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Full text of "Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire .."

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BULLETIN    Dr  BIBLIOPHILE 


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I 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 

PETITE  REVUE  FANOENS  LIVRES 

CONTENANT 

1^  SBS  NOTKBS  BlUOOmÂnnQnXSi  PBE«OLOOIQUKS  et  UTTiRAIABS 
DB  DIVBE8  AUTEURS,  SOUS  LÀ  DMCTION 

DE  M.  Gh.  NODIER; 

s®  un  GâTALOGUS  DES  LITRES  DB  MA  LIBRAIRIE. 


N*  41.  —3«  SÉRIE. 


PARIS, 


TKCHKNER ,  PLAGB  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVIVE, 

Jarvooi  1889. 


•      • 


DISCOURS 


SUE  LKS  QUAUrés  ET  LES  DEVOIRS 

DU  BIfiUOTHÉCAIRE, 

VAOVOBti  BASt  I.*ASfBBliUkl  «AvAkALB  OB  SOBBOIVBB,  LB  S5  DiCBtlBIlB  1790, 

BàB   J.-B.  GOTTOM    DES    HOUSSAYES  ; 

tradnit  de  latin  en  francois  par  un  bibliophile. 

Recevoir  un  témoignage  public  de  l'estime  d'ime  réuaion  d'illus^ 
ires  personnages,  que  leur  mérite  place  eux-mêmes  au-dessus  de  tout 
les  éloges ,  m'a  toujours  semblé  la  plus  baute  et  la  plus  glorieuse 
des  distinctions.  Aussi ,  en  apprenant  que  vos  suffrages  m'avoîent 
désigné  pour  être  le  conservateur  de  votre  bibliothèque ,  ai-jè  eu, 
je  dois  l'avouer,  quelque  peine  à  me  défendre  d'un  léger  sentiment 
de  présomption  ;  mais  bientôt  un  juste  retour  sur  soi-même  me  fit 
comprendre  que^  dans  cette  circonstance  ,  ce  que  vous  aviez  voulu 
honorer  et  récompenser  en  moi,  c'étoientnon  pas  des^uccès^  que 
mes  travaux  n'ont  pas  obtenus ,  mais  de  foibles  efforts  que  vous 
avez  daigné  apprécier. 

Lorsque  je  réfléchis,  en  effet  y  aux  qualités  que  doit  réunir  en  lui 
votre  bibliothécaire,  ces  qualités  se  présentent  à  mon  esprit  eu  si 
grand  nombre,  et  avec  un  tel  caractère  de  perfection  ^  qu'impui»*: 
sant  même  à  les  é^umérer ,  j'oserois  bien  moiua  enqore  espérer 
d'en  tracer  le  fidèle  tableau  ;  car,  on  ne  sauroit  le  nier ,  messieurs  y<. 
la  compagnie  de  Sorbonne ,  célèbre  à  juste  titre  dans  toute  l'Eu- 
Topey  disons  mieux,  renommée  dans  l'univers  entier  par  la  profon- 
deur non  moins  que  par  l'étendue  de  son  érudition,  ne  doit,  coipinë 
dk  VaTOÎt  toujours  faii  jusqu'à  ce  jour ,  présenter  au  monde  tô*-  ; 
vant|  dans  la  personne  de  son  bibliothécaire,  qu.'un  de  ces  hommes' 
priTflégiés ,  capable  de  se  montrer  ,  dans  l'occasion ,  instruit  ait 

V  3i 


\ 


488  J.    TECHENER,    PLACE   DU    LOUVRE,     12. 

même  degré  dans  la  science  profane  comme  dans  la  science  sacrée, 
aussi  familier  avec  les  recherches  de  la  plus  haute  érudition  qu'a- 
vec les  productions  d'une  littérature  plus  légère  et  moins  élevée. 
Votre  bibliothécaire ,  messieurs  ,  est ,  eu  quelque  sorte  ,  votre  re- 
présentant ofiiciel;  c'est  à  lui  qu'est  remis  le  dépôt  de  votre  gloire; 
c'est  à  lui  qu'est  confiée  ,  comme  un  devoir ,  l'importante  mission 
de  maintenir,  d'accroître  même  ,  autant  que  ses  forces  le  lui  per- 
mettent ,  et,  si  toutefois  cela  est  possible ,  d'accroître ,  dis-je,  votre 
brillante  renommée,  toutes  les  fois  qu*un  étranger ,  illustre  par  sa 
naissance  ou  par  son  mérite  scientifique ,  célèbre  quelquefois  par 
cette  double  illustration ,  vient  en  Sorbonne  pour  visiter,  d'un  œil 
curieux  ou  savant,  d'un  œil  jaloux  même,  les  précieux  trésors  théo- 
logiques et  littéraires  de  votre  bibliothèque  ,  et  y  puiser  de  quoi 
augmenter  ses  propres  richesses.  Ainsi  donc ,  avant  tout,  votre  bi- 
bliothécaire doit  être  un  savant  et  profond  théologien  ;  mais,  à  cette 
qualité  ,  que  j'appellerai  fondamentale ,  doivent  se  joindre  encore 
une  vaste  érudition  littéraire ,  une  connoissancc  exacte  et  précise 
de  tous  les  arts  et  de  toutes  les  sciences ,  une  grande  facilité  d'élo- 
cution,  et  enfin  cette  exquise  politesse  qui  lui  conciliera  l'affection 
de  ses  visiteurs  comme  son  mérite  lui  assurera  leur  estime. 

Un  bibhothécaire  vraiment  digne  de  ce  nom ,  doit ,  s'il  m'est 
permis  de  parler  ainsi ,  avoir  exploré  d'avance  toutes  les  régions 
de  l'empire  des  lettres,  pour  servir  plus  tard  de  guide  et  d'in- 
dkateur  fidèle  à  tous  ceux  qui  veulent  le  parcourir.  Et ,  quoi- 
qu'il n'entre  nullement  dans  ma  pensée  de  mettre  au-dessus  de 
toutes  les  sciences  la  science  de  la  bibliographie ,  qui  n'est  autre 
chose  qu'une  connoissance  exacte  et  raisonnée  des  productions  de 
l'esprit ,  on  me  permettra ,  toutefois ,  de  considérer  cette  science 
comme  le  principe  de  toutes  les  autres ,  comme  leur  guide,  comme 
celle  qui  doit  les  éclairer  de  son  flambeau  (  i  ),  ù  peu  près  de  la  même 
Duuiière  qu'un  fils  empressé  et  respectueux  précède  son  père  pour 
éclairer  ses  pas  et  rendis  ainsi  sa  marche  plus  Ootcile  et  plus  sûre. 
Ainsi  le  conservateur  d'une  bibliothèque  ,  quelle  qu'elle  soit ,  ne 

(i)  «  Ifolitia  Hbrorum  estdiinidiuin  studiorum,  et  maxiraa  eruditîoDis part 
esactam  Ubrorum  hahere  cognitionem.  i> 

«  La  connoissance  .des  livres  abrège  de  moitié  le  chemin  de  la  scieoce  ,  et 
c^eai  d^jà  être  trés-avancc  en  e'rudition  que  de  connottre  exactement  les  ou- 
vrages qui  la  donnent.  » 

Gaspar  Tburmann,  cite  par  Tabbc  Rive,  Prospectus  d'un  ouvrage  publié 
par  souscnpUon,ft9jgt&ç^,  nous. 


BULLETIN   DU   UBUOPfflLE.  4^ 

aerm  étranger  à  aucune  des  parties  de  la  science  :  lettres  sacrées  et 
probnes ,  beaux-arts ,  sciences  exactes,  tout  lui  sera  familier.  Tra-* 
assidu  et  infatigable  ,  profondément  dévoué  aux  lettres , 
but  unique  et  permanent  sera  d'en  assurer  l'avancement.  Ainsi, 
iortoat ,  le  conservateur  d'une  bibliothèque  telle  que  la  vôtre,  qui 
n*est  pas,  de  droit,  destinée  au  public,  devra-t-il,  s'il  veut  accroître 
la  renommée  de  l'illustre  compagnie  qu'il  représente,  s'il  veut  aussi 
prouver  son  dévouement  à  la  science ,  accueillir  tous  ses  visiteurs , 
tavana,  ou  simples  curieux,  avec  un  empressement  si  poli  et  si  ai- 
mable que  cet  accueil  puisse  parottre  à  chacun  d'eux  l'efTet  d'une 
distincticm  toute  personnelle.  Jamais  il  ne  cherchera  à  se  dérober  k 
tons  les  regards ,  dans  quelque  retraite  solitaire  et  inconnue  ;  le 
froid  y  la  chaleur,  ses  occupations  multipliées  ne  seront  jamais  pour 
Im  tm  prétexte  de  se  soustraire  à  l'obligation  qu'il  contracte  d'être, 
pour  tons  les  savans  qui  le  visitent ,  un  guide  aussi  instruit  que 
bienTeillant  ;  s'oubliant  lui-même,  au  contraire ,  et  laissant  là  tout 
ce  cpii  l'occupe,  il  courra  au-<levant  d'eux  avec  un  aimable  em- 
pressement ;  il  les  introduira  avec  joie  dans  sa  bibliothèque  ;  il  en- 
parcourra  avec  eux  toutes  les  parties  ,  toutes  les  divisions  ;  tout  ce 
qu'elle  renferme  de  précieux  ou  de  rare  ,  il  le  leur  mettra  de  lui- 
même  sous  les  yeux  :  un  livre  particulier  lui  paroit-il  être  l'objet 
d'un  simple  désir  de  la  part  de  l'un  de  ses  hôtes ,  il  saisira  vive- 
ment l'occasion  et  le  mettra  avec  obligeance  à  sa  disposition  ;  il' 
auraméme,  déplus,  l'attention  délicate  de  placer  sous  ses  yeux  et  sous 
sa  main  tous  les  livres  relatifs  à  la  même  matière,  pour  rendre  ses 
redierches  â  la  fois  plus  faciles  et  plus  complètes.  Au  moment  de  se 
séparer  de  l'étranger  qu'il  vient  de  recevoir,  il  ne  manquera  pas  de- 
le  remercier  de  sa  visite,  et  de  l'assurer  que  l'étabUssement  se  trou- 
ven  toujours  fort  honoré  de  la  présence  d'un  homme  dont  les  travaux 
ne  peuvent  que  contribuer  à  son  illustration.  Le  gardien  d'un  dé- 
pôt littéraire  doit  se  défendre  principalement  de  cette  disposition 
malheureuse,  qui  le  rendroit,  comme  le  dragon  de  la  fable ,  jaloux 
des  trésors  dont  la  surveillance  lui  est  dévolue,  et  qui  le  porteroit  à 
dérober  aux  regards  du  public  des  richesses  qui  n'avoicnt  été  réu- 
BÎes  que  dans  la  vue  d'être  mises  à  sa  disposition.  Quel  seroit , 
d'ttUeurB,  l'objet  de  ces  précieuses  collections,  recueillies  à  tant  de 
frais  par  la  fortune  ou  par  la  science,  si  elles  n'ctoient  consacrées  , 
idoD  l'intention  de  leurs  généreux  fondateurs,  à  l'avancement ,  k 
k  ^oîre,  au  perfecdonnement  des  sciences  et  des  lettres? 


» 


490  '•    TECOBNER  ,  PLACE   DU    LODVKE,    I?. 

Mais,  pour  qu'une  bibliothèque  atteigne  complètement  le  but  de 
sa  fondation ,  pour  qu'elle  soit  réellement;  utile  et  d'un  usage  aosaî 
sur  que  facile  ,  il  lui  faut ,  pour  l'administrer  y  un  bibUothécain» 
que  distinguent  à  la  fois  la  rectitude  de  son  jugement  non  moîna 
que  la  vivacité  et  la  sûreté  de  sa  mémoire.  On  aimera  à  reconaottue 
en  lui  j  non  pas  cette  science  bibliographique  vaine  et  incomplète  f 
qui  ne  s'attache  qu'à  la  superficie,  bien  moins  encore  ces  préiërences 
étroites  qu'inspire  l'esprit  de  parti  ou  ces  prédilections  exclusives 
qui  touchent  à  la  manie ,  mais ,  au  contraire ,  une  érudition  sa- 
vante et  réfléchie,  qui  n'a  en  vue  que  l'avancement  de  la  sdenoe^  cC 
qui  sait  toujours  distinguer,  avec  autant  de  goût  que  de  sévérité,  lea 
ouvrages  originaux  dignes  d'être  proposés  comme  mod^s  de  œs 
productions  équivoques  que  leur  médiocrité  condamne  justeinenC 
à  l'oubli.  Il  n'admettra  donc  point  indistinctement  toos  les  lirvcs 
dans  sa  collection  ;  mais  il  voudra  n'y  fabe  entrer  que  des  ouvrages 
solides,  des  livres  d'une  utilité  bien  constatée  :  et  ses  acquisitions, 
diiîgces  d'après  les  lois  d'une  sage  économie ,  verront  encore  leur 
prîx  s'accroître  du  mérite  réel  d'une  habile  classification.  On  ne 
sauroit,  en  e£fet,  attacher  trop  d'importance  aitx  avantages  qui  ré- 
sultent d'un  ordre  savant  et  métliodique  dans  la  disposition  d'une 
bibliothèque.  De  quelle  utilité  seroient  les  plus  riches  trésors, s*il 
n'étoit  pas  possible  d'en  faire  usage?  Pourquoi  cet  arsenal  si 
complet  de  la  science ,  si  les  armes  qu'il  tient  en  réserve  ne  aont 
pas  à  la  portée  de  ceux  qui  veulent  s'en  servir?  Et  si ,  comme  on 
l'a  dit,  les  livres  sont  la  médecine  de  rame,  à  quoi  bon  oes  phamuK 
copées  intellectuelles ,  si  les  remèdes  qu'elles  renferment  ne  sont 
pas  disposés  avec  ordre  et  étiquetés  avec  soin? 

En  considérant  ainsi ,  messieurs ,  tous  les  genres  de  mérite  qui 
doivent  carac^ber  le  b'ddiothécaire  ,  s'étonnera-t-on  maintenani 
de  la  considération  que  l'on  a  toujours  accordée ,  que  l'on  accorde 
encore  aux  hommes  honorés  de  ce  titre?  s'étonnera-t-on  de  voir, 
à  Roine ,  à  la  tête  de  la  bibliothèque  du  Vatican ,  un  savant  cardi- 
nal que  recommandent  à  la  fois  et  son  immense  érudition  et  tous 
les  genres  de  mérite?  s'étonnera-t-on  enfin  que,  de  tout  temps,  que, 
de  nos  jours  encore ,  la  plupart  des  savans  diargés  d'administrer 
les  bibliothèques  aient  brillé  d'un  si  vif  éclat  dans  l'empire  des 
lettres?  Et,  si  je  voulois  donner  à  mes  paroles  l'autorité  de  l'exemple, 
je  n'^urois  à  Qon^mer  ici  que  quelques-uns  de  ceux  qui  m'ont  pré- 
cédé dans  la  carrière  qui  vient  de  m'ctre  ouverte  ;  je  me  contente*» 


* 


■UlXBTlir  DU  BULIOHBLB.  49*^ 

ni0  de  citer  k  nom  de  Phomnie  vénérable  que  je  remplace^  et  dont 
la  retraite,  causée  par  les  infimûtés»  voùb  iBâpire  de  n  tî£i  regretr; 
■Mna,  danalacFBÎntedem'exposer  aareproehedUalationy  et  quoique 
nMi ilogetne fÎMientque  l'expreMion  de  kiTérité,  je  garderai  le  à* 
lenoe.  Je  n'cssayeni  pat  darrantage  de  déreoler  derant  tous,  eomme 
Mandé  Ta  Cait  autrefois,  te  catalogue  détaillé  des  biUîotliécatres 
qui  80  sont  rendus  célèbres;  mais  vous  me  permettrez  au  moins 
do  TOUS  rappeler  les  noms  des  illustres  cardinaux  Qnîiini  et  Pas- 
sîoaeî  (i);  œlui  de  Naudé  (2)  ^  qui  mérite  hm  une  mention  parth 
etdîère;  celui  de  Muratori  (3),  ce  prodige  admirable  d'érudition 
dniit  les  écrits  en  tout  genre  formeroient,  à  eux  seuls ,  une  bîblio- 
tbèque;  enfin  le  nom  de  Franck  (4)»  dont  le  Catuloffue  dt  la  hihUo^ 


(1)  Cet  deux  cardlnanx  furent  tous  deux  bibliothëcaîres  du  Vaticau ,-.  tou^ 
deux  associés  étrangers  de  VAcadémie  françoisç  des  Inscriptions  et  li^es- 


Qnirûn.  oaflntât  Querini^  b4  à  Venise,  leSs  mars  1680  »  moarat  le  S  jaiH 
vier  1769.  Ssn  éloge,  par  Lebeau ,  sa  trouYe  an  Vifa^é  xavii  4m  iUflpnosPSf  i» 
PAcadémifiâci  ùucriptiwis, 

Passioneî  (Domimi|ue) ,  né  le  1  décembre  1 6Sa  et  mort  le  5  juillet  1761,  suc- 
eéda  à  Qnerim  dans  les  fonctions  de  bibliothécaire  du  Yatican.  Cétoit  un 
bonnsia  passionné  pour  ka  lettres,  et  d^un  caractère  mk  peu  ardent.  Au  con- 
clava  de  ij&a  ,  il  fat  sur  le  point  d'être  au  pape  ;  il  aroit  obtenu  iS  Toix  ; 
mais  les  craiatct  ^'inspiroit  Tinégalité  de  son  humeur  le  firent  écarter.  On 
trouTcra  son  éloge  au  tom.  xxxi  des  Mémibirttde  VAtadémit. 

(s)  Naudé  (Gabriel) ,  savant  bibliographe,  que  Tou  peut  regarder  comme 
IsTéfittble  eréateur  de  la  bibliothèque  Mazarine.  Né  à  Fans,  le  s  féyrier  1600» 
îl  monnii ,  dama  la  force  de  TAge,  le  as  juillet  i653.  On  tronrera  sur  loi  des 
détaila  aussi  corieur  qa^exacta  dans  Fonvrage  do  M.  Fetit-Rarel ,  intitulé  : 
BcchertAe*  $wr  Uê  bibliothèques  anciennes  et  modernes, . .  Paris,  1819.  in^. 
Naudé  fut  Tamile  plus  cher  et  le  plus  constant  du  seyant  et  caustique  Guy- 
Patin;  et,  nue  pareille  intimité  étant  donnée,  on  ^^explîque  difficilement  corn- 
BMnt  il  a  pa  faire  Téloge  de  la  Saint-Barthélemj.  Le  sage  dit,  selon  les 
^MWy  etc.    * 

(3)  Muratori  (Louis-Antoine) ,  né  le  11  octobre  1671 ,  dans  le  duché  de  Mor 
dène,  mort  le  a3  janvier  1760.  Ce  savant  infatigable  a  laissé  G4  ouvrages  qui 
forment  une  collection  de  36  vol.  in-4  ,  publiée  à  Arczzo,  1767  •1780,  ou  un 
recueil  de  4S  Toi.  in-8,  pabliéè  Venise,  1790-1810. 

(4)  Franck  ou  FranLe  (Jean-Michel),  né  en  1717  dans  la  Hante-Saxe ,  mort 
lei9JuÎBi77&. 

Son  Catalogue  de  la  bibliothèque  du  comte  de  Bunau,  Leipzig,  1750-66,  O.  t  Jt\ 
S  tom.  en  7  vol.  in-4,  est  un  chef-d^œuvrc  de  patience  et  dVrudition  biblio- 
graphique. Malheureusement  pour  la  science  ,  cet  ouvrage  n*a  pas  été  com- 
plètement achevé.  Franck  mérite  â  tous  égards  Téloge  que  fait  de  lui  Fauteur 


49^  I.    tWCSaSOLUf  »LàCB  D«  JUHITEE,    12. 

ikèquêdéBanau  m'a  toajonn  semblé  le  premier  et  le  {dos  pariait 
de  tous  les  ouvrages  coioiiaGrés  à  la  bibliographie. 

Aussi,  mesnenrs,  lorsque  .viennent  se  reiwésenter  à  mon  esprit  el 
les  nombreux  devoirs, du  Inbliotbécaîre  et  la eoosîdération  habi^ 
tuellement  attachée  à  ce  titre ,  )'ai  dû  m'étonncr,  comme  je  m'é- 
tonne oicore,:  d'avoir  été  l'objet  de  vos  sufiiages;  et  ma  snipriie 
s'augmente  encore  lorsque  je  pense  qu'une  seule-circonstance  a  pii 
motiver  l'houOTable  préférence  que  vous  avez  bien  voulu  m'accoi^ 
der,  je  veux  dire  l'asûduité  avec  laquelle  j'ai  fréquenté  »  pendant 
un  printemps  et  un  été,  votre  bibliothèque,  pour  essayer  d'y  recuôl* 
lir  en  silence  les  doçumens  qui  m'étoient  nécessaires  pour  condiûre 
à  leur  fin  des  travaux  théologiques  et  littéraires  que  je  croirai  près* 
que  avoir  amenés  à  la  perfecdon,  s'ils  ont  pour  résultat  de  me  faire 
parottre  un  peu  nioins  in<Ugne  des  honneurs  que  vous  ave^  \Am 
Voulu  me  décerner. 

J'apprécie  donc  exactement ,  mesneurs ,  tout  ce  que  peut  avmt 
d'honorable  le  glorieux  £srdeau  que  vous  venez  de  m'imposer  ;  mais 
je  sens  en  même  tempis  combien  il  est  au-dessus  de  mes  forces,  tant 
par  sa  nature  même  que  par  les  devoirs  qu'y  ajoutent  cfticore  les 
circonstances.  Mais,  j'ose  l'espérer  ausû  y  votre  bonté  souUendra 
ma  foiblesse  ;  j'aurai  pour  appui  vos  conseils,  que  je  me  ferai4oUf^ 
jours  un  devoir  de  suivre  :  votre  esprit  ^  voa  mains  elles-mêmes , 
j'aime  à  k  croire,  voudront  m'aider  à  disposer,  à  orner,  à  entretenir, 
à  augmenter  votre  bibliothèque;  et  ce  qui  me  reste  encore  de  vi- 
gueur ,  ce  qui  me  reste  encore  à  parcourir  d'une  carrière  qui  s'a* 
vance  rapidement  vers  son  déclin,  j'ai  pris  la  ferme  résolution  de  It 
consacrer  à  me  montrer  digne,  à  tous  égards,  des  honneurs  que  vous 
avez  bien  voulu  me  conférer,  et  d'une  confiance  dont  j'espère  que 
vous  n'aurez  jamais  à  vous  repentir.  Ainsi,  messieurs,  tous  mes  srâis, 
tous  mes  efforts ,  toutes  mes  études  auront  pour  objet  unique  de 
vous  prouver  la  profonde  reconnoissance  que  m'inspirent  des  bon<^ 
tés  dont  je  ne  perdrai  jamais  le  souvenir.  G.  D. 

du  discours,  et  il  seroit  à  désirer  que  tous  les  rédacteurs  de  catalogues ,  je  ne 
dis  pas,  fusseot  de  la  force  de  cet  habile  bibliographe ,  ce  qui  seroit  peut-être 
trop  exiger,  mais  au  moios  qu^ils  prissent  modèle  sur  lui  aT^int  de  te  mettrt 
à  roQfrrage. 


LE  UEU  ET  LA  DATE 


SB  Là 


DÉCOUVERTE  DE  L'IMPRIMERIE, 


niDIQinfcf  DANS  Ufl  TBXTB  rBANÇOU  Dl  1483. 


Trds  villes,  Strasbourg ,  Harlem  et  Maytacei  se  disputent  en- 
core aujourd'hui  l'honneur  d'ayoir  donné  naissance  à  rimprime- 
lie  ;  à  Hailem  et  à  Mayence ,  des  statues  ont  été  élevées  à  l'inven- 
teur de  cet  art;  à  Harlem,  c'est  Laurent  Goster;  à  Mayence,  c'est 
Jean  Gnttemberg.  Les  Mayençob  sont  ceux  qui  réunissent  le  plus 
de  partisans  ;  ils  en  comptent  dans  tous  les  pays ,  même  en  Hol- 
lande. Laurent  Ooster  a  pour  lui  la  majorité  des  Hollandois ,  ses 
compatriotes ,  et  quelques  savans  bibliographes  anglois.  Les  parti- 
sans de  Strasbourg ,  comme  ceux  de  Mayence ,  défendent  la  cause 
de  Jean  Guttemberg;  mais  ils  prétendent  que  ^est  dans  leur  lôlle 
que  celui-ci  fit  ses  premiers  essais. 

Le  désir  de  cônnoltre  la  date  précise  des  premières  productions 
de  l'imprimerie ,  le  nom  et  la  patrie  de  l'inventeur^  a  excité  la  cu- 
riosité et  l'émulation  des  savans  ;  cette  question ,  si  simple  d'abord, 
devint,  plus  tard ,  un  point  historique  fort  difficile  à  résoudre;  les 
volumes,  les  dissertations ,  les  mémoires  et  les  brochures  publiés 
à  ce  sujet  seroient  la  matière  d'un  volumineux  catalogue  ;  le  lec* 
teur  curieux  et  patient  qui  parcourroit  tout  ce  fatras  bibllographi- 
que  n'y  trouveroit  guère  qu'un  mélange  confus  d'opinions  diverses 
et  contradictoires,  de  raisonnemens  puérils  et  parfois  ridicules  ;  aussi 
n'est-ce  point  là,  à  notre  avis,  qu'on  doit  chercher  la  s(dution  de  ces 
questions  ;  mais ,  laissant  de  côté  les  systèmes  et  leurs  auteurs ,  il 
faut  interroger  les  monumens  typographiques  que  nous  ont  laissés 
les  imprimeurs  du  xv*  siècle  et  les  relations  des  écrivains  et  des 
chroniqueurs  leurs  contemporains.  Ainsi  nous  diviserons  les  doç^u- 


494  '•    TlCHÈNE&y    PLACE   DU  LOUVAEi    12. 

mens  qui  peuvent  servir  à  l'histoire  des  origines  et  des  premiers 
progrès  de  l'imprimerie  en  deux  classes  principales  : 

I,  Les  très-anciennes  productions  de  l'art  typographique^  c'est-à- 
dire  les  Donat,  les  livres  xylographiques ,  quelques  bibles  la- 
tines sans  date,  les  premières  éditions  datées  de  Mayence, 
de  Bamberg,  etc. 

n.  Les  témoignages  des  écrivains  et  des  chroniqueurs  du  xv*  et  du 
conunencement  du  xvi*  siècle. 

Les  rdations  des  écrivains  du  xv*  àède  jouissent  à  nos  yeux 
d'une  autorité  d'autant  plus  respectable  que  leurs  auteurs  ont  vécu 
à  une  époque  contemporaine  ou  voisine  de  la  découverte  de  l'im- 
primerie; qu'ils  dévoient  connoitre  les  circonstances  principales 
de  cette  invention  ;  et,  enfin,  qu'ils  ont  écrit  dans  un  temps  où  l'a- 
mour-propre  national  n'étoit  point  encore  venu  dominer  cette 
longue  et  interminable  polémique. 

C'est  dans  cette  seconde  classe  qu'il  bait  ranger  le  texte  que 
nous  annonçons  en  tête  de  cet  article;  ce  texte  est  un  passage  extrait 
de  la  première  traduction  françoise  du  Fasciculus  temporum ,  po- 
Jdiée  à  Lyon  en  x483.  Le  Fasciculus  temporum  a  été  traduit  en 
plusieurs  langues,  et  a  en  beaucoup)  d'éditions  dans  le  xv*  siècle; 
cette  chronique ,  comme  nous  le  verrons  plus  bas ,  est  un  puissant 
témoignage  à  ajouter  à  l'appui  des  prétentions  de  la  ville  de 
Mayence  ;  et  la  traduction  françoise  a  pour  nous  un  intérêt  de  plus, 
^e  contient  le  premier  texte  /rançois  imprimé  en  Fronce ,  qui  fixe 
le  lieu  et  la  date  de  la  découverte  de  l'imprimerie.  Ce  document , 
que  nous  croyons  devoir  intéresser  les  lecteurs  du  Bulletin  du  Bi- 
bliophile, avait  échappé  jusqu'ici  aux  investigations  des  biblio- 
graphes. 

La  traduction  françoise  du  Fasciculus  temporum j  Lyon,  i483,  a 
été  citée  par  les  éditeun  de  la  Bibliothèque /rançoise  de  La  Croix- 
4ii-Maine  (Paris,  177a ,  t.  11 ,  pag.  378) ,  par  Hain  (Repertorium 
^liogr, ,  vol.  I,  part.  11,  p.  36i).  Panzer  et  beaucoup  d'autres  biblio- 
graphes n'on|  pas  connu  cette  édition  ;  M.  Daunou  en  a  découvert 
un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  Sainte-Geneviève  (Biographie 
univers.  ,  t*  xxxvni ,  p.  47 1)  î  lui  autre  exemplaire  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  royale.  Ce  livre  n'est  qu'imparfaitement  connu;  en 
voici  la  description  : 

In-fol. ,  94  feuillets ,  sign.  A-M.  Chaque  signature  est  de  8  feuil- 


BUIXSTIN   DU   AIBUOPHILB.  49& 

letS|  excq>të  la  prenûèi-e  et  la  dernière^  qui  n'en  contiennent  que  7, 
•ans  cliifEres  ni  rédames;  caractères  senù-gothiques  :  le  volume  n'a 
ni  titre  ni  faux  titre  ;  le  recto  du  1"  feuillet  contient  une  préface 
qui  commence  ainsi . 

(A)  Lonneor  de  dieu  tout-puissant  et  de  la  glorieuse  yierge  marie 
et  de  toute  la  court  celestidie  de  païadis  et  a  la  utilité  de  tous 
féaux  ciestiens  ce  présent  liure  intitule  le  petit  ftrdelet  des 
Êdsy  etc. 

Le  corps  de  l'ouvrage  commence  au  verso  du  i*'  feuillet,  et  finit 
au  yerso  du  89*  par  ces  mots  : 

Ne  aultre 
cLose  pour  le  présent  je  presumys  de  dire  senon  que  ce  pré- 
sent liure  ititule  petit  faitz  ou  fardelet  des  temps  a  este  trans- 
late de  latin  en  francoys  par  vénérable  et  discrète  personne 
maistre  Pierre  fioirget  docteur  en  saiucte  théologie ,  de  Tordre  des 
frères  angustins  et  dn  couuent  de  lyon  et  imprime  au  dit  lyon 
lan  nûl.cccclxxxiii.  Régnant  le  dit  Loys  paisiblement  en  france 
et  lan  de  son  règne  xxii. 

Les  cinq  derniers  feuillets  contiennent  une  table  des  matières 
disposée  par  ordre  alphabétique  et  imprimée  sur  trois  colonnes  ; 
cette  table ,  qui  termine  le  volume ,  finit  à  la  seconde  colonne  dsi 
verso  du  dernier  feuillet  par  les  deux  lignes  suivantes  : 

Cy  finit  la  table  de  ce  pre 
sent  liure  appelle  fascicule. 

Cette  édition  ,  du  Fardelet  des  temps ,  ne  porte  point  de  nom, 
d'imprimeur  ;  mais  elle  nous  paroit  avoir  été  imprimée  avec  les  ca- 
ractères de  Matthias  Husz ,  artiste  aUemand ,  qui  publia ,  à  Lyon  ^^ 
un  grand  nombre  d'éditions,  depuis  l'an  1482  à  l'an  i5oo. 

Le  passage  relatif  à  l'origine  de  l'imprimerie  se  trouve  sur  le. 
verso  du  88*  feuUlety  aigu.  M.  J.  ;  il  est  ainsi  conçu  : 

La  impression  des  liures  qui  est  une  science  très  subtille  et 
ung  art  qui  jamays  navoy t  este  veu  fut  trouve  environ  ce  temps 
(1457)  en  la  cite  de  Magonce  (Mayence)  ceste  science  est  art 
des  arts  ^ence  des  sciences  laquelle  pour  la  célérité  de  son 
exercite  est  ung  trésor  désirable  de  sapienoe  et  de  science  le- 
quel des  honunes  désirent  a  obtenir  par  instinct  de  nature  le- 
quel art  si  est  sorty  de  la  profondite  des  ténèbres  et  de  obs- 


4g6  l«    TECBENEÊ,    PLACE  DU  LOOVEE,    12. 

curite  et  est  venu  en  ce  inaling  monde  lequel  enrichist  et  enlu- 
mine car  la  yeitu  infinie  des  Hures  laquelle  jadis  estoit  a 
atbenes  et  a  paris  et  aux  aultres  estudes  a  maintenant  estee 
manifestée  aux  pouvres  indigens  estudians  escolîers  ceste  mul- 
titude est  divulguée  entre  tous  peuples  langues  et  nacions  tel- 
lement que  vrayement  nous  pouvons  regarder  et  dire  ce  qui 
est  escript  au  premier  chapitre  des  proverbes*  sapiencia  foris 
prédicat  c'est-à-dire  que  par  la  vertu  de  ceste  science  et  de 
lart  de  limpression  sapience  presche  par  dehors  quant  en 
toutes  places  donne  sa  voix  et  quant  aux  portes  des  cites  pro- 
fère ces  paroles  et  dit  jusques  à  quant  petit  peuple  ameras  tu 
enCeoice ,  etc.  et  mesprisent  les  marguerites  touteffois  en  cecy 
nest  pas  blesse  lopinion  du  saige  qui  acheté  les  inarguerites  a 
luy  présentées. 

Non-seulement  le  chroniqueur  nous  apprend,  dans  ce  passage , 
l'année  et  le  Heu  de  Porigine  de  l'imprimerie  ;  mais  il  développe 
avec  éloquence  le  résultat  moral  de  cette  merveilleuse  découverte  ; 
il  fait  voir  l'imprimerie  rendant  la  science  populaire  et  facile,  ser- 
vent d'interprète  à  la  vérité,  et  exerçant  sur  le  genre  humain  cette 
influence  heureuse  et  salutaire  que  l'Ecriture  attribue  à  la  sagesse  ; 
cette  intelligente  appréciation  d'un  art  à  peine  connu  en  Europe 
depuis  vingt  ans  nous  apprend  aussi  que  déjà ,  à  cette  époque ,  quel- 
ques hommes  avoient  su  deviner  la  puissance  future  de  la  presse. 
Pierre  Farget ,  l'auteur  de  la  traduction  françoise  du  Fasciculus 
iemporum ,  étoit  frère  de  l'ordre  de  SaintrAugustin ,  de  Lyon ,  et 
docteur  en  théologie  ;  le  père  Labbe  l'appelle  Farget ,  La  Groix- 
du-Maine  Ferget  et  Sarget ,  Maittaire  Forget;  on  l'a  aussi  désigne 
sous  le  nom  de  Larget  ;  Prosper  Marchand  a  relevé  ces  erreurs  ; 
Pierre  Farget  étoit  un  de  ces  laborieux  traducteurs  du  moyen  âge  , 
aujourd'hui  si  peu  connus,  il  vivoit  encore  en  1490;  on  ignore  l'é- 
poque de  sa  naissance  et  celle  de  sa  mort  ;  il  paroit  avoir  passé  une 
grande  partie  de  sa  vie  à  Lyon  dans  le  couvent  des  augustius  ;  il 
publia,  avec  JuUen  Macho ,  son  confrère ,  une  traduction  françoise 
des  livres  historiés  de  F  Ancien  et  du  Noui'eau  Testament  j  imprimée  à 
Lyon  par  Barthélémy  Buyer,  sans  date  ;  Farget  revit  et  publia  aussi, 
à  Lyon,  en  1482  ,  le  LiVr^  des  propriétés  des  choses  de  Barthélémy 
de  Glanville  ,  déjà  traduit  en  françois  par  Jelian  Corbichon  ,  en 
1872  ;  enfin  il  traduisit  également  en  françois  le  Spéculum  vitœ 
humanœ ,  le  Consolatio peccatorum  et  le  Fasciculus  temporum. 


BULLETIN    DU   BIBLIOPHILE.  497 

Le  Fardelet  des  temps  fut  imprimé  à  Lyon  ,  en  i483  et  i4go  ; 
deux  fois  à  Genève,  en  14^5;  à  Lyon,  en  149B;  à  Paris,  en  i5o5^ 
]5i3,  et  i5i8.  Prosper  Marchand  (Dictionn.  hisior.,  t.  i,  p.  248), 
et  les  éditeurs  de  La  Croix-du-Maine  qui  ont  copié  Prosper  Mar- 
chand ,  parlent  d'une  édition  du  Fardelet  des  temps ,  imprimée  à 
Paris,  en  1478  :  c'est  le  Catalogue  des  manuscrits  et  des  Upres  (mr- 
primés  trouvés  après  le  décès  de  la  princesse  de  Condé  au  château 
dAnti  qui  a  donné  lieu  à  cette  méprise;  on  lit  dans  ce  catalogue , 
p.  27 ,  l'article  suivant  :  «  Fascicidus  temporum ,  en  firançois,  les 
»  Fleurs  et  manières  des  temps  passés  y  à  Paris,  1478,  in-fol.  »  Cette 
date  est  évidemment  une  faute  d'impression  ;  ce  n'est  qu'à  partir 
de  l'an  149$)  que  cette  traduction ,  qu'on  appdoit  le  Fardelet  des 
temps  >  prit  le  titre  de  Fleurs  et  manières  des  temps  passés }  aucun 
bibliographe  n'a  cité  ni  décrit  cette  édition  de  1478 ,  vraisembla- 
blement imaginaire  et  supposée  ;  car  Pierre  Farget  ne  fit  sa  traduc* 
tion  Françoise  qu'en  i483,  et  sur  l'édition  latine  de  1481. 

Pour  fixer  la  valeur  du  passage  relatif  à  l'origine  de  l'imprime- 
rie ,  que  nous  avons  extrait  du  Fardelet  des  temps^  pour  constater 
l'authenticité  de  la  traduction  de  Pierre  Farget ,  il  faut .  dire  quel- 
ques mots  de  l'auteur  du  Fasdculus  temporum^  et  examiner  les  di- 
verses éditions  qui  ont  précédé  la  traduction  fi-ançoise. 

L'auteur  de  cette  chronique  est  Werner  Rolewinck,  né  en  1 425,  à 
Laer,  dansl'évéchédeMunster,  en  Westphalie  ;  chartreux  à  Cologne, 
en  14479  mort  en  i5o2.  Rolewinck  étoit  un  des  hommes  les  plus 
savans  de  son  siècle }  Trithème,  qui  alla  le  visiter  dans  son  couvent, 
à  Cologne ,  nous  a  conservé  la  liste  de  ses  ouvrages  ;  ils  sont  nom- 
breux ;  quelques-uns  seulement  ont  été  imprimés.  Le  Fasciculus 
temporum  est  un  tableau  chronologique  qui  commence  à  la  création 
du  monde  et  finit,  dans  les  premières  éditions,  à  l'année  i47i-  ^a 
trouve  dans  cette  chronique  beaucoup  de  détails  sur  l'histoire  d'Al- 
magne  ;  on  compte  de  cet  ouvrage  trente-trois  éditions,  tant  latines 
qu'allemandes ,  françoises  ou  flamandes,  publiées  avant  l'an  i5oo. 

Le  Fasdeubts  temporum  fut  publié  pour  la  première  fois  à  Co- 
logne ,  en  1474  :  on  lit  dans  cette  édition ,  sur  le  fdiio  78,  à  l'an^ 
née  14579  Itt  niots  suivans  : 

Artifîcicies  mira  celeritate  subtiliores  fiunt,  et  impressores  libro- 
rum  multiplicantur  in  terra. 

Le  fnéme  texte  «e  retrouve  dafts  les  éditions  suivantes  : 


49B  I.    TECHENER,    PLACE   OU    LOUVRE,   12. 

L'édition  de  Cologne ,  1 479  y  nous  offre  un  changement  impor- 
tant; le  paisage  y  est  ainsi  conçu  : 

Artificies  mira  celeritate  subtiliores  solito  fiunt  et  impressores 
librorum  multiplicantnr  in  terra  ortum  suae  artis  Iiabentes  in 
Maguntia. 

En  1481  9  tteinrich  Wirctburg  de  Vach  y  moine  de  Tordre  de 
Cluny,  publia  une  nouvelle  édition  du  Ftucicaliu  temporum^  sans 
indication  de  lieu  ni  d'imprimeur;  il  a  eu  le  soin  de  prévenir  ses 
lecteurs  que  cette  chronique,  imprimée  souvent  et  en  divers  lieux, 
avoit  besoin  d'être  revue  et  corrigée  ;  en  effet ,  l'édition  de  Wircz- 
burg  contient  des  changemens,  des  corrections  et  des  additions  qui 
ne  aont  point  dans  les  précédentes  ;  c'est  là  que  se  trouve ,  pour  la 
première  fbis>  le  texte  latin  dont  Pierre  Farget  a  donné  la  traduc- 
tion littérale,  que  nous  avons  rapportée  plus  haut. 

Nous  avons  comparé  la  traduction  françoise  de  Pierre  Farget 
avec  l'édition  latine  de  Heinrich  Wirczburg;  et  c'est  évidemment 
cette  dernière  version  que  Farget  suivit  dans  sa  traduction;  mais 
il  laut  observer  que  les  Ceûts  déjà  avancés  par  Rolewinck  et  Wircz- 
buiigy  et  confirmés  une  troisième  fois  par  le  témoignage  de  Farget, 
acquéroient,  par  cda  même,  une  nouvelle  preuve  d'évidence  et  de 
vérité;  car  Farget  ne  se  borna  pas ,  dans  ce  travail,  au  simple  râle 
de  traducteur ,  mais  il  revit  avec  soin  les  textes  latins  de  cette  chro- 
nique, les  corrigeât  et  fit  passer  ces  corrections  nouvelles  dans  la 
traduction  françoise  ;  il  nous  apprend  lui-même  ces  détails  dans  la 
pré£EH:e  du  Fardelet  des  temps  :  «  Et  pourtant,  dit-41,  que  de  plu- 
»  âeurs  livres  mensongiers  ont  mensongerement  escript  nous  avons 
M  ooirect  et  reduyt  a  la  ligne  de  vente.  » 

Les  éditions  latines  imprimées  à  Strasbourg  et  en  Hollande ,  les 
traductions  allemandes ,  françoises  et  flamandes  offirent  toutes  le 
même  texte  :  enfin  nous  avons  examiné  une  grande  partie  de  ces 
difiérenles  éditions;  cdies  qui  ont  été  publiées  de  i474  ^  >479 
fixent  rorigine  de  l'imprimerie  à  l'année  1457,  sans  indiquer  le  lieu 
de  rinventîoB;  et  la  plupart  de  celles  qui  furent  publiées  de*- 
puis  1479  j  et  ajoutent  de  plus  que  la  découverte  eut  lieu  dans  la 
ville  de  Mayence. 

Le  Fascîculus  temporum  nous  fak  voir  qu'au  xv*  siède  la  ville  de 
Mayence  étoit  regardée  généralement  comme  le  lieu  de  Tinvention 
de  l'imprimerie;  c'étoitrcqpinionde  WeriijerBplewftnck,en  i479i  ^^ 


BULLETIN    DU   BIBUOFHILE.  4^9 

Hcânrich  WÎFCiburg,  qui  corrigea  et  augmenta  le  livre  de  Rolewinck, 
en  i4Bi  ;  c'ëtoît  aussi  ropinion  de  Pierre  Faiiget ,  en  i483.  Ajoutons 
à  Tappoi  de  l'opinion  de  ces  trois  écrivains  du  xt*  siècle  l'approba- 
tiooi  tacite  des  nombreux  imprimeurs  qui  publièrent,  à  cette  époque, 
les  diverses  éditions  ànFasciculus  temporum;  ce  témoignage  a  quel- 
que valeur;  l'origine  de  l'imprimerie  devoit  intéresser  ces  artistes; 
la  plupart  avoient  appris  leur  art  en  Allemagne  ;  c'étoit ,  en  quel- 
que sorte ,  reconnoltre  pour  véritable  l'opinion  émise  sur  cet  objet 
que  de  la  laisser  subsister  dans  un  livre  qu'ils  imprimèrent 
A  souvent;  observons  encore  que  le  Fasciculus  temporum  étoit 
le  seul  oavnige  de  chronologie  en  usage  à  cette  époque,  que  ses 
nombreuses  éditions  attestent  sa  popularité ,  que ,  si  Wemer  Ro- 
lewînck  avoit  ayanoé,  en  i474  ou  1479  «  ^^^  opinion  fausse  sur 
un  événement  contemporain,  Heinrich  Wîrcd)urg,  en  i48'» 
auroît  relevé  Terreur  de  Rolewinck ,  ou  du  moins ,  si  le  lait  n'eût 
pas  été  reconnu  pour  certain,  il  auroit  employé  des  expressions  dou- 
teuses et  moins  explicites;  loin  de  là ,  Wirczburg ,  qui  le  premier 

ciiBBgaa  et  angiMnta  le  passage  de  cette  chronique  relatif  à  l'origine 
de  l'imprimerie  y  reproduit  en  d'autres  termes  l'opinion  de  Rôle* 
wiack,  cC attribue  l'invention  aux  Mayençois ;  en  un  mot,  les di- 
fenes  éditions  dn  Fasdculut  temporum  forment  une  suite  de  té» 
moignages  aulliefitiques  et  contemporains  qui  paroissent  dédsiis  et 
eoBvmncaiis  { c^  nons|  sommes  étomié  que  les  écrivains  qui  se  sont 
efibraés  de  défendre  les  prétentions  de  la  ville  de  Mayence  n'aient 
pas  tiré  un  parti  plus  avantageux  des  témoignages  de  Wemer  Ro» 
levrinck,  de  Heinrich  Wirctborg  et  de  Pierre  Farget. 

Masie  GmcHAan. 


LITTÉRATURE.  —  PHILOLOGIE. 


kiSZiQiJB  aoMAN  >  OU  Dictioniudre  de  la  langue  des  troubadours  ^ 
comparée  avec  les  autres  langues  de  ITurope  latine;  précédé  de 
nouvelles  recherches  historiques  et  philologiques ,  d'un  résumé 
de  la  grammaire  romane ,  d'un  nouveau  choix  des  poésies  orî* 
ginales  des  troubadours ,  et  d'extraits  de  poëmes  divers;  par 
M.  RATNouAan,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  Françoise , 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions ,  officier  de  la  légion 
dlionneur,  de  l'ordre  royal  de  Saint-Michel ,  etc.,  etc.  (i). 

J'ai  rendu  compte,  dans  le  Bulletin  du  Biiliophile,  n<>  2,  1 836,  dis 
la  première  livndson  de  ce  lexique,  contenant  les  lettres  A-4!,  et 
formant  le  second  tome  dans  l'ordre  des  volumes  de  cette  importante 
publication.  Depuis  cette  époque ,  une  mort  inattendue  a  privé  le 
monde  savant  d'un  de  ses  plus  honorables  soutiens  c  M.  Raynouard 
a  cessé  d'exister,  laissant  par  bonheur  entifarement  achevé  cet  utile 
et  curieux  dictionnaire ,  résultat  précieux  de  trente  années  de  re^ 
cherches  profondes,  et  des  patientes  investigations  du  savoir. 

n  ne  reste  donc  plus  qu'à  poursuivre  la  publication  de  ce  vaste 
travail ,  et  c'est  une  tâche  dont  a  conunencé  de  s'acquitter  le  léga- 
taire des  ilfj5.  derillustreacadémicien,M.  Paquet,  avantageusement 
connu  déjà  par  un  mémoire  sur  les  Institutions  proifindaUs ,  cou- 
ronné par  l'Académie  des  inscriptions.  Noble  tâche  qui  exige  des 
soins  nombreux  et  une  avance  considérable  de  fonds ,  mais  que  la 
reconnoissance  accepte  comme  un  bienfait ,  et  à  laquelle  ne  man- 
quera aucun  des  dévouemens  que  peut  inspirer  une  vénération, 
une  tendresse  presque  filiale! 

Dans  mon  premier  article,  j'ai  expliqué  comment  M.  Raynouard 

(1)  Six  Yolnmes  grand  in-8  de  700  pages ,  imprimerie  de  Crapelet;  chea 
Techener,  libraire.  Prix  de  chaque  volume  grand-raisin ,  i5  fr.,  et  sur  papiqr 
vain  %%  fr.  5o  c. 


mTLLerm  ou  bisliophile.  Soi 

mvoit  jugé  indispensable  de  faire  précéder  son  Lexique  roman  p^  de 
Bouvelles  considérations  sur  la  langue  >  sur  sa  grammaire ,  sur  son 
:«dlité  pour  établir  les  étymologies  des  autres  langues  de  l'Europe 
latine ,  et  en  outre  par  divers  documeas  poétiques  ;  le  tout  formant 
Ane  CBUTxe  qui  pourra  suppléer  à. la -collection  publiée  précédennr 
-ment  sous  le  titre  de  Choix  des  poésies  originales  des  troubadourf  , 
de? enue  très-rare,  et  dont  elle  est  toutefois  la  suite  et  lecomplément 
indispensàblos. 

Le  Tolumê  que  nous  annonçons ,  et  qui  sert  d'introduoiton  au 
Lexique  roman ,  comprend  un  nouveau  choix  -de  pièces  des  trou- 
badours qui  n'avoîent  pu  être  insérées  dans  le  précédent  recueil, 
^  de  longjB  fragmens  de  poèmes  chevaleresques,  moraux  et  re- 
ligieux 9  dont  une  analyse  succincte  fait  connoitre  la  bbXt ,  les 
principaux  incîdens  et  l'ensemble.  Ces  poésies  sont  précédées  de 
nouvelles  observations  grammaticales  qui  résument  et  complè- 
tent les  règles  de  la  syntaxe  romanc^-et  enfin  de  quelques  recherches 
sur  Y  Étude  philosophique  des  Uuigues, 

Ce  dernier  travail ,  réservé  par  Tautenr  pour  servir  de  discours 
préliminaire ,  est  resté  inachevé;  le  temps  a  manqué  k  l'habile  ar« 
cbitecte  pour  terminer  la  mise  en  oeuvre  de  tons  les  précieux  ma- 
tériaux qui  dévoient  former  le  péristyle  du  monument  déj^  élevé 
par  son  savoir  à  la  gloire  de  notre  moyen  âge.  Mais,  dans  l'état 
même  où  est  demeuré  ce  travail ,  il  n'en  est  pas  moins  intéressant 
et  neuf  dans  plusieurs  de  ses  parties;  c'est  une  ébauche  où  l'on 
reconnoît  la  main  puissante  du  nudtre. 

M.  Raynouard  constate  d'abord  l'existence  aux  viu*  et  ix*  siècles 
de  la  romane  rustique ,  formée  de  la  corruption  du  latin,  puis  mo- 
difiée par  le  mélange  des  hordes  de  l'invasion  avec  les  naturels  des 
pays  conquis  ,  qui  donna  bientôt  à  la  lan^^e  nouvelle  uu  caractère 
£s6nct  d'individualité.  Dans  sa  grammaire,  avant  l'an  looo,  le  sa- 
vant philologue  avoit,  en  putre,  indiqué  plusieurs  documcns  histo- 
riques qu^  n'a  pas  jugé  nécessaire  de  rappeler ,  bien  qu'à  eux 
seuls  ib  pussent  suffire  à  prouver  cette  existence ,  lors  même  que 
des  monumens  matériels ,  tels  que  les  litanies  carolines  et  les  ser- 
mens  de  842 ,  ne  seroient  pas  parvenus  jusqu^à  nous.  Parmi  ces 
documens,  il  en  est  un,  concernant  Adlialard,  abbé  de  Corbîe,  sur 
lequel  j'ajouterai  quelques  détails  qui  nîe  semblent  donner  une 
importance  de  plus  à  ce  que  M.  Raynouard  avoit  rapporté  de  pré- 
cis et  d'incontestable  à  ce  sujet. 

32 


5o2  '•    TECBEllEly    PLAGE  DU  LOUTBE,    12. 

Adhalard  étoit  né  yers  le  milieu  du  8*  siècle;  on  à  deux  bio* 
graphies  de  cet  abbé,  écrites  peu  de  temps  après  sa  mort  et  avant 
les  sennens  de  8^i^  l'unè^par  son  disciple  Paschase  Ratbert,  l'autre 
par  Gérard  de  Goriiîe.  La  première  porté  textuellement  que  «  quand 
il  parlent  la  langue  vulgaire  ses  paroles  couloient  avec  douceur ,  » 
et  le  biographe  oppose  cette  langue  vulgaire  à  la  langue  théo> 
tisque ,  qu'il  appelle  la  langue  barbare  (i).  Maintenant  ventron 
savoir  ce  que  Paschase  entend  par  langue  vulgaire?  Le  second 
biographe  nous  l'apprend  en  ces  termû  t  «  S'il  parloit  la  langue 
»  vulgaire^  c^est-à-dire  romane^  on  eut  dit  qu'il  n'avoit  étudié  que 
»  celle-là  ;  s^  parloit  la-  langue  latine^  il  ctoit  plus  savant  que  dans 
a  aucune  autre  (a).  »  Dans  ce  passage,  la  langue  romane  rustique 
est  indiquée  corrélativement  avec  la  langue  latine  ordinaire ,  ce 
qui  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  le  sens  qu'il  faut  donner  aux 
mots  de  langue  vulgaire  ^^q  Içngue  romane.  Adhalard  avoit  habité 
la  cour  de  Giarlemagne ,  dont  il  étoit  parent  ;  il  passa  une  grande 
partie  de  sa  vie  dans  le  nord  de  la  France  ;  ainsi ,  l'on  peut  donc 
induire  de  ces  deux  passages  que  la  romane  rustique  étoit  parlée 
non-seulement  à>  la  cour  de  ce  prince ,  mais  encore  dans  les  pro- 
vinces septentrionales  de  ses  Etats.  Il  y  a  plus  :  lors  de  la  mort 
d'Adhalard,  on  fit,  en  honneur  de  sa  mémoire,  une  églogue  en  vers 
latins  qui  fut  chantée  sur  son  tombeau  par  deux  religieuses.  L'une 
de  ces  pieuses  cénobites,  qui  figuroit  dans  cette  églogue  sous  le  nom 
de  Galalfaée ,  récitoit  entre  autres  ces  vers  : 

Rustica  concelebret  rotnana  linguaque  lalioa. . . 
Et  tumulam  i«cite ,  <et  tamulo  snpcraddîte  carraeo . 

«  Que  la  romane  rustique  ainsi  que  la  langue  latine  célèbre  sa 
#  louange...  Et  construisez  un  tombeau,  et  gravez-y  ce  chant.  » 

Ne  reconnoitron  pas  encore  ici  la  romane  rustique  nommée  cor- 
rélativement avec  la  langue  latine?  et  cette  invitation  à  chanter 
Adhalard  dans  les  deux  langues  peut-elle  laisser  aucun  doute  sur 
le  fait  qu'à  l'époque  de  la  mort  de  cet  abbé ,  en  846,  on  composoit 
des  vers  en  langue  romane  rustique  ? 

L'existence  de  la  romane  primitive  une  fois  démontrée ,  il  est 
difficile  de  ne  pas  y  reconnoitre  la  source,  commune  d'où  sont 
découlées  les  six  langues  du  midi  de  l'Europe ,  et  de  refuser  à  ceUe 

(1)  Voyez  Bdland,  Acta  sanct,,  1. 1,  p.  109. 
(1)  Idemj'p,  116. 


BCLLBTIN   W   BIBLIOPHILE.  5o3 

ides  tronbadoun  tine  antériorité  qu'attestent  les  raonumens  mêmes 
^e  cette  langue.  J'ose  croire  que  si  Ton  veut  examiner  de  bonne 
foi,  et  sans  une  préoccupation  d'idées  arrêtées  d'avance ,  les  preu- 
ves* historiques,  matérielles,  recueillies ,  analysées ,  discutées  dans 
leurs  détails  et  dans  leur  ensemble  par  M.  Raynouard,  on  ne  con- 
testera plus  la  généralité  primitive  de  la  romane  rustique,  et  son 
influence  sur  la  formation  des  langues  néo-latines.  Et  cette  com- 
munauté d'origine ,  il  ne  cherche  pas  à  l'établir  par  des  conjec- 
tures hasardées ,  par  des  coipparaisons  vagues  ou  par  de  simples 
rapprochemens  de  mots  isolés ,  mais  bien  en  démontrant  la  con- 
forniité  des  élémens  constitutifs  de  ces  langues  entre  elles ,  la  con- 
cordance de  leurs  fermes  essentielles ,  l'identité  des  combinaisons 
«t  des  rapports  de  leur  syntaxe ,  seule  manière ,  la  plus  sûre  du 
moins ,  d'arriver  à  la  vérité  ;  car  les  mots ,  qui  sont  pour  notre 
oreille  et  pour  nos  yeux  les  signes  de  nos  idées ,  ne  sont  que  les 
matériaux  des  langues ,  et  ne  sont  pas  les  langues  elles-mêmes.  Il 
ne  suffit  pas  aux  hommes  d'avoir  assigné  des  noms  aux  objets  vi- 
sibles ou  intellectaels  qui  entrent  dans  le  commerce  de  la  con- 
versation ,  il  iaut ,  XK)ur  former  une  langue  quelconque ,  une  con- 
vention pins  difficile ,  la  syntaxe,  qui  établit  la  forme  dans  laquelle 
ces  mots  doivent  être  placés  pour  compoiser  le  discours,  pour 
rendre  sensibles  les  différentes  modifications  sous  lesquelles  il  faut 
présenter  ces  objets  visibles  ou  intellectuels.  C'est  donc  la  syntaxe 
t^ui  constitue  essentiellement  une  langue  ,  qui  lui  donne  un  caitu:- 
tère  propre,  et  c'est  sous  ce  point  de  vue  qu'il  faut  toujours  exa- 
miner et  comparer  entre  elles  les  différentes  langues  dont  on  veut 
déterminer  les  raj^rts  et  les  analogies.  Ce  travail  y  c'est  celui  de 
AL  Raynouard  ;  en  contester  l'importance ,  en  nier  les  résultats , 
ce  seroit  vouloir  refuser  la  clarté  au  jour,  au  soleil  la  lumière. 

La  même  lucidité ,  la  même  évidence  se  retrouvent  dans  ses  ob- 
servations curieuses  sur  les  différences  plus  apparentes  que  réelles 
qi^offirent  entre«elles  la  langue  des  trouvères  et  celle  des  trouba- 
doois,*  après  leur  séparation  du  type  commun  en  deux  idiomes.  A 
ce  sujet,  et  en  étaUissant  que  cette  différence  consistoit  principa- 
lement dans  le  changement  de  l'a  en  « ,  M.  Raynouard  fait  remar- 
quer que  cet  e  muet  fut  également  substitué  aux  finales  en  i  et  en 
o ,  muettes  dans  la  langue  romane.  Comme  on  pounoit  regretter 
qu'il  n'ait  pas  donné  d^exemples  de  ce'caractère  particulier  de  la  ver- 
sification des  troubadours ,  je  citerai  ces  vers  du  poème  de  Fiera- 


llo4  '•    TECHENEB,   PLACE  DU  LOUVRE,    12. 

bras ,  attestant  que  ces  poètes  employoient  les  voyelles  a,  e^  <,  e 

Goiqnie  muettes,  non-seulement  en  rime,  mais  encore  à  lliémistiche 

sans  élision  : 

£  slea  lio  vengi  m  anta  mot  ne  seray  iratz.  • . 
£t  si  je  ne  venge  ma  honte,  mouU  en  serai  courroucé, 
Rarles  tcnc  son  gan  destre  que  fo  ab  aur  obratz.  • . 
Karle  tint  toh  gatU  droit  qui  fut  avec  or  ouvré. 
Mortt  lajr  fo  rapostoli ,  H  légat  e  li  bar. . . 
Tué  ta  fui  r apôtre ,  les  légats  et  les  barons, 
Can  Franccs  los*{>erceubro,  mot  en  son  esfredat. 
Quand  François  les  aperçoivent  ^  moult  en  sont  effrayés. 

,  On  trouve  même  des  finales  muettes  en  «r,  eu  or,  etc. ,  comme 
dans  ces  vers  du  même  poème  : 

Ela  Tenc  a  la  carcer ,  si  la  fcts  dcsfermar..  .• 
£Ue  vint  a  la  prison ,  se  la  fit  ouvrir, 
Jos  en  la  priejssa  maior  als  payas  la  lansa. 
«$'0111  en  la  presse  grande  aux  païens  la  lance. 

Apres  avoir  établi  la  filiation  des  langues  nco-^latines,  et  indique 
les  causes  qui  amenèrent  les  différentes  modifications  qu'elles  su- 
birent, M.  Raynouard  démontre  l'utilité  de  la  romane  provençale 
pour  se  rendre  compte  des  anomalies  nombreuses  qu'ofirent  ces  di- 
verses langues ,  et  pour  reconnottre  leurs  étymologies  les  plus  sûres; 
il  examine  ensuite  les  avantages  que  la  science  de  la  linguistique 
peut  retirer  des  recherches  historiques  sur  la  signifiaition  primitive 
des  mots,  et  comment  à  l'aide  seule  du  vocabulaire  d'un  peuple 
qui  n'existeroit  plus ,  ou  chez  lequel  on  ne  pourroit  pénétrer ,  on 
parviendroit  à  recounoitre  son  caractère ,  ses  usages ,  ses  lois ,  et 
jusqu'aux  formes  mêmes  de  son  gouvernement.  Une  courte  citation 
prouvera  tout  ce  qu'il  y  a  d'ingénieux  et  de  vrai  dans  les  aperçus  de 
Fauteur  : 

«  Que  lors  des  premiers  établissemens  de  ces  peuples ,  ils  se 
soient  réunis  pour  offrir  volontairepient  aux  chefs  des  dons  annuels 
qui  ont  laissé  dans  la  langue  l'expression  de  dons  gratuits  y  j'en  con- 
clus qu'ils  ont  été  originairement  hbres ,  et  qu'ils  l'étoient  encore 
alors.  Si  je  retrouve  ensuite  le  mot  à*  aide  et  celui  de  subside  y  je  reste 
convaincu  que,  pendant  longtemps,  les  offrandes  des  sujets  ont  été 
encore  volontaires ,  puisque  adjutorium  et  subsidium  exprmient  un 
secours  accordé  librement.  Les  mots  subvention  ^  octroi  me  parois- 
sent  aussi  synonymes  de  secours ^  et  me  permettent  de  croire  qu'on 
ne  les  obtenoit  que  du  dévouement  des  sujets  à  la  patrie  et  au 


BOLLETIN    DO    BIBUOPHILE.  5oS 

prince.  Le  mot  conlribtitions  est  encore  un  terme  qui  suppose ,  de 
la  part  de  ceux  qui  les  payent ,  une  sorte  de  consentement  ;  con- 
tribuer  indique  la  volonté  de  celui  qui  s'associe  avec  les  autres  pour 
donner. 'Mais ,  lorsque  je  rencontre  le  mot  impositions ,  je  vois  Ie> 
joug  fiscal  qui  pèse  sur  le  peuple ,  et  je  me  dis  que  l'autorité  do. 
maître  s'est  beaucoup  accrue.  Enfin  les  agens  du  pouvoir  enlèvent- 
ils  quelquefois  de  force  le  tribut ,  ou  persécutent-ils  le  débiteur  du 
fisc,  je  ne  suis  plus  étonné  d'entendre  appeler  maltolte  cette  ma- 
nière de  lever  les  impôts ,  c'est-à-dire  mal  à  propos  pris ,  injuste^ 
ment  enUvé,  m 

Ces  observations  sur  l'étude  philosophique  des  langues  sont  sui- 
vies d'un  résumé  de  la  grammaire  romane ,  contenant  les  règles 
générales  précédemment  étabUes  avec  tant  de  sagacité  par  l'autetir, 
et  de  plus  l'indication  des  modifications  et  accidens  grammaticaux 
introduits  par  l'usage  ou  la  prononciation,  vers  la  fin  du  xiii*  siècle, 
dans  des  ouvrages  en  prose  ou  en  vers  qui  ont  fourni  des  exemples, 
au  Lexique,  ou  dont  M.  Raynouard  ptxblie  des  extraits  dansr le 
nouveau  choix  de  poésies  qui  forme  la  majeure  partie  de  ce  vo- 
lume. L'extrême  rareté  de  la  grammaire  romane,  bien  qu'il  en  eât 
été  fait  un  tirage  de  mille  exemplaires  à  part  de  la  collection  où 
elle  étoit  comprise ,  ajoute  une  grande  importance  à  ce  travail,  qui 
est  à  la  fois  le  résumé  et  le  complément  de  cette  grammaire ,  et 
qui  d'ailleurs  justifie  parfaitement  Paxiomc  de  Montesquieu  : 
«  Celui  qui  voit  tout  abrège  tout.  » 

Le  nouveau  choix  de  poésies  comprend  58o  pages ,  parfois  à 
deux  colonnes ,  et  se  compose  :  i°  de  longs  extraits  des  romans  de 
Flamenca,  de  laufre,  de  Gei*ard  de  Rossillon,  de  la  Chronique  des 
Albigeois,  de  Fierabras  et  de  Blandin  de  Comouailles  ;  2^  de  quatre- 
vingt-trdze  pièces  diverses  fournies  par  quarante-six  troubadours; 
3*  enfin  des  fragmens  de  neuf  poëmes  moraux  ou  religieux ,  sa- 
voir, le  Bréviaire  d'Amour,  le  Livre  de  Sénèqiie,  les  Quatre  Vertus 
cardinales,  la  vie  de  sainte  Eniinie  ,  celle  de  saint  Trophime,  de 
saint  Honorât,  de  saint  Alexis,  et  les  Evangiles  de  Micodème  et  de 
l'Enfance  de  Jésus. 

Parmi  ces  précieux  documens  de  notre  littérature  pi  imitive,  qui 
tous  demanderoient  un  examen  spécial  et  développé,  je  signalerai 
de  préférence  aux  studieux  explorateurs  du  moyen  âge  le  Breviari 
d^amor  de  Maire  Ermangaud  de  Beziers ,  espèce  d'encyclopédie  du 
temps ,  qu'il  suflBroit  de  comparer  avec  les  ouvrages  autérieiu-s  et 


5o6  J.    TECHCNSR,.   PLACE  DO   LOOVRE,    12. 

surtout  à  ceux  qui  l'ont  suivi,  pour  en  extraire  au  bon  livr€  sur  Vé^ 
tat  des  connoissances  naturelles ,  physiques ,  morales  et  même  lit- 
téraires au  xm*  siècle.  J'indiquerai  encore  une  circonstance  relative 
à  la  Chronique  des  Albigeois»  Cette  composition,  plus  remarquable 
comme  monument  historîque  que  comme  monument  de  la  langue, 
n'a  dû  être  considérée  par  M.  Raynouard  que  sous  le  rapport  dea 
formes  littéraires;  aussi,  tout  en  provoquant  la  publication  com- 
plète de  ce  poëme ,  s'étoit-il  borné  aux  seufe  extraits  que  l'incorrec- 
tion du  manuscrit  lui  avoit  permis  de  choisir;  mais  pendant  le  re- 
tard que  la  mort  de  l'illustre  académicien  a  fait  éprouver  à.  l'achè- 
vement de  l'impression  du  volume  dont  je  rends  compte,  ce  voeu  a 
été  réalisé  pai*  un  savant  admioistiateur  de  lit  Bibliothèque  royale, 
passé  mattie  eo  cette  matière  :  M.  Fanriela  publié- le  texte  entier^ 
avec  une  traduction  en  regai-d.  Sans  m'arrêtes  à  quelques  dissem-. 
blances ,  la  plupart  légères ,  entre  les  deux  versions  imprimées ,  «1 
qui  proviennent  soitdela  manière  dontles  mots  ont  été  lus» soit  d'une 
plus  grande  exactitude  dans  la  traduction  littérale  deM.  Raynouard, 
je  me  permettrai  d'appeler  l'attention  de  l'habile  éditeur  du  ma-^ 
nuscrit  complet  sur  un  fragment  rappoiîté  par  son  devancier,  et  ou 
Ton  remarque  certains  détails  biographiques  sur  l'auteur  de  cette 
chronique,  comme»  par  exemple,  son  séjour  pendant  onxe  années  à. 
Montauban  et  sa  chaire  de  chanoine  à  Saint-Antpny ,  qui  eussent 
peut-être  modifié,  s'il  les  avoit  connus ,  quelques  unes  des  conjec*- 
tui'es  sur  lesquelles  s'appuie  M.  Fauriel  pour  combattre  l'opinion, 
qui,  insqu'à  présent,  avoit  attribué  à  un  poëte  du, nom  de  Guillaume 
de  Tudela  la  composition  de  cette  chronique  rimée. 

