernières années de Jean de Bour- 
gogne, évèque de Cambrai, où l'église principale était placéq 
sous le vocablede Notre-Dame. ». 

Il nous est impossible, après l'examen attentif de tous les 
ccussons, de songer le moins du monde à Jean, bâtard de 
Bourgogne. En effet, des armoiries dont il a été question plus 
haut, celles qui peuvent être attribuées à la maison de Bour- 
gogne ne sont pas brisées du signe de bâtardise. Du reste, 
abstraction faite des armes, il est certain que le manuscrit 
n'est pas contemporain de Jean de Bourgogne, décédé en 
1480, mais date du commencement du xvi e siècle, ainsi que 
Ton peut s'en Tendre compte par l'examen de certaines 
pages, telles que le lit de mort, une des plus intéressantes du 
bréviaire. 

A son tour, M. Edgar Baes est l'auteur d'une hypothèse 
que je 'crois devoir citer. 

Le bréviaire Grimani aurait été commandé à Memling par 
François de Busleyden, précepteur de Philippe le Beau, 
ambassadeur et amateur d'art (i). 

« Il (Busleyden) jouissait de toute la confiance de Philippe 
le Beau et protégé par Alexandre VI, qui se préparait à le 
nommer cardinal en 1502, il aurait pu fort bien se ménager 
la faveur du pape en commandant le bréviaire à Memlinc. > 
< L'effigie d'un pape, qui parait être Borgia, dans le char 
d'Apollon, au-dessus du calendrier, semble, ainsi que celle 
de Sixte IV et le nom de Grégoire, affirmer la destination du 
volume. Jules II était neveu de Sixte IV. » 



(0 M. Edgar Baes, Notes sur le bréviaire Grimani et les manuscrits à 
miniatures , p. 139. Voir Bull, des Comm. roy. d'art et d'archêol., 1889. 
Op. ri/., p. 156. 



— 274 — 

<r En 1503, Philippe racheta aux héritiers de François, 
peut-être à son frère Jérôme, de nombreux objets d'art que 
probablement il ne paya pas et, trois ans après, il dut 
engager ses bijoux et sa vaisselle tant il était endetté. 

» En supposant que le bréviaire faisait partie de ces 
objets, il pourrait être revenu aux héritiers, mais nous avons 
lieu de croire qu'il était encore aux mains des artistes. » 

On ne peut songer à analyser point par point une hypo- 
thèse n'ayant aucun point de contact avec le bréviaire 
Grimani. Pourquoi l'intervention de Busleyden plutôt que 
tout autre personnage influent? Si du moins cette suppo- 
sition reposait sur quelque indice. 

Il ne peut être question, en effet, du portrait d'Alexan- 
dre VI que M. Baes croit avoir découvert. Qui serait en 
mesure, même armé d'une loupe, de reconnaître quelques 
traits de parenté entre Borgia et ce personnage aux dimen- 
sions microscopiques représenté dans le calendrier, le front 
ceint d'une mitre ! 

Cette figure n'a pas de prétentions au portrait. 
' Il n'est pas établi non plus que le portrait de Sixte IV se 
trouve reproduit dans le Grimani. 

Dès lors, l'hypothèse émise par M. Baes est sans fon- 
dement, car elle ne repose ni sur une inscription, ni sur une 
coïncidence de dates, ni sur un blason, ni sur une allusion 
contenue dans un des sujets représentés, ni enfin sur un des 
éléments écrits du bréviaire. La solution de la question : 
à qui a appartenu le Grimani, gît dans l'interprétation défi- 
nitive des écus armoriés qui ont été étudiés ci-dessus. 

Quels sont les auteurs des enluminures? 

Ce manuscrit, chose étrange, a été revendiqué tout 



— 275 — 

d'abord parles Italiens comme l'œuvre d'un des leurs; mais 
ils ont eu le bon goût de ne pas défendre longtemps une 
opinion aussi bizarre. Stringa admet sans hésiter la prove- 
nance flamande de ce travail ; plus explicite, l'anonyme de 
Morelli va jusqu'à citer des noms. 

UoIJicio célèbre, che nessor Antonio Siciliano vende al 
cardinal per ducati 500 fu miniati da molti maeslri in 
moltianni. Vi son imminiature de man de Juan Même Uni 
carte..., de man de Gerardo di Guant carte 125, de Livino 
de A nversa carte 125.. 

Lodansi in esso sopra tutto li \ 2 mesi, tra li altri li feb- 
braro ove uno fanciullo orinando nella neve la fa gialla, el 
il paese ivi è tulo neveso a giacciati (t). 

Je ferai d'abord observer que le chiffre total des enlumi- 
nures donné par l'anonyme est de 250, tandis qu'il n'y en a 
en réalité que HO. Cette erreur mérite d'être relevée. Ana- 
lysons rapidement le reste du passage. 

L'artiste cité en première ligne est Memling Memlino. 
L'orthographe est en somme exacte, si l'on tient compte des 
habitudes italiennes. En Belgique, il a fallu qu'un savant 
étranger, M. Weale, vint nous réapprendre la manière 
d'écrire un des noms des plus glorieux de notre passé ar- 
tistique en nous démontrant que c'était Memling et non 
Hemling qu'il fallait dire. 

Pour ma part, je n'ai jamais cru à la participation de 
Memling. J'ai voulu néanmoins me faire une conviction à 



(i) Notizia d'opéra di disegno nette prima meta del moto xvi emtenti in 
Padova. Cremona Milano, Pavia, Bergamo Crema e Venezia, Serti la de un 
anonimo di quel tempo, p. 77. tfassano (1800, in-8 )» 



l 



— 276 — 

cet égard et j'ai comparé les photographies de la publi- 
cation de Zanotto avec les ouvrages de Memling conservés à 
Bruges. Plus tard, une élude attentive des œuvres de ce 
maitre au Musée de Munich m'a confirmé dans ma manière 
de voir. Aussi n'hésilé-je pas à conclure avec Woltmann (i) 
que dans le célèbre manuscrit de Venise il n'y a pas un trail 
de Memling. Les productions de ce maître étaient en vogue 
et les marchands n'ont pas hésité à trafiquer de son nom. 

Certaines pages du Grimani, j'en conviens, ne laissent 
pas d'avoir de grandes analogies avec des œuvres de Mem- 
ling. La Résurrection et la Descente du Saint-Esprit faisant 
partie du célèbre tableau des Sept Joies et des Sept Dou- 
leurs de la Vierge de la Pinacothèque de Munich, ont été 
copiées ou du moins interprétées par les enlumineurs du 
Grimani. 

Des faits analogues se sont fréquemment produits dans 
l'histoire de l'art. « Dans les écoles de Bruges, de Gand, de 
Bruxelles (2), il y a eu de nombreux imitateurs du style de 
Memling. Quelques-uns n'ont été que de serviles copistes; 
mais plusieurs furent doués d'un talent remarquable. On ne 
pouvait toutefois attendre de ces derniers qu'ils devinssent 
supérieurs à leur maître. » 

C'est apparemment le cas pour l'auteur des réminiscences 
ou des interprétations que l'on rencontre dans le Grimani. 
Le nom de Memling devrait donc être biffé définitivement 
de la liste des collaborateurs de ce travail. 



(1) Von Memling riihrt in dem huche hein strich her : mit diesem in Italien 
wolbekantem Mann jatte der Kûmtler geschaefte zu machen. 

P. 70. Die Geschichte der Malerei. 

(2) Crowe et Cavalcaselle, t. II, p. 50, Histoire de la peinture flamande. 



— 277 — 

Je passe au second artiste cité par l'anonyme de Morelli, 
Gerardo di Guanto. Plusieurs noms ont été mis en avant 
pour arriver à une identification : Gérard Van der Meire, 
Gérard Horeboul et enfin Gérard David. 

M. A. Wauters a essayé d'identifier Gérard de Gand, cité- 
par l'anonyme de Morelli, avec Gérard Van der Meire. 

« De nos jours, dit le savant historien, la critique ne s'est 
pas moins égarée qu'autrefois, et l'on peut dire que plus elle 
s'est occupée du Missel Grimani, moins elle en a éclairci 
l' histoire. Dans le Kunstblatt de l'année 182*3, Louis Schorn, 
égaré par les notes de Morelli, a prétendu remplacer les 
noms de Gérard de Gand (ou Van der Meire) et de Liévin 
d'Anvers (ou Van Laethem) par ceux de Gérard Horebout 
et de Liévin de Witte, de Gand (?). Deux auteurs d'un grand 
mérite d'ailleurs, Crowe et Cavalcaselle, égarés aussi par 
les renseignements erronés que l'on avait accumulés autour 
de Gérard Van der Meire, et, surtout par cette inacceptable 
qualification d'élève d'Hubert Van Eyck dont on Ta gratifié, 
ont regardé comme impossible sa collaboration au Missel et 
également remplacé son nom par celui de Gérard Hore- 
bout ; ils ont même affirmé que le vieux Gérard de Gand 
n'exécuta jamais de miniatures (?), tandis que Guichardin 
atteste le contraire. » 

Que la qualification d'élève de Van Eyck, donnée à Van 
der Meire, soit inacceptable, je veux bien l'admettre. Mais 
qui est en mesure de prouver que c'est Gérard Van der 
Meire que l'anonyme a eu en vue? Pour établir la collabo- 
ration de ce dernier au Grimani, les preuves font défaut. 

Aucune œuvre de. Van der Meire n'est connue d'une* 
manière certaine. Il a pu faire des miniatures et des pein- 



— 278 — 

• 

tures, soil; mais le témoignage de Guichardin ne peut être 
invoqué en sa faveur. En effet, l'historien florentin parle d'un 
Gérard David qui florissait, non à Gand, mais à Bruges, et 
qui était contemporain et émule de Simon Beninget de Lan- 
celot. Albert Durer a clairement désigné dans le récit de 
son voyage aux Pays-Bas Tenlu mineur Gérard, père de 
Suzanne et chef de la famille des Horebout. Plus près 
de nous, Vasari, comme M. A. Wauters en convient loi- 
même dans une note, place Horebout au nombre des 
plus grands enlumineurs. « Vasari, dit M. A. Wauters, ne 
nomme pas d'une manière positive Gérard de Gand ou 
Gérard Van der Meire; mais il paraît le désigner dans le 
passage où il cite parmi les meilleurs miniaturistes flamands 
Marin de Ziericzée; Gérard Horebout, de Gand; Simon 
Bening, de Bruges, et Gérard (t. IX, p. 346, édition 1842). 
Ce dernier ne pouvait être Gérard de Bruges ou Gérard 
David, qui est renommé comme peintre de tableaux; rien 
n'empêche de l'assimiler à Van der Meire. » 

La conclusion me paraît inacceptable. L'on sait d'une 
façon indubitable que Horebout s'occupait d'enluminures, 
tandis que rien ne prouve que Van der Meire en ait jamais 
fait. Il ne sera pas superflu de faire observer que les témoi- 
gnages de Vasari et de Guichardin, concernant les enlumi- 
neurs le plus en renom, concordent presque parfaitement. 
Guichardin était du reste en état d'être bien renseigné en ce 
qui concerne les artistes de Bruges. Il possédait, en effet, un 
guide sur en la personne de son ami Dominique Lampso- 
nius, qui habitait celte ville; de plus, les auteurs qui 
viennent d'être cités étaient à peine morts ou sur le déclin 
de leur carrière quand Guichardin résidait déjà à Anvers. 



— 279 — 

Ii assista à l'entrée de Philippe H, en 1542. « Il nous donna, 
écrivail-il, par sa venue, autant de joie et de confort que 
nous avait causé de déplaisir et de frayeur la course de 
l'armée de Longueval et Van Rossom. » 

Selon toute vraisemblance, c'est Horebout que l'anonyme 
de Morelli a voulu désigner; le seul artiste du nom de 
Gérard qui jouissait à Gand à cette époque d'une véritable 
notoriété. 

On ne connaît aucune œuvre de Gérard Horebout d'une 
façon certaine, à savoir par un document ou par une signa- 
ture; on aurait donc mauvaise grâce de se prévaloir du fait 
qu'il a été fournisseur de princes et de rois pour lui restituer 
à priori nombre d'œuvres remarquables sorties des ateliers 
de Gand ou de Bruges. Plusieurs' auteurs ont attaché trop 
d'importance peut-être au témoignage d'Albert Durer ou 
plutôt l'ont mal interprété. Jusqu'à présent, le rôle des 
Horebout est mal connu ou même n'est pa^ connu. Ce n'est 
pas que l'on soit dépourvu de renseignements sur leur 
compte, mais toutes les données qui les concernent sont 
commentées arbitrairement. Plusieurs auteurs leur ont res- 
titué un certain nombre d'œuvres ; mais pour être autorisé à 
faire des attributions, il faut avoir un point de départ sûre- 
ment établi. Aussi, les chercheurs, faute de données pré- 
cises, sont-ils encore actuellement réduits à n'émettre que des 
conjectures sur cette intéressante famille d'artistes. 

Karl van Mander, il est vrai, fait un grand éloge de 
Gérard Horebout et parle en particulier de deux tableaux 
qu'il avait exécutés pour Liévin Hughenois. Ces œuvres 
d'art ont été détruites ou du moins la trace en a été perdue. 
On attribue cependant à Gérard Horebout la paternité d'un 



— 280 — 

diptyque qui a passé du cabinet de feu M. Onghena, de 
Gand, dans la collection de M. le baron A. de Rothschild. 
Sur un feuillet, on voit l'abbé Hughenois en prière, sur 
l'autre, la Vierge qui présente l'Enfant Jésus à l'adoration 
de son serviteur. 

Cette attribution, qui est due à M. L. de Bast (1), n'est pas 
dépourvue de fondement. Il n'est pas invraisemblable que 
Liévin Hughenois ait confié à un peintre qu'il avait déjà 
favorisé de ses commandes la lâche de perpétuer ses traits. 
Cependant il ne faut admettre qu'à titre précaire celte opi- 
nion. En effet, l'abbé de Saint-Bavon pouvait très bien 
s'adresser à un autre artiste. Quant à l'œuvre, elle ne décèle 
pas un talent transcendant. La gravure qui a été exécutée 
par M. Onghena n'en donne qu'une imparfaite idée. L'ori- 
ginal que j'ai eu l'occasion d'examiner de très près me 
semble de bonne facture et témoigne de beaucoup de soin 
de la part de l'artiste ; niais, comme le dit très bien M. H. Hy- 
mans, ce n'est qu'une œuvre estimable. Le Musée d'An- 
vers possède un tableau représentant un abbé des Dunes à 
genoux. C'est, dit M. Siret, une délicieuse miniature (2) 
qui a été longtemps altribuée à Corneille Horebout et 
donnée aujourd'hui à Memling. Ce n'est pas impossible. 
Disons toutefois que ce tableautin est signé G ou G. H. 

« M. A.-J. Waulers pense que ce monogramme est celui 
du personnage représenté, qui serait Chrétien de Hondt. 



(1) Messager des sciences historiques de Gand, 1855, pp. 12-16. 

(*) Cette dénomination pourrait donner lieu à des confusions qu'il convient de 
dissiper. Le mot miniature n'a pas été employé dans son acception ordinaire : 
car il s'agit, ainsi que je l'ai constaté, d'une peinture a l'huile, au lieu d'une 
aquarelle ou d'une gouache* 



— 281 — 

Nous ne partageons pas cet avis, dit M. Siret. L'abbé, s'il 
avait voulu perpétuer son nom de cette façon, n'eût pas 
manqué de placer là une inscription complète donnant, 
comme c'était l'habitude, son nom entier avec le de, son 
âge, sa qualité et l'année de l'exécution du portrait. Pour 
nous, la façon modeste et abréviative de ce monogramme 
nous semble être l'abréviation du nom de l'auteur. Quant à 
l'opinion émise que peu de peintres ont signé leurs œuvres, 
elle n'est nullement fondée, car les exceptions à celte règle 
sont tellement nombreuses qu'elles détruiraient la règle 
môme, si on était tenté de l'adopter. » 

On ne peut citer, ajoute prudemment M. Siret, aucune 
œuvre bien authentique de Gérard; l'Ermitage de Saint- 
Pétersbourg possède de lui, croit-on, un Chrisl mort sur les 
genoux de la Vierge, entouré d'une guirlande de fleurs de 
Van Hessel. Waagen émet l'avis que ce panneau est de 
Gérard David. 

Une égale incertitude plane sur les travaux de Gérard 
Horeboul considéré comme enlumineur. M. le D r Wollmann, 
dans son histoire de la peinture, a repris l'opinion que 
M. Harzen avait déjà préconisée et qui consiste à donner à 
Gérard Horeboul un rôle prédominant (1). 

Je résume brièvement cette théorie. Elle s'appuie sur le 
texte de l'anonyme de Morelli concernant les auteurs du 
Grimani, bien que M. Woltmann exclue, comme je l'ai fait 
remarquer plus haut, la collaboration de Memling. 



(i) Voir Harzen dans les Archiv fur zeichnenden Kunste (IV, p. 320, 4858). 
intitulé « Gérard illuminist des Brcviarii Grimani in der S*-Marcus Bibliothek in 
Yenedig. 



— 282 - 

Gérard de Gand (Gerardo de Guanlo), mais c'est Gérard 
Horebout, un illustre enlumineur qui transmit son art à son 
fils Luc, et qui mourut en qualité de peintre de la cour 
d'Henri VIII, et à sa fille Suzanne, qui, elle aussi, s'établit en 
Angleterre. L'on sait leloge qu'Albert Durer fit de celle 
artiste, qui avait dix-huit ans lors de son voyage dans les 

m 

Pays-Bas. 

Gérard Horebout fut occupé par l'archiduchesse Mar- 
guerite et reçut de 1516 à 1521 divers paiements pour des 
peintures et des livres d'Heures. Il me suffira de renvoyer, 
avec M. Woltmann, aux Archives des arts et des sciences de 
M. Pinchart. 

Un des livres les plus précieux du commencement du 
xvi* siècle (n° 2706 de la Bibliothèque impériale à Vienne) 
et la traduction allemande de YHortulusanimae christianae 
de Sébastien Brant, écrit d'après l'impression de Strasbourg, 
a été certainement exécuté pour l'archiduchesse Marguerite, 
car dans les décorations marginales se présentent souvent 
des perles ; bien plus, une perle (Margarita) pend à son 
initiale M. Des fleurs appelées marguerites sont souvent 
employées dans les décors. Il est permis, bien qu'à titre de 
conjecture, dit M. Woltmann, de penser à son peintre Gérard 
Horebout comme enlumineur. Mais s'il a peint ce livre, le 
bréviaire Grimani appartient également à son atelier, car 
YHortuIas animae concorde précisément avec les parties les 
plus délicates du manuscrit prémentionné et témoigne des 
progrès accomplis. 

Étant donné, comme on vient de le voir, les incertitudes 
qui planent sur l'œuvre de Gérard Horebout, ce système 
ingénieux ne serait admissible qu'autant que l'artiste aurait 



— 283 — 

été le fournisseur attitré de Marguerite d'Autriche pour tous 
les travaux se rattachant à l'enluminure (i). 

Rien ne s'oppose, du reste, à cçque les Horebout aient eu 
des rapports avec les artistes en renom tels que les Benning, 
dont ils auront partagé les goûts et copié les productions. 

Quant aux motifs en usage chez les enlumineurs, il est de 
fait^qxi'il y avait une mode, le citerai tout d'abord les enca- 
drements simulant la boiserie, l'emploi du nimbe doré 
transparent, les fleurs alternant avec des rinceaux et jetés sur 
des fonds bleus, rouges, jaunes, fouettés d'or. Les drôleries 
du temps jadis sont oubliées ou reléguées à Tarrière-plan. 
La marge sert à recevoir les commentaires ou les complé- 
ments de la miniature principale. Par exemple, une minia- 
ture représentant des funérailles est accompagnée, comme 
sujet accessoire, d'une scène figurant l'inhumation. Parfois 
des bijoux ou des objets de dévolion, tels que des chapelets, 
des croix pectorales, des reliquaires, font également partie 
du bagage décoratif des enlumineurs. 

Ce n'est donc pas seulement d'après les caractères exté- 
rieurs qu'il faut se guider. En effet, la vogue immense dont 
jouissaient les livres flamands a suscité beaucoup d'imi- 
tations. 

Pour être à même de répondre au goût des amateurs, 
les enlumineurs avaient à se modeler sur des artistes en 
renom. Dès lors, il fallait s'attendre à voir s'introduire l'em- 
ploi des trucs et des recettes dont l'usage devait se répandre 
dans tous les ateliers. Ce qui est certain, c'est que la masse 
des documents est très considérable. 



(0 Geschichte der Malerei. Die Malerei dts Mittelalters und der Neuzeit von 
D r Alfred Woltmann, 1879, p. 70. 



— 284 — 

Aussi, le rôle des érudits ne doit-il pas consister, ce me 
semble, à déterminer toutes les œuvres qui existent, mais à 
former des groupes et h les rattacher, s'il est possible, à une 
personnalité marquante. 

Poursuivons la revue des attributions. Hugo Van der 
Goes aurait laissé des traces de sa collaboration ; mais on 
ne doit pas perdre de vue que le maître est mort en 1482 
dans l'abbaye de Rouge-Cloître, où il était entré en 1476, 
donc antérieurement à la confection du Grimani, lequel 
remonte au début du xvi e siècle. 

Il y a des pages dans le bréviaire qui rappellent vaguement 
sa manière (i). Qui sait si Tune ou l'autre de ses œuvres 
n'a pas été copiée plus ou moins fidèlement? Du reste, 
comme je viens de le dire, les copies et les réminiscences 
ne manquent pas dans l'œuvre de nos enlumineurs. Seul un 
examen attentif, secondé par d'heureuses circonstances, 
permettra de démêler petit à petit cet écheveau si embrouillé. 

