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Full text of "Report [and Minutes of evidence] of the Truck committee .."

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r 












\ 



BULLETIN 

DES SCIENCES OEOGRAPHIQUES 

tCONOMIE PUBUQUE, VOYAGES. 



TOME XXV. 



. 



LISTE 
DE MM. LBS COLLABORATEURS 

DE LA yr SECTION 

DU BULLETIN UNIVERSEL DES SCIENCES 
ET DE LllNDUSTRIE (i). 

Redacteur principal: M. Thomas. 

GiOGRAPHIE PHYSIQUE ET POLITIQUE. Collob, I MM. AugOjat, 

Botlin , Coquebert de Montbret (C. M.) , Denaix (Den.), Dep- 
ping (D-G.), de Ferussac(F.), L. de Freycinet, Dezos de la 
Roquette^ Larenaudiere , Levillain, Lourmand , Sueur- 
Merlin , Walckenaer, Warden^. 

Geooraphie ancienne ET COMPARE. MM. Barbie duBoccage^ 
Bottin, Champollion-Figeac, Depping (D-g.) , Alexandre de 
Laborde, Letronne , Abel Remusal, Walckenaer (W-r.). 

TopoGRAPHiE, GioDi^siE, pLANS, Cartes dc toutc nature. 
MM. Augoyat, Brue , Denaix (Den.), de Ferussac ( F. ) , 
Francoeur, L. de Freycinet, Levillain, Sueur -Merlin, 
Walckenaer (W-r.). 

StATISTIQUE, ArITHMETIQUE politique, ECONOMIEPURLIQUE, ET 

Commerce. MM. Aubert de Vilry, Azevedo, Benoiston de 
Chdteauneuf, Bottin, Coquebert de Montbret (C. M), A. De- 
lambre, Depping (D-G.), Baron Ch. Dupin, de Ferussac (F.), 
Guillemot, Edme Hereau, Jolivot, Alexandre de Laborde, 
B. Laroche, Levillain, Lourmand, Ch. Lucas, le baron 4k 
Malchus, Mauroy, de Petigny, Rodet , Riva , Tardif , Villard , 
Villerme, Villot, Warden. 
Voyages. MM. Aubert de Vilry, Coquebert de Montbret (C. M.), 
A. Delambre, Depping (D— g.), Dezos de la Roquette, de 
Ferussac (F.), L. de Freycinet, Edme Hereau, Larenaudiere , 
Lesson , Albert-Montemont , Riva , Roulin , Sueur-Merlin , 
Walckenaer , Warden. 

(-<) Ce Recneil, compose de hait sections, aazqnelles on pent 
s^abonner sepirement, fait suite au Bulletin gSnSral et universel des 
annonces et des noitvellcs scientifigues , qui forme la premiere annee de ce 
i onmal.Le prix de cette premiere annee (z8a3) est de 40 ^« ponr 4^ol. 
io-8**, on I a cahiers, composes de 10 feaiUes d'impression cfaacnn. 

PARIS. — IMPRIMERIE DE AMB. FIRMIN DIDOT, 

AUK JACOB, H^ S4. 



BULLETIN 



DES SCIENCES G^OGIUP«9^^ 

^coNOMiE PUBUQUE, v^a iJiaMaj ^ 

KiBioi FA» M. THOMAS. 



VI* SECTION DU BULLETIN UNIVERSE!, 

PUBLIIK 

PAR LA SOCIETE 

POUK LA 

PROPAGATION DES CONNAISSANCES 

SCIENTU-IQUES ET INDUSTRIELLES, 

ET SOUS LA ]>IR£CT101f 

DE M. LE BARON DE FERUSSAC. 



TOME VINGT-ClNQUlftME, 



V 



A PARIS, 

Au Bureau cbittiial du Bulletin , rue de TAbbaye, n^ 3, 
£t chez A&TBus Bert&and, rue Hautefeullle, n^ a3. 
Paris y Strasbourg et Londres , chez MM. Trkuttel et Wuete ;^ 
Leipzig y chez MM. Bkocjlhaus. 

1831. 



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.1 :. ' y I I 



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I « I •. 



• • V 



AVIS ESSENTIEL. 



La crise commerciale dont toutes les entreprises > et princr- 
palement celles qui sont destinees k la propagation des con- 
naissances scientifiquesy ont souffert depuis un an, nt nous a 
pas permis de publier jusqu'ik ce jour plus d'un cahier des huit 
sections du BuUetin pour I'annee i83i. 

Le cahier de Janner seul a paru. Nous publions aujourd'hui 
celui de FivneTy et celui de Mars pariutra d'ici 4 peu de jours. 
Ce retard nous a et^ p^nible , peut-etre encore plus qu'^ nbs 
abonnes , dont les r^lamations fondees et la juste impatience 
nous ont prouve I'interet qu'ils portent a nos travaux, et nous 
n'avons cesse de chercher les moyens de remplir nos engage- 
mens envers eux, et d*acquerir de nouveaux droits k Tattention 
publique. 

Ce moment est arrive; des arrangemens pris avec une Asso- 
ciation, composee de MM. flrmin Didot, Fain et Desgranges, 
dont les maisons, connues dans la librairie et Timprimerie, of- 
frent des garanties certaines , assurent desormais la publication 
reguliere de notre recueil. A compter de ce jour, cette Associa- 
tion se charge, pour le compte de la Societe anonyme du BuUe- 
tin, des rapports commerciaux et de tons les details d'execution 
d'uue entreprise qui s'est montree k elle sous le double rapport 
de rinteret des sciences et de I'industrie k soutenir, et d*une oc- 
cupation reguliere k creer pour un nombre considerable d'ou- 



I vriers. 

I 



Toutes nos dispositions ont ete concertees avec les siennes , 
pour que nous puissions bientot avoir mis au courant la publi- 
cation du BuUetin, 

Deux cahiers , au moins , paraitront par mois jusqu'l^ ce que 
Tannee i83i ait ete entierement publiee^ et nous esperons y 
parvenir k la fin de Janvier x832. 

Les tables, formant le la® cahier de Tannee i83o, sont sous 
presse, et paraitront tres-prochainement. 

Paris , le 3o septenbre 1 8 3 1 . 



I 



• \ 



BULLETIN 

I 

SCIENCES GEOGRAPHIQUES. 



fiCONOMIE PUBLIQUE, VOYAGES. 



%^^«M/^ m^tt^ %'%<%». ^^v^'^^.^^m'^k %<%<%%i^/%%^»%»%«^^'»r»<*%<%'%%/%<»<»/^»%%«%i%%<%<^^^% 



GEOGRAPHIE kt STATISTIQUE. 



I 



I. DiCTIONNAIRE CLASSIQUE ET UNIVEESEL DE GeOCRAPHIE XO- 

DERKE, contenaDt la description succincte des pays et priiiT 
cipaux lieux dit gldbe, d'apres un nouvcau plan pour les 
gcneralites on grands articles decrits sous les deux grandes 
divisions de la geographic physique et politique, avec 
leurs subdivisions par ordre de matiercs : extrait et tra- 
duil des meilleurcs autoriles d^ins les principales langues 
de I'Europe, avec les sources cilees ik chaque article; le tout 
redige et mis' en ordre par Hyacinthe Langlois; precede 
d'une Introduction tres-etendue,et termine par un Index des 
noms de la Geographic ancienne comparee avec la geographic 
moderne; par ^^%'Tableaux des poids, mesures (ft^onnaieSi 
des divers .Etats: de TEurope, des changes des principales 
places de commerce, etc., etc. Tome H et dernier,. en a 
parties, Q-?, et>s,efaible de 1,770 pages; prix, 12 fr. pour les 
souscripteurs. Lo^uvrage complet en 4 vol., gr.-8^, grand 
raisin velin, de 8 i\ 900 pages chacun, avec un atlas de 
geographic ancieiinc et moderne , in-4° de aa cartes, par 

Arrowsmith et d'Ahville, sc vend br 36 fr. 

Jdept avec un atlas petit iu-fol. de 41 cartes par l«s 

memes auteurs 45 

Idem in-4^ sur carr^ velin, avec le petit atlas. • . . . • 54 

— avec Tatlas petit in-fol 65 

£n ajoutant 5 fr. aux prix ci-dessus, on cxpediera franco 
par diligence pour toute la France. 

« De toutes- ies sciences qui ornent Tesprit humain, la geogra- 

F. ToMR XXV. — Janyibr i83i . 1 



a Geographic 

phie est nne des plus iitiltt et des plas agreables. Parmi les sa^ 
Tans, coinme dans les'hautes classes de la societe, on reconnait 
son importance et sa necessite. EUe plait , satisfait et instrult 
font k la.fois : quelle plas belle et plus noble etude, apres celle 
du ciel, que la connaissance de notre globe ! Fidele compagne 
de rhistoire, la geographie guide partout ses pas. « La geogra- 
phie est Toeil de rhistoire)>, a dit Ciceron, et rien n'est plus 
e:i(:act. 

« Empiefant sur le domaine de son ainee , la geographic ne 
vit que de faits. Elle s'associe a Tastronomie pour etablir le ve- 
ritable systeme da monde^ et representer la correspondance 
que les parties de notre planete ont avep celles des corps ce- 
lestes, les effets qui en resultent, et les divisions mathemati- 
ques transportees du ciel sur la terre. Cette science, maintenant 
tres-etendue, et qui a depasse de beaucoup ses limites, em- 
brasse tons les principaux evenemens physiques et politiques : 
elle dit les bouleversemens de notre globe operas par le deluge 
universel, les tremblemens de terre, les eruptions des volcans, 
les ecroulemens des montagnes , les envahissemens de la mer : 
elle dit les changemens operes sur la surface de la terre par la 
main des hommes ; Torigine, les progfes, les revolutions et les 
chutes des royaumes et des empires ; les pays ravages par les 
fl^aux de la guerre, de la peste et de la famine; les sieges et 
les batailles memorables, les villes detruites par le fer et la 
Qamme des conquerans. Elle immortalise les savans, les grands- 
hommes,en citant leur patrie;'ene trace une esquissedesmoeurs 
et des usages des peuples, de leurs religions, de leurs lois, 
de leurs forces, etc. Elle indique au commerce les pays 
des cinq parties dii monde qui fournisscnt les productions des 
trois r^gnes de la nature, les lieux ou ces produits prennent 
mil le formes diverses sous la main creatrice deTinJustrie^ leuis 
exportations, avec les retours en echangc. En nous reportant 
aux temps anciens, on verra les poetes et historiens celebres 
■verses dans cette science : chez les Grecs, le diviu Homere, He- 
rodote, Thucydide, Xenophon, Denys d'Halicarnasse , etc.; 
chez les Romains, le prince des poetes, Tite-Live, Tacite, etc. , 
ont su allier la geographic a lliistoire. 

« Cest d'apres ce vaste plan, que ce nouveau Dictionnaire g^o- 
^apfaique a ete con^u et redige. Pour donner uhe idee de son 
etendiie, il suffit de direqu'il renferme plus de ioo/>oo articles. 



^ iSMiMttqite. i 

Voki les gmids 61 nombreux avantage^ qu'il ofTlrc stir les leAi*- 
c|aes geogmphiques recemmeiit publies : 

I*' De pr^enter un grand ensemble et un ordre invariable ^ 
eUnt reva et redige en en tier par une seule main, et d'etre 
proportionne dans toutes ses parties, si raison de Icur impor- 
tance : 00 n'a pas sacrifie tons les autres pays k la Franoe, qui 
occupe la plus grande place dans presque tons les diction- 
naires ge6graphiques ; 

a^ De donner des descriptions etendues des principaiix pays 
dii globe par ordre de matieres ; 

3*^ D*4lre nniforme dans I'orthographe des noms propres, 
qti^>tt maintient partout strictement, tels qii*ils s^ecrivent dans 
leuM Idngiies ; ' ^ 

4^ De renfermer Tanalyse succincte des dictionnaires geo* 
graphiques (etranget-s , statistiques , voyages , au nombre de 
pliis dts 10,000 Volumes; 

5^ t)e donner, pour tons les ctats de TKurope et des autres 
parties du mondc, des distances exactes ct orientees des chefs- 
lieux de leurs provinces , en lieues de poste de France, d^apres 
les itincraircs connus; enfin les tableaux des divisions poli- 
tiques de tons leS pays du globe, » ( Extrait flu Prospectus, ) 

A Paris, Chez Hyacinthe Langlois pere,cditeur, rue de Bussy, 
ii* t6, et cihez les principaux llbraircs de la France et des pays 
^Strangers. 

a. ZEitscHKiFt Fiin die alloexbihe Oeooejl»hib« •-- Jonraal 
pour la G^ographie generale, publie^ avec un cojiaborateur i 
par Cb. Hoti^HiifBT, lieut* d'artill. pruss. Tom* IV, cab. 35- 
.^o. lu-S^ Bre&lau; Gruson; les i^^ cafaiers sent de i8a3« 

Notts^ avons rendu comptc des Irois premiers volumes de cet 
DuVragCj^ Tom. Vll, n* i^A^* Nous avons annonce, Tom. Xtll , 
tt*' 7, les 34 premiers eahiers du 4* volume; les i6 ca- 
hiers que nous signalons aujonrd'liui le terminent. Apres avoir 
^puise lout ce qui concerue la topographic de la Prusse, Tau- 
tenr dotine le tableau du commerce de cette puissance, la re- 
partition des habitans par mille carre en 1807; nous ne la rap- 
porterons point, ayant donne la statistique dc ce royaume h 
ufie 6poqwB pltfs r^ccnte. Ce 4* volume est termine par un ex- 
pos^ it la situation des. manufactures dc la Prusse, qui sont 

I. 



4 Geography 

representees dans un etat fiiorissaut attribue.aiix encouragemens 
que cette Industrie recoit du gouvernement. Cette continuation 
justifie ce que nous avons dit de Touvrage. 

3. Dtj coLFE DU Liow, improprement appele c/e X^o/i ow'de 
Lion par quclques geograplics. — Reponse a une reclamation 
de M. Cortambert. 

Jc lis dans le Bulletin des sciences geographiques, T. XXIII , 
n® 172, p. 356, une reclamation de M. E. Cortambert, sur la- 
quelle je crois devoir vous adresser quelques observations qui 
nie paraissent de nature a etre inserees dans votre recueil. 

Ce geographe annonce que, des 1825, et, par consequent, 
anterieurement h. la publication du Tome VIII du Precis de la 
geographic universelle (i), dont il a ete rendu compte dans le 
Tome XXII dui5a//e/., ilavait repandu, dans differens ecrits, et 
notamment dans le Dictionnaire universel de geographies la ve- 
ritable orthograpbe du Golje improprement appele de Lyon. ' 

II est vrai que feu Malte-Brun, dans le Tome IV, p. 47'-^ » 
du Precis^ apr^s avoir cite un passage d'JEratosthene, qui af- 
firme que la ville d'Heroopolis est situec sur le Nil, ajoute ces 
lignes, dont les dernieres contiennent une erreur : « On nous dit 
que le golfe H^roopolite tire son nom de cette ville, qui en est 
yoisine, mais il ne faut pas presser le sens de ces paroles, pour 
les metlre en contradiction avec d'autres expressions plus posi- 
tives ; d*ailleurs, Vexemple du golfe de Lyon prouue quUl n'est 
pas necessaire qii*une ville sOit precisement sur les herds mdme 
du goffe auquel elle donne son nom, » 

Mais cette erreur ou cette inadvertance du celdbre geographe 
danois est toute moderne^ et n'a point ete commise par nos an- 
ciens geographes. En effct, Tabbe Nicole de la Croix, dans Tedi- 
tion de sa Geographic revue par Barbeau de la Bruyere, et p»- 
bliee en 1773, s'cxprime aiusi, en parlant du golfe qui fait le 
sujet de cette lettrc : « Ce n'est pas la ville de Lyon qui lui a 
donne ce nom, etant a plus de 60 lieues de 1^; mais c'est parce 
qu'on eprouve de violentes tempetes dans cette plage, qu'on Ta 
appelee golfe de Lion^ en latin sinus Leonis, Les Espagnols le 
nomment golfo Leone, » 

(i) Malte-Bran ii*a compose que les cinq premiers volames et nne p#r« 
tie da sixieme; il 11'a cooper^ en aacuae manierea la composition des 
Tomes Vll et Vlll. 



et Statistique. 5 

Fleurieu, dans ses Observations sur la division hydrographi" 
qtie du globcy lues a Tlnstltnt, Ics 22 et 27 floreal an VII, et 
dont i\ n'est pas permis a lin geogr'aphe instruit d'ignorer I'exi- 
stetice et le contenu, dit, en parlant de la Mediterranee : « Cette' 
mer est bornee a Torient par la portion de TAsie qui vient 
s'enclaver enlre i'Europe et TAfriqiie; mais, avant que d'y par- 
venir, les eaux creusent dans le nord le go/fe du Lion ( sinus' 
Leonis ), aiusi nomme parce que la traversee de ce golfe est p^- 
rilieuse pour les petits batimens, lorsque le vent du nord-ouest, 
]e mistrai, soufBe avec impetuosite. Les Anciens comparaient la' 
force de ce vent a celle du lion. » 

J'ajouterai que, dans sa carte d*Europe, publiee en 1754 » 
d'Anville ecrit goife de Lion (il aurait du mettre du Lion)'\ 
mais qu'pn nepeut tirer aucune consequence de ce fait, puis- 
qu'il donne absolument la meme orthographe h la ville de ce 
non). M. Brue, g^ographe conscieDcieux , et presque toujours si 
exact , ecrit , comme Fleurieu , go^e du Lion , dans plusieurs 
des cartes de son bel atlas ; et dans celle de TEspagne et du 
Portugal, publiee en 1821 , il ajoute entre deux parentheses 
sinus Leonis y afin dc temoigner qu'il connait Tetymologie , en 
laissant au cheflieu du departement du Eh6ne I'orthographe 
recue (Lyon). 

Si Ton doit quelques eloges au continuateur de Malte-Brun 
pour avoir ecrit le nom du golfe dontil s*agit avec sa veritable 
orthographe, et pour en avoir donne rolymologie, il faut re- 
cohnaitre en nieroe temps > qu'avant lui Xa Croix ei Fleurieu 
avaient indiquc Tetymologie de ce nom; que ce dernier avait 
aussi avant lui , et peut-etre le premier, fait concorder Tor- 
thographe avec Tetymologie, et qu'enfin M. Brue Tavait ega- 
lement devance. 

II resulte de ce que je viens de dire, que la pretention de M. 
Cortambert n'est aucuncment fondee, puisque, dans Particle in- 
sere par lui dans le Dictionnaire geographique universely il ecrit. 
gdl/e de Lion^ et non golfe du Lion, ne faisant en cela que co- 
pier Za Croir, qu'il aurait peut-etre dii citer dans sa recla- 
mation. 

Je me propose, dans un autre article, d'ajouter aux BS^ues 
hisi6riques y statisiiques et g^ographiques [Bulletiny T. XXIII, 
n** 7, p. 9), que V Hesperus reproche aux derniers volumes du 
f reels de la geographic universelle, composes avec trop de pre- 



(J Geography 

cipitatioi^ pour ne pas fouroic ample .mati«re k ]« cffiiique; et 
jp vou^ engage} dans Tint^r^t des perspiiDe$ qui aimeat ^ qui 
cuUivent la geographic, k vouloir bieo accorder una placo dans 
YOtre Bulletin^ aux reiparques des joumaux itatiens sur plu- 
sieiirs articles du PrScis^ relatifs k la LombaFdie. Cet ouvrage, 
^algt^ ses nombreuses erreurp et scs l^cupesi n'en esi pas 
ipoins encore le meillpur que noti^ possedions sur la gepgra* 
pbie* U ti% probable qu'on en portera un autre jugement, lors- 
qiie M« Adrien Balbi aura fait paraitre le traite qu'il prepare 
Qil ce moment, et dont nous avonseu ocqasion de parcourir 
quelques parties. Db i>a Roqvettx* 

Paris, le 6 mars i83i, 

4. REOVZriGATION 0E LA TOPOGRAPHIE IIU BoSPBOaE CIHMiaiEH, 
XT d'uITB PAKTIE PU LITTOHAL DE LA HEE NOIRE. 

L'emperenr de Russie ayant egard aux representations de 
M. le comle Vorontsof , a ordonne Timpression d*un ecrit de 
M, de Blaramberg, offrantleresultatdes investigations topogra- 
phiques effectuees par lui, sur la rive europ^enne du Bosphore 
cimmerien et sur la partie du littoral de la mer Noire, la plus 
vojsine de ce detroit, Ce travail est accompagne d'une carte 
particuliere et de 6 plans et traces approximatifs des vestiges 
d'etablissemens anciens dont la position, determinee en partie 
par Strabon , par Scymnus , Tauteur anonyme du periple du 
Pont>Euxin, et par quelques autres geograplies deTantiquite, a 
et6 placee erronement ailleurs, par divers ecrivains anciens et 
modernes (i), 

Cette confusion a produit dans les cartes gcographiques 
de la Tauride, k coromencer par celle de. Formnleoni^ des 
inexactitudes qu'il importait de rectifier : c'est dans ce but que 
I'auteur, en se conformant aussi strictcment qu'il lui a ete pos- 
sible aux donnees des gcographes precites , a precede aux re- 
clierches locales dont Texpose est sur le point dc paraitre. 
( Journal d* Odessa, du i5 fevr. — Journal de St.-Petersbourg; 
du II mars 1729. ) 

5. NouvEAU EECENSEMENT. Tableau in-fol. grand-raisin. .Paris^ 
x83o; Binet, proprietaire, rue Aubry-le-Bouchery n^ 6. 

Ce tableau indiqne les jours de depart et d'arrivee de^ dili-- 

(i) V07. BnlMn , Tom. XXIII , n"" z. 



el Statistique j^ 

geneesy voitures publiques, counierSy coches, bateaaxii vapeur, 
ainsi que teurs adresses; tout ce c[ui concerne le service des 
postes; rindication des the&tres, bibliothdquejs , musses, aca- 
demies^ societes scientifiqnes , ^tablissemens eommerciaux, mi- 
nisteres, admiaistratioDS civiles et miiitaires, prisons , b6pi- 
taux, ecoles, etc. C'est un travail commode et udle k consulter. • 

6. 1. Prsssittatiov oi^s cohptis des mvisTRXji, et propqsitioii . 
de loi pour le reglement defiuitif du budget de i8a8. Ia-4% 
¥i3pag. 

7. II. COMPTBS DES MINISTAES DE LA 6UEERE ET DE hk MARINE | 

exercice i8a8. In-4**, 265 pag. 

8. III. COMFTES DES VINI8TES8 DB LI IQSVIGX, DBS AVFAIESS 
ETKAHGl^RESy DES AFFAIRES SCGL^IiATIQUES ET D9 l'iXSTRVG- 
TIOV PUSLIQUB ^ DE L'llfT^RIElTRy PU COHMEECB ET PES f IVAV** 

CES» exercice 1828. In-4^y 622 pag. 

9. IV. COMPTE DU SERVICE DES POUDRES ET SALP]£T]^ES , appeC 

1828. In-4°, 37 pag, 

10. V, COIIPTE BEimU PE LA DOTATION DES INVAUDES DE LA 

GUERRE. Ill>4^, 22 pSg. 

1 1 . YL COMPTE RENDU DE l'eTABLISSEHENT DES INViLJDES DE LA 

MARINE. In-4**9 55 pag. 

12. VII. EaPFORT et PROCES-VERBAL DE LA COMMISSION OHARG^E 
DE LA VERIIXGATION DBS COMPTES DES MINISTRB8 pQUr 18&8.- 

In-4'*> 5i5 pag. 

i3. VIII. Rapport au Roi sur l* administration des finances, 
du i5 mars i83o. In-4% 204 pag., avec 38 elats et 180 pag. 
de pieces k Tappui. 

14. IX. Rapport au Roi sur les impositions comuunales, exer- 
cjice 1828, In-4^, 55 pag., 

. Tims ces comptes sorient de Vlmprimerie royale et ne se vm^ 
dent pas. 

Les volumineuses publications dont on vient de lire les ti^ 
tres compos^nt les comptes rendus par les ministres, de Tadn 
ministrdtion des finanqes de TJ^tat pendant rannee i8ftS el le 



8 Giographe ^ N""* 6-14 

compte provisoire de TanDee 1829. Ainsi ce sont.des rapports 
au Roiy des comptes detailles des operations de recette et de- 
pense des divers services generaux , des arrets de la cour des 
comptes i des rapports de la commission superieure charg^e de 
verifier les comptes sur les livres. 

Nous ne rapporterous pas tons ces details , ce serait sans uti- 
lite au moment oix un nouveau budget est presente; nous nous 
bornerons a quelcfues citations qui peuvent interesser la statis- 
tique ou Teconomie publique. 

Nous avons remarque les dispositions destinecs a completer 
celles qu'on avait adoptees precedemment afin de siraplifier et 
de rendre plus claiies toutes les mesures prises jusqu*alors sur 
la comptabilitc. On avance d*un pas ferme et assure dans la 
route tracee ^iepuis plusieurs annees , et Ton peut , avec fon- 
demeut, esperer que sous tr^s-peu de temps, il n'y aura au- 
cane comptabilite plus simple , plus nette, pins positive que 
celle des finances de la France. Cost un avantage immense, 
qui i*endra plus faciles toutes les mesures a prendre soit pour 
ameliorer les reccttes , c'est-a-dire , pour faire en sortc qu'elles 
pesent egalement sur tous les citoycns, el que le montant des 
impots mesures, corame disait Montesquieu^ non sur ce que.lc. 
peuple peut donner, mais sur ce qu'il doit donner, rentre in- 
tegralement au tresor; soit d*autre part pour reduire les de- 
penses & ce juste uecessaire qu'elles ne devraient jamais de- 
passer. 

Sans nous embarrasser de chiffres, qui, pour des annees deja 
eloigoee«, seraicnt sans interet, nous releverons deux faits 
principaux, c'est que, d'une part, les impots ont ete acquittes 
avec une grandc exactitude , tandis que d'autre part le tresor 
met une grande celeritc u solder les engngetnens de I'Etat en- 
vers ses creanciers. Une consequence naturelle, c'est que T^tat 
traitera a des conditions meilleures. 

Les rechercbes entreprises pour arriver a une assiette juste et 
exacte de la contribution fonciere ont fait connaitre qu'en 1829 
le nombre des babitans de la France etait de 31,657,4219. Celui 
des maisous habitees , de 6,396,408, qui presentaient 33,949,468 
oavertures imposables , et dont les valeurs locatives, non com- 
pris celles affectees k Tindustrie, etaient evaluees pour les vil- 
1^ k aix,8o6,483 f.| et celles des campagnes k i7!i,!ioi,64a. 

\j^ nombre des individus patentes dan$ le9 villes d^ S^oop 



et Staiisttque. 9 

4mes et au-dessus etait tie 2B5,ooO| et dans Ids villes ait-des- 
sousde 5,000 s^mes, de di5,ooo. 

. M.Necker enon9ait, dans son rapport du i^' mai 1789, que 
le prodiiit brut des imp6is etait de 54 A9I 4^9006/ le produiC 
net de 468^ 17 1,000 y et que les frais de perception etaient de 
i3),96 p. %. Nous voyons par les comptes dont noiis nous oc- 
cupoBS maintenant que ie produit brut des impots recouvres 
en 1828 a ete de i,o32,78a,i45. Quant aux frais de percep- 
tion , il n'est pas mal d'en consigner la qiiotite. £He est pour 

les 4 contributions directes de.r 5 i/io p. ^1^ 

L'enregistremeut de 5 2/5 

Des forets 5 i/io 

Les douanes, y conapris le service actif. 16 1/6 

et noc compris le service. .....' 4 ^/lo 

Les droits sur les boissons i5 2/10 

Sur les tabacs en poudre'. . . « i \ . 14 3/io 

Les postes 53 

La iotericf ', 20 1/4 

. On a dit souvent que le produit de i'enregistreinent etait la 
marque certaine de la prosperite d'un etat, en ce sens que les 
transactions ne sont frequentes que quand il y a securite pour 
tous.Alors il ne fautconsiderer que le produit de Tenregistrement 
des actes volontaires. 11 n'est pas d^s lors sans interet de noter 
ici que les ventes d'immeubles qui avaient produit en 1828 
une perception de 68,639,793 fr., en ont produit en 1829 une' 
de 70,816,042. Dejii 1828 avait surpasse 1827. 

Le rapport du ministre contient un etat dont nous presen- 
tons le soinmaire (^Foyez a la fin de t' article). La difference en- 
tre les importations et les exportalions est en faveur des pre- 
mieres de 176,9489001. Ce qull est plus important de remar^ 
quer,'c'est le moutant total dc^s valcurssur iesquelles ont porte 
les operations du commerce: il est de 1,4^3,936,393 fr. C'est 
du double mouvement dont se forment ces operations que re- 
sultent les benefices, c'est Ik reellement ce quiconcourt k I'aug- 
mentation de la richesse nationale. II est bien d'avoir divise la 
nature des envois et des retours, d*avoir fait ainsi connaitre la 
valeur des matieres premieres iiecessaires k Tindustrie qui ont 
ete importees : cela servira k faire juger de Timportance du 
commerce exterieur, sous ce rapport du moins. II est bien aussi 
d'avoir note les sommes en monnaies introduites et sorties. 



^ I 



|o Gd&grapki§ N^ 6-14 

C^U doniM tout dgL smte k sa^bir de ifuel e6te a ^te I'^vantiige 
du change. Nous engageons k consulter ca tableau detaill6 par 
alats; dn verra d'atUeurs queU sont c^ux qui ont donne ou 
ye^u le solde en arg^dt, ce qui indique quelquefois qo'ils 
manquenfc de produit^ pour acquitter leurs Changes , ou qu*ila 
n'ont pas besoin des n^res, circonstances dont il est utile 
de se rendre compte pour dinger conveqablement ses op^a- 
tioos uUeiieures. 

Le travail a ete plus considerable eo i8a8 que I'ann^ pre* 
^deule. 

La comparaisQQ des entries et des sorties qui ont euli^u par 
les fronti^res de terre et de mer merite d'etre signal^e. La 
somme percue par celles-ci s*est elev^e k 114,649,78) fr., tan^ 
dis que «eHes qu'ont re9ue les bureaux des frontiAres de terre 
n'a monte qa'k 15,678,903 fr. 

Nous regrettonsde manquer de semblables docimiens sur les 
operations de 1839. Seuleiuent nous voyons sous ces rapports 
que la perception, qui a en 1828 produit xo5,6ia,o4i fr., n'a 
donneqoe ioi,oa8|086 fr. en i8a9. )ly auraitdonc eu reduction 
dans le mouvement commercial. Le moyen d'aceroitre les per- 
ceptions, c'est de diminuer les droits, veriti devenue presque 
triviale k force d'etre demontrec. Abaissez done les tarifs pour 
clever les recettes. 

Le ministre a adopte les principes qui constituent la verita- 
ble economic publique sur ce point, et qui sont tout-^-fait en 
barmonie avcc ceux que professent les econopaistes. II dit : 

« Le travail est la source de toute richesse ; c'est lui seul qui 
cree les profits et les salaires > qui eleve les revenus k la valeur 
des denrees , et qui fonde raisance et la prosperite des peuples: 
Le tarif des douanes a done pour principal objet d'entretenir 
son activity en le mettant k Tabri de toute atteinte, et de lui 
ntienager Fiiuportation facile des mati^res qu'il emploie ; mais ce 
tarif doit veiller avec sollicitnde k ne point lui faire d^passer 
les limites de la consommation par des faveurs irrefl^ohies , et 
k ne pas liii fermer scs debouches par des prohibitions exag^* 
rees et imprevoyantes. » Si ces principes sont suivis^ une ere 
nouvelle cummencera pour le commerce , qui se trouvera de- 
gage des filets dont Tadministration des douanes I'enveloppe 
mainteoant, grdce k un systeme dont le mauvais effet est de-^* 
montre depuis long-temps. 



ei Stmtisiique. ir 

' Apres ' fkv6\t parte d6 I*ifl^p6t $ur les boissbtisi le ri^porteur 
ifientiobne qiielqu^^ docnroens statistiques sur la culture et les 
produits de la vigne. Nous les cbnsigBons. 

Hectares, 
l^ombre d'heetar^ plantes en >^igiii?s eti 1788. . i,5S5,475, 54 

— iBag., 1,993,307, 17 

Augiqentatiop.. . 437,63i| 63 
Nombrci d*hectares planlds depuis la recc^te de 

1837 ttlyA^Xf ^9 

-ti** arraches depiits cette epoque • • • 19^679, So 

Augmentation. . . i;i7^9i ^D 

Exportation de vins 911 1788. ..^ «... 915,874 heetol. 

-^18*9 «...,,•• I, i36,oio 

Augmentation... 2ao,i36 

•- • ■ ■•» 

Exportation d*eau-ae-vie en 1788. , ^ . , . . , :)34,5qq 

— 1829. ,. 3:»i,209t 

Augmentation . . . 86,70^ 

»*!>■ I ll I — -< 

Quant a cette derniere liqueur, il faut remarquer qu e^ 11^^.% 
I'exportatiop ne comprenait que des eaux-d^-vi^ simples 9 et 
<^u'en 1829 , c'etaient des esprits aux degres les plu| rectifies « , 
ce qui eleve le chiffre comparatif de cette derniere periocJe* 

pour bien juger de I'augmentation qu'a prise la culture de la. 
vigne, ii faudrait avoir egard k T^tendue du territoire^ moindrc 
aujourd'hui qu'en 1788;^ a raccroisscment de la ipass^ et de 
Taisance de' la population , a Tamelioration qu'a du apporter 
daps la culture des terres, la division des proprietes dites natio* 
nales, ou qui appartenaient en 1788 k la noblesse et au clerge, 
et qui depuis sont mieux cultivees qu'elles ne I'etaiept a cette 
epoque. Peut-etre trouverait-t-on ainsi que cette augmentation 
de la culture de la vigne n'est qu'apparente , et qu'au lieu d*une 
progression » il y a retrogradation. On ne peut s'en rapporter k 
un chiffre isole, quand pliisieurs forment les elcmens neqessaires 
des comparaisons. 

Pes ameliorations importantes ont cte apportees dans le ser- 



13 Geographic N* 6-i4 

vice des postes, teller qii'une plus prompte distribution des 
lettres et une plus grande celerite dans le transport. II en est 
resultc necessairement un accroissement dans les recettes. Par 
ezemple, au lieu de 28,000 lettres qui etaient dislribuees dans 
Paris y ii en est distribue niaintenant 43,ooo; au lieu de 65,ooo'^ 
dans les departemens , le nombre actuel est de 1 18,000. Le trans- 
port de Paris a Bordeaux qui se faisait en 86 heures, se fait 
actuellement en 45 h. ; celui de Paris k Brest, qui exigeait 87 h., 
a lieu en 62 h. ;'enfin, la distance de Paris k Toulouse, qui 
exigeait' 1 10 h., est francbie en 72 h. II est resulte des dispo- 
sitions adoptees , une augmentation dans le produit du port des 
lettres, de i,833,23i fr. , non coinpris le port des journaux. Si 
celui-ci a ete pliis eleve, cela est dii a Televation de la taxe. 

Le nombre des voitures publiques s'est augmente de 287 
pendant 1828, ce qui en porte le nombre k 8,3oi, La percep- 
tion du fisc a presente une augmentation de 174,4^4 ^* 

Ces perceptions plus elevees.prouvent que Tactivite des com- 
munications et les rapports commcrciaux interieurs ont recu 
un nouvel accroissement. 

Nous ne parlerons de )a loterie que pour faire remarquer que 
sur les 86 departemens , il en est 9 qui ne se livrent point a ce 
jeuruineux (i); sur 910 bureaux, 470 ont ete supprimes dans 
28 departemens ; il n'en existe plus que 44o. Le produit des rai- 
ses ayant ete de 49)344)970 fr. et celui des lots gagnans de 
36,567,44^ fr. , les joueurs ont ete en perte de 12,772,527 fr. 
Quand cet article cessera-t-il de figurer dans les recettes du 
tresor public? 

Le chapitredes monnaies fait connaitre les quantites de celles 
qui ont ete frappees suivant le syslome decimal. Celles en argent, 
au type d'Hercule, ont donne une somme de. . 106,237, 255 

Celled aux types de Bonaparte , soit commc 
I*^ consul soit comme empereur, de Louis 
XVIII et de Charles X , monteut en or k 947 
millions, en argent k 2,040,700,000, en tout. 2,987,700,000 

Total 3,093,937,255 

(x) Ce sont ceax des Haates et Baases-AIpes , de TAveyron, da Can- 
tal, de U Correxef de la Grease, de la Corse, de la Loz^re et des 
Haatet-Pyreneps. 



^ Siaiistique. i3 

Be 17^5 k 178^1 on avait fabrique en 

or 751,000,000 

£n argent 2,o47>ooo,ooo 



a>798,ooOy00o 



Ainsi la somme des monnaies frappees sui- 

vant le systeme decimal , excede de Ii95,r37,a55 

c^rie qui Tavait ete suivant le sysleme duodecimal. II ne 
s'ensiiit pas d'aillenrs, qu'il y ait actuellement 3 milliards dc 
monnaies fran9aises, puisqu'on ne peut evaluer la quantite 
qui est continuellement retiree pour etre fondue en lingots ou 
ouvree en bijoux. 

La dette inscrite etait, au 1^' Janvier i83o, constitnee en 
rentes 5 p. 7o poi^^^^' "^^ interet de 163,857,078 

— 4 i/a. • i,029,a37 

— 4 .......' 449800,000 

— 3 39,810,144 

^49,496,459 

representant un capital de 4^9705,392,043 

auquel il faut ajonter le monlant des caution- 

nemens. 226,483,973 

et celui des fonds des coifamunes , des hospices 

et antres etablissemcns de bienfaisance 56,862,000 

D'apres cela, le montant total de la dette 
etait, au i*' Janvier i83o , de 4,988,738,016 

M. Dufrene St-Leon a calcule , il y a quelqnes annees , que 
la dette totale des gouvernemens europeens etait de 44 mil- 
liards, dont TAngleterre supportait les 3/4. D'apres les chiffres 
port^s ci'dessus, la France en supporte h peu pr^ 1/9. 11 n'est 
pas question ici de la dette flotlante, ni de la dette viagere. ' - 

Le dernier rapport est celui du ministre de I'int^rieur sur les 
impositions communalcs. La question de savoir s*il est avan- 
tagcux de centraliser dans ce ministere les depenses qu'elles sont 
destinees h acquitter, ou s'il ne convient pasmieux d'enlaisser 
lesoinaux communes, va^tredecidee par le pouvoirlegislatif.il 
neseraitpas opportun de s'en occuper ici.Nous dirons seulement 
que ces impositions locales ont pour objet de pourvoir a I'in- 
jsuffisance des revenus , au service du culte paroissial , au salaire 
des gardes- champetres et forestiers de la commune; ce sont 



«4 J3f%wp*^ 

les depenses ordjaiftire$» Les depess^^s extrftHrdiniiiz^s soDt de- 
temyine^s par dcs aoqtdsitioiis oa des coofttrucdoos tteeessaires^ 
parTeotretien des ponts, des routes , des cbemms depatteaiea- 
taux et vicinaux, par les secours aux indigens, etc. Leurquolite 
est done essentiellemeiit variable pour chaque departement ^ 
pour chaque locality. Aussi se trouve-t-ildes departemens qui j 
figurent pour zero, celui desYosges est dans ce cas, ou pour de 
faibles sommes j comoie celui de la Hautc-Sa6ne qui n'est port^ 
gue pour 783 fr. 16 c., tandis que d*autre$ sont charges d^ 
sommes considerables, par excmple celui du Nord 733,53a fr., 
^e Seine^et-Oise 446>8di fr., Pas-de-Caiais 426,op5 fr*'| Seine- 
Ipt-Marne 383^020 fr., Qise 377,661 fr., Aisne 343,3az fr^^ 
Gironde 289,210 fr., Blame 288,863 fr., Somme 266^729 fr., 
|sere 259^41^ fr., Manche 258,710 fr., Yon ne 212^409. fr., 
Dr6me ao5,o32. Ces i3 departemens supportent done ^isemble 
un impot additionuel aux charges publiques de 4,590,788 fr., 
^ur lesquels 1,152,594 fr. sont destines a des acquisitions, con- 
Uructidns et reparations extraordinaii'es relatives au culte ,. et 
379,188 fr. au service extraordinaire das ponts, routes et obe^i- 
thins d0nt la depense est a la. charge des departemens et dcs 
communes. > 

: Comttiie la. totalite de ces impositions locales s'elt^vc , de- 

peiises brdihaites a 4)55i,998 fr. 45 

depenses extraOrdinaires 5,&i6,55i 77 

•- •- .... * • 

Total to,o68,55o 22 

; £t que le produit des contributions publi- 
ques est) comme npui Tavons vu plus 
haUt^ d<?.. . . I 1,032,782,145 

II s^ensuit que les charges supportees 
par la ihasse de la nation sont de 1,042,850,69$ 

t)e semblables travaux sont du plus liaut iuterct. Si les tiii- 
nistres continuent de presenter de semblables documens, Tad- 
ministration de rfitat y trouvera Textrcme avantage de porter 
le plus grand jour dans ses operations , de se concilier la con- 
fiance des contribuables, de s*entourer de plus de lumieres par 
I'ensemble des observations auxquelles ils donneront lieu, de 
remedier a quelques vices qui echappent a la meilleure inten- 
tion, de rencontrer enfin nioins d'embarras, moins d obstacles 
dans sa marche. Th. 



H SiatiitiqAe. 



't6 



GoiiOHiBs etles puissances etrangeres pour 1828. (J^tat n^ 10 
/oint au rapport au roi sur Vadminiitraiion da finances). 

IMPOBTATIONS. Valeurs entrees soit pour la consommatioD| 

soit pomr Tentrep^t > ou le transit. 



iftTATS 

LIS MAmOIAarBISBS 

soAt tenues. 



Europe. ......... 

Afrique 

Amerique 

Aflie. 

Colonies frani^aises. 
P^he franfdise. . . 



MATIBBES 
naMiJtaxs 

OflcessairM 

k L'in- 

dostrie. 



24e»396.704 

9,358,772 

81,224.400 

18,163,405 

6.221.806 

2.089.982 



366,460,569 



OBJfiTS DB CONSOM- 
MATION 



natorels. 



85,307,303 

490.544 

19,747,235 

5,883.001 
56,289,930 

5.493,433 



173,211,646 



fabriqaes. 



64.754.333 

47.546 

1,012.280 

1,625,135 

385.613 



67,774,807 



KXJ. 
Ml^RAIRB. 



156,363,263 
3,209,170 

46,937.209 

I4I.8OO 

1,343,833 



» 



207,995,275 



TOTAL. 



555,82r,603 
13,106,032 

148,921,624 

25,818.341 

64,191,182 

7,583,415 



815,442,197 



SXPORTATIONS. rmUur$ frut fiwf/« fa'M toitPorigut^. 



tTktS 

oh les marcbandUes ont ite 

enyoyees. 



Barope. 

Afriqoe 

Ameriqae 

Asie 

Colontea fraii^aiset* 
Pecbe fraii^aise. . . . 



paODUlTS 
uatnrels. 



206.667,487 

2,114',525 

31.005,363 

7,542.499 

19,716,399 

225,038 



267,271,311 



PRODUITS 
fabriques. 



205,506.999 

4,338,375 

92,448,979 

6.332.239 

34,018.622 

6.107 



342,651,321 



UiRAlRE. 



27.030.564 
332.800 
620,000 
881.400 
906,800 



» 



28,571,564 



iMto&TAnoas 815,443 197 I total. 

1,452,936,393 
B xpoaTATiOMS 533,404 106 



TOTAL. 



439.205.050 

6.685,7C0 

124.074.342 

14.256.138 

54,041,821 

232.145 



038.494,196 



tfi 



^'GeogtaphU 



IMPORTATIONS 



E<irup« 

Afrlque 

Aineriqae. . ,.- .» 

ASIv •• •••••• ••• 

Colonios (ran9aises. 
Pdche fran^aiM. . . 

TOTAL... 



MATlliRES 

nc'cessaires 

a 
I'iiidustrie. 



247,934 .a38 

3,055,863 

104,855.119 

. 17.903,344 

4,03G,932 

1,864,348 



380.249,644 



OBJ£TS UE CONSOM- 
MATION 

naturels. fabriques. 


79,853,565 

51.303 

22,125.428 

5.164.253 
59.680,731 

3.818,450 


01,700.354 

74,053 

1.437.405 

1.585,841 

191,373 

40 


170,603.821 


66,029,966 



ndm£. 

RAIRB. 



113,080.723 

3,116,005 

31.137,591 

130,812 

1,004,150 



148,476,281 



TOTAL. 



501,658.680 

6.208,214 

159,555,544 

34,740.250 

65,513,186 

5.682.838 



764,148,712 



EXPORTATIONS. 



• «••#•• 



Eiiropr.,. . . 

Afriqae 

Amerique 

A«ie 

Colonies fran^aises. 
P^he fran(aise. . . . 



TOTAL. 



PRODUITS 
naltirels. 



169.160.671 

2,429,300 

28,400,608 

8,464,441 

21,835,308 

268,455 



230.576,873 



OBJETS 

roa' 
nafaclares. 



210.553.302 

7,462,728 

107,826.064 

0,434.601 

44,060.706 

3.054 



NU. 
M^RAIRE. 



TOTAL. 



54.738.300 434,461.463! 

2,500,440 12,401.468' 

660. r22 136,004,704 

516.800 15,415,932 

140,620] 66,037.014 

» 272,409 



377,241,6251 58,574,581 660,303,079 



I 



IxMKTATions 764.148,712 

ExroiTATioas. . . . , 666,303,070 



1,430.541,791 



X6. BunCET DES DISPENSES ET DES RECETTES DE L*ANN^E l83l. 

» 

iii-4* dc XXIV et 67a p. Imprimerie royale. 

Cette publication importante comprend Texpose des motifs 
sur le budget des depenses et des recettes, 1e discours qui ac- 
compagnait la presentation du projet de loi concern<int la cre- 
ation de aoo millions d'obligations du tresor public et I'aliena- 
tion de 3oo,ooo hectares de bois; puis les deux projets de loi 
accompagnes des etats etmeinoires propres a justifier les pre- 
visions qu'ils enonceut, la comparaLson des credits alloues 
pour i83oet demandes pour i83i. 

II est difBcile de presenter un travail plus dctaille et qui 
presente mieux les esperances sur lesquelles on fonde les re- 
cettes, c'est-k dire les moyens de satisfaire aux depenses. 
Quant k celles-ci| ne sont-elles que ce quelles devraient etre. 



\ 



et SiaiisiigUe. ty 

ce unit poiot ici Ic lieu de IcKajmner., ce n^t point 4'ttHWtirfl 
l!obJ4'tdu Dolletia. 

Nous nous borncroas a rapporter \es evaliiadoiis. .Le iiikiiB-> 
tre des fiiiauces distingue avec raison Ics depcnses sur lesquellas 
aucune discussion ne. petit s'elever, telles que la lisle einle> la 
dotation de la legiob d'honnear, les pensions pour anciens servi- 
ces, la dette inscrite et la detteflottante. Cette portion s'elerei 
358 millions. On doit encore ra'iigerdans cette classe l.es remboor^ 
semens de parties d*iaip6t percues en trop » de droits d'entree 
sni* mati^res brutes , restitues quandelles s(Mrtent ouvrees/et 
t|ui font une somme de 4^ ^^ 4^ millions. C'est done nn rao»- 
.tant de 400 millions environ k deduire de celui auquel s'^leve 
le projet de depcnse qui ne presente plus alors que &55.nHlUons 
pour faire face aux services generaux de TEtat. Apres cette 
distinction vraiuient nccessaire, le niinistre examine les de- 
penses de chaque mioistere, il explique celles qui ont pu etre 
ousnpprimees ou reduites, celles qui ont dii etre maintenues. 
Cette partie de son discours est appuyee d*aillcurs des memoi-. 
res des autres ministres. Dans un etat aussi vaste que la France, 
.des reductions ne peuvent etre scnsibles qu'autant qu'elles 
portent surle nombre des agcns; et dans la position ou nous 
placent les rooeurs actuclles, il est diHicile d*en faire de bicn 
grandes sur les traitemens. Pour arriver a un rcsultat frappant, 
il 7. aurait ainsi un. changement tout en tier de systeme a faire 
d'line part, et de Tautre, a reformer les raocurs, a obtenir dea 
cltoyens qu*ils attachassent la consideration moins k Targent 
qak rhonnenr. Mais ce voeu que forment tous les bommes de 
bif n I quand pourra-t-il clre realise ? Quoi qu'il en soit, le 
budget de i83o avait ete evalue k 976,575,379 f.; celui de 
z83i devra^tre de. 957,377,335. 

difference 19,198^044* 

Quant aux recettes, le ministre les evalue k 973,101,894 fr. 
ce qui donne un excedant de recettes de 1 5,724,559. 

Ceci est le budget ordinaire. 

Pour le budget extraordinaire, le ministre demande 
119,773,700. fr. repartis entre les ministres de la guerre, de k 
marine, des affaires ctrangeres et de Tintcrieur. II propose de 
pourvoir k cette depense par les 3 millions de rentes accordes 
par la loidn 5 Janvier i83i (le disponible sur le milliard d'in- 

F. Tomb XXV, — JimriBB i83i. i 



liwwili), — fill Amuw in- etpital de #» imllionft, el par ilii# 
alienation de bois evaluee k 200 millions , en tout %6o miUioM* 
Aim il y aMiait aur le kiid§et «tlnMM*dimiire mi MsMavl de 

' TjiUMinat Iff deux 9()rfice§y <» aitmiiy 

ftcrviM oidiMlvt S^tvIm asinMrdiMlit ^ Total. 
0eii«iuei«..*.« 957>37?»3H •i9y773»7oe iyi77yfSi^3!i 

B o a aim 4 973,iot»a^ a4io,o<ia,aao i^^3iS,iei,Sy4 > 

fiMtedaaMMllea i ^7a4>S^59 40)«ft^,Boe My^^%h^ 

Tal eat la aoHHaifedts projeta pf^aentea par k ttttnlatm de# 
fiauweapawrle aervice de iS3i. Tat« 

17. TABIilAtt DA fdUS LBS SAlAItSS ZT TRAITlnRirS ^AT^S Pit 

I'At^r, #apfe5 le Budget de t83o; par no membre de la 

^br. lAr naiifi. de Prance. t*aris, iSSt ; Rattteccetir-Mflrtfaiet. 

Toitt i« qui pi^eiHe nn grand d^eloppement de ittoyens , 
ott gratd ensettible, tine grande pnissance, Int^resse, attacbe 
Vespril. En voyant te» Tastes arscnanx de Rochefort, de Brest 
et de Toitkm, les magashis immenses de Toiles, d'ancres, de 
poulies , de cordages ; le^ pyramides enonnes de boulets , de 
bAmbea^ de eanons; les nombrenx yaisseaai dont les tms encore 
inadleT^ ^Tent leors Aancs arrondis au-desstts des cfaantien 
decoflstiticHon; dont les autres, d^j^ manis de totis lenrs agr^^ 
»e balaiK^ent snr les eaux , pares de letirs roiles et de leurs bH}« 
latts pavilions , on prend de la pnissance de la France line idee 
ptifs rlv^ 9 plus vraie que ne pourraient la donner les plus ^lo- 
qfientes pages, (fest qu'il y a dans la Tue des choses elles-fn^es 
unepiiissafice d'effet qne toittesles paroles ne sauraient prodriire. 

Mais^uH grand ^tat n*a pas seulement h entretenir des flottes 
qui prof^ent son commerce et ses c6tc$ , il lui faut encore sol- 
der de nombreuses armees qni defendeiit son territoire et ses 
habitans;il lui faut payer des magistrats qui rendentlajsa- 
tiee; des agens qui s.iirveiUent la levee des inpots » le paiement 
des droits', la conservation des for^ts, qui reprimcnt la fraude, 
entreticnnent la surete des communications, qui as^urent enfin 
k tous* Il toiitebeure ft partout Vex^utioo des loia et la tren- 
qiiilite des citoyens. 

11 a parn carievix de rechercber qu'elle etail; la quantise de 
persoones que la France pay ait pour les differeotcs fonetioiiSt 
on, e» d'autres termes^ quel etait ie membre Windkidus jfittrece- 
vaient de r£iat^ a im ti(re quekonq»^$ nn (raif^ne^ ouun 
salaire quclfonque. 



0t S^tiifii^. ^%g 

td buftflH ill Mnmmk lea wtojem. On oft a cxImU a%«« atin 
Ittii^l09 fp«iMpMieM.qtt*il ppe«««M^ti k eel egtidi «l l*m «•! 
«iMi ai«irii aii insiiiut que l^oft ptibfo an^iird'hui. 

OeiteilaleinbraaM tout im nogs 9 tout^s los (;onMioiiS| 
4^|iiii» tit nmiMi jitaqA'4 r«aiii»l$ d«f»iitletQlikit jiuqii^ tea-* 
re^M fte Fmiict, diepilis lliiifnble datservant juMftt'att priiiGe 
iH) r^iad.9 ^puM )e aiiapki «iivfjtr jusi|it>u a^uvafai^stom 
e$t Ul t o^H ii^ ««>^ata lom anlaani- 

Cfi Utalrail miQiilra qut, iur vme pofiuiatba da Js wiilMaii* «N 
citoyensy dont il faut rctrancher seize pour las femaaaaal lea 
tma aiaqumiea pour ceuii qui ipat au-^deatoiia da vkigl «kis , 
i| y « an ¥^vaiif« tin individn atir 19 paye par I'j6tat| etqne mt 
uti tatnl da ftfifiiao perawiQes qua vefoiaeiit em tvaiteiiiaita on 
aaki4^ uae Mutiifie da Sfi3 aiillianis , a^Saoi plac^ k la t^ da 
radafti|d«t9alio9i| da la nMigMtraUira» dii oiafge, das Qnanaas et - 
de I'armaa, /tn Kittebaiit k eUas saoias ^a^ ou la oasieaiek 

Un^ aiHiv oiisafV^ticHi t-of&a enoova^ Apiik avoir ^ta? 
mine ce tableim» on dameuae eanvaineu. qn-ancoaa decaioaiie 
importance n'asc plna paesitdis en Fraoea , k moias de vAdirim k 
moiii^ en da tuipprimar das saa iticas enliei^ de depense^ at aela 
ttani biep inpins j^ nn mauvais systtoe d'administratian qu^li 
ref4)n4Ma d'tiQ iv»yanme qui a trois eenis ItaHCs de long sor 
det(]| cen^t vingt-ciiiq de lai^, ec cent cinq millions d'aapeits 
de siipei4icia< Qttf^nd il faut devolopper loutes les brancbas d^ 
TadmipisiraUonjuaqu'anxderiiiars points d*una si vastesnrlace, 
lf?i|rinulMpUi;ife.devi^n{ imaa^we*^ Cast ainslqu«t panr rappro*- 
cher autaiit que possible le jn||# duplaidaury on a ^te obUgM df: 
cr^r pfe^ d^ 4po tribanaM^i e( de *noniniar ^t54a nuigist^ats 
qui ««i&(ai|t iQ <iniUio|is.{ qua, ponr eaipephar Ul fraoda ai |a 
contrebap^a) il fant ontoiiref nos frontiares d'une arqwade 
aS,Qo<[) douaniers qiu toucheni 16 aiillimia;atqne pour (aire 
d?^0vffit' par Hn, simple pat^eur cfaaqua^gUse tte.nos anaibaau^ 
^^i «Qiniliii|ieaft a^ paio ^i.roilliQn^ a 47>oqq ecalriiiastiqut's. 

Mais aussi la France a 900 villes et ^ooo.villagfSy at plus 
da an^e ^ents habitans par liaua nsxmie qui oouvrcnt son sol. 
Site e4t Ubre^ industrieme;, coinmen^ante et ricfae^ el elle.entre 
a ells salvia pour iin milliard dans lebndgat ganeral de tons les 
(itats d0 l%iropa» qui est da troia. 

Toutcfois, on est loin de pcnser qu'^ n6ta dp necesbaira t U 
faille H^^^ 1^ ^uparfluj lit q|i*i)»nV ai( um da sniieaAu dans 
les 35 millions que touebanC ayooo parsonna^ 



.2 Geagtaphie N^ 17 

• Si I'oB d&iriso ics 3ii milKoos restaos {>ar \c9 607,800 indivt- 
dus qui rcstent i*gatcinent, on tronvc. qiie ehaciin en obtiftit 
pour sa part, une roodique sominc de 5a8 fr., et que cette 
fomoie se place precisement entre cclles que content a T^tat 
reotretien d'un galerien et eclui d'un soldat. II est vrai que la 
iDodique paie de ces derniers contribue k baisser le terme 
roojen. Mais on gagnc peu de chose en retranchant rarmee dii 
calcul (i), et Ton arrive seulement k eleverdc 5^8 h 65o la 
put de cliactin. Ce n'est pas encore la I'aisance, c'est k peiiie le 
n^cessaire. > 

. Left reformcs, la mort et d'autres causes font varier chaque 
annee ces noinbres de quelques milles , et les sorames de quel- 
ques millions. Cest aiosi que iiS,ooo ecclesiastiques , inscrtts 
ao grand-livi«e des pensions en 1791, sent reduits aujourd'hui k 
96,800; qu'il ne reste plus , de 24,000 anciens employes des 
fermes et des aides, que s,ooo ; qu'au moment oik ce tableau 
parutf des Economies nombreuses, qui portent en grande par- 
tie sur le personnel , ont redoit les sommes de pres de 20 mil'- 
lions; reduction qu'il est utile de constater, parce qu*etant le 
resuUat de la suppression de depenses qui ne doivent plus d^ 
sormais se reproduire , elle etablit ainsi une ligne de demar> 
cation et comme une sorte de point de depart entre le budget 
de 18S0 et celui de *x83i ct des annees snivantes. Mais la 
guerre augmente prodigieusement tons ces chifTres. Tels qu'ils 
8ont, ils montrent que la France paie en traitemens ou. salaires 
de toutc esp^ce une somme egale aux revenus reunis de I'Es- 
pagne , du Portugal et de la Prusse. * 

Malgr^ lei nombreuses critiques dont le budget est cha- 
que annee Tobjet, on i*econnaitra qu'il contlent encore une 
assez grande quantite de renseignemens, puisqu'il a donne les 
mojens d'arriver k un parcil resultat. Toutefois il serait a de^ 
»rer qu'on ne trouvAt jamais porte dans les comptes de I'J&tat 
un salaire ou un traitement , sans y voir inscrit aussi le nombre 
de ceux qui le touchent 

On finit en reclamant I'indulgence du lecteur pour des er- 
reurs ou des oublis presque inevitables dans un pareil travail. 
Ceserreurs ne sauraient modifier sensiblement les resultats. Aii 
reste, on aurait etc plus exact, si, dans beauconp d'endroits, le 
ibudget eut ete plus clair. 

((i) Let ioiit-offiei«ni tt soldats de toates ariaet, ta nombre de 
197^500, toachmtiMuraQ 54 ndlliont de paie. 



et Stataijtque. 



21 



^ 



. 28 
06 

841 

28 

28 

45 

03 

361 

89 

1,192 

361 

461 

388 

692 

29 



34 
30 



I 

3 
I 

18 

62 

18 

I 

7 



213 



104 
2,846 
3,846 



DANS LA. MAGtSTAATOftE {MimuAn dt Imjustw). 

Premiers |nrc8idens de covr* ruyalea et d€ cassalioM. 

Prvsidnw tic chaiubres 

CoiiseiU«r$ et coDMillers*««iilears 

Procoreurs. pcoeraax d« cours royales 

Premiers avocats gcncraux 

Arocats ^cneraux • . . . . 

Subsitituts 

Prcsidens de tribaoaax de.preiaiire InsUnoe. ..... 

Vice-prcsidcns 

Ja^es d'iostmcUoa et aalres 

Pructirears du roi 

Sobstilals 

Greffiers 

Coinmis assermeotes 

Secretaires de la presideiice et da parquet dea conrs 

royales , et da Iribanal de I'* iustaoce k Paris. . 
U. des tribonaux da preaiiere instaaoe, chefs-lieox 

des cours d'assises 

Indemnites aux coBseillers del^ues poar presider les 

cours d'assises 

coHSsxL XT Misisraxa b'stat. 

jCoiiseiHcrs d'etat. . . , '. 

Maitrcs des requ^s 

Miuislres d'etat ■ 

Gooa DKS coMrrxs. 

Premier president. •.. 

Presideok • 

Piocoreur geoeral • 

Consuillers rcfeiendaires de premiere classe 

Id. dc 2*^ classe , y compris I'indemnite de 400,000 fr . 

Conseillers mattres 

Grcflier en chef 

Secretaires et commis da parquet. 

Verificateurs 

TKiavvAux Bx eoMMiacx. 

Grefiers de tribunaax de eouiinerce. . . . , 

raiaoxAox na roucx. 

GrefBers de police 

Jug^es de paix 

Greffiers de justices de paix 

coumssiov au scxav. 

Membres formant la commisstoa 

Commissaire da rol 



ri06.ooorr 

451,61)0 
3,001,300 
606,000 
131,600 
363.300 
207,900 
814,800 
343,000 
3,140,800 
814,800 
790,400 
607,300 
620,800 

113.900 

36,400 

186.800 



460,000 
150,000 
100,000 



30.000 

60.000 

26.000 

106.000 

648,800 

270,000 

16,000 

20,800 

14,700 



172,300 



62,400 

3.336,400 

776,100 



30,000 
16,000 



10,790 

DANS LA DIPLOMATIE {nUnuicn du ajfairu ^nngh^s} 



9 
18 

1 
61 

1 

I 
21 
66. 
23 

3 



183 



Ainbassadeurs ; traitemens et frais d'ctablissemeas. 

Hinistres plcnipoteatiaires 

Aaditeur de rote 

Secretaires d'ambassade et de legation .... 

Lntrodactear des ambassadears 

Secretaire du roi a la condaite des ambassadears. . . 

Consuls geueraux 

Consols • 

▼ice-oonsals 

Agens k Marseille avec nu adjoint 



I6,434,400(i) 



3,140,000 
1,015,000 

20,000 
342,000 

18,000 

8,000 
687,000 
804.000 
163,000 

19.000 



* Le nombrt n'en est pasporte an budget. 

(i) Opns ccttc somme, il y a emnr d'ane qainttinc de aiille. 



6,II6,O0Of. 



Note da HM. 



iStogmphie 



tfort. 



261 



report. 



id. M Hilrr*.. 

Interprdtes du roi 

pn»2;auMM 

EldvflS vice>oiin«ah. , 

M.d« ecoles de Ian;, •rieat.i Pftrft el k CMCtMttiiiople 

Gmirriers 

FraU de Toywges, etc » 



DAlfS L& CLEAOl^ (^«u»i udeuatttquet.) 



14 



646 

3.30Q 

26,624 

4,790 



11,023 

527 

96 



5|GardiiMax * ^ • 

ArcheYcqacft. ;..*...* 

jfeydque*. . . .' • '. . 

Vicaira ifBiieral k ParU. 

Vicaires ^gvu^aait d« nctiropoleii ^ 4 WOO fr«M» . . . 

U. ^miirmskn . 4 SidOO franc* 

CiMffolQaB 4 P»ri« , ft 2400 A«*cs 

M. ^T^^MS 0m tkafi Ptf. ife S»-Beim... 

M.da2Vonlpe^ Mi.,. 

DoyM^ idnniMire^ tufkdk'iettv dct tkufm, ekadtim, 

caEaos de choeort etc. » «ftftlf. 

Chanoines 4 1500 franca 

Cures de l'^ «t 2* dMM. 

Deuenrans de saccursales ••••'' 

Vicaircs. •.«...... '«.... t 

Biiiage dasa lea faroiasea v can fe a • 

Rretres aoxiiwirea. 

Seminarisles (bourses) 

I'asteurs des calica rimleM kimi cttholiqaes 

Bourses 

tndemnitM 4 d'auciena religicMX M rtHglMtMS 

U, aux ardkev^aes el ev^«cs po«r ▼isfles dki> 
ecsaines 



17,338 



0) 



301 



601 



iiffiraucTiov roBi.iQvs. 

Professears, ceosenrs, provisenrs c^c 3S colleges 

Iroyacix « 
Bourses dans Tea mdmes coflegcs 

9AKS VAim^gE {mnt^fk it ft gueffe). 

60lMarecfaattx de Wimffi » ItciifrtiMV^cneraax mare- 
chaux de camp , colonels , ire«tcn«ns - colonels , 
chefs de Halaillon,vapiiaine8j Heuteaansi eleves, 
composanl I'etnt-majur en aclivite ^ . . 

liiealeiiaiis-generaux , raarechaux decamp , colonek , 
lieulenans-colki'Mrfft , tbefb de batHlIon , capitaines 
d'etat'major , en dtaponibiIite« 

Inleudans , sons-inlendans militaireset a^i^'^^* • ■ • 

Id. en disponibilite 

Lientenans de roi , majors , aumdoiers , ac^udans, 
secretaires-archivistes ,portiera-consigries , compo-^ 
iiAffit rettit-dhajtfr dei pfdces 

Colonels , Iteatenans-coloneh , chefs dc baiaillon , 
capftftfhei , eleves fcuul - lienlei'ians , comj[>osant 
Velkt mitjor derartillerie 

Cofttrdleurs et i-iViseOH d'arme* 

naftVU-arliftcilers , gardes d'iirirfices 

Exaitilnafenrii. 

Colonels , 11etife*nAh^ • colon^s , chef^ cte haltiiTldn , 
Afpitairies , iM^€» «o«s-nentenifAs , coitiposiiM fe 
fat-major du f^hie 

Exlimliiat^rs et professcWrk 
\ tiifdes da ^^ffSe , ge6gr.i'p1i«h , etc 

Ingcnicurs'geographes 

3.H52 
* lic nomlNre n'e«l fas indiqiM, 



5,116,000 f. 
10.000 
28,000 
148.000 
26.000 
28,000 
14,900 
400,000 



5.770,900 



150.000 

425,000 

990,000 

4,000 

45.000 

316,000 

36,000 

76,600 

42,000 

54.100 

967.500 

3,973.800 

17.606.000 

1,335,800 

586.500 

89.200 

2.400,000 

616,000 

24.000 

1,240.000 

119.300 
31,096,800 



927,700 
837.900 

1,765,600 



6>622,400 



2,337,600 

1,404,900 

117,000 



1.546,700 



1.557.500 

205.400 

511.000 

84,600 



1,499.500 I 

33.300 

614,700 

3§0.006 

15,864.600 



0i 'ShrtsaHifii^, 



s3 




AtMiM, 



nptrt. 



I 



3.852 

0,840 

2»402 

1,131 

234 

220 

587 

49 

16 

t09,104 



28,679 



14,399 

4,639 
&,480 

9,600 

2,600 

676 

403 

256 

28 

160 

566 

729 

39 

6 

40 



8 

92 
43 

363 

• 

14 
27 
10 
28 



TtpOTtt 



(HtecMTS (l*iiif«oterte d« toM grades. . . 

ti. de caralerie 

14. d'artillerie • 

Id. du geDie 

td. des compagtties •edentaires 

Id. de prndarmerie 

id. 4n traio et des. ^qsiiftegci 

Id. des bataillons de toltigears cors^ 

$ous.o{&ci«n » camtraas , soldats et enfans de troupe 
fonnant 62 refimens d'infanterie de ti^ne , 19 
d'infantcrie l^ere , 4 compajftics de fasiliers de 
disdplioe, 4 oompagnies ae pionoiers ijf. , 1 re- 
gimeiit etranffer de Hohenlohe 

avQSHifiiewrf , uiifMiiera^ vaf uieia wt vninn cm 
trrape foniiaBt B Ng'i«Nmi» de cM<«bialin * l# lAe 
cuirassiers , 12 de dragons , 18 de chasseurs , et 
6 de bassards 

SottaWrfncSfeA , bri^wRen * srinb n Hwam w1lK>u- 
pe cpmposant rarliUrrie.. . ,....« * . . 

So«s-oi$cier» , icaporaux s »oIdats du fMM«. 

Sous-off. et aotdats , foraant IO««|n|p. s^denUivM da 
soos'offic. r 32 de fasilien at 13 da cauvauicrt. . 

Sou»-6Aaars , br'^adtars at faudannas ik ehaval. . . 

Sons-dBciers , brigadtars at^aodMtiMS h pied 

Sous-ofBcters , soldats , gardea dn train. ......*... 

S««i*oflkien «( ¥^iigeurt curses < . . . . 

Directuurs, agena c»aipud>le» at emplojes dea vivrec. 

Agens princgardes-oiagas. etcommis descaapauiena 

OCic. d^adaH»at,MMli»A>«»tt*<Mi«d. dealidfiit. nitit. 

Officiers de sante. ...^ , 

Infinmera detous grades v 

Autndoiers 

Offic. et cominaod. des def»4Ude raaM»Bte{iadraMt.) 

l^l^ves eotretenus k I'ecole d'Alfort. 



Frais d« pOste dea in^eetours^eiinraux » 
miUtairea at officiers da tons grades 

Employes* archivista , arcbiteeta «t arlifieiar-dn 
directioM d'artiHerie 

Gardieas de batteries dk cdtas. 

Goacicr^ , partiers at gar^ons de buraa*. 

Employ as at deaiaaleurs du dqtdt central d'«tilleria> 



L<tmit^kn% el hom. de^i9aani|>lofcs.daas (ca «» 
Jinpluvaa da depdt des fortificatioua et da to gale 

rie des plaoi en relkf , cic. . . . 

Employes ad depdt de la guerre 
OeMinateurs et griivcrui^ w. . 
Hommesde senrioe*. ............. 

Etnplopres , graveurs , , deaaiooteura at hoaiBW* da 

service i la carte de France 

< 

JCOLBS HILfTAiaiS. 

I63|] Administrateur , tresorier » secretaire, difecteur ,. 
prolaaiau«% «t ttattras «. aum^ers . aaededna • 
soeurs hospitaUQrcs , a^judtms-apni^oflkiera at Mi- 
■ ployca de tout grade ii I'eoola da Xa Fl^ha. . . . . 

225 j^ldves & la charge de I'etat. 

16)i]Adniinistrateur, tresotfer, secretaire, directenr , 
fto^ttaurs, aaufeteicrav «wdc«iua » aoBura* atafei- 

ployes de toas grades ii Vecole 4a SI.<C^ 

^vca aiui fraia da r«t«t, ..;. 

^qnyers » urofasaeArs , maitres at enplayea k raoole 

de cavaiarie. « »..*...... 

SurveiVana. paAfranitors , fiottiar • boariaaaa da paiau. 
ProfesaeuTs & I'ecola sp^iala d'4tat-a»a|or. . . 
Uoinmes de peine , concierge , tambour , etc 

194,073] * Le nombre n'en est pas indique. 



. • it m 



IK,864,/609 

14,33O»100 

6,080,300 

2,948,300 

006.100 

414,300 

1,482,600 

133/K)0 

37,000 



•3,116,900 



6,511,200 

4,139,700 
1,271,000 

1,171.200 

7,306,400 

1,458.000 

193,800 

231,500 

562,600 

68.400 

278,000 

1,014,300 

165.000 

38,000 

86.000 

30,000 

1,460,000 

14,800 
29,900 
15.600 
49,600 
110,600 

60,000 

119,700 



72,700 



i^ 



191,000 
250,000 



233,800 
395,600 

86^00 
74,300 
10.000 
■ •,tJOO 



91,699,200n 



1 



«4 



Giographie 



N^i; 



fvfwrt. 194,073 
II 

29 
I 



I 
13 
59 
15 

273 



194,475 



report, f 
Priffrsscnn , bibliotbikaira , tresorier, etc., a I'c- 

cole d'arlillrrie dv Mels 

Employes de tons grades 

Professear de tojtographic k I'ccole des ing^enieors 

i^cographes 

Indtotrtnitea ct frais de posl« des° exaininaleurs , in- 

spcctcnrs-g^neraax , etc 

voooaBS KT iAi>rftaB>s. 

Diredeor .^ 

Gommisulres comptablcs, adjoints et entreposeur.*. 

Chefs et oUTriers, jwriiers 

ComnBisseires comptables, adjointt et d^es de la 

fabrication des pondref 

OuTriers, portiers, id..... 

A dediiire pour leshommes k rbdpital , les Tacances, 
letcon^ct 



1.423] 

3,461 

5,841 

67 

8 

7 

5 

82 

72 

S3 

366 

393 
II 

10 

367 

49 

323 

100 

7 

13 

1.489 

1,057 

66 



16 
11,703 



10 
98 
10 
467 
20 



23 

689 

43 
13,762 



42,070 



DANS LA UARIMB ( Mimt^n d« la mantu). 

Olfiders de Taisseaa. « < 

Soldats de jnarine • 

U. d'eqaipagres de llgae 

Onieiers da getiie maritime 

Odiciers supcrieuM cooaposant le conseil maritime. . 

Secretaires , comrois et bnissier 

Prefcts maritime* 

Employes detoas grades dans les directions foresliir. 

Id. de radmiiiistration de la marine 

Inspectenrs .- 

Commis de radniinistraliott, inspectenrs etdirecteors 
des ports 

Employ^ dansrodminislration des iiaartiersmarit. 

Aumdniers 

Jn^^es des tribunaux maritimes 

Officiers de sante 

Bxaminateurs et profes^nrs d'hydrogr^phie 

Maitre* de toutrs professions et sgens divers 

Olives de I'ecole royale d'Angoul^tt 

GoaTernear,8ons-gouv.,aamdnier, nitidccins de TeGole. 

Professeurs et moiires d'etude 

Gardiens de magaaiiis, poriiers , rondiers, canutiers. 

Sous-officiers des chiourmes , sons-ofCciers et g^ardcs. 

Administratear , directeur , chef de coroptabiiiie . 
garde-magasf n , commis , mcdecin , garf ons de 
borean des usines et forges de rartillerie 

SOLOS A lA HEX. 



Oflioiers d'clal-nlajor. 
Soldais et marins. . . . 



■dPlTAUX. 

Employes 

Ifospitalieres 

Jardiniers , gar^ns de pharmacie , herfaorisles.'. . . . 

Infirmiers de tons grades 

Gardiens et portiers 

▼ITXXS. 

Adminislralenr et employ^ de tons grades k I'admi- 
nistration centrale. 

Directcor , sous*directettr, commis, gardes*magasin , 
commis cmbarques. 

Gardiens et portiers 

Ourriera ciTils , mtUtairca , et coodamnes Irarail* ' 
lant poor ia servigo de la flqtto . , , 



91,699,200f. 

29,300 
20.aU0 

2,400 

68,000 

6,000 
49,100 
35,600 

79.600 
188,400 



92,172.900 
8324.200 



88,348,700 

3.035.000 

1,271,700 

1,687.100 

230.900 

197.400 

3300 

135.000 

255.300 

305,000 

89.700 

739.000 

375.500 

19.400 

21.400 

553.900 

145,700 

364.2(J0 

48.000 

15.(100 

27.600 

605,700 

345,800 



148.500 



126.900 
6,262,700 



140,000 



469.800 



4,944.000 



21,564,000 



et. Stfftisfiftte. 



aS 



nport. k^finti 
34 



146 



42,250 



48 
94 
80 



rrpori. 



OfRctcrs , eroplayc« , cotttr6k:iirs 4^9 »rne% et con- 
' docleiin den irAvaiix d'ttrtillcrie dans let ports. . . 

/ouruces d'Ouvriers dans Ivs fondrries 

Inspcclear-$en**k>al , Ingenic^rs , et aatrrs employes 
pour les constriMlioos hydrftuUques et ies bititnens 
civila 



2l,&64.000r. 

«7J00 
3V0.U00 



238,000 



1>ANS LES FINANCES {MinUAn du 



o. 



7 

19 

13 

13 

13 

6 

1 

1 

103 



86 

• 80 

700 

8000 



2 

86 

210 

239 

87 

1 

2505 



107 



20 

I 

83 

123 

367 

25G 

3i00 



Inspect, gener. 

Payeurs 

Reoer. gen. des fin. ( ramisea, indemaites, frais de 

service ) < 

Rccer. des fin. ( trailem. et rem. ) 

]>A»S l.'ABMl«fSTSATXOV SBS HOMAIBS. 

Commissaires et agens principavx 

Employ^ des bareaax, du laboraloire des essais,elc. 
ComicisMires da rqi pr^ les hdtels des monnaies. . 

Contrdleurs an change* • 

U*m au nonnayage 

Einploye* pr^s des commissaires 

Inspecleur des Uliinens * 

tdtm des burcaax de la garautie 

£s*aycnri de la garanlie . 

▲DIIIVICTmATlOV BIS 60aTBISII7IOHS bX&B«TBS. 



Direcleurs. . ... .' ' 

inspecteiirs ( frais de tonrnee oompris ). 
Gonir6leurs (frais, etc. , oompris ). . . . 
Pcrcepteurs ( remises et taxations ) . . , 



ADMiai«T&AT. DB I. KABBOISTa. XT BBS I»OI>Al|l». 



4 

2 

6^ 

27 



Inspecteurs-gennraaz 

Directeurs de deparlement 

In.<peclears particulicrs 

Verificaleurs. 

Premiers commis de direction 

Garde des ancient regislres i Paris. . . . 
Recevears (|iour taxations et remises). 



ADMIVISZAATIOS BO nVKBB. 

Contrdteart, tlmbreurs , gardes* magasins. 

ABMIBMTBATIOV BXf VOxirS. 



Conservateors 

Viirificateur des arpentages 

Inspectenrs 

SottS'iDspecteurs. 

Gardes gt'ncrMUX 

IJtm h clieral . 

Id4m jk pied .• , 

Gratification aux gardes gencranx et ft pied. 

Bcoi>B voxxariaxx. 



Direelear de I'^cole 

Profes sears 

Maitre de langne allemande. . 
PrepoMs au service de I'eeole. 



ABWiaiSTXATtOX BBS DOVAVXS. 



Inspectenrs generaax 

Inspecteurs gencranx acljoints .» 

Secretaires des inspecteurs generaax. 
Dijrectcars de dtepartemens 



16,019 
1^ uombrt n'en e»t pas iudiqne. (I) Errcur de 900,000 en ptai. 



S3,326,800 



(l)22,3«9,100r 



380.600 
780,600 

5.000.000 
2,345,000 



74,000 

48,700 

70.000 

38,000 

82,800 

6,800 

1.200 

4,000 

23,000 



424,500 

336.000 

1,534,300 

9,855,000 



24.000 

972,000 

1,285,000 

801,000 

152,000 

2.500 

5,160,000 



244,800 



160,000 

350.000 
322.500 
462,300 
206,600 
1,003.100 
310,000 



7,000 

7,700 

700 

1,600 



48.000 

20,000 

12,000 

2.34,000 



«6 



<M9^^iUl 



^o 



«7 



report. 



16,619 

87 

96 

165 

131 

38 

aa 

688 

lU 

728 

32 

561 



229 

92 

340 

II 

51 

275 

502 

1641 

5128 

15489 

55 

162 

162 

1050 

33 



. 84 
253 
84 
200 
302 
278 

1350 
132 

I35t 

130 

97 

2935 

338 

100 

137 

45 

9000 



6 

25 

26 

15 

2 

9 

9 

14 

9 

58 

14 

7 

118 

14 

193 



nportt • • . 

lD9pecteim diWsionnaires et sedentairei 

Sous-iutpeclears» h/mn 

CommU lie direction 

Recevetirt priacipaax • •• 

Contrdleurs aax entrepots * 

(loinrois principanx k la naviipation 

V«irificatcars et risitean 

Receveurs anx declaraiions 

Contrdleurs des mAb 

Commis anx expedll. , a1dM-WHfieMMi« «l ratrft. 

anvm Acrtv. . 

Contrdlears et capitaines dc brip4ei 

Lieatenans Ah brigadei. ^ ; 

Idtm d'ovdra ,..* 

Coinoiandans de brigades k pied 

Lieolenai|8 et sods*ueatenant iJltm 

Preposes & cheyal. 

Lieutenans et souS'Tieut. de bKgades ftmbntantes. . . 

Preposes de 1>ri^ades ii$m 

Lieatenans et sons-lieot. de brigades 2k pted 

Propose* \. pied, pesears, emballeani, |rM4e»-Mg. 
Commaodans, Heat, et soaft*Tieat. d'einbareatlont. . 

Lieutena'na et lovs-lieutenans pitotet 

Maftres d'equip'., patrtfns, maltfes-canonn. etcanolkh. 

Matntots. . .f 

NoTices el mooMes 

•ABHivtSTXATiov DBS eonwvauviKnis laBiaiOTas. 

Directeurs de depaTtettiens 

lilem d'arroridissemeu$ 

ConirAlaun ds winfitaraltta* «..•■*«.••••.•« 

ItUm ambalaas 

Idem di vflle 

Cominik de directions 

Reoevenrs i cberal 

Idtm ft pled 

Commis adjoints, & cbeirki 

ld«m \ pUA 

ContrAteurs, Terificateun, stfrvef films \ la nivigat. 
Commis aux «aMrnees» c > t pd h «y»i ««iployes de la 

garantie. 

Recereors prihcl|[»aOx 
Idtm particutien 

Idtm de la navigation 

rdem Am dibits de toatqne <t de ^ag^ dkto 

ponts et caMiux '. 

^ecoYeurs burklhtes (pour com|^nnent de trtiVMn.) 
Taxitlons el remise Mk employ^ d« KMtt gtadm 

ADJumsraATioji axs tabacs. 

tnspeel . de la cultiftv «t des ttsFgMtM 

Yi'araes-magasins des feoilles 

Contrdleurs des magaiiiia* 

Commis id$m 

Inspect, generaux de* mtglisitti detkbatseiiMfeillea. 

knspectenrs As 111 fabricaitoft 

Regisseiirs • • 

Contrdlenrs et s6li)-ceintrd!etin • • . 

Gardes-maga«hi». >.-........,. 

Commis et ^l^es de la fabrication 

t^ontrdlenrs dh \** elasse. 

Idem d« seconlde 

Comrnrs de 1'* a de 2* dusse 

Inspectinirs 'eft brigadiers t dkettA ^ . . . . . . 

Commis et sous-brigadiers ft chcval .' . 



61,873 



00^*26, oQv 
429.400 
301,000 
2S4,500 
401,500 
104,500 

78,500 

1.^59,100 

276,400 

807,300 

36,600 
772,900 



483»000 
116,800 
344.500 

13,400 

69.900 

333,200 

380,500 

1.074,100 

3,411,200 

9,230,000 

46,800 
101,800 
115,900 
613,600 

15,500 



854,000 

1,100,000 

295,000 

797,500 

685,000 

468,400 

2,986,300 

217,800 

2,592,000 

175,900 

102,500 

3,559,100 
982,600 
238,400 
149.000 

67,400 

125,000 

2,661,200 



42,000 

116,800 

104.200 

27,500 

24,000 

58,000 

92,700 

73,900 

41,400 

119.500 

88.500 

15,400 

88.700 

49,700 

980,900 

73,508,300 



nt An 




32 
122 
400 
316 
443 
902 

87 

190 

1229 



5 
27 

26 

• 

590 



Inspeetenrs dan$ les. «lcpart«Bca«. 

Sous- 1 DSpcctMirs .^. 

Bnplayw. at iadeaM « 

Coinaus des dUncteim dan* las depai 

Factews idtm ».. 

BoiUeca, enlrepoteiusSk dutrilmteiirs 

Portien, balcUen*. . . .' v 

Directeurs k P»i» •! <ium In ^MpanwniM. 



CaorrMtt (pov» saMnl 4m). 
Mailras da p«M|e% m fffeiaatt «• 
CapiUiiws et.eqaipa§ea dec pa^uebala. 

IdTvaiB. 



lospectevrt esn dief.. . * 

/rfaai anIiMHfv*. . > .a ........ . 

Sout*in8pecteart. . • > • 

k%9Uk da rinspectioa ( fnw fralilii jliaiii ). 
Recaveurs ( poor iwim ) 

kiitnte at suras '6% fksT. 

CfMQii^saiiira ganeral.. 

likm a Dieaxe. . . . • 

l^km k Saiins 




DAHS IE BinVfSTAMS ViC COllMtiircfe. 



MctnMya dtt cvaiila aoosolMif daa 
Secr^aire, eia|ik»y« at farfwi da fanmMa. . . 

CppM|iii«saires espaiit. , >. 

Secretaire da contail ■aperieur das aalonies 
Agent . 5 Loodres 



202.000 

351,900 

384,100 

436,600 

235,700 

80.300 

25.900 

464,100 

1,062,000 

896,200 

515^000 

46,300 



»,000 

$85,500 

50,800 

10,500 

2,800,000 



15,000 
6,000 
6,000 

80,611,200 



16,600 
5,400 
9.000 

18,000 
4,000 



DA^S LUDMIMtSTRATIOM CIVILE (JVmMi* tUFimteritmr). 



I 



M ambras d« coMaH A» Mtiiaaas titfis 
Inspectears deft atttivgM d riftial ltfnto 

U. dcfalilliraMft 

Inspeolawv fwaraax das aa«t 

Id, des bihliolheques 

MrftcIMM fWI aHnaftM canvtiwa va daiaMioli ...... 



POHTS n csAMsiaa. 



I 
1 

5 

21 

8 



456 lagaMaors an abef , iaqfteetamia diiristouilifres , as- 

• |Nra«a at eUvas an caaipmte , Toyage tomnris. . . 

390] CoikhwteMa ambrigaias , Afflciars «t Mkitrek A jport 

tteaxs rluaaAratftias. 

1 Adminislraliiir* 

2 A^iomto. 
14 Baiiplayal 

6 Hanaias da fwiaac 

saattoMMsias «aa telcipnwiws. •«.....• 
ttttrfcs k¥ iec/Lk iiks mtras. 

iiiii|RnMvn f^nianHHk , ■MnuiMft xn ctttutm 

1 Saoraiaira d« ooasaft 



Inspealewrs giaamax ^ • 

Sac w i a ir a d« coasail.. , . . . . 

Frais da missioa at'WUvea. 

BCOLK IMS MXTS «T CBAeSSiBft. 

Professear «... 

EiMployes , gtr^Ha da MNl at portiM' 

f^^vas appointas 

DasahMtaors at aoi^jnel du YmttHk. dte ttrtes 



933 



* Le noaibre n*vst pa» iadiqoe ao budget. 



52,000 

44,000 
12.000 
20.000 
33,500 
11,000 
20,000 



72,000 

6.700 

12,000 

3,400 

800 

7,700 

23,000 

19,300 

3,161,000 
402,009 



364X)0 

681,000 

36.000 
8.000 

84'490",f6W. 




report. 933 

• 6 

67 

SO 

7 

6 

3i 

I 



II 

3 
7 
I 
1 

4 
4 
3 
2 

4 
3 
4 

50 

14 
14 
14 

I 

3 



30 

23 

2 

18 



1393 



Inspecteun dirikionnaircs. 

Inspecteurs. in^ciiieiirn m ch«f , ordinaires 

I^l<^ves «spirao«. ... * ^. . 

T«4VAUX PVkLtCS. 

Inspecteuri et aotts-iosiiecteurs. J 

Employe*.. •• 

A gens , ;arde«>in«^asins , portiere 

Vvrificateur. 

IndcQuute anx architectes 

loMSB DB LA MASBLAIlrB. 

Arcbitecte, sous-iuspecleora, dcstiMileiirs , condnc* 
tear, comiiu« , gar^on do bareau el gardien 

Indeomile «t bonorairei & rinaprctettr-gencnl eiaux 
an.'hitectes 

ABC DB TKIOMPBB DB L'tTOlLB. 

Arcliilecle. inspecteur, coiiducteor, coinmis, gar* 

90ua de bureau , et gardieus. 

lodeauiite a I'lMpecteur et honorai res des architectes. 

BOLISB DB SAIBTB-OBBBTlftTB. 

Architeete , iDspectear et gardien 

BOLUB DBST.-SXVIS. 

Adininistr.,arcbit., inspecteor ,condaclear et gardtcns. 

JABDIB ^V BOI. 

lospecteor 

BfBLIOTBBQOB DV BOI. 

Gardien. 

BCOI.B DBS BBAUX'ABTB. 

luspecteor, soos-iiispeclear , commis et gardien... 

rOHT X.ODIS XTI. 

$oas*inspectciir, condoctevir , commis et gardien . . . 

MOVQMBVT DB Z.O0IS XVIIl. 

Ajxbitecie , sous>inspectear , gardien 

STATOB DB X.OOIS XIV. 

Inspecteur et gurdien 

MOBUHBVS DB LOVIS XV ET LOUIS XVI. 

Architeete , inspecieur , condu«icur «t gardien 

TBSTITOT DBS SOUBDS VT NOBTS. 

Inspecteur , couducieur et gardien 

ECO&B VBT8BIHAIBB d'aXVOBT. 

Architeete, iiispecleur , sous^inspeclear el gardien.. 
Uonoraires d*archilecle8 

BIBLI0THBQDB8. 

Gonservatenrs . sous-bibliolbecaires el employes k la 

bibiiotheqae da roi 

U. a la bibiioth^ue maxarine. .' 

Id. h celle de I'arsenal 

Id. a celle dc Ste-Geoevi«ve 

ABCHIVBS DU BOTAOaiB. 

Garde general 

BCOLB POLTTBCHHIQUB. 

SoQS-gouverneur , aumdriieret ins|>ecl. des Etudes. 

• Uxamiiiatcurs , professeurs cl repctileurs 

Employes de radminislration 

Gardieos , hommes de peine 

icOLB DBS LAHOUKS OBIBHTALBS BT DBS CBABTBS. 

Professeors , , . , . 

Secretaire , . 

Professeur d'arabe , h. Marseille. 

Professenr i I'ecole des chartes 

Id, anx archives dn royaume. 

BCOX.B DBS BBAUX'ABTS A BOKB, 

Directenr, secretaire 

Aotres personnes attachces i t'etablissement 

Prais de table et de representation 

eievas 

BCOLB DBS BBAUX-ABTS A PABIS. 

Professeurs depeiuture, sculpture et architcctnte. . 

Secretaire et agent coinptable 

Surveillans, mod^es, gardiens et gens de service. . . . 

* Le nombre n'est pas indi^u^ an budget. 



3,400,400 r. 
44,700 
218,000 
14,000 

10,700 
0.000 

17,000 
1.800 
8,000 



10,000 
19,200 

13,400 
15,000 

3,600 

12,100 

1,800 

700 

5,000 

4,000 

2,800 

3,000 

5,100 

3,800 

4.800 
26,900 



125.500 
20.000 
27.200 
32,000 

10,000 

25.000 
84,300 
30,900 
15,900 

30,000 
2,400 
4,000 
1,500 
1,500 

7,500 

5,500 

5.700 

17,200 

47,800 

6,000 

15,900 



4,483,300f,> 



H SiaiisHque. 



an 



report. 



1393 



40 

40 

00 
38 
IS 



31 
6 

12 
10 
18 
12 


12 

1 
4 

1 

1 
1 
1 

16 

6 

3 

2 
3 
3 
8 
10 

2 
3 
9 
6 
13 
9 



6 
6 
8 
4 



BCOLS GIATirtTB BB DRbSIV , A TkXlS. rffffl. 

DKrecteu^ et adjoint '. 

P{N>f«ss«urs 

Ittspcctcurs rt ^a^Ule. 

idem , DBS J BO BBS DEUOISBLLBS. 

nireclrice " 

Profcssettrs 

Utm , A Ltoir. 
Professeurs et no concierge 

Uem t A sijoa . 
Pk-ofesacars et trois gagistes 

IBSTITUT. 

AemJitmtt francaiu. ' 
Meuibres > iudcmnileii ,' droit d'e presence et commis- 

slon do diclionnaire.' 

jieademtt tUs imsen'pu'omi. 
Slembres : indemnites, droit de presence , commission 
des medailles et continuation de I'hist. de France. 
AuidimU d*s' tcienct$.' ' 

Membrcs : indcm'nites et droit de presence. 

jieadimu it* igatuc-arU, 
Meinbres : indemnites , droit de presence et dictioif 

naire des beaux^arts 

Bibliothecaires , secretaire , employe , huisiers. el 
•nires agens.... 

COLLBOB mOTAL DB VBAlicB. 

Profassears 

Secretairet-prcparatears 

MOSBVII I>*aiSTOMB'vAT01Bil.B. 

ProfcsiMiirs .i 

Employes i la bibliotMtque et aux gakries 

Id. dans les dirers hboratoires 

id. an jardin et k la menagerie '. 

td. anx ateliers et'aox bureaux de radminislratiatt. 
Employee snpplementaires et bommes de peine. . . . 
Voyageors nataralistes (traiiemeiis et indemnity). . 

ACABBMIX DB MEDKCISB. 

Secretaire perpetuel 

Commis V 

Garfon cb borean... '. ." 

COnSBII. SAHITAIBX. 

Secretaire ••...... ' 

B^dacieur 

Employe , 

BVaXAB BBS i.ovaiTVBas. 

M^mbres 

Employes et agens 

OBSBBTATOiaB A MABSBIUB. 

Dircctcnr , adjoint et concierge 

COBSBBV&TOIBB BBS ABTS XT MSTl BBS, 

Directeur et sons-directeur *, ^ 

frofesseurs de coars publics 

Id. d'ecole 

Secretaire et employes 

Gardiens , portiers , bommes de peine 

BCOI.B DB CBALOBS. 

Oirectenr et administrateur 

Cbef des trsTaax , maitre d'etmles «t attosAnier. . . . 

Employes , » 

Cbefs d'atelieri .- 

Sous-cbefs 

Sarveillans , 

* Employ^ da serfice . d'cqnipement, domesti- 
ques , oluciers de sante 

BCOI.B b' A BO BIS. 

Direclenr ,, administrateur , chef des travaux , matire 

d'etude et awn^nier. 

Employes , . , , 

Professeurs et maiUres 

Chefs d'ateliers et sons-chefs 

Surreilbns des cl^res 

Employes du service d'equip. et d« santc i . . 

* U aombn a'est pas iodtque. 



14,483.300 

' 0.900 

10,100 

2.800 

1.500 
1.500 



73,700 

84.700 
110,400 

75.000 

20,600 

106.000 
5.000 

60.700 
18,100 
32.600 
17.000 
16.300 
44.600 
20,600 

3,000 

6.000 

600 

5,000 
2,400 
l,6(t0 

68,800 
8,000 

5.100 



60,600 



78,400 



12,300 



44,200 



6,506,300 



tf* f} 



1746 



III 

I 

5 FtroCesfeiin. 



1 
10 



60 



I 



2182 



7G5 



i to ssmiitaJwf. 



nrcnof^ 
7 niurcai«n, 
50 WHt$ ft to durge d« I'eUl 



I Ilir«ct««r. 



fi»|i»iSAi>B B'*uroa9, 



de peiiK.. 



iofttt i»k trov. 



. • 



fflsflcurt • » . . . 

qhSft 4a s«rvic« 

Halftwktoriii ttoilfat 

^t^vet. .., ;.... 

piiceUSh 

AofesiMra , 

lV>lttor. 

itAhUi i»'fit*ttAtt«lr. 
4 Ptitik, BdtdMQx, G«fa, R«nn#t et Toatot|M. . . . 
ivSTitoyiofe t%t sii«aiM-|iri)»Ts A rims. 

dU'tcleur ct aotre* aiUj^oy^ «... 

BIHet ' 

X tttHOIAVK. 

2ir«(!Mii» M ttnpldtdf 
»t«*.. ...;...: ,...., 

* onkctort el Miploy^r 

* lUkpecleim g^Boitiux , agent des reototl^es (frftis 
de tmmice).. ..'..;;... i 

Bmploy^A 

lotpecteor d^s bergeHes ,....<. ^ 

SiriHSBt BtYKISBS. 

Mlteratanrs et •riitlef ( ind^mnite dp I*agent )..... 

Cnreottragemm i dec gens de leftrei 

ColoM refagies. 



UkXTTE AOMIDilSTRATlON. 

StnttUre* et nuBiMree d'etat. . «« -^ ..»....•....'. . 
ireclMira geacraiix .«.. t •....•.•.<. i< ....... . 

president de to €ll«mbi« d«s d^Mlda . . • 

QuealeaM idt. ., *,. 

Irefet* 

3ecreUires-geiidma« da prtfaeuwka 

SocU'pirerels.* •...»..'. i * 

ConaaiUeM do pi^feeture 

fiWPU)Y£9 DAlis LBS QIFFJ^RfiNS MOilSTtRBS 

XT AQTkSS AJIKIJIUTSATIOSt asaail»AI|lM. 

BmployM de torn grades ft to J<i»rie». . ; 

ht. au conseil d'etat 

id. de to ooiBuiisaion du aceaa «... 

U. ft to coor des eonrpcae 

Md. a«x aflairei etraogAras -.......- 

U> aas affeirea eeclesiasliqiirs 

%t, de l-inatriuHtou p«bliqtte« . . . » k «,.... 

A/, ft rinierieur. « 

id. aat aanttfaetwrea «t coaameree 

id* aax m»Hla et chausaeea 

|i/. ft to direction dei mines 

id. ft to g«U)nv. 

Oiraeteur et atnploy^a de lous gtadet daa poadrM et 

salp^rea 

id, aax SMbstotanees de io guertv. 

id* ft to aaariBe* * 

id* aax finances , . . 



MI9' * te Aon^ b'co ^t pa« indi^uei 



6.M6.a00f. 

8.000 

7,000 
17.000 

4.000 
16.000 

5,600 
16,800 

6,000 
16.000 

4,000 
12,500 

3.600 

M.aoo 

6.000 

6,000 

3U0 

41,500 

26,300 
46.700 

26,300 
29,000 

412.000 

88,000 

6.900 
8,000 

50,000 

44,200 

1.021,000 



7,449.200 

1.180,000 
300^000 

150.000 

2,052.000 
206.000 
831,000 
452,400 



5,261,400 



292,100 

74,100 

33.400 

22,500 

489.400 

176,900 

207.000 

508,400 

201,200 

176,700 

25,000 

1,045,000 

43,300 

04.000 

521,300 

2.780,000 



#,78l|08t 



at 



rep9rt. 



U. et «sM7«w* & b cominissioQ del noanaiM. . . . 

U, 94U doaaioM •! k i'enregtttreiawit. 

Id. an timbr*. 

U. k radinuMstratioii dn for<U 

lis i4, aux doojUM* (^gratifications coai|irtsca}. 



fiO 



8086 
073 



U, MIX coiitribulioM iadiKctfls. 

M. ^ I'admtaiaualioii dM tabacs 

Id. ana poslaa :..... 

Id. k Uiotaiia. 

Id. an Barapa da oommerea ct det colofei*. 

Id. k ia diaaibre dca pain • 

Id. k la dukOBlira des depofcs. 



^ \ld aax jpfhivaik da toy aaiM 
. dan* lel 
apfrnximi 



U. dan* let ■Mftcturcs at soiu-prcfcctnref f |»ar 
ali«H 



Id. Aa !«• taaafvirt et payears ganeraux (eooa- 
pris dans leurs frals da service ) 

Hoissicrs. gav^ons d^ boiaaii, portiers, sarrail- 
fins, hMHiaet dis peine de» dm Hie ns arinislAiea 
et adoiinifftrations. ....•..«.•..««• 

PK2ISiO»|iAUlBg DS L'J^AT. 
2,100 Pensionnaires anciens employes des fermes et des 



48»700 
619.700 
156.900 
1S4.006 
472,800 

1.069,909 
t58.40ft 

I.731.40Q 

S33.200 

74.000 

tlf.B00 
1b.8d0 



\lMfiik 



973 id. de ^atc espice . ▼enves et aatres 

la^SOa lliKliina«n.dcaa«s d»99«i Ibwat 

107.000 Id. an-dessons de 900 francs 

13.800 fe*Tesdo«»IKMipes 

3,600 VoB/Rtair«|. j . . • • 

600 tet^ns des camps de Jtdiere et d'Alexaadtit..; . . 

26.900 Ecclesiastiques 

156 Pemions p&irales, Teuves de pairs, et ane. a^fiaMnra. 

1 1,700 Id. de Uliste civile 

27.960 Membreft de te Ugitm d^aaeat tanohaait m ttalie- 

meat ' 

rf ,000 Adciens mifitaii^s des ann^ de l^nail 

l.OOft Cbcralic«i da St.Loiu* 

I.7lt Offlciffrs eu deini-solde 

a.l»6 Id. ail rdtorasa.... , 

10,500 Employes en relraiie ( subventioik ) 

fd. p«ydl snf la b«d^ ^ i^ i njs lra de I'inlariaav. 

70 Anciens ininistres • 

25 Pensioanairas do satriaB da far f hi i w iw a das dapoitak 
44 A d'anciepa magistrats» snr la caisse dn sceau. . . . 



234,196 



uijfm 



I.5IQ.000 

t».00i 

6.45O»000 

5,368.300 

3,400.000 

680.800 

485.000 

869.660 

t.&«fll.(iOO 

S.I 45.300 

«4.aiK) 

332.000 

M.40P 
32.800 



i^i^w*w-i^*«*M 



T 



IMPRlilBUfi KOYi^LK. 

pireclanr * 

Chefs et employes d^ tans grades 

Cbefs de serriaea at enptoy^ des ataliers 

Agens comptables du malerie! ct da la calsse , et 

leim employea.., 

OnYriars ( salairas el travanx exlraordinatres). . . 



ttr* 



19.000 
».808 

132,700 

469,000 



SIULVICI DSft COLQIIIXS. 
933iGQQTeruc«rs , adoMoistraleors et eosployes de tout 



f genre. 



0,( 



3,888,701^ 



SAMON BV ■<H (ItateiiTMc). 



RiCAPlTUtATiOM. 

Individus. 

Joslice :...* 10796 

Affaires elrang^es 361 

Idtm ecclesiasliques 47338 

liistroction pnbliqne .^i?£! 

Guerre...... >9*^7& 



254,761 



Sommes. 
16.434.400 

5,770.900 
31,096.800 

1,765,600 
88,3i8,700 

143.4I6|400 



3a 



jQmgt'apkie 



%S 



■i 



report.. 254,7rtl 

Marine 42250 

FiiwncM ■ 6MM5 

MauiifM:l. ct commerce 15 

luterievr 218-2 

Haute acltiiinistriilioii 705 

Employes de totite oaitioe. ... 1 808(1 

Huissiers , etc 673 

PeiisioiMiaires ; 234106 

I'nprimeric royole. I 

Maison du roi *'...'..,.. » 

Colonios • 933 



Et poor ofctenir one somme ronde. 



609807 

103 

610000 



143.416.400 

2J.S60J00 

80.011.200 

52.000 

7,440 .auo 

5.201.400 

14,788,500 

741,800 

74.328,400 

640,000 

3,338.700 

852,000,700 

3,300 

353,000,000 



* Le DMhbre n'est |ias indiqne. 

N. B. La garde royale.les regimens fcuisses , la maison militaire du roi . prcsen. 
tant ensemble an effectif de 31,885 homme« et une somme de 1 6,502,400 francs , 
n'ont point ele cqiapris daus oe tableaa. . . 



i8. Atlas du d&oit coumeecial; par M. Poux-Franklin, avo- 
cat k la cour royale, professeur de legislation cominerciale h 
r^oie speciale decommerce et d'industrie. 4^ a 1 1^ Hvralsons 
gr. in-fol. , composecs cbacune d'un Idbleau. Paris, i8'i9 ; 
Malher et Compagnie. 

Nous avons anoonce les trois premieres livraisons de cet at- 
las, Bulletin^ Tom.XIII, n^ 272. Celles ci conliennent les litres 
suivans: 1^ desuavires et autres Mtimens de mcr; 'i? du capi- 
taine; 3*^ des propri^taircs, des affreteurs, desgensdeTequipa- 
ge; 4^ des assurances et des contrats ^ la grosse; 5^ ciroits 
derivant du contrat d'assurance en faveur de Vassiire ; 6^ des 
faillites et des banqueroutes ; 7^ de la faillite; 8** procedures et 
poursuites accessoires a la faillite. 

Ces 8 livraisons justiOent ce que nous avons dit des trois 
premieres. Les matieres y sont divisees siiivant des idees gcne- 
fales qui rendent les recherches faciles; la variete descouleurs 
et des nuances fait ressortir Tanalogie ou Tisolement de ces 
tnatieres. Cet atlas est utile surtout pour les eleves qui j trou- 
Vent noli-seulement les dispositions du code commercial , mais 
liussi celles des autres lois qui s'y rapportent ; il peut Tetre 
liussi, comme nous Tavons 4it , aux citoyens interesses plus ou 
ftioins ^ connaitre les principes dc la legislation du com- 
Incrce. Th. 



et Siatisiiqke. 33 

IQ. PrODUITS ET CONSOMMATION DES grains Elf F&ANCB. 

i 

(Xe T!c7;7/^j, mardi 8 f^vricr i83i , n** 6716}. 

^ La Societe statistique de Fraacc y parmi les questions d'eco- 

nomie publiqiie. qui occupent ses meiiibres> a portesoa atten- 

;tioD sur un objet de haute importauce , et qui j daos ies cir^ 

Constances 011 sc tronve lepays, reclame viveraent la sollicitude 

des hommes eclaircs : nous voulons parlerde la production en 

•ctTcales dans ses rapports avec la consoinmation. M« Benoiston 

de Chateauneuf a lu le travail suivant a la seance du a6 Janvier, ^ 

:presidee parM. le Comle de Mosbourg, un des vice-presidens. 

« 11 y a aujourd'hui So ans qu'un des administrateurs les plus 

eclaires et les plus vertueux que' la France ait eus, Turgot, 

ecrivait au plus'decrie des ministres,' i*abbe Terray : « La 

« France, dans les temps ordiuaires, rapporte dn ble pour 

<c treize mois, ou un mois deplus que Tannee (38o jours), et 

« pour dix mois seulement ( 3o4 jours ) dans les annecs faibles. 

« Les bonnes assurent la subsistance dc 4^0 jours, ou trois 

« mois de plus que Tannec; mais je sais, ajoutait-iiy combien, 

. a dans ce cas , Tabondance amene promptcment le besoin par 

« le gaspillage quVlle pcrinet et la negligence qu'cUe en- 

« traine. » 

Aiosi la difference des bonnes aiix mauvaises anuees ou de 
Tabbndance au besoin variait, suivant Turgot, de deux mois 
au moins a trois mois au plus. 

Yingt ans apres, les calculs de Lavoisier vinrent justifier 
ccux dc Turgot. Lavoisier, dont Tesprit ^tait juste et le savoir 
profond , etablissait , d'apres sa prppre experience et les ren- 
seigncmeus nombreux qu*il s'etait procures, que a8 millions 
d'arpens seulement etaient mis chaque annee en rapport sur 
toule Tetendue de la France, et que leur produit ne s'elevait 
pas au-deU de 14 milliards de livres de grains propres a la 
nourriture de Thomme, ble, seigle, orge, ou S8 iuillions d^ 
setiers (90,480,000 bectolitres). Il en retranchait un sixieme 
pour les semences ; puis divisant le reste par a5 millions d'ha- 
bitans, dont il 6tait le cinquicme pour les enfans au-dessous 
de dix ans, il trouvait que chaque individu avait une livre 
neuf onces de pain a manger par jour. 

F. Tom.. XXV. — Jaxvier i83i. 3 



94 GSoffraphe N"* 19 

Dcpuis l^s travaux de cet ilhistre et malheureux savant, 1e 
produit des recpUes cp France a occupe les recbcrches de plus 
d'un administrateur et d'un cconomiste. £11 1795, les auteurs 
d'une feiiille intitulee le Culdvmeur elevaient ce produit 4 iia 
millioiM d'bectolitres. Vingt-cioq ans plus tard^M. le oomte 
Chaplal le portait k 94 milltOBs; M. Depping, j^pres lui, 4 no; 
un autre eerivaio h ifto; H. Straforqllot eD 1827^ a i5o; et en- 
fin 1§ Mankeur^ dam un article officiely.A 8a millions seole- 
jpent en 1%%^ Ces evaluations si differentes montrent asse» que 
.U veritable est-inconnue. 

Cependant il est possible d'obtenir de oalculs plus rigoureux 
un resultat plus exact. Nous allons essayer de le faire , et noils 
pMJserons ces m^mcs calculs dans^ un excellent memoire doot 
nous regrettons vivement que Tauteur retarde si long-temps la 
pul)lication« 

l^e produit tnoyen des recoUes de la France caloule sur qna^ 
.treannees(de i8a5a i8a8) a donne x 

Bo frpment; < ^ 6oyS33,oQo hectolitres, 

En aulrcs grainy 114,738,000 khm. 

Total 175,271,000 idem, 

iSur cette quantitie de grains ,'il faut prelever : 
1** 16 pour 0/0 necessaires a Vensemenceo^ent ; 
%^ ig pour 0/0 pour la nourrilure des animaux dcmes- 

tiques ; 
3** a pour 0/0 pour la distillation et les brasseries. 

Total 37 pour o/o ou plus du tiers de la recoUe. 
Ainu il Qe reste ^ chaquQ babiunt pour sa consommation 
i|ue 

a38 kil. 63 en^le, 
44 kil. 17 en d'a^tres ^substances farioeuses« 

Total ^H til. 80 

Mais it cpnvieirt de rdtrancber de cette part de cbacun u Ta 
recolte, ^3 k 36 pour cent pour decbet de toutc espcee cause 
par Iqs an imai|x rongeurs a u gicnier, pour la conversion du 
grain en farine au moulin, pour la perte sur les transports, 
Pemmagasinage , Valteratioq des farines, etc. Desortcque tout 
calcul fait, il ne reste, en definitive, au consommateur que i8a 
kilog. 4c substance farinense aUmcntake, de touteespece, 



poMr Ml nfi«ir|ri(tirer habhif i^lle , pu uae livre li^ paip 4 ppU prib 
par jour $ et coiiaiBe 4^ns cpt^e ev^loatipB, le frqqa^nfc n'entre 
que pcMir 6sk kijpg. , il eo resiiUa que 1j| France ue i^poltfl p(|s 
a&se^ pf»iir (|(|e tous ses habitaps puissci^t en mi^nger , et qa'iU 
si^ forises 4y 6upp)eer ps^r d'autre^ graiqs^ dof^( |j| faring 
moins noarrissante concourt encore a diminuer la ra{ii>p d^ 
:pei|^ qui sopt redM^I^ 4 en faire u^ge, 

L'auteor ^^ menioiris peB$e que ('ex^dant 4e la recoUe sur 

hs^ hfmm pe ppiii aK^»^QlPF la fr^mp m-ie\h 4p qMin^e jpiirs 
4«99 i^s annifefordiiij^irfis, ^? ?7 jpwi^ dftfis }e* feppne? ^mm, 

e| de 9S JQur«pu 3 p^ois dans le^ a^ne^i^ |f^s-#bqn4^ptes, 

|l etablU |e pr.o4uit moyen d'qn becUrp de terre a ble ^ 19 
be^tplUr^^et dpinid^ grains, pesant 7$ kilqg. on i5q Uyre^, e( 
i! plfii;^ )es extr4a»e§d^ pette i«pyenne, ppMr le maj^ip^pfHt 
4»n«le (tep^Pt^men^ 4^^ ^*^»^4» QU rbpp^re Tsipppifte 90 bepjtQ- 
litr^, eti ppiir le mfniniufp, Mm k ciepart^H^pnt d^ U Ppr^ 
4pgpe, pf^ Ton n'en recphp que 4 b^^P'Hresi et :|/3. Du re^t^i 
II n'e^tipie pas ^ plus de 14 milHpps d'beptarej^i pu a^ 9pIIUq)9^ 
d'arpens, la quantite de terres enseme^ciSe^ gp b|p et aqtref 
f^ripp^, djin^ tpptiB Tjsjepflpe 4c la Ffftnce. ll est r^pmrquable 
qi|0 cettp BsMiPf^tiop sQ^t la nfcqie qi)e celle ^Qm^ pAr Lavoir 
^ier,ii y a 40 ^nsi. 

La severite du calcul i^e Sfiurf^il se pjier 4 9M<rHPe cprppl^i-^ 
SApcet et riPQ p^est n^pip^ 9f)ltPHi' qp un cbiQVe^ Ccpx-ci sont 
cpcofe n^pips fovor^bl^* qpe le§ ^ siipi^^ipn^ 4e J^^vowipc el dif 
TMfgo^ |la^ i! ep rpssort di^ mpip^ yne verity qpll ^st bpn 4^ 
ripapdrPi parce qp*elle tppfj |l 4etri|jr§ ppc ^rrcMf Irpp gepe^ 
ralenaent accreditee. C'est cpi^ toutps Ics fpjii qpp d^s bop)P)p^ 
intcgres et instruits se $qp( qccupes d^ev^luer las rccpltP^ en 
ble de la France, ils sont toujoiirs arrives' a ce defpipr n^Uat, 
quelle ne produit giiere^ annee commune^ fii^-dfifa de se^ htfsoins^ 
rosulfj^t confirme par les etats des douapes» qpi ippplVPP^ que 
depujs. pi^ siccle nos exportations en gRip^ opt tPi\j|oprs ete 
balappee^ par les irppprtatipp^* 

C*^st up mal de n*ayoir p£^^ 4 4ii»er^t^on TaUp^ept le ipfilleur 
et le plus necessaire a rhooime ; c'est un grand mal d avoir un 
pain mauvais , meiangi^ de substances qui d^ptaisent au gout et 
nourmsent mal le corps; mais le pire de tons les maux, c^eti 

• - ^ 3. 



36 • Geographie 

demanquer trop souvcnt (Vun tel pain, et plus de /|00 mil- 
Jions ,^ depenses depuis r; 1 5 par le gouvcrnemeiit poiir les achats 
de bles et de farines k Tetrangcr, proiivent que la France est 
trop soiivent redtiile h cette criielle cxtremile; et ponrtant que 
de changemens favorables 5 Tagriculture ont eu lieu depuis 
4oai)s! 

Les corvces et les dimes ont ete supprimecs; les grandes 
proprietes, autrefois Tapanage d'un seul, ont ete divisees entre 
plusieurs; des dessdchemens ^ des defrichemens considerables 
ont eu lieu; des communications nouvelles ont ete ouvertes; 
des methodes de culture meilleures ont ete enseignees j praii»- 
quees;eh bieni malgre lant d*avantages, si le ciel cesse sou le- 
nient une annee ou deux d*accorder k ces champs d'abohdantes 
rqcoltes) la France voit aussitot la discttc menaccr ses habitans 
consterncs. La disette! dans un pays essentiellement agricole » 

f r 

qui possede 28 millions d'arpens de tcrre d*une nature telle, 
que dans bcaucoup d'endroits on n'cn trouverait piis de meil- 
leures dans toute TEuropc. La France manque-t elle donc'de 
bras ou dc lumieres? f ' 

Quant h, la consommation de la capitale, elle etait en 1817 
de iI\oS sacs dc farine par jour. Elle est aujourd*huL de 1800; 
ce qui donnc k raison de 102 pains de 4 livres par sac, 734,4o<> 
livres de pain pour 816,000 habitAn$. 

Mais, bien que le dernier rccensement ait indique ce nom- 
bra dc citoyens, tous n'ont point part «\ ce vaste approvision- 
neUient, Lemaladci le soldat, le detenu, sont nourris d'un 
pain qui n'est plus celui de Thabitant. II faut done les retran- 
cher de la consommation generale. 
On compte en ce moment k Paris : 

Garnison 16,000 

Garde municipalc i,4oo 

Sapeurs pompiei*8 • • . . .5oo 

Invalides veterans 4,000 

Malades dans les hopitaux et hospices 19,000 

Detepus dans les diverses prisons 3,4 00 

Total. • 44,600 

k deduire de 816,000 

KestCi pour la population effective de Paris, 771,400 iudivi- 



et Statistique. %j* 

. dus,' ontre. Ies<p.ieU ilfaut ref»artir 734,000 1 ivres de pain, co 
qai dontie ^ cliSacim tnoiiis d*iine livre. 

•r Si Totiradin^t' maidt^naat qoc la consommation jourDaUere^ 
des caseroes, dqs hopiuuix et des prisons sc inonle 4 56o sacs 
de fariDe par jour (elk ne va pas \ moins)) et si Ton estime 
\ une ceoUine environ celle des pAtissiers, darioieurs, fa- 
bricaos de coUe, d*amidon, etc., bn'verra pour total general de 
la consommation dc Paris > en farine, a^/joo sacs, et c*est ^ 
*ce nombre, en effet, qu*il convient de la fixer quand on Veut 
se garantir egalement d'une cxageralion ridicule ou d'llne 
appreciation trop au-dessous des besoins. 

Nous ne tenons pas coinpte ici du pain qui se vend dans les 
marches; conime il est en tr^s grande partie fourni par les 
boulangers de Paris , il rentre des lors dans la consoinmation 
generale. 

Nous ajoutons scuTement que la quantite de ble necessaire r 
rapprovisionnement annuel de la capitale > cntretient dans les- 
provinces qui Tavoisinent, Tile- de-France, la Brie , la Beauce, 
le Berry, la Champagne, laPicardie, la culture de 3oo,ooo atv 
pens de terres ( i5o,ooo hect. ), et un mouvement d'argent de 
So k 35 millions. 

Tons ces faits sont cnrieiix , interressans a connaitrc; ils plai* 
sent ^ rimagination comme a Tesprit f les gens du mbnde en 
occupcnt un moment letirs loisirs , les hommes d*etat en font le 
sujet de leurs meditations. 

iO. A GENERAL, MEDICAL AND STATISTICAL HISTORY OF THE PRESENT 
CONDITION OF PUBLIC CHARITY IN FrANGE, ETC. — Hisloire 

generale, medicale et statistiqne de Tetat present de la cha- 
rite publique en France; contenant un compte detaille de 
tous les etablissemens destines aux malades, vicillards , in- 
firmes, enfans et aliones; avec un apercu de rindigence et 
de la mendicite, ct des moyeus maintenant en vigueur pour 
leur soulagement et le'ur repression. Par David Johnston^ 
D. M. In-8°. Edimbourg, iSaS. {JFestrninsler Review ; av. 
i83o,p, 449,) 

Nos voisins de Tautre cote de la Manche nous out devances 
sur plus d'iin point dans la carriere des ameliorations el de la 
civilisation. En cfaimie, et peut-6tre k un degre plus eminent 
dans les sciences mailicmatiques , ils sopt de plusieurs stnuec^ 



31 G^9gnfihie IT 20 

devant nous. Etdatisiuie liutreaeietice qiii^ chose iittLn^e^ peiil 
etre coDsiderce comme d'origlne angUise el dont rUlustre fon-. 
dateiir vit enoo^ en ee pajs^ ils aoront bientdt, saiTant toutes 
\e$ vraiseiiiblaBees^ une ^ale stiperierite. £& Franee^ la legis— 
lati^m commenoea etre enfisagee et enseignee oorane une set- 
elite. Le nom du grand pfailosophe quiaau Telever a «e rang^ 
eat envirdnne dtt respeel et de la eonsid^ration dti$ a un homnie 
(pii ikmna k resprit hnmain utie impukibn que dans I'espftce. 
de pli»ieur$ sieele« il lie te^oii pa» Uiie fotai tandis qoe^ dana 
sa tefre natale, ce nom est Itrre aux dedaios des petiu eaprita 
incapables de le comprendre. 

Bien qtt*il soit difficile d'admettre avee le D^ JoknsUm la 
SHf^ertorite dtt systeme francaisdaBs tous les casy il est aise d*in-' 
diqaer dana ee thre instmctif plttsiears exemples de ses avan- 
tages dans les ameliorations auxquelles nous faisions allusion. 
Gependaitt nne dilfictiH^ sepresente; c'eat Pabsencede touteme- 
thdde ciana la disposition des nonbreox materiaux renins pa^ 
ie dotteur^ II est yrai que cette conliisioii apparente pent etre. 
attribftee k la natnre meme dasujet^ amas de faits et de ebifFrcfi 
cbarg^ de I'epettliom^. 

Aiissi, au lieu de tenter Tanalyse de Touvrage^ notn citerons 
nil mi denx eas o^le D' Johnston reu»tt k deoiontrer la snpe- 
rioriti& dn syiteme d'administ ration francaise. 

L'intrada^^tioto cofitient des foits ciirienx. 

Ancicnnete des hopitaux en France et dans plusienrs autrea* 
pays, mais differens dans Torigine de ceux de nos jours. Ap- 
partemens reserves dans plusieurs eglises de la chretiente 
pour les pauvres mnlades; les maisons des eveques daiis les 
premiers ages de j'^glise ayant tout Faspect d*h6pitaux. St-Basile 
dans le IV* siecle fonde h Cesaree le premier elablissement di- 
gue de ce nom ; exemple suivi par St-Chrysostome a Constan- 
Cinople. Dans lessiecles Suivans et k Fapparition de la lepre h la 
suite des croisacles, on multiplia ces etabllssemens nommes en 
France Leproseries etMaladreries. A la fin du regne dc Louis VIII 
ils^sont au nombre de deux mille dans ce royaume, et suivant 
Mathieu-Paris, au nombre de 19 mille k la fin du Xtll* siecle 
dans les dilFerens pays de TEcfrope. 
' Fc^dtttion du Mont-de^Pic^^^ 

Bhi le XVII** siecle, tentatives poitr former a Paris des eta- 



blissemens destioes aux prlts sar gage; -en 164^ privilege ac- 
cordedans ce but aun pluttcoUei** maissaos suc«^s. Le premier 
Mont-de-Piete fonde ^ Paris date de.1777, U fat enee pour le 
compte de Thospice gen<§rifl , 4 HnsUr det tttabUfiSCinens dejii 
existans en Italie , en Flandre et dans le Hainaull* 

Le Mont-de-Pi6te est administre par un conseil impose du 
prefet du departement , dti prelet de police et de quatre mem- 
bres du conseil general des fadpitaux. II produit par an 400,000 f. 
Comme' source de revenus poui* les h6pitau]ty ces etabtisse- 
mens doivent etre encourages, mais non comme utiles 4 la 
masse du peuple. lis offrent trop de facilite et de secret aux em- 
prunteurs sur gage, et sont par la des sources de paresse, de 
dissipation et de ruine. 

Les inemes objections se presentent contre les maison^ de 
jeu qui , comme ledisait La Place, ne font que susciter des es- 
perances trompeuses et imaginaires de fortune. 

Au commencement du dernier siecte on essay a sans succe^ 
Tetablissement d'un Mont-de-Piete ^ Londres. Sa banqucroute 
le discredita. 

Sources des revenus qui entretiennent les hdpitaux en prance. 

I 6iens~fonds, soit en terres^ maisdns, etc. 

a Legs et donations. 

3 Argent paye par des personnes revues dans les bdpitaiix 
etbospices. 

4 Mont- de-Piete. 

5 TheAtres et autres licux d'amusement. 

• 6 Verification publiquc des poids etmesures. 

7 Confiscation et amendes. 

8 1 >roits d'accise. 

(Un cinquieme du prix des terrains au Pere la Chaise appar- 

tient aux h6pitaux de Paris.) 

Les donations et legs jusqu*a 3oo fr. sollt acceptabfes par 
le sous-prefet; au-dela on a besoin de Tautorisotion du roi. Le 
D' Johnston donne le tableau suivant des legs faits eti t'rance 
aux hopitaux et aux pAuvres pendant tine aerie d'ailn^es. 

1814 ' •••« Sift,^5 francs^ 

i^i5 ...... .i. 1,341,8^5 > 

181A 1,745,537 » 

1817 ..••«»•.« i^''i7,<A4 • • • • ♦ . 



4b . .Geographic » N^ 20 

x8i8 2,876,1/16 ' • ' 

1819 3,ai3,9i5 

1810 2,416,816 

1821 6,668,810 

1822 2,770,493 

1823 3,846,802 

27,510,263 francs. 

Les. somraes payees par les personnes admises dans les hopi- 
taux s*elcvent a un capital de 400,000 fr. 

Sont preleves dix pour cent surles reccttes des theatres, et 
un quart du produit net des bals, jardins publics , etc. 

Deduction faite du dixieme du produit net de la verification 
des poids et mesures, le restc est destine aux hopitaux et aux 
communes. 

Un quart des objets confisques par la police municipale. 
. Un tiers des confiscatioYis faites par la police correctionnelle. 
Les amendes pour contraventions aux reglomens de TUniver- 
site et de la loterie; pour manque de discipline dans la garde 
nationale. 

Kesume des revenus pour Paris en Tannee 1822. Ces revenus 
pduvent elre divises en fixes, variables, snpplementaires et 
exlraordinaires. 

Revenus fixes 1,935,247 francs. 

Variables 2,056,167 

Supplementaires. . . 5,i64)Ooo 
Extraordinaircs.. . . 39,521 

9,194,935 francs. 

Les principales sources de ces revenus sont : 

Loyers 243,834 

Marches 3 1 1,409 

Interets des sommes placees. . 707,158 

Mont-de-Piete 455,65-2 

Donations, legs 78,35i 

Theatres et lieux d^amusemens 616,598 
Filatures • 3o3,552 . 

Ces fonds sont places entre les mains d*une administration 
composee de six membres salaries a Paris seulcment. lis sont 
percus par un r^ceveur cjui , dans le^ six premiers mois de cha- 



qUci ai)toe0,'C5t bWige:de remlre ses conaptes de rhnnee prec6- 
denle. 

. I) rec6it' 40,000 fr: poiir lui et se$ frais de bureau. Dans les 
grandes vilies 011 les depenses excedent 100,000 fr. , il y a un 
i:onirSIeur charge de tenir un journal exact des recettes et des 
dispenses; traitcmcnt 4,400 fr. Sont aussi attaches aux etablis- 
semens des architectes^ des verificateurs charges d'inspecter 
)c$ ouvrages ou reparations commandos par I'administratioD. 
Dans les maisons de la Salpctriere, Bic^tre et rH6tel-DieUy it 
y a un piqueur charge des precautions k prendre contre les in* 
cendies, etc. 

Lc comite consultatif compose de cinq avocats est charge de 
la defense graluite des interets des pauvres. 

Vordonnateur sifffae toutes les pi^es qui ont rapport aux 
details pecuniaires. 

Le D'' Johnston donne de grands eloges aux soins et a la pre< 
cision miuutieuse qui regnent dans la tenue des comptes; il en 
fait ressortir tous les avantagcs, tant pour I'interet du pauvre 
que pour Tinstruction du-. public. 

En comparant les hopitaux de France et d'Angletcrre , il 
montre ceux-ci independans de tout controle superietir, livres 
aux abuSy aux contestations et quenelles d'individus d'opiuions 
opposees. II iosiste sur les a vantages d'une administration pla* 
cee entre les mains de I'^tat et presente comme modeles les eta- 
tablissemens du continent. 

L'experience , il est vrai, dit le critique anglais^ a prouve 
que le gouvemcmeiit . francais etait digne de dirigcr les insti- 
tutions qui ont Tioteret des sciences pour objet , et par la Tin-r 
terct general et le bonheur dc Thumanite. Mais Texpericnce 
ne nous offre rien de semblable dans lc gouvcrnement anglais. 
Au contraire, nous le voyons sans cesse sacrifier Tinteret de la 
science, des hommes en general , a celui de quelque rejeton de 
Tarislocratie , ou de quelque valet et parasite de grand seigneur 
qui soutient le ministre du jour. £n cas de centralisation entre 
ses mains, le gouvcrnement se hdterait de creer le pUts grand 
nombre possible d'honorables sinecures a Tusage dc Tarricre 
ban de Taristocratie. 

Le systeme d'administrationfrancaise, qiioique superieur au 
mode anglais, n*est pas parfait. LeD'^ Johnston lui fait deux 
objections impoctantes : le ooiubre ^mense c)es employes ^ 



4i Geagraphie 

et la necesrib^ faltgatite de s'adt^sset au mioistern dd Vin^ 
terieur pour obtenir les details les plus futiles. 

D'apresie tableau da D'» radministratimi des hospices sans 
compter son bombretix personnel, est cotflpos^e de 19 persbnties 
qui iT^iircitt 32,ooo (t, sur tin reveAu gien^rai de 700,000 fr« 
Bt noos dit%>ns au D'' ^ d'a[}r^s de bonnes autorlt^s^ que la dc* 
fittise d'une adtninislfatibn de ehartte en Atigleterte, dont le 
revetiu eat de 3o,t>oo fr. , n'absorbe pas nioins de iB^Soo ft, ^ 
les trois quarts. 

Le D^ observe que les visites se font de boiitfe heure ell 
France ct sur le reste du continent ; en general , k six hcures 
dftris^ Vei6 et a ^ept dans Thiver ; syst^me stip^rieut It celui des 
Anglais qui ne visitent les balades qu'k midi; car, k dailse de 
ritfitation qui acootnpagn^ si frequemment la maladie duralit 
la nuit, on doit considerer comme tres-importanterbbservatiotf 
des pfogr^^ et symptdmes d^t^^min^ par la mani^ dolit la 
nuit a et^ pasi$^e. En France, les visites dH m^decins sont plu^ 
longues; En outre, les internes dolvent une visite dansleui^ 
salles respectives entre quatre et huit b cures du soit. 

II y a un^ classe pafticnliere d'etudiaus dans les h^pitaux 
fran^ais, les ^l^ves. lis sont divises en ^l^ves de lAlidecine, de 
cbirurgie et de pharmacle. Les deux premieres classes sont di- 
vls6es en deux autre!) , internes et extern*?s ; les premiers habi- 
tent rhdpital. lis cohcourent publiqnemetit. Ces concours softt 
ouverts k tout le monde, et libres di& toutes ks Oiis^abfes 
restfictidns de pays , de provincesf on de croyancci Un An- 
^ais^ At. King , fot fe9« le second sui^ i Bb candidats pour le 
pb^tc d*interne en i8&a. En iSa5 il obtint une medaiile d'br. 
Dte telles recompenses, decerftecs an m^rite d'un etranger, 
sunt ^galement honorables au talent qui les a remport^es et k 
la severe impartialite qui les a confi^r^es. 

Le systeme des Aleves est excellent , dit )e D' , et parfait6- 
ment adapts k Tinstmction pratique ; il est k la portee de toutes 
les fortunes. Les Aleves sont loges , souvent nourris et cha'uffes , 
ct recoivent une modique somme. Avantage r^el dans un pays 
ot les coats sont gratuits. 

Le critique anglais termine ;>ar quelques *6flexions am^es 
snr Tamour da gain^ et I'ostentation dt ses compatriotes. Sa 
xlerhiere phrase est honorable pour la nation fran^aise et 
phfine d'indepeiidaiice philosophicpic £11 Frames, dit41,.bs 



heiiltnes sent •stimesi hbii pas d'ftfires lean ridmaes da l*^ta- 
kp qu'ils en font, tntis d*api^ leim talens et leur sagessef 
ati lien qtt'en Angleterre , taleiis et saf^ss^, salis T^lat dks ri* 
chesses , son t dedaignes. O. « 

21. t)£SCRIPTION DU DEPARTEMENT DU ^^ORD; part. CrILLK^ 

d^Angers. in-S^ de xvi et 368 pages. Paris, i825-i83oj 
Dondey-Dilpr^. 

' D^pttit kmg^tempa la stalHtiqde dk la France est eontBenciee, 
•t satiii compter lei ra4nidire9^es.aai:itifia intendans de proviiM^ 
iti UsB In-foHo d^ pr^fets de deparieinens ^ ilona tvowi vu de 
tempa h attire^ apparaitre dea traram plus oumottni et^dnsy 
plus oil moins satisfaisans, et speciaux h certaine9 lodiltt«e«; 
KotfS avoiM soeceflsiveikient rendti eompte de ceu;c qui sont 
tcniis Ik notre oonnaissance. Sonvent r^nits a h'annoncer que 
les tlirifs des onvraf es ^ itons avons exprime le regret de tm 
poiivdir faire plus. On ne scsera pas nepris snr ectte express 
sion ^ et (A I'aura sans doute bies regardee comme celle da 
vflHi que ncras fdtndotis d'etre k mhne de (sonngner dans In 
BMtM tons les 4\imem d'une bonne stciisltqne d^ la France^ 
Le departement du Nord est un decent sur ksqnels il a M 
JFe pins ^crit. Moits avons consigni^ tout ce qui tious est pai^Venu, 
notamment dans Ic XyV volume. Nous avons donne une longud 
Kste d'ouvrages, et strtout indiqne Texcellente statisti^ue eil 
3 vol. in-S^, publiee par le prelet^ et dont M. Rottin, alors 
secretaire general, a £ait la plus grande partie. 

M« Grille vient. apr^s ces publications, et sa description da 
departemenft du Nord concourra a completer ce qui concerne 
ee departement, un des plus riches et un des plus industrieuH 
de la France. Ce travail a ete commence il y a plus de 5 ans. A 
une 6poqae, qui semble dejk loili dans ce si^cle oii tout va si 
vite r son autenr avait en I'intention de doikiner une description 
complete dela France. t.e projet fut approuve par le ministre , 
charge alors du departement de Tinterieur ; des fonds fureni 
faits pour une operation utile que devalt diriger M. Debdborde* 
Mais Ics ministres ne restent pas toujours au pouvoir, et il est 
rare que les successeurs continuenl roeuvre de ceux qui lei 
OBt{>reoedes : Tentreprise projetee fut indefiniment suspendue^ 
autant vaudrait dire qu'elle fut mise d^ d6t6. Cepcndai^t M« 
Grine avait pafcottrOi le departement du Nord^ reumssaitt 



44 •' Ceographie N<^ ai 

piirtokit lc8 rcnsAfignoroehs que plus tarcl il a mis eii tturre. Son 
travail uc devait pas'etre perdu, et le publier, c'etait don- 
ner iib echahtillon de cc qii^aurait' pu etre TouTrage complet* 
Ccst le parti auquel M. Grille s*est arrete. 

II commence par jeter un roup-d'a*il sur Th'stoire du pays 
et le regime de son administration , puis il examine separe- 
roent chacun des arrondissemcns , et decrit la plupart des com- 
munes. 

.- Avant 1789 , Lilie iStait le cheMieu d*un gooveraement mi- 
litaire compose > 1^ de la Flandre, 2° du Hainaut, et 3^ du 
Gambresis. Sous les rapports adrainistratifs , le Hainaut etait 
une intendabce , ainsi que la Fiandre ; le Gambresis etait un 
pays d'eCats. 

£n 17909 le departement du Nord fut forme des memes pays 
anxquels on reunit quelques communes de TArtois et qnelques 
villages du Vermandois. Lille en re^ta le chef-iieu. Il est actuel- 
lement divise en 7 arrondissemens. £n 1 79a, le recenscment de 
la population Tavait etablie a 8a8,6oo dines; en 1802 > elle 
n'etait que de 796,000, elle etait. remontee en x8i6 k 808,000; 
en 1820 a 965,00a; et en 1826^ 911,000, repartis commesuit 
entre les arrondissemens. * 




Dunkcrque- . . 
Ilazebrouck. . 

Lille 

Dooay 

Cainbray. . ... 

Avesnes 

Valenciennes , 



Castokq. 



7 
7 

16 
6 
7 

10 
7 



01,000 
102,000 

203,oocr 

90,000 
134,000 
115.000 
116.000 



911,000 



Le mouremcot moyen annuel de ccllc population , est ainsi indiquc 



NAISSANCES.... 



EVVAMS LECITIMBS , 






ESFATTS ITATORBLS. . 



mfilcs... 15,500 » 
femelles. » 15,000 



miles... 1,700 » 
rcineUcs. » 1,600 



30.O00 
3,300 



17,200 16,600 33,800 



d£c^s. 



■oxKcs 12,500 

12,000 



riMIIBS. 



24,500 



f zcBOAHT des naissanccs 9,300 

MARIAGES 7,000 



^ 



WBtm 



wm 



et StqtistiqUe. 4^ 

En 9 ans , de i8i5 a 1823 y 1c nombrc dcs eiifans trouvcs a 
«te do 27,117 , ce qui donne par an. 8,019, *^*^st i pcu pres 
lo/i I de la totalite dcs cnfans naturels. 

M. Grille no dit pas comment il a obteuu ceschiffres, ce qni 
sera It indispensable a connaitre ponr savoir qtiel degre de cou<- 
.fiance on pcu t leur donner. C'est un soin qiie dot vent prendre 
tons ceux qui rccueillent de3 documens statistiques. Nous re- 
greltons d'autant plus qu'll ail etc neglige par M. Grille, que 
M. Durozoir , dans la relation qu*il a publiee en 1827, rapporle 
t\\\e la population dn departement du Nord etait en 1826 de 
962,648, et Texccdant des naissances sur les deces de 6,1 5^. 
II y a erreur chez Tun ou Tautre auteur. (Voy. Bullet, y Tom. 
XVI, pag. 212.) 

La snperlicie du departement est de 58i,4^4 hectares. Le sol 
est riche et varie, la culture en est porCee i\ un haut dcgre de 
perfection. 11 est arrose par a4 rivieres , dcs ruisseaux 9 des 
torrens, des lacs, des Fontaines. En quelques cndroits, il a fallu 
construire des digues pour contenir les eaux au-dessus du sol 
qu'ettes inonderaient. On y compte i5 canaux de navigation, 
et beaucoup d'autres employes aux communications viclnales 
6u qui servent au dessechement.Les routes de i^®, 2^ et V classe 
qui te sillonnent , forment , reunieis , tin developpement dc 
584,377 metres : i5 d*entp'elles sont pavces. Le departement 
du Nord est un de ceux ou I'industrie a pris le plus d'essor. De 
nombreuses fabriqnes y sont repandues. II s^y tient 38o foires 
dans 5o communes, sans parler des marches qui ont lieu sur 
plusieurs points 2 et 3 fois par semaine. Un college royal , i5 
colleges communaux^ 16 ecoles du 2® ct.du 3*degie, 878 ecoles 
primaires dont 24 d*enseignement mutuel et 8 tenues par les 
freres de la doctrine chrelienne , y procurent Tinstruction. 

Les rccouvrcmens qui y sont faits par le trcsor sont classes 
ainsi qu*il suit^ annee commune : * ^ 



46 



B^gpopkie 



TH"* 21 






CoiilribvtioDS directa 7,991.158 

ImfSu indireou 7.009)900 

Enragistretnent, ttmbrtf, do- 

waiMi :... 4.900,»70 

DouaMS et seU 10.740.OU 

Bi>i»M»nt , MImcs , pottdra. . . 8,753,799 



Pogtes 697.713 

M«rt« .. 49S.6I9 

Coupes dti boi$ 1,006.267 

rnidiiiU diters 80,1 73 

Tar«i..... 36,001 ti 



Le pom^brp des animaux utiles est de . 

Chevaux • 60,000 Moutons. ••.••. i5o,eqo 



Boeufs ...?• 5oo 

Veaux .......... 36,ooo 

Vaches. . , 1 3o,5oo 

Anes et mulcts. . • 6,000 



Pores. So^oQo 

Chevres ........ i,0QO 

Vqlailles.. jij^j?^^- 

Chiens go,ooq. 



£n general tous ces phiffres different de ceux presentes par 
M. Dnrozoir, c|[ui est posterieur d'une annee au travail de M« 
brille. 

Siiivant celql-ci, on a cvaluela consopaniatlon daiis lescaifi- 
pagneS| comme suit : 

Permiers, Domestiques, 

Pain 4^0 4S0 

Viande ^00 i5o 

Beurre 100 75 

Biere a5o 175. 

Apres avoir donne ces re^uUats generaux sur Teiisea^ble fl|i 
departepi^ent, M. Grille p^sse a la description dp (^hs^que ayrpn: 
dissement^ nous ne le suivronspas dans ces details, douf noi|$ 
avon$ cherche a extraire quelques docqqfiens propres h. figurer 
dans cct extrait. Le departement du Nord par ses ports sur U 
Manche, par son yoisinage ^1e TAngleterre ^t de la Belgiquc* 
doit avoir avec Tetranger un commerce actif. Le i|ombre de 
rputes et de canaux qui le tr^versent et fiicilitent ses commu* 
hications, contribue a cette activite. Nous aurions desire trou- 
ver des details sur rimportance du commerce francais et etran- 
ger ; savoir sur quelles denrees et sur quels produits il porte ; 
quelles en sont les quautites et les valeurs ; combien d'hom- 
mes et de navires luisont a£fectes. M. Durozoir nous a fait con-: 
naitre le mouveraent du port de Dunkerque, depuis 1755 jus- 



qii'k i8$Q* Datis la premiere de ces anneet, il cfo etait sorti aSS 
))4tiineDS et i34i dans la seconde. Ces details pcuvcnt & la ve^ 
rite preseoler p^u d'agreiuent y mais iU offrenl uae grande uti* 
lite) et ce n'est pas as&ez pour nous de savoir que Graveliuef e«- 
^pedie ohaqiie semaine pour Douvres et Londres , des bateaux 
de io kko tonoeaux charges de fruits, de benrre et d'eanls dont 
pn estinm que le departement foumit par an 53 k 54 milHons^ 
il faiidrait savoir qu'elle est la valeur moyenne de cette expoi>> 
tatiou* Ce n*est point asses d*«tre informd que, d^puii la paix^ 
la pSche de la roorue, florissante autrefois , mats presque nnlle 
pendant les 3o demieres annees, commence k reprendre un pen 
d*activit^ , que lo bdtimens d'abord , puis aS^puis 5o, puis 
too en 1 8214, s'y sont livres; il faudrait connait^ le tonnage de 
ces bitimens , le nombre d'homm^s qui j sont embarqu^ , la 
ifuantite et la valeur des produits, pour juger de Timportance 
de cette branche de riqdustrie. Qn peut juger du dommage 
que les corsaires ont fait ^prouver k Tenncmi , quand on lit que 
de 1778 k 17V4 le port de 'Dunker^ue en arrou 146, de ^00 
bommes d*equipage, qui firent laoo prises evaluees a 4 mttlio^i, 
et a bord desquelles etaient 10,000 prisonniers dont la moitie 
paya une forte rancon ; et que dans la guerre de 179^ , i5b 
oorsaires amies de 800 canons et pierriers , et de 4 ^ Sooo 
bommes d'eqoipage, firent 5 k 6000 prisonniers sur un grand 
nombre de prises qui furent vendues en Hollande et en Nor^ 
vege. 

Quant aux mcinufactures , nous avons regrette de ne poji^t 
trouyer dans ce livre des tableaux qui eussent mis sous les 
yeux les diverses especes de manufactures , le nombre d'pu- 
vriers qu'elles emploient , leurs produits en quantite pt en 
valeur j k des epoques diverses. C*est aiosi seulemeu( qu'on 
peut connaitre la situation de Tindustrie , les ameliorations 
qu'elie re^it , les progres qu'elle fait,et son influence sur la 
.pr0sp^rit4 d'un pays. Par exemple , il est bon d'examiner com- 
ment il arrive que, lorsque partout dans ce departepaent I'in- 
diistrie a pris un essor remarquable , elle reste station^siire a 
"Valenciennes , oh Ton s'ob^tine a so livrer, suivant les vieilles 
routines, k des travai^x qui ne prod uisent plus , et pii le com- 
merce qui a eu une grande activite dans les tejnps les plus re- 
cules, est actuellement languissant. La fluctuation do la popu- 



49 • Geograpkie * 

lalion.dccctteville, qui a etc en 1724 <lc a5,ooo imes,'^ en 1770 
de 17,000, en 1789 de 22,000, en 1801 dc i8,5oo, eten 1824 
dc. 20,000, a-t-e11eett pour cause la fluctuation que Ic com»crce 
a eprouvec ? Quelles consequences peut-on tirer de la compa* 
raison de la population de Liile, qui, en 1724, etait de 5o,ooa# 
individus loges dans 6,000 maisons presque toutes en bois ou en 
terre, et en 1824 dc 62,000 habitaus occupant 8,000 maisans 
en pierres et en briques? Cette influence de ractivite du com- 
merce sur la population pourrait tirer une nouvelle evidence de 
la situation passee et actuelle de Honschotte. Quand on fabn- 
quait dans cette petite ville une grande quantite d etoffcs de 
.laiue,elle comptalt plus de 20,000 habitans, reduits a 3ou 4000 
aujourd'hui que son industrie a souffert de la jalousie de scs 
voisins qui ont, a deux reprises, incendie scs metiers. II est 
vrai| quanta cette derniere ville, que les maladies qui y regnent, 
ont uiic«ractere tellement pernicieux, que lesdeces siirpassent 
constamment les naissances; mais Bergues etait dans une position 
semblable , ct les mesureshygieniques qui ont cte prises y: ont 
apporte remede et la proportion a change. ', 

Au surplus , Touvrage de M. Grille contient beaucoup de.de^ 
tails historiques , des descriptions de moeurs et d'usages de lo«> 
calites tres-agreables et fort interessans, mais qui ne peuveut 
trouver place d«ins cette section du BulletiiT, et nous renvorrons 
pour en prendre une idee , a ce qui eu sera dit dans la 3^ sec«- 
tion , ou plutoi a Touvrage lui-meme. Th. 

22. 1. Memoire sur le Chkmin de Fer de la Loire, d'Awdre- 
ziEUX A Roanitk; par mm. Mellet et Henry, ancicns eleves 
de PEcole Polyteclinique, concessionnaires de Tcntreprise. 
Brocb. i!i-8° de xij — 52 pag., avec uu plan. Paris, juillet 
1828; impr. de Huzard-Courcier. 

aB.II.RAPPO&TS DuCoNSEiL d'administration de la'Compacnie 
DU Chemin de Fee ds la Loire. Broch. in-8^. Paris , dec. 
1829 ; impr. de Huzard-Courcier. 

i4* in. Rapport sue le traci^ du Chemin de la Loire, depuis 
Roanne jusqu*au cbcmin de fer de St.-£tienne a Andrezieux; 
par MM. Mellet et Henry. Brocb. in-8* de 19 pag. Paris > 
i83o; impr. de Cbassaignon. 



ei Sianstiqud. if 9 

a!>. IV. Inspegtioit du chemin oe fe& de la Loire , faite par 
le baron Charles Dupin. Broch. in-8*^ de 27 pag., avec une 
carle. P«iris, 20 oct. i83o; impr. de H lizard- Courcicr. 

^6* Y.RAFPOaTS DV CoHSKIL d*Al>MnriST&AT10Hl»B LA Co]i»M»im 

DU Chemih de Fee de la Loies » d'Andresteux '4 Roaime , 

' a rassemblee genevale des aclionoaiiies du i& dec iBSo^ et 

. DeliberatipB de cette assemblee. Broch. ia-S^ de Si pag. 

Paris, 1 5 dec. i83o; impr. deGuirandet. 

27. VI. Rapport FAIT aunomdu Conseil d'administration de'la 
CoMPAGNiE DU Chemin de Fer DE LA LoiRE, d'Aodrezicux k 
Roanne , a l*asson)blee generale des actionriaires du 6 fevrier 
i83i y et Proces-verbaux de celte assemblee. Broch. iii-8** de 
a8 pag.; impr. de Giiiraudet. 

Au moment oA deux syslemes de communication, l6s«..«» 
et les chemins de fer, soni en presence et se disputeot pour 
aitisi dire une preeminence vivement contestee; lorsqae les pre- 
miers reunissent des avantages solides garantis par une expe- 
rience seculaire et une perfection qui ne laisse plus compter sur 
de nouveaux progr^s; mais lorsqu'aussi d*un autre cote les cfae* 
mins de fer naissans semblent promettre des sncces j^os 
brillans , et rendre des services plus ^tendns au commerce et k 
la civilisation, il n'est peut-4tre pas sans inter^t de tra- 
cer rhistorique d'une entreprise faite dans une contree qui a 
ete temoin d*ane lutte de ce genre, et qui^ par une coincidence 
remarquablc, reunit sur un s6l tant6t uni, tantdt fortanent 
accidente, toates les facilites ou tous les obstacles que la nature 
pent offrir ou opposer aux travaux de Thomme dans Vetablisse* 
ment des chemins et des canatix. 

Le chemin de fer dont nous allons parler, et qui presente 
une solution particuliere de ce grand probl^me , a pour objet 
de faciliter l*exportation|deshouilles de St.-£tienne vers leN<Mrdy 
et jusque snr le marche de Paris, eloigne de plus de lao lieues» 
L'abondance et la bonne quality des houilles de i'arrondisse- 
ment de St.-Etienne en ont fait repandre lemploi dans la ma- 
jeure partie de la France , et, depuis Marseille jusqu*a Rouen, 
les foi^es ne consomment presque pas d'autre combustible. 

Une autre circonstance heurense du gisemeut du terrain 

F. Toms XXY. -^ Jauyier i83i. 4 



houiller de $t.*!6tieiine, c*est que situe entre la Loire et le 
Rhdne, au point oii ces deux fleuves, coulant en sens coutraire, 
sc rapprochent le plus, et 06 la chaine de montagnes qui les 
separe s'abaisse subitcment , il ^emblait appeler Tetablissement 
dt k oowmaomtei U plus couvie enire let dmui fk»me$ les 
plus impostans pour id ooquBiarce do la Ffance. 
: maii cette idee d^ua intcff^ plus 9eii«nd ne dovak uakse que 
Iiyig-tampaapwa cellttd'^uyiir im deboocbe aux prockitu des 
mines de St.-Etienne. 

Il ne parait pas qu*avant le XVIII^ siecle on se soit occgpe 
de rendre la Haute-Loire navigable pour la faire servir a,\xx 
transports ^e la bouille : ce commerce devait m^me alors etre 
incQpnu sur ce fleuve, puisque le tarifdu canal de Briare, qui 
enumere scrupuleusement les droits k imposer sur les carpes 
et brochets de di verses dimensions , ne fait nulle mention du 
charikop dc t^H. 

Ce ii« fttt qui; ver» la Ga du regne d<> Lquis XIV ^e la iMimh 
pagwie coiuaiie spua le Bom de Lagavdette ex^cutj^des iravaux 
eotfe St^Eambert et Roaniie* pour i^endre cette partie du oours 
de U hme ppMicabLe aux bateaux d'up faible lemiage, C«> 
tmvaux <»nsi»terei»t k estirper quetques roc^bevs, k kire ua 
balMage raguUer, et k qeHdiyey annuellemeot le lit des oh$truc«<> 
tkuis acoidentelles ameoees par les crues. 
. €es amttlior^tiona '^e detail sufiirent pour procurer upe na- 
vigalioii descendante, et quoiqu^elle fut daogereusex et poiir 
ainsi dire ephemera 9 pui^qu'eUc n etait encore posi»lble qq^ l<>rs 
doi eruea efc pendapt quelques jour^ de Vannee , cepcndaot Tim- 
portance de et-^tie navigation s'est accrue au point que le nom-^ 
]»re des bkiteAUX descendans s'est oleve progressiveineiit jusqu*4 • 
4,000, portant 100 a no mille topneaux de bouille, 

€e 8ucce& d^t fal^e dosiver ^Q voir ceUe uavigation liee ^ 
oelle du Rb^ne ; eo etfet , vers le milieu du iS^ siocle, uo io* 
gonWur, QOiiiiiie Alison de YaTeourt, proposa la jop^tion dea 
deu& fleuvet ciatre St-Rambert et Givorn, pav ks vall^ea dea 
Fureof et du Qicrt dopt les ^Qiufoea sorHipt de l^i meiue nftonta-* 
giie(le montpilat) 

Ce projet n'eut d abord aucune suite; mt|is il fut repris en 
1760 par Zacharie^ qui ne pi^ executor qu'une lieue de canaU 
§1 moumt deebagriu, par suite de» ubsUcle$ et des proces 



qu56A Un 6U9€»tft« Sm ^macmmn^ plus hwrtu^^ parTior^t k{» 
terminer laparue.4u ^irnal d^ i^i^tNit jnsqu'i Rive de Gifirt> 
qai ^( P^Y£rle en 17^1, apvas 7 ms ^ tsft¥au% et wi« <i^p««$e 
dtif ^miUiompoiir 4 litUas 4^ l9iigu«iir« 

iQuiini^u rmit de t« Ugne (I0 Eive die fiier i U Loii^ ^eUe > 
fa^ab^ji4a«9^ Gfi^w^ pi!^e«ita9ttrop d«'difSettlti&« 

IViv^ 46 pior eot Q^Q4aQt tin Hiccea prQdigi«ux. Aussi itiBfiu«« 
vi^lft-'l^ot k plufimins r^^ups k projot d« U proloiif^r J4Mqu'4! 
la Loire^ #| d'effiOGtuer onKa la jonptioo Umt dea«ree du Ahdn^i 
ai^e fl^ii¥0( mms des oh9taek9 mbi€tbIe&.co arrek^raat to6- 
jours feiiovtioDi 

Aovir nfiQs hm u«eidi§e de c«sob$ta^lefi, vappeldiis que bum • 
qu^ 6<;-r^:tirAQ0 fe ^i)i}V/ej4liU9 une depreMiou ti'te^pfoaoiicc^ > 
de la' (d»«^o,« 40 fnootagii«4 ^i &«piirQ lea varaaAft de^ daux « 
ni^es ; q€pj^ti44a^ cQtta ville Q«( ^ftooire ^l^v^e k l^a™ au-t r 
d<2^U^ de ro^99» ^ 3oo^ a4iwle4«iis d^ Rive de Giafi> eti 
ito^ A^td^a^iis da |{| Xioir£ jk ^ndrevi^lix. Aiusi (in caqal de : 
B.ive de Gier a ce dernier port, siir lo lie\i^ 4^ iQOgueur ffui. 
reHfti^mi k faiye,^or»it eu ^ r^pl^eMsr 45q°^ 4p penie' par i*o 
ec)as6$ f^p^c^Qi^ seul^raem; 4o 17Q"^« ai;irVit dn traveiiier It* 
faitd d^ la chai»e par u» ^outerra^n de %,9qq^ 46 Ipvgiu^ur , > 
et fi^fii) eut ei^i^ de$ rt^servQirs ^a^mense^ e( des rig^les pn»« , 
longeessur le revers meridional du moi^( PiUt, ppMry l^opu^UUe * 
a-graa^U frai$ les eaax de la Sei^^ne ^t £|utr^& Ar&)#u$ d^ la 
Loire* . 

; tes 4ep<?n&e* qu'eut exige la co©#t>'«qtiq« du can«i) ^valum . 
ep prenaut p^qr ba$e fetles du canal d^ Giyora^ euiseot ete: 
d'environ 3 1 millions. . , 

. {^'enormite de cett{i depeq&Q etaiji l^l obstacle iuaMrmoulft- 
^le, e^ tous Ie9 efforts dcs per&onn^^ qui ne se r^ud^ii^OLt p««> 
c^rupte d^s diHlcultes de Tcntrfiprise devai^i^t Q(;Hoq«r can(ra< 
qpt ^cueil inevitable* I^e pvoj^t de jpuction de^ dcu$ mwh par. 
cfeUe vc4e, pu ngiem^ re^cportatiQa da la houille de S^tEuquiki. 
piir uue brt^nchede. canal 3ur Tun pu Tautrc des d^ujf. vei^sg^^ 
devint done yu projet cbimerique. 

. Heureusemeut, peudapt qu*ou discutait YAiueuiesit sur ixe By*T 
t^fpe^ il 3^ d<^vQ}oppait un upuyeau moyen de poi»4auiii«atiai| 

4- 



5tt Geography N^* 22-27 

q«i devait suppleer en eette circonstance , comme en beaucoiip 
d'aatres , k Timpuissance de Tart hydrauHque. 
->Ati retour d'un voyage en Angleterrei oik M. de Gallois 
avait ^t^ etodier la m^taliurgie et les chemins de fer, cet tnge'- 
nieur proposa en 18 18 d'efFectuer la communication de Saints- 
]^tienne k la Loire, au moyen d'un chemin de ce genre. Cette- 
idee fut mise It execution de 1822 k 1827 P^^ 1a compagnie 
Beaunnier, Boignes, Milleret, etc. La ligne principale, depuis 
les environs de St-l^tienne jusqu*a Andrezieux sur la Loire, a ' 
17 kilometres de longueur, et a coikte i,5oo,ooo francs. 

Peu de temps apr^, MM. Seguin freres et £d. Biot, h. W 
suite d'un concours qui eut lieu en 1826^ se chargerent d'exe- 
citter un chemin de fer de St~]£rienne k Givors et k Lyon , le- 
quel assurait le debouche des houilles de St - £tienne vers le • 
Rhone , et completait en meme temps la communication de oe 
fleuve avec la Loire. La construction de ce chemin qui est 
tr^-avancee peut etre evaluee k 10 millions ,, dont 4 millions 
pour la partie de Rive de Gier kSt" l^tienne; et le surplus de 
Rive de Gier a Lyon. 

II resulte de 1^ que le chemin de fer de Rive de Gier k An- ■ 
drezieux, remplacant le canal dont nous avons parle, aura ete - 
construit moyeiinant le 5^ seulement de la depense de ce' der- 
nier. II etait difEicile de debuter par des applications plus hen- 
reuses des chemins de fer. 

Nous signalerons k cette occasion Torigine de deux opinions 
que les premiers emplois des chemins de fer ont dii fortifier. 
La premiere c'est que ces chemins nc sent bons que pour les 
pays de montagne , et que hors de \k ils doivent coiiter plus 
que les canaux. 

Si Ton remarque qu'en Angleterre les chemins de fer n'ont 
commence k etre bien connus qn'apres la canalisation k peu 
pres complete du pays , et qu*alors ils n'ont pu etre employes 
que dans leslacunes de canaux occasionees par des obstacles 
naturels que Fart hydraulique ne pouvait suriponter , on verrtf 
que ces chemins de fer ont du d'abord etre reserves pour ces 
localites difdciies et moutueuses, mais que cette destination est 
resultee de lanecessite, ct non d'un choix, et qu'en conse- 
quence Texemplc de I'Angleterre ne prouve rien en faveur de 



- - et StatisAque. 53 

la convenance absoluc de ces' chemins pour les pays de mon- 
tagne. , 

Sans doutc; en France, on a fait sagement de ne projeter 
d'abord des chemins de fer que.dansf les localites od its ayaieAt 
une plus grande superiorite sur les canaux, puisque cela 
raettait tout-^-fait de cdte la possibilite de la concurrence 
de ces demiers, et cet avantage se trouve ^nrCout dans les pays 
de montagne. 