J'aurois  bien  plusieurs  particularités  à  rapporter  sur  divers  autres 
romans  extraits  et  analysés  par  M.  Raynouard ,  notamment  sur 
Gérard  de  Rossillon  et  sur  saint  Trophime  ;  mais ,  faute  d'espace  » 
je  me  restreios  à  deux  seules  observations  sur  la  vie  de  saint  Hono- 
rât ;  la  première ,  tout  exceptionnelle  à  la  coutume  des  poètes  du 
temps ,  c'est  l'irrévérence  naïve  avec  laquelle  l'auteur  de  cette  Yie 
fait  parler  la  mère  de  saint  Honorât  contre  le  Christ  ;  témoin  ce  pas- 
sage inédit,  dont  je  transcris  seulement  quelques  vers  : 

Homs  fom  malhauros 
Pendutz  per  sa  foliai . . . 
Quel  fom  pendais  al  vent 
Ter  Pilai  lo  valent  ; 
Doncas  si  aqucsi  fus  Dicus 


BOLLXTIII  BU   UBUOFHILB.  507 

If  on  pogra  pcr  Jnxious 
Ester  batuU  ni  tortz , 
Cnicificatz  m  mortz. 
Pensa  ti  la  valor 
De  Dieu  lo  Creator, 
CttasIMeiiè  esy  eles>eiitiers,    > 
Non  fitttas  très  eartiers 
Gom  fan  li  crestian ... 
etc.,  etc. 


Ma  seconde  obsenration  portera  sur  un  épkùàe  de  ce  poème»  qui 
ofine,  en  Teiptiquant,  pour  ainsi  dire,  une  sorte  de  concordance 
«fec  œqnVm  dit  dans  Thistoire  de  Turpin  sur  k'séjour  de  Gbarle-* 
magne  à  Tolèdei  et  sur  sa  connoissance  de  la  langue  arabe  (i). 

Saint  Jacques  y  dans  ime  yiûon ,  invite  saint  Honorât  à  se.  rendre 
en  Espagne ,  non-seulement  pour  visiter  son  sëpulcre,  mais  encore 
pour  délivrer  Gharlemagne  ,  prisonnier  d'Aygolan.  Le  saint  part,  ' 
et  s'informe 

On  era  Karllemagne  près  am  sa  compagnia. 
Dis  lur  hom  c^a  Toleda  Aygolantz  los  ténia. 

Il  entre  dans  la  ville,  où  le  roi  mécréant,  au  milieu  d'une  fête  splen- 
dide  et  nomlveuse ,  Sait  traîner  en  spectacle  son  royal  prisonnier 
chargé  défera: 

£  trajsson  Karliemagne  en  mîej  de  la  cjrptat, 
Aysi  oom  far  solian ,  près  et  encadenat. 

Saint  Honorât  parolt  devant  Aygolan ,  guérit  sa  fille  Sibilie  qui 
étoit  possédée;  et,  lorsque  le  père,  heureux  de  ce  succès  ,  veut 
acquitter  sa  promesse  de  lui  accorder  la  récompense  qu'il  dési*> 
leroit, 

Sant  Honorât  respont  que  Karlie  yol  aver , 
Que  lo  reys  Tafranquîs  ab  sa  compania. . . . 
Aygolans  a  sas  jentz  mandanent  vay  donar  : 
Vasan  (qu'ils  aillent)  a  la  preyson  Karlie  desferriar. 
Ar  ieiys  (sort)  de  la  preyson  demantenen  Rarlons  ; 
Aygolanz  lo  li  det  am  doze  compagnons , 
E  vay  li  dar  granz  joias  e  deniers  et  ca?allz. 

(i)  Mox  tU  Aigolandus  cognovit  loquelam  suam  arabicam  quant  Carolus 
ioquébatur,  miratus  est,»,  didicerat  enini  Carolus  linguam  saracenicam 
apud  urbem  ToUtum  in  qud  cum  esset  juvenis  aliquando  tempore  commora^ 
tm$  est,  (  Turpini  Hist.,  cap.  XU .  ) 


5o8  J.    TECHKIfER^  PLACE  ]>U   LOUYlLEy    12. 

Je  ne  tenninerai  pas  sans  faire  mention  d'un  avertissement  em* 
preint  d'une  sensibilité  touchante ,  dans  leqiîd  Téditeur,  M.  Paquet, 
parle  avec  amitié  du  concours  actif  que  liii  prêtent  les  deux  colla- 
borateurs qui  y  depuis  longues  années,  pavticipoient  aux  recher- 
ches et  aux  travaux  lexicographique^de  M.  Raynouard.  A  cette  oc- 
casion ,  je  suis  heureux  de  pouvoir  reproduire  ici  le  nom  de 
M.  Dessalles ,  membre  de  la  section  historique  des  Archives  du 
royaume,  que  son  érudition  spéciale  rend  on  ne  peut  plus  capable 
de.  prendre  part  à  la  publication  du  Lexique  roman,  cette  oeuvre  de 
création ,  formée  des  débris  épars  d'une  langue  morte,  rassemblés, 
reconstruits,  ranimés  enfin,  après  plusieurs  sièdes,  par  le  génie  de 
l'observatiott,  qui.  peut^tre  à  lui  seul  est  presque. tout  le  génie  de 


l'boffimeQ 


fijEUUUSSIXB. 


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mkitt  (i((iOijritf^t()nc$. 


•  1 


f , 


Suite  au  numéro  10^ ,  continuant  la  liste  dç. plusieurs  outrajffs^  impfi" 
mis  ou  manuscrits ,  cités  dans  le  Voyàgfi  pittoresque  en  Ecosse  dfi 
Dibdin, 


Zivre  de  lu  CLùSfs.  Mi.  golÙ^ue  dû  xiv*  âècle;  jolis  btnemen» 
en  tète  ;  uab'  il  a  bekticoiip  souffert.  H  y  a  un  portrait  qui 
étoit  pcnt-;é^  f^ui  du  comte  de  Foix. .      *  *  \ 

f  •  •  •       •  •  '  I 

iAvre  dfi  Fàiuoahérie '^  'î^ T^/ierî^/par  u.  Tardif;  chaiinant  Ms* 
in-8/  dti  teâïbà  de  Charles  Ylli ,  avi^  ae^  dessins  représentant 
des  faucons  et  des  chiens. 


i    « 


Mous  allonà-à  ]»ilstnt  énuiaiéfferiqadquea'biipiriinés.- 

Donatusj  imprime  àvec  des  caractères  tailles  dans  du  bois;  c'est  l'é» 
dition  dont  Mëennann  a  donne  un  fec-simife. 

Psaûerium  lat,^  i4^9  in-fol.  sur  vélin. 

BiiUa  (i45S-^)>  2  vol.  in-fol.  C'est  la  première  Bible  imprimée , 
connue  sous  le  nom  de  Mazarine  ;  bon  ex.,  tr.  rogné. 

BibUa^  ilfia^  2  vol.  in-fol.  sur  vél.;  belles  dimensions  ;  des  taches. 

Biblia  itaticay  août,  1471 9  2  vol.  in-fol. ,  très-bel  exempL  d'un 
livre  d'une  rareté  insigne.  Lord  Spencer  avoit  toujours  regardé 
comme  d'une  nécessité  indispensable  de  se  procurer  cette  édi- 
tion ;  et  ii  ftit  forcé  de  se  contenter  d'un  fort  médiocre  exempL , 
qu'il  fit  acheter  à  la  vente  Mac  Garthy . 


^lO  '•    TECHENEK,    PLACE   DU   LOUVaE,    12. 

Biblia  gracaj  t5i8.  Aide.  Superbe  exempl.  engr.  papier. 

Biilùi  latina^  i583.  Plantin,  Très-beau  yoI.,  qui  a  appartenu  à  de 
Thou, 

PL'nius,  14699  in-«foL,  édit.  princeps.  Exempl.  aussi  beau  que  ce* 
lui  de  Spencer  ;  c*est  tout  dire. 

Jdem^  î  4?  1 9  in-fol .  y  Jenson  y  trad.  italienne,  sur  vél. ,  magnifique . 

Tùe  Lwe  V,  de  Spire^  147O9  in-fol.,  exempl.  aussi  grand  et  aussi 
parfait  que  celui  que  possède  Th.  Grenville,  et  qui  n'est  pas 
rogaé. 

'Ces  trois  derniers  ouvrages  méritent  qu^on  fasse  le  voyage  d'E- 
cosse pour  les  voir  et  pour  les  caresser. 

Virgilius  V.  de  Spire^  1470 ,  in-fol.  ;  superbe  exempl.  ayant 
12  pouces  et  demi  sur  8  et  demi  d'un  ouvrage  qu'on  ne  trouve 
que  très-rarement,  et  presque  V>ujottrs  taché  et  rogné. 

Virgile^  seconde  édition  romaine,  encore  pins  difficile  à  rencon- 
trer que  la  première  ;  il  n'y  a  guère  d'ouvrages  phis  rares.  Cet 
exempl. ,  plus  grand  que  celui  de  lord-S^encer ,  est  malheureu- 
sement incomplet  à  la  fin. 

^irjriV^,  in^foL ,  sam  date ,  pEvmièteédiCioB  d'UMdi  Han ,  fort  itff^ 
superbe  exenqiL  rel.  en  mar.  Je  le  crois  aussi  beau  que  celui 
de  la  biblioih.  Masarine^  lequel  a  appartenu  à  Diane  de 
Poitiers. 

CalUmaquej  in-f/^;  édition  en  letti-es  capitales ,  rarissime;  cet  ex., 
parCeûtement  complet ,  légèrement  endommagé  en  quelques 
endroîtSy  a  8  pouces  sur  5  un  quart;  il  est  relié  en  mar.  vert. 

^nthologiay  gr.,  i494>  ^^  lettres  capitales  sur  vél. 

Idem^  t5o3|  in-8,  sur  vél^,  rarissime. 

Les  éditions  principes  d'Horace  (trèa-be^  exempl.,  dentier  feuiU. 
Mm.  de  Lucain  (beau)  d'Apulée,  dlaocrate ,  d'Aristophane,  de  dau- 
dien,  de  Yalère  Maxime. 


BVLLETin   DV  «BUOF»L«.  5ll 

Les  Epitres  de  saint  Jërdme,  t47^9  ^  ^^^-  in-fol.,  sur  vét.  Bre-- 
tfituiam  romanum ,  «47^  >  ûi-foL  ,  imprimé  par  Jenson ,  sur  yëlin, 
avec  une  per£ectif>n  adanirable. 

PiatoFiy  i5i3 ,  in-fol. ,  i'*  éd.  due  à  Aide;  ex.  Mur  vét.,  toaxpkt^ 
presque  sans  tache.  C'est  un  joyau  des  plus  préâeuz  ;  et , 
toute  languissante  qu'est  à  présent  U  liibliomanie,  je  connoÎB 
deux  amateurs  qui  donneroient  de  suite  5oo  liv.  sC  d*fm  pareil 
exempL,  s'il  s'en  présentoit  no  en  Tente. «Gdui-ci  a  la  pouces, 
sur  7  et  demi  ;  la  reliure,  en  mar.  bleu  y  est  pasàable. 


Laetance^  '47  '  i  in-ioL,  imprimé  par  Adam  i  le  aeul  exempL 
f  aie  TU  sur  vélin  ;  bel  exempl^i  ijpioîque  rogné»  qttetques  feuil- 
lets sont  légèrement  tachés. 

Ter€niius  Parro  de  Ungua  latinaj  in-fbl.,  édUioa  des  moins  com?^ 
munesy  que  je  n'avois  jamais  vue;  elle  contient  32  lignes  par 
page,  et  die  reproduit  les  caractères  que  l'on  trouTC  rarement 
du  premier  Horace  et  du  second  Lucain. 

JEuMaihe.  Rome  ^  1543,  4  ^o^*  in-fd.,  superbe  exempL  ;  celui  de 
GraiTfflei  qui  n*est  pas  rogné,  peut  seul  remporter. 

Philasinuus^  iSi^jf  in4bl.  magniique;  exempt.  deGrciBer. 

Le  Mardal,  147$;  le  Quînte-Gurce»  Y.  de  Spire;  le  Plutarqpie» 
1478,  se  rencontrent  en  exempt,  de  toute  beautéi  ainsi  qne  le  ^4H 
Urbu  Flaccusy  iSigt  in4bl.,  sur  vélin,  avec  de  superbes  miniatnreg». 
et  le  Fewrdanckhsf  iSig,  a*  édition  sur  vélin. 

Les  raretés  typographiques  angloises  offrent  une  suite  bien  moina 
riche  que  les  classiques  ;  sur  12  volumes  exécutés  par  Gaxton ,  na. 
seul,  la  Lé|^de  dqrée,  de  i483»  est  complet  ;  il  ne  faut  pas  oublier 
la  Chronique  d'Ann^eterre  de  Kastell,  dont  on  ne  cosmoit  que  troîft 
exemplaires  qui  soient  entiers ,  celui-ci  j  et  oeux  dans  las  bibIio-« 
thèques  de  George  QI,  et  de  lord  Spencer. 

Nous  allons  encore  extraire  une  page  ou  deuxda  premier  volumeiL 
nous  réservant,  ai  le  lecteur  vent  bien  nous  suivre,  de  revenir  sur 
cet  oavrage  curieux. 

Lincoln  n'offre  qu'une  population  de  ia,ooe  babitans  et  une 
triste  réunion  de  maisons  de  briques  peu  élevées  et  aaKS  noal  bi* 


5l2  I.    TECHJ^ER,    PLACE  DU   LOUVRE,    12. 

ties.  Le  voyageur  ne  peu$  guère  y  être  attiré  que  par  sa  superbe 
cathédrale ,  qui ,  construite  au  sommet  d'une  liante  colline  escar- 
pée ,  se  dessine  majestueusement  en  élevant  vers  les  cieux  trois 
belles  tours  massives.  Aucune  autre  cathédrale  n'a,  à  ma  connols- 
sasce  y  une  position  plus  favcirable. 

Wild  a  publié ,  en  1819 ,  un  beau  vol.  in-fol.  qui  le  concerne  ; 
et  dans  plusieurs  ouvrages  on  trouve  des  vues  remarquables  de  cet 
édifice  majestueux,  mais  à  peu  près  désert,  sans  mouvement,  et  où 
l'on  éproave  un  sentiment  de  tristesse  ;  le  palais  épiscopal  est  en 
ruines. 

A  côté  de  la  cathédrale  est  la  bibliothèque  du  docteur  Honey  wood , 
dont  le  bibliographical  Diecameron  (t.  m,  p.  263)  a  donné  le  por- 
tiàit,  et  a  longuement  etitretenuses  lecteurs.  A  côté  du  portrait  du 
docteur,  l'on  conserve  celui  de  sa  grand'mère,  morte  à  98  ans,  après 
44  années  de  veuvage  ;  elle  vit  367  de  ses  descendans  ;  elle  n'eut 
que  il6eufàns,  mais  ils  lui  donnèrent  ii4petit$'enfans;  228étoient 
de  la  3'  génération ,  9  dé  la  4**  ^  ^^^  heureux  que  toutes  les  fa- 
milles ne  se  reproduisent  pas  avec  une  énergie  pai'ciUe  ;  Malthus 
avoit  raison. 

Un  des  Mss,  les  plus  précieux  de  cette  bibliothèque  paroit  avoir 
été  compilé  par  R.  d^  TJiçrntpn^.et.écrit  vei^s  i43o;  il  est  in^fol., 
sur  pÂp.,  de  3oo  feuillets  environ,  et  malheureusement  incomplet 
au  commencement  et  à  la  fin  ;  il  contient  JV  nombreux  morceaux 
en  prose  et  en  vers ,  entre  autres  une  traduction  littéi'ale  en  prose 
de  la  vie  d^Alexandre  le  Grand  ,  imprimée  en  latin  à  Strasbourg  ^ 
149I4  >  ^  Mort  d'Arthur,  le  Toman  de  sir  Tsambrace,  celui  de  Dio- 
détien  l'empereur,  et  du  comte  Bérard  de  Thonlouse,  celui  de  Per- 
ceval  le  Gallois,  la  Yie  de  saint  Christophe,  et  d'autres  pièces  d'un 
haut  intérêt  pour  l'ancienne  littérature  anglaise  ;  quelques-unes  ont 
étépubhées. 

Lincoln  est  une  des  villes  d'Angleterre  où  se  rencontrent  le  plus 
souvent  des  débris  d'antiquités  romaines  ;  il  y  a  peu  d'années  que 
l'on  ne  trouve,  dans  la  campagne,  des  médailles  des  derniers  empe- 
reurs ;  les  Carausius,  Tetricus,  Claudius  Gothicus,  en  petit  bronze , 
se  trouvent  assez  fréquemment. 

Partant  de  Lincoln ,  on  traverse  pendant  18  milles  un  pays  uni 
et  sans  aucun  agrément ,  et  l'on  airive  à  Gainsborough ,  ville  de 
7000  âmes ,  qui  ùàt  un  conunerce  assez  actif  avec  la  Baltique  ,  et 
n'ofiie  rien  de  bien  curieux. 


MTLLETIK  DtJ  «BLIoratLE.  6l3 

Oa  rencontre  ensuite  Doncastef,'  lieu  bien  ccHinupour  ses  courses 
de  chevaux.  C'est  là  que  le  feimeux  Éclipse  fit  ses  premiers  exploits; 
l'hippodrome  a  à  peu  près  la  forme  d*un  S  ;  notre  héros  avoit  atteint 
le  but  lorsque  ses  concurrens  n'avoient  parcouru  que  la  moitié  de 
leur  carrière.  La  ville  est  propre  et  attrayante,  les  rues  larges  ;  l'é- 
glise principale  est  très-belle  ;  elle  est  surtout  remarquable  par  une 
magnifique  ax^isée  de  28  pieds  sur  1 5^  ornée  de  peintures  sur  verre 
par  W.  Miller.  Ce  chef-d'œuvre  a  coûté  près  de  i  ,000  guinées  ^  et 
représente  le  Christ  avec  ses  apôtres. 

Pour  arriver  à  Wakepdet,  il  faut  faire  23  milles  à  travers  tm  pays 
boisé  et  coupé,  où  tout  annonce  l'abondance.  L'église,  vaste  et  beUe, 
est  bâtie  sur  une  hauteur  ;  de  nombreuses  fabriques  vomissent  des 
tourbillons  de  la  plus  épaisse  fumée  ;  le  conmierce  «  très-actif,  em? 
ploie  une  population  de  i  ,5oo  habitans ,  qui  sera  quadruplée  dans 
1 5  ans  ;  à  quelques  exceptions  près,  les  rues  sont  larges  et  propres. 


Anciens  Romans  de  chevalerie  en  allemand. 

Quelques  ouvrages  de  ce  genre  se  sont  payés  assez  cher  dans  des 
ventes  faites  depuis  peu  d'années  à  Paris  ;  c'est  ce  qui  nous  a  décidés 
à  essayer  de  réunir  l'indication  de  ce  qui  existe  de  plus  remar- 
quable dans  cette  partie. 

Livre  de  l'Histoire  du  grand  Alexandre  qu'£usèbe  a  écrite,  traduite 
par  J.  Hartliebe.  Strasbourg^  i5i4  «  in-fol.,  fig.  en  bois.  66  fr. 
vente  Canazar,  en  i835;  l'édition  d'Augsbourg,  14781  in-fDL, 
avoit  été  payée  80 £r.,  vente  J.  L.  P.,  eii  i834*  (Nouv.  Rech., 
I,  496.) 

Histoire  fort  belle,  récréative  et  lamentable  du  bmve  et  valeureun 
chevalier  Thedaldus.  Strasbourg  j  Knoblauch,  s.  d.  (i  570-1 58o), 
in-8,  fig.  sur  bois. 

Histoire  de  Thedaldo  et  d'Ermilina  ;  belle ,  joyeuse  et  amusante 
histoire  du  valeureux thcvalier  Thedaldo.  Leipzig^  s.  d.,  in-8, 
fig.  sur  bois.  —  Edit.  du  xvi»  siècle  ;  il  s'en  trouve  un  ex. 
à  la  bibUothèque  de  Leipzig. 


Très-belle,  ancienne  et  admirable  liuUHre  des  ^Umnans  et  cberâ'^ 
leresques  exploits  du  noble,  câèbre  y  intrépide  et  invincibk 
héros  Thedel  de  Walmoden,  mise  en  rime  avec  le  |9qs  grand 
soin,  par  Greorge  Thym.  Magdehourg ,  Pmmgrmtz^^  Kempffy 

i558,in^. 
Cest  probablement  la  i'*  édition.  Elle  se  trouve  dans  la  biblio- 
thèque de  'Wolfenbuttel,  et  consiste  en  56  ieirilletsnoii  ebiSrés,  le 
dernier  blanc ,  sign.  A  «Z. 

Une  autre  édit.  »  même  titre.  TVolfenhuitél  ^  i563,  in-8  , 
48  f.  non  chiffrés,  le  dernier  blanc.  Sirasbourgy  s.  d.,  in-8) 
8p.  prélim.,  j8  feuillets  chiffrés,  et  2  non  chiffrés^ 

Bdle  et  Yéridique  histoire  du  fils  de  rcmpereur  Charles ,  nommé 
Lôthaîre  ou  Loher.  Strasbourg^  i5i49  im-fol.,  fig.  sur  bois. 

l[Vès-bclle  histoire  du  valeureux  héros  Amadis  de  France,  trad.  du 
françois  en  allemand.  Fraïufori^  i583,  2  vol.  in-fol.,  fig.  sur 
bois.  Cette  trad.  contient  les  livres  i  à  i5;  les  24  livres ^c 
trouvent  dans  l'édit.  de  Francfort,  24  vol.  in-8 ,  1 694  et  an- 
nées suivantes;  il  en  existe  une  autre,  1 590-95,  24  vol.  in43. 
Quant  aux  continuations ,  il  paroit  qu'Explandian  seul  a  été 
tiadniti  Augshourg^  1578,  in-8.  —  Le  trésor  des  Amadis  a  en 
3  éditions  à  Strasbourg,  in^,  1597, 1608  et  i624. 

fiistoire  fort  récréative  comment  Tempereur  Qiarlemagne  combat^ 
tit  pendant  16  ans  les  tjuatre  fik  du  duc  Aymon.  Siemmern , 
in-fol.,  i535,  fig.  sur  bois,  168  feuilleta  non  chiffrés,  très-rare. 

livre  de  la  Yertn  (par  Hans  'Vindler).  Augshourg ,  i486 ,  in-fol., 
fig.  sur  bois,  219  feuillets  à  34  lignes;  très-curieux  et  inté* 
ressant. 

livre  d*Amoiir.  FroÊUifart,  iSà^^  vML.^  fig.  sor  bois. 

Histoire  deTempeieur  Charles  et  des  Guerres  saintes  contre  les  in« 
fidèles.  Lubeck,  1494»  îi^* 

C'est  la  mervallcuse  légende  de  l'empereur  Charles  et  des  com- 
bats devant  Ratisbonne  (Nuremberg),  s.  d. ,  in^,  6  feuillets  ;  Ibid, , 
s.  d.,  in-4* 


BUtXCTIN  DU  BIBUOPHILÉ.  5l5 

MervriUeiue  histoire  de  la  Destruction*  de  Troye.  Augsbourg  y 
'     Sorg.y  s.  1.  n.  d.^  in-fol.,  fig.  sur  bois ,  i57  feuiDets  sans 
chiffres ,  réclames  ni  signatures. 

Selle  histoire  de  la  destruction  de  IVoye.  Augiboargj  i474y  ui- 
ibl.  Ièùi.y  14B89  in-fol.  Strasbourg ^  i4^9  in-fol.,  '499>  '^-^ 
fol. 9  et  i5io^  in-fol.  Ces  ëdit  ont  des  fig.  sur  bois.  Mànthel- 
liardj  iSgg,  in-8.  BâlCy  1612,  in-8. 

Tscbenbach  (W«  dé)  Tyturell-ParciTal.  fToir  les  Nouv.  Rech,  de 
M.  Brunet,  i4^»  ^^  ^^'  ^'^  ^m  vente  J.  L.  D.»  en  1834. 

Belle  histoire  fort  récréative  d'un  puissant  géant  d'Espagne  ayant 
nom  Fier-à-Bras.  SUmmern^  i533,in-fol.,fig.  ^urbois,  52 feuil- 
lets, n  y  en  a  2  réimpressions  in-8  faites  à  Francfort ,  l'une 
sans  date  et  l'autre  en  i594* 

Fortunatos.  Attgshourg ,  iSog ,  in-4  9  108  feuillets,  avec  de  mau- 
vaises  fig.  sur  bois. 

Fortunatus,  sa  bourse  et  son  chapeau  miraculeux,  publié  de  nôu-* 
veau  avec  de  fort  joUes  figures,  i55i,  in-8. 

Belle  et  délectable  histoire  du  noble  chevalier  Gouvain.  Strasbourg , 
i54o,  in-49  fig-  en  bois.  28  5o,  cart.,  seconde  vente  Héber, 
n®75i. 

Les  Gestes  des  Romains.  Augsbourg^  iSSg,  in-fol.,  182  feuiUetsà 
2  colonnes.  Cette  édition ,  qui  ne  contient  que  93  chapitres , 
renferme  moins  de  chose  que  l'original  latin ,  et  die  est  dis-- 
posée  dans  un  ordre  tout  différent. 

Gomment  le  duc  Godefiroy  de  Bottillon  combattit  les  Turcs  et  les 
paSens ,  et  conquit  le  Saint-Sépulcre.  Augsbourg^  i5o2^  in-4y 
3o  fr.,  vente  J.  L.  D.  C'est  la  réimpression  d'un  ouvrage  im- 
primé à  Augsbourg,  1482,  in-foL,  94  feuillets,  4?  %•  «n  hois , 
payé  60  fr,  même  vente.  Zapf  est,  je  crob,  le  seul  des  biblio- 
graphes cjui  l'ait  dté. 

Livre  des  Héros,  (hoiries  nouv.  Rech.  de  M.  Brunet,  t.  2,  p.  i5i.) 


5l6  J.    TECERNBEy    PLACE   OU   LOUVRE,    12. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  quatre  livres  ;  les  deux  premiers  li- 
vres sont  de  Wolfram  d'Eschenbach  ;  les  deux  autres  d'Henry 
d'Osterdingen.  Les  hauts  faits  de  l'empereur  Otnitz  (Odoaire), 
de  Dietrich  (Théodoric)  et  de  leurs  contemporains  y  sont  ra- 
contés. Sur  un  fonds  hbtorique,  on  a  brodé  quantité  de  récits 
fabuleux.  Luther  a  plusieurs  fois  cité  ce  poëme,  qui  est  impor- 
tant pour  l'étude  de  l'ancien  idiome  germanique. 

Histoire  du  Chevalier  blanc,  qui,  par  sa  vaillance  et  sa  fidélité  au 
Chevalier  Lieven ,  fils  du  duc  de  Bruges ,  obtint  enfin  un 
royaume.  Strasbourg^  i5i4»  iu-foL,  182  feuillets ,  à  deux  co- 
lonnes, fig,  sur  bois. 

Cette  histoire  se  trouve  dans  le  livre  d'Amour.  Francfort , 
1587,  in-fol.,  347*  feuillet. 

L'éd.  ci-dessus  n'est  pas  mentionnée  dans  Panzer,  Annales 
allemandes  ;  mais  il  en  indique,  t.  i,  p.  479  une  sans  lieu  ni 
date;  c'est  probablement  un  ex.  incomplet  de  celle-ci  qu'il 
avoit  vu. 

Histoire  véritable  et  divertissante  de  Hugues  Scharpler,  qui  devint 
un  puissant  roi  de  France.  Strasbourg^  i5o8 ,  in-fol.,  fig.  sur 
bob,  52  feuillets  à  2  colonnes,  et  tbid.^  ^53'jj  in-fol.,  Sg  feuil- 
lets, fig.  Panzer  (Annales  allemandes,  1. 1,  p.  25i)  fait  mention 
d'une  édition  antérieure.  Strasbourg,  i5oo,  in-fol. 

Histoire  de  Méliadus,  dit  le  chevalier  de  la  Croix .  Strasbourg^  1609, 
in-8.  Bdle,  i6i3,  in-8. 

Belle  et  divertissante  histoire  écrite  en  vers  par  Hermann  de  Sachs- 
sénheim ,  et  appelée  la  Moresse.  Une  édition  sans  lieu  ni  date, 
40  fr,  Héber,  2,  633.  Strasbourg ,  i5i2  ,  in-fol.,  fig.  en  bois, 
58  feuillets  non  chi£frés  ;  cette  épopée  chevaleresque  fut  écrite 
en  i45o.  Pf^ormSj  1 538,  in-fol. ,  fig.  sur  bois,  4  feuillets  prélim. 
dont  1  blanc,  et  4?  feuillets  chi£Erés ,  et  i539>  in-fol.  Franc^ 
Jhrtj  vers  i55o,  in-fol. 

{La  suite  au  numéro  prochain») 


Ias  ttrmes  d'arts  et  métiers  serani-ib  admis  dans  le  Dictionnmre 

historique  de  la  langue  française  ? 


RAPPORT 

DE  M.  CHARLES  NODIER, 

va  k  L*ÂCA»teit  rmiwfoiis  ,  dam*  ta  liuict  rJATicoLnkt  f>r  JtuDt  14  râTvtu  18S9. 

Mestieany  l'Académie  Irançoise  a  déddë  en  principe  qae  apn 
DiaiottMairt  historique  renfenneroit  tous  les  élëmens  de  son  Die^ 
iionnaire  de  la  langue  française,  selon  la  sixième  édition. 

Elle  s'est  réservé  d'ajouter  quelques  article  nécessaires,  et  d'en 
développer  quelques  autres. 

Telle  est  la  décision  réglementaire  en  veitu  de  laquelle  je  rédige. 

L'article  ahoui  ,  qui  est  en  question  y  se  trouve  dans  le  diction^ 
noire  actuel;  il  deroit  donc  se  trouver  dans  celui-ci. 

L'article  m'a  paru  incomplet  ;  c'est  là  que  je  suis  entré  dans  le 
droit  d'extension  et  de  développement  réservé,  dont  l'Académie 
est  juge. 

L'Académie  avoit  cité  deux  acceptions  du  mot  aSout ,  l'une  em» 
pruntée  au  Vocabulaire  spécial  de  la  charpenterie ,  l'autre  à  celui 
delascnrureiie;  maiso^oii^  étoitaussiun  terme  d'arpentage,  on 
terme  de  statistique  territoriale,  un  terme  de  droit,  et  ces  acceptions 
plus  anciennes ,  plus  usitées,  plus  connues  que  les  autres ,  ne  dé- 
voient pas  être  plus  dédaignées.  J'abuserois  des  momens  de  l'Aca- 
démie ,  en  donnant  plus  d'extension  à  la  défense  de  mon  article. 

La  seule  difficulté  que  cet  article  suscite ,  et  que  tous  les  articles 
du  même  genre  semblent  devoir  susciter,  c'est  de  savoir  jusqu'à 
qnd  point  les  arts  et  métiers  doivent  trouver  leur  vocabulaire  dans 
le  Dictionnaire  historique  de  la  langue.  Elle  me  pàroit  trè»-lacile  à 
résoudre. 

Craint-on  la  multiplicité  des  mots  techniques?  elle  ne  sera  pas 

33 


5l8  '       J.     TECIIENKR  ,    PLACE    DU    LOUVRE,     12. 

plus  choquante  que  dans  le  dictionnaire  actuel ,  puisqu^il  m'est  dé- 
fendu de  m'en  écarter. 

Craint-on  la  multiplicité  des  additions  que  ces  mots  pourroient 
entraîner  à  leur  suite;?  elle  restera  toujours  à  la  discrétion  de  l'Aca- 
démie, puisque  aucun  mot  ne  peut  prendre  place  dans  son  diction- 
noire  sans  discussion  et  sans  jugement. 

Le  danger  n'est  donc  nulle  part. 

Convenons-en,  messieurs 9  ce  qui  nous  ef&aye  dans  les  mots 
spéciaux  des  arts  et  métiers ,  c'est  que  ces  mots  n'ont  pas  grand 
crédit  dans  la  langue  littéraire;  c*est  que  nous  sommes  tous  plus 
ou  moins  disposés  à  nous  persuader  qu'on  Dictionnaire  historique 
de  la  langue  française  est  un  ouvrage  de  bonne  compagnie  ,  destine* 
à  l'usage  des  salons  ;  un  Gradus  ad  Parnassum  pour  les  jeunes  gens 
qui  se  proposent  de  suivre  la  carrière  des  lettres ,  et  dont  le  nombre 
paroît  disposé  à  s'accroître  indéfiniment,  si  je  m'en  rapporte  aux 
amonoes  des  journaux.  IVanquiUtseE-vôus,  messieurs;  cette  noble 
émvdation  n'est  'pas  près  de  s'éteindre ,  et  si  mure  civilisation  finit 
bientôt ,  ce^'è  Dieu  ne  plaise ,  ce  ne  sera  pas  faute  d'auteurs. 

Je  prends  la  Itbertéde  juger  autrement  dv/>/^fi0mim>tf  historique 
de  la  langue.  Je  le  regarde  comme  le  livre  de  tout  le  monde.  Je 
voudrois  n'en  écarter  que  les  mots  mal  6uts  qui  ne  servent  à  rien , 
et  ee  n'est  certainement  pas  dans  le  Vocabulaire  des  arts  et  métiers 
que  j'irois  les  dierâiér ,  j*^ik  demande  Mên' pardon  aux  sciences  et 
&  la  politique.  

Oserois-je  rotts  demander,  messieurs ,  ce  qui  vous  i^épagne  dans 
le  Vocabulaire  des  arts  et  métiers  ,  restreint  toutefois  selon  la  règle 
et  la  méthode  de  votre  dictionnaire  actuel  ? 

Est-<e  par  basait  le  peu  d'impoitsnce  de  la  matière  ?  Je  ne  saa- 
«^s ,  en  vérité,  partager  ee  dédain  pour  ht  langue  essentielle  de  la 
civilisation.  Elle  n'a  pas  commencé  par  les  lettres  et  les  sciences; 
eDe  a  commencé  parles  métiers.  Oa  a  bâti  des  maisons  bien  avant 
de  bâtir  des  dictionnaires  ;  et ,  pour  me  servir  d'un  rapprochement 
de  M.  Delilte ,  dont  je  ne  me  charge  pas  de  démontrer  la  justesse, 
on  a  cultivé  des  jardins  avant  de  cultiver  des  vers.  Je  rends  justice 
à  la  littérattue  ;  c'est  un  loisir  foit  agréable ,  mais  je  crois  qu'une 
société  bien  faite  s'en  passeroit  plus  aisément  que  de  la  demiètv 
des  industries  mécaniques.  Obvier  de  Serres  Tagricnltetur ,  Pliili- 
bert  Delorme  l'architecte ,  Mathurin  Jousse  le  serrurier,  Solleysel 
le  maréchal ,  et  Bergeron  le  touiueor ,  ne  sont  pas,  à  la  mérité,  de 


wuujmn  ou  MiuoruiLE.  »       -  5ig 

fort  gr«Mli  peramnaget  «fix  yeux  des  beaux  eipcits,  intU  k  perte 
de.  leurs  ouvrageB  scroit  de  plus  fyaodt  conséquanoei  peui^Uw, 
pMir  le  génie  humain,  que  celle  de  tous  Ua  romans  qui  ont  paru 
en  i838y  sans  en  excepter  ceux  qui  concourront  au  prix  Montbyonl 
C'est  pourtant  ce  que  l'on  vous  propose  dé  décider. 

Ou  bien,  messieurs,  ces  mots  vous  seroient-ils  désagréables  par 
leur  construction  et  par  teur  ferme?  Sur  ce  point,  la  délicalesae 
exquise  de  votre  goût  ne  m'in^ire  pas  la  moindre  inquiéliude.  Je 
ne  saurob  veus  dire  combien  elle  me  rassure.  Le  Vocabulaire  des 
arts  et  méti«s  est  admimblement  fait  dans  toutes  les  langues.  En 
françois,  il  eH  excellent.  Ce  seroit  trop  le  vanter  que  de  prétendre 
qu'il  est  sar ait.  Ce  seroit  l'apprécier  à  peine  à  sa  valeur  que  de  lui 
accorder  le  mérite  du  naturd ,  de  la  correction  et  de  la  clarté. 
Chose  étrange  ,£t  qu'on  ne  peut  aases  remarquer  !  les  grammairiens 
leconnoissent  trks^bien  la  valeur  virtuelle  de  la  désinence  dans  lesuba- 
tantif ,  mais  ils  ni  l'expliquent  point  ;  et  quand  nos  habiles  écrivains 
font  un  mot  nouieau ,  ce  qui  doit  arriver  à  Paris  une  dnquantiiine 
de  fois  par  jour,  ilest  si  rare  qu^ils  ne  s'y  méprennent  pas»  qu'on  peut 
parier  hardiment  à  tout  coup  pour  le  barbarisme.  Jamais  l'ouvrier 
ne  s'y  est  trompé  reon  mot  jaillit  toujours  simple,  dur  et  françois, 
de  la  nécessité  qui  le  fait  naître  ;  il  n'y  en  a  pas  un  seul  qui  puisse 
être  meilleur,  et  mieux  exprimer  ce  qu'il  signifie.  S'il  étoit  possible 
de  douter  que  IHeuteût  donné  à  l'homme  la  bucviU  de  créer  avec 
puissance  le  verbe  àmi  il  a  besoin ,  je  n'en  voudrois  pas  d'autre 
preuve  { et  c'est  là  un  de  ces  £Bdts  dont  l'histoire  d'une  langue  doit 
tenir  compte. 

Voici ,  messieurs ,  uae  autre  considération ,  et  elle  est  fort  grave. 
Quand  les  pauvres  ouvriers  qui  ont  £sit,  sans  lé  savoir,  le  Voci^ 
bulaire  des  arts  et  métil^,  accomplissoient  d'instinct  le  plus  grand 
œuvre  de  llnteUigence  humaine ,  ils  ne  savoient  ni  lire  ni  écrire  ; 
île  appeloient  les  choses  4e  leur  nom,  comme  le  premiei*  homme  de 
la  Genèse,  parce  qu'il  leii^  étoit  donné  de  les  nonmner*  Depuis  que 
ces  bonnes  gêna  ne  ibnt  |tus  de  mots  ,  on  continue  à  croire  qu'on 
fiût  des  mots,  mais  on  n'e^  fait  point.  On  en  copie,  on  en  traduit, 
ou'  en  travestit.  C'est  une  snisérable  richesse ,  messieurs  ;  c'est  la 
richesse  du  progrès. 

Une  nouvdUe  époque  de^la  société  est  arrivée.  Lesouvriens  en 
profitent,.a'il  y  a  profit.  La  politique  et  la  philosophie  modernes  se 
sont  beaucoup  occupées  de  l^r  instruction ,  parce  que  rinatruction 


520  I.  TECIULNEE  ,  PLAOS  DU  LOCVAB,  12. 

est  y  en  dernière  analyse ,  le  meilleur  de  tons  les  instmmens  qu'on 
puisse  employer  pour  tirer  parti  de  la  sottise  et  de  la  crédulité 
des  hommes.  Le  peuple  lit ,  le  peuple  écrit,  le  peuple  est  émancipé, 
le  peuple  devient  littéraire.  Nous  avons ,  nous-mêmes ,  de  grands 
prix  à  distribuer  tous  les  ans  pour  l'enseignement  du  peuple.  Est-ce 
là  le  moment ,  faites-moi  la  grâce  de  me  l'apprendre ,  de  retirer 
an  peuple ,  dans  le  dictionnaire,  l'expUcation  et  l'histoire  des  mots 
les  plus  essentieb  de  son  langage?  Où  les  cherchera-t-il,  si  les  corps 
savants ,  qui  représentent ,  jusqu'à  nouvel  ordre ,  l'aristocratie  fort 
précaire  de  l'intelligence,  ne  veulent  pas  les  lui  donner?  Je  vais 
vous  le  dire ,  messieurs.     . 

L'instruction  du  peuple  est  devenue  présomptueuse ,  comme 
toutes  les  instructions  faussées.  Le  peuple  ne  voit  pas  sans  humilia- 
tion qu'on  méprise  ses  nomenclatures.  U  en  conclut  peu  à  peu  que 
ce  qui  n'est  que  firançois  n'est  pas  tout  à  (ait  françois.  &i  vanité 
blessée  finira  par  se  réfugier  dans  le  grec ,  et  les  exemples  ne  lui 
manquent  pas ,  grâce  au  charlatanisme  des  chimistes ,  des  natura- 
listes et  des  médecins. ... . 

AmbubaVarum  collegia ,  pharmacopolae  , 
Mimae ,  balatrones 

Cest  un  moyen  comme  un  autre  de  retourner  à  la  langue  grecque, 
et  de  justifier,  par  la  synthèse,  le  savant  paradoxe  d'Henri  Estienne; 
mais  ce  n'est  plus  la  peine  alors  de  faire  le  Dictionnaire  de  la  langue 
française,  car  dans  cinquante  ans  elle  n'existera  plus.  On  l'ap- 
prendra dans  Schrevelius. 

Au  nom  du  ciel,  messieurs ,  si  vous  vouiez  faire  une  coupe  ré- 
glée dans  le  dictionnaire ,  tenes-vous-en  à  ces  mots  scientifiques  si 
dépourvus  d'analogie,  si  grossièrement  liibrides  ,  si  maladroite- 
ment cousus  à  leurs  désinences,  si  barbares  et  si  mal  feûts,  qui  ne 
présentent  aucune  idée  nette  à  la  pensée  des  ignorans ,  qui  font 
sourire  de  pitié  les  gens  instruits ,  et  qu'il  seroit  grand  temps  de 
idéguer  parmi  les  langues  occultes  à  côté  du  chiffre  des  diplo- 
mates et  de  l'argot  des  filous.  Criez  avec  moi  :  Timeo  Danaos^  et 
donafrrentes;  vous  trouverez  de  l'écho  parmi  les  hommes  éolaii^ 
qui  pratiquent  notre  belle  langue  en  coDnoissance  de  cause ,  et 
vous  ne  choquerez  pas  les  autres ,  car  les  febricateurs  ^de  la  nou- 
velle langue  grecque  ne  sont  pas  de  force  k  entendre  votre  latin. 

Ce  seroit  une  grande  erreur  que  de  supposer  ,  au  reste ,  qu'il 


BmXXTIN   DU  BIBUOPHILK.  521 

s'a(pt  purement  id  de  Tintéret  d'un  vocabulaire  spécial.  11  eu  est 
des  fiimilles  de  mots  comme  de  la  feuaûlle  propremeut  dite  :  Quel- 
ques individus  prospèrent ,  plus  ou  moins  inutiles ,  mais,  honorés 
par  leur  position  et  par  leur  fortune  ;  quelques  autres ,  utiles  et 
souvent  nécessaires ,  végètent  dans  le  dédain  et  dans  l'obscurité , 
parce  qu'ils  ne  sont  pas  présentables  dans  le  monde  ;  mais,  dans  la 
statistique  du  pays,  une  pfdre  de  sabots  représente  l'unité  sociale 
conmie  une  paire  de  talons  rouges.  Si  vous  retranchez  quelque 
chose  dans  la  ligne  de  descendance  ou  dans  la  ligne  d'affinité,  vous 
détruises  toute  l'harmonie  et  tout  l'ensemble  de  la  race.  Qui 
sait  si  le  pou  trivial  de  l'outil  le  plus  dédaigné  ne  fournira  pas  un 
jour  à  la  langue  une  figure  hardie  et  sublime?  Plutarque  rapporte 
quelque  part  que  Pythagpre  faisoit  souvent  usage ,  dans  ses  maxi- 
mes et  daps  sts  lois,  de  termes  particuUers  au  métier  de  dseleur, 
et  d'images  empruntées  à  l'action  de  graver  ou  d'empreindre ,  parce 
que  son  père  élpit  graveur  de  cachets.  Etienne  Le  Noir  et  Chrétien 
Knauth  convieiiient  qu'ik  n'ont  rien  trouvé  de  pareil  dans  les 
rares  lambeaux  ^ui  nous  restent  de  ce  grand  homme,  et  cette  perte 
irréparable  ne  s'ckpUque ,  hélas  !  que  trop  bien.  Ces  mots  spéciaux 
ne  s'étoient  pas  cipservés  dims  la  langue  écrite ,  et  les  vers  où  ils 
étoient  contenus  pirirent ,  parce  qu'on  avoit  cessé  de  les  entendre. 
Que  penseries-vousde  cette  omission  dans  le  dictionnaire  de  l'Aca- 
démie de  Grotone ,  si  Crotone  avoit  eu  une  Académie ,  et  si  l'Aca* 
dànie  de  Grotone  avoit  fait  un  dictionnaire  7 

Cç  genre  d'omission  systématique  a  souvent  produit  d'étranges 
bévues  de  sçoliastes  dont  vous  me  permettrez  de  rapporter  un 
exemple  entre  mille ,  ot  jç  Iç  prendrai  haut ,  car  c'est  le  savant  An- 
dré Schott  qui  me  le  fournit.  Sidoipe  Apollinaire,  dans  la  des- 
cription de  sa  maison  do  campagne ,  décrit  avec  beaucoup  de  grâce 
le  doux  asile  qu'offrent  les  asseres  de  son  toit  aux  tribus  voyageuses 
deshironddiles.  Ce  passage  n'est  pas  difficile  à  traduire.  Les  asseres 
sont  ce  faisceau  de  lambris ,  d*ais  ou  de  soliveaux  qui  composent, 
dans  le  Vocabulaire  de  lacharpenterie,  les  lambourdes  ou  les  mem^ 
hrures  du  toit.  Asseres  ne  se  trouvoit  pas  dans  les  lexiques  dont 
Andfé  Schott  pouvoit  faire  usage ,  et  il  ne  se  souvint  pas  de  l'avoir 
la  dans  Vitruve.  Il  aima  mieux  croire  à  une  faute  de  copiste  qu'à 
un  barbarisme  d'écrivain ,  et  il  corrigea  bravement  par  «  anseres ,  m 
qui  est  d'un  latin  très-classique.  La  joUe  phrase  de  Sidoine  Apolli- 
naire se  présente  alors  sous  un  aspect  fort  nouveau  ;  elle  signifie 


5a2  J.    TECHENEII  ,    PLACE  DQ    LOOVIlE  ,    12. 

rigonrensement  «  que  les  oies  ont  pris  la  peine  de  faire  dans  «on 
toit  des  nids  poar  les  hirondelles  ;  »  et  il  n'y  a  point  de  htt  pins  ex- 
traordinaire dans  Tonûthologie.  Anssi  de  graves  naturalistes  l'ontr 
ils  soigneusement  noté. 

Cette  bizarre  méprise  m'en  rappelle  une  antre  qui  n'est  pas 
moins  singulière.  Les  anciens  dictionnaires  latins  ne  donnoient  au 
mot  rhombus  que  le  sens  vulgaire  de  turbot.  Ils  avoient  néglige  Tac- 
ception  technique  dans  laquelle  ce  mot  signifie  une  eqpèce  de  toupie 
éolienne  qu'on  fait  rouler  sur  des  lanières  élastiques ,  et  que  nous 
appelions  le  Diable ^  il  y  a  une  vingtaine  d'années.  L'Académie  a  bien 
voulu  en  faire  mention  sous  ce  dernier  nom ,  et  je  lui  en  rends 
grâce;  mais  les  premiers  lexicographes  latins  avoient  été  moins 
soigneux.  Or  ce  rhombus  étoit  d'usage  dans  certaines  cérémonies 
magiques,  et  M.  Noël ,  auteur  du  Dictionnaire  des  Pêches ,  qui  ne 
connoissoit  qu'un  sens  au  mot  latin ,  se  montre  fort  persuadé  que 
le  turbot  servit  aux  enchantemens  des  bergers  de  Théocrite  et  des 
sorcières  d'Apulée.  M.  Hoffmann  lui-même,  qui  étoit  bien  plus  sa- 
vant que  M.  Noël ,  a  partagé  son  opinion.  Voyez  que  de  sottises  et 
de  contre-sens  peuvent  résulter  de  l'omission  du  mot  le  plus  mépri- 
sable en  apparence ,  et  n'imitez  pas,  messieurs,  cette  imprudente 
économie.  Notre  langue  regorge  de  vie  aujourd'hui ,  elle  se  fait 
jeune  tant  qu'elle  peut  ;  mais  un  jour  elle  sera  morte. 

J'ai  eu  pour  ami  dans  ma  première  jeunesse  un  aimable  jeune 
homme  qui  se  destinoit  aux  grandes  affaires.  Gomme  ses  penchans 
le  poussoient  vers  l'Italie ,  il  eut  le  courage  d'apprendre  par  cceur 
Yeneroni  et  Antonini,  et  il  est  vrai  de  dire  qu'il  réussit  à  lire  assez 
couramment  Métastase.  Il  alla  plus  loin;  il  épela  Machiavd,  car 
il  étoit  dipbmate ,  et  on  le  fit  secrétaire  d'ambassade  en  Toscane. 
Les  salons  de  Florence  l'accueillirent  à  merveille;  et,  si  on  ne  le 
comprit  pas,  on  parut  du  moins  le  comprendre.  Il  étoit  donc  con- 
tent de  lui  comme  un  François  en  voyage,  mais  il  n'avoit  malheu«* 
reusement  pas  encore  compté  avec  sa  blanchisseuse.  Le  mémoire 
de  sa  blanchisseuse  étoit  cependant  fort  bien  écrit  y  et  même  fort 
bien  orthographié ,  selon  l'usage  des  blanchisseuses  de  Florence  ; 
mais  il  ne  se  trouvoit  pas,  dans  tout  son  contenu,  un  seul  mot  qui 
eût  jamais  frappé  son  oreille  ou  ses  yeux.  Impossible  à  mon  jeune 
savant  d'y  distinguer  ses  chemises  de  ses  mouchoirs  de  poche,  et 
«es  cravates  de  ses  bonnets  de  nuit.  Le  rouge  lui  monte  au  front , 
il  médite ,  il  se  ronfe  les  oii(^ ,  il  s'aviae  enfin ,  il  court  à  la  Lau- 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  523 

rentiane,  il  s'empare  du  dictionnaire  de  la  Crusca ,  qu'il  n'avoit 
jamais  ouvert.  Pas  un  des  mots  formidables  qui  l'avoient  si  cruel- 
lement déconcerté  ne  manquoit  à  sa  place ,  celui-ci  avec  l'autorité 
de  Lasca ,  celui-là  sous  le  patronage  de  Burchiellp  ;  l'un  appuyé 
sur  Dante ,  l'autre  sur  Boccace.  Je  crois  me  rappeler  que  ce  Ait 
Gello  qui  lui  donna  le  nom  des  chaussettes  ;  car  ce  divin  Gello,  un 
des  flambeaux  de  la  littérature  italienne ,  étoit  chaussetier  ;  et  son 
oraison  funèbre ,  qui  est  un  chef-d'œuvre  de  style ,  fiit  prononcée 
par  un  garçon  tailleur. 

Le  secrétaire  d'ambassade  de  Toscane  acheta  le  dictionnaire  de 
la  Cruscaj  et  apprit  l'italien. 

Je  n'ai  plus  qu'un  mot  à  dire ,  messieurs ,  mais  je  le  crois  de 
nature  à  fixer  votre  opinion. 

Il  existe  en  France  un  monument  de  science  lexicographique 
dont  tous  les  peuples  sont  jaloux,  et  je  n'ai  pas  besoin  de  nommer 
le  Glossaire  de  Du  Gange.  Le  Glossaire  de  Du  Gange  est  peut-être 
le  seul  dictionnaire  qui  ait  mérité  une  statue  à  son  auteur  y  mais  il 
est  probable  que  les  auteui-s  de  V Encyclopédie  passeront  auparavant. 
Eh  bien ,  qu'a  fait  Du  Gange  pour  éclairer  la  langue,  et  la  littéra- 
ture ,  et  les  sciences ,  et  l'histoire  ?  il  a  recueilli  ce  que  la  négligence 
et  le  dédain  des  hommes  avoient  laissé  en  oubli  dans  les  trésors  de 
la  parole.  Il  a  restitué  la  langue  du  droit,  la  langue  de  l'agricul- 
ture ,  la  langue  du  commerce ,  la  langue  des  arts  et  métiers.  Tout 
cela  étoit  mort,  et  tout  cela  est  vivant. 

Vous  ne  serez  pas  obligés,  messieurs ,  d'aller  chercher  vos  ma- 
tériaux si  loin  :  vous  travaillez  sur  le  vif,  et  j'ai  peur,  il  faut  l'avouer, 
c{ue  la  mort  ne  le  saisisse  avant  peu.  Youlez^vous  aborder  franche- 
ment le  plan  d'un  ouvrage  complet  ;  ou  bien ,  laisserez-vous  le 
soin  de  l'achever  à  quelque  Du  Gange  futur  ?  —  Il  peut  se  présen- 
ter sans  doute ,  mab  je  n'ose  pas  vous  le  promettre. 


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i3ulUtin  l)U  i3iblt(r))l)ile, 


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CATALOGUE    DB    LIVEBS    RAlIKS    ET   CUHIKtIX ,    HE 

LITTÉRATURE,    d'bISTOIRB  ,    ETC.,    i>Ul 

SE  TROUVENT  A  LA  LlBEAtRIE  DE 

J,     TSCHEKER,    PLACE 

PU      LOUVRE  , 


No  il.  -- Janviul  1859. 


1278  A608Tiia(F.-G.).  Notizie  istorico-critiche  interne  la  Vita,  e 

le  Opère  degU  scrittori  Yinoiani.  In  y4nezia^  1752-549 
2  vd.  m-49  br.  en  cart. 36 —  » 

1279  AifBCDOTA  graeca  e  regia  Parisienn^  et  e  Yeneta  S.  Marci 

bibliethecis  deprompta  edidit  J.-B.  Gasp.  d'Ansse  de  Vil- 
loison.  F'enetiàj  1781,  2  vol.  in-49  br.     .     .     .      25*-  » 

1 280  AimQvis  (ob)  Bibracte,  sey  Avgvstodvni  monioientis  libell vs , 

emusseoEm.  Thomas.  Lugdt^nij  Barbier j  i65o,  iD-49  plan- 
ches^parcb 8—» 

Ex^mpl.  av«o  ^otM  Daauscriteti  saiTiiDt  lesquelles  cet  ouvrage 
est  de  Leotias  ou  J^tootius. 

1281  AuDiFFRBOi  (J.-B.)  Spécimen  historico- criticum  editionum 

Italîcanun  sœcuU  XY9  etc.  Roma^  17949  gr*  ÎQ-4f  cart., 
n.  rog 12 —  n 

1282  Baconi  (Fe.)  opéra  moralia   et  civilia,  cura  G.  Rawley, 

Londim'y  i638y  2  tom.  en  i  vol.  in-fol.,  parch.     .    i5—  >» 


/ 


52G  1.    TECHENER,    PLACE   DU   LOUVRE  >    12. 

1283  BoLANUs  (F.-B.).  Historia  almi  Ferrari»  gymnasii  in  duas 

partes  divisa.  Ferrariœ,  1785,  2  vol.  in-4,  cart.,  planches. 

i5 —  » 

1284  BdNHAiEs.  Mémoire  au  ministre  de  l'intérieur  sur  la  statis- 

tique du  département  des  Hautes-Alpes.  Paris,  an  ix,  iii-8, 
br ^ —  » 

1285  Bouges  (lb  R.  P.).  Histoire  ecclésiastique  et  civile  du  dio- 

cèse de  Carcassonne  ,  avec  les  pièces  justificatives  ,  et  une 
notice  ancienne  et  moderne  de  ce  diocèse.  Paris ,  1741  > 
I  vol.  in-4>  d.-rel xo— » 

1286  Gastblu  (Eoh.).  Lexicon  heptaglotton ,  hebraicum,  chal- 

daic. ,  syriac. ,  samaritan. ,  etc. ,  cui  accessit  brevisgrammaticse 
delineatio.  Londini ,  Th.  Roycroft ,  1669 ,  2  vol.  grand 
in^fol.,  V.  éc.,  fil.,  tr.  d.  (^^/ex^mp/.)*     ...     261 


1287  Gatalogo  délie  storie   particolari  civili  ed  ecdesiastiche 

délie  città  e  de'  luoghi  d'Italia ,  le  quali  si  trovano  nella 
domestica  librariadei  fratelli  Goleti.  In  Viiugia,  1779,  in-4} 
br 12'^» 

1 288  Gatalogus  historico-criiicus  romanarum  editionum  sxculi  xv , 

in  quo  prœter  editiones  a  Maettario ,  Orlandio ,  ac  P.  Laerio 
relatas  et  hic  plerumque  plenius  uberiusque  descriptas  plu- 
rhnœ  aliœ  quae  eosdem  eSugerunt ,  tecensentur  ac  descri- 
buntur,  etc.  Romœ,  1783,  in-49  bi^*  {Fac-similés,) 


1 289  Gathala  Gotueb  (de).  Histoire  poUtique,  ecclésiastique  et  lit- 

téraire du  Querci.  Montauban,  1788,  3  vol.  in-8.      i5 —  » 

1290  Ghalibu  (l'abbb).  Mémoires  sur  diverses  antiquités  du  dé- 

partement de  la  Drômë  et  sur  les  différens  peuples  qui  l'ha- 
bitèrent avant  la  conquête  des  Aomains.  Faïence,  s.  d. , 
in-4i  fig.|  br 6—  » 

1 291  Champigvt  (ob).  Histoire  abrégée  de  Suède ,  depuis  les  rois 

de  la  maison  de  Yasa  jusqu'à  l'année  1 776.  Amsterd. ,  1 776, 

in-4,  V 

Exefopl.  avec  une  lettre  autographe  de  Tauteur^de  deux  pages. 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE»  52^ 

I  agi  GflANTSBBAy  Le  Fbbybb  (Lotis).  Discovrs  historiqve  concer- 
nant le  mariage  d'Ansbert  et  de  Blithilde  ,  pretendve  fille 
dv  roy  QothairelouIL  Paris,  A nt.  Vitré,  i6479În-49P&'^* 


Exempl.  avec  envoi  d^auUur  au  collège  de  la  Société  de  Jësot 
de  Dijon .  ' 

lagS  Chaeta  pafteacea  grœce  scripta  Mnsei  Borgiani  yelitris  qna 

séries  incolarum  Ptolemaidis  Arsinoiticae  in  aggeribus  et 

fossis  operantium  exbibetur  édita  a  N.  Schow,  cum  adno- 

tatione  critica,  etc.  Roma^  '788,  in-4>  fac-similé  ,  parch. 

ï5—  » 
Esempl.  ayec  en  toi  d^auteur  au  card.  Etienne  Borgîa. 

1294  Ceeohiqitb  abeéoée  de  Danemaece,  depuis  le  roi  Dan  I^'y  sous 

lequel  le  Danemarck  a  eu ,  dit-on  y  son  commencement  et 
son  nom,  jusqu'au  temps  actuel,  par  Jens  Sôffrensôn  Nor- 
Nissom  (en  allemand) ,  i645,  pet.  in-ia,  cart.  7^  » 

1 295  CiACGONn  (Alphorsi).  yit«e  et  res  gestae  pontificum  romano- 

rum  et  cardinalium ,  ab  initio  nascentis  ecclesiae  usque  ad 
Urtianumyin.  Romœy  i63o,  2  vol.  in-foL,  Tél.  cordé, 
y.  f.,  remplis  de  portraits.  —  Yit»  et  res  gestœ  pon- 
tificum romanorum  et  cardinalium  a  Clémente  TJL  usque 
adGementem  XII,  script»  a  Mario  Guamacci.  Roma^  1 761 , 
2  vol.  in-fol. ,  portraits,  y.  m. 

Les  deux  ouvrages  rëunis  {Rarei.) 8o-«  » 

1296  CoDioB  HARV8CEIPT1  N.  T.  Grscci  Rayiani  inbibliotheca  regia 

Berolini  examen  ,  institvit  G.  Gottiieb  Pappelbaym.  Bero^ 
Uni,  1796,  in-8,  br 


1296  tis.  Collection  de  mémoires  pour  servir  à  l'Histoire  de 

France ,  par  M.  Guizot,  3i  vol.  in-8,  br. 

La  même ,  publiée  par  M.  Michaud  et  Poujoulat ,  25  vol. 
grand  in-8,  br. 

1297  ComioissANCE  (la)  des  pavillons  ou  Bannières  que  la  plu- 

part des  nations  arborent  en  mer.  La  Haye ,  1787  ,  in-4  > 
avec  90  planches,  y.  br 10— >» 


528  1.  TEcasim,  place  dc  louvie,  la. 

1298  DoKifAY  (Clatdb).  Histoire  de  la  TÎDe  de  Soiwopg  et  de  fes 
rois  y  àvtBy  comtes  et  govrerneyrs,  aacc  Tne  saîtte  des 
eresques,  et  td  abbrëgë  de  leurs  actions.  Saiêsûni,  i663y  fig. , 
2  vol.  in-4,  V.,  br.   (Rare.) il 


1299  I^  Brevl  (P.- J.).  Svpplementvm  antiqvitatnn  vrbis  Pari- 
siacse,  qvoadsanctorvm  germani  à  Patris ,  et  Maori  fossaten- 
sis  cœnobia.  Pansiisf  Petit^Pas^  161 4»  ^"^i  p^nli.  5-«o  » 

i3oo  Elogj  degli  uomioi  iUustri  Toscani.  In  Lucca,  177 1>  7  vol. 
ïoA  y  br 25—  M 

i3oi  Elooi  storici  di  Cristoforo  Colombo  e  di  Andréa  d'Oria. 
Parmay  stamp,  realCf  1781 ,  in-4,  port.,  rel.     .     .     5 —  » 

i3o2  EsAMEdelBronzoLerpirianopnbblicatodalloSpon./APfiarOy 
1 771,  in-4  >car<^*     •     • ^"^  ** 

i3o3  Fabeettus  (&Ara.).  DeaqvisetaqwdYctibvsTtterisRomœ, 
dissertationes,  Romesy  Joannes  BussoUus,  1680,  in-4> rempli 
de  planches ,  parch 1 


i3o4  Fabeicu  (JttAN.  Aui.)  Bibliotbeca  latina ,  nunc  melius  dé- 
lecta» rectius  digesta  et  aucta  diligentia  J.  Aug.  Emesti. 
LipMy  1773-74$  3  vol.  in-89  d.-reL,  noRrog.        35—  » 

1 3o5  —  ■  Bibliotheca  latina  et  infimae  aetatis,  accedunt  Wip- 
ponis.  Hamburgiy  1734-46,  6  vol.  pet.  in-8,  rel.  en  vélin. 

35—  «. 

i3o6  FAoaoLATi  (Jacobi)  Fasd  gymnasiî  Patavini.  Patatdi,  tjS'j^ 
2  vol.  in--49  cart.,  non  rog 27—^» 

i3o7  Fischer  (F.-C.-J.).  De  prima  expcditîone  Attilae  régis  Hnn- 
nonnn  in  Gallias  ac  de  rebns  gestis  Waltharii,  carminb  l^ei 
saecvliYI.  Lip^ûv,  1792,  în-4,  ^•'^^I*     •     •     •       10—-  » 


1 3o8  Favola  (la)  di  Circe  rappresentata  in  un  antico  greco  Basso- 
rilievo  di  Marmo  comentatada  Ridolfino  Venuti.  Borna, 
1758,  iii-49  pi.»  br 1^  n 

i3o9  GoLTznrs  (Hvb.).  Thesavrvs  rei  antiqvariae  Hvberrimvs;  ex 


BULLBTUf   DU  BIBUOPBfUS.  5^9 

antiqmtam  nvmànuitvm  qvwn  marmoriua  inwriptîoiûbos 
pari  diligenti»  qua  fkk  conquisitua  ac  descc^^tuif  et  in  locos 
communes  distribntus.  Antuerpia,  ex,  off,  PbuUÎHÎj  1879, 
in-49parch 


i3to  GviLLDfAimva  (Fa.)*  Rabsbvrgkm,  sive  de  antiqvay  et  vera 
origine  domvs  Avstriae  vita  et  rebvs  gestis  comitvm  Vindonis- 
sensium  $he  Altenburgienslnm  in  primis  Habsbvrgiorvm. 
Mediolani\  i6o5,  in-49  fig*9  ▼•  ni 


i3ii  HiSTOiRB  de  l'abbaye  rojale  de  Notre-Dame  de  Soissons , 
de  Tordre  dé  Saint-Benoit,  par  un  bénédictin  de  la  congré- 
gation de  Saînt-Maur  (dom  Michel  Germain).  Paris j  léyS, 
I  vol.  in-4  9  V*  '^i'*>  portrait  d'Annand  de  Lorraine  d'i^prts 
Mignard  y  ajouté.  i5 —  » 

1 3 1« de  rheresie  de  Victef,  Jean  Hts,  6t  Jérôme  de  Prague, 

avec  ceU^de3  gMjerr^  de  Bohêine  c|ui  en  ont  été  les  agites 
(par  Varillas).  Lfon,  i68a^  in-12,  v.  br.  4"^^^ 

i3i3  Iif^flLoF  (J.*WO«  Historia  Italise  et  Hispaniae  genaaloy^a» 
Norimbergœ^  170I9  2  tomes  en  i  volin-fol.,  y.  br. 
Avec  tableaux  généalogjUiaes  et  blasp^i dans  le  to^te. \iiture.)  1 


1  Si 4  In  ma»wpoxMM  vALBTUBiianf  Ludotico  XY  (poëme  gree-la^), 
par  T.  Aiasson,  ix^  ]|^r.     . 


i3i5  KoFFLiE  (JoHANNis)  EQstorica  Cochinchinae  description   in 
epHomem  redacta  ab  Antelno  ab  Eckart ,  edeote  MuEr- 

Norîmhergœ  j  i8o3y  iib-ft,  br ^-«  » 

t3i6  KmauK.  Manuel  de  la  baipie  allenande  (en  aUtmaod). 
BMj  1823,  i'^  partie^  %  lom.  en  i  yd.  in-8,  br.      3 — 5o 

i7£i  IiABOvaByR  (Jban  le).  Histoire  et  relatîom  dy  yoyage  de  la 

royne  de  Pologne  et  dy  retoyr  de  madame  la  mareschalle  de 

Guébrian  par  la  Hongrie^  FAystriche ,  la  Styrie,  ete. 

T.  Qvinety  16489  in- 4 >  fig.>  parch.  (fiare,),     .     . 


i3i8  IiiaaET  (EbfiaT).  Histoire  de  layille  de  Montayban.  A  Moti^ 
twban,  par  S.  Dt^bois^  1668,  i  yol.  io^,  reL 


53o  J.    TECHENER  ,   PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

i3i9  Lb  HBifBsmiBE.  Medales,  monnoyes  et  monvmens  antiqves 
dTmperatrices  romaines.  Dijon ,  impr,  de  CL  G(fjrot,  iS^Sy 
pet.  in->foI.y  parch.,  fig.  dans  le  texte.  5 —  » 

1 320  IiBTTRES  histoiiques  sur  le  comtat  Venaissin  et  sur  la  seigneu- 
rie d'Avignon.  ^i7»ier(/aiit,  1768,  in-i29br.     .     .     5 — 5o 

i32i  LvDOVia  Xm,  Franciae  et  Navarrae  régis,  Trivmphvsde 
Rvpellacapta.  PariViï/jtS'^^.  Cramoisf^  1628,  in-4 9  parch.  , 
portr 6—  » 

i322  IIabillon  (J.).  Annales  prdinis  S.  Benedicti  (ad  ann.  1 157). 
PamiV>,  1703-39, 6  vol.  in-fol.,v.  br.  j9^/^x.).       75 —  » 

i323  Haeco  Foscarini.  Délia  LetteraturaVeneziana  libri  otto.  In 
Pado9ay  1752,  I  vol.  in-fol.,  mar.  vert,  fil.,  tr.  d.     36—» 

Exenpl.  tn  grand  pap.  de  la  bibliothèque  de  Lanioignon. 

»•  * 

1 324  Maatenb  (Edh.).  de  antiquis  Ecclesiae  ritibus  libri  très.  Bas- 
saniy  1788,  4  vol.  in-fol.,  fig.,  br 4^ — *• 

1 32Ï>*  Maein.  Mémoire  sur  l'ancienne  ville  de  Taurœntum.  —  His- 
toire de  la  ville  de  la  Ciotat.  —  Mémoire  sur  le  port  de 
Marseille.  Atngnon,  1782,  in-i2,  fig.,  br.     .     .     .     3 — » 

i326  Hémoiebs  poor  servir  à  l'histoire  du  Dauphiné  sous  les  Dau- 
phins de  la  maison  de  la  Toui^u-Pin.  Paris,  1 7 1 1 ,  i  vol. 
•  in-fol.,  V.  i5—  »» 

1327  Homn.  Dissertation  sur  le  roman  de  Roncevaux.  Pans  ^ 
impr^  rojr.,  i832,  grand  in-8,  br.  22 —  » 

i328  HoEELLU  (Ain>E.).  Thésaurus  Morellianus  ,  sive  familiarutn 
roman,  numismata  disposita  ab  Andr.  Morellio,  edidit  et 
comment,  illustravit  Sigeb.  Havercampus.  AmsteLy  1734  9 
2  vol.  in-fol.,  y.  f.  (Bel  exempL) 11 


i329  Mvnvii  nvmarivmMilano-Yiscontianum.  Traiecti  ad  Rhe^ 

num,  Pfildj  1786,  in-4,  br 9—  » 

Curieux  catalogue. 

