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Full text of "Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie"

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BULLETIN 


COMMISSIONS  ROYALES 

D'ART   ET   D'ARCHÉOLOGIE. 

30 


BULLETIN 


COMMISSIONS  ROYALES 


D'ART   ET   D'ARCHÉOLOGIE. 


TRENTIEME    ANNÉE. 


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BRUXELLES 

IMPRIMERIE    DE    V«    JULIEN    EAERTSOEN  ,    SUCCr    DE   BOLS- WITTOUCK 

5,  GramVPlace,  5 


1891 


ENTER 


LISTE 

DES 

MEMBRES  EFFECTIFS  ET  CORRESPONDANTS 


DE    LA 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 

EN     1891 


MEMBRES    EFFECTIFS 


^  Président  :  M.  Wellens  (F.),  à  Bruxelles. 
Vice- Présidents  :  MM.  BALAT(A.)et  Piot  (C),  à  Bruxelles. 


Membres  :  MM.  Baeckelmans  (F.),  architecte,  à  Anvers. 
•  Beyaert(U.),  architecte,  à  Bruxelles. 
De  Curte  (L.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Fraikin  (C.-A.),  statuaire,  à  Bruxelles. 
Helbig  (J.),  archéologue,  à  Liège. 
Helleputte  (G.),  architecte,  à  Louvain. 
i    Pauli  (A.),  architecte,  à  Gand. 

Portaels  (J.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles. 
Recsens  (E.),  chanoine,  archéologue,  à  Louvain. 

Membre  et  secrétaire  général  :  Rousseau  (.T.),  à  Bruxelles. 
Secrétaire  adjoint  ;  Massaux  (A.). 


—  6 


COMITES    DES    CORRESPONDANTS    : 

ANVERS. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Membres  :  MM.  Bi.ommi;  (L.),  architecte  provincial,  à  Malines. 
<  Dierickx,  échevin  île  la  ville  de  Turnhout. 

Dlcaju  (L.),  statuaire,  à  Anvers. 
»  Mast  (E.),  archéologue,  à  Lierre. 
Sciiadde  (J.),  architecte,  membre  de  l'Académie 

royale  de  Belgique,  à  Anvers. 
Smekens  (Th.),  président  du  tribunal  de  première 

instance,  à  Amers. 
\  an  Caster,  abbé,  archéologue,  à  Malines. 
Van  der  Ouderaa,  artiste  peintre,  à  Anvers. 

Membre-Secrétaire  :  Génard(P.),  archiviste,  à  Anvers. 


BRADANT. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-  Président  :  M.  Wauters  (A.),  archiviste  de  la  ville  de  Bruxelles 

Membres  :   MM,  Boriuau  (G.),  architecte,  à  Bruxelles. 

*  Coiu.on  (E.),  architecte  provincial,  à  Bruxelles. 
De  Groot  (G.),  statuaire,  à  Bruxelles. 
Delvigne,  chanoine,   archéologue,  curé  de  Saint- 

Josse-ten-Noode. 
Hanon,  archéologue,  à  Nivelles. 
Jamaiii.  architecte  delà  ville,  à  Bruxelles. 
.Iam.it,  architecte,  à  Bruxelles. 
Janssbns (W.),  architecte,  à  Bruxelles. 
Slinceneïer  (E.),  peintre  d'histoire,  à  Bruxelles. 
Van  Even  (E.),  archiviste  de  la  ville,  à  Louvain. 
Van  Ïsendyck.  architecte,  à  Bruxelles. 


FLANDRE  OCCIDENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Membres  :  M.\I.t  Béthune  (F.),  chanoine,  à  Bruges. 

i  BÉTncNE  (baron),  archéologue,  à  Oostrooscbcke. 

De  Geïne  (L.),  arcliilecle,  à  Cour  Irai. 
r  De  la  Censerie  (L.),  arcliilecle  de   la  ville,  à 
Bruges. 
De  Meïer,  docteur  en  médecine,  à  Bruges. 
Vandermerscii  (A.),  secrétaire  de  l'Académie  royale 
des  Beaux-ArLs,  à  Bruges. 
<    Van  Ruymbeke,  archéologue,  à  Courlrai. 

Sccrélaire  ^Desmedt  (II.).  directeur  au  Gouvernement  provincial, 
à  Bruges. 


FLANDRE  ORIENTALE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  :  M.  Canneel  (T.),    artiste  peintre,   directeur   de 
l'Académie  royale  des  Beaux-Arts,  à  Gand. 

Membres  :  MM.»  Béthune    d'Ydewalle    (baron    J.),   archéologue, 
à  Gand. 

De  Ceuleneer,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Serrure  (E.),  archilccte  de  la  ville,  àSainl-Nicoîas. 

Van  Assciie  (A.),  archilccte,  à  Gand. 
<■-    Van  Biesbkoeck  (L.),  statuaire,  professeur  à  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts,  à  Gand. 

Vandebiiaegen  (F.),  bibliothécaire  à  l'Université 
de  Gand. 

Verhaec.en  (A.),  archéologue,  h  Gand. 

Wagener  (A.),  administrateur-inspecteur  de  l'Uni- 
versilé de  Gand. 

Secrétaire  adjoint*  De  Landtsiieer  (J.),  chef  de  bureau  à  l'Admi- 
nistration provinciale,  à  Gand. 


—  8  — 


HAINAUT. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président  »  M.  Broqïïkt  (\.),   commissaire   d'arrondissement, 

ii  Alli. 

.Membres  :  MM.tBouRi.Ani>,  artiste  peintre,  directeur  de  l'Académie 
des  Beaux-Arts,  à  Mons. 
'    Bruïenne  (.!.),  architecte,  à  Tournai. 
1  Cadou  (A.),  architecte  de  la  \illc,  à  Charleroi. 
Devilleus  (L.),  archiviste  de  l'Étal,  à  Mous. 
Udbert  (J.),  architecte  de  la  ville,  à  Mons. 
Legendre,  artiste  peintre,  directeur  de  l'Académie 

des  Beaux-Arts,  à  Tournai. 
Van  Bastelaer  (D.),  archéologue,  à  Marcinelle. 


LIEGE. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 
Vice-Président  ;  M.  Vierset-Godin,  architecte,  à  Huy. 

Membres  :  MM.'  Bormans,  administrateur  inspecteur  de  l'Université 

de  l'Etat,  à  Liège. 
Drion  (M. -P.),  directeur  de  l'Académie  royale  des 

Beaux-Arts,  à  Liège. 
Henrotte,  chanoine,  à  Liège. 
Lohest  (P.),  archéologue,  à  Liège. 
Benier  (J.),  artiste  peintre,  à  Verviers. 
ScnoERUANS  (II.),   premier  président  de  la  Cour 

d'appel  a  Liège. 

Secrétaire  adjoint  :  Ancenot  (II.),  greffier  provincial,  à  Liège. 


—  9  — 

L1MB0URG. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Membres  :  MM*  Claes  (C),  artiste  peintre,  à  Tongrcs. 

CounnoiT  (J.),  statuaire,   professeur  à  l'Académie 

des  Beaux-Arts,  à  Hasselt. 
De  Grùxne  (comte  G.),  conseiller  provincial,  à 

Husson. 
Scuaetzen  (chevalier  0.),  membre  de  la  Chambre 

des  représentants,  à  Tongrcs. 
Vain  Neuss,  archiviste,  à  Hasselt. 

Membre-Secrétaire   •-»  De   Borman  (chevalier  G.),    membre  de  la 
Députation  permanente,  à  Schalkhoven. 

Secrétaire  adjoint  ^Nelissen  (E.),  chef  de  division  à  l'Administration 
provinciale,  à  Hasselt. 

LUXEMBOURG. 

Président  :  M.  le  Gouverneur  de  la  province. 

Vice-Président  ;  M.    Pety   de   Tiiozée,   à   Grune. 

Membres  :  MM*  le  P.  Goffinet,  membre  de  l'Institut  archéolo- 
gique d'Arlon. 

Kurtii  (G.),  professeur  d'histoire  à  l'Université 
de  Liège. 

Matiielin,    ancien    professeur    d'archéologie,    à 
Bastogne, 

Tandel    (E.),    commissaire    d'arrondissement,  à 
Arlon. 
$      Van  de  Wïngaeut,  architecte  provincial,  à  Arlon. 

Wilmart,  archéologue,  à  Amonines. 


—  10  — 
NAMUR. 

Président  :    M.    LE  GOUVERNEUR   DE  LA  PROVINCE. 

.Membres  :  MM.  Bequet  (A.),  archéologue,  à  Namur. 

Bonet  (L),  artiste  peintre,  à  Belgrade  (Flawinnc). 
«    Bqveroulle,  architecte  provincial,  à  Namur. 
Daiuievne,  récent  a  l'école  moyenne  de    l'Etat, 

à  Andcnnc. 
Del    Marmol    (E.),    archéologue,    à    Montaiglc 

(Sommière). 
De  Kadicuès,   inspecteur  provincial  des  chemins 

vicinaux,  à  Namur. 
Legrand,    chanoine,   directeur   de   l'école    Saint- 
Louis,  à  Namur. 
•     Soreil,  archéologue-architecte,  à  Maredret. 


COMITÉ  SPÉCIAL  DES  OBJETS  D'ART 


Président  :  M.  Balat  (A.),  architecte,  à  Bruxelles. 


ME M BUES  : 

MM.  Fraikiis  (C.  A.),  statuaire,  à  Bruxelles. 
Pauli  (A.),  architecte,  a  Gand. 
Piot  (C),  archéologue,  à  Bruxelles. 
Portaels  (J.),  artiste  peintre,  h  Bruxelles. 

Membre-Secrétaire  :  Rousseau  (J.),  à  Bruxelles. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


RESUME     DES    PROGÈ5-VRRBA.UX 


SÉANCES 
des   3,  10,   17,  24  et   31  janvier;  des  7,   14,   21   et  28  février  18')!. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE 

La  Commission  a  approuvé  : 

1°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  les  fenêtres  diidasa%-a 

haut  chœur  et  des  chapelles  latérales  de  l'église  de  Saint-     Vitiaux- 
Martin,  à  Saint-Trond  (Limbourg); 

2°  Les  dessins  de  cinq  vitraux  destinés  à  la  nouvelle  église   ,  ï?s|ise 

'  o  de  LoreniiCJ  - 

de  Corcnnes  (Namur)  ;  auteur,  M.  Dobbelacre  ;  N""" 


;,  s,  haerhci  I, 
Vitraux. 


5°  Les  dessins  présentés  par  M.  Capronnicr  pour  l^xécu-(li.sJ;f  ^lm 
tion  de  vitraux  destinés  au  chœur,  aux  chapelles  latérales  et 
à  la  coupole  de  l'église  de   Sainte-Marie,   à   Schaerbcck 
(Brabant),   sous  réserve  de  varier  l'attitude  trop  uniforme 
des  porsonnng-es  représentant  les  vieillards  de  l'Apocalvpsc. 


—  12  — 

liwarct  —  Un  délégué  a  examiné,  dans  l'atelier  de  M.  Primen, 
les  huit  tableaux  appartenant  à  l'église  de  Franc-Waret 
(Namur)  et  dont  la  restauration  a  été  confiée  à  cet  artiste. 

Six  de  ces  tableaux  représentent  les  douze  apôtres,  à 
raison  de  deux  figures  d'apôtres  de  grandeur  nature  par 
tableau.  Les  deux  autres  tableaux  représentent  l'un  sainte 
Françoise  Fremot  de  Chantai  et  l'autre  saint  François  de 
Sales,  évoque  de  Genève. 

Les  huit  toiles,  qui  datent  du  dernier  siècle,  ne  sont  pas 
d'une  valeur  artistique  bien  grande  et  sont  d'un  Taire  assez 
négligé;  toutefois,  l'auteur  a  de  la  verve  et  l'on  peut  accorder 
à  ces  ouvrages  un  certain  aspect  décoratif.  La  restauration, 
où  sont  compris  notamment  le  rentoilage  d'une  des  toiles, 
la  réparation  de  tous  les  châssis  et  de  tous  les  cadres,  a  été 
exécutée  consciencieusement  et  elle  peut  être  approuvée. 
M»  —  Un  délégué  s'est  rendu  àFerrières  (Liège)  afin  d'exa- 

de    Iiriie.es.  cD  v  cJ    / 

de  uTrôlx.    miner  les  cinq  stations  du  chemin  de  la  croix  déjà  placées 
dans  l'église  de  cette  localité. 

11  a  constaté  que  la  peinture  des  stations  est  très  conve- 
nablement exécutée  et  qu'il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  ce 
qu'elles  soient  approuvées, 
i  giise  —  Un  délégué  a  procédé  à  l'inspection  de  la  chaire  à 

di    -  i  - 1  «  i  -  N  h,,  .ut,  «  j  j 

uia.^pn' iu,  prêcher  exécutée,  avec  le  concours  de  l'Administration  des 
Beaux-Arts,  pour  l'église  de  Saint- Vincent,  à  Eecloo  (Flandre 
orientale). 

Cel  ouvrage  d'art,  exécuté  par  M.  Lippens,  sculpteur,  à 
Gendbrugge,  d'après  les  dessins  de  M.  l'architecte  De 
N  oyelle,  a  été  exécuté  avec  un  talent  et  une  conscience  dignes 
d'éloges.  Il  y  a  lieu  conséquemment  de  liquider  le  subside 
alloué  par  le  Gouvernemenl  pour  cette  entreprise. 


Bibli q-ic 

royale 
de  15i  uxclles. 


—  13  — 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 
Le  Collège  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  projet  dressé 
par  M.  Delcorde  pour  la  (ransformalion  intérieure  de  l'aile 
droite  des  bâtiments  occupés  par  les  services  de  la  Biblio- 
thèque royale,  à  Bruxelles,  moyennant  qu'il  sera  tenu 
compte  de  l'observation  faite  par  le  Conseil  d'administration 
en  ce  qui  concerne  l'insuffisance  de  largeur  du  passage 
ménagé  entre  les  galeries  inférieures. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  :    construction 

•       •>  pt  restauration 

1»  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Pulle  (Anvers)  ; dc  Presb-vlÈres- 
architecte,  M.  Gife; 

2a  A  la  reconstruction  du  presbytère  de  Givrouille,  com- 
mune de  Flamierge  (Luxembourg)  ;  architecte,  M.  Cupper; 

3°  A  l'exécution  de   divers    travaux   au  presbytère  de 
Comines  (Flandre  occidentale)  ; 

4"  A  la  consiruction  d'une  annexe  au  nouveau  presbytère 
de  Deurnc  (Anvers);  architecte,  M.  Gife; 

5"  A    la    restauration  du   presbylère    de    Molenbecrsel 
(Limbourg); 

G0  A  l'exécution  dc  travaux  de  réparation  au  presbylère 
dc  Novilîc  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  approuve  les  plans  relatifs  à  la  consiruc- 
tion d'églises  : 

1"  A  Loxbergsn  (Limbourg);  architecte,  M.  Chrisliacns;  Je , kg* C|I 


—   M   — 

BgiiwdMwagiie.     -2    A  Awagnc.sous  Lisogne  (Naraur);  architecte,  M.  Fié- 
mal  ; 
5"  Au  hameau  de  l'Hermile,  sous  Braine-l'Alleud  (Bra- 

dc  l'HrrmUe.  v 

banl);  architecte,  M.  Meyns. 
Ont  aussi  été  approuves  les  divers  projets  ci-après  : 
l'  Agrandissement    de    l'église    d'Annevoie   (Namur); 

architecte,  M.  Lange  ; 
2°  Construction  d'un  jubé  cl  placement  d'un  orgue  dans 

de  Cambron- 

saiiii-vin.-.-ni.  j'église  de  Cambron-Saint-Vincent  (Hainaut);  architecte, 

M.  Dosveld; 
i 3°  Construction  d'un  perron  à  l'église  de  Dcnée  (Namur)  ; 

architecte,  M.  Evrard  ; 
:;_,.u      4°  Exécution  d'un  buffel  d'orgues  pour  l'église  de  Mem- 

bruggerï  (Limbourg). 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  approuvé  . 

1°  Le  projel  relatif  à  la  restauration  extérieure  de  l'église 
d'Exaerde  (Flandre orientale);  architecte,  M.  Geirnaert; 

2  Le  projel  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  d'Ardoye 
(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Verbeke; 

5°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparations  projetés  à 
l'église  el  au  presbytère  de  Spiennes  (Hainaut);  architecte, 
M.  Brusseel  ; 

i°  Le  nouvel ii  devis  estimatif  des  travaux  de  restaura- 
tion à  effectuer  à  la  tour  de  l'église  de  Saint-Nicolas,  à 
Furnes  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Vinck  ; 

'■>  Le  projel  relatif  au  renouvellement  des  meneaux  el  du 
vitrage  des  fenêtres  <\vt  chapelles  absidales  de  l'église  de 


—   15  — 

Saint- Bavûi),    à    Gand    (Flandre    orientale);    architecte, 
M.  Mortier; 

6°  Le  projet  des  travaux  a  effectuer  eu   1891  pour  la  gai&waîdrii, 
restauration  de  l'églisedeSainle-Waudru,  à  Mons(IIainaul); 
architecte,  M.  Hubert  ; 

7°  Les  projets  relatifs  à  L'achèvement  de  la  restauration  de      M» 

1       J  Je  Sanrt-Nicolas 

l'église  de  Saint-Nicolas,  à  Tournai  (Hainaut),  et  au  rétablis-    ;|  Tour,iai- 
sèment  du  niveau  primitif  de  l'édifice;  architecte,  M.  Van 

Loo; 
8°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutes  aux 

i"     i       i  Comptas 

egllSeS  de    :  de  iravan 

Notre-Dame  au  delà  de  la  Dyle,  à  RIalincs  (Anvers)  : 
exercices  1887,  1888  et  1889; 

Notre-Dame  de  Pamele,  à  Audenardc  (Flandre  orientale)  : 
exercice  1888; 

Sainl-Rombaul,  à  Malines  (Anvers)  :  vaisseau,  quatrième 
trimestre  de  l'exercice  1890. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


■  travaux 

d«  reMnuratioo 

d'ëglisi». 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DE  NAMUR 


RAPPORT  ANNUEL  SUR  LES  FOUILLES  EXÉCUTÉES  EN  1890 


^X~  «X5X&-»~~ 


Namur,  le  17  février  1891. 

Monsieur  le  Ministre, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  adresser  notre  rapport 
annuel  sur  les  fouilles  exécutées,  en  1890,  par  la  Société 
archéologique  de  Namur. 

Nos  travaux  de  recherches  ont  commencé  dans  les  pre- 
miers jours  de  mars  et  ont  été  continués,  sans  interruption, 
jusqu'à  la  fin  de  novembre. 

Le  sol  delà  province  de  Namur  présente,  comme  on  sait, 
une  mine  de  documents  archéologiques  d'une  grande  richesse; 
aussi  nos  résultats  n'ont-ils  pas  été  moins  satisfaisants  que 
les  années  précédentes. 

Nous  avons  achevé  l'exploration,  commencée  en  188!), 
d'un  vaste  cimetière  franc,  situé  au  pied  de  la  forteresse 
antique  d'Eprave,  prés  de  Rochefort,  au  lien  dit  la  Croix 
rouge.  Il  renfermait  plus  de  GOO  sépultures  et  parait  avoir 
servi  de  champ  de  repos  depuis  le  commencement  du  v"  siècle 
jusqu'au  milieu  du  vu". 

Au  débul  de  celle  fouille,  mi  irouva  parmi  les  sépultures 
franques  ;i  inhumation,  un  certain  nombre  de  tombeaux 


—    17   — 

belgo-romains  à  incinération.  L'armement  barbare  qu'on  y 
recueillit  montre  le  commencement  de  la  fusion  entre  l'an- 
cienne population  vaincue  et  les  conquérants  germains. 

Bien  que  dévasté  à  l'époque  mérovingienne  par  les  spolia- 
teurs de  tombeaux  qui  y  cherchaient  des  matières  précieuses, 
le  cimetière  de  la  Croix  rouge  nous  a  donné  encore  une 
quantité  de  pièces  d'un  grand  intérêt  archéologique  et  histo- 
rique. Nous  citerons  particulièrement  une  cinquantaine  de 
verres  d'une  grande  variété  de  formes,  des  spécimens  de 
toutes  les  armes  qui  composaient  alors  l'équipement  d'un 
guerrier  franc,  une  foule  d'objets  de  parure,  des  monnaies 
en  or,  argent  et  bronze,  dont  quelques-unes  sont  d'une 
grande  rareté. 

L'art  nouveau  que  les  barbares  avaient  apporté  de  l'orient 
de  l'Europe,  leur  pays  d'origine,  s'y  montre  sur  un  grand 
nombre  de  pièces. 

L'élude  de  cet  art,  empreint  de  traditions  orientales,  a  un 
intérêt  considérable  pour  l'histoire  de  la  sculpture  décorative 
au  moyen  âge. 

Ènlre  Jemellc  et  Rochefort,  au  sommet  des  escarpements 
de  la  rive  droite  de  la  Lomme,  se  voient  encore  des  restes 
assez  considérables  d'une  construction  romaine;  celle-ci 
porte  le  nom  de  Neufchàleau,  en  opposition  avec  une  forte- 
resse appelée  Vieux-Château,  située  sur  la  rive  gauche,  dont 
l'origine  doit  remonter  à  des  temps  antérieurs  à  la  conquête 
des  Gaules.  La  villa  romaine  du  Neufchàleau  est  située  à 
six  kilomètres  de  Nassogne  (Nasonacum),  bien  connu  dans 
l'histoire  comme  séjour  de  chasse  favori  de  l'empereur 
Valcnlinien  Ier  (372)  lorsqu'il  résidait  à  Trêves. 

Comme  nous  n'avons  rencontré  aucune  autre  construc- 


—   18  — 

lion  antique  dans  le  voisinage,  nous  croyons  que  celle-ci 
servait  de  demeure  à  col  empereur  pendant  ses  cliasses. 

D'un  autre  coté,  l'examen  des  constructions  nous  a  per- 
mis de  constater  qu'elles  ne  pouvaient  remonter  au  Ilaut- 
empire,  mais  dataient  d'une  époque  où  l'art  de  bâtir  était 
déjà  en  décadence,  comme  à  la  lin  du  ive  siècle.  Nous  avons 
décidé,  malgré  la  dépense  qu'occasionnera  ce  travail,  de 
déblayer  entièrement  les  ruines  afin  d'en  lever  un  plan  com- 
plet et  exact;  c'est  du  reste  ce  que  nous  faisons  pour  toutes 
les  villas  romaines  que  nous  explorons,  on  pourra  ainsi, 
dans  quelques  années,  connaître  le  mode  de  construction 
et  la  disposition  de  ces  habitations  des  champs  qui,  il  y  a 
dix-sept  à  dix-huit  siècles,  couvraient  le  sol  de  la  Belgique 
méridionale.  Les  travaux  de  déblai  du  Neufehàleau  seront 
continués  cette  année. 

Nous  avons  étudié  les  voies  romaines  entre  la  Meuse  et 
rOurlhe,  sur  une  ligne  passant  à  Rochefort  et  Marche.  Ce 
travail  est  long  et  difficile,  il  demande  un  grand  esprit  d'ob- 
servation. Quatre  voies  ont  été  reconnues,  elles  viennent  du 
midi,  probablement  des  pays  du  Rhin  et  de  la  Moselle  ;  l'une 
se  dirige  vers  Tongrcs  en  passant  près  de  Iluy,  où  elle  tra- 
verse la  Meuse;  une  deuxième  se  dirige  vers  Namur;  la 
troisième  vers  Bavay,  par  llaslière,  et  la  quatrième  vers  la 
même  ville  par  Givct. 

Telles  sont,  Monsieur  le  Ministre,  les  principales  recherches 
exécutées  par  la  Société  archéologique  de  Namur  en  1890. 


/•Imlnirpir  /;.  Aubry,  llruxelles. 


LËVANGËLIAIRE  D  EYCK  LEZ  MAESEYCK 


DU  VIIIe  SIECLE 


-OOOOgJOOO-o- 


Parmi  les  œuvres  de  l'art  ancien  rassemblées  dans  la 
galerie  supérieure  de  l'Exposition  rétrospective  du  travail,  et 
venues  de  tous  les  points  de  la  terre  belge,  l'une  des  plus 
remarquables  par  la  double  authenticité  de  l'âge  et  de  l'ori- 
gine, est  incontestablement  le  fameux  évangéliaire  conservé 
jadis  à  l'abbaye  d'Eyck  lez  Maeseyck  et  dont  M.  Ruelens  a 
bien  apprécié  l'importance  clans  les  quelques  lignes  qu'il  lui 
a  consacrées  dans  ÏArl  ancien.  Cet  évangéliaire,  le  plus 
vieux  manuscrit  à  miniatures  que  possède  la  Belgique, 
appartient  aux  archives  de  l'église  primaire  de  Maeseyck. 
Il  lut  l'œuvre  de  deux  sœurs,  llarlinde  et  Relinde,  filles  du 
seigneur  Adalhard  et  de  Grimara,  fondatrices,  en  l'an  750, 
d'une  petite  chapelle  et  d'une  abbaye  à  Eyck.  Issues  de  la 
puissante  famille  des  Pépins,  elles  virent  consacrer  leur 
monastère  par  Saint-Willebrode,  évèque  d'Ulrccht,  et  par 
Saint-Boniface,  qui  les  élevèrent  à  la  dignité  d'abbesses. 

Après  avoir  reçu  cette  consécration,  elles  accueillirent 
douze  jeunes  filles,  qui,  après  un  court  noviciat,  pronon- 
cèrent les  vœux  éternels  de  religion. 

Aussitôt  qu'IIarlinde  et  Relinde  se  trouvèrent  à  la  tôle  de 


—  -20  — 

celle  petite  communauté,  elles  vouèrent  leur  vie  entière  à 
soulager  les  pauvres  et  a  s'instruire  dans  les  livres  el  les 
manuscrits,  les  transcrivant  et  s'exérçant  à  les  orner  de 
riches  peintures. 

Dans  l'ardeur  de  leur  goût  pour  les  arts,  elles  arrivèrent 
à  constituer  une  sorte  de  gynécée  (atelier),  où  elles  pas- 
saient une  partie  de  leurs  jours  et  même  de  leurs  veilles 
autant  à  enseigner  à  de  jeunes  apprenties  l'art  de  peindre  et 
de  broder  de  riches  étoffes  de  soie  qu'à  lisser  le  lin  (i). 

D'après  un  récit  légendaire  dont  l'origine  est  postérieure 
à  la  rédaction  de  l'ancienne  vie  latine,  un  soir,  tandis 
qu'IIarlinde  et  Relinde  enluminaient  le  texte  du  manuscrit 
qui  nous  occupe,  un  nuage  de  soufre  les  enveloppa  subi- 
tement et  le  démon,  se  montrant  à  elles  sous  la  forme 
d'un  spectre,  éteignit  les  deux  cierges  (2)  qui  éclairaient 
leurs  veilles  laborieuses;  mais  aussitôt  les  flambeaux  se  ral- 
lumèrent sous  le  souffle  d'un  esprit  céleste  et  brillèrent  avec 
plus  d'éclat  qu'auparavant.  Ce  récit  naïf  peut  nous  faire 
comprendre  en  quelle  estime  étaient  tenues  à  Maeseyck  les 
peintures  d'Harlinde  el  de  Relinde. 


(1)  Sanclissinc  vero  sicoperque  bcatae  Virginis  Harlindis  et  Relindis  sicut 
superins  dicturn  est  numquam  otiosetaten  imitabunlur,  sed  ingiter  dueitabunt, 
ut  mortiféram  peslim.  Unde  aecedit,  ut  et  quedam  6  palliola,  quae  propriis 
manibus  eontexterant  et  quae  mullis  modes  variisque  eis  ducentibus  ex  auro 
margaritis  ornata,  eomposuerant  sancti  ille  in  loco  poste  rclinqueruut. 

Quatuor  Evangelistrarum  scripta,  quae  sunt  Cbrisli-Jesus  Domini  nostri  dicta 
el  fada  honorifico  opère  inscripserunt.  (Bollandistcs,  Acta  Sanctoruin,  t.  III, 
|>.  .1S8). 

(i)  Ces  deux  cierges,  avec  l'inscription  suivante  :«  Dua  candela  S. S.  Vir- 
ginura  per  cacoducmoncm  extincta  subinde  per  S  angelum  accensa  dum  S.  Vir- 
ginis divinum  persolubanl  oiïicium  »,  se  conservenl  encore  de  nos  jours  dans  un 
Gque  reliquaire  en  vermeil  dans  le  trésor  de  l'église  primaire  de  Maeseyck. 


On  nous  apprend  (j)  que  leurs  miniatures  s'étaient  si  bien 
conservées  qu'elles  offraient  des  couleurs  encore  fraîches  et 
brillantes  de  l'or  et  de  l'argent  (2),  et  nous  ne  pouvons  attri- 
buer qu'à  l'admiration  qu'avaient  inspirée  les  œuvres  de  ces 
saintes  artistes  le  soin  avec  lequel  on  a  conservé  comme  des 
reliques  leur  évangéliaire,  un  petit  vase  en  corne,  dont  le 
fond  porte  les  traces  d'une  substance  rouge-jaunâtre,  un 
léger  pinceau  et  un  style  en  ivoire. 

Le  précieux  évangéliaire  conservé  dans  le  trésor  de  l'église 
de  Maeseyck,  forme  un  in-4°  en  parchemin  de  154  feuillets 
sans  pagination,  dont  il  est  regrettable  que  plusieurs  aient 
énormément  souffert  de  l'humidité  et  de  l'usure.  Le  texte 


(1)  Quatuor  Eyangelistrarura  scripta,  quac  sunt  Christi-Jesus-Domini  nostri 
dicta  et  facta  honorifico  opère  inscripserunt.  Nihilominus  vero  Pspalmorum 
libellum  quen  Pspalmorum  appellamus,  ipsae  stylo  textuerunt:  alias  quamplures 
duiiias  scripturas,  quae  quidem  universa  hactenus  in  eodem  loco  tam  recentia  et 
vibrentia  auro  ac  micanlia  margaritis  fulgant,  ut  crederes  ex  hodie  fuisse 
peraeta.  Kara  quoties  cunque  contigit  numéros  semperque  memoria  dignas 
habendus  Virginia  in  quibusdum  operibus  manum  occupari  propter  regularia 
complenda  precepta  vel  varia  ornaraenta  paragenda  monasterio  profutura, 
sempre  Pspalmorum,  modulatione  permixta  propter  quod(eanitur  eius  ore  meo) 
minime  in  his  diutius  perdu rabunt  :  sed  aliquo  l'audibus  exercebant,  quasi  nihil 
operis  boni  antia  operate  essenl.  (Bollandistes,  Acta  Sanctontm,  t.  III,  p.  388.) 

(â)  A  cette  époque,  l'argent  comme  l'or  était  souvent  mis  en  usage  pour 
écrire  le  titre  ou  pour  orner  les  majuscules  et  les  miniatures  des  manuscrits, 
soit  que  ces  métaux  fussent  employés  à  l'état  d'encre,  c'est-à-dire  en  poudre, 
suspendus  dans  un  liquide  ou  en  feuilles,  tantôt  collés  immédiatement  à  l'aide 
d'une  substance  adhésive,  quelquefois  appliqués  avec  l'intermédiaire  d'un  apprêt 
ou  d'une  pâte  plus  ou  moins  épaisse  et  qu'on  polissait  à  l'aide  d'un  brunissoir. 
Pour  ce  qui  est  de  l'or,  il  se  retrouve  parfaitement  conservé,  tandis  que  l'argent, 
de  quelque  manière  qu'il  ait  été  appliqué,  après  un  certain  temps,  se  retrouve 
constamment  altéré  et  moisi  et  faisant  tache,  iellement  que  nous  avons  rencontré 
des  feuillets  qui  étaient  corrodés  et  troués.  Est-ce  une  simple  oxydation  de 
l'argent  ou  s'est-il  formé  quelque  hydrosulfale  ou  quelque  nitrate  ou  azote 
d'argent  par  la  combinaison  de  l'oxyde  du  métal  avec  le  soufre,  l'hydrogène, 
l'azote  contenus  dans  les  substances  animales,  comme  le  vélin  et  le  parchemin'? 


—  22  — 

est  écrit  d'an  boul  à  l'autre  de  celle  écriture  onciale  lucide 
qui  appartient  encore  à  l'antiquité  classique  par  sa  forme  et 
dont  on  fait  remonter  l'usage  jusqu'au  v8  siècle.  Afin  de 
corroborer  noire  opinion  au  sujet  de  cet  intéressant  fait  de 
la  paléographie,  le  lecteur  pourra  comparer  l'écriture  du 
texle  et  des  majuscules  de  l'évangéliairc  d'Eyck  avec  récri- 
ture du  Ve  et  du  vic  siècles  du  célèbre  manuscrit  du  Venta- 
ieuque  de  la  bibliothèque  de  Lyon,  décrit  par  Léopold 
Delisle  (1),  et  avec  l'écriture  du  vne  siècle  des  sermons  de 
saint  Augustin,  à  la  bibliothèque  de  Paris  (-2). 

Les  lettres  majuscules  par  lesquelles  commence  chaque 
chapitre  de  l'évangéliairc  d'Eyck  sont  ornées  de  petits  filets 
perlés  rose  et  blanc  en  relief  et  présentent  aussi  une  frap- 
pante  analogie  avec  le  texte  en  majuscules,  brodé  en  or  fin 
sur  un  voile,  comme  les  portent  les  religieuses  (vcla  monialia), 
et  qui  se  trouve  également  dans  le  trésor  de  l'église  de 
Maescyck;  ce  texle  constate  que  Euloin,  frère  des  sœurs 
Harlinde  et  Relinde,  a  consacré  à  Saint-Pierre  ce  don  confec- 
tionné par  les  mains  de  l'une  d'elles  (0). 


(\)  Mélanges  de  paléographie,  1   II,  pp.  I- 1 0.  Léopold  Delisle. 

(î)  Les  arts  du  moyen  âge,  par  Paul  Lacroix.  «  En  Angleterre,  où  le  type  anglo- 
saxon  était  souverain,  la  conquête  normande  introduisit  dans  les  chartes  et  les 
manuscrits  l'écriture  irlandaise,  et  les  îles  des  Bretons,  dont  il  reste  le  beau 
livre  dis  évangiles  du  vne  siècle,  connu  sous  le  nom  de  KelVs  book  et  conservé  à 
Trinity  Cuil.-!!  de  Dublin,  ainsi  que  d'autres  monuments,  mais  qui,  après 
en  fait,  ne  sont  rien  de  plus  qu'une  variété  de  récriture  anglo-saxonne, 
1.  Il,  pp.  148-449.  I.acmix. 

(3)  Lors  de  l'inventaire  que  l'on  a  fait,  au  mois  d'août  18G7,  des  deux  cbàsses 
des  vierges  Harlinde  et  Relinde,  ou  y  a  trouvé  différentes  étoffes, telles  que  deux 
voiles  comme  les  portent  les  religieuses.  L'un  de  ces  voiles,  appartenant  il  l'anti- 
quité classique,  est  brodé  en  lettres  d'or  qui  constatent  que  Euloin,  frère  des  deux 
.  a  consacré  à  Saint  Pierre  ce  faible  don,  confectionné  par  les  mains  de 
l'une  d'elles. 


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—  23  — 

Les  cinq  premiers  feuillets  représentent  au  verso  et  au 
recto  des  portiques  à  pilastres  polychromes  en  style  roman 
très  pur,  entre  lesquels  sont  dessinés  des  demi-cercles  animés 
par  d'intéressantes  tètes  d'hommes  et  de  femmes,  accolées  à 
des  dessins  zoomorpkcs  et  ichthyomorphes.  Du  milieu  de  la 
taille  des  grandes  arcades  se  détache  un  médaillon  qui  repré- 
sente le  buste  d'un  apôtre  :  il  y  en  a  onze,  Judas  Iscariole 
est  exclu.  La  plupart  des  nimbes  des  figures  sont  teintées 
en  couleur  jaune  et  blanche  avec  un  orle  en  noir  et,  fait 
remarquable,  aucun  des  personnages  figurés  dans  l'évangé- 
liaire  n'est  muni  de  ses  attributs,  hormis  Saint-Pierre,  qui 
porte  les  clefs  dans  la  main  droite. 

Les  quatre  médaillons  inscrits  dans  les  grandes  arcades 
aux  pp.  9  et  10  contiennent  les  évangélistes,  sous  la  forme 
symbolique  de  l'aigle,  du  lion,  du  bœuf  et  de  l'ange  repré- 
senté par  un  jeune  homme  à  la  figure  imberbe  et  dont  la  tôle 
est  coiffée  d'une  épaisse  tresse  de  cheveux.  A  propos  des 
quatre  évangélistes,  qu'il  nous  soit  permis  de  remarquer  que 
les  effigies  de  Saint-Luc,  Saint-Marc,  Saint-Mathieu  et  de 
Saint-Jean,  n'ont  pas  été  arrachées  du  volume,  comme  l'af- 
firme M.  Ruelcns,  à  la  p.  277,  dans  l'Art  ancien  à  l'exposition 
nationale  belge  de  1880,  mais  qu'elles  sont  représentées  aux 
pp.  0  et  10  sous  la  forme  caractéristique  de  leur  bestiaire 
légendaire. 

Nous  présumons  que  les  cinq  grands  médaillons  des 
pp.  11  et  12,  sont  occupés  par  les  bustes  de  Saint-Wille- 
brode,  évoque  d'Utrecht,  né  dans  le  Norlhumberland;  du 
missionnaire  anglo-saxon  du  nom  de  Windfried  (Sainl- 
Boniface),  né  dans  le  Dcvonshire;  de  Saint-FIoriberl, 
évoque  de  Liège,  el  de  Saint-Lambert. 


—  24  — 

Il  est  aussi  probable  qu'il  faut  voir  clans  les  trois  portrails 
placés  en  forme  de  chapiteaux  (au  recto  du  13e  feuillet),  les 
saintes  artistes  Harlinde  (1),  Relinde  et  Grimara,  leur  mère. 
Quoi  de  plus  naturel  que  de  chercher  dans  les  deux  autres 
portraits  formant  aussi  chapiteaux  (au  verso  du  15*  feuillet) 
ceux  d'Adalhard  (2),  leur  père,  et  d'Euloin,  leur  frère. 

Nous  reproduisons  à  la  première  page  de  cette  élude 
sommaire,  le  fac-simile  de  la  grande  miniature  formant  le 
frontispice  de  l'évangéliaire  :  c'est  celle  où  se  voit  l'apôtre 
Saint-Mathieu  :  l'évangélisle  est  assis  sur  un  large  fauteuil  en 
bois  sculpté,  au  dossier  roide  et  élevé,  et  porte  sur  le 
genou  un  livre  ouvert,  sur  lequel  il  écrit  avec  le  style 
(calamus)  qu'il  tient  de  la  main  droite.  Ce  spécimen  nous 
parait  devoir  caractériser  aux  yeux  de  nos  lecteurs  le  curieux 
monument  unique  en  Belgique  que  nous  voulons  leur  faire 
connaître  et  que  nous  considérons  comme  un  type  carac- 
téristique de  l'art  anglo-saxon. 

L'ensemble  présente  un  caractère  austère;  c'est  évi- 
demment moins  rigidité  affectée  ou  sobriété  voulue  que  sim- 
plicité naïve  de  conception  et  d'exécution.  Les  draperies 
offrent  des  plis  secs  et  parallèles  qui  dessinent  un  corps 
sans  souplesse  et  sans  mouvement;  entourée  d'un  nimbe 
opaque,  la  tète,  aux  contours  fortement  accentués  par  des 

(1)  liarlinde  et  Relinde  et  Grimara.  A  cette  époque,  nous  ne  Connaissons  à 
Valencienncs  qu'un  monastère  de  îilles  de  Saint-Jean-Baptiste,  qui  l'ut  fondé  par 
des  religieuses  Bénédictines  vers  GSO,  ensuite  par  Tliierri  ou  Pépin  de  Herslal 
(G90)et  elles  y  demeurèrent  jusqu'en  l'année  749  (voir  la  vie,  dans  Butler),  sur 
lu  règle  suivie  à  Denain  el  par  conséquent,  à  Eick).  Voir  la  notice  dans  les 
Act.  Sanc,  29  avril.) 

(t)  llincm.il-  se  rappela  que,  dans  son  enfance,  il  avait  entendu  Adalliaid. 
parent  de  Charlemagnc,  discourir  sur  l'organisation  du  palais;  il  composa  un 
livre  intitule  :  De  ordini  palali.  (Ampère,  Bévue  des  ans,  t.  III,  mars  1810.) 


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—  25  — 

traits  noirs,  se  distingue  par  la  raideur  des  cheveux  et  de  la 
barbe,  par  la  fixité  des  yeux  grands  ouverts,  par  la  commis- 
sure étroite  de  la  bouche;  les  mains  maigres  et  effilées  ne 
sont  pas  plus  modelées  que  le  reste.  Quant  aux  couleurs 
de  minium,  composées  de  cinabre,  d'ocre,  de  céruse, 
d'outre-mer  ou  bleu  d'azur  (résultant  de  la  pulvérisation  à 
l'eau  du  lapis-lazuli)  et  le  noir  d'os  calciné,  quel  que  soit  le 
ternissement  que  l'on  doive  attribuer  à  l'action  rongeante  du 
temps,  on  devine  aisément  qu'elles  n'ont  jamais  eu  la 
richesse  éblouissante  ni  l'éclat  chatoyant  qui  s'accorderait 
mal  avec  la  naïveté  primitive  du  dessin. 

Rien  des  richesses  d'effets,  des  oppositions  de  couleurs, 
des  délicatesses  de  louches  qui  accusent  un  art  avancé  et 
déjà  plus  raffiné  dans  les  manuscrits  de  la  dernière  période 
de  l'école  carlovingienne.  Sur  le  fond,  légèrement  teinté  de 
rose  jaunâtre,  les  chairs,  d'une  nuance  terreuse  à  peu  près 
semblable,  se  détachent  mal;  toutes  les  louches  sont  uni- 
colores,  avec  des  teintes  plates  mélangées  de  noir  ou  de 
blanc  seulement,  pour  indiquer  les  lumières  et  les  contours; 
d'où  une  monotonie  et  une  crudité  dont  on  dit,  avec  raison, 
comme  du  défaut  de  perspective,  de  l'absence  du  clair- 
obscur  et  de  l'ignorance  des  raccourcis,  que  l'on  pardonne 
et  que  l'on  aime  dans  cette  enfance  de  l'art  jusqu'à  sa  déli- 
cieuse gaucherie.  Tous  ces  caractères,  tant  paléographiques 
qu'archéologiques,  se  retrouvent  dans  l'évangéliaire  d'Eyck 
comme  dans  ceux  qui  ont  servi  d'appui  aux  conjectures  des 
archéologues,  tels  que  Gantu  (1),  Champolion  (2),  Léopold 


(1)  Histoire  universelle  des  arts  au  moyen  âge,  t.  XII,  p.  6. 
(*)  Fragments  inédits  du  VIIIe  siècle,  t.  I,  p.  36. 


—  20  — 

Delisle  (i),  comlc  de  Bastard  (2),  Emeric  David  (s),  Paul 
Lacroix  c),  pour  faire  remonter  quelques  ouvrages  orne- 
mentés jusqu'au  ve  el  vic  siècle.  El  nous  rapprocherons  de  ce 
l'ail,  dont  M.  Ruclens  a  bien  apprécié  l'importance  dans  les 
savantes  lignes  qu'il  lui  a  consacrées  dans  l'Art  ancien,  l'ob- 
servation de  Humphreys,  qui,  dans  son  élude  intitulée  «  The 
extra  luminaled  books  ol'ihe  middlcagcs,  on  accound  of  ihe 
developcmcnt  and  progrès  of  art  of  illumination»,  émet 
l'opinion  que  la  majeure  partie  des  enluminures  accusées  à 
fonds  noirs  et  à  traits  rouges,  verts  el  blancs  peuvent  èlre 
attribuées  au  vne  et  au  vme  siècle. 

Ceci  s'explique  du  reste,  si  l'on  veut  bien  considérer  que 
non  seulement  les  écoles  d'orient  et  d'occident  ont  une 
origine  commune  greco-romaine,  mais  qu'en  outre  l'art 
byzantin  a  dû  rélroagir  sur  Rome  el  par  elle  sur  tout  l'oc- 
cident, puisque  nous  savons  que  les  papes  accueillaient  les 
peintres  grecs  fugitifs.  En  effet,  il  est  dès  lors  aisé  de  com- 
prendre que  l'art  d'occident,  où  il  forma  deux  écoles  bien 
distinctes,  la  gallo-franque  et  l'anglo-saxonne,  dut  avoir  à 
l'origine  une  similitude  plus  grande  avec  l'art  d'orient  que 
par  la  suite,  lorsque  la  différence  du  milieu  cl  l'influence 
d'une  nouvelle  civilisation  l'eurent  transformé. 

Il  est  donc  évident  que  l'influence  venue  directement  de 
Byzance  ou  prise  en  Italie,  à  Rome,  le  grand  centre  reli- 
gieux el  artistique  est  là.  Mais  le  sol  où  fui  jetée  la  semence 
donna  bientôt  des  fruits  si  éloignés  du  type  originaire  et  si 


1    Wélangi    de  paléographie,  t.  I,  p.  ~>. 
(tj  Principes  </"  /  aléographie  appliqués  aux  manuscrits  francs. 
'1  //  toin  th  la  peinture  au  moyen  âge  et  l'influence  des  arts  du  dessin. 
Wojut        f/0    cl  costumes  au  moyen  <'"i<\  t.  II.  ] *P -  H8-M9. 


—  27  - 

différents  les  uns  des  autres  que  c'est  à  tort  qu'on  a  long- 
temps désigné  ces  produits  sous  la  dénomination  absolue 
d'art  byzantin. 

Les  écoles  florissantes  à  la  fin  du  viue  siècle  et  qui,  sans 
doute,  sortirent  toutes  de  l'école  palatine  d'Aix-la-Chapelle, 
sont  :  l'école  centrale  de  Saint-Martin  de  Tours,  fondée  par 
le  savant  anglais  Aleuin  en  735  à  804  et  qui  crée  ou  con- 
serve le  style  gallo-franc  et  l'école  de  Reims,  fondée  par 
l'archevêque  Eloin,  où  l'on  remarque  une  influence  saxonne. 

Notre  manuscrit  ne  parait  se  rattacher  absolument  ni  à 
l'une  ni  à  l'autre  de  ces  écoles. 

N'oublions  pas  qu'il  y  a  onze  siècles,  le  petit  coin  ignoré 
du  Limbourg  était  à  peine  en  rapport  avec  les  parties  méri- 
dionales du  pays  et  que,  dès  lors,  il  est  plausible  d'attribuer 
à  l'influence  anglo-saxonne  (grâce  aux  missionnaires  Willc- 
brodc  et  Windfried  (Saint-Boniface),  l'un  venu  du  Norlhum- 
berland,  l'autre  du  Devonshire,  pour  convertir  les  Frisons), 
les  caractères  propres  de  ce  manuscrit.  Les  noms  vénérés 
des  saintes  artistes  Ilarlinde  et  Rclinde,  abbesses  au  monas- 
tère d'Eyck  au  vmc  siècle,  sont  les  seuls  noms  authentiques 
(à  quelques  exceptions)  (t)  qui  nous  soient  parvenus  après 
une  période  de  onze  siècles.  Par  eux  commence,  ainsi  que 


(i)  Léothardus,  moine  à  l'abbaye  de  Saint-Berlin,  enlumineur,  vmc  siècle. 

Foulques,  890,  préchantre  à  l'abbaye  de  Saint-Hubert,  miniaturiste  et  ealli- 
graphe,  vme  siècle. 

Godesial,  le  paléographe  qui  exécuta  en  778  l'évangéliairc  dit  «  les  heures  de 
Charlemague.  » 

Modeslus  II,  moine  de  l'école  de  Saint-Gai,  ixe  siècle. 

Nalker,  cal/  :  mini,  de  l'école  de  Saint-Ga'. 

Le  moine  Slcherus,  du  couvent  d'Anchin  (France),  qui  exécuta  en  entier, 
écriture  et  peinture,  le  splendidc  manuscrit  des  œuvres  de  Saint-Bernard, 
mi"  siècle. 


—   28  — 

le  fait  justement  observer  M.  Ruelens,  l'histoire  paléogra- 
phique dans  nos  provinces. 

Toutes  les  dissertations  sur  les  lieux  de  provenance  des 
matières  colorantes,  sur  les  procédés  de  décor  ou  de  la 
détrempe,  sur  les  similitudes  de  forme  et  de  couleur  et  sur 
les  noms  attribués  par  hypothèse  à  tel  ou  tel  maître  ne 
valent  pas  une  page  enluminée  de  notre  célèbre  évangéliairc 
d'Eyck.  Devant  ces  pages  parlantes,  la  dissertation  fait  place 
à  la  couleur,  à  la  forme,  à  l'œuvre.  Le  riche  trésor  de  l'église 
primaire  de  la  ville  de  Maeseyck,  rempli  de  tant  d'œuvres 
excellentes  des  saintes  artistes  Harlinde  et  Relindc,  impé- 
rissable objet  des  études  et  de  l'admiration  de  l'Europe,  est 
une  mine  féconde,  inépuisable;  or,  dans  ce  vaste  champ 
clos,  où  les  intelligences  d'élite  de  tous  pays  et  de  toute 
nation  se  sont  donné  rendez-vous,  les  savants  et  les  critiques 
sauront  dégager  les  splendeurs  réelles  de  ce  trésor  artistique 
que  nous  ont  légué  les  siècles  reculés. 

Joseph  Gielen. 


NOTES 

POUR  SERVIR  A 

L'HISTOIRE  DE  LA  SCULPTURE 

EN  BELGIQUE 

— *3%&&~t — 

ILES       PLET-A-BLES 

(Suite)  (i) 
— **&&&&&**-— 

RETABLE  D'HACKENDOVER. 

XIV0   SIÈCLE. 

Nous  avons  dit  au  début  de  ce  travail  que  le  plus 
ancien  retable  de  la  Belgique  se  trouve  à  l'église  de  Gheel  ; 
ce  retable  est  en  pierre. 

L'église  du  Saint-Sauveur,  à  Hackcndover,  peut  s'enor- 
gueillir de  posséder  une  œuvre  à  peu  près  aussi  ancienne  et 
d'une  valeur  artistique  bien  plus  considérable;  en  effet,  le 
retable  que  l'on  y  admire  date,  à  n'en  pas  douter,  du 
xiv9  siècle,  et  c'est  le  seul  retable  en  bois  de  cette  époque 
que  nous  connaissions  en  Belgique. 

Le  Bulletin  des  Commissions  royales  d'aH  et  d'archéologie 
en  a  publié,  il  y  a  quelque  quinze  ans,  une  description 
détaillée  (2);  d'autre  part,  un  moulage  de  cette  œuvre  figure 
au  Musée  des  Échanges  de  Bruxelles.  Nous  nous  bornerons 

(1)  Voir  Bull,  des  Comm   roy.  d'art  e!  d'archéol,  t.  XXIX  (1890),  p.  423. 

(2)  Jean  Rousseau,  La  sculpture  flamande  cl  wallonne  du  xi*  au  xi\°  siècle 
(Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XVI  (1877),  pp.  19  et  suiv. 


—  50  — 

donc  à  un  relevé  dvs  groupes  qui  décorent  cette  sculpture 
remarquable  que  nous  ne  pouvons  négliger  de  mentionner 
dans  les  présentes  notes. 

Tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui,  le  retable  d'Hackendovcr 
affecte  la  forme  d'un  long  rectangle  mesurant  Gm10  de  lon- 
gueur sur  2m8a  de  hauteur,  et  divisé  en  trois  compartiments, 
renfermant  vingt-six  petites  niches  d'architecture  gothique, 
superposées  sur  deux  étages.  Ainsi  qu'il  est  dit  dans  l'ouvrage 
cité  plus  haut,  il  est  plus  que  probable  que  ce  n'était  pas  là 
sa  configuration  primitive  et  que  dans  l'un  des  incendies  qui 
ravagèrent  à  différentes  reprises  l'église  dTlackendover,  on 
aura  sauvé  d'abord  les  figures,  qui  forment  des  groupes 
delà  liés,  abandonnant  à  l'élément  destructeur  la  partie 
architecturale  de  l'œuvre,  qui  sans  doute  était  fixée  au  mur, 
ou  d'un  poids  trop  considérable  pour  être  mise  rapidement 
à  l'abri  des  atteintes  du  fléau. 

Ce  fait  expliquerait  l'anachronisme  que  l'on  peut  constater 
entre  l'architecture,  qui  date  de  la  lin  du  xve  siècle,  et  les 
personnages  couverts  des  vêlements  à  la  mode  au  xive  siècle. 

On  connaît  la  légende  de  l'érection  de  l'église.  Trois  sœurs, 
voulant  se  consacrer  à  Dieu,  s'établissent  au  lieu  dit  IJeybout 
et  commencent  la  construction  du  temple  saint;  la  nuit,  des 
anges  démolissent  l'ouvrage  de  la  journée  ;  les  trois  sœurs  se 
rendent  au  Stecnùcrg  et  recommencent  leur  œuvre  avec  le 
même  insuccès;  enfin,  sous  la  conduite  d'un  ange,  elles 
arrivent  au  lieu  où  s'élève  actuellement  l'église  d'Hackendo- 
vcr et  là  parviennent  à  mener  à  bonne  fin  leur  entreprise  (i). 


i    A.   WaUTÈRS,   Histoire  des  communes    belges.    Canton    de   Tirlcmont, 
communes  rurales,  I1-  partie,  pp.  G2  et  suiv 


—  31   — 

Celle  légende  est  représentée  par  divers  groupes  placés  à 
la  partie  centrale  du  rclable;  on  y  voit  d'abord  les  trois 
vierges  en  prières  ;  puis  les  sœurs  surveillant  quatre  ouvriers 
occupés  à  la  construction  de  l'église,  à  Iloybout.  Dans  le 
troisième  compartiment,  des  anges  démolissent  l'édifice. 

Ici  se  place  un  compartiment  sur  lequel  nous  reviendrons 
plus  loin. 

Le  groupe  des  trois  sœurs  reparaît  dans  la  cinquième 
scène;  plus  bas,  elles  entament  la  construction  de  la  seconde 
église,  à  Steenbcrg;  quatre  maçons  au  travail  ont  absolument 
les  mêmes  physionomies  que  dans  la  seconde  scène. 

Encore  une  fois  deux  anges  (œuvres  d'un  restaurateur) 
anéantissent  l'ouvrage.  (Ce  groupe  a  été  placé  —  à  tort  ■ — 
dans  la  cinquième  niebe  de  la  rangée  supérieure  du  rclable). 

Dans  la  sixième  composition,  les  trois  vierges  sont  en 
prières;  un  oiseau  leur  apporte  les  ordres  du  Seigneur. 

Puis,  deux  ouvriers  abattent  un  arbre,  sans  doute  pour 
faire  place  à  l'édifice;  on  commence  enfin,  toujours  sous  la 
surveillance  des  trois  sœurs,  la  construction  de  l'église  à 
l'emplacement  qu'elle  occupe  encore  de  nos  jours. 

La  onzième  composition  comporte  treize  figures,  remar- 
quables par  la  diversité  des  expressions  et  des  pbysionomics  : 
les  trois  sœurs  règlent  le  salaire  du  ùouiu.ncestcr  et  de  ses 
ouvriers. 

L'église  terminée  est  consacrée  par  trois  évoques,  —  con- 
trairement à  la  légende  qui  veut  qu'elle  ait  été  consacrée  par 
Dieu  lui-même  et  que  les  deux  évoques  qui  voulurent  pro- 
céder à  cette  solennité  furent  frappés,  l'un  de  paralysie, 
l'autre  de  cécité. 

Enfin  nous  voyons  le  Christ,  portant  le  globe  du  monde, 


—  5-2  — 

sortir  do  l'église;  quatre  personnages  en  prières  sont  age- 
nouillés sur  son  passage. 

Revenons  au  compartiment  central  que  nous  avons  réservé 
tantôt  :  nous  y  voyons  en-dessous,  à  gauche,  la  Vierge  défail- 
lante, soutenue  par  la  Madeleine  et  saint  Jean  ;  à  droite,  trois 
soldats. 

Il  va  de  soi  qu'il  devait  y  avoir,  au  centre,  le  Christ  en 
croix  cl  que  celte  composition  représentait  jadis  le  Calvaire, 
formant  sans  doute  la  scène  principale  de  l'œuvre,  comme 
dans  les  retables  à  trois  panneaux  du  xve  siècle  que  nous 
avons  décrits  précédemment;  il  est  d'ailleurs  probable  que 
celui  qui  nous  occupe  avait,  à  l'origine,  la  forme  d'un 
triptyque  au  centre  surélevé. 

Celte  scène  devait  être  couronnée  par  la  figure  du  Père 
Éternel;  le  restaurateur  a  placé  celte  statuette  trop  bas,  au 
niveau  de  l'étage  supérieur  des  groupes,  ce  qui  ne  laisse  pas 
que  de  produire  un  effet  assez  bizarre. 

Les  panneaux  latéraux  du  retable  contiennent  onze  apôtres 
revêtus  de  grandes  robes  largement  drapées,  les  quatre 
Évangélistes,  tenant  chacun  un  livre  ouvert  et  des  statuettes 
de  saints,  parmi  lesquels  nous  remarquons  Jean-Baptiste, 
Denis,  Antoine,  Laurent,  Sainte-Agnès,  Sainte-Catherine,  etc. 

L'œuvre  est  d'un  grand  style,  d'une  exécution  souvent 
brutale,  mais  énergique  et  savante. 

Ici  encore  on  a  dépouillé  la  sculpture  de  sa  polychromie 
primitive,  dans  les  inscriptions  de  laquelle  on  eût  sans 
doute  pu  retrouver  le  nom  de  l'auteur  et  la  date  exacte  de 
l'exécution  de  ce  beau  travail.  Il  pourrait  être  l'œuvre  de 
Collard  Garnet,  seul  statuaire  brabançon  de  celle  époque 
dont  le  nom  soit  parvenu  jusqu'il  nous;  mais  on  ne  saurait 


Où 


assurément  continuer  à  l'attribuer  à  maître  Denis,  ainsi  que 
l'ont  fait  certains  auteurs,  trompes  en  cela  par  le  style  de 
l'architecture;  cet  artiste  travaillait  à  llackcndovcr  en 
1  ïS,')-80  et  s'il  a  réellement  collaboré  au  retable,  il  ne  peut 
être  l'auteur  que  de  la  partie  architectonique,  travail  très 
riche  et  des  plus  habiles,  mais,  nous  l'avons  déjà  dit,  posté- 
rieur d'un  siècle  à  l'exécution  des  groupes. 


RETABLE  D'AUDEUGIIEM 

(au  Musée  royal  d'Antiquités,  à  Bruxelles). 

XVe   SIÈCLE. 

Ce  retable  en  bois  sculpté,  polychrome  et  doré,  présente 
la  forme  d'un  écu  français  renversé,  posé  la  pointe  en  l'air. 

II  ne  comporte  qu'une  seule  composition  :  sur  un  large 
banc  aux  angles  ornés  de  pinacles  aigus,  au  grand  dossier 
percé  d'arcades  à  jour,  sont  assises  la  Vierge  et  sainte  Anne. 

La  Vierge  est  à  gauche;  elle  lient  un  livre  ouvert  sur  ses 
genoux  et  semble  interrompre  sa  lecture  pour  soutenir 
l'Enfant  Jésus,  qui,  debout  sur  le  siège,  s'avance  d'un  pas 
chancelant  en  tendant  la  main  vers  une  grappe  de  raisins 
«pie  lui  présente  sainte  Anne. 

Sept  personnages  debout,  hommes  et  femmes,  figurant  la 
descendance  de  sainte  Anne,  sont  groupés  de  chaque  cùlé 
du  banc;  ils  semblent  parler  entre  eux  avec  animation  et 
s'intéresser  à  la  scène  qui  se  passe  au  premier  plan;  en 
avant,  dans  chaque  angle,  est  assise  une  femme;  celle  de 
droite  lient  un  livre  dont  un  enfant  tourne  les  pages;  elle 
porte  une  riche  coiffure  maintenue  par  des  brides  passant 


->'( 


sous  le  menton;  un  autre  enfanl  la  quille  en  retournant  la 
tête  vers  elle. 

La  femme  assise  à  guuclie  allaite  un  nouveau-né.  Deux 
enfants  se  tiennent  debout  devant  elle  ;  un  troisième  s'appuie 
du  bras  sur  son  genou  et  se  prépare  à  dormir. 

Le  haut  dossier  du  banc  est  couronné  par  une  statue  de 
Dieu  le  Père  debout,  tenant  un  livre  de  la  main  gauche, 
bénissant  de  la  droite. 

Les  moulures  courbes  reliant  les  côtés  perpendiculaires 
avec  la  pointe  de  l'écu  se  divisent  et  retombent  sous  celle 
dernière,  de  manière  à  former  à  l'intérieur  deux  arcades  à 
plein  cintre  dont  les  archivoltes  se  rejoignent  sur  un  cul-de- 
lampe.  Sous  chaque  arcade  voltige  un  ange  jouant  d'un 
instrument  de  musique. 

Le  vide  compris  entre  les  contre-courbes  dus  arcades 
intérieures  el  la  pointe  de  l'écu  est  divisé  en  deux  parties 
par  un  pilastre  à  angle  saillant,  naissant  du  cul-de-lampe; 
les  écoinçons  sont  remplis  par  deux  écussons  de  forme 
allemande. 

Les  coiffures  de  sainte  Anne  el  de  ses  descendants  sont 
extrêmement  pittoresques  :  turbans,  énormes  bourrelets, 
bonnets  pointus,  longues  queues,  pièces  d'étoffe  entre- 
croisées, enroulées  ou  retombantes  sont  distribués  avec  la 
plus  grande  fantaisie;  quelques-uns  de  ces  couvre-chefs 
sont  identiques  à  certains  de  ceux  que  nous  avons  rencontrés 
dans  le  retable  de  Saint-Georges. 

Les  ornements  d'architecture  sonld'une  grande  simplicité. 

Les  vêlements  sont  dorés,  les  revers  bleus;  l'Enfant 
Jésus  esl  velu  d'une  longue  robe  bleu  foncé  avec  des 
feuillages  d'or. 


—   DO   — 

Les  étoffes  sont  amples  et  souples,  simplement  et  savam- 
ment drapées;  les  attitudes  sont  pleines  d'expression  ;  la  scène 
centrale  est  tout  à  fait  charmante  de  sentiment  intime  et  naïf. 

Les  tètes  semblent  de  véritables  portraits  et  rappellent 
celles  de  Jean  Borremans,  mais  avec  une  expression  plus 
douce  et  plus  noble,  une  exécution  moins  brutale  et  plus 
caressée. 

Il  est  à  regretter  que  le  nom  de  l'auteur  de  ce  remarquable 
morceau  de  sculpture  ne  soit  point  arrivé  jusqu'à  nous. 

RETABLE   D'ESTINNES-AU-MONT 

(chapelle  de  Notre-Dame  de  Cambron). 
XVe   SIÈCLE. 

Une  légende  curieuse  se  rattache  à  l'érection  de  la  petite 
chapelle  de  Notre-Dame  de  Cambron  :  au  commencement 
du  xivc  siècle,  dit  cette  légende,  un  juif,  nommé  Guillaume, 
frappa  d'un  coup  de  lance  une  image  de  la  Vierge  dans  le 
monastère  de  Cambron,  et  le  sang  coula  de  la  blessure. 

Peu  de  temps  après  ce  sacrilège,  en  1526,  la  Vierge 
apparut  à  un  vieillard  nommé  Jehan  le  Flameng  ou  Le 
Febvre,  demeurant  à  Estinnes-au-Mont,  et  lui  ordonna  de 
venger  l'outrage  qu'elle  avait  reçu.  Le  Flameng  appela 
Guillaume  en  champ  clos  et  le  tua. 

Un  siècle  et  demi  après  cet  événement,  en  1486,  une 
chapelle  dédiée  à  Notre-Dame  de  Cambron  fut  érigée  en 
mémoire  de  ces  faits  à  l'emplacement  (ju'occupait,  dit-on,  la 
maison  de  Jehan  (i). 

(i)Th  .  Lejeune,  Annales  duCercle  archéologique  de  Mons,  Vil  (1867),  p. 81. 

Planche. 


—  36  — 

Cet  édifice  est  peu  intéressant  sous  le  rapport  de  l'archi- 
tecture, mais  il  contient  un  certain  nombre  d'objets  anciens, 
parmi  lesquels  un  beau  retable  en  style  gothique  flam- 
boyant. 

A  part  une  statue  de  Notre-Dame  de  Cambron,  cette  œuvre 
ne  contient  pas  de  figure;  mais  elle  est  des  plus  remar- 
quables au  point  de  vue  de  la  richesse  d'invention,  de  l'élé- 
gance et  de  la  délicatesse  d'exécution  des  ornements 
archilecloniques. 

Le  retable  se  compose  de  trois  niches  ;  celle  du  milieu,  où 
se  trouve  la  statue  que  nous  venons  de  mentionner,  est  plus 
large  et  plus  élevée  que  les  deux  autres. 

Les  arcatures  sont  en  forme  d'accolades  d'un  dessin  tour- 
menté cl  couvertes  d'une  profusion  d'ornements  de  branches 
et  de  feuillages  d'une  étonnante  fertilité  d'imagination  et 
d'un  travail  merveilleux.  Elles  retombent  sur  des  colon- 
nettes,  auxquelles  sont  accolées  de  petites  niches  surmontées 
de  dais  richement  décorés. 

Ce  retable  est  malheureusement  fait  de  matériaux  ex- 
trêmement friables;  aussi  les  dégradations  qu'il  a  subies 
ont-elles  nécessité  une  reslauration  partielle,  il  y  a  une 
vingtaine  d'années. 

La  pierre  blanche  de  France  dont  il  est  construit  avait 
été  recouverte  par  quelque  barbouilleur  ignare  d'une  épaisse 
couche  de  couleur  qui  avait  la  prétention  de  la  transformer 
en  marbre  noir. 

Mais  ce  n'est  pas  là  le  seul  acte  de  vandalisme  dont  celle 
Julie  sculpture  a  été  victime  :  dans  le  principe,  une  tablette 
placée  à  mi-hauteur  partageait  chaque  division  en  deux 
niches  superposées;  or,  dans  les  niches  latérales,  ces  tablelles 


—  57  — 

ont  été  brisées  pour  faire  place  à  d'affreuses  statues  peintur- 
lurées représentant  Saint-Joseph  et  Saint-Gommaire. 

Hâtons-nous  d'ajouter  qu'un  curé  d'Estinnes-au-Mont  a  eu 
le  bon  goût  de  faire  disparaître  ces  vilaines  postures  (i). 
Quant  aux  groupes  ou  aux  figures  que  les  niches  du  retable 
devaient  contenir  antérieurement,  il  n'a  pas  été  possible 
d'en  retrouver  la  trace  et  l'on  ne  possède  aucun  rensei- 
gnement à  leur  sujet. 

RETABLES    DE    GHEEL. 

H. a    Passion. 
XVe  SIÈCLE. 

Le  retable  dit  de  la  Passion,  le  plus  beau  peut-être  de 
ceux  que  nous  avons  décrits  jusqu'à  présent,  se  trouve  à 
Gheel,  dans  l'église  de  Sainte-Dimphne. 

Il  comporte  un  nombre  considérable  de  figures,  disposées 
dans  trois  compartiments  rectangulaires;  chacun  de  ceux-ci 
contient,  outre  une  grande  composition  principale,  quatre 
petits  groupes  adossés,  à  droite  et  à  gauche,  à  la  partie  supé- 
rieure de  l'encadrement;  le  compartiment  du  milieu,  forte- 
ment surélevé,  en  possède  huit. 

Le  premier  de  ces  groupes,  dans  l'angle  supérieur  gauche 
du  premier  compartiment,  nous  montre  Jésus  amené  devant 
Pilule;  plus  bas,  le  Christ,  assis  et  les  yeux  bandés,  est 
insulté  par  les  soldats. 

La  scène  principale  de  ce  tableau  représente  la  Flagel- 
lation. 

(i)  V.  Bull,  des  Comm,  roy.  d'art  et  d'archéol  ,  X  (1871),  p.  3i2. 


—  ÔS  — 

Le  Sauveur  est  au  centre,  adossé  à  une  colonne,  à  laquelle 
il  est  attaché  par  les  poignets  et  par  les  chevilles.  Il  n'a  pour 
vêlement  qu'un  linge  autour  des  reins;  son  corps  est  cou- 
vert de  plaies. 

Devant  lui  un  bourreau,  coiffé  d'an  énorme  bonnet  pointu 
orné  d'un  gjos  gland,  resserre,  d'un  mouvement  vigoureux, 
le  lien  d'une  verge,  sur  laquelle  il  appuie  le  genou  ;  à  droite 
et  à  gauche  du  Sauveur,  deux  bourreaux  le  frappent  avec 
des  martinets,  dont  les  trois  lanières  sont  renforcées  de 
nœuds;  un  autre  encore  le  tient  par  les  cheveux.  Au  fond 
se  tiennent  deux  juges  vêtus  de  robes  noires  très  belles, 
brochées  de  grands  ornements  d'or.  A  gauche  est  Pilale, 
coiffé  d'un  turban;  à  droite,  deux  juifs  lèvent  la  main 
gauche  d'un  air  d  etonnement. 

Les  ricanements  des  bourreaux,  la  tranquillité  de  la  ligure 
du  Christ,  qui  semble  avoir  pitié  de  ses  persécuteurs,  sont 
d'une  expression  saisissante. 

Les  deux  autres  petits  groupes  représentent  le  Christ  cou- 
ronné d'épines  et  l'Ecce  Homo. 

Les  épisodes  du  martyre  de  Jésus,  depuis  sa  condamna- 
tion par  Pilale  jusqu'à  sa  mort,  forment  le  sujet  du  panneau 
principal. 

Les  quatre  petites  compositions  échelonnées  le  long  du 
montant  gauche  de  l'encadrement  nous  montrent  successi- 
vement Pilate  se  lavant  les  mains,  Jésus  portant  sa  croix, 
Jésus  dépouillé  de  ses  vêlements  et  le  Christ  cloué  sur  la 
Croix. 

Nous  arrivons  à  la  composition  la  plus  importante  du 
retable  :  le  Christ  en  croix;  scène  mouvementée,  aux  nom- 
inaux personnages  savamment  groupés,  dans  des  attitudes 


—  50  - 

animées  et  expressives,  au-dessus  desquels  plane  la  grande 
placidité  de  la  figure  du  Crucifié.  A  ses  côtés,  les  deux  lar- 
rons se  tordent  de  douleur;  deux  anges  voltigent  à  ses  pieds 
en  pleurant. 

Un  cavalier  armé  d'une  longue  lance  lui  perce  le  flanc, 
aidé  d'un  second  qui  soutient  le  manche  de  l'arme.  Quatre 
autres  cavaliers  entourent  le  pied  de  la  croix. 

Au  fond  s'aperçoit  la  figure  de  Pilate;  en  avant,  des 
guerriers  couverts  d'armures,  des  gens  du  peuple  levant 
les  bras,  criant,  ricanant,  insultant  et  menaçant  le  divin 
supplicié. 

Enfin,  à  gauche,  la  Vierge  —  figure  largement  drapée  et 
d'un  sentiment  admirable  —  s'affaisse,  soutenue  par  une 
femme  ;  saint  Jean  se  tient  derrière  elle  ;  sainte  Véronique  lui 
montre  le  voile  sur  lequel  s'est  imprimée  la  face  de  son  Fils. 

Les  groupes  qui  ornent  le  montant  droit  sont  :  SSicodème 
et  Joseph  dWrimathie  demandant  à  Pilate  de  leur  laisser 
emporter  le  corps  du  Christ;  les  soldats  jouant  aux  dés  sa 
robe;  Jésus  consolant  les  patriarches,  enfin  Jésus  descendu 
dans  tes  limbes. 

La  composition  principale  du  dernier  panneau  représente 
le  Christ  descendu  de  la  Croix. 

Joseph  d'Arimathic  et  Nicodème  portent  le  corps;  la 
Vierge  s'agenouille  et  embrasse  son  Fils;  saint  Jean  la 
soutient;  trois  saintes  femmes  et  deux  figures  d'hommes 
complètent  la  scène.  L'un  des  hommes  tient  l'échelle  qui 
vient  de  servir  à  descendre  le  corps  de  la  croix,  que  l'on 
aperçoit  au  fond. 

Les  figures  de  la  Vierge,  de  saint  Jean  et  de  Joseph 
d'Arimathic  sont  surtout  saisissantes  de  sentiment. 


—  40  — 

Les  quatre  groupes  latéraux  représentent  :  à  gauche, 
V Embaumement  du  corps  du  Sauveur  et  la  Mise  au  tom- 
beau; à  droite,  les  soldais  gardant  le  Sépulcre  et  la  Résur- 
rection. 

Les  colonnetles  formant  les  encadrements  extrêmes  et  les 
divisions  entre  les  panneaux  supportent  quatre  niches,  sur- 
montées de  pinacles  très  élancés  et  dans  lesquelles  se  trou- 
vent les  figures  des  quatre  prophètes  :  David,  Baruch, 
EzéchieJ  et  Jérémie. 

Les  trois  grandes  compositions  sont  couronnées  de  dais 
ajourés  d'une  imagination  très  riche  et  d'un  faire  délicat. 

L'exécution  des  figures,  par  contre,  n'est  pas  des  plus 
fines;  les  nez  sont  gros;  les  traits  souvent  épais. 

Les  hommes  ont  les  proportions  élancées  des  person- 
nages de  Thierry  Bouts;  les  jambes  surtout  sont  longues  et 
maigres. 

On  a  recueilli,  sur  la  botte  de  l'un  des  personnages,  cette 
inscription  : 

Joseph  Van  AZOMA. 

Le  retable  est  fermé  par  des  volets  peints,  de  l'école  de 
Bouts. 

Cette  belle  œuvre  nous  parait  bien  appartenir  à  l'école 
louvaniste. 

Elle  est  beaucoup  mieux  restaurée  que  le  retable  de 
Sainte-Dimphne,  qui  se  trouve  dans  la  même  église. 

Cela  tient  à  ce  que  l'on  a  évité  ici  Ferrement  trop  fréquent 
qui  consiste  à  confier  à  un  seul  artiste  la  restauration  d'une 
sculpture  polychromée,  d'où  il  résulte  souvent  que  la  pein- 
ture est  massacrée. 

Trois  artistes  ont  concourru  à  la  restauration  de  ce  retable. 


—  41  — 

M.  Sohest  a  été  chargé  de  la  partie  sculpturale;  M.  Dulac, 
de  la  dorure;  enfin,  M.  Le  Roy,  restaurateur  de  tableaux, 
a  eu  pour  sa  part  la  polychromie  et  a  apporté  dans  ses 
retouches  la  discrétion  et  le  respect  qui  conviennent  à  un 
travail  de  cette  nature. 

SniiiCc-Ditnphnc. 

XVIe   SIÈCLE. 

Un  magnifique  retable  en  bois  sculpté,  polychrome  et  doré 
occupe  la  troisième  chapelle  du  pourtour  de  la  même  église; 
il  contient  un  grand  nombre  de  figures  et  représente  divers 
épisodes  de  la  vie  de  sainte  Dimphne,  patronne  de  l'église. 

Il  se  compose  de  trois  étages;  celui  du  dessous  est  rec- 
tangulaire et  divisé  en  cinq  compartiments;  il  est  fermé  par 
deux  volets  sculptés  formant  deux  compartiments  chacun. 

Chaque  panneau  renferme  une  grande  composition  prin- 
cipale; une  suite  de  scènes  plus  petites  se  déroule  au 
milieu  des  riches  ornements  d'architecture  qui  en  forment 
la  partie  supérieure. 

Chacune  des  scènes  principales  est  expliquée  par  une 
inscription  latine  en  caractères  italiques  tracée  au-dessous. 
Cette  inscription,  dit  M.  Piot(i),  date  du  xvne  siècle. 

Nous  y  voyons  successivement  :  dans  le  haut  du  premier 
panneau  (volet  de  gauche),  la  naissance  de  la  sainte;  au- 
dessous,  son  baptême,  par  saint  Gerebernus. 

Le  second  compartimeut  nous  fait  voir  la  mort  de  la 


(i)  Ch.  Piot,  Le  retable  de  l'église  de  Sainte-Dimphne,  à  Glieel  {Bull,  des 
Connu,  roy.  d'art  et  d'arcliéol.,  \,  pp.  409  et  suiv.). 


—  42  — 

renie,  mère  de  Sâinle-Dimphne;  la  reine,  étendue  sur  une 
sorte  de  grand  fauteuil  et  les  jambes  couvertes  d'une  ample 
draperie,  recommande  sa  fille  à  Saint-Gerebèrnus, 

Au-dessus.,  le  roi  lient  conseil  pour  conclure  un  nouveau 
mariage. 

Dans  la  scène  suivante,  le  roi,  conseillé  par  le  démon, 
annonce  à  sa  fille  sa  résolution  de  l'épouser. 

La  volonté  chez  le  roi,  la  surprise  douloureuse  et  la  sup- 
plication chez  sa  fille  sont  admirablement  exprimées  par  les 
physionomies  et  les  altitudes. 

Un  démon  à  tète  énorme,  couverte  d'un  bonnet  en 
éteignoir,  porte  le  pan  du  manteau  royal. 

La  sainte  fait  connaître  à  Gerebernus  la  funeste  résolution 
de  son  père;  tous  deux  décident  de  prendre  la  fuite. 

Dans  le  haut  du  quatrième  panneau,  nous  les  voyons 
s'éloigner;  au-dessous,  ils  abordent  à  Anvers  dans  un  petit 
esquif.  La  sainte  est  assise  au  milieu;  deux  personnages 
sont  en  face  d'elle;  un  homme  à  longs  cheveux  et  à  barbe 
en  pointe,  une  petite  viole  dans  la  main  gauche,  se  tient 
près  du  gouvernail.  Dans  le  fond  s'aperçoit  la  ville. 

Les  fugitifs  arrivent  à  Westerloo  et  y  achètent  des  vivres. 

Sous  celte  petite  scène,  nous  voyons  le  roi  sur  une  sorte 
d'estrade,  appuyé  du  coude  gauche  sur  un  parapet  et  tenant 
le  sceptre  de  la  main  droite;  un  démon  lui  souille  à  l'oreille 
de  perfides  conseils;  un  émissaire  à  cheval,  le  bonnet  à  la 
main,  lui  annonce  qu'il  a  retrouvé,  au  moyen  d'une  pièce 
de  monnaie,  les  traces  du  passage  des  fugitifs  à  Westerloo. 

Celle  scène  est  expliquée  par  l'inscription  latine  placée 
au-dessous  :  Juvenla  palri  prodilur.  (La  jeune  fille  est 
livrée  au  père.) 


—  45  — 

Sous  l'estrade  où  se  tient  le  roi,  une  niche  devant  laquelle 
est  attaché  un  singe. 

Dans  la  composition  suivante,  le  roi,  tenant  sa  lillc  par 
les  cheveux,  la  décapite  lui-même  d'un  grand  coup  de  sabre; 
à  gauche,  saint  Gerebernus  à  genoux  et  les  yeux  bandés, 
subit  la  décollation  de  la  main  d'un  bourreau;  au  milieu, 
un  grand  démon,  aux  ailes  déployées,  semble  jouir  de  son 
triomphe. 

La  figure  de  la  sainte  est  remarquable  de  sublime 
résignation. 

Derrière  le  roi,  dans  l'angle  droit,  rampe  un  affreux 
monstre  au  corps  de  grenouille. 

Au-dessous  se  trouve  l'inscription  :  Cadunt  pudon's 
victimae. 

Dans  le  tableau  suivant,  six  anges  déposent  les  corps  de 
sainte  Dimphne  et  de  Gerebernus  dans  un  sarcophage. 

Puis  nous  voyons  la  châsse  de  la  sainte  porlée  procession- 
nellemcnl;  enfin,  dans  le  dernier  tableau,  sainte  Dimphne 
apparaîtau  milieu  de  malades  et  de  possédés,  qui  l'invoquent. 

Les  petites  compositions  supérieures  montrent  successi- 
vement l'arrivée  à  Weslerloo  des  envoyés  du  roi,  la  réunion 
dans  la  retraite  de  la  sainte,  les  gens  de  Gheel  enterrant  les 
corps  des  deux  suppliciés,  enfin  le  transport  des  ossements 
de  Sainte-Dimphne,  sur  un  chariot  traîné  par  des  bœufs. 

Les  colonnes  qui  marquent  les  divisions  sont  ornées  d'un 
double  rang  de  figurines  de  saints  et  d'évéques. 

L'étage  du  milieu  se  compose  d'une  grande  niche  dans 
laquelle  est  déposée  la  châsse  de  Sainte-Dimphne. 

Celte  niche  est  fermée  par  deux  volets,  dont  l'intérieur  est 
sculpté;   celui  de  gaucho  représente   un  évoque  mondant 


—  u  — 

une  tète  coupée  (i);  deux  personnages  sont  debout  derrière 
lui;  trois  autres,  dont  deux  portent  des  cierges,  passent 
devant  une  châsse  placée  sur  un  petit  autel. 

Dans  le  volet  de  droite,  on  voit  un  autel  devant  lequel 
deux  hommes  sont  en  prières;  cinq  prêtres  occupent  les 
deux  côtés. 

Dans  les  ogives  qui  surmontent  ces  compositions  se 
trouvent  :  au  volet  de  gauche,  un  château  fort;  au  volet  de 
droite,  une  église. 

La  niche  est  surmontée  d'un  groupe  représentant  la 
glorification  de  la  sainte,  que  quatre  anges  emportent  au  ciel  ; 
de  chaque  côté,  sur  une  colonne,  un  ange  faisant  de  la 
musique. 

Le  tout,  enfin,  est  couronné  par  un  Christ  en  croix;  le 
groupe  de  la  sainte  enlevée  par  les  anges  est  adossé  à  un 
motif  d'architecture  avec  une  petite  corniche  moulurée,  dont 
les  extrémités  se  relèvent  pour  former  deux  socles  sup- 
portant :  à  gauche,  la  Vierge;  à  droite,  saint  Jean,  qui  se 
trouvent  ainsi  au  pied  de  la  croix. 

Celle  œuvre  est  d'un  grand  effet;  les  ornements  architec- 
toniques  sont  riches  et  variés. 

Si  l'on  peut  reprocher  aux  figures  d'être  d'une  exécution 
peu  soignée,  le  style  n'en  est  pas  moins  magistral,  puissant 
et  hardi,  moins  accentué  que  celui  de  Jean  Borremans,  mais 
tout  aussi  pittoresque  et  peut-cire  d'une  imagination  plus 
abondante. 

Plusieurs  figures  sont  d'un  jet  superbe;  d'autres,  char- 
mantes de  sentiment. 

(i)  D'après  M.  Piot  (loc.  cil.),  la  tète  de  Saint-Denis. 


—  45  — 

Les  draperies  sont  généralement  belles;  eilons  spécia- 
lement celle  de  l'évèquc  qui  baptise  la  sainte,  dans  le  premier 
panneau. 

Les  tètes  sont  peu  caressées  ;  les  visages  surtout  semblent 
avoir  attendu  leur  fini  de  l'enduit  que  recevait  la  sculpture, 
préalablement  à  la  polychromie. 

Diverses  inscriptions  se  trouvaient  sur  les  robes  de  plu- 
sieurs personnages  et  indiquaient  la  date  de  l'exécution  du 
retable  ainsi  que  le  nom  de  l'auteur-,  malheureusement  un 
restaurateur  (!)  les  a  effacées.  Il  a  cependant  atténué  quelque 
peu  cet  acte  de  vandalisme  en  prenant  un  calque  de  certaines 
phrases. 

L'un  de  ces  calques  a  permis  à  M.  Piol  de  retrouver  la 
date  et  peut-être  le  nom  de  l'artiste  auteur  de  la  sculpture. 

Ce  calque  était  mal  pris  et  quelques  caractères  présentaient 
des  anomalies  qui  frappèrent  tout  d'abord  M.  Piot. 

Dans  une  élude  très  intéressante  (1),  le  savant  archiviste 
est  arrivé  à  restituer  comme  suit  l'inscription  en  question  : 
ALS  .  DESE  .  TAVEL  .  WAS  .  GHESTELT  .  SCREEF  . 
MEN  .  MCGGGCXV  .  ONTTRENT  .  KERS.MISSE  .  IAN  . 
WAVE. 

Nous  savons  donc  que  le  retable  fut  placé  en  1515  et  que 
l'auteur  en  fut  peut-être  Jean  Wave;  cependant,  ajoute 
M.  Piot,Wave  n'est  désigné  nulle  part  comme  sculpteur,  mais 
diverses  circonstances  portent  à  croire  qu'il  exerçait  cet  art  (2). 

(0  Bull,  des  Comm.  roij.  d'art  et  d'archéol . ,  toc.  cil. 

(2)  Peut-être  se  trouvait-il,  après  Wave,  un  mot  qui  nous  eût  fait  connaître 
en  quelle  qualité  ce  personnage  intervint  dans  le  placement  du  retable  :  Sculpsil. 
fecit .  conseeravit .  dédit.. . . ? 

Dans  une  autre  inscription,  le  restaurateur  a  lu  :  ave  :  santa  :  dixc. 

M.    Piot  suppose  que  ces  lettres  ont  été  mal  copiées  et  que   l'on  pourrait 


—  46  — 

M.  Kuyl  (1)  est  d'accord  avec  M.  Piot  pour  considérer 
Jean  Wave  comme  railleur  de  cette  belle  œuvre. 

Le    (Jlirist  descendu    «le    la   croix. 

XVIe    SIÈCLE. 

Ce  petit  retable  ne  comporte  qu'une  seule  scène  :  la  Vierge 
assise  porte  sur  les  genoux  le  corps  du  Sauveur;  saint  Jean 
se  tient  derrière  elle;  la  Madeleine  est  debout,  à  gauche; 
quelques  autres  personnages  occupent  le  fond. 

Celte  petite  composition  est  admirable;  la  Vierge,  enca- 
puchonnée dans  un  long  voile,  abîmée  dans  sa  douleur,  est 
d'un  sentiment  superbe.  Le  corps  du  Christ,  raidi  par  la 
mort,  est  remarquable  par  la  distinction  et  l'élégance  de  ses 
formes. 

La  physionomie  de  saint  Jean  est  pleine  de  iinesse;  mais 
la  plus  belle  figure  de  ce  tableau  est  celle  de  la  Madeleine; 
elle  se  lord  les  mains  dans  une  altitude  remarquable  de  sen- 
timent douloureux  en  même  temps  que  de  grâce  et  d'élé- 
gance. La  tète,  tout  à  fait  ravissante,  est  coiffée  d'une  grande 
loque  à  fond  évasé,  retenue  par  une  bande  de  mousseline 
qui  passe  sous  le  menton. 

Il  esl  bien  regrettable  que  ce  petit  chef-d'œuvre  ait  été 
peinturluré  par  un  restaurateur  qui  y  a  multiplié  les  bleus 
crus  et  les  ors  aveuglants. 


lire  :  AVi,  .  SANTA  .  D(e)I  .  G(enitrix)  ou  ave  .  saista  .  dinp  (pour  Ditnpno). 

Ne  pourrail  on  aussi  lire  :  ave  .  sauta  .  D(om)in(i)  &{enitrix)1 

Cette  dernière  phrase  est,  d'ailleurs,  sans  importance. 

(i)  Gheel  vermaerd  door  den  eerdienst  der  Heilige  Dimphna,  (Anvers,  1863, 
ii.-s-,  |..  120.) 


—  47  — 
RETABLE  D'OPLINTER. 

XVI''    SIÈCLE. 

Le  retable  que  l'on  admire  actuellement  dans  une  chapelle 
de  l'église  de  Sainte-Geneviève,  à  Oplinter  (près  Tirlcmonl), 
fut  exécuté  en  1524  et  placé  un  an  plus  lard  dans  l'abbaye 
de  Maagdcndale. 

Son  transfert  à  remplacement  actuel  date  de  1783,  lors 
de  la  suppression  de  cette  abbaye  (i). 

Sa  configuration  générale  est  celle  d'une  arcade  trilobée, 
très  élevée  au  centre,  très  surbaissée  au-dessus  des  panneaux 
latéraux. 

La  partie  principale  forme  trois  grandes  divisions  mar- 
quées par  des  faisceaux  de  colonneltes  et  subdivisées  elles- 
mêmes  en  deux  compartiments  superposés. 

Le  soubassement  est  de  forme  rectangulaire  et  comprend 
trois  panneaux. 

Nous  y  voyons  d'abord  la  Naissance  du  Christ;  la  ligure 
de  l'enfant  a  disparu;  à  gauche  se  lient  un  vieillard  curieu- 
sement costumé;  ample  robe  dont  les  manches  (de  la  forme 
dite  pagode)  pendent  jusqu'aux  pieds;  pèlerine  découpée, 
remontant  entre  les  omoplates,  aux  angles  ornés  de  gros 
glands;  chapeau  rappelant  celui  dont  est  coiffé  saint 
Joachim  dans  le  second  panneau  du  retable  de  Lombeek. 
Au  fond,  un  homme  apparaît  sous  une  sorte  de  porche  à 
arcade  en  accolade. 

Le  second  tableau  représente  la  Circoncision  :  au  centre, 

(0  Van  Even,  L'ancienne  école  de  peinture  de  Louvain,  pp.  244  et  suiv. 


—  AS    - 

un  groupe  de  trois  personnes  tenant  l'enfant;  à  l'avant-plan, 
de  chaque  côté,  un  homme;  celui  de  gauche,  d'un  embon- 
point remarquable,  est  coiffe  d'une  sorte  de  turban  à  longues 
oreillères,  terminées  par  des  glands.  La  draperie  de  son 
costume  est  simple  et  magistrale. 

Deux  vieillards  paraissent  plus  loin  sur  des  baies  en 
arcades;  d'autres  encore,  dans  une  sorte  de  niche,  forment 
le  fond. 

L'Adoration  fournil  le  sujet  du  troisième  compartiment. 

La  Vierge,  assise  à  gauche,  tient  l'enfant  sur  ses  genoux; 
Saint-Joseph  est  debout  à  côté  d'elle;  devant,  un  Mage 
agenouillé  découvre  un  vase;  un  autre,  à  droite,  se  prépare 
à  faire  son  offrande. 

Ce  soubassement  est  accosté  à  droite  et  à  gauche  de  deux 
consoles  allongées,  décorées  de  feuilles  d'acanthe  retom- 
bantes et  laissant  entre  elles  une  petite  niche,  qui  supportent 
la  partie  principale. 

Celle-ci,  comme  nous  l'avons  dit,  est  divisée  en  six 
compartiments. 

A  gauche,  au-dessus,  le  Portement  de  la  croix,  groupe 
nombreux  dont  presque  tous  les  personnages  se  retournent 
vers  le  spectateur. 

Plus  bas  se  voyait  le  Christ  couronne  d'épines. 

Lorsqu'il  nous  a  été  donné  d'examiner  ce  retable  0),  il 
ne  restait  de  cette  dernière  composition  que  six  figures;  à 
gauche,  un  soldat,  vu  de  dos;  à  droite,  un  personnage 
beaucoup  plus  grand  et  dont  la  coiffure  se  termine  par  deux 
longues  tresses  qu'il  lient  de  la  main  gauche;  puis  un  vieil- 

(i)  A  l'Exposition  de  l'art  ancien,  au  Palais  du  Cinquantenaire,  en  1888. 


—  49  — 

lard  chauve,  agenouillé;  enfin,  dans  le  fond,  un  homme 

sonnant  du  cor  et  deux  personnages  assis  à  une  sorle  de 
balcon. 

La  scène  principale  représente  le  Calvaire. 

Plusieurs  figurines  gravissent  les  roches  qui  ''entourent; 
au  pied  de  la  croix  se  tient  la  Vierge,  debout;  à  droite  et  à 
gauche,  deux  cavaliers  de  fière  tournure. 

Plus  bas,  un  groupe  de  quatorze  personnes  :  à  gauche,  la 
Vierge,  soutenue  par  saint  Jean;  plus  loin,  des  femmes;  à 
droite,  des  soldats;  au  fond,  le  peuple. 

Au  centre,  à  l'avant-plan,  se  trouvent  deux  petites  figures 
de  clercs  très  remarquables. 

Sous  cette  composition,  nous  voyons  YEcce  Homo. 

Au  fond,  au  sommet  d'un  escalier  très  élevé,  le  Christ  a 
les  poignets  attachés  par  une  corde  dont  un  bourreau  tient 
l'extrémité. 

Au  bas  de  l'escalier,  des  figures  truculentes  de  soldats 
beaucoup  plus  grandes  rappelant  ce  contraste  de  propor- 
tions qu'affectionne  André  del  Sarle. 

De  la  scène  qui  composait  la  partie  inférieure  du  panneau 
droit,  il  ne  reste  que  quatre  statuettes  :  deux  soldats  au 
premier  plan,  deux  petites  figures  au  fond  ;  cette  compo- 
silion  représentait  le  Christ  renvoyé  par  Pilate. 

Au-dessus,  la  Descente  de  croix. 

A  gauche,  un  soldat,  vu  de  dos,  s'appuie  sur  un  large 
sabre  recourbé  ;  il  est  vêtu  d'une  longue  tunique  aux  bords 
taillés  en  créneaux  ;  les  jambes  sont  enfermées  dans  un  large 
pantalon,  les  épaules  couvertes  d'une  pèlerine;  sa  coiffure 
est  un  chapeau  à  larges  bords,  d'où  pendent  de  longues 
cordes. 


—  50  — 

Au  centre  csl  étendu  le  Christ,  les  bras  pendants;  autour 
de  lui,  un  groupe  de  femmes  élégantes  et  pimpantes,  de 
véritables  princesses;  au  fond,  des  spectateurs. 

Au-dessus  du  Calvaire  est  un  motif  d'architecture  enca- 
drant un  petit  groupe  :  un  homme  et  une  femme  agenouillés 
devant  une  table  de  communion,  peut-être  les  donateurs. 

Adossées  au  lobe  central  surélevé  sont  deux  figures  pré- 
sentant le  torse  d'un  ange  sortant  d'un  support  en  forme  de 
console  à  double  volute;  ligures  lourdes,  trop  grandes  et 
dont  la  disposition  nuit  à  la  silhouette  générale. 

Le  retable  est  fermé  par  des  volets  peints,  assez  médiocres. 

Les  compositions  sont  surmontées  de  dais  formés  d'une 
véritable  broderie  d'ornements,  aux  formes  élancées,  rap- 
pelant encore  les  gothiques,  et  d'une  exécution  des  plus 
délicates.  Plusieurs  petits  groupes  accessoires  en  décorent 
les  montants. 

Bien  qu'un  peu  tourmenté  et  d'une  Renaissance  déjà 
avancée,  le  retable  d'Oplinter  n'en  est  pas  moins  une  œuvre 
très  remarquable;  il  ne  présente  ni  le  nerf  ni  la  finesse  de 
certaines  sculptures  gothiques  ni  la  grandiose  simplicité  de 
certaines  autres;  mais  il  est  d'un  beau  jet,  étonnant  de  faci- 
lita, de  hardiesse  et  de  fertilité  d'invention,  d'une  panto- 
mime largement  et  spirituellement  esquissée. 

Les  physionomies  sont  pleines  de  vie  et  de  naturel, 
a  Elles  sont,  dit  M.  Van  Even,  aussi  diversifiées  et  aussi 
»  originales  que  dans  la  nature;  l'artiste  les  a  senties  et 
»  exprimées  avec  sincérité  ;  c'est  la  vie  qui  produit  la 
»   vie  » 

Grâce  aux  reeherches  faites  par  M.  Van  Even  dans  les 
anciens  comptes  de  l'abbaye  de  Maagdendale,  les  noms  des 


—  51   — 

deux  artistes  auxquels  on  doit  cette  œuvre  remarquable  ont 
pu  heureusement  arriver  jusqu'à  nous. 

Le  sculpteur  Guillaume  Hessels  y  révèle  un  génie  hardi, 
très  pittoresque  et  amoureux  de  l'effet.  Il  a  été  puissamment 
secondé  par  le  peintre  Jean  Vanden  Bergiie,  chargé  de  la 
polychromie. 

Les  coiffures  et  les  ajustements  rappellent  les  exagé- 
rations allemandes.  Les  turbans  sont  peints  de  diverses 
couleurs;  les  vêtements  sont  dorés  et  ornés  de  broderies 
peintes  plus  compliquées  qu'à  l'ordinaire. 

Des  inscriptions  se  trouvent  sur  la  plupart  des  draperies 
savamment  gauffrées. 

Le  retable  d'Oplinler  parait  être  resté  à  l'abandon  pendant 
nombre  d'années;  soit  indifférence,  soit  manque  de  res- 
sources, il  semble  que  les  autorités  qui  en  avaient  la  garde 
aient  voulu  laisser  au  temps  le  soin  d'accomplir  l'œuvre  de 
destruction  à  laquelle  il  avait  échappé  de  la  part  des 
iconoclastes  et  des  révolutionnaires. 