D'an autre cdte, Tapplication presque exclusive qu'on a faite 
des. chemins de fer dans ces localites difBciles, a dik occasionr 
ner dans leur construction des depenses excessives, et quelqucr 
fois superieures k ceiles qu'exigent les canaux qui sont gen^- 
ralement en plaine : de 14 Topinion que les chemins de fer 
doivent coiiter plus que les canaux : prejuge pa.rfaitement con^ 
sequ^it avec Topinion precedente. ,. ^ - \ 

Quoi qull en soit, la construcdon des deux chemins de ferde 
St-£tienne a la Loire et au Rhone presenta une solution inesp^ree 
du probleme de la jonction entre ces deux fleuves ; il restait k 
examiner si la navigation de la Haute-Loire etait en rapport avec 
Thnportauce de cette nouvelle communication , et s'il n'y au-* 
rait pas lieu de prolonger la ligne de chemin de fer lateraler 
ment ii ce fleuve, jusqu au point oi\ il est facilement navigable. 

Nous avons vu en elfet que la compagnie Lagardette n'avait 
etabli qu'une navigation precaire, p^rilieuse, et impossible a 
la remonte ; ce ne fut qu'im siecle plus tard que I'importance 
croissante de cette navigation provoqua de nouveaux efforts 
pour Tam^liorer. 

Pour bien comprendre la nature des obstacles qui s'oppo* 
saient au perfectionnement de cette navigation , et les moyens 
.proposes pour les lever, il importe de prendre une idee gene^ 
rale dela topographic du pays. 

Depuis sa source eC dans toute la partie non navigable de 
son coursy c'est-k-dire entre le montGerbier et St-Rambert, la 
Loire coule resserree entre des montagnes esearp^es , oik les 
eaux ont profondement sillonne leur lit sur le terrain primi- 
tif. A. St-Rambert , ou ii quelques kilometres seuiement au -des- 
susd'Andrezieux, la vall^ s*ouvre et se transforme en une 
vaste plaine , connue sous le nom de plaine du Fortz. Bomee 
4e tons cdte$ par d^ bautes rnqptagses , tout ai^nonce que cet^p 



b4 Geograpkh N®* aa-ay 

]^faiift<3 a et6 autrefdis \t r^^tacle d*un grand lac iilimiBnt^ par 
ler; eaux de la Loire, conomc le lac de Geneve Test encoi*e Jjak* 
ie fthdne. La digue naturelle qui fortnait c(3' baiTag^ se voit 
dans la Miatnu transversale qui unit le fafte d*entre Sa6i)e-ct^ 
Loire k cdiii d'entre Loii'c-et-AllierjOu i^smontfignes du B^atu^ 
jolais anx cimes de la Madelaine. Le fond du bnssin, enrithi de^ 
aflnvions du fleuve, fut mis h nu loi'sqtie 1% Loire seAit creusi§ 
un passage etroit dans la chaine granitique , coupce h. piti sitt* 
S k tioo metres die profondeur; c'est sans doute k ce d<*taivdlc- 
meiit des eaux que la plaine du ("orez d()it son existence et sti 
f^rtiiiti^. < 

£ti entrant dans celte plaine , la Loire pcrd son ]n)petitosit6 
Jwimitive , et s^ prortiene dans unlit dcvenn quatre on cinq 
fbis plus large , entre des bancs de sable et de gravi^r , oft ellb 
filtre presquc ]'napi;r9ue dans les blisses eaux. Les afBuens 
tion moin^ incertains dans leur direction, lui versent Iranquille- 
tntnt liiHrs eau^. 

Mais h. la limite de la plaine, les affluens qui prennent nais^ 
sance dans la chaine transversale descendent en torrens impc- 
tueulc en sens contraife du fleuve principal , et la Loire elle»» 
ttietne, k pat-tir de Balbigny, repr^Snd sa rapidity primitive; eHfe 
ti^averse le long defile qui condnit a la plaine de Roanne, d4; 
tn^e qu*e1le avail traverse celui qui priJcedait la plaine du fo- 
rex, c'est-Adire dans un lit resserre el parseme de ixiclies, eto*- 
ti^ecdup^ de cntaracies , et brise brnsquement dans sa dirceticMi 
par des points ou des tmfractuosites sans nombre. 

Ce n*cst qu'a Commiere , a 3 kilometres au-dessus de Roannel, 
x[W\i la valtec s'ouvre de nouveau , et la plaine se prblonge alors 
it^d^'tiniiment, nbn-seulement jusqu'lt Roanne et Di^oin^maift 
sur presquc tout le cours dufleuve^ siauf quelqu^s escarpemetab 
pen prononces sur la rive droite. 

Des obstacles de natui*e opposee entravcnl done la naviga- 
tion de la Loire, cntr6 Roanne el Andrezieux. £taitil possible 
^ le^ lever en amelit^rant la navigation em tit de rivitere , on 
de les elnder en etablissdnt un canal lateral? C'est ce qu'il y 
avail Ytew d'exatniner. 

N(>u*5 avons Vu que d'Artdrezieux k la riviere' d'Aix, la Loire 
^erpentedans un lit deiquelques cents m^res de fai^ge^ tniTb 
des bancs de sable ou de graviet qni chatigent k cfaaque d-ue. 



Bam eecto partlt 4^ ho Ikkmettm de loiigtt«tir it «ltt ^M ^tl»U 

ble de tracer un canal lateral qui e4t k^ach^ fHR* so^elttse^ k 
ptfnte d« i* Loirfe) «t etst eo4t^ «tivi)rod 4 tnilMolkl; Bt MXhi- 
pkj yut[kepre$ de RDdttii«) rmicaissato«iitdil i«ttve el st pehtft 
ptoimiKile doiHWtttli sie» eM% utt crmfft si niplde^ i|tt'il e6t «t<^ 
m^oestaire de ie ttiMlif^r pAt des barrages etablls de disMiiee 
Ml dbtanibe, et autquds on eilt aeeol^ des Muses stllmtersibles 
poiir ie service de U ftavigation. Mims ees eottstmotioiis i*esiale» 
raient-elles a rimpetuositc d'nn fleilve dollt kfs cvoes s'dlNeMI 
0!^ cet etidroit lii 1 5 et tto tuelres de hattteiit auHteSsus des eaux 
ol-dihutires? En los fatsant asseis fotteS) oti poiiirak k Ie tigUeufr 
I'bsptrer) puisqn'oM voit subsistet* datift Ie Kt tsdme dn fieuif« 
li^ aesisee d'un pont tr^-aneiet) , qtioiqiie cittribtt^ mat i ^t>op«NI 
smx Ronam, et les restes d'une digue de 17*^ de haoteuf^ 
consl^iiite sous Louis XIY. Mais 11 faiit ooayenit qtte left d^-*^ 
penses de tonstttiction et les frais d*etiti^tien d*Msst grtiw^ 
ttiaTaux, d'ait seraient e)coe»sif$ et Ie iftncc^ de l'elitt*eprtse 
tout-a-fait in certain. » 

En edfet^ la petite de la Loire d^n^ eette parCie ^Ant de 62 
metres, il ne faudrait pas moins de 4b barrages et aotanl 
dl^duses que I^on deyratt fouder dans te Kt da fleuve, et t'eiidt^ 
eapables de rej^ster & son imp<^tadsite; ii fatidvtit ^blir no 
cbeitiin de halage qtfe Ton strait expose h \Mt detmire k ch^^ 
que iiioiidMiMi « aiiisi que les maisiltis d'lecliisiers.. II serait su^* 
ptt€a de calcuier eombten de miUions pourf aieul em^et* dtf 
premier etabllsstemettt et d*entretien des ouvttages aussi eotiel^ 

On dtu done abandonner atissi Tid^e d'^tablir dftiis «;ette 
pantse la fieviigatio« en lit de rividi^^ et recoutir au syst^e di 
oattal latei*4il ou de d^rivatton. 

Qtianc ik la possibilUe d'etablir ce canal datis )e i(t&U o^ fUi^ 
tdt dans 1st d^mite pt^fonde et simictise^ laqtielle se tedtill 
Ie Tfidton de la Leire, rinspeetioti ffeule dt^ lieuic permelMit dis 
decider la quesiioB; Comjoent, sur une lot^uenc de dix. Hettes ^ 
et lo long d'un torrent dont \e$ eaux $*elev^ juSqu'iL ai tn. 
de hauteur, adosser un. canal siu* les flaocs abvui^teSf et quvM 
qmfois vertkaux, de flOMxitagnes gpaoitiqiies d*nne iMttreni^ 
prodigieuse ? Commefit trouver la plaee pour un* 'banal, sci 



66 Geagmphie . N** 24-17 

digiies et ton chemin 46 balage, la oik la Loire eUe-meme nt 
Uoave qu'iin debouche insuffisant. 

Cea obstacles port^reot alors les ingenieurs k examiner iin 
autre projet qui consistait k eloigner le canal de la Loire 9 et 
k le reporter au moyen d'un point de partage sur la chaise 
transversale qui separe la plaine de Roanne de celle de Fears* 

Ce projet etait preferable au precedent en ce qn'il etait moins 
SQJet k des eyentoalites incalculables ; toutefois il presentaic 
encore d'immenses difficultes. 

Ce canal I continuant le canal lateral trace dans la plaine de 
Feurs jusqu'k Balbignjy eutremonte, li partir de ce point , le 
▼allon de Bernard jusqu'a St.-Marcel , en racbetant 60 m« de 
pente par a4 eduses ; il eiit traverse le faite de la montagne de 
St-BCarcel a St.-Symphorieny par une galcrie de zo^ooo m* 
de longueur, et fikt desceodu ensuite dans le vallon de Gand 
josqu'k la plaine de Roanne, en racbetant par 44 ecluses 1 10 m* 
de pente. La longueur eAt ete d'environ 3o kilometres , et la 
depense estimee k *ki millions (i). 

Dans I'intervalle de la redaction de ces projet5,ou de tSad k 
iSaSyla connaissance des chemins de fers'etant introduite et so 
repandantenFranceyOnrecbercbasileur application dans cette 
localite ne foumiraitpas enfin une solution beureuse de tOHtea 
les difEciiltes. Par suite d'explorations faites dans ce but^ 
M. Cormier, inspecteur divisionnaire, se pronon^a baute- 
ment sur la preference k accorder en cette clrconstance aux 
chemins de fer; mais son avis fut combatto par des ingenieurs 
du departement, et par le directeur des mines de Firmini. 

Tandis qu'on discutait ainsi la question , MM. Mellet et 
Henry) vers la fin de 18279 prirent le parti de la trancber^ et 
soumissionnerent directement rexecntion du chemin de fer 
d'Andrezieux k Roanne. La concession leur fut accordee au 
mois d'aoiit 1828; ils procederent immediatement k la redae^ 
tion du trace et des plans, qui furent rcmis k radminbtration 

(t)^tal>lis8emeiit da canal dans on pays aassi aecidente qae fr. 

. la Tallee da eaii»l de Gi?ora 4>ooo,ooa 

Soaterraiade io,oooin.« •• 8,000,000 

68 echiaaa k 75,000 fr. • .•••. 5,ioo,ooo 

^MerToira , rigolea alimentaires. ••., •.••,.•• ^ 3,900,000 

Total 3 t,ooO|Oao 



/ 



en jiiin i8a§> ei les travaux d'exeeutk^n coQiiiiedodreoit dans 
le mois d'octobre soivant. 

Ce chemin, execute aujourd*h»i k pea pres k moine, apiib 
aeize mois de travaiix efTectifs^ se. compose de trois palrfies. 

i^ Une partie en plaine, d'Aadrezieux^ Balbigny. 40 kil''^ 

a^ Une partie en montagne,.de Balbigny a i'HA- 

pital • ao itL 

3^ Une partie en plaine, de THopital k Roanne, • 8 u/. . 

Total 68 kil*"«- 

La depense evaluee d*apres les travaux deji fails, sera, non 
coinpris le materiel des transports , 

i'* partie 2,000,000 fr. 

a^ id. x,5oo,ooo 

3* id,,, , ,^ 4<)0)000 

Ensemble. • 3,900,000 fr, 

, Cela porte Jia depense moyenne k 57,000 fr. par kilometre. 

Nous avons vu que le projet de canal lateral exigcait ime 
depense de a6 millions; ou de plus que le cbemin de fer, 
aa, 100,000 fr. 

La proportion en faveur de ce dernier n'est pas anssi aran* 
tageuse pour la partie en plaine d'Andrezieux k Balbigny. 

Canal de la plaine de Feurs • • . 5,ooo,ooo fr. 

Chemin de fer de id., • a,ooo«ooo 

£conomie du dernier 3,ooo,ooo fr. 

L'a vantage est cependant encore tres-sensible. 

Si maintenant nous comparous les parties du cbemin de fer 
executees en plaine avec celles en montagne, nous trouvons 
qu'a egalite de longueur, la depense pour celles-ci surpassera 
de moitie la depense qu'exigent les premieres, et que dans des 
local ites pareilles, la construction d'un chemin de fer pent etre 
evaluee a raison de 5o,ooo fr. par kilometre en pays uni , et 
de 75,000 fr. en pays accident^. 

Contre Topinion commune, les chemins de fer seraient done 
encore plus avautageux dans les pays de plaine que dans les 
pays de montagne. 

Contrairement a la meme opinion , les chemins de fer se- 
raient aussi moins co^teux que les canaux dont la depense 



9S G^0gttfhi^ 

s'«9t otetr^e jmqil'lt pn^nt k lOa^iu t^d mtlle franco par,kito^ 
metre, meroe dans les localites facile^^ et a d^mssd aoo.oil 
4tdo imlle Ikftbos dans te$ contr^es moatuiHues. 

Le dt«|»iti de fer de la Loire, au 6e\gBe d*avabcencnt oi^ 
s6tM; i>afveiHi6 le^ ttavaux, peut ^tre tenmne tn qaiaae. nfiois , 
de sorte qtie avoitis de tt^is ans antont sufiB k son camplet 
acli^elll^i>t',et- q«e Tepoque de Touvapture sera derancee de 
trois aiitiees^ 

Ce cbemin et celui de St.-]^ieDne a Lyon une fois termines, le 
riche bassin houiller de St.-j^tienne aura eniin des debouches 
assures vers le nord et vers le midi ; le commerce jouira aussi 
de la commuDicatipn la plus courte entre le Rhona et la Loire, 
entre Marseille et Paris, entre la Mediterranee et la Blanche. 

Remarquons encore que des projets nouveaux pourront ve- 
nir ajoiUer- ii rimporlance de cette premiere ligne , et la rendre 
pour ainsi dire plus homogene; c'est ee cjue produiraient Texe- 
cution dti ehettik) de fer laterai au Rh6ne, t^elanlee, d^s t8k6, 
par la cbambtre dii •e<»mmerce d' Avignon ; le cbemin de fer 
kt^al ti la Loire de R^^anne k Digoin , soumissionnio par pkn 
sieurs capitalistes , et ceux de Digain a Orleans , et d'Orleant 
k Paris, sotimi^sionnes ausst par plusienrs #ompa^io9. 

Ce q^ii doit assui^r le succes de ic^s tt<>ute(le6 ttntirepmes , 
e^est qne d'une part , elles se feront dans des pays beaucoup 
moins difBeiles que les premiers chemins de Ker etablls en 
France, et que, d'un autre cote, elles pro&teront de tous les 
progres et de toutes les economies que fait sans cesse un ^rt 
naissant. 

Disons h cette occasion quelques mots sur les derniers per- 
fectionnemens apporles aux chemins de fer. 

La resistance des chariots 3ur les rails qu'on, evaluait en 
general, en 1826, a i/ioo de la charge, a ete reduite des 3/4 
ou a 1/400. II en resuUe qu'un cheval peut trainer sur ces 
chemins une charge de 3o tonneaux au lieu de 7 k 8 qu*on 
admettait il y a quelques aunees. , 

II en resulte aussi que les convois peuvent descendre seuls, 
sans le secours des moteurs, sur la faible pente de a-J milli- 
metre^ par metre, pente que J*oeil ne peqt apprecier. 

L'eraploi des machines locomotives perfectionnees , outre 
qu'il a diminue notabtement les frais de traction sur les che- 



^ Sitxiishque. 5^ 

ibitiB^ a imflriine; luke telle. c^erit4§ aitx eomrois que fe trajet^ 
-{Mir eiBemplA) tie Liverpool li Manch^sl^r t'eat efFectue di iwt 
tieure.et tm quart > ou a raiaon de to lietSi^s a Theure* Desloi% 
4es chemuis de fer, dojk si propres au transport eeonoihi^e 
ties produits du coininerce) soot detenus do plus haut iniecet 
|Miar te transport rapide des voyagears « et Ton peut pr^miv 
dis aujourd'faui que ce service seul aulEra^ daos beaucomp At 
cas, pou> dbterroiner letablissemeat de nourellea lignes de 
chemitii Ainsi, on a calcule qu'one comauiiitiatioii d^ o^ gent« 
toblie entre tes deux villes lea plus populenacs de la Fraace 
( Paris et Lyon), et desservant par jour aoo vo^ageurs, doM'^ 
iierait an revenu de 4^^^09000 fr. , et pemettdut d'efFectuet 
en moins de 14 hcures un voyage qui dure naiatenant ^ joiitv 
niSes (1). 

II est facile de pressentir 'les avantages que rteneilleraient 
d\iAe ciroulatii^A aussi rapide le CQimneree et le puftdio^ el 
Tespece de revolution que eette celerite am^nerait dans lea 
rapports des patticuliers , des provinces ^ et m^e des pedplca. 

a8. ESSM HISTOHIQUE , G^OCRAPHIQTTE ET STATISTIQUE SUR LE 

AOYAUME DE^ Pays-Bas ) par MM. Ad. Balbi et de La tlo- 
QUETTE. Tableau gr. aigle, colorie. Paris, i83o; Renouard, 
Treutiel etWiirtz, Arthus Bertrand, Delaunay. — Bruxelles, 
a la librairie parisienne. 

' €e nouvel ouTrage de M. Balbi ne pouvait paraitre dans des 
•circonstances plus opportunes. Au moment ou deiu pays qui » 
nialgre hes differences de moeura, de^langue^ de commerce, ife 
politique, avaient M reunis sous un mtoe seeptre, se s^pa* . 
refit vitolemment , po«ir resiev divises comme ils I'avaient tottr 
jours et^ , ii est interessant d*en connattre et rkistoice et la 
situation. M. de La Roqirette s'o^t charge des details hiatori* 
ques , M. Balbi a trait^ tons les .anfree points. Nous allons door 
ner «tte idee d)e ce tab4eau. 

Au centre de la partie snp^rieura sont fdacees des-ofaserva^- 
tions preliminaiivs expliquamt les differences qui out ^e Ee«> 
•connues efttre plusieurs iiidicatirods portees auK pr^eedena ta*- 
bleatix de M. Balbi et eeHes qu'il a adxiptdes poor celtii-'d. Ii 

(t) Aappor^ at otnufeil d*«diiiitii«tfitkai do cto^de terde la Loii^, 
p. 19, i83o. 



6o GeographU 

xappriocbe, par exemple, les Clemens de population puisfa 
daos des documens publics par divers minist^res et qui ne coa- 
cordeut point ensemble, et fait counaitre les motifs qui lui ont 
fait denner la preference aux nombres qu'il a consignes dans 
son essai. La gaucbe et la partie inferieure colorize en janne 
contiennent le precis historique conduit jusqu'k la fin de i8^o. 
La droite coloriee en vert presente raper9u geographique di* 
Tise sous les titres Confius, Pays, Gouvemement, £thnogra<* 
pbie, Religion, Finances , Annee de terre, Armee navale, Na-* 
vigation commercial e , Division adininbtrative , Colonies. 
Dans Tarticle Finances, nous signalons Tobscrvation re- 
lative aux differentes parties de la dette du royaume des 
Pays-Bas, qui, suivant le gouvememcnt, ne s'eleverait qu.'4 
1,664,669,000 francs, men taut de la dette inscrite, mais k la- 
quelle il faut ajouter une autre dette dite diff^recy s'elevant k 
la somme ^norme de i,i46,3o4,o6i florins, et admise k faire 
partie de la dette inscrite a mesure que le fonds d'amortisse- 
meiit diminuerait cette derniere. La dette differee est done 
une dette reelle qui ne saurait etre differee , et ,' en adniettant 
que les rachats anuuels aillent k 4»^oo,ooo fl. , il ne faudrait 
pas moins de trois siecles, pour voir passer toute la dette diffe- 
ree sur le grand livre de la dette inscrite. Ces considerations 
ont determine Tauteur k maintenir le chiffre 3,8oo,ooo,ooo fr. 
pour exposer la totalite de la dette du royaume desPays-Bas. 
Enfin, le milieu de Tespace est occupe par Tessai sur la statis- 
tiqi\p physique, morale et politique du royaume desPays-Bas. 
La 1'® partie de cet essai, coloriee en bleu, fait connaitre la 
surface et la population des provinces septentrionales et me- 
ridionales , ce qui met a meme de reconnaitre celles qui appar- 
tiennent k la Hollande et k la Belgique. On a eu le soin de 
rapporter les noms qu'elles portaient comme departemens pen- 
dant leur reunion a Fempire fran9ais. A c6te est une colonne 
intitulee Topographic , et qui fait connaitre les villes princi- 
pales et les lieux remarquables. Les villes qui apparteaaient k 
I'ancienne republique des Provinces - Unies sont marquees 
d'4]ae *'j celles qui faisaient partie des Pays-Bas autrichiens, 
de *'*', et celles qui ont ^te detach^es de la France, le sont de 
^**. Ces renseignemens seront consultes avec fruit lors<iu* on 



et Sfatistiquk, fix 

r^lera la qaesrion eocore controversee de la d^Kmitadoii da 
Douvel etat beige. 

Yient ensoite rindication da nombre d'animauK domesti-. 
ques , puis celle des revenus , rinstraction publique ^ le bou- 
bre des panvres, etenfin le ooaibre descrimes et delits com-- 
mis en 1827 contre les personnes et les proprietes. 

Ce tableaa est la suite et le complement de ceux qu'a de}k • 
public le savant geographe italien. Th. 

'. . • : ' : . .... * 

29. BeMERIlUKG^N UCBER die GeWAESSEE, die OSTSBEKUSTEy CtC. . 

— Observations sur les eaux de la Prusse, la nature de 
son sol et les cotes de la Baltique; par Wutzkb, avec une 
preface et un appendice de Weeds, et avec une carte hydro*- 
graphique. In- 4^ de xvi et 160 pages. Koenigsberg, 1829; 
pomtraeger. 

L'auteur a voulu donner non pas one description physique, 
mais. seulement des observations sur la superficie et les eaux de 
la Prusse, de sorte qu'il ne faut point attendre un tra- 
vail complet et systematique. La preface du professeur Wrede , 
mort depuis la publication de Vouvrage, £xe I'attention du leo- 
teur sor plusieurs points importansde la geographic physique. 
Le corps de Touvrage lui-meme est divise en 8 sections. La i'* 
traite des changemens que la surface de laterreasubispar I'ac- 
tioD des eaux et des tremblemens de terre. Le contenu de cette 
section n'est pas generalement satisfaisant, et les connaissances de 
l'auteur ne paraissent pas etre au niveau de la science. Dans la 
2* section, on parle des inondations qui ont egalise la superficie 
de la terre. Yiennent ensuite les indications des principales 
chaines de montagnes de la Prusse, avec la nature des terrains. . 
Les observations de la preface sur les fragmens de rochers qui 
recouVrent le sol prussien dans certaines contrees , sont tres- 
curieuses. On trouve ces debris surtout dans le voisinage des 
lacs, oh its forment des lignes qui s*^teudent comme des rayons 
vers les eaux. 

Parmi les nombreuses notes que l'auteur donne sur les sour- 
ces, quelques-unes sont tres-instructives pour Texplication de 
la formation dc ces sources ; elles detruisent I'opinion erronee, 
que leur niveau ^tait le meme que celui des fonds des lacs, ri- 
vieres, etc. Les observations sur les aqueducs et conduits dans^ 



1^ Diiltea do jroyailme de Frusse soni ^gaiemejit prockitiiMt l^i 

construction de la plupart de ces aqueducs apparlient k Coni 
pemic* Le «oinbr« de c«i <)oiiduits d eau e»t pivs copsidovable 
que Tod A# devrait I'ftU^odre d'uo p«y» ou oii itt>uve d^ IVaiii 
^-presqne toutes k« profoodeurs. La 3^ seotioQ coii»pi*ej|d'J€i.' 
dessechement dii sol tael par k naturf, qiie par le» nioyc^isdot 
Tart Un regi»ive d^^ tous Lea mouUns a eau, des moiUuns a fou- 
Ion, dec huileries, des papeteri^ et d^ fondmea dia fer fill df) ; 
cuivre, d$ins I'arrondissement de Koenigsberg, fait Tobjet de la 
4** section. Des observations sur les fleuves et les rivieres &e 
la Prusse remplissent la 5* section. Dans la 6* partie, on trouve 
Tenumeration de^ bateaux employes k la navigation interieure, 
et puis la description des rivieres navigables, siiivant leur eten- 
due, leur pente, leur largcnr et leur profondeur; enfin, une 
notice sur les ponts en Prusse. II y a dans rarrondissement ad- 
noiimtradf de Kcemgftbcsrg^ S»^79 pouts, tab tpe tits que grands. 
Le plus grand de tous est celui qui p;isse sur la Pregel^et qui 
a-89t pieds de lang. ' lis sont generalemeut coBstruit^ en bois^ ! 
£nMn, U V^ partie oontient les elevations des principaux poiuts/ 
d« U Prusse au^dessuS du niveau de la mer, avec Tind^^*^^ ' 
des points euloiinans du ^obe. Plnsieucs des liauteura ont ele 
d^rmioees par le moyen du niveau d'eau, et la Baltique a* 
scfvi de point de depart daos cette operation. Le Haasenborg,; 
ail nord du chl^teau de Wildenhof, a 6i5 pieds d'elevation : c/esf 
le. point le pins elev^ qui ait etc deCerminue. . 

Une i;arte hydriographique est annexee k oet ouv rage, qui . 
d0tt simpLement ^tre considerd coiume un recueil de bons ma-: 
teriaux. M*l-s.. 

30. DiB paEUSSISCHE MONARCHIE IN HlNSIC5T IHREE BeWO^NER, 

etc. — La oionarchie prussienne, cousideree sons le rapport 
de la population et de la richesse uationale; avec uri expose 
dc Teconomie politicjue, de Torganisation jiidiciaire, eccle- 
siastique, financiere, militaire, etc. , de ce pays; par J.-P.-F. 
RuuPF. 2* edit. J augmentee d'un appendice jusqu'a Tamiec 
i83oj X et 53i p. in-8°. Appendice i-Sa. Berlin, i83o> 
Recbt. 

L'airteur a en vue di; faire oonnailre T^tat actuel^e la legis-^ 
bktiuny £n taut quVila.se rapportc a i'orgaiiisatioi] jiidU^i^iri^ et 



^ l*^eoaoiiM Mttdiiala. Outre cela , il ticbe de i|)«Ur^ c» ^vi« 
dence les bieufaits dii gouvernement de la Pruss^ e^ sons ,ce 
rapport, roiivrage est complet. D'apres I'aveu de Tautear, son 
Rvre rcmplace un opuscule qui a paru en i8o5, sous le fitre de 
iifatSriaux pour serpir h la connaissance de C administration 
pubUque dans titat prussien, Quelques objets auraient peut- 
^Ire M ^tre traites avec nioins de prolixite, et d'autres avec 
plus d'extension. Ainsi, pap exemplc, il est surprenant que Tau- 
feur n*ait point parl^ de la situation actuelle de la representa- 
tion nationale, qui exerce cependant une influence, k la y^rit^ 
trds-bornee, snr Padministration ; enstiite, il nons semble que 
l*on aurait pu adopter un autre ordre pour I'expose deV^co-» 
■omie interienre. Malgre ces defauts et d'autres sembfabTes, 
Kouvrage ne iiianque pas de merite, et Fauteur a i-peu-pi*6s' 
atteint lo bot qu'i! s'cst propos<^. 

Kons nous contenterons d'indiquer ici les sections princr-^ 
pales, qui comprennent : i** Jes habitaus du" royanme, divis^s 
d'apr^ les races, langues, religious et conditions, a* Les auto- 
rites, lear action ; Vorganisation ancienne, et notnmment Tad- 
ministration ceutnile et provinciale. 3® L*organisation et I'ad- 
ministrationjudicinires des provinces. 4^ Les differens ctablissc* 
mens administratifs. 5^ Les lois qui regissent T^onomie natio- 
nale, tant sous Ic rapport de ragricultui*e, que sous eelui des 
etabiissemens industriels. 6^ Les soiipces des revenus de 1*6- 
tat; des indications g^nerales sur I'agricultove , Televe des bes- 
tMQX, les fabriques, le commerce, et les lois qui regissent ces 
differentes branches. 7'^LWganisation judiciaireexceptionnelle. 
8** La police. 9* L'administration ecclesiastique. 10® Les 4ta- 
blissemens scientifiqucs. 1 1** Les lois sur les finances. i\* LW- 
ganisation militaire. i^ Les postes. 14® L'organisation des or- 
dres royanx. 

L*appendice contient des notes inserees durant ces der- 
niors temps dans la GazeHe fritat, sur la population et le 
eommeree des bestianx ; des extraits de pUisleurs ordonnances, 
et enfin le budget de 1829. . M-l-S. 

5l. BBTRACttTOKGEET UEBEa UI?. FlNAW«EN UlfO DIE GrWEI^BE, CtC* 

— Considerations sur le^ (iuances et Tindustrie de TJE^tat 
prussien, occasionees par Tecrit de M. Ferber sur Tetat in- 



64 Ge&graphie 

dustriel et commercial de la Pnissc. In-8*, 77 pag. Berlin , 
'= i83o; Logier. 

L'auteur s*est propose d'cxamioer Tiufluence que la legisla- 
tion fioanciere de TJ^tat prussieu a exercee sur le commerce et 
rindiistrie; cos considerations le conduisent k demon trer la 
necessite d'une mod ideation du tarif des douanes, et sur tout 
des tarifs qui depassent pour les produits de Tindastrie un 
demi-thaler. ( i fr. 85 c. ) Pour atteindre son but ^ I'auteur a 
divise les articles qui sont ainsi fa^orises en deux categories, 
dpnt Tune comprend ceux qui peuvent etre produits et fabri^ 
ques dans Tin tcrieur, et Tautre les articles qui viennent abso- 
Ittment du dehors. Le nombre de ces derniers n'est pas grand ; 
celui des premiers , au contraire , est d'autant plus conside- 
rable. L'auteur donne une attention speciale aux imp6ts des 
produits suivans : k I'impdt sur les sucres rafEnds etrangers, 
sur le vin, sur le tabac exotique; sur les tissus etrangers en 
coton, laine, soie, lin et chanvre; sur les quincailleries , les. 
coirs 9 les poteries et la biere. L'impot sur le cafeet le riz ren\ 
tre dans la seconde categoric. Les motifs que Tauteur donne 
^Tappui de ses opinions sont generalement ceux que Ton fait 
valoir contrc ces sprtes d*imp6ts; II appuie surtout sur la cir- 
constance que, depuis la publication du tarif, les prix de plu- 
sjienrs articles, tels que le sucre et le cafe, ont considerablement 
baisse, et que Timpot s'est, par consequent, accru. 

Cette baisse a sans doute eu lieu, mais les consequences que 
Tauteur en d^duit ne nous paraissent point exactes. La baisse. 
du prix d'achat ne diminue-t-elle pas la charge de I'impot,^ et. 
ne detruit-elle pas le mauvais effet qu'il pourrait faire sur la 
consommation ? 

£n general, I'auteur ne parait pas avoir assez tenu compte 
des motifs qui ont guide le gouvernementdans Tetablissement 
des principes pour le tarif des douanes et de la legislation qui 
regit cette matiere. Nous renvoyons pour cela k Touvrage de 
M. Ferber. 

L'auteur a annexe aux explications sur le tarif des douanes, 
des observations sur les autres imp6ts directs et indirects; ce 
sont de simples notes qui ne meritent point une attention par- 



et Statistlque. 65 

ticuliere. Il s*arretc surtout u l*imp6t qui se percoit pour Ten- 
tretien des routes, au monopole du sel, et au revenu produit 
par les postes. En 1828, il y avait, dans le rojaume^ io63 lieues 
de routes k chaussees, dont 840 au compte de I'^Ut, et le reste 
k la charge des provinces ou de quelque* compagnies. S40 
lieues dc ces ch^^ussees ont etc etablies depuis 18x7. Le goaver- 
nement a fait des emprunts considerables pour leur eta* 
blissement; ces dcttes s'amortissent par des paiemens an- 
Duels. D'apres le budget de i^^g^ Tinter^t de cette dette, les 
frais d'anaortissemcni et Tentretien des routes occasionent une 
depense annuelle de i,B74iOOO thalers, et Timpdt pour Teatre- 
tieu des routes ne rapporte que 57^,000 thalers, de sorte que 
FEtat est oblige d'accorder une subvention de 800,000 thalers. 
L'auteur ne cakule pas juste, lorsqu'il fait monter les frais de 
perception a a5 pour cent, et qu'il part de Ik pour manifester 
le desir de voir cet iinp6t supprime et reniplace par un autre, 
si le gouvemement ne pent se passer de ces sommes. Ce deficit 
serait, dans les circonstauces actuelles, d*un grand inconv^ 
nient, et le reinpiacer serait fort difficile. II est evident que, si 
Ton voulait remplacer rimp6tqui est actuellementcoropris dans 
le prix de vente du sel , il degen^rerait en une esp^ce de capi- 
tation tres-onereuse« L'auteur a calcale que , pour obtenir rinH 
pot de 4^83,000 thalers, chaque individu paie 1 1 groschens 
% kreuzers, en supposant une consonunatioa de ao livr. de sel • 
Cette moyenne est d^abord trqp elevee, et puis l'auteur n'a pas 
fait attention que les frais de production, de fabrication, de 
transport, etc., sont fond us dans le prix de debit. Quant aux 
* postes « l'auteur pcnse que I'l&tat devrait se contenter des ren- 
trees des debourses , sans faire des benefices stur cette branche 
dc radiuinistration. Le desir de voir snpprimer la loterie est 
base sur des motifs connus. 

La fin de Touvrage contient I'expose d'une s^rie de moyens 
propres a reduire et supprimer plaaieurs impdts; ils consistent 
dans des economies, dans la creation de nouveaux imp6ts, 
etc. Nous ne parlerons point de quelques particularity qui ter- 
minentle travail, et qui n'ont aucune importance. M-l-s. 

3a. Erster Bericht x>es Vereins fuer die Besserung dxr 
STRAFCEFAifGEicBir. — Premier rapport de la Societe pour I'a- 

F. Tomb XXY. — Janvier i83i. 5 



1^ GeograpiU ^^ 32 

melioration (du sort) des prisooQiers coQdaiiio«$ dans les 
provinces orientates de la monarchie prussienne. 140 pag.^ 
in'S^j prix, 10 gros d'argent. Berlin^ i83o; Reimer. 

• 

' En 18B0, la Society etablie depuis peu k Berlin pour Tame^ 
Koration du sort des ptisonnierSy dans Test d\x royanme , a tenu 
sa premiere seance g&i^rale. Le rapport qui vient d'etre im- 
prime, est le conpte rendu des operations de la Societe pour la 
premiere annfc; S3i persomies ont, k Berlin seulement, coo- 
p6re par des cotisations aux operations de la Society, et si I'on" 
joint ' k ce nbmbre celui des bienfaiteurs dans les provinces , 
it y a en tout 1068 personnes qui j ont pris part. La rccette 
pourVannee 1829 a ^t^ de 4^80 thalers, dont pres des trois 
quarts ont M foumis par les habitans de Berlin. La Societe' 
Vest mise en rapport avec celle qui existe k Dnsseldoif pour leS 
provinces dn Rhin. Uue associatiou de dames eharitables la 
seconde pouT soulager les feromes detenues. La Socidte a des 
associations afiSHees dans les provinces, et meme dans les sub- 
divisions de ces provinces. 

' Son premier rapport conlient des donn^es de statistique, 
qn'il sera utile de consigner ici. Nous regretlons de n'y pa« 
trmiver un aper^u general des enqnetes et des condamnations 
qui oht lieu dans toute la mdnarchie prussienne. La Societe 
avoue que Taugmentation progressive des proces de jnstice 
•criminelle a la cour de Berlin est un tristc temoignagc de In de- 
moralisation d'une grande partie des habitans. En voici le 
chiffre : 

Annee. Arrestatiotis. Euqu^tes. Observations. 

1825 10.^9 1 3^5 

i8!i6 ia48 1611 

• i8a7 i9!»3 193^' GesdonneessortentdelaUgne 

i8a8 1392 plus dc 2000 ordinaire (i cause de la ihis^re 

produite par la disette. 

1819 1457 1888 

A la v^rfl^ la population de Berlin a beaucoup augmente de- 

•pois 1824. Gependant Taccroissement du nombrc des delits 

n'est pas en proportiqn avec celui des habitans. Un autre fait 

qui temoigne pontre^es Berlinois, c*est la quantitc de p^'isoq- 

niers de qette capijale repris en justice. Ainsi la prison de 



IbraQclebourgea iSag comptait 358 detenus, dont 171 de Berlin 
ffecdom^iil'; panni ce«|t<* <n U y avait iii Berlinois repris df 
faistiee^ tandis qu'il n'y en avait que 3i d^ la province. ParmI 
}es recidl/ibaAmsm 4^ avaient et» xsepria una Ibia, 36 deuf 
foiai i^qttatrfr Msy ei 6 cinq fois. Nous altons donnef en | 
|abieai|x an extrait di) grand etat ajoute au rapport, et coi|» 
l^rnanf 1e nombre deis detenus dans les graudes prjsfDS df 
^p4Qda^» Brandebourg et Landsberg i la fin de TaniMe i^a^ 




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H SiftlUstifiie. 4^ 

i Au premier rapport de la Societe des prhoas est joint vm 
xahier lithographic contebaDt une serie de questions relattv«s 
•aux prisons , que la Societe a adressees k tons ceux qui sont k 
rineme de lui fournir des eclaircissemens utiles. D. ) 

^33. Mainz gesghjchtlich topo'graphisch uno xalerisch, etC4 
— Description historique, topographique et pittoresque de 
Mayence; par Heniy BaiiHL,. profess, au Gymnasc de cettb 
ville. In-8**. P. x et 372 , avec une carte et une vue gravee. 
Mayence, i829;Kupferberg. 

, L'histoire de Mayence occupe pr^ de la moiti^ de cet a«K 
^vrage. Nous voyons d'abord , dans un intervalle de 465. ans , b 
-viile de Magontiacuai( Mayence ), elevee par Drnsus Germani- 
.cus 9 subir toutes les chances de fortune des Romains ; puis elle 
•jest succe^sivement enyahie et rayagee par les Vandaks, les 
-Quades , les Sarinates , les A.lains , les Gepides, les Herules', les 
Saxons, les Bourguignons, les Allemani et les Sueves. Crq- 
.k:us en. lit la coiiqtiSte 1e dernier jour de Tan ^06 , et y fit perir 
.cics millicrs d'habitans; les fortifications furent rasees , la ville 
fruinee et la domination romaine abolie. Quelques annees plos 
.tard, au moment ou elle s'eleva de nouveau de •ses debris, 
^ttila vint avec les Huns et, comme un ouragan furieiix, y ppr^a 
de nouveau la devastation; celte fois, le petit nombre des hab}- 
.tans qui avaient echappe au carnage, se dispersa en renon^ant 
.a jamais au sol natal. Cependant Majorien , et apres lui , le pri- 
rfet Tonnantius Fehreolis, essayerent de relever les.mnrs de la 
;;ville. Apres la victoire dc Clovis k Tolbiac, Mayence fat coni- 
.prise dans le pays de la Nahe. 

Dans la a^ periode qui dura 928 ans, le fils.de 61ovis,;TheQ- 

.debert, donna une nouvelte existence aux vestiges de Mayence, 

: et la ville acquit, sous I'empire des Francs, une g?ande impolf- 

. taqce religieuse ; des archeveques y.exerc^rent quelquefois une 

ii^uence sans bornes, ct plus tard, ils eurent la souverainete 

, sous Tegide des empereurs. Le coknmerce et Tindustrie prirent 

; de Textension, les crobades imprimerent nn moiivement ao^- 

. veauala population Goinaier9ante,rannee isiS»5 vit la formatiqa 

de la confederation des villes da Rhin , et en 1)98 naquit le ce- 

lebre Guttenberg , le premier imprimeur. Mayence conserya son 

iudependance pendant deui^ siecles; sa liberte municipal^ (^^ 



70 itdf^rtpkU N"" 33 

meliat^ par lea pretentions d'ltne castd patricienhey et M vit 
daaa la viUe des lutt^ de parlis, acmblablas k celles des Oaelfea . 
«l des Gibeiins en Italie. Mayence ^tait paf venne k cpnquerir 
dei franchises polidqaes malgre les protestations des ev^qaea ; 
mais eu 146a Telecteur Adolphe prit la ville d'assaut^ la re- 
*l!luisit eb cendres , en decitna la population , et lui ravit tons ses 
privileges. 

l.a 3^ periode comprend i'histoire de Mayence pendant les 
guerres religieuses , ses accroissemens et embellissemens sue- 
cessifs, les institutions dues aiix derniers ^fecteurs, son siege 
|pmdatit la n^TcHutfon ft-an^aiae, la suppreasioB de P^leotoi'aty 
rineorporatkm de Majrcnce 4 la repubiiqne fran^se, l«s 
dMspositidna prises par Napoleon poUr en fair^ un des bonlcF- 
tarts de rempirtf > k» w^tes d^plorabks dont la Vifle fut t^^- 
Inoin lofs de la i'ctraite de sa gi^ande armee de Rnssie^ la pfise 
dela Ville par les alU^s, et sa reintegtation dans la ^oufidd^a- 
tiod germaifiqtre. 

If dyeftoeF est sltuee soua 4^1^ Bg' Bo'^ de latittide N. , «t aon 
^dvaiioti ati-d^stisdet'Oe^an estde 71 metres 465 millltti^tres. 
Les Maladies qui a'y Aiauif^tent le plus fir£*qoetnnient, sont : au 
pfintemps, les inflammattons de poumona et les fibres ilftei*- 
fnitfeflt€$| ^ii 6t^, les fi^vres bilieusea et gastriqties; efi aii- 
tdfiftie, les dysenteries) enfin eti hiver, les eatarrhes. 

La popiilatioii de la ville se moikte actneflement k 18,439 ha- 
Mftitts qtfi sotit fepaiiis en 211 67 maisotis. Efi y ajoutant la ga^- 
h'fsbn^ ftrfte dc; 6dbo hoitiifies^ et les etrangersi on a ttn total de 
96jOOd dtnes; aecroissement sensible depuis t8t4) ^^oqne k 
laquelle il ne restuit plus que 23^000 liabjtans. Le typhus t^ 
nait de n^lre pdrif tSlooo boitimes ^ tant milttstires qae citils. 

Parmi les 1)18^439 habitans^ en i8a8, il y en avait 7,547 atf- 
deteons de 14 ans et lO^ift^ an-'dessus de cet 4ge$ k I'^giifd du 
sexe^ on comptdit 1 3,586 males et i4,853 femmes $ sons le rap- 
ptrt-t de la reKglofi, ils se divisaient en a4)i79 eatholiq'nes , 
si,545 protestans et i6itt jtiifi^. On cotnptait 3ot domestiques 
Indies et a,i68 dom^tiqiies femell^s. Le tableau soivant fera 
%oir le mouvefnetit de la population dans 4 ann^a diflefeiite^. 

Jn^dei, tfkiiiahcigiy dbrtt legitime f, Ddc^, 

1819 t,o86 8oa 7^ 



ei Statistique. 7I 

i8a2 'jOqS 775 960 

1825 i^ooi 643 810 

1828 979 66S 911 

Selon le calcul de Vauteur, on compte k Mayence un enrani 
illegitime sur G nouvcau-nes ; il fait obseryer qu*il ne faui: pa« 
se hdtef (le tirer de cctte donnee , une conclusion tfop defavd- 
rable aux mceitrs des habitans; en eflTet, Jit-il, beaucoup de 
fednmes da dehors , au mofnent d'accoucher, viennent cliercher 
dans la ville des secoiirs el le secret , et elles repartent apres 
etre relevees de couches. 

La ville est adnainislree par un bourguemestre , un adjoint ^ 
a commissalres de police et un cohseit municipal de 36 mem- 
bres. L'auieur ne nous apprend rien sur le mode d'eleclion cfc 
sUr les attributions de ce corps. Les revenus de la ville consis- 
tent principalement dans les octrois et les droits du port : on 
les evalue II i5o,ooo florins. Le chapitre de la cathedrate , jadis 
opulent , ne compte pTus que 4 chanoines. La ville est divisee 
eh 7 paroisses; un conseiller ecclcslastique a la charge de la 
conimunautc evangelique.A. la place de Tuniversite, qui existait 
du temps des electeurs, et dil lycee du temps du regime fran- 
^ais, le grand-due de Hesse a etabli iin gymnase avec un di- 
recteur 6t 1 5 maitres ; il est divise en 6 classes auxquelleS se 
jbignenC 2 cours preparatoircs. tour pouvoir passer a Tacadc- 
mie , il faut avoir ^tudie 8 ans au gymnase : on y compte main- 
tenant 170 eleves. tin gymnase particulier est attache au semi- 
naire catholique, qui entrotient 32 jeunes theologiehs. La vitle 
a S ^cofes primalres pour les garcons et 4 ecoles de filles, in- 
d^pendammcnt d*une grande ecole pour les enfans indigens, 
qui est etablie dans Tancien couVent des Carmelites. Cette in- 
stitution charitable pourvoit ndn seulemeiit h Tentretien et ^ 
l^cducation des enfans , mais elle se charge aussi de les mettre 
en apprentissage ; elle compte 116 garcons et 128 filles. Ses 
depense^ sont d*environ 28,000 florins ; on y pourvoit en partie 
par des fonds fournis par la ville eten partie par des souscrip- 
tions volontaires. Le grand hopital de St-Koch recoit , outre les 
nialades^les orphelins, et prendsoin de Education de3o h. 100 
enfans trouves. 

L'industrie de Mayence se distingue particuHorement dans la 
carrosseriey rebenistcrie, la lutherie, la fabrication des fausses 



y% Gepgraphie N®33 

perlesy la gravure dc la musique, la tanneric. II y a 4 librairies 
et autant d'imprimeries. La ville expedie annuellcmpnt environ 
3o,ooo quintaux de grains; 16,000 q. d'huile ct de legumes, et 
40,000 q. de vins. Si le Rhin etait affranchi des eutraves qu*op- 
posent au commerce les puissances riveraines, Mayencc ferait 
des affaires de transit brillantes. Dans Tetat actuel meme , son 
commerce est assez important. D'apres un terme moyendes 
14 dernieres annees ( i8i5-i8a8 ), il est entre chaque annee 
dans le port de la villc i,385,i32 quint. 16 kilog. de marchan- 
dises, et il en est sorti 1,848,664 q. i4 kil* Autrefois les trans- 
ports par eau occupaient un grand nombrc de navires et de 
bateliers; en 1825, on comptait encore sur la partic navigable 
du Rhin , longue de 280 lieues , 1229 navires et bateaux et 944 
bateliers, dont 32o etaient inscrits dans les corporations de 
Mayence et de Cologne. 

A I'extremite septentrionale de la villc , on voit les restes de 
I'ancien chateau electoral , avec une vaste place d*armes. A 6S 
noetrcs de 1^ est situe le/ palais graud-ducal, qui appartenait 
autrefois ^ Tordre teutonique. Une galerie le met en commu- 
nication avec Tarsenal , qui u'est pas tres-eloignv du quai et du 
pont de bateaux sur le Rhin. Napoleon avait projete un pont 
en pierre sur ce grand fleuvc, et, en 1818 , on a decouvert une 
pile de I'ancien pont romain : c*est la 18^ qu'on ail trouvee jus- 
qu*^ present. Le pont de bateaux a 523 metres, et commei 
Toctroi de la ville per9oit un impot sur le passage des piefoos, 
des voitures et des navires qui traversent le pont, ce pont lui 
vaut un revenu de 40,000 florins, mais dont 18,000 sout ab- 
sorbes par les frais d*entretien. Auprcs de ce pont est le port 
'de charge etdedccharge pour les navires venantdu Haut-Rhin 
et du Main , et pour ceux qui sont destines pour le Bas-Rhin. 
Parmi les derniers, il y en a qui trausportent 11,000 quintaux. 
De vieuxrours avec des plates formes et des batteries flottan les, 
protegent la ville du cote du fleuve. Du cote de la terre, 
Hayence estceint de vastes fortifications que Ton ameliore sans 
cesse; elles se lient a la citadelle, dont un bastion renferme un 
vieux monument appele en allemand J?/cAW.rfe//i, pierre du 
gland ; on en attribue la construction aux Romains. Du haut de 
cette masse depierres, qu'on trouve representee daus la ^ra- 



et StatisUque. ^3 

vure du frontispice, on jouit d'une belle vue sur le cours du 
Rhin. 

, Dans rinterieur dela villa, on remarque leglise de St-Pierre, 
rebutie a u milieu du dernier siecle; la fontaine des blaDchis- 
seuses; la bibliotheque, qui possede beaucoup de livres des 
premiers temps de rimpi-imerie; une collection de medailles^ 
d'antiques et de tableaux; Teglise de St-!^tienne, avec une tour 
octogone; Tancien college des jesuites; un marchc pour les 
fruits ; et la cathedrale appelee le Ddme , qui, ravagee dans le 
bombardement de 1793, a ete restauree peu-k-peu; dans rin- 
terieur, on voit plusieurs tombeaux ornes de sculptures. Une 
autre eglise gothique , celle de !Notre-Dame, ravagee egalement 
lors du siege , a ete demolie sous le regime francais. Sur la place 
Qu etaient situees les deux eglises^ on construit maintenant 
une salle de spectacle , une halle aux fruits et une eglise pour 
le culte evangelique. 

Mayence est, comme on sait, le berceau de rimprimerie, 
inventee pa^r Guttenberg , de la famille des Gensfleisch qui s*e- 
tait distinguee par son opposition aux pretentious hautaines 
des patriciens. M. Briihl indique la situation de la maison 
de Guttenberg qui depuis quelques annees est marquee par 
une inscription, ainsi que les maisons oil furent etablies les 
premieres iroprimeries; Tauteur raconte a ce sujet Thistoire de 
cette invention importante, sur laquelle il annonce en note la 
publication prochaine d*un ouvrage d*un mayen^ais, M. Schaab, 
juge, qui se propose de revendiquer poursa ville,en 3 volumes 
enrichis de documens incdits , Thonneur de la decouverte de 
rimprimerie. Une soci^te d'abonnesqui s'assemble dans un local 
qui a remplace I'ancienne maison de Guttenberg , lui a erige 
une statue, ouvrage du sculpteur Scholl. Aupres de Ik, on voit 
le ci-devant lycee et Tcglise de St-Christophe. Au mardie au 
lin y on distingue le palais de. justice. L*auteur signale d'autres 
edifices moins importans , et fait ensuite des excursions aux en- 
virons de la ville. 

Depuis Tetablissemeut des 3 bateaux a vapeur dont il part 
un chaque jour de Mayence, a dater du mois de mars jusqu'k 
celui de novembre inclusivement , I'occupation des bateliers a 
beaucoup diminue. Dans les 9 mois navigables de i8a8 , les ba- 
teaux k vapenr ont charge h Mayence 3i6,463 quint. 49 kilog. 



y4 Geograplde 

de marchandises; et ils en ont decharge 53,o3o quiut $7 kit. 
On salt que Mayence re9oit aussi les trains de bois qui , ctiar- 
ti^S sur le Haut-Rhin, sur le Neckar et sur le Main , descendent 
le Ahin jusqu'en Bollande, du moins en partie. Void le moU- 
tement de ce eomttierce ^ Mayence pendant 6 annees conse- 
eutives. 

Annees, CMne et autre hois dur. Sapin et autre bois ISger. 
l82d A99S99 7* i6656i, 72 met. cub. 

i8ai 5i536, 6.1 172662,95 

i8iii 38389, *<> 16720S, 47 

1823 457!i/|, 96 i5388o, 09 

ii*k% 70160,19 191737,72 

i8a5 §9036, 71 185271, 18 

Dafis la derni^re de ces antiees, Mayence a percti en inip6l^ 
sur Ces trains la somme de 17'^, 765 francs 81 cent, tjne partie 
de ce bois est destinee pour les pays riv6rains : ainsi sur leS 
185,271 metres cubes de bois blanc, expedies pour le !6as-Rhin, 
il n*est arrive en Hollande qu'environ xoo,ooo ni. c. 

Nous ajouterons, d'apt*es M. Brithl , Tetat de la navigatibil 
des rivieres qui Se jetteht dans le Khin. 



Rivieres, 


Bateliers. 


Bateaux, 


Neckar 


225 


240 


Main 


287 


667 


Lahn 


110 


i57 


Sarre 


26 


53 


Moselie 


227 


492 


ftdet 


63 


i65 


Lippe 


'7 


3o 



955 1,804 

L'auteur a joint a son ouvrage, qui est plein dlnteret, une 
belle carte topographique qui contient a la fois le plan de la 
ville et des fortifications , ainsi que les environs. D. 

34. CaTALOWIEW in HAHLERISCHER , ARGHITEGTONISCRER , CtC.^- 

La Catalogne sous le rapport pittoresque , de rarchitecttire 
et des antiquites ; decrile par Henry ScHAErfitR. In -4°, 1 46 
pag., avec uti aitlas in-fol. de 3o pi. grav. Darmstadt; Leske. 

Cette compilation parait avoir pY)ur but de reproduire en 



et Statistique. ;/5 

AHeriiagne les prlticipales rues de la Catalogne , qtii se irokVent 
dans le Voyage piitoresque d*Espagne , du comte de Laborde. 
Le texte est ^ la fois histbriqae et geographique ; cepeddant 
les ^Ten^metis des temps modernes y sont entieremeiit passes 
sous silence, et Taatetir ne dit pas tm mot des cfaangemens qtA 
. se ^ont operes dans le pays depuis rinva*»ron de Tarmee dfe Na- 
pdleOH: 

Lc pferaier paragraphe de cet oiivrage comprend la desfctij^ 
lion de Bar celone et de Ses environs. L'observateur qui voudrk 
stiivr^ sfir led lifelix ees ihdibations , devi-a se placet* ait piefd dd 
Mottt-Joui, d'oft il pdtllT*a decourrir toutfe la (flaine daiiS la- 
qneile est situ^e Barcelone. L'expose de rhistdire et de I'^n^ 
feienile constiiutioh de Barcelone , la description de Tlhterietir 
tie ectte tille, dfe la catMdrale, defs bains arabes, de plusieurs 
bas-felieifs^ des md^aitqoes, et des not^S stir le caracterfe et Ws 
plai^rrs d^ habitans, fdnt le siijet des S6pt paragtaphes ^xA- 
^ahs. 

S'Mb!gnant de Barcelone par la route du Mont-Serrat, I'duteur 
tHJUi eoudfiit par le tillage de Ffeliu vers le pdnt de Molirios- 
del-Rey , qui a 54o pieds de long et qui passfe pour tee le plus 
^lidcJ d6 rSspagtie. Bient6t on apet-toit I'arc de tliomphd du 
pollt de M«t*tor6l^ ^heF-d'ajUvre d'a^chitecture. La {Blanche V 
dontfe otto id^ de ce pout et de la f egion pittoiresque dans la- 
qucflk il sd trottve^ Le nom d'Attttibals« rattache a cette antique 
conslttlttioii. 

Apres 9 lieues de marche, on se trouve au Mont-Serrat, 
montagne unique par sa forme , sa position , sa puissante vege- 
tation et ses habitans cloitres. £lle s'eleve ^ d'apres Mechain , k 
643 toises au-dessus de Termitage de St- Jerome j son ombre 
se projette k 7 lieues dans la mer. Unc description, etendue de 
ce magnifique cone et du convent qui le surmonte , ainsi qu'un 
expdsA histovlqtiedd eeit ^abUssenient mdnastique,terminentce 
ehflpitre. Li 7^ feuille do Tatlas nou^ ddtine tine tddd d6 eette 
<rootrie< Leti f^tiiites sttivantes pr^setitent les ermftages de S**'- 
trkiiifed, de St-Dimasj Tititi^rietir de celoi-ci ; rermitagfe de 8t- 
OAofre ; l6s cavernei de stalactite d»i Mont*6erfat etTei-ittl- 
tffg0d«S*i-Bbikko. Lat t^ f^uilb dif Tatla^ nous ddtihetme id6e 
d^ norias ( tftacMnes d'krigation ) qtii semi Cf^noiblyrettses ^ 
Catalogiw. G« 4«u^ia «st d4 k M. Jaittbert de Pa^sa. 



y6 Geographie et Stqtistique, 

. L'histoire et la description d'Ampurias , autrefois Emporium 
(colonle grccque) , remplissent deux chapitres , et la 1/4^ fcMille 
nous donne le dessin de 5 pieces de mpnnaies antiques, de cette 
ville. £n quittant Ampurias, Tauteur nous conduit par Girona, 
ou il nous fait remarquer des bains arabes ( 16^ feuille ), par 
Manreza, Cardona, Lerida, Poblet, et nous fait arriver k Tar- 
ragone, ville dont Torigine se perd dans la nuit des temps. Les 
chefs-d'oeuvre antiques et noodernes sont nombreux dans cette 
cite. On y trouve les restes des anciens nours de Tarragone , 
ceux d*un aqueduc rqmain, des monnaies antiques, une fe~ 
netre arabe dans ie cou vent de la cathedrale , des sculptures 
romainesy Ie palais d'Auguste, etc. Tons ces objets sont repre- 
sentes sur un grand nombre de fenilles de Tatlas. La description 
de la route du col de Balaguer et des tombeaux d'Olerdola pre* 
cedent celle de Tortose , ou Ton remarque sur tout des coffres 
arabes avec des inscriptions. L'auteur, avant de quitter la Ca- 
talogue, nous donne une idee du magnifique tombeau du due 
Raymond de Cardona; un sommaire de Thistoire de cetitlustre 
personnage, qui fut la terreur des Yenitiens , termine Touvrage 
dont nous venons de rendre compte. 

Les 3o vues sont generalcmeut bien copiees ; celles des ca- 
vernes de stalactites, de la cathedrale de Xarragone, da palais 
d*Auguste de cette meme ville, des boites antiques, bas^reliels 
et anciennes inscriptions mauresques, se distingueni dans le 
nombre. Th. Fix. 

B5. East India Register ahd Directory vor i83i. -;— An- 
nuaire de I'lnde orientale pour Tannee i83i, con tenant la 
Hste complete des employes de la Compagnie , etc. ; redige 
d^apr^s les renseignemens officiels , par G. H. Brown et F. 
Clark. Londres. 

Ne contenant que des noms propres, cet aunuaire ne nous 
fournit malheureusement aucune donnee de statistique. Settle- 
ment il pent servir k faire voir quel nombre etoimant de per- 
sonnes dependent de la Compagnie deslndes, et quelle qtiantite 
de families en Angleterre et en Asie sont interessees «u maiotiai 
. du monopolc de cette Compagnie. Ce sont d*abord des bureaux 
montes com me ceux d'un ministere, une leiigue liste d'ofificiiirs 
ep retraite, un college oji $e fornient les j^unes employes ou 



Economie puilique. yy 

ecrivakis , une. institution pour les cadets militaires , puis I'c^ 
Borme liste des fonctionn aires et employes de toute espece dans 
le Bengaie, Madras et Bombay, a Ste-H^ene, h Singapore, k 
Canton. Dans le Bengale nous trouvons enumeres 74 regimens 
d*infanterie indigene. A la fin de I'annuaire dn Bengale se trouve 
nne table des distances entrc Calcutta et les principaleh places 
de ritide. D'apres cette table, Bombay est a i3oi milles, Ca- 
boul a 181 5, Cachemire ^ iSBA) Candahar a 2047 9 Delhi a 
976,603 k 1 3oo, Madras k loSo, Pondichery a ii3o, Pounah 
k laoS et Seringapatam k 1 170. On trouve une table semblable 
ik la fin des annuaires de Madras et de Bombay, qui sont pa- 
gines separenient et penvent se detacher. D. 



ECONOMIE PUBLIQUE. 

36. EsSilSUK L*HISTOiaK OB li'ACTIOir PUBLIQUE BT DU MINlSTiBm 

PUBLIC , par M.-J.-A. Delpon. a vol. in*8^. de 5ik8 et 4721 p«> 
prix i5 f. Paris, i83o; AchilleDesaugcs. 

Sous le litre modeste d*£ssai , cet ouvrage est un traits ap^ 
profondii une histoire k pen pres complete de& institutionsdes 
temps modemes les plus feeondes en consequences heureuses 
snr Tadninistration de la justice. Tout att<Hitat contre Texis- 
tenice , la s4rete d*un citoyen ae blesse pas settlement Tindivida 
qui en est Tobjet , il menace la soci^te entiere. L'offense peut 
d'aiileurs manquer de la force ou de la volonte necessaire pour 
demander et obtenir le Ghdtiment du conpable ; il peat appor*- 
ter dans cette poursuite des passions , des ressentimens qui nni^ 
wni k requite du jugement. Si les lois sont impuissantes pour 
assurer, dans tons les cas, lapunition impartiale de I'agres- 
seur , la victime ou sa familie rentrent alors dans le droit natu* 
rely qui coasiite k se defendre ou ^ se venger de Tinjustice par 
la violence. C'est ainsi que chez les peuples sauvages , et parmi 
ceux oik I'empiredes lois est afTaibli , s'eteriiisent les hain^s, les 
qnerelles, les vengeances privees* L*idee de confier k une magi^ 
trature speciale le soin de provoquer Ja puottion des crimes, 
noa settlement dans la vue de defendre ou de proteger celui 



qui a soufTerti niiftis daas ua intilret pt&lk 0( p«iir pirff^r^ 
ou diminuer iesde$ordreS|parait si simple et si qatureUe qii'pa 
doit s eCQoner qu'elle n« sesoit pa^ presentee a Tesprit det legis* 
lateurs de rantiquitcv 

L'oMvrage que nous annon^oiu fail voir pour qiiellfS oansf^ 
cette ipagibtraturc leur fut inoonnue f par quelle^ iosUtUtaoo* 
analoguos elle fut precedee* II ae pufs^ p(is seu|emfii|t eti r^viMi 
sous ce rapport, les lois, lef usages de I4 GrecQ c| 4^ Rpln«l 
inais TEgyptc qui faisait sut>ir , ^pr^s leur mor( , k sf?^ fopparn 
ques Tepreuve d*un jugem^nt publip; laPei^e doqt la sagea^e 
antique ^tait passee en proverbe, el dop( las Ipift Qiicrisaaielil 
ringratitude comme ua criqfie public ; ('In^e pins rOBQUiniee en- 
core par la douceur de ses moeurs que par la beaute de^son cicl 
et la fecondite de son sol ; les Hdbreux au contraire , ou des 
moeurs dures et rebelles avaient appele une legislation impi- 
toyable , toute theocratique , et qui regardait le crime comme 
une souillure que le pcuple entier devait expier, fournissent 
k Tauteur des remarqucs precieuses surTorigine de Taction pu-^ 
blique sous le dpuble rapport de la poprsui^e des coupables et 
de Ta conservation des richesses de I'etat. 

Dans les republiques anciennes qui admettaient tons les ci- 
toyeqs ^ I'exercice dirapt et immediat de la souveMiinete, l''ac- 
^qn publique appartenait a tons. Chficun pouv^iit intenter , ^ 
$es fisque^ et perils, upQ accusation, et si le magistrat interw 
yenai|, c'e(«^it pour eo l?«igkr lesi formes, jboh pour, ia restrein* 
4f§ Of) la dirigeir, Quelquefctis ua patviotisme ardent et dMn^ 
^ress^, jsp^vent aussi un^ basi»e jalousie portaient les orateurv 
\ s'emp^rer de pette aroie pvissante. L'exil d'Arastide , la ooc-' 
d^rpnatipn de Phocion, ceUe de Socrate furent provoqu^s pav 
dfis accusa^eur^ sans caractare public. 

Cbez Iqs ]EU>maifis , pcuple plus grave «t plus dif&oi)ea ^nMH^* 
vpir, I'accusatiQq publique lais^ei^ aux citoyona n'offnait pastes 
laefi^^s d^^ng^rs, L auteur releve iei une erucur dans ktquellv 
%Qi^t tpvpbe^ quelques ^rivains. U deJiiont9e,.a«0o des texles d0 
\q[\\ iroipjiines et le temoignage des bistoriens, que les questecifv 
ft^ient charges de rechercber et de pounsuivre dV>fBoe'devattt 
1^ tribunal du preteur plusieura sortes de crimes, filais ce«t|^ 
fltribv^ioxt CQoleree k une cUsse ds raagiitvats n^cluiiit paste 



di:Q^des(itoyeiis de se reodre accusateurs do tous les delite pu* 
blics. 

. Sons les empereurs, qui reuDireat en lenr persouDe touf |es 
pouvoii*$ de Tetat, le systeipe de I'accusation publique fut ep-; 
Ueremept denatpc^ 1^^ ^elateursj dop( le nom a cti justemept 
fletri par le pinceau energiqne de Tacite , devinreat Tiostru'' 
ip^Qtlc pli43 aclif de (a tyrannip. ^q meme temps, coipniela 
qpn&scatioii d^$ biens des qondamne^ forfpait upe d^$ pnppi-* 
pales ];)rapcbe» de$ reveaus in pqnee, il faUp^ ^ti^lif 4^> 
j^gen^ cQQPus sous lenovf^eTaifocat^ dujkc^ iepro^ur^ur^d^ Q^ 
4^1*, elt chose maostrueuse! ce$ offtq^fs oe fumit pasg^nle-; 
mefit charges de yejll^r ^u recpi^vreipept des impois, \ ]^ ppqr 
se^ry^tipxi de3 ^^oprietes acquises par la cpnfiscatiop on pay: 1^ 
cppquete, mais d^s luis de C|mide» de ^eptime ^^'vercj 4q 
Cpnstantio et de $es supcqsseMrs |e^ investif«o( 4u<lroH df ^^- 
cidpf eux-j»epie^ les cpntj^statiom qpi ppvivaiept s'elevpr 4 9f|t. 
egard : ce qui lesrendi^if juges ^t parties 9 e^ ae I^issail fiMCUP 
recpurs Gootre r-oppressiop. 

La plupart des ias^itutions d^ Teiapire romaio survecpr^at 
k sa chute. Elles dureut c^p^daat subir une grave ^^Ueratjf^ 
par le ipelapge ^es f^outumes p^rticnlieres ap^^ ppnqti^r^ps. 
Aipsi Iq systeme des compositious en argent popr reparation 
des Crimea prives devint un ps^ge general , et forma pepdaP^ 
pfusieurs sieclesle droit public d^^ peuples nouveaux. Ces cpin- 
ppsitions yariaient s^ivant ie f-ang d® 1^ victiipp ^\, ^ dipnite d^ 
Vfuteur dc Toffense. 4 ^ systeipe succ^da g^lpi plus p^rbai*^ 
des epreuves par I'edu, par ]e fer et le feu , par le cpipba^ ju-^ 
d^ciaire dout Tissue seryait a distipguer Tipnpcept et |e qpup^r 
|>le. 

Nous ne suivrpns pas Tautep):' (hip« sfss sayaptes recherph^ 
sur les diverses magistratnres d^ijgnqes d^ps ivos premiers hifr: 
torieifs sous les denoipinft^ops de Saiom, dc ^Schulfe^^ jf de 
Grq£fio^s f de Dffe/f sores Civififf4is j de 4^%i ^Qmi^ki. 

L'etablis^epaeiif; des baiilis pt des sepechapis, au copameocf^ 
IPentde la y face 9 d'abord daps les domaip^ flu rqi, epspi(^ 
4aiis les terres des seigneurs , fot le premier pas quixop^Ptsit k 
.)a separf |ipn des fonctipns militaires ^t des fonctions judi^i^?^ 
res. Ce p'e§t qu'k la fip du XIJ^ sieg^e qu'op yqit aupces df 
^e^ pnicifrs des ageii^ ciiarges^^ sous|e tj^re i^^c^re^ f^U^Y^e 



8o Economie publique. M^ 36 

procdreurs da roiy de sbutcnir les droits de Fetat, et de se ren- 
dre demandeurs dans Tinteret du prince. 

L'auteur cite h ce sujet un arr^t dii premier parlement teou 
k Toulouse en i ado , soiis le roi Philippe-le-Hardi, dans lequel 
it est fait mention d'un procnreur du roi de la senechaussec de 
Carcassonne. 

Phtlippe-le-Bel , en ordonnant que le parlement de Paris 
serait sedentaire, donna le signal d'une complete revolution 
dans Tordre judiciaire. L'ordonnance de ce monarque de iBiq 
crea dans ce parlement un office de procureur du roi. Celui 
d'avocat du roi etait anterieur de pen d*annees. Le poiiivoir 
de ces odBciers , borne d'abord h soutenir les causes dans les- 
qnelles le roi etait interesse, s'^tendit bientot h la poursuite de 
tons les delits, k la repression de toutes les offenses. On les 
Toit figurer en cette qualite dans plusieurs proems criminels , 
entre autr^ sous Philippe deValois, daus le fameux proces 
eotre^Robert d'Artois et la comtesse Mahault. 

Une ordonnance du roi Jean, d'octobre x35i , en fit de ve- 
ritables magistrats, en leur interdisant de plaider pour des 
particuliers , excepte pour leurs proches. 

Depuis cette ^poque , Thistoire du minister<^)ublic en France 
est celle de toute la legislation. II faut voir dans I'ouvrage an- 
nonce quelles sages precautions avaient ete prises pour que 
cette institution f6t garantie des abus qui en auraient altere la 
bonte, pour qu'elle devint ce qu'elle devait etre, une magis- 
trature aussi redoutable au crime que rassiirante pour Tinno- 
cence, chargee de veiller k la conservation des droits du mo- 
narque, d'etre son organe dans les cours de justice et d*y pro- 
teger les int^r^ts des mineurs, des femmes, des absents, des 
interdits, des ^tablissemens publics, de tous ceux, en un mot, 
qui sont incapables d*agir seuls et* par eux-memes. 

La defense de la religion , le maintien de la purete du culte 
entraient auftsi parmi leurs attributions, et I'auteur ne dissi- 
mule pas les actes de s^verite outr^e , les ecarts de z^le aux- 
quels se laiss^rent aller, sous ce pretexte, des ofBciers du mi- 
nist^re public. Mais ces reproches, qu'il serait injuste de leur 
faire sans tenir compte des pr^juges du temps , sont peu dp 
chose aupr^s des immenses avantages de cette magistraturc. 

Les droits du domaine maintenus contre TaVidite des cour- 



» Economic publique. 84- 

tisans ct la prodigalile des rois , les pretciitioos usyrpatrices de 
la cour de Rome repouss^es avec iine Constance et une fermete 
non denientics depiiis Pierre de Cugnieres, rev^tu le premier 
dix titre d*avocat-general en iSap, jnsi|u*au ct^lebre d'Agoosseau 
et aux magistrats du dernier sieclc, voiU une partie des services 
rendiis par ces hommes eminens. Qoand on les etudie, on ne 
sait ce qu'on doit le plus admirer en eux, ie vaste savoir, I'in-t - 
tcgrite de moeurs , le patriotisme eclaire. On peut dire de beau- 
coup d'entre eux ce qu'un des hommes les plus. vei*lueux et les * 
plus eloquens de qotre siecle (i) a dit de M. I'ayocat- general 
Siguier : qu'ils furent les hommes de la loi et les oraieursde la - 
pairie, 

Tels se montrerent les Juvenel des Ursins , les Achille de 
Harlay , les Mole , les Talon » et tant d'autres dont te souvenir 
est une des gloires de la France. L'auteur n'a eu garde d'oublier 
ce courageux La Chalotais , victime de son zele pour le bien 
public et de la haihe d'une corporation trop fameuse, h qui il 
ne craignit pas d*arracher le masque dont elle se couvrait. C'etait 
aussi de la magistrature y et par Torgane d'un digne successeur 
du proGureur-general du parlement de Bretagne, que deyait 
partir de nos jours le premier cri d'alarme contre les envahis*- 
semens de cette societe perniciense (2}. 

Peut-etre Taiiteur aurait-il pu justilier les eloges qu'il donne^ 
a notre ancien ministere public par nn plus grand uombre d'ap- 
plications particnlieres. Son ouvrage n'en eut pas et^ moins in<- 
sti'uctif, et rinteret s'en serait accru. II est vrai qne son plan^ 
dont il n'a pas voulu s*ecarter afin de le remplir dans toute son 
etendue, etait surtont de faire connaicre Forganisation inte* 
rieure du ministerp public sous Tancienne monarchic. 

II suit cette institution & travers les orages de notre revolu- 
tion qui 9 dans son fol amour des nouveaut^s , en avait comme 
brise les ressorts en separant des attributions dont la reunion 
seule faisait la force. 

II fletrit avec la juste indignation d'un ami de |a liberte les 
exces comniis en son nom, et qui devaient, comme il arrive 
toujour^ , nous faire tomber plus tard dans le despotisms II 
(f) M. PortaUs perc. 

(a) L*lKiicien regime » atec les jesuitea do pla» «t !<« liberty d« TegliM 
gallicane de inoiua, 

F. Tome. XXV. — Janvibr i83i. 6 



peint le monslre qui renlplU les fonctions d'acoiisateur public 
aupres d'uo tribunal de sang* surpa&saut Tastuce et ]a ferocity 
cks pluii odieux iostrumens enaployes par let Tibere, les Neron 
et les DoiuiHeo. Alors les crimes reels, le vol, rhomicide, les 
aUeHlato GQlitre la pudeur o'attiraieiH plus rattenlion de Tauto- 
rite. L'aciion publique q'avait de force que pour aneantir la 
civilisation et secondeir d'execrabl^s plans d'e&terniination. 

. Ijonsque le mal s'arreta ^ Torganisation de Taction publique 
^tait trop faible pour presenter un remede efficace. 

Une consequence plus salutaire devait cependant sortir de 
taut de ruipesi o'est le principe nettement pose par TAsaemblee 
constituante , de la separation entre le pouvoir judiciaire.et le 
poUvoir administrdtif : le premier redevint ce qu'il aurait du 
e^re toujours, ukie branche de la puissance executive ^ mab 
ufie branche iudependante I cbargee de I'appiication desiois^j 
eietrangere a leur confection. 

1 \\ fttt des lors plus faoile, apres des ^sais infiniciu^ux, de 
f^tider Qotre systeme judiciaire, tel qu'il extste aujourd'hiii^ 
•nr des bases assez larges pour qu'il offrit toute garantie k Tor* 
«b*e public, en le renfermant neanmoins dans des attributions 
mieilx definies) ^t par 14 satis danger pour lea autres pouvoirs 
do TiJ^tat. En meme temp$, le ministere public recouvra Tunite 
et Tenfteltible dout il a besoin pour agir utilement. 

. J^otre Code d'instsuction criminelle pa rait a I'auteur conca 
dims rinteret d'une domination orobrageuse. II blime le droil 
c^e litncer des mandats d'amener confie aux procureurs du roi. 
11 reconnait cependant qu*on ne leur a guere reproche d'abuser 
dii cetle faculte, bornee aux cas de flagrant delit et fort limitee 
par le concour^ des juges d'instruclion* 

L'inamovibite des juges est la pr incipale garantie des justi- 
dables : e*est dans Tinteret de ceux-ci qu'elle a ete etablic et 
qu'elle doit otre maiiitenuej sous peine de tomber dans une 
desorganisation complete. II n'en est pas de.m^me des membres 
du ininist^re public Inaoiovibles ^ ils annihileraient Fautorite, 
sans fruit pour les particuliers^ L'exereice de leurs fonctions est 
un qnandaty et il ne pent y avoir de mandat irrevocable : ce* 
serait aliener les droits du mandant. Leur jndependance doit 
done resider dans leur caractere personnel , dans leur reAis de 
concourir a des actcs qui repugncnt a leur conscit*nce. Soumis 



Meohomie pnhttqke. ^ - 

♦ • • . • ■ * * ■ • 

hi la dircetioti da goiivernement , e^^st en se retirdtit et en pfi?- 

feranfc tonjours une destitution qiil les honore a un€ oLeissahcc 

af iUssante , qu'il leiir est permis de Fdire de I opposition, f'ais 

ce qHe doiSy advienne que pottrra^ doit etre tear devise. 

Malgre l*asservissement des consciences tente sous le dernier 
gouvernemeut, malgre rinfluence illegale exercee siir les eicc- • 
tipns et les complaisances deplorables de plusieuts magistrals 
cntraines par un faux zele ou dv tristes caiculs d'ambition«> 
d^honorables exceptions ont noblement proteste contre ces ex- 
c^ d'uii pouvoii* qoi se precipitait vers sa ruine. 

L'auteiir tannine par des considerations pleines de sagesse et - 
d*elevafion sur les modifications que Taction publique a recues 
de la liberte des cultes. 

Un eisai sur cette liberty complete le 2^ volume, et contient 
des developpemens non moins dignes de raltention du juris- ^ 
consulte,du philosophe, du legislateur. 

L'ouvrage que nous venous d'atialyser est un travail de con- 
science, plcin de cette erudition qui devient plus rare de jour 
en jour, et de ces vues applicables dans tous les temps, parce 
qu'elles sont le resultat de Texpcrience , de Tobservatlon, et non 
de ces vagues theories dont le vide se fait sentir deS qu*on vient 
h la pratique. Nous melerons pourtant une critique k nos ^lo- 
ges. Une lacune nous a frappes. Nous aurioriS veulu que Tauteur 
ctendit ses regards au-dela de la France, qiiH sighaLU la dif- 
ference entre Taction publique , telle qu'elle existe parmi nous 
et telle que la connaissent quelques-uns de nos voisihs. La 1^ 
gislation anglaise, par everaple, «[ui laisse la poursuttotles de- 
lits prives uniquemont a la charge et It la discretion de la partic 
plaignante, qui ne punit le vol que siiv la tequete du vole, qui 
permct aux agens de la couronne de plaider pour des particu- ' 
liers, et qui ne les investit pas, au m^me'titre, du caractere 
doht its se glerifieht paribi n6us« d'etre les liommes de la loi et 
les defenseurs de la societe, pouvait presenter des points* Utiles ^. 
de comparaison (1). En bon citoyen , Tauteur y auraU puise des 
raisons de plus pour noiis faire aimer nbtre pays'dotit nous 
sommes trop portes a dcprecier les lois, les usages. Peut-elrp > 
aurait-il tire de ces comparaisons la consequence que Tinstitu- 

(i) V. Hallam, Hiit, const, of England, Meyer, Inst, jud. des prindpa^x 
pays de tEtirope 

6. 



84 Econonue pubiigue, - 

tion du jury I empruntee aux Aoglais, s*cst amelioree parmi 
nous> et que 9 de tousles pays de rfiurope^ la France est celui 
oOi la repression des delits contre les personneset lesproprietes 
est le mieux garantie par les lois , lor$qu*eUes sont executees 
a?ec franchise et fermele. *** 

37. CouRS DE Droit public interne et extebne; par le com- 
mandeur Silvestre Pinheiro-Ferreira. 2 vol. in-8^ de 
*viii-44o et viii-5oo pag. Paris, i83o; Rey et Gravier. 

En attendant que nous puissions nous livrer a un examcn 
approfondi de cet ouvrage , nous en donnerons un precis \ nos 
lecteurs. L'ouvrage est divise en deux sections formant deux 
Toluuies. 

La premiere section trailc du droit public interne ou droit 
constitutionnel. 

Art. I. Notions preliminaircs. 

Art* 3. Du pouvoir legislatif. 

Art. 3. Du pouvoir executif. 

Art. 4. Du pouvoir judiciairc. 

.Art. 5. Du pouvoir electoral. 

Art. 6. Du pouvoir conservateur. 

La deuxi^me section est consacree au d^veloppement du droit 
public externe ou droit des gens. 

Art. I. Introduction. 

Art. a. De Tindependance des nations. 

Art. 3. Du droit de transit et de sejour. 

Art. 4* I)es traites d'alliance et de commerce. 

Art. 5. Des confederations. 

Art. 6. De la proprieto territoriale et de la fixation des li« 
miles. 

Art. 7. De la liberte des mers. 

Art. S. Des droits et des devoirs des nations en temps de 
guerre. 

Art. 9. De la conclusion de la guerre. 

Art. 10. Des fonctions et des droits des agens diplomatiques. 

38. 1. Credit public ^^ petition aux chambres; parM. le vicorate 
de BoTHEREL. Broch. in -8^ de 40 pages. Paris, i83o; Aug. 
Auffray. 



Econtmie puilique. 45 

* 

39. .11. PrOJET d'vWE NOUVeLLE OEGAlflSATION TIM A NCI ERE , CX- 

trait d'un ouvrage intitule : cic Tlnstitution d'une manda- 
tairiepublique; par M. Godefeoy d'Oevilliees. Brocb. in-8^ 
de 2/| p. Paris, i83o j chez Tauteur, rue des Marais St.- Gcr- 
main, n^ 18. 

Nous nous imagiuions , ea yoyant le titre du premier de 
ces ouvrages, que nous allions y trouver d'importaiites consi- 
derations sur le credit public; nous nous trompions. Cest 
simplement un memoire contre un projetde loirecemmentsoo- 
mis SI la discussion des chambres (i). Nous nous abstenons d'en 
- parler davantage , il nous faudrait discuter les raisons pour et 
contre ' i'opinion soutennc. Ce u'est point laffaire du BuUetiHf 
qui, avec grande raison, a mis les discussions politiques hors 
de ses limites. 

II. La seconde brochure a uh autre caractere. Cest un mode 
nouvcau de recoiivrement des impots, aii rooyen de banques 
departcfmentales , organisees et operant comme la banque dc 
France. L'auteur y trouve t% principaux a vantages, I'un en 
faveur des contribuables , le second en faveur de i'industric, 
le troisieme relatif au gouvemement, le dernier relatif k la 
bknque elle-meme. 

Le premier de ces avantages nc nous semble pas aussi dair 
qu'a Tauteur. Au lien que chaqiie contribuable acquitte, comme 
k present, son imp6t par 12°^^^, ce qui n'a jamais lieu que pour 
des cotes un peu fortes, ii ^^^rait souscrtre au commencement 
de chaque annee un mandat payable fin d'annee, en ajoutant 
a la somme I'interet legal des la mois. Nous ne voyons autre 
chose k cela qu*une augmentation k la cote contributive sans 
que rien la balance, car il ne faut pas faire entrer en ligne de 
corapte les visites que les contribuables font au pcrceptenr 
pour s*acquitter. Et rien ne remplacerait pour eux la faculte 
<le s*acquitter par petites portions, ce qui , pour la plupart 
des contribuables, est sans doute moins vexatoire que de payer 
nne seule fois. 

Quant au second avantage , il est hors de doute que Teta- 
blissement de banques departementales serait d'unc grande 

(i) Sor la destination k donncr anx sommes restees libres sur les 3o 
-jniliioiis de rente alloaes ep iiidemnUe anx emigres par |a loi do 27 «v#Il 
i8a5. 



K M^H0mus puUiqm. 

utilite pour ]*tudustrie ; mais il les faudrait alimentei* autr^ 
metit qu'avec les mandats des. contribuables. A coup.sur ce 
^ ne scrait pas soulager ccHx-ci que d^augmenter leur cote de 
5 p. *7p , et nous doutons qu'il resulte de cette surcharge, qui 
peserait sur tous, un avantage pour un grand nombre de 
coux-la meme qui profiteraient de la circulation nouvelle qui 
sertit peut-etre impriibt'e k certains oapiuux. 

Le gain pouv ie gouvemenent r^sulterait de la suppressiim 
des frais de perception , c*est- Ik-dire de la millioiis i/i, ear, en 
< ce oiomenr, il ne s'agit d'operer que sur les contributions diree- 
let. Mais pins 5y4oo,ooo fr. d'int^ret seraient supportes par les 
oontribuables ; done, en leur dta^^t U facalte de s*aoqnitlwpQr 
sameo 0( les-obligeantik nc s'aequitter qu'itlin d'aayiee, on les 
• impose plus fortement. Je crois bien qu'il pourrait entrer ainsi 
une plus forte somme dans les coffres de i'l^tat, mais je vois 
•que oeue somme sortirait de ia poehe des contribuables; et 
pais , au bout de Tan, si le contribuabie n'aoqnittait pas son 
niandaty le niode de poursuite serait^il le momo bu different? 
II est vrai&eittblable que les poursuites de la regie des contri- 
butions seraient remplacees par celles de la banqne. L'origine 
.de la dette serait la meme, la nature en serait changee^ les 
poursuites ne soraient plus du meme ordre, 
' Ce que je con9ois dc plus clair c'est le benefice des banques. 
1^ % \l% p.%,rooitie deTinteret stipule parlesmtindats; a*' Sou 
^ p. Vo sur chaque negociation. Qui le supporlera? Qui en 
prolitera? A la i^ question je reponds^ le contribuabie, car 
son impot sera augmente de 5 p. ^/^ y dont T^tat ne recevraque 
la Bioitie, tandis quo la banque prendra Tautre. A la i^quea^ 
.tion, je dis la banque^ qui cependant ne court ppint dc risques $ 
•car Tescompte n*etant que I'intcret paye d'avance, et le recou"^ 
•vrement des mandats ^tant assure, il n'y a aucun risque. D'aiU 
leurs le contribuabie, celui qui paiera Tinterel, nc prolitera 
pMy ou du moins tous ne profiteront pas de Ttitilite des ban* 
qiies. Pourquoi done les faire coucourir h. des charges quand 
ils ne concourcnt pas aux benefices ? 

Au surplus, il est difficile , comme dit Tauteur , de juger uu 
'j^lan tout entier de finan^es^ d'apres .un aussi court expose que 
.celuiqui est sous, nos yeuj(..Peut-etredaasrouvrage qu'il an- 
.nonce devoir publier incessamment trouverionsrnous la reponse 



Be09MmU pnhtiqtu. %j 

a nos objections. Si, cemme nous ftvons Ilea de resp^rer, aki 
ouvrage nous parvient , nous ne manquerons pas d*en rendte 
compte. Tii. 

40, I. L'AQomE UK 14 LOTKfUBs par C* H. Bi^toiIi ingwniDUr 
topQgraphot Ifir4^ de %i pag^s. Piiri4». \Vi»\ G«ullier*li«- 
guyonie, 1 

41. II. PaoJCT d'ameliqration dans la lotebie actuelle* 
parFr. Ch. C*****. In-S** de 11 pages. Paris, i83o; Chas- 
saignon. 

. DepuU lonf-tempsy ^ c)iaqoe aeMion des d«ux clMnbre^ on ^m- 
tend eEprinaee le vceu de la soppresaion de cet impdt iniiiiOiii1,o ti 
ruineux, q«ii,.soiis le tiom de jeu , •eavble ne r^iiter aox plus 
vives attaques que par le produit qu'il fMt entrer dans les 
caisses de rj^tat. Nous avons dejisignaleles discours deplusieurs 
membres des deux chainbres , parmi lesquels on a vu sans etoti- 
nement figurer celui du respectable premier president de la 
Conr des cbmptes. Depuis lors quelques mesures ont ete adop- 
tees pour diminuer le nombre des bureaux, et augmonter la 
quotite des mises; ce qui d6it avoir pour resnltat d'en dimiouer 
le nombre; esperons qu'elles sont le prelude de celles qui arre- 
teront en cotier le lyooveniekit de ce qu'oa appelle ti ioipro- 
prement la roue dp fariane* Ce monvement diiriit au amplui ; 
car en 189^8 le produit des raises avait Ae de 63^i79i&o3 99, 
et en iSag, ii etait de 49i340y387 85. PeducCioQ fait^ dts 
lots gagnans, le benefice avait etc, en i898> d^ i4|86$,e4i7 
5o c.; en 1829 ^ il ft ete de l%i^^\hk^* U ^ remavq^inbW q«e 
tandis que les roues de Paris, Strasbourg « Lyon ti Bordeaux 
out diminue dans le rapport de 58 : 64 , de a5 : iS» de a8;<\ 
at , de 19 : i4} oelle de Lille aueontraire a augoienti daasje 
rapport de 18 a a3. Cette augmentation ne serait-elie pas (a 
consequence de la suppression de la loterie a Brux^ll^s? 

Des deux ouvrages que nous annQn90BS, le premier a pour ob* 
jet de faircconnaitre par quelles combinaisons cm peut se rend^ia 
le jeu profitable, c'est~ii-dire faire que les pertes soient le (noii^s 
possible dommageables aux joaeurs, et con^equ^iiiment que Ifs 
benefices dc; la loterie soient le plii^ possible diminuesa ^ W^ 



■f 



48 Economie puhUque. 

coiidiiirait inevitablement a la suppression , puisqti'on ne la 
maintient que parce qu'elle procure dcs profits an trcsor. 

Le but du second est de restreindre encore ' davantage le 
nombre des mises^ en ne les permettant que par abonnement 
d'uae annec , et pour un seul billet , qui ne presenterait que la 
chance du quateme. Suivant les Yues de Tauteur , le nombre de 
chances favorables est considerablement augmente; celui des 
joueurs reduit a ceux qui peuvcnt disposer d'une somme plus 
^ forte que la mise actuelle , la classe indigente eloignee , enfin , 
le profit du tresor augmente de 3o millions, defalcation faitedes 
frais d'administration et du paiement des gagnans. Ce projet 
aurait besoin d'etre develo]^p^. Tel qu'il apparait^ il ponrrait 
diminner quelques-uns des inconveniens dont on se plaint 
avec si juste raison , et qui ue seront detruits que lorsque la 
cause cessera d'existen Th. 

/|2. GaxjNDSAETZE DES Weghselbechts , ctc. — Pfincipcs du 
Droit en matiere de change, exposes d'apres M. de Selchow , 
ct conferes avec le codeprussien et le code fran^ais^par 
Daniels, conseiller d'etat, premier president de la Cour 
d'appel des provinces rhenanes. In-S*' de 893 pages. Co- 
logne, 1827; Bachem. 

L'auteur remonte ^ rorigine du change : il tronve , chez les 
Greos etles Romains, des vendenrs d'argent, des changenrs de 
monnaies. Ces professions soumises a des conditions particu- 
lieres et jouissant de certains privileges , ont existe dans toutes 
les viUes commer^antes. Une ordonnance de Philippe IV {i3o4) 
avait present de tenir le change^ pour Paris ct sa banliene, siir 
16 pout qui est encore designe par ce mot. Dans d'autres villes 
Vautorit^ assignait aax changeurs certaineis rues ou places; 
-elle prenait des precautions contre la fraude, et quelquefois 
-elle obligeait Ics negocians dtrangers a porter Icurs cspeces 
h. la monnaie. 

Gomme il pouvait convenir {i Tune des parties de recevoir ou 
de payer h. une epoque plus ou molns eloignee ou dans un lieu 
autre que celui dans lequel Toperation se faisait , la tradition 
immediate des especes fut suppleee par une obligation qui sti- 
pulait la somme, Tepoque et le lieu du paiement. Cefut la lettre 
de change. 



Economie puU^uc. 89 

Autrefois toat debilear pouvail eire souhus a la contrainle 
par corps : ce mode d'execution n*a pas etc imagine daos la 
vue d'assurer le paiemcnt des eiTets de commerce ; mais lors- 
qii'on Tabandonna succcssivement daDs les matieres civilc$» oa 
le laissa sobsister dans les affaires commerciales oh son utilite 
a toujours ete reconnac. 

Apr^ aToir donne quelques details bistoriques sur le droit 
du change , Tauteiir traite (a* section) des eflets de commerce 
et des personnes qui pcuvent s'obliger sous cette forme. II eta- 
blit (section 3) la distinction entre les Icttres de change et les 
billets & ordre, caracterise ceux-ci et leurs effets.La section 4^ 
est consacree aux traites , et la 5® expose les formes et les cir- 
constances de la negociation. 

Les sections suivantes font connaitre les divers contrats 
contenus dans la lettre do change ou qui en sont les conse- 
quences , ainsi que les personnes qui intervienncnt dans ces 
contrats, savoir : le tireur, le donncur, le preneur, le porteur, 
Taccepteur , le recommandataire. On y trouve les regies du pro- 
t^t , de ^acceptation par intervention, des ponrsuites, de I'or- 
dre des crcances dans les faillites , et de Textinction des obli- 
gations par le paiement , la confusion et la prescription. 

La 14^ et demiere section, qui traite de la procedure decant 
les arbitres , des citations , des defauts , des jugemens et de 
leur execution , se termine par la citation de la loi du 1 5 ger- 
minal an 6 sur la contrainte par corps et les alimens des dcbi- 
teurs. 

L*autenr, se renfermant dans ce qui est depure jurisprudence, 
n'a pas discute les questions, si controvcrsees dansnos assem- 
blees, de la necessite de la contrainte , de la duree de i'cmpri. 
sonnement ^uivant la nature et la quotite de la dette, et des 
alimens que le creancier doit foumir k son dehiteur. 

Wous possedons , sur toutes ces matieres , un ouvrage beau- 
coup plus coraplet, c'est FExposition raisonnee de la legislation 
commerciale par £. Yiocens (i). 

.43. On commercial economy in six essays. — Do reconomie 
commerciale en six essais sur les machines , raccumulution 
des capitaux, la production, la consommation, le numeraire 

(l) Paris i8qi.^ 



etU liberty do ceuinieree ; par E. 9. CAniT, esq. i(to p. 
iii-8* Londres, iS3o; James Ridgwar. 

Use espece de revolution &embU menacer recoaoinie poUti- 
. que. Lcs premiers maitres de cette soignee ont jouilong-i^mps 
d'nne autorite absoUie ; leurs axiomes etaieqt des lois foi|da- 
meotales qu'on ne pemi^ttait plus de discuter; le doute parais- 
sait unc heresie et la ^on^radictioQ un blaspheme* Tel estmeji^ie 
encore kpeu presTetat de lUipiniop en France ; mais en AQgl^ 
terroy des etudes plus fortes ont introduit dans la. science a?^ 
resprit d'exaoien la diversite des systemes, et les faits observes 
avec soin ne s'etant pas toujours trouvea d*accord avec lesthe9- 
ries y on a ete conduit a penser qu'elles ne sont pas infailUble^ , 
et qu'une infinite de circonstaoces peut les modifier daiis Tap- 
plication. , 

L'ouvrage de M. Cayley est qn exemple assess curieux de Tia- 
dependauce avec laquelle les systemes des economistes roodeir- 
nes sont apprecies dans le pays qui fut leur berceau. Get 
ouvrage est divise en six chapitres dans lesquels sont d^velpp- 
pecs les six propositions suivantes qu*il nous suffira d'enonoqr 
pour moutrer combien elles sont peu conformes aux principes 
geqpralement admis dans Tcconomie politique. 

L*auteur a voulu dcmontrer : 

1° Que la quantite de machines existant actuellement dans ki 
Grande-Bretagne fait un tprt reel a la population ouvricre en 
diminuant la demande du travail ; 

2^ Que la masse des capitaux accumules est trop considera- 
.ble pour les besoins du pays, et qu'il en resulte une baisse dc" 
sastreuse dans les profits des productcurs, 

3° Que la production est depuis un certain temps trop forte 
pour la consommation ; 

4° Que la consommation soit uationale , soit etrapgere des 
produits de I'ipdustrie anglaise, tend a diminuer plut6t qu'elle 
n'augmente; 

5** Que le seiil moyen de remedier a la crise actuelle serait 
d'alterer la valeur desmonnaies ou de reduire au prejudice du 
creancier de I'j^tat une partie du capital et de Tinterdt de la 
dette publiquc; 

6^ Que la liberte du commerce n'est avantaj^euse que la ou 



E^onamm pmUiqne. 91 

elle danne fes mojfVM d*occnper ua plus gnnd iioiibrv d« bras 
avee plus d« profit , el que dans lout autre cas eUe nepeitt dtre 
que prejudiciable. 

VoyoDS maul tenant sur quels argumens Tanteur appuie ees 
ptc^positibns; ear il nie Taut jamais repousser une opinioD sana 
.examai par ceia seui qu'ell^ ne s'aeoordc pas avee les ideea 
.re9ue8. 

Les machioes 9 dil K. Cayley , oat et^ inventees pour faeili»- 
tev le travail de Thonime ; mais 2k force de les perfootionner el 
•de les iBuUipUer, on en est vena au point de substittter prcfeqoe 
.enti^rement leur action h. cellede la niain-d*fmivre« Aojoard'hui 
un aeul ouvrier aide par les' machioes pent faire dans na temps 
donne autant d'buvrage que aoo ouvriers priv^ de ce secouvs 
il y a cinquante ans. On a calculi que Sfio^oo personnes soilt 
actuellement employees dans les manufactures de eoton de k 
-Grande-Bretagne , et que sans Tassistanee des machines, il fan. 
drait S3 millions d'hommes pour obtenir la mdme somme de 
produits. M. Ch. Dupin vstime que les machines k vapeur sca- 
les donneut une force egalo h. celle d« 6,400,000 hommes. 
Lorsqu'iiae aussi grande quantity de bras out M remplae^ 
par de$ agens mecaniques, il faut, pour que le travail humaih 
ait conserve quelque valeur, que la production et la demande 
9e soieat accrues dans une enorme proportion. 

C'est en effet ce qui a en lieu. De 1770 k 1790, la quantlte 
du coton brut import^ annuellement en Angleterre n'^talt es- 
iimee qu*^ 5,735,ooo livres; de 1780 k 1790 elle a ete de 
16,000,000; de 1790 k 180X de Sa,ooo,ooo; de 1801& i8t4de 
.75,000,000 ; enfin , de i8i4% i8b) elle s'est ^lev^e au terme 
moyea de ia3>ooo,ooo de livres. La valetir totale des exportar 
lions de 1'Angloterre, en etoffes de laines , n'^tait en 1776 que 
de 3,868,000 I. St.; en 1790 apr^s Tinvention de la machine k 
carder de Cartwright, cette'meme valeur s'^levA k 5,190,637 
I. St.; en t8oo elle etattde 7,876,000 U «t. En 1740 tout le fer 
fabriqu^ dans la Grande- Bretagne seniontait k 17,000 tonnes; 
d^ 1788 on en fabriquait annnellcment 68,000 tonnes, 35o,ooo* 
en 1806, et 690,000 en 1827. Ces chiffres protivent asscz que 
dans la premiere p^riode de TinVention des m^caaiques de 1760 
k 1790, le deplacemei|t du travail humain par la substitution 
des forces materidlcs au^ forces vivautes ne fut qu'une source 



p^ Eeohomie publi'que. N^ 4^ 

de prosperite. L'economie qne les manofactnriers obtenaienlsur 
)es fraU de fabrication leur permettant de livrer leurs produils 
a beaucoup meilleur noarche , la consommation et le coiDinerce 
exterieur prireot un immense developpement. Si un certain 
nombre de bras etaient laissessans emploi par Tintrodnction des 
macbines dans une manufacture , ils ne tardaient pas k trouver 
de Toccupation dans les nouvelles fabriques qui s'elevaicnt en 
foule. pour prendre part aux gains considerables des premiers 
inventeurs , et ces gains quoiquc reduits par la concurrence se 
soutenaient toujours k un taux avantageux , parce que la con- 
sommation tant nationale qu*etrangere croissait en proportion 
des progres de Tindustrie. La guerre de treute ans que la revo« 
lutioB fran^aise alluma en Europe , loin d'ebranler la prospe- 
rite commerciale de la Grande-Bretagne. lui fit prendre au con- 
Iraire un nouvel essor en rendant la marine anglaise roaitresse 
absolue des mers, tandis que tons les clats du continent, dcvas- 
tes par des invasions etrangeres , ou dechircs par des discordes 
intestines, ne pouvaient suivre dans la carriere des perfectioa- 
nemens industriels , le seul peuple dont les capitaux n'avaient 
pas et^ entames , le seul chez qui Tordre social n*avait souffert 
auctme atteinte. 

Les evenemens de x8i5 et le retablissement de la paix gene- 
rale en Europe ont change subitement cet etat de choses. Deli 
vresdes maux de la guerre , les peuples du continent ont pu 
tourner toute leur activite vers les ameliorations interieures ; 
ils se sont particulierement appliques a se creer chacun ches 
eux une Industrie nationale , et comme il est toujours plus fa- 
cile d'imiter que d'inventcr, il ne leur a fallu que pen d'annees 
pour s'emparer de ces dccouvertes merveilleuses qui avaient 
coute k TAngleterre un demi>siecle de tatonnemens et d'efforts. 
€*est en vain que Icf Parlement britannique a tente d*interdire 
par des lois rigoureuses Texportation des machines et Temigra- , 
tion des ouvriers. Ces lois ont paru remplir leur but tant que 
rindustrie du continent est restee slationnaire; mais des que 
TEurope a senti le besoin de se servir des mecaniques angiaises, 
rien n'a pu Tempecher de se les procurer. Partout , jusqu'en 
Siberie , on a fait venir des metiers et des Artisans de Manches- 
ter ou de Birmingham f et ne pouvont plus garder le secret de 



Ecanoiitie pubUque^ 93^ 

ses machines, FAngieterre a fini par en faire elle-meme un objet 
de coixiinerce. 

Aiijourd'hui la phipart des nations europeennes ont des fa- 
briques qui suffisent a tous les besoins de leur consoramation 
intcrieure, et qui rivalisent avec ilndustrie anglaise pour le bon 
marche et la (^ualite des produits. II en est resulte que depuis 
i8i5 , ia Grande-Bretagne an lieu d'aequerir les nouveaux de« 
bouches que reclamaient ses forces productives toujours crois* 
santes , a vu son commerce e]iteneur se restreindre progressi- 
vemeut; Uue depreciation generate des produits de ses manu-- 
factures en a ete la suite 1 et Ton peut voir par le tableau 
suivant emprunte a Touvrage de 31. Cay ley, que la valeur dea 
principaux articles a baisse de moitle depuis quinze ans. 

Taux de la depreciation des principaux articles de Tindastrie 
anglaise de 1814 ^ 1828. 

Quincailleries S4 poor ^/^ 

Lainages ^ . • • 40 — 

Toiles • 4^ -*-* 

Soieries 5a «*-* 

Cotons • 56 . — > 

£n presence d'une pareille baisse , les producteurs n'ont pn 
centinuer k travailler avec quelque profit qu'en diminnant con- 
siderablement les frais de fabrication. De nouveaux efforts ont 
ete tentes pour reduire encore Temploi de la main-d'oenvre, 
toujours plus chere que les agens mecaniques , et Ton y est 
parvenu en perfectionnant et en adaptant k roille usages divers 
la puissance illimitee de la vapeor. Mais les progres de la con-* 
sommation n'etant plus proportionnes aux progres de I'indus^ 
trie , le travail humain , ainsi deplace , n a plus trouve k s'em- 
ployer ailleurs; un grand nombre de bras sont restes in utiles, 
les salaires ont baisse, et commci suivant Texpression triviale, 
mais euergique de M. Cayley , les machines ne mangent pas et 
empechent les hommesde manger, les ouvriers sont tombes, 
avec leurs families, k la charge de la charite publique^ et la 
taxe des pauvres, qui n*etait que de 6 millions sterl. de 18 x i a 
281 5, 8* est elevee jusqu'^ 7 millions sterl. de z8i8 a x8ai. 

Les ecottomistes r^pondront qu'il fallait quitter les branches 
dHndustrie qui cessaient de donner des profits snffisans, et re* 
porter sur d'autres speculations la main-dVeovre et le9 capitaux. 



94 Eeanomie pMupte. N"" 43 

Mais 1» tabieati ci-desaus montre qfiie la deprddatien a frappd ' 
presquVgalement les divers prodiiils des manufactuiies anglaises^ 
et lous les canaux du commeroe etant ainsi eayorg^ en iiitoe 
tetmpa, oa ne voit pUs de cpiel c6te les fdrces surabondantM 4e 
la produetioB anraieiit pfi trouver une isstie. 

Dans oette situatiMi, iL n*est plus possible ^ findiistrie bri- 
tanoique d'acoroiti*e Ui masse de ses produits sans en diminuer 
encore la yaleur, et si i'on eoniinue k augm^nter la pnissanoe 
dos agens mecaniques, les saiaires baisseront dans la m^nie pro- 
portion; ear ^ lorsque la consommation et la production ne 
peuvtot plus faire de pregres , llsmplot (^es machineii n'a plus 
pour but de produire davantage arec le meme nembre d'ou- 
vriers , mats seulenent d'obtenir la ni^me quantite de produits . 
avec un notnbre d'ouvriers beauepup moindre. Alers le travail 
liumain se trouve deplace sans compensation ^ et les classes de" • 
la soci^t^ qui viVeht.de ce travail tombeut necessafjremem daits 
rinaction etla mi^re. 

Cependant M. CayLcy. rcconnait avec raisooqu'ilserait ab- 
surde de vcNiloi^ s'opposer.a Temploi etauperfectionneinent 
des machines; ear, ^uivant. L'observatton. tres-juste de Bf. Ri- 
cardo^ si Ton reussissait & arr^ter oes progres dans un li^u 
quelconqne > on ue pourrait y mfettre en miertie temps ebstaoie > 
dans les contrees voisines , et alors tout ce qu'on auraitobtenu * 
serait d'avoir plaed le pays retardataira dans un etat d*infinio- 
rite relative qui precipiterait sa ruine. 

' L'accmnulation des capitaux produit des resultats asses sem<* 
blables a eeux do Temploi des^m^chines ^ f ju plutdl ces deux . 
faits sont intimement lies Tun jl Tautre. Tout capital provient - 
originairement de la culture du sol. Tant que rhooime ne cul*- ^ 
tiv« la terre qu'aulant qu'il est uecessairr pour saorifier ^ ses 
premiers besoios, il n'y a pas 4e capital accumulc. Mais aiissitot 
que Tagrieulteur commence a produit>e plus qu*il ne pent coii- 
sommer^ il lui reste un superfiu qu'il emploie a Se pt*ocurer des 
objets M commodite ou d^ eonveoancey et par suite des objets . 
de luxe. Ces objets liii sont fourois par riadustrie manufactu- 
riere.qui absorbe aiusi les capitaux aecumules pdr ragricultUre, 
et au moyen des profits qu'i^Ile fait sur ces capitaux en> acc«- 
mule elle-meme de nouveaux. Tout ccla ne pcut avoir lieu > 
qu'ontant que I'ordre social est copstitae de manieric a ce qo*ii 



y ait Mcurite pcMir les profinetes et les persmmes. Car TaGca-^ 
mulation du capital ayant pour principe la sobstitutiun d'lin*/ 
jottissAfice- filcHgnee k une jouissance pruseote, il faut, pour 
sc resoudre 4 ce $aeriGec modocaitaiie, qu'on ait k^pea^pr^ la 
cerlitade d'en reoueillir pins tard ; les iraiu* De 1^ trieirt que 
chea les peuples p^u air ances dans la civilisation , ou agit^ par 
des revoindens et des giierres , les capitaux ne s*accutnuient 
poibty et que riodustrie ne pent se devdopper. Car Tindastne 
est a la fois la consequence necessatre et le signe infailltbla de 
racoumulation des capitaux. Les nations qui n'ont point de ca- 
pitaux acoumules sont fc^cees de vendre les prod aits bruts de' 
leor sol aux peuples oapitalistes, qui senis peuvent les mettre en 
Q^uvre. Cest ainsi que dans le moy^i 4ge les villes eomnfer- 
9aBtes de la Flandre et de I'ltaiie achetaieot les laines de TAji-*' 
glleterre pour en fabriquer du drap qu'elles retrendaie&t & touto 
r£iiropey et aux Anglais euxrtn^mes. G'esI ainsi qu'atijourd'h^I^ 
lea Anglais achetent aux Indiens et aux Ammcains des cotoiis*' 
l»ut$ qu'ilsleur reirendent manufactures. 

Lorsqu'un peuple jouit pendant plusieurs annees d'utie pain 
mm interrompne , raccumulation des capitaux 8'opk>e avec une 
rapidite etOBnapte« L'Angleterre doit k eette cause Tessor pro^* 
digieux que son commei'ce et son Industrie oift pns dansk d«r^; 
mere moitie du XVIIi^ siecle. Bepuis T^n^re d^ruttion da 
parti des Stuarts en 174^9 jusqu'a la declaration de guert*e; 
ccuitre la France en 1793, pas un coup de canon n'a ^(e tire 
sur le territQire de la Grande^Bretagne, et ancune-i^folulion' 
n'a ckunpromis sa tranquillity interieure* Aussi a^t-*eUe acctt- * 
mule d'inimenses capitaux qui se sont encore grossis des d^~ 
pouilles de Tiude conquise dans eette mem« periode. Pendant ' 
les guerres de la revolution francaise, le gouvemement bHtati- 
nique a depens^ ao milliards pour Tentretien de ses atttl^ ^ 
poor les subsides pafes k ses allies et peur le d^olemetit de ' 
forces maritimes qu'exigeait le blocus de TEurope. L^» capiraUx 
accunHiles par la nation ont stiffi k toules oes depenses $ its ont 
m^Ofie continue k s'aecroltre paries b^^Hees dii commerce que 
la situation deplorable des autres peitples livrsiit san!! eoticnr- 
relice aux negociane anglais , et la Grande>Bretagne est arrived 
ainsi A ia fin de la guerre en iBt5 avec line masse ^nortne de 
capitami accnainl^ dans les fouils publics^ et une auiipe massed 



g6 Econtkmie pubUque* N^ 4^ 

plus considerftblc. encore engagce dans les manufactures et le 
commerce citerieur. 

Des les premieres annees de la paix, la cessation des depeoses 
qu'enirainait Tetat de guerre rendii unc partie de ces capitanx 
inutile; ils se reportercnt sur Vindustrie, et y occasionnereiit nn 
encombrement d'.iutant plus fdcheux que, loin de pouvoir 
s'ouvrir denouveaux debouches , elle commen^ait h rencontrer 
sur le continent, par les causes que nous avons indiqnees plus 
haut , line rivalite de plus en plus redoutable. 

Pendant dix ans de paix generale , Taccumulation des capi- 
taux continua avec plus d*activite que jamais, non-seulement 
dans la Grande-Bretagne, mais dans TEurope entiere. Tons les 
documens statistiques rassembles dans le Bulletin des Sciences , 
depuis son origine, sont autant de preuves de I'essor imprime 
k rindustrie et au commerce sur tons les points du continent , 
de la baisse de Tinter^t de I'argent , de la hausse simnltance de 
tous les funds publics dans cette periode. Nous citerons settle- 
ment Texemple de la France oOi les richesses accumulees par 
la nation de i8iSiii8a5 ont convert des emissions suocessives 
de rentes s*elevant en capital , d'apr^s le taux moyen des cours 
de la bourse , h plus de a milliards , ont porte ees rentes au 
pair, ct ont en butre double les produits de toutes les ma-» 
nufactures et augmente la valeur de tous les genres de pro-^ 
priet^s. 

En A.ngleterre, la masse des capitaux elait devenue si consi-* 
derable en 1825, qu'apr^s avoir convert une dette publique de 
20 milliards, apres avoir fourni k tous les besoins d^une industrie et 
d'un commerce dont le mouvement annuel embrassait pour §5 
millions st. (deux milliards environ) dfe valeurs exportees ou 
importees> ils se precipitaient pour trouver de Temploi dans 
des entreprises de toute espece, dont la plupart offraient peu 
de chances de succes. On vit alors se former a a compagnies 
pour les chemins de fer, za pour Teclairage par le gaz, 18 
pour I'exploitation des mines etrangeres , 8 pour Texploitation 
des mines de TAngleterre , et 53 pour divers objets, dont les 
capitaux reunismontaient a iao,ooo,ooo st. , ou 3 milliards 
de francs; une compagnic ajant demande 0,000,000 st. 
pour un chemin de fer, les offres d^pass^rent en deux jours 
i6jOOO)Opo 8t, On vit aussi ce que nous avons vu en France a 



Economic puUiguBm gy 

la mtoe «poque» les ooostructions de bAdmenft se miiltiplier 
au-dela de toute proportion raisonnable, etde iiouy«auxq«iat- 
tiers s'elcver comme par magie dans les grandes villes^ poor 
resler ensiiite presque inhabites. Enfin , toute cette actitit^ in- 
terieure ne suffisant pas encore poar absorber la totaUte des 
capitauK disponibles, ils emigrerent, et allerent chercber hon 
du pays les speculations les plus hasardeuses et les plus loin«9 
taines. £n quelques annees, TAngleterre foumiti6 millions st. 
( /|Oo,ooOyOoo fr.) pour Texploitation des mines de I'Ameriqu^ 
et 47 iB 1 5,000 St. ( 1,195,000,000 fr. ) pour les emprunts etranr 
gcrs. Les Grecs sous le sabre des Turcs, les Cortes sous le cft* 
non de la France, le Cacique des Poyais lui->m4me, tronv^ent 
des preteurs qui s'enopresserent d*echanger des valeurs reelles:, 
ma is inactives , contre des esperances iUusoires. Ces operations 
extravagantes ont eu.le sort auquel on devait s'attendre. Dans 
presque tons ces emprunts, les . preteurs ont perdu plus de 5o 
pour ^/o sur le taux de remission primitive ; dans quelquesnuns 
meme, ils n ont retire ni capital, ni interet, et des centaines de 
millions ont ainsi disparu de la circulation non-seulement sans 
laisser dc vide, mais m^me sans que Fencombrement en ait ete 
aucunement diminue. II semble qu'en presence de ces faits,.il 
faudrait uier Tevidcnce, pour ne pas admettre que, depuis 
x8!k5, la masse des capitaux en Angleterre a ete trop conside- 
rable pour les besoins du pays. 

M. Cayley pretend que les progres de la richesse publique 
doivent amener assez promptement ce resultat, toutes les fots 
qu'ilsne sonl pas interrompus paries revolutions ou lesguerres. 
Car les capitaux doublent en 20 ans, avec Tinteret legal de 5 
pour ^/o, et en 10 ans, avec les profits ordinaires de rindostrie 
et du commerce, tandis que, d*apres une moyenne prise sur 
tous les grands etats de Tfiurope , la population ne double que 
dans Tespace de 60 ans. II est done impossibje qu'en temps de 
paix lequilibre ne soit pas bientot detruit entre les besqins de 
la population et la masse des capitaux destines k y satisfaire. 

M. Cayley fait observer, en outre, que la. substitution des 
machines au travail humain est tres -favorable k Taccumulation 
des richesses. £n effet le capital circulant, employe k payer la 
main-d*oeuvre,se consomme a mesurc qu'il est debours^, tandis que 
le capital engage dans la construction des machines se conserve 

F. Tomb XXV. — Janvwr i 83 i . 7 



g% tfeoMfnie publique. N'^ 43 

tant qu'elles ne sont pns detruites. D'an autre cAk^, plus les ca- 
pitaux 8'accaniulent , plus Vusage des machines deviant nc- 
tMsaire; ear Peffet inevitable de Taccumulation des capitaut 
eil la baisse des profits ; cette baisse force les producteurs \ 
ohereher tous les moyens possibles de produire da vantage avec 
moias do ftrais » et ces naoyens consistent toujours k remplacer 
lea ferees vivantea, qu'il faut nourrir, par les forces materieiles, 
* qui Be ocHMomment point Ainsi, la puissance des capitaux et 
fwlle des agena m^eaniqnes reagissant Tune sur Tautre, doivent 
finir par ameiiev un eaeombrement g^n^ral, dont le r^sultat est 
la bakse irrtoMiable des profits et des salaires^ ou la g^nepoitr 
lea ricliet et la mls^re pour les paurres. M. Gayley a voulu 
prouder que lei est ^tat aetuel de TAngleterre, et il nous paraft 
J avoir i|ssea bioa reussi. 

Dans le %^ ehapitre de son ouvrage, il s'est propose de de- 
moBtr«p que la production des objets manufactures dans la 
Grande-Bretagiieestactttellement trop forte pour la consomma- 
don. Gette proposition a beauooup de points de contact avec les 
deux premieres ) elDs en est mime inseparable. En effct , si I'on 
ne pouvait jamais produire trop , la multiplication des machines 
•t Faeenmulation des capita ux ne pourraient jamais ^tre pons- 
«dea trop loin. M« Cayley combat I'objection des economistes^ 
qui preteodent que Ton ne pent produire trop, parce que, si la 
production depasse les besoins, il n'y a plus de profits pour les 
produeteurs, et qu'alors ils cherchent un autre emploi pour 
leur Industrie et lenrs capitaux. M. Cayley reconnait qu*il est 
«fi)Betiveraent impossible qii'on produise long<temps an-del& 
des besoins ) mais il soukient que, dans ce cas, la productioh 
aurabondanle eeose plut6t par reuti^re destruction des capi- 
taux, que par leur transport d*un emploi k un autre. Cela est 
vraiy surtout d*un pays oil le travail se fhit en grande partie par 
les fMehiBesi car le capital eirculant employe en salaires pent 
indillereiDnfient ^tre applique k toute esp^e de travail, tandis 
qu'oii ne pcut donner aux machines une autre destination que 
oelle pour laquelle elles ont ete eonstrnites. Ainsi^ les capitaux 
eog-iges dans leur construction perissent entierement, si le ma- 
Bufacturier abandoDiie la branche d'indnstrie h. laquelle il s'e- 
tait voue. Del^ vient qu'on voit sou vent des fabricans travailler 
pendant long-temps sans profit ou n^eme avec perte, parce 



Economie puBtiqUe. \42?MW 

qu*ils tie pdurraient cesser tout-&-fait leurs traviux sans itne 
ruiiie complete , et que Tesp^rance, si profondement cnraciiii^ 
dans le cmur dc I'homttie, les porte ik ^edoubler d'efforts pour 
rctarder au moins I'instant de leur cbnte^ de m^me qu*un ma^ 
tetot naufrage au milieu de I'Ocean, lutte contre les Bots tant 
qu'il lui teste des forces, quoiqu'il n'ait ancune chance d'al- 
teindre !e rivage. 

M. Cayley nie d'ailleurs qu*i! soit loujonrd posi^ible aux pro- 
ducteurs en changeant dindustrie de tronver line branche ndtt- 
vcHe qui leur oflVe des profits avantageux. La preure en e^t 
que souvent les capitalistes, aprds avoir impulse toutes les res- 
sources de rintclligence humaine pour trouver un emploi pr^ 
fitable de leurs foAds , finissent par les porter a I'etrangef) ou 
par les risquer dans des speculations extra¥«gantes , conime Ms 
out fait to Angleterre et m^me en France en t8a5 (i); ce qui 
n'arnverait siirement pas s'il y ayait un mojen quelconque 
d'employer avantageusement dans Tintetieur du pays cet excl^- 
dant deforces productiYes. 

II n*est done pas Trai qu'une production surabondante troute 
loiijours son remade en eile-m^rtie. An contraire , lorsque les 
producieurs voient leurs profits diniinuer, ils sont obliges de 
chercher k produire davantagepour compenscr par la quantite 
ce qn*il$ perdent sur la valeur. Si le prix des tissus dc eoton, 
par exemple , vient i\ iiaisser de moitie, les manufacturiers se- 
ront forces d'en fabriquer deux fois plus pour r^aiiseria meiAe 
somme d'argent. Ainst^ la depreciation des objets manufactdres 
necessite dans les fabriques un redoublement d'activite qui avi- 
lit encore la roarcbandise, et la baisse se prccfpite avec une in- 
tensite toujours croissante, comme le mbuvement des corps pe- 
sans dans leur chute. 

Lorsque les choses en sont h. cc point, on concoit qu'il pcut 
arriver* que les produits de Tindustrte d6passent de bcaucoup 
les besoins de la consommation, et un grand nonibre (Te fails 
recens he perniettetil pas d'^n douter. 

Le m6me cncombreiuent ne pent exister au moins pendant 

(x) La Hollande a eproave la m^iae chose dans le conrs da i8^ siecte. 
En 177S lescapitaax sarabondausnetrontantplos d'eniptoi arantageox 
datis le paya, etaiect passes k I'^tranger, et les Holtandais aVafeot pdur 
03i|OOo,ooo St. d» fonds places tn Anghterrt et vu PAmce. 






,'jeo '• . Eeonomie pubUque. N^ 4^ 

long^emps poor les produits de ragricultnre, surtout pour 
ceux de premiere necessitey tels que le ble, parce qu*ils creent 
eux-m^mes lears consommateurs. Si la production du bie dou- 
ble dans un pays , la population ne tardera pas k y doubler 
^alement. Mais TAngleteiTe pourrait produire quatre fois plus 
de tissus de coton qu'aujourd*hni, sans que le pays p^t nourrir 
uii homme de phis, et, par consequent, sans que le nombre des 
consommateurs y f&t augmente. Cette observation nous con- 
duit h la quatrieme proposition de M. Cayley, qui n'est que la 
troisi^me reproduite en d'autres termes , savoir , que la con- 
sommation n'a pas ete dans ces derniers temps proportionnee a' 
la production. 

A ce sujet, M. Cayley combat encore un axiome des econo- 
. mistes, qui ont pose en principe que,, la consommatiqn se met 
toujours ad niveau de la production, parce qu*k mesure que les 
produits deviennent plus abondans, leur prix baisse, et que la 
facilite qii'on trouve k se les procurer permet d en consommer 
davantage. Cela pent etre vrai lorsque la baisse des prix n'est 
pas accompagnee de celle des salaires. Dans ce cas, Touvrier 
recevant la m^me semme, et achetant k meilleur marclie, peut 
accroitre sa consommation. Mais, quand la baisse des prix est 
occasion^e par la diminution des salaires et des profits, alors 
quelle que soit la depreciation qui en resulte , la consommation 
ne peut pas en etre augmentee, parce que les producteurs qui 
forment partout la grande masse des consommateurs, se trou- 
vent appauvris dans la meme proportion. Ainsi, supposons que 
Tinvention d'une nouvelle machine permette de diminuer le 
prix des tissus de coton d'un tiers, eu baissant egalement d'un 
tiers le prix de la maiu-d'oeuvre ; il est evident que Touvrier ne 
sera pas pour cela en etat dc se procurer une chemise de plus, 
puisque, s'il peut acheter k meilleur marche,il aura aussi moins 
d'argent h depenser pour ses besoins. Cette cause d'appau- 
vrissement finit meme par atteindre les possesseurs de revenus 
improductifs , ces revenus etant toujours preleves sur les pro- 
fits des producteurs. Quant aux agriculteurs, leurs recoltes 
etant consommees en grande partie, sur tout chez les nations in- 
dustrieuses, par la classe ouvriere, si les salaires de cette dasse, 
baissent, elle est moins en etat de payer les produits du sol k 
un taux eleve, et le cultivatetir perd plus par la diminution du 



'» • 



£conamie puiUque* loi 

jyrix des grains, qti*il ne gagne par le bon marche des objets 
manufactures. 

II serait interessant de rechercher s'il est vrj^i en fait qne la 
qonsommation des produits de Tindustrie en Angleterre n'ait 
pas augmente en pro{>ortion de la baisse qui a frappe ces pro- 
duits. II parait que Ics elemens ont manque k M. Cayley pour 
resoudre la question sous ce point de vue ; il s'est bom^ k don- 
ner un tableau des variations survenues depuis trente ans dans 
la consommatioil des objets soumis a Taccis^rCe tableau pr6- 
sente pour troisepoques, avant, pendant et apr^ leg gucfrres 
de la revolution francaise , la consbmmation moyenne de dix 
mille personnes, calculee en tenant compte de raccroissemeht 
de la population. 



^ 


CONSOMMATION MOYENNE de 10,000 personnes prise sar trois annees 1 

finissant en . 1 




Tabac 


I79I. 

• ■ I 


180 3. 


1828. 




S.800 lb 


10.630 

6,6.10 

2,480 

2,780 

1,970 

19,300 

/tU. . .•.'. 

3,150 


9,200 
4,540 
1,090 
2,750 
2,050 
16,700 
9,450 
2,750 




Vin 

Eau-de>Tie 


6.650 erallons.. 




2.060 callons 




RhuiD. ..... 1 


2.300 Fallout 




Saere.. 

The 

Cafe 


1,490 e<rU 




14.770 lb 








Drdche. 


3.920 Quarters r 




\ 


f 



II resulte de ce tableau que la coiksommation du vin , du ta- 
bac, de Teau de vie, du the et de la bij^re, a sensiblement di- 
minue dans la derniere periQde.Mais il est juste de remarquer 
que cette diminution parait correspondre a Taugmentation des 
taxes dont chacun de ces articles a ete greve. N^anmoins M. 
Cayley en tire la consequence qu'en augmentant la valeur du 
travail, on donne k la classe laborieuse les moyens de consom- 
mer une plus grande quantite de produits imposables, et qu'au 
contraire en diminuant la valeur du travail , on 6le k la raeme 
classe les moyens de consommer ces produits. Il ajoute que, si 
la baisse des salaires tend a diminuer la consommatlon , elle a 
en meme-temps pour effet,d'augmenter la production. Gar 
I'ouvrier qu'ou paie moins, est oblige de.travailler dayantage 
.pour subsister^ et par consequent de produire plus k proppr- 



iQfk EcoHomie pubUqfi^ N^ 43 

tioirqa'U est moifls en etatde consommer, II suit de 14 que le$ 
maux resultant de Texces de production , s aggravent par Icurs 
i»n$eqiieiices meroey en sorte qu*une crise generale sembie 
jiouYoir seule en arceter les progre$. 

En resuroant les quatre premiers chapitres de M. Cayiey , on 
peut cQuclure des raisonnemens et des faits qu'ils contiennent , 
que TAngleterresetrQuve actuellement dans un etat de malaise 
qui la menace de grands desastres et que cet etat provient du 
dqveloppement ^ugere donne aux forces prod uctives de la na- 
tion pendant viugt-cinq annees de guerre qui ont exige le de- 
ploiement de toutes ses ressources et qui lui ont Uvre sans 
concurrence le commerce de Tunivers. £n i8i5 , la paix ayant 
ete retablie en Europe^ et la demande des produits des manu- 
factures anglaises ayant ete successivement restreinte par les 
progres rapides que les autres peuplcs out faits dans Tindustrie, 
TAngleterre a eprouveune sorte de plcthorequi a toujours ete 
en s'aggravant et qui a donne naissance k tons ies^maux dont ic 
corps social a sonffert dans cette periode. Les capitaux et les 
forces prodactives de la nation ont depasse les besoins de sa 
consommation et de son commerce ; de \k une baisse dans les 
profits qui a diminue Topulence de la classeriche, et une baisse 
des salairesqui a reduit la classe pauvre au dernier degre de 
misere. Ce double resultat ^est constate par les deux tableaux 
suivans dont Tun montre raccroissement du nombre des ban- 
queroutes , et Tautre celui de la taxe des pauvres de 1 8z5 ii 1 821 . 
Tjaux moyen annuel de la taxe des pauures^ 

de 181 1 k i8i5 6,^23,17831. 

de i8i5 a 1818. 6,8449^90 

de 18^18 k i8ai 7,273,289 

"Nombre annuel des faillites declarees. 



1814 1893 

i8i5 2886 

1816 3263 

1817 3548 



1818. 3484 

1819 3352 

1820. . . * . . 4ot2 

I82I. ^299 



Onpeut joindre a ccs deux indices de I'appauvrissement gene- 
ral la baisse des fermages qui a reduit de pres de moitie les re- 
veniis des proprietaires fonciers. 

M. Cayley , voulant chercher un remede a ces sQuffrances, a 
pens^ qu'ellps proveqaient en grande partie des changem^ns 



EfiOHomie publiqu/^ ia3 

operes dans la circulation monetaire par le biH dit de M. Peel 
en 1 8 1 9. Ce bill statuait qu'a Taveoir less offres legates de paie- 
meat ne pourraieot $e faire qu*en monnaie d'or; son objet etait 
de retirer d^ la circulation le pa^er monnaie dont eUe etait 
surcbargee, et d'y faire rentrer les especes metaUiqoes qui 
avaient presqu'entierement disparu. £n effete pendant les guer- 
res de la revolution, TAngleteiTe $*etait trouvee sous ce rap- 
porty dans iine position ties genante. D'une part,.elle etait 
obligee d'exporter une grande quantite de numeraire pour les 
subsides quelle payait aux puissances du continent; de rautre, 
Tessor imprime ^ son commerce et h son industde entretenait 
dans Tinterieur du pays une drculation tres active et an be- 
soin pressant de signes d'echange. De \k resulta la necessite de 
suppleer k la rarete des especes metalliqnes par du papier 
monnaie que fournirent en abondance les banquet nombreuses 
qui s'etablirent sur tous les points du territoire. Mais lorsqu'on 
emploie un signe d'ecbange aussi facile k fabriquer que le pa- 
pier, il est impossible qu*ilne se muitiplie pas audelk desbe- 
soins de la circulation , et cette cause jointe aux demaiides 
toujours croissantes de la guerre et du commerce, ocoasipQa 
un rencberissement general dc tousles produit&de ragricuUure 
et de rindustrie^ ou, pour mieux dire , une depreciation du nu- 
meraire telle que les prixfurent doubles, et qu'il faliutdeux 
oncGS d'argent pour acbeter le boisseau de ble qui depuis an 
siecle represente k peu pres en Europe la valenr 4 une once 
d'argent. (i) 

Get etat de cfaosea fut sans inconvenient tant *qoe durerent 
les circonstanccs qui Tavaient amene. Mais locsque ces circon- 
stances cbangerent tout-a-couppar'la pacification de idx5, il 
s'opera une reaction inevitabla La liberte des communications 
etant retablie, les Anglais ne purent conserver k keur numeraire 
une.valeur ech^ngeable si dilTerente-de celle qui ^tait admise 
par les autres peuples. La meme quantite d'or et d'argent qui 

(i) Avantlagaerrede 1787 a 179a , le prix moyenda boisaean debU 
^tait de 6 ah. 5 d. ; pendant la goerre dt\%o^ ^ i8i3y]e prix moyeB 
fot de 1 4 fih» 4 d< ; ap»^ la j^iienr^, en rSao, 6e pfiixredcteendk k 8 ib.'O d. 
L^ prix de too tea les deorees aaiiiK6iit ipen ptkmlk mdmepepgtfaaioiKOB 
trppve dam TooTrag^ d« M. Cayky on tableau fort corieas d«a Tariatiens 
des prix de x8q3i a iSaa . 



.to4 Ecpnomie puhlique. N^ 43 

n'acheUit en Angleterre qu'uh boisseau de ble , pouvant en 
acheter deuxsur le continent; rien ne put empecherles metaux 
precieuxdesortirdupaysetd'aller chercher ailleurs un emploi 

'plus pfofitable. Le pen d'or qui restatt dans la Grande-Breta- 
gneachevades'ecouler.La nation decouvrit aveceffroi que son 
systemede circulation interieure reposait sur une fiction qu'il 
etait impossible de soutenir plus long-temps , et que le papier 

'devenu Tunique instrument de ses echanges ne represent 
tait plus aucune valeur reelle. La panique se prononca ; on se 
crut menace d'une banqueroute generale; I'edifice social parut 
ebranl^-. Ce fut alors que pour prevenir un desordre imminent 

-et pour calmer Teffroi public, le Parlement adopta le bill deM. 
Peel, qui sopprimait la circulation en papier et retablissait 
la circulation en or. 

" Mais ce grand changement ne put s'operer sans trouble et sans 

' secousses. Un signe d'echange rare et cher se trouvait substi- 

~ tue tout*A-<;oup k un signe abondant et sans valeur. A la de- 
preciation succeda la rarete du numeraire; tous les prix bais- 
serenten m6me-temps ; les fermages, les profits des capitaux, 
' les salaires diminuerent de moitie ; les revenns des proprie- 

* taires, des producteurs et des ouvriers, furent reduits dans la 
~ meme proportion. Une seule classe, celle des rentiers, posses- 

seurs derevehus fixes , s*enrichit au milieu du desastre general. 
Les' gains que fit cette classe ne doivent pas se mesurer $eu le- 
nient sur I'eUvation du prix des fonds publics ; ils se grossirent 
encore de toute la difTi^rence survenue dans la valeur ^chan- 
geable du numeraire par suite de la baisse gen erale du prix des 
objets de premieire necessite. Ainsi un capitaliste avait achete 
' en i8i 3 une rente 3 pour loo anprix de 57 1. st. 7 sh; cette meme 
rente valant en i8ai 7a 1. st. 17 sb, il avait gagne 14 pour 100 
sur le capital debourse par lui huit ans aupa^avant. Mais son 
benefice ne^se bomait pas 1^; le ble vaTant en 181 3 14 sh 4 d. 

* le boisseau , les 5 7 1. st. 7 sh. , prix de la rente h. cette epoque, 
representatent seulement 80 boisseaux de ble , et le ble 
etant'tombe -^ 6 sh.:6 d. lebois^^aa en'i8ai-,leprix de 7ai.st. 
27 $h. qtie la bmte avait alots atteint , representait a 24 bois- 

" seaux de ble. Le rentier avait done gagne par le fait pr^ de 
^00 pour ^/q. Quant aux capitalistes qui avaient prete 11 des par- 
ticuUers ^ la valeur nominale de leur capital ne pouvait etre 



Economic pubHque. i«5 

augmentee, puisq'ue cette valeiirest ordinairement fixee par le 
contrat. Mais en recevant en apparence la nieme somme, ilsre- 
cevaientreellementune valeur eoliangeable double de celleqni 
leur avait ete emprtnitee dix ans auparavant. Ces benefice^ ne 
purent^tre realises par leg poss^sseurs de revenus improdac- 
tifs, sans augmenterconsiderableinent les charges desproduc- 
teurs. D^abord, pour payer les interets de la dette publique, 
on fut oblige de niaintenir apres la paix les iinp6ts au roeme 
tawx que pendant la guerre, quoique par la baisse de tous les 
produits du sol et des fabriques, les rcssources des conlribua- 
bles eussent ete dioiinuees de moitie. En second lieu les pro- 
prietaires dont les biens ^taient greves d'hypolheqoes , ne 
purent s'acquitter deleurs obligations qu'en payant une valeur 
double de celle qu'ils avaient recue. De III les souffrances de la 
propriete fonciere , la diminution de la consommation , la baisse 
des profits, des salaires, des fermages, et, par ^uite, I'etat de 
gene et de misere dont se plaignent aujourd'hui toutes les 
classes de la nation. 

M. Gayley ne balance pas k attribuer tous ces maux au bill 
de M. Peel, et propose en consequence de rctablir la circula- 
tion legale du papier de banque, ou, ce qui rie^yiendrait h. p«u 
pres au m^me, d'alterer le titre desmonnaies, soit par ralllage, 
soit par la reduction du poids , de maniere ^ ce que Tonce 
d'argent monnayee val&t 8 sh. 6 d. au lieu de 5 sh. a d. 
qu*ellcvaut aujourd'hui; et Tonce d*or 6 1. st. au lieu de 3 1. 
St. 17 sh. 10 d. 

Par cemoyen il est evident que les impots, la dette publique 
et les charges de la propriete , en conservant le mdme 
taux nominal , seraient par le fait reduits k moitie, et que 
les revenus des capitalistes et des rentiers seraient diminues 
d'autant, M. Cayley a lui-meme si bien pievuce resultat qu'il 
presente, comme Tequivalent de ses deux premieres proposi- 
tions, un troisieme projet consistant k reduire de moitie, pvr 
une loi, la valeur nominate de Tinter^t etdu capital de la dette 
publique, etmeme desdettes particulieres contractees avant la 
paix; ce qui en effet produi rait absolu men t les memes conse- 
quences que le changement oper^dans le rapport do numeraire 
avec toutes les autres valeurs, par Talteration des especes me- 



io6 EeonouM publique. N^ 43 

talliques ou par remission subite d'une graude masse de pafiier 
monnaie* 

On s'etonn«ra peut-etre qu'un homme honorable, un piibli- 
ciste eclaire ait mis en avant et soutenu, avec une cbaleur et 
une puissance dc logique tres- rcmarquables, de pareilles pro- 
positions, qui ne tendraient k rien de moins, il faut ie dire, qu-a 
conseiUer aux gouvernemens et aux particuliers, pour retablir 
leurs finances, de se faire banqueroatiers ou faux monnayeurs. 
Nous n'avons pas la pretention d'enoncer une opinion sur |e 
bill de M. Peel au sujet duquei les meilleurs esprits de TAnglc- 
terre sont encore di vises. Seulcment il nous semble que ce bill 
ne peut etre accuse d'avoir ete la cause unique du rencherisse- 
ment du numeraire. Probablement, lorsqu'il fut adopte, le inii- 
nistere et la majorite du parlement britannique penserent que 
la circulation du papier monnaie ne pouvait plus se soutenir, 
parce que les espeoes meUlliques qui lui servaient de garantic 
s'etaient rapidement ecoulees hors du pays ^ussitot que la 
liberie des communications leur avait permis de se porter sur 
les marches ou el les trouvaient un emploi plus avantageux. 
Geux qui deplorent aujourd'bui les changemens operes par le 
bill de M. Peel auraient voulu que la vaieur echangeable du nu- 
meraire continudt k etre, en Angleterre , differente de ce qu'clle 
etait dans le reste de I'Europe ou , en d'autres termes, qu'il fal- 
lut toujours deux onces d'argent pour acheter, en Angleterre , 
le boisseau de ble, qui n'en valait qu'une sur le continent. 
C etait desirer Pimpossible ; quelques efforts qu'on fasse pour 
s'y opposer, la valeur echangeable du numeraire doit necessai- 
rement finir par prendre k peu pres le meme niveau chez tops 
les peuples qui ont ensemble des relations habituelles. Pendant 
les guerres de la revolution , TAngleterre n'ayant presque plus 
de rapport avec le continent, avait pu se creer un systeme de 
circulation monetaire a part et se servir d'un signe d'echange 
deprecie. Mais des que la paix eut rendu les communications 
libres, la hausse factice occasionee par Tabondance du papier 
monnaie ne pul se maintenir, et les prix de toutes les marchan- 
discs durent tendre k se rapprocher du taux ordinaire des mar- 
ches europee&s. On peut meme dire que Tequiiibre n'est pas 
eneore tout -a -fait retabli, pui6C[ue les choses necessaires k la 
vie se vendent aujourd'hui meme dans la Grande-Bretagne a 



JSoon^mie jmiH^ue. taj 

an prix plo$ ekveque sur le coatio^it; que ks Aoglaifi troii-. 
vent de recoaomie a depen^er leurs reveous hora de leur pays; 
lei qua Tor est mcdus cber k Loudres que iur toutes les aiitres 
places de eoromerce (f ). 

Le bill de M. Peel a ete plutdt Feffet qiie lai cause de la reac- 
4ioa qui a frappe de[>uis i8i5 le commerce et U riehesse de 
FAi^lelerre. Peul-etre a-t^il seulement contribu^ k en af^aver 
les coQseqn^ices en substituant brusquement k un papier abo«^ 
dant et sans valeur le pkis rare et le plus cher dea signes d'e- 
change, Tor, 1^ rexdusion de I'argent qui joue le principal rMe 
dans le syst^me monetaire de tous les etats du eontinent (a). La 
* monnaie d'or se prete moins fajcilement que celle d'argeat aux 
transactions multipliees d'un eommerce actif ; elle offre plus 
d'appAt k la frande et il est plus aise de la d^naturer ou de Tex- 
porter. Sous tous ces rapports Targent toerite la pref(§rence qui 
lui a ete accordee dans Tfiuiope entierc, et lorsque i'Angleterre 
reprity en 1819, les paiemens en numeraire metallique, sa si- 
tuation semUait lui commander, au moins ^ de choisir pour 
principal agent de circulation un metal qui s'ofTre comme in- 
termedial re naturel entre le papier et Tor. 

Quoi qu'il en soit, il nous parait douteux que le retour au 
papier monnaie suffitpour arreter aujouid'hui dans la Grande- 
fire tagne la baisse generate des valours dont les grandes et ve- 
ritables causes ont ete parfaitement developpees dans les quatre 
premiers ehapitres de Touvrage que nous analysons. 

Fins la monnaie est abondante, dit M. Cayley, relativement 
k la quantity de produits en circulation , plus le fH*ix de ces 
produits est eleve. Cela est vrai si Ton ne veut parler que du 
prix nominal, de la valeor estimee en numeraire } mais la valeur 
r^lle, la valeur echangeable des marchandises n'augmentenul- 
lemenft par Tabondance de la monnaie. 

Si la proposition de M. Cayley etait aceueillie, si le gouver- 
nement alterait le titre legal des especes melalliques^ ouy ce qui 
revient au meme, ^i\ depreciait le numeraire par une emission 

(i) A ia fin He 1829, d'apr^stes cfalfFres cztraits da Times par M. Gnyleyy 
Tor ititii flweUw k Paris d*i poor 0/0; 4 Amttardam d*i 3/4 pour 0/0, 
^ k Hambonrg da a i/a poar a/o qu'k Londras. 

(a) Lea ofTcaa legaka oe coot admii^s en argent dans la GffApde-^retagne 
^oe poar Ua aoomca ioii^rieurca a 4 o ah . 



noS Eeonomie publique. N^ 43 

de papier monnaie^ il en resuUerait sans doute' que le h\e se 
vendrait an prix nominal de 14 sfa. le boiteeau au4ieu de 7 sh. ; 
mais la valeur reelle du ble ne cfaangerait pas pour.cela; on 
n'aurait pas pour un boisseau de ble une plus grande quantite 
d'etofTes, de bois, de viande ou d'autres produits du!sol et de 
rindustrie. Le prix de tous ces produits hausserait dans la meme 
* proportion et leur valeur relative resterait la m^me qu*aopa- 
ravant. II n'y aurait de change que le rapport du numeraire 
avec toutes les autres valeurs , et a la[ faveur de ce changeteent 
les debiteurs pourraient s'acquitter envers leurs creanciers en 
leur pay ant une quantite d'or moitie moindre que celle qu'ils 
auraient empruntee. 

C'est ce qui est arrive en France au temps des assignats, et 
au moyen dge, lorsque les rois cherchaient iine ressource pre- 
caire dans Talteration des monnaies. L'experience a toujours 
prouve que cette alteration ne pent avoir d'autre effet que de 
legitimer la banqueroute, et M. Cayley I'a si bien compris qu*il 
presente lui-m^me comme I'equivalent de ses deux premieres 
propositions celle de'r^duire h, moid^ les dettes publiques et 
particulieres. contractees avant la paix. 

La question ainsi simplifiee est plus facile k resoudre; il s'agit 
seulement de savolr s'il pent etre avantageux pour une nation 
dans un cas quelconque de manquer k ses engagemens. M. Cay- 
ley paraitcroire que le gouvemement britannique pourrait, 
sans mauvaise foi , reduire arbitrairement I'interet ou le capital 
des rentes possed^es par ses creanciers nationaux, parce que 
cette reduction equivaudrait k une taxe sur les revenus des 
possesseurs de rentes ^ et que tous les sujets d'un etat doivent 
etre egalement tax^s pour les besoins publics. En.m^me temps 
il convient qu'on devrait, dans tous les cas, respecter integra- 
lement les droits des creanciers etrangers. Nous ne pensons pas 
que la morale ni la politique puissent justifier une pareille dis- 
tinction. Lorsqu'un gouvemement contracte un emprunt^ les 
capitalistes qui traitent librement et de gre k gre avec lui n'a- 
gissent pas comme sujets; ils imposent ou acceptent des condi- 
tions que les deux parties contractantes s'engagent k observer 
religieusement et que I'une n'est pas plus fondee a violer que 
I'autre. Les gouvcrnemens levent des imp6ts sur leurs sujets ; 
lorsque ces imp6ts ne leur suflisent pas, ils emprun tent; mais 



EcQ/iOfHie puHiqu^w 109 

alorft ce n*est plus de leur autorite qu'ib se servent pour se 
procurer de I'argent ; ce n'est plus k robeissance qu'ils en ap- 
pellent, ils ne fout valoir que leurs litres ^ la confiance. Le pr^ 
teur est, a proprement parier, une puissance etrang^re qui 
traite avec Tetat sous la protection du droit des g^ns^ et lorsque 
ce preteur est un simple particulier qui n'a pas d'armiees a ses 
•ordres, le droit des gens doit etre aussi respect^ en sa personne 
que dans, celle d'un souverain dont les pretentions jseX'aient ap- 
puyees.sur la force des armes. II est facile sans doute k une na- 
tion de. depouiller un individu en refusant d'ex^uter les con- 
ditions sons lesquelles elle a cohtracte avec lui. Mais ces spolia- 
tions 9 en taiissant les sources du cr^it^ toument toujours au 
detriment des peuples ou des rois qui se permettent un aussi 
honteux abus de la force. 

La.mauvaise foi ne serait pas raoins evidente si on levaitun 
imp6t sur les revenus des rentiers. Car, lorsque T^tat s'est en- 
gage k payer 5 fr. de rente a un capitaliste, il lui fait exacte- 
ment le meme tort, soit qu'il reduise cette rente a 3 fr. (i) ou 
qu'il en retranche a fr. a titre d'imp6t. 

Quant aux taxes qu on pourrait etablir sur les revenus des 
capitaux prates aux particuUers, ce ne serait qu'une nouvelle 

• charge imposee k la propriete, puisqu-il en resuUerait seulement 

• que toutes les fois que Ton contracterait un emprunt, le preteur 
> aurait soin d'ajouter aux interets exi^bles le montant de la 

taxe. 

M. Gayley s'appuie fortement, pour justifier ses propositions, '^ 
sur les profits ^normes que les capitalistes ont faits depuis la 
paix par le rencherisseraent du ' numeraire. Mais les proprie- 
taires avaient fait, pendant la guerre, des gains non moins 
exorbitans par la depreciation du papier monnaie , et si leurs 
immenses revenus sont maintenant reduits par suite de la baisse 
des prix qui tendent k se rapprocher du taux commun des mar- 
ches de I'Europe , c'est une reaction inevitable k iaqueUe les 
mesures proposees ne remedieraient pas. Gar la banqueroute 
peut etre profitable k des individus ou k des classes privilegiees^ 

(i) II est inatile de dire qa^il ne s'agit ici que de la redaction arbt« 
' traire du tanx de la rente et non de la reaction avec offre dc rembourse-' 
- menty cette demiere eunt an droit qai appartient k toot debitear k moina 
de attpolatioiis contraires. 



t to Eeonomie puMiqm. N^ 4*^ 

mais elle ii'«sc jamais utile ^ la miisse d'uiie nation; die n'aug^ 
mente pas lees richesses ; elle les deplace et ce deplacenMDt n^ 
s*op^i*e pas sans des perturbations funestes. 

Ce chapitre de Touvrtige de M. Cay ley est extraii on grande 
partie d*un expose qui avait 6te r6dige en 1811 par M. Thomas 
Attwooi pour ^tre mis sous les yenx dW eomile charg^ de faire 
une enqu^te sur les soufTrances dtf Tagricalture , et que Tautenr 
u public lui-mAme en tSag^ n'ayant pu obCenir de le faire itt«- 
^rer dans les pro€<^verbaux de Tenqu^e* Cet expoe^ est xt^ 
ioteressant et tr^-riche en faits. Mais oe qui nous a surtoiit 
frapp^ dans cette longue s^rie de raisonnemens A de chiffres, 
t>'est de Toir deux ecriyains anglais aussi distingu^ s'attaeh^ 
k d^mootrer que, dans la situation actuelle de la Grande «Bre- 
tagne, il ne lui reste plus qu*k choisirentre une banqueroute et 
une revolution. On ne saurait pr^enter un tableau pins ef- 
frayant de Tetat politique et financier d'un grand peuple. 

La demiere question traitee par M. Cayley est cello de la 
liberte du commerce. II regarde comme trap libsolue I'opinion 
des economistes qui veulent qu'on aehete toujours aux etran-- 
gers ce qu'on ne peut produire A meilleur marche qu*eux. II 
fait observer qu*il n'est pas impossible qu'une nation se trouve 
dans le cas de ne pouvoir rien produire qu'avec plus de frais et 
de difficulte que ses voisins ; telle est m^me en general la con- 
dition des peuples peu avanc^s dans la civilisation. Dira*t-on 
done que ces peuples doivent rester indefiniment dans cet ctat 
d'inertie et ne jamais tenter de s'approprier les proc^des et les 
benefices de Tindustne ^trang^re? L'axidme des economistes 
pourrait etre vrai s'il ne s'agissait epie des produits agricoles qui 
sont des dons naturels du sol et du climat. Ainsi ce serait une 
extravagance que de chercher k recolter du sucre ou du vin en 
Russic au lieu d'achcter ces denrces en France ou aux Antilles. 
Encore Tapplication du principe est -elle restreinte par la 
possibilite de naturaliser les animaux et les vegetaux sur des 
points du globe souvent fort eloignes du lieu de leiir origine. 
Cette possibilite peut recevoir une graude extension ddus Tetot 
actuel des sciences , et il serait absurde de ne pas en profiter. 
La France, par exemple^ aurait-elle mieux fait d'acheter tou- 
jours des pommes de terre ea Amerique que d'en essayer la cul- 
ture sur son propre territoire ? Mais le cas est bien' different 



Economie publique. 1 1 1 

pour tout ce qui eoneerne Tindustrie manafacturi^re. L^, it n'y 
a pas de superiority naturelle d'un people sur un autre. Si Ton 
en volt qui fabriquent mieux et 4 meilleur marclie que leurs 
rivaux, c'cst qu'ils savent mieux tlrer parti des forces de la ma- 
tidre et qu'^s poss^dent plus de capitaux accumules , ou , en 
d*antres termes, c*est qu'ils sont plus avanc^s en civilisation et 
en Inmi^res. Dire qa'on devrait toujours acheter les produits 
manufactures iA oh ils sont le moins cbers , c'est dire que la • 
nation qui aurait marche la premiere dans la carriere de la 
civilisation devrait garder etemelleroent cet avantage et que les 
autrea devraient rester eternellement en arriere. Si ce principe 
avait ct^ rigourcusement suivi , TAnglet^rre enverrait encore 
aujourd'hui ses laines en Flandre pour j dtre converties en draps 
et revendues ensuite k Londres avec un grand benefice pour les 
Flamands, benefice dont jouissent maintenant les fabricans 
anglais et qai a^leve si haut Populence de la Grande -Bretagne. 

II suit de la que la theorie absolue des economistes doit etre 
modifi^e dans une infinite de cas, et la meilleure regie prati que 
k suivre dans cette matiore nous paratt etre cellc de M. Cay ley 
qui soutient que la Uberte du commerce n*est avantageuse a un 
peuple qu'autant qu'clle contribue k donner un emploi profi- 
table aox bras et aux capitaux du pays. Telle est en effet la ve- 
ritable base de la prosperite publique. Eile ne consiste pas seu- 
lement dans Taccumulation des capitaux , dans la multiplicite 
des produits tii m^rae dans Taccroissement du territoire ou dc 
la population ; car toutes ces sources de richesscs peuvcnt de- 
venir dans certains cas des sources de soufTrances et de misere. 
Un pays est prospere lorsqne tons les capitaux et tons les bras 
trouvent ks'y employer avantageusement; ce qui ne peut avoir 
lieuqu'autantquli existe une balance exacte entre la production 
et la dcmande. 

Pour resumer dans lenr application les. idces cmises par 
M. Cayleys nous lerminerons ce long article en donnant la listc 
des bills don^ il r^commande radapti(»i au parleroent eommc 
devant rem^dier d*aprea ses theories A tons les maux de TAngle- 
terre. Nous nous abstiendrons d'enoncer aucun avis sur cette 
serie de propositions qui sont suvtont curieuses en ce qu'elles 
font bien connaitre les vues et les piincipes politiques de Taris- 



iia Voyagti% 

tocratie ternloriale dela Grande-Brctagaei dont M. Csylej pa- 

rait s*(etre rendu Torgane. 

Les mesures l^islatives qu'il indique sont, i^ Une alteration 
des monnaies ayant pour efTet d'elever le prix nominal de I'onoe 
d'argent ik 8 sh. 6 d. et celui de I'once d'or a 6 l.st. a^ Dans 
le cas oil la premiere mesure ne serait pas adoptee, une taxe 
sur le credit public et prive presentee comme I'equivalent de 
I'alteration des monnaies et ayant pour but de soumettre les 
capitalistes aux memes charges que les proprietaires fonciers- 
3** Un bill qui interdirait Timportation dans la Grande-firetagne 
des produits agricoles de llrlande , attendu que cette importa- 
tion tend a faire baisser 1» valeur de toutes les denrees au prejur 
dice des proprietaires anglais. 4^ Un bill qui restreindrait les ef- 
fets de la taxe des pauvres en privant de Tassistance des paroisses 
les ouvriers valides ; et , comme complement de cette mesure , 
afin d'empecher Taccroissement de la population indigente , un 
autre bill qui soumettrait tous les mariages ^ une taxe plus ou 
moins forte, suivant Tdge des epoux, et dont seraient seulement 
dispenses ceux dont les ages reunis depasseraient 70 ou Ao ans. 
5" La creation d'une commission chargee de faire des expe- 
riences pour la conservation du ble dans les sUq$^ 6^ La for- 
mation d*un comite qui s occuperait de changer la nature des 
impots et de retrancher les depenses inutiles , ce qui , avec la 
taxe sur le credit proposee plus haut et Taugmentation des 
taxes sur llrlande (que Taristocratie anglaise ne trouve sans 
doute pas encore assez miserable), permettrait de soulager les 
proprietaires de la Grande-Bretagne de 18 millions sterling 
(4^0,000,000 fr.) de contributions. A. de Putigny. 



VOYAGES. 

44* Coup-d'oeii^ sua le votace de M. Pa&chappe daks la Ri- 
puBLiQUE AEGXHTiiiE , lu daus la seaucc mensuelle du comite 
central de la Societe du Bulletin universel, tenue le a5 fe- 
vrieri83i. 

Douze annees dc scjour dans la Republique argentine m'ont 
procure les moyens de reunir, sur cette vaste et interessante 



etendoe de pays , uoe foule de notions, qui , je cfois, ^nvent 
foornir la matiere d'un voyage ^ et faire inieux connaitre a 
r.£ttrope des regions qui n*ont jamais ete que tres-imparfaite- 
nient decrites. • . 

.Les recits des aveniuriersqui ontcontribue de leur personne 
k la conquete de cette portion da continent americain, et ceiix 
des jesuites qui y fonderent, an milieu d'etablissemens sana 
nombre, un etat presque independant, se trouvent ensevelia 
aujourd'hui dans la poussiere des bibliotheques* L'epoqae 
d*ailleurs k laqueUe ils ont paru , I'exageration et la mauvaise 
foi qui y recent presque toujours, les rendent plutot un objet 
de cunosite pour ceux qui s'occupent de recherches, qu*an su« 
jet de lecture instructif. 

• . Le premier, et je pense le seul ouvrage piiblie sur les pro- 
vinces du Rio de la Plata , . qui ait paru digne de fixer I'atten- 
tion des hommes eclaires, est celui de Don Felix de Azara. 
Sans autre guide que son zele, et prive de tons les sccoursique 
foumissent les livres et les conseils , cet observateur a recueilti 
un grand norabre de faits interessans, et a su se rendre utile 
mcme aux sciences, qu'il n*avait pas cultivees. Yoyageur con-» 
smencleux , Azara merite presque toujours confiance lorsqu'il 
rapporte ce qu'il a vu , ct il ne presente ordinairement ses con* 
jectures qne comme des opinions qu'il livre k J'examen et k la 
discussion. D ailleurs ses travaux comme geographe, reunis k 
ceuK des officiers qpi, ainsi que lui, faisaicnt partie de la com- 
mission chargee de tracer les limites entre les possessions es- 
pagnoles et les possessions portugaises, sont sans c^ntredit ce 
qui a ete fail de plus etendu et de plus important sur la geo- 
graphic de ces pays. 

Mais an milieu des observations curieuies qn'ont fait con* 
nutre les travaux d* Azara , se sont glissees quelques assertion* 
inexactes qui ont dii contribuer k repandre on k confirmer cer^ 
taines idees tres-fausses que Ton a generalem^dt sur les contreet 
qu'il a decrites. Ce voyageur n'a bien connu que la province du 
Paraguay y qui lui echut en partagc dans la distribution qui fut 
faite entre les commissaires , du travail des limites^ et c'est la 
seule qu'il ait parcourue en detail. Pour les autres provinces 
dont il nous a donne des cartes, il a ete oblige de s'en rappor- 
ter, la phi part du temps, i des renseignemens verbaux ^uisoni 

F. Tomb XXV- — Janvier i83i. 8 



Ei4 Fcg^agii. N« 44 

pfttsqne tQujonrs U Mmrce d'erreon, et qu'il a soQTent admis 
avee tvop de leg^ete. Ainsi, et ce &enl exemple sufBra, tons 
]e» geographes nous representoit d'apres lui lafameuse Laguna 
Ybera comme s*etendant depuis le 69® jusqu'au 61^ degre de 
longitude, et iU ensevelisseat, pour ainsi dire, tout le terri- 
toire de la province de Ciorrieatcs sous cette vaste inondatiooy 
tnndis ^jue dans la realite la vraie largeur de ITberi doit etre 
mduite au quart de celle que Ton assigne k ce lac, et que de 
beaux o6teattx, de grandes forets de palmiers , des champa cpl- 
tivea el des villages m^ase doivent figurer \k oix ron ne nous 
pvesente que des terrains marecagenx. D'aussi graves erreurs 
dnrent iiecessaireinent me frapper des mes pcemiers voyages 
dans rinterieur de la Republique. 