1 33o  Naih  (BATTiiTA) .  Historia  délia  repvblica  Veneta.  In  Venetia^ 
i663,  in-4,  rel 7—!-  » 


BULLETIN   DO   BIBUOPHILE.  53 1 

i33i  NiBBLUROiN  (lbpobmb  dbs).  Texte  original  revu  avec  soin 
d'après  les  meilleures  leçons  ,  avec  une  introduction  et  un 
glossaire^  par  Fred.  Zeune  (en  allemand).  Berlin  y  i8i5, 
I  vol.  pet.  in-8,  fig. ,  cart i 


1 332  NoBiLiasiMO  hospite  comitis  de  Transnitz  nomen  piofesso  et 
in  villa  PincianaBurgbesiorum  Principumdie  27  maii,  1 7 16. 
Epistola.  Romay  1716,  in-4}  planches,  paixfa.  {Aux  armes.) 

i333  NoBL  (S.-B.-J.).  Premier  essai  sur  le  département  de  la 
Seine-Iniérieure.  fioueny  an  vn,  i|i-8,  d.-*rel»  (Rare.),  8— -5o 

i334  Obicellaeii  (B.)  de  bello  Italico  commentarius ,  ex  authen- 
tici  manuscripti  Apographo.  Londini^  i724>  ^1^9  ^^'  4 — ** 

1 335  Panvinius(Oiiuph.).  Fasti  et  triumphi  Roma  ,  Romulo  Rege 

usque  ad  Garolum  V.  Venetîis ,  i557,in-fol. ,  v.  br.  G—» 

1 336  Parnasse  (le)  des  Mvses  ,  ou  Recueil  des  plus  belles  chan- 

sons à  danser.  Paris  ^  Ch.  Hplpeat^,  i63o,  pet.  in-12,  mar. 
vert,  comp.,  fil.,tr.  dor 5o —  » 

1337  Paevta  (Paolo).  Historia  Yinetiana.  ïn  f^enezia,  G.  ^/i- 

geli,  1703,  2  part,  en  i  vol.  in-49  d.-rel.     .     ,     . 


i338  Pasquiee  (Estienne).  Les  csuvres  complètes ,  contenant  ses 
six  traités.  Amsterdam,  1723,  2  vol.  in-fol.,  v.  br.     25 —  w 

1 339  Pehron  (le  cabdinal  du).  Harangve  faicte  de  la  part  de  la 

chambre  ecclesiastiqve,  en  celle  dv  tiers-état,  sur  l'article  du 
serment.  Paris,  Ant,  Estiene ,  i6x5,  in-4>  parch.  (Rare.) 

7—  * 

1 340  Paabs  Picrbe.  Poëme  heroi-comique  du  baron  de  Holberg , 

trad.  du  danois  en  allemand  par  Jean  Adolphe  Scheibe. 
Kopenhagenj  und  Leipzig^  1 7641  in-8,  fig.  cart.     .     8 —  » 

i34i  Placentinius  (Geeg.).  Epitome  grsecae  palaeographiœ  et  de 

recta  graeci  sermonis  pronundatiohe  dissertatîo.  Romœ , 

1735,  in-4>plAi^che8,  V.  f. i5 — » 

Une  lettre  autographe  ngnëe  de  P .  Dupuy ,  expliquant  quelques 
objets  d'antiquité,  est  jointe  i  cet  exemplaire,  du  prince  de  Sou- 
bise.  \ 


532  !•    TBCHSMER,   PLACE  DU    LOOVASy    12. 

« 

PtBUGATIONS  NOUVELLES. 

1342  Anjou  (l'}  bt  ses  monubouis  ,  par  MM.  Y.  Godard-Faultrier , 

ayocat,  ci  P.  Hawkei  i83g,  t,  i*^,  gr.  m*8y  avec  5o  planch. 

i5 —  » 

1343  BiBLioTHÉGONOMiB.  Iiistractions  sur  l'arrangement,  la  con- 

servation et  l'administration  des  bibliothèques ,  par  L.-A. 
GoostantiDi  1839,  1  vol.  inpi2y  avec  6  planches.     .    4**  * 

i344  CAtALOOtm  des  livres  de  la  bibliothèque  de  M.  P.-P.-C. 
Lammens ,  professeur  et biUiothécaire  àGand,  repartie. 

Oand^  1839, 1  vol.  in-6  de  4<o6  pages 3—  m 

La  vente  aura  lieu  à  Gand  le  i5  avril  prochain. 

1345  Catjxogub  d'une  précieuse  collection  de  livres  anciens  et 
rares,  la  plupart  en  riches  et  élégantes  reUtures,  faisant  partie 
du  cabinet  de  M.  A.-A.  On  y  remarque  surtout  un  grand 
nombre  de  livres  chasse ,  —  sur  la  langue  et  la  poésie  fran« 
çoise,  —  des  mystères  et  anciennes  pièces  de  théâtres,  — 
nne  collection  de  romans  de  chevalerie ,  —  d'anciennes 
chroniques,  —  un  choix  de  lettres  autographes  ,  etc.,  etc. 
I  vol.  gr.  in- 12 ,  avec  3  fac-similés  de  reliures.  x— 5o 

Pa|Mier  de  Hollande ,  tiré  à  t5  exempl.     .     .     . 


Notices  oonienoês   dans  U  onzième  Numéro  du  BuUeiin  du 

Bièiiopkile  j  3*  série. 

Discours  sur  les  devoirs  et  les  qualités  d'un  bibliothécaire,  par 
J.-B.  Cotton  des  Houssayes.  487 

Le  lieu  et  la  date  de  la  découverte  de  l'imprimerie ,  indiqués 
dans  un  texte  françois  de  i483>  par  M.  Marie  Guichard.  49^ 

littérature.  —  Philologie.  5oo 

Yariëtés  bibliographiques.  (Suite  au  N<>  t  o.)  Sog 

Rapport  à  l'Académie  françoise  de  M.  Gk.  Nodier.  517 


IMNUMtaiE  DE  M^  VBOVE  HUtAED  (nÉE  VÂLLàT.LA  CHAFELLE)  , 
kUB  DE  L^iPEROif,  «•  7.  —  Fcvricr  1839. 


xt 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 


PETITE  REVUE  VANCIENS  LIVRES 


CONTENANT 


1  ^  DES  NOTICES  BIBLIOGRAPHIQUES ,  FEELOLOOIQUES  ET  UTTiftAlBES 
DB  DIVERS  AUTEURS  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  M;  Ch.  NODIER; 


a®  UN  CATALOGUE  DES  LITRES  DE  MA  LIBRAIRIE. 


N^  12.  —5«  SERIE- 


\ 


PARIS, 


TEGHENEn ,  PLAGE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVUE, 

ri»  il, 

Fétriea  et  Hais. 


.f 


COUP  D'OEIL 


Sun 


QUELQUES  BIBLIOTHÈQUES  DE  L'ITALIE. 

Un  des  écrivains  qui  se  sont  occupés  avec  le  plus  de  zèle  des  sources 
de  notre  histoire  reitiarque  avec  raison  que  rien  ne  seroit  plus  utile 
à  la  république  des  lettres  qu'une  topographie  des  manuscrits  épars 
dans  les  grandes  collections  de  l'Europe  ;  c'est  peut-être  en  Alle- 
magne ou  en  Ecosse  qu'existe  tel  manuscrit  d'un  auteur  que  l'on 
cherche  inutilement  chez  nous,  et  réciproquement;  c'est  peut-être  à 
Garpentras  que  se  trouve  un  volume  que  demande  en  vain  un  sa- 
vant de  Grenade  ou  de  Francfort  (i).  Le  livre  d'Haënel ,  pubUé  en 
1828-30,  peut  rendre  des  services ,  mais  il  est  loin  de  fournir  toutes 
les  indications  qu'on  voudroit  y  trouver.  Il  existe  sur  l'ItaUe  un  bon 
ouvrage  de  Blume  {Iter  italicum^  1827-31);  nous  avons  cru,  en  ex- 
trayant les  informations  qu'il  donne  sur  les  principales  bibliothèques, 
rendre  service  aux  personnes  qui  ignorentla  langue  allemande  ou  qui 
auroient  de  la  peine  à  se  procurer  les  qufitre  volumes  de  Blume. 

La  Bibliotheca  borbonica ,  à  Naples ,  dont  on  évalue  les  ri- 
chesses à  iSoyOoo  voUunes  et  à  3,ooo  manuscrits ,  a  été  l'objet  de 
plusieurs  publications.  Laissant  de  côté  ce  qu'en  ont  dit  Mabillon 
etMontfaucon ,  et  sans  nous  arrêter  à  une  notice  très-incomplète  , 
des  manuscrits  grecs  publiés  par  Harles  ,  dans  son  édition  de  la 
BibUotheca  graeca  de  Fabricius  (1796,  t.  v,  p.  785),  nous  signale- 
rons le  catalogue  des  manuscrits  latins  dû  à  C.  Janelli  (1827,  in-4), 
et  celui  des  manuscrits  grecs  rédigé  par  S.  Cyrillo  (t.  i ,   1826  , 
t.  II,  i832,  in-4).  Tous  deux  sont  écrits  en  latin  et  rédigés  sur  un 
plan  uniforme  ;  mais  l'ensemble  souffre  de  la  manière  différente 
de  travailler  des  deux  autres.  La  première  partie  des  manuscrits 
grecs  contient  les  ouvrages  de  théologie;  ils  sont  classés  par  section, 
sans  suivre  rigoureusement  l'ordre  des  n^,  de  sorte  que  quelques 
manuscrits  reviennent  deux  fois  ;  la  seconde  section  fp.  i99à25o), 

(1)  f^oir  à  la  fin  de  ce  numéro  le  Projet  d^organisation  des  Bibliothèques 
aoumîs  au  ministère  de  Plnstruction  publique. 

34 


536  I.    TKCHENEB,    PLKCK    DD   LOUVBE,     13. 

consacrée  audroit  ecclésiastique,  ne  reaferme  que  16  n"  ;  le  contenu 
de  chaque  manuscrit  est  assez  minudeiuement  décrit,  il  n'est  dit 
que  fort  peu  de  choses  de  leur  condition ,  et  leur  provenance  est  tout 
à  lait  passée  sous  silence.  Les  manuscrits  ladns,  au  nombre  de  434) 
et  partagés  en  1 7  sections,  sont  décrits  suivant  l'ordre  des  n"*  ;  ce 
qu'ils  renferment  est  beaucoup  plus  succinctement  exposé  ;  mais 
l'on  trouve  épart  quelques  renaeignemens  sur  l'histoire  de  l'éta- 
blissement :  ni  Cyrillo ,  ni  Janelll  n'ont  songé  à  faire  le-récit  de  son 
origine  et  de  ses  dëveloppemens.  Le  catalogue  des  éditeurs  du 
XT*  siècle,  écrit  en  latin  par  Fr.  deLicteriis(iS2g-3i,  3  vol.  in-fol.)i 
suit  l'ordre  alphabétique ,  et  II  est  enrichi  de  notes^  l'exécution  ty- 
pographique en  est  fort  belle. 

Quant  aux  manuscrits  orientaux,  l'on  peut  consulter  une  lettre 
de  G.  Hammer,  qui  en  énumère  5o ,  et  qui  est  insérée  dans  la  fii- 
bliotheca  italiana  (janvier  1827,  p.  32  èi  43) 

J.  Andrès  avoit  entrepris  la  publication  d'un  recunl  de  mor- 
ceaux inédits  BOUS  le  titre  de  Aneedota  graea  et  latina  mis.  co- 
dieibusbihUolhec<eregianeapolilanadfpntjnpta,\oia.i,^e&f.  1816, 
■n-4-  )e  ne  sais  pas  si  ce  travail  a  été  continué. 

Passons  à  la  bibliothèque  du  Tadcan.  On  trouve  une  Uste  des 
manuscrits  grecs  dans  l'Adparatus  sacer  d'A.  Posscvîn  ((?ofojr 
1608,  in-fol.);   elle  a  été  réimprimée  dans  l'ouvragt:  de  Spiuel 
(Sacra  bibliothecaruni  arcana  retecia  ,  p.  x53].  C'est  fort  peu  de  i 
chose. 

Eîrcher ,  dans  son  Prodromiu  copticus,  i63&,  in'4,  a  donné  u 
catalc^e  des  manuscrits  coptes  ;  il  n'est  pas  exempt  d'c 
ne  peut  servir  à  rien  aujourd'hui.  Les  manuscrits  éthiopiens  ont  &XJ 
l'attention  de  Ludolph(Coniineot.  adhitt.  xthiop. /^ruRco/'.i  lâgJ 
iu-fol.) 

Ce  que  fiartolocci  dit  des  manuscrits  hébreux ,  dans  sa  I 
theca  rabbinica  [i655-g3 ,  4  vol.  in-fol.) ,  est  peu  exact;  l'o 
que  cet  ouvrage  ne  mérite  pas  grande  confiance. 

La  Bibliotheca  nrienlalîs  ClemeiUin»^alicana  ,  dont  J 
mani  est  l'auteur ,  forme  4  vol.  in-fol.  dus  aux  presses  d 
pagande,  et  qui  virent  le  jour  depuis  17 19  jusqu'à  i 
enadonné  un  abrégé  en  allemand  (^rian^en,  1776-77,1 
Selon  Hatumer ,  ces  catalogues  sont  extrêmemant  ertflf 
aux  manuscrits  turcs  et  persans. 


53, 

n  netÊMfÊ»iMibSteTleCatalogedàpapinEgùituuJeUM  fati- 
eamtt.  Roma  ,  i8aS,  iB-4,  dont  Pii''*'Tn"""  m.  publia  ane-tndnctioB 
«Uemuideà  Ldpsick,  i8ft7,ia-8,  et  l'onderiscomsutter  une  lettre 
de  Hunma' .  inaéiée  daaa  U  Bibl.  iudkiia  (avril  et  jaillet  1&37} , 
où  il  iodiqae  igSuiuuttaitaonentaiix. 

On  trouTcra  qnelqun  détail*  dans  Mont&ocoD ,  mail  il  a  travaiM 
•or  des  lùtei  remplies  ds  doublea  emplois  et  d'indications  inMiV 
fisaoïes  ou  fausses,  d'où  il  est  extrêmement  difficile  d'extraire  quel- 
ques renseigoemens  positifs  et  utiles. 

Mader  (tU  Bihliolkecis ,  éd.  V,  p.  124)  rapporte  que  la  bildio- 
tfaèqae  de  ITscurial  possède  un  catalc^e  des  manuscrits  grecs  du 
Vatican  ;  il  est  de  la  fin  du  xtt*  siècle ,  exécuté  avec  luxe,  mais  fort 
inexact. 

La  Biiliotkeea  jurit  orieatab't  cl'Assemani  (Rome ,  176s ,  5  vol., 
in-4}  est  on  chef-d'œuvre  sous  le  rapport  de  l'exactitude  et  de  Vè- 
tendoe  des  descriptions  des  manuscrits.  Il  est  bien  Ucbeux  qu'ab- 
woAt  par  des  recherches  aussi  consciencieuses,  l'auteur  n'ait  pu  ac- 
coai[^  en  entier  le  plan  qu'il  s'étcut  tracé.  On  sait  que  cet  ouTra|ge 
ae  trwne  tiès-rarement  complet,  un  iaoendie  ajaot  détrait  U  mMr- 
jenrc  partie  de  Tédition. 

Aaiu  le  iccueil  de  Galland  de  veiusti»  eanonuia  eolUctionibu»  dit- 
'^^Bi  syUoge_lf''en.,   1779,  in-fol.  Magimt.,  1790-a,  ti,  4°) 
mens  importans  sur  les  manuscriis  cano- 
i  poètes  italiens ,  allemands  ou 
^  3o3  et  338,  iv,  p.  8}  les  a  décriu. 

e  Borne  ,  eTalue  les  rtiBouschls  du 

ientaux  (arabes  787  ,  petsans  65, 

X 590, eiliiopiens 71,  samaritains  I , 

I,  indiens  23, chinois  10),  iSsont 

I  bibliothèque  Capponi  ;  les 

t  a  décrit  plus  de  5o  manns- 

I  fait  graver  plusieurs  i  Becker 

M  d'Arislote  ,  Gerlach  sur  ceux 

àgtecs. 

^^lorence,  rentenne  ,  dît-on  , 

~^b  catalogues  dans  MontEau- 

•digea  lui-même  dans  le  piin- 

Faleur  aujoord'lu 


538  J.    TECUENER  j    PLACE    DD    LOUVRE  ,12. 

Xp.  289  à  4 1 3)  est  une  des  portious  les  plus  importantes  de  son  ou- 
vrage, et  fut  écrit  par  deux  savans  qu'il  ne  nomme  pas  ;  l'un  d'eux 
doit  être  F.  M.  Ducd,  que  Mabillon  signale  conune  s'étant  occupé 
d'un  catalogue  I  détaillé  et  destiné  à  l'impression.  Magliabecchi 
avoit  travaillé  à  un  inventaire  des  manuscrits  arabe$ ,  turcs ,  per^ 
sans  et  hébreux;  il  est  inséré  au  3*  vol.  des  des  AmœnittUes  littera- 
ria  de  Schelhom ,  mais  tout  cela  a  été  effacé  par  des  ouvrages  bien 
plus  importans. 

Cataiogus  codicum  orientalium  ^  S.  £.  Assemanus  recensuit, 
1742,  in-fol. 

CtUalogus]  codicum  orientalium  ab  A.  M.  Biscioni  digestus. 
Plor,,  1752,  in-fol. 

Catalogus  bihliethecœ  hebraicœ  grœca  Floreruinœ  ab  A.  M.  Bis- 
cioni digestus,  1767,  in-fol. 

Biscioni  mourut  avant  d'avoir  terminé  sa  tâche ,  mais  il  eut  un 
successeur  qui  rendit  de  bien  plus  grands  services  ;  A.  M.  Bandini 
fit  paroître,  de  1764  à  1793»  1 1  vol.  in-fol.,  et  son  travail  est  re- 
gardé comme  un  chef-d'œuvre.  Trois  volumes  sont  consacrés  aux 
manuscrits  grecs ,  au  nombre  de  898;  4  renferment  les  manuscrits 
latins,  et  les  manuscrits  itahens  relatifs  à  la  médecine  remplissent 
un  volume,  et  les  trois  derniers  concernent  la  collection  léopol- 
dienne«  Les  acquittions  faites  depuis  1772  ne  sont  encore  l'objet 
d'aucun  catalogue  imprimé  ;  mais'le  bibliothécaire  actuel ,  Furia , 
travaille  depuis  longtemps  à  les  décrire. 

•  Hammer  {Bibl.  it€U.,  1829)  s'est  occupé  des  manuscrits  orien- 
taux de  la  Laurenziana. 

La  Bibliothèque  Magliabecchiana  contient  100,000  vol.  imprimés, 
et -l'on  évalue  à  8,000  ses  manuscrits.  On  n'a  imprimé  d'autre  ca- 
talogue que  celui  des  éditions  du  xv'  siècle,  par  Fossi  (  1 796,  3  voL 
in-fol.)  ;  il  est  estimé.  Les  manusciits  renferment  des  matéiiaux 
bien  importans  pour  l'histoire  Uttéraire  moderne ,  et  pour  celle  du 
moyen  âge  ;  quelques-uns  sont  indiqués  çà  et  là,  et  il  en  a  deux  ca- 
talogues manuscrits  rédigés  par  les  bibliothécaires  Targioni,  Toz- 
xetti  et  J.  Fossi.  Ils  sont  fort  détaill4s ,  mais  les  recherches  y  sont 
très-pénibles,  les  ouvrages  étant  divisé?  en  4o  classes,  dont  cliacune 
suit  l'ordre  alphabétique ,  les  plus  riches  sont  la  8^  (Critique  ,.Mé- 


BUU^TIK   DU   BIBUOPHILE.  53^ 

langes  et  Lettres,  1 367  vol.)?  la  25*  (Hist.  d'Italie  (depuis  le  vif  siè- 
cle,  4^5  yoL)>  la  3o*  (Droit  public,  politique,  222  vol.) 

La  bibliothèque  de  TUniversité ,  à  Ferrare ,  renferme  plus  de 
70,000  volumes,  1^200  incunables  et  900  manuscrits.  On  remarque, 
parmi  les  imprimés  ,  une  collection  complète  de  tous  les  ouvrages 
ou  opuscules  écrits  par  des  Ferrarais  ;  aucun  d^  manuscrits  ne 
remonte  au  delà  du  i3*  siède.  Dans  une  notice  que  le  bibliothé- 
caire Gavalieri  afait  imprimer  en  18 1 9»  sur  le  dépôt  qui  lui  est  confié, 
on  trouve  quelques  détaib  sur  1 20  de  ces  manuscrits  ;  l'on  y  re- 
marque quelques  poètes  grecs,  desfragmen&d'Aristote  et  de  Gcé- 
ron,  des  autographes  du  Tasse,  deGuarini  et  de  TArioste.  11  ne  faut 
pas  oublier  23  volumes  Uturgiques  exécutés  à  Ravenne,  et  offerts , 
en  1472,  à  la  cathédrale;  les  miniatures  qui  les  décorent  sont 
d'une  beauté  extrêmement  remarquable. 

Gênes  est  pauvre  en  manuscrits  ;  Mabillon  et  Zacharia  en  ont 
£adt  la  remarque  il  y  a  longtemps  ;.Haënel  n'a  trouvé ,  à  la  biblio- 
thèque de  l'Université,  qu'une  vingtmne  de  manuscrits ,  et  à  celles 
de  San  Carlo  82,  dont  56  sur  vélin  ;  le  plus  important  lui  parut  une 
collection  d'écrits  des  Pères  grecs. 

La  bibliothèque  Ambrosiana  de  Milan  possède  5o,ooo  volumea 
et  9»ooo  manuscrits.  U  en  a  été  fait  un  catalogue  qui  n'a  point  été 
pubUé ,  et  qui  pajpoît  rempli  d'inexactitudes  ;  les  auteurs  sont  clas- 
sés par  nom  de  baptême;  les  volumes. sont  mentionnés  suivant  le 
rang  qu'ib  occupent  sujr  les  tablettes  ;  les  noms  grecs  et  orientaux 
sont  défigurés ,  étant  écrits  d'après  les  principes  de  l'orthographe 
itaUe&ne  ;  c'est  un  travail  à  recommencer  de  fond  en  comble.  Mu- 
*ratori,  Lalande,  Andrès,  MiUin,  Mai,  ont  fait  mention  de  quelques- 
uns  de  ces  manuscrits.  Hammer  {Bihl,  ital. ,  avril  1826)  s'est  occupé  ' 
des  orientaux ,  et  spécialement  des  arabes  ;  4  manuscrits  du  Dante 
sont  décrits  dans  l'introduction  de  l'édition  d'Udine  (1823-27  , 
4  vol.  itt-8). 

• 

La  bibUothèque  publique  de  Mantoueaprès  de  70,000  volumes 
et  fort  peu  de  manuscrits  :  l'on  y  a  réuni  ceux  provenant  du  cou- 
vent de  Saint-Benoit ,  à  Polirone  ;  mais  ik  sont  peu  importans  et 
presque  exclusivement  théologiques.  Le  bSUiothécaire  lf«gri,  dont 


540  1.    TEGHKfSay  FLAGB  1NJ   LOOTAB,    19. 

le  Me  mérite  des  élogeê,  j  a  décoavcrt  deux  palimpsesteâ  ;  l'un 
contient  une  bible  latine ,  l'autre  un  fragment  dramatic[ue  du 
moyen  âge. 

La  bibliothèque  de  Saint-Marc ,  à  Yenise,  jouit  d'une  célébrité 
méritée  ;  elle  possède  près  de  5,ooo  manuscrits.  Il  ne  parut  rien,  à 
son  égard,  qui  mérite  de  nous  arrêter  jusqu'aux  travaux  de 
Zanetti  et  de  Bengiovanni,  qui  décriyirent,  en  1740,  ses  manuscrits 
grecs ,  en  I  74t  âes  manuscrits  latins  et  italiens.  On  y  remarque  les 
copies  des  troubadours  et  des  vieilles  compositions  chevaleresques 
françoises  qui  avoient  appartenu  à  Ferdinand,  dernier  rejeton  de  la 
maison  de  Goncague.  Morelli,  mécontent  de  ce  travail,  voulut  le 
recommencer  ;  il  ne  fit  paroitre  qu'un  premier  volume  (Bassano , 
1802,  in-8).  Les  conservateurs  actuels  s'occupent  de  terminer 
cette  besogne. 

La  bibliothèque  des  Mécharistes  ne  renferme  que  des  manus- 
crits orientaux  ;  11  y  en  a  un  bou  nombre  d'arméniens  des  8*  et 
g*  siècles. 

Le  couvent  des  Camaldules ,  à  Murano ,  possède  des  manuscrits 
dont  le  catalogue,  joint  à  celui  des  éditions  du  xv*  siècle^ là  été  ré- 
digé par  Mittarelli  et  poblîé ,  après  sa  mort,  en  1 77g,  in-fol.  Selon 
Ebert,  il  laisse  à  désirer,  sous  le  rapport  littéraire  comme  sous  celui 
de  la  paléographie ,  et  les  morceaux  inédits  qu'Us  renferme  sont 
d'un  fiable  intérêt.  Ce  que  cette  collection^  offire  de  plus  curieux , 
t'est  la  mappemonde  de  Fra  Blauro,  8ur4aquelle  Zurla  a  publié 
un  long  travail» 

La  biUiothèqne  de  llJmiTersîléy  à  PadoiaOi  contient  50)0oo  vo*' 
lomet  et  quelques  manuscrits  qui  ne  paroissent  pas  importans  1  crile 
du  séminaire  est  riohe  de  5o,ooo  volumes*  Thiersch  (Voyage,  1. 1, 
p.  3oo)  dit  qu'il  y  a  un  manuscrit  de  Térence  et  de  Claudiea ,  et 
qu'on  en  a  entrepris  le  catalogue.  Ou  montre  comme  des  curio» 
ntés  le  manuscrit  autographe  du  lexique  de  Forcellini  et  une  lettre 
de  Pétrarque  à  Oio  Dondi. 

La  bibliothèque  publique  de  Bologne  est  une  des  plus  impoi^ 
tantes  de  HtaUe  ;  die  est  évaluée  à  3o,ooo  volumes  9  et  elle  passe 
pour  coutenîff  des  asaiiuscfits  ptésieux»  le  crois  qu'il  n'a  rieii  été 


WOhLÊlIS   DU    BIBUOPilILE.  54 1 

publié  de  détasUé  à  cet  égard  t  on  cite  un  Lactance  du  5*  siècle  et 
on  éyangéiiaiie  arménien  du  la*,  avec  decharmante«  miniatures. 
Hanuner(^i!&/.  ir«/.,  octobre  1829)  s'est  occupé  des  manuscrits  orien- 
taux, et  il  remarque  que,  bien  que  leur  nombre  ne  soit  pas  moitié 
de  ce  que  possède  le  Vatican  j  leur  importance  intrinsèque  est  plu«» 
considérable. 


SUR  LA  LITTÉRATURE  BASQUE. 


Nous  extrayons  du  petit  volume  que  M.  A.  de  Humboldt  a  publié 
sur  la  langue  basque  l'indication  de  quelques  ouvrages  imprimés 
ou  manuscrits  peu  connus  et  dignes  d'inspirer  quelque  intérêt.  Le 
livre  de  cet  homme  illustre ,  ayant  paru  à  Berlin  en  allemand ,  les 
notions  qu'il  renferme  ne  sont  sûrement  venues  à  la  connoissance 
que  d'un  petit  nombre  de  personnes  en  France. 

Nomenclatura  de  las  voces  Guipuzcoanas,  sus  correspondientes  Yiz- 
caynas  y  Castillanas  para  que  se  puedan  entender  ambos  dia- 
lectos  ,8  p.  in-4.  C*est  un  aperçu  qui  est  très*loin  d'être  com- 
plet ;  les  termes  pris  dans  te  dialecte  du  Guipuscoa  sont  rangés 
par  ordre  alphabétique,  et  suivis  des  mots  qui  y  correspondent 
eh  basque  et  en  castillan.  L'auteur  est  le  curé  Moguel ,  à  Mar- 
quina,  un  des  hommes  les  plus  instruits  de  la  Biscaye  ;  il  dit 
qu'il  travaille  à  un  dictionnaire  des  trois  dialectes  basques  ;  je 
crois  qu'il  n'a  pas  paru. 

Un  livre  du  plus  haut  intérêt ,  c'est  un  recueil  de  proverbes  basques 
que  recueillit  Oienhart ,  et  qu'il  publia  avec  une  explication 
françoise.  On  y  trouve  de  nombreux  fragmens  de  chansons 
et  de  traditions  populaires.  Humboldt  dit  n'avoir  rencontré  cet 
ouvrage  précieux  qu'A  la  Bibliothèque  du  roi ,  à  Paris  ;  il  est 
décrit  dans  la  Kogr.  univ.9 1.  xxxi ,  p.  535. 

Ascttlar,  prêtre  à  Siurrey  pubba ,  en  1642 ,  un  Uvre  sur  le  Délak 


54^  f.    TECHENEE,    PLACE  DU  LODYEX,    12. 

de  la  pénitence ,  et  lui  donna  le  titre  singulier  de  l'Avenir  futur 
(Gueroco  guero)  ;  il  l'écrivit  dans  le  dialecte  dû  Labour  ;  le  stylé  est 
extrêmement  soigné  ;  les  raisonnemens  religieux  et  philosophiques 
s'appuient  sur  de  nombreuses  citations  extraites  des  auteurs  an- 
ciens ;  c'est  un  ouvrage  remarquable. 

Manuel  devotionezcoa.  Bordeaux  y  1669,  in-8,  Recueil  de  can- 
tiques suivis  de  prières,  le  tout  dans  le  dialecte  du  Labour. 

Testamen  çaharreco  eta  berrico  historioa.  Bajronne ,  1777  ,  2  vol. 
C'est  un  recueil  d'histoires  extraites  du  Vieux  et  du  Nouveau 
Testament,  d'après  Royaumont. 

n  existe  deux  catéchismes ,  l'un  en  guipuscoan  ,  par  Juan  de 
Yrazuzta  ;  l'autre  en  biscayen,  par  J.-A.  Moguel. 

Origen  de  la  nacion  bascongada  y  de  su  lengua,  por  Juan  de  Pero- 
chegui.  Pamplona ,  1760  ,  in-8  ,  io5  pages.  Ce  livre  se  trouve 
fort  difficilement  ;  un  exempl.  rel  en  mar.  fut  payé  3o  fr.  5o  c. 
en  janvier  1887;  il  est  d'ailleurs,  selon  Humboldt,  complète- 

.     ment  insignifiant. 

Plan  des  antiquités  espagnoles  réduit  à  2  articles  et  à  80  proposi- 
tions, dont  le  but  principal  est  de  prouver  que  les  anciennes 
monnoies  espagnoles  portant  des  caractères  celtibériques  et  bé- 
tiques  sont,  pour  la  plupart,  écrites  en  langue  basque  (en  espa- 
gnol) par  L.  Carlos  y  Zuniga.  Madrid,  1 801,  in-8,  55  pages. 

Al&beto  de  la  lengua  primitiva  de  Espana ,  por  don  J.-B.  de  Erro 
y  Aspiroz.  Madrid,  1806,  in^^,  3oo  pages. 

G.  A.  Goldmann  commentatio  qua  trinaruni  linguarum  Vasconum , 
Belgarum  et  Celtarum  discrimen  et  di versa  cujusque  indoles 
docetur.  Gottinga  ,  in-4  >  64  p.  L'auteur  de  cette  dissertation 
n'a  voit  qu'une  conuoissance  assez  superficielle  du  basque  ;  il 
n'avoit  pas  besoin  de  vouloir  montrer  une  diifférence  qui  saute 
aux  yeux  ;  il  auroit  du  aborder  une  question  bien  plus  ardue , 
celle  d'examiner,  par  une  étude  judicieuse  des  étymologies  , 
quelles  sont  les  liaisons  plus  ou  moins  grandes  du  basque  avec 


BULLETIN    DU    UBLIOPHnJL.  .  543 

d'autres  langues ,  avec  les  dialectes  belléniques  ou  germaniques, 
par  exemple. 


OUVRAGKB   MARUSCRITÀ   SDR    LA   LANGUE   BASQUE. 

La  Bibliothèque  du  Roi  possède  (H^  7700.  3.  40  ^^  diction- 
naire composé  par  S.  Pouvreau,  prêtre  ,  avec  les  remarques  de 
Oienhart,  enyoyées  à  l'auteur.  Ces  deux  volumes,  presque  égaux, 
ayoient  appartenu  à  Golbert ,  et  Mabillon  en  fait  mention  (Bibl. 
Btblioihecj  t,  u,  p.  976).  Bieu  moins  complet  et  moins  utile  que  ce- 
lui de  Larramendi ,  ce  dictionnaire  renferme  poturtant  nombre  de 
mots  que  l'on  chercberoit  en  vain  dans  celui-ci ,  et  il  donne  sou- 
vent de  meilleures  et  de  plus  amples  explications,  puisées  dans  des 
sources  plus  directes  et  plus  anciennes.  Rédigé  dans  le  dialecte  du 
Labour  ,  il  sewiroit  surtout  à  établir  une  comparaison  attentive 
avec  l'idiome  du  Guipuscoa. 

Pendant  son  séjour  à  Paris,  Humboldt  transcrivit  ces  ma- 
nuscrits. 

Gatalogo  de  voces  Bascongadas  oon  las  correspondencias  Gastella- 
nas,  dispuesto  por  A.  T.  M.  de  Âizpitarte.  C'est  un  échantillon 
d'un  dictionnaire  que  projetoit  la  Société  royale  des  provinces 
basques  ;  écrit  en  guipuscoan  ,  il  contient  tous  les  mots  com- 
mençant par  Arj  rangés  alphabétiquement,  et  il  est  important 
en  ce  qu'il  donne  (ce  qu'où  ne  trouve  que  là)  tous  les  dérivés  et 
composés  de  chaque  mot. 

Tables  des  choses  les  plus  usuelles  en  guise  de  dictionnaire  françois 
et  basque.  Ce  manuscrit ,  rédigé  en  dialecte  du  Labour ,  suit 
l'ordre  alphabétique  françois  et  s'arrête  à  la  lettre  S.  Il  est 
fort  incomplet,  sans  méthode  ;  il  ne  fiaut  pourtant  pas  le  dédai- 
gner tout  à  fait,  car  on  y  rencontre  des  termes  et  des  interpréta- 
tions qui  ne  sont  que  là. 

Humboldt  se  procura  ces  deux  manuscrits  dans  le  pays  même. 
M.  de  Sainte-Croix  lui  communiqua  un  Essai  d'une  grammaire  de 
la  langue  basque ,  par  Fréret  ;  résumé  succinct  et  incomplet ,  mais 
substantiel  et  présentant  des  observations  justes  et  neuves. 


544  '•    TBGHERZR,   KJICB   DU   LOUVIE,     12. 

Plan  de  lenguas  o  grammatica  baacoDgada  por  P.  P.  de  Attarloa. 
Humboldt  eut  communication  de  cet  ouvrage,  qui  devoit  for- 
mer 2  vol.  in-4  9  mais  qui  n'était  pas  complètement  terminé 
lorsqu'il  rendit  visite  à  l'auteur ,  curé  de  DuraDgo  ,  qui  partit 
peu  de  temps  après  pour  Madrid.  Tint  Fin vasion  de  1808;  on 
eut  à  penser  à  tout  autre  chose  qu'à  imprimer  du  basque ,  et 
Ton  ignore  ce  qu'est  devenu  ce  manuscrit. 

Humboldt  mentionne  encore  3  autres  ouvrages  qu'il  n'a  pn 
voir»  et  qu'il  recommande  aux  investigations  des  savans. 

Un  dictionnaire  basque-espagnol-françois-latin ,  par  Juan  de 
Echevaria,  natif  de  Sarre  et  médecin  à  Azcoitia  :  il  le  communiqua 
à  Larramendi  ;  Oienbart  en  parle  dans  ses  additions  au  dict.  de 
Pcnivreau. 

Le  jésuite  Du  Halde ,  basque  de  naissance ,  laissa  un  dict.  en 
3  ToL  in-foL  écrits  d'une  façon  illisible  ;  Humboldt  dit  qu'on  lui  a 
affirmé  que,  s'il  existoit  encore,  il  se  trouvoit  k  Bordeaux  ;  celui  qui 
écrit  ces  lignes  peut  dire  à  son  tour  qu'il  les  y  a  cherchés  avec  zèle , 
sans  pouvoir  obtenir  sur  leur  compte  aucun  indice. 

Enfin,  selon  Larramendi,  on  trouve  à  la  bibUothèque  de  Madrid, 
à  la  suite  d'un  vocabulaire  italien  et  françois,  rédigé  par  un  Italien 
nommé  Nicolas  Landuchi ,  un  petit  dictionnaire  basque  qu'il  com- 
posa aidé  de  quelques  montagnards  ;  mais  ce  travail,  fcMrt  incomplet 
et  rempli  d'erreurs,  paroit  mériter  peu  d'attention. 
^On  trouve  l'indication  des  auteurs  basques ,  jusqu'au  milieu  du 
18*  siècle ,  dans  le  Prologo  du  Dictionario  trilingue  de  Larramendi, 
en  juin  1834.  Un  exemplaire  de  ce  dictionnaire ,  aussi  rare  que  re- 
cherché, a  été  payé  i5i  fr.  vente  J.  L.  D. 

Yoici  l'indication  de  quelques  ouvrages  estimés  qui  concernent 
cet  idiome  : 

Labastide,  Dissertation  sur  les  Basques.  Parisy  1 786 ,  in-8.  Il  n'a 
paru  que  le  tome  i"". 

Apologia  de  la  lengua  bascongada,  por  Pedro  de  Astarloa.  Madrid  y 
i8o3,  in-4* 

Recueil  de  Sermons  ea  basque ,  par  F.«P.  Astarloa.  BUbm,  1816, 
in-4. 


BULLETIN   DO   BIBUOPBILS.  54S 

Plaato  bascoDgado  por  J.  Moguel ,  1898  (c'est  une  explication  du 
funenx  passage  du  Poenolus ,  act.  5 ,  sect.  i);  on  y  joint  nne 
lettre  de  I.  J.  Iitueta  k  Moguel,  nlatiTe  au  même  <^jet,  Smn 
S€6aêiianj  1829,  in-8. 

Diccionario  manual  bascongado  y  castellano,  y  elementos  de  giam- 
matica,  por  L.  de  Astigarraga  y  Ugarte.  Tolasa,  1827 ,  in-8. 

Très-anciens  Airs  de  la  Biscaye  (en  basque)  recueillis  par  Iztueta. 
SaintSéôastienf  1826^  in-fol. 

Histoire  dés  anciennes  danses  du  Guispuscoa ,  avec  les  airs  et  les 
paroles  correspondantes  (en  basque).  SairUrSébastien^  i824>in-8. 

Semano  hispano-bascongada ,  prima  parte  ;  monumentos  del  bas- 
cuense,  secunda  parte.  Pamplona ,  i8o4  >  3  vol.  in-4)  por  Sor- 
reguieta.  Cet  ouvrage  est  indiqué  par  Salvà  (eut  of  Spanish 
books.  Londres ,  1829  '  P'^*  ^  '  P*  '99)  ^^i^^  extrêmement 
rare  et  très-curieux  ;  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  passé  en  vente 
publique  à  Paris. 

Moticias  historicas  de  las  très  proviucias  bascongadas,  por  J.  A.  Llo- 
rente.  Madrid^  1806-8,  5  vol.  in-4. 

Doctrine  chrétienne  (en  basque ,  texte  espagnol  en  regard) ,  par 
F.-X.  Lariz.  Madrid,  1773,  in-8. 

N'oublions  pas  les  Diseursos  de  la  antiguedad  de  la  lengua  bas- 
congada ,  par  Ëchave ,  imprimés  à  Mexico  en  1607,  in-4,  ^^  ^^^^ 
a  ou  trois  exemplaires,  s'étant  montrés  récemment  dans  les  ventes, 
ont  été  payés  une  soixantaine  de  francs.  Ce  livre  a  échappé  aux  re- 
cherches de  M.  Temau^ ,  qui  ne  l'indique  point  dans  sa  bibUo- 
thèque  américaine  (Paris j  1837);  il  fut  payé  3Uv.  7  s.  en  1829,  ^ 
la  vente  Mayans. 

Doctrina  cristiana  en  Bascuense ,  por  G.  Astete.  /ri£/i,  i^/^'i,  pet 
vol.  fort  rare. 

L'Epitome  de  los  senores  de  Yiscaya,  Madrid,  1702,  in-4)  '^^ 
rite  d'être  consulté  ;  10  fr.  vente  Raetzel,  65 1 . 


546  J.    TECHENER,    PLACE    UU    LOUVRE,     12. 

Nous  ne  dirons  rien  des  ouvrages  ùe  M.  Lécluse,  de  ceux  d'Ërro 
y  Aspiraz,  indiqués  Nouv.  rech. ,  1. 1^  p.  486,  nid*un  certain  nombre 
de  livres  de  prières  ou  de  dévotion  publiés  à  Bayonne  ;  un  des  plus 
rares  est  le  Catéchisme  de  Lavieuxville ,  imprimé  en  1 733 ,  et  que 
Salvà  (n''  1 17 1)  estime  2  guinées;  mais  nous  ne  devons  pas  passer 
sous  silence  VHistoria  de  las  naciones  bascas^  par  Zamacola.  Auch^ 
181 8,  3  vol.  in-8.  Ouvrage  assez  recherché  (23  fr.  br. ,  vente  Fau- 
connier, I  liv.  4  s.  vente  Mayans). 


€0vvei$}fonlfdince. 


A  M,  r Éditeur  du  Bulletin  du  Bibliophile» 


Le  mérite  principal  du  Bulletin  que  vous  avez  créé ,  mon  cher 
Editeur ,  est,  sans  doute,  de  tenir  vos  fidèles  Abonnés  au  courant 
de  tout  ce  qui  peut  intéresser  la  science  bibliographique  ;  mais ,  à 
ce  mérite ,  que  je  place  le  premier ,  et  que  j'apprécie  autant  que 
qui  que  ce  soit ,  il  réunit  l'avantage  ,  Qon  moins  précieux,  à  mon 
gré ,  d'avoir  étabU  une  sorte  d'association ,  un  moyen  de  correspon- 
dance facile  et  sûr ,  entre  tous  les  hommes  qui ,  comme  vos  collabo- 
rateurs habituels,  mettent  quelque  prix  à  se  communiquer  mutuel- 
lement le  résultat  de  leurs  études  Uttéraires,  le  fruit  de  leurs 
recherches  bibliographiques.  C'est  donc  en  considérant  le  Bulletin 
sous  ce  point  de  vue  particuUer,  que  je  vous  adresse ,  pour  y  être 
insérées ,  si  vous  le  jugez  convenable ,  deux  pièces  assez  curieuses 
qui  me  paroissent  rentrer ,  par  leur  sujet ,  dans  le  cadre  de  votre 
journal.  La  première  de  ces  deux  pièces ,  connue,  sans  doute  ,  de 
quelques-uns  de  vos  lecteurs,  est  un  tour  de  force  de  rhéteur  comme 
on  aimoit  à  en  faire  dans  un  siècle  de  pure  érudition  :  personne 
encore ,  je  pense ,  n'a  voit  essayé  de  la  mettre  en  françois. 
La  seconde ,  beaucoup  moins  connue ,  et  d'un  mérite  bien  autre 
que  la  première ,  m'a  paru ,  et  paroitra  sans  doute  à  d'autres,  tout 
à  fait  digne  d'être  tirée  d'un  injuste  oubli.  Le  caractère  spécial 
d'une  bibliothèque  n'a  peut-être  jamais  été  tracé  d'une  main  plus 
ferme  et  plus  habile;  les  plaisirs  que  la  lecture  procure  à  l'esprit 
n'ont  jamais  été  peints  sous  des  couleurs  plus  vives  et  plus  vigou- 
reuses que  dans  cette  composition  où  respirent  à  la  fois  et  la  passion 


548  J.    TECHENER,    PLACE   DU    LODVAE,     12. 

de  la  science  et  le  sentiment  énergique  des  vertus  que  l'amour  du 
yrai  beau  peut  faire  naître  et  développer  dans  les  âmes.  Je  me  plais 
donc  à  croire ,  mon  cher  Editeur ,  que  vos  lecteurs  bibliophiles  me 
sauront  quelque  gré  d'avoir  remis  sous  leurs  yeux  et  rappelé  à 
leurs  souvenirs  ces  deux  morceaux  d*un  mérite  fort  inégal  sans 
doute;  mais  qui  du  moins  se  rapportent  tous  les  deux  à  un  sujet 
qui  ne  sauroit  jamais  manquer  d'exciter  leur  intérêt  eu  d'appeler 
leur  sympathie. 

Quant  à  ma  traduction ,  son  unique  prétention  est  celle  d'une 
rigoureuse  fidélité  ;  et,  n'eût-elle  que  le  faible  mérite  d'avoir  rendu 
plus  facile  et  plus  prompte  à  quelques  lecteurs  occupés  l'intelli- 
gence des  deux  morceaux ,  je  ne  saurois  regarder  ce  travail  conmie 
entièrement  inutile. 

Agréez  y  mon  cher  Editeur ,  l'assurance  de  mon  sincère 
attachement. 

G.D, 

Paris  y  janricr  18I9. 

LIBER  :QUn)? 

«  liber  est  lumen  cordis  et  spéculum  corporis,  virtutum  repei^ 
torium ,  vitiorum  confusoriùm  ,  corona  prudentum ,  diadema  sa^ 
pientum ,  honorificentia  doctorum  ^  clarificentia  rectorum ,  comes 
itineris ,  domesticus  fidelis ,  sodus  coUoquentis,  collega  pnesiden- 
tb  ;  vas  plénum  sapientis,  via  recta  elo5pientiae,  hortus  plenus  frnc- 
dbus,  pratum  fluens  floribus ,  mare  sine  fluctibus,  principium  in- 
telligentis  ,  fundamentum  mémorise ,  hostis  oblivionis ,.  amicus 
recordationis  ;  vocatus  properat  jussusque  festinat,  rogatus  respon- 
dens ,  fideliter  obediens ,  contra  fortunas  victor  atque  verus  toi 
ductor ,  hortus  conclusus  et  fons  signatns ,  puteus  aquœ  vive ,  pa- 
radisus  absque  ruina,  sdificftns  te  gnamm  si  reperit  ignamm  (i)  , 
nunquam  patitur  fastidium  etsi  graves  eum  nimium ,  arcana  reve- 
lans  et  obscura  clarificans.  » 

Lucas  de  Penna ,  in  mbr.  de  oaviculariis  seu  naucleriis.  *—  Lo<- 

(1)  «  Hi  sunt  magistri  qui  nos  instruant,  sine  virgis  et  Cerulis,  sine  choiera, 
«îne  pecunia  :  si  aeocdis,  non  donniont  ;  si  iaquiris ,  son  se  abteooduiit  ;  non 
obmamiumit  ai  aberret  ;  cachiooos  nesciunt  si  ignores.  » 

D€  librU,  Rie.  da  Burf^  inPkiiobihl, 


I     .  t:* 


jMiMATiif  tm  iUUOMUW.  549 

cuin  Uadat  B.  GhaatfeMMMié  y  Id  lîbfo  oat  lUitlus  :  CtUahf^  gloriœ 
MundL  Genene,  i64g >  in-fbl.,  pa^  S66;')^iut;  t iz",  doiisidefit.  73. 


.1 


LE  L|,VRE  ET  SES  QUAUTBS. 

«  Un  livre  est  la  lumière  da  cœar,  le  miroir  du  corps,  le  réper- 
toire des  vertus,  le  destructeur  des  vices^  la  coùronue  des  prudens, 
le  diadème  des  sages  ;  Phonneur  diâf  sâvand  (i) ,  Tinustiation  des 
justes,  le  camarade ^ au  yôjagé'^  le  iseryiteur  fidèle  au  lojgis^'  Tami 
dans  la  conversaUoffi.le  opUègiue  de  (;eli|i  qui  priçiÂde;  w  vase 
plein  de  sagesse,  la  droite  voie  vdeFâoqnencey  un  jardin  sémpli  de 
fruits ,  un  pré  couvett'  de  fleurs',  unt  nier  dont  les  floU(  sont  tou- 
jours calmes ,  le  principe' dié  TinièlEigencé ,  le  fondement  de  la  mé- 
moire ,  l'ennemi  de  l'oubli,  l'ami  dû  souverain;  au  premier  appel 
il  s'empresse ,  au  premier  ordre  il  accèdrt  ;  xépdiSdant  &  tltotes  les 
questions,  fidèle  dans  son  oSéittsmceVyaing^  de  tous  les  accidens 
de  la  fortune,  et  ton  véritable, guidei  jafdi^. entouré  de.UMira,  fon- 
taine scellée,  puits  d'eau  vi^^î  paradis  iqui  ne  peut  périr;  il  te  fait 
savant  d'ignorant  quHI  te  trouve  s  jamais  il  n'éprouve  le  moindre 
dégoût,  de  quelques  eSdgeùc^  qû'ôiîl^àdcable;  il  révèle  tous  les  se- 
crets, et  porte  la  clarté  da^s  toRt  œ  qui  est  obscur. 

TfiE  LIBRARY. 


«  ift*  «j     - 


■>■•.  1' 


Hail!  Coiitemplationl'ciâTe  iniyéstrc  dame. 
In  thee  glad  Science  greeû  a  parenl^s  name: 

Thine  is  each  af^.p.tt'jPfÇffilf Iv/^^^^  ^P<i'^<>U8  .^'*i'^  ^  : . 
The  grâces  lead,  they^n^^s;^  th/ traii^! 

From  ail  of  evil,  life  or  dreâds  or  knows. 
Ils  real  trifles ,  and  it9  fancied  'woies, 
O  lead  thj  votary  !  pensiye^  jet  serenê ,     . . 
To  some  lone  seat  (s) ,  tby  favorile ,'  hallowed  scène , 

(1)  Salden,  dans  son  curieux  omrrâgèsttr  Vusage  et  Tabus  des  Livrer  (Amst., 
16SS,  pet.  io-S,  p.  48),  cite  d^une  manière  assez  peu  correcte  cette  singulière 
litanie,  etil  impriijae  DoelorwH  et  Rtctorum  avec  une  majuscule  initiale.  J*ai 
prëfërë  la  leçon  adoptée  et  lè^ens  ind^UiS  par  Chassencux . 
(«)  « fVisdônï  loves 


This  seat'serc^e  ,  andf.  f^rtùe's  self  approves. 

lïcre  come  tliîq  it^r/ei^W  a  change  of  tliought  to  /ind  , 


35 


Sifib  j.  TECiBUtiiV' M:.AC»  mj  l<M}Vre,  12. 

And  see!  the  Library  my  steps  invites; 
Fraught  wit6.U-ilfv  péàCSb  ândiÂtHiptire  ièJf^ls  ;    . 
Calis  to  a  feast,  wbose  élégance  and  love , 
.  The  mindmustrelish.  andthe  beart^pnroye.  .     r  1       - 

-•IM(f'»|  Si   ..•  ;       .•    .i     ■    ■;■    'i.   .lir^W    2'..  .   ,!•:  :    ','    î/j'^l/'l    H    : 

t 

.,|^  ,,^çhthaipe  o£m^çmpyaUçr,^^^ly4amç.i     ,.  ,   |^  ;,r.i:'>i»n!'.     ! 
.  j  Bards,  statesmen,  sages,  loy'd,  reyer^d .  admir^d .  , 

wnôin  sensé  enlighten  a  ana  yirli6nV»ory  Gr  d  , 
'    '•'  1fi8étb¥ttyTicw/«tiil'i^é¥^BBII'^W,  ^^^  ^i    ^  "^• 

•h  •'  ;Alivein:p«wer,  andjootÎYnjWioliDl^.r/  it[fyi])^'\  .  '.;>.,;-*>!    :l>  iii>i<| 

▲way!  fond  boaster!  Genius -««orntthy  reicn.  i 

,    If  deeds  exalted  gave  bis  breast  to  glo\iv  ,  >      "  r  m 

Or  pitj  baqe  bim  sympathize  yirith  woe; 
-^->'  'fffr«rèrtty'*dft1j*'éh'éte^HifeWV«f'fcpkil;-'-i'^'^'"     '»  .'^«iriM./  -.i  :.i. 
ii'>''  -  Ofr  triich «o^tire  ting^|âi!lloHfli(;h«ittt/',  u«;'  'I.  '.  .110  . .  !'.y)       .:r.] 
».i.     Ii|i|V€k'se^^Utëft,%M:i»9^lneAtsli^f<vir4)&ii,o  ■.(î;m:iv''.'.  .».<,».>. 

Hère,  by  thè=plnrt t6 fbk^  »e'rièltig»É^fc/>^"î     'ii    "^'-'^'X  J-'  '^^» 
Tbe  grave  bistorian  spreads  bis  ample  page  ; 
Wbose  faitbful  carc  pr^erreBflil^  (lé^fVrame, 
Or  damns  to  infamy  tbe  traiteras  name  ; 
Wbose  records  bid  fair  yirtue  evcr  live , ,      .    , 
And  sbare  immortal  in  tbe  Hic  tbcy 'gi"^.*  *'''"^  -l'-ui'  '  ' 

Hère  tbe  firm  patridt ,  on  Wbbs^  ViùhBg^t^gtie  •  *  '  ' 
Tbe  snow-soft  dcws  of  liiild  p^JàVliétf  liiWg ';  '  '  '  •  '' 
Wbo  knew  to  lead  in  spirit ,  and  control 
Tbe  ductile  passions,  and  usurp  tbie  soûl, 
Still  pleads,  still  rules  ;  now  livdy,  now  sêverc  j|  '  .       '  .  /  ' 
Exalts  tbe  purpose,  or  ci^mmands  fb'c  lear.  - 

Tbe  Curious  bere ,  to  feed  a  craving  inind  : 

Hérc  tbe  €2ei/ou<  tbeîr  péacehil  temple  cboQse  ,    .  ., 

And  bere  the  poe<|ileet8  bis  fa vouring  muse.  «^         '.        V 

Crahïe.  —  7%e  librarr- 
«  La  Sagesse  aime  ce  sëjour  paisible  qui  platt  également  i  la  f^friu  -,  ici 
^^^iffl^S^  vient  chercher  une  distraction  à  ses  pensées ,  le  curieux  satisfaire 
Fardente  avidité  de  son  esprit  ;  ici  je  déuoiaime  à  trouver  un  temple  où  régnent 
la  paix  et  le  silence  ;  ici  le  poète  est  sûr  dé  rencontrer  la  muse  favorable.) 


.  j 


BVLUTUr  DU  iiiuoiaiLB.  5Sj 

Herc  the  iirm  friends  of  scicDce ,  and  of  man , 
Who  taaght  newarts,  or  open'd  naturels  plan  ; 
Whn  cach  improTM,  or  dnew  fnn  b«th  covVioM , 
Health  to  the  body,  TÎgor  to  the  mind  ; 
Who  hase  mankind  to  nohler  aima  arise, 
More  good,  more  jast,  more  happy,  or  more  wisc  ^ 
6thite9]dcath]eM»4ttth«.Uis»ihdjet(«1  ivvnr'd.^, .^;;  i.-ix  .  !  ii^f/' 
Whil«fij*e».'ry.pa)r8thfeA*M«^«*^.f»«*«''*îr  ,      .     ,-.t.u...    ; 

'      IndidiWdiport(ifrofrtanea*igb'rftô*iJaeî;       ';•   .''*.' 
Calm  let  m«U¥eVatid4^yf  icat^itèguîlet  •'     '  «^r»!»  ■■■■••'»i  ••■  :-  .>ji'^; 
HoUi^cmTCTW  wûJklliegreflt^f.ffvaririiiBe)  j  .    ;.r   .        i;.  .;  :,;.; 
TJKslçarn'acïiîy^iyclaw— l,hpip94of  çv'f7,«lHa^^      ,:•- li    .,»..;. 
There  bêtter  sli)! ,  as  wiser  grow  :  and  thcre  ■ 

(•Tîs  j ust  ambition,  thôi^'  tis libnness  prajVJ •  «  ■   *  '  •  •   •   ^  >  t  . . 

StiU  ibimd ,  Klie  theiii ,  «n  real  'wôrthmj  daim  ;    '   '  '  '''*  *L'  ' 

Anii  cBitcfa  tb«ir  iMrit  tO'pariako  Iheir  laàiii.'  :•>  ?.i;i  m-  -  t>« 

>     ■■        ■      »  ...    fil^H^^.U).  .  ;    i:  :  ..',•»  •,:",>       ..,x.'. 

(i)  Bishop ,  auteur  de  cette  piêc^  «i  remarquable,  et  de  quitlquea  auiKa 
pièces  d*mi  tfgbl  mérite  y  n^a  poibt  d'aigle  da^s  lii  -l!iogra|ihie  millëbëlle.  Il 
-fiT^it  ,'J«  pense ,  ters  le  miUeii  du  xttfif'iiiÂélé^   ^  ■  : .  .  *  •  ^^.  ;  ;  <  i  (/  i' . ..  i. 

Dans  une  autre  pièce ,  èdrea^ée  àinne  josme  pieraoniu!  4.011  liai  .dÉrojFimt  les 
Fables  4e'lloore ,  Bishop  de'finit  ainsi  let.Uyje»  ^ 


«  thokM ,  mjr  dear  gîil';  "V^en  wtp'ètài^t^l^ 
Ajv  inoral  mepeof'h'ufiisrB''kîiid; 


/   • 


r 


Khere  ^  ske tch^d!  beforoîadiein^e.  ejJM .,  . 
The  road  to  worth  aiL^  wisd/Offn  lies.» 


li 


«  Leslirres.biiBn  faits,  ma  ch^re  ^Hifant,  sont  les  cartes  morales  Au  genire 
homaid  ;  sur  lekqueDes  xm  ceîï  judicieux  i^'exeh:^  ti*ôUf  é  graVéis  la  toute  qui 
coïkleiCià-lâsageiseetàlaTertii.ii  '  -''' 

Cette  pièce  se  termine  par  la  moralité. smTmitekf4iiî  /ne  |Nunptt  toet  tmn 
henrepse  et  hiep  plus  naturellement. exprimée  qpe  la  pjçi^sée  quî..|)|'éaède.: 

■        Côtcéît  ïiaiay  read  for  mcrfepreteûce,'  •     ^ 

'    '.  ^Fer  ttMHe  ittraseiiieBl /iid6l«lla^e  ; 

-  Trae'apîiitideeméaoétBdf  rîghA,  ■.    ;   i  s^  ■::» 

TiU|jr54tt.difiDifjdeligUu      .    r  ;,  .    ,..j.  ... 

«  Le  bel  esprit  ne  lit  goire  que  par  Vanité ,  le  paresseux  que  pour  se  4îstniire; 
rhomme  sai^îié  met  de  prit  à  l^étbde  qb'aurâist  que  IhitîHré  Vient  ennobKr 
ses  jouissances  littéraires.  » 


fiS&  J*    T£ClllMlft<rlLâCB:l>e<  Un/VAE,    12. 


!.:i  '    '.  ....    Il 

.il 


LA  BiMÉIOthÈQUE. 


•    r  ,  I 

.11.  •■       ..  '.    ..;  t|.  ...      I  .  . 


Salut!  méditation  ,'{p:«Te  éH  maj^stàèiise  dame!  En  toi  la  science 
aime  à  reconnoître  sa  mère  ;  dé  toîi  dëcôuleuttous  le^  trëabi^  de  l'é- 
loquence» tous  les  j^résors.d'ui^^,, ravissante  poésie  ^  pajrtout  les 
grâces  te  précèdent  et  les  tei^  marchent  à  ta  suite. 

Ah  !  loin  de  toutes  ces  misère8''que  la  vie  nous  apprend  à  cènhoître 
ou  à  craindre ,  lôîti'dé  ce^,  vànîtës  cpii  ne  soht  que  trop  réelles ,  ou 
de  ces  malheurs  imaginaires  qui  noi^s  agitent ,  reine  au  front  pensif, 
mais  toujours  serein,,, .copd4^  l^plv^  d^y9ué,detesa4iC^teui^  dans 
cet  asile  sacré  que  tu  chtéris  ;  dans  quelque  ireiraite  solitaire  où  son 
âme  puisse  en  silence  dérelopper  tout  son  pouvoir  et  goûter  les  dou- 
ceurs de  la  paix  intérieure  et  d'une  joie  indépendante  du  monde. 

Mais  voici  i  la  bibliothèque  m'appelle  dans  son  sein^  dans  ce 
.feip,|e)i;jq^d.^(^iavan^ges,^  pures;  elle  p>e çon\.i,e 

à  ce  banquet  d'élégance  et'd'mnçMF  ^.doncmon  esprit  sayoU)*e:d'an 
vàlioer^'  dont  knon  cœur  «ppréoîe^toutes  les  délices. . 

Sanctuaire  vénérable  et  sai^ël '-i- Ibi  iàiii  leb  lîidtiisMcitte' le»  siècles 
lionorent  ;  tout  ce  qi^'unp ,jgl^rQ  déj4  a^c^enne  ,  toUft  ,,c^,  qu'une 
gloire  plus  récente  a  consacré  ;J)fEMxies.)JI|ommes  d'Etat ,;, philoso- 
phes, chéris,  révérés,  admîrés'^i  ecnie^  illustrée  qne-hl  raison 
éclaira  de  sa  vive  lumière,  qùle^tài'  gîoire  êbflaitiirià 'dé'  sbs  feux; 
tous  apparoissent  à  mes  regards ,  grands,  séduis^ns^  dominateurs, 
pùissâns»  actifs,.  viviçLUS,  cpmnie  il^J^e  fui^i^t  j^dli^.  Oui  „  téii^ps  dé- 
vastateur !  ici ,  ici ,  ta  rage  est  impuissante  !  Ya-t'en ,  Tain  fanfa- 
ron! le  génie  brave  ton  éfmpire.''  •  i 

Ici  lé  poëte  qu'ànimèi^nt  dé  généreux  transporte  vîïericorè  avec 
le  héros  qu'il  dxanta:  Que  de.nobles.hauts.fajts  aient  e;valté;^s  puis- 
sances de  son  ame  ;  que  la  pitié Jija:  «il,  .if^9|ùl?é  tw«$«ftdre. sympa- 
thie pour  le  malheur  ;  que  sa  m«sè'  ap  B<iit^pKiàhedire- les  «douceurs 
de  l'amour;  ou  que  la  vérité  l'ait  coM^int'â'^'i^nifèr' dés  lirai  ts  de 
la  satire  :  ici  ses  vers  ont  encore  toute  leur  vie,  ses  sentimens  toute 
leur  chaleur;  sa  lyre  a  tous  ses  accords»  son  esprit  tquie .sa  grâce 
et  toute  son  énergie. 

Ici,  le  grave  historien  déploie  devant  nous  ces  immenses 
tableaux  dans  lesquels  le  passé  est  appelé  à  instruire  le  piésent  : 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  553* 

lui ,  qui  s'est  imposé  la  noble  et  fidèle  mission  de  consacrer  la  gloire 
du  hëros  et  de  Touer  à  Tinfamie  le  nom  du  traître  ;  lui  dont  les 
souvenirs  assurent  au  mérite  une  vie  étemelle,  il  entre  en  partage 
de  cette  brillante  unrn^MiiUl^  quHl  distirlbtttb  < , 

Ici  l'énergique  ami  de  la  patrie ,  sur  les  livres  duquel  reposoit 
une  douce  et  irrésistible  per^asion  ;  cet  orateur  puissant  à  soulever, 
à  réprimer  les  passions  devenues  dociles  à  sa  voix  ;  cet  homme  qui 
dominoit  toutes  les  âmes  ;  ici  il  parle ,  il  domine  encore  ;  lour  à 
tour  séduisant  ou  sévère ,  il  détermine  nos  résolutions  ou  il  nous 
commande  les  pleurs. 

Ici  ces  généreux  amis  de  la  science  et  de  l'homme,  qui  nous  mon- 
trèrent des  arts  nouveaux  ,  ou  qui  surent  agrandir  le  champ  de  la 
nature  ;  ces  saTans  qui  surent  leur  donner  de.  nouvdlles  fpKC^.43^ 
qui  les  unissant  ^ns  leurs  profondes  combij^aisens  eI|vQre(lt^^9l'tir 
la  santé  pour  le  corps ,  la  vigueur  pour  l'esprit  ;  ces  génii^ijiUf:^- 
sans  qui  conduisirent  l'humanité  à  ses  plus  nobles  destinées  ;  qui 
lui  apprirent  à  être  meilleure ,  plus  juste ,  plus  sage  et  ainsi  plus 
heureuse  ;  ici  ils  brillent  encore ,  immortels  comme  la  gloire  qu'ils 
ont  'conquise  par  leurs  travaux ,  immortels  comme-  le-tribiit>qU0  l^i 
postérité  aime  «V  payer  à  leur  méritev  ' .  .    1  .nKii 

Ah  !  puissé-je,  si  la  fortune  daignait  me  sourire  ^.puisséKJe,  un 
jour ,  dans  le  calme  de  cette  retraite  chérie ,  et  libre  de  tous  soins, 
passer  ma  vie  à  converser  avec  les  grands  hommes 'de  tbti^  les 
siècles,  les  sayans  de  tous  les  ordres,  avec  les  sages  de  t6us  les 
pays,  pour  devenir  ici  et  meilleur  et  plus  sage  !  Puissé-je,  enfin ,  et 
c'est  là  une  ambition  permise ,  quoilqûe  peut-être  une  prièlre  sans 
espoir ,  puissé-je  apprendre  ici  à  n'avoir,  comtne  etbL ,  d^sCutre  pas- 
sion que  la  vertu,  et  parvenir  à  leur  mérite  pour  partager  aussi 
leur  immortalité!  '' 


■•:» 


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"  :  • 
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t  I 


«rt€l€s  itBR^fâfS^mis. 


Skke'Mm  immirm  11,  tmmtimuwH  ta  à'ste  dt  pluàtmr»  9m»rrmge$  tm^nr- 
mé$  mi  méÊmiM€rk§ ,  tiiés  datu  im  y^fogo  pitùaretqug  «a  Ècom^  d€ 
DikAm. 


BeBe  «l  diTeràfliarte  bocom  de  remperanr  OdavieD  (iraduile  du 
françois).  Strasbourg^  iSSS,  in-fo!.»  fig.  iur  bois,  66  feuil- 
lets^ fe  refnmve  ancomittcnceaient  du  livre  d'Amour. 

(htoo  de  Passau.  Ce  liTre  est  ÎDiitulé  les  a4  Vieillards,  ou  le  Trône 
d'or,  sans  lieu,  in-lbl.,  fig.  sur  bois.  C'est  un  ouvrage  de  mo- 
irale  religienae;  i5a  feuillets;  les  deux  premiers  contiennent 
la  laUe;  le  troisième  ofre  au  recto  et  au  verso  une  Ggure  en 
.  bois;  le  quatrième  débute  par  un  titre  imprimé  en  rouge  ; 
. .  L'ouvrage  6nit  par  le  mot  amen^  sans  indication  qui  puisse  iaire 
découvrir  l'imprimeur ,  qui  demeure  inconnu  jusqu'ici  ;  la 
lettre  M  est  d'une  forme  bizarre.  Il  faut  que  ce  livre ,  dont 
personne  ne  vondroit  aujourd'hui  lire  quatre  lignes ,  eût  du 
succès  lorsqu'il  parut ,  puisqu'il  fut  réimprimé  à  Augsbouig, 
en  1480  et  1483,  et  à  Strasbourg  en  i5oo  et  i5o8. 

Ce  livre  parle  du  Jardin  des  Roses  du  roi  Laurin  et  des 
Géants,  et  comment  ils  se  battirent,  et  il  est  fort  agréable  à  lire 
pour  les  dames.  Stratbourg^  i  Sog,  in-4,  sans  nom  d'imprimeur; 
on  cite  une  autre  édition  de  Strasbourg,  iSoo. 

Tristan,  fiidépendainment  de  Tédit.  de  i^ifij  que  M.  Brunet  a  dé- 


crite.  U  y  «  celles  de  Siunsbaurg^  ,i(5to.,'i|>-4  >  ff^orms ,  s.  d. , 
in-4;  Erfuri  ^  1619,  înt8«,  tiiiuCes.*aiieo  detf  fig.  sur-  bols;  et 
çettç  ^toirç^se  reirp^ye. dans,  le  ^yitg  d'^^o^r;  1 58^ y  ior/pl.^^ 
feuillets  7$  à  iot.  , 

'  I 

Histoire  d^  Valejtitîa  et  d'Orson,  fils  de  ^empereur  de  Constanti- 
nople  Alexandre.  Francfort^  i  Sqa,  .in-8,  fig.  ëp  l^ois,  feuillets 
non'cliiffrés,  slgn:  A  à  Z.  ^o/s,  160/^,  in-8;  Franyprt^  s.  d., 
in-8.  Leipzig^  1607»  în-8. 