Des  personnes  compétentes  qui  l'ont  examiné  il  y  a 
quelques  années,  lorsqu'il  fut  question  de  son  acquisition 
par  l'État  belge,  déclarèrent  qu'il  n'était  pas  possible  de  le 
restaurer  et  que  le  meilleur  parti  à  prendre  était  de  se 
borner  à  retoucher  discrètement  quelques  parties  de  la 
polychromie  et  à  entretenir  le  retable  dans  l'avenir  avec 
plus  de  soin. 

Il  a  été  partiellement  restauré  en  1860;  certains  détails 
archilectoniques  avaient  déjà  été  remplacés  à  la  fin  du 
xvie  siècle. 

Les  délégués  de  la  Commission  royale  des  monuments 
qui  l'examinèrent  en  18G6,  firent,  à  propos  de  ce  retable, 


—  52  — 

cette  observation  curieuse  :  «  Il  est  à  remarquer  que  la 
»  partie  centrale  et  sculptée  du  retable  est  partagée  en  deux 
»  panneaux.  Bien  (pic  les  sculptures  semblent  de  part  et 
»  d'autre  de  la  main  du  même  artiste,  on  a  lieu  de  croire 
»  pourtant  que  les  deux  panneaux  ne  faisaient  pas  origi- 
»   nairement  partie  du  même  meuble,  car  leurs  divisions 

»  ne  correspondent  pas » 

Par  la  silhouette  de  l'ensemble,  par  les  proportions  des 
compartiments  et  la  distribution  des  scènes,  ce  retable 
présente  de  frappantes  analogies  avec  celui  d'Opitter,  dont 
nous  allons  parler. 

RETABLE    D'OPITTER. 

XVIe  SIÈCLE. 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  remarquer,  l'on  est  frappé, 
au  premier  aspect,  par  les  nombreux  rapports  qui  existent 
entre  le  retable  d'Opitter  et  celui  d'Oplinter,  quant  aux 
formes  générales  et  à  la  distribution  des  scènes. 

Tous  deux  représentent  le  même  sujet  :  la  Passion. 

Des  faisceaux  de  colonnes,  dans  le  haut  desquels  se  trou- 
vent des  niches,  dont  l'une  contient  une  statuette  de  saint 
(celle  de  droite  a  disparu),  marquent  les  trois  grandes  divi- 
sions du  retable.  Chacune  de  ces  divisions  contient  deux 
scènes. 

Les  diverses  compositions  nous  semblent  devoir,  au  point 
de  vue  de  la  succession  des  épisodes,  être  classées  dans 
l'ordre  suivant  : 

Partie  inférieure  : 

1"  Panneau  du  centre  :  au  fond,  un  enfant  posé  sur  une 


—  55  — 

sorte  de  table  ou  d'autel  (?);  devant,  six  personnages  dont 
deux  surtout  sont  à  citer  :  à  droite,  au  troisième  plan,  un 
grand  vieillard  à  longue  barbe,  à  cheveux  retombant  sur 
les  épaules;  il  a  l'air  d'un  souverain  ou  d'un  grand-prêtre; 
il  est  coiffé  d'un  chapeau  rond  à  bords  plats,  dont  la  forme, 
très  élevée,  est  surmontée  d'une  petite  boule;  du  même  côté, 
au  premier  plan,  une  sorte  de  mendiant,  courbé  en  deux  et 
appuyé  sur  un  bâton;  il  est  couvert  d'un  capuchon  pointu 
au  sommet  de  la  tète  et  s'allongeant  en  pèlerine  de  façon 
à  couvrir  le  dos;  les  manches,  très  longues,  cachent  et 
dépassent  les  mains.  Tous  les  personnages  de  cette  scène 
lèvent  la  main  droite;  nous  supposons  qu'ils  représentent 
le  peuple  demandant  la  mort  du  Christ  et  la  liberté  de 
Barabbas  ; 

2°  Panneau  gauche.  La  Flagellation.  Au  centre  Jésus, 
attaché  par  les  mains  à  une  colonne,  est  flagellé  par  les 
soldats;  à  gauche,  un  bourreau  le  frappe  du  poing; 

5°  Panneau  droit.  Le  Christ  couronné  d'épines  est  assis 
au  centre  de  la  scène.  Plusieurs  personnages  l'insultent  et 
le  menacent;  au  premier  plan,  à  gauche,  est  un  soldat 
portant  un  bouclier  à  la  partie  inférieure  en  pointe  et  décoré 
d'une  tète  fantastique. 

Rangée  supérieure  : 

1°  A  gauche,  le  Porlcment  de  la  Croix.  Sainte  Véronique 
rencontre  le  Christ  et  lui  essuie  le  visage;  à  droite,  un  bour- 
reau faisant  le  geste  de  donner  un  soufflet; 

2°  Au  centre,  le  Calvaire.  Le  Christ  est  en  croix  entre 
les  deux  larrons;  des  cavaliers  sont  au  pied  de  la  croix. 
Au-dessous,  une  grande  composition  de  onze  personnages  : 
la  Vierge  s'évanouissanf,  entourée  de  plusieurs  femmes; 


—  M  — 

saint  Jean  se  tient  à  gauche;  à  droite,  des  guerriers  armés 
de  boucliers,  dans  l'un  desquels  nous  remarquons  celui  que 
nous  avons  signalé  plus  haut; 

.">'  A  droite,  la  Descente  de  Croix.  Un  homme  adossé 
dans  l'angle  gauche  tient  la  couronne  d'épines;  puis  le 
Christ  assis,  les  jambes  étendues;  la  Vierge  esl  agenouillée 
à  ses  pieds. 

Des  ornements  architecloniques,  des  dais,  remarquables 
de  richesse  d'invention  cl  d'exécution  — ■  qui  n'ont  pas  perdu 
toute  tournure  gothique  —  encadrent  el  couronnent  ces 
diverses  compositions;  les  montants  sont  ornés  de  dix  petits 
groupes  accessoires  :  deux  à  chacun  des  panneaux  latéraux, 
six  au  panneau  central. 

Sous  le  dais  du  premier  compartiment  se  trouve  égale- 
ment une  petite  composition  à  plusieurs  personnages. 

Ce  retable  appartient  à  l'école  d'Anvers,  dont  il  porte,  en 
deux  endroits,  la  marque  faite  au  moyen  d'un  poinçon 
rougi  au  feu. 

Il  a  été  restauré,  en  1878-79,  par  deux  artistes  de  talent  : 
le  statuaire  de  Haen  et  le  peintre  Franz  Mecrls. 

De  nombreuses  inscriptions  ont  été  remarquées  sur  les 
bords  des  vêtements;  M.  Piot,  qui  les  a  examinées  dans 
l'espoir  d'y  trouver  le  nom  de  l'auteur  du  retable,  a  remar- 
qué qu'elles  se  composent  de  caractères  de  fantaisie  el  ne 
présentent  ni  lettres  gothiques,  ni  lettres  romaines. 

Le  savant  archéologue  a  épuisé  en  vain  toutes  les  com- 
binaisons possibles  sans  parvenir  à  en  tirer  un  sens  quel- 
conque;  il  estime  que  ce  sont  des  imitations  plus  ou  moins 
dégénérées  d'inscriptions  dont  on  trouve  parfois  des  traces 
sur  les  bords  (1rs  vêlements  des  figures  de  l'école  deBvzance. 


RETABLE  DE  GESTEL 

(au   Musée  royal  d'Antiquités,  à  Bruxelles). 

XVIe  SIÈCLE. 

Ce  rclablc,  de  petites  dimensions,  est  en  chêne  sculpté; 
il  provient  de  l'église  de  Gestel,  près  Mecrhoul  (Cam- 
pine). 

Il  se  compose  de  trois  grandes  divisions  renfermant  cha- 
cune deux  compartiments  superposés;  le  tout  est  couronné 
par  une  corniche  moulurée,  dont  le  contour  rappelle  les 
formes  des  retables  d'Opitter  et  d'Oplintcr. 

La  composition  placée  à  la  partie  supérieure  du  panneau 
gauche  représente  l'Annonciation;  deux  figures  seulement  : 
la  Vierge  et  l'Archange.  Ce  dernier  porte  une  longue  cheve- 
lure ondulée,  d'une  abondance  extraordinaire. 

Au-dessous  se  voit  la  Visitation,  scène  à  plusieurs  per- 
sonnages, hommes  et  femmes;  deux  petits  anges  sont  placés 
en  avant;  le  fond  est  occupé  par  une  sorte  de  château-fort. 

La  composition  placée  au  bas  du  panneau  central  repré- 
sente la  Naissance  du  Christ. 

Au  milieu,  la  Vierge  est  agenouillée  devant  le  berceau  de 
l'enfant;  deux  petits  anges,  à  genoux,  se  tiennent  à  gauche; 
un  autre,  debout  dans  l'angle,  porte  une  sorte  de  lanterne; 
à  droite  est  un  vieux  berger  en  prières;  l'âne  et  le  bœuf  se 
trouvent  dans  le  fond. 

Au-dessus  de  cette  scène,  l'artiste  a  placé  un  sujet  que 
nous  n'avons  rencontré  jusqu'à  présent  dans  aucun  autre 


—  56  — 

retable  :  le  Christ,  nu,  la  croix  sur  l'épaule,  le  pied  droit 
posé  sur  le  globe  du  monde,  se  tient  debout  sous  une  sorte 
de  dais  ou  de  tente;  deux  anges,  dont  l'un  lient  une  épée, 
soulèvent  la  draperie;  à  l'avant-plan,  deux  autres  anges  en 
longues  robes,  les  ailes  dressées,  lui  présentent  chacun  une 
boite;  nous  supposons  que  le  sculpteur  a  voulu  représenter 
ici  une  sorte  d'apothéose  de  la  jeunesse  du  Rédempteur. 

La  composition  inférieure  du  panneau  droit  comporte 
cinq  personnages  et  représente  la  Circoncision . 

Dans  la  scène  placée  au-dessus  de  la  précédente,  on  voit, 
au  fond,  un  homme  portant  un  enfant  qu'il  se  dispose  à 
mettre  dans  une  sorte  de  corbeille  ou  de  berceau  carré  que 
lui  présente  une  femme  agenouillée. 

A  gauche  se  lient  saint  Joseph  dans  une  attitude  humble, 
un  peu  penché,  le  chapeau  dans  une  main,  un  bâton  dans 
l'autre;  en  face,  la  Vierge,  encapuchonnée  dans  un  long 
manteau  très  étoffé,  les  mains  jointes;  deux  femmes  occupent 
la  droite. 

Cette  œuvre  est  assez  réaliste;  elle  constitue  un  beau 
travail  de  bois,  mais  n'est  que  de  deuxième  ou  même  de 
troisième  ordre,  si  on  la  compare  aux  magnifiques  sculptures 
précédemment  décrites. 

Les  figures  sont  un  peu  courtes,  les  mains  lourdes,  les 
gestes  quelque  peu  vulgaires. 

La  décoration  architecturale,  simple  mais  jolie  el  d'une 
exécution  habile,  ne  saurait  cependant  être  comparée  aux 
riches  et  délicates  dentelles  de  bois  dans  lesquelles  les 
maîtres  gothiques  encadraient  leurs  compositions. 

Le  retable  de  Gestel  est  très  bien  conservé  et  semble 
n'avoir  jamais  été  peint. 


—  57  — 

RETABLE    DE   PAILIÏE 

(au  Musée  royal  d'Antiquités,  à  Bruxelles). 

XVIe   SIÈCLE. 

Le  Musée  royal  d'Antiquités  possède  encore  un  retable 
en  chêne,  polychrome  et  doré,  provenant  de  l'église  de 
Pailhe  (province  de  Liège). 

De  même  que  la  plupart  des  retables  du  commencement 
du  xvie  siècle,  celui-ci  est  divisé,  sur  sa  longueur,  en  trois 
panneaux,  dans  chacun  desquels  sont  placées  des  composi- 
tions superposées  :  deux  cà  droite,  deux  à  gauche,  trois  pour 
le  panneau  central,  qui  est  surélevé. 

La  silhouette  tourmentée  de  son  couronnement  ne  s'écarte 
pas  sensiblement  des  profils  généralement  adoptés  à  celle 
époque. 

Il  en  est  de  même  des  sujets  qui,  ainsi  que  ceux  d'un 
grand  nombre  de  sculptures  de  la  Renaissance,  sont  tirés  du 
Nouveau  Testament. 

Nous  avons  dit  que  deux  compositions  occupaient  le  pan- 
neau gauche  ;  celle  du  bas  représente  l'Adoration  des  Mages. 
Six  personnages  entourent  l'Enfant;  l'un  d'eux,  placé  en 
avant  dans  l'angle  droit,  est  un  nègre  ;  l'âne  et  le  bœuf  mon- 
trent la  tête  dans  le  fond. 

Au-dessus  se  voit  la  Circoncision.  L'opérateur,  en  lu- 
nettes, a  une  tète  de  vieux  docteur;  une  femme,  au  premier 
plan  à  gauche,  fait  un  geste  des  plus  expressifs.  Six  autres 
ligures  complètent  la  composition. 

Dans  le  bas  du  panneau  central  est  placée  l'Adoration  des 
Bergers.  Au  milieu,  l'Enfant  est  couché  sur  de  la  paille; 


—  58  — 

sept  personnes  l'entourent,  parmi  lesquelles  un  jeune  gar- 
çon, au  premier  plan  ;  l'âne  et  le  bœuf  se  voient  au  fond. 

A  côté  de  cette  scène,  dans  le  compartiment  inférieur  du 
panneau  droit,  nous  voyons  la  Présentation  de  Jésus  au 
temple. 

L'Enfant,  debout  sur  une  sorte  de  piédestal  en  forme  de 
fonls  baptismaux,  est  soutenu  par  sa  mère;  le  grand-prèlre 
se  lient  à  droite. 

La  composition  qui  surmonte  celle-ci  représente  la  Mort 
de  la  Vieryc.  Parmi  les  nombreuses  figures  qui  animent  celle 
scène,  nous  remarquons  au  premier  plan  deux  hommes,  dont 
l'un  porte  des  lunettes,  agenouillés  et  en  prières. 

Le  centre  du  retable  est  occupé  par  un  Arbre  de  Jessé 
aux  nombreux  personnages  et  terminé  par  la  Vierge  et 
l'Enfant  Jésus. 

Enfin,  le  Calvaire  couronne  l'ensemble;  le  Christ  est  en 
croix  entre  les  deux  larrons;  à  ses  pieds  est  la  multitude, 
soldats  et  gens  du  peuple. 

Le  fond  et  les  détails  archilccloniqucs  sont  dorés,  de 
même  que  les  vêtements,  dont  les  revers  sont  bleus.  Les 
tètes  et  les  mains  sont  peintes  en  tons  de  chair. 

L'exécution  de  celte  sculpture  est  habile,  le  style  en  est 
aimable,  élégant,  mais  n'a  rien  de  magistral. 

RETABLE  DE  IIAL. 

XVIe  SIÈCLE. 

Le  maitre-autel  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  liai,  est 
orné  d'un  très  beau  retable  en  albâtre  rehaussé  de  dorures 
ci  du  style  Renaissance  lopins  pur. 


—  59  — 

Il  se  compose  de  trois  ordres  superposés,  d'une  archi- 
tecture très  ornée,  reposant  sur  un  soubassement  richement 
décoré  de  médaillons,  de  figures  d'anges  et  de  rinceaux  de 
feuillage. 

L'étage  inférieur  comporte  quatre  haies  carrées  séparées 
entre  elles  par  des  pilastres. 

Dans  chacune  de  ces  haies  est  placé  un  médaillon  de 
forme  circulaire. 

Trois  médaillons  de  môme  forme,  séparés  par  des  colonnes 
cannelées,  composent  le  second  élage  de  telle  façon  que  les 
colonnes  se  trouvent  placées  dans  l'axe  des  haies  de  l'ordre 
inférieur. 

Le  troisième,  enfin,  n'a  que  deux  colonnes  très  élancées, 
enfermant  une  niche  ouverte  par  une  arcade  à  plein  cintre. 

Chacun  des  médaillons  contient  une  composition  allégo- 
rique figurant  un  des  sept  sacrements. 

La  première  scène  du  rang  inférieur,  à  gauche,  représente 
la  Confirmation.  Un  évèquc  s'avance,  accompagné  de  son 
assistant;  il  touche  de  deux  doigts  réunis  de  la  main  droite 
le  front  de  l'un  des  trois  enfants  agenouillés  devant  lui; 
deux  personnages  complètent  la  composition. 

Le  médaillon  suivant  représente  la  Pénitence.  Un  homme 
est  à  genoux  devant  une  femme  assise,  symbolisant  l'Eglise. 
Une  femme  debout,  personnifiant  la  Mémoire,  lui  louche  la 
tète  de  la  main  ;  une  autre  femme,  à  gauche,  semble  du 
geste  engager  le  pénitent  a  la  sincérité  ou  lui  donner 
l'absolution. 

La  troisième  scène  comprend  sept  personnages  et  repré- 
sente le  Mariage.  Au  centre,  un  prêtre  pose  \o  bout  de 
l'étole  sur  les  mains  unies  des  époux. 


—  (10  — 

La  quatrième  composition  figure  V Extrême-Onction.  Un 

vieillard  est  étendu  sur  un  lit;   deux  personnages  assis 
occupent  le  premier  plan  ;  quatre  autres  se  tiennent  au  fond. 

Nous  arrivons  au  second  ordre. 

La  composition  ornant  le  premier  médaillon  est  le  Bap- 
téme.  Six  personnages  tiennent  un  enfant  au-dessus  des 
fonts  baptismaux.  Ceux-ci  ont  la  forme  d'une  grande  cuve 
portée  par  deux  angelets  et  reposant  sur  un  pied  évasé  par 
le  bas,  orné  de  deux  dauphins. 

V Eucharistie  vient  ensuite;  un  prêtre  tournant  le  dos  à 
un  petit  autel,  qui  porte  un  chandelier  et  un  livre  ouvert, 
donne  la  communion  à  six  fidèles  agenouillés  devant  lui. 

Enfin,  le  dernier  médaillon  représente  l'Ordre.  Un  évoque 
accompagné  de  deux  assistants  sacre  deux  novices  à  genoux. 

Dans  la  niche  formant  le  couronnement  de  l'édifice  est 
placé  un  groupe  :  Saint  Martin  partageant  son  manteau 
avec  le  mendiant. 

Cette  niche  est  accostée  de  deux  grandes  consoles  ren- 
versées ornées  de  feuillages. 

Sur  le  socle  de  ce  groupe  se  lit  une  double  inscription 
donnant  à  la  fois  la  date  de  l'exécution  de  l'œuvre  et  le  nom 
de  son  auteur 

1°  Dans  un  cartouche,  on  voit  : 
L'AN  .  DE  .  GRACE  .  1555  .  POSÉ  .  FUS  .  OFFICIANT  . 

DE  .  BAILLI .  EN  .  CESTE  .  VILLE  .  DE  .  HAVLX . 
MESSIRE  .  BALTHAZAR  .  DE  .  TOBERG  . 

2°  De  chaque  côté  de  ce  cartouche  : 
JEHAN  .  MONE  L'EMPEREVR 

MAISTRE  A  .  FAIT  .  CEST 

ARTISTE  .  DE  DICT  .  RETABLE. 


—  Cl   — 

Jehan  Mone  était  sculpteur  de  Charles-Quint;  le  retable 
de  liai,  par  la  remarquable  composition  des  groupes,  par 
l'exécution  des  ligures,  la  pureté  du  dessin,  le  sentiment, 
la  vérité  d'expression  des  physionomies  et  des  altitudes, 
suffît  pour  faire  classer  son  auteur  au  premier  rang  des 
artistes  de  la  Renaissance. 

La  partie  ornementale  est  traitée  avec  une  habileté  hors 
ligne. 

Le  tiers  inférieur  des  fûts  des  colonnes,  les  pilastres,  les 
écoinçons,  les  frises,  le  soubassement,  sont  décorés  de  guir- 
landes de  fleurs  et  de  fruits,  de  rinceaux  et  de  figurines  qui 
ne  le  cèdent  en  rien  comme  richesse  d'invention,  comme 
grâce  et  comme  délicatesse  d'exécution,  aux  merveilleux 
détails  architectoniques  des  maîtres  gothiques.  Aussi  est-ce 
à  juste  litre  que  M.  Piot  (1)  qualifie  ce  retable  de  chef- 
d'œuvre  d'élégance  et  de  bon  goût. 

RETABLE  DE  BRAINE-LE-COMTE. 

XVIe   SIÈCLE. 

Ce  retable  est  d'une  Renaissance  avancée. 
Sa  forme  générale  est  carrée. 

Il  se  compose  de  deux  ordres  superposés,  dont  les  enta- 
blements sont  supportés  par  des  caryatides. 

Les  entrecolonnemenls,  au  nombre  de  trois  pour  chaque 

(<)  Ch.  Piot,  Notice  historique  sur  r église  de  Hal  (Bull,  des  Connu,  roij.  d'art 
et  d'archéol.,  1862,  pp.  175  et  suiv.). 

Voir  gravures  dans  Les  splendeurs  de  l'art  en  Belgique  cl  dans  Gailiiarut, 
L'architecture  du  ve  au  xvne  siècle. 

V.  aussi  L.  Everaert,  Excursion  archéologique  à  liai  (Annales  du  Cercle 
archéol.  de  Mons,  XXI,  p.  187). 


—  G-2  — 

ordre,  forment  des  arcades  à  plein  cintre  remplies  par  des 
panneaux  sculptés  représentant  divers  épisodes  de  la  vie  du 
Christ. 

Le  tout  repose  sur  un  soubassement  décoré  de  trois  bas- 
reliefs. 

Le  premier  de  ceux-ci,  à  gauche,  représente  les  Hébreux 
recueillant  la  manne  dans  le  désert;  le  second,  la  Cène:  le 
sujet  du  troisième  n'est  pas  clairement  déterminé  :  c'est  une 
sorte  d'agape;  de  nombreux  personnages  entourent  une 
longue  table  servie;  peut  être  1rs  Noces  de  Cana(1) 

Dans  l'arcade  surmontant  le  premier  bas-relief,  nous 
voyons  le  Portement  de  la  croix.  Le  Christ  succombe  sous  le 
fardeau  ;  un  bourreau  le  frappe  par  derrière;  un  autre  tire  la 
corde  qui  lui  entoure  la  ceinture;  agenouillée  devant  Jésus, 
sainte  Véronique  tient  le  linge  avec  lequel  elle  vient  de  lui  es- 
suyer le  visage.  Au  fond,  des  cavaliers  et  des  gens  du  peuple. 

Dans  le  compartiment  suivant,  l'on  voit  le  Christ  en  croix 
enlrc  les  deux  larrons;  les  soldats  s'éloignent  au  fond  ;  il  ne 
reste  au  pied  de  la  croix  que  la  Vierge,  saint  Jean  et  des 
saintes  femmes. 

Dans  la  troisième  scène,  le  Christ  attaché  à  une  colonne 
est  battu  de  verges;  au  fond,  deux  personnages  accoudés 
à  une  fenêtre  regardent  le  supplice. 

Les  compositions  placées  dans  les  arcades  de  l'étage  supé- 
rieur représentent  la  Descente  du  Saint-Esprit  sur  les 
Apôlres,  la  llésurrection,  puis  une  troisième  scène  où  l'on 
voit  le  Sauveur  attirant  à  lui  des  personnages  sortant  d'une 
espèce  de  caverne  ;  d'autres  personnages  sont  debout  der- 
rière lui;  au-dessus,  une  ligure  diabolique  lance  des 
flammes;  c'est  sans  doute  le  Jugement  dernier. 


—  03  — 

Les  caryatides  du  rang  inférieur  représentent  l'Espérance, 
la  Charité,  la  Foi  et  la  Justice;  celle  du  rang  supérieur,  la 
Tempérance,  la  Force,  la  Prudence;  la  quatrième  est  une 
femme  armée  d'un  glaive  et  tenant  par  les  cheveux  une  lèlc 
coupée  {Judith?.) 

Plus  haut  encore  se  voient  :  à  gauche,  la  Vierge;  à  droite, 
un  évoque  ;  entre  eux  sont  deux  statuettes  plus  petites  :  un 
père  et  un  évoque. 

Toute  l'architecture  rappelle  l'ordre  ionique. 

Les  socles  des  caryatides  de  l'ordre  inférieur  sont  ornés  de 
tètes  d'anges  surmontant  divers  attributs;  les  piédroits  des 
arcades  portent  des  tètes  de  lions  tenant  dans  la  gueule  des 
cordons  auxquels  sont  accrochées  des  grappes  de  fleurs  et 
de  fruits;  les  écoinçons  sont  remplis  par  des  figures  d'anges 
soutenant  une  couronne. 

La  frise  est  décorée  de  triglyphcs  séparés  par  des  métopes 
ornées  de  têtes  de  chérubins  ailées. 

La  décoration  des  socles  de  l'étage  supérieur  se  compose 
de  guirlandes  de  fleurs  et  de  fruits;  celle  des  piédroits,  de 
tètes  de  femmes  et  d'objets  divers  :  fruits,  armes,  etc.,  des 
anges  occupent  également  des  écoinçons. 

La  frise  n'a  pas  de  triglyphes  ;  elle  est  ornée  de  tètes 
ailées  d'où  parlent  des  cordons  relevés  par  des  anneaux  et 
nouant  des  bouquets  de  fruits. 

Le  retable  supporte  un  tabernacle  élevé,  de  silhouette 
élancée. 

Ce  dernier  est  formé  de  nombreuses  statuettes  d'apôtres 
et  d'évèques,  disposées  en  pyramide;  au  sommet  sont  des 
anges  et  à  l'extrême  pointe  le  pélican  entouré  de  ses 
petits. 


—  64  — 

Les  ligures,  courtes  cl  trapues,  n'en  sont  pas  moins  d'un 
bon  style,  énergique  et  viril. 

L'architecture  est  d'une  belle  ordonnance,  quoiqu'on 
puisse  reprocher  un  peu  de  lourdeur  aux  arcades  trop 
basses  pour  leur  largeur. 

Les  guirlandes  de  Heurs  et  de  fruits  sont  d'une  délicatesse 
charmante.  Tout  l'édifice  est  exécuté  en  pierre  blanche 
extrêmement  friable;  aussi  n'a-l-il  pas  échappé  à  quelques 
dégradations. 

Il  porte  l'inscription  suivante  : 

OPTIMATES  .  POPVLVSQ  .  BRENLE  .  GOMITIS  . 
SACRATISSIM.E  .  EVCHARISTLE  .  POSVERVNT  . 
ANNO   1557. 

A-l-il  été  restauré  ou  seulement  achevé  vingt  ans  plus 
lard:' Nous  l'ignorons;  toujours  est-il  que  sur  la  frise  des 
saillies  de  l'entablement  que  supportent  les  caryatides  de 
l'ordre  supérieur,  nous  relevons  quatre  chiffres  formant  le 
millésime  1577. 

La  nature  des  matériaux  employés  peut  faire  supposer  que 
les  pierres  ont  été  montées  simplement  dégrossies  et  pra- 
tiquées après  la  mise  en  place. 

On  pourrait  croire  dès  lors  que  la  première  date  se  rap- 
porte à  la  pose  de  la  première  pierre  et  la  seconde  à 
l'achèvement  de  l'œuvre. 

RETABLES  DE  HULSHOUT. 

XVIe    ET    XVIIe   SIÈCLES. 

L'église  de  Hulshout  possède  deux  retables  dont  l'un  date 
île  la  lin  du  xvi*  siècle;  il  est  divisé  en  quatre  compartiments 


—  65 

comprenant  la  Nativité  et  des  scènes  de  la  Passion.  Les 
figures  ont  0'"40  de  hauteur. 

L'autre  retable  occupe  la  partie  supérieure  de  l'autel;  il 
est  moins  beau  et  d'un  demi-siècle  moins  ancien  que  le  pré- 
eédent.  Les  six  compartiments  dont  il  se  compose  repré- 
sentent en  figures  de  0m24  de  hauteur  des  épisodes  de  la  vie 
de  saint  Mathieu  ou  Mathias,  patron  de  l'église. 

La  composition  des  divers-  groupes  qui  décorent  ces 
retables  est  bien  conçue;  l'exécution,  en  revanche,  laisse  à 
désirer. 

Bien  qu'ils  ne  soient  évidemment  pas  du  même  auteur, 
qu'ils  aient  été  exécutés  à  des  époques  différentes  et  qu'ils  ne 
présentent  aucune  analogie  ni  comme  sculpture  ni  comme 
sujet,  ils  avaient  anciennement  été  mutilés  de  manière  à  ne 
former  qu'un  seul  retable. 

En  1867,  le  sculpteur  Ducaju  les  a  restaurés  et  rétablis 
dans  leur  forme  primitive;  l'encadrement  a  été  renouvelé  à 
la  même  époque. 

(A  continuer.) 

Henry  Rousseau. 


VERRES  «  FAÇON  DE  VENISE  » 

FABRIQUÉS  AUX  PAYS-BAS 


Ceci  n'est  autre  chose  qu'un  post-scriplum  à  ;i  jouter  à  ma 

dixième  lettre  (i);  lorsque  celle-ci  était  déjà  imprimée,  j'ai 
reçu,  trop  tard  pour  y  être  insérés,  les  renseignements  com- 
plémentaires ci-après  de  l'obligeant  M.  Angelo  Sanli,  direc- 
teur de  la  Voce  di  Murano  et  secrétaire  du  Musée  de 
Murano- 

Ces  renseignements  sont  extraits  des  archives  générales 
d'Etat  à  Venise,  sections  suivantes  : 

Inquisitori  de  Slalo  :  Processi  criminali;  Lcttere  agli 
Ambasciatori  in  Inghilterra,  i G 1 1  à  179.1;  Dispacci  degli 
Ambasciatori  in  Inghilterra,  1611  à  4797;  Dispacci  ai 
Keltori  di  Murano,  1095  à  1794;  Arli  e  Meslieri,  1658  à 
179G;  Lettere  ai  Residenli  in  Sassonia,  Sicilia,  Spagnia  e 
Svizzera,  depuis  1680;  id.  all'IIaja,  de  1617  à  17G1  ;  id. 
in  Spagna,  1059  à  1689  ;  id.  a  Vienna,  1588  à  1697  ; 

Capi  del  Consiglio  dei  X  ; 

Cinque  Savi  alla  Mercanlia; 

Senato-Corti  :  Lettere  agli  Ambasciatori  (in  Inghilterra), 
depuis  1600; 

Senato-Secrela  :  Dispacci  dell'  Ambascialorc  a  Londra, 
de  1000  à  1077,  etc. 

II  reste  encore  beaucoup  de  documents  des  archives  de 

(\)  Voy.  <  i  dessus*  Bull,  des  Comm,  roy,  d'un  ri  d'archéol.,  XXIX,  p.  95. 


—  67  — 

Venise  à  compulser;  niais  clés  à  présent,  -race  au  concours 
de  M.  Angelo  Sanli,  la  moisson  est  abondante. 
Continuons  à  classer  les  renseignements  d'après  les  pays. 

ALLEMAGNE. 

1108,  lô  septembre.  Giovanni  Zannorio,  verrier,  va 
travailler  à  Trente  et  à  Villaco  (Villach,  en  Carinthie). 

(Alti  del  Podesla  di  Murano.) 

H68,  7  novembre.  Giovanni  di  Gurzola  dénonee  les 
suivants,  qui  vont  travailler  en  verres  «  in  Vallaco  (Villach?), 
district.  Ongarie  et  Alemanie  »  :  Giovanni  Zeni,  Matteo  Panizo 
di  Vicenza,  Benedelto  Zarcasius. 

(Ibid.) 

I74o,  24  juin.  Giovanni  Antonio  Vislosi  dello  Gazzabin  (i) 
écrit  à  son  frère  Giuseppe,  à  Murano,  qu'il  est  arrivé  à 
Trieste  et  va  à  Griilz,  où  est  une  fournaise  préparée  pour  la 
fabrication  des  laslre  (plaques  de  verre,  glaces). 

(ïnquis.  di  Stato,  Arti  e  mestieri.  Lettere  di  Muranese 
assentati.) 

174o,  21)  juin.  Giov.  Ant.  Gazzabin,  maître  en  «  smalli  », 
Antonio  (2)  et   Giacomo    Gazzabin,    maîtres  en   miroirs, 

(1)  Giovanni  (ou  Zuanne)  Antonio  Vistosi  detto  Gazzabin,  ou  Gazzabin  detto 
Vistoso  (le  joli),  était  donc  a  Trieste  avant  1745;  à  Gralz  en  ladite  année;  à 
Silla,  près  de  Gralz  en  1752;  en  175-i,  à  Florence  (où  ordre  fut  donné  de  l'em- 
poisonner); en  1708,  à  Innsbrûck,  oii  il  reçut  son  pardon  et  d"oii  il  retourna  à 
Murano;  en  1770,  à  Madrid  (dernière  trace  qu'on  trouve  de  lui). 

(ï)  Antoine  Gazzabin,  distinct  de  Giovanni-  (ou  Zuanne-)  Antonio  Gazzabin, 
detto  Visioso,  était,  avec  Giuseppe  Gazzabin,  frère  de  Domenico  Gazzabin;  or, 
comme  celui-ci  porte  aussi  le  surnom  de  Vistoso  et  que  Giovanni-Antonio  avait 
un  Giuseppe  Gazzabin  pour  frère,  on  peut  tirer  la  conclusion  qu'il  s'agit  de  quatre 
frères.  Peut-être  Antonio  portait-il  lui-même  le  surnom  de  Vistoso;  il  serait 
alors  l'Antonio  (sans  autre  prénom)  qui  était  a  Silla  en  175-2.  (Voir  note 
précédente.) 


—  G8  — 

écrivent  qu'ils  sonl  fugitifs  de  Trieste,  parce  que  l'Inqui- 
siteur de  la  milice  de  mer  a  ordonné  de  les  faire  arrêter;  ils 
se  sont  dirigés  sur  Gràlz  pour  travailler  à  une  fournaise 
«  da  canna  »  et  à  deux  de  miroirs.  Ils  demandent  de  pou- 
voir se  rapatrier. 

(lbîd.) 

1752,  20  janvier.  L'ambassadeur  à  Vienne  recommande, 
sous  certaines  conditions,  Gio-Batla  Santini  (1),  Orazio 
Bellrame  et  Domenico  Mazziolli,  qui  se  trouvent  avec  leurs 
familles  à  Grâtz  et  qui  forment  la  même  demande  que  les 
précédents. 

(Inquisitori  di  Slalo,  Dispacci  degli  Ambasciatori.) 

1752,  4  novembre.  L'ambassadeur  de  Venise  écrit,  de  la 
résidence  impériale  de  Scboenbrunn,  qu'il  a  suivi  îes 
traces  à  Mestre  (près  de  Venise)  d'Antonio  Vistoso  dit  Gaz- 
zabin  avec  un  sien  compagnon  Girolamo  Monolioni,  de 
Venise;  il  croit  que  l'associé  du  Vistoso,  Borlolo  Vale  (2),  est 
relourné  à  Venise.  Ils  avaient  fondé  une  fabrique  de  «  perle 
0  margarite  »,  à  Silla,  près  de  Gralz ;  mais  elle  n'avait  pu 
faire  de  progrès  en  leur  absence.  La  lettre  continue  :  «  J'ai 
pu  constater  avec  quelque  fondement  que  le  comte  de 
Codech  (Choleck?),  qui  a  pour  système  de  nous  ravir  nos 
manufactures,  particulièrement  celle  des  verres,  des  «con- 
«  lerie  »  et  autres  de  pareille  espèce,  a  envoyé  à  Venise  un 
certain  D"   Domenico   Piconi,  abbé  qui   porte  perruque, 


:  Ici,  un  seul  personnage;  plus  haut,  nous  avons  rencontré  deux  person- 
nages distincts  :  «  fratelli  Santini,  Gio  e  Batta  ».  (Bull,  des  Com'm.  roi/-,  d'art 
:i  d'archéol.,  \\l\,  p.  115.) 

(,*)  C'est  !>•  Valle  (Borîolo,  lils  de  Carlo),  déjà  signalé  en  1751,  à  Laybach. 
1 /;«//.  det  Comm.  roy,  d'artet  d'archéol.,  XXIX,  p.  109.) 


—  69  — 

homme  de  stature  non  très  grande,  qui  parle  italien  et 
allemand.  Il  doit  s'aboucher  avec  les  hommes  de  Murano  et 
autres  pour  leur  persuader,  sous  espoir  de  récompense, 
d'abandonner  Venise  et  de  se  réfugier  en  Allemagne  pour  y 
travailler.  VV.  EE.,  par  leurs  prudentes  recherches,  pour- 
ront sans  doute  trouver  cet  abbé;  il  mérite  toute  punition 
extrême  pour  servir  d'exemple  à  d'autres  semblables 
indignes  embaucheurs.  »  L'ambassadeur  renseigne  en  outre 
qu'il  y  a  à  Grâtz  trois  autres  Vénitiens  de  l'art  du  verre  et 
des  «  conlerie  »  (sans  doute  les  Vislosi  Gazzabin),  entre- 
tenus par  une  pension  de  la  Cour  pour  établir  l'industrie; 
mais  eux  trois  ne  pourront  y  suffire  et  ils  en  feront  venir 
d'autres. 
(Ibid.) 

1766,  13  mars.  Angelo  Ricci  (1)  écrit  que  sont  arrivés  à 
Innsbrùck  Gaetano  Acquabona  (2),  maître  en  perles  («  alla 
lucerna  »,  à  la  lampe,  avec  emploi  du  chalumeau),  et 
Domenico  Gazzabin,  qui  doit  travailler  la  pâte  pource  travail. 

(Inquisilori  di  Stato,  Arti  e  mestieri,  Lettere  di  Murarensi 
assentati.) 

1767,  27  avril.  Il  résulte  d'une  lettre  du  même  que  la 
fabrique  n'a  pas  encore  fonctionné,  mais  qu'elle  doit  être 
mise  en  activité,  soit  à  Innsbriick,  soit  à  Brixlegg,  «  lieu 
situé  à  2  1/2  postes  ». 

(Ibid.) 

1767,  1er  mai.  Rossi  écrit  de  Brixlegg  que  Gazzabino  il 


(1)  Il  devait  être  un  émissaire  affidé  de  Venise  à  l'étranger.  On  a  recueilli  les 
lettres  de  cet  agent  adressées  à  son  père. 

(2)  Gaetano  Acquabona  était  en  17GG,  à  Innsbriick  :  on  1707,  ii  Brix'egg;  en 
1770,  a  Madrid  ;  en  1785,  à  Vienne. 


—  70  — 

Vistoso  et  Acquabona  sont  arrivés  là  à  l'effet  de  faire  les 
cannes  nécessaires  pour  les  essais.  «  Ils  en  ont  produit 
quatre  «  pignallc  »  (sorte  de  cruche,  prise  pour  mesure  de 
capacité)  :  la  fournaise  est  assez  petite,  mal  constituée  et 
incommode,  ayant  été  établie  pour  travailler  à  la  façon  de 
Bohême,  et  là  no  se  fabrique  que  «  bosse»  et  gobeleterie. 

(Ibid.) 

1767,  18  mai.  Les  susdits  ont  produit  5,500  livres  de 
canons  de  diverses  couleurs. 

(Ibid.) 

1767,  15  juin.  Les  mêmes,  à  moitié  désespérés,  sont 
obligés  de  subir  une  diminution  de  leur  salaire  à  un  florin 
par  jour,  au  lieu  de  deux  ou  trois  qu'ils  recevaient  d'abord. 

(Ibid.) 

î7(>7,  20  juillet.  Ricci  est  parvenu  à  obtenir  des  rensei- 
gnements du  protecteur  des  «  perleri  » .  Celui-ci  croit  qu'au 
commencement  d'août,  ils  mettront  à  feu  une  fournaise  nou- 
velle, établie  par  eux-mêmes  à  Godlac,  à  peu  de  distance  de 
la  ville,  dans  le  faubourg. 

17(>7,  25  décembre.  L'ambassadeur  à  Vienne  envoie  une 
lettre  du  secrétaire  Paul  Salvi,  d'où  il  résulte  que  Gaetano 
Acquabona  renonce  à  faire  préjudice  à  l'art  vénitien  et  que 
Domenico  Gazzabin  se  trouve  incarcéré  pour  n'avoir  pas  été 
capable  de  faire  les  canons;  les  frères  de  ce  dernier,  Antonio 
et  Giuseppe,  se  sont  joints  ensuite  à  lui. 

(Inquis.  di  Slalo.  Disp.  degli  Ambasc.) 

1767,  16  septembre.  (Annexe  de  la  précédente  lettre)  : 
(i.  B.  Savariso  écrit  d'Innsbriick  qu'il  se  propose  de  conduire 
devant  l'ambassadeur  à  Vienne  les  deux  frères  de  Domenico 
Gazzabin,  qui  est  incarcéré  là:  ils  étaienl  venus  dans  Fin- 


—  71     - 

tention  de  le  libérer  en  remplissant  ses  engagements 
dans  la  mesure  de  leurs  moyens  ;  ils  avaient  aussi  fait  des 
essais  qui  avaient  réussi  à  perfection.  Il  ajoute  :  «  i  due 
fratelli  erano  disposli  far  retorno,  lasciando  carceralo  il 
fratcllo,  ma  il  perler  (Acquabona),  essendo  Ampezzano  del 
Tirolo,  non  sa  si  potrà  condurlo,  me  che  procurera  un  ogni 
mezzo  » . 

(Ibid.) 

1768,  27  février.  L'ambassadeur  à  Vienne  écrit  que 
G.  B.  Zavariso  lui  a  présenté  les  trois  Gazzabin,  parmi 
lesquels  celui  qui  avait  été  incarcéré,  et  Antonio  Ghedina, 
«  perler  » ,  qui  sont  retournés  à  Venise  (i). 

(Ibid.) 

1774,  19  août.  Paulo  Rioda  écrit,  de  Trieste,  à  son  cousin 
germain  Tomaso  Dorigo  qu'il  a  établi  un  négoce  de  glaces 
(sans  doute  une  fournaise),  le  priant  de  mettre  de  l'empres- 
sement à  arriver  avec  un  «  spianador  »  (planeur  de  glaces) 
et  un  «  vesicher  » . 

(Inquis.  di  Stato.  Arti  e  meslieri.) 

1785,  24  septembre.  Le  secrétaire  écrit  de  Vienne  qu'il 
s'occupe  de  connaître  les  intentions  de  Gaetano  Acquabona, 
qui  doit  passer  par  la  capitale  de  l'Autriche. 

(Inquis.  di  Slato.  Dispacci  degli  Ambasc.) 

M.  Angelo  Santi  signale  en  oulre  plusieurs  lettres  parti- 
culières relatives  à  Acquabona,  qui  était  allé  à  Vienne  pour 
établir  une  fabrique  de  perles  en  Bohême. 


(i)  Il  y  a  lien  de  compléter  à  cet  égard  les  premiers  renseignements  :  «  17t;u, 
7  avril.  Est  accordé  pardon  à  Giovanni  Antonio,  Domcnico  e  Giuseppe  Gazzabin, 
uni  étaient  allés  travailler  à  Innsbrïick.  «(Inquis.  di  Slato,  Annota  zioni.) 


72   — 


ANGLETERRE  (i). 

1 672,  G  janvier.  Le  secrétaire  de  l'ambassadeur  à  Londres 
écrit  pour  se  plaindre  du  «  disordinc  de'  specchi  non 
fregati  »  qui  s'exportent  de  Venise.  Plusieurs  sont  envoyés 
à  Livourne  en  des  caisses  à  vitres  et  de  là  passent  en  Hol- 
lande, «  vi  fregano  »,  et  s'envoient  ensuite  en  Angleterre, 
au  détriment  des  glaces  fabriquées  à  Venise.  Le  signataire 
de  la  lettre  demande  des  instructions  et  dit  que  l'intérêt  de 
Venise  est  de  s'accommoder  avec  le  duc  de  Buckingham, 
ou  celui  qu'il  a  préposé  et  intéressé  à  la  fabrique  de  glaces. 
Il  ajoute  qu'il  existe  en  Angleterre  beaucoup  d'autres  four- 
naises qui  travaillent  en  gobelclcrie. 

(Inquisitori  di  Slato.  —  Dispacci  degli  Ambascialori.) 

1672,  14  janvier.  Le  Sénat  écrit  audit  secrétaire,  en 
réponse  à  sa  lettre,  que  l'affaire  esl  renvoyée  au  «  Provve- 
ditore  e  Regolatore  dei  Datii  » . 

(Senalo-Gorti.) 

4672,  21  janvier.  Le  Sénat  mande  au  même  qu'il  serait 
désirable  de  faire  réduire  les  droits  d'entrée  (Da%î)  en  Angle- 
terre, de  manière  à  ne  pas  dépasser  de  beaucoup  .*>  p.  c. 

(Ibid.) 

1672,  17  et  24  février.  Deux  lettres  du  secrétaire  de 
l'ambassade  à  Londres  sur  le  même  sujet. 

(Senato-Sccrela,  Dispacci  degli  Ambascialori.) 


(i)  Les  renseignements  ci-après  complètent,  pour  le  xvnc  siècle,  2e  moitié, 
ceux  qui  oui  été  donnés  ci-dessus,  /;»//.  des  (juidh.  roy.  d'art  </  d'arcliéol., 
\\l\,  pp.  ir,|  ,'t  1Ô2,  cl  qui  si'  SOnl  arrêtés  à  l'an  1640  pour  Londres  et  eu 
I66S  pour  Lamheth. 


1672,  21  avril.  Le  secrétaire  susdit  écrit  au  Sénat  :  Je  ne 
désespère  pas  de  traiter  avantageusement  avec  la  Cour 
d'Angleterre,  parce  que  le  duc  de  Buckingham  ne  fera  pas 
opposition  :  il  a,  dans  la  plus  grande  de  ses  fabriques  de 
verre,  un  ouvrier  qui  prétend  avoir  trouvé  le  secret  de 
joindre  quatre  glaces  pour  en  faire  une  seule  et  qui  a  déjà 
réussi  à  le  réaliser  en  petit. 

(Ihid.) 

1G72,  7  octobre.  Le  même  écrit  qu'en  vertu  du  privilège 
du  duc  de  Buckingham  pour  les  glaces  et  la  gobeletcrie,  celte 
fabrication  s'est  introduite  en  Angleterre.  Les  produits  simi- 
laires de  Venise  ne  sont  pas  prohibés  ;  mais  une  douzaine  de 
verres  qui  se  vend  à  Venise  tout  au  plus  5  shellings,  est 
évaluée  en  douane  à  18  et  les  glaces  à  miroirs  paient  un  peu 
moins  que  la  moitié  de  la  valeur. 

(Ibid.) 

1072,  21)  octobre  et  G  novembre.  Le  Sénat  écrit  au  secré- 
taire qu'il  a  communiqué  ses  doléances  au  magistrat  «  delli 
cinque  Savi  alla  Mercantia.) 

(Senato-Corti  et  Sécréta.) 

1673,  6  janvier.  Le  secrétaire  de  Londres  insiste  dans  ses 
recommandations  :  il  est  nécessaire  de  trouver  quelque 
expédient  pour  empêcher  la  ruine  de  l'industrie  du  verre, 
qui,  de  jour  en  jour  déchoit,  à  cause  de  la  facilité  qu'on 
laisse  aux  ouvriers  verriers  de  déserter  Murano  pour  allumer 
des  fournaises  ailleurs,  à  cause  aussi  de  l'expérience  que  les 
étrangers  acquièrent  dans  le  travail  du  verre;  les  miroirs 
de  France  commencent  à  arriver  avec  quelque  abondance 
en  Angleterre. 

(Inquisitori  di  Slalo,  Dispacci  degli  Ambasciatori.) 


—  74  — 

1G73,  25  février.  Longue  lettre  du  secrétaire  à  Londres, 
où  il  rapporle  une  conversation  avec  un  Lord,  son  ami,  sur 
les  avantages  ou  le  préjudice  qu'il  y  a  à  maintenir  la  fabri- 
cation anglaise  plutôt  que  de  se  servir  de  produits  originaux 
de  Mnrano, 

(Senalo-Corti.  Dispacci  degli  Ambascialori.) 

H)73,  11-18  mars,  2  juin.  Plusieurs  lettres  du  Sénat  au 
secrétaire  et  de  celui-ci  sur  les  droits  de  douane  pour  le 
verre. 

(Senalo-Corti  et  Sécréta,  Dispacci  degli  Ambasc.) 

1G7Ô,  22  septembre.  Le  secrétaire  écrit  aux  Inquisiteurs 
pour  signaler  des  pratiques  à  l'effet  de  faire  acbclcr  les 
verreries  faites  à  Venise  par  les  marchands  à  qui  l'on  rem- 
bourserait secrètement  les  droits  de  douane  qu'ils  auraient 
à  payer. 

(Inquisilori  di  Stato,  Dispacci  degli  Ambascialori). 

1674,  en  février.  Le  Ministre  résidant  à  Londres  écrit  aux 
Inquisiteurs .  «  Pour  obéir  aux  ordres  de  VV.  EE.  dans  leur 
lettre  du  26  janvier  dernier,  j'ai  dû  me  transporter  ces  jours 
derniers  à  Birmingham,  lieu  distant  d'environ  70  milles  de 
cette  ville  capitale.  De  celte  manière,  j'ai  pu  reconnaître 
d'une  façon  certaine  que,  depuis  quelques  années,  on 
fabrique  là  des  «  smalli  ad  uso  di  Vcnelia  ». 

(Idem.) 

1674,  15  juin.  Le  secrétaire  à  Londres  écrit  qu'un  cerlain 
Vicenzo,  dont  le  nom  ne  lui  esl  pas  encore  connu,  est  venu 
travailler  à  la  fournaise  de  verres  de  Georges  Ravcnsgroft, 
Anglais,  lequel  pendant  longtemps  trafiqua  avec  Venise. 
Ledit  Ravensgrofl  a  tenu  ici  pendanl  plusieurs  mois  Pietro 


—  73  — 

Rossello,  de  Murano  (î),  maître  en  glaces  à  miroirs,  pro- 
jetant d'établir  avec  lui  une  fournaise;  mais  doutant  du 
succès,  il  avait  abandonné  son  projet. 

(Senato-Secreta,  Dispacci  degli  Ambasc.) 

1674.  Le  même  écrit  :  Durant  la  guerre  qui  vient  de 
finir,  beaucoup  ont  fait  venir  de  France  une  quantité  de 
glaces  à  l'usage  des  carrosses.  Il  s'en  fabrique  aussi  dans  la 
fournaise  du  duc  de  Buckingham,  qui,  vendue  aux  créan- 
ciers de  celui-ci,  est  administrée  avec  plus  d'ordre  et 
produira  grand  travail. 

(Ibid.) 

1674,  7  juillet.  Le  Sénat  écrit  au  secrétaire  que  tout  ce 
qui  regarde  la  fabrication  des  verres  est  renvoyé  au  Conseil 
des  X,  avec  lequel  il  peut  se  mettre  en  relations,  selon  les 
circonstances. 

(Senato-Corli.) 

1674, 29 juillet,  18  aoùt,25août, 26  octobre,  15décembre. 
Cinq  lettres  semblables,  mais  sans  rien  de  concret  ni  de 
positif  (s). 

(Ibid.) 

HOLLANDE. 

1600,  5  mars.  Santo  Gianeti  (Zanelti),  dit  Scbiopelon, 
écrit  au  signor  Bonetlo  (Bonelti),  à  «  Vcnecia  per  Moran  », 
et  le  prie  d'intervenir  auprès  du  Conseil  des  X  pour  lui 


(i)  C'est  le  personnage  signalé  ci-dessus  comme  ayant  travaillé  en  Angleterre, 
en  glaces,  au  xvme  siècle,  sans  désignation  d'année.  (Bull,  des  Comm.  roi/,  d'un 
et  d'arehêol.,  XXIX,  p.  121.) 

(■2)  Voy.  ci-dessus,  Bull,  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'arehêol. ,  XXIX,  p.  133, 
la  constatation  de  l'existence  de  la  verrerie  du  duc  de  Buckingham,  ;i  Lambetb, 
en  1677. 


—  7G  — 

obtenir  son  pardon  de  la  faute  commise  par  lui  en  allant 
travailler  «  à  la  canne  »  hors  du  pays.  L'adresse  donnée 
pour  la  réponse  est  «  Andrich  Bachn,  Arlem  (1),  in 
Olanda.  » 

Étaient  aussi  allés  travailler  là  :  Zuane  Palacla  (2)  et 
Francesco  Radi  (3). 

(Inquis.  di  Stato.  Arti  e  mestieri.  Lcllere  di  Muranese 
assentali.) 


La  nomenclature  des  verriers  italiens  qui  allèrent  travailler 
de  ce  côté  ci  des  Alpes  doit  donc  être  augmentée  des  noms 
nouveaux  que  voici  : 

Allemagne. 
Bellrame  (Orazio); 
Dorigo  (Tomaso); 
Ghedina  (Antonio); 
Mazziolli  (Domenico)  (Y); 
Monolioni  (Girolamo); 
Panizo  (Malleo),  de  Vicence; 
Rioda  (Paolo); 


i'i)  I/existence  de  cette  verrerie  à  l'italienne  de  Harlem  avait  été  induite 
ci-dessus  d'un  passage  du  Journal  des  Sçavants  parlant  d'une  fabrique  de 
Harlem  où,  en  106",  on  fabriquait  des  verres  ayant  l'apparence  des  pierres 
précieuses,  etc.  [Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  ei  d'archéol.,  XXH,  pp.  103  et  371  ; 
\XI\,  p.  154.) 

(■2)  Un  Jean  Palada,  Italien  (père'.'1  de  celui-là), comparait  dans  un  acte  de  1029 
concernant  la  verrerie  «  façon  de  Venise  »  de  Namur;  il  était  sans  doute  attaché 
c  verrerie  [Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol. ,  XXIV,  p.  52.) 

(.-.)  Peut-être  le  Francesco  Roda,  verrier  à  Liège,  en  1007.  (Ihid.,  p.  80.) 

(i)  Peut-étrelc  Mazzola  signalé  à  Gràtz,  sans  prénom.  {Bull,  des  Connu,  roy. 
d'art  fi  d'archéol.,  \\l\,  p.  1 15.) 


—  77  — 


Sanlino  (Gio.  Dalla); 
Zarcasius  (Bencdello); 
Zannorio  (Giovanni); 
Zcni  (Giovanni). 


N.  (Vicenzo). 


Angleterre. 


Hollande. 


Palada  (Zuane); 

Radi  (Francesco); 

Zanelli  (Santo),  dit  Schiopelon. 


Errata  (indiqués  par  M.  Santi)  :  Vol.  XXIX,  ci-dessus, 
p.  98  :  au  lieu  de  S.  Franc0,  S.  Michiel,  S.  Antonio,  etc., 
ce  qui  pourrait  faire  naître  l'idée  d'un  nom  de  saint  ou  de 
localité,  lire  comme  s'il  y  avait  ser  (sieur); 
P.  99  :  1690,  Picoti,  lire  Picoli; 

»  »       Zuanne  Dalmoro,  lire  Moro  dello  Soldalo; 

»  »       fîglio  dà  Giacomo,  lire  di; 

»        1691,    Iseppe  Berlon,  lire  Iseppo; 
»        1791,  Guiseppe  Gazzahin,  lire  Giuseppe; 
P.  101,  1.  8  et  -10  :  Colleone,  lire  Colleoni; 
P.  104,  note  4,  pp.  114,  115  :  Zuanne  Antonio  Victori 
dello  Gazzahin,  lire  Vislosi; 

P.  115  :  Barbaria,  Iseppe  et  Zorzo,  lire  Iseppo  et  Zorsi. 
Zorsi  Barbaria  est  sans  doute  le  Georges  Barbaria  natu- 
ralisé à  Venise  (voy.  p.  120)  :  ce  n'était  donc  pas  un  Mu- 
raniste; 


—  78  — 

I'.  Ill)  :  Valle  Berlolo,  UveBorlolo; 

lb.,  pp.  1 17  et  1Ô7  :  Les  noms  (copiés  textuellement  dans 
les  documents  anglais)  doivent  être  rectifiés  :  Iseppo  Cas- 
scier,  Grazioso  dil  Desperao,  Alvise  di  Albcrtino  ; 

P.  120  et  137  :  Berovieri,  lire  Beroviero; 

P.  1 10  :  laii,  au  lieu  de  (di  Piave?),  lire  Ballarin; 

P.  146  :  Ballarin  (deux  membres  de  cette  famille), 
substituer  Ballarin  (Antonio); 

P.  147  :  Supprimer  Antonio  di  Piave; 

Ibid.  Ajouter  :  le  Musée  de  Murano  possède  des  verres 
d'Espagne  fabriqués,  au  xvi1'  siècle  et  au  xvne,  par  des 
ouvriers  muranistes; 

P.  166  :  Manzanilla,  lire  Manzoni; 

P.  167  :  Pellizari  (Gracomo),  lire  Giacomo. 

En  outre,  p.  10G,  1.  8,  Flugerglaser,  lire  Flugelg laser; 

P.  139,  I.  16,  Italien  est,  lire  Italiens  et. 

Liège,  décembre  1890. 

H.    SCHUERMAXS. 


NOTES 

PODR  SERVIR  A 

L'HISTOIRE  DE  LA  SCULPTURE 

EN  BELGIQUE 

LES       IRET-A-BILES 
(Suite)  (i) 

— **s<m<m4£2^- 
RETABLE  DE  GÛSTROW. 

XVIe   SIÈCLE. 

Bien  que  notre  intention,  en  commençant  ce  travail,  ait 
été  de  nous  borner  strictement  à  la  description  de  sculptures 
conservées  en  Belgique,  nous  ne  pouvons  résister  au  désir 
de  mentionner  ici  un  superbe  retable  de  Jean  Borremans, 
appartenant  à  l'église  de  Gùstrow(Mecklembourg-Schwérin). 

Cette  œuvre  importante,  sur  laquelle  figure  la  signature 
du  maitre  brabançon,  ainsi  que  la  marque  Bruesel,  sept  l'ois 
répétée,  offre,  avec  le  retable  de  Saint-Georges,  des  analogies 
qui  sautent  aux  yeux  les  moins  expérimentés  et  viennent 
corroborer  de  la  manière  la  plus  indiscutable  l'importante 


(0  Voir  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  XXIX  (1890),  p.  42o, 
et  XXX  (1891),  p.  29. 


-  80  — 

découverte  de  M.  Van  Eveu  au  sujet  de  fauteur  du  retable 
du  Musée  de  Bruxelles. 

En  mentionnant  les  renseignements  recueillis  par  M.  Van 
Even  dans  les  archives  anciennes,  nous  avons  oublié  de 
désigner  la  notice  qui  relate  le  résultat  de  ses  recherches; 
on  la  trouvera  dans  le  liulletin  des  Commissions  royales 
d'art  et  d'archéologie  (t.  XVI,  1877,  pp.  581  à  598),  sous 
le  titre  :  Hauteur  du  retable  de  14-93  au  Musée  de  la  Porte 
de  liai,  à  Bruxelles. 

Autre  remarque  :  En  parlant  du  retable  d'Hérenthals  (i) 
nous  disions  que  Passier  Borremans  était  frère  ou,  plus 
probablement,  fils  de  Jean;  dans  la  notice  précitée,  M.  Van 
Eveu  déclare  avoir  découvert  dans  les  archives  de  la  ville 
de  Louvain  un  document  permettant  d'établir  que  Passier 
était,  en  effet,  le  propre  fils  de  l'auteur  du  Martyre  de  saint 
Georges. 

Revenons  au  retable  de  Gùstrow  (2). 

De  dimensions  plus  importantes  que  l'œuvre  du  Musée 
de  Bruxelles,  celle-ci  se  compose  de  treize  compartiments, 
répartis  dans  trois  grands  panneaux  rectangulaires  de  la 
façon  suivante  :  cinq  dans  le  panneau  principal,  quatre  dans 
chacun  des  panneaux  latéraux. 

Le  sujet  représenté  est  la  Passion. 

Dans  le  premier  compartiment  (rangée  supérieure,  à 
gauche),  nous  voyons  la  Cène. 


11  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  el  d'archéol.,  XXI \,  p.  l"6\. 

Va»  Even,  Maître  Jean  Borman,  le  grand  sculpteur  belge  de  la  lin  du 
xv*  siècle.  —  Le  retable  de  l'église  de  Giistrow,  au  grand-duché  de  Mecklenbourg, 
té  par  Jean  Boruian  el  orné  de  peintures  attribuées  à  Bernard  Van  Orley. 
Bull,  des  Comm.  roy. d'art  et  d'archéol  ,  XXIII    1884),  p.  597. 


—  81   — 

Le  Christ  est  assis  au  haut  bout  de  la  table  qu'entourent 
les  apôtres;  d'un  geste  de  la  main  droite  il  désigne  Judas; 
ce  dernier  est  seul  debout,  faisant  face  au  Christ;  de  la  main 
gauche,  il  semble  vouloir  dissimuler  derrière  la  table  la 
bourse  qui  est  le  prix  de  sa  trahison. 

A  côté  de  ce  tableau  apparaît  le  Christ  au  Jardin  des  Oli- 
viers; le  Sauveur  est  en  prières  devant  un  rocher,  au  som- 
met duquel  est  placé  un  calice.  Deux  apôtres  sont  endormis, 
assis  derrière  lui  ;  un  troisième,  à  l'avant-plan,  est  étendu 
sur  le  sol  et  dort,  le  front  appuyé  sur  la  paume  de  la  main. 

Dans  l'angle  droit,  Judas,  tenant  toujours  sa  bourse, 
montre  le  Christ  au  chef  d'une  troupe  armée,  dont  on  voit, 
dans  le  fond,  les  derniers  rangs  franchir  la  porte  du  jardin. 

Il  semble  que  l'artiste  ait  voulu  cacher  le  visage  du  traître 
en  lui  faisant  tourner  le  dos  au  spectateur  dans  chaque  scène 
à  laquelle  il  assiste. 

La  première  composition  du  rang  inférieur  représente 
l'Ecce  Homo. 

Sur  une  estrade  élevée  de  six  degrés,  le  Seigneur  est 
debout,  les  poignets  croisés;  il  a  sur  la  tète  la  couronne 
d'épines;  deux  juifs  le  couvrent  du  manteau  de  pourpre, 
ouvert  par  devant,  de  façon  à  laisser  voir  le  corps  nu. 

A  la  droite  du  Christ,  Pilate  le  montre  au  peuple. 

La  physionomie  du  persécuteur  n'est  pas  sans  analogie 
avec  celle  du  proconsul  Dacien,  du  retable  de  Saint-Georges; 
il  a,  comme  ce  dernier,  de  longs  cheveux  ondulés  el 
la  barbe  tressée. 

Un  autre  juif  se  tient  du  côté  opposé;  les  huit  person- 
nages, rangés  par  quatre  à  droite  et  à  gauche,  qui  figurent 
le  peuple,  sont  aussi  remarquables  par  la  diversité  el  le 


—  82  — 

mouvement  de  leurs  attitudes  que  par  la  bizarrerie  de  leurs 
accoutrements  et  surtout  de  leurs  coiffures. 

Certains  de  ces  personnages  nous  sont  déjà  connus  :  le 
gros  homme,  vu  de  dos,  velu  d'une  ample  robe  à  capuchon, 
qui  occupe  l'angle  gauche  du  premier  plan,  n'est  autre  que 
celui  placé  dans  la  même  position  dans  la  scène  représentant 
saint  Georges  couché  dans  un  brasier  (i).  Le  vieillard  barbu 
du  second  plan  à  droite  ressemble  à  celui  qui  lève  la  main 
gauche  pour  exciter  les  bourreaux  dans  la  scène  où  le  mar- 
tyre, attaché  à  un  arbre,  est  battu  de  verges  (2). 

A  l'extrême  droite,  un  personnage  imberbe,  couvert  d'une 
large  robe  et  d'une  tunique  ornée  de  glands,  se  détourne 
vers  le  spectateur;  il  lève  le  bras  par  un  geste  ironique  et  se 
plie  en  deux  dans  un  éclat  de  rire  qui  ressemble  plutôt  à  un 
affreux  ricanement. 

Deux  enfants  à  tète  bouclée,  vus  de  dos,  se  tiennent  au 
pied  de  l'escalier. 

La  composition  suivante  comporte  onze  personnages. 

Assis  sur  un  trône,  au  milieu  du  fond,  Pilate  se  lave  les 
mains  dans  un  bassin  où  un  serviteur  verse  de  l'eau. 

Le  Christ,  dans  le  costume  décrit  à  la  scène  précédente, 
s'avance,  venant  de  la  gauche;  le  juif  qui  le  conduit  en  le 
tenant  par  son  manteau  a  les  jambes  enfermées  dans  un 
vêlement  de  même  forme  que  notre  pantalon  moderne,  très 
large  au  bassin,  se  rétrécissant  vers  le  bas  et  serrant  la 
cheville.  Sa  tunique  a  le  col  très  étoffé,  les  manches  larges 
avec  un  bouton  au  poignet;  elle  descend  jusqu'aux  genoux 


m    Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  el  d'archéol.,  \\l\,  p.  131. 
(«)  lbai.,  p.  \-l\). 


—  85  — 

et  s'arrondit  devant  et  derrière,  ornée  d'une  étroite  bordure 

de  passementerie  en  forme  de  tresse.  Le  soldat,  armé  d'une 
hallebarde,  qui  s'incline  ironiquement  devant  Georges,  pendu 
par  les  pieds  au-dessus  d'un  brasier  (t),  porte  une  tunique 
du  même  genre. 

Le  juif  dont  il  s'agit  a  la  tête  enveloppée  d'un  linge, 
recouvert  d'un  chapeau  rond,  mou,  au  bord  relevé  par 
derrière  et  abaissé  sur  le  front. 

Plus  loin,  un  jeune  homme  imberbe  parle  à  Pilate  en 
soulevant  son  chapeau;  derrière  lui  surgit  une  tète  absolu- 
ment caricaturale  :  menton  énorme,  nez  démesurément  long 
et  large;  entre  les  deux,  il  reste  à  peine  place  pour  la  bouche, 
cachée  sous  une  moustache  effroyable;  les  yeux  sont  petits, 
les  cheveux  pendent,  longs  et  aplatis;  le  tout  est  couronné 
d'un  turban  à  triple  étage. 

L'homme  que  l'on  aperçoit  au  fond,  à  gauche,  est  coiffé 
d'un  chapeau  rond  au  bord  très  étroit  devant  et  derrière  et 
prolongé  sur  les  côtés  en  oreillères,  relevées  sur  le  sommet 
de  la  tète  et  maintenues  ensemble  par  un  gros  bouton. 

Il  a  les  cheveux  arrondis  sur  les  tempes;  la  touffe  de  bar- 
biche qu'il  porte  sous  le  menton  lui  donne  une  certaine 
ressemblance  avec  nos  types  de  vieux  mariniers. 

Trois  des  individus  placés  à  droite  ont  le  visage  glabre  ; 
le  plus  éloigné  de  nous  porte  une  coiffure  dont  le  fond 
carré  rappelle  les  schapskas  des  lanciers  du  commencement 
de  notre  siècle;  un  autre  se  pare  d'un  bonnet  pointu;  le 
serviteur  qui  verse  de  l'eau  à  Pilate  a  la  tète  entourée  d'une 
torsade  d'étoffe  sous  laquelle  s'échappent  quelques  boucles 


(i)  Bull,  (les  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  \XI\,  p.  -iôi. 


—  84  — 

de  cheveux  ;  ses  boucles  d'oreilles  et  son  vêlement  décolleté 
en  carré  lui  donnent  l'apparence  d'une  femme. 

L'homme  du  second  plan  a  les  cheveux  longs  et  un  large 
bonnet  plat  à  la  Rembrandt.  Enfin  celui  que  nous  voyons  de 
profil  au  premier  plan  tient  droit  devant  lui  un  large  sabre 
dont  la  pointe  s'appuie  sur  le  sol;  le  pan  de  son  vaste  man- 
teau est  rejeté  sur  le  bras  gauche;  la  manche  est  découpée 
au  coude  par  de  grands  jours,  à  travers  lesquels  passent 
d'autres  manches  très  étoffées,  celles  de  son  vêtement  de 
dessous;  enfin  sa  coiffure,  à  la  pointe  de  laquelle  pend  une 
pièce  d'étoffe,  ressemble  fort  à  celle  dont  nous  avons  fait  une 
mention  spéciale  dans  le  cinquième  panneau  du  retable  de 
Saint-Georges  (i). 

Il  tient  en  laisse  un  grand  lévrier,  assis  au  centre  de 
l'avant-plan. 

Dans  l'angle  supérieur  gauche  du  panneau  central  nous 
voyons  le  Christ  amené  devant  Caïphe. 

Ce  dernier  est  assis  à  droite  sur  un  fauteuil  à  haut  dossier, 
rectangulaire,  couronné  d'un  baldaquin.  Il  porte  les  deux 
mains  à  la  poitrine,  déchirant  son  vêtement;  il  incline  la 
tête  sur  l'épaule  gauche,  en  s'écriant  :  «  Il  a  blasphémé! 
vous  avez  entendu  le  blasphème...!  » 

Cette  tète  est  grosse  et  longue,  le  nez  fort,  la  bouche 
grande,  le  menton  glabre. 

Le  grand  prêtre  est  vêtu  d'une  robe  aux  manches  évasées 
vers  le  bas  et  d'une  tunique  à  pans  arrondis,  bordée  d'une 
frange  et  ornée  d'un  gros  gland.  La  coiffure,  dont  les 
bords  plats   et   relevés   s'avancent  en  angle  au-dessus  du 

fij  Huii.  des  Comm.  roy.  d'art  ci  d'archéol.,  XXIX,  p.  430. 


—  85  — 

front,  s'attache  sur  la  nuque  à  une  pèlerine  couvrant  les 
épaules  et  nouée  sous  le  menton. 

Devant  lui  est  un  guerrier  dont  la  torse  el  les  reins  sonl 
couverts  d'une  armure,  au  ceinturon  de  laquelle  pend  un 
large  sabre. 

Le  pantalon  (1)  est  étoffé  à  hauteur  des  cuisses  et  serré  aux 
chevilles.  Une  pièce  de  linge  nouée  sur  la  nuque  entoure  le 
crâne  chauve.  Ce  personnage  nous  tourne  le  dos;  il  a  un 
genou  en  terre;  la  main  gauche  appuyée  sur  l'autre  genou 
tient  le  chapeau,  tandis  que  la  droite  montre  le  Christ 
qu'amènent  des  soldats. 

Le  Sauveur  est  entièrement  recouvert  de  sa  longue 
tunique;  il  a  les  poignets  liés  ensemble. 

Un  autre  guerrier  est  dans  l'angle  gauche  du  premier 
plan;  son  pantalon  est  le  même  que  celui  du  soldat  qui 
fléchit  le  genou  ;  les  pans  arrondis  et  frangés  de  sa  tu- 
nique dépassent  une  armure  de  métal  qui  protège  le  buste 
et  le  bassin;  la  ceinture  est  en  étoffe,  nouée  par  devant 
et  pend  entre  les  jambes.  Il  porte  des  genouillères  et  des 
épaulières  de  métal;  une  autre  pièce,  attachée  à  ces  der- 
nières par  une  chaînette,  emboîte  le  coude  et  l'avanl- 
bras;  les  manches  d'étoffe  bouffent  sur  le  biceps.  La  main 
droite,  enfouie  dans  un  gantelet,  lient  une  hallebarde  au  1er 
démesuré.  Le  casque,  à  fond  pointu,  est  entouré  d'une 
étoffe  nouée  derrière  la  tète;  les  oreillères  ressemblrui 
assez  à  de  grandes  feuilles  de  lierre;  une  plaque  flexible 


(i)  Que  l'on  veuille  bien  ne  pas  considérer  ce  mot  comme  un  anachronisme; 
si  nous  employons  ici  certain!,  tenues  modernes,  c'est  a  seule  lin  d'indiquer 
l'analogie  entre  le  vêtement  dont  nous  parlons  et  la  pièce  correspondante  de  notre 
habillement  actuel. 


—  86  — 

formée  de  cinq  pièces  de  métal  descend  entre  les  omoplates. 

Deux  hommes  tiennent  le  Seigneur  par  les  bras;  le  pre- 
mier est  celui  dont  nous  avons  parlé  en  dernier  lieu  à  la 
scène  précédente;  l'autre  est  un  soldat  au  type  farouche  cl 
vulgaire,  au  mouvement  violent.  Les  oreillères  de  son  casque 
figurent  des  ailes. 

Deux  autres  hommes  sont  au  fond;  l'un  est  un  vieillard 
au  front  ceint  d'une  étroite  bande  d'étoffe;  l'autre,  un  guer- 
rier couvert  d'une  cuirasse  courte  et  dont  la  tète  s'emboite 
dans  un  casque  rond  très  bas. 

Trois  soldats  apparaissent  à  gauche  sous  une  baie  cintrée. 

Enfin,  deux  personnages  se  tiennent  à  droite.  L'un,  vers 
lequel  Caïphe  se  penche,  est  coiffé  d'un  bonnet  pointu; 
l'autre,  au  premier  plan,  est  drapé  dans  une  grande  pièce 
d'étoffe;  ses  cheveux  sont  enfermés  dans  une  résille,  sur- 
montée d'un  petit  chapeau  rond  sans  bords. 

La  composition  placée  à  la  partie  inférieure  du  même  côté 
représente  le  Portement  de  la  Croix. 

Sortant  de  la  ville,  dont  on  voit  à  gauche  la  porte  flanquée 
de  tourelles  crénelées,  le  Christ  s'avance  en  chancelant.  Il  a 
sur  l'épaule  la  croix,  dont  Simon  le  Cyrénéen  soulève  l'extré- 
mité; un  soldat  est  encore  dans  l'encadrement  de  la  porte. 

Deux  guerriers  couverts  d'armures  sont  au  premier  plan; 
l'un,  à  gauche,  porte  les  clous  et  le  marteau  avec  lequel  il 
semble  dans  sa  rage  menacer  le  Rédempteur. 

Celui  de  droite  est  vu  de  dos.  Une  longue  corde  enlourant 
l,i  ceinture  du  Christ  est  enroulée  plusieurs  fois  autour  de 
son  poignet.  Delà  main  droite,  il  lève  violemment  une  autre 
corde  renforcée  d'un  gros  nœud. 

Les  manches  de  son  vêtement  de  dessous,  très  bouffantes 


—  87  — 

sur  les  bras,  sont  découpées  eu  crevés  si  grands  qu'elles 
paraissent  formées  d'une  réunion  de  lanières. 

Un  sabre  recourbé  pend  à  son  côté;  c'est  surir  large 
fourreau  de  cette  arme  que  l'on  peut  lire  la  signature  do 
l'artiste  : 

IÀN  :  BORMAN. 

Plus  loin,  à  droite,  deux  hommes  nu-tète,  à  la  figure 
placide,  figurent  le  peuple;  au  fond  se  voient  la  Vierge  el 
saint  Jean. 

Un  tout  petit  —  trop  petit  —  enfant  est  vu  de  dos  sur  le 
devant  de  la  composition. 

Nous  voici  en  présence  de  la  scène  capitale  de  l'œuvre  et 
de  ce  drame  lugubre  de  la  Passion  :  h  Calvaire. 

Toutes  les  facultés  de  l'artiste,  toute  la  science  du  compo- 
siteur et  l'habileté  de  l'exécutant,  tout  le  génie  du  physiono- 
miste, tout  le  sentiment  du  penseur  et  du  philosophe  se  sont 
concentrés  dans  cette  composition. 

Outre  les  trois  suppliciés,  seize  personnages  peuplent  ce 
tableau. 

Ce  sont  d'abord  à  gauche,  la  Vierge,  la  Madeleine,  saint 
Jean  et  deux  saintes  femmes.  A  droite,  un  groupe  de  quatre 
soldats  dans  une  conversation  vive  et  animée.  Celui  qui  est 
le  plus  rapproché  de  nous  s'appuie  d'une  main  sur  une 
hallebarde,  de  l'autre,  sur  un  bouclier  en  forme  de  poire, 
décoré  d'une  tète  d'animal  tenant  un  anneau  dans  la 
gueule. 

Le  second  se  retourne  vers  ses  compagnons,  faisant  un 
geste  explicatif  de  la  main  gauche;  il  élève  l'index  droit  pour 
désigner  le  Sauveur;  à  côté  de  lui,  un  vieillard  à  longue 
barbe  semble   vouloir  calmer  son  ardeur;   mais  l'orateur, 


emporté  par  la  fougue  de  son  discours,  ne  l'écoute  pas.  Le 
quatrième,  à  moustaches  énormes,  regarde  le  Christ. 

Au  centre,  au  pied  de  la  croix,  nous  voyons  de  dos  un 
homme  tenant  une  immense  pique,  au  bout  de  laquelle  est 
fixée  l'éponge.  Puis  viennent  deux  cavaliers  barbus  dont  le 
regard  et  le  geste  ironique  insultent  encore  celui  qu'ils  ont 
martyrisé. 

Derrière  la  croix  s'éloignent  deux  autres  cavaliers  au 
grand  nez,  à  la  bouche  édentée,  au  menton  rasé  et  en  galoche. 
L'un  d'eux  est  affreusement  bossu. 

Enfin,  deux  petits  personnages  se  tiennent  sur  les  rochers 
qui  garnissent  le  fond;  un  tout  petit  singe  est  accroupi  à 
gauche. 

Tel  est  le  côté  matériel  de  la  composition  ;  mais  comment 
en  dépeindre  le  côté  philosophique  et  sentimental!  Comment 
faire  comprendre  l'altitude  d'abattement  profond,  pleine 
d'élégance  dans  son  laisser-aller,  dans  laquelle  la  Vierge 
s'affaisse  el  le  mouvement  de  violent  désespoir  en  même 
temps  que  d'ardente  supplication  avec  lequel  la  Madeleine 
agenouillée,  la  tète  renversée  en  arrière,  élève  les  mains 
jointes  vers  les  cieux  ! 

Comment  exprimer  la  majesté,  l'absolue  sérénité  de  la 
figure  du  Christ,  le  calme  profond  de  ce  supplicié  dont  les 
pieds  et  les  mains  sont  transpercés  de  clous,  alors  que  les 
larrons,  simplement  attachés  par  des  cordes,  se  tordent  sur 
leurs  croix:'  El  ce  regard  empreint  d'une  miséricorde,  d'une 
pitié  indicibles,  que  le  martyr  laisse  tomber  sur  la  foule 
de  ses  bourreaux  hurlante  à  ses  pieds? 

Toute  cette  scène  est  d  un  sentiment  poignant  qu'aucune 
phrase  ne  saurail  décrire. 


—  81)  — 

Bien  touchante  encore  est  la  figure  de  la  Madeleine  dans 
la  scène  suivante  :  la  Descente  de  Croix  Debout  dans  l'angle 
droit  du  tableau,  la  sainte,  dans  un  mouvement  plein  de 
grâce,  de  naïveté  et  de  naturel,  s'essuie  les  yeux  avec  un 
linge  et  se  détourne,  ne  pouvant  supporter  la  vue  du  corps 
que  deux  hommes  descendent  de  l'instrument  du  supplice; 
l'un  d'eux  le  porte  par  les  genoux;  l'autre,  encore  sur 
l'échelle,  le  tient  sous  l'épaule. 

Au  côté  opposé  de  la  scène,  la  Mère  regarde  son  Fils,  les 
mains  jointes.  Nous  voyons  derrière  elle  un  homme,  puis 
une  femme;  au  fond,  vers  la  droite,  saint  Jean;  dans  l'angle 
le  plus  éloigné,  un  païen  regarde  les  bras  croisés  ;  une  autre 
femme  enfin  est  debout  derrière  la  Madeleine. 

La  dernière  composition  du  grand  panneau  représente  le 
Christ  descendu  de  la  Croix. 

La  Vierge,  assise  dans  une  pose  pleine  d'abandon  et  de 
douleur  muette,  tient  le  corps  du  Sauveur  couché  sur  ses 
genoux.  Un  personnage  derrière  elle  soutient  la  tète;  un 
autre,  en  avant  à  gauche,  porte  dans  une  pièce  d'étoffe  la 
couronne  d'épines. 

Derrière  ce  dernier  est  la  Madeleine,  puis  une  autre 
femme. 

Saint  Jean  est  debout  derrière  la  Vierge  et  à  droite.  Du 
même  côté  est  une  femme  dont  les  cheveux  en  bandeaux 
sont  recouverts  d'une  énorme  coiffe  retenue  par  une  bride 
passant  sous  le  menton  et  garnie  d'un  long  voile  qui  lui 
enserre  les  coudes. 

Deux  hommes,  à  droite,  causent  ensemble  Le  premier 
nous  tourne  le  dos  ;  il  porte  une  longue  robe  et  une  sorte  de 
cuirasse  de  peau;   il  est  armé  d'un  grand  sabre,  dans  la 


—  00  — 

poignée  duquel  passe  l'extrémité  d'une  pièce  d  étoffe  qui 
tombe  de  la  pointe  de  sa  coiffure,  tandis  qu'une  seconde 
pièce  d'étoffe  semblable  pend  droite,  plus  bas  que  les  reins. 

Le  dernier  personnage,  auquel  parle  celui-ci,  a  la  phy- 
sionomie douce  et  sympathique,  encadrée  de  longs  cheveux 
ondulés;  il  porte  des  moustaches  et  la  barbe,  assez  courte, 
ouverte  au  milieu  du  menton. 

Un  grand  manteau  l'enveloppe;  la  forme  de  son  chapeau 
est  entourée  d'une  étoffe  repliée;  le  bord,  très  étroit  par 
devant,  forme  sur  chaque  côté  un  angle  long  et  aigu, 
destiné  à  couvrir  l'oreille,  mais  en  ce  moment  relevé  sur 
le  haut  de  la  tète  et  recourbé  en  crochet  vers  l'extérieur. 

Les  rigures  les  plus  remarquables  de  ce  tableau  sont  la 
Vierge  et  la  femme  à  la  grande  coiffe;  celte  dernière  est  très 
jolie  ;  le  visage  est  très  expressif,  la  pose  gracieuse  et  remplie 
de  sentiment. 

Le  grand  panneau  central  est  porté  sur  un  soubassement 
divisé  en  sept  niches.  Dans  celle  du  milieu  est  une  statuette 
du  Christ,  debout,  tenant  le  globe  du  monde  dans  la  main 
gauche,  bénissant  de  la  droite;  les  autres  niches  ont  en 
largeur  le  double  de  celle  du  centre  et  sont  en  forme  d'ar- 
cades bilobées;  elles  encadrent,  deux  par  deux,  les  statuettes 
des  douze  apôtres. 

Le  troisième  et  dernier  panneau  du  triptyque  est  con- 
sacre aux  événements  qui  suivirent  la  mort  du  Sauveur. 

Le  compartiment  gauche  du  rang  supérieur  représente 
le  Christ  au  tombeau. 

Les  deux  mêmes  personnages  qui  tantôt  descendaient 
le  corps  de  la  croix  —  Nicodème  et  Joseph  d'Arimalhie  — 
le  déposenl  dans  un  sarcophage  place  un  peu  de  biais  el 


—  91    — 

prenant  la   plus  grande   partie  de  la  largeur  du  tableau. 

Le  corps  de  Nicodème  est  presque  entièrement  caché  par 
celui  du  Christ  et  par  le  tombeau. 

Plus  haut,  perdue  dans  l'angle,  est  une  figure  de 
femme. 

Dans  le  fond,  saint  Jean  soutient  la  Vierge,  qui  regarde 
son  fils,  les  mains  jointes  et  la  tète  inclinée,  dans  une 
expression  des  plus  touchantes.  Du  côté  opposé,  une  femme 
la  soutient  également  et  tourne  la  tète  vers  une  compagne, 
à  qui  elle  parle;  toutes  deux  ont  de  volumineuses  coiffures 
faites  de  tissus  repliés  en  tous  sens. 

A  l'extrême  droite,  un  personnage  est  debout  derrière 
Joseph  ;  tous  deux  portent  à  peu  près  la  même  coiffure  :  un 
chapeau  conique  à  forme  élevée,  autour  de  laquelle  s'enroule 
une  bande  d'étoffe  dont  les  bouts,  noués  par  derrière, 
pendent  dans  le  dos.  Celle  qui  entoure  le  chapeau  de 
Joseph  est  si  longue  que  les  extrémités,  ornées  de  glands, 
sont  passées  sur  la  hanche  gauche  dans  sa  ceinture  ;  celle-ci 
se  compose  d'une  chaîne  d'anneaux  ronds  et  carrés  alternes. 
De  gros  glands  pendent  à  chaque  anneau  rond  ainsi  qu'aux 
angles  du  col  carré  qui  couvre  les  épaules  du  personnage 
et  au  milieu  du  fond  de  sa  coiffure. 

Les  jambes  nues  s'enfoncent  dans  de  larges  bottes  à  liges 
molles. 

Une  figure,  placée  à  l'avanl-plan,  à  gauche,  attire  spéciale- 
ment notre  attention  :  c'est  la  Madeleine. 

Agenouillée  près  du  tombeau,  oous  ne  la  voyons  qu'en 
profil  très  perdu,  presque  de  dos. 

Les  grandes  nattes  de  sa  coiffure  s'étalent  en  rond  sur 
les  tempes,  passent  sous  le  bord  de  son  petit  chaperon  et 


—  92  — 

descendent  dans  le  dos,  réunies  à  leur  extrémité  par  deux 
larges  rubans  relevés  sur  le  poignet  gauche. 

Dans  un  mouvement  plein  de  grâce  et  d'élégance,  elle 
ouvre  un  vase  de  parfums  déposé  près  d'elle  sur  le  sol. 

Nous  expliquerons  plus  loin  l'intérêt  tout  particulier  qui 
s'attache  à  celte  figure. 

Sous  la  mise  au  tombeau  se  voit  La  Résurrection. 

Le  Christ,  très  calme,  est  debout  devant  le  sépulcre  ;  sa 
main  gauche,  cachée  sous  la  draperie  qu'elle  relève,  tient 
une  hampe  au  sommet  de  laquelle  est  une  petite  croix  ornée. 
Le  torse  est  en  partie  nu  ;  la  main  droite  fait  un  geste  de 
bénédiction. 

Quatre  soldats  couverts  d'armures  l'entourent.  Le  premier, 
à  gauche,  est  assis  par  terre;  il  porte  le  casque  tout  rond, 
en  forme  de  pot  de  fer,  que  nous  avons  déjà  vu  dans  la  scène 
du  Christ  devant  Caïphe.  Une  tète  d'animal  l'ait  saillie  sur  le 
dos  de  sa  cuirasse,  tenant  dans  la  gueule  la  chaîne  qui  doit 
porter  le  sabre.  Sur  la  cuisse  droite  est  posé  le  manche  d'une 
formidable  masse  d'armes,  auquel  une  boule  armée  de  pointes 
est  rattachée  par  une  chaînette.  Les  bottes  sont  molles  et 
évasées.  Le  personnage  est  sans  mouvement  et  parait  dormir. 

Celui  qui  lui  fait  face,  dans  l'angle  opposé,  se  relève  en 
s'appuyant  sur  les  poignets  et  tourne  la  tète  vers  le  Christ; 
en  même  temps,  il  saisit  d'une  main  le  haut  d'une  halle- 
barde posée  entre  ses  jambes. 

Derrière  celui-ci,  un  vieux  soldat  barbu  dort  paisiblement, 
les  coudes  sur  les  genoux,  le  menton  dans  la  paume  de  la 
main  droite. 

Le  quatrième  enfin,  à  gauche,  se  relève  en  s'aidant  du 
manche  de  >;i  hallebarde;  dans  un  mouvement  de  frayeur 


—  93  — 

el  de  stupéfaction,  il  porte  à  la  visière  de  son  casque  la 
main  gauche,  couverte  d'un  gantelet. 

Tout  au  fond,  du  même  côte,  est  un  petit  ange  aux  ailes 
éployées,  les  mains  jointes.  A  droite,  trois  petites  figures, 
portant  des  vases,  débouchent  entre  les  roches  qui  ferment 
le  paysage  :  ce  sont  les  femmes  revenant  d'avoir  été  embau- 
mer le  corps  du  Sauveur. 

Le  compartiment  supérieur  droit  nous  fait  voir  le  Christ 
apparaissant  aux  apôtres  et  à  ses  disciples. 

Au  centre,  au  fond  de  la  scène,  Jésus  est  debout  Sa  main 
gauche,  à  hauteur  des  hanches,  relève  sa  tunique;  la  droite 
est  élevée,  le  pouce,  l'index  et  le  médius  ouverts,  les  autres 
doigts  repliés  vers  la  paume. 

Onze  personnages,  dont  quatre  agenouillés,  sont  rangés 
en  cercle  autour  de  lui,  dans  différentes  attitudes  de  joie  et 
de  surprise. 

Au  premier  plan,  deux  autres  figures  à  genoux  sont  vues 
de  dos  :  à  gauche,  une  femme  couverte  d'une  très  ample  dra- 
perie, la  tète  perdue  dans  un  long  voile  formant  capuchon  ; 
à  droite,  un  vieillard  au  sommet  du  crâne  rasé  comme  un 
carme,  tenant  un  gros  chapelet  passé  dans  la  main  gauche. 

Au  dessous  de  cette  dernière  scène,  Jésus  apparaît  à  la 
Madeleine  sous  la  figure  d'un  jardinier.  La  sainte  est  age- 
nouillée à  droite,  avec  un  geste  d'étonnement  heureux.  En 
face  d'elle  le  Seigneur,  drapé  clans  un  vaste  manteau  qui  laisse 
nue  l'épaule  droite,  porte  la  main  de  ce  côté  à  la  poitrine. 
Son  attitude  est  aisée,  souple  el  expressive.  Les  pieds  et  les 
mains  conservent  la  trace  des  clous  qui  les  ont  percés. 

Tout  au  fond,  sur  des  rochers,  le  Seigneur  apparaît  à 
Pierre,  en  prières. 


—  94  — 

Entre  ce  petit  groupe  et  celui  du  premier  plan,  nous  voyons 
trois  personnages  en  conversation,  debout  sur  une  terrasse 
élevée  de  quatre  marches.  C'est  Jésus,  couvert  d'un  manteau 
et  coiffé  d'un  chapeau  à  larges  bords,  avec  les  disciples 
d'Emmaùs.  Ils  sont  à  l'entrée  de  celle  ville  et  les  deux  disciples 
insistent  pour  y  offrir  l'hospitalité  au  Sauveur,  qu'ils  n'ont 
pas  encore  reconnu. 

Le  côté  droit  de  la  scène  représente  une  sorte  de  chàteau- 
fort  flanqué  de  tourelles  et  figurant  la  ville.  Par  une  baie  en 
plein  cintre,  ouverte  en  face  du  public,  on  aperçoit  une  table 
servie  autour  de  laquelle  sont  assis  le  Christ  et  les  deux  dis- 
ciples, au  moment  où  le  Sauveur  rompt  le  pain. 

L'exécution  du  retable  de  Gûstrow  est  digne  de  celle 
du  Martyre  de  saint  Georges  et  l'on  y  remarque  en  plus, 
surtout  dans  les  figures  de  femmes,  une  profondeur  de  sen- 
timent que  n'atteint  pas  la  sculpture  conservée  au  Musée  de 
Bruxelles;  cependant,  nous  lui  préférons  ce  dernier  au  point 
de  vue  de  la  composition,  du  mouvement,  de  l'expression 
dramatique. 

L'on  sent,  dans  cette  dernière  œuvre,  l'artiste  dans  la 
plénitude  de  son  talent  pittoresque,  livré  à  toute  l'exubé- 
rance de  son  génie  fantaisiste,  se  laissant  librement  emporter 
par  les  mille  caprices  de  son  imagination  fantasque.  L  âge 
devait  avoir  calmé  la  fougueuse  nature  de  Borremans lorsqu'il 
exécuta  le  retable  de  la  Passion,  postérieur  de  plusieurs 
années  à  celui  de  Saint-Georges. 

L'œuvre  dont  nous  venons  de  parler  fut  placée  dans 
l'église  de  Gûstrow  en  15*22  (i). 


(i)  Dr  Friediucu  Schlie,  bas  Allarwerk  der  beiden  Briisseler  Meister  Jan 
Bormah  uiid  LSeknaekt  Va.n  Okli.y,  in  derPfarrkirche  zu  Gusirow.  Gûstrow,  1883. 


—  93  — 

Celle  différence  est  sensible  même  dans  les  ornements 
architecte-niques  qui  surmontent  chacune  des  compositions; 
bien  que  d'une  exécution  extrêmement  habile  cl  d'un  goût 
parfait,  la  décoration  architecturale  du  retable  allemand 
n'offre  pas  la  prodigieuse  fertilité  d'invention,  la  variété  et 
la  délicatesse  de  la  merveilleuse  dentelle  de  bois  qui  com- 
plète le  retable  bruxellois,  et  celui-ci  reste,  à  notre  avis,  le 
chef-d'œuvre  du  plus  grand  maître  de  son  époque. 

Si  nous  avons  introduit  la  description  détaillée  de  celte 
sculpture  dans  ce  recueil,  ce  n'est  pas  seulement  à  cause  de 
l'intérêt  qu'elle  présente  au  point  de  vue  de  l'œuvre  du 
maitre  brabançon  ou  de  la  comparaison  avec  celle  que  nuire 
Musée  d'antiquités  a  le  bonheur  de  posséder;  c'est  encore 
parce  qu'en  l'examinant  attentivement,  nous  y  avons 
remarqué  certaines  analogies  qui,  peut-être,  pourraient  nous 
mettre  sur  la  trace  de  l'auteur  d'un  autre  retable  conservé 
en  Belgique  :  celui  de  Blaugies. 

Nous  voulons  parler  surtout  de  la  figure  de  la  Madeleine 
agenouillée  devant  le  tombeau  du  Christ;  même  mouve- 
ment, même  pose,  même  vêlement,  même  coiffure;  mais 
combien  celle  de  Borremans  est  plus  légère,  plus  élégante  ! 
Gomme  la  proportion  en  est  plus  heureuse,  moins  massive, 
combien  le  pli  de  la  draperie  est  plus  savant  en  même  temps 
que  plus  rationnel  ! 

11  en  est  de  même,  d'ailleurs,  de  (outes  les  autres  figures, 
un  peu  lourdes  dans  la  sculpture  de  Blaugies  et  infiniment 
moins  pittoresques  comme  attitudes  et  comme  accoutre- 
ments que  dans  l'œuvre  de  notre  sculpteur. 

Cependant  il  ne  nous  parait  pas  douteux  que  l'auteur  du 
retable  de  Blaugies  a  dû  voir  celui  de  Gùslrow  et  s'en 


—  96  — 

inspirer  et  nous  croyons  que  cette  sculpture  pourrait  bien 
avoir  élu  exécutée  par  un  élève  de  Jean  Borremans. 

Quoiqu'il  en  soit,  cette  comparaison  nous  donne  une 
indication  au  sujet  de  la  date  du  retable  de  Blaugies  :  celui 
de  Giïstrow  ayant  très  probablement  été  exécuté  dans  le 
premier  quart  du  xvie  siècle,  nous  ne  pensons  pas  que  l'on 
puisse  faire  dater  l'autre  du  commencement  de  ce  siècle  et 
même  du  xve,  comme  certains  auteurs  l'ont  supposé. 


RETABLE  DE  BLAUGIES. 

XVIe    SIÈCLE. 

Le  retable,  en  bois,  de  l'église  de  Blaugies  ne  se  com- 
pose que  d'une  seule  scène  :  le  Christ  au  tombeau. 

L'arête  intérieure  des  côtés  verticaux  du  cadre  forme  une 
moulure  sobre  qui  se  continue  à  la  partie  supérieure  ;  celle-ci 
se  compose,  au  centre,  d'une  arcade  à  plein  cintre  reliée, 
à  droite  et  à  gauche,  par  une  petite  partie  horizontale  à  un 
quart  de  rond,  convexe  à  l'intérieur  et  partant  des  deux 
angles  supérieurs  de  l'encadrement. 

La  largeur  du  retable  est  de  1D'5G;  sa  hauteur  au  centre 
de  1,;'G7. 

Au  milieu  de  la  scène,  dont  il  occupe  presque  toute  la 
largeur,  se  trouve  le  tombeau,  dans  lequel  Nicodème  et 
Joseph  d'Arimathie  déposent  le  corps  du  Christ.  Celui-ci  a 
la  lete  renversée  sur  l'épaule  droite  et  laisse  pendre  le  bras 
droit  ;  derrière  le  sarcophage,  la  Vierge  soulève  le  bras 
gauche  du  corps.  Saint  Jean  la  soutient;  à  ses  côtés  et  à 
droite  du  spectateur,   une  sainte  femme  lient  le  bord  du 


—  97  — 

linceul;  une  autre,  à  gauche,  élève  ses  mains  jointes,  dans 
un  geste  de  commisération. 

Au  premier  plan,  la  Madeleine  est  agenouillée;  elle  lève 
la  tète  vers  le  visage  du  Sauveur;  sa  coiffure  est  formée  de 
deux  longues  nattes  dont  l'extrémité  est  attachée  par  des 
cordons  passant  au-dessus  du  poignet  gauche.  Le  bras  de 
ce  côté  est  seul  visible;  la  main  soulève  le  couvercle  d'un 
vase  de  parfum.  C'est  la  figure  que  nous  avons  signalée  à 
propos  du  retable  de  Gùstrow. 

A  l'avant-plan  se  voient  les  instruments  du  supplice  : 
clous,  couronne  d'épines,  marteaux,  tenailles,  etc. 