Un aulre nom a encore été mis en avant, c'est celui de 
Gossaert, Jean Mabuse. A-t-il, comme le prétendent certains 
auteurs, une part quelconque à réclamer dans la décoration 
du bréviaire Grimani? Le mot Cosar... inscrit sur l'une 
des miniatures du manuscrit, dans une frise appartenant 
à un monument (fol. 106, Sainte-Catherine d'Alexandrie 
parmi les docteurs), doit-il signifier que la composition 
émane de ce peintre? C'est là un problème dont la solution 
paraît à peine possible, étant donnés les renseignements dont 



(i) Cependant le groupe des pasteurs dans la page de la Nativité présente 
beaucoup d'analogie avec celui du tableau de Hugo van der does conservé à 
lVglise Siinta-Maria Nuova, à Florence. 



— 285 — 

on dispose. Vollmann accepte l'inscription comme consti- 
tuant la signature de Mabuse. « Resté inachevé, dit M. Wau- 
ters, par celui qui voulut en enrichir sa librairie, le 
manuscrit a pu parvenir entre les mains d'Anlonello de 
Messines et être vendu par son intermédiaire au cardinal 
Domini Grimani. Ce dernier y aura fait ajouter une minia- 
ture par Jean Gossaert dit Mabuse ou de Maûbcuge, lorsque 
celui-ci vint en Italie, vers 1510. » 

L'hypothèse est contredite par les faits. On retrouve dans 
le même livre plusieurs pages qui sont dues à Fauteur de 
Sainte-Catherine au milieu des docteurs. Qu'il me suffise, à 
titre d'exemple, de citer la Vierge suivie d'un cortège de 
bienheureux. 

Des érudits voient dans celte signature un fragment de 
ces inscriptions sans sens ni valeur, comme les enlumineurs 
se sont plu, à l'instar des sculpteurs et des peintres, à pro- 
diguer sur les draperies de leurs personnages. Ici l'artiste, 
hanté par une réminiscence classique, aura voulu se donner 
le luxe d'orner la façade d'une inscription. 

Du reste, ce Jean Gossaert n'a jamais, que je sache, signé 
de la sorte. De Cosàrt à Gossaert, il y a de la marge. 
M. H. Hymans cite dans le commentaire de la vie de cet 
artiste un tableau du Musée de Malines, représentant une 
séance du Grand Conseil en 1474, sous la présidence de 
Charles le Téméraire. Ce tableau, comme l'apprend 
M. Hymans, est signé très lisiblement Gossaert 15.. sur le 
papier tenu par un des greffiers placés à l'avant-plan (i). 



(i) Le livre des peintres de Cari vnti Mander, trad. par M. Henri Hymans, 
1884, p. 240, t. I. 



— 286 — 

Le seul point acquis c'est la proche parenté de plusieurs 
peintures de ce célèbre codex avec le livre d'Heures de 
Henessy, sorli, comme on le verra bientôt, de l'atelier des 
Bening, à Bruges. 

Résumons l'examen qui vient d'être fait sur les collabo- 
rateurs supposés du Grimani. 

La participation de Gérard van der Meire est inadmis- 
sible : il n'a aucune notoriété comme enlumineur; celle de 
Gérard Horebout est au moins problématique : aucune œuvre 
de ce maître n'est connue d'une façon certaine et rien ne 
peut justifier les attributions qui ont été tentées à son égard; 
le rôle de Liévin d'Anvers n'est même pas entrevu; quant à 
la collaboration de Gossaerl, elle ne repose que sur une 
inscription de fantaisie. 

Que certaines miniatures duGrimani présentent de grandes 
analogies avec des productions de maîtres-célèbres, c'est 
indéniable Les auteurs du Grimani ont admiré et interprété 
les peintures de Hugo van der Goes, de Memling, de Gérard 
David, et même ces admirables Heures de Chantilly, œuvre" 
du début du xv e siècle que l'érudition moderne a restitué 
à Pol de Limbourg et à ses frères. 

Tous ces éléments et ces indices peuvent nous éclairer, 
mais ne nous donnent pas les noms des auteurs. 

A quelle époque le Grimani a-l-il été exécuté? 

Crâce à l'examen des écussons relevés dans le manuscrit, 
la réponse sera plus précise qu'elle n'avait pu J'ètre jusqu'à 
présent. 

En effet, la présence simultanée de l'aigle à deux tètes et 
des armes de Bourgogne se rapporte directement ou indirec- 
tement à Maximilien. Or, ce prince n'introduisit dans ses 



— 287 — 

armes la double aigle que lorsqu'il fut empereur, à savoir 
de 1508 à 1519. 

C'est donc dans ce laps de temps que le bréviaire a élé 
exécuté. 

Le fait est intéressant et de nature à éclairer beaucoup 
les recherches. On a eu tort, à notre avis, de vouloir rendre 
le Grimani contemporain de Memling, tandis qu'il est 
l'œuvre d'artistes moins âgés que lui ayant subi son action. 
Il suffit pour se convaincre de la justesse de mon obser- 
vation d'examiner certaines peintures du manuscrit. On y 
voit l'influence manifeste de la Renaissance, là même où 
l'artiste copie des prédécesseurs, car malgré lui il trahit 
les préoccupations ou les modes de son temps. Entre autres 
exemples, je citerai la première miniature représentant le 
dîner d'un riche seigneur. D'un côlé, on voit des serviteurs 
chaussés de souliers à la poulaine, comme au temps de 
Philippe le Bon, tandis que la cheminée est décorée d'une 
joute du xvi e siècle. Mais où l'évidence éclate complètement, 
c'est dans la miniature représentant le lit de mort. C'est une 
des pages les plus intéressantes de la vie domestique, et les 
costumes, comme le mobilier, appartiennent au premier tiers 
du xvi' siècle. 

Pas n'est besoin de multiplier les exemples. Qu'il me 
suffise de faire observer que lorsqu'on doit classer des 
manuscrits enluminés, ce n'est pas telle ou telle page qu'il 
faut examiner, mais l'ensemble des éléments; et surtout on 
ne doit pas perdre de vue que les copies y jouent un très 
grand rôle, à ce point qu'un même manuscrit renfermera 
des copies ou des interprétations de deux ou trois époques 
parfaitement distinctes. 



— 288 



MISSEL DE L ANCIEN MAGISTRAT DE DIXMUDE. 

La seule œuvre de Simon Bening connue par un docu- 
ment certain se trouve à Dixmude. Le magistrat de cette 
ville le commanda à maitre Simon de Bruges en 1530 
pour orner un missel, et cet artiste reçut de ce cheNO livres. 
La miniature représente le Crucifiement. 

Elle a 30 centimètres de haut sur 19 de large. Les per- 
sonnages ont environ 13 centimètres de hauteur (i). Jésus- 
Christ, la tète couronnée d'épines, est attaché à une croix 
en forme de tau surmontée du titre. Le corps est un peu 
court; la tète est engoncée enlre les épaules et la physio- 
nomie manque de noblesse. À la droite du Christ se tient 
Marie portant une robe et un manteau couleur bleu foncé. 
Les trails de la Vierge reflètent une profonde douleur; à 
gauche, saint Jean, les bras croisés sur la poitrine, lève les 
yeux vers le Christ. Les lètes de ces deux personnages sont 
entourées d'un nimbe circulaire en tulle d'or, tandis que la 
tète du Christ a un nimbe rayonnant. 

On remarque au pied de la croix un crâne posé au 
milieu des pierres, et derrière un pli de terrain des cava- 
liers et des fantassins qui regagnent la ville; à gauche, 
des broussailles et, plus loin, un chêne dépouillé de feuilles. 
Le plan suivant offre une ville siluée au pied d'une mon- 
tagne couronnée d'un château-fort et de divers ouvrages de 
défense. La ville est baignée d'autre part par la mer. 

La reproduction qui accompagne le présent travail ne 



(i) Voir p. H8, Beffroi, t. IV. 



k 



THE N£VV YORK 

PUBLIC LIBRARY 






A8TCR, LFNOX AMD 
T1LDEN FO'JNDATIONS 



— 289 — 

donne malheureusement aucune idée du ciel couvert de 
nuages rougeàtrcs traversés de stries d'un bleu violacé. 

Le paysage, qui est la partie vraiment neuve et intéres- 
sante des travaux de Simon Bening, décèle autant d'habileté 
que d'observation minutieuse de la nature. 

J'ai exposé naguère, dans une note adressée à l'Académie 
d'archéologie de Belgique (i), le rapprochement que j'ai eu 
l'occasion de faire entre la miniature du missel de Dixmudc 
et celle du livre d'Heures de Hennessy. 

J'avais été amené, à la suite d'une étude attentive, à attri- 
buer à Simon Bening l'exécution des miniatures des Heures 
de Hennessy de la Bibliothèque royale. 

En effet, j'y voyais confirmé en tous points le jugement 
que François de Hollande avait porté sur cet artiste : 

Maître Simon de Btugesy parmi les flamands, fut le plus 
gracieux coloriste et telui'qui fit le mieux les arbres et les 
lointains. 

Le missel de Dixmude me fournit la preuve que je 
cherchais. 

11 est manifeste que le livre d'Heures précité est sorti du 
même atelier que le Crucifiement de Dixmude. Afin de 
dissiper les doutes qui pouvaient encore subsister à cet 
égard, je rapprochai, grâce à l'obligeance de M. l'échevin 
Feys, le missel du livre d'Heures. MM. les conservateurs 
Ruelens et Hymans (2), de la Bibliothèque royale, voulurent 



(1) Voir Bulletin, 4 e série, année 1887. 

(2) Voici comment M. Hymans rendait compte dans la correspondance de 
Belgique (Gazelle des Beaux- Arts, mois d'avril 1887) de cette constatation : 
< Une recherche postérieure de M. Destrée semble établir que l'un des auteurs 
du bréviaire Grimant serait le fameux Simon Bening, fait en quelque sorte 



— 290 — 

bien assister à celte intéressante constatation. Le lecteur 
pourra la refaire à son tour au moyen des planches ci- 
annexées. 

Il y a lieu de faire remarquer que ces reproductions ne 
donnent qu'une idée imparfaile des valeurs et des merveil- 
leux détails du paysage. Elles suffisent néanmoins pour 
nous renseigner sur l'ensemble de la composition. 

Les figures du Christ et de saint Jean appartiennent 
manifestement au faire du maître. Faut-il ajouter que la 
scène présente la même économie que celle du missel. On 
peut remarquer également à l'avant- plan le crâne posé à 
côté d'un tas de pierres; au troisième plan, les petits person- 
nages qui se dirigent vers Jérusalem. 

On revoit dans le livre de Hennessy, en particulier dans la 
Descente de Croix et dans la Mise au Tombeau, les figures 
du Christ, de la Vierge, de saint Jean identiques à celles qui 
viennent d'être mentionnées. 

Le Crucifiement y tel qu'il est représenté sur nos deux 
planches, a du être un sujet familier à Simon Bening, car 
on le retrouve encore dans le manuscrit 4i (cimelia) de la 



prouvé par le rapprochement d'une miniature du Griraani avec une très impor- 
tante illustration d'un bréviaire existant dans une localité de la Flandre et dont 
l'origine est établie. Cette constatation faite par Fauteur à l'Académie d'archéo- 
logie est actuellement sous presse. » 

En réalité, le rapprochement avait eu lieu entre la miniature et le livre d'Heures 
de Notre-Dame dit de Hennessy; mais le livre de Hennessy étant parent du 
Grimani, il en résultait manifestement que Bening ou les Bening n'étaient pas 
étrangers à l'illustration du célèbre manuscrit de Venise. 

Je renouvelai ma communication à la Société d'archéologie de Bruxelles au 
mois de décembre 1887. M. Edgar Baes a refait, en 1889, pour son propre 
compte, mais en négligeant de citer ma note et ma communication, le rappro- 
chement dont il vient d'être question dans une étude qui a paru dans le Bull, 
des Comm. roy. fart et d'archéol., XXVIII, p. 135. 



— 291 — 

Bibliothèque royale de Munich et dans le triptyque Slein. 
Cette découverte qui constitue un point de départ certain, 
m'a permis de restituer aux Bening des œuvres jusqu'à 
présent inconnues, car il existe nombre de miniatures pos- 
sédant de grandes analogies avec le livre d'Heures de 
Hennessy et le missel de Dixraude (i). 

LES BENING. 

Leur œuvre occupe une place considérable dans l'histoire 
de l'enluminure de la fin du xv e siècle et d'une grande partie 
du xvi e . 

Quant à leur influence, il serait malaisé de la caracté- 
riser, car ils n'ont pas de personnalité bien définie. Dans 
les œuvres si nombreuses qui appartiennent au cycle des 
enlumineurs flamands, dont la classification est à peine 
ébauchée, je vois deux tendances bien distinctes : là, c'est 
la tradition des vieux gothiques qui s'affirme avec inten- 
sité; ici, ce sont des tentatives en vue de s'assimiler les 
œuvres en vogue de la Renaissance. Aussi résulte-t-il 
souvent du concours de ces deux éléments des mélanges 
plus ou moins heureux. Ce qui se dégage nettement dans 
la confusion, c'est la peinture de genre qui allait devenir un 
des apanages des écoles flamande et hollandaise. 



(4) Je reproduis plus loin le compte des diverses sommes qui ont été accordées 
au manuscripteur, au relieur et à l'enlumineur. Il n'est pas sans intérêt de 
constater quelles sommes ont été payées pour les divers travaux qui ont été 
exécutés au missel. Simon Bening toucha pour sa part 10 livres, somme consi- 
dérable pour l'époque. 

Lorsque Bening livra des portraits de souverains pour orner les statuts de la 
Toison d'or, il fut convenu qu'il recevrait * vi livres pour prix de chascune 
figure, y comprins leurs armes et timbres ». 



— 292 — 

À mon sens, c'est dans leurs éludes d'après nature, à 
savoir : dans la représen talion des fleurs, des fruits, des 
travaux champêtres, des fêtes et des jeux si chers à nos aïeux 
que ces petits maîtres, résidant surtout à Gand et à Bruges, 
ont déployé le plus de talent et d'ingéniosité. Aussi ces 
créations naïves et réelles ont-elles je ne sais quel charme 
qui captive le plus indifférent. 

L'école ou l'atelier des Bening ne pouvait rester étran- 
gère au goût si vif pour le paysage qui se manifestait chez 
les contemporains de H. Blés et de Patinicr. Maître Simon 
en particulier s'est élevé en cette branche à une perfection 
peu commune. Il recueille autour de lui les mille éléments 
constituant un aspect réel et il se plait à les coordonner 
avec un tact souvent inconnu de ses émules. S'il n'échappe 
pas complètement aux conventions et aux recettes, on doit 
reconnaître cependant qu'il a beaucoup observé. Aucun 
artiste avant lui ne s'était appliqué à comprendre et inter- 
préter avec plus de soin la structure d'un arbre ni à en 
rendre avec plus de vérité la luxuriante couronne. Il s'entend 
fort bien aussi à nous présenter des fermes ou de modestes 
métairies avec leurs pittoresques accessoires; autre part, il 
nous initie aux travaux des champs ou à la culture de ia 
vigne jadis si florissante dans nos contrées. 

Après avoir donné tous ses soins au premier plan d'un 
paysage, il n'en néglige pas le fond ; il trouve, chemin faisant, 
le moyen de semer de petites merveilles avant de peindre 
avec la délicatesse de touche propre à sa manière les buées 
qui enveloppent les montagnes de l'arrière-plan. 

Bening a réussi à nous montrer la nature sous ses divers 
aspects : à la chaude lumière du jour, au coucher du soleil, 



— 293 — 

dans la demi-obscurité d'une nuit envahissante; en somme, 
il a réalisé an progrès considérable. Aussi, peut-il être 
regardé dans cette voie comme un initiateur. Il était 
réservé toutefois aux artistes de notre époque de pousser 
l'étude de la perspective aérienne jusqu'à ses extrêmes 
limites et de rendre tous les effets de lumière. 

On connaît suffisamment les essais de tous genres qui ont 
été tentés dans celte voie par les paysagistes modernes et 
contemporains pour apprécier le mérite de ceux qui sont 
entrés les premiers dans la carrière. Ce qui caractérise 
avant tout le paysage du maître brugeois, c'est le réalisme 
délicat uni à la grâce naïve des anciens, c'est l'observation 
minutieuse sans sécheresse, c'est le rêve d'une riante imagi- 
nation sans l'invraisemblance qui est le partage de tant 
d'œuvres artificielles. 

J'aurais mauvaise grâce à placer Simon Bening au premier 
rang parmi les artistes flamands du xvi e siècle; mais ne 
suis-je pas en droit de réclamer pour lui une place auprès 
des Blés et des Patinier? 

J'ai longtemps éprouvé la plus grande indécision sur la 
place véritable qu'il fallait assigner à cet artiste et dans quels 
rapports il se trouvait vis-à-vis de ses contemporains et en 
particulier de Gérard David. Ce dernier a joué un rôle pré- 
pondérant dans l'école brugeoise. Élève de Memling, il donna 
à son tour le ton aux peintres de son époque; mais, d'autre 
part, Simon était dans sa sphère l'enlumineur le plus fêté. 

Examinons la question des rapports entre ces deux 
artistes. 

L'importance de Gérard David s'est tellement accrue 
depuis de récents travaux, qu'on doit toujours avoir en vue 



— 294 — 

sa personnalité chaque fois que l'on étudie les oeuvres de 
ses émules ou de ses contemporains brugeois. Par son père 
Alexandre, Bening se rattachait à l'ancienne école des enlu- 
mineurs si florissante à Gand et à Bruges et, dès son enfance, 
il a dû se trouver en contact avec Gérard David. Aucun 
tableau ne montre mieux que le Crucifiement de ce dernier, 
au Musée de Berlin, les relations qui ont existé certai- 
nement entre nos deux artistes. 

A vrai dire, le tableau en question ne porte aucune signa- 
ture et n'est connu par aucun document, néanmoins je ne 
crois pas qu'on puisse craindre de le restituer à Gérard 
David. Il renferme, en effet, assez de points de contact 
avec des œuvres connues de ce maître, et, pour ma part, je 
n'hésite pas à partager à cet égard l'avis de M. Bode, le 
savant directeur du Musée de Berlin. 

Le Christ est attaché à la croix, placée non de face, mais 
obliquement; disposition habile qui se présentera maintes 
fois encore chez les artistes modernes. Le Christ rappelle, 
à n'en pas douter, la figure analogue de la miniature de 
Dixmude; mais dans le tableau, l'anatomieest mieux com- 
prise, les physionomies ont plus de finesse, la composition 
des scènes décèle plus de ressources et, partant, plus de 
variété. 

Marie-Madeleine, agenouillée au pied de la croix, semble 
jouer un rôle accessoire. Le groupe de Marie, de saint Jean 
et des saintes femmes est très bien interprété. Du côté 
gauche de la croix, le centurion appuyé sur une hallebarde 
s'entretient avec deux soldats. A Tavant-plan, sont jetés 
un crâne et des ossements humains, et un chien lèche le 
sang qui tombe du corps du Sauveur. Au troisième plan, 



WucLwum 



s de Noire-Dame dit de Hennessy. 



— 295 — 

des soldats et des cavaliers se dirigent vers la ville entourée 
de murailles crénelées, dans l'enceinte de laquelle sont 
entassés des monuments ; l'horizon est fermé par des collines 
de peu d'élévation. 

Il est manifeste que Simon Bening a connu l'œuvre de 
Gérard David et en particulier plusieurs des types si remar- 
quables du tableau de Berlin; d'autres fois, il semble 
s'inspirer de Roger Van der Weyden, comme le prouvent 
plusieurs des miniatures du triptyque Stein, dont il sera 
bientôt question. 

Si aucune nouvelle recherche ne vient infirmer nos con- 
clusions actuelles, il résultera du rapprochement que je 
viens de faire que Simon Bening, excellent paysagiste, doit 
être rangé pour l'invention parmi les arlistes habiles certes, 
mais dépourvus de personnalité nettement accusée. Il a puisé 
à plusieurs sources. De là la diversité des influences qui se 
révèlent tout particulièrement dans le livre d'Heures de 
Hennessy. 

De même qu'il a fait des emprunts à des anciens maîtres, 
comme nous le verrons bientôt, il a pu prendre à des 
artistes de retour d'Italie quelques-unes de leurs études les 
plus caractéristiques. D'autre part, rien ne s'oppose à ce 
qu'il ait visité, lui aussi, la péninsule qui apparaissait déjà 
à ses contemporains comme la terre promise des arts. 



HEURES DE NOTRE-DAME DIT DE HENNESSY. 

Ce manuscrit constitue un des plus beaux joyaux de la 
bibliothèque de Bourgogne. 
Ce livre a-t-il en réalité appartenu à Jeanne la Folle? 



— 296 — 

Chronologiquement, rien ne s'oppose à ce qu'il ait été la 
propriété de cette princesse, qui mourut en 1553, âgée de 
75 ans, longtemps après la confection du livre d'Heures. 
On ne possède d'ailleurs sur le propriétaire probable aucun 
renseignement positif. Il existe, à vrai dire, une inscription 
manuscrite en caractères romains non sur un feuillet de 
vélin, mais sur le feuillet en papier qui sert de garde au 
livre d'Heures. 

L'encadrement du feuillet, gravé sur cuivre, représente 
une bordure marginale ornée de fleurs et d'oiseaux. L'inté- 
rieur de la page, collé après coup, porte l'inscription : 

Heures de Notre-Dame a l usage de la princesse 
Jeanne, comtesse de Flandre, avec miniatures magnifiques. 

Je comprends que dans un inventaire on indique la valeur 
ou la beauté d'une illustration, mais je ne sache pas qu'on 
ait jamais fait un en-tète semblable. L'inscription décèle donc 
une main moderne pour ne pas dire contemporaine. L'au- 
teur de celte étrange inscription se sera souvenu en la 
faisant d'un en-tèle de quelque livre illustré. D'autre part, le 
mot miniature, n'était pas employé autrefois. On se servait 
du mot histoire et du mot vignette pour le décor accessoire. 