HistQire  admirable  de  Mëlusine  (Nouv.  Reçb.,  n,  23.3),  yneédit^ 
que  Panier  crojt  imprimée  à  Â^gshourg^  en  1 480 ,  et  qui  offre 
des  dg,  en  bois  curieuses ,  a  été  payée  75  fr.  en  janvier  1837  , 
vente  D.  Il  en  existe  une^^  Augsboifr^j  J,  Bamler^  ,!A^°  '  *^^^ 
74  fig.  sur  bois  ,  que  ni  Panzer  ni  Ilepys  ne  mf^n^pnnent ,  et 
qui  difiere  beaucoup  de  l'ouvrage  françois.  Augsbourgy  i538, 
in-49  4^  ^*  '^^  ^^*  Hëber,  a,  7S6.  La  traduction  ûamafadé) 
Angers,  149I9  iù-fol.,  est  ornée  de  4^^  fig*  en  bois;  Panzer  l'a 
également  passée  sous  silenqè;  un  exemplaire  incomplet  du 
premier  feuillet,  1 26  fr.  vente  Ganazar. 
le  ne  crois  pas  que  les  Allemands  aient  traduit  les  Iromans  de 

Merlin,  de  Perceval,  d'Ogier,  de  Patmerin,  ni  de  Perceforest. 


».  \'  \ 


■^!        ■  ■     i     .»    ■■ 


La  collection  de  voyages  connue  sous  le  nom  di|  Recueillie  f^ur^ 
chas  étant  un  livre  fort  cher ,  et  que  l'on  trouve  très-rarement 
eomplet  ^  nous  croyons  bien  faire  éii  donnant  le  détail  de  ce  que  ' 
doit  contenir  im  éxempl.  bien  eç^ier  de  Inédit.  4e.{x>ndre8*  i@25-20, 
5  vol.  in-fol. 


t  I. 


T.  I.  Titre  gravé  contenant  un  portrait  de  l'auteur  ,  titre  im- 
primi^,  dédicace  au  prince  Cbarles,  2  p.  ;  avis  au  lecteur, 
3  feuillets;  table  des  matières,  11  feuillets;  liste  defij 
cartes;  i  feuillet;  !•' livre,  186  p. ,  table.  ^  ieuilletsi 
3%  4-  et  5*  livres,  748  p.  (les  pag.  46^  à  478,  643  çt  644 
sont  omises)  ;  iable ,  12  feuillets,  A  la  p.  578  on  M^puyp 
une  carte  de  Tempire  mogol,  par  Elstrake. 

T.  IL    Titre»  (jiédkfLaçç  ^u  duc  de  SMckingkam,  i  feuillet  ;  bi^  6. 


556     *  J.    TECHENU, .  PLACE   DU   LOUVRB,    12. 

à  lo^^.  i^gàiidoÇlefp.  i26g-i270r8oiitTépëtées2fois}; 
taUe.^phabédiiae,  2k>  fieuiUetf..  -^ 

T;  m.  Titre,  â^cace  à'IMvéqué  de'  Lincoln ,  a 'feuillets;  table 
de  la  a«  partie  y  9  feuillets;  liste  des  cartes ,  i  feuillet; 
livres  i  à  5,  p.  ii4o  (les  p.  aig  à  222  sont  doubles; 
1007  ^^  10^  mancpient);  table  alpbaiiétique  des  5  liv. 
de  la-3*  partie  ,  34  feuillets.  A  la  p.  4oo,  une  carte  de  la 
Chine  ;  472,  carte  du  Groenland  ;  852,  carte  du  nord  de 
l'Amérique,  par  Elstrake. 

T.  IV.  Titre,  dédicace  à  l'archevêque  de  Cantorbéry,  2  femllets  ; 
livre  6  à  10  ,  p.  ii4i  à  1978;  table  alphabétique  des 
5  liv.  de  la  4**  partie ,  20  feuiUets  ;  à  la  p.  1692-3  se  trouve 
une  carte  de  là  Virginie  par  Hole;  à  la  p.  1872,  une 
de  la'  Nouvelle-Ecosse. 


>( 


T».  V.  i6a6.  Titre,  dédicace  au  roi  Charles  y  2  p.;  épttre-dédica- 
toire  àd'archevêque  de  Cantorbéry,  4  p-  ;  au  lecteur,  4  P*  ; 
table,  9  feuillets  ;  catalogue  des  auteurs,  4  feuillets  ;  noms 
des  Mss.  ,  etc.,  3  p.;  l'ouvrage  ,  1047  p.  (241  et  242  9 
j635  et  636  sont  doubles)  ;  table  alphabétique ,  18  feuil- 
lets ;  à  la  p.  436  une  carte  de  la  Chine. 

Le  5*  vol.  fut  imprimé  d'abord  en  161 3 ,  in-fol.  (i5  f.,  752p., 
et  18  f.  table);  ensuite  en  1617  (20  f.,  1102  p.,  et  20  f.  pour  la 
table)  ;  plus  complète  que  Tédit.  de  161 3  ;  celle  de  1627  Test  moins 
qiie  la  dernière  de  toutes. 

En  Angleterre  on  paye  cet  ouvrage  très-cher;  de  beaux  exempl. 
ont  été  pousses  à  33  liv.  12  dent.  ,34-  (3  Bindley,  46  Grafton, 
3i.  10  Jadis  ,  4^  Williams  mar.  L'exempl.  Stanley,  qui  étoit  su- 
perbe et  qui  avoit  été  payé  5o  1.  10,  a  été  revendu  29  1.  seulement 
Brury. 

Le  seul  exempl.,  à  ce  que  je  crois ,  qui  ait  passé  en  vente  à  Pa- 
ris, depuis  longtemps,  c'est  celui  de  Langlès  (n<*  1950);  il  étoit 
imparfait,  et  a  été  adjugea  161  fr. 

Le  premier  livre  contient  les  voyages  faits  par  les  anciens  rois ,  etc.  ; 
le  second  une  relation  de  tous  les  voyages  autour  du  monde  ;  le 
trbisièmè ,  les  voyages  des  Anglois  en  Afrique,  etc.;  le  quatrième , 
voyages  au  delà  des  Indes  orientales  ;  le  cinquième ,  voyages  dans 
le  Levant-:  ces  cinq  livres  forment  le  premier  vol.  ;  le  second  \qI. 


viwKnif  ou  vauovmk^'i     ..   .  S^^ 

rfuMeTV^i^  {es  fjkT^mi  tix  €ti  A9|>t»  >Aiirkiue  ;,hate,  Palesdnq  fit  Axabi«  ; 

iieiTD^s  1q8  Tpyi^es  ei^.  Aûei  d^ns  le  nordrOueBide:  V«A^^P^uf  ^^  P^^. 
pAràè,4e|']^Qpe  ;:l^,qi^4^ièine  est  coo^çr^  àr^éri<me;  kcturj 
quijta^^  YoL,  .contient  une  dpscriptioj^  du  mond^  et  une  bi^loire  où. 
IfL  théf4pgie  donâne^ ,  de  IVAsie, .  4e;  |lf Afrique  el  de  VAn^nque  ;  et  ]a , 
quatrième  édition  renferme  de  plus  deux  re^t^>n3  consacrées  à  la 
Russsie  et  au  Bengale,  et  l'ouvrage  d'Erpenius  sur  l'empire  des 


I 


Il  est  étonnant  que  Lenglet-Dufreçno}  (IHétJiQdQ  pour  la  géogra- 
phie ^  édît.  de  1742,  tom.  1*%  2"  p.,  p.  4^2)  se  borne  à  donner  , 
atti'âfm^n  détail,  le  titre  dé  cette  importante  collection. 


:..•     l  .  •'  1. 


j  •  .  > 


Ji  '        ....  .  :     .     .       ».  i:'".j 


£xiste-tr-il  quelque  tradci\[^ion  italienne  bu  espagnole  de  Rabo- 
tais? Je  n'ai  connoissance  d'aucune. 

La  première  édition  qàe  cite  L'oundes  (Mati.^,{i.  '  i53b)  de  la  thi^ 
duction  angloise  d'Urgbard  est  de  i653  ;  elle  fut  réimprimée  sept 
fois  jusqu'à  1807,  et  les  dernières  édit.  sont  retouchées  et  enrichies 
S  notes. 

tTnc  version  IioUaiidoise  parut  à  Amstenlaitt,  en  168^,  2  vol.  / 

Fischart  fît  paroitre,  en  i552  ,  une  imitation  du  premier  livre. 
Ebert  (11,  577)  en  indique  12  réimpressions,  dont  la  dernière  est  de 
i63i  ;  t&e'trad.  de  l'ouvrage  entier  parut  à  Hambourg,  en  i  785-87, 

3  vol.  iii-8i  elle  ti'a  pas  été  goûtée. 

t'      1*     . 


Le  Juif  errant  ayant  paru  sur  nos  théâtres,  quelques  personnes  se^ 
rant  peut-être  curieuses  de  faire  des  recherches  sur  ce  célèbre  per-s 
sonnace. 

Son  Histoire  fadiuléu^e  parut  en  allemand  en  1602 ,  en  françois 
à  Turin,  fin  du  xvi*  siècle  (cat.  Méon,  p.  Soi).  Il  y  a  une  édit.  de 
Bordeaux,  1609  (cat.  LaValL,  i,  488;  11,  717  ;  Maccarthy,  11,  253); 
c'est  un  petit  in-8  de  16  p.,  dont  les  trois  dernières  contiennent 
une  complainte.  Les  cat.  Picard  et  Méon  indiquent  tme  édition 
de  160B  (Nouv.  Rech.,  1,  44^)* 

Une  édit.  futé  à  Leyde,  et  une  de  Bruges,  in-12,  avoient  paru 
vers  1600  ;  il  y  en  a  plusieurs  autres  qu'il  seroit  difficile  et  peu  in- 
téressant de  chercher  à  énumérer. 


556  J.    TBCHEim,    n<AC£   do  iJOWRft,    12. 

Quant  à.rhistoire  réeiù^j  il  fiitK  consulter  Theloms  inelelètlia 
hist.  de  Judtto  imtnoTtàH.  Witfemh, ,  1668 ,  in-4  ;  SchAtlifit  Dîs*^ 
sèrtatio  hiftriJrîcs  de  hUmonoa  tnortaU.  Re^iom, ,  i68^'ott't^¥VV 
in-4  ;  Anton. ,  IHssertatio  in  qua  fabulant  de  Judseo  imlmbHrii  età^ 
mînat.  Hèbnst,.  17SG  ou  60,  in^  ;  Maschenbaùer,  ReferiehdàiSuSt' 
t.  V,  p.  4<  ;  Kodb  ,  Prëcb'de  l'Histoire  fittërâire  d^Alieihagne  '(éi^' 
ailemand),  i\  tr,  p.  244- 


'  ;•••  ■  •    -'W 


Amours  et  Complainte  entre  Mars  et  Venus  (en  anglois),  inprinié. 
à  Westminster,  vct^  i49P»  ^'^' 


•  •••' 


Cet  ouvrage^»  auquel  nous  croyons  très-peu  de  mérite  ^  esf^.digife 
d'être  indiqué  à  cause  du  prix  excessif  auquel  il  a  été  poussé  à 
Londres  ;  en  1812,  à  la  vente  Roxburghe  ,  il  fut  payé  60  liv.  st.  ;  et 
en  1824»  vente  Sykes,  revendu  4^  Uv.  10. 

Monument  QjFmatrona,or  sevenlamps  of  Yirginitj.  Londres,  i582, 

un  ^and  prix  en  Angleterre  ;  ^  la  vente  Brand ,  un  exempl.  cchvi- 
plet ,  le  seul  que  l'on  connoisse ,  fut  vendu  8  l^iv.  18,  et  revefidu 
1 5  liv.  inglis  en  1 82 1 . 

C'est  un  recuçil  de  prières  et  de  pieuses  méditations*,  çompojs^ 
par  des  reines  ou  par  des  dames  du  rang  le  plus  distingué  ;  <>n  trçuye 
dans  la  première  lampe  la  prière  de  Judith  au  moment  de  couper 
la  tête  à  Holopbeme,  et  celle  d'Esther  pour  être  délivrée  des  mains 
d'Amman;  la  seconde  contient  les  méditations  de  la  reine  de  Nayar^e , 
Marguerite  ^  traduites  par  la  reine  Elisabeth  ;  chaque  lampe  a  un 
frontispice  séparé  :  le  tout  forme  plus  de  1,600  p.  en  prose  mêlée 
de  vers  et  d'anagrammes.  {Voir  Dibdin,  lib.,  comp.^  p.  '^23  y  et 
Xmi  fu^tiq.  u,  954 f  Xowndes,  biU,  man.',  i^i  iSi.)     "  '  '^   •* 


6.  B. 


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8UR  LES  •     •<' 


AMÉLIORATIONS  A  APPORTER 


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WBLIOTBÈQUES  DES  VILLES  DE  PROVINCE  (i). 

Dans  le  rapport  qui  a  précédé  Tordonnance  royale ,  pour  lé  rè- 
glemetit  des  bibliothèques  en  général ,  on  rappelle  une  disposition 
qui  a  été  souvent  répétée  dansiez  circulaires  ministérielles,  relati- 
yement  à  la  formation  des  catalogues  et  à  Télaguement  des  doubles 
de  chaque  bibliothèque,  pour  ensuite  en  opérer  des  échanges; 
et  jusquTà  ce  jour  bien  peu  d'établissemens  ont  mis  à  profit  ces 
heureuses  dispositions. 

n  seroît  fort  heureux  que  les  améliorations  projetées  fussent 
aussi  faciles  à  exécuter  qu'à  conceiroir  ;  mais  au  moment  de  mettre 
ces  plans  en  œuvre,  on  commence  ordinairement  à  s'apercevoir 
qu'on  a  oublié  une  petite  chose ,  la  manière  de  s'y  prendre  ! 

Je  crois  ,  en  effet ,  que  le  système  d'échange  proposé  pour  les 
bibliothèques  n'est  pas  exécutable,  ou  du  moins  qu'il  est  environné 
de  tant  de  difficultés ,  et  qu'il  promet  des  résultats  si  peu  avanta- 
geux, qu'il  vaudroit  peut-être  mieux  laisser  les  choses  dans  l'état 
ofi  elles  sont  (?.}. 


(i)  Cet  article  étoit  fait  lors  de  la  nominatioa  d^uo  inspecteur  général. 

(s)  Supposez  un  moment  que  la  bibliothèque  Je  Toulouse  possède  YArit- 
lofe  deg  Aides  y  reU<^  en  vd . ,  et  que  celle  de  Bordeaux  eût  à  offrir  en  échanj^e 
le  Platon  d^ Etienne  f  gr.  pap.;  ces  deux  ouvrages  sont  cot^s  à  pea  près  Te 
m^me  prix  dans  les  bibliographies  ;  mais  le  Platon  est  rogne  de  près,  et  a  une 
piqûre  à»  vera  ^na  le  t^xtej  alors  il  ne  vaut  plus  que  ôo  fr.,  prix  qu'il  tient 
de  se  vendre,  tandis  que  TAristote  Ta  (fte  4oo  fr.  en  Angleterre  :  mais  présume 
tous  les  articles  sont  dans  ce  cas-là.  Une  bibliothèque,  en  échangeant  ainsi, 
sans  règles  et  sans  expertise ,  pourrôit  gagner  ou  perdre  infiniment  ;  les  dou- 
bles «ont  smrtAfit  en  iMlf ions  ancîeiinesi 


56o  J.  TECHENER,  PLACE  DU  LOUVRE,  12. 

Je  conclurois  avec  regret ,  de  ceci ,  que  la  chose  est  impossible , 
car  c'est  par  ce  moyen  seulement  que  la  librairie  pourroit  retrouver 
une  vie  nouvelle ,  s'ouvrir  de  nouvelles  voies  de  circulation ,  espé- 
rer de  nouvelles  chances  de  prospérité  ,  dont  la  fiineste  manie  des 
entreprises  factices  Ta  peut-être  éloignée  sans  retour. 

G'étoit  UBe  f  hose  magnifiqi^e  querandenne  librairie,  appc)^  d'une 
part  à  la  formation  de  ces  gi*andes  et  excellentes  bibliothèques  qui 
étoient  alors  le  luxe  des  nobles  familles  ,  soutenue  de  l'autre  par 
l'intarissable  production  des  sociétés  savantes,  au  nombre  des- 
quelles il  faut  compter  en  première  ligue  celles  qui  n'étoient  pas 
brevetées,  ces  modestes  académies  religieuses  auxquelles  nous  de- 
vons presque  tous  les  trésors  de  notre  littérature  et  de  noti^  his- 
toire, les  bénédictions ,  par  exemple.  Rien  n'a  donc  remplacé ,  en 
Frapcc;,  ces  grand3  soutiens  de  la  librairie  bénédictine;  aussi  ne 
peut-on  se  livrejr  à  aucune  opération  importante  sans .  risquer  une 
ruine  presque  certaine;  car  aujourd'hui  les  grandes  pubUcations  ne 
sont  plus  susceptibles  de  se  placer  à  grand  nombre,  et  ce  n'est  ce- 
pendant qu'à  cette  condition  qu'elles  peuvent  être  l'objet  d'une 
entreprise  sensée. 

En  admettant  maintenant,  puisqu'on  nous  y  autorise,  enfin,  que 
les  bibliothèques  provinciales,  dépôt  généralement  indigeste  et  con- 
fus de  tous  les  trésors  qu'a  ramassés  la  barbarie  révolutionnaire  , 
soient  libres  de  rejeter  dans  la  circulation  l'embarrfissant  superflu 
de  leurs  richesses,  il  en  résultera  deux  grands  avantages.   ^ 

Premièrement,  les  bibliothèques  s'enrichiront  de  l'ab^nce  de 
ces  multiples  inutiles,  dont  la  répétition  fastidieuse  eml>arraa8e 
l'esprit  et  fatigue  les  yeux. 

Secondement,  elles  obtiendront  sans  peine  ce  qui  leur  manque 
par  l'échange  ou  le  produit  de  la  vente.  Elles  rendroi^t  enfin  au 
commerce,  et  disons  mieux  encore  ,  à  la  civilisation,  un  aliment 
que  ces  immenses  tombeaux  Uttéraires  semblent  destinés  à  lui  ra- 
vir. Une  nouvelle  source  de  prospérité  s'ouvrira  pour  la  plus  noble 
des  industries  ,  celle  qui  fonde  ses  progrès  sur  les  développemens 
de  V^nt. 

Quels  sont  les  moyens  de  parvenir  à  ce  résultat  ? 

En  quoi  peuvenuils  se  déduire  de  la  nouvelle  ordonnance  minis- 
térielle elle-même?  On  seroit  étonné  de  leur  simplicité ,  du  peu  de 
firais  qu'ils  entraînent ,  des  immenses  avantages  qu'ils  promettent  ; 
et  cependant  on  ne  les  saisira  pas ,  car  il  est  de  la  nature, de  notre 


(«OLkETIN    DU   BIBUOPHILK,    ,  Sfil 

j«ititvûpfi^):.toujoui$s  louibbif ,  de.  tout  cou^inencf»  (Hldoldelrien 

finif-. ■!>•■!  1      ■      ■  '    .   .-     '      b  ..:iîi    ,    I  .       ;"î..    , 

.fifi ^roil4'abord-ce cataLogHe/i^ double^,  ^i.t^uyentdènMoâé 
im^,l»i)i>ii|Q^.èqm9  pubUqa^,  et.qui.ne  aer^  jamaîft  i^û;»  q<Ufique 
iioas  80>Q|i3tr^.difpo^  à  en  s^u^x^ist  co9fectf9^4,ij^i99^iio«0Îab 
|ilu»»  ùmfk  «  ^'{^tr^àrdirq  au  c^ulggi^  d^ft,  lilfrMjifMi;  «scèctent 
l!çz^i|ip)akfi.4Qi4blç.  Il  n'y  a  pokit,dç  m«4[qH:Uii,4M>;<m9}u«nQfÉMt 
4pubW.^s  une  hUJioUAèque  puhUqiie  t  ^uxM^lt  qii«âi|[  il  ^tnitfe 
#«»  /flfcjet  wpç^^t  d'ipsMTUGtioa  you^qulil  i^  r^ppfWEtjir  AO  i»t«rèlt 
Tivace  delocalite.  ,.-,  .  ;;,,,  /  jj::ji;I)  (lo'ii.ifi  nii 'jJio({((!:. 

iPff.fffcf U'cn^iiite  la  soumission  d^^cef i^M)j^plpf  ^J'^t^ji^  #un 

^  WFM?«P^««^>^ek8:bibi^^ 
irès-int^çs^tps  qui,inaiic|u^t  ^Oisc^jwu^en^^  de  feufi^^^^^^c^,^ 

,jCfcU«  foïictipn  d:i?sppcteuj:  général  W!i^%^ ,^^^\f^îf^^\  ât» 
«WW?  ^'t.FFf?  >  .Wis  qui  peuv.ept>^ Arp.^y|Çf;.qp.^qt|efeis  ]çé|iAMP 
dans  un  pays  si  éclaire  ;  savoir ,  une  connoissance  très«app9;(^0M^ 
des  livres ii^^uife  eoiupoissance  non  moins  sûre  des  besoins  intellec- 
tuels de  diaque  province.  Si  l'homme  qui  appelleroit  sur  lui ,  à  ce 
double  titre,  le  choix  du  gouvernement  y  joignoit  de  Tordre  et  de 
la  mémoire,  sa  nomination  devroit  être  regardée  comme  un  des  plus 
importans  services  qu'il  soit  possible  de  rendre  aux  lettres. 

Ajoutons  à  cela  que  ces  missions  successives  de  l'expert  et  de 
finspecteur  ofFriroient  un  avantage  inappréciable  auquel  on  ne  pa- 
tent pas  avoir  pensé  ;  je  m'explique  : 

Sur  cent  bibliothèques  publiques  qui  existent  en  France,  il  en  est 
certainement  douze,  et  peut-être  vingt,  qui  sont  admirablement  ad- 
ministrées par  des  hommes  d'un  raresavoir  et  d'uneprécieuse  instruc- 
tion. Le  reste  des  bibliothécaires  se  compose  d'honnêtes  gens  qui  ont 
des  lumières  et  de  la  bonne  volonté ,  cela  ne  fait  pas  de  doute,  mais 
qui  manquent  plus  ou  moins  de  ces  c6nnoissances  spéciales  dont 


SbûL  J.    TECHBlflBR  ,    PLACE    DU   LDVVHK,     12. 

«m  bibUcAbëcaire  ne  peut  se  passer  -pdét  se  i*eiulre  digne  de  ses 
nobles  fonctions.  La  mission  de  l'expert  et  celle  de  l'inspecteur 
^jètnévA^èéromt  «1- attirer  son  attention  sur  ces  inetréiUes  inconnues 
qqi'pérîsseÎM  abandonnées  à  U'poussière^  aux  vers  dans  la  plupart 
étiÊOfê^nâA  ièp^:  Nou^  àV6ii^  m  ^e  nos  propres  yeust  les  plus 
{inSoMMOi  iMdfeuMiëtis  de  la  f  )<p6graphie ,  les  plus  rares  trésors  de  la 
Menof'lMdigtl^ment.  jkés  au  rebut  clans  cinquante  villes 'de 
'FimAcii  Msno<>  a^iMè  vu  "fénite  au  pmds  des  niasses  étionnes'de 
Hftèii  dédai^ttéfflpaf  l» 'I6iit^^)«msanèe  4nunicipale,  qui  aûrmént 
rapporté  un  million  dans  la  salle  Silvestre. 
•  i^'Si  t^èit^^ki  n^^euf  nVn*sÀVent  ^i  plus  qtte  lé  biUiothé- 

vtôtt  H'ie  in^\tè  de  la  tille ,  tious  n^avonfs  pas  besàih  dé  dire  que 
fhiJMitut\ôn'€M%\Aire.'  Ce  sera  tbût  bonnement  un  inipAt'de  plus 
coté  au  budget. 

i^tiiiillt  Éiilii'idiMU^ék'^^  qtii  «mt'd'une  grande  impor- 

«É)(^'/^fli&ù#i^  prèiî5oiis^pe£^^  doiV^  s^eh  ocdoper  atittft*  uhb 

iààp«èëkkmii^  PArtbiit  où  3  te  tr6iiVé  dés  bïbRotbéifaires 
«i(|^âMetfwaéi%dife/il5  MHtfaità  snpërieui^nent  feits.  Partout 
tM'^«ibRBUi8dsafbti?est  pki^  lâhatiMètfr  dé  son  trat&il,  il  ^t  ibtf- 
liltfidrëil^âëtdii^ffél-.  ' tJn  càïàlbgi]^  niai  'fait  n*est  bôti  à  rieti:'  - 
'' ILë'Aehcsti^^itui  àçfbbtiipllrc^  ctjii  siifiples  vues ,  etil  n'y  a  rien  de 
plus  facile ,'  à^^ërr6it  dbs  drôiâr  iéétVainy  à  l'immortalité  ',  non'pas 
èéStk  là  îiÀinAère ,  ^ifvS  n^éi^t  '^kè  tout  ^  lait  A  dunMe  eiî  Firàce , 
«aSi^'dàttè 'Ui'Wi6nni3Îssàâiée  idè  là  Kttératufe  et'  de  la'  librairie 
AwtttoîsA  '"'*■  »'•'■•■''■  ,'  .•  j-  î. 


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CATALOGUE    DE    LIVRES    RARES    ET   CURIEUX,    JIË 

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LITTÉRATURE,    D'BISTOIEta ,    ETC.,    QU^"   ' 

< .  SE  TROUVENT  A  IfA .  Lf RRAIRIE-.pR  '  r  /  '  • 

J.    •TBCHENEI^,    PLACE  ,.  ) . 

,OU      LOUVRE  ,  „.,  , 


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12 


h:: 


N"  19.   —  FEVRIER  185».  -i'  ■  I  n  >/'. 

.   i'»   •:  '•  -i.   : 


i346  Am  DES  FBMMss  (l.')»  ou  Lettres  d'un  in|éaeçi;f^^  etc.,  par 
Marie  de  Saint-Ursin.  Paris  ,  i8o5 ,  in-S-^  d-nrel^iy  n.  rog. 

'    7-  « 

1 34  7  AnIrbrt.'  Mémoires  historiques  et'  critiqués  ^éu^  i^licientie' 
république  d'Arles ,  poiir  i^enrir  à  Thistoire  gen.ârale  de  Pro- 
vence. Arles,  1779,  2  vol.  iji-iî,  pi.,  v.'  iH.".  '.'   *.'"'5 —  n 

1348  Antiooikés  de  MbtE)  ou  reéhêrckes  sur  Terigitie-def  Médio- 

matriciens;  leur  ppennerétabfissemenC  dans  kg  fiflàttes,  leurs 
mœurs  et  leurs  religions.  Metti^  J.  CoiUgmon^  1 760^ h^,  br. 

••1:  -■'','.    -.X  ^V'  6—      » 

1349  Aristophanis  comoediae ,  graèce  ex  optimis  exempl.' emen  • 

dalç^ ,  cuni^iTersiolM  lat.  «..vad^  lectiouibu»  ,f  j[i^i%  .«ft  mm^- 
datiouibuft;   acceduwt  .deperditarumi^comfladiarwtt  frag. 
niQnta\,et  index yecbormu^.QOiniauai  prpprk>rm9ij,ietc.,  a 
Rich.-Fr.-Phil.-Brunck.    Oxonii  ^  tfpis  N..  Biùê,  1810, 
4  vol,  in-8  ,  br. 4^ —  » 

i35o  Arrêts  (les)  d'amours  ,  avec  l'Amant  rendu  cordelier  à  l'ob- 

sèrvâncè  d'âmôurs ,  par  Martial  d'Auverg/ae  »  .4il  ,dè  Paris , 

accomp.  de  commentaires  de  Uenoist  Court,  «Tec^  lia  glos- 

36 


566  J.    TECHENER,    PLACE    DU    LOUVRE,     12. 

saire  et  des  notes  (par  Lenglet-Dufresnoy).  Amsterd. ,  Ckan- 
guyon,  1781 ,  2  Tol.  iQ-]2,gr.  pap.,  mar.  r.,  riche  dent., 
Xah\s^\x*à.{Der.omc)» %    4<^— »» 

i35i  Avantages  du  mariage,  et  combien  il  est  nécessaire  et  sa- 
lutaire aux  prêtres  et  aux  évêques  de  ce  temps-ci  d'épouser 
une  jeune  fille  chrétienne  (par  P.  Besforges,  chanoine  d'E- 
tampes).  Bruxelles,  1758,  2  tom.  en  i  vol.  in-12,  veau,  fil. 
Bel  exempL     ............     6 —  » 

i352  Catalogue  des  livres  cfe  £.  C.  B.  (Le  Camus  de  Limare)  > 
distrib.  par  ordre  alphabet,  des  noms  d'auteurs.  Paris  ^ 
1779»  in-i^y  P^P*  ^  ^^  HoU.,  miar.  r.,  fil.,  tr.  d.  {Deromé). 

I 


Cet  exemplaire ,  d'une  e'dition  très-rare  (tirée,  dit-on ,  à  douze 
exemplaires) ,  efl|iltVtfr£oli]é  de.  fiapier  Mtno»  sur  lequel  le  proprié- 
taire a  enregistré  de  sa  main  les  livres  non  veaux  entrés  dans  sa  bi- 
bliothéaue,  depuis  Tim pression  du  catalogue.  Ou  lit,  sur  la  feuille  de 
•^'<i  •    '^'iardU;^^itaMV'!  Êxeniptàirû  unique .  BihUothèque  mrard  de 
;,0i  .11  $iinh-Misf.ï  -    •  -  » 

Exempl.  de  M.  de  Hxérécourt. 


•^avec  des  <»^pUcatipns . hiçtc^iques ,  çtc.  (par  Bru^eo  delà 

Martinière  et  autres,  rédigées  par  J. -F.  Bernard).  >/iiw£., 

>oilvMf  7aB-4âi|  ftloim  c&^iToLikHfdf;  •««MSiipeislitkime.aBdiemies. 

.'MvM ,^imkAemMB9\^'pjofyà^^  induit* les  peu- 

i({  ^8-|il€^/iç  d^  «9^9^  oonttaires  à  1^  religiiKu  Amat.  J,~F, 

■'  ^i) Bernard  y  1733-36,  2  tom.  eu  un  vol.  in-fol.  Ensemble 

9. vol.,  V.  £  Bel  exempl.  en gr.  pap 600 — » 

j-Sft^iCétivMM^iiiM^llr  I0»  l^ÂMresd'Ovideyave^ 

':ir>|^  BktÏÉtàîd!eMeniM,^RBtr€r^fkmifDtimi  Bi8mùm,ï'j^!i{laHaj-e, 

'•  «  ^-'»it7l69v^  Tol;fi»-9,  mav.bL,  fit,  Vt.  à.  (Padalàm/f.} 
.  o  1 H 1   ,  KiaÉ^l.  de  M;  d|B.Pixëffécoiirt. 


1 355  douR  DB  France  (la)  turbanisée,  et  les  trahisons  démasquées, 
W  ^i^iîfjB?^®'®.  ^*?^*?ti^**^PJ*W  du  catalo|;ue  df^M .  de  Pixérécourt, 


lULLETlN    DU   IIBUOPUHéKi.  Si^J 

par  L.  9.  D.  KQ^  E.Z.a  J%i/#,  ftâgo^.pel.m^ii^yid.,  1.  r., 
.  inar.  vçpctf  riche  dem.,  tr<  don  {/^eroJPMO        .  \ 

Exemplaire  de  M.  de  PixërécQOrU  •'■ 

i356  Danibl  (lb  R.  P.  G.).  Hbtôire  de  la  milice françoîse.  Paris ^ 
1721  y  a  vol.  m-4>  fig.»  gr.  pap.,  veau  mar* ,  -Bo-^» 

—  Autre  ^xempl.  ei>  pet.  pap.     #     .     .....     5,  ;i8 —  »• 

Livre  rempli  de  recherches  et  dVruditioo,  qui  se  raj^or^e  parti- 
culiérement  i  la  manière  dont  les  arm^s  se  sont  forme'es  en  diyer.-i 
temps ,  tant  sur  la  terre  que  sur  la  m«r  ,  aux  diflermtea  espécet 
d^Arme^,  soU  dëf^nsives,  soit  blTensives,  dont  on  s^e^t  servi  en  divers 
tdMps,  ^t  qtntnthé  d'aulMft  onYrSIges  rettfiruqoableff. 

flialaire4e  Frluicif  par  k  même,  17  Vol.  in  4,  hiâtt  reL       86—» 

i3$7.  ihacanm  (la)  db  Tababin  aux  snfbhs.  1631 ,  in-3  y  d.-rel., 
non  ro^.  (Réimpression  à  petit  nomèTe,"^,     .     .    ,«^     10  ~n 

i358  Obstruction  (la)  db  J&rusalbm  et  la  Mort  de  Pylatec  PariSf 
Jeian  T^reperel,  iJ^gi^ïû'^QOth.ymsûr,  y.p  anç.rel,(^tfj  huà 
premiers  feuillets  sont  manuscrits.)  Très  rare, ,    .        1 7— *  » 

1 359  t3tàMJt  (Lk)  DANsr  zji  iÉÉMtnstt,  6t  là  taéXM^6tp^à6ë  dii  Gazet- 
tier  cuirassé  en  mouche,..,  par  Fietre  Le  Roux  ,  1778, 

iii-8,  br 3—» 

ÉxMnpL'tire  de  M.  de  Pixcfre'court. 

i36e  DicnoBiiiAiRE  (lb)  bb»  Bal&u  ,  ou  Extraijl  du  diètîoniiaire 
de  r Académie  françoise  (par  Artaud).  BruxeUes,  Foppens , 

f6cf6,  pèc.  )h-^t2;fti&f'.  r.  da  Levàitt,  tf.  d.  (ir<csA/^r.)'3ô— » 

Éxenniplaifc  de  M.  dé  Pix^écourt. 

1       .       .       .  .  ■ 

i36i  DicTioNNAiBB  poitatîf  hlsl .  et  littër.  des  théâtres  ,  contenant 
Fcyrt^èdes  dt£Bétietfs  thi9ftrMf  Ae  Paiiflr,  li$  n6i»  4fè^t6ùîCëi 
léspièeed,  des  atiteiiu^  muskfens,  a^t^trfs,  etc.,  éld.,  par  de 
Léris.  Paris,  1 763 ,  pet.  in-^.     .     .    • .    ' .     .     .  '    4 —  ** 

f  Sfe  DoiAT  (Smm.).  CftttvtieittfffîoniM  fiBgi«te  Htiili^.  LugioAi^ 
apmi  OfjpkiuÈi,  I  £136^3»,  ix  toi.  ïkAfk.,  VéM.        -Ba—  » 


1:      ■  ■'>  I 


1 36^  Broictb  noutbaulx  et  Abbestz  D^AMoÉxs^pùbtie^par  MM.  les 
Sénateurs  du  parlement  de  Cupido  sur  Testât  et  police  da- 
ittoor  pour  tffoîr  éslenda  le  dUfeMttft  de  pkiileta%'aiiioii-> 


j.  TECiieNIrR ,  PLACE  t)t'  roovne,   12. 

nélue  et  mnoitreo^eé  (recueil,  par  Mkrtial  d'Àurei^gne).  Pa- 
ris, P.  Sergent  (1 54 1)9  pet.  în-8  ,  iîg.  sur  bois;  v.  f.,  dent., 

tr.  d.   {Bozérian),  Rare 4® —  » 

Exemplaire  de  M.  ôfi  riiérécourt. 

i364'  t}y  Cheshb  (ANDmi).'Hi&toîre  des  toys ,  ducs  et  comtes  de 

''Bovrgongne    et    d'Arles.    Paris,  Seb.    Cramoisy,   1619, 

.   inH(,  parch 10- » 

f  365  Du  HouuN  (G.).  Les  conquêtes  et  les  trophées  des  Normands- 
François  aux  royaumes  de  I^Taples  et  de  Sicile ,  aux  duchez 
de  Calabre,  etc.  Rouen,  i658.  — Godids  legum  Wisigotho- 
rum  libri  xu,  Isidori  Hispalensis  episcopi,  de  Gothis,  Wan- 
^'  -   da)t9^t  Sueris'historia  sive  cbromcon.  ex  Blb.  P.  Pitbaei. 
'Parwiw,  1 599,  in-fol.,V«br.'     .     ;     .'^  .     .     .      i 


:•  .V 


i366  pAiiLEë  (lSs)  d^sopb  et  de  plusieurs  autres  mythologistes, 
'  accoDnp.  du  sens  moral  et  des  l'éflexions  du  Ch'ev.  Lestrange, 
trad.  de  l'anglois.  Amst.,  Est.  Royer^  ^714'  ^*4)  %*  9  ^'^ 
,  F.  Barlow,  mar.  bl.du  Levant,  fil.,  tr.  d.  {Padeloup). 

Superbe  exemplaire  de  M.  de  Pixdrécourt.  48—» 


•         m 


1 367  FicoRiNi  (Fr.).  Lé  Mascherê  Scenicbe  e  le  figure  comiche 

d'Antichi  Romani.  Romay  1736,  in-4)  ▼•  f*»  tr.  d.,  bel  ex. 

'.i,^.  ,.fi^\^'c^.p^P:^f^' {R^i' porD^rome.) l5— •  n 


j'\  ^ 


1 368  '  FoET  (lb)  1NBXPU6NABLE  ox  L'HONNBiia  nu  8BXB  fAminin,  cons- 
trait  par  Françoys  de  Billon.  Paris  y  Jan  tCAUyer^  1555, 
pet.  in-4>  fig.^  d.-rel 1 


l»*:.-|( 


1^69  Q^u/^T  (L*ABiié).  Bibliothèque  françoise ,  ou  Histoire  de  la 
,     .^    Littérature  Crançoise.  Paris,  in4i-56,  18  vol.  in-12  ,  v.  f. 
_    {Très^belex.parDerome) .       65 — » 

1370  .CiAJ£vp:(JoAiii,GBoi^.)The8aunia4t]itiquitatum  et  historia* 

rum  liali»,  coUectus  cura  et  sc«d.  J.  G.  GrsBvii,  etad  finem 

perductus  a  P.  Burmanno.  Lugd.-Bai.j  1704-23,  3o,  voL 

.:  J.  .hi-foL, félin,  reL a5o<^>i 

13.7.^,  ■  Habjqm^cBi  proi^omcée  devant  le  roy ,  séant  en  ses  estats  gène- 


BUIX.ETirf  DU    HBL10PHILX»  S6g 

rmxj  à  Bloys,  pai*  P.  D'Epinac.  Ljr4fn^  1577,  in^i  d.-rel. 


.'1     > 


1872  Histoire  DS  Gil  Blab  ok.  Saioillaik,  parLeiSage,  avec  un 
examen  prëlim.  et  des  notes,  par  François  de  Neufchâteau. 
'Paris,  Lefebvre,  1820,  3  vol.  în-8,  gr.  pap.  Vl^-iihpleB  fig. 
'  de  Desenne ,  avant  la  lettre  ,  s\u:  pap.  de  Cbiné  i  et  eaux- 
fortes,  dos  et  coins'de  mar.  v/iTThoui'émn.)       *   J^So —  » 

Non  rogne.  *—  Ce  magnifique  exemplaire  contient ,  en  outre ,  les 
additio^  suivantes  :  .  ,  . 

'I*  Vingt-quatre  Tignéltesangloises  de  SraîrkeyëprcnVeS de  là  pre- 
mière ëdîtîon ,  lettres  grisas ,  dont  deut  doubles  a'vaiit  toute  lettre^ 
3<*  Une  suite  de  douse  Tignetlesde  Pauquetv,*fant  la  lettre ,  et 
eaux-fortes; 

Z^  Plusieurs  vignettes  angloises  par  Urwins  ,  avant  la  lettre  ,sur 
|Mp.  de  Chine  (rares); 

^  4^  La  carte  des  vojrages  de  .Gil  Blas  et  un  fac-similé  d\une  lettre 
de  Le  Sage  ; 

50  Sept  dessins  originaux  do  Deve'ria  ; 

60  Enfin  vingt-deux  portraits,  dont  plusieurs  avant  ^^  lettre  et 
'    -Mr'paitier  do  Chine  :  bt  Sage,  Fr.  de'  Neurchâteav ,  'Voltaire  l  Deà- 
^fonlaîiiet,  Tressan,  Ikntaîgne,  Mezen^ny,  Lckain^Clairon,  Crébil- 
I     l|m^;Baron,  J.-J.  Bpu8peau,^madamf  de  Lambert ,  Ximftaès ,  Phi- 
lippe 111,  Ninon  de  Lenclo^  ^  le  cardinal  de  Lerme,  le  cardinal  Ma- 
wrin,  Fréde'ric  II ,  TÎacIné,  Philippe  lY  et  Olivarcs. 

1^7^  HtiiTùiBB  de  la  Mappemonde  pàpbtique,  auquel  est'aéclairé 

"      tbiùt  ce  qui  est  contenu  et  potirtraict  en  la  gralide  table,  ou 

'    carte  de  la  mappe-monde';  composée  par  M.  Fradgidelphe 

Ëscorche-Messes  (Théod.  de  Bèze).  Impr.  en  la  ville  de 

Luce-N ouvelle  ^  par  Brifaud^  Chasse-Diables^  1566»  ^"^^ 

mar.  vert,  fil.,tr.  6.,\Der6me,) '  4o —  »» 

Bel  exeropl.  de  Gaignat  et  de  M.  de  Pixérëcourt. 

iZ^i^  des  diètes  de  Pologne  pour  les  élections  des  i-ois , 

par  la  Bizardière.  Paris,  1697,  in-12,  v.     .     .     .     2r—  » 

1375  .  ■  {ftcétieuses,  avec  quelques  histoires  tragiques  (par 

Parival).  Leiden,  Vaguenaer{El%ev.)j  i663, 2part.  en  ivqI. 

pet.in-12,  br 2© —  » 

Exemplaire  de  M.  de  Pix^rëcourt. 

i3n6  —...-. — -—du  Vieux  et  du  Nouveau  Testament ,  enrichie  de 


Sf^  J»    TECHEmUi  y  WLàCE   DU    LOOVUE  ,    12. 

\t  -A)  jfh^de/i^ofif^ijimHeriUuri^  Martitr.^  1760^  2'vol.  in-fol., 
GR.  PAP.,  1.  r.,  mar.  r.,  large  dent.,  tr.  d.  3oo—  » 

Bel  exempl.  de  Mac-Carthy,  avant  les  clous ,  provenant  de  la 
.:if  -.1   '.  ,ï^\!maûiùiàgi%,àiè  fvÊÉtécùktti 

I        '.  ■  •  ^  ....  •  . 

137*7  jHmnf^BB  JE^fTviTEIMBixll  de  J|ic^tt«0-Au^«tè.  de  Tbou  ,  de- 

.V^^^^  jûsqù'^en  .^0071  .Uad*  04r  l'édition  de  Londres  (pai* 

-,  J.-B.  le  Mascriec^  .€»?  le  Bçau  ,  Tabbé  Desfontaines ,  etc.). 

Londres  (Paris).  1734,  16  vol.  in-4>  veau  gr.  45 —  »» 

1378  EItiuces  DK  Sashtsuil,  trad.  en  vers  (par  Poupin).  Paris , 
Burbouj  1760  y  in-13,  pap.  de  HoU.  ,  mar.  r.,  L  d.,  tr.  d. 
'  '    (j4iup\trm€s  du  cardinal  de  Rohan,)  10-^  >• 

Exemplaire  de  M.  de  Pixérëcourt. 

'  I  • 

I  ■ 

1 37g  JouBNAL  de  ce  qui  s'est  fait  pour  la  réception  du  roy  dans  sa 
ville  de  Metz  ,  le  4  aoust  1 744*  Metz  ,  1744.»  in-fol. ,  fig., 
V.  br 10—» 


1 3^0 ,  I^QiTNS  ,  BH  Sano-Tiob  ,  o«  piscours  sur  ^a»tiq^ité ,  privi- 
lèges '  et  prérogatives  du  monastère  de  Li-Hons  ^  en  Sang- 
Ters  y  situé  près  Roye  j  en  IHeardie  ,  par  Seb.  Roulliard. 
Pam,  1627,  in-4,  cuir  de  Russie,  dent.     .     .     .     i5— » 


'.'  •»■•, 


n 


i3,£ll  |iV€iBif.  De  la  UaductioA  dç  Pm'o(  d'Ablancourt  1  ^vec  des 
remar^eç.  Amsterdam  »  PFetstein^  17^213  vol»  jff^i»  in-8  , 
Sg.,  mar.  r,,  fil.,  tr.  dor.  {Deromç),     .     ,     .     « .    35 —  » 

,\^  E^epipl«j^:e  de  M«  ^  Pixi^récoqrt. 


I   f  • 


1 382  Maison  (la)  des  Champs,  po^me,  par  Campenon.  PariSy  De- 
'  launay  ^   1810  ,  gr.  in-i8,  pap.  vél.,  fig.,  mar.  ?.,  comp., 

tabis,  tr.  d^  {Bozérian,) 10—» 

i'.n •  Riifinyisirf  d§  If.  do  Pi^^r^ourt. 

1 383  Malbbawchb.  Entretiens  sur  la  métaphysique  et  sur  la  reli- 
ij^i      giPH-Pon/i  i7o3,  a  vol.  iprj^H,  veau  j,,  fiL,d.        6-*  » 

1^84  HTansi  (J.-D.).  SnppIementumadcoUectipnemconciliorum. 
Luca^  1748-62, 6  vol.  in-fol.     .     .     ...     .     120 — » 

Collection  devenue  rare ,  et  qui  complète  la  collection  des  con- 


i38f)  MâamlrB  (ia>  «jÉiiyiiito! ■»  vonsirt..;^  ou  6St  ^jMPouué  que 

'  Ibl^  tectë  cs^i^ïniqtië  e$t la  vr&yë  inàriniti^. .  1 . . ,  par Béftuxamis. 

PjànSj  C^àuâièrey  i  y ô2^  m-6^  mar.  r.^nl.|tr'.âar'.'(/)(;rome.) 

S^9||ii>Ui4re-dflll.r€kePi!iMc«i|rl%,  ,  ;.:.  9—» 

i3(£  Maetiau*.  f^eneiiisùi  œdiàus  jiàtit-i^àl^  kfir^^.l^fi'  eavël., 
•     tr.  cbeléej  (iR«r0)  une  peiiie  piqûre%^,  .    uu  ;i4:>    i5— -  » 

1387  Méuuigbs  d^hisUire  oide  littérature»  pai*  de  Vigneul-Mar- 

▼iUe  (Bonav.  d'Argonihe)^  éditkm  revue  «tategmèntée  (par 

TabbéBanier).  PansyCL  PrutThomme ,  i^^S^irôl.  in-12, 

mar.'r.^  fîl.,  tr.  dor.  (^DerQme,)  .'   65—  »» 

Exemplaire  deM.de PUén^:pujrt.  n.... 


II  I 


i388  Mhmoiabs  DB  HADAifoi  DK  Staal»  écnts  par  ^le««a'éine.  Pa-- 
.    risj  1767,  4  ^^»  -^  Lettres  de  mademoiséile  Ddaunai  (ma- 
dame de  Staal)  au  chevaUer  de  Méuil,  au  mcânquis  de  Silly 
ei  â'Tft.  d'Héricourt,  etc.  Paris,  1806 »  2  vol.  Ensemble 
6  vol.  in- 12,  V.  gr.,  fil. .     12 —  >• 

-     .      -;       s^ 
1 389  MiGHABLia  AB  Is9BLT  Amor^btu  8ui  temporis  histonà  ,  în 

qua  reii  in  tdtd  orbe  têrriirum  gestae  tum  praécipue  motuum 

Belglconim  sub  Pbilippo  II.  Hisp.  rege  origo  et  successus 

.  ,.}xaqfi^t^  ^d  annuin,ji[â86  d/Q6cribuiitur.  Çfe/cyutf,  .)6ftt,rpfKt. 

.  .       ^B^ 1 2^ jiarcn,   ,.,  ^  -  ;^_«  -  .^    • .  .     ,    ..     ,     ^.  .^^     0—  » 

iSgb'  itaiixoT  (C£.-tlR.-^&A¥.)-^  Elëinéiis' d'iiistoirè  générale  an- 

^"    i}.«il9iine.lBt  moderne.  **^  EHément^e  riiiftloiredcJFrAcèi  «^ 

^ .      ïvElélnenfe^ de KlAtme  d'Aiigleteri«.  Paris^.È^j^'jZf  i5  vol. 

-    .  in-^i 9^  y«  ifi  (  Ttisrinl  ex\9.reUwrt  de  Deronm») .  35—  » 

1 3gi  Moyen  (lb)  db  pabvbnib  ,  ÛËuvre  contenant  la  raison  de  tout 

'-     <c^  qui -a  «sié  ^  esT '•t>Mrà\  iMc.  (pMr  BértMMfe  ^  Vénâlle). 

Impr*i  èMe  amnée  {BoU.  JEhiP. ,  veirs  .i€6. . .  ))  )^k;  ki- 1 2  de 

î^dig^iÊgeSj  va^.r.jtr^  Ai  3ûuwïnèt 70—  » 

C'èèt  la  HMh  are  éditioo,  et  la  plttS  rare  de  tiellds  <)ii^Ml  attribue 
.  aux  BlMi^riié  yeadu  tomstai  jusqu'à  Oo  Ir» 
,  Oo  ^dogfr^icl  ]^^9pioic|i|  qui  aUribue  le  M^yndepary^rùrk  fië- 
roailoe  de  Verville,  connue  on  suiToit  tout  a  l^eure  celle  qui  donne 
â  Chorier  les  Entretiens  d'Aloïsia  ;  et  Ton  est  îondë,  pour  cette  fois, 
s«r  ua»  graude  autorité  >  oaUe  qtti  résulté  dNiuè  dùêertation  ad  hoc , 
.cotapoeée  ^r  Ll>  Mètotioyd. l^lV<Nmo3r«  s*e»ttR>tnpë btiRi  rarement. 


5^%  J.    TECHKIiJUI,  .BLâC£:#U  :U)U¥B|iy    12. 

ijri^  •tjjiiiti|i;e0*et»  sur.  i^yç qnei^lÎMi  ^bthU«ir»pllif  »  jroaU.ilift'fajttput  i.fait 

.-  ■  I M  ;  /  f  '**^*WJ  •"'^  ^*fl?^ff*'  ^'^*f  ^;  94'^  ««eroit  facâJ c  4e,  ]^pu ycr ,  en  pre- 
.  nant  ùnù.  UQ.toas  ses  argulpens,  si  Von  ^crÎToit  ici  une  dissertation  , 
àû  lien  dVcrii^  une  note';*  je  me  contenterai  '^un  séiiï  raisonne- 
'  ";:         ment  qui  en  vaut  mille.-  l/autenr  da  Moyen  dé  parvenir  est  un  des 
écrÎTains  les  plTjs  TÎfs.  les  plus  variés,  les  plus  originaux,  les  plus 
..">/  i«'>  •^iNlinrâei<6lVeTÎeiI)èUngne,  un  det  hommes  qiil'c^  ô6t  le  mieux 
-  —    :    connu  IVsprit  et  lei  ressourbes,  et  par-dcwns  tooë;  «in  conteur  ini- 
mitable :  cinquante  ans  plus  tôt,  ce  seroit  Desperriers  ;  cent  ans  plus 
-  T'.^r-.  ij';tiwd-,  c^feroit  La-Fédfarde  ,  ou  on  moÎDs  l.a  Monnoje  lai-méme. 
. ..  j     ■■ .  L  i'fitrnddQ  de  Venille  est  le  plus  lourd»  te  plus  diffm,  lo  ^lus  languis- 
..i^..,    i^^jt*  ^  plus  eunujreux  des  prosatenrs  de  son  ëpoque,  même  dans 
>-  .    quelques  sujets  heureux  où  son  imagination  parott  être  à  Taise. 
Les  preuves  dont  se  sert  Là  Monnojê,'pour  lui  faire  honneur  du 
Moyen  de  parvenir^  sont  trés-suffisantes,  d^aiHenrs,'  pour  démontrer 
quMl  n*y  a  eu  aucune  part. 
^  '  ^   •  "  '  '      Mon  exemplaire  de  la  première  e'dition  porte  lé  notn  ê^Menri  Es- 
-•  .il  ;  i/iuCtMBd;  écrit  d'una  main. du  tfltnps.  Henri  Estienjbe,  c^est  fort  dou- 
/  ;  ' . ,,  :  ) ;  teuzf  Béroalde  de  YierTillç ,  cV^t  Jonpo^sible.       .  . 

Cn.  NoviK^L. 
Extrait  du  catalogue  de  Pi\érécourt. 


j^ 


iSoa  HONTFAUGON.  {F.n!*  ). 

Autre  cxemplain^ikralement  en  grand  pap.,  mais  dont  Icsmonu- 
mens  de  la  monarchie  ne  sont  pas  uniformes 750—  » 

idgS  MiïkATORT  (Ltm;  Airr.).  Ân\ic]uitatëé  Italix  medR  «vi  post 

'    declinalionem  romani  imperii  ad  ann.   i'56ol'  Mediolanij 

1738-42,  6  vol.  in-fol.,  Tél.  (Ex.  £N  g»,  pap.)*     •     irSS^*  n 

1894  NoBLB  (ul)  'eÉRmBnifB ,  oa  la  Ba8sette',higtoire  plante  (par 

'de  Pre8chac)i  SutooMt  la  copie»  de  PÀnis^i  oàez^^ÔlJ  Bavbin. 

(Holl.,  Elz.),  I679,p6t^ in-ia, inar.bl.,  âl</ tr* di  i6 —  » 

Exemplaire  de  M.  de  Pixéçe'court. 

i^gÇ,  J!lir#inrsi4.a  ç«)Llbqtion  di^  Mémoires  poiu  aervîjc.à  L'Histoire 
de  ji^iance;  depuis. le  zur«ièdéjusqu'àlafio^duopQtu*>  pré- 
cédés de  notice  pour  caraçt^^riser .  cluMmejBui&teuif  des  Mé- 
moires et  son  époque,  suivis  de  Tapatyse  des  documens 
historiques  qui  s'y  rapportent,  par  MM.'Michaud,  de  l'A- 
cadémie françoise^et  Poujoalat,  SdTol.  ïnS.  Prix  de  chaque 
Volume,  II  fr. 

Cette  grande  ^ntrepriae  est  terminée  ;  ainsi  les  personnes  cu- 
rieuses de  bien  connottre  notre  histoire  ont  à  leur  disposition  le 


BOUATUf    DU    BIBUOmiLB.  5^3 

iijQÇMcil  lo.plvs  vait^,  )f,p|ui,|ic^,  Ic.inicu^  fait  «jt  le  muina  cher 
qui  ait  paru  :  aucun  autre  )^e  peut  lui  ÎUre  C9|npare  »  jpuisqu^on  y 
a  réuni  plusieurs  ouvrages  dont  les  manuscrits  ont  été  nouvelle- 
ment découverts. 

Cette  coUectioAftln^rite  également  h  préférence  sur  les  éditions 
séparées ,  parce  ^Mlt  Taîde  des  autographes  on  a  rétabli  dans  le 
texte  les  passages  qui  avoient  été  supprimer;  ainsi  les  Mémoires  de 
Lestoile ,  de  hetz ,  de  Lcnet ,  de  Brieone ,  d^Omer  Talon ,  de 
Choisy,  etc.,  etc.,  qui  étoient  tronqués  jusqu^à  ce  jour,  ne  sont 


i<. 


complets  que  dai^^  ce^te  édition.  ., 

^  Une  tâBlé  analytique  des  inaticres  renvoie,,  pour  le  même  fait , 
*    '^ihi'lbàtttcar^itul'en'ôntpà^ 

1 39Q  jNouyBLLES  (les)  luhièbes  politiques  pour  le  gourerneinent 
dé  l'Eglise ,  ou  l'Évangile  nouveau  du  cardinal  Palavicini , 

(par 


•  1 1 


Exemplaire  de  M,  de  Pixérécourt. 

Non  rogné. — Il  n''y  avoit  plus  dHmprimeric  eizevirienne  en  1O87  : 
le  dernier  ouvrage  sorti  des  presses  de  la  veuve  de  D-miei  Elzevier 
-^  ekt  le  TibèriÂu  sieur  d*LaMotfaM^nii^al  (Amelot  de  La  Htrassays), 
_.  .  'i683.  in-4.  Cepcn^f^t,  ce, pa^^^t  de ;Jfli»n  I|eJ|iîoii)fiftun  Elze- 
vier trés-authentique  et  des  plus  jolis  pour  rezécutipn  ,  mais  il  a 
e*té  imprimé  en  167e.  LVdîtion  ne  sVtant  pas  épuisx^e,  un  des  ac- 
quéreurs du  fonds  de  Daniel  s^avisa  de  la  rajeunir  par  un  nouveau 
.  titre  elquelcfiUes  limitïaifet  q^i.qovipjosetit  en  toutdouxe  |i|i|;es« 
C^est  ainsi  que  la  Répu/>lique  de  p^eni^fs,  pfir  Ç^^-I)j|dier,  origi- 
nairement imprimée  par  Daniel  Elzevier,  en,  1680,  reparut  chez 
Adrian  Moétjens,  sons  la  date^e  i6S5. 

Ch.  NoniBK. 

i3g7  'IVtJMiotlbii)  PiciiMio  BFàdl^Buii  ihipéiitôiis  ^(sseftâûô.  Lugd., 

-'•  1690,  iit4;'ifi^h  •'  :  •  :'  '.  -.    :  '  .-;^*-.'  •  :"  r  lo-  - 

1398  Œdtbes  complètes  de  Saint-Foiz.  Paris  y  veuve  Duchesne  , 
.-y-i  '  I ']!]&i  6  vol.'in*^  ,.figiVpa|>;  deHoU^  {rate)y  mar»  ▼.,  den^:, 

•  tabis,  tr,  d^(Bozér.ian.)i.  \    i  i       .  i. .   .  .- i  .  72 —  » 

Exemplaire  de  M.  de  Pixérécourt. 

ï^QQ ^—  complètes  dé  Yauvénârèues.  Parîs^  1806,  ayol.  in-8, 

pap.  vél.,  mar.  £it.,  dent. ..  tabis,  tt.  d.  (LeFetnre.)  10 —  i» 

Exemplaire  de  M.  de  .Pixérécourt. 

.   M  I  II  :•  (»      ■.  r  liJi'   i  .  •  "1  i#  ;■  'I.  ■  ji'  <•         ■■••■      '  «    i  1  ;.  ; 

i4oo  ■    de,  ^oil6au,,ëdit.  de .  Saint  -  Marc  P^wis^   1747  > 


5}4  '•   TECBUfUL  y  PtLACE  DO  LèuVAK,   12. 

5  1H)1.  iii-8^  %»,  porlr«|  iBar.  Meu^tlent.,  nioiiB  de  luar., 

oomp.ytabis,  tr.  d.  (Bêzérîan.),     .     .  120 —  » 

'  •  »  iij  ' 

Exemplaire  de  M.  de  PiieWcourt. 

Tr^ft-bel  exeniplaire  reiié  surbrqdUure}-i*iMM[^eur  surpasse  de 
-  tro^  ligpee  celle  dat  plus  beanz  ezemplairts  conous,  ce  qui  fait 
croire  qu^cUe  est  en  grand  papier.  {PéirticuUri^é  rûxcessii^emeni 
rare») 

.•  î') 

i4oi  OEuvRBS  de  Boileau-Despréaox ,  av6c  un  cônilbiêntaire  par 
M.  de  Saint-Surin,  ornées  de  douze  figuref  4,'^rès  les  des- 
sins originaux.  Paris ,  Biaise ,  1821 ,  4  ^^^  iTt^j  pap.  vél. , 
br,>  double  §^ .    \'*^'  i  "^  :  -  ^^«4*-^  >• 

«    •■     ■»!    '•■.1 

1 4o2  — ^ ''  àa  Fôtiienelle,  misespouif  ta  premièii;  (ois  par  ord  re 

de  matières.  Paris,  Bauienj  17^^  8  vol.  in-o,  portr.,  pap. 
fin,  mat.  vert, dent.,  tr.  d.  {Bozénan.)  "1 15—  » 

Exemplaire  de  M.  de  Pixérécourt. 

i4o3  -x— *—- ^  de  Fr.  Rafaolais.  Z«jr«ii ,  «/.  Martin^  tàô'jy  in-i6  , 
mar.  bleu ,  dent.,  dôuMé  de  tàbb.     .     .  ^o —  » 

Ii^ùne  des  premières  ëditioos  où  se  trouve  le  h*  liyr«* 

i4o4  — *—- -"^  de  théâtre  d'Avisse.  Poriis,  Duekesney  !^58,  in-8, 
▼.  'f. ,  dèht. ,  tr.  d. 

Exemplaire  de  X.  de  Pixéfjécqurt. 


i4o5 r— — de  tbéàtre  de  Guyot  da  Mervilla^  PmriSf.vmu^Du" 

chesne,  1766,  3  vol.  in-12,  v.  f.,  dent.,.tr4.4f; 
Exemplaire  de  M.  de  Pixérécourt. 


>•    •       ■  L    I 


i4o6  **-  dÎTâ-scB  de    Ghaulien.  Amst.y    i^SS:»   2  tomes 

en  I  vol.  in-8,  mar.  r.,gr.  pap*     ■.     .     .^     .  6 —  >» 

1^0^  Ordonnaihcb  du  noY  Louis  XIU^ux  les  plaintes  et  doléances 
faites  par  les  députés  des  Estats  de  son  roys^ùme  assemblez 
en  la  ville  de  Paris,  en  ]6i4i  et  sur  les  adyls  clonÀez  à  S.  M. 
par  les  assemblées  des  notables ,  tenues  à  Rouen  en  1617  , 
et  À  Paris  en  1626.  PortV».  16119,  ^"^'  pardi.  -  4^  ** 


iOLLETUf   DU    «BUOmiLE.  5^5 

i4oS  Omm%MM  (w  l')  dm  EiBBifiiiSy  par  J,  Spou.  ParU  »  Didot , 
i7Sif  ilHiS}  mari  vert,  riche  dfi»i*i  tabU  y  tJr.  d.  {Derome,) 

Exemplaire  de  M.  de  Pixérecourt,  tir^  sur  |)eau  de  vélin ,  et  ren- 
Cem^dans  on  ëtaidii  itiâr.  V.  70—» 

1409  Pandoba  Jani  Oltverii.  Lugd.^  Steph,  Doletus ,  xi^i  ,  in-4, 
V.  f.,  fil.,  tr.  d.  [Bel  ex,). 20—  »» 


•;« 


i4io  Î^AStio  Jesu  CHRiSTi/variô  carminé  beiîedicli  clielidonii  il- 
lustrata.  Coloniœ^  1 5a6,  pet.  în-8,  fig.  é^i>oU,  V. ,'  Q!I.   i  7 —  » 

j4m  Polb9  (Ijkan)  »'A|.mn49.  DiiBcavr»  iiistorial  d«  rantiqve.  et 
■iUvavure  cité  de  NJ6ti4S^,  ea  lia  Gaule ^narboiioiii^  y.auec  les 
portraitz  des  plus  antiques  et  insignes  bas.tispienf  du  dit 
lieu,  reduilz  à  leur  vray^  mesure  et  proportion  ,  ensemble 
de  l'antique  et  moderpe  ville.  Lyon,  G,  Roi^ille  ,  1  SSg,  in- 
fol. ,  fig.,  V.  f  ,  tr.  d.  {Thompson,).  ^4""  * 


•    t' ■  j  ' ;    ■  "I . « ■  I ■  '■  .'1     «il 


1412  PwTEkKYB  (Er.)  Ayspici»  DiUiotliecœ  pubUcse  Xibyaninitis. 
Accedit  catalogus  Ubrorum  primse  collectionis,  â  cvratori- 
bvs  ejusdem  bibliotliecs  editus.  Lov^nii^  Eif,  de  TVitte^ 
1639,  pet.  in-4>  parch 3 — 5o 

*  ■ 

*    ■      >      ■  «  • 

i4i3  RAGiiai(Lo^.  Remarques 3url99tr^éd^ileJ9«li Racine, 
suivies  d'un  traité  sur  b  poésie  dramatique  aociepiie  et  mo- 
derne. Paris,  1762,  3  vol.  in-12,  v.  f.  {Bel exempt.)    12 — » 

i4i4  HAOïcnfAiaBm  di  Oraiio  Ol'lândi  rôraano  sopm  ona  Ara 

antica  posseduta  da  mônsignore  Amoiiio  Gosàli  govematore 

•  di  Koma.  Ao/iia^  17*72,  in-4v  fig.,  vél.  .     . 


i4 1 5  Rbcubil  de  pièces  sérieusèfli ,  tonriqtiétfet  burlesques  {HoU.)^ 
1721,  2  part,  en  1  vol.  in-8,  mar.  citr.  du  Levant,  fil., 
tr.  d.  {Derome,).  .     .*...'.     3o—i» 

Exemplaire  de  M.  de  Pixe'rëcourt . 

1416  Recvbil  de  qvelqves  discovrs  politiqves  escrits  sur  diuerses 
occurrences  des  affaires  et  guerres  esirangères  depuis  quinze 


576  J.    TECHBNER  ,    PLACK  OU    LODVBE  ,    12. 

ans  CD  ça,  i63a.  -—Relation  des  affaires  de  Mantoue  es  an- 
nées i6i28-i6a9-i63o,  a  part;  en  i  toI.  ii>*4')  p^urc^i*   12 — » 

1 4 1 7  RBiifBBCK.  Manuel  de  la  connoissance  des  langues  y  avec  une 
explication  particulière  à  la  langue  allemande  (en  allemand), 
1812,  2  vol.  in-8,  cart 6—  » 

i4j8  Rehebciement  faictpar  l'arch.  de  Bourges  sur  la  proposition 
faicte  par.  Sa  Majesté  à  Touuerture  de  ses  estats,  pour  la  dé* 
claratiojD^e  sa  bienveillance  enuers  ses  subie<qtS|  le  diman- 
che xvi  octobre  1 588,  in-4,n.  rel.     6 —  »» 

14^9  Roi  (lb)  Momm.  Des  dednitz  de  la  thace,  vénerie  et  faucon- 
nerie. Puriê,  GuUL  te  Noir  ^  rS6o,  in-8,  figi  sur  bois,  mar. 
bl.y  m.y  tr.'d.  70—  »» 

Bel  ^cinplsirë  de  ft.  àé  Pixérëcoart. 

1420  RouABD  (E.)*  Notice  sur  la  bibliothèque  d'Aix  ^  précédée 
d'un  Essai  sur  l'histoire  littéraire  de  cette  ville,  sur  ses  mo- 
nun^ens,  etc. ,  ornée  d'un  portrait  dç  M.  de  MéjaneS|. d'après 
lé  bûstè  ^e  Hbudon.  yf IX  y  i83i,  i  beàu'vol.  in-8. 


'  / 


■:ilr.      .-,  .   :•) 


Il  seroit  à  désirer  que  toutes  les  oibliotliéques  de  France  fussenl 
aîbsi  administrées.    ' 

1 42 1  Rtdim ENTA  cosMOGBAPHiCA .  Tigçri  api^d  Froschouerum ,  1 54^> , 
■fôiriiVh  Sphiet^  cvm  Y.  Zonis  ,  s.  1.,  i546, 2  part,  en  1  vol. 

■    pîBt.ift-iB.'-'».  '  •.   '  .:    '.".'»•.'     ;     .     .     .     .      .*•-.      10   » 

~  ~—  '  >.-^         •»'i  '1.1.  I 

1422  Sainct  Ivldek  (Pierbe  de).  De  l'origine  des  Bourgongnons  et 
..;..   I    an^qyité.dmt|!sta(3  dq  BourgçQgnf.,  deux  livr/es  plus  des 

.:  .,  .  antiquité  4!A)iMJW9<le.Châioai  de  Mascou ,  de  T^baye  et 
ville  de  Tournus.  Paris,  N.  C«'Aeaf«y  .i58i ..  — rl^rvm  Bvr- 
gvndicarvni  libri  sex ,  auct.  Ponto  Hevtero  Delfio.  Anti^erp,, 
i5849  apartf  .en,.i|Vol.  in-fioL,  ▼..£    >     .     -  .-.  »•     18— » 

.       ■  »  1      ,  ■    /         i       ■  y        .  •'  .     .  ^ 

*  1 4^3  Sauvages  (les)  de  l'Eubops.  (Satire  contre  les  ^glois,  par  le 
Suire  et  Louvel).  Berlin  (Paris) ,  1760,  in- 12,  pap.  HoU., 
mar.  r.,  fil.,  tr.  d.  (Aux  armes  de  Pompadour.)        20—    » 

Exemplaire  de  M.  de  Piz^r^court. 