Nicodème,  qui  soutient,  à  gauche,  la  tète  du  Christ,  est 
un  vieillard  au  crâne  dénudé,  à  la  longue  barbe  légèrement 
ondulée.  Il  porte  une  robe  monacale,  dont  le  capuchon 
recouvre  à  peine  la  partie  supérieure  de  la  tète.  Une  escar- 
celle de  forme  triangulaire  pend  à  sa  ceinture. 

Joseph  d'Arimathie,  placé  à  droite,  a  les  jambes  couvertes 
d'une  sorte  de  caleçon  très  collant,  les  pieds  chaussés  de 
souliers  à  bouts  arrondis.  Son  vêlement  de  dessous  a  des 
manches  longues  et  étroites,  relevées  aux  poignets.  La 
tunique  qui  le  recouvre  est  à  deux  pans  arrondis  devant  et 
derrière  et  réunis  sur  la  hanche  par  une  boucle  à  laquelle 
se  rattache  une  longue  floche.  Une  ceinture  d'étoffe,  nouée 
sur  les  reins,  lui  ceint  la  taille.  Les  manches  sont  larges 
et  découpées  de  telle  façon  que  la  partie  externe  recouvre 
à  peine  le  biceps,  tandis  que  la  partie  interne  pend  jusqu'au 
coude.  La  tète  est  couverte  d'un  capuchon  à  pèlerine  bou- 
tonné sous  le  menton  et  d'un  chapeau  de  forme  haute,  à  fond 
plat,  aux  bords  mous,  relevés  et  découpés  par  devant, 
retombant  sur  les  côtés;  une  pièce  d'étoffe  entoure  le  front 


—  1)8  — 

et  descend  sur  le  dos.  La  moustache,  ondulée,  est  aussi 
longue  que  la  barbe,  sur  laquelle  elle  retombe. 

La  Vierge  porte  le  costume  qu'on  lui  voit  habituellement: 
grande  robe  formant  capuchon  et  recouvrant  presque 
entièrement  la  tète;  la  Madeleine  a  un  corsage  aux  manches 
serrantes,  recouvert  d'une  ample  draperie. 

La  femme  qui  lient  le  bord  du  linceul  porte  une  grosse 
coiffe  ronde,  au  bord  relevé  au-dessus  du  front,  maintenue 
par  une  bride  passant  sous  le  menton.  Les  manches  de  son 
vêlement  sont  légèrement  bouffantes  aux  épaules.  L'autre 
femme  a  les  cheveux  enfermés  dans  une  façon  de  bonnet 
très  simple,  avec  deux  plaques  rondes  aux  tempes. 

Saint  Jean  est  nu-tète  et  vêtu  d'un  manteau  sans 
manches,  attaché  par  un  seul  bouton. 

Dans  les  angles  de  la  composition  se  voient  les  deux 
larrons  attachés  à  leurs  croix. 

Celui  de  gauche  a  les  reins  entourés  d'une  étroite  bande 
d'étoffe  et  le  torse  couvert  d'une  sorte  de  petite  veste  ou 
plutôt  de  gilet  sans  boutons,  à  manches  très  courtes;  l'autre 
est  vêtu  d'une  chemise  passant  entre  les  jambes,  qui  restent 
nues. 

Le  fond  est  formé  d'une  chaîne  de  rochers  escarpés,  dans 
lesquels  sont  creusées  des  cavernes  où  l'on  distingue 
quelques  petites  figures. 

Enfin,  au  centre,  l'arc  à  plein  cintre  de  la  partie  supé- 
rieure est  orné  du  buste  du  Père  Éternel,  appuyant  la  main 
gauche  sur  le  globe  du  monde,  levanl  deux  doigts  de  la 
droite  pour  bénir;  dans  les  nuées  qui  l'entourent  se  voient, 
a  sa  droite,  le  soleil;  à  sa  gauche,  le  croissant  de  la  lune. 

Celte  œuvre  est  d'une  ligne  savante,  d'une  composition 


—  09  - 

pittoresque  et  d'un  excellent  travail  ;  elle  est  restée  fort 
heureusement  très  complète  et  à  peu  près  intacte. 

La  tinesse  de  la  sculpture  était,  il  y  a  quelques  années, 
émoussée  par  d'épaisses  couches  de  couleur. 

En  1876,  la  restauration  du  retable  fut  confiée  à 
M.  Primen,  qui  s'acquitta  de  ce  travail  délicat  d'une  façon 
digne  d'éloges  et  rendit  à  cette  belle  œuvre  sou  aspecl 
ancien. 

Placé  sur  un  des  autels  latéraux  de  l'église  de  Blaugies, 
ce  retable  s'y  trouve  malheureusement  encadré  enlre  des 
colonnes  peintes  en  imitation  de  marbre  et  d'un  style 
pseudo-classique  des  plus  médiocres. 

Certains  archéologues  font  remonter  l'exécution  de  cette 
œuvre  jusqu'au  xve  siècle  ;  nous  avons  dit  précédemment 
les  indices  qui  nous  portent  à  croire  qu'elle  date  du  second 
quart  du  xvie. 

Les  recherches  que  M.  le  curé  de  Blaugies  a  bien  voulu 
faire  dans  les  anciens  comptes  de  la  fabrique  n'ont  donné 
aucun  résultat  relativement  à  l'auteur  ou  à  la  date  exacte 
de  cette  belle  sculpture. 

RETABLE  DE  PONTHOZ 

(dans    la     chapelle    du     château). 
XVIe    SIÈCLE. 

La  chapelle  du  château  des  comtes  van  der  Straeten- 
Ponlhoz  est  ornée  d'un  curieux  retable  en  bois  sculpté, 
peint  et  doré. 

Il  est  réparti  dans  le  sens  de  la  longueur  en  trois  pan- 
neaux rectangulaires;    celui    du  milieu  est  beaucoup  plus 


—   100  — 

élevé  que  les  autres  et  divisé  sur  sa  hauteur  en  deux  étages. 

Les  huit  compositions  qui  les  décorent  sont  tirées  de  la 
vie  du  Christ. 

L'étage  inférieur  des  panneaux  latéraux  est  à  deux 
compartiments. 

A  gauche  se  voient  :  /' Annonciation  ell'É  table  de  Bethléem; 
dans  cette  dernière,  la  Vierge  et  saint  Joseph  sont  en 
prières;  la  figurine  de  l'Enfant  qui  devait  se  trouver  près 
d'eux  a  disparu  ;  dans  le  fond  s'aperçoivent  les  tètes  de  l'àne 
et  du  bœuf. 

Dans  le  bas  du  panneau  droit  :  la  Circoncision,  scène  à 
six  personnages,  puis  C  Adoration  des  Mages.  La  Vierge, 
assise  à  gauche,  tient  sur  les  genoux  l'Enfant  Jésus,  qui 
prend  des  présents  des  mains  d'un  roi  agenouillé  devant 
lui;  deux  autres  Mages  et  saint  Joseph  sont  debout  dans 
le  fond. 

La  Passion  fait  le  sujet  des  trois  grandes  compositions 
principales  :  à  gauche  est  le  Portement 'de  la  Croix.  Le 
Christ  est  aidé  par  le  Cyrénéen  ;  à  genoux  devant  lui, 
sainte  Véronique  tient  le  linge  dont  elle  lui  a  essuyé  le 
visage.  Derrière  lui,  un  guerrier  couvert  d'une  armure  le 
frappe;  un  autre,  dans  l'angle  opposé,  tient  enroulée  autour 
de  son  poignet  l'extrémité  de  la  grosse  corde  qui  noue  la 
ceinture  du  Sauveur.  Plus  loin,  quatre  figures  :  une  femme, 
deux  hommes,  un  guerrier. 

Dans  le  fond,  sous  une  baie  rectangulaire  décorée  d'orne- 
ments ajourés,   on   voit  le   Christ   montré  au  peuple. 

Le  panneau  droit  représente  la  Résurrection. 

Le  Sauveur  est  debout  au  centre;  son  corps  est  nu,  sous 
un  ample  manteau  dont  il  porte  les  pans  relevés  sur  le  bras 


—  401    — 

gauche;  un  soldai  coiffé  d'un  gros  turban  est  couché  près 
de  lui,  appuyant  les  mains  sur  une  massue;  le  bas  de  la 
figure  disparait  dans  une  mentonnière. 

Dans  les  deux  angles  de  l'avant-plan,  deux  guerriers 
cuirassés  sont  accroupis,  les  bras  levés,  endormis  dans  des 
altitudes  grotesques. 

La  même  baie  que  dans  la  scène  précédente  perce  le 
fond;  l'on  y  aperçoit  le  Jardinier  et  la  Madeleine. 

Le  Calvaire  occupe  le  compartiment  central;  le  Chrisl 
est  cloué  sur  sa  croix;  les  deux  larrons,  les  yeux  bandés, 
sont  attachés  aux  leurs  avec  des  cordes. 

Deux  cavaliers  se  tiennent  au  pied.  Dans  le  fond  se 
trouvent  deux  personnages  de  dimensions  énormes;  l'un 
deux  est  renversé  par  le  second,  qui  le  tient  d'une  main  par 
les  cheveux  et  lève  le  poing  pour  le  frapper;  —  peut-être 
une  allégorie  figurant  le  triomphe  du  Ciel  sur  l'Enfer. 

Plus  bas,  comme  dans  toutes  les  compositions  représentant 
la  Passion,  l'artiste  a  placé  la  Vierge  tombant  en  défaillance  ; 
saint  Jean  la  soutient  sous  les  bras;  six  femmes  et  un 
homme  l'entourent;  au  premier  plan,  à  droite,  est  un  soldat 
vu  de  dos,  d'un  accoutrement  des  plus  fantaisistes.  Les 
bords  d'une  cotte  de  mailles  dépassent  sa  cuirasse;  une 
longue  bande  d'étoffe  descend  de  la  ceinture  jusqu'à  terre; 
les  tiges  de  ses  chaussures,  larges  et  évasées  à  l'excès, 
traînent  sur  le  sol.  Une  chaine  lui  traverse  le  torse  en  ban- 
douillère,  se  croise  à  un  gros  anneau  à  hauteur  de  la  cein- 
ture et  soulient  le  large  fourreau  d'un  sabre  recourbé,  à 
poignée  démesurée.  Un  large  chapeau  à  bord  rond,  à  fond 
découpé  en  crevés,  lui  couvre  la  tète. 

Sous  cette  composition,  le  sculpteur  a  placé,  au  centre 


—   102  — 

d'un  compartimenl  oblong,  la  Vierge  assise  portant  le  corps 
de  son  Fils  couché  en  travers  sur  ses  genoux.  Quatre  saintes 
femmes  apportenl  des  parfums  pour  l'embaumer;  saint  Jean 
se  tient  ;i  gauche;  deux  hommes,  sans  doute  Nicotlème  et 
Joseph  d'Arimalhie,  au  fond. 

Huit  petits  groupes  accessoires  décorent  les  montants  des 
trois  grandes  divisions  :  la  Fuite  en  Egypte,  le  Christ  au 
Jardin  des  Oliviers,  le  Christ  insulté  par  les  soldats,  la 
Flagellation,  le  Christ  couronné  d'épines,  la  Descente  de 
Croix,  le  Christ  au  Tombeau  et  une  autre  dont  le  sujet  n'est 
pas  clairement  indiqué  :  le  Christ  debout  parlant  à  une 
femme  assise  devant  une  espèce  d'alcôve  à  rideaux. 

Seule,  la  scène  du  Calvaire  est  couronnée  d'un  dais;  les 
cadres  des  autres  panneaux  sont  simplement  ornés,  sous  la 
traverse  supérieure,  d'une  guirlande  de  branches  et  de 
feuilles. 

Le  dais  du  panneau  central  est  d'une  belle  invention  et 
délicatement  exécuté;  mais  il  n'atteint  pas  à  la  surpre- 
nante fertilité  d'imagination,  de  l'admirable  délicatesse 
d'exécution  qui  ont  produit,  par  exemple,  les  dais  aux 
innombrables  détails  des  retables  de  la  Passion,  à  Cheel,  ou 
de  Saint-Georges,  à  Bruxelles. 

Plusieurs  des  personnages  sont  trapus  et  trop  courts;  les 
bras,  par  contre,  sont  parfois  trop  longs. 

Les  soldats  affectent  des  poses  bizarres,  des  gestes  violents  ; 
d'autres  figures,  en  revanche,  —  des  femmes  surtout,  —  ont 
(\r<  altitudes  et  des  physionomies  remplies  d'expression  et 
de  sentiment.  Certains  groupes;  notamment  dans  la  scène 
centrale,  sont  d'une  poésie  ravissante. 

Citons  spécialement  la  Sainte-Véronique  du  premier  pan- 


—  103  — 

neau,  les  deux  femmes  de  l'avant-plan  du  compartiment 
central  et,  au-dessous,  la  Vierge  assise. 

Les  draperies  ont  généralement  un  beau  pli,  très  naturel  ; 
les  accoutrements  et  les  coiffures  des  femmes,  les  armures 
des  soldats,  sont  de  la  plus  liante  fantaisie. 

Quelques  costumes  de  femmes,  à  manches  à  bouillonnes 
et  à  crevés,  indiquent  la  Renaissance;  cependant,  des  orne- 
ments d'architecture  sont  absolument  gothiques. 

RETABLE  DE  SAINT-PIERRE  PRÈS  LIBRAMONT 

(au  Musée  royal  d'Antiquités,  à  Bruxelles). 
XVIe  SIÈCLE. 

L'église  du  petit  village  de  Saint-Pierre  possédait  naguère 
un  retable  en  chêne  sculpté  du  xvie  siècle. 

Placée  dans  l'une  des  nefs  de  l'église,  celte  sculpture,  aux 
personnages  de  laquelle  manquaient  ici  un  nez,  là  une  main, 
fut  jugée  indigne  de  faire  plus  longtemps  pendant  à  un  de 
ces  horribles  petits  autels  en  simili-marbre,  dont  le  mauvais 
goût  de  certaines  administrations  fabriciennes  a  doté  beau- 
coup de  nos  églises  de  village  et  qui  ornait  la  nef  opposée. 

Grâce  à  de  généreux  donateurs,  les  paroissiens  eurent  la 
satisfaction  de  voir  un  second  autel,  semblable  à  ce  dernier, 
venir  prendre  la  place  de  l'œuvre  d'art  ;  celle-ci  fut  démontée 
et  reléguée  dans  un  réduit  obscur  sous  le  clocher. 

C'est  là  que,  grâce  à  la  complaisance  du  curé  desservant 
alors  l'église  de  Saint-Pierre,  nous  pûmes  la  voir  pour  la 
première  fois  en  1881 . 

Elle  était  en  morceaux,  et  d'épaisses  couches  de  couleur 
blanche  cachaient  la  finesse  de  la  sculpture 


—   104  — 

Peu  de  temps  après,  le  retable,  acquis  par  le  Gouverne- 
ment Belge,  était  confié  aux  soins  de  l'habile  restaurateur 
Gosselin;  il  figure  actuellement  avec  honneur  au  Musée 
royal  d'Antiquités. 

Les  compositions  sont  encadrées  dans  un  ordre  d'archi- 
tecture composé  de  quatre  pilastres  peu  saillants,  sans  bases, 
aux  fûts  décorés  de  branchages,  surmontés  d'un  entable- 
ment et  renfermant  trois  baies  à  plein  cintre. 

Les  deux  pilastres  intermédiaires  se  prolongent  de  deux 
caryatides  à  chapiteaux  ioniques,  supportant  un  entablement 
plus  important  dont  la  corniche  est  ornée  de  modillons,  et 
exhaussant  ainsi  le  compartiment  central. 

L'entablement  inférieur  s'interrompt  à  l'endroit  de  ce 
dernier  compartiment;  il  fait  retour  de  chaque  côté  et  s'amor- 
lil  contre  les  piédroits  de  l'arcade  principale. 

Un  ornement  découpé  se  profile  à  l'extérieur,  accolé  à 
chacune  des  caryatides.  Celles-ci  supportent  une  statue  de 
saint  placée  sur  un  socle. 

Le  compartiment  du  milieu  est  surmonté  d'un  autre  ordre, 
plus  petit,  composé  d'un  soubassement  portant  deuxpila5tre> 
avec  entablement  et  fronton.  La  baie,  rectangulaire,  renferme 
un  motif  ornemental  ajouré. 

Les  écoinçons  sont  remplis  par  des  tètes  de  chérubins 
ailées;  une  tète  semblable,  plus  grande,  décore  le  centre  de 
la  frise  de  chaque  entablement,  accostée,  à  droite  et  à  gauche, 
d'un  bouquet  de  fruits. 

Enfin,  l'ensemble  de  la  sculpture  repose  sur  une  corniche 
moulurée,  sous  laquelle  une  console  se  profile  extérieurement 
à  chaque  extrémité. 

Passons  à  la  description  des  groupes. 


—  405  — 

La  première  scène,  à  gauche,  nous  montre  le  Christ  au 
Jardin  des  oliviers. 

Dans  les  nuées  apparaît  un  ange,  portant  une  croix  sur 
l'épaule  gauche,  un  calice  clans  la  main  droite.  Le  Rédempteur 
est  à  genoux,  les  mains  tendues  dans  un  geste  exprimant 
bien  la  prière  :  «  Mon  Père,  détournez  ce  calice  de  mes 
lèvres  !  » 

Au  premier  plan,  trois  apôtres  sont  endormis;  l'un  d'eux, 
a  demi-couché  dans  l'angle  droit,  tient  la  poignée  d'un  grand 
sabre. 

Dans  le  fond,  à  gauche,  un  petit  bas-relief  montre  Judas 
franchissant  la  porte  du  jardin,  entouré  de  soldais  qu'il  guide 
et  auxquels  son  geste  désigne  le  Sauveur. 

La  composition  principale  est  le  Calvaire.  Au  centre,  le 
Christ  meurt  sur  la  croix;  au-dessus  de  lui,  le  Père  laisse 
tomber  sur  le  Crucifié  un  regard  rempli  d'une  compassion 
infinie. 

Dans  le  bas  du  tableau,  au  premier  plan,  la  Vierge  est 
assise,  les  mains  jointes;  à  gauche,  derrière  elle,  se  tient  la 
Madeleine;  à  droite,  saint  Jean  levant  la  tète  vers  le  Chris!, 
les  bras  ouverts  dans  un  mouvement  ample  et  énergique. 

Deux  anges  voltigent  à  gauche  de  la  croix,  un  autre  à 
droite  ;  un  quatrième,  portant,  de  même  que  les  précédents, 
un  calice,  est  debout  au  pied  de  la  croix,  à  laquelle  il  s'appuie 
de  la  main  droite.  Le  bon  larron  est  à  la  droite  du  Christ; 
le  mauvais,  à  sa  gauche.  Au-dessus  du  premier  se  voit  un 
ange  conduisant  une  âme  au  ciel  ;  au-dessus  de  l'autre  est  un 
démon  emportant  sur  le  dos  un  corps  renversé  qu'il  lient 
par  les  jambes. 

Ce  panneau  est  des  plus  remarquables  ;  la  composition  sort 


—   106  — 

radicalement  des  données  généralement  suivies  dans  les 
scènes  analogues 

Nous  avons  remarqué  précédemment  dans  divers  retables 
gothiques  représentant  la  Passion,  une  identité  presque  com- 
plète dans  la  disposition  des  personnages  :  la  Vierge  s'affaisse 
à  gauche,  saint  Jean  est  derrière  elle,  la  Madeleine  devant, 
un  soldat  dans  l'angle  droit,  etc. 

Ici  rien  ne  rappelle  cette  distribution  presque  invariable; 
l'artiste  s'est  donné  libre  carrière  dans  le  groupement  de  ses 
figures  et  il  en  a  obtenu  un  effet  très  original  et  des  plus 
heureux. 

La  Résurrection  fait  le  sujet  du  troisième  panneau. 

Au  centre  est  le  sépulcre,  dont  la  pierre  est  dérangée;  le 
Christ  s'élève  dans  un  nimbe.  A  droite  et  à  gauche  du  tom- 
beau, deux  soldats  font  un  mouvement  dp  terreur. 

Trois  autres  guerriers  sont  au  premier  plan  ;  l'un  est  assis 
dans  l'angle  gauche,  encore  endormi;  un  autre,  dans  l'angle 
opposé,  est  renversé  en  arrière;  il  s'appuie  sur  la  paume  de 
la  main  gauche;  de  la  droite,  il  élève  un  sabre;  entre  ces 
deux  ligures,  un  troisième  soldat,  nu-tète,  tombe  en  avant, 
foudroyé. 

L'exécution  de  cette  sculpture  est  fine  et  soignée  ;  les  tètes, 
celles  des  femmes  surtout,  sont  délicatement  caressées;  si 
l'on  peut  reprocher  aux  physionomies  de  n'être  pas  des  plus 
expressives,  on  ne  peut  en  dire  autant  du  geste,  grand, 
significatif  et  vrai,  sans  aucune  exagération  dramatique. 

Les  draperies  sont  amples  el  d'un  beau  pli,  moins  éner- 
giques cependant  que  ch<  z  les  gothiques  du  sied''  précédent 

Cette  œuvre,  très  abîmée,  nous  l'avons  dit,  a  été  restaurée 
par  feu  Gosselin  avec  un  tact   el  un  soin  dignes  des  plus 


—   107  — 

grands  éloges,  et  qui  font  doublement  regretter  la  perle  de 
ce  praticien  habile  et  consciencieux. 

Quoique  l'artiste  ait  enlevé  minutieusement  l'une  après 
l'autre  les  nombreuses  couches  de  couleur  et  de  dorure  qui 
empâtaient  la  sculpture,  il  n'a  découvert  aucune  inscription 
qui  puisse  nous  faire  connaître  le  nom  de  son  auteur  non 
plus  que  la  date  exacte  de  son  exécution. 

RETABLE  DE  NAMUR 

(à  l'Ermitage  des  Grands-Malades). 

XVIe   SIÈCLE. 

Deux  motifs  d'architecture  superposés  forment  ce  retable; 
l'étage  inférieur  est  porté  par  un  soubassement  uni,  avec 
base  et  corniche  moulurées. 

Cet  étage  comprend  trois  baies  rectangulaires,  encadrées 
et  séparées  entre  elles  par  des  caryatides  montées  sur  pié- 
destaux et  soutenant  l'entablement. 

L  étage  supérieur  n'a  qu'une  seule  baie,  en  arcade  à  plein 
cintre,  avec  deux  caryatides  supportant  une  corniche  archi- 
travée  et  un  fronton  triangulaire. 

Chacune  des  baies  de  l'ordre  inférieur  renferme  un 
bas-relief;  le  premier,  à  gauche,  représente  le  iortement 
de  la  Croix,  scène  animée  de  nombreux  personnages;  les 
remparts  crénelés  d'une  ville  s'aperçoivent  au  fond. 

Dans  le  panneau  central  se  voit  le  Christ  en  croix  entre 
les  deux  larrons;  au  pied  de  la  croix  se  tiennent  la  Vierge, 
saint  Jean,  la  Madeleine,  des  femmes. 

La  troisième  composition  nous  montre  le  Christ  descendu 
de  la  croix. 


—  108  — 

Au  centre,  au  premier  plan,  le  Sauveur  est  étendu  sur  la 
terre;  un  personnage  le  soulève  en  le  tenant  sous  les  ais- 
selles ;  la  Vierge  s'approche  pour  l'embrasser;  quatre  autres 
personnages  sont  groupés  autour  d'elle.  Les  deux  larrons 
sont  encore  attachés  à  l'instrument  de  leur  supplice;  une 
ville  se  dessine  dans  le  lointain 

Dans  Tunique  baie  à  plein  cintre  formant  l'étage  supérieur, 
le  sculpteur  a  placé  l'Ascension. 

Le  Rédempteur  monte  au  ciel  entouré  de  nuées,  tandis 
que  les  païens  sont  renversés  sur  le  sol. 

Le  tympan  du  fronton  est  décoré  d'une  figure  du  Père 
Éternel. 

A  droite  et  à  gauche  de  cet  ordre  se  profile  un  ornement 
en  forme  de  console  renversée,  occupant  toute  la  hauteur 
des  caryatides;  les  piédestaux  de  celles-ci  sont  décorés  de 
rainures  verticales. 

Les  quatre  caryatides  de  l'ordre  inférieur  représentent 
les  Évangélistes;  chacun  d'eux  tient  un  livre  ouvert.  Celles 
de  l'étage  supérieur  sont  deux  figures  d'anges. 

Toute  celte  sculpture  était  dorée  et  polychromée. 

La  partie  ornemenlale  est  exécutée  avec  plus  de  délica- 
tesse que  les  figures. 

Le  grand  entablement  est  divisé  en  trois  parties  par  les 
saillies  que  supportent  les  caryatides. 

Chaque  frise  est  ornée,  au  centre,  d'une  tète  de  chérubin 
ailée,  entourée  de  guirlandes  de  fleurs  et  de  fruits.  Des 
grappes  du  même  genre  décorent  les  piédestaux  de  l'ordre 
inférieur. 

Celte  gracieuse  ornementation  est  traitée  avec  beaucoup 
d'habileté  et  de  bon  goût. 


—  109  — 

Nous  rencontrerons  plus  tard,  à  Gedinne,  un  retable  en 
chêne  sculpté  qui  n'est  pas  sans  présenter  certaines  analogies 
avec  celui  de  Namur,  tant  sous  le  rapport  des  sujets  qu'au 
point  de  vue  de  la  distribution  et  de  l'exécution;  ces  deux 
œuvres  paraissent,  d'ailleurs,  être  contemporaines. 

Le  retable  de  Gedinne  est  attribué  à  Jean  Muzelle,  qui 
pourrait  bien  être  aussi  l'auteur  de  celui  de  l'Ermitage  des 
Grands-Malades. 


RETABLES    DE    MONS 

(à  l'église  de  Sainte-Waudru). 

Chapelle  de  Notre-Dame  et  de  Saint-Joseph. 

XVIe    SIÈCLE. 

L'église  de  Sainte-Waudru,  à  Mons,  est  ornée  de  deux 
beaux  retables,  l'un  en  pierre  sculptée,  l'autre  en  albâtre  et 
marbre. 

Le  premier  décore  l'autel  de  la  chapelle  de  Notre-Dame 
et  de  Saint-Joseph,  à  droite  du  chœur. 

Bien  qu'il  ait  été  exécuté  au  cours  du  xvie  siècle  (i), 
il  ne  présente  encore  aucune  tendance  Renaissance;  le 
style  de  l'architecture,  la  richesse  d'invention,  la  délica- 
tesse d'exécution  des  ornements  prodigieusement  fouillés, 
en  font  une  œuvre  du  plus  pur  gothique  tertiaire. 

Large  d'environ  trois  mètres,  il  s'élève  jusqu'au  plafond 
de  la  chapelle  ;  il  se  compose  de  deux  étages  de  niches. 


(i)  Le  retable  que  nous  décrivons  n'existait  pas  en  ibOô;  en  effet,  on  lit  dans 
une  résolution  de  cette  date  du  chapitre  de  Sainte-Waudru  que  l'on  se  propose 
de  faire  à  la  première  chapelle  (où  il  se  trouve)  «  la  chappelle  de  la  Conception  ». 


—  410  — 

L'étage  inférieur  est  réparti  en  trois  compartiments;  celui 
du  milieu,  plus  large  et  plus  élevé  que  les  autres,  est  cou- 
ronné par  un  arc  en  double  accolade  rappelant  la  silhouette 
du  retable  d'Eslinnes-au-Mont  (i).  Contre  les  parois,  à  la 
partie  supérieure,  voltigent  de  petits  anges  aux  longues  robes 
flottantes  qui  donnent  à  supposer  que  le  groupe  placé  dans 
cette  niche  représentait  f Assomption.  Toutes  les  autres 
figures  ayant  disparu,  l'on  a,  pour  combler  le  vide,  placé 
dans  la  niche  une  grande  statue  de  la  Vierge  tenant  l'Enfant 
Jésus;  celte  belle  figure,  datant  du  xvie siècle,  est  en  pierre 
argentée;  elle  se  trouvait  jadis  dans  une  niche,  devant 
laquelle  était  une  lanterne,  à  l'extérieur  de  la  chapelle  du 
chevet  de  l'église.  Douze  autres  niches  contenaient  les 
statues  des  Apôtres,  qui  ont  disparu. 

La  statue  en  question  est  désignée  sous  le  nom  de  Notre- 
Dame  de  Grâce  ;  lors  de  la  réouverture  de  l'église,  après  les 
troubles  révolutionnaires,  elle  fut  posée  à  l'intérieur  de 
l'édifice  sur  un  autel  du  transept;  cet  autel  ayant  été  sup- 
primé en  18j7,  à  la  demande  de  M.  l'archiviste  L.  Devillers, 
la  statue  de  la  Vierge,  réargentée,  fut  placée  dans  la  cha- 
pelle dite  aujourd'hui  de  Saint-Joseph,  parce  qu'une  statue 
de  ce  saint  qui  l'orne  depuis  le  siècle  dernier  est  l'objet 
d'une  grande  vénération. 

Antérieurement  à  l'année  1857,  la  niche  principale  du 
retable  en  question  contenait  une  statue  de  la  Vierge  portant 
l'Enfant  Jésus,  que  l'on  invoquait  sous   le  nom  de  Notre- 


(i)  A  propos  de  ce  retable,  disons  que  M.  l'abbé  Lairein,  ancien  curé  d'Es- 
tinnes-au-Mont,  a  pu  réunir  les  statuettes  qui  se  trouvaient  dans  les  niches; 
elles  ont  trait  a  la  légende  du  sacrilège  commis  par  un  juif,  que  nous  avons 
résumée. 


—  1 1 1  — 

Dame  de  l'Assomption;  cette  appellation  vient  corroborer 
l'hypothèse  que  nous  avons  émise  plus  haut  relativement  au 
groupe  qui  devait  en  premier  lieu  occuper  celte  niche. 

Celte  dernière  statue,  de  peu  de  valeur,  a  été  conservée; 
elle  est  en  pierre  el  dorée;  quanl  au  groupe  primitif,  il  est 
probable  qu'il  a  disparu  à  l'époque  de  la  domination  française. 

Les  deux  compartiments  latéraux,  dont  la  corniche  figure 
une  accolade  surhaussée,  portent  à  mi-hauteur  une  labletle 
qui  les  partage  en  deux  étages,  dont  le  supérieur  est  lui- 
même  divisé  en  deux  parties  par  un  faisceau  de  nervures 
verticales. 

Toutes  ces  niches  sont  vides;  les  dessous  des  arcs  et  les 
supports  des  tablettes  sont  ornés  de  riches  ornements  ajourés 
formant  dais,  d'un  travail  d'une  rare  habileté. 

L'étage  supérieur  est  également  divisé  en  trois  compar- 
timents, dont  l'un,  au  centre,  a  de  plus  grandes  proportions 
que  les  deux  latéraux. 

On  y  voit  Dieu  le  Père  et  le  Christ  couronnant  la  Vierge 
agenouillée  entre  eux.  Le  Père  Éternel  porte  la  couronne  de 
l'empire  du  monde;  le  Fils,  la  couronne  d'épines.  Le  Saint- 
Esprit  est  au-dessus,  sous  la  forme  d'une  colombe. 

Ce  groupe  repose  sur  un  socle  rectangulaire  dont  les  faces 
sont  décorées  d'ogives  géminées.  L'entablement  dessine 
trois  saillies  octogonales  dont  chacune  est  sous  l'un  des 
personnages. 

La  corniche  moulurée  est  séparée  du  fut  du  socle  par  un 
épais  coussinet  décoré  de  rinceaux  de  feuillages. 

Deux  socles  du  même  genre,  mais  plus  petits  et  plus 
simples,  sont  placés  dans  les  niches  latérales;  sur  celui  de 
gauche  est  une  grande  statue  de  sainte  Anne,  tenant  un 


—  412  — 

livre  ouvert  de  la  main  gauche  et  appuyant  la  droite  sur 
l'épaule  d'une  petite  Vierge  portant  l'Enfant  Jésus. 

A  droite  est  une  statue  de  saint  Jean-Baptiste;  il  tient 
également  dans  la  main  gauche  un  livre  ouvert,  sur  lequel 
un  petit  agneau  est  couché. 

Chacune  de  ces  dois  niches  est  couronnée  d'un  dais  sur- 
monté d'un  clocheton  formé  d'un  triple  étage  de  motifs  d'ar- 
chitecture, sculptés  à  jour  et  d'une  exécution  merveilleu- 
sement  habile. 

Aux  faisceaux  de  colonnettes  élancées  formant  les  montants 
extérieurs  et  intermédiaires  sont  accolés  des  socles,  qui  ont 
dû  recevoir  des  statuettes,  dont  aucune  ne  subsiste. 

On  ignore  le  nom  de  l'auteur  de  cette  élégante  sculpture; 
elle  pourrait  bien  être  de  la  même  main  que  celle  qui  orne 
la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Cambron,  à  Estinnes-au-Mont. 

Ce  retable  est  abrité  par  une  gracieuse  charpente,  de 
laquelle  descendaient  jadis  deux  grands  rideaux,  qui  permet- 
taient de  ne  découvrir  la  sculpture  qu'aux  jours  des  grandes 
fêtes. 

La  chapelle  où  il  se  trouve  est  désignée  dans  les  anciens 
documents  (1)  sous  le  nom  de  «  chapelle  des  Féeries  de 
Notre-Dame*,  ce  qui  indique  que  l'on  y  célébrait  autrefois 
les  fêles  de  la  Vierge. 

La  table  de  l'autel  est  en  pierre  bleue;  le  retable  est 
porté  par  un  gradin  en  pierre  blanche  orné  de  rinceaux,  qui 
est  de  l'époque  du  monument  et  qu'on  a  le  tort  de  cacher 
sous  un  ornement  insignifiant. 


i  j  Nous  devons  la  plupart  des  renseignements  relatifs  aux  retables  des  églises 
rns  a  l'obligeance  de  M.  !..  Devillers,  conservateur  des  Archives  de  l'État, 


—  113  — 

Chapelle  de  Sainte-Marie  Madeleine. 

XVIe    SIÈCLE. 

Quoiqu'il  ne  soit  postérieur  au  précédent  que  d'un  demi- 
siècle  à  peine,  le  retable  de  sainte  Marie-Madeleine  n'a  plus 
un  trait  qui  rappelle  le  gothique;  c'esl,  au  contraire,  l'une  des 
œuvres  les  plus  pures  que  nous  ait  laissées  la  Renaissance. 

Il  se  compose  d'un  triple  étage  d'ordres  d'architecture, 
reposant  sur  un  soubassement.  Ce  dernier  est  divisé  par  un 
piédestal  en  doux  parties,  décorées  chacune  d'un  petit  bas- 
relief  récemment  ajouté,  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper. 

L'ordre  inférieur  présente  au  centre  un  grand  bas-relief 
rectangulaire  :  le  Christ  dans  la  maison  du  Pharisien.  Le 
Seigneur  est  assis  à  l'extrémité  d'une  table  servie,  entouré 
de  neuf  convives;  derrière  lui,  la  Madeleine  lui  verse  des 
parfums  dans  les  cheveux;  deux  femmes  et  un  serviteur  se 
montrent  clans  le  fond. 

De  chaque  côté  de  ce  bas-relief  sont  deux  colonnes  corin- 
thiennes, de  proportions  heureuses;  des  figurines,  de  riches 
arabesques  et  des  feuillages  décorent  le  tiers  inférieur  des 
fûts,  aux  deux  tiers  supérieurs  cannelés  et  d'un  galbe 
élégant;  entre  chaque  couple  de  colonnes  est  réservée  une 
niche  à  plein  cintre  abritant  les  statues,  debout,  des  Évan- 
gélistes  saint  Marc  et  saint  Mathieu. 

Un  bas-relief  plus  petit,  carré,  forme  le  motif  principal 
du  second  ordre.  Il  se  compose  de  quatre  personnages, 
dont  trois  femmes,  et  représente  le  Christ  apparaissant  à  la 
Madeleine,  après  sa  résurrection,  sous  le  costume  d'un 
jardinier. 


—   114  — 

Ce  tableau  est  accosté  de  deux  consoles  très  allongées, 
décorées  de  trois  rainures. 

L'entablement  de  l'ordre  principal  est  porté  en  saillie  par 
chaque  couple  de  colonnes. 

Deux  couples  de  colonnettes  en  marbre  rouge  reposent 
sur  ces  saillies;  elles  sont  d'ordre  dorique;  la  diminution 
partant  directement  de  la  base  fait  paraître  le  diamètre  supé- 
rieur trop  réduit  et  leur  donne  un  aspect  bien  moins  gracieux 
que  celui  des  colonnes  du  grand  ordre.  Entre  ces  colonnettes 
sont  les  statues  assises  des  Évangélistes  saint  Jean  et  saint 
Luc. 

Chacun  des  quatre  Évangélistes  écrit  dans  un  grand  livre 
et  est  accompagné  de  son  attribut  :  le  lion,  l'ange,  l'aigle  ou 
le  taureau. 

La  statue  de  saint  Jean  est  la  plus  remarquable. 

Couronnant  le  centre  de  l'œuvre,  une  statue,  grandeur 
nature,  de  sainte  Marie-Madeleine,  tenant  dans  la  main 
droile  un  vase  de  parfums,  est  placée  sur  une  saillie  de 
l'entablement  du  second  ordre. 

La  niche  qui  l'enferme  est  encadrée  de  deux  colonnes  sur 
piédestaux.  Le  fût,  trop  élancé,  est  cannelé;  la  partie  infé- 
rieure s'arrondit  en  rejoignant  la  base  et  est  ornée  de 
figurines  et  de  feuillage. 

L'entablement  forme  un  dôme  à  calotte  sphérique,  sur- 
monté d'un  vase.  Deux  grandes  volutes  en  relief  très  plat 
accostent  la  niche. 

Les  bas-reliefs,  les  statues,  les  colonnes,  les  frises,  le 
socle  el  le  dé  du  piédestal  du  soubassement,  sont  en  albâtre; 
l'intérieur  des  niches,  les  encadrements,  les  architraves  et 
les  corniches  sont  en  marbre  noir. 


—  Ji  5  — 

Cette  élégante  sculpture  est  l'œuvre  de  Jacques  Du 
Broeucq  (i)  et  fut  exécutée  en  1549  (2).  Toutefois,  il  y  a 
lieu  de  se  demander  si  la  grande  statue  de  la  Madeleine,  qui 
semble  un  peu  lourde,  est  aussi  de  cet  artiste. 

Il  est  certain  que  Du  Brœucq  avait  habituellement  plu- 
sieurs collaborateurs. 

(A  continuer.) 

Henry  Rousseau. 


(i)  Une  résolution  du  chapitre  de  Sainte- Waudru,  datée  du  1er  mars  1549, 
porte  :  «  Conclu!  et  ordonne!  à  Anthoine  Yeuwain  de  payer  à  maistre  Jacques 
Du  Brœucq,  de  ce  que  lui  esloit  deu  pour  le  paye  de  la  marchandise  de  la  table 
de  la  Magdelaine.  » 

(2)  I,.  Devilleks,  Mémoire  historique  et  descriptif  sur  l'église  de  Sainte- 
Waudru,  it  Mons,  p.  73. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RESUME     DES     PROCÈS- VEHB  A  TJX. 


SEANCES 
«les    7,    14,    21    et    28    mars;    des    4,     11,     18    et    24    avril    1891. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuve'1  : 
Église  1°  Le  dessin  de  verrières  à  placer  dans  les  petites  fenêtres 

de  Notre-Dame, 

vmfere"'    du  transept  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Laeken  (Brabant); 

auteur,  M.  De  Keghel; 
Épiiscde        2°  Le  projet  d'une  verrière  à  exécuter  par  M.  Ladon  pour 

Btrombeek-Bever.  r      J  ri 

verrière.  |a  f e n ê t re  du  jubé  de  l'église  de  Strombeek-Bever  (Brabant), 
sous  réserve  de  remplacer  le  fond  rouge  intense  des  compo- 
sitions inférieures  par  un  fond  bleu  semblable  à  celui  des 
parties  supérieures  de  la  verrière,  et  ce  en  vue  d'harmoniser 
davantage  la  tonalité  générale; 
'•°e         3"  Le  devis  estimatif  dressé  par  M.  Capronnier  pour  la 

Sainte  Catherine, 

;""  réparation  des  vitraux  du  chœur  et  du  transept  de  l'église  de 
Sainte-Catherine,  à  Hoogstraeten  (Anvers): 


—    I  17 

4"  Le  devis  estimatif  des  réparations  à  effectuer  à  quatre de  s,',^Marli,, 
tableaux  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Overyssche  (Brabant);    '  t:!i'i'"Ù,'.'" 

o°  Le  modèle  demi-grandeur  d'exécution  des  lions  destinés  JjfxiioÏÏ? 
aux  rampes   du   perron  de  l'hôtel  de  ville  de  Termonde 
(Flandre  orientale); 

6°  Le  programme  des  ouvrages  de  sculpture  destinés  à  ""s^ijurës6" 
compléter  la  décoration  des   façades  du    nouveau    musée 
d'Anvers. 

—  Les  délégués  qui  ont  examiné,  à  la  date  du  16  février  de  sainle-'iune, 

:i  (iMii.l. 

1891 ,  les  nouvelles  peintures  murales  exécutées  par  M.  Gan-     *»'■»■«• 

'  r  r  murales. 

neel  pour  la  chapelle  de  Sainte-Barbe,  dans  l'église  de  Sainte- 
Anne,  à  Gand,  ne  peuvent  qu'approuver  ces  peintures,  qui 
s'accordent  parfaitement  par  le  style  comme  par  les  tonalités 
avec  le  reste  de  la  décoration  de  l'édifice. 

Il  ne  reste  plus  que  quatre  travées  à  peindre  et  l'unité  de 
ce  grand  travail  peut  être  dès  maintenant  considérée  comme 
assurée. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Le  Collège  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  projet  dressé  Porte  de  Trêve», 

S3  i        J  ,i  Bologne. 

par  M.  l'architecte  Cupper  pour  la  restauration  de  la  porte  Reslauratiou 
de  Trêves,  à  Baslogne  (Luxembourg). 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  : 

4°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Stevoort  (Lim-   construction 

r  *  v  et  ri  slauration 

bourg),   sous  réserve  de   supprimer  l'encorbellement   de  dc  ,'rcsb),,eres- 
l'avant-corps  de  la  façade  principale  et  d'améliorer  l'escalier 


—   118  — 

donnant  accès  à  l'étage  en  diminuant  la  longueur  de  la 
première  volée,  dût-on  pour  cela  prolonger  la  saillie  de  la 
cage  vers  la  cour;  architecte,  M.  Alartens; 

2°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Ourthe,  commune 
de  Beho  (Luxembourg)  ;  architecte,  M.  Cupper; 

3°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Borsbeek  (Anvers), 
à  la  condition  de  donner  une  certaine  pente  à  la  couverture 
des  annexes  afin  d'éviter  des  infiltrations  pluviales  et  de 
diminuer  la  hauteur  des  lucarnes  du  bâtiment  principal  ; 
architecte,  M.  Gife; 

4°  A  l'appropriation  d'un  immeuble  destiné  à  servir  de 
presbytère  à  Hal  (Brabanl)  ; 

o°  A  la  restauration  du  presbytère  de  Galmplhout  (Anvers); 
architecte,  M.  Gife; 

G0  A  la  restauration  du  presbytère  de  Sombreffe(Namur)  ; 
architecte,  M.  Frère. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Le  Collège  a  approuvé  les  plans  relatifs  : 
Église  de  couiem.     i°  A  la  construction  d'une  église  au  hameau  de  Cothem, 
sous  Boorsheim  (Limbourg)  ;  architecte,  M.  Christiaens  ; 
syna8  2°  A  la  construction  d'une  synaçoçue  à  Anvers;  l'attention 

d'Anvers.  "  ^ 

de  l'architecte,  M.  Hertogh,  a  été  appelée  sur  la  difficulté  de 
construire  les  fondations  de  l'édifice  suivant  les  deux  modes 
différents  qu'il  propose  et  sur  les  précautions  qu'il  devra 
prendre  pour  éviter  des  tassements  inégaux; 

3°  A  l'agrandissement  de  l'église  de  Stevoort  (Limbourg); 
architecte,  M.  Marlens; 

4"  A  la  construction  d'uncsacristieà  l'église d'Alveringhem 

ioghem. 

(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Vinck  ; 


—   119  — 

5°  A  la  construction  d'un  escalier  donnant  accès  à  l'église   delSm. 
de  Kerckom  (Brabant); 

6°  Les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux  églises  de  :  0bjd%Ti*«!ic™ 

Graty,  sous  Hoves  (Hainaut)  :  maitre-autel; 

Kemseke  (Flandre  orientale)  :  stalles; 

Ethc  (Luxembourg)  :  maître-autel; 

Wevelghem  (Flandre  occidentale)  :  stalles; 

Ville,  communedeMy  (Luxembourg)  :  deux  autels  latéraux. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  approuvé  : 

1°  Le  projet  de  restauration  de   l'église  de  Bavichove  de  $£!iïoye, 
(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Carette; 

2°  La  restauration  des  châssis  et  vitrages  des  fenêtres  de  ,  J****  „ 

°  île  Poplcapptllc. 

l'église  de  Poelcappelle  (Flandre  occidentale)  ;  architecte, 
M.  Soete; 

3°  La  restauration  des  toitures  de  l'église  deRamscappelledcUai^s(;pelle 
(Flandre  occidentale); 

4°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  aux    £%££, 

•     i-i  de  restiniralioD 

églises  de  :  d-égiues. 

Saint-Martin,  à  Hal  (Brabant)  :  exercices  1887  et  1888; 
Saint-Sulpice,  à  Diest  (Brabant)  :  exercices  1888  et  1889. 
—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  et  de  l'instruction  publique    „  éniise 

r  '        de  Sami-Micliel. 

a  fait  connaître  que,  d'après  le  procès-verbal  de  réception 
provisoire,  les  travaux  effectués  à  ce  jour  en  vue  de  la  res- 
tauration de  l'église  de  Saint-Michel,  à  Gand,  s'élevaient  à  la 
somme  de  fr.  53, 836-61  et  demandé  s'il  y  avait  lieu  de 
liquider  un  acompte  sur  le  subside  promis  par  son  dépar- 
tement. Ce  subside  s'élève  à  9,000  francs.  Les  travaux 
exécutés  sont  ceux  de  la  restauration  intérieure  de  l'église. 


—   120  — 

Celle-ci  est  presque  achevée,  à  la  réserve  de  quelques  travaux 
peu  importants  du  côté  du  jubé.  Le  badigeon  a  été  enlevé 
d'un  bout  à  l'autre  de  l'église.  Celte  opération,  qui  lui  a  donné 
beaucoup  plus  de  caractère,  a  permis  de  restituer  l'ancien 
triforium  et  de  constater  plus  d'une  grave  altération  qui 
avaient  été  apportées  aux  dispositions  intérieures.  C'est  ainsi 
que  d'importants  fragments  de  colonnettes  avaient  été  enlevés, 
qu'une  porte  avait  été  masquée  et  qu'on  avait  supprimé  en 
même  temps  un  escalier  intérieur  conduisant  au  triforium,  etc. 

Il  resterait  encore,  pour  rendre  à  l'église  son  aspect  pri- 
mitif, à  y  supprimer  quelques  superfélations  d'un  goût  dou- 
teux, tel  que  l'espèce  de  couronnement  gothique  dont 
l'architecte  Minard  avait  surmonté  le  maître- autel  et  qui,  par 
ses  dimensions  considérables,  masque  tout  le  chevet  du 
temple,  qui  est  d'une  belle  disposition  architecturale  et  décoré 
de  verrières  d'un  bon  style. 

La  fabrique  voudrait  aussi  renouveler  tout  le  mobilier  de 
l'édifice.  Mais  celui-ci  est  assez  convenable  et  la  mesure  peut 
être  différée  sans  inconvénient. 

En  attendant,  d'accord  avec  ses  délégués,  la  Commission 
ne  peut  que  donner  un  avis  favorable  à  la  liquidation  du 
subside  promis  si  les  ouvrages  auxquels  il  s'appliquait  sont, 
comme  il  semble,  exécutés. 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  le  1er avril  1891 ,  les  travaux 

deSainl-Germain, 

iTiriemont.   jc  restauration  exécutés  à  l'intérieur  de  l'église  de  Saint- 
Germain,  à  Tirlemont. 

Ces  travaux  forment  le  complément  de  l'entreprise  du 
débadigeonnage  et  de  la  restauration  intérieure  du  monu- 
ment; ils  étaient  «'values  à  fr.  14,596-81  et  sont  entièrement 
terminés. 


—  121   — 

Les  délégués  sont  d'avis  que  ces  ouvrages  ont  été  exécutés 
avec  beaucoup  de  soins  et  que  rien  ne  s'oppose  à  la  liqui- 
dation du  subside  du  département  de  l'intérieur  et  de  l'in- 
struction publique. 

Lors  de  l'inspection  précédente,  les  délégués  avaient  con- 
seillé, pour  limiter  le  plus  possible  la  dépense,  de  maintenir 
le  crépissage  qui  couvre  certaines  parties  de  parements  irré- 
guliers de  maçonneries  en  pierres  et  briques  du  transept. 
Le  conseil  de  fabrique  a  cru  devoir  faire  tracer  sur  ce  crépis- 
sage des  joints  blancs  simulant  un  appareil  de  pierre.  On  ne 
peut  que  regretter  ce  trompe-l'œil  Mais  il  résulte  des  expli- 
cations du  conseil  de  fabrique  que  ce  n'est  là  qu'une  opéra- 
tion provisoire  et  qu'il  compte,  dès  que  ses  ressources  le 
permettront,  remplacer  ces  quelques  parties  de  parements 
en  briques  par  des  parements  en  pierre  blanche,  afin  d'har- 
moniser tout  l'intérieur  de  l'édifice.  Il  y  a  lieu  de  l'encourager 
dans  cette  voie,  d'autant  plus  que  la  dépense  à  en  résulter 
n'atteindra  pas  un  chiffre  bien  important. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 

Vu  en  conformité  de  l'article  2o  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


—   122 


ERR  A.T  T  7  M  . 

Tome  XXX,  p.  8  (Liste  des  membres  correspondants  de 
la  Commission  royale  des  monuments  pour  la  province  de 
Hainaut), 

Après  le  nom  de  M.  Cador,  au  lieu  de  «  architecte  de  la 
ville,  »  lire  :  «  ancien  architecte  de  la  ville.  » 


NOTES 

POUR  SERVIR  A. 

L'HISTOIRE  DE  LA  SCULPTURE 

EN  BELGIQUE 

LES       ïtETu^BILES 
(Suite)  (1) 

RETABLES  DE  MONS.  (Suite.) 

Outre  les  deux  retables  dont  nous  venons  de  parler,  les 
églises  de  Monsen  possèdent  plusieurs  autres  qui  présentent 
un  intérêt  artistique  suffisant  pour  que  nous  croyions  devoir 
les  signaler  et  en  faire  une  courte  description,  bien  que  la 
sculpture  proprement  dite  ne  joue,  dans  certains  d'entre 
eux,  qu'un  rôle  secondaire. 

Autel  de  la  chapelle  des  Trépassés. 

(A  l'église  de  Sainte- Waudru.) 
FIN    DU    XVIe    OU    COMMENCEMENT    DU    XVIl"    SIÈCLE. 

Le  retable  qui  orne  cet  an  loi  est  on  marbre  blanc  et  noir  ; 
il  se  compose  de  quatre  pilastres  encadrant  doux  bas-reliefs; 
l'un  de  ceux-ci  a  pour  sujet  le  Calvaire,  l'autre  le  Pur- 
gatoire. 

Les  donateurs  de  l'œuvre  se  sont  fait  représenter  dans  la 

(i)  Voir  Bull.  desComm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  X\l\  (1890  .  p.  125, 
et  XXX  (1891),  pp.  29  et  79. 


—  124  — 

première  de  ces  compositions  :  on  effet,  on  y  voit,  au  pied 
du  Calvaire,  d'un  côté  un  seigneur  et  ses  trois  fils 
agenouilles:  de  l'autre,  une  dame  et  ses  deux  filles  dans 
l'altitude  de  la  prière.  Saint  Jean-Baptiste  se  lient  derrière 
les  premiers;  sainte  Catherine  derrière  les  autres. 

Des  emblèmes  de  la  mort  sont  sculptés  en  divers  endroits 
du  relabre.  Son  couronnement  se  termine  par  une  slalue 
qui  figure  un  homme  assis,  élevant  les  mains. 

Chapelle    de    Saint  -  llielicl. 

Même  église.) 
FIN    DU     XVI-     SIÈCLE. 

L'autel  dédié  à  Saint-Michel  est  en  style  Renaissance  ;  il 
se  compose  de  deux  colonnes  torses  qui  entourent  un  tableau 
peint  sur  bois  et  représentant  SaiîU  Michel  combattant  les 
infidèles;  plus  bas,  sur  le  même  tableau,  figure  la  bataille 
de  Lépanle. 

Le  couronnement  est  surmonté  de  la  statue  de  Saint- 
Michel,  armé  d'un  bouclier  et  d'un  glaive  flamboyant,  et 
terrassant  le  démon. 

Cette  statue  est  placée  sous  un  dais. 

Chapelle  de  Saint-  Koeh. 

(Même  église.) 
XVIIIe     SIÈCLE. 

Le  retable  placé  dans  ia  chapelle  de  Saint-Roch  se  com- 
pose de  deux  colonnes  torses,  en  marbre,  auxquelles  sont 
adossées  les  statues  des  saints  Fabien  oi  Sébastien. 


—  12,-i  — 

Ces  colonnes  encadrent  un  tableau  représentant  Saint 
lioch  au  milieu  des  pestiférés. 

Le  tout  est  couronné  de  la  statue  du  saint,  avec  son  chien 
et  un  ange,  placée  sous  un  dais. 

Nous  connaissons  l'auteur  de  cette  œuvre,  ainsi  que  la 
date  de  son  exécution  :  elle  fut  sculptée  par  Albert  Fonsoin, 
en  1712. 

Chapelle  de  Saint-Eloi. 

(Même  église.) 

X  V  1 1  Ie      SIÈCLE. 

Ce  retable  est  d'un  aspect  tout  à  fait  charmant. 

De  même  que  le  précédent,  il  se  compose  de  deux  colonnes 
de  marbre,  encadrant  un  tableau  peint;  mais  ici,  ces 
colonnes  supportent  une  arcade,  surmontée  de  la  statue  de 
Saint-Eloi. 

Le  tableau  est  une  copie  de  la  célèbre  Sainte- Famille,  de 
Raphaël  d'Urbin,  dont  l'original  se  trouve  à  Versailles. 

Plus  bas  que  le  tableau  est  une  petite  niche  en  marbre 
noir,  de  chaque  côté  de  laquelle  sont  placées  des  sculptures 
en  albâtre,  d'une  remarquable  finesse  d'exécution. 

ÉGLISE  DE  SAINT-NICOLAS-EN-HAVRÉ. 
Le    maître  -  autel . 

XVIIIe  SIÈCLE. 

Le  maitre-autel  de  l'église  de  Saint-Nicolas-en-Havré  est 
construit  sur  un  plan  semi-circulaire  ;  il  se  compose  d'un 
soubassement  à  deux  étages  et  de  deux  portiques  d'ordre 


—  1c2(>  — 

corinthien  avec  entablement  et  attique  de  balustres,  accos- 
tant une  niche  centrale  en  plein  cintre. 

Sous  l'architrave  des  portiques  pendent  un  baldaquin  et 
des  draperies,  relevées  par  un  petit  ange  aux  ailes  déployées. 

Les  baies  des  portiques  contiennent  les  statues  de  Saint- 
Jean  de  Matha  et  de  Saint-Félix  de  Valois,  fondateurs  d'un 
ordre  religieux  ayant  pour  but  le  rachat  des  captifs  et 
patrons  d'une  confrérie,  et  qui  était  établie  dans  l'église  de 
Saint-Nicolas  (1). 

Sous  l'arcade  centrale  est  une  statue  de  saint  Nicolas,  sur 
la  tète  duquel  deux  anges  déposent  la  mitre  épiscopale.  Le 
tout  est  couronné  d'un  majestueux  groupe  de  la  Sainte- 
Trinité,  entourée  d'anges,  de  séraphins  et  de  tètes  ailées  se 
détachant  sur  une  gloire  à  rayons  dorés. 

Le  contre-retable,  à  la  hauteur  du  second  étage  du  sou- 
bassement, est  orné  de  quatre  médaillons  :  deux  de  ceux-ci, 
placés  sous  les  statues  des  portiques,  représentent  en  buste 
les  apôtres  Saint-Pierre  et  Saint-Paul.  Les  deux  autres, 
sous  la  niche  centrale,  ont  pour  sujet  des  épisodes  de  la 
légende  de  Saint-Nicolas  :  à  droite  sont  représentées  trois 
jeunes  filles  qui  reçurent  de  ce  saint  la  dot,  à  défaut  de 
laquelle  elles  ne  pouvaient  se  marier;  à  gauche  se  voit  le 
sacre  du  saint,  placé  entre  deux  pontifes. 

Entre  ces  deux  médaillons  est  un  tabernacle  en  forme  de 
rotonde  grecque,  surmonté  d'un  crucifix  entouré  d'anges. 


(i)  Uc\>  vingt-deux  autels  qui  ornenl  l'église  >ir  Saint-Nicolas-en-Havié,  ceux 
que  nous  décrivons  i * •  i  sont  les  seuls  qui  méritent  une  mention  spéciale. 

On  trouvera  une  description  détaillée  de  ceux-ci,  comme  de  ceux  que  nous  ne 
citons  pas,  dans  rouvrage  de  M.  F.  (Iachez,  Mémoire  sur  la  paroisse  et  l'église 
las  en  Havre,  «  Mous.  Mous,  1859,  in-i°.  Planches. 


—   127  — 

Le  plan  du  maître-autel  a  été  dressé  en  17o5  par  Charles- 
Augustin  Fonson,  architecte  et  sculpteur,  puis  modifié  par 
le  même  en  4758.  Cet  artiste  est  également  l'auteur  des 
plans  et  de  l'exécution  des  stalles,  des  autres  boiseries  et  de 
la  clôture  du  chœur  de  la  même  église. 

En  avant  de  l'autel  se  tiennent  deux  anges  agenouillés 
dans  une  attitude  parfaite  d'adoration,  qui  sont  l'œuvre  du 
sculpteur  Alexandre  Ghienne. 


Chapelle    de   Notre-Dame   du  Ilont-Serrat. 

(Même  église.) 
XVI  II"     SIÈCLE. 

La  chapelle  de  Notre-Dame  du  Mont-Serrat  fut  fondée  en 
1618,  détruite  par  un  incendie  en  1(564,  puis  rétablie  en 
1686.  Toutefois,  son  ameublement  actuel  ne  date  que  de 
4735(i). 

L'autel  est  surmonté  d'un  portique  d'ordre  composite, 
entourant  une  grotte  formée  de  quartiers  de  roc,  dans 
lesquels  sont  pratiqués  des  ermitages. 

L'image  de  Notre-Dame  occupe  le  centre;  deux  pèlerins 
se  tiennent  à  ses  côtés. 

Un  attique  couronnant  l'entablement  du  portique  com- 
porte une  niche,  où  est  placée  une  statue  en  pied  de  la 
Vierge.  Deux  vases  et  deux  aigles  décorent  cette  partie 
supérieure  de  l'œuvre. 

(i)  F.  Hachez,  Op.  cit.,  p.  54. 


—  128  — 

<  'hapelle   «lu    Saint-Sacrement. 

i  .Même    église.) 

XVIIIe    SIÈCLE. 

Le  retable  de  l'autel  de  cette  chapelle  est  formé  de  deux 
couples  de  colonnes  corinthiennes,  réunies  par  une  arcade  à 
plein  cintre. 

Dans  la  baie  de  cette  arcade  est  un  tableau  représentant 
l'Exaltation  de  l'Eucharistie,  d'après  l'œuvre  de  Raphaël 
conservée  au  Vatican. 

Entre  les  colonnes  accouplées  de  gauche  se  trouve  la 
statue  de  Melchisedech  portant  des  pains  et  au-dessus  de 
laquelle  un  ange  tient  une  urne  ;  entre  les  colonnes  de  droite 
est  la  statue  de  Moïse  élevant  la  baguette  miraculeuse  et 
dans  le  haut,  un  ange  portant  les  tables  de  la  loi. 

Le  centre  de  l'arcade  est  surmonté  d'un  groupe  repré- 
sentant le  sacrifice  d'Abraham;  il  est  placé  sous  un  dais 
porté  par  des  anges  et  orné  de  draperies  et  d'un  lambrequin. 
Quatre  gracieux  enroulements  partent  du  dais  et  le  rat- 
tachent aux  socles  des  balustrades  formant  attique  au-dessus 
des  couples  de  colonnes. 

Le  soubassement  des  deux  statues  est  orné  de  torses  d'anges; 
les  piédroits  de  la  grande  arcade  sont  décorés  de  guirlandes 
d'épis  de  froment,  de  feuilles  et  de  grappes  de  raisin. 

Chapelle   des  Trepa«.*<;«. 

(Même  église.) 

XVIIIe     SIÈCLE. 

Le  retable  qui  orne  la  chapelle  des  Trépassés  est,  de 
même  que  plusieurs  des  précédents,  un  motif  d'architecture 
servant  de  cadre  h  un  tableau  peint. 


—   129  — 

Celui-ci,  qui  a  pour  sujet  le  Purgatoire,  est  placé  dans 
une  arcade  accostée  de  portiques  d'ordre  corinthien. 

Les  côtés  en  sont  ornés  des  statues  de  la  Mort  et  du 
Temps.  Les  entablements  des  colonnes  sont  surmontés  «If- 
pyramides  funéraires. 

Comme  couronnement,  une  statue  du  Christ  tenant  sa 
croix  est  placée  dans  un  dais  garni  de  draperies. 

On  remarque  à  la  partie  inférieure  du  retable  deux  anges 
qui  pleurent. 

Ces  sculptures,  sans  être  de  tout  premier  ordre,  méritent 
d'être  signalées. 

ÉGLISE   DE  SAINTE-ELISABETH. 
Chapelle  des  Trépassas. 

XVIIIe    SIÈCLE. 

Le  principal  ornement  de  l'autel  de  cette  chapelle  est  un 
magnifique  tabernacle  en  écaille.  Nous  croyons  devoir  le 
mentionner  à  cause  des  statuettes  qui  le  décorent  et  repré- 
sentent la  Vierge,  saint  Pierre  et  saint  Paul;  l'ensemble  est 
surmonté  d'un  Christ  en  cuivre  doré. 

Chapelle  du   eouvent    des    Crsulines. 

XVIIIe     SIÈCLE. 

Cette  chapelle  possède  un  autel  en  style  Renaissance,  de 
proportions  considérables. 

Un  tableau  de  mailre  représentant  Sainte-Ursule  est 
encadré  par  cet  élégant  morceau  de  sculpture,  décoré  de 
statues  de  la  Sainte-Trinité,  de  la  Vierge  et  de  Saint-Joseph. 


—  130  — 

On  a  des  raisons  de  croire  que  cet  autel  a  été  construit  au 
commencement  du  xvm"  siècle  sur  un  plan  dressé  par 
Claude-Joseph  De  Bettignies,  à  la  fois  architecte  et 
sculpteur. 

RETABLES   DE  YILLERS-LA-MLLE. 

XVe  ET  XVIe  SIÈCLES. 

Deux  fragments  de  retables  superposés  sont  placés  sur 
l'autel  de  la  chapelle  de  Sainte-Anne,  dans  la  nef  latérale 
droite  de  l'église  de  Villers-la-Ville. 

Ces  deux  sculptures  diffèrent  absolument  tant  sous  le 
rapport  de  l'exécution  et  de  la  dimension  des  figures  qu'au 
point  de  vue  du  style  et  des  motifs  architectoniques  qui  les 
décorent.  On  y  sent  deux  mains  et  deux  époques;  le  seul 
motif  de  leur  réunion  paraît  être  que  toutes  doux  se  com- 
posent de  scènes  relatives  au  même  sujet  :  «  la  vie  de  la 
Vierge  » . 

Le  fragment  placé  directement  sur  la  table  de  l'autel  est 
divisé  en  cinq  compartiments,  juxtaposés  sur  une  même  ligne 
horizontale. 

Le  premier,  à  gauche,  représente  le  Mariage  de  la  Vierge. 
Celle-ci  se  lient  à  droite,  au  premier  plan,  faisant  face  à 
saint  Joseph;  au  fond,  le  prêtre  prononce  l'union  ;  quatre 
assistants  se  tiennent  à  ses  côtés. 

Le  tableau  suivant  a  pour  sujet  /' Annonciation  ;  Marie  esl 
agenouillée,  à  droite;  derrière  elle,  dans  l'angle  du  fond,  se 
voit  suspendu  un  baldaquin.  Du  côté  opposé  se  tient  l'ar- 
change, portant  à  la  main  une  hampe  surmontée  d'un  1er  de 
lance. 


—   131   — 

Dans  le  panneau  central  est  représentée  la  Nativité. 

L'Enfant  est  couché  au  centre  de  l'étable  entre  la  Vierge 
et  Joseph.  Deux  angelets,  vus  de  dos,  sont  agenouillés 
devant  lui. 

Une  femme  regarde,  au  fond;  un  homme  est  en  avant,  à 
gauche;  trois  autres,  à  droite. 

La  scène  est  fermée  de  chaque  côte  par  des  rochers,  sur 
lesquels  se  voient  trois  petits  personnages  :  un  à  droite, 
deux  à  gauche. 

Au-dessus  de  l'étable,  dans  le  paysage,  se  présentent  sept 
hommes  à  cheval  et  un  huitième,  à  gauche,  monté  sur  un 
chameau;  ils  semblent  interroger  un  petit  berger  agenouillé 
au  centre  et  accompagné  de  trois  animaux,  porcs  ou 
moutons. 

La  Circoncision  vient  ensuite. 

Au  premier  plan,  à  gauche,  une  femme  porte  l'enfant  ; 
au  fond,  cinq  personnages,  trois  hommes  et  deux  femmes, 
assistent  à  l'opération  que  pratique  un  vieillard  coiffé  d'une 
espèce  de  capuchon  surmonté  —  détail  original  —  d'une 
pointe  ressemblant  à  celle  des  casques  prussiens  de  nos 
jours. 

La  dernière  composition  de  cette  partie  du  retable  figure 
l'Adoration  des  Mages,  scène  à  cinq  personnages. 

La  Vierge,  assise  au  premier  plan,  a  l'Enfant  sur  les 
genoux.  Un  mage,  agenouillé  devant  elle,  offre  son  présent, 
tandis  que  ses  deux  compagnons,  au  fond  à  gauche,  attendent 
leur  tour  pour  apporter  leur  offrande.  Saint  Joseph  est  au 
fond,  dans  l'angle  droit. 

Celle  suite  de  scènes  repose  sur  un  soubassement  peu 
élevé,  décoré  d'entrelacs  ajourés. 


—  132  — 

Les  ligures,  de  bonnes  proportions,  ne  sont  pas  d'une 
grande  finesse  d'exécution  ;  ce  défaut  se  remarque  d'ailleurs 
souvent  dans  les  retables  qui  ont  été  polychromes  ou  dorés 
et  dans  lesquels  la  sculpture  du  bois  recevait  son  fini  de 
l'enduit  que  l'on  y  appliquait  préalablement  à  la  peinture  ou 
à  la  dorure.  C'est  là  encore  une  considération  qui  milite 
contre  le  procédé  absurde  de  certains  restaurateurs,  qui 
consiste  à  mettre  le  bois  complètement  à  nu  en  enlevant, 
d'un  seul  coup,  l'enduit  avec  toutes  les  couches  de  couleur 
qui  le  recouvrent.  Sans  parler  des  multiples  inconvénients, 
maintes  fois  signalés  par  les  archéologues  les  plus  autorisés, 
qu'offre  celte  manière  de  faire,  l'aspect  de  la  dorure  ou  de 
la  polychromie  avec  la  patine  que  les  siècles  vont  imprimée, 
n'est-il  pas  de  beaucoup  préférable  h  celui  d'une  sculpture 
qui  parait  grossière  et  que  l'on  sent  incomplète? 

Les  riches  dais  en  style  gothique  qui  couronnent  ces 
diverses  compositions  sont  des  plus  habiles  d'exécution  et 
ont  été  signalées  par  plusieurs  personnes  comme  étant  d'une 
conservation  surprenante,  lorsqu'on  songe  à  l'extrême  fra- 
gilité due  à  la  sécheresse  du  bois  de  chêne  dans  lequel 
sont  taillées  ces  frêles  dentelles.  Leur  état  de  conservation 
étonne  moins  lorsqu'on  sait  que  la  plus  grande  partie  de  ces 
ornements  sont  l'œuvre  du  restaurateur  et  ne  datent  guère 
que  d'une  trentaine  d'années. 

Les  six  colonnettes  qui  encadrent  ces  divers  compar- 
timents sont  ornées  chacune  d'une  figurine  de  prophète, 
haute  de  quelques  centimètres  et  d'un  faire  délicat. 

Ces  statuettes  tiennent  des  banderolles;  elles  ont  élé 
refaites  par  le  restaurateur  du  retable,  le  sculpteur  Sohest. 

Les  figures  du  retable  supérieur,  bien  que  de  plus  petites 


—  133  — 

dimensions  que  celles  dont  nous  venons   de   parler,  sont 
d'une  exécution  plus  caressée. 

Nous  croyons  nous  trouver  ici  devant  la  partie  centrale 
d'un  retable  auquel,  eu  égard  à  ses  proportions,  il  nous 
parait  manquer  non  pas  un  soubassement,  mais  des  volets; 
le  fragment  que  nous  avons  sous  les  yeux  est  divisé  en  sept 
compartiments. 

Celui  qui  occupe  l'angle  supérieur,  à  la  gauche  du  spec- 
tateur, représente  la  Visitation, 

La  Vierge  se  tient  à  gauche;  devant  elle,  Elisabeth  plie  le 
genou.  Assis  dans  un  fauteuil,  du  côté  droit,  Zacharie  fait  de 
la  main  un  geste  d'accueil. 

Nous  ne  saisissons  pas  bien  le  sujet  représenté  sous  cette 
composition  : 

Sur  une  place  publique,  huit  personnages,  debout,  cau- 
sent dans  diverses  attitudes.  Au  fond  se  voient  les  murailles 
d'une  ville  percées,  à  droite,  d'une  porte.  Par  cette  dernière 
sort  un  jeunehomme, auprès  duquel  un  vieillard  s'empresse, 
paraissant  l'interroger. 

D'après  M.  J.  Tarlier  (1),  cette  scène  figurerait  la  Sépa- 
ration des  Apôtres;  cette  interprétation  nous  parait  exacte. 

Dans  le  panneau  supérieur  du  côté  droit,  nous  voyons  la 
Présentation  au  temple.  Au  milieu  de  la  scène,  le  grand 
prêtre  tient  le  nouveau-né  ;  six  personnages  l'entourent. 

Dans  le  compartiment  inférieur,  du  même  côté,  l'artiste 
a  placé  les  Obsèques  de  la  Vierge.  Les  apôtres,  venant  de  la 
gauche,  portent  le  corps  sur  un  brancard;  le  cortège 
funèbre  est  précédé  d'un  homme  tenant  un  long  cierge. 


n)  Bull,  des  Cùtnm.  roy.  d'art  et  tfarchéol.,  t.  IV(I8«d),  p.  -23-2. 


—   1Ô4  — 

Au  premier  plan,  le  païen  qui  veut  profaner  le  cadavre 
tombe  foudroyé,  tandis  que  la  main  se  sépare  du  bras  et 
reste  attachée  au  linceul  qu'elle  a  touche. 

La  scène  principale,  formant  le  centre  de  ce  retable,  est 
la  Mort  de  la  Vierge. 

La  plus  grande  partie  du  tableau  est  occupée  par  un  lit  à 
baldaquin,  sur  lequel  repose  la  mourante. 

Trois  hommes  se  tiennent  derrière  le  lit;  un  quatrième,  à 
gauche,  tourne  le  dos  au  spectateur.  Quatre  autres  occupent 
la  droite  ;  un  homme,  dans  l'angle  de  ce  côté,  pleure  dans 
un  mouchoir.  Enfin,  au  premier  plan,  un  personnage  à 
demi-couche  sur  le  sol  tient  un  gros  livre. 

On  remarquera  la  presque  identité  de  cette  disposition 
avec  celle  de  la  scène  représentant  le  même  sujet,  dans  le 
retable  de  Lombeek-Nolre-Dame.  Il  en  est  de  même  des 
Obsèques  de  la  Vierge,  qui  sont  représentées,  dans  les  deux 
sculptures,  à  peu  près  de  la  même  façon. 

Enfin  ici,  comme  dans  le  retable  de  Lombeek,  la  compo- 
sition centrale  repose  sur  deux  petites  niches  carrées  dont 
chacune  contient  la  figure  d'un  homme  accroupi,  tenant 
une  banderolle,  sans  doute  les  deux  scribes  consultés  à 
l'occasion  de  la  naissance  de  la  Vierge.  Ces  deux  person- 
nages, dans  le  retable  de  Lombeek,  sont  placés  face  à  lace, 
tandis  que  dans  la  sculpture  de  Villers-la-Ville  ils  se  tournent 
le  dos.  Cette  dernière  disposition,  qui  nous  parait  peu 
logique,  est  peut-être  due  à  une  erreur  du  restaurateur. 

Dans  le  dais  qui  surmonte  la  scène  centrale  est  placé  un 
buste  du  Père  Éternel,  le  front  ceint  d'une  couronne,  levaql 
la  main  droite  en  signe  de  bénédiction,  portant  le  globe  du 
monde  dans  la  gauche. 


—  13b  — 

Les  habitants  de  la  paroisse  désignent  ces  retables  sous  le 
nom  de  «  Bethléem  ».  On  croit  généralement  (nuls  pro- 
viennent de  l'ancienne  abbaye  de  Villers,  ce  qui  esl  assez 
vraisemblable. 

La  partie  supérieure  de  la  sculpture  porte  le  millésime 
1558. 

Celte  date  pourrait  s'appliquer  à  ce  fragment;  l'autre 
nous  semble  plus  ancien  d'un  demi -siècle  environ. 

On  n'a  aucune  donnée  au  sujet  de  l'auteur  de  ce  dernier. 
Quant  au  premier,  la  distribution  des  personnages  dans 
diverses  scènes  n'est  pas  la  seule  analogie  que  nous  y  ayons 
remarquée  avec  celui  de  Lombeek-Notre-Dame  :  la  manière 
de  l'exécution,  les  ressemblances  entre  les  types,  les  cos- 
tumes, les  objets  d'ameublement,  etc.,  nous  font  présumer 
que  ces  deux  œuvres  sont  dues  au  même  ciseau. 


RETABLES  DE  BUVRINNES. 

XVIe  SIÈCLE. 

Dans  la  nef  droite  de  l'église  de  Buvrinnes  (Hainaul)  se 
trouve  un  autel  dédié  à  saint  Pierre,  surmonté  d'un  retable 
qui  retrace  divers  épisodes  de  la  vie  de  ce  martyr. 

Ce  retable  est  en  chêne,  polychrome  et  doré.  Il  est  porté 
sur  un  soubassement  à  double  étage,  dont  la  partie  infé- 
rieure est  décorée  de  guirlandes  de  feuilles  de  vigne  et  de 
eeps  chargés  de  grappes  de  raisin. 

Le  contour  supérieur  de  l'encadrement  esl  d'une  sil- 
houette originale  :  il  forme  d'abord  un  quarl  de  rond, 
convexe  à  l'intérieur,  puis  une  partie  horizontale,  une  partie 


—  156  — 

verticale,  en  lin  un  nouveau  quart  de  rond,  également 
convexe  vers  l'intérieur,  de  façon  à  former,  avec  le  même 
dessin  venant  en  sens  inverse,  une  pointe  aiguë  au  centre  de 
l'encadrement  (i). 

Le  retable  comporte,  dans  le  sens  de  sa  largeur,  trois 
divisions;  les  deux  latérales  sont  fermées  par  une  arcade 
intérieure  à  plein  cintre;  celle  du  centre,  par  une  arcade 
trilobée. 

Le  panneau  placé  à  droite  du  spectateur  a  pour  sujets 
l'emprisonnement  de  saint  Pierre  et  son  jugement. 

Au  fond  s'aperçoit  la  prison,  à  la  fenêtre  de  laquelle  se 
trouve  le  Saint;  un  homme  —  peut-être  le  geôlier  —  est 
debout  à  l'extérieur. 

Le  groupe  principal  représente  saint  Pierre  devant  ses 
juges.  Saint  Jean  se  tient  à  côté  de  lui;  à  droite  se  trouve 
un  spectateur;  à  gauche,  deux  juges  vêtus  de  longues 
robes,  coiffés  de  chapeaux  aplatis,  à  larges  bords. 

Dans  l'angle  droit,  en  avant,  est  un  personnage  barbu, 
coiffé  d'un  bonnet  pointu  entouré  d'une  bande  d'étoffe  nouée 
par  derrière  et  dont  les  longs  bouts  lui  pendent  dans  le  dos. 
.Nous  avons  rencontré  des  coiffures  du  même  genre  dans 
les  sculptures  de  Jean  Borremans. 

Le  personnage  en  question  s'appuie  de  la  main  gauche 
sur  un  bouclier  orné  d'une  tète  fantastique,  —  ce  qui  nous 
fait  supposer  qu'il  représente  un  soldat,  —  tandis  que  de  la 
droite  il  fait  un  geste  d'explication  au  juge  placé  en  face  de 
lui.  Celui-ci  lui  répond  en  désignant,  accroupi  sur  le  sol,  le 


10  Th.    Leieone,  Retable  gothique  de  V église  paroissiale  de  Buvr innés. 
Annales  du  Ce  rote  archéologique  de  Mous.  t.  III  (186-2),  p.  302.  Planche. 


—  137  — 

boiteux  dont  la  miraculeuse  guérison  a  été  cause  de  l'empri- 
sonnement des  deux  apôtres. 

Le  panneau  gauche  du  retable  figure  la  délivrance  mira- 
culeuse de  saint  Pierre. 

Aux  premiers  plans,  les  guerriers  chargés  de  la  garde  du 
prisonnier  sont  assis  ou  couchés  sur  le  sol.  Les  uns  sont 
vêtus  de  courtes  tuniques,  les  autres  d'amples  manteaux  ;  tous 
sont  coiffés  de  casques  de  formes  fantaisistes  ;  celui  qui  est 
assis  au  premier  plan  à  gauche  tient  d'une  main  la  poignée 
d'un  large  sabre  posé  à  côté  de  lui,  de  l'autre  un  bouclier 
rond. 

Au  centre,  entre  les  gardes,  s'avance  saint  Pierre;  l'ange 
qui  l'a  délivré  le  guide  et  le  tient  par  la  main,  tandis  que 
l'on  aperçoit  au  fond  la  porte,  encore  ouverte,  de  la  prison 
d'où  il  vient  de  s'échapper. 

Un  personnage,  appuyé  sur  un  bàlon,  contemple  la 
scène;  un  autre  s'éloigne  par  le  fond. 

Sous  le  compartiment  principal  est  un  panneau  rectangu- 
laire divisé  en  trois  parties  :  deux  niches  ogivales,  étroites, 
accostant  une  troisième  niche  en  cintre  très  surbaissé. 

Dans  celte  dernière,  deux  petits  personnages  représentent 
la  fuite  de  saint  Pierre.  Le  Saint,  craignant  la  tyrannie  de 
Néron,  s'échappe  de  Rome,  quand  soudain  le  Christ  lui 
apparaît,  chargé  de  sa  croix. 

Dans  le  fond  se  dessinent  les  murailles  de  la  ville,  au 
centre  desquelles  se  voit,  flanquée  de  deux  tourelles,  la  porte 
Capène  par  laquelle  il  est  sorti. 

La  grande  composition  centrale  représente  le  martyre  de 
saint  Pierre. 

Au  centre  de  la  scène,  le  Saint  est  attaché,  la  tèle  en  bas, 


—  138   - 

à  une  croix  renversée.  Un  bourreau,  agenouillé  au  devant, 
lui  cloue  les  mains  à  la  traverse  de  la  croix. 

A  gauche  est  un  personnage  à  grande  barbe,  vêtu  d'une 
longue  robe  serrée  à  la  taille,  qu'il  relève  de  la  main  droite, 
de  manière  à  laisser  voir  le  genou  nu  entre  le  mollet, 
couvert  d'un  long  bas,  et  le  bord  inférieur  d'une  tunique 
courte.  Il  tient  un  clou  de  l'autre  main. 

A  droite,  un  guerrier  a  les  jambes  enfermées  dans  un 
large  pantalon  serré  aux  chevilles,  le  dos  couvert  d'un  ample 
manteau  rejeté  sur  les  épaules;  il  est  coiffé  d'un  chapeau 
à  larges  bords,  relevés  par  derrière  et  abaissés  par  devant. 
Un  sabre  pend  à  sa  ceinture. 

Des  bourreaux,  montés  sur  des  échelles,  s'occupent  à 
fixer  les  pieds  du  Saint  à  l'instrument  de  supplice. 

A  l'entour  sont  des  gens  du  peuple,  faisant  des  gestes  de 
joie  et  de  menace,  puis  d'autres  bourreaux  et  des  soldats 
armés  de  lances  et  d'épées. 

Adroite  est  la  prison  Mamerline;  au  fond,  le  Capilole, 
juché  au  sommet  de  rochers  escarpés  que  gravissent,  à 
gauche,  un  piéton  appuyé  sur  un  bâton,  à  droite,  un  cava- 
lier lancé  au  galop. 

Les  trois  grandes  compositions  sont  couronnées  de  dais 
sculptés  formant  voûtes  en  pendentifs,  d'une  exécution 
habile.  Elles  sont  séparées  entre  elles  par  des  faisceaux  de 
colonnettes  à  angles  saillants,  terminés  en  pinacles  aigus. 

Un  sculpteur  gantois  chargé,  en  1854, de  la  restauration  de 
ce  retable,  l'a  couronnéd'une  motif  d'architecture  à  jourrepré- 
sentant  un  double  rang  d'arcades  trilobées  séparées  par  di^ 
piliers  surmontés  de  pinacles  à  crochets,  accostant,  au  som- 
met, une  niche, dans  laquelle  il  a  placé  une  statuette  du  Saint. 


—   139  — 

Le  même  artiste  esl  l'auteur  du  devant  de  l'autel  repré- 
sentant, dans  une  grande  niche  centrale,  l'ensevelissement 
de  saint  Pierre;  dans  deux  petites  niches  latérales,  des  ao 
portent  des  banderoles. 

Quant  à  la  partie  ancienne,  dont  l'ordonnance  et  l'exé- 
cution sont  des  plus  intéressantes,  rien  jusqu'à  présent  n'en 
a  pu  faire  connaître  l'auteur. 

La  même  église  possède  un  second  retable  en  pierre 
blanche  datant  de  la  fin  du  xvie  siècle. 

Il  est.  divisé  en  trois  compartiments  rectangulaires,  sans 
colonnettes  ni  arcatures,  dont  l'un,  au  centre,  est  du  quart 
de  sa  hauteur  plus  élevé  que  les  deux  autres. 

A  l'intérieur,  des  groupes,  comportant  au  total  trente- 
quatre  personnages,  figurent  des  scènes  de  la  Passion. 

Ce  travail  est  de  beaucoup  inférieur  au  retable  de  l'autel 
de  Saint-Pierre;  en  outre  d'épaisses  couches  de  coulent-, 
apposées  à  diverses  époques,  enlèvent  toute  la  finesse  des 
détails  de  la  sculpture. 

RETABLE  DE  NEERHAEREN. 

XVI"    SIÈCLE. 

Le  retable  de  l'église  de  Neerhaeren  comporte  trois  divi- 
sions principales  :  celle  du  centre  dépasse  les  autres  de  la 
moitié  environ  de  sa  hauteur.  Il  présente  une  conliguration 
générale  assez  simple,  quoique  originale,  et  que  nous  n'avons 
pas  encore  rencontrée  jusqu'ici. 

Une  moulure  peu  compliquée  contourne  les  arêtes  laté- 
rales et  supérieures  du  cadre.  Cette  moulure,  au-dessus  des 
petits  compartiments,  s'élève  en  pente  douce,  le  rampant 


—   140  — 

dessine  deux  arcs  de  cercle;  vers  le  milieu  de  la  case  le 
cadre  redescend  en  un  nouvel  arc  de  cercle  à  corde  horizon- 
tale, convexe,  comme  les  deux  précédents,  vers  l'intérieur, 
et  rattachant  ce  membre  à  la  partie  verticale  du  cadre  du 
grand  compartiment;  le  sommet  de  celui-ci  forme  un  angle 
dont  les  deux  cùtés  dessinent  également  chacun  deux  arcs 
de  cercle  dont  les  centres  se  trouvent  en  dehors  du  retable. 

Ce  grand  compartiment  est  réparti  en  trois  étages  super- 
posés; les  autres  n'en  ont  que  deux. 

Le  sujet  de  la  sculpture  est  la  Passion. 

Nous  voyons  d'abord,  à  gauche,  le  Sauveur  s'avancer, 
couronné  d'épines  et  chancelant  sous  le  poids  de  sa  croix. 
Il  sort  de  la  ville,  dont  on  aperçoit,  au  troisième  plan,  la 
porte  grillée  et  surmontée  d'une  échauguelte  à  créneaux. 

A  gauche,  au  premier  plan,  s'avance  un  juif  à  l'air  rébar- 
batif. Il  porte  sur  l'épaule  une  sorte  de  crémaillère,  dans 
laquelle  est  passée  l'anse  d'un  panier. 

Le  haut  de  la  tète,  jusqu'aux  yeux,  est  enfoui  dans  un 
grand  bonnet  à  oreillères,  découpé  de  manière  à  protéger 
la  nuque.  Le  nez  est  gros,  le  menton  proéminent. 

Une  ample  robe  enveloppe  le  personnage  ;  elle  est  serrée 
à  la  taille  par  une  ceinture  d'étoffe  dont  les  bouts  pendent  et 
s'étalent  sur  le  sol  ;  le  bord  inférieur  est  découpé  en  festons 
carrés.  Une  petite  pèlerine  arrondie  couvre  les  omoplates; 
les  manches  sont  largement  évasées  vers  le  bas. 

Du  côté  opposé,  sainte  Véronique  s'agenouille  devant  le 
Christ.  Sa  robe,  qui  dessine  la  partie  supérieure  du  dos,  est 
très  drapée  à  partir  de  la  ceinture.  Les  manches,  aux  bords 
ornés  d'une  broderie,  s'arrêtent  à  mi-bras  et  en  laissent 
passer  d'autres,  larges  au  point  de  descendre  sur  le  genou. 


—  \A\  — 

Les  cheveux  sonl  cachés  sous  un  linge  replié,  donl  les  bouts 
pendent  derrière  la  tète.  Le  bord,  orné,  du  chaperon  est 
relevé  sur  le  front;  une  plaque  ronde  couvre  l'oreille. 

Dans  l'angle  droit  de  la  composition,  un  soldat  est  vu  de 
dos;  il  porte  sur  l'épaule  l'extrémité  d'une  grosse  corde,  qui 
pend  derrière  lui.  Son  costume  se  rapproche  de  celui  du 
juif  à  la  crémaillère,  sauf  le  bonnet,  qui  est  pointu  et  à 
grands  bords. 

Derrière  Jésus,  Simon  le  Cyrénéen  soulève  la  croix.  Du 
côté  opposé  est  un  guerrier  couvert  d'une  armure.  La  tète, 
à  forte  moustache,  s'emboîte  dans  un  casque  sans  cimier  ;  la 
pièce  du  coude  est  très  saillante  ;  une  énorme  coquille  pro- 
tège le  poignet. 

Deux  personnages,  presque  entièrement  cachés  par  les 
précédents,  sont  placés  au  troisième  plan.  L'un,  à  droite,  est 
coiffé  d'un  chapeau  à  grands  bords  plats,  recouvrant  un 
capuchon,  dont  l'angle,  orné  d'un  gland,  passe  sur  l'épaule. 

L'autre  lève  violemment  le  bras  gauche  comme  pour 
souffleter  le  Christ.  Toute  la  tète  disparait  dans  un  vaste 
chapeau  aux  bords  abaissés  et  dont  la  forme,  entourée  d'un 
chapelet  de  boules  à  l'endroit  où  nous  plaçons  le  ruban, 
figure  parfaitement  un  melon,  dont  on  distingue  toutes  les 
côtes. 

Enfin,  dans  le  fond  de  la  scène  s'aperçoivent  deux  figures 
en  bas-relief  de  plus  petites  dimensions:  la  Vierge,  en 
prières,  soutenue  par  saint  Jean. 

Cette  composition  est  surmontée  d'une  case,  de  forme 
rectangulaire,  qui  était  encore  absolument  vide  en  1887. 
Celle  case  avait  contenu  le  dais  qui  couronnait  les  groupes; 
mais  le  travail  original  était  complètement  détruit,  ainsi 


—  \te  — 

que  les  motifs  qui  devaient  orner  les  montants,  à  l'intérieur 
du  cadre.  Il  en  est  de  même  du  panneau  correspondant  du 
côté  droit. 

Le  Calvaire  occupe  la  partie  principale  du  retable. 

Le  Christ  est  en  croix  entre  les  deux  larrons;  deux  per- 
sonnages se  distinguent  au  fond  ;  un  autre,  à  gauche,  a  le 
bras  passé  dans  l'anse  d'un  panier. 

Quatre  cavaliers,  au  pied  de  la  croix,  contemplent  le 
Sauveur  en  faisant  des  gestes  divers.  Le  plus  éloigné  de 
nous,  à  gauche,  lève  la  main  avec  étonnernenl;  le  second, 
au  même  plan,  nous  tourne  le  dos;  il  renverse  fortement 
la  tète  en  arrière  pour  voir  le  Christ,  et  le  geste  de  sa  main 
semble  indiquer  qu'il  lui  adresse  une  phrase  ironique.  Il 
est,  comme  ses  compagnons,  velu  d'un  ample  manteau.  Ses 
épaules  sont  couvertes  d'une  pèlerine  de  fourrure;  la  tète, 
d'une  coiffure  sans  bord,  élevée  et  à  fond  plat,  dans  le  genre 
du  bonnet  persan. 

Le  cavalier  du  premier  plan,  à  gauche,  est  un  vieillard  à 
longue  barbe  ondulée;  il  se  ferme  un  œil  avec  l'index  de  la 
main  gauche,  la  droite  tient  les  rênes  du  cheval.  Sa  coiffure, 
de  forme  conique,  est  formée  d'une  pièce  d'étoffe  dont  les 
bouts  pendent  en  arrière.  Sa  monture  lève  également  la  télé 
vers  le  Sauveur. 

Le  quatrième  cavalier,  qui  fait  face  au  précédent,  montre 
le  Christ  de  la  main  droite.  Ce  personnage  porte  une  grosse 
moustache;  c'est  un  guerrier,  comme  nous  l'indiquent  le 
bouclier  de  cuir  bizarrement  découpé  et  orne  d'une  tète 
fantastique  qui  est  attaché  à  son  épaule  gauche  et  le  sabre 
recourbé  à  large  fourreau  qui  pend  sur  le  flanc  de  sa  mon- 
lure,  retenu  par  une  chaîne  croisée  à  un  gros  anneau. 


—  U5  — 

Sa  coiffure  est  un  bonnet  pointu,  aux  bords  relevés.  Son 
cheval  est  enveloppé  jusqu'à  la  croupe  d'une  pièce  d'étoffe. 

Cette  composition  présente  ce  fait,  contraire  à  toute 
logique  et  aux  lois  de  la  perspective,  que  les  personnages  du 
fond  sont  plus  grands  que  ceux  du  premier  plan.  Celui  qui 
est  debout  au  troisième  plan,  à  gauche,  et  qui  porte  un 
panier,  est  surtout  de  dimensions  énormes  relativement  aux 
autres. 

Au-dessus  de  cette  scène  se  trouvait  aussi,  en  1887,  une 
case  vide  qui  devait  être  jadis  remplie  par  un  dais  sons 
lequel  se  trouvait  peut-être  un  buste  du  Père  Éternel,  ainsi 
que  nous  l'avons  vu  dans  diverses  autres  œuvres  repré- 
sentant le  même  sujet. 

A  droite  et  à  gauche  du  calvaire  grimpent  le  long  du 
cadre  des  enroulements  de  branchages  dans  lesquels  sont 
échelonnés  de  chaque  côté  six  personnages.  Les  uns  sont 
des  vieillards  barbus,  à  longs  cheveux,  vêtus  de  vastes  man- 
teaux ou  d'amples  tuniques,  coiffés  de  bonnets  coniques 
ou  de  chapeaux  à  grands  bords  enfoncés  sur  la  tète. 
D'autres,  à  la  ceinture  desquels  pend  un  sabre,  semblent  être 
des  guerriers;  d'autres  encore,  jeunes  gens  imberbes,  ont  la 
tète  nue  ou  couverte  d'un  bonnet  rond  ;  ils  sont  habillés  d'un 
corsage  collant  à  larges  manches,  ici  évasées  vers  le  bas, 
là  bouffantes  sur  le  bras  et  serrantes  aux  poignets,  et  d'une 
jupe  courte  plissée  ou  ornée  de  broderies.  Le  second,  en 
parlant  d'en  haut,  du  côté  droit,  est  un  vieillard  à  la  tète 
remarquablement  petite,  couverte  d'une  gigantesque  toque 
en  forme  de  tromblon. 

Tous  ces  personnages  tiennent  un  sceptre. 

Quelle  a  été  l'intention  de  l'artiste?  A-t-il  voulu  représenter 


_  144  — 

la  généalogie  du  Christ?  Ou  bien  ces  figures  rappellent-elles 
des  souverains  de  notre  pays?  Ces  deux  hypothèses  nous 
paraissenl  également  admissibles  ;  nous  inclinons  cependant 
vers  la  première. 

Dans  le  bas  du  panneau  central  est  une  scène  à  neuf  per- 
sonnages :  à  gauche,  la  Vierge  défaillante  est  soutenue  par 
saint  Jean;  devant  elle,  une  femme  lui  tend  les  mains;  la 
coiffure  de  celle-ci  est  une  sorte  de  bonnet  énorme  fait  de 
linges  repliés,  noués  en  arrière  et  dont  les  extrémités  tombent 
jusqu'à  la  ceinture.  Une  pièce  d'étoffe  attachée  au  bonnet 
passe  sous  le  menton  ;  une  autre  descend  en  torsade  derrière 
l'épaule.  Les  manches,  d'abord  bouffantes,  puis  serrées  au 
gros  du  bras,  deviennent  extrêmement  larges  dans  le  bas. 

La  robe  forme  autour  de  la  taille  un  gros  pli  en  boudin 
découpé  de  crevés,  auquel  pendent  des  ornements  en  forme 
de  poires,  alternés  avec  d'autres  de  même  forme,  plus 
petits. 

Trois  guerriers  sont  groupés  à  la  droite  du  tableau  ;  l'un, 
dans  l'angle,  porte  à  la  ceinture  un  large  sabre  recourbé 
pendant  à  une  chaîne  croisée,  semblable  à  celui  d'un  cavalier 
(pie  nous  avons  vu  plus  haut.  On  ne  voit  de  la  tête  qu'un 
gros  nez  et  une  longue  barbe;  le  reste  disparaît  dans 
un  bonnet  de  fourrure  dont  les  bords  sont  étrangement 
découpés  :  la  partie  antérieure,  de  forme  triangulaire,  est 
relevée  et  maintenue  au  bonnet  par  un  boulon;  l'extrémité 
d'une  partie  latérale,  coupée  en  angle  très  aigu,  forme  un 
nœud  plus  bas  que  la  ceinture;  un  troisième  lambeau  est 
rectangulaire  et  couvre  le  dos. 

Noire  soldat  tient  de  la   main  droite  le   manche  d'une 
pique;  il  pose  la  gauche  sur  l'épaule  de  son  voisin. 


—  H5  — 

Celui-ci  s'appuie  sur  le  bouclier  bizarre  que  nous  avons 
précédemment  rencontré.  Les  manches  de  son  vêtement. 
collantes  sur  le  bras  et  l'avant-bras,  bouffent  à  l'endroit  du 
coude,  où  elles  sont  découpées  de  crevés.  Les  épaules  sont 
couvertes  d'une  pèlerine  de  fourrure;  la  tète,  d'un  bonnet 
de  haute  forme,  a  fond  plat,  à  bord  rond  très  épais,  d'où 
tombe  un  bout  d'étoffe  frangée.  Il  fait  un  geste  de  la  main 
gauche  en  parlant  au  troisième  soldat  vers  lequel  il  se 
retourne.  Ce  dernier,  appuyé  sur  la  hampe  d'une  pique, 
se  penche  vers  lui  et  parait  l'écouter  avec  attention. 

Enfin,  trois  femmes,  dont  on  ne  voit  guère  que  le  haut  du 
corps,  garnissent  le  fond  de  la  scène;  celle  du  milieu 
pleure;  les  deux  autres  joignent  les  mains  avec  pitié. 

L'arête  inférieure  de  ce  panneau  est  plus  élevée  que  celle 
des  compartiments  latéraux  ;  les  deux  angles  qu'elle  forme 
avec  les  montants  marquant  les  divisions  sont  remplis  par 
des  écoinçons  décorés  de  tètes  de  morts. 

Le  dernier  panneau  du  retable  a  pour  sujet  le  Christ 
descendu  de  la  croix. 