M. Gh. Bioult de Ghénedollé a consacré à ce manuscrit 
une étude qu'il intitule (i) : Description sommaire d'un livre 
d'Heures de M. Dano, manuscrit latin avec miniatures 
exécuté en Flandre au commencement du xvi e siècle. 

Cet auteur a apporté en général beaucoup d'exactitude 
aux indications qu'il est parvenu à grouper. En effet, il 
s'étend sur la qualité du vélin, la dimension et le nombre 

(i) Bulletin du Bibliophile belge, pp. 369 et suiv., t. IX. 1852. 



— 297 — 

de pages, il essaie même de nous éclairer sur le caractère 
des miniatures, mais il ne souffle mot de l'ancien proprié- 
laire. 

Le nom de Jeanne, mère de Charles-Quint, eût dû, j'ima- 
gine, Frapper l'attention de M. Bioult de Chénedollé. Il y 
aurait donc lieu de considérer l'inscription comme étant de 
date récente et, dans l'hypothèse la plus avantageuse, l'écho 
affaibli d'une tradition. 

Au surplus, on n'aperçoit aucun blason qui puisse auto* 
riser l'attribution dont il s'agit (t). Il est vrai qu'une lacune 
de ce genre pourrait provenir de la disparition de quelque 
feuillet, disparition qui remonterait à l'époque où le manuscrit 
fut relié (xvin e siècle). Je dis plus : pas le moindre détail ne 
contient une allusion plus ou moins éloignée à la qualité de 
la personne. Peut-être le manuscrit a-t-il été la propriété 
d'un homme. 

En effet, dans la miniature qui représente la messe, on 
remarque un homme qui semble être un personnage de 
qualité. Quelquefois le propriétaire du livre est représenté 
de telle manière qu'il n'y a pas de doute possible. A la 
bibliothèque impériale de Vienne, on conserve des Heures, 
travail flamand fort remarquable, contenant une miniature 
d'un grand intérêt : une dame parée de ses atours est figurée 
au premier plan; au second plan se développe un intérieur 
d'église. D'autres fois le propriétaire, et c'est le cas le plus 



(i) Je connais des Heures très intéressantes (British muséum manuscrit 17280) 
où se trouvent les portraits de Jeanne la Folle et de Philippe le Beau, accompagnés 
de leurs armoiries. Ce manuscrit, antérieur au livre d'Heures de Hennessy, est 
inférieur pour l'exécution a celui qui nous occupe et sort d'un autre atelier. 



— 298 — 

fréquent, apparaît agenouillé, accompagné de ses saints 
patrons. 

Le livre a appartenu, selon toute vraisemblance, à un 
grand personnage ; mais il ne peut être question de Jeanne 
la Folle. Feu M. Ruefens ne rejetait pas absolument celte 
hypothèse. « On a émis, dit-il dans son étude sur les 
manuscrits ayant figuré à l'Exposition de 1880, l'opinion 
favorisée par quelques indices que ce document de l'art 
a été créé pour Jeanne la Folle. En tout cas, il était digne 
d'être offert à celle qui fut la mère de Charles-Quint » (i). 

Dans la communication que M. Ruelens fit six ans plus 
tard au Congrès archéologique de Namur (2), il désigna le 
manuscrit sous le nom de « Hennessy » . Ce qui est certain, 
c'est qu'on usait indifféremment tantôt d'une appellation, 
tantôt d'une autre. De mon côté, j'avais adopté ce titre 
erronné dans une communication faite à l'Académie d'ar- 
chéologie d'Anvers en 4887, alors qu'il ne m'avait pas été 
donné de constater l'inexactitude de cette dénomination. 

(A continuer.) 



(1) Vart ancien à V Exposition nationale belge, MDCCCLXXXII. 
(«) Annales de la Fédération archéologique et historique de Belgique, t. II, 
p. 30. 



COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS. 



Le 13 novembre 1891, la Commission a eu le regret de 
perdre un de ses membres les plus dévoués, M. Jean- 
Baptiste Rousseau, secrétaire général de ce Collège et 
directeur général de l'Administration des Beaux-Arts. 



RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX. 



SÉANCES 

des 7, 21 et 28 novembre; des 5, 12, 19 et 28 décembre 1891. 



PEINTURE ET SCULPTURE. 
Des avis favorables ont été émis sur : 

» 

1° La proposition de confier à M. Leegenhoeck la restau- t&** 

v v ° d'Oostkerke. 

ration de quatre tableaux qui se trouvent dans l'église Tab,eaux 
d'Oostkerke (Flandre occidentale) ; 
2° Les dessins des stations du chemin de la croix que Égiue 

de Careghcm. 

M"" de Gault est chargée d'exécuter pour l'église de de c uSj,. 
Cureghem (Brabant) ; 
3° Le tableau spécimen d'une des stations du chemin de Église de 

. , , , , h» v j !*• Biesme-Colonaise. 

la croix a exécuter par M. Léonard pour 1 église de Biesme- _, chemin 

1 r o» de la croix. 

Colonaise (Namur); 



— 300 — 

Ég»«d< 40 L e dessin d'an vitrail à placer dans l'église de Saint- 
"viSu!" Boniface, à Ixelles (Brabant); auteur M. A. Verhaegen; 
de Not^Dame, 5 ° ^ e dessin d'une verrière à exécuter par MM. Stalins et 
vmièw.' Janssens pour la chapelle de Saint-Lpc, à l'église de Notre- 
Dame, à Anvers. 
dYv^Gomezée. — Des délégués on t examiné, dans l'atelier de M. Primen, 
les trois tableaux de l'église d'Yves-Gomezée (Namur), que 
cet artiste a restaurés. 

Ces tableaux, qui ne manquent pas d'un certain mérite, 
sont : 

1° Une grande composition de 3 m 40 sur 2 m 65 portant la 
signature D. Bruyes et la date 1612; elle est peinte sur 
bois et représente le Calvaire; 

2° Une allégorie sur la Passion, de mêmes dimensions 
que la précédente; elle est peinte sur toile et est l'œuvre 
de C. Herreyns; 

3° L'Incrédulité de Saint-Thomas. Cette composition 
porte la signature de De Pery; elle est également peinte sur 
toile et mesure l m 55 sur 2 m 05. 

Le travail du peintre restaurateur consistait dans la 
remise en bon état de ces trois œuvres d'art et dans le ren- 
toila ge et le renouvellement des châssis des deux dernières. 
Les délégués sont d'avis que M. Primen s'est acquitté avec 
soin de ces diverses opérations et que rien ne s'oppose à ce 
qu'une suite favorable soit donnée à cette affaire. 
do Mhftou — ^ es délégués ayant eu à se rendre à Hoogstraeten, 
Tableau. ont p ro fl(é de ce voyage pour examiner, dans l'église de 
Minderhout (Anvers), le tableau qui décore le maître-autel 
et qu'une tradition locale attribue à Van Dyck. 
Les délégués ne pensent pas que l'on puisse reconnaître 



— 301 — 

à ce tableau l'origine qu'on lui attribue. En tous cas, il se 
trouve en très mauvais état; la toile est rongée à ses extré- 
mités et ne tient pour ainsi dire plus au châssis, et les 
couleurs sont entièrement ternies. 

Pour autant qu'il soit possible d'en juger à distance, celte 
œuvre paraît avoir un mérite suffisant pour que le conseil 
de fabrique s'occupe de sa restauration, qui est devenue 
urgente. Un devis estimatif pourfait être demandé à cette 
fin à un peintre restaurateur. 

— Des délégués ont examiné, le 18 décembre 1891, les dc ^^ Xane 
peintures murales exécutées par M. Ganneel dans la chapelle peSûr* 

murales, 

consacrée à Sainte-Catherine, à l'église de Sainte-Anne, à 
Gand. 

Il résulte de cet examen que le travail de M. Ganneel a été 
effectué avec les mêmes soins et la même conscience que les 
autres parties de la décoration de l'édifice. Il y a donc lieu de 
liquider les subsides promis pour cette partie de l'entreprise. 

Il ne reste plus à peindre que trois chapelles, et la troi- 
sième est même déjà fort avancée ; on peut donc espérer 
voir terminer à bref délai cette entreprise considérable, dont 
la réussite parait dès aujourd'hui assurée. 

— Les mêmes délégués ont examiné, dans l'atelier de é*^ 

de Saini-Sauvcur, 

M. Lybaert, le premier des deux retables peints que cet ^JJ^fc 
artiste a été chargé d'exécuter pour l'église de Saint-Sauveur, 
à Gand . Ce retable a pour sujet principal la Présentation 
du Christ au Temple. 

Les délégués n'ont eu que des éloges à adresser à l'artiste 
au sujet de celle œuvre d'art dont la réussite est complète 
tant sous le rapport de la composition et du style que de la 
perfection et du fini du travail. 



— 302 — 

Il y a lieu conséquemment de liquider les subsides 
afférents à cette partie de l'entreprise de M. Lybaert. 
d'Ho^lracicn. — Des délégués ont examiné, dans l'église paroissiale 
d'Hoogstraeten (Anvers), deux vitraux restaurés récemment 
par M. Capronnier et représentant, celui du haut-cœur, Josse 
de Lalaing et sa femme, Bonne de la Viefville; celui de la 
chapelle de la Sainte-Vierge, Philippe de Habarl et sa femme, 
Antoinette de Lalaing. 

En y comprenant la verrière dont la restauration a été 
approuvée le 11 mai 1889, le travail exécuté à ce jour 
comporte trois vitraux sur les sept, formant l'ensemble de 
l'entreprise. 

Les délégués sont d'avis que les verrières précitées ont 
été exécutées avec soin et qu'il y a lieu de les approuver. 

Les délégués ont aussi examiné une autre verrière exécutée 
par M. Capronnier, au moyen de dons, et représentant 
l'atelier de Saint-Joseph, ainsi qu'un vitrail exécuté par 
MM. Stalins et Janssens, aux frais de M. Brosens, bourg- 
mestre de la localité. Ces œuvres, dont les projets ont été 
préalablement adoptés, peuvent également être approu- 
vées. 

Les délégués ont profité de l'occasion pour examiner la 
situation du chœur de l'église. A la suite du débadigeon- 
nage de la voûte, des parois et des colonnes, il est résulté 
que la voûte en briques, bien appareillées, est devenue appa- 
rente et que certaines inégalités dans la coloration ont 
amené une situation qu'il convient d'harmoniser par une 
légère peinture décorative. 

Le conseil de fabrique a fait faire quelques essais aux 
encadrements des fenêtres et aux parois du chevet afin de 



— 303 — 

les soumettre aux délégués. Ces essais ayant paru d'autant 
plus satisfaisants qu'ils font ressortir la riche coloration des 
vitraux et les relie en quelque sorte entre eux, les délégués 
sont d'avis de les poursuivre, et la Commission s'est' ralliée 
à leur manière de voir. 



Hospice 



— A la demande de M. Ch. Samuel, des délégués ont d'Ardienm». 

Bas-relief. 

examiné, dans l'atelier de cet artiste, le modèle d'un 
bas -relief destiné à l'entrée de l'hospice d'Archennes 
(Brabant). 

Les délégués ayant constaté que l'artiste a tenu compte 
de certaines observations qui lui avaient été faites lors d'une 
première inspection, la Commission est d'avis que le modèle 
nouveau peut être approuvé et que rien ne s'oppose à l'exé- 
cution définitive de l'œuvre. 

— Un délégué s'est rendu à Andrimont (Liège) à l'effet d , A ^ 8 * ont 
d'examiner les travaux de restauration exécutés aux plafonds a ÏÏ2 
armoriés des basses-nefs de l'église paroissiale. 

Le décor de ces plafonds se compose des armoiries de 
familles notables de la localité. Exécuté en stuc au commen- 
cement du siècle dernier — l'un des plafonds porte la date 
de 4719, — ce travail présente un certain intérêt au point 
de vue du style décoratif de cette époque. 

L'artiste chargé de la restauration paraît avoir respecté 
le style et le caractère particulier de l'œuvre primitive. Son 
travail peut donc être approuvé et il n'y a aucun inconvé- 
nient à liquider le subside alloué par l'État pour l'exécution 
de cette entreprise. 

— M. Hambresin ayant été chargé de reproduire deuxPare«ioLaeken. 
groupes en pierre de Godecharle, qui décoraient les piliers 
d'entrée du parc de Laeken (Brabant), des délégués se sont 



— 304 — 

rendus àTalelier de cet artiste pour examiner les esquisses 
préparées en vue de cette reproduction. 

Ces esquisses n'ont guère pour but que de .déterminer les 
attitudes des figures qui composent les groupes et de com- 
pléter ceux-ci; l'artiste devra, pour la reproduction des 
groupes mêmes, se conformer aux estampages en zinc qui 
avaient été exécutés d'après les œuvres originales, il y a un 
certain nombre d'années, mais dont plusieurs fragments sont 
perdus. 

Les délégués n'ont eu que deux observations à présenter 
à l'artiste au sujet de ses esquisses : la figure qui termine à 
gauche le premier groupe devra être posée plus de profil, 
conformément aux traces existantes ; la figure extrême de 
droite du second groupe, dont l'original est mutilé, devrait 
avoir le bras droit levé pt s appuyer sur le vase. 

A part ces deux observations que M. Hambresin a reconnu 
fondées et dont il s'est engagé à tenir compte, l'artiste a été 
autorisé à procéder au moulage des fragments conservés et 
à se conformer à ses esquisses pour le complément des 
groupes. 
ékHsc — Un délégué a examiné, dans l'atelier de M. Van Dycke, 

de Walconrt. © » J ' 

^î'jîbJ? tes statuettes du jubé de l'église de Walcourt (Namur), que 
cet artiste a débarrassées des couches de couleur qui y 
avaient été appliquées. 

L'opération exécutée à ce jour comporte huit petites 
figures, trois grandes et cinq groupes. 

Le travail de M. Van Dycke ayant été effectué avec soin, 
la Commission a émis l'avis qu'il pouvait être alloué à 
l'artiste un acompte proportionné à l'importance des ou- 
vrages faits. 



— 30S — 



CONSTRUCTIONS CIVILES. 



La Commission a approuvé : 

i ° Le projet relatif à l'agrandissement de l'hospice Nevrau- ho SMICC 

1 * ^ ■ Nevraumont, 

mont, à Saint- Josse-ten-Noode (Brabant) ; à Sai NoX* ten * 

2° Le projet d'agrandissement de l'hospice de l'Escaillc, notice 
à Wavre (Brabant), sous la réserve que dans le cours de à Wavre - 
l'exécution des travaux il sera tenu compte des observations 
présentées par la Commission médicale du Brabant et par 
M. l'architecte provincial adjoint; architecte, Van Halen ; 
3° L'exécution, au bâtiment des Halles de Nieuport Haiie 

de Nieuport 

(Flandre occidentale), de divers travaux de restauration et 
d'appropriation ; 
4° Le devis estimatif des travaux de restauration de la nùiehio. Fien nc8 , 

à Bruges. 

niche monumentale qui orne la façade de l'ancien hôtel de 
Fiennes, à Bruges (Flandre occidentale). 

ÉDIFICES RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont été approuvés : 

i° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à couàimcu™ 

r J et restauration 

Heule (Flandre occidentale); architecte, M. Carette; de P re8b > !èrcs 

2° Le projet relatif à la construction d'un presbytère à 
Andenelle, sous Andenne (Namur); architecte, M. Hérode; 
3° Les plans du presbytère dont la construction est pro- 
jetée à Sclessin, sous Ougrée (Liège); architecte, M. Mon- 
seur; 

4° Le projet d'agrandissement du presbytère de Heyst- 
op-den-Berg (Anvers); architecte, M. L. Blomme; 



— 306 — 

5° Le projet de restauration du presbytère de Jamoigne 
(Luxembourg); architecte, M. Henriquet; 

6° Le plan des dépendances à conslruire au presbytère 
d'Ohey (Namur) ; architecte, M. Léonard ; 

7° Le devis estimatif de divers travaux de réparation à 
exécuter au presbytère de Gotthem (Flandre orientale); 
architecte, M. Hoste. 

ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES. 

La Commisssion a émis des avis favorables sur des 
projets relatifs à l'agrandissement des églises : 
Égnse de Bier$et. i° De Bierset (Liège) ; architecte, M. Demany; 
ÉgHse dcRondu. 2° De Rondu, commune de Remagne (Luxembourg); 
architecte, M. Cupper; 
Egihe 3° De Swevezeele (Flandre occidentale). Dans l'intérêt 

de Zwcvezccle. 

de l'éclairage de l'édifice, dont la largeur est considérable, 
il conviendra d'ouvrir les fenêtres de la façade principale, 
qui sont actuellement bouchées, ainsi que celles de l'abside. 
L'attention de l'architecte, M. Soete, a aussi élé appelée sur 
l'utilité de prendre toutes les précautions que la situation 
commande pour assurer l'écoulement des eaux pluviales et 
l'enlèvement des neiges entre les versants des toitures des 
nefs, et on l'a engagé à supprimer les croix en fer projetées 
pour quatre des pignons de la façade. 
Ont aussi été approuvés, les divers projets ci-après : 
Église 1° Achèvement et restauration de l v é<rlise de Saint- 

de Saint-Pholien, ° 

à Liège, pholien, à Liège, sous réserve d'étudier encore la flèche de 
la tour, qui ne semble pas très heureuse, ainsi que le petit 
clocher de la croisée, qui n'a pas le caractère qui convient 
à un édifice religieux. L'auteur, M. l'architecte Jamar* a 



— 307 — 

aussi été engagé à supprimer la galerie simulée qui figure 
au-dessus de la porte d'entrée de la façade principale, et 
pour la grille de clôture de l'édifice, à maintenir la traverse 
supérieure en dessous des petits gables des montants en 
pierre au lieu de pénétrer dans ces gables ; 

2° Travaux complémentaires nécessités par la reconstruc- de s ^£ artill 
lion du vaisseau de l'église de Saint-Martin, à Saint-Trond »TroV ' 
(Limbourg); architecte, M. Serrure; 

. 3° Reconstruction de la partie supérieure de la flèche de ÉglisedeDurbu ^ 
l'église de Durbuy (Luxembourg); architecte, M. Verhas; 

4° Agrandissement des dépendances et amélioration des d . E f t & ek , 
dégagements de l'église d'Etterbeek (Brabant) ; 

5° Établissement d'une balustrade au jubé de l'église de dc Q^Lm. 
Quaremont (Flandre orientale); 

6° Et enfin les dessins d'objets mobiliers destinés aux Ameublement 

* d églises. 

églises de : 

Saint-Jean-Baptiste, à Tongres (Limbourg) : deux autels 
latéraux; 

Saint-Martin, à Courlrai (Flandre occidentale) : maître- 
autel, stalles et clôture du chœur; 

Jemappes (Hainaut) : buffet d'orgues ; 

Brecht (Anvers) : maître-autel ; 

Sainte-Anne, à Hamme (Flandre orientale) : mobilier 
complet. 

TRAVAUX DE RESTAURATION. 

Le Collège a approuvé : 

1° Le devis estimatif des travaux de réparation à exécuter Église 
à l'église de Wolkrange (Luxembourg) ; architecte, M. Van- de Wolk^aI,ge, 
dewyngaert ; 



— 308 — 

E ë iise d'Astinc. 2° Le devis estimatif des travaux de restauration à 
effectuer aux toitures et aux gouttières de l'église d'Astènc 
(Flandre orientale) ; 

ÉgiucdeiiroMgo. 3* Le nouveau projet relatif à la restauration de l'église 
deGrosage (Hainaut); architecte, M. Sonnevillc; 

église de vouem. 4° Le projet de divers travaux de restauration et d'appro- 
priation à exécuter à l'église et au presbytère de Voltem 
(Liège) ; architecte, M. Taurel ; 

É s ti M d'opiimer. 5° Le projet de restauration intérieure des trois chœurs 
de l'église d'Oplinter (Brabant) ; architecte, M. Langerock ; 

dHaîiièicVpar. fi0 Le projet relatif à l'achèvement de la restauration de 
l'église d'Hastière- par-delà (Namur); architecte, M. Van 
Assche ; 
d^tSï^x ^° ^ e compte des travaux de restauration effectués pen- 

d<? d'eïiue UoD dant le troisième trimestre de 1891 au vaisseau de l'église 
métropolitaine de Saint-Rombaul, à Malines (Anvers). 
Église — Des délégués ont inspecté, le 18 décembre 1891, les 

de Saint-Jacques, o r > 

àGaud. travaux de restauration en voie d'exécution à l'église de 
Saint-Jacques, àGand; ils ont constaté que ces ouvrages 
sont exécutés avec soin et qu'ils peuvent être approuvés. 
11 y a donc lieu pour l'Étal de liquider une partie du subside 
qu'il a promis proportionnellement à la dépense faite et qui 
a atteint le chiffre de 17,000 francs. 

Le Secrétaire i 

A. Massaux. 
Vu en conformité de l'article 25 du règlement. 

Le Président, 

Wellens. 



NÉCROLOGIE 



La mort vient de creuser un nouveau vide au 
sein du Comité directeur du Bulletin des Commis- 
sions royales d'art et d! archéologie. 

M. Jean Rousseau, Directeur général des Beaux- 
Arts, des Sciences et des Lettres, Secrétaire général 
de la Commission rovale des Monuments, Membre 
et ancien Secrétaire de notre Comité, est décédé 
à Ixelles le 13 novembre 1891, à l'âge de 62 ans. 

Des discours ont été prononcés à la maison mor- 
tuaire, le jour des obsèques, par MM. de Burlet, 
Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique; 
Henri Hymans, Directeur de la classe des Beaux-Arts 
de l'Académie royale de Belgique, dont le défunt 
était membre titulaire, et Welicns, Président de la 
Commission royale des Monuments. 