On  trouve  en  tête  de  cet  exemplaire  une  d^icâce  manuscrîlt> 
en  Vers;  à  makiame  de  Foroi«adou^/sli^^  Icturel,  Cet  exemplaire 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILR.  5^7 

ià  pascMs  lie  la  bîbliotbùque  de  iiiaid»iu«  Je  Potn|>adour  dam  celle  de 
Merard  Saint- Just 1 5 — 5o 

14^4  ScALiGERi  (IvLii  CiBSARis)  poeuiata,  etc.  5.  /.,  i574>  3  part, 
en  j  vol.  in-8,  vélin 7 —  » 

14^5  ScBMiDT  (de).  Recueil  d'antiquités  de  la  Suisse  (Avenches  et 
Gulin.).  Francfori'Sur^Meyn ,  1771,  in*4  9  «^vcc  pi.,  d.-rel. 
{Rare,) c^—  » 


1 4^  Sb«viee  (le  GéNÉRAL).  Statistique  du  département  des  Basses- 
Alpes.  Paris,  anxy  in-8,  br 2 — » 

■  427  Spon.  Reclierches  curieuses  d'antiquités ,  contenues  en  plu- 
sieurs dissertations,  sur  des  médailles  ,  bas-relie£s,  statues , 
mosaïques  et  inscriptions  antiques,  enrichies' d'un  grand 
nombre  de  figures  en  taille^^douce.  Lyon^  T.  Amaitlrf,  i683, 
in-4,  parch i5 —  » 


I 


428  Statius,  Sylvarunoi  libri  qu^nque,  Theb;|ido9libri  duodecimi 
.  ,  Acbilleidos  duo.,  Ftnetiis,  Aldus^  i5o2,  in-8y  ▼•  f.     i5 —  » 


14:^9  Stîsphanus  (Rob),  Thésaurus  linguae  latins;  cui  post  editio- 

nem  Lond.  accesserunt  nunc  primum  H.  Stephani  annota- 

tiones  autographe  ;  nova  cura  recensuit,  repurgavit  et  ani- 

.madverûonesadjecit  Ant.  Bîrrius.  BasJUmy  1740-439  ^yoh 

-in-foL,  V.  m 4®^  ** 

i43o  Symbola  divina  et  humana  pontificvm  imperatorvm  regvm 

•    jxcessit  Jac.  Typotii.  Francoftrti ,  i65a.  ^i—  Idem  Princi- 

pvm  sacrosanctae  ^xlesis  et  sacri  imperii  romani ,  etc., 

,3  tomes  en  i  vol.  in-ibl. ,  parch. ,  rempli  de  planches.  1 5 —  » 

i43i  Tableau  (le)  de  la  tie  et  4^  gouvernement,  des  cardinaux 

Richelieu  et  Mazarin ,  et  de  M.  Colbert...,  ayec  un  recueil 

d'épigrammes  sur  la  vie  et  la  mort  de  Fouquet...  Cologne , 

P.  Marteau^  1694*  pet.  in-12,  mar.  r.,  fil.,  tr.d.  (Derome.) 

Exemplaire  de  M.  de  Pixéi*ecourt.  3o— » 

1 43a  .Testaiouit  (nouveau)  en  langue  finoise-liiponne.  i83a,  in-8, 
'  bas.      ............... 


58o  J.    TECHKNBB,    PLACE    DU    I.OOVEC ,     12. 

PUBLICATIONS  NOUVELLES. 

i446  HisTOiBE  DE  Sancebre,  par  M.  Poupard,  deuxième  édition, 
copie  fidèle  de  celle  de  1777»  augmentée  d'une  notke  sur 
l'auteur  et  d'une  Yue  gravée  de  Sancerre.  .^Mcr^^^ ^  i838, 
r  vol.  in-8,br.     .     .     .     .     .     .     .     .     .     .     . 


f  4^  LETTBEé  inédites  de  Marie  Stuart ,  accompagnées  de  diverses 
dépêches  «t  instructions ,  1 558- 1 587 ,  publiées  par  le  prince 
Alexandre  LabanofiF.  Pariêy  i  vol.  in-8 ^  —  » 

1 448  PoisiES  FRANçoiSES  inédites  du  père  Bougeant ,  jésuite ,  pu- 
.    bliées  à  Bourges,  par  M.  Pierquin  de  Gembloux.  Bourges , 

1839,  ivol.  in-i8 5 —  » 

Tire  à  200  exemplaires. 

1449  Kbchbbchbs  sur  l'établissement  et  l'exercice  de  l'imprimerie 

à  Troyes ,  contenant  la  nomenclature  des  imprimeurs  de 
cette  ville ,  depuis  la  fin  du  xv*  siècle  jusqu^à  1 789 ,  et  des 
notices  sur  les  productions  les  plus  remarquables,  avec  fac- 
similé,  par  M.  Corrard  de  Breban.   TrofeSj  1889  »  ^^"^i  ^^' 

3—  » 

Tircn  i  aS  exemplaires. 

i45o  Revue  du  cabinet  de  médailles  de  feu  M.  Leclercqz,  par 
M.  Lelewell.  Bruxelles,  i838,  in-8,  br.  1 — 5o 

La  vente  du  cabinet  aura  lieu  le  a  avril. 

Notices  contenues    dans  le  onzième  Numéro   du  BtUletin  du 

Bibliophile ,  3*  série. 

Coup  d'œil  sur  quelques  bibliothèques  de  lltalie.  .^^             535 

Sur  la  littérature  basque.  .     54i 

Ouvrages  manuscrits  sur  la  langue  basque.  543 

Correspondance.  647 

Variétés  bibliographiques.  554 

Sur  les  améUorations  à  apporter  aux  bibliothèques  des  villes 

de  province.    .  559 


^  • 


ÏMRltlMBBIE  VE  M™*  VEUVE  HÙZARD  (NÉÉ  VALLAT  LA  CHAPELLE)  , 
kUB  i»B  i/bperon,  »•  7.  — Avril  1889, 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 

PETITE  REVUE  D'ANCIENS  LIVRES 

CONTENANT 

1  ^   DES  NOTICES  BIBLIOGRAPHIQUES  y  PHILOLOGIQUES  ET  LITTERAIRES 
DE  DIVERS  ADTF.0R8  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  M.  Gh.  NODIER; 

2°   UM   CATALOGUE  DES  LIVRES  DK  MA  LIBRAIKIK.' 


N°  i5.  —  S'SLRIE. 


PARIS, 


TfiCHENER ,  TLACE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVRE, 

»•  12. 

Atril  n  Mai. 


UNE  DÉDICACE  EXCENTRIQUE. 


Le  règne  des  dédicaces  est  passé  de  mode ,  non  sans  doute  que 
la  flatterie  ,  la  bassesse  et  l'adulation  ne  soient  plus  les  qualités  dis- 
tinctiYes  de  bon  nombre  de  gens  de  lettres ,  mais  parce  que  beau* 
coup  d'entre  eux  se  sont  £ait  une  sorte  de  dignité  qui  ne  leur  perr 
met  pas  de  s'abaisser  à  ce  point  de  servilité.  Il  est  une  auti^e  riûsoB 
encore ,  et  la  meilleure ,  c'est  que  les  dédicaces  ne  rappoi^tent  plus 
rien.  Cela  est  peu  édifiant  à  révéler  ,  et  à  bien  des  oreilles  parolira 
messéant  :  il  n'est  pas  de  plus  rude  langage  que  celorde  la  vérité 
et  de  plus  malplaisant.  On  ne  fait  donc  plus  de  dédicaces  aujour- 
d'hui ,  et  c'est  une  perte  véritable  pour  l'étude  des  bassesses  d^ 
cœur  et  l'observation  des  sottises  ingénues  de  l'esprit.  La  ma- 
tière ne  fault  ailleurs ,  dira-t-on  :  d'accord  ,  mais  les  exemples  que 
donnoient  en  ce  genre  les  gens  de  plume  ne  se  retrouvent  nuUe 
part  au  même  degré  d'inimitable  originalité..  i 

Les  anciens ,  qui  sans  doute  ne  valoient  pas  mieux  que  noua'^ 
ne  connoissoient  pas  les  ressources  de  l'adulation  littéraire.;  du 
moins  nous  ne  voyons  pas  qu'Hérodote  ,  Hésiode  et  Homère  aient 
dédié  leurs  récits  et  leurs  chants  au  contréleur  général  d'Athènes  , 
à  Madame  sa  femme  ou  à  sa  maîtresse.  Pindare  s'avisa  de  ce  stra^ 
tagème  :  toutes  ses  odes  furent  des  lettres  de  change  tirées  sur  les 
honoétes  citoyens  qu'il  mit  au  rang  des  dieux ,  et  il  gagna,  dit<m  , 
cent  mille  sesterces  de  rente  à  ce  métier,  que  Rousseau  le  lyrique 
renouvela  chez  nous  avec  moins  de  succès  et  de  bonheur.  Quant 
aux  Romains  ,  de  tous  les  peuples  celui  qui ,  du  faite  de  la  gran- 
deur et  de  la  fierté,  est  tombé  de  la  manière  la  plus  incroyable  au 
dernier  degré  de  l'abaissement ,  la  flatterie  dans  leurs  mœurs  ne 
connut  point  de  bornes.  Cicéron  ne  fut  pas  avare  d'encens  pour 
César,  Auguste  en  fut  asphyxié ,  et  sous  le  reste  des  Césars  l'adu- 
lation n'eut  d'autres  limites  que  celles  de  l'impuissance  humaine. 

37 


584  '*    TECHEIfER  ,    PLACE    DO    LOUVRE,     12. 

Mais  cVst  chez  les  modernes  que  cet  instinct  d'avilissement  est 
devenu  général  parmi  les  gens  de  lettres.  Boileau  en  6t  un  art, 
dont  il  donna  des  leçons  avec  une  impudeur  d'autant  plus  effron- 
tée, qu'il  prenoit  les  airs  d'un  Catoh  du  Parnasse.  Sous  Louis  XIV, 
ce  fut  une  inondation  de  flatteries  inouïes,  et  cependant  le  grand  roi 
ne  fut  pas  submergé.  De  nos  jours  est  venu  le  tour  de  Napoléon  ; 
mais ,  si  ses  lèvres  s'enivrèrent  sur  les  bords  de  la  coupe,  elles  trou- 
vèrent au  fond  une  lie  bien  amère  ;  car  nos  seigneurs  les  évéques  , 
qui  l'avoient  modestement  comparé  à  Cyrus,  voire  à  Dieu  le  Père, 
comme  le  fit  l'archevêque  de  Turin ,  Buronzo  del  Signore  ,  ne  lui 
épargnèrent  pas  l'ignominie  après  sa  chute. 

La  leclure  des  dédicaces  ofFriroit  d'inépuisables  observations  à 
celui  qui  voudrait  étudier  toutes  les  nuances  de  la  servilité  ,  et  pé- 
nétrer les  misères  auxquelles  les  plus  grandes  âmes  furent  réduites 
par  la  dureté  des  circonstances  et  l'indigence.  Le  cœur  ne  se  serre- 
t-il  pas  lorsqu'on  voit  le  grand  Corneille  placer  les  chefs-d'œuvre 
de  la  plus  noble  et  de  la  plus  mâle  pensée  sous  le  patronage  d'un 
publicain?  Elle  offriroit  aussi  des  traits  nombreux  de  la  plus  rare 
originalité  et  d'une  bizarrerie  incroyable.  Scudéri ,  dans  la  préface 
de  con  Arminius^  menace  l'univers  de  son  silence ,  à  moins  que  les 
puissances  souveraines  ne  lui  ordonnent  d'écrire.  Un  docteur  en 
Sorbonne  logeoit  à  Paris  dans  une  maison  placée  sous  le  vocable 
de  la  Sainte  Trinité  :  il  fait  un  gros  livre  qu'il*  dédie  à  la  Trinité, 
et  son  épître  commence  par  Madame ,  il  la  termine  par  f^otrje  très- 
humble  et  trèS'Jîdèle  serviteur ,  de  votre  maison  située  sur  le  quai  Ma- 
laquais.  Il  seroil  facile  de  multiplier  des  exemples  de  ce  genre;  on 
les  trouvera  présentés  un  jour  de  la  manière  la  plus  piquante  dans 
V Histoire  littéraire  des  Dédicaces ,  à  laquelle  travaille  le  savant  et 
ingénieux  bibliographe  de  Dijon  ,  M.  Peignot.  Je  me  bornerai  à 
recommander  à  ses  investigations  l'épStre  dédicatoire  que  le  révé- 
rend Jude  Serclier,  chanoine  régulier  de  Saint-Ruf,  mit  en  tête  de 
«on  poëme  intitulé  :  Le  grand  tombeau  dv  monde,  oif jugement Jînal{i), 
"Ce  n'est  ni  à  l'éminentissime  évéque  et  prince  de  telle  ville ,  ni  à 
M.  le  marquis  ou  à  M.  le  comte  de  Trois  Etoiles,  ni  au  ministre,  ni 
au  roi  ou  à  son  valet  de  chambre  ,  que  le  poète  envoie  ses  vers, 
c'est  au  ciel  qu'il  s'adresse ,  et  c'est  la  Sainte  Vierge  qui  est  l'objet 
de  ses  hommages.  Assurément  il  n'en  fut  jamais  de  plds  purs  et  de 

(i)  Lyon,  Jean  Pillehotte,  M.D.CVI,  in-8. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  585 

plus  désintéressés ,  mais  leur  rédaction  ne  laisse  pas  d'être  assez 
bouffonne  par  l'emploi  fort  plaisant  des  formules  obséquieuses  du 
style  épistolaii^e.  Le  bon  chanoine  parle  à  la  Sainte  Vierge  comme 
il  l'eût  fait  à  Madame  l'intendante  de  la  province,  avec  une  naïveté 
dont  il  est  peu  d'exemples  :  au  reste  ,  on  en  jugera  en  lisant  cette 
curieuse  dédicace. 

«  A  très  haute,  très  puissante  et  très  noble  Dame  la  Sacrée  Vierge 
■  Marie,  mère  de  Dieu,  royne  des  Anges,  emperiere  du  Ciel,  thre- 
»  soriere  de  grâce,  advocate  des  pécheurs,  etc. 

»  Puis  qu'il  faut  (très  illustre  et  serenissime  Princesse) ,  à  l'exém- 
»  pie  de  tant  d'autres ,  se  ietter  sous  la  dientelle  et  patronage  de 
»  quelque  ferme  appuy  et  asile  de  seurté,  pour  ne  faire  triste 
»  nauffrage ,  parmy  tant  de  dangereux  escueils  et  flots  tourbil* 
n  lonneux  de  ceste  douteuse  navigation ,  ayant  donc  long  temps 
»  recherché  sur  ceste  masse  ronde  sous  qui  ie  me  pourrois  retirer 
»  en  seurté ,  dont  la  force  peut  soustenir  ma  foiblesse  et  la  beni- 
»  gnité  supporter  mes  imperfections ,  et  ayant  trouvé  finalement 
»  qu»  :  omm's  caro  fanam  ,  ei  gloria  eius  sicutflos  agri.  A  qui  me 
»  pourrois-je  mieux  adresser  pour  tous  les  deux  qu'à  vous  (très 
N  honorée  Dame)  tant  pour  les  rares  et  excellents  mérites  dont 
»  vostre  grandeur  a  tant  surpassé  les  vivants  sur  la  terre ,  comme 
»  au  ciel  vous  surmontez  les  esprits  angeliques  et  âmes  bien  heu- 
»  rcuses  en  gloire ,  ioint  aussi  pour  l'extrême  besoin  que  i'ay  de 
»  vostre  ayde  et  support ,  non  seulement  (Madame)  contie  les  ho- 
«•  meromastics  de  ce  mien  petit  labeur ,  que  i'appends  humble- 
»  ment  aux  sacrez  pieds  de  vostre  grandeur,  car  ce  m'est  peu  de 
»  chose  d'en  estre  loué  ,  où  vitupéré ,  cdj  humano  die ,  mais  bien 
»  pour  m'impetrer  la  grâce  de  ce  vostre  cher  Pere-Fils ,  devant  qui 
»  ie  dois  comparoir,  pour  subir  son  iuste  ingénient,  de  m'y  prepa- 
»  rer  tellement,  que  par  vos  sainctes  prières  ie  puisse  misericor- 
»  dieusement  recevoir  le  bien  que  mes  péchez  me  veulent  faire 
»  denier  de  sa  iustice ,  à  ce  que ,  cum  aliis  prœdicoiferim ,  avec  ces 
M  miens  petits  et  rudes  escripts ,  neantmoins  pour  ne  les  observer 
»  moi  mesme ,  ne  reprobus  efficiar;  fiaisant  comme  le  flambeau , 
»  qui  esdairant  autruy  se  consomme  soy-mesme.  Recevez  donc  , 
»  Madame ,  recevez  ces  miennes  petites  arres  pour  tesmoin  asseuré 
»  de  la  ferme  et  constante  volonté  que  i'ay  de  me  consacrer  à 
»  vostre  S.  service  de  tout  le  temps  qui  me  reste  en  ceste  valée  de 
•  larmes.  Aussi  bien  ce  mien  petit  avorton  appartient  de  droict  à 


586  J.    TECHEIIER,  PLACE    DU    LOUVEE ,    12. 

n  Tostre  Excellence,  pour  la  lay  avoir  dédiée  vostre  avant  sa con- 

•  ception  :  donc  comme  marraine  tenez  s'il  vous  plait  (suivant  l'an- 
»  cienne  coustume  de  l'Eglise)  lieu  de  père  et  mère  en  son  endroict 
n  par  la  libérale  distribution  de  vos  grâces  à  son  auteur,  qui  pense 
»  retirer  (comme  il  n'en  sera  frustré  s'il  ne  tient  en  luy)  qudque  com- 
M  modité  de  ceste  nouvelle  afiinité ,  h  laquelle  i'estois  ià  comme 
n  astreint  par  tant  de  vieux  et  recens  bénéfices  surcomblants  la 
»  mesure  de  mes  mérites ,  receus  de  vostre  seule  bonté ,  desquels 
9  l'humble  recognoissance  ne  pouvant  mieux,  tiendra  lieu  (s'il 
»  vous  pUit)  de  satisfaction.  Encor  est  il  vostre,  veu  que  si  ie  l'oze 
n  confesser,  d'un  sacrilège  larrecin  i'ai  soustrait  beaucoup  de  temps 
»  dédié  au  service  de  Dieu ,  pour  l'employer  ici ,  veniam  confessas 

•  criminaposeo,  avec  la  restitution  que  ie  fais,  si  non  du  temps,  au 
>  moins  de  l'oeuvre  qui  l'a  consommé  :  et  espérant  de  trouver 
N  toute  faveur  et  support  aux  pieds  de  celle  qui  n'a  iamais  refusé 
»  que  celuy  qui  ne  s'y  est  présenté.  le  prierai  Dieu  non  pour  vostre 
»  serenissime  Maiesté,  qui  prie  pour  tous  les  autres,  mais  bien  pour 
H  moy,  qui  ay  besoin  des  prières  de  tous,  et  notamment  des  vostres 
»  pour  m'impetrer  la  grâce,  qu'en  me  jrepaissant  des  petits  frag- 
»  ments  qui  tombent  des  corbeilles  de  vostre  perfection  pleines  de 
»  grâces  et  veitus ,  ie  puisse  parvenir  en  ceste  immortelle  gloire  , 
N  dont  après  la  divine  et  Saincte  Trinité  vous  estes  le  principal  or- 
M  nement,  pour  louer  à  iamais  celuy  qui  par  sa  grâce  vous  a  eslevée 
»  en  telle  splendeur. 

»  De  Vostrt  Maiesté  le  vil  et  abiect  vermisseau , 

M  J.  Serclier.  h 


Cette  formule ,  de  la  plus  humble  obséquiosité ,  vaut  mieux  que 
toute  la  dédicace ,  et  je  ne  sache  pas  que  l'on  en  trouve  ailleurs  de 
plus  sii^gulière  :  de  Vostre  Malesté  le  vil  et  abiect  vermisseau.  Aux 
yeux  de  la  Divinité  ne  sommes-nous  pas  de  chétifs  insectes  ?  et  le 
bon  homme  Serclier  avoit  raison  de  s^abaisser  devant  la  toajesté 
de  l'Eternel.  Mais  que  d'écrivains  ,  à  plus  juste  titre  que  loi ,  au- 
roient  dû  ,  au  bas  de  leurs  dédicaces  vénales,  placer  le  vil  et  abiect 
vermisseau. 

Quant  au  poème  de  Serclier ,  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  en  dire , 
c'est  qu'il  est  beaucoup  plus  long  que  la  dédidbce,  et,  pai'tant,  bien 
plus  ennuyeux.  L'auteur  avoit  eu  le  dessein  fort  louable  de  frapper 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  687 

de  terreur,  en  traçant  de  l'enfer  des  peintures  effrayantes,  les  chré- 
tiens relâches.  A  coup  sûr ,  il  a  réussi  à  frapper  du  plus  profond 
ennui  ceux  qui' auront  eu  le  courage  de  lire  ses  664  P^6^  d'alexan- 
drins. Il  faut  cependant  savoir  gré  à  Jude  SercUer  d'avoir  introduit 
dans  son  œuvre  une  méthode  qui  évitera  bien  des  commentaires  et 
des  conjectures  aux  Sanmaises  fibttiYs,  lorsque,  dans  quelques 
siècles ,  *  il  prendra  fieuitabie  à  quelque  savant  oisif  d'exhumer  le 
Grand  Tombeau  du  monde  du  sein  de  l'oubU  ,  et  de  le  réhabiliter 
paradoxalement  comme  on  a  fait  des  romans  épiques  du  moyen 
âge.  Le  chanoine  de  Saint-Ruf  a  pris  soin  d'illustrer  ses  vers  d'un 
commentaire  dans  lequel  il  expUque  les  allusions  cachées,  illumine 
les  obscurités  poétiques,  en  un  mot  accomplit  la  tâche  du  plu6  in- 
fatigable schoUaste.  L'érudition  dépensée  dans  ce  commentaire  est 
immense  ;  les  textes  tirés  de  l'Éaiture  Sainte,  des  Pères  des  Poète» 
de  l'antiquité  grecque  et  latine,  se  pressent  en  masse  et  dana  le  plus 
miraculeux  désordre.  Toute  cette  ceuvre,  enfin^  tant  vers  que  prose, 
est  assez  hybride ,  incohérente,  souverainement  fastidieuse,  pour 
qu'elle  soit  digne  d'être  mise  en  lumière  un  jour ,  vantée  et  accla- 
mée comme  une  merveille  jusqu'alors  inconnue ,  par  un  homme 
d'esprit  qui  voudra  se  railler  de  ses  lecteurs  ,  ou  par  un  sectaire 
ingénu  dont  les  lecteurs  se  railleront,  si  à  de  pareilles  sornettes  il 
se  trouve  des  lecteurs. 

Oluvies  Jules. 


NOTICE 


SUR  QUELQUES  PRIÈRES  MANUSCRITES 


Dl    LA    Fin    DD    XYl*  SliCLI. 


n  existe  au  cabinet  des  estampes  du  musée  de  Dijon  un  Psalti- 
EiuM  iniemeraie  Dei  genetricis  virginis  Marie ,  imprimé  par  Thiel- 
mian  Kerver  (sans  date),  pet.  in-8,  fig.,  auquel  on  a  réuni  un  cahier 
de  six  feuillets  manuscrits  (écriture  dé  la  fin  du  xvi*  siècle) ,  ren- 
fermant des  oraisons  en  latin  relatives  à  la  passion  du  Sauveur , 
et  destinées  à  procurer  grand  nombre  d'indulgences  dicentibus  verè 
penitentibus  et  confessis.  Ces  oraisons  sont  au  nombre  de  buit, 
parmi  lesquelles  deux  ou  trois  méritent  d'être  citées  par  la  singula- 
rité de  leur  énoncé.  Par  exemple ,  voici  le  préliminaire  de  la 
troisième  : 

((  Dicentes  hanc  ortUionem  devotè  acquirunt  tôt  dits  indulgen- 
))  tiarum  quot  fuerunt  vulnera  in  corpore  Jhesu,  tempore  passio- 
)>  nis  Site  y.  qttœ  fuerunt  vulnera  s  ex  mille  sex  centa  et  sexagintà 
»  sex,  qsj  GG'",  PP.  3"*.  cont.  adinstaa  règle  Anglie{i).  » 

Quelle  bizarrerie  d'assimiler  le  nombre  des  jours  d'indulgences 
à  celui  des  plaies  faites  à  Jésus  dans  sa  Passion ,  et  de  porter  ces 
plaies  à  6,666,  nombre  qui ,  par  parenthèse  ,  est  celui  de  l'Ante- 
Christ,  ou  le  signe  de  la  bête  dans  l'Apocalypse  I  Mais  passons  sur 
ces  singularités  si  communes  dans  les  livres  de  dévotion  du 
XVI*  siècle,  et  cherchons  plutôt  quel  étoit  le  pape  que  l'on  désigne 
ici  sous  le  nom  de  Grégoire  III,  et  ensuite  quelle  est  la  reine  d'An- 
gleterre api  lui  a  demandé  des  indulgences. 

(i)  Ces  derniers  roots  nous  paroissent  deToir  se  rendre  par  quas  {indulf^en- 
tias)  Oregorius  papa  tertius  contuUt  ad  instanliam  regùtœ  j^ngliœ.  «  Les- 
)•  quelles  indulgences  le  pape  Gre'goiie  111  m  établies  à  la  soUiriialion  de  la 
1»  reiDC«.rAnglclcrre.  >• 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE.  584J 

Il  est  certain  que  le  pontife  mentionné  ci-dessus  ne  peut  être  le 
vrai  Grégoire  III,  ordonné  pape  le  1 8  mars  781  et  mort  le  27  no- 
vembre 74 1  ;  il  n'y  a  voit,  dans  ce  siècle  reculé,  ni  bulles  d'indul- 
gences, ni  reine  en  Angleterre ,  et  l'on  ne  peut  faire  aucun  doute 
qu*il  est  ici  question  de  Grégoire  XIII,  qui  a  occupé  le  trône  pon- 
tifical depuis  le  26  mai  1572  jusqu'au  10  avril  i585. 

Mais  la  femme  qui  régnoit  alors  en  Angleterre  étoit  la  fameuse 
Elisabeth,  digne  fille  du  fameux  Henri  YIII ,  auteur  du  schisme  qui, 
depuis  1 534  ,  a  proscrit  le  catholicisme  dans  la  Grande-Bretagne. 
Cette  Elisabeth,  inont^  sur  le  trône  le  1 7  novembre  1 558,  ne  s'écarta 
point  de  la  route  de  sang  que  lui  avoit  tracée  son  père  dans  la  per- 
sécution des  catholiques,  et  dans  sa  haine  contre  le  saint -siège. 
Ce  n'est  certainement  point  elle  qui  a  songé  à  solliciter  des  indul- 
gences du  saint-père,  de  ce  pape  dont  elle  tolérait  que  la  populace 
brûlât  l'effigie  dans  les  rues  de  Londres,  et,  certes  ,  le  pontife  n'é- 
toit  pas  plus  disposé  à  lui  accorder  ces  indulgences  ,  qu'elle  à  les 
lui  demander.  Quelle  est  donc  la  personne  à  qui  Grégoire  XIII 
donne  le  titre  de  reine  d'Angleterre ,  regina  Angliœ  ?  C'est  l'infor- 
tunée Marie  Sluart ,  reine  d'Ecosse,  veuve  de  François  U,  roi  de 
France ,  et  prisonnière  de  sa  bonne  cousine  Elisabeth,  qui,  après 
l'avoir  promenée  de  prison  en  prison  pendant  dix-huit  ans ,  lui 
fait  trancher  la  tête  le  1 8  février  1Ô87.  Grégoire  XIII  ne  reconnois- 
soit  point  la  schismatique  Elisabeth  comme  reine  d'Angleterre, 
mais  il  reconnoissoit  la  catholique  Marie ,  dont  les  droits  à  la  cou- 
ronne troublaient  de  temps  en  temps  la  sérénité  de  son  ombra- 
geuse cousine.  Hélas!  ce  titre,  imprudemment  donné  par  le  sou- 
verain pontife  à  la  pauvre  Marie ,  ajouté  à  d'autres  imprudences 
de  ses  partisans,  a  bien  pu  faire  accélérer  sa  fin  tragique. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  prière  en  question  ,  où  sont  détaillées  les 
douleurs  de  Jésus  dans  la  Passion,  convenoit  assez  à  la  tiiste  posi- 
tion de  Marie ,  qui  y  trouvoit  de  quoi  méditer  sur  ses  propres  dou- 
leurs pendant  sa  longue  captivité.  Voici  cette  prière  rendue  tex- 
tuellement : 

«  Precor  te,  amantimme  Domine  Jhesu  Chrisiej  propter  ittam 
»  eximiam  caritatem  qua  humanum  genus  dilexisti  quando  iu^ 
»  rex  cœlestis  j  pendebas  in  cruce  cum  deificacaritaie,  cummit- 
M  Hssima  anima,  cum  (ristissimo  guslu.,  cum  turbatis  sensibus, 
»  cum  expansis  manibus  ^  cum  perstrepentibus  membria,  cum  ex- 


690  J.  TECHENKE  ,  ^LACE  DU  LOUTRE,  1 2. 

»  tensù  vents  y  eum  clamoso  ore^  cum  rauca  voce,  eum  palUda 
»  fade ,  cum  mortali  colore  y  cum  lacrymoris  ocuKs,  t%iin  t&H- 
»  gine  ceréhri^  cum  ardenti  série  (sic),  (Him  gémebundo  gutture, 
»  cum  sitihundis  desideriis,  cum  amaro  gustu  feltts,  cumincK- 
»  nato  capite ,  morte  obviente  ;  cum  divisione  corporis  et  animœ , 
»  cum  transverberato  corpore,  cum  transfixo  corde,  cum  sangui- 
'»  nets  vulneribus ,  cum  defluentibus  rivis,  cum  origine  viventis 
»  fontis,  in  ea  caritate  precor  te^piissime  Domine  Jesu,  guum 
»  tuum  amorosum  cor  scindebatur  ,  ut  sis  michi  placabilis  super 
»  muliitudinem  peccatorum  meorum  ac  bonum  sanctumque  finem 
)>  vite  mee  nec  non  gratiosam  letamgùe  resurreclionem  michi , 
»  propter  largissimam  animam,  tribuere  digneris,  qui  vivis  et 
»  régnas  cum  Deo  pâtre  in  unitate^  etc.^  etc.» 

Voilà  bien  le  style  de  la  dévotion  du  xvi*  siècle. 
Une  autre  oraison,  la  quatrième  des  huit,  formant  le  petit  cahier 
mentionné  ci-dessûs,  a  pour  préliminaire  : 

«  Bonifacius  PP  sextus  concessit  omnibus  dicentibus  sequen- 
D  tem  orationem  inter  elevationem  et  tertium  Agnus  Dei ,  duo 
»  mUlia  annorum  indulgentiœ ,  ad  suppKcationem  PP^' régis 
))  Franciœ.  » 

Voici  encore  une  erreur  dans  la  désignation  numérique  du  nom 
de  ce  pape  :  Boniface  VI  n'a  régné  que  quinze  jours ,  en  8g6 , 
époque  où  il  n'existoit  aucun  roi  de  France  du  nom  de  Philippe. 
Le  pape  ici  mentionné  est  Boniface  VlII,  qui,  élu  en  1294,  fut  d'à- 
bord  très-bien  ayec  Philippe  le  Bel ,  et  qui  ensuite  mourut  de  cha- 
grin et  de  douleur  en  1 3o3,  par  suite  de  ses  démêlés  avec  ce  même 
prince,  ou  plutôt  par  suite  des  procédés  très-inconvenans  de  Noga- 
ret  à  son  égard,  lorsque  ce  Nogaret  l'investit  dans  la  ville  d'Anagni, 
et  se  saisit  de  sa  pei*sonne.  Nous  ne  rapporterons  point  la  prière 
dont  nous  venons  de  donner  le  préliminaire ,  parce  que  sa  rédac- 
tion n'offre  rien  de  remarquable. 

Il  en  est  de  même  de  la  huitième  et  dernière  oraison  du  petit 
recueil  en  question  ;  son  titre  en  françois  est  ainsi  conçu  : 

«  C'est  rorovson  dos  cinq  Sainiis  et  des  cinq  Saincles  et  dos 
«  dix  milz  roartirs.  x> 


^  BULLETIN  DU    BIBUOPHILE.  5g I 

Les  saints  dénommés  dans  cette  prière  sont  saint  Denis  y  saint 
George,  saint  Biaise  ,  saint  Christophe  et  saint  Gilles.  Les  saintes 
sont  sainte  Catherine ,  sainte  Marguerite  y  sainte  Marthe  y  sainte 
Barbe  et  sainte  Christine.  Quant  aux  dix  mille  martyrs,  ils  sont  dé- 
signés en  bloc.  On  n'a  point  mentionne  le  nombre  de  jours  ou  d'an- 
nées d'indulgences  attachés  à  la  récitation  de  cette  prière. 

XXX. 


.» 


/ 


NOTICE 


fiO» 


L'ORIGINE  DE  L'IMPRIMERIE  A  GRENOBLE  (1). 

(1600-153Î.) 

IV.  —  Libertales  per  illuslrissimos  principes  delphinos  viennenses 
delphinalibus  subditis  conces^e  statutaqz  r  décréta  ab  eisdem 
principibus  nec  non  magnificis  delphinatus  prœsidibus  quos  gU" 
bematores  dicunt  r  excelsum  delphinaUm  senatû  édita  :  quibus 
etforenses  r  extrajudiciales  cause  facile  dirimi  queant  formis 
dudum  emendatissime  mandate  :  vna  cum  interinatione  litteraruz 
diâmëbrationis  comitatus  Astensis  a  senatu  Mediolani  v  adiunc' 
tionis  dicti  comitatus  insigni  curie  pariameti  delphimUus,  Ini- 
peDsa  Francisci  Pichati  et  Bartholomei  Bertoleû  Gratiano- 
politaruz  ciuium. 

Ce  titre  »  dont  le  verso  est  blanc ,  est  imprimé  en  lettres  noirçs 
et  rouges  ;  au-dessous  est  une  vignette  représentant  l'écu  de  Dau- 
pliiné,  écartelé  aux  armes  de  France  et  de  Dauphiné,  et  supporté  par 
deux  anges  agenouillés;  puis  on  lit,  au  bas  de  la  page,  en  lettres  rouges: 

Vénales  habentur  huiusmodi  libelli  grationopoli  in  platea  mali 
consilii  apud  Franciscum  Pichatuz  :  et  in  vico  parlamenti  apud 
Bartholomeum  Bertoletum. 

Vol.  in-49  caractères  goth.,  avec  lettres  ornées ,  imprimé  à  deux 
colonnes ,  4^  lignes  à  la  page  par  chaque  colonne  ;  il  se  compose 
de  Lxxxvn  fol.  dont  le  dernier  est  blanc ,  plus  de  4  fol.  prélimin. 
de  titre  et  de  table  non  chiffrés ,  et  dont  le  second  est  signé  ij.  Si- 
gnatures de  l'ouvrage  a^liiii. 

(t)  Voy.  le  BuUetin  du  BibUophilcy  n^  d'octobre  i83S,  pp.  4oo-4o4. 


DtLLETiN    DU    BIBUOPHILE.  698 

A  la  suite  des  87  fol.  de  Libertates ,  vient  une  seconde  collection 
d'ordonnances  relatives  au  Dauphiné  intitulée  :  Statuia  De^hina^ 
tus  ;  elle  comprend  xi^xvn  fol.  imprimés  comme  les  précédents  ,;e& 
caract.  goth.  et  à  deux  col.,  4^  lignes  à  la  page  par  chaque  col. 
et  signés  aa-eeiu  ;  le  cahier  ilbté  ce  n'a  que  trois  feuillets.  Ces  «Slo- 
tata  sont  sans  lieu  d'impression,  mais  l'identité  des  lettnes  ornées , 
des  caractères  et  du  nombre  de  lignes  à  la  page  prouve  qu'ils 
sont  sortis  des  mêmes  presses.*  Ils  sont  suivis  de  a  fol.  non  chiSrésy 
mais  dont  le  premier  est  signé  A  ,  également  de  la  méme«  impres- 
sion ,  et  renfermant ,  sous  le  titre  de  Lîtierœ  regiœ,  une  ordonnance 
sur  la  distraction  du  Comitatus  Astensisi  du  parlement  de  Milàn,;et 
son  adjonction  au  parlement  de  Danphiné,  en  i5oo,  et  autres  or- 
donnances de  police  à  date  de  l'année  1 5o8. 

Cet  ouvrage  est  sans  date ,  mais  tous  les  bibliographes  ,  Panie^et 
Maittaire  entre  autres ,  placent  son  impression  à  l'année  i$o8.  Le 
Catalogue  des  Iwres  de  M,  et  Aguesseaa  (  i  )  dit  Absque  anno,  ised 
circa'annum  1 5o8 ,  et  l'on  retrouve  cette  même  date  écrite  à  la  main 
sur  un  des  deux  exemplaires  qui  se  trouvent  à  la  bibliothèque  de 
Grenoble  (2).  De  plus,  Brunet  (3) ,  quicite  l'exemplaire  de,  la  Bi- 
bliothèque royale,  lui  donne  la  même  date  de  i5o8,  sous  laquelle 
il  est  inscrit  dans  le  Catalogue  de  cette  bibliothèque..  Outre  les 
exemplaires  précités,  il  s'en  trouve  encore  deux  dans  la  biblio- 
thèque de  M.  J.  Ollivier,  de  Valence. 

V.  —  Sensuyt  la  Vie  de  saincl  Christofle  élégamment  composée  en 
rime  française  et  par  personnaiges^  par  maisire  Che^aUl  ijfuUA 
souverain  maistre  en  telle  compûsiture^  nout^ellement  imprimée. 

Ce  volume ,  poui*  une  description  détaiUée  duquel  je  renverrai 
à  la  Bibliographie  instructit^e  de  Debure  (4) ,  est  de  format  in-4  >  ^ 


(1)  Paris,  Gogué  et  Nëe  de  la  Rochelle,  17 Sa,  .pag.  86,  n»  i368. ,  « 

(s)  Catalogue,  Grenoble,  Baratier,  i83i,  tom.  1^,  n^  7981-7383.  Cest  par 

erreur  qae  le  rédacteur  de  ce  catalogue  cite  deux  e'dît.  goth.  de  cet  ouvrage; 

ce  sont  deux  exempt,  de  la  même  édition  catalogués  sous  deux  no*dtff<^en8. 

(3)  Manuel  du  lÂbraire,  tom.  m,  pag.  i36. 

(4)  Belles-leUres,  tom.  i«r,  pag.  666-570.  P^ox*  encore  le  Aîanuelde  Bru- 
net,  tom.  i«r,  pag.  187.  Je  ne  sais  où  Osmont  {Dict.  typogr.,  tom.  i«^  pag.  189) 
a  TU  Qoe  édition  sans  date  antérieure  à  celle  de  iî>3o,  quHl  cite  fautTreroeni 
plus  loin  (pag.  609)  avec  la  date  de  iS^o. 


594  '•    TECHENERf    PLACE   DU    LOUVRE,.  12. 

exécuté  en  lettres  rondes.  C'est  une  des  plus  rares  et  des  plus  belles 
productions  de  la  typographie  dauphinoise.  On  aperçoit ,  à  la  tête 
du  Htre  et  sur  le  premier  feuillet ,  une  figure  de  saint  Christofle , 
gravée  en  bois.,  au  bas  de  laquelle  on  a  placé,  par  forme  de  titre, 
-celui  qtte  je  viens  de  donner.  Au  verso  de  ce  feuillet,  on  Ut  un  ex- 
trait du  privilège  du  roi ,  Â  la  suite  duquel  commence  le  texte  de 
Touf^age  ;  lei  feuillets  n'en  sont  point  chiffirés,  mais  distingués  seule- 
ment par  cahiers  séparés,  dont  les  signatures  sont  assez  mal  en  ordre. 

Ce  mystère,  joué  à  Grenoble,  en  i5a7,  est  divisé  en  quatre  jour- 
nées ;  la  première  comprend  les  cahiers  signés  A-N ,  la  seconde  ceux 
signés  0-Z=:AA-GC,  la  troisième  ceux  signés  DD-NN,  la  quatrième 
œux  signés  00*ZZ:rAAA«CGG.  On  trouve  sur  le  premier  feuillet 
de  chacune  de  ces  trois  dernières  journées  la  représentation  de  la 
figure  de  saint  Christofle ,  qui  se  trouve  sur  le  premier  feuillet  de 
i'ôuTirage. 

On.  lit  à  la  fin  du  volume  I4  souscription  suivante ,  contenant 
l'indication  de  l'année  d'impression  et  du  nom  de  l'imprimeur  : 

icy  finist  le  mystère  du  glorieux  saint  Christofle  y  composé  par 

•    -personnages  et  inanimé  à  Grenobl&,  le  vingt  huit  de  Janvier  ^ 

tàn  comptant  à  la  Nativité  de  Notre  Seigneur  mil  cinq  cens 

trente^  aux  despens  de  maftre  Amalberti  ,  citoyen  de  Grenoble 

Finis. 

Cet  ouvrage  est  un  des  plus  rares  de  la  classe  des  mystères;  les 
exemplaires  en  sont  excessivement  recherchés  et  d'une  valeur  con- 
sidérable ,  et  on  n'en  connoit  guère  que  quatre  dont  voici  la  gé- 
néalogie : 

i^  L'exemplaire  deGaignat,  mar.  bleu,  vendu  33 1  fr.  en  1769 
[^Catalogue ,  n?  1909) ,  se  trouve  actuellement  chez  M.  de 
Soleinne. 

T."*  L^exemplaire  de  Girardot  de  Préfond ,  mar.  rouge ,  vendu 
346  fr.  chez  Màccarthy  (Catalogue,  n*  2975),' en  i8i5,  a  été 
acquis  chez  M.  de  la  Bedoyere  {Catalogue,  n®  820),  en  1837  , 
au  prix  de  85i  fr. ,  par  M.  le  prince  d'Essling. 

3*  L'exemplaire  de  La  Vallière,  maroq.  vert  {Catalogue,  n®  3372) , 
vendu  160  fr.  en  1783,  se  trouve  actuellement  à  la  BibUoth. 
royale  {Catalogue  Mss,,X  4^^0* 


PDUJSTIIf    DU  HBUONULB.  SgS 

4**  Eo(U»»  celui  d^  U  bibliotb..  publique  6e  Grenoble (i),  qui 
provient  de  celle  de  M.  de  Caiilet,  éyéque  de  cette  rille. 

Ces  trois  exemplaires  son^  généralement  fort  beaux  ;  quant  au 
dernier,  il  est  d'une  as^ez  médiocrç  condition  et  incomplet  de  quel- 
ques feuillets  à  la  fin. 

VI.  —  Petit  traicte  enseignant  que  est  ce  iirajre  noblesse.  Avec  auctO' 
rite  de  Diogenes ,  de  Sineque ,  de  Boece  et  Ouide.  Nouuell- 
mët  imprime  à  Grenoble  (i53o  à  i54o). 

Opuscule  en  vers  formant  un  petit  in-8  de  8  feuillets ,  exécuté 
en  lettres  rondes,  sans  indication  de  date  et  de  nom  d'imprimeur. 
Il  est  cité  par  Brunet  (a). 

VII. 50 VE  DECISIONE8  SYPREME  CVRIE 

ParUittîëti  Delphine.    Per  magnificu  quodçm  doniinum 
Franciscum     Marcum      itlius      seneUorerh      rnefi^ 
ttfsimu ,   ac   legu  interprète  acutisstmu  adiiœ , 
colUctaqè ,  necno  àd  tangue  enièdatct.  Prct^ 
terea  index  seu  tabula  cuius  ope  om~ 
niû  questionû  quibus  te  parti'- 
cipemfierivi^  sumn^am 
absqe  labof^  (lèpre 
bendere  po^- 
teris. 

Après  ce  titre,  qui  se  trouve  àùV le' premier  feuillet / vient  une 
gravure  sur  bois ,  au-dessous  de  laquelle  on  lit  au  bas  de  la  page  : 

Cum  Priuilegiô  Regio  ac  doniini 
Gubernatoris  Delphina. 

Vol.  in-4  )  en  lettres  rondes  et  à  2  col. ,  46  lignes  à  la  pag.  par 
chaque  col. ,  grandes  lettres  ornées  en  noir.  Il  est  divisé  en  deux 
parties  :  la  première,  dont  je  viens  de  transcrire  le  titre,  comprend 
za  feuil.  qui  sont  chiffrés  et  signés  a^rui ,  plus  6  fol.  de  tables  non 
paginées  et  un  autre  fol.  contenant  au  recto  les  armes  du  DaujAlpé^ 

(1)  Catalogue  t  tom.  ii,  no  16937. 

(t)  JYoui'etfcs  rechercher  ,  tom.  m,  pag.  33, 


.-'il.. 


5^6  1*    TECHENEH,    PLACE   DU    LOUVRE,     12. 

et  au  verso  la  reproduction  de  la  figure  qui  se  retrouve  sur  le  feuil- 
let du  titre.  On  lit  au  verso  du  fol.  91 . 

EicuDEBAT  I  Anne 
'  '  '  môdus  amaberti  ,  Inciuitate 

Gratiino,  Anno  a  Par 

tu  virgineo.  m.  d 

XTXi,  die.  xvjii 

Novem 

bris. 

Voici  la  description  de  la  seconde  paitie  : 

SeCVNDA  pars  NOVARVM  DBCISIONVM 

suprême  curie  Parlamenti  Delphina.  Permagnificum 
quondam  Do.  Frangisgum  Marcum  Eiusdem  curie 
meritissimum  Senaiorem  édite ,  Ac  ft  decet  emendaie,  Preterea 
TABVLA  ALPHABiTiCA  ,  Cuius  ofc  Moterierum  omniû  que 
in  bis  Commentariis  côtinentur  summa  sine  labore 
inuenietur. 

Le  reste  du  frontispice  de  cette  seconde  partie  ressemble  à  celui 
de  la  première  ;  elle  se  compose  de  cxxix  fol.  signés  a^yiii- Aa-Bbiii, 
plus  de  huit  autres  fol.  non  chiffrés  comprenant  la  table,  et  encore 
d'un  neuvième ,  qui  est  la  représentation  de  celui  qui  termine  la 
première  partie. 

On  trouve  la  souscription  suivante  à  la  fin  du  fol.  12g. 

ExcvDEBAT  Anne 

mundus  amaberti.  In  ciuitate 

Gratianopo.    Anno    a 

Partu  virgineo .  m. 

cccccxxxn.  Z)f> 

TLWw.Mar- 

m  • 

m.. 

La  bibUothèque  publique  de  Grenoble  (i)  possède  un  bel  exem- 
plaire de  cette  édition  ;  il  provient  de  celle  de  M.  de  Caulet,  évêque 

(i)  Catalogue,  tom.  i«%  0^7373. 


BULLETIN    DD    BIBLIOPHILE.  SffJ 

de  Grenoble ,  et  paroît  avoir  appartenu  au  célèbre  jurisconsulte 
dauphinois  Claude  Expilly,  dont  il  porte  la  signature  autographe. 
Un  autre  exemplaire  se  trouvoitcLez  M.  Brenier(i) 

Vni.  —  MiSSALE  SED.  M  TSYM  GrA- 

tianopolitanum  maximo  tum  labore  J  tum  studio 
emendatum  :  a  pluribusq;  menais  I  quibus  antea 
scatebai  in  desiratum  nitorem  restilutum.  Quod 
non  solum  Ret^erêdo  in  Christo  pâtre,  D.  hau- 
rentio  Alamandi  secundo  J  episcopo  et  principi 
Oratianopolitano  digm'ssimo  I  verumetiam  toti 
suo  clero  in  maximum  decus  succedit.  Jd  quod  ad 
omnipoientis  dei  loptimisq;  ac  maxinU  honorem 
factum  sit.  Cui  que  addita  sunt  J  index  posterioris 
pagine  significabit. 

Ce  titre,  encadré  de  raies  etomemens  en  noir,  est  surmonté  des 
armes  de  l'évêque  de  Grenoble.  On  lit  au  bas  : 

Gaatianopoli  Ann- 
no  apartu  virgines.  M.  D.  xxxij 
caiend.  Januarij. 

Vol.  in-4,  imprimé  en  caract.  goth.  et  à  2  colonnes  encadrées  en 
noir  9  4^  lignes  à  la  page  par  chaque  colonne  ;  lettres  ornées  sur 
bois ,  les  capitales  et  les  titres  sont  en  rouge.  Il  se  compose  de 
241  fol.  non  chiffrés  et  signés  a-ziiij=A-GF  (la  signature  m  n'a  que 
3  feuillets),  plus  de  16  fol.  prélimin.  non  chiffrés,  mais  signés 
-{-iiij-{ — l-iiij,  contenant  entre  autres  pièces  un  calendrier.  On 
trouve  de  la  musique  notée  entre  les  fol.  7-9, 63-64, 66-7 1 ,  77-88, 
et  de  plus  une  gravure  sur  bois  représentant  Jésus  crucifié.  On  lit 
à  la  fin  du  dernier  fol.  de  l'ouvrage  : 

Finitur  missale  ad  i^sum  ecclesie  Gratianopolitane,  Jmpressum 
Graiionopoli  de  mandata  reuerendi  in  Christo  patris  dhi 
Lauretij  Alamandi  episcopi  z  principis  GrationopoUtatii, 
Et  dominorum  de  capitulo  dicte  ecclesie .  Anno  dni  m. 
cccec  xxxij.  Die  vero  xiiijmcnsis  decembris 


(  I  )  Loco  supra  citato  »  pag.  s  i , 

*  38 


5g6  J.    TECHEIIER,    PLACE   DU   LOUVAE  ,    12. 

Ainsi  que  l'indique  la  souscription  que  je  tiens  de  citer,  le  Missel 
est  tpne  réimpression  de  celui  publié  en  1 497  j  par  Jean  Belot.  Ott 
en  trouve  à  la  bibliothèque  publique  de  Grenoble  (i)  un  bel  eiem- 
plaire  qui  provient  de  celle  de  M.  de  Caulot. 

Vicomte  Coloma  de  Batines. 


(1)  Catalogue  lome  i",  n*»  1160. 


c^^ 


QUEL  EST  LE  PREMIER  LIVRE 


IMPtlME 


A  CAMBRAI  ET  A    LILLE? 


Voici  un  petit  vol.  in-4  mince  dont  l'énoncé  va  niettie  en  émoi 
tous  les  bibliophiles  du  département  du  Nord  :  c'est  une  grammaire 
latine  ^  avec  la  date  de  i5i8 ,  imprimée  à  Cambrai ,  et  dans  laquelle 
on  a  fait  l'emploi  de  quelques  caractères  grecs  !  Ainsi  notre  pré- 
cieux in-4  9  qui  ne  porte  malheure tisement  pas  de  nom  d'impri«- 
meur  ,  reculerait  de  cinq  ans ,  pour  Cambrai  j  l'époque  de  l'intro- 
duction de  l'imprimerie  en  cette  ville  ,  puisqu'il  est  plus  vieuJ^  de 
cinq  ans  que  le  Fojrage  de  Jacques  Le  SaigCy  auquel  la  plume 
lacile  et  spirituelle  de  M.  Aimé  Le  Roy  a  consacré  un  si  chanAant 
article  dans  les  Archwes  historiques  et  littéraires  du  nord  de  ta 
France  et  du  midi  de  la  Belgique» 

Voici  la  description  de  notre  volume  : 

Rudimenta  grammalices  ad  instituendos  iut^cnes  non  parum  condu- 
centia. — nhùç»  Impressum  Cameraci.  Anno  DonUni,  M.CCCCCXYEnf. 
Sans  nom  d'imprimetu:.  In-'4  de  6  feuillets.  Beaux  caractères  gt:^ 
thiques. 

Sans  chiflËres  ni  réclames;  signatures  Aii. — Aiiii.  Au-dessous  du 
titre  sont  des  armoiries ,  probablement  de  Cambrai  :  au  bas  de  la 
page  ,  ce  distique  : 

Si  mejorte  légat  :  studii  compulsus  aiiiore 
Parvulus.  Emuncia  nare  latinus  erit. 

Au  verso  du  titre,  on  lit  :  sequitur  alphabet um  grœcum  :  celte  page 
est  consacrée  seule  et  exdusivemelit  à  la  connoissance  et  à  la  pro- 
nonciation des  lettres  grecques  :  cette  dernière  était,  à  ce  qu'il  pa- 
rait, très-différente  de  la  nôtre.  C'est  ainsi ,  par  exemple ,  que  le  (^ 
se  pronoDçoit  uta,  n  ita,  d  thita,  v  gny  ,  r  taf,  etc.  Après  l'explica- 


60O  I.    TECIIENER,    PLACE    DU    LOUVRE,     12. 

lion  des  dîphthongues  propres  et  impropres,  suivent  cinq  règles 
pour  la  prononciation.  C*est  à  quoi  se  borne  tout  ce  que  notre  gram- 
mairien avait  probablement  à  enseigner  sur  le  grec. 

Nous  transcrirons  le  premier  paragraphe  du  second  feuillet  :  il 
nous  fera  connoître  ce  qu'on  entendoit  alors  par  Grammaire  : 

Rudimenta  Grammatices, 
Quant  artem  profiteris?  Grammaiicam,  Quid  est  Grammatica? 
Est  ars  recte  loquendi.  Recteque  scribendL  Unde  dicitur  Gramma^ 
tica?  tl'Tro  Tav  yçctpLpidiTCùv»  Hoc  est  a  liiteris.  Latine  enim  interpréta- 
tur  grammatica  littcraria,  Quot  sunt  partes  Grammaticcs?  Quatuor. 
Littertty  Syllaba  ,  Dictio  et  Oratio. 

Le  reste  de  la  grammaire ,  où  tous  les  préceptes  se  réduisent  en 
questions  et  en  réponses ,  est  consacré  au  développement  très-suc- 
cinct de  ces  quatre  grandes  divisions,  ce  qui  nous  fait  supposer  que 
le  maître  devait  donner  bien  des  explications  verbales. 

Les  caractères  grecs  employés  dans  cet  opuscule  sont  assez  seip- 
blables  à  ceux  dont  on  se  servait  alors  en  Italie ,  et  Cambrai  est 
jusqu'à  ce  moment  la  première  ville  du  nord  de  la  France  qui  aura 
eu  l'honneur  de  faire  usage  de  ces  caractères.  On  sait  que  chez  nous 
l'immortel  Thierry  Maitens ,  qu'Erasme ,  qui  s'y  connoissoit ,  sa- 
luait du  titre  de  premier  typographe  des  Pays-Bas ,  s'était  déjà  servi 
de  caractères  grecs  dans  quelques-unes  de  ses  éditions  latines  de 
i5oi  et  IÔ02 ,  et  qu'il  eut  la  gloire  d'y  imprimer  le  premier  livre 
grec  en  i5i3,  et  non  eu  i5i6,  comme  le  prétendoit  Lambinet. 
Voyez  notre  note  au  N°4^^^  ^^  ^^  biblioth.  Hultemiana,  vol.  ï.  La 
grammaire  grecque  de  Luscaris ,  Milan ,  per  magistrum  Dionysium 
Parat^isinum  y  1476,  in-4,  est  regai*dée  comme  le  premier  livre  im- 
primé en  grec. 

Si  nous  avions  eu  la  faculté  de  comparer  les  caractères  qui  ont 
servi  à  l'impression  de  cet  opuscule  avec  ceux  du  voyage  de  Jacques 
Le  Saige ,  peut-être  reconnottroit-on  qu'il  sort  des  presses  de  Bona- 
ifenture  Brassart,  demeurant  en  la  rue  sainct  Jehan  empres  la  Mag^ 
delaine. 

Un  haut  fonctionnaire,  qui  a  laissé  d'honorables  souvenirs  à  Lille, 
M.  le  préfet  Dieudonné ,  avoit  avancé ,  dans  la  statistique ,  excellente 
du  reste,  qu'il  a  donnée  du  département  du  Nord ,  en  i8o4 ,  que 
la  ville  de  Lille  étoit  la  première  de  ce  département  qui  eût  eu  l'hon- 
neur de  posséder  une  imprimerie.  Il  citoità  l'appui  de  son  opinion 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  6oi 

le  volume  des  poésies  sacrées  d'un  poëte  lillois ,  François  Hœinus^ 
Insulis  apud  GuiUelmum  Hammelin ,  1 556.  Depuis ,  de  savantes  re- 
cherches ont  prouvé  qu'on  iuiprimoit  à  Valenciennes  en  i5oo,  et  à 
Cambrai  en  1 520,  de  sorte  que  Lille ,  loin  d'occuper  le  premier 
rang ,  n'en  occupoit  plus  que  le  troisième.  Le  peu  de  soin  avec  le- 
quelles  bibliographes  et  catalogographes  avaient  transmis  le  titre  de 
la  première  impression  des  poésies  d'Hemus ,  et  d'autres  observa- 
tions qu'il  seroit  trop  long  de  rappo^er  ici ,  firent  soupçonner  que 
ce  livi'e  pouvoit  ne  pas  être  sorti  de^  presses  liUoises.  fies  débats , 
aussi  intéressants  qu'instructifs,  s'élevèrent  à  ce  sujet  dans  la  Repue 
du  Nord  et  dans  les  j4rchwes  du  nord  de  la  France  et  du  midi  de  la 
Belgique.  M.  fiuthillœul ,  bibliothécaire  de  fiouai ,  fut  le  premier , 
si  nous  ne  nous  trompons ,  à  émettre  des  doutes  fondés  sur  l'au- 
tbenticité  de  l'édition  lilloise ,  qui  fut  défendue ,  mais  avec  beau- 
coup de  réserve ,  par  M.  Brun-La  vaine ,  archiviste  de  la  ville  de 
Lille ,  et  M.  fiufaitelle  ,  bibUophile  à  Calais.  Mais  la  question  resta 
indécise,  faute  de  preuves. 

Nous  avons  été  assez  heureux  pour  trouver,  sous  le  N'»  2,343g, 
dans  le  catalogue  Van  Hulthem ,  qui  renferme  tant  de  trésors  bi- 
bliographiques encore  inexplorés ,  la  prétendue  impression  lilloise 
de  i556,  livre  iniroui^able ,  comme  l'appellent  MM.  fiufaitelle  et 
fiuthillœul.  Nous  allons  en  donner  une  description  exacte ,  qui , 
nous  l'espérons,  ne  laissera  plus  le  moindre  doute  aux  bibliophiles 
les  plus  incrédules. 

Francisci  HenUInsulani,  sacrorum  hymnorum  libri  duo,  Ejusde:n 
variorum  carminum  sjrlva  una,  Insulis  apud  Gulielmum  Hamelin  bi- 
bUopolam  sub  insigni  hominis  syl^estris,  M.fi.LVi.  In-i6,  de  85  feuil- 
lets chiffrés  au  recto  seulement. 

Ainsi  donc,  Guillaume  HameUn,  qui  demeuroit  à  l'enseigne  de 
Vhomme  sauvage^  étoit  bien  libraire ,  bibliopola^  et  non  imprimeur, 
et  si  les  catalogographes  n'eussent  pas  omis  cette  désignation,  impri- 
mée au  titre  même ,  il  y  a  longtemps  que  le  procès  eût  été  jugé; 
ils  auraient  fait  épargner  bien  de  l'encre  et  du  papier  ;  mais  nous  y 
aurions  perdu  les  curieuses  recherches  auxquelles  ce  débat  a  donné 
lieu. 

Nous  savons  maintenant  que  Guillaume  Hamelin  étoit  seulement 
libraire  ;  mais  il  n'est  pas  moins  intéressant  de  connoitre  quel  est 
enfin  l'imprimeur  de  ce  livre  introui^ablc.  C'est  ce  que  nous  apprend 
le  dernier  feuillet  non  chiffré ,  sur  le  recto  duquel  on  lit  ces  seuls  mots , 


602  I.    TECUENER  ,    PLACE    DU    LOUVRE  ,12. 

imprimés  en  gros  caractères  saint-augustin ,  qui  contrastent  sin- 
gulièrement avec  l'exigu  ité  des  caractères  italiques  du  texte  : 

Impressum  Parisiis  per  MichaëUm  Fezandat, 

Il  ne  reste  plus,  par  conséquent,  le  moindre  doute  :  la  première 
édition  d'Hemus  a  été  imprimée  à  Paris  par  Michel  Fezandat ,  et 
j'en  demande  bien  pardon  à  mes  amis  les  bibliophiles  lillois  ;  leiur 
ville  cesse  non-seulement  d'occuper  le  troisième  rang  dans  l'ordre 
chronologique  de  l'introduction  de  rimprimerie  dans  le  départe- 
ment du  Nord,  mais  elle  est  même  rejeté^  jusqu'au  commencen^ent 
du  xvii'  siècle ,  si  l'on  ne  produit  pas  d'autre  livre  que  celui  cité 
par  M.  Duthillœul ,  comme  la  plus  ancienne  impression  Ulloise 
qu'il  connoisse  (i  j. 

Quant  à  Michel  Fezandat ,  il  est  bien  connu  :  c'étoit  un  kalnle 
typographe  qui  imprima  pour  Jean  Petit ,  François  Regnault  el 
Maurice  de  La  Porte.  Il  avoit  pour  marque  la  vipère  qui  s'attache, 
sans  lui  faire  mal,  au  doigt  dé  saint  Paul,  da^Tile  de  Malte,  avec 
ces  mots  pour  devise  :  Si  Deus  pro  nobis ,  quis  contra  nos  (a)?  Le 
savant  et  infaillible  bibliophile,  Ch.  Nodier,  cite,  comme  imprimé 
chez  Michel  Fezandat ,  le  plus  rare  volume  de  la  collection  de 
Baïf  (3) ,  qui  résulte  de  l'association  de  ce  poète  avec  d'Herberay 
des  Essarts  et  Nicolas  Denisot ,  surnommé  le  comte  d'Alsinois. 

Si  nous  donnons  quelque  étendue  à  ces  nQte$  ,  c'est  que  l'Hiemus 
de  i556,  ce  petit  volume,  si  rare  qu'on  en  a  révoqué  en  doute 
l'existence,  fixera  non-seulement  un  point  important  de  l'histoire 
d'une  des  plus  admirables  découvertes  de  l'esprit  humain ,  pour  ce 
qui  concerne  son  introduction  dans  la  capitale  de  la  Flandre  fran- 
çaise ,  mais  procurera  encore  d'utiles  renseignements  à  notre  his- 
toire littéraire  et  aux  annales  de  la  ville  de  Lille. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  relever  les  erreurs  bibliogràr- 
phiqu&s  conmiises  dans  l'indication  des  ouvrages  d'Hemus,  par  Ya- 
lère  André ,  Sanderus,  Swertius,  Paquot ,  et  l'auteur,  du  manuscrit 
de  la  bibliothèque;  de  Lille  intitulé  :  Auteurs  et  écriwns  de  Lille 

(i)  Les  Châtelains  de  Lille  ,  par  Floris  van  derMaer,  A  Lille,  iGi  i,  chez 
Chnstofle  Beys ,  imprimeur -libraire ,  rue  Je  la  Clef,  à  Fimagc  de  Saint-Luc. 
In-4. 

(a)  Jean  de  h  Caille  ,  Histoire  de  V imprimerie  et  de  la  librairie ,  p.  i  î6. 

(3)  Tombeau  de  Marguerite  de  P'alois.  Paris,  Michel  F£uadat,  i55i,  iii-8. 
A-N-iiij.  \oy.  Mélanines  tins  d'une  petite  bibliothcqiic.  Paris,  1839.  p .  266. 


BULLETIN   OU  BIBLIOPHILE.  6q3 

(en  latin)  :  ce  trayail  nous  conduiroit  trop  loin.  Plus  heureux  qu'ils 
ne  Font  été ,  puisque  nous  avons  sous  les  yeux  les  trois  volumes  du 
poète  lillois,  nous  allons  nous  efforcer  d'en  donner  une  description 
exacte  et  détaillée.  Quant  à  des  renseignemens  sur  sa  vie,  on  en 
trouvera  suffisamment  dans  Paquot. 

François  Hemus  »  comme  Ovide ,  ne  paroit  avoir  écrit  qu'en  vers  : 
dans  toutes  ses  préfaces ,  dans  toutes  ses  relations  avec  ses  amis  les 
plus  intimes ,  comme  le  prouve  la  lecture  de  ses  poésies ,  il 
dédaignait  d'avoir  recours  à  l'humble  prose;  c'étoit  assez  l'habitude 
de  son  temps  et  du  siècle  suivant ,  époque  à  laquelle  la  Belgique  a 
produit  tant  de  poètes  latins. 

.  Le  premier  livre  des  hymnes  sacrées  contient  la  paraphrase  des 
sept  Psaumes  de  la  pénitence  et  d'autres  poésies  analogues  :  le 
second,  les  hymnes  en  l'honneur  des  saints  :  dans  le  premier ,  on 
remarque  un  poëme  d'assez  longue  haleine  sur  la  naissance  du 
Christ,  et  dans  le^second  un  autre  poëme  adressé  à  une  religieuse, 
et  dont  le  sujet  est  l'éloge  de  la  virginité.  , 

Ses  mélanges  de  poésies  {dwersorum  carminum  sylva  una)^  qu'on 
pourrait  appeler  profames,  par  opposition  aux  premières,  com-* 
mencent  au  feuillet  47  *  ^^  ht  pré&ce  en  est  datée  de  Gourtray , 
i*'  août  1554. 

L'une  des  premières  pièces  de  cette  partie ,  et  des  plus  impor- 
tantes ,  est  le  poëme  sur  l'incendie  de  Lille  (i)  en  i545,  poëme  que 
Paquot  croyoit  encore  manuscrit ,  preuve  qu'il  n'a  voit  pas  vu  l'é- 
dition dont  nous  nous  occupons ,  et  dont  il  donne  le  titre ,  bien  que 
d'une  manière  incomplète.  Si  la  lecture  des  odes  de  François  He- 
mus nous  rappelle  souvent  le  prince  des  lyriques  latins ,  par  de 
nombreuses  imitations ,  ses  hexamètres  nous  prouvent  qu'il  avoit 
(ait  des  vers  admirables  de  Virgile  une  étude  bien  assidue  ;  car  il  lui 
arrive  parfois  de  lui  emprunter  même  des  vers  entiers.  C'étoit  chose 
permise  alors ,  et  nous  pourrions  citer  vingt  poètes  latins  modernes 
qui  sont  dans  le  même  cas.  Du  reste,  ses  poésies  accusent  beaucoup 
defaciUté,  une  érudition  aussi  variée  qu'agréable ,  et  un  goût  qu'on 
\   ne  rencontre  pas  toujours  dans  les  écrivains  de  cette  époque. 

(1)  L'historien  le  plus  récent  de  Lille,  M.  de  Rosoy ,  consacre  quelques 
lignes  Â  ce  terrible  désastre ,  connu  sous  le  nom  de  Grand  feu  de  Lille  ,  tl 
cite  A  ce  sujet  le  titre  du  poëme  d'Hemus ,  imprimé ,  dit-il ,  par  Guillaum/ 
Hamelin,  le  plus  ancien  ou  Vun  des  plus  anciens  imprimeurs  de  cette  ville 
HisTOiEi  m  LiLLi.  Valencienncs,  i837,  in-S,  fig.,  page  166. 