A  demi -couché  au  centre  de  la  scène,  le  corps  du  Sauveur 
est  soutenu  par  un  homme  debout  au  deuxième  plan,  à 
gauche,  peut-être  Xicodème. 

Plus  loin,  la  Vierge  s'agenouille  et  prie;  saint  Jean  veille 
sur  elle  avec  sollicitude;  deux  saintes  femmes  se  tiennent 
derrière  lui. 

Au  premier  plan,  à  gauche,  est  Joseph  d'Arimalhie, 
tenant  dans  un  linge  la  couronne  d'épines. 

C'est  un  homme  à  longue  barbe  ondulée,  vêtu  d'une 
ample  tunique  drapée  recouverte  d'un  manteau  à  grande 
pèlerine,  avec  bords  garnis  de  fourrures. 


—   146  — 

Dans  l'angle  opposé  se  tien l  la  Madeleine,  qui  porte  un 
vase  de  parfums. 

Sa  coiffure  est  un  bonnet  très  fourni  en  arrière  et  dont  le 
bord,  relevé  sur  le  front,  affecte  un  contour  des  plus  fantai- 
sistes. 

Une  longue  pièce  de  linge  s'échappe  du  fond  et  flotte  sur 
le  dos. 

Les  manches  de  son  vêtement  ressemblent  à  celles  de  l'un 
des  soldats  que  nous  venons  de  décrire  :  presque  collantes 
sur  les  biceps  et  aux  poignets,  elles  bouffent  largement  aux 
coudes,  où  elles  sont  ornées  de  crevés. 

Sa  robe,  largement  drapée,  est  bordée  de  franges. 

La  main  gauche  relève  légèrement  le  devant  de  cette 
robe,  tout  en  tenant  le  pied  du  vase  de  parfums,  sur  le  cou- 
vercle duquel  se  porte  la  droite. 

De  petits  personnages  s'aperçoivent  aux  plans  plus  éloi- 
gnés; enfin,  tout  au  fond,  est  la  croix  et  derrière  celle-ci, 
clans  le  lointain,  on  distingue  les  murailles  crénelées  el 
renforcées  de  demi-tourelles  d'une  ville  fortifiée. 

Presque  tous  les  ornements  archi tectoniques  primitifs  de 
ce  retable  ont  disparu;  ce  qui  en  subsiste,  de  l'époque  bien 
entendu,  esl  de  peu  d'importance  .  ce  n'esl  guère  que  l'or- 
nemenlalion  des  divisions  verticales  marquant  les  séparations 
des  panneaux. 

C'est  d'abord  un  demi-pilastre  octogonal  dont  chaque  face 
est  décorée  d'une  rainure;  puis,  plus  haut,  un  petit  socle  cou- 
ronné d'ornements  en  l'urine  de  fleurs  de  lys  el  supportant  un 
petit  piédestal.  Le  dé  de  celui-ci  est  cylindrique  et  creusé  de 
rainures  en  spirales  à  droite  et  en  cheyrons  a  gauche  Le 
coussinet,  très  épais,  est  décoré  de  branches  entrelacées. 


—   147  — 

La  tablette  forme  la  base  d'une  niche;  mais,  à  gauche 
comme  à  droite,  la  statue  qui  occupait  cette  dernière  a  dis- 
paru. Le  dais,  très  simple,  est  surmonté  d'un  fût  cannelé 
couronné  d'un  chapiteau.  Au  pourtour  de  ce  dernier  se 
relèvent,  comme  plus  bas,  des  fleurs  de  lys.  Enfin,  une 
boule  ornementée  termine  le  tout. 

Toute  la  belle  décoration  qui  encadre  et  complète  si  heu- 
reusement les  compositions  sculptées  est  moderne  et  ne  date 
que  de  quelques  années;  c'est  l'œuvre  de  l'habile  restau- 
rateur feu  Gosselin. 

Quant  à  la  partie  sculpturale,  elle  est  des  plus  remar- 
quables; la  composition  est  savante  et  mouvementée;  les 
physionomies  sont  expressives;  les  attitudes  naturelles  et 
pleines  de  sentiment;  le  geste,  sobre  et  significatif.  Les 
vêlements  sont  d'un  très  beau  pli,  ferme  et  logique. 

Le  groupe  de  cavaliers  au  pied  de  la  croix  est  un  des 
meilleurs  que  nous  ayons  vus;  les  figurines  échelonnées  le 
long  de  l'encadrement,  dans  une  remarquable  variété  d'atti- 
tudes, sont  exécutées  avec  une  habileté  rare. 

En  résumé,  l'ensemble  de  l'œuvre  dénote  une  conception 
pittoresque,  une  main  savante  et  sûre. 

L'auteur  de  celle  belle  œuvre  était  certainement  un  admi- 
rateur de  Jean  Borremans. 

La  finesse  de  la  sculpture  disparaissait  naguère  encore 
sous  de  nombreuses  couches  de  couleur  à  l'huile  et  à  la 
céruse  appliquées  à  diverses  époques  éloignées  et  qui  en 
empâtaient  fortement  les  détails. 

C'esl  au  travail  minutieux  du  regretté  Henri  Gosselin 
que  nous  devons  de  pouvoir  admirer  aujourd'hui  la  poly- 
chromie ancienne  que  le  savant  restaurateur  est  parvenu  à 


—  148  — 

mettre  au  jour  ;  il  a  apporté  dans  cette  entreprise  délicate 
des  soins  et  une  discrétion  dignes  des  éloges  que  lui  a 
décernés  à  ce  sujet  la  Commission  royale  des  Monuments, 
laquelle  a  déclaré  que  la  restauration  du  retable  de  l'église 
de  Neerhaeren  avait  été  effectuée  «  avec  une  conscience 
»  tout  à  fait  exemplaire  »  (i). 

La  sculpture  était,  dès  l'origine,  fermée  par  des  volets 
peints.  L'église  en  possède  que  l'on  supposait  être  ceux  du 
retable,  mais  qui  ne  semblent  pas  en  avoir  fait  partie  ancien- 
nement; ils  sont  d'une  époque  postérieure,  d'une  exécution 
médiocre  et  n'ont  pas  paru  mériter  les  frais  d'une  restaura- 
lion.  Aussi  la  Commission  royale  des  Monuments  a-t-elle 
estimé  (2)  qu'il  y  avait  lieu  de  commander  à  Gosselin,  — 
qui  en  même  temps  que  restaurateur  de  talent  était  un 
peintre  de  mérite,  —  de  nouveaux  volets  destinés  à  protéger 
l'œuvre  qu'il  avait  si  heureusement  reconstituée;  malheu- 
reusement, la  mort  a  surpris  l'artiste  au  moment  où  la  com- 
mande du  Gouvernement  venait  de  lui  être  remise  et  ne  lui 
a  pas  même  permis  d'entamer  l'exécution  de  ces  œuvres. 
Depuis  lors,  divers  motifs  ont  fait  que  l'on  a  renoncé  à  ce 
complément  du  retable. 

RETABLE  DE  SCHOONBROECk. 

FIN    DU    XVe  —  COMMENCEMENT    DU    XVI"    SIÈCLE. 

L'histoire  du  pauvre  Job  a  inspiré  fauteur  d'un  fort  beau 
retable  en  bois  sculpté  et  doré,  qui  appartient  à  l'église  de 
Schoonbroeck. 


(1)  Bull,  des  Cotntn.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  X\\  I,  p.  265;  XXVIII,  p.  ô14 
Cit.  et  XXIX,  1».  346. 


—  449  — 

L'ensemble  de  l'œuvre  est  d'heureuses  proportions;  la 
corniche  moulurée,  avec  cavet  orné,  par  intervalles,  de 
branches  et  de  feuillages,  affecte  la  forme  d'une  arcade  tri- 
lobée, surélevée  au  centre  d'environ  un  tiers  de  sa  hauteur, 
et  dont  la  configuration  ne  s'écarte  pas  sensiblement  de  celle 
du  retable  d'Oplintcr.  Ici  cependant  les  couronnements  des 
compartiments  latéraux,  s'élevant  obliquement  vers  le 
centre,  au  lieu  d'être  placés  sur  un  plana  peu  près  horizontal, 
donnent  plus  de  légèreté  à  la  silhouette  générale. 

A  l'intérieur,  ie  retable  est  divisé  en  trois  parties  par  de 
demi-colonneltes  octogonales;  leurs  fûts  sont  coupés  de 
moulures  qui  en  forment  six  tronçons  superposés,  dont 
le  diamètre  décroit  au  fur  et  à  mesure  de  l'élévation. 

Les  chapiteaux,  aux  épais  coussinets  fleuris,  servent 
chacun  de  socle  à  une  statuette  de  Père  ou  d'Apôtre,  sur- 
montée d'un  joli  dais  ogival. 

Chacune  des  trois  divisions  principales  renferme  deux 
niches  superposées,  où  sont  placées  des  compositions  figu- 
rant divers  épisodes  de  la  légende  de  Job. 

Huit  petits  groupes,  ayant  trait  au  même  sujet,  sont 
accolés  à  l'intérieur  des  parois  latérales  des  niches  de  l'étage 
supérieur.  Le  compartiment  central  possède  quatre  de  ces 
groupes;  chacun  de  ses  voisins  en  a  deux. 

La  légende  débute  par  le  petit  groupe  placé  à  gauche,  dans 
le  haut  de  la  case  supérieure  du  même  côté.  L'on  y  voit  le 
Seigneur  autorisant  le  démon  à  frapper  son  serviteur  Job  de 
calamités  diverses  afin  d'éprouver  sa  constance  ;  Satan,  sous 
la  forme  d'un  monstre  ailé,  prend  son  vol  vers  la  terre. 

La  scène  principale  dv  ce  compartiment  nous  montre  Job 
en  pleine  prospérité. 


—  150  — 

Dans  le  fond  s'aperçoivent  ses  habitations  et  ses  fermes, 
vastes  bâtiments  étages  dans  un  site  pittoresque;  murs  cré- 
nelés, fortifiés  de  tourelles;  pignons  rampants  ou  à  gradins, 
percés  de  nombreuses  fenêtres  et  de  grandes  portes  aux- 
quelles conduisent  des  chemins  serpentant  à  travers  de 
fertiles  campagnes. 

Job  se  lient  au  centre  de  la  scène,  entouré  d'adulateurs  ; 
trois  hommes  sont  à  gauche,  deux  à  droite  ;  tous  parlent  à 
la  fois  et  semblent  le  congratuler;  l'un  des  premiers  surtout 
se  penche  en  arrière  en  faisant  de  la  main  un  geste  qui 
semble  embrasser  l'étendue  des  propriétés  dont  il  vante  la 
beauté  et  la  richesse;  une  femme,  accroupie  à  droite,  met 
la  main  sur  son  cœur....  Mais  ce  temps  heureux  est  de 
courte  durée,  et  déjà  nous  voyons  à  droite,  dans  le  haut  du 
panneau,  un  premier  messager  de  malheur  annonçant  à 
Job  le  commencement  des  fléaux  qui  vont  le  frapper  : 
«  Tes  bœufs  labouraient,  lui  dit  cet  homme,  et  à  quelque 
«  distance  tes  ânes  paissaient  l'herbe  des  champs,  quand 
»    les   Sabéens  sont  venus  fondre  sur  nous;  ils  ont  tout 

enlevé,  après  avoir  passé  tes  serviteurs  au  lil  de  Cépée!  » 

Cette  invasion  des  Sabéens  est  représentée  dans  la  niche 
inférieure  du  panneau  de  gauche. 

Dans  la  campagne,  un  laboureur  conduit  une  charrue 
attelée  de  bœufs;  au  premier  plan,  des  guerriers  velus  de 
tunrques  courtes,  coiffés  de  casques  à  cimiers,  armés  de 
petits  boucliers  ronds,  de  lances  et  d'épées,  transpercent  de 
coups  les  serviteurs  de  Job.  Un  homme  se  tient  à  l'écart,  à 
gauche,  faisant  un  geste  d'effroi. 

Comme  fond  du  paysage,  des  bâtiments  à  droite;  à 
gauche,  un  bouquet  d'arbres. 


—   151     - 

Suivant  la  légende,  un  second  messager  vint  alors 
annoncer  à  Job  que  le  (eu  du  ciel  avait  détruit  ses  troupeaux 
et  leurs  bergers;  puis  un  troisième  lui  dit  que  les  Chal- 
déens  s'étaient  emparés  de  ses  chameaux,  après  avoir 
massacré  leurs  gardiens.  Ce  dernier  n'avait  pas  fini  de 
parler  qu'un  quatrième  lui  apprenait  la  plus  terrible  des 
catastrophes  qui  devaient  fondre  sur  lui  :  ses  enfants,  assem- 
blés dans  la  maison  de  leur  frère  aîné,  avaient  été  ensevelis 
sous  les  ruines  de  celle-ci,  renversée  par  un  ouragan. 

Ces  événements  ne  sont  pas  absolument  ceux  que  notre 
sculpteur  a  représentés  :  nous  voyons  ici,  dans  l'angle  supé- 
rieur gauche  du  plus  grand  panneau  du  retable,  un  serviteur 
de  Job  l'avertissant  que  ses  bâtiments  sont  devenus  la  proie 
des  flammes;  le  fond  de  la  composition  principale  nous 
offre  le  spectacle  de  l'incendie. 

L'aile  gauche  (1)  des  constructions  est  un  corps  de 
bâtiment  couvert  en  plate-forme  ;  les  murs  sont  découpés  en 
créneaux;  la  façade  de  l'étage  est  flanquée  d'une  petite  tou- 
relle en  encorbellement,  crénelée  comme  les  murs;  plus  bas 
sont  deux  fenêtres  jumelles,  puis,  au  rez-de-chaussée,  une 
baie  en  plein  cintre  par  où  sort  un  porc. 

Le  bâtiment  principal  est  précédé  d'un  avant-corps,  dont 
la  face  latérale  visible  monte  du  sol  au  toit  sans  ouvertures. 

La  façade  principale  est  percée  à  l'étage  seulement  de 
deux  fenêtres,  puis  vient  une  grande  arcade  tenant  toute  la 
hauteur  des  étages,  encadrée  de  deux  colonnes  surmontées 
de  sphères  et  couronnée  d'un  fronton  triangulaire. 


(0  Nous  rappelons  que  nos  indications  sont  données  par  rapport  au  spec- 
tateur. 


—  152  — 

Plus  loin  un  mur  adjacent,  à  pignon  aigu,  est  percé  d'une 
ouverture  fermée  par  une  porte  de  bois  renforcée  de  grandes 
ferrures.  Entre  le  versant  de  ce  pignon  et  celui  du  fronton  se 
dresse  une  tourelle  cylindrique;  une  autre,  de  même  forme, 
couverte  d'une  voûte  en  calotte  sphérique,  s'élève  au  centre 
des  constructions.  Toutes  les  baies  sont  à  plein  cintre. 

Des  flammes  violentes  s'échappent  des  toits  et  de  toutes 
les  ouvertures.  De  l'arcade  principale,  élevée  de  quatre 
degrés  au-dessus  du  sol,  sort  un  homme  portant  sur  l'épaule 
un  sac  et  sous  le  bras  un  coffret  qui  renferment  sans  doute 
la  fortune  de  Job. 

Celui-ci  est  assis  au  centre  du  tableau,  sur  un  mon- 
ticule de  terre  ou  de  cendres;  il  est  entièrement  nu,  à  l'ex- 
ception de  la  tète,  couverte  d'un  bonnet  plat  sans  bords,  et 
des  reins,  ceints  de  quelques  haillons.  Une  femme  debout, 
les  mains  jointes,  se  tient  à  sa  droite. 

D'autres  personnages,  hommes  à  droite,  hommes  et 
femmes  à  gauche  et  deux  toutes  petites  figures  à  l'avant- 
plan,  font  divers  gestes  d'étonnemenl  et  de  compassion. 

Le  petit  groupe  qui  décore  le  montant  droit  du  cadre  nous 
montre  Job  assis,  tandis  qu'un  homme  debout,  devant  lui, 
semble  lui  prodiguer  des  consolations. 

Deux  autres  groupes  accessoires  sont  accolés  aux  mon- 
tants à  la  hauteur  du  dais  qui  couronne  cette  composition. 
Dans  celui  de  gauche,  nous  croyons  reconnaître  le  Seigneur 
apparaissant  à  Job,  devant  lequel  un  ange  est  debout;  dans 
l'autre,  Job  est  représenté  résistant  aux  tentations  du  démon. 

Le  Seigneur  permit  alors  que  son  serviteur  lut  frappe 
d'un  ulcère  repoussant. 

Nous  le   voyons  dans  la   partie   inférieure  du  panneau 


—  153  — 

central  assis  sur  un  monceau  de  cendres  à  l'ombre  de 
grands  arbres,  au  dehors  de  la  ville,  dont  la  porte  se  voit 
sur  la  gauche.  Plusieurs  personnages  sont  à  ses  côtés,  entre 
autres  sa  femme,  qui,  les  deux  mains  appuyées  sur  les 
hanches,  l'excite  à  abandonner  le  culte  du  Seigneur;  à 
gauche  sont  les  trois  amis  qui  étaient  venus  le  visiter  et  qui, 
après  avoir  manifesté  un  profond  chagrin  à  la  vue  des  maux 
dont  il  était  frappé,  le  consolèrent  à  leur  façon  en  lui  décla- 
rant que  ceux-ci  lui  étaient  envoyés  en  punition  de  ses 
péchés. 

Les  mêmes  personnages  se  retrouvent  dans  la  composition 
supérieure  du  troisième  panneau.  Job  est  toujours  assis  au 
centre,  à  peu  près  nu;  sa  femme  et  ses  amis  s'éloignent  de 
lui  en  ayant  l'air  de  désapprouver  et  de  railler  les  paroles 
qu'il  leur  adresse  et  par  lesquelles  il  affirme  de  nouveau  sa 
foi  et  sa  confiance  en  Dieu. 

Le  fond  du  tableau  représente,  à  droite,  un  vallon  dans 
lequel  est  assise  une  enceinte  aux  murs  crénelés  que 
dépassent  les  cimes  de  grands  arbres;  le  terrain  remonte 
vers  la  gauche  et  forme  une  colline  au  sommet  de  laquelle 
est  un  moulin  à  vent;  dans  le  sentier  sinueux  par  lequel 
on  y  accède,  s'avance  vers  ce  moulin  un  homme  courbé  sous 
le  poids  d'un  sac  de  grains. 

Job  est  encore  représenté  assis  dans  les  deux  petits 
groupes  suspendus  dans  le  haut  des  parois  latérales  de  cette 
case;  à  gauche,  il  a  les  mains  jointes  et  est  en  conversation 
avec  un  personnage  qui  parait  l'exhorter;  à  droite,  le  Sei- 
gneur lui  apparaît  dans  les  nues. 

Enfin,  le  dernier  compartiment  sous  celui-ci  nous  montre 
la  fin  des  misères  de  Job  et  sa  récompense. 


—  1S4  — 

Le  héros  de  la  légende,  dans  la  même  pose  que  dans  les 
autres  compositions,  est  toujours  vêtu  seulement  d'un  linge 
entourant  les  reins  et  coiffé  d'une  toque  sans  bords  évasée 
dans  le  haut,  plate  de  fond  et  ressemblant  assez  aux  coif- 
fures actuelles  de  nos  magistrats. 

Comme  dans  la  première  scène,  les  personnages  qui 
peuplent  ce  tableau  s'empressent  autour  de  lui;  ils  lui  pré- 
sentent des  troupeaux  de  brebis  et  de  béliers;  l'un  d'eux, 
à  gauche,  est  à  genoux  ;  un  autre,  à  droite,  tient  une 
volaille.  Un  soufflet,  destiné  sans  doute  à  faciliter  le  dépouil- 
lement des  animaux  abattus,  git  sur  le  sol  au  premier  plan. 
Des  chameaux  se  voient  plus  loin,  à  droite.  Enfin,  l'horizon 
est  coupé  de  bâtiments  divers. 

Les  petits  groupes  accessoires  du  panneau  central  sont 
portés  par  des  motifs  d'architecture  figurant  des  arcades 
accouplées,  découpées  de  trèfles,  de  flammes,  etc.  Ceux 
des  compartiments  latéraux  reposent  sur  des  tablettes  à 
bords  moulurés,  soutenues  par  des  encorbellements  décorés 
de  feuillage. 

Toute  la  partie  surhaussée  du  centre  du  retable  est 
occupée  par  un  grand  dais  gothique.  Les  autres  niches  sont 
également  couronnées  de  dais  ou  de  motifs  divers  flanqués 
de  pinacles  aigus  d'une  invention  sobre,  claire  et  très  élé- 
gante et  d'une  exécution  des  plus  habiles. 

M.  le  curé  de  Schoonbroeck  a  bien  voulu,  sur  notre 
demande,  se  livrer  à  des  recherches  dans  les  archives  de 
la  fabrique,  mais  il  n'a  rien  découvert  qui  soit  de  nature 
à  jeter  quelque  lumière  sur  les  origines  de  cette  belle 
œuvre. 

Il  parail  qu'une  tradition  répandue  dans  la  localité  prétend 


I  1 .  . . 

—  155  — 

qu'elle  fut  apportée  du  séminaire  de  Bois-le-Duc  (Hollande) 
à  l'époque  des  troubles  des  prolestants. 

La  sculpture,  passablement  dégradée,  a  été  convena- 
blement restaurée  par  deux  artistes  belges  en  1864-65. 
Quelques  figures  ont  été  entièrement  refaites. 

RETABLE  DE  CORBEEK-DYLE. 

FIN    DU    XVP    SIÈCLE. 

Le  retable,  en  bois,  de  l'église  de  Corbeek-Dyle  mesure 
2m58  de  largeur  sur  2m03  de  hauteur.  Il  présente  la  forme 
d'un  rectangle  allongé,  divisé  en  trois  compartiments.  Celui 
du  milieu  contient  deux  scènes,  l'une  aux  premiers  plans, 
l'autre  dans  le  fond.  Chacun  des  deux  autres  est  coupé  par 
une  séparation  verticale  qui  le  subdivise  en  deux  cases.  Le 
compartiment  central  est  surmonté  d'un  second  rectangle, 
un  peu  plus  long  que  haut  et  qui  contient  un  groupe  de  la 
Sainte-Trinité  et  des  anges.  Le  tout  est  doré  et  polychrome. 

Toutes  les  compositions  disposées  dans  les  niches  de 
l'étage  inférieur  sont  relatives  à  la  légende  de  saint  Etienne. 

C'est  d'abord,  à  l'extrême  gauche,  le  Saint  sacré  diacre 
par  les  apôtres. 

Saint  Etienne  est  debout,  au  centre  du  premier  plan  ;  les 
apôtres  sont  groupés  autour  de  lui;  un  seul  de  ceux-ci  est 
imberbe;  il  se  tient  à  droite,  les  bras  en  croix  sur  la  poitrine. 

Nous  voyons  ensuite  le  Saint  en  discussion  avec  les  Juifs: 
«  Et  comme  Etienne  prêchait  fort  souvent  au  peuple,  dit 
»  Voragine  (î),  des  Juifs  vinrent  disputer  avec  lui.  Et  il  eut 

(0  La  Légende  dorée.  Édition  citée  supra,  t.  I,  pp.  45  et  suiv. 


—  136  — 

»  à  tenir  tète  à  ceux  de  la  synagogue  des  affranchis,  et  aux 
»  Gyrénéens,  et  à  ceux  d'Alexandrie,  et  à  ceux  de  Cilicie  et 
»  d'Asie,  et  ils  disputèrent  tous  avec  Etienne.  Et  ils  ne 
»  purent  résister  cà  sa  sagesse,  et  ce  fut  son  premier  combat 
»   et  sa  première  victoire...  » 

Le  Saint  se  tourne  vers  le  Juif  placé  à  sa  droite  et,  portant 
une  main  à  sa  poitrine,  répond  à  la  phrase  que  cet  homme 
vient  sans  doute  de  prononcer,  car  il  conserve  encore  le 
geste  dont  il  a  souligné  ses  paroles.  A  la  gauche  d'Etienne, 
un  autre  contradicteur  se  penche  vers  lui  avec  un  mouve- 
ment de  l'index  qui  semble  indiquer  qu'il  vient  de  trouver 
un  nouvel  argument.  Quatre  autres  Juifs  écoutent  la  dis- 
cussion; l'un  d'eux,  au  fond,  penche  la  tête  sur  l'épaule  en 
regardant  le  Saint  d'un  air  railleur. 

Le  héros  de  ces  deux  épisodes  est  représenté  beaucoup 
plus  petit  que  les  personnages  qui  l'entourent;  d'autre  part, 
en  opposition  aux  lois  les  plus  élémentaires  de  la  perspec- 
tive, la  dimension  des  figures  croît  en  raison  directe  de 
l'éloignement  du  plan  qu'elles  occupent.  C'est  là  sans  doute 
un  moyen  employé  par  l'artiste  pour  laisser  voir,  au-dessus 
des  autres,  les  personnages  les  plus  éloignés,  piètre  strata- 
gème qui  ne  dénote  chez  l'auteur  qu'une  ingéniosité  naïve 
et  un  manque  de  la  science  du  groupement. 

Le  compartiment  central,  aussi  large  à  lui  seul  que  les 
deux  précédents  ensemble,  contient,  nous  l'avons  dit,  deux 
scènes,  placées  l'une  derrière  l'autre. 

Nous  voyons,  au  fond,  se  dérouler  le  cortège  qui  conduit 
le  Saint  au  lieu  du  supplice. 

Kiienne  s'avance  en  priant,  entre  les  deux  faux  témoins 
qui  l'ont  accusé  de  blasphèmes  ;  deux  hommes  barbus  les 


—    157  — 

suivent,  deux  cavaliers  ferment  la  marche.  Ils  sorlenl  de  la 
ville,  figurée  à  droite  par  un  grand  mur  à  créneaux,  derrière 
lequel  s'aperçoivent  des  toits  à  pignons  aigus;  une  porte 
cintrée,  percée  dans  un  mur  qui  ressort  en  arc  de  cercle, 
est  flanquée  de  deux  tourelles  circulaires  crénelées  éga- 
lement. 

«  Ils  se  jetèrent  sur  lui,  dit  la  Légende  dorée,  et  l'em- 
»  menèrent  hors  de  la  ville,  et  ils  le  lapidèrent  cruelle- 
»  ment;  et  ils  prétendaient  accomplir  la  loi  qui  prescrivait 
»  que  le  blasphémateur  fût  lapidé  hors  de  l'enceinte  de  la 
»  cité...  » 

Le  supplice  fait  l'objet  de  la  composition  principale.  Le 
Saint,  à  genoux  au  centre  de  la  scène,  joint  les  mains  et 
lève  les  yeux  au  ciel.  Les  deux  faux  témoins  qui  l'ont  accusé 
lui  jettent  la  première  pierre;  l'un  de  ces  hommes  est  tout 
petit,  barbu  et  possède  une  forte  chevelure;  l'autre,  par 
contre,  est  une  sorte  de  géant  à  grosse  tète,  dont  le  crâne  est 
aussi  bien  rasé  que  la  lèvre  et  le  menton.  Ils  ne  sont  point 
nus,  comme  le  fait  supposer  la  phrase  de  la  Légende  : 
«  Et  les  deux  faux  témoins  qui  devaient  jeter  la  première 
»  pierre  ôtèrent  leurs  vêtements  afin  qu'ils  ne  fussent  pas 
»  souillés  de  son  contact  et  afin  d'être  plus  disposés  à  le 
»  lapider...  » 

Le  premier  porte  une  chemise  ou  tunique  courte,  large- 
ment ouverte  au  col,  serrée  à  la  taille  par  une  ceinture;  les 
manches  sont  retroussées  jusqu'aux  coudes.  Le  plus  grand 
a  le  torse  couvert  d'un  vêlement  collant  à  revers,  dont  les 
manches  ne  dépassent  pas  le  biceps;  sur  les  reins,  une  jupe 
courte  dans  le  pan  de  laquelle  il  tient  une  provision  de 
pierres,  tandis  qu'il  lance  la  première  avec  un  mouvement 


—    158   — 

furieux.  Ses  jambes  nues  se  perdent  dans  de  larges  botles  à 
tiges  molles. 

Les  deux  hommes  qui  tantôt  suivaient  le  martyr  sont  en 
conversation  à  gauche;  l'un  porte  un  chapeau  très  plat; 
l'autre,  coiffé  d'un  turban,  met  la  main  sur  la  poignée,  ter- 
minée en  tète  d'oiseau,  d'un  large  sabre  accroché,  contre 
l'usage,  à  sa  hanche  droite. 

Tous  deux  ont  la  barbe,  la  moustache  et  les  longs  cheveux 
ondulés. 

Du  côté  opposé  sont  rangés  les  deux  cavaliers.  Celui  qui 
est  le  plus  près  de  nous  porte  une  culotte  courte  et  collante; 
il  est  chaussé  de  bottes  et  coiffé  d'une  sorte  de  casquette  à 
visière.  Son  compagnon  est  couvert  jusqu'aux  pieds  d'une 
robe  amplement  drapée;  une  pièce  d'étoffe  cache  la  nuque 
et  les  oreilles;  sur  la  tète,  un  bonnet  entouré  d'un  linge 
autour  du  Iront,  et  dont  la  pointe,  inclinée  en  avant,  est 
garnie  d'une  boule. 

Dans  l'angle  gauche  du  premier  plan  est  accroupi  sur  le 
sol  un  personnage  que  nous  n'avons  pas  encore  rencontré. 
Il  est  imberbe;  ses  longs  cheveux,  tombant  sur  les  épaules, 
sont  couverts  d'un  chapeau  qui  parait  imité  de  celui  du 
proconsul  Dacien,  dans  le  retable  du  Martyre  de  saint 
Georges.  Sa  robe  est  ample,  à  manches  larges;  il  tient  sur 
les  genoux  une  pièce  d'étoffe;  un  chapeau  est  déposé  par 
terre  ;i  ses  pieds.  Ces  objets  appartiennent  sans  doute  aux 
faux  témoins  et  figurent  les  vêtements  qu'ils  nièrent,  suivant 
Jacques  de  Voragine,  «  et  il  les  mirent  aux  pieds  d'un 
»  enfant  qui  était  la,  et  qui  se  nommait  Saul,  etqui  depuis 
»  eut  le  nom  de  Paul.  Et  comme  il  gardait  les  vêtements 
»   de  ceux  qui  lapidaient  Etienne,  afin  de  leur  faciliter  leur 


—   159  — 

»  œuvre  de  destruction,  il  le  lapida,  pour  ainsi  dire,  par  les 
»   mains  de  tous.  » 

Des  rochers  sont  disposés  en  cirque  derrière  les  acteurs 
de  ce  drame;  les  côtes  de  la  scène  sont  fermés  de  murs, 
percés  de  larges  et  hautes  fenêtres  ogivales,  garnies  de 
petits  carreaux  en  losange.  Les  mômes  fenêtres  se  remarquent 
dans  chacun  des  autres  compartiments. 

Après  la  mort  de  saint  Etienne,  «  Gamaliel  et  Nicodème, 
»  qui  dans  tous  les  conseils  des  juifs  étaient  favorables  aux 
»  chrétiens,  l'ensevelirent  au  champ  de  Gamaliel,  et  ils  le 
»  pleurèrent  beaucoup.  » 

C'est  l'ensevelissement  du  martyr  qui  fait  le  sujet  de  la 
quatrième  composition  du  retable. 

Deux  hommes  portent  le  corps  en  le  tenant  sous  les 
épaules;  un  autre,  à  droite,  le  soulève  par  les  jambes.  Deux 
assistants  se  tiennent  du  côté  droit;  le  premier  a  les  mains 
jointes,  l'autre,  les  bras  en  croix  sur  la  poitrine.  Trois  per- 
sonnages, qui  garnissent  le  fond,  présentent  avec  les  pre- 
miers ce  contraste  illogique  de  proportions  que  nous  avons 
remarqué  plus  haut. 

La  dernière  composition  montre  la  vénération  des  reliques 
du  Saint. 

La  châsse  est  déposée  au  fond,  sur  un  autel.  Deux  prêtres 
se  tiennent  à  droite,  un  troisième  à  gauche.  De  chaque  côté 
est  un  enfant  de  chœur.  L'un  a  la  main  sur  un  livre  posé  sur 
un  lutrin,  dont  le  pied  figure  un  balustre  fort  simple  et  peu 
élégant;  l'autre  porte  d'une  main  un  flambeau,  de  l'autre, 
une  petite  coupe  d'encens.  Tous  deux  ont  un  costume 
pareil  à  celui  dont  le  martyr  était  vêtu  dans  les  scènes 
précédentes    :    longue  robe,    dont    les    manches    passent 


—  160  — 

sous  celles,  beaucoup  plus  courtes,  de  la  (unique.  Cette 
dernière  pièce  descend  jusqu'aux  genoux;  elle  est  Pendue, 
de  chaque  côté,  de  la  ceinture  jusqu'au  bas  et  bordée  d'une 
broderie. 

Il  nous  reste  à  parler  du  panneau  qui  surmonte  le  com- 
partiment central  du  retable. 

Un  large  banc  en  occupe  presque  toute  la  largeur;  le 
dossier  est  découpé  en  deux  rectangles  que  des  meneaux 
divisent  en  ogives  ajourées. 

Sur  ce  banc,  à  notre  droite,  est  assis  le  Père  Éternel.  Il 
bénit  de  la  main  droite,  tandis  que  la  gauche  tient  un  livre 
ouvert  posé  verticalement,  de  façon  à  en  montrer  le  texte. 

Le  Christ  est  debout  à  gauche,  les  mains  ouvertes,  levées 
à  la  hauteur  des  épaules. 

Au  centre  et  un  peu  plus  haut,  entre  le  Père  et  le  Fils,  se 
voit,  les  ailes  déployées,  la  colombe  symbolique  du  Saint- 
Esprit. 

A  chaque  extrémité  du  tableau,  dans  l'espace  réservé 
entre  le  cadre  et  les  bras  du  banc,  se  tiennent  deux  anges 
aux  ailes  ouvertes;  ceux  du  second  plan  sont  debout;  les 
premiers,  assis  sur  le  sol,  jouent  d'un  instrument  de 
musique. 

Les  arêtes  des  cloisons  séparant  les  diverses  com- 
positions de  l'étage  inférieur  sont  ornées,  jusqu'à  mi- 
hauteur,  de  colonneltes  à  nervures  saillantes  en  chevrons. 
Leur  chapiteau  sert  de  socle  à  une  statuette.  On  voit, 
de  chaque  côté  du  panneau  central,  un  saint  barbu, 
tète  nue;  à  gauche,  un  diacre,  puis  un  évangélisle,  — 
du  moins  nous  le  supposons  tel  à  cause  du  grand  livre 
ouvert   qu'il   porte;  à   droite  sont   un  évoque  mitre,   puis 


—   161    — 

un  guerrier  couverl  d'une  armure,  —  sans  doute  saint 
Georges. 

Chacune  de  ces  figurines  est  surmontée  d'un  dais  avec 
pinacle  orné  de  crochets,  accolé  à  un  faisceau  de  nervures 
couronné  d'un  chapiteau  qu'un  autre  pinacle  surmonte. 

Une  personne  autorisée  a  émis  l'avis  que  cette  œuvre 
«  parait  dater  du  milieu  du  xvic  siècle  » . 

Nous  doutons  qu'elle  soit  d'une  époque  aussi  avancée;  les 
vêtements,  les  détails  architectoniques,  offrent  infiniment 
plus  de  rapports  avec  le  xve  siècle  qu'avec  le  milieu  du  xvie. 
C'est  du  gothique,  mais  non  pas  du  meilleur. 

Les  costumes,  il  est  vrai,  sont  loin  de  présenter  celte 
diversité,  cette  richesse  qui  distinguaient  les  sculptures 
gothiques  de  la  belle  époque;  ils  sont  en  général  assez 
simples.  Dans  la  seconde  scène,  un  des  juifs  porte  une 
tunique  courte  au  bord  découpé  de  larges  festons  en  demi- 
cercle  ornés  de  glands;  d'autres  ont  les  épaules  couvertes 
de  pèlerines  qui,  de  même  que  cette  tunique,  semblent  une 
imitation  —  mais  combien  dégénérée  !  —  des  vêlements  pit- 
toresques dont  Borremans  habille  ses  personnages. 

Le  pli  des  draperies  manque  souvent  de  logique,  de 
science  et  de  fermeté. 

Les  coiffures  sont  bizarres,  mais  en  général  des  plus 
simples.  Plusieurs  se  composent  d'une  forme  en  boule 
autour  de  laquelle  sont  relevés  les  bords,  découpés  en 
festons  arrondis.  Le  personnage  qui  joint  les  mains,  dans  la 
scène  de  l'ensevelissement,  a  sur  !a  tète  une  sorte  de  bol 
renversé  ;  son  voisin,  qui  a  les  bras  en  croix,  porte  un  cha- 
peau qui  rappelle  parfaitement  celui  «le  nos  mineurs.  Après 
les  coiffures  que  nous  avons  notées  dans  la  scène  de  la  lapi- 


—  162  — 

dation,  celles  des  cavaliers,  de  l'homme  au  lurban  et  du 
personnage  accroupi  à  gauche,  —  celte  dernière,  copiée  de 
Jean  Borremans,  —  nous  n'avons  guère  à  en  signaler  que 
deux,  dans  le  second  compartiment  :  au  fond,  l'homme  qui 
regarde  Etienne  avec  ironie  est  coiffé  d'un  chapeau  mou  et 
bas;  les  bords  sont  découpés  en  quatre  rectangles,  relevés 
autour  de  la  forme;  celui  qui  se  trouve  au-dessus  du  front 
est  orné  d'une  espèce  de  bouton  carré;  un  autre  individu,  à 
la  droite  du  précédent,  possède  un  de  ces  bonnets  peu 
élevés,  aux  bords  ondulés  et  chiffonnés,  dont  Teniers  a 
coiffé  plusieurs  de  ses  paysans. 

Des  cinquante-cinq  figures  qui  peuplent  le  retable,  trente- 
trois  ont  la  tète  nue.  Nous  ne  comptons  pas,  dans  ce  nombre, 
les  statuettes  adossées  aux  montants,  dont  deux  sur  six 
seulement  sont  coiffées  :  l'une  d'une  mitre,  l'autre  d'un 
casque. 

L'exécution  de  la  sculpture  est  très  inégale  et  ne  parait 
pas  être  partout  du  même  ciseau.  A  côté  de  personnages 
bien  proportionnés,  à  la  physionomie  expressive  et  bien 
personnelle,  nous  en  trouvons  d'autres  absolument  difformes, 
avec  des  mains  minuscules  et  d'énormes  tètes  dénuées  de 
toute  espèce  de  sentiment  quelconque. 

Quant  aux  dais  et  aux  ornements  architeelomques  qui 
couronnent  chaque  composition,  ils  sont  d'un  faire  liabile  et 
d'une  conception  convenable,  sans  être  dc<,  plus  remar- 
quables comme  richesse  d'invention. 

En  somme,  les  volets  peints  qui  ferment  le  retable  son!  ce 
qu'il  y  a  de  meilleur  dans  toute  l'œuvre. 

Celle-ci  a  été  restaurée,  il  y  a  quelque  (renie  ans,  el  appro- 
priée pour  prendre  place  sur  le  maître-autel  de  l'église. 


163  — 
RETABLES  DE  NIEUPORT. 

XVIIe    SIÈCLE. 

Les  nefs  latérales  de  l'église  de  Nieuport  sont  ornées  de 
deux  retables  en  style  Renaissance  dans  lesquels  la  sculp- 
ture de  figures  ne  joue  qu'un  rôle  secondaire;  de  même  que 
plusieurs  des  retables  précédemment  décrits  —  à  Mons 
notamment  —  ce  sont  des  ordres  d'architecture  servant  de 
cadre  à  des  tableaux  peints. 

Le  plus  riche  et  le  plus  intéressant  au  point  de  vue  de  la 
sculpture  est  placé  dans  la  nef  latérale  de  droite. 

Les  extrémités  d'un  soubassement  divisé  en  compar- 
timent forment  les  piédestaux  de  deux  couples  de  colonnes 
encadrant  une  grande  niche  rectangulaire  que  remplit 
l'œuvre  picturale.  Les  deux  colonnes  extrêmes  sont  en 
retrait. 

Le  tiers  inférieur  des  fûts  est  décoré  de  riches  arabesques 
et  de  demi-figurines  en  bas-relief.  Celles  qui  sont  sculptées 
sur  les  colonnes  les  plus  rapprochées  de  la  baie  représentent 
des  anges  en  prières;  les  ailes  sont  ouvertes;  les  torses 
revêtus  de  tuniques  à  plis  réguliers. 

De  tout  petits  chérubins,  hauts  comme  le  doigt  k  peine, 
sont  placés  dans  les  enroulements  de  l'ornementation.  Le 
reste  des  fûts  est  couvert  de  branches  entrelacées,  garnies  de 
feuillage  et  sur  lesquelles  sont  perchés  çà  et  là  des  oiseaux. 

Les  chapiteaux  corinthiens  supportent  un  entablement 
dont  l'architecture  et  la  frise  sont  divisées  par  deux  consoles 
en  trois  compartiments  et  font  saillie  sur  les  deux  colonnes 
intérieures,  tandis  que  la  corniche,  très  large  de  plafond,  est 
d'un  bout  à  l'autre  sur  un  même  plan. 


164    - 

La  frise  est  décorée,  au-dessus  de  chacune  des  quatre 
colonnes,  de  tètes  ailées  ;  les  trois  compartiments  formés  par 
les  consoles  au-dessus  du  tableau  sont  ornés  de  rinceaux  ; 
celui  du  milieu,  plus  allongé  que  les  deux  autres,  porte  en 
outre,  au  centre,  un  petit  cartouche  que  soutiennent  deux 
figurines  vues  jusqu'à  mi-corps.  Deux  tètes  ailées  se  trouvent 
encore  au-dessous  des  consoles. 

L'attique  qui  surmonte  l'entablement  forme  six  piédestaux  ; 
deux  sont  au-dessus  des  consoles  de  la  partie  centrale;  ceux 
des  extrémités,  accouplés,  sont  supportés  par  les  grandes 
colonnes.  Les  premiers  sont  reliés  aux  seconds  par  un  garde- 
corps  à  trois  balustres. 

Les  piédestaux  du  centre  sont  réunis  entre  eux  par  un 
soubassement  plein  et  portent  deux  colonnettes  entre  les- 
quelles est  réservée  une  niche  à  plein  cintre. 

La  partie  inférieure  des  fûts  est  enrichie  de  têtes  de 
fantaisie  et  d'ornements  divers;  la  partie  supérieure  est  cou- 
verte, comme  aux  colonnes  principales,  d'entrelacements  de 
branches  feuillées  où  se  posent  des  oiseaux. 

Dans  la  niche  est  une  statue  d'archevêque  mitre  tenant  de 
la  main  droite  un  calice  surmonté  d'une  hostie,  de  l'autre,  une 
hampe  terminée  parla  croix  archiépiscopale.  Sous  ses  pieds 
sont,  à  sa  droite,  une  figure  humaine,  à  sa  gauche,  un  affreux 
démon  dont  la  queue  de  serpent  se  tord,  dont  les  griffes 
énormes  s'accrochent  désespérément  à  la  robe  du  saint. 

Cette  statue  repose  sur  une  saillie  de  la  corniche  de 
l'attique,  portée  par  un  encorbellement;  la  partie  médiane  de 
celui-ci  forme  une  sorte  de  corbeille  à  travers  laquelle 
s'échappent  des  feuilles  et  des  fruits;  la  partie  supérieure 
est  un  quart  de  rond  orné  d'oves. 


-    168 

Les  écoinçons  et  la  clef  de  l'arcade  sont  garnis  de  tètes 
ailées.  L'entablement  porte  à  ses  extrémités  les  amorces 
d'un  fronton  dont  la  moulure  se  recourbe  en  volutes  vers 
l'intérieur;  deux  anges  y  sont  assis,  accoudés  sur  les 
volutes,  les  ailes  déployées. 

Les  quatre  piédestaux  qui  surmontent  les  grandes  colonnes 
portent  des  statues  d'anges  jouant  de  divers  instruments  de 
musique  :  figures  gracieuses,  joliment  drapées;  poses  natu- 
relles et  diversifiées;  exécution  souple  et  élégante. 

Nous  avons  dit  que  le  soubassement  qui  porte  tout  l'édi- 
fice est  divisé  en  compartiments  ;  les  divisions  sont  marquées 
par  des  caryatides  dont  le  haut  figure  un  buste  d'ange;  au 
centre  est  une  arcade  à  plein  cintre  devant  laquelle  est 
placée  une  statue  assise  de  la  Vierge,  tenant  sur  ses  genoux 
le  corps  de  son  fils. 

Enfin,  deux  petites  niches  sont  accolées  au  mur  à  droite 
et  à  gauche  du  retable.  Elles  sont  encadrées  de  colonnettes 
corinthiennes  renflées  vers  la  base  et  contiennent  chacune 
une  statuette  :  d'un  côté,  un  évèque  mitre  portant  un  cœur 
dans  une  main,  la  crosse  dans  l'autre;  du  côté  opposé,  saint 
Nicolas  avec  la  cuvelle  d'où  sortent  les  trois  petits  enfants. 

Les  frises  des  entablements  qui  couronnent  ces  niches 
nous  apprennent  la  date  de  l'exécution  du  retable;  elles 
portent  l'inscription  :  anno  1630. 

Ce  monument  est  bien  conçu,  très  élégant  et  d'une 
exécution  savante;  il  est  en  chêne,  rehaussé  de  dorures  et 
malheureusement  bariolé  d'une  imitation  de  marbre  aux 
innombrables  petites  veines  très  voyantes,  qui  n'est  pas  faite 
pour  mettre  en  valeur  les  délicats  détails  de  l'ornementation 
sculptée. 


—  166  — 

Le  second  retable  est  placé  dans  la  nef  gauche  de  l'église, 
non  loin  d'un  très  beau  tabernacle  dont  la  description 
viendra  en  son  temps. 

Ce  retable  est  de  proportions  extrêmement  élégantes. 
Comme  dans  le  précédent,  l'architecture  encadre  la  pein- 
ture qui  se  compose  ici  de  trois  tableaux. 

La  partie  inférieure  est  un  soubassement  à  deux  étages, 
dont  quatre  saillies  servent  de  piédestaux  à  autant  de 
colonnes  corinthiennes,  formant  un  portique  à  trois  baies, 
dans  lesquelles  sont  placées  les  peintures.  Les  deux  baies 
latérales  n'ont  que  la  moitié  de  la  largeur  de  celle  du  centre. 

La  partie  inférieure  des  fûts  des  colonnes  est  décorée  de 
tètes  ailées,  de  rinceaux  entremêlés  de  grappes  de  fruits  et 
d'ornements  divers.  La  partie  supérieure,  correctement 
galbée,  est  ornée  de  cannelures. 

L'entablement  est  d'une  conception  originale  :  l'archi- 
trave, extrêmement  réduite,  est  surmontée  d'une  très  haute 
frise  qui  forme,  comme  elle,  saillie  au-dessus  de  chaque 
colonne  et  retrait  dans  les  entrecolonnements.  La  corniche, 
au  contraire,  n'est  en  retrait  qu'au-dessus  des  deux  baies 
latérales. 

Cette  corniche  est  excessivement  saillante;  elle  est  sou- 
tenue par  douze  élégantes  consoles  à  l'extrémité  desquelles 
pend  un  ornement  en  poire  renversée  et  dont  la  base  s'ap- 
puie sur  un  petit  cal-de-lampe  orné  d'une  tète. 

Une  de  ces  consoles  surmonte  chacune  des  colonnes;  les 
autres,  à  raison  de  deux  pour  les  entrecolonnements  latéraux 
et  de  quatre  pour  celui  du  centre,  s'appliquent  sur  la  frise; 
celle-ci  se  trouve  ainsi  divisée  sur  les  côtés  en  trois,  au 
milieu   en  cinq   panneaux   décorés  chacun   d'une   tète  de 


—   1 67  — 

chérubin  ailée,  placée  au  centre  d'un  gracieux  encadre- 
ment. 

Dans  les  compartiments  formés  dans  le  plafond  du  lar- 
mier par  les  consoles  pendent  les  mômes  ornements  en 
forme  de  poire  qu'aux  extrémités  de  celles-ci. 

L'attique  qui  couronne  l'édifice  est  plein  à  la  partie  cen- 
trale et  découpé  dans  les  parties  latérales  en  onze  petites 
arcades  séparées  entre  elles  par  des  baluslres. 

A  chacune  de  ses  extrémités  est  un  piédestal  portant  un 
ange.  Sur  deux  autres  piédestaux,  au-dessus  des  colonnes 
intermédiaires,  sont  des  statuettes  plus  grandes  représen- 
tant :  à  gauche,  saint  Nicolas  avec  la  cuvelle  et  les  enfants 
à  côté  de  lui;  à  droite,  saint  Laurent,  tenant  le  gril, 
emblème  de  son  martyre. 

Tout  un  motif  d'architecture  s'élève  au  centre  :  c'est  un 
portique  à  trois  entrecolonnements  formés,  aux  extrémités, 
par  deux  pilastres;  au  milieu,  par  deux  colonnettes  à  chapi- 
teaux doriques.  Le  bas  du  fût  de  celles-ci  est  chargé  d'orne- 
ments en  relief  très  faible.  Entre  elles  se  dessine  une  arcade 
à  plein  cintre  posant  sur  des  piédroits  dont  l'imposte  se 
prolonge  en  moulures  sur  les  entrecolonnements  latéraux. 
Chacun  de  ces  derniers  est  décoré  d'une  petite  niche 
cintrée  avec  tablette  en  encorbellement;  ces  niches  sont 
vides. 

Sous  l'arcade  centrale,  au  contraire,  se  trouve  une  statue 
assise  de  la  Vierge  portant  l'Enfant.  La  tablette  sur  laquelle 
repose  ce  groupe  est  formée  d'une  saillie  semi-circulaire  de 
la  corniche  de  l'attique,  soutenue  par  un  encorbellement 
ornementé. 

L'entablement  est  conçu  dans  le  genre  de  celui  du  grand 


—  Ki8  — 

ordre;  chaque  colonnette  est  surmontée  d'une  console,  qui 
porte  la  corniche,  de  même  forme  que  celles  décrites  plus 
haut.  Enfin,  des  ornements  découpés  accostent  et  couronnent 
ce  minuscule  édifice. 

(A  continuer.) 

Henry  Rousseau. 


ERIS,  A.TU  M. 

Nous'tenons  à  rectifier  un  lapsus  qui  nous  a  échappé  en 
parlant  des  retables  de  l'église  de  Hulshout. 

Nous  avons  dit  (p.  65)  —  répétant  une  erreur  qui  s'est 
glissée  dans  un  rapport  annuel  des  Comités  provinciaux  de 
la  Commission  royale  des  Monuments  (1),  —  que  l'une  de  ces 
œuvres,  placée  à  la  partie  supérieure  de  l'autel,  représente 
des  épisodes  de  la  vie  de  saint  Mathieu  ou  Mathias,  patron 
de  l'église. 

Or  c'est  à  saint  Mathieu  que  l'église  de  Hulshout  est 
consacrée  et  ce  sont  des  scènes  de  la  légende  de  cet  Évan- 
gélisle,  telle  que  la  rapporte  Jacques  de  Voragine  (2),  qui  se 
déroulent  dans  la  sculpture  en  question. 

H.  R. 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  ifarchéol.  VII  (1868),  p.  479.  Le  rapport 
dit  :  Commune  de  Hulshout.  Retables  de  l'église  de  Saint-Mathias. 
(«)  Edition  indiquée  supra,  t.  Il,  p.  152. 


QUELQUES    RENSEIGNEMENTS 

SUR   LA 

PROVENANCE  DES  OBJETS  LACUSTRES 

ACQUIS    RÉCEMMENT 

PAR  LE  MUSÉE  ROYAL  D'ANTIQUITÉS 

ET 

DESCRIPTION    DE     CES     OBJETS 

Le  Musée  royal  d'Antiquités  a  acquis,  en  1889,  à  des 
conditions  avantageuses,  une  belle  série  d'objets  lacustres. 
Cet  achat  est  venu  combler  un  vide,  nos  collections  ne 
possédant  point  encore  de  pièces  retirées  de  ces  gisements 
archéologiques  si  nombreux  et  si  intéressants  à  étudier, 
surtout  en  Suisse,  et  qui,  jusqu'ici  du  moins,  semblent 
devoir  rester  introuvés  en  Belgique  (i). 

(t)  En  effet,  si  l'on  en  excepte  la  station  lacustre  signalée  par  M.  C.  Ubaghs, 
près  de  Maestricht,  qui,  politiquement  parlant,  n'est  plus  sur  notre  territoire, 
nous  n'avons  fait  aucune  découverte  dont  l'importance  nous  permette  d'affirmer 
l'existence  en  Belgique,  aux  temps  préhistoriques,  de  cette  coutume  d'éiever  des 
constructions  au-dessus  des  eaux. 

Il  y  a  cependant  des  probabilités  reposant  sur  les  trouvailles  suivantes  : 
M.  Ed.  Haubourdin,  de  Stambruges  (Hainaul),  a  découvert  des  silex  taillés 
en  un  point  du  territoire  de  celte  commune,  sous  quelques  couches  de  sable, 
stratifié  par  deux  minces  couches  de  tourbe.  «  Si  je  dois  écouter  le  dire  des 
ouvriers,  ajoute-t-il  dans  son  rapport,  dire  que  je  suis  en  droit  de  supposer  non 
préconçu,  les  alignements  de  pieux  de  chêne,  mis  à  égale  distance,  en-dessous 


—  170  — 

Grâce  aux  renseignements  que  nous  ont  obligeamment 
fournis  MM.  E.  Vouga,  le  IV  V.  Gross  et  E.  Delessert,  nous 
pouvons  rétablir  aujourd'hui  d'une  façon  précise  l'état  civil 
de  ces  différents  objets.  Ils  proviennent  tous  d'une  seule  et 
même  station  située  près  de  Saint-Biaise,  sur  le  lac  de 
Neuchâtel. 

Cette  curieuse  station,  dont  les  restes  de  pilotis  appa- 
raissent sur  un  espace  de  terrain  assez  considérable,  s'éten- 
dant  à  l'ouest  du  village,  appartient  à  M.  Charles  Zumbach, 
banquier  à  Saint-Biaise.  Elle  a  été  découverte  vers  1879, 


de  ces  terrains,  me  font  croire  que  ces  peuplades,  de  même  que  les  habitants  des 
cites  lacustres,  se  logeaient  sur  pilotis,  au  milieu  des  marais  impraticables,  i 
IV.  .1/;».  du  Cercle  archéol.  de  Mous,  t.  XVIII,  p.  283.) 

Autre  découverte  :  au  commencement  de  l'été  de  1872,  des  changements  faits 
au  cours  d'eau  qui  traverse  le  parc  du  château  de  Wideux,  à  Herck-Saint-Lamberl 
(province  de  Limbourg),  mirent  au  jour  plusieurs  ossements  de  grands  mammi- 
fères et  quelques  débris  de  poterie,  puis,  en  creusant  un  bassin,  au  même 
endroit,  les  ouvriers  déterrèrent  un  crâne  d'aurochs  encore  muni  de  tronçons  de 
cornes.  Ayant  continué  à  approfondir  et  à  draguer  le  ruisseau,  on  trouva  un 
certain  nombre  d'ossements,  parmi  lesquels  quatre  autres  crânes,  ainsi  qu'une 
quantité  ass  z  considérable  de  noisettes  et  des  fragments  d'un  pot  de  terre  d'un 
travail  très  grossier.  Comme,  le  font  remarquer  MM.  (Jeraerts  et  A.  Van  der 
Capellen,  cette  trouvaille,  sans  résoudre  la  question  de  l'existence  des  cites 
lacustres  dans  le  Limbourg,  peut  cependant  projeter  quelque  nouvelle  lumière 
sur  ces  âges  reculés  (V.  Bull,  de  la  Soc.  des  Mélophiles  de  Hassell,  9e  année, 
pp.  17  et  suiv). 

Enfin,  M.  le  capitaine  E.  Delvaux  a  fait  aux  environs  d'Audenarde  des 
constatations  et  des  découvertes  qui  lui  permettent  de  croire  à  l'existence,  dans 
ces  parages,  aux  temps  préhistoriques,  de  rudimentaires  palatittes. 

Il  y  a  peu  d'années,  eu  effet,  des  travaux  considérables  ayant  pour  objet  la 
dérivation  de  l'Escaut  et  la  rectification  du  lit  de  ce  fleuve,  atteignirent  une 
couche  de   ii  irbe  très  aueieiiue. 

M.  Delvaux,  qui  suivait  les  travaux,  put  recueillir  dans  cette  tourbe,  dont 
l'étudi  des  lieux  lui  prouvait  la  grande  an  ienneté,  des  fragments  de 

poterie,  des  armes  et  des  outils  en   pierre,  de  nombreux  ossements  d'animaux, 

des  bois  de  cerf  incisés,  des  restes  de  repas,  i  .  des  céréales,  des  fruits 

carbonisés  <t  deux  fémurs  humains  (Y.  liitli.  de  la  Soc.  d'anthropologie  de 
i.i  u  celles,  t.  Il,  pp.  i  lô  et  suiv. 


—   171    — 


alors  que,  par  suite  des  travaux  exécutés  pour  la  correction 
des  eaux  du  Jura,  le  niveau  du  lac  avait  été  abaissé  de 
plusieurs  mètres. 


DESCKIPTION    DES    OBJETS 


Pierre 


Les  hachettes  et  les  haches-marteaux  sont  faites  de  roches 
dures  (néphrite,  diorite,  quartzite,  saussurite,  jadéite,  chlo- 
romélanile  et  serpentine). 

—  Hachettes  à  moitié  polies.  Ce  ne  sont  même  que  des 
galets  de  torrent  dont  on  s'est  borné  à  aiguiser  l'une  des 
extrémités.  Elles  varient  entre  4  et  10  centimètres  de  hauteur 
sur  3  et  4  centimètres  de  largeur  au  tranchant  (Fig.  5,  0, 
40,  11  et  12  de  la  pi.  I). 

—  Hachettes  minuscules  en  roche  dure  de  couleur  ver- 
dàtre,  entièrement  polies.  La  plus  petite  ne  mesure  que 
">  1  2  centimètres  de  hauteur  sur  5  centimètres  de  largeur 
au  tranchant  (Fig.  7  et  14  de  la  pi.  I). 

—  Trois  haches-marteaux  ayant  environ  15  centimètres 
de  longueur  (Fig.  17,  18  et  19  de  la  pi.  II).  Ces  pièces 
peuvent  compter  parmi  les  plus  belles  de  la  collection. 

L'une  (Fig.  18)  est  demeurée  brute,  les  deux  autres  sont 
entièrement  et  admirablement  polies. 

Percées,  au  centre,  d'un  trou  rond,  elles  s'emmanchaient 
perpendiculairement  à  la  façon  de  nos  haches  modernes. 
La  forme  de  ces  objets  nous  montre  que  l'on  avait  soin  de 
rentier  la  pièce  à  l'endroit  du  trou  d'emmanchure  pour  lui 
donner  plus  de  solidité. 


—    172   — 

La  pluparl  des  haches-marteaux  trouvées  dans  les  diffé- 
rentes stations  ont  le  tranchant  el  le  marteau  absolument 
intacts  et  ne  paraissent  point  avoir  servi  d'armes  ou  d'outils, 
niais  bien  plutôt  d'objets  de  parade  ou  d'insignes  de  com- 
mandement. 

Saint-Biaise  était  un  endroit  où  l'on  fabriquait  ces  haches- 
marteaux,  car  on  en  a  retrouvé  beaucoup  et  à  tous  les  degrés 
de  fabrication,  depuis  l'ébauche  la  plus  grossière  jusqu'aux 
spécimens  les  plus  parfaits.  Malheureusement,  elles  étaient 
presque  toujours  cassées  et  ce  n'est  que  bien  rarement  que 
l'on  rencontrait  des  exemplaires  comme  ceux  que  nous 
représentons  ici. 

—  Amulettes  ou  pendeloques  en  roche  polie  d'apparence 
schisteuse  (Fig.  20  et  21  de  la  pi.  II).  L'une  est  munie,  à  sa 
partie  supérieure,  d'un  trou  de  suspension,  et  mesure 
(>  1/2  centimètres  de  hauteur;  l'autre  porte,  à  la  partie  supé- 
rieure également,  une  encoche  ou  entaille  destinée  à  fixer  le 
cordon  qui  la  tenait  suspendue;  elle  a  8  centimètres  de 
hauteur.  Toutes  les  deux  sont  plates. 

-  Pointes  en  silex  (Fig.  13  et  16  de  la  pi.  I),  dont  l'une 
est  taillée  avec  beaucoup  de  soin  (Fig.  16).  Elles  mesurent 
5  centimètres  de  hauteur. 

Les  objets  en  silex  étaient  assez  nombreux  à  Saint-Biaise 
:iéralemenl  bien  travailles. 

—  Simples  disques  ou  rondelles  en  pierre  percées  d'un 
trou  au  centre  et  dont  le  diamètre  varie  entre  4  i/2  et  6  cen- 
timètres (Fig.  22,  23,  24  et  26  de  la  pi.  II). 

Les  unes  sont  plates  des  deux  côtes,  les  autres  sont  plates 
d'un  côté  et  légèrement  bombées  de  l'autre. 

Files  ont  été  taillées  dans  une  roche  tendre,  se  rayant 


—    175  — 

très  aisément  à  l'ongle,  d'un  blanc  Jaunâtre  présentant  la 
couleur  du  mastic. 

—  Petites  sphères  pleines  en  pierre  dure  et  en  terre  cuite 
perforées  au  centre  (Fig.  1,  2,  5,  4  et  8  de  la  pi.  I). 

On  est  maintenant  fixé  sur  la  destination  de  ces  petites 
sphères  et  de  ces  disques  que  nous  venons  de  décrire  :  ce 
sont  des  fusaïoles  ou  pesons  de  fuseaux. 

Ils  ont  été  employés  comme  volants  pour  imprimer  un 
mouvement  durable  plus  accentué  aux  fuseaux  (î). 

M.  le  Dr  V.  Gross,  de  Neuveville,  a  retrouvé  plusieurs  de 
ces  objets  encore  munis  de  la  tige  de  bois  qui  complétai! 
l'instrument  (2). 

Le  même  savant  a  découvert  aus.si  dans  la  station  de 
Loeraz  une  tige  de  bois  de  15  centimètres  de  longueur 
autour  de  laquelle  était  encore  enroulée  une  certaine  quan- 
tité de  fil  carbonisé.  «  Représentons-nous,  dit  M.  le  Dr  Gross, 
la  lige  de  bois  munie  d'un  de  ces  petits  volants  en  pierre 
dont  j'ai  parlé  plus  haut  et  nous  obtiendrons  l'outil  complet, 
c'est-à-dire  le  fuseau  employé  à  l'époque  de  la  pierre  pour 
préparer  le  fil  »  (0). 

M.  James  Yates  décrit  comme  suit  (0  l'opération  du  filage 
à  la  main  des  anciens  :  «  Le  fuseau  était   un  bâton  long  de 


(1)  Toutefois,  beaucoup  de  sphères  semblables  eu  pierre  «m  on  terre  cuite, 
mais  plus  petites  et  affectant  des  formes  plus  régulières  et  plus  symétriques, 
doivent  être  rangées  dans  la  catégorie  des  grains  de  collier. 

(i  Dr  V.  Gross,  Résultat  des  recherches  exécutées  dans  les  lacs  de  la  Suis.se 
occidentale  depuis  Cannée  1866.  Station  de  Loeraz,  pp.  2  et  18.  Voir  aussi,  du 
même  auteur,  Les  Protohelvètes.  Paris.  I88~>,  pp.  100  et  101. 

(ô)  Résultat  des  recherches  eux  mets  dans  les  lacs  de  la  Suisse  occidentale 

depuis  l'année  1866,  p.  6. 

(•i)  Dans  le  Dictionary  ofGreek  and  Roman  antiquités,  du  H'  William  Smith, 
article  l'usas,  p.  i>6.'>  de  la  2e  édition. 


—   \7ï  - 

25  à  .">()  centimètres,  pourvu  à  sa  partie  supérieure  d'une 
fente  ou  d'un  crochet  dans  lequel  le  til  était  arrêté,  de  sorte 
•  lue  le  poids  du  fuseau  tirait  sur  le  fil  et  le  faisait  descendre 
au  fur  el  à  mesure  qu'il  se  formait.  L'extrémité  inférieure 
du  fuseau  était  insérée  dans  une  petite  rondelle  que  nous 
appelons  fusaïole,  faite  de  bois,  de  pierre  ou  de  métal,  des- 
tinée à  tenir  le  fuseau  d'aplomb  el  à  accélérer  sa  rotation.  La 
lileuse  imprimait  de  la  main  droite,  et  de  temps  en  temps, 
un  mouvement  de  rotation  au  fuseau  pour  mieux  tordre  le 
fil,  et,  toutes  les  fois  que  l'allongement  de  celui-ci  faisait 
descendre  le  fuseau  jusqu'à  terre,  la  fileuse  relirait  le  lil  de  la 
fente,  l'enroulait  sur  le  fuseau,  el,  l'ayant  replace  dans  sa 
fente,  recommençait  à  tirer  les  fibres  attachés  à  la  quenouille 
et  à  tresseï1  une  autre  longueur  ». 

Corne  de  cerf 

—  Gaine  de  hache  formée  de  la  partie  du  bois  la  plus 
rapprochée  de  la  couronne  (Fig.  56  de  la  pi.  III).  Elle  a 
7  centimètres  de  hauteur  sur  4  1  2  centimètres  de  largeur. 
La  partie  opposée  à  la  douille  est  taillée  carrément  pour 
l'adaptation  d'un  manche  de  bois. 

—  Superbe  hache-marteau  en  corne  de  cerf  (Fig.  00  de 
la  pi.  III).  Dimension  :  18  1/2  centimètres. 

—  Marleau  façonné  dans  un  andouiller  à  plusieurs  bouts 
et  dont  l'extrémité  opposée  au  marteau  a  été  creusée  en 
douille  pour  recevoir  une  hachetle  de  pierre  (Fig.  31 
de  la  pi.  III).  Celle  pièce,  ainsi  que  la  précédente,  s'em- 
manchait, perpendiculairement.  Dimension  :  17  i/2  centi- 
mètres. 


—   175  — 


Os 


—  Epingle  de  tèle  ou  poinçon,  en  os  poli.  Hauteur  : 
18  centimètres  (Fig.  27  de  la  pi.  III). 

—  Éplingle  à  tète  sphérique  ayant  probablement  servi  à 
assujettir  la  coiffure  ou  à  fixer  les  vêlements.  Hauteur  : 
14  1/2  centimètres  (Fig.  29  de  la  pi.  III). 

De  tous  les  objets  de  parure  recueillis  à  Saint-Biaise, 
l'épingle  est  celui  dont  on  a  retrouvé  le  plus  d'exem- 
plaires. 

—  Poinçon  en  os  avec  cran  pour  le  suspendre  au  moyen 
d'un  cordon.   Hauteur  :  9  1/2  centimètres  (Fig.  54  de  la 

pi.  III). 

—  Fragment  d'un  harpon  muni  de  crochets,  en  os  poli 

d'un  seul  côté.  Hauteur  :  8  centimètres,  largeur  moyenne  : 
2  1/2  centimètres  (Fig.  32  de  la  pi.  III). 

—  Ciseau,  gouge  ou  lissoir  en  os  poli.  Hauteur  :  5  1,2 
centimètres,  largeur  :  2  1/2  centimètres  (Fig.  lo  de  la  pi.  I). 

—  Ciseau,  gouge  ou  lissoir  en  os.  Hauteur  :  1 1  centi- 
mètres (Fig.  28  de  la  pi.  III). 

—  Poinçon  en  os.  Hauteur  :  8  1/2  centimètres  (Fig.  55 
de  la  pi.  III). 

—  Poinçon  en  os.  Hauteur  :  15  centimètres  (Fig.  55  de 
la  pi.  III). 

Cet  objet  et  les  quatre  précédents,  comme  tous  ceux  du 
môme  genre  recueillis  à  Saint-Biaise,  sont,  des  os  longs  de 
certains  animaux,  surtout  de  la  vache  et  du  porc,  brisés 
pour  en  extraire  la  moelle  ou  sciés  longitudinalement  avec 
un  silex,  puis  appointés  ou  rendus  tranchants  à  l'une  des 
extrémités. 


—  1 7  r>  — 

Ces  ustensiles,  tant  en  bois  de  cerf  qu'en  os,  par  suite  de 
leur  long  séjour  dans  un  milieu  vaseux,  ont  acquis  une 
patine  superbe  de  couleur  brune. 

Divers 

Moule  a  pointes  de  lance,  en  terre  cuite,  d'une  seule 
pièce.  Hauteur:  Il  centimètres;  largeur:  liaul  5  1  *2  centi- 
mètres, bas  a  centimètres  (Fig.  :2">  de  la  pi.  II). 

—  Petite  scie  en  silex  en  forme  de  croissant,  logée  dans 
un  bâton  en  os  muni  d'un  trou  de  suspension  el  y  fixée  au 
moyen  d'un  mastic  d'asphalte.   Longueur  :  12  centimètres 

Fig.  9  de  la  pi.  I). 

(Test  un  des  bijoux  de  la  collection.  Ces  objets  se  trouvent 
bien  rarement  en  aussi  parfait  état  de  conservation  que 
celui-ci,  car  la  plupart  du  temps  le  bois  ou  l'os  est  plus  ou 
moins  décomposé.  Le  trou  pratiqué  à  l'extrémité  servait, 
■  r<>it-on,  à  suspendre  la  scie  aux  vêlements  ou  dans  la  cabane. 

—  Petite  hachette  polie  en  roche  dure,  de  couleur 
verdàtre,  encore  fixée  dans  sa  gaine  en  corne  de  cerf  à  talon 
entaillé  en  V  pour  faciliter  l'adaptation  de  la  poignée  en  bois. 
Hauteur  totale  de  l'objet  :  10  centimètres;  largeur  de  la 
hachette  au  tranchant  :  2  centimètres  (Fig.  08  de  la  pi.  III). 

Le  tranchant  de  la  hachette  et  le  manche  n'étaient  point, 
comme  on  le  voit,  dans  la  même  ligne;  l'outil  s'emmanchait 
donc  de  la  même  façon  qu'une  houe. 

Hachette  polie  en  roche  dure,  de  couleur  verdàtre, 
dans  sou  emmanchure  en  corne  de  cerf  taillée  pour  s'adapter 
daus  une  poignée  en  bois.  Hauteur  totale  :  11  centimèli 

ur  de  la  hachette  au  tranchant   ;  ~   I  2  centimètres 
Fig.  .",:  de  la  pi.  III;. 


—  177  — 

Ces  derniers  objets  sont  précieux  également,  car  il  esl 
rare  de  retrouver  les  deux  pièces  ensemble  :  la  hachette 
dans  sa  gaine. 

AGE    DE   LA    STATION 

La  station  de  Saint-Biaise  appartient  en  majeure  partie  à 
l'époque  de  la  pierre  polie,  mais  ce  qui  la  rend  surtout  inté- 
ressante, c'est  que  le  mêlai  semble  y  faire  son  apparition, 
non  comme  d'habitude  à  l'état  de  cuivre  et  d'élain  alliés, 
c'est-à-dire  de  bronze,  mais  à  l'état  de  cuivre  pur. 

La  station  qui  nous  occupe  aurait  donc  pris  lin  au  moment 
où  l'usage  du  cuivre  se  serait  introduit  (1). 

EXPLORATION   DE  LA  STATION'   ET  DISPERSION  DES  ORJETS 

Découverte  en  1879  par  M.  E.  Vouga,  instituteur  à  Sainl- 
Blaise,  qui  y  fit,  pendant  ses  heures  de  loisir,  les  premières 
•  ■t  hélas  les  seules  recherches  méthodiques,  cette  station 
devint  bientôt  le  champ  de  tout  le  monde. 

Pendant  plusieurs  années,  on  y  pratiqua  des  fouilles; 
quatre  ou  cinq  personnes  s'en  mêlèrent,  malheureusement 
sans  suite,  car  elles  ne  recherchaient  que  des  objets.  Ceux-ci 
furent  dispersés  et  éparpillés  un  peu  partout.  Nous  en  avons 
vu  aux  musées  de  Berne  et  de  Neuchàtel  et,  d'après  les  ren- 


(i)  «  Dans  l'Est  de  l'Europe,  en  Hongrie,  écrit  M.  Vouga,  un  a  trouve  assez 
d'objets  de  enivre  pour  pouvoir  y  admettre  cet  âg(  intermédiaire,  mais  <\v\^ 
l'Ouest,  on  en  a  jusqu'à  présent  trouvé  trop  peu  pour  qu'il  soit  possible  de 
l'établir.  Cependant  le  résultat  des  fouilles  de  ces  dernières  années  est  que  nous 
avons  eu  dans  nos  lacs  de  Suisse  des  stations  où  les  bommes  de  l'âge  de  la 
pierre  ont  commencé  a  se  servir  de  métal,  c'est-a-dire  de  enivre  pur,  peut-être 
plus  tard  mélangé  d'un  peu  d'étain.  » 


—  178  — 

seignements  qui  nous  ont  été  donnés,  des  envois  importants 
auraient  été  faits  à  plusieurs  musées  étrangers,  notamment 
à  Paris,  à  Berlin,  à  Londres  et  même  en  Amérique.  Malgré 
cela,  il  en  existerait  encore,  paraît-il,  quelques  collections 
particulières  dans  la  contrée. 

ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  STATION 

Il  ne  nous  reste  plus  maintenant  qu'à  dire  un  mot  de  l'état 
actuel  de  la  station  :  on  suppose  qu'elle  renferme  toujours 
et  quand  même  bien  des  objets,  mais  on  estime  que  les 
fouilles  seraient  à  présent  trop  difficiles  et  trop  coûteuses 
par  le  fait  surtout  du  changement  complet  du  régime  des 
eaux. 

Bon  Alfred  de  Loë, 

Sei  rétaire  •!(•  la  Société  d'Archéologie  de  bruielle». 


Photolypie  E.  Aubry,  Bruxelles. 


Jtf.  lé 

Phololypie  E.  Aupry.  Bruxelles. 


Phototypie  E.  Aubry,  Bruxelles. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


RÉSUMÉ    DES     PROCES-VERBA.UX:, 


SÉANCES 

des  2,   9,  16,  23  et  30  mai;  des  6,  13,  20  et  27  juin  1891. 


ACTES  OFFICIELS. 

Par  arrêté  royal  du  8  juin  1891,  M.  Sosson,  professeur    Nomination 

d'un  ii 

d'archéologie  au  grand  séminaire,  a  été  nommé  membre  correspondant, 
correspondant  de   la  Commission  royale  des  monuments 
pour  la  province  de  Namur,  en  remplacement  de  M.   le 
comte  de  Limminghe,  décédé. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 

1°  Les  dessins  du  chemin  de  la  croix  à  exécuter  par  ,  J-«}is*  , 

•         de  Middelkerke. 

Mme  de  Gault  pour  l'église  de  Middeikerke  (Flandre  orien-    de^TrlL 
taie); 

2°  Les  dessins  de  vitraux  à  placer  dans  l'église  d'Assche  Église  d-Asscne. 

1  a  Vitraux. 

(Brabant);  auteur,  M.  Dobbelaere. 


décoratives 


—    180   — 

""p^nS6*  —  Les  délégués  qui  se  sont  rendus  à  Ypres  (Flandre 
occidentale),  le  M  juin  1891,  pour  examiner  les  peintures 
décoratives  exécutées  par  M.  Delbeke  dans  la  grande  salle 
à  l'étage  des  Halles,  ont  constaté  que  l'artiste,  aujourd'hui 
décédé,  avait  complété  son  œuvre  et  achevé  les  deux  pan- 
neaux restants,  à  l'exception  du  dernier,  qui  n'estqu'ébauché. 
Cette  ébauche  étant  assez  avancée  et  complète  sous  le  rap- 
port des  colorations  et  s'accordant  bien  au  reste  de  la  salle, 
il  y  a  lieu  de  laisser  le  travail  tel  quel  ;  l'introduction  d'une 
main  étrangère  risquerait  de  compromettre  l'heureuse  har- 
monie de  l'ensemble. 

11  y  aura  à  compléter  la  décoration  de  la  salle  en  peignant 
les  panneaux  qui  fout  face  aux  peintures  Delbeke  et  à 
décider  si  les  nouvelles  peintures  seront  des  sujets  à  figures 
ou,  comme  dans  la  salle  Pauwels,  des  trophées  et  des 
attributs. 

Pour  le  pavement  de  la  salle,  on  pourrait  renouveler  sim- 
plement le  motif  ancien,  semis  qui  parait  plus  heureux  que 
le  système  employé  dans  la  salle  Pauwels,  où  la  représen- 
tation de  la  double  croix  d'Ypres  se  suit  en  longues  lignes 
monotones. 

L'administration  communale  désirant  fermer  la  salle 
Delbeke,  la  clôture,  si  elle  est  admise,  devra  être  mobile 
afin  d'être  enlevée  à  volonté,  et  devra  s'arrêter  à  une  cer- 
taine hauteur  pour  permettre  au  regard  d'apprécier  toute 
l'étendue  des  galeries.  M.  l'architecte  Van  Ysendyck  présen- 
tera un  projet  à  cette  fin. 

—  Des  délégués  se  sont  rendus  à  Thielen  (Anvers)  pour 
inspecter  le  travail  de  restauration  exécute  par  M.  Maillard, 
d'Anvers,  aux  deux  volets  peints  qui  recouvrent  le  retable 


K.-laWe. 


—   181   — 

sculpté  placé  sur  l'un  des  autels  latéraux  de  l'église  parois- 
siale. Ce  retable  n'est  qu'une  copie  moderne  d'un  retable 
ancien  conservé  dans  l'église  d'Hulshout,  copie  assez  bien 
exécutée,  bien  que  les  polychromies  et  les  dorures  en  soient 
un  peu  dures.  Il  se  compose  de  quatre  compartiments,  deux 
dans  la  partie  centrale,  en  bas  la  Nativité,  en  haut  le  Cal- 
vaire, et  une  grande  composition  sur  chacun  des  côtés,  à 
gauche  le  Christ  portant  sa  croix,  à  droite  le  Christ  au 
tombeau. 

A  l'égard  des  volets,  ils  représentent  l'histoire  de  Sainte- 
Marguerite,  patronne  de  l'église.  Chaque  volet  est  à  cinq 
compartiments.  Au  revers,  on  trouve  trois  autres  compo- 
sitions peintes  comme  les  faces.  La  restauration  paraît  bien 
exécutée.  Les  peintures  sont  intéressantes,  bien  qu'appar- 
tenant à  une  époque  visiblement  postérieure  à  celle  du 
retable  sculpté,  auquel  il  n'est  pas  sûr  qu'elles  aient  appar- 
tenu. Il  y  a  lieu  de  liquider  la  somme  d'ailleurs  très  modique, 
900  francs,  due  pour  ce  travail  à  M.  Maillard. 

L'église  possède  d'autres  retables  sculptés  par  MM.  Blan- 
chaert  et  Bressers  et  le  chœur  est  décoré  de  verrières  de 
M.  Verhaegen.  Il  a  été  entièrement  polychrome  par  M.  Bres- 
sers et,  à  part  quelques  crudités  de  tons  dans  la  grande  nef, 
dont  la  décoration  n'est  d'ailleurs  que  commencée,  l'ensemble 
est  très  satisfaisant. 

Il  faut  noter  aussi  dans  le  chœur  deux  rangées  de  stalles 
sculptées,  œuvre  de  M.  Blanchaert,  et  dans  la  nef  une  chaire 
décorée  de  bonnes  figures  de  M.  Peeters,  d'Anvers. 

On  ne  peut  accorder  toutefois  les  mêmes  éloges  aux  socles 
qui  supportent  dans  l'église  des  statues  polychromées,  socles 
peints  en  couleurs   très   vives  et  décorés  de  simulacres  de 


—   18:2  — 

fenêtres  ogivales.  La  nature  de  l'objet  ne  comportait  évi- 
demment pas  ce  motif  d'ornementation. 

L'église  renferme  quelques  objets  d'art  ancien  des  plus 
intéressants.  A  l'entrée  du  chœur,  une  croix  triomphale,  où 
la  figure  du  Christ,  d'un  beau  sentiment,  a  été  polychromée 
à  neuf.  Il  est  fâcheux  qu'on  ne  se  soit  pas  borné  à  un  simple 
travail  de  restauration,  qui,  dans  les  cas  de  l'espèce,  doit 
toujours  être  aussi  discret  que  possible.  La  même  obser- 
vation s'applique  à  un  autre  Christ  ancien,  d'une  fort  belle 
sculpture,  mais  de  moindre  dimension,  qui  est  conservé 
dans  le  presbytère. 

A  l'entrée  du  chœur,  encastrée  dans  le  mur,  on  remarque 
également  une  fort  belle  plaque  tombale  en  cuivre  qui  a 
figuré  à  l'exposition  de  l'art  ancien  et  qui  représente  Louis 
van  Leefdael  et  sa  femme.  Les  délégués  ont  beaucoup 
détourné  M.  le  curé  de  Thielen  de  faire  restaurer  les  armoi- 
ries en  email,  un  peu  dégradées,  qui  décorent  les  deux 
côtés  de  celte  plaque. 

On  garde  également  dans  la  sacristie  un  petit  Christ  de 
procession  en  cuivre,  de  style  roman  et  de  beaucoup  de 
caractère. 

On  remarque  enfin  à  l'entrée  de  l'église,  encastrée  dans 
le  mur,  une  grande  pierre  tombale  de  la  famille  des  van  der 
Grachl,  anciens  seigneurs  de  la  localité.  C'est  une  excellente 
sculpture  de  l'époque  de  la  Renaissance.  La  figure  de  la 
femme,  dont  la  tète  est  légèrement  inclinée  vers  le  mari,  est 
particulièrement  remarquable  par  le  sentiment  et  le  carac- 
tère. Un  ange  ailé,  d'un  grand  mouvement  et  d'une  belle 
tournure,  tient  l'écusson  de  la  famille  suspendu  au-dessus 
des   deux  ligures,  et   six  petites  *  lé  tes  de   chérubins,   d'un 


—  183  — 

modelé  charmant,  servent  de  chaque  côté  de  la  composition 
principale  à  montrer  des  armoiries  qui  y  sont  en  quelque 
sorte  accrochées. 

Il  faut  mentionner  encore  dans  le  jardin  du  presbytère 
l'ancienne  cuve  baptismale  de  l'église,  de  style  roman,  et 
de  bon  caractère.  Il  n'en  reste  guère  que  la  moitié,  mais 
avec  celte  moitié  il  serait  aisé  de  reconstituer  la  cuve  entière, 
décorée  de  tètes  d'hommes  bien  conservées,  et  il  serait 
intéressant  de  la  conserver  dans  l'église. 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  dans  l'église  de  Sainle-  s^S,!,',!,,,, 
Waudru,  à  Mons  (Hainaut),  les  trois  verrières  nos  Î2,  13  vemères. 
et  14,  du  côté  méridional  du  haut-chœur,  dont  la  restaura- 
tion avait  été  évaluée  en  1869  à  1,980  francs.  Ces  verrières 
ayant  été  fortement  endommagées  par  l'ouragan  du  12  mars 
1870,  l'estimation  primitive  a  dû  être  majorée  et  portée  à 
2,130  francs. 

Le  travail  de  restauration  exécuté  par  M.  Gapronnier 
a  été  effectué  avec  les  plus  grands  soins  et  rien  n'empêche 
de  liquider  les  subsides  alloués  pour  cette  entreprise. 

Il  reste  encore  à  exécuter  quelques  réparations  aux 
vitraux  des  fenêtres  hautes  septentrionales  du  chœur,  ainsi 
qu'à  la  grande  fenêtre  du  transept  nord.  A  la  demande  de 
M.  Capronnier,  le  conseil  de  fabrique  a  même  fait  établir  un 
échafaudage  devant  cette  dernière  fenêtre.  Il  est  désirable 
que  l'artiste  exécute  sans  délai,  ainsi  qu'il  l'a  promis,  du 
reste,  les  travaux  peu  importants  qui  doivent  compléter  la 
restauration  des  vitraux  du  chœur  cl  du  transept. 

Les  délégués  ont  profilé  de  leur  visite  pour  inspecter  les 
travaux  de  restauration  exécutés  depuis  quelques  années  au 
monument.  Ces  travaux  leur  ont  paru  satisfaisants. 


—  18'» 

La  restauration  de  la  partie  méridionale  de  la  nef  avoi- 
sinant  la  façade  ouest  est  adjugée;  elle  sera  exécutée  dans 
le  courant  de  cette  campagne  avec  le  concours  financier  de 
l'État  et  de  la  province. 

La  ville  s'est  chargée  de  dégager  les  abords  des  côtés  sud 
et  ouest  de  l'édifice;  ce  travail  complétera  la  restauration 
extérieure. 

Lorsque  les  travaux  de  la  campagne  actuelle  seront  ter- 
minés, il  importera  de  continuer  la  restauration  tant  inté- 
rieure qu'extérieure  de  la  façade  occidentale,  ainsi  que  de  la 
première  travée  et  du  portail  intérieur.  L'orgue  qui  occupe 
aujourd'hui  cette  première  travée  devrait  être  transporté 
dans  un  des  bras  du  transept  ou  à  proximité  du  chœur. 

Il  y  aurait  aussi  utilité  à  placer  un  portail  intérieur  en 
bois  devant  la  porte  donnant  accès  dans  l'église  par  le 
transept  sud.  Ce  portail  devrait  être  établi  avant  qu'on  entre- 
prenne les  travaux  de  restauration  du  porche  extérieur  et  de 
l'escalier.  L'artiste  chargé  de  dresser  les  plans  de  ce  portail 
pourrait  utilement  s'inspirer  d'un  portail  de  la  fin  du 
xve  siècle  qui  existe  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Louvain, 
monument  contemporain  de  l'église  de  Sainte-Waudru.  Il 
est  désirable  que  le  projet  du  portail  précité  soit  soumis  en 
même  temps  que  le  projet  de  restauration  du  porche  et  dr 
son  escalier,  qu'il  doit  compléter. 

Les  délégués  ont  remarqué  dans  la  première  chapelle  du 
bas-côté  sud  du  chœur  un  autel  en  pierre  sculpté  avec 
retable  du  commencement  du  xvie  siècle  et  dédié  à  Saint- 
Joseph.  Ils  ont  cru  devoir  appeler  l'attention  du  conseil  de 
fabrique  sur  la  convenance  qu'il  y  aurait  de  soumettre  des 
propositions  pour  la  restauration  de  cet  intéressant  objet  d'art. 


185 

Des  délégués  ont  examiné  le  nouveau  modèle  delà    M;." 
statue  de  Charles-le -Téméraire  que  M.  Van  Pottelsberghe 
est  chargé  d'exécuter  pour  l'escalier  du  Musée  royal  d'ar- 
mures, à  Bruxelles. 

Cette  figure  ayant  été  trouvée  satisfaisante,  les  délégués 
ont  émis  l'avis  que  rien  ne  s'opposait  à  son  exécution  en 
bronze. 

—  En  1887,  le  conseil  de  fabrique  de  l'église  de  Saint-  ,   >hr 

1  o  de  Saint-Loup, 

Loup,  à  Namur,  a  soumis  un  devis  estimatif  des  répara-    scJïr'és. 
tions  à  exécuter  aux  confessionnaux,  à  la  chaire,  au  banc 
de  communion,  aux  stalles  et  aux  armoires  du  chœur. 

Après  avoir  pris  l'avis  du  comité  provincial,  la  Commis- 
sion s'est  rangée  à  l'opinion  de  ses  correspondants,  qui 
étaient  unanimes  pour  déclarer  qu'il  n'y  avait  aucune  néces- 
sité de  faire  les  importants  travaux  demandés  par  le  conseil 
de  fabrique  et  qu'on  devait  se  borner  à  quelques  légères 
réparations,  à  remettre  à  leur  place  des  fragments  de  sculp- 
ture détachés  et  renouveler  quelques  parties  de  plinthes  en 
trop  mauvais  état  pour  être  maintenues. 

A  la  suite  de  cette  décision,  le  conseil  de  fabrique  ayant 
renouvelé  sa  demande,  en  insistant  sur  l'utilité  des  répa- 
rations qu'il  projetait,  la  Commission  a  décidé  de  faire 
examiner  les  boiseries  par  des  délégués  lors  du  plus  pro- 
chain voyage  à  Namur. 

Celte  visite  a  eu  lieu  le  20  avril  1891.  Les  délégués  ont 
remarqué  que  l'ornementation  sculpturale  des  boiseries  pré- 
sente, en  effet,  des  lacunes  qu'il  serait  intéressant  de 
combler,  parce  qu'elles  font  tache  dans  l'ensemble  de  la 
décoration.  Ce  travail  n'offrirait  pas  de  sérieuses  difiicullés, 
puisqu'on   trouverait  dans  ce  qui  existe  tous  les  éléments 


—   186  — 

nécessaires  à  la  restitution  des  parties  disparues.  Il  n'y 
aurait  pas  lieu  toutefois  de  réparer  les  petits  accidents  surve- 
nus à  certaines  parties  des  sculptures  comme,  par  exemple, 
des  angles  ébréchés,  des  fragments  de  feuillages  enle- 
vés, etc.,  dont  l'absence  n'altère  pas  l'aspect  d'ensemble  de 
la  décoration. 

Les  délégués  ont  pensé  que  le  conseil  de  fabrique  pourrait 
faire  exécuter  par  un  artiste  de  talent  un  essai  de  restaura- 
tion d'un  fragment  de  boiserie;  ce  parti  permettrait  de 
prendre  ensuite  une  décision  sur  la  suite  à  donner  à  cette 
affaire. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Ont  été  approuvés  : 
Hôpiui  de  Liège,     jo  Le  projet  relatif  à  la  construction  du  nouvel  hôpital  de 
Liège;  architecte,  M.  L.  Demauy; 
"•«.„       2°  Le  projet  relatif  à  l'agrandissement  des  locaux  des 

de  Loui-U-Mlle.  i       J  e 

hospices  civils  de  Looz-la-Ville  (Limbourg);  architecte, 
M.  Serrure; 
Hoieideviiie  ^°  Le  projet  relatif  ;i  la  restauration  de  l'hôtel  de  ville  de 
Grammont  (Flandre  orientale),  sous  la  reserve  de  tenir 
compte  des  remarques  faites  par  la  direction  du  service 
technique  provincial  en  ce  qui  concerne  quelques  postes  du 
devis  et  du  cahier  des  charges.  En  vue  de  l'aire  droit  à  une 
observation  de  M.  l'architecte  provincial,  il  conviendra  de 
soumettre  à  l'autorité  supérieure,  lors  de  l'exécution  des 
travaux,  le  détail  des  chapiteaux  des  colonnes  du  perron,  a  lin 
qu'un  puisse  s'assurer  si  le  caractère  de  ces  ornements 
coucuide  avec  le  style  de  l'ensemble  du  monument,  archi- 
tectes, MM.  Léonard  et  Langerock. 


—    1S7 
EDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont,  été  donnés  sur  les  projets  relatifs  :    ' 

1°  A   la  construction  d'un  presbytère  à  Bevel  (Anvers);    eprw 
architecte,  M,  B  loin  me; 

2°  A  la  reconstruction  du  presbytère  de  Nassogne 
(Luxembourg);  architecte,  M.  Bouvrie  ; 

3°  A  la  construction  d'un  presbytère  à  Woluwe -Saint- 
Etienne  (Brabant),  sous  réserve  d'améliorer  la  pente  de 
l'escalier  donnant  accès  à  l'étage  en  faisant  commencer  la 
montée  plus  près  du  corridor;  architecte,  M.  Struyven; 

4°  A  l'agrandissement  du  presbytère  deCorennes(Namur); 
architecte,  M.  Van  Riel; 

5°  A  l'exhaussement  du  presbytère  de  Saint-Jean-in- 
Eremo  (Flandre  orientale);  architecte,  M.  Van  Wassenhove; 

6"  A  l'exécution  de  travaux  complémentaires  de  restau- 
ration au  presbytère  d'Overbroeck,  sous  Brecht  (Anvers); 
architecte,  Ai.  Gife. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  approuvé  les  plans  relatifs  à  la  construc- 
tion d'églises  : 

id  A  Corthys  (Limbourg);  architecte,  M.  Serrure;  Église  de  cortuys 

2°  A  Bael  (Brabant),  sous  réserve  de  modifier  les  réseaux  Égiuede  b,  i 
de  la  rose  du  fond  du  chœur,  afin  de  leur  enlever  la  forme 
d'une  croix  qu'ils  affectent  dans  le  projet  soumis;  archi- 
tecte, M.  A.  Van  Arenbergh. 


—   188  — 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 

églises  de  : 

;;iiui       i°  Dommartin,   sous  Saint-Georges  (Liège);  architecte, 

M.  Moveroulle; 

2°  Chavanne,  commune  de  Harsin  (Luxembourg);  archi- 
ve Cbavanue  v  n/' 

tecte,  M.  Michaux  : 
E-  5°  Annevoie  (Namur);  architecte,  M.  Lance. 

d  Annevoie.  x  <- 

Ainsi  que  les  divers  projets  ci-après  : 

1"  Travaux  divers  à  exécuter  à  l'église  et  au  presbytère 

ei  presbytère  o  '  •" 

ia.cS;.  de  Warel-la-Chaussée  (Namur);  architecte,  M.  Lange; 
de saiuf-jw  ues     ^°  Dégagement  du  porche  principal  de  l'église  de  Saint- 
Jacques,  à   Bruges  (Flandre  occidentale),  et  construction 
de  dépendances  pour  cet  édifice;  architecte,  M.  De  la  Cen- 
serie; 

5°  Etablissement    d'un    portail    intérieur   à    l'église   de 
Houdeng-Goegnies  ; 
A7ésu*Znt      4°  Et  enfin   les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 
églises  de  : 

Saint-Martin,  à  Saint- Trond   (Limbourg)  :  maître-autel  ; 

Eecloo  (Flandre  orientale)  :  stalles; 

Etlerbeek  (Brabanl)  :  appareils  d'éclairagi 

Weslerloo  (Anvers)  :  autel  de  la  Sainte-Vierge; 

Saint-Barthélémy,  à  Grammont  (Flandre  orientale)  :  deux 
autels  latéraux  ; 

Naast  (Ilainaul)  :  buffet  d'orgues. 
,  —  Un  délégué  a  examiné  la  chaire  à  prêcher  placée 
récemment  dans  l'église  de  Saint-Amand,  à  Roulers 
(Flandre  occidentale).  Celte  inspection  a  permis  de  constater 
que  le  meuble  produit  un  bon  eflél  et  qu'il  ne  laisse  rien  à 
désirer  sous  le  rapport  des  soins  donnés  à  l'exécution. 


a  Roule.' ^ 


IN!) 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  approuvé  : 

1°  Le  devis  estimatif  dv*  travaux  de  restauration  à 
exécuter  à  l'église  de  Treignes  (Namur);  architecte, 
M.   Baclène; 

2°  Le  projet  relatif  à  la  consolidation  de  la  tour  de  réélise 
de  Zuyenkerke  (Flandre  occidentale)  ;  architecte,  M .  Verbeke  ; 

3°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparation  à  exécuter      khh- 

bylère 

à  l'église  et  au  presbytère  de  Pontillas  (Namur);  de  Pomiiia». 

4°  Le  projet  dressé  par  AI.  l'architecte  Geirnaert  pour  la       ,. 

d'EU< 

restauration  de  l'église  d'Elversele  (Flandre  orientale); 

5"   Le  projet   de   restauration   des   toitures   de    l'église      Êgiue 

1       J  ^  d'Ooslerzeele. 

d'Oosterzeele  (Flandre  orientale)  et  d'établissement  de  trot- 
toirs autour  de  l'édifice;  architecte,  M.  DeBosscher; 

6°  Le   projet  de   restauration   de  l'église  de  Dacknam      église 

de  Dacknam. 

(Flandre  orientale),  sous  réserve  de  conserver  les  traces  des 
fenêtres  romanes  qui  se  remarquent  encore  dans  la  façade 
latérale  nord  et  qui  rappellent  l'origine  de  l'édifice;  archi- 
tecte, M.  Geirnaert; 

7°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église  de  Botte-  Uegjjj; 
laere  (Flandre  orientale)  ; 

8°  Le  projet  des  travaux  complémentaires  de  restauration  Egiis. ■.!.  d„„ 
à  effectuer  à  l'église  de  Dinez,  commune  de  Mont  (Luxem- 
bourg) ;  architecte,  M.  Cupper; 
'  9°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  restauration  à  exé-       f 

de  Bierwaert. 

cuterà  l'église  clefiierwarl  (Namur);  architecte,  M.  olandol  ; 

10°  La  restauration  d'une  partie  des  toitures  de  l'église  de       i  Ei  « 

1  °  ili   Vossel 

Vosselaere  (Flandre  orientale);  architecte,  M.  Van  Assche; 

14°   Le   devis    estimatif    des    travaux    de    réparation    à  tiJ^Z-\L^. 