Nous reproduisons ci -après le discours de 
M. Wellens. 



Discours prononcé par M. WELLENS, 



Président de la Commission royale des Monuments. 



Messieurs, 

Je viens, au nom de la Commission royale des Monuments, 
fendre aussi un dernier et suprême hommage à la mémoire 
de Jean Rousseau, qui en fut un des membres les plus émi- 
nents et qu'une mort prématurée a enlevé à l'affection de 
ses collègues. 

En entrant aujourd'hui dans cette demeure» naguère si 
heureuse, tous nous nous sommes rappelé qu'il y a un mois 
à peine nous y venions pour payer un juste tribut de regrets 
il la mémoire de feu M. Rousseau, père de notre cher et 
regretté collègue, et tous alors nous avons emporté cette 
pensée consolante que le chef de cette honorable famille 
avait dû éprouver pendant sa longue existence un sentiment 
d'orgueil très légitime, en se voyant entouré de ses quatre 
fils, jouissant tous, dans les carrières diverses qu'ils avaient 
choisies, de l'estime et de la sympathie générales; mais, 
Jiélas ! cette joie si réelle n'aurait pu durer, car à peine le 
père est-il descendu dans la tombe que la mort reparait 
dans la famille, frappant cette fois le fils aine, qui méritait, 
|t tous les titres, d'en rester longtemps encore le chef aimé 
£t honoré 1 



— 311 — 

Jean Rousseau n'eut pas cette joie, quelque cligne qu'il 
en fût. 

Sa vie, chacun le sait, a toujours été une vie de travail. 
Doué de facultés intellectuelles remarquables, mises en 
relief encore par des sentiments de droiture et d'extrême 
bienveillance, Jean Rousseau se livra d'abord à des études 
et à des travaux artistiques ; des succès réels le conviaient à 
poursuivre celte voie, mais, entraîné par ses talents d'écri* 
tain, il ne tarda pas. à se faire remarquer à Paris, où il 
résidait alors, par la netteté et l'élégance de sa pensée, par 
la clarté et la justesse de ses appréciations. 

Sévère pour lui-même, il était indulgent et bienveillant 
pour les travaux d'autrui, et ses avis, alors comme plus tard, 

■ 

ont toujours été dictés par le désir d'encourager ceux qui 
le méritaient. 

Les remarquables qualités de Jean Rousseau le signalèrent 
bientôt à l'attention du Gouvernement, qui chercha à les 
utiliser dans notre pays. En 1865, feu M. Alphonse Vanden- 
peereboom, alors Ministre de l'Intérieur, lui fit offrir les 
fonctions de secrétaire général de la Commission royale 
des Monuments, devenues vacantes par le décès de Jules 
Dugniolle ; mes relations avec Jean Rousseau datent de cette 
époque, et bientôt elles me permirent de prévoir qu'il en 
deviendrait un des membres les plus compétents et les plus 
distingués. 

Son érudition profonde dans toutes les matières artistiques 
devait naturellement lui ouvrir un champ plus vaste; le 
Ministère de l'Intérieur l'appela à remplir successivement les 
fonctions de directeur, puis celles de directeur général des 
Beaux-Arts. Une parole plus autorisée que la mienne a rap- 



— 312 — 

pelé les services qu'il rendit dans ces fonctions et qui lai 
valurent les distinctions nombreuses qu'il a recueillies dans 
une carrière brillante et malheureusement trop courte. 

Quelque grandes et flatteuses qu'eussent été ces distinc- 
tions, et quelque méritées qu'elles aient été, elles ne peuvent 
diminuer la douleur profonde que cause à sa famille la perte 

• 

cruelle qu'elle vient de faire. Elle pleure l'époux et le père 
qu'elle a perdu, et notre parole est impuissante à lui offrir 
des consolations. Nous ne pouvons que nous associer à sa 
douleur et pleurer avec elle ! 

Mais tous nous conserverons le souvenir des services 
nombreux que Jean Rousseau a rendus, et nous nous rappel- 
lerons les éminenles qualités qui complétaient son caractère, 
toujours également sociable, droit et sincère. 

Adieu! Rousseau! Ton souvenir restera religieusement 
conservé dans le cœur de tous ceux qui t'ont connu, car te 
connaître, c'était t'apprécier et t'aimer. Adieu! 



^«É-tiàA 



àlÊ.M.iA..^ t ^ ttfl . i ) ^ 




JEAN ROUSSEAU 



O T E S BIOGEAPHIQUES 



-HOfr- 



I/homme ne vaut que par les service* 
qu'il rend. 

(Devise de J. Rousseau.) 

La rapidité avec laquelle la nouvelle de la mort de Jean 
Rousseau se répandit, non seulement en Belgique, mais en 
France, en Angleterre, en Allemagne et jusqu'en Russie, 
l'émotion causée par cette mort parmi les artistes comme 
parmi tous ceux qui, de près ou de loin, s'intéressent aux 
choses artistiques, le ton de sincérité des regrets exprimés 
par toute la presse, sans distinction de partis ni d'opinions, 
prouvent assez l'importance de la place que cet homme, — 
fils d'un humble instituteur de province, — avait su conquérir 
dans ce monde des arts, monde international composé do 
l'élite de l'intelligence humaine. 

Il nous parait qu'un résumé de l'histoire de sa vie a sa 
place toute indiquée dans ce Bulletin, auquel il apporta, pen- 
dant plusieurs années, la collaboration tant de sa plume que 
de ses services comme membre et secrétaire de son Comité 
de rédaction. 



— 314 — 

Rousseau élail ardennais, — el chacun sait que la stérililé 
du sol des Ardennes est compensée par la fécondité morale 
de ses habitants ; l'agriculture, ingrate, ne les absorbant pas, 
ils se tournent vers les études intellectuelles; intelligents et 
persévérants — entêtés même — doués en général d'une 
remarquable faculté d'assimilation, — combien d'enfants 
cette aride province du Luxembourg n'a-t-elle pas envoyés 
d$ns des milieux plus élevés où ils rendent d'éminents ser- 
vices à leur pays, — tant dans les arts que dans l'industrie, 
dans l'armée que dans la législature, la magistrature ou 
l'administration ! 

Le père de Jean Rousseau était issu d'une modeste 
famille du petit village de Mogimont. Il arriva au poste d'in- 
stituteur à Marche, où son fils Jean naquit le S août 1829 ; 
marié çt ayant déjà charge de famille, il étudia seul, et par- 
vint à se faire recevoir géomètre du cadastre, conducteur 
des ponts et chaussées, puis inspecteur des constructions 
des prisons. Ces diverses fonctions l'avaient amené avec sa 
famille de Marche à Liège et enfin à Bruxelles. 

Modeste et patient travailleur, dont le souvenir est encore 
vivace dans tous les environs de Bouillon, il donna à sa 
patrie qualre fils, — quatre fidèles et loyaux serviteurs, -r- 
et c'est grâce à lui que la famille Rousseau, pour reproduire 
une parole prononcée récemment par un député de cette 
province, est non pas respectée* mais vénérée dans le 
Luxembourg. 

Des quatre fils dont nous venons de parler, Jean était 
l'aîné. Son père, ne possédant aucune fortune et ne voyant 
un avenir assuré que dans l'administration, lui fit entamer 
des éludes universitaires; mais les aspirations du jeune 



— 315 — 

homme l'en traînaient d'un tout autre côté; aussi, dès là 
seconde année d'études, abandonna-t-il l'Université, — au 
grand désespoir de ses parents, — pour se livrer entière* 
ment à ses goûts pour les arts. 

Il travailla quelque temps sous la direction de Navez; 
c'est à cette époque qu'il fit la connaissance de jeunes 
artistes avec certains desquels ses relations se changèrent 
bientôt en une amitié que la mort seule devait rompre; 
Bouré, le sculpteur, les peintres Smits et Van Camp for- 
maient avec Rousseau un quatuor d'amis inséparables ; trois 
d'entre eux ont disparu. 

Mais la pratique de l'art ne suffit pas longtemps à Jean 
Rousseau; son activité, — et aussi la nécessité de se pro- 
curer un appoint à la modeste rente que lui faisait la bourse 
paternelle, — le poussèrent vers le journalisme; il fut 
d'abord attaché à l'Étoile belge, pour laquelle il écrivit des 
comptes rendus de salons et des critiques théâtrales; puis, 
s'étant lié d'amitié avec Louis Hymans, il publia, en collabo- 
ration avec ce dernier, sa première œuvre littéraire : Le 
Diable à Bruxelles (1). 

Les deux collaborateurs étaient, — à quelques mois près, 
— du même âge; nés tous deux en 1829, ils avaient à cette 
époque vingt-quatre ans ; tous deux étaient, pour.employer 
l'expression d'Hymans, d'illustres inconnus; leur coup 
d'essai, — la jeunesse a de ces audaces, — ne devait pas 
comporter moins de quatre volumes, vendus chacun fr. 2-80. 

Ce ne fut pas sans quelques difficultés qu'ils menèrent 
à bien cette ambitieuse entreprise; Louis Hymans a spiri- 

(i) Bruxelles, librairie polytechnique d'Aug. Decq, 1833. 



— 516 — 

tuellement raconté, à la page 254 de ses Notes et Souve- 
nirs (1), les embarras que nos jeunes auteurs eurent à 
surmonter au début. Enfin le proverbe : Audaces forluna 
juvat eut raison une fois de plus; le succès dépassa leur 
attente et lança définitivement Rousseau dans la carrière 
littéraire. 

Dans le second volume du Diable à Bwxelles, Rousseau, 
après avoir décrit les écoles artistiques de la capitale, 
regrette que de jeunes artistes, faute de trouver un ensei- 
gnement conforme à leurs aspirations, étudient à l'aventure. 

« A quoi tient, dit-il, ce vagabondage laborieux des 
écoliers bohèmes ? 

» A ceci, qu'une seule école leur est ouverte, et que si 
» l'enseignement de cette école heurte leurs goûts ou leurs 
» idées, ils doivent bien aviser à se tirer tout seuls d'affaire. 

» Ce qu'il faudrait donc, c'est que renseignement arlis- 
» tique rayonnât sur plus de points à la fois, c'est que plus 
» de guides vinssent s'offrir aux égarés, c'est que plus de 
» mains secourables se tendissent vers ceux qui errent dans 
» la nuit, ne demandant leur route qu'à leur instinct et leur 
» science qu'à leur intuition. 

» De tant d'artistes de talent qui habitent Bruxelles, 
» comment se fait-il qu'à l'exception de quelques statuaires, 
» il n'y en ait pas un qui songe à ouvrir un enseignement 
» particulier et gratuit ! » 

On le voit, dès 1853, Rousseau prêchait les idées qu'il n'a 
jamais abandonnées depuis : la diffusion de l'enseignement 

(0- Bruxelles, Office de Publicité, A.-N. Lebègue et G , éditeurs, 1876. 



— 517 — 

des beaux-arts, non pas uniquement d'un art officiel, acadé- 
mique et immuable, mais de Fart suivant les aspirations, 
les goûts, les idées et le tempérament particulier de chacun. 

* 
* * 

Grâce au succès qui accueillit le Diable à Bruxelles et à 
un subside de 500 francs que le Gouvernement lui alloua 
à titre d'encouragement littéraire, Jean Rousseau se trouva 
à la tète d un petit capital qui lui permit de réaliser enfin le 
rêve de sa jeunesse : le voyage de Paris. 

La grande ville, avec les incomparables trésors de son 
Louvre, ses riches musées, ses sculpteurs, ses peintres, ses 
littérateurs de talent, ce vaste milieu artistique auquel il 
aspirait, cette vie intellectuelle intense qui s'accordait si 
bien avec son imagination fougueuse, l'attirait irrésisti- 
blement. 

Il partit en 1854. 

Outre le mince pécule qu'il emportait de Bruxelles, il se 
faisait un petit revenu par les correspondances parisiennes 
qu'il envoyait à l'Étoile belge et à l'Émancipation. 

A cette époque, un homme dont le grand cœur égalait la 
haute intelligence, qui après avoir commencé par rédiger 
un petit journal de modes, la Sylphide, était arrivé à fonder 
l'un des journaux les plus importants du monde entier, 
— j'ai nommé Villemessant — dirigeait le Figaro, alors 
hebdomadaire. 

Habile à découvrir les hommes de mérite inconnus et les 
talents naissants, Villemessant ne tarda pas à remarquer les 
Correspondances parisiennes dont nous avons parlé, et 
résolut aussitôt de s'attacher leur auteur. 11 lui proposa 



— 518 — 

d'entrer à la rédaction du Figaro, moyennant les appoin- 
tements annuels de 6,000 francs, offres brillantes qui furent 
acceptées avec enthousiasme. 

Disons tout de suite qu'une vive sympathie ne tarda pas 
à s'établir entre ces deux hommes, sympathie telle que 
Villemessant répéta en plus d'une circonstance : « Si j'avais 
une troisième fille, je la donnerais à Rousseau » . Mais ses 
deux filles étaient mariées ; elles avaient épousé des hommes 
— Bourdin et Jouvin — dont tous les gens de lettres ont 
gardé le pieux souvenir. 

Grands cœurs, comme leur père, elles éprouvèrent bientôt 
pour son jeune collaborateur une affection toute fraternelle, 
que la mort même n'a pas éteinte. 

Le nouveau rédacteur du Figaro publia dans ce journal 
nombre de nouvelles à la main — piquantes fantaisies où son 
esprit satirique et observateur se donna libre carrière — 
et des Salons, qui établirent bientôt solidement sa réputation 
d'esthète et de littérateur. Dès 1861, le Journal des Débals 
mentionnait ses travaux de critique d'art avec les appré- 
ciations les plus élogieuses. 

Vers la même époque, il réunissait en deux volumes 
diverses nouvelles, — croquis de mœurs spirituellement 
enlevés, — et publiait Paris dansant, en 1861, et les Coups 
d'épée dans l'eau, en 1863. 

Ajoutons que dans l'entrefaite, Rousseau s'était marié. 

Cependant, la réputation de cet enfant de la Belgique, 
arrivé à se faire une position en vue dans la haute presse 



— 519 — 

française, attira l'attention du Gouvernement belge, qui 
songea à utiliser ses services. 

M. Alphonse Vandenpeereboom, Ministre de l'Intérieur, 
lui confia, en mars 1862, une mission de recherches sur les 
œuvres de peintres flamands dispersées en Italie. 

Les résultats de ce voyage d'investigations ne déçurent 
pas l'attente du Ministre : quelque temps après avoir pris 
connaissance du rapport que Jean Rousseau lui adressa au 
sujet de la mission qu'il avait remplie, il lui fit l'honneur de 
hii offrir les fonctions de secrétaire de la Commission royale 
des monuments, que le décès de M. Jules Dugniolle venait 
de laisser vacantes. 

Bien qu'à ce moment sa position fût assurée et que 
M, Blaze de Bury, beau-frère de M. Buloz, lui fit précisé- 
ment alors des ouvertures en vue de l'attacher à la rédaction 
de la Revue des Deux-Mondes, Rousseau n'hésita pas à 
abandonner tout pour mettre ses capacités au service de sa 
patrie. 

Ainsi que M. Vandenpeereboom le déclara lui-même en 
pleine Chambre des Représentants, au cours de la séance 
du 31 mars 1871 , c'est sur sa demande que Rousseau quitta 
Paris pour revenir se fixer définitivement en Belgique, en 
mai 1865. 

J'insiste sur cette date. 

Un des nombreux journaux qui lui ont consacré une 
notice nécrologique, a dit qu'il avait quitté la France à 
l'époque de la guerre de 1870. 

Celle erreur — faite certainement sans aucune arrière- 
pensée — pourrait cependant donner à croire que Rousseau, 
après avoir vécu de la France pendant dix-sept ans, Paban- 



— 320 — 

donnait à l'heure du danger; rien n'eût été moins dans son 
caractère. S'il se fût trouvé à Paris en 1870, il n'eût pas 
bésilé à prendre les armes pour sa seconde patrie; la vérité 
est que, lorsqu éclata la guerre, il y avait cinq années qu'il 
était rentré dans son pays, et les familles de ses amis de 
France qui, chassées par l'invasion, passèrent en Belgique 
Tannée terrible, n'ont certes pas oublié le cordial accueil 
qu'elles trouvèrent dans sa petite maison d'Ixelles. 

Les recherches sur les artistes belges faites par Rousseau 
en Italie n'avaient été que le début d'un travail considé- 
rable qu'il poursuivit en Espagne, où il fit un assez long 
séjour en 1867. 

Le rapport qu'il adressa, lors de son retour, au Ministre 
de l'Intérieur, lui valut, de la part de M. Vandenpeereboom, 
une lettre dont nous copions ici les premiers paragraphes: 

Bruxelles, le 6 décembre 1867. 

Monsieur, 

Par la lecture de l'intéressant rapport que vous m'avez adressé le 
19 novembre dernier, sur les résultats de votre voyage en Espagne, 
j'ai pu me convaincre que vous avez rapporté de cette excursion 
des impressions dont une analyse méthodique dans un livre définitif 
sera de nature à jeter un nouveau jour sur l'histoire de l'art 
flamand. 

Il est à désirer maintenant que ce livre que vous vous êtes 
engagé à produire, puisse être livré à une publicité prochaine. 

L'ouvrage parut peu après dans le Bulletin des Commis- 
sions royales d'art et d'archéologie (i) sous le titre : Les 
Peintres flamands en Espagne. 



0) tome VI (1867), page 316. 



— 521 — 

Après une intéressante description des œuvres de nos 
compatriotes conservées à Madrid, au palais de l'Escurial, 
à Valladolid, Tolède, Grenade, etc., l'auteur révèle la 
découverte, à Séville, de deux maîtres flamands complète- 
ment inconnus chez nous, bien que l'un deux, Pedro 
Campana, élève de Michel-Ange et artiste de tout premier 
ordre, fût revenu, en 1580, mourir à Bruxelles, où il était 
né en 1503. 

En 1867 encore, le même Bulletin insérait (page 550) 
une élude sur les anciennes portes de Berchem et de Bor- 
gerhout, à Anvers, dont la démolition venait de provoquer 
une controverse animée dans la presse. 

Le 15 octobre 1868, Jean Rousseau recevait le titre de 
membre effectif de la Commission royale des monuments. 

Nommé secrétaire général du Congrès de l'enseignement 
du dessin, secrétaire et rapporteur du jury des Académies, 
il rédigea en cette qualité un rapport qui est tout un livre, 
et qui, adopté par acclamations à l'unanimité du jury, servit 
depuis lors de base à la réorganisation de notre enseignement 
artistique. 

Il publiait l'année suivante un nouveau souvenir de son 
voyage d'Italie : Le Campo-Santo de Pise. 

Le 4 août de celte même année 1869, un arrêté royal lui 
conférait la chaire d'esthétique et de littérature générale à 
l'Académie des Beaux- Arts d'Anvers. 

Les notes qu'il écrivit en vue de ces deux cours, et qui 
comportaient l'histoire de l'art de toutes les époques, avec 
les conclusions esthétiques qui s'en dégagent, forment six 
gros volumes manuscrits, ne comprenant pas moins de 
quatre mille pages. 



— 322 — 

Lorsqu éclata la guerre, Rousseau ouvrit sa maison aux 
familles de ses amis de France et lorsque, après Sedan, les 
chefs de ces familles vinrent rejoindre à Bruxelles leurs 
femmes et leurs enfants, la petite maison de la rue Yan Àa 
vit, presque chaque soir, une réunion d'artistes et de litté- 
rateurs distingués. 

C'étaient des gens de lettres : M mô Robert Hait, Furpille ; 
des peintres : Laugée, Couturier, Carlier, ce borain devenu 

français d'adoption Ceux qui survivent ont certes gardé 

le souvenir de ces bonnes soirées pendant lesquelles l'intérêt 
de la causerie faisait, pour quelques heures, oublier tout — - 
jusqu'aux malheurs de la patrie mise à feu et à sang! 

* 

En 1870 parut, toujours dans notre Bulletin (i) f une 
nouvelle élude intitulée : L'Espagne monumentale et quel- 
ques architectes flamands. 

Depuis son départ de Paris, Rousseau n'avait pas aban- 
donné le journalisme ; outre quelques éludes publiées dans 
la Revue de Paris> la Revue française, la Gazette des 
Beaux-Arts, etc., il faisait la critique d'art dans l'Écho du 
Parlement, parmi les rédacteurs duquel il avait retrouvé son 
ancien collaborateur et ami, Louis Hymans. 

Ce fut dans ce journal qu'il soutint la fameuse polémique 
des « petits Fritz, » affaire tapageuse que nul artiste n'a pu 
oublier, qui valut au révélateur du truc plusieurs ennemis, 

— parmi lesquels d'anciens amis inlimes, — mais aussi qui 
mit son nom tellement en lumière que, lorsqu'en 1877, la 

mort inopinée d'Adolphe van Soust laissa vacante la Direc- 

— " ....-- - *- . 

(0 Tome IX, p. 526. 



— 323 — 

tion des Beaux-Arts, le Ministre M. Delcour n'hésita pas à 
le proposer pour ce poste d'honneur. 

Rousseau était, depuis le 5 juillet 1873, secrétaire général 
de la Commission royale des Monuments ; il venait de faire 
paraître un ouvrage extrêmement intéressant et dont la 
place est marquée dans les bibliothèques de tous les établis- 
sements d'enseignement des Beaux-Arts ; il l'avait intitulé : 
Types grecs et types modernes comparés pour, servir à 
l'étude de l'antique. 

Rien de clair et de pratique comme ces comparaisons. 
Sur une même page, l'auteur place des croquis, — dessinés 
par lui-même, — de figures antiques et, en regard, de 
figures modernes (i) de pose ou de caractère analogues; en 
quelques mots simples et concis, il souligne les différences 
et en tire des conclusions plus irréfutables que les arguments 
les mieux développés. 