6o4  I.    TECHENER,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

Ce  poëme  cTHemus  a  dû  prodtrire ,  lorsqu'il  parut ,  beaucoup 
d'efifet ,  81  nous  eu  jugeons  par  les  vers  qu'adressa  à  l'auteur  son 
ami  François  Simon ,  poëte  lillois ,  et  dont  nous  traduirons  quel-* 
ques  distiques  : 

M  Félicite-toi ,  charmante  Lille  ,  et  envoie  en  même  temps  tes  fë' 
«  licitatibus  à  ton  poëte.  As-tu  jamais  pu  espérer  une  telle  gloire? 
«(  Déjà  ton  renom  est  illustre ,  si  l'on  considère  ta  bravoure  mili- 
«  taire  ,  tes  exploits  guerHers  et  tes  immenses  richesses  ;  mainte- 
«  nant  ce  livre  va  parcourir  rapidement  les  contrées  les  plus  loin- 
«  taines  pour  y  accroître  ta  renommée.  Ton  malheur  fiit  heureux  ; 
u  cet  incendie  n'est  plus  déplorable ,  puisqu'un  tel  poëme  consacre 
u  le  souvenir  dé  tes  pleurs ,  etc.  » 

Parmi  les  autres  pièces  de  ces  mélanges ,  les  unes  sont  traduites 
du  grec  ,  telles  que  le  Dialogue  de  Vénus  et  de  Cupidon^  les  autres 
sont  des  poésies  fugitives  adressées  à  des  amis,  quelques-unes  d'entre 
elles  appartiennent  au  genre  dit  erotique  et  bachique;  mais  la  justice 
exige  que  nous  disions,  à  la  mémoire  d'Hemus,  qu'elles  sont  écrites 
avec  un  profond  sentiment  des  convenances  ,  et  qu'on  n'y  trouve 
pas  un  vers  qui  puisse  blesser  l'oreille  la  plus  délicate.  Une  circons- 
tance que  Paquot  n'a  pas  connue ,  c'est  qu'avant  d'embrasser  l'état 
ecclésiastique ,  Hemus  avoit  éprouvé  le  plus  vif  attachement  pour 
une  jeune  et  modeste  courtraysienne,  nommée  Isabelle  Villemcyne, 
à  laquelle  il  consacra  deux  odes  charmantes.  Par  la  première ,  il 
lui  fait  naïvement  Taveu  de  son  chaste  amour  :  la  seconde  accom- 
.  pagne  l'envoi  d'un  recueil  de  prières  qu'il  avoit  traduites  pour  elle 
du  latin.  C'est  pour  ainsi  dire  im  tendre  et  vertueux  adieu ,  dans 
lequel  il  lui  dit  qu'ils  se  retrouveront  enfin  dans  un  monde  meil- 
leur ,  puisqu'il  ne  leur  étoit  pas  permis  d'être  unis  en  celui-ci  : 

Quando  hic  (nescio  sorte  qua  tinisira) 
Pertinaciter  est  negatnm  utrique. 

A.  Voisin. 


mitis  ^%^(x0^raf^ii\n€ 


s. 


Les  chambres  vont  bientôt  aborder  la  discussion  du  projet  de 
loi  relatif  à  la  propriété  littéraire.  Ne  sera-t-il  pas  permis  à  :un  bi- 
bliophile de  signaler  respectueusement  aux  législateurs  et  aux.  mi- 
nistres une  lacune  qu'il  est  encore  temps  de  remplir  dans  L'intérêt 
commun  de  l'Etat,  des  savans,  des  éditeurs  même  ,  et  surtout  de 
la  Bibliothèque  rojralej  le  dépôt  le  plus  vaste  et  le  plus  précieux  des 
connoissances  humaines? 

L'article  i4  du  projet  détermine  qu'un  des  cinq  exemplaires  de 
dépôt  sera  remis  à  la  Bibliothèque  royale ,  et  qu'i'/  sera  en  papier 
viUn,  lorsqu'une  partie  de  t édition  sera  sur  ce  papier,  Ne  faudroit-il 
pas  ajouter  à  cette  sage  disposition  que  le  livre  devra  être  présenté 
relié  proprement  en  veau  plein ,  aux  armes  ou  au  chiffre  de  la  Bi- 
bliothèque ,  lorsqu'il  aura  plus  de  1 5o  pages  ,  et  en  demi-reliure , 
ou  au  moins  cartonné  à  la  Bradel ,  avec  le  même  signe  caractéris- 
tique, lorsqu'il  sera  au-dessous  de  ce  nombre  de  pages?  Cette  me- 
sure d'ordre ,  de  propreté  et  de  conservation ,  seroit  un  inunense 
service  rendu  à  la  Bibliothèque  royale  et  aux  personnes  studieuses 
qui  la  fréquentent.  Les  (rais  qu'elle  occasionneroit  aux  éditeurs 
seroient  imperceptibles  ;  et  ils  les  supporteroient,  j'aime  à  le  croire, 
avec  plaisir,  parce  que  cette  dépense,  si  légère  pour  chacun  d'eux 
prn  individuellement ,  mais  si  onéreuse  pour  l'Etat ,  empêcheroit 
la  détérioration  inévitable  des  ouvrages  qu'ils  pubUent,  et  qui, 
faute  de  fonds  suffisans ,  courent  le  risque ,  pendant  un  nombre 
d'années  plus  ou  moins  prolongé  ,  de  rester  en  brochures , .  et  de 
tomber  en  lambeaux ,  disjecti  membra  scriptoris.  L'adoption  de  ce 
complément  si  simple  de  l'article  1 4»  n'entraînant  qu'un  si  foiblc 
accioissemcnt  de  dépense  pour  les  éditeurs,  tandis  qu'il  offre  une 


6o6  J.  TECnBNER  ,  PLACE  DU  LOUVRE,  13. 

économie  si  notable  pour  le  trésor  et  un  avantage  si  marqué  pour 
les  lecteurs,  contribueroît  singulièrement  à  rehausser  le  lustre  de  la 
Bibliothèque  royale  ,  et  à  lui  permettre  d'étaler  une  innocente  co- 
quetterio,  qui  ne  repousse  pa9  VhçmniQ  instruit)  qui  attire  Tindififé- 
rent  et  le  captive,  pour  ainsi  dire  malgré  lui,  à  l'étude  d'un  livre 
revêtu  d'un  extérieur  séduisant.  Ne  seroit-ce  pas  le  cas  de  ré- 
péter ici^  après  le  Tasse  et  Montagne,  qu'il  faut  emmieller  les  bords 
du  vase? 

N'oubUons  pas  de  dire  un  mot  du  mode  d'exécution.  Pour  em- 
pêcher les  feuilles  nouvellement  imprimées  de  maculer  sous  le 
marteau  du  reheur  (inconvénient  si  bien  connu  de  tous  les  bibUo- 
philes),  il  faudroit,  par  exception  à  l'art.  149  statuer  que  l'exem- 
plaire de  la  Bibliothèque  royale  ne  lui  sera  remis  à  l'état  de  reliure 
ou  de  cartonnage  que  trois  à  quatre  mois  après  la  publication.  (Le 
dâai  pourroit  être  fixé  sur  l'avis  d'habiles  imprimeurs  et  de  aavans 
chimistes,  qui  ont  étudié,  d'après  les  diverses  quaUtéi  d'encre ,  l'é- 
poque à  laquelle  nn  Uvre  peut  être  relié  sans  craindre  ce  danger.) 

Les  idées  que  je  viens  d'émettre  m'ont  été  en  partie  suggérées 
par  le  passage  suivant  d'un  rapport  sur  la  Bibliothèque  royale, par  le 
diredeurj  présidtni  du  Coruen^oire  (  i  ).  «  Quant  aux  Uvres  brochés, 
dit-il,  un  relevé  exact  en  porte  le  nombre  à  14^,995  volumes,  dont 
6,538  in^fol. ,  1 1,889  in-4  et  128,668  in-*8;  sur  ce  nombre ,  il  y 
tn  a  80,3 12  dont  la  reUure^st  urgente  et  doit  être  exécutée  dans 
le  plus  bref  délai  possible,  parce  qu'ils  se  détériorent  et  ne  tarde- 
roient  pas  à  se  perdre.  Sur  les  8o,3 1 2  qu'il  est  urgent  de  faire  reUer, 
on  compte  2,916  in-fo1.,  7,638  in-49  69,768  in-8. 

«>  Jusqu*à  présent  on  n'a  fait  faire  que  les  reUures  pleines  en 
veau  pour  la  bibUothèque  ;  mais  il  y  a  lÀ  un  luxe  inutile  ;  il  faut 
proportionner  les  reliures  à  l'importance  des  ouvrages  et  à  la  rareté 
des  éditions.  Certains  livres  ,  certaines  brochures  de  peu  de  valeur 
et  peu  demandées,  n'ont  besoin  que  d'une  demi<-rehure ,  ou  même 
que  d'un  cartonnage.  Cette  distinction  diminuera  de  beaucoup  la 
dépense.  On  peut  admettre,  en  terme  nu>yen,  6  fr.  pour  les  in-foL, 
3  fr.  pour  les  in-4  et  i  fr.  5o  c.  pour  les  in-8  ;  ce  qui  porte  la  dé- 
pense des  80,3 1 2  volumes  à  environ  1 5o,ooo  fr.  et  celle  des  1 46,996 
k  environ  260,000  fr. ,  somme  qu'il  faut  prendre  nécessairement 

(i)  Rapport  sur  Us  besoins  du  Muséum  dhistoire  naturelle  pour  Van^ 
née  iS35  et  sur  la  Bibliothèque  royale,  présenté  au  ministre  de  l'instruction 
publique,  Paris,  I.  R.,  i834,  in-4,  p.  4a*43. 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE.  607 

sur  un  fonds  spécial  en  dehors  du  budget  de  la  BibUoihèque , 
parce  qu'il  seroit  impossible  de  l'en  distraice  (même  ea  la  répar-* 
tissant  sur  un  grand  nombre  d'années)  sans  compromettre  tous  ka 
services  ;  car  les  reliures  arriérées  devroient  être  faites  sans  préju- 
dice de  cçlle  des  livres  de  Tannée  ;  et ,  pour  ceUesJà  «  les  fonds 
ordinaires  sont  à  peine  suffisans. 

«  Au  reste,  il  (aut  remarquer  que ,  quand  cette  somme  enitsaoi* 
dinaire  seroit  allouée  par  les  chambres,  elle  ne  pournoit  être  em-- 
ployée  dans  une  seule  année,  par  cette  raison  que,  dans  le  cas 
même  ou  l'on  trouveront  aase^  d'ouyviero  habiles  pour  Fexécution 
de  cette  énorme  q^antité^  de  reUures,  on  s'exposeroU  à  paralyser  Is 
service  public ,  si  Ton  fiiisoit  sortir  tant  de  livrea  à  la  fois  de  ht  Bi- 
bliothèque. EUes  ne  peu^vent  être  exécutées  en  moins  de5  aosi,  et 
l'on  ne  peut  employer  plus  de  4o  à  5o,ooo  fr.  par  an  pour  cet 
objet.  » 

Ces  observations  si  judicieuses  achèvent  de  prouver  l'ulilîté  de 
la  mesure  que  nous  indiquons  ;  si  elle  est  adoptée,  les  inconvéniena 
signalas  par  le  savant  M.  Letoonne  disparoitront  d'année  ep»  année, 
pour  ne  plus  se  reproduire. 

Déjà ,  au  xvi**  siècle ,  un  esprit  original  et  bizari:e ,  mais  auquel 
on  ne  peut  refuser  la  gloire  d'avoir  déposé,  dans  son  livre  singulier,, 
le  germe  de  beaucoup  de  réformes  importantes  foites  plus  tardi,  avoit 
posé ,  pour  l'accroisseineni  des  bonnes  lettres ,  comme  il  le  dit  lui- 
même  ,  le  principe  dont  noua,  sollicitons  aujourd'hui  Tintroduo- 
tjon  (i). 


(\)y»  tur  Raoul  Spifa  me,  et  sur  son  Kvre  intitule  :  Dlcœarchiœ  Henrici  régis 
christianissimi  progymnasmata  (Parisiis  ,  circa  i556) ,  iD*8  ,  une  notice  eu- 
rieoaf  de  Secousse  d^ns  les  Mémoires  de  tAcoéèmie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  t.  xxi,  p.  371  et  suiv.  ;  une  note  de  La  Monnoye  sur  \ai.Bibliofhèque 
francoise  de  La  Croix-du-Mainc,  édition  d^  Rigoley  de  Juyigny,  t.  i,  p.  189  ; 
et  surtout  les  yues  d'un  politique  du  xvi*  siècle ,  sur  la  législation  de  son 
lemtpSf  également  propres  a  réformer  celle  de  nos  jours ,  ou  Choix  des  arrêts 
qui  composent  le  recueild'A .  Spifamci  connu  sous  le  titre  de  Diceearchiœf  etc., 
auec  des  observations  et  une  table  générale  de  tout  r ouvrage  »  par  Auflray,  des 
Acade'mies  de  Metz  et  de  Marseille,  jémsterdam  et  Paris,  1776,  in-8.  f^oir 
aussi  A.-A.  Benouard ,  Catalogue  de  la  bibliothèque  d'un  amateur,  t.  1, 
p.  i4o  ;  Barbier,  Dictionnaire  des  anonymes,  t.  m,  n*  20,200  \  note  commu- 
niquée par  Pons  de  Verdun  j  et  Mercier,  Tableau  de  Paris  ,  t.  vu,  ch.  dlxiii. 
L^article  de  la  Bibliothèque  historique  de  la  France,  t.  ji,  n"  37624,  est  sec  et 
incomplet. 


6o8  I.    TEC11£NER,    PLACE   1>U   LOUVRE,     12. 

«  Raoul  Spifani6,  dit  Secousse,  songea  à  enricbir  la  Bibliothèque 
du  roi ,  qui  est  un  dépôt  public  et  un  trésor  où  les  gens  de  lettres 
doîtent  trouver  réunies  toutes  lies  richesses  littéraires.  Dans  cette 
Tue ,  il  dresse  un  arrêt  (le  8",  fol.  i  o)par  lequel  le  roi  ordonne  que, 
pout  r accroissement  des  bonnes  lettres ,  ceux  qui  auront  obtenu  un 
privilège  pour  l'impression  d*un  livre  ne  pourront  le  mettre  en 
vente  qu'après  lui  en  at^oir  présenté  ttn  exemplaire  en  parchemin  vélin, 
relié  et  couvert  comme  il  appartient  lui  Ùré présenté  ,pour  Ùre  mis  en 
sm  bibliothèque  et  librairie^  etc. 

«  C'est  ce  qui  a  eu  son  exécution  eu  1617  P^^  ^^  lettres  de 
Louis  Xni ,  qui  exigea  deux  exemplaires  en  blanc.  » 

Gomme,  dans  notre  siècle  positif,  tout  se  ti-aduit  en  chiffres, 
donnons  le  résultat  financier  de  la  mesure  que  nous  avons  proposée. 
Année  moyenne,  le  Journal  de  la  librairie  enregistre  5  à  6,000  n°% 
formant  1 2  à  1 5,ooo  volumes.  Ce  sera  donc,  tous  les  ans,  3o  à 
40,000  fr.  de  moins  à  dépenser  par  la  Bibliothèque  royale ,  qui 
pourra  utilement  employer  cette  somme,  tant  pour  les  rehures  ar- 
riérées que  pour  celles  des  ouvrages  brochés  qu'elle  tire  tous  les  ans 
de  rétrauger. 

Ainsi ,  pour  nous  résumer ,  d'une  part ,  augmentation  presque 
nulle  de  dépense  pour  les  éditeurs  ;  \ 

De  l'autre ,  i**  économie  d'argent  pour  le  Trésor  ; 
2®  Economie  de  temps  :  les  employés  mettent  plus  vite  la  main 
sur  les  ouvrages  rehés  que  sur  les  Uvres  brochés  ; 

3^  Economie  de  terrain  :  ou  est  déjà  assez  à  l'étroit  dans  la  rue  de 
Richelieu ,  et  l'augmentation  annuelle  des  volumes  est  assez  ef- 
frayante, sans  la  rendre  encore  plus  formidable  par  ces  masses  de 
brochures  si  difficiles  à  ranger  et  k  retrouver  ; 

fy*  Simphfication  et  diminution  de  besogne  pour  la  confection 
des  catalogues. 

Donc,  économie  d'argent,  de  temps  y  de  local,  de  trai^ail  pour  la 
bibliothèque  ;  sen^ice  plus  facile ,  plus  régulier  ,  plus  agréable ,  dans 
V intérêt  commun  des  employés  et  du  public  :  le  tout  sans  gra^e  préju- 
dice pour  les  éditeurs. 

Cil.  DE  Cu., 
membre  de  la  Société  des  bibliophiles 
de  Mons, 
Liège,  i83g. 


BULLETIN   DC    BIBLIOPHILE.  609 

SUR  LES  ANNALES  DE  PANZER. 

I 

Quiconque  a  fkit  quelques  recherches  sur  les  éditions  anciennes 
a  louTent  feuilleté  les  Annales  typographiques  de  Panser.  Ge  mo- 
nument de  patience  et  de  pénible  investigation  est  jugé;  quoiqu'il 
n'ait  pu  tout  embrasser ,  quoiqu'il  y  ait  eu  bien  des  lacune»,  sur- 
tout à  r^ard  des  littératures  hollandoise  et  espagnole  y*  quoi- 
que les  ouvrages,  anonymes  soient  souvent  classés  dans  .lies  tables 
d'une  manière  fort  incommode  (par  exemple,  est-ce  au  mot  anima 
qu'on  ira  d'abord  chercher  le  pèlerinage  del'ame?) ,  il  faudra  cons- 
tamment le  consulter.  Il  est  impossible  d'y  avoir  eu  recours  sans 
s'apercevoir  combien  la  disposition  en  est  gênante  pour  les  re- 
diercheSy  et  certainement  il  est  arrivé  bien  des  fois  que  l'on  n'a  pu 
j  déterrer  ce  dont  l'on  étoit  en  quête.  C'est  ce  qui  donne  liei^  Se 
penser  que  le  tableau  suivant  ne  sera  pas  sans  utiUté. 

» 
I.      Enonciation  des  ouvrages  imprimés  en  Europe  depuis  l'inven- 
tion de  l'imprimerie  jusqu'en  i5oo,  avec  la  date,  le  lieu  et  le 
nom  de  l'imprimeur.  Vol.  i,  n,  m. 


.i.r 


Trois  supplémens.  Vol.  iv,  part.  iu,p.  217-462- 

484-499-500. 
Quatrième  supplément.  Vol.  xi,  p.  igg-SoS. 

Cinquième  supplément.  Vol.  xi,  p.  3ii-345. 

n.     Ouvrages  açec  date  ,  mais  sans  .      - 1 

noms  d'imprimeur  ou  sans  in- 
dication de  lieu.  Vol.  iv,  part.  1. 

Premier  supplément.  Vol.  iv,  part,  m,  p.  462-488. 

Deuxième  supplément.  Vol.  ix,  p.  3o8-3i4- 

Troisième  supplément.  Vol.  xi,  p.  346-347- 

m.  Oavrages  sans  lieu,  sans  date  et 

sans  nom  d'imprimeur.  Vol.  iv,  part.  11. 

Premier  supplément.  Vol.  iv,  p.  468^483  >' 

Deuxième  supplément.  Vol.  ix,  p.  3i4*-34o. 

Troisième  supplément.  Vol.  xi,  p.  348-35o.  : 

IV.    Index  Uldiographique,  ou  table 


610  J.    TECHfiinEA,    PLACÉ  BU   LOUVRE,    12. 

alphabétique  des  noms  des  au- 
teurs du  XV*  siècle,  leurs  ouvra- 
ges, quand  et  où  imprimés.         Vol.  v,  part.  i. 
Supplément.  Vol.  ii,  p.  543-664* 

« 

V.  Nottis  par  ordre  alfdiabétique 
de$  endroits  oà  Tturt  typograpbî-i 
qu€  a  été  exercé  ail  XV*  siècle^  ^ 
des  imprineuFS  qui  y  ont  tra- 
vailléi  Vol.  V,  part.  i. 

Supplément.  Vol.  xi, p.  605-607. 

VL  Liste  alphabétique  des  i^noms 
et  surnoms  des  imprimeurs  dn 
XV*  siède.  Toi.  v,  part,  i. 

Aia  sixièttie  vol.  commence  Tiàdication  des  ouvrages  imprimés 
depuis  i5of  jusqu'eh  i£i36;  les  villes  sont  rangées  alphaibétique^ 
ment  depuis  Albiburgi  jusqu'à  ZwoUis. 

i*'  Ouvrages  avec  renonciation  de 
Tannée,  de  la  date  et  de  Tim- 
primeuir.  Vol.  vi,  vu,  viiiet  ix. 

T'reikûer  supplément.  Vol.  ix,  p.  343-555 ,  et  v.  x , 

p.  1-56. 
Deuxième  supplément.  Vol.  xi,  p.  353-54o. 

2?  Ouvrages  auec  date  ,  niais  sans 

nom  de  ville  ou  d'imprimeur.     Vol.  ix,  p.  107-160. 

3"*  Editions  saxiB  aucune  indication . 

.  ^ 

4*  Inctex  bibliographique,  ou  table 
alphabétique  des  auteurs ,  avec 
indications  de  leurs  ouvrages . 

des  dates  et  des  villes.  Vol.  x,  p.  59 ,  jusqu'à  la  fin. 

,  Vol.  XI,  p.  i-aoo. 

5^'  Table  alphiU^étiquedeé  villes  où 
l'on  a  imprimé  à  cette  époque, 
et  des  iinprimeurs  c^i'  y  ont 
exercé.  Vol.  xi,  p.  2o3-234* 

607-613. 


^     iiiiLkrïn  "ùv  isà^amùÉ/  *  6it 

imprimeurs.  Vol.  tt,  pj  ^17-276. 

f*  Table  des  sarnomoB  des  imprt^'*''    ' 

tflëutrf;  :    •'   ^*'*  toi.  ii,p.  a77-3o8. 

Enfin  la  table  des  ouvrages  cité»  toi  HiaLf«lTaM'0ioéral  pour  les 
neuf  premiers  Tol.  complètent  le  tout.  , ..  .    1 

Maintenant  nous  allons  donner  un  tableau  synoptique  de  la  dis- 
position de  l'ouvrage  ;  il  part  d'un  tout  autre  principe  que  celui 
qui  précède,  et  nous  croyons  qull  pourra  être  également  utile  : 

Vol.  I.        I  ViUes.  i  A— L  |  jv^  j^  l'invention  de  l'imprimerie 
îli.     i  jtifjTsqu'à  .500. 

rV.       I®  Livres  datés ,  mais  sans  ville  ou  sans  nom  d'impri- 
meur, 
a*"  Livres  sans  ainuBO  date. 

3*  Supplément  aux  vol.  i,  11,  m  et  iv.  (F'ojr,  t.  ix,  4^.) 

V.         1®  Index  des  ouvrages.  A — Z. 

2°  Lddex  des  villes  et  des  imprimeurs.  A — Z. 

VL       jViUes.  (A— Ej 

VU      }  Ip p( 

Yl|4      \  /p Y  >  Depuis  i5oo  jusqu'à  i536. 

IX.  *  1»        |u~z\ 

2®  Tables  des  livres  n'ayant  que  la  date. 
3? sans  aucune  indication. 

4"  Nouveau  supplément  aux  4  premiers  vol.  {Fcy. 
t.  IV,  3.) 

5^  Gomtxienccment  de  supplément  aux  tom.  v,  vi,  vu, 
viii  et  IX.  A — P. 

X.  I*  Fin  du  supplément  aux  tom.  v  à  ix.  P — Z. 
2?  Table  alphabétique  des  livres.  A — N. 

XI.  I»  Suite  de  cette  table  O— Z. 

2*"  Table  alphabétique  des  villes. 

3''         Idem  des  imprimeurs. 

4"*  Nouveau  supplémcfnt  aux  tom.  i  à  iv. 

5**  Idem  aux  tom.  v  à  ix. 


6i:^  J.    TECHElf^^^pP^CE   DU   LOUVRE»    12. 

6°  Trois  tables  alphabétiques  pour  ces  i^ouveaux  sup- 
plémens.  .. 

a.  Livre^.  ,. 

b.  Villes  et  imprimeurs  jusqu'à  1 5oo. 

c.  Idem  de  i5oi  à  i536. 

7*  Table  des  articles. 
8°  Errata. 


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■•'-..   •   '.'  •       /i: 


»J 


\ 


SUh  LES 


AMÉLIORATIONS  A  APPORTER 


AUX 


BIBLIOTHEQUES    DES    VILLES    DE    PROVINCE. 


(second  ahtiglb.] 


J'ai  dit  9  dans  un  article  précédent ,  que  l'organisation  des  Biblio- 
thèques proyinciales  ouvriroit  une  nouvelle  source  de  prospérité  à 
la  plus  noble  des  industries  »  celle  qui  fonde  le  progrès  sur  le  dére- 
loppement  de  l'esprit. 

J'ai  dit  que  le  mode  d'organisation  le  plus  convenable  et  le  pbis 
fécond  en  bons  résultats  seroit  celui  qui  influeroit  en  même  temps 
sur  le  mouvemeat  de  l'imprimerie  et  de  la  librairie  ;  deux  indus- 
tries sœurs  qui  sont  près  de  mourir  ensemble. 

Le  système  de  l'échange  pur  et  simple  a  des  partisans  fort  zélés, 
et  je  ne  chercherai  pas  à  en  pénétrer  la  raison.  Abstraction  fieûte  de 
l'expertise  préliminaire ,  le  système  de  l'échange  est  absurde  en  ce 
sens  qu'aucun  livre  ne  peut  être  assimilé  à  un  autre  sur  la  foi  du 
titre,  chaque  livre  ayant  une  valeur  maiérielle  qui  est  prc^re  à< 
l'exemplaire ,  et  qui  n'est  appréciable  qu'aux  yeux  des  connois- 
seurs. 

Les  exemples  étant  plus  clairs  que  les  propositions  théoriques, 
en  voici  un  que  nous  offnwons  entre  mille.  La  bibliothèque  de  Gaen 
possède  ou  peut  posséder  5o  exemplaires  de  Malherbe ,  le  grand 
poëte  delà  Renaissance  des  lettres.  Une  bibliothèque  provinciale, 
assez  pauvre ,  d'ailleurs ,  pour  ne  pas  posséder  Malherbe,  peut  réu«- 

39 


6l4  '•    TECHENER  ,    PLACE    DU    LOOVRE  ,    12. 

nir  par  basard  2  ou  3  exempl.  des  chansons  de  Basselin  ou  de 
Lehoux;  et  sou  conservateur,  puisque  c'est  le  terme  aujourd'hui 
reçu ,  sera  très-fier  d'enrichir  sa  collection  d'un  classique  immortel 
au  prix  d'un  bouquin  obscur.  Eh  bien ,  l'exemplaire  de  Malherbe 
vaut  10  sous  ;  l'exemplaire  de  Basselin  vaut  3oo  francs.  Cet  échange 
est  ridicule,  et  il  est  immoral. 

En  général ,  nous  tendons  malheureusement  à  matérialiser  les 
choses ,  et  k  retirer  de  toutes  les  affaires  l'esprit  d'intelligence  pour 
y  jBubstituer  l'esprit  de  monopole  et  de  cette  sdence  de  fiBiits  qu'on 
appelle  la  statistique.  Voilà  maintenant  l'administration  qui  se  fait 
jugeuse  en  matière  de  bibliologie,  et  qui,  du  fond  de  son  sanctuaire, 
décide  en  dernier  ressort  sur  la  convenance  d'échange  entre  un  vo- 
lume de  la  bibliothèque  de  Privas  et  un  volume  de  la  bibUothèque 
de  Mont-de-Marsan.  Daignez  appeler  tous  les  hommes  qui  se  con- 
noissent  en  livres  à  Paris ,  et  ils  vous  répondront  à  l'unanimité  qu'il 
iaut  voir  les  2  volumes.  Le  Virgile  de  Mont-de-Mai'san  peut  être 
intrinsèquement  un  bouquin  ;  le  Chapelain  de  Privas  peut  être  un 
trésor  pour  les  amateurs.  Jetez  seulement ,  par  la  pensée ,  sur  ses 
marges  bien  conservées,  dix  lignes  autographes  de  Boileau,  et  vous 
m'en  direz  votre  avis. 

L'échange  sans  vérification  et  sans  expertise  est ,  je  le  répète , 
une  mesure  absurde ,  une  mesure  ruineuse  ,  une  mesure  spolia- 
trice qui  ne  s'excuse  que  par  sou  innocence.  Il  est  certain  que  per- 
sonne n'en  profitera  ;  et  voilà  sou  beau  côté.  Pour  en  profiter ,  il 
faudroit  savoir  ce  que  l'on  fait. 

II  y  avoit  cependant  moyen  d'en  tirer  un  grand  profit  pour  les 
bibliothèques  des  provinces,  pour  les  administrations  provinciales, 
pour  le  trésor  public,  pour  le  commerce  le  plus  intelligent,  pour 
l'industrie  la  plus  précieuse  de  tous  nos  commerces  et  de  toutes 
nos  industries ,  l'industrie  de  l'imprimeur ,  le  commerce  du  libraire. 
Il  Csdloit  non-seulement  autoriser ,  mais  exiger  la  vente  des  triples 
dans  toutes  les  bibliothèques  de  province.  Il  falloit  imposer  la 
publication  du  catalogue  de  ces  richesses  superflues  à  tous  les  bi- 
bliothécaires ;  il  falloit  ordonner  l'appUcation  des  fonds  qui  résul- 
teroient  de  ces  ventes  périodiques  et  progressives  à  toutes  les  ac- 
quisitions nécessaires  ;  il  falloit  attribuer  le  surplus  des  sommes 
obtenues  par  la  vente  à  la  masse  de  chaque  bibliothèque  en  parti- 
culier, pour  des  acquisitions  ultérieures.  Ainsi  s'étabUssoit ,  entre 
ces  grands  dépôts,  un  équilibre  intelligent,  si  Ton  peut  s'exprimer 


BULLETIN    OD    BIBUOPHILE.  6lS 

de  la  sorte,  qui  les-  rendoit  de  plus  en  plus  dignes  de  leur  desti- 
nation. 

Et  que  Ton  considère  un  moment  quel  auroit  été  le  résultat  de 
cette  mesure.  Chaque  bibliothèque  provinciale  s'enrichissoit  aisé- 
ment des  livres  les  plus  essentiels,  les  plus  indispensables  à  son  éco- 
<  ncNnie  spéciale ,  sans  s'appauvrir  en  aucune  manière  ;  car  le  re- 
tranchement du  superflu  n'est  point  un  appauvrissement.  Il  n'y  a 
rien,  au  contraire,  qui  jette  plus  d'éclat  sur  les  belles  collections. 
D  n'en  coûtoit  rien  à  personne,  et  tout  le  monde  y  gagnoit  quelque 
chose  ;  la  librairie ,  surtout ,  qui  a  si  grand  besoin  de  tessonrces 
pressantes  pour  échapper  à  la  catastrophe  universelle  qui  la  me- 
nace. Si  l'on  réfléchit  A  l'origine  des  bibliothèques  provinciales,  si 
on  se  rappelle  qu^elles  sont  en  grande  partie  composées  des  biblio- 
thèques abbatiales  et  conventuelles  que  la  révolution  a  iaXi 
passer  dans  le  domaine  public ,  on  n'aura  pas  de  peine  à  se  (aire 
une  idée  du  nombre  d'excellens  ouvrages  que  leur  dédoublement 
verseroit  dans  la  circulation.  .G'étoit  particulièrement  dans  les  cou- 
vens  que  se  trouvoient  ces  grandes  et  importantes  collections,  qui  y 
avoient  le  plus  souvent  pris  naissance ,  et  qui  manquent  aujour- 
d'hui totalement  dans  le  commerce.  Qui  croiroit  que  l'inappréciable 
Glossaire  de  Du  Gange  est  aujourd'hui  une  rareté  en  librairie , 
quand  nous  connoissons  teUe  bibUothèque  de  province  qui  en  a 
contenu  jusqu'à  sept  exemplaires?  N'est-il  pas  permis ,  après  cela  , 
aux  modestes  amis  des  lettres  qui  n'ont  pas  le  bonheur  de  résider 
dans  le  chef-lieu  de  leur  département ,  de  regarder  des  biblio- 
thèques ainsi  organisées  comme  de  véritables  catacombes  lit- 
téraires? 

L'échange  entre  bibliothèques  ne  satisfait  pas  à  ce  besoin.  Ce 
n'est  pas  seulement  aux  bibliothèques  pauvres  qu'il  s'agit  de  répar- 
tir le  superflu  des  bibliothèques  trop  riches  ;  ce  n'est  pas  seulement 
pour  l'usage  des  administrés  du  chef-lieu  et  des  étudians  du  grand 
collège  qu'il  s'agit  de  remettre  en  circulation  les  ressources  les  plus 
efficaces  de  l'instruction.  C  est  un  peu  pour  tout  le  monde ,  et  ce 
bieniiBdt  réel  ne  peut  s'étendre  à  tout  le  monde  que  par  l'interven- 
tion de  la  librairie,  qui  mérite  bien ,  d'ailleurs,  qu'on  la  sauve  de 
sa  ruine. 

En  ce  cas  même ,  et  il  est  presque  inutile  de  le  dire ,  une  exper- 
tise préalable  est  encore  nécessaire ,  car  ce  seroit  trop  attendre 
que  de  compter  sur  l'infaillibilité  de  cent  bibliothécaires.  Aucun 


6l6  1.  TECpiUfER  ,  PLACE  DU  LOUTEE,  12. 

pays ,  aucune  époque  n'ont  produit  tant  de  savans  à  la  fois.  D  y  a 
vingt  villes  en  France  que  l'expertise  pourra  laisser  de  côté,  et  où 
la  besogne  se  fera  supérieurement  sans  eux.  D  y  en  a  bien  d'autres 
où  l'expertise  sera  indispensable ,  et  ceci  n'est  injurieux  pour  per- 
sonne. Ajoutons  seulement  que  nous  entendons  ici  par  expertise 
une  expertise  vrais ,  une  expertise  app|x>fondie  et  savante ,  et  non 
pas  une  expertise  d'administrateur ,  une  expertise  de  dignitaire,  une 
expertise  4e  grand  seigneur.  Autant  vaudroit  se  passer  d'expertise. 

Un  grand  avantage  de  l'expertise  intelligente  que  je  ré- 
clame saroit  de  rehausser  aux  yeux  des  conseils  municipaux  la 
valeur  de  ces  précieux  dépôts  qu'ils  administrent  sans  y  attacher 
beaucoup  d'importance ,  parce  que  les  valeurs  n'ont  rien  de  réel 
pour  la  plupart  des  hommes ,  tant  que  leur  signification  n'est  pas 
traduite  en  chifiîres.  Les  allocations  y  gagneroient  en  largesse ,  et  les 
bibliothèques  provinciales  s'en  trouveroient  mieux.  On  laisse  périr 
des  cbefini'œuvre.  On  seroit  libéral  pour  entretenir  des  capitaux. 

J'ai  écrit  tout  cela  sans  aucun  intérêt  qui  me  soit  personnel ,  mais 
dans  le  seuldessein  d'être  utile  à  mon  pays  .Pavois  commencé  ce  travail 
avec  confiance  sous  le  ministère  d'un  homme  de  lettres  fort  distin- 
gué, dont  les  bonnes  intentions  étoient  généralement  connues.  Je  n'ai 
pas  voulu  le  laisser  inachevé  sous  le  ministère  de  M.  Yillemain, 
dont  le  haut  talent  et  la  parfiiite  rectitude  de  pensée  donnent  de  si 
justes  espérances  à  tous  les  amis  des  lettres. 

J.  Teghener. 


Curr^j0ipattl>attce 


DE  CHAUDON   A  M.   BARBIER. 


A  Mëzin,  par  Nérac,  s8  mar$  i8i3. 


A  M,  Barbier ,  hibUothécaire  de  l'empereur  et  de  son  conseil  d'État. 


Mao  cher  et  «ayant  bibliothécaife  impérial  » 

Yotre  disciple,  que  vous  avez  la  modestie  d'appeler  votre 
maître ,  a  beaucoup  souffert  de  la  dernière  saison  ;  elle  n'a  pas  été 
un  printemps  pour  un  homme  chaîné  du  fardeau  de  près  de  77  ans. 
La  glace  doit  aussi  avoir  gelé  les  doigts  de  mon  correspondant  de 
Toulouse  :  je  n'ai  pas  pu  savoir  encore  la  date  de  la  mort  de  l'avo- 
cat Lacroix.  Ces  deux  raisons  ont  été  la  cause  de  mon  long  silence, 
qui  a  plus  codté  à  mon  cœur  qu'à  votre  impatience.  Je  profite  du 
premier  adoucissement  que  nous  donne  le  priptemps  pour  vous  re- 
mercier dç  la  notice  (  1  )  curieuse  et  exacte  sur  M.  Hérissant.  Ses 
vertus,  ses  lumières,  son  goût  méritaient  d'être  célébrés  par  vous. 

M.  Berges  vous  transmettra  un  jour  les  petites  anec^ûte^  sur 
Fénelon  et  Massillon.  Vous  trouverez  ci-dessous  une  grande  partie 
de  celles  qui  regardent  ce  dernier  orateur. 

L'excès  du  froid ,  joint  à  la  foiblesse  de  l'âge ,  ne  m'a  pas  permis 
de  continuer  mes  notes  sur  le  Dictionnaire  des  A  non j mes  j^  je  les 
reprendrai  si  je  puis  rattraper  un  peu  de  force  :  claudicat  in^enium 
deliratque  calamus. 

Quant  aux  autres  dictionnaires  (2) ,  je  pourrois  me  plaindre  avec 

Cl)  Celte  notice  a  été  insérée  dans  le  Âfagasùi  Encyclopédique  de  Hilln, 
i&is,  t.  VI,  page  S5.  Il  a  été  tiré  â  part  quelques  eiemplaires  deoetle  notice. 

(a)  La  réimpression  puMiée  par  PradhonoDc ,  du  DiaUomtëire  mmmrmi^ 
hisêorique^  crUiquç  et  bibliographique,  par  Chaudon  et  Delandine*  Pnns%  iSie 
et  années  suivantes,  ouvrage  auquel  Barbier  devoit  travailler,  mais  dont  il  nV 
rédigé  que  le  prospectus  ,  renfermant  quelques  articles  reproduits  dans  le 
OîctMnaairi. 


6l8  J.    TECRENER,    PLACE    DU    LOUVRE,    12. 

VOUS  de  trop  d'additions  inutiles ,  et  surtout  de  divers  retranclie- 
mens  des  faits  y  qu!on  avoit  trouvés  ou  agréables  ou  intéressans  ; 
mais  j'aime  mieux  la  paix  que  des  combats  qu'il  (audroit  peut-être 
livrer.  Les  éditeurs  ignorent-ib  que  Clément  XIY  avoit  défendu 
de  faire  des  casiraii?  Il  paroit  qu'en  littérature  ib  ont  été  peu  fidèles 
à  cette  bulle  papale. 

L'extrait  de  V Anù^Machiavel  ^  par  Voltaire ,  imprimé  dans  la  bi- 
bliothèque françoise,  que  je  vous  indiquois  comme  pouvant  être 
admis  dans  le  supplément  que  M.  Dtcroix  prépare,  est  dans  l'édi- 
tion de  Rell  que  je  n'ai  point.  Un  ami  ni'a  fait  apercevoir  de  cette 
méprise. 

U  y  a  des  inexactitudes  dans  V Éloge  de  MassUlon  par  d'Alembert, 
sur  lequel  vous  me  demandez  mon  opinion.  Le  père  de  ce  célèbre 
orateur  n'étoit  pas  riche  j  mais  le  fib  d^un  notaire  peut  se  dire  d'une 
famille  honnête,  et  au-dessus  de  l'obscurité.  Il  est  vrai  qu'on  m'a 
dit  dans  lua  |eunesse  que  ce  notaire  étoit  fib  ou  petit-iUs  d'un  tan- 
heur;  profession  qui ,  en  Provence ,  étant  jointe  au  commerce  des 
peaux  et  des  cuirs ,  n'est  pas  confondue  avec  celle  des  artisans. 
Ses  supérieurs  ne  le  destinoient  pas  d'abord  à  la  chaire  ;  mais , 
ayant  été  obligé  de  quitter  l'Oratoire  lorsqu'il  étoit  professeur  de 
rhétorique  à  Montbrison,  à  cause  d'une  petite  intrigue  qui  faisoit 
jaser  les  malins,  il  fut  arrêté  à  Vienne  par  le  supérieur  de  l'Ora- 
toire, qui  l'engagea  à  prêcher  l'oraison  funèbre  de  l'archevêque  de 
Villars.  et  qui  se  servit  du  succès  qu'eut  ce  discours  médiocre  pour 
faire  là  paix  du  jeune  orateur. 

Massillon  avoit  fait ,  avant  son  passage  à  Vienne ,  une  retraite 
à  Sèpt-Fônds,  non  pour  s'y  fixer,  mais  pour  détromper  ou  calmer 
ses  supérieurs.  Je  doute  qii'il  ait  jamais  porté  l'habit  d^  novice;  et 
surtout  qull  ait  pris  cet  habit  pour  expier  le  péché  d'orgueil,  dont 
est  coupable,  dit-on,  tout  prédicateur,  ainsi  que  tout  poëte.  Massil- 
lon redoutoit  son  retour  à  Hyères,  et  la  vue  de  son  père,  qui  avoit 
perdu  sa  place  de  notaire  du  petit  chapitre  de  sa  petite  ville ,  parce 
qiié  son  fib  avoit  fait  une  chanson  contre  l'un  des  chanoines  ;  chan- 
son pardonnable  à  son  âge  et  à  son  naturel  vif  et  enjoué.  D'Alem- 
bert le  peipt  encore  comme  voué  à  la  retraite.  Il  ne  le  fut  jamais,  ni 
à  Paris  ni  à  Clermont  ;  il  aimoit  beaucoup  la  bonne  compagnie ,  et 
même  celle  des  gens  du  monde  et  des  femmes  aimables  ;  et  il  la 
préféroit  à  celle  de  ses  austères  confrères.  Lorsqu'il  fut  nomme 
éyêque,  le  P.  de  La  Tour,  général  de  l'Oratoire,  lui  donna  deux  de 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  619 

ses  confrères  pour  lui  servir  de  guide  à  Clermont  ;  mais  il  s'en  défit 
le  plus  tôt  possible,  parce  qu'ils  vouloient  lui  imposer  une  gêne  qui 
n'ëtoit  pas  de  son  goût.  Chaque  jour,  ils  le  faisoient  appeler  au  mi- 
lieu de  la  société  choisie  qu'il  recevoit  chez  lui ,  pour  lui  amioncer 
l'heure  du  bréviaire. 

Massillon  ne  crut  pas ,  dit  d'Alembert ,  que  Tépiscopat  fût  pour 
lui  une  dispense  de  monter  à  la  chaire.  La  vérité  est  qu'il  y  monta 
très  -rarement;  que  son  primat,  le  cardinal  de  La  Rochefoucauldy 
archevêque  de  Bourges,  lui  en  fit  de  doux  reproches,  et  que  ces  re« 
proches  furent  l'origine  de  ses  conférences  ecclésiastiques. 

Je  pourrois  relever  d'autres  minuties  dans  V  Éloge  de  Massillon , 
par  d'Alembert  ;  mais  j'aime  mieux  me  joindre  à  lui  pour  rendre 
honunage  à  son  désintéresssment ,  à  son  indulgence ,  à  sa  douceur, 
à  son  aménité  et  à  ses  vertus  épiscopales.  Il  fut  aimé ,  et  il  mérita 
de  l'être. 

Croyez ,  mon  cher  bibhothécaire,  au  tendre  et  respectueux  at- 
tachement de  celui  qui  est  pour  la  vie  votre  dévoué  serviteur 
et  ami, 

Chaudon. 


Bulletin  ^u  l3iblioyl)iU, 


ET 


CATALOGUE    DB    LIVRES    RARES   ET    CURIEUX,    DE 

LITTERATURE,    d'hISTOIRE  ,    ETC.,    QUI 

SE  TROUVENT  A  LA  LIRRAIRIE  DE 

jr.     TBCHENSR,    PLACE 

DU      LOUVRE  , 

N»  ta. 


N»  15.  —  Avril  1859. 

i45i  Actions  (les)  HÉRO'iQUBS  et  plaisantes  de  l'empereur  Char- 
les Y,  enrichies  de  plusieurs  figures  et  de  quelques  beaux 
mots  de  Philippe  second ,  son  fils.  Bruxelles ,  Louis  de 
F'ùinîie  ,8.  d.,  pet.  in-i2 ,  d.-rel.,  non  rogn.,  fig.      ô-*>   » 

■452  Adam.  Le  Villebiequin  de  Maître  Adam ,  menuisier  de  Ne- 
vers.  Pfiit5,  i663 ,  pet.  in-ia  ,  y.  à  compart.  en  or ,  tr.  d. 

12—    *» 

En  veau  ordinaire 6 —   » 

1453  Ballets  (des)  anciens  et  modernes,  selon  les  règles  du  théâtre 
(par  le  P.  Ménestrier).  Paris,  René  Guignard,  1682,  in-12, 
d.-rel 


» 


1454  Bbnoibton  bb  Chatbaunbuf.  Considérations  sur  les  Enfans 
trouvés  dans  les  principaux  Etats  de  l'Europe.  Pewis,  1824  9 
in-8,br 2 —  » 


1 1 


1455  Bmigo  (Flaminio  ûâl).  Dissertazioni  sopra  l'Istoria  Pisana.  In 

Pi/â,  1791,  a  vol.  in-4,  fig.,  vélin 25 — »» 

Cette  dissertation  sur  l^istoire  de  Pise  est  rare ,  le  second  rolume 
renferme  surtout  les  diplômes  commençant  l'an  5^i  jùsl^'en  737. 

39* 


622  J.    TECHENER,    PLACE   DU    LOUVRE,    12. 

1456  Beacelleus  (Jacobur).  G^nuensis  lucubrationes.  — De  Bella 

Hispaniensi  libri  Y.  —  De  claris  genuensibus  libellus  vnus. 

—  Descriptio  ligurîae  libri  uno.  —  Epistolaruin  lib.   unus. 

—  Additumque  diploma  miite  antiquitatis  tabelle  in  agro 
Genuensi  repertum.  Parrhisij s,  i520y  i  vol.  pet.  in-4î  d.-rel. 

'  12—   » 

1457  Certamen  triplex  a  tribus  societ.  Jesu  exproviucia  anglicana 

sacerdotibus  P.  T.  Hollando, P.  R.  Corbaeo,  P.  H.  Morsaeo, 
intra  proximum  triennuni  pro  avita  fîde,  religione  ,  sacer- 
dotio ,  contra  veritatis  ,  pietatis ,  ecclesiaeque  Hostes  siiscep- 
tum  fortiter,  decertatum  constanter,  coofectum  féliciter. 
Londini  in  Anglia.  Anluerp.^  i645,  in-8,  vélin  (Rarissime). 

1458  Conclaue  peu  la  Morte  d^Innoncentio  decimo,  nel  quale  fu 

eletto  in  sommo  pontefice  Alessandro  settimo. 

Ms,  du  xTiii«  siècle  sur  papier  formant  1  vol.  pet.  in-4,  rel.  en 
veau 1 5 —  » 

1459  Contes  a  rire,  ou  Récréations  françoises.  Paris,  1 769,  3  vol. 

în-i2,brocbés 10 —  »» 

1 460  Copie  d'vne  missive ,  escripte  par  vn  gentilhomme  anglais , 

estant  av  camp  de  sa  majesté  catholique  es  Pays-Bas ,  au 
R.  P.  monsieur  Gvillavme  Allain,  docteur  en  théologie ,  siu- 
le  faict  de  la  réduction  de  la  ville  de  Deuenter ,  et  aultres 
lieux,  à  l'obéissance  de  sa  maiesté  catholique.  Ensemble  la 
responce  et  resolution  d'iceluy  à  ladicte  missiue.  1587,  pet. 
in-8  ,  dem.-rel 4"~    " 

1 46 1  David  Cuambre  (escossois).  Abrégé  de  tous  les  rois  de  France, 

Angleterre  et  Ecosse,  etc.  Paris,  1579.  —  Recherches  des 
singularitez  concernant  TEcosse ,  par  le  même,  1 579.  —  De 
la  légitime  succession  des  femmes  aux  possessions  de  leurs 
parens.  Id,,  157g,  3  part,  en  i  vol.  pet.  in-8,v.  br.  {Hare.) 

1462  Discours  oegonomique,  non  moins  utile  que  récréatif,  mons- 

trant  comme  de  cinq  cens  livres  pour  une  foys  employées, 
l'on  peult  tirer  par  an  quatre  mil  cinq  cens  livres  de  proflict 
honneste,  etc.,  par  Prudent  le  Choyselat.  Rouen^  1612,  pet. 
i|i-8,  mar.  V,,  tr.  d ,  .  .      10 —  h 


BULLETIN   BU    BlJIUOPHIL£.  628 

1 463  Eaasmi  Gattola  (D.)-  Gajetani ,  ad  historiam  abbatiae  Gas- 

«inensis  accesnones.  f^encuisy  Seb.  Coleti,  1734^2  vol.  in- 
fol.,  V.  f.y  planches  et  carte.  {Bel  exempL),     .     .     5o—  >* 

Quibus  non  solum  de  juridictione ,  quam  ab  anno  748  ad  hune 
u«<|li«  diem  ex  ionumeris  regum,  imperatorum  ,  pontificumque 
diplomadbus  prolixe  disseritur ,  sed  etiam  ciyitates ,  et  loca  mo- 
nasterio  subjecta  cuni  anti(|uitati8  Ruderibus  que  in  ipsis  reperta 
sunt ,  accurate  describuntnr  gravesque  clarorum  viroruni  de  liri 
flfivio  coUucinationes  referuntur  et  eraendatur  ;  additis  Riccardi  a 
Sangermano ,  et  ononymorum  chronicis  amendis,  etc. 

1464  Fables  ohiginales  os  Jean  Kiogell.  Londres ^  1763 ,  2  tom. 

en  1  vol.  in- 12,  6g.  au  trait  à  mi-page  pour  chaque  fable. 
Broché.  8—-  » 

•^'        Figures  très-originales. 

i465  Galloavm  insvbrvin  antiqvae  sedcs.  (Bonaventvra  Gastillionco 
Authore).  Mediolani^  J.  Ant,  C(ulillione^>$,  \5\\^  i  vol.  pet. 
in-4?  d'ime  parfaite  conservation.  18 —  » 

Singuliers  caractères  employe's  à  Timpression  de  cet  ouvrage. 

1466  Goaius  (A.-F.).  Monumentum,  sive  Columbarium  liberto- 
rum  et  servorum  Liviae  Augustse  et  Gssarum  Rom»  delec- 
tum,etc.,  cum  notis  Ant.  Mar.  Salvinii.  Florent iœ ,  1727, 
in-fol. ,  avec  20  pi 18—  » 

« 

i^&j  Geaihd  (le)  DICTIONNAIRE  DES  Prétieuses  ,  OU  la  Clef  delà 
Langue  des  Ruelles,  par  Anth.  Bandeau  de  Somaize.  Paris, 
Ribou,  1660,  pet.  in-i2,  mar.  bl.  (Kœhler),  18 —  » 

1468  Hagenevchu  (J.-G.).  De  Diptycho  brixiano  Boethii  consvlis 

EfHStola  epigraphica.  Ti^rici^  1 749,  in-fol. ,  fig. ,  br.     1 5 — » 
Sxempl.  en  grand  papier. 

1469  JoANNis  Lodovici  vivis  Valentini.  Introductio  ad  sapiêtiam. 

Satellitium  siue  symbola.  Epistole  duae  de  ratione  studii  pue- 
rilis.  Tria  capita  addita  initio  Suetonii  tranquilli.  ParUiis , 
5.  Colinœumy  1627  ,  pet.  in-8 2 —  » 

1 47  o  HiSTORLA  (la)  di  Oefeo.  Treçigy^  1 653 .  —  Lucretia  roniana . 
Bologna ,  s.  d.  —  La  Historia  di  Liombruno.  Bologna,  per 


634  '*    TEGBBNIII,  PLACE   DU   LOUVRE9    12. 

Sarti.  «**  Floiindo  e  chicrra  frellâ.  Bohgna,  t.  d.  «^  La  His- 

toria  délia  Morte.  Idem,  —  La  Hiatoria  di  Senao.  Idem.  — 

Il  lacriinos  lamento.  Idem.  «-^  Tradimento  di  Gano  contra 

Ginaldo.  Idem.  —  Il  vanto  delli  Paladini  et  del  Padigliooe 

di  Carlo  Magno.  Idem.  9  part,  en  1  toI.  in-4,  mai;^  r.  45 — » 

Ces  neuf  pièces  d^ancienne  poésie  sont  toutes  in-ottaya  rima  ; 
chacune  se  compose  de  4  feuillets  pet.  in -4,  imprimes  A  s  colonnes, 
et  porte  sur  le  frontispice  une  gravure  en  bois,  grossièrement  faite, 
mais  analogue  au  sujet.  —  Destinées  à  être  Tenduea  au  peuple,  et 
â  bon  marche,  la  plupart  manquent  de  correction  typographique  : 
toutes  sont  aujourd'hui  fort  rares.  M.  Brunet ,  dans  ses  NpuYclles 
Recherches,  â  Tradtntento  et  â  ^fenV/b,  mentionne  9  de  cet  piéôcs; 
•t,  dans  le  recueil  n*  3786  du  catalogue  de  La  Va/Uière,  se  trouvent 
la  Historia  di  Orfeo  et  la  Historia  di  Liombruno.  J«  n^ai  vu  les 
autres  cites  nulle  part.  ^ 

1 47 1  Illustrium  viRORUM  BPiSTOLiE ,  ab  Angelo  Politiano  coUectae 
et  à  Fr.  Sylvie  diligenter  expositae,  1517.  —  Erasmi  vete- 
ium  adagioruni  coUectanea  ,  i5i6.  —  Guidonis  de  Fonte- 
nayo  liber  synonyinorum  ;  sequuntur  reguls  grammaticales, 
3  part,  en  i  vol.  in-4,  vélin.  16 — »• 

■  472  Lave£Ntii  Vâllbnsis ,  patritii  romani,  historiarum  Ferdi- 
nand!, régis  Aragoniœ,  libri  très.  Parisiis,  ex  œdibusSimonis 
Colinaiy  i52i,pet.  in-4,dem.-rel.  {Parf,  deconsen\)  20 — » 

1473  LATiNiG  LiNGUiC  cum  grsca  collatio  exPrisciano  et  probatiss. 

quibusqne  authoribus  t  per  locos  communes  ;  Httefantm, 
partium  oratiohis ,  constnictipnis ,  ac  totius  grammatices. 
Lutetiœ ,   Carolus  Stepkanuiy    i5549  in-8.   {Bel   exempt.) 

7—  » 

1474  •E'B  I^uiiB  DEB  PcasÉcuTiQiia  DIS  Gheistujkb,  tnmdate  de  la- 

tin en  francoys  (de  Boniface  Symonnet) ,  par  Octavien  de 
Saint-Gelais.  Paris j  pour  Ant.  Verard  ,8.  d.,  in-4  >  goth., 
fig.  en  bois,  v.  m.  {Belle  eonservatiom.)  86-«-  » 

Tolurae  compose  de  iSs  feuillets,  dont  8  pr^Hmîn'.,  signât,  a  à  nn; 
chaque  cahier  «st  de  S  feuillets,  excepté  le  prcnitr  el  le  dernier, 
qui  en  contiennent  8.  M.  Yan  Praet  (t.  v,  n®  47  de  fon  Catalogue  des 
Livres  imprimés  sur  peau-^élin)  indique  Fexem plaire  de  la  Biblio- 
thèque du  roi  comme  contenant  aa^^ feuillets.  M.  firunet  {Nouvelles 
Recherches')  cite  cette  édition,  et  annonce  qu^elle  est  composée  de 
a3o  feoillets  seulement. 


BVIXBTIN  DO   BUUOFHILB.  6a5 

1475  Maiub  Stua^t,  reyne  dllfcosse.  Nouvelle  historique.  iSui- 

i*ani  la  oo/>i0  (Hollande),  1675,  a  part,  en  i  vol.  pet.  in- 12, 

▼él i5 —  n 

Tris«hcl  extiiipl.  de  TécHtion  elzerineane. 

1 476  llEMOEiiE  Ars  (|U8e  phœnix  inscribitvr.  vtiliss.  ad  onmivm 

scientiarum  professore8,Granunatico8,Rhetore8,  Dialecticos, 
Seguleîos,  Pbilosophos,  Medicos  et  Theologos.  Parisiisy 
N,  Boucher,  i544  >P^'  in-8,  mar 18 —  » 

1477  NiCQLAï  (Johannm).  Libn  rr  de  Sepulchris  Uebrœorum. 

Lugd.-Balayorum,  H.  Teering^  170^1  ûi-»4i  ^Sm  '^'«     S^  *> 

1478  OEUVRES  DE  Framçois  DE  Mai.hbkbb.  Paru ,  Charles  y  Chap^ 

pelain^  i63o,  10-49  mar,  bleu,  fil.,  tr.  d.  {Rel.  anc.  aux 
armes  de  Choiseut) .       20—  »» 

■479  OEuvues  diverses  de  M.  \à,  de  Cmauueu.  Amsterdam ,  Za- 
charte  Chalelaùiy  1783,  2  tom.  en  1  vol.  in-8,  mar.  r.,  fil., 
tr.  d.  ,  gr.  pap.  S^—  » 

1480  Opus  MoELXNi ,  coinplectens  novellas  fabulas  et  comœdiain 
integerrime  datum.  Parisiis{i']gQ)j  pet.  in-89  d.-rel.,  mar. 

4o n 

Réimpression  à  très-petit  nombre ,  faite  par  les  soins  de  Carron* 
(f^&jrez  Morliniy  Manuel  du  Libraire,  tom.  11. 

■  481  Oraison  de  Iaques  Tahureau  au  rot.  De  la  grandeur  de  son 
règne ,  et  de  Texcellance  de  la  langue  françoyse  ;  plus  quel- 
ques vers  du  mesme  autheur  dédiez  à  madame  Marguerite. 
Paris,  veui^e  M,  de  la  Porte ^  i555,  pet.  in-49  mar.     3o  -  » 

1482  Ordô?iIges  (deux)  du  Roy  nostre  sire  ,  sur  Testât  des  tréso- 
riers et  manimentdes  finâces^  Nouuellemêt  publiées  au  cô- 
eeildela  Tour  carrée.  Pans ,  i532 ,  pet.  in-4  gotb.,  rel. 

16—  >• 

i483  OsuLLEVAN  (Philup.).  HistoriaB  catholicœ  Hibemiae  conipen-f 
dium.  A.  D.  Ph.  Osullevano  Bearro  Iberno.  F'iyssipone  ^ 
162 1,  3  tom.  en  i  vol.  in-4,  vél. 
Tréi-fare.  Foy.  Lowndei,  t.  in,  1S99. 


6a6  J.    TECHENEK  ,    PLACE   DU   LOUVEE,    12. 

1484  Paiïgaavb  (Feancis).  The  rue  and  progress  of  the  English 

commonwealth.  Anglo-saxon  period.  containing  the  anglo- 
saxon  policy,  and  the  institutions  arising  out  of  laws  and 
usages  which  prevailed  before  the  conques  t.  London^  i83a, 

2  part,  en  i  vol.  in-4  9  v.  f. ,  fil. ,  ti*.  d.  {Belle  rel,  anglaise.) 

48—  n 

1 485  Paul  JSmilb.  Les  cinq  premiers  livres  de  l'histoire  Françoise, 

traduits  par  Jan  Regnart,  Angevin.  Paris  ,  M.  FezaruUa , 

i566,  in-fol.,  V.  f.   " i5 — » 

Livre  remarquable  par  sa  belle  exécution  typographique. 

i486  Plaiïmiysz  (les)  et  Harangves  de  monsieur  Le  Maistre ,  don- 
nez au  public  par  M.  Issali.  Paris ,  Pierre  U  Petit,  in-4  j 
mar.  r.,  riche  rel.  à  comp.  doublé  de  mar.  r.  (ExempL  de 
dédicace.)  4® —   " 

1 487    PpBBIIER  livre  des  N AERATIONS  FABULEUSES  ,  aveC  IcS  disCOUTS 

de  la  vérité  et  histoires  d'icelles ,  trad.  par  Guill.  Gtieroult. 
Lyon  y  Rob.  Granjon,  i558,  in-4>  go^b.,  v.  jaspé.        18 —  »» 
Imprimé  en  caractères  dits  civilité. 

1488  Recta  (de)  latini  graeciqve  semionist  pronvntiatione ,  Des. 

Erasnii  Roterodami  dialogvs.   Lutetiœ ,  Roh,  Stephanus  , 

1547,  in-8.  {Bel  exempl.) 7 —   » 

1489  Recueu.  d'épitaphes  sérieuses,  badines,  satiriques  et  bur- 

lesques, etc.,  par  M.  D.  L.  P.  (de  la  Place).  Bruxelles^  1782, 

3  vol.  in-8,  V.  m i5 —  » 

Exempl.  en  grand  pap. 

PUBLICATIONS  NOUVELLES. 

1490  Broceliande  ,  ses  chevaliers  et  quelques  légendes ,  recher- 

ches publiées  par  l'éditeur  de  plusieurs  opuscules  bretons. 
(M.  Aimé-Marie  Rodolphe,  baron  Du  Taya).  Rennes^  1889, 
I  vol.  in-8,  br.  7  — 5o 

Une  i>etite  notice  sur  cet  intéressant  ouvrage  sera  insérée  dans 
le  prochain  bulletin. 

1 49 1  Catalogue  des  livres  imprimés,  manuscrits,  estampes,  dessins 


BDIXETIN   DU    BIBLIOPJIILE.  627 

et  cartes  à  jouer,  composant  la  bibliothèque  de  M.  G.  Leber, 
avec  des  notes  par  le  collecteur,  t.  i'^  Paris ^  1889  ,  1  gros 
vol.  in-8,  avec  6  fac-similés,  br.  8 —  » 

Il  sera  rendu  compte  incessamnieot,  dans  le  Bulletin,  de  cet  ex- 
cellent ouvrage. 

1492  £p£BviEB  (l*)  d'ob,  ou  Description  historique  des  joutes  et 
des  tournois  qui ,  sous  le  titre  de  uobles  rois  de  TEpinette , 
se  célébrèrent  à  Lille  au  moyen  âge.  Nouvelle  édition  con- 
sidérablement augmentée ,  ornée  de  plus  de  36o  blasons , 
de  16  lithogr.  calquées  sur  les  manuscrits  originaux ,  et  en- 
richie d'une  notice  inédite  sur  la  fête  des  forestiers,  à  Bruges, 
par  M.  Lucien  de  Rosny.  1889,  i  vol.  in-8.  10—  » 

Cette  nouvelle  édition  ,  enrichie  de  23o  blasons  ,  remarquables 
par  leur  originalité ,  rappellent  Tanoblissemenf  d'un  grand 
nombre  de  familles  de  la  Flandre  ;  beaucoup  de  fac-similés  inédits 
complètent  cette  édition . 

i<{93  Etudes  historiques* sur  les  institutions  judiciaires  de  la  Nor- 
mandie, par  M.  fi.-E.»J.  Rathery  ,  avocat  à  la  Ck>ur  royale 
de  Paris.  i839,br.  in-8 1 — 5o 

1494  Histoire  de  la  gravure  en  manière  noire,  par  M.  Léon  de 
Laborde.  1  beau  vol.  grand  in-8  ,  br.,  avec  i5  pL  et  fac- 
similés 8 —  » 

Cet  excellent  ouvrage  n^a  été  tiré  qu'à  un  très  -  petit  nombre 
d^eiem  plaire  s. 

1 495 de  la  cathédrale  de  Chartres.    Premier  appendice 

contenant  ses  sinistres  jusqu'à  celui  du  4  juin  i836,  inclu- 
sivement, par  M.  Le  Jeune.  1889,  br.  in- 12, avec  fig,  i-«-5o 

1496  Lettre  a  M.  de'^'^'^  sm*  les  ouvrages  écrits  en  patois  (par 

M.  G.  Brunet,  de  Bordeaux).  Bordeaux,  1889,  i^i"^»  br.  de 
68  pages ..a-r-5o 

1 497  Le  litre  dc  rot  Modos  et  de  la  reine  Racio  ,  nouvelle  édi- 

tion conforme  aux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale  , 
ornée  de  gravures  (en  bois)  fûtes  d'après  les  vignettes  de 
ces  manuscrits  fidèlement  reproduites,  avec  une  préface 
par  M.  Elzear  Blaze.  Paris,  ^889,  i  vol.  in-4  9  caract. 
goth.,  fig.  en  bois,  br 5o—  n 

Livre  d''une  exécution  typographique  des  plus  remarquables;  il 
commence  par  une  préface  de  TEditear,  de  16  pages  ,  remplie  de 


ESSAI  SUR  LES  LIVRES 


PAKS    L^ATITIQVITé, 


PARTICULIÈRE»ŒNT  CHEZ  LES  ROMAINS. 


Deux  sortes  de  livres  étoient  en  usage  dans  Fan tiquité,  les  rouleaux 
ou  volumes,  et  les  livres  carrés.  Le  premier  soin  du  copiste  chargé 
de  faire  un  livre  ëtoit  de  choisir  les  feuilles  sur  lesquelles  il  devoit 
écrire.  La  matière ,  la  forme  et  le  nom  de  ces  feuilles  varioient 
d'ordinaire,  suivant  qu'on  les  destinoit  à  être  reliées  en  livre  carré 
ou  roulées  en  volume  (i).  Avant  de  les  employer  ,  on  les  polissoit; 
ensuite  on  les  couvroit  d'écriture,  tantôt  des  deux  côtés,  tantôt  d'un 
seul.  Enfin  on  les  colloit  à  la  suite  les  unes  des  autres ,  pour  les 
ployer  en  rouleau,  ou  bien  on  les  superposoit  et  on  les  cousoit  en- 
semble en  forme  de  livre  carré.  Le  travail  du  copiste  se  terminoit 
par  quelques  opérations  accessoires  ,  dont  le  but  étoit  soit  d'orner 
le  livre,  soit  d'en  rendre  l'usage  plus  commode,  soit  enfin  de  lui  as- 
surer la  plus  longue  durée  possible.  Des  mains  du  copiste,  le  livre 
passoit  dans  l'étalage  du  libraire  ;  de  là  il  alloit  ensuite  s*immo- 
biliser  dans  les  bibliothèques ,  ou  se  fractionner  en  cornets  dans 
la  boutique  du  fruilier  et  du  marchand  d'épices. 

Mais  les  publications  littéraires  ne  sont  pas  les  seuls  monumens 
de  l'écriture  ancienne  qui  soient  de  nature  à  piquer  la  curiosité  des 
archéologues.  L'antiquité  a  eu  d'autres  écrits,  plus  intéressans peut- 
être  ,  parce  qu'ils  tiennent  de  plus  près,  les  uns  à  l'histoire  des  peu- 
ples, les  autres  à  leur  vie  privée.  De  ce  genre  sont  les  lettres ,  les 
livres  de  compte ,  les  registres  pubUcs  ,  les  tablettes,  etc.  Les  détails 
que  les  anciens  auteurs  nous  ont  transmis  sur  ces  sottes  d'écrits 
nous  permettront  de  les  diviser  aussi  en  deux  classes;  car,  par  leur 
forme ,  les  uns  se  rattachent  aux  volumes  ,  les  autres  aux  livres 
carrés. 

(i)  Toutes  1e8  fois  que,  dans  cet  oayrage  ,  nous  emploierons  le  mot  volume, 
il  faudra  Fentcndre  d^un  rouleau,  ^iQlumen. 

40 


63a  J*  TECHENEa  ,  PLACE  DU  LOUVRE  y  12. 

Nous  aarons  donc  à  traiter  successivement  : 

I®  Des  substances  sur  lesquelles  on  a  écrit  dans  les  temps 
anciens  ; 

a*  Des  instrumens  de  Téci  ivain  et  des  matières  colorantes  ; 

3*  Des  écritures  anciennes  ; 

4*  De  la  forme  et  des  ornemens  des  volumes  ; 

5°  Des  libelliy  des  lettres  et  autres  écrils,  qui,  par  leur  forme,  se 
rattachent  aux  volumes  ; 

6°  De  la  forme  et  des  ornemens  des  codices ,  ou  livres  carrés  ; 

7®  Des  tablettes  ; 

8^  Des  copistes  et  des  libraires  ; 

9®  De  l'édition  des  livres  ; 

io<*  Des  bibliothèques. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Des  substances  sur  lesquelles  on  a  e'crit  dans  les  temps  anciemf . 

« 

Les  anciens  ont  écrit  sur  une  foule  de  matières  diverses;  cfaacQD 
des  trois  règnes  de  la  nature  a  fourni  son  tribut  à  leur  industrie. 

Nous  possédons,  écrits  sur  la  pierre  et  sur  la  brique,  des  doca- 
mens  historiques  de  Tantiquité  la  plus  reculée;  mais  il  faudroit  re- 
monter à  Torigine  du  monde  si  l'on  vouloit  admettre,  sur  la  foi 
des  historiens ,  certains  faits  d'une  authenticité  douteuse.  Ainsi  ^ 
d'après  une  vieille  tradition  conservée  par  Josephe  (i),  un  fils  d'A- 
dam auroit  gravé  sur  deux  colonnes ,  Tune  en  pierre  et  l'autre  en 
brique,  les  premières  découveites  dues  au  génie  de  l'homme.  Un 
fait  qui  trouvera  moins  d'incrédules,  c'est  Tusage  où  furent  les  Ba- 
byloniens ,  pendant  «jso  années,  déconsigner  sur  des  briques  leurs 
observations  astronomiques  (2).  Peut-être  quelques  débris  de  ces 
registres  antiques  se  retrouveroient-ils  aujourd'hui  parmi  les 
briques  écrites  qui  couvrent  encore  le  sol  de  Babylone,  ou  parnnf 
celles  que  divers  voyageurs  y  ont  recueillies  pour  enrichir  les  mu- 
sées etles  bibliothèques  de  l'Europe.  G'étoit  sur  des  tessons,  ôo^çaxkf 
que  les  Grecs  écrivoient  leurs  suffrages  ,  d'où  le  nom  à^ostracisme 
donné  à  la  peine  du  banuissement  infligée  par  le  peuple.  Les  plus 

(1)  Antiq.  Jud.  1, 11,  3,  ëd.  Havercamp. 
(s)  Pline,  Hist.  nat.,  m.  67,  éd.  Harduin. 