—   190  — 

dît cluerà  l'église  de  Habay-la- Vieille  (Luxembourg);  archi- 
tecte, M.  Legros; 
ÉsiuedeDamme.     j %>  Le  ilevis  estiuiatif  (les  travaux  supplémentaires  occa- 
sionnés par  la  restauration  de  l'église  de  Damme  (Flandre 
occidentale);  architecte,  M.  Verbeke; 
S»,1,11?,,         13°  La  restauration  des  toitures  de  l'église  de  Hollebeke 

'le  Hollflii'ki'.  O 

(Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Carelte; 
comptes         j 40  Les  comptes  tics  travaux  de  restauration  exécutes  aux 

de  travaux  r 

île  restauration    -     1  •  1 

d-égiises.     églises  de  : 

Walcourt  (Namur):  exercices  1889  el  1890; 
Notre-Dame,  à  Huy  (Liège)  :  exercice  1 885  ; 
Saint-Rombaut,  à  Malines  (Anvers),  tour  :  exercice  1890; 
Saint-Bavon, à  Gand  (Flandre orientale)  :  exercices  1888, 
1889  cl  1890. 
fe'fe..       —  Un  délégué  a  examiné  les   travaux  de  restauration 

ue  ^ainl-lSavoD,  o 

effectués  au  transept  sud  de  la  cathédrale  de  Saint-Bavon, 
à  Gand. 

Il  a  constaté  que  ces  ouvrages  sont  entièrement  terminés 
et  que  leur  exécution  ne  laisse  rien  à  désirer.  La  façade  du 
transept  ainsi  restaurée  produit  le  meilleur  effet  et  l'on  peut 
citer  le  nouveau  portail  dont  elle  est  ornée  parmi  les  concep- 
tions les  mieux  réussies. 

—  En  séance  du  17  janvier  1891,1a  Commission,  appelée 

-  -  li  «o-B  ipl  J  »      r  r 

à  se  prononcer  sur  le  projet  de  restauration   de  la  tour  de 
l'église  de  Saint-Jean-Bapliste,  à  Namur,  a  décidé,  pour 
apprécier    l'importance    des    travaux    projetés,     de    l'aire 
inspecter  l'édifice  par  des  délégués. 
Les  travaux  étaient  estimés  à  .         .  IV.     19,266 

Les  ressources  locales  s'élevaient  à  .         .         .     2;>,(M)0 

Déficit.  IV.     24,266 


—  191   — 

La  province  'avait  décidé  d'allouer  un  subside  de 
12,133  francs,  égal  à  la  moitié  du  déficit,  et  on  sollicitait 
une  pareille  subvention  de  l'État. 

Le  17  février  suivant,  M.  le  Ministre  de  la  justice  a  fait 
connaître  que,  sans  que  les  plans  aient  été  soumis  à  l'appro- 
bation de  Sa  Majesté,  comme  l'exige  l'arrêté  royal  du 
16  août  1824,  des  travaux  coûtant  4-9,266  francs  ont  été 
exécutés  à  l'édifice.  Il  priait  en  même  temps  la  Commission 
d'examiner  si  les  plans  qui,  d'après  une  annotation  inscrite 
sur  les  dessins,  ont  été  adoptés  par  le  collège  le  4  septem- 
bre 1876,  ont  reçu  leur  complète  exécution. 

Il  résulte  des  pièces  du  dossier  que  les  plans  ont,  en  effet, 
été  adoptés  non  pas  le  4  septembre,  mais  le  4  novembre  1876, 
et  que  le  devis  qui  y  était  joint  s'élevait  à  fr.  71,456-54. 

Les  délégués  qui  ont  inspecté  l'édifice  ont  constaté  que 
l'entreprise  est  terminée;  ils  ont  remarqué  toutefois  qu'on  a 
négligé  de  restaurer  une  partie  de  la  corniche  en  pierre  à 
!a  naissance  de  la  flèche  du  côté  de  la  façade  principale.  Il 
y  aura  lieu  de  compléter  ce  travail. 

Les  ouvrages  exécutés  semblent  en  rapport  avec  le  chiffre 
de  la  dépense  prévue  (49,266  francs);  ils  ont  été  effectués 
avec  soin  et  il  a  été  tenu  compte  de  la  recommandation  faite 
par  la  Commission,  dans  son  rapport  du  8  novembre  1876, 
de  ne  pas  employer  des  assises  de  pierre  d'une  hauteur 
régulière  et  de  suivre  l'appareil  existant. 

Les  délégués  ont  remarqué,  lors  de  leur  visite,  que  la 
façade  latérale  de  gauche  et  le  retour  de  celle-ci  vers  la  tour 
sont  en  mauvais  état  et  exigent  de  promptes  réparations.  Il 
serait  à  désirer  que  l'on  soumit  à  bref  délai  un  projet  com- 
plet de  reslauration  de  toutes  les  parties  endommagées. 


—  192  — 

.  ,.E?  -  Par  lettre  du  -2  février  1891.  M.  le  Gouverneur  de  la 

os  oaiDl-rierre,  ' 

province  du  Brabant  a  soumis  à  la  Commission  le  projet 
relatif  a  la  restauration  intérieure  du  chœur  de  l'église  de 
Saint-Pierre,  à  Anderleeht. 

Une  lettre  de  l'administration  communale,  jointe  au 
dossier,  faisant  connaître  que  les  travaux  précités  étaient  en 
voie  d'exécution,  la  Commission  a  chargé  des  délégués 
d'inspecter  l'édifice  pour  lui  rendre  compte  de  l'état  d'avan- 
cement de  ces  ouvrages  et  de  la  façon  dont  ils  s'effectuent. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  la  restauration  proprement 
dite  du  chœur  est  terminée;  elle  comporte  le  débadigeon- 
nage,  le  grattage  et  le  nettoyage  des  parements,  mou- 
lures, etc.,  la  restauration  des  moulures  et  sculptures  qui 
avaient  été  détériorées,  la  réparation  des  peintures  décora- 
lives  découvertes  sur  les  voûtes,  l'enlèvement  des  stalles,  etc. 
Le  tout  a  été  complété  par  la  restauration  d'un  ancien 
Christ  et  son  placement  sur  une  croix  dans  l'arc  triomphal. 

Le  débadigeonnage  a  été  aussi  opéré  dans  la  première 
chapelle  à  gauche  de  la  tour,  qui  est  occupée  par  les  fonts 
baptismaux;  la  même  opération  était  sur  le  point  d'être  ter- 
minée dans  la  chapelle  de  Saint-Guidon,  à  droite  de  la  tour. 

Outre  que  tous  ces  travaux  ont  été  effectués  sans  l'assen- 
timent préalable  des  autorités  compétentes,  il  est  visible 
qu'ils  ont  été  exécutés  avec  mi''  certaine  précipitation.  On 
remarque,  par  exemple,  dans  la  restitution  des  crochets  de 
l'arcade,  à  droite  de  l'abside,  des  défauts  de  proportion  el 
de  style  qu'une  étude  plus  minutieuse  et  une  instruction 
complète  du  projet  eussent  permis  d'éviter.  L'essai  de  poly- 
chromie exécuté  aux  niches  el  dais  de  l'abside  n'est  pas  non 
plus  a  recommander. 


—   195  — 

Bien  que  les  renseignements  fournis  aux  délégués  soiepl 

affirmalifs  sur  ce  point  que  le  débadigeonnage  s'est  borné  à 
l'enlèvement  du  crépissage  et  au  lavage  des  murs,  l'aspect 
actuel  des  parements,  d'un  ton  blanc  absolument  uniforme, 
permet  de  supposer  que  si  l'on  n'y  a  pas  appliqué  un  enduit. 
on  a  tout  au  moins  employé  un  procédé  de  lavage  Irop 
énergique  qui  a  l'ail  disparaître  la  teinte  naturelle  et  variée 
de  la  pierre. 

Le  rejoinloyage  laisse  aussi  à  désirer  en  ce  sens  qu'il  imite 
la  taille  et  se  confond  avec  la  pierre  et  n'a  laissé  que  des 
joints  presque  imperceptibles.  Au  chœur,  on  a  accusé  les 
joints  par  des  traits  d'ocre  rouge  d'un  effet  très  peu  satisfai- 
sant. L'architecte  a  toutefois  déclaré  que  ce  dernier  travail 
n'est  que.  provisoire,  en  attendant  une  peinture  décorative, 
qui  est  subordonnée  à  l'exécution  des  verrières. 

On  doit  regretter  que  des  travaux  d'une  nature  aussi 
délicate  et  dont  l'exécution  devait  nécessairement  rencontrer 
certaines  difficultés,  aient  été  poursuivis  sans  aucun  contrôle. 

On  doit  aussi  appeler  l'attention  des  autorités  compétentes 
sur  le  peu  de  convenance  qu'il  y  a  de  consacrer  des  sommes 
importantes  à  des  ouvrages  qui  peuvent  être  considérés 
comme  de  luxe,  alors  que  l'extérieur  de  l'édifice  réclame 
des  travaux  considérables  et  urgents  de  consolidation  et  de 
restauration.  Il  importerait,  semble-l-il,  de  suspendre  tous 
travaux  inutiles  à  la  conservation  même  de  l'édifice,  à 
moins  qu'ils  ne  s'exécutent  au  moyen  de  dons  particuliers 
spécialement  alloués  à  cette  fin. 

Partageant  l'avis  de  ses  délégués,  la  Commission  pense 
qu'il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  accepter  le  fait  accompli, 
sauf  toutefois  en  ce  qui  concerne  les  crochets  de  l'arcade  du 


—   194  — 

chceur, qui  devront  être  remplacés.  Leurs  dimensions  et  leur 
style  ne  concordent  pas  avec  le  fragment  qui  est  visible  sur 
une  photographie  prise  avant  la  restauration.  D'autre  part, 
depuis  l'inspection  de  l'édifice,  plusieurs  conférences  que  le 
collège  a  eues  avec  l'architecte  l'ont  convaincu  que  la  repro- 
duction de  ces  ornements  est  inexacte.  Pour  ces  détails,  on 
devra  se  conformer  rigoureusement  au  fragment  précité  et 
soumettre  des  modèles  avant  l'exécution  en  pierre. 
'l-'i'n'u'r'''  —  Par  lettre  du  10  octobre  1890,  M.  le  doyen  de  Dinant 
a  fait  connaître  que  les  deux  maisonnettes  qui  se  trouvaient 
accolées  au  transept  sud  de  l'église  primaire  ont  été  démolies 
o\  qu'une  inspection  était  nécessaire  pour  que  le  collège 
puisse  se  rendre  compte  de  la  situation  de  cette  partie  de 
l'édifice  et  examiner  d'anciens  meneaux  de  la  grande  fenêtre 
mis  à  découvert  par  suite  de  cette  démolition. 

Les  délégués  qui  se  sont  rendus  à  Dinant  ont  examiné  ces 
restes  de  la  fenêtre  primitive  et  ils  sont  d'avis  qu'il  y  a  lieu 
d'en  tenir  compte  pour  le  rétablissement  des  meneaux  qui, 
dans  tous  les  cas,  doivent  être  renouvelés. 

Le  devis  estimatif,  dressé  le  2  avril  1891  par  M.  l'archi- 
tecte Van  Assche,  pour  l'achèvement  complet  de  la  restau- 
ration de  l'église  est  accompagné  de  nouvelles  études  de 
meneaux  pour  la  fenêtre  précitée;  elles  sont  basées  sur  la 
situation  primitive,  et  la  Commission  a  donné  la  préférence 
au  projet  n°  4.  Ce  devis  s'élève  à  fr.  42,508-54,  et  les  tra- 
vaux seraient  exécutés  en  deux  ans;  il  y  aura  lieu  toutefois 
d'ajourner  la  construction  du  grillage  au  pourtour  de 
l'église;  le  dévissera  ainsi  réduit  à  fr.  38,067-03. 

L'administration  communale  déclare  ne  plus  pouvoir 
intervenir  dans  les  Irais  de  cette  restauration.  La  province 


—   11)3  — 

consent  à  allouer  un  dernier  subside  de  7,000  francs 
et  demande  que  le  département  de  la  justice  accorde 
14,000  francs.  Le  conseil  de  fabrique  ne  fait  pas  connaître 
le  chiffre  de  son  intervention,  mais  il  résulte  des  termes  de 
sa  lettre  du  13  septembre  1890,  qu'il  lui  reste  encore  un 
capital  en  caisse. 

A  part  une  observation  au  sujet  de  l'exécution  de  la  porte 
en  bois  de  l'entrée  principale,  les  travaux  exécutés  depuis  la 
dernière  inspection  n'ont  donné  lieu  à  aucune  critique. 

Les  délégués  ont  engagé  M.  Van  Assche  à  faire  exécuter 
quelques  fouilles  dans  le  portail  méridional  pour  rechercher 
s'il  n'y  aurait  pas  possibilité  de  lui  restituer  son  niveau 
ancien  et,  par  suite,  d'établir  une  communication  entre  ce 
portail  et  l'ancien  porche  roman  qui  sert  actuellement  de 
chapelle  des  fonts  baptismaux. 

Se  ralliant  aux  conclusions  du  rapport  de  ses  délégués,  la 
Commission  a  émis  l'avis  que  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le 
Gouvernement  autorise  l'exécution  de  ces  travaux  d'achève- 
ment et  alloue  les  subsides  qui  lui  sont  demandés. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


COMMISSION  KOYALE  DES  MONUMENTS. 


Lu  7  aotïl  1891,  la  Commission  a  eu  le  regret  de  perdre 
un  de  ses  membres  effectifs,  M.  Louis  De  Curtc,  architecte, 
à  Bruxelles. 


RÉSUMÉ    DES     PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 
des    3,    4,   11,   18    et   25  juillet;   des  1,   8,    13,  22  et  29  août   1891, 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

1°  Le  dessin  d'un  vitrail  à  placer  dans  l'église  de  Sainl-de  Sl1;i;!i;,1I,(111.r. 
Sulpice,  à  Diesl  (Brabanl);  auteur,  M.  Oslerrath  ;  vitratî: 

2°  Le  projet  de  verrières  à  placer  dans  la  basse-nef  sud,, ,  _:il'r(!;„; 

de  l'église  de  Saint-Germain,  à  Tirlemont  (Brabanl);  auteur,     vèrrl™""!' 
M.  Verhaegen; 

3°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  restauration  à(lcl,J,.;,,  u 
exécuter  au  cbemin  de  la  croix  de  l'église  de  Bevcren-Waes  a^'1™. 
(Flandre  orientale); 


—   198  — 

%LMmï.e      /,u  ^°  ProJet  c'cs  peintures  décoralives  à  exécuter  par 

M.  Cardon  dans  la  salle  des  mariages,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Louvain  (Brabant).  Il  conviendra  toutefois,  avant  de  passer 
à  l'exécution  définitive  de  ce  projet,  que  l'auteur  indique  sur 
place  par  des  échantillons  la  décoration  qu'il  propose  pour 
la  cheminée  et  les  compartiments  du  plafond.  L'examen  de 
ces  essais  permettra  de  se  rendre  un  compte  plus  exact  de 
l'effet  d'ensemble  du  travail; 

•j°  Le  devis  estimatif  dressé  par  U.  Van  Dycke  pour 

SI  jab?    l'achèvement  du  nettoyage  des  sculptures  du  jubé  de  l'église 

de  Walcourl  (Namur). 

GôcUBn.x"iîsrc     —   ^es  délégués  ont  inspecté  le  moulage  exécute  par 

M.   De  Rudder  du  groupe  représentant  le  Commerce,  qui 

orne  l'allée  asphaltée  du  Parc  de  Bruxelles. 

Ce  travail  ayant  été  exécuté  avec  soin,  la  Commission  a 
émis  l'avis  qu'on  pouvait  autoriser  la  reproduction  en  pierre 
de  l'œuvre  précitée. 
g^li0i  —  Les  délégués  qui  ont  inspecté  l'église  de  Saint-Quentin, 
sculptes,  à  Hasselt  (Limbourg),  ont  examiné  les  travaux  de  restau- 
ration exécutés  à  l'ancienne  croix  triomphale  et  à  une  série 
de  statues  que  cet  édifice  possède.  Ils  ont  émis  l'avis,  auquel 
la  Commission  s'est  ralliée,  que  ces  travaux  ont  été  conve- 
nablement exécutés  et  que  rien  ne  s'opposait  à  la  liquidation 
du  subside  promis  pour  cette  entreprise. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 
La  Commission  a  approuve  le  devis  estimatif  de  quelques 

Ilebljurjtn.ii.  , 

travaux  urgents  de  réparation  a  exécuter  à  la  tour  de  la 
halle  de  Nieuport  (Flandre  occidentale). 


—  199  — 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  le  6  août  1891,  les  travaux  ''"t1,1"  vi','" 
de  restauration  exécutés  à  l'hôtel  de  ville  de  Termonde  n^3'UilUuu- 
(Flandre  orientale). 

Ils  ont  constaté  que  ces  ouvrages  ont  été  effectués  dans 
de  bonnes  conditions  et  que  pour  la  restauration  du  pignon 
vers  le  palais  de  justice,  il  a  été  tenu  compte  des  recom- 
mandations faites  lors  d'une  précédente  inspection. 

Il  n'y  a  donc  aucun  inconvénient  à  opérer  la  liquidation 
du  subside  promis  par  l'État  pour  l'exécution  de  cette 
entreprise. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  approuvés  : 

I3  Le  projet  de  reconstruction  du  presbytère  de  Nieu-  ,/".':",";;';;;;,', 
cappelle  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Yerbeke;        d°°  I-'"  '  ""  • 

2°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Becquevoort  (Brabant),  sous  réserve  de  tenir  compte  des 
observations  faites  par  M.  l'architecte  provincial  adjoint 
intérimaire  dans  son  rapport  en  date  du  0  août  1891. 
Toutefois,  en  ce  qui  concerne  la  dimension  des  locaux  que 
ce  fonctionnaire  signale  comme  étant  très  vastes,  c'est  aux 
administrations  intéressées  à  apprécier  s'ils  répondent  aux 
nécessités  locales;  architecte,  M.  Langerock; 

5"  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Chairière  (Namur),  à  la  condition  de  donner  à  la  citerne  et 
à  la  fosse  des  murs  indépendants  de  ceux  de  l'habitation, 
afin  d'éviter  des  infiltrations  dans  les  maçonneries  du  sous^ 
sol;  architecte,  M,  Van  Gheluwe; 


—  200  — 

4°  Le  projet  de  construction  d'un  presbytère  à  Bourcy, 
commune  de  Longwilly  (Luxembourg);  architecte, 
M.  Cupper; 

5°  Le  projet  de  construction  d'un  presbytère  à  Cliaumont, 
sous  Florenncs  (Namur);  architecte,  M.  Devreux; 

6°  Le  projet  d'agrandissement  du  presbytère  de  Wiezc 
Flandre  orientale);  architecte,  M.  Van  Assclie; 

7°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  de  Rolhem 
(Limbourg);  architecte,  M.  Chrisliaens  ; 

8°  Le  devis  estimatif  de  divers  travaux  complémentaires 
à  exécuter  nu  presbytère  de  Moinet,  commune  de  Long- 
willy (Luxembourg);  architecte,  M.  Cupper; 

9°  Le  projet  relatif  à  l'exhaussement  du  presbytère  de 
Knocke  (Flandre  occidentale). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  des  projets 
relatifs  à  la  construction  d'églises  : 

1°  A  Deurne,  paroisse  de  Saint-Roch  (Anvers);  archi- 
"'•••' lecle,  M.  Baeekelmans; 

2°  A  Geronsarl,  sous  Boussu-en-Facme  (Namur),  sous  la 
réserve  de  tenir  compte  des  observations  présentées  par 
M.  l'arcliitecle  provincial  et  par  le  Comité  ûq>  correspon- 
dants, au  sujet  de  certains  points  qui  intéressent  la  solidité  de 
l;i  construction  et  de  remplacer  la  triple  fenêtre  rectangulaire 
du  deuxième  étage  de  la  tour  par  une  simple  meurtrière,  qui 
suffira  ù  l'éclairage  de  celte  partie  de  l'édifice;  architecte, 
M.  Haverland. 


—  201    - 

Ont  aussi  été  approuvés  les  projets  d'agrandissement  des 
églises  : 

1°  De  Saint-Jean,  à  Watou  (Flandre  occidentale);  archi-  ,,,  s!,1;'1-!,,, 
tecte,  M.  Garelte  ; 

21  De  HolIogne-aux-Pierres  (Liège);  architecte,  M.  Jamar  ;      h 

illlX-P 

5°  De  Régnez,  commune  de  Biliaiu  (Luxembourg),  à  lu 
condition  que,  clans  le  cours  de  l'exécution  des  travaux, 
l'auteur  supprimera  les  arcatures  de  la  partie  supérieure  de 
la  tour  ainsi  que  les  fenêtres  ménagées  dans  le  mur  antérieur 
de  la  nef,  aux  deux  côtés  de  la  tour;  la  chapelle  des  fonts 
haplismaux  et  l'escalier  donnant  accès  au  jubé  pourront  être 
éclairés  par  de  petites  baies  percées  dans  les  murs  latéraux 
de  la  nef;  architecte,  M.  Cupper; 

4°  De  La  Panne,  sous  Adinkerke  (Flandre  occidentale);    .   ' 

'  /'     de  I  a  P 

architecte,  M.  Vinck. 

Ainsi  que  les  divers  projets  ci-après  : 

5°  Clôture  et  éclairage  des  escaliers  latéraux  de  l'église,,,.  Slf;,^ 
de  Saint-Servais,  à  Schaerbeek  (Brabant); 

C°  Travaux  supplémentaires  nécessités  par  la  construction  ,     '^  • 

rr  "  de  Tcn-Brieleu. 

de  l'église  de  Ten  Brielen,  sous  Comines  (Flandre  occiden- 
tale); architecte,  M.  De  Geyne; 

7°  Travaux  complémentaires  motivés  par  la  reconstruction  dc  |^,e 
de  l'église  de  Sysseele  (Flandre  occidentale);  architecte, 
M.  Verbeke; 

8°  Substitution  d'une  rosace  à  la  fenêtre  latérale  prévue     Église  de 

,  Villers-l'Evèque. 

au  chœur  de  l'église  de  VilIers-l'Evêque  (Liège);  architecte, 
M.  Froment; 

9°  Travaux    d'achèvement    de    l'église    de    Ville- du -dpVi,K.B„is. 
Bois,   commune    de  Vielsalm    (Luxembourg);    architecte, 
M.  Cupper; 


—  202  — 

10°  Complément  des  travaux  de  reconstruction  de  l'église 

<;,   Bovigny.  ■ 

de  Bovigny  (Luxembourg);  architecte,  M.  Gupper; 
«ic  rimngheut.      11°  Placement   de   meneaux   et  de  vitraux   dans   trois 
fenêtres  du  fond   du   chœur   de  l'église  de   Reninghelst 
(Flandre  occidentale); 
Focam.     42°  Construction   d'une  sacristie  à   l'église    de   Focant 
(Namur);  architecte,  M.  Van  Gheluwe; 
Église  de  chiny.     13°  Construction  d'une  sacristie    à    l'église    de    Chiny 
(Luxembourg);  architecte,  M.  Lange; 
',-■  14°  Construction  d'une  sacristie  à  l'église  de  Marbisoux, 

de  Marbisoux.  cî 

sous  Marbais  (Brabanl),  et  exécution  de  quelques  travaux  à 
cel  édifice  et  au  presbytère  ; 
objeu mobiliers     \^  £{  enfin  les  dessins  d'objets  mobiliers  destinés  aux 

d  églises,  •' 

églises  de  : 

Bambrugge  (Flandre  orientale)  :  stalles  ; 

Eelen  (Limbourg)  :  banc  de  communion  et  chaire  à 
prêcher  ; 

Overslag,  sous  Wachtebeke  (Flandre  orientale)  :  autel 
latéral  ; 

Lahestre(llainaut)  :  stalles; 

Etlerbeek  (Brabanl)  :  autels  et  confessionnaux  ; 

Wechelderzanden  (Anvers)  :  stalles  ; 

Assche  (Brabant)  :  maitre-autel  ; 

Vivy  (Luxembourg)  :  chaire  à  prêcher  et  confes- 
sionnal ; 

Hoogstraeten  (Anvers)  :  autel  latéral  ; 

Winxele  (Brabanl)  :  maître-autel  ; 

Sorinne-la-Longue  (Namur)  :  cloche; 

Bupelmonde  (Flandre  orientale)  :  maitre-autel; 

A^senede  (Flandre  orientale)  :  buffet  d'orgues. 


—  203  — 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  approuvé  : 

1°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparation  à  exécuter 
à  l'église  de  Florenville  (Luxembourg);  architecte,  M.  Van 
de  Wyngaert  ; 

2°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  et  du  presbytère      i?h- 

r      o  <l>  i  «  C(  presbytère 

de  Merlemont  (Namur)  ;  «.«nu.™ 

3°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparation  à  exécuter  .  Église 

*  rie  Merlieien» 

à  l'église  de  Mechelen-sur-Meuse  (Limbourg)  ; 

4°  La  restauration  des   toitures  de  l'église  de  Forest Église  de  Forest. 
(Brabant)  ; 

o°  Le  devis  des  ouvrages  de  réparation  à  exécuter  àÉgHsede\ 
l'église  de  Vlessart,  commune  d'Anlier  (Luxembourg); 

G0  Le  projet  de  restauration  de  la  façade  de  l'église  dedeSal^*jface> 
Saint-Boniface,  à  Ixelles  (Brabant);  architecte,  M.  Collés; 

7°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparation  à  exé-Eglise  ll" 
cuter  à  l'église  d'Héverlé  (Brabant);  architecte,  M.  Lan- 
gerock  ; 

8"  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'église  d'Avel-      Église 

r       J  °  dWvelgbem. 

ghem  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Vercoutere  ; 
9°  La  restauration  de  réélise  et  du  presbytère  de  Wiesme      é? 

or.  ,.,  presbytère 

(Namur);  d,:Wiesme- 

10°  La  restauration  de  la  chapelle  de  Failon,  commune     ci.aPeiie 

1  de   I 

de  Barvanx-Condroz  (Namur); 

11"   Le   devis   estimatif  des    travaux    de    réparation  à      église 

'  de  w  eslmallc. 

exécuter  à  la  tour  de  l'église  de  Westmalle  (Anvers);  archi- 
tecte, M.  Gife; 

12°  Les  travaux  de  réparation  à  effectuer  à  l'église  de  fki ,-.  .i. -„,,.,. 
Sorée  (Namur)  ; 


—  204  — 

1  .ntpgcm.  45"  Le  projet  des  travaux  de  consolidation  à  exécuter  à  la 
tour  de  l'église  d'Itegem  (Anvers);  architecte,  M.  Blomme; 
::e,llk.  14°  La  restauration  de  la  tour  de  l'église  de  Langemarck 
(Flandre  occidentale),  sous  réserve  de  réduire  la  hauteur 
de  la  maçonnerie  projetée  entre  les  petits  corbeaux  el  la 
balustrade;  de  donne!'  plus  d'élévation  à  la  balustrade  et  de 
supprimer  les  tourelles  d'angles  qui  ne  semblent  pas  justi- 
fiées par  l'aspect  actuel  de  l'édifice;  architecte,  M.  Socle; 

lo°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  restauration  projetés 
à  l'église  de  Freylange,  commune  de  Heynsch  (Luxem- 
bourg); architecte,  M.  Van  de  Wyngaert  ; 
dePciu-Fays.      '16°  La  réparation  de  l'église  de Pelit-Fays  (Namur); 
tiques,     ,7°  Le  projet  relatif  à  la  restauration  d'une  chapelle  de 
l'église  de  Saint-Jacques,  à  Bruges  (Flandre  occidentale)  et 
à  l'exécution  de  verrières;  architecte,  M.  Geirnaert; 
église         18°  Le  projet  de  restauration  de  l'éfflise  de  Saint-Médard, 

.le  SaiDt-Hedartl,  '       J  ° 

vict1,    à  Wervicq  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Van  Assehc; 
"-         19°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  aux 

de  travaux  ' 

staiiralion    »    v  î 

:CS.     eguses  de  : 

Saint-Rombaut,  à  Malines  (Anvers)  :  vaisseau,  deuxième 
trimestre  de  l'exercice  1 81)1  ; 

Notre-Dame,  à  Anvers:  vaisseau,  exercice  1 8*)0 ;  petite 
tour,  exercice  1890. 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  le  22  juillet  1891,  les  Ira- 

I -Léonard.  G  I  J 

vaux  do  restauration  en  voie  d'exécution  à  l'église  de  Saint- 
Léonard  (Anvers). 

Ils  uni  constaté  que  ces  ouvrages  s'effectuent  d'une  façon 
satisfaisante  el  au  moyen  de  bons  matériaux. 

Les  travaux  exécutés  à  ce  jour  onl  donné  lieu  à  une 
dépense   de   IV.   >2.'i,.'>7o-~>,-j.  soil   près  des  deux  liers  du 


—  205  — 

montant  de  l'entreprise.  Il  y  a  donc  lieu  pour  le  Gouver- 
nement de  liquider  une  partie  du  subside  promis  dans  la 
proportion  de  la  dépense  faite. 

—  Les  délégués  qui  ont  inspecté  les  travaux  de  restau-  .  n Éf,ise  . 
ration  elïeclués  à  la  tour  de  l'église  de  Ryckevorse!  (Anvers) 
sont  d'avis  que  ces  ouvrages  ontété  convenablement  exécutés 
et  qu'ils  peuvent  être  approuvés.  Ils  ont  cru,  toutefois,  devoir 
appeler  l'attention  de  l'architecte  sur  les  redents  des  réseaux 
de  la  fenêtre  du  jubé,  qui  ne  sont  pas  exécutés  suivant  les 
règles  de  l'art  ogival.  Ces  redents  auraient  dû  avoir  une 
profondeur  moindre  que  celle  des  réseaux,  c'est-à-dire  qu'ils 
auraient  dû  prendre  naissance  sur  la  partie  oblique  des 
réseaux  au  lieu  de  se  raccorder  à  la  plate-bande  de  ceux-ci, 
ce  qui  leur  donne  un  aspect  de  lourdeur.  Comme  il  n'est 
plus  possible  de  remédier  à  celte  incorrection,  on  doit  se 
borner  à  la  signaler  pour  l'avenir. 

Les  travaux  faisant  l'objet  de  l'entreprise  étant  complè- 
tement terminés,  il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  liquider  le 
subside  promis  par  l'État  en  vue  d'en  couvrir  les  frais. 

Pour  être  mise  en  bon  état  d'entretien,  la  tour  de  Rycke- 
vorsel  devrait  subir  un  rejointoyage  général  fait  au  moyen 
de  bon  mortier  hydraulique  et  il  importerait,  dans  l'intérêt 
de  la  conservation  de  cette  belle  tour,  que  ce  travail  pût  se 
faire  à  bref  délai. 

Le  chœur  de  l'édifice  a  été  l'objet,  dans  ces  derniers 
temps,  d'un  travail  de  décoration  murale.  Cet  ouvrage, 
exécuté  au  moyen  de  dons,  présente  un  aspect  peu  satis- 
faisant :  les  tons  en  sont  criards  et  les  éléments  trop  grands 
d'échelle.  Le  conseil  de  fabrique  a  cru,  puisque  le  travail 
s'effectuait  aux  frais  de  particuliers,  pouvoir  se  dispenser  de 


—  20<i  — 

soumettre  ses  projets  à  l'approbation  de  l'autorité  supé- 
rieure. On  ne  peut  que  le  regretter,  car  la  décoration  pré- 
citée est  des  plus  banales,  et  si  la  Commission  avait  été 
consultée  préalablement  sur  ce  projet,  elle  ne  l'aurait  pas 
admis. 
,'.;  ;;.2he  —  Sous  la  date  du  8  juin  1891,  M.  le  Gouverneur  de  la 
province  de  la  Flandre  occidentale  a  communiqué  un  rap- 
port par  lequel  M.  l'architecte  inspecteur  provincial  faisait 
connaître  qu'on  avait  enlevé  la  plus  grande  partie  du  crépis- 
sage intérieur  du  chœur  et  du  transept  de  l'église  de  Lisse- 
weghe,  ainsi  que  les  maçonneries  qui  obstruaient  le  triforium 
el  les  arcatures  qui  régnent  à  la  base  des  murs,  et  que  cette 
opération  avait  révélé  des  dégâts  considérables  causés  par 
l'incendie  qui  a  ravagé  l'église  vers  la  fin  du  xvie  siècle. 

Le  fonctionnaire  précité  ajoutait  que  cette  situation  occa- 
sionnera des  travaux  beaucoup  plus  importants  que  ceux 
prévus  au  devis  estimatif  approuvé,  dont  le  montant  est  de 
25,730  francs. 

Les  délégués  qui  ont  inspecté  l'édifice  le  25  juin,  ont  pu 
se  rendre  compte  de  cet  état  déplorable  de  l'un  des  beaux 
monuments  de  la  province.  Ils  n'ont  pu  qu'engager  M.  l'ar- 
chitecte Van  Assche,  présent  à  l'inspection,  à  dresser  un 
nouveau  devis  estimatif  comprenant  tous  les  ouvrages  indis- 
pensables pour  assurer  la  restauration  complète  de  cette 
partie  de  l'édifice. 

L'architecte  propose  de  reconstruire  la  voûte  du  chœur 
édifiée  après  l'incendie  précité,  qui  n'est  pas  dans  le  style  du 
monument  et  qui  a  été  établie  à  un  niveau  inférieur  à  celui 
il.'  la  voûte  ancienne;  il  n'y  aura  lieu  de  prendre  ce  parti 
que  s'il  esl  constaté  que  celte  voûte  est  en  trop  mauvais  état 


—  207  — 

pour  être  conservée;  en  attendant,  il  convient  de  la  main- 
tenir et  de  s'occuper  des  travaux  les  plus  urgents. 

Les  voûtes  des  chapelles  latérales  ont  subi  des  dégra- 
dations, mais  les  délégués  sont  d'avis  qu'elles  peuvent  être 
réparées,  sauf  peut-être  celle  de  la  chapelle  à  gauche  du 
chœur,  dont  un  vice  de  construction  a  occasionné  une 
poussée  mal  équilibrée  et  amené  des  désordres  dans  la 
maçonnerie. 

Se  ralliant  à  l'appréciation  de  ses  délégués,  la  Commission 
a  décidé  d'attendre  la  production  du  nouveau  devis  que 
M.  l'architecte  Van  Assche  s'est  engagé  à  soumettre  à  bref 
délai. 

—  Le  chœur  de  l'église   de  Saint-Séverin-en-Condroz      Église 

0  de  Saint-Séverin- 

(Liège),  ainsi  que  les  deux  absidioles  qui  l'accompagnent,  le   en*Condro1- 
transept  et  la  tour  placée  au  centre  de  la  croisée,  ont  été 
restaurés  vers  1862. 

Un  projet,  de  restauration  des  nefs  a  été  approuvé  en 
1876,  mais  à  cause  de  l'insuffisance  des  ressources  locales, 
cette  affaire  est  restée  sans  suite.  Bien  que  la  situation  finan- 
cière du  conseil  de  fabrique  ne  soit  guère  plus  prospère 
aujourd'hui,  ce  collège,  désirant  entreprendre  le  travail  qui 
est  devenu  urgent,  a  sollicité  une  inspection  de  l'édifice  par 
des  délégués  de  la  Commission. 

Les  délégués  qui  ont  procédé  à  cette  visite,  le  30  juillet 
1891  ne  peuvent  que  féliciter  le  conseil  de  fabrique  de  ses 
intentions  qui  tendent  à  s'entourer  de  toutes  les  garanties 
possibles  pour  aboutir  à  une  restauration  intelligente  de  ce 
monument  remarquable,  l'un  des  plus  anciens  du  pays. 

La  restauration  de  l'édifice  ne  présentera  pas  de  sérieuses 
difficultés,  celte  construction,  d'une  grande  simplicité,  ayant 


—  208  — 

conservé  tous  les  éléments  nécessaires  pour  la  rétablir  dans 
son  étal  primitif. 

Les  autorités  locales  ne  semblent  pas  disposées  à  donner 
suite  au  projet  qui  a  été  approuvé  en  1876;  elles  préfére- 
raient, en  présence  de  la  valeur  archéologique  du  monument, 
soumettre  celte  affaire  à  une  étude  entièrement  nouvelle. 
Ce  parti  semble  conforme  aux  intérêts  bien  entendus  de  la 
restauration,  mais,  avant  de  l'adopter,  il  est  nécessaire  que  la 
Commission  reçoive  communication  du  projet  déjà  approuvé. 

La  charpente  de  l'édifice  parait  dater  de  la  construction 
primitive;  il  conviendra,  par  conséquent,  de  prendre  des 
mesures  pour  sa  conservation,  tout  en  y  faisant  les  répa- 
rations nécessaires. 

L'église  de  Saint-Séverin  a  conservé  sa  cuve  baptismale 
romane  qui  est  peut-être  aussi  ancienne  que  l'édifice;  elle  a 
malheureusement  subi  des  mutilations;  des  fissures  s'y 
étant  produites,  il  a  été  nécessaire  de  la  protéger  par  un 
cercle  en  fer;  les  douze  colonnettes  qui  entouraient  la 
colonne  centrale  supportant  le  bassin  ont  disparu.  Il  serait 
intéressant  de  faire  rétablir  cette  œuvre  d'art  dans  son  état 
primitif.  Mais  ce  travail  ne  pourrait  être  entrepris  qu'au 
cas  où  le  Gouvernement  s'imposerait  un  sacrifice  excep- 
tionnel, le  conseil  de  fabrique  devant  réserver  ses  faibles 
ressources  pour  contribuer  dans  la  restauration  de  l'édifice. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  2o  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


NOTES 

POUB  SERVIR  A 

L'HISTOIRE  DE  LA  SCULPTURE 

EN  BELGIQUE 

IL.  E  S       IRET-AuBILES 

(Suite)  (1) 

— *=&m&&^ — 
RETABLE  DE  HAM-SUR-HEURE. 

XVe   SIÈCLE. 

Le  superbe  retable  gothique  de  Ham-sur-Heure  a  subi, 
dans  ces  dernières  années,  une  importante  restauration, 
exécutée  avec  son  habileté  habituelle  par  feu  Gosselin.  Une 
grande  partie  des  délails  de  l'architecture  du  couronne- 
ment, les  divisions  entre  les  groupes,  toute  l'ornementation 
architeclonique  de  la  partie  centrale  notamment,  avaient 
disparu. 

Heureusement,  cinq  groupes,  comportant  ensemble 
vingt-cinq  personnages,  avaient  été  conservés  sans  recevoir 
de  bien  importantes  mutilations. 

C'est  seulement  de  celte  partie  ancienne  que  nous  nous 
occuperons;  les  fragments  modernes,  quel  que  soit  le  talent 


m  Voir  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  t.  XXIX  (1890),  p.  l2o, 
cl  XXX  (1891),  pp.  29,  79  et  125. 


—  210  — 

avec  lequel  la  restauration  a  élé  faite,  n'ont  point  d'intérêt 
au  point  de  vue  de  l'histoire  de  la  sculpture. 

Ces  cinq  compositions  se  rapportent  à  la  naissance  du 
Christ;  elles  représentent  respectivement:  l'Annonciation, 
la  Visitation,  la  Nativité,  V Adoration  des  Mages,  la  Cir- 
concision. 

Nous  avons  entendu  émettre  la  supposition  que  l'œuvre 
ne  se  bornait  pas  là  mais  pouvait  se  continuer  par  d'autres 
scènes  représentant  la  vie  de  Jésus,  jusqu'à  son  ensevelisse- 
ment ;  nous  ne  croyons  pas  devoir  admettre  cette  hypothèse. 

Nos  cinq  groupes  sont  rangés  sur  une  seule  ligne  hori- 
zontale, dont  V Annonciation  occupe  l'extrémité  de  gauche. 

Marie  est  en  prières,  agenouillée  sur  un  tabouret  très  bas 
devant  une  sorte  de  petit  lutrin,  sur  lequel  un  livre  est 
ouvert.  L'ange  Gabriel  est  debout  près  d'elle. 

Les  gestes  des  deux  personnages  sont  expressifs;  l'artiste 
a  choisi  le  moment  où  l'ange,  après  avoir  annoncé  à  Marie 
la  naissance  de  Jésus,  lève  sa  main  pour  montrer  le  Ciel,  en 
disant:  «  Il  sera  appelé  le  Fils  du  Très-Haut...» .  La  Vierge 
se  tourne  à  demi  vers  lui,  les  yeux  baissés;  le  mouvement 
de  la  main  droite  semble  à  la  l'ois  exprimer  la  surprise  et 
indiquer  la  réponse:  «  Voici  la  servante  du  Seigneur...  ». 
La  main  gauche  retient,  d'un  mouvement  élégant  des  doigts, 
les  pages  du  livre. 

Le  pupitre  sur  lequel  repose  ce  dernier  est  porté  par  un 
pied  cylindrique  vertical,  brise  d'une  petite  partie  horizon- 
laie  à  mi- hauteur. 

Derrière  la  Vierge  est  un  meuble  carré  avec  de  hauts 
pieds,  élégamment  décoré,  sur  lequel  sont  disposés  des 
ustensiles  de  ménage. 


—  211  — 

La  scène  suivante  représente  la  Visitation;  elle  se  passe 
dans  la  campagne. 

Elisabeth,  la  tète  couverte  d'une  coiffe  de  linge,  le  corps 
enveloppé  d'un  ample  manteau,  s'avance  au-devant  de 
Marie  et  lui  saisit  les  mains. 

La  Vierge  porte  un  corsage  étroit,  au-dessus  duquel  est 
jetée  une  draperie  qui  recouvre  la  partie  postérieure  de  la 
tète;  de  même  que  dans  la  scène  précédente  —  et  que  dans 
toutes  les  compositions  de  ce  retable  —  ses  yeux  sont 
baissés  et  son  attitude  exprime  la  modestie. 

Le  paysage  est  fermé  par  un  fond  de  rochers.  Au  sommet 
de  ceux-ci,  le  muet  Zacharie  est  assis  au  seuil  de  sa 
demeure,  sur  un  petit  tertre  qu'ombrage  un  arbre  touffu. 
Il  s'appuie  d'une  main  sur  un  bâton  et  fait  de  l'autre  un 
geste  de  bienvenue. 

L'architecture  de  la  maison  de  Zacharie  est  intéressante. 
L'entrée  —  une  porte  simple  à  linteau  horizontal  —  est 
percée  dans  le  pignon,  dont  les  rampants  ont  une  incli- 
naison d'environ  45°.  A  droite  de  cette  porte  et  vers  la 
moitié  de  sa  hauteur  se  dessine  une  petite  baie  rectan- 
gulaire. 

La  façade  latérale  visible  est  fortement  en  surplomb  el 
soutenue  par  cinq  montants  assez  fluets;  leur  hauteur  varie 
suivant  les  accidents  du  terrain. 

Celle  façade  est  percée  d'une  grande  fenêtre  carrée,  que 
divise  un  lourd  croisillon. 

La  partie  supérieure  du  mur  de  ce  côté  est  ornée  de  sculp- 
tures cl  couronnée  par  une  corniche  horizontale,  au-dessus 
de  laquelle  s'élève  une  lucarne  couverte  d'un  petit  toit  à 
deux  versants. 


-   212  — 

D'autres  bâtiments,  un  clocher  aigu,  s'aperçoivent  dans 

le  lointain;  à  gauche,  un  chemin  moulant  conduit  à  une 
haie  en  plein  cintre,  étroite  et  élevée,  percée  dans  un 
mur  d'enceinte  crénelé  et  renforcé  de  tourelles  polygo- 
nales. 

Les  mêmes  tours,  avec  le  soubassement  saillant,  le  haut 
des  murs  en  surplomb,  flanquent  une  porte  de  ville  que  l'on 
voit  dans  le  haut  du  panneau  suivant. 

Le  sujet  de  celui-ci,  nous  l'avons  dit,  esl  la  Nativité. 

I!  reste  de  celle  composition  quatre  des  ligures  origi- 
nales :  à  gauche,  la  Vierge  agenouillée,  donl  la  coiffure  est 
à  remarquer  :  on  ne  voit  que  la  naissance  et  le  bout  tombant 
sur  les  épaules  de  ses  longs  cheveux  ondulés;  le  reste  est 
enveloppé  d'un  linge;  à  droite,  saint  Joseph,  barbu  et 
drapé  dans  un  grand  manteau;  derrière  lui,  un  personnage 
faisant  un  geste  d'étonnement  ;  entîn,  au  fond  et  au  milieu, 
une  femme  coiffée  d'une  pièce  d'étoffe  roulée  en  turban, 
velue  d'un  corsage  collant  ouvert  en  carré  à  la  gorge. 

Dans  l'angle  gauche,  le  bœuf  passe  la  tète  au-dessus  du 
garrot  de  l.'àne. 

Un  toit  de  chaume  abrile  ce  groupe  ;  plus  haut,  se 
déroule  une  perspective  de  rochers  entre  lesquels  surgissent 
trois  cavaliers,  les  trois  mages.  Au  centre,  adossé  à  un 
arbre,  un  pâtre  joue  de  la  cornemuse.  Au  loin,  des  maison- 
nettes et  la  porte  de  ville  dont  nous  avons  parlé. 

V Adoration  des  Mages  vient  ensuite;  la  Vierge,  char- 
mante d'intimité  et  de  simplicité,  est  assise  à  gauche  et 
désigne  d'une  main  à  l'Enfant,  qu'elle  porte  sur  le  bras, 
le  vase  de  parfums  que  lui  offre  un  mage  agenouillé  devant 
elle. 


—  215  — 

Dans  le  fond,  derrière  Marie,  se  tient  saint  Jusepli , 
à  côté  de  lui  est  le  second  mage,  puis,  à  droite,  I».1  roi 
nègre. 

La  coiffure  de  ce  dernier  rappelle  les  fantaisies  d'Hessels 
ou  de  Jean  Borrcmans  :  le  bord  île  son  chapeau,  court  sur 
les  côtés,  s'allonge  par  devant  en  un  angle  très  aigu,  enroulé 
au-dessus  du  front;  la  forme  est  entourée  d'une  couronne. 
Le  mage  debout  entre  celui-ci  et  Joseph  a  les  cheveux  longs, 
s'échappant  avec  abondance  de  dessous  un  petit  bonnet  plat. 
Comme  le  précédent,  il  est  imberbe. 

Celui  qui  est  agenouillé  porte  la  barbe  et  la  moustache. 
Son  justaucorps  descend  jusqu'à  la  moitié  des  cuisses;  le 
bord  en  est  orné  de  broderies  et  de  glands  allongés  ;  les 
manches  en  sont  larges,  évasées  de  l'épaule  au  poignet;  son 
manteau  est  une  sorte  de  vaste  chasuble,  dont  les  deux 
parties  sont  réunies  sous  le  bras  par  une  boucle  de  métal; 
une  petite  pèlerine,  ou  plutôt  un  grand  collet  arrondi,  bordé 
de  glands,  descend  sur  les  omoplates. 

Nous  avons  encore  des  costumes  remarquables  dans  la 
scène  suivante,  la  Circoncision.  Celui  du  prêtre  qui  tient 
l'Enfant  sur  la  table  où  il  va  l'opérer  présente  également 
quelques  analogies  avec  les  créations  deBorremans.  Sur  une 
robe  longue,  ne  laissant  passer  que  la  pointe  du  pied,  tombe 
jusqu'aux  genoux  une  tunique  ouverte  sur  les  côtés  du 
bord  jusqu'à  la  hanche.  La  manche,  évasée  avec  excès  vers 
le  bas,  se  termine  par  un  gros  gland. 

Des  glands  garnissent  encore  l'extrémité  de  deux  bandes 
d'étoffe  qui  tombent  de  la  coiffure.  Le  chapeau  est  mou,  de 
forme  haute;  le  bord  est  relevé,  étroit  au-dessus  des  oreilles, 
élargi  au-dessus  du  front;  le  fond  a  reçu  un  pli  transversal, 


—  214  — 

(rime  oreille  à  l'autre;  dans  le  bas  de  la  forme  s'enroule  une 
pièce  de  linge. 

La  Vierge,  du  côlé opposé,  soutient  aussi  son  Enfant.  Ses 
cheveux  sont  découverts  ot  pendent  librement  sur  les 
épaules. 

Plus  haut  est  une  femme  vêtue  d'une  robe  a  corsage 
collant,  dont  les  manches  couvrent  la  main  jusqu'à  la 
naissance  ik's  doigts.  Le  bord  do  son  chaperon,  lourd  et 
épais,  descend  en  s'arrondissanl  pour  couvrir  les  oreilles  et 
remonte  pour  se  terminer  en  angle  relevé  sur  le  front.  Le 
fond  s'allonge  en  une  pièce  d'étoffe  ramenée  sur  l'épaule 
droite. 

I  ne  vieille  femme,  au  type  très  caractéristique,  se  lient 
debout  à  droite;  elle  regarde  l'Enfant.  Son  visage  ridé, 
presque  caricatural,  exprime  la  crainte  de  l'opération  qu'il 
va  subir. 

Ses  cheveux  sont  enveloppés  d'une  pièce  de  linge  enroulée, 
formant  une  toque  énorme,  maintenue  par  une  bande  qui 
liasse  sous  le  menton. 

Saint  Joseph,  les  mains  jointes,  est  debout  entre  ces  deux 
femmes. 

Les  dais  qui  couronnent  les  quatre  compositions  latérales 
présentent  de  grandes  baies  à  plein  cintre,  que  des  meneaux 
divisent  en  six  ouvertures  ogivales  géminées,  jusqu'à  la 
hauteur  de  la  naissance  du  cintre;  les  meneaux  se  pour- 
suivent dans  le  cintre  en  se  ramifiant,  de  manière  à  former 
divers  dessins  où  le  trèfle  et  la  flamme  se  remarquent  surtout. 

À  la  base  de  ces  grandes  baies  court  une  galerie  de 
fenêtres  accouplées,  en  forme  d'accolades  surhaussées  ;  deux 
meneaux   les  subdivisent  en  trois  ouvertures  et  forment) 


dans  l'accolade,  des  molifs  décoratifs  variés,  où  les  trèfles 
jouent  encore  le  rôle  principal. 

Plus  bas  encore  est  une  suite  de  grandes  ogives,  dont 
l'intérieur  est  décoré  de  (estons  trèfles. 

Ces  dais  sont  construits  sur  un  plan  semi-hexagonal  ; 
chaque  angle  est  flanqué  d'un  contrefort  que  surmonte  un 
pinacle  élancé.  L'ornementation  n'est  pas  identique  à  droite 
et  à  gauche. 

Toute  cette  architecture  se  ressent  de  la  troisième  époque 
du  style  ogival,  sans  cependant  présenter  le  luxe  et  les 
exagérations  de  détails  de  l'époque  flamboyante;  c'est  le 
commencement  de  la  période  tertiaire. 

Les  vêtements,  surtout  ceux  des  femmes,  aux  corsages 
bien  ajustés  aux  corps,  aux  manches  serrantes  de  l'épaule 
au  poignet,  sont  encore  bien  gothiques;  quelques  ajuste- 
ments d'hommes  se  rapprochent,  nous  l'avons  dit,  du  genre 
de  Guillaume  Hessels  ou  de  Jean  Borremans,  mais  sont  d'une 
époque  moins  avancée.  Le  retable  de  llam-sur- Heure  ne 
nous  parait  pas  postérieur  à  la  première  moitié  du  \vc  siècle. 

Les  altitudes  des  personnages  sont  simples  et  naturelles  ; 
les  physionomies,  bien  personnelles;  Elisabeth,  dans  le 
second  groupe,  fait  un  geste  d'accueil  charmant. 

La  Vierge  est,  dans  les  cinq  compositions,  ravissanje  de 
grâce  et  de  naïveté  ;  sa  ligure  rappelle  ces  bonnes  tètes  de 
Jean  Van  Eyck,  dont  la  rondeur  n'exclut  pas  l'extrême 
finesse  des  traits. 

Le  roi  mage,  debout  près  du  nègre,  est  un  type  de  bon 
flamand,  et  la  vieille  femme,  qui  grimace  en  voyant  cir- 
concire l'Enfant,  est  digne  du  ciseau  des  grands  maitres  que 
nous  avons  nommés  plus  haut. 


—  216  — 

RETABLE  D'ARLON  (i) 
(au  Musée  archéologique). 

XV"    SIÈCLE. 

Voici  un  retable  en  chêne  sculpte  qui,  s'il  n'a  pas  été 
épargné  parle  temps,  a  du  moins  garde  intactes  ses  figures 
principales,  sa  polychromie  et  sa  dorure  primitives. 

C'est  encore  la  vie  du  Christ  qui  en  fait  le  sujet;  les 
épisodes  divers  en  sont  répartis  dans  trois  grands  compar- 
timents rectangulaires  juxtaposés,  celui  du  centre  ayant 
près  du  double  de  la  hauteur  des  autres;  chacun  de  ces 
compartiments  est  à  deux  étages,  dont  celui  du  dessous 
—  qui  n'occupe,  dans  les  parties  latérales,  que  le  quart,  au 
centre,  le  cinquième  environ  de  la  hauteur  totale  —  est 
divisé  à  son  tour  par  une  cloison  verticale  en  deux  petites 
cases  carrées.  Dans  celles-ci  se  déroulent  les  scènes  qui 
précédèrent  et  suivirent  immédiatement  la  naissance  du 
Sauveur. 

La  première  niche  est  complètement  vide;  il  n'est  pas 
douteux  qu'elle  ait  contenu  l'Annonciation. 

Immédiatement  après  se  voit  la  Visitation.  La  Vierge  et 
Elisabeth  se  tiennent  la  main;  les  deux  femmes  sont  minces, 
assez  élancées;  velues  de  longues  robes  drapées  et  traî- 
nantes; Marie  a  la  tète  nue;  Elisabeth  est  couverte  d'un 
linge  en  capuchon,  retombant  sur  les  épaules. 


n)  Nous  devons  d'intéressantes  communications  relatives  à  celle  œimc  a 
l'obligeance  de  M.  Sibenaler,  conservateur  du  Musée  archéologique  d'Arlon,  a  qui 
nous  adressons  ici  nos  sincères  remerciements. 


—  217  — 

Sous  la  grande  scène  centrale  sonl  l'Adoration  des  Mages, 
puis,  croyons-nous,  /' Adoration  des  Bergers.  Nous  émettons 
un  doute  sur  ce  point,  parce  que  les  (rois  personnages  qui 
subsistent  de  ce  groupe  ne  nous  permettent  pas  d'être  affir- 
ma t  i  fs  quant  au  sujet  de  cette  composition. 

Dans  la  première,  la  Vierge  assise,  regarde,  la  tète 
inclinée  vers  l'épaule,  l'Enfant  divin  qu'elle  tient  sur  ses 
genoux;  celui-ci,  d'un  mouvement  plein  de  grâce  enfantine, 
enlève  le  couvercle  d'un  vase  de  parfum  que  lui  présente 
un  mage  agenouillé. 

Un  second  mage,  la  tète  découverte,  est  debout  au  fond 
et  porte  un  autre  vase,  tandis  que  le  roi  nègre,  coiffé  d'un 
chapeau  bizarre,  se  lient  dans  l'angle  gauche,  prêt  à  faire 
son  offrande.  Derrière  la  Vierge  se  voit  de  profil  une  figure 
énorme  en  comparaison  des  autres. 

De  ce  que  nous  supposons  être  l'Adoration  des  Bergers, 
il  ne  reste  que  Marie  et  Joseph,  tous  deux  agenouillés  et  en 
prières,  et  entre  lesquels  devait  être  coucbé  l'Enfant  ;  puis, 
au  fond  à  gauche,  un  très  grand  personnage  joignant  les 
mains. 

Dans  la  Circoncision,  qui  vient  ensuite,  l'Enfant  est 
étendu  sur  une  table  polygonale,  couverte  d'un  long  tapis 
bordé  de  franges.  Une  femme  lui  tient  les  deux  bras.  Celte 
femme  porte  une  robe  dont  les  manches,  très  évasées, 
passent  en  dessous  de  celles,  courtes  et  étroites,  d'une 
tunique  qui  la  recouvre  presque  entièrement;  ce  dernier 
vêtement  est  fendu  sur  les  cotés  du  bas  à  la  hanche  et  orné 
d'une  bordure  de  franges.  La  coiffe  est  très  grosse,  formée 
d'une  pièce  de  linge  enroulée  plusieurs  fois  sur  elle-même 
et  retombant  sur  le  bras. 


—  218  — 

Le  grâûd-prêlre  qui  pratique  l'opération  porte  également 
une  tunique  à  bords  frangés,  ouverte  sur  les  côtés  jusqu'à 
la  ceinture;  mais  tandis  que  celle  de  la  femme  est  coupée 
en  rectangle,  les  deux  pans  de  celle-ci  sont  arrondis  devant 
et  derrière.  Sa  coiffure  est  une  sorte  de  mitre;  une  pèlerine 
lui  couvre  les  épaules;  les  manches  sont  étoffées  et  retrous- 
sées sur  les  poignets  pour  dégager  les  mains. 

Deux  femmes  se  tiennent  au  fond  et  contemplent  l'opé- 
ration avec  une  curiosité  nuancée  de  pitié. 

La  dernière  niche  de  l'étage  inférieur  ne  contient  plus 
une  seule  figure;  il  serait  difficile  de  deviner  le  sujet  qui  y 
était  représenté. 

Les  grands  compartiments,  auxquels  ces  six  petites  cases 
servent  de  soubassements,  présentent  une  disposition  que 
nous  n'avons  pas  encore  rencontrée  dans  les  retables  ana- 
logues à  celui-ci  :  bien  que  le  contour  extérieur  en  soit 
rectangulaire,  ils  forment  à  l'intérieur  une  arcade  ogivale 
dont  les  courbes  sont  décorées  de  petits  groupes  accessoires, 
placés  sur  des  consoles  en  encorbellement  et  surmontés  de 
dais  inclinés  suivant  la  courbure  de  la  voûte. 

L'étage  inférieur  nous  a  montré  la  naissance  du  Sauveur; 
nous  allons  assister  maintenant  aux  principales  péripéties  de 
sa  mort. 

C'est  d'abord,  à  gauche,  le  Porlement  de  la  Croix.  Jésus 
s'incline  sous  le  fardeau;  sa  jambe  plie  sous  lui,  il  est  prêt 
à  s'affaisser;  un  bourreau  le  soutient  en  le  poussant  brutale- 
ment du  genou,  tandis  qu'il  lève  avec  violence,  pour  le 
frapper,  un  bras  nu,  énergiquement  musclé.  En  face,  un 
guerrier  lève  aussi  le  poing,  excitant  ses  compagnons  et 
insultant  le  Christ.   Son  accoutrement  est  fantaisiste.   La 


—  -210  — 

figure,  contournée  dans  un  ricanement  féroce,  est  envahie 
par  une  barbe  sur  laquelle  tombe  une  grosse  moustache. 
Des  sourcils  au  bas  de  la  nuque,  la  tète  est  emboîtée  dans 
un  casque  d'une  forme  indescriptible;  ses  manches  sont 
très  larges;  de  longues  manchettes  de  cuir  enserrent  les 
poignets;  sa  tunique,  aux  bords  arrondis  ornés  de  franges 
en  touffes,  couvre  une  courte  robe  de  cuir  qui  s'arrête  aux 
genoux;  des  jambières  de  métal  enferment  les  membres 
inférieurs  jusqu'aux  chevilles.  L'ensemble  est  sauvage  et 
fantastique  comme  un  guerrier  de  Borremans. 

La  Vierge,  suivie  de  saint  Jean,  marche  sur  les  pas  de 
son  Fils;  deux  autres  personnages  sont  au  fond;  un  dernier 
fait  défaut,  dans  l'angle  gauche  de  l'avant-plan. 

Nous  arrivons  au  Calvaire.  Trois  hautes  croix  se  dressent, 
sur  lesquelles  sont  attachés  le  Christ  et  les  deux  larrons;  ces 
derniers  ont  les  yeux  bandés;  les  trois  suppliciés  n'ont 
d'autre  vêtement  qu'un  linge  autour  des  reins.  Un  ange  est 
agenouillé  à  gauche,  près  du  Christ;  il  y  en  avait  sans 
doute  un  autre  du  côté  opposé. 

Au  pied  de  la  Croix  sont  des  groupes  de  juifs  et  de  soldais; 
l'un  d'eux,  à  gauche,  semble  être  en  faction,  appuyé  des 
deux  mains  sur  la  hampe  de  sa  lance. 

Plus  près  de  nous  sont  deux  cavaliers,  dont  les  longues 
robes  couvrent  presque  tout  le  dos  de  leurs  montures.  Celui 
do  droite,  tout  petit  homme  aux  gros  pieds,  aux  grandes 
mains,  coiffé  d'un  (-norme  bonnet  aplati,  désigne  le  Christ 
à  son  camarade;  celui-ci  lève  la  (été  en  abritant  ses  yeux 
de  la  main  gauche,  portée  à  hauteur  de  la  visière  du  casque 

Deux  groupes  sont  placés  au  premier  plan  :  à  gauche, 
c'est  la  Vierge  évanouie,  soutenue  par  saint  Jean.  Son  brus 


—  220  — 

droit  pend,  inerte  et  roide;  l'autre  repose  dans  la  main 
droite  de  la  Madeleine,  qui  de  la  gauche  s'essuie  les  yeux 
avec  un  pan  de  la  draperie  qui  rhabille;  sa  coiffe  est  grosse 
et  ronde,  formée  de  linges  repliés  en  tous  sens. 

Ce  petit  groupe,  par  sa  grâce  touchante  et  pleine  d'émo- 
tion, fait  contraste  avec  la  rude  énergie  des  deux  guerriers 
qui  sont  du  côté  opposé.  L'un  de  ceux-ci,  grand  gaillard, 
dont  les  longues  jambes  maigres  s'enfoncent  dans  des  bottes 
en  entonnoir,  est  velu  d'une  tunique  qui  ne  dépasse  guère 
les  reins  et  dont  les  manches  sont  pareilles  à  celles  du  soldat 
à  grand  casque  que  nous  avons  vu  dans  le  Parlement  de  la 
croix.  Son  casque  est  moins  compliqué,  mais  aussi  original  ; 
la  forme  en  est  ronde  comme  une  boule  ;  les  bords  s'allongent 
devant  et  derrière  en  angles  aigus  enroulés  sur  eux-mêmes, 
vers  le  dehors,  au-dessus  du  front,  vers  l'intérieur,  sur  la 
nuque.  Deux  lanières,  entrecroisées  à  un  gros  anneau, 
retiennent  un  sabre  dont  la  poignée,  figurant  une  tôle  d'ani- 
mal fantastique,  émerge  d'un  large  fourreau  recourbé. 

Cet  individu  pose  une  main  sur  l'épaule  de  son  compagnon 
et  lui  fait  de  l'autre  un  geste  significatif.  Son  interlocuteur 
tourne  la  léle  vers  lui  et  se  penche  en  arrière,  s'esclaffant 
d'un  me  féroce.  Le  geste  de  sa  main  gauche  ne  saurait  être 
traduit,  —  que  le  lecteur  nous  pardonne,  —  que  par  l'ex- 
pression vulgaire:  «Ah!  elle  est  bien  bonne!  » 

L'animation  triviale  de  ces  deux  êtres  est  mise  en  relief 
par  le  sentiment  du  groupe  précédent. 

Quatre  figures seulemenl  nous  restent  delà  dernière  com- 
position  :  le  Christ  descendu  de  lacroix.  (-'est,  au  milieu,  la 
Vierge  assise,  tenant  le  corps  raidi  de  son  Fils  étendu  eu 
biais  sur  ses  genoux. 


—  221  — 

A  gauche  est  saint  Jean,  —  figure  vraiment  typique,  — 
les  mains  en  croix  sur  la  poitrine.  A  droite,  un  vieillard 
imberbe,  coiffé  d'un  ample  chapeau  des  bords  duquel  des- 
cend une  pièce  d'étoffe  couvrant  les  épaules  et  pendant 
presque  jusqu'à  la  ceinture.  C'est  sans  cloute  Nicodème,  cl 
l'on  devait  voir  au  premier  plan  la  Madeleine  et  Joseph 
d'Arirnathic. 

Le  petit  groupe  accolé  le  long  de  l'archivolte,  à  gauche 
du  premier  compartiment,  représentait  le  Christ  àla  colonne; 
il  ne  reste  que  celte  dernière  et,  de  chaque  côlé,  un  bour- 
reau levant  une  verge.  Le  pendant  de  ce  groupe  a  disparu, 
de  môme  que  les  deux  qui  devaient  orner  l'ogive  du  troi- 
sième compartiment  et  trois  sur  six  des  compositions  qui 
étaient  échelonnées  le  long  du  cadre  de  la  scène  centrale. 

Celui-ci,  dont  la  forme  est  non  une  ogive  mais  un  plein 
cintre,  a  perdu,  en  outre,  le  centre  de  son  couronnement,  ainsi 
que  les  élégantes  arabesques  ajourées  qui,  sans  doute,  comme 
dans  les  deux  compartiments  latéraux  où  elles  subsistent 
encore,  devaient  remplir  les  écoineons,  entre  les  extrados 
des  voûtes  et  les  angles  supérieurs  du  cadre. 

Quelques  draperies  portent  des  lettres  auxquelles  on  n'est 
pas  parvenu  jusqu'à  présent  à  donner  un  sens  permettant 
d'élucider  cette  intéressante  question  :  Quel  est  l'auteur  de 
celte  œuvre  d'art? 

Elle  provient  de  l'église  de  Fisenne  (i). 

Elle  appartient  à  l'école  d'Anvers,  comme  l'attestent  d'ail- 
leurs les  mains  marquées  en  différents  endroits  et,  sur  un 
côté,  la  forteresse  flanquée  des  deux  mains  coupées. 

M  E.  Reusens,  Éléments  d'arcliéologie  chrétienne,  tome  II,  p.  271. 


—  222  — 

Elle  n'csl  pas  sans  analogies  avec  le  retable  de  la  cha- 
pelle du  château  des  comtes  Vander  Straclen-Ponlhoz;  on 
remarque  même  dans  ces  deux  sculptures,  —  mais  dans  la 
partie  ornementale  seulement,  —  des  détails  presque  iden- 
tiques; mais  les  types  des  personnages  diffèrent  radicalement 
et  l'examen  des  costumes  prouve  que  le  retable  d'Arlon  est 
antérieur  à  l'autre  d'un  bon  quart  de  siècle. 

Certaines  figures,  tels  le  guerrier  au  sabre,  dans  la  scène 
du  Calvaire,  et  les  trois  crucifiés,  sont  longues,  efflanquées; 
certaines  autres,  au  contraire,  trapues,  avec  des  torses 
petits,  des  bras  longs,  des  poings  et  des  pieds  exagérés, 
rappellent  plutôt,  avec  moins  de  naïveté,  le  retable  d'Ollo- 
mont. 

Les  groupements  sont  heureux.  L'originalité  de  plusieurs 
accoutrements,  le  sentiment  plein  de  mélancolique  poésie  de 
certaines  figures,  la  sauvage  énergie  des  autres  font  penser 
aux  inventions  de  Borremans,  dont  le  présent  retable  n'a 
point  cependant  la  prodigieuse  habileté. 

Les  volets  peints  —  que  nous  n'avons  pas  à  décrire  dans 
ce  travail,  consacré  exclusivement  à  la  sculpture  —  ressem- 
blent aussi  à  ceux  du  retable  de  Ponthoz  ;  plusieurs  des 
scènes  qui  les  décorent  sont  les  mêmes  et  représentées  de  la 
même  façon;  mais  on  ne  peut  tirer  de  ce  fait  aucun  argu- 
ment quant  à  l'époque  de  la  sculpture,  à  laquelle  ils  peuvent 
rire  postérieurs. 

L'intelligente  Direction  du  Musée  archéologique  d'Arlon 
a  résolu  de  prendre  des  mesures  pour  assurer  la  conserva- 
tion de  celte  belle  œuvre  et  de  solliciter  le  concours  de  l'Etal 
pour  la  restaurer;  nous  ne  pouvons  qu'applaudir  à  celle 
idée,  à  la  condition  expresse,  toutefois,  que  l'on  se  borne 


—  22Ô  — 

strictement  à  fixer  les  parties  qui  se  détachent,  à  refaire,  çà 
et,  là,  les  ornements  âfchitecloniques  qui  font  défaut;  mais, 
pour  Dieu,  que  l'on  ne  touche  pas  aux  figures!  Que  l'on  ne 
remplace  pas  celles  dont  on  regrette  l'absence,  que  l'on 
ne  refasse  pas  les  membres  brises  —  et  surtout,  que  l'on  se 
garde  bien  de  loucher  à  cette  belle  polychromie  primitive 
dont  il  nous  reste  si  peu  de  spécimens;  que  l'on  ne  substi- 
tue pas  des  ors  criards  dans  leur  luxe  nouveau,  des  couleurs 
toutes  fraîches,  à  cette  admirable  patine  que  les  siècles  y 
ont  imprimée;  que  l'on  respecte  religieusement  ces  tons, 
placés  par  les  inventeurs  de  l'œuvre,  merveilleusement  har- 
monisés par  le  temps,  et  qui  donnent  un  aspect  si  vénérable 
aux  productions  de  nos  pères  ! 

RETABLES  DE  TONGRES. 

I.    —    Retable    diî    SolfyLofi. 

FIN    Dr    XVe    SIÈCLE. 

Le  retable  placé  dans  l'église  de  Notre-Dame,  à  Tongres, 
appartint  jadis  à  la  célèbre  collection  Soltykoff;  il  fut  acquis 
par  M.  Malfait,  qui  le  restaura  et  le  revendit  à  la  fabrique  de 
l'église. 

Cette  sculpture,  en  bois,  présente  une  silhouette  originale 
et  passablement  maniérée,  sentant  déjà  l'approche  de  la 
Renaissance. 

Des  faisceaux  de  colonneltes  la  répartissent,  dans  sa 
largeur,  en  trois  grandes  divisions;  celle  du  milieu  est 
beaucoup  plus  haute  que  les  deux  autres;  son  couronne- 
ment forme  trois  angles  aigus  reliés  par  des  courbes  ren- 
trantes et  ressortanles. 


—  22i  — 

La  corniche  des  deux  divisions  latérales  dessine  une 
suite  d'accolades  tournées  alternativement  en  dedans  et  en 
dehors. 

Le  sommet  de  chaque  angle  sortant  porte  une  fleur  de 
chardon,  entourée  d'un  bouquet  de  feuilles  épineuses;  celui 
du  centre  supporte  une  statuette  d'ange  tenant  un  phy- 
lactère. 

Chacune  des  trois  grandes  divisions  porte,  au  tiers  envi- 
ron de  sa  hauteur,  une  tablette  horizontale  qui  en  forme 
deux  étages;  l'étage  inférieur,  à  droite  et  à  gauche,  est  à  son 
tour  subdivisé,  dans  sa  largeur,  par  une  cloison  verticale,  de 
manière  à  former  deux  cases  rectangulaires. 

La  première  de  ces  petites  cases,  à  gauche,  représente 
V Annonciation. 

L'ange  Gabriel,  couvert  d'un  long  manteau,  s'avance  vers 
la  Vierge;  celle-ci,  agenouillée  sur  un  prie-Dieu,  à  droite, 
se  retourne  vers  lui  en  souriant;  c'est  une  jeune  femme  un 
peu  grasse,  vêtue  d'une  large  draperie  étalée  autour  d'elle 
sur  le  sol. 

Dans  la  niche  voisine  se  voit  la  Visitation. 

Sainte  Elisabeth,  ligure  magnifique,  avec  une  draperie 
riche  et  élégante  formant  capuchon,  s'élance  au-devant  de 
Marie  et  se  penche  vers  elle,  les  bras  ouverts,  avec  un 
mouvement  un  peu  brusque. 

Un  vieillard  se  tient  au  fond;  un  autre  parait,  à  droite, 
dans  l'encadrement  d'une  porte. 

Un  compartiment,  plus  grand  que  les  deux  premiers, 
placé  au  milieu  de  l'étage  inférieur  du  retable,  représente 
le  Mariage  de  la  Vierge. 

Au  fond,  au  centre  de  la  scène,  un  pontife,  grand  cl  gros. 


—  225  — 

bénit  les  nouveaux  époux,  qui, debout  devant  lui,  se  tiennent 
la  main. 

Quatre  hommes,  à  gauche,  trois  femmes,  à  droite, 
semblent  échanger  leurs  impressions  sur  la  cérémonie; 
tous  leurs  costumes  sont  très  étoffés  ;  l'un  des  hommes  relève 
s;i  robe  d'une  main  et  porte  l'autre  à  sa  poitrine;  une  courte 
pèlerine  lui  couvre  les  épaules.  Son  voisin,  vu  de  dos,  porte 
un  chapeau  conique,  de  forme  élevée,  autour  duquel  est 
enroulée  une  pièce  d'étoffe  dont  les  bouts  sont  noués  et  lui 
pendent  jusqu'au  bas  des  omoplates;  son  manteau,  attaché 
sur  une  épaule,  laisse  libre  un  bras  enfermé  dans  une 
manche  de  tunique,  bouffante  et  découpée  de  crevés  au 
biceps.  Il  est  chaussé  de  bottes  à  tiges  larges  et  molles. 

L'une  des  femmes  est  derrière  la  Vierge,  au  troisième 
plan  ;  celle  qui  est  en  avant  se  tourne  vers  le  spectateur  et 
semble,  des  deux  mains,  lui  montrer  la  cérémonie  qui  se 
célèbre  plus  loin. 

Elles  portent  des  coiffures  connues  et  que  nous  avons 
déjà  rencontrées;  telle,  par  exemple,  la  femme  vue  de  dos, 
au  second  plan,  dont  les  deux  longues  nattes  s'échappent 
d'une  coiffe  ronde,  descendent  plus  bas  que  la  ceinture  et 
sont  retenues  dans  la  main  gauche,  qui  soulève  en  même 
temps  un  pan  de  la  robe. 

Toutes  trois  ont  des  types  très  bourgeois,  pour  ne  pas 
dire  vulgaires. 

Deux  petits  groupes  accessoires  sont  enchâssés,  à  droite  et 
à  gauche,  dans  les  ornements  architectoniques  qui  décorent 
le  plafond  et  les  parois  de  ce  compartiment. 

Pour  suivre  l'ordre  logique  des  épisodes,  nous  devons 
nous  reporter  à  la  grande  niche  de  l'étage  supérieur, 


—  220  — 

à  gauche,   où   est   représentée  l'Adoration  des  Bergers. 

L'Enfant  est  couché  au  milieu;  à  gauche,  est  agenouillée 
la  Vierge,  tète  nue  et  coiffée  de  longues  tresses.  Derrière 
elle  et  du  même  coté  est  un  vieillard,  peut-être  saint  Joseph, 
aux  longs  cheveux  ondulés  couvrant  les  épaules,  coiffé  d'un 
chapeau  en  cône  tronqué  et  appuyé  sur  un  grand  bâton. 
Plus  loin,  encadrée  dans  une  baie  en  arcade  à  plein  cintre, 
parait  une  jeune  bergère  en  turban,  ligure  vraiment  virgi- 
nale, pleine  de  simplicité  en  môme  temps  que  d'élégance. 

Deux  angelels  se  tiennent  auprès  de  l'Enfant;  à  droite 
entre  un  jeune  berger,  jouant  de  la  cornemuse;  un  autre, 
plus  vieux,  semble  parler  à  la  Vierge,  la  tète  découverte; 
un  autre  encore  tient  une  houlette. 

Plusieurs  bergers  se  tiennent  encore  au  fond. 

Derrière  l'Enfant,  sous  une  élable  au  toit  de  chaume 
percé  en  maint  endroit  se  voient  l'âne  et  le  bœuf;  ce  dernier 
allonge  le  col  vers  Jésus. 

Sur  les  rochers  qui  garnissent  le  fond  de  la  scène  paissent 
quelques  petits  moutons. 

La  même  étable  se  répète  dans  le  compartiment  faisant 
pendant  à  celui-ci,  du  côté  opposé.  Ici,  l'artiste  a  placé 
r Adoration  des  Mages. 

Jésus  n'est  plus  couché;  il  est  sur  les  genoux  de  sa  mère, 
assise;  il  tend  les  mains  vers  un  vase  de  parfums  que  lui 
offre  un  mage,  qui  ploie  le  genou. 

Derrière  celui-ci,  à  l'extrême  droite,  est  un  petit  page; 
le  second  mage,  debout  plus  loin,  offre  un  calice  en  ùlant 
son  bonnet. 

Le  troisième  est  à  gauche.  11  se  retourne  pour  prendre 
un   vase  que  lui   présente  un  serviteur  à  grande  barbe 


pointue.  L'accoutrement  de  ce  mage  est  1res  singulier.  Sou 
vêlement  inférieur  dessine  les  mollets;  les  cuisses  sont 
recouvertes  d'une  jupe  découpée,  du  bord  à  la  ceinture,  en 
une  suite  de  larges  lanières,  sur  chacune  desquelles  pend 
une  boule  attachée  à  la  taille  par  un  bout  de  cordelière. 

La  ceinture,  en  boudin,  est  coupée  de  crevés;  un  ample 
manteau  est  jeté  sur  les  épaules;  la  coiffure  est  plate,  légère- 
ment évasée  vers  le  fond. 

Le  type  de  ce  personnage,  comme  d'autres  de  la  mèmi 
composition,  est  accentué  jusqu'à  friser  la  charge.  Son  nez 
est  retroussé,  ses  joues  gonflées. 

La  même  physionomie  boursouflée  appartient  encore  à  un 
individu  qui  se  penche  au-dessus  de  l'épaule  du  précédent. 

L'homme  qui  lui  présente  le  calice  est  coiffé  d'un  chapeau 
à  fond  allongé  en  pointe,  à  bords  piltoresquement  découpés, 
comme  nous  en  avons  vus  déjà  dans  le  martyre  de  saint 
Georges,  dans  le  retable  de  Buvrinnes,  etc. 

Saint  Joseph  se  lient  près  de  la  Vierge;  des  spectateurs 
garnissent  le  fond. 

Dans  le  haut  de  ce  panneau,  comme  du  précédent,  on 
remarque,  de  chaque  côté,  un  petit  groupe  accessoire. 

Deux  petites  cases  se  présentent  sous  l'Adoration  des 
Mages;  dans  celle  qui  est  la  plus  pioche  du  compartiment 
central  est  figurée  la  Circoncision, 

L'Enfant  est  très  joli  ;  sa  petite  tète  ronde  rit  positivement. 

L'opérateur,  le  corps  penché  en  avant,  est  traité  avec 
autant  de  verve  qu'un  personnage  de  Jean  Borremans. 

Saint  Joseph,  la  Vierge,  d'autres  personnages  encore, 
assistent  à  l'opération. 

Dans  la  case  joignant  celle-ci  est  un  groupe  intime  et 


—  228  — 

charmant;  sur  les  genoux  do  la  Vierge,  assise,  l'Enfant 
Jésus  ouvre  un  livre.  Saint  Joseph  les  contemple.  Au  fond, 
dans  une  baie,  parail  une  ligure  d'ange,  joignant  les  mains. 

Toute  celle  scène,  bien  que  le  sujet  n'en  soit  pas  claire- 
ment indiqué,  est  empreinte  d'un  fort  joli  sentiment. 

La  composition  principale  du  retable,  dans  le  grand 
compartiment  central  de  l'étage  supérieur,  représente 
la  Morl  de  la  Vierge. 

Pour  la  première  fois,  nous  la  voyons  ici  de  l'ace,  en 
raccourci,  les  pieds  tournés  vers  le  spectateur. 

La  mourante  a  les  mains  jointes;  de  chaque  côté  du  lit, 
des  apôtres  se  penchent  sur  elle  avec  un  très  réel  intérêt. 

D'autres  apôtres  sont  encore  en  avant;  l'un  d'eux,  dans 
l'angle  droit,  lient  un  gros  chapelet;  c'est  un  vieillard  à  la 
physionomie  originale;  il  parle  à  un  de  ses  confrères  qui, 
debout  au  pied  du  lit,  se  tourne  vers  lui  en  faisant  de  la 
main  un  geste  qui  semble  dire  que  tout  espoir  esl  perdu. 

Bien  original  encore  et  bien  personnel  est  ce  vieillard  assis 
au  premier  plan,  à  gauche,  qui,  un  gros  livre  sur  les  genoux, 
interrompt  sa  lecture  et  lève  le  nez  comme  pour  regarder 
en  dessous  des  grandes  besicles  qui  chevauchent  surcelui-ci. 

Un  autre  apôtre,  plus  jeune,  est  debout  dans  l'angle 
gauche;  un  dernier,  devant  l'homme  au  chapelet,  est  à 
genoux  et  prie. 

Le  lit  de  l'agonisante  esl  surmonté  d'un  baldaquin  ou  dais 
rectangulaire,  qui  semble  neuf.  Ce  baldaquin  a-t-il  été  entiè- 
rement refait  ou  seulement  réparé  par  le  restaurateur  du 
retable? 

Nous  ne  pensons  pas,  quant  à  nous,  qu'il  occupât  celle 
place  dans  le  principe;  en  effet,  il  semble  servira  supporter 


—  229  — 

une  Assomption,  placée  plus  haut,  cl  certes  la  Vierge, 
enlevée  au  ciel  par  des  anges,  n'a  nul  besoin  de  s'appuyer 
sur  cet  ornement,  sur  lequel  elle  parait  reposer. 

Dans  ce  compartiment,  de  chaque  côté  de  l'Assomption, 
trois  petits  groupes  sont  échelonnés  à  l'intérieur  des  mon- 
tants du  cadre. 

Ces  petits  groupes,  de  même  que  les  six  autres  que  nous 
avons  mentionnés  déjà,  ont  pour  sujets  des  scènes  tirées  de 
l'Écriture  Sainte. 

Un  dernier  groupe  enfin,  place  sous  l'angle  qui  marque  le 
centre  du  couronnement,  nous  parait  représenter  le  Christ 
batlu  de  verges. 

Chacun  des  deux  faisceaux  de  colonnettes  qui  marquent 
les  grandes  divisions  supporte  deux  statuettes  de  prophètes; 
ces  figures,  de  même  que  l'ange  au  phylactère  qui  surmonte 
le  grand  panneau  central,  et,  croyons- nous,  deux  ou  trois 
des  personnages,  sont  l'œuvre  du  restaurateur. 

Ce  retable  ne  mesure  pas  moins  de  4m70  de  hauteur  sur 
."m20  de  largeur;  il  passe  pour  avoir  été  exécuté  par  un 
maître  de  l'école  d'Anvers  (?).  Il  provient,  dit  M.  Reusens  (i), 
de  l'église  de  Venray  (Limbourg  hollandais). 

Le  style  en  est,  en  général,  maniéré  et  un  peu  chargé. 

Ce  n'en  est  pas  moins  un  très  bon  morceau  de  sculpture, 
œuvre  d'un  maitre  à  l'imagination  féconde,  au  ciseau  sur  cl 
délicat,  doué  d'un  talent  fin,  peut-être,  à  l'excès,  sans  pou- 
voir, cependant,  être  classé  de  pair  avec  les  Hessels  ou 
surtout  avec  les  Borrenians,  dont  il  est  loin  de  posséder  la 
puissante  énergie  et  le  sentiment  dramatique. 

(i)  Éléments  d'archéologie  chrétienne,  tome  11,  p,  271. 


—  250  — 

19.  —  Retable  «le  la  salle  du  chapitre. 

XVIe   SIÈCLE. 

Un  retable,  de  beaucoup  postérieur  au  précèdent,  est 
placé  dans  la  salle  du  chapitre  de  l'église  de  Notre-Dame. 

Il  est  en  albâtre  et  composé  d'un  grand  compartiment 
surmontant  une  suite  de  panneaux  plus  petits  rangés  en 
frise. 

Le  compartiment  principal  a  pour  sujet  une  naissance. 

Le  lit  de  l'accouchée  est  placé  dans  le  haut  de  la  compo- 
sition; au  premier  plan,  deux  jeunes  femmes  lavent  le  nou- 
veau-né, qui  parait  déjà  singulièrement  grand  et  fort. 

La  scène  se  complète  par  plusieurs  figures  de  femmes 
traitées  très  finement,  en  bas-relief  très  plat. 

Les  petites  sculptures  placées  sous  ce  grand  sujet  sont,  à 
gauche  : 

1.  Un  homme  drapé  dans  un  manteau  jusqu'à  mi-jambes 
et  tenant  sous  le  bras  une  petite  lyre,  peut-être  David? 

2.  Un  compartiment  en  pierre  blanche  :  Le  Seigneur 
défendant  à  Adam  et  Eve  de  loucher  à  l'arbre  de  la  science 
du  bien  et  du  mal. 

Cette  scène,  très  élégamment  traitée,  est  encadrée  entre 
deux  panneaux  décorés  d'arabesques. 

3.  Un  guerrier,  d'une  facture  un  peu  contournée. 

4.  Une  femme  en  robe  longue  et  flottante,  levant  un 
grand  livre  ouvert. 

Les  quatre  sujets  représentés  à  droite  sont  : 

1.  Un  homme  tenant  un  livre  sous  le  bras. 

2.  Une  figure  de  vieillard,  magnifiquement  drapée  et 


-  231    - 

d'une  tournure  rappelant  la  manière  de  Michel-Ange;  il  lit 
un  phylactère. 

3.  Un  autre  compartiment  en  pierre  blanche  également 
encadré  de  panneaux  d'arabesques  cl  représentant  Adam 
recevant  la  pomme  des  mains  d'Eve. 

i.  Un  homme  —  quelque  peu  maniéré  —  qui  se  retourne 
en  regardant  par-dessus  l'épaule. 

Toutes  ces  figures  sont  fines  et  élégantes,  drapées  avec 
goût  et  d'une  jolie  tournure. 

Leur  style  fait  penser  à  J.  Du  Brœucq  ou,  plutôt  encore, 
à  Gollzius. 

Celte  sculpture  parait  avoir  fait  partie  d'une  œuvre  plus 
importante. 

RETABLE    DE    LIÈGE 

(à  l'église  de  Saint-Denis). 

COMMENCEMENT    DU    XVIe    SIÈCLE. 

Deux  sujets  bien  distincts  sont  représentés  dans  le  beau 
retable  en  chêne  sculpté  que  l'on  peut  admirer  dans  l'église 
de  Saint-Denis,  à  Liège. 

Six  grands  compartiments,  répartis  sur  deux  étages, 
racontent  le  drame  de  la  Passion.  Plus  bas  sont  rangés  en 
forme  de  frise,  sur  une  seule  ligne  horizontale,  cinq  pan- 
neaux rectangulaires  contenant  des  compositions  relatives  à 
l'histoire  de  Saint-Denis. 

La  partie  centrale  du  retable  est  surhaussée  ;  L'arête  supé- 
rieure est  formée  d'une  suite  de  courbes  et  de  pointes 
saillantes  ou  rentrantes,  qui  lui  donnent  une  silhouette  tour- 


—  252  — 

mentée  à  l'excès  elqui  délie  lou  te  description  ;  M.  le  chanoine 
Reusens  en  a  donné  un  croquis  à  la  p.  264  (ftg.  9),  du  lomc 
second  de  ses  Éléments  d'Archéologie  chrétienne  (î). 

La  première  scène  de  la  Passion  se  trouve  du  côté  gauche, 
a  la  partie  inférieure,  où,  l'on  voit  le  Christ  couronné  d'épines, 
insulté  par  les  soldais. 

Plus  haut,  le  sculpteur  a  représenté  le  Christ  à  la  colonne. 
Le  Sauveur,  les  liras  attachés,  est  flagellé  par  ses  bourreaux. 

Dans  le  compartiment  inférieur  de  la  partie  centrale  du 
retable,  nous  voyons  le  Christ  rencontrant  sainte  Véronique. 

Deux  personnages  de  celle  scène  sont  surtout  remar- 
quables :  la  sainte  qui,  devant  le  Christ  courbé  sous  le 
poids  de  la  croix,  s'agenouille  avec  un  mouvement  charmant 
de  sentiment  et  de  grâce;  elle  est  élégante,  malgré  l'ample 
draperie  aux  plis  multiples  qui  la  couvre;  de  sa  haute  coif- 
fure tombe  un  long  voile,  sorte  d'écharpè  pendante,  dont 
l'extrémité  est  relevée  sur  le  bras;  du  côté  opposé,  un  soldai 
au  casque  élevé,  à  l'accoutrement  fantastique,  étrange  et 
féroce  comme  un  guerrier  japonais,  s'élance  le  bras  levé 
pour  frapper  le  Seigneur. 

Toute  celte  composition  brille  surtout  par  ses  qualités  dra- 
matiques el  son  sentiment  passionné. 

Au-dessus  et  occupant  comme  d'habitude  la  place  princi- 
pale de  l'œuvre,  se  trouve  le  Crucifiement,  scène  animée  de 
nombreux  personnages,  gens  du  peuple  et  guerriers,  dans 
des  altitudes  diverses;  mouvements  violents,  physionomies 
menaçantes  ou  ironiques,  ricanements  féroces,  vêtements, 
cuirasses  el  coiffures  de  la  plus  haute  fantaisie.  Tout  cela 

(i)  Louvain,  Peeters,  éditeur,  1878. 


—  233  — 

semble  sorti  du  crayon  d'Albert  Durer  cl  du  ciseau  de  Jean 
Borremans. 

Des  deux  angles  de  l'avanl-plan  cl  gravissant  les  reins  de 
la  voûte  qui  forme  le  couronnement  de  la  case  inférieure, 
s'élancent  deux  figures  :  d'un  côté,  un  guerrier,  vu  de  dos; 
un  large  sabre  est  accroché  à  sa  ceinture  et  lui  bat  les  mol- 
lets; du  côté  opposé  —  étrange  antithèse  —  une  jeune 
femme  d'une  tournure  charmante;  elle  est  vue  de  dos  égale- 
ment; un  large  manteau  la  couvre,  ses  cheveux  sont  tressés 
en  longues  nattes  pendant  sur  le  dos.  Devant  elle  marche  un 
petit  enfant  tenant  à  la  main  un  objet  qui  paraît  être  un  sabre 
de  bois. 

Au  milieu  du  tableau,  la  Madeleine  se  jette  violemmenl  au 
pied  de  la  croix,  en  levant  les  bras  vers  le  Christ. 

L'épilogue  du  drame  se  trouve  dans  les  deux  compositions 
formant  l'aile  droite  du  retable  :  la  Descente  de  Croix  et, 
au-dessous,  le  Christ  au  tombeau. 

Au  premier  plan,  dans  la  Descente  de  Croix,  la  Vierge 
est  assise  ou  accroupie,  les  mains  jointes;  sur  ses  genoux 
et  devant  elle  s'étale  un  grand  manteau,  qui  semble  destiné 
à  recevoir  le  corps.  Derrière  elle,  saint  Jean  se  tient  debout; 
c'est  un  jeune  homme,  maigre,  à  la  physionomie  austère,  à 
l'expression  anxieuse,  aux  longs  cheveux  blonds  tombant 
sur  la  nuque. 

Une  autre  femme,  la  Madeleine  sans  doute,  vue  de  dos, 
s'agenouille  éperdue,  les  bras  tendus. 

Dans  la  dernière  scène,  le  corps  du  Ghrisl  est  entre  les 
bras  d'un  homme  coiffé  d'un  bonnet  large  el  plat,  sorte  de 
bérel  à  la  Rembrandt. 

Un  autre  personnage,  au  premier  plan,  porte  une  grande 


—  234  — 

coiffure  avec  une  pièce  d'étoffe  enroulée  et  terminée  par  un 
gland  ;  il  lient  un  petit  vase  de  parfums.  Un  second  vase  est 
entre  les  mains  de  la  Madeleine,  agenouillée,  et  dont  le 
costume,  aux  manches  à  bouillonnes,  se  ressent  du  commen- 
cement des  modes  de  la  Renaissai 

Un  troisième  individu  se  tient  plus  loin  ;  au  fond,  la 
Vierge,  encapuchonnée  d'un  grand  voile,  et  saint  Jean  sont 
debout;  tous  deux  semblent  trembler  et  n'oser  s'approcher 
du  sépulcre. 

La  plupart  des  vêlements  ont  de  larges  bordures 
dorées  avec  des  broderies  diverses,  et  peut-être  une  obser- 
vation approfondie  permettrait-elle  d'y  découvrir  des  inscrip- 
tions qui  feraient  connaître  les  origines  de  l'œuvre;  il  ne 
nous  a  pas  été  possible  de  vérifier  ce  point. 

A  part  les  accents  d'ors  qui  relèvent  les  habillements, 
toute  la  polychromie  consiste  dans  la  peinture  des  chairs, 
d'un  ton  pâle  cl  un  peu  fade. 

Quel  peut  être  l'auteur  de  celle  remarquable  sculpture? 
L'exécution  possède  toute  l'énergique  accentuation  de  Jean 
Borremans,  mais  avec  moins  d'élégance  et  de  simplicité. 
L'invention  est  tout  aussi  fantasque;  les  vêlements  tour- 
mentés, les  coiffures,  grandes  et  bizarres,  ne  sont  pas  sans 
analogies  avec  le  retable  d'Oplinler,  dont  celui-ci  semble 
contemporain;  est-ce  à  dire  qu'on  puisse  l'attribuer  à  Guil- 
laume Hessels?  Peut-être;  nous  ne  voudrions  cependant 
point  l'affirmer. 

Ces  observations  ne  s'appliquent  qu'à  la  partie  du  retable 
qui  représente  la  Passion;  le  soubassement  où  se  déroule 
la  légende  de  saint  Denis,  ne  nous  parait  ni  du  même  auteur 
ni  de  In  même  époque.  Les  personnages  sont  moins  grands 


—  23S  — 

que  ceux  de  la  Passion;  la  facture  est  plus  souple;  le  style, 
d'une  Renaissance  plus  avancée,  rappelle,  en  grâce  et  en 
richesse,  les  admirables  clôtures  du  chœur  d'Amiens. 

Le  premier  compartiment  représente  le  Baptême  de  saint 
Denis. 

Converti  par  la  guérison  miraculeuse  d'un  aveugle  qu'il 
avait  lui-même  opérée  en  invoquant  le  nom  de  Jésus, 
Denis,  surnommé  Théosophe,  se  fait  baptiser  par  saint 
Paul  en  même  temps  que  Damare,  son  épouse,  et  fouir  sa 
maison. 

L'apùtre,  debout,  verse  sur  la  tétc  des  deux  époux,  age- 
nouillés devant  lui,  de  l'eau  puisée  à  une  fontaine  à  trois  jets 
que  l'on  voit  couler  dans  le  fond  ;  au  fond  également  se 
tiennent,  à  droite,  une  femme  et  un  homme  coiffe  d'un 
turban  ;  quatre  autres  personnages  assistent  à  la  céré- 
monie. 

Cette  sculpture  est  élégante,  plus  fine  et  moins  tourmentée, 
dans  les  draperies  surtout,  que  celle  des  compartiments 
supérieurs. 

Le  second  tableau  représente  saint  Denis  'prêchant  au 
peuple. 

Denis  est  ordonné  évêque  d'Athènes;  on  le  voit,  au  fond 
de  la  composition,  dans  une  chaire  d'un  style  absolument 
Renaissance,  —  et  certainement  postérieur  à  celui  de  l'ar- 
chitecture qui  encadre  les  scènes  de  la  Passion. 

Plusieurs  personnages  figurent  l'auditoire  :  au  premier 
plan  est  une  femme  accroupie,  comme  une  Espagnole  assis- 
tant à  la  messe  sur  sa  natte;  sa  robe  s'étend  autour  d'elle  en 
une  multitude  de  plis.  Sa  coiffure  est  fort  jolie;  elle  porte 
nu-dessus  des  oreilles  des  plaques  de  métal  ciselées.  Près 


—  2ô<;  — 

d'elle  est  un  enfant  presque  nu;  en  face,  un  homme  assis 
et  appuyé  sur  un  bâton. 

Deux  autres  femmes  sont  accroupies  au  second  plan  ; 
l'une  d'elles  porte  les  deux  mains  à  la  poitrine,  faisant  le 
geste  d'ouvrir  son  cœur;  l'autre  a  les  mains  jointes. 

Enfin,  de  chaque  côté,  trois  hommes,  —  moines  et  bour- 
geois, —  écoutent  le  prédicateur. 

Le  troisième  compartiment  a  pour  sujet  la  Mission  de 
saint  Denis. 

Un  vieillard,  —  sorte  de  solitaire  à  grande  barbe,  à  la 
physionomie  austère,  —  bénit  l'évèque  qui,  velu  d'un  man- 
teau richement  brodé,  est  assis  devant  lui,  les  mains  jointes. 
Un  jeune  clerc,  charmant  de  finesse  et  d'élégance,  est 
accroupi  au  premier  plan  tenant  l'encensoir. 

Un  autre  clerc  plus  vieux  est  à  genoux  et  tient  contre  sa 
poitrine  un  gros  livre;  enfin  parmi  quatre  autres  assistants 
se  remarque  une  sorte  de  gentilhomme  à  la  truculente 
ligure  de  reitre. 

Au  fond  est  un  autel  sur  lequel  se  dresse  un  retable 
décoré  de  grandes  figures  en  bas-relief. 

Le  quatrième  épisode  représenté  est  la  Réception  de  saint 
Denis  par  le  Pape. 

Clément  a  succédé  à  saint  Pierre  dans  le  pontificat;  il 
ordonne  à  Denis  d'aller  prêcher  la  vraie  foi  en  France  el  lui 
adjoint  deux  compagnons  .  Rustique  et  Éleulhère. 

La  ligure  de  l'évèque  prosterné  est  élégante  el  belle;  mais 
plus  belle  encore  est  celle  du  vieux  moine  debout,  qui  d'une 
main  relève  son  manteau  sur  la  cuisse. 