Ce fut sa dernière œuvre comme professeur à l'Académie 
des Beaux-Arts d'Anvers ; car il abandonna sa chaire 
d'esthétique en même temps que la rédaction de J Écho du 
Parlement lorsqu'il fut appelé à la Direction des Beaux- A ris. 

Il ne se faisait pas d'illusions sur les charges de cette nou- 
velle position; il les exposa en peu de mots dans un passage 
du discours qu'il prononça aux funérailles d'Adolphe van 
Sobst de Borkenfeldt; voici ce passage : 

« On connaît les difficultés spéciales du service qui lui 
était confié. Obligée de traiter des questions d'organisation 
et de systèmes, dont plusieurs resteront toujours contro- 
versées, fonctionnant au milieu des rivalités des talents et 

■ " ' ' ■ ■ I ■ ■ ■ ! ■**— ■ ■!■■■ ■ I ■ ^ — — — «^— MM^M^^i 

(i) Modernes par rapport aux antiques, bien entendu* 



— 524 — 

du conflit des amours-propres, l'administration des Beaux- 
Arts constitue bue tache d'une nature particulièrement déli- 
cate. On ne saurait espérer d'y rallier toutes les sympathies. 
On ne peut que lâcher, à force de bonne foi et de bon vou-> 
loir, de forcer au moins l'estijne de tous » 

Ce fut sa règle de conduite; il ne s'en départit jamais, et 
l'on peut dire que, s'il trouva des détracteurs, il n'est pas un 
de ses ennemis dont l'estime ne lui fût acquise. 

Plus loin, dans le même discours, il dit encore : 

« L'homme était une nature droite Tout talent, si 

ignoré qu'il fût, était sûr de l'appui de van Soust; et je 
n'entends pas par là un appui simplement administratif; il 

y ajoutait son dévouement personnel, celui de ses proches 

Il faisait des mécontents : quel fonctionnaire n'en fait pas? 
La vivacité naturelle de son caractère, contenue par beau- 
coup de discrétion et de réserve, avait ses échappées et eût 
pu lui créer des ennemis; sa bonne foi évidente les ramenait. 
Il était la loyauté, la conscience même ; on le savait. Ses 
scrupules délicats auraient craint à un égal degré de favo- 
riser ceux qu'il aimait et de léser ceux qu'il n'aimait 
pas » 

Remplacez le nom de van Soust par celui de Rousseau, 
il n'est pas un mot de cet éloge qui ne trouve ici sa juste 
application. 

Il eut ses ennemis ; cela ne pouvait manquer. Plusieurs 
l'attaquèrent violemment et quelques-uns de parti-pris. 
Cœur d'or sous des dehors parfois un peu brusques, il souf- 
frait intérieurement des méchancetés et des ingratitudes, 
mais jamais une pensée de vengeance n'eût trouvé place 
dans son esprit. » 



— 523 — 

En même temps qu'elle le forçait à abandonner rensei- 
gnement artistique et le journalisme, sa nomination à l'acU 
ministralion des Beaux-Arts venait interrompre la publi- 
cation commencée dans le Bulletin des Commissions royales 
d'art et d'archéologie, de son Histoire de la sculpture 
flamande et wallonne du xi e au xix e siècle; travail considé- 
rable, en vue duquel il rassemblait patiemment des maté- 
riaux depuis nombre d'années et dont quelques pages 
seulement furent publiées («). 

Il avait, en 1877 également, succédé à van Soust dans 
les postes de secrétaire général de la Commission des 
échanges internationaux et de secrétaire du Comité directeur 
du présent Bulletin; il se démit de celte dernière attribution 
en 1888. 

Ces différentes fonctions, jointes à la besogne absorbante 

de l'administration, ne lui laissèrent bienlôt plus le temps dç 

classer et de rédiger ses volumineuses notes, et celles-ci, 

fruits d'études approfondies, de minutieuses recherches, d'un 

labeur long et acharné, sont peut-être, comme plusieurs de 

ses manuscrits en préparation, destinées à ne jamais voir le 
jour ! 

Deux ans après son entrée à la Direction des Beaux-Arts, 

Rousseau était appelé à collaborer à l'organisation des fêtes 

du Cinquantenaire de notre indépendance; il retrouva là 

encore son ancien camarade Hymans, avec qui il fit le 

projet de la Cavalcade historique, dont chacun se rappelle 

l'immense succès. 



(j) Voir Je Bulletin, tomes XII, p. 396, — Xllf, p. 12i, - XIV, p. 351, 

xv, p. m, etxvr, p, 19. 



— 326 — 

Il avait organisé aussi, à cetle occasion, l'Exposition 
rétrospective de l'art belge, au Palais des Beaux-Arts, et 
celle des anciennes industries d'art, au Palais du Cinquan- 
tenaire. Il avait enfin jeté les bases de ce merveilleux Musée 
des échanges, source généreuse à laquelle nos jeunes artistes 
puisent à l'infini les précieux enseignements de leurs an- 
cêtres de toutes les époques et de tous les pays. 

Rousseau avait conçu le projet d'une suite d'études sur 
les maîtres anciens et modernes; c'est dans cet ordre 
d'idées qu'il publia, en 1884, une biographie de Corot (i), 
dont nous transcrivons ici la remarquable conclusion : 

c Je résumerai toutes mes impressions en un mot. Corot, 
le dernier poète du paysage, Corot, le dernier styliste, 
Corot est ce qu'avaient rêvé de devenir ses maîtres Michal- 
lon et Berlin, Corot est un Grec! 

• ••••••■■••••••••a • 

» Il l'est par la sobriété de son exécution, par le choix 
sévère et exquis du détail, par l'admirable logique de l'or- 
donnance, par l'exacte proportion et le parfait dosage, 
dirai-je, de tous les éléments qui entrent dans son tableau. 
Il l'est encore par sa façon constante de généraliser... de 
chercher le type, de faire le fleuve, le bois, le matin, le soir 
et non tel petit site ou tel petit effet 

» Vous en voulez à ces paysages divinement élégants 
d'être, comme vous dites, inachevés, bâclés? 11 en va abso- 



(i) Bibliothèque d'art moderne, Paris, Librairie de l'Art, J. Rouam, éditeur, 
1884. 



— 527 — 

lument de même des adorables figures qui courent autour 
des vases grecs. Ce n'est qu'un contour rapide, galopé, 
souvent incorrect : l'artiste les a jetées comme en courant 
sur l'argile humide; et pourtant elles triomphent, elles 
brillent à l'égal des marbres de Phidias et de Praxitèles, et 
aucune des créations les plus savantes et les plus travaillées 
de l'art n'en a jamais atteint la grâce improvisée. » 

Un an plus tard, en 1885, parut une étude très complète 
sur Hans Holbein (i), et Rousseau concluait en définissant 
ainsi son génie : 

« Il est, entre tous les portraitistes, celui qui arrache 
avec le plus d'autorité leur secret aux masques immobiles, 
qui fait parler le plus distinctement les regards muets, les 
bouches fermées, et qui affiche le plus impitoyablement les 
caractères, les âmes, les vies sur les visages. » 

Ces deux extraits peuvent donner une idée de la manière 
de Jean Rousseau comme écrivain ; il expose méthodique- 
ment son sujet, point par point, pour arriver graduellement 
à une conclusion nette et concise dans laquelle il condense, 
en quelques mots, la synthèse des arguments qu'il a mis 
successivement sous les yeux du lecteur. 

Cette série d'études biographiques se continue, en 1887, 
par une notice sur Fra Beato Angelico ; il en donna lecture, 
avec grand succès, à la classe des Beaux-Arts de l'Aca- 
démie de Belgique, qui lui avait conféré, le 6 janvier de 
celte année, le titre de membre correspondant. 

Il fut élu membre titulaire de ce corps savant en 1888 et 
lui donna peu après une seconde lecture, une étude sur 



(i) Bibliothèque d'art ancien. Paris, même librairie, 1883. 



— 323 — 



Léonard de Vinci, qui reçut le même accueil sympathique 
que la première. 

Enfin, sa dernière publication fut une étude sur Dona- 
lello, qui parut dans ce Bulletin en 1889 (i). 



* 



L'œuvre capitale de Rousseau fut le Musée des Arts 
décoratifs, complément grandiose du Musée des échanges, 
qu'il créa, on peut le dire, avec la collaboration d'un homme 
dont il s'honorait d'être l'ami, l'illustre architecte Alphonse 
Balat, dont la science, le goût et le talent lui inspiraient 
autant d'estime que d'admiration. 

L'organisation de ces musées, qui devraient mériter à 
leurs créateurs la reconnaissance de tous les artistes du pré- 
sent et de l'avenir, si elle fut le digne couronnement d'une 
carrière uniquement consacrée au culte des Beaux-Arts, ne 
laissa pas que de contribuer à en précipiter la fin. 

Surmené, épuisé, perdu enfin, Jean Rousseau dut se 
résigner à prendre quelque repos et à chercher, dans une 
cure au bord de la mer, le rétablissement des forces qu'il 
sentait lui échapper; mais il était trop tard; l'esprit avait tué 
la matière, l'activité intellectuelle avait anéanti le corps, 
et quand, le 30 septembre 1891, la mort d'un père pour 
lequel il professait un véritable culte vint le frapper au plus 
profond du cœur, la douleur ne trouva plus, dans ce pauvre 
corps usé, aucune force de résistance. 

Quinze jours après avoir perdu son père, Rousseau 
se mettait au lit; un mois durant, il supporta avec une 



(i) Tome XXVIII, p. 327. 



- 529 - 

admirable résignation les attaques d'une maladie cruelle el 
implacable; enfin, le 13 novembre 1891, après des alter- 
natives d'espoirs insensés et d'angoisses affreuses, sa femme 
et ses enfants pleuraient sur son cadavre. 

Alors se produisit cette touchante manifestation de la 
presse, belge ou étrangère, qui, déposant tout sentiment de 
haine ou de partialité, laissant parler librement l'estime et le 
respect que la cordialité, la parfaite loyauté en même temps 
que l'érudition profonde de l'homme lui avaient conquis de 
toute part, vint dans un élan unanime lui apporter son tribut 
de regrets sincères el jeter sur le lit du mort les louanges 
el les couronnes si bien méritées qu'elle avait parfois refusées 
au vivant. 

. Un journal, après avoir rappelé que le Palais des Beaux- 
Arts, le Square du Petit-Sablon, les Musées des échanges et 
des Arts décoratifs se firent sous la direction de Rousseau, 
ajoutait : « Gela seul suffirait à ennoblir la vie du plus 
ambitieux des fonctionnaires. » 

M. de Burlet, Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction 
publique, en fit un éloge plus flatteur encore dans l'éloquent 
adieu qu'il lui adressa le jour de ses obsèques. 

Après avoir résumé la carrière administrative de Jean 
Rousseau, qui avait été promu, en 1882, inspecteur général, 
et, en 1889, directeur général des Beaux-Arts, des Lettres et 
des Sciences, M. de Burlet disait : « Chef d'un département 
qu'il a si vaillamment servi, j'ai le devoir d'exprimer ici les 
regrets sincères et profonds que nous a causés sa mort et 
d'affirmer qu'elle est pour le pays une perte immense. 

» La disparition de tels hommes laisse des vides difficiles 
à combler 



— 530 — 

» Personnellement, j'en ai été et j'en reste profondément 
affligé. La collaboration de Rousseau, si. précieuse à raison 
de ses hautes capacités, était agréable toujours, à cause des 
qualités aimables de son caraclère, à cause de la finesse de 
sa conversation, du charme et de la parfaite urbanité de ses 
formes. 

* Toujours maître de lui, il apportait dans les discussions 
les plus délicates une constante courtoisie qui n'excluait 
point cependant une grande énergie dans la défense de ses 
idées et de ses actes 

* Il servit loyalement son pays! » 

. Qu'ajouter à de tels éloges? Et qu'est-ce qu'un homme 
peut ambitionner de plus que d'être regretté à la fois pour 
les loyaux services qu'il rendait à son pays et pour la sym- 
pathie qu'il avait su se concilier parmi tous ceux qui se sont 
trouvés en contact avec lui? 

Aussi la foule qui se pressait à ses obsèques était-elle 
nombreuse et recueillie, et bien sincère la douleur qui se 
peignait sur tous les visages. 

Nous aurons à peu près tout dit sur l'esthète et sur le 
fonctionnaire quand nous aurons ajouté qu'il avait reçu suc- 
cessivement les croix d'officier de l'ordre de Léopold, d'offi- 
cier de la Légion d'honneur (après l'Exposition universelle 
de Paris en 1878) et de commandeur de l'ordre de Saint- 
Michel de Bavière. 

Modeste jusqu'à la fin, il avait exprimé le désir de ne pas 
recevoir les honneurs militaires auxquels la première de ces 
distinctions lui donnait droit. 






— 351 — 

Que l'on nous permette d'ajouter ici quelques lignes sur 
l'homme privé. 

Jean Rousseau était un penseur él un poète, un amoureux 
de la nature dans toutes ses belles manifestations ; il avait un 
culte tout particulier pour les fleurs. 

Dans sa petite retraite de Mousty, il paraissait dépouiller, 
— dans ses trop rares instants de loisir, — les préoccupations 
avec Thabit du fonctionnaire, et tel qui l'eût vu quelques 
heures auparavant, derrière son bureau administratif, ne l'eût 
pas reconnu dans le jardinier en veston terreux, coiffé d'un 
béret et armé d'un sécateur, qui semblait n'avoir d'autres 
soucis que l'élagage de ses rosiers ou la pousse de ses semis. 

Que d'arrangements il combina pour ce petit carré de 
terre de Mousty! Que de projets pour l'avenir! * Quand 
j'aurai ma retraite! »..., disait-il. 

Hélas! avant l'époque, la mort lui a donné une retraite 
plus calme et plus profonde que celle à laquelle il aspirait, 
l'éternel repos de la tombe ! 

Il écrivit quelques vers, les uns d'une touchante délica- 
tesse de sentiment, les autres dans un esprit satirique ou 
plaisant; je ne pense pas qu'il en fit jamais la confidence 
à personne. 

Il laisse encore deux œuvres inédites, mais que nous ne 
désespérons pas de pouvoir livrer quelque jour à la publicité. 
La plus récente a pour titre : Les Drames d'une basse-cour. 

Pendant la première année de son séjour à la campagne, 
— il y a dix ans, — Rousseau possédait une basse-cour 
assez nombreuse : poules, coqs, pigeons, canards et lapins. 
Ces derniers surtout l'amusaient au plus haut point; il les 
faisait lâcher en liberté dans une grande cour et là, son 



— 332 — 

carnet à la main, étudiait leurs mœurs, tantôt croquant 
d'un contour rapide leurs indescriptibles contorsions, tantôt 
notant leurs faits et gestes. 

Tout cela a fini par former un petit volume écrit dans un 
style familier, plein de verve et d'humour. 

Le second manuscrit, « Ma Juliette », est d'un tout autre 
caractère. Il fut écrit sous l'empire de la douleur la plus 
profonde que l'auteur ressentit peut-être de sa vie entière. 

Il avait une fille, de cinq ans plus âgée que l'aîné de ses 
fils (i), et dont il s'était plu à faire lui-même l'éducation 
artistique, à diriger les goûts et les aptitudes naissantes. 
« C'est en quelque sorte mon fils aine >, disait-il, en parlant 
d'elle. 

De bonne heure, cette fille avait montré pour la peinture 
de très réelles dispositions, et son père, on le conçoit, les 
avait cultivées avec un soin jaloux. 

Dans de nombreuses esquisses et éludes d'atelier, elle 
avait fait preuve d'un goût charmant, en même temps que 
d'un merveilleux instinct de coloriste. 

Son père la guidait, voyant ses progrès avec bonheur, 
fondant sur son talent les plus belles espérances ; cette fille, 
c'était sa joie, son orgueil, son ambition, son avenir. Et 
voilà que le destin brutal s'abat sur cette enfant bien-aimée, 
la frappe de cette horrible maladie qui mine sournoisement, 
faisant des progrès lents, mais sûrs, qui vous laisse languir 
pendant des mois, mais ne pardonne pas : la phtisie. 

Le pauvre père souffrit mille morts pendant l'interminable 
cours de la maladie de son enfant, avec ce chagrin toujours 



: (i) Le plus jeune de ses deux fils était mort en 1874. 



000 — 



renouvelé de la trouver chaque malin plus mal que la 
veille, avec, au cœur, cette rage de se sentir impuissant 
contre ce lâche ennemi invisible, de savoir que tout était 
perdu, qu'il n'y avait rien à faire! 

Ce martyre dura six mois, au bout desquels la pauvre 
enfant s'éteignit, en pleine jeunesse, à cet âge où la vie est 
si bonne, si pleine de promesses, à dix-huit ans ! 

Quoique prévu depuis quelque temps, cet écroulement de 
tous ses rêves les plus chers frappa Rousseau en plein cœur; 
c'est le cri de sa douleur poignante, immense, qui s'exhale 
dans ces pages, que nul père ne pourra lire sans que ses 
yeux se remplissent de larmes ; dans ces pages, qui sont 
comme un monument élevé à la mémoire de la chère morte, 
où il ensevelit avec son souvenir toute son âme et tout le 
meilleur de lui-même. 

J'en voudrais donner un extrait; mais cette étude est 
déjà longue et le cadre de ce recueil m'oblige à borner 
mon récit aux faits intéressant la carrière publique de 
Jean Rousseau. 

Si je me suis permis cette courte digression, c'est que, 
pour bien peindre son vrai caractère, il m'a paru nécessaire 
de placer un aperçu de l'homme privé en regard de la 
biographie du fonctionnaire. 



* * 



Citons, pour finir, un trait qui montre à quel point il 
était jaloux de son affection pour sa patrie. 

En 1889, un journal de province publia l'entrefilet 



— 334 — 

suivant, qui fut reproduit par une ou deux feuilles de la 
capitale : 

» Un de nos compatriotes, M. J. B,..., actuellement un haut 
fonctionnaire de l'un, de nos départements ministériels, était, il y a 
quelque vingt-deux ou vingt-cinq ans, attaché au journal de 
M. de Villemessant. Il eut avec un de nos compatriotes, M. Vande 
Woestyne {aUa* Ivan de Woestyne), une de ces polémiques à 
l'emporte- pièce, comme on en avait alors. 

• Son adversaire se plaignant de la vivacité de Tune de ses 
réponses, lui écrivit : * Vous devriez bien ménager un compatriote, 

• car je suis Belge comme vous. 

— • Peu m'importe, répliqua M. J. B..., si vous êtes réelle*- 

• ment Belge, eh bien ! apprenez que vous êtes Belge comme une 

• oie. • 

* S'il y eut jamais quelqu'un de surpris de la fortune de ce mot 
lancé au hasard, ce fut assurément M. J. B... • 

Cette anecdote était erronée de point en point. Rousseau 
ne se souvenait pas d'avoir eu l'altercation en question avec 
M. Vanderwoestyne (et non Van de Woestyne) ; d'autre part, 
celui-ci n'est entré dans le journalisme qu'après 1863; or, 
je trouve le mot Belge comme une oie dans une nouvelle 
édition des Propos de ville et propos de théâtre d'Henry 
Murger, édition datée de 1858 (p. 52). 

Il y avait donc erreur évidente, mais, semble-t-il, sans 
aucune conséquence; néanmoins, Rousseau s'en émut; il ne 
voulut pas que l'on pût lui attribuer une plaisanterie parais- 
sant peu flatteuse pour ses compatriotes, et envoya une 
rectification aux journaux qui avaient reproduit l'entrefilet 
en question. 

* * 



— 355 — 

Je termine en empruntant à Jean Rousseau la fin d'un 
article nécrologique qu'il inséra à cette même place, il y a 
une dizaine d'années, el en disant de lui ce que lui-même 
disait de J.-P. Cluysenaar (i) : 

c II fut l'un de ces infatigables travailleurs qui comptent 
leurs journées par leurs œuvres ! » 



En ma qualité de Secrétaire du Comité Directeur du 
Bulletin des Commissions royales d'art el d* archéologie % 
m'incombait le devoir de retracer ici la carrière de mon 
prédécesseur. 

Ma tâche est accomplie ; j'ai exposé simplement les divers 
épisodes de la vie de Jean Rousseau sans le juger, ce qui ne 
m'appartenait pas. 

Les éloges, les appréciations flatteuses, que j'ai émis çà et 
là, ne viennent pas de moi; d'autres plumes que la mienne 
les ont exprimés; je les ai reproduits. 

J'espère avoir atteint mon but qui était de me borner, 
dans ce recueil artistique, à relater les faits saillants de la 
vie de l'esthète et non d'écrire l'apologie d'un père à jamais 
regretté, dont je suis orgueilleux de pouvoir inscrire le nom 
au bas de ces lignes. 

Mously, décembre 1891. 

Henry Rousseau. 



0) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., t. XX, p. 318. 



TABLE DES MATIERES. 



Pages. 

Liste des membres effectifs et correspondants de la Commission 
royale des monuments en 4891 5 

Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver- 
I baux des séances des mois de janvier et de février 1891 . - 11 

Société archéologique de Namur. — Rapport annuel sur les 
fouilles exécutées en 1890 16 

L'évangéliaire d'Eyck lez Maeseyck du vin* siècle, par M. Joseph 
Gielen 19 

Notes pour servir à l'histoire de la sculpture en Belgique (suite), 
par M. Henry Rousseau (A continuer) . . . . .29 

Verres « Façon de Venise » fabriqués aux Pays-Bas, par 
M. H. Schuermans 66 

Notes pour servir à l'histoire de la sculpture en Belgique (suite), 
par M. Henry Rousseau (A continuer) 79 

Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver- 
baux des séances des mois de mars et d'avril 1891 . • . 116 

Erratum 122 

Notes pour servir à l'histoire de la sculpture en Belgique (suite), 
par M. Henry Rousseau (A continuer) 125 

Erratum . • . .168 

Quelques renseignements sur la provenance des objets lacustres 
acquis récemment par le Musée royal d'antiquités et descrip- 
tion de ces objets, par M. le B on Alfred de Loë, Secrétaire de 
la Société d'Archéologie de Bruxelles 169 

Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver- 
baux des séances des mois de mai et de juin 1891. . .179 



— 338 — 



Pages. 



Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver- 
baux des séances des mois de juillet et d'août 1891 ' . . 197 

Notes pour servir à l'histoire de la sculpture en Belgique (suite), 
par M. Henry Rousseau (A continuer) 209 

Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver* 
baux des séances des mois de septembre et d'octobre 1891. 255 

Recherches sur les enlumineurs flamands, par M. J. Destrée. 
(A continuer) 265 

Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver- 
baux des séances des mois de novembre et de décembre 1891. 299 

Nécrologie. — Discours de M. Wellens, Président de la Com- 
mission royale des monuments 509 

Jean Rousseau. — Notes biographiques, par M. Henry Rousseau 515 



PLANCHES. 

r • 

Pages. 

L'évangéliaire d'Eyck lez Maeseyck. Frontispice . . .19 
Id. id. Page de texte ... 22 
Id. id. Page 15 e (recto). . .24 
Objets lacustres acquis récemment par le Musée royal d'anti- 
quités (PI. I, II et III) 178 

Missel de Dixmude (PI. I) ....... 288 

Livre d'Heures de Notre-Dame dit de Hènnessy (PI. il) . . 295 
Portrait de Jean Rousseau 515 



TABLE ONOMASTIQUE 



DU 



BULLETIN DES COMMISSIONS ROYALES 

d'art et d'archéologie 



U£TÊ£S 1887 



1890 



Pour les tables des années 1862 à 1870, voir tome IX 
Id. id. 1871 à 1886, voir tome XXV 



Nota. Les chiffres romains indiquent les volumes du Bulletin 



accroissements du m osée royal 
d'antiquités et d'ar- 
mures, XXVI, p. 414. 
—XXVII, pp. 101,302. 

Achter-Oolen-socs-Oolen, pres- 
bytère, XXIX, p. 555. 

Asrschot, église de Notre-Dame, 
XXVI, p. 272. — 

XXVIII, p. 129. — 

XXIX, pp. 183, 223. 
Alden-E yck-socs -M aese yck , église, 

XXVIII, p. 591. 
Alost, église de Saint-Martin, 

XXVI, p. 104. — 

XXVII, p. 129. 



Alost, hôtel de ville, XXVIII, 

p. 388. 
Alsemberg, éfclise, XXVII, p. 133. 

— XXIX, pp. 178, 
185, 214. 

Amberloup, église, XXVII, p. 16. 

— XXVIII, p. 20. 
Anderlecht, église de Saint-Pierre, 

XXIX, p. 462. 
— Hôpital, XXVI, p. 159. 
Andrimont, église, XXVI, p. 143. 

— XXVII, p. 319. 
Anne voie, église, XXIX, p. 354. 
Asvseghem, église, XXIX, p. 221. 
Arseroeul, église, XXIX, p. 221. 
Anthée, église, XXVIII, p. 129. 
Anthisnes, église, XXVII, p. 130. 



"i 



II 



Antiquités trou vers en Bel- 
gique, XXIX, p. 561. 
Antoing, église de Saint-Pierre, 

XXVI, p. 271. — 

XXVII, p. 458. 
Anvers, église de Saint -André, 

XXIX, p. 245. 
— • Église de Saint- Jacques, 

XXVIII, p. 152. 

— Église de Saint-Josepb, 

XXVII, p. 429. — 

XXIX, p. 14. 

— Église de Notre-Dame, 

XXVI, pp. 445, 446, 
447.— XX VII, pp. 520, 
575, 576, 579. — 

XXVIII, pp. 49, 452, 
197, 199, 504,524.— 

XXIX, pp. 12, 14, 16, 
177, 215, 219, 225, 
558, 544, 545. 

— Hospice de vieillards, 

XXVII, p. 15. 

— Hôtel de ville, XXV11I, 

pp. 16, 502. — XXIX, 
pp. 12, 465. 

— Maison de Rubens, XXVI, 

p. 452. 

— Musée, XXVIII, p. 15. 

— Palais des beaux -arts, 

XXVI, p. 291. 

— Palais de justice, XXVI, 

pp. 100, 266, 452. — 

XXVII, pp. 11,421.— 

XX VIII, pp. 126, 585, 
587, 595. — XXIX, 
p. 557. 

— Steen, XXVI, p. 159. — 

XXIX, p. 540. 

— Synagogue, XXVII, p. 14. 
Archennes, hospice, XXIX, pp. 

180, 550. 



Archéologie (V) préhistorique, 
gauloise , gallo - ro- 
maine et manque a 
l'exposition de Paris, 

XXVIII, p. 261. 
Ardoyb, église, XXVI, pp. 444, 

455. — XX Vil, p. 140. 

— XXIX, p. 557. 
Arlon, église, XXVI, p. 445. 
Aspelaer , presbytère , XXIX , 

p. 464. 
Asper, église, XXVIII, p. 195. 
Assche, église, XXVIII, pp. 133, 

508. 
Assebroeck, église, XXVI, p.571 . 

— XXIX, p. 219. 
Assknede, église, XXVI, p. 459. 

— XXVIII, p. 585. 
Assenois - sous - Hompré , église , 

XXIX, p. 14. 
Assesse, église, XXVI, p. 271. — 

— XXVJII, p. 520. 
Ath, tour Burbant, XXIX, p. 13. 
Attenhove, église, XXIX, p. 14. 
Audenaerde, église de Noire-Dame 

de Pamele, XXVI, p. 

287.— XXVIII, p. 152. 

— Église de Sainte-Walburge, 

XXVIII, p. 525. — 

XXIX, p. 556. 
Autel-Haut, église,XXVIII, p. 19. 
Avecapelle, église et presbytère, 

XXVI, p. 445. 
Awans, église, XXIX, p. 219. 
Ayenecx, église, XXIX, p. 219. 



Babl, église, XXV'III, p. 196., 
Barsy-sous-Flostoy, église,XXVI, 
p. 448. 



III 



Babel, église, XXVI, pp. 403,388. 
Basse -Bodeux, église,. XXIX, 

pp. 215,222. 
Bassevbldb, église, XXIX, p. 178. 
Bastoghb, église, XXVIII, p. 521 . 
— Porte de Trêves, XXVIII, 

p. 318. 
Battihcodht-sous-Halawzy, église 

et presbytère, XXVI, 

p. 145. 
Beau saint, église, XXVII, p. 137. 

— XXIX, p. 181. 
Becela ère, église, XXVI, p. 104. 

— XXVII, pp. 316, 
379 XXVHI,p.386 

— XXIX, p. 183. 
Bbclers, église, XXVIII, p. 19. 
Beeringen, église, XXIX, p. 214. 
Beerse, église, XXVI, p. 454. 
Beffe, presbytère, XXIX, p. 218. 
Beirbndrecht, maison communale, 

XXIX, p. 180. 
Bell-sols-Gheel, église, XXVIII, 

p. 18. 
Bbloeil, église de Saint-Pierre, 

XXVI, p. 439. — 

XXVIII, p. 308. — 

XXIX, p. 183. 
Bbhouchamps-sous-Wàrdin, église, 

XXVIII, p. 19«. 
Berbroeck, église, XXIX, p. 219. 
BETTiif court, presbytère, XXVII, 

p. 130. - XXVIII, p. 

388. 
Bevrrb - lez - Acdbiuerdb, église, 

XXVI, p. 439. 

BBVERElf-LEZ-K0CSBRrGGE, église, 

XXVII, p. 379. 
Beyeren-Waes, église, XXVI, p. 

144. 
Betabrt (Les sculpteurs) db Lor- 
VAiif,XXVlI, p. 151. 



Bibliographie. — Juhr-Buch der 
Gesellschaft fur lothrin- 
gische Geschichte und 
Altertumskunde. Enter 
Jahrgang, 1888-1889. 
(Annales de la Société 
pour l'histoire et les 
antiquités delà Lorraine. 
1" année, 1888-1889.) 
Metz, 1889, in- 8", 

XXVIII, p. 296. 

— Anzeiger des germanische 

National Muséum in 
1890, n u 1. (Indicateur 
du Musée germano-na- 
tional.) Leipzig, 1890, 
gr. in-8°, XXVIII, 
p. 299. 

— Dos rÔmisch - germanisch 

Central-Muséum y in bild- 
lichen Darstellung aus 
seinen Sammlungên, par 
M. Lindenschraitt fils. 
Mayence, 1889, in-4°. 
(Le Musée central ro- 
inano -germain, repré- 
senté par des dessins 
d'objets appartenant à 
cette collection .)XX VIII , 
p. 299. 

Bibrbeek, église, XXVII, p. 
140. 

Bilsen-la-Ville , hospice- hôpital, 

XXIX, p. 13. 
Binckom, église, XXVI, p. 270. 
Blaton, église, XXIX, p. 344. 
Boisschot, presbytère, XXVIII, 

p. 319. 
Boldbrberg-sous-Zolder, église, 
XXIX, p. 183. 

BOLLBBBBK-SOUS-MOLHEM, église, 

XXVIII, p. 307. 



IV 



Borgbrrout, presbytère de la pa- 
roisse de Notre-Dame- 
aux-Neiges,XXIX,p.l4. 

Borght-sous-Grimberghen, église, 

XXVII, p. 157. 
Borght-Lomblek, église, XXVII, 

p. 137. 
Bornhem, église, XXVI.. p. 105. 

— XXVII, p. 376. 
Bottelaere, église, XXVII, p. 

141. 
Bouillon, ancien château - fort, 
XXIX, p. 352. 

— Presbytère, XXVI, p. 453. 

— XXVIII, p. 195. 
Bouvignes, église, XXVII, p. 427. 
Bovigwy, église, XXIX, p. 181. 
Braine-l'Alleud, église, XXVI, 

p. 265. — XXVII, p. 
519. —XXIX, p. 220. 

— Maison communale, XXVI11 , 

p. 587. — XXIX, p. 

550. 
Br aine-lé- Comte, église, XXVI, 

p. 287. 
Brecht, église, XXVII, p. 520. 
Bréb, église, XXVI, pp. 103, 296. 

— XXVII, p. 519. — 
XXIX, p. 466. 

Breeoene, église, XXVI, p. 443. 
Brielen, église, XXVII, p. 319. 

— XXIX, p. 15. 
Brugelette, église, XXIX, p. 220. 
Bruges, cathédrale, XXVIU, p. 

132. — XXIX, p. 336. 

— Église de Notre-Dame, 

XXVI,p.l42.— XXVII, 
pp. 140, 378, 420. — 

XXVIII, pp. 197, 389. 

— XXIX, p. 185. 

— Église de Sainte - Anne , 

XXVI, p. 448. 



Bruges, église de Saint-Gilles, 
XXVII, p. 431. 

— Église de Saint- Jacques, 

XXIX, p. 467. 

— Halles, XXVI, p. 102. — 

XXVII, p. 423. — 

XXVIII, p. 195. 

— Hôtel de Fiennes, XXIX, 

p. 550. 

— Hôtel de ville, XXVI, p. 

448. — XXVIII, pp. 
127, 386. — XXIX, 
pp. 13, 348. 

— Hôtel Gruuthuuse, XXVI, 

p. 102. — XXVil, pp. 
13,422. 

— Palais du Franc, XXVII, 

p. 150.— XXIX, p. 335. 

— Prison, XXIX, p. 555. 

— TourSaint-Georges,XXIX, 

p. 464. 
Bruxelles, église de Sainte-Cathe- 
rine, XXIX, p. 183. 

— Église des SS.-Michel-el- 

Gudule, XXVII, p. iM. 
— XXIX, p. 177. 

— Église de Sainl-Jcan-Bap- 

tiste au Béguinage , 
XXVII , p. 376. — 
XXVIII, p. 311. 

— Église de Notre-Dame de la 

Chapelle, XXIX, p. 16. 

— Église de Notre-Dame du 

Sablon, XXIX, p. 219. 

— Hôtel des Postes, XXVI, 

p. 101. — XXVII, p. 
516. 

— Jardin Botanique, XXIX, 

p. 180. 

— Musée royal de peinture et 

de sculpture, XXIX, p. 
464. 



Bruxelles, Musée royal d'antiqui- 
tés, d'armures et d'artil- 
lerie, XXVIi, pp. 428, 
315, 420. — XXVIII, 
pp. 493, 302. — XXIX, 
p. 349. 

— Palais du Cinquantenaire, 

XXIX, p. 215. 

— Palais de la Nation, XXVI, 

p. 454. — XXVII, p. 
428. 

— Parc, groupes de l'allée 

asphaltée, XXIX, p.338. 

— Quartier du Parc, XXVI, 

p. 294.— XXVII, pp. 
43, 436, 318, 377. — 
XXVIII, p. 47. 

— Square du Petit-Sablon, 

XXVI, pp. 437, 266.— 

XXVII, pp. 31 6,420.— 

XXVIII, pp. 45, 493, 
386. — XXIX, p. 244. 

— Statue de Van Helmont, 

XXVII, p. 317. 
Bcggknhout, église,XXIX, p. 42. 
Buisson - socs - Ortho , église , 

XXVIII, p 496. 

Il uisson ville, église, XXVI, pp. 

402, 442. 
Bllscamp, église, XXVIII, p. 434. 
Burght, église, XXVI, p. 274. 



Cachtem, église, XXVI, p. 445. 

CAHOTTES-SOBS-HoRION-HoZÉMONT, 

église, XXVI, p. 453. 
Cappkllen (Anvers), église, XXIX, 

p. 482. 
Cappellen (Brabant), église ,XXVI, 

p. 443. 
Carnières, église, XXIX, p. 342. 



Castre, église et presbytère, XXIX, 
p. 224. 

Ckllfs-lez-Dinant, église, XXVI, 
p. 400. 

Celles-en-Hesbaye, église, XXIX, 
p. 484. 

Chalon, Renier, XXVIII, p. 5.— 
XXIX, p. 49. 

Chardenrijx-sous-Bonsin , église, 
XXIX, p. 483. 

Chastre-Dame-Alerne, église et 
presbytère, XXIX, p. 
355. 

Chaudfontaine, église et presby- 
tère, XXVII, p. 42G. 

Chrratte-Saint- Joseph , presby- 
tère, XXVIII, p. 306. 

Chevron, église, XXIX, p. 45. 

Chimay, église collégiale des SS.- 
Pierre-et-Paul, XXVIII, 
pp. 484,498. 

Chiny, église, XXVIII, p. 389. 

Clemskerke, église, XXVII, p. 
432. 

Commission royale des Monuments. 
Comité spécial des objets 
d'art, XXVI, p. 97. - 
XXVII,p.lO.-XXVHI, 
p. 44. - XXIX, p. 40. 

— Liste des membres effectifs 

et des correspondants, 
XXVI, p. 92.— XXVII, 
p. 5. — XXVIII, p. 9. 

— XXIX, p. 5. 

— Nominations de membres 

correspondants, XXVI, 
pp. 98, 263, 285, 447. 

— XXVII, pp. 428, 
375, 449. — XXIX, p. 
335. 

— Nominations de membres 

effectifs,XXVIH,p.425. 



À 



VI 



Comité directeur du Bulletin 
des Commissions royales 
d'art et d'archéologie, 
démission et nomination 
d'un secrétaire, XXVIII, 
p. 9. 

Conservation des monuments et 
objets d'art, débats au 
Sénat français, XXVI, 
p. 5. 

Conservation des oeuvres d'art 
dans les édifices publics, 

XXVI, p. 137. 
Conservation des oeuvres d'art 

dans les églises, xxvi, 
p. 438. 
Conservation des toiles peintes, 

xxix, p. m. 

Contich, église, XXIX, p. 355. 
Coolscamp, église, XXVI, p. 272. 

— XXVII, p. 132 
Corennes- socs- Anthée , église, 

XXVII, p. 151. 
Cortenberg, église, XXIX, p. 219. 
Cortessem, église, XXVI, p. 439. 
Courtrai, église de Saint-Martin, 

XXVII, p. 380. 
Coxyde, église, XXIX, p. 221. 
Crombeke, église, XXIX, p. 185. 
Cruyshautem , église , XXVI , 

p. 288. 
Cul - des - Sarts , presbytère , 

XXVIII. p. 17. 
Cumptich, église, XXVII, p. 17. 



Dadizeele, église, XXVIII, p. 

126. —XXIX, p. 465. 
Damme, église, XXVI, pp. 143, 

446. — XXIX, pp. 

347, 358. 



Damme, tombeau de Jacob van 
Maerlant, XXVII, p. 
453. — XXVIII, p. 514. 

— XXIX, p. 337. 

— Hôtel de ville, XXIX , 
p. 352. 

Darion, église, XXVI, p. 142. — 
XXIX, pp. 15,466. 

David Teniers (Notes et remar- 
ques sur les quatre), 
XXVI, p. 149. 

Découverte d'une villa romaine 
sur la limite des com- 
MUNES DE NeERHAERKN 

etdeReckheim, XXVII, 

p. 325. 
Denderhautem , église, XXVIH, 

p. 197. 
Denderwindeke, église, XXVIH, 

p. 197. 
Desschel, église, XXVI, p. 445. 

— XXVII, p. 419. — 
XXIX, p. 544. 

Desteldonck , église , XXVI , 

p. 272. 
Dburnb (Anvers), église, XXVII, 

p. 129. 
— Presbytère, XXIX, p. 21 8. 
Deurne (Brabant), église, XXIX, 

p. 14. 
Deynze, église, XXVII, p. 11. 
Dieghem, église, XXVI, pp. 288, 

298. — XXVII, p. 

324. 
Diest, église de Saint-Sulpice, 

XXVI, p. 448. — 

XXVII, pp. 17, 131, 
316. — XXVIH, pp. 
126, 127, 199, 384. 

Dînant, église primaire de Notre- 
Dame, XXVI, pp. 103, 
142, 446, 454. — 



VII 



XXVII, p. 427. — 

XXVIII, p. 308. — 

XXIX, p. 344. 
Dînant, hôtel de ville, XXVII, 

p. 377. 
DiNEZ-soufr-MoftT, église, XXVII, 

p. 379. — XXVUI, 

p. 389. 
Dixmude, église de Saint-Nicolas, 

XXVH, p. 427. 

— Hôtel de ville,. XXVI, 

p. 440. 
Dochàmps, église, XXVIII, p. 323. 
Doiscbe, presbytère, XXIX, p. 

353. 
Donatbllo, XXVIII, p. 31 i. 
Donck - sous - Eeckeren , église , 

XXVI, p.269.— XXIX, 

p. 183. 

— Presbytère,XXVH, p. 424. 
Dorure, église, XXVI, p. 453. 

— XXIX, p. 219. 
Dormael , presbytère , XXVI , 

p. 102. 
Dranoctrb , église , XXIX , p. 

184. 
Ouysbourg, église, XXVUI, p. 

308. — XXIX, p. 359. 

— Presbytère, XXVI, p. 141. 



E 



Eoegheh, église, XXVI, p. 270. 
— XXVHI,p. 198. 

Eeckeren, église, XXVI, p. 144. 

Eecloo, église, XXVI, p. 271 . 

Eelen, église, XXVII, p. 131. - 
XXVUI, p. 194. — 
XXIX, p. 221. 

Ellezelles, église, XXVI, p. 144. 

Emptinne, église, XXIX, p. 354. 



Eggew arrts - C appelle , presby- 
tère, XXIX, p. 341. 

Eghezéb, église, XXVI, p. 297. 

Elingren, église et presbytère, 
XXVUI, p. 392. 

Elseghem, église, XXIX, p. 460. 

Else-Straat, sods Wavre-Sainte- 
Catherine, église, XXVI, 
p. 442. — XXVUI, 
p. 197. 

— Presbytère, XXVUI, p. 

319. 

Elst, presbytère, XXVII, p. 137. 

Engis, église, XXVUI, p. 129. 

Épigraphie romaine de la Bel- 
gique, XXIX, p. 228. 

Erembodegem, église, XXVII, p. 
141.— XXIX, p. 182. 

Erneuville, presbytère, XXIX, 
p. 218. 

Ertvelde, église, XX VU, p. 378. 

Espierres, église, XXIX, p. 405. 

Essche^beek-sols -Hal, église, 

XXVI, p. 141. — 

XXVII, p. 424. 
Etterbeek, église, XXVII, p 15. 

— Presbytère, XXIX, p. 218. 
Études comparatives archéolo- 

g ico-ch iniques sur l'état 
et le caractère des 
corps organiques li- 
gneux, ayant éprouvé 
en terre ou dans l'eau 
la combustion des siè- 
cles ou ayant subi l* ac- 
tion du peu, xxvui, 
p. 363. 

Eugies, église, XXVII, p. 379. 

Evere, église et presbytère, XXVI, 
p. 292. 

Evregnies, église, XXVI, p. 
272. 



VIII 



Exaerde, église, XXIX, pp. 14, 

221. 
Exploration de quelques villas 

et tomulus de la hes- 

BAYE, XXVII, p. 384. 

Eyier - sous - verysscb.e, église, 
XXVII, p. 378. 



Falisollb, église, XXVI, p. 144. 
Falmagne, église, XXVII, p. 132. 
Fanzel - sous - MonMONT , église, 

XXVIII, p. 19. 
Fays-les-Veneurs, église, XXVII, 

p. 132. 
Fayt-lb-Franc , église, XXVI, 

p. «445. 
Feluy, église, XXVI, p. 446. 
Ferrières, église, XXIX, p. 178. 
Florennes, église, XXIX, p. 336. 
Florenville , église, XXIX, p. 