AOLLETIM   PV  BlBUOPHlUt.  6S3 

beaux  monumens  de  l'art  étrusque  sont  aussi  sur  la  terre  cuite 
couverte  d'inscriptions.  Qui  ne  connoît  les  nombreux  monumens 
épigrapLiques  de  ce  genre  publiés  par  Fabretti ,  Baldini ,  Mu- 
ratori ,  Giierard ,  etc.  ?  Enfin  nous  citerons  comme  spéciitiens 
très-curieux  d'écriture  sur  brique  les  tessons  découverts  ,  il  y 
a  près  de  vingt  années  ,  aux  environs  de  Sienne  et  d'Ëlcphantine , 
sur  les  bords  du  grand  désert  :  ils  sont  écrits  en  langue  grecque , 
et  portent  des  quittances  d'impositions  délivrées  sous  les  règnes 
de  Marc-Aurèle  ,  d'Adrien,  d'Antonin  et  de  Vespasien. 

La  pierre  et  les  métaux  assuroient  à  l'écriture  une  bien  plus 
longue  durée.  Aussi  voit-on  les  peuples ,  dans  l'enfance  de  leur  ci- 
vilisation, confier  au  bronze  ou  à  la  pierre  leurs  lois,  leurs  traités, 
tous  les  monumens  d'une  haute  importance.  Avant  l'invention  du 
papyrus,  dit  Lucain  (  i),  les  Égyptiens  écrivoient  leurs  hiéroglyphes 
sur  la  pieiTe.  Les  nombreuses  inscriptions  qui,  en  Egypte,  couvrent 
les  statues,  les  obélisques,  les  murailles  des  temples,  sont  autant 
de  pages  de  son  histoire.  Après  leur  sortie  d'Egypte,  les  Hébreux 
gravèrent  sur  des  tables  de  pierre  la  loi  qui  leur  fut  donnée  sur  le 
mont  Sinaï.  Une  des  plus  anciennes  sources  de  l'histoire  grecque  est, 
sans  contredit,  la  chronique  de  Paros,  tracée  sur  les  marbres  d'A- 
rondel ,  conservés  à  Oxford  (2).  Parmi  les  marbres  écrits  qui  ornent 
le  musée  du  Louvre ,  est-il  besoin  de  citer  les  marbres  de  Choiseuli 
dans  la  salle  des  Cariatides,  registres  des  dépenses  faites  par  le  gou- 
vernement d'Athènes  pendant  la  22*  année  de  la  guerre  du  Pé- 
loponnèse? et  les  marbres  de  Nointel,  espèce  de  nécrologe,  où  sont 
inscrits  les  noms  des  soldats  gi^ecs  morts  pour  leur  patrie  eu  Egypte^ 
en  Chypre ,  à  Mcgare ,  etc.  ?  Ces  précieux  monumens  sont  anté- 
rieurs à  notre  ère  de  plus  de  quatre  siècles. 

Le  jaspe,  la  cornaline^  l'agate  et  plusieurs  autres  pierres  pi^-« 
cieuses,  ont  également  servi  à  perpétuer  le  souvenir  des  faits  his- 
toriques par  le  moyen  de  l'écriture.  On  peut  voir  plusieurs  échan- 
tillons de  ces  pierres  écrites  au  musée  du  Louvre ,  et  dans  le  cabinet 
des  antiques ,  à  la  Bibliothèque  royale.  Ce  riche  dépôt  renferme 
aussi  un  des  plus  curieux  spécimens  d'écriture  sur  pierre  que  l'on 


(1) saxis  tantum  volacresque  feraeque 

Scolptaque  serrabant  magicas  aniroalia  lingoas. 

Pbarsal.  m,  y.  t«3. 
(•)  Pabliëi»  an  1649,  par  Seldeoj  en  1676,  par  PrideaaK« 


634  I-    tlCBESnMj    PLACE   90   LOUTEE  ,    12. 

coniioisse.  C'est  un  c6ue  de  basahe  qui  a  été  trouTe  dans  l'Ea* 
phrate  :  il  est  couTert  de  caractères  cunéiformes  dans  le  genre  de 
ceux  qu'on  a  copiés  sur  les  ruines  de  Persépolis  et  de  Van. 

L'usage  d'écrire  sur  la  pierre  s'est  perpétué  pendant  tout  le 
temps  de  la  civilisation  grecque,  et  même  longtemps  après  l'époque 
où  les  livres  sont  devenus  d'un  usage  imiversel.  A  Pompel ,  eu 
avant  de  l'édifice  appartenant  à  la  coq>oration  des  foulons ,  est  une 
façade  divisée  par  des  pilastres ,  entre  chacun  desqueb  ou  écrivoit 
les  décrets  et  autres  actes  de  l'autorité  (  i  ) .  U  paroit  même  qu'au  temps 
de  Polybe  on  traçoit  de  courts  résumés  historiques  sur  les  murs 
intérieurs  des  maisons.  Peut-être  étoient-ce  des  inscriptions  pla- 
cées au-desspus  dé  certaines  peiotures  à  fresque,  et  destinées  à  en  fa- 
ciliter l'intelligence  aux  spectateurs  (2).  Les  Scandinaves  confioient 
jadis  à  la  pierre  les  principaux  événemens  de  leur  histoire  ;  ils 
édivoient  sur  l'os,  la  corne  ou  le  bois  les  faits  d'une  moindre  im- 
portance (3).  On  trouve  même  quelques  chartes  sur  pierre ,  et 
nous  pourrions  en  citer  plusieurs  d'une  époque  assez  récente  qui 
existent  encore  en  original.  Nous  nous  contenterons  d'indiquer  la 
charte  de  liberté  accordée,  en  1 198,  aux  habitans  de  Montélimart 
par  Gérald-Âymar^et  Lambert,  fils  du  seigneur  du  heu  :  elle  est 
encastrée  dans  un  des  murs  de  l'hôtel  de  ville  de  Montélimart. 

Que  les  anciens  aient  gravé  sur  le  bronze  leurs  statuts  reUgieux, 
leurs  lois,  leurs  traités,  c'est  un  fait  qui  n'a  pas  besoin  de  preuves* 
Il  suffit  de  rappeler ,  pour  les  Grecs  ,  les  deux  tables  d'Héradée , 
publiées  par  Mazzochi  (4)  ;  pour  les  Romains  ,  les  lois  des  Douze 
Tables  (5) ,  les  traités  avec  Carthage ,  rapportés  par  Polybe ,  qui 
avoit  vu  les  originaux  (6);  enfin  les  trois  mille  tablettes  de  bronze, 
qui  périrent  dans  Fincendie  du  Capitole  ,  sous  YiteUius  (7).  Des 
actes  moins  solennels,  des  sénatus-K:onsultes,  par  exemple,  ont  été 
consignés  sur  des  tables  de  bronze;  tel  est  celui  qui  défendit^ 

(1)  Letronne,  diaprés  Mazois.  Recherches  sur  t£gjrpte,  p.  4s7,  n4>tes. 
(»)  Poljbe,  V.  33. 

(3)  Voj.  bchwarz.  De  ovnamentis  hbrorum  apud  veteres  ,  éd.  Leasclmer. 
Leipsig,  1756,  in-4.  Dissert,  i,  §  a. 

(4)  In  regii  Uerculanensis  musœi  œreas  tabulas  Heracleenses  cotitmentarii. 
Ifaples,  1754-55,  in-fol.,  a  toI. 

(6)  Tit.-Lir.,  ui,  57. 

(6)  Polyb.  Hist.  m,  »6. 

(7)  SuétoDC.  yesjHu,  Tiii.  II. 


/ 


BUMJLTIN  DU   BIBUOPHILI^  635 

If  an  566  de  Rome  ,  la  célébration  des  bacchanales  C^))  et  dont  une 
copie,  trouyée  par  un  laboureur  calabrois,  vers  le  inilieu  du  der- 
nier siècle,  est  aujourd'hui  conservée  dans  le  inusée  de  Vienne  (a)* 
Quelques  autres  décrets,  dictés,  à  la  vérité,  par  la  flatterie,  furent 
écrits  ,  vers  Tau  710  de  Rouie  ,  en  lettres  d'or  sur  des  colonnes 
d'argent  (3).  C'est  sur  une  table  de  bronze  qu'Annib^  fit  graver 
cette  longue  inscription  bihngue,  qu'il  consacra  au  cap  des  Colonnes, 
dans  le  temple  de  JunoA  Lacinienne ,  inscription  qui  contenoit,  en 
lettres,  grecques  et  puniques,  l'état  de  ses  troupes  et  la  $uite  de  ses 
exploits  (4).  Schwarz  a  soupçonné  que  les  Rooaaij^s  avoient  été 
jusqu'à  faire  des  livres  de  bronze  ;  il  s'appuie  d'un  pa3sage  oA.Cir 
céron  met  le  livre  des  Douze  Tables  au-dessus  des. bibb'oilièques- de 
tons  les  philosophes  (5).  Il  auroit  pu  citer  deux  passages,  encore 
plus  formels  d'Uyginus  (6) ,  qui  prouve;nt  que  les  concessions  faites 
à  des  colonies,  l'arpentage  et.lesdéUmitations  de  ces  terrains  étoient 
consignés  dans  les  livres  de  bronze,  in  œris  Ubreis,  qu'on  déposoit  en* 
suite  dans  les  archives  de    l'empereur.  £t   ce  n'étoit  pas  seur 
lement  des  actes  publics  que  l'on  inscrivoit  sur. des  tableites.de 
bronze;  on  conserve  encore  à  Lyon  un  ei^euiplaiire  sur  bronj^e  du 
discours  prononcé  par  Glande ,  en  l'an  4^  1  lorsqu'il  fut  questioil 
de  compléter  le  sénat  par  l'adjonction  des  principaux  l^ibitans 
de  la  Gaule  chevelue  (7).  Des  monumens  bien  moins  importans, 
des  lettres  de  recommandation ,  des  congés  donnés  aux  soldats 
étoient  aussi  gravés  sur  des  tablettes  de  bronze  ;  il  nous  reste  de 
ces  sortes  d'actes  une  foule  d'originaux. 

Les  exemples  de  l'écriture  sur  plomb  remontent  à  l'antiquité  la 
plus  .reculée.  «  0  ,  s'écrie  Job ,  répondant  au  suhite  Bildad ,  si 
«  mes  discours  étoient  consignés  dans  un  livre!...  s'ils  étoient 
«  tracés  sur  du  plomb  avec  ud  poinçon  de  fer  (8)  !  »  Dion  Casaius  (9) 

(1)  Tite-Live,  xxxiz,  iS,  19. 

(1)  Vojcz-en  un  fac-ûmilé  dans  le  Nouv.  tnit.  de  diplom.,  t.  11,  pl.zziT, 
à  la  page  35g. 

(3)  Dion  Cassius,  xliv,  7. 

(4)  Polybe,  m,  33.  Tite-Live,  xxviii,  46. 

(&)  Bibliotbecas  omnium  philosophorum  unus  videtur  xii  tabularum  /i- 
bellus  superare.  De  orat . ,  i ,  4  4 . 

(6)  Dû  limUibus  eotutit,  dans  Gœsius,  éd.  1674,  p.  igi-igS. 

(7)  Tacite,  Arm,  zi,  94,  et  firottier,  noies,  1. 11,  p.  84S  et  suit, 

(8)  Job,  ziz,  94. 

(0)  Hist,  rom,f  lvii,  18. 


dM^^lVahftlÀ^hètt AeGeitoiatticuft Ma^  dëcouvertrdanftUî mtii- 
BOft  qàni  hiibitoit ,  d«do66emeii8  bnumi»  etâes  lames  de  phtak^ 
sur  lesqoell^  le  nom  du  hëros  étoit  écnC  9iVec  des  imprécàtimift. 
Nom  a|ypiHmoti8  du  luén^  aatair  que  le  con9irl  fiirthis ,  «asiéfé 
danft  Modèle ,  écrivit  à  Becius  BrutUB  sur  une  lame  de  pkfinb  très- 
mince  qùiliit  roulëe  connue  im  monceau  de  papier  (i),  et  qu^un  na-> 
geur  futxibargéde]p6rter'à  sa  destûiatkm.  Néron>  pour  «Btietemr 
te  voix ,  totfwoit  -sa  poitrine  dNiiie  iame  de  plomb  ;  c'est  reKp«es<- 
tioade  Pline  (2).  Suétone,  rapportant  le  même  fait,  ixomme  cette 
lame  eu  papier  de  plottib ,  plumhea  eharta  (3)  ,  désignation  4pù^te 
trouve  aussi  ddlis  Jk^sepbe/^toKvC^TiWrx^fTfltr  (4)*G«^^-^^ix>miiia^ 
^io&Temarquablc  atteslerusageoùéloientles  anciens  d'éci«re««rées 
lames  de  lAomb.  nparoft  tnéme  qu'ils  avoiem  le«secret  del8svMlr 
ler  en  volumes.  Ainsi  les  actes  publics,  au  rapf>ott  de  Piine  (Sj)» 
ont  été,  avantrinvcvifriQ^  dupapyn(isr(ouplvt6tavaift  8on«impo0t«tioB 
eu  Italie) ,  consignés  dsns  des  volumes  de  plomb.  PausaniaB  (6)  va- 
«onte  quTpamiin&ndas  trouva ,  dans  un  vase  déterré  sur  le  monrit 
itbome,  des  krmes  de  plomb  Cort  milles  ployées<enfeiiiie  de^vctn- 
leau ,  et  sur  ksquelles  étoit  écr»t  totft  ce  qui  concemeît  le  onheKt 
les  cérémonies  des  grandes  déesses.  Nous  aurons  occasion^  ^plus 
tard,  de  parler  des  tablettes  composées  de  plusieurs  lames  deqdoudi 
jomtes  ensemMe,  et  des  taiilettes  de  dre  d'un  usage  wxiiwrseldans 
l'antiquité. 

Ulpien  (7) ,  éntltnérant  les  difflfêrentes  ^rtes  de  Irrves  canes 
en  usage  de  son  temps,  nomme  les  Irvres  de  |)arcliemiik ,  idifr 
ffapynis ,  Actuaire  ou  de  toute  autre  matière  ,  et  les  lublemê  tfe*dîre. 
U  y  avoit  donc ,  au  cohmiencemem  du  lu*  siècle ,  des  livres  «en 
ivoire  différensdes  tablectes.Vopiscus  (8)  lesnomme  lihri  tUphmmni^ 
«t'dit'que'Ies«énaitts-considtes'qui  concernoiem  les'empeveovstfit^ 

(1)  iffvs^  Ttxmffr'm,  iftitf,Ki;fi,'36.  Gf .  Vrontisi.  .Se  Stratagem,,  ii\,  i3. 
(s)  Hist.  nat.,  xxxit,  5o. 
(8)  In  Néron.,  c.  ao. 
(4)  Contra  Apion.,  i,  84. 

(6)  Hidt.  nBt.^«ni,«i. 

(C)  Pt  187, 1.  8,  éd.  Xyland  et  Sylburg.  Francfort,  iBBS.in-'fol. 

(7)  Digeste,  KXXii,  I,  '6a.  ^  (libri)  in 'codicibus  tint,  meinbvan^v*  vd 
chartaceis,  yelcliann^neis, ^^  aUerias  materi»,  Tel  in «oenitis  codicillîs,  ctc . 

(8)  In  Tacit.,  c.  8.  Voy.  aussi  les  comment,  de  Cataubon  "«t  àeteasAiise 
tar  ce  passage. 


\  BCLLETIH    DU  «RUOPHILB.  ^3^ 

rent  longtemps  écrits  sur  des  lÎTres  de  ce  genre.  Les  tablette  ou , 
pour  nous  servir  d'une  expression  moderne ,  les  feuillets  qui  coin* 
posoient  les  livres  d*ivoire,  ont  dû  être  gravés  comme  les  plaques  de 
bi^ooae  ou  les  lames  de  plomb ,  lorsqu'on  leur  conûoit  des  monu- 
mens  auxquels  H  falbit  assurer  une  longue  durée  ;  mais  des  pas- 
sages formels -d'anciens  auteurs  ne  permettent  pas  de  douter  qu'on 
n'ait  aussi  écrit  sur  Tivoire  avec  de  l'enciie  noire.  Ainsi ,  dans  une 
comédie  de  Plante  ^  une  servante  répond  à  sa  maîtresse , 
qui  lui  demande  de  «la  céruse  pour  se  blanchir  les  joues  :  a  Autant 
vaudroit  vouloir  blanchir  de  l'ivoire  avec  de  l'encre.  »  £t  un  flat- 
teur répond  :  «  Yoiià  un  bon  mot  sur  l'encre  et  sur  ri^<oîre  (i  ).  » 
Mais  un  passage  plus  formel  encore,  c'est  l'épigramme  de  Martial, 
intitulée  PugUlares  ehorei,  où  Fou  voit  que  ceux  dont  la  vue  affoi- 
blie  distingnoit  difficilement  l'écriture  sur  la  cire  écrivoient  à  l'encre 
noire  sur  des  tablettes  d'ivoire  (2). 

Quelquefois ,  pour  épargner  aux  enfans  Tennui  des  premières 
leçons,  on  tailloit ,  à  leur  usage ,  des  morceaux  d'ivoire  en  forme 
de  lettres.  Quintilien  (3)  approuve  cette  métliode  ,  qui  étok  déjà 
répandue  de  son  temps,  et  que,  trois  siècles  plus  tard,  saint  Je- 
rème  (4)  rccommandoit  encore. 

Qndques<:ommentatetirs  ont  pris  les  libri  éléphant  ini  y  àoni^ixAt 
Vopiscus,  pour  des  livres  faits  avec  des  intestins  d'éléphant.  Nous 
apprenons,  en  effet,  par  Isidore  deSévtlle  (5)  que  cette  matière  avoît 
anciennement  servi  à  recevoir  l'éciituve.  La  bibliothèque  de  Goos- 
tantinople ,  incendiée  sous  l'empereur  Basiliscus ,  xenfermoit , 
dit-on  (6)  ,iin*exemplaireâe  l'Iliade  et  de  l'Odyssée,  écrit  en  lettres 
d'or  sur  un  intestin  de  dragon  long  de  120  pieds.  Pour -en  finir 
avec  les  Ceûts  d'une  authenticité  douteuse ,  nous  mefitionnerons  ici 


(i)       Una  opéra  ebur  attramento  candefacere  postules. 

Lcpide  dictum  de  altramento  atque  ebore. 

Mostellar.  I,  m,  t.  ios. 
(9)        Langoida  ne  tristes  obscurent  lamina  cerae, 

—  Nigra  tibi  nireum  littera  pingit  ebur. 

(3)  Instit.  orat.  I,  i^  96,  éd.  Lemaire. 
*(A}  Ad  Latam  epist.  hi,  alias  7 . 
(ft)Orig.  Ti,  IX, 

(6)  Zonar.  Annal,  xit,  a,  éd.  Du  Gange.  Cedreaut ^mpenJ.  hittor,,  td. 
Paria,  1647,  p.  8S1,  c. 


638  J.    TECHENEa,    PLACE   DD    LODVAE,    13. 

le  diplôme  tracé  en  lettres  d'or  sur  une  peau  de  poisson  ,  diplôme 
que  Puricelli  (i)  indique  parmi  les  monumens  curieux  consenrés 
dans  la  bibliothèque  ambroisienne  de  Milan. 

Venons  à  des  faits  plus  certains.  Les  Juifs  se  servoient  encore,  au , 
siècle  dernier,  dans  leurs  cérémonies  religieuses,  d'exemplaires  des 
livres  saints  écrits  sur  des  rouleaux  de  peau  tannée  (2).  On  sait 
avec  quelle  scrupuleuse  fidélité,  dans  tout  ce  qui  touche  à  leur 
religion ,  les  sectateurs  de  la  loi  de  Moïse  se  sont  toujours  confor- 
més aux  traditions  antiques.  On  peut  donc  regarder  d'avance 
comme  ti'ès-ancien  x:hez  les  Hébreux  T usage  d'écrire  sur  le  cuir 
tanné.  Nous  trouvons ,  en  effet,  dans  Josephe  (3^,  que  les  soixante- 
douze  interprètes  envoyés  par  le  grand  pontife  Eléazar  à  Ptolémée 
Philadelphe ,  pour  faire  la  version  grecque  des  livres  saints ,  offri- 
rent au  roi ,  entre  autres  présens ,  une  copie  de  ces  livres  en  lettres 
d'or  sur  des  peaux  très-minces.  Chez  les  Grecs,  ces  sortes  de  peaux 
ëtoient  appelées  diphthères  {Sup^eçu.)).  Les  Ioniens,  dit  Héro- 
dote (4) ,  nomment  diphthères  même  les  Uvres  de  papyrus ,  paice 
que,  lorsque  cette  dernière  substance  leur  maxiquoit,  ils  écrivoûent 
sur  des  peaux  de  chèvre  et  de  brebis.  S'il  faut  en  croire  Diqdorc 
de  Sicile  (5) ,  une  loi  prescrivoit  aux  Perses  de  consigner  leurs,  an- 
nales sur  des  bandes  de  cuir  qu'on  appeloit  diphthères  royales. 
L'emploi  de  cette  substance ,  pour  recevoir  l'écriture ,  n'a  pas  été 
étranger  aux  Romains.  Ulpien  (6)  en  fait  mention  dans  ui^  passage 
remarquable ,  où  l'on  voit  que  les  testameus  étoient  parfois  écrits, 
soit  sur  du  parchemin ,  soit  sur  le  cuir  tanné  de  quelque  animal. 
Enfin  nous  trouvons  encore ,  chez  les  Celtes ,  les. diphthères  sacrées 
nommées,  suivant  Hesychius,  Cctfctxocxcci  (7). 

Parmi  les  curieux  exemples  d'écritm*e  sur  cuir  ,  qui, ne  conuoît 
la  fameuse  veste  où  Pétrarque  fixoit  les  pensées  qui  se  présentoient 
à  son  esprit  lorsqu'il  étoit  à  la  promenade ,  et  qu'il  manquoit  de 

(i)  Cite  par  Mabillon.  De  rediplom.  I,  viii,  3. 

(a)  Montfaucon  a  tu  quelques-uns  de  ces  rouleaui  qu'il  mentionne  dans  sa 
Paléogr^gr.f  p.  17,  et  dans  son  j4ntiq.  expliq.,  toni.  m,  p.  35o. 

(3)  yintiq.jud..iL\\y  u,  10. 
{  (4)  Liv.  V,  c.  58,  éd.  Schweigh. 

(5)  Liv.  11,  c.  32,  éd.  "Wesseling. 

(6)  Digeste  xxitii,  xi,  t  :  Sire  igitur  tabulsesint  lignes,  sîtc  cajuscaiA|ue 
alterius  materix;  sive  cbartae,  sivc  membranae  sint;  Tel  si  e  corio  alicujus 
animalis  :  tabalae  recté  dicentur. 

(7)  Tom.  I,  p.  699,  éd.  Albert. 


/ 


BULLETIN    DU    BIBUOPBILE*  639 

papier  ou  de  parchemin  ?  Ce  vêtement ,  couvert  d'écriture  et  de 
ratures ,  ëtoit  encore ,  en  1 527  ,  conservé  par  Sadolet  comme  un 
'précieux  monument  littéraire.  Du  reste ,  il  ne  faut  pas  attribuer 
au  célèbre  poëte  italien  Tlionneur  de  cette  invention.  Les  Parthes  , 
du  temps  de  Pline ,  écrivoient  sur  leurs  vétemens  (i),  et ,  dans  le 
moyen  dge ,  un  abbé  recommandoit  à  ses  moines ,  lorsqu'ils  trou- 
veroient  quelque  ouvrage  de  saint  Atbanase ,  de  le  transcrire  sur 
leurs  habits ,  si  le  papier  leur  manquoit. 

Le  cuir  tanné  étoit  écrit  d'un  seul  côté ,  et  ordinairement  du  côté 
où  avoit  été  le  poil  ;  mais  il  y  avoit  encore  une  autre  manière  de 
l'employer.  Autant  qu'on  peut  en  juger ,  en  combinant  ensemble 
deux  passages  assez  obscurs  d'Hesychius  (2) ,  les  Cypriotes  écri- 
voient avec  un  style  sur  des  peaux  d'animaux  enduites  de  cire,  ce 
qui  avoit  fait  donner  à  leurs  maîtres  d'école  le  nom  de  A/^ée/sotAoïçof  9 
mot  composé  de  S'it^Upcc  peau ,  et  de  ù\ei<pe7v  y  oindi*e. 

Il  faut  bien  prendre  garde  de  confondre  les  diphthères,  qui 
étoient,  comme  nous  l'avons  dit,  desimpies  peaux  tannées,  avec 
le  pardiemin ,  en  latin  membramiy  pergamenum ,  en  grec  li^fjLtty  et 
dans  le  moyen  âge,  fjLsixCpccveL ,  et  même  'jrepyùL^ivn.  Le  parchemin 
se  fait  avec  la  pellicule  intérieure  de  la  bête ,  celle  qui  adhère  im- 
médiatement à  la  chair.  On  distingue  aujourd'hui  le  parchemin 
proprement  dit ,  qui  est  fait  avec  de  la  peau  de  mouton  y.  du  vélin 
fabriqué  avec  de  la  peau  de  veau.  L'un  et  l'autre  étoient  probable- 
ment connus  des  anciens ,  quoique  nous  ne  trouvions  pas  qu'ils 
les  aient  distingués. 

Il  est  assez  difficile  d'assigner  une  époque  précise  à  l'invention 
du  parchemin.  Varron ,  cite  par  Phne  (3) ,  raconte  qu'Eumène , 
roi  de  Pergame  ,  voulant  fonder  une  bibUothèque ,  la  jalousie  en- 
gagea Ptolémée  à  prohiber  l'exportation  du  papyrus ,  et  qu'à  cette 

(1)  fifalunt  Partbi  vestibus  littcras  intexerc.  Plink,  xiii,  32. 
Il  est  vrai  que  le  mot  intexere  signifie  broder.  Cependant  nous  avons  un 
passage  de  Tibulle  où  il  a  la  signification  décrire  : 

Nec  tua ,  te  praeter,  chartis  intexere  quisquam 
Facta  queat. 

Elbc,  IV,  I,  5. 

(j)  yoy.  aux  mots  cL^eiTV^iov  et  cTKpflgfctAoiÇo^.  ybjr.  aussi  Hemstcrha- 
sias,  comment.  surPollux,L.x,  c.  xir^no  ^iS. 

(3)  Hisi.  nat.,  xiii,  ai.  Mox  semulatione  circa bibliothecas  regum  Ptolemei 
et  Eumenis,  supprimente  cbartas  Ptolemseo ,  idem  Varro  membraoas  Pergami 
tradidit  repertas. 


\ 

640  '•    TEG»EMEK  ,    PLACE   VU   LODTRE,     12. 

•ocasion  le  pavchemin  fut  imputé  à  i^rgame.  Vous  appreuoiM.âe 
Strabon  (i)  q«e  k  fondateur  de  la  bibliothèque  de  Perganie  fut 
Eumène ,  deuxième  du  nom ,  dont  le  règne  commença  l'an  197 
avant  Jésus-Clirist,  et  dura  89  ans  ;  mais  il  faut  bien  remarquer  que 
Yari'on  n'attribue  pas  expressément  l'invention  du  parchemin  à 
Eumènc;  il  dit  seulement  qu'à  Toccasiou  du  démêlé  survenu  eoti^ 
ce  prince  et  Ptolémée ,  le  parchemin  fut  inventé  à  Pergame.  Cette 
découverte  a-t-elle  eu  lieu  sous  Eumène  II,  ou  bien  sous  Attale, 
son  successeur  ?  c'est  ce  qui  reste  dans  l'incenitude.  Il  n'y  a  ^onc 
aucune  contradiction  entre  ce  passage  de  Pline  et  l'opinion  d*E- 
lien  (2)  et  de  saint  Jérôme  (3) ,  qui  fixent  au  règne  d'Attale  II  l'é- 
poque de  l'invention  du  parchemin. 

L'auteur  inconnu  4  un  ancien  traité  sur  le  papyrus  (4)  va  jusqu'à 
nommer  l'inventeur.  D'après  lui ,  le  grammairien  Cratès,  qui  étoil 
à  la  cour  du  roi  de  Pergame ,  jaloux  de  ce  qu'Aristarque  avoit 
décidé  Ptolémée  à  envoyer  du  papy  ras  aux  Romains,  parvint  à  tirer 
de  la  peau  des  animaux  des  membranes  propres  à  recevoir  l'écri- 
ture. Il  persuada  au  roi  Attale  d'en  expédier  à  Rome  ,  où  on  leur 
donna  le  nom  de  pergamenum  ,  en  mémoire  de  celui  qui  les  avoit 
envoyées.  Ce  passage  s'accorde  merveilleusement  avec  celui  desaint 
iérôme,  que  nous  venons  de  citer  plus  haut,  et  dans  lequel  il  ne 
manque ,  pour  être  parfaitement  identique  avec  celui-ci ,  que  le 
nom  du  grammairien  Cratès  (5).  Or  nous  savons  que  ce  Cratès  fut 
envoyé  en  ambassade  à  Rome  par  un  des  Attales  ;  et  l'on  peut  pré- 
sumer que  ces  précieux  parchemins ,  qui  furent  expédiés  aux  Ro- 

(1)  Livr.  XII,  p.  6^4. 

(9)  Nous  avons  vainement  cherche  le  passage  d^Élien  relatif  à  Fin vention  du 
parchemin  ,  mais  son  autoritë,  est  invoquée  par  Schwarz,  De  ornam.  libr.j 
D.  IT,  5  10,  et  Just.  Lips.,  Syntagm.  de  biblioth.,  c.  4. 

(3)  Ad  Chromât.  Jovin  et  Euscb.,  epist.  7  ,  alias  43.  Chartam  defuisse  non    . 
puto,  ^gjpto  ministrante  commercia.  Et  si  alicubi  Ptolzmeus  maria  clausis- 
•et,  tamen  rex  Attalus  membranasa  Pergamo  miserat,  ut  penuria  chart»  pel- 
libus  pènsarctur.  Unde  et  pergamenarum  nomen  ad  hune  usque  diem,  tradente 
fibiinvicem  posteritate ,  servatum  est. 

(4)  nef)  X^/''^'^^*  Ce  passage  a  été  cite  par  Du  Gange.  C^^f.  med,  et  inf. 
^œcU,  au  mot  MijUiCpÂvet,* 

(&)  LMnvention  du  parchemin  est  encore  attribuée,  a  Cratès,  par  un  autsur 
bjRxantin  du  xu*  siècle.  Jean  Tetzèi  dit,  dans  ses  Chlliades ,  l.  xii,  v.  34$  : 
'O  Tov  ^Arrakou ^fflc/btfutanueibr  i^vfêv T«e^  x^'^^  ^^ 


B€tLETlN    DO   BIBUOPHILE*  64 1 

mains ,  (aisoi^nt  partie  des  présens  adressé»  par  le  roi  de  Pergame 
k  un  peuple  ami ,  et  doDt  ralliance  lui  ëtoit  si  précieuse.  Sué- 
tone (i)  fixe  de  cette  manière  Vépoque  de  l'ambassade  de  Craies. 
«  Cratès  de  Malles,  dit-il,  contemporaiiLd*Arislarque,  fut  enyoyé 
«  au  sëuat  par  le  roi  Attale,  entre  la  seconde  et  la  troisième  guerre 
«  punique ,  vers  l'époque  de  la  mort  d'Ennius.  »  Aristarque  vivoit, 
sous  Ptolcmée  Philométor ,  dont  il  avoit  élevé  le  fils,  vers  la 
i56*  olympiade  (2),  an  de  Rome  598-601.  La  troisième  guerre  pu- 
nique a  commencé  vers  Tan  de  Rome  602  ;  et  la  mort  d'Ennius 
tombe  vers  Tan  584  de  Rome  (3).  Toutes  ces  dates,  h  rexception 
de  la  mort  d'Ennius ,  qui  arriva  sous  le  règne  d'Ëumène  ,  concor- 
dent avec  celui  d'Attale  11^  commençant  vers  l'an  de  Rome  594»  et 
finissant  vers  l'an  61 5  (av.  J.-C.  iSg-iSS).  C'est  donc  à  peu  près 
au  milieu  du  11*  siècle  avant  notre  ère  qu'il  iaudroit placer  l'invention 
du  parchemin.  Nous  ne  devons  pas  dissimuler  que  des  savans  , 
dont  le  nom  fait  autorité ,  assignent  au  parchemin  une  origine  bien 
plus  ancienne  (4)  ;  car  ils  traduisent  par  parchemin  le  mot  grec 
S't^èéçcc  dans  les  passages  d'Hérodote  et  de  Josephe  que  nous  avons 
rapportés  plus  haut  (5).  Mais  ils  s'accordent  tous  pour  recon- 
noîtrc  qu'on  trouva  à  Pergame  le  secret  de  le  perfectionner,  et  que 
de  là  vint  le  nom  de  membrana  pergamena  ou  simplement  perga^ 
menum,  dont  nous  avons  fait  le  mot  parchemin.  Cette  opinion  ne 
diffère  de  la  nôtre  qu'en  ce  qu'elle  attribue  improprement  le  nom 
de  parchemin  à  ces  peaux  tannées  très-minces,  dont  on  se  servoit 
avant  la  découverte  faite  sous  les  rois  de  Pergame. 

Les  premiers  essais  ne  furent  pas  très-heureux  ;  on  ne  fabriqua 
d'abord  qu'un  parchemin  jaunâtre,  peu  fait  pour  contenter  ce  be- 
soin d'élégance  que  les  Romains  apportoient  en  toutes  choses.  Aussi 
trouvèrent-ils  bientôt  le  secret  de  fabriquer  du  parchemin  blanc. 
Ils  ne  tardèrent  pas  à  s'apercevoir  que  cette  nouvelle  substance 
avoit  le  double  inconvénient  de  fatiguer  la  vue  et  de  se  salir  très- 
vite;  mais  probablement  ces  défauts  étoient  compensés  par  quel- 
ques qualités  ;  car  on  continua  à  fabriquer  du  parchemin  blanc; 

(i)  De  illustr.  grammat.,  c.  1 . 
(9)  F'oy,SvL\à^. 

(3)  Pitisc.  in  Sueton.,  ad  1.  c. 

(4)  MoDlfaucon,  pal,  grec,  p.  i4,  17.  Guiland  etCajliM  qui  le  cite  Mém, 
de  VAc,  des  Jnscr,,t.  xzti,  p.  976,  Schwarz,  De  orn.,  lib.  i,  9. 

(6)  f^oy.  p.  038. 


64^  J.    TECHEmtR,    PLACE   DU    LOOTRE ,     12. 

seulement  on  lui  donna,  sur  un  des  côtés,  une  teinte  jaune  arti- 
ficielle, ce  qui  le  fit  appeler  membrana  bicolor  (i).  Voilà  ,  à  notre 
ayis,  la  seule  manière  d'expliquer  l'apparente  contradiction  qui 
existe  dans  le  chapitre  d'Isidore  de  Séville ,  consacré  au  parche- 
min (2). 

Pour  que  cette  teinte  jaune  pût  remédier  au  double  inconvénient 
signalé  par  Isidore ,  il  falloit  qu'elle  fût  appliquée  au  recto  du  par- 
chemin ,  c'est-à-dire  au  côté  qui  devoit  recevoir  l'écriture  (3).  C'est 
probablement  de  ces  feuilles  à  deux  couleurs  que  parle  Quintilien, 
lorsqu'il  recommande  aux  personnes  qui  ont  de  mauvais  yeux 
l'usage  du  parchemin  comme  favorable  à  la  vue  (4). 

Dans  les  tablettes  où  l'on  écrivoit  des  deux  côtés ,  la  couleur 
jaune  étoit  sans  doute  appliquée  au  verso  comme  au  recto  de  la 
leuille.  Du  moins  ,  Juvénal ,  parlant  de  tablettes  de  parchemin  (5), 
n'emploie  pas  le  mot  de  membrane  à  deux  couleurs ,  mais  celui  de 
membrane  jaune, 

Croce»  membrana  tabeUa* 
Impletur. 

Outre  le  parchemin  blanc  et  le  parchemin  jaune ,  les  anciens  se 
servoient  encore  de  parchemin  pourpre.  Ce  dernier,  au  dire  dlsi- 
dore  (6) ,  étoit  réservé  pour  les  encres  d'or  et  d'argent.  On  peut  en 
voir  des  nombreux  échantillons  à  la  Bibliollièque  royale.  Ils  sont 
aujourd'hui ,  pour  la  plupart,  non  plus  d'un  rouge  vif,  mais  d'un 
violet  foncé.  MontfaucOn  (7)  avoit  remarqué  la  même  altération 
dans  tous  les  manuscrits  en  vélin  pouipre  qui  avoient  passé  sous 
ses  yeux.  Aussi  penchoit-il  à  croire  que  cette  teinte  violette  étoit 
leur  couleur  primitive. 

(1)  Perse,  sat.  m,  t.  10. 

(i)  Orig.  VI  ,  11.  Mcrabrana  fichant  piimum  coloris  luteif  iJ  est  crocci  ; 
postca  vcro  Romœ  candida  membrana  reperta  sunt.  Quod  apparuit  inhabile 
esse  ,  quod  et  facile  sordescant,  aciemque  Icgentium  ledant....^  et  plus  bas  : 
membrana  candida  nnturaliter  existant  ;  luteum  membranum  bicolor  est 
quod  a  confectore  nna  tingitur  parte,  id  est  crocatur. 

(3)  Casaubon  a  émis  Topinion  contraire.  Comment,  sur  Perse,  sat.  m,  i . 

(4)  Instit.  orat.  X,  m,  3i .  Scribi  optiroe  ceris  in  quibus  facillima  est  ratio 
delendi  :  nisi  forlc  visus  intirmior  mcmbranarum  potiut  usam  exiget  , 
qua:  j avant  aciem. 

(&)  Juv.,  sat.  Tii,  V.  s3. 

(6)  Orig.  VI,  II. 

(7)  Palcogr.  gr,,p.  6. 


y 


BDLLCTIM    DU   BIBUOPHILE.  643 

Moratori  a  publié  un  petit  traité  remontant  au  temps  de  Char-- 
lemagne  sur  Tart  de  colorer  le  parchemin ,  le  marbre  et  les  métaux. 
Cependant,  à  cette  époque  ,  la  fabrication  du  parchemin  comnien- 
çoit  à  être  négligée  ;  elle  le  fut  bien  davantage  par  la  suite.  En  gé- 
néral ,  la  ténuité  et  la  blancheur  sont ,  dans  les  manuscrits  en  par- . 
chemin,  des  caractères  d'ancienneté.  Parmi  ceux  qui  remontent  au 
delà  du  VI*  siècle ,  on  en  trouve  que  Ton  diroit,  au  premier  coup 
d*oeil,  écrits  sur  du  papier  glacé. 

La  cherté  du  parchemin  fit  naître  Tusage  de  gratter  les  vieux 
livres  pour  en  faire  servir  les  feuilles  une  seconde  fois  ;  usage  fu- 
neste ,  qui  détruisit  beaucoup  d'écrits  anciens ,  et  leur  substitua 
des  compositions  mystiques.  Les  parchemins  sur  lesquels  on  a 
effacé  la  première  écriture  pour  en  mettre  une  nouvelle  se  nomment 
palimpsestes  :  on  eA  trouve  un  exemple  dans  la  première  moitié  du 
VI*  siècle  (i).  L'usage  s'en  répandit  au  ix«,  et  dura  jusqu'à  l'inven- 
tion du  papier  de  chiffe.  On  effaçoit  l'écriture  de  plusieurs  ma- 
nières. Tantôt  on  trempoit  le  parchemin  dans  l'eau  bouillante , 
tantôt  on  le  passoit  à  l'eau  de  chaux  vive  ;  d'autres  fois  on  enlevoit 
la  superficie  écrite  (2).  Ordinairement  on  grattoit  le  parchemin 
avec  la  pierre  ponce  (3)  ;  mais,  pour  que  cette  opération  ne  nuisît 
en  rien  à  la  netteté  de  l'écriture  ,  on  passoit  ensuite  sur  la  feuille 
de  la  craie  en  guise  de  sandaraquc  (4)>  C'est  pour  cela  que,  dans 
les  statuts  de  l'ordre  de  Citeaux ,  la  craie  est  comptée  parmi  les 
choses  nécessaires  à  l'écrivain  (5) ,  et  que  Jean  de  Garlande  ,  énu- 
mérant  les  instrumens  dont  se  servent  les  clercs  ou  copistes,  ter- 
mine sa  liste  par  la  pierre  ponce ,  le  grattoir  et  la  craie  (6). 

Les  bénédictins  du  dernier  siècle  ,  à  force  d'adresse  et  de  pa- 
tience, parvenoient  à  déchiffrer,  sur  les  palimpsestes,  quelques  li- 
gnes de  la  première  écriture  ;  mais,  depuis  que  la  chimie  est  venue 
en  aide  aux  archéologues ,  on  a  pu  faire  complètement  revivre  les 
pages  effacées  ;  et  c'est  ainsi  qu'ont  été  rendus  à  la  jurisprudence 
les  institutes  de  Gaius  ;  à  la  philosophie,  le  traité  de  Cicéron  sur  la 


Cl)  Grëg.  de  Tours, //u/.  /V.,t.46.  Aiinoin,</e  Gest,  Franc,,  iii,4o. 
(a)  Nouv.  U'ait.  de  diplom.,  1. 1,  p.  48a. 

(3)  Voy.  les  passages  de  Grégoire  de  Tours  et  d^Aimoin,  cites  plus  haut. 

(4)  Schwarz,  De  ornam.  iibr.  vi,  17. 
,'5)  Du  Cangr,  Closs,,  au  mot  cornu. 

'6)  Voy.  mon  Paris  sous  Philippe  le  lielj  p.  Coi. 


644  '•    TECHUlKft»    K-ftCS   DO  U>OTAZ,    12. 

r^ublique;  à  l'hiatoire,  dca  fragmens  de  Tite>Life  et  let  sommakes 
des  œuf  derniers  livres  de  JOenys  d'Halicamasse. 

Cest  au  règne  Tcgétal  que  nous  deyons  les  matières  les  mieux 
appropriées  à  l'écriture,  et  celles  qui  ont  été  le  plus  universelle^ 
ment  répandues.  Les  feuilles  d'arbre  sont,  d'après  Pline  (i),la 
première  si^tance  sur  laquelle  on  ait  tracé  l'écrilure.  Quelquefob 
on  écrivoit  sur  de  simples  feuilles;  ainsi  ^née  snpplioit  la  si- 
bylle de  Cumes  de  prononcer  elle-même  ses  oracles,  au  lieu  de  les 
écrire  sur  des  feuiUes  d'arbre,  que  le  ventpoaroit  enlever  (a)  :  ainsi 
les  Syracnsains ,  dans  leurs  délibérations ,  consignoient  leurs  votes 
sur  des  feuiUes  d*olivier,  TnTtO^a,  d'où  leur  mot  péialisme,  qui,  chez 
eux ,  correspondoit  à  l'ostracisme  des  Athéniens  (3).  Mais  il  paroit 
qae,  dans  l'antiquité  la  plus  reculée ,  on  fiaLsoit  avee  les  feuilles  de 
palmier  une  espèce  de  tissu  qu'on  pouvoit  ployer  en  volume  :  In 
paimamm/oliis primo  seripiitaium  ,  dit  Pline;  et  Isidore  ({)  ajoute 
aux  feuiUes  du  palmier  celles  de  la  mauve  :  Libri. ,.  scribebantur . . . 
texiiUbus  malvarum  foliis  atque  palmarum.  Il  appuie  son  assertion 
d*UD  passage  d'Helvius  Cinna ,  envoyant  à  un  de  ses  amb  les  vers 
d'Aratus ,  écrits  dans  un  lit^re  de  feuilles  de  mauve  : 

Use  tibi  Arateis  multum  ioTigilaU  lucemis 

Carinina 

Leyis  în  aridulo  malva»  dcscripta  libelîo  (5). 

Les  peuples  de  la  Perse ,  de  l'Inde  et  de  TOcéanie  écrivent  encore 
sur  des  feuilles  d'arbre.  Dans  les  Maldives ,  on  se  sert  de  la  feuille 
du  makarekau,  qui  a  un  pied  de  large  sur  trois  pieds  de  long.  La 
Bibliothèque  royale  possède  plusieurs  manuscrits  tracés  sur  des 
feuilles  d'arbre.  Quelques-unes  sont  simplement  taillées  et  polies  ; 
d'autres  sont  vernissées  et  dorées  de  telle  manière ,  qu'au  simple 
coup  d'oail  on  ne  sauroit  reconnoi^re  leur  nature. 


(i)  Hist,  nat.f  xiii,  si,  conf.  Isidor.,  orig,  ti,  i«. 
(9)  Foliis  taatum  ne  carinina  manda, 

Ne  turbata  volent  rapidis  ludibria  yentis. 

Ipsa  cana$  oro. 

iGneid.  ti,  74,  conf.,  Jotiral,  sat.  tiii,  vers.  196. 

(3)  Diodor.  sicul.  xi,  87 . 

(4)  XIII,  SI. 

(6)  Orig,  ▼!,  is. 


BCTLLETIN    DU   BIBUOPHILE.  645 

Après  les  feuilles  des  arbres  ,  on  employa  l'écorce  (i) ,  et  d'abord 
l'écorce  extérieure  ,  que,  sans  doute,  on  se  contentoit  de  dégrossir 
pour  en  enlever  les  aspérités.  Les  premiers  habitans  de  l'Italie  en 
faisoient,  dit-on,  des  tablettes  pour  écrire  leurs  lettres  (2).  Elle 
servoit  parfois  à  des  usages  plus  solennels  ;  les  prophéties  des  prê- 
tres de  Mars  avoient  été  transcrites  sur  de  l'écorce  (3).  Gassiodore  (4), 
après  s'être  plaint  de  la  rudesse  de  cette  substance,  sur  laquelle  les 
anciens  pouvoient  à  peine  tracer  les  caractères ,  ajoute  :  «  Il  étoit 
(c  peu  convenable  de  confier  de  doctes  écrits  à  des  tablettes  qui 
tt  n'étoient  pas  même  polies.  »  L'écorce  lisse  et  brillante  du  ceri- 
sier faisoit  cependant  une  exception.  On  pouvoit  graver  des  vers  sur 
le  tronc  même  de  l'arbre,  et  enlever  ensuite,  pour  la  conserver ,  la 
partie  écrite  de  l'écorce.  C'est  ce  qui  semble  résulter  des  vers  sui- 
vans  de  Galpurnius  (5) ,  poète  bucolique  de  la  fin  du  3*  siècle  : 

Die  âge,  oam  cerasi  tua  cortice  yerba  notabo, 
Etdecisa  feraro  rutilanti  carmina  lihro. 

Et  plus  loin  (6)  : 

Nonnullas  Hcet  cantare  choreas 
Et  cantus  viridaDte  licet  rnihicondere  libi-o. 

L'expérience ,  en  éclairant  les  anciens  peuples  sur  les  inconvë- 
niens  de  l'écorce  proprement  dite ,  les  conduisit  à  essayer  l'écorce 
intérieure,  celle  qui  touche  immédiatement  à  l'aubier.  Cette  subs- 
tance, qu'on  empruntoit  au  pin,  au  sapin,  au  hêtre  ou  au  tilleul  (7) , 
pouvoit  être  employée  de  plusieurs  manières.  Quelquefois  on  gra- 
voit  simplement  les  lettres  sur  l'écorce  fraîchement  arrachée  ;  c'est 
ainsi  que  les  coureurs,  envoyés  en  avant  pour  observer  ou  recon- 
noître  l'ennemi ,  correspondoient  avec  les  généraux  (8^ 

Le  plus  souvent  on  en  fabriquoit  une  espèce  de  papier  ;  du  moins 
est-il  certain  qu'il  y  a  eu  des  volumes  d'écorce. 

(1)  Pline,  ziii,  ai. 

(a)  S.  Jérôme  y  ad  Niceam  epist.  vin.  Alias  4i. 

(3)  Symmaque,  epist.  iv,  34. 

(4)  Var.  lect.  xi,  38.  Erat  indecorom,  fateor ,  doctos  sermonet  committerc 
tabulis  impolitis. 

(5)£clog.ll^v.43. 

(6)  Eclog.  iT,T.  i3o. 

(7)  Pline,  XVI,  i4. 

(8)  Pline,  ibid,  Scribit  in  recenti  (cortice)  ad  daces  explorttor ,  incidcns 
littéral  a  siicco. 

4« 


046  J.    TECHENER,    PLACE   DV    LOUVllE,    12. 

Saint  Jérôme  (  t  ),  Cassiodore  (2),  Isidore  de  SéviUe  (3)  préteBdeuf 
que,  de  la  coutume  d'écrire  sur  Técorce  nommée  en  lalin  li^er^  est 
Tenu  l'usage  de  ce  mot  liber ^  pour  désigner  les  livi^es ,  et  du  mot 
UbrariuSf  signi6ant  écrivain,  ou  faiseur  de  livres.  On  peut  regarder 
comme  assez  généralement  adoptée  dans  l'antiquité  une  étymologie 
émise  par  ces  ti'ois  auteurs  ;  aussi ,  tout  inepte  qu'elle  est  au  juge- 
ment de  Saumaise  (4)  i  elle  n'en  prouve  pas  moins  ce  que  nous 
avons  à  établir,  c'est  qu'on  a  £ait  des  livres  en  écorce.  Les  lois  ro* 
maines  nous  fournissent,  d'ailleurs  ,  deux  passages  qui  mettent  le 
bit  hors  de  doute.  «  Le  mot  de  liuresy  dit  Ulpien,  s*étend  à  tous  les 
«I  volumes  de  papyrus ,  de  parchemin  ou  de  toute  autre  matière  2 
«  il  embrasse  aussi  les  volumes  d'écorce ,  comme  en  font  quelques 
«  personnes,  ou  de  toute  autre  substance  du  même  genre  {5).n 

Paulus  dit  à  peu  près  la  même  chose  :  «  Un  legs  de  livres  com- 
u  prend  les  volumes  en  papier  ,  en  parchemin  et  en  écorce  (6).  » 
Il  faut  remarquer  les  mots  philjrra  et  tili'a  ;  le  second  signifie  pro- 
prement tilleul  ;  l'autre  est  un  mot  grec  qui  a  la  même  acception. 
Il  semble  qu'on  n'auroit  pas  donné  à  ces  deux  mots  la  signification 
générique  d'écorce  employée  à  recevoir  l'écriture ,  si  l'écorce  du 
tilleul  n'eut  été  consacrée  à  cet  usage  de  préférence  à  toute  autre  (7). 
Du  reste ,  ces  deux  mots ,  quoique  se  traduisant  l'un  par  l'autre  , 
n'avoient  pas  tout  à  fait  la  même  agnification  ;  les  bandes  les  plus 
déUées  de  l'écorce  intérieure  se  nommoient  phHyrcf^  les  Ulia 
ëtoient  moins  fines  (8). 

(i)  Ad  Niceam  epitt.  8.  Alias  4s. 
(a)  Variar.  lect.  xi,  38. 
C8)0rig.  Ti,  18. 

(4)  Jneptiunt  graminatici  qui  libros,  koo  est  CiCKlet  j  ex  co  dictM  pntant , 
qaod  oUm  in  libria,  id  est  corticibus»  acriberelur....  Jh  modo  uaur,,  p.  4o6. 

(5)  Librorum  appellatione  continentur  omnia  Tolumina,  ûve  vol  cbarta,  sive 
iomifmbrana  sint,  sive  in  quavb  alia  materia  :  sed  et  si  in  phylira  aut  in  tilia, 
ut  nonnulli conjiciitnt faut  inquo  alio  corio, idem  erit  dicendirm  Digcst.,  xxii, 
1,  53.  —  On  a  cru  voir  dans  ce  passage  l^isage  des  roulcaax  de  cuir;  mais 
le  mot  alio,  qui  précéda  corio,  prouye  que  cette  dernière  expression  doit  s^en- 
teùdre  d'une  substance  végétale  semblable  à  IVcorce.  Pline  appelle  aussi 
corium  une  bande  de  papyrus.  Voy.  hist.  nat.,  xiii,  s4 . 

(6)  Libris  legatis,  cLartœ  yolumina,  membranae  et  philurascaonlinentiir. 
Recept.  sentent,  III,  ti,  87. 

(7)  Suidas  définit,  en  effet,  le  tilleul  une  espèce  d'arbre  dont  Teairae  r«j- 
semble  au  papyrus;  d'oùoa  peut  conclure ^u^oa  Teinplojrok  au  mÂne  usage. 

(8)  Pline,  zvi,  s6. 


BULLETIN    OU    BIBLIOPHILE.  647 

Où  ày  MU»  doute  y  ^émarqné,  danâk  pâsssrge  d'Ulpieti,  féé  iY^6*fa 
ut  AtrtkûuUi  fatiunt  ;  ils  ptoUTent  qu'aa  irr«  siècle  les  livres  dTëéorcc 
commençoieut  k devenir  rares;  Martianus  Capella,  ccrivain  du  sïè^ 
cle  suivant ,  ou  tout  au  moins  de  la  seconde  mûifié  du  v^,  distifngue 
encore  les  livres  d'écorce  des  livres  de  papyrits  ou  de  parcliemin , 
et  dit  aussi  que  les  premiers  sont  rares  (r).  Cependant  Tcéorcé  de 
hêtre  fut  encore  employée,  pout  le  commerce  ëpistolaire,  au  inoîils 
jUsqu^à  la  fin  du  vi«  siècle.  Fortunat  écrit  à  son  artii  Flavius  :  «  Si 
«  vous  manquer  de  papyrus,  écrrvei-moi  sur  de  Fécôi^ce  de  hêtre  ; 
«  vo»  lettres  ne  mVn  seront  pas  moins  agréable^  (2).   » 

âcrîbere  quo  possis  dîscîngat  {a%cvx  fagum  ; 
Cortiec  dicta  kgi  fit  tnihi  dulce  (ù'a. 

Ëtfin,  Bernhard  Pez  (3) donne  l'indicatron  d^iin  livre  écrit  en  83^ 
sot  de  l'écorce  d*ormeati.  C'est  une  histoire  manttscrite  de  Charle^ 
magne  et  de  la  fondation'  du  monastère  de  Keni][iten,  par  un  certain 
Goifridus  Kerren,  qui  s'intitule  ie  plus  petit  des  sàribes  dans  la  chan- 
cellerie de  Charlentagne.  A  la  fin  du  manuscrit,  on  trouve  l'annota- 
tiott  suivante  :  Exemplarfuit  scriptum  Campidonœ,  pro  ciôraria,  super 
eortice  ulmio  (4)  ;  mais  ces  deux  dernières  lignes  sont  d'un  scribe  du 
XVI*  siècle,  qui  a  jveut-étre  confondu  du  papyrus  avec  de  l'écorce. 
Bien  des  paléographes  habiles ,  sans  en  excepter  Mabillon  ,  sont 
tombes  dans  la  même  erreur;  aussi,  quoique  ce  fondateur  de  la  di- 
plomatique, quoique  Montfaucon,  D.  Toussarn,  Schwatz  et  bien 
d'autres  soutiennent  avoir  vu  dir  papier  d'écofce ,  oh'  peut  dot^er 
cfB^il  en  existe  aujourd'hui  quelque  échaMilloh'  dont  Faùthentîtité 
soit  parfaitement  constatée. 

I^lous  n'srvons  pas  encore  épuiisé  la  liste  de  tbtites^  lés  sûbstatndes 
employées  autrefois  pour  recevoir  l'écriture.  Bëjà ,  pouitant,  on 

(1)  Alii  ex  papyroy  quae  cedro  perlita  fuerat;  alii  carbasinis'Tolumînibiu 
compUcati  lîbri  ;  ex  ovillis  multi  (juoque  tergoribus,  rari  vcro  in  pliiljrc 
coftice  liotati.  Éibr.,  1,  p.  m.  44,  cité  par  Scbwarz   ï)e  ornam.  libr.,  iv,  8. 

(i)  Fortovat.,  lib.  vu,  cami.  xviii,  dtms  la  MaitimabibÙoiheéaveùt'umpû' 
trum,  tom.  x,  p.  669. 

(3)  Tbes.  anecd.,  1. 1,  p.  xiij,  dans  Scbwarz.  De  ont.  libr.,  iv,  8. 

(4)  Oo  trouve  encore,  à  des  e'poquev  très- modernes,  Tëcorce  employée  â  àé- 
faui  de  papier.  La  bibliothèque  de  Sain t-Germain^-Jes-Prës  postédoit  plusieurs 
lettres  écrites  sur  de  rëcorc'e  par  les  missionnaires  du  Canada  ;  une,  entre 
autres,  du  P.  Poncet,  je'suite,  datée  de  Tan  1647.  Voy.  Montfaacon ,  danfs  les 
iMtvfi*  de'  tjfwÊth  deÊâttcr,tt»  ▼,  |^*6o4. 


648  '•    TECHENER  ,  PLACE  DU  LOUVRE,   12. 

peut  dire  qu'il  n'y  a  eu  aucune  matière  propre  à  cet  usage  qui  n'ait 
été  connue  et  mise  en  œuvre  dans  l'antiquité.  On  ne  s'étonnera 
pas,  sans  doute,  que,  dans  celte  longue  énumération,  nous  n'ayons 
pas  introduit  un  certain  ordre  cbroiiolo(*,ique  ;  que  nous  n'ayons  pas 
noté  le  moment  où  telle  substance  a  commencé  à  être  en  usage , 
celui  où  elle  a  cessé  d'ctre  enjployée  pour  faire  place  à  une  autre. 
Une  pareille  précision  est  impossible.  Toute  reclierclie  à  ce  sujet 
n'aboutiroit  qu'à  des  conjectures  plus  ou  moins  plausibles,  et 
qu'une  découverte  nouvelle  pourroit  à  chaque  instant  démentir. 
Qui  auroit  cru,  il  y  a  cent  années,  qu'un  savant  de  notre  siècle  iroit 
arracher  aux  tombeaux  de  la  vieille  Egypte  desfragmens  de  papyrus 
beaucoup  plus  anciens  que  les  plus  anciens  marbres  de  nos  musées? 
Et,  lorsque  CliampoUion  a  révélé  à  TEurope  ces  frêles  débris  d'une 
antiquité  si  prodigieuse ,  il  n'y  a  peut-être  pas  eu  un  seul  archéo- 
logue assez  présomptueux  pour  oser  concevoir  l'idée  qu'on  pût 
faire  un  pas  de  plus  dans  la  nuit  du  passé.  Et  pourtant  ce  pas  a 
été  fait.  L'Angleterre  possède  une  planche  de  sycomore,  auguste 
fragment  d'un  cercueil  royal,  trouvé  en  1887  dans  la  troisième 
des  pyramides  de  Memphis.  Si  l'inscription  gravée  sur  ce  morceau 
de  bois  a  été  bien  lue,  comme  tout  porte  à  le  croire ,  voilà  un  mo- 
nument qui  remonte,  oserons-nous  le  répéter?  à  cinq  mille  neuf  cents 
ans!!!  C'est  à  donner  le  vertige  (1).  Rétrogradons  de  quelques  siè- 
cles :  avant  Tinvcntion  du  papier  de  Chine,  qui  date  à  peu  près  de 
deux  mille  ans  (2),  les  Chinois  écrivoient  sur  des  planches  de  bois, 
sur  des  tablettes  de  bambou,  ou  sur  des  plaques  de  métal,  dont  quel- 
ques-unes sont  encore  conservées  comme  des  restes  curieux  de  temps 
très-anciens  (3).  Nous  retrouvons,  en  Grèce  et  en  Italie,  l'usage  de 
graver  sur  des  planches  de  bois  les  monumens  de  quelque  impor- 
tance. Vers  le  milieu  du  i**"  siècle  de  notre  ère,  il  existoit  encore  à 
Athènes,  dans  le  Prytanée,  quelques  débris  des  tables  de  bois,  ct^of^r, 
sur  lesquelles ,  quatre  cents  ans  auparavant ,  Solon  avoit  écrit  ses 
lois.  Ces  tables,  jointes  en  forme  de  prismes  quadrangulaires,  et 
traversées  par  un  axe,  furent  d'abord  dressées  perpendiculairement 


(i)  Voy.  Éclaircissement  sur  le  cercueil  du  roi  Mycerinus,  trad.  de  l^angl. 
par  H.  Lenormant,  pref.p.  6,  et  le  facsimilé  qui  est  en  tête  de  la  brochure. 

(a)  Freret,  Mém.  de  VAcad.  des  inscr.  et  belles-lettres,  éd.  in-ia,  l.  xxtii, 
p.  437  et  suiv. 

(3)  Y.  le  Mém.  de  Freret  et  du  Halde.  Description  de  la  Chine ^  1. 11,  p.  939. 


BULLETIN   00    BIBUOPHILE.  649 

dans  la  citadelle,  où,  tournant  au  moindre  effort  sur  elles-mêmes, 
elles  présentoient  successivement  le  code  entier  des  lois  aux  yeux 
des  spectateurs  (i).  Celles  de  Dracon  avoient,  sans  doute  aussi,  été 
publiées  sur  bois,  ce  qui  faisoit  dire,  longtemps  après,  à  un  poëte 
comique  cité  par  Plutarque  (2)  :  m  J'en  atteste  les  lois  de  Solon  et 
<i  de  Dracon  ,  avec  lesquelles  maintenant  le  peuple  fait  cuire  ses 
«  légumes.  » 

A  Rome  ,  avant  l'usage  des  colonnes  et  des  tables  de  bronze , 
les  lois  étoient  gravées  sur  des  planches  de  chêne  qu'on  exposoit 
dans  le  Forum.  C'est  ainsi  que  les  lois  de  Numa  furent  publiées 
par  Ancus  Marcius  d'abord ,  et  plus  tard  par  le  grand  pontife  Pa- 
pirius  (3).  Les  annales  des  pontifes  ,  où  s'inscrivoient ,  jour  par 
jour,  les  principaux  événemens  de  l'année  (4),  étoient  écrites ,  pro- 
bablement à  l'encre  noire ,  sur  une  planche  de  bois  blanchie  avec 
delà  céruse  et  qu'on  appeloit  album  (5).  Cette  planche  étoit  exposée 
devant  la  maison  du  pontife,  et  des  peines  sévères  étoient  portées 
contre  celui  qui  auroit  ose  l'enlever  ou  la  changer,  en  raturer  ou  en 
altérer  le  texte.  Les  annales  des  pontifes  cessèrent  vers  l'an  633  de 
Rome  (6);  mais  l'usage  de  l'album  se  maintint  longtemps  encore, 
puisque  nous  trouvons  dans  le  code  théodosien  (7)  des  lois  publiées 
sur  une  table  enduite  de  céruse.  Le  bois  étoit  encore  en  usage  pour 
les  actes  privés;  un  passage  du  Digeste,  que  nous  avons  déjà 
cité  (8) ,  prouve  que  les  testamens  étoient  parfois  écrits  sur  des  ta- 
blettes de  bois.  Enfin,  au  iv*  siècle ,  on  faisoit  aussi  des  lettres  en 
buis  pour  apprendre  à  lire  aux  enfans  (9). 

(1)  Voj.  Sautnaise,  De  mod.  i/5ar.,  p.  io3.  Barthélémy,  Anachjrs.,  tom.  I*', 
p.  iih,  édit.  in-iS,  i8i5,  et  Pollux  qu'il  cite. 

(a)  PluUrch.,  He  de  Solon ,  iom.  I,  p.  36G  ,  cd.  Reiske.  Voy.  A.  Gellc. 
noct.  att. 

(3)  Denjs  d'Halicarn.,  Hv.  III, p.  178. 

(4)  Voy.,  pour  la  composition  de  6cs  annales,  M.  Leclerc,  Des  journaux  chez 
le*  Romains,  p.  i5et  ?uiv. 

(5)  Cicer.  f/c  OraU  II,  la;  Tite-Live,  I,  3i. 

(6)  Voy.  M.  Le^lerc,  ouvr.  cit.,  p.  loi. 

(7)  Tii,  20,  XI,  27. 

(8)  Voy.  p.  638,  note  6. 

(9)  8.  Jérôme  adLœtam,  Dans  la  villa  /^«remi/îfl  de  Pline  le  jeune,  le  buis 
qui  omoit  les  jardins  étoit  planté  et  taillé  de  manière  a  former  des  lettres  qui 
produisoient  tantôt  le  nom  du  propriéuire,  Untôt  celui  de  l'artiste  qui  aToil 
deanné  les  bordures.  Epist.  V,  ti,  36,  éd.  Scbcffer,  1806. 


65o  J.    TECHENEfl  ,    PLACE    PU    LOUYAE  ,    12. 

h'vmS^  d^?  WÎ>le^tfi9  <Je  bp^s  s'e4  pe^pç(^ë  jusqu'après  la  chuU 
de  Tempire  d*Ocçident.  FortiiMiat  y  dans  sa  l^ttrç  à  Flavius  (i)  i  ^ 
plaignant  de  la  rareté  de  ses  lettres  ,  lui  dit  :  m  Si  vous  êtes  fatigué 
«  du  latin ,  écrivez-moi  du  moins  en  liéhreu  ;  écrive^-ipoi  en  gi«c. . . 
u  Peignez  sur  i)es  tablettes  de  fi*ène  les  caractères  barbares  d^  l'ai- 
«  pLabet  runiqi^ e ,  pu  qu'une  petitiç  verge  pnifs  yous  tieufi^ç  lieu  de 
u  papyrus.  >» 

Barbara  fra^^i^^e^  pin  gatur  rfilii^  tab^Uis, 
Qi^odque  papyri^s  a^it  virgula  plana  yal^st. 

L^ëcriture  runique  dont  parle  ici  Fortunat,  ayant  pour  caractère 
distinctif  l'absence  presque  totale  de  lignes  courbes,  étoit  formée, 
dans  le  principe ,  par  un  certain  nombre  de  petites  baguettes  (vir'- 
gulct  planas) ,  que  l'on  combinoit  ensemble  ;  d'autres  fois  elle  étoit 
tracée  à  l'encre  {pingchatur)  sur  des  tablettes  de  bois  de  frêne.  Les 
paysans  de  la  Norwége  et  de  la  Suède  se  servent  encore  de  calen- 
driers gravés  sur  de  petits  bâtons  et  de  tablettes  de  bois  indiquant 
1«6  principales  fêtes  de  l'année. 

Enfin  il  paroît  qu'on  a  parfois  écrit  sur  des  copeaux  ,  ou  rubans  > 
de  bois  que  le  rabot  enlève  en  glissant  sur  une  planche.  Nous  en 
avons  deux  exemples  à  deux  époques  bien  éloignées.  Le  premier 
remonte  au  iv*  siècle  ayant  l'ère  chrétienne.  «  Celui-là,  dit  Théo- 
«  phraste  (2),  est  d'une  avarice  sordide  ,  qui ,  lorsqu'il  a  remporté 
«  le  prix  de  la  tragédie ,  consacre  à  Bacchus  un  ruban  de  bois , 
«»  TAivictv  t,'uKiv\iv ,  sur  lequel  est  inscrit  le  nom  du  Dieu.  » 

L'autre  exemple  est  plus  moderne ,  mais  aussi  plus  remarquable. 
Pancirol  dit  avoir  eu  en  sa  possession  quelques  pages  très-anciennes 
cpipposées  de  minces  rubans  de  bois  collés  ensemble ,  et  portant 
des  caractères  lombardiques  ;  d'où  il  conclut  que  les  Lombards  (3) 
fabriquoient  une  espèce  de  papier  à  leur  usage  ,  en  réimissant  des 
copeaux  avec  de  la  colle. 

Nou^  avons  déjà  cité  le  passée  où  Pline  (4)  éniunère  les  stxhs- 


(1)  Citée  page  647,  note  2. 

(a)  Caract.,  p.  4go,  e'd.  d'Heinsius.  Lejde,  i6i3,  in-fol. 

(3)  Langobardi  tenues  tilias  e  tabula  aùrasas  glutineque  con^pacUfs  puço 
cti^arta  habuerunt  :  qua.rum  pagiaaa  qusdao^  veMistissimae,  eorum  q^^^içtq^- 
hfi&  acriptap ,  ^ud,  ij^f  ex^qt^.  Thfi^»  yar-,  Uct.  \,,^t, cit^  P4E  Sohiinvf .  Mt 
«itnplibr.iYfH, 

(4)  Hist.  nat.,  xiii,  %| . 