Cinq  autres  figures  debout  garnissent  le  fond  de  la  scène, 
—  des  ecclésiastiques,  coi  fies  «lu  chapeau  cardinalice,  el  nu 


—  237  — 

guerrier  en  turban  à  orcillères,  appuyé  des  deux  mains  sur 
un  bàlon. 

Les  prédications  de  saint  Denis  et  les  nombreuses  conver- 
sions qu'il  a  opérées  ont  excité  la  colère  de  l'empereur 
Domilien  ;  il  ordonne  partout  de  grands  massacres  de  chré- 
tiens et  envoie  de  Rome  à  Paris  le  proconsul  Fescennius, 
avec  ordre  de  s'emparer  du  saint  évèque. 

Fescennius  trouve  le  bienheureux  Denis  occupé  à  prêcher 
le  peuple;  il  le  fait  saisir  par  ses  soldats,  le  fait  souflleler, 
accabler  d'outrages  et  charger  de  chaînes;  ses  deux  com- 
pagnons, Rustique  et  Éleuthère,  sont  victimes  des  mêmes 
traitements. 

C'est  le  sujet  du  cinquième  et  dernier  panneau  de  noire 
niable. 

L 'évèque  semble  se  débattre  entre  les  mains  des  soldats 
qui  l'arrêtent.  Ceux-ci  portent  les  figures  truculentes  et 
ricanantes  des  guerriers  de  Borremans  ;  leurs  casques  sont 
contournés  en  des  formes  fantastiques;  leurs  armures,  cou- 
vertes de  grandes  arabesques;  dans  le  mouvement  de 
la  lutte,  des  bouts  d'étoffe,  des  écharpes  voltigent. 

D'autres  hommes  d'armes,  dans  le  fond,  entourent  les 
lévites,  qui  se  tiennent  calmes. 

Ces  diverses  compositions  sont  encadrées  d'ornements 
archilccloniques  d'une  imagination,  (rime  délicatesse  de 
travail  vraiment  prodigieuses. 

Tout  ce  que  l'art  ogival,  arrivé  à  l'apogée  de  sa  troisième 
période,  a  de  richesse  et  d'abondance,  est  répandu  là  avec 
profusion. 

Cette  merveilleuse  ornementation  n'est  pas  sans  avoir 
soulïerl  el  présente,  çà  el  là.  quelques  lacunes  regrettables 


—  258  — 

ol  parfois  assez  importantes;  mais  par  contre  —  et  c'est 
l'essentiel  —  les  ligures  sont  intactes  et  n'ont  eu  à  souf- 
frir ni  des  outrages  du  temps,  ni  du  travail  d'un  restau- 
rateur. 


1   RETABLE  D'HORRUES. 

COMMENCEMENT   DU    XVIe   SIÈCLE. 

Le  retable  gothique  du  maitre-aulel  de  1  église  d'Horrues, 
véritable  monument  de  pierre  blanche,  est  une  œuvre  ûos 
plus  remarquables. 

Il  parait  malheureusement  avoir  subi  une  restauration 
peu  adroite. 

Les  groupes  qui  composent  cette  sculpture  sont  répartis 
dans  quatre  niches  disposées  sur  deux  étages. 

Trois  cases  forment  la  rangée  inférieure;  les  deux  laté- 
rales renferment  chacune  deux  statues  de  saints  :  à  droite, 
Saint-Jean  lÉvangéliste  et  Saint-Etienne,  martyr;  à  gauche, 
Saint-André,  apôtre,  et  Saint-Laurent,  martyr. 

Ces  figures  sont  debout,  vêtues  de  robes  superbement 
drapées.  Chaque  saint  est  représenté  avec  son  attribut 
distinclif. 

Le  grand  compartiment  du  centre  présente  une  scène 
mouvementée,  aux  nombreux  personnages;  c'est  l'épisode 
capital  de  la  légende  de  saint  Hubert. 

Le  saint  est  surpris  en  pleine  chasse  à  courre,  au  milieu 
d'une  forêt  ;  son  veneur,  ses  pages,  sa  meute  l'entourent. 

Lui-même  tombe  à  genoux  et  joint  les  mains  devant  le 
cerf  miraculeux,  entre  les  bois  duquel  rayonne  la  croix. 


—  2~9  — 

Un  ange  plane  au-dessus  de  ce  groupe  et  désigne  du 
doigt  au  chasseur  le  signe  de  la  rédemption,  en  lui  disant  : 
«  Hk  Christum  adora!  » 

Dans  le  lointain  se  dessine  une  tour  que  l'on  dit  être  celle 
de  l'abbaye  de  Saint-Hubert. 

Quelques  figures  —  notamment  celle  du  saint  à  genoux  — 
ne  sont  pas  à  la  hauteur  du  reste  de  la  sculpture  et  doivent 
avoir  été  refaites  par  un  restaurateur. 

Un  groupe  élégant  surmonte  cette  composition  ;  on  y  voit 
la  Vierge,  l'Enfant  Jésus,  sainte  Anne,  sainte  Catherine  et 
sainte  Barbe. 

Une  notice  concernant  l'église  d'Horrues  (i)  dit,  en 
parlant  de  ce  retable  :  «  Ce  monument,  d'après  la  tradition, 
»  a  été  érigé  au  xive  siècle,  en  l'honneur  de  l'Enfant  Jésus, 
»  de  saint  Hubert,  d'autres  saints  et  saintes,  par  les 
»  seigneurs  de  FEsclalière...  » 

S'il  n'y  a  pas  là  une  faute  d'impression,  la  tradition  fi1 
trompe  étrangement  en  rangeant  celle  sculpture  parmi  les 
œuvres  du  xive  siècle.  Elle  appartient  incontestablement  à 
la  dernière  période  de  l'art  ogival,  c'est-à-dire  au  commen- 
cement du  xvie  siècle. 

Si  les  seigneurs  de  l'Esclatière  possédaient  déjà  ce  fief  au 
xiv'  siècle,  ils  le  détenaient  encore  deux  cents  ans  plus  tard  ; 
et  précisément  à  celle  époque  exista  un  André  de  l'Escla- 
tière, qui  fit  don  à  l'église  d'Horrues  d'un  antependium  en 
velours  brodé;  or,  la  statue  de  Saint-André  figure  parmi 


(i)  G.  Zech-Du  Riez,  Quelques  mois  sur  l'église  d'Horrues  (près  Soir/nies'). 
Braine-le-Comte,  1890,  p.  II. 


—  240  — 

celles  qui  décorent  ce  retable  ;  on  peut  donc  supposer  que 
celui-ci  provient  du  même  donateur. 

D'autre  part,  on  a  découvert,  derrière  les  boiseries  du 
chœur  de  la  même  église,  un  fragment  de  bas-relief  mutilé 
qui  est  évidemment  dû  au  même  ciseau  que  le  retable; 
or,  ce  fragment  porte  la  date  de  1510,  qui  parait  bien 
s'appliquer  au  style  des  deux  sculptures. 


RETABLE  D'HERBAIS-SQUS-PIÉTRAIN. 

XVIe    SIÈCLE. 

Voici  encore  un  retable  dont  la  configuration  générale,  en 
forme  d'arcade  trilobée,  surélevée  au  centre,  surbaissée  sur 
les  côtés,  est  à  peu  près  identique  à  celle  des  sculptures 
d'Oplinler,  d'Opitter,  etc. 

Il  semble  un  peu  moins  ancien  que  ceux-ci;  cependant, 
si  nous  avons  eu  à  regretter  chez  ces  derniers  quelques 
dégradations,  nous  nous  trouvons  ici  en  présence  d'une  véri- 
table dévastation. 

Le  retable  d'ilerbais,  qui  est  en  bois,  esl  placé  sur  l'autel 
d'une  chapelle  privée,  exposé  à  l'humidité  habituelle  des 
lieux  où  l'on  entre  rarement;  soit  manque  de  ressources, 
soil  indifférence  ou  ignorance  de  sa  valeur,  ses  propriétaires 
successifs  l'ont  laissé  tomber  dans  un  état  de  délabrement 
pitoyable;  ajoutons  que  le  vandalisme  de  certains  visiteurs 
semble  avoir  voulu  aider  le  temps  dans  son  œuvre  de 
destruction  :  en  effet,  la  partie  inférieure  est  celle  qui  a  le 
plus  souffert;  deux  cases  sur  trois  —  celles  qui  sont  le  plus 
;i  portée  de  la  main  —  sonl  vicies  ou  peu  s'en  faut, 


—  u\  — 

Bref,  la  réunion  de  ces  diverses  causes  de  dégradation 
donne  à  craindre  <|iie  dans  quelques  années  on  n'ait  à 
déplorer  la  perte  totale  de  celle  belle  œuvre. 

Nous  avons  dit  que  sa  silhouette  rappelle  celle  des  retables 
d'Oplinter  et  d'Opilter;  il  en  est  de  même  de  la  disposition 
intérieure,  comme  de  la  distribution  et  du  sujet  de  la  plupart 
des  scènes. 

Deux  faisceaux  de  colonnetles  à  angles  saillants  divisent 
sa  largeur  en  trois  parties  principales.  Chacune  de  celles-ci 
est  à  son  tour  répartie  par  une  tablette  horizontale  en  deux 
étages  superposes. 

Les  trois  compartiments  de  la  rangée  supérieure  sont 
couronnés  de  dais  gothiques;  ce  qui  en  reste  décèle  une 
composition  bien  inventée,  en  même  temps  qu'une  exécution 
habile  et  délicate.  Au-dessous  des  tablettes  formant  le  pla- 
fond des  niches  inférieures  court  une  dentelle  d'ornements 
sobres  et  bien  travaillés. 

On  ignore  quel  a  été  le  sujet  de  la  composition  qui  occu- 
pait la  première  case  du  rang  inférieur.  Nous  remarquons 
seulement  sur  la  paroi,  dans  l'angle  gauche  au  premier  plan, 
des  traces  d'une  figure  qui  devait  y  être  adossée  et  dont  il 
ne  reste  que  les  pieds.  Du  côté  opposé  se  trouvent  quelques 
marches  d'un  escalier,  montant  vers  le  centre  delà  case; 
c'est  tout. 

Dans  le  panneau  central  de  la  même  rangée  se  trouve  un 
groupe  à  peu  près  intact  représentant  la  Circoncision.  Sur 
une  table  circulaire  recouverte  d'un  lapis  à  franges  est 
étendu  l'Enfant.  L'opérateur,  penché  sur  lui,  est  un  vieillard 
barbu,  coiffé  d'un  chapeau  très  élevé,  aux  grands  bords 
relevés.  Sur  la   longue  robe  dont  il  est  vêtu  tombe  une 


—  242  — 

(unique  qui  descend  jusqu'aux  genoux.  Son  manteau  est 
rejeté  sur  les  épaules,  pour  faciliter  les  mouvements  des 
bras,  couverts  de  manches  collant*-. 

Un  autre  personnage,  derrière  lui,  porte  une  coiffure 
ronde,  sans  bords,  dont  le  fond  s'élève  en  une  pointe  aiguë. 
Il  soulève  le  pan  du  manteau  du  précédent. 

De  l'autre  côté  de  la  table  sont,  deux  femmes  debout, 
habillées  toutes  deux  de  robes  amplement  drapées,  avec 
corsages  de  dessous  ajustés  à  la  taille  et  décolletés  en  carré 
jusqu'à  mi-hauteur  de  la  poitrine.  L'une  d'elles  a  une  tunique 
semblable  à  celle  de  l'opérateur;  l'autre,  qui  tient  l'Enfant 
sous  les  aisselles,  a  des  manches  hou  liantes  aux  coudes  et 
aux  épaules. 

Dans  l'angle  gauche,  en  avant,  est  un  homme  barbu, 
enveloppé  d'un  manteau  très  étoffé  et  coiffé  d'un  turban. 

En  face  de  celui-ci,  une  femme  est  agenouillée;  sous  sa 
haute  coiffe  s'échappent  des  nattes  de  cheveux,  relevées  en 
anneaux;  sa  ceinture  forme  un  large  bourrelet;  ses  manches 
sont  bouffantes  aux  épaules  et  surtout  aux  coudes. 

Au  fond  du  tableau,  une  porte  à  arc  très  surbaissé, 
découpée  dans  une  arcade  ;i  plein  cintre,  s'ouvre  sur 
l'extérieur. 

Le  plafond  de  ce  panneau,  plus  élevé  que  ceux  de 
deux  voisins,  ne  forme  pas  comme  ceux-ci  une  arêle  hori- 
zontale :  la  moulure  qui  le  décore,  pour  reprendre  le  niveau 
de  celles  des  panneaux  latéraux,  s'abaisse  à  chaque  extré- 
mité en  deux  arcs  de  cercle,  légèrement  indiqués,  dont  la 
cuurbure  se  trouve  vers  l'intérieur.  Celle  disposition  est 
semblable  à  celle  que  nous  avons  mentionnée  sous  la  scène 
principale  du  retable  de  Neerhaeren;  de  même  que  dans 


—  243  — 

ce  dernier,   les  écoiûçons  sont  ornés  d'une  lele  de  morl. 

Le  coniparliinenl  droit  de  l'étage  intérieur  ne  contient  plus 
que  deux  figures,  debout  à  gauche. 

M.  A.  Waulers  (i),  qui  sans  doute  a  vu  celle  sculpture 
plusieurs  années  avant  nous,  dit  que  cette  composition  repré- 
sentait des  personnages  adorant  le  Saint-Sépulcre.  Il  s'y 
trouvait  probablement,  à  l'époque  où  M.  Waulers  a  vu  le 
retable,  quelques  statuettes  qui  ont  disparu  depuis;  mais 
nous  croyons  pouvoir  déduire  de  ce  renseignement  que  le 
sujet  de  ce  groupe  était  en  réalité  la  Mue  au  tombeau.  En 
effet,  la  figure  de  femme  agenouillée  que  nous  venons  de 
citer  dans  le  compartiment  central  ne  nous  parait  pas  y  être 
à  sa  place;  elle  se  trouvait  vraisemblablement  à  l'origine 
dans  la  case  qui  nous  occupe;  sa  main  gauche,  brisée, 
devait  soulever  le  couvercle  d'un  vase  de  parfums;  c'est  la 
Madeleine,  telle  que  nous  l'avons  vue  dans  les  retables  de 
Gùslrow  et  de  Blaugies. 

Les  (rois  épisodes  principaux  de  la  Passion  se  déroulent 
à  l'étage  supérieur;  c'est  d'abord,  à  gauche,  le  Portement 
de  la  Croix. 

Le  Christ  s'avance,  pliant  sous  le  faix;  il  tourne  la  tète 
vers  la  Véronique,  qui,  à  genoux  au  premier  plan,  lui  montre 
le  linge  où  vient  de  s'imprimer  la  face  du  Sauveur. 

Derrière  celle-ci  se  voient  les  pieds  d'un  personnage  qui 
devait  occuper  l'extrémité  gauche  de  l'avant-plan. 

A  gauche,  le  Cyrénéen  soulève  la  croix;  au  fond,  un 
homme  coiffé  d'un  turban,  des  bourreaux,  dont  l'un,  penché 
en  avant,  s'appuie  d'une  main  à  la  traverse  de  la  croix  cl 

(0  Géographie  et  histoire  des  communes  belges.  Canion  de  Jodoigne,  p.  845. 


_  ni  -- 

lient  de  l'autre  an  martinet  aux  longues  lanières.  Un  autre, 
à  droite,  se  retourne  vers  le  Christ  d'un  air  menaçant;  sa  main 
saisit  un  bout  de  corde  qui  sans  doute  devait  se  rattacher  à 
la  ceinture  du  Sauveur.  Ce  païen  est  chaussé  de  demi- 
holles;  les  jambes  sont  enfermées  dans  un  caleçon  collant  ; 
les  genoux  sont  protégés  par  des  plaques  de  métal;  son 
costume  se  compose  d'une  (unique  courte  et  d'une  pèlerine 
arrondie;  sa  coiffure,  d'un  casque. 

Le  grand  compartiment  central  représente  le  Calvaire. 

Quatre  cavaliers,  dans  diverses  altitudes  ironiques  ou 
menaçantes,  lèvent  la  tète  vers  le  crucifié,  ou  du  moins 
vers  la  place  où  il  se  trouvait,  car  la  croix  a  été  brisée  au 
pied  et  le  Christ  a  disparu. 

Trois  autres  soldats  sont  au  fond;  l'un  se  couvre  d'un 
petit  bouclier  rond  ;  un  autre  brandit  un  énorme  glaive. 

Les  deux  larrons  se  trouvent  encore  sur  leurs  croix.  De 
même  qu\à  Blaugies,  celui  de  gauche  a  le  torse  vêtu  d'un 
petit  justaucorps  très  court;  celui  de  droite  n'a  que  sa 
chemise. 

Deux  groupes  sont  placés  à  la  base  du  Calvaire  ;  c'esl 
encore  l'arrangement  que  nous  avons  maintes  fois  décrit  : 
à  gauche,  la  Vierge  évanouie,  saint  Jean  et  une  sainte 
femme  la  soutenant,  la  Madeleine  debout  à  ses  pieds. 
A  droite,  deux  soldats  échangent  leurs  observations  sur  ce 
dramr. 

La  sainte  femme,  derrière  la  Vierge,  a  une  grosse  coi  Ile 
ronde  très  étoffée,  un  corsage  dessinant  la  poitrine,  des 
manche.-,  a  bouillonnes. 

La  Madeleine  porte,  sur  une  longue  robe  d'étoffe  légère, 
une   tunique  arrêtée  aux  genoux,  au  bord  de  laquelle  pend 


—  24-0  — 

une  rangée  de  glands.  Un  peu  plus  bas  que  la  ceinlure  se 
dessine  un  gros  bourrelet  entourant  le  corps  et  divisé  par  des 
crevés.  Les  manches  bouffent  aux  articulations;  de  l'épaisse 
coiffe  tombe  un  linge  relevé  sur  le  bras  gauche. 

Le  guerrier  placé  près  d'elle  et  qui  nous  tourne  le  dos 
porte  une  tunique  à  manches  larges  et  courtes,  curieusement 
découpées.  Sur  sa  tète  est  un  casque  rond;  à  ses  épaules, 
des  plaques  de  métal  avec  pointes  tordues  en  tire-bouchons. 
Sa  main  s'appuie  sur  le  bouclier  en  poire  renversée,  orné 
d'une  tète  fantastique,  que  nous  avons  déjà  rencontré  dans 
d'autres  sculptures. 

Son  interlocuteur  port».'  un  turban  au  fond  pointu,  un 
haul-de-chausses  collant,  un  large  manteau  ouvert  retenu 
simplement  sur  l'épaule  gauche  par  une  boucle  carrée.  La 
main,  protégée  par  un  gantelet,  devait  tenir  la  poignée  d'un 
large  sabre  recourbé  qui  pend  à  sa  ceinture.  La  droite,  nue, 
s'appuie  sur  la  hampe  d'une  pique. 

La  dernière  composition,  qui  comporte  six  personnages, 
a  pour  sujet  le  Christ  descendu  de  la  croix. 

Crânement  campé  au  premier  plan,  à  gauche,  l'homme 
au  turban  et  au  grand  manteau,  dont  nous  venons  de  parler, 
observe  attentivement  la  scène  qui  se  passe  devant  lui. 

Ses  mains  n'existent  plus;  d'après  le  mouvement  des  bras, 
il  est  à  supposer  que  la  gauche  s'appuyait  sur  la  poignée  d'un 
sabre  et  que  la  droite  était  peut-être  posée  sur  la  hanche. 

Au  milieu  du  groupe  est  couché  le  Christ,  la  tète  inclinée 
sur  l'épaule.  Joseph  d'Arimathie  le  soulève  par  les  épaules  ; 
la  Vierge,  les  mains  jointes  dans  un  mouvement  de  déses- 
poir et  de  pitié,  s'incline  sur  le  cadavre;  une  femme,  peut- 
être  la  Madeleine,  est  debout  près  d'elle.  Au  pied  de  Jésus, 


—  246  — 

un  homme  est  agenouillé  ;  ce  dernier  pourrait  représenter 
Nicodème;  cependant,  il  nous  semble  qu'il  n'occupe  pas  ici 
sa  place  réelle  et  nous  inclinons  à  croire  que  c'est  un  des 
personnages  qui  ont  disparu  de  la  première  niche  du  bas. 
S'il  en  est  bien  ainsi,  ce  compartiment,  complètement  vide 
aujourd'hui,  aurait  pu  contenir  l'Adoration  des  Bergers  ou 
la  Nativité. 

Enfin,  dans  le  Tond  du  tableau  qui  nous  occupe  se  dresse 
la  croix. 

On  remarquera  dans  celte  composition  l'absence  de  saint 
Jean  ;  mais  un  vide,  entre  la  Vierge  et  Joseph  d'Arimathie, 
nous  porte  à  croire  qu'il  occupait  cette  place,  celle,  d'ail- 
leurs, où  on  le  voit  le  plus  souvent  dans  les  scènes 
analogues. 

Plusieurs  petits  groupes,  posés  sur  des  consoles  en  encor- 
bellement travaillées  à  jour,  sont  accolés  aux  parois  des 
cases  de  l'étage  supérieur  ;  il  y  en  avait  deux  dans  chacun 
des  compartiments  latéraux,  quatre  dans  le  grand  panneau 
central.  Autant  que  l'on  peut  en  juger,  ces  groupes  acces- 
soires figurent  des  scènes  de  la  Bible. 

Dans  le  premier  à  gauche  est  un  homme  dont  une  main 
s'appuie  sur  la  poignée  d'un  sabre  recourbé,  accroché  à  sa 
hanche  droite,  tandis  que  l'autre  semble  indiquer  le  chemin 
à  un  autre  personnage,  mutilé,  placé  devant  lui. 

Dans  le  groupe  opposé,  un  individu  est  à  genoux  ;  un 
autre  —  l'homme  au  sabre  de  tantôt  —  le  tient  par.  les 
cheveux  et  lève  le  bras  pour  lui  trancher  la  tète.  La  main  et 
l'arme  qu'elle  tenait  n'existent  plus. 

Ces  deux  compositions  sont  probablement  relatives  au 
Sacrifice  d'Abraham . 


9  A 


L'un  des  groupes  du  panneau  central  a  disparu  ;  le  second 
représente  Sauison  transportant  sur  la  montagne  les  portes 
de  la  ville. 

En  pendant,  l'on  voit  un  homme  étendu  au  pied  d'un 
arbre;  deux  autres,  les  mains  jointes,  semblent  implorer  le 
ciel. 

Au-dessous,  une  scène  a  trois  personnages  nous  parait 
représenter  Moïse  frappant  le  rocher  de  sa  baguette  miracu- 
leuse pour  en  faire  jaillir  une  source. 

Enfin,  dans  le  compartiment  droit,  l'on  voit  Jonas  préci- 
pité dans  les  flots  du  haut  de  son  navire;  le  dernier  groupe 
fait  défaut. 

Au-dessus  de  chacun  des  faisceaux  de  colonnettes  qui 
marquent  les  trois  grandes  divisions  du  retable  se  dresse  un 
piédestal  cylindrique  élancé,  supportant  une  statuette;  la 
seule,  figurine  qui  subsiste,  à  gauche,  tient  à  la  main  une 
longue  banderolle  avec  une  inscription. 

Un  grand  crucifix  a  été  placé,  dominant  toute  l'œuvre, 
au  centre  du  couronnement. 

Disons,  pour  terminer,  que  la  sculpture  est  entièrement 
dorée  et  polychromée,  et  qu'elle  est  protégée  par  des  volets 
peints. 

De  ce  que  nous  avons  relevé  divers  points  de  similitude 
entre  le  retable  d'Herbais-sous-Piélrain  et  ceux  d'Opitter  el 
d'Oplinter,  il  ne  faudrait  pas  conclure  que  nous  les  attri- 
buions au  même  auteur;  loin  de  là.  Quelques  analof 
existent  dans  la  configuration  générale  et  dans  la  distribution 
des  sujets;  mais  là  s'arrête  toute  la  ressemblance.  L'exécution 
de  jes  sculptures  n'est  pas  de  la  même  main;  les  types,  les 
ajustements  sont  absolument  différents.  Les  costumes,  ceux 


—  248  — 

des  femmes  surtout,  du  rclable  d'Herbais,  d'un  caraclèrc 
franchement  Renaissance,  accusent  une  époque  déjà 
avancée. 

On  ne  possède  d'ailleurs  aucun  renseignement  sur  les 
origines  de  celle  œuvre;  on  sait  seulement  qu'elle  provienl 
de  la  chapelle  de  Nodrangc;  mais  les  inscriptions  que  l'on 
peut  y  lire  en  divers  endroits  ne  jettent  aucune  clarté  sur  le 
nom  de  son  auteur  pas  plus  que  sur  la  date  de  son  exécution. 


RETABLE  D'ENHET 

(au  Musée  archéologique  de  Nainur). 
XVIIe    SIÈCLE. 

Celle  sculpture  de  dimensions  restreintes,  trouvée  dans 
un  hameau  sans  importance,  est  tout  simplement  un  petit 
chef-d'œuvre. 

C'esl  un  triptyque,  dont  le  panneau  principal  ne  mesure 
que  70  centimètres  de  hauteur  sur  -v>0  de  largeur. 

Ce  panneau  est  fermé  par  deux  volets,  sculptés  sur  la  face 
interne,  peints  sur  l'autre. 

Le  sujet  qu'il  représente  est  le  Calcaire.  Au  second  plan, 
et  en  demi-relief,  le  Christ  est  en  croix  entre  les  deux 
larrons.  La  Madeleine  embrasse  le  pied  de  la  croix;  des 
saintes  femmes  son!  groupées  autour  d'elle. 

En  avant  est  une  scène  traitée  en  ronde  bosse  :  la  Vierge 
à  genoux,  abimée  dans  sa'douleur,  s'alïaisse  entre  les  bras 
d'une  femme  agenouillée  comme  elle  et  qui  la  soutient;  une 
autre  femme  est  à  ses  cotés;  à  droite  saint  Jean,  debout, 
tend  les  bras  vers  le  Christ. 


—  2*9  — 

Au  fond  de  la  scène  et  sculptés  en  bas-relief  très  plat  se 
voient  des  groupes  de  soldats,  les  uns  à  cheval,  d'autres 
jouant  aux  des  la  robe  du  Christ.  Dans  le  lointain,  la  ville  de 
Jérusalem. 

La  face  sculptée  de  chaque  volet  est  divisée  en  deux 
parties  superposées. 

Sur  le  volet  de  droite,  l'artiste  a  représenté  la  Décollation 
de  saint  Jean- Baptiste.  Plus  bas,  et  sous  une  arcade  d'un 
style  Renaissance  très  avancé,  une  dame  —  la  donatrice  — 
est  agenouillée  sur  un  prie-Dieu.  Debout  derrière  elle  se 
tient  sainte  Elisabeth,  sa  patronne,  tenant  à  la  main  des 
écu elles  et  un  panier. 

Le  volet  de  gauche  présente,  en  pendant  à  la  Décollation, 
la  Conversion  de  saint  Paul.  Au-dessous  est  sculpté  le 
portrait  du  donateur,  à  genoux,  et  derrière  lui  saint  Jean- 
Baptiste. 

Les  donateurs  sont  vêtus  comme  les  personnages  de 
Pourbus;  ils  ne  sont  accompagnés  d'aucune  armoirie. 

Cette  petite  sculpture  est  très  remarquable  par  la  liberté 
des  compositions,  la  différence  bien  calculée  des  reliefs,  la 
variété  des  effets,  enfin,  le  goût  de  la  parfaite  modération  de 
l'ensemble.  Rien  n'est  exagéré  dans  les  bas-reliefs  en  per- 
spective. Le  ciseau,  d'une  liberté  absolue,  est  dépouillé  de 
tout  pédantisme,  comme  de  ce  côté  un  peu  théâtral  des  imita- 
lions  ilorenlines  de  la  fin  du  xvie  siècle. 

L'œuvre  est  vraiment  simple  et  originale  ;  la  Vierge,  jeune, 
agenouillée  au  pied  de  la  croix,  les  mains  jointes,  la  tête 
inclinée,  est  d'une  beauté  et  d'un  sentiment  admirables. 

La  figure  du  Christ  est  pleine  de  calme  et  de  noblesse, 
tandis  que  les  deux  autres  suppliciés  se  tordent  —  le  mau- 


—  250  — 

vais  larron  surtout  —  dans  des  mouvements  convulsifs. 

Quel  peut  être  l'auteur  de  ce  petit  chef-d'œuvre? 

Il  n'appartient  assurément  pas  à  une  école  flamande;  la 
manière  est  toute  différente.  Les  peintures  des  volets  — 
sans  grande  valeur,  du  reste  —  sont  l'œuvre  d'un  peintre 
wallon. 

D'autre  part,  il  provient  d'un  village  de  l'ancien  pays  de 
Liège,  Enhet,  commune  de  Chévetogne,  dans  le  haut 
Condroz. 

Un  archéologue  distingué  et  bien  connu  suppose  —  sans 
être  aflirmatif  sur  ce  point  —  que  nous  pourrions  nous  trou- 
ver ici  en  présence  d'une  œuvre  du  célèbre  sculpteur  liégeois 
Jean  Delcour  (1640  —  1707).  exécutée  après  son  retour 
d'Italie. 

Delcour  fit,  en  effet,  deux  fois  le  voyage  d'Italie,  et  sa 
manière  se  ressent  de  ses  études  approfondies  îles  grands 
maîtres  du  xve  siècle. 

Or,  il  est  certain  que  l'auteur  du  petit  retable  d'Enhet  a  vu 
l'Italie  et  a  dû  y  séjourner  assez  longtemps. 

L'œuvre  qu'il  a  produite  est  loin  des  anciens  retables  aux 
multiples  figures  en  ronde  bosse. 

Il  s'inquiète  peu  du  petit  détail  ;  son  style  est  familier  sans 
cesser  d'être  noble;  ses  draperies,  simples,  sont  d'une 
extrême  habileté. 

La  charmante  sculpture  du  Musée  archéologique  de 
Namur  est  due  bien  certainement  au  ciseau  d'un  admirateur 
passionné  des  superbes  bas-reliefs  de  Ghiberti  ou  des  Dona- 
tello  de  Padoue. 

L'attribution  à  Jean  Delcour  de  la  paternité  de  cette  œuvre 
ne  nous  parait  donc  aucunement  aventurée. 


—  251  — 

RETABLES  DE  BRUGES. 
La  Généalogie  de  Sainte- Anne. 

XVIe   SIÈCLE. 

Ce  retable  surmonte  l'une  des  portes  de  la  cathédrale  de 
Saint-Sauveur;  il  ne  se  compose  que  d'un  seul  compartiment 
rectangulaire,  ne  mesurant  pas  moins  de  lmo6  de  hauteur 
sur  lm8G  de  longueur. 

Il  est  en  bois  sculpté  en  haut-relief,  rehaussé  de  poly- 
chromie et  de  dorure. 

Au  centre  de  la  composition,  Sainte  Anne  est  assise,  les 
mains  jointes,  dans  un  fauteuil  à  haut  dossier  rectangulaire  ; 
de  chaque  côté  se  tiennent  debout  six  personnages. 

Au  milieu  du  dossier  du  siège  s'élève  un  arbre  dont  les 
branches,  largement  étendues,  portent  cinq  socles  arrondis 
sur  lesquels  sept  figures  sont  placées;  au  sommet  du  tronc, 
l'on  voit  la  Vierge  couronnée,  tenant  l'Enfant  Jésus. 

Chaque  personnage  tient  à  la  main  une  banderolle  sur 
laquelle  est  écrit  son  nom. 

Nous  voyons,  à  droite  (i)  de  Sainte  Anne  :  Emerencia, 
Gléophas,  Salomé,  Sacarias,  Elisabet  et  un  petit  Saint 
Jean-Baptiste  au  pied  duquel  un  agneau  est  couché  ;  à 
gauche  se  trouvent  successivement  :  Stolanus,  Joachim, 
losep  (Joseph)  (2),  Elnet,  Hismeria,  puis  une  petite  figure 
d'évêque  mitre  et  tenant  une  crosse,  qui  représente  peut- 
être  le  donateur  de  l'œuvre. 

Les  figures,  plus  petites,  qui  sortent  des  branches  de 
l'arbre  sont  :  à  droite,  Jean,  évangéliste;  plus  haut  :  Jacob 

(1)  Par  rapport  au  spectateur. 
i)  Nous  respectons  l'orthographe  d«-s  inscriptions. 


*-2o>2  

et  Simoei  (Siméon)  ensemble,  puis  Maria  Salomé  ;  à  gauche  : 
Jude  et  Joseph  Juslus  côte  à  côte,  et  plus  loin,  Maria 
Cleophas. 

Enfin,  les  colonnelles  qui  sont  appliquées  aux  montants 
latéraux  de  l'encadrement  portent  deux  petites  statues  sur- 
montées de  dais  en  forme  de  clochetons.  Sur  la  banderollc 
que  tient  celle  de  droite  se  lit  le  nom  :  Sebedeus.  Celle  de 
gauche  représente  un  homme  barbu,  à  longs  cheveux 
ondulés,  coiffé  d'un  ample  chapeau  à  bords  relevés,  velu 
d'un  caleçon  collant  et  d'une  tunique  ;i  larges  manches, 
serrée  à  la  taille  par  une  courroie;  il  appuie  le  dos  de  la 
main  droite  sur  la  hanche;  la  main  gauche  tient  une  bande- 
rolle  qui  ne  porte  aucune  inscription.  Peut-être  figure-L-il 
l'artiste  lui-même. 

Cette  sculpture  est  d'un  bon  travail;  les  proportions  sont 
bien  observées;  les  têtes  ont.  de  la  bonhommie  et  de  l'expres- 
sion ;  le  tout  ne  manque  pas  de  caractère,  sans  être  cependant 
d'un  style  très  accentué  ni  d'un  talent  réellement  supérieur. 

Le  retable  a  gardé,  jusqu'à  présent,  sa  polychromie 
ancienne;  les  vêlements  sont  dorés,  avec  des  revers  bleus; 
les  tuniques  de  dessous  sont  rouges. 

Le  fond  est  bleu,  décoré  d'arcatures  aveugles  à  meneaux 
dorés,  d'un  aspect  agréable. 

On  ignore  le  nom  de  l'auteur  de  celte  œuvre,  ;i  laquelle  il 
sérail  difficile  d'assigner  une  date  bien  exacte. 

La  sculpture  est  fermée  par  deux  yoletS  peints. 

Henry  Rousseau. 

(À  contin 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS 


RESUME    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 
des  5,  12,  19  et  26  septembre;  des  3,  10,  17,  24   et   31   octobre  1391 


ACTES   OFFICIELS. 

Par  arrêtés  royaux  du  9  octobre  1891,  ont  clé  nommes  ^''mlmi',,','! 
membres  correspondants  de  la  Commission  royale  des  monu-  '" 
menls  :  pour  la  province  d'Anvers  :  MM.  Albert  De  Vriendl, 
artiste  peintre,  directeur  de  l'Académie  des  Beaux-Arts 
d'Anvers,  et  Jacques  De  Braeckeleer,  statuaire,  professeur 
au  même  établissement,  en  remplacement  de  MM.  Charles 
Verlat,  artiste  peintre,  et  Joseph  Ducaju,  statuaire,  décédés. 
Pour  la  province  du  Luxembourg  :  M.  le  docteur  Lambert, 
de  Bouillon,  en  remplacement  de  feu  M.  Maus. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 

1°  Le  dessin  d'un  vitrail  à  exécuter  pour  l'église  de  Notre-  l)(.  S5S "i>.„,,.- 
Dame  de  la  Chapelle,  à  Bruxelles;  auteur,  M.  Dobbelaere;    aB.uxeiies. ' 

r         '  '         Vitrail. 

2°  Les  dessins  de  huit  verrières  en  grisaille  à  placer  dansiv,:,,,!,!.,,,,-. 
I église  de  Termes  (Luxembourg);  auteur,  M.  Haussaire; 


—  254  — 

caihe  ô°  Les  modèles    au   tiers   des   statues    commandées   à 

M.  Fraikin  et  à  M.  Desenfans,  pour  le  couronnement  de  la 
façade  de  la  cathédrale  de  Namur; 
i  s"**  4°  Les  maquettes  des  statues  de  Saint- André  et  de  Saint- 

.Dame,  ' 

"stâlues!"  Jacques,  commandées  à  M.  Deckers,  pour  l'ornemenlalion 
de  la  petite  tour  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Anvers. 
Hôpiui s'-jeao,  — Des  délégués  se  sont  rendus  à  l'hôpital  Saint-Jean, 
à  Bruges,  pour  examiner  les  restaurations  exécutées  au 
célèbre  tableau  de  Memlinc,  le  Mariage  de  sainte  Cathe- 
rine. 

Les  délégués  n'ont  pu  que  se  rallier,  en  ce  qui  regarde  les 
soins  et  la  conscience  apportés  à  ce  travail,  aux  conclusions 
d'un  rapport  présenté  antérieurement  au  Collège  par  un  de 
ses  membres.  Ils  ont  constaté  que  cette  restauration  avait  été 
exécutée  avec  un  grand  respect  de  l'œuvre  originale,  a 
laquelle  l'artiste  n'a  touché  que  dans  la  mesure  du  plus  strict 
nécessaire. 

Se  ralliant  a  l'opinion  de  ses  délégués,  la  Commission  a 
émis  l'avis  qu'il  y  avait  lieu  de  donner  une  entière  approba- 
tion à  ce  travail, 
église  —  Des  délégués  ont  inspecté,  à  Middelkerke  (Flandre 

de  MidiSelkerkc. 

doc,baTro"x.    occidentale),  le  chemin  de  la  croix,  exécuté   par  M'""  de 
Oault,  pour  la  décoration  de  l'église  paroissiale. 

Les  délégués  sont  d'avis  que  ce  travail  est  bien  compris 
au  point  de  vue  de  l'arrangement  des  scènes  représenta 
de  l'effet  décoratif  général  et  qu'il  est  susceptible  d'être 
approuvé. 

La  Commission  s'est  ralliée  à  l'appréciation  de  ses  délégués 
et  a  émis  l'avis  que  rien  ne  s'oppose  à  la  liquidation  de  la 
somme  due  à  l'artiste  en  vertu  de  son  contrat. 


—  2oo  — 

—  A  la  demande  de  M.  Ooms,  des  délégués  ont,  examiné,  |,"l:;.\';. 
au  Palais  de  Justice  d'Anvers,   le  panneau  peint  par  cet 
artiste  et  représentant  toutes  les  classes  de  la  société  rendant 
hommage  à  la  Justice. 

Les  délégués  ayant  constaté  que  cette  œuvre  d'art  a  été 
exécutée  avec  soin,  le  Collège  en  a  autorisé  la  réception 
définitive. 

—  Des  délégués  se  sont  rendus  à  Anvers  le  5  septembre  iwieideviiie 

°  '  d'Anvers. 

4891,  pour  examiner,  à  l'hôtel  de  ville,  la  dernière  peinture    D*>pf""" 
exécutée  par  M.  Victor  Lagye,  pour  la  décoration  de  la  salle 
des  mariages.  Cette  composition  représente  le  Mariage  civil. 
Traitée  en  style  du  consulat,  elle  n'est  pas  moins  réussie 
que  les  précédentes  et  complète  bien  l'ensemble  décoratif. 

Deux  défauts  déparent  cependant  l'aspect  général  de  la 
salle. 

Les  deux  dernières  compositions  traitées  représentent  des 
intérieurs,  tandis  que  les  premières,  qui  couvrent  le  mur 
principal,  en  l'ace  des  fenêtres,  figurent  des  scènes  en  plein 
air.  lien  résulte  des  notes  différentes  qui  ne  s'accordent  pas 
et  il  importe  dès  lors  d'établir  une  démarcation  nette  entre 
ces  compositions.  Pour  y  arriver,  M.  Lagye  propose  de 
simuler  un  membre  d'architecture  qui  les  séparerait.  Mais 
cette  architecture  simulée  est  d'un  effet  maigre  et  il  a  paru 
aux  délégués  que  l'artiste  atteindrait  plus  facilement  le 
résultat  désiré  en  peignant  simplement  dans  sa  dernière 
composition  de  plein  air  un  arbre  dont  le  tronc  suffirait 
à  séparer  celte  scène  de  la  composition  d'intérieur  qui 
l'avoisine. 

Un  contraste  très  désagréable  est  produit  par  le  dernier 
côté  de  la  salle  resté  sans  peinture  et  décoré  seulement  de 


—  2o6  — 

sa  haute  cheminée  flamande;  il  est  d'un  aspect  très  sombre, 
tandis  que  les  autres  murs  ont  été  considérablement  éclairés 
et  égayés  par  les  peintures  qu'ils  ont  reçues.  Il  semble  de 
toute  nécessité  que  ce  côté  de  la  salle  soit  peint  comme 
les  autres.  Il  pourrait  recevoir  des  figures  allégoriques  qui 
résumeraient  l'idée  générale  de  la  décoration,  et,  pour  faci- 
liter ces  nouvelles  compositions,  il  serait  désirable  qu'on  fit 
disparaître  le  couronnement  des  deux  portes  percées  au 
deux  côtés  de  la  cheminée  et  qui  constituent  d'ailleurs  de 
ce  côté  de  la  salle  une  décoration  surchargée  qui  demande 
à  être  allégée.  L'aspect  général  de  la  salle  aura  tout  ;i  gagner 
à  cette  suppression. 
Muiée  royal       —  Les  délégués  qui  ont  inspecté  les  bas-reliefs  en  bronze 

de  peinture  ° 

lVn"'!v''.''  placés  par  M.  Mignon  dans  la  rampe  de  l'escalier  du  Musée 
royal  de  peinture  et  de  sculpture  de  Bruxelles,  n'ont  eu  que 
des  éloges  à  adressera  l'artiste  pour  le  talent  et  la  conscience 
dont  il  a  fait  preuve  dans  l'exécution  de  ce  travail  d'une 
délicatesse  extrême. 

CONSTRl  CTIOXS  CIVILES. 

iiôtci  de  ville  Le.  Collège  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  projet  dressé 
par  M.  l'architecte  Buyck  pour  la  restauration  de  l'hôtel 
de  ville  de  Damme  (Flandre  occidentale  i. 

iiôtei <io viiie       —  Des  délégués  ont  inspecté  les  travaux  de  restauration 

d'flérentlials.  s  r 

exécutés  à  l'hôtel  de  ville  d'Héren thaïs  (Anvers). 

Ces  ouvrages,  qui  sont  pour  ainsi  dire  terminés,  leur  ont 
paru  avoir  été  exécutés  d'une  façon  satisfaisante.  Ils  ont  cru 
toutefois  devoir  appeler  l'attention  de  l'autorité  locale  sur 
le  raccord  de  la  plate-forme  en  plomb  de  l'étage  du  carillon 
avec  \o<  nouveaux  piédroits  du  campanile,  qui  ne  paraît  pas 


—  257   — 

suffisamment  efficace  puni'  empêcher  l'eau  de  s?infillrcr  entre 
les  piédroits  et  la  plate-forme. 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  le  17  septembre,  les  travaux  n,n.  ,.,<  jrap 

de  Ui ■ 

de  restauration  en  voie  d'exécution  à  la  façade  de  l'ancienne 
halle  aux  draps,  à  Gand  (Flandre  orientale). 

Ils  ont  constaté  que  ces  ouvrages  s'exécutent  d'une  façon 
très  satisfaisante.  L'entreprise  est  très  avancée;  à  part, 
l'escalier  à  double  rampe  qui  sera  établi  en  dernier  lieu,  la 
restauration  de  la  façade  est  arrivée  à  la  hauteur  du  pignon 
terminal,  qui  est  déjà  entamé,  de  même  que  les  deux 
tourelles  d'angles. 

L'administration  communale  a  soumis  aux  délégués  le 
modèle  des  balustrades  à  placer  à  la  naissance  des  flèches 
de  ces  tourelles;  ce  modèle  a  été  approuvé  et  les  délégués 
ont  émis  l'avis  qu'il  conviendrait  de  rétablir  aux  angles  des 
corniches,  sur  lesquelles  s'appuient  ces  balustrades,  les 
gargouilles  qui  sans  doute  ont  existé  anciennement  et  qui 
doivent  compléter  l'aspect  d'ensemble  des  tourelles. 

Les  délégués  ont  aussi  émis  le  vœu  de  voir  acquérir  et 
démolir  la  maison  située  à  droite  de  la  halle,  à  l'effet  de 
dégager  la  façade  latérale  du  monument,  qui  est  d'une  belle 
ordonnance  archilectonique,  et  de  permettre,  en  outre, 
d'utiliser  le  rez-de-chaussée  de  l'édifice. 

Des  recherches  faites  à  l'intérieur  de  la  halle  ont  amené 
la  découverte  des  montants  d'une  vaste  cheminée;  il  serait 
intéressant  de  continuer  ces  investigations,  qui  aboutiraient 
très  probablement  à  d'autres  découvertes,  lesquelles  met- 
traient sur  la  voie  d'une  restauration  intérieure. 

—  Des  délégués  ont  examiné  les  travaux  d'aménagement       n,.„i 
intérieur  de  l'aile  orientale  de  l'ancien  hôtel  Gruuthuuse,  à     ■  ' 


—  258  — 

Bruges  (Flandre  occidentale),  qui  vient  d'elle  utilisé  connue 
musée  et  qui  a  reçu  notamment  une  importante  collection 
de  dentelles. 

Les  délégués  ayant  constaté  que  ces  ouvrages  ont  été 
soigneusement  exécutés,  la  Commission  a  émis  l'avis  que 
rien  ne  s'opposait  à  la  liquidation  du  subside  alloué  par  le 
Gouvernement  pour  aider  l'administration  communale  à 
couvrir  le  montant  de  l'entreprise. 

—  Les  mêmes  délégués  ont  inspecté  les  travaux  de 
restauration  exécutés  à  la  tourelle  de  l'ancien  hôtel  de 
Fiennes,  à  Bruges.  Ces  ouvrages  ayant  été  effectués  avec 
soin,  le  Collège  s'est  rallié  à  l'avis  de  ses  délégués,  qui  ont 
proposé  d'en  opérer  la  réception. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Des  avis  favorables  ont  été  donnés  sur  les  projets  re- 
latifs : 
cuusirudioD      \°  A  la  construction  d'un  presbytère  a  Haesrode.  sous 

et  restauration  *  " 

dc  p»b-rtte*  Bierbeek  (Brabant);  architecte,  M.  Langerock; 

2°  A  l'exhaussement  el  à  la  restauration  du  presbytère  de 
Linde,  sous  Peer  (Limbourg);  architecte,  M.  Christiacns; 

3°  A  la  construction  de  dépendances  au  presbytère  de 
Martenslinde  (Limbourg)  et  à  la  restauration  des  bâtiments 
existants; 

4°  A  l'exécution  de  divers  travaux  complémentaires 
nécessités  par  la  reconstruction  du  presbytère  de  Moinel, 
commune  de  Longwilly  (Luxembourg);  architecte,  M.  Cup- 
pei . 


I  glisi 

le  GiiiKclom. 


2  ,v.) 


ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  approuvé  les  plans  relatifs  à  la  construc- 
tion d'églises  : 

1°  A  Gingelom  (Limbourg),  sous  réserve  de  supprimer 
les  cadres  des  cadrans  de  l'horloge.  On  a  aussi  appelé 
l'attention  de  l'architecte,  M.  Serrure,  sur  l'utilité  de  ménager 
un  emplacement  pour  les  fonts  baptismaux  et  sur  la  néces- 
sité de  relier  soigneusement  la  charpente  de  la  llèche  à  la 
maçonnerie  de  la  tour; 

2°  A  Ilaesrode  (Brabant);  architecte,  M.  Langcrock;         ilcjg 

5°  A  Rhode-Saint-Pierre  (Brabant),  sous  réserve  de  sup-     i  i,.,.  ,i, 

Rho  l'  -S'-Pierre. 

primer  l'arc  surbaissé  figuré  au-dessus  de  certaines  fenêtres 
du  vaisseau  et  de  ne  conserver  que  la  double  lancette  ; 
architecte,  M.  Langerock. 

Ont  aussi  été  approuvés,  les  projets  ci-après  : 

1°  Construction  d'un  portail  et  d'un  jubé  à  l'église  d'As-Égiised-Asscuede. 
senede  (Flandre  orientale);  architecte,  M.  Brandes; 

2°  Établissement  de  portails  dans  l'église  de  Saint-Jacques, .  c  **"« 

r  o  T  'de  àaml-Jacqucs, 

à  Gancl  (Flandre  orientale),  à  la  condition  de  supprimer  les 
ogives  de  tous  les  vitrages  et  de  laisser  les  panneaux  fran- 
chement rectangulaires;  auteur,  M.  Zens. 

Et  enfin   les   dessins    d'objets    mobiliers   destinés    aux  ^y* 

<>  il  églises. 

églises  de  : 
Saint- Ghisîain  (Hainaut)  :  maitre-autel  et  deux  verrières; 
Overbrocck,  sous  Brecht  (Anvers)  :  mobilier  complet; 
Notre-Dame  de  la  Chapelle,  à  Bruxelles  :  buffet  d'orgues  ; 
Braine-le-Comte  (Hainaut)  :  buffet  d'orgues  ; 
Mont  (Luxembourg)  :  chaire  à  prêcher  ; 
Morlanwelz  (Hainaut)  :  buffet  d'orgues. 


—  260 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  approuvé  : 
église  de  Fosses      |"  Le  devis  eslimalif  dc>    Iravaux    de  renouvellcmcnl 
des  toitures  de  l'église  de   Fosses   (Namur)  ;  architecte, 
M.  Gador; 
Église  Je  urée.     "2°  Le  devis  estimatif  des  Iravaux  supplémentaires  néces- 
sités par  suite  de  la  restauration  de  l'église  de  Brée  (Lim- 
bourg)  ;  architecte,  M.  Jamïné  ; 
5°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  divers   travaux  de 

-  linte-Anne, 

a  iiammc.    réparation  à  l'église   de  Sainte-Anne,  à  Hamme  (Flandre 

orientale);  architecte,  M.  Debosscher; 
Égiue  d«         4°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  deSainte-Gertrude, 

Saiute-Gerirudc,  ° 

à  Niveiies.    j,  Nivelles  (Brabant)  ;  auteur,  M.  Verhaegen  ; 

5°  Le  projet  des   Iravaux  complémentaires  de   restau- 

d'Handzaemc.  .  .  , 

ration  et  de  renouvellement  du  mobilier  de  1  église  ulland- 
zaeme  (Flandre  occidentale); 
obonrg.     6°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  divers   Iravaux  de 
restauration    à   l'église    d'Obourg   (Hainaut)  ;    architecte, 
M.  Mahieu; 
Église  de         7"  Le  devis  des  Iravaux  de  renouvellement  de  la  cou- 

Moniiguies-lc. 

■riiicui.      verlure  du   clocher   de   l'église   de   Mon  lignies- le -Tilleul 

(Hainaul); 
;?'",  <s°  Le  projet  de  restauration  de  l'église  de  Vlierzele 
i  Flandre  orientale);  architecte,  M.  Goethals; 
église  de  Bredit.  0°  La  restauration  des  fenêtres  du  chœur  de  l'église  de 
Brecht  (Anvers)  et  rétablissement  d'un*1  grille  de  clôture 
entre  ledit  chœur  cl  le  pourtour  de  l'édifice  ;  architecte, 
M.  Gife; 


—  2G1   - 

10°  Le  projet  relatif  à  l'exécution  de  divers  travaux  de  i;^    i>  <.u- 
restauration  et  de  consolidation  à  l'église  de  (lits  (Flandre 
occidentale)  ; 

11°  Le  projet  de  restauration  de  la  tour  de  l'cclisc  de 
Kesscl-Loo  (Brabant);  arehiteetc,  M.  Langerock; 

12°  Le  relevé  des  travaux  supplémentaires  occasionnés      i .:.i„.. 

dC  S:ii  Ill-Mli  II.  I, 

par  la  restauration   de  l'église  de  Saint-Michel,   à  Gand     àGand- 
(Flandre  orientale);  architecte,  M.  VanAssche; 

13°  Le  devis  des  réparations  projetées  aux  toitures  et  aux      Église 

1  '       J  de  Herderscm. 

corniches  de  l'église  de  llerdersem   (Flandre   orientale); 
architecte,  M.  Van  Wassenhove; 

li°  Le  renouvellement  d'une  partie  des  toitures  et  des  Église  de  Bray. 
boiseries  du  clocher  de  l'église  de  Bray  (Hainaut)  ; 

lo°  Le  débadigeonnage  et  la  restauration  intérieure  de   dCM!ldnes. 
l'église  de  Messines  (Flandre  occidentale)  et  l'établissement 
d'un  plafond  en  bois  de  chêne  dans  la  salle  des  morts  du 
même  édifice; 

16°  Le  devis   des   ouvrages  de  réparation  à  exécuter  à      Église 
l'église   de   Wontergem    (Flandre   orientale);    architecte, 
M.  Hoste; 

17°  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés     comptes 

de  iravGiix 

aUX  éffliseS  de  :  lle  restauration 

o  (J  enlises. 

Sichcm  (Brabant)  :  exercice  1880; 
Saint-Hubert  (Luxembourg)  :  exercice  1890; 
Saint-Germain,  à  Tirlemont  (Brabant)  :  exercices  1889 
à  1891. 
—  Les  délégués  qui  se  sont  rendus  à  Bruges  le  25  sep-     chapciie 

O  ^  c;  i       ,|u   gai„|  gang, 

lembre   1891,   ont  inspecté   les   travaux   de   restauration     ' I!l 
effectués  à  la  chapelle  du  Saint-Sang. 
Ils  ont  constaté  que  ces  ouvrages  sont  terminés  et  qu'ils 


—  262  — 

ont  été  exécutés  avec  soin,  conformément  au  projet  approuvé. 
La  Commission  s'est  ralliée  à  l'avis  de  ses  délégués  et  a 
proposé  d'autoriser  la  liquidation  des  subsides  promis  pour 
l'exécution  de  cette  entreprise. 

Le  Secrétaire, 
A.  Massaux. 


Vu  en  conformité  de  l'article  2o  du  règlement. 

Le  Président, 
Wellens. 


RECHERCHES 


SUR  LES 


ENLUMINEURS    FLAMANDS 


PAE 

J.     DESTRÉE 


LE   PLUS   ANCIEN    LIVRE    D  HEURES    DE   MAXDIILIEN    Ier, 
VERS    1486. 

La  Bibliothèque  impériale  de  Vienne  possède  un  livre 
d'Heures  qui  présente  cette  particularité  intéressante  d'avoir 
des  en-tètes  rédigés  en  flamand,  bien  que  le  manuscrit  ait 
été  fait  pour  un  prince  allemand  (1). 

Ce  manuscrit  contient  cinq  miniatures  à  pleine  page, 
représentant  :  a)  David  ;  b)  la  Messe  de  Saint-Grégoire  ; 
c)  Marie  et  l'Enfant  Jésus;  d)  la  Mort;  e)  Saint  Christophe, 
et  pour  terminer  /')  Maximilien  agenouillé  devant  saint 
Sébastien. 

Les  enluminures  b  et  c,  un  encadrement  et  une  grande 
lettre  représentant  David,  ont  été  reproduits  dans  un  article 
de  M.  Edouard  Chmelraz,  lequel  a  paru  dans  la  magnifique 


(i)  Les  présentes  Recherches  étaient  terminées  dès  le  mois  de  mai  1890,  mais 
diverses  circonstances  en  ont  retarde  l'impression.  J'ai  consacré  quelques  notes 
aux  observations  qui  m'ont  été  suggérées  par  dus  recherches  subséquentes. 


—  264  — 

publication  consacrée  à  l'étude  des  collections  appartenant 
à  la  maison  impériale  d'Autriche.  Les  fleurs,  qui  constituent 
le  plus  bel  ornement  du  manuscrit,  ont  été  traitées  avec 
autant  de  conscience  que  de  goût.  Quant  aux  autres  pein- 
tures, elles  ne  décèlent  aucun  talent  particulier.  Je  dirai 
plus,  la  Vierge  tenant  l'Enfant  Jésus  est  exécutée  avec  une 
gaucherie  réelle;  la  Messe  de  Saint-Grégoire  est  faite  de 
pratique,  mais  plus  habilement  que  la  miniature  précédente. 
Cependant  l'artiste  a  réussi  à  faire  de  la  miniature,  où 
Maximilien  figure  à  genoux  devant  saint  Sébastien,  un  joli 
morceau  d'une  grande  finesse  et  d'une  extrême  fraî- 
cheur. 

Maximilien  est  représenté  revêtu  de  son  armure,  le  front 
ceint  d'une  couronne  et  les  épaules  couvertes  d'un  manteau 
de  pourpre  avec  camail  d'hermine.  Il  est  agenouillé  devant 
saint  Sébastien,  qui  lient  en  main  un  arc.  Près  du  prince  est 
couché  un  beau  lévrier  blanc.  A  un  arbre  est  suspendu  un 
blason  portant  de  sable  à  l'aigle  d'or  à  une  seule  tète,  ayant 
en  cœur  un  écu  aux  armes  de  la  maison  d'Autriche  et  de 
celle  de  Bourgogne.  La  scène  a  pour  fond  un  jardin  entouré 
d'imposantes  constructions  en  style  ogival. 

Dans  le  prince  agenouillé,  il  ne  faut  pas  encore  voir  le 
chef  du  Saint-Empire.  En  effet,  Maximilien,  élu  en  qualité  de 
roi  au  mois  de  février  1486,  fut  couronné  à  Aix-la-Chapelle 
la  môme  année.  En  1405,  il  succéda  de  fait  à  son  père  dans 
le  gouvernement,  mais  il  ne  prit  le  titre  d'empereur  qu'en 
1S0S,  à  Trente.  A  celle  occasion,  il  substitua  dans  ses 
armoiries  l'aigle  à  deux  lèles  à  l'aigle  à  une  lèle. 

Le  manuscrit  qui  nous  occupe  a  donc  été  exécuté  entre 
les  années  i486  et  Km 


-   2G3  — 

Cet  espace  de  douze  ans  peut  être  singulièrement  rac- 
courci. Il  suffît  pour  cela  d'examiner  les  éléments  contenus 
dans  le  livre  d'Heures. 

Il  est  manifeste  que  le  peintre  a  voulu  représenter  un 
homme  dans  la  fraîcheur  de  la  jeunesse.  Le  texte  d'une 
pierre,  folio  43,  renferme  d'ailleurs  à  cet  égard  les  plus 
grandes  lumières.  Car  cette  invocation,  comme  M.  Chmelraz 
le  fait  très  bien  ressortir,  a  été  faite  à  l'intention  d'un  prince 
qui  vient  de  monter  sur  le  trône  et  qui  sent  combien  il  lui 
importe  d'avoir  de  bons  et  de  fidèles  conseillers. 

«  Deus  patrum  meorum  et  domine  misericordiae...  da 
michi  sedium  luorum  assistricem  sapientiam  et  noli  me 
repobare  a  pueris  luis  quoniam  ego  servus  tuus  sum  et 
filius  ancille  tue  homo  infirmus  et  exigui  temporis  et  junior 
ad  intellectum  judicii  et  legum...  Tu  autem  elegisti  me 
regem  populo  tuo  et  judicem  populi  instituisti...  Concède 
michi  gratiam  bonos  et  fidèles  consiliarios  elegendi.  Deus 
qui  michi  curam  populi  commisisti  inspira  michi...  ut 
honorem  quem  indignus  gero  valeam  moribus  adornarc 
ne  cum  alios  direxero  ipse  reprobus  invenior  et  indi- 
gnus, ne  quaeso  domine  vita  mea  maculet  stalum 
meum...  »,  etc.,  etc. 

Pour  M.  Chmelraz,  le  manuscrit  a  dû  être  exécuté  avant 
l'année  1489,  date  à  laquelle  il  quitta  nos  contrées  pour  ne 
plus  y  faire  que  de  courtes  apparitions.  Il  n'avait  pas  oublié 
sa  captivité  à  Bruges. 

Sur  la  miniature  où  se  trouve  représenté  un  mort  étendu 
sur  une  natte  de  jonc  et  couvrant  sa  nudité  de  la  main,  on 
aperçoit  les  lettres  P.  B.  M.  Chmelraz  y  voit  le  mono- 
irrammo  de  l'auteur.  H  a  consulté  à  cet  effW  les  listes  d'ar- 


—  266  — 

listes  brugeois  publiées  par  M.  Van  de  Casteele  (i)  ot  le 
Beffroi. 

Or,  deux  artistes  ont  porté  les  mêmes  initiales  :  Peter  Bec- 
kaert,  entré  dans  la  Gilde  de  Saint- Jean  des  libraires  et  des 
enlumineurs;  Pieter  Bramaert  ou  Bramare  le  jeune,  entré 
en  14GO  dans  la  Gilde  de  Saint-Luc  ou  des  peintres.  Mais 
puisque  les  enlumineurs  appartenaient,  dit  M.  Chmelraz, 
non  à  la  Gilde  de  Saint-Luc,  mais  à  celle  de  Saint-Jean  Évan- 
géliste,  la  balance  penche  en  faveur  de  Beckaert  ;  M.  Chmel- 
raz ajoute  toutefois  très  prudemment  qu'il  reste  incertain  si 
sous  le  nom  de  Peter  Beckaert  il  faille  chercher  un  libraire 
ou  un  enlumineur. 

Ce  dernier  n'a  jamais  joui,  que  je  sache,  delà  moindre 
notoriété.  Il  y  a  lieu  cependant  de  supposer  que  Maximilien 
a  dû  faire  exécuter  un  livre  d'Heures  destiné  à  son  usage 
personnel  par  un  artiste  appartenant  à  un  atelier  en  vogue. 

L'identification  proposée  par  l'érudit  autrichien  est  donc 
1res  problématique,  d'autant  plus  qu'il  n'a  pas  été  établi  si 
le  manuscrit  avait  été  fait  à  Bruges  ou  à  Gand  ou  même 
dans  une  autre  ville. 

En  effet,  la  vogue  des  manuscrits  décorés  à  la  manière 
ganto-brugeoise  fut  bientôt  si  grande  qu'elle  suscita  sur  divers 
points  des  Pays-Bas  de  nombreuses  imitations.  D'autre  part, 
l'examen  seul  du  calendrier  ne  fournirait  éventuellement  que 
des  données  insuffisantes,  car  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  le 
copiste  ait  transcrit  sur  commande  ou  de  son  initiative 
propre,  tel  calendrier  étranger  aux  deux  villes  précitées. 


(i)  Annales  de  la  Société  d'émulation  pour  l'étude  de  l'histoire  et  des  anti- 
quités de  la  Flandre.  6ér.  iv,  vol.  III,  |>.  258. 


—  207  — 

En  admettant  môme  comme  établi  que  le  livre  d'Heures 
de  Maximilien  provienne  de  Gand  ou  de  Bruges,  je  pourrais 
citer  dans  le  même  ordre  d'idées  que  M.  Chmelraz,  un  artiste 
appartenant  à  une  famille  d'enlumineurs  célèbres  :  Paul 
Bening,  dont  les  initiales  coïncident  avec  colles  prémen- 
tionnées  («). 

Seulement,  le  monogramme  ne  paraît  pas  avoir  le  carac- 
tère de  l'époque  où  le  livre  a  été  écrit.  Aussi  y  aurait-il  lieu 
de  se  demander  s'il  ne  constitue  pas  une  adjonction  due  ;i 
une  main  relativement  moderne. 


(i)  Cette  étude  était  rédigée  depuis  longtemps  quand  parut  dans  ta  Gazette 
des  Beaux-Arts  un  article  intitulé  :  «  Alexandre  Bening  et  les  peintres  du 
Grimani  ».  Dans  cette  étude,  M.  Paul  Durrieu,  conservateur  au  Musée  du 
Louvre,  a  émis  un  avis  qu'il  sera  fort  à  propos  de  signaler  au  lecteur.  11  fait 
remarquer  que  Paul  Bening  est  peu  connu,  car  il  a  dû  mourir  jeune,  peu  après 
l'année  1517.  Aussi,  Guichardin,qui  écrivait  un  demi-siècle  plus  tard,  a  pu  parler 
de  Simon  Bening  sans  mentionner  son  frère  Paul.  Et  même  le  nom  de  Paul 
Bening  ne  se  rencontre  pas  sur  la  liste  des  enlumineurs  brugeois  dressée  par 
M.  J.  Wheale. 

D'après  M.  Durrieu,  sans  être  de  la  main  d'Alexandre  Bening,  les  Heures  de 
l'empereur  Maximilien  préseetent  cependant  une  étroite  parenté  avec  ses  œuvres  ; 
aussi  n'hésite-t-il  pas  à  rattacher  cette  production  a  l'atelier  de  Bening  et  a  voir 
dans  le  monogramme  P.  B  la  signature  de  Paul  Bening,  frère  de  Simon. 

«  Or  voici  l'intérêt  de  cette  conclusion.  Si  les  peintures  du  maître  au  mono- 
gramme P  B  prêtent,  d'une  part,  à  un  rapprochement  avec  celles  de  maitre 
Alexandre  Bening,  elles  tiennent,  d'autre  part,  de  bien  plus  près  encore  à  une 
partie  des  illustrations  du  Bréviaire  Grimani.  M.  Edouard  Chmelraz  a  tiès 
justement  relevé  l'identité  presque  absolue  qui  existe  entre  la  figure  de  Saint 
Sébastien,  placée  dans  une  miniature  du  livre  d'Heures  à  côté  d'un  portrait  de 
Maximilien,  à  genoux,  en  prières,  et  celle  du  même  saint  dans  le  Bréviaire 
Grimani,  où  il  fait  face  à  saint  Fabien.  Mais  ce  n'est  pas  tout,  cette  même  figure, 
qui  semble  la  reproduction  d'un  patron  d'atelier,  est  aussi  répétée  dans  deux  livres 
d'Heures  de  la  Bibliothèque  nationale  et  du  Musée  britannique, que  j'ai  les  plus 
sérieuses  raisons  de  considérer  comme  ayant  été  enluminés  sous  la  direction  et 
en  partie  de  la  main  même  de  Paul,  frère  de  Simon  Bening,  l'autre  iils  de 
maitre  Alexandre.  >  Gazette  des  Beaux-Arts,  pp.  68  et  66,  1er  juillet  1891. 


-  2GH  — 


LE    BRÉVIAIRE    GRIMAIS!. 


La  bibliothèque  do  Saint-Marc,  à  Venise,  conserve  un 
bréviaire  magnifique  qui  a  pris  le  nom  de  son  ancien 
propriétaire,  le  cardinal  Grimani. 

M.  Zanotlo  (i)  et  après  lui  M.  A.  Wauters  (2)  ont  conté  en 
détail  l'histoire  de  ce  manuscrit.  Il  serait  donc  superflu  de 
reprendre  cet  exposé  et  les  descriptions  qui  l'accompagnent. 
Ma  tâche  consiste  à  examiner  certains  points  encore  en 
litige  :  l'ancien  propriétaire  du  manuscrit,  les  auteurs  des 
miniatures  qui  le  décorent  et  enfin  la  date  du  manuscrit  (3). 

A  cet  égard  la  question  des  armoiries  qui  se  trouvent 
dans  le  Grimani  a  été  soulevée  ta  diverses  reprises  par 
plusieurs  auteurs. 

«  Les  armoiries  de  la  maison  d'Autriche  et  l'aigle  romaine 
à  une  seule  tète  font  songer,  dit  M.  A.  Wauters,  à  une 
période  antérieure  (4);  mais  ce  qui  est  contraire,  c'est  l'em- 


(1)  Fac  simile  dcllc  miniature  contenute  nel  Breviario  Grimani  conservait) 
nella  Bibliotheca  de  S.  Marco  esequito  in  fotografia  ila  Antonio  Pcrini  cou 
illustra/ioni  di  Francesco  Zanotto.  Venise,  1862,  in-t°,  avec  traduction  fran- 
çaise pur  Louis  de  Mas-Latrie. 

sur  linéiques  peintres  de  lu  fin  dit  xve  siècle.  Bull,  de  VAcad.,  ô''  série, 
1.  IV.  pp.  117  a  159. 

(3)  M.  A.  Wauters  emploie  indifféremment  les  mots  bréviaire  et  missel  pour 
er  le  Grimani.  Cependant,  le  premier  est  scnl  exact.  L'en-téte  du  manuscrit 

es)  conçu  en  ces  termes  :  Incipit  ordo  breviarii  sec 'indu m  consuetudinem 
Romanae  curiae.  Au  surplus,  il  y  a  lieu  de  remarquer  que  la  décoration  d'un 
missel  lût  affecté  un  tout  autre  caractère  que  celle  d'un  bréviaire  :  l'iconographie 
variant  nécessairement  d'après  la  nature  du  livre  liturgique. 

(4)  M.  A.  Wauters  pari  de  ridée  <jiie  le  manuscrit  esl  antérieur  à  la  morl  de 
Jean  de  Bourgogne  H  480). 


—  2G9  — 

ploi  de  l'aigle  impériale  allemande  associer  sur  la  même 
page  781  au  lis  bourguignon,  ce  qui  n'a  pu  avoir  lieu 
qu'après  l'élévation  de  Maximilien  à  la  dignilé  d'empereur 
des  Romains,  en  14i)3.  L'argument,  fait  observer  M.  Wau- 
ters,  me  semble  absolument  dénué  de  force.  Maximilien,  fils 
d'un  empereur  des  Romains  et  son  successeur  probable, 
était,  dès  1477,  uni  en  mariage  à  l'héritière  de  la  maison 
de  Bourgogne.  Quelle  importance  a  donc  un  motif  simple- 
ment décoratif?  L'apparition  simultanée  du  drapeau  ducal 
de  Bourgogne  et  celui  du  meilleur  allie  de  Maximilien, 
son  père,  l'empereur  Frédéric?  » 

L'emploi  des  armoiries  dans  certaines  enluminures  n'a 
souvent,  en  effet,  aucune  signification  propre.  J'en  conviens. 
C'est  ainsi  que  la  double  aigle  impériale  est  employée  par 
les  artistes  du  moyen  âge  pour  désigner  l'armée  romaine. 
Après  l'aigle,  ce  sont  les  lis  de  France  qui  jouent  le  plus 
grand  rôle  et  on  peut  souvent  n'y  voir  qu'un  motif  décoratif. 
Le  livre  d'Heures  de  Hennessy,  dont  il  sera  bientôt  question, 
nous  donne  encore  un  exemple  de  ces  rapprochements 
purement  fantaisistes  :  on  voit  sur  une  des  scènes  de  la 
Passion  des  étendards  portant  la  croix  de  Bourgogne. 

Cependant  le  bréviaire  Grimani  fournit  certaines  données 
héraldiques  qu'on  aurait  tort  de  négliger. 

Une  des  scènes  les  plus  intéressantes  qui  ornent  le  bré- 
viaire Grimani  représente  un  barbier  occupé  à  saigner  un 
de  ses  clients.  La  salle  dans  laquelle  l'opération  a  lieu  est 
éclairée  de  plusieurs  fenêtres  ornées  de  vitraux  armoriés. 
Les  photographies  ne  permettant  pas  déjuger  des  meubles 
héraldiques,  je  me  suis  adressé  à  M.  Castellani,  préfel  de 
In    bibliothèque    de   Saint-Marc,    <|iii    s'esl   empressé   do 


—  270   - 

me  transmettre  des  croquis  avec  l'indication  des  émaux  : 

1°  ECU  vide; 

2°  D'argent  au  lion  de  sable; 

5°  D'or  à  la  double  aigle  de  sable; 

4°  D'azur  coupé  (?)  aux  trois  lis  d'or; 

5°  De  gueules  à  la  fasce  d'argent  ; 

6°  De  sable  au  lion  d'argent  : 

7°  D'or  au  lion  de  sable; 

8°  D'argent  au  chevron  de  gueules. 

N°  2.  Cet  écusson  doit  probablement  être  d'argent  au 
lion  de  gueules,  au  lieu  de  sable  :  armes  du  Limbourg. 

N"  4.  L'écu  d'azur  coupé  est  une  chose  impossible. 
Cela  doit  être  un  trait  qui  traverse  accidentellement  l'écusson. 
Il  est  à  présumer  que  cet  écusson  d'azur  à  trois  Heurs  de  lis 
d'or  a  une  bordure  composée  d'argent  et  de  gueules. 

N°  5.  Armes  de  l'Autriche. 

N"  G.  Cet  écusson  doit  probablement  être  de  sable  au 
lion  d'or,  au  lieu  d'argent,  c'est  à-dire  les  armes  du  Brabant. 
En  admettant  que  les  armes  et  l'écusson  qui  sont  devenus 
invisibles  soient  ceux  de  Bourgogne  ancien,  alors  les  écus- 
sons  5  et  5  formeraient  le  blason  de  l'empereur  Maximilicn  lfr, 
porté  par  lui  depuis  1508  jusqu'à  sa  mort  (1ol9),  et  les 
écussons  n"  1,  2,  4,  6  et  7  formeraient  le  blason  de  sa 
femme,  Marie  de  Bourgogne  (î). 

Le  fait  qu'elle  était  morte  quand  Maximilicn  commença  à 
se  servir  de  l'aigle  à  deux  tètes  n'offre  rien  d'extraordinaire, 
car  on  rencontre  souvent  les  armes  de  Marie  jointes  à  celles 


(0  Le  docteur  Waagen  avait  supposé  que  le  bréviaire  avait  appartenu  à  Marie 
de  Bourgogne  {KvnsWlalt,  ixiT.  v.  49). 


—  271   — 

de  Maximilien,  plusieurs  années  après  le  trépas  de  l'infor- 
tunée princesse.  Citons,  par  exemple,  le  vitrail  de  1505 
dans  l'église  de  Noire-Dame,  à  Anvers. 

Quant  à  l'écusson  n°  8,  M.  le  comte  de  Nahuys,  dont  je 
suis  ici  les  ingénieux  rapprochements,  y  voit  les  armes  de 
l'auteur  des  enluminures.  Les  renseignements  que  j'ai 
recueillis  jusqu'à  présent  ne  me  permettent  pas  d'apprécier 
la  valeur  de  celle  aflirmation.  Au  surplus,  les  armoiries 
renfermant  un  seul  chevron,  sont  si  fréquentes  que  l'on  doit 
renoncer  à  rechercher  une  identification  (i). 

On  m'objectera  peut-être  que  l'on  n'est  pas  en  mesure  de 
tirer  une  conclusion  certaine  des  éléments  qui  viennent  d'être 
produits.  Il  y  a  cependant  des  indices  qu'on  n'est  pas  en  droit 
de  rejeter  sans  examen.  A  vrai  dire,  l'enlumineur  eût  dû  indi- 
quer les  armoiries  du  propriétaire  beaucoup  plus  clairement; 
mais  j'ai  hâte  d'ajouter  que  rien  ne  prouve  qu'il  ne  l'a  pas 
fait  dans  le  principe.  Il  a  pu  les  peindre  en  tète  du  volume. 
C'est,  du  reste,  la  disposition  qui  a  élé  adoptée  pour  le  livre 
d'Heures  d'Albert  de  Brandebourg,  qui  émane  de  la  mémo 
école,  sinon  du  même  atelier  que  le  bréviaire  Grimani.  Qui 
sait  si  le  célèbre  cardinal  n'a  pas  supprimé  les  armoiries 
qui  formaient  le  frontispice  du  livre  comme  ne  présentant 
plus  pour  lui  aucun  intérêt  spécial.  Les  armoiries  qui  ornent 
les  fenêtres  de  l'ofiicine  du  barbier-chirurgien  seraient  donc 
des  emprunts  ou  des  réminiscences  du  blason  principal. 


(i)  Dans  un  article  intitulé  Ein  vérwandlér  des  Breviarium  Grimani  in  der 
K.K.  Hofbibliothektyfiva,  B.  IX).  M.  Ghmelraz  fait  observer  que  la  présence  des 
armes  de  Bourgogne  et  de  la  double  aigle  indique  que  le  propriétaire  a  dû  se 
trouver  dans  une  plus  intime  relation  avec  Maximilien  qu'on  avait  été  disposé  à 
le  croire  jusqu'à  présent, 


—  272  — 

Si  le  blason  n°  8,  à  savoir  :  d'argent  au  chevron  de 
gueules,  est  celui  du  propriétaire,  les  autres  armoiries  ne 
seraient  ici  que  pour  marquer  un  rapport  de  dépendance 
entre  le  propriétaire  du  manuscrit  et  le  prince  régnant, 
comme  le  cas  se  présente  dans  le  manuscrit  :  la  Cité  de 
Dieu,  exécuté  pour  le  compte  de  Jean  Chevrot,  évèque  de 
Tournai,  et  conservé  à  la  Bibliothèque  royale  de  Belgique. 
On  voit  à  la  miniature  initiale  du  tome  II  de  cet  ouvrage, 
le  roi  de  France  sur  son  trône  recevant  la  traduction  fran- 
çaise du  célèbre  traité  de  Saint-Augustin.  Les  vitraux  de  la 
place  où  la  scène  se  passe  sont  décorés  aux  armes  de  France, 
de  Bourgogne  et  de  l'évèque  tournaisien. 

J'ai  peine  à  croire  que  le  Grimani  n'ait  pas  été  fait  pour 
une  personne  déterminée,  que  ce  soit  Maximilien  ou  un 
riche  seigneur  de  sa  cour.  Je  pencherais  cependant  à 
admettre  que  ce  fut  ce  prince  qui  l'avait  commandé.  Maxi- 
milien aura  été  obligé  d'aliéner  ce  joyau  ou  il  sera  mort 
avant  d'en  prendre  possession.  Ce  sera  à  ce  moment  qu'An- 
tonio de  Sicile  l'aura  acheté  d'occasion. 

Tout  en  combattant  l'hypothèse  que  le  manuscrit  était 
destiné  à  un  prince  régnant  de  la  maison  de  Bourgogne, 
M.  A.  Waulers  admet  cependant  qu'il  a  été  exécuté  pour  «un 
Bourguignon  éminent,  à  en  juger  par  la  prédilection  mar- 
quée que  les  peintres  du  manuscrit  montrent  pour  les 
armoiries  de  la  famille  du  coté  de  Bourgogne  et  des  familles 
alliées.  »  «  Ce  fut  sans  doute  aussi,  dit  M.  Wauters,  pour  un 
prince  de  l'église,  ami  de  l'art,  opulent,  de  mœurs  peu 
sévères.  Si  on  ajoute  que  la  Vierge  et  les  Saints-Jean  sont 
dans  le  missel  les  objets  d'une  prédilection  tellement  mar- 
quée,  nous  sommes  amenés  à  déclarer  que  notre  manuscrit 


—  273  — 

fui  commencé  dans  les  dernières  années  de  Jean  de  Bour- 
gogne, évèquede  Cambrai,  où  l'église  principale  était  placée 
sons  le  vocable  de  Noire-Dame.  » 

Il  nous  csl  impossible,  après  l'examen  attentif  de  tous  les 
écussons,  de  songer  le  moins  du  monde  à  Jean,  bâtard  de 
Bourgogne.  En  effet,  des  armoiries  dont  il  a  été  question  plus 
haut,  celles  qui  peuvent  être  attribuées  à  la  maison  de  Bour- 
gogne ne  sont  pas  brisées  du  signe  de  bâtardise.  Du  reste, 
abstraction  faite  des  armes,  il  est  certain  que  le  manuscrit 
n'est  pas  contemporain  de  Jean  de  Bourgogne,  décédé  en 
1480,  mais  date  du  commencement  du  xvie  siècle,  ainsi  que 
l'on  peut  s'en  rendre  compte  par  l'examen  de  certaines 
pages,  telles  que  le  lit  de  mort,  une  des  plus  intéressantes  du 
bréviaire. 

A  son  tour,  M.  Edgar  Baes  est  l'auteur  d'une  hypothèse 
que  je  crois  devoir  citer. 

Le  bréviaire  Grimani  aurait  été  commandé  à  Memling  par 
François  de  Busleyden,  précepteur  de  Philippe  le  Beau, 
ambassadeur  et  amateur  d'art  (î). 

«  Il  (Busleyden)  jouissait  de  toute  la  confiance  de  Philippe 
le  Beau  et  protégé  par  Alexandre  VI,  qui  se  préparait  à  le 
nommer  cardinal  en  1502,  il  aurait  pu  fort  bien  se  ménager 
la  faveur  du  pape  en  commandant  le  bréviaire  à  Memlinc.  » 
«  L'eftigie  d'un  pape,  qui  paraît  être  Borgia,  dans  le  char 
d'Apollon,  au-dessus  du  calendrier,  semble,  ainsi  que  celle 
de  Sixte  IV  et  le  nom  de  Grégoire,  affirmer  la  destination  du 
volume.  Jules  II  était  neveu  de  Sixte  IV.  » 


(i)  51.  Edgar  Baes,  Noies  sur  le  bréviaire  Grimani  et  les  manuscrits  à 
miniatures,  p.  139.  Voir  Bull,  des  Cotnm.  roy.  d'art  et  (Tarchêol.,  JS89. 
Op.  cit.,  p.  15G. 


—  ^74  — 

«  En  Io05,  Philippe  racheta  aux  héritiers  de  François, 

peut-être  à  son  frère  Jérôme,  de  nombreux  objets  d'art  que 
probablement  il  ne  paya  pas  et,  trois  ans  après',  il  dut 
engager  ses  bijoux  et  sa  vaisselle  tant  il  était  endetté. 

»  En  supposant  que  le  bréviaire  faisait  partie  de  ces 
objets,  il  pourrait  être  revenu  aux  héritiers,  mais  nous  avons 
lieu  de  croire  qu'il  était  encore  aux  mains  des  artistes.  » 

On  ne  peut  songer  à  analyser  point  par  point  une  hypo- 
thèse n'ayant  aucun  point  de  contact  avec  le  bréviaire 
Grimani.  Pourquoi  l'intervention  de  Busleyden  plutôt  que 
tout  autre  personnage  influent?  Si  du  moins  celle  suppo- 
sition reposait  sur  quelque  indice. 

Il  ne  peut  être  question,  en  effet,  du  portrait  d'Alexan- 
dre VI  que  M.  Baes  croit  avoir  découvert.  Qui  serait  en 
mesure,  même  armé  d'une  loupe,  de  reconnaître  quelques 
traits  de  parenté  entre  Borgia  et  ce  personnage  aux  dimen- 
sions microscopiques  représenté  dans  le  calendrier,  le  front 
ceint  d'une  mitre! 

Cette  figure  n'a  pas  de  prétentions  au  portrait. 

Il  n'est  pas  établi  non  plus  que  le  portrait  de  Sixte  IV  se 
trouve  reproduit  dans  le  Grimani. 

Dès  lors,  l'hypothèse  émise  par  M.  Baes  est  sans  fon- 
dement, car  elle  ne  repose  ni  sur  une  inscription,  ni  sur  une 
coïncidence  de  dates,  ni  sur  un  blason,  ni  sur  une  allusion 
contenue  dans  un  des  sujets  représentés,  ni  enfin  sur  un  des 
éléments  écrits  du  bréviaire.  La  solution  de  la  question  : 
à  qui  a  appartenu  le  Grimani,  git  dans  l'interprétation  défi- 
nitive des  écus  armoriés  qui  ont  été  étudiés  ci-dessus. 

Quels  sont  les  auteurs  des  enluminures? 

Ce   manuscrit,   chose    étrange,   a   été   revendiqué   tout 


—  275  — 

d'abord  parles  Italiens  comme  l'œuvre  d'un  des  leurs;  mais 
ils  ont  eu  le  bon  goût  de  ne  pas  défendre  longtemps  une 
opinion  aussi  bizarre.  Stringa  admet  sans  hésiter  la  prove- 
nance flamande  de  ce  travail;  plus  explicite,  l'anonyme  de 
Morelli  va  jusqu'à  citer  des  noms. 

L'o/fîcio  célèbre,,  che  nessor  Antonio  Siciliano  vende  al 
cardinal  per  ducati  500  fu  miniati  da  molti  macstri  in 
molli  anni.  M  son  imminiature  de  man  de  Juan  Memelini 
carte...,  de  man  de  Gerardo  di  Guanl  carie  125,  de  Livino 
de  Anversa  carie  125.. 

Lodansi  in  esso  sopra  lulto  li  12  mesi,  ira  li  altrili  feb- 
braro  ove  uno  fanciullo  orinando  nella  neve  la  fa  gialla,  el 
il  paese  ivi  è  tulo  neveso  a  giacciati  (i). 

Je  ferai  d'abord  observer  que  le  chiffre  total  des  enlumi- 
nures donné  par  l'anonyme  est  de  250,  tandis  qu'il  n'y  en  a 
en  réalité  que  110.  Cette  erreur  mérite  d'être  relevée.  Ana- 
lysons rapidement  le  reste  du  passage. 

L'artiste  cité  en  première  ligne  est  Memling  Memlino. 
L'orthographe  est  en  somme  exacte,  si  l'on  tient  compte  des 
habitudes  italiennes.  En  Belgique,  il  a  fallu  qu'un  savant 
étranger,  M.  Weale,  vint  nous  réapprendre  la  manière 
d'écrire  un  des  noms  des  plus  glorieux  de  notre  passé  ar- 
tistique en  nous  démontrant  que  c'était  Memling  et  non 
Hemling  qu'il  fallait  dire. 

Pour  ma  part,  je  n'ai  jamais  cru  à  la  participation  de 
Memling.  J'ai  voulu  néanmoins  me  faire  une  conviction  à 


(t)  Notizia  d'opéra  di  disegno  nette  prima  meta  del  seculo  xvi  esistenll  in 
Padova.  Cremonu  Milano,  Pavia,  Bergamo  Crema  e  Venezia,  Scritta  de  un 
unonimo  di  quel  tempo,  p.  77.  Uassano  (1800,  in-S°). 


—  270  — 

cet  égard  cl  j'ai  comparé  les  photographies  de  la  publi- 
cation do  Zanollo  avec  les  ouvrages  de  Memling  conservés  à 
Bruges.  Plus  tard,  une  étude  attentive  des  œuvres  de  ce 
maitre  au  Musée  de  Munich  m'a  confirmé  dans  ma  manière 
de  voir.  Aussi  D'hésilé-je  pas  à  conclure  avec  Woltmann  (î) 
que  dans  lu  célèbre  manuscrit  de  Venise  il  n'y  a  pas  un  trait 
de  Memling.  Les  productions  de  ce  maitre  étaient  en  vogue 
et  les  marchands  n'ont  pas  hésité  à  trafiquer  de  son  nom. 

Certaines  pages  du  Grimani,  j'en  conviens,  ne  laissent 
pas  d'avoir  de  grandes  analogies  avec  des  œuvres  de  Mem- 
ling. La  Résurrection  et  la  Descente  du  Saint-Esprit  faisant 
partie  du  célèbre  tableau  des  Sept  Joies  et  des  Sept  Dou- 
leurs de  la  Vierge  de  la  Pinacothèque  de  Munich,  ont  été 
copiées  ou  du  moins  interprétées  par  les  enlumineurs  du 
Grimani. 

Des  faits  analogues  se  sont  fréquemment  produits  dans 
l'histoire  de  l'art.  «  Dans  les  écoles  de  Bruges,  de  Gand,  de 
Bruxelles  (2),  il  y  a  eu  de  nombreux  imitateurs  du  style  de 
Memling.  Quelques-uns  n'ont  été  que  de  serviles  copistes  ; 
mais  plusieurs  furent  doués  d'un  talent  remarquable.  On  ne 
pouvait  toutefois  attendre  de  ces  derniers  qu'ils  devinssent 
supérieurs  à  leur  maitre.  » 

C'est  apparemment  le  cas  pour  l'auteur  des  réminiscences 
ou  des  interprétations  que  l'on  rencontre  dans  le  Grimani. 
Le  nom  de  Memling  devrait  donc  être  biffe  définitivement 
de  la  liste  des  collaborateurs  de  ce  travail. 


Von  Memling  riïhrl  in  dem  Bûche  kein  strich  lier  :  mit  diesem  in  Italien 
wolbekantem  Mann  jatte  der  Kûhstler  geschaefle  tu  machen. 
P.  70.  Die  Geschichle  der  Malerei. 
(î)  Crowe  et  Cavalcaselle,  i.  Il,  p.  50,  Histoire  de  la  peinture  flamande. 


—  i>77  — 

Je  passe  au  second  artiste  ci  le  par  l'anonyme  de  Morelli, 
Gerardo  di  Guanto,  Plusieurs  noms  ont  été  mis  en  avant 
pour  arriver  à  une  identification  :  Gérard  Van  der  Meirc, 
Gérard  Horeboul  et  enfin  Gérard  David. 

M.  A.  Wauters  a  essayé  d'identifier  Gérard  de  Gand,  cité 
par  l'anonyme  de  Morelli,  avec  Gérard  Van  der  .Meire. 

«  De  nos  jours,  dit  le  savant  historien,  la  critique  ne  s'est 
pas  moins  égarée  qu'autrefois,  et  l'on  peut  dire  que  plus  elle 
s'est  occupée  du  Missel  Grimani,  moins  elle  en  a  éclaircj 
l'histoire.  Dans  le  Kunstblatl  de  l'année  1825,  Louis  Schorn, 
égaré  par  les  notes  de  Morelli,  a  prétendu  remplacer  les 
noms  de  Gérard  de  Gand  (ou  Van  der  Meire)  et  de  Liévin 
d'Anvers  (ou  Van  Laethcm)  par  ceux  de  Gérard  Horebout 
et  de  Liévin  de  Wilte,  de  Gand  ("?;.  Deux  auteurs  d'un  grand 
mérite  d'ailleurs,  Crowe  et  Cavalcaselle,  égarés  aussi  par 
les  renseignements  erronés  que  l'on  avait  accumulés  autour 
de  Gérard  Van  der  Meire,  et,  surtout  par  cette  inacceptable 
qualification  d'élève  d'Hubert  Van  Eyck  dont  on  l'a  gratifié, 
ont  regardé  comme  impossible  sa  collaboration  au  Mùselct 
également  remplacé  son  nom  par  celui  de  Gérard  Hore- 
boul; ils  onl  même  alïirmé  que  le  vieux  Gérard  de  Gand 
n'exécuta  jamais  de  minialures  (?),  tandis  que  Guichardin 
atteste  le  contraire.  » 

Que  la  qualification  d'élève  de  Van  Eyck,  donnée  à  Van 
der  Meire,  soit  inacceptable,  je  veux  bien  l'admettre.  Mais 
qui  est  en  mesure  de  prouver  que  c'est  Gérard  Van  der 
Meirc  que  l'anonyme  a  eu  en  vue:'  Pour  établir  la  collabo- 
ration de  ce  dernier  au  Grimani,  les  preuves  font  défaut. 

Aucune  œuvre  de  Van  der  Meire  n'est  connue  d'une 
manière  certaine.  Il  a  pu  faire  des  miniatures  et  des  pein- 


—  l>78  — 

lures,  soil;  mais  le  témoignage  de  Guichardin  ne  peut  être 
invoqué  en  sa  faveur.  En  effet,  l'historien  florentin  parle  d'un 
Gérard  David  qui  florissait,  non  à  Gand,  mais  à  Bruges,  et 
qui  était  contemporain  et  émule  de  Simon  Beninget  de  Lau- 
celot.  Albert  Durer  a  clairement  désigné  dans  le  récit  de 
son  voyage  aux  Pays-Bas  l'enlumineur  Gérard,  père  de 
Suzanne  et  chef  de  la  famille  des  Ilorcbout.  Plus  près 
de  nous,  Vasari,  comme  M.  A.  Wauters  en  convient  lui- 
même  dans  une  note,  place  Ilorcbout  au  nombre  des 
plus  grands  enlumineurs.  «  Vasari,  dit  M.  A.  Wauters,  ne 
nomme  pas  d'une  manière  positive  Gérard  de  Gand  ou 
Gérard  Van  der  Meire;  mais  il  parait  le  désigner  dans  le 
passage  où  il  cite  parmi  les  meilleurs  miniaturistes  flamands 
Marin  de  Ziericzée;  Gérard  Horebout,  de  Gand;  Simon 
Bening,  de  Bruges,  et  Gérard  (t.  IX,  p.  546,  édition  1842). 
Ce  dernier  ne  pouvait  être  Gérard  de  Bruges  ou  Gérard 
David,  qui  est  renommé  comme  peintre  de  tableaux;  rien 
n'empêche  de  l'assimiler  à  Van  der  Meire.  » 

La  conclusion  me  paraît  inacceptable.  L'on  sait  d'une 
façon  indubitable  que  Horebout  s'occupait  d'enluminures, 
tandis  que  rien  ne  prouve  que  Van  der  Meire  en  ait  jamais 
fait.  Il  ne  sera  pas  superflu  de  faire  observer  que  les  témoi- 
gnages de  Vasari  et  de  Guichardin,  concernant  les  enlumi- 
neurs le  plus  en  renom,  concordent  presque  parfaitement. 
Guichardin  était  du  reste  en  état  d'être  bien  renseigné  en  ce 
qui  concerne  les  artistes  de  Bruges.  Il  possédait,  en  effet,  un 
guide  sûr  en  la  personne  de  son  ami  Dominique  Lampso- 
nius,  qui  habitait  celle  ville;  de  plus,  les  auteurs  qui 
viennent  d'être  cités  étaient  à  peine  morts  ou  sur  le  déclin 
de  leur  carrière  quand  Guichardin  résidait  déjà  à  Anvers. 


—  279  — 

Il  assista  à  l'entrée  de  Philippe  II,  en  1542.  «  Il  nous  donna, 
écrivait-il,  par  sa  venue,  autant  de  joie  et  de  confort  que 
nous  avait  causé  de  déplaisir  et  de  frayeur  la  course  de 
l'armée  de  Longueval  et  Van  Rossom.  » 

Selon  toute  vraisemblance,  c'est  Uorebout  que  l'anonyme 
de  Morelli  a  voulu  désigner;  le  seul  artiste  du  nom  de 
Gérard  qui  jouissait  à  Gand  à  celle  époque  d'une  véritable 
notoriété. 

On  ne  connaît  aucune  œuvre  de  Gérard  Uorebout  d'une 
façon  certaine,  à  savoir  par  un  document  ou  par  une  signa- 
ture; on  aurait  donc  mauvaise  grâce  de  se  prévaloir  du  fait 
qu'il  a  été  fournisseur  de  princes  et  de  rois  pour  lui  restituer 
à  priori  nombre  d'oeuvres  remarquables  sorties  des  ateliers 
de  Gand  ou  de  Bruges.  Plusieurs  auteurs  ont  attaché  trop 
d'importance  peut-être  au  témoignage  d'Albert  Durer  ou 
plutôt  l'ont  mal  interprété.  Jusqu'à  présent,  le  rôle  des 
Uorebout  est  mal  connu  ou  même  n'est  pas  connu.  Ce  n'est 
pas  que  l'on  soit  dépourvu  de  renseignements  sur  leur 
compte,  mais  toutes  les  données  qui  les  concernent  sont 
commentées  arbitrairement.  Plusieurs  auteurs  leur  ont  res- 
titué un  certain  nombre  d'oeuvres  ;  mais  pour  être  autorisé  à 
faire  des  attributions,  il  faut  avoir  un  point  de  départ  sûre- 
ment établi.  Aussi,  les  chercheurs,  faute  de  données  pré- 
cises, sont-ils  encore  actuellement  réduits  à  n'émettre  que  des 
conjectures  sur  celte  intéressante  famille  d'artistes. 

Karl  van  Mander,  il  est  vrai,  fait  un  grand  éloge  de 
Gérard  Uorebout  et  parie  en  particulier  de  deux  tableaux 
qu'il  avait  exécutés  pour  Lié  vin  Hughenois.  Ces  œuvres 
d'art  ont  élé  détruites  ou  du  moins  la  trace  en  a  été  perdue. 
On  attribue  cependant  à  Gérard  Horebout  la  paternité  d'un 


—  280   — 

diptyque  qui  a  passé  du  cabincl  de  feu  M.  Onghena,  de 
Gand,  dans  la  collection  de  M.  le  baron  A.  de  Rothschild. 
Sur  un  feuillet,  on  voit  l'abbé  Hughcnois  en  prière,  sur 
l'autre,  la  Vierge  qui  présente  l'Enfant,  Jésus  à  l'adoration 
de  son  serviteur. 

Cette  attribution,  qui  est  due  à  M.  L.  de  Bast  (1),  n'est  pas 
dépourvue  de  fondement.  II  n'est  pas  invraisemblable  que 
Liévin  Hughenois  ait  confié  à  un  peintre  qu'il  avait  déjà 
favorisé  de  ses  commandes  la  tâche  de  perpétuer  ses  traits. 
Cependant  il  ne  faut  admettre  qu'à  titre  précaire  cette  opi- 
nion. En  effet,  l'abbé  de  Saint-Bavon  pouvait  très  bien 
s'adresser  à  un  autre  artiste.  Quant  à  l'œuvre,  elle  ne  décèle 
pas  un  talent  transcendant.  La  gravure  qui  a  été  exécutée 
par  M.  Onghena  n'en  donne  qu'une  imparfaite  idée.  L'ori- 
ginal que  j'ai  eu  l'occasion  d'examiner  de  très  près  me 
semble  de  bonne  facture  et  témoigne  de  beaucoup  de  soin 
de  la  part  de  l'artiste;  mais, comme  le  dit  très  bien  M.  H.  Hy- 
mans,  ce  n'est  qu'une  œuvre  estimable.  Le  Musée  d'An- 
vers possède  un  tableau  représentant  un  abbé  des  Dunes  à 
genoux.  C'est,  dit  M.  Siret,  une  délicieuse  miniature  (2) 
qui  a  été  longtemps  attribuée  à  Corneille  Horebout  et 
donnée  aujourd'hui  à  Memling.  Ce  n'est  pas  impossible. 
Disons  toutefois  que  ce  tableautin  est  signé  G  ou  G.  H. 