555. 
Florzé-sous-Rouvreux, église, 

XXIX, p. 182. 
Fontenoille -sous -Sainte-Cécile, 

presbytère, XXVIII, p. 
195. 
Forchies - la - Marche , église , 

XXVII, p. 132. 
FoucHBS-sous-HACHY.égïise, XXVI, 

p. 137.— XXIX, p. 182. 
Fraire, église et presbytère, 

XXIX, p. 221. 
Franc-Waret, église, XXVII, 

pp. 151, 319. 
Freyneux-sous-Dochamps , église, 

XXVIII, p. 592. 
Fuhal, presbytère, XXIX, p. 218. 
Furnes, église de Saint-Nicolas, 

XXVIII, p. 2Q. — 

XXIX, p. 222. 



Furnes, hôtel de ville, XXVIII, 
p. 315. 

— Palais de justice, XXVIII, 

p. 16. 

— Pavillon des officiers, 

XXVIII, pp. 17, 315. 

G 

Gand, ancien château des comtes 
. de Flandre, XXVIII, 
p. 128. 

— Château de Gérard -le- 

Diable, XXVI, p. 102. 

— XXIX, p. 464. 

— Collacie Zolder, XXVI, 

p. 452. 

— Église cathédrale de Saint- 

Bavon, XXVI, pp. 104, 
144, 454. — XXVII, 
pp. 135, 140, 379. — 

XXVIII, p. 199. — 

XXIX, pp. 16, 356, 
349. 

— Église de Notre-Dame-Samt- 

Pierre, XXIX, p. 222. 

— Église de Sainte -Anne, 

XXVI , p. 450. — 
XXIX, p. 42. 

— Église de Saint- Jacques, 

XXVI, p. 297. — 
XXVIII, pp. 152, 508. 

— XXIX, pp. 214, 
557. 

— Église de Saint -Michel, 

XXVI, pp. 103, 296. 

— XXVIII, pp. 16, 
194. — XXIX, p. 177. 

— Église du Saint-Sauveur, 

XXVII, p. 158. — 

— XXIX, pp. 11,214, 
548. 



IX 



Gard, bôtel de ville, XXIX, pp. 13, 

349. 
Garshoren, église, XXVIII, p. 

389. 
Gaurain - Ramecroix , église , 

XXVIII, p. 325. 
Gayrr, église, XXVII, p. 378. 
Geefs (Guillaume), XXVI, p. 396. 
Geefs (Joseph-Germain), XXVI, 

p. 405. 
Gelinden, église, XXVI, p. 454. 
Gemblodx , beffroi communal , 

XXVII, p. 130. 

— Église, XX VIII, p. 15. 
Genck, presbytère, XXIX, p. 181. 
Gbrin, église, XXVI, p. 272. 
Gerdingen, église, XXVI, p. 103. 
Gerpinnes, église, XXVI, pp. 

103, 265. 
Gestel-socs-Merrhout, presbytère, 

XXVI, p. 141. 
Geûns (Pierre), XXVIII, pp. 201, 

561. 
Gbystingen-socs-Ophoven, église, 

XXIX, p. 342. 
Gbeel, église de Sainte-Dymphne, 

XXVni, p. 323. 
Ghemjvelt, église, XXIX, p. 554. 

— Presbytère, XXVI, p. 141 . 
Gierlb, église, XXVIII, p. 391. 

— Presbytère, XXVI, p. 269. 
Gimnéb, église, XXVI, pp. 292, 

448. — XXVIII, p. 

386. 
Glows, presbytère, XXVI, p. 453. 
Godscheid - socs - Hasselt , église, 

XXVII, p. 141. 
Godverdegem, église et presbytère, 

XXVII, p. 140. — 
XXIX, p. 221. 

GOFFONTAINE-SOUS-CORNESSE, église, 

XXVIII, p. 18. 



Goin-RODE, presbytère, XXIX, p. 

218. 
Gors-op-Lebcw, église, XXVIII, 

p. 125. 
Gossart de Maubbvgb (Jean), 

XXVIII, p. 21. 
Gossoncocrt, église, XXVIII, p. 

19. 
Gothem, église, XXVIII, p. 19. 

— Presbytère, XXIX, p. 464. 
Gotthem, iglise, XXIX, p. 221. 
Grammont, église de Saint-Barthé- 
lémy, XXVII, p. 378. 
Grand-Brogel, église, XXVI, p. 

445. 
Grand-Hallet, église, XXVIII, 

p. 388. 
Grandmenil, église, XXVII, pp. 

14, 424. 
Grandrieu, église, XXVI, p. 287. 
Grimberghen, église, XXVI, p. 

104. 
Grimde-sous-Tirlemont, église, 

XXVII, p. 426. 
Grosage, église, XXIX, p. 465. 



Haccodrt, église, XXVI, p. 270. 
Haekendover, église, XXIX, p. 

222. 
Haillot, église, XXVIII, p. 129. 
Haine - Saint- Paul, presbytère, 

XXVUI, p. 307. 
Hal, église de Saint-Martin, XXVII, 

pp.134, 421. -XXVIII, 

p. 312. — XXIX, pp. 

544, 547. 
Halanzv, église, XXIX, p. 178. 

HALLE-I30YENH0VEN,église,XXVIII, 

p. 302. 
Hamme, église, XXVI, p. 143. 



â 



Hamoir, église, XXVIII, p. 495. 
Hamois, église, XXVI, p. 142. 
Ham-sur-Heure, église, XXVI, p. 

101. 
Handzaeme, église, XXVI, p. 270. 

— XXVII, p. 379. — 

XXIX, p. 467. 
Hawnut, église, XXVIII, p. 320. 
Hanzikelle, presbytère, XXIX, 

p. 218. 
Harlebeke, presbytère, XXVII, 

p. 130. 
Hasselt, église de Saint-Quentin, 

XXVI,p.449.— XXVII, 

p. 379. — XXIX, pp. 

178, 179, 466. 

— Palais de justice, XXVI, 

p. 265. — XXVII, p. 

135. 
Hastière-par-dela, église, XXVI, 

p. 302. — XXVII, p. 

133. 
Hatrival, église, XXIX, p. 15. 
Hactfays, égl/se, XXIX, p. 467. 
Hauthem - Saint - Lievir, église, 

XXVI, p. 144. 
Haut-lb-Wastia, église, XXVII, 

p. 137. 
Havelange, église, XXVI, p. 271 . 
Hbffkn, église, XXVI, p. 443. 
Heiksch, chapelle, XXIX, p. 184. 
Helchteren, église, XXVIII, p. 

388. 

— Presbytère, XXVI, p. 269. 
Helmet-sous-Schaerbeek, église, 

XXVII, p. 131. 
Heppbueert-socs-Makseycr, église, 

XXVII, p. 17. 
Herck-la-Ville, église, XXVII, 

p. 140. 
H brck-Sai ut-Lambert, maison vi- 

cariale, XXVII, p. 318. 



HéRRzrr, église, XXVIII, p. 31 1 . 
Héreuthals, église de Sainte-Wau- 
dru, XXVIII, p. 585. 

— Hôtel de ville, XXVIII, p. 

17. 

— Presbytère, XXVII, p. 378 . 
Hersselt, église, XXVIlî, p. 19. 
Hbusav - socs - Benne - Heusay, 

église, XXVI, p. 453. — 

XXIX, p. 13. 
Hedsy, église, XXVIII, p. 129. 
Heysbl - sors - Laeken , église , 

XXVII, p. 378. 
Heyst-op-dbr-Berg, église, XX VII, 

p. 136. — XXVIII, pp. 

18, 391. 
Hingepce, église, XXVII, p. 132. 
Hoboken, église, XXVI, p. 453* 

— XXVII, pp. 316, 
319. 

Hodimont, église, XXVII, p. 318. 
Hoeylaert, église, XXVI, p. 443. 
Hollebekb, église, XXVIII, p. 198. 

— Presbytère, XXVIII, p. 

388. 
Hombeek, église, XXVIII, p. 384. 

— XXIX, p. 357. 
Hondelauge, église, XXVIII, p. 

128. 

IIonnay, presbytère, XX VI, p.442. 

Hoogstraeten, église de Sainte- 
Catherine, XXVI, p. 
265. - XXVII, p. 320. 

— XXVIII, p. 194. — 
XXIX, pp. 12, 178, 
467. 

— Église de Saint-Jean-PÉvan- 

géliste, XXVIII, p. 323. 

— Hôtel de ville, XXVIII, p. 

128. -XXIX, p. 180. 
Hottow, presbytère, XXIX, p. 
353. 



XI 



Hocdemokt, église, XXVI, p. 142. 
Houdréhont, église, XXVII, p. 

131. — XXIX, pp 

331, 466. 
Houmart - socs - Tohognb, église, 

XXVII, p. 138. 
Houb, église, XXVI, p. 142. 
Houttavb, presbytère, XXVI, p. 

442. 
Houtvenne, église, XXIX, p. 183. 
Hoves, église, XXVII, p. 320. 
Hulsonniaux, église, XXVIII, p. 

389. 
Humanité (L'), bas-relief de Jef 

Lambeaux, XXIX, p. 

179. 

HUMBLGflBM-SOUS-STBBNOCKERZREL, 

église, XXVII, p. 316. 

Hcy, église de Notre-Dame de la 

Sarte, XXVII, p. 140. 

— Église primaire de Notre- 

Dame, XXVI, pp. 271, 
296.— XXVIII, p. 20. 
— XXIX, p. 223. 

— Église de Saint - Itemy , 

XXVII , p. 319. — 

XXVIII, p. 3-20. 
Huyssb, église, XXIX, p. 182. 
Huyssinghbn, presbytère, XXVIII, 

p. 195. 
Hyon, église, XXVI, p. 297. — 

XXIX, p. 342. 



Ittbbbebk, église, XXIX, pp. 346, 

462. 
Ixblles, église de Sainte-Croix, 

XXVIII, p. 308. 
— Hôpital, XXVII, p. 377. 



INGBLMUNSTER, église, XXIX, p. 

220. 
Invasion des Chauqurs en 176, 

XXIX, p. 189. 
Iskghem, église, XXVI, p. 143. — 

XXIX, p. 355. 



Jambes, église, XXVI, p. 443. 
JemeliiB, presbytère, XXIX, p. 

553. 
Jenbffb, presbytère, XXVIII, p. 

507. 
Jbssbrbn (Le psbudo-tumulus de) 

XXIX, p. 207. 
Jodoigne, église de Saint-Lambert, 

XXIX, p. 465. 
Jumbt, église de Saint-Sulpice, 

XXVI, p. 145. 
Juslenvillb-sous-Theux , église, 

XXVI,p.l02.— XXVII, 

pp. 156, 138.— XXIX, 

p. 182. 
— Presbytère, XXVI, p. 102. 



K 



Kehseke, église, XXVII, p. 319. 
Kbrckhoven-sous-Lomel , église, 

XXIX, p 465. 
Kerckom, église, XXVI, p. 142. 
Kbrkom, église, XXIX, p. 342. 
Kermpt, église, XXIX, p. 355. 
KESbENicH, presbytère, XXVII, 

' p. 318. 
Knocke, église, XXV11I, p. 197. 
Kruysweg - sous - Lillo , église , 

XXVI, p. 293. 
— Presbytère, XXVIII, p. 

319. -XXIX, p. 464. 



■■% 



XII 



Lacuistjve, église, XXIX, p. 344. 
Laekeh , ancienne église paroissiale, 

XXVI, p. 143. 

— Église de Notre - Dame, 

XXVIII, pp. 16, 19. 

— Église de Sain t-ftochjXXIX, 

p. 355. 

— Châleau royal, XXIX, p. 

217. 

— Presbytère, XXVI, p. 141 . 
La Louvière , église de Saint- 
Joseph, XXIX, p. 183. 

— Hôpital civil, XXVI, p. 

291. 
Lamaih, église, XXVI, p. 272. 
Lanaekeii, église, XXVI, p. 265. 

— XXVIII, p. 198. 
Larden, église, XXVII, p. 131. 
Laneffe, église, XXVIII, p. 18. 
Lantremange, église, XXIX, p. 

11. 
Léau, église de Saint- Léonard, 

XXVII, p. 424. — 

XXIX, p. 12. 

— Hôtel de ville, XXVIII, p. 

516, 395. 
Ledeberg, église, XXIX, p. 214. 
Lede-sous-Wannkgem, presbytère, 

XXVIII, p. 195. 
Leffinghe, église, XXVI, p. 295. 

— XXVII, p 135. 
Leglise, église, XXVIII, p. 18. 
Lembecq, église, XXVII, p. 14. — 

XXIX, p. 15. 
Lennick Saint - Marti*, église, 

XXIX, p. 183. 
Lescheret-sous-Juseret, église, 

XXVIII, p. 19. 
Les-Fossés-sous-Assknois, église, 

XXVI, p. 292. 



LE8siifEs, hôtel de ville, X*XVII, p. 

422. 
Leugkies, église, XXVI, p. 297. 
Liège, église de Saint-Christophe, 

XXVI, pp. 104, 300.— 

XXVII, p. 129. — 

XX VIII, p. 502. 

— Église de Saint-Gilles,XXVI, 

pp. 293, 442. 

— Église de Saint -Jacques, 

XXVII, pp. 131,320. 

— Église de Saint- Martin , 

XXVI, p. 293. — 
XXVIII,p.20.-XXIX, 
p. 213. 

— Église de Saint -Nicolas - 

outre-Meuse, XXIX, p. 
14. 

— Église de Saint -Servais, 

XXVI, p. 104. 

— Église de Sainte-Véronique, 

XXIX, p. 183. 

— Hospice de \1eiIlards,XX VI, 

p. 452. 

— Hôtel provincial, XXVII, 

pp. 12, 377. - XXIX, 
pp. 11,463. 
Lierre, église de Saint-Gommaire, 
XXVI, p. 103. 

— Galeriede tableaux, XXVII, 

p. 317. 
Lillo, église, XXVI, p. 144. 
Limal, presbytère, XXVI, p. 269. 
Linkebeek, église, XXIX, p. 15. 
Lissewegbe, église, XXVIII, p. 

132. 
Lize-Sekaing, église, XXVI, p. 

442. 
Lobbes, église, XXVIII, p. 308. 
Lokeren, église, XX VIII, p. 19a. 
Lombartzyde, presbytère, XXVII, 

p. 424. 



Lomprez, église, XXVIII, p. 197. 
Londerzbel, hospice, XXIX, p. 

350. 
Lougchamps, presbytère, XXV11I, 

p. 388. 
Loozen - sous - Bocholt , église , 

XXVI, p. 453. 

— Presbytère, XXVIII , p. 1 7 . 
Louvam, église cathédrale de Saint- 
Pierre, XXVI, p. 272. 

— XXVII, p. 133. — 

XXVIII, p. 502. — 

XXIX, pp. 16, 355, 
357, 467. 

— Église de Sainte-Gertrude, 

XXVIII, p. 383. — 

XXIX, p. 462. 

— Église de Saint- Jacques, 

XXIX, pp. 214, 355. 

— Église de Saint- Joseph, 

XXVI , p. 440. — 

XXVII , p. 378. — 
XXIX, p.. 337. 

— Église de Saint - Quentin 

XXVI, p. 104. 

— Hôtel de ville, XXIX, pp 

214, 216. 
LovEifDEGEM, église, XXV II, p 

158. 
Lovbwjoul, église, XXVIII, p 320 

— XXIX, p. 464. 
Loverval, église, XXVI, p. 270 
Loyers - socs - Lisognk , église 

XXVII , p. 319. — 
XXIX, p. 555. 
Lummen, église, XXVUI, p. 389. 



Machelen, église, XXVI, p. 448. 
Magbret - sous - Wardin, église, 
XXVII, p. 15. 



XIII 

Mailler, église, XXVI, p. 443. 

— XXVII, p. 378. 
Maisières, église, XXIX, p. 182. 
Maison-sous-Saint-Gérard, église, 

XXIX, p. 342. 
Mali pr es, église métropolitaine de 

Saint-Rombaut, XXVI, 

pp. 104, 273, 446. — 

XXVII, pp. 17, 134, 
142, 320, 579. — 

XXVIII, pp. 152, 199, 
308, 324. — XXIX, pp. 
16,225,545,557. 

— Église de Notre - Dame - 

d'Hanswyck, XXIX, p. 
465. 

— Église de Saint-Jean, XXIX, 

p. 15. 

— Mont-de-piété, XXVI, p. 

452. — XXVII, p. 130. 

— Séminaire, XXVI, p. 441. 
Mall-sur-Gekr, église, XXVJII, 

p. 129. 
Maloiwe, église, XXIX, p. 219. 
Marche, église, XXVI, p. 287.— 

XXVIII, p. 301. — 

XXIX, p. 548. 

— Hôtel de ville, XXVI, p. 

442. 
Marchieiwk-au-Pont, église de Ja 

Docherie,XXIX,p.545. 
Marilles, église, XXVI, p. 103. 
Martel ange, église, XXIX, p. 354. 
Marvie-sous-Wardi*, église et 

presbytère, XXVI, p. 

446. 
Massenhove, église, XXVI, p. 445. 
Meeksel-Kieseghem , église,XXIX, 

p. 14. 
Mekrbeek-lez-Cortenberg, église, 

XXIX, p. 542. 
Meerbeke, église, XXIX, p. 184. 



XIV 



Mbhaigke, église, XXIX, p. 342. 
Mbldbr, église, XXVI, p. 295. 
Meldert (Brabart), église, XXVII, 

p. 434. 
Mbldbrt ( Flandre oribrtale ) , 

église, XXVIII, p. 496. 
Melkwbzer, église, XXVI, p. 

443. 
Melreux - socs - HoTTOfr, église, 

XXVII, p. 379. 
Membre, église, XXIX, p. 355. 
Membrcgger, église, XXVI, p. 

293. 
Mbrin, église de Saint -Vaasl, 

XXVI, p. 271. 
Merxplas, église, XXVII, p. 316. 
Messines, église, XXVI, p. 273. 

— XXVIII, p. 431. 
Métier (Lb) des tapissiers de 

HAUTE-LICE, A BlIfCHE, 

XXVIl,p. 443. 
Mbux, église, XXVII, pp. 437, 
424. — XXIX, p. 555. 
— Presbytère, XXIX, p. 555. 

MlCHAMl«8-S0US-L0RGWlLLY, église, 

XXVIII, p. 496. 
Middelbourg, église, XXVI, p. 

296. 

MlDDELKERKE, église, XXVIII, p. 

525. 

MoEir, église, XXVI, p. 445. 

Mobrbbkb-Waes, église, XXIX, 
p. 483. 

Mogimont-sods-Vi VY,église,XXVI , 
p. 295. — XX VIII, p. 
520. 

Mohivillb, presbytère, XXVII, 
p. 45. 

Moiw et-socs-Longwilly , presby- 
tère, XXV1I1, p. 47. 

Molerdorp-sous-Bredrne, église, 

XXIX, p. 555. 



MOLERSTODE-SOUS-SCHAFFER, église, 

XXVI, p. 270. 

Moll, église, XXVIII, p. 48. 
Monceau - sur - Sambrb , église , 

XXVII, pp. 47, 452. 
Mors, église de Sainte-Waudru, 

XXVII, pp. 42, 454, 
449. 

Mort, église et presbytère, XXIX, 

p. 484. 
Mort -a - Leux- sous - Mouscron , 

église, XXVIII, p. 307. 
Mont-Saint-Amard, église, XXIX, 

p. 556. 
Mort - sur - Marchierrb , église , 

XX VIII, p. 520. 

— Maison vicariale, XXVI, 

p. 292. 
Moortzeele, église et presbytère, 
XXVII, p. 444. — 

XXIX, p. 341 . 
Moulard, église, XXIX, p. 224. 
Mouscron, église, XXVI, p. 454. 

— Hôtel de ville, XXVII, 

p. 429. 
Mou sue r - sur - Sambre , église , 

XXIX, p. 466. 
Mursterbilser , église, XXVI, 

p. 445. 
Murte, église, XXVII, p. 441. 



M 



Naast, église, XXIX, p. 554. 
Namor, église cathédrale de Sainl- 

Aubin, XXVII, p. 453. 
— Église de Saint -Loup, 

XXVI, p. 404. 
Nassogrb, église, XXVII, p. 432. 
Nederbrakel, presbytère, XXIX, 

p. 544 . 



XV 



Neer - Glabbeek. , presbytère , 
XXVI, p. 269. 

Neerhabren, église, XXVI, p. 
265. — XXVIII, p. 314. 

— XXIX, p. 346. 
Neeryssghb, église, XXVI, p. 

264. — XXVII, p. 132. 

— XXVIII, p. 308. 
Neufchateau, église, XXVII, p. 

140. 
N eu ville-socs- Viblsalm, chapelle, 

XXVIII, p. 129. 
Neyghbh, église, XXVI, p. 104. 

— XXVIII, p. 198. 

N iel-lbz* Saint- Trono, église, 
XXVI, p. 270. 

Nibuport, église paroissiale, XX VI, 
p. 449. — XXIX, pp. 
185, 346. 

NlEUWERKERKEN , église , XXVI, 

pp. 143, 440. — XXVII, 

p. 316. 
Nikuw-Hbodb, église, XXVI, p. 

443. 
Nivelles, église de Sainte-Ger- 

trude, XXVIII, p. 324. 

— Palais de justice, XXVII, 

p. 136. — XXVIII, p. 
387. 

— Salle de fêtes, XXIX, p. 

180 
Nives, église, XXVII, p. 137. 
Notes et remarques sur les quatre 

David Teniers, XXVI, 

p. 149. 
Notes pour servir à l'histoire de 

la sculpture en Belgique. 

— Les retables, XXIX, 
p. 425. 