Lesdouie annees de mon sejour ^ Amerique ont ete en- 
^erement employees k parcourir lea provinces qu*arros«it le 
Paran4 et TUruguay. II ne s'en est pas ^oule une dans laquelle 
je a'aie execute un ou plusieurs voyages, et il est telle de ces 
provinces que j'ai traversee entierement jusqu'ii six fois dans 
des directiions differentes. J'ai dii m'apercevoir que la geogra* 
phie de ces con trees sortait k peine de Tenfanoe, ct en eompa- 
rant mes itin^aires avec les cartes les plus modernes , j'ai pu 
m'assuver de Tinexactitude et de la confusion qui regneot sou- 
vent dans celles^ci, et croire que ce serait rendre un eminent 
service a la science que de recueillir toutes les donnecs propres 
,k les oorriger, et ^ les amener k un ^tat ipoins eloigoe de la- 
perfection. 

D*un autre c6t^ , les notes que je prenais sur les mcaurs pen 
connues de penples dont Ip caraetere et les usages sc distin- 
guent d'une maniore si tfanchee de tout ce que nous avons sous 
lesyenx, s'acci}mtiUrent bientdt au point de me fairc peoser 
qu'il ne serait pas impossible d'en former un recit susceptible 
d'intdresser la curiosite europ^enne. Mais depourvu de livit^s, 
d*instrumena et surlout des conseils d^iommes eclaires, si ne-* 
oessaires k tout vayageur qui se propose des recherches ; oblige, 
d-aille|irs, de ni'occuper incessamipent du sort d'^iae famille 
naissante , je ne pouvais me livrer que d'une maniere secondaire 
k des travaux auxquels j'eusseaccordela preference, si je n'eusse 
eonsuitd que mes go^Lts, et j'etais surtout bion eloigned epenser 
i|tte je dusse donnevde la pid>ltcit6au resultat de mes vqyages. 



Cepead^Bl U coaiiM««»iice que je Q$ a Cpm«iU»d«i H. 
d'OrfoigQy, naturaliste^voyageur du Miisoofo, l*opuiiiHi» ffpp 
favorable mub dou^e, qu'il ohercha a i»e do^per de rimpoi^ 
tunce de me« i^ve^rigatioiis, et Toffire que vb^ fi| fse j^iine H 
infatigable v<^i^;eiir d'ooe iisso^mtUm de pablMte dapa laqueli* 
8^ feiii|ir)(ieiil %wk bvaneha^ doot je m'uecupiiUt lea iwHabrem! 
iQatemm^ qu'ftUail l^i f^iippir I'bistoire oatBrelle deiNiMFte 
worn peu eomiues, furem pour moi nn paisaaHtatimiilaAt^ •! 
ni'eqgffgere9li q^eique ^aii9 plan bien an^le« i melWrer avaH 
ardeur e| ^urUHil plus de ai^ibdde % me* feeheMie«, el \ eowr 
roencer k reunir les documefH quise troHveiil en eaten gmiifl- 
nombre 4pars et eoamfs perdui daB9 le pajFS. 

P'liutfe^ cirooiistaiioe^ vinrent, k la m^me epoqne^ •eeonder 
nierveill^u^efii^l lue^ PFRJets, (.e gou^efoeqirpt de la peoviiiet 
de Cpprieoteft, que j'babiteis 4lQff$> re%»luc de furendre uiie' 
exaete coouaisseBde de< gi^ttdes prc^rieles qui appartevakftl 
\k la eopuuuuau^e de^ ludieua habitaut le nlUge d'f uty , afin dei 
pfiftager en lots» et de veudre ou di^triboer les lematiw dimt. 
elles se eoeiposeut. Ges terraipaoceaipanti S4ir lea bords d«i Pat 
rand, une lisiere de plus de vingt lieues marines d'etendue» snn 
uue IprgeuF ipoyeuue de tMs lieu^$ euvirou, Le ebef du gou- 
vertiemen^ jeta les yeux sor moi ; et je fus cbargo de ee gvei4> 
travail, qui, t^uiii avec plusieurs autres operatipns pariieHes, 
lue dpnnti la toppgrapbie complete des bords du Parau4 daiia 
tQute la lapgeur de cette province et ju4qu*a eelle'des Ifissiout^. 
dont j'ai visite quelques parties dans d'autres excursions. 

Ces trivaux et les plans donl ils Airent aecompagnes ^^veii- 
l^ent Inattention des grands proprietaircs do pays, et leur 
iijspirArent le d^sir de voir fixer d'lme mani^re plus precise lei 
Hmites dc leurs terrains, et de faire cessei^ ainsi les questions 
Ktigieuses qui se renouvellont sans cesse entr'eux. Cela me four? 
nit Toccasion d'executer plusieurs tf avaux toppgrapbiqu^ f^sscf 
importaps par leur et^ndue et par l^ situatipn des lieux. I4) 
plan du Eipcon de I^una , par ^x^iuple, iiueieune proprietcdet 
jespites que Ton voit indiquee par la fJitpart das geographosy 
et qui ae compose d'une langve de terre d'ane quiBMin^ da 
lieues de lengeur, comprise ciitre tes deurx bras du Rio Batel , 
in*a donn6 lemoyen de determiner Ye cours de ceite rivi^> 
l|oi est tr^s-mal ^e^e ou mtoe entidrement snpprtmee stir lei 

8, 



ii6 Voyages. N® 44 

cartes. Le gouvernement me chargea aussi de lever Ic plan de 
laiville de Corrientes, capitale de la province, ct d'en rectifier 
les alignemens qni ^taient tres*defectueux. J'ens a faire le m^me 
travail pour les villages de San Cosme et Itaty. Enfin jc ftis 
charge da trace de deux nouveaux villages , San Luis del Pal- 

« 

raar.et TEmpedrado, dont la fondation fut ordonnee. Tontes ' 
ces operations partielles, et les nombreux voyages auxquek 
elles donnaient lieu, m'ont conduit i une connaissance parlaite 
dtt territoire de la province de Corrientes, et m'ont permis de 
couvrir de details tine grande superficie qui, jusqu'^ present, 
avait ete consideree comme inondee. 

Mais cc n'est pas seulement sous le rapport geographique que 
j'ai pu ^udier completement cet interessant pays. M'etant livre 
siaittUanement ^ ragriculture et au commerce, je m'y suis trouve 
en relation intime iavec toutes les classes de la societe, et force 
de m'occuper attentivement de son climat , de ses productions ' 
et de ses ressonrces. Je crois 6tre en etat d'en retracer fidele- 
ment les moeurs , et d'en ^tablir une statistique aussi exacte 
qu'il est possible de le faire pour des etats qui viennent de 
naitre. 

La province de Corrientes fait partie de cotte grande et belle 
contree qui se trouve comprise entre les deux fleuves Parana et 
Uruguay, et qui renferme en outre la province de Slisiones et 
celle d'£ntre-Rios , dont le nom indique la situation dans Tangle 
que forment les deux fleuves k leur confluent (i). On donne le 

(i) I#e territoiro de Corrientes se di»tingae essentlelleuent de eeloi 
des provinces plus anstralcs. Aspect physique, climat, Teg^tation, ha- 
bitans, moenrs , langage , tont y est nonvean \ et en passant an nord de 
la riviere dn w^me noun , il semhle qne ron entre dans nn antre monde. 
Ce n^esi pins la nndite ct rhorizon sans homes des plaioes de Baenos- 
A yres, ni les beanx c6teaax de la Bande-Orientale et de TEntre-Rios , dont 
les ondnlations trompenses font croire, a chaqne instant, an voyageur 
fatigue qne le ridean quMI va franehir cache i ses yenx le rutssean de la 
halte on Vhahiiation desiree. Le tahleau change sahitement et presente 
d*anlres formes et d*antres teintes. Un terrain has et marecageoz, heilsse 
de pelitea asperites qni ne permettent point de se devier de Fetroit 
•entier qne suit le cheval en hronchant, nn soleil dont les rayons «e. 
reflecbissentplns ardensa la snrface derinondation, des nnees de inona-. 
tiqnes et des hantes fntaies qui boment la vne de tontes parts, telle 



. Voyages, tij 

nom de province de Misiones ou des Misaioos, ^ la parliedes 
missions jesuitiques situee entre le Paraud et I'Uruguay: tont 

est, en genera), la contree dans laqnelle on 8*enfonce. Mais bientot on 
atteint an sol pins fernie et pins nni. De longoes series de coltiues sa« 
• blonnenses deronlent aax yenx nn rideaa d*Dn rert pale et blenatre , 
({oi laisse dans le donte snr )a nature decelte vegetation extraordinairt. 
G*est le Pafmardf Espagnols, le Tataity dea Goarania, on en d^antraa 
termes , ce sont d'immenaea forets de paJmiera yatata qni traverient daaa 
tonte aa largenr la province de Gorrientea, et boment le coars da Eio 
Santa-Lncia. 

Ces forets servent d'asile a nne population laboriense qni , armee de 
baches et de pioches , Ta deracinant les palmiers , ponr deblayer le champ 
qu*elle doit caltiTer. On est agreablement snrpris lorsqn'apres avoir par- 
courn plnsienrs lieaes an milien d*ane interminable colonnade de pal- 
miers , dont Toeil scrnte en Tain la noire profondenr, on deconvre tont- 
'a*conp nn beau vallon rafraichi par les eanx d*ane lagune; anpres de 
celle-ci, nn bonquet de bois dont le vert plus sombre tranche snr celiii 
dn Palmar; puis an milien d*nn grand abatia de palmiers, nn champ de 
canne a sncce , de tabac , de mais , et non loin de la one case bospitaliere, 
petite, mais bien constrnite, panvre etpeu omee aaaa donte , main propce 
et abriti^e des rayons brnlans du soleil. 

A peine ^tes • yons apercn des maitres de l*habitation que le mari 
abandonne sa cbarrne , et sa menagere ses fromages on son fuseau. On 
Yons iuTite k yoas approcher et a descendre de cheval. On vons presente 
k la fois nn siege grossier el an cigarre allame , et lorsqne le soleil an 
pins hant de sa course , interrompt les trayanx de la journee, vons yons 
placet ayec le chef de h fatnille et les plus ag^s de ses garfons autour 
d*ane petite table couverte d'nue blanche toile d*an cotou recolte, file 
et' tisse sur rhabitation. Un grand plat d'^taln suffit a tout le seryice. 
Un rdti de yache boucanee, qaelqnefois d'agnean on de daim, fait 
ordinairement le principal du repas ; le pain est remplace par du fromage 
non sale , du. majis grille, des racines de manioc tu dei patates r6ties. Un 
lait delicieax i, servi dans des ecuelles d'ane terre poreose , tient lieu de 
vin et de dessert. Yient ensaite une aiguiere on les couviye» se lavent 
les mains. La mere de fainille mange a part avec ses filles et ses petits 
enfans. Apres le repas , tout le monde se reunit ponr repondre en com- 
man a la priere que recite le chef, et qui est suivie de la benediction 
qu'il donne k ses enfans et k ses domestiques. 

Ce petit tablean sblBt' pour indiquer les mceura patriarchales d*atte 
contree oii Ton tronye encore le costume et les usages da temps de la 
oonqn^te, et dont It description Gpm)»Ute nepeal manqacf d-intereis^ 
f|vement. 



c#qtti M troitv0 rar k ritd droits da premier d<$ ces flduvdft 
Ml cdosidere cofiiDie Paraguay, €t les ^taUissemetis de la rite 
gauche du second appartiennent aujourd'hui a I'empire da 
Bresil. 

Les Missions proprement dites ne presentent plus que des 
ruines et la plus complete solitude* Yingt beaux villages brulea, 
detroitt de fottd eu comble^ n'offrenl que des pans de murailleS| 
des debris de temples el des las de d^combres ^ parmi lesqnels 
se $t>tit ^et6s des bois d^oi'fltig^td et aiitres afbfes friiitiers qdi 
ont envahi les places, les rues et jusqu'jkrinterieur des edifices, 
ties Uialhedreux ^ISve& des jesUites, drraches h. leurs travaiix et 
& leurs habitudes paisibles par les troubles de la revolntioUy 
transformes en soldats ou plutot en brigands par le fameux 
ArtigaSy poursuiris bientot et impitoyablement massacres tantot 
par les Portugabi Iant6t par les troupes du Paraguay ^ ont ete 
ptesque entieremeat aneantis* howct fiimilles chass^es du doux 
Mbeau pays qli'elles.ciiltivaieDt^ ou transpcn*tee8 violemineiit 
sur le tefHtoifv br^silieu^ errent aujourd*hui dispersiees, d^ 
frtONflt la pette d« leUrs inouttigfles «t de leurs ruissehtix, et 
toujours pretes k se reunir poub retdutner sut Ic^s lieux qui les 
oiit Vu Haitrc, Jr felever leii f^stes chancelahs de leurs temples 
et de leurs habitations , et en chasser les tigres et les couguars 
dont its sont devcnus les repaires. 

C'est 1^ que mon savant et malheureux ami M. Bonpland 
voulut tenter de faire renaitre du sein de ses ruines une partie 
de Teeuvre des jesuites. Le village de Santa Ana lui ayant offert 
uile position avantageuse et des parties d'edifices assea biea 
oonfierveeS) il concut le projet d'y former un grand etablisso- 
Meftt agrieolC) qui servtt de point de reunion aUH Guaranis dis- 
perses, (ft surlbut ^quelqties cetitaines de ces ttlalhetireux qui 
vivaicnt caches daiis Id fond de for^ts p^U 61oignees, s*y occu- 
pant de rexpioitation de la yerba mate ou herbe du Paraguay. 
Notre intrepide concitoyeu ne se laissa intimider ni par les dif- 
j^ultes de Texecution ni par les sinistres et prudens avis que 
nous donnerent les habitans de Corrientes ^ qui,connai$santla 
•politique ombrageuse du dictateur Franciai se doutaient bien 
^u^ oet inflexible vielUard ne tol^rerait point une entreprise 
tell<mietit en /opposition ave^^ses vues. Aydni nsuoi tou^ lea ma- 
t^riaux necessaires, et s'etant mis en relation avec le^ Iiidieils 



caolie9.dftn3]0abois, M. Bonpland deblayA>UBf ptnie i» Tai^ 
den college des jisuiles de Saata Ana, et s'y instaita. BieBt6t le 
fer de la charrue siiioniia de nooveau ces champs qiie la nature 

a dou«s d'une inepuisable/fertilite, et de nombreuses semailies 
promettaient dejk ies fruits des recoltes qui» sous cet heu^'CUK 
climaty ne sont jamais incertaia^, lorsqu^'une troupe de soldats 
f^rouchea fi:anchit tout^^rcoup le Parana i ceme yetabliaa^niillt 
naissant, massacre une partie des compagnons de notre Irap 
coilfiant voyageiir^ «t ie fMl Im^meine prisoanier. L'inforlune 
Bobpland yjjransporte silr Tautre rive da fleuve^ lakse eiitfe le 
r^te da fnond^ t^t lui une bartief d que son dppresseur a su 
rendrc inviolable , et qui fie s'davrita probabl^ment qu*a la 
mort de ce despote. 

Depuis cet evenement le dictateur du t^araguay a fait par- 
courir par ses troupes le territoire des Missions pour chasseur 
des bois Ies malheureux Indiens qui y avaient trouve un refuge; 
el une garde etablie vers la Tranqwra de Loreto » . defile qui 
olTre la leule issue par oil Ton puisse y penetrer du cote de CkH:- 
rieates ^ emp^che Ies petites earavanes d'iiller, eemme aopara* 
vatit^ chcrchet de \9iytrbd mate dans 1^ fok^ts. Ain^l se troUve 
condamtiee ai la sterilite et & un6 etcrnelle solitude ia plus belle 
contfee de la R^pubtique Argentine. 

On conceit que je n*ai pu visiter que la lisiere de cette pro- 
vince, et que j*ai du m'en rapporter pour le reste aux docu- 
mens que j'ui pu me procurer, Mais ceux-ci sontheureusemepC 
en Qssez grand nombre et tres-sr>tisfaisanSy car Ies j^lsuit^s 
Bpus out laisse plusieurs ea^'tes manuscrites . de leuta posa^r 
sioB», et Ies mSmes iieux out ^te visites par left ingeaieurt «•- 
pagaols de la commission des limited) qui ont foii des oh^ervt- 
tions astronomiqUes dont Ies t^sultats sonl eonS}gni§^ daUs Its 
tableauit qu'a )[)ublies Azara. J'ai eu d'ailleufs tant et de si 
IdUgUes (Conversations avec d'anciens habitaiis des Missions re- 
fugies sur le territoire de Cortientes , que \e crois connaitre 
cette province presqu'aussi bien que si j'en avals visite l«s par- 
ties Ies plus interieures. 

Quant a. celle d'Entre-Rios , j'ai pour la di^crire Ies memes 
, element que pour Corrient^* Plusieuri voyages, de^ Montevideo 
et de BaeaoftAyrea a. rArroye de k China m'eat rendu la naiii- 
galaaa dt I'Uraguay autti famiUdfv qua «elk dtt Farfl»i4v ¥kx 



'lao Voyages, N 44 

tnTei^ cette province plus d'ane fbis.dcs rives d*iin fleuve k 
cdles de rautre^ ct une annee de domicile m'a mis a porfee d'y 
recoeillir les fails les plus dignes d'etre connus (i), 

(i) 11 f«nt effacer de nos cartes les cfaaines de mootagnes qa'elles font 
llgorer dans c^te province ; car on ne peat donner cc nom 4 denx series 
de colliBes qui la trarefnent paralT^ment da nord ao sod , Tan^ entre 
rUmgaay at le Gaalegoay , Taatre entre cetle derniere rivi^ et le Pa- 



A Tcppqae oaje parcoorais IXatM-Kios on y raf^contraitdenxolijala 
qne le Toyagcnr n*y tronvera plus aojourdliui , et qui etaienl bien pro- 
preSyTan a piqoer sa coriosite, Faatre k exciter ses craintes. Je reo^ 
parler dea immenses tronpeaai^ de cheyanz saavages qni ont et^ detroits, 
et d*nae grande bande de malfaiiteurs qni infestait la for^t de MontieL 

Lorsqae me rendant de la Bazada de Santa-Fe k la Conception de TU- 
rngoay , je trayersais cette for^t avec des charrettes pe»amment chargees, 
eette entreprise paraissait temeraire. Mais mon condacteor avait sa me 
.persnader de cboisir ee cbemia comme plas direct ; et , poor bannir 
toate craintey >l m*ayona qa*il ayait dea relations avec lea brigands qni 
babitaieot cea paragea , et qa^an moyen de qaelqaea preaena, dontil elait 
tODJoora mnni poar lea lenr ofTrir enxaa de rencontre, il n*avait a redonter 
aucon mauyaia traitemeut, Malgre cette aaaarance, nooa cbeminiona 
toajoara aana brait ; et je yia an moment I'inqaietode ae peindre aur le 
yisage de mon gaide. II se pencbait a cbaque inatant snr le coa de aon 
cbeyal , el scs regards cberchaient k penetrer dans la sombre epaissear 
des fataies. La for^t etait silencicase , et je ne poavais decoavrir ancan 
indice da moindre peril. Je ne pus mVmp^cber de lui en fiiii*e Tobser- 
yation , en lai disunt qne je ne decoavrais pas m^me un de ces animanz 
qnt ^taient si commons a notre entree dans le bois : » C*est precia^raent 
U eeqai m'inqatete, me repondie-il| la foret est epoavaatee,!! est paaa^ qaal- 
qn*an par id. • Maia bient6t on roalement aemblable k celui da tonnerre 
£it rvtentirla for^t. Ce bruit etrange qui me causa una certaine ^motiony 
parot y aa conlraire , raaaurer moo condacteor : « Ce sont dea cbeyanx 
aauyages qoi nooa oot apercos et qui s^eloigneot de nooa, me dit-il^en 
aonriant de ma sorprise; s^il y ayait da danger ils ne seraient pas par ici.» 
Effective ment noas rennontr&mes pins loin des bandes d'aatracbes et de 
daima paissant paisiblement, et qui temoignaieni de la profonde solitude 
qoi regnait dans ces lieaz. 

Les cbevauz saavages oe ae montrent .pas toojoars si timidea. Ploa 

d'unefoiay au aortir de la for^t, et avant d*atteihdre les rivea do Gaale- 

gnay , nous en rencontHkmea de grandea troupea , qui. s'ayao^aient au 

petit trot juaqae aur le bord do cbemin que noua aniyions. La ils a*af* 

. HiaieQt qadquea iottuns f dresatnl lc« ofiiUeff , Quyrant lea pMvanq^ » f t 



Fajra^es, lit 

Ontre ce que j*ai observe par inoi-meine dads ces provinces, 
j-ai profile de tous \e% renseigiiemens verbaux et ecrits que 
m'ont permis de reunir iin aussi long sejour, la connaissance 
des langues qui y sont parlees, et les positions simullanees de 
commer9ant , dc cuUivaleur el d'employe ayant ia confiance da 
goiivemeoieal de Tone d'elles. Je crois done que Ton pOurra 
ajouter foi aux details que je doonerai tant dans le texte de mes 
recits que sur les cartes que j'ai dressees des pays compris ea^ 
tre le Parana et T Uruguay et des contrees adjacentes. En sop- 
posant le cours de ces deux fleuves bien trace, ce qu'il ne m'a 
pas ete possible de verifier par defaut d'instrumens, on doit con- 
siderer ces cartes comme exactes, ou du moins conimc une 
grande amelioration dans la geographic de cette partie de la 
Republique. 

Je crois inutile de faire Tenufneration des niateriaux quim'ont 
aide a les construire , et je me contenterai de dire que j*ai ete 
assez heureux pour me procurer la carte originale dressee par 
Don Pedro Cerviiio, homme de merite dont Azara cite les tra- 
vaux , ct pour calquer une grande carte manuscrite en quatre 
feuilleSy qui fut prise dans les equipages du general Barbacena 
apres la bataille qui a decide du resultat de la derniere guerre 
entre la Republique et le Bresil. Cette carte renferme , outre 
tous les travaux de la demarcation des li mites sur la partie des 
frontieres qui correspond k I'etat de Montevideo et au Paraguay, 
une foule de details precieux et qui paraissent traces avec le 
plus grand soin. Elle doit avoir ete construite par les commisr 
saires portugais, qui y ajouterent sans doute les details de la 
carte du general Saa y Faria, egalement cit^ par Azara. 

De retour a Buenos- Ay res en 1827, aii moment oh. le gou- 
vernement de cette province s'occupait du projet de reculcr ses 
frontieres vers le sud, afin de repousser les Indiens et de prote- 

faisaot de notre caravnne une reconnaissance attentive. Pais tont-a-coap 
one petarade et qaelques rnades inenacantes devenaient le signal d*ane 
faite rapide. L& troupe s*eloignait ventre a terre en faisant voler des 
nnages de poossi^re , et disparaissait bientM derriere nn rideaa de col- 
lines. 

L*etat d« misere on les tronbles de la revolution ont rednit les habitans 
de rEntre^Rios a fait ponrs«ivre tiins relache et disparaitre enticement 
4iea nombiwx eleves de la nature. . 



IM Voyages. N® 44 

ger contre eux les noiiveaux etabUssemens pastoraux Cfni, de 
jour en jour^ gagnaient da terrain sur les plalnes deserter, oti 
tn'offrit de me charger, en quality d'ing^nietir, de la direction 
des travaux qui allaient s'ex^cuter sur divers points. Je saists 
atidement nne occasion qui fayorisait si bien mes Vues, et qui 
devait probabletnent me fourair les moyens de resoudre plu- 
sttturi questions de geogra()hie assee importantes, et regard^ 
jttsqu*^ present comme insolubles par les habitans m<§mes qui 
s'en sont occup^s. 

J'aceompagnai d'abord I'expedition, qui se dirigea sur Iti 
€rtt8 de Guerra , point sitn^ au ilhili^i de la vaste ptaine des 
PatnpaS, & une sdixantaine de lieues & rouest-sud-oiiest d^ 
Bu^nos-Ayred. Apt^ avoir traverse toute la pkrtie habitefe de 
cette province et depasse les derniers EtabUssemens, on perd 
bient^ft de vue tout objet saillant; lliorizon devient parfkit, et 
Ton se trouve comme au milieu d'un ocean de verdure dont rieti 
ne trouble runiformitE et la monotonie. Enfitt Ton s'enfonce 
dans Timmense desert qui , de 1^ , fs'^tend jusqu*aa pied des 
Andes, et que Ton desigde ordinairement sous 16 nohi de PaM- 
p&s. Mais Tacceptiou que Ton donne & ce mot est trop g^Uerale, 
et ridi^e que Ton se fait en £urope du defaut absolu d^itl^galites 
sur cette vastc superftcie , a besoin d'etre ri^ctifii^e. Dans le lan^- 
Igagedes habitans de la campagne, qui ont emprunte ce terme 
aux Idiens , pampa signifie un espace de terrain absolument 
plat et couvert de p4turages , ce qui eqiiivaut ^ notre mot prai- 
rie ) et il ne Jbut pas croire que telle soit la nature de Tensemble 
des Pampas. Tout le pays cdmpris entre la Plata et le Salado 
prcisente des ondulations bien prononcceS \ et quoique celles-di 
lendent peu \l pen k 8*ef facer au sud de la demicire de ees deux 
rivieres, on y retrouve encore de longues series de petits c6- 
teaux qui grandissent k ToBil par le contraste qu*ils font avec 
rhorizontalite du reste de la plaine. Celle-ci se trouve aussi 
rompue par une multitude de groupes de mamelons sablou- 
neux, couverts d'une vegetation plus rare, et dont la teinte 
jaunitre tranche avec la couleur foncee de la nappe verte , sur 
laquelle ils sont comme semes au hazard (i). 

(t) Let kabhant ont donn^ k ces maitieloiif le oom dd Miehinos on 
tkmei* L«Qr confi^aratioii tet letir uolMbelit sont tiies^sliignlleri. -Qd^l- 
qaefois ils forment de pelites chained f|ili n'iffictcnt Anbifllv dlti^ctioii 



yojrages. - la^S 

Ce h*est pas sealeinent sous le rapport de Taspect physique 

que les Pltinpas sont mal conuues : leur constitution geologique 

n*a pas eticore et^ d(§crite) et leur etendue a ele fort exageree. 

Je me suis assure que le bassin argilo-calcaire , convert d^une 

vegetation herbacee et presqu'entiereitient depouiile d'arbres et 

m^itie d'arbustes , cette grande et fertile plaine, enfin, qui con- 

stttue les Pampas proprement diteS, est beaucoup plus cir- 

donsdrite qu'on ne se Timagine ; et quelle est entouree de toils 

cdt^s , except^ ceux que baignetit les eaux de TOcean et du 

P&rdd4, d'une large z6ne de terrains siUceux, arides et converts 

d'arbres rabbugris etepineux qui ne laissent apercevoir entr*eux 

d'fttitre V(§getation que des touffes rares d'une herbe dure et 

s^he. Le^ Patnpas sont done ^ntourees de deserts sembtables 

a ceux que Vdlney a d^crits dans ses voyages en ifegypte et en 

Syrie. £lles formeiit la partie centrale d'un bassin beaucoup 

plusetendu, au fohd duquel s*estdeposee cette enorme quantity 

d'argile qui y compose tin lit non interrompu, et dont I'epais- 

seur varie beaitcoup , cotbme j'ai pu tti'en convaincre par dl- 

verses sondes et coupes mesurees. Mais le bassin qui entoure 

celui des ^ampks ne s'etend pas non plus, et a beaucoup pres, 

dbs regions chaudcsbtl croissent les palmiersjjusqu'aux neiges 

etettielles du detroit de Magellan; C*est une erreur accreditee, 

11 est vrai, par le temoignag6 d'hommes d'Un haut merite , mais 

que j'esp^t-e dissiper. 

Apres avoir trace les travaux qui devaient s'executer k la 
Clf*uz-de-Guerra, je poUsS&i une reconnaissance topographique 

particaKere^ et clobi Tetendae^depasse rarement axie demi-liene: ou bien 
lis s^ark'otidisseht et bordeof tine anse qdi renferme an petit lac d*eaa 
dotieci qa*i!Dttetient k titration dfes plaies ddhs le sable. Enfin , et c^est 
le «is le j^laa g^b^ral , iU ddnnetit lien a des grotipei itf egallert et pliit 
on ttoids ^evib. 

Dd bant de oes ptetitet «8iioeBces« Vion\ pArconrt kntc and esptee d*«f- 
froi U Tiste solitude qui lea entoure* DasB ee sileneieux et i&ortte pajsagt, 
paa an arbre , pas un baissoii qpi viense se dessiaer ear Tatar dn ciei. 
L'oiseaa perdu dans rimmensite de la plaine espererait en Tain trouv^r 
one brancbe pour se repof er, ou le plus modeste feuiUage qui lui servit 
d'asile; et la nature paraitr^it entierement inanimee , si quelques cigognes 
lie venaient planer au - dessus de ce^ campagnes , et si les daims et If s 
antrncbes ne labsaient de temps en temps jpercevoir leur tite an- dessus 
des p&ttiVage^. 



.124 yoyages^ N" 44 

jusqu'il quinzc lieiies marines an sud de cc point. J'cusla satis- 
faction de decouvrir et dc determiner ic cours d'une riviere qui 
n*etait encore connue que dnns la partie la pluf voisine de sou 
confluent avec le Rio-Salado, et qui poite le nom dc SaladilLo 
sur la carte de la province de Buenos-Ayres. De plus, m'etant 
procure Ics originaux de ritineraire de Don Pablo Zizur et de la 
carte qu'ila dressee de son voyage u la grande Saline de Tones t, 
j*ai compare et lie le travail de cc marin avec le mien , ce qui 
m'a donne le cours complet du Saladillo, depuis sa source dans 
les montagnes Huamini jusqu'ii sa chute clans le Salado. Ce 
nest pas, au reste> le seul avantage que j'ai retire de Texamen 
du travail de Zizur; et les relevemens que ce voyageur a faits 
du pic de la Sierra Yentana, auquel j*ai rattache moi-meme 
roes operations de la baie Blanche^ dont je parlerai plus loin, 
me presentaieut le moyen de lier par un grand reseau plusieurs 
points tres-eloignes de la surface des Pampas. 

Mais en voulant coordonner ces materiaux divers, je trouvai 
une telle discordance, que jc fus oblige d'examincr de nouveau 
et de discuter toutes les donnees du voyage de Zizur, et j^ 
reussis, contre tout espoir, ^ decouvrir la cause de Terreur. 
Des-lors tons mes resultats se sont accordes , et il suit de cette 
analyse que la longitude assignee \i la Laguna de Salinas par les 
cartes les plus modernes , doit etre considerablement diminuee, 
ainsi que celle de plusieurs lacs et des montagnes connues sous 
le nom de Sierra Huamini. 

La Laguna de Salinas est une de ces nombreuses salines na- 
turelles que Ton trouve dans les terrains sablonneux qui for- 
ment lisiere autour des Pampas, et dans les parties australes du 
continent americain. £lle fut visitee par Zizur en 1786, et elle 
est devenue celebre dans le ptiys par les voyages des caravanes 
qui allaient i\ cette epoque y chercher le sel necessaire a la con- 
snmmalion de Buenos- Ayres. Zizur en avait leve un plan qui 
s*est perdu ; mais ayant retrouve toutes les donnees dans son 
nianuscrit, j'ai pu le reconstruire, el Ton ne lira pas sans interet 
la description de ces grands reservoirs, oil les eaux pluviales, 
apres avoir lave les terraius environnans; viennent se concen- 
trer par Tevaporation, et deposeut en grandes masses cristal- 
lines le sel dont elles sont chargees. 

Je re9as a la Cruz-de-Gucrra Tordre de rejoindre Texpedi- 



Voyages. ia5' 

tfon principale, qui allait sc dinger sur la baie Blanche, et 
avant do quitter cc point, j*y determiuai la latitude et la decli- 
naison de TaiguiUe aimantce. J'avais et^ muni d*un theodolite . 
|K>rtant boussole , d'un horizon artificiel et d'un cercle de re- 
flexion : mais ce dernier instrument etait depourvu de sa lunette, 
ce qui le rendait impi-opre a des observations de distances, et 
m'aemp^che de m'occtiper de la longitude; de.plus, sa con- 
struction , oalculee uniquement pour la mer,ne permettait d'ob- 
server les hauteurs, avec horizon artificiel, que jusqu'i une . 
certaine elevation , que depassait alors la hauteur meridienne 
du soleil. J'ai done ete oblig^, pour determiner la latitude de la 
Croz-de-Guerra, de me servir de hauteurs prises hors du me- 
ridian, etje I'ai obtenue par une moyenne entre trois systemes 
d'observations. 

J'ai renferme, dans mon itineraire de Buenos-Ayres \ la 
Craz-de-6uerra , tous les details qui m'ont paru interessans sur. 
les campagnes de cette province et sur ses habitans. Ainsi je fais 
voir comment se groupent autour de la capitale , d'abord les 
jardins et les vergers , avec leurs grands bois de pechers, uni- 
quement destin6s \ fonrnir le combustible don tees parages son t 
depourvus; puis les fermes, oti les grains sonc conGes k une 
terre prodigue^ qu'effleure ^ peine le soc de la charrue, qui 
jamais ne re^oit d'amendemens , et dont la fertilite paraft fabu- 
lease; pais enfin ces vastes etablissemens ou d'innombrables 
troupeaux se 'pressent sur des p^lturages sans cesse broutes, 
et dont la nudite laisse ^ peine concevoir que tant d'animaux 
pmssent y trouver une nourriture sufBsante. Je decris la maniere 
de garder, de marquer, de ch4trer, de dompter ces taureaux et 
ces chevaux qui n'ont jamais connu I'etable, et dont Teducation 
a ete confiee k la seule nature. Je peins leurs maitres pres- 
qu'aussi sauvages qu*eux; ces hommes demi-nomades , qui pas- 
sant leur vie a cheval, ne connaissant d'autre aliment que la 
viande, d'autre siege et d*autre lit que le sol de leurs plaines; 
qui obliges des leur enfance k tremper continuellement leurs 
mains dans le sang des aniipaux , et a exposer leur vie dans les 
exercices les plus perilleux et dans les querelles qui naissent 
presque toujours de leurs reunions; qui habitues k braver la 
faim y la soif et I'lntemperie des saisons, se rendent, pour ainsi 
dk>e I iQsensibles k la douleur, souffren t sans se plaindre , TOient 



^^6 VajrageM* N*^ 44 

couler tout leur sang sans s'emouToiry et re^oiTeoi la mon 
presqu'avec ]a meme iodifTerence qu'iU It donnent Je les mon^ 
tre entreprenaot de longs voyages^ etafTronUDt la 9olitade et 
les daogers du desert sans autre compagnon que le coiirsier qqi 
les porte , saqs autre guide que l^ astres et lei)r propre ^agMClke, 
sans autres provbiops qu'un peu fie tabac et de jrerpa; \nem 
surs que les daiais» les autfuchesi les tatoits^ l^ p^diii^ P'^- 
chapperont ni k leur vue per^ante ni k lenrs hf ules^) qu^ j^nAM 
un peu de paille seche ne leur maiiqiiera pour flaraber upa gfit 
lade, ni une touffe d'herbe pour reposer leur tdte« 

}e revius de 1^ Cru«-de-Guerra k Quenpst-Ayres an mois 4<l 
fe?rier 1828, et n'y restai guere qu'uue quinzaina de jopi!S» pour 
prendre un peu de r^pos ^t pour (aire les pr^paratifs du bout 
veau voyage que j'allais entreprendre. Je partis pppr la fori 4^ 
llpd^pendancc, situe k enviroo qpatie-vipgt Ueues aa si»d d^l^ 
capitate, au pifid des roontagpef du Taudjl: e'etj|it \k In ppim 
de reunion de Fcxpedition pour la baie Blapche, Je traversal 
done de nouveau touCe la province, qui dans ref:te direction eit. 
peuplee sur up bien plqs grand eap^ce, car le^ estfmfifi^ Pii 
^tablissemens destiqes k la multiplication des troup^q^ > $'e- 
tendent jusqu'a vingt lieues au sud du Q.io^S»la4o, tandis qu'en . 
remontant cette riviere, its pe Tatteignent meme pas, Au rei^te 
11 ne faut entendre par population dans ce§ vaatea plaipps, qu# 
celle qui result^ de maisons ou cabaaes epa^rses et s^parees p^r 
des interval! es qu; augmentent d'au^ant plus qpe 1-on s*^loigpa 
de la ville. Ces jqtervalles pe sont pas de moips de quaire a cipq ^ 
Ueues au3i: approcbes du desert: il9 sont nimplis au npfd din 
Salado par d'ip)pi0p^s cbt^rdonpieres qui bordent tauten lea 
roptes, et en font des ^vanue^ oil le vpyageur pe pept spup^on^ 
ner qu*il passe ap piilieu de cbanf^^ converts de troupaaux ,- et 
spuvept dans un guet-^-peps qui dpit lui coi)tter la vie. 

Ap spd du Salado les chardops p*pccupep^ plu^ que de peiita 
esp^^pe^, parce qpe les habitatiops ^Pt plus piodprpes, et ^p^ 
cjette plapte, Tupe de pelles qui j|ccop)pagpep| topjour$ ip se*^ 
JQpr de rhomme daps les Pampas, et qui crQissent sppptanemK^pt. 
aptour de sa demepre, p'a pas encore ep le tonips de tout ^l- 
vabir, La vue s'letend done sans obst^qle spr pp terrain qui de-r 
vlept plus pni, et dont les opdulationss'effacppt presqp'eptiere- . 
ip^pt. ^p pieme teipps le$ i^ndJTPits mm9^&^ ^ OipllipUispt^ 



e% rob rencontre bieQ(6t de grauds marais foriHes par les toM<< 
seaux qui descendent des iiioutagnes du sud, et qui ne reaoon* 
trent pas assez de pente pour s'ecouler. 

Tout le tenitoire compris eDtre le Salado et les moQtagncs 
du Tandil t les cotes de TOeean et le SakdiUo est uq bas-fond 
qui forme la partie iuferieure du bas^in des Pampas , et que les 
eaux seipblent avoir plus recemment abaodouoe, Quelques 
mameloBs groupes domiueot seula cette superficie mosotone»' 
etiorm^nt de vrmsilots dans les annees pluvieuaes. L-un d'eux, 
qui parte le nom de KaqueU et se trouve sur la route que je 
suivais , y sert de limile aux terrains habites : au-deU on entre 
de nouveau dans les Pampas desertes , et Ton n*a plus juaqu*«u 
Tandil d'autres traces de la presence de Tbomme , que le chemin 
fraye qui conduit a c« fort. 

Les montagnes du Tandil commencent a se decoiivrir k une 
quipzaine de lieues de distance , et lenr vue produit une seiHs 
sAtion agreable sur ropil fatigue de Tinvariable uniformite des 
sjivannes. Ap^es avoir parcouru une ?centaine de lieues sans 
r^ncontrer non-seulement de pierres , mais pas meme le plus 
petit caillQU , on considere avec plaisir ces masses de roches y 
qui viennont en&u montrer quelques dentelures sur I'horiaon 
des Pampas » et Ton jouit bientot des contrastes que font la 
couleur rougeatre de leur^sommets granitiques avec la tendre 
verdure qui entoure leur pied 9 et le courant tumultueux des 
ruisseauj^ qui s'^cbappent de leurs gorges, avec le silence et 
riinmobilit^ df^s eaux stagnantes de la plauie. 

I^s montagnes du Tandil sont pen elevees ; elles composent 
avec ceiles elites du Yolcan a lest et celles de Tapak]uen h 
Kpuest, une serie de groupes, qui ne forme evidemm^t qu'un 
mcme ^jrsteme avec la Sierra do la Ventana et la Sierra Hua*- 
mini. Cettf) cbaine souveut interrompue vient mourir an e^p 
Corrient^s, et termine au sti|d. le bassjn des Pampas; Le fort dn 
rindependance est construit au pied et au nord du mont Tan<r 
dJX^h. Tentree d*une gorge de laquellesopt une petite riviere 
qui porte le meine nom. 

Je trouvai Tpxpedition reuuie , et n'attendant plus que Tar^ 
rivee 4*un eouvoi de charrettes pour sie me(tre en marcbe. Je 
i^cusdu qbef qui la commandait Tordre de prendre Iqs devai^is, 
%Aii doT^^PPnalt^left envir^i^ delft loii^BlanQbey et de fib<H4it: 
le lieu propre h, retablissement qu'on voulait fonder. On ne 



m'accorda- que deux jours de repos au Taodil; et j'en profitai 
pour y dclcrminer la latitude et observer la direction et la con- 
texture des montagnes. 

• La reconnaissance prelipainaire que j'allais faire de la baie 
Blanche n'etait pas sans danger; car nous allions nous eloigner 
de plus en plus, des etablissemens des Blancs , et parcourir une 
region entierement au pouvoir dlndiens , qui ne pouyaient 
voir de bon-oeil que les Chretiens cherchasscnt a empieter con- 
tinuellemeat sur un territoirc dont ils se regardent avec quel- 
que raison commc les legitimes possesseurs. II etait surtout te- 
meraire dc s'enfoncer vers 1e snd , avec une force aussi peu res- 
pectable que celle qui devait m'accompagner, a une epoqne ou 
la horde du fameux Pincheira parcourait le desert en vain- 
queur de toutes les peuplades des Pampas , portant Textermi- 
nation et I'effroi aussi bien au milieu des habitations civilisecs 
qae des camps indiens. Cependant le chef de Texpedition re- 
gardait avec raison comme t res-important que la position de la 
nonvelle colonic ihx. determinee avant Tarrivee sur les lieux 
du nombreux conyoi de charrettes qui suivait la caravanne , et 
il comptait d'aillcurs pouvoir me snivre k tres-peu de journees 
d'intervalle. Du succes dc ma mission paraissait dependre celni 
de I'entreprise; je partb done, et avec Tescorte la plus singu- 
lierement composee qui ait jamais accompagne voyageur. 

ATavant-garde, et a environ une dcmi-lieue en avant, mar- 
chait le vaquaeno ou guide, le personuage le plus important de 
toute la caravane, puisque c^est lui dont I'experiencce la con- 
duit k travel's champs, lui fait eviter les obstacles, et calcule la 
direction et les haltes d'apres la necessite de Teau. L'art de se 
guider an milieu de deserts dont Taspect uniforme n'offre 
aucun objet qui puisse laisser de profondes traces dans la me* 
moire, exige une sagacile dont .nous nous faisons difficilement 
une idee , et que Ton ne pent trouver qua chez les sauvagesj, 
ou chez des peoples comme les pdtres de TAmerique du sud , 
dont I'education et les moeurs se rapprochent de Tetat de nature. 
Get art, quoique generalement repandu parmi reux-ci, con« 
stitue neanmoins une profession ; et le guide qui nous condui- 
sait etail, en cette qualite, \ la soldo du gouvemement 

Il etait accompagne d'une douzaine de vauriens qui, sous le 
litre de volontaires , et sans autre espoir que celni de fair« 



partie dc qudqtic ccfaauffouree o\x il Iciir serait pennis tl'eti)e- 
ver dos chevaux aux Indiens, abandontiaient gaimcnt les lieux 
habites , pour soiiffrir toutes Ics iocommodiU's et les privations 
dc la vie crrante. Cos aventuriei*s apparteiiaient a la classe 
d'hofliines qui dans 1e pays portent le nom de gau'chas ; gens 
sans aveaot sans domicile, vivant sur le commun, abusatit de 
rhospitalite si generate dans ces con trees , partageant leur vif 
entre le jea et les cabarets , et ne louant leurs services qu'k la . 
derniere extremite. C est le vrai type des moeurs agrestes et du 
caractere independant des habi tans dans les provinces ou do- . 
mine la vie pastorale, et je nc pouvais souhaiter dne plus favo- 
rable occasion de les etudier. 

Quelques-uns des volontaires marchaient groupes autour du 
vaqueano; d*autres, places par ses ordres a unc demi-lieue sur 
les flancs de la colonne, servaient d*eclftireurs, et scrutaient 
d*un oeil attentif les hautes herbes qui couvrent utie grandc par- 
tie de.la surface des plaines. Yenaient ensuite une trentaine 
dlndiens Aucas , de la tribu des Pehuenclies, qui habite les 
vallees des Andes, vers le volcan et col d*Antuco, en face de la 
Conception du Cbili. lis accompagnaient leur cacique principal, 
qui etait venu soUiciter le secours de fiuenos-Ayres contre la ' 
horde de Pincheira. Ces ficrs et indomptables guerriers mar- 
chaient epars, traitiant d'une main leurs longues lances, et 
cpiant continuellenient les daims et les autruches que nous 
trouvions ^ chaque instant sur noire passage , et qui echap- 
paient raremcut au tir de leurs boulcs. Leurs femtnes et leurs 
enfans conduisaient derriere eux les betes de sorome et les che- 
vaux de rechange, galoppaut a droite et k gauche pour chasscr 
les betes paresseuses , qui dans ces longs voyages s'arrdtent k 
chaque instant pour brouter. Enfin rarriere-gardo etait formee . 
par un detachement de vingt cuirassiers avec leur ofEcier. Ces 
militaires etaient specialement charges de veiller sur ma per- 
sonne : ils emmenaient aussi des chevaux de rechange et uu 
tronpeau d^ jwmens destine h. I'approvtsionnement de la cara- 
vane, car on n'em{f#Pte jamais d'autres vivresdans des marches 
aussi rapides, et Ton avail seulement prepare pour moi un peu 
d^ viande de vache salee et secjiee 5 la maniere du pays. 

Telle etait la distribution de notre caravane, qui oflrait ^ 
mes observations trois classes d*hommes distinctes, et une suite, 

F. Tome XXV. — Janvier i 83 i. 9 



i3o f^^ages. N« 44 

de tableaux piqiians dans la marche , la chasse , les haltes , la 
mantere d^ camper et de se garder, les alertes , etc. Les Indiens 
sarlottt^ dont plusie;urs s'exprimaieat tres-bien en espagnol, me 
fournissaient und foiile de details curieux, et repondaient avec 
uoe complaisance qui leur est pen ordinaire , aux intavissables 
qnesliokis que je leur faisais sur les lieux qu'ils avaient traver- 
se dans leur long voyage de la Gordiliere aux c6tes de rAtlan- 

tiqufli. 

Apffet ttvoit lais^ derri&re nous les soittmets nuds ef d^ehit^s; 
dea toontagnes granitlques du Tandil , nous toitoblmes dati^ tine 
b<lie valine oil pi*end naissance la petite rivi^iv ChapaleuTu , 
et nous atteigoimes une seconde cbaitie de montagnes <;a!daireS, 
doiit let flancsi coupes h pid, prdsentent comrae un^ gratid^ et 
longue muraille d'une hauteur unlforme. Elles portent le iiom 
de Sierra de la Tinta(des couleurs), h cause des ocres qu'y vien- 
nent cltercher les Indiens pour peindre leur corps ct Icut^ pel- 
leteries. ^ 

Au debouche des mo^tagneS on relrouve de nouveati de^ 
plaines qui formcnt un bassin afgilo-calcaire enti^rement sem- 
blable il celui des Paknpas, quoique beaucoup moins ^teddu. 
Ce bassin est traverse par plusiifurs petites rivirres qui y p</r- 
dent leur rapidity, et y acquiefent une salnre plus ou moins 
prononcee. Bientdt on atteint de beaux c6teaux argilo-sablon- 
nenx , et h peine perd-on de vue la Sierra de la Tinta au nord- 
est, qu'on dccouVre oelle de la Ventana au sud-ouest, ce qui 
m*a pcfmis de fairc des releveraens assez precis et de donner 
une certaine exactitude h ritiueraire que j'ai construit (i). Les 

(t) Notts veilloDS J^attetndre le sommetderan Je ces coteanx lorsqae 
donA apercfitties k Vhovtzon des groapet d'objets coafas, aaxqnels le mi- 
rage, qui s'obMfTe prea^iie comitraellenieiit h la sdrface de ceh gtindes 
|dsiae3# doaaait millt Ibmtea fMtiifttiqnes. MaIs bipiitdt noai pAnte^ 
dialiBgaer fl«s cavalien qui oonraieat k toota brid« | pah reVeaaienf ^nt 
Ivath pas et ae eroiaaimit «a toni aena. Noa edaironra ptiretttlea datanti^ 
et avant qa'Ha faasant d« ratonr, nods uonA troavAmea aor lo tbe4tre d«- 
cettd joule iuattendae. Cetait aoe ebasse d'lodlcua Aaoas. Lea daima^ 
les aotrnches, les tatoaa qni de tontes parls gisaieot ^gorges sar 
Ilierbe easanglantee , prouvaient qu^elle ayait ele tres-aboadunte; et 
non loin de la les femines et les enfans, restes au camp etahli finr les 
bords d^on lac , ^tulent occnpes a depecer et t^ boacaner le gibier de la 
v«fll«. 



terrains arglieiix qli^ nous Iraversions bht pouV limi'tcuhe petite 
riviere k laquette son tettreme salure a fait dohher le noni ihaU 
heureiisemehl trop multiplie de Salado; elle tes ^^piiredes 
grands bancs caicaii-es qui s'appiiiehfc siir les montagnes primi- 
tives cle la Vehtana, et que recouvfe uiie cbiiche tres- mince de 
t^rre formce d*iin melange de sable et d*^argile, dans lequet le 
sable ddtnine d*autant plus qu^on s'avance vei-s le sud. JPasse 
I'Arroyo Salado, le sot devieiil de plus eh plus montiieux^ et 
les Hvi^res que l*6li rencofatr^ couleni du Fond d'etroites et 

w cfollitfMe an tiHsis ^mrM Arraiidlitsv ^ I* ^ttnn^t a*a% bobUft Ihl 
qaatt^ litrei , it n»vi6ta«i iruxat hoAnt de (lea^ qai k ^ limMet^ pijftfr 
oek effet } dfa mamera qtt*ieB tt^nt die a |^m estc^emeiit i pur ie rethttt^ 
la forme de la bonle. Cbacttce de cea bdnirsea est aaspendae a uiie ior%t. 
courrole qui a environ quatre pieda de longaeur, et 1^% codrroies aoat 
reanies par tear autre extremite. Le cdvalier tient Tane des boolea et le 
point de reunion dans la main drolte , el il inipriuie anx denx anti-es 
booles nn inonvement de rotation ad-desshs de sa t^te. tiOrsqn'il jdge ce 
ibc'avemeikt ai^ez ra'pi(!e,n tachele pbiht (fenVrlifae 'an()uel vienneni se 
rt^dnir tes trois cotirrbies, et i! i:bnt!iitte \ hxtt idahier toni Itj sy$. 
teme jnsqn*! th qtffl soil i pbHie do bnt 4§1! vfelit aticisdre; Alort II 
htUee fe totiti I>8 bonles s^ikbipp^ht en tonitnoyitat int \t feeat#» ^nl 
kii^ aert d*attaclie $ et rorit a^eotertiUer avtbttr.de i\EAi|eC frap|i6. fi'nalHMtf 
q«l en est attaint i«ste empire et aoadaineBaeat eri'lte dana aa foltei {« 
leate ebaaaenr est anasitot k terre, arme dn conteaa qn*ilporte a la tsein* 
tnre, et en an clin d'oeil tl egorge sa prole et la place sorsonebcTal. 

Lorsqne les Indiens des Pampas Tealent faire nne grande battae lis 
vont passer la nuit sur le point duejie doit comiaencer, et se plnc'ent sur 
nne grande lignearrondie en fornic de demi-cercle. Ces prepnratifs sont 
fails d^s le soir ^t cbacan do'rt 4 sbii pdstii , de iiiahilr^ qu*afl point (Id 
jodr, its n^ont qn*i moiiier a cbetal %t ft s*aVaiicer I^hii^nicilt datti ctt 
drdre. jfli ihfpretinent aittsi , &hr toat le fHidt qill!^ eHiferh'stfe^t tdiil 
k^ fltailiAax etfiortnil dti qtd atteftdent {tOttt |>aUte i|lke la ^Oi^eVott Hl^ 
8tp^. Qnel^efoia Mb fbhnent den* on treds ligtMia ediie#uti<{^neJy i9« 
sdrte qne i'atumid qhi k eebUppe anx cbaasenra -de Is premllie, tootbe 
-infailtibleiDent sons lea coups de ceux qui la svivcnt. 

On coticoitqa*aveG nn pareil systeine de cbasie, nne coiitree est bientdt 
depenplee, et que la triba est obligee de le?er le cantp pour allcr eber- 
cber fortnne alUenrs. Celle qne nous venlons de rencontrer faisalt alors 
des provisions pour plasienrs semaines. Elle nods /it ttes-bon accaeil, 
et nons nons ^epai&mei d'elle ciiirges de gibier. 



1 3a Vojrages. W 44 

profondes vallees, bordees de falaises vcrticales entierament 
composees de calcaire. La derniere et la plus considerable de 
ces rivieres 9 avant d'atteiudre la baie Blanche, est le Rio Sauce 
Grande, ainsi nominee k cause des beaux saules dout ses rives 
sont bordees. C'est Ik qu'on trouve le premier arbre qu ait 
plante la nature sur cette longue route ; la aussi commencent les 
terrains siliceux dont j'ai dejii parle, et qui continuent presque 
sans interruption jusqu'k Textremite australe du continent. 

Nous arrivAmes k la baie Blanche le 21 mars, et le gros de 
rexpedition ne nous rejoignit que le 9 avril. Notre petite avant- 
garde passa done une vingtaine de jours isolee, et ce furent 
autant de jours de detresse et d'alarmes , par le denument ab- -. 
solu de vivres et les aiertes continuelles de nos Pehuenches^ 
qui k chaqne instant croyalent decouvrir les traces d'ennemis* 
anx aguets, et se voir assaillir par la horde de Pincheira. Je 
parcourus n^anmoins les alen tours de la baie^ qui sont en ge- 
neral assez arides,excepte sur les bords de deux petites rivieres' 
qui s*y dechargent , et dont Texistence h etait pas encore connue. 
Je fixai sur la rive gauche de Tune d'ellesle lieu du uouvcl 
etablisscment, k cinq quarts de lieue de son embouchure, au 
milieu d'une plaine dont la fertilite decida m^fi choix. 

L'existence de la baie Blanche a ete ignoree jusqu'a une. 
epoque tres-recente; aussi ne la voit^on figurer sur aucune des 
cartes marines publiees jnsqu'k ce jour; et parmi les cartes geo- 
graphiqnes , je ne connais que celles de M. Bru^ oil elle soit in- 
diquee. Elle a ete d^couverte par les pecheurs qui poursuivent 
les amphibies sur ces cotes ; et la premiere reconnaissance qui 
en ait ete faite a eu lieu en 1804 et i8o5, epoque a laquelle un 
brick de guerre y fut envoye par le vice-roi de Buenos-Ayres. 
J'ai eu entre les mains le plan hydrographique qui en fut dressc 
alors : c*est un ouvrage grossierement execute ; mats malgre les' 
inexactitudes dont il abonde, son ensemble donne une idee 
assez juste de la forme de la baie, et il n'a ri«n ete fait poste- 
rieurement qui puisse ameliorer les details de la partie exte«- 
rieure de ce vaste port. 

Des que j'eus trace le fort et autres travaux qui dcvaient 
s'executer pour Tetablissement de la nouvelle colonic, je m'oc" 
cupai de la topographic des alentours de la baie. Je relevai une 
partie du cours des deux rivieres qu'elle re9oit, et je dressai un , 



Voyages. i33 

plan que je liai au sommct principal do lai Yentana par un 

triangle dont la base niesuree a pres de huit lieues marines. Je 

ferai remarquer, en passant, que ce sommet, qui se decouvre k 

' la mer d'une assez grahde distance , et qui a re^u des naviga- 

' teurs le nora de Monte Hermoso, est place sar toutes les cartes 

au bord meme dc I'Ocean y tandis que dans la realite il en est 

^eloigne de plus dc douze lieues, et qu'il n'est pointy comme on 

nous le represente , une montagne distincte et separee de la 

Sierra Yentana. J*ai corrige cette erreur et indique son origine. 

Des hauteurs meridiennes du soleil prises k diverses epoques, 

toutes rapprochees du solstice, m'ont donne avec precision la 

latitude du nouveau fort; et en admettant la longitude assignee 

par tbutes les cartes marines au Monte Hermoso, j'ai eu tous 

les elemens necessaires pour construire geographiquement mou 

^travail de la baie Blanche , et pour le rattacher aux travaux dont 

j'ai parle plus haut. 

Quatre mois dc sejour dans ces parages m'ont permis d*en 
tracer une description exacte, a laquelle j'ai joint les observa- 
tions meteorologiques que j'y ai faites journellement , et Tana- 
lyse chimique des efflorescences salines qui y couvreiit de 
grands espaces d^ terrain. De plus, les relations que nous ne 
tardames pas k etablir avec la colonic du' Rio-Negro, situe a 
quarante lieues au sud du notre, me procurerent I'occasion de 
reunir sur les parties plus australes du continent tous les ren- 
seignemens qui m'etaient necessaires pour rendre completes les 
notions que j'ai acquises sur ces regions desertcs et steriles. Je 
me suis servi avec avantage de ceux qui m'ont ete fournis par 
deux voyageurs, M. Cramer et M. Jones. Le premier, ancien 
ofBcier francais au service de la republique Argentine , a fait et 
dressc,par ordre du gouvernement de Bucnos-Ayres, une re- 
connaissance de la baie de Todos-Santos , des dix premieres 
lieues du cours du Rio Negro , et de la peuinsule de San Jose, 
M. Jones est un Anglais qui a eu pendant plusieurs annees un 
etablissement de peche k la baie de San Bias , et qui a parcouru 
en detail toutes les cotes de la Patagonie, non-seulement par 
mer, mais aussi par terre ; car ayant naufrage dans le golfe de 
San Jorge , il fut oblige de se frayer un chemin jusqu'au Rio 
Negro, apres avoir sejourne au milieu des Indiens Patagons , et 
avoir essuye des fatigues incroyables. Get intrepide et mall^CH^ 



|34 rmgM. N" 44 

reux pecheur 4 fait j|ii«si le voyage de Patagoj>e& k Buenos- 
^jres ^ a trayers les Pfiinpas. Je lui dois beaucoup de rensei-' 
gneniens interessaps. 

Parmi un grand norpbre de niateriaux importans aue j'ai 
r^unis sur les contrees australes , tels que \^ caiques des plaqs 
originaux des principaux ports de la Patagonie^ dresses par la 
marine espagpolc . le document le plas precieux est la carte et 
le ipanuscrit de Dqn Basijio Yillarino , ofHcicr de nnarii^e 3^ qui 
en i/^Si^ a remqnte le Rio Negro depuis son embouchure ju^r 
qu'& sa source au milieu des Andes. II est yrai qu'il s*est glissf: 
^ans le travail graphiqiie de ce yoyageur une erreur conside- 
rable sur la longjtude ^ p^ais par un examen attentifet la discu^ 
sjop des cjonnees que renferme son manuscrit , j*ai pu retablir 
les calculs sur leurs yraies bases , et parvenir k un resultat tres 
satisfaisant. AJnsi nous avops en entiec le cours dp |lio-NegrOj 
et la description des terrains qu*il arrose. 

Qc fleuve, le plus considerable de ceux qui se trouvent du 
Rio de la Plata au detrqit de Magellan , a quelque analogic avcc 
le Nil, quoique sur un plus petit developpement. Comme 1^ 
flei^ve egyptien . il prend sa source daps de hautes montagne% 
et coule dans une yallee qu'il arrose par ses inondations perio- 
ques ;. ainsi que lui 9 il parcourt une vastc etepdue de pays sans 
receyoir aucqn affluent, et il traverse de grands deserts arides 
qui ne presentent ^'habitable que la zpne e|roite baignee par 
ses eaux. Mais ce cjui rend surtout ce ^e\\ye ren^arquable, c*^t 
cju'il ^t Je seul qui puisse servir a etablir par eau une commp- 
nicalion directe avec le Chili ^ et (ju'il copduit a ce fameux col 
des Andes que les neiges ne ferment en aucun temps , et auquel 
aboutissait, dans les premieres anpees de la conquete, pp chc- 
min fraye qui conduisait de Buenos-Ayres ^ Yaldivi^ et autres 
yilles australes du Chili. Les trac^ de ce phemin spnt apjpur- 
d'hui cntierement perdues , et la tradition seule en a cppservf 
le souvenir. 

La connaissapce ei^actp $lu coprs du Jlio PJegro u^\\\ ^tr^ 
cpnsideree copirac upe decquvffle ipipqrt^ipte ep gcqgr^phif , 
£lle aide k resoudre la grapde questipn qui | daps le pays paen^e, 
mintage tons \qs esprits sur Jes afflpens de ce flcuve, sur lo^ir 
giuc et le cpurs du Rio Colorado , et sur celui ^es rivieres qipi 
descendept d^ la (]ordiliere apx epvp'ons 4^ JVfendoza pouf $9 



dinger vers le sod. Elle fait disparaitro enfin pel enchaioemest 
de rivieres et de grander tagupe^ dont nos geographer oompa- 
Sinnt le cour? du Aio NegrQ et de tea affln^oa ; fmchalnetsent 
tout-a-fait ideal , et qui fait un vrai chaos de la geographic de 
pe^ PQ^treps, An reste^ le voyiige d^ ViUwno oest pa^ le acul 
document qui w'ait aide h dctaircir cette coufusioni et^ j*ai 4l^ 
favorii^ par plusieur^^ copjonpturps tres-h^ureuspi. 

▲ ppiup fl^iiies'PQua efablis a )a bale BUoqhet que les diver- 
sps peuplade^ d'tudieQa AMf'^^s qoi se trQuvaiput eparsei dHAs 
Ip^ environs, vin^ei^t a^eoir leur camp autoqr de dous. I^a 114- 
txou Piielche abandoiioJi aHs» Ipa boTd« dn Colorado , a^ p)1p 
moarpe habitaellement, pqyr vepir visiter ^^ nouveau^ voir 
«ins, Enfio le corps 4e$ ppbi^pncbes, doAt «n detacb#ipen| m'a- 
vait servi d'escorte , vipt aMgipepter cette reunion deja oopsi- 
derabl^ > ct. soUiciter d'ellp sa cooperatiop a Tattaqpp de U 
borde de Piocbeira. On ^avait que eetce horde etait cap^pee 9P 
jponfluept dp Colorado pt d'unp autre riviere considerable qi|i 
vient du nord , et dont les eaux sont sal^ps* Jli'pxpedi^op fut 
resolpp, Up detachement de nos troppe^ en fit partip; et je 
phargeai lofficier qui le conam^ndaii; de pie rendre pouipte de$ 
di^ppes parpourues, et de tpus les detail^ qp'offrirait sofi 
Ypy^gci sur Ip pours dp flpuve dont il allait ^uivre \^ bords* U 
rpsultp de ritinerKire de cette ei^peditioPs que le ^io Coloradg , 
i^e ponipo^p de depx branches principalest dont Tppp viept di- 
tpQtqmept de Touest et Tautrc dp i^grd ; pt qpe par popsequppt 
<^*PH pe^euve , ei pop Ip Rio rfpgro, qui revolt Ip IUq Diamante 
pt autres rivieres du versapt dps Apdes 9.U pied duqpet sp trouYP 
la ville de ]V(pndoza« 

. Cp fait, mecoppp ju»qu'4 PP jour, est pleinpmept ponfifme 
par IIP autre voyage apsi^ long et pop moins ipteres$^nt qpp 
pp|ui dp Yillaripo. Cest celui qu'entreprit;, ep 1606 , Don Lui$ 
de la CrM«» dp la Copceptiop dn Chili k Buenos-Ay rpf par le 
voloan et col d'Antqco. Jp ine suis procure le mapuscrit de PP 
voyageur; et^quoique son itineraire ne renferme d'autrps dop- 
pppa que les aires- de^vept pt les di^apces, et qu'il p'ait. pas , 
poipmp celui de \illarino» TaviiPtage d'offrir dps observ^tiofKf 
dp latitude , je suia parvppu par pn exaptPP critique el, dp& rp- 
ductions popvpnable^ 4 ^n copstruirp tops les details \ et il n^ 
me rp»te plu^ appup do^te m Vofi&m pt la distrib^^i^R i^ 



i36 Voyages. N^ 44 

caurs dVau C|«i Iraversent cette vastc region. Je crois que la so- 
lution de cotte question ne sera pas consideree eomme la partie 
la moins importante de mes investigations dans i*Amerique du 
Sud. 

J'ai profite de mon sejour au milieu d'une nombreuse reunion 
de tribus indiennes , pour recueillir snr les moeurs de ces peu- 
pies guerriers et sauvages, tout ce qui m'a paru digne d'interet. 
Je suis parvenu a connaitre d'une maniere positive le nombre 
^de nations, distinctes qui habitent les contrees australes, et qui 
ont ete muUipliees sans fondement par les ecrivains. Ceux-ci 
out pris pour des noms de peuples differens ceux de tribus de 
m^rae origine, qui se distiguent entr'elles par le nom des lieux 
"^qu'elles habitent, en y ajoutant la terminaison cke^ qui signifie 
homme, Eniin, j'ai cherohe k calculer, aussi exactement que 
possible, le nombre d'habitans que composent ces nations, et 
Ton sera effraye du resultat que j'ai obtenu, en voyant le petit 
nombre d'etres humains qui so trouvent comme perdus dans 
une'au^sivaste etendue. 

De retbur k Buenos- Ayres vers la fin de 1827 , je n*ai plus 
entrepris de longs voyages, maisj'en ai faits de frequens dans 
rinterieur de cette province, oil j'ai execute diverses operatioiis 
d'arpentageetplusieurs travanx topographiques pour le compte 
du gouvemeraent. Les donnees que m'ont fburnies mes recher- 
ches et mes voyages dans le Sud , reunies a I'espece de cadastre 
qui a ete drcssc par le bureau topographique de Bnenos-Ay- 
res, me permcttcnt de publier de cette partie considerable de 
la r^publiqiie Argentine une carte tres - dctaillce et beaucoup 
plus exacte qu'aucune de celles qui ont paru jusqu'a ce jour. * 

Possesseur de nombreux materiaux dont une partie se tronve 
indiquee dans cet expose > il devenait indispensable de les 
classer et d'adoptcr un plan de redaction. Yoici comment j*ai 
con^u le cadre dans lequel on pourrait leur faire occuper une 
place, et les presenter sous un ordre k la fois agreable et in- 
structif. 

Apr^s avoir donne une idee g6neralcde la republique Argentine^ 
ide ses ancieunes comme de sesnotivelles limites, et du nombre de 
provinces qu'elle renferme, je diviserais celles-ci, ainsi que I'a 
fait la' nature , en littorales et interieures , en pastorales et agri- 
coles. A la tete des premieres se trouve la province de Buenos 



/ 



Voyages. 1 87 

Ayres dont la capitate, qui lui a ilonue son nom, pent etre 
consideree comme celle de toute la republujtie. 8^a situation 
hiaritime qui la rend Tentrepot du commerce de tout I'etat , et 
lui donne Tavantage exclusif de sc mettre en contact immediat 
avec les nations etrangeres , son r61e politique , sa population 
plus nombreuse, sa civilisation plus avancee, tout concourt i 
lui assigner ie premier rang; et c'est elle dont il convient de 
s'occuper d'abord. A la province de Buenos-Ayres se rattachent 
uaturellement toutes les eontrees desertes qui Tentourent ; ainsi 
sa description doit etre accompagnee de celle des Pampas et 
de la Patagonie, et cette premiere division renferme tout Tes- 
pace compris entre le trentc-quatrieme parallcle €t Textremite 
anstrale du continent. 

Le Rio de la Plata , sur la rive duquel est bati Buenos-Ayres, 
se forme de la reunion des grands fleuves navigables qui arro- 
sent les provinces de Santa Fe , Entre-Rios, etc. Ce sont celles 
que j*ai designees sons le nom de pastorales , parce que I'edu- 
cation des troupeaux y constitue I'occupation principale de 
leurs habitans. Elles forment avec celle de Buenos-Ayres un 
groupe dans leqnel les moeurs ont la plus grande analogic; 
leur description doit par consequent saivre celle du terrltoire 
de la capitale. Ce groupe d'ailleurs , renfermant toutes les pro- 
vinces que baignent les eaux de I'Ocean et de grands fleuves , 
et que , pour cette raisou , j*ai nommees littorales, il ns reste 
plus a s'occuper que des provinces interieures. 

- Ces dernieres composent elles-memes d'autres grouped tels 
que celui des trois provinces de Cuyo , qui sont Mendoza , San 
Juan et San Luis , et qui prcsentent entr'elles la m^rae analogic 
que les provinces littorales. Viennent ensuite celles qui s'eloi- 
gneiit du bassin des Pampas , et qui , plus ou moins herissees 
de roontagnes, offrent ^ TobseiTation un sol et des moeurs toutes 
dtfferentes. 

En decomposant ainsi le vaste territoire de la republique 
Argentine , ou est conduit ^ decrire successivement toutes ses 
parties, dans Tordre ou elles se presentent naturellement au 
voyageur; il est facile ensuite de bien juger de rensemble, 
de faire ressortir dans des apercus generaux cc qu'ont de com- 
mun les diverses provinces qui le composent, et de rendre 



|38 f^ayages. N'44 

saillaotes )es difTerences notables qui les diftliogueiil les up^ 
fles autres. 

Mais pour proceder k cp& descriptioas partiell^i il par^i^ 
indispepsable de presenter une suite de cartes particuli^re^i 
^pqstruites sur une asse« grande echelle ppqr reoferiner la plu- 
p^rt des details qiie Top suppnme ordini|ireaienl.dans {^ ca^teii 
^t que Ton reserve pour les plans topqgraphiques. 

I4^ coptrees de TEi^rope spnt tellement peqplees que les g^.> 
gr^phes doivent se horner k y signaler les principaux li§w^ 
liabites | les moyeps de communication , leS) amas ^t l^s coqrs 
d'eau )es plus considerables , ^t les grandes inegaliies de 1;| siii^ 
face t^rrestre. pes details plus minutieux. ^eraient superfine , 
et ne feraient que surcharger des cartes que la inultiplicite d^ 
noips ne r^nd dej^ qpe trop confuses, l^es ^ra?aiipi de rhomine, 
d^illeprs } d^ns une Ippgi^^ sui(e de sidles, ont repdu, ponir 
ginsi dire , artificielle la surface d'uu sol dqvenu enlierf ipen( 
prodiictif , ct ont fait disp^raitre |es ipondations , les for^ts im- 
ineDses et tons le| grfinds accidens 4'une pature agfeste^ 

]|(gi$ il ep est top( aufremept daps les vasites cpp(r^es dpi|( 
j$; ip'occupe. \j^ r^ppprt de la pqpiilatipn }^ la spp^fig^e sur 
li)qu^Ile e)le es( repandu^ es( telleoient faihle, qu*il s'aneantit| 
s^je puis m^xprim^r 9ip^i> et que Tpn p^ut <H)nsiderer I'en**^ 
sep\)>lo de (a reppblique Argentipe comme un grand desert , 
dans Iqqucl se trpuvenl; dissepiiinees quelques oasis habitees. 

Ce sera it par cop^^quent redpire a up vrai squelett^i et x^9r 
^f^ tfi^^-peu digpes d'interet (e^ cartes partipulieres des pro- 
Ifinces , que de s^ t><u'n<^i^ ^ j tr^c^r 1^ petit npmbre do poipt^ 
]iabites ct d^ ctiemips qp'elles r^nfennept, et les principalei^ 
I'ivi^r^^ qui les arrosent. II oi'a pfirp au nioins ^ussi importapt 
de ph^rph^r a faire conpaitre la natpre des terrains , Ips grands 
YV45^.tau» et lesi e^pi^ stagpapte$ qui couvrept |eur surf^ice, et 
tons les accidens qui rendeut celle-ci plus ou moins prpprP ^H 
$^ejour d^ rhorapie et I^uil travaux de TagripuUure. Q'pst ppur 
gela que je p'ai ppiis a^9^^ des details pt do^ signes pppven- 
tionnels qui m'opt parp propr^s k fairp juger« autapt que po&r 
sible» fip premier cppp-d'ceilj, de Ta&pcct physique du pays et 
des re^soprces qu'il pent offrir. Cest aussi par la memp raispp 
qpe d^ns la partie $tatistiqup, ep eyalpapt la spperficie de ^a-* 
que province , je me propose de faire connaitre I'espece des 



dlfferetis terrains qu'elle coinprend , et la proportion 4^QS to* 
quelle charun d*eux concourt a revaluation totale. 

J'adopt(i poqr les cartes particulieres la proj^ctioii d^ |iler(^- 
tor, parce qii'elle fapilitc beaucoup la constructiqn des i(i|i^r|^i- 
res, en peripettant de tracer iipm^diateipent le^ air^^-de-iFent 
suivies et les relevemens faits piir Ic^ vpyageurs. Mon pa^^e 
(^'ailleufs ne depassant pas le quarante-troisienie par^Ilele , qe 
renferme que des latitudes sous lesquellps cette proj^etion n'a}- 
tece pas d'uqe maniere trop sensible la conjuration de^ regions 
qui y sont situces. Je reserve la projection conique poi^f la c^r^ 
gcnerale. 

Je ine suis fait une regie de ^'employer ^ans la noipencl^- 
ture geo^raphique que le |angagc parte sur les lipux qqp je 
decris. Car si une carte peut etre consideree comme un iu^tri^- 
ni^nt destine au vqyageur qui yeut parcourir le pay$ qu'elle 
represente , il par^it essentiel que les noms dont elle est couyerte 
soient ceiix qui sont en usage dap^ le pays meme ; et j'etq;i4s 
celte regie non seulement aux no^is propres d^ U^ux, mai§ q^i- 
cqre aux terrnes generiqt\es qu'emploie le langage locfiU ^)6 
rcservant d'en donuor rexpiicatioi^ 4^^^ ^Q^ synqnymie ^q^t 
j'accon^pagne chaq^ie carte. 

. J'evite ainsi les errei^rs grav^ ou sq^t tqmbea Ips geogr^iphqs 
qui lisant,par exempl^, dans les origin auil^ qM'ils ont cqi^sqU^ 
le mot montes sous leqgel les h^bitans^ ^^ns leur ^spagnol co^'- 
ronapu, desjgnent les bqis, I'qnt traduit par montagn^s, et out 
fait figurer des raont^. oCi il n'existe pas la nioipdre coiling ^ e^ 
les sqbstituant a de grandes fqrets qui s'el^vept d^^ns d^s U^WX 
bas et inqndes. C'est encore par un^ fausse; ipterpretmiqp d? 
termes locaux, quenqs meilleures carter nqi|s piontrent ap, n\i- 
lieu des Pampas le mot tarrens sur un terrain dont rhorizon- 
talite transforme en marais toutes les rivieres qu'il recqit de^ 
montagnes qui le circqnscr^vent. Je pqurrais cifey upet fqule 
d'erreurs semblables. 

Je noe sqis aussi attache scrupulepsen^ept |l cQpserye^r Jepf 
ortho^raphe ^ tops (e^ flppis, propres , ayj^nt pp rj^ copviiipcr^ 
que pour avqif neglige ^^ siqip ipipqrtaqt:, nos car^^ sq^tsqi^- 
vent inintelligibles pqpr les habit^^ns paeme des pays qu'^ll^ 
represeptept^ et qp^ c'^s.( upe ^es causfs qpi contribuent l^ 
plus ^ Iji cq^fpsiop qui r^g^^ d.ans ja geogr^pliie 4^; cpiitree^ 



i4o y Of ages, 

encore peu conniies. Qui reconnaitrait , par cxemple, le mot 
lavquen , lagiine , dans Ifqtten qui ne signifie rien ? bebedero , 
lieii qui bpit, qui engloutit Teau qu'il recoit, dans bebeden qui 
ne veut rien dire? Curamalal est le nom d*une montagne; it se 
conopose de deux mots de la langue Auca qui expriment une 
enceinte de rochers, et peignent le lieu auquel ils sont ap- 
pliques : nos cartes le transforment en caranuala^ mot vide de 
" sens. Enfin, sans etendre plus loin celte critique, je me conten- 
' terai de demander s'il n'est pas triste de voir le nom d'un 
'fleuve aussi considerable etaussi connu que TUruguay, estro- 
pie et change en Uraguay? J'espere que mes. cartes et les re- 
cherches que j*ai faites sur Tetymojogie d*un grand nombre de 
noms propres, contribueront a faire disparaitre ces imper- 
fections. 

Chacune de mes cartes particulieres est accompagnee d'un 
memoire gc^ographique destine a faire connaitre les donnees qui 
ont servi A la construire, et surtout les regions qu*elle retrace. 
II m'a paru naturel de decrire le pays avant de m*occuper de 
ses habitans et de leur organisation sociale ; d'apres ce prih- 
cipe, que les localites sont la premiere des causes qui influent 
sur les moeurs et le caractere des peuples. Aussi ne place-jequ'k 
ia suite de cette description geographique, les itineraires des 
divers voyages qui m'cn ont fourni les materiaux. Je conserve 
^ ceux-ci la forme de journal, parce qu'il m'a semble que c'e- 
taitle meilleur moyen d'entrer dans une foule dc details minu- 
tieux sur les usages des habitans. De cette manicre, je traite 
de ces objets au fur et a mesure que les diverses circoustauces 
de mes voyages font naitre Toccasion d'en parler. Le mouve- 
ment et la variete de celte espece de narration m*ont paru prefe- 
rables k un expose methodique, qui probablement serait tres- 
fastidieux. 

Enfin^ apres la descripition geographique qui fait connaitre 
une province, et les tableaux animes des itineraires qui met- 
tent en action ses habitans , de maniere a peindre leurs mceurs 
et a faire ressortir les principaux traits de leur caractere, il 
devient plus aise de tracer son histoire et de donner une juste 
idee de sa situation actuelle. Je me propose , en consequence , 
de placer ^ la suite des deux premieres parties indiquees , Ta- 
breg^ bistorique de la fondation de chaque province et dc ses 



Voyages, i4i 

progr^s jusqu'h Tepoque presente, avec tous les details statis- 
tiques que j'al pu me procurer. 

Le resume de tous les faits qni constituent la description 
g^ographiqne, historique et statistique de chacune des parties in- 
tcgrantes de la republique Argentine, fournira un tableau ge- 
neral propre a completer ct terminer I'ouvrage destine ii, la 
faire connaitre. 

Tel est le cadre dont les materiaux que j'ai rccueillis peuvent 
remplir une partie. Son etendue est vaste, sans doute; et pour 
le rendrex;omplet ,il serait necessaire qu'un nouveau voyage me 
permit de visiter les provinces que je n'ai pas parcourues moi- 
meme, et sur lesquelles je n'ai que des renseignemens plus ou, 
moins positifs. Si ce voyage etait entrepris dans ce seul btit , 
avec les instrumens et autres secours qui m'ont manque dans 
le premier, je crois que les sciences pourraient en attendre des 
resultats interessans. II n'est pas douteux , au moins , qu'une 
longue habitude du pays et les notions deja acquiscs ne me 
donnasscnt un grand avantage sur les voyageurs qui entrepren-. 
nent la description de regions ou leur apparition momentanee. 
ne leur permet que des observations rapides, et les place sous 
rinfluence de mille impressions du premier moment, dont le 
temps fait bien souvent reconnaitre la faussete. C est, h, mon 
avis , une cause d'erreurs k laquelle n'ont pu se soustraire quel- 
quefois les hommes les plus distingues , ^t que mon long do- 
micile en Amerique me donnerait plus de chances d'eviter. 

Je souhaite que la lecture de cet expose confirme Topinion 
que je viens d'emettre, et que mes travaux sur les provinces 
australes et orientales de la republique Argentine soient assez 
importans pour faire naitre le desir de les voir s'etendre au 
reste de cette grande et interessante contree. Remplir cette 
tdche fait toute mon ambition, et mon zole n'attend que les 
moyens. 

4^' Voyage de PEiTEES bouodhistes chinois en 899. 

Dans la seance de TAcad^mie des inscriptions et belles-lettres 
da 29 octobre i83o, M. Abel-Remusat a la un memoire 
sur la decouverte d'une relation de voyage d'un genre assez 
extraordinaire , quant a Fepoque , au but et 4 Tetendue des 
con trees parcourues. Des pretres bouddhistes , partis de la 
Chine Tan 899, traverserent la Tartarie^ le pays des Ouigours, 



ti|i Voyages. 

les monU Slmalaya , Tindiis, visit6rent les ttautes regions dc 
la Perse orientale, repasserent lladus, atteignirent le Gange, 
Tisiierent les pays les plus celebres de Ttude centrale, desceh- 
dit*erit jUsqu'^u lieu od est maiotenant Calcutta^ s'eifnbarquerenk 
pour rile de Ceylan , et revinreut dans leur pays en toucbarit 
ak iaVa. t^ette couhsede plus de i,5oo lieues par terre et d\& 800 
lieues par mer^ les occupa i5 ans. Leur but etait d'apprenare 
\t isatiscril , de cdpiel* le^ livres sacrcs de leur religion , et de 
sHhs'tlruire daiis ses dogmes les plus secrets, itis visiterent dans 
cetle intention leslieux reputes saints, les temples fameux^les 
mondst^res. Cheinih faisant, ils recueillirehi des notions b*es- 
ctiirietises sur la g^ograpbie dc regions tres peu explorees, et 
sut* lliistoire i^ pUisieurs £tats de tlnde , que Ics indianistes 
ne nou§ ont pas encore (ait connailre, tels que Oudiaha, le 
pays de Kandara et des Beloutcbcs ; sur Id rive droitc de l^Iu- 
du& , ie Kousbala , le Kapila et plusieurs autres dans Tlnde 
nloyehhe. Le laborieux academicieh a decouvert cette relation 
singuUSre dans une collection de la bibliotbeque royale , que 
ses pfed^ccsseurs, qui ne regardaient pas de tres-pres , avaienl 
pris pour Un recueil de traites sur la magle et la pierre philoso- 
pbalc. 11 Ta traduitc en ^ntier du cbiilois, et s*est applique \ 
^ti ^clairclr toUtes les particularites. La cbose etait d'autant; 
plus importante , que le recil de ces voyagcurs fixe erifin les 
. idees sur les lieux oill te bouddhisme a ele precbe prlmitivement, 
et place incontestablement dans te uord de I'lnde, du cote dc 
^epal, le berceau du fondateur de ceculte, qu*on avait jusqu'ici 
place au siid du Gange. II est assez riemarquable que les livrefe 
chinois fassent resoudre ainsi des problemes hisloriques et geo-' 
grapbiques que Ics efforts des indianistes auraient sans doutc 
laisses lolig- temps encore dans Tobscurite. [Le Temps -^ 3i oct. 
i83(J,p. 4669.) 

/|6. Guide classique du Voyageub en Europe, comprenant, 
etc.; pal* kicHAiiD, ingcnieur geographe employe aux pos- 
ies, a vol. in-ia , ensemble de 5i feuflles 5/6, phis 7 pUn- 
cbcs ou cartel. Paris ^ 1828-1829; Audin. 

%^, MemoiKes d£s Voyages, ou Lettres ecrites a diverses epo- 
iques, pendant des courses eli Suisse, en Calabre> en Angle- 
lerrc et en ^cossc^ par M. h% Custine. 2 vol, in-8**, en- 



Takle ties ariwtef. t4^ 

senli)1i5 de 56 feuifles. P^rls, i83o; Alex. Vczard, passage 
Choiseul, n^ 46, et Lenorinand pere. 

48. Expedition st naufrage de La Peteousb. Recueil histo- 
riqiie de faits^ eti^neinetiS) dlScoovertes, appuyes de docii- 
tnens bfficiels, avec un etat nominatif des ofBcIers, savans« 
artistes, marins enibarqties sur ia Bmtssaie et i'jistrohbe , et 
renttm^^tioti aothienitiqtie de toii§ les d^bHs du iidufragel 
par A. Hapde. In-8° dis S feuilles x/a. Paris, i8ft9i De^ 
laimaj. 



TABLE 



DES ARTICLES DU CAttlER DE JANVIER i83i. 



) 



Geographie et Statistique, Pages'* ' 

Dichonnaire classiqae et uniyerfliel de gtographie modeme; Lliti- 

glois i I 

Joarual poor 1« geogrnphie generaU} Hoffmann. , n i ** « . 9 • 

Observations snr Tortliographe do golfe de Lyon ; de la Roqaette« 4 
Keciification de la topograuliie da Boisphove Cinmerieii . . « . 4 . . . t 6 
Presentation des curoptes aes ministres et proposition de loi ponr 
le regleinent defioitif da budget de I $2 8. — Comptes des minis- 
tres d^ ta gtterre et de la miHiie. - — Gomptes des minisfres de la 
justice j des affaires etnngeres, des affairef ecclesiastiqtiei et ^e 
riustraction ptibliqiie, de rint^rieafi^dn commerce et des fi- 
nances.— Ciompte da service deS paQdres et salp^tres. — Cdmpte 
rendu de la doiaiion des inralides de la gaerre. — Compte renda 
de retablissement des invalides de la marine. — Rapfiort et procds- 
verbal de la commission cfaarg^e de la verification des eomptes 
des ministres. — Rapport an Rolsor radministration des finances. 
— Rapport an Roi snr les impositidnil commanalcs. • ........ 7 

Resume en valears du commerce de la Trance avec see oolonietet 

les puissances etrangeres, ponr 18 aS i5 

Budget des dep^nits et dei recetlH de ]\itinde t83t iG 

Tableau de teas les salaires et traitemeiis p&yei par TBtlti . » ; . 4 . iS 
Atlas du droit commercial ; Ponx-Franklin , ...,...»..<».«..« 32 . 

Prodaits et consommation des grains en France 33 

Histoire geoerale, medicale et statistiqne de Tetat present de la 

charite poblique en France ; Jobnston ..;..-.{ 37 

Description da departement da Nord ; Grille 43 

Memoire sur le chemin de fer de la Loire , d'Andrezteuz k Roaune; 



i44 Table des articles. ^ 

Mellet et Henry^ — Rapports da conseil cVaf^mtntsri'ation de la 
Compagoie da cbenim de fi»r de la Loire. — Rapport sor le trace 
da chemia de fcr de la Loire, depnis Roanne jasqa*aa chemia 
de fer de St-Etienoe a Andiezieox; Mellet et Henry. — Icspectlon 
do cheioin de fer dc la Loire ; Ch. Dapin 49 

Esaai historiqae , geograpliiqae et statistique siir le royaoiue dea 
Pays-Bas; Balbl et de la Roqueite 59 

Observations snr ics eaax de la Prnsse, la'natare de son sol ct les 
c6te8 de la Baltiqae; Wfltzke • 61 

La monarcbie prassienne consideree sons le rapport de la popa- 
lation et de la rioliesse nationale ; Rampf 62 

Considerations sur les finabces et Tindastriede Tetat prassien. . . 63 

Premier rapport dela Societe pour ramelioratiou da sort des pri- 
sonniers condamnes dans les proviaces orientales de U mouarchie 
prassieoiie 66 

Description historrqne, topograpbique et pittoresquede Mayence; 
Briihl 69 

La Catalogue , sous le rapport pittoresque, de Tarchi tec tare et des 
antiqaites ; Schaeffer 74 

Annnalre de llnde orientate poar Tannee. i83 1 76 

iconomie pubtique* 

Essai sar lliistoii'e de Taction pabliqoe et da ministere public; 

Ddpon 77 

Coars de droit public interne et externe; Piuheiro-Ferreira 84 

Credit pnblic, petition aux Cbambres ; de Botberel. — Projet d'ane 

noavelle organisation financiere; Godefroy d*OrTi!liers ^ 85 

Ij*agonie de la loterie; Bryon. — Projet d*amelioration dans la lo- 

terie actnelle * . . . . 87 

PHncipes du droit en. matiere d» change ; Daniels 88 

De Tesonomie commerciale en six essais : sar les machines , Tacca- 

mnlation des capitaux, la production, la consonimation , le 

nomeraire et la liberte da commerce ; Cayley 90 

Voyages, 

CoQp-d'oeil sar le voyage de M. Parchappe dans la Republique 

Argentine .,...,. 112 

Toyage de prdtres boaddbistes cbinois en SSg 

Guide classiqae da voyagear ea^orope •..«.• 142 

Memoires des voyages ; de Ca&tioe ib. 

Expedition et naufrage de La Peroase ; Uapd^ 143 



ERRATA. 

Tom. XXrV (Gahier de noverobre xSSg) , Page 356 , ligne a 5 ; elle , 
lisez : qu'eile. Pag. 364) ligoc 3; il peut^ Uses : ii ne petit, 

Pag. 368 , manque cetle i'' ligne: La reunion de cet connaissancea est 
n^cessaire poar obtenir. 

f 

PARIS. — IMPJEUMERIE DE A. FIRMIN DIDOT, 

' RUE JACOB, N^ a4- 



BULLETIN 

DES SCIENCES GEOGRAPHIQUES, 



ECONOaUE PUBLIQUE, VOYAGES. 



GEOGRAPHIE bt STATISTIQUE. 

49. StaTISTIQUB AHirUELLE DE l'iNDUSTEIE. AlM AHACtt du CoH-* 

MERCK deParis,des Departemens dela France et des priocipales 
viiles du monde,de J. Dsi^ATYirarAy continue et progressive- 
ment ameliore par Seb. Borriir. Annee i83i, Xxxit* de.U 
publication. Un gr. vol. gr. raisin, de i3o4 ; pnx, la fr. br.^ 
, et i4 fr. rel. Paris, au bureau , rue J.- J. Rousseau , n^.2o. 

' L*Almanach du commerce, que publie M. Bottin^ en est 4 sa 
trenfe-quatrieme annee. 

11 n'est pas relatif ^ Paris seulement, it comprend aussi toui 
les departemens de la France et les principales viiles du monde. 
Seul ouvragc de cc genre qui soit i^edige sur unc aussi grande 
echelle , il est probablemeut aussi le plus vaste indicateur com* 
nic^cial annuel qui soit annonce en Europe. 
' Le succes toujours croissant .de TAlmanach du Commerce it 
eveill^ I emulation et par suite la concurrence, et c*est en partie 
h cette concurrence meme, et surtout a la maniere dont elle a 
ete cxf rcee dans les derni^res ann^es , que le livre de M. Bottin 
doit Tavantage de se trouver aujourd'hui sur tous les c6mptoirs 
de la capitate, d'etre connu des comroer^ans de tons les pays, 
et de se voir admis dans les bibliothequcs, comme une bonne 
Siatistique annuelle de Vindnstrie , qui a valu h. son auteur un 
prixdecerne par TAcaderaie des sciences de I'lnstitut, eu 18^4. 

li'Almanach du Commerce est form6 de trois grandes divi- 
sions principales. 

La premiere, qui concerne Paris, occupe seule la moiti^ dit 
volume. Cette premiere division donne le tableau le plus com-* 

F. Tomb XXV. — Fevrier i 83 i . i o 



1 46 Geographie N® 49 

plet , en meme tem^ le plfls s4r q^'oA mt en^re offert au public, 
du mouvement annuel , de la situation de Tindustrie et du com- 
merce k Paris ; Tindiration de ses ^tablissemens en tous genres , 
]^ noiua, qualiftcMi^s et aclressfs ^ lout ce que cette gr9q4e 
capitale comptc de dignitaires , de magistrals , de fonctionnai- 
res, d'employes et de principaux habitans, proprietaires , fa- 
bricans et commercans. 

La seconde division comprend les quatre-vingt-six departe- 
mens de la Frapce. On y apprend a connaitre tout ce qu*il est 
utile au commerce de savoir, sur les productions territoriales et 
manufacturieres de chaque departement. 

On trouve k s'y fair«, pour chaque ville, pour chaque loca- 
lite, une idee sommaire des produits du territoire, de Tindus- 
trie, des objets du commerce. On y oonvait par leuft nons t^ 
banquiers , armateurs , negocians , maaofaoturiers et iabricans , 
les commissionnaires en tout genre ; les fonotionaaires princi- 
]»aux dans Tordre administratif et coromereial. On y tronw la 
oomenclature, par chefs-Henx de departement et d'arronditte- 
ment, d'un nombre choisi d'avocals^ d'avoues, de defenseurs, 
^gens pres les tribunaux de commerce, de notaires, d'huissters; 
et dans chaque chef-lieu de canton et autres moindres locali* 
tes,autantqu'il est possible, lenom d'un notaire et d*un huissier. 

Par ce moyen » du fond de son cabinet , de son comptoir , dq 
$«n atelier, le banquier, le commercant, le fabricant qui a de$ 
actes conservatoires ^ faire exercer, k quelque distance que ce 
soit de chez lui, trouve surle champ les noms d*oflQciers ministe 
riels auxquels il puissc s'adressersansetre oblige de se deplacer.^ 

Des details de la meme nature sout donnes daos la troisieme 
division , sur les principales yilles d'Europe, d*Asie, d*Afrique, 
d'Ameriqueet de TOceanie. Cette grande division des pays etran- 
£;ers est bien am^lioree cette annee; elle est surtout redigee avec 
pli\s de methode. 

D'autres indications non moins utiles sont repandues dans 
tovt le Uvre : celle des bureaux de poste aux lettres pour chaque 
Ipcalite^ de la distance au chef-lieu de sous-prefecture;; celle des 
dUigi^nces^ messageries, coches d'eau. 

Un des moyens les plus puissans d'eraulatiob que TEurope 
4oive au mouvement eclaire du si^cle est la distribution des 
di&tiuctioQS qui termijient qhacune dea expositions publiq^ues de. 



€t .StaAHique. %^ 

rindustrie natioBale. Dans rAknanacli da Conunerce » ile|Mm 
OQze aiis,dessigDe5,iDvente$,par M^BottiOySopt ijoutesaunom 
des fabricansqui out obunii de3 medailles d'or, d'argentf de 
broQsetlesrecoaiinandant ainsi i laconfianoe des acheteun et 
desconsommateors. Les chevaliers et grands ofBciers des ordrei 
TOjaux deS^-XouiSy de la Legion-d^Honneur, sont aussi distill 
gues par des signes particuliers, differens ppiur chaque ordre. 

Enfin les sciences, les lettces, ragriculture^labieofaisaacet la 
securite publique, toutes les parlies, en un mot, de reoonoinie 
generale out aussi leur part dans rAlmanach du Commerce. Ainsi 
la Sociele royale centrale d'agriculture , la Societe d'encotirage- 
ment poar Tindustrie nationale s*y voienty chaque annee^ aiH- 
Qonceesi avec detail; le programme des prixqu'elles out pro- 
poses dans Vinteret de I'economie publique , moyen bien an* 
trement efficaee pour donner une publicite continuue 4. dee 
programmes^ que la voie dispendieuse des joumaux quotidient, 
puisque Tannonce en est faite d^ins un livre qui va 4ans tout les 
recoins de la France « y reste ouvert toute I'annee dans huit & 
dix mille comptoirs ou ateliers , tandis que Tannonce dans u 
journal, meme le plus repandu, est fugitive comme la feoille 
qui Fa re^ue , feuille que le leudemain manque rarement de faice 
oublier, quand il ne Fa pas detruite. 

A la suite du precis statistique de chaque departement^et pour 
le completer, se trouvent les listes, si flatteuses pour les loatt*^ 
lites, de ceux des fabricans qui sont membres ou correspondans 
du Conseil general du commerce, de celui des mauufaclureft^dii 
Conseil d'agriculture, dela Societe royale centrale d'agricuUiNro, 
de la Societe royale des antiquaires, des differentes academies 
de rinstitut 

L'indication des differens etablissemens publics d'instructioi^ 
desecours, desuretc, de finances, d'economierurale, 

Vindication des sociiStes s'occiqpant des sciences, des arts , dc» 
bibliotheques , musees , jardins publico, pepinieres , haras , edi^ 
fices, etablissemens, objets dignes de fixer I'attentioa des voya- 
geurs. 

Le uombre des foires. 

Ce precis statistique ainsi complete, et q«n occupe totijourf 
moins d'une page, est revu avec un soin tel, que, par exempli ^ 
un prefet qui doit se rendre pour la premiers fois dafts le d^par* 

10. 



• 148 Geogfaphie 

tement qo'il est appele k administrer, pent y puiser une idee 
premiere et dejk sufHsante de ce qu'est ce departement sous le 
rapport des hommes et sous celui des cboses. 

Deux grandes tables terminent TAImanach: la premiere est 
uoe table geographiqae des villesetdes communes dont la situa- 
tion industrielle et commerciale est detaillee dans le livre. 

La seconde est une table complete des matieres qui manquait 
dans les premieres editions , et dont la grande utilite est de plus 
en plus sentie. 1/Jlmanach du Commerce ^ comme toutes les 
choseS dont la grande utilite assure le succes, a eu ses envieUx. 

Deja, de son vivant, M. Delatynna avait obtenu jugement 
contre un contrefacteur. 

* En 1 8 19, la premiere annee de sa redaction , M. Bottin a ren- 
coutre un Annuaire de V Industrie ^ compose sur I'echelle et le 
plande son Almanach ; mais cet Annuaire deBI. Bresson n'a paru 
qu'une fois. La meme annee, Tauteur de X Almanach des iS,ooo 
•Adresssts a cru pouvoir aussi publierun Almanach des Com-^ 
mercans, Les 26,000 Adresscs subsistent encore ; mais TAlma- 
nacb desCk)mmer9ans a cesse de paraitre depuis plusieurs annees. 

Apr^ I'Almanacb des Commercans, public cbez M. Panckouo- 
ke, on a vu paraitre un Dictionnaire general du Commerce ; ou 
Tableau industriel et commercial de Paris ^ par un sieur Petit- 
jean ; mais cette speculation de Tancien huissier n'a pas etc plus 
heureuse quecellcde Tauteur de V Annuaire de F Industrie, mal- 
^re I'enormite du volume et les efforts faits par un imprimeur 
estimable, creancier de Tauteur. Le Dictionnaire de M . Petitjean , 
apr^ s'elre glisse furtivement chez un assez grand nombre 
d'anciens souscripteurs de V Almanach da Commerce^ qui avaient 
ete surpris par la similitude du format et du prix , est venu expi- 
rersur le pave de Paris, k Tenorme rabais de 76 et8o pour ®/ . 

Une mesaventure a pen pr^s semblable parait etre reservee a 
un Repertoire da Commerce de Paris , ou Almanach des Com- 
mercans, publie en 1828 et 1829, et qui no parait plus. 

. Aujourd'hui c'est un Parfait indicateur , ou Almanach com- 
mercial de Paris et laBanlieuc, par M" Pointel et Cambon, an- 
ciens recenscurs (de M. Petitjean), qui est annonce d'abord au 
prix de 4 fr. 5o c*. , puis i celui de 6 fr. 5o c*., et que quelques 
personnes, d'apres des insinuations peu delicates, croyaient 
^tre le veritable Almanach du Commerce de M. Bottin. Mais 



et Statistique . 149 

cette compiladon, qui est annoncee pour la secende fms seule- 
meut en i83i , ne saurait etre (format meiue k part) confondue 
avec V Almanack da Commerce y qui compte treute-quatre an- 
nees d'existence, puisqu'on n'y trouve^ ni les departemens de 
la France^ ni les pays etrangers ,■ ni meme la lisie g^n^rale des 
habitans de Paris, tons articles qui donnent un si grand interet 
a V Almanack du Commerce de M. Bottin, soit qu'on envisage ce 
livre comme production statistique , soit qu'on n'y cherche que 
des adresses; qu*on n'y trouire que les listes des professions em- 
pruntees k M. Bottin, mais avec cette particularite que, pour 
rendre la besogneplus facile et moins couteuse, les honnetes 
compilateurs paraissent avoir adopte le plan de donner comme 
le veritable etat des choses.,- au i*^ Janvier de chaque annee, 
les listes qu'ils trouveiit sur V Almanack du Commerce Bottinde 
Tannee precedente, sans se mettre en peine des nombreuses 
mutations qui peuvent etre survenuesde Janvier k Janvier. Ainsi 
pour 1 83 1 9 les listes de VIndicateury que ses auteurs qualifient 
de parfuity en supposant le nombre de 40,000 adresses qu'ils 
annonccnt y contiennent environ 7,000 adresses fausses. 

5o. Mesure de la righesse FRAN9AISE. Discours prononc6 par 
M. le Baron Ch. DtiPiir, de I'Acad. des sciences, dans la 
seance publique des 4 academies de Tlnstitut de France, le 
3o avril i83i. 

La plupart des sciences fondees sur des faits ont commence, 
par des observations plus ou moins vagues, et peu propres h. 
fournir une exacte connaissance des choses et dc leurs rap- 
ports. 

Par degres on a compris qu*il est impossible d'arriver a des 
verites certaines et de saisir les lois scientifiques d'un ordre 
eleve, si, pour chaque espece de phenomenes , on n'etabiit pas 
un instrument de mesure qui puisse rendre comparables des 
faits etudies en des lieux differens , h. des epoques differentes , 
par divers observateurs. 

Aiusi les phenomenes de la chaleur n*ont pu nous reVeler les 
lois qui les regissent qu*avec le secours de Tinstrument propre 
a mesurer les divers degres de chaleur; ainsi, pour arriver a U 
loi qui regit la force du magnetisme et de relectricite, il a fallu 



I So a Statistique, N^ 5o 

triw Que baknoe qui fit connattre la raison ftuitant laquelle ce9 
ftyroM varient en fonetion des distances. 

Les besoins de la vie civile ont fait itnagider, dans les mtm^ 
naies m^talliqnes , un iustrument de mesure peur la valeur det 
objets utiles k I'hommei c'est^^-dire, pour la valeur des ri- 
on esses* 

Mais cet instrument est imparfait; il ne pr^sente pas und 
tniit^ qui soit invariable, corame celie du thermotn^e ou des 
electrom^tres. 

Chez un mime peuple, les monnaies n'ont pas toujours con- 
tenu, pour une unit^ donnle, la mime quautite de mital. Ce 
metal , tant6t plus rare, et tantot plus commun , a produit une 
vniti plus grande ou moius considerable dans sa valeur intrin* 
8^ue. Comment obvier k ces difficulls, et pouvons-nous esp^ 
rer d'y parvenir? 

Je crois possible de rlsoudre ce probl^me, lorsqu'il s*aglt 
d'evaluer la richesse d'un peuple nombreux. 

Imaginons un recenseroent qui constate pour une mime an- 
nee le revenu complet de chaque individu; faisons la somme de 
tous ces revenus, elle constituera ce que j'appelle la ricbesso 
annuelle du peuple dont toutes les existences individuelles ont 
ete recensees* 

Imaginons ensuite qu'on evalue le prix moyen da travail 
purement manuel, celui que produit le simple exercice de la 
force physique de Thonmie , chez le peuple qu'on denombre. Ce 
ravail journalier sera notre unite de mesure. 

Concevons que ce peuple, conservantle meme ordre social, 
la mime industrie et les mimes richesses individuelles, double, 
riple , quadruple sa population de chaque classe et de chaque 
condition; evidemment, sa richesse to tale doublera, triplera, 
quadruplera , etc. Par consequent la population forme un pre- 
mier facteur de la richesse annuelle. 

Concevons maintenant que le prix de la force physique dou- 
ble, triple, quadruple , etc. , tout restant d'ailleurs invariable 
dans ritat social; le prix des fruits du travail doublera, triplera, 
quadruplera, etc. Ainsi le prix de la force physique est un au- 
tre facteur de la richesse annuelle. 

H est un troisieme facteur, que j'appellerai le muitiplicateur 
de la richesse^ et qui joue le role le plus important dans la 



et Statistiqiu. i%i 

tlieorie de la ricbesse des peuples. j*en do'nnerai Fidee par la 
definition suiyante : 

Le nombre qui> niultipliant le prix de la joiirnee aii travail 
physique, donne le revenii moyen de chaque iddividd , et qiii 
de plus y multipliaut le nombre des babitans, donne la ricbesse 
annuelle de la France entiere , cW le multipllcateur de la ri- 
cbesse nationale. Deux divisions sucbessives suffisent pour le 
determiner. 

l^claircistons par un exemple ce que ces notions redfermen^ 
d*abstrait. 

3a,64o,ooo Fran9ais ont en i836 pour revenn total 
8,800,000,000 fr. 'y a parts egales ce serait 269 fr. 60 c. pour la 
portion de cbacun. Le prix moyen de la journee purement ma- 
nuelie est de i fr. a5 c. contenu ai5 69/100 fois dans cette por- 
tion : ai5 69/100 est k multiplicateur de fa ricbesse fran^aise 
pourl'annee i83o. 

Vous voyez d'abord que, si l*on voulait alterer les monnaies 
et cbanger la valeur de Tunite, pourvd qu'en realite la Hcliessd 
annuelle restat la meme, quoiquVlle ne tut plus exprimee par 
je mejne cbiffre, non plus que le prix du travail, ie multiplica^ 
teur de la richesse vcsieroit iwi^ridixAe, 

Admettons que, cbez le peuple dont on mesure la ricbesse ^ 
la puissance de Te^prit ajoute par degres au travail pbysique de 
rbomme les secours de rintelligence , pour produire de nou- 
velles inventions mecaniques et tou^ les perfectionneibens qu^ 
pent procurer Tindustrie; cbacune de ces aaditions accroitra 
la ricbesse generale , merac en supposant que la population ei 
le prix du travail physique restent stationnaires. Par conse- 
quent , cbactiii de ces enfantemens du genie aiigmentera le 
multiplicateur de lai ricbesse j les aedrois^eraens de ee nombre 
servirofit k mesitrer le progres de Taisance, de \A fortune etde 
Ifr civilisatiditj 

ExamiooBS ce progres cfaes an ra^rae people , et pretfona 
tonjours la France pdnr exemple favori. 

£n 1730, la ricbesse annuelle a'elevait k deux milliards cent 
vingtcmq milfioiH; le muhipllcateUr de cette ridiesse ^tait 
t8i 6i/ioo. 

£n X780, la ricbesse annuelle selevait k quatre milliards 



iSa Geograpfue N® 5o 

deux cent soixante millions; le multiplicateur de cette richesse 
etait 194 64/100. 

.. £n i83o, la richesse annuelle. s'eleyait k huit milliards huit 
cent millions; le multiplicateur de cette richesse etait 
ai5 99/100. 

Si pour chacune de ces epoques on multiplie le prix du sa* 
laire manuel par le multiplicateur de la richesse , on ohtient 
pour produit le revenu moyen de chaque individu. Alors on 
trouve que ce revenu selevait, 

£n 1 780 h. 4 . . 107 fr. 98 

1780 a 169 38 

x83o k 269 61 

Lorsque Voltaire ecrivit sur Teconomie sociale un de ces ro- 
mans oil la raison la plus profonde se cache sous les formes 
frivoles d'une gaiete pleine de graces, il admit, pour richesse 
annuelle de son humble heros, la somme de 40 ecus ou 120 fr. 
Ce revenu , compris entre celui que nous venons de calculer 
poor 1730 ou 1780, appartient k Tepoque intermediaire dans 
laquelle fut ecrit et public V Homme aux quarante ecus. 

Au lieu de cette valeur monetaire > qui ne laisse aucunc idee 
nette quand on compare des epoques 0(1 les prix de toutes 
choses presentaient d'enormes differences , les multiplicaleurs 
de la richesse nous ofTrent une expression plus simple et non 
moins claire. 

En reprenant les trois epoques que nous mettons en paral- 
lele, et les trois multiplicateurs de la richesse qui leur corres- 
pondent , nous dirons : 

Le revonu moyen de chaque Fran^ais etait egal, 

En 1730, au produit de 181 Sa/ioo) • ^^^.^^^^ ^^ ^^.^^^.j 
En 1780, au produit de 1 94 64/100 J^^„^^3„^^, 
En i83o, au produit de 2i5 69/100/ ^ 

Deji , Messieurs , tous apercevez le simple progres du mul- 
tiplicateur de la richesse, combien le sort des individus s'est 
amelior^ dans notre patrie depuis cent ans , et surtout depuis 
es cinquante dernieres annees : nous reviendrons dans un mo- 
ment sur cette importante consideration. 

Les multiplicateurs de la richesse peuvent donner aux ci- 
toyens les idees les plus exactes sur les imp6ts dont its soat 



et StatUtique. i52 

diarges; en m^e temps lis fourpiss^t ao gouvernemeiity sur 
cet objet , des lumieres precieuses. 

En reunissant les impots payes par le peuple au gouveme^ 
ment et au clerge, ces impots etaient equivaleus^ - 

Annees. , Journees de travail. 

£n i73oy a a4 4/10 

1780^^ 3ii 4/10 

i83o, k aa 

liC rapport de cet iinpot avec le re vena des citoyens etait, 

£ni73o. ..« x5 pourcent. 

1 780. ao .pour cent . 

i83o XI i/a pour cent. 

lei , nous decouvrons sous un jour nouveau , par ie progres 
du niultiplicateur, et par la reduction proportion uellc des 
charges publiques, une double cause de prosperite pour le 
peuple, en comparant les deux epoques de 1780 et de i83o. 

Cebien-etre croissant du peuple francais^ depuis cinquante 
annees , nous en reconnaissons Teffet dans raccroissement de la 
vie moyenne , laquelle etait : 

]^poques. Annees de vie. 

£ni78ode 2844/100 

x83ode..«^ 35 3o/ioo - 

Yoil^ done , en un demi-siecle , la vie moyenne des Franigais 
augmentee de sept ans , c'est-k-dire du quart de Texistence 
moyenne en 1780!.... 

Sans doute, I'admirable bienfait de la vaccine reclame une 
part de ce resultat , pfiais seulement une part : tout le reste est 
produit par le bien-retre croissant dout jouit le peuple fran^ais. 
Nous exprimons ici le voeu de voir efTectuer^ chez tons les 
peuples eclaireSy des recherchcs precises sur leur richesse an- 
nuelle , afia de connaitre, sinon pour des epoques anterieures , 
au moins pour I'epoque presente , le multiplicateur de leur ri- 
chesse. 

Que de luraieres precieuscs seraient jetees sur Thistoire, si 
mous avions la serie des multiplicateurs de la^ richesse^ pour 
Athenes, Rome et Carthage , pour TEgypte et les grands ^tals 
de TAsie, dans les principanx siecles de leur grandeur et de leur 
decadence I Quelques chiffres en diraient plus que des volumes 



t3i Gddgrdphte N* So 

ie t^dh et d^ fi(*tioii$, ob la peintuni lisiirpe la t>tace da caiciit, 
et rimagination celle de la raisoti. 

ILn fiotls botnant, |>ui$qd'il te faut , au siecte oh. noiis vivons » 
si nous pouvioHs atoit otic sitnple table des tnultiplitateurs d^ 
la richesse ^oui* Ite priilcipales nations qui se |i^rtagent TUtii- 
vers , quelles Consequences profondes n'en poftrralt-oti pas tirer 
sur le sort de Tesp^ce hdntaine db/r^ ehaque pariie du Monde; 
combien d*iUusions seraient d^tf uites ; cotnbien de puissances 
qot fiotls 6blotiisseilfc par le faux t-^flfet d{< leur m^nsotig^rfe pfo- 
speiif^ faoos reveletslient laniis^re de leilr^ sujets ; combien nos 
id^ cbangeraient sur Topolence deTOticnt, ^ui, depuis quatre 
miHl; atiSy flpparait a Ax nations occMentales cbniftie le recepta- 
eicj d^ tr^otb de I'tJniters ! 

Lorsqu'on tnettrait eh parallele la mesiire precise de la ri- 
dliesse chez les diffl^retis peiiples, avec leurs loh;, leurs connais- 
sanct!$ et leuH moetir^ , il r^sulterait des Verites fondees sur lei 
plus grandes expefiencts que Tetat ^Ocikl des difterens peiiples 
puisse ofTrit^ ^ la civilisation . 

Les observations faites pour une premiere epoqiie , 11 faiidra 
les continuer, siiidn chaque annee^au moins de ckiqen cinqans, 
ou de dix en dix atinees. Alors oti connaitrk les Variations de la 
richesse et desoh fnuttiplicateot chez les diverses nations; alors 
Cm pourrft mesure* \i vitfesse avec laquelle chaqiie peuple s'en- 
richit Ou s'appattvHt. Ceite Vitesse, tr^s fentement variable, re- 
glera les previsions de Tavenir le plus prOchain. Yoiik les uni- 
ques dracle^ que pdissent rendre avec certitude les ihoderhes 
dugures de Id fortune publique. 

£ti attendant les travdtix dont iious sollicitons Tentrepfise f 
faisdns svat notid-nii^mes des domparaisohs que liotis ne pou- 
totis faire avecf Tehsertible des autres peuples. 

Ifotre rtch6ss€i hationale, plii^ que double dans {*avant-der- 
fiier si dele, etplus que quadruplee dansle siecle derniet ,cette ti- 
chesse qui depuis 3 siecles s'est accrue avec une invincible puis- 
sance, malgrc i 5o anuses deguerres, dont So annees de guerres ci- 
li!6!f, roafgr^ ?es massacres anti-religieux du 16* siecle, malgt^ 
tes pefs^cntions et les exils du 17* , enfin, malgre leS 8 revolu- 
tiotis ens^ngtantees que renferme la longiie periode revolution- 
talire de 1796 k l83o; cette richesse serait-elle arfite6 ail der- 



Rier tertbe de son dgrfliidis§«iiieiit ? Comme efi g^ttkelij^ dh toit' 
ccrtaines courbM ptircourues par tin point qui s'^ldvts de pltr^ 
ed phis vile ^ pourrebroussef subitemeiit et piircdurii* tide Hon- 
yelte route itivaritiblement descendafite^ la richesse fran^ai^e 
doit-dk aiosi rebroasser et redeseendre? II fatidrait done aldri 
repas»er par ces i^ati de pentirie et de sonf!Vanee qui pSseraient 
sur itous eomme la decadence suf une mai^on depouillee pflf 
degr^ de Topulence^ de Taisance et du necessalre; tandis qu^T 
pareourues dans un ordre inverse, les variatiotis de la f iche^^e 
s'offraient k bos p^res comme les passaged heureux d^atie e^s- 
tence , humble d'abord et necessiteUse , k des degr^S plu^ dotilt 
de bien-^tre et de fortune ? 

Si nous exatninons les causes du progr^s de la riehesse na-' 
tionale, depuis trois si^cles^ il nous sera facile de r^potidre 1 
ces questions. 

Commencons par remarquer que Torigine de ce progrds des" 
fortunes privies remonte k la meroe cpoque que la tenaissanc€r 
des lettres, des sciences et des arts au sein de la Frafice. Cette 
coincidence n'est pas rcffet du hasard. 

Lorsqu'tin premier due d'Orl^ans cut ramen^ la pai:3C, VtitAte 
et la liberte dans le sein de la patrie; lorsque les £tats const!* 
iutionnels de son royaume, le remerciant du repos et do bieft* 
etre dont il faisaif joulr les cltoyens, le salu^ent du beaU n6m 
AePeredupeapiey ces premiers loisirs el cette felicit6 pr^pareteftt' 
la renaissance des travaux intellectuels. On vlt en m^me temp^ 
la langue fran9aise devenir ridi6me des lettres et des sciences;' 
ee qui les rendit populaires , et propegea leurs bienfaits. Cette 
propagation, moins rapide et moins fructueuse dans te si^cTe de 
Louis XII, le devint davatitage dans le siecle de Louis XtT* 
L' Academic des sciences , instituee il y a cent soixante-cinq ans,- 
concentra, dirigea tes travaux de Tesprit humaln vers le but 
constant de Tutilite pubtique. Elle embrassa dans ses etudes les 
di verses Connaissances qui pen vent servir k Taccroissement de 
la richesse nationale. L'agriculture, les arts mecaniques et cbimH 
ques, la navigation, tout re^ut le bienfait de ses recherches, de 
ses decouvertes et de leurs applications. Elle con^ut la pensec 
d'etndier cbacun des arts dont se composait notre Industrie na- 
tionale, comme les naturalistes etudient cfaacun des genres qui 
coroposent un regne de la nature. Elle ne trouva presque par* 



x56 Giographe N* 5o 

toutqaedes metiers homes a des pratiques aycuglte, k desrou-. 
tines trop souvent deraisonnables. Les Reaumpr, les Duhamcl 
et leurs illustres emules descendirent, avec uDe patience iDepui- 
sable, daiis les details des professions les plus brillantes.et les 
plus humbles , pour en donner la description. Chacun d'eux 
ajouta quelque present de la raisonaux procedes qull decrivit,. 
ou du moins il en signala les parties encore imparfaites. GrAces 
a ces travauxy les arts ne furent plus entoures de myst^re ; ou* 
yerts a toutes les intelligences, chaque aunee ils furent etudies 
et perfectionnes ]>ar un plus grand nombre d'esprits cultiyes. 
Les applications de la science entrerent par degres dansl'indus- 
trie ; la cohnaissance et la pratique de ces applications forma les 
ingenieurs, qui se partagerent la direction des diverses especes 
de travaux publics. De grands etablissemens particuliers recla- 
maient des directeurs de travaux egalement instruits ; ces di- 
recteurs exigerent un autre degre d'instruction chez leurs su- 
hordonnes immediats. Enfin, Ton a concu la pensee de faire des- 
cendre les notions scientiGques les plus utiles jusqn'aux simples 
ouvriers, qui, par le developpement et Thabile direction de leur 
intelligence, son t les premiers et les plus puissans promoteurs 
de la richesse nationale. 

Je viens d*indiquer en peu de mots les causes du progres de 
cette richesse. Pour qu'elle retrograddt , il faudrait que I'auto - 
rite persecutdt les sciences, au lieu de les proteger ; il faudrait 
qu'elle mit des entraves h. Tenseignement supericur, et qu'elle 
etouffdt I'enseignement populaire. 

Mais I'enseignement populaire est plus que janiais protege; 
durant quinzeannecs de restauration, il n'avait re9u qu'un mil- 
lion de francs du Tresor public; il re9oit maintenant un million 
par annee, c'est-k-dire quinze fois davantage. 

Nos ecoles sup^rieures voient accroilre les connaissances uti- 
les dont elles offrent I'enKeignement.Un moment, apresdesjour- 
nees de triomphe, le nombre des auditeurs a diminue; mais aux 
premiers temps d'effervescence, cxcusables senlement durant 
I'ivresse de la victoire, succede aujourd'hui pour la jeunesse 
distinguee qui frequente les plus celebres ecoles, le temps ha- 
bituel du calme, de la meditation ct des beures solitaires, pas- 
sees loin de la place publique, dont le tumulte convient mal au 
l^ecueillement que necessite le succes de fortes etudes^ 



•I 



et Statistique. 1S7 

Cette jennesse, fiere a jaste titre d'avoir pris part k la con- 
qu^le de uos lib^t^ agratidies et consolidees, appelons-la 
maintenant h. d'autrcs conquetes qui demandeDt aussi dii cou- 
rage : le courage de la pensee et cclui de la Constance dans les 
plus penibles travaux. 

Quels que soient Tavancement de nos sciences et la perfection 
de nos arts, nous nc connaissons ancune science, aucun art qui 
n'offre an genie de rhomme un vaste champ de decouvertes et 
de perfect! onnemens. Que la generation nouvelle avance k son 
tour, et preiine son rang daus Techelie glorieuse des genera- 
tions qui, depnis trois siecles, ont augmente la fortune de la pa- '\ 
trie, et, par des travaux applicables k tons les temps, k tons les 
lienx, k tons les peuples, ont accru Theritage du genre humaio. 
' Sans rien prejuger sur les inventions que la posterite pourra 
devoir aux esprits superieurs qui ne manqueront pas plus k la 
jeune France qu*ilsne manqnerent k la France de nos peres, si 
la jeune France les egale en etudes fructueuses, contemploDS * 
sculement les applications possibles des inventions dejkconnues* 
Tont marche k pas de geans dans nos arts, et pourtant on di- 
rait que nous sommes encore aux premiers pas. Jugeons-en par 
le seul examen des forces que I'homme s'adjoint pour enfanter 
la richesse. II met k contribution le travail des animaux: eh bien! 
ces animaux, en trop petit nombre, appartiennent encore a des 
^ces appauvries et faibles; la science agricole lutte partout avec 
1'ignorance et les prejuges, poiir multiplier par le secours de 
Tart la nourriture des animaux utiles, en accroissant par des 
combinaisons ingenieuses les produits qui nourrissent Thomroe* 
Celte autre science qui transforme en quelque sorte les ani- 
maux en variant les conditions de leur existence et de leur ge- 
neration, de maniere a modifier le volume, la forme, la consis- 
tance et la vigueur de chaque partie du corps, suivant les com- 
mandemens de Tintelligence, cette science, prodigieusement avan- 
cee chez nos voisins, commence k peine k s'introduire parmi 
nous. 

£t pour rhomme, n'avons -nons rien k faire d'analogue? Dans un 
grand nombre de nos villes et de nos campagnes il est faible , 
petit et trop souvent mal conforme ; parcc qu'en beauconp de 
con trees il est encore mal nourri, mal log^, mal soigne dans 
Tenfance et nial guide dans T^e miir. Appliquons ^ ces 



1 58 Giogmphie N<^ So 

contreesi k ces viUe$» feQut ce que le geoie des teieiio^ natu- 
relies a revele sur les n^oyens d'augmeuter la force de rhomm^. 
3i djous passons aux forces inanimees, elles ouvrent le ckamp 
a des progres plus grands encore. La nature a tout fait pour las 
donner k la France. Yoyez la force des eaux! elles offrent a la 
navigation, au flottage 2759 lieues; inai» presque partout eette 
navigatioUi ce flottage sont intermittens;, dans beaucoup d'ea- 
droits ils sont dangereux ou difficiles : l*art pent vaincre tOMS 
ces obstacles, 

Cette navigation fluviale^ confinfe par la nature dans les baa- 
siosqueseparent noschaines de montagnes, peut, au moy^i des 
canaux, s'etendre a toutes les parties du royavme et joindre les 
deux oiers. La canalisation de la France^ qui presentait au plos 
i5o lieues navigables avant lySOfCt qui maintenant ei& presente 
six centl^mpletement navigables, en presentera mille avant six 
annees, si nous vpulons achever )es travaux dont la depense e^t 
aux trois quarts acoomplie. 

Pour suppleer aux voies commerciales des rivieres et des ca- 
naux, nos routes roy ales dont I'ensemble comprend %fi'^% lieues 
.d'etendue, avant la revolution presentaient dansleur trace, dans 
leur structure, des imperfections, des lacanes, qu*on fait di^>«- 
raitre par degres^ mais aveiQ none lenteur des^perante pour I'in- 
dttstrie fran^aise. U faut done, menaeaujlourdliui, plusde cbe- 
vaux et de voitures pour transporter les produit^ de TagrieuA^ 
ture >et des arts, par des voitures completeooenl terminee^ et 
, cempletement amelior<^rSy 

I^os routes departementales ne soot pas aux deux tiers adM^ 
yees> et nos chemins vicinaux sont dans un. etat que n^ desa^ 
Youerait point la barbarie du moyen-iige. 

Les cbemins de fer completeront Le systeme desgrandcA lignca 
de transport, partout oik I'abondance des produils permeltra 
d'en faire la depense premiere. Bientpt nous auroits cinquantc 
iieues de routes en fer; mais dej4 les Anglais en ant mille: 
voyezdonc si de ce cote nous sommes au terme de nos progr^ 
Deux grandes cites , Manchester et Liverpool* romptent en- 
seaoble 35o nuUe habitans; de nombreuse&voi^ en fer etablies 
o6te k c6te unisseut les deux cites. Telle fstanjoiird'bui larapi- 
dite, la puissance des moyisns de communication, ^'un navire 
^ 3oo tonneaux, sa cbargi^ d^osee sue ]» quai de Liverpool ^ 



}es SoOyPoo kilog* dont ^lle se compose, soni enleves, charges 
sur les charioUy lances sur la route en fer, et le m^e jour, peu 
d'beures apr^:) ,. ie cbargement entier est arrive dans Mu^ 
Chester. 

Eq un mot 9 les transports par terre et par eaa, qui f^con- 
dent larichesse, comme les arrosemens feooudent ragriculture* 
ces transports, loin d'avoir atteint chez nous le dernier terme 
du perfectionnement^exigent encore destravaux immensespour 
atteindre un terme que nos rivaux en Industrie depass^nt avec 
une vitesse toujours qroissante. 

II reste k parler d'une derniere force qui depuis einquante 
annees a produit les plus grands miracles de Tindu^trie, Qn a 
caloule que la fprce de la machine k vapeur^ dans les royaumeb 
britanniques, surpasse le travail de sept millions d'hommesj; en 
Franoe, elle n'a pas encore atteint le travail de 5oo mille hom- 
mes. Vous jugerez combien est recenle Fintroduetion de eette 
force, par Texemple de la cite laplusmanufacturiere du royaur 
me: c*est Paris. 

Dei778 4 1S17, en Sg ans, Paris n'acquiert. que neufmachl' 
nes ^ vapeur; de 1817 k x8'ix , en 14 ans, Paris aoquiert i49 
machines k vapeur, et« malgre cette immense acquisition, non« 
en sommes encore au quatorzieme de la force de vapeur aocu^ 
mulee par TAngleterre pour seconder la force de rbomme. 

Dans les manufactures, la vapeur rivali&e de puissance ave^ 
rhomme; sur les routes, pour le transport desefifets et des ¥oyar 
geurs» elle rivalise avec lea betes de somme et de Irait ; sur Ie» 
mers elle rivalise avec la force du vent^ partout elle finit pajr 
remporter la victoire. 

Sur les routes, une voiture k vapeur servie par deuxbomme^ 
peut transport? r eent voyageurs, k raison de sept lieues par 
heure; c*est deux, fois la vitesse d'un ckeval aiu galop ordinaire* 

S4ir la mer, deux machines et quatre hommes representeqt 
ractioa de 600 chevaux^ ou la voilure d'une corvette i ces qua«^ 
tfe hommes font navi^uer ua bitimdnt de 600 tonneaux contce 
le vem et la maree, dont les obstacles disparaisseot devant V'm^ 
duslrie humaine. 

\oi\k par quels prodiges, des forces nouvetted s'aj/outent saaf 
eesse aux forces de rbqmme, afin d'accroitce k multiplicateoc 
deil ricbessesnationales* 



t6o Geo^raphid 

Maisqu'avons-noiis fait pour avancer dans cette carriere^ 
A peine commencons-nous I'essai de qiielques voituresk vapeur; 
k peine possedons-nous une quarantaine de navires k vapeiir, 
et Ics Anglais en possedent plus de quatre cents. 

Voyons comment cette avance de nos rivaux est mesuree par 
]e multipUcateur de la richesse, chez I'un et chez Tautre 

peuple. 

Ce multipHcateur etait : 

Pour la France de 1730 i8r Sa/ioo 

de i83o 2i5 69/100 

Pour rAngleterre de i83o. aSo 

Accroissement du multiplicateur fran9ais en un 

siecle 34 17/109 

Avance du multiplicateur anglais sur Ic multipli- 
cateur francais 34 3i/ioo 

Ceserait done un siecle de distance a parcourir, si nos efforts 
ne surpassaient ceux de nos peres. 

Je n'oflfre point ce parallele pour reveler uneihreriorite d'in- 
dustrie que chaque jour nous travaillons k faire disparaitre. Je 
n'ai qu'un but : c'est de montrer k mon pays que, malgr^ le ra* 
pide accroissement de la richesse nationale, nous sommes tres- 
^loignes d'avoir atteint le terme au-del^ duquel n')S voisins 
voient d'immenses progres a realiser ; c'est de montrer k mon 
pays qu'il peut trouver dans ses ressourccs acquises, dans ses 
lumieres, son activite, son energieetsa perseverance, d*immen- 
ses moyens d'amelioration pour la fortune publique et pour le 
bien-etre de Tuniversalit^ des citoyens. 

Si done 9 au milieu de prosperites toujours croissantes, la ri- 
chesse nationale semble tout-k>coup ebranlee; si la confiance, 
irrefiechie d*abord, fait place ^ la mefiance, k la peur, encore 
plus irr^flechtes, il appartient a la theorie dont j'expose aujour- 
d'hui quelques resultats de montrer la verite; elle seiile peut 
faire voir sur quels fondemen# inebranlables repose la fortune 
francaise. Sans doute, ses prosperites ne sont pas k Tepreuve de 
tout ce qu'on pourrait tenter pour en ralentir, pour en 
suspendre le cours ; il sul^rait pour cela de la trou- 
blcr ayec une infatigable Constance. La richesse d'un Etat, ca- 
pitalisee par I'industrie nationale, est comparable k ces disso- 
lutions preparees par Tindustrie du chimiste : il n'en peut rien 



et Statisltque, i6f 

tircr tant qn'il agite le liquicle;iDais,s'il laissc en repos ce qii'il 
avait trouble, bientdt il voit des cribtaux, imperceptibles d'a- 
bordy se d^poser sur les parois du vase, uoe couche nouvelle 
couvrir la premiere, une troisieme couvrir la seconde, et I'edi- 
fice de la nature grandir avec regularite. 

Ainsi, la condition sans laquelle la richesse d*un penple ne 
saurait, passez-moi lemot, deposer, cristalliscr, consolider ses 
tresors; c'est le repos de lasociete. Ce repos, il nepeut naitre 
quede rordre;et I'ordre, c'est unbongouvemement^ qui pent 
seal le procurer k la {latrie. , 

Ces verites sont comprises surtout par le prince, ami des 
sciences et des arts, qui, porte sujr le trone pour satisfaire aux 
besoins de la civilisation chez un peuple eclaire, nous garantit 
la liberie, si nous lui permettons de nous garantir aussi Tordre. 

Formons le voeu pour que le concours de tous les coeurs ge- 
nereux et de tous les esprits jiistes prete au Roi de notre choix 
une puissance morale, plus necessaire que la force physique, 
afin d'accomplir cette oeuvre qui sera la gloire du nouveau 
regne* 

Puisse un jour quelque membre de I'Academie des sciences , 
continuant et perfcctionnant Tetude don t nous offronsquelqiies 
ebauchcs, mesurer les bienfaits d*un regne fortune par Fac- 
croissement inespere qu'aura pris durant ce regne le mullipli'* 
cateur de la richesse nationale, c'est-a-dire le multiplicateur 
des moyens d'existence et de bien-etre chez la general) te des 
families fran^aises! 

Au sein d'un peuple antique et celebre, fes prosperites et les 
desastres dc Tempire sont etudies dans le cours des planetes et 
des cometes. Au lieu de chercher si loin du Globe les ei<^mens 
de la fortune du peuple fran9ais , il sufBra qu'on apprenne si 
calculer, pour les epoques principales qu'offriront les annates 
de la patrie, ces elemens numeriques de la richesse croissante 
ou decroissante des citoyens et de TEtat. Alors les r^gnes pros- 
peres ou desastreux , apprecies par des nombres qui ne sau- 
raient flatter ni calomnier, seront soumis, plus veridiquement 
en France qu'k la la Chine , au tribunal des mathematiqaes. 

5 1. COUPTE CKNERAL DE L^AnHIITISTAATION DE LA JUSTICE CEZ- 

jiiNELLE EN F&ANCE, pcudaut Tauuee 1829, presente au Roi 

F. Tome XXY. — . Feyrisr 1 83 i . 11 



i&^ Qeqgrgphie N® 5i 

par le garde des «ceaux. Iii-4^ de sucyni et ^8| p. Par)$y 
k83o^ imprimerie royale (i). 

Ce compte est le ci&quieme de la coUeGtioii.Il se compose d*im 
rapport, de 161 tableaux contenant des renseignemens sur I'eH- 
semble da royaume , et d'un appendice de cinq tableaux rela- 
tifs au departeihent de la Seine. 

£n 1829, la justice repressive a poursuivi 339,Sx4 iudividos, 
savoir : 

X. Inculpes en police municipale 135,984 

a. Decharges de poursuites par les oham- 

bres du conseil "^ifill 

Dont '8,733 etaient arretes. 

3 . Prevenus juges en police correctionnelle. 1 7 6,257 

4. Mis bors de Cause par les chambres d'ac- 
cusation X9277 

Dont 719 etaient arretes. 

5. Accu&es juges par les cours d'assises. . ^«xx9 (2). 

339,5x4 

JUSTICE CEXMXlfEIiLE. 

Sur 8,xi9 accuses 7,373 (3) etaient pr^sens,, 746 absens. 

Il y a eu 236 accusations et 23 accuses de moins qu'en 
X828 (4); Texcedant du x*' de ces uombres sur le 2*, montre 
que, si les crimes ont ete moins frequens, le penchant k s'as- 
socier pour les commettre s*est accru. Des 7,373 individus ju- 
ges contradictoirement, 1,791 Tont ete pour crimes contre les 
personnes, et 5,582 pour crimes centre les proprietes. 11 y a 
eu 957 acquit temens dans la x'^ cathegorie, et 1,941 dans la 
2®, ensemble 2,898. Des 746 absens, 727 ont ete condamnes 
et 17 acquittes. Ceux qui ont ete repris et juges contradictoire- 
ipent, au nombre de 286, ont donne lieu h. 142 acquittemens 

(i) Toy. ponrles annces anterieares le Bulletin de Janvier i83o ,p. 4/ 

(2) T conipris les contamax. 

(3) II y a 64 jagemens qni font double emploi oomtne se rapportant 
k des inclividas deja jng^ , en sorte que le nombre reel des aocases pf4- 
sens &*Mt qne de 7,3og, 

(4) Le rapport dit 53; mais le nombre total ayant ^te, pour i8a8 
(Te 7|396, etpoar xSag de 7}373, ladifFereace se rednit i^ a3. 



et Statistique. |63 

et i44 condamnatioDSy et sunt comptes entre )es accuses pre- 



sens. 



PEmES PRONONCiES. 



Peine de mort 

Trairatix forces i^ perpetniM 

Travaox forces ^ temps (de 5 k 20 aus) 

Reclusion & perpetdite 

ReclasioD & temps (de 6 )i IS ans ) 

Carcan 

DegradatioQ cividae 

Bannissemebt 

Emprisoniiement'(de I 4 20 ans) 
Idem (moias d'nn adj.. 

Aciende , 

Enfans au-dessoas de 16 aus places po«r «n temps 
dans uae'maison de correction (r) 




28 



4475 



729 



(x) 21 cafdns declares conpables » oMis sans discerneoMat » eat M remis 4 Irars 
parens. ' 



Le rapport des accuses pr^sens k la population ^tait, pour 
18289 de I k 4307; il est, pour 1829, de z ^ 4>^2i* Cette an- 
nee pr^sente, comparativeoient k ia precedente, une diminution 
de 55 accuses de crimes contre les personues, et une augmen- 
tation de 3o accuses de crimes contre les proprietes. 
Le departement de TAin a eu 1 accuse sur 1 5,529 habitana. 

La Creuse i sor i4,o52 

La Haute-Loire . • i sur 10,988 

La Loire i sur 10,4^7 

La Corse i sur 1,402 

La Seine i sur 1,116 

Mais cette proportion change si Ton restitue k chaque de- 
partement les individus qui lui appartiennent par la naissatice^ 
et qui ont etc juges dans un autre ressort : ainsi le rapport sera, 
pour le departement de TAin , 7=^ , et , pour la Seine, ~j. 

Le tableau suivant donne le resultat des poursuites crimi- 
nelles par age et par sexe. 



tU 



iB4 



Geograplae 



-H\, 



Les crimes qui ont donni^> lieu aux con damn alio as capicales 

contre des accuses presens, sont : 

Assassinat: coudamnes 4o, dont executes 35 

Tentative d'assassinat.. 8, g 

Empoisonnemenr y, 5 

Parricide 3, 3 

Meurtreaccompagned'UD 

surre crime ou deiit 7, ^ 

Tentative dc meurtre. . ■ a , » 

Fausse ponnaie 6 , > 



et Statistlque. 

lacendie. / . . . i z^, 

Vol avec violence", en 
recidive i » 



x65 
6 



89 60 . 

Ont obtenu commutation de la peine de mort en peines per* 

petuelles * ai 

£n peines temporaires • • 2 

Acquitte apres cassation du i^*" arret i 

Condamnes deux fois et formant double emploi a 

Se sont tues dans la prison 3 



£taC civil des accuses, 

Celibataircs 

Maries ou veufs avec enfans 

sans enfans 



. — D'etat inconnu 



^9 

3,625 

571 

6 



Origine des accuses, 
Nes et domicilies dans le departement oh. its 



juges. 



Nes dans le departement et domicilies ailleurs. 
Domicilies dans le departement et nes ailleurs. 
Nes et domicilies hors du departement. . . . . . 

Sans domicile fixe * ~ 

Etrangers 

Lieu de naissance et domicile inconnu 



7,373 

ont etc 

5,aio 

86 

r,ia8 

444 

a5z 

a5i 

3 

. 7,373 



6tat intellectuel des accuses. 



* 



Ne sachant ni lire ni ecrire 

Sachaiit lire on ecrire imparfaitement. 

Sachant bien lire et ecrire 

Ayant une iostraction superieare. . . . 



Dont rctat intelleetacl n'a pas eto reconan. . . 




Les i|ccuses sachant lire sont au nombre dq 68 sur 100 dans 



i66 Geograpfde N** 5i 

le Bas-Rhin, 65 dans la Seine, 64 dans le HauURhin et la 
Meuse, 60 dans le Doubs, les Ardennes, le Jura, la Haute- 
Sa6ne. A Tautre extreraite de rechelle , on trouve les departe- 
mens des C6te$-du-Nord, de la Sarthe , de TAllier, oh. la pro- 
portion est de i!2> 9 et 8 sur zo8, et enfin le deparCement de 
Tam-etoGaronne qui a eu 34 accuses, dont pas un ne savait 
lire (i). 

POLICK GO&AEGTIONVZXXB. 

Sur 176,257 (a) prerenus, a5,5d4 ont ele acquittes. Les au« 
tres ont ete condamnes aux peines suivantes : 

Emprisonnement d'un an et plus 6,5o5 

— de moins d'un an . . • . . . 21, 635 

Aniende iaa,243 

Demolition de constructions.. . . • 10 

Enfans de moins de 16 ans places dans des « 

maisons de correction aSo 

i5o,643 

Les 28,390 individqs condamne» a la prison, comprennent 
22,221 hommes et 6169 femmes. 

Les delinquans forestiers, detenus en vertu de la contrainte 
par corps, ont ete au nombre de 2984B9 dont 643 ont acquitte 
les condamnations p^cuniaires. Xes autres, dont rinsolvabilite a 
ete reconnue, sont sortis apres le temps fixe par la loi. 

Les tribunaux out juge, en 1829, 149 procespour delits de 
la presse.et de la librairie; ces proces concernaient 253 pre- 
venus : 123 put ete acquittes, 47 condamnes 4 Tamende seule- 
ment, et'83 k Temprisonnement avec amende. 

Juridiction civile, 

C'est pour la premiefre fois que le ministre fait connailre le 
nombre des failUtes et celui des commer^ans failHs qui ont ete 
r^habilites. fl y a eu, en 1829, 1659 declarations de faillites, 
et settlement quatee demandes en rehabilitation , dont trois ont 

(x) On voit dans le dernier compte renda des operations dn recra- 
teinent, que, daos rAUier, sur 537 conscriu, 41 3 no savaient ni ]ir« ni 
ecrirc; dana Tarn-et-Garonne, sur 4^5, 299. Le conseil general de 
rAUier a dcmande ( session de 1829) des enconragcmens ponr I'instrac. 
tion clementaire 5 mais celni de Tarn-el-Garonne , satisfait sans doate de 
retal des choses y n*a ^ote que des augmentaiiona de revenns ponr le 

derge. 

(a) Dans ce nombre sont compris 109,762 delinqnans forestiers. 



■ei Staiistique. iBy 

it6 admises. Les dSpartemens qui ont eii le plus de faillites sont : 
Bouches.du-Rhone. . A^y chef- lieu , Marseille* 

Rh6ne 84 , Lyon. * 

Gironde. S7, Bordeaux. 

Seine-Inf6rieure . ! . • 1 63 , Rouen. 

Semi^ Soo (1) , taris. 

Led departemens des Basses-Alpes , des ^yr^n^es-Orieiitales 
ei de la Tienne n'en presentent aucune. 

U semble que c'efll* ete ici le lieu de faire connaitre les effets 
dela cbntrainte par corps en matiere de commerce. Des iH'Jf 
le gouvbmement a presehte uti projet qui modifiait la legisla- 
tion anciennfe sur cette par tie. Les otateurs qui ont pris patt 
aux discussions renouveMes en i8iS, 1821, 182^, x83o, k Toe- 
casion de la contrainte, ont regrett^ sans doute de n'avoir pas 
Sons les jeux I'^tat des debiteurs infcarceres (2}. 

Nous reportohs ici, cofrnme addition lirarticte des faillites, les 
renseignemens relatifs aux banqueroutes qui ont donne lieu k 
des poursuites criminelles ou correctionnelles. 

1® Banqueroutes frduduleUses^ 
Accuses 95 y acquit tes 61^ condamti^s 34* 

Condainnationi, 

Aux traranx forces h. temps it ] 

A la reclusion 2 I 34 

A des peines correctiofmelles. ... x r / 
a^ Banqueroutes simples, 
PreTenus 162, acquitt^s 62, condamn^s no. 

Condamrunians: 
A Temprissonnement d'nn an et plus. . • t6 

De nioins d'un an 94 

Les individus juges pour banqueroute sont compris dans 

(i) It tronye daus la sratiatiqae de Paris les renseignemens scuTans : 



no 



Avvin. 



VAIL&ITBS 



1816.. 
1816 . 
I8I7.. 



107. 
121. 
146. 



UtVim. VAIL&IVU 



1818.. 
1819.. 
182Q.. 



254. 
337. 
216. 



4iialas. 



1821 . . 
1822.. 
1823.. 



11 



rui.].njutt AVBits. 



285. 
280. 
386. 



1824.. 
1825. . 
182e.. 



VAIXLITSS 



268. 
325. 
663. 



(a) Aa mois d*ayril i8a6 le nombre des debitears detenas etait| dans 
Tempire britanniqaey de 3,Sao; en France, de 83o. 



i68 Geograplde N"* 5i 

\e^ nombres des accuses et des prevenus portal au eomiaeiice- 
roent de cet article. 

Regidives. 
Le miiiistre attache une grande importance aux recherches 
' concernant les recidives , « objet digne de la plus scrieuse at- 
tentioD , si la loi , en infligeaut des peines , doit vouloir qu*on 
neperde jamais de vue Tamelioration morale des condamues. » 
Cest depuis 1819, epoque de retablissement de la Societe des 
prisons , qu'a ete propagee Topiuion que les maisons de deten- 
tion pouyaient devenir des ecoles de bonnes mceurs; c*est dans 
les annees suivantes que Ton a rendu le regime alimentaire 
plus. nourrissant , favorise Imstruction religieiise, et recom- 
pense, par des reductions de peines, les condamnes qui se 
inontraient assidus aux exerciccs pieux. 

Les etats officiels portent le nombre des accuses en recidive 

pour 1826 a 756 

1827 a 893 

i8a8k 1182 

18291)1 i334 

Ce dernier nombre se subdivise ainsi : 

Accuses ayant subi une condamnation .*. 967 

Deu?c. • ( 259 

Trois 76 

Quatre 17 

Cinq zi 

Six 2 

Sept.... I 

Huit I 

i334 
Acquittes « 261 

Condamnes 1073 

Ces accuses avaient encouru precedemment les peines indi- 
quees ci-apres , savoir ; 

4 



et Statia^jue, 



169 



Hom- 
ines. 


Fem- 
mes. 


177 

94 

886 


5 

22 

160 


1157 
\2i 


177 



trsTaax fnrcet. 
TccluMon. 
emprisonneineiit 
oa ameade. 



Les noavcUes pcinn prononcees ont ate 

La mort contre. 90 

Lcs traYaax forces k perpetuite. 129 

Les traraux forces k teaip&. 331 

La rrclosion. 297 

Le baaoissemeDt 1 

L'emprisonneonent d'on an et plus 279 

I/emprisonnement de moins d'an an.. . . ]2 

L'amende. 4 



1073 {t} 

(I) Ces condamncs sont compris dans le nombre total de 4475 , dont Us forment 
prks da quart. Des 20 condamncs k mort , 7 etaienl liberes i^s traraux forces , 3 de 
la reclnsion , 13 des peines correctioiincUes. 



Sur les 1 334 accuses en recidive, 1084 etaient poui'siiivis 
pour vol , et-942 d'entre ceiix-ci avaient ele condamnes pre- 
cedemmeut pour le meme crime. 

Le garde des sceaux dit-:«( Poiir certains individus, le vol 
est un metier, et loin de s'amender par les chdtimens qui leiir 
sont infliges , leur perversite s*accroit et se propage dans les 
prisons oii ils sont detenus. » Mais si Ton considere (que ^ sur 
i334 indtvidus juges en recidive, io36 n^avaient subi qu'une 
ou plnsieurs peines correctionnelles , ne serait>on pas en droit 
de demander si Ic simple emprisonnement, pour un temps 
ordinairement assez court , et avec tous les adoiicissemens que 
la philantropie a introduits dans nos maisons de detention, 
est un moyen suffisant pour reprimer le vol, lorsqu'il est 
constant que, dans beaucoup de lieux, le sort de Touvner libre 
est au-dessous de celui du condamn^? 

Les recidives des accuses ont eu lieu : Pendant la durec de la 

peine ou apres evasion 97 

Dans ^ia premiere annee de la liberation 44^ 

Daris la a^ 24a 

Dans la 3® 139 

Dans la 4^ 91 

Dans la 5® • ^^ 

Apres la 5® ♦ a57 

i334 
Les tribunaux correctionnels ont juge 3467 homines et 958 
femmes en recidive. De ces 44a5 prevenus, etaient liberes des 
tr^vaux forces 99^7 9 de la reclu$ioa 187 j 4<3 peines correctioa* 



1 



tyo Geographie IS? 5i 

mAs 4ott i mniMt M eoncUumids ime Ms. • • S^Mi 

Deax. 7*7 

Trois.. .*...• i..i ft6o 

Qaatre • « 94 

Cinq i 4i 

Sbt a3 

Sept i4 

Hoit 9 

5euf. 3 

Dix. 3 

Douse « « 1 

Treixe. . . . • ^ «, . . . i 

Quatorze. < • . x 

Seize ••..• i 

YiogMiiie 4 . . • 4 4 X 

Quarante-sepC a 

Cinqiiante-sept i x 

4425 
Acquittes 335 

CoDdamnes. • 4090 

Les recidives en matiere correctionnelle ont en lieu : 
Pendant la duree de la peine on apres : 

Evasion. a65 

Dans la i*^^ annee 1747 

Dans la a^ 7^4 

Dans la 3* 418 

Dans la 4® 295 

Dans la 5* 198 

Apr^ la 5* 754 

j^poque inconnue 24 

44*5 

Le nombre total des condamnations anterieures s'eleve, 
pour tons ces prevenus , h. 6662 , entre lesquelles il 7 en avait 
6237 de purement correctionnelles. II est k remarquer que, 
dies quinse prevenus qvi ont r^cidit^ plds de \mt fois y pas 
tm n'aTait sobi de peine infomante; que Tim de ceux qui 
ivaiaae M condamnei 47 fofs^ a M acqilili^; qu'un Hutre 



et StaiisHqw. tyi 

condamne pour ronzieme fois a ^t^ puni d*une simple aiiieiide ; 
dix ont ete condamnes k moins d*un an de prison , deux & un 
ah , et un (pour sa 14* condamnation) k plus d'un an. 

Des recherches sur le hombre des condamnes qui sortent 
anmiellement de chaque bagne et de chaque maison centrale 
de detention, compare aux recidiyes, font connaitre que les 
bagnes donnent, terme moyen, 33 r^cidires sur 100 liberes, 
et les maisons centrales 38. £n rapprochant ce renseignement 
de ceux qui precedent , on est conduit k cette conclusion^ que 
le penchant k recidiver est en raison inverse de la &6Yitit6 d\x 
ch&timent. 

Les proportions des r^cidives sent tres-diverses, relative- 
ment aux lieux de detention consideres separement. Ainsi : 

Le bagne de Rochefort donne a 5 r^cidives sur xoo liberes. 

— LorieUt. — 17 

— Brest. — 35 

— Toulon. — 35 

Les maisons centrales et les quatre prisons que le ministre 
consid^re^ par erreur, comme leur etant assimiKes, donnent 
les proportions suivantes : 



f«miiM«. 



aux 



I** Maisons centrales^ 

Cadillac..... 14 r^dWes sar 100 liberes. I «. .'. i^ • 

Clermont 19 ( affectees exchlsiTement 

Montpellier 22 

Embran 24 

Haguenaa 24 ne contieat que des femmes. 

Mont-Saint-Micbel 25 ne contient que des iMmuies. 

Mimes 25 ne contient que des hommes. 

Limoges. S7 

Beaoliea 28 

FoBteTrault 30 

Clainraax. 31 

Eyases 37 

Riom 28 ne contient qne des hommes. 

£asisbeim 40 ne contient qae des bommes. 

Bennes 41 

Gaillon 43 

Iiooe 60 

Melun 57 ne contient que des bommes. 

Poissy 99ne contient q«M dM bomaief. 

2*^ Graadts prkons diftauaummles. 

Bellevaax 23 recidi ves sar 100 liberes. 

Saint-Lszare (Paris) ... 38 ne contient qne des femmcS* 

Soissons 46 

Bicetre (Paris) 106 ne contient que des 'bommes. 

Le ministre de la justice semble attribuer ces differences k Hn- 
curie du ministre de Tinterieur , lorsqifil dit; dans son rapport. 



I 

i 



192 GeogrdpJue N® 5i 

que « radministratioR eclalree par les renseigneiDens recueillis 
en i8a8 et 1829, s'empressera sans doute de verifier et de fdire 
. cesser les causes de diHereaces si graves, dans des etablisse- 
mens soumis au m^me regime et oii I'amelioration morale des 
condamnes doit etre Tobjet d'une attention serieuse et per&e^ 
v^rante. » 

Connait-on un moyen de reformer le caractere des con^ 
damnes ? Jusqu'^ present personne ne peut se flatter d'une si 
belle decouverte. Le ministre de Tinterieur doit faire executer 
les lois; et les lots, en infligeant des peines , ont voulu que la 
souffrance fit impression sur les coupables. Depuis dix ans on 
s'applique a diminuer les peines, sans avoir rien imagine qui 
put y suppleer efHcacement. Les recidives doivent done se 
multiplier. 

Quant a Tinegalite que presentent, sous ce rapport, les 
maisons centrales, il serait facile, avec quelques recherches, 
de les expliquer par des causes differentes de celles que sup- 
pose le ministre. Sans entrer dans une discussion qui nous 
menerait trop loin, nous ferons observer, i^ que les femmes 
donnent moins de recidives que les hommes ; %^ que les reci- 
dives sont necessairement plus nombreuses dans les lieux oii 
les delits sont plus frequens ; 3^ que la Capitale et ses environs 
donnent le plus grand nombrc de delits contre les proprietes, 
et renferment le plus de ces voleurs de profession que le 
ministre regarde comme incorrigibles. Nous negligeons beau* 
coup d'autres considerations. 

Revenons maintenant aux maisons centrales. Nous trouvons, 
aux deux extremites de Techelle , pour le minimum des reci- 
dives, trois etablissemens qui ne contiennent que des femmes, 
pour le medium ceux qui renferment les deux sexes, et pour le 
maximum^ deux etablissemens peuples uniquement d^hommes 
et recevant les condamnes de Paris ^ savoir : Melun les crimi- 
nels et Poissy les correctionnels, Poissy reunit done toutes les 
conditions qui doivent multiplier les recidives, et ces condi- 
tions sont des faits que le pouvoir administratif ne saurait, 
modifier. 

Police mukicipajle. 

Sur 135,984 inculpes, 20,461 ont ete acquittes, 108,70^ 
cQndamncs h Tamei^de , et 5^382 a Temprisonnement. II y a ei:( 



^t Statistique. t^3 

declaration d'incompetence a Tegard de 1,436. Les contraven- 
tions k la loi de 18149 sur Tobservation des dimanches et fetes, 
ont appel^ devant la justice a,66i personnes. Le tribunal de 
simple police s'est declare incompetent a Tegard de 5, en a con- 
damne a,ai5 ^ I'amende, et 9 k Temprisonnement , et en a 
acquitte432 (i). Le-naturel querelleur des populations se de- 
voile dans le tableau intitule : Injures verbales. Le departement 
du Bas-Rhin a eu 161 condamuations pour ce fait, celui da 
Haut-Rhin i5o, celui de la Lozere 5, et celui du Finistere a. 
Arrets de la Cour de cassation. 

Les arrets et jugemens casses pendant Tannee 182^ ont ete 
au nombre de 

55 sur 1,128 pourvois en matiere criminelle. 

121 sur 4^3 pourvois en matiere criminelle. 
63 sur 120 pourvois 'en matiere de simple police. 
Renseignemens sur le departement de la Seine. 

4j657 affaires ont ete portecs au petit parquet; des inculpes 
au nombre de 6,114 , 2,221 ont ete mis en liberte sur le champ 
ou apres une instruction sommaire ; 3^893 ont ete retenus en 
vertu de mandats de depot. 

La Cour d*assises de la Seine a juge 908 
accuses, dont 604 ont ete condamnes. 

Le tribunal correctionnel a juge.. . . 5,916 
prevenus , dont 4>2o4 ont ete con- 
damnes. 

Les tribunaux de police ont juge 18,261 
inculpes, dont 1 4,652 ont ete condamnes. 

Les accusations de vol juges par. la Cour d'assises de Paris 
se classent ainsi : 

Vols dans les eglises, affaires . 3 accuses 11. 

— sur un chemin. 4 — 12. 

— domestiques 198 — 219. 

— autres - 342 . — 538, 

547 780. 

(z) Le departement de Tam-et-Garonne est da petit nombre de cenx 
qni n*ont pas en die contraventions de cette espece. Le departement de 
TAin, aacontraire, qui a le moins.de criminels, presente a5 condam- 
nations k Tamende pour inobservation des ihx^z. 



174 Geography 

Accusations de ^o\ portees contre un seul mdividu 399. 

contre deux. . . , 108. 

trois 22. 

quatre.. . « . . . « 10. 

cinq 2. 

six I. 

sept . . . « 2. 

huit I. 

ueuf 2. 



547. 

Le tribunal correctiounel a prononce sur 1,095 vols imputes 
k lySoS individus. 

£n terminant son rapport , le ministere annonqe Tinteution 
d'augmenter encore Tinteret des comptes suivans par le deve- 
loppement de quelques branches de la statistique judiciaire. V. 

52. Su& LA LOI iLECTOEALF. 

Renseignemens sur la composition des colleges electoraux 
en i83o. 



Classification des ilecleurs , quant a lew professions'^. i^^» 

Ecclesiastiqaet • 403 

Fonctionnaires de I'ol'dre judicfaire 3,308 

Fonclionnaires de I'ordre admiuistratif , nen comprl* let 

membres des conseiU admioistrat'ifs 9,921 

FonctionnaiNs et eoployey deaad«iiimtraU<»t JwciArai. • > 2,137 

Notaires 2,206 

Hommes deloi 2*306 

Commerfans et patentee 17,793 

Propri^taires et individas des professions autres que celles 

designees ci-dessus 66,1 14 

Total 94,187 



R^foii j. — Sar 1000 electears : 

Le cbrge en fowmit 4 

L'ordre jadiciaire. 36 

L'ordre administratif 106 

L'administratioa finanddre. - 23 



Le aolariat 24 

Les Iioinmes de loi 24 

Les commerpaos et pateotes * 191 

Les proprietaireset profess, diverses. 602 



Total... 1000 



Division des iiecieurs, suivant le cens, — 1837. 



de 300 ik 4OO& 34.694 

de 400 Ik 60a 17,028 

de 600 (^ 600 9,907 

de 600 k 70e 6,379 

de 700 & 800 4,254 

de 800 2k 900 3,044 

de 900 k 1000 2,495 { 



d(i 1000 h I500fr 8,634 

de 1500 & 2000 3,313 

de 2000 ^ 2500 1,561 

de 2500 H 3000 832 

de 3000 a 40U0 861 

de 4000 ik 5000fr.etaades- 

939 



sus. 



NOHB&K TOTAL. . . 93,931 
I^LIGZBLBS. . . 16,140 



«np 



(JCe Globe) 5 janv. i83x). 



SUUist 



175 



IS. Stavistiqve c;oftiEi»B Sim lbs cwctiiIebs bx la Gamtalx - 

par M. Marghakt ds Bbaumont. 

Yoici la recette moyenne d*une annee pour la locatioa de 
corbillards. 



I 



CwlMUard de V^. cl«^ , *oma0t |I tw, pw w , po^r SOOff , cha^|«» inn. IS.OQOC. 

Celui de 2" classe , paye I50fr. , sortant 311 fois par aa^. . 46,630 

Celoi da 8* dasse, paye 48 fr. , dbrtaot 1065 fois par an 5I»600 

lOal^i de 4* classe , paye 36 fir. , sortant 971 fois par •»•.., 34,96& 

Gelui de 5® cUsse , paye 30 fr. , sortant 1531 fois par an , 45,930 

Celoi de 6* dasse , pay^ 8fr. , sortant 13,011 fois par an I04 088 

n Cant ancore sijeiiter 8 fr. payes par la KiUe d» Paris pear la traaspoit dia 

cdrps , dejii paye k rentreprise par les families 34,320 

HscBTx^ ^Tx&B poar le« corbiUards .. < . . s 333,530 



Depuis le i*' Janvier i8ai jusqu'au 3i decembre 1823, !es 
ceremonies religieuses ont rapporte au clerge de Paris une 
recette moyenne de 347)1 16 fr. 65 c. par an. 