M.  A.-J.  Waulers  pense  que  ce  monogramme  est  celui 
du  personnage  représenté,  qui  serait  Chrétien  de  Hondt. 


Message*  des  sciences  historiques  <L  Gand,  1855,  pp.  12  10. 
(j)  Cette  dénomination  pourrai)  donner  lieu  .1  des  confusions  qu'il  convient  de 
dissiper.  Le  mot  miniature  n'a  pas  été  employé  dans  son  acception  ordinaire  : 
car  il  s'agit,  ainsi  que  je  l'ai  constaté,  d'une  peinture  à  l'huile,  au  lieu  d'une 
aquarelle  ou  d'une  gouache. 


—  28!   — 

Nous  ne  partageons  pas  cet  avis,  dit  M.  Siret.  L'abbé,  s'il 
avait  voulu  perpétuer  son  nom  de  cette  façon,  n'eût  pas 
manqué  de  placer  là  une  inscription  complète  donnant, 
comme  c'était  l'habitude,  son  nom  entier  avec  le  de,  son 
âge,  sa  qualité  et  l'année  de  l'exécution  du  portrait.  Pour 
nous,  la  façon  modeste  et  abrévialive  de  ce  monogramme 
nous  semble  être  l'abréviation  du  nom  de  l'auteur.  Quant  à 
l'opinion  émise  que  peu  de  peintres  ont  signé  leurs  œuvres, 
elle  n'est  nullement  fondée,  car  les  exceptions  à  cette  règle 
sont  tellement  nombreuses  qu'elles  détruiraient  la  i 
même,  si  on  était  tenté  de  l'adopter.  » 

On  ne  peut  citer,  ajoute  prudemment  M.  Siret,  aucune 
œuvre  bien  authentique  de  Gérard;  l'Ermitage  de  Sainl- 
Pélcrsbourg  possède  de  lui,  croit-on,  un  Christ  mort  sur  les 
genoux  de  la  Vierge,  entouré  d'une  guirlande  de  fleurs  de 
Van  Hessel.  Waagen  émet  l'avis  que  ce  panneau  est  de 
Gérard  David. 

Une  égale  incertitude  plane  sur  les  travaux  de  Gérard 
Iloreboul  considéré  comme  enlumineur.  M.  le  Dr  Woltmann, 
dans  son  histoire  de  la  peinture,  a  repris  l'opinion  (pie 
M.  Harzen  avait  déjà  préconisée  et  qui  consiste  à  donner  à 
Gérard  Horeboul  un  rôle  prédominant  (1). 

Je  résume  brièvement  cette  théorie.  Elle  s'appuie  sur  le 
texte  de  l'anonyme  de  Morelli  concernant  les  auteurs  du 
G  ri  ma  ni,  bien  que  M.  Woltmann  exclue,  comme  je  l'ai  fait 
remarquer  plus  haut,  la  collaboration  de  Memling. 


(i)  Voir  Haïuen  dans  les  Archiv  fur  zeichnenden  Kiïnste  (IV,  p.  3-20,  1858). 
intitulé  «  Gérard  illuminist  des  Brcviarii  Grimani  in  der  S'-Marcus  Bibliothek  in 
Venedig. 


—  282   - 

Gérard  de  Gand  (Gerardo  de  Guanlo),  mais  c'est  Gérard 
Horebout,  un  illustre  enlumineur  qui  transmit  son  art  à  son 
fils  Luc,  et  qui  mourut  en  qualité  de  peintre  de  la  cour 
d'Henri  VIII,  et  à  sa  fille  Suzanne,  qui,  elle  aussi,  s'établit  en 
Angleterre.  L'on  sait  l'éloge  qu'Albert  Durer  fil  de  celte 
artiste,  qui  avait  dix-huit  ans  lors  de  son  voyage  dans  les 
Pays-Bas. 

Gérard  Horebout  fut  occupé  par  l'archiduchesse  Mar- 
guerite et  reçut  de  1516  à  1521  divers  paiements  pour  des 
peintures  et  des  livres  d'Heures.  Il  me  suffira  de  renvoyer, 
avec  M.  AYoItmann,  aux  Archives  des  arts  et  des  sciences  de 
M.  Pincharl. 

Un  des  livres  les  plus  précieux  du  commencement  du 
xvic  siècle  (n°  2706  de  la  Bibliothèque  impériale  à  Vienne) 
el  la  traduction  allemande  de  YHortulus animae  chrislianae 
de  Sébastien  Brant,  écrit  d'après  l'impression  de  Strasbourg, 
a  été  certainement  exécuté  pour  l'archiduchesse  Marguerite, 
car  dans  les  décorations  marginales  se  présentent  souvent 
des  perles;  bien  plus,  une  perle  (Margarùa)  pend  à  son 
initiale  M.  Des  fleurs  appelées  marguerites  sont  souvent 
employées  dans  les  décors.  Il  est  permis,  bien  qu'à  litre  de 
conjecture, dit  M.  Woltmann,  de  penser  à  son  peintre  Gérard 
Horebout  comme  enlumineur.  Mais  s'il  a  peint  ce  livre,  le 
bréviaire  Grimani  appartient  également  à  son  atelier,  car 
Y Hortulus  animae  concorde  précisément  avec  les  parties  les 
plus  délicates  du  manuscrit  prémentionné  et  témoigne  «les 
progrès  accomplis. 

Étant  donné,  comme  on  vient  de  le  voir,  les  incertitudes 
qui  planent  sur  l'œuvre  de  Gérard  Horebout,  ce  système 
ingénieux  ne  serait  admissible  qu'autant  que  l'artiste  aurait 


—  283  — 

clé  le  fournisseur  attitré  de  Marguerite  d'Autriche  pour  lous 
les  travaux  se  rattachant  à  l'enluminure  (i). 

Rien  ne  s'oppose,  du  reste,  à  ce  que  les  Horcboul  aient  eu 
des  rapports  avec  les  artistes  en  renom  tels  que  les  Benning, 
dont  ils  auront  partagé  les  goûts  et  copié  les  productions. 

Quant  aux  motifs  en  usage  chez  les  enlumineurs,  il  est  de 
fait  qu'il  y  avait  une  mode.  Je  citerai  tout  d'abord  les  enca- 
drements simulant  la  boiserie,  l'emploi  du  nimbe  doré 
transparent,  les  fleurs  alternant  avec  des  rinceaux  et  jetés  sur 
des  fonds  bleus,  rouges,  jaunes,  fouettés  d'or.  Les  drôleries 
du  temps  jadis  sont  oubliées  ou  reléguées  à  l'arrière-plan. 
La  marge  sert  à  recevoir  les  commentaires  ou  les  complé- 
ments de  la  miniature  principale.  Par  exemple,  une  minia- 
ture représentant  des  funérailles  est  accompagnée,  comme 
sujet  accessoire,  d'une  scène  figurant  l'inhumation.  Parfois 
des  bijoux  ou  des  objets  de  dévotion,  tels  que  des  chapelets, 
des  croix  pectorales,  des  reliquaires,  font  également  partie 
du  bagage  décoratif  des  enlumineurs. 

Ce  n'est  donc  pas  seulement  d'après  les  caractères  exté- 
rieurs qu'il  faut  se  guider.  En  effet,  la  vogue  immense  dont 
jouissaient  les  livras  flamands  a  suscité  beaucoup  d'imi- 
tations. 

Pour  être  à  même  de  répondre  au  goût  des  amateurs, 
les  enlumineurs  avaient  à  se  modeler  sur  des  artistes  en 
renom.  Dès  lors,  il  fallait  s'attendre  à  voir  s'introduire  l'em- 
ploi des  trucs  et  des  receltes  dont  l'usage  devait  se  répandre 
dans  tous  les  ateliers.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  la  masse 
des  documents  est  très  considérable. 


i)  Geschichle  der  Malerei.  Ine  Malerei  des  Viltelallers  und  der  Neuzeit  von 

0»  \ïiv,|  Wmtvann.  1879,  p.  70. 


—  284 

Aussi,  le  rôle  des  érudils  ne  doit-il  pas  consister,  ce  me 
semble,  à  déterminer  toutes  les  œuvres  qui  existent,  mais  à 
former  des  groupes  et  à  les  rattacher,  s'il  est  possible,  à  une 
personnalité  marquante. 

Poursuivons  la  revue  des  attributions.  Hugo  Van  der 
Goes  aurait  laissé  des  traces  de  sa  collaboration  ;  mais  on 
ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  le  mailrc  est  mort  en  1482 
dans  l'abbaye  de  Rouge-Cloître,  où  il  était  entré  en  1470, 
donc  antérieurement  à  la  confection  du  Grimani,  lequel 
remonte  au  début  du  xvie  siècle. 

Il  y  a  des  pages  dans  le  bréviaire  qui  rappellent  vaguement 
sa  manière  (i).  Qui  sait  si  l'une  ou  l'autre  de  ses  œuvres 
n'a  pas  été  copiée  plus  ou  moins  fidèlement?  Du  reste, 
comme  je  viens  de  le  dire,  les  copies  et  les  réminiscences 
ne  manquent  pas  dans  l'œuvre  de  nos  enlumineurs.  Seul  un 
examen  attentif,  secondé  par  d'heureuses  circonstances, 
permettra  de  démêler  pelit  à  petit  cet  écheveau  si  embrouillé. 

Un  autre  nom  a  encore  été  mis  en  avant,  c'est  celui  de 
Gossaert,  Jean  Mabuse.  A-l-il,  comme  le  prétendent  certains 
auteurs,  une  part  quelconque  à  réclamer  dans  la  décoration 
du  bréviaire  Grimani:'  Le  mot  Cosar...  inscrit  sur  Tune 
des  miniatures  du  manuscrit,  dans  une  frise  appartenant 
ii  un  monument  (fol.  10G,  Sainte-Catherine  d'Alexandrie 
parmi  les  docteurs),  doit-il  signifier  que  la  composition 
émane  de  ce  peintre:'  C'est  là  un  problème  dont  la  solution 
parait  à  peine  possible,  étant  donnés  les  renseignements  dont 


i    Cependant  le  groupe  dos  pasteurs  clans  la  page  de  la  Nativité  présente 
beaucoup  d'analogie  avec  celui  du  tableau  de  Hugn  van  der  Goes  conservé  ii 
S    '  -'■'        '•  ova,  :•  Flore 


—  28b  — 

on  dispose.  Voltmann  accepte  l'inscription  comme  consti- 
tuant la  signature  de  Mabuse.  «  Resté  inachevé,  dit  M.  Wau- 
ters,  par  celui  qui  voulut  en  enrichir  sa  librairie,  le 
manuscrit  a  pu  parvenir  entre  les  mains  d'Antonello  de 
Messines  et  être  vendu  par  son  intermédiaire  au  cardinal 
Domini  Grimani.  Ce  dernier  y  aura  l'ait  ajouter  une  minia- 
ture par  Jean  Gossaert  dit  Mabuse  ou  de  Maubeugc,  lorsque 
celui-ci  vint  en  Italie,  vers  1510.  » 

L'hypothèse  est  contredite  par  les  faits.  On  retrouve  dans 
le  même  livre  plusieurs  pages  qui  sont  dues  à  l'auteur  de 
Sainte-Catherine  au  milieu  des  docteurs.  Qu'il  me  suffise,  à 
titre  d'exemple,  de  citer  la  Vierge  suivie  d'un  cortège  de 
bienheureux. 

Des  érudils  voient  dans  cette  signature  un  fragment  de 
ces  inscriptions  sans  sens  ni  valeur,  comme  les  enlumineurs 
se  sont  plu,  à  l'instar  des  sculpteurs  et  des  peintres,  à  pro- 
diguer sur  les  draperies  de  leurs  personnages.  Ici  l'artiste, 
hanté  par  une  réminiscence  classique,  aura  voulu  se  donner 
le  luxe  d'orner  la  façade  d'une  inscription. 

Du  reste,  ce  Jean  Gossaert  n'a  jamais,  que  je  sache,  signé 
de  la  sorte.  De  Cosart  à  Gossaert,  il  y  a  de  la  marge. 
M.  H.  Hymans  cite  dans  le  commentaire  de  la  vie  de  cet 
artiste  un  tableau  du  Musée  de  Malines,  représentant  une 
séance  du  Grand  Conseil  en  1474-,  sous  la  présidence  de 
Charles  le  Téméraire.  Ce  tableau,  comme  l'apprend 
M.  Hvmans,  est  siané  très  lisiblement  Gossaert  15..  sur  le 
papier  tenu  par  un  des  greffiers  placés  à  Pavant-plan  (i). 


(h  Le  livre  des  peintres  fie  Cari  van  Mander,  trad.  pai   M.  Henri  Hymans, 
1884,  p.  240,  l.  I. 


—  c2*t>  — 

Le  seul  point  acquis  c'est  la  proche  parenté  de  plusieurs 
peintures  de  ce  célèbre  codex  avec  le  livre  d'Heures  de 
Elenessy,  sorti,  comme  on  le  verra  bientôt,  de  l'atelier  des 
Bening,  à  Bruges. 

Résumons  l'examen  qui  vient  d'être  fait  sur  les  collabo- 
rateurs supposés  du  Grimani. 

La  participation  de  Gérard  van  der  iMeire  est  inadmis- 
sible :  il  n'a  aucune  notoriété  comme  enlumineur;  celle  de 
Gérard  Horebout  est  au  moins  problématique  :  aucune  œuvre 
de  ce  maître  n'est  connue  d'une  façon  certaine  et  rien  ne 
peut  justifier  les  attributions  qui  ont  été  tentées  à  son  égard  ; 
le  rôle  de  Liévin  d'Anvers  n'est  même  pas  entrevu;  quant  à 
la  collaboration  de  Gossaert,  elle  ne  repose  que  sur  une 
inscription  de  fantaisie. 

Que  certaines  miniatures  du  Grimani  présentent  de  grandes 
analogies  avec  des  productions  de  maîtres  célèbres,  c'est 
indéniable  Les  auteurs  du  Grimani  ont  admiré  et  interprété 
les  peintures  de  Hugo  van  der  Goes,  de  Memling,  de  Gérard 
David,  et  même  ces  admirables  Heures  de  Chantilly,  œuvre 
du  début  du  xve  siècle  que  l'érudition  moderne  a  restitué 
à  Pol  de  Limbourg  et  à  ses  frères. 

Tous  ces  éléments  et  ces  indices  peuvent  nous  éclairer, 
mais  ne  nous  donnent  pas  les  noms  des  auteurs. 

A  quelle  époque  le  Grimani  a-t-il  été  exécuté:' 

Grâce  à  l'examen  des  écussons  relevés  dans  le  manuscrit, 
la  réponse  sera  plus  précise  qu'elle  n'avait  pu  l'être  jusqu'à 
présent. 

En  effet,  la  présence  simultanée  de  l'aigle  à  deux  tètes  el 
des  armes  de  Bourgogne  se  rapporte  directement  ou  indirec- 
tement à  Maximilien.  Or.  ce  prince  n'introduisit  dans 


—  287  — 

armes  la  double  ai^lc  que  lorsqu'il  fut  empereur,  à  savoir 
de  1508  à  loH). 

C'est  donc  dans  ce  laps  de  temps  que  le  bréviaire  a  été 
exécuté. 

Le  fait  est  intéressant  et  de  nature  à  éclairer  beaucoup 
les  recherches.  On  a  eu  tort,  à  notre  avis,  de  vouloir  rendre 
le  Grimani  contemporain  de  Memling,  tandis  qu'il  est 
l'œuvre  d'artistes  moins  âgés  que  lui  ayant  subi  son  action. 
Il  suffit  pour  se  convaincre  de  la  justesse  de  mon  obser- 
vation d'examiner  certaines  peintures  du  manuscrit.  On  y 
voit  l'influence  manifeste  de  la  Renaissance,  là  même  où 
l'artiste  copie  des  prédécesseurs,  car  malgré  lui  il  trahit 
les  préoccupations  ou  les  modes  de  son  temps.  Entre  autres 
exemples,  je  citerai  la  première  miniature  représentant  le 
dîner  d'un  riche  sa'ijncar.  D'un  côlé,  on  voit  des  serviteurs 
chaussés  de  souliers  à  la  poulaine,  comme  au  temps  de 
Philippe  le  Bon,  tandis  que  la  cheminée  est  décorée  d'une 
joule  du  xvic  siècle.  Mais  où  l'évidence  éclate  complètement, 
c'est  dans  la  miniature  représentant  le  lit  de  mon.  C'est  une 
des  pages  les  plus  intéressantes  de  la  vie  domestique,  et  les 
costumes,  comme  le  mobilier,  appartiennent  au  premier  tiers 
du  \vie  siècle. 

Pas  n'est  besoin  de  multiplier  les  exemples.  Qu'il  me 
suflise  de  faire  observer  que  lorsqu'on  doit  classer  des 
manuscrits  enluminés,  ce  n'est  pas  telle  ou  telle  page  qu'il 
faut  examiner,  mais  l'ensemble  des  éléments;  et  surtout  on 
ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  les  copies  y  jouent  un  très 
grand  rôle,  à  ce  point  qu'un  même  manuscrit  renfermera 
des  copies  ou  des  interprétations  de  deux  ou  trois  époques 
parfaitement  distinctes. 


288  — 


MISSEL   DE    1.  ANCIEN    MAGISTRAT    DE    DIXMUDE. 

La  seule  œuvre  de  Simon  Bening  connue  par  un  docu- 
ment certain  se  trouve  à  Dixmude.  Le  magistrat  de  celle 
ville  le  commanda  à  maître  Simon  de  Bruges  en  1550 
pour  orner  un  missel,  et  cet  artiste  reçut  de  ce  chef  10  livres. 
La  miniature  représente  le  Crucifiement. 

Elle  a  30  centimètres  de  haut  sur  19  de  large.  Les  per- 
sonnages ont  environ  13  centimètres  de  hauteur  (î).  Jésus- 
Christ,  la  lète  couronnée  d'épines,  est  attaché  à  une  croix 
en  forme  de  tau  surmontée  du  lilre.  Le  corps  est  un  peu 
court;  la  tète  est  engoncée  entre  les  épaules  et  la  physio- 
nomie manque  de  nohlesse.  A  la  droite  du  Christ  se  tient 
Marie  portant  une  rohe  et  un  manteau  couleur  bleu  foncé. 
Les  traits  de  la  Vierge  reflètent  une  profonde  douleur;  à 
gauche,  saint  Jean,  les  bras  croisés  sur  la  poitrine,  lève  les 
yeux  vers  le  Christ.  Les  lèles  de  ces  deux  personnages  sont 
entourées  d'un  nimbe  circulaire  en  tulle  d'or,  tandis  que  la 
tète  du  Christ  a  un  nimbe  rayonnant. 

On  remarque  au  pied  de  la  croix  un  crâne  posé  au 
milieu  des  pierres,  et  derrière  un  pli  de  terrain  des  cava- 
liers et  des  fantassins  qui  regagnent  la  ville;  à  gauche, 
des  broussailles  et,  plus  loin,  un  chêne  dépouillé  de  feuilles. 
Le  plan  suivant  offre  une  ville  située  au  pied  d'une  mon- 
tagne couronnée  d'un  chàleau-fort  et  de  divers  ouvrages  de 
défense.  La  ville  est  baignée  d'autre  part  par  la  mer. 

La  reproduction  qui  accompagne  le  présent  travail  ne 

0)  V-.ir  p.  118,  Beffroi,  t.  IV. 


. 


Missel  de  Dixmude. 


—  289  — 

donne  niullicurcuscmenl  aucune  idée  du  ciel  couvert  de 
nuages  rougcàtrcs  traversés  de  stries  d'un  bleu  violacé. 

Le  paysage,  qui  est  la  partie  vraiment  neuve  et  intéres- 
sante des  travaux  de  Simon  Bening,  décèle  autant  d'habileté 
que  d'observation  minutieuse  de  la  nature. 

J'ai  exposé  naguère,  dans  une  note  adressée  à  l'Académie 
d'archéologie  de  Belgique  (t),  le  rapprochement  que  j'ai  eu 
l'occasion  de  faire  entre  la  miniature  du  missel  de  Dixmudc 
et  celle  du  livre  d'Heures  de  Hennessy. 

J'avais  été  amené,  à  la  suite  d'une  élude  attentive,  à  attri- 
buer à  Simon  Bening  l'exécution  des  miniatures  des  Heures 
de  Hennessy  de  la  Bibliothèque  royale. 

En  effet,  j'y  voyais  confirmé  en  lous  points  le  jugement 
que  François  de  Hollande  avait  porté  sur  cet  artiste  : 

Maître  Simon  de  Bruges,  par  ni  i  les  flamands,  fut  le  plus 
gracieux  coloriste  et  celui  qui  fit  le  mieux  les  arbres  et  les 
lointains. 

Le  missel  de  Dixmudc  me  fournit  la  preuve  que  je 
cherchais, 

11  est  manifeste  que  le  livre  d'Heures  précité  est  sorti  du 
même  atelier  que  le  Crucifiement  de  Dixmudc.  Afin  de 
dissiper  les  doutes  qui  pouvaient  encore  subsister  à  cet 
égard,  je  rapprochai,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  l'échevin 
Feys,  le  missel  du  livre  d'Heures.  MM.  les  conservateurs 
Ruelens  et  Hymans  (2),  de  la  Bibliothèque  royale,  voulurent 


(ij  Voir  Bulletin,  4e  série,  année  1887. 

d)  Vinci  comment  M.  Hymans  rendait  compte  dans  la  correspondance  de 
Belgique  {Gazelle  des  Beaux-Arts,  mois  d'avril  1887)  de  cette  constatation  : 
t  l'nc  recherche  postérieure  de  M.  Désirée  semble  établir  que  l'un  des  auteurs 

du  bréviaire  Grimani  serait  le  fameux  Simon  Bening,   fait  en  quelque  sorte 


—  290  — 

bien  assister  à  cette  intéressante  constatation.  Le  lecteur 
pourra  la  refaire  à  son  tour  au  moyen  des  planches  ci- 
annexéés. 

Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  que  ces  reproductions  ne 
donnent  qu'une  idée  imparfaite  ùvs  valeurs  et  des  merveil- 
leux détails  du  paysage.  Elles  suffisent  néanmoins  pour 
nous  renseigner  sur  l'ensemble  de  la  composition. 

Les  ligures  du  Christ  et  de  saint  Jean  appartiennent 
manifestement  au  l'aire  du  maître.  Faut-il  ajouter  que  la 
scène  présente  la  même  économie  que  celle  du  missel.  On 
peu!  remarquer  également  à  l'avant-plan  le  crâne  pose  à 
côté  d'un  (as  de  pierres;. au  troisième  plan,  les  petits  person- 
nages qui  se  dirigent  vers  Jérusalem. 

On  revoit  dans  le  livre  de  Hennessy,  en  particulier  dans  la 
Descente  de  Croix  et  dans  la  Mise  au  Tombeau,  les  figures 
du  Christ,  de  la  Vierge,  de  saint  Jean  identiques  à  celles  qui 
viennent  d'être  mentionnées. 

Le  Crucifiement,  tel  qu'il  est  représenté  sur  nos  deux 
planches,  a  du  être  un  sujet  familier  à  Simon  Bening,  car 
on  le  retrouve  encore  dans  le  manuscrit  il  (cimelia)  de  la 


prouvé  par  le  rapprochement  d'une  miniature  du  Grimani  avec  une  très  impor- 
tante illustration  d'un  bréviaire  existant  dans  une  localité  de  la  Flandre  et  dont 
l'origine  est  établie.  Cette  constatation  faite  par  railleur  à  l'Académie  d'archéo- 
logie est  actuellement  sous  presse.  » 

En  réalité,  le  rapprochement  avait  eu  lieu  entre  la  miniature  et  le  livre  d'Heures 
de  Notre-Dame  dit  de  Hennessy;  mais  le  livre  de  Hennessy  étant  parent  du 
(j:imani,  il  en  résultait  manifestement  que  Bening  ou  les  Bening  n'étaient  pas 
étrangers  à  l'illustration  du  célèbre  manuscrit  de  Venise. 

Je  renouvelai  ma  communication  à  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles  au 
mois  de  décembre  1887.  M.  Edgar  Bacs  a  refait,  en  1889,  pour  son  propre 
compte,  mais  en  négligeant  de  citer  ma  noie  et  ma  communication,  le  rappro- 
chement dont  il  vient  d'être  question  dans  une  étude  qui  a  paru  dans  le  Bull, 
des  Connu    roy.  ti'uri  et  d'archéol.,  XXVUI,  p.  15ii. 


—  291   — 

Bibliothèque  royale  de  Munich  cl  dans  le  Iriplyque  Slein. 
Cède  découverte  (lui  constitue  un  point  de  départ  certain, 
m'a  permis  de  restituer  aux  Bening  des  œuvres  jusqu'à 
présent  inconnues,  ear  il  existe  nombre  de  miniatures  pos- 
sédant de  grandes  analogies  avec  le  livre  d'Heures  de 
Hennessy  et  le  missel  de  Dixmudc  (i). 

LES    BENING. 

Leur  œuvre  occupe  une  place  considérable  dans  l'histoire 
de  l'enluminure  de  la  fin  du  xv"  siècle  et  d'une  grande  partie 
du  xvie. 

Quant  à  leur  influence,  il  serait  malaisé  de  la  caracté- 
riser, car  ils  n'ont  pas  de  personnalité  bien  définie.  Dans 
les  œuvres  si  nombreuses  qui  appartiennent  au  cycle  des 
enlumineurs  flamands,  dont  la  classification  est  à  peine 
ébauchée,  je  vois  deux  tendances  bien  distinctes  :  là,  c'est 
la  tradition  des  vieux  gothiques  qui  s'aflirme  avec  inten- 
sité; ici,  ce  sont  des  tentatives  en  vue  de  s'assimiler  les 
œuvres  en  vogue  de  la  Renaissance.  Aussi  résulte-t-il 
souvent  du  concours  de  ces  deux  éléments  des  mélanges 
plus  ou  moins  heureux.  Ce  qui  se  dégage  nettement  dans 
la  confusion,  c'est  la  peinture  de  genre  qui  allait  devenir  un 
des  apanages  des  écoles  flamande  et  hollandaise. 


(0  Je  reproduis  plus  loin  le  compte  des  diverses  sommes  qui  ont  été  accordées 
au  maouscripteur,  au  relieur  et  a  l'enlumineur.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de 
constater  quelles  sommes  ont  été  payées  pour  les  divers  travaux  qui  oui  été 
exécutés  au  missel.  Simon  Bening  toucha  pour  sa  part  10  livres,  somme  consi- 
dérable pour  l'époque. 

Lorsque  Bening  livra  des  portraits  de  souvera  ns  pour  orner  les  statuts  de  la 
Toison  d'or,  il  fut  convenu  qu'il  recevrait  a  vi  livres  pour  prix  de  chasenne 
figure,  y  comprins  leurs  armes  et  timbres  ». 


—  292  — 

A  mon  sons,  c'est  dans  leurs  études  d'après  nalure,  à 
savoir  :  dans  la  représentation  des  (leurs,  des  fruits,  des 
travaux  champêtres,  des  fêles  et  des  jeux  si  chers  à  nos  aïeux 
<|ue  ces  petits  maîtres,  résidant  surtout  à  Gaod  et  à  Bruges, 
ont  déployé  le  plus  de  talent  et  d'ingéniosité.  Aussi  ces 
créations  naïves  et  réelles  ont-elles  je  ne  sais  quel  charme 
qui  captive  le  plus  indiffèrent. 

L'école  ou  l'atelier  des  Bening  ne  pouvait  rester  étran- 
gère au  goût  si  vif  pour  le  paysage  qui  se  manifestait  chez 
ies  contemporains  de  II.  Blés  et  de  Palinier.  Maître  Simon 
en  particulier  s'est  élevé  en  cette  branche  à  une  perfection 
peu  commune.  Il  recueille  autour  de  lui  les  mille  éléments 
constituant  un  aspect  réel  et  il  se  plail  à  les  coordonner 
avec  un  tact  souvent  inconnu  de  ses  émules.  S'il  n'échappe 
pas  complètement  aux  conventions  et  aux  recettes,  on  doit 
reconnaître  cependant  qu'il  a  beaucoup  observé.  Aucun 
artiste  avant  lui  ne  s'était  appliqué  à  comprendre  et  inter- 
préter avec  plus  de  soin  la  slruclure  d'un  arbre  ni  à  en 
rendre  avec  plus  de  vérité  la  luxuriantecouronne.  Il  s'entend 
fort  bien  aussi  à  nous  présenter  des  fermes  ou  de  modestes 
métairies  avec  leurs  pittoresques  accessoires;  autre  part,  il 
nous  initie  aux  travaux  des  champs  ou  à  la  cullure  de  la 
vigne  jadis  si  florissante  dans  nos  contrées. 

Après  avoir  donné  tous  ses  soins  au  premier  plan  d'un 
paysage,  il  n'en  néglige  pas  le  fond  ;  i!  trouve,  chemin  faisant, 
le  moyen  de  semer  de  petites  merveilles  avant  de  peindre 
avec  la  délicatesse  de  louche  propre  à  sa  manière  les  buées 
qui  enveloppent  les  montagnes  de  l'arrière- plan. 

Bening  a  réussi  à  nous  montrer  la  nature  sous  ses  divers 
aspects  :  à  la  chaude  lumière  du  jour,  au  coucher  du  soleil, 


—  293  — 

dans  la  demi-obscurité  d'une  nuit  envahissanlc;  en  sommi  . 
il  a   réalisé  un  progrès  considérable.   Aussi,   peut-il  être 

regarde   dans  celte   voie    comme    un    initiateur.    Il   élait 
réserve  toutefois  aux  artistes  de  notre  époque  de  pou 
l'élude  de   la   perspective   aérienne   jusqu'à    ses    extrêmes 
limiles  et  de  rendre  tous  les  effets  de  lumière. 

On  connaît  suffisamment  les  essais  de  tous  genres  qui  ont 
dé  tentés  dans  cette  voie  par  les  paysagistes  modernes  el 
contemporains  pour  apprécier  le  mérile  de  ceux  qui  sont 
entrés  les  premiers  dans  la  carrière.  Ce  qui  caractérise 
avant  tout  le  paysage  du  maître  brugeois,  c'est  le  réalisme 
délieat  uni  à  la  grâce  naïve  des  anciens,  c'est  l'observation 
minutieuse  sans  sécheresse,  c'est  le  rêve  d'une  riante  imagi- 
nation sans  l'invraisemblance  qui  est  le  partage  de  tant 
d'œuvres  artificielles. 

J'aurais  mauvaise  grâce  à  placer  Simon  Dening  au  premier 
rang  parmi  les  artistes  flamands  du  xvie  siècle;  mais  ne 
suis-je  pas  en  droit  de  réclamer  pour  lui  une  place  auprès 
des  Blés  et  des  Palmier/ 

J'ai  longtemps  éprouvé  la  plus  grande  indécision  sur  la 
place  véritable  qu'il  fallait  assigner  à  cet  artiste  et  dans  quels 
rapports  il  se  trouvait  vis-à-vis  de  ses  contemporains  cl  i  n 
particulier  de  Gérard  David.  Ce  dernier  a  joué  un  rôle  pré- 
pondérant dans  l'école  brugeoise.  Elève  de  Mcmling,  il  donna 
à  son  tour  le  Ion  aux  peintres  de  son  époque;  mais,  d'autre 
pari,  Simon  élait  dans  sa  sphère  l'enlumineur  le  plus  fêlé. 

Examinons  la  question  des  rapports  entre  ces  deux 
artistes. 

L'importance  de  Gérard  David  s'est  tellement  accrue 
depuis  de  récents  travaux,  qu'on  doit  toujours  avoir  en  vue 


—  -294  — 

sa  personnalité  chaque  luis  que  l'on  éluilie  les  œuvres  de 
ses  émules  ou  de  ses  contemporains  brugeois.  Par  son  père 
Alexandre,  Bening  se  rattachait  à  l'ancienne  école  des  enlu- 
mineurs si  florissante  à  Gand  et  à  Bruges  et,  dès  son  enfance, 
il  a  dû  se  trouver  en  contact  avec  Gérard  David.  Aucun 
tableau  ne  montre  mieux  que  le  Crucifiement  de  ce  dernier, 
au  Musée  de  Berlin,  les  relations  qui  ont  existé  certai- 
nement entre  nos  deux  artistes. 

A  vrai  dire,  le  tableau  en  question  ne  porte  aucune  signa- 
ture et  n'est  connu  par  aucun  document,  néanmoins  je  ne 
crois  pas  qu'on  puisse  craindre  de  le  restituer  à  Gérard 
David.  Il  renferme,  en  effet,  assez  de  points  de  contact 
avec  des  œuvres  connues  de  ce  maître,  et,  pour  ma  part,  je 
n'hésite  pas  à  partager  à  cet  égard  l'avis  de  M.  Bode,  le 
savant  directeur  du  Musée  de  Berlin. 

Le  Christ  est  attaché  à  la  croix,  placée  non  de  face,  mais 
obliquement;  disposition  habile  qui  se  présentera  maintes 
fois  encore  chez  les  artistes  modernes.  Le  Christ  rappelle, 
à  n'en  pas  douter,  la  figure  analogue  de  la  miniature  de 
Dixmude;  mais  dans  le  tableau,  l'anatomie  est  mieux  com- 
prise, les  physionomies  ont  plus  de  finesse,  la  composition 
des  scènes  décèle  plus  de  ressources  et,  partant,  plus  de 
variété. 

Marie-Madeleine,  agenouillée  au  pied  de  la  croix,  semble 
jouer  un  rùle  accessoire.  Le  groupe  de  Marie,  de  saint  Jean 
et  des  saintes  femmes  est  très  bien  interprété,  Du  côté 
gauche  de  la  croix,  le  centurion  appuyé  sur  une  hallebarde 
s'entretient  avec  deux  soldats.  A  l'a  va  ni- plan,  sont  jetés 
un  crâne  et  des  ossements  humains,  et  un  chien  lèche  le 
sang  qui  tombe  du  corps  du  Sauveur.  Au  troisième  plan, 


PI.  II. 


Heui 


—  295  — 

des  soldais  et  des  cavaliers  se  dirigent  vers  la  ville  entourée 
de  murailles  crénelées,  dans  l'enceinte  de   laquelle  sont 

enlassés  des  monuments;  l'horizon  esl  fermé  par  (.k<  collines 
de  peu  d'élévation. 

11  est  manifeste  que  Simon  Bening  a  connu  l'œuvre  de 
Gérard  David  et  en  particulier  plusieurs  des  types  si  remar- 
quables du  tableau  de  Berlin;  d'autres  fois,  il  semble 
s'inspirer  de  Roger  Van  der  Weyden,  comme  le  prouvent 
plusieurs  des  miniatures  du  triptyque  Stein,  dont  il  sera 
bientôt  question. 

Si  aucune  nouvelle  recherche  ne  vient  infirmer  nos  con- 
clusions actuelles,  il  résultera  du  rapprochement  que  je 
viens  de  faire  que  Simon  Bening,  excellent  paysagiste,  doit 
être  rangé  pour  l'invention  parmi  les  arlistes  habiles  certes, 
mais  dépourvus  de  personnalité  nettement  accusée.  Il  a  puisé 
à  plusieurs  sources.  De  là  la  diversité  des  influences  qui  se 
révèlent  tout  particulièrement  dans  le  livre  d'Heures  de 
Ilennessy. 

De  même  qu'il  a  fait  des  emprunts  à  des  anciens  maîtres, 
comme  nous  le  verrons  bientôt,  il  a  pu  prendre  à  des 
artistes  de  retour  d'Italie  quelques-unes  de  leurs  éludes  les 
plus  caractéristiques.  D'autre  part,  rien  ne  s'oppose  à  ce 
qu'il  ait  visité,  lui  aussi,  la  péninsule  qui  apparaissait  déjà 
à  ses  contemporains  comme  la  terre  promise  des  arts. 

HEURES  DE  .NOTRE-DAME  DIT  DE  HENNESSY. 

Ce  manuscrit  constitue  un  des  plus  beaux  joyaux  de  la 
bibliothèque  de  Bourgogne. 
Ce  livre  a-l-il  en  réalité  appartenu  à  Jeanne  la  Folle? 


—  296  — 

Chronologiquement,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'il  ail  été  la 
propriété  de  celle  princesse,  qui  mourut  en  1555,  âgée  de 

75  ans,  longtemps  après  la  confection  du  livre  d'Heures. 
On  ne  possède  d'ailleurs  sur  le  propriétaire  probable  aucun 
renseignement  positif.  Il  existe,  à  vrai  dire,  une  inscription 
manuscrite  en  caractères  romains  non  sur  un  feuillet  de 
vélin,  mais  sur  le  feuillet  en  papier  qui  sert  de  garde  au 
livre  d'Heures. 

L'encadrement  du  feuillet,  grave  sur  cuivre,  représente 
une  bordure  marginale  ornée  de  fleurs  et  d'oiseaux.  L'inté- 
rieur de  la  page,  collé  après  coup,  porte  l'inscription  : 

Heures  de  Notre-Dame  a  l'usage  de  la  piuxcesse 
Jeanne,  comtesse  de  Flandre,  avec  miniatures  magnifiques. 

Je  comprends  que  dans  un  inventaire  on  indique  la  valeur 
ou  la  beauté  d'une  illustration,  mais  je  ne  sache  pas  qu'on 
ail  jamais  fait  un  en-lète  semblable.  L'inscription  décèle  dune 
une  main  moderne  pour  ne  pas  dire  contemporaine.  L'au- 
teur de  celte  étrange  inscription  se  sera  souvenu  en  la 
faisant  d'un  en-lète  de  quelque  livre  illustré.  D'autre  part,  le 
mot  miniature  n'était  pas  employé  autrefois.  On  se  servait 
du  mot  histoire  et  du  mot  vignette  pour  le  décor  accessoire. 

M.  Ch.  Bioult  de  Chénedolléa  consacré  à  ce  manuscrit 
une  étude  qu'il  intitule  (î)  :  Description  sommaire  d'un  livre 
d'Heures  de  M.  Dano,  manuscrit  latin  avec  miniatures 
exécuté  en  Flandre  au  commencement  du  \\i"  siècle. 

Cet  auteur  a  apporté  en  généra!   beaucoup  d'exactitude 

aux  indications  qu'il  est  parvenu  à  grouper.    En  effet,  il 

ml  sur  la  qualité  du  vélin,  la  dimension  et  le  nombre 

Bibliophile  belge,  pp.  369  el  suiv.,  t.  I\.  1852. 


—  207  — 

de  pages,  il  essaie  même  de  nous  éclairer  sur  le  caractère 
des  miniatures,  mais  il  ne  souffle  mot  de  l'ancien  proprié- 
taire. 

Le  nom  de  Jeanne,  mère  de  Charles-Quint,  eût  dû,  j'ima- 
gine, frapper  l'attention  de  M.  Bioult  de  Ghénedollé.  Il  y 
aurait  donc  lieu  de  considérer  l'inscription  comme  étant  de 
date  récente  et,  dans  l'hypothèse  la  plus  avantageuse,  l'écho 
affaibli  d'une  tradition. 

Au  surplus,  on  n'aperçoit  aucun  blason  qui  puisse  auto- 
riser l'attribution  dont  il  s'agit  (i).  Il  est  vrai  qu'une  lacune 
de  ce  genre  pourrait  provenir  de  la  disparition  de  quelque 
feuillet,  disparition  qui  remonterait  à  l'époque  où  le  manuscrit 
fut  relié  (\vme  siècle).  Je  dis  plus  :  pas  le  moindre  détail  ne 
contient  une  allusion  plus  ou  moins  éloignée  à  la  qualité  de 
la  personne.  Peut-être  le  manuscrit  a-t-il  été  la  propriété 
d'un  homme. 

En  effet,  dans  la  miniature  qui  représente  la  messe,  on 
remarque  un  homme  qui  semble  être  un  personnage  de 
qualité.  Quelquefois  le  propriétaire  du  livre  est  représenté 
de  telle  manière  qu'il  n'y  a  pas  de  doute  possible.  A  la 
bibliothèque  impériale  de  Vienne,  on  conserve  des  Heures, 
travail  flamand  fort  remarquable,  contenant  une  miniature 
d'un  grand  intérêt  :  une  dame  parée  de  ses  atours  est  figurée 
nu  premier  plan;  au  second  plan  se  développe  un  intérieur 
d'église.  D'autres  fois  le  propriétaire,  et  c'est  le  cas  le  plus 


(i)  Je  connais  dos  Heures  très  intéressantes (British  muséum  manuscrit  ÎT^SO) 
où  se  trouvenl  les  portraits  de  Jeanne  la  Folle  et  de  Philippe  le  Deau,  accompagnés 
de  leurs  armoiries.  Ce  manuscrit,  antérieur  au  livre  d'Heures  de  Rcnnessy,  esl 
inférieur  pour  l'exécution  a  celui  qui  in  occupe  h  sort  d'un  autre  atelier. 


—  298  — 

fréquent,  apparaît  agenouillé,  accompagné  de  ses  saints 
patrons. 

Le  livre  a  appartenu,  selon  toute  vraisemblance,  à  un 
grand  personnage;  mais  il  ne  peut  être  question  de  Jeanne 
la  Folle.  Feu  M.  Ruelens  ne  rejetait  pas  absolument  celte 
hypothèse.  «  On  a  émis,  dit-il  dans  son  étude  sur  les 
manuscrits  ayant  figuré  à  l'Exposition  de  1880,  l'opinion 
favorisée  par  quelques  indices  que  ce  document  de  l'art 
a  été  créé  pour  Jeanne  la  Folle.  En  tout  cas,  il  était  digne 
d'être  offert  à  celle  qui  fut  la  mère  de  Charles-Quint  »   (i). 

Dans  la  communication  que  M.  Ruelens  fit  six  ans  plus 
tard  au  Congrès  archéologique  de  Namur  (2),  il  désigna  le 
manuscrit  sous  le  nom  de  «  Henncssy  » .  Ce  qui  est  certain, 
c'est  qu'on  usait  indifféremment  tantôt  d'une  appellation, 
tantôt  d'une  autre.  De  mon  côté,  j'avais  adopté  ce  titre 
erronné  dans  une  communication  faite  à  l'Académie  d'ar- 
chéologie d'Anvers  en  1887,  alors  qu'il  ne  m'avait  pas  été 
donné  de  constater  l'inexactitude  de  cette  dénomination. 

(A  continuer.) 


(t)  fart  ancien  à  l'Exposition  nationale  belge,  MDCCCLXXXII. 
(î)  Annales  de  Ut  Fédération  archéologique  et  historique  de  Belgique,  t.  II, 
p.  50. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


Le  15  novembre  1891,  la  Commission  a  eu  le  regret  de 
perdre  un  de  ses  membres  les  plus  dévoués,  M.  Jean- 
Baptiste  Rousseau,  secrétaire  général  de  ce  Collège  et 
directeur  général  de  l'Administration  des  Beaux-Arts. 


RÉSUMÉ  DES  PROCÈS- VERBAUX. 


SÉANCES 
des  7,  21  et  28  novembre;  des  5,  12,  19  et  28  de'cembre  1801. 

— «*— 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Des  avis  favorables  ont  été  émis  sur  : 

1°  La  proposition  de  confier  à  M.  Leegenhoeck  la  restau-      Église 

•         '  °  d  Ooslkerko. 

ration   de  quatre  tableaux   qui   se   trouvent  dans  l'église    lab,canx- 
d'Oostkerke  (Flandre  occidentale); 
2°  Les  dessins  des  stations  du  chemin  de  la  croix  que      Église 

de  Curej(lioiii. 

Mme    de  Gault    est   chargée    d'exécuter    pour  l'église  de   .^"j,",. 
Cureghem  (Brabant); 
5°  Le  tableau  spécimen  d'une  des  stations  du  chemin  de     Égiisede 

,  .  h  >     !•  i       r»-  Biesme-Colomise. 

la  croix  à  exécuter  par  M.  Léonard  pour  1  église  de  Biesme-    ,  chemin 

•  ■  KJ  de  la  croix. 

Colonaise  (Namur); 


—  500  — 

I    Le  dessin  d'un  vitrail  à  placer  dans  l'église  de  Sainl- 
"vhïS"    Boniface,  à  Ixclles  (Brabant);  auteur  M.  A.  Verhaegen; 

b°  Le  dessin  d'une  verrière  à  exécuter  par  MM.  Stalins  et 
k.    Janssens  pour  la  chapelle  de  Saint-Luc.  à  l'église  de  Notre- 
Dame,  à  Anvers. 
Y*J&eté*.    —  Des  délégués  ont  examiné,  clans  l'atelier  de  M.  Primer), 
les  trois  tableaux  de  l'église  d'Yvcs-Gomezée  (Namur),  que 
cet  artiste  a  restaurés. 

Ces  tableaux,  qui  ne  manquent  pas  d'un  certain  mérite, 
sont  : 

1°  Une  grande  composition  de  3nM0  sur  2niCj  portant  la 
signature  D.  Bruyes  et  la  date  1612;  elle  est  peinte  sur 
bois  et  représente  le  Calvaire; 

2°  Une  allégorie  sur  la  Passion,  de  mêmes  dimensions 
que  la  précédente;  elle  est  peinte  sur  toile  et  est  l'œuvre 
de  C.  Herreyns; 

3°  L'Incrédulité  de  Saint-Thomas.  Cette  composition 
porte  la  signature  de  De  Pery;  elle  est  également  peinte  sur 
toile  et  mesure  ln,5o  sur  2m0S. 

Le  travail  du  peintre  restaurateur  consistait  dans  la 
remise  en  bon  état  de  ces  trois  œuvres  d'art  et  dans  le  ren- 
toilagc  et  le  renouvellement  des  châssis  des  deux  dernières. 
Les  délégués  sont  d'avis  que  M.  Prirn  -  -  acquitté  avec 
soin  de  ces  diverses  opérations  et  que  rien  ne  s'oppose  à  ce 
qu'une  suite  favorable  soit  donnée  à  celte  affaire. 

—  Des  dcléffués  avant  eu  à  se  rendre  à  Hooirslraelen, 

île  Miodei  *  "~ 

"'"  ont  profilé  de  ce  voyage  pour  examiner,  dans  l'église  de 
M inderhout  (Anvers),  le  tableau  qui  décore  le  maitre-aulel 
cl  qu'une  tradition  locale  attribue  à  Van  Dyck. 

Les  délégués  ne  pensent  pas  que  l'on  puisse  reconnaître 


—  501   — 

à  ce  tableau  l'origine  qu'on  lui  attribue.  En  tous  cas,  il  se 
trouve  en  très  mauvais  état;  la  toile  est  rongée  à  ses  extré- 
mités et  ne  lient  pour  ainsi  dire  plus  au  châssis,  et  les 
couleurs  sont  entièrement  ternies. 

Pour  autant  qu'il  soit  possible  d'en  juger  à  dislance,  celle 
œuvre  parait  avoir  un  mérite  suffisant,  pour  que  le  conseil 
de  fabrique  s'occupe  de  sa  restauration,  qui  est  devenue 
urgente.  Un  devis  estimatif  pourrait  être  demandé  ;i  c< 
fin  à  un  peintre  restaurateur. 

—  Des  délégués  ont  examiné,  le  18  décembre  1891,  les  ,    '-'^ 
peintures  murales  exécutées  par  M.  Canneel  dans  la  chapelle     îv'.'.'m1,, 

mm 

consacrée  à  Sainte-Catherine,  à  l'église  de  Sainte-Anne,  à 
Gand. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  le  travail  de  M.  Canneel  a  été 
effectué  avec  les  mêmes  soins  et  la  même  conscience  que  les 
autres  parties  de  la  décoration  de  l'édifice.  Il  y  a  donc  lieu  de 
liquider  les  subsides  promis  pour  cette  partie  de  l'entreprise. 

Il  ne  reste  plus  à  peindre  que  trois  chapelles,  et  la  troi- 
sième est  même  déjà  fort  avancée;  on  peut  donc  espérer 
voir  terminera  bref  délai  cette  entreprise  considérable,  dont 
la  réussite  paraît  dès  aujourd'hui  assurée. 

—  Les  mêmes  délégués  ont  examiné,  dans  l'atelier  de      r,i  .. 

i -Sauveur 

M.  Lybaert,  le  premier  des  deux  retables  peints  que  cet     ;\;;;;;ll; 
artiste  a  été  chargé  d'exécuter  pour  l'église  de  Saint-Sauveur, 
à  Gand.  Ce  retable  a  pour  sujet  principal  la  Présentation 
du  Christ  au  Temple. 

Les  délégués  n'ont  eu  que  des  éloges  à  adresser  à  l'artiste 
au  sujet  de  celte  œuvre  d'art  dont  la  réussite  est  complète 
tant  sous  le  rapport  de  la  composition  el  du  style  que  de  la 
perfection  et  du  fini  du  travail. 


—  502  — 

Il  y  a  lieu  conséquemmenl  de  liquider  les  subsides 
afférents  à  cette  partie  de  l'entreprise  de  M.  Lybaert. 

—  Des  délégués  ont  examiné,  dans  l'église  paroissiale 
d'Hoogslraeten  (Anvers),  deux  vitraux  restaurés  récemment 
par  M.  Capronnier  et  représentant,  celui  du  haut-cœur,  Josse 
de  Lalaing  et  sa  femme,  Bonne  de  la  Viefville;  celui  de  la 
chapelle  de  la  Sainte-Vierge,  Philippe  de  Habart  et  sa  femme, 
Antoinette  de  Lalaing. 

En  y  comprenant  la  verrière  dont  la  restauration  a  été 
approuvée  le  11  mai  1880,  le  travail  exécuté  à  ce  jour 
comporte  trois  vitraux  sur  les  sept,  formant  l'ensemble  de 
l'entreprise. 

Les  délégués  sont  d'avis  que  les  verrières  précitées  ont 
été  exécutées  avec  soin  et  qu'il  y  a  lieu  de  les  approuver. 

Les  délégués  ont  aussi  examiné  une  autre  verrière  exécutée 
par  M.  Capronnier,  au  moyen  de  dons,  et  représentant 
l'atelier  de  Saint-Joseph,  ainsi  qu'un  vitrail  exécuté  par 
MM.  Slalins  et  Janssens,  aux  frais  de  M.  Brosens,  bourg- 
mestre de  la  localité.  Ces  œuvres,  dont  les  projets  ont  été 
préalablement  adoptés,  peuvent  également  être  approu- 
vées. 

Les  délégués  ont  profité  de  l'occasion  pour  examiner  la 
situation  du  chœur  de  l'église.  A  la  suite  du  débadigeon- 
nage  de  la  voûte,  des  parois  et  des  colonnes,  il  est  résulté 
que  la  voûte  en  briques,  bien  appareillées,  est  devenue  appa- 
rente et  que  certaines  inégalités  dans  la  coloration  ont 
amené  une  situation  qu'il  convient  d'harmoniser  par  une 
légère  peinture  décorative. 

Le  conseil  de  fabrique  a  fait  faire  quelques  essais  aux 
encadrements  dos  fenêtres  et  aux  parois  du  chevet  afin  de 


Hospice 


—  Ô03  — 

les  soumettre  aux  délégués.  Ces  essais  ayant  paru  d'autant 
plus  satisfaisants  qu'ils  font  ressortir  la  riche  coloration  des 
vitraux  et  les  relie  en  quelque  sorte  entre  eux,  les  délégués 
sont  d'avis  de  les  poursuivre,  et  la  Commission  s'est  ralliée 
à  leur  manière  de  voir. 

—  A  la  demande  de  M.  Ch.  Samuel,  des  délégués  ont  u-ÀrXnncs. 

°  Ré- 

examiné,   dans   l'atelier  de  cet   artiste,   le    modèle  d'un 

bas -relief  destiné  à  l'entrée  de  l'hospice  d'Àrchennes 
(Brabant). 

Les  délégués  ayant  constaté  que  l'artiste  a  tenu  compte 
de  certaines  observations  qui  lui  avaient  été  faites  lors  d'une 
première  inspection,  la  Commission  est  d'avis  que  le  modèle 
nouveau  peut  être  approuvé  et  que  rien  ne  s'oppose  à  l'exé- 
cution définitive  de  l'œuvre. 

—  Un  délégué  s'est  rendu  à  Andrimont  (Liège)  à  l'effet  ,  I-Ii ^ 

0  \        o   s  d  Andrimont. 

d'examiner  les  travaux  de  restauration  exécutés  aux  plafonds     „™ 
armoriés  des  basses-nefs  de  l'église  paroissiale. 

Le  décor  de  ces  plafonds  se  compose  des  armoiries  de 
familles  notables  de  la  localité.  Exécuté  en  stuc  au  commen- 
cement du  siècle  dernier  —  l'un  des  plafonds  porte  la  date 
de  1719,  —  ce  travail  présente  un  certain  intérêt  au  point 
de  vue  du  style  décoratif  de  celte  époque. 

L'artiste  chargé  de  la  restauration  parait  avoir  respecté 
le  style  et  le  caractère  particulier  de  l'œuvre  primitive.  Son 
travail  peut  donc  être  approuve  cl  il  n'y  a  aucun  inconvé- 
nient à  liquider  le  subside  alloué  par  l'Etat  pour  l'exécution 
de  cette  entreprise. 

—  M.  Hambrcsin  ayant  été  chargé  de  reproduire  deux  Parc  de Laekon. 
groupes  en  pierre  de  Godecharle,  qui  décoraient  les  piliers 
d'entrée  du  pnre  de  Laeken  (Brabant),  des  délégués  se  sont 


~-  504;—] 

rendus  à  l'atelier  de  cet  artiste  pour  examiner  les  esquisses 
préparées  en  vue  de  celte  reproduction. 

Ces  esquisses  n'ont  guère  pour  but  que  de  déterminer  les 
attitudes  des  figures  qui  composent  les  groupes  et  de  com- 
pléter ceux-ci  ;  l'artiste  devra,  pour  la  reproduction  des 
groupes  mêmes,  se  conformer  aux  estampages  en  zinc  qui 
avaient  été  exécutés  d'après  les  œuvres  originales,  il  y  a  un 
certain  nombre  d'années,  mais  dont  plusieurs  fragments  sont 
perdus. 

Les  délégués  n'ont  eu  que  deux  observations  à  présenter 
à  l'artiste  au  sujet  de  ses  esquisses  :  la  figure  qui  termine  à 
gauche  le  premier  groupe  devra  être  posée  plus  de  proiil, 
conformément  aux  traces  existantes;  la  fiarurc  extrême  de 
droite  du  second  groupe,  dont  l'original  est  mutilé,  devrait 
avoir  le  bras  droit  levé  et  s'appuyer  sur  le  vase. 

A  part  ces  deux  observations  que  M.  Ilambresin  a  reconnu 
fondées  et  dont  il  s'est  engagé  à  tenir  compte,  l'artiste  a  été 
autorisé  à  procéder  au  moulage  des  fragments  conservés  et 
à  se  conformer  à  ses  esquisses  pour  le  complément  des 
groupes. 
Église  —  Un  délégué  a  examiné,  dans  l'atelier  de  M.  Van  Dvcke, 

Mit.  °  J 

s,i»jK?  'es  statuettes  du  jubé  de  l'église  de  Walcourt  (Namur),  que 
cet  artiste  a  débarrassées  des  couches  de  couleur  qui  y 
avaient  été  appliquées. 

L'opération   exécutée   à   ce  jour  comporte  huit  petites 
figures,  trois  grandes  et  cinq  groupes. 

Le  travail  de  M.  Van  Dycke  ayant  été  effectué  avec  soin, 
la   Commission  a  émis  l'avis  qu'il   pouvait  être   alloué  à 
l'artiste  un  acompte  proportionné  à  l'importance  des  ou- 
ges  faits. 


lu  l'Esvaillt 
.\  ivre. 


de  Niouport. 


—  305  — 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  approuve  : 

I"  Le  projet  relatif  à  l'agrandissement  de  l'hospice  Nevrau-     "< 
mont,  à  Saint-Jossc-ten-Noodc  (Brabant);  àiiul'& 

2°  Le  projet  d'agrandissement  de  l'hospice  de  l'Escaille,     îiogjj 
à  Wavre  (Brabant),  sous  la  réserve  que  dans  le  cours  de, 
l'exécution  des  travaux  il  sera  tenu  compte  des  observations 
présentées  par  la  Commission  médicale  du  Brabant  et  par 
RI.  l'architecte  provincial  adjoint;  architecte,  Van  Halen; 

5"  L'exécution,  au  bâtiment  des  Halles  de  Nieuporl 
(Flandre  occidentale),  de  divers  travaux  de  restauration  et 
d'appropriation; 

4°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  restauration  de  la  n  >  i  i.  i 

;i  Bruges. 

niche  monumentale  qui  orne  la  façade  de  l'ancien  hôtel  de 
Tiennes,  à  Bruges  (Flandre  occidentale). 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  a p [trouvés  : 

1°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à    c< »«»i " 

'       J  *  >>  cl  resti lion 

Ueule  (Flandre  occidentale);  architecte,  M.  Caretlc;  ,l"l"":i1""' 

2°  Le  projet  relatif  à  la  construction  d'un  presbytère  à 
Andenellc,  sous  Andcnnc  (Namur);  architecte,  M.  Ilérode; 
5°  Les  plans  du  presbytère  dont  la  construction  est  pro- 
jetée à  Sclcssin,  sous  Ougrée  (Liège);  architecte,  M.  Mon- 
seur; 

4°  Le  projet  d'agrandissement  du  presbytère  de  Heyst- 
op-den-Berg  (Anvers);  architecte,  M.  L.  Blomme; 


Eglise  de  B  erset. 


—     300    — 

8°  Le  projet  de  restauration  du  presbytère  de  Jamoigne 
(Luxembourg);  architecte,  M.  Henriquet; 

C°  Le  plan  des  dépendances  à  construire  au  presbytère 
d'Ohey  (Namur);  architecte,  M.  Léonard  ; 

7°  Le  devis  estimatif  de  divers  travaux  de  réparation  a 
exécuter  au  presbytère  de  Goltliem  (Flandre  orientale); 
architecte,  M.  Hosle. 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La   Commisssion  a   émis   des   avis   favorables   sur  des 
projets  relatifs  à  l'agrandissement  des  églises  : 
1°  De  Bierset  (Liège)  ;  architecte,  M.  Demany; 
Égii.cdc  Rondu.    2°  De  Rondu,  commune  de   Rcmagne  (Luxembourg); 
architecte,  M.  Cupper; 
Eg^e  5°  De  Swevezeele  (Flandre  occidentale).  Dans  l'intérêt 

de  Zwcvezcule. 

de  l'éclairage  de  l'édifice,  dont  la  largeur  est  considérable, 
il  conviendra  d'ouvrir  les  fenêtres  de  la  façade  principale, 
qui  sont  actuellement  boucbées,  ainsi  que  celles  de  l'abside. 
L'attention  de  l'architecte,  M.  Soete,  a  aussi  été  appelée  sur 
l'utilité  de  prendre  toutes  les  précautions  que  la  situation 
commande  pour  assurer  l'écoulement  des  eaux  pluviales  et 
l'enlèvement  des  neiges  entre  les  versants  des  toitures  i\ts 
nefs,  et  on  l'a  engagé  à  supprimer  les  croix  en  fer  projetées 
pour  quatre  des  pignons  de  la  façade. 
Ont  aussi  été  approuvés,  les  divers  projets  ci-après  : 
K^ii^e  1°    Achèvement   et   restauration   de   l'éslise  de   Sainl- 

■le  Saint-Pliolien,  ^ 

" Li'  '•  Pholien,  à  Liège,  sous  réserve  d'étudier  encore  la  flèche  de 
la  tour,  qui  ne  semble  pas  très  heureuse,  ainsi  que  le  petit 
clocher  de  la  croisée,  qui  n'a  pas  le  caractère  qui  convient 
à  un  édifice  religieux.   L'auteur,  .M.   l'architecte  Jamar,  a 


—  507  — 

aussi  clé  engagé  à  supprimer  la  galerie  simulée  qui  ligure 
au-dessus  de  la  porte  d'enlrée  de  la  façade  principale,  el 
pour  la  grille  de  clôture  de  l'édifice,  à  maintenir  la  traverse 
supérieure  en  dessous  des  petits  gables  des  montants  en 
pierre  au  lieu  de  pénétrer  dans  ces  gables  ; 
2°  Travaux  complémentaires  nécessités  par  la  reconslruc-      égiiic 

1  '  iint-nartiu, 

lion  du  vaisseau  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Saint-Trond  ;i  *3i"l-Troui'- 
(Limbourg);  architecte,  M.  Serrure; 

5°  Reconstruction  de  la  partie  supérieure  de  la  flèche  del;-1,:Cda)u,bu-v- 
l'église  de  Durbuy  (Luxembourg);  architecte,  M.  Verhas; 

1°  Agrandissement  des  dépendances  et  amélioration  des   d,EJ^k- 
dégagements  de  l'église  d'Ellerbeek  (Brabanl)  ; 

5°  Établissement  d'une  balustrade  au  jubé  de  l'église  de  de  ,§£„„, 
Quaremont  (Flandre  orientale); 

G0  El  enfin  les  dessins  d'objets  mobiliers   destinés  aux  Ameublement 

J  d'églises. 

églises  de  : 

Saint-Jean-Baptisle,  à  Tongres  (Limbourg)  :  deux  autels 
latéraux; 

Saint-Martin,  à  Courlrai  (Flandre  occidentale)  :  mailre- 
autel,  stalles  et  clôture  du  chœur; 

Jemappes  (Hainaut)  :  buffet  d'orgues; 

Brecht  (Anvers;  :  mailre-aulel  ; 

Sainte-Anne,  à  liamme  (Flandre  orientale)  :  mobilier 
complet. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Le  Collège  a  approuvé  : 

1°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  réparation  à  exécuter      É„lisc 
à  l'église  de  Wolkrange  (Luxembourg)  ;  architecte,  M.  Van-   ' 
dewyngaert; 


—  308  — 

:2°  Le  devis  estimatif  des  travaux  de  restauration  à 
effectuer  aux  toitures  et  aux  gouttières  de  l'église  d'Aslènc 
(Flandre  orientale)  ; 

5°  Le  nouveau  projet  relatif  à  la  restauration  de  l'église 
de  Grosage  (Hainaut);  architecte,  M.  Sonnevillc; 

i  Le  projet  de  divers  travaux  de  restauration  ci  d'appro- 
priation à  exécuter  à  l'église  cl  au  presbytère  de  Voilera 
i Lieue);  architecte,  M.  Taurel; 

5°  Le  projet  de  restauration  intérieure  des  trois  chœurs 
de  l'église  d'Oplinter  (Brabant);  architecte,  M.  Langerock  ; 

<)°  Le  projet  relatif  à  l'achèvement  delà  restauration  de 
l'église    d'IIastiôre- par-delà  (Namur);   archilecte,   M.  Van 
Assche  ; 
compi«         7    Le  compte  des  travaux  de  restauration  effectués  pen- 

je  travaux  '  l 


de 

n 
- 

métropolitaine  de  Saint-Rombaul,  à  RJalines  (Anvers). 


""  dant  le  troisième  trimestre  de  1891  au  vaisseau  de  l'église 


—  Des  délégués  ont  inspecté,  le  18  décembre  1801,  les 

de  >;iint-J  icqufiî,  0  ' 

àGai.u.  (j'avaux  de  restauration  en  voie  d'exécution  à  l'église  de 
Saint-Jacques,  à  Gand;  ils  ont  constaté  que  ces  ouvrages 
sont  exécutés  avec  soin  et  qu'ils  peuvent  être  approuvés. 
Il  y  a  donc  lieu  pour  l'Étal  de  liquider  une  partie  du  subside 
qu'il  a  promis  proportionnellement  à  la  dépense  faite  et  qui 
;i  atteint  le  chiffre  de  17,000  francs. 

£<    Secrétaire, 
A.  Massaux. 


Vu  en  conformité  de  l'article  2o  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellh.ns. 


NÉCROLOGIE 


La  mort  vient  de  creuser  un  nouveau  vide  au 
sein  du  Comité  directeur  du  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  d'art  et  d'archéologie. 

M.  Jean  Rousseau,  Directeur  général  des  Beaux- 
Arts,  des  Sciences  et  des  Lettres,  Secrétaire  général 
de  la  Commission  royale  des  Monuments,  Membre 
et  ancien  Secrétaire  de  notre  Comité,  est  décédé 
à  Ixelles  le  13  novembre  1891,  à  l'âge  de  &2  ans. 

Des  discours  ont  été  prononcés  à  la  maison  mor- 
tuaire, le  jour  des  obsèques,  par  MM.  de  Burlet, 
Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique; 
Henri  Hymans,  Direcleurde  la  classe  des  Beaux-Arts 
de  l'Académie  royale  de  Belgique,  dont  le  défunt 
était  membre  titulaire,  et  Wellcns,  Président  de  la 
Commission  royale  des  Monuments. 

Nous  reproduisons  ci -après  le  discours  de 
M.  Wellens. 


MiàMKÉàliaoi^^itMaliM^EPr3^ai  flFTÏZZZZZ 


Discours  prononcé  par  M.  WELLENS, 

Président    de    la    Commission    eoyale    des    Monuments. 


Messieurs, 

Je  viens,  au  nom  de  la  Commission  royale  des  iMonuments, 
rendre  aussi  un  dernier  et  suprême  hommage  à  la  mémoire 
de  Jean  Rousseau,  qui  en  fut  un  des  membres  les  plus  émi- 
nents  et  qu'une  mort  prématurée  a  enlevé  à  l'affection  de 
ses  collègues. 

En  entrant  aujourd'hui  dans  cette  demeure,  naguère  si 
heureuse,  tous  nous  nous  sommes  rappelé  qu'il  y  a  un  mois 
à  peine  nous  y  venions  pour  payer  un  juste  tribut  de  regrets 
à  la  mémoire  de  feu  M.  Rousseau,  père  de  notre  cher  et 
regretté  collègue,  et  tous  alors  nous  avons  emporté  cette 
pensée  consolante  que  le  chef  de  cette  honorable  famille 
avait  dû  éprouver  pendant  sa  longue  existence  un  sentiment 
d'orgueil  très  légitime,  en  se  voyant  entouré  de  ses  quatre 
fils,  jouissant  tous,  dans  les  carrières  diverses  qu'ils  avaient 
choisies,  de  l'estime  et  de  la  sympathie  générales;  mais, 
hélas!  cette  joie  si  réelle  n'aurait  pu  durer,  car  à  peine  le 
père  est-il  descendu  dans  la  tombe  que  la  mort  reparait 
dans  la  famille,  frappant  celle  fois  le  lils  aîné,  qui  méritait, 
à  tous  les  titres,  d'en  rester  longtemps  encore  le  chef  aimé 
et  honoré! 


—  511   — 

Jean  Rousseau  n'eut  pas  cette  joie,  quelque  digne  qu'il 
en  fût. 

Sa  vie,  chacun  le  sait,  a  toujours  été  une  vie  de  travail. 
Doué  de  facultés  intellectuelles  remarquables,  mises  en 
relief  encore  par  des  sentiments  de  droiture  et  d'extrême 
bienveillance,  Jean  Rousseau  se  livra  d'abord  à  des  études 
et  à  des  travaux  artistiques  ;  des  succès  réels  le  conviaient  à 
poursuivre  celle  voie,  mais,  entraîné  par  ses  talents  d'écri- 
vain, il  ne  tarda  pas  à  se  faire  remarquer  à  Paris,  où  il 
résidait  alors,  par  la  netteté  et  l'élégance  de  sa  pensée,  par 
la  clarté  et  la  justesse  de  ses  appréciations. 

Sévère  pour  lui-même,  il  était  indulgent  et  bienveillant 
pour  les  travaux  d'aulrui,  et  ses  avis,  alors  comme  plus  tard, 
ont  toujours  été  dictés  par  le  désir  d'encourager  ceux  qui 
le  mérilaient. 

Les  remarquables  qualités  de  Jean  Rousseau  le  signalèrent 
bientôt  à  l'attention  du  Gouvernement,  qui  chercha  à  les 
utiliser  dans  notre  pays.  En  18Ga,  feu  M.  Alphonse  Vanden- 
peereboom,  alors  Ministre  de  l'Intérieur,  lui  fit  offrir  les 
fonctions  de  secrétaire  général  de  la  Commission  royale 
des  Monuments,  devenues  vacantes  par  le  décès  de  Jules 
Dugniolle;  mes  relations  avec  Jean  Rousseau  datent  de  cette 
époque,  et  bientôt  elles  me  permirent  de  prévoir  qu'il  en 
deviendrait  un  des  membres  les  plus  compétents  et  les  plus 
distingués. 

Son  érudition  profonde  dans  toutes  les  matières  artistiques 
devait  naturellement  lui  ouvrir  un  champ  plus  vaste;  le 
Ministère  de  l'Intérieur  l'appela  à  remplir  successivement  les 
fonctions  de  directeur,  puis  celles  de  directeur  général  des 
Beaux-Arts.  Une  parole  plus  autorisée  que  la  mienne  a  rap- 


-.  I~~> 


pelé  les  services  qu'il  rendit  dans  ces  fondions  el  qui  lui 
valurent  les  distinctions  nombreuses  qu'il  a  recueillies  dans 
une  carrière  brillante  et  malheureusement  trop  courte. 

Quelque  grandes  et  flatteuses  qu'eussent  été  ces  distinc- 
tions, et  quelque  méritées  qu'elles  aient  été,  elles  ne  peuvent 
diminuer  la  douleur  profonde  que  cause  à  sa  famille  la  perte 
cruelle  qu'elle  vient  de  faire.  Elle  pleure  l'époux  et  le  père 
qu'elle  a  perdu,  et  notre  parole  est  impuissante  à  lui  offrir 
des  consolations.  Nous  ne  pouvons  que  nous  associer  à  sa 
douleur  et  pleurer  avec  elle  ! 

Mais  tous  nous  conserverons  le  souvenir  des  services 
nombreux  que  Jean  Rousseau  a  rendus,  el  nous  nous  rappel- 
lerons les  éminenles  qualités  qui  complétaient  son  caractère, 
toujours  également  sociable,  droit  et  sincère. 

Adieu!  Rousseau!  Ton  souvenir  restera  religieusement 
conservé  dans  le  cœur  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu,  car  le 
connaître,  c'était  t'apprécier  et  t'aimer.  Adieu! 


n 


JEAN  ROUSSEAU 


NOTES        BIOG-Pl-A.FTCIGi'CrES 


l,'lion>in vaut  que  par  les  services 

qu'il  rend. 
(Devise  de  J.  Rousseau.) 

La  rapidité  avec  laquelle  la  nouvelle  de  la  mort  de  Jean 
Rousseau  se  répandit,  non  seulement  en  Belgique,  mais  en 
France,  en  Angleterre,  en  Allemagne  et  jusqu'en  Russie, 
l'émotion  causée  par  cette  mort  parmi  les  artistes  comme 
parmi  tous  ceux  qui,  de  près  ou  de  loin,  s'intéressent  aux 
choses  artistiques,  le  ton  de  sincérité  des  regrets  exprimés 
par  toute  la  presse,  sans  distinction  de  partis  ni  d'opinions, 
prouvent  assez  l'importance  de  la  place  que  cet  homme,  — 
fils  d'un  humble  instituteur  de  province,  —  avait  su  conquérir 
dans  ce  monde  des  arts,  monde  international  composé  de 
l'élite  de  l'intelligence  humaine. 

Il  nous  paraît  qu'un  résumé  de  l'histoire  de  sa  vie  a  sa 
place  toute  indiquée  dans  ce  Bulletin,  auquel  il  apporta,  pen- 
dant plusieurs  années,  la  collaboration  tant  de  sa  plume  que 
de  ses  services  comme  membre  et  secrétaire  de  son  Comité 
de  rédaction. 


—  514  — 

Rousseau  était  ardennais,  —et  chacun  sait  que  la  stérilité 
du  sol  des  Ardennes  est  compensée  par  la  fécondité  morale 
de  ses  habitants  ;  l'agriculture,  ingrate,  ne  les  absorbant  pas, 
ils  se  tournent  vers  les  études  intellectuelles;  intelligents  et 
persévérants  —  entêtés  même  —  doués  en  général  d'une 
remarquable  faculté  d'assimilation,  —  combien  d'enfants 
cette  aride  province  du  Luxembourg  n'a-t-elle  pas  envoyés 
dans  des  milieux  plus  élevés  où  ils  rendent  d'éminents  ser- 
vices à  leur  pays,  —  tant  dans  les  arts  que  dans  l'industrie, 
dans  l'armée  que  dans  la  législature,  la  magistrature  ou 
l'administration  ! 

Le  père  de  Jean  Rousseau  était  issu  d'une  modeste 
famille  du  petit  village  de  Mogimont.  Il  arriva  au  poste  d'in- 
stituteur à  Marche,  où  son  fils  Jean  naquit  le  o  août  1829; 
marié  et  ayant  déjà  charge  de  famille,  il  étudia  seul,  et  par- 
vint à  se  faire  recevoir  géomètre  du  cadastre,  conducteur 
des  ponts  et  chaussées,  puis  inspecteur  des  constructions 
des  prisons.  Ces  diverses  fonctions  l'avaient  amené  avec  sa 
famille  de  Marche  à  Liège  et  enfin  à  Bruxelles. 

Modeste  et  patient  travailleur,  dont  le  souvenir  est  encore 
vivace  dans  tous  les  environs  de  Bouillon,  il  donna  à  sa 
patrie  quatre  fils,  —  quatre  fidèles  et  loyaux  serviteurs,  — 
et  c'est  grâce  à  lui  que  la  famille  Rousseau,  pour  reproduire 
une  parole  prononcée  récemment  par  un  député  de  celle 
province,  est  non  pas  respectée,  mais  vénérée  dans  le 
Luxembourg. 

Des  quatre  fils  dont  nous  venons  de  parler,  Jean  était 
l'ainé.  Son  père,  ne  possédant  aucune  forlunc  et  ne  voyant 
un  avenir  assuré  que  dans  l'administration,  lui  fit  entamer 
des  études  universitaires;  mais  les  aspirations  du  jeune 


—  315  — 

homme  l'entraînaient  d'un  tout  autre  côté;  aussi,  dès  la 
seconde  année  d'études,  abandonna-t-il  l'Université,  —  au 
grand  désespoir  de  ses  parents,  —  pour  se  livrer  entière- 
ment à  ses  goûts  pour  les  arts. 

II  travailla  quelque  temps  sous  la  direction  de  Navez; 
c'est  à  cette  époque  qu'il  fit  la  connaissance  de  jeunes 
artistes  avec  certains  desquels  ses  relations  se  changèrent 
bientôt  en  une  amitié  que  la  mort  seule  devait  rompre; 
Bouré,  le  sculpteur,  les  peintres  Smits  et  Van  Camp  for- 
maient avec  Rousseau  un  quatuor  d'amis  inséparables  ;  trois 
d'entre  eux  ont  disparu. 

Mais  la  pratique  de  l'art  ne  suffît  pas  longtemps  à  Jean 
Rousseau;  son  activité,  —  et  aussi  la  nécessité  de  se  pro- 
curer un  appoint  à  la  modeste  rente  que  lui  faisait  la  bourse 
paternelle,  —  le  poussèrent  vers  le  journalisme;  il  fut 
d'abord  attaché  à  t'Éioile  belge,  pour  laquelle  il  écrivit  des 
comptes  rendus  de  salons  et  des  critiques  théâtrales  ;  puis, 
s'élant  lié  d'amitié  avec  Louis  Hymans,  il  publia,  en  collabo- 
ration avec  ce  dernier,  sa  première  œuvre  littéraire  :  Le 
Diable  à  Bruxelles  (i). 

Les  deux  collaborateurs  étaient,  —  à  quelques  mois  près, 
—  du  même  âge;  nés  tous  deux  en  1829,  ils  avaient  à  cette 
époque  vingt-quatre  ans  ;  tous  deux  étaient,  pour  employer 
l'expression  d'Hymans,  d'illustres  inconnus;  leur  coup 
d'essai,  —  la  jeunesse  a  de  ces  audaces,  —  ne  devait  pas 
comporter  moins  de  quatre  volumes,  vendus  chacun  fr.  2-50. 

Ce  ne  fut  pas  sans  quelques  difficultés  qu'ils  menèrent 
à  bien  celle  ambitieuse  entreprise;  Louis  Hymans  a  spiri- 

(i)  Bruxelles,  librairie  po'ytechnique  d'Aiig.  Decq,  1853. 


—  516  — 

tuellement  raconté,  à  la  page  254  de  ses  Noies  et  Souve- 
nirs (i),  les  embarras  que  nos  jeunes  auteurs  eurent  à 
surmonter  au  début.  Enfin  le  proverbe  :  Audaces  forluna 
juval  eut  raison  une  fois  de  [dus;  le  succès  dépassa  leur 
attente  et  lança  définitivement  Rousseau  dans  la  carrière 
littéraire. 

Dans  le  second  volume  du  Diable  à  Bruxelles,  Rousseau, 
après  avoir  décrit  les  écoles  artistiques  de  la  capitale, 
regrette  que  de  jeunes  artistes,  faute  de  trouver  un  ensei- 
gnement conformée  leurs  aspirations,  étudient  à  l'aventure. 

«  A  quoi  tient,  dit-il,  ce  vagabondage  laborieux  des 
écoliers  bohèmes:' 

»  A  ceci,  qu'une  seule  école  leur  est  ouverte,  et  que  si 
»  l'enseignement  de  celle  école  heurte  leurs  goûts  ou  leurs 
»   idées,  ils  doivent  bien  avisera  se  tirer  tout  seuls  d'affaire. 

»  Ce  qu'il  faudrait  donc,  c'est  que  l'enseignement  artis- 
»  tique  rayonnât  sur  plus  de  points  à  la  fois,  c'est  que  plus 
»  de  guides  vinssent  s'offrir  aux  égarés,  c'est  que  plus  de 
»  mains  secourables  se  tendissent  vers  ceux  qui  errent  dans 
»  la  nuit,  ne  demandant  leur  roule  qu'à  leur  instinct  et  leur 
»   science  qu'à  leur  intuition. 

»  De  tant  d'artistes  de  talent  qui  habitent  Bruxelles, 
»  comment  se  fait-il  qu'à  l'exception  de  quelques  statuaires, 
»  il  n'y  en  ait  pas  un  qui  songe  à  ouvrir  un  enseignement 
»  particulier  et  gratuit  !  » 

On  le  voit,  dès  1853,  Rousseau  prêchait  les  idées  qu'il  n'a 
jamais  abandonnées  depuis  :  la  diffusion  de  l'enseignement 


(t)  Bruxelles,  Office  ie  Publicité,  a.-N.  Lehèguc  et  t  \  éditeurs,  1K7i;. 


—   ol/    — 


des  beaux-arts,  non  pas  uniquement  d'un  art  officiel,  acadé- 
mique et  immuable,  mais  de  l'art  suivant  les  aspirations, 
les  goûts,  les  idées  et  le  tempérament  particulier  de  chacun. 


*  * 


Grâce  au  succès  qui  accueillit  le  Diable  à  Bruxelles  et  à 
un  subside  de  500  francs  que  le  Gouvernement  lui  alloua 
à  litre  d'encouragement  littéraire,  Jean  Rousseau  se  trouva 
à  la  tète  d'un  petit  capital  qui  lui  permit  de  réaliser  enfin  le 
rêve  de  sa  jeunesse  :  le  voyage  de  Paris. 

La  grande  ville,  avec  les  incomparables  trésors  de  son 
Louvre,  ses  riches  musées,  ses  sculpteurs,  ses  peintres,  ses 
littérateurs  de  talent,  ce  vaste  milieu  artistique  auquel  il 
aspirait,  cette  vie  intellectuelle  intense  qui  s'accordait  si 
bien  avec  son  imagination  fougueuse,  l'attirait  irrésisti- 
blement. 

Il  partit  en  1851. 

Outre  le  mince  pécule  qu'il  emportait  de  Bruxelles,  il  se 
faisait  un  petit  revenu  par  les  correspondances  parisiennes 
qu'il  envoyait  à  l'Etoile  belge  et  à  ï Emancipation. 

A  celte  époque,  un  homme  dont  le  grand  cœur  égalait  la 
haute  intelligence,  qui  après  avoir  commencé  par  rédiger 
un  petit  journal  de  modes,  la  Sylphide,  était  arrivé  à  fonder 
l'un  des  journaux  les  plus  importants  du  monde  entier, 
—  j'ai  nommé  Villemessant  —  dirigeait  le  Figaro,  alors 
hebdomadaire. 

Habile  à  découvrir  les  hommes  de  mérite  inconnus  et  les 
talents  naissants,  Villemessant  ne  larda  pas  à  remarquer  les 
Correspondances  parisiennes  dont  nous  avons  parlé,  et 
résolut  aussitôt  de  s'attacher  leur  auteur.  Il    lui   proposa 


—  518  — 

d'entrer  à  la  rédaction  du  Fvjaro,  moyennant  les  appoin- 
tements annuels  de  G, 000  francs,  offres  brillantes  qui  furent 
acceptées  avec  enthousiasme. 

Disons  tout  de  suite  qu'une  vive  sympathie  ne  tarda  pas 
à  s'établir  entre  ces  deux  hommes,  sympathie  telle  que 
Villemessant  répéta  en  plus  d'une  circonstance  :  «  Si  j'avais 
une  troisième  fille,  je  la  donnerais  à  Rousseau  ».  Mais  ses 
deux  filles  étaient  mariées;  elles  avaient  épousé  des  hommes 
—  Bourdin  et  Jouvin  —  dont  tous  les  gens  de  lettres  ont 
gardé  le  pieux  souvenir. 

Grands  cœurs,  comme  leur  père,  elles  éprouvèrent  bientôt 
pour  son  jeune  collaborateur  une  affection  toute  fraternelle, 
que  la  mort  même  n'a  pas  éteinte. 

Le  nouveau  rédacteur  du  Figaro  publia  dans  ce  journal 
nombre  de  nouvelles  à  la  main  —  piquantes  fantaisies  où  son 
esprit  satirique  et  observateur  se  donna  libre  carrière  — 
et  des  Salons,  qui  établirent  bientôt  solidement  sa  réputation 
d'esthète  et  de  littérateur. 'Dès  1861,  le  Journal  des  Débals 
mentionnait  ses  travaux  de  critique  d'art  avec  les  appré- 
ciations les  plus  élogieuses. 

Vers  la  même  époque,  il  réunissait  en  deux  volumes 
diverses  nouvelles,  —  croquis  de  mœurs  spirituellement 
enlevés,  —  et  publiait  Paris  dansant,  en  1861,  et  les  Coups 
d'épée  dans  l'eau,  en  1863. 

Ajoutons  que  dans  l'enlrefaite,  Rousseau  s'était  marié. 


Cependant,   la  réputation  de  cet  enfant  de  la  Belgique, 
arrivé  à  se  faire  une  position  en  vue  dans  la  haute  presse 


—  3MJ  — 

française,  attira   l'attention  du   Gouvernement  belge,   qui 
songea  à  utiliser  ses  services. 

M.  Alphonse  Vandenpeereboom,  Ministre  de  l'Intérieur, 
lui  confia,  en  mars  18G2,  une  mission  de  recherches  sur  les 
œuvres  de  peintres  flamands  dispersées  en  Italie. 

Les  résultats  de  ce  voyage  d'investigations  ne  déçurent 
pas  l'attente  du  Ministre  :  quelque  temps  après  avoir  pris 
connaissance  du  rapport  que  Jean  Rousseau  lui  adressa  au 
sujet  de  la  mission  qu'il  avait  remplie,  il  lui  fit  l'honneur  de 
lui  offrir  les  fonctions  de  secrétaire  de  !a  Commission  royale 
des  monuments,  que  le  décès  de  M.  Jules  Dugniolle  venait 
de  laisser  vacantes. 

Bien  qu'à  ce  moment  sa  position  fût  assurée  et  que 
M.  Blaze  de  Bury,  beau-frère  de  M.  Buloz,  lui  fit  précisé- 
ment alors  des  ouvertures  en  vue  de  l'attacher  à  la  rédaction 
de  la  Bévue  des  Deux-Mondes,  Rousseau  n'hésita  pas  à 
abandonner  tout  pour  mettre  ses  capacités  au  service  de  sa 
patrie. 

Ainsi  que  M.  Vandenpeereboom  le  déclara  lui-même  en 
pleine  Chambre  des  Représentants,  au  cours  de  la  séance 
du  51  mars  1871 ,  c'est  sur  sa  demande  que  Rousseau  quitta 
Paris  pour  revenir  se  fixer  définitivement  en  Belgique,  en 
mai  186o. 

J'insiste  sur  celte  date. 

Un  des  nombreux  journaux  qui  lui  ont  consacré  une 
notice  nécrologique,  a  dit  qu'il  avait  quitté  la  France  à 
l'époque  de  la  guerre  de  1870. 

Celle  erreur  —  faite  certainement  sans  aucune  arrière- 
pensée  —  pourrait  cependant  donner  à  croire  que  Rousseau, 
après  avoir  vécu  de  la  France  pendant  dix-sept  ans,  l'aban- 


--  520  — 

donnait  à  l'heure  du  danger;  rien  n'eût  clé  moins  dans  son 
caractère.  S'il  se  fût  trouvé  à  Paris  en  1870,  il  n'eût  pas 
hésité  à  prendre  les  armes  pour  sa  seconde  patrie;  la  vérité 
est  que,  lor.-qu'éclata  la  guerre,  il  y  avait  cinq  années  qu'il 
était  rentré  dans  son  pays,  et  les  familles  de  ses  amis  de 
France  qui,  chassées  par  l'invasion,  passèrent  en  Belgique 
l'année  terrible,  n'ont  certes  pas  oublié  le  cordial  accueil 
qu'elles  trouvèrent  dans  sa  petite  maison  d'Ixelles. 

Les  recherches  sur  les  artistes  belges  faites  par  Rousseau 
en  Italie  n'avaient  été  que  le  début  d'un  travail  considé- 
rable qu'il  poursuivit  en  Espagne,  où  il  fil  un  assez  long 
séjour  en  1867. 

Le  rapport  qu'il  adressa,  lors  de  son  retour,  au  Ministre 
de  l'Intérieur,  lui  valut,  de  la  part  de  M.  Vandenpeereboom, 
une  lettre  dont  nous  copions  ici  les  premiers  paragraphes  : 

Bruxelles,  le  6  décembre  1867. 

Monsieur, 

Par  la  lecture  eie  l'intéressant  rapport  que  vous  m'avez  adressé  le 
19  novembre  dernier,  sur  les  résultats  de  votre  voyage  en  Espagne, 
j'ai  pu  me  convaincre  que  vous  avez  rapporté  de  cette  excursion 
des  impressions  dont  une  analyse  méthodique  dans  un  livre  définitif 
sera  de  nature  à  jeter  un  nouveau  jour  sur  l'histoire  de  l'art 
flamand. 

Il  est  à  désirer  maintenant  que  ce  livre  que  vous  vous  êtes 
engagé    à  produire,    puisse   être   livré   à  une    publicité   prochaine. 

L'ouvrage  parut  peu  après  dans  le  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  d'art  et  d'archéologie  (i)  sous  le  titre  :  Les 
Peintres  flamands  en  Espagne. 

m)  Tmiio  vi  (1867),  page 316. 


—  5:21  -- 

Après  une  intéressante  description  des  œuvres  de  nos 
compatriotes  conservées  à  Madrid,  au  palais  de  l'Escurial, 
à  Valladolid,  Tolède,  Grenade,  etc.,  l'auteur  révèle  la 
découverte,  à  Séville,  de  deux  maîtres  flamands  complète- 
ment inconnus  chez  nous,  bien  que  l'un  deux,  Pedro 
Campana,  élève  de  Michel-Ange  et  artiste  de  tout  premier 
ordre,  fût  revenu,  en  1580,  mourir  à  Bruxelles,  où  il  était 
né  en  1505. 

En  1867  encore,  le  même  Bulletin  insérait  (page  530) 
une  étude  sur  les  anciennes  portes  de  Berchem  et  de  Bor- 
gerhout,  à  Anvers,  dont  la  démolition  venait  de  provoquer 
une  controverse  animée  dans  la  presse. 

Le  15  octobre  18G8,  Jean  Rousseau  recevait  le  titre  de 
membre  effectif  de  la  Commission  royale  des  monuments. 

Nommé  secrétaire  général  du  Congrès  de  l'enseignement 
du  dessin,  secrétaire  cl  rapporteur  du  jury  des  Académies, 
il  rédigea  en  cette  qualité  un  rapport  qui  est  tout  un  livre, 
et  qui,  adopté  par  acclamations  à  l'unanimité  du  jury,  servit 
depuis  lors  de  base  à  la  réorganisation  de  notre  enseignement 
artistique. 

Il  publiait  l'année  suivante  un  nouveau  souvenir  de  son 
voyage  d'Italie  :  Le  Campo-Sa?i(o  de  Pise. 

Le  4  août  de  cette  même  année  1869,  un  arrêté  royal  lui 
conférait  la  chaire  d'esthétique  et  de  littérature  générale  à 
l'Académie  des  Beaux-Arts  d'Anvers. 

Les  notes  qu'il  écrivit  en  vue  de  ces  deux  cours,  et  qui 
comportaient  l'histoire  de  l'art  de  toutes  les  époques,  avec 
les  conclusions  esthétiques  qui  s'en  dégagent,  forment  six 
gros  volumes  manuscrits,  ne  comprenant  pas  moins  de 
quatre  mille  pages. 


—  522  — 

Lorsqu'éclata  la  guerre,  Rousseau  ouvrit  sa  maison  aux 
l'amilles  de  ses  amis  de  France  et  lorsque,  après  Sedan,  les 
chefs  de  ces  familles  vinrent  rejoindre  à  Bruxelles  leurs 
femmes  et  leurs  enfants,  la  petite  maison  de  la  rue  Van  Aa 
vit,  presque  chaque  soir,  une  réunion  d'artistes  et  de  litté- 
rateurs distingués. 

C'étaient  des  gens  de  lettres  :  M"'c  Robert  Hait.  Furpille; 

des  peintres  :  Laugée,  Couturier,  Carlier,  ce  borain  devenu 

français  d'adoption Ceux  qui  survivent  ont  certes  gardé 

le  souvenir  de  ces  bonnes  soirées  pendant  lesquelles  l'intérêt 

de  la  causerie  faisait,  pour  quelques  heures,  oublier  tout  — 

jusqu'aux  malheurs  de  la  patrie  mise  à  feu  et  à  sang! 

* 
*  * 

En  1870  parut,  toujours  dans  notre  Bulletin  (i),  une 
nouvelle  élude  intitulée  :  L' Espagne  monumentale  et  quel- 
ques architectes  flamands. 

Depuis  son  départ  de  Paris,  Rousseau  n'avait  pas  aban- 
donné le  journalisme;  outre  quelques  éludes  publiées  dans 
la  Revue  de  Paris,  la  liccue  française,  la  Gazette  des 
Beaux-Arts,  etc.,  il  faisait  la  critique  d'art  dans  CÉcho  du 
Parlement,  parmi  les  rédacteurs  duquel  il  avait  retrouvé  son 
ancien  collaborateur  et  ami,  Louis  ïlymans. 

Ce  fut  dans  ce  journal  qu'il  soutint  la  fameuse  polémique 
des  o  petits  Fritz,  »  affaire  tapageuse  que  nul  artiste  n'a  pu 
oublier,  qui  valut  au  révélateur  du  truc  plusieurs  ennemis, 
—  parmi  lesquels  d'anciens  amis  intimes,  —  mais  aussi  qui 
mit  son  nom  tellement  en  lumière  que,  lorsqu'on  1877,  la 
mort  inopinée  d'Adolphe  van  Soust  laissa  vacante  la  Direc- 

(e  Tome  IX,  p.  536. 


ôVù    — 


lion  des  Beaux-Arts,  le  Ministre  M.  Delcour  n'hésita  pas  à 
le  proposer  pour  ce  poste  d'honneur. 

Rousseau  était,  depuis  le  5  juillet  1873,  secrétaire  général 
de  la  Commission  royale  des  Monuments  ;  il  venait  de  faire 
paraître  un  ouvrage  extrêmement  intéressant  et  dont  la 
place  est  marquée  dans  les  bibliothèques  de  tous  les  établis- 
sements d'enseignement  des  Beaux-Arts  ;  il  l'avait  intitulé  : 
Types  grecs  et  types  modernes  comparés  pour  servir  à 
l'étude  de  Cantique. 

Rien  de  clair  et  de  pratique  comme  ces  comparaisons. 
Sur  une  môme  page,  l'auteur  place  des  croquis,  —  dessinés 
par  lui-même,  —  de  figures  antiques  et,  en  regard,  de 
figures  modernes  Ci)  de  pose  ou  de  caractère  analogues;  en 
quelques  mots  simples  et  concis,  il  souligne  les  différences 
et  en  tire  des  conclusions  plus  irréfutables  que  les  arguments 
les  mieux  développés. 

Ce  fut  sa  dernière  œuvre  comme  professeur  à  l'Académie 
des  Beaux-Arts  d'Anvers;  car  il  abandonna  sa  chaire 
d'esthétique  en  même  temps  que  la  rédaction  de  l'Écho  du 
Parlement  lorsqu'il  fut  appelé  à  la  Direction  des  Beaux-Arts. 

Il  ne  se  faisait  pas  d'illusions  sur  les  charges  de  celte  nou- 
velle position;  il  les  exposa  en  peu  de  mots  dans  un  passage 
du  discours  qu'il  prononça  aux  funérailles  d'Adolphe  van 
Soust  de  Borkenfeldt;  voici  ce  passage  : 

«  On  connaît  les  difficultés  spéciales  du  service  qui  lui 
était  confié.  Obligée  de  traiter  des  questions  d'organisation 
et  de  systèmes,  dont  plusieurs  resteront  toujours  contro- 
versées, fonctionnant  au  milieu  des  rivalités  des  talents  et 

(i)  Modernes  par  rapport  aux  antiques,  bien  entendu. 


—  ô-2'i   — 

du  conflit  des  amours-propres,  l'administration  des  Beaux- 
Arts  constitue  une  tâche  d'une  nature  particulièrement  déli- 
cate. On  ne  saurait  espérer  d'y  rallier  toutes  les  sympathies. 
On  ne  peut  que  tâcher,  ù  force  de  bonne  foi  et  de  bon  vou- 
loir, de  forcer  au  moins  l'estime  de  tous.....  » 

Ce  fut  sa  règle  de  conduite;  il  ne  s'en  départit  jamais,  et 
l'on  peut  dire  que,  s'il  trouva  des  détracteurs,  il  n'est  pas  un 
de  ses  ennemis  dont  l'estime  ne  lui  fût  acquise. 

Plus  loin,  dans  le  même  discours,  il  dit  encore  : 

«  L'homme  était  une  nature  droite Tout  talent,  si 

ignoré  qu'il  fût,  était  sûr  de  l'appui  de  van  Soust;  et  je 
n'entends  pas  par  là  an  appui  simplement  administratif;  il 

y  ajoutait  son  dévouement  personnel,  celui  de  ses  proches 

Il  faisait  des  mécontents  :  quel  fonctionnaire  n'en  fait  pas:' 
La  vivacité  naturelle  de  son  caractère,  contenue  par  beau- 
coup de  discrétion  et  de  réserve,  avait  ses  échappées  et  eût 
pu  lui  créer  des  ennemis;  sa  bonne  foi  évidente  les  ramenait. 
Il  était  la  loyauté,  la  conscience  même;  on  le  savait.  Ses 
scrupules  délicats  auraient  craint  à  un  égal  degré  de  favo- 
riser ceux  qu'il  aimait  et  de  léser  ceux  qu'il  n'aimait 
pas » 

Remplacez  le  nom  de  van  Soust  par  celui  de  Rousseau, 
il  n'est  pas  un  mot  de  cet  éloge  qui  ne  trouve  ici  sa  juste 
application. 

Il  eut  ses  ennemis;  cela  ne  pouvait  manquer.  Plusieurs 
l'attaquèrent  violemment  et  quelques-uns  de  parti-pris. 
Cœur  d'or  sous  des  dehors  parfois  un  peu  brusques,  il  souf- 
l'r.iit  intérieurement  des  méchancetés  et  des  ingratitudes, 
mais  jamais  une  pensée  de  vengeance  n'eût  trouvé  place 
dans  son  esprit. 


—  52;;  — 

En  même  temps  qu'elle  le  forçait  à  abandonner  l'ensei- 
gnement artistique  et  le  journalisme,  sa  nomination  à  l'ad- 
ministration des  Beaux-Arts  venait  interrompre  la  publi- 
cation commencée  dans  le  Bulletin  des  Commissions  royales 
d'art  et  d'archéologie,  de  son  Histoire  de  la  sculpture 
flamande  et  wallonne  du  xie  au  xixe  siècle;  travail  considé- 
rable, en  vue  duquel  il  rassemblait  patiemment  des  maté- 
riaux depuis  nombre  d'années  et  dont  quelques  pages 
seulement  furent  publiées  (1). 

Il  avait,  en  1877  également,  succédé  à  van  Soust  dans 
les  postes  de  secrétaire  général  de  la  Commission  des 
échanges  internationaux  et  de  secrétaire  du  Comité  directeur 
du  présent  Bulletin;  il  se  démit  de  cette  dernière  attribution 
en  1888. 