Note- sur le bréviaire Grimani 
et les manuscrits à minia- 
tures du commencement 



du xvi* siècle, XXVIII, 
pp. 135, 309. 
Note sur une médaillr rappelant 
l'édification à Bruxelles 
de l'église des Carmélites 
thérésiennes, XXVI, p. 
305. 

O 

Ocuamps, église, XXVI, p. 271. 
Ohey, presbytère, XXIX, p. 353. 
Olmen, église, XXIX, p. 14. 
Onoz, église, XXVIII, p. 19. 
Oostacker, église, XXVIII, p. 

198. 
Oostcamp, église, XX VII, pp. 11, 

14. — XXIX, pp. 178, 

184. 
Oost-Eecloo, église, XXV M, p. 

198. 
Oosterloo -sous-Ghkel , église , 

XXIX, p. 181. 
Oostham, église, XXVI, p. 297. 

OoSTHOVEN-SOUS-VlEUX-TURNHOUT, 

église, XXVIII, p. 388. 
Oostkerke, église , XXVIII, p. 

132. 
Oostmalle, église, XX VIII, p.198. 
Oost-Roosebeke, église, XXVI, 

p. 272. 
Op-Glabbeek, église, XXIX, p. 

356. 
Opgrimby, église, XXIX, p. 466. 
Opbbers, église, XXVII, p. 45. 
Ophoven, presbytère, XXVII, p. 

137. 
Oplinter, église, XXVII, p. 380. 
Oppuers, presbytère, XXVI, p. 

292. — XXVII, p. 13. 
Orgeo, église, XXVIII, p. 19. 
Ortho, église, XX Vil, p. 132. 



XVI 



Ovbrbrobck-sous-Brecht , église , 

XXVIII, p. 507. 

— Presbytère, XXIX . p. 341 . 
Overmeire, église, XXVII, p. 451. 
Ovbryssche, église de Saint-Martin, 

XXIX, pp. 179, 466. 



Paricke, presbytère, XXVI, p. 
269. 

Peer, église, XXVI, p. 454. 

Pellaines, église, XXVI, p. 143. 

Pellenberg, presbytère, XXVII, 
p. 156. 

Pkrck, église, XXVI, p. 445. 

Pesches, presbytère, XXVIII, p. 
47. — XXIX, p. 219. 

Petignt, église, XXIX, p. 219. 

Petitb-Sommb-sous-Borlon , cha- 
pelle, XXVI, p. 453. 

Philippe ville, église, XXVII, 
p. 441. 

Pierres tombales historiées et 
inscriptions tumulaires de 
l'hôpital de Notre-Dame 
à Àudenaerde,XXVI, p 
406. 

Pitthem, église, XXVII, p. 441. 

Ploegsteert, église, XXIX, p. 4 83. 

PoLLincHovE,église,XXIX, p. 185. 

Popbringhe, église de Saint- Jean, 

XXVIII, p. 499. — 

XXIX, p. 478. 
Porcheresse, église, XXVI, p. 297. 
Potiers et faïenciers tournai- 

siens, XXVI, p. 276. 
Proven, presbytère, XXVII, p. 43. 
Pry, église, XXVIII, p. 48. 
Pdtte, église, XXIX, p. 218. 
Ptpelheide-sois-Boisscbot, église, 

XXIX, p. 219. 



Quarbgnon , presbytère , XXIX , 

p. 218. 
Quarbmont, église, XXIX, p. 342. 



Ramsdorck, église et presbytère, 
XXVI, p. 443. 

Ram8el, église, XXVII, p. 44. — 
XXIX, p. 484. 

Rapport à M. le Ministre de l'agri- 
culture, de l'industrie et 
des travaux publics, con- 
cernant les principes à 
suivre dans la confection 
des projets d'autels , 

XXVI, p. 266. 

— à M. le Ministre de la jus- 
tice, concernant la con- 
fection des projets d'égli- 
ses, XXVII, p. 425. 

IUuw-socs-Moll, église, XXIX, 
p. 465. 

Rebecq-Rognon , église, XXVI, 
p. 403. 

Rechrival - sous -Tillet , église , 

XXVII, p. 440. 
Redu, presbytère, XXVIII, p. 47. 
Regnez-sous-Bihain , presbytère , 

XXVI, p. 141. 
Remparts d'Arlon, XXVII, p. 37. 
Remparts romains d'Arlon et db 

Tongres, XXVIII, p. 

77. — XXIX, p. 25. 
Rendeux-Bas, église, XXVII, p. 

319. 
Rendeux-Haut, église, XXVIII, 

p. 128. 
Reninghelst, église, XXVUI, p. 

307. 



Rnm, église, XXIX, p. 221. 
Betht, église, XXIX, p. 466. 

RBODE-SA[nT-PlERRE,églîSe,XXIX, 

p. 220. 
Riehnb, église, XXIX, p. 466. 
Rillau, église, XXVII, p. 434. 
fiociiKFORT, hôtel de ville, XXVI, 

p. 441. 

ROMIDEMÏ-SDl'S-SUMCE , église , 

XXVIII, p. 196. 
Roudu-soi s -Regagne, presbytère, 

XXIX, p. 3B5. 
Honiok - sois - Rendeux , église , 

XXVIII, p. 389. 
Rul-lkks, cimetière, XXVII, p. 

139. 
— église de Saint-Arnaud, 

XXVII, p. 138. 
Hor, église, XXVI, p. 293. 
Rubbekb, église, XXVIII, p. 392. 

— XXIX, p. 342. 
Rodes, presbytère, XXVII, p. 31 8. 
Rotbw , presbytère , XXVIII, p. 

319. 
Ryckevoorsbl , église , XXVII , 

pp.tS, 139.— XXVIII, 



SAIItt-GtHY.églt: 

Saiht-Gbisluh , 

p. 13< 
Saint - Gilles - 

église, 
Samt-Gilles-lbi 

XXVI 
Saibt-Hdbeiit, é 

145, 

p. 13: 

132.- 
3S6. 

SAIM-JOB-IEl'f G 
p. 10' 

Sawt-Josse-ti 

XXIX 

— Hôpital, 

Saint-Laurent, 
219. 

SAINT-LEGER, ég 

391. 

SaINT-LiÏONARD, 



âiinkEi-sons-HoLLANGE, église, 

XXVIII. p. 128. 
Saint-Akand, église, XXVI H, p. 

320. 
S a i ht- Antoine-soc s- Bb t. cht , é g I i se , 

XXVIII, p. 301. 
Saiht-Dbnis, église, XXVIII, p. 

129. 
Sainte -MABiE-LEE-NEvrcBATEAV, 

église, XXVII, p. 133. 
Saint-Gedroes-ten-Distrl, église, 

XXVIII, p. 18. 



XXVI 

— Hôpital, 
Salk - Château 

église, 

Sameëe , église 

XXVI 

Santbergen, égli 
Sadtodr, église 

SAVEflTBEM,égliS 

ScBAERBBEK, é 

Marie 
~X3 



XVIII 



Schaerbeek, église des SS.-Jean-et- 
Nicolas, XXVII, p. 424. 

— Hôlel communal, XXVI, 

p. 100. 
Schaffen ( Brabant ) . église , 

XXVIII, p. 125. 
Schaffen ( Li m bourg ) , église , 

XXIX, p. 220. 

SCBELDEWINDEKE, église, XX VI II, 

p. 129. 
Schooten, église, XXVII, p. 16. 

— Presbytère, XXVI, p. 269. 
Schoot-sous-Tessenderloo , égl ise , 

XXIX, p. 219. 

SCHDRHOVEI! - SOCS - SAINT - TRONIï, 

église, XXVIII. p. 198. 
Sculpteurs (les) Beyaert, de 

Louvain, XXVII, p. 

151. 
Skmpst, église, XXVI, p. 100. — 

XXVII, p. 12. 
Seraing, presbytère de la paroisse 

de Saint-Joseph. XX VIII. 

p. 306. 
'S Gravenwezel, église, XX Vil, 

p. 318. 
Sichem, église, XXVI, p. 145. — 

XXVII, p. 142. — 

XXVIII, pp. 199, 392. 

— XXIX, p. 356. 
Signeulx - socs - Bleid , église , 

XXIX, p. 221 . 
Simonis (Eugène), XXVI, p. 385. 
Slrydinge, église, XXVI, p. 295. 
Sluze-sur-Geer, église, XXVI, p. 

145. — XXIX, p. 15. 

Smeermaes-sous-Lanaeken , cha- 
pelle, XXVIII, p. 198. 

Snelleghem, église, XXVII, p. 31 8. 

— XXIX, p. 14. 
Soignies, église de Sainl-Vinceni, 

XXVII, p. 133. 



Solre-sur-S ambre, église, XXVII, 
p. 320. 

SOMBEKE - SOUS - WaESMUNSTER , 

église, XXVII, p. 319. 

— XXVIII, p. 320. 
Sougnez - sous- A yw aille, église, 

XXVI, p. 442. 
Soumagne, église, XXVI, p. 287. 
Souverain - Wandre r église , 

XX VIII, p. 320. 
Souvrbt, église, XXVI, p. 145. 
Spa, église primaire, XVIII, pp- 

16, 19. 
Spalbebk, église, XXVI, p. 105. 

— XXVII, p. 138. — 

XXIX, p. 219. 

— Presbytère, XXVIII, p. 17. 
Stabrobck^ église, XXIX, p. 185. 
Stavble, église, XXIX, p. 542. 
Steendorp, église, XXVI, p. 142. 
Steenkerke, église, XXVII,p. 133. 
Steenkerque, église, XXVIII, p. 

197. 
Stevoort, presbytère, XXVII, p. 

378. 
Stuyvekenskjsrke, église, XXVII, 

p.426.— XXIX, p. 222. 
Surice, église, XXIX, p. 183. 
Sutendael, presbytère, XXVIII, 

p. 307. 
Sysseele, église, XXVIII, p. 588. 



Taintegnies, église, XXVIII, p. 
319. 

Tamise, église, XXVIII, p. 320. 

Targienne, église, XXVII, p. 131 . 

Tbn-Brielen-sous-Comines , pres- 
bytère, XXVIII, p. 18. 

TEN-EEDE-éôU8-WETTEREN, église. 

XXIX, p. 467. 



église, XXVIII,pp.l3l. 
333. 
Tiih*, église, XXIX, p. 460. 

TRRinoinB, église de Noire-Dame, 
XXVIII, p. 197. 

— Hôlel de ville, XXVII, p. 

422. — XXIX, p. 340. 
Tniutk, église, XXIX, p. 222. 
Teuvukreh, chapelle de Saint— 

Hubert (parc du château 

royal), XXIX, pp. 336, 

346. 
Tnrux, église, XXIX, p. 2*0. 
Thiïles, église, XXVI, p. 448. 
Thibit, beffroi, XXVI, p. 139. 

— Église de Sailli-Pierre, 

XXVI, p. 273. — 

XXVIII, p. 197. — 

XXIX, pp. Il, 13. 
Thim, église, XXVI, p. 144. 
THomoBT, église, XXVII, p. 139. 

— XXIX, p. 466. 
Thiin, abbaye de l.obbes, XXVII, 
p. 13. 

— Hospice de vieillards, 

XXVII, p. 15. 
Thilib, église, XXVI, p. 296. 
Tkt-l«-B*ddh[P!h, église, XXIX. 

p. 14. 
Thyuks, ancienne église, XXVII, 

p. 141. 
Tiulbuiikt, église de .Noire-Dame- 

auLac, XXIX, p. 350. 

— Église de Sainl-Ccrmain, 

XXVIII, p. 20. — 

XXIX, pp. 18B, SB3, 
3S6. 

— Académie, XXIX, p. 3S0. 
Toubeic (Lk) ob Jacob V»n Makh- 

LABTj * Daxke, XXVII, 



XIX 

TusGUEs, église de Notre-Dame, 

XXVI, p. 297. — 

XXVII, p. 154. — 

XXVIII, p. 199. - 

XXIX, pp. 16,466. 

— Église de Sainl-Jean-Bap- 

tiste, XXVI, p. 103.- 

XXVII, p. 578. — 

XXVIII, p. 126. 

— Palais de justice, XXIX, 

p. 13. 

— Porte de Visé, XXVIII, 

p. 317. 
roiHimiiiiEs, églîse,XXVI,p.lOO. 
Touniui, cathédrale, XXVI, p. 

301. 

— Chapelledu faubourg Saint- 

Martin, XXVI, p. 142. 

— Église de la Madeleine, 

XXIX, p. 344. 

— Église de Saint-Jacques, 

XXVI, p. 273. 

— Église paroissiale de Notre- 

Dame, XXVIII, p. 15. 

— Halle aux Draps, XXVII, 

p. 377. 
Tourne m>k, église, XXVII, p. 318. 
Tiumsimï, presbytère, XXVII, p. 



Tmv 



es, presbytère, XXVII, p. 

156. 
Tbcschir^er. église, XXVI, p. 

297. 
ÏYbuhout, église de Saint-Pierre, 

XXVII , p. 129. — 

XXIX, p. 336. 



(JkBRKK, église, XXVII, p. 320. 
Ubsel, église, XXVIII, p. 501. 
Uytkbukb, église, XXVII, p. 424. 



XX 



Vedrin, église, XXIX, p. 555. 

Veerlb, église, XXVI, p. 145. 

Velaines, église, XXVII, p. 349 

Vebres «façon de Venise ^fabri- 
qués aux Pays - Bas , 
XXVI, pp. 493, 315. 

— XXVII, p. 497. - 

XXVIII, p. 209. — 

XXIX, p. 95. 
Vertrycr, église, XXIX, p. 467. 
Vebviers, hôpital, XX VIII, p. 387. 
Vkzin, église, XXVI, pp. 293, 

443. 
Veion, église, XXVI, p. 145. 
Vibux-Dieu-sous-Mortsel, église, 

XXVIli, p. 4 9. 
— Presbytère , XXVII , p. 

430. 
Ville-eh-Hesbaye, église, XXVI I, 

p. 44. 

VlLLERS - DEUX - ÉGLISES , église, 

XXIX, p. 353. 

VlLLERS-DU-BoiS, SOUS- VïELSALW , 

église, XXIX, p. 344. 
Villbrs-la-Bomie-Eau, église, 

XXIX, p. 484. 
Villkrs - la - Tour , presbytère, 

XXVI, p. 291. 
Villers - la - Ville , ancienne 

abbaye, XXVII, pp. 49, 

380. 
Villers-l'Eyéque, église, XXVI, 

p. 292. — XXVII, p. 

44. — XXVHI, p. 389. 

— XXIX, p. 249. 
Villers-lez-Heest, église; XXIX, 

p. 249. 
Vissoule- sous -Ta vigny, église , 

XXIX, p. 218. 
Vivy, église, XXVI, p. 445. 



Vleckem, église, XXVHI, p. 434 • 
Vlirrmael-Roodt, église, XXIX, 

pp. 44, 220. 
Vlimmerbn, église, XXVI, p. 297. 
Vlisseghem, église, XXVIH,p.48. 

— XXIX, p. 44. 
Vollezeelk, église, XXIX, p. 484. 
Vorst, église de Sainte-Gertrude, 

XXIX, p. 467. 
Vossklabre, église, XXVII , p. 
131. —XXIX. p. 327. 

W 

Waeroamme, église, XXVHI, p. 
307. 

Waereghem , hospice - hôpital , 
XXVII, p. 44. 

Walcourt, église, XXVI, pp. 
275, 288. — XXVII, 
pp. 454, 427, 428. — 
XXVHI, p. 503. — 
XXIX, pp. 244, 225, 
344, 356. 

Waltziïig-sous-Bonnrrt, église, 
XXVHI, p. 48. 

Wandre, église et presbytère, 
XXVII, p. 444. 

Warekme, église, XXVII, p. 429. 

— XXVHI, p. 494. 
Warniton, église, XXVII, p.454. 
Warsage, église, XXV1Ï1, p. 454. 
Wasmuel, église et presbytère, 

XXVHI, p. 49. 
Waterloo, église, XXIX, p. 222. 
Watermael, église, XXIX, p. 

220. 
Watervliet, église, XXIX, p. 

344. 
Wavre, église de Saint- Jean- 

Baptiste, XXVI, pp.440, 

445. 



1 



i 

j 

; 



Wavreille, église, XXVIII, p. 

496. 
Wavre-Samte-Catherink, église, 

XXVII, p. 433. 
Wechelderzande, église, XX VU, 

p. 378. 
Webrt, église, XXVII, p. 424. 
Wklkenraedt, église, XXVI, p. 

293. 
Wbllin, église, XXVIII, p. 320 
Wbrcken, église, XXIX, pp. 484 

467. 
Wbrvicq, presbytère, XXVI, p 

453. 
Wesemael, église, XXVI, p. 293 
Wesembeek, église, XXVI, p 

264.— XXVII, p. 320 
Westkrloo, église, XXVI, p. 287 

— XXVH, p. 44. — 

XXIX, pp. 220, 344 
Westrem-socs-Massemrk , église 

XXVIH, p. 394. 
Wevelghem, église, XXVIH, p 

429. 
Weyer, presbytère, XXVI,p.294 
Weyler-sous-Altel-Bas , église 

XXVII, p. 437. 
Wezel-Rauw-sols-Moll, presby- 
tère, XXIX, p. 248. 
Wezkren, église, XXVI, p. 445. 
Wildkrt- sois- Esschen , église , 

XXVII, p. 349. 

WlLLANCOURT, église, XXVIII, p. 

428. — XXIX, p. 477. 
Willacpdis, presbytère, XXVIH, 

p. 495. 
Willebrokck, église, XXVII, p. 

426. 
Wilmarsdoiick, église, XXVI, p 

270. — XXVIH, p. 49. 
Wilsbeke, église, XX VIII, p. 

429. 



XXI 

Wiwershoven, église, XXVIII, 
p. 496. 

WlNTHAM-SOOS-HlNGRNE, église , 

XXVI, p. 443. - 

XXVII, p. 441. — 
XXVIH, p. 383. 

Woesten, église, XXVII, p. 424. 

WOLFSDONCK-SOlS-LANGDORP.église, 

XXIX, p. 45. 

YVokck, église, XXVIH, p. 497. 

WOUBRECHTEGEM, église, XXVIH, 

p. 497. 
Wulpen, église, XXVIH, pp. 326, 
389. — XXIX, pp. 
224,356. 

— Presbytère, XXVH, p.348. 
Wychmael, église, XXVIH, p. 

434. 
Wyshagbk, église, XXVI, p. 442. 
- XXVH, p. 349. 

— Presbytère, XXVH, p. 

430. 



Ypres, église de Saint-Martin, 

XXVI, p. 445. 
- Halles, XXVI, pp. 404, 

137. — XXVH, pp. 

429, 376. — XXVIH, 

p. 426. — XXIX, pp. 

479, 537, 
Yvbs-Gomezéb, église, XXVIII, p. 

425. 
Y voir, église, XXVH, p. 434. 



Zammel - sols - Gheel , église , 

XXVIII, p. 384, 
Zeblhem, église, XXVH, p. 458. 



4 



XXII 



Zittabrt-sous-Meerhout, église, 

XXVI, p. 454. 
Zoerle-Parwys, église, XXVIII, 

p. 391. 
— Presbytère,XXVIII,p.l28. 
Zoersbl , église et presbytère , 

XXVI, p 144. 
Zolder, église, XXVI, p. 443. 



ZorovEBBKR, église, XXVI, p. 

271. 
Zuydschote, église, XXVI, p. 293 . 

— XXVIII, p. 308. — 

XXIX, p 220. 
— Presbytère, XXVII, p. 424. 

ZUTENKERKE, église, XXVII, p. 

140. — XXIX, p. 184. 



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COMMISSIONS ROYALES 

D'ART ET D'ARCHÉOLOME. 



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TRENTIEME ANNÉE. — 1 ET 2. 



En vente chez H. F* HATEZ, 

Imprimeur de l'Académie Royale de Belgique, 
112, me de Lc-uvain, 112. 

- / 

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1S91 



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En vente chez M. P. il.VY'EZ, 

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112, me de Louvaiu. 112. 



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1891 



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BRUXELLES 

1891 



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COMMISSIONS ROYALES 



D'ART ET D'ARCHEOLOGIE 



TRENTIÈME ANNÉE. — tt, 40, H ET 12. 



Ku vente chez M. P. UAïlîZ, 

Iniprimonr île l'Académie Royale >ie Belgique, 
1 12, me de Lonvaiti, 112, 



BRUXELLES 

1891 



TABLK DES MATIÈRES. 



1<> Notes pour servir à l'histoire de la sculpture en Belgique (suii*) , 
par M. Henry Rousseau. {A continuer.) 

2° Commission royale dès monuments. — Résumé des procès- verbaux dea 
séances des mois de mars et d'avril 1891. 

3° Erratum. 



N.B. A la prochaine livraison sera jointe la Table onomastique 
(années 1887 à 1890) du Bulletin des Commissions royales dwrt 
et â! archéologie . 



AVIS. — Les personnes qui collaborent au Bulletin des Commissions royales 
d'art et d'archéologie ont droit de recevoir deux épreuves de leurs articles : la M 
première en colonnes, la seconde après la mise en pages. 



Le bon à tirer devra être donné sur la revision de cette dernière épreuve. 

Les remaniements qui seraient demandés ultérieurement devront être payés par 
les auteurs. 



MM. les collaborateurs du Bulletin ont droit à 50 exemplaires, tirés à part, 
de leurs articles admis dans le recueil. Les auteurs qui désirent un nombre 
supplémentaire à 9 exemplaires doivent s 9 adresser directement à cet effet à 
V imprimeur du Bulletin, qui les fournira à leurs frais. 



Pour ce qui concerne le Bulletin, s'adresser à M. Henry Rousseau, secrétaire, 
rue de la Loi, au Ministère de l'Intérieur et de l'Instruction Publique. ^A 



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