Du 1*' Janvier i8a4 au 3i decembre i8a6, recette moyenne, 
370,353 fr. par an. ^ 

Le prodnit de la location de tous les objets necessaires poor 

la decence , la beaute et la magnificence des funerailles , s'est 

61eve, du i*' Janvier iBui au 3i decembre i8a3, k h somme 

de 4,8 1 3, 1 3o fr.y dont la moyenne propordonnelle annuelle 

^est de 1,604,1376 fr. 

La seule annee 1826 a co&te k la ville de Paris , tant pour le 
service des cultes que pour constructions, reparations et embel- 
lissemens d'eglises et de presbyleres, la somme de 2,145,724 ft*. 
18 c, ( Nouv, Toum. de Paris \ a janv.. i83i ). 

S4. MjSJUIOlllE AH E03^ sua L'AM]il.lOaAT](01f D« Z^'lHSTI^UCTIQ)! 

j>B L'AGJButcuLTcit^ ET DE &*iNt>usT]aE EN B«£ta6ve; par M. A. 
^i\%v^j> , prefet du. d^pairtemeijt du Finistere. Petit iwrf" 
de IX pag. Pajcis,, i83o.; Firmin Didot. Ne ^. ve.i»d pas. 

M. Billiard , q«i a dejk babile fe Bretagne et y a exerce quel^ 
que temps les fonctions de sous-prelbt, a cru devoir profiler du 
nouveau poste auquel il vient d'dtrc nomme pour essayer de 
rendre a ce pays un des plus importans services qui soient au 
j^ouvoir d'on admitiistrateur.. 



i^jS Geographic 

Apres avoir i en peu .de mots , expose quels obstacles seront 
opposes jusqu*k,ce jour aux progres de rinstructioii et de Im- 
dustrie en Bretagne, M. Billiard recherche quels sont les mpyens 
de surmonter ces obstacles. 

1^ L'instruction pnmaire. Pour cela , il faut se procurer un 
nombre suffisant de maitres d'ecole. Une premiere condition 
est qu'ils soient Bretons , habitues aux moeurs et parlant le Ian- 
gage du pays. Mais afin d'en former a3sez pour les 1449 ^om* 
manes des quatre departemens , on pourrait choisir k Paris cinq 
instituteurs principaux , qui se rendraient dans chaqiie depar- 
tement et y presideraient une petite ecole normale k laquelle 
les communes enverraient leurs instituteurs. 

2? L'industrie agricole. On peut former pour Tancienne pro- 
vince une vaste ecolc experimentale^ ou en meme temps que 
les eleves apprendraient a cultiver la terre, a en accroitre ics 
produits , on leur enseignerait Tart d'elever les animaux et d en 
perfectionner les especes. Un vaste domaine , partie en terres 
cultivees, partie en landes, y serait. consacre. Les jeunes gens 
* de 16 a 20 ans, eleves sur cette ferme, rcporteraient dans leurs 
communes les connaissances qu*ils y auraient acquises, et Ton 
parviendrait ainsi^ en peu d'annecs, a substituer de bonnes 
methodes aux habitudes routinieres que les Bretons perpetucnt 
sans cesse depuis des siccles, dans Tisolement ou ils vivent et 
I'abandon ou ils vegetent. 

3® Arts et metiers. Les cinq departemens de Tancienne Bre - 
tagne ne sont guere plus avances, a cet egard^ que pour 
Tagriculture ; bien entendu que cela ne peut se dire des villes 
comme Nantes 9 Lorien|, Brest, Renncs, St.-Brieux, Vannes, 
St.-Malo et quelques autreSyOCi il y a plus d'instructlon sous 
ce rapport. Mais ce n'est pas des habitans des villes que s'occupc 
le prefet du Finistere , c*est des habitans des campagnes. Pour 
repandre parmi eux Tinstruction industrielle , M. Billiard vou- 
drait que chacun des 214 cantons des cinq departemens en- 
voyit k une ecole centrale d'arts et metiers 9 creee speciale- 
ment pour eux, un elevequi, apres quelques annees, revien- 
drait dans son pays mettre en action et propager peut-etre Tin- 
struction qu'il y aurait acquise^ 

Le roi a accueilli avec bienveillance un projet si utile a un 
pays oi!i il poss^de de grands domaines, sur lesquels il ne parait 



e$ Statisttque, i^^ 

)>a% eloign^ de former I'ecole d'a^^ricaUHrew D'*utr« fiiart, les 
ministres de Tinterieur et de rinstructioli publique sout dispoies 
a eucourager Tauteur de la proposition, qui Ta communiquee 
k ses collegues des Cotes-du-Nord^ d'IUe'>et>Vi1aine , du Mor- 
bihan et de la Loire-Ioferieure , en les engageant k se joindre a 
lui pour Texecution de ses vues. Pour nous, qui avons aussi 
habite quelque temps la Bretague et visite ses campagnes, I'uti- 
lite du projet de M. Billiard nous est demontree; nous regar- 
dons son execution comme devant rencontrer de grandes diffi* 
cultes parmi des habitans entetes de leurs anciens usages 9 et 
separ^s de la France par un langage qui differe encore plus que 
les moeurs de ceux des autres departcmens. Mais avec une con- 
stance qui ne se laissera pas rebuter par les obstacles, avec une 
perseverance qui saura les vaincre, on pourraesperer lesucces, 
et ce sera sans doute le plus eminent service rendu au pays, le plus 
beau titre de gloire veritable des administrateurs qui y aurout 
concouru. Nous accompagnons de voeux Toperation par laquelle 
M. A* Billiard commence son administration du departement du 
Finistere, celui peut-etre des cinq qui composent Tancienne 
province de Bretagne oil elle est le plus utile et oix elle presen-* 
tera le plus d'cmbarras. Th. 

55. RaFPOET du CONSEIL CEKT&AL de SALtJBRITE DU DiPABTE-' 

Hent du Nord. In-8** de 191 pag., avec un plan lithog. Lille^ 
l83o; Danel. 

II a ete etabli en 1828 pour le departemcnt du Nord un co- 
mite central desalub rite, des conseils d'arrondissement dans les 
villes de Douai, Dunkerque, Cambrai et Valenciennes, et des 
correspondans dans chaque canton. La brochure que nous 
avons sous les yeux contient le rapport du comite et ceux des 
conseils, sur les travaux auxquels ils se sont livres pendant les 
deux annees qui ont suivi leur installation. Ces travaux ne. 
consistent en grande partie qu'en observations de localite sur 
les inconveniens qui peuvent resulter du placement en tel ou tel,. 
endroit de certaines fabriques^ou manufactures. On y traite de 
questions gen^rajes. Cependant celle de Tadulteration du pain 
par diverses substances y est discutee d'une maniere tres-eten- 
due. Le conseil de salubrite de la ville de P^ris avait craiat d'en 
trop dire sur ce sujet : nous imiterons sa reserve. Une autre 
F. Tome XXV. — Fbvrierj83i. la 



1^6 Geographie- 

qnestibn imporlMite, cdle de ssvoir si ravage de ta tisHide dpsf 
betctt bovines, atteiofei vl'af^tions tuberculeuses, poiivait of- 
frit qt}€<l<(U6 daAge#f a ^t^resoliie negativemeirt; ce qm avail 
et^ dcrj^' ctent^nfi par M. Payeo. 

L^ CKMiseil certtrat 9 oceupe avec Constance de la redaction de la 
topographie medieale du departement. Dej^ il a reuni qnelques 
ren^ignemens pr^cieux, et il ^ a lieu d'esp^rer qn'il atteindra 
compl^tetnent lebat qi/il se propose. Nonis aurons soin de fair^* 
cotitifaitre c^ t#avail qnand il sera termine. 

Aat rapport du ronseil , qui oecupe le quart du volnme, sont 
jotnfs plu^ietirs de ceux des commTssions qni ont prepare les 
deliberations. Wous avons reitiarque cehii snr les diters modes 
d^adulteralidn du pain, par M. Ruhlman. It merite d'etre con> 
suite par les administrations chargees de surveilier une fabrica- 
tion qni touche de si pres h \vc s Arete publique. Th. 

56. POPULATIOH 0E X.'AlfGI.ETEKaS. 

Le royaume uni d'Angleterre et dlrlande contient 74 millions 
d'acres", dont au moins 64 millions d'acres peuvent ^tre regar- 
des comme susceptibles d'etre cwltives. Un demi-acre, d'lme 
culture ordinaire , donne sufUsamment de blc pour la nourri- 
ture d'un individu; et un acre suffit pour nourrir uu chevaj.* 
Consequemment , le royaume uni contient assez de terres pour 
nourrir 120 millions d*individus et 4 millions de chevaux. 
( Edinburgh new philos, journal \ juillet- septembre i8a8, 
p. 406). 

57. ^MIGHATIOR DES AllGLJLIS AUZ £tATS-UnIS. 

Le nombre des emigres qui a mis ^ (a voile de Liverpool 
ponr les !lfetats-Unis , depuis le 1*' Janvier jusqn'au a8 mai dfr 
cette ann^e , d'apres des informatioiis exactes, se compose ainsi 
qo'il suit: pour New- York, pres de 5oo; pour Phiiadelphic, 
de 5 ^ 600; pour Boston , de 5o i 100; pour Baltimore, de fir 
^ 600; pour TAmerique anglaise , de 6 ik 700. Le passage estde 
a5 ^ 35 guinees, dans une chambre ( oA Ton trouve tout ec 
qu'on pent d^sirer en voyage) , et de 3 liv. st. 10 sh. k 6 liv. st. 
dans Templacement des matelots. ( Les voyageurs devront se 
charger de se nourrir. ) II en coilite i dollar pour le debarque- 
ment , que tout emigre doit payer au port meme de Bostow. 
( London and ParU Observer ; 10 oct. t83o, p. 665^) 



et Statistique. 



«79 



58. D^nohbhement des esclaves dans lbs colonies anglaises. 

(Officiel). ( Columbus \ nov. i83o). 



HoilllBS« 



Antigfoa > 

Barbades • 

Ilea Bahama 

Berbice . .'. 

Bermodes 

Demerarj 

Domiuiqae 

Grenade , 

Jj»ina'ique..-T 

Montferrat 

Nevis 

'SCe.-lTucie 

St.-Vincent 

Tabajfo 

La Trintte 

Ilesde Virginie 

-^Maurice 

Gap de BoDne-Ei<perance. 



14,066 

37,691 
5.549 

11,284 
2,206 

37.141 
7,362 

11.777 
IC2.726 
2,867 
4,574 
9,198 
6.280 

] 1.583 
5.966 

13.435 
2.505 

4:7.667 

21,210 



FxMiiBa. 



15,773 
44.211 

5.292 
10.035 

2,400 

32,326 

^'8,030 

12.565 

168,393 

3,395 

4.685 
10,112 

7.381 
I2,U06 

6,757 
11,017 

2,931 
29,117 
14,299 



TOTAUX. 



29,839 
81,902 
10,841 
21,319 

4.606 

69,467 

15,392 

24,342 

331.119 

6.262 

9,259 
19,310 
13,661 
23,589 
12.723 
24,452 

5,436 
76,774 
35,509 



da deaombre- 
oient;' 



1828 
Ib2» 
1829 
1828 
1827 
1829 
1826 
1828 
1826 
1828 
1828 
1R28 
1827 
1827 
1829 
1825 
1825 
1826 
1836 



Kg. NOMBBE DB BALEINIEBS ANGLAIS QUI SE SONT PEBDUS DANIi LK 

DETBOiT DE Davis , Jepuis iSigjiisqu'a i83o. 



1819 * 4 la. 

1820 3 

i8ii i3 

i8aa 8 

i8a3 3 

i8a4 1 

18^5 4 

1827 I 

1828 3 

1829 4 

i83o iB 



78. 
Parmi ce nombre 4 put peri dans le Groenland. Huit a neuf 
icents des marins qui montaient ces batimens ont ete sauves , el 
soot de retour en Angleterre ( Colambus \ ii4^v. i:d3o ).. 

12. 



ido Geographic 

60. Statistiqus du Pablkmeht d*Anglstkrre^ 



COMPOSITION ACTUELLB. 



87 pairs cboisissent en Angleterre el dans Ic pays de Galkts 218 

21 pairs en l^cosse ^ 31 

36 pairs eo Iriande 51 



300 

90 ctmmom€r$ cboisissent en Angleterre et dans le pays de Gallet 137 

14 * en 6ct>sse I4 

19 en Irluii'de , 20 



Le foavernement ( Trutmrft •imirol^ onAuuM*) en oomme. 



471 
16 



ToTAi. des disputes nommcB. . . . 467 
Mpat^s elus par le people ( independent of nominatioo ) 17l 



6 bargesses. 
2 bargesses. 



18 baroQS. 

12 knights. 
12 bargesses. 



6&ft 
COMPOSmOIl D'APRfes LES LOCALIT^S. ~— 

AHGLETKSKk. ' 

Les 40 comles envoyetit;.. .>...... 40 knights (chisTaliera). 

Les 25 Titles ( Loodres 4 ) . . .■ *. 50 citizens (citoyens/ 

Les 167 boorgs ( boroughs )......-. 334 bargesses .(bourgeois). 

Les bourgs d' Abtagdon , Banabury , Bewdley , Higham- 

ferrers , et Monmouth > envoyent chacun I burgess , ci. 

[Les 2 uniTerntcs. 

Les 5 ports ( eiMfa* -poru ) de Douvres , Sandwich , 

Romney , Uythe et Hastings , et leurs brauches Rye » 
I Winchelsea et Sealbrd , eiiroyent 

rA.TS BB aAX.I.BS. 

Les 12 comtes envoyikit. 

tes 12 bourgs. 

£cos». 

Les 33 comtes envoyent 30 knights. 

Les 12 bourgs. * • 15 bargesses. 

I&LAVSB. 

Les 32 comtes envoyent 64 knighu.. , )^^,^,. 

34 bourgs ef villcs 36 burgesses.. )P">»<»"n* 

668 

irAPRte LE PBOJET 0£ 

J. RUSSELL. 

Les comtes euTerront 149 

Les universites. 4 

Cites , districts melropoliiains , dis- 
tricts da pays des Galles 243 

Jlourgs de 2 ii 4000 ames 47 

Bourgs de moins de 2000 ames .... » 



D'APRftS LA CONStlT. ACTUELLR 

▲aOLBTBBBE BT TATS DB OAI.LBS. 

Les comtes envoyent 94 

Universites 4 

Cites et bourgs de plus de 4000 ames 

et les districts de Galles 202 

Bourgs de plus de 2000 ames et 

moins de 4000^. 94 

Bourgs d'environ 2000 limes 119 

o 

513 

ISIA VSB • • 100 

^COSSB t . • 



45 

■ >,■ 



Iklabob, 

J^COSSB. . . 



443 

103 
50 



658 



596 



(Revue brit.\ d6c. i83o, pag. 3^3 et 377). 

61. LiSTB DU NOMBBE DES GVBlb Dt L^AHGLEtEBBE. 

A SNAsapfa. 3o; ^ Bangor 58; k Bath et i Wells 190; k 



et Statistique. iSx 

^Bristol io3; k Cantorbery i35; k Carlisle 44; ^ Chester i58; 
k Chichester no; k St-David 194; ^ Durham 78; k tXj 71; 
Exeter a 56; Gloucester 128; Hereford i53; LlandafT 94; 
Lichfield et Coventry a68; Lincoln 55o; Loodres 284 ; Nor^ 
Trich 473; Oxford 6g% Peterborough 116; Rochester 47 ; Salis- 
bury 174; Winchester 177; Worcester 83; York a6o; tot^ 
4,a54. De ce nombre, 1,393 resident dans la maison curiale, 
et 8o5 dans la paroisse; 3,6oo sont des cur^s privilegies. L'etat 
suivaiR presente des details affiigeans. 6 cures recoivent moins 
de 10 liv. sterl. ; 69 moins de 3o liv. sterl.; 173 moins de 
40 Iiv« steri,; 441 moins <de 5o liv. sterl.; 899 moins de 60 liv. 
sterl. ;.3oo moins de 70 liv. sterl.; 41 5 moins de 80 liv. sterl.; 
458 moins de 90 liv. sterl.; i56 moins de 100 liv. sterl.; 5oo 
moins de no liv. sterL; 69 moins de 120 liv. sterl.; 207 moins 
de i3o liv. sterl.; 62 moins de 140 liv. sterl.; 32 moins de 

.j[5o liv. sterl. I 162 moins de 160 liv. sterl.; 26 moins de 
170 liv. sterl.; i5 moins de 180 liv. sterl. ; 5 moins de 190 liv. 
sterl.; 3 moins de 200 liv. sterl.; 17. moins de 210 liv. sterl.; 
-2 moins de 220 iiv. sterl.; 2 moins de 280 liv. sterl.; 2 moins 
de 240 liv. sterl. ; 3 moins de 25o liv. sterl. ; 4 moins de 260 liv. 
sterl.; i moins de 290 liv. sterl.; 2 moins de 3io liv. sterl.; 
I moins de 3 20 liv. sterl. ; et x moins de 340 liv. sterl. II y en 
a 43 qui recoivent en en tier leurs revenus ; il y en a 2 qui n'en 
recoivent que la moitie; et Tun d'eux recoit deux guinees tous 
les dimanches. Quant anx benefices les plus fortement retri- 
bnes «t oili les titulaires ne resident pas, il est avere qu'il yen 
a 2,496 an-dessous de 3oo liv. sterl. et i,233 de la somme de 
3oo liv. sterl. et au-dessus. [Observer. Gali^ani's Messenger ; 
24 decembre i^3o). 

62. RsLBVi DU PRODUIT NET DU &SVBNU DB LA GeaNDB-BeB- 

TAGNB, dans les annees etles quartiers qui ont fini le 5janv. 
i83o, et le 5 janv. i83x, qui demontre la progression de 
f augmentation ou de la diminution surchacunedeses parties. 



l82 



Geographic 



?5-S 



\ 



Do«ancs 

Accise. , 

Timbre.: 

Impdt-foncier 

Oiirerf 



' ANNl^ES 



1830. 



1. St. 

16,023,810 

17,749.721 

0;644.635 

1.376,000 

4,896,566 

, 449.091 



47.139^873 



1831 



I. St. 

16,343.561 

16,895,775 

6,605,291 

1,358,911 

5,013,405 

^83.380 



4«»499.423 



nov. 



919,701 






» 
116.839 



436,540 



UlMI'CTIOV. 



1. St. 

» 
853.946 
39,344 
17.989 

116.711 



Dbdoctiov de I'avgaieirtatioa , 



i,076,9p0 



436,540 



640,460 



9 



li^haribM^ 



(^Galignanrs Messenger ; lo janv. i83i). 

63. De la PRESSE PERIODIQUE D4irS LES IlES BRfTANirrQUES AU 

1^ JANVIER 1 83 1. 

L'Aagleterr^ , proprement dite, se compose d^ seigneurs 

puissans, d^habiles manufjEtcturlerSy de riches coiumercans ^ djc 

ferntiersiastruitis et de ipalheureux. ouvxiers qui trpp souv^t 

sont rediaits a la tax^e des pauvres , public 179 journal?, doot : 

x^ (juoditicDs , 

:^ qui paraisseut trois fpis la seooaiBe » 

9 qui paraisseot deux foi;5 , 
. I guiparait |:putes les trois semai^es,. 
1 55 hebdomaires. , 



Total 179 

La ville de Londres, habitee par 1,275,000 personnes, en 
possede 4^ sur lesquels 12 sont quotidiens; et les provinces, 
qui comptent i3, 275,000 ames, en ont 137, pour la plupart 
hebdomadaires. La population de TAngleterre etant de 
1 5,000,000 d'babitans, c'est un journal pour 83,798 habitans. 

L'Ecosse, beaucoup moins riche que TAngleterre, situee au- 
deli du 55* degre de latitude nord, sillonnee par plusieurs 
chaines de montagnes presque incultes , inais peuplee par des 
homines laborieux et dirigec par son clerge presbyterien qui a 
repandn la lumiere dans loutes les classes, estde tous les pays 
civilises celui qui jouit du meilieur systeme d'insiruction pri- 



et Statisttque, 1^93 

vnaircp Aussi n'ea-^n pas etonn^ de voir f uepo\ir 2,oop^ood*ha« 
bitauSy/CiQ pa^s pojopte 4^ journaux^ parnai (i^squels i\ sq^t 
publies a £dimbourg et 3o dans les proviaqe||, . , 
. Sur c« po^ibre cm rt^marque que ; 

S paraUaent troi$ im p^r s^ep^n^ ^ . 
^ parakseotd^uxfoLS^ , . . ^ . 
a 7 soDt hebdomaires. 

Total pour Il^cosse 4i , oa un journal pour 4^,780 habitaiis. 

L'Irlande, UvrecJ aux extorsfons du clerg^ angKcan ^ devor^ 
par une misere excessive, d^chirde par de^ diii^Ons intestine^, 
publiait neanmoins, au i^' Janvier x83i, 54 journaux; donil : 
6 quotidiens , 

14 qui paraissaient trois foispar scmairie'; ' . ' ' 
a3 qui paraisseat deux fois, ' ; > . < . 

'ii hebdoniatres. ' ' 



ii " ' ^ 



Total 54 . < , 

Dans ce nombre 17 paraissaient k Dublin, el 3^ df ns les jpro- 
vioces, Cepays ayant 6^000,000 d*)iabitaos, c'est un jiQurnai 
pour;^U,i|U . . ^ 

Maiutepant, si Qous observoos qu^e la popviUtipi) to tale des 
lies britauniques est de a3,ooo,ooo d*habitai)Sj et le no^ibre 
total des jpuroaox de 37 4> nous en coucludns qye c'e^t yn jour- 
nal pour 83,941 individus. 

On pourra se faire une idee assez exacte 'de ninpbrtkhce de 
, la presse , quant au point de vue ^conomique seulement , si 
Ton remarque, d'apres la. Revue britamniqalB ^ qWe le produit 
du timbre et <du dr4»t sur les annonces a domiieiaU'^ouverne- 
fiient QDgiais, en i83o, pour TAngleAem <piiopnrment dSte, 
i4>367,975 fr. ; pour r£c<tose y ly^iy^^'^aS'ht.f -etponr rijrlftiide> 
11,307,373 fir. ; par consequent, pour le Royaume mttv-la sanme 
annuelle de 18,172,673 fr. , c'e$t-^-dire un revenu aussi fort 
que celui que M. Baibi attribue axi royaume de Wurtemberg , 
au gr a nd ■ d ttebe d« fiade ou aux J^tats de TEglise. ( Le Globe; 
8juillet i85i). 

64. Baptembs Err skpultui^bs qui ont eu i.ibu a lipirnRES n||- 

PUIS LB II OGTOBflE 1839 JUSQU'aU i5 D^CBMBRE i83o. 

, Baptemes.'Dans les 97 paroisses do Tintcrirur defar vWc 997 ; 



' i84 Geogmphie 

dans les 17 paroisses de Texterienr 49S04 ; dans les 39 paroissea 
de Middlesex etde Surrey 17,452; dans les 10 paroisses* privi- 
legiees de Westminster 3,790. 

Sepultures. Dans les 97 paroisses de Trnterieur 1,117; dans 
les 17 paroisses de Texterieiir 3,714; dans les 29 paroisses de 
Middlesex et de Suri^y 13,199; <^^ns les 10 paroisses privile- 
giees de "Westminster , 3,6 1 5. 

On ne comprendpas daiis ce c^lcul les paroisses de Ste- Anne, 
Westminster, St-Geprge, Hanover-square, et de West Hackney. 
Les personnes qui en ont la direction n*ont point donne de rap- 
ports a cet egard. 

II a ete baptise du sexe masculin, 13,299; du sexe feminin, 
1 3,44 4; ^^ tout 26,743. 

II a ete enterre du sexe masculin » 11,110; du sexe feroinin^ 
10,535 ; en tout 21,645. 

Dc ces derniers il en est mort.au-dessous de 2 ans, 6,ii5; 
entre 2 et 5, 1,837; ^ntre 5 et 10, 87i;entre 10 et 20, 818; 
entre 20 et 3o, 1,410; entre 3o et 40, 1,759; entre 40 et 5o, 
2,026; entre 5o et 60, 2,o3t; entre 60 et 70, 2,o55; entre 
70 et 80, 1,788; entre 80 et 90, 81 5; entre 90 et 100, 119; 
2aioi;iaio2 ans. II y a eu une diminution dans les morts 
cette annee, de 1,879. 

(^Courier, — Galignani*s Messenger ; 18 janv. i83i. 

65. NOTIGS SU& QUELQUES GLASSES DE LA POPULATION EN RUSSIE. 

[Journ. de St-PeCersboiirg; S now, iS2g). 

Suivant les calculs etablis k la section de statistique du mi- 
nist^rede I'iaterieur, lors des recensemens de 1796 ^ z8ii et 
181 6, le nombre des paysans, bourgeois et marchands dusexe 
masculin en Russie etait comme suit (i) : 



Paysans de la couronne 

—den particuliers , 

Bourgeois 

Marchands. - 



D'APR^ LE REC£NS£M£NT DE 



17M. 



6,505,702 

8,699,790 

507,111 

143,334 



15,855,937 



18II. 



6,873,185 

10,337,271 

620,847 

121.121 



17,952,424 



1816. 



6,353,467 

9,767,762 

835,071 

73,483 



17,029,783 



(i)Noasayon8 donne, d*apresle Te/n/i (journal de (aria ) danale Buiietirif 



et Staiistique, - i85 

' Les provinces de Belostok, la Gcorgiey et antres provinces 
meridionales du Caucase , qui ont ete reunies k la Rossie entre 
les epoques de 1796 k 181 1 , ne sont poini comprises dans les 
quantites ci-dessus , non plus que la Bessarabie, reunie depots 
1811. On n'y a point conipris non plus la Siberie, le territoire 
des Cosaques du Don , de TQural et de la met Noire , le grand- 
duche de Fintande, ni la Pologne, au sujetdesquels on manque 
de renseignemens sufBsans. 

. Dans le nombre des paysans de la couronne sont compris 
des laboureurs libres, paysans emancipes de particuliers^ dont 
le sombre , en 1816, etait de »4»344> 

On ne doit point avoir egard aux chilTres partiels des classes 
. des bourgeois et des march ands , qui passent sans cesse de Tune 
dans I'autre. £n les comparant coUectivement , on verra qu'il y 
a augmentation. 

£n comparant la totaUte des individus m4les, composant les 
4 classes, on verra que daus les i5 aos de 1796 k 181 1 , dans 
des circonstances peu fa vo rabies a i'accroissement de la popu- 
lation en Russie, par suite des guerres onereuseset presque 
continuelles avec la Perse , la Turquie, TAutriche, la Suede et 
la France, cet accroissement a ete d'eiiviron i3 i/5 p. '^/q, et, que 
de 181 1 a 1816, la devastation d'un grand nombre de gou- 
vememens par lennemi a cause une diminutiou de 5 1/7 p. ^1^. 

66, Lkttre sua le commerce exterieur de l'empirr de Rus- 
sie pendant les dix-huit demieres annees. 

Yoiis me demanded, mon ami» ce que je pense des causes 
des progres de notre industrie nationale et de Faccroissement 
de notre commerce extericur, dont on trouve la preuve dans 
Faugmentation evidente des revenus des douanes. Je m'efTor- 
cerai de satisfaire k vos desirs en vous tra^ant le plus brieve- 
ment possible Thistorique des evenemeus les plus importans , 
afin de vous presenter cet objet sous le, seul point de vue d'ou 
Ton puisse et I'on doive ie constderer avec justesse; mais je 
vous prie d'avance de ne point altendre de longues demon- 
Tom. XXI, to® ig3, les recensemciis des paysaos de la cooronae et des 
parlicaliers. Nous ne erof ons pas qoc cela doive nous dispenser de rap- 
porter en eDtier Farlicle da journal rnsse, qui d'aillenrs donne des ex* 
plicatioDf que Taotre n'avait pas rapportees. 



1 86 Geogrqp'hie N" 66 

stralioQS matliematiques de ma piirt, car elles esiistpnt 4ejk 
dans les Tableaux du commerce exterieur d€ V empire , publies 
anBuelieaienl par I'admiiiistratioii , et auxquds je me v^ihte, 
L'exactitude de ces documens est . garantie par leur publicfii- 
tion officielle. 

La situation de notre commerce exterieur sert d® l>dse a 
mes preuves ; quant au commerce interieur, je ne pourrai en 
parler d'une maniere aussi positive, n'ayant pas des rensei^ 
gnemens sufBsans k cesujet; je m'occuperai done principa- 
lement des developpempns du commerce exterieur €t des mea- 
sures adoptees par l*administra tion superieure <ies ioanceSy 
particnlterement depuis cinq ans , et qui ont pips specialement 
otfncouru k faire prendre une nouvetle activity k bos relations 
commereicdes, tant k I'^tranger que dans Tiffterieu-r. 

Pour plus de clarte, je crois devoir diviser mes r^exlons 
en g^erales ct en speciales.: les premises auroni; rapport a 
la direction du commerce, en general ; les dernie^es- tt^iteroot 
particulierement des operations de la place.de St-?i&tersbourg, 
principal entrepot de notre commerce avec I'^ranger. ' 

j'* De la direction du commerce de f empire eh g^n^riil. 

l\ n*y a pasde doute que, dans un pays oh. il existe dans leoom-^ 
merce un papier monnaie , le prix de toutes les marckaiidises de- 
pend de la valeur de ce papier relativement a celle du numeraire 
inetallique; des que le papier- monnaie eprouve, a de courts 
iutervalies , des fluctuations considerables., le prix de presque 
toutes les marchandises participe k cette instabilite, et il re- 
sulte immanquablement que la production etle d^bit des mar- 
chandises sont entraves. Les negocians qni s*oecopertt de I'a- 
cfhat, de la vente, ou de I'^change des marchandises ne peu- 
vent plus en calculer le prix avec exactitude. 

L'ittdustrie et le commerce ne peuvent fleurir qu'autant que 
la monnaie de compte , destinee a fixer le prix venal de tons 
les produits du travail de I'homme, conserve autant que pos- 
sible une valeur cons tan te. Une v4iriation de lo, 20, 3o p. 0/0 
i't plus dans la valeur de la monuale de conventtoh jette une 
incertitude defavorable siu* les prix et donne naissance k un 
agiotage, tant sur I'argent que sur les marchandises, extreme- 
ment ruiueux pour les producteurs et marchands , que Tinferio- 
rite de leurs capitaux oblige a baser leurs operations sur le credit. 



et Statist i^ue. 187 

Des fluctuations, du genre de celles indiquees ci-de^us, dans la 
valeurdn numeraire de convention, procnrent sans douteauxspe- 
culateurs qui s*adonnent anx affaires de banque lafacultedese 
iivrer k des entrepnses avanl«ngeuses et de s'enrichir en peu 
de temps; mais la majeure partie des benefices qu'iis reatisent 
par ce mojen a lieu au detriment du commerce des marchan- 
dises et k celui des prod ucteurs. Un commerce solide et regu- 
Her de inarchandises, dont le veritable but doit etre de procu- 
rer deis d^bouciies aux produits nationaux et de preter son 
appui a rindustrie du pays , ne pent prosp^rer lorsque le cburs 
6\\ numeraire eprouve de violentes fluctuations ; car alors on 
ne pent se fier au calcul du prix des m arch an discs , qui lui- 
m^me depend en partie des evenemens , et en partie de Tarbi- 
tralre des banquiers , dont le credit etendu leur permet d'en- 
treprendre de va»tes operations qui exercent une influence 
majeure surle cours du papier-monnaie. II resulte de-l^que, 
dans cet etat de choses , les achats de marchandi^es procurent 
tant6t d'enormes benefices , tant6t des perles considerables , le 
cours de I'argent, par ses mouvemens subits de hausse et de 
baisse, operant dansleurs prix des alternatives aussi peu.... de 
baisse et de hausse. Les pdx des marchandises ne peuvent^tre 
calculus avec exactitude que dans le cas otl le cours de i'argent 
se maintient constamment au meme faux; alors it s(*eleve en 
mdme temps une plus grande emulation entre les marchands, 
quise contentent des benefices moindres, mais plus assures. Les 
producteurs et les consommateurs trouvent egatement leur 
avantage dans la Constance du prix des marchandises brutes ou 
raanufactureesj or C avantage des uns et des autras forme ta^ 
vantage de t^etat. Lorsque les speculations commerciales sont 
basees plut6t sur le hasard et le bonheur, que sur le jugement 
et Texperience, rindustrie est d'autant plus gen ee que la mora- 
lite des negocians est eblouie par des entreprises temeraires et 
hasardees, ainsi que par des succes fortuits, car alorsils se 
flattent d'ameliorer plus tot leur fortune par d*heureux coups 
du hasard, que par de sages operations. II est de priricipe ab- 
solu en administration, (\\\eplus la vateurdii numeraire en cir- 
culation esz etablle et se maintient dune mahi^refi±e , plus celle 
He la propri^t^ particuli^re devient stable^ le desir den acqaerir 
augmente^ et Vavantage ties sujeis bien intentionnes se lie ^troi- 



i8J Geographie N^ 66 

tement h tavantage de V^tiU. D'apr^s qe principe, les plus ce- 
lebres economistes ont reconnu, avec beaucoup de justesse, 
<ju*ua systeme monetaire stable et en harmonie avec les besoins 
de Tepoque, ainsi que la regularite dans les affaires de banque 
et d'argent, etaient les principaux moyens de cooperer a la 
prosperite d'une nation; tandis qu'ils ont consid^re toute irre- 
gularite en ce qui concerne le numeraire en circulation , non- 
seulement comme nifisible k Tindustrie^ mais encore com/7te 
fixtr^mement dangereitse pour la moralite'de cette nation. 

£n comparant sous ce rapport Tad ministration flnanciere des 
cinq dernleres annees et de celles qui les ont precedees , on 
Crouve une difference palpablef entre les resultats des soins ap- 
portes pendant cette periode k maintenir k une valeur con • 
stante les assignations de banque, c*est-k-dire , la monn^jiie de 
compte de I'empire , et le cours de »cette meme monnaie pen- 
dant la perjode anterieure. Dans I'espace de 4^ ans, de 1781 ^ 
i8a3 , la valeur des assignations, comparativement k celle du 
rouble d'argent et au cours de change en monnaies etrangeres, 
a eprouve annuellement des fluctuations de lo, iS, a4 et 3o 
p. 0/0. De 1824 a 1828, la difference de cette valeur, relative- 
ment k celle du rouble d*argent, a ete de 3/4 k i 3/4 p. Q/o, et 
relativement au cours du change etranger elle s'est elevee dans 
une anneeil 3, dans la seconde k 7, dans la troisieme ^ 9, et 
dans k's deux demieres a 12 p. 0/0. Comparativement au cours 
du rouble d*argent« la fluctuation a done ete peu sensible. La 
hausse et la baisse de notre monnaie de compte dans le change 
avec Tetranger ont eu pour cause le plus ou le moins de debit de 
nos produits au dehors , et dans le courant de cinq annees , il 
.o'a pas etc possible de faire de graqdes operations de banque, 
.les mouvemens de baisse et de baussc n'ayant eu lieu qu'avec 
beaucoup de lenteur^ Par suite de la regie adoptee dans lad- 
ininistration flnanciere, d'etablir, de la maniere la plus stable 
. que possible , la valeur des assignations de banque , le com- 
merce des marchandises a repris de Tactivite , tant au-dehors 
quk rinterieur de {'empire , et . les cinq annees de succes de 
notre commerce exterieur qui viennent d^ s^ecouler, sont dues 
k cette circonstance, et particulierement k Tordre bien en- 
tendu .apporte d^ns Texecution des mesures flnancieres adop- 
tees. Les speculateurs en operations de banque n'ont plus 



et Statistique. itig 

tk'ouve les iiloyens de faire varier la valeur de la monnaie , ni 
)e prix des marchandises. Grdce k une sorte de stabilite dans 
les prix, 1e producteur et le consommateur ont troiive dans Ta- 
chat et la vente des marchandises Ic benefice certain siir leqiiel 
lis avaient compte, et rien ne s'est oppose , comme par le passe^ 
^ ce que leurs travaux oblinssent leur juste recompense. 

Le soin judicieux de maintenir la valeur dc la monnaie de 
compte h. un taux uniforme,' a mis Tindustrie croissante en etat 
d'augmenter Ses produits , et proportionnellement leur expor- 
tation k Fetranger , ce qui , joint k Faogmentation deS produit? 
pour la consommation interieure , a donne au consommatetir 
la faculte de se procurer en plus grande abondance les mar- 
chandises etrangeresy et fait prendre, en m^me temps, no re^ 
doublement d'activite k Timportation des articles frappes de 
droits eleves. 

Pendant douze ans la Russie s*est trouvee en etat de guerre. 
L*entretien de nombreuses forces militaires, tant au dehors 
qu'k Tinterieur, exigeait des efforts et des sacrifices cohside** 
rabies, et pendant tout ce temps il fallut reiidncer k tons les 
avanta^es dont on jouit ordinairement en temps de paix. Au 
tetour de cette derniere, les depenses de I'etat diminiierent, eV 
Ton revintaux anciennes habitudes de consommatiod^ dont \v9 
besoins n'avaient pa etre satisfaits pendant une longue serie 
d'annees. Le commerce d'echange des produits nationaux contre 
les marchandises etrangeres prit de' Taccroissement , et les re^ 
▼enus des douanes augment^rent avec lui. 

Apres les considerations generates sur le comnscrce et Tin-* 
dustrie de Tempire, queje viens d*exposer, examinons maitfte* 
nant son commerce ext^ieur dans ses rapports avec les tarifs 
des douanes , qui, dans Tespace de dix-huit ans, ont eprouve 
des changemens fort sensibles , et comparons Taugmentation 
des revenus des douanes avec les causes qui ont influe sur cctte 
augmentation. Pendant une periode de dix-huit ans, et avec 
les differentes modifications apportees aux tarifs, les revenus 
des douanes de Tempire ont offert les quotit6s suivantes : 



IQO 



Geographic 



N" ^6 



A^'J«^BS. 



I8JI 

1812 

1813 

I«I4 

1815 

Total des 5 annees. 

11116...: 

1817 

1818 

1819 

Total dcs 4 annees. 

t820. ..... . 

1821 

Total des 2 anoee3 . 

1822 

1823 ,... 

Total des 2 annees . 

1824 

1825 

1826 

1827 

1828 

Total des 5 annees. 



ROUBf.RS. 


COP. 

31 i/a 
74 3/4 
11 i/a 
90 
39t/4 


16.217,619 
19,237,751 
31,679.279 
25,967,484 
24,178,674 


117,230.809 


47 



Dans I'espace de cinq ans les revenas, 
d'apres les tarifs de 1811 k I8I5 , se 
sont eleves anuuellement 4 33,446,161 
roubles j terine moyen. 



27,919,574 

43.266,805 
44,400,957 
42,752. 4o2 



158,339,790 



95t/a 
67 1/2 

81 1/4 
36 3/4 



81 



ll'apr^s le torif de 1816 , le terme 
moyen des qaatre annees a ete de 
39,584.947 ronblas. 



52,565,582 
50.006,854 



102.572.436 



3 
42 



45 



D'apres le tarif de 1820, le terme 
moyen des 2 annees a ete de 51,286,218 
roubles. 



39,946,752 
40.5K6,743 



80,5:^3.495 1 63 



35 i/4 
27 3/4 



D'apres le tarif' de 1822 , le terme 
moyen des deux annees a ete de 
40,266.747 roubles. 



49.693,084 
54,920,830 
55,667,320 
62.084,636 
62,124,151 



283,662,025 



47 

59i/4 
89 1/4 
35 3/4 

433/4 



65 



D'apr^ les cbange<neus appbrtes en 
1823 au Tarif de 1822 , le terme muyen 
des 5 annees a ete de 56,732,405 roubi , 



BUI 



II suffit de cot^parer les tarifs poor decouvdr les causes <\\}X 
ont du ainener uoe augmentation on une diimnution dans les 
revenus des douanes. Les reveniis se sont accras on ont dimi- 
nue suivant (\\xe Timportation d'un plus on moins girand nom^ 
bre d'ar tides a ete permise avec des droits plus on moios 
eleves, et si le tarif de i8sio a produit, dans I'espace de deux 
ans , un accroissement de plus de 20 p. J^ dans les revenus des 
douanes^ malgr6 le taox crxtremement modere des droits , ce 
meme tarif porterait sans doute actuellemeDt k 70 millions de 
rouble^, a^i lieu de 5i millions preleves en 1820 et 1831 , la 
sorame annuelle de ces revenus, en supposaidt que Ton edi etar 
bli des-lors swr toutes les marchandises les droits eleves qui 
ont ete imposes k quelques-unes d'entr'elles , on 1824 (i). 

(x) Nods ne iaarions partufer rupinlon ^nusfl ici par Taotear siir 
]e tarif de tHao, qoi a exerce sar Tiirdaatrie nationaU une ilifloeitce dont 
les snites sont assez connues. D'ailletirs, od lie peat assoir ua jageineiit 
certain en prenant poor base les revenns des donanes pendant les pr«« 
itiieres annees qai ont snivi la inise en Tignenr de ce tarif, par la raison 
t)ue DOS ports forent aiors inondes de marchandises etrangeres. 



H Statist ique. 191 

Le tarif de iSafi prohiba rimportation d'uiie muldUide de 
marchanUises , et les revenus des donapes tomberent de %o 

£n 18239 les droits fiirent considerablement augmentes sui' 
tiD grand nombire d'articles dont lim porta tion etait fort active; 
iilterieurement , celle de plusieurs marchandises prohibees fut 
permise sous d'autres denomioatioos, aVec assimilation a des 
ac^icles permis par le tarif moyennant un droit eleve. ' 

Les saga's niesures adoptees relatiyement ^ Tadministration 
die&douailes, et particulierement k ceiles des frontieres deterre^ 
a6h d'arreter la contrebande par iine surveillance severe, out 
sans doiite eotitribue ^ Taccroissement qu'ont eproiive les re- 
venii^des douaaes 0n general, et surtout ceux de la douane de 
St-Petersbourg. Celui.qu*a prodnit une meiileure organisation 
des gardes des dauanes des frontieres a amplement dedommage 
I'etat des frais d'entretien de cette force aroiee , preuve que ie» 
services des employesdeviennent d'autantpiusefrectifs et utiles^ 
que leur sort est mieux assure par une reaiuneration conve-*^ 
nable. 

Les causes generates de prosperite que j'ai developpe'es , sa^ 
Voir : la sage sollicitiide a maintenir, autant que possible, dau9 
les reviretnens pecuniaires , la valeur de nos a^ignations d«' 
banque k un taux uniforme; la stabilite qui en est resuhee dann 
les prix de vente des oiarchandises ; rameliorati<ni croissante 
CB temps de paix de la situation des habitans de la Rus^ey 
qpi^ apres une longue periode de privations, recouvraient leur 
aadeime abondance^ Taugmen ration considerable, des droits 
stjr un gtand nombre del marchandises dont Timportalion etait 
tres-active; Tentree sous d'autres denominations, etav^^c assi- 
milation a des articles frappes de droits eleves, de diverses 
marchandises prohibees; Taccroissement de la consommation 
et.de rimportatioQ des produits etrang^rs; enfin les perfection- 
nemens apportes dans Torganiaation des douanes, toutes cea 
causes^ dis*je, ont opere pendant \en cinq demises annees une 
augmentation^ de 40 p. «/% dans le produit des revenus des 
dornaties. 

La conclusion d'une paix glorieuse avec la Perse et la Tur-^- 
quie doit faire esperer de voir prendre une grande extension 
au commerce de la Russie dans la mer Noire et la mer d*Azoff, 



ic^a Geographic 

tant par les provinces russes en Asie et en Europe, qoe par \a 
Turquie asiatiqne et la Perse avec les eontr^ les plus re- 
culees de TAsie. Dans les circonstances actiielles , il serait en-* 
tr^mement utile de reviser notre tarif , et , sans nuire k uotre 
industnenationale, d'aiitoriser rimportation, tnaintenant pro<^ 
hibee, de dt verses marchandises etrangeres que Ton pourrait 
frapper de droits elevcs ; cette mesure meltrait un terme auiE 
declamations continuelles contre notre syst^me prohibitif de 
commerce exterieur, porterait nos fabrlcans k moderer pra- 
deihment le prix de leurs pi*oduifs , et procurerait k I'ctat un 
rcvenu qu'il ne percoit pas sur les productions nationales dU 
genre de celles dont Timportation serait autorisee. Quelqu^ 
personnes semblent craindre que notre industrie en soufTrit; 
mais ces apprehensions m^nle ne paraissent pa^ fondees, car 
les manifestations inieressces de quelques fabricans , k ce sujet^ 
ne sont pas de vaines declamations. Des droits eleves ofTrent au 
gouvernement une garantie suffisante contre la concurrence 
etrang^re ; il serait injuste de defendre k I'habitant des fron-* 
tieres, eloigne des fubriqucs , de consommer, en payant le droit 
d*importation , les productions etrangeres qui se fabriqnent 
pres du lieu deson domicile, et de le forcer k acheter les pro- 
duits du pays, apportes de loin et a grands frais. La vaste 
etendue de Tempire russe ne permet point d*y etablir, sans 
nuire k plusieurs de ses provinces , un systeme prohibitif em- 
brassant un grand nombre d'objets ; il est done plus utile pour 
Tetat de permettre k ses sujets, moyennant un droit d'entree , 
Tusagc des productions etrangeres qui se fabriquent pres d'eiix, 
que de les forcer k se procurer k grands frais des productions 
nationales, et d'eveiller eu eiix par cette severite la tentatiou 
de se liver k la contrebande. Nul doute que les provinces de r« ^ 
grand empire, si differentes les unes des autres par le climat, 
n'offrent une grande variety dans 'leurs produits; cependant il 
en est un grand nombre qui necessitent des transports fort 
eloignes , ce qui en augmente beaucoup le prix pour les con« 
sommateurs. Afiii d'obvier k cet inconvenient on^reux pour ces 
derniers , il serait plus avantageux de ne pas prohiber Timpor^ 
tation de semblables productions , mais de permettre , moyen- 
nant un droit, Teptreedes productions, qui, quoiqu etrangeres, 



leur reviendrait a meilleur niarche , en raison de la proximite 
du lieu de leur fabrication. 

L'etablissenient d'un droit d'ioiportation, proportionne sur 
plusieurs marchandises actuellement prohibees, ouvrirait k Te- 
la t une source abondante de recettes , et le gouyernement n^im- 
poserait que la classe riohe de ses sujets , qui paie volontiers 
des prix eleves pour satisfaire son gout pour le luxe. £n meme 
temps, on gagnerait sur Tindustrie etrangere un capital dont le 
gouvernement pourrait faire usage pour verifier I'industrie in- 
terieure, suivant qu*il le jugerait necessaire; il pourait Tencou'* 
rager k de nouvelles entreprises par des secours pccuniaires^ 
par Tachat des, machines, et en procurint aux fabricans les 
moyeus de les introduire dans leurs fabriques pour diminuer le 
nombre des ouvriers ; en fond,ant d^s etablissemens d'instruc- 
tion publique appliques au commerce et k Tindustrie , ce qui a 
deyk recu un commencement d*execution; de cette maniere il 
fayoriserait de plus en plus la propagation de I'industrie mann- 
facturiere dans Tinterieur de Tempire. Si elle prend .dc Telan , 
la concurrence meme des marchandises etrangeres ne pourra 
nuire au debouche des produits russes chez les peuples de TA-* 
sie, et Ton pourra leur laisser toute liberie d'echanger leurs pro- 
ductions contre des marchandises russes, ou europeennes ou 
americaines, par la raison que les marchandises etrangeres 
paient un droit sufBsant a leur entree en Russie. L'ouvrage re* 
cemment public par le conseiller prive du roi de Prusse , M. Fer- 
ber, sur Tetat de Tindustrie et du commerce de la, Prusse, ou- 
vrage dont les donnees ont ete puisees k des sources ofBcielles, 
fournit une preuve brillante de. Tinfluence salutaire que la li« 
berte du commerce et de I'industrie peut exercer sur la pro- 
sperite d'un pays, lorsque le gouvernement mainlient avec fer- 
mete ses dispositions sagementcombinees^ qui font naitre Tc'* 
mulation sous plusieurs rapports. 

. J'ai fait remarquer plus haut k quel point le commerce de 
Saint-Petersbourg concourt aux revenus des douanes ; les pro- 
duits de ceux de ce port se sont eleves aux quotites suivantes : 



P. Tom. XXY. — Fb vmer i 83 1 . 1 3 



19^ 



OiograpMe 



N^66 







ROUBLES. 



5,562,332 
10,0S8«866 
15,475,972 
11,906,177 
10,684,924 

53,652,373 



COP. 


313/4 

8 
913/4 

8i/a 
75 


10 



Dans I'espoce de 5 •»• l«s rcTenns , 
«l'apti» It tavifde Mil \ 18W, SMOot 

eleTes annueliemeot ii 10,730,474 rou 
Uea , terme moyen. 



13.906,416 
20,986,302 
23.168,291 
20,623,839 



78,681.850 



563/4 
66 
U 
41 



73/4 



D'aprts k tarif de 18M , Iv tarma 
moyen dec anaees a tit de 19,670,462 



29,7«T,994 
25,707,705 



55,455,699 



59 



83 



D'aprts* te tarif de 1820 , le terme 
moyen dea 2 amiict t et^ de 217,727,849 
roubles. 



21,656.056 
22,386,570 



44,042,635 



27,012.661 
SO.056,764 
31,635,835 
84,503,723 
36,474,191 



159,683,174 



It/4 
72 1/ 4 

73i/a 



D'apris le tarif de 1822 , le terme 
moyen daa % aniiees Aefea de S&4)ai,317 
roubles. 



263/4 

483/4 
83 

7i/a 
33 



99 



D'aprds lea changemens apporte« en 
18S3 an tarif de 1893, W terme aaoyen 
det 5 ana^i,aele de 31,936,635 ronbl. 



St le comnierce lie Tempire eo g^n^Fal pread de raccroisse- 
flaeaty celui de S»]nt-P^rsboavg dbit necessairement j trou- 
▼ev de Tavaatage. La situatmi de eette ville et ses nombreax 
Bio^pens decomiosiDicatioiiayee ks govTenkemens deHntMeary 
le s^joiir des priacipaax corps de Fetat, la concentration de 
tons led reTiremens financiers de Tempire, toutes ces causes 
r^unies procsrent am affaires et aux speculations peeuniaires 
qui s'op^rent k Saint-Petersboorg de si grandes faci-lites que, 
sous ce rapfkorty aucuae autre vilie de Russie ne peal lui ^tre 
eomparec. Cette capitale possede ea outre des avantatres parli^- 
culiers qui ont specialement concoura i developper son com- 
merce daas les einq demieres- annees , et par consequent k aug- 
meater les vevenus de la douane. 

1® Les perfeetionaemens apport^s a la nayigatioa des rivi^ 
res et des canaux rendent d'ann^e en annee plus faciles les 
communications pareau de Saint-Petersbourg avec les gouTer- 
nemens de Tinterieur, de sorte que le transport des marchandi- 
ses est deveuu moins cher et plus sur que par le passe. 



r 

et Statisdqnc* i^ 

a*De ni^me, il nVxiste nulfepart en Rassfe d'aussi bonnes 
routes pour le transport des marchandises par terre , aveb plus 
4e sABde el i^ ■mmbs* de M»x dam» I'int^ffeiir 4e }hsmfmtf ^BK^ 
celles ^ui coiutttkent de Saiat*P«terai)Q^g parlicttli^reiient k 
Moscou, principal entrep6tdu comnierce ext^rieur, Cette roi«te«p 
qui nfa coonn^ioe que ^epuis- p«tt de temps ^ ^r# fiiH]fientee 
parle rouhi|[ey est une des prindipales causes de raCcroiss!eQ](€t9.|^ 
qu'a pris I'lniportation des marchandises etrangercsl k ^lit-B^ 
t^rsbourg. Tanf (|ue la rqute entre les i^\Xi. capitales^ est restSi 
aussi maoVaise qne cellesi qtfi condukent a Hoscou de HigVt 
Lebaii et HeveJ^^ il s'ex|pediait une grande %uantiti^ de MKurelunh 
dises JL IVIoscoik par ces trois dermei^es viUes ; mas^ d^Mit r< 
verture de la nouvelle route dont je parle, ces ex>pediliQtis 
lieu par Saint*Petersbaurg , d'oii Ton doit co n clur e cpie rka^ 
portation par ce dernier po^rt ne i^essera point depiwdtede 
plus en plus d*etendue. 

S^ La contrebande par les frontieres de terre ^prouvant de- 
puis quelques temps de puissans obstacles, une grande partie 
des marchandises destinees pour Tinterieur de Tempire sont 
expediees maintenant dans les provinces , et particuli^rement k 
Moscou^ p^r Saint-Petersbourg, ce qui a fait augmenter sensi<* 
blement les revenus de ladouane de ce port, 

4^ Par suite. dp Finterrilption qui a eu lieu depuis deux ant 
da«9^ le e om me ree de- far mer i^oire et dr hf mer d'Azof^ par let* 
quel les provinces du midi de la Russie recevaient les marchanr* 
diaes ^luuagepss, elles n'oiit pu s'eii approvisioiiner que pav lii» 
port de Saint-Petersbourg : nouvelle cause de raccroissemenf 
qu'on a remarque dans le commerce ec le revenu de la dbuane 
de ce dernier. 

Telles sont, mon cher ami ,« les sources de la, prosperite ac- 
tuelle de notre commerce exterieur. L^s plus importantes d'en-t 
tr'elles sont 4ues aux mesures sages et fixes adoptees par Tad*- 
ministration et suivies avec fermete dans les affaires financieres 
et de banque. Pendant la duree d'une guerre inevitable avec la 
Fene et la fiucpiK, le erMt pifbli« sVst ^ler^, tbnt an d^dali^ 
qu*au dehors de rempire"^ k nn degi^ qn'it^ n'avait jamais en- 
core atteint. Jj^ coa^merce e^ riad««((]«0rd«*lAnati<Mi^ 9nr«oi|pis 
ujiie no^viclle en/ei^j^i 

Vbici les prix auxquels nos f q^ p^iUicil'.Oift tli mitt 41ir 

i3. 



z^ Geographie 

bourse de Saint-P^tersbourg pendant les deax dernieres an- 

♦ 

Dees : 



Atvvlss. 



5 % XiTALLlQUES. 



plus 
bas. 



1880. 

1821. 

1822. 

1823. 

r824. 

1826. 

1826. 

1837.. 

]^828.. 

1829.. 



72 
73 
76 
80 
83 
88 
83 
85 
83 
85 



3/4 
V4 

'A 



plus 
haat. 



733/4 

78 

783/8 

82 

973/4 

94 

87i/a 

88i/s 

89 

99 



diflerence 



9 % 



a3-|;r 



I 



6 % METiiLLIQUXS. 



plus 
bas. 



93 

87i/4 

91 

95r/a 

09 

104 i/a 
103 

102 i/a 
102 
102 



plus 
hauL 



100 

94 

93 

98 
112 
110 
104 1/3 
106 
108 
119 



difference 



{i4t^ 



a4^ 



I 



6 % ASSIGNATIONS. 



plas 
bas. 



too 

102 

98i/i 
97 ./4 

100 

107 

102 

102 r/a 

104 i/a 

104 



plus 
baut. 



diffi^rence 



k\% 



a6;r 



' (Jbeilledu Nord. — Journal de Saint-P^tersbourg ; ai, 2a et 
26jany. i8.3o.) 

67* Tableau gompjl&atif des impoetatjons et des expoeta,- 
tions du poet de st-piteesbourg , et des eevenus de la 
DOUANEy pendant les 3o dernieres annees. 



fin 1800. 
En 1810. 
En 1820. 
En 1829. 



iHVd&TATlOaS. 


BxPOaTATXOllS. 


NAV 
•ntres. 


IRES 
•ortis. 


REVBNCS 
de 

OOCABSS. 


roubles. 

20,070,935 

10,058,485 

168,256>&97 

149,135,403 


roubles. 

32.255,354 

25.798.279 

106.085.920 

107,428,928 


842 

408 

1090 

1510 


744 
512 

I074 
1492 


roubles. 

4,931.506 

3.204.847 

29,747,994 

41,184,831 



Dans les annees 1808 et 1809^ pendant la 
continental , les importations se sont elevees 
bles; les exportations a 26,190,302 roubles; 
timens entres a 436 ; des b&timens sortis k 4 
de douane k 3,195,965 ronbles. {Gazette 
Journal de SMnt-P^tersbburg ; nS jany. i83o 



duree du systeme 
k 6,612,022 rou- 
le nombre des bd- 
1 1 ; et les revenus 
du Commerce, — 
^P-a5.) 



68. Peoduzts des mines d'oe bt de platine pendant le premier 

semestre de Tannee 1829. 

1.6 n^ 9 du Journal des mines donne, ainsi qu'il suit, le re- 
leve des produits des mines d'or et de platine pendant le pre- 
aiier semestre de rannte ^829. 



et SUUisttque. 



'97 



OB. 
MxM* mffoHmmt m Im mmvim*. 

Dans eeHM d'fikaUMriiMkoarf t 

Prodirit d«s sables anrif^rts 13 poods. 16 livret. 78 xololnikt. 

■ MiiMt de Zlatooost t 

Produit des sables aarifi^res 27 39 19 

Cinq morceaux d'or natif » 5 96 r/4 

Mines de Gorobla; odat : 

Pn*dnh des sables aarifires. » 25 5 

Mines de Bogoslof, dito 4 2 54 

Torkx.,,. . 46 8 i/4 

Mints afparumant « du pMrtidJitn. 

Dans celles de Terkh^Issetsk , appartenant 
au cornette de la ffarde , Yakovlef. .... 25 ponds. 37 lirnt. 84 xolotaiks. 

8 



Fians celles de Neviansk , aux heritiers da 

conseiller d'etat actoel , YakoTief.. ... 
— de Nijne-TagiUk , aux heritiers da con- 

sdllrr prWe , If . Deanidof 20 

— deBiliuibaiefF, i la comtesse Stro^onof. 1 
— de Verkhne-Ottfalcisk , aax marrbands 

Goabine 3 

— de Schaitansk, an marchand Tarlsof. 4 
— de Sysserlsk , aux heritiers Toartchani« 

nof. 4 

— de Kassline et de Kysehtym , aux heri- 

tiers da marchand Rastorgoulef. ....... 24 

— ^e'Bissertsk , ik la comtesse Polier » 

— de Vsevolodoblagodat » aa cbaoibellaa 

actuel Vsevolojsky I 

tea sables aariftres dans les terres de I'em* 

ploy6 des mines , Medger , ont donne. . » 
Ceox du marchand Balandine » 



14 

m 

4 

26 
10 

27 

35 
21 

26 

II 



63 



56 



65 



ToTAx 95 34 46i/4 

TOTAL GiNlBRAL de Tor exploite. . 142 ponds. 2 lirret. 46 i/a aolotiiiia. 

PLATINB. 

Mtn4» dt la eomromit*. 



Dana edles de Goroblafodat a 

— de Bo^aslof a 



15 



2 



96 



TOTAX, 



15 



17U 



JUimtt mpparimnait m iUt jmrticmlien, 
Dans celles de Verkh-lscetsk , au cornette 
de la yarde, Yakovlef jvpoada. lliTf. 

— de Kassline , aux heritiers Raatorgoaief . . a I 

— de Nijoe-Ta^ilsk , anx heritiers da con- 
seiller prive, N Demidof 43 



I» 



'62f2aolotDiks. 
20f} 



ToTAi 43 16 4|| 

TOTAL Gl^NI^RAL du platine exploite. 43 poods. 31 Hvrcs. 22 ij solotnik^. 



{Journal de Saint-Petershourg ; 9-21 nov. 1829.) 

69. Exposition des pbqduits pe l'indpsteie a Moscou. 

§• M, TEmpereor ayant temoign^ , le 10 mars , le desir de 



x^ Geogf^hie 

s'assurer parlui-meme de Tetat de rindustrie natLonale h. Hos* 
oouy le baron de Meyendprff , employe du ministere des finan* 
tcies, organisa en vingt-quatre heures une exposition de ses pro* 
duits dans les salles du palais imperial. Le 1 1 , les Cftbrieans de 
Moscou eurent I'honneur de les presenter k S* M. I., et cette 
brillante exposition, pour laquelle rien n'avait ^te pr^par^ d*a- 
Vance , ofTrit une preuve evidente de la rapidite avec laquelle 
lia Russie avance dans la carri^re de Tindustrie et de rinstruc- 
tion. On y voyait de3 produils de nos filatures de coton , de 
soie recoltee en Russie , de laine provenant de nos bei^geries , 
des soieries , cotonnades, laineries | du linge de table, des ar^- 
tides en acier, des aiguilles, des gants^ des tabati^es, de la 
porcelaine, des bronzes, des schals, des produits chimiques et 
un grand nombre d'autres.objets, dans le detail desquels nous 
n'entrerons pas dans ce moment. Pour donner une idee des 
progrds de nqtre industrie depuis quelques annees , nous nous 
bomerons aux faits suivans. D^s Tann^e derniere., ii a ete file 
«n Russie 55,ooo pouds de coton, et cette annee il en sera file 
une quantite double \ sur 32,ooo pouds de soie que les fabri- 
ques de Moscou emploieut annuellement^ elies en tirent dejk 
des provinces russes du Caucase 1 4^000 pouds, dont 49OOO 
proviennent des districts cedes par la Perse. En i8o3 , sous ne 
possedions point de laine de merinos ; maintenant nous en eK^ 
portons k Tetranger pour piusieurs millions de roubles , et Ton 
ne fait aucune difference en Angleterre entre les meilleures lai- 
ties de Saxe et celies de Russie. Les produits chimiques se fabri- 
quent tous dans le pays , et sont parvenus k un tel degre de 
perfection que Ton s'etoone de la modicite de leur prix , de 
sorte que, sous ce rapport ,, nous n*avons i^ien k redouter de la 
concurrence ^trangere. L'exposition du 11 mars permettait de 
reconnaitre d'un coup-d'oeil et la diversite, et la perfection , et 
Tutilile de% produits d« notr^ industrie. \}u. grand nombre de 
fabricans s'y etaient rendus. ( Journal de St-Petersbourg j 5- 
j5 avril i83o). 

70. Sur la Lithuanie. 

II parait que les journalistes allemands ne savent pas ce que 
c'asc que la Lithnfttiie. D'apres leur opinion, ce pays a'^tait une 
province polpniiise que de nom ; cependanit il suiBt lie lire I'hi^^ 



et SUaistague. x^ 

toire de Pdogae, depuis le XIY® sidck, pour ^tre persuade 
que ce pays etait un etat federatif , une republique composeo 
de deux etats, avec deux couroQues, deux peuples, deux lau* 
^ues f d« royaume de Pologue et du grand-ducke de Lithuania, 
Jamais a»cuiie diete oe s'est r^ardee coaune representant la 
settle Pologne » mais oomoie mandataire des deux natious reu- 
nies ; c'est sur cette base que reposent meme les actes de ja 
diete oonstituante de 1788-1792 , ainsi que ceux de la coofe- 
deratiott geserale en 181 a. Nier k la Lithuanie ses droits .a 
rindependance, constates par uu precedent de huit siecles ; mc- 
cocnailre des liberies qu'elle a acquises par son union ayec la 
Pologne yen i386, et par sa haine pour les institutions tatanes 
des Moscovites ; soutenir que cette meme Moscovie regne sur 
ce pays par droits legitimes ; enfin se rejouir de Tesclavage d'un 
peuple polonais de temps immemorial , polonais de coeor, et)- 
core polonais aujourd'hui , et dete&tant jusqu'au nom inosco- 
vite y oe n'est point se trompcr^ c*est mentir. 

Or, si une nation lithuanienne a existe jusqu'en 1795 9 quelle 
etait sa langue? C'etait la langue russienhe, dialectcdn slavoi), 
aussi rapproche du polonais qu eloigne du moscovite ou russe 
actuel. Toutes les Lois, tous les actes politiques , judiciaires et 
administratifs du grand-duche de Lithuanie , ont ete ecritsdans 
cette langue; c'etait enfin la langue de Tetat, celle des Jagellons 
veritables peres des peuples de la Pologne et de la Lithuanie. II 
existe cependant en Lithuanie une langue lithuanienne , etran- 
gere au slavon , parlee aussi par les veritables Prussiens , aux 
environs de Koenigsberg , et appelee tantot prussienne , tan tot 
lithuanienne; il faut observer toutefois qu'elte n'est connueque 
dans la Samogitie , petite partie de la Lithuanie, et jadis duche 
distinct. Cest du peuple prnssien que la Lithfianie slave a tire 
sa premiere <H*igitte dans les XI^ et XII^ si^eles ; mais etle a tou- 
jours meprise son idiome primitif ; et Tusage en est devenu si 
restreint qu'on trouvc ^ peine loo^ooo individus qui parlent la 
langue prusso-lithuanienne dans la Lithuanie proprement dite 
tandis que dans la Samogitie, en Prusse k Koenigsberg, et en 
Courlandcy on en compte plus de 780,000. Enfin, on n*a jamais 
ecrit dans cette langue. 

Aussi faut-il considerer comme de veritables Lithuaniens les 
peuples de la langue russienne , ainsi que ceux de la langue 



doo Giographie 

prassieone. Quant au dialecte slave , polonais ou l^chite , il fat 
de tout temps elrangcr ^ la Lithuanie ; et , s'il y a aujourdliai 
dans ce dernier pays 700,000 individus qui le parlent, ce n'est 
que par suite de rapports amicaux avee les Polonais. Toutefois, 
sa suprematie est telle, que pr^ de trois millions d'individus, 
y compris les Juifs , les Tatars et les Moldaves , emploient ce 
meme idi6me. 

Quant \ la religion, elle n*entre point dans les considerations 
politiques Ik otiil ^agit de Tindependance du peuplelithuanteny 
qui regarde la constitution du 3 mai 1791 comme son pacte 
fondamental. Cependant les tsars ne comptent en Lithuanie que 
3,410,000 de leurs co-religionnaires, y compris les Roskolniks, 
tandis qu'il y a dans ce memc pays 5,390,000 de catholiques 
romains, de catholiques grecs, d'armeniens, de mahometans et 
de juifs. 

Si I'auteur de I'article n'avait pas trompe le public allemand, 
en traduisant le mot Russiens par Kleine-Russen ( petits Rus- 
siens), dont il n'est pas question dans mon ouvrage, et qu'il 
ehl vu a cote du mot Russien celui de Russe , il aurait d'abord 
peconnu qu'il doit y avoir entre eux une grande difTerence. 

Quant aux plaisanteries que le journaliste allemaud se per- 
met contre le dictateur Chlopicki , ce brave guerrier lui a deja 
repondu par 40 ans de la plus brillante carrierc , et par des 
taleps qui lui out valu la confiance et I'amour des Polonais. 

Leonard Chodzko. 

( National ; i *' janv. 1 83 1 ). 

71. LeHRBUGH des GEXEINEN in DBUTSCHLiHD GULTIGEN PEIH- 

LICHEN Rechts. — Traite du droit criminel commun en 
vigueur en Allemagne ; par le chevalier A. de Feuerbagh. 
10^ ^dit. corrig. Gr. in>8^ de xxii et 4^6 p. Giessen, 1828; 
G. F. Heyer. 

Ce Traite du droit criminel , depuis long- temps classique cu 
Allemagne, est Irop connu, meme dans lereste de TEurope, 
pour que nous croyions necessaire d'en faire une analyse eten- 
due , a propos de la nouvelle publication que nous nnnoncons. 
Cette 10^ edition differe peu de la 9* qui parut en 1825. Mais 
celle-ci etait presque une refonte complete de Touvrage pri- 
mitifqui, public, pour la premiere fois, en 1801, avait ele 



T 



et Statistique. aoi 

reimprime huit fois pendant un quart de siecle , sans changc- 
roens bien remarquables. Mais, en s'occupant de cette 9^ edi- 
tion y M. de Feuerbach soumit h. un nouvel examen toutes ks 
parties de son livre ; il abandonna ou modifia plusieurs prin- 
cipes trop absolus et trop tranchans qui avaient ete Tobjet de 
justes critiques y notamment sur la presomption de Tintention 
coupable, sur Tadoueissement de la peine k cause del'absence 
de certaines circonstances ; il dcffina plus de developpemeAt k 
certaines doctrines, et refondit meme compldtement, d'apr^ 
une comparaison plus attentive des textes , plusieurs de ses 
theories generales , entre autres celles de Xdifaute^ de VimpU" 
tabilitCy sans compter une foule de chapitres particuliers, entre 
autres ceux oh il traitait du crime de l^se-majeste , de rhomi«- 
cide et des blessures, des diverses sortes de vol, de la destruc- 
tion et degradation des propriet^s, des delits des fonctionnaires 
publics 9 etc. La partie qui est relative k la procedure eprouva 
aussi des ameliorations essentielles , notamment la section 
consacree a Vinformation » qui fut entierement refaite. 

Apres cette indication des avantages que I'edition de xSaS 
avait sur les prccedeutes , et qui out ete encore perfectionnes 
dans celie que nous annoncons , nous allons presenter sommai- 
reroent les divisions principales de Touvrage. II commence par 
des prolegomenessur Tidee qu'on doit se former du droit penal, 
sur ses sources , sur les connaissances auxiliaires qui doivent 
preparer ou accompagner son ^tude , sur sa bibliographic ; sur 
ce dernier point , on y trouve un catalogue fort etendu d'ou- 
vrages dc toutes les nations. L'exposition scientifique est ensuite 
divisec en trois livres qui comprennent : le i*"^ , la partie phi- 
losophique ou generate du droit penal ; le !i% la partie positive 
ou speciale; le 3®, la partie pratique. Dans la partie philoso* 
phique,une introduction est destinee ^ exposer les principes 
superieurs qui servent de fondement au droit penal, et les prin- 
cipes secondaires qui en derivent ; puis I'auteur traite, en trois 
titres, de la nature du delit, de la nature de la loi penale et de 
son application , de la nature des peines et de leurs diverses 
especes. Dans le a* livre , partie positive , M. de Feuerbach 
expose les diverses espoces de delils. Il les divise en delits com- 
muns et delits proprcs k certaines classes. Les delits coniitiuns 
sont determines ou vagues ; les premiers sont distingues en 



yOQA GeegrapUe 

publics et prives;4es derniers sont ou materiels ou formels* II 
J a encore des delits communs qui) sans contenlr aucune vio- 
lation du droit, sont punis par des motifs politiques| ils soot 
rang^ en quatre dasses suivant que les lois qu'ib enfreignent 
sont relatives a la police criminelle , k la police des blens , k 
celle des moeurs ou k celle de la population. Les delits propres 
k certaines classes de persoiines sont les delits desfonctionnaires 
publics et ceux des militaire^ Dans le 3^ HyrCf partie pratique, 
on trouve d*abord une introduction qui traite de la jurisdic- 
tion criminelle en general , de la justice crirainelle , de son 
exercice, des officers qui composent un tribunal criminel, de 
sa competence 9 des daverses formes de procedures. Yient en- 
suite une exposition detaill^e des diverses parties de la proce- 
dure crixBinelle et des differens rdles que remplissent les per- 
sonnes qui 7 figureot. C-A. Peixat. 

72.tJcBEiL i)iE L/LirDWilEiTBSiCHi.FT DEH Hheiitpfalz. -^Stir Tctat 
de ragriculture en Paiatinat, et particnliftrement dads les 
environs d'Heidelberg ; par le docteur K. H. Rau, consefller 

' auliquc du grand due de Bade, et professeur ordinaire k Hei- 
delberg. In-12 de x-t02, et a pi. Heidelberg, i83o ^ Winter. 

H. RaUf dans cet interessant ouvrage, le seul qui ait paru 
6ur Tetat de la science agricole en Palatinat, fait connaitre 
toutes les ameliorations qui out eu lieu en agriculture , et donne 
SUT ce pays des details d*autant plus curieux qu'ils sont entiere- 
meat neufs, et sont dignes de Tattention des ^conomistes , 
auxqueb I'mfluence precieuse d'encouragemeas dispenses k pro- 
pos, d'exemples salutaires donnes aux cultivateurs par de sages 
philantropes , fourniront une foule de remarques utiles et inte- 
ressanles. 

he champ que Tauteur a choisi pour ses observations n*e$t 
pas vaste : il nc comprend que le pays situe entre Heidelberg et 
Mannheim, dont Teteadue est de 4 lieueset demie carrees. C'est 
la y selon lui j que se trouve concentre le plus grand nombre 
d'habitans dont les ressourcee n'ont pour base que la culture 
des terres. II n'existe pas la de manufactures importantes qui 
puissent assurer I'existence a ua grand nombre d'individus, 
pas de mines k exploiter, pas de vastes forets qui emploient 
beaucoup de bras, Ji'a^ricultare, vo^a leyir seul trmn Cpst a| 



I 



et Statistijiue. ao3 

eUe qa'ils doivent le bonheur doot ils jouissent et lear indus- 
jtcie^ leuf Mtiyite^ la sagesse du gouyeraement, qui salt leur. 
£aire les concessions necessaires pour donner k leurs entreprises 
et a leurs ameliorations Telan convenable, leur en garantissent 
la duree. L'accroissement de la population est si rapide que 
73,000 ames yivent aujourd'hui ou il n'yenavait que 67^0, h 
ja6 ans. Malgre celai la misere ue 6*7 pas fait sentir : le prix 
ides denrees est plus bas que jamais^ et la classe ouvriere T)t 
ayec plus d'aisance. Le cultiyateur, neanmoinsy a besoin d*ao- 
liyite «t d'eoonojnie pour faire honn^ur k ses affaires : car, les 
impots, etablis dans un temps oil le prix des terres ^it plus 
ileye qu'il n'est aujourd'hui , sont tres-on^reux« Cependant la 
position est plus heureuse que dans bien d'autres contrees, oil 
les ressources qui abondent chez lui manquent entierement. 

La temperature y est d'uoe douceur plus grande que dans 
toute autre partie de TAlIemagne. En etei le thermometre moute 
jusqu'^ 16^ 3 a', et en hiyer ne descend presque jamais au>des- 
sous de o® 64'(?); auasi une fpule deyegetaux y donnent-ils cbaque 
annee ime rdc(^te precoce et abondante; tandis que dans des - 
pays pen distans, ils ne croissenfqu*ayec peine. On doit cet ayan- 
tage k la position de ce percle qui est pen eleye au-dessus du 
niyeau de la mer, et k Tabri des montagaes d'Odenwald qui le 
garantissent des yents d'ouest et de nord-ouest. 

Le soly sur lequel le Bhin et le Necker ont laiss^ des tracers 
de leur passage est sablonneux, mele de bancs d'argile ou ma- 
recageux dans la partie yoisine du Ebin, et est cultiye en prai- 
ries « en tabac et en houblon, Dans toute la plaine, il est forme 
d'argile^ dont le fond est garni de bancs de sable et de cailloux 
rotileS) mais gisant k d'inegales profbndeuts : de sorte que par- 
tout oil la couche de cailloux se trouye trop pres de la surface 
du sol , la yegetation -t'st pauyre, surtout dans les grandes cha- 
leurs. La grande culture* y est en pratique. On n'y yoit pas de 
prairies^ peu de yexgers et do jardins maraichers. Les biens y 
sont plus yftstes, et dsais les trayaux du labour, on ne se $eH' 
que de.chevaux. Dans leyoisinage des montagnes, les terres sont 
fortes y et calcaires sur les parties les plus elevees. 0« y yoit 
beaucoup de yignes, de yergers et de marais. La population est 
^^-forie et l^s assolem^ns epuisans. 



ao4 Geographic N^ ^% 

Du prix du travail. 

Quoique le prix du travail soit plus bas aujourdliui qu'il y a 
dix ans , la diminution qu'il a subi n*est pas en proportion de 
celle qii'ont eprouvee les produits agricoles : dc sorte quele 
joumalier jouit d'une sorte d'aisance qui lui etait inconnue au- 
trefois^ et peuty apres avoir yecu, faire quelques economies. 

Le terme moyen des depenses qu'exigent le salaire et Fentre- 
tien d'un journalier est de 22 kreutzcr par jour (79 c. environ}. 
Dans certaines fermes , oti Ton occupe toute I'annee un grand 
nombre d'ouvriers, on a4a coutume de prendre des families de 
jonmaliers qui reviennent par an , k 146 florins t\0 kreutzer 
(348 fr. 5o c. ). Les ouvriers travaillant aux vignes re9oivent un 
plus haut salaire y parce que ce travail exige plus de force el 
plus d'adresse. 

A Strassenheim et dans le nord de I'Allemagney on donne aux 
ouvriers ^ en outre de leurs gages , une petite portion de terre a 
cultjver de compte a demi. 

Les domestiques coiitent environ 109 florins (24^ ^i*. 25 c. 
par an, y compris leurs gages qui sont de tfi florins (108 fr.). 

Capital et debouche, 

Les capitaux employes a la culture des terres produisent 
des interets raisonnables \ cause de la proximite des grandes 
villes, ou toutes les recoltes trouveut une ventc facile, et du 
sejour des personnes riches que les agremens du pays attircnt k 
la campagne. On y voit beaucoup de fermes dont les b^tiojens 
sont construits avec elegance et soliditc. A Handschuchsheim , 
oii le morcellenient des terres a ete porte le plus loin , rimp6t 
foncier, paye par chaque famille, est de 180 fl. ( 4o5 fr. 80 c). 
L*education des bestiaux et des chcvaux est assez considi^rable 
et le rapport du sol au betail est, selon les cantons, de 3 k 7 ar- 
pens par tete. , 

Les grains, les fruits, le tabac, les plantes economiques, les 
peaux , se vendent avec facilite. Dans les premiers 5 mois de 
Tannee 1829, on a vendu, sur le marclie d'Heidelberg , 3 1,000 
matter (environ 34,ooo hectolitres) de grains pour 118,000 flor^ 
(265,500 fr.), et destines aux approvisionnemcns de TOdenwal 
et du Bas-Rhin. 

Considerations generates sur quelques dispositions judiciair^s et 

legislatives. 



, ' etStatisiique. ooS 

bn trouve partont des traces des efforts d'une sage admini^ 
stration , pour assurer le bonheur d'une population laborieuse 
et industrieuse, en la delivrant des entraves qui Tempechent de 
s'elancer dans la vaste carriere des ameliorations, et en lui en fa- 
cilitant les moyens. 

Les corvees seigneuriales, si contraires aux interets du culti- 
Tateur, n'existent plus. Les droits de parage, ^uxquels on avait 
deja mis des homes , il y a prcs d'un siecle , quoiqu'ayant ete, 
conserves, n'ecrasent plus le pauvre. Les imp6ts sur les che-^ 
mins, qui entravaient la circulation , ont ete abolis. Le gouver- 
Dement s'efforce de faire revivre dans le pays Teducation des 
vers k sole, qui , malgre Textension qu'elle avait jadis , etait tel- 
lement negligee qu'on n'en retrouvait plus que de faibles ves- 
tiges. Les chemins, autrefois nus et mal entretenus, sont main- 
tenant beaux et plantes d'arbres. Les prairies communales ont 
ete changees en terres arables et en forets ; et Tusufruit des pre-' 
mieres accorde aux cultivateurs, qui, dans certaines communes,' 
dnt jusqu'k 5/4 d'arpent. 

II y a cependant encore des charges que le gouvernement n'a 
jiu encore diminuer, mais que Ton verra disparaitre ou dimi- 
nuer avec le temps. Tels sont : les impots fonciers, si exorbitans^ 
cenx mis sur les contrats de vente et d'achat et les successions, 
la' dime et les corvees 4tablt^s pour la reparation des chemins. 

Une coutume tres-prejudiciable au bien-^tre des faitaiUes est 
la multiplicite des baux emphytebtiques, avec leurs formes va- 
rices. Beaucoup de biens sont afferm^s a trois generations, 
d'autres ne sont her^ditaives que dans la ligne masculine , ou 
tombent en'partage k des coUateraux; et la plupart'du temps 
le testateur a le droit de choisir son suocesseur: La coutume 
appelee Schupflehen, dans laquelle le hsai est hereditaire pour 
quatre personnes de la famille: le pere, la m^reet deux enfans, 
et reste ensuite en devolution, est encore plus deplorable; miaif, 
comrae il sera difficile de jamais pouvoir mettre un terme aux' 
malheurs inherens a la forme de ces coutumes , le seul remade 
qu'on y puisse apporter est de faciliter Tallodiation. 

De ia grandeur des biens, 

Partout le terrain est divise k I'infini. Chaque paysan jouma- 
lier a un coin de terre qui lui serf a se procurer une existence 
plus facile. L^s petits cantons^ portant lenom de Hof, sont di- 



fio6 CA^raphie N"7a 

fisfe phis fiigafi^raneot et iie soot point moroeles comme les 
aotres. Graenshofy par exeinpley qui n'ayait autretois que 4 
InensdeSoo arpcns chaconest aojoard^ni partag^ en i6 demi- 
fermes , ajant cfaacone 79 arpcns de dependance. 

Sor tons les bieos, on eleve on certain nombre de chevaox. 
On compte ordinairement on attelage poor trente arpens. La 
contnnie dTavoir des cfaeranx ponr le labour fait que beaucoup 
de caftivatenrs , poor occnper lenrs chevanx et en tirer an parti 
quelconque, font des transports pour le compte d'autmi. 

Ponr donner une idee de la division du sol , nous allons dres- 
ser un petit tableau qui fera voir jusqu*oJi elle pent sTeteodre 
dans un pays populeux. 




G»A«»BVm BIS BUVt. 



An-d»siu dc 20 aipeof 

u isisa 

d« 10^ 12 

d« S A 10 

d0 3 4 6. 

4e 81k I 






12 

7 

13 

41 

34 

106 

103 



378 



Hbohkxih. 



S 

r 
1 

a 
I 

73. 



121 






B 



Las 37S babiiaofr partagent le lemm duft les. propeiftiaos: 
fluiiraotes: 

t% des pli«& graadii biens iannaai. Sq4 "F^ 
7 d# i5 k Ml arp. i»i » 

tS de 10 a iS « enviraa 140 » 

41 de S ^ 10 » • ftSa « 

34 d« 3i- ^ 5 » • lao » 

xeiS de 3 ^ S » « iftn »^ 

i83aiMtesaouad'i » » 6.5t » . 

, Ceux qw marquealka tijaifces des piropxsieles 
p08iMfiiit •..«...•.•»#.•»•...«.... ao » 



1 400 arpens. 
A Nenenheim 409 arpens sont partages de la sorte entre Ie9 
III habitans. 

Biens au-dessous de 3 arpens.. 116' arpens. 



de 3' ^ ao 
db ao & M 



f t 



53 
^40 



9 



On Toll, d^pres ces cirlenls, epe le ^oftrt ^ terres est dK 
yfise eB morceanx de moiiis de 5 arpens; que eetn^de S ir !N> aiv 
pens en forment un pen plus du tiers, et que \e% phis grands efi 
formeBl antanl. 

Ce qui s'opposera encore pendant long-temps k TAtrodiicticw 
d^assolemen^, antres que cenx en pratique, est Tosage des eol- 
tivateurs dNtne m^me eommune de suivre )e m^aie assolemeiif, 
de dmser les terres en plusienrs sectioss et devoir k pe« pr^ 
parties ^gaks de leurs biens dans ekaeune de ces iKTiaioBs. Ijb 
seul mojen de porter remede aux inccmveBiens qui en ponrront 
roller par la suite serait d*i»iter I'exemple de )a commune 
de Seekenhetm qni a , d'nn eommun aceord , fondu en ur seut 
morceau toutes les terres de son territoire, el, apr^ avoir nomm^ 
nne commission , a proe^de an partage qui a eu lieu sans la 
OMOBcIre diffiettlt^. 

Dans les eommunes de I>ossenlieim,de Sehraslieim,de Grostii^ 
sachen , de HochsacKsen et de L^tzelsadisea, la population est 
9t considerable que Ton est foree de feire prodnire k la terre Itt 
plus grande quantiti^ possible de ptantes afiraentaires pOur sultH- 
vemr anx besmns des babitans. Aussi, Fas^eleasieBt ne dare>t-il 
que a ans, et eneore n'e8t*il pas rtgeureusement suivi. Quanil 
la roniine ceasera de mettre des eatraves anx amelioralioiis: 
projetees, on pourra y itttroduire im genre d'assolement phi» 
convenable au sol et aux besoias ; mais ee ne sera qu'avee \m 
temps qtt'on ponrra tenter de feire adopter des innoyationsBtiks. 
Rehrbaeb , Handsehuebshekn , T^eueBkeim et Ladenbtrrgi 
moins reiigieusemeBt altaebes auxanciennes eoufumes, ont de^ 
puis loDg-lemps adepte tm systeme de cttltnre mo^s regutier y 
il est vrai, mais plus produolif et d^un succ^ tocrjenrs certain^. 
Les terres TOistnes> dee villages stent ouMv^ pendant un as e» 
marais, et produisent une 4nome quantity de )egiHne5de'(0Bte9 
sortes. A Fautomne, en y seme de l^^peautre , et pendant 
tvoM aBfii ^les soBt niiaeen grasde eulture, puis de nouveau 
en l^guiueSk 

D» tm moissom. 
La i»0ts8OB est faiie daoa I0 Palatinral par des habhans d«| 
'V|G^rie»bepg et de FOdenwald, qni prefilent de la tardive ma^ 
turite de leurs recoltes pour descendre dans les plaines. Leprii^ 



ao8 Geographxe N^ ^1 

donn^ aux moissOnneurs est de 40 k. ^ i fl. (x fr. So k % fr. a5), 
avec la nourriture, et d'un fl et demi a a fl. (3 f. 38 c. k 4 f. So), 
avec le pain seulement. 

Les grains restent peu de temps en javelle ; on les met tout de 
suite en meule, et on les rentre aussitdt apres que la dime a 
ete acquittee. 

Le battage se paie en nature avec un 11^ ou un 12® du pro- 
duity et dans quelques cantobs le batteur cultive de compte k 
demi avec le fermier , quelques arpens de pommes de terre ou 
de tabac, ou, pour un moindre salaireque les moissonneurs , 
aide a la moisson et prepare les liens. 

Apres le batlage, les grains sont vannes au tarare, et le dechet 
sert de fourrage aux bestiaux , ou bien , apr^s un criblage y est 
reduit en farine pour faire du pain commun. 

Vignes ct arbres fruitiers, 

Des plants meles et mal conduits dont les recoltes, abondantes 
par fois, ne donnent que des vins de basse qualite, faute de sa- 
voir les fabriquer : voila k peu pres Tetat des vignes dans le 
Palatinat. Les routines disparaissent peu k peu , mais avec une 
lentcnr incroyable; cependant , on remarque un changement 
notable dansce genre de culture: c'est la suppression des bautes 
Tigncs poiir adopter les basses vignes , dont on se trouve bien 
mieux : mais c'est le seul pas qu'elle ait fait jusqu'ici; et ce ne 
sera qu'avec peine qu*on obtiendra du vigneron de quitter la 
mcthode vicieuse k laquelle il est si attach^. 

Malgre les ameliorations qui pourront encore ^tre introduites 
dans la culture des arbres fruitiers , Tetat dans lequel elle se 
trouve aujourd'hui est des plus satisfaisans. Le nombre des 
arbres a fruits s'accroit tons les jours , les chemins meme en 
$ont bordes; et dejk les produits qu'on en tire sont considera- 
bles. A Handschuchsheim , le produit de la recolte des cerises 
est monte jusqu'k 3o,ooo fl. ( 67^800 fr. }. 

Education des chevaux, 
L'education des chevaux convient a ce pajs moins qu'i tout 
autre. Le manque de prairies, qui contraint les fermiers a nour- 
rir les poulains k Tecuriey et le peu de soln qu'ils apportent au 
perfectionnement des races, s'oppose k ce queleurs eleves soient 
beaux et bien developpes; et leur peu de valeur aurait deja fait 



ei Statistique. 209 

tomber ce genre d'lndustrie , si les cultivateurs ne proferaient 
employer des chevaux aux travaux des champs. 

La nourriture dn cheval est fort bon marches mais ne con- 
vient qu'aux eleves fails dans le pays; car les autres ne peuvent 
s*y faire. Le fourrage d'ete consiste en trefle , en luzerne et en 
foin, et celui d'hiver en foin, paille d'orge ou d^avoine, et en 
betteraves, pommes de terre et navets baches et meles k de la 
paille 9 qui Test egalement. 

Education des hStes a corne, 

Le fermier tronve un grand avantage a elever des b^tes k 
comes : le lait, lebeurre, les peaux, se vendent facilement 
dans les villes; et les betes k abattre sont acheteesk un assez haut 
prix, pour etre exportees. 

Sur les biens de % attelages (environ 60 arp. ), on eleve fre* 
quemment 4^6 vaches, autant de jeune betail, et 3 on 4 boeufs 
engraisses pour les ventes d'automne. 

Si des ordonnances n'etaient venues arreter le mauvais choix 
des taureaux, les races deja abdtardies le seraient encore plus. 
II n'y a que dans quelques fermes qu'on remarque de beau be- 
tally et principaleroent k Strassenheim , oil ils en font venir de 
magnifique du canton de Berne. 

Aux betteraves pr^ , la nourriture est la meme que celle des 
chevaux. 

Le produit annuel d'une vache, en y comprenant la vente 
du veau » est de 67 k 68 fl. (83 fr. 5o c. k 85 fr.). Elle donne 
environ 1 161 mesures de lait^la mesure est de 75 pouces cubes) 
qui produisent i3o livres de beurre. 

Les vcaux qu'on ne veut pas elever sont vendus k 8 ou |5 
jours. Le prix de ceux de 8 jours , pesant 45 liv. , est de 5 fl. 
( ii fir. a5) et plus; et ceux i5 jours, du poids de 5o k 60 liv., 
sont vendus 6 & 7 fl. (i3 fr. 5o c. ^ i5 fr. 75). On en eleve quel- 
ques-uns jusqu'k i an i/a ou a ans. Alorsles taureaux sont ven- 
dus, et lesjeunes vaches remplacent les vieilles, qui, apres 
avoir eteengraisseeSj sont vendues auboucher. Le prix d'un 
jeune taureau est de 3o \ 33 fl. (67 fr. 5o c. k 'j^ fr. a5), et celui 
d'une vache 5o fl. (i la fr. 5o), et plus, selon le poids. £n au- 
tomne,,on tire de I'Odenwald et du Wurtemberg des boeufs a 
engraisser , et leur prix de 6 k 8 carolus (160 k aia fr.), alors 
s'eleve , apres Tengraissement , jusqu'a xo ou la (a65 a 3i8 f.) 

F. Tomb XXV. — Fevribb i 83 i . 14 



iia Giiographie 

Xa Tzxtli Ae^ fourragto force, en hiver, im grand nombrc ief 
fermiers a en vendre one partie a bas prix; mais, en ete, le 
prix en est plus eleve^ et les Tendeiirs soQt plus recalcitrans. 

^ABLE Atr Dtr PRIX *f OYEN D£S HSKREs! 






SSfC 



^ *1' " " ■■ " 



KeiMnfaeim 

Handschnchsheim. . . 
^^wab«nbeim :...'. 

Dossenheim 

Schrietkcim. . . .«.. 



THREES ARABLES. 



r^cIasM. 



(i) 8G9fl. 
781 

701 
562 



2' ciasce. 



765 a 

029 

242 

600 

488 



3** dasse* 



7I4fl. 

460 

104 

681 

397 



4<'cl««M. 



628a. 
408 

601 



6* claAs<. 



400fl. 



381 
809 



^* cTms«.- 



801 

280 
— H 



MeuenheiiB 

HandscbuchsbeiiB. . . . 

Scbwfflbenheiin 

t>osa«nbeim. 

Schriesheiin . . ^ . . . . . 



JARDINS. 1 


r«da»M!. 


2* «l«sse 


I200fl. 


70! fl. 


1200 


861 


530 


» 


800 ' 
1000 


000 
800 



: 



Meaeobeim 

HandscbDcbsbeim. 
(tosaenbeira. ..... 

Schrie«heiin 



' T1GNBS^ 



I" classe. 

I I 



1000 fl. 
I0:;0 
1000 
765 



2* classe. 



800fl. 
901 
669 
661 



3* classe. 



601 fl. 
800 
400 
560 



4" classe. 



200 fi. 
701 

501 



5' classe. 



600fl. 
461 



6' classe 



400 fl: 
301 



Neuenbeim 

Handscbncbsbeim . . . 

Dosseoheim 

Schriesbeim 



I 



PRAIRI KS. 



I**" classe. 



930. 
1000 
720 
613 



2* classe. 

■I ii 



800fl. 

600 

490 



3" classe. 



640fl. 
- 601 
445 



4^ classe. 



I ""1 

(i) tie &»ria dp ^r<nd dncbe.de Ba^e vaut 2 fr. ^ c 



500 fl. 

240 

354 



5* cla.«8se. 



400fl 
160 



6* classp. 



i 

lOOiJ. 

80 ' 



# 




v7*,4.*D* 



^3. ]NeUE I^EZIIl&aEIirTHE^LUllG DE& H£&ZpGtHtr.])f$ GOT^A^ r^ 

, Nouv0ile dimMon communale du duch^ de Gtyih^. (^ Neue 
: Mlg.geqg, undstat: Bphifm0r.\ XXXI Vol. > 3* livr.; i83k)u ) 

Le duch^ de Gotha ii^avait ^te form^ jusqii'alors que' des 
bailliageS de Gotha, Tonna, Volkenrode, Tenneberg , Rein- 
hardsbrunn^ George^ thai, Schwarzwald, Ichlershausen et la 
(chancellerie d^Ohrdrufi; et les biens seigneuriaux ne faii^aient 
point, k ce qu'il parait, partie de ces bailliages* 



«^ Statistique. .^tt 

D^apres uDe ordoonancc! du s.janvier i83o une nouvelJe dr- 
yJEsiou coaiQUfun^ ftteulieu. Leoonibred^lMiUHagei istleoieibe ; 
mais celui deReinhardsbronn stetesnpprimer^et iin^niMrvecici a' 
ete'foroie $oti$ )e ncMEn^eLeibeiisleiiiVGequf aixigeune refome 
Iptale de la division ailoieDiiek 

Yoici un aper^a de cette oouyeHe division : 

I. Le b«iitliage de Ootba , qui comprend : la yille de Gotba, 
dont la JMridictioo depend dii conseil.d'^af , %B viilag^es et i$ 
juridictipDS seigoeuriales. 

II. Lebailliagede Tenneberg^ qui renferme c la yille de Wal- 
lershauseuy celle d^fFrledrichsro^ doUt ia juridiction est sovH 
piise k la cpur soUveraine^ i8 villages, 9 biens seigneurkiux et 
leurs dependauces qui iortnent des juridictious particali^res. 

III.'Le.bailliag&d'Ichterhauseny compose de 18 villages im-^ 
mediats et t% bieB$ seigkieudateK. 

IV.Le baillidge de Oeorgenthal , qui ne contient que i3 vil'* 
lages im mediats. ' > 

y. Le bailliage de Tenuavrenfermant i a villages et 6 domai- 
Qes seigueuritaov!, . 

' YI. 14 baillidge de L^beDslein, forme de 16 viUages et de a 
domaines saigu^uriau^. 

YUL lie baillage de ZelU (autrefois Schwarzw«ld ) , compos 
de 3 villages immedialSy delai^ille de Zella (bla8ii)/de<>aoour 
des arquebusibrs .et de deux* hdtelleries. 

YIIL Le bailliage de Yolkeunoda (situeentre Schvvarzbiipg- 
Sonderhausei^ et la Sdxei-prussieime) , renferme 6 villages inw 
mediats. • , 

. IX. La chancellene d'Ohrdruff^ comprenant le comte d'Ho- 
henlohe Obergbecben, qui reufemie i viile,: 6. villages, uii 
moulio etledomaine deWannigsrodal - G^.j,tr^ 

74. F01B.E DE Leipzig en i83i. 

La derniere foite de Leipzig ( PHquies x83i ) a Hvr^ au 00m t 
ineroe de la libraiiie 4,9110 obvteges no«veaux , procfeits 6tL 
travail des ecnvains allemands petidant I'es six mois pireeddenM, 
ai«s»j[uel& il faut ajouter 358'articles de librairie etrang^re, 36^ 
qUviligds dont 1«! publication est- simplemeDt annoncee pour une 
epoque plus eloignee, 11-4 o^i^tes geographiques, 33 rectTcils 
de musique et6 jeux ; pour arriver au total de 3,8oi ai tides 



^1% Geogreq}hie . N^74 

eoumeres dans 1e catalogue (i). Snr les ouvrages Teritablenfent 
DaUooanx et litteraires , on coropte ' \%i romans , 3a pieces de 
^heAtre et 109 ourrages ecriu dans les langues etrangeres mo- 
dern^ , mais pnblies par des editeurs atlemands. Tout en d^ 
plorant cctte production dcmesuree de litres', pour la phfpart 
mediocres^ et sans oiilite pratique , un journal allemand , {Lite- 
raiur-JBlati , pnbliea Stuttgart, par M. Cotta ) fait fiemai'quer 
que, si leur quantite numeriqne n'a pas dimidue d^nne maniere 
sensible, lis on t du moins occasione une moindre consommation 
de temps , d'esprit et de papier; car les brochures fugitive's et 
les journaux deviennent plus communs, tandis que les lourdes 
compilations et les ouvrages compacts se presentent en moins 
grand norobre;. Ici , le redacteor observe que cette surabondance 
de livresn'estpas un mal par elle-meme; qu'en France, en Angle- 
terre et dans les £ta(s-Unis, o^ I'on ecrit et o^ Ton imprime 
beaucoup, et oil les hommes de genie font exception toutcomnie 
en d'autres pays, du moins, Tindustrie litteraire, si Ton peue 
s'exprimer ainsi, exeitee par 1 activite progressive des masses , 
s'attache a satisfaire des besoins imm^diats et r^ls ; tandib qu'en 
AUemague, dans ce pays duquel on a dit que les individus y 
etaient inhabiles ^ la pratique, la litterature/enfouissant ses 
tresors dans les bibliotheques, les musees et les calrtnets de lec- 
ture, oil la post^rite Iriendra curieusement les rechercher^ 
reste aujourd*hui sans influence sur les prbgres du monde ma-* 
teriel. L'esclavagc de la presse , maintenu avec soin par des 
gouvernemens hostiles a toute espece de liberty , ne serait-il 
pas Tune des causes principales de ce phenomene? 

Parmi les productions enumerees dans le dernier catalogue, 
les evenemens du moment font le sujet de quelques gi*ands oit- 
vrages et d*Un plus grand nombre de petits ecrits. On a remar~ 
que, entre autres, une traduction du livre de lady Morgan sur 
la France, et les lettres de Haumer sur Paris; des brochures sur 
les revolutions de France, de Potogne , de Belgiquc, de Bruns- 
wick ^ de Saxe , de Hesse et de la Suisse, sur les plaintes qui 
se sont elevees dans le Han6vre , dans la Baviere et dans le 
Holstein. Au uombre des meilleurs ecrits politiques d'nn inte. 
ret general, il faut citer celui de Welker sur la liberty de la 

(i) Lecatalogae de la Mre preoMente (PAqaea i83o) annonfah 4,900 
onvragtf. 



et Statistique, ^\A 

presse^ la disserUtion d'Esoheomayer sui> la peine de mort , 
des traductioDS de r^conomie politique de J. B..Say, etdc^ 
quelqties ouv rages deBenjamiii Constant ^Dupin etc. 

L*hi$toire compte plusieurs publications importantes , outre 
les suites ou le commencement de quelques grandes collections, 
telles que rHistoico des peu pies europeens, par Heeren et Ukert; 
la Bibliotheque des histoires de tous les peuples, publiee par 
M. Cotta ; la Collection des historiens modemes etrangers , re- 
cuellie par Poelite^ etc. On a publie le huitierae volume de 
THistoire des Ottomans, par M. de Hammer ; le septieme de 
lUistoire des croisades, par Wilken; Touvr^ge d'Hulmann sur 
Torigine de la constitution ecclesiastique dans le mojen Age; 
I'Histoire des Pays- Bas, par Leo; THistoire de Ferdinand I*', 
par Buchholz ; la septieme edition de lUistoire universelle de 
Rotteck ; des traductions de Bignon , Mirhaud , Lingard , Mac- 
kintosh et Botta ; enfin , pour lepoque actuelle, I'Histoire de la 
diete hongroise , par Mailath, et I'Histoire de Kannee 1829, 
par Schirach. • 

La theologie a fourni un abondant contingent do livres 
mystiques ou dogmatiques, sans parler d'un bon n ombre de 
gazettes et de journaux exclusivement consacres aux matieres 
religieuses, et d'une quantite plus qu'ordinaire de sermons, ou 
la politique du temps n'est pas toujours traitee avec sagesse et 
moderation. 

Pour la philosophie et {'education , on remarque la reimpres*- 
sion de la Logique de Hegel ; les ecrits philoiiophiques de Frantz 
de Baader , la Psychologic de Carus , le seconde partie de la 
Cor respon dance de Fichte; une nouvelle edition des oeuvres de 
Campe, k Tusage deTenfance; THistoire de la pedagogique ypar 
Glanzow; un ouvrage sur la methode de Jacotot, etc. 

Les sciences naturelles se sont enrichies de la traduction du 
Regne animal de Cuvier et de plusieurs relations int^ressanles 
de voyageurs, originates ou traduites ; le Voyage de Crawfurd 
k Siam el dans la Corhinchine ; les Decouvertes des Carthagi- 
nois et des Pheniciens dansTOcean Atlantique, par le celebre 
polonais Lelewel; la Description des iles Canaries, par Mac 
Gregor; VHistoire de Tarchipel des Indes occiden tales, par 
Meinicke ; les Observations magnetiques d'Erman dans la Rus- 
sie asiatique; les Souvenirs dlfegypte et de TAsie-Mineure, par 
Prokesch ; le Voyage de Burger dans la haute Italic , consideree 



ai4 Geographte 

surtout sousie rappcHrt de I'agricultiim; le Voyage de Horn en 
A]lemagiie,€ta 

Dans les arts et.la Jitteratui^ proprementdite, les prc^oc^ 
tions les plus imporlautes publiees pendant la mtoe periode 
sent : laqnatrieme etditimiere Hvraisondu grand ouvrage de 
Boisseree iur le dome de Cologne; les Kecherches faites en Ita« 
lie par Rpmobr ; Vouvrage de Wendt sur les epoqufs principales 
de rhistoire des beaux-arts; le huitieme volume de9 oeuvres 
completes de Boer^e; les Poesies de Cfaamisso, de H^ine; les 
C^uvres de madame Schopenhauer; les Nooyelles de Willibald 
Alexis ; une traduction de Rabelais, etc. [Revue Eruiyclop^diquCy 
mai i83iy. p. 39S. ) J. 

75. Commerce avec l'Espagwe , de fevrier au i*'novembre 
i83o. (fiazette de Madrid'^ 1 1 novembre i83o.) 

11 resuUe des renseignemens. que |^ublie. cette gazette qu^ 
rimportation a'montea 43,924«^^9»J(9 feaux de vieillbn , iel 
Texportation a 18,589,898,13 V idem. 
La France a importe en Espagne pour : 
295ijg|o r^ux en morue seche. 
7,96jS,a/» : — comestibles. 
7,r6o — • epiceries,.- 

390 — vins et liqueurs. 

i,aoo — peaux preparees. 

.6,5517 — ' huileset Essences. 

1,480 — pariumerie. 

21, 71 3 — drogues. 

700 — 4nes. 

21,600 — chevaux. 

60 — qochons. 

7,2 3o — betes a laine. 

iiG,6oo — mules et mulets. 

1,187,28 -— laines pianufacturees. 
6,702,21 — draps. 
365,795 — Filatures brutes* 

16,223 — 2V/e#» 'manufactur^es. 

3,o3o,22 — meubles et objets en bois. • ■ ■' ) 
i7,33o — machines et ustensiles. 

7,35o -^ bijoux et argent plaque. 

3o,3i4 — soies brutes et mamiiacturees. 



et Statistiqu€, 2^*5 

2,68S — . vercerie* 

;( Journ. du Commerce ; 6 d^. tdSo. ) 

76' PoFiTLATioir DE Mad&as. (jUsiattc /ottTR; / jairv. i83b. ) 

Dans la Vilte noke. • 120,646 

A Chindatrepeitah et les villages* de 

la jaridictioD de Madras. ^95,io5 

Khandaus et leurs domestiques. . . f . 46»3oo 

Population totale de Madras.. ..... 462,05 1 

Le nombre des maisons est de 29^612, dont 14,093 dans 1^ 
Ville noire, et 2,826 maisons et huttes appartenant aux Khan^ 
daus et a leurs domestiques. 

L'exces de la population feipejle sur la population miile est 
de tV de la population totale, ce qui est exactement le contraice 
en Europe, oil la population mk\e surpasse Tautre d'environ 
tV ou -^ de la masse totale de la population. 
77. Etat de la presse waws liES Indes. {Easf India Maga- 
« zine ; n \y vol. i^ decemb. i83o.) 

Une des plus grandes aaieliorations que le 19* si^cle ^it vu 
s'introduire dans les Indes est Tetablissement de la presse pe- 
riodique, dont les bienfaits se font deja sentir ^ et qui oiivre a 
une Vastv population, ensevelie depuis des sidles dans Tesclavage^ 
rignorance et la superstiticHr, les voies de la civilisation et des 
lumieres. 

Calcutta est le foyer d*oi!i partent ces ameliorations naissan- 
tes ; c*est dans cette ville que des ecrt vains sages et philantropes 
bnseignent aux peuples desverites jusqu*alorsin<»nnues parmi 
tux, et sapent lentement le pouvoir tyrannique d'un gouver-r 
Dement ambitieux et despotique. Parmi les journaux anglais , 
iquelques-^unsy et le nontbre en est borne, ont vendu leur 
plume au pouvoir, cC ne parlent que sous I'inftueuce du despo- 
tisroe ; qtielques journaux indiens sont soudoyes par les brames 
et defendent avee chaleur les institutions theocratiques; mais 
leurs efforts pour s'opposer k la propagation des lumieres,- 
ne font que rcitarder de queiques instans le triomphe de la 
raison ^ de la verite. 

Bombay, Madras, Penang, Malacca, Singapore et Ceylan , 
ont un ou dcnx journaux seulement, mais sans force ni cou* 
lear^ parce que le gouvernenownt les emp^che de parler avec 
franchise et Kberte. 



ai6 



Geographies 



i 
No 77 



I 



lOCBHAUX P^BIOMQUBS DB CALCUTTA. 

I Le Harkaru du Beogalc. J ;^__.__ j_ „.#;- 

S JohnBoU.. |J*^*" *" ""*'•• 

S La Gaxett« de Calcutta , journal dm soir. 
La Gasetie d» la bourae ) 



4 

6 L' Advertiser da l>azar de Loll. ) 

6 

7 



pelitea afBdiM da mtiB. 



L-AdTerU-r do b«..r de Tallob. . j ^^ ,nj,^ ^^ ^^ 



3 fois la semaine. 



public 



1 La Gaaelte do gouTememeDt , 2 fois par 

2 La Gaxette des Itides t 

3 La Ghrornqoe du Beu^le.. ) 

Hthdommdairts , poiiUqm^s • /ittermt'm 4t 

1 Le Herant da Ben; ale , politique et litteraire. 

2 La Gazette litteraire , dramaiiqne et critique. 

3 L'ObserTateur oriental , politique et litt^vire. 

4 Prix coarant de la bourse \ 

5 — bebdomadaire > comuifr^iaax. 

6 — da pedt commeroe intcrieur. ) 

1 Le Journal de Calcutta , litteraire et politique. 

2 BrilUnt de science , scientifique. 

3 Le CaieidoM»pe . litteraire et poHtiqoe. 

4 he Nottvelliste cbretien , r?lif ienx. 
6 Le Journal mensuel , melanges. 

6 Army list , forces d« la Compagnie. 

7 Eiportatiqns et importations de Calcutta , cwwcrcial. 

TrimteUrith. 

1 ReTue et regibtre oriental , litteraire et politique^ 

2 Repertoire anglaia-indien , militaixe. 

3 Calcutta quarterly , repertoire. 

4 Army list , forces de S. M. dans les Indes. 

jiiutmtis. 

1 Annnaire du Bengale , litteraire. 

2 SnUvenir dn Ben^ale. 

3 Alinanach du Bengale. 

4 Directoire da Bengalb , reglemens , ordopnanocs , daciaioot da goaT< 
6 Repertoire annuel, dito. 

6 Manuel da cahivateor d'indigo , oommemal. 

PaassB VATIOVAI.B ( hehdommJairM ). 
Jami Jeban Numa , en caract^res persans. 



it,«t«. 



SnmachurChandrica Id.- 

Sungbaud Kowmooddy Id. 

Sumbad Tememasbuk Id. 

Banga boot Id. 

Sumbad Rutnaker Id, 

Snmacbnr Onrpun Id. 



bengalis. 

ben gal is. 

bengals. 

bengalis , persona et nagris. 

bengalis. 

anglais et bengalis. 



P&IX , VOM BEB d'aBOBvIs BT COOLBDB POI.ITIQ1TB DBS FBlBCirAOZ JOUBBAVX BB CALOOfTA. 

Qmouddpu. 



Noms. 



Le Hnrkaru da Bengele..' 

John Bull 

La Gaxette de Osleutta. . . 



Pri* par trimestre. 



20 roupieit. 
24 
8 



Nombre d'habiians. 



800 
420 
150 



Parti 



Parat'umnt 2 ou Z/w par semaint. 



La Gazette du gonveroem. 

La Gazette des Indes 

La Chronique du Beugale. 

« 

Le Heraut du Bengale.. . . 
L'Observateur oriental. . . 
L« Gazette litteraire 



I3roopies.l 600 

13 I . 430 

10 I 300 

Uthd9mmdaipt9. 

5'ronpies. 250 

6 410 

5 350 



liberal. 

tory. 

Uberal. 

liberal, 
liberal. 
Ub^ral. 

liberal. 

tory. 

liberal. 



Les torys out en abonnes 2780. 

Les liberaux 830. 



I 






G....D. 



et Si4itistique, 



3117 



78. Aectpten's EimrHKiLUHG, Ye&waltuhg, E&teag, 18217; 

—Division , administration et revenas de I'Egypte en 1827; 
< {Neue aUg, Geog, and Stat, Ephemeriden ; xxx vol. a- 

liv. 1829.) 

L*ancienne division de I'^lgyptc en qnatprze provinces est 
encore en usage parmi le peuple ; raais le gouvernement , outre 
sa division naturelie en Haute et Basse-il^gypte , I'a partagee en 
1826 en 24 naziries, dans la vue de surveiller et d'encourager 
avec plus de facilite la propagation de Tindustrie. Selon quel- 
ques geographes , le pays situe entre le Caire et Montsalut 
porte le nom de moyenne l^gypte , mais cette troisieme division 
est inconnue chez eux. 



NAZIBifiS DB LA BASS£-MK»TPTB. 



1 Reiiobich. 

2 Bftibys. 

3 Sehybeh. 

4 Mil-" 

5 Mautara. 

6 Damiette. 

7 TanUh. 



8 Mechalteh. 

9 Foa. 

10 Melick. 

11 MenufF. 
13 Negrylefa. 
13 Damanhonr. 



NAZIRIBS DB LA HAOTB-iGrPTB. 



14 Dadiiich. 

15 Atfyeh. 

16 Buach. 

17 Beniaoaef. 

18 Fajjoain. 

19 Minieb. 



20 Montsalat. 

21 Schioot. 

22 nachirdacbcb. 

23 Kene. 

24 EsM. 



Le Caire, Alexandrie et le pays qui les environne forment 
deux juridictions k part. 

Chaque nazirie est sous la surveillance d*un nazir (prefet), 
et ces fonctionnairesy quoiqu'egaux en pouvoir, ne portent pas 
partout le m^me titre : k Damanhour, le nazir est Achmed 
Pacha, et k Mansoura^ Ibrahim Aga- Parmi le peuple ils porr 
tent le nom de beys. lis sont charges de la police des villes, 
de I'arpentage et de la division des terres, de la surveillance de 
la culture, de la perception des imp6ts, dn enrage des canaux, 
dis la construction et de Tentretien des digues. C'est du conseil 
d'etat, elabli depuis peu, qu*ils re9oivent leurs pouvoirs,et tous 
les trois mois , ils lui remettent un journal de leurs travaux qui, 
apres avoir ete vise, est remis au vice-roi. Le conseil d*etat est 
charge d'examiner et dediscuterleschangemeusetles ameliora- 
tions proposees par les nazirs, et il soumet au vice-roi, qui Ta- 
dopte ou le rejette , le resultat de leur travail. Selon Tetat de 
la culture des terres, on fixe le taux des imp6ts (miri), le genre 
et. la quantity des produits qui doivent 4tre Uvres au vice-rei 



at8 Geographie N** 78 

par les cultivateurs (fellah); et,af>re8 la reGoUe,!^ nazirs en 
font transporter lesprodiiits dans Ifes greoi^rs publics /Oii-tout 
autre endroit designe par 1e cooseil d'etat > et en.paieiit. la 
valenr au taux fixe par le vicc-roi , soit en argent cdgoptmit, 
soit en bons sur le tresor. 

Cliaque nazirie est divisee en plusieurs cercles soumis k ia 
surveillance d'un kaimakan qui, n'est queHnterprete des volon- 
tes du nazin 

Un mubasch (inspecteur) , copte de nation , est prepose 4 
I'administration des finances de cliaque nazirie, et a sous ses 
brdres plusieurs employes qu*il choisit ou destitue h son gre. 
II place dans chaque canton un receveur des contributions qui 
percoit les imp6ts k Taide du mairg (schieck), et de Farpenteur, 
et les envoic au caissier (seraff) ^i 4«S'faitpaimiir aureccvcwit* 
general de la nazirie; ce dernier aoqoitte les bons surie tresor 
et enyoie au Caire ce qui lui reste. 

La force arm^eenvoyee dahs chaque nazirie, pour preter soil 
assistance ati nazir, est commandee par un kasciieff qui distribue 
ses soldats dans toute la juridicdon. 

Alexandrie et ses environs sont soumis k la domination <d'un 
gouverneur particulier. Moharem Bey, gendre du vice-roi, 
est le gouvernenr actueL.Sa maison est composee d'une soite 
nombreuse, et son pouvoir tres-etendu; fl est i' la t^tc dei 
alTaires publiques , surveille la navigation sup le Mhehmeidich 
et les approvisionnemens en bois de construction, bois a i3rdler, 
Yivres , etc. T<)ntes autorit^s civiles et militaires lui soni sou-r 
mises , k Texception de plusieurs tresoriers et secretaires qui 
dependent du minist^re des relations exterieureis. 

Le Caire , residence' ordinaire du vice-roi , est le siege du 
gouvernement de TEgypte. 

' L'adminislration civile et le roinistere de la justice sont entfe 
lesmains du kiaja bey. 

La police est divisde en 3 departemens : le 1®', k la t^te 
duquel est Taga des janissatres , comprend la police militair^; 
la police inti'rieure de la ville , confiee au basch aga , chef des 
patrouilles de nuit, forme le 2*; et 3^, dont Tuahli, aga de la 
pi'olice', est le chef, comprend la surveillance des voleurs et des 
filles publiques. 

Chaque quartier de la ville a un.mairejchoisi parmi les nota^ 



e£ Stdtistiqiie, 219 

Uesy ilont le- devoir eist de reiidre compte a la police de ce qui 
stt passes daiM; son dfirondisseiiient. ' 

J Les potcts' et Wesuresj fe prix cotirant des denrees et leur 
insfkecdoD 60Dt eonfi^s au mochtereb (aga des vivres.) 

L'hasnader { trosorier ) est charge du soin d^adnoinistrer les 
finarices/eta sotis ses ordrcs un gfafid nombre de. Coptes^ 
d*Arabes et de Syriens', qu'il'divise dans les differens emplois 
de son a4&iinistratiati. Le mlnistre actuel est Moliammed-6ey ; 
gendre dil sdUan, qui, en 1820, penetra h. la tete d'une armee 
jufiqu'aq* centre di^ TAfrique , et soumit tout le pays a la domi- 
nation du vic€*roi. 1 . . - 

' Les rusn^maschvest radnHnistrateuf des domaines de Tetat; 
mais sa jiiridictionest moins etendue depuis que le vice-roi 
s'est empare ail profit du gouvernement de&bieos appartenant 
aux m^quees et a'ux pauvres;'des fondations de toute espece, 
et' d^9 prdprietes fon'cieres ; et se borne a tenir le registre 
de.^ dedommagemens et des pensions, des frais q'u'occasioiinent 
les caravanes qui voiit ^ la Mec'que, et le cadastre du pays. 
. LiBininistere de la guerrie a ete long-temps entre les roain$ 
de Mobained Lais, ami intime de MeHemed Ali, Tun des 
onnemis les plus acharnes des Mameloucks qui lui doivent leui: 
ruinj&» Mechmed^Bey , kiaja du vice-roi, a, depuis 1827, ete 
rev^tu de ce poste eminent. 

'. Les i^ffairqs etrangeres , auxqiielles se rattachela direction 
des affaires cofninerciales ;' sont entre les mains d'un Armenien 
de Smyrne, ,Bogh6s Jussuf , homme d'un grand talent' admi- 
nistratif et d'un jugement vaste et sain. 

• Le systtee judidraire , intimeinent uni au Coran d*ou il tir^ 
son origin e , n'a subi qud peu de changemens^ mais, sous le 
regne a^tnel, il a perdu une gratfde partie de sa rigueurj aussi 
les habitaus se decident-ils avec moins de peine'a obeir aux 
lois. £q i8a6 , Mehei&ed' AH a fsiit traduire en turc et en arabe 
le Code Napoleon , et a ordonn^ la mise en vigueiir du Code 
de commerce. 

L'administratibn financier^ , defendue avec un grand achar- 
nement par les gens interesses k maintenir Tancien systeme , a 
snbi beaucotip de changem^ns, et a, plus que tbutes les autres, 
bcsbin d'etre rigfondiie ; mais^ malgr^ le p^i de reussite qu'ont 
obteii(ueie$ tentatives du vtcenroi^ tout fait presager qu'elles 
finiront par etre couronnees de succes. 



aao Geographic N^yS 

C'est a tort que les philantropes se sont decbaines cootre 1a 
reunion faite par Mehemet des propriet^s foncieres aox domai- 
n's publics : ils n'y voyaientque de r^rbitraire et ne prevoyaient 
pas que cct acte d'autorite, si injuste seloo eux, devait^trepour 
r^gypte una source de prosperite. VEgypte, dansses temps de 
prosperity, nous ofTre un exemple de ce systeme administralif 
que Mehemet Ali a fait revivre de nos jours (Geuese 47)» 
Sous les PharaoDs toutes les propriety, k Texception des 
bieus des pr^tres, furent, par ordre du sage Joseph, reuois aux 
domaiues de la couronne. Les cultivateurs, apres.en avoir re9a 
les semences, recevaient apres la recolte les 4/5 du produit. 
Le vice-roi a suivi cette marche , k Texception qu'il n'a pas 
plus manage les biens des pretres que ceux des particuliers. II 
a declare letat proprietaire de tous Ie& biens fonciers, a assigne 
I'usu fruit aux premiers possesseurs qui en touchent annuelle- 
ment le produit sur le tresor public. Les fonds venant des 
mosqu^es, des mairies et des possessions militaires servent k 
acquitter ces charges^ qu'il a considerees comme rentes via* 
geres. On voit, d'apr^s cette mesure, que le gouvernement est 
le proprietaire ; les nazirs , les r^gisseurs ; et les fellahs , les 
ouvriers. Le gouvernement tro.uve son compte k faire cultiver 
le sol par ceux qui en tirent le ipeiUeur parti , et li en eloigner 
les oisifs ; les fellahs trouvent leur avantage k soigner la 
culture des tenses qui leur sopt allouees, en ce qu'ils peuvent 
souvent les regarder comme des emphyteoses qui assurenr 
Tavenir de leurs enfa^s, et ils vivent d'autant plus.aisement 
qu'ils travaillent plus. 

Les nazirs donuent qhaque api^ee avis au gouvernement de 
la quantite de terres k cultiver, et, apres avoir re^u les instruc- 
tions , les font ensemencer avec les graines et dans les propor- 
tions indiquees. 

Les nazirs surveillent les cultures, et, a,ussitdt qu'ils peuvent 
avoir des donn^es certainessur I'abondance des recoltes, ils en 
rendent compte au gouvernement qui fixe le miri (impot), le 
genre et le nombre des produits k livrer, et les prix auxquels 
ils seront vendus. 

Le miri est en raison de la fertilite du sol , et n'est exige 
qu'apres la recolte etla vente des produits; et, comme le cul- 
tivateur peut payer le gouvernement en papier, il n'a pas ie 



et Statistic ue. sai 

droit de demander de I'argent. U peat vendre oa employer ce 
qui lui reste , apres avoir fait sa iivraison an gouvernement 
et avoir r6senre sa semen ce. 

Partout les impots sont les m^mes, et , quelles que soient la 
race et la religion des sujets , ils ont droit k obtenir des 
terres k cultiver. 

En i8a6, le miri par feddan de i'* qual. etait 36 piast. 20 paras. 

— — de qualite moyenne 36 — » » 

— — de nK)ind re qualite 3i — ao » 
Le nombre des feddans soumis au miri 

s'elevait a I99S8 , 55o et 

produisit 73,937,925 piastres turques. 

Le pri^ de vente etait dans cette meme annec 

pourle Coton i25 k 160 piastres le can tar (no liv.) 

Cereales. . . 20 k 24*— Tadep (euvir. 2 bouq.) 
L'orge .... 1 2 ^ » — — 

Lesfeves.. 12 a » — — 

Les pois. . , 1 1 k 20 — - — 

Le doura . . 9 i!i » — — 

Lesucrebr. 56,io k 36 — le quintal. 

Lemiel... . 10 li 11 — — 
Le manque d'argent monnaye a empeche que la revolution 
que devait op^rer dans Tagriculture Tassurance d'un debouche 
certain fut complete. Par besoin d'argent les fellahs escomp- 
tent les bons du tresor, sur lesquels ils perdirent, en 1826 , 
jusqu'^ 40 p. 7o> '"^pr^s que le vice-roi eut defendu Tagio- 
tage, ils se virent forces de vendre leurs bestiaux et leurs in- 
strumens de labour : ce qii'ir interdit ^galement. Cependant ^ 
malgreses efforts^ les bons rentr^rent en circulation en 1827. 
Le decouragement que causa parmi le peuple la position pre- 
caire dans laqnelle il se trouvait, par suite de cette noiivelle 
organisation, fit negligerla culture; et, pour les cpntraindre,Ie 
vice-roi ordonna que le receveur des contributions ne base- 
rait ses demandes que sur la quantite de terres arables indi- 
quee par le nazir. 

Outre le miri, le vice-roi a encore mis un impot sur les 
dattiers et sur les mabons. En 1826, 618,600 maisons etaient 
imposees et produi^aient dej^ 24,000,000 de piastres ; les dat- 
tiers , au nombre de 5 millions, supportaient un imp6t de 65 



222 Geograplkie 

paras pararbre^En • 1 827, le mi^istre dcs finmnpes. ci led fooction- 
D^ires subalternes.approuyereot |^ prqj^l.ile. TrijplcT'les impolB ; 
raais le couseild'etat s'y opposa et reussit a. le faire retireri 

, Pour augmenter ses rj^ssources « I0 §;ouji^ei»«peDt4ete encore 
des iiDp6t$ de diverse .i)atjji^e, et $e ri^erve ia culture d'lin 
certain nombre de plantes et l*exploitation de certftins genres 
d'industrie. £n 1827 « les droits reg^Heos rapporterent plus 
de 100,000,000 de piastres^ jes douane$ etles autres taxes plus 
de 40,000,000. G....D. 

79. DOCUMEHS AUTHEirilQtES SU& LA GOLONIE DE SlEREA- 

Leohe. [Antislavery monihtf reporter; avfil i83o.) 

Nous avons ;nsere dans le Bulletin de septembre. 1 83o, page 
3979 un extrait de la motion faite par M. Hume,. dans la Chambre 
des communes, pour engager le gouvernement dnglais k aban- 
donner la colonic de Sierra-Jjeope , :et a transporter snr un 
autre point les etablissemens qui y, ont ete formes. Cette 
motion, suivant la louable coutume du parlement d*Angleterre, 
a donne lieu a une enquete, par suite de Uquelle tin grand 
nombre de documens authentiquj&s pnt ^te mis sousles yeux 
de la Chambre et imprimes par.se^ ordi^^s. Ri^ti tie pent mieux 
faire connaitre Tetat veritable de la colonic qu'une analyse de- 
taillee de ces- documens, qui se composent en gr^mde partie de 
la correspondance ofQcielle des autorites colonialeis depitis 
Janvier i8ap jusqu'en septembre J 829. " 

Dans une depeche du .3t5 janvier 1826, le general Turner, 
alors gouverneur de Sierra; Leone, s'exprimait eU ces termes : 
(( Parmi les objets qui pnt appele mon. atteilMon dans <^tte 
colonic, il n'en est pas qui soient plus dignes de Consideration 
que ce.qu*on novnme \e deparlement des AfrUains Uteres (i). 
Les mesures prises dans Torigne. pour le soiitiend^ cet-6tabfis* 
sement deviennent de jour en jour plus insuffisanles relative* 
ment.au tombre des negres captures. Plus de 2o«O0!0 negres ont 

- .(i) On Mit qnd'ltf gobv^rttemetit anglais^ eo preuant soas sa direction 
la colonic de Sierra-Leoue, fondee par one association privee, a en poor 
bok d*y pl^per lesr odgres- pris a bord des vaias^anl negrSers par les crroi- 
i^ors dc la marine royale. II a ete fcroi^ pour cet oI>|et, dans la colonte, 
nne administration particuliere soosletitre de deparUment des Afrieains 
Ubcres. 



' •' ^^ Statisti^ue, aaS 

i^te debarques dan^ oette colouie, et daiis le'cours de Tannee 
dernlere &400 ont ete ^maacipe9 ; si la traite cputloue a faive 
des prQgres comme dans les deux dernieres ^nnees , et si Tac- 
tivit^.dti'rios crois.eurs he se reldchc^ pas ^oi^. aura M^ntoX iq^ 
une masse de population qui deviendra uu sujet d'inquietude 
serieuse. Jusqu*a present, les negres ont ele repartis dans des 
villages oii le gouvernenfient les entretient quelquefois pen- 
dant plusieurs annees dans Toisivete, en leur delivrant des 
rations en nature. Mais les montagnes steriles ou leurs habita-^ 
tions sont situees ne peuvent plus fournir k leur subsistance, 
et ils commencent a errer pour cherchei: de meilleuies terres 
ou des moyens d'exjstence plus faciles; si cet etat de choses 
continue, ils finiront par s'enfoncer dans les bois pour y vivre 
en sauvages ou par se livrer aii vagabondage dans les environs 
de Freetown et des villages les mieux peuples. On a obvie au 
mal jusqu'k un certain point en les einployant aux trayaux 
publics et leu r en fournissant la nourriture, ie logement et quel- 
ques vetemens .aux frais de Tetat. J*en ai donne quelques-uns 
dont j'ai fait enregistrer les noms, a des colons respectables qu: 
les occupent a cultiyer la terre ou bien au service domestique. 
On a reconnu que cei^x qui sont ainsi employes des leur debar- 
quement k un travail facile et regulier, deviennentdes ouvriers 
faborieux et ranges. Mais, lorsqu'ils ont ete places dans les vil- 
lages et entretenus pendant quelque temps aux frais de Tetat, 
on ne pent plus les faire travailler, meme avec de bons gages. 
On sera toujours desappointe si Ton imagine qu'une m^sse 
d'hommes pauvres et ignorans, sans capitaux et sans Industrie^ 
• pourra se soutenir par elle-m^hie et produire des articles 
propre^ a Texportation sans Tassistance d*un salaire journalier^ 
si un pareil systeme etait praticable, on n'aurait pas besoin ^n 
Angleterre de la taxe des pauvres. Pour tenir cette population 
reunie, Tinstruire et la civiliser, dogze villages out ete fondes 
avec des etablissemens convenables en apparence , mais par le 
fait tres-insufdsans. II semble , au premier aibqrd, qufun eccle- 
siastique) un maitre decole et un surintendant par village , 
doiyent remplir completement le but qu'on se propose. Mais 
par malheur rinsalubrite du climat , les fatigues, les privations 
et le cbangementde toutes les habitudes de la vie font decroitre 
rapidemcnt le nombre de ces fonctionn aires. En ce moment 



a24 Geographie > N® 79 

il ne reste plus daos la colonie qu^iin missionnaire de I'eglise 
angtaise, trois miaistres lutheneDs, cinq inaitres d'ecole et 
quatre surintendans; parmi eux il n'y a pas une seule personne 
qui ait les plus leg^res counaissances en agriculture , et en ge- 
neral jene sache pas qu'on ait jamais envoye dans la colonie un 
homme ay ant des notices quelconques sur Tagriculture euro- 
peenne ou sur celle des tropiques. Avec de tels desavantages ^ 
il n*est pas etonnant que les travaux agricole^ aient fait peu d$ 
progres. » 

Peu de temps apres la date de cette lettre , le general Turner 
mourut violime de Finfluence du climat et des pcines exces- 
sives qu'il s*6tait donnees pour reorganiser une administration 
dont il avait reconnu les vices. Sir Neill Campbell, son succes- 
seur, suivit ses plans de reforme avec perseverance, et fut 
puissamment seconde par le lieutenant-colonel Denham , qu'une 
expedition heureuse dans Je centre de FAfrique avec le capi- 
taine Clapperton avait deja rendu celebre. 

Des son arrivee dans la colonie, sir Neil Campbell avait 
reconnu que le systeme des rations en nature, distribuees aux 
negres liberes , etait\lecidementmauvais, et qu'il fallaits'em- 
presser d'y mettre un terme. En consequence, il etablit un 
nouveau mode par une instruction du i^'' decern bre i8a6, 
dont voici I'extrait : « Partout oil les Africains liberes rece- 
vaient precedemment des rations, il sera paye k cbacun d'eux 
la somme de 3 d. par jour sur les fonds du gouvemement par 
les mains des regisseurs {managers) ^ auxquels Fargent sera 
remis par le surintendant pour etre distribue d'avance, au com- 
mencement de chaque semaine, en presence de tous les negres 
adultes. Des modeles d'etats de payement leur seront adresses 
k cet effet. » 

« Cet arrangement epargnera a I'administration Tembarras 
et la depense d'acheter des vivi*es dans les magasins de Free- 
town efr de les envoyer dans les villages ; il sera en meme temps 
plus salisfaisant pour les negres eux-memes 9 et encouragera 
les colons laborieux, en faisant circular le numeraire dans Tin- 
terieur et en leur offrant les moyens de yendre leurs produits 
sur les lieux, L'allocation ci-dessits sera pay^e a domicile 
aux anciens colons chez qui sont loges les negres nouvel- 



et Statist ique aaS 

fement de^rques, jasqu'ik te que t^% dernier^ Mtiit pii se 
construire eux-mikli^ deft habitations. i> 

La duree de VaUockition sera di» trois mois pour les femmes 
et six iiiois pour les homittes , k naoiiis qu'une proro^^iitioti ne 
aoit accordee pour des cas extraordiuaireB , avec rapprnbation 
du suriotendant. Les gar^ods et tes filles au-dessoiis de quidi^e 
ans,etant reputes iocapablesde defricher un terrain et de former 
un etablisseitoelit) seront repartis chet d'aucieus colons d^signes 
par ie regisseur jusqu'^ ce qu'iU aient atteint leur quintYenre 
annee; alon ils seront retires des mains de leurs parens adop- 
tifs , ua lot de terre leur sera eoiio^d<$, et on letir paiera rallo- 
cation pendant le lerilie ci^essus fixe, o 

Icl, rittstructioa sp^iHe les habillemens et ustensiles qui 
doivent 4tre donnes aux colons pour la prelni^^e annee de 
leur etablissenienc , puis elle <}ontinue ainsi : 

« Le pidsiic esl inforuie que la route de Fr^eto^n k Vf'eU 
Imgton est parfaiteinent siire pour les voitures et les chevaux 
jusqu*a Hastings et fFaterho^ par le nou^au village d'Aiienton^ 
qui est a moitie chemin enire f^eilmgton et Bastings , et ^ la 
m^me distance de CkarloUe, Dans le cours de la Seiiiaine pro- 
chaine des auberges seront onyertes dans les villages de FF^el- 
lingtony Hastings et Sf^aterlao^ sous la direction du sdrinten- 
dant; pour prevenir toute fraude h Tegard des vbyageurs, les 
prix seront fixes et port^s aur un tableau, qui sera sigttd par le 
surintendant et afficb^ dana la salle de Tauberge. L'eeole fTHas- 
ti^gs sera imfnediatement r^tablte, et il y sera envoys Un maitre 
oboist parmi les monileurs des autres ecoles. Un eomite s'assem- 
blera en temps couvenable pour examiner les operations de 
M. Cailla, charge de faire des experiences d'agrieultnre; les 
membres de ce eomite fcront un rapport par ecrit sur les re- 
aultats de la pratique de M. Cailla et sur les ameliorations dont 
elle leur paraitra susceptible. Le gouvemeur s'attend , lors de 
aa tournee, k trouver dans chaque village un regislre portant 
les noms de. chaque Africain liber^ et I'epoque de son arrivee, 
en sorte qu'aucun d'enx ne puisse desormais reeeVoir des 
raticma ou uae paie du gouvemement apr^s le terme ci-dessus 
Axef ce que le registre devrfl indiquer clairement en faisant 
eonnaitre ce que sera devenu tout Africain lib^r^ qui aura 
<|uitte ie village. M. ^yne, intendant de la couronne, se rendr.t 

F. Tome XX.V. — Fevrier i83i, i5 



^%6 Geographic N** 79 

le plus promptement possible daDs le8 villages des Afrtcams 
liberes , afin de remplir le plus important de ses devcMrs en en- 
courageant les negres h. cultiver.des portions de terre et en leur 
inspiraiit une enti^re securite relativement k la propriete des 
champs defriches par eux ; ce qui avait ete jusqu'ici totalenieot 
neglige , quoique rien ne soit plus indispensable pour donaer 
un but et un inter^t k leurs travaux. 

A cet effet, Tintenclant fcra mesurer un lot de terre -pour 
chaque Africain libere et un pour chaque regisseur. Les rt^w- 
seurs doivent veiller a ce que. les Africaios liberes, places sous 
leur surveillance, se conforment strictement au present regle- 
ment pour les heures affectees au travail dans les champs ou a 
I'instruction daps les ecoles. Cependant il ii'a pas ete fait meu- 
tion d*heures particulieres de travail pour la grande majorize 
des Africains liberes qui , etant d*un Age mur k lenr anivee 
dans la colonic, ne parlent pas un root d'anglais et ne pen vent 
suivre les lemons. £n aucun temps la contrainte n'a^te employee 
dans cette colonic , et on espere qu'elle sera rooins necess<iire 
que jamais, maintenant qu'on a donne aux Africains liberes 
pour la possession de leurs lots de terre nne securite dout 
ils ne jouissaient pas auparavant. » 

Dans sesdepcches subsequeates, sir Neil Campbell signale les 
bons effets des mesures qn'il avait adoptees, etparticulidrcment 
de la substitution d' une allocation en numeraire aux distributions 
en nature : les Africains liberes, dit-il, paraissent beaucoup plus 
sati^faits decet arrangement, quiesten meme temps economtque 
pour le gouvernement; car on achetait fort cher les provisions 
que les negres se procurent eux-memes a bon marche. Les de- 
fenses pour le departement des Africains liberes, non compris 
les salaires du suriutendant en chef et autres k Freetown^ avaient 
ete» en i8a6, de 14,^62 liv. st. D*apr^ la proportion des six 
premiers mois de 1827 , ces memes depenses semblaient ne 
devoir monter, pour Tannee enliere, qu*k 7687 liv. st, cequi 
fait une economic de 6955 liv. st. , ou de pres de moilie. 

Le premier rapport du colonel Denham , date du. 21 mai 
1827, cinq mois apres son arrivee dans la colonic, con tient 
des details fort interes&ans qui peuvent servir k dissiper beau«- 
coup de preventions injustes. Les partisans de Tesclavage fon- 
dcnt principalement la justification de leurs doctrines sur la 



t et StatistiqUe. 227 

pjiresse iovincibie qu'iJs attrtbu«tit aux negcqs. Get te, sup- 
position est victorieusement r^futee par Textrait siiivaQt du 
rapport : 

« Les hommes places dan& lesitliters etabli^emens niontreut 
en general une inclination marqii^ pour Ta^uculture. Je n*ai 
aper^u en eux aiicune repugnance pour 1^. travail roloDtaire. 
Ce systeine est parfaitement com pr is. et pratique par tons les 
Africains Itberes cpii se trouv^at ici, et dev^ent d'une execution 
plus facile k mesure qu'ils apprecient-raieux les avantages du 
travail par les profits qu*ils en retirent. Si les cultivateurs ont 
-etejusqu'ici, comparatlYemeat, en. petit nombre , c'est que des 
centaines d'Africdins lib4^re» out ete employes, dans ces deraieres 
>annees , tant aux travaiix du gouvernenicn^ ^ti'^ux construcr 
tions particulieres. Les.saiaires des ouvrie|*s ont varie dcpiiis 
un shelling jusqu'a six pencqs par jour , et cependant on n a 
jamais maiique de negres disposies a se louer« Dans les magasins 
de la marine que Ton construit en ce moi;ncnt par entrcprii|e 
sur la pointe de Kings Tom^ ily ^ pres de deuxce^ts Africains 
liberes qui travaillent bien et constamment, a ra^ison de 20 sh. 
par mois, dont la moitie est payee en monnaie et le reste en 
roarchandises prises dans les raagasins des commercans qui ont 
Tentreprise des constructions. La duree du travail journalier 
est plus longue que dans auc une con tree du midi de TEurope', 
oi!i generalement toute occupation est interrorapue a Theure hi 
plus chaude du jour. Dans cette colonic l^s ouvriers travaillent 
sans relache depuis ^x heures du matin jusqu'a cinq heures du 
.soir, k I'exception d'une .heure qui est accordee pour le dejeuiie^ 
lis sentent dejci le prix de Tindustrie k mesure qu'ils en recucij. 
lent les profits , et les avantages de la propriete leur devicnnent 
chaquejbur plussensibles. Derniereraent, trente Africains liberes 
qui avaient ete employes aux travaux publics ou particuliers et 
n'avaient pas eu de lots de terre , s*adressercnt k moi pour ob^ 
tenir des lots k Ccunphell Town^ sur la crique de Calrnont^ 011 
le sol est tres-fertile, afin, disaient-ils, d'y vivre en repos. Ces 
hommes out economise des sommes considerables pour eux , et 
seront en etat de se batir de bonnes maison^ etd'acheter tout ce 
qui leur sera necessaire , et memc quelques pbjets de luxe ; leur 
exemple encouragera ceux deleurs compatriotes qui, arrives 

. . i5. 



aaS GeograpAie N* 79 

dans la colonie Aeulenimt depois quekjpse^ mtm^ dnt ete |i4ftces 
* dans le m^me ^Adroit. » 

« Depuis les plus ancieus colons jusqu'aux Africains lib^res 
arrives d'hier , tons les habitao» des villages soahaitaieiit vive- 
mept de joair des commodity de la vie ciTilisee. Lea al'ticle^ 
d'habillement k Penrop^tine sont les premiers objels de letira 
desirs; hommes et femmes travailltnt avec ardeur pour s'en 
procurer y et iis ameliorent graduellemeBl leurs detneiires 
k mestire quils en ont les moyena* Le nombre des maiaons 
en charpente aVec des fondalions en pierres s'eaC beau*- 
coup accru dans les villages^ et pardeulierement dans eeux de» 
montagiies h Gloeester et h M&geni, A fF'elUmglon on coinpte 
sept maisons de pierre presqu'achevees et toiites commedcees 
depuis deux ans. Ces habitations content a leuris proprtetaires* 
depuis 100 jusqulk aoo dollars, et c'est uniquenhent pat* leur 
travail et leur industrie qu'ils ont acquis les moyens de s'etablir. 
TouSy k Texception de quelques soldats eongedies du 4*^ regi- 
ment des Indes-Occiden tales (1), ont ete debarquea ici apres 
avoir ete captures a bord des vaisseanx negrien, et n'ont re^u do 
gouvemement qu'un lot de terre et des rations pendant quel;- 
ques mois ; its sont devenus en pen de temps ma9ons » char- 
pentiers , forgerons et cultivateurs. Un Africain libere, qui k 
une excellente maison k H^ellingion , a gagne ao liv. St. la pre* 
miere annee, et autant la seconde, en vendant des odtrosy legume * 
tres-estime ici et tres^rare dans les seeheresses. XJn autre dmt 
les ameliorations qu'il a faites k son habitation k une bonn« 
recolte de mais; un troisieme ao m^ier penible > maia lu^ratif , 
de chaufoumier. » 

« Regent et FFeWgton sont les villager les plus riches et left 
mieux peuples. A Regent la population se compose entierement 
d*Africains liberes, aucun soldat lib^r^ n'y ayant ete plaee* 
M. Johnston , surveillant, me montra un dimanche, a la sortie 
de I'eglise , pr6s de trente habitans qui poss^aient chacun pluft 
de too liv. sterl. La population de Regent e^t de iSoo imea» 
dont trois k quatre cents portes sur la liste des communtans; Id 
plupart des habitans sont proprement veins k Teott^p^nne. 

« Les villages des montagnes fournissent presque exclusive* 
ment de frnits et de legumes les march^ de Freetoipny et toos 
les joors on voit 80 ou 100 bommes, femmes etenCanSi descei^ 

(1) C«8 8oldat» »oiit presqne toos notrs* 



et Statisiique. 3919 

dre la kiote qui sine it Ghcesier^ en portiAk dans des paniers, 
siir leurs t^les , fes produits de leiurs fcrmes et de leurs jardins. 
Dans lealems basMt ^ &e long des bords de la ri¥iere de Bunce et 
dans les onques depnia MhntonykiqWk fFiUerioo , et de U jus- 
qii'ai la cffique de CaimoMi^ on pohrrait recolter beaucoup de ris 
si les habi tans avaieat assez de capitaux pour entrepreadre eette 
culture y et des debouches assures pour leurs produits. Le ria 
enlthre en grand demande an travail et dea aotns oontuiuels| 
les riz»&res les plus productivcs que j'ai vues etaient^ en g^ne-* 
rsl y d'une ^tcndiie mediocre et exploitaes par plusieurs cultiva- 
tears en comnMUi. Le ria africain est le meilleur qu'il y ait an 
■M^nde^On en fait ici uae enotme consommatiotty excedant pro- 
bablen^nt 6no tonn«s par annee. Ce oommeroe est en grande 
partiedans les* mains des marchands de Mandingo^Sherbro, 
Kio^Poligos et Porto«-Lo^: oe qui est treses van tageux pour les 
n^goeians de Fheetom^n, paree ^ae le ria importe se paie presque 
enti^retaieiB<| avec desasarchaBdises tirees de leurs magasins. 

« Leeoton pourrait iVte qukive avec moins de peine que le. 
ifs } il en vient ioi natnrellenEMnt trois espdces ^ le blaac ^ le brun 
et'le' mouohete; le premir est excellent. Quant k Findigo, il 
poiisse partbtit de lui-m^rae et en grande qnantit^ ; sa bonte est 
paas^ en proreribe. On a essa ye avec sucees la culture du gin-- 
geadme, et ron peut esp^rer d'en avoir Tanaee procfaaine one 
recolta abondanie^ il denne envimn 60 pour i y et est remar- 
«piabtenient fin et parfmne ; mais les kabitans n'ont point encore 
les connaissanoes necessaires pcmr le peler et le preparer comme 
ti deit P^tre pour lea ooasommatenrs enropeens. Avec quelques , 
enoouragemens, les Airicains liberas pourraient ^tendre inde* 
ftniment la eoltttrq de oes divers articles. On a Tintention de 
donner des r^mpetises aux regisseurs et autres eultivateurs 
qui prodiriront i la prookaine recoke la pkw grande quantite 
decafi^ on de gingembre de bonne qualite; des primes moins 
diev^ sevont accordees pour les meilleures reeoltes des articles 
pkis generalement ituitiv^ 

« Des marches sent ^blis dans chaqne village } les maitres 
d*eeole et les regisseius s'y rendent avec les Africains lib^res, 
qui resolvent I'allocation du gouvemement pour faire leurs 
achats aax petits eultivateurs. Ces demiers viennent avec leurs 
iSemmes tfpportcr lea produecions de Icvrs formes , et sent payes 



a3o ' Geographie N^ 79 

ooitlptant en numeraire, qui circule enmue dans ies villages ^^ 
oil il y a ordinaii^ement de line a quatre [bouriques. Autrefois 
toutes Ies rations etaient foumies par Ies marchands de Frce-^ 
town y on par d'autres indivldus qui accaparaient lesrecoltes des 
petits Gultivatenrs et Ies payaient en roarchandises; ensuite il& 
revendaientces provisions en masse aux administrateurs du de^ 
partement des Africains iiberes , et Fargent paye en papier da 
gouvernementou de toute autre manieresortaitde la colonie. On 
ne Yoyaitpresque pas de numeraire en circulation, Tannee der- 
niere, dans Ies villages des Africain&liberes; aujourd'hui ily. est 
abondantet sertd'intermediairehabituel pour toutes Ies echanges. 
Le i5 noverabre 1827, le colonel Denhani ecrivait du village 
do Kentf &\ir le cap Shilling: a-J'ai sejourne pendant vingt jours ^ 
taut ici qu*aux iles des Bananiers. Ces ^tablissemens.de Touest 
out en beaticoup k souffrir de leur eloignement de Freeto4Pn^ le 
seul m^rcbe oil lis pouvaientjusqu'apresentplacer leurs pro-- 
duits. Au^i'n'ont'ils guere cultive au-dela de ce qui etait.ne* 
cessaire pour leur subsistance. Gependantleur. commerce avec 
le Shei*bro et Targent repandtr dans le pays pendamt la construe 
tion des bltiinens de letat leur on t procure Ies moyens.d*acher 
ter des vetemens et d autres objets de commodit^.ou^de lux^ 
qui leur donnent une apparence tres-satisfaisante. Pendantmon 
sdjonr k Kent, nous avons eu tous Ies jours en.abondance et 
a pen de frais du lait, des ceiifs, de la volaille, du mouton; et 
un buffie sauvago des iles des Bananiers nous a . fourni de 
tres-bonne viande. Les fruits et legumes, tels que yarns ^ pa* 
tates, ochroSy uoix de coeo, sont tres*abondans ; il seratt diffi* 
cile de dire ce dont manquent les habitans. Je n'ai jamais yu en 
Espagne ou en Portugal un village ou il fiit plus facile,, pour un 
Anglais, de se procurer les choses necessaires a. la vie* Qeorg^" 
Town , dont j'ai pose U premiere pierre , ou p)ut6t la premiere 
brique, dans ma precedente visite au cap Shilling,. s'eleve ra- 
pidement. Lesliabitans out accueilli avec em^ressement leprojet 
d'etablir une communication reguliere avec. fPaierho par terre. 
JVspere que dans deux mois la route de Kentk ce villa{;e, de- 
venu le centre d'un commerce tres actif, sera ouverte.et pratir 
cable pour les chevaux. Les habitans de Kent promettent de 
fournir k ce marche des chevres, des moutons et du poisson 
seche , articles que les gens de fFaterloo sont maintenant obliges 



et SteUislique. a3i 

4e faire veniir a grands frais de Freetown. Cette route, avec tin 
pont de bois de 28 pieds de longueur, sera entierement faito 
par les Africains liberes , qui resolvent la paie du gouvemement 
et saos aucune augmentation de depenses pour Tetat. 

« Les produits desiles des Bananiers se sont beaucoup accrus 
cetle annee. La partic du nord est couverte de champs de rix 
prets 4 etre coupes; on estime la recolte de 20 a a. 5 tonnes. It 
n'y existe qu'un village, nomme Dublin, au sod de la plus gninde 
lie. A re&tremite occidentale est une petite ile tres-fertrle et cou- 
▼erte de palmiers. II y a deux baies tres-sikres et un bon ancrage 
pour les canots, les bateaux et meme pour les petits navires. Au 
nordde cette ile se trouve la meilleure pdcherie de toute la c6te. 
.Vy rencontrai quelques hommes du Sherbro qui y yenaient ha- 
bituellement et qui, apres y etre restes le temps necessaire pour 
prendre et secher autant de poisson que leurs canots en pou- 
vaient contenir, allaient vendre leurs cargaisonsk Freetown. II 
paraitqu'un Francais, nommeMieux, a reside dans cette tie pen- 
dant trois ans; mais, n'y trouvant point de chances favorables 
pour son commerce d'esclaves, il en est parti subitement avec ses 
eompagnonsqui, pendant leur sejonr, n*ont pasete un instant 
malades. Les chcvi'es qu'il avait amenees se sont multipliees au 
poikl 'de former un troupeau considerable, qui parcourt libre- 
ment toute Tile. J*ai r^solu d'y cr^er un etablissement en y pla- 
int quarante Africains liberes et six soldats cong^dies, avec un 
scfe^ent; je ne doute pas qu'ils ne prosp^rent; des la premiere 
annee'/ leur commerce en poissonsi sees et huile de palmier lies 
mettra en etat decommencer leurs cultures. Dans ces iles, le riz 
de la Caroline, au boutde trois ans, a rendu sept ou huit pour 
uri ; la quality en est superieure k tout ce qu'on pent acheter k 
Freetown; et^comme\e riz est ma principalenourriture,mon te- 
moignage, sur ce point, meriteconfiance. II est impossible au- 
jourd'hiii de se procurer du riz de la Caroline dans la colonic, et 
siFonnousen envoyait deuxou trois tonnes, il serait tres-utile 
comme fiemence. La petite ile est separee de la grande par un 
canal profond o& les vaisseaux de tioo tonneaux peuvent passer 
en tous temps. Je Tai nomroee, avec votre permission , Tile de 
Hay(i). 

(i) Ces. dep^dbcs sont tOBt«a adresa^ « M. Hay, 8ecr€taire-d*<uit dc la 
marine. 



a32 GepgfapM^ N* 79 

PaD$ 1109 aiitr^ lettre, iskiie 4e Charlotte ^ dass k) dUtrictdes 
montagoes , le 3 d^ewbre 18279 le colooei Denl^ia s'expiiaM; 

« Je me siiis arretequelques jours ici pour voir 1^ recollciii qui 

soot en ce moment en pleine maturity , eK coDStaUr Taccroisse' 

roent qui a du re^uUe^ ,de la mise en Qullure d'oai^and noiahre 

d'acres de terr^ que Toxi defricbait; pi^ndant ji»oa se^iir dana ces 

n^ontagues au printemps de Taiuiee derniere. L^a ACricains li^r 

beres qui ont ete places ici ont af beve de b^tir lowrs aiaisoas at 

d*enclore leui> lot^ dc terres^ dont \^^ produits auffisaqt i leurs 

besoins. Le gouvernement i^'a ete que trcs-raremeiit oblige de 

Icvir continuer ralLocation de 3 pemses par jour au^deli^ du tense 

de six mois. {^es anciens colons put ^nsibiement aroeliore Tap^ 

parcnce de leurs maisons et la valeur de leura fermes^ et Taiv 

gent repandu dans le village, taut par la substitution dasallooa*- 

tions en nunperaire aux rations ^n nature qii^ par le paieiseiit 

des fonds affectes aux ecoles, 7 fait le plus grand bien, Sanedi 

dernier il y avait plus de 900 per&onnes au waj?cbo de Megeai}^ 

on J vendait du bc^uf , du mouton, et en genial tous l«s artih- 

cles nccessaires ^ la consommation d*une fao^ille faonnQte dans. 

quelque pays que ce soit. De la maniere dont 1^ cbosi^ voal 

maipt;enant , les Ijiabiis^ns pourr9^t » avec le tfupps, aina$aerde»j 

capitauxy et je crois qu'ils seront disposes 4 l.cs ^qgager daoai 

tontes sortes de speculations profi tables, Miai^ il9[u:^fer^ont aans 

doute Tagriculture; car ceux d*eiitre euj^, surtout le$ soldata 

congedies > qui ont voulu comm^rcer avec les naturels. ^ PortOn 

Logo et dans d'^tres lieux sur le$ rWier^^oi^t eprou.v4 beaiif' 

coup de pertes. 

<i Le district des montagnes est specialeinen^ propria ^W pUlh 
tations de cafe. II y a deja, dans Tespace d)e deu^ milles aitfoiir 
clu lieu d'ou j'ecris, 4)O0o plans de cafe, dont a^ooo spnt ^ 
plein rapport. Malgre Topinion gen^ralement repandu^ qi^ la 
Grand e-BretagQe est sur le point dabandoqner cette cojoiue » 
plusieurs personnes se sont adresse^s k moi pour des acquifii^ 
tions de maisons ou de terres, et trois des Marons (1) 1^ plus, 
riches ont manijfeste le desir d'essayer la preparation de Findiga 
d'apres le mode employe par M. Giles ; cet indigo se yei^dr^^. 

(i) Negiea dtfportM do. la Jsaaic[oe 4 SiemvLecNie tmiHoa; iw 9*lit 
les plofl anciens habitans de la coloDie. i 



et Siatistiqne. 233 

auK iiiaurGfam4^ 5 sh. f^ \me^ Uiit on a utte haute Idfee de sa 
qmHte. i> 

M, Ilenham insiste, dans la m^me dep^cbe , syr Tavantage 
qv*ofti redrerait , pour I'lostrnetson des n^gres, def application 
dea metlifMles siiivies ii Londres dans les ecoles de la premiere 
enfanec. Ces m^odes, qai obC pour ofbjet de frapper les yeu^ 
el d'inslraire em amttsant, sont parfartement adaptees au carac- 
t^re des AfHcaioa. 

Dm» wie depdthe dn 3i d^cembre 18179 it fkit connaitrey. 
par le tableau ci-apres , reconomie obtenue sur les depenses du 
d«partoiBei»t de^ Aftieaias Kb^r^ , par sutte des nouveaux r^ 
gleme«s: 



AMMifcaS. 



1824 

182& 

1826 ., 



iip 



NOMBRE DES AFRICAIMS 



1530 

2337 

•« 

2727 
28(7 



B^KNSK. 



mmmmmmmmmtmmm 



I. irt. tli. 
31,179 18 

18^1 1% 
17.761 ¥1 



P<a# 



tf-^mr**^—*^ 



^m 



La d)enH^ d^p^che du colonel Denham est datee du 14 mai' 
idaAt^ sou #e|piip d'une vtsite ji fa Cdte-d'Or et 4 Femaodo-Po, 
oik 11 parall avoir cotttracte fa roaladte qui Ta enleve au milieu 
de son utile et bieofavsante carri^re. 

^ Hou f»tefitt'ol}, dit*tl, iest que ehaque habitant poss^de en 
propre un lot de terre dans un village, et un autre k la campa- 
gne, Ua grand nombre d'Africains Mb^es out et^ jusqu'ici et 
resteroBl san^ doute artisans, et ce ne seront pas les membres 
IcB OMnas utiles de la comnrandute'.'lMais ilen resnite que teurs 
terres demeurent negligees et en friclie, au milieu de pTanta- 
tionsprodtietires et bieii ciiltryees, tandfs qu'ils r^ident h. Free- 
io0tm^ ou quHls travailleftt k Texploitatton des bois sur les ri- 
vieres. Cest un nal auqnel H sera drfficile de remedier, ces ter- 
res leor ayant ^e eoiie^d^ k perp^tuite. lyapr^ les nou- 
Tcaux arrangemens que nous avons pris, nous afiouons trois 
acaesdelemiittpourniiltonmieaeul, 4etdemi;ponrun homme 
nari^j et un demi-acre de plus pour ehaique enfant au-dessous 



a34 Geographic N** 79 

de deux ans. hes lots ne sont accordes'qo'aux habitant qui re- 
sident daDs les villages et qui s'y sont construits unc maisoik; 
par uue marque de distinction patticuUere, oeux qui sont per- 
tes sur la liste des communians par les mission naires sont tou^ 
jours mis les premiers en possession des terres qui doivent de-> 
venir leur propriete. II est bon 4i*obseiT€r que les Afncains 
n'ont encore ancune idee de fumer les terres ou d'ameiioret le- 
sol de quelque maniere que cc soit ; ils se contentent, lorsque 
les recoltes commencent a manquer, de coucher la paille et de 
la.laisser pourrir sur la tecje.» 

« 11. est ,moins rare que vojus ne croyei de rencontrer des Afri* 
cains laborieux. J'en ai vu plusieursqui avaient defriche d'eux- 
memes des pieces de terre de deux ou trois acres autour de 
leurs villages. Je n*ai pas voulu decourager ces essais, et j*ai 
promis de leur abandonner tem^orairement, en sus de leurs 
concessions, le terrain qu'ils pourraieut gagner sur les bois. Ces 
defrichemens dans Tes environs de Freetown et des villages voi- 
sins ont contribue k l*assaixissement du pays depuisun an. » 

Apres la roort du colonel Denham, la tAche de faire des rap- 
ports sur Tetat de la colonic passa d'abord a M. Smart, puis an 
major Ricketts; ces deux fonctionnnaires continuerent k donner 
les details les plus satisfaisans sur la prosp^nte progressive des 
divers etablissemens, et sur, Tamelioration physique et morale 
des.Africains liberes. Dans une depeche du !i.o juin iSag, le 
major an nonce que la police des villages est faite par les Afri- . 
cains liberes eux-memes, et que dans chaque etablissement il y 
a huit ou dix constables ^peciaux, pris parmi eux, et deux payes 
par le gouvernement. Les regisseurs et les nussionnaires rem- 
plissent les fonctions de magistrats, et ils consacrent un jour par 
semaine aux affaires peuimpor tan tes; celles qui pau'aissent plus 
graves sont immediateme]\tr> deferees aux juges qui doivent en 
connaitre. 