Ces  différentes  fonctions,  jointes  à  la  besogne  absorbante 
de  l'administration,  ne  lui  laissèrent  bientôt  plus  le  temps  de 
classer  et  de  rédiger  ses  volumineuses  notes,  et  celles-ci, 
fruits  cl  éludes  approfondies,  de  minutieuses  recherches,  d'un 
labeur  long  et  acharné,  sont  peut-être,  comme  plusieurs  de 
ses  manuscrits  en  préparation,  destinées  à  ne  jamais  voir  le 
jour! 

Deux  ans  après  son  entrée  à  la  Direction  des  Beaux-Axis, 
Rousseau  était  appelé  à  collaborer  à  l'organisation  des  fêtes 
du  Cinquantenaire  de  notre  indépendance;  il  retrouva  là 
encore  son  ancien  camarade  Hymans,  avec  qui  il  fit  le 
projet  de  la  Cavalcade  historique,  dont  chacun  se  rappelle 
l'immense  succès. 


(i)  Voir  le  Bulletin,  tomes  XII,  p.  396,  —  XIII,  |).  125,  -  XIV,  p.  331,  — 
XV,  p.  176,  et  XVI,  p.  19. 


—  326  — 

Il  avait  organisé  aussi,  à  celle  occasion,  l'Exposition 
rétrospective  de  l'art  belge,  au  Palais  des  Beaux-Arls,  et 
celle  des  anciennes  industries  d'art,  au  Palais  du  Cinquan- 
tenaire. Il  avait  enfin  jeté  les  bases  de  ce  merveilleux  Musée 
des  échanges,  source  généreuse  à  laquelle  nos  jeunes  artistes 
puisent  à  l'infini  les  précieux  enseignements  de  leurs  an- 
cêtres de  toutes  les  époques  et  de  tous  les  pays. 

* 

*  * 

Rousseau  avait  conçu  le  projet  d'une  suite  d'études  sur 
les  maîtres  anciens  et  modernes;  c'est  dans  cet  ordre 
d'idées  qu'il  publia,  en  1884,  une  biographie  de  Corot  (1), 
dont  nous  transcrivons  ici  la  remarquable  conclusion  : 

«  Je  résumerai  toutes  mes  impressions  en  un  mot.  Corot, 
le  dernier  poète  du  paysage,  Corot,  le  dernier  styliste, 
Corot  est  ce  qu'avaient  rêvé  de  devenir  ses  maîtres  Michal- 
lon  et  Bertin,  Corot  est  un  Grec! 

»  Il  l'est  par  la  sobriété  de  son  exécution,  par  le  choix 
sévère  et  exquis  du  détail,  par  l'admirable  logique  de  l'or- 
donnance, par  l'exacte  proportion  et  le  partait  dosage, 
dirai-je,  de  tous  les  éléments  qui  entrent  dans  son  tableau. 
Il  l'est  encore  par  sa  façon  constante  de  généraliser...  de 
chercher  le  type,  de  faire  le  fleuve,  le  bois,  le  matin,  le  soir 
et  non  tel  petit  site  ou  tel  petit  effet 

»  Vous  en  voulez  à  ces  paysages  divinement  élégants 
d'être,  comme  vous  dites,  inachevés,  bâclés?  Il  en  va  abso- 


(ij  Bibliothèque  d'art  moderne   Paris,  Librairie  de  l'Art,  J.  Rouaui,  éditeur, 
1884. 


—  327  — 

lument  de  même  des  adorables  figures  qui  courenl  autour 
des  vases  grecs.  Ce  n'est  qu'un  contour  rapide,  galopé, 
souvent  incorrect:  l'artiste  les  a  jetées  comme  en  courant 
sur  l'argile  humide;  et  pourtant  elles  triomphent,  elles 
brillent  à  l'égal  des  marbres  de  Phidias  et  de  Praxilèles,  et 
aucune  des  créations  les  plus  savantes  et  les  plus  travaillées 
de  l'art  n'en  a  jamais  atteint  la  grâce  improvisée.  » 

Un  an  plus  tard,  en  1883,  parut  une  étude  très  complète 
sur  Hans  Holbein  (1),  et  Rousseau  concluait  en  définissant 
ainsi  son  génie  : 

«  Il  est,  entre  tous  les  portraitistes,  celui  qui  arrache 
avec  le  plus  d'autorité  leur  secret  aux  masques  immobiles, 
qui  fait  parler  le  plus  distinctement  les  regards  muets,  les 
bouches  fermées,  et  qui  affiche  le  plus  impitoyablement  les 
caractères,  les  âmes,  les  vies  sur  les  visages.  » 

Ces  deux  extraits  peuvent  donner  une  idée  de  la  manière 
de  Jean  Rousseau  comme  écrivain;  il  expose  méthodique- 
ment son  sujet,  point  par  point,  pour  arriver  graduellement 
à  une  conclusion  nette  et  concise  dans  laquelle  il  condense, 
en  quelques  mots,  la  synthèse  des  arguments  qu'il  a  mis 
successivement  sous  les  yeux  du  lecteur. 

Celte  série  d'études  biographiques  se  continue,  en  1887, 
par  une  notice  sur  Fra  Beato  Angelico ;  il  en  donna  lecture, 
avec  grand  succès,  à  la  classe  des  Beaux-Arts  de  l'Aca- 
démie de  Belgique,  qui  lui  avait  conféré,  le  6  janvier  de 
celte  année,  le  titre  de  membre  correspondant. 

Il  fut  élu  membre  titulaire  de  ce  corps  savant  en  1888  et 
lui  donna  peu  après  une  seconde  lecture,  une  élude  sur 

(»)  Bibliothèque  d'art  ancien.  Paris,  même  librairie,  188o. 


—  323  — 

Léonard  de  Vinci,  qui  reçut  le  même  accueil  sympathique 

que  la  première. 

Enfin,  sa  dernière  publication  fut  une  étude  sur  Dona- 
tello,  qui  parut  dans  ce  Bulletin  en  1889  (i). 

# 

L'œuvre  capitale  de  Rousseau  fut  le  Musée  des  Arts 
décoratifs,  complément  grandiose  du  Musée  des  échanges, 
qu'il  créa,  on  peut  le  dire,  avec  la  collaboration  d'un  homme 
dont  il  s'honorait  d'être  l'ami,  l'illustre  architecte  Alphonse 
Balat,  dont  la  science,  le  goùl  et  le  talent  lui  inspiraient 
autant  d'estime  que  d'admiration. 

L'organisation  de  ces  musées,  qui  devraient  mériter  à 
leurs  créateurs  la  reconnaissance  de  tous  les  artistes  du  pré- 
sent et  de  l'avenir,  si  elle  fut  le  digne  couronnement  d'une 
carrière  uniquement  consacrée  au  culte  des  Beaux-Arts,  ne 
laissa  pas  que  de  contribuer  à  en  précipiter  la  fin. 

Surmené,  épuisé,  perdu  enfin,  Jean  Rousseau  dut  se 
résigner  à  prendre  quelque  repos  et  à  chercher,  dans  une 
cure  au  bord  de  la  mer,  le  rétablissement  des  forces  qu'il 
sentait  lui  échapper  ;  mais  il  était  trop  tard  ;  l'esprit  avait  tué 
la  matière,  l'activité  intellectuelle  avait  anéanti  le  corps, 
et  quand,  le  50  septembre  1891,  la  mort  d'un  père  pour 
lequel  il  professait  un  véritable  culte  vint  le  frapper  au  plus 
profond  du  cœur,  la  douleur  ne  trouva  plus,  dans  ce  pauvre 
corps  usé,  aucune  force  de  résistance. 

Quinze  jours  après  nvoir  perdu  son  père,  Rousseau 
se  incitait  au  lit;  un  mois  durant,  il  supporta  avec  une 

(i)  Tome  XWIII,  p.  527. 


-  329  — 

admirable  résignation  les  attaques  d'une  maladie  cruelle  et 
implacable;  enfin,  le  13  novembre  1891,  après  des  alter- 
natives d'espoirs  insensés  et  d'angoisses  affreuses,  sa  femme 
et  ses  enfants  pleuraient  sur  son  cadavre. 

Alors  se  produisit  cette  touchante  manifestation  de  la 
presse,  belge  ou  étrangère,  qui,  déposant  tout  sentiment  de 
haine  ou  de  partialité,  laissant  parler  librement  l'estime  et  le 
respect  que  la  cordialité,  la  parfaite  loyauté  en  même  temps 
que  l'érudition  profonde  de  l'homme  lui  avaient  conquis  de 
toute  part,  vint  dans  un  élan  unanime  lui  apporter  son  tribut 
de  regrets  sincères  et  jeter  sur  le  lit  du  mort  les  louanges 
et  les  couronnes  si  bien  méritées  qu'elle  avait  parfois  refusées 
au  vivant. 

Un  journal,  après  avoir  rappelé  que  le  Palais  des  Beaux- 
Arts,  le  Square  du  Petit-Sablon,  les  Musées  des  échanges  et 
des  Arts  décoratifs  se  firent  sous  la  direction  de  Rousseau, 
ajoutait  :  «  Cela  seul  suffirait  à  ennoblir  la  vie  du  plus 
ambitieux  des  fonctionnaires.  » 

M.  de  Burlet,  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique,  en  fit  un  éloge  plus  flatteur  encore  dans  l'éloquent 
adieu  qu'il  lui  adressa  le  jour  de  ses  obsèques. 

Après  avoir  résumé  la  carrière  administrative  de  Jean 
Rousseau,  qui  avait  été  promu,  en  1882,  inspecteur  général, 
et,  en  1889,  directeur  général  des  Beaux-Arts,  des  Lettres  et 
des  Sciences,  M.  de  Burlet  disait  :  «  Chef  d'un  département 
qu'il  a  si  vaillamment  servi,  j'ai  le  devoir  d'exprimer  ici  les 
regrets  sincères  et  profonds  que  nous  a  causés  sa  mort  et 
d'affirmer  qu'elle  est  pour  le  pays  une  perle  immense. 

»  La  disparition  de  tels  hommes  laisse  des  vides  difficiles 
à  combler 


—  530  — 

»  Personnellement,  j'en  ai  été  et  j'en  reste  profondément 
affligé.  La  collaboration  de  Rousseau,  si  précieuse  à  raison 
de  ses  hautes  capacités,  était  agréable  toujours,  à  cause  des 
qualités  aimables  de  son  caractère,  à  cause  de  la  finesse  de 
sa  conversation,  du  charme  et  de  la  parfaite  urbanité  de  ses 
formes. 

s  Toujours  mailre  de  lui,  il  apportait  dans  les  discussions 
les  plus  délicates  une  constante  courtoisie  qui  n'excluait 
point  cependant  une  grande  énergie  dans  la  défense  de  ses 
idées  et  de  ses  actes 

»  Il  servit  loyalement  son  pays! » 

Qu'ajouter  à  de  tels  éloges?  Et  qu'est-ce  qu'un  homme 
peut  ambitionner  de  plus  que  d'être  regretté  à  la  fois  pour 
les  loyaux  services  qu'il  rendait  à  son  pays  et  pour  la  sym- 
pathie qu'il  avait  su  se  concilier  parmi  tous  ceux  qui  se  sont 
trouvés  en  contact  avec  lui".' 

Aussi  la  foule  qui  se  pressait  à  ses  obsèques  était-elle 
nombreuse  et  recueillie,  et  bien  sincère  la  douleur  qui  se 
peignait  sur  tous  les  visages. 

Nous  aurons  à  peu  près  tout  dit  sur  l'esthète  et  sur  le 
fonctionnaire  quand  nous  aurons  ajouté  qu'il  avait  reçu  suc- 
cessivement les  croix  d'officier  de  l'ordre  de  Léopold,  d'offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur  (après  l'Exposition  universelle 
de  Paris  en  1878)  et  de  commandeur  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel  de  Bavière. 

Modeste  jusqu'à  la  fin,  il  avait  exprimé  le  désir  de  ne  pas 
recevoir  les  honneurs  militaires  auxquels  la  première  de  ces 
distinctions  lui  donnait  droit. 


» 
*  * 


—  551   — 

Que  l'on  nous  permette  d'ajouter  ici  quelques  lignes  sur 
l'homme  privé. 

Jean  Rousseau  était  un  penseur  et  un  poète,  un  amoureux 
de  la  nature  dans  toutes  ses  belles  manifestations  ;  il  avait  un 
culte  tout  particulier  pour  les  fleurs. 

Dans  sa  petite  retraite  de  Mousty,  il  paraissait  dépouiller, 

—  dans  ses  trop  rares  instants  de  loisir,  —  les  préoccupations 
avec  l'habit  du  fonctionnaire,  et  tel  qui  l'eût  vu  quelques 
heures  auparavant,  derrière  son  bureau  administratif,  ne  l'eût 
pas  reconnu  dans  le  jardinier  en  veston  terreux,  coiffé  d'un 
béret  et  armé  d'un  sécateur,  qui  semblait  n'avoir  d'autres 
soucis  que  l'élagage  de  ses  rosiers  ou  la  pousse  de  ses  semis. 

Que  d'arrangements  il  combina  pour  ce  petit  carré  de 
terre  de  Mousty!  Que  de  projets  pour  l'avenir!  «  Quand 
j'aurai  ma  retraite!  »...,  disait-il. 

Hélas!  avant  l'époque,  la  mort  lui  a  donné  une  retraite 
plus  calme  et  plus  profonde  que  celle  à  laquelle  il  aspirait, 
l'éternel  repos  de  la  tombe  ! 

Il  écrivit  quelques  vers,  les  uns  d'une  touchante  délica- 
tesse de  sentiment,  les  autres  dans  un  esprit  satirique  ou 
plaisant;  je  ne  pense  pas  qu'il  en  fil  jamais  la  confidence 
à  personne. 

Il  laisse  encore  deux  œuvres  inédites,  mais  que  nous  ne 
désespérons  pas  de  pouvoir  livrer  quelque  jour  à  la  publicité. 
La  plus  récente  a  pour  titre  :  Les  Drames  d'une  basse-cour. 

Pendant  la  première  année  de  son  séjour  à  la  campagne, 

—  il  y  a  dix  ans,  —  Rousseau  possédait  une  basse-cour 
assez  nombreuse  :  poules,  coqs,  pigeons,  canards  et  lapins. 
Ces  derniers  surtout  l'amusaient  au  plus  haut  point;  il  les 
faisait  lâcher  en  liberté  dans  une  grande  cour  et  là,  son 


532 


carnet  à  la  main,  étudiait  leurs  mœurs,  tantôt  croquant 
d'un  contour  rapide  leurs  indescriptibles  contorsions,  hnlôt 
notant  leurs  faits  et  gestes. 

Tout  cela  a  fini  par  former  un  petit  volume  écrit  dans  un 
style  familier,  plein  de  verve  et  d'humour. 

Le  second  manuscrit,  «  Ma  Juliette  »,  est  d'un  tout  autre 
caractère.  Il  fut  écrit  sous  l'empire  de  la  douleur  la  plus 
profonde  que  l'auteur  ressentit  peut-être  de  sa  vie  entière. 

Il  avait  une  fille,  de  cinq  ans  plus  âgée  que  l'ainé  de  ses 
fils  (i),  et  dont  il  s'était  plu  à  faire  lui-même  l'éducation 
artistique,  à  diriger  les  goûts  et. les  aptitudes  naissantes. 
«  C'est  en  quelque  sorte  mon  fils  aine  »,  disait-il,  en  parlant 
d'elle. 

De  bonne  heure,  cette  fille  avait  montré  pour  la  peinture 
de  très  réelles  dispositions,  et  son  père,  on  le  conçoit,  les 
avait  cultivées  avec  un  soin  jaloux. 

Dans  de  nombreuses  esquisses  et  éludes  d'atelier,  elle 
avait  fait  preuve  d'un  goût  charmant,  en  même  temps  que 
d'un  merveilleux  instinct  de  coloriste. 

Son  père  la  guidait,  voyant  ses  progrès  avec  bonheur, 
fondant  sur  son  talent  les  plus  belles  espérances;  cette  fille, 
c'était  sa  joie,  son  orgueil,  son  ambition,  son  avenir.  Et 
voilà  que  le  destin  brutal  s'abat  sur  celle  enfant  bien-aimée, 
la  frappe  de  cette  horrible  maladie  qui  mine  sournoisement, 
faisant  des  progrès  lents,  mais  sûrs,  qui  vous  laisse  languir 
pendant  des  mois,  mais  ne  pardonne  pas  :  la  phtisie. 

Le  pauvre  père  souffrit  mille  morls  pendant  l'interminable 
cours  de  la  maladie  de  son  enfant,  avec  ce  chagrin  toujours 


■    I  •  plus  jeune  de  ses  deux  Bis  était  morl  en  1*7 1. 


renouvelé  de  la  trouver  chaque  malin  plus  mal  que  la 
veille,  avec,  au  cœur,  cette  rage  de  se  sentir  impuissant 
contre  ce  lâche  ennemi  invisible,  de  savoir  que  tout  était 
perdu,  qu'il  n'y  avait  rien  à  faire! 

Ce  martyre  dura  six  mois,  au  bout  desquels  la  pauvre 
enfant  s'éteignit,  en  pleine  jeunesse,  à  cet  âge  où  la  vie  est 
si  bonne,  si  pleine  de  promesses,  à  dix-huit  ans  ! 

Quoique  prévu  depuis  quelque  temps,  cet  écroulement  de 
tous  ses  rêves  les  plus  chers  frappa  Rousseau  en  plein  cœur; 
c'est  le  cri  de  sa  douleur  poignante,  immense,  qui  s'exhale 
dans  ces  pages,  que  nul  père  ne  pourra  lire  sans  que  ses 
yeux  se  remplissent  de  larmes  ;  dans  ces  pages,  qui  sont 
comme  un  monument  élevé  à  la  mémoire  de  la  chère  morte, 
où  il  ensevelit  avec  son  souvenir  toute  son  âme  et  tout  le 
meilleur  de  lui-même. 

J'en  voudrais  donner  un  extrait;  mais  cette  étude  est 
déjà  longue  et  le  cadre  de  ce  recueil  m'oblige  à  borner 
mon  récit  aux  faits  intéressant  la  carrière  publique  de 
Jean  Rousseau. 

Si  je  me  suis  permis  cette  courte  digression,  c'est  que, 
pour  bien  peindre  son  vrai  caractère,  il  m'a  paru  nécessaire 
de  placer  un  aperçu  de  l'homme  privé  en  regard  de  la 
biographie  du  fonctionnaire. 


*  » 


Citons,  pour  finir,  un  trait   qui  montre  à  quel  point  il 
était  jaloux  de  son  affection  pour  sa  patrie. 

En    1889,  un  journal   de   province    publia    l'entrefilet 


—  534  — 

suivant,  qui  fut  reproduit  par  une  ou  deux  feuilles  de  la 
capitale  : 

«  Un  (le  nos  compatriotes,  M.  J.  B,...,  actuellement  un  haut 
fonctionnaire  de  l'un  de  nos  départements  ministériels,  était,  il  y  a 
quelque  vingt-deux  ou  vingt-cinq  ans,  attaché  au  journal  de 
M.  de  Villemessant.  Il  eut  avec  un  de  nos  compatriotes,  M.  Vande 
Woestyne  (alias  Ivan  de  Woestyne),  une  de  ces  polémiques  à 
l'emporte- pièce,  comme  on  en  avait  alors. 

n  Son  adversaire  se  plaignant  de  la  vivacité  de  l'une  de  ses 
réponses,  lui  écrivit  :  »  Vous  devriez  bien  ménager  un  compatriote, 
«  car  je  suis  Belge  comme  vous. 

—  «  Peu  m'importe,  répliqua  M.  J.  R...,  si  vous  êtes  réelle- 
«  ment  Belge,  eh  bien  !  apprenez  que  vous  êtes  Belge  comme  une 
»  oie.   » 

«  S'il  y  eut  jamais  quelqu'un  de  surpris  de  la  fortune  de  ce  mot 
lancé  au  hasard,  ce  fut  assurément  M.  J.  E...    « 

Cette  anecdote  était  erronée  de  point  en  point.  Rousseau 
ne  se  souvenait  pas  d'avoir  eu  l'altercation  en  question  avec 
M.  Vanderwoestyne  (et  non  Van  de  Woestyne)  ;  d'autre  part, 
celui-ci  n'est  entré  dans  le  journalisme  qu'après  1865;  or, 
je  trouve  le  mot  Belge  comme  une  oie  dans  une  nouvelle 
édition  des  Propos  de  ville  et  propos  de  théâtre  d'Henry 
Murger,  édition  datée  de  1858  (p.  o2). 

Il  y  avait  donc  erreur  évidente,  mais,  semble-t-il,  sans 
aucune  conséquence;  néanmoins,  Rousseau  s'en  émut;  il  ne 
voulut  pas  que  l'on  put  lui  attribuer  une  plaisanterie  parais- 
sant peu  flatteuse  pour  ses  compatriotes,  et  envoya  une 
rectification  aux  journaux  qui  avaient  reproduit  l'entrefilet 
en  question. 

*   * 


ooo 


Je  termine  en  empruntant  à  Jean  Rousseau  la  fin  d'un 
article  nécrologique  qu'il  inséra  à  celte  même  place,  il  y  a 
une  dizaine  d'années,  et  eu  disant  de  lui  ce  que  lui-même 
disait  de  J.-P.  Cluysenaar  (1)  : 

«  Il  fut  l'un  de  ces  infatigables  travailleurs  qui  comptent 
leurs  journées  par  leurs  œuvres  !  » 


En  ma  qualité  de  Secrétaire  du  Comité  Directeur  du 
Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie, 
m'incombait  le  devoir  de  retracer  ici  la  carrière  de  mon 
prédécesseur. 

Ma  lâche  est  accomplie;  j'ai  exposé  simplement  les  divers 
épisodes  de  la  vie  de  Jean  Rousseau  sans  le  jugor,  ce  qui  ne 
m'appartenait  pas. 

Les  éloges,  les  appréciations  flatteuses,  que  j'ai  émis  çà  et 
là,  ne  viennent  pas  de  moi;  d'autres  plumes  que  la  mienne 
les  ont  exprimés;  je  les  ai  reproduits. 

J'espère  avoir  atteint  mon  but  qui  était  de  me  borner, 
dans  ce  recueil  artistique,  à  relater  les  faits  saillants  de  la 
vie  de  l'esthète  et  non  d'écrire  l'apologie  d'un  père  à  jamais 
regretté,  dont  je  suis  orgueilleux  de  pouvoir  inscrire  le  nom 
au  bas  de  ces  lignes. 

Mousty,  décembre  1891. 

Henky  Rousseau. 


())  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéol.,  t.  XX,  p.  518. 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


Pages. 

Liste  des  membres  effectifs  et  correspondants  de  la  Commission 
royale  des  monuments  en  1 8i>  I •*> 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1891  .        .11 

Société  archéologique  de  Namur.  —  Rapport  annuel  sur  les 
fouilles  exécutées  en  1890 IG 

L'evangéliaire  d'Eyck  lez  Maeseyck  du  vme  siècle,  par  M.  Joseph 
Gielen 19 

Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  sculpture  en  Belgique  (suite), 
par  M.  Henry  Rousseau  (A  continuer) 29 

Verres  «  Façon  de  Venise  »    fabriqués   aux   Pays-Bas,    par 

M.  H.  SCHUERMANS 1)0 

Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  sculpture  en  Belgique  (suite), 
par  M.  Henry  Rousseau  (A  continuer) 79 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mars  et  d'avril  1891.        .        .     1  10 

Erratum 122 

Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  sculpture  en  Belgique  (suite), 
par  M.  Henry  Rousseau  (A  continuer) 123 

Erratum 108 

Quelques  renseignements  sur  la  provenance  des  objets  lacustres 
acquis  récemment  par  le  Musée  royal  d'antiquités  et  descrip- 
tion de  ces  objets,  par  M.  le  R°"  Alfred  de  Loë,  Secrétaire  de 
la  Société  d'Archéologie  de  Bruxelles 109 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1891.        .        .     17!) 


—  338  — 

Page?. 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1891       .        .     197 

Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  sculpture  en  Belgique  (suite), 
par  M.  Henry  Rousseau  (A  continuer) 209 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  septembre  et  d'octobre  1891.    253 

Recherches  sur  les  enlumineurs  flamands,  par  M.  J.  Destrle. 
(A  continuer) 203 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  novembre  et  de  décembre  1891.     299 

Nécrologie.  —  Discours  de  M.  Wellens,  Président  de  la  Com- 
mission royale  des  monuments 309 

Jean  Rousseau.  —  Notes  biograpbiques,  par  M.  Henry  Rousseau    313 


PLANCHES. 

Pages. 

L'évangéliaire  d'Eyck  lez  Maeseyck.  Frontispice        ...  19 
Id.                      id.           Page  de  texte    .        .        .22 
Id.                       id.            Page  13e  (recto).        .        .  24 
Objets  lacustres  acquis  récemment  par  le  Musée  royal  d'anti- 
quités (PL  I,  II  et  111) 178 

Missel  de  Dixmude  (PI.  I) 288 

Livre  d"Heures  de  Notre-Dame  dit  de  Hennessy  (PL  II;     .        .  295 

Portrait  de  Jean  Rousseau 313 


TABLE  ONOMASTIQUE 


DU 


BULLETIN  DES  COMMISSIONS  ROYALES 


DART   ET    D  ARCHEOLOGIE 


.A- IST  3ST  É  JE  S      1887      -A.      1890 


Pour  les  tables  des  années  1862  à  1870,  voir  tome  IX 
Id.  id.         1871  à  1886,  voir  tome  XXV 


Nota.  Les  chiffres  romains  indiquent  les  volumes  du  Bulletin 


Accroissements  di  Misée  royal 
d'antiquités  et  d'ar- 
mlres,  XXVI,  p.  414. 
— XXVII,  pp.  101,302. 

Achter-Oolein-sols-Oolen,  pres- 
bytère, XXIX,  p.  553. 

Aerschot,  église  de  Notre-Dame, 
XXVI  ,     p.     272.    — 

XXVIII,  p.    129.    - 

XXIX,  pp.    183,  223. 
Alden-Eyck-sous  M  aeseyck,  église, 

XXVIII,  p.  391. 
Alost,   église  de    Saint-Marlin, 
XXVI  ,     p.     104.     — 
XXVII,  p.  129. 


Alost,  hôtel  de   ville,     XXVIII, 

p.  588. 
Alsemrerg,  église,  XXVII,  p.  1 35. 

—  XXIX,    pp.     178, 
18o,  214. 

Amberloip,  église,  XXVII,  p.  10. 

—  XXVIII,  p.  20. 
Anderleciit,  église  de  Saint-Pierre, 

XXIX,  p.  402. 
—     Hôpital,  XXVI,  p.  159. 
Andrimont, église,  XXVI,  p.  145. 

—  XXVII,  p.  519. 
Annevoie,  église,  XXIX,  p.  554. 
Akseghkm,  église,  XXIX,  p.  221. 
Anserokil,  église,  XXIX,  p.  221. 
A.ythée,  église,  XXVIII,  p.  129. 
Anthisnes,  église,  XXVII,  p.  150. 


Antiquités    trouvées     i:n     Bbl- 

giqi  r,  XXIX.   p.  5lil . 

Antoim.,   église  de  Saint-Pierre, 

XXVI,  p.     271.     — 

XXVII.  p.  158. 
Auvers,   église  de   Saint-André, 

XXIX,  p.  215. 

—  Église    de    Saint-Jacques. 

XXVIII,  p.  132. 

—  Église    de    Saint-Joseph, 

XXVII,  p.    120.    — 

XXIX.  p.  11. 

—  Église    de    Notre-Dame, 

XXVI,  pp.  145,  446, 
447.— XXVII,  pp.  520, 
573,     376,     379.     — 

XXVIII,  pp.  19,  132. 
197.  199,  501,524.— 

XXIX,  pp.  12.  14.  16, 
177.  213,  219,  225, 
358.,  544,  545. 

—  Hospice      de      vieillards . 

XXVII.  p.  13. 

—  Hôlel   de   ville.    XXVIII. 

pp.  16,  502.  — XXIX. 
pp.  12,  403. 

—  Maison  de  Rubens,  XXVI. 

p.  452. 

—  Musée,  XXMII,  p.  13. 

—  Palais    des     beaux -arts, 

XXVI,  p.  291. 

—  Palais  de  justice.   XXVI, 

pp.  100,  266,  432.  — 

XXVII,  pp.  11,421.— 

XXVIII,  pp.  126,  585, 
587,  592.  —  XXIX. 
p.  337. 

—  Stei  n.  XXVI,  p.  159. 

\XIX,  p.  540. 

—  Synagogue,  XXVII,  p.  I  î. 
\m  m  wi  ».   hospice,    WIX.  pp. 

180,  550. 


Archéologie  (L')  préhistorique, 
gacl0isb  .  g  allo-  r"- 
mvim:  kt  franqie  a 
l'exposition  de  Paris, 
XXMII,  p.  261. 

Ardote,  église,  XXVI,  pp.  444. 
435.  — XXVIl,p.l40. 

—  XXIX.  p.  557. 
Ari.o\,  église,  XXVI,  p.  445. 
Aspelaer ,     presbytère,    XXIX. 

p.  464, 
Asper,  église,  XXVIII,  p.  193. 
àsscbe,  église,  XXVIII.  pp.  155, 

508. 
Assebroeck,  église.  XXVI, p. -271. 

—  XXIX,  p.  219. 
Assenedb,  église,  XXVI,  p.  459. 

—  XXVIII,  p.  585. 
Assewois-socs-Hompré,     église. 

XXIX,  p.  14. 
Assesse,  église,  XXVI,  p.  271.  — 

—  XXVIII.  p.  520. 
Ath,  tour  Burbant,  XXIX.  p.  15. 
Attenhovb,  église.  XXIX,  p.  14. 
Ai  dehabrde,  église  de  Xoire-Danie 

de   Pamele,   XXVI,   p. 

287.  — XX VIII,  p.  152. 
—     Église  de  Sainle- Walburge, 

XXMII.    p.    525.    — 

XXIX.  p.  556. 
Ai  tel-Haut,  église,XXVIII,p.!9. 
An  h  mi  m  i  ,  église  et  presbytère, 

XXVI,  p.  443. 
A  wans,  église,  XXIX.  p.  219. 
Aïimi\.  église,  XXIX.  p.  219. 


B 

liu.i.,  église,  XXVIII.  p.  196. 
Babsy-soi  s-Flostoi  ,  église. XXM, 
p.  448. 


III 


Basel,  église,  XXVI,  pp.  105,288. 
Basse-Bodei  x ,    église,    XXIX, 

pp.  215,222. 
Bassevelde,  église,  XXIX.  p.  178. 
Bastogne,  église,  XXVIII,  p.  521 . 
—     Porte  de  Trêves,  XXVIII, 

p.  518. 
Battuvcourt-sous-Halanzy,  église 

et    presbytère,    XXVI, 

p.  115. 
Beaisaiint,  église,  XXVII,  p.  157. 

—  XXIX,  p.  181. 
Becelaere,  église,  XXVI,  p.  104. 

—  XXVII,    pp.    516, 
579. -XXVIII,  p.  586 

—  XXIX,  p.  185. 
Beclers,  église,  XXVIII,  p.  19. 
Beeri>gen,  église,  XXIX,  p.  214. 
Beerse,  église,  XXVI,  p.  454. 
Beffe,  presbytère,  XXIX,  p.  218. 
Beire>drecht,  maison  communale, 

XXIX,  p.  180. 
Bell-sois-Gheel,  église,  XXVIII, 

p.  18. 
Beloeil,  église   de  Saint-Pierre, 

XXVI,     p.    459.     — 

XXVIII,  p.    508.    — 

XXIX,  p.  185. 
Benonchamps-sois-Wardin,  église, 

XXVIII,  p.  196. 
Berbroeck,  église,  XXIX,  p.  219. 
Bettincocrt,  presbytère,  XXVII, 

p.  150.  -  XXVIII,  p. 

588. 
Bevere-lez-Aedenaerde,  église, 

XXVI,  p.  459. 
Bevereiv-lez-Uousbri  gge,  église, 

XXVII,  p.  579. 
Bevere.n-Waes,  église,  XXVI,  p. 

144. 
Beyaert  (Les  sculpteurs)  de  Lor- 
vain,  XXVII,  p.  151. 


Bibliographie.  —  Jahr-Buch  der 
Gesellschaft  fur  lothrin- 
gische  Gvschichte  und 
Aller 'tumskunde.  Ersler 
Jahrgang,  1888-1889. 
(Annales  de  la  Société 
pour  l'histoire  el  les 
antiquités  de  la  Lorraine. 
I"  aimée,  1888-1889.) 
Metz,     1889,     in-8u, 

XXVIII,  p.  296. 

—  Anzeiger  des  germanische 

National  Muséum  in 
1890,  n"  1.  (Indicateur 
du  Musée  germano-na- 
tional.) Leipzig,  1890, 
gr.  in-8°,  XXVIII, 
p.  299. 

—  Das    rômisch  -  germaniscli 

Central- Muséum,  in  bild- 
lichen  Darslellung  ans 
seincn  Sammlungen,  par 
31.  Lindenschmitt  fils. 
Mayence,  1889,  in-4,j. 
(Le  Musée  central  ro- 
mano -germain,  repré- 
senté par  des  dessins 
d'objets  appartenant  à 
cette  collection. )XX  VIII, 
p.  299. 

Bierbeek  ,  église  .  XXVII ,  p. 
140. 

Bilsen-la-Ville  ,   hospice- hôpital, 

XXIX,  p.  15. 
Biivckom,  église,  XXVI,  p.  270. 
Blaton,  église,  XXIX,  p.  544. 
Boisschot,    presbytère,    XXVIII. 

p.  519. 
Bolderberg-socs-Zolber,    église, 

XXIX,  p.  185. 
Bollebeek-sous-Molhem,     église, 

XXVIII,  p.  507. 


IV 


Borgerhoit.  presbytère  de  la  pa- 
roisse de  Notre-Dame- 
aux-Neiges,XXIX,  p. 14. 

BORGHT-S0lS-(iRini)ERGHE>,   ÔiXliSC . 

XXVII,  p.  17)7. 

BoRGUT-LoMBEEK,    église,    XXVII, 

p.  137. 

BoRNHEM,    église.    XXVI.  p.    105. 

—  XXVII,  p.  57(1. 
Botielaere,    église,    XXVII,    p. 

141. 
Boiilh».    ancien    château  -  fort, 
XXIX.  p.  552. 

—  Presbytère, XXVI,  p.455. 

—  XXVIII.  p.  195. 
Bocvigwes,  église,  XXV11,  p.  427. 
Bovight,  église.  XXIX,  p.  181. 
Braike-l'Alleu).    église,   XXVI. 

p.  265.  —  XXVII,  p. 
519.  —XXIX,  p.  2-20. 

—  .Maison  communale,  XXVIII. 

p.  587.    —   XXIX,  p. 

550. 
Braibe-lb-Cgmte,    église,    XXVI, 

p.  287. 
Brecht,  église.  XXV11,  p.  5-20. 
Bree,  église,  XXVI,  pp.  105,  296. 

—  XXVII,  p.  519.  — 
XXIX,  p.  466. 

Breedere,  église.  XXVI,  |).  445. 
Brilles,  église,  XXVII,  p.  519. 

—  XXIX,  p.  15. 
Brigelette,  église,  XXIX,  p.  220. 
Bruges,    cathédrale,   XXVIII,  p. 

152.  —  XXIX,  p.  556. 

—  Église    de    Notre- Dame, 

\\\  l.p.  152.  —XXVII. 
pp.  140,  578,  420.  — 

XXVIII,  pp.  197,  589. 

—  XXIX,  p.  185. 

—  Église    de    Sainte  -  Anne  , 

XXVI,  p.  5  5s. 


Briges,   église    de    Saint-Gilles, 

XXVII,  p.  451. 

—  Église    de    Saint-Jacques, 

XXIX.  p.  407. 

—  Halles,  XXVI,  p.  102.  — 

XXVII  ,     p.    425.    — 

XXVIII,  p.  195. 

—  Hôtel  de  Tiennes,  XXIX, 

p.  550. 

—  Hôtel   de  \ille,  XXVI,  p. 

448.  —  XXVIII,  pp. 
127.  586.  —  XXIX, 
pp.  15,  548. 

—  Hôtel  Gruutliuuse,  XXVI, 

p.  1G2.  -  XX VII,  pp. 
15,422. 

—  Palais  du  Franc,  XXVII, 

p.  150.— XXIX,  p.  535. 

—  Prison,  XXIX,  p.  555. 

—  TourSaint-Georges,XXIX, 

p.  464. 
Bruxelles,  église  de  Sainte-Cathe- 
rine, XXIX,  p.  185. 

—  Église  des   sS.-.Michel-et- 

Gudule,  XXVII,  p.  131. 
—  XXIX,  p.  177. 

—  Église  de  Sainl-Jcan-Bap- 

tisle  au  Béguinage  , 
XXVII  ,  p.  576.  — 
XXVIII,  p.  511. 

—  Kglise  de  Notre-Dame  de  la 

Chapelle,  XXIX,  p.  16. 

—  Église  de   Nuire-Dame  du 

Sablon,  XXIX,  p.  219. 

—  Hôtel  des  Postes,  XXVI, 

p.  101.  —  XXVII,  p. 
310. 

—  Jardin  Botanique,   X\l\. 

p.  180. 

—  Musée   royal  de  peinture  et 

de  sculpture,  XXIX,  p. 
•î  04 . 


Bruxelles,  Musée  royal  d'antiqui- 
tés, d'armures  el  d'artil- 
lerie, XXVII,  pp.  128, 
515,  420.  —  XXVIII. 
pp.  193,  502. —  XXIX, 
p.  549. 

—  Palais   du  Cinquantenaire, 

XXIX,  p.  215). 

—  Palais  de  la  Nation,  XXVI, 

p.  451.  —  XXVII,  p. 
128. 

—  Parc,    groupes    de     l'allée 

asphaltée, XXIX,  p. 558. 

—  Quartier  du  Paie,  XXVI, 

p.  291.  —  XXVII,  pp. 
15,  150,  518,  577.  — 
XXVIII,  p.  17. 

—  Square   du   Petit  -  Salilon  , 

XXVI,  pp.  157,266.— 

XXVII,  pp.  516,  420.— 

XXVIII,  pp.  13,  195, 
586.  —  XXIX,  p.  214. 

—  Statue    de    Van    Helmont, 

XXVII,  p.  517. 
Buggenhout,  église, XXIX,  p.  12. 
Buisson  -  sous  -  Ortho  ,     église  , 

XXVIII,  p  196. 
LIuissonville,  église,   XXVI,   pp. 

102,  442. 
Bilscamp,  église,  XXVIII,  p.  151. 
Burght,  église.  XXVI,  p.  271. 

€ 

Cachtem,  église,  XXVI,  p.  445. 
Cahottes-sous-Horios-Hozëmont, 

église,  XXVI,  p.  455. 
Cappella  (Anvers),  église, XXIX, 

p.  182. 
Cappellen  (Brabant),  église,  XXVI, 

p.  145. 
Carnieres,  église,  XXIX,  p.  542. 


Castre,  église  et  presbytère,  XX  l\. 
p.  221. 

Celles-lez-Dinant,  église,  XXVI. 
p.  100. 

Celles-en-Hesbaye,  église,  XXIX, 
p.  184. 

Chalois,  Renier,  XXVIII,  p.  :>.- 
XXIX,  p.  19. 

Chardeneux-sois-Bo>m>  ,  église. 
XXIX,  p.  185. 

Chastre-Dame-Alerine,  église  et 
presbytère,  XXIX,  p. 
555. 

Chaudfontaine,  église  et  presby- 
tère, XXVII,  p.  426. 

Chékatte-Saunt-Jommmi  ,  presby- 
tère, XXVIII,  p.  506. 

Chevron,  église,  XXIX.  p.  15. 

Chimay,  église  collégiale  des  SS.- 
Pierre-et-Paul,  XXVIII. 
pp.  181,  198. 

Chiny,  église,  XXVIII,  p.  589. 

Clemskerke,  église,  XXVII,  p. 
152. 

Commission  royale  des  Monuments. 
Comité  spécial  des  ol»jcl> 
d'art,  XXVI.  p.  97.  - 
XXVII,p.lO.-XXVI!l, 
p.  14.  -  XXIX,  p.  10. 

—  Liste  des  membres  effectifs 

et  des  correspondants, 
XXVI,  p.  92.—  XXVII, 
p.  5.  —  XXVIII,  p.  !). 

—  XXIX,  p.  5. 

—  Nominations   de    membres 

correspondants,  XXVI. 
pp.  98,  265,  285,  447. 

—  XXVII,  pp.  128, 
575,  419.  — XXIX,  p. 
555. 

—  Nominations   de    membres 

eiïeclifs,XXVIU,p.l25. 


VI 


Comité  directeur  nu  Bulletin 
dbs  Commissions  royales 
d'art  et  d'archéologie, 
démission  et  nomination 
d'unsecrélaire,  XXVIII, 
p.  9. 

Conservation  des  monuments  et 
objets  d'art,  débats  au 
Sénat  français,  XXVI, 
p.  5. 

Conservation  des  oeuvres  d'art 
dvns  les  Edifices  publics, 

XXVI,  p.  137. 
Conservation   des   oeuvres  d'art 

dans  les  églises,  XXVI, 

p.  Iô8. 
Conservation  des  toiles  peintes, 

XXIX,  p.  174. 
Cortich,  église,  XXIX,  p.  555. 
Coolscamp,  église,  XXVI,  p    272. 

—  XXVII,  p.  452 
Corennes-sous- Antbée  ,     église, 

XXVII,  p.  131. 
Cortenberg.  église,  XXIX,  p.  219, 
Gortessev,  église,  XXVI,  p.  451). 
Coirtrai,  église  de  Saint-Martin, 

XXVII,  p.  580. 
Coxyde,  église,  XXIX,  p.  221. 
Crombeke,  église,  XXIX,  p.  185. 
Cruyshai  tem  .     église ,     XXVI , 

p.  288. 
Cil  -  des  -  Sarts  .        presbytère , 

XXVIII.  p.  17. 
Cumptich,  église,  XXVII,    p.  17. 

D 

Dadizeele,    église,    XXVIII,    p. 

126.  —XXIX,  p.  465. 
Damme,   église.   XXVI,  pp.  145, 

146.    —    XXIX,    pp. 

547,  558. 


Damme,  tombeau  de  .lacob  van 
Maerlant,  XXVII,  p. 
455.  — XXVIII,  p.  511. 

—  XXIX,  p.  557. 

—  Hôtel  de  ville,  XXIX, 
p.  552. 

Darion,  église.  XXVI,  p.  142. — 
XXIX,  pp.  15,466. 

David  Teniers  (Noies  et  remar- 
ques sur  les  quatre), 
XXVI.  p.  I  H). 

Découverte  d'i  m:  villa  romaine 
sur  la  limite  des  com- 
munes de  neerhaerun 
etdeReckheim,  XXVII, 
p.  525. 

Denderhautem  ,  église,  XXVIII, 
p.  197. 

Denderwindeke,  église,  XXVIII, 
p.  197. 

Desschel,  église,  XXVI,  p.  445. 

—  XXVII,  p.  419.  — 
XXIX,  p.  344. 

Desteldonck  ,      église  ,     XXVI  . 

p.  272. 
Deurne  (Anvers),  église,  XXVII, 

p.  129. 
—     Presb\tère,XXIX,p.  218. 
Deurne  (Brabanl),  église,  XXIX. 

p.  14. 
Deynze,  église,  XXVII,  p.  11. 
Dieghem,  église,  XXVI,  pp.  288, 

298.    —     XXVII,    p. 

524. 
Diest,    église    de    Saint-Sulpice, 

XXVI ,  p.     448.    — 

XXVII,  pp.  17,  151, 
?.1G.  —  XXVIII,  pp. 
126,  127,  199,  584. 

Dînant,  église  primaire  de  Notre- 
Dame,  XXVI,  pp.  105, 
142,    446,     454.    — 


VII 


XXVII,  p.     427. 

XXVIII,  p.    308.     — 
\\[\,  p.  344. 

Dînant,  hôtel  de  ville.  XXVII, 

p.  577. 
I)i>Ez-sois-Mo.\T,  église,  XXVII, 

p.    579.    —     XXVIII, 

p.  589. 
Dixmcde,  église  de  Saint-Nicolas, 

XXVII,  p.  427. 

—  Hôtel    de     ville,    XXVI. 

p.  440. 
Dochamps,  église,  XXVIII.  p.  525. 
Doische,    presbytère,    XXIX,   p. 

555. 
DnVVTELLO,  XXVIII,  p.  511. 
Donck-sous-Eeckeren,     église , 

XXVI,  p. 269. —XXIX. 

p.  185. 

—  Presbytère,XXVII,p.424. 
Dorin:ve,  église,  XXVI,   p.   155. 

-  XXIX,  p.  219. 
resbytère,     XXVI , 
02. 
Dramutre,    église.    XXIX,    p. 

184. 
Detsbocrg,    église,    XXVIII,    p. 
508.  —  XXIX,  p.  559. 

—  Presbytère,  XXVI,  p.  141. 


Edeghem,  église,  XXVI,  p.  270. 

-XXVIII,  p.  198. 
Eeckerex,  église,  XXVI,  p.  144. 
Eecloo,  église,  XXVI,  p.  271 . 
Eelen,  église,  XXVII,  p.  151. 

XXVIII,  p      194.     — 

XXIX,  p.  221. 
Ellezelles,  église,  XXVI,  p.  lii. 
Emptinne,  église,  XXIX,  p.  354. 


DoRHAEL,        p 

p.  10'2 


Ij.i.i.w  vi  rts-Cappi  i.ii  .  presby- 
tère, \\l\,  p.  341. 

Ij.iii  /.le,   église,    XXVI,    p.   -21)7. 

Elinghen,  église  et  presbytère, 
XX\  III,  p.  392. 

Elseghem,  église,  \\l\,  p.  466. 

Ei.SE-StRA  VI  ,  SOI  s  W  VMtl.-SviMI !- 

Catheri  m;,  église,  XXVI. 
p.  442.  —  XXVIII, 
p.  197. 

—  Presbytère,    XXVIII,    p. 

519. 

Ki. m,  presbytère,  XXVII,  p.  157. 

E\i;is,  église,  XXVIII,  p.  129. 

Kpigraphii:  romaine  de  la  Bel- 
gique,  XXIX,  p.   228. 

Eremeodegem,  église.  XXVII,  p. 
141.  —  XXIX.  p.  182. 

Kr>i;i ville,  presbytère,  XXIX, 
p.  218. 

Ertvelue,  église,  XX Vil,  p.  578. 

Espierres,  église,  XXIX,  p.  4(i5. 

Esschenbeek-sous  -Hal,      église, 

XXVI,  p.      141.     — 

XXVII,  p.  424. 
Etterbeek,  église,  XXVII,  p    15. 

—  Presbytère,  XXIX,  p.  218. 
Études    comparatives   archéolo- 

G1C0-CHIMIQUESSI  Rl'ÉÏ AT 
BT  LE  CARACTÈRE  ItES 
CORPS  ORG  VM'.M  hS  I.l- 
I..M.I  \,  VY  VM  BPROI  \  I 
I \  TERRE  01  DANS  El  VI 
LA  COMBUSTION  DES  SIE- 
CLES OU  AYAM  SI  l!l  L'AC- 
TION ni  ni  .  XXVIII, 
p.  365. 

Ki  (.us.  église,  XXVII,  p.  579. 

Everb,  église  et  presbytère,  XXVI, 
p.  292. 

Evregnies,  église,  XXVI,  p. 
272. 


VIII 


Exaerde,  église.  XXIX,  pp.   14, 

22  1. 
Exploration   de  quelques  villas 

kt  timu.is  de  la  hes- 

BAYE.    XXVII.    p.    5*4. 

Eyzer  -  sois  -  Overyssche,  église, 
XXVII,  p.  578. 


Falisolle.  église,  XXVI,  p.  1-44. 
Falmagxe,  église,  XXVII,  p.  152. 
Faiizel  -  sous  -  Mormom  ,    église, 

XXVIII,  p.  19. 
Fays-les-Ve:vei  rs,  église,  XXVII, 

p.  152. 
Fayt-le-Fra>c  ,    église,    XXVI, 

p.  415. 
Feli y,  église,  XXVI.  p.  446. 
Ferrières,  église,  XXIX,  p.  178. 
Flore>>es,  église,  XXIX,  p.  556. 
Flore>yii.i.i. ,    église,    XXIX,    p. 

555. 
Florzé-sois-Roi  yrevx  ,    église , 

XXIX,  p.  182. 

I'onti  noii.i.i;  -sous-Saihte-CbcilEj 
presbytère,  XXVIII,  p. 
195.' 

Forchies- la -Marche,      église, 

XXVII,  p.  152. 

Foi  cb.bs-sous-Hac.ht. église,  XXVI, 
p.  157.— XXIX, p.  182. 

Frairb,  église  ei  presbytère, 
XXIX,  p.  221. 

FhahoWaret,  église,  XXVII, 
pp.  151 .  519. 

Freym  i  x-soi  ^-Dochamps  ,    église, 

XX VIII,  p.  ô'.l-i. 

li  MAL,  presbytère,  XXIX,  p.  218. 

1  lunes,    église    de    Sailli-Nicolas, 

XWIII,     p.     20.     — 

XXIX,  p.  222. 


Firmes,  hôtel   de   ville,  XXVIII, 
p.  515. 

—  Palais  de  justice,  XXVIII, 

p.  16. 

—  Pavillon      des      officiers, 

XXVIII,   pp.   17,  515. 


Ga*d,  ancien  château  des  comtes 
de  Flandre,  XXVIII, 
p.  128. 

—  Châleau      de     Gérard-le- 

Diable,  XXVI,  p.  102. 

—  XXIX,  p.  464. 

—  Collacie     Zolder,    XXVI. 

p.  45-2. 

—  Église  cathédrale  de  Sainl- 

Lîavon,  XXVI,  pp.  104, 
144,  454.  —  XXVII, 
pp.  155,  140,  579.  — 

XXVIII,  p.    199.    — 

XXIX,  pp.  16,  556, 
549. 

—  Église  de  Nolre-Duine-Saint- 

Pierre,  XMX,  p.  222. 

—  Église   de    Sainte  -  Anne, 

XXVI,  p.  450.  — 
XXIX:  p.  12. 

—  Eglise    de    Sninl-Jacques, 

XXVI,  p.  297.  — 
XXVIIL  pp.  152,  508. 

—  XXIX,  pp.  214, 
557. 

—  Église    de    Saint-Michel, 

XXVI,  pp.    105,  296. 

—  XXVIII,  pp.  16, 
194.  —  XXIX,  p.  177. 

—  Église    du    Saint-Sauveur, 

XXVII,  p.     158.     — 

—  XXIX,  pp.  11,  214, 
548. 


I\ 


Gand,  hôtel  de  ville,  XXIX,  pp.  1 5, 

549. 
Ganshoren,    église,    XXVIII,    p. 

589. 
Gairain  -  Ramecroix  ,        église  . 

XXVIII,  p.  523. 
Gavre,  église,  XXVII,  p.  578. 
Geefs(Gullalme), XXVI,  p. 596. 
Geefs  (Joseph-Germain),    XXVI, 

p.  405. 
Gelinden,  église.  XXVI,  p.  454. 
Gemblocx  ,     beffroi     communal, 

XXVII,  p.  150. 

—  Église,  XXVIII,  p.  lo. 
Genck,  presbytère,  XXIX,  p.  181. 
Gériiv,  église,  XXVI,  p.  272. 
Gerdingen,  église,  XXVI,  p.  105. 
Gerpin.nes,    église,    XXVI,     pp. 

105,  265. 
Gestel-socs-.Medrho  et,  presbytère, 

XXVI,  p.  141. 
Geûns  (Pierre),  XXVIII,  pp.  201, 

561. 
Geystingen-sols-Ophoven,  église, 

XXIX,  p.  542. 
Gheel,  église  de  Sainle-Dymphne, 

XXVIII,  p.  525. 
Gheluvelt,  église,  XXIX.  p.  554. 

—  Presbytère,  XXVI,  p.  141. 
Gierle,  église,  XXVIII,  p.  591. 

—  Presbytère,  XXVI,  p.  269. 
Gimnee,  église,  XXVI,  pp.  292, 

448.     —    XXVIII.    p. 

586. 
Glons.  presbytère,  XXVI,  p.  455. 
Godscheid-sods-Hasselt,   église, 

XXVII,  p.  141. 
Godverdegem,  église  et  presbytère, 

XXVII,  p.    140.    — 

XXIX,  p.  221. 

GoFF0>TAHV"E-SOliS-CoRNESSE,église, 

XXVIII,  p.  18. 


Gontrode,   presbytère,  XXIX,  p. 

2  IN. 
Gors-op-Li:h\v,  église.    XXVIII, 

p.  125. 

<i<issART     DE      MAUBEUGE      Uean), 

XXVIII,  p.  21. 
Gossoivcoi  rt,  église,   XXVIII,  p. 

19. 
Gothem,  église,  XXVIII,  p.  19. 

—     Presbytère.  XXIX,  p.  464. 
Gotthem,  église,  XXIX,  p.  221. 
Grammoist,  église  de  Saint-Barlhé- 

lemy,  XXVII,  p.  578. 
Grand-Brogel,  église,  XXVI,  p. 

445. 
Grand-Hallet,    église,    XXVIII, 

p.  588. 
Grandmêml,    église,  XXVII,  pp. 

14,  424. 
Graiydriei,  église,  XXVI,  p.  287. 
Grimberghen.    église,    XXVI,    p. 

104. 
Grimde-soes-Tirlemont,   église, 

XXVII,  p.  426. 
Grosage,  église,  XXIX,  p.  465. 

11 

IIaccoirt,  église,  XXVI,  p.  270 
Haekkndoylr,    église,  XXIX.    p 

222. 
Haillot,  église,  XXVIII,  p.  12!) 
Haine  -  Saint-  Pai  l,     presbytère 

XXVIII.  |).  507. 

Hal,  église  de  Saini-Marlin,  XXVII 
pp.  154.  421. -XXVIII 
p.  512.  —  XXIX,  pp 
544,  547. 

Halanzy,  église,  XXIX,  p.  17S. 

HALLE-B0VEM10VE.\,égllSe,XX\  111, 

p.  502. 
Hamme,  église,  XXVI,  p.  145. 


Hamoir.  église,  XXVIII,  p.  195. 
Hamois,  église,  XXVI,  p.  142. 
Ham-sir-Heire,  église.  XXVI.  p. 

101. 
Ha>dzaeme.  église.  XXVI,  p.  -270. 

—  XXVII,  p.  579.  — 

XXIX,  p.  407. 
Hanhdt,  église,  XXVIII,  p.  ."vin. 
Hanzirelle,    presbytère.    XXIX, 

p.  218. 
Harlebbke,    presbytère,    XXVII, 

p.  150. 
Hassblt,  église  de  Saint-Quentin, 

XXVI,  p.  449. —XXVII. 

p.   579.  —  XXIX,  pp. 

178,  179,  466. 

—  Palais  de  justice,   XXVI. 

p.  265.  —   XXVII,  p. 

155. 
Hastiere-pak-dela,  église,  XXVI, 

p.  50-2.  —  XXVII,  p. 

133. 
Hatrivaii,  église.  XXIX,  p.  15. 
Haitfays,  église.  XXIX.  p.  467. 
Haithem  - Saiwt -  Lubvin,    église, 

XXVI.  p.  144. 
Haut-le-Wastia,    église,  KXVII, 

p.  157. 
Havelange,  église,  XXVI,  p.  -271 . 
Hekh\.  église,  XXVI,  p.  443. 
Hbihsch,  chapelle,  XXIX,  p.  184. 
Hblchterbr,  église,  XXVIII,   p. 

388 

—  Presbytère, XXVI,  p.  269. 
HeiiHEt-sous-Schaerjbkek,    église, 

XXVII,  p.  151. 

Ili  l'i'KM  i  rt-soi  s-Mài  sbyck, église, 

XXVII,  p.  17. 
Hbrck-la-Villb,  église,   XXVII, 

|i.  I  40. 
Hbrck.-Sai«t-Lambbrt,  maison  vi- 

cariale,  XXVII,  p.  318. 


Herkkt,  église,  XXVIII,  p.  311. 
Hêre>thals,  église  de  Sainte-Wau- 
dru.  XXVIII.  p.  585. 

—  Hôtel  de  ville,  XXVIII,  p. 

17. 

—  Presbytère,  XXVII,  p.  378. 
Hersselt,  église,  XXVIII,  p.  19. 
Hbdsay  -  sois  -  Henné  -  Heisaï. 

église,  XXVI,  p.  455. — 

XXIX,  p.  15. 
Hecsy,  église.  XXVIII,  p.  129. 
Hbysel  -  sous  -  Labker,    église. 

XXVII,  p.  578. 
Heyst-op-den-Berg.  église,  XXVII, 

p.  150.  —  XXVIII,  pp. 

18,  591. 
HicigenEj  église,  XXVII,  p.  152. 
Hoboken,  église,  XXVI,   p.  455. 

—  XXVII,  pp.  510, 
519. 

Hodimont,  église,  XXVII.  p.  518. 
Hobylaert, église,  XXVI.  p.  445. 
HoiiLEBBKB,église,  XXVIII,  p.  198. 

—  Presbytère,    XXVIII,    p. 

588. 
Hombeek,  église,  XXVIII,  p.  584. 

—  XXIX,  p.  557. 
HoNDBLAifGE,   église,   XXVIII,  p. 

1-2--. 

IIuwu  .  presbytère, XXVI,  p. 442. 

HooGSTRAETBw,  église  de  Sainte- 
Catherine,  XXVI,  p. 
265.  -   XXVII,  p.  520. 

—  XXVIII,  p.  194.  — 
XXIX.  pp.  1-2,  17S, 
167. 

—  Église  deSaint-Jean-l'Évan* 

géliste,  XXVIII,  p.  523. 

—  Hôtel  de  ville,  XXVIII,  p. 

128.    -  XXIX.  p.  ISO. 
HoTTuir,    presbytère,    XXIX.    p. 
353. 


M 


Hoedemont,  église,  XXVI,  p.  142. 

HoUDRÉMONT,      église,     XXVII,     |). 

131.     —     XXIX,     pp 
551,  466. 
HocMART  -socs-  Tohogne,  église, 

XXVII,  p.  158. 
Hoi  r,  église,  XXVI,  p.  142. 
IIoittave,  presbytère,  XXVI,  p. 

442. 
Hoitvenne,  église,  XXIX,  p.  185. 
Hoves,  église,  XXVII,  p.  520. 
Hulsonmaux,  église,  XXVIII,  p, 

589. 
HuMAJfiTB  (L')5   bas-relief   de  Jef 

Lambeaux,     XXIX,    p. 

17!). 
Himelghem-sois-Steenockerzeel, 

église,  XXVII,  p.  516. 
Hrv,  église  de  Notre-Dame  de  la 

Sarte,  XXVII,  p.  140. 

—  Église  primaire  de  Notre- 

Dame,  XXVI,  pp.  271, 
296.—  XXVIII,  p.  20. 
—  XXIX,  p.  223. 

—  Église    de    Saint  -  llemy  , 

XXVII  ,     p.    519.    — 

XXVIII,  p.  320. 
Huysse,  église,  XXIX,  p.  182. 
Hbyssinghen,  presbytère,  XXVIII. 

p.  195. 
Hyon,  église,   XXVI,   p.  297.  — 

XXIX,  p.  542. 


Ingelmunster,    église,  XXIX,  p. 

220. 
Invasion    des  Chauques   en    176, 

XXIX,  p.  189. 
Iseghem,  église,  XXVI,  p.  145.  — 

XXIX,  p.  555. 


Itterbeek, église,  XXIX,  pp.  546, 

462. 
Ixelles,   église   de   Sainte-Croix, 

XXVIII,  p.  308. 
—     Hôpital,  XXVII,  p.  377. 


Jambes,  église,  XXVI,  p.  445. 
Jemelle,    presbytère,    XXIX,   p. 

555. 
Jenefpe,  presbytère,  XXVIII,  p. 

507. 
Jesseren  (Le  pseudo-tlmilis  de) 

XXIX,  p.  207. 
Jodoigne,  église  de  Saint-Lambert, 

XXIX,  p.  465. 
Jumet,    église   de    SailU-Sulpice, 

XXVI,  p.  14b. 
Jeslenviele-soks-Theux  ,   église, 

XXVI,p.  102.— XXVII, 

pp.  156,  158.— XXIX, 

p.  182. 
—     Presbytère,  XXVI,  p.  102. 


Et 

Kimsike,  église,  XXVII,  p.  319. 
Kerckhoven-soes-Lomkl  ,    église, 

XXIX,  p.  465. 
Kerckom,  église,  XXVI,  p.  l 'ri 
Kerkom,  église,  XXIX,  p.  542. 
Kkr.upt,  église,  XXIX,  p.  5'i!i. 
Kessenich,    presbytère,     XXVII, 

p.  518. 
Knocke,  église,  XXV1I1,  p.  197. 
Kreysweg  -  sons  -  Lillo  ,   église  , 

XXVI,  p.  295. 
—     Presbytère,    XXVIII,    p. 

519.  -  XXIX,  p.  464. 


XII 


Lacuisi«E;  église.  XXIX,  p.  544. 
Laeke\,  ancienne  église  paroissiale, 

XXVI,  p.  145. 

—  Église    de    Noire  -  Dame, 

XXVIII,  pp.  16,  19. 

—  ÉglisedeSainl-Roch,XXIX, 

p.  555. 

—  Château  royal,  XXIX,  p. 

217. 

—  Presbytère,  XXVI,  p.  141. 
La    Loi'viére  ,    église    de    Saint- 
Joseph,  XXIX.  p.  185. 

—  Hôpital    civil,     XXVI,    p. 

291. 
Lamain,  église,  XXVI,  p.  272. 
Lanaekeiï,   église,  XXVI,  p.  265. 

—  XXVIII,  p.  198. 
Larder,  église,  XXVII,  p.  151. 
Lamffe,  église,  XXVIII.  p.  18. 
Lantremange,  église,  XXIX,    p. 

II. 
Lêai,    église    de    Saint-Léonard, 

XXVII,  p.    424.     — 
XXIX.  p.  12. 

—  Hôtel  de  ville,  XXVIII,  p. 

516,  395. 
Ledebbrg,  église,  XXIX,  p.  214. 
Lbde-soi  s-\\om  (.m    presbytère, 

XXVIII   p.  195. 
I.MiiM.ni:,  église,  XXVI,  p.  295. 

-  XXVII,  p   155. 
Léglisb,  église,  XXVIII,  p.  18. 
Lembecq,  église,  XXVII,  p.  14.— 

XXIX,  p.  15. 
Lbrrick     Saint  -  Martin,  église, 

XXIX,  p.  183. 
I.i  m  in  bet-soi  s-Jusebet,    église, 

XXVIII,  p.  19. 
Lbs-Fossi  s-soi  s-Asskiiois,    église, 

XXVI,  p.  292. 


Lessines,  hôtel  de  ville,  XXVII,  p. 

422. 
Lecgmes,  église,  XXVI,  p.  297. 
Liège,  église  de  Saint-Christophe, 

XXVI,  pp.  104,  500.— 
XXVII  ,    p.     129.    — 

XXVIII,  p.  502. 

—  Église  de  Sainl-Gilles,XXVI, 

pp.  295,  412. 

—  Église    de    Saint- Jacques, 

XXVII,  pp.  151,  520. 

—  Église    de    Saint- Martin  , 

XXVI,  p.  295.  — 
XXVIII, p.20.-XXIX, 
p. 215. 

—  Église  de    Saint  -  Nicolas  - 

outre-Meuse,  XXIX,  p. 
14. 

—  Église    de    Saint -Servais, 

XXVI,  p.  104. 

—  Église  de  Sainte-Véronique, 

XXIX,  p.  1S5. 

—  Hospice  de  vieillards, XX  VI, 

p.  452. 

—  Hôtel   provincial,   XXVII, 

pp.  12,  577.  -  XXIX, 
pp.  1 1 ,  465. 
Lierre,  église  de  Sainl-Goinniaire, 
XXVI,  p.  105. 

—  Galeriede tableaux,  XXVII, 

p.  517. 
Lii.lo,  église,  XXVI,  p.  141. 
Limai. ,  presbytère,  XXVI,  p.  269. 

LlNKEBEEK,  église.  XXIX,  )).  15. 

Lisskweghe,    église,    XXVIII,   p. 

152. 
Lize-Sekaimg,    église,    XXVI,   p. 

442. 
Lobées,  église,  XXVIII,  p.  508. 
Lokbbi  v  i  glise,  XXVIII,  y.  198. 
Lombabtzyde,  presbytère,  XXVII, 

P.  424. 


XIII 


Lomprez,  église,  XXVIII,  p.  197. 
Lo^derzeel,   hospice,    \\l\.    p. 

550. 
Longchamps,  presbytère,  XXVIII, 

p.  588. 
Loozen  -  sous  -  Bocholt  ,    église  , 

XXVI,  p.  485. 

—  Presbytère,  XXVIII,  p.  17. 
Louyair,  église  cathédrale  de  Saint- 
Pierre,  XXVI,   p.  272. 

—  XXVII,  p.   155.  — 

XXVIII,  p.     502.    — 

XXIX.  pp.     10,  555, 
357,  167. 

—  Église  de  Sainte-Gertrude, 

XXVIII,  p.    5S5.    — 

XXIX,  p.  462. 

—  Église    de   Saint-  Jacques, 

XXIX.   pp.  211,   555. 

—  Église    de    Saint -Joseph. 

XXVI  ,     p.     110.     — 

XXVII  ,    p.    578.    — 
XXIX,  p.  557. 

—  Église  de  Saint  -  Quentin  , 

XXVI,  p.  101. 

—  Hôtel  de  ville,  XXIX,  pp. 

211,216. 

LoYKNDEGEM,     église ,      XXVII,      (). 

158. 
Lovenjoul,  église,  XXVIII,  p  520. 

—  XXIX,  p.  161. 
Loverval,  église,  XXVI,  p.  270. 
Loyers  -  sous  -  Lisogre  ,    église  , 

XXVII  ,     p.    519.     — 
XXIX,  p.  555. 
Lukhen,  église,  XXVIII,  p.  589. 

m 

Machelen,  église,  XXVI,  p.  118. 
Mageret  -  sous  -  Wardis,    église, 

XXVII,  p.  15. 


Mailler,  église,   XXVI,   p.  113. 

—  XXVII,  p.  378. 
Maisières,  église,  XXIX,  p.  182. 
Maisor-sous-Sairt-Gér  lrd,  église, 

XXIX,  p.  342. 
Malines,  église  inélropolilaine  de 

Saint-Kombaul,    XXVI, 

pp.  101,  275,  116.  — 

XXVII,  pp.  17,  151, 
112,    520  ,    579.     — 

XX VIII,  pp.  15-2,  199, 
508,521.—  XXIX,  pp. 
16,225,  515,  387. 

—  Église  de    INotre  -  Dame  - 

d'Hanswyck,  XXIX,  p. 
165. 

—  ÉglisedcSainl-Jean,XXIX, 

p.  15. 

—  Mont-de-piété,    XXVI,    p. 

152.—  XXVII,  p.  150. 

—  Séminaire,  XXVI,  p.  111. 
Mall-sur-Geer,   église,  XXVIII, 

p.  129. 
Malorre,  église.  XXIX,  p.  219. 
Marche,  église,  XXVI,  p.  287. — 

XXVIII,  p.    501.    — 

XXIX,  p.  518. 

—  Hôtel   de  ville,  XXVI,   p. 

112. 
MARcmE\Ni>AU-Po:îr,  église   de  la 

Docherie,  XXIX,  p. 515. 
Marilles,  église,  XXVI,  p.  105. 
Martelante,  église,  XXIX,  p. 551. 
Marvie-sous-  Waruin,   église   et 

presbytère,    XXVI,    p. 

116. 
Masseshove,  église,  XXVI,  p.  413. 
M  eeksel-Kieseghem,  église, XXIX, 

p.  11. 
Mekrbeek-lez-Corterbbrg,  église, 

XXIX,  p.  512. 
Meerbekb,  église,  XXIX,  p.  184. 


\1V 


Mehaigne,  église.  \\I\,  p.  7,1-2. 
Melden,  église,  XXVI.  p.  295. 
M  ilulrt  (Bradant),  église,  XXVII, 

p.  151. 
Meldert    (Flandre    orientale), 

église,  XXVIII,  P.  190. 
Melkwezer,    église,    XXVI,    p. 

415. 
Melreix  -  sors  -  Hotton,   église, 

XXVII,  p.  579. 
Membre,  église,  XXIX.  p.  585. 
Membriggen.     église.    XXVI,    p. 

295. 
Me.nin.     église    tle    Sainl  -  V;i;isl , 

XXVI,  p.  271. 
Mbrxplas,  église,  XXVII,  p.  5IG. 
Messines,  église.  XXVI,  p.  275. 

—  XXVIII,  p.  151. 
.Métier   (Le)    des    tapissiers    de 

HADTE-LICB,      A      BlNCHE. 

XXVII.  p.  143. 
Mecx,    église.  XXVII,   pp.    157, 

424.  —  XXIX,  p.  555. 

—     Presbytère,  XXIX,  p.  555. 

Michami-s-socs-Longwilly,  église, 

XXVIII,  p.  190. 
Middelboirg,  église,    XXVI,    p. 

290. 
Middelkerke,  église,  XXVIII,  p. 

525. 
Moen,  église,  XXVI,  p.  448. 
Moerbbke-Waes.    église,   XXIX, 

p.  185. 
Mogimont-mh.-Vivy, église.  XX  VI. 

p.  295.  —  XXVIII,  p. 

520. 
Mohimi.i.i:.    presbytère,    XXVII, 

p.  15. 
Moinbt-soes-LongwilijI  .  presby- 
tère, XXVIII,  p.  17. 
Molbrdorp-soi  s-Bredbm  .  église, 

XXIX.  p.  555. 


Molensteue-sols-Schaefen,  église, 

XXVI.  p.  270. 
Moll,  église,  XXVIII,  p.  18. 
Monceau  -sir-  Sambre  ,     église , 

XXVII.  pp.  17,  152. 
Mons,   église    de   Sainte-Waudru, 

XXVII,  pp.    12,    154, 
il  9. 

Mort,  église  el  presbytère,  XXIX. 

p.  184. 
Mont- a  -  Li:ix-  sois-  Moiscron  , 

église,  XXVIII,  p.  507. 
Mont-Saint-Amand,  église,  XXIX. 

p.  550. 
Mont  -  sir  -  Marchienne  ,     église  , 

XXVIII,  p.  520. 

—  Maison   vicariale,   XXVI, 

p.  292. 
Moortzeele,  église  et  presbytère, 
XXVII,     p.    141.    — 

XXIX,  p.  541. 
Mouland,  église,  XXIX,  p.  221. 
Moiscron,  église,  XXVI,  p.  454. 

—  Hôtel    de    ville,    XXVII. 

p.  129. 
Moistier  -  sir  -  Sambre  ,     église . 

XXIX,  p.  400. 
Minsterbilsen ,     église,     XXVI, 

p.  145. 
Mime,  église,  XXVII,  p.  141. 


\ 


iNaast,  église,  XXIX,  p.  554. 

Namor,  église  cathédrale  de  Saint- 
Aubin.  XXVII,  p.  155. 
—  Église  tle  Saint -Loup, 
XXVI,  p.  101. 

Nassogm..  église,  XXVII,  p.  152. 

Nederbrakbl,  presbytère  XXIX. 
p.  541 . 


\\ 


Neer  -  Glabbebk  ,       presbylère  . 

XXVI,  p.  269. 
Neerharren ,  église,    XXVI,   p. 

265.  —  XXVIII,  p.  514. 

—  XXIX,  p.  546. 
Neerysschb,     église,    XXVI.    p. 

264. —  XXVII,  p.  152. 

—  XXVIII.  p.  508. 
Nedfchateac,   église.   XXVII,  p. 

140. 
Xei 'viLLE-sots-ViELSALM,  chapelle, 

XXVIII,  p.  129. 
Neyghem,  église,  XXVI,  p.  104. 

—  XXVIII,  p.  198. 
Xiel-  lez- Saint- Trou  d  ,     église, 

XXVI,  p.  270. 
Nie  u  port,  église  paroissiale, XXVI. 
p.  449.  —  XXIX,  pp. 
185,  546. 

NlEUWERKERKEN  .    église  .     XXVI. 

pp.  145,440.  —  XXVII. 

p.  316. 
Nieuw-Khodb,  église.  XXVI,   p. 

445. 
Nivelles,    église    de   Sainle-Ger- 

trude,  XXVIII,  p.  524. 

—  Palais  de  justice,  XXV1J. 

p.  156.  —  XXVIII.  p. 
587. 

—  Salle  de  fêtes,  XXIX,   p. 

180 
Xives,  église,  XXVII,  p.  157. 
Xotes  et  remarques  sur  les  quatre 

David  Teniers,  XXVI, 

p.  149. 
Xotes  pour  servir  à  l'histoire  de 

la  sculpture  eu  Belgique. 

—  Les  retables.  XXIX. 
p.  425. 

iS'OTE    SUR    LE    ERÉV1AIRK     GrIMAKI 

et  les  manuscrits  à  minia- 
tures du  commencement 


du  \\V  siècle.  XXVIII. 
pp.  155,  509. 
N"i i  si  i!  i  m.  Mi.nvii.il.  rappelant 
l'édification  a  Bruxelles 
de  l'église  des  Carmélites 
thérésiennes,  XXVI,  p. 
505 . 

O 

Ochamps,  église,   XXVI,   p.  271. 
Ohey,  presbytère,  XXIX,  p.  555. 
Onu  y.  église,  XXIX,  p.  14. 
0>oz,  église.  XXVIII,  p.  19. 
Oostacker,   église.    XXVIII ,  p. 

198. 
Oostcamp,  église,  XXXII,  pp.  Il, 

14.  —  XXIX,  pp.  178, 

184. 
Oost-Eecloo,   église,  XXVIII,  p. 

198. 
Oosterloo  -socs-Gheel  ,    église  . 

XXIX,  p.  181. 
Oostham.  église,  XXVI,  p.   297. 

OoSTHOVEN-SOnS-VlEBX-TliRNHOUT, 

église,  XXVIII,  p.  588. 
Oostkerke,   église .    XXVIII,   p. 

152. 
Oostmalle,  église,  XXVIII,  p.  198. 
Oost-Roosebeke.    église,    XXVI. 

p.  272. 
Op-Glabbeek,    église,   XXIX,   p. 

356. 
Opgroiby,  église,  XXIX,  p.  466. 
Opheers,  église,  XXVII,  p.   15. 
Ophoven,  presbytère.  XXVII,  p. 

157. 
Oplirtbr,  église,  XXVII,  p.  580. 
Oppuers,   presbytère,    XXVI,  p. 

292.  —  XXVII,  p.  13. 
Orgeo,  église,  XXVIII,  p.  19. 
Ortho,  église,  XXVII,  p.  152. 


XVI 


Overbroeck-socs-Brecht  ,  église , 

XXVIII.  p.  307. 

—  Presbytère,  XXIX.  p.  341 . 
Overmkiri:. église,  XXVII,  p.  131. 
Overyssche.  <irli>u  de  Saint-Martin, 

XXIX.  pp.   179.   406. 


Paricke,  presbytère,  XXVI,  p. 
269. 

Peer,  église,  XXVI,  p.  454. 

Peleaixes,  églue.  XXVI,  p.   143. 

Pellemjerg,  presbytère,  XXVII, 
p.  130. 

Perck.  égiise,  XXVI,  |).  143. 

Pesches,  presbytère,  XXVIII,  p. 
17.  —  XXIX,  p.  219. 

Pbtighy,  église,   XXIX.  p.  -21!). 

Petite-Sommb-sous-Borlon  ,  cha- 
pelle, XXVI,  p.  453. 

Philippeyille  ,  église.  XXVII, 
p.  141. 

Pierres  tombales  historiées  et 
inscriptions  tuiuulaires  de 
l'hôpital  de  Notre-Dame 
à  Audenaerde,XXVI,  p 
100. 

Pitthem,  église,  XXVII,    p.  141. 

Ploegsteert,  église,  XX IX. p.  183. 

POLLlNCHOVE,égIise,XXlX,  p.  185. 

Popebinghe,  église  de  Saint-Jean, 

XXVIII,  p.    199.    — 

XXIX,  p.  178. 
PoRCHEBBSSE,^glise,XXVI,p.297. 
Potiers  ei    faïenciers    todrrai- 

sibns,  XXVI,  p.  270. 
Proven,  presbytère, XXVII,  p.  13. 
Pry,  église,  XXVIII,  y.  18. 
Pitii.  églisi  .  \\l\.  p.  -ils. 
Ptpelheide-soi  s-Boisschot,  église, 

\\l\.  p.  211». 


Q 

Quarbgnon,   presbytère.   XXIX, 

p.  218. 
Quaremont,  église,  XXIX,  p.  542. 


B 

Ramsdosck,  église  et  presbytère, 
XXVI,  p.  445. 

Ramsbl,  église,  XXVII.  p.  14.  — 
XXIX,  p.  184. 

Rapport  à  M.  le  Ministre  de  l'agri- 
culture, de  l'industrie  et 
des  travaux  publics,  con- 
cernant les  principes  à 
suivre  dans  la  confection 
des      projets     d'autels , 

XXVI,  p.  200. 
—     à  M.  le  Ministre  de  la  jus- 
tice, concernant  la  con- 
fection des  projets  d'égli- 
ses, XXVII,  p.  425. 

Rai  w-sois-Moll,    église,    XXIX 

p.  403. 
Rebecq-Ro<;\on  ,    église,    XXVI 

p.  105. 
Rechri val- sors -Tillet,     église 

XXVII.  p.  140. 
Ri  m,  presbytère,  XXVIII,  p.  17 
REGitEZ-sous-BiHAifl ,    presbytère 

XXVI.  p.  141. 
Remparts  d'Ablok,  XXVII, p.  57 
Remparts  romains  d'Arloh  et  de 

TONGRES,     XXVIII,     p 

77.  —  XXIX,  p.  23. 
Re\jh:i\-Iîas,    église,   XXVII,   p 

.-.I!). 
EUndecx-Haut ,    église,   XXVIII 

I».  128. 
RBNifiGflEliST,  église,   XXVIII,   p 

307. 


XVII 


Reppkl,  église,  XXIX,  p.  221. 
Rethy,  église,  XXIX,  p.  4(36. 

RHO0E-SAlRT-PlERRB,égIise,XXlX, 

p.  2'20. 
Rienrb,  église,  XXIX.  p.  466. 
Rillakr,  église,  XXVII.  p.  (24. 
Rociiefort,  hôtel  de  ville,  XXVI, 

p.  441. 
Romedewre-socs-Surice ,      église, 

XXVIII,  p.  106. 
Rordu-sous-Remagre,    presbytère. 

XXIX,  p.  535. 
Ronzor  -  sois  -  Rerdegx  ,     église , 

XXVIII,  p.  389. 
Roulers,   cimetière,    XXVII,    p. 

155. 
—    église    de     Saint- Amand, 

XXVII,  p.  158. 
Roy,  église,  XXVI..  p.  293. 
Rumbeke,  église,  XXVIII,  p.  592. 

—  XXIX.  p.  542. 
Rumes,  presbytère,  XXVII,  p.  518. 
Rsyen,  presbytère,   XXVIII,  p. 

319. 
Ryckevoorsel  ,    église,    XXVII, 

pp.  13,  159.— XXVIII, 

p.  16. 


Sairlez-sous-Holla>ge,     église. 

XXVIII,  p.  128. 
Sairt-Amard,  église,  XXVIII,  p. 

320. 
SAiTT-Amoir'ïE-sois-BRECHTjéglise, 

XXVIII,  p. 501. 
Sairt-Deris,  église,   XXVIII,   p. 

129. 
Sainte-  Marie  -lez-Necfchateab, 

église.  XXVII,  p.  155. 
Sairt-Georges-ter-Distel,  église, 

XXVIII.  p.  18. 


Sairt-Gêry, église, XXIX,  p.  534. 
Sairt-Ghislair  ,  église,  XXVIII, 

p.  132. 
Sairt  -  Gilles  -  lez  -  Bruxelles  . 

église,  XXVIII,  p.  lii 
Saint-Gilles-lez-Termokde, église, 

XXVI II,  p.  445. 
Sairt-Hubert,  église,  XXVI,  pp. 

143,   446.  —  XXVII, 

p.  133.  —  XXVIII,  p. 

152. -XXIX,  pp.  183, 

536. 
S.viRT-.JuB-iR'TGooR,église,X\Vl, 

p.  105. 
Sairt -Josse-  ter-Noode,   église, 

XXIX,  p.  182. 

—  Hôpital,  XXIX,  p.  357. 
Sairt-Laurert,    église,    pp.    16, 

219. 

Saint-Léger,  église,  XXVIII,  p. 
5!)  1 . 

Sairt-Leorard,  église.  XXVII,  p. 
16.  —  XXVIII,  p.  152. 

Sai.nt-.Mard,  église,  XXVII,  p. 
578. 

Saint-Paul,  église. XXIX,  p. 462. 

Sairt-Trord,  église  de  Saint-Mar- 
tin, XXVI,  p.  442.  — 
XX Vil,  p.  13. 

—  Hôpital,  XXVI,  p.  291. 
Salm  -  Château  -  sous  -  Vielsalm, 

église,  XXVI,   p.  271. 
Samrée  ,     église    et     presbytère. 

XXVII,  p.  152. 

Sartbkbger,  église,  XXIX,  p.  466. 

Sautoir,  église,  XXVI,  p.  443. 

S.oertuem, église,  XXVII,  p.  325. 

Schaerbeek,  église  de  Sainte- 
Marie,  XXVI,  p.  265. 
—  XXVII,  p.  419.  - 

XXVIII,  p.     502.    — 

XXIX,  p.  213. 


xvin 


Schaerdeek.,  église  des  SS.-Jean-et- 
Nicolas,  XXVII, p.424. 

—  Hôtel  communal,    XX\  I . 

p.  100. 
Schaffe>      (Brabant).      église, 

XXVIII,  p.  125. 
Schaffes     (  Limbourg  ),     église, 

XXIX.  p.  220. 

SCHEIiDEWINDBKB,   église,     XXVIII, 

p.  129. 
Schooteîï,  église,  XXVII,  p.  16. 

—  Presbytère,  XXVI,  p.  269. 
Schoot-sous-Tessenderloo,  église, 

XXIX..  p.  219. 
Schcrhoven  -  sois  -  Saint  -  Tro-\d, 
église,  XXVIII.  p.  198. 

SciLPTEIRS      (LES)       BEYAERT  ,      DE 

Louvàiît,     XXVII,     p. 

loi. 
Simpst.  église,  XXVI,  p.  100.  — 

XXVII.  p.  12. 
Seraikg,  presbytère  de  la  paroisse 

deSaint-JosephjXXVHI, 

p.  300. 

'S    f.RAVENWEZEL,    église,    XX  Vil. 

p.  318. 
Sichem.  église.  XXVI.  p.  143.  — 

XXVII,  p.     142.    — 

XXVIII,  pp.  199,  592. 

—  XXIX,  p.  536. 
SiGitEULx  -  sots  -  Beeid  .      église , 

XXIX,  p.  221. 
Simosis  (Eugène),  XXVI,  p.  585. 
;lbydi;*ge,  église,  XXVI.  p.  295. 
slize-sur-Geer,  église.  XXVI,  p. 

145.  —  XXIX,  p.  15. 

SMEERMAES-SOUS-LA1VAEK.EN  ,     Cha- 
pelle, XXVIII,  p.   198. 
Snelleghem,  église,  XXVII,  p.5i  8. 

—  XXIX,  p.  14. 

Soii.mes,  église  de  Sainl-Vinceni, 
XXVII.  p.  155, 


Solre-sur-Sambre,  église,  XXVII. 
p.  3-20. 

SOMBEKE    -   sois    -    WaESMUSSTKH  . 

église,  XX VII.  p.  319. 

—  XXVIII.  p.  320. 
Soignez  -  soi  s-  Aywaille,  église, 

XXVI,  p.  442. 
Soi>ug\e.  église,  XXVI,  p.  287. 
Souverain  -  Wajidrb  ,      église, 

XXVII I.  p.  320. 
Souvrkt,  église,  XXVI,   p.  145. 
Spa.    église  primaire,  XVIII,  pp- 

16,  19. 
Spalrebk,  église,  XXVI,  p.  105. 

—  XXVII,  p.  158.  — 

XXIX,  p.  219. 

—  Presbytère,  XX VIII,  p.  17. 
Staeroeck,  église,  XXIX.  p.  185. 
Stavelb,  église,  XXIX,  p.  542. 
Steendorp,  église,  XXVI,  p.  142. 
Steenkerke,  église.  XXVII,p.  153. 
Steenkerqie,  église,  XXVIII,  p. 

197. 
Stevoort,  presbytère,  XXV11,  p. 

578. 
Stdytekenskerke,  église.  XXVII, 

p. 421».—  XXIX,  p.  222. 
Sirice,  église.  XXIX.  p.  183. 
Scteîtdael,   presbytère.    XXVIII, 

p.  307. 
Sysseele.  église,  XXVIII.  p.  588. 


Tai.ttegries,  église,  XXVIII,  p. 
519. 

Tamise,  église,  XXVIII,  p.  520. 

Tarcien>k.  église.  XXVII,  p.  151 . 

Tb.vBrieleiy-sous-Cominbs  ,  pres- 
bytère, XXVIII,  p.  18. 

TEV-FEnE-suLS-W'ETTERES.  église. 

XXIX,  p.  467. 


\I\ 

Terlaexk?!  -  sous  -  Ovkrysschi  .  Tongres,    église  de  Noire-Dame, 

église,  XXVIII,  pp.  loi,  XXVI,     p.     297.     - 

525.  XXVII,    p.     134.    — 

Tbrmes,  église,  XXIX,  p.  -466.  XWIII,    p      199.    - 

Termojde,  église  de  Notre-Dame.  XXIX,  pp.  16,  i<><>. 

XXVIII.  p.  197.  —     Église  de  Saint-Jean-Bap- 

—  Hôtel  (le  ville,  XXVII,  p.  liste,  XXVI,  p.  105. 

422.  —  XXIX,  p.  540.  XXVII,    p.     578.    — 

Tsrrath,  église,  XXIX.  p.  2-22.  XXVIII.  p.  126. 

Tfrvikren,    chapelle    de    Saint-  —     Palais  de  justice,   XXIX. 

Hubert  (parc  du  château  p.  15. 

royal),  XXIX.  pp.  53ii,  —     Porte    de    Visé,    XXVIII. 

546.  P-  317. 

Theix,  église.  XXIX.  p.  220.  Tokgrisses,  église,  XXVI.  p.  100. 

Thiklek,  église,  XXVI,  p.  448.  Tocrrai,   cathédrale,    XXVI.    p. 

Thirlt,  beffroi,  XXVI,  p.  13'.).  501. 

—  Église     de    Saint-Pierre .  —     Chapelle  du  faubourg  Sainl- 

XXVI,  p.     273.     —  Martin,  XXVI.  p.   142. 

XX VIII,  p.     197.    —  —     Eglise    de    la    Madeleine, 

XXIX.  pp.  IL  13.  XXIX.  p.  544. 

Thon,  église.  XXVI    p.  !  U.  —     Église    de    Saiiil-.Jaei|ues, 

Thoiboit.  église,  XXVII.  p.  159.  XXVI.  p.  -273. 

—  XXIX,  p.  ifiti.  —     Eglise  paroissiale  de  Notre- 

Thuir,  abbaye  de  Lobbes,  XXVII.  Dame,  XXVIII,  p.   15. 

p.  13.  —     Halle  aux  Draps,  XX VU, 

—  Hospice     de      vieillards,  p.  377. 

XXVII,  p.  13.  Tolrîieppe,  église,  XXVII,  p. 518. 
lin  lis,  église,  XXVI.  p.  -iiio.  Transin.nl.  presbytère,  XXVII,  p. 
ÏHY-LE-Bunm  in.    église,   XXIX.  425. 

p.  14.  Trivières,  presbytère,  XXVII,  p. 

Thvnks,  ancienne  église,  XX Vil.  !3o". 

p.  lit.  Tronchiknnks.    église,    XXVI,    p. 

Tfri.kmont,  église  de  Notre-Dame-  -297. 

an-Lac,  XXIX,  p.  ôaU.  Turrholt,  église  de  Saint-Pierr 

—  Eglise   de   Saint-Germain,  XXVII  ,    p.    1-29. 

XXVIII,  p.     20.     —  XXIX,  p.  336. 

XXIX,  pp.    183,  -2-23, 
3S6. 

—  Académie.  XXIX,  p.  350. 
Tombeau  (Le)  de  Jacob  Vvn  Maer-  Ule-bek,  église,  XXVII.  p.  320. 

lant,  a  Daxxe,  XXVII,  L'ksel,  église,  XXVIII,  p.  3111  . 

p.  455.  Uytkerke,  église.  XXVII.  |».  124. 


U 


\\ 


Vfdriv  église,  XXIX,  p.  3.*i5. 

Veerlb.  église,  XXVI,  p.  145. 

Velaines,  église,  XXVII,  p.  5-1S 

Verres  «façon  df  Venise  «fabri- 
qués aux  Pays  -  Bas  , 
XXVI.   pp.    193.    31  5. 

—  XXVIÏ,  p.  lit".  — 

XXVIII,  p.     200.     — 

XXIX.  p.  9b. 
Vfrtryck.  église,  XXIX.  p.  467. 
Verviers,  hôpital,  XXVIII,  p.  587. 
Vezis,   église,    XXVI.   pp.    295, 

445. 
Vbmw,  église,  XXVI,  p.  143. 
Vibux-Oiei  -socs-Mortsel,  église, 

XXVI il.  p.  19. 
—     Presbytère  ,    XXVII  ,    p. 

loi). 
Ville-ew-Hesbaye,  église,  XXVII, 

p.  14. 
ViLLERS  -  i) f. i  \  -  Églises,    église, 

XXIX,  p.  555. 

VlLLERS-DE-BOIS,     SODS-VlELSALM, 

église.  XXIX.  p.  541. 
Villers-  la-  Borne  -Eac  ,  église, 

XXIX,  p.  181. 
Villers  -  la  -  Toi  b  ,    presb)  1ère, 

XXVI,  p.  291. 
Villers  -  la  -  Ville  ,     ancienne 

abbaye,  XXVII,  pp.  19, 

580. 
llers-l'Éyéqle,    église,   XXVI, 

p.  292.  —   XXVII,   p. 

14.  —  XXVIII.  p.  389. 

—  XXIX,  p.  219. 
Villers-lez-Heest,  égli=e,  XXIX. 

p.  219. 
Vissoi  !  i.  -  soi  >-  Tavigjtï  ,    église  , 

XXIX,  p.  218. 
\  ivy,  église,  XXVI,  p.  1  i5. 


Vleckem,  église,  XXVIII.  p.  131 
Vliermael-Roodt,  église,  XXIX, 

pp.  14,  220. 
Vlimmeren,  église,  XXVI,  p. 297. 
\  usseguem.  église,  XX\  III,  p. 18. 

—  XXIX,  p.  14. 
Vollezkelk,  église.  XX!X.  p  184. 
Vorst,  église  de  Sainle-Gertrude, 

XXIX,  p.  407. 
Vosselaere,    église,   XXVII  ,   p. 
131.  —  XXIX,  p.  527. 

W 

Waerdamme.    église,  XXV1I1,  p, 

307. 
Waereghem  .     hospice  -  hôpital  , 

XXVII,  p.  14. 
Walcourt,    église,    XXVI,    pp. 

275,  288.    —  XXVII, 
pp.    154,  427,  428.  — 

XXVIII,  p.    503.    — 

XXIX,  pp.  214,    225, 
544,  556. 

Waltzisg-soi  5-Bonîïert,    église, 

XXVIII,  p.  IS. 
Wandre,    église    et    presbytère, 

XXVII,  p.  141. 
Waremmb,  église,  XXVII.  p.  129. 

—  XXVIII,  p.  194. 
Warnbtos,  église.  XXVlI,p.I5l. 
Warsage,  église,  XXVIII,  p.  151. 
Wasmuel,    église    el    preshytère, 

XXVIII,  p.  19. 
Waterloo,  église,  XXIX,  p.  222. 
Waterxael,    église.    XXIX,    p. 

220. 
NVatervliet,   église,   XXIX,    p. 

344. 
Wavre,    église    de    Saint-  Jean  - 

Baptiste,  XXVI,  pp.440, 

445. 


XXI 


Wavreille,   église,   XXVIII,   p. 

196. 
Wu  re-Saiste-Catherise,  église, 

XXVII,  p.  155. 

WecHELDERZANDE,    église,    XXVII, 

p.  578. 
Weert,  église,  XXVII.  p.  4*24. 

WELK.EKRAEDT,     église,     XXVI,    p. 
295. 

Welu\,  église,  XXVIII,   p.  520. 
Wercken,  église,  XXIX.  pp.  184, 

167. 
Wervicq,   presbytère,  XXVI,  p. 

455. 
Wesehael,  église,  XXVI,  p.  -295. 
Wesembeek.    église.    XXVI.    p. 

2ui.—  XXVII.  p.  520. 
Wksterloo,  église,  XXVI.  p.  287. 

—   XXVII,   p.    14.  — 

XXIX,   pp.   220,   544. 
Westrem-socs-Massëmeïi  ,    église, 

XXVIII,  p.  591. 
Wevklghem,   église,  XXVIII,   p. 

129. 
Wbyer,  presbytère,  XXVI,p.291. 
Weyler-soiis- Ai  tel-Bas,     église, 

XXVII,  p.  157. 
Wezel-Rabw-sous-Moll  ,    presby- 
tère, XXIX,  p.  218. 
Wezerex,  église,  XXVI,  p.  445. 
W  il.  m.  kt-  sois-  Esschl>',     église, 

XXVII,  p.  319. 
WiLuxcuiRT,  église,  XXVIII,  p. 

128. —  XXIX,  p.  177. 
Wiu.AiPcis,  presbytère,  XXVIII, 

p.  195. 
WilIiEbrueck,  église,  XXVII,    p. 

426. 
Wilmarsduxck,  église,  XXVI,  p. 

270.  —XXVIII,  p.  19. 
WijjSbb&e,    église,     XXVIII,    p. 

129. 


Wintershuve.i,    église,    XXVIII, 

p.  196. 
Wintu  vm  -soi  s- H  ingère  .     église  . 

XXVI,  p.     145. 

XXVII,  p.      141.    — 

XXVIII,  p.  385. 
Woesteh,  église,  XXVII,  p.  42t. 
WuLFSooncK-soi  s-La:vgdorp, église, 

XXIX,  p.  13. 
VVosck.,  église,  XXXIII .   p.   197. 
Wodbrechtecem,  église,  XXVIll, 

p.  197. 
\\i  i.pi;.\,  église,  XX  \  III,  pp.  320, 
589.    —    XXIX,     pp. 
221,  556. 

—  Presbytère,  XXVII,  p.318. 
Wychmael,    église,    XXVIII,    p. 

151. 
Wyshagbs,  église,  XXVI,  p.  1  i-j. 
-  XXVII.  p.  519. 

—  Presbytère,     XX  VII,    p. 

150. 


Vprks.  église  de  Suint- .Martin  . 
XXVI,  p.  44b. 
-  Huiles,  XXVI.  pp.  101. 
137.  -  XXVII,  pp. 
129.  57(i.  —  XXVIII, 
p.  126.  —  XXIX,  pp. 
179,  557, 

V\  KS-CrUMEZKE,  église.  XXVIII, 

125. 
Y  voir,  église,  XXVII,  p.  151. 


Zamhel  -  sous  -  Gheel  ,     église  , 

XXVIII;  p.  584, 
Zeelhem,  église,  XXVII,  p.  158. 


XXII 

Zittaert-sous-Meerhout,    église.  Zoiwiebekb  ,     église,    XXVI,    p. 

XXVI.  p.  484.  271. 

Zoerle-Parwts,  église,  XXVIII,  Zutdschote,  église,  XXVI, p.  293. 

p.  391.  —  XXVIII,  p.  308.  - 

—     Presbytère,XXVIU,p.t28.  XXIX,  p  220. 

Zoersrt.  ,    église    et     pn-sbylère,  —  Presbytère,  XXVII,  p.  424. 

XXVI.  p    144.  ZiiYEJiKERKE,    église,    XXVII,    p. 

Zolder,  église,  XXVI.  p.  443.  i  10.  —  XXIX,  p.  184. 


XXI! 

Zittaert-sous-Meerbout,    église,  Zonïvebekb,     église,    XXVI,    p. 

XXVI,  p.  rit.  271 . 

Zoerlb-Parwts,   église,   XXVIII,  Zivdschote,  église,  XXVI, p.  293. 

p.  391.  —   XWIII.  p.  308.  — 

—     Presbytère,XXVIII,p.I28.  XXIX,  p   2-20. 

Zoer-f.i,  ,    église    et     prrsbylère  ,  —  Presbytère.  XXVII,  p.  424. 

XXVI.  p    144.  ZrYE\KERKE,    église,     XXVII.    p. 

ZoiùER,  église,  XXVI.  p.  44-ï.  I  50.  —  XXIX,  p.  184. 


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