On lit , dans un rapport des commissaires nommes en i8a5 
pour faire une enquete sur Tetat de Sierra Leone : « L'institu-. 
tion du jury est tres bien appreciee et mise en pratique dans 
cette colonic. Pendant notre sejour, tons les negres que nous 
avons vu sieger comme jures nous ontparu attentifs etsoigneux 
de verifier les fa its dc La cause; leurs verdicts annoncentune in- 
telligence suffisante pour assurer I'equite dcsjugemens. On les 



et StatisUque.' a3!> 

ohoisit prihctpalement parnii les anciens colons' (le^i Maroon 
deportes), eC quelqiiefois parmi les Africaioslib^r^. Le<7r)ro/i«i" 
de Freetown a ele tantot mmniie par le goiiverweur, tant6t ehi 
par les proprielaires ( freeholders). Cette place est maiiitenatot 
occhpeepar un roaron; d«ux individus sealem^t'exercent 
cotnnie procureiirs; rtrn est un europ^h qtfflreliQplit sfussi l68 
fooctions d'ftvocat da roi et de secretaire de i'atniraute;' TaiitVe' 
est uti conuiier^aDt^ hcMiiinedecouleur^niais ne et eleve en An^ 
glet^rre. Le inair«'et les aldermen 6e Freetown 'mnltioratn^^ 
par le gouverneur en cODseiiJ-Le itiarite actliel est iin 'ancieil^ ^O- 
lon; k premier alderman est tin maroto, le' secM>nd vn Homfne' 
decouleur ne a ax. Antilles, et le troisieme nn eonimis miarchand 
europeen. » . ' 

Les Africains lib^es se raontrent tres disposes ^ obeir aux 
k>is. Un regiementy ayant pour but de miainlenir en bbn «fatles 
routes et les ponts, oblige tout indiVidn iadtilte d«ns la colonic 
:a coQsacrcr gratixitement k cet objet sixjoiirsde travail. L'exe- 
eution de cette. obtigation. est' ordinairenient reclaim^e vers la 
fin de noveiiibre,et les Africainsliberes abandonnent d'eux-m^'^ 
•»«& leilr travanx joumaliers, au: risque '^ m^ontenter cenxqiii 
led emploieBt, pour s*acquitter dela til^he que la loi leur impose. 

. De Dombrettsesfactoreries' ont ete^tablies piardes marchands 
fiSur Iesbords<fesTiv]eres, pourrexploiliation du boisde'/^A^ qui 
«8t<;6upe parlesnaturels et mis eii oeuti^ par IteAfric^s liberes 
plaees corome appr^ntia ehez ces nriarcAands. lis reussissent 'ii 
bien k ce genre dmdustrie que beaHcoup d'entre eux gagnent 
^e 4 ^.^ dollars par mois, avec la noiirntutecttl^habiliemenf. A 
Texpiration dekur temp^ d'apprentissage^ qui est de trbirans^ 
ilssont etabKs dans les villages^ s'ils ledesirent, sansfi^ais poor 
le gouvernemeoit ; mais la plupart aiment mieux Tester dans les 

iactoreries et continuer a travailler aux gages des marchaiids. 

, L'aUocation journaliere de 3 d. accordee aux Africains Hb^ 
res pendant les six premiers mois deleur sejour dans la cblonie, 

a ele reduittsk apcoces;.on l«ur foumit en autre des v^temeas^ 
.des ustensiles de menage et des instrumens d'agriculture pfis 

dans les magasins du gouvernement, et dont la valeur est esli- 

mee k 3o sh^Le mon^ant total de la depens^pour cbaque Afrl- 
cain libere estde 2..L st. , 19 sb. 10* penci Le major -Riek^tts 
ajoute que depuis qu'il a pris Ic gouvernement de la coloave, il 



236 Geographe 

no s'esl pM tr^uT^dMns lancocssite d'etendre TaUoci^ion au 
deUi da terme 6x6^ snuf M faveiir de quelquet indiyidus que 
l^iiur l(^ au ieujr> iofirmitiis rendaieBl ineapablcs de se ftovtenir 
par eux^mtoes. 

A W date de celte depdohe (3o ju« 18^9), il n'y avait, dana 
tMisles villAgfA^ qiie 53 iuvalides reoevant a d. par jour ; la plu' 
piu>t ^taieut «v^iiglest>ar suite d'ophlhalnieacoDtract^es It bovd 
des vaisseaUx negriers. Oa comptait dana les hepkanx 78 nia-» 
lades reee^aot 3 d. parjoiir. finviroa 800 adidtea d^barqu^r^ 
ceiswefit) toucbaieBl rallacation de a d., el il y avait dans W9 
ikioka Sooenfaosy dont la depenae journali^te etait de 1 d. . 

iii Too. compare ks resultaitB de ces demiers rapports avec 
les premiers documens foumis par le general Turner, on veipra 
^Qwbien I'otat de la ccdooie s'esl aai^liore dans ott intenralle de 
Ir^ifi «i9» par le seol effeC des i^fioraies op^eea dans un systeme 
vieimix d'adoninistraiioii. 

: D'apris eelte seriedecommunirations cffioiellesy il est certain 
ipie les -^tablissemena fandes k Sierra^Leone ofYreBt de grands 
eiefnenjkdesiicee8.€epeadaBtle gouTemement anglais a pant 
dispose a. ceder aux representations d'me partiede k ehambie 
deS'CCKIiinuiieA en aband^^nanl vne oolohie qui a deyi co^l^ 
lant d'hooiiKieR eC tant d'argent, dans le moment peQt*-4ci« oOi 
I'on esl pret k reciieimr le prix de ecs sacrifiees. Les deux mocife 
al^gu^i pour justi&er celte resolution deecsperee sont Fezo^ 
de la d^ase et Finsalubrite du climat. II ese certain que Ic^ 
depensea de Stetra^Leone onl ete dans les ooramencemens tid»- 
coaakleeaktles et tout^li-^fait faors de proporcioii avec les avanta- 
gesqu'on pottvait en attendre; nlais oes d^nses excessivee 
semblent avoir ete oecasioaees snrlouc pair le mode defeotueux 
qtt'an avail adepte poua I'entretien des AffieaiRS liber^^, et 
rabolkion dece systeme ks a d^ji veduttes de plus de moiti^- 
Quant k Fihsalubrite du cBmal, elk n'est que trep v^lle; fair 
y est deesdenent mortel pottr les europ^ns. Tons les gouver^ 
aeiMrs qui o»t signc ks rapports dontnoosavonsmisks extraifs 
flOQs ks yeux de nes kctenrs out succomb^ en peo de tefflp» a 
safimieste influence, m^rae le colonel Denbam, dont hi sanCe 
mbusle avait resist^ k un voyage au oemre de I'Afrique* Si tel 
est k Boit des pke hauts fonctionnaires, on peut juger quel eat 
cebii qn» attettd infttiUiblemeQet les agens inferieiivs, et stirceiitt 



et Siaiiilique. 137 

le$ mateloti et let mUhu* Vouloir ettlretenir use i^arnisoii ea« 
ropeenne a $ierrsi4ieoiie> c'csl condamner 4 more loiis . les 
ans plusieurs centaines dliommes^ Mais oeoUinat^ai fuoeate a«x 
blaDcs, ae parak avoir rien defiftcfaeux pour les noiirs.€eu&nienie 
qui y arriveat ^puases par lous les iiiaiix qu'ils onl loufTert k 
bord des vaisseauz negriers* s'y retabliasent on peu de temps. Le 
norabre des Africaiiis liberes liabicant les villa^^ nou oompris 
a56a individus residant k Freetown on employes k Teitploita- 
tion des bois, etait e« i8a8 de a5|0o4> savoir : 

Hommes au-dessus de 14 ans* •»•••. » 4 » » '6294 

^^ auHlessous ••.• «...••.* a8i3 

Total....*. « 9107 

Femmes au-dessos de 14 ans. .%.»•. 4 4 .•..•». « 370a 

— Au-deSsoiis« ••••«..« « .A**. *...« aigS 

Total. ........ V 6897 

Le nombre des naissance^ dans la mtee ann^ snr oette po- 
pulation) a ^t4§ de 461 dont «34 gallons «t 1117 Biles ; et les d^- 
ees de 390, dunt a33 bommes et 177 femmes. C'est nne naia- 
sance sur 3a et un d^c^ sur 38 babitans, proportion qui ne 
difF^re pas de celle des pays les plus salubres de FEarope« • 

D'apr^ ces donnees officielles, le r^acteur de Vj4fnisiMpefy 
reporter demande arco raison ponrqooi Ion s'obstine^oonire tou- 
tes les lois deTfaumanit^ et do bon sens^ ft euvoyer de lAalhen- 
reux soldats blanes p^rir lk:Si«rra*Leone> tandis qu'anegamisoii 
entierement composee de noirs codterait beancoup moinset ferait 
an bien meilleur service. La plupart des fonctions- publiqties^ ^ 
Texception de quelques places sup^rieures, pourraient ^galement 
^re confiecs ft des bommes de eoaletir; nous avonsvu plus baut 
qu'on a d^ft ^t^ contraint par la fot*ce des eboses ft leur aban- 
donner divers emplois dont ils s*aeqiiitlent d'une mani^e satir 
fktsante. 

II est ft desirer que le gouvemement anglais s'srv^ia ft ces 
considerations, et ne se decide pas trop pfomptement ft d^traire 
une colonie qui paralt marcber vers un 6ta| florissant^ et dont 
la prosperite pourrait avoir an jour les eonseqoeoces les plus 
^mportantes pour la civilisation de rAfriqae. Da P. 

80. De NOTRE COMMERCE ATEG LES AMiaiQUXS OCCmilTAiBS. 

( Lettre h M. de F^russar.) 
L'ancien gouvemement , en n'accordant qu*une faible pro- 



^38 Geographie IM*" 80 

lection k notre navigation , nous a mis jusqu'ili cejour dans I'im- 
possibilite d'entretenir avec les Ameriques espagnoles ua com- 
merce de quelqu'importance. 

AusNlot la restauradon , une legion de pacotilleurs se re- 
pandit dans les nouveaux £tats d'Ameriqne. Ne eherchaot que 
les benefices du moment, ces preteudus negocians s*iaquieterent 
fort peu de discrediter notre commerce : aussi le cuivre et re- 
tain, designes encore en plusiears contrees sons le nom d*or et 
d'argent/ranctii's^'pronvenl quelle dut eUte leur delicatesse. 

Bient6tnos armateurs hasarderent quelques eicpeditions pour 
la mer du Sud. Mais, dans ces regions lointaines, ayant autant 
a craindre. de la mauvaise foi de leurs compatriotes que de la 
rivalite des etrangers >. les ^ubrecargues se virent dans la neces- 

. site de.convertir leurs navires en magasins ambulans, et d'em- 
ployer.plu3ieurs.annees a.debiter chaque cargaison. 

Pour couvrir les frais de ce ruineux cabotage , il fallut com- 

■ ppser. nos chargemens . de marcbandises dunfaible volume et 

• d'une valeur considerable , c'est«-^-dire d'objeU de luxe que le 
riche seul pouvait acheter. 

Ainsi.notts ne faisions avec les pays espagnols qu'un cooir 
merce precaire , un commerce d'exception, tandis que TAngle- 
terre.et les ^J^Utsrllnis^ en possession d'approvisionner ces coo- 

•trees de tous les articles d'un usage general , s'occupaient'san^ 
reUcbe k y natutaliser le gout do l«urs produits. 

Tel est encore Tetat de notre commerce dans la mer du Sud, 
et il est bien a craindre qu'il ne reste long-temps au meme 
point. 

Quelques economistes se sont figure que le principe professe 

.par notre nouvelle administration allait magiquemem changer 
cet ordre de choses , et qu'il nous devait suffire dc reconnaitre 
les Ameriques pour etre assures d'y faire d'immenses aflaireset 

. d'y primer, tous nos concurrens. 

Certes personne n*a applaudi plus serieusement que raoi a la 
sagesse dont a fait preuve le gouveriiement en reconnaissantles 

.nouveaux £tats d'Amerique. Mais je regard ais cette reconnais^ 
sance comme un acte de justice devant preceder toutes les me- 
sures a prendre dans Tinteret de notre commerce, et je ne crois 
point encore qu*il puisse ctre un moyen de protection en lui- 
meme. 



et ^tatisttque. n^x^ 

La bienveiUance que temoigne le gouyernetnent fran^ais aux 
republiques aniericaines nous procnrera sans doute I'a vantage 
d'etre mienx accaeillis des naturels et d'etre traites avee nioins 
derigueurpar lenrs autorites. Mais pense-t-on quecette cir- 
coQStance op^re un tel changemenl dans le caractere de nos 
nouveaux allies qu'ils ailient rejeter des marchandises an- 
^laif^es assorties k leurs goAts pour leu r preparer les notres, 
qu'ils ont le droit de supposer denaturees ? Ce serait d'ailleiirs 
une erreur de croire que notre facile amitie parvienne tout-^— 
coup a persuader an Peruvien et an Mexicain que la mode de 
Paris et de Bordeaux est la meilleure possible a Lima et a Gua- 
dalaxara. 

Pour assurer !a prosperite de notre commerce dans la merdu 
Sud, il faut avant tout reparer le mal qu'y ont fait nos devan- 
ciers. Or, les habitans du Chili, du Perou, de la Colombie, du 
Mexique, ne nonsrendrontleur confiance que lorsqu'ils verront 
notre commerce represente chez eux de maniere a s'acquerir la 
consideration qui lui est due ; quand , k Texemple des autres 
Strangers, ies Francois eleveront dans leurs places des mai- 
sons respectables. 

Des-lors notre commerce avcc ces contrees aura eprouvc une 
revolution complete. L'armateur fran^ais pourra adresser son 
navire directement k son correspondant et recevoir ses retours 
dans la meme annee. En rendant nos vaisseaux k leur veritable 
destination , nous serons k meme de tripler le nombre dc nos 
expeditions , et par consequent de soutenir avantageusement 
)a concurrence clrangere. 

Mais que Ton ne s*y trompe pas, nos negocians n'iront s'e- 
tablir en Amerique qu'autant qu'ils auront la certitude d'y etre 
proteges par le gouvernement ; car Thonnete homme n'est pas 
destine k s'exiler sans garantie. 

C'est done en multipliant ses agens consulaires que la France 
pourra assurer la prosperite de son commerce. 

Toutefois le departement des affaires etrang^res ne paratt 
point partager cette opinion. Car , d^apres le travail qui vieut 
d'etre fait, trois consulats seulement seront ajoutes aux deux 
que nous avions deja dans la mer du Sud.'De sorte que, dans 
ce nouvel h^mispitere , oil tant d'obstacles I'attendent a son de- 
but, le commerce franoais ne pourra esperer quelque protec- 



1 



a4o Geogrofhie 

tion qoe sur dnq points : encore $ont-ils choisis d'une inaniere 
peu judicieitfe* ^ 

On noos reproche de donner quelquefois k tort dans I'aii- 
glomanie; mais lorsque Texemple de nos nues Toisins est bon 
k suivre » il semble que nous nous fassions un merite d'adopter 
une marche opposee. Yeut-on savoir, par exemple, commeiit 
parvient I'Angleterre k faire fleurir son oonuuerce dans TOeean 
Pacifique ? C'est en protegeant]ce commerce partout oOi il a 
quelque chance de socces. 

£n agissant ainsi , I'Angieterre ne s'expose point a operer aii 
hasard ( comme le pr^tendeni maladroitement nos diplomates), 
parce qu'elle a dans son administration des hommes capables 
d'apprecier les renseigneroens qui lui sont foumis. Cette sage 
administration prend toujours I'initiative en matiere cominer* 
cialcy parce qu'elle sait, ce que nous avons d^j^ dit^ que 
Thomme considerable craint d'aventurer sa fortune, et que le 
pacotiilage est le fleau du commerce. 

Je prends la liberte de soumettre ces id^ k M. le baron de 
Ferussac, persuade qu'il partagera mon opinion et qu'il cott- 
viendra avec moi que le systeme suivi par les Affaires etran- 
g^resy systeme qui consiste k restreiudre le plus possible notre 
representation commerciale y est essentiellement viciettx. 

Aiosi je demande que le gouvemement soit prie de placer 
des agens consulaires dans tous les postes de la mer du Sud o^ 
en ont I'Angleterre et les £tats-Unis. 

Je demande que Ton consulte k cet egard les representans 
des nouveaux £tats d'Amerique , et notamment Tambassadettr 
du Mexique , en ce moment a Paris. 

Si M. le baron de Ferussac juge ma proposition de quelque 
importance, je le prie de vouloir bien la soumettre a Tbonora- 
ble Comite dont il fait partie, et de me permettre de la deve- 
lopper. 

Dans ce cas , je citerais, comme des points importans a la 
navigation , Faldivia ou la Conception , au Chili , et Guaymas , 
au Mexique. Mais j*insisterais particulierement sur la creation 
d'un consulat, avec uDposted*approvistonoement| k San-Frai^ 
CISCO de California ; m*ofTrant a demontrer que ce port| le mei- 
leur etle plus beau de tout le uouveau continent, est celui dont 



1 



rbccttpation serait la plus utite^*- notre manne marcfaande et 

miUtaire. 

< Je in*abstiei»drai de parler de rutilite d'un etdblissement aux 
lies Sandwich, puisque ledepartement des affaires- ^tran* 
geres vient de decider dans sa sagesse qiill n'etait point tenu k 
creer un consulat sur la demande precise de deitx departemens 
{la Marine,etl!lnterieur) ^traogersa la diplomatic... 

, . . P. DE MORl^EAU. 

v>j \ ; h-i A'; , etc. — Rapj»<)it sui ic p.iys, l<s iidbuiio 1 1 i ■» j»r(i- 
* diirtioiis de qii(»lqii**s localiios liltorales d»; la Nouvi'ilf-Gui- 
nee/nui onl ete visitees dans ie commencement de Tannee 
i8a8 par la Commission d'histoire natu relic dans les Indes 
orientales, a bord de la jcorvette royale ( des Pays-Bas) le 
" Triton \ ainsi que sur les objets d'histoire naturcile que celte 
Commission a rassembies le long de cette cote et sur la c6te 
mcme diiraht un voyage du ao mai jusqu'au 3o aout; presente 
a S. Ex. M. le commissaire general des Indes neerlandaises y 
par M. H. Macrlot, chef de la Commission. ( Bijdragen tot 
de hat, wetenschap,\ p. 14^-182, 5® vol. , n° 11 ; i83o. ) 

• • • 

Ce. rapport comprend plusieurs parties essentiellement dis- 
tinctes^.les unes geogiiaphique, geologique et statistique , les 
autres plus specialement consacrees k Thistoire naturelie du 
pays; et p^rmi celles-ci nousseparerons ce qui a trait k la zoo- 
logic de ce qui se rapporte A la botanique. Les lieux visites par 
la corvette le Triton soot : les rivieres Dourga , la fausse Oeta- 
jiata, r.Oetanata,.la Wamoeka, Tile Aiduma , le district Lobo et 
Mowara situe sur la c6te de UOuest. Du i38^ 27', 10" long. E. 
au 7**, a5'.3o" de lat. S.^ pr^s de la riviere Dourga jusqu*ili TOe- 
tanata^ ou du. i38° , 9', ao' long. £• et 4°, 3ft', ao" lat. S., on n'a 
rien pu connaitre du pays , les habitans y sent encore comple- 
tement sauvages, et leur abord impossible. De la riviere Oeta-> 
nata vers rEst.s'etend le district Timoraka et Timakowa, et 
vers rOuest le district Koy way qui , au nord , touche an district 
Qnin. Ces grinds districts. sesubdivisent en plus petits, et de 
la. Dourga jusqu*au i3S^ a'long.E* et 5^ i43 lat. S., la contriee 
est basse, et \k seulement commencent les montagnes int^rieures 
qui se dirigent plus au nord vers les cotes et s'elevent de dessus 
la mer passe Lokaia. Dans la con tree basse, Tabordage nese fkit 

F. Tomb XXY. ^ Fbtrisr i83i. 16 



a4d Gec^fnphie N'^Sz 

qu'^ %}K^ mitles ^ )« cdlcu Uesp^ditiOn s'dtait etablie %wt le$ 
bords de la bale nominee Bate du Triton, La cote y est tr^ 
boisee. Passe Lpkai«» on Toit raremelK aur le littoral des bancs 
4e siable entre les fent^s des rochei^ o^ les indigeaes bitissent 
des qegreries on plantent des cocotiers. hti mootagnea a'el^ 
vent ^u-deasua de la ligne des iieigea pcirp^tii^lcs. Celks de la 
bale Triton ne sembl^nt pas exeeder Sooo picds y at Vtmb des 
plus hautes a ete trouvee de a65o pieds d'A^nsterdam , mesuree 
trigonometriqoement. La chaine se dirige S.-E.-N.-O. Dans les 
contr^es basses de la t>6orga jusqu'a FEst de Lokaia , le sol est 
d^ane argile bleue on grise melee de quarz et de cbaux. Ce que 
Ik mer iilnoiidc pais a une legere couch e de terre vegetale , le 
f€ite ^ mar^cageut. Les montagnes de la baie sont calcaires, 
pleiiies d*^ue!Ts et fort escarpees. La grande masse se compose 
decalcaire primitifblanc, finementgrenu et cristallise, reposant 
saf une formation calcaire ptus recente. Aux pieds des mon- 
tagnes, et plus particulierement k la c6te , la roche se fend et 
se creuse de cavit^s. M. Macklot y trouva des coquilles petri- 
tt€es et une vertebre d'un grand animal. Dans rintcrieur il est 
probable quit y a des montagnes k coucKes d'argile. A Fendroit 
nOQaiaie Lobcf par lea ladigeBes, oil FetabKasemelit s'^tait fixe, 
1« terrain €st ealeaire> m^\6 d'argHe et de sable quantseux , avee 
H&e GO«cbe de terre vegetale poijsante d'un pied. Htiic pieds 
eardeslscAia en n'aTatt point encore trouv^ de roebes dures. Les 
p^itea pAaiaes eatre les feiites de rocbelts abandonH^s par ta 
naer et qaa scat si cmndiHas k la e6te de la bale Triton, son! d6 
SAbkJ qUaaneux oil calcaire, oa bien encore compose de f^tt^ 
mens de corate blades et rouges. D^aprefs les rapptf^ts des ha- 
bitcus, les inoBtaglies se perdraient au Nord oti il y atiraic de 
gva^des plaines. Lcsindig^es de FOetanata vont chercher dans 
le$ terres inleneuves de graads blocs de g#^s qu'ils emploient 
a diHereaa usages. Ces blocs foiit supposer a M. MaekloC que 
des formatioiis de ce genre se trouveraient plus avant; tnais je 
(eraft obaer? er qae ee pourrait bdea ^tte ded blocs errotkjtfes. 
De grajodes masses vtjicaniqnes et notammeirl d'obsidienne e€ 
de pierre ponce^ apportces par le Dourga^ prouveraient encore, 
dk Fanieur , on qa'iF y a des vokans ddns la NoiiyellewGilin^ey 
oiit, si le Dourga est ud d^tri^it, que de telles fortfiations ponr^ 
ynieol se to ou^cr aiix ilea vorsines. On^n'tr pas pu detet^ifier si 



et SlatisHqiU. ^i 

!c Dourgsl ie|)alrb etfectiveificnt la NodVelte-Guin^e eh deux 
grandes tle^ ; la cbiibaissance d'iia tet fait geograptiique serait 
^bur le commerce neerlandals d'une gratide importance. 

Les ites pres des cotes sont de la meme uatore territoriaJe 
que la iTouvfelle-Guinee. 

;Ffous croyons pouvoir joindre ifci qiielques details sur Ja sta- 
tistiqutf de ces eontrees. 

De mai au mois d'ao^t le temps est plus soavent pluvieUx «t 
mauvais que beau et le sec : en juia il pleuvait'beaoeoup et 
tous les jours; les montagnes avaient Icur sommet perda dans 
les nuages. Le vent S.-£. ne changeait que pres des monta- 
gnes. Tout le temps que t'exp^ditlon fut a la tale Triton on vit 
piresqiiiB toils les jours aes iclairs, et soiivent tes orages sont tree 
Ibrts. Pr^S de FOetflinata le therniohietre centigrade donne pour 
temperature moyenne, avantlfe lever dil soleil, a5^, a midi de 
2i9^ k 2I9* 5. All coucber du soleil 26 h. 26** 7. A Lobo on 
avait avaht midi 27** 4 > ^ miAi i8* i , aii soir jusqu'apr^ six 
heures 2(5*^ 6. Le i^ aout on eut h. une heiire 3i** 2. Les niiits 
k6nt fraiches et ^arfois frbid^s. Pendant plusieiirs jours, k la 
Dourga, on n*observa*qu'un flux et reflux en 24 heures, et une 
baisse d'cau dc 14 a 18 pieds. A (a Baie Triton, la moyenne de 
'i| observation^ faites aux pleines ^t nouvetles lunes donne que 
la haute maree etait k i heure 8 minutes, la basse 7, ii 21 ia soir; 
et la plus gratide bstisse d*eau dt* 7 pieds 2 police, etc. La Com- 
mission fit ^galement sbs observations siir Yes cburahs. A Lobo 
le temps oil souffle le vent d'£st est Ic plus mauvais; le bon 
mousson vient avec le vent d'Orlent^ les siiisbns sonl done Tin- 
verse de celles de Javaet s'accoi*dent avec celles d*Amboine et 
des Moluques. L'influetice de la'teTnperstture el du climat sur 
rhomme varie, dans la Nouvelle-Guinee , selori la nature des 
iteax ; les regions basses et marecageuses sont natiii^jlement 
malsaines , mdis les cohtrees plus haiites el plus s^ches sorit ibrt 
favorabl^^ h la sant6; la baie Triton est fori salubre , et si qu'ei- 
ques hommes del'equipage y sont morts, c'est indepcndaifiment 
des influences locales ; les deb'ordemens amelioraient ^ngulie- 
tenhent ces conlrees. 

la cofltectioii de rocJies, tapport6e par rexJ)editioh de la Nou- 
velle-Gniifee, se compose de thoifeisfensCeJn jaune, de sable et 
d'argile chsirries par la ttourga , de morceaiix d'dbsidicune ct 

16. 



<i44 Geographic 

de pierre ponce. Sur les bords de TOetanata on recueille des 
sable^ argileux et quarzeux commuDS , du gres rouge et du 
grauwacke rapportes par les indigenes. Des districts Lobo et 
Mowora on rapporta du calcaire primitif ( urkalk ) et du cal- 
caire de transition (uebergangskalk ), des sables quarzeux et 
calcaires charries par le Tombona ; enfin des morceaux d'argile. 

I^H» JH. • ■ • • H* 
81. CONSID^EATIONS ST7& L'ACCROlSSEMEin' DES INOCULATIONS ; par 

le prof. Rau. ( Jahrbiicher der Geschichte and Staatshunst ; 
■' juill. i83o. ) 

Sans-suivre daus ses reflexions M. Rau, auteur de cet arti- 
cle , ety comme savent nos lecteurs, professeur d'economie po- 
litique k Heidelberg, daus le detail des causes qui influent sur 
Taccroissement des populations, et comparer son opinion avec 
celles des autres economistes , nous nous bornerons k donner 
les resultats statistiques qu'il a obtenus apres avoir recueilli et 
compare avec une scrupuleuse exactitude une grande quantite 
de faits y sur Tauthenticite desquels on pent entierement 
compter. 

II place les £tats-Unis 4 la tete de ceux dont la population 
s'accroit avec le plus de rapidite, et donne pour exemple une 
periode de 4^ ^ns. 

Habitans Accroiss, annuel, 

1780 a,o5 1,000 6,a pour cent. 

179^ 3,929,826 3 

1800 5,3o6,o35 3,1 

1810 7,a39,7o3 2,87 

1820 9,654,4i5 1,9 

1825 10,638,000 1,9 

De 1790 k 1825, le terme moyen de Taccroissement annuel 
a ete de 2,88 pour cent, y compris les etrangers qui sont venus 
s*y fixer, et dontle nombre n'est pas appreciable.Les Indiens n'y 
sont pas comptes. New- York a vu en 3o ans sa population se 
quadrupler; car, en 1791 , elle ue s'elevait qu'k 840,000 habi- 
tans, et en comptait, en 1821, 1,400,000. L'fitat de TOhio oflre 
uu accroissement plus etonnant encore. En 1791, sa population 
n*etaitque de 3ooo Ames, et,en 1828, le nombre setaiteleve 
k 6So,ooo^ ce qui fait 216 fois la population primitive. 



et Statistiqw. a45 

Les totals de ITurope pr^enteot, dans leur accroissemetit 

annuel, uoe difference bien sensible^ ^t) dans aucun d'etix, on 

ne.voit la population se doubter en un aussi petit nombre d'an- 







ii 

111 


Caiilos da Clirii. .!!!!. 
Payt-Bu (1816-27)... 


o,9e 

1817). 


n 


^71- 

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40,8 

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110.3 

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Cinlon dii Li'cmie 

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Cnln. dc Zurich 

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C.n»>ld>Tur;D><* ... 
C.ulond,H^ufchtl.1... 

...>i»p.ar«luipcnd.nl 
p<rHi<l<idc30<ni(l7ST 



















Les dilTereDtes provinces d'lm ^tat donnenl des chi/Tres dif- 
ferens. En Anglelerre, raccroissemeDl de la population dans 
les divers conitcs a ece, dans les aunees i8ii Jk ai, dans let 
proportions suivanies : 













3.1 




HileDklirnfl.oi 






p,^'""::: 


■»™k(p.,tl,„,'rd).. 








{.) N.,d« rM. No. 
queccd«t«<«0. 


IpunnuF Ti'M.'ii 



Les Ltats prussiens offrent dans leurs diverses provinces les 
variations suivantes : 



M5 


l,U 
1.47 


GkigrefhU 


N»8a 






r«T8 
n;ii 

IBOT 




.™.™^ 








anmblBoeii 


11 
\^ 

I.M 
1.19 

1,08 
l,U3 


79*3 
29B0 






Poud-m 

in»l»rg 

BthI.o 

c«bi«.i^ 

DsLworf. 

Co1ojn« 












FMBcrBTl 






»™1™>T 






^^^^^^m 










^^ 





La population par lieue carrec n'est pas en rapport avec la 
fapidil^ de son accroissementi car on Toit sur la m^me ligne 
^es pays qui, sur I'echellede la reproduction, sont places aux 
^eux extremites. 

{^'Irlande a 53oo bab. par lieue came- 

{iCS Paj^-Bas Siod 

Le royaume lombardo-venitien. 5ooo 

Le comle dTork 43oo 

La France Saoo 

La Baviere. 3900 

L'Autriche 3600 

La Prusse a4go 

Le camte de Westmorland ... . i55o 

Le corate de Lancastre est reinarqiiable et par ie nombre 
d'habitans par lieue carree ( 1 1,800 ) , et par sa position i la 
fete des comtes dans lesqiieis la population augmenie avec le 
plus dc rapidile- 

L'accroissemeot n'«st point en rapport avec la muUiplicite 
des naissances et Ta duree plus ou moins longtle de la vie cbez 
les individus. 

En Prusse, on compte i naUsance par a3 homroes. 

Dans le canton de Claris aS 

Dans le canton deTurgovie. . . 37 

Dans les provinces rbenanes et 



dans les Paj^-^B^s. ; ....... . - nA ' 

Dads le canton ip Soleiire. . . • • 99 

En Suede , i(^ 

Pn France,,. ,.,.,-? ••••-• *i 

£n Angleterre et dans le canton 

de Vaud. ................ - 3$ 

La frequence des naissanpp^ en ^ruj^e §Bt soissi etonnante 
que leur petit nombre Test .en ^gleterre; car^ it^^ns le premier 
decespaysla mortaUteest dp ^, ^ndis que,dan^ le second, elle 
est — ; en France et dans les P^ys-j|as, ^ , et je^ Turgovie* ^r. 
Lp nombrf^ des manages ^i^ ^russe e^il &fk iS^P, tv^, efl en 
18^7 * nr de 1^ population , en Angleterre th > «* Fr^qee rh > 
la inpf l^ite euic alprs de j; , et 1^ paissance^ 77 ; ^ujpurd'bMi 
que la inprtalj^ est ^ et l^s oaissaiices ^rr^^ iKkarif ges soQf; 
rb» ^^»is$f » P9 trpu^re ftps paptoa^ pu les manages 140^ 
bi^ mpins frequens ; k Neufcbatel, Us soot -^ de la popolar- 
lipn, et la mpi'talit^ ^^ et Vacproissement de ^ pour cent en 
a3 ans ; k Lucerne, oii la mortalite est -^^ et les naissaoces soat 
Ysy les manages pe sont qvip ttt« 
Le rappqrt dp la paortalitp a^x ipariag^s est : 

£q Angt^teri^ ; %^% 

Dans Ip captpn (le Yaud* • • • d^7 

EoPrusse 2,9 

Dans Ips provinces rbenane^. 3,0^ 
Dans les Pays-S«S. .•.»,... 3>3[ 
Dan^ \^ canton dp S<4eure« . • ^$ 

£n France 3,&3 

Dans le canton de Turgovie . 4>o6 
Dans le canton de Luoeme. . kfi 
II etablit de la maaiere suivante lo jrapport des manages k 1^ 
population : 

£n Boheme, 1824 . • ..«...*••• 36,55 pour cent. 

Dansle district de Dantzig, i8i6-i8ao. 36,3 

En Gairicie. • 35,8 

r Enfinisse,i822 35,7 

1 En Autriclie (dans TEns) et dans le 

canton deBernp (1767 ) 35 

En Moravie 34,6 

I £n Wurtemberg ( 1822 ). 3a,fi7 



9 



^48 Geographie, 

Dans le diiche de Nassau •........,.• 32,5 (i) 

DaDS la Silesie autrichieoDe. ......... 82,16 

Dans la Prusse rhenane. 82 - 

On voit par ce tableau que le nombre moyen des manages 
est 34 f pour cent. 

Le rapport des naissances aux manages est d'un par 
5,2 manages en'Boh^me. 
4,7 en Wurtemberg. 

4,5 dans la Prusse rhenane. 

4,4 en Prusse. 

II donne ces derniers resultats comme peremptoires, et fait 
observer, avec raison, qu*on peut mieux etablir ses calculs 
Qpr^ une paix de quinze annees, que pendant les gaerres sau- 
glantes qui d^chiraient PEurope, et enlevaient cbaque annee la 
partie la plus florissante de la population. C'est h ces dernieres 
circonstances qu'il attribue les erreurs qui se rencontrent dans 
Malthus et dans les autres statisticiens qui ont ecrit apr^ cette 
ere de desoUtion. 

II conclut des resultats precedens que^ si la paix de TEurope 
se maintient, on verra la progression d^croitre de plus en plus, 
et les manages, dont la precocite est un gerinede mort pour la 
population, avoir lieu dans un dge plus avanc^. 

Voici son opinion sur les causes de raccroissement plus ou 
moins rapide de la population dans les principaux !6tats qui 
ont ete Tobjet de ses observations. 

L'Angleterre doit Taccroissement desa population a ses nom- 
breuses fabriques qui offrent aux habitans des ressources lou- 
jours abondantes et sans oesse renaissantes. En 1821 , il n*y 
avait que 33 pour cent Aes families occupees du labour, 46 
-pour cent s'occupait de commerce et d'industrie; en 1811 , les 
premieres s'elevaient a 35 pour cent, et les secondes j\ 44)3. 
Dandle comte de Lancastre, 7$ pour cent des families vit de 
commerce et de fabrication. 

Si rirlande voit le nombre de ses babitans s'accroitre avec 
autant de rapidite, ellc ne le doitqu'au morcellcraent des biens, 
^ la temperance des habitans de la campagne , et a Tabondance 
des tourbes dont Textraction et le commerce facilitent aux 
jeunes gens les moyens de se marier. 

(i) II y a probablement nne erreur typographiqne , et ce Dombre 
fcmble devoir ^tre 5o centiimes an lie a de 5 centiemes. 



Eeonomie publique. 249 

L'Autriche doit sa prosperite k la forme de son gouverne- 
ment, et ^ la protection qu'il accorde au commerce et k I'agri- 
culture. Les pays montagneux font^ par leur position, exception 
k la r^gle. 

L'Espagne est en position de recouvrer ce qu'elle a perdu 
dans ses colonies, si, par des ameliorations soutenues, elle faci- 
lite ^ ses habitans les moyens de tirer parti de leur position fa- 
vorable. 

De tons les l&tats , la Prusse est le plus florissant : la liberty 
accordeea Tagriculture, Tabolition des maitrises, la protection 
dont jouit le commerce, Tactive surveillance du gouvernement 
lui promettent le bonheur et la prosperite. 

Les Pays-Bas sont dans une position moins favorable. La re- 
volution a presque mine leur commerce maritime. L'entretien 
d'une grande armce et une dette publique considerable re- 
tardent leur progres. 

On a Aik remarqner avec etonnement la lenteur avec laquelle 
la France voit s'augmenter sa population, et Von peut s*en ren- 
dre compte en considerant Tiiitperfection de son agriculture, 
entravee par les droits communaux , les jacheres , Fignorance 
du peuple des campagnes , ^tc. ; la grande mortahte qui regne 
parmi les enfans, que, faute de surveillance de la part de la 
police medicate , la p'etite-verole decime chaque annee ; Tim- 
portance de la dette publique; la diminution du debouche des 
vins; et la disparition de capitaux immeuses employes ^ sou- 
tenir des guerres longues et ruineuses. 

La Suede doit la place defavorable qu'elle occupe sur I'e- 
chelle d*accroissement , a I'inclemence de son climat, et la 
Suisse aux bornes mises par la nature au developpement de 
I'agriculture ; k la stagnation de plusieurs de ses branches d'in- 
dustrie , et aux migrations perpetuelles de ses habitans. 

]feCONOMIE PUBLIQUE. 

83. De la necessite d'un ststeme d'education pour les ado- 
LESCENS DE LA CLASSE Aisi^E ; par BoNSTETTEif . ( Bibl, untv, de 
Geneve; avril i8a8, p. 349.) 

L*education de Tenfance n'est qu'une partie du grand art de 
Teducation. L'enfance a ses lois ; Tadolescence a les siennes , 



? 



comme I'dge yiril et la vieillesse opt les leurs. Resserrer 1*^4^- 
cation k renfance n'est pas accoinpUr tou$ les devoirs. Elle e^ 
natqrelle alor$ parce au'elle est le resultat de la faiblesse de 
renfance. II en est autrement de celle de radolescenpe i paccc; 
que cet ^ge est emineroment celui de 1^ force et souveut de |'o- 
pinion exageree de ses propres forces. II y a cependant deft 
lois naturelles pour Tadolescence ; mais ce$ lois , il faut \e^ 
cbercher hors de la famille. L'instruction des parens f^t de$ 
maitres est tout pour I'enfance ; Tinstruction des choses est tp^ut 
pour Tadolescent. Les seuls moyens d'instruction qu'ait celui- 
ci , ce sont les maitres , mais ies bons maitres sont rares ; et si 
les grandes villes mettent souvent les jeunes gens a portee de 
causey de desordrc , lis y trouvent, et plus encore dans lies pe- 
tites villes , le regime mortel de Toisivpte <jui fletrit Ma-foi^ 
les talents et les vertus. 

Trois cboses sont les moteurs des grandes societes ; les pas-- 
sipns, ]es habitudes guidees par Texemple^ enfin le raisonne- 
ment. Tant que les habitudes ou les passions entrainent » le 
raisonnement no fait que s'en suivre. Quapd les passions se tai- 
sent , quand les habitudes s'arretent ^ le raisonnement com- 
mence h nous guider. C'est dans ce cas que se trouve aujour- 
d'hui la classe aisee de presque toute TEurope. II r^^ulte de 
cet etat de stagnation aue la classe aisee^ en apparence la plus 
heureuse , est la plus aesolee par Tpisivcte de la jeupesse. Le 
premier malheur de Toisivete est d'organiser des babitudes qui 
eternisent Toisivete. Mais les sciences ne sont pas seulement 
bonnes pour savoir lelles ou telles choses, mais en entretenant 
rhabitude de la pensee, elles previennent la paralytic de la 
pensee. Quand on parle de science aux oisifs , its vous diseot 
que tout le monde n'est pas fait pour devenir savant. Ce n'est 
pas Ik ce qu'on }eur demande^maisTexefcice de Tesprite): cettp 
sante de Vkme , impossible k obtenir sans quelque mouvement 
spontane. On ne leur dit pas: devenez savans, mais on leur re- 
commande Texercice de Tesprit poipr qe p^s devenir impotens 
d'esprit. La pensee n'est pas plus stationnaire que la vie ; c'est 
le travail qui donne de I'elan et de la vigueur k nos facultes. 
On a raison de distinguer Thomme qui cultive les sciences de 
celui qui cultive son esprit. Le premier ne pense qtCk la science 
qu'il cubive, 11 Tagrandit et la developpe, il vit toiU entier hor$ 



d$ }ui-m4ine. li'homme cultiv^, au.contraix:jey|ie se .ser^ des 
sciences que comme inoyen de devenir meilleur et plus heu- 
reux par la continuelle habitude de penser. Chez le premier , 
la science est un but; chez le second, un moyen. H n'appar* 
tient c[u'au talent ou au loisir parfait, de faire reculer les Umi- 
tes des connaissances humaines ; il appartient k tons les hom- 
ines 4'embellir leur vie, d*agrandir leur dme , de devenir meilr 
}eurs chaque jour en multipliant leurs moyens de bonheur et 
de consideration chez les autres. Dans le denombrement des fa- 
xultes de Thomme qu'on cherche a exercer dans Tenfance, on 
onblie la plus importante de toiites , la yolo^te. £lle a le^ loi^ 
comme la memoire , rintelligence, rimagipation. £lle se lortiGe 
par Texercice , elle se paralyse par Tinaction , ell^ se lie plus ou 
moins intimement avec nos resolutions et nos idees. flarement 
on a pris k tAche d'exercer la volonte comme la n^^moire , et 
cependant elle a ses regies, pour ainsi dire , ipat^rie]les comme 
la memoire , et plus sures peut-etre que celles de nos autres fa- 
cultes. L'exercice de la volonte tient en quelque sorteaux rap^ 
ports de la sensibilite avec le systeme musculaire : on peut 
s'exercer <^ youloir. Si celte faculie avait ^te exercee des I'en- 
fance, Toisivete cesserait d'exister. Bien faire ce qu'ou doit 
faire d'upe maniere quelconque est une des premieres chosqs k 
savoir. Mais pour obtenir les fruits d'un travail quelconque , il 
faut une seconde education ajoutee k celle oCi Ton n'enseigne 
queles elemcns. T. 

84. WHEATIiEY's LETTER TO THE DuRE OF DEVONSHIRE ON COLO- 

msATioN. — Lettre de Wheatley au due de Devonshire, sur 
r^tat de rirlande et les effets generanx de la GoloDisation. 
In-8^ de i43 p. Calcutta, 1824. ( Jsiai, joanL ;jmn 1826, 
p. 755.) 

Apres quelques considerations sur i'etat fdcheiUL de V%^- 
ctiUure en Irlande , attribue au trop de population , Tauteur de 
cette lettre propose de reduire le nombre des Jrlaod^is a 3 
millions , et d'envoyer les 4 millions restans aiix etabliss^ens 
du Canada, c'est-4-dire 200,000 chaque axinee , jusqu'k expor- 
tation totale de ce nombre. Il estinle que pendaQt 5 ans il y 
aurait pour chacun k fournir k cette colonie 2,62^,000 liv. &terl. 
Les frais de i^' etablissement seraient de 1,375,000 liv. sterl.; 



2^ti Economie puhlique. 

on dessecberait les marais de I'lrlande, ce qui rendrait k la 
culture 5 millions d*acres , qu'il faudrait ceder ^ 10,000 fermes 
de chacune 5oo acres. Nous nous bornons a signaler ce projet 
que I'auteur developpe avec etendue , mais qui trouvera des in- 
credules. Un autre projet plus rationnel et plus applicable a ete 
con^u par une Societe dont nous avons parle precedemment 
( voy. BulLy Tom. XXI, n® 83); il consiste k etablir en Irlande. 
nombre d'etablissemens isoles, k I'instar des Hollandais, pour 
cultiver de vastes champs. A. M. 

85. 1. Repobt from the select Committee on Emigeation, etc. 
— Rapport du Comite special de la Chambre des Communes 
sur I'Emigration du Royauroe-Uni , et Minutes des deposi* 
tions faites h. ce sujet devant le Comite. Imprime par ordre 
de la Chambre des Communes du 1^6 mai i8a6. [Edinb, 
Review; dec. i8a6, p. 49* — Monthly Magazine ; oct. 1826, 
p. 353.) 

II. Third report from the Committee, etc. — Trpisieme 
rapport, fait en 1827, a. la Chambre des Communes d'Angle- 
terre sur les Immigrations et les Colonisations. Un fort vol. 
in-fol., imprime par ordre de la Chambre. Londres, 1827. 
{Edinb, Review; janv. x8a8, p. 204. — Rev.Enc; fev. 1828, 
p. 394.) 

III. Rapports du Comite special de la Chambre des Com* 
MUNES SUR l'Emigration qui a eu lieu du Royaume-Uni. 
{ Quarterly Review ; mars 1828, p. 539.) 

IV. D'uN ARTICLE dc U Revue de Pf'estminster sur l'I^migra- 

TiON. {Le Globe ; 11 juin 1828, n° 66, p. 464. ) 

V. Emigration. — Encouragemens donnes aux officiers, 
tant de mer que de terre , qui se proposent d'emigrer de la 
Grande-Bretagoe a la Nouvelle-GaHes meridionale. (Sydney- 
Gazette; 3 mars 1828.) ( To/. Bulletin; Tom. II, n*^* 234 et 
259; Tom. Ill, n**» 55 , 146 et 349; Tom. IV, n<> 22 ; Tom. 
V, n^ 139; Tom. IX, n° 1 54; Tom. XIII, n° 48; Tom. XVIII, 
n^'^iSeet 157; Tom. XIX, n°« 104, 325, 335 et 357; et 
Tom. XX, n° io3.) 



Econonue publique. jkg3 

YI. I&blavd; its evils and their bemedies. -^ Des maiix qui 
accablent rirlande , et des moyens de remedier k ces maux; 
ou Refutation des erreurs dans iesquell^s est tombe leComite 
de i'J^migratioQ , relativement k ce pays ; ouvrage precede 
d'un abrege d*un traite original sur les lois relatives k la 
population , dans lequel se trouvent developpes les verita- 
bles principes sur lesquels il est fonde; par Michael Tho- 
mas Sadler. In-S^^ p. 47a. Londres, 1828; Murray. (Voir 
Literary Gazette; 3 inai i8a8.) 

' II estilans Tordre de la nature que tous les etres animes ne 
se procurent que difticilement les moyens de subsistance neces- 
saires pour la conservation des individus et la propagation des 
races. £n efTet, si une espece quelconque avait k sa disposition 
des moyens de subsistance indefinis^ sa multiplication serait 
aussi sans bomes » et bientot la surface du globe ne sufifiraic 
plus pour la contenir. Lorsque la nature a semble faire excep* 
tion a cette regie generale en faveur de quelqnes families d'a- 
nimaux, elle leur a donne une existence ephem^re, oii les a 
entourees de tant d*ennemis, que souvent des generations en- 
ticres sont devorees avant d*avoir pu se reproduire. II est mdme 
vrai de dire que la difficulte de subsister, commune & tous les 
dtres, augmente a mesure qu'ils occupent un rang plus eleve 
dans Techelle de la creation. C'est ainsi que tant de grandfes 
espies ont dejk dlsparu de la terre , et que le nombre de celles 
qui survivent , continue k diminuer sous nos yeux d'une ma- 
niere sensible. 

L'homme est soumis comme tous les etres vivans k cette 
inexorable loi de la nature. Grice a la superiority de son intelr 
ligence, il atteint plus tard peut-etre la limite des moyens de 
subsistance; mais il faut bien aussi qu'il finisse par Tatteindre, 
lors m6me que cette limite ne serait pour lui que celle des 
forces productrices du globe qu'il habile. 

Les faits nombreux dont la statistique s'est enrichie depuis 
quelque temps, paraissent confirmer ce grand axidme proclame 
par Malthus, que partout le genre bumain touche de pres k 
la limite des moyens de subsistance. On a fait des recherches 
dans diverses contrees sur la quantite de substances alimen- 
taires quele travail de Thomme recueille cbaque annee, el Ton 
a trouve que cette quantite ^ dans les circonstances les plus 



lS4 £conomiiB puhUque. N*" 85 

Aiiroi^Mi» ^ i^c^iie H peiii« le$ besoins unnBels , et feftt« sonv^t 
Uti-dMsbtis. II exists donclidcesssliretiietit paitoui tifae difficuUe 
d^ iobshtH* ifttfe iibils iiditimdiis pumrret^ on mis^ siiiVant le 
degre auc(tiel elle ^t poft^e. Lorsque les natkms sont dans 
r^tat n^nvvt^ty tous les inditidtits sont pativfes; tous sdnt obliges 
kA^ gi^ands efforts poor tiYte, et peHs^nt fn^quettifhent faute 
de Boorrittire. Ches les nations civllisees^ une potiiott des 
fnembres da corps social se proettte sslns aucone peine toutes 
les jouissances de la vie ; mais k cote de cette elasse, en general 
pen nombreuse, ia grande masse du peuple est reduite k payer 
de ses sueurs one subsistance toujours precaire, et a lutter 
jonmellement contre le besoin. C'est en vain qu'on chercherait 
sur la terre une nation ou il n'y ait pas de pauvres^ c'est-^-dire 
oiL tous les individus aient k leur disposition des moyens de 
lubsistance assures et faciles. Si ce phenouiene a jamais existe, 
ce n'a pu ^re que dans un cercle tr^s-restreint et par Teffet 
de circonstances locales et passageres. L'egalit^ meme la plus 
parfliite ne produirait pas ce resultat; rieu ne serait plus aise 
que de rendre tous les citoyens egalement miserables; mais il 
aerait impossible de les rendre tous egalement riches. 

Ches les peuples sauvage^ou barbares, la pauvrete est un 
fait general auquel tons les indiyidu;^ se resignent comme k une 
ectodition inseparable de la destinee humaine. Mais k mesure 
que la civilisation fait des progres, il s'etablit entre les babi- 
tans d'un m^me pays une in^galite qui devient de plus en plus 
choquante; les classes inferieures restent k peu pres station- 
aaires ; jamais leur existence raaterielle ne s'ameliore en pro- 
flortion de be qtie les perfectionnemens des sciences et des arts 
i^outent au luxe et aux jouissances des classes privilegiees ; 
, dies sont toujours bornees au stricte necessaire, tandis que 
le& riches augmentent sans cesse leur superflu. D*aiHeurs les 
pauvres, dans les etats civilises , n'ont pas seulement k lutter 
oomihe les aauvages contre la nature , ils rencontrent encore a 
ohaque pas des obstacles dans les droits de la propriete, dans 
les formec du gouvernement 5 dans tous les details de Torgani- 
sation sociale. Alors on concoit que Thomme ne puisse pins se 
aoumettre sans murmure k une loi dont Tapplication a cesse 
d'etre oommune k tous ses semblables. On en vient k croire que 
U ricbedSe est TeM naiurel du ge^re humain et que les souf- 



Seonomie pnhUqui. *2^S 

fmnees A^ k pauvrete ne $ont que de fdcbeuses eiceptions 
prddtiit^ pair des causes factices. 

L'aiteiltioti se trouve ^insi fixee suf la situation malheureuse 
d^si cliiises inf^rieui^, et sur les moycrfas de retnedier il cette 
maiadie du corps social qu'on a hommee paapMsme, bepuls 
ufl si^le, oh s est beaucoup occupe de cet objet, et quclque 
opinion qtie Toll se forme sur la possibilite d'atteiudre le biit 
de ces recherciies philanthtopiques , on ne saarait nieir dii 
thcriiis qtVelles n'aient produit des resoltats fort utiles pour la 
science et rhcrmanite. Nnlle part elles n'orit et6 pbiissees plus 
loin qti'eti Angleterre , parce que nulle part encore le mat ne 
^estpr6sent^sbus un aspect aussi eflfrayant. L^se trouve l*aris- 
focratie la plus riche du monde en pr&ence d'une populatibh 
«le prol6taires , dont fa plus grande partie ne subsiste que de la 
charite publique, tandis que le reste s'epuise en efforts inu tiles 
f>ou^ coaserver par le tratail nne existence toujours precaire. 

Cette sitnatidn, k peine supportable dans les temps de pros- 
perite , devient tout-^-fait intolerable dans les crises auxquelles 
iin peuple commer9ant est n^cessairement expose k des inter- 
Talles presque periodiques. Une circonstance de ce genre ayant, 
en 1S26, ralenti les speculations de Tindustrie et resserre les 
capitaux, it s^en suivit une baisse dans les salaires qui produisit 
sur te soit des classes onvrieres les effets les plus desastreux. 
li'alarmese tepandit dans la nation, et, suivuntles sages prih- 
eipes du gouyernemfint anglais, ta chambre des communes 
ttonmia un cotnit^ special pour constater I'^tat du pays , et 
cbercher un remade aux souffrances dont on se plaignait gene- 
ralemeut. C'est d'apr^s les rapports de ce comite que nous 
allons essayer de faire connaitre a nos lecteurs la condition des 
classes pauvres dans les trois royaumes qui composeni I'empire 
britanniquc. 

Lorsqu'on veut observer les effets de la misere , il est naturel , 
dte commetrcer par Tlrlande, dont Fetat deplorable est depuis 
long-temps pour ffcurope un objet d'^tonneraent et de pitie. • 
far suite de la conquete et des pers&utions religieuses , toutes 
l^s terres de ce royaurae ont passe successivement dans les 
mains de families anglaises qui sent venues s'y etablir k des 
iSpoques plus ou moins reculees. II y a cent ahs , ces immenses 
doi&aines efaicnt presqu*entierement livres au paturage , et les 



a56 Economic publique. N^ B5 

bestiaux formaient la principale richesse de Tile qui ne conte- 
nait'alors que i,5oo,ooo habitans, vivant miserablement sar 
un sol a peine defrich^. La culture des pommes de terre, intro- 
duite vers le milieu du i8® siecle, changea la face du pays. La 
pomme de terre se cultive plus facilt^ment et a moins de frais 
que les cereales, elle exige moins de terrain et est moins ex- 
posee aux chances des mauvaises ri'cv>ltes. Ces avantages si 
pr^cieux pour une nation depourvuf d'nijistrie et decapitaux, 
firent adopter generalement cette ciiltuH', et la |)(»mme de terre 
devint la base de la nouinture du pcupic ii-ian'Jai.s. Le morcel* 
lement des terres et i'accroissement inimodere de la population 
en furent les consequences. Les grands propri^taires residant 
presque tmis en Angleterre, louerent leurs domaines k des 
rcgisseurs qui les sous-louerent par portions a des fermiers ou 
gens d'affaires connus sous le nom de middlemen ^ et ces der- 
niers affermerent enfin k chaque paysan Tespace de terrain 
necessaire pour bdtir une cabane , entretenir quelques vaches 
et recolter la quantite de pommes de terre necessaire a la 
nourriture d'une famille. Ces terrains etaient loues tres-cher; 
car la rente payee par le cultivateur devait fournir un profit 
^ cinq ou six agens intermediaires , avant d'ar river dans les 
mains du veritable possesseur du sol. Les paysans ne pouvaieut 
payer cette rente sur le produit des portions de terre qui leur 
etaient affermees, puisque ce produit suffisait a peine a leur 
propre subsistance. Laissant done dans Ic pays leurs femmes et 
leurs enfans , ils passaient en Angleterre a Tepoque de la mois- 
son et y gagnaient en deux ou trois mois de'quoi solder le loyer 
deleur cabane. Pendant lerestede Tannee, ils etaient reduits au 
plus strict necessaire , vivant de pommes de terre et de lait , 
n'ayant pour vetemens que des haillons, pour logement une 
hutte de tourbe , pour mobilier une marmite et uii lit d'herbes 
seches. 

II semblait que leur misere ne pouvait aller plus loin , cepen- 
dant elle s'aggrava encore h, mesure que la population s'accrois- 
salt. Ne possedant rien en propre y n^ayant aucune esperance 
d'ameliorer leur sort dans Tavenir, les paysans iriandaisdevaient 
Tester etrangers k ces calculs de prudence, qui dans les societes 
bien organisees mettent obstacle k la fecondite ou k la preco- 
cite des manages, et que Mai thus a designes sous le nom de 



ihoral restraint^ frein' moral. 11$ s*enipressaieiit de chercher 
une consolation h, leurs maux dans des unions pr^maturees , ct 
voy^ient augmenter sans crainte le nombre de leurs enfans, qui 
k leur tour louaient un coin de terrc . y bdtissaient une cabane 
et y elevaient une nouvelle famille. Loin de s'effrayer de cette 
multiplicatiou toujours croissante, les proprietaires eiix-memes 
avaient interet k la favoriser, d'abord par le grand benefice 
qu'ils trouvaient k louer leurs terres ainsi morcelees, et en se- 
cond lieu par Tinfluence politique que leur donnaient dans les 
elections les votes des tenanciers k l\o shellings, auxquels la loi 
accordait la franchise electorale. On sait quel singulier specta- 
cle presentaient alors les elections irlandaises od Ton voyait ar- 
river les grands proprietaires , pour la plupart Anglais et pro- 
teslans , trainant a leur suite des troupes de vassaux catholiques 
en guenilles , qui volaient aveuglement pour les candidats de- 
signes par leurs maitres. 

SonsTinfluence de cette reunion de cirronstances, la popula- 
tion de rirlande s'est elevee ^ sept millions d'habitans , dont on 
pense que pres d'un million ne subsiste que du vol et de la 
mendicitc , tandis que le reste se compose presqu'entierement 
de pauvres tenanciers qui vivent de la mani^re que nous ve- 
nons de decrire. Pour douner une idee de la disproportion du 
nombre des habitans avec Tetendue et la fertilite du sol, il suf> 
fira de citer les fa its suivans. Un proprietaire interroge dans 
Tenquete declara qu'ay ant fait le recensement des families de te- 
nanciers etablis sur un domainc de 23,ooo acres , il y compta 
plus de 18,000 dmes; dans le comte de Limerick, un middle^ 
man avait trouve moyen de reunir 600 tenanciers sur une 
ferme de 400 acres, dont la plus grande partie consistait en 
montagnes ou en marais et le reste en mauvaises terres. 
. Les clioses etant venues k ce point, les salaires durent bais- 
ser considerablement, en meme temps que les redevances s'ele- 
vaient hors de toute proportion non-seulement avec les pro- 
duits du sol, mais meme avec cc que les paysans pouvaient 
gagner par leur travail au dehors. On pretend qu'un acre de 
terie qui, de toute autre maniere , n aurait pas ete affermc deux 
guin^es, etait souvcnt loue ainsi jusqu'k dix. Mais il est dans la 
nature des choses qu'un profit exagere ne puisse se soutenir 
long-temps , et finisse meme par tourner au detriment de ctxkx 

F. Tomb. XXV- ~ Fevrim i 83 i , 17 



i^SS BeononUe pubUqufi* IS? 85 

qui ont cherche k se le procurer. Cest ce que les proprietaires 
irlandais ue tarderent pas k eprouyer. I^eurs tenanciers se vi- 
rent bieiit6t dans rimpossibilite absolue de payer les rentes 
qu'on exigeait d'eux; il fallut les cbasser de leurs cabanes el 
les remplacer par d'autres qui ne payaient pas mieux et qu'ou 
etait oblige de renvoyer encore au bout de Tannee. Dans 
plusieurs districts, les paysans pousses au desespoir formerent 
une sorte de confederation tacite pour se maintenir par la force 
sur les terres qu'ils occupaient, on pour exercerparTassassinat 
et rincendie de terribles represailles contre les proprietairea 
et les middlemen qui tentaient de les expulser. D'ailleurs qette 
population d^gradee, qui couvrait le sol, ne permettait d*y ope-^ 
rer aucune amelioration. Elle ddtruisait les plantations , com- 
blait les fosses , arrachait les haies. II n'y avait plus pour les 
proprielaires ni agrement , ni siirete h resider dans leurs do«> 
roaines.^En nieme temps rjnfluence politique, que leur donnait 
dans les assemblees electorales le nombre de leurs tenanciers , 
commen9aitkperdre de son importance. L election d'O'Connel, 
ou Ton vit les tenanciers du candidal protestant voter eux- 
memes contre leur maitre, acheva d*y porter le dernier coup» 
et une loi recente, en elevantle taux du cens electoral, a detruit 
tout-a-fait un systeme qui ne repondait plus au but pour Icquel 
il avait ete cree. 

Aujourd*hui les proprietaires n'ont plus qu'un seul interet, 
qu'unseul desir, c*est, suivant leur expression, denettoyer(c/<?a/* 
o;^) leurs domaipes de ces pestes, de ces etres nuisibUs {pests and 
nuisances) i\\\i &'y sont multiplies comme des lapins ( //X-^ ra^ 
bits) : car tels sont les termes dans lesquels Taristocratie de la 
Grande-Bretagne parle des classes pauvres. L'enquete contient 
des renseignemens curieux sur les consequences qui resultent 
de cette maniere de nettojrer les domaines. « Unpauvrehomme, 
disent les commissaires, aiosi expuUe avec sa famijle de la ca- 
bane et du champ qu'il occupait, n'a le plus souvent pour tout 
bien qu'une ou deux vaches, quelques moutons ou un cbeval, 
le tout valant h peine cinq livres sterlings ; son premier soin 
est de chercher k obtenir un lot de terre de quelque middle* 
man du voisinage, qui de son cote a nettoye sa ferme des te-* 
nanciers deja mines par ses exactions , et consent volontiers & 
prendre un locataire qui possede encore la valeur de cinq liyres« 



Economie puhHqae, . bSp 

1.6 taux dc la rente est tel qull plait au middleman de le fixer, 
1e tenancier etant resola k promettre tout ee qu'oti voudra> 
plutot qoe d'aller k la ville oh il sait d'ayance qull ne trou« 
Tera pas d*ouvrage , et ay ant au moins I'assurance de subsister 
tin an on deux sur sa nouvelle habitation. Mais, des la fin de 1^ 
premiere annee tout ee qu*il possede est saisi et, chasse de son 
dernier asile, ilse voit enfin force de se refugier dans une Tiile 
01^ la mendicite devient son unique ressouree. Encore, dans ce 
'cas, le malheureux a-t-il joui d'une annee de repit. Mais il n'eii 
est pas toujours de meme. Prenons pour exemple une ferme qui 
se composait k peine de 5oo acres de mauvaise terre, et sur 
faquelle residaient 40 families formant un nombre total de 200 
individus. A I'expiration des baux , suivant le systeme g^nerale- 
inent adopts paix le proprietaire, trente de ces families fureni 
«xpulsees. On leur permit seulement d'emporter les bois pour* 
ris et la paille qui formaient les toils de leurs cabanes , et avee 
ces materiaux ils se coustruisirent des huttes sur la grande 
route. Leshommes ne pouvaient trouver d*ouvrage ; les femmes 
et les enfans mendiaient ; c*etait un spectacle affiigeant que de 
les voir ainsi sur les chemins mourant de faim et ne sachant o^ 
aller. » 

Le nombre des infor tunes r^duits k de semblables extr^mites 
doit etre tres-considerable ; le comite cite dans un de ses rap- 
ports un domaine du comte de Limerick qui contenait 600 
paysans, sur lesquels SBg furent expulses ^ lafois; dans le 
comte de Kerry un seul proprietaire chassa 11 00 tenauciers de 
ses terres en arrivant k sa majorite. 

II est evident qu'une telle masse d'individus ne pent itve 
ainsi privee de tout moyen d'existence sans le plus grand dan- 
ger pour la securite publique. L'impossiblite de leur procurer 
du travail en Irlande semble generalement reconnue. M. Mal- 
thus, interrogc par les commissaires, a meme declare que, dans 
son opinion, les travaux publics et les defridieraens , entrepris 
dans I'uuique but de faire vivre les pauvres, deviendraient 
l)ient6t insuffisans, et n^auraient pour efTet que d'aggraver les 
maux du pays en favorisant encore raccroisseraent de la po- 
pulation. 

On ayait eu Videe d'introduire en Irlaijde les lois anglaises 
8ur la taxe des pauvres 1 et de nourrir ainsi les classes iodigen^ 

•17, 



26p Economie publique. N* 85 

tes aux depens des classes riches. Mais le comite n*a pu s'em- 
pecher de partager Tavis de M. Malthiis qui, cousulte surce. 
point, a repondii que dans 1 etat actuel de llrlande cette me- 
sure equivaudrait ^ une confiscation gcnerale, attendu que la 
taxe absorberait en peu de temps le revenu de toutes les terres 
du royaume. 

L'emigrationdes pauvres est done la seule ressource qui reste 
aux proprietaires irlandais pour conserver leur existence so- 
ciale en se debarrassant de cette multitude affamee qui les 
presse de toutes parts. Aussi lous leurs efforts sont-ils main- 
tenant diriges vers ce but; et suivant le rapport du comite, la 
moitie de la population est prete a emigrer si oq lui en donne 
les moyens. A Taide de souscriptions volontaires on a deja ex<- 
pedie a plusieurs reprises des cargaisons de pauvres au Canada 
et aux £tats-Unis. II y a quelques anoees on en ayait forme, 
pour le service de Tempereur du Bresil , des regimens que ce 
prince a cte force de licencier apres avoir vu la surele de sa 
capitale compromise par leur indiscipline. Mais comme la lon- 
gueur des voyages rend ces tentatives de colonisation difficiles 
et tres-coAteuses , c'est surtout vers i'Angleterre que le flot de 
Temigration s*est porte. 

« Autrefois > dit un des temoins interroges dans I'cnquete, 
les Irlandais ne venaient en Angleterre que pour le temps de 
la moisson,parce qu'ilsavaientdans leur pays des petites fcrmes 
ou ils retournaient des qu'ils avaient gagne de quoi payer leur 
rente; maintenant des families entieres chassees de leurs habi- 
tations se refugient en Angleterre et en £cosse pour s'y fixer 
s'il est possible, » Ce passage s'opere principalement par trois 
points, savoir : des comtes du nord de llilande en £cossc, de 
Dublin k Liverpool , et de Cok a Bristol. La depense de la tra- 
versee aurait pu arreter les plus indigens, mais Tetablissement 
des bateaux h. vapeur aleve entiercment cet obstacle; quinzeou 
vingt paquebots partent tons les jours des ports que nous ve- 
nous de nommer. Le prix du passage varie ordinairement de i sh. 
6 d. k 3 sh. 6 d. (environ 2^4 fi**) ; il a baisse quelqucfois jusqu'a 
6 d. ( 60 c. ). II est done vrai , comme Ta dit un Anglais , que 
la navigation par la vapeur est un pont jete entre les deux iles. 
Une fois transportes de I'autre c6te du detroit , ces bandes 
d*indigens se repandent dans les comtes situes k Test de I'An- 



Economie publique. 261 

gleterre et de TEcosse, et cherchent a s'y procurer du travail 
a tout prix , mcme pour la seule nourriture. S'ils parviennent 
a se soutenir dans le m^me lieu pendant un an , ils acquierent 
le domicile legal , et des-lors ils ont le droit de reclamer led 
secours sur les fonds de la taxe des panvres ; aussi les adminis* 
trateurs des paroisses s'enipressent-ils de se debarrasser autant 
qu'ils peuvent de ces h6tes incommodes avant qu'ils n'aient ac- 
quisjranncede domicile, en les faisant arreter comme vagabonds 
et en payant les frais de leur transport en Irlande. Le comte 
de Lancastre a, depense pour cet objet, dans une seule annee, 
4000 1. st.y environ 100,000 fr. Mais souvent ces roaiheureux 
sont k peine debarques , que les proprietaires irlandais, asso* 
cies pour favoriser Tcmigration , les dirigent sur un autre port, 
et les font deposer de nouveau sur les cotes de la Grand e-Bre- 
tagne. Aussi , malgre toutes les precautions qu'on prend contra 
cette espece d'invasion , le nombre des Irlandais domicilies eh 
Angleterre augmente avec une efTrayante rapidite. La Societe 
pour la repression de la mendicite secourait a la fin de 1826, k 
Londres, 3,8 11 Irlandais; cinq mois apres, en mai 1827 , ce 
ce nombre etait deja porte k 49287. D'apres les registres des 
chapelles catholiques , Ic nombre total des Irlandais residant k 
• *Londresct dans les environs etait en 1819 de 71,442, et en 
1826 de 119,799. A la meme epoque, la paroissede Paisley en 
£cosse comptait plus d'un quart dlrlandais parmi les pauvres ' 
k sa charge. 

Si Ton considere que les salaires sont cinq ou six fois plus 
eleves dans la Grande-Bretagne qu'en Irlande, il est evident 
que ce flot d'emigres continuera a se porter d'un pays sur Tau- 
tre tant que les salaires n'auront pas ete abaisses au meme taux 
des deux c6res du detroit, tant que, suivant Texpression des 
iDommissaires , la population nourrie de ble n'aura pas ete re- 
duite a I'etat miserable de la population nourrie de pommes 
de terre. II est done du plus grand inter^t,non-seulement pour 
Taristocratie , mais pour toute la nation anglaise, qu'on trouve 
un moyen quelconque de transporter loin de I'Europe cet ex- 
cedant de population indigente qui pese sur Tlrlande. Toutes 
les opinions s'accordent k signaler Turgence de cette operation 
qu'on regarde comme un pr^iiminaire indispensable k toute 



96% Eeonomie pubUqueik N^ 85 

me^ur^ ftyant poor bat d'ameliorer le sort des classes pauvres 
de rempire britannique. 

L*^tat de la Grande-Bretagne n'est pas encore aussi desespere^ 
Pour s'en faire uoe juste idee ^ il faut avoir soio de dislinguet 
la population agricole de la population nianufacturiere. La ^ 
comme en Irlande^ les proprietes foncieres sont conoentrees 
dans un petit nombre de mains. Quelques grands seigneurs 
ent jUsqu'a 3 ou 4 niilUons de revenue territoriaux ; dans le 
Iromte ^ East-Lothian y 11 n'y avait en 1824 que 194 propria 
tairesi el Ton n*en comptait que 294 dans celui de Benvickd 
Maisy comme les fermes sont tr&s-etendues (i) et que les bans 
sojDt k ttes-longs termes , les fermiers forment dans le pays 
une classe respectable qu'on designe sous le nom de Yeomanry ^ 
et qu'on peut assimiler sous beaucoup de rapports 1^ la moyenne 
propriety de nos proTinces de France. Cette classe riche^ 
^lair^e et niorale, fait la force du gouvemement anglais; elle 
forme tine espdce de garde nationale qui a souvent reprime les 
seditions populaires ; et, liee k Taristocrasie par ses habitudes 
eomme par ses inter^ts, elle lui assure la preponderance dans 
les elections. Les esprits sages s'accordent k signaler comme la 
principale cause des desordres qui affligent Tlrlande, I'absenoe 
&uAe jreomanrx on d'une classe intermediaire entre la grande 
propri6t^ et les prol^etaires. 

Au-dessous des fermiers sont les ouvriers dont les bras exe-* 
cutentles travaux agricoles que les premiers se bornent k dirigen 
Jusque yers le milieu du 18* sidcte, cette classe se composait en 
^ande partie de domcstiques des deux sexes vivant che£ leurs 
maitres et faisant pour ainsi dire partie de la famille. Ce genre 
de vie est extrememetit favorable au maintien des bonnes mceurs 
et de Taisance dans une nation. Les classes ouvrieres, placees 
ainsi sous la surveillance de Tautorite domestique, participeni 
aux habitudes d'ordre, de prevoyance et d*economie qui carac- 
terisent ordinairi^ment la moyenne propriete. Les inconveniens 
des manages precoces sont prevonus par la prudence des mat- 
tres; la population ne se multiplie quVn proportion des res- 
sources, et Texisteuce n'est pas exposee a ces brusques vicissi- 
tudes qui exercent une si terrible influence snr leur bonheur 

()) II n*est pas rare de voir en Angfeterre et en £cosse det fermes dt 
80 , 100 et i5o,ooo fr. de revena. 



Economie pubUqw6» afi3 

^t leur moralite. Si une nation pouvait echapper entierement 
«u pauperisme, ce serait sans doute celle qui se composerait 
d*agriculteurs exploitant avec leurs families et leurs serviteurs 
le sol dont ils seraient eux-memes proprietaires. 

Ci^t etat de cheses fut chaoge en Angleterre par les perfec-^ 
tionncmens que les progr^s des sciences amenerent dans ragri- 
cuhure. L'exploitatiou des terres devint alors une industrie, un 
objet de speculation. Une foule de capitalistes se firent fermiers 
ou plutot fabricans de ble et de bestiaux. L'ancienne methode 
d'exploitation ne pbuvait s'accorder avec leur nouveau sys- 
t^me; ils renyoyerent les domestiques h gages et les remplace- 
rent par des ouvriers k la journee. Des ce moment la popula- 
tion agricole se trouva sujette k tons les inconveniens qui me^ 
nacent les populations manufacturi^res. Les ouvriers nourris 
chez leurs maitres souffrent pen des variations qui survien- 
pent daus le prix des denrees; quoique leur salaire soit en ap- 
parence toujours le meme, commeil est^presque tout entier en 
nature y sit valeur r^elle suit la hausse ou la baisse des objets de 
premiere necessite* Le salaire des journaliers , au contraire | 
n*augm en te jamais dans les temps de cberte en proportion des 
besoins; plusi la vie est cbere, moins il y a de travail a donner 
et plus il y a de gens qui en demand ent ; aussi voit-on sou vent 
la baisse des salaires coi'ncider avec la detresse ; Touvrier est 
al6rs reduit k consoromer le peu d'economie qu'il a pu faire ; et, 
comme ces crises se reproduisent periodiqucment » il sentbieu* 
t6t qu'il lui est impossible d'ameliorer son sort d'une maniere 
stable, et cette conviction efface de son ame toute idee de pru- 
dence et de dignite personnelle ; il se marie sans prevoyance , 
il se livre sans mesure aux passions du moment, et Taccroisse- 
ment immodere de la population vient encore aj outer a la mi-- 
s^re publique. La taxe des pauvres, loin d'arreter ce mouve- 
ment de decadence , a du plutot en hAter le progres en ache* 
vant de dispenser les ouvriers de tout caleul de prevoyance i 
puisqu'ils sont assures, quels que soient leurs malheurs ou leurs 
fautes , de subsister aux frais du public lorsqu*ils se trouve- 
ront reduits k un denuementabsolu.L'effrayanteaugmentatioii 
de cette taxe, qui a plus que double en moins d'un demi-si^cle^ 
est k la fois la preuve et Tune des causes du mal. Dans certai- 
^escontre^ elle ^ale presque le rerenu des terres ; a la fin 4q 



tt64 Economic publique. N* 85 

)8a6 , dans line paroisse du comte de Sommersct, 5,ooo per- 
isonnes sur i3,ooo habitans se trouvaientsansouvrage, etla taxe 
ties paavres depassait i,ooo 1. st. (25,ooo fr.) par mois; dans 
deux paroisses du comte de Wilts, plus de la moiticdes habi*- 
tans etaient nourris sur les fonds de la taxe; on pourrait en 
citer beaucoup d'autres dans le meme cas. Coinme on s'est 
aper^u que ces secours legaux etaient nne prime h la paresse, 
on a imagine dans quelques endroits d'en convertir une parlie 
en salaires, en mettant les pauvres k la disposition des fermiers 
ou en les employant sur les routes. Mais, si ce svsteme etait ge- 
tieralement adople, il pourrait avoir des r^sultats pernicieux; 
caril tendrait a substituer le travail force au travail libre, et 
Texemple des colonies k esclaves a depuis long-temps prouve 
qu'il existe une difference enorme entre lesproduits de ces deux 
genres de travail. Les fermiers anglais en sont si bien convain- 
cus qu*ils pref^rent, aux pauvres que leur envoie la paroisse , 
vn ouvrier libre avec un salaire double. 

Tous ces inconveniens se font sentir bien plus fortemenfc 
encore dans les districts manufacturiers. Jusques vers le milieu 
du i8^siecle la fabrication des tissus, qui partout est la branche 
la plus active de Tindustrie, ^tait restee entre les mains des 
babitans de la campagne , auxquels les fabricans confiaient les 
mati^res premieres pour les tisser et les filer dans les inter-? 
valles de loisir que leur laissaient les travaux champetres. Ce 
mode de fabrication, encore usite dans plusieurs provinces de 
France, suffisait k la consommation du pays et aux besoins d'ua 
commerce limite. L'invention des mecaniques opera h cet egard 
uiie revolution complete. Les fabricans cess^rent d'occuper k. 
domicile les babitans de la campagne, qui perdirent ainsi une 
ressource pr^cieuse pour employer les bras de leurs families 
dans les saisons de repos. Ce fut une des principal es causes de' 
la roisere qui se repandit , k partir de cette epoque , dans cer- 
tains comtes du sud , jadis les plus industrieux du royaume 
et aujourd'hui les plus accables sous le poids de la taxe des 
pauvres. En meme temps il se forma dans, plusieurs comtes du 
nord et de Touest , dans le voisinnge des mines de cbarboa 
de terre, une population exclusivement manufacturiere , qui 
s'accrut avec une telle rapidite que des bourgs obscurs devinr 
rent en ciqquante ans des villes de zoo,ooo dmes. L'^tat de 



Economie publique. 265 

cette . population fut d'abord tres-fiorissant; les mecaniques, 
.en^procurant une immense economie de temps et de main- 
.d*oeuvre, permirent de multiplier considerablement le$produi(s 
de rindustrie^ ct de les livrer a bas prix aux consommateurs. 
Les relations commerciales s'etendirent en raison de ces a van- 
tages ; Tactivit/* des fabriques aila toujours en croissant , et, 
cofome le besoin de bras ne cessait point de se faire sentir, les 
salaires ne cesserent point de s'elever. Neanmoins .cette pros- 
perite n*ctait pas sans melange ; une production aussi deme* 
suree ne pouvait trouver qu'un debouche insignifiant dans la 
consommation interieure. Il faliut etendre le marche dans 
toutes les parties du monde, et Texistence de cette ^norme popu- 
lation industrielle, qui forme pres des deux tiers de la nation 
anglaise, se trouva aissi reposer sur le commerce exterieur. 
Or,.ce commerce est sujet k une infinite de chances qu'aucune 
prevoyance humaine ne saurait prevenir. Les guerres, les revo- 
lutions, les changemens qui surviennent dans les gouts et les 
usages des peuples , les progres meme des lumieres et des in- 
ventions nouvelles amenent presque periodiquement des crises 
qui suspendent I'activite des fabriques et laissent: les ouvriers 
sans'travail et sans pain. Dans une situation aussi precaire ii 
est impossible que i'artisan prenne des habitudes d'ordre et 
d'economie; lorsque les salaires sont elevcs, il les cohsomme 
eu debauches; lorsqu'ils viennent k baisser, il tombe dans la 
plus profonde misere et a recours k la charit^ publique. De 
la cette degradation physique et morale qu*on remarque dans la 
plupart des populations manufacturieres, et qui ne les empeche 
pas de s'accroitre rapidement; car plus le peuplese degrade , 
plus il secoue le frein moral qui seul pout restreindre Taccrois* 
sement de Tespece humaine dans de justes homes. 

En Angleterre, d^uis quelques annees , deux causes ten- 
dent a aggraver encore le sort des ouvriers et k rendre perma- 
nente la baisse des salaires^ qui jusqu'alors n'etait que passagere 
et accidentelle. Ces causes sont , d'une part , la concurrence 
des Irlandais emigres; de Taptre, Tinvenlion et Temploi des 
machines i yapeur. 

Nous avons dejk retrace les effets de Temigration des prole- 
tatres irlandais. Quant aux machines k vapeur , on ne man- 
quera pas d'ohjecter qu'en facilitant la pvoduction , elles per- 



2i66 Ecdnbmie pvbliqM. IS? 85 

jmettroiit de Tetendre k tel point que les ouvriers retrouveront 
par Tactifite imprimee aux fabriqaes plus d'occupation qu'ils 
n'en ayaient auparayatat. Cette assertion , comme presque tous 
ies aii6nies de reconomie politique , n'est vraie que dans de 
€«rtaines limites. Pour qu'elle le fut toujours^ il faudrait que 
Ja production put s'accrditre indefiniment , et dans la sphere 
«troite de Texistence humaine tout a des homes. On a calculi 
qn'acttteHement la Grande-Bretagne possedait 58,ooo mecani* 
ques mises en mouyement par la yapeur ou par I'eau , et pou« 
yant fahriquer des tissus en quantite suffisante pour foumir 4 
la consommation de 6a millions d'hommes & raison de six aunes 
-par an. 11 faudrait que cette immense production fiit ^ peu 
prds doubl^e poikr rendre k la main-d'oeuyre la yaleur que Tin- 
yention des mecaniqoes lui a enleyee^ et il est difficile de croire 
que la consommation prenne jamais un tel deyeloppement. 
Loin qu'il se manifeste de nouyeaux besoins parmi les nations 
ettangeres , les peuples de rEurope ont fait depuis quinze ans 
dans rindustrie des progr^>s qui commencent k restreindre 
d'une mani^re sensible le commerce d'exportation de TAngle^ 
terre. Quant aux autres parties du monde, la plupart des 
nations y sont encore dans un etat yoisin de la barbarie et 
incapables de payer par des retours sufEsans les produits qui 
leur seraieht livres; les Anglais en ont fait la triste experience 
dans i'AmeriqUe du Sud. D'ailleurs , a mesure que ces peuples 
se ciyiiiseront , on doit penser que kur premier soin sera d*e- 
leyer des fabriques qui fourniront k leurs besoins sans le secourd 
de r£urope, comme le font d^jk les !l^tats-Unis. 

tl est done un point ou la consommation ne pouVant plus 
angmenter en raison de Tactiyite de la production, la puissance 
des machines tend k amener une baisse permanente dans les 
saiaires , et Ton pourrait croire que ce point a ete atteint dans 
la Grande-Bretagne depuis que Temploi des machines k yapeur 
y est deyenu general. £n effet, nous yoyons, dans le rapport 
du comit^ , que les tisserands de Glasgow ne gagnent plus au- 
jottrd'hui que cinq shellings pour la meme somme de travail 
qui leur ^tait payee 26 sh. il y a vingt ans , et cela, quoique le 
prix de toutes les denrees ait hausse depuis cette ^poque. Dans 
la derni^re criscf coiAmerciale , les ouvriers des fabriques ne 
gagttaient dims certains endroits que 6 s^. et nitoie 3 ah. 6 d, 



Economie puMiqua. sSj 

(de 5 a 7 francs) pcir semaine, en travaillant i6 ouxSheur^ 
par jour. On coii9oit aisement que, la main-d'ceuvre etant 
ainsi d^preciee, une population toujours croissante et qui n'4 
que son travail journalier pour unique ressource, serait reduittf 
A mourir de faim sans le secours de la taxe des pauyre^, et le« 
details presqu'incroyables que les proc^s-verbaux de Tenqu^t^ 
contiennent sur ies souffrances des districts manufacturiers, ei| 
28269 prouvent que cette taxe elle-meme, malgre son eflrajant^ 
augmentation , n*est qu'un palliatif insuffisant contra un mat 
incurable. 

Ce que nous avons dit des districts manufacturiers de TAnt 
gleterre s'applique k ceux de i'Ecosse, oii la misere n'est pii9 
nioindre. Quant k la population agricole de ce dernier pAyft » il 
ne parait point qu'eile soit dans un ctat.de souffrance inquie* 
tant. Les moeurs patriarchales qui se sont conservees ches lei 
£cossais, et leur excellente administration municipale^ ^n oiit 
fait la nation la plus morale , la. plus religieuse et la plu$ 
eclairee de TEurope. La taxe des pauvres^ quoique fbnde^ sut le9 
m^mes bases qu'en Angleterre , y est beaucoup plus sag^ment 
administree et ne produit pas les hiemes incony eniens. Les districts 
mapufE^cturiersseuls sontenvahis par la demoralisation ^ qui est 
sa consequence ordinaire, et Ton remarque que ces fleaux 8*e* 
tendent a mesure que I'industrie fait de nouveaux progres. 

£n resume y les documeus ofBciels dont nous venons de pr6r 
senter Textrait, constatent que» dans to.ute llrlande et dans le^ 
districts manutacluriers de I'Angleterre etde TEcosse , une pare- 
tic considerable de la population se trouve privee de moyens 
de subsistance , et He pent plus meme s'en procurer par le tra- 
vail ; que, dans les comtes agricoles de TAngleterre , la classe 
ouvriere est presque entierement k la charge des paroisses , et 
que la population agricole de Tj^cosse parait seule avoir 
echapp^ k la misere generale. 

L'etendue et la gravite du mal etant ainsi bien determinees, 
il s'agissait d'en indiquer le remede, et des opinions trea-diver- 
ses furent emises k ce sujet. Les pubiicistes radicaux s'empres* 
serent d'affirmer que toutes ces souffrances cesseraient aussi«> 
tot qu'on aurait proclame la reforme parlementaire. Mais il est 
difBcile de concevoir cpmment cette reforme pourrait influer 
directement sur la situation des clashes indigttiiieft* £11 (^MtA 



a68 Eeonomie puhlique. N^ 85 

les changemens operes i la cime des institutions politiques pro« 
duisent rarement tout le bien ou tout le mal que les partis en 
^ttendent. L'emancipation des catholiques en a ofTert recem- 
ment un exemple; & entendre les defenseurs de cette mesure, 
elle devait ramener snbitement en Irlande le calme et la prospe- 
rite. Ce qn'ils demandaient aete accorde; les loisqui excluaient 
encore les catholiques de quelqucs emplois ont ete abolies ; 
M. 0*Connel est venu sieger au parlement britanniqne ; mais la 
masse du peuple irla Adais est restee pauvre , opprimee et tur- 
bulenle comme auparavaut. Plusieurs economistes avaient pre- 
tendu que la inisere disparaitrait si Ton supprimait les lois c^- 
T^ales qui tendent a elever artificiellement le prix. du'pain en 
prohibant Tintroduction des bles ctrangers , tant que ceux du 
pays n'ont pas atteint sur les marches interieurs un taux exor- 
bitant. £n consequence, on demanda aux ouvriers de Glasgow 
si une baisse dans le prix du pain serait pour eux un soulage- 
ment efficace ; ils r^pondirent qu'ils n'y gagneraient rien , at- 
tendu que dans ce cas leurs maitres diminueraient les salaires 
dans la meme proportion. £t en efTet, lorsque la concurrence a 
reduit le prix du travail de Thomme au niveau du plus strict 
n^cessaire, il est evident qu'une baisse dans la valeur en nu- 
meraire des objets de premiere necessite doit amencr une 
baisse correspondante dans le taux des salaires en argent (i). 
Enfin y quelques partisans exageres des doctrines de Malthus. 
voulaient qu'on arr^tat forcement I'accroissement de la popula- 
tion indigente, soit en rendant les mariages plus dtfficiles dans 

(i) Ost ce qae proava le tableau snWant da tanx des salaires compare 
«a prix des grains pendant HS ans dans une des contrees de TAngleterre. 



















TAUX 


PRIX 




TAUX 


PRIX 




ANNIES. 


d«s salaires 


da quarter da 


AlfNEES. 


dev salaires 


du quarter du 






par semaiue. 


froment. 




par semaine. 


fromenU 






•h. 


sh. 




sh. 


sh. 




1700.... 


10 


48 


1818... . 


18 


8a 




1795.... 


16 


71 


I8I9.... 


16 


72 




1800.... 


21 


105 


1820.... 


14 


65 




1805.... 


18 


87 


. 1821.... 


12 


54 




I8!0.... 


21 


105 


1822.... 


10 


43 




1815.... 


15 


64 


1823. . . . 


11 


51 




1816.... 


16 


76 


1824.... 


12 


62 




1817.... 


19 


94 


1825.... 


14 


66 










WHMIHHrf 









Economie puhUqua.. 369 

cette classe par des lois restrict! ves; soit endetruisaat les chau- 
mieres [cottages) f\\}\ servent d'habitation aux pauvres. Le 
premier de ces moyens est impraticable; il n*y a aucune auto-- 
rite sur la lerre qui puisse imposer un frein ^ la nature; les 
restrictions apportees aux mariages legitimes- nediminueraient 
pas le nombre des naissances. On sait qn'en France, dans la 
capitale et dans les villes manufactiirieres, Taccroissement rapide 
de la population est du surlout au grand nombre des naissan- 
ces naturelles. Qnant au second moyen , nous avons vu que les 
proprielaires irlandais en ont fait Tessai^et nous avons depeint 
les tristes resultats de ce systeme , qui blesse Thumanit^ sans 
aucun profit pour Tordre social. 

Le bon sens public ayant fait justice de la plupart de ces 
theories, on reconnut generalement que le seul moyen d'obte- 
nir un soulagement immediat etait de debarrasser le pays de la 
partie surabondante de sa population , en la transportant dans 
des contrees vierges ou le besoin de bras se fait au contraire 
imperieusement sentir. L*opinion saisit avec ardeur cette espe* 
ranee de salut: il n'y eut qu'un cri en faveur de Temigration, 
non-seulement parmi les riches , mais meme parmi les pauvres 
qui , reduits au desespoir , n'aspiraient qu'^ sortir, d*une ma- 
ni^re quelconquc , de leur affreuse situation. Ce fut done veirs 
Mes moyens de favoriser Temigration des classes infeheures sue 
une grande echelle , que se dirigea toute I'attention du comite 
de la chambre des communes. Deux points principaux appelaient 
son examen; il fallait determiner vers quelle contree du globe 
on dirigerait I'emigration , et comment on fcrait face aux de- 
penses qu'entrainerait une operation aussi vaste. 

La Revue d'^dimbourg a tres-bien expose les considerations 
qui doiveut guiderune population emigrante dans le choix de 
sa nouvelle patrie. II s'agit surtout d'eviter les obstacles qui 
perdent ordinairement les colonies naissantes, et qui viennent 
de la nature ou des hommes. Les obstacles naturels sont Tinsa-t 
lubrite du climat, la difficulte des communications interieures 
ou maritimes , Teloignement de la mere patrie , la sterilite da 
sol et la qualite de ses produits qui offrent plus ou moins d'a-^ 
vantages pour les relations commerciales. Les obstacles de la 
part des hommes sont le voisinage des peuples barbares et hos«* 
tiles, ou, dans les contrees dej^ civilisees , les differences de lan^ 



^^ Eeonomh puhltque; N^ 8S 

gage J de MMsars , de religion , et les vices de Toi^&msation 
sociaie et politique. Mais qui croirait que , passant a Tapplica- 
tion de ses principes , le m^me journal presente a ses compa-* 
toioteS) eomme (e but le plus conTcnable de leurs Emigrations, 
les flonyeaux etats de TAmerique du sud oti se trouvent reunis 
tous les inconTeniens qu*il recommande d'^viter, un climat 
^resqulnkabitable pour les Europeens, des communications 
plus difficiies que dans aucune autre partie du monde, une 
inarchie dont rien n'annonce le terroe , enfin les moenrs , les 

I 

Id^ religieuses et les habitudes les plus antipathiques avec 
4teUes des peuples protestans du nord de I'Europe. Le manvais 
succes de toutes les ten ta lives qui ont ei6 faites pour etablir 
des Colonies anglaises , fran9aises ou allemandes dans la Co~ 
lombie , le Mexique , Buenos-Ayres et m^me au Bresil, prouve 
Assez la fausset^ des brillantes illusions dont ces contrees ont 
^te Tobjet. 

' Au reste, le bon sens populaire , qui s*egare rarement quand 
on Tabandonne k lui-meme , a tres-bien su distinguer les points 
du globe qui r^unissent veritablement les conditions definies 
par la Revue d'J&dimbourg , et les emigrations volontaires se 
sons toujours portees de preference vers les l^tats-Uuis , les 
possessions anglaises de I'Australasie , du cap de Bonne-Espe- 
rance , et du Canada. 

L'^loignement des colonies australiennes est un inconvenient 
^ave , parce qu'il augmente d'une maniere demesur^e les frais 
de voyage des Emigres , leur ote I'espoir de revoir un jour leur 
patrie , et ne permet pas d'entretenir des relations suivies avec 
I'Europe. D'ailleurs , Thabitude de transporter les condamnes 
dans I'Australie k attache a ces ctablissemens une idee d'infamie, 
qu*il serait difficile d'effacer entierement de Tesprit du peuple 
anglais. Le gouvernement a cependant essaye de dissiper ce 
prdjug^ en invitant les ofHciers a demi-soldc des armies de terre 
et de mer , k se fixer dans les colonies de la Nouvelle-Galles 
du Bord et de la terre de Van-Diemen. Depuis 1827 lout offi- 
•ier ayant le rang de capitaine et comptant au moins sept ans 
de service pent, en conservant sa dcmi-solde, obtenir dans 
•es colonies , une concession gratnite de terres , sous la seule 
eotiditlon d*«mployer , en defrichement et en amelioration, une 
fonOM ^gftle h, la moid6 de la valour du fonds. Nous ignofons 



Bconomie p^UqM. %jt 

91 ces odfres oi^t produit I'effet que le miqutere m AttaadAit 
Le cap ()e BoQpe-Esp^rance joint k rincoQveuieat de la dUn 
taqce celui de la sterilite du sol et des incursioius frequentes 
des tribu$ ^fricaines qui entoureut la colonie. 

Aucun de ces desavantages n'es^ k redouter dans le Canada; 
le climat y est k peu pr^ le meme qu'en Angleterre » et le sol 
ie prete a use culture analogue k celle du nord de r£uropis. 
La traversee n'est ni longue ni coikteuse ; le prix du passage do 
Cork k Quebec est descendu jusqu'^ So"^* (environ So''-). On 
calcule que 10,000 personnes , pour la plupart indigenes » pasr 
sent chaque annee de la Grande Brelagne au Canada » et jusqu'^ 
present cette m^sse d'individus a trouve toujours aisementas'y 
employer^ malgre la suppression des travaux pendant les hivera 
longs et rigoureux de ce continent. £n general les rap'porta dot 
oomite sur cette partie de I'enquete sont tres-interess4ns : « Que 
de renseignernens precieux n'y trouve t-on pas»dit Tauteur de Tex* 
cellent article de la Bevue encyclopedique^non-^QwXemeui sur le 
Canada , mais aussi sur la Nouvelle-^cosse , sur le cap de Bonnet 
Esperance, la Nouvelle-Galles du sud et la terre de Yan^Die- 
men ? Des habitans de toutes ces colonies , des negocians , des 
navigateurs sont consul tes par le comite ; on apprend quellea 
sont les ressources qu*offrent ces pays aux personnes qui vou- 
draient s'y fixer, quelles terres sont vacantes dans leur voisir* 
nage^ quelles productions peuvent y reussir , quelle population 
pn y trouve dej4 9 ce qu'on pent y veqdre et y acbeter. Ui| 
Uvre de voyages n'instruit pas k beaucoup pres autant ; car un 
voyage ne presente qu'un seul temoignage, portant presque toui 
jours Tempreinte des opinions et des interets de Tauteur, tan-* 
dis qu'ici les temoignages se corrigent les uns par les autres. 
Que de ressources de semblables enquetes offrent a des legisl^.^ 
teurs , pourvu qu'ils soient independans , et que leurs intereta 
Individ uels se confondent avec les interets nationavil^ I v 

Le comite ayant fixe son choix sur 'le CaUfida j^ il restait en^ 
core un probleme trcs-difficile a resoudre \ c'etait de savoiii 
comment on y ferait transporter cette population suraboQdan,t« 
dont il paraissait si urgent de delivrer le pays. L'emigratioa 
devait etre entlerement volontaire ; car on ne pouvai|; sqnger |^ 
violer le prineipe de la liberie individuelU » qui est la base d4i 
la constitution anglaise* Mais , pour cela ^ il fallait payer le 



fkya Economie publique. N^ 85 

Toyage des emigres el Icar assurer dans lear oouvelle patrie des 
moyens d'existence suffisans pour les determiner a s*y reudre. 
Nous avons vu que des associations s'etaient formees en Irlande 
pour foumirpar voie de sonscription aux frais du transport des 
indigens en Angleterre ou en Amerique ; quelques paroisses 
anglaises avaient anssi affecte des fonds pour le m^me objet sur 
la taxe des pauvres. Le comite concut le projet de geueraliser 
ces tentatives isolees , et de les etendrc ^ toute la Grande-Bre~ 
tagne. A cet effet il s'adressa aux membres des administradons 
paroissialcs afin de les engager a former un fonds commun pour 
transporter ^ I'etranger les pauvres qui etaient a leur charge, 
et se debarrasser ainsi une fois pour toutes de Tobligation de les 
nourrir. Les districts agricoles de I'lfecosse et quelques comtes 
de r Angleterre se montrerent pcu disposes k adopter cette in- 
novation , ce qui prouve que la plaie du pauperisme n'y avait 
pas encore fait de grands progres. Mais tons les comtes manu- 
facturiers et la grands majorite des comtes agricoles anglais , 
particnlierement ceux du sud , y adhererent avec empressement. 
On ne pouvait douter du zele avec lequel les proprietaires ir- 
landais coopereraient ^ unc mesure qu'iis avaient appelec de tous 
leurs voeux. En consequence le comite redigea un plan d'exe- 
cution qu'on frouvera peut-etre assez bizarre , mais qui repose 
cependant sur des calculs specieux. 

La population surabondante de la Grande-Bretagne ayant^ 
^te evaluee , on ne sait trop d'apres quelles donnees^ k 140,481 
families , formant a peu prcs un total de 700,000 individus , le 
comite proposa de partager ces families en 26 sections, ct d'ex^ 
pedier chaque anuee pendant 26 ans une de ces sections pour 
les colonies , savoir : 5ooo families par an pendant les 23 pre- 
mieres annees , 7000 dans la 24^, 8000 dans la 25® et 10,481 
dans la 26*. La premiere emigration de 5ooo families serait cf- 
fectuee au moyen d'un emprunt de 752,600 l.st. (18,812,000 f.) 
k 4 pour cent, dont le capital et les inter^ts seraient garantis 
sur les fonds des paroisses. Ce ne serait point pour elles une 
nouvelle charge ; car ces 5ooo families restant dans le pays , 
leur coiiteraient annuellement, par la taxe des pauvres, 200,000 
Hv. St. , ou quatre fois plus qu'il ne faudrait pour les interets et 
Vamortissement de Temprunt. On continuerait ainsi chaque an-^ 



£conomie puhUqwe. 1273 

nee, pendant vingt-cinq ans, k contracter un nouvel emprunt 
et li expedier au dehors un meme nombre de families. 

Une fois arrives au Canada , les emigres recevraient du goo- 
vernement des concessions gratuites de terres k defricher, et 
on leur. fournirait, sur les fonds de Temprunt, les premieres 
niises necessaires a leur etablissement. Pendant trois ans ils 
seraient dispenses de toute redevance ; mais, a partir de la 4* 
anm'e , ils devraient payer une rente de 10 1. st. par famille, ce 
qui ferait , pour 5ooo families , 5o,ooo 1. St.. , somme egale k 
rinter^t de la somme empruntee pour leur Emigration. £n sup- 
posant que ces redevances fussent exactement acquittees^ tou- 
tes les avances faites par les paroisses , seraient remboiirsees 
des la a5^ aunee, et Ton aurait encore de quoi fournir , sans 
contracter un nouvel emprunt , aux frais du transport des 
io,4Bi families qui devraient composer le dernier envoi. L*emi- 
gration commencerait par Tlrlande, dont la situation exige les 
remcdes les plus prompts ; on s'occuperait ensuite des districts 
manufacturiers d'Angleterre et d'Ecosse , et enfin de ceux des 
comtes agricoles ou la gene se ferait le plus sentir. La direction 
de cette vaste entreprise serait confiee k une commission cen-- 
trale, etablie k Londres , et aux agens qu'elle entretiendrait 
dans les trois royaumes et dans les colonies. 

Pour que ce plan put s'execnter avec succes et repondre aux 
vues dc ses auteurs, il faudrait qu'on fiit assure du maintien de 
la paix generalc et de la prosperite financiere et commerciale 
de la Grande-Bretagne et de ses colonies pendant vingt-six 
ans. II faudrait, en second, lieu que tonslesdefrickemensentre- 
pris par les emigres presentassent un revenu net des la 4® an- 
nee, tandis que sur dix tentatives de ce genre, on en voit k 
peine une qui donne des resultats avantageux. Enfin, il faudrait 
avoir la certitude que la population surabondante de la Grande- 
Bretagne ne se compose reel lenient que de 140,000 families, 
ni plus, ni moins; que cette population nc s'accroitra pas pen- 
dant les a6 ans consacres a Toperation , et que les causes qui 
ont repandu jusqu'ici la misere dans les classes inferieures ne 
continueront pas k produire les memes effcts en jettant de 
nouvelles masses d'indigens k la charge des paroisses ik mesure 
qu'elles croiraient s'etre debarrassees de ceux qu'elles nourris*^ 
sent actuellement. 

F. Tomb XXV. -- FEVRiEa i83i, x8 



Pt^essehtan^ ted objebtiotis, le et)thit6 d^'^^aqu^te iKemandft h 
M. Malthiis si, eti sUpposant qii*Uii bon syst^me de colbuisa- 
tion enkVit au pays titi demi ttiillion de ses habitans potir les 
fbire vivre conjbrtabhemtnt au>del^ des ttiers , le ride he serait 
paA biehtot rempli par d^atltres ptt)l^taires tout aussi tniserables 
. t^ue les prtemiers. Le savant ^eonomiste n'h^ita pas ^ repotidre 
affirmatiy^inidnt k eel te question , en sorte que , selon lui , au 
bout des Viugt-six aus , le nt>mb)re des pauyres k la charge des 
parbisd^ setait^ malgr^ Tl^ttiigration , aussi considerable, si ce 

- » « 

n'(^st plus$ quMl ne I'est ai)jdul:d*hui , et on aurait ainsi depense 
itIUtilenient les satbmes itameuses que demande cette operation. 
Cette dbctrine n'est pas eonsolante ; mais il nous derable diffi- 
tiile de la combattre pat des raisbns solides. Coninient esperer 
^ efflet de delivrer TAn^eterre du pauperisme^ si on laisse 
subsister toutes les causes qui ont fait naitire et qui ehtretieti- 
tient ce fl^au ? La question a ^te trait\ee sous ce point de vue 
^vec une logrque impitoyable dans Tarticle tres- piquant dU 
'Monthly Magdzine. L'auteuf de cet article se deniande k quel 
litrii Tamtocratie anglaise s'arroge le pouvoir de deciarernnnet. 
hbntkttfte une poilion quelconque de la population dti pays ; si 
tout Anglais n6 sut le sol de la patrie commune n'a pas un drbit 
egal k y r^sider et ^ y vivi*e en tmvaillant. H fait remarquer 
cjne les profits de TindustHe et les fermages d«s tetres oht ete 
porties d^ns la Grande-JBretagne au taux le plus exager^ , que 
cette exag^ration a produit les immenses reveniis qui el^vent 
Topulence de Taristocratie anglaise au-dessus de celle de toutes 
les aristoctaties de Tunivers , raais qui ne peuvent se soutenir 
qu'en fe*6dhis^ht les classes labourieuses k un degre de iofiis^e 
iiiconnu aux autres nations.- La hausse des images d entratne 
la cherte du b)e , et cette cherte est maintenne par les lois 
ci^reMe^^ qui interdlsent I'importation des gtains etrangers. La 
hausse des profits a et^ jobtenue par les fabricani) en diminnant 
les frais de production par la substitution des machines au tra- 
vail de rhomme , et de \k est resuUee tine baisse contintie dans 
les isalaires. Ainsi ^ abaissement des sulaires et rencherissement 
des objetsde premiere n^jjessite, tels sent les deux flteaux qtte 
raristocratie anglaise fait peser sur les classes inferieures poiir 
idntretenir ces fortunes colossales qui font Tadmiration du con- 
tinent, A force d'oter aux pauvres leurs moyens d'existend? | 



elte tt ftnl par ikr« nUig^ die ks nourrir ghituilettmti tawsnie* 
ttaiit die ^ trouve en pr^enee cPitn^ masse d'kkdigeos qkii la 
g($ki<^, et ellid i^oudrait ^'leti d^barra^^er en la rejettatit mr iea 
c6tes saoVages d'Hli autre iM^misphilris. Ge projet est eotitrairt 
i ta JuMiee , ^ rhumatiitis , it ia aattire des ehoses ; il est dotai 
impraticable^ el en elfet) naalgre ies efforts de tou^ les bbm^ 
nies ediAires qui <mt coticouru aux travaux du comtte d'ei^ 
^u^te^ il ne parait pas que son plan ait encbne re^u atiojdi 
I tiMnineticenieiit d'^x^cutiom. 

II setail curieux de eoinparfsft* aux resaltats d*uile efaquetk 
ISiice avee tant de soin par ordhs du pariement briiannique; le^ 
mesures prises dans Ies Pays-Bas pat* une soetefee formee to^ 
les auspices du pnnce Frederic pour iaeoldnikitioa des paun*es 
sut ies terres inctiltes dans I'intt^rieur de ce rojauoM. II serait 
ittkeressant aussi de recitercher les causes de Femi^atidn^ des 
pauvres paysa»» de la {Suisse et des bords du Abiti ^ qui ^ dl^uis 
dix atis , ne cesseni ^ traverser ia France pour se rendre aut 
£tats^Uttis oU dans TAm^rtque du sud. Ab milieu dee grandi 
eVikienlens qui ont ^branl^ depuis quelqnes mois Ifes bates 
m^me de Tordre sodal ces Questions ne presenteiit plus un in* 
Ksrih pratique \ mais ed les approfondissatit , on y trouvt^rait 
peut-etre en parties Tex^dication des mouvemeiis popuiaires qui 
Agilent en ce momenl tout Totiesl de i'£ucope» Ds P. 



VOYAGES. 

86> Neux Reise um die Welt. — Nouveau vdyage autour du 
monde, dans les annees 1828 ^ 24 » ^^ <^^ ^^> P^ 0tto de 
KoTZ£B9E» capita inede la marine russe. Deux volumes ; 190 
et 176 p. in-8% avec deux planches^ trois cartes et un ap- 
pendix. Weimar, i83o; Hoffmann. {Gottingische Celehrie 
^/2ze^e/t; jnin i83o, p. 961.) 

Sousfe point de Tue de la geographic, de Tethnosgraphieer de 
l^bistoire liattlreHe , ce voyage nouveau de M. Kotzebue four* 
flit des materiaux abondans. Le but du voyage n'etait pas de 
H\te des d^ebui^ertes , mais de transporter des provisions a^ 
HamtdiatU) 1^ de intt^ |>ettdMit one aanee eontre le com* 

18, 



merce de eontrebande qai se fait dans les possessions l*asse$} 
sur la c6te N.-O. de TAmerique septentrionale. Da reste,le 
commandant avait la facuite de choisir telle route qu'ii lui plai- 
rait. II se rendit d'abord par la mer Baltique et la Manche k 
RiO' Janeiro, puis apres un court sejour dans la merdu Sud, en 
dbufolant le cap Horn. Apres 4tre reste quejques jours au Chili, 
le navire se dirigea vers les iles de la Societe. £t, k cette occa- 
sion f M. Kotzebue donne des renseignemens eurieux sur I'etat 
de llle de Ta'iti. L'aspect de life est totalement change: sans 
donte le christianisme a triomphe, mais ce n'a pas ete sans ef- 
fusion desang, puisqne cette religion a fait eclater une guerre 
civile entre les rois Tajo et Pomare. 

Apr^ la mort de Pomare , qui finit par seconvertir au chris* 
tianisme,mais qui abregea ses jours en faisant un usage immo* 
d^re des liqueurs fortes , son fils , portant le m^me nom , lui 
succeda ; toutefois, comme il etait encore dans les langes de 
I'enfance, les missionnaires gouvern^rent en son nom. lis ont 
introduit une discipline rigoureuse. Le dimanche est celebre 
suivant le rite anglican. La conversion consistc en simples for- 
mules. Le culte se compose de pri^res , genuflexions , etc. 

L'ancienne indu^trie et la culture nationalc qui s'y rattachait 
ont disparu,et Ton ne pourrait af&rmer qu*elles aient ete rem- 
plac^es par quelques chose de meilleur. Le capitaine se rendit 
ensuite auxiles des IMavigateurs, et& Manua, oh les Cannibales 
egorgerent M. Ladgles et ses compagnons^ a Pola et aux iles 
Radak qu'il avait decouvertes dans son premier voyage. Le ca- 
pitaine et ses compagnons y furent re9us avcc des transports 
d'enthousiasme par leurs anclens amis et par les habitansde rile, 
qui les porterent sur les epaules au rivage, aux cris de totabtt, 
totahu, II faut lire, dans louvrage mdme, la description de la re- 
ception de Tequipage et de son sejour dans cette ilc favorisee 
du ciel , et habitee par des hommes pleins de douceur ct dc nai- 
vete. Tons ceux qui la liront en seront emus. Le premier volume 
se termine par le depart de Radak. 

Le capitaine continua sa route pour le Kamschatka. Le 8 jnil- 
let i8a4 9 on arriva au port de St-Pierre et St-Paul. L'etat des 
cboses y a subi peu d'a Iteration depuis le voyage de Famiral 
Rrusenstern ; la population de la peninsule ne s'cleve qu'k /|,5oo 
imes^nn peu plus de la moitie des habitans sont de veritables 



Kamtchadales. Apr^ un court sejour, on fit voile pour la c6te 
'Nord-Ouest de TAmerique. Le 9 aoil^t , on aper^ut le cap Ed- 
gecumbe, 57^ I. N., et le lendemain on antra dans la baie de 
Sitka (New Archangel), lechef-Iiea russe actnel. A New Archan* 
gel , le capitaine apprit qu'il pouvait donner, jusqu'au mois de 
mars 18a 5, telle direction qu'il voiidrait k son voyage; il reso* 
luty en consequence, de se rendre k la Nouvelle Californie^ et 
aux lies Sandwich , pour retoumer ensuite dans son pays par 
les Indes oricntales et leCap: Le capitaine donne des renseigne- 

« 

mens nouveaux sur la colonic espagnole xle St-Fran^ois , dans 
la Nouvelle-Califomie , la plus au nord , appartenant ^ ce pea-* 
pie , dans rAmerique septentrionale. 58** 1. N. 

Le premier voyage du capitaine Kotzebue a fait connaitre 
Tetat dc la mission ou des missions dans cette colonic , etat qia 
depuis n*a point ^prouve ^'alterations essentielles. Depuis cette 
^poque, les Russes avaient fonde, un pen au Nord, un etablis- 
sement h Rosf. lis n'y avaient point attache de mission; et les 
colons vivaient paisiblement avec les habitans. 

On lira avec interdt les nouvelles que le capitaine Kotzebue 
donne sur I'etat actuel des iles Sandwich, depuis la mort du 
grand Tamahama, sous la reine Nomahanna, dont le portrait 
est joint k Touvrage. Le capitaine revint par les iles Mariannes, 
les iles Philippines , le Cap et Ste-Helene, k Cronstadt, od il 
jeta I'ancre le 10 juillet i8a6. C. R. 

87, SUGGIITTA&BLAZIONE, CtC. — RELATION SfJCCIirGTB n'uW TOYAGB 
FAIT DANS l'Ab&UZZE ET UNB PARTIB DES EtaTS &OMA1NS, du- 

. rant I'ete de 1829, par M. Tenorb. In-4* de 90 p. Naples, 
i83o; Imprim. de la Soc. philomatique. 

Ce voyage , dont le recit ne contient que 40 p. » avait pour 
objet de reconnaitre les richesses botaniques de ia contree , et 
de completer la collection du Jardin royal de Naples. M. Tenore 
atteignit le but qu'il s'etait propose, et 5o pages sont remplies 
de la liste des plantes qu'il recueiilit. Il en sera rendu compte 
sous ce rapport dans la 2® section du Bulletm. Nous allons an* 
noter ici ce que quelques-unes des stations du savant voya- 
geur I'ont mis en ^tat de reconnaitre. 

Nous avons deja parle,^^//. VII, n** ao4 et XXI, n*' ao3,du 
projet de dessechement da lac Fucino. M. Tenore visita en pas« 



«li9t )fs fcr^Taw conninences sousi la direction de H« GampaiiUfs 
ingefuevr d^^ ponts-et-cbaussees (architetto di pond ^trade)^ 
]:^ cana], $Qntefr9in a partout une largeur de gpieds, sur 
jQpe )u|qteuf qui varie de lo a la p. On etait dejk parveou ^ le 
4^^(4)«truer d^n3 uil^ longuear d'un mille, quand les terres fan- 
|{ei]se« des champs ])al^ntiQ3| qui lui soot superieurs, 3e sont 
^ont^^ OBl r^Uurde lea Qperation3, mais out porte ^ adopter 
4^ moyens sivirs de pr^veuir un semblable inccmvenient. 
. Arfi\e au Monfff-Car^o, qui domine tout le rameau des Apen- 
iiifias qm»du N.-Q, au S.-E., s'etend presqu'en ligue droite jusr 
qu'au CQte septeotripnal de la vallee d'Aqvila, le voyageurrap^ 
porte les hauteurs qu'ep out donuees plusieurs voyageurs. L'un, 
M. PciGco , ^ trouve que la partie la plus elev^e de cette mon- 
l^tgue est de 9$^ 77 pieds fran^ais au-dessus du niveau de lii 
iner. Up autre , Reus, la fixe a S^iaSS, et uu 3% Schow« k 9,000 
pieds. Adopta^t cette demiere mesure, comme approcbant le 
plus de la verite, le terme de la vegetation dans cette region 
des Alpes napolitaines pourrait etre detennine a $,5oo pieds. 
Au surplus, la neige re(;ouvre constamment le somniet du 
Ifo^ie-Ccirvo , et s*y conserve d'une annee h Tautre. 

If. ICenore a'arrete avec complaisaiice sur le magnifique Pa- 
HQfo/nn dont on jonit du baut d,e cette ipontagn^* l>a vue s'e- 
fend s\^r ijm e&p^ce d'environ 4o milles carres« 

CoiMinuant son voyage , il arrive sur les confins de la pror 
vince de Teramo , peinte en 3 mots par les babitans eux-me- 
mes iPietre scnzm calce , boschi senza frutti y ed acqua senza 
pesci, 

Peu apres, 11 parvient au village d*Acquasanta , le premier 
qui, sur cette route, appartient aux ^tats-romains. II est re- 
nuurquabk par la grande quantite d*eau^ sulfuveus^ qui se 
trouvent dans ime oavenp^ creusee dans les flsAca d'une won^ 
tagiiA. Cetle ^averne elle-meme pre^ente un spectacle mer- 
Yeilleux. &«» parois sonl tapiss«ea d*buJMide$ aw^rve^, qmcoii^ 
traatent avec le& depots sulfnreux quie^ pavent le (ond^etav^ 
ki lumi^re xeflecbie par Teau qui eo oc^ope Doul U p^vimi^^ 
€etie espece de lac esb de forme eUipUque, et a environ kSo 
pieds dans son plus grand diam&tce. La temp^isaUive de r«Mfr,» 
dans cette caveme, est de So;^. II y a aaae^ d^ profond^uff pour 
que Von puisse s'y ba%acr oommQdi^m&ait «i ^iumi 4ang€SP^ Gt^ 



nuiisons pourvues de lils ct de toules l^a commoditesi que p0«^^ 
Yfiut desirer les baigneurs. I4e$ eaux q'ont poiqt ete ai^tyse^, 
mais elles sont tr^s-favarableii pofur les anections cufio^eei ai 
Ifis. maladies qui provienqeot de quelque desordre d^ms les vis- 
ceres du bas yeutre, T«, 

SS.YOTAOB BAITS liES SITTnLOVS DB VONT ElBKOUZ^ DAVtS IS CaU- 

CASCy eutrepris par ordre de Tempereur de Russie en 1829, 
par M. KupFFER, membre de rAcademie des sciences de St- 
Peiersbourg. ln-4® de laSp. St-Petersbourg, id3o; Graeff, 
Leipsig, Cnobloch. 

Le geueral Eqswanuel^ commandant en chef des provinces 
qui enviroannentle Cauqase> aussi distingu^ par sa bravpure et 
son caractere que par ]a protection qu'il accord^ au^ sciences ^ 
apres avoir soumis les Caratcha3i» people circonvoisin de I'El- 
brou^, forma le proje^ d'une reconoaissanoe militaire de cette^ 
contree inters ssante. Ses yictoires Tavaie^t dej^ cQqduit au piedi 
de cette montagne qu'on avait jusqu alors crue inabordable; i\ 
s'^tait convainci^ que c^ mont n'est nuUement; entpure de ma-^ 
rais cpmme les montagnards eu3^-memes le croyait, et que lea 
borreurs dont Timagination de qes peoples TenvironnaU n'# " 
(aient que I'effet ^e leur soperstition. 

JliC but de cette expeditioii etait de recueilUr des renseign^ 
pens sur la conformation du pays, sur la hauteur des manta^ 
gues qui le traversent^ sur la direction et |a prpfopdeur ^esi 
valleesi sur leur richesse en bois, e^ patur^ges, eu mineraux e/^ 
fiutres produits, et de cherchcr des positions cpnvenables poun 
ime ligne militaire qui m^ttrait k jamais les habiutio^s de ^ 
plaine a I'abri des excursions des montagnards. Sous ce poii^t ^ 
vue» Texpedition meritait deja sufdsamment de fixer Taltention 
du gouvernement; mais le general voulut encore Gx^r celle dt; 
V^urope en s'adressant a TApademie pour Tinviter k meitre a 
pix3ifit pour les sciences une oocasiou qui se presentait pour la 
{uremiere fois et qui ne ae presentera plus de sitot. L'Academ.ie 
s'empressa dj^ repondre au d^sir du general. ^{M. Hupffer, 
Parrot et Trifuus furentebargestde rediger un projet de voyag«^ 
Le premier fut mis 4 la tetederexpedition, qui fut composee, avec 
lui, deMM. Lenz^ membre adjoint ^eV^ctudeffi^^ V^^y^Tt <i|uj a 



dfe - ravages. N** 88 

accomp^gne M. de Ledebonr dans ses voyages h TAUai ( i ), et Me- 
n^trieSy coDseryatcur'du cabinet de zoologie de TAcademie. M. 
Lenz devait etre charge des observations physiques, M . Meyer 
de la botanique, M. Menetries, de la zoologie. 

Le rapport de M. Kupffer est partage en 6 sections : i recit 
historique; 2 geognosie; 3 nivellement barometriquc ; 4 magne- 
tisme ; 5 temperature du sol ; 6 observations a&tronoroiques, 
MM. Meyer et Menetries remettront leiir travail sur les sciences 
dont il se sont occupes, 

Tfous ne parlerons dans cette section du Bulletin que de la 
x^^ partie du rapport de M. Kupffer. II sera rendu con/pte des 
autres dans les sections correspondantes du Bulletin. 

Les savans voyageurs quitterent St.-Petcrsbourg le 19 juin 
1829, et rejoignirent le general Emmanuel k Stavropol. Cest de 
\k que commence le recit du voyage. 

A 40 verstes au midi de Georgievsk, Tuniformite de la steppe 
^ui s'etend au N. de la chaine du Caucase est interrompue par 
plusieurs montagnes d'une forme et d'une disposition singulieres. 
Ce sont des hauteurs isolees qui s'elevenf rapidement, tant6t en 
c6nesy tant6t en masses oblongues. L'une d'elies, le Bechtaw (les 
5 montagnes), presente un assemblage de 6 sommets , dont le 
phis eieve atteint la hauteur de 4000 p. au^d^essus du niveau de 
la mer, k pen pres la hauteur du Puy-de-D6me. Une colonic 
^cossaise s'est etablie au pied de cette montagnc; le sol y est 
extr^mement fertile etfournitamplement auxbesoinsdeceux qui 
le cultivent. Le nidrier et la vigne y prosperent. On est etonne 
de trouver au milieu des deserts des indices d'une civilisation 
avancee, des jardins avec des arbres fruitiers et des allees bien 
entretenues; des laboureurs et des ouvriers qui tdchent de s'in- 
struire par la lecture. 

La plaine qui sepa're le Bechtaw de la chaine du Caucase est 
elevee de laoo p. audessus du niveau de TOcean. On y rencon- 
tre plusieurs collines de 1000 k i5oo p. de hauteur; la plus 
reiiiarquable est la Machouca. Cest de sfi-iiiaseque jaillissent les 
sources chaudes du Caucase, si renominees par les effets salu* 
taires qu'elles produisent dans un grand nombre de maladies. 
La fecondite du sol^ la douceur du climat| la variete des sites 

(i) Voyex Bulletin, T. XXIV. 



Voyages. aS t 

rendent cettc contree une des plus belles ct des plus agreables 
delaRussie. 

La premiere chaine du Gaucace est un plateau qui s'eleve 
inseosiblement jusqu'a 8 ou 900 pieds au-dessns du niveau de 
rOcean , dechire dans toutes les directions par de proforides et 
^troites vallees ; des p^turages iromenses sur les hauteurs > sans 
aucunarbre, sans aucune habitation; des abimes dontles flancs 
sont garnis de broussailles et dans le fond desquels on voit de 
petits torrens se precipiter de roche en roche 9^ et U dans les 
crevasseiy, et h. Tombre quelques parties deneiges qui resistent 
pendant la plus grande partie de Fete ^ Faction des rayons du 
soleil. 

La chaine centrale est un plateau alonge de 8 k 1,000 pieds 
d'el^vation, entrecoupe, coinme la premiere chaine, de vallees 
profondes , traverse au milieu el suivant toute sa longueur par 
une Crete de rochers escarpes , d'un aspect pi ttoresque, dontles 
sommets sont converts d'une neige etemelle; cette cr^te forme 
a peu pr^s , sur la moitie de la longueur , une eTccavation tres- 
large etpeu profonde, dont le milieu est occup^ par un cdnc k 
deux sommets , entierement couvert de neige , et sur laquelle 
les parties saillantes du roc qu'elle recouvre , paraissent comme 
de petites tacbes. Ce c6ne est FElbrouz : sa hauteur surpasse de 
3 sk 4000 pieds celle des sommites environnantes. 

Apres avoir attendu quelques jours Foccasion favorable , re- 
tenus par des averses continuelles qui faisaient deborder les ri- 
vieres ct rendaient les chemins impraticables , ainsi que par 
des brouillards epais qui circonscrivaient Fhorizon dans des 
limites fort resseiTees, Fexpedition put, le ai juillet, tenter 
- Fascension de FElbrouz , un des buts principaux du voyage. Les 
savans voyagieurs , accompagnes de quelques cosaques et tcher- 
kesses , parvinrent le soir ^ la limite des neiges. Le lenderaaiuy 
k 3 heures du matin , ils se remirent en route , et au bout d'un 
quart d'heure ils etaient d^jk sur la neige. Au commencement, 
la pente n'etait pas rapide , mais bientot Ta montee devint si 
difBcile qu'il fallut faire pratiquer des gradins dans la neige 
assez ferme pour porter les explorateurs. Cependant ils avan- 
^aient toujours , tant6l en ligne droite, tant6t en zig-zag , selon 
la dif&culte du terrain. La rarefaction de Fair etait telle que la 
resjpiration n'etai^lus capable de retablir les forces perdues ; 



le sans s^agitiit Tiolemmept ei cauaiit deft inflamUMitioitt daiub 
les parties les plus faibles. Cependant ilsetaieot arrWes^ 94|QOO 
pieds av-dessoa du niveau de la Joer , il n'y ayait plus qiiei,4oo 
pieds pour attciudre le sonuuet de rsibrouxn Estr^inenwBt fa* 
tigues^ les Yoyageur^ fureut coutraiots de a'anreter^ M. Xt^om, 
ilTai^fa toujours en escaladant Tecbelle de rochers | ww% 93t^ 
rive au dernier echelon j il se vit encore separe du soounet par 
use surface de ueige qu'il fallait frauchir, et la ufige se trouvait 
tellement ramollie qu'on enfon^ait jusqu'au^ genoui^. II se de-n 
cida dope ^ retoumer sans avoir atteint le sonunet ^ qui ce«- 
pendant n*etait eleve au-dessus de la derniere station que de 
600 pieds \ pen pr^. La descente fut tres-penible et tres-daiH 
gereuse. lis rejoignireut le camp le soir mene, 

Cependant le general £mi«anuel suivait a^ec &a lunette lea 
mouvemens des voyageurs;il les voit s'arr^ter;il voitM,Len« 
^ detacher du groupe, et bient6t il apergoit un seul homoiQ 
qui a devance tous les siutres, qui a d^j^ franchi la surface dc 
neige qui separe du souunet le dernier echelon de rochers; i^ 
a'approche d'uu rocher escarpe qui fonne le somu^t memey ei^ 
fait le touTy se confond avec U couleur noire ^ et dU«c 
paraU derriere les brouiltards dont la vallee s'enveloppe de> 
oouveaui ^t qui iotercepieutla vue de Tf^lbrouA^ On distingu^ 
h, la couleur de sou babit^i que c*est un Tcberli^esse. II etai| 
W beures du matiu^ 

mUar, c'est son noipy avait sa profiler de la gelee matinale| 
il avj^it franchi^ avant les savau^ yoyageurs^ la limite des nei-. 
ges etem^ies, ft etait dejii de retour du soiumet, quandM^ 
Len^arriva ^ la derniere sta^on. Chasseur intrepidci il avail 
«QUvent parcouru ces contre^^, conuaiss^t mieux les Iqcalitesi 
^'etait eleve i des hauteur$ considerables, quoiqu'il n.'eut \^ 
mais tente de gagner le sonmpiet. II arriva au camp une heur^ 
aidant les Acadcmiciens > et re9ut solennellement, k la vue d^ 
tout le cawp s la recowpense de 400 roubles pronuse ^ celui 
qui atteindrait le premier le somo^et de V^lbroua* ^ laqu/ellQ 
on ^outa un morceau de drap pour faire uu caftan^ Une in- 
scription tra^ee sur Tun des rocheirs qui enyironuaient le c^ainp 
cons^cra {a memoire de ce jouf. 

Quoiqu^ dans \k ohaine centrale du Cs^Hej^ on renoonti^Q 

sonven^ d«ii VQchers taiUes ^ pic» desi precapiqes, \^^% d^ Q^f ^ 



viHeft doQt l«i hoida sont vortioaui^ , tonlei^Get bisantri^ d'w 
terrain bouleyerse, qui, tnimeest par le mouveiQ^t. den eaoi^ 
tQp»baiil ^n cascades^ forwent le» elecpens left plus difttipgues 
d'un beau paysagei le Caucaae presfcnte beaupoup mains de sites 
{liuoresqueft que les Alpas de la Suisse et du TjroU L'aridit^ 
qui 1^ caracterise, rvmiforoiite et^ToQ peut: ajJQuter,la simpUr 
fiitddesforqaatioosgeogoosUquea qui ks compoaeiit, cou^lueut 
oeite vivaoit^ dans le& c^uleurSf c^tte Tariete da^s les (^MdtQim, 
isette fraicheur qui donne uo chavmeinexprimable imx vallees 
riantes de la Suisse^ L'ooil du Toyageur cbercbe eu vain une 
' habitation, un champ cultive; il ne voit rien qu'un desert de 
rochers ou de steppes, et cette vue m^me lui est derob^ par 
des broulllards qui l*enTe)cppent presque constamment. 

Le a5 juillet, tous les voyageurs quitt^ent la chalnecentrale 
du Caucase. Us revirent le champ de bataille oii, Tannee pr^ce- 
dente, le general Emmanuel avait livre une bataille aux Garat- 
chai. En continuant leur voyage et suivant le cours de la Ka- 
mara, ils gagnerent la vallee du Kouban. Les mines d^eglises et 
de tombeaux dont le fond de cctte belle vallee est convert at- 
testent qu'elle a ete habiteo autrefois.. lU rencontrerent «oiivent 
des pierres* tant&t eouchees « lantot pla^eea v^rl^calew^n^^ sur 
le^uelles on de^^ouvrait aisementlea tracea d'ux^croix romaio^. 
D'autres pierres» qui parai$saieot d*une date plus r? ceinte^ pcu^- 
tai^at des inscriptions en langue arabe. Plus loiU) ^'elevaif^ul Ws 
r«iiies dWe egli^e bs^tie sur la hauteur d'un rocber eacwirpe* 
Ces ruioesi sant bien ^oi^sevvees) elles foru^en^ uu «arre ^ an- 
gles arroQ^y surmoiitesi d'un« ooupole; Veiitrect efiit taui^Bfie 
vers VO., le fond de Teglise vers !*£• Pq «e, dernier «6te> e||e 
offrail exterieure»eiit trois toiireUes» qtti-0Ovr««poindiMeni Sj^vs 
doutft ^ trots viohea int^riearea desttneesi k %^^yw aulaut 
d'autels. 

Avant d'arriver au pont de pierre du K-ouban^ si^uo k \o 
verstes au^desaus de ees mines > est >iue plaiu^ nouv^te d^ 
mines d'uoi cimeti^ nogau^ Un village ^md^raUe y a¥ait 
-exisie autrefois; il a et^ detruit par lea troupes du g^eral 
Yermoloff , qui a remporle iei une tietoire sanglant^ suv l^s 
Toherkes&es. UndesTeherkoBsea de reseorie, qui avail eoinbatlu 
dans cette journee , avait trouv« aur le ehamp de batailto un 
sahve qu'il munlva k M. K-iqiffor), il pamssail tr^au^ieiHi «t 



a84 Voyages, 

portait rinscription Genoa, £st-ce que les etaUissemens des 
G^nois se seraient etendus jusqu'ici ? 

L'exp^ition arriva le 2 avril k Goriatchevodsk, o£l se ter- 
mina le voyage au Gaucase. MM. Meyer et Menetries resolurent 
de completer au pied des montagnes leurs collections de plantes 
et d'aniiuaux. M. Lenz s'arreta sk Nicolaief^ pour faire des ob- 
servatiODS sur la longueur du pendule \ secondes, conjointe- 
'ment avec M. Knorre, directcur de TObservatoire astronomique 
*li Nicolaief, tandis que M. Kupffer reprit le chemin de Saint- 
Petersbourg , oil il arriva le 49 septembre. Th. 

89. jVarhativs OFTHSLiFEAirn ADVENTURES OF Giovanni FiNATi, 
etc, — Vie et aventures de Giovanni Finati, de Ferrare, qui, 
SOUS le nom qu'il avait pris de Mahomet , fit les campagnes 
contre les Wahabites pour reprendre la Mecque et Mcdine , 
et depuis servit d 'interprete aux voyageurs europeens dans 
les parties les moins visitees de TAsie et de I'Afrique ; traduites 
de rindien,telles qu'il les a dictees lui-meme, et publiees par 
W. J. Banx.es y esq. Londres, i83o ; Murray. 

Finati est n^ k Ferrare; il etait destine & Tetat eccl^iastiquei 
et pendant qu*il cherchait les moyens de se soustraire k un etat 
pour lequel il n'avait pasde vocation , 3onaparte se rendit mai- 
trede Tltalic. Finati, malgre tout ce qu'il put faire, ainsi que sa 
famille, pour eviter d etre soumis a la conscription , fut oblige 
de partir pour I'armee. Le regiment que Finati de^vait rejoindre 
fit bient6t apres partie de Tarmee fran^aise ,et re^ut Tordre de 
s'embarquer a Yenise pour Spalatro en Dalmatie, pres des con- 
fins de la Russie , oil se trouvaient les quarliers de Marmont. 
]>ecetendroit Finati s'echappa avec quinze autres italiens , et se 
rendit en Albanie, ou il lui arriva beaucoup d'aventures plai- 
santes. Ne se trouvant pas suffisamment en surete ii Antivari , il 
s'embarqua sur un vaisseau marchand et se rendit a Alexan- 
dne, oil il s'enrola comme volontaire au service du pacha Mo- 
hamed-Ali ; il alia ensuite au Caire ofi il obtint le grade de <;a- 
poral de sa garde. Mahomed-Ali etait fortement occupe k repri- 
mer la jalousie qui existait entre ses troupes turques et alba- 
naises , mais bien plus encore a exterminer le reste des Mame- 
louks, qui , en divers endroits de TEgypte , se livraient k leur 
aocien usage de pi Her les naturels. Les armes de Mohamed-Ali 



Voyagei. a 85 

^objugneretlt les Mamelouks; queIque$-UDS de letirs chefs trou- 
verent a se placer aii Caire et j devinrent en faveiir; mais bien^ 
t6t lis se mutinerent et causerent tant de troubles que 1e pacha 
se d^termina ^ les detruire entierement. Le r^t que fait Finati 
de cette sanglante execution est d'un puissant inter^t. 

Finati fut ensuite employe dans I'expedition que Mohamed^ 
Ali dirigea contre les Wahabites, pour reconquerir Medine. 
L'j^xpedition manqua , et Finati alia rejoindre son regiment; 
mais les affaires auxquelles il prit part furent si malheureuses 
qu*il crut prudent d'abandonner Tarmee et d'alter visiter la 
Me'cque. Son voyage k cette ville si renommee fut penible et 
dangereux. 

De retour au Caire, Finati ayant abandonne toute idee de 
continuer Tetat militaire, fut amene par une suite d'infortuoes 
& servir d'interprete ^ M. Bankes , en i8i5, pendant le voyage 
qu'il fit par le Nil dans laNubie. Finati fait un tableau extreme^ 
meiit pittoresque des bords de ce flenve celebre, et retrace fi« 
d^Iement les raoeurs des naturels de ce pays. II se separa de ison 
maitre aux environs d*Antioche,et retburna encore au Caire, oil 
il resta quelque temps dans la garde du bey. A la mort de ce 
bey^ Finati suivit M. Salt, Belzoni et autres, dont il n'avait pa 
jusque Ik accepter I'invitation de les accompagner en Nubie, oil 
il leur fut tres-iitile par les connaissances qu'il avait acquises 
daus ses precedentes tournees. 

M. Bankes etant revenu en Syrie et ayant resolu d'employer 
de nouveau Finati , celui-ci re9ut Tordre de se rendre a Jerusa- 
lem, oil M. Bankes s'etait arr^te. Ce voyage foumit k Finati des 
details ext rem ement piquans. Le style de Finati est nerveux , et 
les eclairs d'une vive imagination y brillent par intervalles. Une 
grande partie de ces qualites doit etre reportee k M. Bankes. 
L'impression de Touvrage est tres-belle. Lei" volume est orne 
d'une carte de la Basse-Egypte. {^London and "Paris Observer; 
19 decembre i83o , p. 817. ) L. 

90. Personal narrative of a mission to the south or India. 
— Relation d'une mission dans la partie Sud de llnde, de 
1820-18289 par Elijah Hoole; ecrite par Tauteur lui-m^me. 
In-d^ de ai4 p. Londres, 1829. 

L'autenr de ce voyage, missionnaire dela Societe des m^tho- 



Sft6 jTarts^f. 

distes ii« LoiidF^> oe s'oeeu{ie guer^ qde de T^Uit.des tfiisdicikis 
daas rinde. Eovtfjre k la e6t6 de Coromtadel^ le vaisstsau qui 
\e portaSt fat ineendie pHr la foudre, pr^ de Ceylan; ce n*e&% 
qu'aVtc dfes peiried iafinies ei enbravimt roille dangers qu'ilga^ 
gna Trinciiilnnaleyt d'dii' il se rendit k Madras, ha. missioa dl$ 
eette Till6 a anechaf^dle ; il a attSM ete b4ti dans la ?ikie Nmre 
une.eglise bii I'auteur assista au service ditin o(Bcie en langue 
tamoule ^ devant une noaibt*euse assemblee de fideles; De ma* 
dms il allii en palanquin k Mysore. Sei port^urs^ qu*il plaigaait 
d'abord $ lui {lahiirent tr^s-contens de bpir coiidition. G'est ime 
tlasse d'hoiBiiies tr^s-deHX et qui meritent toute confiance. II 
trouva dans les anciennes capitales de Hyder et deTippo^ de$ 
lMiiTaiQ[ue«l i la plaelie des palais qiii ofnaieiit oes villes; les mau- 
^Me^ nseuls sont restes debouti II y a uae itiissien et une ^ole 
jkBengalorCi L'auteut* Tisita aussi Pondichery^ Tanj^re^ Nega-^ 
fiatnaiti^ville edcore tte^-considerable aujourd'hui^ et les mines 
die Tancienne MavAlipuram$ 4 35 miUes auSudde Madras. Les 
relieft conserves sur ees rntties representent les expiations d^ 
Hajuin^ qui sont tirees du Mahabarats 

Les observations que Tauteur ftiit sar Tetat des missicms de 
Tin^ ne latssent pas beaueoup d'espotr pour i'avenir. Le petit 
liombre lies convertisest peu eoiisid^rable«i en le compare k la 
tnasse de la population; On peut en dive autant du aombre de$ 
missionnaires ; il s'en trouve k peikie un pour un miUion d'in* 
dividuss On ebnnait les obstacles que les missiosndres oat tou- 
jimts i>ebeohtres daauH la dtvisicMa des castes , Surtout des hautes 
i^astes; Ce viilami6 se termine par le retour da Tauteurk Ma- 
dras. Il «B prumel un s^oUd^ { Goetiiag.gekhrte Anseigefti fe-r 
vriferi8Be^n^*3o,3ii) G» 

01. The travels of Ibn IBatuta Les voyages d'lBW SBatuta, 

traduit sur les copies manuscrites arabes abregees , qui se 
trouvent k la bibliotbeque de Cambridge , avec des notes 
explicatives sur Thistoire , la geographic , la botanique et les 
tatiquiles^ par S. Lbe ^ professenr d arabe de runiversite de 
Cababiidge. In-8° de vm et 24a p. Londres, 1829. ( Gotting. 
jgetehrle .Anieigen ; mkt% i830f p. 481.} 

II y a environ onze andees, le pt-ofesyeiit Kosfe'garten de 
<}feiisv9«M pufalia trois fragmeas tres-interessaas du voyage 



d'Ibti BatuU, sttt la Perf»e, les Maldives et le Soadaii^ acGoai - 
pa^<^s d'line traduction ktiiiei M. Apety a aussi publi(& uii 
fraguient de ce Voyage. L'ailteur de la traduction que noUs aik^ 
ttoa^ons, a tire parti de ces flragmeitB, surtout du premier; la 
bibliotli^ue de Ganlbridge en pois^de tin manUscrit dont etie 
•St redevable ail Ax^Vq Burkhardt. Ce manu«crit coincidii, 
m^me pour les Tariantes ^ avec celni que les deux savans alle^ 
maiids out consult^^ et qui se trouve Traisemblablement k Ckitlul. 
Malheureusement les deux manUsc^rits ne renfentient qu*iiii 
fragment de I'ouvrage du voyageur arabe , et m^ece fragment 
est tr^-inegal dans ses diverses patties. Dans plusienrs seti^ 
tions j on ne trouve que les noms des lieux ^t les distances. 
D'autres , au contraire, tels qile ceux que Rosegarnm a public, 
semblent dtre eompleu. BurckhardI assorequ'il existe en Orient 
des manUscrits complets de I'ouvrage. 

Ibn Batttta Tivait dans la pVemi^re moiti^ du *quatDnii^me 
ati^de. Ses voyages s'etendent de tS24 & i3S3-. lis embrasseilt 
toute la moiti^ nn^ridionale de I'Asie, la moitie septentriole de 
TAfrique, et en Europe, TEspagtie. Ibn Batuta doit par oousii- 
quent ^tre raug6 parthi les plus grands toyageurs du moyeh 
Age , et un pareil voyage ne pbuvait se faire qu'ji une i^poqUe 
ou que dans un si^le oii la domination y la religion et la laugnc 
arabes) s*etendaient depuis la mer Atlantiqne jusqu'A Tlnde. 
Toutefois Ibn Batuta n*aVait pas d'abord Tintelition de faii>e 
Un voyage anssi vaste. II voyag^a cotmtoe p^lerin poor visiter 
les tombeaux des saints , et lorsqu'il quitta Tanger^ oil il avait 
4tabli son domicile, il se proposait de se rendre en l^ypte et 
peut^tre ft la Mecque. Ce n'est qu'& Alexandrie , oil il arrtva 
par Alger^ Tunis et Tripoli , qu*il donna des derek^pemens ^ 
son plan de voyage. A Alexandrie > il trouva I'iman Oddin el 
Aral ^ un saint et un faiseur d6 miracles. Voici ce que Ibn Ba- 
tuta dit au sujet de ce personnage. « Etant all<§ le voir un jour, 
il me dit ! I'apprends que vous avea le d^sir de visiter bean- 
icoup de pays etrangers. Je lui r6pondis : Que telle ^tait mon 
iUtentioti , quoique je ne fusse pas encore decide \ aller bi^ 
loin. II me dit alors : Si vous voye^ dans llnde mon fr^re Fared 
Oddin, dans ( Sind ) le 5ind mon frere Koekk Oddin, et en 
Chine tnon frere Borfaan Oddin, salues-les de ma part^ Emer- 
VeiHe %t ses dtsedtirs > je resdlua de parcourir ces paya^ et j'ea<^ 



S88 ' Voyagei, • 

cutai mon projet avec une fermete In^bi^nlablc. » Alois il trst- 
versa tottte'r^gypte > vit Thebes, et ariiva ^ Aidal dans le pays 
des Bejah : tout cela n'est rapportc que tres-brievement. 

La ' guerre renip^cha de se rendre i Jedda. II retouraa au 
Caire , et partit ensiiite pour Jerusalem et la Syrie. II appelle 
Tyi* une place tres- forte , parce qu'elle est baignee de trois 
cdtes par la mer; Biberias etait en ruines. II alia par Baalbek , 
Dlinias, et de Ik , avec les pelerins, au torobeau du prophete a 
Medina. On n'apprend rien de plus sur la Mecque. 

Accotnpagne d*Arabes Bedouins il se rendit a Bassora dont 
les habitans sont si hospitallers envers les etrangers , que les 
voyageurs n*ont rien ^ redouter d'eux. Cette fois il n'alla pas k 
Bagdad; mais en Perse, suivant le conseil qu'on lui ea avait 
donne. Son principal but etait de voir le grand saint Schecka 
Chirag, qui avait determine le sultan d*Isek Mahomet a passer 
de la secte desSch'utes k celle des lunneles, ou des vrais croyans. 
Ce sultan avait d'abord livre Oddin a ses dogues; mais les 
dogues, au lieu de le dechirer, le re^urent avec des caresses. 
Ibn Batuta nomme Chirag vne ville grande et bien batie. Il ne 
la trouve cependant pas comparable k Damas* II n'est pas 
etonnant que des aiitiquites , telles que celics de Persepolis , 
n'aient inspire aucun iateret a notfe voyageur. II en est de 
.memek I'egard de Hilla, Tancienne Baby lone, qu'Ibn [Batnta 
traversa pour se rendre \ Bagdad , odi il recut du sultan un habit 
• d'honneur. Youlant terminer son p^Mrinage , il se rendit alors 
a la Mecque , oi\ il resta trois ans. £nsuite il partit avec une 
caravane de marchands pour TYemen , et de Ik il passasur la 
cote orientale de TAfrique. Ici les extraits deviennent plus eten- 
dus , et nous recevons des renseignemcns sur les villes et les 
contr^es aujourdliui les moins connues, telles que Magadacho 
et autres. Magadacho est une viile tres-grande. Lorsque des 
vaisseauxarrivent, les jeunes gens sortent de*la ville et chacun 
d*cux choisit un marchand pour son bote. Si dans Tequipage 11- 
se trouve des gentitshomraes ou des savans, ils recoivent leurs 
lo^emens chez le Kazi ( president des ecoles ). « Lorsqu'on ap- 
prit, dit Ibn Batuta, que j'etais .irrive, le kazivint avec'ses 
etudians , et m'engagea a Taccompagner. » 

Le kazi presenta Ibn Batuta au sultan qui lui fit des presens, 
et ordonna de le loger dans la maison des etudes qui etait vis-k- 



Vojrag^s. # aSp 

sine du palais. Le kaii Bordan Oddin etait un egyptieq. Ibn Ba- 
tuta vi^ita ensuite Zanguebar^ ZQmba9U et ^uila» Cetaieot de 
petits etats.arabes tels que les Portugais les trouvereiiit plus 
tard. De \k le voyageur se rendit par mer a Dhafar, dans FYe- 
men y d'oOi Ton transporte les chevaux dans Tlnde. U y trouva 
Tarbre de Betel et ( cocos palme ) le cocotier dont il donne la 
description. II arrive ensuite a Ormus dans le golfe Persique. 
La nouvelle Ormus etait situee daps une ile , vis-^-vis de Tan- 
cienne Oripus sur le continent. C^st une grande et belle viUe; 
le sultan y reside. Le sol est partout impregne de sel. Le voya- 
geur donne une description assez exactedes pecheries de perles. 
Un jeinquieme appartient au sultan , le reste passe ^entre les 
mAins des marchands. La ville de Baharein est grande et belle » 
mais la temperature y est tres- chaude et le sable si abondant , 
que les maisons en sont encombrees. Ibn Batuta se rendit de 
nouveau k la Mecque par Tinterieur de TArabie. 

II yit dans le desert une quantite d'autrucbes. II alia ensuite 
par l'£gypte en Syrie , dans TAnatolie et k Constantinople. Dans 
les villes de I'Anatolie il y a partout une association de m^r- 
obands, qui font le commerce de )a soie et qqi reipplissent tous 
les devoirs de Thospitalite envers.les etrangers. lis se nommeut 
lesfreres et babitent des cellules. A Berki le voyageur vit un 
aerolUbe de loo a lao pieds. It etait i^pir, fern^e et tres-dur; 
le marteau meme ne parvenait pas k Ten tamer. Le chemin le 
conduisit alors par Caffa dans le pays des Tatares Usbecl^s. II 
arriva au camp du sultan ou khan , qu'il met au nombre des 7 
grands rois da monde. Son camp ressemblait k une ville. mobile 
ou nomade, avec ses rues, ses mosquees, ses cuisines d'oili la 
fumee montait auic cieux. Le voyageur alia ensuHe k la ville.de 
Bulgar, sur la frontiere de la Siberie, II y r^ut d^s renseigne- 
mens sur les traineaux tires par des chieos , et il en donne une 
description exacte. La ville de Bulgar est frequentee par des 
ms|rchandstres*riches. lis ontchacun ipo traineamx de ce genre 
sur lesquels ils chargcnt leurs marcbaodises. .De \k il se rendit 
avec le camp dukhan ^Astrakban, et fit avec une princesse by*- 
santine une excursion k Constantinople. Apres un sejour d'un 
mois et 6 jours, il retourna k Astrakhan. Plus ^d on le irouve 
dans llnde;, oii il arrive par Chorasesm>.Samarcande, Balk et 

F. Tome XXV. -^ Fkvribr i83o. 19 



ago " Voyages. 

» 

Gabul. A cette occasidti, Ibn Batuta entre dans quelques details 
sur Gengiskan, et les t^rribles devastations de ce prince. 

Plusieurs villes et Balk meme etaient encore .en mines lors- 
que |e voyageur y passa. II airriva par le Panjab k Delhiy ou le 
sultan rinvestit des fonctions de juge; mais il ne les exer^a pas 
long- temps. II visita la c6te de Malabar et le pays du Poivre. 
II rois regnaient sur cette cote, le pays etait parfaitement 
cultive, et ressemblait ^ un jardin. Le commerce etait concentre 
dans les mains de marcliandsmahometans,qui jouissaient d'une 
grande consideration. La place de commerce la plus importante 
etait Calicut, ou les marchands arrivaient des regions les plus 
eloignees. Les marchands mahometans de cette ville sont telle- 
ment riches qu*il eri est qui fretent des navires entiers. Le voya- 
geur se rendit ^ Ceylan par les lies Maldives. II en donne une 
bonne description ainsi que des habitans. lis etaient sectateurs 
de rislamisme. II revint ensuite a Ceylan dont il decrit les pro- 
duits, tels que la cannelle, les perles, les rubis; etalla en pe- 
lerinage iau pic d'Adam. II se dirigea alors par la cote de Coro* 
mandel , vers le Bengale , un des pays les plus riches et les plus 
fertiles , et par le Tibet vers la Chine jusqu'k Pekin. II se rendit 
bientot apres par mer a Java et a Sumatra , et revint plus tard 
dans la Chine, qu'il parcourut dans tons les sens, et sur laquelle 
il donne une foule de notices interessantes. Il y rencontra un 
de ses compatriotes. « Je lui demandai, dit-il« d'ou il etait? II 
me repondit, de Ceuta : et moi de Tanger. Alors il- pleura et 
moi aussi. Plus tard je rencontrai son frere dans le Soudan. Que 
les freres sont eloignes Tun de Tautre ! » II nomme Kansa en 
Chine , Tune des plus grandes villes du monde. Une partie de 
la ville etait habitee par des juifs , des Chretiens et de riches 
mahometans. Ayant trouve k Zactun ( Canton ) des vaisseaux 
destines pour Tlnde, il y retourna avec eux. De Ik il se rendit 
par I'Arabie en %ypte, et d'Alexandrie par mer a Tanger, a 
Gibraltar et en Espagne. Mais il n'etait pas encore satisfait, il 
voulut v6ir le Soudan, traversa le grand desert avec une cara* 
vane de marchands, arriva k Mali ( Melti ) , et de V^k Timbouc- 
tou. Cette ville est habitee en grande partie par des marchands 
de Melli. Ibn Batuta decrit de la m^me maniere qu'Herodote 
I'entrepot de sel etabli k Tagasa. A son retour, il passa de nou- 



Fojrages. apt 

veau par le desert yarriva k Sagelmessa et ensuite k Fez, oi\ ii 
s'etablit et deposa son biton de voyageur. 

D'apres cet aper9a general , il est certain qulbn Batuta est le 
plus grand voyageur du moyen dge^ car Marco Polo ineme ne 
figure qu'apres lui. Le professeur Lee a place sous le texte le 
le nom 6es lieux, en langue arabe. Qoant 4 ses remarques , il 
ayoue lui-meme qu'ii les a faites trop precipitamment. II ne 
inanqne par consequent pas de materiaux pour nn travail 
scientifique plus consciencieux sur le voyage d'Xbn Batuta. 

C. R. 

9a. Erihneruwgen aus Aegypten und Rleinasieit.— .Souvenirs 
de TEgypte et de I'Asie mineure; par A. Prokesgh, T. l*"", 
399 p. in- 1 2. Vienne, 1829; Arihbruster. Tom. II® de 877 p., 
i83o. ( Jllgemeines Repertorium der neuest en in und aas- 
IcendUchen Litteratur\ Tome I®""', i83o,p. 408. ) 

Ce voyage a ete entrepris dans Fantomne de Tannee 1826 , et 
la description , qui commence a Tarrivee de I'auteur k Alexan- 
drie, est fortinteressante, soit soit parce qu'elle rappelle d*une 
maniere agreable une foule de choses dejk connues , soit parce 
qu'elle contient des observations neuves et priginales , presen- 
tees avec esprit et talent. Apres s'etre longueraent etendu sur 
le sol d'Alexandrie et les antiquites curieuses dont il est seme, 
telles que colonnes, pyramides , obelisques , tombeaux, M. Pro- 
kesch demerit successivement Assuan la Syene moderne, avec 
quelques details sur les mines de Syene; les carrieres de gra- 
nit qui se trouvent dans les montagnes qui separent Tl^gypte de 
la Nubie ; les cataractes de Syene; Tile ]£lephantiqe ( chez les 
Arabes Dschesnet el Sag , avec deux villages habites par des 
Nubiens , et quelques mines autrefois forteresse contre TEthio- 
pie) ; les deux temples de Kom'-Ombos* Ces temples sont ei;i 
ruines , .mais leur situation a un caractere pittoresque dont 
rien ne pent approcher. L'un de ces temples merite de servir de 
modeler, au voyageur qui ne se borne pas k jeter un* coup'-d'oeil 
superficiel sur les monumens de I'architecture egyptienne , car 
le plan en est simple et grandiose ou majestueux, et Texecution 
pleine de noblesse. Les deux temples sont de Tepoque des Pto- 
lemees ; mais il est certain que les Romains y ont travaille. 
Dschebel Selseleh (4ombeaux tailles dans le roc, sur la rive 



!ig2 Voyages. 

gauche, et plusieurs niches tailtees dans le roc et soutennes par 
des colonnes ). Ces travaux tombent dans le regne de la dy- 
nastie de Rameses ou Remses. 

L'auteur traite avec beaucoup de developpemens de la ville 
de Thebes. 

Les monttmens de Thebes contiennent les travaux d'environ 
20 sidles, sans compter les i5 si^ctes qni se sont Joules de- 
puis ies ouvrages d'architecture romaine les moins anciens* Les 
ruines donnent [4 Tancienne Thebes un diam^tre de si lieues 
d'orient en Occident, et ll-peu-pres autant du nord au sud. 

Dans le tome II, on trouve d*abord la description de Ten tyre 
( Denderah ). Les ruines sont moins anciennes et mieux con- 
serveesque les precedentes, et le temple de Tentyre est Toeuvre 
d'architecture la plus parfaite que les Grecs et les Romains 
aient executee daus le goiit egyptien. Les ruines de Tentyre 
sont k une lieue du Nil sur la route du desert. Des monceaux 
de decombres tout noirs indiquent la place oii etait autrefois 
la ville. Suivent une foule d*autres curiosites qu'il serait trop ' 
long de rapporter ici. 

A la page 2o5 , Tauteur donne la division de TlSgypte en 
1 4 provinces sous la domination musulmane,et parle de Tad- 
ministration ainsi que des revenus du pays.^ En i8a6, Mo- 
hammed Ali a divise T^gypte en 24 visirats. Le lecteur trou- 
vera des renseignemens tres-precis sur I'administration du pays, 
les autorites, la culture du sol , les produits, les imp6ts, Pim- 
portation et Texportation , le commerce sur la mer Rouge , lei 
caravanesy le commerce interieur, la culture du coton dans 
l*]&gypte et le pay% situe entre les cataractes , au commencement 
de Vannee 1827 ; les fabriques , etc. Le consul general de Suede 
k A.lexandrie en a donn^ la premiere idee , et eo z8i6 la pre- 
miere filature de soie*fut etablie au Caire par des ouvriers que 
Ton fit venir de Florence. L'auteur parle ensuite de Tarm^e 
egyptienne, des ecoles militaires et de la marine , qui depuis 
1814 a beaucoup augmente ; des Bedouins, de leurs moeurs , de 
leurs prejuges y de leurs premiers progres dans la civilisation. 
On compte dans T^gypte inf(§rieure 34 races arabes norioades 
et 16 peuplades de bergers. 

Les souvenirs de I'Asie mineure commencent ^ la page a68. 

Voyage de Smyrne a £phese, au mois d'ayril i8a5. Les rui- 



> 



nes d'Aisaluky dit Tauteur, ont «te long-temps confondues avec 
c^les d'^phesc. Aisaluk est posterieure a la decadence d'tr- 
phese. On a Mti Aisaluk avec les debris de granit et de marbre 
d'j^phese, qui se trouvait dans le voisinage. L'auteur decrit les 
restes de ces deux yilies. 

Le ixoisieme tome de I'ouvrage paraitra bientot. 

93. Receptioit d'uns CARAViiirE A O&ENBOURG. [ Lc Tcmps ; 

6 nov- i83o, p. 47^6. ) 

Les ravages exerces Tannee derniere par le ckolera-morbus 
dans notre gouveroement, ou cette ^pidemie avait ete apportee 
de TAsie centrale, ont necessite de^ mesures de pr^aution a 
prendre, taut pour le present que pour Tavenir. £n conse- 
quence , deux cara vanes » se rendant de Boukhara et de Khiva 
k Troitsk et k Orenbourg , ont ete acretees a leur appi*oche de 
la ligne militaire qui fait la frontiere > sur les rivieres d'Ayati et 
dllek , entourees d'un cordon militaire et purifiees avec toute 
la rigueur des reglemens sanitaires. 

Pour organiser ces quarantaines , la caravane de Troitsk, 
forte de mille chameaux, fut dbposee sqr les bords |de la ri- 
viere de Toousak^ k une distance convenable de la ligne ; et 
celle d'Orenbourg, qui comptait 3,i45 chameaux et i,aoo 
marcbands Boukbares.avec leurs ouvriers , occupa une position 
non.moins avantageuse au cpnEuant de la riviere d'Ak-Bou- 
laky entre le lac des Brocbets ( Slchoutchie ) et la riviere dTlek. 
Tous les marcbands et leurs marcbandises furent alors puri> 
fiees dans de graiides kibitkes ou tentes de feutre erapruntees 
aux Kirgbiz, par la cooperation de Djantouri, fils de Doki- 
gangbir, premier sultan des Kirgbiz orientaux d'Orenbourg ; 
et de Youssouf Nourali , sultan des Kirghiz du centre. C'etait 
pour la premiere fois que les Kirghiz-Kalssaks , habitans des 
Steppes 9 embrassaient avec chaleur nos interets^ense joignant 
a la garde militaire russe, et en faisant, concurremment avec 
nos Cosaques , le service du cordon sanitaire. 

La position pittoresque des camps de quarantaine et leur 
organisation meme offraipnt un coup-4'<^il aussi curieux 
qu'interessant. Au milieu de plusieurs ce.ntaines de kibitkes 
de feutre, entourees d'une garde russe et kirghize, on voyait 
flotter les plus beaux chiles de cachemire et les soieries les 



294 f^ofages. 

plus brilldDies, que Ton avait eteudus pour etre aeres. Des 
Boukhares richement vetus se promenaieot ou prenaient le the; 
les uns fumaient le kalian , d'autres se livaient k leurs jenx na- 
tionaux. Hors du cordon paissaient des troupeaux de chameauxy 
de chevaux et de moutons ; les habitans de la ligne militaire et 
des Kirghiz^ demi sauvages, avec leurs femmes et enfans, se 
pressaient en foule au milieu des Cosaques armes, et profitaient 
de Toccasion pour vendre avec avantage des vivres et d'autres 
objets aux Boukhares. 

Apres avoir achev^ le terme de sa quarantaine , cette riche 
caravane est entree, le 25 aoilkt, au marche d'echange d'Oren- 
bourg dans I'ordre suivant. En t^te s'avan9aient les derviches 
de Boukhara, chantant des cantiques. Les dervicbes se ren- 
deAt k la Mecque et k Medine par la Russie; ils prefereiit 
cette route k cause de la siirete des chemins , quoiqu'elle soit 
beaucoup plus longue que celle par la t^erse et la Turquie 
asiatique. Ils etaient suivis par deux pieces d'artillerie qui 
avaient ete envoyees pour garder les camps de la qua- 
rantaine. Yenait ensuite la nombreuse caravane elle - meme , 
escortee par le d^tacbement de cosaques e^ par une quantite de 
Kirghiz, sous les ordres du sultan Youssouf Nourali; 3,i43 
cbameanx attaches Tun k Vautre , et charges de riches produits 
de TAsie, s'avan9aient majestueusement vers le marche d'e- 
change, en formant une longue file sur la rive gauche de 
rOural. 

Les orientaux etablis k Orenbourg , fiers de la richesse de 
leur commerce , se tenaient immobiles et avec la gravite qui 
leur est particuli^re , sur lelirs chameaux , et semblaient atten- 
dre avec impatience Tarrivee de leurs compatriotes , que les 
avantages du commerce avaient decides k venir se fixer dans 
cett^ville; les plus opulens d'entr'eux accompagnaient la ca- 
ravane , montes sur des chevaux de la fameuse race nommee 
Argamakj et dont les formes peu elegantes sont compensees par 
leur extreme legerete k la course , qui les rend celebres dans 
toute TAsie. 

Ce spectacle curieux avait attire une foule immense. Lecomte 
de Suchtelen , gouverneur militaire d'Orenbourg , accompagne 
d*un nombreux etat-major, s'approcha de la caravane au mo- 
ment oil elle allait entrer au march^ d'echange, et adressa aux 



Voyages, apS 

^aravan-bachas , qui vinrent lui presenter leurs hommages , des 
felicitations sur Theureuse arrivee de la caravane. II remercia 
aussi le sultan des Kirghiz de la part que lui et les siens avaient 
prise au maintien du cordon sanitaire^ et saisit cette occasion 
de leur faire vemarquer les avantages lucratifs et permanens 
que pouvait offrir \k la nation Tescorte des caravanes dans les 
Steppes y et la fourniture desvivres et d'autresobjetsindispen- 
sables. 

Toute la caravane entra dans le marche d'echange , oil la 
douane d'Orenbourg fit deposer les marchandises dans les ma- 
gasins. La plus grande parCie a cependant ^te exp^diee sur le 
champ pour la foire de Nijni-Novgorod. 

94. Voyage vb M. Michaud en Orient. — EjLtrait d*une lettre 
de MM. Stamaty et Collier au general Lachasse de Yerigny. 

Therapia, le la ao4t i83o% 
Notre sejour k Smyrne a ete employe k faire un travail com* 
paratif des cartes qui existent sur \Asie Mineurcy afin de re- 
connaitre les points qui appelaient d'abord nos recherches dans 
la LydiCy la Mysie et la BytinhieJNous n'avons pas ete peusur- 
pris de trouver entre des geographes les contradictions les plus 
choquantes sur cette region qui separeles oapitales de la Tur- 
qiue d' Europe et de la Turquie d'Asie , et qui, parconsequent, 
etant une des plus frequentees , doit etre du n ombre des pro- 
vinces left> mieux etudiees. Les positions g^ographiques des villes 
^taient loin de s'accorder : Thyatir^ ou plus anciennement B^la- 
piaj aujourd'hiH Akhissar^ ville considerable de la Lydie^ etak 
plac^ par Danville aux sources du Lycus j Tun des afHueas du 
Caicif/y tandis que le colonel Lick lasituait aux sources de YHU- 
lusy riviere assez forte quise jette dans TH^rmus, non loin de 
Magnesie, au pied du mont Sipylus. Le colonel Lapie avait 
choisi une position interm^diaire. Jr«i/(fbi<^ n'est pas sur le Cait- 
cus, ainsi que quelques cartes I'indiquent. Mandakhora^ k la- 
quelle aucune ville neparait avoir correspondu dans I'antiquite^ 
se trouverait, d'apres le colonel Lick, sur une riviere assez con- 
,siderable qui porterait ses eaux au CatcuSf et par suite k la 
MediterraneCy tandis que le colonel, Lapte donne & cette vallee 
une pente tout-k-fait opposee; la riviere du colonel Lapie coule 
vers le Nord-Est , sc jette dans le Macestus ^ au«-dessus de 



296 V^ojr0Lges. 

SousgaerU, et les eiiux portees au Bhindakas arriveiit i la mer 
de Marmara. C'est, en un mot , THippiirios de DaoTiile. N6us 
nenoas ^teDdrons pas datantage sur ces comparaisons; elles 
sttffisent pour que Fon sente , et noti« trayail le prouyera d'uue 
maniere incontestable, que la route de Smyme k Constantly 
nopieetait a refaire. 

Nous nous sommes attaches k determiner , autant que possi- 
ble , par des observations astronomiques y les points les plus re* 
marquables; ce n'etaitpas cbese facile dans un pays oi!i les re- 
gains soupconneux des babitans nous duivaient presqw^au mi- 
lieu des buissons oil nous allions nous cacber pour obseryer. 
Plus d'une fois le cavas du consulat de France, qui nous servait 
d'escorte , nous a recommande de ne pas nous separer de lui, et 
nous ecarter de la route. Nous sommes parvenus neanipoins a 
placer onze points et k faire le nivellement de la route ; nous 
n'avons pas negUg^ies observations geologiques, toutes les fois 
que le sol nous permettaitde reconnaitre sa nature et sa struc- 
ture ; des ecbantillons recueillis sur les lieux accompagneront 
cette partie du travail , ainsi que les coupes du terrain. 

Non^portons egatement notre attention , mais d'une maniere 
secpndaire et autant que nos travaux geograpbiques nous le 
permettent, sur les debris que I'antiquite et le moyen iige out 
laisses sur cette terre cel^bre. Nous recueillons les dessins des 
monumens et les inscriptions qui penvent porter quelque lu^ 
mi^resur Tbistoire; ii est difficile, etbienesseotiel pourtant, d^ 
se defaire, dans ce genre d'iuTestigationis, des illusions que Von 
y apporte ordinairement. Un noble voyageur a cm rencontrer 
Alexandre sur les rives du Macestus , qu'il avait cbangees en 
celles du Granique ; les colonnes antiques de Mandakhora se 
sont transformees pour nous en de modestes debris d'une eglise 
du moyen Age. Nous prefererons atnsi toujours porter un exa- 
men consciencieux dans nos recbercbes a leur donner des 
couleurs plus seduisantes et moins vraies. 

Nous sommes arrives k Constantinople le a4 juillet, ayant 
fait moyennement 7^8 lieues par jour. Nous avons eu le 
bonheur de conserver nos instrumens, m^me nos barometres , 
malgre les predictions qui nous avaient ete faites. Nos cbrono- 
metres, sui vis k Smyme et ici, out une marche satisfaisante. 
Nous avons egalement observe le barometre sur les bords de la 



Voyages. . agj 

Medit^rranee^ troisfois par'joui;, auz helires auxqUellesratmo- 
sph^i!^ est.le plus en eqiiiUhre, Qt up jtravail analogue fs^t but 
la merff^we nous donnera le rapport des^haiHeurs moyennes. 
jC€^te$,un mois d*observation$ De pent sufi^re en pareil cas; 
n^ais^ si d'autres voyageurs prenpent le meme soin, pent-etre 
pourra-t-on un joHr reunir un corps d'observations sufBsant, 
et Ton determinera la cause ^.laijuelle sent dus les courans qui 
partent de la mer Noire y suivent le Bosphore^ i^iUonnent la mer 
de Marmara, et Tont se.jeter dans la Aiediiernm^e devant les 
Dardanelles. ( Builetin de la Socidle de g^ographie'^ oct. i83o^ 

p. 194 ). 

9$. ReTOUR d'uITE EXPliDITION ANGLAISE EXfVOYEE DANS l'A- 

MiaiQUE DU SUD. 

Les vaisseaux r^f/f^e/iton^ et le Beagle y employes , sous les 
ordres du capitaine Kimg , k explorer les cdtes meridionales de 
rAmerique^ daos les mers Atlantique et Pacifique, viennent de 
revenir, le premier k Woolirick , le second k Plymouth. 

Les brouiUardsy les rafales de vent^ de pluie, de neige, de 
grele qui tourbillonnent incessamment autour du cap .Horn, 
les Sles fiottantev de glape, les vagues, scmblables k des mon- 
tagnesy comme le decrit Anson, qui menacent de briser les 
vaisseaux audacieux contre des cotes henss^es, out rendu les 
•observations et les materiaux neeessaires pour dresser les car^ 
tes de ces parages difliciles k. recueillir« Cependant les contours 
de la Terre-de-FeUy primitivement dessines par don Juan de 
Xangaraza^ qui avait rasseoible les renseignemens de tous les 
voyageorsespagqolSy depuis le temps deSarmiento, ont ete cor/- 
rigjfe sur les observations de Byron iWalaoe, Carteret, Bougain- 
ville , et enfin don Antonio de Cardova. 

Le capitaine King a commence son exploration, principale^ 
ment dirigee dans les differens canaux du c6te oriental des de->, 
troits,au port de San-Felippe^ nomme Fort-Famine par le voya- 
geurCavendish , qui y trouva les derniers debris d'une malbeu- 
reuse colonic espagnole, etablie en^i 58^ , dans la vue d'assurer k 
TEspagne ce passage, alors le seul connu dans POcean-Pacifi- 
que. vSuivant les rapports de cette demiere expedition, les nom-. 
breux detroits qui sillonnent la partie occidentale sont sembla- 
bles aux longs et etroits canaux reconnus par Vancouver , sur 



ai)8 Voyages. 

la c6te N.-O* de rAmerique du Nord. Comm^ eux, ils so&t sans 
fond y et la difliculte de trouver des ancrages ajoute aux dan- 
gers que fait courir aux vaisseaux la violence des vents. 

Les navigateurs espagnols ont observe , les premiers , la dif- 
ference extreme du caractere des Patagons et de celui des mi* 
serables natifs de la Terr&-cle-Fea. Les sales coulenrs de ces 
derniers rendent leur approche insupportable par Todeur fe* 
tide qu'ils exhalent , et les voyageurs les meltent sur le mdme 
niveau que les naturels des cotes N.-O. delaNouvelle-Hollandey 
race de sauvages placee au plus bas degre de Techelle humaine. 
Les Patagons vivent de cbasse; les hommes de la Terre-de-Feu 
se nourrissent de coquillages. Ils s*accroupissent par famillesur 
la plage ou ils trouvent la plus ample moisson de petoncles et 
d'autres mollusques, et changent de place seulement quand elle 
est epuisee. lis ont peu de rapport avec leurs voisins, que leurs 
habitudes errantes entrainent plut6t dans I'interieur des terres 
que sur des rives steriles. Le capitaine Fitzroj a pri$, k bord 
du Beagle <t quatre habitans de la Terre-de-Feu , dans des vues 
philantropiques ; mais Tun d'eux est dejii mort de la petite- 
verole. 

Le capitaine King a decouvert deux lacs etendus dans Tint^- 
rieur des terres; il a nomme Tun Atwa et Tautre Skyring. 
Sur la c6te occident^le, parmi les iles Guanaco, on a trouve 
des pommes de tefre en pleine croissance , k Tendroit meme 
ou Ton croit qu'un des vaisseaux de Tescadre de Tamiral An- 
son fitnaufrage, en 1740. 

Des details plus circonstancies sur cette interessante expedi- 
tion sont impatiemment attend us. Elle doit enrichir le musee 
anglais de nombreux morceaux d'histoire natureUe, et promet 
de completer rhydrographie de rAm^rique-Meridionale*(i{^ 
^^ue emyclopidique ; Tom. i*', i83i , i'* livraison, p. ai5. ) 

96. Reisen duegh meh&eee Peovinzen Beasiliens.-— Voyages 
dans plusieurs provinces du Bresil, extraits des documens 
qu'a laisses M. W. Ch. S. de Feldicer, lieutenant - colonel 
au service du Portugal, a vol., Tom. i*' i8a p., Tom. a* 269 
p., in-4^. Lignitz, i8a8; Leonhard. (Go^/Zn^. gelehrte Anzei- 
gen; fevrier i83o, p. ao5.) 

L'auteur de cet puvrage entra, en i8o3, dans Tadministra- 



f^Qjrages. 299 

tioh des mines de Portugal, fit la campagne contre les Fran- 
^ais, rentra ensuite dans Tadministration des mines du Bresii, 
suivit, en 182 1 , le roi k Xisbonne, et mourut en 182a. 

Quoique son ouvrage ne soit pas tres-iroportant, il n'est ce- 
pcndant pas enti^rement depourvu d*interet , car non-seule- 
ment Tauteur a parcouru des contrees pen connues du Bresil y 
mais ses etudes et ses travaux Tout mis en etat de recuetllir sur 
la mineralogie et la geographie du pays des donnees qui pour- 
ront ^tre utileinent consultees par quiconque Toudrait en- 
treprendre ulterieureinent un travail plus etendu sur cette 
matiere. L'auteurse plaint des difficultes et des entraves nom- 
breuses qu'il a eprouvees dans I'execution des travaux dont il 
a ete charge par le gouvernement du Bresil , ce qui prouve que 
Tesprit d'amelioration a beaucoup de peine k se faire jour dans 
cepays. 

Le tome premier conlient un apercu statistique du Bresil, 
, qui ^st tres-utile. Le second est consacre au recit des voyages 
de I'auteur, h. son sejour et a ses travaux dans l^s provinces 
de Hio Grande, do Sul, Porto Seguro et Bahia. On y trouve aussi 
quelques souvenirs de Rio Janeiro et de Santa Cruz, auxquels 
. se joignent des appendices sur les Indiens machaculi et la Ian- 
gue des Botocudos , ainsi que des observations sur qnelques es- 
peces d^animaux que Ton trouve au Bresil. Ce tome 2^ se ter- 
mine par le rapport de Pedro Vaz de Caminha sur la decou- 
verte du Bresil, tire de la Corografia Brasilica qui est tres-rare. 

C: R. 

97. Lettre d'Aim^ Bompland, de San-Borja, 28 fevrie): i83i, 

* k M. Dominique Roguin. 

Mon cher et vieil ami, convaincu du vif interet que vous 
avez toujours pris k mon sort , je me hate de vous informer de 
mon depart du Paraguay. Apres un sejour de vingt mois a Yta- 
pua , oili j'ai forme et laisse un second etablissement agricole , 
je suis enfin parti pour le Parana par ordre superieur du 2 (i- 
vricr. Le 8 j'etais sur les rives de ce fleuve, et j'arrivai ]e iS k 
San-Borja. Le porteur de ma lettre est M. Araujo , marchand 
portugais que j'ai connu k Ttapua ; je vous prie de lui rendre 
tous les services qui dependront de vous. La crue excessive des 
eaux du Parana ne m'a pas permis de transporter tous mes effets. 



3oo Voyages. 

Auaskot <}Me ce^rsmsport sera ^ffectue, j'irai visiter les villes des 
MissioBSy sur la rive gauche du Guruguay; ensuiteje m^ ren- 
drai h. Corrientes , oti j'espere trouver tout ce que j'y ai lais$e^ 
particulierement nies livres, qui me sont d'autant plus nece^saires 
que j'ai perdu plusieurs ouvrages dans les premiers mois de 
mon sejour au Paraguay^ De Corrientes, je reviendrai proba- 
blement a San-Borja pour arranger mes affaires, puis je me 
mettrai en route pour Buenos- Ayres , oii j'ai tout le desir et 
le besoin d'ar river. Afin de couper court k toutes les supposi- 
tions fdcheuses que vous et mes autres amis avez naturellement 
formees sur mon existence pendant les neuf annees qu'a dure 
ma detention au Paraguay, je vous dirai que j'ai passe une vie 
aussi heureuse que le pouvait faire un homme prive de toute 
communication avec son pays , sa famille^t ses amis. La prati- 
que de la medeciue m*a constamment foiirni les moyens de sub- 
sister; mais, cbmAie elle n'occupait pas tout mon teipps, je me 
suis livre, par goi^t et par necessite,^ lagriculture^ qui m'a 
procure des jouissances infinies. J'avais aussi etabli une manu- 
facture d'eau'de-vie et de liqueur, un atelier de charpentier et 
une forge ; ce qui non-seulepaent subvenait aux frais de mon 
elablissement agricole, mais me valait aussi quelque argent par, 
la vente d'objets fabriques pour les particuliers. De cette ma- 
uiere je vivais dans une grande aisance. Le 12 mai 1829, sans 
avis preliminaire , les autorites de San-Yago me trajusmirent 
Tordre du Dictateur de quitter le pays. Cette intimation etait 
un melange de justice et d'injustice que je ne puis encore ex- 
^liquer d'une maniere satisfaisante. Bref , retenu depuisle t2 
<mai 1829 jusqu'au 2 fevrier i83i , c*est-k-dire pendant vingt 
mois et vingt jours, j'ai eufin passe le Parana avec tons les hon- 
neurs de la guerre. Cette seconde epoque de mon sejour au 
Paraguay a ete une vraie punition pour moi. Je n'avais fourni 
aucun. motif de plainte ; j'avais essaye de gagner Testime gene^ 
rale; meme le Dictateur, depuis mon arrivee dans la republique 
jusqu'au Z2 mai 181^9, m'avait accorde la plus grande liberte, 
et les autorites du d^partement oil je residais me traitaient avec 
bienveillance. Mais comme toute chose a une fin , le Dictateur 
. a definitivement ordonne mon depart , et il Ta fait de la ma- 
niere la plus genereuse. je suis en liberte, et j'espere vouseip- 
brasser bientot. 



Melanges. 3oi 

Rap]pelez-inoi au s^ottvetiir de teas mes amis ; je n'ai pas le 
temps de leur ecrire ; mais je n'en ai oublie aucun darant ma 
detention. Sans carte geographique , j'ai beauconp Toyage. 
Pendant ueuf annees entieres , je n*ai pas parte francais nne 
seule fois. J'espere done que vous me pardonnerez les fautes 
qui se trouvent dans ma lettre. Adieu I Je suis impatient de 
vous voir , et je vais me hAter de terminer les affaii^s peu im- 
portantes qui me retiennent ici. 

Votre compatriote et sincere ami , Aime BoMPLAin>. 



MELANGES. 



98. SOCIETE GliOGKAPttlQUE DE LOVDRES. 

Cette nouvelle Soci^te, dont nous nous promettons des resul*. 
tats tres-avantageux pour la science et pour Thonneur natio- 
nal , a prospere d'une maniere notable pendant I'interruption 
de ses seances. Nous n*en sommes plus avec elle a des espe- 
ranees , nous avons des faits accomplis. On y compte mainte- 
nant plus de 5oo membres, et la Societe a deja re9u tant de 
documens interessans que dans deux mois un cahier de trans- 
actions pourra etre distribue, quoique la premiere seance or- 
dinaire ait lieu lundi. Tous les membres de la Societe rece- 
vront ce cahier grs^tuitement , et d'apres ce que nous en 
copnaissons^ nous pouvons annoncer, sans crainte d'etre de- 
mentis, que ce cahier fera honneur k la Societe. £n acceptant 
le patronage de la Societe, S. M. a mis k sa disposition une 
somme annuelle de 5o guinees pour fonder un prix. 

La premiere seance ordinaire de la Societe. royale de geo- 
graphic a eu lieu le i^^ nov. i83o; son president, lord Gode^ 
rich, a prononc^ un discours improvise peu etendu, mais 
tr^s-convenable. 

Ensuite la Society a entendu la lecture des proce^-verbaux* 
des Seances prec^dentes, et de cette maniere elle a ete informee 
de tout ce qu'elle a fait jusqu'4 present. Parmi les objets dont 
il a ete fait mentipo se trouvait une cor respondance relative; 



3oa Melanges. 

k uiie tres-ancienne carte du monde conservee dans la cathe- 
drale d'Hereford. Les possesseurs ont offert k la Societe de 
soumeltrececte carte ^ son examen, et leur offrea ete acceptee; 
en m^me temps on a presente un fac simile sur une petite 
echelle, et un memoire rapide sur ce fac simile a ete lu : il est 
de M. Brittouy historien de nos antiquit^s de cathedrales, qui a 
considere cette carte comme le premier essai fait dans la 
Grande-Bretagne pour la confection des cartes. 

Jerusalem est au centre de la carte avec le reste de Tancien 
monde qui est assez bien determine. L'Angleterre, llrlande et 
r£cosse sont dessinees d*une maniere assez correcte et detaillee 
pour qu'on puisse reconnaitre un grand nombre de lieux et en 
dechiffrer les noms. 

La seance s'est terminer par la lecture d'un catalogue de li- 
vres et de cartes dont il a ete fait don ^labibliotheque de la So- 
ciete. M. Murray ) libraire, a offert k la Societe tous les livres 
qu'elle voudrait choisir sur la liste de ses publications. Cette 
offre a ete acceptee av^c des applaudissemens unanimes. 

A la prochaine seance la Societe entendra un rapport sur 
Tetablissement de la riviere de^ Cygnes, ( Swan River ) redig^ 
par M. Barrow d'apres des documens originaux et authentiques 
qui lui ont ^te remis par le gouverneur Stirling. 

99. Societe d'engoueagemeitt des arts, des manufactures 

ET DU commerce DE LONDRES. 

Cette Societe a ouvert sa session le 4 novembre i8^3o,sous 
la presidence de M. David Pollock. La seance a eu lieu dans le 
local ordinaire de la Societe , un grand nombre de membres 
etaient presens. Le secretaire a fait part a la Societe des lettres 
et communications qu'elle a re9ues pendant Tinterruption des 
seances : les comites de la Societe ont ete charges de ]es exami- 
ner.. On a depose sur le bureau des transactions de societes, 
tant etrangeres que naturelies , ainsi que des livres et des objets 
relatifs aux arts et aux sciences offerts k la Societe. Plusieurs 
membres nouveaux ontet^> proposes. On a donne lecture d'une 
lettre accompagnee d'un specimen de soie de Taraignee des jar- 
dins, Aranea diodema, tiree de Tanimal vivant au mbyen d'dn 
appareil tres-ingenieux. La fibre est plus belle que celle du 
ver-a-soie , et plus opaque. La couleur en est blanche et bril- 



^ Table des articles. 3o3 

lante, en sorte qu'elle ressemble plus k du fil d'argent qu'^ 
toute autre substance. 

On a rintention de reprendre, apres Noel, les seances du 
sair, que les membres et les personnes introduites par eux ont 
suivies avec tant de plaidr pendant les deux dernieres annees. 
( Litterary gazette ; 6 nov. i83o , p. 7!i2* ) 



TABLE 



DES ARTICLES DU CAHIER DE F^VRIER i83i. 



Giographie et Statistique, Pages, 

Faakce. — Staltstiqae annaelle de rindnstriey oa Almanach da 

Commerce de Parts ; Bottin 145 

Mesare de la richesse franqaise; Ch. Dopin 149 

Compte general de radministration de la justice criminelle en 

Prance, pendant iSag • 161 

Statistiqne cnriense snr les cimetieres de la capitale; Marchant de 

Beanmont >..... 175 

Slemoire an Roi sar ramelioration de rinstrnction et de rindnstrie 

en Bretagne ; Billiard % ib, 

Rappori an conseil central de salabrite da departement da Nord. 177 

GaAVDK-BRKTAGifB. — Popolation de TAngleterre 178 

Emigratioa des Anglais anz Etats-Unis , ib, 

Denombr^ment des esclaves dans les colonies anglaises. .:....... 179 

Nombre de baleiniers anglais qoi se sont perdas dans le detroit de 

Davis -• ib; 

Statistiqne da parlement d*Angleterre« 180 

Liste da nombre des cores de TAngleterre • <3. 

Prodait net da revena de la Grande-Bretagne 181 

De la presse periodiqae dans les lies britanniqnes 182 

Bapt^mes et sepultares a Londres • 1 83 

RussiK. — Notice snr qnelqaes. classes de la. popnlation en Rnssie. 184 

Lettre snr le commerce ezteriear de Fempire. . • 185 

Tableau comparatif des importations et des exportations da port de 

St-Petersbonrg 196 

Prodait des mines d*or et de> platine ib, 

Eafosition de rindastrie a Moscon 197 

Sur la Lithaauie. 198 

AixEMAGiTB. — Lehrbuck des , etc. — Traite da Droit crlminel en 

vigaear -en AUemagne; Feoerbach. 200 



3o4 Table des articles. ^ 

Ueher die Landfvinktdtmftf eto. -»- Snr I'eUt d« VtgricQhare dans 

le PalatiDat; R«u 202 

Nene Bezirkseintheilung » etc. — Notivelle diTision commanale da 

doche de Gotha 210 

Foira de. Leipzig 211 

EsPAOKm. — Commerce avec l^Espagaie 214 

AsxB. — Etat de la presse dans les Indes 215 

Aprique. — Aegy pun's Eintheiitmg. ^ eto. — Dtviaion', admaniatra- 

tion et reveuas de TEgypte 217 

Documens aatlientiqaes anr la colonie de Sierra-Leone 222 

Amx&iquh. — Be uotre commerce avec les'Aineriqaes occidentales . 237 
OcEAKXx. — Ferslagf etc. — Rapport snr le pays, les habitans et 

les prodacdons de qnelqaes Ipcalites littorales de la Noavelle- 

Gainee 241 

Considerations sar Taccroissement des populations; Ran 244 

Economie publique. 

De la aeoessite d*an aysteme d*edacation ponr la classe alsee 249 

fFkeatlex*s f etc. — Lettre de Wheatley an due de Devonshire snr 

I'eut de rirlande 25t 

Report, etc. — Rapport da comit^' special de la chambre des cotn- 

nranes snr Temigration da royanme nni 252 

Third report,, etc. — Troisieme rapport de la chambre des com- 

mnnes snr les emigrations ib. 

Rapport da comite special de la chambre des communes snr Femi- 

gra^oD 252 

D*na article de la Jtevue da Westmiruter snr Temigration • ib. 

Emigration. . •• ^ i6. 

Ireland, etc. -— Des manx qai accablent I'lrlande. i^. 

F'oyages, 
Neue Reise, eto. — Noaveaa voyage antoar do monde ; Kotzebne. 275 
Succinta relazione, etc. — Relation sncdncte d*nu voyage fait dans 

rAbmzBe ; Tenore 277 

Yoyage dans les environs dn mont Elbronz, dans le Caucase; 

Knpfer 279 

Narrative of the life^ etc. — Vie et avcntnres de Giovianni Fiaati. 284> 
Personal narrative , etc. — Relation d*nne mission dans la partie • 

Sad de llnde 285 

The travels^ eto. *-»- Les voyages d*Ibn Batata. «...• 286 

Erinnerungen , etc--*- Souvenirs de TEgypte et de FAsie minenre; 

Prokesch 291 

R^eption d'nne caravane a Orenbonrg 293 

Voyage de M« Michaad en Orient 294 

Retouc d*une expedition anglaise envoyee dans FAmenqne da Sad. 29& 

Reistn , etc. --" Yoyages diuiis plasienrs provinces dn Bresil 29& 

Lettre d*Aime Bompland 299 

Melanges, 

Society glBOgraphiqne de Londres. ..•» 304 

Societe d*encoaragement des arts , des mannfactares et dn commerce' 

de Londres 402 



^m 



IMPRIMEftlE DE A. FIRMIN DIDOT, 

RUE JACOB, N^ a4- 



BULLETIN 

t 

i 

DES SCIENCES GfiOGRAPHIQUES, 



ECONOMIE PUBOQUE, VOYAGES. 



GEOGRAPHIE et STATISTIQUE. 

lOO. HiSTOBIA STATISTIGJS ADUBfBRATA , SCl'lpsit FranCISCOS 

Jpsephus MoNE , praemissa est oratio de Optimo generc trac- 
tandae statisticae, deque hujiis doctrioae utilitate. 268, p. 
in-4". LouvaiQ , 1828. ( Goettingische gelehrte Anzeigen ; 
nov. i83o , p. 1822 ). ( Fby, Ic Bulletin, to. XVII, no. 322, 
ou par erreur Tauteur est Qomine Moirc. ) ! 

, L'auteurde cet ouvrage expose la methode suivant laquelle 
doit etre traitee la statistique ^.et nous voyons avee plaisir 
que les principes qu'il-adopte tendent a faire de la statistique 
une science qui ne se borne point a grouper des chifires et a 
dresser des tableaux. .Mats ce qu*il y a de plus interess^nt 
dans ce travail , c'est une esquisse Complete de Thistoire de la 
statistique, qui manquait jusqu'a present. L'auteur commence 
par citer et juger les travaux anterieurement faits sur ce sujet. 
II distingue dans I'histoire de la statistique deux periodes : 
Tune ou e!le ne consistait ({u'en une enumeration aride de 
notices , Tautre ou elle:aete traitee dans une forme systema- 
ttque. La premiere remoute.jusqu'a Fantiquite; c'est pour- 
quoi la premiere section de Touyrage contient Thistoire de la 
statistique des peuples anciens , notaoiment des Juifs , des 
Persans , des Grecs et des Romains* L'auteur cite les princi- 
paux passages des historiens anciens qui contiennent des ren- 
seignemens statistiques sur ces nations , les explique et en tire 
des consequences relativcment a leur population , aux ri- 
chesses, etc. 

. La statistique , chez les Juifs , est traitee avec le plus de 
F. Tome XXV. Mars i83i. 20 



\ 



3o6 Geographie 

d^veloppemens , dans le siecie^de Moi'ie et de DaVid. La sta- 
tistique persane est presentee d'apres Herodote ; celle de la 
Grece , d'apres Thucydide $ celle de Rome , d*apres Cesar et 
Taeite surtout ; en sorte qite I'auteiir critique aussi let reo- 
seignemens sur les Helv^tiens , les Gaulois et les Germains. 

De toutes les notions puisees dans les anciens auteurs, 
M. Mone coQclat que / dans Tantiquit^, la statistiqfe etait 
fille du besoin, qu'il n'en existait point de theorie, et que par 
consequent elle ne m^ttait point le nom de science. 
' Bans'la se<^onde section la statistique du moyen^ge com- 
iHence avec le bas-empire , sur lequel toutefois Fauteur est 
sobre de citations. II s'etend datantage sur les etats de TAra- 
bie y auxquels succedent les peuples germaniques , et a ces 
deriaiei's Les «tats^de la Gaule et de I'ltalie. II ne faut paspeip- 
dre de vue que Tauteur n'a promis-que dcs esquisses pour en 
d^duire quelques resultats geoei*aux , sur ce qui , dans le 
inoyen-llge , merite le nom de atatislique. 

La troisieme section cbntient Tbistoii'e deia atatistique dans 
les temps modernes. L'auteur examine les travaux sCatistiques 
des Jtaliens , des Fran^ais , des Allemands , des Beiges et des 
Anglais , avant que la statistique ne f4t deveoue une sdenoe; 
M. Mone eke les auteusrs qui^ chex les Parses » se sontoceu<* 
pes de la statistique, et fait des reflexions, tant sur les causes 
qui ont avanc^ cette scieaceque sar sa natura. G'^st dans la 
derniere periode que I'anteur se livre aux plus longs deve-^ 
loppemens. Elle commence par Achenwall , auquel nous 
devons le premier ouvrage systemattque sur la statistique ^ 
ouvrage public en i^4^.L'auteurdivi5ecette section en sta- 
tistique generale et jen statistique sp^iale des divers etats 9 il 
cite ej; juge les preddiers auteurs qui -ont ecrit sur la statisti- 
que pendant cette.p^iuode, pfirmi eux figure Scbloe^ier. Toute-^ 
fois » nous ferons remarquer.c|ue It premier merite de cet an-*- 
teurconsiste moins dans sa.theorie incomplete de Ja statistic 
que , que dans le service qu'il a reitdua la science'|>ar ses ecrita 
periodiques en iutrodubant la pUblictte, en I'arrachant an 
m^t^re ridicule qui , jusqu^a Lui ^ avuit pese sur elle. G. R. * 

iOl. YoLLSTAENDIGES HaNDBUCH DEB MATHEMATlSCHEff G&OQKk^ 

PHiE. — Manui^l completde la geographic matbematiqpe. 



et Slalistique. 807 

dccompa{;ne d'ane courte eirposition <Ie U construction 
des cartes, des globes artificiels, des me;hodes de nivel- 
lemcDt ^ de la determination de$ hauteurs baromctriques » 

' avec Tindicatioh des lon^^itades et des latitudes gebgra* 

phiques , ainsi que de la Hauteur des principaux lieux de la 

' terre ; piir A. P. R^tEa , i vol. XXVII et 498 p. in-8o.> 

avec 5 plan. May ence, 1828, Florian Kupferberg. (fioet- 

' tiiiffisthe gelehrie Anzeigeri] juin i83o, p. 966.) 

Get oovrage semble cohCenir, au premier coup d*oeii-,. la 
^lupart dei> objets qui sont du domaine de la geographic itia^'- 
theinatique; mais lorsqu'on leconsidere de plu^ prison s'kper* 
'^oit bieDt6t qu*il de saurait ^tre que d'une wtUite bornee > 
soit parce que les dtverses matt^res y sonit presentees avec un 
esprit pen math^tnatique , soit parce que Tauteur a employe 
*d*auciennes determiuaftoofs des grandeurs, Enfin jparoe que 
Ton y trOHve des assertions qfti manqaent eatiereoient de 
clarte et de nettete. Nous ne citerbns point d'exeraple parce 
que nous serlons entrained trop loin , U nous suffira d'avoir 
signale^'d'une maniere generate , a nos l^teurs , le caractere 
derouvrage. G. R. 

5|02. ATTAQCES MALVEILLAlftiES ET B^VuES dViT GAITIQUE AL- 
LEMA50 A PROPOS d'uK OUVRA61B t'BAH^AIS. 

AMonsi^ur'le redacteur du Bulletin unwersel des Sciences: 

Setiion de Geographies - 

Monsieur , le derniet* N"". du Bulletin , -de la Section de 
"Greographie (Oct. i83o), cbntientoin article extrait du jour- 
nal allemand F Hesperus (juin i83o, n^ i32-i38), sur le 
torn. VII du Precis de la Geographic unuferselle^ par Malte- 
Sron*, c'est-a*dtre sur Tun des deax vblumes que j*ai publics 
dous le nom de ce savant> pour teimieiei* son ouvrage. L'ar- 
tide en question est teilement empreint de malveillance et 
de mauvaise foi que j'^ais decide a ne point interrompre 
mes travaux pour y r^pondre Bi quelques amis ne m'avaient 
^ilgage a rompre le silence. 

Sousle titre de Beifues historiqu^s , statistiques etgeogra- 
piques , le cntique allemand signale des erreurs qui seraient 
en effet de nature k ternir la reputation dii Precis de la Gei" 

20* 



3o8 Geographie N**. 162. 

graphic universelle, si elles netaient evidemment interpre- 
tees , ^rossies , ou supposees avec une prevention qui com- 
prcnd dansle meme anatheme tons les geographes francais, en 
avancant qu'il ne faut pas envier a ceux-ci le merite incon- 
testable qu'ils t)nt toujours eu , d'accumuler bevues sur be^ 
i^ues chaque Jbis qiiils out v'X)ulu donner, de leur propre 
fonds , des renseignemens geographiques eu statistiques 
sur VAllemagne. 

Puisque les plus savans geographes dont s^honore la France^ 
puisque des noms tels que ceux d*Eyries , de Walckenaer , de 
Denaix, de Maccarty, de La Renaudiere et de Malte-Brun 
nie trouvent pas grace aux yeux du critique allemand, je ne 
devraispas me plaindre de me trouver en semblable compagnie. 
Cependant si j'avais pris a tache de ne rien tirer de mon propre 
fonds et de tout emprunter , sur TAllemagne , aux geographes 
allemands, ne pourrais-je pas dire, en voyant que je nVi pu 
eviter de tomber dans quelques erreurs, ce que Malte-Brun 
disait en tete du VIP. vol , que TAllemagne avait souvent ete 
consideree comme la croix des geographes ? Les noms de 
Stein, de H asset, de Fabri, d' Hoffmann, de Ruber, de 
Liechtenstein , etc. , places si souvent en notes dans notre 
description de TAllemagne , n'aui'aient~ils pas du premunir le 
critique contre Tidee que le Francais auquel il.voulait adres- 
ser ses rcproches avait tout donne de son propre Jbnds ? IV 
est vrai que les passages qu'il attaque ne portent pas les cita- 
tions des autorites allemandes ; 11 n'en faliait pas davan- 
tage pour les iletrir. 

Examinons cependant les rcproches du rcdacteur de VHes- 
perus, 

II s'agit specialement du grand-duche de Bade : le geo- 
graphe donne une enumeration rapide des produits du sol. 
Voici tout le passage relatif aux vinset au kirchenwasser : 

« La partie de la Foret-Noire comprise dans le grands 
» duche de Bade , rivalise , pour la fabrication du kirchen- 
V wasser, avec celle^qui appartient au Wurtembergj plu* 
» sieurs vignobles sont renommes pour la quantile et la 
» qualite du vin qu'on en retire j les plus connus sont ceux 
» de Constance, que To^ i-ecolte sur les bords du lac, ct 
» apres ceux-ci, les vins de MargiafFet ceux de Bergstrasse. » 



et Statistiqiie. Sog 

D'abord nous ferons reraarquer que dans ce passage il y a 
line transposition de mots, une faute typographique ; il faut 
tire : les plus connus sont ceux que Von recolte sur les bords 
du lac de Constance , etc. Je veux bien xroire que Ic critique 
ne s'est pas apercu de cette crreui* ; mais je demande s'il 
n'y a pas mauvafse foi de sa part Ibrsqu'il rappelle le i>in 
de Constance, si estime des gourmets et que Ton recoUe au 
Gap de Bonne-Esperance , et lorsqu'il dit que Ton ignorait 
que Ton put mettre ces deux vins sur la meme ligne. 

A-t-on cherche par la phrase ci-dessus , assez singuliere- 
ment interprelee , a dbnner une idee exacte du roerite re- 
latifdes vins du grand- duche de Bade? Certainement non. 
On a seulement cite trois des vignobles qui paraissent etre 
tes plus connus. IJh Allemand doit , sur ce point , en savoir 
plus qu'un Francais et pour cause, ce n'est pas la un grand 
merite. Le geographe francais n*a pas pretend u etre plus 
precis que Stein lui-meme qu'il avait sous les yeux , et dont 
voici la traduction litte'rale. 

« Les produits de ce pays fertile et parfaitement cultive 
5> sont ! en grande quantite et de tres^bbnne qualite, des 
» vins (principalement celui de Margraff, pres Badenvrciler, 
» d'Aft'enthal, de Steinbacli, de Bergslrasse, de Laudenbach, 
» d^Emsbach et d'Ortenbourg , celui du lac pres le Boden- 
» see ( lac de Constance ) , celui de Wertheim et celui de 
» Tauber. » (Seeing totn, II , pa'g. 664. — Leipzig, 1825. ) 

Stein met tons ces vins sur la meme ligne : nous avons 
nomme celui du lac de Constance avant ceux de Margraff et 
de Bergstrasse , sans y attacher d'importance ; le ci'itique , 
qui est probablemeot un gourmet delicat , s'affecte de cette 
sorte d'inconvenance, qu'il appelle une Wt^z^e. Nous aurions 
du moins desire savoir de lui a laquelle des trois xiategories 
historique, statistique et geogrdphique elle appartient. 

L'aristarqufi alliemand reprend en ces termes : « Je lis , 
» page 329 , que \'6 Codfe francais a ele remplace , depuis 1828, 
» par lie retablissenaenl dies lois romaihes et des ancienncs 
» coutumes. On voitque Mv Malte-Bmn est beaucoup plus 
» habile que la commission legislative in&tituee depuis plu- 
» sieurs annees , pour apporter au Code badois les moJifica- 
» tious qu'il rtjclame , et travailler a une rouvelle organisa- 



3 1 a Geographic PJ**^ .102. 

» tion judiciaire ; ellc nVpas encore rempli spn impprtante 
AihissioD, et M. Malte-Bi'uh tranclie la question en peu de 
» mots. ». 

Nous repondrons \ cet et range reproche que d'abord il est 

faux que dans la page precitee on lise la date de 1828 : il est 

question plus haut de la restauration du grand-duche et de, 

la constitution que le prince prpniijt en 1816 par un decret ; 

^*est done a cette date que s^ rapporte te retab lis semen t que. 

nie le critique , et qui? probstblement il nous reproche encore^ 

comine une bevue, Ce sera au contraire une bevue de celui-ci, 

ou une erreur de Stein , qui merite cependant un peu plus 

de cpnfiance. Yoici encpre la traduction litterale de ce que 

dit ce geograpbe : « Depuis 18 ^5, le Droit romain a ete mis 

» de nouveau en activity comme droit auxUiaire , jusqu'a ce 

» qu'un droit particulier ai^ pays ( eigenes Landrecht ) soit 

» public. » ( Page 687-) 

11 cite notre texte meme, et il ajoute : « Voila une belle. 
» division de la population badoise i M. Malte-Brun n'a ou- 
» blie que les industriels et lespaysaris ! ! De cette maniere 
» on pent compter comme paysans tous ceuz qui ne sont ni 
» pnnces , ni cotiites , ni chevaliers , ni prpprietaires , ni em- 
» ployes , ni rentiers , enfin ceux q\ii n'ont rien et ne sont 
» rien. ». 

Nous pourripiis lui repropher encpre commc bwue , de ne 
pas s'etre apercu que les paysans n'ont point ete oublies 

II serait trop Ipn^ de rapporter pe que dit Stein sur la 
maniere dont la pppulation badpise est classee, il faudrait 
entrer dans des details sur Torganisation representative du 
pays : npus rappellerons seulement que, dans le Dictionnaire 
geographique unii^ersel , redige par nos meilleurs geographes 
d^apres les renseignemens les mieux cboisis , on lit a I'article 
Bade cettp phrase qui n'est qu^ le resume de ce que dit. 
Stein ', 11 y a quatre ordres de citoyens •* les seigneurs y 
les chevaliers , les bourgeois et les paysans ; le premier 4^ 
des priifUeges : tous paient l*imp6t, » 

Rapportons enpore les propres paroles du pritique alle- 
mand : a On lit (page 335) qu'en 1802 on a decouvert , pres 
» d'Ettlingen , les restes d'une cite romaine ; mais qu*on n'a^ 
» pas encore decide si c ctait une villc. M. Malte-Brun aurai( 



et Stalisiique, 3i> 

» su SI c'etait one vilie ou uoe ifUla , «n lisant le Dietionnair% 
» de la geographie ei de la statUtique ancier^ne du pay^. 
II de Bade , par Kolb, qui a ete piiblie ea i8o4«» 

Afin de pouVoir faire un reproche , le critique tronque le. 
passage, que void tettuellement : « Enire Dourldch et Ettlitif 
» gen 9 on a d^couvei^t, en iSoa , les restes d'une cite romaine , 
9 jiiais nous ne savoBS point encore si les antiquaires out decidi, 
» qu'elle etait cette ville* » Ce qui est bien different. Nous. 
igooron& si, dans le Dictionnaire deM. E.plb» nou&aUrions 
trouve des details qui etablissent quelle etait cette vitle .an- 
tique ; nous n'avons pas cru que ce fut une question bien. , 
importante dans un Precis , qui n'^st point une geographie 
ancienne , surtout quand Stein lul ,meme , qui doit eoonaitr^> 
Touvrage de M. Kolb, dit seulement que pres d'Ettlingen 
'd existe des ant iqidtes romaines. 

Le critique signale epcore.cQinme.iipe erreqr le passage ;OUv 
le Precis donne une ecple foi*estiere a Fribourg : il ajoutex 
que jamais cette ville n'a possed^ un semblable etablisse^ 
ment, qu'Heidelbei^ seul en a. un, que pous^ avons juste- 
ment mentionne. U est possible que le redaqteur de Yffes-* 
perus ait raison cette fois; mais qu'il ncfus.spit pei'iniB d'en 
douter lorsque Stein et Fabri di^nt positivement le con- 
traire. Si ces deux geographes atleniands se trompent, nous 
n'avons pas commis la b^ue qu'il UQiis reproche ;yil5.diseQ| U 
verite , la beifue retoinb^ra encq^c sur Tai^starque, si prQv^nu 
contre les geographes fran^ais. £h bien! Stein et Fabri uqs 
guides , donnent up iT^stimt foresiier^, ( Fgrst insiitui ) a 
Fribourg. 

ffotre infaillible critique tc^mincuspii article par I'arnSt 
suivant : « On rencpntre 4^ pareiilles bevues k chaque instant ^ 
» dans les descriptiQ^ qiiQ Fauteur donne de la Baviere et 
» du Wurtembergf » 

Nous n'avouf ciertainement pas la, pretention de n'avoir 
oommis aucuneerreur : on s^it que, malgre les soinsles plus, 
minutieux et les m^lleurs reo^eigoemens , il est impossible 
d'arriver sous. ce rapport, a la perfection. Quelque zele qu'un 
auteur mette danis ses rechercbes, il pent arriver qu'il ne 
trouve pas dans les su^r^ages de tons les lecteurs la r^m- 
pense de les tr ay auif mais.il est bien kplaiodt^ d'^tire expos^ 



3 1 :i Geographic 

a se voir juger par un critique tel que celui dont nous ve- 
nous, de repousser les attaques malveillautes. 
Agreez , monsieur , etc. 

• _ 

J.-J.-N. HuoT, auteur des Tom. tii e^ viii dela 
1'*. edition du Precis de la Geographic universelle, 

io3. £tat des convaissances 6EOGRAPHIQ1TES des Y^uitiens. 
in-8®. d'une feuille. Paris , 1826; Goriiam. 

io4> Umrisse nagh des natub. — Esquisses d'apres nature^ par 

J.-F.-Louis Hausman. In-8°. de x , et 2i3 pag. Gocttingue , 

i83i; Dietrich. 

M. Hausman a ecrit les esquisses contenues dans ce volume 
a des epoques assez eloignees les unes des autres ; malgre cela, 
elles portent la meme empreinte , le m^me sentiment pour 
ce qui est beau et grandiose ; on retrouve dans chacune d*elles 
la meme clarte et la m^me elegance de description des con- 
trees pittoresques que Tauteur a visitees a dies intervalles plus 
on moins longs. 

- Le premier Memoire, deja public en 1807, dans le Magasin 
de Brunswick , nous presente la Scandrnavie avec ses con- 
trastes et cette physionomie unique qui distingue les regions 
septentrionales des autres parties de TEurope. 
' £n quittant la Basse-Saxe on perd d'abord de vue les on- 
dulations qui forment les avant-postes du Harz , ptiis les con- 
toui*s plus saillans des environs du Broken , et enfin on n'a- 
percoit plus qu'une incommensurable piaine. Dans le voisi- 
nage de I'Elbe, de legeres ondulations apparaissent et sc 
perdent de nouveau dans le Jutland. Sur Fyen et Seeland , 
et les autres petitesilesdanoises, la vegetation devient puis- 
sante, et de magnifiques for^ts de hetres se produisent de 
distance en distanced Au 56^ degre de latitude nord Faspect 
du pays change totalement et prend le caractere qu'il conserve 
a t ravers toute la Suede. 

Le roc solide, voile par une legere conche'de terre qui nourrit 
seulement le sapin et le bouleau , est interrompu alternative- 
taent par des lacs et quelques couches de* terre pliis epaisses. , 
Le Gothland, une partie du Nerike, du Westmannland , de 
la' Sudemianie et de Bleking presentent des teiTains fertiles , 
legerement tourmentes , ou apparaissent ndanmoins quelques 



€t Statistique . 3 1 3 

rocbes qui intervertissent ainsi la vegetation. Gette disposition 
a lieu dans les parties les plus eloignees des monts , et se sou- 
tient dans toutes les portions cultivees de la Suede. Cest en 
ceci , et par les nombreux torrens et cataractes , que ce sol 
difiere du n6tre. 

La structure des montagnes de la Suede n'ont pas d'ana* 
logie avec les n6tres : le pays est coupe dans les directions 
les plus diverses et les plus opposees ; des branches secon- 
dairies , se detachant des masses principales , forment tant6t 
des vallees ciixulaires , des excavations et des cavites, tan- 
t6t des defiles et des crevasses d'ou se piecipitent d^impe- 
tueux torrens au bord desquels le roc seleve perpeudiculai- 
rement k des hauteurs considerables \ les pentes plus donees 
sont couvertes d'arbres resineux ; la beaute des for^ts sue- 
doises n'est surpassee que par celle des prairies qui les en- 
tourent generalement. 

Quoique la Suede ne soit - reellement qu'une masse im- 
mense de rochers , on y trouve cependant , en exceptant 
Stockholm et Gothembourg , peu de maisons b&ties en 
pierres : elles sont pour la plupart , et surtout a la cam- 
pagne , construites avec des pieces de bois oouchees longitu- 
dinalement ies unes sur les autres, et dont les bouts sont 
assembles dansr un poteau vertical. La monotomie des vastes 
forels est dorrigee par les nombreux lacs qui remplissent les 
vallees, et dont le silence imposant n'est interrompu que de 
temps en temps par le son des cloches du betail. 

La Norvege , comparee a la Suede , est une montagne uni- 
que et non interrompue , dont les bras renferment de Ion- 
gues et fertiles vallee&» %parsemees de maisons de campagne 
et de belles fermes. Les grandes et nombreuses echancrures 
du littoral sont. g^nies de mats qui viennent se confbndre 
avec les habitations des c6tes. 

L'hiver tran$forme les regions bor^ales , et leur donne un 
aspect bien different, mais peut-^ltre plus beau : les plaines 
gladales cbntrastant avec les sombres for^ts , et les cimes blan- 
chies, edairees par le soleil, presentent un spectacle bien im- 
posant ; et lorsque , dans une belle nuit et par un ciel etoile, 
les rayons des aurores boreales s'el^ent vers le ciel Tobser- 
vateur est saisi d'etonnement* • 



1 

i 



3 1 4 Geographie 

Le second M&ioire nous donnfe des descriptions plus spe- 
ciales, mais egalemeot interessaDtes. M . Uaustnatin visita , en 
i8i6» la vallec de Chamouny en SaToie , et Gourra'ayemv 
eu PiemoDt, 

La partic sud du Mont-B]anc , le col de la Seigne , le col de 
Vosa , le col de Geant« la vallee de Montjo^e ont vu tour a 
tour rinjtjepide voyageor qui a si bien senti et pi^sent^ les. 
grands ph^Domones des Alpes. 

Les excursions faites en iSaS* auK environs du Puy e^ 
Yelay^ font robjet de la ti*oisie]iie esquvise , qui est ^gale- 
ment ricbe de devils et dVtiks observations. L^auteur en 
partant d'Issoire est arrive par Brioade » en visitant en pas- 
sant le cbilteau de Ppligoac , au Piiy. Apres avoir explor^ les 
environs de cettie ville anc^^nne el remarquable spiis \^ rap-, 
port geologique » M. {lausmann prit la route du Daupbine. 

Le memoire suivant , intitule Coup^ti^ceU mc /4 nature de 
V Europe meridionah, contient ^o d^ssin large et rapide du 
Midi. L'It£|lie , dpot la cbatne des Apennins derermine la 
form^ et la directi^i, est decrite dans 1^ premier parar 
grapbe. Les donn^es ,gifegnostiques et de aivellement que 
Tauteur donne sur la cbdin^ qui traverse tonte I'ltalie y et lea 
comparaisons qu'il etablit entre l^s Apennins et le Jura, de- 
celent la baute portee de ses vues geologiques. 

Les Pyrenees forinent le lien qui attacbe l^Espagfie et le 
Portugal k TEurope i sans ce niiir colossal , TAtlantique et la 
Mediterranee se reunir^ent , et l^flspagne , au lieu d'etre une 
Peninsule, serait une l)e. Mais^c^ qui est d'une part un lien, 
' est de I'auti^ecdte la cause de la c^ifiliretice la uiieut determi- 
nee > tant die la nature , que 4es faommes. 

Apres avoir presente Taspect general de TEspagne, la forme 
exterieure et ia structure des montagnes, Tautenr conclut 
que toutes les parties de cette region n'ont pas le m^me type. 
Le nord , qui compi^end le revers meridional des Pyrenees , U 
Galice, les Asturies, les provinces basques, la Navarre, la 
Catalogue et TAragon , a un caractere tout autre que la Cas-^ 
tille , le Leon etFEstramadoure. La partie sud, qui est limits 
au nOrd par la Sien^a-Morena , difiibre encore de celle-d* 

Un paragrapbe de ce quatrieme m^oire etablit la diSi* 
f^nce entre la pbysionomie du sol de I'Espagne et de l4 



France ; et de la l*aij(teur nous conduit par les provinces basr 
f ues, dans la Castille , puis dans la Sierra-More n a , la valleo; 
du Guadalquivir, Ic^ mpintagnes de Jaen , dans le ix)yaumQ 
^e Grenade, la Grenade, la Sierra -Nevada, les A.lpujaras, 
vers la cote meridionale , sur le rocher gigantesque de Gibral- 
tar, d*ou il npus I'ait contempler le littoral d'Afrique et le ca-; 
tial etroitqui laisse echapp^r laAledit^rraneedahsrAtlantique. 

Tb.Fix. 

io5. Aper^u s'^ATisTiqcE DE LA Fbakce. — Tableau de sa 
superficie par nature de culture et des revenus. {Annuaira 
du depart, de la HauUrf^ienne.^ i83i » p. 4<^..) 

Cet-aper<^u contient, oiitre quelques donnees generales sur 
la situation et la toppgraphie de la France , un tableau de la 
^uperiicie des differentes natures de culture qui composent le 
territoire et le chtifre du revenu de chs^cune de ces cultures. 
Nous regrettons que Tauteur . n'ait point indique les sources 
dans lesquelles il a puise , ni les documens qui put servi de 
base a son travail. Gette precaution nous e^t donne les moyens 
d'apprecier eiactemeiit les element qu'il nous presente, etleur. 
aurait en m^me temps assui*e une ai^tl^enti^te qui l^r manque 
par leur forme actuelle. 

Nous ne connajssons guere que le rapport de M. Hennet 
sur le cadastre , qui offre quelqae chose de cpmplet sur la 
tnatiere ; et , si I'auteyr y a puis^ ses i*enseignemens , nous^ 
devops avertir qulls sont deja bien siirannes. ; neanmoins , 
pous croyops devoir les transcrire ici. 

La superficie de Tetendue teiTitc^iale de la France, qui , noi\ 
compris le departement de la Corse ^ est de 5(, 91a, 06a hec- 
tares, se trouve repartie entre les diverses natures de pro- 
priete , avec TindicatioD du revenu net de cfaacune d'eHe^ i^ 
f \psi <](u'il si^it 1 



3i6 



Geographie 



r 



Propriete'f non Bdlies, imposahles. 



Terres labonrables« . • - - • • 

Fre« 

Patures 

Vignes 

Jardins poUgers 

Oliviers 

Plants de mnrlen. .> '•• 

Vergerji 

Houmornieres et cbenevieres *" 

Chataigner^fies •• 

Bois taillis. . • . * 

Bois fuUies ..* 

Oseraies, aulnaiea et sauasaies •.....•>••• 

Pepinieres. 

Jardins d'agremens , pares, etc • • 

Cultures particulieres a certaines localUes , non compri&es 
daas les preced*ntes ( tabaca , g a ranees, etc..) ..... 

Terres vaioes et vagues, bruyeres, landcs , etc 

Tourbieres. ...» 

Carrierss et mines 

Rtangs 

Marais. .,- 

Canaux de navigation 

Ganaux d'irrigation 

PrapridUs^ non bdties , non-imposahles. 

supunciK. 
Hectares. 



sorEKricii. 
Hectares. 



34,895,776 
3,908,000 
4jOa5,ooo 
3,337,000 

330,000 

43,000 
i3.ooo 

359,000 
60,000 

4o6,ooo 
7,179 o4i 

406,334 
53^000 
»o,ooo 

(39,000 



930,000 

4,64o,i37 

8,000 

38,ooo 

353,000 

i9(>.o«.a 

8,oco 

3,000 



Forets de TElat '**.** 

Rues, places, promenades publiqaes, routes et chemins. 

Rivieres, ruisseaiix , lacs •• 

[Glacieres , rocliecs et montagoes sterile* 

Cimetieres 



TOTAOX. 



1,133,833 

1 ,370,000 
565,000 
317,000 
.000 



\ 



3,380,833 1 



Propriitis hdties , imposahles, 

I 



Maiaons < 

Moulins • 

Dsines et manufactures. . 

Batimens divers 

Forgoes et fournaux. . . • 



TOTAUX. 



JIOMBAB. 

5,4^1,000 

76,000 

35,000 

i4>ooo 

s,ooo 



supxRricix. 
Hectares* 



a65to6ft 



I a65^6a 



Proprieles bdties nori'lmposahles. 



Rglises, temples et presbyteres. ....... 

Bdtimens de i'Etat ou destin. au serv. public. 



TOTAUX. 



HOMBEE. 

56,ooo 
33,000 



SUPKRriCIK. 

Hectares. 

3,aoo 
4,000 



RECAPITULATION. 






Proprietes non bAties imposables. . . . 
Proprietes nou bdties non-imposables. 

Proprietes baties imposables 

Proprietes bdties non-imposables. . . 



TOTAOX. 



7,000 



SOPEEriCIX. 

Hectares. 

48,357.168 

3,38o,833 

345,063 

7,000 

51,890,083 



RETEiro. 

Francs'. 

676,377,000 

313,009,000 

5i,73i,95o 

100,3 1 5, 000 

a3,i8),ooo 

3,977,000 

780,000 

26,787,000 

3,3 1 1,000 

4,410,000 

64,70'7,485 

5,o3o,ooo 

3,009,000 

519,000 

« 9,009^,500 

38,990,000 

8,486,100 

i3o,ooo 

383,000 

3,706,000 

3,.a46,ooo 

536,000 

1 40.000 



1,348^576,335 



HEVEKU. 

Francs. 

> 
» 
» 



RETEHD. 

F Janes. _ 

303,193,000 

18,450,000 

7,509,000 

i,67'»,ooo 

3,953,000 



333^775,000 



AEV EK U. 

Francs. 

» 



aEVEno. 
Francs. 



1,348,576,335 
333,775,000 

1,583,351,335 



et Statistique. 3 1 7 

11 resalte du tableau de repartition qui precede , que les 
quatorze trenticmes environ du sol sonten terres iabourahles, 
im quinzieme en pr^s , le dou^i^me en pllture , le vingt - troi- 
sieme en vignes, ie huiti^me en bois.de tonte cathegorie , 
dont ies futaies occupent environ la quinzl^ine partie ; que les 
jardins et pares d^agremens forment ie seizieme du territoire, 
les terres vaines ct ^agues le -onzieme , les proprietes b^ties 
le deux centieme, les rues, places, promenades publiques , 
routes, cheniins, le qiiarantieme^ et, enfin , \t% fleuves , ri« 
vi^res , etangs , etc. , environ le cinquantieme. 

II resulte encore que , dans le revenu total , les terres la- 
bourables entrent pour les trois septiemes , les pres pour un 
septieme, les patures un peu moins du trentieme , les vignes 
pour un quinzieme , les bois taillis et futaies , exceptes ceux de 
TEtat , pour un vingt-cinquieme , les proprietes bAties pour 
un peu plus d'un cinquieme^ et que les bois de FEtat sfug^ 
menteraient environ d'nn soixante-dix-neuvi^me le revenu de 
total , s'ils y etaient compris. ' Th. Fix. . 

106. Aniyuaibe du budjet, ou Dictionnaire annuel : i^. Des 
depenses generales de TEtat et des depenses particulieres 
dans chaqne minzstere; 2". des recettes de TEtat; 3*». des 
traitemens de tons les employes civils , militaires et eccle- 
^iastiques indiques dans les developpemens du budget; de 
toute la paitie substantielle des discussions de la Chambre 
des deputes , a la suite de chaque article dc depense ou de 
recette ; precede ou suivi des listes de MM. les deputes , 
des deux lois du, budget; des totaux des budgets depuis 
]8i5; du tableau comparatif des credits demandes et des 
amendemens proposes ou adoptes; enfin d'une table al- 
phabetique. et generale des matieres avec les noms des der 
putes qui ont pris part a la discussion , et renvois a leurs 
discours; par M. Rogh. 2 vol. in-8''. To. 1*'. A-E; to. 
IP. F*Z , ensemble de xliii et 991 p. ; prix : i5 fr. Paris, 
i83o; SedUlot. 

Le titre complet de cet ouvrage que nous transcrivons 
suffit pour le faire connattrc et pour en faire apprecier Tuti- 
lite. C'est une heureuse conception que d'avoir distribue 
ainsi dans un brdre alphabetique toutes les matieres que les 



3i8 Geoffraphie 

deputes ou les admiqistrateilrs out chaque ^Doiie a ^tudier, il 
met eofin sons les yevx des c6ntribuables des pieces «ur le^^ 
qaelles les deputes out l/eiir voix deliberative , mais sur le6* 
quelles la France entiere a vcmx consultative. L'Aimuaire d.u 
budget est Aussi un livre pi^eux a consulter pour . tput te 
monde , pour obteniA* promptement la solution d'|ine fouje 
de qi|estiOu!i qui souV^nt ne sdnt pas i^olnes pa^'ce qu eUe$ 
demandeut des i:echerch.es que tout le monde pe pent pal 
faii*e ou que Ton ne pqurr^iit £^re surrle champ ; on y trouve 
par exemple a I'lnstant ce que cOute a TEtat tel ou, tel ser* 
vice public , telle institif tidn ^ . la protection acdordee .4 t^lie 
'pu telle indnstrre, ce que rapporte telle ou t^lle perception; 
la forme de dictioni^ire rei)d oes i*ecberches aussi promptes 
que cofumbdes. 

Un semblable travail a dA ^tre penible i^t iastidiei^x , od 
doit savoir gre a Tauteur de Tavoir entrepris ", c'ei^t un ser- 
vice reel qu'il a rendu, et il est a desirc^rqu'il 90it a&sez encoo* 
rage dans ses efforts pour Tenga^^er a npiis continuer cbaqae 
lannee un travail qui doit eminemment coutinner a eclainer 
ie pays , et k fAire son Education administrative. B. 

107. De la irfcBSSiTJ^ et dbs bioveiis p'eta^^ui en Faait^e 

UNE COirSERVATIOir jftEOM^TB^QUE ET fE^ftTVKhm tXS^ CADAS- 
TRE , suivi de la refutatiOp d'un projet de I'^glement pour 
racheveipent et la perpetuation du cadfistre; par G. 
Gayard. in-8<*. de 8 pages et un grand nombre de ,ta- 
^ bleaux ; Tp^rs , i83o j impr, ^e M^me. 

Pendant long-temps on k considere la confection d'un ca- 
dastre comme un prob^eme insoluble , et tellemient heriss^ 
de difficultes que les meilleurs esprits out bliime jusqu'aux 
tentatives qui devaient ooncbiire a un r^ultat. II y a en ef- 
fet tant d'elemens divers qui composent une pareille ope- 
ration et tant d'ob^tacles qui s'opposent k la reunion de ces 
elemens , qu'au premier aboinl il est permis de croii^e a Tim- 
possibilite d'un cadastre. L'imperitie et Tincurie aVec les- 
qnelles on a entrepris et conduit les cadastres de France ^ 
4ePrus^e,.desPays-Basy etc. , ont i^rrobore cette opinion 

^n!On^e« 

Les conceptioQs les pins belles exigent d'otrdinaire, quand 



ei'Statisii^fue* Sig 

ii est questito de le$ execttter> le plus J'etiide et de r^fiextons / 
la t&c^e d'^rganiser le cadastre et d'en assurei* Pex^cntion 
d'une. mapiere siire >^t uttle a4 pays eUlit de la nature de 
celles qui dexoandent de vastes connaissances en ecouomi^ 
politique, isq admimstr^tiQo «n statiiitique et eo {^odesie. 
On De afi doujta guer^ de eela , loi*squ!ii differeiites epoqUes , 
et nptammedt en i8<ki» i<8o8 et «n idit on etabfit le ca- 
dastre sur des hajsers tellewent viciessea , que les premiers 
resuitats ffirent des predciitioos iufonnesqui ne semrent 
qu'a fouroir de nouveU^s ai^i^es aux antagotustes de ce grand 
travail. Queiquei ameliorations furent neaniAoins intl*oduite.<^ 
dans rexecu^tioD et les dia^posifeions qai regissaient la mati^re ; 
mais on fut loin d'arj'i.ver au point de foumtr des donnees 
qui fussent en rapport avec les somines immenses que I'on 
depensait pour cet objet $ parce que d'abord on negligea les 
hautes considex'attons statistiques et d'eponomie agrieole , 
qu'oi^ n'eut que des iois e^ i«^eaiens inooniplets pour assu- 
rer, la marche de ioperatkui, et qu'on confia generate- 
ment les travaux a des ageas pen etperimentes et souvent 
j^uorans, 

A force d'essais et de mecomptcis , on deoouvrit enfin que le 
cadastre n'est point uoe chose nxtpossible ni infaisable ; mais 
seulement fort difficile et ti'es^ardue. Quelques espnts eelaires 
indiquerent les moyens de parvenir k de meillenrs resuitats , 
et penserient qii'il ne foUait pas.sealement construire, mais 
conserver* 

Gette idee de la eonservation du eadastre n^est ni neuve 
ni transcendente | le pimple bon sens ia fit nattre , et nous 
la voyons deja pai^altre d^ns le sidcle passe k propos de la 
formation de9 tejtrieirs. Beiazeaberg , savant allemand fort 
distingue, en signalant dans uri outrage lous les vices d^ 
notre cadastre , place taujours le vemede a c6te du mal , 
et il expose > a propos ^e la conservation, un plan tres^iu-' 
mineui: dune application facile et peu co^teuse. 

li'opiiscule de M. Gayard > que nous avons «ous les yeux f 
signale de nouyeau , et avec force , les imnienses a vantages 
de^ conservations cadastraies. L'autenr ladique , dans ud 
systeme rationnel et U*es-bieafintendu , tons les moyens pro- 
pres a perfectionner eta maintenii' )une operation qui a 



320 Geographie 

coute, jusqu'a present, environ i5o millions au pays. Eii 
prenant la question d'un pen haut , ii fait ressorttr les 
avaqtages politiques qui d^rivent de pieces cadastrales 
rigoureusement e&actes , il les presente comme titres garan- 
tissant la jouissance des droits politiques. Abordant ensuite- 
les^ details , M. Gayard insiste sur la necessite dlntroduire 
des ameliorations dans la tenue des r61es , de detruire la cen- 
tralisation , d'operations trop considerables , sur les contr6- 
leurs , de chatiger de mode suiyi actuellement pour consta- 
ter les mutations ; il developpe les motifs qui doivent obliger 
le gouvernenient d'instituer, dans le plus bref delai possible , 
un systeme completet regulier de consei*vation'du cadastre. 

Les considerations sont suivies par un projet d'organisa- 
tion du personnel de T administration depai*tementale du ca- 
dastre. Les attributions des agens , le mode de conservation , 
ses resultats , et les fcals qu'entraineront ces cbangemens , 
font lobjet d'un grand nombre de paragraphes. 

Les documens du cadastre , dit ensuite Pauteur , pour faire 
ressortir d'avantage la necessite des conservations , ipeuvent 
servir a div>ers services publics. Les ingenieurs du dep6t de 
la guerre dressent la nouvelle carte de France sur les ta- 
bleaux d'assemblage des plans cadastraux , qui sont geome- 
triquement reduits des feuiiles sectionnaires , et qui pre* 
sentent toutes les habitations , les routes , chemins , rivie- 
res y, ruisseaux , ravins , etc. Les ponts et chaussees s'en ser- 
vent pour les projets d'ouverture de routes , de canauic , etc. , 
qu'ils sont dans le cas de presenter. L^ad ministration des 
for^ts y recourt pour connaitre la contenance exacte , la 
configuration et la situation des boisqui sont sous sa juri- 
diction. L'ad ministration des mines et les compagnies y 
trouvent les plans des terrains a exploiter. ^ 

L'ouvrage est termine par la refutation (Van projet de re- 
glement pour Vachwement et la perpetuation- du cadastre ; 
public dans un ouvrage de M. Decourdemanche , relatif aux 
ameliorations a introduire dans le regime hypotbecaire. -Les 
idees de M .Decourdemancbe nous paraissent en tout point 
inferieures a celles de M. Gayard -, et nous n'hesitons pas a 
donner la preference au systeme de ce dernier qui , entre 
autres avantages , a celui d'etre infiniment moins codteux ; 
circdnstance qui nous parait d'une haute importance. Th. Fix . 



eC Siathtique, 3a i 

to8. AnifCJAmE des £a,ux: Minebilss o£ ia Frakce ; par 
M. LowGCHAMP. In-i8 de 257 p. ; pm^ 2 fi*. Paris , i83o 9 
Morel. 

M. Longchamp, quis'esttjccape parrticuliei-etnentdeseaiiK 

tiiiti^raies de la France ,' S le projet de ptiWier chaque Bnn<le 

tin sembkblc annuaire. Son but esttl'oflfriT aox medecins qm 

envoient aux eaux , et aux malades qui vont faire usage de 

'ce moyeii de guerison , dans uh petit volume , tous les ren- 

seigneihens qu'ils peuvent d^sirer sur tous lios etablissemens 

thermaux, sur la nature des eaux que chacun d*eux rcnferme, 

avec Vindication des pnnfcipales maladies dans lesqnelles on les 

•cmpfoie. En general , f usage des eaux est trea-peu connu des 

mcdecins de Paris , et on les ordonne sou vent fort legere- 

ment et sans discern em en t. L'autear de ce petit ouvrage a eu 

aussi en vue de suppleer Fouvrage de M. Alibert qui n'est 

|ioint <*ntre les mains de tout le moTide. 

Apres avoir dit un mot de I'administration des eaux mine- 
rales , Fanteur parle snccessivement de tous les etablissemens 
d*eaux minerales , puis il examine les eaux minei^ales sous le 
rapport de- reconomie publique ; cet annnaire est termine 
par des tableaux de population , de conversion des mesures j 
de la force ^astique , de la vapeur, et des notices siir divers 
points de physique utilfes aux personnes qui frequetitent les 
bains. D; 

109. NicESSiTE Ej MOYETT d'occupcr Ics ou vriei's qui manx|uenrt 

. d ouvrage en France : Memoii-e presente au Roi et au^L 

Chambres ; par Auguste de Laveleye et Ajasaon de ni Grais- 

^AGNE. In-S**. de:79 pag. avec uue carte. Paris, iS^.i^ WiR^*-. 

de Decourcbant. 

Gette brochure e»t divisipe en deux iparties s 1°. JSecemte 

-d'occuper les omriets qui manqueni d'om^rage ^ ii^. du 

fneiUeur irai^adl a entreprendre pour occuper les ouv^iers^ 

Bans U pi^emiere partie , on ne pouvait eviter de mettite a 

decoavert un des maux de notre situation , et le plus grand 

peat«etre : cette p^nibk tiphe est remplie avec courage. JLes 

aut«urs ont senti qa'il fallait tout dire en pen de mots y ils 

se sont hates d'exposer le remede> et dans cette partie de 

leur ecrit iU s'adressent au savoir et a I'esprit de calcul ; il 

F. Tome XXV. Mars i83i . 21 



322 Geographie N'^ lOg^ 

serait done tout-it-fait injuste de les accuser d'exciter les pas- 
sions. Quoique fortement oecupes du present , ils ne perdent 
pas de Yue Favenir ; c'est au principe , a la premiere cause 
du mal qu'ils s'attachent. « 11 faut , disent-ils, creer un 
travail nouveau. Mais qui fera travailler ? — La soqiete , c'est- 
a-dire 4e Gouvernement. — Qui fournira les foods ? encore 
la societe. — Mais , ajoutera-t-on , quelle marche faut-il 
adopter ? Jusqu'ici , aucun systeme general n'a ete propose 
pour guerir cette plaie de la societe : c'est a remplir cette la- 
cune que nous consacrqns le reste de ce memoire. » G'est ainsi 
que les auteurs arrivent k la seconde partie > dont Tetendue 
est considerablement augmentee par des notes dont plusieurs 
auraient pu trouver place dans le texte , car elles y sont ne- 
cessaires. Quelques autres ne sont ecrites que pour les lec- 
teurs familiarises avec Tanalyse mathematique , et celles-la 
devaient effectivement ^tre presentees a part , comme elles le 
sont. 

£n discutant les conditions auxquelles doit satisfaire un 
travail entrepris pour donner de ^occupation aux ouvriers , 
les auteurs deduisent les consequences suivantes t i\ a S'il 
existe upe immense quantite de bras a employer , un travail 
fait sur une vaste echelle est preferable a un grand nombre 
de petit s travaux qui occuperaient , en somme , autant d ou- 
vriers. » I"". II faut que ce grand travail puisse , sans diffi- 
culte y ^tre pousse avec plus ou moins d'activite , afin que 
Ton ait la fkculte d'y attacher les ouvriers , h. mesure qu'ils se 
presenteront. 3°. II doit ^tre product if , et d'une importance 
geuerale poiir le pays ; qu'il favorise toutes les branches du 
commerce, sans nuire a aucune entreprise particuliere. 4"*. On 
demande que les divers degres d'intelligence puissent y Itre 
mis a leur place. 5°. II serait a desirer que les professions le 
plus generalement utiles y trouvassent les ressources qui leuf 
sont indispensables , et que les bons ouvriers qui les exei*cent 
ne fussent pas reduits k travailler comme simples manoeuvres. 
A plus forte raison , on desirerait que les chefs d' ateliers et 
les ingenieurs condamnes a I'inaction pussent trouver un em- 
ploi convenable a leurs talens. « Un projet qui ne satisferait 
pas a toutes ces conditions serait neanmoins acceptable , 
pourvu qu'il realis^t les principales ; mais s'il en est un qui 



ei Sfdtistique. SsS 

les realise toutes , c'est par celui^-la qu'il faudrait comtni^ncier 
la serie des travaui qu'on aarait resolu d'executer sticcessive- 
ment. » 

Selon DOS auteurs , il est tr^s-vraisemblable que les moyens 
de transport des marchandises sont seules susceptibles de tels 
projets ; et m^me , ils en retranchent les grandes routes , 
quelle que soit leur construction. Le choixest done restreint 
entre les canaux et les chemins de fer. Un chapitre tout en-o 
tier est consacre a comparer , sous tous les aspects , ces deux 
sortes de moyens de transport , et le calcul pro nonce en fa^ 
Teur des chemins de fer. Gette question, qui semble n'etre que 
de la competence des arts , appartient reellement a I'eco-^ 
nomie publique ; mais elle ue pent etre traitee et resolue que 
par la methode employee dans cette brochure , par des devis 
de construction , des calculs de depenses et de produits ; les 
meditations de Thomme d'etat , sur ces matieres , ont besoin 
des'lumieres de Tingenieur. 

Un memoire de M de Laveleye , intitule : Considerations 
sur P introduction des machines dans les arts industrieis, etc. , 
public en i83o , cbez Firmin Didot , avait prepare le travail 
que nos deux auteurs -presentent aujourd'hui. Le premier 
memoire etablissait deja les a vantages qu'on peut retire r d*un 
chemin de fer joignant la Mediterranee a I'Ocean , non-seu- 
lement apres sa construction , mais des qu'elle serait com- 
mencee , des qu'elle aurait mis en activite tant de forgerons , 
de mecaniciens , d'ouvnera dont Tindustrie est aujourd'hui 
reduite a une deplorable oisivete. La meme idee est repro* 
duite ici , avec les d^veloppemens necessaires pour la rendre 
immediatement applicable. Sur une carte de France jointe 
k cette brochure , une ligne presque droite et presque paral- 
leLe au meridien part des fiouches-du-Rh6ne et se dirit^e 
vers Tembouchure de TEscaut, en remontant le bassin du 
Rh6ne , puis celui de la Sa6ne , jusqu'a ce qu'elle atteigne 
la vailee de la Meuse , et ensuite les frontieres de la Fran-^ 
ce. « On aurait trace ainsi , dit I'auteur, une route qui 
pourrait etre regardee comme I'artere principale de tout le 
systeme de transport interieur de la France , et Ton pourrait 
m^me dire d'uiie partie de I'Europe. En effet , sur cette com- 
munication du premier ordre , viennent s'embrancher presque 

21. 



324 Geogmphie N*. 109. 

peq)eiidioiiiaireaient« k droite bt surtout a gatmhe, k& prm- 
cipaux canafix de la Francig qui serviraieot » coacun^mm^nt 
avec les fleuves auxquels ils aboutissent , a former des commu- 
nications du ^cotid ordre» A c^s dernieres vienneot aboutir 
les rivieres , les petiU canaux et le» petits ohemins de fer qui 
forjueraient les coimnuniGationa du trokieme ordre , et servi- 
raient ainsi a completer ua premier sy«teme geoeral de <^m« 
launicatioa que Ton perfectioanei^ait par des travapx isubser 
quens. Pour mieux en fairc saisir la disposition generate , 
nous avons trace un canevas de carte de France ^ dans lequ^l 
nous n avons fait entrer que les doonees les plus neceisaires 
a ^intelligence diH memoire^ le rouge indique le grand che- 
inin de fer ^ le bleu » les communications du second ordre deja 
etablies ou actuell^nent en construction. » Bans le restfe du 
chapitre » le projet est discute avec les lumi^res qu'y repan- 
dent la geographic physique et Thydrographie de la France. 

Yient enfin le plan financier, .et cet objet n'exig^ait rieh 
Uioins qa'un chapitrc i^p^cial. Les antburs se sont attaches a 
prouver que les depenses product! vf!8 d'ua revenu meri- 
tent , dans tons les cas , d'etre prislerees a celles qui ne 
produisent que de Tagrement : ils auraient pu supprimer oes 
raisoanemens » dont revidence ne sera pas contestee , si Toa 
n'avait pas , malheureinsement , la certitude que les conside- 
rations de cette natui*^ decident rarement le choix des cons- 
tructions publiques > et que les mooumens oil les beaux arts 
peuvent deployer leur magnificence ont toujours ab&orbis 
plus de fonds que tes travaux pour des usages populaires. S^" 
chons done gre a MM* de Laveleye et de Gransagne de ce qu'ils 
reproduisent deft verites si rarement mises en pratique; ii 
faut les regarder comme neuves aussi long-temps que leur 
empire ne «era pas solidement etabli. 

Nos auteurs appliquent la theorie de Tamortissement aux 
entreprises de travaux productifs faites pftr le gouvernement. 
« Let constructions productives , telles que les ponts jetes 
sur les rivieres ^ les canaux et les chemins de fer reunissant 
des lieux commer^ ans > le dessechement des marais , les tra- 
vaux liydraniiques pour la distribution des eaux dans les pays 
sees et ai'ides, etc.» soot de veritables proprietes que Ton pent 
vendre > acheter » etc. La propriete d'un poot ou d'un ca- 



et Statistique. 325 

ual De diffei*e en rien de celle d'one maisonou d'unevnne. 
Gela pose , pour bicn comprendre le syst^me financier pro* 
posa ici , admettoos que nous operiona iur une somme de 
loo miUioDs employes en constructions productives quel- 
conques , par exemple , en moyens de traatport. AdmetfoiKB 
qu'une premiere construction coiitant 3e millions aoit entie- 
rement terminee ; Je gouvernement la vendra 3o milliops ii 
la compaghie qui offrira de percevoir le moindre peagd. 
Les avantages de cette premise operation seront : i^. de re- 
met tre encore loo millions a la disposition du gouvernch. 
ment , comme au commencement de Fopi^ration | a^. d'avoir 
occupe les ouyriers ^ des travaux qui ont exig^ le roulement 
de cette somme ; 3*^. d'avotr enrichi la France d'une pror 
priete de 3o millions \ 4**. d'avoir faToris^ I'industrie , «b 
lui ofFrant de nouvelles communications qui augmentent les, 
debouches pour ses prodaits et contribuent au developpe- 
ment de la propriete generale. » 

En continuant de la m^me mani^re FQmploA d'un capital de 
loo millions, r£tat se trouverait charge d'un interdt annuel 
de'5 millions ; mais le capital pourrait dtre rachete par un 
amortissement qui durerait 37 ans, s'il n'^lait qne.de i ponr 
100 , et de i5 ans, si Ton consentait k payer ir.pour 100 »^ 
c'est-k-dire 7 millions par an. A Texpiration de c^ temps , la 
nation serait entierement dechargee, et les 100 millions de 
fonds de roulemedt pour occuper les Quvriers lui seraiept d^- 
finitivement acquis, I*fos aiiteurs avouent qu'ils ont puis^ ces 
ideas dans une lettre adre^s^e par Napoleon k M. Cretet , 
alors directeur general des ponts et chaussees , et ils trans- 
crivent en entier cette piece justificative tr^s-remarquable. 

Le resume de ces importantes discussions est tres-court : 
« I®, il* est absolument indispensable , sous peine des plus 
grands dangers, de creer des travaux pour le nombre deja 
considerable et toujours croissant d'ouTriei*s qui manquent 
d'ouvrage, c'est-a-dire de pain ; 7.^, il faut que le nouveau 
travail ne miise en rien , et contribue au contraire au plus., 
grand developpement possible des industnes particuliei^es ; 
qu'il soit le refuge ^t la ressource de tout homme de bpnpe 
volonte $ que le simple manoeuvre et iliomme de genie 
puisseat y coiisacrer Leurs (aeultes si difierentcs; qjoLt cesott. 



326 Geographic 

en- un mot , le receptacle oil viennent se concentrer toute» 
les forc^es physiques et morales qui, isolees, se perdraient 
inutilement, seraient, pour aiusi-dire , absorbees comme 
de faibles ruisseaux par le sable, et qui reunies au contre^ire 
formeraient on fleuve qui , semblable au Pactole , porterait 
la richesse et la fortune sur son passage. » 

Quand meme ce memoire u'atteindrait pas le but patrio- 
tique vers lequel les auteurs ont dirige leurs efforts , ils serait 
encore eminemment utile par les lumieres qu'il doit repandre, 
par les verites qui'il expose , et m^me par Texerople encore 
trop rare de Tassociation d'une eloquence inspiree par les 
sentimens les plus genereux et les plus nobles, d'une logique 
armee de toute I'autorite des mathematiques. Le goiiverne^ 
ment , trop ocrupe d'autres objets , ne donnera peot-etre pas 
a celui-ci toute I'attention qu'il meriterait : dans les circon- 
stances difificiles ou il se trouve , sojumis parfois a d'imperieuses 
necessites , il est certainement hors d'etat d entreprendre a 
la fois tout le bien qui peut etre iait , ni meroe de pourvoir 
a tons les besoins en raison de leur urgence. Les auteurs de 
ce memoire Tout bien senti ; ils ne font point de reproches , 
et le tableau des souffrances de la ciasse laborieuse n est point 
exagere ; ils ne raoatrent pas moins de respect pour les con- 
venances que de aele pour la verite, F. 

110. Statistique de l'arronpissement de Falaise f par 
MM. F. Galeron, Alph. de Bri^bisson, Jul. Desnoyers ,etc., 
avec des dessins litographies , par M, Gh- de Yauquelin , 
Alb. jp'OiLLUMsoN y Alpb. de Brebissov , de Belly , Dulou- 
BOY, etc. VII". cahier, fin du torn, ii, commencement du torn. 
III. Falaise, 1829 { Bree atue. ( Voy. le Bullet, ^t^m, XVII, 
n° ago.) 

Les redacteurs de cet ouvrage le poursuivent avec perse- 
verance ; Tun d'eux , M. Desnoyers , s'est charge de faire 
connatti^e la geologic de Tarrondissement de Falaise, mais son 
travail ne sera public qu'a la fin de I'ouvrage. On ne pourra 
done eviter quelques repetitions dans les descriptions topo- 
graphiques de quelques cantons. Le tome 3 passe en revue 
trois cantons reunissant quatre-vingt-trois communes. Dans 
Tune de ces communes ( Grisy sur la Dive ) , la culture de la 
yigne fut introduite autrefois^ ets'y maintint assez long-temps» 



et Statistique. ^27 

poisque la carte de Gassini y indique la maison du vigneron* 
Mais OD s'eu degoi&ta peu a peu , et maintenant il ne reste 
plus que le souvenir de cette experience agricole. 

Les deux cantons de Falaise se distinguent par une indus* 
trie assez active : sa population de i5,^ii habitans compte 
4^6 ouvriers £lat(eai*s , 194 siamoisiers et tisserands, 16 10 bon 
netiers , 25 toiliers. La bonneterie donne de Foccupation a 
5oo femmes ; les dentelles et la broderie en emploient le 
m^me nombre. La villeatiois imprimeries , sept teinture- 
ries , huit tanneries , outre les metiers qu'exigent cette in- 
dustrie et cette population. 

Si les autres arrondissemens du depai^tement du Calvados 
sont d^crits avec autant de soins et de details que celui de 
Falaise , il ne restera rien a publier de nouveau sur la sta- 
tistique de cette partie de la France, 

III. DlCTIONNAiaE TOPOGRAPHIQUB , HISTORIQUE ET STATISTI- 
QUE Du.DEPARTBMBNT DE LA Sabthe , suivi de la biographie 
et de la bibliographic du Maine , du departement de la 
Sarthe et de ses differentes localites; par J. R. Pesche , 
membre de la Societe. royale df agriculture , sciences et arts 
du Mans , etc. Liv. VI a XVIII. (Voy. le Bull., torn. XVII, 
n^ 379. ) 

Get ouvrage , dont la publication^ procede avec sagesse afin 
qu'il soit possible de lui donner tous les soins qu'elle exige , 
compose deja 18 livraisons quiont fourni aux souscripteurs 
36 feuilles du. Dictionnaire , i4 de la Biographic , le Precis 
hisicrique tout entier, une carte dnJflinais, une autre des 
petits pays de Fertais , de Ferais et de P^rche-Gotifit, L'lco^ 
Qographie einomane s'est enricbie de quatre livraisons ou 
d'illustres anciens sont rapproches de modernes renumjnes , 
oh Philippe -de- Valois, comte du Maine, figure a cdte du 
docteur Moreau de la Sarthe , on notre aeronaute Goutelle 
est assQcie a un marechal de France du 17". siecle. Gomme 
nous reviendrons sur ces. dictionnaires , lorsque la publica-r 
tion sera plus avaucee, 90us nous bornerons, quant k pre^ 
sent , aux justes eloges que m^rite le redacteur. Dans un tra-t 
vail qui exige des recherches aussi penibles, ni Taridite des 
matieres , ni les soins minutieux qu'il donne a leur choix et 
leur exactitude n*ont pu lasser sa patience. On jugera de Fe- 



32$ Gepgraphie 

vendue de la t^che qu'il s*est imposee^ d'apres la methode. 
uhifoime qu'il suit dans le dtctionnaire qui eontient la sta- 
tistique de chaque covmnme. II procede dEati^ Tordi^ suivant : 
1^. Hist&ive oivile; s**. Description ( monum^ns , eglises, etc.); 
3**. PopHlatiod , et son meuvetnent ; 4*^* Histoire eccle&iasti- 
qoe ; 5^. Monast^efi ; G"*. EtabltsseineDs religieux de charit^ y 
^o^Bureaox' de charite; 8*. £tabtissea»ens d^instruction pa- 
blique; 9"*. Histoire politique et Httevaire; ic. Nosologic; 
1 1°. Biographie ; i2*, Hydrographie ; i^. (J^ologie ; i4*- Ca- 
dastre; i5*». C(tHiti'iJ>utioiisfoncieres; i6*»% Cultures; 17**. Com- 
merce; 18°. Foires et marches; ig^. Routes et cbemins; io\ ' 
Edifices les ptos i^iuarquables ; 2i<*. Stablissectieu^ publics; 
220. £tabHssemens particuliers. On ne sera done pas surprts 
que I'article de la Fert^-Bcrnai'd , ville de 3,!ioo habitans , 
occupe 87 pagesi. Heureuseraent , les communes rurales peu- 
vent etre decrites plus brievement. F. 

112. AjVirUAlRB STAtlSTiQUB CT HtSTOAlQ^E DU DiPAHTEMEHT DU 

DouBs, aDn<^es i83o et i83i; publiees par A. Laurens, 
iii«^8**. de 543 — 5523 pages avec une planche dans chaque 
volume. DesaBcoii/kupt*,deGhai'UsDeis* (Y^y. leBiUletin^ 
tome XIII, B«. 238;) 

C'est toujours avec un nouveau plaisir que nous signalons 
au public rAnauaire 4e M. Lauren^^ qui e^t Un d^ plus com- 
plets et des uiieux tah^ de cteUK qui pareis^ent dans iibs depar- 
temens. • »■ - 

Le» deux vol^iD(^>qii0 nous iavons. sbus les yeux conttennent , 
ainsi i^e ceuxdes ^nnees pr^cedetites , de nombreut details 
sur riiistoire et rarcheologie du d^artement , et ptusieurs 
tableaux pour I'int^igence de U pbrtie fklfiiffiisll^tiVe. 
, Nous remai^uons d'abord, eti tdte des deux volumes qu^ 
nous a\x)ns sous les y^ux, <ies ti^bles d^s prmcipales epoques 
historiques qui correspondevit k oes deux ann^, an i*^sume 
rapide de la statistique gen^rafe de la t^rance , la Ch^arte con- 
stitutioonelle, une liste ^eetorale du d^partement, ettes ephe- 
SDei*ides franc-cotutotses , conten^tft une foute de d^ails sur 
rhtstoird Bi6denie chi depar^HHeVit. 

La troisieme section de ehacun des deux velutties co'iitient 
d€s notices historiqi^cs s»ir la nllle d'OiiMms , «ur les siegest^ 



et SlatistiqM. 32 9 

f|i]e la viHe de Besancon a soutenus, sur les ancienncs abbayes. 
dudepartement. 

La quatrieme section , dans Tun et i'autre volume , est con- 
$acrce a des notes sur les antiquites , I'architecture , la sulp- 
lure ,1a peinture et la litterature de la Franche-Comte. Une 
liste des tableaux appai^enant a ]a ville fait partie de cette 
section , aihsi qu*un catalogue des ouvrages publics par des 
auteurs fraocs^comtois. 

On trou vera , dans ces den 1 nouveaux Aqnuaires, que les 
notices 'donnees par ies volumes precedens sur la topogra-^ 
phie du pays ont ete perfection nees. 

Les foists du Doubs, malgr^ rimperitie et Timpi^voyance 
des communes, sont encore fort bf lies, et leur etendue est , 
d'apres le memorial de M. Herbin de Halle, de i3o, 3i2 hect. 
Bepuis 1816 jdsqu'en 1827, la marine a fait marteler, dans le 
departement du Doubs , 20,820 arbres pour les constructions 
navaies; ce qui donne pour cbaqae annee un tcnaeatoyen 
de 1,735 arbres. 

Uhe secticNO particuUere est consacree anx observations re- 
latives a la temperatare et au climat. Les details sur Tagri- 
culture viennetit ensutte j nous y rems^rquohs plusieurs ta- 
bleaux. Pour en donner une idee^ transflfivooft celui-cL 



I 



La consommatlAn de Farrondissement de 

Besancon e»t annjaeUement de . 

Gelle de rarrondiasement de Baume 

Celle de rarroodiaaement de Montbelli«rd. .. 
Et enfln dans I'^rrondissement de Pontarlier. 

TOTAUX . . . 



rOPOLAr 



TIOR. 



$3,638 

59,703 
46,700 



CONSOMMATION EN 



Vllf. 



a54,3i4 



lUrea. 
80,000 
a5,ooo 
3o,aoQ 

30,000 



1 55,000 



KAD-DC-VIX. 



Utrea. 

'800 . 
5oo 
4oo 

909 



9,^00 



Les neuvieme et dixeme sections presentent les divisions 
administratives , et le montant et la repartition des contribu- 
tion directes. 

La population totale du departement , contenue dans la 

onzieme section, esjb de 254;3i4 mdividus de tout ^ge et de 

tout seie , d'apres le reccnsement general ordonne par le 

gouveriiement et execute en 1826 ; elle se subdivise aiusi qu*i^ 
suit : 



33o 



Geographie 



N^ 112. 



GarcoDs 

Fill« 

Hommes maries. . . . 
Femmes mariees. . . . 

Veufa 

Veures 

Soldats sous les drapeauz. 



TOTADZ. 



ARROND1S5EMENS. 



BxaAiigoii. 



a6,3o9 
28,554 
15,760 
15,90a 
3,006 

735 



93,638 



BAD MX. 



i8,365 
i8,q46 
9,800 
9,880 
i,33o 
a,5i5 

439 



KOKTaZI.- 
I.IA&D. 



15,676 
16,201 

8,7ij 
8.718 
i,i5o 
1,955 
391 



6i,a65 



5a, 703 



POXTAXUSK. 



»4,a97 

15,074 

7,043 

7.o56 

».995 
«9» 



46,708 



TOTAI.. 



74,647 

tii 

4i,556 
5,468 

10,807 
r,746 



254,3 1 4 






II resulte du receDsement de 1826 que la population ac- 
tuelle excede celle de 1820 de ii,85i individus. 

Mouvemens de la population du departement pendant 1829. 

NAISSAVGES- 

T? e w •*• I Garcons. . 3,916 j ' 

Enfans l^tunet | j.^;^ ^ 3^^^ \ 7>5i3 

Enfans naturels reconnus. • • • I Filles 166 I ^^^ 

TT r ^ , i Gar9ons. . 107 

Jbnians naturels non reconnus. | 



Filles. . . 100 



ao7 



-«- J • Q i Gar9ons. . 4»^3i j ^ 

TOTAL des naissances en 1829. j -ciu^^ 3 353 j <'|094 

DiiFiAEifCE en faveur des gar9ons. • 368 



UXCBS. 



Gar9ons 1,601 

Hommes maries 98a } ai94^ 

Veufs 36o 

Filles 

Femmes mariees > ... qi5 > 3,o25 

"Veuves. . 



I 

9i5 > 3,< 
5>9 I 



TOTAL des deces en 1829. « > ^>97o 



MARIAGES. 



Ent re gar9ons et filles.. . ' 1,563 

Entre Gar9ons et veuves -...«.... ^3 

Entre veufs et filles 200 

Entre veufs et veuves 5o 



TOTAL des mariages en 1829 1,886 

Les naissances ont done excede les deces de 2, 124 individus. 



et Statistique. 33 1 

Dans la douzi^me section nous voyons que le pHneipal com- 
mei-ce du departement consiste dans la vente et ['exportation 
des fers forges, fils-de-fer, t6les laminees, fers-noirs, fers- 
blancs, fontes de fer et sableries; dan$ le placement et I'ex- 
portation des nombreux produits de son horlogerie , de ses 
bonneteries, de ses filatures de coton, et des produits an- 
nuels et toujours croissans de ses fromageries ; dans le debit 
de jeunes sujets de la race chevaline comtoise et des boeufs 
gras eleves dans les montagnes , de ses longues pieces de bois 
de sapin pour les constructions , et aussi de quelques exce- 
dans de ses produits territoriaux. 

Besan9on est ila seule viile du departement ou le com- 
merce ait quelque importance : elie est renti*ep6t naturel de 
toutes les marchandises qui se consomment dans le departe- 
ment , et a des relations avec la Suisse pour tous les objets 
manufactures ou produits du sol qui s'exportent. 

Les mouvemens de sortie et d'entree de son port du canal^ 
en id3o, se sont faits de la maniere suivante : 

Ble et seigle , hectolitres 2,095 

Fer ouvre eh dizaine 3,3^5 

Fernon. ouvre id 10,871 

Mai-chandises encombrantes id i>962 

Marchandises non encombrantes id 1,366 

Mines et mineraux , metres cubes* 14^ 

Sables id i5 

MoeUons et platre id 55 

Cendres lessiyees et charbon de terre id 260 . 

Bois de sciage id ' 3,749 

Bois a bruler id. i5o 

Bateaux en vidange , quels qa*ils soient 394 

Trains de bois de 37 metres de longueur aoi 

Foin , miUiers 60 

Tonneaux , i>739 

La treizieme et derniere section de la premiere partie de 
TAnnuaire de i83i donne un apercu general des travaux exe- 
cutes en i83o, et de ceux projetes en i83i. Ces travaux re- 
gardent d'abord les routes royales et deparlementales , puis 
le canal de jonction du Rhone au Rhin par le Doubs. 

La partie comprise depuis Tembouchure du Doubs dans 
la Sa6ne jusqu'a la pjDrte de Malpas de la ville de Besan9on 



33a Geographie, 

est eo pleine navigation »ur 73,4^7 met. de longuciir. Dans 
la traversee de BesaD9on , les travaos ne soot pas encore teiv 
mines. An-dessus de Besan^n et jasqu'a rembouchore dans 
le Dotibs, sous Montbelliard , sor ooe longueur de 81,000 
metres , la navigatioD a ^te livree an commeroe. Depnb Tern* 
boucbure da Doubs josqua Mulhaosen, sur 64ff73i met. de 
developpemcDt , les travanx sont a pea pres acheves : la na- 
vigation a ete etablie par forme d'essai et d'exp^rienoe; mais 
il reste a terminer les prises d ean et les rigoles da bief de 
partage. De Mulbaosen a Strasbourg par Neuf Brisack, sur 
94*600 met. , ics ouvrages qui restent a £111*6 consistent prin- 
cipalement dans retancbemeot du terrain , dont la permea- 
bilite est excessive. 

La seconde partie da travail de M. Laurens contient la 
nomenclature de tous les fonctionnaires du depai'tement, le 
detail des administrations munioipales, Venumeration desetar 
blissemeos publics , telsque colleges « institutions des sourds 
et muets , ecoles primaires et de dessin , etablissemens de bietfr- 
faisances, prisons et societes savantcs. M. Laurens a mis dans 
cette partie de son travail le meme soin et la meme nettete 
que dans le reste de son ouvrage , et nons aimoos a le feli- 
citer sur les utiles compositions qu'il fournit chaque annee a 
son d^partement et a la France. Th. Fix. 

1 13. Statistique du DiPARTEMENT su LoT, ouvrage oonronne 
par r Academic des Sciences; par M. J. -A. Delpov, mem- 
bre de la Cfaambre des deputes et du Gonseil-general de 
d^partement. Tom. I*'.^ in'4^. de 568 pag. Paris, i83iy 
Bacbelier , Achille Desauges ; Cabors , G. Ricbard. 

L'auteur de cet ouvrage a choisi deux ^pigraphes, dont la 
premiere expiirae ce que doivent ^tre les lois de la nature , et 
la seconde, cequ'est la' statistique.' Les lois, a dit Newton, 
sont deduites des phenomenes , et Tinduction generalise les 
rapports que i'observation a fait d^couvrir. La seconde epi- 
graphe est empruotee a Melchior Gioia, dont une mortpre- 
maturee a prive les sciences economiques. « La statistique , 
dit-il , comprcnd toutes les conaaissanc^s relatives k un pays 
qui peuvent elre utiles ;inx particuliers pour la direction de 
leurs affaires , et au gouvernement qui est TadmitiUtrateur , 



et Statistique. 333 

Tagent , le repmentant de la nation. » Si TcHivrage de 
M. Delpon donne efiectivement » sur le departement du Lot , 
toutes ces diverses connaissances^ nous ne qous plaindrons 
point d'en trouver d'autres qui sem blent etrangeres a la sta- 
tifitiqut 5 mais dont Tbistoire de notre pays peut faire un bon 
emploL. 

L'auteur commence par la topographie du departement di| 
Lot. Gettie partie du tenitoii^ irancais renferme la plus 
grande partie de I'aucienne pix>vince de Quercy. £lle s'etend 
du sud au nordde44<* \i^ di 4^" 2', et de Touest k Test, de 
qp a' 45" jiisqu'a 1° l5' 45". Sa surface est d'eoviron 5j 9,800 
hectares, dont 18^075 hectares en rivieres, ruisseaux et che-r 
mins. La plus grande partie de cette etendue est un terrain 
cal^aire secondaire » reconvert en quelqUes lieux par des de* 
p6ts ai^ileux. II forme Un vaste plateau , s'appuie a lest sur 
le proloQgemel^t de la chaine du Gantal , et disparait au sud 
sous un calcaire^ ertiaire, qui porte Tempreinte ou d'une £ov* 
mation tumultueusCy ou de grandes revolutions survenues 
depuis sa consolidation. Le sol , considere dans son ensemble, 
periche sensibleinent vers ToceaQ Atlanti^ue* 

La partie orientale du departement est granitique ; on re* 
grette qu'une carte topographiqiie oonstruite sur une asses 
gratide echelle ne vienne pas au secours du lecteur embar- 
rasse par la multitude des objets qiie lui presente une des- 
cription purement verbale. Geux qui nont point observe la 
structure des terrains gra&itiques ailleurs que dans les Afpes 
et ses appendices comprendront difficiiement comment un 
espace dont Tetendue est au'dessous de 8o>ooo hectares peut 
renfermer trois chaines de montagnes separees pai* des ravins 
tres-profotids , qui commencent quelquefois a leur ciiQC , et 
les plateaux etendus , creu$es , d^ espace en espace^ en i^allees 
etroitesetplusoumoinsprqfohdes. Nous uedoutons nuUement 
de ^exactitude de ladescription faite par M. Belpon ; mais Tob- 
jet decrit est de nature a ne pouvoir se passer d'un dessin qui 
mette ses formes sous les yeux» sans Tintermediaire de I'imagi* 
nation. II paratt que I'on manque^ encore- des donnees neces- 
saires pour dresser des cartes topographiques ou le figure du 
terrain soit repi*esente d'une maniere exacte et utile : M. Del- 
pon n'a pu se procurer qu'un tres^petit nombre de mesures 



334 Geographie N". ii3, 

de hauteurs et il en faudrait plusieurs centaines pour deter- 
miner avec quelque exactitude le relief d'un terrain aussi varie 
que celui du departement du Lot. 

En nous bornant a ce qui appartient a la statistique, sans 
faire incursion dans les domaines de la geologie , nous regret- 
terons, avec I'auteur, que les antiques for^ts de la Gaule dis- 
paraissent presque partout , et que leur destruction ait deja 
produit 9 dans ie pays qu'il decrit , de funestes effets, dont il 
sera tres- difficile d'arr^ter le progres. « En parcourant le sol 
ealcaire , du nord au midi , et en se dirtgeant vers Touest » on 
n'apercoit que des montagnes a croupes arrondies dont i'uni- 
forme aridite attriste les regards. Jadis couvertes de for^ts de 
eh^ne (comme Tattestent d'anciennes traditions, Tetymologie 
attribuee au mot Quercy, et les racines qui paraissent ca et lii), 
k peine montrent-elles aujourd*hui les derniers restes d'une 
vegetation epuis^e. La funeste manie des d^fricbemens , apres 
les avoir depouillees des arbres et des gazons qui protegeaient 
leur surface, a livre les couches de terre vegetale que les siecles 
y avaient amassees a la terrible action des ouragans , tandis 
que les assises de chaux carbonatee qui constituent ces mon- 
tages , mises a nu et sans cesse attaquees par I'intemperie des 
saisons , vont degrader et ehcombrer les vallees. » La degra- 
dation des roches calcaires produit ailleurs d'autres resultats ; 
c'est aux depens de la chatne du Jura que les bassins du Doubs 
et de la Sa6ne conservent leur fertilite. 

Quelques dep6ts argileux, ou argilo-siiiceuxinten^ompent la 
monotonie des contrees calcaires , et se couvrent d'une vege- 
tation plus vigoureuse. La mineralogie d'une contree revele 
d'avance au botaniste quelles sont les plantes qui s'offriront 
k sesherborisations. Mais M. Delpon, abandonnant la surface 
de la terre, et penetrant dans Tinterieur, expose lesfichesses 
minerales du departement du Lot. Eiles ne sont pas abon- 
dantes en metaux , non plus qu'en houille , et par consequent 
rindustrie du departement est plus limitee dans ses ressources 
que celle de plusieurs de ses voisins , et la population semble 
invitee a s'adonner plus specialement a Tagriculture. 

Les terrains calcaires d'une certaine etendue offrent pres-. 
que partout des curiosites naturelles, telies que des grottes, 
des abimes ou des torrens perdent leurs eaux^ [des ruisseaux 



et Statistique. 335 

qui s*ouvreiit des routes souterrajines , etc. : le d^partement 
du Lot est bien pourvu de toutes ces mei*veilles , et uotre au- 
teur ne les neglige point , sans leur accorder toutefois un 
nombre de pages que des documens plus essentiels eussent 
i*eclame (i). Les details hydrographiques dans lesquels il est 
entre donnent lieu ^ quelques observations. Les^deux princi- 
pales rivieres du departement , la Dordogne et le Lot , ont 
^ine pente tres-considerable , et cependant la vit^sse de leurs 
eaux ne surpasse , en aucdn temps,, celle du Rh6ne, dans les 
temps ordinal res. La Dordogne, dont le lit s'abaisse d'un 
metre par kilometre, ne coule pas plus vite que la Loire entre 
Biois et Angers, espace ou Tinclinaison du fleuve n'est guere 
que de 2 decimetres par kilometre. Ainsi les rivieres qui 
traversent le departement du Lot sont soumises a des forces 
retardatrices qui proviennent sans doute des asperites du 
fond et de Tin^gale distribution de sa pente. La navi- 
gation interieure de ce depai^ement exigera beaucoup de 
travaux, opposera de grands obstacles; et cependant ,' cette 
•navigation serait I'encouragement le plus efficace pour I'agri- 
cultnre du pays. 

Neuf r^isseaux qui arrosent une partie de la region cal- 
caire ne portent les eaux a aucune riviere ; ils disparaissent 
dans des abimes. Un autre penetre par une caverne dans 

(i) Qnoiqne la statistique n'aitpas besoin de descriptions pittores- 
<pies , nons pensons qae les lectears nous saaront gre d*avoir mis 
sons leurs yeax celle da goaffre nomme PuUt de Padirac , que Toa 
voit sur la route de Figeac a Soaillac. 

» Qa'ou se represente , an milieu d'une pente douce , un espace 
circnlaire de 54 metres de profondeur et de 35 metres de large, 
laissant apercevoir dans le fond dautres cavites qui offrent a Tima- 
gination frappee les portes du Tenare, et Ton aura une idee de Tef- 
froi que doit inspirer Taspect de cet abime. Si on vent en approcher 
pour en considerer le fond , il faut se concher a plat yentre pour n y 
etre pas precipite par le yertige que produit la vue de sa profondeur. 
Bes fentes de ses parois s'echappent des ronces , des lierres , des cle- 
matites, qui serpentent en forme de guirlandes de la a i8 metres de 
circonference. Ge gouffre est tres-nuisible a la contree ou il est situe , 
parce qu'il est Fasiie inattaquable d'une nuee de corneilles* qui de la 
YOnt devaster les recoltes , suttout celles du mais. Le peuple montre 
sur ses bords les traces des pieds du cheval avec lequel le diable le 
franchit, an moment ou Tange Gabriel allait Vy precipiter. * 



^36 Geographic N^II3. 

I'int^rieur d'un rocher, ^t^ dp^^s un tmjet souterrain d'une 
tiemi-lieue , une autre grotte du meme rocher lui set^t d^is^ 
sue. On soupcoune que ces earn perdues pour rirrigatioti d)s 
la surface ont un ecoulement vei*s la Dordogne , et qu'elles 
alimentent des sources d'une abondance remarquable placees 
pres des bords de celte riviere \ plasteurs observations ren«- 
dent cette opinion asset probable. En general , cette region 
calcaire presente, dans un cadre assez resseire, toutes les 
singutarites , tousles phenomenes qui caracterisent cette na-<^ 
ture de terrain. La distribution des can x y est tres-irregu^ 
li^re ; de gi*ands espaces en sont pHves. M Delpon cite deux 
lignes, trac^es sur la carte ^^e cette region , I'une de 5o,ooo 
metres qui ne traverse aucnn ruisseau , et Tautre de 4^,000 
metres sur laquelle on n'en rencontre qu'un seul. 

Des fontaiues intei^mittentes ne pouvaient manquer a cette 
i^union de nierveilles. A une demi-lieue de Soniilac , les 
ruisseanx de Gourg et de Bouley sortent des deux cotes op- 
poses d'une montagne, et vont gix>sstr le riiisseau de Boreze. 
Le Bouley sort d'une grotte de 9 pieds de pi*ofondeur , par 
deux ouvertures triangulaires. Apres des pluies abondantes, 
11 lance deux jets d'eau divergens, qui font avec Tborizon un an- 
gle de pi'esde^5 degres. Son irruption est prec^d^e d'un bruit 
assez (brt pour ^tre entendu du baut de la montagne. L'eau 
coule ensuite en produisant une espece de sifflement, inonde 
le vallon, deracine les arbres et cause les plus grands rava> 
ges. Si les pluies sont continues, ou si les parties du depar- 
tement de la Correze , %'oisines de celui du Lot , eprouvent 
quelques violens orages , la source du Bouley semble presque 
tarie; mais aussit6t le Gourg grossit, et s'elance avec une 
telle impetuosite que , dans tres-peu de temps , le vallon 
inonde ne pi^sente plus a la vue qu'une vaste nappe d'eau. 
L'eruption du Gourg est toujours annoncee par une es« 
pece de bouillonnement que Ton voit a la surface : pea 
d'instans apres , s'eleve du centre une colonne d'eau qui 
forme un jet vertical de 12 pieds de baut et de 3 de diame- 
tre. A peine Tecoulement de cette fontaine a-t-il cesse , que 
le Bouley oommen^e une seconde fois a vomir ses eaux avec 
la m^me impetuosite. Les deux sources s'epuisent enfin , et 
4es ruisseaux rentrent dans leur lit ordinaire. Le temps de 



et Statistique. 337 

i'ecoulement et de rintermittence de ces deiix fontaines n'a 
rien de fixe , ni de determine. Quelquefois , le Bouley lance 
ses eaax pendant plusieurs heures; d'autres fois, pendant 
tFois, quatre ou cinq jours. Le Gourg sort avec impetqosite 
pendant 3, 7 et m^me 10 heures ; en 1783, son ecoulement 
dura 17 heui*es; Le Bouley se montre plusieurs fois Tannee, 
a certaines epoqnes. Ses eruptions alternent avec celles da 
Gourg, mais de temps a autre son ecoulement n'eprouve au-^ 
cun degre d'augmentation , quoique le Bouley ait beaucoup 
grossi t mais ce qu il y a de certain et d'invariable , c'est que 
Feruption de celui-ci precede et accompagne toujours celle de 
I'autre. » 

Le physicien parvient a expliquer ces phenomenes , et mime 
k les imiter dans son cabinet, au moyen de quelques appareils : 
Fhistorien dela nature se borne a voir et a decrire ; son but 
n'est pas dexpliquer, Mais Teconomie publique, profitant 
des lumieres de toutes les sciences qui peuvent Feclairer, 
ne negligera pas ces observations qui , au premier coup-d'oeil, 
paraissent etrangeresk son objet. Lorsqu'on essaiera^ dans le 
departement du Lot, de ramener a la surface une partie des 
eaux souterraines , au moyen de puits artesiens, on s'aperce- 
vra certainement de Tinfluence de Fecoulement par les deux 
ouvertures dont on vient de parler; le produit des sources 
artificielles obtenues par le forage de ces puits dependra plus 
ou moins des variations du Gourg et du Bouley. 

Le departement du Lot a des eaux minerales auxquelles on 
attribue la propriete de guisrir les malades atteints de fievres 
tierces et quartes et d'autres affections cbroniques rebclles 
aux traitemens ordinaires. Les plus connues sont celles de 
Miers : elles sont toutes dans les depdts argilo-marneux su-^ 
perposes au calcaire secondaire. 

En traitant de la meteorologie du departement du Lot, 
M. Belpon ne fait pas I'eloge du climat de la region supe- 
rieure et granitique, ni meme de tout le reste de la contree. 
Les gelees tardives sont un de ses graves inconveniens ; trop 
souvent, elles vienhent desoler le cultivateur , apres quelques 
beaux jours de printemps , et detruire les bourgeons des ar- 
bres deja developpes , les tiges des cereales les plus hatives. 
C'est principalement dans les parties les plus basses du de- 
F. ToMK XXV. Mars i 83 i . aa 




GiiQgrmphu S'. 1 13. 

a RiiioaaBr. La strSie est 
■iicne ^.kSiesr ei£;aBe- <k> 

iticl :;ljs iBicfiiisliaait.«i> i !ie!» nEtdBeaKS ^Timi^mmiS ht 
■c->-;»4 . ,ic^ bsoEE. ca ks tflrtfgTi/ttrfmtfgfr ca£ nu xieC iit icL ;L 

tt];«ir!2iflBBi« 4^2C la*<: ZYpctCisiBLCf ifc [HHC ^mts «£iije» iit suae ^ 
iar^jsiini imiipitt , <xl ; cfcTrT^TT.ii; an^xufauBst •fOKUfpiiK nfias- 

ce& MtiLijga^i^MSi ^frnifTrtr «Biiiaaffr 4ii£&i«ii£ ^ «ik «£ Soar «SBi£ 

f raufaift Sd- iBiL ***—^ ZjDt 'iks ctidaiis: .tf ruji^rudr s'^moit . lie 
Tim .ttf Soriusc- j|jaudSB£ •^anK A«bc2 Jtt!;qr::i.';;t;a .^i. Bimni- 

iii!i n^TwTiiiTTi^'a, ai. jtsar ilkfifiuune iia:r.B:«ujii . sl ^koit *<!:*.»> 



et Statistiqiie. SSg 

des eitremites approche de regions oil les arbres cessent de 
croltve, et I'autre nourrit le pistacliier, et permet que le ba- 
lisier y croisse en pleine terre. Les herborisations y porte- 
raient le nombre des especes beaucoup au-dela de 4ooo , et 
formeraient un catalogue presque complet de toutes les 
plantes du milieu de la France et d'une grande partie du 
Kord. Si chaque departement sHmpose le travail de rediger 
sa /lore particuliere sans rien empruuter a ses voisins, il y 
aura sans doute beaucoup de temps perdu en recherches dont 
on eut pu se dispenser en consultant des ecdts dignes de 
toute confiance. Cependant il est a desirer que les natura- 
listes de chaque departement se condamnent eux-memes a cet 
isolement ; qu'ils considerent leur pays comme une terre in- 
connnue ou tout doit etre explore, enumere, classe, et, au 
besoin, decrit. On apprendi^a par de moyen beaucOup de 
t^oses qui peut-etre n'auraient point ete decouvei*tes par une 
autre voie ; on saura ^tielles plantes ne se trouvent que dans 
certains lieui: , quelles especes animales sont confinees entre 
ties limites qu'elles ne franchissent point.; on pourra noter 
les cbangemens que ces limites auront ^prouVes , les acqui> 
'sitions ou les pertes de chaque localite, etc. Ces lumieres 
tres-precieuses pour Thisfoire naturelle ne sont pas sans uti- 
lite pour Teconomie pablique. 

Mous venous de parcoUrir le premier liifte de cette statist 
tique. L'auteur y a reuni les connaissances du sol et de ses 
produits; dans le second livre , ses Etudes ont pour objet les 
habitansy c'est-a-dire les animauiet leshommes. II commence 
par les animaux sauvages , el reserve pour la staitistique de, 
Pagriculture les details relatifs aux animaux domestiques. II 
se borne a une es({uisse de la faune du departement du Lot : 
t^ette partie de son travail manquait des materiaux necessaires 
pour la completer. 

Les faits que nous apprenons ici sur les modifications que 
rhomme a subies dans la region granitique du departement 
contredisent a quelques egards les observations faites ailleujrs 
sur des sols de mSme nature. Le froid et Thumidite de Tat*- 
mosphere decolorent et rapetissent Thabitant du canton de 
la Tronquiere et d'une partie des cantpus voisins ; le gibier 
'«a^e y perd, dit-on, sa saveur. Loin que le sejour dans les 



34o Geographie N". ii3> 

moDtagnes 9e ce departement contribue a donner a I'homin^ 
des facultes physiques et morales d'une plus graude energie , 
on Ty trouve au contraire sensiblement degenere , si on le 
compare k ThabitaDt de la region calciaire placee plus bas* 
Les femmes siibissent encore pins que les hommes I'influence 
ou contraire ou favorable du climat : $ur le sol granitique 
elles perdent leurs dents de tres-bonne heure, et sur le sol 
calcaire elles les conservent meme dans la vieillesse. Par une 
sorte de compensation ell«s sont plus sujettes que les hommes 
a etre defoi*mees par des goitres , mais raremeut atteintes des 
fievres endemiques qui attaquent les hommes dans les cantons 
de Gondat et de Gavagnac. Notre auteur compare , sous un 
autre aspect, les habitautes de la haute legion granitique a 
celles du plateau calcaire et des vallees : « Les premieres ont 
rarement le teint embelii par les couleurs de la sante ; les 
secondes sont presque toutes rembrunies par la nature de 
leur temperament , par Tiniluence du climat , par la nature 
des travaux auxquels elles se livreut ; une taille bien propor- 
tionnee, quoiqu'un peu forte, tres-prononcee , se faitremar- 
quer chez les dernieres ; des caracleres opposes distinguenl 
les autres : toutes montrent une piquante vivacite \ mais dans 
celles du sol granitique , elle semble principalement venir d& 
Tintelligence ; chez les autres elle parait emaner de la pre- 
dominance des forces physiques sur les forces morales. » On 
reconnatt ici que ces notices sur la constitution physique d^ 
Fhomme dans ce departement sont dues a un medecin ; oa 
lui saura gr^ d'y avoir consigne cette observation consolante : 
« La dysenteric st presentait ici jadis avec les symp tomes le& 
plus pernicieux, surtout parmi la classe que la mis^re tenait 
dans une constante malproprete ; c'est la maladie qui faisait 
le plus de ravages dans ces contrees : elle est bien moins 
grave et moins frequente depuis que le sort du pauvre s'est 
ameliore. » 

Le chapitre sur les mocurs, les usages et les costumes est 
tellement rempli de faits int^ressans qu'il fournirait seul la 
matiere de volumineux extraits non moins curieux quHnstruc- 
tifs. Deux autres chapitres exposent les changemens operes- 
par la revolution dans les moeurs et les usages, et quelques 
particularites morales observees dans des viiles ou des com- 



et Statistique. 34 1 

munes ^ sans que le reste du departement pai^ticipe k'ces mo- 
difications purement locales. Les efTets de la revolution sont 
apprecies avec impartialita, etla-mesure du bien Femporte 
foeaucoup sur celle du mal produit par ce grand ^venement 
politique dont Tlustoire ne sera peut-etre Jamais ecrite comme 
elle devrait I'&tre pour I'instruction de nosjdescendans. 

Les habitansde Figeac pardonneront-ils- au depute du Lot 
d'avoir ecrit ce. que nous allons transcrire sans- commentaires 
ni observations , de:peur de nous exposer neus-memes a leur 
courroux, si Fauteur de cette statistique Tavait merite?. « A. 
toutes les epoques , Figeac s'est fait remarquer pai* un pen.- 
chant decide, auxplaisirs ou a la gaiete. On dirait que la ival 
cheur et la variete de. ses rians coteaux exercent une heu- 
reuse influence sur les affections de ses habitans, et leur 
donnent des moeutrs .donees et sociables. Mais cette facilite de 
moeurs tauche de bien pres a la corruption. Lorsque , plu- 
sieurs annees avant la revolution , Gahov.s n'avait dans ses 
hospice^ q^'un ou deux enfans-trouves , on en comptait de 
trente a quarante dansjcelui de Figeac, quoiqu'alors, comme 
aujourd'hui ,.la population de cette derniere ville ne fut que 
la moitie de celle.de Gabors.Toutefois c'est moins a la gaietd 
qn'a Toisivete. qu'on doit attribuer cette dissolution. Rappor- 
tons aussi a Foisivete les scenes multipliees dont le scandale 
serait encore plus grand si on ne leur trouvait toujours un 
cote comiq^e , d'apres la direction, qu'a re9u le c^:actere des 
babitans de Figeac. » 

Nous.na nous arr^terons. pas au chapitre sur. la langue, ou 
plus exacte;ment sur le> patois du pays ^ afin d'arriver plus 
promptementaux details sur la population et son mouvement. 

Le ddnombrem ent.de 1826 assigne au departement du Lot 
une population de 280,5 15 habitans. D'apres un tableau 
dresse par Fadministration depai^texnentale ^ le nombre moyen 
des naissances, de i8io..a 1829, seraijt de,7,44^ enfans : le 
nombre des deces , durant le meme- intervalle de dix-huit 
ans , serait de 6,127 , et celui des manages de 1,904. Ainsi 
le rapport des naissances a la population deviendrait done 
celui de 100 a 3,980; pour les deces,- on aurait le rapport de 
100 a 4*578, et pour les manages, celui de 100 a 14,732. Ces 
res^ltfits s'eloignent bcaucoup des termes moyens auxquek 



342 Oeograpkie 

M. Mathieu est arrive en appliquant ses calculs ^ toute la 
France. En adoptant les donn^es fournies par ce savant , on 
trouverait , pour une population de 280,5 15 habitant , 8764 
naissances, 7 192 deces et2 109 manages. Ces nombres, quoique 
plus grands queceux du resume des actesofficiels du departe- 
ment du Lot, leur spnt assez exactement prpportionnels ; en 
§orte que dansoe d^partement le mouvement de la population 
serait plus lent que dans le reste de la France, mais soumis 
d^ailleurs a la m^me loi. II y a dans les cfaiffresde ce chapitre 
quelques erreurs qui ont emp^che Tauteur d'apercevoir ce re- 
sultat qui ne lui aurait certainement pasechappe. 

£n calculant le progr^ de la population d'apres le tableau 
des naissances et des morts , on trouve qu'il est aq-dessous du 
Tingtieme en dix aus dans le departement du Lot. Quoique cet 
accroissement ne semble pas tres-rapide , U doit attirer Tatten- 
tion des hommes d'etat , et leur impose Fobligation de recher- 
cher les moyens de prevenir les maux qui accableraient une 
population trop pressee sur le territoire qu'elle occupe. Si 
dans Tune de ses divisions oil le mouvement de la population 
est ralenti la France doit s'-attendre a voir le norabre de ses 
habitans augmente de moitre, en moins d'un siecle sera-t-elle 
alors en etat de les faire subsister, de les maintenir dans une 
situation tolerable ? 

Le rapport entre le nombre des enfans legitimes et celui des 
enfans naturels est a p^u pres de ao s^ i . On pense bien que 
dans ce calcul la ^cbastete des campagnes couvre en partie la 
dissolution des villes. Selpn M. Delpon , les villes du depar- 
tement du Lot renferment le sixi^me de la population totale , 
et la proportion entre le nombre des citadins et celui des 
campagnards n'a pas varie sensiblem^nt pjir I'efFet des com- 
motions politiques, 

L^histoire du departement et la biographic des hommes ce- 
lebres qu'il a produits sont les sujets du troisieme livre ; !e 
quatrieme traite des antiquites, plus nombreuses et plusim- 
portantes dans le departement du Lot que sa position ne 
semble le comporter. L'histoire du departement n'est pas 
continu^e jusqu'a nos jours ; I'auteur a reserve pour les cha- 
pitrcs sur Tadministration des faits dont Texposition eclairera 
^ette importante matiere. Quant aux notices biographiques , 



et Statistique. 343 

on ne sera pag toujours d'accord avec Tauteur sur la part de 
celebrite qu'il accorde aox bommes dont ii parle ; mais on 7 
reconnaitra partout la volonte d'ltre scmpuleusemeDt impar* 
tiai , equitable en vers tous , nialgr^ les suggestions de ramour 
du pays natal. Parmi ies monumens dont it est fait mention 
dans le Hvre des antiquites , nous devons citer le rocber et les 
c^vernes de Brengues , o^ des constructions singulieres et des 
amas d'ossemens antediluviens ont exerce la sagaeite des anti- 
quaires et des naturalistes. ( Fbyez , sur ce lieu 

La description de ee que I'auteur homsnt fortifications 
dans des rockers, telles que cetles qu'on voit dans la com- 
mune de Bouzies , canton de Saint-Gery , a beaucoup de rap- 
port avec les habitations desTt^oglodytes, dont on voit encore 
aujourd'hui en Tauride des bourgades assez bien conserv^es, 
quoique Tepoque ou elles furent habitees soit enti^rement ou- 
bliee. Les babitans du departement du Lot donnent le nom 
de Chdteau^des ' Anglais a toutes les constructions de ce 
genre. « La contree conserve de vagues souvenirs des maux 
qu'y repandirent ceux qui occupaient ces repaires. » 

Des que le second volume de cette statistique aura parti , 
nous nous empresserons d*en rendre compte. Tous ceox qui 
la consulteront en France et au dehors confirmeront par leurs 
suffrages Fhonorable distinction que Pac^demie des sciences 
luiadecemee. ]P. 

.1 14. QUELQUES OOSEILVATIOKS SUB. L^iLB D^ Tsi^BL ( Foder- 

landsch JUctteroffening^ juin i83o, n°. YII). 

L*ile de Texel , anciennement TexluM , la plus remar- 
quable des iles septentriouales de la Hollande , est situee k 
une lieue environ du Helder. Au nord-ouest elle est envi- 
ronnee d'une cbaine de dunes , et de tons les autres cotes par 
des digues qui la garantissent contre les filots d'e la mer. Gette 
tie, reunie maintenant Jt FEujerland qui, suivant rflistoire, 
formait encore en 1629 une tie separee;, a une superficie de 
16 a 18 lieues , y compris les dune's. Les tcrres cultivees qui 
sont situ^es entre les digues ont de 7 i 8,000 arpcns (cunderez). 
Une petite panie est cultivee en bois de constructidni ; tout 
Ifi Teste est en prairies. 

On compte dans File six villages , dont les horns sont Burg , 



344 Geographic N". ii4- 

Het-oude-^chied , Hoorn , Waal , HevOostei'end et de Roog ; 
ce dernier village en merite a peine le nom , car on n'y trouve 
qu'une eglise et i5 a 20 maisons ; il y a aussi dans Tile un 
certain nombre de hameaux qai contribuent a lui donner un 
aspect vif et varie. 

L'ile de Tex^l a une population de 4>Soo ^ 5,ooo tmes re- 
parties dans les villages et dans la campagne \ les villages 
reunis forment une communaiite qui est administree par un 
bourgmestre assiste d'un secretaire. Gette population s'oc- 
cupe particulierement d'elever des bestiaux, de Tagriculture 
et de la marine. Les troupeaux se composent surtout de brebis 
qui sont d'une race excellente et tres-recherchee dans le com- 
merce \ leur nombre s'eleve a plus de 3o,ooo ; il faut ajouter 
:z,ooo tetes de gi*os et de petit betail a cornes, et de 38o a 
4oo chevaux. 

Ghaque annee , au mois de mai, 10 a la. mille agneaux sont 
transportes au.march^ de Leide. A la Saint^ean , on vend la 
laine des brebis a des commis&ionnaires qui viennent dans Ttle 
pour faire des adiats , principalement pour les manufactures 
de France ou la laine du Texel est consideree comme pai*fai- 
tement propre a la fabrication d'une certaine espfee de draps. 
L'exportation de cet article s'eleve annuellement a 75,000 flor. 
de HoUande. On exporte aussi annneUement un certain nombre 
de vieiUes brebis , quelques betes a cornes et du fromage vert. 

Depuis quelque temps le gouvemement encourage vivement 
r^ducation des chevaux dans Ttle \ elle poss^de deja trois eta- 
Ions de race frisonne , arabe et anglaise. L'espece de^ chevaux 
de Texel est petite , mais assez bien faite , et- passablement 
forte. Que Ton parvienne a inspirer le goiit des beaux che- 
vaux y et la race de ceux de Texel en fournira bient6t d'ex-^ 
cellens pour la ca valeric legere. 

Le bien-etre des paysans a beaucoup diminue depuis quel- 
ques annees par suite de la baisse du prix des laines et des 
brebis. Gette baisse a exerce une influence funeste sur cette 
classe d'hommes ; elle se prolongera , parce que I'elevation 
des droits sur les laines etrangeres introduites en France, et 
les quantites enormes de laine anglaise qui surchargent les 
marches en sont la cause determinante , et cette cause ne ces- 
sera pas de sit6t* > 



et Statistique. 3 45 

La plus granfde partie des tetTes de Ttle est cultivee en pres ; 
mais depuis quelque temps les habitans ont donne plus d'ei- 
tension a la culture ep forets : ils ont une espece de pomme- 
de-terre qui , au printemps surtout , a Favantage de se con- 
server long-temps; ils donnent aussi leurs soins a d'autres 
productions, mais ^Ues sont insuffisantes pour satisfaire aqx 
besoins de Tile. 

La marine est une branche d'industrie tres - importante 
pour les habitans de Tile de Texel , et surtout pour ceux 
d'Oude-schiedf de Hoorn et de la partie occidentale de Tile; 
elle OGcupe i5oo k 3,000 individus. Autrefois il y avait tou- 
jours dans I'ile un certain nombre de capitaines de la maiine 
marchande qui y etaient nes, et qui apres avoir long- temps 
navigue venaient y terminer leurs jours , et mettaient dans 
la circulation les capitaux qu'ils avaient acquis. Aujourd'hui , 
lorsqu'un mann sort de File, il n'yrentre plus. II est inutile 
de faire observer que Tile doit necessairement souffrir d'un 
pareil etat de choses , tant sous le rapport pecuniaire que sous 
celui des cOnnaissances maritimes.. 

II y a dans Tile de Texel pres de cent bitimens caboteurs , 
et dans ce nombre i4k i5 ( schooyer-schiuten ) bateaux parti- 
culierement destines a ce lamanage ( ioosden ) , dix barques de 
p^heurs , une douzaine de bateaux qui servent aux commu - 
nications entre Texel et Amsterdam , Harlingen, Alkmaar, etc. ; 
les autres bateaux vont a la p^che aux huitres , ou font un 
service pour le compte des marchands etablis dans Tile. 

On compte au Texel de i4o a i5o lamaneurs outre'uncer* 
tain nombre d'eleves qui habitent Hoorn et le Oude-schied. 
Les pilotes de Hoorn sont particulierement charges du lama- 
nage elterne, c'est-k-dire qu'ils vont chercher les navires en 
pleine mer et les conduisent sur la ri^de ; les pilotes charges 
du lamanage int^rieur les conduisent alors a Amsterdam. lis 
sont tons places sous Finspection immediate d'un commissaire 
qui reside dans FOude-schied. 

Les lamaneurs n'ont jamais tire de grands avantages de leur 
industrie , et depuis que Fusage s'est etabli de faire conduire 
les navires a Amsterdam » par les remorqueurs du canal de 
Nord-Hol]ande , cette industrie est tombee tout-a-fait. Lors- 
qu'un lamaneur gagne 200 francs par an , c*est beaucoup pour 



3 i6 Geographic N'', 1 1 4. 

lui ; il est ctODDant que le gouvernement ne protege pas da- 
vautase une Industrie si utile au comiiiei*ce maritime. Toute- 
fois dans las ports meridionaux du royaume' le pilotage est 
mieux organise. 

• Les bateaux des ptlotes lamaneurs sont en station dans 
une petite baie de I'ile. L'empereur Napoleon avait forme le 
projet d'y elever une fortification , combinee avee les forts 
du Helder. Le gouvernement des Pays-Bas realisera peut- 
etre ce projet , dans Tinter^t de sa politique. 

La p^che aux hu}tres occupe un grand nombre de bateaiix, 
qui appartiennent presque tous k la partie prientale de Ttle. 
Elle se fait pendant toute Tannee. Afin que les huttres per- 
dent le go&t desagreable qu'elles out » on les place dans qer* 
tainr endroits du rivage prepares expres , et oil il y a de I'eau 
douce. Le commerce des hultres est tres-etendu. Le canal 
de Nord-Hollande a porte un coup funeste a Tile de Texei , 
surtout a VOude-^chied, qui nagu^re encpre etait asset floris- 
sante. Autrefois on trouvait toujqurs dans la rade de Texel « 
et surtout au printemps et en automne , un grand nombre 
de vaisseaux de guerre et de na vires marcbands qui y pas- 
saient quelques semaines dans Tattente des vents favorables 
pour partir. Pendant ce temps les vaisseaux ^taient servia 
par des marins de Tile de Texel » qui fournissaient aux equi- 
pages tous les objets de consommation dont ils avaient be- 
soin. Si a cela on ajoute un debit considerable de voiles, 
d'ancres , de cordages , on coocevra ais^ment que Tindustrie 
etait tres-active dans Tile. II n'en est plus ainsi aujourd'hui , 
les vaisseaux vont dans le Nieuwe-Diep , passent les ecluses 
et voguent a pleines voiles vers Amsterdam \ ceux venant 
d* Amsterdam , attendent le vent d'^st $ dans le Nieuw e Diep, 
et, lorsque ce vent souffle , les bateaux a vapeur les transpor- 
tent en uQ clin d'osil hors du port ; la physionomie de Tile 
a par consequent cbange completement. 

Le village de Burg est le chef-lieu de Tile de Texel. Des 
actes tres-anciens lui coni%rent des privileges municipaux. II 
etait protege par un fosse et par des portes. On y compte 
environ 35o maisons> reparties sur 8 ou 10 rues et troia 
places publiques ; un b6tel de la municipalite , et un autre 
^timent dans lequel la justice de paix tenait ses seances^. 



et Stathtiqut. 3^j 

et plusieurs autres corporations leurs i^untons, une egtise 
reformee , une egHse d'anabaptistes et uoe grahde eglise ca- 
tholique. L'eglise reformee est tres-vaste ; on apei^oit ses 
tours a une grande distance en mer. On y remarqne ui^ 
choeur et un tres-bel orgue. Cette eglise est blitJe dans le 
style moderne ; le village possede aussi un marche qui se 
tient sur la place Terte , environnee de maisons et plantee 
d'arbres. Enfin , les fondations et les etablissemens pieux et 
utiles n'y manquent pas. Telles ^pnt les maisons des Qrpbe- 
Tins et celie des secours destines aux pliuvres \ plusieurs so* 
^letes y ont leur siege. 

Les autres villages pvesentent moi^s de particiilarites. 
JjQude-Sekied est grand et bien b^ti. Les rues en sont pa-* 
vees en briques , et sous ce rapport I'Oude -Sehied Temportfe 
sur tous les autres villages , qui sont en general mal paves, 
ce qui provient autant de la grosseur des pierres que Ton 
emploie que dn mode m^me qqe l*oli a adopte pour le pave- 
ment. Celui-ci possede une eglise reformee et une eglise 
catbolique. L'Oosterend est bAti en forme de carre. L'eglise 
^t les cimetieres sont environnes d'arbjes et situes au centre 
du village. Waal n est habite que par des labooreurs. Le 
Hoog , qui n'est aujourd'bui un village que parce qu'il pos-r 
sede line eglise, estle triste debris d'l^n lieu autrefois vaste 
et florissant. On dit m^me que leHoog etait tres-ancienne- 
ment le chef-lieu de Tile. !( est le seul qui ne soit point 
pave. On y trouve encore une ecole asset bien organisee , 
pour vingt'cinq a trente ^nfans. Le i»eul port de Tile se 
trouve dans TOude-Scbied. Son bassin est large, mais comme 
il n'est pas profond les vaisseaux ne peuvent y venir jcter 
rancre. Le soir on allume a I'entree da port un fanal qui 
sert de guide pendant la nuit aux navigateurs. G'est le seul 
qui soit dans Tile. Le long du port il y a quelques magasins 
eppartenant a Tetat et un cbantier. Toutes les provisions de 
rtle , a quelques exceptions pres , y arrivent. On les expedie 
ensuite par Buy dans les Autres villages. Plusieur$ douzaines 
. de voitures traversent , dans le cours d'une an nee , la grande 
route entre rOude-Schied , et le Burg. Ce mode de trans^ 
port influe beaucoup sur la cherte d'une foule d'artides de 
^OQsommation dans nie , parce que les frais de voiture sont 



348 Geogtaphie N^ 114. 

fort eleves. Cette remarque s'appltque surtout au combus- 
tible qui est importe de laFrise et d'autres contrees. 

La superficie de File da Texel es^t divisee en trois parties, 
principales. La premi&ne partie, formee de Fanoien Texel , 
ceinte de digues depuis^des siecles, et divisee en dix-sept.ou 
dix-huit polders , est regie par une administration des di- 
gues y composee d'un dykgraaf , de conseillers , d'un sea*e- 
taire» d*un coUecteur de deniers et d'un messager, et la se- 
oonde partie n'a qu'un seul polder^ Waalenburg. Ge n'est 
qu'en i488 que ce polder a ete ceint de digues. Son etendue 
est de 900 arpens du Rhin (rynl-morgen). II est soumis a. 
uoe administration des. digues, particulieres , comme s'il etait 
iadependant. Enfin ^ le Buttenveld ei TEijei'land , qui etait 
autrefois independant , mais qui appartient maintenant a File 
de Texel. Ce territoire dont la superficie est de 4 ^ S^ooo ar- 
pents du Rhin , appartient au domaine. A Touest , il est pro^ 
teg^ contre les flots de la mer par les dunes et le Sanddijk f. 
mais il y est tout-a-fait expose au c6te oppose. 

Le polder Waalenbourg est » sous le rapport de la forme ,. 
le Beemster de Nord-Hollande en petit , il. est carre et di-. 
vise en chemins reguliers , par des fosses de paralleles. On y. 
trouve un grand nombre de metairies. Les opinions different 
sur le prix du terrain. Ge polder est tres-bas , et souvent on 
est oblige de faire travailler un moulin a eau , pour se de- 
barrasser des inoodations. II y a beaucoup de poissons dans, 
les mares du polder y surtout des anguilles et des brockets^ 
II est pour la plus grande partie cultive en pres, et c'est sons 
ce rapport qu'on lui a donne le nom de greniei* d'abondance 
de Tile de Texel : il est facbeif x qu'on ne Fait pas plantd d'ar-< 
bres comme le Beemster. G'eut ete le moyen d'y etablir des 
promenades charmantes. 

Les terres du domaine sont afferm^es en trois portiona 
differentes. 11 y a trois grjands blitimens. Le premier est 
appele Zanddykhus , le second Kwelder, le troisieme, Fer-> 
mier; celui de FEijerland occupe une maison en pierres» 
tres-vaste , qui avait ete primitivement organisee pour le 
service du commissaire (gecommetwerdez) de la partie sep-^ 
tentrionale, et qui sert encore occasionellement aux employee 
charges de recueillir les objets que la mer jette sur ces rivages^ 



et Statistiqile. 849 

Vne nietairie est attachee a cette maisoD. Ghacun de ces fei^ 
miers possede et fait piturer beaucoup de betail , et surtout 
des brebis. On sait que FEijerland tire son nom du grand 
nombre d'oeufs que divers oiseaux vienneot y pondre. Ges 
oeufs, r^cueillis aux mois de mai et de juin, sont envoyes 
par grahdes parties a Amsterdam. Jl y avait autrefois dans 
le Buttenveed une grande quantit'e de lapins , qui formaient 
une branche importante de cemoierce pour ies fermiers; 
mais depuis I'arr^te du roi, du 25 novembre 1827, il serai t 
difficile de trouver an seul lapin dans toate i'etendue de 
•I'Eijerland. 

Peut-etre serait-il utile que Ton examinat s'il est possible 
tie ceindre de digues ces vastes terrains. Pour cela il suffirait 
-de faire un calcul approximatif des frais que necessiteraient 
Its travaux indispensables pour cette operation. Une grande 
partie de ces terrains est formee d'une bonne terre argileuse ^ 
tjue Ton pourrait cultiver utilement. Le reste consiste en une 
teiTe mediocrement bonne, dans laquelle on trouve parfois 
du sable. II est inutile de faire remarquer que cet objet 
merite Fattention du gouvernement , a cause de Faccroisse-^ 
ment continuel de la population. 

II y a dans Tile de Texel sept ecoles pour Tinstruction pri- 
maire. Gelles de Burg , de TOude-Schied et du Hoorn sont 
Ies plus nombreuses. EUes sont frequentees par 800 oa 900 
cnfans. Ges ecoles sont placees sous la surveillance immediate 
d'une commission qui se reunit a certaines epoques determi^ 
nees , au village de Burg , pour delib^rer sur Ies inter^ts qui 
lui sont confies. II n'y a point de taxe pour Ies ecoles comme 
partbut ailleurs dans le pays plat. Les traitemens des maitres 
sont integralement payes par Tautorite locale, et il seraita 
desirer qu'ilen fut partout ainsi. Ges traitemens, en y com> 
prenant les frais d'entretien des salles, et dechauffage, s'e- 
levent annuellement a la somme de 4)^<)o fi'^ncs. Que Ton 
compare Tinstruction pnmaire dans Tile de Texel , a lln* 
struction primaire dans plusieurs autres pays, etFon verra, 
combien le parallele est favorable a I'lle de Texel. 

Quant aux habitudes et aux moeurs des habitans , la plus 
leg^re attention suffit pour faire voir qu'elles difterent sui- 
vant les localites et les rapports particuliers qui en derivent. 



356 Geographie 

Dans le Village de Burg , par exemple , ou ii y a beaucoup 
d'habitans notables venus du dehors, qui exercent neces- 
sairement une grande iniluenee sur ies hoinines qui les en- 
tourent , on trouve ua genre de vie tout oppose a celui que 
Ton remarque dans TOude-Schied « dont les habitans'se dis- 
tinguentpar cette franchise et cette gaiete qui forment le 
trait carasteristique des populations maritimes. Dans TOoste- 
rend , Waal et le pays plat, regne partout la vie simple et 
modeste du laboureur. Ghaque village a meme un caracterf* 
special qui le distingue des autres etse.fait remarquer dans 
les plus petites choses. Les habitans sont en general doux , 
polis et hospitalierft* 

Dans le village de Burg les habitudes sociales des habitans 
venus du dehors different d'une maniere notable de celui des 
indigenes. On y lit la plupart df s journaux hoUandais, et la 
correspondance de chaque jour , surtout avec Anisterdam , 
donne toutes les nouvelles. Les reunions ont lieu dans Tinte- 
rieur des maisons. 

Les habitans paraissent sains et robustes. lis sont rede- 
Vables de leur bonne constitution ^ Fair pur qui regne dans 
Tile , a cause de sa situation ^levee. C'est surtout dans 
rOude-Schied et dans la partte orientale que Ton trouve 
des bommes forts vigoureux% Les femmes ne sont pas iaides 
et elles ont la peau tres-blanche. Le langage des habitans 
differe suiv^nt ies locaiites. II est ei^ general prompt et 
accompagne d'une certaine cadence jcomme dans presque 
toutes les grander villes. II participe aux caracteres generic 
ques du langage dans toute la Hollande septentrionale. 

L'ile de Texel produit des herbes potageres delicieuses , et 
des fruits excellens. Le pain , la viande de boeuf , de mouton 
et d'agneau y sont bons. L'eau est en grande partie de Feau 
de pluie recueiliie dans des reservoirs. Gcpendant FOude- 
Shied tire son eau de sources situees a un quart lieue du 
village , moyennant line somioe annuelle qui est payee a la 
tnaison des orphelins de File de Texel. Cette eau ayant la 
propriete de se conserver long-temps, on la prefere pour 
i'approvisionnement des blLtiwep^ destines a uo voyage de 
long cours. Elle fdurnit a la maison des orphelins , a qui les 
^ttroes appArtieooeat , ud reTenu ounsiderable. L^s hat>^itans 



et Statistique. 35 1 

trouvent aussi de grandes ressoui*ceB dans la chasse et dans 
la peche. 

Gependant , a quelques exceptions pres , tout est fort cher 
dans Tile , et la vie y est tres-dii&cile pour quiconque ne sait 
pas s'imposer deux privations , car il faut tirer du dehors la 
plupart des choses les plus necessaires ; la cherte qui regne 
doit etre attribuee principalement a la pat^sse et ^ I'incurie 
des paysans. Pour que la cherte diminu4t il faudrait que 
les terres fussent mieux cultivees et d'une maniere plus 
variee. Annuellement File de Texel exporte une grande 
quantite de numeraire pour des objets de consommation 
qu'elle pourrait se procurer elle-meme par un travail plus 
souteiiu , mais pour cela il serait necessaire que les paysans 
fussent plus actifs. 11$ ne manquent pas d'intelligence , mais 
jusqu'a present ils n'ont pas voulu en profiter pour ame- 
liorer leiir position. C. N. 

1 1 5. Vade-mecum , ou Description de Bruxelles et de ses envi- 
rons, avec des notions sur cc qu'il s*y trouve de plus remar- 
quable ; parte capit. D. K. In-8., avec 2 cartes \ prix , i fl. 
— f. 2. II. Bruxelles, G. J. Demati 

ii6. Labgeuh du Suhd. 

Le Sund ayant ete totalement occupe par les glaces durant 
Fhiverde 1829 a i83o,on aeu Tidee de mesurer exactement ces 
bras de mer, operation qu'on n'avait jamais pu faire durant les 
4o dernieres annees. D'apresle mesurage qui a eu lieu les 3 1 de- 
cembre 1829 et 2 Janvier i83o , la veritable largeur du Sund 
est de 4*^90 metres ou aunes neerl., depuis I'extremite du 
port d'Helsingberg jusqu'a celui du port d'Elseneur en Bane^ 
mark, et de 3,957 metres, depuis les Steinhallez, jusqu'a 
Textremite de la forteresse de Gronenbourg ou ce detroit a 
le moins de largeur. {Algemeen Konst en letter- bode; n. 8* 
fev. i83o. ) . G. R. 

117. HiSTORISCH POLITISCHE A5SICBTEN UZfD UNTSRSUGHUIVGEN^ 

Yueshistoriques-politiques, etRecherches sur la question 
du developpement pratique des constitutions des villes del 
TAUemagne ; par M. H. Reighabd. I'vol. deXYI, et 564 P' 
gf . in-8. Leipzig » i83o | Weidmann* 



35i2 Geogtaphie N\ n-y* 

II n'est pds necessaii^ que nous fassions remarquer a no$ 
lecteurs que cet ouvrage a tout le merite de Topportunite* 
La nouveile forme qu*a prise le systeme municipal qui en 
Allemagne avait survecu aux debris du moyen ^ge , est a Tor- 
dre du jour dans tous les etats de ce pays qui en sont encore 
prives. A cela il faut ajouter que I'exemple de la Prusse a 
prouve que Torganisatipn municipale, qui avait ete donnee a 
cette monarchic dans Tannee 1808, exigeait aujourd'hui une 
foule de change mens et d'ameliorations. En effet , le tiers- 
ctat a fait de tels progres dans son developpement intellec-^ 
tuel et social que 20 annees apres on a senti la necessite de sou- 
mettre I'organisation municipale a une revision. De m^me la la- 
cune qui derive enFrance de Tabseiice d'une organisation muni- 
cipale vivifiant la Charte const itutionnelleet Tembrassant dans 
toutes ses parties , est profondement sentie. 'Cette lacune, le 
ministere Martignac voulait la combler ; on sait qu'il echoua. 

Toutes les fois que de nouvelles constitutions ecrites sont 
mises en vigueur sans etre precedees d'une organisation des 
communes , des villes et des cercles , on se trouve dans la 
meme position que si Ton exigeait des universites sans pos- 
seder des ecoles savantes bien etablies. Toute la vie sociale 
forme, depuis le dernier echelon jusqu'au sommet un tout or- 
ganique dont les parties sont etroitement liees. L'organisation 
communale et municipale en forme la base. Plus les consti- 
tutions communales et municipales se rattachent dans les pre- 
miers elemens du droit social aux constitutions politiques 
mises en harmonic avec elles , plus la vie constitutionnelle se 
developpe facilement et energiquement dans 4es hautes re« 
gions de la societe prise dans son ensemble. 

L'auteur debute par des considerations preliminaires sur 
le merite et Timportance des villes pour la vie politique en 
general , et pour Findustrie nationale en particulier. Ensaite 
il divise son sujet en trois sections. 

La premise section contient des aper9us generaux et des 
doctrines politiques generales puisnes dans I'histoire da droit 
public de rA.llemagne, et dans les developpemens de Torga- 
nisation municipale de ce pays. Cinq chapitres sont consacres 
a presenter les progi*es des constitutions allemandes depuis les 
temps les plus reculees jusqu'a Charlemagne ; depuis les Gar- 



6t Statisti^ue. 353 

lovingietis jusqu'a rinterregne; depuis Rodolphe die Mabs- 
bourg jusqii'a Maximilien I«'.; depuk les temps de la reforme 
jusqu'a la dissolution de Tempire d'Allemagne ; enfin le de-^ 
veloppement des constitutions politiques dans la confederation 
germanique . 

La seconde. question embrasse I'etat actuel du system e mu- 
nicipal desvilies de FAlleaaagkle. L'aul^ur expose dans quatre 
chapitres Tetat ou se trouvaient les constitutions municipales 
lors de la dissolution de Tempi re d'Allemagbe et les transi- 
tions a la legislation la plus recente, les traits caracteristiques 
des constitutions Sctuelles desquatre villes libresde rAlIema- 
gne. Geux des constitutions municipales actuellement en vi- 
gueur dans les monarchies du corps germanique , viennent 
ensuite des considerations politiques tirees des vicissitudes 
qu'ont iepouvees les villes allemaiides. Au troisieme chapitre 
se rattacheot deux appendices importantes : elles sont intitu* 
Me^ I V organisation de Vautorite et de V administration mu-^ 
nieipale dans les Mies de Leipzig et de Hanovre exposees 
sous un point de ifue general. 

Dans la tixHsieme section Tauteur se livre dans iieuf cha- 
pitres a des reflexions etendues snr la legislation future. II 
traite de la.necessite et de Futilite de Findependance pour les 
ceixles sociaux dans Tinterieur des etats ; il passe ensuite a 
divers pmnts de vue sur les progres iDt^rieurs des constitu-* 
tions municipales en AUemagne, il emet ses idees sur I'organi- 
satioo du pouvoir executif, sur celle de la representation com- 
munale et sur les elections des deputes pour les di^tes. Enfin, 
Apres avoir indique d-une maniere g^nerale Tutilite de consti- 
tutions municipales perfection oees pour la simplification des 
imp6ts , il termine par des considerations generates. 

Tuici comment Fauteur s'exprime sur la maniere dont on 
doit proceder a la formation de la representation communale. 
X'iodependance des communes relativement au pouvoir 
executif ne peat trouver sa garantte essentielle et efficace 
que dans lexistence d'une representation communale libre- 
went et sagement constituee par les suffrages des citoyens ; 
la puissance et Tinfluence du pouvoir executif on t besoin d'une 
opposition libre pour etre maintenues dans les limites legales. 
II faut aussi' que le pouvoir executif Wit tant6t contr6l« et 
F. Tome XXV. Maes i^3 i . ^3 



354 Geographie 

tantdt ^econde par les organes capabies des communes. Ge 
n'est qu'au moyen d'une or^nisation pareille qu'ude com- 
mune acquiertla faculte d'exercer une influence active et utile 
sur Fadministration de la communaute entiere , et pour cela 
il faut que tons les genres d'iuterets materiels et moraux , du 
sol ^t de Tindustrie des lettres et des arts , trouvent des de- 
fenseurs dans les elus de la commune. G. R'. 

1 1 8. UeBEK die ReSTAVRATION des DEUTSCHE^ ftEGHTSi WS- 
BESOIfDERE IN BeZIEHUNG AUF DAS GbUNDEIGENTHUM. De 

la restauratiod du droit allemancl surtoiit paj^ rapport a 
la propriety fonci^re , par Friedrich Ludwio Bernhard. 
80 p. in-4". Munich, 1829; Weber. 

Get ouvrage est divise en deux parties : la pi^mi^ spe- 
culative, laseconde d'application. Dans la premiere M. Bern- 
hard se livre a de longues considerations sur le develop- 
pement que le droit eprouve , chez chaque nation, par le 
progres de sa civilisation particuliere. II se plaint de ce que 
les legislateurs modernes , en promulgant leur droit positif 
ou fbrmel , eteignent de plus en plus dans* le sein du 
pt^uple la conscience de scs institutions originaires , de son 
droit propre , et il desire que, le legislateur se bornant a i^tre 
I'organe de la haute intelligence nationale , la legisktion 
cesse par la d'etre arbitraire et devienne Texpression pure 
de la culture juridique de la nation. Yoici main tenant 
quelques^unes des applications , qu'apres ces reflexions gene^ 
rales et quelques autres , notre auteur fait de sa philosophie 
du droit a des institutions pai^ticulieres. Grand, admirateur 
de la feodalite germanique , il convient cependant que 
plusieurs des institutions qui en dependaient sont inconci- 
liables avec Tetat actuel de la civilisation ; . ainsi il abandonne 
la servitude de la glebe, les juridicttons pati^imoniales, les cor^ 
yees ; mais il pease que les besoins du siecle exigent que Ton 
resserre les liens qui unissent la terre a Thomjue, que Ton re- 
connaisse que la propriete fonciere fait partie de la personna-^ 
lit^ du proprietaii*e. G'est cette liaison intime de la terre au 
pioprietaire qui complete le citoyeh ;;c'e8t ce quiconstitue la 
dignite, Thonneur (die Ehre) de.l'homme libre; c'est Tele- 
roeftt chietien du droit germanique ', qui s'^leve m fort 



et SiadstiqnC' 3S5 

aii-d^sus dii droit romain , dans lequel la terre ainsi , que 
tout autre objet de la proprii^te , est consid<^ree comme line 
chose exterieure a Fhoinme , et dont il pent disposer. LVs- 
prit du droit gerhianique etige que cette liaison de la terre 
a I'homme spit aussi indissoluble que possible , que la pro- 
priete fonciere ait aussi une ihdiVidualit^ , sdit indivisible , 
que *a jouissance ne soit pas Fobjet de contrats teinporaires 
et pasasgers qui Tassimilent a line marchdndisi^ , mais dbnne' 
lieu, au cohtrair^ , a des rapports permaneiis fondes sur 
la distinction d'une jouissance mediate ajipkrtenant a uii' 
individu et d'une jouissance immediate ippa'rtenant a uri 
autre, iet que ie proprietaire ne pufSse pas disposer de sa 
terre pour la traiisportfer arbitrairemiefnt a uiie pei-sonnalite* 
etraiigere. Par Suite de Toirdre d'ldees auquel appartient son* 
systeme sur la propriete fonciere , M. Bernhard ne manque 
pas de pi*oclamer la nijcessite de rasserVissement des profes- 
sions industrielles. Voici ses raisons : « H y ia dans Tobjet 
» exterieur de chaque profession uii ^esprit , * que l^Wprit' 
» particulier de chaqne homme ne produit pas, et qui par con- 
» sequent existe independaht a c6t^ dte Pesprit de llndividu. 
* Dans 'ce sehs on tue ou aneantit Ics arts' 'et' inetiers, 
» quand'on les* rend lihres selon nos idees actuelles : Tes- 
» prit d« droit germanique ies veut^(^^:/^e{$^flf}«;ce':se{]$.' 
» Le hien commun exige cette , absence ,.de liberte ,.iet 
% rorganisatioi^i des metiers eipi jui!aQ4?&ret. maiti^is^a.^ i^! II 
admet, au .contraire , la liberte ^dans jlesl)eau^7a|*t^,, et .voici 
pourquoi : «« Gette vocation qui, &ans 'ol;>j)e^t -escfi^ieiur 're- 
» pose . uptquement sur la pe^-sbnualite de rbomtue isol^, 
» sur la ricbesse de son esprit , ^t . la seule q¥ii> ^it <7u 
» completement avec sa liberte : q'est ce qujs la i^aniere de 
» penser allemande entend par arts tiberaua:./»,.dxi, ne seura 
pas surpris de voir qu avec ces idees surla pvpprit^te fonci,ere.^ 
notre aute'ur deplorepi*ofondement'lafaculteque,la loi donjpis. 
au proprietaire d'hypothequer ses , immeubles : il reproche a 
rhypotixeqUe a d'avoir soiimis a 'rargeht ','*a Telement . le 
» plus mobile de la ricbesse , la plus solide , la plus sure , ia 
» plus noble foi*ee de Ja j oaftion^ ,' 1^ ^ pflroprJ^t^ fiittici^rfe , et 
}> de lui avoir spnrbordonne pav cens^detit' bi^tte'haut^ perfec-^' 
» lion que recoit de la ppopriet^ fonfci^lp^ift pei'sofntialit^ du 

23. 



356 Geographie 

9 citoyen. II o'attribue pas une influence moips funeste au 
hail temporaire ; la valeur'par laquelle la propriety fonciere 
etend la personnalite de rbomme est depreciee , rabaissee par 
le contcat de louage qui fait de la jouissance de rimmeuble « 
Fobjet d'un droit passager , d'un droit d'obligation. Nous 
ne suivrons pas notre auteur dans le detail des mojens 
qu'il propose^ pour remedier aux griefs doot il se plaint, 
et pour rendre a la propriete immobiliere ses quatre qua- 
lites essentielle^ % indwiduitas individualite ; densitas , la 
force d*ou decoule et ou revient aboutir le mouTement de 
la nchesse ; flexibilitas , la souplesse avec laquelle elie se 
prite a la separation de la jouissance immediate (propriete ^ 
roturiere } et de la jouissance mediate , ( propriete noble ) ; 
perpetuitas , son independance de la volonte individuelle 
du proprietaire , c'est-a-dire , son inalienabiiite ; ce sont la , 
suivant M. Bernbard , les quatre v^ertus cardinales de la 
propriete fonciere allemande qui font que , comme etre 
politiquement or^anisii, elle est fort au-dessus de. la 
propriete fonciere romaine qui n'est qu'une chose, 

L*ouvrage est termine par un tableau synoptique du 
sy Sterne du droit prive allemand , tel que notre auteur le 
con^oit. C. A. Pellat. 

1 1 9. Sammluho samtlicher gesetze. — Collection des lois , 
ordonnances , instructions et decisions relatires a la police 
de sante ou de salubrite qui ont ete publiees dans le grand-' 
dilcbe de Bade, depnis i8o3 jusqu'a 1829 ; public par P. G. 
Baur D'EiSEiTECK.Un vol. f go5 p. in-8^. Garlsruhe etBade, 
i83o. D. R* Marx. (Getting, gelehrte Anzeigen^ sep- 
tembre i83o, p. i447' ) 
L'auteur de ce recueil estle directeur des archives du grand- 

duche de Bade. On peut done supposer que son travail est a 

la fois complet et tres - utile dans la pratique ; le recueil est 

divise en huit sections. 

La premiere comprend le^ regies generales des institutions 
sanitaires. 

La seconde embrasse lea ordonnances relatives aax etudea 
pi*ealables que dpivent faire , et aux examens que doivent pas- 
ser les personnes qui se destinent au service saniftaire. 



et Statistique. 357 

La tix>isieine contient les dispositions concemaDt les fonc- 
tions des medecins de district. 

La quatrieme contient les instructions sur les fbnctions des 
chirurgiens de district. 

La cinquieme celles relatives aux devoirs des medecins ac- 
coucheui*s en chef. 

Dans la sixteme on trouve I'ordonnance relative aux apothi- 
caires et pharmaciens , ainsi que celle qui regie les rentes des 
pharmaciens. 

La septieme contient les dispositions de la police vetM- 
naire. 

La fauitieme les instructions sur la maniire de traiter les 
moi'ts. 

Lorsque Ton entre dans le detail de ces di verses disposi- 
tions , on ne peut s'emp^her d'y reconnattre les efforts que 
fait un gouvernement eclaire , pour procurer a ses sujets la 
plus grande somme de bien-^tre physique, en mettant a profit 
tous les resultats des sciences et de I'experience. G. R. 

120. AUCHBIH WORT UEBBHOEI'FBVTLlCliKEIT UVD MuBHDLICHKBlT 
DES GEBICHTLICHEN YERFAHRBNS. EnOOre UD mOt SUr la 

discussion publique et orale dans la procedure judiciaire 
et sur le vobu des provinces rhenanes , relativement k Tin- 
trod uction et a la revision de la legislation prussienne; par 
le D'. Paul Wjgahd. vi et 200 p. , gr. in-8<>. Lesogo , 1S28 ; 
Meyer. 

La question de savoii* s'il est utile que les d^bats judiciaires 
soient publics et oraux, a ete vivement discutee en Alle- 
mtfgne ces derni^res annees ; et Fouvrage le plus important 
auquel cette question a donne naissance , est celui de M. de 
Feuerbachy dont le second volume est cMtierement consacre 
a I'examen cntique de Toi'ganisation judiciaire et de la proce- 
dure en France. Ge c^l^bre jurisconsuite criminaliste pense 
que la publidte et Texposition orale repondent aux besoins du 
siecle , et doivent ^tre la base d'un bon systeme de procedure. 
L'auteur de Tou^'rage que nous annon^ons prolesse I'opinion 
contraire , et croit que' la discussion publique et de vive voix 
convient mieux dans I'enfance des peuples lorsque le droit est 
populaire , et que les parties elles-m^mes viennent exposer 



358 Geographic 

*leuy aflau*e j Texposition ecrite est plus conforme a un etat <Ic 
civilisation avancee , oil le droit est devenu une science com- 
pliquee , qui oblige les parties a avoir recours a des inter- 
pretes ; et ceux-ci a employer le mode d exposition ie plus 
precis , |e plus clair, et qui fait moins courir au juge le risque 
d'oublier et de confondre les points de fait et de drpit. Jl 
s'attache particulierement a reluter M, de Feuerbach, dout 
le talent et Tautorite ont ^ant contribue a conquerir des par- 
tisans au systeme oppose. Voici, en peu de mots, le plan de 
ce nouvel puvrage. Pour eclaircir. la question de savoir s'il 
convient d'abolir la legislation fran9aise dans les provinces d,u 
Rhin, M. Wigand expose les traits camcteristiques de cette 
legislation, la compare avec le droit commun allemand, avcc 
le Code prussien , av^c diverses legislations locales ; il se liyre , 
a ce sujet , a des CQ,nS|iderations bistorique$ et philo&ophiques 
^ur les diverses phases du developpem^nt du drpit ; ce qui ie 
conduit a rechercber quelle est la f^rme de proceder qui se 
rapporte a chacun des etats qu'a parcoui*us la jurisprudence, 
et quelle est celle qui est le plus en harmonic avec Tetat ac- 
tuel. 11 compare la procedure francaise , la procedure prus- 
$ienne et la procedure commune germanique , signale leurs 
merites et laurs demerites, fait Thistoire des deux grands 
piincipes , discussion publique , discussion orale , depuis Fan- 
tiquite jusq.ua nos jours, en les considerant chacun separe- 
ment. On ne lit pas sans inter^t cette nouvelle piece du grand 
proces qui s'instruit chez nos voisins , et qui , decide chez nous 
parnos Codes, pourrait bien cependant y ^tre p)ustard sujet 
a une revision dont le resultat serait, nous aimons a Tespe- 
.rer, en sens inverse du vosu que M. Wigand forme pour son 
pays , savoir , le complement du mode oral et public par la 
suppression des r-equ^tes ecrite^ qui, en m^tiere dite ordi- 
n^re , grossissent les, frai$ et allongent les delais , sans uti- 
i,ite pour Tins tructipn du juge, mais non sans profit pour ie 
^39.^1; pour la bourse des officiers ministeriels. C.-A. Pellat. 

121. EffTWURF Ellf ES StBAFQESETZBUGHES FUR EIM ITORDOBUTSCHES 

^ ,Staatsge«iet, etc. — Projet d'un Code penal^poui un Etat 

du noixl de TAllemague, nommement pour le diiche de 

Jjjfj^n^wict e^ les principantes de Waldeck, Pyrmopt , 



et Statistique- SSg 

Lippe et Schaumburg r Lippe f par Friedrich- Karl pon 
Stbombeck. xux et ago p. gr. in - S^*. Brunswick , 1829^) 
Vieweg. 

Ge projet est dedie d la memoire de Leopold II , (immor- 
tel legislateur.de la Toscane. G'est indiquer dans qoel esprit 
ii est con^u. Les principes exposes par Tauteur dans sa pre* 
face, et les citations qu*eUe renferme des ouvrages de Becca- 
n1 ia , de Montesquieu , de Destutt-Tracy, etc. , montrent qu'il 
est pai*tisan eclaire de la gen^reuse ecole philosophique , a la 
tete de laquelle brill ent ces noms illustres. 

M. de Sti'O.mbeck se declare pour Tabolition de la peine de 
mort; Diais , apres poiwrage classique et plusieurs fois coU" 
ronne de M. Charles Lucas, et tout oe qui a ete ecrit sur 
cette question , soit en AUemagne , soit a Tetranger, il croit 
inutile de dpvelppper les motifs de son opinion. II insiste 
seulemeqt sur les consequences ^pouvantables des erreurs 
judiciaires sous Fempire des legislations qui admettentla peine 
capit£|le ; et il montre que ce n'est pas assez , comme se conr 
tentent de le proposer quelques criminalistes , et comme Tout 
faitquelques legislateurs , d'exiger que Tapplioatioade. cette 
peine irreparable ne soit faite qu'a une majorite plus forte 
de vqix , et seulement sur Taveu de Taccuse, ou surJa depo. 
sition de temoins , et noa sur des. indices qu pre^pwption^ ; 
car les preuves resultant de la declaratioa.d/es temoins., et 
meme de la confession de Taccuse, ne sont, philosophique- 
ment parlant , que des presomptions qpelquefois m^me moins 
fortes que celles qui resyltent des faits ; puisqu'il n'est pas rare 
de r^ncontrer de faux ten^mns y et qu'on, a tu des accuses , 
par denouement poiir le yr^i coiips^ble , ou par degoiit de la 
vie , avouer un crime dont.ils etaient innocens. M. de Strogir 
beck invoque egalemeot Texperience , qui malbeureusement 
n'a pas ete faite. encore dans un assez gj'and.nomhre.de pays , 
et pendant un temps assez long , pour ^%xe tput-a-fait con- 
diiante ; car je ne puis regarder avec lui , comme une expe- 
rience positive 9. eta|)lissant que I'abolition de. la peine de mort 
serait sans inconveniens , la rarete de plus en plus gra^de de 
spn executipn chez les peuple^ qui la conservent encore ; car 
son effet preventif subsist^, tant qu'ecrite dans les lois elle 
peut etre appliquee. Quoi qu'il en soit de cette derniere ob$er-: 



36o Geographie * N*. 121. 

vatioD^ les raisODScfui militeDt d'aillears poor la suppression 
de la peibtt capitate sont assez fortes pour qu'on tente l'ex< 
periencey en I'abolissant au moins dans plusieors des cas aux- 
quels eile est appliquee par le Code acttiellement eh vigueur. 
M. de Strombeck propose egalement i'adoucissement pro- 
gressif des autres peines. Convainco que les sauts brusques 
soDt dangereux en legislation , et que les ameliorations gra^ 
duelles sont les plus utiles et les plus s4res , il s*est particulie* 
rement attache a consacrer dans son projet de Code des chan- 
gemens deja adoptes dans Tnsage , et dont , comme maglstrat 
d'une cour superieure , il a ete a portee d*appreeter les bons 
effets pratiques. Il offre aui princes et anx peuples du noi'd 
de rAlIemagne on Code penal , ou ne figurent ni fecha^ 
faud, ni le piiori, ni la marque, ni le fouet. Les peines qu*il 
admet et qu'il a choistes parmi celles qui sont en vigueur dkns 
le duche de Brunswick , sa patrie , sont , i**. les grands tra- 
Taux forces avec des fers lourds (Strafe des grossen Karren) ; 
3°. les petits travaox foit^es avcfc iine chaine legere ( Strafe 
^skleinen Karren) -^ 3**. les travapx sans fers dans une mai^ 
sou de ooiTection oa en plein air [Zuchthaus und Z^wangsar^ 
beitS'StraJe) ; 4^. le bannissement ; 5^^. la destitution d'un 
emploi avec perte de tous les droits qui y sont attaches 
( Dienstentsettung) ; 6*». reinprisonnement ; 7*. le conge d'un 
emploi public, entratnant la perte du traitement , niais non 
celle du titre et-des droits honorifiques ( Dienstentlassung) ; 
8**. la suspension de Temploi ; 9°. le blime ou reprimands ju- 
diciaire (der gerichtliche Ferweis); 10**. Tamende qui nc 
pent exceder 5oo reichstahr {environ 1800 fr.) Les cinq pre- 
mieres peines sont qualifiees de gravies , et les cinq dernieres 
de legeres. Les ch^timens corpui^els (le fouet, par exempte ) 
ne peuvent ^tre appliques qu'aux jeunes d^Hnquans , et en- 
core avec beaucoup de circonspection. La confiscation n'a 
lieu que pour les objets particuiiers» insti*umens ou produits 
du delit. La perte du metier est ajoutee aux peines ordi* 
naires quand le coupable a abus^ deux fois de son art pour 
cbmmettre un delit. 

Ce projet de Code est divise en deux parties , i^. la partie 
generate di\isee en dix titres, et destinee a exposer les prin^ 
cipes sur les peines, la distinction des delits commis avec 



et Statistique. 36 1 

intention perverse on par negligence reprehensible , Taccom- 
plissement et la tentative da delit, la complicite, Fexciise , 
la proportion de la peine au delit , les circonstances aggra- 
vantes ou attenuantes , le droit de gr^ce ; 2". la partie spe- 
ciale , qui renferme en seize titres la definition de toutes les 
especes da delits. 

Ce projet de code est precede de quelques considerations 
sur la maniere de prevenir les delits , surtout par le moyen 
de la legislation penale. II est siiivi d'un projet de reglement 
sur radmissibilit^ des indices oil presomptions comme formant 
preuve complete en matiere criminelle quand ils sont graves, 
precis et concordans. Vient ensuite un appendice compose 
d'eitraits d*un projet revise du code pen-il de la Baviere, et 
(les motifs exposes a I'appui de ce projet lors de sa presenta- 
tion a la derniere session des etats de ce royaume. Gette as. 
semblee n'ayant pas eo' le temps de le voter , 11 lui sera sans 
doute presente de nouveau a la prochaine session en iSS^- Ces 
extraits sont relatifs, 1®. a Tordre des mati^res de ce code; 
a**, et 3°. a ^'extinction de la peine par le repentir actif et par 
la prescription ; 4*** au duel , qui n'est pas prevu par les dis- 
positions du code penal bavarois actuellement en^vigueur. 
Dans le projet de revision, le duelliste est puni d'une peine qui 
varie depuis Temprisonnemenc jusqu'auz travaux publics dans 
une maison de correction , suivant les circonstances. Les te- 
nioins et seconds, ceuxquiont contribue k Tcnvoi et a Tac- 
ceptation du cartel , ceux qui par leur autorite sur les parties 
auraient pu emp^cher le combat , sont pnnis comme complices, 
Dans le projet de M. de Stromberg , le duel est aussi consi- 
dere comme un delit passible de la peine du meurtre ou d'une 
peine moindre , suivant les circonstances ; la peine la plus 
forte est applicable a la partie qui k provoque i-autre. Lea 
Butres extraits du projet revis^ du code bavarois sont relatifs ; 
5". au vol et ei la soustraction entre epoiix et procbes parens i 
6*». au dol eta TescroqUerie; 7** a la contrefacon des ecrits et 
des ouvrages d*arts ; 8*. aux infractions concernant le droit 
de chasse et de p^chco Le volume est termine par quelques ob-. 
servations et reponse a une critique doiit la legislation penale 
«ctuelle de la Baviere a ete Tobjet, C. A. Pellat. 



1 



362 Geographie 

111. Rapport sur l'btat actuel des Prisobs^ maisons de 
correctioD et de travail de rAllemagne , expose dans uoe 
serie de faits cotisecotifs , dont Taatear da rapport a ete 
temoin occulaire. [AUgemeineCameralimdpaluey Fama; 
Aout i83o, p. 354 et 38i.) 

Le duche de Bruswick est nn petit pays, qui a en viroa 23o,ooo 
habitans , la iiiaison d'arret de Wolfenbutell De saarait des 
lors etre rangee parmi les plus grandes de TAUemagDe ; le 3 
mai il s'y trouvait 14S iudividus, dout 112 du sexe masculin 
et 33 du sexe feminin. Dans ce uombre il y avait 108 coudam- 
nes, dont i4 aux travaux publics (in dem Kaixeo.) , et 37 ac- 
cuses. Les condamnes sont repartis dans les classes suivantes : 
condamnes aux travaux publics (KarreugefaDgene), condamnes 
pour deiits miiitaires et autres, depuis la peine la moins longue 
jusqu'aux peines perpetuelles. Les condamnes de la premiere 
classe soDt seqls charges de fers. La maison se compose de 
deux parties , Tune ancienne , I'autre nouvellement batie , qui 
soDtjointes ensemble; Tancienne partie est plus solidement 
constrpite que la nouvelle. La^ situation du nouveau b4timent 
est parfaite. Mais son organisation interieure est vicieuse , il 
ne manque pas de chambres spacieuses , hautes et saines ; 
mais on n'a pas assez separe les simples accuses des condam- 
nes t souvent quatre ou cinq individus SQut enfermes dans la 
m^me chambre , et des enfans de i^ k i6i ans se trouvent 
confondus avec des hommes endurcis dans le vice , en sorte 
qu'ils ne peuvent profiter en aucune fa9on du peu d'instruc- 
tion qu'on leur donne. 

Une grande place, qui doit itte ti*ansfoi*mee en un jai*din» 
est immediatement attenante a (a maison. On a aussi Tinten- 
tion d'elever une maison de travail dans laquelle des tailleurs, 
des cordonniers , des tisserans et d'autres artisans seront em- 
ployes; Texecution deceprojet est d'autant plus desirable, que 
le cercle des travaux actuels est tres-borne. De tons les con- 
damnes, ceux auxquels a e%e infligee la peine des ti*avaux publics 
(Karren gefangene ) meritent le plus de fixer Fajttention de 
lobservateur judicieux : la duree de leur deteotiou s'atend 
depuis dix annees jusqu'a la derniere limite de I'existence , et 
spus plusieurs rapports leur etat peut ^tre compare a celui de& 



et Statistique. 363 

galeriens; il$ on^ des fer$ aux pieds et au cou, un aaneau 
par lequel on les attache le soir k une chaine , ils couchent 
sur un lit de planches et leiir mpbilier donsiste ou se comppse 
d'un escabeau et d'une arpioke en bois ; leur habillement 
consiste en une veste , un habit et des pantalons de toile grise. 
En hiver ils recoivent en outre une camisole de laine ; ils 
n'ont pas d'autre occupation que de tirer et de conduire une 
charrette dans laquelle ils enlevent la bpue et la ppussiere des 
rues ; ils spnt.escortes par une garde militaire cpmppsee d'un 
sous-ofBcier et de trois simples soldats. La npiirriture de ces 
condamnes est moins bonne que celle des autres. Ceux-ci 
recoivent chaquejour un diner chaud , tandis que c^ux-la 
sont obliges de se cpntentier tous les deux jours de pain sec 
et d'eau. Gependant ils vivent le mieux , car les aumonesqu'iis 
tiennent de la charite publique , les mettent en etat de com- 
pleter, par de la viande , de la biere et de Teau-de-vie , la 
chetive nourriture que leur donne le gouvernement. Leurs 
travaux n'exercent aucune influence prejudiciable sur leur 
sante. En efFet , de memoire d'homme on n'a vu Tun d'entre 
eux oblige de garder le lit pour maladje. Mais leur etat intel- 
lectuel et moral est di^ne de meditations graves et profondes. 
Les condamnes pour delits militaires se livrent aussi a des 
travaux hors de la prison. lis out un habillement brun et 
paraissept en general jo\iir d'une bonn^ sante. Les autres 
condamnes ne se distingi;ent point par un habit particulier 
et semblent satisfaits de }a maniere dont ils sont traites 
dans la maison. On y voit regner un ordre et une proprete 
remarquables , et il est vraiement etonnant que Tinspecteur 
qui est un homme infirme puisse parvenir, avec ses auxiliaires 
tres-ages , seulement a prevenir, d'une maniere si satisfai- 
sante , les desertions et les autres desordres. Mais le droit qu'a 
cet inspecteur, qui est ordinairement un ancien sous-pfficier, 
de faire administrer des coups de batons aux prispnniers est 
tres-blamable ; de pareilles peines deyraient etre supprimees 
parce que Ton atteindrait plus facilement et pfus heureuscr 
ment le meme but par I'emprisonnement dans un cachot. Dc| 
moins ce chatiment ne devrait jamais etre inflige qu'avec I'aq- 
torisation du gouverneur supreme de la prison. C. I^. 



364 Geographie 

123. Beitbj^gc xuk KEnmriss debhavdelsuvd geweebsybbfas- 
suJTG DES Oestbeicbisceev Kaisebstaates. — Documens poor 
servir a la coDnaissance de la coostitatioD oommerciale et 
indostrielle de I'empire d'Autriche , considerees prindpa- 
leiDent sous le rapport de la legislation sur les brevets 
d'inventioD ; par J. Harkup. i vol. xii et 263 p. io-8**. . 
TieoDe , 1829, Gerold. {Jahrbucher der geschichte und 
staatskunst ; joillet i83o, p- 71-) 

L'anteur de cet onvrage , apres avoir jete,. dans une iotro- 
duction , un coup-d'oeil historiqae sur la coDstitution com- 
merciale et industrielle de TAutriche , examine tons les 
decrets , lois et reglemens qui s'y rapportent. Le lecleur peut 
ainsi appreder la relation qui existe entre la l^islation com* 
merciale et indastriellc de TAutriche et ]e commerce et lln- 
dustrie dans leur forme actoelle. L'ouvrage sera d'autant 
plus utile que les notions et renseignemens qu'il renferme ont 
ete puises aux archives du gouvernement imperial qui s'est 
empresse de les mettre a la disposition de Tauteur. 
L'ouvrage est divise en deux sections : 
La premiere contient des documens historiques sur laconsti* 
tution coramerciale et industrielle de TAutriche. 

La seconde , une collection des lois et ordonnances sur la 
concession de privileges exclusifs pour les nouvelles decou- 
vcrtes, inventiooset ameliorations dans ledomaine de I'indus- 
trie. On trouve dans cette section les anciennes prescriptions 
sur les concessions de privileges exclusifs. Le nouveau systeme 
des privileges de Tindiistrie , la promulgation de ce systeme 
dans le royaume de Hongrie , sa promulgation dans laTransyl* 
vanie , des ordonnances posterieures fixant le sens des paten- 
tes portant concession de privileges , et le mode suivant lequel 
les taxes dues pour privileges doivent etre levees , calcul^es 
et controlees. 

Bans Tappendice Tauteur fait connaitre les prescriptions 
legates sur la concession des privileges pour la navigation par 
la vapeur , et termine Touvrage par un registre alphabetique 
sur les ordonnanceset reglemens que renferme cette legislation. 
La collection des lois et reglemens ne commence qu'a Tan- 
nee 1802 , epoque a laquelle TAutriche adopta un nouveau 
systeme d'economie politique , mais I'introduction historique 



et Statistique, 365 

remonte jusqu*aux temps de Tempereui* Leopold I*'. (1657). 
Ce fut alors que le systeme. mercantile de la'France, gouvernee 
par Colbert , excrca pour la premiere fois de TinflueDce sur 
Tadministration interieure de TAutriche , par les mesures pro- 
hibit! ves du gouvernemeut autrichiem , a Tegard des produits 
des manufactures etrangeres datent decette epoque; par contra 
on s'efForca de Favoriser la creation d'etabiissemeus industriels 
dans le pays, afin de pouvoir rivaliser avec Tindustrie etrangere. 

Sous le regne de rempereur Charles YI tons les efforts du 
gouvernement tendirent a vivifier et a etendre le commerce 
maritime ; les villes de Trieste , Fiume et Porto-Re furent 
declares ports francs j en 17 19 une compagnie, composee 
d*etrangers et de nationaux,se forma sous la denomination de 
Gompagnie orientate. 

Sous le regne de Marie Therese le systeme de I'industrie 
eprouva des ameliorations essentielles , une foule d'entraves 
furent supprimees et diverses branches d'industrie devibrent 
I'objet d'une protection spieciale ; le gouvernement abolit plu- 
sieurs privileges anciens et n'en accorda de nouveaux que dans^ 
des cas tres-rares. En 1775 le systeme des douanes subit une 
reforme generale qui avait pour objet de ranimer Tindustrie 
nationale en lui creant de nouveaux debouches. £n 1774 ^vait 
ete fonde le PFienergrosshandiungs gremium, 

L'empereur Joseph II supprima la servitude de la glebe et 
accorda a tons les sujets de Fempire la faculte d'exercer tel 
metier et telle industrie qu'ils voudraient. Le 27 aout i784ce 
prince, ciesirant proteger le commerce national contre Tintro- 
duction des marchandises etrangeres, rendit un decret qui 
prohiba entierement Timportation de certains produits des 
manufactures etrangeres , et n*en admit d'autres que moyen- 
nant un droit de 60 °/o. Lauteur assure qqe cette extension , 
donnee au systeme prohibitif , a eu pour but de favoriser 
le developpement des manufactures du pays. En conse- 
quence des secoars furent destines a ceux qui fabriqueraient 
des marchandises encore peu connues dans Tinterieur de la 
mooarchie et des prix proposes pour ie perfection nementet 
I'extension de la fabrication nationale. 

Mais Tindustrie et le commerce devaient prendre une nop- 
velle forme apres les goerres re.centes de i'Autriche, et par r%d« 



366 Geographie 

jonction a la monarchie de plusieui*s tei*ritoired et domaines 
nouveauT , car la Lombardii; , Venise , le Tyrol , FAutriche ' 
superieure , pt*ovinces acquises aa congres de Yienne , dlSe- 
raient sous ce double rapport d*une maniere sensible avec les 
ancietines possessions. En consequence une commission spe- 
ciale fut chargee , en 1816 , de preparer un systeme industriel 
et commercial , qui put s'adapter a toutes les parties de la 
monarchie et de porter particulierement son attention sur la 
legislation des douanes. Sur la proposition de cette commis- 
sion et du conseil imperial aulique,'le gouvernement publia 
une suite de tarifs pour regu^ariser graduellement les droits 
d'importation et d'eiportatioo , et intrbduire insensiblement 
dans toute I'etendue de la monarchie un systeme uniforme de 
douanes a mesure que les tari& se trouverent regulaiises; pour 
diverses especes de marchandises , le libre commerce en fut 
permis dans Hnterieur de la monarchie et le gouvernement 
prepara ainsi la grande mesure suivaht laquelle les lignes de 
douanes entre les diverses provinces devaient disparaitre , afin 
que toutes les parties de la monarchie placets en-deca de la 
ligne des douanes fussent soumises a un m^me systeme. Au- 
jourd'hui le royaume de Hongrie et les pays qui s'y rattachent 
sont seuls soumis a un systeme de douanes particulier. 

Le nouveau systeme de douanes est tres-favorable a la pro- 
duction et k Tindustrie. 

En 1822 les droits de transit ont ete regies par un tarif 
particulier, mais ce tarif k eti revdque par un tarif general 
applicable a toutes les pi'ovinces de la monarchie appartenant 
au systeme de douanes etabll. 

L'auteur tennine par des observations sUr Televation de Ve- 
nise aurang de port franc, sur la fbndation de Tinstitut poly- 
technique a Vienne et les trait^s commerciaux cooclds entre 
FAutriche et les pays etrangers. C. R. 

124* Gemaelde vok UncARN.-^Tableau de la Hoogrie, par Jean 
G'saplovies, 2 vol in-8° accompagnes d^une carte ethnogra- 
phique; Pest, 1829. [NeueAllg, Geog, unci Stai. JBphem,; 
XXXI vol. 2® livr. i83o. (Foy, le Bullet. , t. xx, n** 22.) 

Quoique digne sous tons les rapports de fixer I'att^ntion 
des geographes , la Hongrie , neanmoi'ns ; n'en est que fort 



et S talis tique, 36 7 

peu cennue , et cela vient de ce que ses liaisdns aivec les etats 
voisIds soiit peu etendues et lui donnent peu de pdids dans 
la balance commerciale , et de ce que les savans etrangers 
qui Ton! voulu visiter ont ete arretes dans leurs recherches 
par une foule de difficultes. G'est a M. J. G'sapiovies quil etait 
reserve de remplir la lacune qui existait dans la geographic 
de son pays , et c'est avec un plein succes qu'il a rempli la 
tSche qu'il s'etait imposee. 

L'aspect de la Hongrie est tres varie ^ et la temperature . 
malgre son peu d'etendue , diff(^re beaucoup dans les divers 
comtes. On y trouve des montagnes fort elevees , de profon- 
des vallees et de vastes plaines, auiquelles I'industrie des ha- 
bitans fait produire tous les ans d'abondantes recoites. C'est 
la diversite des rapports sous lesquels on peut la considerer 
qui Ta fait comparer par I'auteur a TEurope en miniature. 
Son etenduCy. y compris I'Esclavonie , la Croatie, les cdtes 
mairitimes et lesfrontieres militairesest d'environ 1 1,177 ^i^ues 
carrees. 

Les moDts Krapacks, qui la separent de la Gallicie^ travel- 
sent plusieurs comtes et sont divises en trois grandes chatnes. 
La premiei*e , dans les comtes de Liptau et de Zips est Tatfa ,• 
la secbnde est Fatra, qui separe le cOmte de Liptau de celui de 
Thurocz, et la troisieme Matra, qui se trouve dans eel u i d'Hever. 

Parmi les 160 riviferes qui arrosent la Hongrie, I'auteur 
en cite deux, particulrerement dtgnes de remarque,'ce sont - 
le Poprad et le DunajeU. La premiere forme pres de Lubo- 
tin un canal qui , par le moyen de la Torissa , de I'Hernad 
et de la Theiss pourrait etablir une communication entre la 
mer Noire et la mer Baltique ; et la seconde , apres avoir long- 
temps serpente au milieu de rochers escarpes se reunit, au Po- 
prad pres de Sandecz enGallicieetalaVisttilepres d'Opalow. 

Les lacs les plus vastes que renferme la Hongrie sont : le 
Hansag , qui presente l'aspect d'une prairie flottante , et dans 
un espace de i4 Heues carrees n'offre que des joncs et des 
roseaux. 

Le Neusiedler , qui se reunit au Hansag pres d'Esterhaz et 
couvre une immense etendue de terrain. Sa longueur, de 
SchroUen jusqu'a Grois , est de 1 1 lieues et sa largeur de 7 a 
B lieues. 



368 Geographic 

he Balaton ou platensee , qui a 23 lieue^ de longueur et 6e 
a et demi a 5 lieues, de largeur. Sa profondeui*, dans bean- 
coup d'endroits , est de 36 piecU* 

Le lac Yert (grunei see), dans les Alpes Karpathiques. 
- La masse prodigieuse d'eaut stagnantes qui se trouve en 
Hongrie fait regarder ce pays comme malsain ; cependant I'on 
n'y voit jamais de maladies endemiques; les montagnes seu« 
lement ainsi que Tile Gsallokoez, dans le comte de Pi'e&bourg, 
et les Wendes, dans celui de Szalad, ofirent un grand oom-> 
bre de goitreux , ce qui lui est commuo a^ec d'autres pays. 

EUe est divisee en 52 comtes , y compris TEsclavonie et la 
Groatie, 3 districts separes et i4frontieres militaires.La popu-» 
lation s'eleve a 9,o36,665 habitans chretiens et i49>3i3 juifs^ 

NuUe part autant qu'en Hongrie la population est vai^ee. 
Les Magyares, les* Russes ancetres des Ruthine^, et les Ku-^ 
manes sont les peuples qui dans un temps deja fort loin de 
pons vinrent s'etablir dans le pays. Malgre les liaisons qui se 
formerent entre eux les races ne se sont pas melees et chacune 
d'elles a conserve ses moeurs , son Industrie , son costume et 
et son rit particulier. 

De la multiplicite des races, a resulte iadiversite des Ian- 
gues, et aujourd'hui encore plusieurs sont en usage dans le 
pays. Le latin est la langue usuelle, cependant en i8o5 les 
gouverneurs ont commence a correspondre en hongrois avec 
les membres du gouvernement ; les directeurs des mines et 
des postes correspondent en allemand , et c'est en cet idiome 
qu'e&t le reglement militaire et qu'on commande aux soldats : 
pourtant dans la baute classe il perd beaucoup de son credit. 

La religion dominante est la catboiique apostoUque , mais 
on y trouve le culte reforme, celui de la confession d'Augs* 
bourg, le rit grec et le judai'sme. 

Gomme I'economie rurale offre aux Hongrois des ressoui*ces 
assez grandes pour les empecber de chercber a augmenter 
leurs relations commerciales , Tindustrie y est generalement 
pen repandue. Les Magyares, qui babitent ordinairement de 
vastes villages , s'occupent presque exclusivement de Tagii- 
culture et de Teducation des bestiaux , le mode de culture 
pai^mi eux est Tasiatique ; les Allemands ^'occupent du com- 
merce, de I'exploitation des mines et de la culture ; lesYala- 



et Statisiigzte. 369 

tjiieS sofit aiiberghtes et quelques-uns wiineiirs ; les Eiclavons 
et les Crdates cnltiveiit et font dii coirimei'ce j l^s Rulhenes 
cultivent et viretlt mlserablemetit j les Jiiifs et les Ai*m^diens 
trafiquent et prennent k fei-mej ks Bohemiens traVaillent 
le for , jouent du \io\6tk el font le commerce de mauvais 
chevaux; les Slovakesfoot tontes Jiortes d etats; ils Font sui-- 
tout eicellens fliariniefs, chasseUi^s H vdturiers tres-adroits, 
(Jiioique la HongHe ne s6it pas nh pays de fabrique, elle 
suflit^sesbesoins, et Oh en exporte cheque ariiife pliisieui-s 
millions d'aunes de tolle ti*es-estinree. La fabrication de aet 
ai^ticley esttellement r^pahdue,>jue daiis certains cbmtes 
Jes hoiiitiies tn^me niettent Ik ihaiii aii Fuieau. Les objets de 
Juxe t soiTt febriqtaes arissi, mals en petite qiiatitit^. Les SIo- 
wakes tfavaillent aVee beaucGup de succes le rajeczer i-ouge 
et jauite (faiiX maroqtiins) , dont les jetities filfes se fotit faire 
des bottities. A Pest, on fait des pipes d ecuifie^e ifter, et a 
Debrecan des pipes de ten-e connues sous fe nom de Makra, 
^t fort estimees. La cakui^ des plained livi;fe en abondance 
du riz, du t«rbac, du chanvl^e. du houWbn, tJu safrah, des 
fruits deiidienx et prindpalement ties pafeteques et des pru* 
n€s tres^fenomm^es. Leurs coleaux produisent des vins ex- 
quis, et leiir^ mine^, dotit Texploitation occupe plus de 3o,ooo 
ouvriers, fotirhissent du ftr, du cuivre , de Paigent et m'eme 
de Vot. La fabrication du sel et de I'alun, et 1 extraction de 
la soude des tiiarais salans , oflfrent encore des ressburces a 
pltisieurs comt^s. 

De ^ratids canaux et de belleis rbilteS faeilitent le ti-ans- 
port dans Finterieur dti. pays. 

Les eartaux lei pliis remarqnables soilt : eelui qtii facilite 
la navigation de Ik Tuth j celui tfAlbreehts Karasicza, dans le 
comte de Bki-ariy , qni a i8,8i3 toises de long , de 10 k 18 de 
large , et de 5 ^ 6 pieds de pfofotideur ; le canal de N^^ry- 
Lucska , dans le comte de Beregh , qui pi^^^erve des inonda- 
tions periodiques du ripide Latorcza i6,666 arpens de ten e 
k bid, et le grand cianal de Bacser qui joint le Danube a la 
Theiss prfes de Mldvar- il a 34 lieues de long; sa dbute du 
Danube k la Theiss est de 25 pieds, et divisee en 5 ecluses. ' 

La grande ronte, appeMe Luisenstrasse , qui conduit de 
Karlstadt a Fiume , est de la plus grande beaute. Sa loneueiir 
F. Tome XXV. Mars i83i. '2/1 



^o Geographie 

«st de 4^ lieues, et sa peote de 4 pouces par toise(?), oe<pii 
rend le roulage si aise, qu'avec quatre chevaux on peut trans: 
porter 4o quint, (charge ordinaire sur les routes de France.) 

La litterature y est polyglotte ; la magyare y est la plus re- 
pandue : vient ensuite Talleinande et la slowake, qui cependaot 
est assez rare. Quant aux autres peuples, ils n'eerivent point. 

Les arts commencent a faire sentir leur influence : deja la 
musique compte des amateui*s d'un talent distingue , la sculp- 
ture et la gravure ont fourni des artistes, et le gout de I'art 
dramatique se repand dans les grandes villes. 

La haute classc ne manque pas dlnstruction , mais le peu- 
pie est encore plonge dans Tignorance et la superstition ; Je 
gouvernement cependant fait tons ses e£forts pour propager 
Tinstruction publique, qui a ses etablissemens separes pour 
chaque religion » et qui voit chaque annee augmenter le nom- 
bre des etudians. 

Le baut clerge catholique , les magnats , les gentilshommes^ 
et les villes libres , les districts des Jazyg et des Kusmanes , 
les villes des Heiduques , les cantons maritimes et la noblesse 
juropolienne forment les differentes divisions de la Hongrie. 
Le paysan n'y est pas serf, il est sous la protection des lois: on 
ledivise en deux classes, les perennal-contractualistes, attaches 
a la propriete par un contrat perpetuel , et les urbarialistes , 
dont les charges ont ete fixeespar rurbarium de Marie-Therese. 

Les autoi'ites chargees de I'administration des affaires pu- 
bliques sont : la chancellerie hongroise de Yienne , le conseii 
royal du gouvernement a Osen {consilium regium locum te- 
mintale) , le conseii du gouverneur royal forme par ^5 con- 
seillers, et lachambre des finances. La reunion des decrets de 
la diete forme le code civil et criminel. L'ouvi*age , public par 
Stephan Werbicz en i5i4. et connu sous le nom de Tripar- 
titum, est un code systematique, d'apres lequel la justice est 
rendue. Pour certains cas particulierss , les tables des lois des 
districts (districtualtafelti) prononcent des peines. 

L'armee active est d^a peu pres 100,000 hommes en temps 
de paix et de 232, 000 en temps de guerre. Les frais d'entre- 
tien de Farmee sont converts par un imp6t particulier appele 
kreig&steuer, impot de guerre. Les charges du pays s'elevent 
annuellement a ii,383,695fr. 5i c. 

L'auteur termine son ouvrage par des details fort curieux 
sur les moeurs des diiferentes races. 



et Siatistique. 



3,. 









Hifrrrrrrrr^rriifrr?ir:r! 






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37a Geographie 

Recapitulation de la population. 

Chretiens. Juifs. 

Les $2 cotntes 8,181,788 i49»i4^ 

Les 3i districts separes (nou compris la noblesse). i47)8o5 468 

Les $ regimens de la frontiere militaire de la 

Groatie , , , ^97,477 » 

Les 3 regimeni^ et Id bataillon de la froittiere 

militaire d'Esclavonie a3a,'i5i • 

Les 2 regimens ^ la frontiere militaire da 

Bannat X75,o44 






9,i36i765 i49}3i3 

G D. 

I!ji5. PoLEJI, EIN filSTOBISCH-GEOGRAPHISCH-StATISTISGHES TaS- 

cBKNBifcii. -^ La Poldgne . manuel historique , geographiqae 
et stat'tstique pour les voy ageurs , les homines d'affaires et 
ceux qui lisent les gazettes f par L. , baron de 2edlitz. 
12I6 p. in-8^ Berlin, i83i; Dancker et Humblot. 
L'ftute«r commence par donned on catalogue des ouvrages 
qsi 0nt ete puhlies sur la Pologne ju.squ*a Tepoque ou il a 
pttblie le sien ; il donne ensuite un apercu chi*onologiqae de 
rbistoire de la Pologne iet le tableau des souverains qui y out 
regne. Apres cette courte introductioii de 10 pages , Tauteur 
s*occupe de la statistique , ou d'une par tie de la &tatistiqoe , 
car BoUs n'y trouvons rien sur le commerce et rindustrie ^ 
sfir rinstructionpubltqae, sur Tadministi^atioii , ete. L'auteur 
decrit Varsovie , et fait connattre les itineraires de Varsovie 
aux che£r-lieux des sept palatinats et aux capitales des etat» 
voisins } il termine par des renseignemens sui* les postes , les- 
poids et mesures, les gazettes (i^, y compris les ecrits men- 
suels] , et par une indication de tous les reiais de poste. Ge 
petit ouvrage parait avoii' en general pour but irioins de don- 
ner une topographic ou une statistique de la Pologne, que 
de fournir aux voyageurs lin guide peu embarrassant. 

D— G. 
126. Observations sAROMiTBiQUfes us AL le goloitel Ter- 
LETSKT, pour determiner Teievation des points culminant 
de la chaioe de FOural. (Extrait de YAbeUle du Nord, 
n«. 8a.) 
Dans la direction du sud au nord, depuis la forteresse 



et Statistique. SyS 

d'Orsk jusqu'a la iner iGrl^ciale, la cb^ine da TOural o£Pre deux 
groupes de montagnes qui s'eleveot fort au-<le$sus des autres t 
I'un de cas grpupes e^t situe au sud de Gathennenbourg, par 
56° 45' de lat. ; Tautre , au nord de cette ville , s'etend entr^ 
]es 61^. et 68*^. deg. de lat. O'apres ces nouvelles observa^ 
tions, en prepant dans la yiUe de Catbcrinenbourg, pour point 
d'intersectiqn , la cathedrale sur la place principale pres d6 
rh6tel des jponuaie^ , on trouve que cette ville est situee au 
56" 22" tV lat. nord, et 3o« i^ 49" ^ long. Est dir merid. de 
St.-Petersbourg. Toutes l^s autres branches qui fbrmetit ta 
chatne de TOural se rattachent a ces hautes montagnes pri- 
mitives, et s'abaissent d'une maniere tres-sensible dans la di- 
rection deCathei^inenbourg vers la mer Glaciale et vers le sud- 
ouest , oil elles recoivent le nom de grande et petite Syrte^ 

Les sources de I'Oural (Tancien Yaik), de la Belaia, de 
f Ai' , de rOui et autres rivieres qui coulent dans divei*$es di- 
rections , dessinent le groupe meridional de la montagne d'Tr- 
mel, dont I'elevation au-dessus du niveau de TOcean est de 
4,4^0 pieds anglais. 

La Petchora, la grande et la petite 3osva, et d'autres ri- 
vieres, determinent les points les plus Aleves du nord de . 
rOural, qui n'egalent point en bauteur I'Irmel, mais dont 
quelques-uns arrivent au niveau du grand Tanagai' et de I'Ou- 
rena, qui ont jusqu'a 3,5oo a 4j00o pieds d'elipvatipn. 

Au reste , la difference des niveaux des points les plus Ale- 
ves de la chaine de TOural pent ^tre appreciee facilement au 
moyen des resultats publics precedemment et de ceux qu'on 
trouvera ci-apres ; toutes ces. mesures qnt ^te calculees au 
moyen d'une nouvelle formule barometrique extr^mement 
exacte, ayant poi^r base des observatio.ns meteorologiques 
faites par ]e colpnel Terletsky sur les lieux m^mes, et venfiees 
avec le plus grand spin. 

Elerations 
en jpieds aqglai*. 

Niveau deseaux d^ la riviere Isete , pres de Fhd- 
tel des mpnnaies dQ Catherinenbourg, a un point 
dont la longit. et la. lat. ont ete determinees avec 
exactitude ^ , 887 

liieu des exploitations des sable^ auriferes de Qe- 



874 Geographie 

rezoff (appartenant a la coaronne), et de M. Yako- 

vlefF, pres des sources de la Pyschma gSy 

Niyeau de Vhx , a Teduse de Tusine de Zlatooust . 
(Kossotoursk). i,5i7 

Niveau de la Mia&ss, a Tecluse de Tusine de Miask. 861 -| 

Gisement des sables auriferes tres-riehes pres de 
la source de la petite riviere de Taschkou-Tarfi;anka. 889 j 
. Centre de la chaine de TOural , pris sur la grande 
route qui joiot TEurope a TAsie , a environ trois 
verstes de I'usine de Bilimbaieff, appartenant a 
mad. la comtesse de Stroganoff. i,33^T 

Niveau des eaux du Schischine meridional, trouve 
pres de Tusine de mad. la comtesse de Stroganoff, 
povir le lavage <les sables auriferes a Touest de la 
chaine de TOural. i ,285 

Hauteur moyenne de la chaine de TOural. . . . 2,200 

IQl 

(^Jourm. deSt.'Peters^ourg, o > juillet i33o, p. 33^^) 

127. SufLEMENTo AX DiociONARio GEoc^RAFico , ctc. — Supple- 
ment au Dictionnaire geographico-statistique de Tfl&pagne 
et du Portugal , par le D^ don Seb. de Minano To. XI. 
pet. in-4°. de vui et 628 p. sur 2 col. Macjri^, ^829^ impr, 
de MqrenQ. 

Ce supplement ne nous est parvenu que long>temps apres 
sa publication , ce qui excuse le retard que nous apportons 
a le signaler a nos lecteurs. 

Ce supplement est specialement destine a corriger les er- 
reurs inevitables dans I'execution d'un pareil ouvrage , siir- 
tout en Espagjne. L'auteur expose , dans une preface , les 
causes de ces erreurs, surtout en ce qui touche la population 
des lieux que de nouveaux et meilleur^ rensei'gnemen3 lui ont 
permis de rectifier. II porte le total de la population de 
FEspagne , comme resultat incontestable de ses recherches , 
^ i3 millions et demi, et ajoute meme, que si on executait 
un recensement avec toute la rigueur et les soins desirables, 
on trou^erait qu*elle n'est pas au-dessous de 14 millions. 

N'ayant pas re^u a temps les notes sur les Aldees de la 
Qaliqe ef des Asturies qui appartiennent aux premieres le^~. 



et Statistiqiie. ^1^ 

tres de Talphabet, ce supplement contieDt lySJ articles 
nouveaux. 

M. Minano ofFre, apres la preface, la table des longitudes et 
latitudes des principales villes d'Espagne qu^Antillon a donnft 
dans sa Geographie astronomique , corrigees par don Phil. 
Bauza. Nous donnerons cett^ table dans un prochain cahier. 

L'aiiteur suit Tordre alphabetique , et donne toutes les 
rectifications qu*il a pu reconnaltre necessaires dans les ro 
volumes de Touvrage ; mais on se tromperait si Ton croyait 
que ce volume ne contient que des rectifications , la plils 
grande partie est composee d'articles nouveaux ou d'additions 
importantes que de nouveaux renseignemens ont permis 
d'ajouter k ce qui avait ete dit, et en beaucoup de lieux, 
dans le corps de Fouvrage. 

Nous citerons specialement les articles Almazarron , Bern- 
bibre , Coruha , Espaha , Ferrol ; cet article , surtout , me- 
rite d'etre signale ; c'est une description tres-complete , ti'es- 
etendue de cet important etablissemeqt maritime ; Hellin , 
Malhroa , Murcia , Santander, etc. Nous felicitons M. le 
\y. Minano tf avoir ainsi conduit a sa fin une entreprise si 
considerable , et d'une utilite si grande pour sa patrie. II 
fallait du courage pour Tentreprendre , et une grande perse-^ 
verance pour Fachever. F« 

128. Della colonia dbi Gehovesi iw Galata. — De la colo- 
nic des Genois a Galata , par Lud. Saul. 2 vol. in-8'*. \ 
. prix . 9 livres. Turin , i83i j G. Bocca. 

L'empire de la mer Mediterranee fat , dans le moyen ^ge , 
presque exclusivement soumi^ a la domipation des hardis 
navigateurs italiens. Venise trafiquait dejk avec Constantino- 
ple , que le centre de Tltalie languissait encore sous, le joug 
des Baibares. Gdnes et Pise chass^rent les Sarra^ins de la 
Sardaigne et de la Corse , detruisirent leurs etablissemens 
sur les c6tes de la Provence et dans les lies Baibares , et por- 
terent les armes sur les c6tes de TEspagne, oil regnaient ces 
infideles. Les croisades de l*Occidcnt en Orient pour recon- 
querir la Terre-Sainte , et mettre un frein a Tenvahissement 
des Mahometans , furenl des sources de richesses , de gloire 
et de puissance pour les republiques maritimes de Wtalie. lis 



37 6 Geographic 

transpprtaient en A^ie ies pelerins armes de TEurppe* Un seu\ 
exemple suffira pour montrer dans quel etat etait aiors 
Ijeur piarine. La France^ a oette epoque , n'avait point de 
yaisseaux , et Louis IX , dans Ies deux expeditions qu'ii £t en 
Orient, ue se s^rvitpas d'auties na vires que de cei^xde Genes 
pour transporter sa florissante a^^ni^e. 

Avant le passage de saint Louis , Ies crojses flaniai^ds 
s'etaient adresses a Yenise pour passer en Syrie \ pi^is Ta- 
droit et brave doge, Henri Dandolo, l^s CQ^duisit a Cods- 
tant^inople, on its al>attirent Fempereur grec. II leur laissa 1^ 
pourpre iinperiale, trop difficile a conserver en pays ennemi, 
et prit pour Yenise une suite de ports et de Rations qui 
s'«tei^aient du Bo^hore jusqu'a la n^er Adriatiqy^ , et, en y 
ajoutant Ies franchises qu'il obtint , il acqui| s^ k^ republi- 
que la domination des mers de la Ron^nie i^ et (e privilege, 
de com mercer ayec ces riches cotes. 

Les Genois, pi^qsque exclus dq TH^ilespoiit , se jpigiiirent 
9UX Grecs, et 9iderei)t Michel Palepiogue a^recpuvrer la villa 
de Gonstaptinqple,^ et a detruire les res^es d^ Tempire fla- 
mand. Pour s'assur^r le seqours d'auxiliau*es ^\ puissaqs, le. 
grec AugustiQ donna aqx Genojs le terrain vis-a-vis Gonstanf 
tinople , de Tj^utre <?ate du poi^t. C^ fut la qu'ils fopderent 
leur colonic de Galata oq de Pera ; prqfitant plus tard de 
la faiblesse des successeurs de Michel , lis Tentourerent de 
murs , la fortifierent de tours , et Fornerent de palais et de. 
liaisons de plaisance. 

La colonje des G^oots \ Galata devint le comptoir du com- 
merce de la G.re^e et de la mer Noii^. Sa puissance devint 
si formidable , que tant6t ejle defi^ndait Tempire grec coptre 
tons ses enqemis , e^ tciptot rabaissait Torgueil des empereqi's 
et s'arrogeait le monopole d^ la navigation dans ces itiers, 

Le celebre paoU r ce terrible ennemi des Genois auxquels 
ij enleva la Corse , entendant un Anglais decrier ce people, 
ne put s'empecher de dire ; n Nous devons nous, rappeler que 
tes antiques Geapis furent les 4omin.ateurs du Bosphore. >» 

Les annates de Gi^nes , pli^iu^s d^s recits d?s guerres intes- 
tines de cette cite:i parlent \ peine des actions de leurs con- 
<;itoyens dans la^ qplonie d'Orient. Gibbon a qopsacre vljx cha- 
mii-e <;.Ioquent , vfKm rapide , am liais^ms des Qenois ayei? 



et Stntistique. 377 

I'empire grec. Dans l*histoire de cet empire, commeDce par 
Lebeau , et continue par Ametlhon , sont minutieusement 
racontees les aventur^s des Genois dans leur colonie bize^n- 
tine : mais Tauteur de cette histoire se montre aoime d'une 
violente haine centre les ardens et.intrepides nayigateurs. 11 
lui manquait en outre le secours de docum^ns^pr^cieux, en- 
sevelis dans les archives de Genes. 

M. Ludavico Sauli, usaut largement et judicieysemei^t 
de la faculte qui lui a ete acco;*dee de consulter ces archives 
aujourd'hui rassemblees a Turin ', pr^fitant des manuscrits qui 
lui furent communiques par quel<!|ues savans genois , et con- 
frontant avec soin les historiens bizantlns et les chroniqueurs 
italiens etrangers^ a compose l*histoire de la colonie des Ge- 
nois a Galata, qui yient d'etre mise au jour, Le sejour 
qull a fait k Constantinople au sujet ^^xme mission diploma- 
tique y Ta mis en etat de conpaiti*e les lieux temoins des^ 
aventures qu*il raconte , et de donner plus d'4me et de ve- 
rite k son recit. 

La grande question maritime fiit, pendant plusieurs sie- 
qles , concentree. dans la Mediterranee. La decouverte de 
I'Amerique et celle du passage aux Indes par le cap de 
Bonne-Esperance , la repgrt^rent peud^t a5o ans dans To- 
^ean. Mais la puissance anglaise , dans I'lndostan , I'emanci- 
pation des polonies de toute la Terre-Ferme d'Amerique, Foc- 
cupation de Malte et de Corfou , la renaissance de la Grece , 
la domination russe dans le Pont-Euxin , la prise d'Alger et 
le reveil de I'Egypte , la reportent dans la Mediterranee. La 
solution de cet|e question depend de I'Angleterre , de la 
France et de la Russ.ie. Quel parti doit a son tour prendre 
Fltalie^ pendant tant de siecles maitresse de la Mediterra- 
nee ; cette question depend de la solution des problemes les 
plus difficiies. II sera toujours utile aux Italiens de connattre 
quelle fut la puissance maritime de l^iirs anc^tres : et; de ce 
c6te , non moins que de celui de I'erudition , Thistoire des 
Genois k Galata, est digne de Fattention des lecteurs. G — d. 

:^!29. MyoS-HorMOS, UND die GANZE iECtPTISCH-iBTHIOPISGHB KUST^ 

DES, GLAssiscHEN zEiTALTERS. — Myos-Hormos ct toutc la 
96te egypto-ethjopienne des siecles classiquesj par G.-G., 



SrS Geographic N*. 129.. 

RicBARD. ( Neue All. Geogr. und Statit, Ephemeriden j 

XXVIII vol. , 5*. liv. ) 

Tous les coramentateurs des geographes ancicns ont fait de 
vains efforts pour determiner clairemeDt la position de Myos- 
Hormos, qui I dans les siecles d'or de TArabie , etait un des 
ports de commerce les plus frequentes; et, las de Tinutilite de 
leurs recherches, ils ont conclu qu'il fallait entierement re- 
noncer a I'espoir d'avoir sur ce sujet des notions exactes^ et 
se contenter des hypotheses qu'il leur a plu de creer. Les mo- 
dernes n^ont pas mieux fait , quoiqu'ils fussent aides des i*e- 
cherches faites par les voy«ageurs qui ont explore ces contrees, 
et de cartes fort exactes de la mer Rouge ; ils ont place cette 
ville qui, selon Ptolemee, est sous le 27° 3o'lat. N. dans la 
baie qui se trouve au-dessous du cap de Dsjaffatine ou Dsje-* 
fatin, tin degre au-dessus de Coptos, que le meme.auteur 
place au 26** lat. N. ; mais ces donnees sont inexactes, car la 
plage , en cet endroit , n'offre qu'un vaste desert oxx Ton ne 
retrouve aucun vestige ni de Texistence d'une ville impor- 
tante , ni du chemin qui conduisait a Coptos. Geux qui ont 
ecrit stir ce sujet ont , pour donner plas de poids a leur opi- 
nion > appele a leur secours le temoignage des anciens , et in- 
terprete en faveur de leurs assertions les passages qu'ils en ont 
tires. M. Richard a voulu prouver la faussete et Tinexactitude 
de leur opinion , et jeter sur ce point encore si obscur, et sur 
la veritable situation de beaucoup de villes anciennes , toute 
la lumiere desirable. II a recueilii tous les passages de Strabon^ 
d'Agatharchides , de Ptolemee et de Pline , oii il est ques- 
tion de ces villes , et apres avoir consulte les recherches faites 
a ce sujet par Yalentia, Salt, Burkardt, Stephano de Garcia 
et Juan de Castro, il public le resultat des connaLssances les 
plus precises qu'on a de la geographic ancienne des bords 
ouest de la mer Rouge. 

Selon Strabon, le port leplus remarquable de la c6te, vers 
le nord^ est Philotera , que Pline appelle aussi £nnum , et 
que Ptolemee place a un demi-degre de Myos-Uormos ; Stra- 
bon met aupres les Thermes ( Thermae , dans Pline Tadnos)., 
dont les' eaux se jetaient dans la mer par differentes issues 
naturelles , mais qu'on ne retrouve plus aujourd'hui ; il place 
dans le voisinage le Miltodes mons ( selon Pline Eos mons , et 



et Statistique, S'jg 

Ptolemee Aias mons) , dont le sommet , d'un rouge brillaot , 
servait aux anciens navigateurs a reconDaitre la cote. G'est 
pres de la qu'on peut placer en toute assurance Myos-Hormos, 
au lieu- appele aujourdliui Schawna , port vaste et tres-re- 
nomme. Tostro , dans son voyage dans la mer Rouge, rap- 
porte que les babitanset les Indiens disent qu'il exist ait autre- 
fois sur le m^me emplacement une ville fort celebre , babitee 
par des pai'ens ; il ajoute qu*il se trouve dans le voisinage une 
montagne de couleur rouge, que les pilotes arabes nomment 
Djebel-Ahmar. Cette notion si precise et si lumineuse est encore 
corroboreeparla conform ite de la distance de 6 a 7 journees qui 
separait Myos-IJormos de Coptos, et qui existe entre cette ville 
et Scbwna, et parcelle de la passe duport, qui, selon Strabon, 
est tres'sinueuse, et qui est indiquee comme telle sur les 
meilleures cartes. II y a dans cette opinion plus que de la 
vraisemblance , tout meme prouve en faveur de cette asser- 
tion , tandis qu'en placant Myos-Hormos dans la baie pres de 
Dsjefatin , on ne s'est pas apercu qu'on etait en contradiction 
ouverte avec les anciens , qui disent que toutes les marcban- 
dlses venant des Indes etaient debarquees a Myos-Hormos , 
transportees a Coptos, pour y etre embarquees sur le canal 
du Nil et dirigees vers le nord. Dsjefatin est i** N. au-dessus 
de Coptos, et I'on ne peut supposer que les negocians fissent 
arriver leurs marchandises dans un port distant de 17 lieues 
de Coptos , quand ils pouvaient le faire dans un port moins 
dloigne , et de les faire descendre vers le sud quand elles de- 
vaient etre expediees vers le nord. Cette circonstance , si elle 
avait existe , n'aurait p^s ecbappe a Ptolemee , sous les y eux 
de qui se passait ce commerce. On ne voit pourtant, sur la 
carte d*Arabie , dressee par M. Jomard , que deux des trois 
lies couvertes d'oliviers dont parlent Strabon et Agatharcbides, 
et qu'ils disent exister en face de ce port ; il y en a bien une 
troisieme dans le voisinage, mais elle est plus au sud et he 
porte aucun nom , elle appartient peut-etre au port de Ga- 
denaubi et de Babuto, qu'ont remarque Valencia et Castro. 
Ce dernier , qu'une violente tempete et un tourbillon de 
poussiere assaillerent en vue de Scbawna , n'y a pu remarquer 
fiucune ile. Ce point est encore a eclaircir. 
Pans Ptolemee on trouve apres Myos-Hormos, Leucos 



38o Geographie N". 129. 

portus , port Blanc , qui ne pent etre autre que le port de 
Schai*mal-Kimas , dent parle Castro. Ce navigateur place dans 
le voisinage , a 3 ou 4 lieues plus haut , deux montagues , 
I'une noire et Tautre jaune ; la premiere est bien I'Acabe ou 
Smaragdus mons de Ptolemee \ mais quant a Fautre , situee 
plus loin vers Has el Anf , on ne sait po^tivement si c'est 
d'elle qu'a voulu parler Castro ; Ptolemee n'en parle pas. 
Viennent ensuite, en descendant vers le sud , Neckesi^, que 
Burkardt apris pour Berenice ; le cap Leptos, le SiniiSrlm- 
mundas (Foul-Bay des Anglais, pent ^tre le port Komol de 
Castro ] ; I'Ophiodes , tie des Serpens , appelee aujourd'bui 
Kornaka ; Berenice , dont la distance indiquee entre elle et 
Coptos et Myos-Hormos ajoute encore a la certitude deja 
accjuise sur la position de cette derniere ville , Chersonnesus , 
presqu'ile , a laquelle Burckardt donne le uom de Sjebei 
Makouar, mais qui est reconnue pour etre Rliz Ealmez. De- 
metris Scopiac, promontoire mal indique par Strabon, dont 
I'erreur est rectifiee par Ptolemee , et que Castro di^ se trou- 
vera I'extr^mite S. de la baie deBopro; le port Dorour de 
Valencia , Suchac (chateau de Suchus , aujourd'hui Suakim) \ 
P tolemais Theron (auquel Y alentia a donne le nom d^ Morning - 
ton -port ; Daraba, aujourd'hui Turhoba, dont parle Yalentia), 
Adule dont le m^me navigateur a retrouve les ruines. pres de 
Zulla , Mandacthvicus , que Salt designe sous le nom d'AIly- 
Manda , et Dire , situe a Ten tree du detroit de Bad el Man- 
deb. L*auteur ajoute , a la suite des points ipiportans dont 
nous venons de parler, les noms de lieux intermediaires dont 
la position ne pouvait etre determinee qu'apres que celle des 
premiers I'auraient ete d'une maniere irrefragable ; quelques- 
tins cependant sont encore a verifier, ce sont : le Pentadacty- 
los mons, que Ptolemee place entre Berenice et le capBazion, 
mais dont ni Castro ni Valencia ne parlent (ce point est en- 
core douteux) le cap retentissant , Bazion promontorium , 
bien reconnu par Castro pour R^s-Dsjidid, le Prionotos- 
Berg , probablement la chaine de montagnes que Castro a 
pbservee entre le port Kilsit et le fleuve Fax^ate j I'Elea por-- 
tus , Mnemium promontorium de Ptolemee, qui , selon toute 
lipparence , est le Raz Dwaer, et le port Macouarj situe au- 
4essous ; I'lsius mons , que Valentia a remarque pres du port 



/ 



et Statistiqua. 38 1 

Jadscha , et nomme montagne de Barn ; le Balhys portus , 
aujourd'hui Arckea, I'Un des ports les plus surs de la cote; 
le DioscOt*oii portus, anquel on doune divers noms ; Castro 
Tappelle le port de Fuschaa; Talentia, Mirza-Fadcha et 
Burckardt-Fedja , ii est pres celui Demetris-Scopiac ; le Me- 
linus portus , Dradate selon Castro , et Mirza-Scheik-Baraud 
selon Valentia ; I'Aspidis promontorium , pointe de terre eft- 
tre Suakini et Dooro , oii debarqua Castro ,* TAntiphili portus^, 
aujourd'hui Dagoratag (ni Valentia ni Castro ne parlent de ce 
port); le Diogenis promontorium, dont le nom actuel n'est 
pas connu ; le Jalyrorum mons , qu'on suppose etre le Lan- 
gay ) I'Asthboras Ostium , appele aussi Os Sabaiticum ( em- 
bouchure de TAstabbras ) , qui vient se perdre dans celle du 
Shinterab. On manque encore de lumieres a cet egard ; le 
port Saba, que Castro nomme Schabak , qui existait a Fern- 
bouchure de I'Astaboras ( Shinterib ) ; les Monodactylos et 
Gaums mons, Taurus mons selon Strabon, qui appartiennen^ 
sdrement a la chaihe de montagnes que Castro a vu pres du 
port Marata; le Theon-Soter portus, que Ton croit le port 
Marata ; le Coloborum portus , auquel Valentia donna le nom 
de Panther-Bay } le portus Evangelicorum, Sebasticon -Stoma; 
Arac-Amoris promontorium, qui pent etre le petit port Ae 
Mirsa-Mombarck ; Coloborum-Terminus , dont la situation 
^st encore couverte d*incertitude ; Sabat , que Ton est fonde 
a prendre pour Massovah ou Massawa ; Antiochi-Selen, peut- 
etre Duroro ; mais il est fort incertain que ces donnees soieut 
exactes ; Tudos-Fons » aujourd'hoi Kussar, pr^s d'un petit 
village appele Jarokta ; Pythangieli-Venatic-El^hantorum , 
que Strabon place pres d'Ars*nod, et qui est sdrement Paloul 
suivant Yakntia , et Beiloul suivant Salt ; Arsinos, sur t'em- 
placemtent de laqaelle paraft avec toute vraisemblance avoir 
ete b^tie Asab ; Isidis portus ^ dont parle Pline , et dont Ton 
croit avoir retrouve la place en face les lies Sowauba ; enfia 
rile Are , la plus grande des lies Aroe. 

Au-dela du detroit de Bab-el-Mandeb ( fances rubri maris ) 
on trouve Tytis insula , peut^^tre File que Salt designe sous 
le double nom de Missah et Obac ; dans les terres , le pays 
de la Myrrhe ( Myrrhifera regio ) , et plus loin le Venatio 
lichac ; sur les c6tes, Avalites emporium , aujourd'hui Zeyla, 



38a Geographie 

Pytholai promontorium , le Eurreat-Sheik des Anglais; le 
pays des barbares , Barbarica regio de Ptolemee ; Barbarica 
gens de Strabon et de Marcian , qu'ils ont , a ce que croit 
I'auteur , erronement sitae sur la cote ouest , tandis que la 
ville Barbara , Barbora > Berbera , qu'ils ont sdrement voulu 
indiquer, est situee au nord ; Malo* emporium peut-^tre Tile 
Ais , dont la position est semblable a celle dont parle Pline ; 
Mondu emporium , Tile Mete qui couvre R4s-Umbra ; Mo- 
syllon , aujourd'hui Ris-Gory , Gaza, qu'on pent prendre 
pour Gazim ; Gobe emporium, Kaji , dont parle M. Al. Ha- 
milton , Niloptolemacon , Gapetege , le bourg des Lions , le 
port de Pytbangele , Daphnon parvum, sur lesquelles on ne 
sait rien de certain; Elephax mons et promontorium , ce 
dernier est un cap fort avance dans )a mer, dont parlent 
tous les geographes anciens ; et pres de la doit etre un fleuve 
que Strabon appelle un canal , et qu'Hamilton retrouva a 
Touest du mont Felix, nomme par les Arabes Felluk et 
Gellis ; Daphnow magnum% autrefois Acannac , appele Ac-^ 
cana par Ptolemee , place par le Periple apres le fleuve des 
Elephans , au lieu duquel Strabon met Psygma qu'on ne re- 
trouve plus , Aromala emporium et promontorium , aujour- 
d'hui ie cap de Gardafuis et Tynouphalorum monumentum , 
dont Strabon nous a laisse la description , et que Ton ne 
pent mettre qu^a Textremite du cap de Gardafui, qui ter- 
mine les c*6tes ouest de la mer Rouge , bien en de9a du de- 
troit de Bab-el -Mandeb. G — d. 

l3o. GOUP-D*OEIL SUR SINGAPORE. I. CoLONIE DE SiVGAPORE. 

{Orient, Herald.^ fev. iSaS, pag. i55; Asiat. Journ, , 
nov. 1836, p. 609; ibid,, avril 1827; Orient, Herald, 
aout 1827 , p. 369 ; mai 1828 , pag* 358 ; Singapore chro- 
nicle , i4 fevr. 1828, 27 mars 1828; Sydney gaz. , aS juil- 
let 1827 ; Noutf, ann. des Voy. , sept. 1827, p. 393) 

II. Statistique de l'^tablissehekt de Singapore. {Asiat, 
Journ. oct. 1825 , p. 4^7; Bull, de la Soc, de Geogr, , 
torn. 8 , n°. 53, sept 1827 , p. 116 ; Asiat, Journ, aout 
1828 , p. 229 ; Singapore chron. , i4 fev. 1829.) 

III. Commerce de Singapore. {Asiat, ^ Journ, , sept. 1827 » 
pag. 38o; juill. 1826, p. 91; Orient, Herald, \ juin 1826, 



et Statistique. 383 

p. 555; Singapore chron, ^ 23 avril, 21 mai , 24 sept. 
6t nov. 1829; II fev. i83o.) 

( Voy. torn. XVIIl , 282 , et'XIX , 217 ,• 219 et 220. ) 

IV. Mines de Johore. [Asiat. Joum,^ janv. 1827, p. 64; 
NouAf, ann. des Voyages ; mars 1827, p. 4^8.) 

V. Penakgub, ou tie du prince de Galles. [Asiat, joum.^ 
aout 1827, P* ^5o.) 

Noas avons reuni dans cet article d'ensemble un nombre 
assez considerable de documens ou articles, divers sur ia co- 
ionie toujours plus florissante de Singapore , qui doit a sir 
Stamford-Raffles, ancien gouverneur britannique dans les 
grandes Indes^ le bienfait d'un commerce libre et des lois 
«gales pour les hommes de toutes castes , de tontes couleurs 
et de toutes croyances ; bienfait d'oii est resulte un accrols- 
isement rapide de richesse , de population et d'aisance gene- 
rale. Independant des tribus de Tarchipel voisin, ceiui des 
grandes Indes » la situation de Singapore a Fentree du detroit 
de Malacca , etaient singulierement propre a devenir un en- 
trep6t pour les commercans indigenes de Siam , de Gamboge, 
de Ghiampa, de la Gbchinchine et de la Ghine eiie-meme. 
Siam , qui est le grenier des provinces septentrionales de 1 e- 
quateur^ a augmente promptement son commerce pai* le de- 
bouche de Singapore, ou Ton pent arriver de la Ghine en moins 
de six jours pour aller dans le meme delai a Batavia , aux 
c6tes de Borneo et de Penang , par une mousson propice. 

Nous allons presenter successivement les notions eparses 
dans les recueils mentionnes en tete de cet article coUectif. 
II en est quelques-unes peut-^tre qui n'auront pas pour nos 
lecteurs Fa-propos de la nouveaute; mais nousne lesrapportons 
dans \e Bulletin (\ixe comme autantd'indications aux personnes 
qui seraient desireuses de recourir aux sources memes. 

Ge fut en 1819 que s'elevacette colonic ou ne se trouvaient 
alors qu'environ i5o pecheurs. La Graode-Bretagne, en s'em- 
parant de ce port qui n'etait auparavant la propriete d'aucune 
nation , le decl^ara port franc ouvert a tous les peuples , et en 
moins de trois mois , dit le Singapore Chron. du 27 mars 1828, 
sa population Vetait accrue de i5o a 3,ooo ames. Elle par- 



384 



Geographie 



Tint en une seiil^ annee a 5,ooo , et en deal autres a i6,oOo. 
En i8a49 s'etait elevee a 3o,ooo. Elle se fut meme elevee 
en 1825 jusqua 5o,ooo habitans. Mais le Singapore Chron., 
tqui nous semble devoir ^tre mienx informe , paisqu'il s'in^ 
prime sur les lieu]|^y ne presente poor 1828 qu'nn total d'en- 
viron i5,ooo &mes. 

Suivant le numero du i4 fevrier 1828, voiei comment cette 
population se repartit : 



nOIVIDOS DU SEXE 



NATIONS. 



Earopeen*. 

CbreueDs iii£geiiet. 
Malais. . . . « ^ . . 



Cfainois % , , \ , , 

Nalifft «le la cdfe de Coromandel. 

: du Beogale. 

Arabes. v. 

Biigttais » *.. 

Javanais 



■AieoLni. 



TOTAOXk 



as 

119 

s,85o 

•7 
5.«47 

5', 



RHIXIB. 



a3 

9.4^6 

8 

363 

33 

375 
itft 



11,368 



i4« 



3,5ij 



sag 



Ge qui fait un total general de i4,885 qui surpasse de plus 
de 1,100 individus celui du recensement de 1826. Indepen- 
damment des classes enumerees ci-dessus , on compte dans la 
colonic^ en dehors de la population permanente, 56 1 mili- 
taires et 388 deportes , dont 6 femmes , et un nombre 
considerable d'individus qui vivent entierement sur Teau. 

L'accroissement on la diminution de la population dans 
cbacune des differentes classes d'habitans a eu lieu dans les 
proportions suivantes t 



'4 



iSSmsSsSSsiSaBSSSssM 



et Statistique. 



385 



mt 



GLASSES. 



Europcens * . » . 

Cbretiens indigenes 

Malais. . 

Arnoeniens 

Cbinois * 

Nalifs de Is cote de CoromindeL 
■ - " I du Bengale* ...*... 

Arabes < , • • • 

BugUAM 

Javanais .,•... 

TOTAUX 

TOT&DX GCNSItAOl. . . . 



ACCROISSEMENT. 



Homiu. 



i6 
I 

lOO 

3oo 
a8 

k 
411 

73 



1.078 



rsHHia. 



5 

■4 

»97 

5 

*k 

18 

■ « 

> 
i5 



398 



1,376 



matmsmtimm 



DIMINUTION. 



■dHMca. 



9 

» 

I 

» 
» 



10 



ao 



10 1 



ail 



* 



■SB 



RECAP ITULATIOlf. 



Total gbsiral de raccroissement de la population. . . . 1,376 
Dito de la dimihatioii , dito an 



Aeste vet pour Taugmentation de la population i,x65 

Les Gaffresqui, dans rorigine, se trouvaient au Dombre de 
deux hommes et de trois femmes^ ne sont plus; et les SiKmois, 
qui etaient au nombre de cinq hommes et de trois femmes , 
out disparu de 1 etablissement. 

On assure que ce nouv^au recensement a ete dresse dvec 
toute Texactitude possible. 

D'apres le Singapore Chron, du 12 fevrier 1829, la colo- 
nie rentermait alor's une population de 17,664 habitans, sans 
y comprendre les miiitaires et les condamnes^ ce qui donne 
un excedant de population de ^11,779 sur celie de 1828. L'aug- 
mentation la plus considerable se trouve parmi les Cbinois. 

La population actuelle^ en 1829^ se compose des diverses 
races qui babitent Singapore , dans les proportions suivantes < 



F. Tome XXV. Mars i83i. 



25 



386 



Geographie 



N\ i3o, 



mia 



GLASSES. 



T 






Eunopeent 

Chretiens du pays. . . 

Maiais 

Chinois 

Natifs du Bengale. . . . 
INalifs du Coromandeh 

Arltbes 

Ja^anais. ^ . . . • ..mi 
BuVesi, BalinMle. . . . 

Armeniens. ...*.... 

Militaires, ........ 

Gohdamnis 



TOTAOX. 



MkLu. 



P 
169 

8,900 

7,i63 

38r 

1,423 

46 r 

79' 
18 

5i4 



13,976 



rKllKI.IX8. 



aS 
io3 

41a 
74 

173 
b 



'i 



9 



4*a4» 



TOTAL. 



laa 



aja 

'in 

i,44o 

3a 

634 

i,36o 

60a 
55^ 



18,819 



La population de Singapore^ pendant le$ six annees der- 
nieres , a continue de s'augmehter comme suit : 





Males. 


Femelles. 


ToUl. 


i8a3 


» 


» 


10,683 


1824 


8,620 


3,23i 


ii,85i 


i8a5 


0. '47 


3,708 


12,855 


1826" 


io,3o7 


3,425 


i3,:32 


1627 


11,368 


3.517 


i4,885 


1828 


13,4^2 


4,232 


17,664 



D'apres la Sydney Gaz., du 2$ juillet 1827, le nombre des 
emigres chinois arrives cette annee-la dans retablissement de 
Singapore est beaucoup plus considerable qu'il ne Tavait ete 
les annees pi*ecedentes ; en voici l*etat sommaire : arrives , sa- 
voii* : pact* d^s jonques, deia province de Quang-Tong , 8,272; 
pAr des vaisseaux europeens , de la meme province , i,i4^ ; 
par des jbnques , de ij3i province de Fokien , i ,0^5 ; ce qui 
presente Dn'total de 5,5i3 emigrans , du de 1,995 de plus que 
Tannic kill&i'eure.' Environ 3, 000 de ces individus se sont eta- 
blis, imm^diiatement apres leiir aiTivee dans ce port, tant a 
Rhi que' dans les districts voisins ; la pi u part de ceux qui 
etaient restes a Singapore se sont depuis fixes comme agricul- 
teurs dans I'interreur de Tile. En 1827, le nombre des arti- 
sans a ete plus grand que d'ordinairie , et cet excedent d'ou- 
vriers a eu evidemment pour effet de reduire a un taux 
comparativement modique dans chaque profession indus- 
trielle , principalement a Tegard dc la charpenterie , les frais 
de construction d'habitations qui jusque-la avaient ete extre- 



et Statistique. 387 

mement ^leViis, objet d'une imporlance majeure dans unc 
nouvelle colonie comnie celie de Singapore. 

Sous le rapport du commetCe , I' Jl static Joum, , d'octobi'C 
1825^ rapportait les cliifFres suivans , qui bien que deja an- 
ciens , n'excitent pas moius d'interdt pour i'historique de 
cette colonie naissante. 

Nombre de b^timens de toute espece sortis de ce port en 
1824 ; 1 552 , dont 249 na vires a voiles carries , et i3o3'eni- 
barcations da pays : difference avec les sorties del'annee pre- 
cedente, savoir >* en plus, 4' b^itimens a voiles carrees ,- en 
moins , log embarcations indigenes. Cc deficit provient de 
I'omission faite dans les etats de la presente annee, des 
batimens dont le chargement ne consistait qa'en bestiaux ct 
autres especes d'approvisionnemens. 

Nombre de batimens partis en 1824 pour divers ports 
des Indes Occidentales , 5i , ce qui fait 4 ^^ pl^s qu'en i'an- 
)Oce 1823. — Navires europeens partis pour la Chine , 5i. — 
Jonques indigenes, 8; excedant en tout 5 batimens. — 
Departs pour Manille , i4 ; en 1823 ils n'avaient ete que 
de 4' — Vaisseau^t europeens partis pour Siam , 6 ; en 1828 
ils n'avaient ete que dfe moitie. Notnbre des jonques siamoises, 
44 ; difference en plus , 4^ sur Tannee precedente. Jonques 
de la Gochinchine et de Kamboja , 26 ; cest-a-dire une de 
moins que Tannee precedente. On peut dire que le seul com- 
merce qui ait 6prouve un declin decide , est celui de Singa- 
pore avec Java , et la cause ^vidente de ce declin , il faut 
sans doute I'attribuer aux restrictions apportees par le gou^ 
vernement des Pays-Bas. En 1823 , le nombre des b&timens 
partis pour Java s'eleva a 29 batimens a voiles carrees^, et 
a 53 jonques ou prakus ; et , en 1824 y ce nombre se reduisift 
a 22 des premiers , et a 3 deceux-ci; mais dans cet intervallj 
le commerce des ports indigenes independans s'est conside- 
rablement accru : celui de Celebes, par exemple , sesti eleve 
<le 5 1 a 80 prahus ; celui de Sumatra , de 180 a 221 , et celui 
de Borneo , de 65 a i lO. 

Quant au commerce avec TEurope , il y avait eu , en i8a3 ^ 

deux arrivees directeset meuf departs ; ce no;nbre, en 1824 jj 

^'est eleve a 10 ai'riv&sct a 12 depart!. ' ' * 

Kn 1824, la valeur des exportations de Singapore , aietetlef 

25. 



388 Geographie N\ i3o. 

6,6o4,«oi dollai-s d'Espagne, et celle des inaportatioDS , dc 
6,914,536 ; difference en plus sur rannee pi-eeedente , savoir : 
pourlespremieres, i,643,483,et,pourles8econdes, 1,263,988 
doUara ei»pagnols. Toutefois I'augmehtation de la quan- 
tite de miux^bandkes importees et expoileeji est beaucoup 
plus grande que celle qui resuUe de ces evaluatioos , et ce , a 
raison de la forte baisse survenue daos le prix de presque 
tous les articles dont se composent les unes.et ies autres. Ceci 
peut s'etpliquer par deux exemples : en iSaS, le prix du 
poivre etait fait de lo a 1 1 dollars le picul, et celui de Topium 
a pves de 2,000 j Tannee siiivante le premier n'alJa pas au- 
dela de 8 dollars , m le second a plus de i , 100 a i ,200 doll. 

En 1825, d'apres Y Orient. Herald du mois d'aout 1827, 
le rooutant des importations a Singapore 
«vaitetede. . . ..••••••••••• 6,289,396 dollars. 

Ep 1826 . U fut de ,..,.. 6,863,58t 

Augmentation 574*1 85 

Le monlant des exportations en 1825 

^vait ete. • 5,837,370 

lifiit, en 1826, de 6,422,845 



Augmentation. 585,475 dollai-s. 

V Asiatic Journ. , de septembre 1827 , contient le ta- 
bleau suivant , de la yaleur en dollars , des importations 
et exportations de Singapore dans le cours de Tannee 1826. 



hatvux WW 0BMT8. 



Mpptnot itot»il <l« importations 
et exportations detoute espece. 

Principaux articles de ces im- 
portations it evportations. 

Cafe ^ . . . ^. . . . 

.PdJodre d'br. *....«.••. 

Nanquios. ••'••••,.••••' 
Weei demarthandliesd'Europe. 

Dito des Indes 



Opium 

^ie ebrnB. . . . • * 
Bspec<» monitaires. 

ataiii ^ 

Tabac. .' 



IBPORTATIOn^. 



dollars. 
6,863,58 I 



doHart. 
a3i,iio 

398,260 
8g5,5do 

,174,71a 
4aS,oa4 
5a 1,562 
617,1 i« 
198*465 



KXPOK1PATI01IS. 



dollars. 

6,4a2,8/,5 



dollars. 

a|o,9o5 

348,940 
a 1, 555 
846,5 i a 
400,965 
868,n55 
275,370 
9i8,3i6 
454.37« 
98,o€8 



as 






OftSK&VATIOXS. 



Ce qui presente un 
excedant sur i8a5 
de dollars, 

import. 574»<85 
export. 585,475 



1 ' l l! 



et Statisiique. 3&9 

L' Asiatic Jdurn, , dejuillet iSiS, fournbsait Ic^donnee^ 
qui suivent : ' 

En 1818, c'est-a*dire daDsPdnnee quia precede I'etaMiiftt 

senient de Singapore, la-valeur des expoptations de Prince 

Waled' Island , Dom priniitiCde Singapore , ii]ontaia'2,o3o^')57 

dollars d'Espagne* En i8a4 > cette valem* s'etait elevee ju^-^ 

qu'a 2,809,863, ce quT fait nue augmentaticiii de phis de 

38 pour 100. — En 181 2 , sit anneesav-aat retablissement- 

de Singapore, les-expoi^ations dePenangetaient de a,4d9»^^ 

dollars : le terme moyen de ceile3 de ces siii arniees donn^ 

2,095,6119 dolJai*s, et presente par eon^equent^ non on act- 

d'oissement , mais bien mie diminution de 1 1 poor 100. EjB 

i834> les expoiitations de Singapore ixiofitei^nt>a 6,6o4»6ai 

dollars qui , ajoutes auxdits 2^809,863 dollars , foi*ment uq 

total de 9,4i4>4^4 dollars, d'oa lesultait une avgoientattoa 

de 7,383,707-dollars d'Espagne sarles expoiTtAtionsxle 1818) 

ou , en d-auti^es termes , la preuve que le comansrce britaor 

nique du detroit de Malacca av ait , en somme totak, plus 

que quadruple dans Je cours des six annces dont ti s'agif. 

O'apres cet ex^pose , et si oa compace retoMiiiAnt aoci^oisse^ 

ment dant il ofFre 1& tableau , avec raugmentation illative •• 

ment insignifiante qiiJa eprouyee , dans la mdme periode , le 

commerce de Calcutta et de fiatavia , etJAime de tons les 

autres ports- de I'Inde , tkmis. pensons , ajonte le m^me joui'- 

nal , que Ton ne saurait regarder comme equivoques les avau- 

tages que procure aux laterals britanDK|ues I'etaUi^einent 

de la nouvelle vUle d'entrep6t. ^ 

D'apr&s V Oriental Herald , de jwn 18:1^6, la masse des 
capitaux employes en 1824 dams- le commerce de Singapore ; 
qui avait ete declare pwt libre en 1822, s'etait accrue de 
8,568,000 a 15,77^,000 dollars-, on a;peu pres du double. 
. Le meme jounial revenant a la population de. cette He, 
ajoute.: 

' » La popBlatton actuelk {en 1826 ) se trouve disti*fbuee de 
la uianlere suivante *. la partie oebtrale de 1 etablissenieot 
Qccupee par les Europeens ne contient que. 668 babitans. 
Le <}bartier siuie au sud>ooest en compte 4^gd , dont 2619.. 
Gbinois. Laville indigcpe.rcufei'me une population de 3o63 
individus, dont 2332 sout natifs des iles de Flnde. L'etablis- 
seiGiient foitne depuis deux ans dans le nouveau bavre ou dc.-* 



390 Geographic N^. i3o; 

troit , entre Singapore et le groupe des ties situees a Vouest , 
posskle iGoghabiUns, dont i583 Malais. Enfin une popu- 
lation de 2ai5 uidtvidus se trouve dissemiDee dans rinterieur 
de Tfle , a la distance de trois,a quati'c milles des cdtes. 

Le trait le plus remarquabie qui caracteaise le tableau 
statistique de la population que nous venons d'enumerer , 
consiste dans la grande disproportion des sexes. Dans aucune 
dasse le nombre des femmes n'egaje celui des homines ; dans 
les Bugis, par exemple, cette difference est de plus de moi- 
tie; et parmi les Chinois, qui fbrment a eux seuls la partie 
la plus effective de la popiilation, lesi femmes n'y %urent 
que dans la proportion de i ^ i3 ; mais ce moindi*e nombre 
de femmes et d'enfans que presente la population de Singa- 
pore , donne a cet etablissement un degrs d'activit^ et d e- 
nergie plus efficace que celui' que semblerait indiqner sa 
composition numeriqiie» et> dans le fait, cette population 
de 11,85.1 individus , en admettant I'egalite des sexes d'une 
population ordinai]*e , equivaut virtueUement a une popula- 
tion de 17,240 hbbitans, ou , y compris la population flot- 
tante,.a oelle de 19,34^ individus. La force productrice de 
cette population nomihale deviendra encore plus sensible si 
on .considere que les Cbinois en forment , a eux seuls , a peu 
pres le^tiers , et , sous les rappoi*ts du travaQ, de I'industrie 
et des capacites intelleetuelles , tout Ghinois vaut au moins 
deux autres Asiatiques. Aussi est-il , a cet egard ', bon de 
remarquer que meme a Penang , ou les €hinois sont propor- 
tionnellement en plus grand nombre que dans tout autre 
etablissement europeen , ils forment a peine le \ des babi- 
tans , et qu'ils n'en constituent certainement pas a Java la 
cen t iem e^partie . 

11 a ete importe en 1826, de Siam a Singapore, une pe- 
tite quantite de bois que Ton croit etre de rancten fustic a 
I'usage des teinturiers. Soumis a Tepreuve du muriate d'etain, 
il donne un jaune brillant qui resiste a Taction des acides. Le 
bois que les voyageursont vu est en grosses biicbes ; il est de- 
puis long-temps contiu des Siamois et des Ghinois comma 
un bois de teinture , sous le nom de kaleh , et aussi des 
Malais qui rappellent kadazang. II parait etre une des pro- 
ductions de Ligdre , la province la plus meridionale de Tem- 
pire de Siam. L'aucien fustic d,es teinturiers croit sous le$ 



et Statistique. 391 

latitudes paralleles des Indes occiden tales ; c'est une espece 
de murier , k moras tinctoria de Linnse. LoDg-temps 11 s'en 
fit en Europe une grande consommation pour les teiutures , 
lorsqu'^il etait considere , a ce qu'il parait , com me 4a seule 
substance vegetale capable de donner des jaunes et des 
verts indelebiles. La nouvelle espece de bois dont nous 
venous de parler, codte a Siam moins qiie celui de sapan y et 
et elle a ete, depuis quelques annees, c'otee tres-regulierement, 
sur le marche de Londres, au cours de 10 a 12 livres. Le 
fustic de Cuba est le meiilcur , et celui du Bresil le plus mau- 
vais de tons. Si , d'apres des experiences convenabies , le bois 
de Siam , que Ton presume £tre du fustic , etait reconnu 
pour etre riche de matieres colprantes , et pour posseder en 
meme temps les antres qualites du ventable fustic, cet. ar- 
ticle ppurrait devenir une importante branche d'exportation 
de cet etablissement. 

Le Singapore Chronicle du aS avril 1839 . presente-, quel* 
ques details dignes d'etre reeueillis sur le commerce de cetle 
tie avec la Chine, par les jonques chinoises. 

II en est arrive 8 en 1829 , dont 3 veoant d'Ampy., et 5 de 
Canton ; ils etaient charges de i5o a 4^0 tonneaux* Les 
imp<H'tations etaient tout««k-fait semblable&; ce sont a peu 
pres les memes ai*ticl€s qu ils apportent tous les ans, Les 
cargaisons d'Amoy sont principalement composees de poto- 
ries , detuiles , de dalles de granite., de papier .po^r parasols , 
de vermiceile , de fruits sees , de bitons. de joss , de papier de 
joss , de tabac , avec. uiie petite quantite de nankin et de 
soieecrue) la valeur du tout est estimcQ de^3o ^.60,000 
dollai*s. Les cargaisons de Canton sont oomposees .des juqives 
ai*ticles, plus de camelots , de satins, de camphre,, de&ucrer 
candi et de the; avec une grande quantite denaidiin .( .en 
bleu , vert et jaune ) , la valeur est a peu pres la meme, 

Les cargaisons appai*tiennent presque. toujours aux pro^ 
prietaires des jonques., qui demeurent^ en 'Chine ; mais il 
est alloue aux commandaus et aux officiers , aussi bien qu'a 
tout Tequipage , d'en fournir une partie selon la fqrce dc la 
jonque. En voici les -proportions pour une joi^cque yde 17 
a 8,000 piculs : pour le commandant, 200 picu^s; a I'Qffi- 
cier eii chef, 100 ; a d^ux comnys , 5p 4 cbacun , e.t a 



1 



39a Geogrnphie N\ i3o. 

^jiBcpie • honune , 7 . Le commaadaot a la libre dasposilion de 
tout oe qui appartient aux proprietaires , comioe aussi de 
totites les aoquisitiona desAinees. au retoui*. 
' Aus^itdt qtt'une joDque arrive ^ les marchands cliinois , 
rqui habiteat Singapore se rendeot a boi^d pour examioer les 
eohantiilons des divers articles, et Boter la quantity de 
ehacuix. Les jours suivans le coauiiandant debarque , apre& 
avoir pris connaissvaDce de* la rarete ou de. I'aboDdaiiee des 
marchandises f ii dispose, de tonte sa cargaison dans la 
kaitaaie on daas la quiiuaine. 

Les .diliereDs articles apporfces pdr ces jooques soot 
priacipaleiKient propres aux besoins des emigres chiuois 
(eparpiUes dans les ties adjacentes)* ainsi que des Malais, 
des Bugis , etc. Les seules de ces- SMirckaBdises cpii cqi>« 
'viennent eomme monnaie defThange^ pour FEurope, son! 
la soie ecrue , les nankins et le camplur^ , dont la plus 
ftrt^ palrtie e^ achctee dans, oette vue , des marchands 
chiDoifi>, dans les mains desquek passe constamment la totan 
lite de ce commeree*. Lea autijes. articles se vendent peu* a 
pea au;x.praine& qfai .arrkent .^ tons les. c6t&, 6t qui 
<eii&uite se v^an4ent dans^ tout ITArebipel. Les qualiies 
ttocpnuiliea - danst la couleujo jaune > et pnesque la totality 
des nankuw bleHs et verta , tont enleviees par les habitant 
de I^omieo etpav les fiu^s* 

Les eargai^ns qu'ils . emporten^ pour leui*> retour sont 
anssi yaf iees qii^ ceUes qu'ils amenest $ les jonqoes ^k.^ 
moy et de Canton emportent ausst a pen pocs les^ m^me^ 
articles;' Les retoups pour Amoy- se^conposent' de nids 
d'oiseattx y de ca^apfare ( Borneo) , de beech de meii, de boia 
de sandal' /de bois^ d'ebctne , d'ecaille-detoii:ue , de rotins, 
de pier#e0 de flint, de^peaiixdebuffles , de^n^gcoiresde'gou-* 
Jus de mer,^ d^ camdot 'd'Enrope , ^dedrap^ d'unegrande 
Im^geur , arec quelques p^ces d'indiennes; de dvaps d-une 
gi*andc laiigeur et de pi^Kses de Bengal^ , pour leur propre 
«isa|ge. Outre <$e6 articles , les jooiques de Canton^ etnpoi^tent 
de I'^^ar (substance manne), de T'Ctain , du poivre^-du 
gimgenbre , et de 8 a 10 eaisses dfopiiim oliaqne. - ,. 

La construction de ces jonques ne lem* permet de na>* 
Tigiier qu*avec le vent en poupe ; elles quittent ordinaire-^ 



et Statistique. SgS 

ment' la Chine dans le mois de jaDvier , pendant toute la 
£3rce de la inoasson, et elles mettent quelquefois de ao a 3o , 
et me me 4o jours Y dans leur traversee. DansleornavigaticMi, 
les GhiQois ne se servent pas de cartes, mais ilfi. ont des 
livres de navigation ( si touteCiMs ils meriteut ce nom) , qui 
etablissent la Jigne qu'ils doivent tenir , d'apres les difierens 
points de depart ; comme le vent est toujours bon , ils n'ont 
pas. besoin de beaucoup de connaissanoes en pilotage et 
en navigation. £n leur fai&ant voir separement one carte 
des mei's de. la Chine, ils Texpliquaient tv^-ezactemeht. 
Apr^ avoir quitte Canton oa Amoy , il paratlvait qo'ils 
lovvoient le long du rivage jusquf^ oe qu'ila aient attei«t 
)e: 113*'. degre d«^ Jougitvde; aiors ils gouvernent sur un 
amafr d'iles quiginent a la hauteur N.^E. de I'ilede Hai*- 
i»«ii oo Hai-lam (cowme ils rappellent), et se tiennent 
W v|ie d0 c^Ue. U«, jui^u'a ce quils en aient depasse 
Textremite.; c'est lilpra qu'iU se dirigent au sud par la 
c^tle de. la Cochinchine. lis ne perdent pas la terre de vue 
jusqu'a Q^ ^^*ils aient double le cap PacUtraiij d'ou ils 
poursiiivei^t kur route vers l?s ,d^troits de^Stngapore. Us 
niettei|t pre^q.mq tpvjpurs. \^ m6me temps a leur I'etoar , et 
ils qnitteq^ d^Q^difiaire c^s d4tinQits quand la. moiisson du 
siMi-ouest i^jBt daqs toute sa foin^ci. 

Uoci jiHifiae d'^iviroQ 35o o«i 4po'taaneaox a a bord 80 
^100 matelots , nombre qui suffirait pour la direction d'au- 
mpins 5 navii*es europe^s- du meme tonnage. 

lie tQtal iles passagers arriv/es par oes joBques,.>dans:ttiie 
si^n , st'eleve a pre$ de- a,6<i0., dont peusont restes dans 
file. Peiidaot queiqves jpurs apFes leur arrivee les sampan 
pmaats, et (es-prsui^e^ , qui. cpfum^rcetit avec Rhio ,. Maiacca, 
PiQ^ng> etc., etiai^nt, a U lettce., encovibris parces emigrans; 
qui se rendent ajux- divert |KHts voisins pour tvoiiver »dc 
rpocup^tion dans le trafic. Aet poivre , du ca£s, dans, les 
plantations, de. (^figewbi*e., et dans les* mines d'etain , etc.- 
O^auf^es', engr^nd oocnbre^ de^aodent a lava pours em- 
ployer dans les plantations dq suci'e el>a.sQn commerce: 
d*autre&se i^endent a Borneo, et auti^es iieux , pour &'occqper 
de la recherejhe de la poudre d!ar. Saps n^ttre en iigne 
de compte Tespiit commercial des industrieux habitans de 



394 Geogrdphie N°. i3o. 

Singapore. , nous ci'oyoDS que le commeroe de cette colonie 
s'elevera a plus de 7 millions de doUai*s I'ann^e prochaine, ce 
qui es| peu de chose par comparaison. 
• \}n autre n**. da Singapore Chronicle ^ celui du 21 mai 
1 829 y rapporte ce qui suit sur le commerce de Singapore 
avec Siam : 

Le commerce qui se fait entre ces deux villes par les 
navires des naturels , est tres-considerable , comipe on le 
verra par le coup d'oeil suivant : 

L*une des plus pr^cieuses branches de commerce de la co- 
lonic est celle qui. se fait avec Siam. D'apres les etats d*im- 
portation et d'exportation p^biies par le Contmepcial Re- 
gister, il pai*ait qu'Jil est arrive^ cette saison , plus de i3 
jonques de Bankok ; mais il en est descendu aumoins 16 ou 18 
cette annee ; si cela est ainsi il faut que quelques unes 
n'aient pas ete enregistrees , on qu'eli.es aient ete placees^ sous 
le titre : importation par les navireas des indigenes. 

Les jonques siamo^ses sont beaucoup plus petites que celles 
d'Amoy et de Canton* Leur tonnage est de 100 a 35o 
tonneaui^ ; celui de la plus grande partie est de i5o a 200. 
Leur cargaison se compose de sucre , riz , Eoile dje cacao , 
bois de sapan , bois c|e gan*ou , poissons sees , et une petite 
quantite de gamboge , laque en bitoa , dents d^^lephans , 
soie ecrue et oignons. Leu^ valeur varie de 3^ooo a i5^ooo 
piastres. 

Beaucaup de ces navii'es appai*t4ennent en entier a leurs 
capitaiues , et tes autres a des societes qui tiemeurent a 
Siam ; et presque la totalite de chaque cargaison 8lu% 
proprietaires respectif des jonques. Bans ces jonques » il 
est peimis. aux proprietaires qui demeurent a Siam , aux 
capitaines , aux ofhciers et aux matelots , d'emporter une 
certaine quantite de march andises exemptes de fret, et 
pour Jeurpropre compte ; quantite qui consequemment varie 
selon . la grandeur de la jonque. Dans celles qui portend 
environ 3,000 j^icii/^, on accorde d'ordinaire , au capitaine 
et a son second, 100 piculs, au secretaire, 5o piculs, et a 
chaque matelot 8 piculs. Gependant , d'apres nos recherches , 
il ne paratt pas qu'ii y ait aucune coutume particnliere 
parmi les proprietaires de ces navires , - quant au tonnage 



et Statistique, SgS 

precis accorde b lear epuipage : tout depend absolument 
des conventions qui ont lieu au moment de I'embarque* 
ment,*mais les conventions ci-dessus exprimees sont celles 
qui sont )e plus en usage. 

. La disposition de cette partie de Ja cargaison est inva- 
riabtement laissee an capitaine , et le tout est vendu , im- 
mediatenient apres Parrivee , a quelques marchands chi- 
nois etablis a Singapore, et avec qui ils avaient d*anciennes 
relations de commerce. lis en choisissent les marchandises 
qu'tis prennent en echange cfaez ceux qui ont achete les 
objets importes. 

Leur objet le plus essentiel d'importation est le sucre , 
dont ils amenent chaque saison environ 6,ooo piculs , 
d'une belle qualite. Le sucre de Siam est reellemenl pres- 
que le seul article de quelque valeut* qui apporte a ce mar- 
che, soit regarde absolument comme un moyen de remise 
sur FEurope , et sur lequel les marchands qui ne dependent 
pas du gouvernemept comptent pour en faire leur lest ; la 
quantity suffit k peine au nombr« des commercans susdits 
qui se rendent a Singapore. Le bois de sapan , les cients d'ele-^ 
phans et'la gomme, sont aussi , en gi*ande parlie , des- 
tines pour rEurope. Le rit, le sel, le bois de GaiTo , le 
tabac, etc. etc., sont enleves par les divers marchands da pays 
qui arrivent a Singapom , a des epoques r^lees. 

Eutre les nombreuses tribns qui viennent trafiquer id , 
les Siamois sont ceux qui emportent la plus grande partie 
des tissus , tant de Tlnde que de I'Europe. Leurs retours 
consistent principalement en sannahs de Bengale et en gur-' 
rahs , en Pei*ses ( de 12 coudees ) , en moortes de Ma-' 
dras (bleus), en longs draps d'Europe , batistes, perses, 
tissus de laines et de poils de ch^vres , un peu de cire 
d'abeilles , du camphre (barn) , de la poudre d'or et deS' 
rottins. Outre ces divers articles , on a recherch^ genera- 
lement (pour la premi&^e fois ) le co.ton file. II ne parait 
pas qependant que les marchands du pays en aient achete 
une grande quantite , mais il en a ete embarque beaucoup 
pour fiankok par les Europeens. On sait que I'introduc- 
tion de V opium est prohibee dans le royaume de Siam , 
^u du moins qu'elle est soumise a une taxe telle qu'elle 



' 



396 Geographic N**. i3o. 

equivaut k une prohibition. Si le {^oavernement peut de- 
couvrir qu an individu vend de Vopium ou qu'il en a qu'il 
destine a etre vendu , il le force a payer, pour chaque caisse 
qu'il possede ou qu'il a vendue , dix caisses ou leur valeur ; 
et s'il aiTive , ce qui est le plus ordinaire , qu^U ne 
puisse satisfaire a une demande aussi exorbitante « tout ce 
qu'il possede est confisque sur-le-champ ; et si elle ne suffit 
pa« a completer la somme que la loi exige , U est aiosi que 
toute safamille, oondamne a uo esclavage perpetuel. Ce- 
pendant , malgre la severite de cette loi^ lesjonques em- 
portent de Singapore regulierement de i a 5 caisses chaque, 
ce qui moatre clairement qu'Us esperent reussir a les passer 
en contrebande et. que les grands profits qu'ils comptent y 
faire I'emportent chez euxsuv la crainte de la punition. 

Le o)(|imerce de ces natii'es est fait exclusivement par les 
Ghittois , dont quelques-uns sont nea en Chine , mais dont le 
plus grand nombre descendent des Chinois qui sont ^tablis 
depnis long-temps dans ce pays. On represente les Siamois . 
comme une race exti*dinemei>t indolent^, et privee eQtiere- 
oiept de ces lubitu<le$ qui tibnnent a la patience et a Tin- 
du$trie, et de c^tte ardeur enti^prensnte et avealiui<«u$e qui . 
a toujours. disftingu^ les Chinois » et qui qst si n^essaire pour 
reussir dans le commerce avec reta:angei?. 

Nous n'avpns que des notions^ peu nombretises ou peu 
sa^isfeiisantes sur la gtegrapbie du royaume de Siam , mSme 
sur la topogra{4iie du pays, se$ productions et sa cul- 
ture. II paratt qwe jusqu'a ces derni^res annees,, la recolte 
pvincipale y etait celiie du rii. Le sucre a commence a y etre 
culttve par les emigres chinois , il n'y a quo peu d'annees ; 
il n'y a encore qu'eux qui s'en occupent,* Ton assure qu'ils 
ont donne a cette culture une tres-grande extension. 11 est 
certain que le sol et le ciimat y sent ti'es-favorables ; et le 
pays^ d'a^pires sontetendue, peut en produire une quantite 
preaque ind^nie. Le prix eleve auquel il s'est soutenu cea 
deux deinptte4re& annees , et les demandes qui s augmenteut sans 
cease , doivei:i:l sansf nnl doute agir puissamment sur les culti- 
vateuirs, et oelie pLuduetion no (reut maaquer de devenir 
tres-abondante en trts-pcu de let»p^. La culture du riz , etlea 
manulactures desel sont exclusivement reservees aux Siamois. 

Les jonques de Siam, quant a la construction, ressem- 



et Statistique, 397 

bleat a celled de Canton et d'Amoy ; et, comme elles, elles ne 
sont caiculees qne pour naviguer vent arriei^e. Le plus grand 
uombre de ces jonques quittent Bankok. dans le n^ois de jan* 
vier , et les autres en fevrier et mars. Elles desceadetit cons<^ 
tamment le cote oiiental du golfe , en serrant la cote de 
Gamboge , parce qu'elles craignent d'etre mises en derive par 
les vents de !N^.-£. et par les courans , qui dominent pendant 
cette epoque dans le milieu du cote occidental du golfe , d'ou 
elles ne pourraient sortir meme en louvoyant, et ou par con- 
sequent elles seraient forcees de rester jusqu'a la nouvelle 
mousson , et de revenir a Siam , ce qui serait a coup sur la 
ruine de leur voyage^ Elles quittent ensuite Pulo Oby, qui 
est situe ^ la hauteur la plus meridionale de Gamboge , se 
dirigent le plus possible vers Test pendant cinq ou six jours , 
et enfin gouvernent vers ces detroits. Elles mettent ordinar- 
i*ement 3o , 4® > ^* quelquefois 5o jours a cette traversee. 
Elles quittent dordinaire Singapore avec leurs cargaisons 
d'echarigeen mai, et longent eonstamment la c6te Malaie 
pendant tout le voyage. Les commandans de ces jonques 
n ont aucune idee de Ia< navigation comme science. lis ne £o»t 
Usage ni de livres ni de cartes , et n'ont d'autre instrument 
nautique que la boussole. II faut de 23 a So matelots pour 
mano3uvi*er uue jonque de i5o tonneaux. 

On lit egaiement , dans le n°. du meme journal , en date 
du a4 septembre 1829, ce qui va suivre, a Tegaixl du com- 
merce de Singapore avec Campar : 

Gampar est un aiicien etat malais. sur la c6te de Sumatra, 
situe entre les rivieres de Siak et de Daneer. L'embouchuix^ 
du Gampar est a envii'on 0° 38' N. de latitude > et 102** 5\' 
E. de longitude; cette riviere s'etend en une directiQn siid a 
pen de distance dans les terres et se divise aloi^s en deux braii<* 
ches , Tune allant a droite et Tautre a gauche. Le pays, situe 
sur la partie. k gauche, se nomme Gampar Kiri , et celui dje la 
droite s'appelle Gampar Kanan,.ou Gampar ctroiHe et Gam* 
par gauche. 

Pendant 12 ou i4 journees, en i*emontant €hacunedes.bi*aB-» 
ches de cette riviere, ie pays passe ponr^tre has et uni> et 
des deux c6tes, jusqu'ii un mille ou deux, on dit qu'il est passa^ 
blement bien cultive- Les bords deji deux rievieres sont ptr-- 



SgS Geographie N°. i3o. 

semes de villages ; mais la branctie dit>ite est plujs pcpulense , 
et le pays est mieux cultive. Ses productions principales sont 
le riz , le cacao , le betel , la gomme , la canne a sucre et les 
rotins. Le peuple de Gampai* fait un commerce considerable 
dans I'interieur et avec Singapore. Les habitans des districts 
du centre apportent du cafe, de la casse, qu'ils echangeut 
oontre toutes sortes d objets manufactures dans Tlnde et en 
Europe. 

Le commerce de Gam par avec Singapore est entierement 
dans les mains des Malais ( il n'y a pas ici de marchands chi- 
nois) , etse fait avec de petites prames de 5o a 200 piculs , 
qui viennent reguliereiuent tous les mois , par petites 
flottes de 10 a la prames. On dit que les detroits tres-nom^ 
breux dans ce pays , et surtout ceux qui avoisinent la c6te de 
Sumatra, sont infestes de pirates qui obligent les commei^ans 
a se-reunir en flottes pour se protcger mutuellement. Leurs 
jonques portent de i5 a 3o hommes, et sont armees de Icings 
canons de fer , de lances , d'epees , etc. , qui les rendent redou- 
tables aux pirates ; il est vrai qu'ils sont rarement attaques ou 
qu lis ne le sont jamais. 

. Leurs cargaisons consistent principalement en cafe, mais 
elles se composent aussi de quelques piculs de gomme, de 
cire d'abeilles , de fil retors, et de casse d'une qualite inff- 
rieure , de dents d*elephans, de cornes de rhinoceros et de 
rotins. Leur montant varie en raison de la grandeur de la 
prame, de 5oo a 2,000 piastres. 

lis vendent immediatement a leur an*lvee la plupart de 
ces marchandises aux marchands chinois, en echange de draps 
bleus de Madras non blanchis^ de soie et de coton ecrus; 
de chemises d'Europe > de batistes et de toiles de Perse ; de 
mouchoirs , de foulards de Batick , d'imitations de ces 
mouchoirs, de tissus, et de lames de poignards (kris), de 
plomb , de fer , d'acier ; de fil d'or ( de la Chine ) , de tabac de 
Java, de laque en bliton , etc. 

' Ces prames appartiennent constamment aux proprietaires 
qui habitent Jes enviit)ns de Tembouchure de la riviere, et 
les commer9ans qui frequentent Singapore les fretent pour 
le voyage. On paie pour une prame de 20 piculs de char- 
c^etnent 60 piastres , et Ton prend Tengagement d'etre de 



et Statistique. Sgg 

retour dans deux xnois. La principale pai^ie du chai'gemcnt 
appartiept au nakodah ou c^pitaine, mats chacfae indi^ 
vidu de Fequipage y a aussi une petite pai*t. Us ont Tbabitude 
de rester a Singapore une quinzaine a chaque voyage ; mais , 
comme ils ne peuvent tous finir ieurs a£Paires en m^me temps, 
ils s'attendent tou jours les uns ies autres pour partir de com- 
pagnie. A leur arrivee a Gampar , apres le decliargement de 
leur cargaison , et quand ils ont remis Ieurs prames aux pro- 
prietaires,. ils soccupent du placement de Ieurs marcban- 
dises qu'ils colportent par tout le pays , et dont ils placent si 
peu a la fois et » lentement qu'ils restent presque toujours 
deux ou trois mois a terminer leur vente ; ils font pi^esque 
toujours des echanges con t re les productions du pays; et, des 
qu'ils ont reuni de quoi charger uqe prame , ils retournent 
promptement a Singapore. 

On trouye dans le pays de Gdrnpar* de la cire d^akeilies , 
de I'ivoire, des cornes dti rhinoceros et de la gomme, et 
Ton. pent s'en procurer dans tous les princi^aux villages sur 
les bords de la riviere. On dit que les elcphans et les rhino- 
ceros y sont tres-nombreux ; ils se procurent les premiers par 
le poison et les derniers en les fusillant. II parait que lele- 
phant fait de frequentes incursions dans les plantations de 
Cannes a sucre pendant la nuit, qu'il y cause beaucoup de 
degats, et que. si on les laisse faire une fois impunement, 
et se retirer dans les for^ts sans avoir ete inquiet^ , on est sdr 
qu'ilsreviendrontla nuit suivante et recommenceixint a devas- 
ter le meme terrain. Partout oil Ton apercoit les traces de 
cet ^orme animal , les Malais placent des trapes , qui se 
composent de queiques tiges de cannes a sucre eparses sur une 
fosse , qui ofFre dans son milieu les di verses sortes de fruits 
dont on sait que se nourrissent les elephans { ces fruits sont 
piles d'avance et reduits en une sorte de pate dans laquelle 
on a mele une forte dose de poison mineral. Pour rendre cette 
dose plus agreable au palais , les Malais lavent Textei'ieuv des 
Cannes . avec de Teau salee , ces animaux sumant beaucoup le 
sel. Les tiges des cannes sont placees dans la terre pendabt 
le jour, la ou Ton a decouvert les traces de Telephant ^ etle 
lendemain matin il est trouve ou mort,'ou tellement-^mvre 
par le poison, qu'il est incapable dd fuir; et d'ordiiuiire on 



4oo Geographic N\ i3o. 

le tue a I'iustant. Les natui-eis fiisiHent aussi 1 elephant avec 
une e»pece de long moosquet fabriqiie dans )e pays ; mafs on 
le detruit principalement comme nous vi^nons de le dire. 
Quant au rhinoceros » tts le fasillent toujours. 

Aiosi que nous i'avons deja fait remarquer, le eafe est lent 
principal ai*ticle d'importation ; il paralt qti'on Fapporte de 
tres-loiu de Finterieur dans les environs de Oampar , ou il est 
echange contre les -diverges maix^handises que les commer9ans 
exportent de Singapore. Selon cequ'on nous a dit, ce cale s'a- 
chete dans le riche pays de Menangkabow , Tandenne resi- 
dence deaMalais , et du pays.de Limapuiofa, qui sont situes 
au centre meme de Tile y et sont consequemment k plusieurs 
joumees dans Tinterieur des terres. Des hommes en appor- 
tent toute la qoantite du lieu ovl on le necolte , par petites 
parties , et sur la tete. Les marchands de Tint^rieur ariivent 
parfaibles ti*pupes de 8 ou lo homines, dont 2 seulement 
portent environ un demi-picul de cafe , le reste elant charge 
de provisions destinees a nournr la troupe dans le voyage. Les 
prames de Campar n'apportent pas moins de 800 a tooopiculs 
de ce cafe , et comme toute la quaotite est apportee de Tin- 
terieur par une voie aussi lente , il est evident que la popula- 
tion des districts d'ou on le tire doit ^ti^ ti-es-grande. Et 
comme ce cafe, d'un autre c6te, vient de Tinterieur , on verra 
que le commerce de Singapore avec Com par seulement est assez 
considerable ; ear si nous snpposons que 1 00 de ces prames , 
apportant chacune 100 picuis de cafe , vietinent ici tous les 
ans , etque cela i^presente 6 dollars ^ par picul^ cela uOus 
donnera la somme imposante de 65,ooo dollars, pour le mon- 
tant annuel de notre commerce avec le pays de Menangkabow, 
pour cet article seulement. 

Sir Stamford RafQed fit un voyage de Padatig dans Tin- 
terieur de Tile de Sumatra, en 18 18, et il represente ce 
pays comme' tres^bieneuitiveet tres-peuple. Les extraits que 
nous allons donner da journal de i»on voyage dooneront au 
leoteor une idee.de Tapparence et de la population dn pays 
de Menangkabow, ainsique de Timportance commerciale et 
politique de Sumatra. 

M De^ hauteurs ile la ville (Suruasa) la vtte s'etendait , 
au Bord et a Touest, jusqu'a la montagne de Berapi et aux col- 



et StatLstique. 4<^i 

lines adjacentes; toat k pays, autant que TobU le pouvait 
distinguer > etait bien cultive et seme de villes et villages , 
ombrages par des coootiers et autres arbres a fruit. J'ose 
dire que cette vue ^alait tous les paysages que j 'avals pu voir 
k Java: ii n'en est aucuae d*aussi vaste et de plus majestueuse, 
dontlapopulatioa soit aussi uombreusey et la culture aussiri- 
che.» Dans une.autrqpartiedeson interessant memoire (ouil 
reflecbissait aux consequences probables que pourrait avoir 
son voyage), ce voyageur vraiment eclaire et entrepre- 
nant fait remarquer que la decouverte d'une population 
nombreuse et tres-agricole ne pent manquer d«tre interes* 
sante. D'apres des oalcub moderes , la population , dans une 
etendue de 5o milles autour de Pagernyong^^ dans le pays de 
Menangkabow 9 ne peut ^tre au-dessous d'un million. D'a- 
pres les rapports qui lui ont ete faits sur les lieux, le nombre 
parait etre plus grand. Pendant tout son voyage il n'a 
pas vu un ladang. Cette sorte de culture par des emigres, si 
exactement decrite par M. Marsden , et si uniyerselle pres de 
la c6te meridionale , a depuis long-temps fait place an mode 
de convertir les l^rres en sawahs reguliers, et a Tetablis* 
sement d'une propriete permanente du sol. Les manufac- 
tures sont plus avancees ici. Menangkabow a toujours ete fa- 
meuxpour ses lames de poignards (kris). On y travaille le 
fer de temps, immemorial. Une manufacture considerable de 
poterie commune, pres le.lac, foumit de cet article Pa- 
dang et Bencoolen. »Sous le rapport politique, ce pays peut 
o£frir de grands resultats. II n'y a pas tres-long-temps que 
la souverainete de Men^gagkabow. etait reconjaue dans toute 
Tile de Sumatra , et son influence s'etendait sur presque 
toutes les ties yolsines ; le respect que les personnes de tout 
rang pprtent encore a^ses princes » va presque jusqu^a Tado- 
ration. En s'appuyant de leur autorite,.un gouvernement 
central pourrait aisement se retablir, et. cette foule de petits 
etats, maintenapt desunis. et plonges dans la barbaric, ppur* 
raient^tre reunis sous un systeme. general de gouvernen^ent. 
Les rivieres qui se dech^rgent dans TarchipeV Oriental peuvent 
encore devenir les grandes communications avec la capitale , 
et,Sumati*a peut encore, .seionle voyageur, s'elever a une 
grande importance politique. 

F. Tome XXV. Mars 1 83 i . >6 



4a2 Giographie W. i3o. 

Eofin , un num^ro du Singapore ehretu » du 5 novem* 
bre 1839, coBtknt les renseignem«Ds qo'on va lire sur 1« 
commerce de cette He avec la c6te occidentale de. Borneo, 

4t Ge commeree a lieu par les difierens ports du pays de 
Born^ proprement dit , stttte entre TaujoDg Dattoo et 
V^ztr4m\t6 nord de Tile ^ et par les ^tablisseiiieDS hoilandaift 
de Sambas , de Mampawa et de Pootianak. La totalite de 
ce commerce se fait par les Malais et les Bogis, avec des 
prames qui appartienneut aux dil^eus ports d'oii Us vied* 
ii^nt , et doBt le ehai*geme6t est de 3oo a 1:200 picuis. 

» ,Les prames de B(H*n^ propi^emeut dit , soiit surtotit 
d'un ebargement de 800 k 1200 pkluh , et elles sont^ atim 
que la plupait des b&timens du pa^^s , bien armees avee de 
longs eauons de bronze (lelas), de lances, d'epees et autres 
armes Mgeres. Quinze ou vingt bdtimens euTiron .commerceut 
avec ce port et font generalement deal voyages par an. 
Leurs importatiotis consistent principalement en poivre , 
camphre, cire ifabeilles, nids d'oiseaux, ecailles de tortue; 
ecailles d'huitres k perles, et perles; et chaqtie cargaison , 
seloti la grandeur de la prame , peut ^tre evaluee de 2,000 
a 8,000 piastres. Ges cargaisOns sont tres>promptement ecou^ 
l^es par des Changes contre des draps bleus et, blancs -de 
Madras, des indiennes d'Enrope et des draps longs, du fer, 
de leader, du coton fM^, bleu, rousre et blanc, des nankins 
bleus siamoises , du fil d'or de la Ghine , etc. Ges c<»inier^aa$ 
n'emportent point d'Opium , parce' qu'il n'est pas permis avrx 
naturals de Borni^o proprem^t dit> d'en faire usage. 

» B'apr^s les particularity que nous avons pu reeuedKr 
des marchands chitiois qui trafiquent avec ces peuples, et 
deis commer9ans eui-mdm^, nous pensons que ie montunt 
de nos affaires avec les naturels de cette partie de file ne 
pent ^tre moindre d^ 60,000 ou 70,000 piastres. 

» Cependant notre commei'ce avec les trois ^tftblisseineiis 
faollandais est beancoup plus ^onsid^able. Tous les six mois 
Doos voyons Mriver 1 5 on %o prames , apportant ehaemie 
de 60 a 5oo hunkals de poudre d'cM*^ selon le$ moyens du 

chef. 

» Les prames de Sambas ne sont guire cbargees d'aotret 
choses que de poudre d'or , a raison des droits en^ssib mis 



et Statistique. 4^Z 

star toff^s les atitres articTes destines' aax ports de rAngleterre^ 
De Mampawa et de PoDtianak , enwon ao ou 3o prames 
vieonent ici dens £ms par an avec de la p6udre» d'or, 
^8 diamans , de i'etain et des rothvs. Les droits d^entt^ 
sui* tdu& les ai*ticles de ces- pays soot, ea Angleterre, de 
12 p. lOO , excepte la poudre d'or et les diamans^ qui en 
sont exempts. Les cargaasons de ces ^tablisseuiens varieot 
dans leurvaleur,deputs!2,obojusqti'a 20,000 dollars , et ileft 
arme aii moirn une So''*^^'. a direrses ^poques djins Tannee. 
£n admettant que les arrivees se inontent k 5o, et qtie la 
vale^r dechaciilie d'elles soit de 5,ooo dollars;, ce que nous 
croyoDS beailcoup au-dessous de la tealit^ , le tiNyntant 
annuel de ces importatiocis serait au moins pe aSbjOoo pias-^ 
tres. 

» Les eDnimeP9ans prettnent en ik^hange principatetnefit 
des majtshandises da Bengaie et de Madras , et dn fer ; ik 
n'emportent ni des toiies anglaises de coton . m de Topram , 
a ratson de la protection! exelusvt«< qtte les Holiandais aceot*-^ 
dent an commeroe de la mere patrie et a ses dolonies, en 
supprimant les droits. G'est sans doute dans cette vue que 
le o^bnnerce a et^ restreint aux divers^tablissemens holian- 
dais, et qiie> pouv emp^ber qu'H He tomMt dans les mains 
des Atiglaif^, ils out sageraent frappe d'lin droit de 35 p. 100 
t0iis lea cotoBS fabrii{ues en queique lieu que ce soit d'Atf- 
^terre ; paroe qu'ils connaisaent la predilection que tous 
les B^turels ont ponn* les^ BMircbatidises anglaises, €t qu^ls^ 
^peraient sans cbnte les emp^cher de p^ri^trer a j^ara avant 
etix , ou Bs sarent qu'ofei n'en pourrait aiebeter avant qu'ils 
n'eusscQt paye au gouyernement de Java un droit d'entree 
de 3o p. 100, et en addition doquel le commercant du pays 
est feroe d'acquttter liu droit de sortie de 6 p. 100 , ou parce 
qa^'iis esperent qo' ils verseront leurs cargaisons dans les ma- 
nufactures des Pays-fias. LeS Hollatadiais se flatten t que le 
systeme qu'ils ont adopts am^nera le resultat salutaire de 
eotiscrveff dans leurs mains seules le commerce de leurs nom- 
boeqx etablissemens , afin de pouvoir recueiliir tout le be- 
nefice dii commerce qui se.fatt par lies habitans de tous les 
pays sountis ft leur dmniuatiOQ. IViary pat^venir on a' entass^ 
. kfi obstacles iHK>pres a entrarer le oommerce des peuples qui ont 

26. 



4o4 Geographie N*. i3o. 

desreiationftavecles Anglais; car/quoiqae les aatoriles hoUan- 
daises ne puissent leur refuser ua permis pour Singapore , 
cependant ils les tracassent par tons les moyens qui sont en 
leur pouYoir, et emploient tous leurs efforts pour- les engager 
a se i*endre a Java , de sorte que maintenant ces peuples ont 
pris rhabitude d'en demander pour Samarang , Grissee oa 
quelque port.de Tile de Java. Gela ne les empeche pas 
de payer les m^mes di*oit8 de sortie que s'ih etaient destines 
pour Singapore; car les HoUandais -ont appris parl'expe- 
rience que , malgre leur permis en regie comme sortant d'un 
port hollandais, ils viennent constamment de Singapore. 
Les naturels ont ete portes a en agir ainsi pour eviter en 
partie les difficultes auxquelles ils seraient sujets s'ils avaient 
declare qu'ils se proposaient de se rendre a cet endroit , et , 
pour les eviter, ils paieraient volontiers les droits qui leur 
seraient extorques de la sorte par ceux qui pretendent ^tre 
regardes comme le& protecteurs du commerce. Le commerce 
de I'opium etant un monopole exclusif reserve au gouveme- 
ment , il ne permet a aucune condition aux naturels de s'y 
livrer. 

» Le systeme d'imposer des droits enormes ou des prohibi- 
tions sur quelque branche particuHere de commerce^ afin 
d'en favoriser une autre ^ atteint rarement , si jamais il Fat- 
teint , le but qu'on se propose ; mais, au coatraire , il amene 
presque toujours>des consequences funestes en general au 
commerce des villes enversjesqnelles onl'emploi, car il tend 
necessairement a donner a Tindustrie du peuple un debouch^ 
oppose au debouche naturel. Telle est la politique des HoU 
landais dans rinde , et il est bien recoonu qu'elle n'a aug- 
mente la prosperite ni des gouvernans , ni des gouvernes. On 
verra , d'apres les, observations pr^dentes , que les reglemens 
de commerce en vigueur dans leurs etablissemens de Borneo 
devaient etre peu favorables au but que Ton s*etait propose 
en les iroaginant ; car s'ils fivaient produit les effets qu'on en 
attendait , on naurait jamais vu une seule prame arriverici 
d'aucun de ces etablissemens ; et, quant au bien qu'elles pro- 
curent aux manufactures du pays , nous ne pouvons dire en 
quoi il consiste, car ce n'est pas la un moyen d'engager, 
encore moins de forcer . une prame de plus a se rendre dans 



et Siatistique^ 4^^ 

auenn port on la mmndre mai^handise des Pays - Bas pent 
86 trouver ; et tel est , nous a-t-on dit , le degoifct des natu<- 
rels pour ces marchaodises , que le petit nombre de prames 
qui oommercaient habituellement avec les ports de Java , n'en 
out jamais achete une piece , et cest ce qui n'arrivera jamais , 
sous quelque pr^teite que ce puisse etre , iii a Sambas , ni a 
MampWa oo a PoDtianak. Ces r^glemens out pour but , sans 
nul doute , de pri^Tenir I'introdactioa des cotons anglais dang 
ces- places-; mais nous ne prevoyons pas qiie cette circonstance 
apporte un avantage reel aux Hollandais , car les toiles des 
lodes des presidences anglaises du Bengale et de Madras sont 
importees par les naturels, a leur place, de Tetablissement 
anglais de Singapore. Les marchandises indiennes exportees 
d'un port d' Angleten^e paient double droit dans un port bol* 
landais ; mais il est siar que les naturels trouveront beaucoup 
plus avantageux de eemmercer aveo nous et de payer un 
di*oitde 1 a pour cent sur les marcbandtses qu'ils remportent, 
que de ti*afiquer avec les Hollandais d'apres leurs propres . 
conditions; ou ils ne voudraient pas continuer a &ire un 
commerce aussi etendu avec ce port ; et si les>Hollandai8 pi*e- 
feraient baisser les droits sur les fabriques anglaises de ii 
pour cent egalement , on ne pourrait guere douter que leurs 
finances, qui , a ce que nous ci'oyons , nesont pas dans Tetat 
]e plus prospered ne profitassent sur-le-dtamp de cette mesure, 
laquelie ne pourrait causer le moindre tort a leur coinmerce 
quant aux manufactures de la m^re-patrie, puisqu'un tel 
commerce n'existe pas« Quant au monopole de I'opium , on 
Be pent mettre en doute que si le commerce de cet article 
etait favorise comme celui des autres productions de I'Inde »• 
le revenu provenant-de ce commerce exclusif ne s'augment&t 
avec rapidite. D'apres tout ce qui a pu parvenir a notre eon- 
naissance, !& consommation de Topium k Sambas, Pontia*- 
nak, Mampawa et leurs dependanoes est tres«-con8iderable, 
quoique le gouvernement ne dispose que d'un petit- nombre 
de caisses^ qui , dit-on , ne s'elevepas, dans les ti'ois etablis- 
semens , a plus de 20 ou 3o par an. Si ce commerce se faisait 
comme a lieu dans I'lnde le commerce des toiles , il entrerait 
legalement dans ces places plus de 4oo caisses, et Ton paie* 
rait avec plaisir un droit de 12 pour cent ,au lieu de celui dont 



^ I 



4o6 Geo^aphie N\ i3o. 

uout ioop^onnons ( quaiqu'll ne paraiase pas dans la liste ^}e» 
exportatioDS dc celte place ) qa'une imnieDae qiiantite se fait 
ptf coDtrebaode , et $iur l^uel par consequent on ne pereott 
fiucun droit. Si on ne levait qu'un droit de is ponroent sur 
tout ce qui entrerait, on retirerait des benefices bien plus 
eonsiderables que ceux qui peuvent pix>venip d'un tres-petit 
nombre de caisses. Aiusi I'abolition du nooopole profiterak 
et au gouveroeoaent et au peuple , car eUe augmenterait 4e 
revenu de Tun et donnerait un nouveau stimulant a Tbon- 
n^e industrie de Faiftre. Nous n'osonscepeodant nous flatter, 
Vtalgre tant d'exemples mis sous nos yeux , que le goaveme- 
ment bollandads se determine jamais, par aueune oonsiderar 
tion » a abandonner la ligne politique qu'il a suivie jusqu'id ^ 
eUe est egalement nuisible a ses propres inter^ts et a oeux 
qci'tl est appele k gooverner. » 

Un denier n°. du Singapore chron, , en date du 1 1 ^ 
vrier iSSo^offre ausst un resultat general du commerce de 
cat etablissement pendant lesquatreannees 1827, i8%Sp 1829^ 
On y lit entre autres les rapprocbeaens qui suivent : 

Les importations de 1838-^1829 excedent oelies de 18^7^ 
1828 de4*73S»2oi dollars » et les exportations de 4>i74»594 
^ dollars* L'accroissement des importations est priiicipalemeiit 
d^ a la Chine , et cehii des exportations a TAngleterre. 

La reunion de Singapore at^ee les eiabiissenuns de Mar- 
kteca e£ de Penang eut lieu le i*'. ao4t 1827. Le Singa^ 
pore chronicle du 28 septembre annonce a ce sajet qu'il s'e^ 
tait eleve, entre la cour des directeurs de la compagnie des 
lodes et le bureau du oontrdle, certains differends relatifs aux 
cbangemens survetyus en Angleterre concernant les droits a 
percevoir dans ce port. On ajoute que telle est probablement 
la oause qui avait foit retarder remission de la charte legale 
des (itablissemens ainsi inoorpoi'es. Le m&oke journal declare 
toutefois, dans son numero du 12 octobre, que le gouver-t 
nement d* Angleterre avait envoye Tordre d'abotir tous droits 
qaelconques a Penang , a Malacca et a Singapore , qui , en 
consequence , doivent devenir ports francs. 

Le Bengah'hurkaru , du i®'. nov. , fait » a Tegard de cette 
incorporation , les remarques suiyanles : les effets d'une sem- 
bkkbie me&ure ne seront pas a beaucoup pris aussi prejudi'^ 



et Statistique^ 4^7 

riabies a la oolaoie de Malacca q|i'^U« pouvalt T^tre a celle 
de Pulo^PenaDgi en ec qu'elle D'etait pas, ni dc sauvait jV 
Bctais eti«» soik im rapport meroantile , rivale de oette der- 
niere , et que , sous uue bonne administratuHi » les produit^^, 
de eon agricaUnre suffiraient pour pourvoir aux bespins de 
sa confiommation et prevenir la disette, qui tres^frequewr 
meot se fait ^ntir daps les marcbes de Penaog, Les produits^ 
de cette iie ne suffiaeut pas a rapprovisionnement de la moi-> 
ti^ de sa population , et les ressouixes en ce genre qu'elle pent 
tirer des c6tes voisines ne sont ri^n moins que reguHeres 
dans leur cours | et il en resuUe que par fois le inarcbe se 
trottve eDCombre , taqdis que l^'pn ne peut , dans d'autre^ 
occasions , s'y pfoeurer qju'a des prix exorbitans les denree^ 
de premiere necessite lea plus ordinaires; il nen est pas de 
m^me a Singapore. On sait quelle fut la condi|ite tres- repre- 
hensible qu# tinrentji^s autoriti^s siiperieui^es de Penang a 
1 egard de cette colonic , mime des les premier^ temp$ de ^a 
fondation par sir Stamford Baffles. C'cst un fait constate ^ 
et nous ne pen$Qn$ pas qu'on puisse le contester auj^ourd'Uui ^ 
que rien de leur part ne fut ^argne pour qontrarier les vues 
de 3ir Stamford ^ et on tient meme a cet .egard , d'une sourc^ 
qiiin'e&t pas suspecte, quil s'est trouve des indiyidus qui, 
par jalousie et par de mesquines craintes de concurrence , fai- 
fant cause! commune avec les HoUandais de Malacca , les exci- 
terent et les encouragerent a entraver de tout leur pouyoii; 
retablissement de Singapore. L'honorable cour des directeur^ 
(conserve certainement une injuste partialite pour celui de 
Penang^y et nous avons entendu dire que Ton y agita vive- 
jpient , lorsque les reclamations continuelles de Penang obli- 
gerent la cour a accorder aux ties rivales des avantages egaux, 
ri^ativement aux droits , la question de savoir s'il n'etait pas 
plus a propos d'assujettir le commerce de Singapore et de Ma 
l^ca aux m^mes entraves qui enchainaient celui de Penang , 
ou de rendre ces trois ports egalement francs. Gr&ces au sys- 
teme des innovations et des pouvelles theories , ce dernier 
expedient prevalut \ mais pour dedommager , a ce que nous 
supposons , Penang de la non adoption des suggestions de 
son gouyernement , on lui annexa , comme dependances , les 
deux auti'cs ports. Ces suggestions , ou , ppur nous servir des 



4o8 Geographic JV**. i3o. 

expressions officielles , ces recommandutions mvaient povr ob- 
jet d'imposer k chacnn des etablissemens interesses le m^me 
systeme de droits, avec toutes les impositioDS vexatoires d'une 
douane indigene. 

fTous venons de parler de Penang; V Asiatic JounuU 
d'aodt 1827, dit de sa population que , suivant le dernier re- 
censement qui s'arr^te au 3i decembre 1825 , eette popula- 
tion pour rile entiere montait a 87,962 individus, parmi les- 
quels on comptait 13,769 Malais et Bugis , et 7,552 Ghinois ; le 
reste se compose de Ghulias , de Bengatais , d'Armeniens, etc. 
II existe , tant a George-Town , que dans son voisinage im- 
mediat , Teglise episcopale , une chapelle des missions , deux 
chapel les catholiques romaines , et une chapelle armenienne , 
quatre temples hindous , trois temples chinois , dix mosquees 
mahometanes et deux temples siamois. 

Un numero deKOriento/jE^er^7/^,celuidemai i828,pr^sente 
ausst,. sur Imt^dle m^me de Singapore, quelques donneesquenos 
lecteurs seront bien aises de retrouver k la fin du present article, 
comme pour les dedommager de sa longueur nn pen seche. 

Uaspect de la ville de Singapore ne saurait , a lat 
verite , entrer en comparaison avec celiii de nos grandes 
cites commerciales de Themisphere occidental ; mais elle pent 
prendre un rang distingue parmi les ports de mer de Tlnde. 
Une grande partie de ses maisons sont b^ties en ^briques et 
en pierre de taille , et toutes dans le meilleur gout ; les ha- 
bitations de la seconde classe , qui forment le plus grand 
nombre , le sont en bois et a toits de tuiles. Le bazar, en 
apparenoe mal distnbue et sujet a itre par fois encombre , 

surpasse de beaucoup celui de Penang Sous le rapport 

du ctimat , les habitans sont particulierement favorises par la 
nature : on ne pourrait guere s'attendre a trouver , par les 
1° 18' de latitude , qui est celle de Singapore, une tempe- 
rature dont le terme moyen est de 78°. En outre , les nuits 
sont toujoui*s fralches et calmantes ; les brises de mer et de 
terre raffraichissent alternativement Tair. 

L'on a vu parfois, reunis dans larade de Singapore, 79 jon- 
ques chinoises , du port de 100 a 800 tonneaux, 120 bateaux 
bugis de 5o a i5o dito, et un tres-grand nombre d'embarca- 
tlonsde Malacca et de TAi^chipel, avec 20 navh'es europeenset 



et Statistique. 4^9 

bfttiineDS mlites k carre La pins petite des barques en usage 

idykquelieest longue de lopiedssur i de large, etmue avec 
une double pagaie , pent traverser en parfaite sdrete, et dans 
toutes les saisons de Tannee , la rade de Singapore, qui offre 
un mouillage sioir et commode pour toutes les flottes du monde 
entier. 

Ici les Ghinois, les Gholiabs, les Malais, les Bugis, les 
Javanais , les Arabes et diverses autres tribus vivent entre 
eux paisiblement et dans une parfaite harmonie sous les Eu- 
ropeens, leurs maitres. II est pen d'exeaaples de ces ven- 
geances desesperees , particulieres a la race m'alaise : il est 
vraiment etonnant de voir regner un tel accord parmi taut 
de nations differentes. 

Nous terminerons cette collection de faits dissemines-dans 
differens recueils ou journaux , en rapportant le recit d'une 
excursion aux mines de Johore , dans I'interieur de Tile de 
Singapore , par quelques membres d'une societe d' Anglais 
formee a Singapore m^me. 

£n remontant la riviere ils decouvrirent le tombeau de Tun 
des anciens rajabs malais. Ce monument se oomposait d'un 
assemblage de grandes pieiTcs plates empilees dans un pour* 
tour, dont le centre etait rempli de terre. Deux pierres de 
la m^me forme , de 3 pieds de baut , sculptees avec beauooup 
de goiat , d'une forte pierre a sablon , dans un bon etat de 
conservation , espacees d'environ un pied , et assises vertica- 
lement , sui^mioutaient le monument. Nos voyageurs debar- 
querent ensuite au village de Gongong , pour visiter les mines 
d'etain que des Ghinois exploitaient anciennement sous le 
regne du sultan. Lacolline dou on tirait le mineral a envi- 
ron 200 pieds de circonference , et elle se trouve a 600 pieds 
du bord de la riviere. Le mineral git a environ 12 pieds au- 
dessous de la superficie du sol , dans une coucbe de gros sa- 
ble de carriere , melee d*argile blanche et d'un pied d'epais- 
seur, sous laquelle on decouvre un litde morceaux de quartz 
roules , et^ d*une superbe argile blanche endurcie , de diffe - 
rentes dimensions et du poids de quelques onces a plusieurs 
livres. Quelques-uns de ces moix^aux d'argile ayant ete bri- 
ses , avaient a leur centre des traces de fer , mais a leur exte- 
rieur ils etaient incolores. Au-dessus de ce sable grossier se 



4 1 Geographic 

trouve une couche d^ belle argile J^lanobe , d'eaviron nix 
pieds d'epaisseur : oetle derniibre est suiiiK>atee d'une argUe 
Jauofttre, et la itirfaee dusol te compose d'une ooucbe mince 
de terre yegetale, sur laquelle crott de la fougei^c, de Therbe 
comniane et quelques arbrisaeaux rabougris. U eiiste uoe 
autre mine que ron suppose du meme genre , et dans laquelle 
le iniDeral paraissait ^tre en petite quantile. Les indigenes 
«$surerent qu'ils pourraient gagaer 6 fanans par jour a layer 
le sable et a recueiUir le mineral ; mais oette exploitation a 
ete treft^negligee jusqu'a oe jour. Le mineral se pr&ente «oos 
la forme d'un tres^beau sable , tel que celui des ricbes mines 
de Banca. L'ai*gile semble propre a la fabrication des belles 
especes de poteries. ALBBRT^MoirTiMOFT. 

]3i. Tableau du commerce de Tripoli et de ses rapports avec 
le commerce de Tltalie ; par le chevalier Graberg d'Hemsa 
( Antologia Giornale di Scienze^ mars i83o, pag. 75. ). 
[P^oyez le Bulletin, tome XX, no. 36. ) (1). 

3*. Article. 

On n'attra pas de peine a concevoir que dans un p«ys gou-r 
verne par des Musulmans qui , il 3ra quelques annees, etaient 
encore de vrais (Oorsaires , les droits d'importation et d'expoiv 
li^tion sur let marchandises doivent ^tre consideres plutdt 
^somme une branche des finances que comme ua subside que 
protege et enricbit le commei*ce naional , et qui t sans de- 
itfuire entierement la liberte de transactions commerciales ^ 
jcontribue oependant a faire pencher la balance en Cayeur du 
commerce de Tetat. 

II s'ecoulera encore un grand nombra d'annees ayant que 
Ton puisse faire comprendre. aux che& des regences barba- 
resques , qu'uo ^tat qui croit fayoriser ses inter^ts en frap- 
pant d'uo nouveau droit d*entree les marchandises venaii^ 
de Tetraoger, tombe dans une endear graye • s'il ^% possibly 
;que Ton u^e de represaille it son egard. 

(i) Nous now empressqns de rectifier uno errear qoi noas est 
/echappee cUoa le second articW da commerce de Tripoli insere eu 
BnUetin^ tome XX, no. 36, page xoa; oit Um de : plasieurs vais- 
^aux arrivaient dans runique but de trouver des frels avantageux et 
souvent leurs esperances furent de9aes , il faut lire : raremeBt leqrs 
/esp^rances furent d^cues. « . . 



et Statistique. 4ii 

Ed effet , it peine la i^genoe de Tripoli eni-eUe augmente 
les droits sur certains articles importes ou exportes que le 
conuneroe diminua a proportion , et tftndis que le revemi des 
douaoes de terre et de mer s'elevait • il y a qneiques annees , 
pour le pacha , a pres de ioo»ooo piastres fortes, anjourd-hui 
9e revenu n'arrive pas in^me a la moitie de cette somme. 

La douane d'entree et de sortie par la voie de mer est ge- 
neralement affermee d*annee en annee a des particnliers , le 
pi 11$ souvent de la famille m^meidu pacha ^ qni la sons^affer- 
ment eDsuite a qodqiies gens opulcns que leurs richesses met- 
tent k iB^i^e de payer en tout cas la ferme entiera. En ce mo- 
ment cette douane est afFermee au gendre du pacha rais ou 
ministrede la marine, pour 18,000 piastres par an ; ii y a 
quelques annees elie Tetait pour 4o,ooo jnastres environ. Le 
droit d'exportation sur les esdaves des deux sexes^ de la Mo- 
guette y etait alors compose comme aujourd'hui. Maintenant' 
elie I'enferme en outi*e rimp6t des cuirs , qui autrefois valait 
sepai*ement de 3 a 4)000 piastres; le souvei*ain a la propriety 
pleine et entiere de tons les cuirs et de toutes les peaux qui 
sortent des boucheries ou abattoirs de Tripoli ; toutefois il 
en fait ordinairement Tabandon au fermier ^ la douane de 
met? : cependant les langues appartiennent au sheik ou ehef 
anden des Juifs. 

La douane de teri'e et les imp6Cs etaient ainsi donnes autre* 
fois a ferme pour Sa^ooo piastres par an ; mais aujourd'hui 
eUes ne rendent plus au pacha que 6,000 piastres , auxqueU 
il faut cependant ajouter : 

i<*. Le peso grosso , ou le remanai, pour. . i ,000 piastres.* 
30. L'introductioD et la vente du tabac. . . i ,5oo 

3*>. Le poids de i'or et de i'argent • 1 ,000 

La vente du vin et de I'eau-de-vie , la distillation du lacbi 
ou liqueur de palmier, et la Vente en detail de toutes les li^ 
queurfr fortes et spiritueuses, rendaient autrafois ao,ooo pias" 
trespar an. Aujourd'hui ces pbjets n'en rappoi'tenf plus que 
i6»ooo ; il n'existe aucune regie fixe pour la vente en detail , 
les employes de la douane sont nudtres d'exiger des revent 
deurs ce qu'il leur plait« Cependant le vin paie ordinaire* 
ment 3 piastres par baril de Yenise ou milien^ie de France j^ 
le rfaiim et Teau-de-vie pai^t le double. 



4i3 Geographie No. i3i. 

Dans cette ferine soot comprises les t^tes et la graisse de 
tout le betail que Ton tue a Tripoli. 

. Les droits d'entree et de veute du savon etaient affermes 
separement pour 3oo piastres par an ; mais maintenant ils 
soDt doones en paiement a un nomme Gagigge , creancier du 
pacha, aucien directeur du bagne des esclaves chr^tiens, et 
actuellement grand-mattre de Tai^tiHerie. 

Le tarif des droits d'enti*ee et de sortie des marchandises 
depend du capiice du souveraiii ou de Tiut^nit du moment , 
dont il saisit toujoui*s I'influence a la douane de mer. Les su- 
jets juifs de la r^ence paient , tant a Tentr^e qu'a la sortie, 
lo p. loo de la valeur estimative des marchandises ; les sujets 
mahometans ne paient que 7 p. 100, parce que le fermier 
leurfait une bonification de 3 p. loo.Les juifs paient 5 p. 100 
et les musulmans 3 p. 100 sur la sore qui vient de Tetranger. 
Mais les chretiens et les juifs , sujets de puissances euro- 
peennes > ne paient , en vertu des traites de paix, que 3 p. 100 
sur les marchandises importees de quelque nature et deno- 
mination qu'elles soient , a I'exception de celles qui sont sou- 
mises a des droits particuliers. Les armes , les munitions de 
guerre , les bois de construction et toute espece de comesti* 
bles ne paient aucun droit , de m^me que la biere , les li- 
queurs douces , et en general tous les objets que les chretiens 
font venir pour leur usage et leur approvistonnement , soit a 
Tripoli meme , soit dans les autres ports de la regence. 

L'exportation des boeufs se traite toujours a Tripoli avec le 
pacha lui-meme , qui accorde aussi a qui il lui platt le droit 
d'exporter les chevaux et les moutons : dans les echelles de 
la c6te , ces accords se font avec les beys ou lieutenans du pa- 
cha. On paie actuellement a Tripoli une piastre pour les mou- 
tons , et deux a Neuphazi. 

Les negocians etraugers qui font venir des marchandises 
sujettes a des droits d'importation et d'exportation depen- 
dant de fermcs particulieres , sont contraints de ceder oes 
marchandises aux fermiers , qui accordent ensuite la faculte 
de les introduire a qui ils veulent , ou a qui paie le mieux. 
Les caravanes de Maroc , en passant par Tripoli , jouissent 
du privilege de ne payer aucun droit pcur les maixhandises 
impprtees par les pelerins. Le sel et la soude sont aussi 



et Statistique. 4^3 

eiempts de tout droit de sortie, lorsque la vente en est 
faite par le pacha on par ses lieutenans. 

A Benghasi-Derne , -Seliten , Porsomagra et -autres echelles 
de la regence , on paie en general les m^mes droits qu'k 
Tripoli. Cependant les gouverneurs , soit par caprice , soit 
par d'autres motifs^ frappent quelquefois dHmpdts on de 
droits extraordin aires les objets d'exportation qui ne sont 
pas compris dans les traites de paix, et , dans ce cas , les cal- 
culs des speculateurs sont entierement renverses. Ainsi , par 
exemple, les boenfs et les moutons qui ordinairement ne 
paient dans ces lieux qu'une piastre par t^te, ont paye quel- 
quefois y au moment de Tembarquement , jusqu'a 3 piastres. 

L'huile d'olives qui, dans les annees precedentes , payait k 
Tripoli une piastre environ par baril , en paie actuellement 
deux , et cela en piastres effectives , tandis qu'auparavant le 
paiement pouvait se faire en monnaie du pays. La raison en 
est que, depuis Fannie derniere , cet article forme une ferme 
speciale dont le fermier, premier conseiller d'etat ct de cabi- 
net du pacha , verse par anticipation dans le tresor du souve- 
rain la somme de 6,000 piastres par an. 
V Les laines paient 3 piastres un quart par centare , et la 
senua un sequin du Gaire. 

On ne pent exporter ni provisions ni comestibles d'ancune 
espece , sans un permis qui se paie suivant les circonstances. 

Les esdaves negres , conduits a Tripoli par les caravanes 
duFezian, paient, pour entrer en ville, 3 p. ibo, et ceux 
qui viennent par la voie de Ghadams;2 et demi p. 100 sur 
le pnx de la vente. Mais si le proprietaire les fait passer 
immediatement dans le Levant ou dans quelque port de 
I'Albanie , il jouit da benefice de transit , et ne paie qu'une 
legere »omme k la douane pour frais d'embarquement. 

Les plumes d'autruche paient pour droit d'entree 10 p. 100 
de la valeur estimative , sans prejudice du droit de sortie. 

£n un mot, le systeme des fermes et des douanes est 
sujet k des variations continuelles. Ge systeme depend uni- 
quement de la volonte clu pacha et des vues du moment. 

AJonnaie* II serait trop difficile de faire mention de toutes 
les monnaies qui , depuis quelques annees^ ont 6t6 mises en 
circulation k Tripoli , et des variations qu'elles ont -stibies. 





4i4 Geographie NVi3i. 

JVuB autre tM, ce serait peine perdue, paree que ces aran- 
nates varient a chaqne instant, sartoot depois les demieres 
aoBee»« Lonqne j'amTai dans cette residence, en tfoS^.on 
eakulait on compCait par mille de horbi, aa piastre picciote) 
doot 5yOoo corretfpendaient a one piastre d'Espagne. 
Les nonBaies eourantea, a oette epoqne , etaient : 

Eu or : le scerif vieux qui Talait. . . • io5,ooo borbi. 

le scerif nenf. . ., 70,000 

le mahbond 54,000 

En argfeiiC: )a piastre d'Espagne 65yOOO 

le thaler aatriehien 63, 000 

Monnaie de billoA : le raa* 00 piastre de Tripali. . 9,000 

la demi-piastre. . ,. 4«^<^ 

le bntenasce i»3oo 

le bustamia 600 

Cnivre .* te para i5o 

Les borbiy 00 petites piastres, Etaient one monnaie fidive, 
este des ancieos reaux ou petites piastres. II y a vtngt-K;iik) 
ans, i,3oo de ces piastres valaient uoe piastre d'Espagne ^ 
en 1816^ les piastres d'£ui*ope Talaient a/4oo borbi ; et 
en 1820 9 4<x^' Oepuw lors cette nmnnaie est telfement Ickn- 
bee en discredit^ que si revaluation avait ete continue, hi 
piastre correspondipait aujoilrd'kui a une enotme qnantite 
de borbi. 

La fraude et la c«pidit^ dnt en tout temps » et dans chaque 
pays , fait tomber le poids etla iraleitr tntrinseqne dea mon-« 
naies. Lies souverains, qui ojvt seuls le droit de donncr aua 
moQoaies leur enpreii^te , ont auasi la feculte d'en abgmenter 
la valeur oumerique $ mais jamais souvierain n'a donne a ee 
droit, autant d'eitension que le fiaeba actueUemeot pegBant 
a Tripoli. li est 9xmi au point de £aire bat^e chaque se-* 
maine des especes nouvelles, a nne valeur intnneeque de 
vingt fpis inlerieure a oelle qi«e Mi assigns le «oun du com* 
merce* II en resuUe qit^ les especea pm*deiit chaque jonr de 
leur yaleur numerique , tellement cpie la piastre, sortie na-^ 
guere de la moni»aie an conrs legal ( ragione coattera ) d^ 
5 pour une piasti« d'Espaf^e , n'a pas m^me ete rofoe au 
bout de quinze jours a raisoA de i5^. 

Lej^eqpeces frappeesa ta monnaie de Tripoli le snnt t»u- 



et Statistique. i/^iS 

jourft a r^inpreinte du graiid<^seigneur , avec tan togha ou 
ohiffra^ et aveo le mUlifeime de I'aniiee de son avenement, 
auquel se joint Tann^ de son r^goe et le nom de la monnaie 
de Tripoli. On concevra aisemezit qu'ii aerait non^seuieinent 
inutile , mais ridioale, de parler de TalUage des metaoi em* 
ployes, paixe que Talliage varie toujours d'une semaine a 
I'autre. 11 ne serait pas moins diffietle d'indiquer les causes 
dl^erses qui produisent ces deteriorations. Mais ce qui con- 
tribue snrtout a cqnfondre les evaluations et a discrediter 
en m^nie temps la nonnaie courante , c'est la variation con- 
tinue! le des noms et des dimensions que re9oivent les dir 
vei'ses pieces auxquelles on donne successivement les deoo- 
minations de scerify de mahboub , d'adelie t^or, dUnslicckiy 
ecelicehi , ghersei , riali , ou piastres d'argent ou de bit* 
Ion y etc. ; en sorte que les pauvres negocians et petits marr 
ehands sont obliges de se rompi^ sans ccsse la tete pour 
tenir au couraat leurs livres, et, en general^ les habttans 
ne savent jamais oombien ils possedent , si ioamediatement 
apr^s avoir examine la monnaie du pays , ils oe Techangent a 
grande perle contre des piasti^es fortes d'£spagne. 

A ce sujet je citerai une anecdote assex caracteristique. 
En i8s7^ un bedouin, qui voul&it se rendro de Tripoli en 
Egypte par mer, et de la a la Mecqne^ ne pouvant renr^ 
voyer son chameau , le vendit au bazar pour 30 scersfs neafii» 
sortans de la monnaie » et valant 35 piastres fortes. U em* 
porta oet argent ; maia, ne Tayabi depense ni en Egypte ni a 
la Meoque, il faliait qa'il le rapport4t a TxipolL A son re-' 
tour, sept mois apres , il rencontra a Tripoli son fils« a qui, 
voulaat lut faire cadeau d'un bonnet railge d'furope , il.attn 
I'aeheter cfaez nn Maltaia. 11 tira de sa bouirae deox SQeriis i 
et dit au aarcliand de lui rendre oe qui lui revenait. Le 
tnafchand lui repondit avec etoonenMnt que le bonnet <xi4« 
tatt deux piastres > et <{u*il kit iailait par oonsequoit 36 scerifc. 
Pensant «[ue cela ^Uit unpoasiblei le bedouin se readit klu 
moBBaie pour avoir de fargent en ^faai^ de ses «c6irt&; 
xnaig on- ne les ivcevait plus depuis qn'iifi a£t du pAdia 
avait mis les scerifs bors de la circulation. Le paavjre be* 
doin eut tteau se kmenter, iifaUst qn'iL s'en retiMBaaAt cbex 
lin ^vtc iin bonnet roufe en laine y. au lieu de sonjchamewb 



^ 



416 Geographie N^ i3i. 

On vott, par tout ce qui precede, que la piastre forte d'Espa- 
gne doit ^tre consideree comme le type monetaire veritable 
et permanent du pays , ou il porte le nom de colonnato , 
a cause des deux colonnes dont il est orne sur le revers. G'est 
dans cette monnaie que doivent necessairement ^tre payes 
les droits d'entree et de sortie , les imp6ts , les gabelles , les 
t^xes , et tout autre paiemeot fait aux officiers publics , au 
iresor ou au pacha en personne , tandis que le pacha et ses 
ministres paient toujours en monnaie courante du pays , 
suivant le tarif qu'ils ont etabli ; c'est pourquoi il arrive assez 
souventque, quelques jours avant de faire un paiement con- 
siderable, onfrappe a la monnaie des especes nouvelles , dont 
le volume diminue ensuite de jour en jour, suivant le degre 
de fin , au point que la piece qui se donnait d'abord pour 
un quart ou un cinquiemede piastre , mais qui en realite ne 
valait pas un trentiemede ces pieces , finit, au bout de trois 
semaines , par n'en valoir que la deux centleme partie. C'est 
ainsi qu'an moment de mon depart de Tripoli , au mois de 
juillet de Fannee 1828 , la piastre d'Espagne , qui dans les 
premiers jours du mois s'echangeait contre 26 reaux, en valait 
plus de mille le ^5. 

Malgre tout cela il ne faut pas regarder les piastres d'Es- 
pagne comme monnaie courante, parce que du moins, entire les 
mains des chretiens et des juifs , sujets de puissances etrange- 
res , elle est une veritable marchandise que chacun pent gar- 
der ou vendre a volonte. Mais les musulmans et les juifs , 
sujets du pacha, sont dans une position toute differente. 
Gar lorsque le souverain fait frapper des especes nouvelles , 
tout le monde en est averti , tant dans la cite que dans les 
bazars , afin que personne n'echange la piastre pour une va- 
leur superieure a celle qne le despote vient de fixer arbitrai- 
rement. Geux qui agissent contre les ordres du pacha sont 
punis d'une amende considerable ou d'un ch^timent corporel. 
Toutefois , malgre les frequentes bastonnades et condamna* 
tions pecuniaires , cette prohibition meme contribue de la 
maniere la plus efiicace a faire tomber dans un discredit rapide 
cette mauvaise monnaie. 

Les habitans des moutagnes et de la campagne, qui appor- 
tent leurs denraes au bazar, sont forces de recevoir en paie* 



et Statistique. 4^7 

ment cette manivaise monnaie da pays.. Mais a peine rtrnt-ils 
re^uequ'ilsrentrenteti vilie^t achetent aax Europeens ra^mes 
a 20 ou 3o p. 100 de perte des piastres d'Espagoe ou des sequins 
de Yenise , qu'ils emportent cbes eux ; ensaite cet ^rf^ent.ne 
reparait plus que pour etre fondu ou c<Hiverti en ornemens 
dW ou d'argent pour les femmes. Gette perte , eprouvee sur 
le change, -est eo grande partie cempensee par Taugmentation 
du prix des denrees, qui deviennent toujours plus cheres. 

Ces monnaies ou especes efiectives en or et en argent , 
que Ics bedouins on Arabes de la-oampagne et des montagnes 
emportent de Tripoli , sont accumulees par eux , si Ton en 
excepte une faible partie qui passe dans les mains des orfevres 
ou, dans les regions centrales de TAfrique , pour achat d'es- 
claves et d*autres objets de Tecooomie domestique. Le gouver- 
nement lui-meme manque souvent de moyens necessaires pour 
faire entrer au tresor^ en monnaie effective , lestributs annuels 
«t dimes auxquels sont assujettis ces bedouins , qui ne paient 
qu'autant qu'ils y sont contraints par des expeditions militai- 
i:es, et preCerent souvent laisser eplever de vive force leurs 
charaeaux et leurs troupeaux plutot que de se defaire de leur 
argent tcomptant. 

La monnaie de Tripoli ne fournit point d'especes d'or, d*ar- 
gent ou de cuivre, pour les scerifet les mahhoud ^ les ade- 
lies sont de ^uivre jaune , avec une feuiile d*or extre- 
mement mtnce ; les auti'es especes dont j'ai parle plus haut 
sont en billon d'alliage a un titresibas qu'a, peine contiennent- 
<lles un quarantieme d'argent au moment de remission , et 
deux ou trois semaines apres remission , pas meme un cen- 
tieme. 

Les bu-tenasci, les bustamie et les para se fabriquent avec 
du cuivre allie d'etain et d'autres metaux de moindre va- 
leur. Souvent m^pue les pai*a ont ete frappes en zinc , en 
iier et en plomb , d'a peine de la grandeur d'un memo et 
uaUreiio. 

On suppose en general que la somrae totale des especes en 
circulation avec lempreinte de la monnaie de Tripoli , ne 
depasse jamais , dans les trob metaux , la valeur de dix mille 
piasti'es d'Espagne. Car non-seulement on renvoie a la mon- 
naie les especes qui n'ont plus cours , lorsque d'autras especes 
F. Tome XXV. Mars i83i. 27 



i 



4i8 Geographie N*. i3i. 

uouvelles oot et^ ft'ftpp^s. Mais auasit6t que Ics esp^ces en 
circulation sont tombees au-dessous de leur 'vateur intrinse- 
que 9 quelle qn'elle soit d'ailleurs , on les envoie par fortes 
quantites a Malte ou a Livourne, pour en faire operer la fu- 
sion el retirer le pea d'or ou d'argent qu'elles peuvent con- 
tenir. 

W est vrai que I'eiportation des especes est prohib^e par 
le gouvernement. Mais comment tenir la main a cette pro- 
hibition dans un etat qui , comme celui de Tripoli, est toujours 
debiteur de Fetranger, et dont le gouvernement nls possede 
pas, comme ceux de Tunis et d' Alger, les moyens de coaction 
oecessaires pour assurer la visite des navires chretiens ; cette 
prohibition d^ailieurs est inoins prejudiciable aux interets du 
commerce qu'on ne le pense communement. Oomme les mar- 
chands de Tripoli sont toujours debiteurs de sommes consi- 
derables enversleurs correspondans d'Europe, et que les ob- 
jets d'exportation , les lettres de change et les especes sonnan- 
tes sont rares a Tripoli , les marchands s^ tronvent dans Ja 
necessite d'envoyer a leurs creanciers tout ce qui peut servir 
a leur liberation. 

A Tripoli la proportion de For et de I'argent est un peu 
plus favorable k Tor qu'en Europe; on calcule generalement 
dans la proportion de un k seize. Les especes en or etrangeres- 
sont tres-recherchees. Les sequins de Yenise et de Holiande 
se paient souvent jusqu*a 3 piastres. L'or qui arrive a Tripoli 
des regions centrales e^t tres-fin et se vend environ 220 pias- 
tres la sorra, poids correspondant a i5 bnces |. Aujourd*hui 
vA plus grande partie de cet or reste dans le pays , et particu- 
lierement dans Tinterieur du chateau de Tripoli , en la pos- 
session des femmes et des concubines du pacha , et d'autres 
dames de sa femille. 

Poids et mesureS' Le cantare de Tripoli pese 100 rosoles , 
chaque rosole pese 16 onces, et chaque once 8 tomines; un 
occa pese 2 rosoles et demi ou 4o onces , et forme ainsi la qua- 
rantieme partie d'un cantare *. le rosole pkse precisement 
16,534 grains , poids de Holiande , et par consequent , 

Gent rosoles de Tripoli font 

a Anc6ne liv. i5o a Parme liv. i5o 

a fiassano i4^i9'^ a Pavie i57,65 



et Statistique. 4^9 

4 

a Molos&e. 140^4^ «n Pi^nkoort • 137,93 

a CivitarVecchiu. « » -■' i49t04 ^ ^^^ i56«io 

a Florence. , i4^>^7 ^ Rag^e i^^^gS 

a Galiipoli. • . rotoli. iia,4^ ^ Rome i4B,56 

a Genes io6,33 a san Remo i55,4o 

etenpoids(sottcle).liy. i6o ' en Sardatgne ia8- 

"^ a Livourne i4Btdo en Sicile. . . « 160' 

aLucquespoidsducomm. 136^60 S. rotoli. 64 

poidsde la«oie. iS^fyo . J. id. • . 58,25 

a Malte rotoli. 65,5n * a Spacase liy. i56,6o 

a Milan p. s. 1 56,4q a Trieste fienti. 73 

p. 8 66,5o a Yenise. p. t- 1. . . . . 168 

a Modene ; . 157,90 p» 8. 1. . * . . io6^35 

a Naples liv. i58,i4 a Verone. p. s. 1. ... . . i5a,87 

rotoli. 58,ao p. 8 ioa,3o 

Le poids de For et de I'argent se nomme mutsca ou meta- 
calio j 6 et 3 metacalli correspoodeot a une once. Gent meta-* 
callo font une sorra, qui , ainsi que je Tai deja dit , equivaut 
a i5 onces j j en sorte que Tacheteur fait un benefice de 7 p. J* 
Ce metacallo , avec lequel on pese dans Tinterieur de FAfrique 
la poudre d'or, u'a que 21 carubbs ou karats de 4 grains, mais 
celui de Tripoli en a 24. Cinquante de ces metacallis font un 
marc poids deVenise , qui renferme 4>97^ grains de Hpllande,^ 
ensorte que 4^ metacallis et ^ de Tripoli font precisement 
un marc de Cologne : par consequent, un metacallo correspond^ 

... > a 37,28 trains oa an pea plus de 4 deniers i ^rain. 

a LivQarae j j: * t o 

a Genes. . . ■ io3,94 • oa 4 deniers et presqae 8 grains. 

a Naples . . . 80,87 ancini oa an pea plus d'an demi-trapeso. 

a Rome 38 grains oa 4 deniers 1 grain. 

en Sardaigne. • 75 J ■ ou an peoplasde 3 deniers et 3 grains. 

en Italic. . . . 103,09 > oa 4 deniers et presqae 8 grains. 

a Trieste. . -83-4 > oa 3 deniers et 8 grains -^. 

a Venise. 88 7" ■ ou an pea p 1 us de 3 karats eti6 grains. 

La mesure de grain et d'autres comestibles se nomme , a 
Tripoli et dans la langue arabe, viba, et plus correctement 
ifciba y et non pas libera , denominations que je trouve dans 
une foule d'anciens Uvres de commerce, ni caffix^ mot qu'on 
lit encore dans un tableau des rapports des mesures des ce- 
reales sur les principales places de commerce, pubiie en Fan- 
nee 1821 parte genois N. de Giovanni. 

27. 






4a6 Geographie N\ i3f. 

La ¥iba se ijivtse en 4 iomme , et la tomma en 4 urbais ; 
son poids ordinaire est d'un pen plus de 2 cantai-es. En 1837, 
la viba correspondait a pen pres a 6 st^ja 7 de Livourne , et 
par consequent 9 



k Ano6iiey 


a lappe 4 «t sacchi 2 |. 


4 Genes, 


a mina i , quarti a et sombetie 10. 


a Naples, 


a tomoli 3 ^. 


a Rome, 


a quarti a , stare 3 et starelli 8. 


en Sardaigne, 


a starelli 3 et imbvti 3 {. 


en Italie, 


a tomoli general! 3 f . 


a Trieste, 


a stare a |* 



a Venu«9 a stajo i, quarti 3^ et meszo qaartemalo. 

20 viba Ibnt pai* consequent un caOiso, qui pise un peii 
plus que 10 cantai*es, et s'emploie exclusivement pour peser 
le sel, la sonde et la cbaux. Un fait assez cnrieux, c'est que 
la viba , pour les comestibles , augmente anbuelfement en 
poids et en contenance cubique ; aiusf elle ne pesait d'abprd 
(senza il colmo) » rase , que 120 rasoli on i cantare j; mais si ^ 
d'une party le potds et la mesure augmentent d'autre part , le 
te prix des denr^ que Ton mesure s'eleve chaque jour* 

L'huile se mesure xvet des arbajes , qui cootieunent 6 ca> 
rasses pesant chacune 3 rosoli 2 onces, et correspondaot a 
6 quartucci | de Toscane, on plut6t une arbjae contient 4 fi^s- 
chi et -^ ; de sorte que 100 arbajes font k Florence et a Li- 
vourne 3i barils aS bocaux 106 quartucci 7^. Ajutrefets une 
arbaje pesait iS rosoli , mais depuis 25 ans il eh pese 18 |. Le 
nom de mataro donne dans les livres de commerce a la me- 
sure des liquides a Tripoli est entierement inconnu dans le 
pays, et je ne saurais deviner ou il a ete pris. 

D'apres le calcul ci-dessus, 100 arbajes correspondent , 



a Aocone, 


a sone 


i4. 


et boccali 


35. 


a Gallipoli, 


a salne 


6. 


stage 


< -1- 


a Genes, 


a mise 


«5. 


quarteroni 


97 


a Lncqaes, 


a coppi 


a. 


etlibregrosse 


ai., 


a Messine, 


a cofferi 


116, 


et rotoli 


9^ 


a Naples , 


a salne 


5. 


6t stage 


4?- 


dans la Poaille , 


a salne 


6, 


et stage 


6^. 


a Ronie, 


a barils 


»7. 


et boccali ' 


I5 -i? 

*0 .Q. 


a Trieste > 


a orne 


i5. 


et boteali 


i3i. 


a Venise, 


a miri 


,63, 


et lorjefc 


a4 



/ 



ei StatUtique. i^ii 

Le vin , Teau-de-^ie et les aatres liqueurs sptritueuAes se 
tnesurent avec des giaues de 2 et 4 bozces ; af bozzes corres • 
pondent exti'^mement au baril veaitien, qui est considere 
comoie requivalenC d'une miUerose de Mai*seille ou a un bartl 
10 fraiche et -^ k Fioreiice> et ^ un baril 16 f a Livourue. 

Gent bozzes font^ 



a 'Anc6ne, 


boGcali 


174 i. 




a G^nes , 


Kaiib 


9, ei amole 


81 \. 


a Mcssine, 


salne 


a • * qiiartucci 


80 ^ 


a If aplet« 


bariU 


5 » caraffe 


4 


en Piemonty 


brente 


49 rabbi 


aj^- 


dans la Pouille , 


salne 


1 y stage 


5f 


a Rome, 


barils 


5, boccali 


a8T. 


a Syracuse , 


salne 


3, qnartacci 


18 f. 


a Trieste, 


ome 


4». boccali 


H. 


a Venise, 


sacclu 


a5-;. 





La mesure de longueur se nomme pic , il y en a de deux 
especes, savoir : le pic turc et le picio arabe. Le premier s'efsi- 
ploie dans le commerce etranger, surtotit avec les Europeens, 
et con'espond a a palmes « de Cranes. D'apres cela^ 100 pks 
tu^cs font , 



a Anc6ne, 


ihracci 


86 


a GagKari, 


rari 


100 f- 


a Corse, 


palmi 


aao j[. 


a ■ Livoarne , 


bracci 


9a f 


a Malte, 


canne 


a4i^. 


a Naples, 


canne 


a6 


a Rome, 


canne 


«7i. 


a Trieste^ 


bracxi 


70-^- 


a Yenise, 


bracci 


81 \, 



On ne se sert du pic arabe que dans les masures de la cam- 
pagtae entre Maures et Arabes , et quelquefois au bazar turc , 
en ville, pour mesurer le drap de soie (spaiine de setos) et 
autres marchandises du Levant. Ge picio est egal a -^ du pi- 
cio turc : 100 picchi arabes valent par consequent 65 braccis 
k Ltvourne. 

Ghap. ly . ^^ $ 4* Cabotage , frais de port , quarantaine , 
marine mititaire. — Le port , ou pour parler plus etacte- ^ 
ment, la rade de Tripoli , offre achaqoe epoque de Tannee un 
abri vaste et sdi< auxb^timens de commerce ( navida carceo )• 
Les petites fregates et autres b&timeos de guerre qui ne tirent 



423 . Geographic N". i3i. 

que i8 piedfk d'eau » peuvent aussi y siiationDer en toute se- 
curite » ie port est forme d'une ceinture de rochers qui a 
300 brasses de long ou 2 epc&blur^s eBTij:oii. Cette ceinture 
^st Gonposee de kuit rochers vigihtes.et.d'uae foule de biisans 
caches «ous- lesea.ut^ qui,de .l!extreiuite du mole s'^tendent 
vers le N.-E. On pourrait y etablir aisement et a. peii de frais 
un excellent mole , qui servirait, d'^ri oontre les vents du 
N.-E. et du N.43. , Jes ^eukqui soient dangereux pour les 
vaisseaux. Le fond est ea general tre»>boB , de sable pur et 
d'excellente teri>e ; cependant il faut , tlans quelque^ endi'ohs, 
tenir les dLbles leves au mbyen' de bouses a cause des roches. 
La profondeur de I'eau varie beaucoup/de meme que la qualite 
du fond , notamm^ni dans Tinterieur du port et dans sa par- 
tie meridionale , ou Ton aper^pit une va&te plaine de sable 
souvent couverte par les eaux de la mfer. Au fond du p6rt et 
en facq.de la dopane ^ il y a ui^ place favorable au debar- 
quemeul^.des. hqmmes et des ^arcb^odises... . . 

En s'appro^haiM; du.port il faut u^er de precaution et em- 
ployer la spqde , parpe que la. cote est e^ generaiL.si basse et si 
unie, qu'on ne la reconnait ouquon ne Faper^oit qu'a quel- 
ques milles k TateiTage. Jl est vrai qu^ lesbautes montagnes 
de Tarhona et Garian , au S.-0. de la vilie ,- appai*aisseut a 
une plus grande distaince; mais on ne peutpas toujours les 
voir, leur couleur se confondant avet Celle dti firmament , il 
aiTive quelquefois due Ton se'trouve sdr la c6te avant d*avoir 
pu les voir. Gependant op reconnait ordinairement ces deux 
montagnes a I'aide.de deux sommites ou cives qui, apercues 
de loin , ressemblent a deux promontoii?es. Loi*sqae Ton vient 
du uordy il f<^ut eo/hiiY^r cberohev.la ten*e a Tonest de la 
ville^ parce que dans cette. saison ie vent et k oourant auivent 
U meme direction » etavec foixe, da N..tE. au S.-E. , vers le 
golfe de laGidra et vers la fote, qui <i'>eteud a Torient de la 
ville jusqu'au .cap de Moseaba.A lomiU^s a Torient de la 
vilie on voit la pointe de Taguira couverte de palmiers "OleH^es 
et majestueux, eta la m^me distance vbrs Touest , le village 
de Zanzur , egakiment environne d'un'bois de patmiers,.Entre 
ce village et Tripoli on yoit en outr^ , a tix>ts milles environ de 
la ville , une haute tour ruiuee . sur une eminenoe > au pied 
de laquelle se trouveut plusieurs jardins pour ainsi dire sur 



e£ Statistique. 4^^ 

lerivage de la mei*. Ge lieu ^ nomme Gayarsce » et pent servir 
de point de recouoaiss^Dce a ceox .qui cherehefil; le port en 
venant de I'ouest. Un marabout ou chapelle-fnaurei Qonime 
El-Indein , et situe a Textremite de la points de Taguira , 
pent servir pour le meme but a ceux qui viennent de i'est. 

A la distance (]e deux on tit>^.iniUes de la' cote, on peut 
Jeter Tancrep^rtout sur un fond exr^Jknt , &urtout au M aestit) 
della Scogliera nord des bancs de rQqb€ur& qui defendept le 
,port. Je ne ferai pas mention du.golfe de Sidre > qu on dit etre 
tres-dangereux , mais ou Ton ne rencontre pas moinfi beaucoup 
d'ancrages excellens, 

£n arrivant a Tancrage , le premier objet digne de remarque 
qui frappe les yeux aux environs de THpoU.est un jai>din avec 
un palais et d'autres b^timens appartena«it au consul anglais, 
et situe sur le rivage de la mer , au centre de la for^t de pal- 
miers, qui s'etend a Torient de la ville jusqu'aux jardins de 
Taguiva. Le palais est carre , a deux etages , et poui*vu d'un 
toit , de fen^tres et de chemin^ee a TeuFopeenne. Le fort des 
Anglais est situe 'au-desM>us sur la plage maritime , et un peu 
plus loin v^*s Toue^ on aper^t^ un autre p^tit fort qui est 
arme de quatre pieces de canon.. 

La direction suivante pour enti*er dans le port de Tripoli 
peut eti^e consideree oomme infailUble* Je me ^uis assure moi- 
meme sur les lieux de son:exactitu4e dans toutes ses parties. 
Depuis les brisans le plus a Test de la ceinture de rochers 
( scogliera } s'etend un banc de sable de deux endlblures de 
long ) a Textremite de ce banc de sable a Test il y a de 25 a 
3o pieds d'eau \ au sud de Textremite visible de la ceinture de 
rochers il y a quatre .autrespetits bancs.. Le plus oriental a de 
i3 a i6 pieds , et le plus meiidional d^ .la a i3, Le canal d'en- 
tree dans le port passe «^tre deux b^uq^S, et entre quelques 
autres bancs situes vers le sucl-est sous le fort des Anglais. 
Gelui qui est le plus au nord a de 1 1 ^ i3 pieds d'eau. Ge canal 
n'a pas plus de deux {gomene) enc4blure$ dejiarge, et sa pro- 
fondeur n'excede jamais 2a pieds;. Pour entrer on prend le 
canal en gouvernant en ligne di^oit<e vers le fort des Anglais 
jusqu'a ce que Ton apercoive le minaret de la mosquee qui s'e- 
leve au centre de la ville , et dont la ppinte est noire, pi^cisei- 
meht a rO. ^ S. O. du oompas , et c'est alors qu'il faut amener 



4^4 Geographie N*. i3i» 

cette poiole avee te plus septentrional des d^ax palmiers qui 
s'elevent ub peu plus en aiiiere dans Tinterieur de la villa. On ' 
est alors an passage le plus etroit du canal , et I'eau est molds 
profonde que partoot aiJleurs, en gouvernant de maniere 
que le plus meridional des deui palmiers soit par le minaref • 
On arrive sur deux points do fond ou I'eau n'a que 18 pieds de 
profondenr ; ensuite , apres avoir passe cinq ecueils visibles , a 
partir de Textr^mite du banc de roches , le navire se tronvera 
dans le port, et I'on pourra mouillei* partout ou Ton voudra a 
deux enciblures du banc sur 22 a 37 pieds de fond excellent j 
le plus sou vent on jette Tancre dans les directions de sud-est 
et de nord-est. 

Precisement au snd-est de ia Boussole , depuis le fort cons^ 
truit a Textremite nord-est de la ville » et en droite ligne du 
nord depuis la pointe du bazar , il y a environ deux endl- 
blures , 28 pieds d'eau. Mais le mdlleur' mouillage se trouve 
plus au sud ^ sur 25 pieds exactement a Test de la Boussole. 
A partir du chateau du pacba, qui est situe a rextremite- 
sud-est de la ville , les pettts bfttimens de commerce trouvebt 
aussi un abri siar en penetrant davantage dans le port vers 
le lieu de debarquement , sur 20 a i4 pieds. Mais la princi'- 
pale corvette de la r^gence, qui natui*ellement ne choisit 
point la position la moins favorable , est toujours ^ Tanci^e sur 
26 pieds , precisement au sud de la petite ouverture du poi*t 
a travers la ceintui*e de rocbers. Cette petite ouverture , qui 
donne entree dans le port a deiix encablures et demie environ 
du fort dont j'ai deja parle, a une enc4blure et demie de 
large, et 10 a i3 pieds d'eau entre le sixieme et le septieme 
brisant de Tenc^blure de rocher, en comptaint toujours de 
Test a Touest. EUe est toutefbis tresodangercuse » a cause d'uh 
banc ou ecueil situe un peu a Touest du cercle , ou Teau n'^ 
que 7 pieds de profondeur. Immedlatement k Test de ce banc 
le passage est parfaitement libre sur un espace de 100 a 120 
brasses. Une ouverture entre le ciiiquieme et le sixieme bri- 
sant sert uniquement aux bateaux p^beurs , qui connaissent 
parfaitement la situation de quatre brisans distribues dans 
le canal. Sui* la pointe et aux c6tes dn mole il y a de 6 a 8 pieds 
d'eau , CD sorte que les canots et les elialoupes de la plus 
grande dimension penvent y aborder en usant de precaution. 



et StaUstkjue. 4:»5 

La ville prasente des minarets ydont trob f^as eleves que 
les autres ont la pointe noire a une certaine distance ; le plus 
meridional semble s'elever au-dessus du chateau du pacha \ 
il est cependant un peu plus en arriere. La partie qai sert 
de'signaux aux pilotes de la c6te est nn peu plus au nordl 
Le mkt qui portC le pavilion portugais, qui , comme le pa- 
vilion suedois un peu plus au sud, est le plus rapproche 
de la marine , et parait c cause de cela plus eleve que tous 
les autres. • - 

Aussitot que Fon est kors du banc de rocher du nord-est 
au nord-otiest de la ville , on pent jetei* Tancre ou Ton veiit 
sur une etenduede i5 a 19 brasses. Mais dans cet endrottle 
fond de sable est melederoches (rocca] et degravier.Un peu plus 
a Touest le fond devient meilleur sur 10 a i4 brasses, a la 
distance de 4 ^ 10 encdblures de la ville ou de son extre^ 
mite nord-ouest, formee d'un chlLteau ou petit fort presque 
isole , auquel on donne Qi*dinairement le nom de fai*t des 

Fraucais. 

» 

Les vents du nord-ouest ou de Touest donnent generale* 
, ment en automne , en hiver et au printemps , et le vent de 
nord-nord'ouest est le plus violent ; mais pendant I'ete , des 
vents frais venant du nord-est et du levant s'elevent toujoui*s 
a dix beures du matin, et ils soufflent avec une force sans 
cesse croissante jusqu'a line beui^e avancee de la nuit. Des 
vents de terre et d'ouest soufflent ensuite jusqu'au lever du 
soleil , et m^me quelques beures apres on a observe que les 
vents de mer meme les plus^violens qui regnent sur la cc^te 
pendant la saison rigoureuse s'etendent rarement jusqu'a 4o 
milles de la plage , et a cette disitance on trouve souvent des 
vents opposes. 

Le port de Bengbasi, sur la cdte orientate du golfe de la 
Sidel a la lisiere d'une chaine de montagnes, a trois lieues du 
littoral, est le seul port de cette regence qui, outre celui de 
Tripoli , soit frequeute par les navigateurs europeens. On le 
reconnah a un chateau carre qu'on laisse sur la gauche en y 
arrivant par la mer. En entrant on apercoit Une petite eglise 
ou marabout et quelques palmiers. Du cdte du (libecqui ) sud- 
ouest , sur rextretnite appelee Julienrne (Juliana), qui reste a 
di'oite en entrant > il y a aussi quelques palmiers. L'entree du 



426 Ge6gtaphi6 N^ i3i. 

-port est extrimemetit difficile ; il fmil en avoir line connais- 
sance pratique paHaite poor s'y introdw'e. £n tout cas il est de 
la prudence depneodre un pilote lamajDeur ( peloso locatiere ). 

Left uavires marchauds qui eatrent a Tripoli , quel que soit 
ieur tonnage ou leur denomination , patent cinq piastres nn 
quart d'ancrage pour droit de coUsulat , et huit poui* sal aire 
au pilote lorsqu'on a recours a son ministere. Les vaisseaux 
de guerre repondent au saiut qu'ils reooivent par un egal 
nombre de coups de canon^; il est actuellement de 33. 

Pour donuer une idee des moutefflens de ia navigation a 
Tripoli , nous alloos faire connaitre le nombre et Fespece des 
navires qui 7 sont entres et qui en sont sortis en 1 824 et 1 828. 



1824. 



as 



mmm 



PAVILLON 



DB CBS BATIMBM. 



Anglais 

Frtn^ais 

Autrichiens 

ToMMins 

TripoliUins 

Saroeft. . . • 

Americains des Elats-Unis. . 

Romains 

loniens. • 

Ruues 

BoUandais . . . . 

NapoUtains . . . . 

Tnros . 

Tunisieos 

Pruflaiens ( prise ) . 

■avAoB Mc csa BAriMiat' 

Fregates 

Corvettes > . . . 

Bricka da guerre. ...'.«.. 

Briffantins marchandi 

GollIeUes 

Bombardes , . 

Trubaks 

Ghebecka • . . 

Polacres 

Pinqnea. . . 

Tartaoea 

Sneronares 

Galeasse pruesieune , priae. . 

Belandres 

BAtUneoa k bombea* . . . . . 

TOtfAUX* 



BnTBii. 



a4 

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7 

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I. 
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101 



1828. 



xxTBia. 



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34 

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3 

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3 
4 



io3 




I^^^^^^^B^a^ 



^gstmaamsm 



et StaiistiqUe. 



BATIM^nS £ISTRES 



de Mlilte. 



«PH- ; 



I 



Litou^e> 
fienglierii. 



Aliexaidrie . 
Tunis* . . . 



I . 



Gerba ..«••• ^ 
Spniriie. • • • .* * ' 

niarseille et Toii|on. 
Golfedela Sid re. . 
Miasrate* • * • ■• • 

Fiume 

G^neflk 

JU'ile de Chypre. . . 

Bonnd. 

Zante 

de la iiier,en course. 



19 anelais , 3 aiitricb.^ 
a franca is", a tclscans, 
I Iripobtain 

8 toscans ^ 4 autricb. , $ 
sardes,! a frangiais^ 1 
russe, i ioi^en. . .. . 

'3 tripoUt^ins , 4 Tr^ti^'^ 
s autriqb., i anglais, 
I sarde^ • .. . ^ . .. . 

3 toscans; a anglifis. . » 

3 autricb^., i Tomsip, i 
tripolitain. ..*..., 

a americ. (de guerre) , 
I toscan et i fran9ais 
(marchands). . . •' . 

I iraoc. , 'i angl., 1 au- 
trichien, i xomain. . 

I holland* (de guerre), 

I francais jfct i sarde 

.(uMrcoands) 

4 traDcais. , 

a idem. . • 

I francais, i 'anglais. . 

a autnchiens 

I sarde. t 

I francais. . » 

I idem. 

I autrichiten.* 

a tripoliUans. ..;... 



Dnrai^o. 

Modoa. 
Messine. 

&ra«. . » 

Venise. . 
Scutari* 
Suze. . 
TundM. 



fc • * • ► « 



•7 



»» 



II 
6 



4 
4 

3 
4 

a 
:a 
a 
I 
J 
I 
I 
a 



94 



1B28. 
i ■ 



a aulric^., i sarde. . . 

• • • " 

9 tosoans , 4 sardes , 1 
auttichien, i russe. . 

4 tripoIitsSns,. a tosoans, 
I Tran9ais, i tnnisien. 

a aafrichiens« a sardes, 

I francais 

a autricbiens 



3 francais, a autricb., 
I toscan , .1 anglais , 1 
sicilien.'. ....... 

I anglais 



1 autidchien* 



a fran9ais. 
a toscans. 



5 fran^. , i( tripolitains , 
4angl., i boUandais, 
I americain., tous de 
guerre, plus une prise 
prussienkie 



4 turcs . I anglais. . . . 
3 tripolitains de guerre. 
3 sicil . ,dobt a de guerre. 

a attglak.. 

I autricbien 

f tnrc. •■ ^ • • 4 . . .' . 

I anglais 

t freg. sai'de de guerre. 



427 



a6 

i5 

8 

5 

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6 
3 
3 
-9 
I 
I 
I 
I 



io3 



I 



4^8 



Geographic 



N\ i3i 



BATIHBNS SORTIS 

Malte. 

Beoghaii 

Alexuidrie. •• . . . 

LiTODme. ..... 

L'AreUpd 

Tsrm 

G«rba « 

Cjindie et Smirne. . 

Mi'sraU 

Bera et Alger. . . . 

la course, ou de»- 

tinatioB inconnoe. 

MarMiile* . • • • . 

Sfax et $nse. .... 

Durasio 

Naples 

Otees • . . 

Tile de CJiypre. . . 



1804. 



1 4 anglais, a awtrieb., 3 
frasfais , 1 auMcicain 
(de guerre), 1 romain, 
a Dapolkaias. • • . • • 

4 tripoiitams, 5 anglais, 
5fraii9«is« 3 aiiCrieh., 
I sarde , 1 russe. . • . 

4 ft'as^ia , 4 loscaaa, 4 
aaglais , a autricb. , 
I sarde , 1 Iripolkain. 

6 aniricliieaa , 4 aardea, 
a fraof als , a toscans. 

li'eseadre da Faoha , 1 
auMricain 

9 fraiicais, 9 toscans , 1 
anglais. ...«•.. 

a fraac^ 1 angl., 1 autr. 

9 toscans y i sarde. . • . 

9 anglais. • 

a fraofaia 

9 trip«1itains,de guerre. 
I fniajMa. ...... b 



"9 

>4 

t 

4 

3 

a 
a 



i<»i 



X8!28. 



1 3 anglais, 3 aotricliiens, 
9 toscana, a fran9ais, 
9 sardes , 1 napoli- 
taia 

S tripolitaitts, 4 toscans, 
9 fran^is, 1 msse, 
I anglais, aantrich. . 

9 autrichiens , a franf ., 
9 tos<^tts , I sarde • . 

4 toseaiMt I a9ffd«« 1 
aalrichien. ...... 

a sardes, 1 toscan, \ 

fraacaia , § autrich. . 

I anglais ........ 

I Coscaa. 

• fran9ais poiir Bonne. 

7 franc. , 4 •0$I* » 3 tri- 
poRtains, 1 kolland., 1 
amer.. Ions de guerr«. 

I fraacaia, 1 toacan. . . 



3 angl., afran^ ., 1 aicil 

3 lures. 

9 freg. sicil., de guerre 

I fregate sarde. • • . 

I toscan. ..••... 



aS 

«4 
3 



5 
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» 
I 
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16 

9- 



3 
9 
I 
t 



9* 



Je n'ai pas fait entrer dans ce calcul ]es bateaux de Tri- 
poli on de Tunis , qui a chaque epoque de rannee fout le 
cabotage entre Tile de Gerba et le port de Tripoli , arrivent 
regulierement le lundi et le jeudi , et pai^tent le miercredi et 
le samedi , lorsque le temps et les vents sont favorables. Ge 
sont de petits bAtimens a voiles auriques et a moitie pontes , 
qui portent de lo a i5 tonneaux , et font aussi les voyages de 
Porto-Magra , de Selitex^ de Memata et du golfe de la Sidra^ 
que les Arabes nomment Giun el Kebrii, Golfe du SouS&e. 

Quarantaine et rkglemens sanitaires, — Le pacta de Tri» 
poll, aujourd'hui regnant, a etabli dans sa capitale un bu- 
reau de sante preside par un habile m^decin maltais, assiste 
du capitaine du port, du chef des (locatren] pilotes et de 



et StatiStique* 4^9 

plnsienrs del^ga^s, inspecteurs et gardes de saint^. Les vais- 
seaux qui vieDnent du Levant oud'autres pays, dans lesquels 
regnent poor le moment des maladies contagieoses , et ceux 
qui arrivent de ce pays avec des marchandises appeiees (sus- 
ceptibles, suscetutUe) comme la laine, le coton , le lin, le 
cuir, ne sont pas admis; on les (ait partir immediatement 
pour Nalte on pour le Port-Mahon. 

Les vaisseaux qui viennent de lieux suspects, on comme on 
dit dans le commerce qui ont une patente brute,. sont. obli- 

Ses de faire une quarantaine rtgooreuse de lo k a5 jours. Le 
lebarquement des marchandises et des passagers s'opere 
dans des lieux speciaux qui se trouvent dans Tinteriettr de la 
forteresse construite k Textremite du n^6le, et 8epiii*ee. du 
continent par un bras de mer tr^profond. C'est dans ce 
bras de mer qu'entrent par lapai*tJe exterieure, et sous Tes- 
corte de gardes, les bateaux parlementaii*es des vaisseaux 
qui sont en quarantaine ^Sim un endi*oit isole. de.la rade, 
sous le chateau du pacha. Les letti*es et dep^ches qu'appor- 
tent ces bateaux sont pa^'fumees avec une rigneur et uoe 
precision qui feraient honneur itu meilleur bureau sanitaire 
de TEurope. 

Les frais de quarantaine soujt borues a une piastre par jour 
pour le medecin , president du bureau de sante ; et la loca- 
tion des chambres et des magasins dans Tinterieur de la for- 
teresse est peu couteuse. . 

Pour favoriser le commerce entre I'ltalie et la I'egence de 
Tripoli, il ne serait pas tres-utile detablir un systeme de 
douane, qui faciliterait Timportation des produils de Tri- 
poli dans les ports de Tltalie; mais il faudrait pourfacili- 
ter la navigation , reviser les lois sanitaires relativement aux 
marchandises venaut de ces echelles, notamment dans les 
laxareths de Livoume, GiSnes et Trieste*. Un fait constate, 
c'est qu'il n'y a dans la regence aucune maladie gravement 
contagieuse qui soit endemique. La peste ne s'y manifesto 
qu'autant qu'elle y anive du Levant; ce qui n'est plus pos- 
sible aujourd'hui , grace aux sages mesures sanitaires dont je 
viens de parler. 

En effet , jamais ce fleau n*a penetre a Tripoli venant de- 
TEgypte pai* la yoie de terre; ce qu'il faut attribuer k la vastei 



00 • Geographie 

etendue du desert qui sepai'e cette contr^ malsaine des monts 
de laCyr^nalqoe.'Depuis 35 ans la peste ne s'est point intro- 
duite h Tripoli par la voie de mer , tandis que cette maladie 
est indigene en Egypte et dan^ d'autres lieux de I'Orient : 
aussi je n'hesite pas a crotre qa'nne quarantaine de lo a 12 
jours ponr les b^timens , et de t5 a 20 au plus pour les inar- 
chandises susceptibles , serait plus que suffisante pour les 
provenances de la c6te de Tripoli, lorsqiie Ton y jouitcomme 
aujourd'bui d'une sante parfaite. 

Pour coiicilier la faveur due a la navigation avec I'exigence 
des lois sanitaires , il suffirait que les ministi^es des etats de 
i'ltalie rappelassent quelquefois aux agens consulaires Tobli- 
gation de tenir les negocians au courant des p^us legeres va- 
riations dans Tetat sanitaire de la regence ; il faiidrait eii 
mime temps recommander aux agens des bureaux sanitaires 
Tobservation rigoureuse de la loi qui defetid de considerer 
comme valables les patentes de sante delivrees aux bitimchs 
qui vont de Tripoli en Italic , si elles ne sont emanees ou du 
moins visees par le consul competent. 

Marine mUitaire, — Outre la corvette Capitana dont j'ai 
deja parle , qui est armee de 22 canons , et dont Fequipage 
se compose de 1 5o hommes , il y a dans le port de Tripoli 
une autre coi*vette nomm^e Padrona , arm^e fie 20 canons , 
3 brigaotins de 18, 16 et i4 canons, 5 goelettes de 10, 8 et 
4' canons, lochaloupes canonnieres nommees Za7icme,plus 
ou moins en etat , et armees chacune d'une piece. La marine 
militaire dela regence se compose d'apres cela de 20 bAtimens 
grands et petits, armes de i36 canons. Le service de ces bi- 
timens se fait par i4oo officiers et marins. 

Les puissances maritimes chretiennes qui ont des relations 
d'amitie et de commerce avec la regence de Tripoli sont TAU- 
triche , le Bresil , le Danemarck , la France , la Grande-Bre- 
tagne et I'lrlande , les Pays-Bas , le Portugal , la Sardaigne , 
les Deux*Siciles , les Etats-Romains , la Suede et la Norwege, 
la Toscape et lefe Etats-Unis d'Amerique. Toutes ces puis-' 
sances ont des consuls a Tripoli, si ce n'est TAutriche, qui fait 
traiter ses a£Paires par le consul de France ; la Suede , la 
Hc^lande et le Danemarck paient de petits subsides annuels, 
qui sont faibles en comparaison des sommes considerables que 



et Statistique. 4^ * 

paient a la regence les' nations plus pubsamtes et plua nches 
pour faire respecter leur oommerce et leur navigatioD par les 
corsaires de Tripoli , qui out toujours passe pour les plus au- 
dacieux et les plus cruels des trois regences harbaresques. 

i32. The New Zealai^ders. — L^s habitaus de la Nouvelle- 
Zeiande, ouvrage faisaut partie de la Bibliotheque de& con- 
naissances amusantes, publiee sous la direction de laSociete 
pour la propagation desconnaissances utiles a Londres, 4^4p* 
in- 12^ avec 4^ vignettes en bois. Londres , i83o ; Knight« 

On se tromperait si Ton ne voyait dans ce petit volume, 
destine pour ramusement des gens du monde>, qu'une simple 
compilation. G'est un expose habiiement redige de Tetat social, 
moral et intellectuel des habitans de la Nouvelle - Z41ande , 
d'apre's les meilleures sources. L'auteur anonyme de ce livre 
interessant est au fait de Thistoire' des voyages et de la geo* 
graphic ; il choisit judicieusement ses renseignemens , et com-* 
plete une relation par I'autre. Seulement il aurait pu s'abste* 
nir d'entremeler aussi frequemment ses reflexions aux faits 
qu'ii cite ; il aurait suffi de rapprocher et de comparer ces 
faits. 11 commence par quelques considerations sur les «avans 
de la JVouvelle-Zelande. Parmi tons les peuples qui constituent 
la grande famiUe polynesieone , dit-il , les nouveaux Zelan- 
dais out attire le plus Tattention pubiique , du moins dans 
les derniers temps. Leur caractere reuiarquable , par son 
energie , nous presente un grand nombre des vices et des ver- 
tus de Fetat sauvage. lis forment un contraste frappaot avec 
les timides et voluptueux Otahitiens , et avec la race misera- 
ble de I'Australie... lis ne sont ni faibles ni timides; depuis 
les jours de leurs premieres entrevues avec les Europeens ils 
out rendu coup pour coup. Ils ne se sont pas laisse egor>- 
ger comme les Peruvieiis lors de Tinvasion des Espagnols, 
inais ils ont essaye la force de la massue cootre les baN 
le^ de fusil, lis ont detruit quelquefois, avec perfidie , et tou- 
jours avec cruaute » Fequipage de maint vaisseau europeen , 
depuis les jours de la premiere decouverte de leurs lies jus- 
qu'a nos temps ; mais il serait difficile de decider s'ils n'etaient 
pas juslifies en cela par nos agressions, et si dans tous les 



43i Geographie N^ iSs. 

cas Us n'agissaient pas per rinstanct de l^ur prOpre defense, 
lis igDoi*eDt quelques-uns des arts les pios commans; lear 
habillement est grossier, leur agriculture imparfaite ; ik ne 
coonaissent pas Tusage des metaux , Temture leur est incon- 
nue, et pourtant ils se montrent justes appreciateurs de ces 
avantages qui donnent aux Europeens une si grande supe- 
riorite sur eux. Plusieurs indigenes ont spontanement entre- 
pris le voyage d'Angleterre pour voir les merreilles de )a 
civilisation , et quand ils ont eu observe nos champs fertiles, 
nos machines qui tendent a abr^ger le travail de Thomme , 
nos manufacturas , ils ont demande a ^tre ramenes dans leur 
pays y et d'etre mis a m^me d'imiter ce qu'ils avaient appris 
k regarder comme des avantages. Leur passion est la guerre , 
ils la font de la maniere la plus terrible que la ferodte de 
rhomme ait jamais imaginee; ils devorant leurs ennemis egor- 
ges. Et pourtant ils sentent que ces expeditions grossieres 
peuvent etre secondees par les arts destructeurs qu*emploient 
les peuples civilises ; ils viennent chez nous demander des fu- 
sils et des sabres pour attaquer ou pour repousser Tagres- 
seur. Tons ces traits de leur caractere , et beaucoup d'au- 
tres, montrent une intelligence et une energie qui con- 
duisent definitivement a la civilisation. Ils ne sont point 
insensibles aux arts de la vie civilisee , comme Tindigene de la 
Nouvelle-HoUande , ni garrotte entierement par les chaines 
de la superstition qui comprlifient les efforts de I'Hindou 
docile, ei tiennent son esprit en tutelle. Ils ne sont ni apathi- 
ques comme les Turcs , ni suffisans comme les Tartares ; le 
Sauvage de la Nouvelle-Zelande connalt sa force ; mais it sait 
aussi que la societe europeenne possede une force plus eten- 
due^et plussolide , et il desire y participer. Ayant ses instru- 
m^ns en os, il demande pourtant du fer ; il a sa massue , 
mais il vient chez nous pour demander des fusils. II meprise 
les objets futiles. II a pousse a un degre eminent les arts gi*os- 
siers des nations sauvages ; il sculpte habilement en bois, et il 
se tatoue avec un soin minutieiix. qui n*est pas depourvu de 
fryraetrie et d elegance. II n'est pas insensible a Teffet des arts 
imitatifs d'Europe ; nos sculptures et peintures le cbarment... 
Ik s'accororaode aisement aux usages de la meilleure societe 
anglaise, et y montre une assurance aisee; cannibale chez lui. 



€t Statistiqi^e. 433 

il ilevient prOmplemeut getitletnan en Angletrrre. Ajoutez a 
tout cda qu*il est aiitant capable d'amitie <iue de haide, et 
YOus n'aurez pas de peine a ciM>ire -qae rbabltanl de ia Nou- 
velle-Zelande pourra uh jour faire voir avec quelle rapidite 
se forme ud peuple barbare , mis en contact avec iin peiiple 
qui ne Tinsulte ni ne Fopprime^ et iostruit dans line I'eligion 
pleine de douceur. « 

L'auteur annonce x[WA va recueiUir les traits de ces $au- 
vages epara dans les relations des divers voyageurs. II pro- 
fiCera du journal de voyage iaedit d'un matelot anglais qui a 
ete ddtenu chez ces sauvages pendant plusieurs anbees. -Sous 
le rapport de la Geographic, la Nouvelle-Zelande merite d'ail- 
leurs une attention particuliere. En effet ce pays , d'uue raste 
etendue , est voisin d*une des plus grandes colonies anglaises, 
et ses ootesoffrent d'excellens ports pour la marine marchande, 
qui un jour pourra y chercher des productions precieuses. 

L'auteur evalue la superficie des deux lies de la Nouvelle- 
Zelande a gS milles anglais canoes. II rapporte I'bistoire de la 
decouverte <ie ce pays parDasman , la visite deCook en 1769, 
celle de Surville dans lameme annee ; le massaci^ de Marion 
Bufresne et de son equipage en 1 77 1 ; la secende visite de Gook 
en 1773, et le massacre de Tequipage du bfttiment VAdifen- 
tare , dont les details sont cousighes par Burney, dans son 
Histoire 4ie$ Decous^erties dans la merdu Sud, En 1798 les 
autorites anglaises de la Nouveile - Galles meridionale ayant 
r-esolu de former un etablissement 'dans I'lle Norfolk , qui est 
a a ou 3 journees et -au nord-ouest de la Nouvelle-Zelande , 
on s'empara de deux indigenes de ce pays, pour leur faire 
cultivei* le Iin si renomme de leur patrie ; mais Tun etant 
.guerrier et Tautre pr^tre , ils ne connaissaient ppint cc^tte 
culture qui , d'ailleurs , selon leur assertion , est la t&che des 
femmes. On les renvoya chez eux avec des presens , et Tun 
d'eux fut vu dans la sutte par pl-usteurs marins anglais. Les 
baleiniers anglais , quoique eSray^s d'abord de la ferocite 
des Zelandais, finirent par frequenter les deux ties, ou le g6u« 
vernement de la Nouveile- Galles meridionale envoya des 
presens a diverses reprises. Un chef puissant » nommeTippahi, 
voulut voir avecsa famille la coUnie anglaise; a la vue du pro-* 
cede de la Corderie il fut si etonne > qu'il s'^cria , dans un* 
F. T6ME XXV. Mars i 83 i • a8 



^ I 



434 Gebgraphie N°. 1Z2. 

transport d'enthousiasme : Noupelle-Z elande , rien de bofu 
£n retournant chez lui , il ramenaun jeoDe europeen , George 
Bouce , qui dans la suite devint son gendre , et partagea le 
gouvernenient avec le beau-pere. Les Anglais profit^rent de 
son influence pour frequenter la NouTelle-Zelande avec plus 
de surete. Un capitaine de cette nation , ayant recu a bord 
Bouce et sa femme , commit le delit d'enl^ement ; ce see- 
lerat , aussi sauTage qiie les habitans de la Nouvelle-Z^lande, 
debarqua le mari sur la c6te de Malacca , et vendit la femme 
a un autre capitaine anglais. Par Tintervention du gouver- 
neur anglais , les deux epoux furent pourtant rendus I'un a 
Tautre ; on ignore leur sojt posterieur. 

£n 1807, un marin anglais , M. Savage , amena a Londres 
un insulaire de la !Nouvelle-Zelande , nomme Moyfa anger, et 
publia une notice sur ce pays. En retournant dans sa patrie, 
le sauvage emporta beaucoup d'outils de charpentier et d^ 
tonnelier. Moybanger a ete vapar les navigateurs subsequens, 
tels que Marsden , Nicholas et Dillon. II ne parait pas que 
le voyage d'Europe Fait beaucoup civilise. En 1809 '^ navire 
anglais le Boyd, ayant touche a la cote de la Nouvelle - Z^- 
lande , un indigene , a bord de ce navire , que le capitaine 
avait trait^ brutalement , excita la vengeance de sa tribii , et 
fit massacrer le capitaine avec tout son equipage , a Fexcep- 
tion de quatre individus. On a un recit detaille de cet acte de 
trahison , par M. Berry, subrecargue d'un autre b^timent 
anglais qui sc trouvait a la m^me epoque sur la c6te de la 
Nouvelle-Z^lande. Les baleiniers anglais vengerent cruelle* 
ment ce massacre , en immolant des centaines de sauvages , 
dont la plupart etaient peut-etre innocens. Cependant , les 
relations entre la Nouvelle- Zelande et les possessions anglai->. 
ses ne furent pas rompues ; le [chef Tappahi envoya son fils 
en Angleterre. Ge jeune homme mourut pen de temps apr^s 
son retour dans sa patrie. Un autre chef , Buaterra , servit 
eomme mateiot sur les baleiniers anglab , fit le voyage d' An- 
gleterre^ oil son plus grand desir etait de voir le roi, desir 
qu'il ne put pourtant satisfaire. Traite brutalement par les 
marains anglais et renvoye en Australie , il fit la connaissanc^ 
du mis^ionnaire Marsden , qifi le reconcilia avec le caractere 
europeen , mal represente par des marins ^rossiers. II est fSi 



et Statistique. 435 

cheux qu'aiicuneloi, aucune police ne previenne ou ne punisse, 
de la part de I'Angleterre , les capitaines et autres marins qui > 
dans' ces parages , riialtraitent les sauvages , provoqijent des 
vengeances et compromettent Thonneur du nom anglais. 
Qaelquek demarches ont pourlant ete faites pour mettre un 
terme a la conduite arbitraire des capitaines. Une mission an- 
glaise , s'etant etablie en i8i4 ^ la Nouvelie-Zelande , le chef 
fut designe en qualite de magistrat et charge de proteger les 
indigenes centre les marins. Le reverend Marsden fit depuis 
ce temps cinq fois le voyage de la Nouvelle-Zelande. Ce recueil, 
pnbHe par la Societe des missions a Londres , contient ses 
rapports" importans sur ce pays. Dans son premier voyage, 
M. Marsden fut accompagne par M. Nicholas, qui, de son 
c6te, a public une relation , peut-^tre la plus complete qu'on 
ait.On a une autre relation du capitaine Cruise, qui visita la 
Nouvelle-Zelande en 1820. Enfin , le capitaine Dillon , aljan^ 
h. la recherche des debris du naufrage de Laperouse , concha 
en 1827 a Tune des lies , ainsi que le capitaine francais d'lJr- 
ville , qui dit-on a leve exactement une partie des cotes. Tou- 
tes des relations modernes fournissent pqurtant peu de ren- 
seignemens inconnus sur la majorite des terres de la Nouvelle- 
Zelande , mtoe de Hie septentrionale. M. Savage ne parait 
avoir vu qu'un ou deux des villages sur ce c6te de la baie aux 
iles. M. Marsden , dans sa premiere visite , pendant laquelle 
il etait accompagne -de M. Nicholas, debarqua au cap Nord et 
dans une des iles Cavalles , au nord de la baie aux iles , et 
longea efnsuite la c6te orientale dans la direction du sud jus-r 
qu^a 1-embouchure du Thames , oii Cook etait entre dans son 
premier voyage. La relatibn de M. Nicholas contient aussi 
une description du port deWangaroua'(decrit egalement pav 
M. Berry ) , mais ni ce voya^eur, ni Marsden n'ont penetr^ 
dans Tint^neur que sur un espace de quelques milles. Pendant 
son second voyage , Marsden a tratvers^ ce pays en partant de 
la baie aux ties, et en se dirigeant sur la cdte occidentale, ou il 
trouva unegrande rivierie d^bouchant dans lamer vers le 36*. 
degre de latitude, presque vts-i-vis la Bocam-Bay de Cook. Ce tie 
]»iviei*e est appelee Shukehanga par les indigenes ; Marsden lui 
a donne le nom de Gambier. Quoique traversant une partie 
d€* la dontr^e , inlmediatemdnt derriere ce que Cook a appele 

28. • ' 



436 Geographie €t Statistique* 

G6te de Serte , ses bords sont couverts de villages populeux , 
dont les habitans paraissent avoir un plus beau teint et un ca* 
ractere plus doux que ceux de Test de Tile. Marsden , dans 
son second voyage , penetra aussi environ 20 mil les dans I'in- 
terieur, a un endrolt nomme Tiami , a Test de la route qu*ii 
avait prise pour se rendre au Shukehanga. Ge fut dans son 
troisi^me voyage que ce missionnaire explora la plus grande 
partie de la cote et des districts de Tint^rieur. II est fllcheux 
que le journal de cette excursion ait -ete public d'une maniere 
incomplete. On peut dire que la partie de Tile septentrionale, 
demte par les voyageurs anglais ^ se i^duit a la portion qui 
s'etend au nord de I'embouchure de la riviere de Thames , 
ou 3>^«. degre de latitude , ce qui f^iit a peine le tiers de Tile. 
Un matelot anglais , Kutheiford, qui, apres un sejour de 
10 ans dans la Nouvelle Zelande , est revenu en Angleterre 
en 1828, et dont la relation orale a ete mise par eciit et 
commutiiquee a Tauteur de I'ouvrage qui nous occupe , a 
fourni de nouveaux details sur oe pays. II etait a boi*d d'un 
navire americain , dont le capitaine , seduit d'abord par les 
prevenances des sauvages , fut massacre aVec la plus grande 
partie de son equipage ; les hommes restans furent eotralnes 
dans Tesclavage ; Rutherford en vit massacrer ; apres cela on 
se mit a rotir leurs corps et a distribuer leur chair pour les 
chefs. A ce sujet , Tauteur de louvrage que nous annoncons 
prouve que t'anthropophs^ie est reellement une coutume 
ancienne dans la Nouvelle-2e1ande et ailleurs. Elle se fonde 
peut-^tre sur des idees su{)erstitieuses. Quelques sauvages 
croient , par exemple , qu'en mangeant les ennemis qu'ils ont 
lues , lis acquierent leur yaleur ou d'autres quabtes. A la 
Nouvelle-Zelande on immole et on mange aussi des esclaves, k 
hi mort de leurs maitr^s. L'auteur rappelle les details fournis 
par sir Saint-Kaftles sur Tanthropophagie des Battas a Su- 
matra , qui condamnent a ^tre devores ceux qui se sont ren- 
dus coupables d'adultere , de brigandage nocturne , demariage 
dans la me me tribu et de trahison, ainsi que les prisonoiers 
qu'ils font dans les guerres de district a district. Dans tou« ces 
cas, les Battas mettent les condamnes en pieces et devorent 
leur chair, quelquefois meme avant que les coupables aient 
expire. C'est chez ce peuple que Thorrible coutume de V9«t^ 
tbropophagie est poussee le plus loin. 



Bconomie puhlique, 4^j 

Les sauvages de la Noavelie-Z^elande ODt une maniere par- 
ticuliere de conserver les t^es die teurs eDnemis , en les fai- 
sant secher au four, apFes les avoir vidqes d'abord. lU font 
un espece de commerce de oes tetes , et beaucoup de navires 
europeens en emportent comme iin objet de curiosite. Le$ 
demiers voyages des Frajo^ai^ en ont procure quelques-anes« 
que Ton consei*ve maintenant en France. 

L'auteur de Touyrage que pops an^ysons decrit au long les 
guerresdes sauvages , leurs horril^les triomphes , leurs instru-r 
mens de guerr^ , leui*s.conse.irs militaires , leurs fortifications. 
II termine par i^n aper9U compose de la vje sauvage et de^la 
civilisation , et des progres que les missions ont faijts che% ce 
peiiple fi^Voce. Les vignette en bpis, do^t le petit ouvrage 
que nous faisops cpnnai^re est orne , repre^htent les divers 
objets qui y spnt decrits , tels que outils>.instrumens , bateaux, 
tatouage , etc.. Si la«Societe pQur la propagation des connais- 
sances utiles , public beaucoup d*ouvrages de ce genre , elle 
exercera sans doute une influe^nee sensible sur Finstructiou de 
ses compatriotes , et les.autres peuples pourront en profiter 
a pen, de frais. ' D — g. 

EGONOMIE PUBLIQUE. 

1 33. Ueber das Naturbecht uirsEHEa zeit als Grukdlage-per 
SfftAFBEGBTSTBEORiEN. — ^Du drolt uaturel de nptre ejioque, 
considere comme base des the<M'ies,de droit p^^l, par 
Antoihe Ari^ol-d db Liiffcit. i6o pag. gr. in-8^. Munich , 
1839 > Weber* 

Rest pen de sujets quraient donne lieu.a des coptroverses 
aussr animees que la theorie des peinejs. M. de Linck a pense 
que , pour s'eniendre sur ce point , il ftut d'abord tomber 
d'accord'sur le prihcipe. du droit et de la justice. En conse- 
quence , il s^est propose de remonterau. droit naturel et d'y 
rechercber I'origine des. deux points de vue absolu et relatif 
de la penalite. Egalement mecontent de tons les systemes de 
drcHt naturel , il cbercbe a etabiir qu'aucunne pent conduire a 
un resultatpositif tii sur le droiten general nisur le droit penal 
eji^^articulier , et il essaie d'indiquer la voie par laqueUe; , 
selon lui , on pourrait y parvenir. D'apres ce plan trace dans 



t 

438 Economie publique. N" i33. 

sa preface , M. de LineV. divise son ouvrage en trois sections. 
Dans la premiere il examine le droit naturel dans le systeme 
du rationalisme subjectif. Apres quelques idees generales 
sur le droit naturel ^ sur Tetat social et sur ce que quelques 
philosophes ont appele tetat denature, il distingue deux points 
de vue , Tun absolu , c'est celui de Kant ; Tautre relatif, c'est 
celui de Fichte et de Feuerbach. De meme que Kant admet 
un etre en sot existant en dehors et au-dessus du styet qui 
connatt , tandis que Fichte n'admet if autre substance exis- 
tante i>eritablement par elle-meme que le moi pensant qui 
esit sa cause a lui-meme , de meme Kant reconnait une loi 
independante de la volonte subjectUfe de tindi^idu , tandis 
que Fichte derive tout rapport juridique des hommes entrie 
eux , uniquement de la ifolonte de Vindividu , et de son droit 
absolu ctagir comme cause unique dans le monde exterieur, 
II nous serait impossible dc presenter d'une maniere intelli- 
^le , dans le peu d'espace qui nous est accorde ici , les con- 
sequences que chacun de ces philosophes tire de son principe 
fondamental , et de suivre notre auteur dans le jugement 
qu'il| porte de leurs systemes , en examinant les points ou 
ils se rencontrent et ceux ou ils divergent. Nous nous batons 
d'arriver avec lui a Fapplication de ces deux systemes de droit 
naturel a la theoiie de la penalite : c'est Tobjet de la seconde 
isectiop. Les theories relatives , entre autres celle de Fichte , 
suivie par Feuerbach, qui pe re^onnaissent d'autre fonde- 
ment au droit general que la volonte de I'homme , prendront 
pour base du droit de puniv le consentemept immediat ou 
mediat des citoyens a la menace et a Texecution de la peine. 
Tous les partisans de cette theorie n'admettent d'autre prin- 
cipe de la penalite que son but meme , qui est fonde sur I'u- 
tilite, et qui consiste a proteger la liberie et les droits de 
chacun, en detournant des actions qui les blessei^aient. Ils 
n examinent pas si la peine est meritee , mais si elle est utile , 
et ils se mettent ainsi, dit M. de Linck, en opposition avec cette 
verite reconnue, que le but ne justifie pas les moyens. Aussi 
reproche-t-il a toutes les theories relatives de manquer de 
justice, et c'est vainemeut qu'on croit repondre a cette ob- 
jection par la fiction que celui qui subit la peine a consenti 
indirectement a son application. 



Econofnie publique. 4% 

Apres avoii* montre qii'il est impossible de fonder juridi- 
quement la penalite sur le but futur > qu'on ne peut la justi- 
fier que par une loi anterieure qui pourvoit a son observation 
par la punition des infracteurs , M. de Linck examine com- 
ment la theorie penale absolue a resolu le probleme , com- 
ment Kant, nommement, y asatisfait par son iniperatif cats'- 
gorique, Ge philosophe, admettant que la liberte des hommes 
est limitee et regie par une regie superieure , attribue a la 
loi superieure le droit de punir ses infracteurs. L'infraction 
de la loi etant par elle-meme punissable , Fespece et le degre 
de la peine seront determines par ce principe , et non par le 
plus on le moins d'utilite qu'on peut obtenir. La peine n'est ja- 
mais aux yeux de Kant simplement le moyen de procurer le 
bien , soit du delinquant , soit de la societe ; elle ne doit etre 
prononcee contre lui que parce qu'il a enfreint la loi. M. de 
Linck examine les consequences qui resultent de ce systeme , 
et montre qu'il peut conduire a des resultats pratiques re- 
voltans. 

. Ayant ainsi acheve la critique du rations^lisme subjectif , 
M. de Linck passe , dans la 3". section > a Fexamen de la phi- 
losopl^ie du droit et de la penalite , considerees sous le point 
de vue du rationalisme objectif. Apres une courte introduc- 
tion consacree a la philosopbie de Schelling, il aborde le 
systeme de Hegel ; il expose d'abord ses vues philosophiques 
generaleSy qui consistent a considerer la pensee abstraite 
comme la seule chose originale et essentielle qui produit 
toutes les autres. £t^ comme I'abime qui separe la pensee et 
I'etre, ainsi que la pensee purement formelle et la pensee 
reelle^ saute trop aux yeux pour qu'il put le negliger, Hegel 
attribue a la pensee pure un mouvement par lequel elle fran- 
cfait cet intervalle. £n vertu de ce mouvement , cette pensee 
abstraite se developpe en un systeme de concepts qui ne dif« 
ferent pas des choses elles-memes : ce systeme a done pour 
base une pensee independante de toute realite et de tout 
sujet pensant, une pensee qui n'a pas plus d'objet que de sujet. 
Apres une critique generale du systeme de Hegel , M. de Linck 
passe a Tapplication que cet auteur en a faite au droit. Le prin- 
cipe du droit et de I'etat, on le point de depart du mouve- 
ment qui les engendi^e , est la ^fqlonte, non pas une volonte 



440 Etonomie publique. N% i33. 

vivante , divine oa humaine ; mais Fidee abstraite de Tolonte 
se transformant , par le developpement graduel de ses mo- 
menst en un empire de liberie et s'y realisant. De cette pro- 
gression dialectique de la volonte abstraite , resulte successi- 
ment TuDite de la volonte generale et de la voJonte particuliere, 
c'est-a-dire de la volonle eiistant en soi ( substantielle) , et de 
lairolonte existant pom* soi ( individuelle). 11 serait trop long 
de montrer par quelle suite de deductions Hegel arrive a I'idee 
du delit et a celle de la peine, qui est pour hii Facte par le- 
quel la loi se retablii elle-meme , la reconciliation du droit 
avec lui-meme ; nous ne poavons non pins suivre M. de Linck 
dans la refutation qu'il faitde cesysteme, auquel ilreproche 
de parUr d'une b^se in intelligible^ savoir la pensee sans ^re 
pensant, la volonte sans etre voulant , de donner de hi i-ealite 
a des abstractions a qui il ne recoonatt que des qualites nega- 
tives , telle que ki volonte generale , qui n'a d'autre caractere 
que de n'eti*e pas une volonte particuliere et enfin de con- 
duire a ce resultat absurde, que le delit serait aussi necessaii'e 
et aussi inevitable que la peiyie ellermeine , et que, comme 
Tidee du droit en soi n'obtient sa r^alite que pour la peine , 
le delit serait la. condition necessaire de Texistence du droit 
comme de celle de la peine, - 

M. de Linck termine son ouvrage par une conclusion ou , 
apres un coup d'oeil genei*al sur les system es qu'il a analyses , 
U expose ses vucs personnelles. En voict la substance. Le 
point de depart de la philosophic modeme en Allemagne 
a ete Tindividn et sa raison. Dans ses efforts pour faire de 
Fhomme lui-meme Tunique auteur de ses connaissances , elle 
est arrivee a fatre abstraction de tout ce qui n'est pas lur. 
Le premier progi*es 4^ns cette carriere de Tabstraction s'est 
termine a Fichle, le second a Hegel. La difference essen- 
tieHe de leurs systemes consiste en ce point-ci : le premier, 
dans son abstraction , conserve encore le sujet pensant , 
i'bomme , comme la donnee d'ou doit partir toute connais- 
sanoe , par consequent celle du droit et de la justice ; le der- 
nier, au contraire y &it abstraction m^e du sujet pensant. 
II cqmprend la pensee comme ne supposant rten d'anterieur, 
comme pensee sans sujet pensant , et la pose pour base de 
nous-memes et de toutes choses. Mais, comme ce n'est pas^ 



Economie puhlique. ^/^i 

cette pretend ue pens^e on son incompi-ehensible abstrac- 
tion, mais bien son inventeur qui en deduit et ponsse en 
avant toutes se^s determinations ou momens , ce syst^ine est , 
dans le fait , aussi subjectif que t6ut autre. II n'y a de 
vraiment objectif que le systeme qui considere le monde 
comme I'ouvrage d'une cause libre , d'une cause qui est en 
dehors et au-dessus de lui. Cette methode abstraite ne con- 
duit d'ailleurs a aucun resultat. Tons les efforts des auteurs 
de la philosophie objective , comme eeux de la philosophic 
subjective , n aboutissent qu'a la decouverte d*une pure 
forme, d'une loi purement logique. La difference des deux 
rationalismes ne consiste qu'en ce que cette loi n'est , pour 
le rationalisme subjectif, que la source de nos connaissan^ 
ces , tandis qu'elle est , pour le rationalislme objectif, robjet 
meme de nos connaissahces. Mais c'est toujours une pure 
forme de pensee , une loi vide 6t morte qui est , dans les deux 
syst^mes , le fondement et la mesure des choses , le fonde- 
ment du bon et du mauvais, du juste et de Hnjuste. 
Avant que cette tendance abstraite f&t arrivee a son dernier 
terme , la tendance historique se r^veilla en AUemagne. On 
reconnut que ce n'etait que dans Thistoire de ce qui a ete 
reellemcnt , dans la vie et dans les faits , que Fesprit hu- 
main pouvait trouver des solutions qui le satisfissent« Gette 
roaniere de voir se lie etroitement avec la croyance a une 
cause vivante , a un £tre supreme et createur. 

Jamais une idee sans vie ne pent ^tre posee comme prin* 
cipe des choses , ni dans la realite ni dans la science. Gar, d'a* 
bord, inddpendamment de ce qu'une pensee sans snjet pensaht 
implique contradiction , une chose inanimee et immobile ne 
peut itre la source de la vie et du mouvement. Un esprit 
libre, un vouloir personnel au plus'haut degre, peut seul 
dtre considerd comme auteur des choses et de la connaissance 
que nous en avons , comme la racine du bien et du juste. Ge 
n'est que parce qu'il I'a ordonhe ou def^ndu , et apres qu*ii 
I'a vouiu ou defendu, que quelque chose est bon ou mauvais, 
juste ou injuste ; * ce nVst point en vertu d'un principe 
abstrait qui serait au-dessus de lui et avant lui , sans qu'on 
sut d'ou il vient. 11 ne peut y avoir aucune science objective 
(7 priori; toutes nos connaissances doivent reposer sur les 



44^ Economie publique. 

faits et rhistoire , qui sont la ^laDifestatioD de cette haute 
voloDte. li ne peut pas en ^tre autrement dans la science du 
droit et de la justice. Sa base est dans la conscience quWt 
les peuplesycomme les individus, de ce queDieu a \oulu dans 
les rapports multiplies de la vie puhlique. Saisir cette con- 
science dans son developpement historique , suivre la marclie 
de son mouvement et de la direction par laquelie la provi- 
dence la conduit a son but , tel est I'objet d'une philosophie 
veritable , d'une philosophie historique du droit. Gar, comme 
1 etat de I'esprit humain n'est pas un etat arrete , mais un 
etat d'efibrt et de progres, que le point ou il se trouve dans 
cbaque siecle n'est que la continuation et le developpement 
du passe et le germe de I'avenir, de meme la conscience du 
juste ne peut etre saisie qu'en etat de progression. II resulte 
de la que le dernier moment de cette conscience , le moment 
p^'e^ent, est le terme auquel doit s'arrdter notre connais- 
Stance du juste en tant que science i car elle doit, comme 
telle , ayoir un pbjet donne et non encore d prodidre par le 
resultat futur d'un progres indefini« Quant a I'utilite pratique 
d'une philosophic du droit ainsi con^ue , elle ne peut con- 
lister a etablir une theorie complete des regies absolues aux- 
X]uelles il suffirait de rapporter logiquement tous les cas qui 
pourraient $e presenter a Fayenir pour en trouver la decision. 
Cette utilite ne peut consister qu'a evciller Tesprit et le sens 
interne qui assure la marche et la direction convenable que 
doit suivre le developpement et le perfectionnement du droit 
actuel d'un peuple , soit dans son ensemble , spit dans ses 
details. Quant ace developpelement et a ce perfectionnement, 
quant a ractivitelibreetcreatrice de Fhommc a laquelie il est 
du 9 jcela sort du domaine de la science , pour entrer dans 
celui de la vie et de Tart , dans les fonctious du leg^slateur et 
du juge. Ce systerae est le seul , poursuit M. de JLinck , qui 
poncilie la liberte de Findividu avec Fexistence d'une loi su- 
preme et de Tordre de Tensemble. Seul , en admettant une 
loi vivante , il permet de concevoir qu'elle ait a la fois pin- 
sieurs buts , qu'elle serve en meme temps au bien de ceux 
pour qui elle est donnee , et a Thonneur de celui de qui elle 
emane. L'idee de la penalite , qui dans tous les autres syste- 
mes n'est jamsiis cpnsideree que sous un point de vue partiel 



Economie pubUque. 44^ 

et borne /n'acquiert, suivant M. de Linck , son en tier deve* 
loppement que dans le systeme qu'il eipose; ce n'est que la 
qu'elle pent satisfaire a ces di verses conditions : reparation 
et expiation de la violation du droit , prevention de delits 
futurs, amendement du coupable. G.-A. Pellet. 

1 34- I^As Gesghwobnengericht. — Le Jury , la publicite , le 
debat oral^ principalement en ce qui concerne le droit 
criminel ; par J. Zentiter , avocat , membre de la Societe 
historique de Fribourg. In-8°. Fribourg , i83o. 

M. Zentner ne pretend point trancher la question de To- 
rigipe du jury ; 11 expose $es opinions a cet egard , puis il 
aborde Thistoire de la jurisprudence criminelle chez tous 
les peuples libres ou gouvernes par des lois : tels sont \e% 
Hebreux , les Grecs , les Romains. De ces conquerans du 
monde il passe aux Germains ant^rieurs a Gharlemagn^e , 
h, ceux qui le suivirent \ il examine ce qui subsiste encore 
de ces temps antiques , et jette un coup d'oeil rapide sur 
la jurisprudence criminelle du Nord. Nous recommandons 
surtout k I'attention des lecteurs les trois chapitres qui termi- 
nent la partie bistorique. L'auteur y a repni avec uneadmirable 
precision, avec une profonde erudition , tout cequ'il importe 
de savoir sur la procedure anglaise, sur celles qiii sont suivies 
en France et aux Etats-Unis. II n'est pas un ouvrage mo- 
derne qui n'ait ete mis a profit , pas un qui ne soit signale 
k I'attention du lecteur , et tous sont resumes sommairement 
ayec metbode et clarte. Quiconque se voudra bien penetrer 
de cette i*'*. partie du livre sera plus instruit qu*il ne 
le faut pour Fhomme du monde ; et , s'ii lui prend fan* 
taisie de devenir savant , tous les cbemins lui sont indiques. 
— La 1^, partie est plus particulierement appliquee a FAU 
lemagne. Nous nous etions convent demande-, nous qui con- 
naissons beauconp cette contree, et qui avons bien quelques 
notions des affaires soumises au jury , pourquoi cette insti- 
tution ne se propage point cbez une nation reflechie, eclairee, 
exempte de passions violentes ^ et par consequent tres-propre 
aexercer par elle-meme un pouvoir aussi important? M. Zent* 
ner refute toutes les objectioqs qu'on pourrait faire a Tad- 
mission du jury en AUemagne ] il pr^ente un affreux tableau 



r 

444 Economie pubUgue. 

de Tetat actuel de la procedure , du sort deplorable des 
accuses dans ce pays. Le tort des adversaires de Tinstitu- 
tion est de la prendre toujoui*s telle qu'ils Tapercoivent chez 
telle ou telle nation , saos s'arr&ter aux ameliorations pos- 
sibles. Or , M. Zentner, qui examine avec beaucoup de soin 
toutes cell es don t on pourrait f aire I'essai, propose de creer 
et non d'iniiter ; il voudrait aussi que la conpaissance des 
lois , qui n'est sou vent qu^une vaine presomption de la part 
du legislateur^ fut repai^due en effet, tapt au moyen de 
Fed uca tion primaire que de publications renouveleles par les. 
ecclesiastiques. A cet €ffet , on devrait rediger une sorte 
de petit catechism e penal , qui apprendrait an peuple ce 
que les lois defendent , et de quelte gravity est telle ou 
telle infraction. II faut bien se garder de repousser cette; 
idee. L'auteur refute ensuite fen plusieurs chapitres) les 
objections du celebre Feuerbach, et cette partie du travait 
de M. Zentner est fort remarquable ; n6n>seulemeut on y 
voit qu'il possede parfaitemeht son sujet , mais on y trouTe 
des vues utiles , dont il serait bon de tirer parti pour toutes 
les legislations. L'ouvrage est termine par une esquisse ou 
projet de loi sur le jury. Nous regardons cette publication 
comme ti*es-importante , si les gouvernemens de I'Allemagne 
lui accordent Fattention qu'elle merite. P. de GqlbjSrt. 

l35. ESCLAYAGE DES KOIRS. 

I. New slate code of crowx goloities. — ^Nouveau Code de 
I'esclavage dans les colonies de La couronne. ( Antislavery 
reporter^ mars i83o. ) 

II. P&oTBCTORSop slave's REPORTS. — Rapports des protecteurs 

des esclaves. (Id. ; nor. 1829). 

Le gouvernement anglais a fait depuis plusieurs annees de 
grands efforts pour amelioi'er le sort des esclaves noirs dans 
ses colonies , mais 11 n*a pu employer que des moyens de per- 
suasion dans les anciennes possessions de la Grande-Bretagne, 
teltes que la Jamaique ou les Barbades qui , en vertu de 
chartesparticulieres,pretendent n'obeir qu'aux lois sanction- 
nees par leurs assemblees locales , et refusent de se soumettre 
aux ordres ministeriels et m^me . a I'autorite du parle- 
ment Britannique. A la verite , le parlemeqt pretend /de son 



Economie publique* 44^ 

cdt^ ^ que les lois emanees de lui soDt execatoires dc pleia 
droit dans toutes les contrees soumises a la couronne dMn- 
gleterre. Mais cette pretention a dejk cause la revolte des 
Etats-Unis contre la mere-patrie , et depuis cette epoque le 
gouvernement angla^is a sagement evite de faire renattre des 
contestations aussi dangereuses. Les representations adressees 
a diverses reprises aux assexnblees de ces colonies privilegiees 
{chartered colonier) » pour les engager a introduire , dans 
leurs legislations locales » des mesuresfavorables auxesclaves, ' 
ont eu en general peu de succes ; la plupait de ces assemblees 
ont refuse pei*emptoirement de rien changer aux Bsages eta- 
blis ; d'autres ont adopte quelqoes ameliorations insignifian- 
t-es pour deguiser leur opposition aux voeux du gouvernemeut, 
tout en evitant de prendre aucune mesure decisive. 

II n'en est pas de m^me des. colonies recemment acquises 
par ks -armes oa par les traites , telles que la Trinite , fier- 
bice , Demeraii , Sainte-Lucie , le cap de Bonne-Esperance , 
Maurice, qu'on appelle colonies de la couronne ( cr(ywn co- 
lonies ) , parce que le ministere y exei*ce un pouvoir illimite. 
La on a pu iaire librement des essais de reforme. Plusieurs 
i^glemens partiels y ont ete promulgues depuis 1824 pour 
remedier aux abus les plus crians de Tesclavage ; et enfin , le 
8 fevrter 1880, il a ete donne rx)mmunication au parlement 
d'un ordre du conseil qui contolide ces divers reglemens , 
e'est-a-dire, qui reu nit leurs dispositions eparses dans un seul 
acte declare applicable k toutes les colonies de la couix>nne. , 

Yoici le resume des principales mesures mises en vigueur 
par ce nouveau Code : 

Le roi nomme dans chaque colonic un protecteur des escla- 
ves charge de veiller a Texecution des lois en ce qui les con- 
cerne , et de prendi^e en toute occasion leur defense devant la 
justice. A cet efifet , dans les causes , tant civiles que crimi- 
nelles, ou un escla^'e est interesse , tous les actes de la pro- 
cedure doivent etre notifies au protecteur, qui assiste au pro- 
ces et le suit jusqu'a sa conclusion , soit en personne , soit 
par un fonde de pouvoir, et peut m^me intenter une action 
en son propre nom s'il vient a apprendre qu'un esclave ait 
eprouve quelque vexation illegale. 

Le protecteur ne doit posseder ni esclaves , ni terres culti- 



446 Economic piihlique. N". i35. 

▼ees par des esclaves ; il ne doit m^me avoir aucu,tfi interet 6u 
hypotbeque sar desesciaves ou des teiTes.cultivees par etix, 
et il ne pent ^tre gerant ni regisseur d'aucune plantation dans 
la colonic on il exerce ses fonctions. Gependant ii lui est per- 
mis de loner des esclaves poor son service personnel , en jus- 
tifiant de I'impossibilite de se faire servir par des hommes li- 
bres. Les gonverneurs sont antorises a ponrvoir provisoii'c- 
ment an remplacement du protecteur^ en cas de mort , absence 
on demission , et a designer des assistans charges de corres- 
pondre avec lui , et d*agir sous ses ordres dans les dilSn*en9 
districts de la colonic. 

II est formellement defendu , sous peine d'une amende 
d'une a 3 livres sterlings , d'employer les esclaves a au- 
cun travail le dimanehe. Sont cependant exceptes de cette 
defense les soins a donner aux bestiaux » les occupations do- 
mestiques et les travaiix de necessite urgent e. Un ari'^te du 
gouverneur doit definir, dans chaque colonic , oe qu'on entend 
par travaux urgens , et les proprietaires <fQ\ font travailler 
leurs esclaves les jours feries pour cause d'urgence sont tenus 
d'en prevenir d'avance )e protecteur^ on du moins de loi en 
donner avis dans les 4^ beures. Ii est en outre interdit de 
tenir des marches le dimanehe , et un autre jour de la se- 
maine doit etre accorde aux esclaves pour aller an marche et 
en revenir librement , 

II est d^fendu a toute personne chargee de surveiller le 
travail des esclaves de porter habitueliement k la main un 
fouet , ou tout autre instrument de punition , et de tapper 
les esclaves sans motif determine. La peine du fouet est tout- 
a-fait interdite a I'egard des femmes. II ne peut etre inffige 
aux hommes plus de vingt-cinq coups de fouet pour une seule 
faute , et dans un miSme jour. Ge ehitiment ne doit jamais 
£tre renouvele avant que les cicatrices des punitions prec^- 
dentes n'aient et^ entlferement gueries , et il ne peut etre in- 
flige qu'en prince d'une personne libre ou de six esclaves. 
Toute contravention a ces dispositions est consideree comme 
nn delit {misdemeanor). Les proprietaires et gerans doivent 
tenir no registre exact des punitions infligees a leurs esclaves , 
et en remettre tons les six mois un ^tat an protecteur. 

Les manages des esclaves sont reconnus comme vaiides , 



I 



Economie publique, 44^ 

lorsqu'i4$ out ete celebres avec la permission du protecteur 
par uii ecclesiastique ou un predicateur chretien , sans preju- 
dice des droits du maitre sar lapersonne desesclaves maries 
et de leurs enfans. 

Les esclaves auront a I'avenir la faculte d'acquerir, de pos- 
seder et de vendre toute espece de propriete , a Fexception 
des negres , des bateaux , des navires , des armes , de la 
poudre ; ils pourront suivre ou intenter toute espece d'ac- 
tions judiciaires, relativement a lenris propriete^ , de la m^me 
maniere <f ne les hommes libres. - 

II est d^endu de separer par vente , legs ou donation , le 
mari de la femme , ou les patens des enfans au-dessous de 
seiae ans. Tout acte contraire a cette disposition sera repute 
nul , a moins qu'il n'ait ete autorise par le protecteur, avec le 
consentement des esclaves interesses^. 

Les mattres peuvent afFranchir leurs esclaves par testa- 
ment , ou par acte entre-vifs. Le maitre qui aura affranchi 
gratuitement un esclave age de mbins de six ans , ou de plus 
de cinquante , ou infirme , et hors d'etat de ponrvoir k sa 
subsistanee , devra foarnir un cautionnement de 200 1. st. 
pour I'entretien de cet esclave^ afin qu'il ne tombe pas a la 
charge du public. En cas d'afFrancbissement par testament y 
le cautionnement ne sera pas exige des heritiers ; mais I'es- 
clave restera a la charge de la plantation. 

Les actes pour I'afFranchissement des esclaves sotxt dispen- 
ses de tout droit , k Texception de 20 1. st.'pour I'enregistre- 
ment. Les proprietaires peuvent trailer ^vec leurs esclave^ 
pour raffrancfaissement a un prix convenu par Tiiitermediaire 
du protecteur. Si un maitre refuse d'affranchir son esclave , 
s'il exige de lui un prix trop eleve , ou si » pdr une caiuse quel^ 
conque d'iiacapacite legale , il ne pent valablement consentir a 
raffiranchiss^aent , la valeur de I'esclave est estimee par trois 
experts^ dont un nomme par k protecteur , I'autre par le 
maitre , et le troi^ieme par le juge , et I'esclave est mis en li- 
berte aossitdt que le montant de I'estimation a ete dep6s^ 
entre les mains du tre&orier de la cotoaie. Gependant Taffiran- 
chifisement ne pent avoir lieu , s'il est prouve que I'argent 
destine a racheter la liberte de I'esclave lui a 6te fburni par 
line perseane libre ; si un esclave s'e^ rendu eoupabfe d'un 



438 Economie publique» N** i33. 

sa preface , M. de Linck divise son ouvrage en trois sections. 
Dans la premiere il examine le droit naturel dans le $ysteme 
du rationalisme subjectif. Apres quelques idees generales 
sur le droit naturel^ sur Tetat social et sur ce que quelques 
philosophes ont appele tet at de nature, \\ distingue deux points 
de vue , Fun ahsolu , c'est celui de Kant ; Tautre relatif, c'est 
celui de Fichte et de Feuerbacfa. De meme que Kant adiaet 
un etre en soi existant en dehors et au-dessus du sujet qui 
connatt , tandis que Fichte n'admet d^ autre substance exis- 
tante veritablement par elle-meme que le moi pensant qui 
est sa cause a lui-meme , de meme Kant reconnait une loi 
independante de la volonte subjective de findi^idu , tandis, 
que Fichte derive tout rapport juridique des bommes entre 
eux , uniquement de la i^olonie de VindUfidu , et de son droit 
absolu dagir comme cause unique dans le monde exierieur. 
II nous serait impossible dc presenter d'une maniere intelli- 
^le , dans le peu d'espace qui nous est accorde ici , les con- 
s^quiences que chacun de ces philosophes tire de son principe 
fondamental , et de suivre notre auteur dans le jugement 
qu'ilj porte de leurs systemes , en examinant les points ou 
ils se rencontrent et ceux ou ils divergent. Nous nous batons 
d'arriver avec hii a Fapplication de ces deux systemes de droit 
naturel a la theoiie de la penalite : c'est Fobjet de la seconde 
^ectiop. Les thepries relatives, ientre autres cell^ de Fichte, 
suivie par Feuerbach, qui pe re^onnaissent d'autre fonde- 
ment au droit general que la volonte de Thomme , prendront 
pour base du droit de puniv le consentemept immediat ou 
mediat des citoyens a la menace et a Texecution de la peine. 
Tous les partisans de cette theorie n'admettent d'autre prin- 
cipe de la penalite que son but meme , qui est fonde sur I'u- 
tilite, et qui consiste a proteger la liberie et les droits de 
chacun , en detournant des actions qui les blesseraient. 11^ 
n'examinent pas si la peine est meritee , mais si elle est utile , 
et ils se mettent ainsi, dit M. de Linck, en opposition avec cette 
verite reconnue, que le but ne justifie pas les moyens. Aussi 
reproche-t-il a toutes les theories relatives de manqucr de 
justice, et c'est vainement qu^on croit repondre a cette ob- 
jection par la fiction que celui qui subit la peine a consenti 
indirectement a son application. 



r 

Economie publique. 4^9 

Apres avou' montr^ qtt'il est impossible de fonder juridi- 
quement la penalite sur le but futur > qu'on ne peut la justi- 
fier que par une loi anterleure qui pourvoit a son observation 
par la punition des infracteurs , M. de Linck examine com- 
ment la theorie penale absolue. a resolu le probleme , com- 
ment Kant, nommemqnt, y asatisfait par son iniperatif cate^ 
gorique. Ge philosophe, admettant que la liberte des hommes 
est limitee et regie par une regie superieure , attribue a la 
loi superieure le droit de punir ses infracteurs. L'infraction 
de la loi etant par elle-mi^me punissable , I'espece et le degre 
de la peine seront determines par ce principe, et non par le 
plus ou le moins d'utilite qu^on peut obtenir. La peine n'est ja- 
mais aux yeux de Kant simplement le moyen de procurer le 
bien , soit du delinquant , soit de la societe ; elle ne doit etre 
prononcee contre lui que parce qu'il a enfreint la loi. M. de 
Linck examine les consequences qui resultent de ce systeme , 
et moixtre qu'il peut conduire a des resultats pratiques re> 
voltans. 

Ayant ainsi acheve la critique du rationstlisme subjectify 
M. de Linck passe, dans la 3'. section , a Fexamen de la phi- 
losopl^ie du droit et de la penalite , considerees sous le point 
de vue du rationalisme objectif, Apres une courte introduc- 
tion consacree a la philosopbie de Schelling, il aborde le 
systeme de Hegel ; il expose d'abord ses vues philosophiques 
generales, qui consistent a considerer la pensee abstraite 
comme la seule chose originale et essentielle qui produit 
toutes les autres. £t^ comme I'abime qui separe la pensee et 
Fetre, ainsi que la pensee purement formeile et la pensee 
reelle^ saute trop aux yeux pour qu'il put le negliger, Hegel 
attribue a la pensee pure un mouvement par lequel elle fran- 
chit cet intervalle. En vertu de ce mouvement , cette pensee 
abstraite se developpe en un systeme de concepts qui ne dif- 
ferent pas des choses elles-memes : ce systeme a done pour 
base une pensee independante de toute realite et de tout 
sujet pensant, une pensee qui n'a pas plus d'objet que de sujet. 
Apres une critique generale du systeme de Hegel, M. de Linck 
passe a Fapplication que cet auteur en afaite au droit. Le prin- 
cipe du droit et de Fetat , ou le point de depart du mouve- 
ment qui )es engendi^e , est la ifplonte , non pas une volonte 



44o Etonorme pubUque. N*. i33. 

Yivante, divine oa bumaine; mais Vxdee abstraite Ae volonte 
se transformant , par le d^veloppemeDt graduel de ses mo- 
mens , en un empire de liberie et s'y realisant. De cette pro- 
gression dialectique de la volonte abstraite , resulte successr- 
ment Tunite de la volonte generate et de la voJonte particuliere, 
c'est-a-'dire de la volonte existant en soi ( substantielie) , et de 
la volonte existant poui* soi ( individuelle). II serait trop long 
de montrer par quelle suite de deductions Hegel arrive a I'idee 
du delit et a ccUe de la peine, qui est pour kii Facte par le- 
quel la loi se retablit elle-meme , la reconciliation du droit 
at^ec lui-meme ; nous ne pouvons non plus suivre M. de Linck 
dans la refutation qu41 fait de cesysteme, auquel jlreproche 
de partir d'une b^se inintelligible ^ savoii* la pensee sans ^re 
pensant, la volonte sans etre voulant , dedonner de la i^ealite 
a des abstractions a qui il ne reconnait que des qualrtes nega- 
tives , telle que la, (^oionte generale , qui n'a d'autre caractere 
que de o'etre pas une volonte pai*ticuliere et enGn de con- 
duire a ce resultat absurde, que le delit serait aussi necessaii-e 
et aussi inevitable que la peixie elle-meme , et que, comme 
I'idee du droit en sol n'obtient sa r^alite que pour la peine » 
le delit serait la condition necessaire de Fexistence du droit 
comme de celle de la peine. - 

M. de Linck termine son ouvrage par une conclusion oil , 
apres un coup d'oeii general sur les systemes qu*ii a analyses , 
il expose ses vucs personnelles. En voict la substance. Le 
point de depart de la philosophic modeme en Allemagne 
a ete Tindividn et sa raison. Dans ses efforts pour faire de 
Fhomqie lui-m^me Tunique auteur de ses connaissances , elle 
est arrivee a faire abstraction de tout ce qui n'est pas lur. 
Le premier progres cj^ns cette carrtere de Fabstraction s'est 
termipe a Fichte^ le second a Hegel. La difference essen- 
tielle de leurs systemes consiste en ce point-ci : le premier, 
dans son abstraction , conserve encore le sujet peasant , 
rhomme , comme la donnee d'ou doit partir toute connais- 
sance , par consequent celle du droit et de la justice ; le der- 
nier, au contraire , &it abstraction m4me du sujet pensant. 
II cQmprend la pcnsce comme ne supposant rten d'anterieur^ 
comme pensee sans sujet pensant , et la pose pour base de 
nous-memes et de tout^s ehoses. Mais , comme ce n est pas. 



r 



JEconomie publique. 44^ 

cette pretend ue pens^e on son incompi^ensible abstrac- 
tion, mais bien son inventeur qui en deduit et pousse en 
avant toutes ses determinations ou momens, ce systeme est , 
dans le fait , aussi subjectif que t6ut autre. II n'y a de 
vraiment objectif que le systeme qui considire le monde 
comme i'ouvrage d'une cause libre , d'une cause qui est en 
dehors et au-dessus de lui. Cette methode abstraite ne con- 
duit d'ailleurs a aucun resultat. Tous les efforts des auteurs 
de la philosophic objective , comme ceux de la philosophic 
subjective , n aboutissent qu'a la decouverte d'une pure 
forme, d'une loi purement logique. La difference des deux 
rationalismes ne consiste qu'en ce que cette loi n'est , pour 
le rationalisme subjectif, que la source de nos cohnaissan^ 
ces , tandis qu'elle est , pour le rationalisme objectif, Vobjet 
meme de nos connaissances. Mais c'est toujours une pure 
forme de pensee , une loi vide et morte qui est , dans les deux 
syst^mes , le fondement et la mesure des choses , le fonde- 
ment du bon et du manvais, du juste et de I'injuste. 
Avant que cette tendance abstraite fdt arrivee a son dernier 
terme , la tendance historique se reveilla en AUemagne. On 
reconnut que ce n'^tait que dans I'histoire de ce qui a ete 
reellemcnt , dans la vie et dans les faits , que i'esprit htt- 
main pouvait trouver des solutions qui le satisfissent* Gette 
mani^re de voir se lie etroitement avec la croyance a une 
cause vivante , a un etre supreme et createur. 

Jamais une idee sans vie ne pent ^tre posee comme prin- 
cipe des choses , ni dans la realite ni dans la science. Gar, d'a- 
bord, independamment decequ'une pensee sanssujetpensatit 
implique contradiction , iine chose inanimee et immobile ne 
peut ^tre la source de la vie et du mouvement. Un esprit 
libre, un vouloir personnel au plus'haut degre, peut seul 
dtre considerc comme auteur des choses et de la connaissance 
que nous en avons , comme la racine du bien et du juste. Ge 
n'est que parce qu'il I'a ordoniie ou def^ndu , et apres qu'il 
Ta vouiu ou defendu , que quelque chose est bon ou mauvais, 
juste ou injuste; ce nVst point en vertu d'un principe 
abstrait qui serait au-dessus de lui et avant lui , sans qu'on 
sut d*ou il vient. II ne peut y avoir aucune science objective 
(? priori; toutes nos connaissances doivent reposer sur les 



452 Econamie puhliquet N**. i35. 

les etatsTeiDis au protpctejur, ^vait ete de. 1,876 j lu pQpuIa-. 
tion esclaye se camposant au total de i4f00o individu^ ,- c'^st, 
une puuition sur 5. On avait compte dans le n^eiue espace de 
temps tiols mariages et 63 affran^his^emens , dont 3a gra- 
tuits^ et 3i a prix d'argeot, y compm 9 eofana baptjUes^ 
comme libres, mo^enoant la vc^dievarice 9rdmaire4 

Les re^jseignenieos $ur le cap de BqnueTEsperfiii^Q sont pea 
detailjes; le. rapport de JIVI, Bogeray.gardifen de& esclaves^ $'e-> 
tend (111. I" adut 1826 au,24 juip 18:17 j.un^eiilmpriage avait eu 
lieu dans tout le cour$ de cette periofle* En. reyaoebe^ il ^'etait^ 
Qpere aioaffranchissemens , dont pi'ej» de la jnaitie^^atuits, 
et ie i-este a piix^d'arge;ut, au taux mo^^eu de 5o 1. s»t. U y avait 
^p. ^quatre ibis plus de- uegves ajifvanchis que I'aanee precen 
dente, ce qu'on attribuait aTaboUtioh des droits <;onsiderablea 
quejegouvernement pei*c^vait jusqu'algrs surl^s actes d'at-^ 
francbissement. Les tribupaux paiai&sent tres-seveies'dansi 
cette cplonie envers les e^cUyes quiforment djBS plaintes coutre 
leurs mftitre^. Poui'.n'avoir.pu reus^ir ^ pi'puvjei' coiQ|dete~. 
ti^eut les'faits allegues, ,un enclave avait et^ condapanea vece- 
Voir 2l5 cp^ps de fouet, et une femme i;3cla,ve a 3 niois^ dje.fer^* 
tJn negi-e s'etant plaint de ce que.sa.jCemme lui avait ete ^o-j 
lev^e.pa^*. sopi^aUre, et n'ayantpu en dpacier des pr^Qv^efii 
$uffisai:}tes,;( avait ete condamne. a j;e(;eyoir.39 ^coups.de fpi^et^^r 
un autre » pour uu motif analogue. ■, a isSooup^d^ foueteta 
de.uxmQis;de iers. 11 est difficile qu'apires des exemples, d'une 
pareille rigueur,.lesesclaves se basard^nt ainvoquer le^eeours 
de la justice contre les mauvais trailemens dont ils peiuvent 
et«*e yictimes. On-saitquen genarali dans les colonic curo- 
pjeeuues^,. tou): hpmme do race uoire est xepute escWe > Jors-* 
qu'il ue.peut produire I^s, preuves autbenjLique^ de se^ d^,citits a 
Ialibert0^.€e,.pfiu<?ipe peut se juUifief dansjdes ile^ piif per^ 
^ojine ui^. debarque,sa|is que sou origipi^' foit coustaj^^e p^r un 
^te qoelconque ; m^ais ^^au cap de ^ojnfpe-Esperai^e » il d^nne 
lieu a d^.nombreux proces.^ et -M., ^u^kis^oifi romarque fivec 
r^ispn ,. dau.s upe4^p&he du.;22 avril j^^Q.^ qail doit y occa-^ 
sioner une infinite d'abus, puisqu'a raison de la position .co&ti'* 
npntale de cctte, colpnie b^aucp^p,de negres de rintei;ifur 
jdf I'Afrique penvent »y jnUx^duire., saji^ qu'on ait eusuit^ 
afipi^u.mpyc^u.d^ \»erifier ieur naissauqeet k,ur fil^tio^v . 



Ecanomieptd>tiqtie. 45^ 

L*on^ du conseii^ qui d it)stitu(S uci protecteor des esclovea 
di Demerari, a it^ proraajgndon i8a6, N^^anmoins, I'extrait 
des rapports du protecteur, mis sous les ye ax dti parle- 
tnent , ne donne I'etat des punitions ipfligees aax esctaves 
d'api*es les renseignemens fourbis par lj^« proprietaires , <:on- 
fermement k ia loi, qtie pour une annee., du i*^ juiilet 
1827 an 3o' jutn rSt^B. II n'es^ question , dans cet etat, que 
des esclaves eihployes sur les plantations , attendu que oeiix 
qiti s^el'ont attaches^ tin service personnel ne sont point sou- 
mis a Tinspecftibn du prdtecteur. Le nombfe des esclaves dis 
plantations ^tait , dans le premier semestre de c^tte annee,* 
de 61,453 , et dansle second, de 62,35i. Le ndmbre total 
des punitions avait ete, ^ou^ Taonee entifere , de 'io,S6jj 
dont i!i,io6 idfligees a des homrfies,' et 8,461 a des femmes'; 
c*est ii pea pres tiue punitiob sur tvois individus. Gependapi 
le protecteur ei'oit potivoir a!ffifm.0i^ que les negres en '^end- 
ral lui ont paru cohtens^ de'leur sort ,'et i]u*jls ont efFectiver 
inent lieu d'en ^tre ^atisfaits. II donn^ tine liste de 43 ^ta- 
blissemens dans lesqaeis ' aucitne piinition h> ete infliged . 
pendant tout le cours de I'annee ; mais ces etablisseAiens ne 
possMent que l,o38 ii^gres , o6ciipds pour la pi apart a 
Texplokatioa da bois da^jj les fol-lts', genre de travatt^ 
oil les esclaves, dtant tebin^ habitaellement plapiBs. sotis^ 
les yeux du mattre , sont mbins exposes atix. mfiavais traite- 
mens.Ce rappbrt cfontient des details 'carieux sur la nature 
des fautes qui dnt donnd lieu aux 20,000 pi^nitions ipfli- 
gees. Sul* <*(? nombre ', on n*en cbip^te qii^ '200 pour delits. 
graVes, iels que meiirtres , yiols,"vols avec ,' circonStances 
aggravantes, ck^ucttop debestiaux, etc.... et 1000 pour 
vols simples. ' Yrenbent ensuite 700 bh^timenS pour rixes bii 
tapages, 45c'jfOtir ii^rognferi^, 60 pour mensonge , 25 ppur 
impudicrte, 4 I^Oiir plaintes mal fPndees , 8 poiir avoir 
montedes "chei^aux '^end^nt la nuit, i pour.sbrcellerie ',] 1 
pour avoir mang^ de Targile {j). Epfih', pr^s d^ i%p(}6 pii- 
Pitions ont pour tauses I'iusubordihation , l^ refds 'ilu Irar, 

(1) Pn sait c[ue dans les fore^s de U Qaigne, ,1^3 saavag^s, jnaagent 
quelquefois des boales de terre argileiise a defaut d*autres alimens ;, il 
parait qae !es n&^es scut assez tnal nburris poiir'etre au'ssi tentes d'a- 
▼oir recQurs k cette ttistfe r^^sonrce, et cja'dn tes en pUnit. 



454 Economic pubUque^ N^ i35. 

vail , la paresse , la Jcnt^ur a I'povrage , I'ouvrage mal fiat • 
dcs. p^ix)les iasolentes , etc. II est Evident que ces derniere^ 
fautes , auxquelles s'applique une si enprme i^^sse, de chati* 
ineps. , sout inbereotes a i'etat d'esclavag^, et n'auraieDt pa« 
ete qualifiees de deiits dans ud pays libre. £n les deduisant 
du nombre tptal, il re^te encore 1200 crimes ou deiits com,- 
tnis par 62,000 individps^ ce qui fait a p^u pres un delit sur 
60 per^onnes. « proportion bjen sup^rieure a celle qu'on ob-; 
s^rye d^ns (es pays les plus cprrp^pc^ d^ I'Eui'ope , et qui 
montr^ asseji a quel point les facultes mprales 4^ rhpmme se 
degraden^ dans la servitude. Le nojpcibre des manage^ , ^ntr^ 
esclavesy (jiu )3 novembr^ 1822 au 29 jpip 1828, avaif et^ 
dp 93, do^t 22 celebi*^s p2^* la mission de T^lise anglicane , 
4o par un pretr^ catbolique j^ ft 3i pi^r des missionnaire^ 
vvedeyens (methodistes). ]()u ^*' n^ai a^ 3i pctobre 1828, 
149 escl^^c?' ayaient ete affraii^his gratuitemppt ;. c'etait pour 
la plupart d^s enfai^s oc^ des conqubin^s de ceux qui les af- 
francfaissaient. En outr^ . » 36 ayaient achete. 1^ ur liberte a 
pri;i d'argent , au taux moyen de 12 ^o. gpilders. 011 86 livre^ 
sterling. 

U es^ ficheux que tousi ces rapports ne contiennent aucun 
^*ensei^nement sur les deces. , les naissances , et en general 
spr le lEipuvcpient de la population esclave. Le petit dombrq 
des mar^ages contr^icte^ entrp ces malheui^eux , malgre \es 
facilites que la loi leur donue a cet egard^ est d^ja un fai^ 
remarquaJ^e. Ot\ i)c cpnipte , dans Tespacp d'un an , qu'un 
mariagf sur 3ooq, esclaves a Qljerbice , un spr. 45oo a Sainte- 
Lucie y un sur 4po a Demerari. Qupiqye dans pette der- 
niere cpjpnie le rapport soit beapcopp plus eleve que dans 
les depx autres, combien ne s'eloigne-t-il pas encpre de.c^lui 
qu'on 4iouve generalement dansle^ pajs libres de I'Eurppej, 
oil Ton compte i^n ipariage sur ipo k 120 individus? La dis- 
proportion y entr^ les deux sexes y qui existe dans tputes les 
colonies a esclaves, o\\ les bpmmes sont souvent deux on 
trois fo.js pips nombrepx que le^ femmes tandis que , dan^ 
I'ordre de la nature, les femmes sont partout plus nom- 
breuses que les bommes , peut ^tre une des causes de la ra- 
rete des maringes ; mais la principale est sans doute la diffi^ 
cqlte de detei'piin^r l^s esclaves a cpntractcr pp ijep qui lep^. 



Ecqnomie publique. 4^5 

impose des privations sans leur offrir aucun avantage , puis- 
qu'ils n'ont rien a laisser a leurs enfants , et ne sont ps^ 
rn^me surs de pouvoii* les conse^*ver pres d'eux. L'unioa legi^ 
time de I'homme et de la femme , fondement de toute society 
libre , est essentiellement incompatible avec Fetat de servir. 
tude personnelle ; les anciens nereconnaissaient poi|it de mah 
riages ni de relations de famille entre leurs enclaves , . et 
les efforts que font les mini$tres de toutes les sectes Chre- 
tien nes pour assujettir l^s negres.^ ce lien sacre.ne seryent 
qu'a prouver Fimpossibilite de faii^e cppcoiider I'esplavage 
avec Fesprit et les priqpipes du dbristianisme. 

Le rapport du nombre annuel des. afii'anchissemens a la 
population esclave est , a Berbice > de i, spr 34o individus ; a 
Sainte-Lucie y de i sqji* 220; s^Deipe^ari »d.e i sur 24qj ainsi>^ 
en supposant que Fimportation des negrea dans ce$ colonies 
cessAt tout-a-fait , Fesclavage y serait presque detriiit au bout 
de deux siecles par le seul effet des affranchissemens. Mais la 
rapidite avec laq^uelle la population esclave decrott dans Fetat 
de degradation physique et morale qu elle. est plongce dolt 
amener bien plus promptement encore ce resultat, Op peut 
en juger par le tableau que donne Y Antislavery reporter du 
decroissement de la popiilatiDn esclave daps pnz^e plantations . 
de la Jamai'qae , apparteoant aux^ pvoprietaires les plus res- 
pectables de la colonic. 



«■ 



NOMS 



J.-O. Campbell. . •^ 
J. Widerburn. . . . . 
J.-F. Barham. . . . 
SirS. H.Clark Bart.. 

J. Fuller 

Sir Rose Price Bart. . 
Le marq*. de Sii^o. 

J. Dawfains 

C.-N. B^yley 

J. Marryatt 

F. Dwarriy^ . . . . 

Total. ..... 



Nombre des 
esclaves en 
n^an iSa4* 



1118 
2030 

487 

237 

1709 

1060 

218 

221 

10201 



Nombre des 
esclaves en 
mars i8a6. 



Wi 



1069 
1767 

3246 
204 

469 

227 
1696^ 

ioijL 
207 

2 Iff 
9842 



IMcroisse- 

ment en 

deux ans. 



59 

^ 
74 

10 
&3 

47. 
II 

6 
359 



Taux du 
(Uor^isMmcot. 



5fp. 

ii 

4l 

5 

2 - 

3 i 



456 Ecimomie pubU4fue. 

• Le terme noye^i <ie ce decmrissement est de 3 > |>aiir loo^ 
'en deui ans, ou de i \ pcmriob par aimee : en soiie qu'a 
d^Faut d-imporfation du dehors la population noire esclave 
6 aneantiredt d^elie-iti^e en moin^ d'un si^de. Mais , comme 
ees chiffres se raipportent a des plantations on 1« nombre de% 
homines et des femines est a pen pres egal , e% qui par le ca-' 
ractere et la richesse de leors proprii^taii^s sont dans une po- 
sition particult^i'ement avantagense y il est probable qu'il ne 
fandrait pas plu$ die So k6o ans pour que Tinfluence de la mor- 
taiite , jointe a celie des affranchissemen s , amen^t sans se- 
cousse et sans violence Feuti^i*e abolition de Tesclavage. Aucuti 
liomme de boii sens ne demandera pour ies negres un adi'an- 
ehissementiiiiniediat et siniultane , qui serait le signal des plus 
effrpyables ctftamtt^s. Mais que Ies gonvei*nemens europeens, 
prennent enfin Ies me^ures ndcessajres pour interdire serieu- 
sem'ent totite ittiportation d'esdaves dans leurs colonies, qu'ils 
declarent libres tons- Ies enflins noil's qui y naitrout a Tave- 
mr,et danstin demi-siecle Ies dernieres traees de laservilite 
aukK)nt disparn ehez Ies nations chrdtiennes. De Petigity. 

i36. La Science du borhomme Richai^d , parBenjpmin Fran- 
klin , 'precedee. de sa vie et d'un calendrier pour i83o. 
2*. edit; in- 1 8 de 35 p. Saint*L6, i83of £lie» 

187. UeBER DlEZwECKMAESIQTEEINRlGHTVNGbERGEWtEBS-SCHU* 

L£2f. — "De rorg a ni sa-tioii Iftplttseonrenable'des ^cole^ indus^ 
trielles et des iniftitutions poly4e&bniques, par H .F. Eoehler, 
Memoire couronoe par ia3ocieteroyalede 6oettingue.62 p* 
in-8*. GcBUinguer^i^de'; Dietepteb. 

Pour que Teducatioa industrielle opere avec le plus de 
succes possible, i'auteilr pense qu'il faudrait etablir des ecoles 
secondaires pour Ies agriculteurs, artisans, fabricans , etc. > 
.dans Ies. principales villes da royaunie ou de Tempire, et 
fonder une ecole centrale en faveur de ceux dont Tinstruc- 
tion industrieUe doit etre plus etendue etplusprofonde. Cette 
ecole centrale pourrait^tre en ti.6nie temps, comme Tinstitution 
polytechnique de Yie^^ue, un etablissement scientifique ou 
Ies fubricahs tiouveralent toujours des conseils et des rensei- 
gncmeuis , qui dirigerait Ies expositions publiques , et ferait au 
l^oumuicgjLcnt ^Qs, rappprts bur Ies p. ogres de- i'i o d wstyi e. 



Economie puiiujue. 4^ 

M. Koeblei* indiqae eosuite les objets qull conviendrait d^ien- 
$eigDer daD6 les ecoles secondahres , et ies ibethodes a suivre 
pour Finstruction. Jl faudrait s'eloigner da systeihe utiiversi- 
taire et faire beaucoup travaiUeries ^Iciyes; il>faadrait, ei^ 
quelque soi*te« qu'ils trouvassent eUYTtn)^ineft les choses qu'il 
s'agit de leur enseigner. M. Koehlera de tres-bonnes vuessar 
qette matiere. II nous sewble qu'il aurait dd avoir ^gard aussi 
aiix ecoles industrielles qui existent hors de TAllemagne , par 
£xemple celle de Chdlooa , et en indiquer les avantages ou le^ 
defauts. L'Angleterre pouvait egalement lui donner matiere a 
d'utiles reflexions. 11 est vrai qu'en Angletcrre on prelere ge- 
neralement la pratique a la theorie. D — g. 

i38. Handeuch FiiR. Volkssghullehrer. — Manuel pour les 
maitres d ecoles primaires , contenant VAmi de la pensee , 
avec beaucoup d'addi'tions , a Tusage des ecoles ; par Jean- 
Ferdin. Schlez ; 2*^ edit, corrigee et augmentee. Vol. I et II, 
de 532 et 476 P^g*» ^^^ 1^ portrait de Tauteur. Giessen, 
i83o; Heyer pere. 

M. Schlez a beaucoup ecrit pour TiDstruction piimaire ; 
^es ouvrageS) qqi ont Fav^ntage d'etre parfaitement a la 
portee des enfaps, meme des campagnes , ont en du succes. 
Son Ami de la pensee^ dont notts-avons <)^ja annon^e uii 
abrege en »83o , est un euvrage capable de former a la fois 
Tespiit et le coeur de Tenfance ,.«t de oontribner; non-seuW- 
ment a leur instru<:tioo « mais aussi a- lefir education morale. 
C'est cet Ami de la pensee , agi*aiidi et enrichi de beaueou{> 
d'observations , que Tauteiir poblie de Doiiveaa. Le premier 
-volume contient d'abord des m;ovceaux -destltfes 4 la lecture 
a haute voix. Ce sont des conversaftions , des rteflexions , des 
traits de morale^ etc., tons appropri^s a rintelligence des eoh 
fans, et reniplis d'excellentes lecons. La ^^ section dece vo- 
lume contient un traite de la somatologieouconiiaisfiauce du 
corps humain , mis egalement a la portee de Teii^aDce ; puis 
un abrei^e. de la pi^ychologie ou connaissance de Fame , re- 
digee avec la meme simplicite de style. 

Le second volume est un maniiel d'histoire natarelle pour 
les ecoies. L*auteur convicui qu'on pouria blamer. le systeme 
gu'il a b^iyi^ mats il pense.que c'est aiiisi.qa'il faut.eaposer 



458 Ecoitofnie publique. 

rhistoire natnrelle a Tenfance. Ce volume est interessant , jet 
ne peut manquer de captiver la curiosite des eleves. 

Dan» Fun et Tauti-e volumes , les principes ou somraaircs 
soDt imprimes dans uu caraetei'e different du reste, et out ete 
publies separement pour les enfans; tandis que le grand ou- 
vrage est destine aux maitres d'ecole , qu'il peut guider dans 
les developpemens a donner a ce texte. G'est une tres-bonne 
methode , et on voit par la combien de secours sont prepares 
en Aliemagne aux matttes d'ecoie pour qu'ils puissent bien 
remplir leur devoir, tandis que dans d*autiies pays de pareils 
scours leur manquent presque entierement. D — g. 

1 39. De l'ivflueitce des missioithaihes pbotestans sur la 
civilisation des peuples paiens; par A.-G.-G. D*"*. Bro- 
chure ip-8®. de 16 pag. Paris, i83o; Grapelet. 

Suivant cet opuscule, extrait d'une feuille periodique , il y 
a dix-neuf societes de missions evangeliques , ayant un grand 
nombre de societes secondaires. Gelle de Paris , quoiqu'une 
des moins considerables, correspond en France avec environ 
300 auxiliaires. Le nombre des missionnaires places sur 288 
points, dont plus de i3o dansTlnde, environ i4odansrA- 
meriqqe, etc., est de plus de 700 sans leur famille et leurs 
assistans. Ces s^min aires ont ete fondes pour former les sujets 
qui se destinent a ces missions ; il y en a un k Paris. Gfaacun 
sait combien est grand le nombre des traducteurs de la Bible 
en differentes langues , auiquelles ces missions ont donne ma- 
tiere; oe nombre s'eleve a i4o. A la vei-ite on n'est pas d'ac- 
cord sur le merite de plusieurs de ces traductions , non plus 
que sur leur utilite. 11 parait , par ce qu'on a pu observer 
jusqu'i present , que les travaux des missionnaires ont d'heu- 
reux resultats parmi leS Hottentots, parmi les peuples de la 
Polynesie et de TAnstralasie , et en general la ou il n'exis- 
tait point de doctrines religieuses ; mais qu'il n'en est pas de 
m^me partout ou ces doctrines quelconques preexistaieut. 
Dans les Antilles , les missionnaires protestans se livrent a un 
ministere de charite qui porte ombrage aux proprietaires d'es- 
claves ; ce ministere est d'autant plus meritoire qu'il n'est 
pas toujours sans danger pour ceux qui Texeix^nt. L^auteur 
de Tailicle prouve que le christianisme ne saurait faire de 



Voyages. 4^9 

progres a la Chine , ppn plus que chez les Birmans ; U yeut 
parler sans doute du christiapisme tel que les pratest^ns le 
professent. II y a plus de chances favorables pour les Qiission- 
naires calholiques , et I'experience a prouve qu'ils auraient eu 
de grands succes sans la division qui se mit entre eux. C* M. 

i4o. De Belastingen yooral die tan den Havdel. — Les 
impots, et particulierement ceux du commerce, conside- 
res dans leur rapport avec les interets generaux des peu- 
pies; par A. Eliuk-Sterk. , xxiietpag. 1^9, gr. in-8^. ; 
prix, a fr. 80 c. Delft et Amsterdam, 1828; Bruins et 
Gnoebe. {De Recensent\ juillet, 1839, p. 319. ) 

L'^uteur hollandais traite d'abord des imp6ts en general , 
puis il distingue les impots qui frappent les revenus d'un ca- 
pital materiel ou du travail , tels que les imp6ts fonciers, le 
droit sur les patentes et sur les importations et export^- 
tion9, d'avec la seconde classe ()'imp6ts^ dans laquelle il 
range Timpdt personnel , les drpits-reunis ou accises , les 
droits d'eqregistrement , de timbre « e^c. Dans le 2*. chapitre 
il s'occupe des impots di^ commerce ; il fait voir qu'en Hoi-* 
lande les ioip6ts mis sur les impprtations et exportations se 
levaient uuiquement pour defrayer les convois par lesquels le 
gouvernement protegeait le commerce maritiipe. Or, le com- 
merce n'a plus besoin de convois , et 11 gagne a n'etre pas 
protege ; d'oii Fauteur conclut que la Hollande gagnerait 
beaucoup a adopter un systeme plus large et moins pix>hibi- 
tff. II est probable que n'ay^^nt plus la Belgique a roenager, 
la Hollande pourra revenir tou^-ii-fait a la libeite commer- 
ciale, que son etat de puissance niantime parait lui pres- 
ciire, D. , 

VOYAGES. 

i4i« Voyage pe la corvette l'Astrolabb, execute par ordre 
du Roi , pendant les annecs 1826, 1827 , 1828 , 1829 , sous 
le commandement de M. J. Dumont d'Urville , capitaine 
de vaisseau , public par ordonnance de S. M. Paris , i83o 5 
Tastu", editeur-imprliReur. 

Ce grand ouvrage sera compose de la volumes grand in-8^.. 



46o Fojrages^ N*. \^i. 

et d'uD atlas de 600 planches pu cartes. 11 e^t partage ei\ 
5 diinsions , dont \^ premiere et la derniere , redigees par 
M. le capitaine Dumont d'Urville , comprennerit VRistoire 
du Voyage y 5 volumes grand in-8^. , "avec un atlas de 5, 
grandes carles et 240 planches lithographiees , et Thydro- 
graphie, i volume et ^3 caia.es ou plans gi*aves par les soibs^ 
du gouvernement. 

Pour.donner a na$ lecteurs yne juste id^e des services 
que cette publication va rendre aux sciences geographiques , 
a la. physique et a Th^toire naturelle t nou$ pi9ceix)ns ici quel- 
ques extraits du rapport que feu M. le contre^amiral deRossEL 
a. fait a TAcademie des Sciences sur le voyage de XA^strolabe, 

« Le recit d*un capitaine americain , quoiqu^il laiss^^t beau- 
coup a desirer (i), vint a Tappui du desir qu*avaijt 1^ gou- 
veniement de favoriser les progres de Thy^Jrographie et des 
sciences en general , et contribua beaucoup a faire ^ntre- 
prendre une campagne de decouvertes dans TOc^an-Pacitlque. 
L'on s'y determina avec d'autant plus de chances de succes 
qu!elle pouvait etre confiee a un officier distingue qui avait 
fait precedemment plusieurs campagnes de cette nature , et 
avait acquis toutes les connaissances que Teiperience pent 
donner, ainsi que celles que Ton obtiept par letude et ia 
meditation. 

» Des instructions furent redigees de maniere que M. d'tJr- 
ville put remplir ces deux objets en meme temps 5 c'est-a- 
dire qu'il visilat les pai'ages ou Ton pouvait 5upposer que les 
batimens de La Perouse avaientperi, qu'il nous fit connaitre 
quelques-unes des parties de notre globe .qui n'avaient pas 
encore ete explorees , et oii il put i par consequent , contri- 
buer a Taccrpissement des connaissances dans toutes les bran- 
ches des sciences naturelles. Ge dernier but a ete atteint aa- 
dela de nos esperances pendabt l^eitpedition de M. d'Urville , 
^t , par un de ces basards beureux qui sont hors de ia p^*e- 

(1) Ce capitaine y disait-on «. apres avoir dicoavert un ^ovpe d>lles 
bien peuplees. et ento^r^^sde recifs , avait eu des commuoiciitiOns 
avec ]es liubitans , et avait vu entre leur$ oaains une ci'oix de.Saixit- 
Louis , et des meduilles telles que La Peiouse en avait sur son eo^pe- 
dition pour distribuer aux peupies de l^Mer-Pacifique ou du grand 
Qcean. Ges indicts. damiaieot a :peguer qjae les^ b&tiioeiiK de LaPe- 
^ rouse avaient perl sur ces l|!es. 



I 

Voyages, 4^1 

voyance bumiikic» il a aussi retrouve dcs traces de Texpe- 
dition de La Perouse. Que s*il n'a pas pu jouir d*un bonheur 
complet en ramenant dan» leur patrie quelc[ues-uns de ses 
infortunes coropagnons de voyage , M. d'Urville a eu du 
moins la consolation de leur elever , sur le lieu meme de leur 
desastre , un monument qui temoignera Tinteret que leurs 
compatriotes ont prisa leur sort, et les regrets que leur perte 
n'^ cesse d'inspii^er dans les lieux oil ils ont pris naissance^ 

» M. d*Urville s'est attache avec un zele et une perseve* 
rance infatigables a remplir tons les objets de la mission qu'il 
avait recue ; il a ete seconde av6c le meme zele et un« activity 
surprenante par tons ceux qui ont servi sous ses ordres : les 
resuttats de sa campagne sont immenses. Cinqitante ^ trois 
cartes ou plans des cotes, des ports ou mouillages ont ete re- 
diges pendant la campagncj douze autres plans ou cartes 
n'ont ete qu'esquissQS. 

» Ces cartes ont ete levees et redige'es d'apres les meilleures 
metbodes , et sont assujetties aux resultats d'obseryations 
astronomiques susceptible^ de precision , et aux longitudes 
tibtenues par des niontres marines, dont les mouvemens ont 
ete observes avec le plus grand soin. Un examen attentif de§ 
resultats de ces observations , et la comparaison des latitudes 
et longitudes des difterens liewx places precedemmi^j^t sur l^- 
globe par d' autres navigateurs , et partioulietement pendant 
la campagne du contre-amiral d'Entrecasteaux , offrent Tac- 
cord le plus satisi'aisant^.... 

» L'evenement arrive a H Astrolabe qui a etq jetee , |)^n- 
dant le calme, par des courails , sur un ecueil dangeveqx., en 
occasionant la perte de la plupart de ses ancres. , a entrav^ 
singulierement les operations subsequentes de la campagne , 
et M. d'Urville , qui jusque-la s'etait attache a suivre ponc- 
tueilement ses instructions , s'est trduve dans ^obligation d^ 
s'en ecarter sur plusieurspoint3^Neanmoins,'quoique depourvii 
de cables et d*ancres , il a entrepris la reconnaissance, de^ Jle* 
Fidji qui lui avaient ete indiquees comme composees d'|in 
grand nombre d'iles et parsemees d'ecueils tres-dangarewx. 
La reconnaissance de cet archipel presente une ;suite d'ope-r 
rations liees entre elles , et dirigees avee lin grand discerne-r 
ment. EUe a procure une carte sur l^uelle on peut cpmpter 



46!i ybyagei. N\ i4i. 

que les lies et les dangers apercus par M. d'tlnille seiront 
places avec exactitude : nous n'avions qUe des connaissances 
imparfaites de la position de ces differences lies. La barte que 
Krusenstern en a donnee est tres-incoinplete , de I'av^a meme 
de son auteur, car il a ete oblige d'y placer des ties viies iso- 
lement par differens navigateurs , et a ete prive des moyens 
de rectifier les positions qui leur avaient ete assignees. 

» Nous remarquerons , en parlant des ties Fidji, que 
M. d'Urville s*est attache k restituer aux ties decouvertes par 
divers navigateurs les noms que leur donnent les habitans , 
et qn'il Ta fait toutes les fois que cette i*ectification a ete pos- 
sible. G'est par cette raison qu'il a change le nom des ties 
Fidji en celui de Yiti. Neanmoins , voulant rendi-e hommage 
au celebre navigateur hollandais qui a eu le premier con- 
naissance d'tles et de dangers situes a la partie orientate de 
I'archipel , ii a donne le nom de Tasman a Tune d elles , et 
consei*ve a un danger presume , decouvert par cet illustre 
navigateur , le nom du b&timent qu'il commandait. 

» Les operations de la campagne de [Astrolabe ont ete 
liees k celles du voyage du contre-amiral d'Entrecasteaux , 
en prenant connaissance des ties les pliis meridiouales de Tar- 
chipel de Saint-Esprit ; ensuite od a reconnu et leve la cai*te 
d'un groupe d*lles nomm^es lies Loyalty, decouvertes par 
les Anglais , et sur le^uelles ils ne nous avaieut transmis qud 
des idees tres -confuses. Le travail de M. d*Urville remplit 
cette lacune qu'ils avaient laisse subsister dans Thydrogra- 
phie. Les ties Loyalty ne sont pas tres-eloignees au sud d'un 
groupe de petites lies entourees d'un recif tres-dangereux , 
appel^es iles fieaupr^ par le contre-amiral d'Entrecasteaux , 
qui en eut connaissance a la pointe du jour , presqu'au mo- 
ment ou les b&timens qu'il commandait allaient s'y bHser. 
Enlin on verifia que la grande chaine de recifs qui se pro* 
longent au nord-ouest de la Nouvelle-Caledonie , se termine 
exactement aux derniers qui ont ete vus par le contre-amiral, 
d'Entrecasteaux. 

» 11 etait a presumer , d'apres les bruits que le capitaine 
americain avait repandus relativement aux vestiges que Ton 
aurait retrouves de Texpedition de La Perouse , que les lies 
dont la position avait ete si vaguement indiquee devaient ^ire 



Fbyages. 463 

aax environs de ia route que Ton aurait a suivre pour se 
rendre de Textremite nord de la Nouvelle-CaleddDie a )a 
Louisiade. Aussi M. d'Urville redoubla-t-il d'attention pen- 
dant ce trajet. 11 ne fit route que pendant le jour , afin 
qu^aucun des objets enTironnans ne piit lui echapper. Au- 
cune ile ne fut decouverte, et les faibles esperauces qu*il avait 
pu coDoey<nr furent evanouies. 

» M. d^Urville > conformisment a ses instructions, avait un 
tm-vif desir de passer entre la Nouvelle-Gninee et la Nou- 
velk-Uollande , pour revenir dans les Moluques ; mais , de- 
poiirvu d'auo^es et de cl^bles , la prudence ne lui permettait 
pas de s*engager dans un passage aussi difficile , dont i'entree 
est fermee par une chalne de brisans de I'espece de ceux pres 
desquels il avait couru de si grands dangers a Tonga-Tabou , 
etqui ne latssent que de loin en loin quelques ouvertiires 
etix>ites daus lesquelles il soit possible d'entrer. Pour rendre 
sa ix)ute utile a Thydrographie , il edt fallu chercher quelques 
nouvelles passes rapprochees de la Nouvelle-Guince , avec la 
certitude de se trouver ensuite dans un parage parseme de 
recifs de me me nature , de bancs de sable et de rochers sous 
lean peut*cti*e plus dangereux encore que les recifs , parce 
qu'il est impossible de les voir. M. d'Urville fut oblige de di- 
nger ses vues d'un autre c6te , et de rendre sa navigation 
utile en visitant d'autres portions de c6tes mal connues. 

» II quitta les terres de la Louisiade , I'emonta au nord , et 
fit la reconnaissance comptete des ties Laughlan ; de la il se 
rendit au h^vre Carteret de ki Pfouvelle-Irlande , ou il fit 
une courte rel^che* Ensuite la cdte m^*idi6nale de la Nou- 
velle-Bretagne , qui n'avait ete vue que de tres-loin par le 
oapitaine Dampier , fut reconnue de plus pres , et Ton ve- 
rifiaque le passage que Ton soupconnait pouvoir se trouver 
a I'anse qui avait recu le nom de poi*t Montague , n'existe 
reeltement pas. 

» On decouvrit, a Touverture de la vaste baie dont il est 
question , un groupe d'iles remarquables auxquelles on donna 
le nom d'iles du due d'Angoul^me. 

» G'est apres avoir depass^ Textremite occidentale de la 
Nouvelle-Bretague et le detroit auquel Dampier a donne son 
.pom , que M. d'Urville rendit un eminent service a Thydro- 



464 Voyn^es. N". i4»- 

graphic , eu entreprenaot la reconiiaissinoe de eette hiagoe 
suite de c6tes coaapreoant Tespace ^m estentrele cEetroitde 
Bampier et la baie dii Ge'elwiok , et qui bbrue \k NottViBlle- 
Guinee du c6te du nbrd. L'expedition fut favoris^ par w 
tres-beau ten>ps ; aiosi oh put en lever nne carte ctacte sur 
laquelle toutes les ties quLTaifbisiDent se tro^Bveront pla^e^ 
avec precision. Plusieai*s de tc9e$ Ifos avaieBt etie voefe prec^- 
demment ; mais nous n'en avibns que des nbttt^ns itnparfaites. 
Un g]*and nombrc d'autres , tr<!SH*a!ppiidichees de la cdte , oot 
ete decouvertes pendant cette nouveiie reconnaissance. £^-* 
suite on fit une rel&che au port.de Dorey , et I'on vint a Am- 
boine prendre le repos dont les equipages avaient besoin api-es 
line si longue navigation. L' Astrolabe y mouilla ie 24 sep~ 
tembre 1827 aminuit. 

» L'expedition quitta Amhoine le 12 octbbre suivant. L'in- 
tention du commandant etait de rentrer dans la Mer-Pacifiqiie 
ou Grand'Ocean , .et d'y trav^iUer a enrichir Thydrographie 
par de nouvelies decpuvertes. 11 se dirigea en consequence sur 
Textremite meridionale de la terre de Yan-rDiemen , et vint 
mouiiler dans le canal de.d'Entrecasteaux 

N Qu'il me soit permis d'exprimer les regrets que doivent 
eprouver les pc^sonnes qui ont fait partie de rexpeditioo a la 
recherche de La Perou$e» et que )e Yessens aussi vivement 
qu'aucun autre. Le 16 mai 1993, lesfregates la Recherche 
et rjEsperarwe. ont eu connaissance du sommet de Ttle Vani- 
korO;i ^(e etait alors a quinze lleues au vent. Le nom de la 
Aecher^he lui fut impose, ^et cette. lie fut alors coofondue 
dans notre opinion avec la multitude d'autres lies qiie nou6 
aviqns vues, et qu'il nous avait ete impossible de visiter en 
detail^ Nous, etioos loin de penser que c etait la ou se trou- 
v^ient le but et le tiei*me de nos rtccherches et de tons lios 
yoeux. 11 ne pent pats rester de doute a Tegard de Tidentite 
de rile de Yanikoro et de Tile de la Recherche de d^Enti^cas- 
teanx. La position geographique, tant en latitude qu'en longi- 
tude , assignee par M. .d'Urviile a Tiie de Yanikoro , s'accorde 
d'une maniere surprenante.aveoia position assignee a llle de 
la Recherche pendant le voyage de d^Entrecasteaux. 

» Lonsque M. d'Urville quitta Tile de Yanikoro , le nombre 
de malaxes et de geus bors de service lui imposait k necesolte 



Voyages^ 4^5 

do 96 rendre ^ar kf plus coui't cheBain dans quefque port ha- 
bite par des Europechs.- Deux seuls ofFiciei^ alors n'etaient 
point alites , et lui-mem^ se trouvait abattu par la maladie. 
II He pouvait done plus songer a s'eugager dans le dctroit 
Tcmpli d'ecuieiU , qui separe laNouvelle-Hollande die la Nou- 
vel'le-Guinee. 11 fit route pour se reodre directemcnt a Guam^ 
lie principale de Parchipeld^s Mariannes. L'accueiique M. de 
Freycinet, commandant de tUranie^ y avait recu , les res<- 
sources cpi'il y avait trouvees et la salubrite du climat , don- 
naient la eertitlide que Fequipage de V Astrolabe , epuise par 
la maladie , pourrait s*y retablir en pen de temps. 
' » La route qui menait^a Guam faisait trf(verser rarchipel 
des ties Garolines. On eut eonnaissance des iles Dublon , dont 
M. Duperrey , commandant la Coquille , avait reconnu la 
partie occidentale, Malgre le desir qu'avait M. d'Uryiile, et 
}a necessite dans laquelle il se trouvait de ne point s'arreter 
dans sa course, il crut neanhioins de\'oir reconnaltre la partie 
orientale de ce groupe d'iles , et completer la reconnaissance 
du navigateur qui Tavait precede. Enfin , le a niai 1828, a une 
heure apres midi y ^ Astrolabe mouilla dans la baie d'Umata. 

» Aprfes une relache de vingt-huit jours , pendant la^juelle 
son equipage se retablit , M. d'UrviUe quitta la baie d'Umata^ 
et fit route pour se rendre a Amboine. 
. w Plusieurs des iles qui forment la prolongatioh de I'ar- 
chipel des Carolines , du cote de I'ouest, furent reconnues, et 
on en leva le plan. La plus importaxite de ees decouvertes 
est un groupe que les kabitans appellent Elivi, et qui, 
d'apres leur recit , est compose d'une vingtaine d'iles. 

» Le 7 juin , on passa a trois ou quatre milles de distance 
de la plus grande des iles Pelew ; ensuite , apres avoir pris 
eonnaissance de la Nouvelle-Guinee , on se rcndit a Tile Bou- 
rou, en passant au nord deFile Waigiou, etdela r Astrolabe 
vint faire une seconde relache a Amboine. 

» Au lieu de revenir a rile-de-France par les detroits dc 
Timor et d'Ombay , M. d'Urville acquies9a aux propositions 
<jue lui fit le gouverneur d' Amboine de raccompagner jusqu'a 
Manado, situe sur I'lle Ct^lebcs , pays pen connu, et par 
consequent ou on pouvait esperer d'accroitre nos connais- 
isances en hydrographie et en histoire naturelle. Enfin , apres 
F. Tome XXV. Mars i83i . 3o 



466 Vojages. 

avoir i^lis^ scs esperances, il mit a la voile le 4 ^oAt , fit iiii 
tres-court sejour sar ia rade de Batavia » et arnva le 29 sep- 
tembre 1828 arile-de-Fraiicei»...» 

M. de Rossel termiDe ainsi son rapport k TAcademje (i) : 
» Je me permettrai seulement d'insister sur le zele et I'habi- 
lete avec lesquels les travaux hydrogi^apfaiques ont ete exe- 
cutes. Tous les officiers de V Astrolabe y ont contribue a 
I'envi les uns des ^autres. On doit cependant distinguer 
M. Jacquinot , commandant en second , qui a fait les obser- 
vations astronomiques avec tout le talent et Tassiduite desi- 
rables , malgi'e la multitude d'autres devoirs qu'il -^avait a 
remplir. II faut aussi faire mention de M. Lottin , lieutenant 
de vaisseau , qui a leve et redige plusieurs cartes ; cet officier 
est occupe actuellement , par ordre superieur , a y mettre 
la derniere main. M. Gressien, lieutenant de vaisseau , et 
MM. Guibert et P&ris , enseignes de vaisseau , ont egalcment 
coopere aux travaux hydrographiques , et meritent d'etre 
honorablement cit^s. 

» II est rare de voir sur un seul b&timent un aussi grand 
nombre d'oificiers se livrer a un m^me genre de travail. Tant 
de zele leur fait bonneur ^ et nous apprend avec quel talent , 
quel discernement , le commandant de Texpedition a su main- 
tenir une si grande activite pendant une campagne oii les 
fatigues de toute esp^ce , et les maladies auraient pu , non- 
seulement ralentir Taction de tons les individus, mais encore 
leur inspirer des degouts. » 

Outre les 5 volumes que le cbef de I'expedition a rediges 
lui-meme , Touvrage sera compose : 

1**. D^m memoire sur la meleorologie , le magnetisme , la 
temperature de la mer a differentes profondeurs , et sur di- 
verses observations de physique generale faites dans le cours 
de Texpedition. M. Aaago , de TAcademie des Sciences , s*est 
charge de la redaction de ce memoire. 

2^. De 5 volumes sur la zoologie , rediges par MM. Quoy 
et Gaimabd , avec un atlas de 200 planches au moins , grand 
in-folio , gravees en taille-douce , imprimees en couleur , et 
relevees au pinceau par les premiers artistes de la capitale. 

(i) La dans la stance dii 17 aout 1829. 



M. le baroti Guvier a fait sur cet impoitant travail, le 26 
octobre 1829, uti rappoi*t a I'Academie dcs Sciences. 

3". Un volume d'enlotoologie ; le redacteur est M. Latreitle, 
de rAcademie des Sciences. On y joindra 12 planches colo- 
riees d'apres les dessios de M. VAUTHtEJi, 

4°.- Un volume de botaniqtie , redige par MM. A, Richard 
«t Lsssoif jeune. Atlas de 80 planches au moins-, gravees en 
taille-douce , la plupart coloriees. 

142* HlSTOIRE GJ^N^RALE DES VoYAGES , OU Nouvellc CollcctiOH 

dcs relations de voyages par mer et par terre, mise en 
ordre et completee jusqu*a nos jours., par G,-A. Walcke- 
VAER. T. XVII. In -8**. de 53.7 P^S* » P^'*^ • 7 f*** Paris , 
1829 ; Lefevre. T^py* le Bullet., t. XXI, 11°. 34. .) 

Le ceiebre auteur annonce-, dans un avis place en tete de 
ce volume , la collaboration de M. Depping a sa vaste en-^ 
treprise. 

Ge volume se tx>mpose de la suite des voyages an cap de 
Bonne-Esperanee et \e long des eotes occidentales et meridio- 
Dales d'Afrique, depuis le cap Negro jusq,u'au cap Gon'ientes. 

Les voyages de Cornelius Dejang, de 1791 a 1795 j.le 
voyage de Percival , en 1796; celiii de Jean Barrow, en 
97 et 98; celui de Semple , en 1800 «t i8oi; de Truter et de 
Somerville , en 1801 et 1802; le voyage de Henri die Lichten- 
frtein, pendant les annees i8o3 a 1806 : ce dernier est extrait 
par M. Depping, et termine le volume. 

Nous faisons des voeux pour qu'une entreprise aussi im- 
portante se soutienne, et que les volumes :en paraissent re- 
gulierement. D. 

143. HisToiRE DE LA MissioN AU Groenland , preccdec de 
quelques details sur cette conlree et sur les peuples qui 
rhabitent. In-12, de | def. Paris, 1829; Servier. 

Cet opuscule fait partie des publications de la Societe des 
Traites re/igieux de Pai'is, et n'offre rien qui ne soit tres- 
connu. 

i44- I. Itiheraire DEsr.RiVTiF DE l'Es^agne. Troisieme edit., 
revue , corrigee et considerablement augmentee ; par M. \^ 
cotnte Al. Delaborde: prccedee d'une iVbftce sur la confi- 

3o 



468 Voyages. N"; i44- 

goration de I'Espagne et son climat , par M. de Humboldt ; 
d'un Apei^a sur la geographic physique , par M. le colonel 
BosY DE St.-Yivcbvt ; et d'un Abrege historique de la mo- 
narchie espagnole , et des invasions de la Peninsule , jus- 
qu'a nos jours. 6 vol. in-8«. de 494"45 1-453-497-53 1-499 P»» 
avec plusieurs vignettes et un atks in-4^. de 4i cartes ou 
plans. Paris, 1827-1830^ Firmin Didot freres. 

II. Analyse de get ouyrage. ( Foreign quarterly Re^fiew , 

n'^ 9, sept. 1829.) 

Un ouvrage tel que celui deM.de Laborde se perfectionne 
a chaque edition ; les acquisitions successives qu'il fait sont 
toujours plus elaborees, et le rapproch^nt de la perfection 
qu'il pent atteindre. On se rappelle que la premiere edition 
parut a Tepoque ou Napoleon conimen9a la conqudte de 
FEspagne ; depuis ce temps la statisttque de ce pays a eprouve 
des changen^ens dont il fallait tenir compte. Les deux courtes 
notices fournies au premier volume, par MM. de Humboldt 
et Bory de Saint-Vincent , meritent rattentioti des g^ogra- 
phes y et font sentir Fimportance de la mesure des hauteurs , 
sans laquelle dn ne pent donner Une idee juste de la figure 
da terrain. Jusqu'a present les voyageurs qui pnt decrit le 
fameux palais de r£scurlal n'avaient pas m^me soupconne que 
cette residence royale n'est pas moins elevde au-dessus du ni- 
veau de rOcean que le sommet des Ybsges , et beaucoup plus 
que toute la fameuse chatne de TOiiral , qui forme atijourd'hui 
la limite entre I'Europe et FAsie. Les hautes piaines des Cas^ 
tilles dominent de plus de cent toises tous les sots qu'otl 
pourrait leur comparer dans toute TEurope. Quant aux mon- 
tagnes de la Peninsule , M. Bory de Saint- Vincent les distri- 
bue en sept systemes, qu'il nomme pyrena'ique , iberiquey 
CarpetanO'Vetonique ( partie des carpetaniqucs habitees par 
les Vetons), lusitanique , marianique , cuneique (a Textre- 
mite sud du Portugal), betique, Les parameras (plateaux 
eleves aux pieds d'une chatne de montagnes) sont aussi un 
trait caracteristique de la topographic de TEspagne. Les plus 
remarquables sbqt ceux des provinces d'Avila et de Soria , 
flc vastes steppes depouUlees d'arbres^ arides, d*une teinte noi- 
r&tre ou brunatre , monotones , silencieuses , fk'oides , battues 



Fbjrages, 46& 

des vents. L'espace situe cntre I'Ebre superi^ur ei la PisUerga, 
divers sommets des Pyrenees, les monts iberiques/lusita- 
niques et ceux de Gredos en contiennent beaucoup sur les- 
quels on pourrait se croire transporte dans les deserts de la 
Tatarie c^ntrale. » 

M.B. de St.-Y, a figure sur U carte physique de laPeninsule 
quatre grands versans generaux, qui semblent partager tonte 
cette contree en autant de regions differeptes par la tern* 
perature , les produits , Taspect general , la physionomie. 
« Le versant cantabrique ( septentrional ) presente un carac- 
tire uniquement europeen. On s'y croirait toujours , non- 
seulemont en France , mais encoi*e dans les parties les 
inoins chaudes de TOuest , telles que rArmorique , et mime 
les pays de Gornouailles et de Galles en AngleteiTe », Le 
\%YSdiUt lusitajuque (occidental) comprend les bassins du 
Tage y de la Guadiana , du Duero et du Mino. Beaucoup de 
plantes de TAmerique , de Madere , des Canaries , etc.^ s'y 
sont naturalisees. Le versant iberique ( oriental ) ne renferme 
qu'un grand fleuve et plusieurs autres mediocres : I'olivier , 
plusieurs autres vegetaux et une partie de la population » 
sont d*origine asiatique. Enfin , le versant betique ( meridio- 
nal ) tient a TAfrique encore plus quela i*egion pr^edente 
ne tient a FAsie. G'est ainsi que M. B.de St. - Y. trouve 
les quatre parties du monde reunies en Espagne. 

A la suite de VAbrege historique de la Monarchic espa- 
gnolcy M. deL. B. a place une Notice sur les Forages en gene* 
ral,et sur un Foyage dans la Peninsule iberique en parti' 
culier. II ne faut pas chercher Texpose du plan de cet ou- 
vrage , mais des motifs pour entreprendre un voyage en Es- 
pagne , et les instructions dont il faut Itre muni avant d'en- 
trer dans ce pays. 

Nous ne suivrons pas Pauteur dans les interessans details 
qu'il donne sur tout ce qui merite Tattention du voyageur 
dans les provinces espagnoles qu'il parcourt. Gependant, 
comme les Balear^s sont moins visitees que le continent de 
I'Espagne , nous croyons devoir, nous etendre un peu sur ces 
ties plus celebres qu'elles ne sont connues ; nous nous borne- 
i*ons a ce qui concerne Fagriculture , Tindustrie et le com- 
merce. 



470 Fojages. ' N*. i44- 

SelonM. de L. B. , la population da royaume des Baleares 
ferait de 186,979 habkans, malgre les causes nombreuses 
qui continnent a Taffaiblir depuis des siecles, et ces causes ne 
sont nen moins que des inoudations desastreuses , des fami- 
nes , des pestes , des guerres civiles et etrangeres. Gette po- 
pulation surpasse beaucoup la mesure moyenne de cclle de 
TEspagne continentale , que notre auteur reduit a 10,595, i34 
habitans. Le Diceionario geografico , par le docteur Mihaho 
porte la population totale de TEspagne, en 1826, a 16,732,172, 
et TAlmanach bistorique et statistique de Hnssel I'evalue 
a 13,953,95^, et celle des Baleares en particulier a 242,893. 
£n admettant ces nombres, on troure que i;a population 
moyenne de TEspagne , h. superficie egale , est a celle des 
Baleares dans le rapport de i,65i a 2,967. 

Uagriculture de Mayorque est assez florissante. Les habi- 
tans ont fait avec succis de grands travaux pour mettre les 
oliviers a Tabri du ravage des eaux. Dans Tile de Minorqne, 
malgre le sejour que les Anglais y ont fait , et les encourage^ 
mens que le gouvernement a donnes a la culture des muriers 
et a Teducation des vers a soie , les progres ont ete moins sen- 
sibles qu'a Mayorque. Les habitans dlvice , au milieu d'une 
abondance aequise par un travail facile , ayant tout ce qu'il 
lour fkut pour les besoins reels , et du supei*flu a echanger 
pour des commodites et meme du luxe, vivant sous un cli- 
mat d'une salubrite remaiH{uable , ou Thiver n*a point de 
rigueurs , ni 1 ete de chaleurs excessives , semblent devoir 
etre places au nombre des plus heureux qu'il y ait sur la 
terre. Mais comment ce pays de delices peut-ii n etre eloigne 
que de quelques lieues de File Mayorque, ou les meteores 
sont queiquefois si terribles et si destructeurs , sur laquelie 
tant de maux physiques s'accumulent assez frequemment ? 

L'industrie est bornee , dans les Baleares, aux besoins des 
insulaires. Le commerce consiste dans Texportation des pro- 
duits du sol. L'auteur ne parle point de la miueralogie de 
ces ties ; aucun metal n'y est cxploite. 

On s'accorde generalement a evalner a 14,000,000 d'babi- 
tans la population totale de TEspagnc, quoique M. de L. B. ne 
consente pas a la porter au dela de 12,000,000. Les docu- 
mens qu*il nous donne sur les finances de ce royaume se 



Fbjrages. 4? ' 

rapprochent assez de nos jours ^et am^nent une conclusion 
dont voici quelques extraits: 

« L^s deux emprunts falts par le gouvemement espagnol 
sous le regime des cortes j et le dernier connu sous le nom 
d*emprunt royal , sont les meilleurs placemens que Ton 
puisse faire en Europe , sr le gouvernement suit la marche 
que la prudence lui trace ; et , dans le cas contraire , les uns 
et les autres rentrent dans la categoric des i^ales ordinaires , 
qui perdent gS pour loo , et n'ont pas mime de cours «tabli. 
» La prosperite de FEspagne serait entre les mains du^ sou-* 
verain qui la gouverne , s'il avait la sagesse et Fenergie ne-: 
cessaires pour adopter franchement et mettre a execution 
le plan qu'il avait approiHe un moment , et que malheureu- 
sement on Fa detourne de suivre. II aurait d'autant plus de 
merite a suivre cette entreprise , que sa position est devenue 
plus difficile aujourd'hui qu'elle ne Fetait a cette epoque : 
il est oblige de s'appuyer sur le parti qu'il serait dan« son 
interet de detruire; il a du rendre au clerge les biens yen- 
dus, et lui garantir la conservation des autres, en echange 
de vains secours de vengeance et de persecutions qui ne re- 
medient k aueun des maux. ]yun autre cdte , s'il veut se se- 
parer de ses fqnestes auxiliaires., et ne point adopter cepen- 
dant un regime constitution nel , il faut qu'il se compose une 
force personnelle independante > cho$e assez. difficile , lors- 

qu'on ne possede ni revenu ni credit Loin de nous de 

tristes presages : mais comment les princes n'aspirent-ils pas 
a donner au monde le noble exemple de ces souverains su- 
perieurs en lumieres a leurs sujets, et luttant contre une 
partie d entre eux pour le bonbeur de tons ? Tels furent Pierre 
le Grand , Catherine , Leopold et surtout Joseph II , qui n'eut 
pas un succes aussi complet que les autres, mais dont la sta- 
tue , quelq'Ues annees apres sa mort , s'elevait aux acclama- 
tion des ceux-la m^e qui avaient meconnu ses bienf'aits. » 

Le tableau de Fagriculture espagnole est sombre , mais 
rien n'y parait exagere. L'auteur indique les principal es cau- 
ses deFabandon auquel un sol aussi fertile scmble condamne^ 
II met en premiere ligne la depopulation des campagncs , le 
petit nombre de cultivateurs qui reste encore suffirait cepen- 
dant pour obtenir des produits beaucoup plus abondan$ , et 



4^2 Fojages. N". i44- 

an niveaa des besoHis do pays , at Tart etait mieax coima et 

pratique. Dans uti pays ou la popidationest aoasi clair-semee, 
on eat snrjn'is d'apprendre que les denrees de premiere ne- 
cessite , telies que le pain et Ja viande , soot plus cheres eB 
Espagne qu'eo France. Au sujet des troapeaox de ladne fine , 
lichesse doot i'Espagne n a plna aujourd'hni la possession 
exclusive , M. de L. B. nous apprend on fait pea connu et 
qui merite d'etre cite : vYers le commenoenient do XIY'.sie- 
cle , la race des mootons espagnols avMt degenere. EUe se xe- 
tablit par un evenement auqeei j'attribue Torigine de la beaute 
desIaioesespagDoles. Lorsque le prince h^reditaire de Gastille, 
fils do roi Henri III, epousa Catherine, fille du ducde Lancas- 
tre, en iZg^, cette princesse loi ap[Arta en dot un grand tron* 
]>eau de superbes hrebis. Ges animaux s'acclimaterent si Inen 
dans les deux Gastilles qu'ils devinrent bient^t la brandie 
ia plus considerable du commerce : les manufactures de draps 
s'eleverent en proportion , et si ra}Mdement qu en 1419 les 
deputes du royaume demandei*ent la prohibition des draps 
Strangers , pour eviter le prejudice qui pourl*ait en resulter 
pour les fabriques nationales. » 

' Notre anteur emprunte a M. Jaubbat de Passa d'interea- 
santes notices sor Les oanaux d'arrosemens qui operent en 
Gatalogne et dans le i-oyaume de Valence de veritables pro^ 
(liges de fertilite. Une gi^ande partie de I'Espagne est suscep-* 
tible des memes ameliorations. Parmi les pix>duits sur lesqueU 
le commerce de TEspagne comptait le plus , il en est un qui 
decroitra rapidement , c'est celui de la bariUe^ qui , sur les 
bonds de la Mediterranee , donne par incineration la sonde 
cV Alicante y matiere que la soude artificielle remplace avec 
avadtage. 

Les chapitres sur les manufactures et sur le commerce mon* 
trent aus^ le pen d'abondance , en Espagne , de ces deux 
soiH'ces de richesses publiques et privees. Ge qui peut donner 
une idee juste de L'etat de Tindustrie , metne dans la capitale, 
c'est que Tentree de la m an u fact ure royal e de porcelaine de Ma- 
drid! estioterditeatoutle monde.On est encore reduit a ikire« 
cherement , asr/jz mai et en trop petite quantite, ce que les fa- 
briques d'Angteterre, de France, d'Allemagne, etc.,produisent 
on iurabonf lance et pcrfectionne : et cetetat d'iiifertorite indu* 



Foyages. 47^ 

V 

sljFielle €st entretenu ppr le regime des prohibitions. Mais les 
donnees statistiques contenues dans cet ouvrage ont besoin , 
sur cet ofajet , d'etre rapprochees de notre epoque. UEspagne 
commence a publier des journaux ou ces documens sont inset 
res , et .sartout des r^gistres annuels qui paraissent dignes de 
confiance ; depuis 1 828 ils ont un caractere officiel. Suivant 
la balance du commerce ( balanza mercantU) pour 1826 , les 
importations en Espagne s'eleverent a 94^336,875 fr.« tandis 
que les exportations ne sont evaluees qu'a 44^9^7 > '^^ ^^'- 

Une notice sur les ports de commerce de FEspagne n'est 
pas sujette aux variations plus ou moins rapides qu'eprouvent, 
d'autres objets de statistique. M. de L. B. passe en revue tou- 
tes ces stations du commerce sur I'Ocean et sur la Mediterra- 
nee. li passe ensuite aux voies de communication par terre^ 
On est surpris du petit nombi*e de pouts en bon etat sur les 
routes les plus frequentees, dans un pays on les voyageura 
ont a franchir tant de torrens , de rivieres et de fleuves. Quant 
aux canaux de navigation , plusieurs sont projetes en Espa- 
gne ; mais il n%n est qu'un seul qui soit actuellement en act!-* 
vite , c'est celui diAragon, On regrette que Tauteur se soil 
borne a une ti'op courte notion de cet ouvrage, quQiqu'il disc 
qu'i/ en a ete parte avec un detail assez etendu. 

Pour completer ce que cet itineraire ne devait pas renfermcr, 
d'apres les vues et le plan de I'auteur, consultons un article de 
la Revue etrang^re (the foreign quarterly Review) sur c6 
meme ouvrage deM. deLaborde : Le judicieux et savant redact 
teur a reuni beaucoup de materiaux epars , de faits recens et 
bien constates ; nous proiiterons avec coniiance d'un travail 
dont tout nous atteste I'exactitude. 

En 1827 on compta a Madrid 1,240 manages. Le nombre 
des naissances fut de 4341 legitimes et 1,071 illegitimes. Le 
nombre des morts fut de 2, 1 1 1 k domicile et i ,74^ dans les 
h6pitaux. Sur i ,07 1 enfans admis dans les hospices , il en pe- 
nt 200 avant qu'on ne put leur administrer le bapt^me* A 
rh6pital des Enfans -Trouves de Paris , avant 1789 , on esti-r 
piait qu un seul enfant, sur 100, atteignait Tlige d'un an. Au 
dela de cette epoque fatale , la jeune population de cet bdpi-^ 
tal n'etait pas menus vivace que celle du meme lige , mieui; 
traitee par le sort. 



4:4 



Voyages. 



Madrid a un Mont-de-Piete dont la destination est ti-es- 
differente de; celle' des e tab I is semens connns sous la meme de~ 
nomination ; il s'agit de la delivrance des Smes du pui^atoire. 
Depuis iji't, epoque desa fondation, jusqu'a la Sode 1827, 
c6 Mont-de-Piele a re^u i8,36j,825 (v., et U a fait celebrer 
548.931 messes, 

On repi'oche de graves ineiactitudes aui tableaur des sen- 
tences prononcees par les tribunaui espagnoU , malgre le ca- 
ractere ofRciel de ces documens. Cependant on les consulte 
faute de mieux. Void nn tableau des causes ciiminellesjugees 
en 1837; 



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En tenant compte de la nature et du nombre des crimes , 
ainsi que de la population oil lis sont commis , le redacteur 
de cet article fait remarquer que I'Angleterre et le pays de 
Galles sont aussi peuples que I'Espagne , mals que ces deux 
pays different prodigieusement quant a I'etat de sante morale. 
« Pouv un meurtre commis en Angleterre, on en compte 81 
en Espagne ! Tels sont les resultats d'un bon gouvernement , 
compares a ceui d'un pouvoir sans fieio 1 » F— y. 

i45. SouvRDiRs d'Espagxe fehoaut les ahkees 1808, 1809, 
1810, iSii, 1812, i8i3, avec les observations sur la richesse 
et la fcrtilite de son sol ; par M. LiM<AraiN. In-ia de 5 feuil- 
les-^. Paris, 1829; Lecoinle. 



146. I. Itin^raire db Paris a Bordeaux, par F.-G. deMAL- 
YOisiiTE. In- 1 8 de 2i5 p. av. 1 caite. Paris, 1828; H. 
Bossange. 

i47' II- Itineraire de Paris a Duoir, par le m^me. I11-18 
de 90 p. et I carte. Paris , id, , ibid. 

148. III. Itineraire de Paris a GejiSiyb, par le meme. I11-18 

de 100 p. av. I carte. Paris, irf. , ibid, 

Ces trois itineraires devaient faire partie d'une collection 
qui devait comprcndre toutes les routes de France : nous 
ignorons s'il y en a eu d'autres de publics. C'etait une bonne 
idee que de mettre ainsi a la portee de tons les voydgeurs des 
moyens d'instruction qui leur manquent ie plus SQuvent. D. 

149. Voyage pittohesque dans le d^p*. de la Sartbe^ des- 
sine et lithographie par St.-ELME-GHAMP, publie avec des 
notes par Gh.-G. Righelet. 10 livr. in-4^. , chaque livr. 
d'une feuille et 4 pl* I^^^x de chacune , i Ir. 5o c, Paris « 
1829; Ach. Besauges. 

G'est une idee heureuse que de reproduire par le dessin lea 
]>lus beaux sites et les monumens antiques qui existent encore 
dans un departement , et dont successivement les ravages du 
temps amenent la destruction ; en meme temps il faut noter 
les points historiques qui s'y rattachent , et reunir les ren« 
seignemens capables de fixer Inattention des contemporains. 
Un tel travail, execute dans les di verses provinces, aurait sans 
sans doute un grand but d'utilite : c'est pour y concourir 
qu'a ete entrepris le voyage pittoresque dans le departement 
de J a Sarthe, qui devait n'etre que de 10 livr. , et sera de 12. li 
en a paru 10, qui comportent 4o lithograph, et 10 f. d*impres- 
sion ; le texte descriptif n'est generalement pas assez etendu ; 
il presente souvent des details oiseux , et omet le plus souvent 
les details indispensables et interessans. On sent que I'auteur 
a ete gene par la fixation des dimensions qui avaient ete re- 
glees pour chaque article du texte. Quant aux lithographies , 
la premiere est une vue de la ville du Mans , les autres sont 
des vues de quelques villes ou bourgs du departement, des 
ruiues d'anciens chateaux ou abbayes , ou bien elles represent 



476 f^oyages. 

tent qtielques sites pittoresques. Elles nous ont seinble mai- 
gres et en general de peu d efiEet. Th. 

i5o. Relation d'un toy age dans la Mabmarique, la Cyri^- 
VAiQUE, et les Oasb d'Auielah bt de Maradeh, accom^ 
pagnee de cartes geogi^aphiques et topographiques, et de 
planches representant les monumens de ces contrees ; par 
M. J.-R. Pacho ; ouvrage public sous les auspices de S. Exc. 
le ministre de Tinterieur. Texte grand in-4**., pi. in-fol., 
2*., 3*. et 4*« parties du texte, in-4'*. de 4o f. , 824 p.; 
atjas, livr- 3 a 9. (Voy. leBidietin, t. VIII, n^ 248.) 
Paris;^ Firmin Didot pei^e et fils. 

Dans Tarticle que nous avons consacre a la premiere livrai- 
son du voyage de M. Pacho, nous nous sommes attaches a 
faire ' connaitre a nos lecteurs le but dans lequel il a ete 
eotrepris » ainsi que les divers genres de merite que presente 
son interessante relation ; nous avons meme suivi pas a pas 
le voyageur dai^s les quatre premiers chapitres de son recit, 
qui contiennent Fexploration de la Marmarique. Dans le 
compte que nous avons a rendre aujourd'hui des trois der- 
nieres parties , nous nous occuperons moins des details de la 
nairation que des resultats m^mes que la science a tires de 
cette importante entreprise. 

La 2*^. pai*tie du voyage contient la description de la Gyre-^ 
naSque onentale , oh etait situee Tancienne Pentapoie li- 
byque. M. Pacho a Explore le littoral du plateau cyreneen 
depuis Derne jusqu'a Grennah, I'ancienne Gyrene. 

La 3'. partie, ornee d'un plan desruines de I'antique ville de 
Gyrene , est consacree a la description de ces mines impor- 
tantes , ainsi que de toutes celles qui se remarquent encore 
dans les environs. On y volt les details les plus curieux sur 
la Necropolis : c'est ainsi que I'auteur appelle les vastes exca- 
vations pratiquees dans le roc des coUines voisines de Gyrene, 
pour servir de tombeaux aux habitans. 

La 4^* pdrtie se compose d'une courte relation du voyage 
aux Oasis d'Audjelah et de Maradeh. Gette partie est com- 
pletee par la table des matieres , I'itineraire ^Audjelah a 
Mourzourk , une liste des mots employes dans la relation et 
franscrits en caracteres arabes par M. Fred. MuUer, suivie 



Foyages. 477 

de quelqiies remarques de M. Agoub ; un fragment d'un vo-^ 
cabulaire du langage des habitans de TOasis de Syonah , par 
M. Fred. MuUer ; Texpiication des planches , et enfin des 
notes sur les inscriptions de la Cyrenaique , par M. Letronne. 

£n parcourant cette quatiieme partie , le lectenr aura a de- 
plorer, avec tous les amis d^e la science » la mc»'t prematuree 
du jeune et interessant voyageur dont il s'est plu a suivre les 
perilleuses excursions, toutes entreprises pour Tamour de 
Tart et de la science. Peu d'annees apres son retour en Eu- 
rope , et au moment ou il allait publier la derniere partie de 
son voyage , M. Papho fut enleve par une mort deplorable a 
ses amis et aux sciences, auxquels le succes de sa premiere en^ 
treprise avait deja fait concevoir de si haute^s esperances.^ 

Les principaux resultats du voyage dans la Marmarique et 
la Cyrenaique sont des decouvertes importantes qui inte-' 
ressent Tarchseologie , la geographic comparee, la geologiiQ 
et la botanique. Nous ne devons nous occuper ici que des 
deux pi^mieres de ces sciences. 

La geographic du nord-est de I'Afriquepresentait une lacune 
que M. Pacho a mis le plus grand soin a remplir. Guide paries 
descriptions des anciens , il est parvenu a constater la verita- 
ble position de quelques villes antiques. Ges resultats sont sur- 
tout importans pour la critique des auteuj's anciens, qui.ne 
doit pas negliger meme les conjectures. Nous citerons pour 
exemple celle que I'examen des lieux a inspiree a M- Pacho , 
sur un passage de Synesius ( Epist. 5 1 - ) M. Pacho voit avec 
raisoQ ie golfe d^Erythra^ ou le P. Petau a en.tendu le detroit 
de la mer Bouge. Parti au point du jour du.poi^ PhjrcuSy 
Synesius pouvait arriver le soir a Erythra , mais il ne pouvait 
en une journee de navigation arriver au detroit de la m^r 
Kouge , comme Fa pretendu le tradi^ctqur , ti'ompe par la 
ressemblance des noms. 

Deux cartes ont ete tracees par Tauteur, une topogra- 
phique , qui comprend la pai^tie de; la Pentapole , habited aq- 
ciennement , et Tautre sur une echelle plus, red uitie^. qui offi*e 
tout Titineraire de son voyage , depuis Alexandrie jjusqu'a la 
grande Syrte ^ et comprend les vases (^Audjelah , de Djallon 
et de Leschkerreh, celles de Maradeh et de Fared-Ghah , 
decouvertes par notre voyageur , et enfin celle de Synoah ,