BULLETIN   DU    BIBUOPHILE.  65 1 

• 

lances  sur  lesquelles  on  a  écrit  avant  l'invention  du  papyrus.  Après 
les  feuilles  d'arbres  et  l'écorce ,  il  nomme  les  volumes  de  plomb 
pour  les  actes  publics,  et  ceux  de  toile,  liniea^  pour  les  affaires  pri- 
vées. Est-ce  à  dire  que  du  temps  de  Pliue  on  ne  se  fût  jamais  servi 
du  linge  pour  les  actes  publics?  La  religion  ,  du  moins ,  paroît  avoir 
consacré ,  chez  tous  les  peuples,  Tusage  de  Técriture  sur  toile  ;  on 
peut  citer ,  pour  TEgypte  ,  les  linges  écrits  trouvés  dans  les  boites 
de  momies ,  et  les  rituels  conservés  au  musée  égyptien  dans  le  pa- . 
lais  du  Louvre.  A  Athènes ,  les  noms  de  ceux  qui  s'étoient  signalés 
dans  un  combat  étoient  inscrits  sur  le  voile  de  Minerve  (i).  L'an 
de.Rome  4%  9  ^^^  Samnites  préludèrent  à  la  guerre  contre  les  Ro- 
mains par  un  sacrifice  solennel  ;  un  vieux  rituel  écrit  sur  de  la  toile 
régla  Tordre  et  les  détails  de  la  cérémonie  {7\.  C'est  dans  des  livres 
semblables  qu'étoient  consignés  les  oracles  sibyllins  (3).  Les  livres 
historiques  simplement  nommés  par  Tite-Live  ILbri  liniei  dévoient 
avoir  aussi  quelque  caractère  religieux  ,  puisqu'ils  étoient  déposés 
dans  le  temple  de  Monéta,  où  le  vieil  annaliste  Licinius  Macer  les 
avoit consultés  (4).  Enfin  ,  sous  les  premiers  empereurs  chrétiens, 
nous  trouvons  l'usage  de  pubUer  les  lois  sur  des  morceaux  de  toile  de 
lin,  mappœ  linteœ  (5). 

La  toile  servit  aussi  à  des  usages  moins  solennels.  Aurélien  avoit 
fait  écrire  jour  par  jour  toutes  ses  actions  dans  des  hvres  de  lin 
qui  furent  conservés ,  après  sa  mort ,  dans  la  bibliothèque  ulpienne, 
à  Rome  (6).  Les  plans  cadastraux  tracés  sur  des  toiles  étoient  dé- 
posés dans  les  archives  de  l'empereur  (7).  Enfin  des  compositions 
littéraires  furent  aussi  écrites  sur  des  Uvres  de  toile  ;  ils  sont  nom- 
més ctirôasina  volumina  dans  le  passage  de  Martianus  Capella,  que 
nous  avons  cité  plus  haut  (8).  Sidoine  Apollinaire,  au  v«  siècle, 
écrivoit  ses  poésies  légères  sur  des  morceaux  de  linge  (g). 
S'il  faut  s'en  rapporter  à  un  passage  des  lettres  de  Symmaque  , 

(i)  Suidas,  au  mot'TsVAoç. 
(a)  Tite-Live,  X,  38. 

(3)  Sjmmach.  Epist.  iv ,  3S  ,  et  Clandian.  de  bello  Getioo  ,  vers  sSS.  II s 
étoieot  aussi  écrits  iiur  du  papyrus.  Voy.  TibuUe,  11,  t,  17. 

(4)  Tite-Live,  iv,  7,  so,  aS. 

(5)  Cod.  Tbeodos.  xi,  tit.  37. 

(6)  Vopisc.  io  Aurelian.,  c.  1. 

(7)  Hyginus,  ap.  Gœtiuai,  p.  192. 

(8)  Voy.  page  647,  note  1.  Le  carbastu  dësifpioit  aneetpéoc  de  linon,  un 
tifiu  pins  fin  que  b  toile  ordinaire. 

(9)  Epist.  li,  16,  vers  83  et  84. 


65a  1.    TECHENER,    PLACE   OU    LOUVRE,.  12. 

l'usage  des  volâmes  de  soie  étoit  répandu  dans  la  Perse  (i)  ;  mais 
notes  ne  le  trouvons  pas  ailleurs,  du  moins  bien  constaté.  En  France, 
jusqu'au  siècle  dernier,  on  avoit  coutume,  dans  les  universités,  de 
faire  imprimer  sur  du  satin  les  exemplaires  de  thèses  que  l'on  des- 
tinoit  à  des  personnages  d'importance.  De  là  cette  boutade  du  poète 
satirique  qui ,  ayant  à  peindre  une  femme  avare ,  et  faisant  profit 
de  tout,  l'affuble  d'un 

JupoD  bigarre  de  latin, 
Qu'ensemble  composoient  trois  thèses  de  satin. 

Il  est  impossible    d'assigner    une  date  à  l'invention  du  pa- 
pyrus. Yarron  ne  la  fait  remonter  qu'à  l'époque  de  la  fondation 
d'Alexandrie  ;  mais  Pline  (2) ,  qui  rapporte  cette  opinion,  la  réfute 
par  le  témoignage  de  Varron  lui-même,  de  Cassius  Hemina  et  de 
plusieurs  autres  écrivains,  relatif  à  la  découverte,  faite  Tan  de 
Rome  57 1 ,  des  livres  de  Numa  écrits  sur  papyrus  (3) .  Pline  ajoute  d'a- 
bord que  la  sibylle  de  Gumes  avoit  présenté  à  Tarquin  le  Superbe 
trois  livres  sur  papyrus,  dont  deux  avoient  été  brûlés  par  elle  ;  le 
troisième  n'ayant  péri  que  dans  l'incendie  du  Capitole ,  arrivé  du 
temps  de  Sylla  (4).  Il  raconte  enfin  que  le  consul  Mucianus  avoit 
lu  dans  un  temple  de  Lycie  une  lettre  écrite  sur  papyrus  par  Sar- 
pédon  du  temps  de  la  guerre  de  Troie.  Il  existe  maintenant,  dans 
les  divers  musées  de  TEurope,  un  nombre  considérable  de  papyrus 
grecs,  démotiques  et  hiéroglyphiques.  Plusieurs  papyrus  grecs  ont 
été  publiés;  ils  remontent  à  1 25,  1 27 , 1 45  ans  avant  notre  ère  (5).  Le 
musée  de  Berlin  possède  des  manuscrits  démotiques  de  la  même 
antiquité  (6).  Parmi  les  papyrus  démotiqucs  du  ipusée  du  Louvre, 
il  existe  un  contrat  daté  de  la  1 2*  année  dePtolémée  Philadelphe,  27  3 
avant  J.-C.  (7).  Mais  ces  vénérables  débris  des  siècles  passés  paroi- 


(1)  Tu  etiam  sericis  voluminibus  achacmenio  more  infundi  litteras  meas 
prrecipis.  A.d  Protad.  1.  !▼,  epist.,  34. 
(a)  Hist.  nat.yXiii,  ai,  27. 

(3)  Voy.  aussi  pour  ce  fait  Tite-Livc,  xl,  29. 

(4)  Voy.  Solin.  PolyfUst,,  c.  a ,  A.  GcU.  I,  19;  Denys  d^Halicam.,  libr.  iv, 

p.  259. 

(5)  Peyron,  Pap.  grœci  regii  Taurinensis  musei  jEgjrptii.  Taurin.,  i8a6; 
in-4,p.  46.  Lcironne.  Fragment  inédits  d'ancien  g  poètes  grecs  f  tirés  d'un  papy- 
rus appartenant  au  musée  royal,  etc.,  Paris,  Didot,  i83S,  in-S,  p.  17 ,  3a. 

(6)  Peyron.,  ouvr.  cite,  p.  87. 

(7)  ChampoUion,  Rapport  sur  la  collection  égyptienne  acquise  a  lÀv»oume, 
pag.  6. 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE.  653 

tront  presque  modernes  à  côté  de  ceux  que  Ghampollion  le  jeune 
a  fait  connoître  au  monde  savant ,  dans  ses  lettres  sur  la  collec- 
tion du  musée  de  Turin. 

La  deuxième  lettre,  adressée  au  duc  de  Blacas  (i),  fait  mention 
de  contrats  portant  leur  date,  qui  remontent  à  quinze,  seize  et  dix- 
sept  cents  ans  avant  l'ère  vulgaire.  «  J'eusse  été  moi-même,  dit-il, 
w  effrayé  d'une  telle  antiquité ,  si  ce  frêle  morceau  de  papyrus  ne 
«  sortoit  des  hypogées  d'Egypte,  où  aucune  autre  cause  de  destruc- 
«  tion,  si  ce  n'est  l'homme  seul,  ne  peut  faire  disparoitre  les  objets 
«I  qu'on  y  renfeiina  jadis  avec  tant  de  soin,  et  si,  surtout,  je  n'a- 
«  vois  trouvé ,  dans  les  papyrus  tirés  de  ces  mêmes  catacombes , 
«  une  nombreuse  série  de  pièces  pareilles ,  formant  une  chaîne 
«  presque  continue  de  dynastie  en  dynastie >  et  qui  lient,  pour 
«c  ainsi  dire,  cette  époque,  si  prodigieusement  reculée  dans  l'ordre 
-  actuel  de  nos  idées ,  avec  des  temps  plus  rapprochés;  je  veux 
«  dire  avec  l'époque,  comparativement  plus  moderne,  où  les  suc- 
u  cesseurs  d'Alexandre  usurpèrent  à  leur  tour  le  trône  des  Pba- 
tt  raons.  n 

La  plante  nommée  papyrus  par  les  Egyptiens^  et  ClC).oç  par 
les  Grecs,  est  une  espèce  de  roseau  de  la  famille  des  cypéracées. 
n  Sa  tige  est  nue  ,  triangulaire  ^u  sommet ,  au  moins  de  la  gros- 
si seur  du  bras ,  haute  -de  huit  à  dix  pieds ,  rétrécie  à  sa  partie  su- 
«  périeure ,  et  terminée  par  une  ombelle  composée  très-ample , 
«  d'un  aspect  élégant,  entourée  d'un  involucre  à  huit  larges  folioles 
•»  en  lames  d'épée  (2).  »»  Du  temps  de  Pline,  le  papyrus  croissoit 
dans  les  marais  de  l'Egypte  ou  dans  les  endroits  où  le  Mil  débordé 
s'élevoit  de  deux  coudées  au-dessus  du  sol  ;  il  venoit  aussi  en  Syrie 
et  dans  l'Euphrate ,  aux  environs  de  Babylone,  où  l'on  avait  aussi 
le  secret  d'en  faire  du  papier  (3).  Aujourd'hui  le  papyrus  croît  na- 
turellement en  Sicile  ;  Bruce  l'a  trouvé  en  Syrie,  dans  le  Jourdain  ; 
en  deux  diflérents  endroits  de  la  haute  et  de  la  basse  Egypte ,  dans 
le  lac  de  Tzana  et  dans  le  Goudero ,  en  Abyssinie  (4).  Mais  les 
témoignages  des  voyageurs  sont  trop  peu  d'accord  entre  eux,  pour 
qu'on  puisse  affirmer  positivement  que  cette  plante  existe  encore 


(i)  Pages  49,  58,  Sq,  60. 

(s)  Dictionn.  des  sciences  natur. 

(3)  Pline,  xni,  ss. 

(4)  Foy.en  >^^w.,  in-4,  tr.fr.,toiii.v,p.  loel  suir. 


J 


654  '*    T£CH£NER,    PLACE    DU   LOUVAE ,    12. 

maintenant  dans  le  pays  dont  elle  Caisoit  jadis  la  principale  ri^ 
chesse« 

Tous  les  détails  relatifs  à  la  fabrication  du  papyrus  nous  ont  été 
conservés  par  Pline  (i);  mais  les  trob  chapitres  qu'il  a  consacrés  à 
cette  matière  sont  parfois  si  obscurs ,  que ,  malgré  de  nombreux 
commentaires  et  même  diverses  expériences  tentées  sur  du  papy« 
rus.de Sicile,  l'inteiprétation  de  quelques  passages  reste  toujours 
incomplète.  On  sent  que  nous  ne  pouvons  discuter  tous  les  points 
difficiles  dans  lesquels  nous  croirons  devoir  nous  éloigner  des 
explications  proposées  jusqu'ici  :  pour  cela  seul  il  faudroit  un  vo- 
lume. Nous  nous  contenterons  de  renvoyer  nos  lecteui-s  aux  tra- 
vaux de  Guilandinus ,  de  Saumaise ,  de  Gyrilla ,  de  Caylus ,  de 
Montfaucon  (2);  et  nous  allons  exposer  la  fabrication  du  papier 
d'Egypte,  telle  que  nous  l'entendons  d'après  le  seul  guide  que  l'an- 
tiquité nous  ait  laissé  pour  cette  matière. 

La  tige  seule  du  papyrus ,  longue  d'environ  q9atre  pieds ,  étoit 
1x>nne  à  faire  du  papier;  on  la  séparoit  longitudiaalement  en  deux 
parties  égales.  Ensuite,  avec  une  aiguille  (3),  on  enlevoit  des  bandes 
de  papyrus  aussi  minces  et  aussi  larges  que  possible.  Ces  bandes 
se  nommoient ,  en  latin ,  philjrra.  Les  meilleures  étoient  les  deux 
qu'on  enlevoit  d'abord  daqs  chaque  partie  de  la  tige ,  c'est-à-dire 
celles  qui  formoient  le  centre  de  la  plante  ;  les  autres  diminuoient 
de  qualité,  à  mesure  qu'elles  se  rapprochoient  de  l'écorce.  Avec  les 
premières ,  on  £aJ>riquoit  le  papier  de  première  qualité  ;  avec  les 


(1)  xTii,  s3-s6. 

(s)  Guilaod.  Papyrus ,  hoc  est  commentarius  in  trin  C.  Plinii  mt^oris  de 
pappro  capiicLy  ex  recensione  Henrici  Salmuth.  Ambcrg. ,  1 61 3,  in-S* — Saumai»e , 
Comment,  sur  Vopisc.  in  Fiimum,  c.  3.  — Cyrilli  D.  M.  Alonograph,  papyri- 
Parme,  1796,  in-fol.  —  Montfauc.  Dissertation  sur  la  plante  appelée  papyrus^ 
sur  le  papier  de  coton  et  sur  celui  dont  on  se  sert  aujourd'hui;  dans  les  M^m. 
de  FA-cad.  des  inscrip.  et  belles-lettres^  t.  vr,p.  691.  —  Caylus ,  Dissert,  sur 
le  papyrus,  ibid.,  tom.  xxiii,  p*  19S.—  M.  Dureaudela  MaUea  depuis  long- 
temps en  portefeuilU  une  savante  dissertation  sur  le  papyrus,  qu^il  a 
lue  à  Tacadëmie  des  inscriptions  ,  et  qu^il  nous  a  obligeamment  com- 
muniquëe.  Enfin  nous  connoissons  les  résultats  des  expe'riences  qn^a  faites 
M.  Stoddbart  sur  le  papyrus  de  Sicile ,  et  nour  regrettons  vivement  quUl 
n^ait  point  encore  fait  connottre  les  proccfdës  quUl  a  mit  ei^  usage. 

(3)  M.  Stoddbart  n*a  pu  enlever  les  lames  du  papyrus  de  Sicile  qu^avec  un 
instrument  très-tranchant.  Peut-être,  dans  le  texte  de  Pline,  faut-il  lire  ocùr 
au  lieu  de  acu. 


•  OULLETlIf    UU    BIBLIOPHILE.  655 

«•Dpde«,  le  9«pi«r  de  •ecoude  qualité  ;  avec  les  iroisiènies,  celui  de 
tmàème  quâlké ,  ainsi  <le  suite.  La  première  qualité  de  papier  se 
nomma  d'abord  hiératique  ou  sacrée ,  parce  qu'elle  étoit  réservée 
pour  la  composition  des  liviw  saints  :  la  flatterie  lui  fit  donner  en- 
siute  k  noui  de  papier  auguste  on  royal  {i);  par  le  même  motif,  le 
papier  de  seconde  qualité  fut  appelé  iwien ,  du  nom  de  Livie , 
femme  de  l'empereur.  La  dénomination  de  liiératique  ne  s'appli- 
qua plus  y  dit  lovs,  qu'au  papier  de  troisième  qualité.  Une  autre 
espèce  de  papier  étoit  connue  sous  le  nom  d'amphithédirique  ,ipàTQe 
qu'il  étpit  fabriqué  à  Alexandrie ,  dans  le  quartier  de  l'amphi- 
théâtre; mais  ce  papier  étoit  susceptible  de  grandes  améliorations. 
Fanniua,  grammairien  de  Rome,  parvint,  en  le  remaniant,  à 
ctendre  un  peu  sa  largeur  et  à  polir  sa  sur£ace.  Le  papier,  ainsi  re- 
bit,  prit  le  nom  de  papier  yàn/ii>/i  et  rivalisa  avec  le  papier  au- 
guste ;  celui  qui  n'avoit  pas  subi  ce  remaniement  garda  le  nom 
d  amphitkéâtrique ,  et  resta  au  quatrième  rang.  Le  papyiiis  qui 
croissoit  aux  environs  de  Sais,  en  grande  quantité,  mais  en  qualité 
mfierieure ,  servoic  à  faire  le  papier  de  cinquième  qualité ,  qu'on 
tppeloit  papier  sàilique.  En  sixième  lieu  venait  le  papier  lénéotique, 
ainsi  nommé  d'un  quartier  d'Alexandrie  où  on  le  fabriquoit  (a)  ;  de 
qualité  inférieure ,  il  se  vendoit  au  poids.  Au  dernier  rang  se  plar 
foit  le  papier  emporétique  ou  papier  marchand;  il  n'étoit  nullement 
propre  à  recevoir  l'écriture,  et  ne  servoit  qu'à  faire  des  serpillières 
on  des  enveloppes  pour  les  autres  espèces  de  papier. 

Isidore  (3)  ,  qtù  ne  dit  rien  du  papier  ampbithéàtnque ,  place  le 
ténéotique  au  quatrième  rang;  au  cinquième,  le  saitique;  au  sixième, 
un  certain  papier  cornélien ,  qui  auroit  été  fabriqué  par  Cornélius 
Gallm,  préfet  d'Egypte  sous  Octave;  mais,  comme  ce  dernier  n'est 
point  nommé  dmna  Pline ,  historien  pourtant  bien  plus  rapproché 
qu'Isidore  du  temps  où  vivoit  Cornclius  Gallus,  il  est  permis  de 
créire  qu'il  y  •  confusion  dans  le  passage  de  l'écrivain  de  Séville, 
et  qu'il  a  voulu  parler  peut-être  du  papier  claudien^  dont  nous 
aurons  à  nous  occuper  tout  à  l'heure. 

Nous  terminenms  cette  énumération  en  indiquant  le  papier  de 
gnmd  format ,  qu'on  nommoit  macrocoUej  et  qui  avoit  un  pied  et 

(i)  Itidor.,  Ori^,,  vi,  lo. 
(s)  Iridor.,  Or «^.,Ti,io. 
(I)  Oriff.,  ^i,  lo. 


656  J.    TECHENEE,    PLACE    DO    LOUVRE,    12.  ^ 

même  un  pied  et  demi  de  largeur  (i6  ou  a4  doigts).Pline  signale 
un  inconvénient  grave  dans  ce  papier,  c'est  que,  si  on  arrachoit  une 
seule  bande  ,  on  endommageoit  un  plus  grand  nombre  de  pages. 
Nous  tâcherons  d'expliquer  plus  tard  cette  remarque  presque  énig- 
matique  :  contentons-nous  d'observer  ,  pour  le  moment ,  que  ce 
désavantage  ne  fit  pas  renoncer  les  anciens  aux  macrocolles.  Il  pa- 
roît  même  que,  dans  le  moyen  âge,  on  augmenta  encore  la  dimen- 
sion de  ces  feuilles ,  car  il  existe  des  chartes  sur  papyrus  dont  la 
largeur  est  de  deux  pieds  François  (i). 

Yoici  comment  on  procédoit  à  la  fabrication  de  ces  diverses  es- 
pèces de  papier  :  Sur  une  table  inclinée,  et  mouillée  avec  de  l'eau 
du  Nil,  on  étendoit>  les  unes  à  côté  des  autres,  des  bandes  de  papy- 
rus ,  aussi  longues  que  la  plante  avoit  pu  les  fournir ,  après  qu'on 
en  avoit  retranché  les  deux  extrémités ,  c'est-^-dire  l'ombelle  et  la 
racine;  on  les  humectoit  encore  avec  de  l'eau  du  Nil.  Celte  eau, 
pénétrant  les  lames  du  papyrus ,  délayoit  les  sucs  qu'elle  pouvoit 
contenir;  par  là  elle  perdoit  sa  limpidité,  devenoit  trouble  et 
acquéroit  uue  viscosité  suffisante  pour  tenir  lieu  de  colle  et  assujettir 
entre  elles  les  bandes  dé  papyrus,  dans  le  sens  de  leur  longueur  (2). 
Sur  ces  bandes  longitudinales  on  en  posoit  transversalement  d'au- 
tres, qui,  coupant  les  premières  à  an^le  droit,  foiinoient,  avec  elles, 
une  espèce  de  claie.  Les  feuilles,  plagulœ ,  ainsi  faites,  étoient  sou- 
mises à  l'action  d^une  presse,  puis  séchées  au  soleil  ;  ensuite  on  les 
réunissoit  en  un  rouleau,  scapns  (3),  qui,  du  temps  de  Pline,  con- 
tenoit  vingt  feuilles.  Au  iv*  siècle ,  la  main  de  papyrus ,  comme 
nous  dirions  aujourd'hui,  n'étoit  plus  que  de  dix  feuilles  (4).  C'est 
d'une  main  de  papyrus  que  Cassiodore  dit,  dans  une  de  ses 
lettres  (5)  :  Hac  tergo  nit>eo  aperit  eioquenlibus  campum ,  copiosa 
semper  assistit  et  quofiat  habilis  in  se  revoluta  coUigitur  dum  ma- 
gnis  iractatibus  explicetur. 

n  y  avoit  une  grande  différence  de  largeur  entre  les  diverses 

(i  )  Voy.  Mabill.  De  re  diptom.,  I,  ix,  3 . 

(s)  De  Jussicb,  dans  le  Mcm.  deCaylus  dcjà  cité. 

(3)  Ce  mot  Tient  du  grec  ffKfiTroÇy  dorique  0'xêLT0^,8ignilîantl)â ton,  rameau. 

(4)  Parmi  les  dons  faits  par  Constantin  à  rëglisc  de  Rome  et  au  pape  Syl- 
vestre, on  remarque  les  objets  suivans  :  Cbartas  décodas  i5o;  Chartas  cfe- 
cadm  3oo;  idem  4ooj  papyrum  rucanas  libras,  mundas  Millb;  papyriim 
mundum  tacanas  5oo,  etc.  Anastase  le  bibliothécaù'e,  vol.  11,  p.  i5et  16;  éd. 
Fabrotti.  Taris,  iG4g. 

(5)  Yariar.  xi,  38. 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  657 

espèces  de  papier  d*£gyptc.  Les  meilleurs ,  c'est-à-dire  les  papiers 
auguste  et  livien  ,  avoient  treize  doigts  ;  le  papier  hiératique  en 
avoit  onze;  le  fannien,  dix;  Tainpliithéâtrique ,  neuf;  le  papier 
sa'itique  étoit  beaucoup  plus  étroit  :  il  n'égaloit  même  pas  la  lar- 
geur du  maillet;  enfm,  le  papief  emporétique  ou  marchand  n'avoit 
que  six  doigts  de  largeur.  Dans  toute  espèce  de  papier,  ce  qu*on 
estimoit  c'étoit  la  finesse ,  le  corps ,  la  blancheur ,  le  poli. 

L'empereur  Claude  fit  fabriquer  une  espèce  de  papier  auquel  il 
donna  son  nom ,  et  qui  enleva  le  premier  rang  au  papier  auguste  ; 
celui-ci,  en  effet,  étoit  si  mince,  qu'il  pouvoità  peine  supporter  le 
bec  du  roseau,  buvoit  l'encre  et  laissoit  paroître  au  verso,  comme 
autant  de  ratures,  1rs  lettres  écrites  au  recto.  Claude  fit  donc  fabri- 
quer son  nouveau  papier  avec  deux  élémens  différens  :  la  chaîne 
étoit  composée  de  bandes  de  seconde  qualité ,  qui  servoient  à  faire 
le  papier  livien,  et  la  trame  de  bandes  de  la  première  esp^e,  avec 
lesquelles  on  faisoit  le  papier  auguste.  Nous  avons  vu  que  les  pa- 
piers auguste  et  livien  avoient  treize  doigts  de  large  ;  Claude  aug- 
menta encore  cette  largeur  :  ces  avantages  firent  préférer  son  papier 
à  tous  les  autres.  Le  papier  auguste  continua  à  être  employé  de 
préférence  pour  les  lettres,  et  le  papier  livien,  qui  étoit  composé 
entièrement  de  bandes  de  la  seconde  qualité,  garda  son  nom  et  son 
rang. 

Dans  le  quatoi*zième  livre  de  Martial,  où  les  titres  des  épi- 
grammes  sont  de  Martial  lui-même  (i),  et  où  il  a  voulu  noter 
alternativement  les  présens  de  luxe  et  les  dons  plus  modestes  (2) 
qu'on  s'envoyoit  réciproquement  à  l'époque  des  saturnales ,  les 
charlœ  majores  sont  mises  en  opposition  avec  les  chartœ  episto^ 
lares  (3).  On  ne  peut  guère  douter,  d'après  ce  qui  précède,  que  ce 
papier  à  lettres  ne  soit  le  papier  auguste  ,  et  que ,  par  le  nom  de 
charlœ  majores,  le  poëte  n'ait  voulu  désigner  le  papier  claudien  ou 
la  macrocolle,  qui  seuls  étoient  plus  grands  que  le  papier  royal. 
Ailleurs  (4) ,  le  même  écrivain  parle  de  la  macrocolle  ou  du  papier 
.claudien,  charta  major,  et  des  charlœ  minores,  par  lesquelles  il  en- 
tend ,  sans  doute  ,  toutes  les  autres  espèces  de  papier  de  moindre 
dimension. 

(1)  Voy.  cpigr.  II. 

(a)  Voy.  ëpigr.  I,  TcrsS. 

(3)  Epigr.  X  et  XI . 

(4)  I,  XLV,  s. 


66o  I.    TCCRENEIl,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

ordinairement  on  le  coUoit  de  nouyeau  avant  de  l'employer,  et  ce 
procédé  étoit  déjà  en  usage  du  temps  des  Gracques.  La  colle  com- 
mune se  composoit  de  fleur  de  farine  délayée  avec  de  Teau  bouil- 
lante dans  laquelle  on  jetoit  quelques  gouttes  de  vinaigre.  La  mie 
de  pain  fermenté,  détrempée  dans  Teau  bouillante,  formoit  une 
colle  de  meilleure  qualité,  moins  épaisse,  et  qui  donnoit  au  papier 
une  6nesse  égale  à  celle  d'une  étoffe  de  lin  ;  Tune  et  l'autre  dévoient 
être  employées  dans  les  vingt-quatre  heures.  Après  avoir  couvert 
avec  cette  colle  la  feuille  de  papyrus ,  on  la  pressoit  dans  la  main 
pour  régoutter  ,  ensuite  on  la  déplioit  et  on  l'étendoit  à  coups  de 
maillets  ;  chaque  feuille  subissoit  deux  fois  cette  opération. 

H.  GfiRAUD. 

(La  suite  au  numéro  prochain,) 


liantes  m(\0çiU;if^i(\nt^4 


Le  B^Uetio  a  déjà  cru  pouvoir  entretenir  une  ou  deux  fois  ses 
lecteurs  de  la  BibUolheca  heberiana.  Gomme  tout  le  monde  n'a  pas 
la  facilité  ou  le  courage  de  parcourir  les  i3  volumes  dont  elle  se 
compose,  et  qu'il  est  à  peu  près  impossible  de  s'orienter  pour  faire 
des  r^pherches  dans  une  masse  de  60  à  70,000  articles  classés  avec 
précipitation  de  la  manière  la  plus  incommode  et  la  pliis  éloignée 
de  la:9iéthode  adoptée  en  France ,  nous  croyons  que  Ton  nous  per- 
mettra d'en  extraire  quelques  noteç  relatives  à  des  livres  à  peu  près 
inconnus. 

Paulai^icliio  (Jiian) ,  libro  del  Rado  Stizuxo.  Venetia  ,  1 533  ;  /c-* 
bto  de  le  vendette  (sans  lieu  ni  date),  in-4-  M.  Brunet  (Nout. 
rech.,  t.  m,  p.  23)  mentionne  cet  ouvrage  d'après  Melzi,  qui  en 
donné  une  description  purement  bibliographique  (Bibl.  dei  ro- 
manri,  i838 ,  p.  296).  L'auteur  se  donne  comme  fils  de  Zuani 
(Jean)  Idrovicli,  doge  de  Raguse  ;  il  paroît  avoit-  échappé  aux  his- 
toriens comme  aux  critiques.  Son  poëme  est  un  récit  d'événemens 
sans  Uaison,  où  le  principal  rôle  revient  à  Rado  Stixuto  (Stizzoso,  le 
colère),  parent  de  Roland.  Il  y  a  parfois  de  la  gaité;  ainsi  une  vignette 
sur  bois  (feuillet  A.  ii)  représente  Rado  au  moment  de  briser  la  tète 
à  un  loap  qu'U  a  pris  dans  un  piège,  lorsqu'il  entend  tout  à  coup  cet 
animal-ltti  parler,  demander  grâce  et  lui  dire  qu'il  est  son  oncle 
Michio  (Michel)  Fragurin ,  aubergiste  à  Modrusa ,  Condamné  à 
cette  métamorphose  pour  avoir  mêlé  de  l'eau  avec  son  vin  (voir  F.  ïi). 
L'écrivam  a  employé  un  idiome  tout  particulier  ;  ce  n'est  ni  le  tos- 
can, ni  le  padouan ,  mais  un  mélange  des  deux ,  copieusement 
entremêlés  de  slavon  et  de  fraaçois  italianisés ,  le  tout  sans  ordre, 
sans  aucune  règle  de  grammaire  ou  de  syntaxe ,  de  sorte  qu'il  faut 
deviner  du  mieux  que  l'on  peut  le  sens  de  ce  qu'on  lit.  Il  nous  ap- 
prenti q^'ii  est  demeuré  à  Raguse  jusqu'à  sa  34*  année,  qu'il  a  étUr 
dié  à  Padoue  et  fait  un  voyage  à  Paris  ;  ainsi  son  capricieux  jargon 
n*à  plus  droit  de  nous  étonner;  il  faut  encore  ren^urquer  qu'il  s'en 
écarté  parfois  ;  le  5*  chant,  par  exemple,  est  presque  en  totalité  écrit 
dans  on  dialecte  tout  à  fait  différent  du  reste  de  l'ouvrage,  et  qui 


t  .»  i  /• 


C62  J.    TECHBNER,    PLACE   DU   LOUVEEy    12. 

ressemble  à  celui  qui  domiDe  parmi  les  mcmtagnards  près  de  Ber- 
game  et  de  Bréscia. 

Le  ii<*  4  5^5  (^*  ^n)  c^^  ^^  recueil  de  discours  latins  où  Ton  trouve  : 
de  Ckristi passione  oratio  Jo.  Mariœ^archiep,  SipofUini,cumprafa' 
ttone  Aîdi  Manuiti.  Rom»,  1597,  iti-4  |f  t'est  une  dés  publlèations 
aUines  de  cette  époque  les  plus  rare^,  et  elle  à  longtèihps  échappa 
à  M.  Renooard ,  qui  en  fait  pourtant  mention  d^  son  sup^ 
plément  (Annales  desAide^  i834  9  p.  fS^^*  Ce  qu'il  né  dit  pas,  c'drt 
que  la  préface  d'AMe  est  curieuse  en  ce  qu'elle  montre  dans  quelle 
détresse  étoient  tombés  les  derniers  rejetons  de  cette  fimiille  si  drgiié 
d'estime.  Il  parottroit  qu'an  tti*  sièdé  on  parrenoit  plus  Mûre- 
ment à  la  fortune  en  détaillant  du  poivre  qtf  en  Vendant  dès  livrés; 
dans  le  xix*,  siècle  de  progrès,  s'il  en  fut  jamais,  les  choses  6ài  bien 
dà  changer. 

Liber  precum.  Venetiis,  apud  filios  J.  F.  Turressani,  i56i,  in-8 
(t.  I,  n.  4524)*  M.  Renouard  indique  cet  ouvrage  (p.  181)  d'après 
une  note  de  la  biblioth.  Buboisiana  (n.  55o4)  comme  étant  un  livre 
de  liturgie  mozarabe  ;  0  est  d'autant  plus  probable  qu'il  n'avoit  pu 
le  voir  qu'on  cherche  en  vain  ce  volume  dans  son  catalogue  (iSiB, 
4  vol.).  On  conçoit  toute  l'invraisemblance  d'un  livre  imprimé  à 
Venise  pour  un  rit  borné  à  une  seule  église  de  Tolède;  c'est  Un  mis- 
sel ou  bréviaire  romain  avec  un  calendrier  en  langue  dalmate  ou 
illyrienne  ;  il  forme  deux  volumes  exécutés  en  caractères  rouges  et 
noirs  ;  la  date  est  au  second  vol.  ;  la  devise  de  l'iftiprimeur  se 
trouve  à  la  page  suivante,  après  laquelle  viennent  3i  feuillets. 

Disons  encore ,  et  terminons-en  avec  les  Aide ,  que  l'on  troA-vié 
ft.  vu,  n®  2 1 24)  une  édition  des  £/i<>to/i7o^/curorttjitworttiii,quis'ao* 
corde,  pour  le  titre  et  la  souscription,  ave4  celle  que  M.  Renouard 
décrit  comme  la  3*  (p.  319);  mais,  comme  elle  a  24  feuilleta  au  lieu: 
de  20,  c'est  une  de  plucr  à  aj<mter  à  U  liste  de  ces  coiitréfactions* 


Les  Tentes  puMSques  offrent  de  loin  en- fem  dei  exemples  de  prix 
d'ifctae  exagération  j^esqùe  inrëns^  (i) ,  eldoht'lès  connoisseîirs  ne 
saevetit  éothmént  se  rebdré  compté.  PeWi-etre  cela  tient-il  parfois  à 
uM  circoncsitatncé  auafe^e  il  celle  quJs  le  spirituel  ami  ^'madaïne 

(1)  A;  propos  de  cda,  noua  revîendrm^  dankU  pr6cÉU&>  iittîfliito(*éi]ip  Itf 
vente  de  M .  de  Pizërécoart,  qui  a  eo  aosei  quelques  bixarreries  en  ce  genre. 

(JVote  de  l'Editeur,) 


\mm 


BOLLËtlN   DU    BIBLIOPHILE.  663 

du  Deffiuit ,  Horace  Wâlpole ,  raconte  dans  une  île  ses  lettres  : 
«  Il  faut  qu'avant  de  finir  je  vous  instruise  du  danger  auquel  m'a 
<(  expose  là  vente  des  livres  du  docteur  Mead,  lesquek  sont  hors  de 
«  prix.  Je  rencontre,  en  feuilletant  le  catalogue,  les  Vues  d'Aude 
a  ky  Ènd^  par  Winstanley  ;  je  conclus  qiie  c'est  un  mince  et  piètre 
«  in-fo).  valant  uiie  quinzaine  de  schellings;  mais,  présumant  qu^ 
«  n'est  pas  commun  ,  je  prévois  qu'il  pourra  être  lancé  jusqu'i 
«  deux  ou  troîs  guinées,  et  je  dis  â  mon  commissionnaire  Graham 
«  de  né  pas  le  laissel*  échapper.  Le  ïendemain  il  vient  me  trouver 
«  tout  effaré  ;  il  ne  savoit  pas  s'il  avoit  bien  ou  mal .  agi ,  il  avoit 
«  poussé  jusqu'à  49  guinées.  Je  tombai  à  la  renverse  ;  heureuse- 
«  ment  qu'un  autre  libraire  avoit  au^i,  de  son  c6té,  un  ordre  illi- 
«  mité  ;  il  s'étoit  rendu  adjudicataire  à  5o ,  et  mon  agent  avoit  de- 
«  mandé  que  la  vente  fût  suspendue ,  afin  que  chacun  d'eux  pût 
n  consulter  son  commettant.  Vous  pouvez  croire  qu'on  ne  m'y  rat- 
«  trapera  plus.  » 

Ajoutons  que  le  Jivre  héros  de  cette  histoire  est  toujtars  fort 
cher  en  Angleterre,  puisqu'un  exemplaire  payé,  en  1824» 
17  liv.  17,  vente  Bindley  (455  fr.j,  a  été  revendu  17  liv.,  en  1829, 
chez  Hibbert.  Il  contient  24  pi- 9  non  compris  trois  dédicaces  gra« 
vées.  Afin  de  consoler  ceux  qui  seroient  curieux  de  les  voir ,  nous 
leur  dirons  qu'à  l'exception  des  dédicaces  et  des  n°'  5, 9  et  I7  dies 
ont  été  reproduites  dans  le  supplément  au  nouveau  théâtre  de  la 
Grande-Bretagne  (1724  à  28, 5  vol.  in-fol.). 

<         »  • 

E,  J,  ff^estoniœ ,  poetriœ  florentissimœ  libri  très,  Pragct ,  in- 12 

(sans  date,  mais  vers  1606).  Née  en  Angleterre ,  vers  le  commen- 
cement du  règ^e  d'EUsabeth ,  la  femme  distinguée  à  laquelle  on 
doit  ce  petit  volume  suivit  son  pèrç  à  Prague  et  s'y  maria  :  elle  mé- 
rite une  place  ^honorable  parn^i  les  poètes  latins  modernes  ;  son 
style  est  d^  jplus  corrects ,  sa  diction  élégante  ;  elle  reçut  les  éloges 
des'  plus  beaux,  esprits  du  temps ,  de  Scaliger  entre  autres.  Watt 
rBibl.  britann.ï  indique  seulement  le  volume  dont  nous  venons  de 
donner  Iç  titré  ;  il  n*a  pas  connu  ses  Opu^cula  quœ  quidem  haher^i 
potuerunU  in  iuçem  édita,  studio  J,  C.  Kalekhpff.  Francqfurti,  I7;24> 
pè^t  in-^9  19  feuillets  préface  et  table,  234  pages.  Cette  édition 
renlermé  ses  poésies ,  des  pièc^de  v^.rs  à  sa  louange  par  plusieurs 
écnvâins  estimés  (J.  Opusa  et  Dan.  tleinsius  ,  entre  autres) ,  et  ses 


•*.  Â  Scaliger  et  à  diverses  personnes  plus  ou 
moins  connaef  ;  leurs  réponses  y 


sont  presque  toujours  jointes  ;  et. 


664  ''    TECHENER,    PLACE   DU.  LODVBE,    12. 

si  Ton  nous  accordoit  plus  de  place ,  nous  pourrions  en  extraire 
quelques  détails  qui  ne  seroient  pas  tout  à  fait  sans  intérêt. 

Dans  un  petit  volume  très-rare  ,  et  que  je  ne  trouve  indique 
nulle  part ,  Joachimi  Rusdorju  nobilis  germant  Tjrrodnia  pœtica  , 
in-i6(  1628, sans  nom  de  ville  ou  d'imprimeur),  l'on  trouve  (p.  io4) 
une  élégie  de  46  vers  qui  nous  apprend  que  E.-J.  Weston  étoit  morte 
à  Prague,  en  161 3;  et  c'est  la  seule  autorité  que  nous  ayons  pour 
fixer  la  date  de  son  décès.  Quant  à  Rusdorf ,  il  paroit  avoir  accom- 
pagné, en  Angleterre,  le  malheureux  Frédéric,  roi  de  Bohême.  T^ici 
un  échantillon  des  complimens  qu'il  adresse  aux  beautés  britan- 
niques : 

Aoglia  regnum  Veneris , 
Italia  Cupidinis. 
Extorris  Cypro,  patrioCythereia  regoo, 

Erravit  puero  concomitata  Deo  : 
Europae  peragrant  diversas  climatis  oras , 
Itala  sola  placet ,  sola  Britanna  placet. 
•     OEnotrise  sumit  pharetratus  regoa  Cupido , 
Ast  sibi  selegit  sceptra  Britanna  Veous. 


Nous  extrayons  du  voyage  artistique  ,  en  Angleterre ,  du  direc- 
teur du  musée  de  Berlin ,  Waagen ,  ce  qu'il  dit  de  la  bibliothèque 
du  château  de  Chatsworth,  appartenant  au  duc  de  Devonshire. 

«  Introduit  dans  la'  bibliothèque,  je  vis  une  vaste  salle  garnie  de 
somptueuses  armoires  à  glaces,  qui  renferment  des  trésors  littéraires 
du  premier  rang ,  ornés  des  reliures  les  plus  élégantes.  En  fait  d'in- 
cunables ,  cette  collection  ne  le  cède  qu'à  celle  de  lord  Spencer. 
Le  duc  avoit  trouvé  une  importante  collection  toute  formée  ;  il  y 
joignit  d'insignes  raretés ,  qu'il  paya  bien  cher  à  la  vente  Rox- 
burghe ,  et  la  bibUothèque  de  l'évêque  d'Ely,  qu'il  acheta  en  bloc 
10,000  Uv.  sterl.,  sans  parler  de  celle  que  lui  a  léguée  son  oncle, 
lord  Gavendish.  Je  fus  par&itement  accueilli  du  possesseur  de 
toutes  ces  richesses  ;  il  m'engagea  à  résider  à  Chatsworth  tout  le 
temps  que  je  pourrois  m'y  plaire,  et  la  manière  dont  il  montra  ses 
plus  précieux  volumes ,  indique  un  bibliophile  consommé.  L'édi- 
tion princeps  d'Homère ,  donnée  à  Florence ,  inspira  mon  enthou- 
siasme ;  imprimée  sur  un  vélin  très-fin ,  et  d'une  blancheur  remar- 
quable, avec  les  initiales  coloriées  ayec  on  soin  exquis,  c'est  un 


BOLLETIM   DO   BIBUOPHILE.  665 

bijou  inestimable.  Je  vis  aussi  quelques  ouvrages  rarissimes  dus  aux 
presses  de  Caxton. 

J^étois  impatient  d'examiner  les  manuscrits  à  miniatures;  le 
plus  important,  sans  contredit,  est  un  BenedictionaU  écrit  en  lettres 
capitales  d'or;  une  inscription  en  vers  latins  indique  qu'£thewold, 
évêque  de  Winchester ,  Ta  fait  exécuter  par  un  nommé  Godemann. 
Cet  évéque,  ayant  occupé  son  siège  de  970  à  984 ,  l'âge  de  ce  ma- 
nuscrit se  trouve  déterminé.  C'est  un  pet.  in-fol.  de  1 18  feuillets 
sur  vélin  ;  le  nombre  et  la  beauté  des  miniatures ,  la  richesse  des 
entadremens  le  placent  au-dessus  de  tous  les  autres  manuscrits 
anglo-saxons  que  j'ai  vus  en  Angleterre  ;  il  présente  un  caractère 
qui  s'éloigne  de  celui  de  la  plupart  d'entre  eux,  et  qui  est  plus  sa- 
tisfaisant. On  retrouve ,  il  est  vrai ,  ces  têtes  maladroitement  des- 
sinées et  sans  aucune  expression,  ces  membres  allongés  et  maigres, 
ces  draperies  mal  jetées  ,  cachet  de  l'époque;  mab  tout  cela  a  un 
aspect  moins  barbare ,  et  quoique  bien  ignorant ,  sans  doute,  l'ou- 
vrier ihanioit  son  pinceau  avec  netteté  et  une  certaine  finesse.  Il  y 
a  quelques  traces  de  l'antique  ;  ainsi,  sur  le  feuillet  25  a ,  qui  repré- 
sente le  Baptême  de  Jésus-Christ,  le  Jourdain  est  personnifié  comme 
un  de  ces  dieux  sous  les  traits  desquels  la  mythologie  fîgureles  fleuves.. 
Il  est  demi-nu  ,  et  deux  cornes  noires  décorent  sa  tête.  Les  anges 
et  les  apôtres  portent  le  costume  des  anciens;  leurs  pieds  sont  nus. 
Quelques  miniatures  ont  un  reflet  de  l'art  byzantin  ;  la  Nativité  est 
évidemment  faite  d*après  un  modèle  de  cette  école,  ainsi  que  la 
Yierge  (feuillet  90  ^),  noble  figure  tenant  dans  la  main  droite  un 
livre  ,  dans  la  gauche  un  lis  ;  elle  a  une  robe  et  un  voile  dorés ,  un 
court  manteau  rouge,  dont  les  plis  sont  d'un  agencement  louable , 
et  dans  le  goût  de  l'antique.  L'or  est  employé  fréquemment,  tandis 
qu'il  ne  se  montre  que  rarement  et  avec  parcimonie  dans  les  ma- 
niiscrits  anglois  de  cette  époque.  C'est  bien  son  cachet  que  l'on  re- 
trouve dans  le  groupe  grossier  qui  lapide  saint  Etienne  (feuillet  17); 
les  juifs  y  ont  de  fort  petits  pieds  et  des  chaussures  noires.  Le 
Christ  est ,  d*accord  avec  les  plus  anciens  monumens ,  représenté 
sans  barbe ,  dans  la  miniature  où  il  apparott  à  saint  Etienne  mou- 
rant ,  mais  l'artiste  lui  en  donne  une  hideuse  dans  son  dessin  bar- 
bare de  la  Résurrection.  Les  fonds  sont  souvent  de  couleur  uni- 
forme ,  ou  bien  la  terre  est  verte  et  le  ciel  bleu,  mais  plus  souvent 
bariolé  de  bleu ,  de  rouge,  de  vert,  et  les  nuages  ressemblent  -&  des 
rubans  qui  ^envolent.  Les  omemens  qui  entourent  les  nûniaturef 


\ 


666  s.    TECHEMEA,  FLACS   DU   LOUYAEy    12* 

OU  oui  décorent  la  tête  d'un  chapitre  sont  traités  dans  le  goût  d*niie 
riche  architecture  romaine  ;  lacantue  des  anciens  se  reproduit  avec 
une  préférence  marquée  :  nulle  part  on  ne  rencontre  le  dragon,  ce 
favori  des  enlumineurs  du  moyen  âge.  L'argent  a  été  em|d[oyéy  mab 
il  n'y  en  a  que  des  traces  peu  sensibles.  Ce  manuscrit  est  du  plus 
haut  intérêt  ;  il  niontre  qu'alors  TÂugleterre  jpouvoit  enfanter  Am 
ceiivres  capables  de  soutenir  le  parallèle  avec  celles  de  la  France  « 
de  l'Allemagne  et  des  Pays-Bas. 

Un  Missel  d'Henri  VU  mérite  bien  iju'on  s']^  arrête  i  il  est  graii4 
in-8  et  contient  i86  feuilleU  de  vèbn.'^  Vne  note  sur  le  premiejç 
feuillet  indique  que  le  roi  le  donna  à  sa  fille  Marguerite ,  reine 
d'Ecosse  ,  mère  de  Marguerite  Douglas,  qui  en  fit  présent  à  l'ar- 
chevêque de  Saint-André.  Ensuite  vient  un  calendrier  de  la  feuiU 
lets,  orné  d'assez  jolies  miniatures  et  d'arabesques  représentant  des 
fruits  et  des  fleurs.  Le  i4'  feuillet  contient  l'envoi  autographe  du 
roi  à  sa  fille.  Au  verso  du  i5*  feuillet  est  le  Christ  vu  à  mi-corps  ;  sa 
main  droite  bénit ,  sa  gauche  tient  le  globe  du  monde,  en  cristal  » 
surmonté  d'une  croix.  Cette  figure  a  l'analogie  la  plus  frappante 
avec  celles  de  Jan  van  Eyck,  au  musée  de  Berlin,  et  de  Memling,  à 
la  galerie  de  Munich.  La  chaleur  du  coloris,  le  mérite  de  l'exécution 
de  cette  miniature,  et  de  celles  qui  l'accompagnent  en  grand  nom*» 
bre,  révèlent  une  origine  flamande.  Chaque  division  est  précédée 
d'une  miniature  qui  occupe  une  page  entière ,  et  dont  le  revers  est 
toujours  laissé  en  blanc.  Le  martyre  de  saint  Thomas  Beckett 
(feuillet  29)  et  le  saint  Georgs  (feuillet  3 1  )  ont  un  mérite  particu- 
lier. On  reconnoit  aisément  que  deux  enlumineurs  ont  travaillé  i 
ce  manuscrit  ;  le  premier ,  bien  supérieur  à  l'autre  pour  l'épergie 
des  tons  et  la  délicatesse  ,  a  exécuté  les  omemens  jusqu'au  feuil-» 
let  33  b,  et  ceux  des  feuillets  43  b  et  46  b.  Les  grandes  miniatures, 
et  les  pages  qui  leur  font  feice,  sont  richement  entourées  de  fleurs  et 
de  fruits  ;  il  faut  pourtant  convenir  que  le  tout  ensemble  n'atteint 
pas  le  degré  de  mérite  qui  distingue  quelques  artistes  des  Pays-Bas 
durant  cette  période  (i485  à  iSoq).  La  signature  du  roi  se  retrouve 
ato  feuillet  3a. 

Le  duc  fait  construire  une  galerie  où  sa  magnifique  collection 
de  dessins  des  grands  maîtres  sera  disposée  d'une  manière  qui  ne 
labsera  rien  à  désirer  ;  ils  étoient  empaquetés ,  en  attendant ,  de 
sorte  que  je  ne  pus  les  voir.'  On  jugera  de  ce  que  j'ai  perdu  lors- 
qu'on saura  qu'il  s'y  trouve  un  Léonard  de  Yinci ,  quatre  Michel- 


BULLETIN   BU   BIBUOPiULB.  667 

Aoge,  huit  Raphaël^  trois  Gorrëge,  troi?  Titien  ,  un  Durer ,  deux 
Holbein,  tous  pièces  capitales  et  des  morceaux  aussi  nombreux  que 
beaux  de  Jules  Romain  ,  Andréa  dd  Sarto ,  Perrin  del  Yaga,  et 
autres  coryphées  des  écoles  itaUennes.  Un  livre  d'esquisses  faites 
par  van  Dyck,  pendant  ses  voyages  en  Italie,  et  que  le  diuc  possèdie, 
est  certainement  aussi  un  objet  du  plus  grand  prix. 

Muni  d^une  lettre  de  recommandation  du  marquis  de  Lands- 
downe,  je  me  présentai  au  château  d'Holkam ,  appartenant  à 
M.  Coke,  n  est  impossible  de  rencontrer  un  accueil  plus  gpracieiix 
et  plus  affable  que  celui  que  me  fit  cet  honorable  et  beau  vieillard 
âgé  de  80  ans.  Sa  demeure  a  Taspect  de  celle  d'un  prince ,  et  un 
luxe  éblouissant  y  rè^ne.  Héritier  du  comte  de  Leicester ,  il  y  a  un 
demi-siècle,  il  a  géré  ses  domaines  avec  tant  d'habileté  et  de  succès, 
qu'il  est  à  bon  droit  regardé  aujourd'hui  conune  Tun  des  plus  in- 
telligens  et  des  plus  riches  propriétaires  en  Angleterre. 

()çi  le  voyageur  allanand  décrit  longuement  une  magnifique 
galerie  4'antiqujes  et  une  collection  de  tableaux  où  les  noms  de 
l'Albane,  4c  Rubens  ,  de  Poussin  ,  de  Claude  Lorrain  reviennent 
souvent  ;  nous  laisserons  de  côté  ces  détails  étrangers  au  plan  du 
buUe^p,  et  nous  en  tiendrons  à  ce  qu'il  dit  des  manuscrits  ornés 
de  miniatures.) 

Le  plus  remarquable  est  le  n?  ij5  ,  évangéliaire  sur  vélin  ,  pe|. 
in-fol.,  qui  porte  le  caractère  di;  xi*  siècle.  La  couverture  de  la 
ménie  époque  est  ornée  d'images  en  métal  grossièrement  travaillées; 
elles  représentent  Jésus-Christ  sur  un  trône,  entouré  des  évangé- 
hsteSi  et  donnant  sa  bénédiction  ;  ces  figures  sont  d'une  longueur 
disproportionnée;  elles  sont  entourées  d'ornemens  en  fiUgranes 
assex  délicats  et  richement  garnis  de  pierres  précieusjes.  Les  minia- 
tlires  représentent,  en  outre  des  quatre  évangélistes,  Jésus  crucifié  ; 
prèf  de  lui  sont  Marie  e.t  Joseph.  Elles  portent  le  même  cachet  que 
celles  du  i^aanuscrit  de  Chatsworth,  que  j'ai  décrit,  et  sont  sûrement 
4'orîgine  anglaise  ;  les  bordure?,  exécutées  dans  le  goût  de  l'archi- 
^cture  jroroaine,  son^t  riches  et  rehaussées  d'or. 

,Un  a^tre  évangéjiiajre  (n^*  i5)  de  '&  mé^ie  époque,  deux  volumes 
Rlimgîques  (i>?f  36  et  irj)  des  jn*  et  xiii*  siècles  sont  également  oi^ 
^éâ  4» xpviiature^  et  richeiiient  recouverts;  je  n'eus malheiireuse- 
mi^t  pas  le  ten^ps  de  les  examiner  à  loisir* 

N»  4i.  Un  Vffiwi  sur  vél.,  in-*,  e^éciut^  pour  Pierre  de  Médicis, 
dpiit  les  anoes  sont  sur  U  premier  feuiUet;  sous  tous  les  rapports, 


\ 


668  J.    TECHEtfER,    PLACE   DU   LODVEE  ,    12. 

il  donne  des  preuves  d'un  goût  qui  s*unit  au  luxe.  De  nombreuses 
vignettes  et  les  initiales  présentent  de  petites  figures  pleines  de 
vie  et  bien  groupées  ;  elles  rappellent  tout  à  fait  le  genre  de  Dôme- 
nico  Ghirlandajo ,  et  révèlent  la  fin  du  xv^  siècle.  Les  portions 
éclairées  dans  les  paysages  et  les  vêtemens  ont  été  rehaussées  d'or  ; 
les  bordures  sont  richement  ornées  de  gracieuses  arabesques  y  de 
bouquets  d'or,  et  quelquefois  de  petits  oiseaux. 

N**  658-59.  Chronique  des  comtes  de  Hainaut  et  de  Flandre  ; 
on  y  attache  un  grand  prix  à  cause  de  ses  miniatures ,  qui  sont , 
après  tout,  l'ouvrage  d'un  médiocre  artbte  des  Pays-^Bas,  au 
XV*  siècle. 

J'étois  trop  pressé  pour  pouvoir  tout  contempler  ;  ainsi  quelques 
manuscrits  qui  m'auroient  vivement  intéressé  m'échappèrent;  je 
regrette  surtout  une  Bible  en  figm^es  du  temps  d'Edouard  m. 

La  bibliothèque  publique  de  Cambridge,  riche  de  plus  de 
100,000  volumes ,  me  fut  montrée  avec  la  plus  grande  obligeance 
par  le  conservateur  Hartshorne ,  encore  jeune  ,  et  qui  a  publié  , 
en  1829,  un  ouvrage  sur  les  raretés  les  plus  curieuses  qu'elle  pos- 
sède. Panni  ses  2,000  manuscrits  ou  distingue  surtout  une  copie 
des  quatre  Evangiles  en  grec  et  en  latin ,  très-bien  écrite  et  d'une 
belle  conservation  ;  quelques  érudits  la  croient  du  5*  siècle,  d'au- 
tres la  regardent  comme  un  peu  moins  ancienne  ;  elle  a  appartenu 
au  couvent  de  Saint-Irénée ,  à  Lyon ,  et  elle  tomba  dans  les  mains 
du  fameux  Bèze,  qui  en  fit  cadeau  à  l'université  angloise*  H  ne  faut 
pas  passer  sous  silence  trois  de  ces  manuscrits  remplis  de  dessins 
d'animaux  vrais  ou  fabuleux  ,  et  que  les  bibliographes  connoissent 
sous  le  nom  de  bestiaires.  Comme  luontiment  des  connoissances  zoo- 
logiques  et  graphiques  du  moyen  âge,  ils  ont  constamment  un  in- 
térêt particulier.  Tous  trois  sont  incomplets  au  commencement  et  à 
la  fin.  L*un  d'eux  (coté  K  4»  25)  est  un  petit  in-fol.  sur  vélin  où 
sont ,  en  outre ,  retracés  divers  sujets.  La  première  figure  est  celle 
d'Alexandre  le  Grand  en  costume  du  moyen  âge;  il  est  majestueu- 
sement assis,  une  jambe  croisée  sur  l'autre ,  ainsi  qu'à  cette  époque 
l'on  représentoit  les  juges.  Ce  furent  les  notions  puisées  dans  une 
traduction  de  l'histoire  des  animaux  d'Aristote  qui  servirent  cer- 
tainement de  base  à  tous  les  ouvrages  de  ce  genre.  Des  combats 
de  bêtes  entre  elles  ou  contre  des  hommes  i^viennent  plus  d'une 
fois ,  et  il  y  a  de  la  fidélité  dans  la  manière  dont  sont  retracés  les 


BOLLEtlN   DO   BIBUOPHItE.  669 

animaux  réels.  On  y  trouve  jusqu'à  des  centaures.  On  fera  atten- 
tion à  une  pêche  de  la  baleine  ;  un  homme  assis  sur  le  cétacé  lui 
enfonce  dans  le  corps  un  grand  clou  ou  crampon  attaché  à  une 
corde  que  tient  un  matelot  à  bord  du  navire.  Quelques  dessins  ne 
sont  qu'esquissés,  d'autres  légèrement  et  grossièrement  enluminés. 
La  façon  dont  ces  sujets  sont  conçus  et  traités  révèle  le  commen- 
cement du  xui*  siècle.  Les  arabesques  et  le  tracé  du  second  manus- 
crit (format  pet.  in-fol. ,  sur  vél.)  doivent  le  faire  rapporter  au 
XII*  siècle  ;  les  cinq  premiers  feuillets  seulement  sont  enluminés. 
Le  troisième  manuscrit  in-^  est  incomparablement  moins  beau. 

Je  remarquai  un  joli  manuscrit  des  Heures  de  la  Vierge  ,  grand 
in-8  sur  vélin  ,  d'une  écriture  très-serrée ,  et  dont  les  miniatures, 
les  encadremens  ornés  de  fleurs  et  de  fruits  sont  un  gracietix  monu- 
ment de  l'art  de  la  peinture  en  ininiatm*e  chez  les  Flamands ,  à  la 
fin  du  XV*  siècle.  A  la  fin  du  volimfie  est  une  note  qui  attribue  ces 
décorations  à  Giulo  Clovio  ;  elle  indique  une  ignorance  complète. 

Un  superbe  exemplaire  de  la  traduction  italienne  de  Pline ,  im- 
primé à  Venise,  chez  Jenson  ,  en  1476 ,  montre  avec  quel  zèle  on 
continua  à  orner  de  miniatures  les  anciens  produits  de  l'art  typo- 
graphique. G*est  un  in-fol.  sur  vélin  d'une  admirable  exécution. 
Au  commencement  du  second  livre ,  les  marges  sont  décorées  de 
miniatures  archi tectoniques  aussi  gracieuses  que  riches  ;  la  har- 
diesse et  le  fini  du  dessin,  la  vivacité  du  coloris  les  mettent  au  pre- 
mier rang.  De  chaque  côté  est  une  colonne  d'ordre  composite  en 
or,  rehaus^  de  teintes  brunes ,  et  accompagnée  d'un  entablement 
âégant.  L'architecture,  d'un  bleu  clair,  est  ornée  de  masques  ;  la 
frise  est  violette  et  décorée  de  figures  de  combattans,  ou  bien  verte 
et  enjolivée  d'images  de  dauphins.  Les  deux  colonnes  de  texte  sont 
séparées  par  une  tablette  où  s'entrelacent  des  filets  rouges.  Il  se 
trouve  encore,  sur  la  marge  à  droite ,  et  sur  un  fond  bleu  et  foncé, 
des  groupe^  de  pierres  précieuses  et  de  coraux  qui  se  déroulent  en 
arabesques  enchanteurs.  La  lettre  capitale ,  un  E ,  est  retracée  en 
or  et  en  pourpre  sur  un  fond  vert  de  forme  carrée  ;  un  en£snt  et 
un  triton  la  décorent,  ainsi  que  deux  têtes  avec  les  inscriptions  D.  A. 
(DiTus  Augustus)  et  D.  F.  (Diva  Faustina).  En  tête  de  chaque  livre 
est  une  initiale  ornée  avec  autant  de  richesse  ;  en  tête  de  chaque 
chapitre,  il  s'en  trouve  d'une  dimension  moindre.  En  comparant 
ce  travail  à.  des  ouvrages  analogues,  je  me  crois  fondé  à  lui  attri- 
buer une  origine  milanaise. 


^O  7.    TECHIMEH,    PLACE  BU   U>UVA£,    IZ* 

L^  biblÎQtlièquQ  du  collège  de  la  Trîpité,  écabUe  dans  une  salle 
yfntCi  ël^Dte  et  bien  éclairée ,  reaferme  aussi  quelques  manus- 
crii^di^es  d'alteotion. 

Uo  Év^ngéliaire  in-'fbl.,  sur  yéUn  (coté  B.  lo,  4)  apparient  au 
^  si^e,  (et  c'est  un  reste  précieux  de  l'art  en  Angleterre.  En  tète 
est  Ip  jC^rist  sur  SQQ  trône  ;  s^  cheveux  blancs  sont  ceints  d'une 
couronpe.  Le^  figura  des  quatre  évangiélistes  sont  de  petite  diinen^ 
sipn  ;  toutes  les  miniatures  sont  entourées  d'omemens  où  l'or  a  été 

É 

employé  san^  parcimonie. 

Le  goAt  qu'ayoîenit  pour  un  meryeilleux  fantastique  et  effiayant 
lesifnaginations  du  moyep  âge  devoit  leur  CEÙre  trouver  un  cbarme 
tOUtiHii^ciilier  dans  l'Apocalypse;  aussi  ce  livre  est-il,  à  part  les  évan- 
féliajures  etl^  psautiers,  celui  dont  on  rencontre  le  plus  souvent  des 
manuiKrits  ornés  de  miniatures,  La  bibliothèque  de  Cambridge  en 
possède  trois ,  et  l'un  d'eux  est  d'une  beauté  vraiment  extraordi- 
naire. C'est  une  traduction  françoise  avec  un  commentaire  étendu  ; 
elk  remplit  un  in-fol.  i  2  colonnes  (coté  R  16, 2)  ;  sur  la  couverture 
se  trouvent  les  armes  de  France  ;  les  quatre  premiers  feuillets  of*- 
frent  neuf  sujets  relatifs  à  la  vie  de  saint  Jean;  il  n'y  a  guère  de 
pages  dans  le  reste  du  volume  qui  ne  soient  embellies  d^une  ou  deux 
Winialimes  ;  les  quatre  derniers  feuillets  même  en  contiennent  aa. 
To«t  y  indique  la  première  moitié  du  xmf  siècle.  L'artiste  s'est  ins- 
fnié  du  texte  qu'il  illustroit  ;  il  a  souvent  des  conceptions  pleines 
4'originalité,  de  surnaturel,  d'intérêt.  Les  diables  et  1^  dragons 
ne  laissent  rien  à  désirer  au  connoisseur  le  plus  difficilç.  Les  têtes , 
dépotwues  de  variétés,  ont  pourtant  quelque  expression  ;  les  pieds 
sont  petits  et  naAigres,  les  corps  d'une  longueur  disproportionnée. 
Les  danmés  sontieconnoissables  à  des  nex  aqnilins  énormes  et  à  des 
bouches  monstrueuses  peintes  en  blanc.  Les  couleurs  sont  épaisses 
et  sombres  ;  le  bleu  et  le  brun  dominent  ;  les  draperies  sont  ajustées 
avec  de  l'Jiabileté  et  beaucoup  de  soin;  on  y  reconnoit ,  ainsi  que 
dfmsl'arcbitecture,  les  premières  traces  du  goût  gothique.  L'auréole 
des  saints,  les  encadremens  des  sujets  sont  rdiaussés  d'or  ;  les  ar- 
bres conservent  encore  la  forme  de  convention  qu'on  leur  donnoit 
au  zii'  siècle.  Ce  précieux  manuscrit,  de  la  plus  étonnante  conser- 
vafdon  ,  fut  donné  au  collège  par  une  dame ,  en  i64g*  Les  deux 
autres  sont  de  bien  moindre  importance. 

C'étoit  en  grande  partie  pour  voir  les  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque Bodleyenneque  je  me  rendois  à  Oxford;  le  docteur  Bandi- 


BUMJITIN   DO   BIBUOPBILK.  67  I 

oeil,  qui  préside  à  ce%  çiabUsaement ,  m^  reçut  avec  une  comidai- 
sance  iu£uie,  au  point  que,  sacbaot  comhieii  j'avais  peu  de  tempa, 
il  voulut  bien  me  donner  rendex-VQUsà  six  heures  du  matin.  Je  vis 
|e  célèbre  manuscrit  de  la  iraduçûon  en  vers  anglo-s^ons  de  la 
pen^  et  de  Daniel ,  faite  par  le  moine  Caedroon  ;  le  Déca* 
méron  ^  de  D^bdin,  et  les  mémoires  de  la  Soûété  des  Antiquaires 
m'avoient  déjà  donné  uiie  idée  des  nombreux  dessins  qu'il  ren- 
(ierme.  Jj'ei^amen  que  j'en  %a  corrobora  l'opinion  que  mes  re- 
cherches au  musée  britannique  m'avoient  inspirée  sur  le  compte 
des  artistes  aoglois,  depuis  Le  x*  jusqu'au  xii«  siècle.  D'après  la  lon- 
gueur disproportionnée  des  figures  ,  l'extième  petitesse  des  pieds, 
nn  certain  cachet  dans  le  type  des  visages ,  je  regarde  ce  volume 
(ptet.  in-fol.)  comme  étant  du  milieu  du  xi*  siècle,  quoiqu'on  l'aft-^ 
tribue  en  général  à  la  fin  du  x'  ;  le  savant  bibliothécaire  observa 
que  la  Corme  de  récrûture  venoit  à  l'appui  de  ma  façon  de  voir. 
Les  figures  sont  des  croquis  à  la  plume ,  enluminés  de  rouge ,  de 
noir.  Il  esc  remarquable  qu'à  la  page  1 1  ,  qui  représente  Dieu  le 
père  donnant  la  bénédiction ,  l'on  relrouve  le  type  le  plus  antique 
de  la  tête  du  Christ  figuré  jeune  et  sans  barbe;  la  robe  pourpre  et 
le  manteau  vert  sont  ajustés  à  l'antique  et  les  ombres  indiqués  par 
d*épais  traits  noirs.  D'autres  peintures  offrent  l'image  de  Jésus  con^ 
forme  au  type  le  plus  récent  des  mosaïstes.  Les  ornemens  ne  sont 
pas  continués  jusqu'à  la  fin  du  volume  :  à  partir  de  la  page  88,  on 
n'en  trouve  plus  que  la  place  laissée  en  blanc ,  à  l'exception  d'une 
miniature  inachevée  (page  96). 

Un  fort  beau  Térence  sur  véliti ,  du  xii*  siècle ,  est  curieux  par. 
les  indices  qu'il  oAre  d'une  époque  de  transition  dans  Ti^rt.  Ainsi 
les  vétemens  sont  conformes  au  costume  antique ,  et  leurs  bordureâ.. 
sont  enrichies  de  pierres  précieuses  ;  le  style  de  l'architecture  tien^i 
le  milieu  entre  le  gothique  et  l'anûque.  Le  défaut  de  proportion 
dans  les  figures  tuop  allongées  sur  le  frontispice  et  trop  courtes-, 
dans  les  vignettes ,  la  petitesse  des  pied^,  la  grandeur  des  mains  ek 
leur  incorrection ,  tout  cela  appartient  aux  époques  dn  barbarie» 
De  toutes  les  passions ,  la  Peur  est  la  mieux  rendue. 

Un  manuscrit  sur  vélin ,  du  xi*  siècle  ,  contenant  les  Actes  dés 
apôtres  et  les  Spitrea,  écrit  en  joli  caractère  grec  cursif,  est  impôt» 
tant  en  ce  qu'il  montre  avec  quelle  fidélité  L'esprit  et  les  procédés 
de  la  peinture  antique  se  conservèrent  dans  fdusieurs  circonstances.. 
L'sr  em^ployé  pour  le  fend  est  presque  le  seul  indice  qu'il  offire  da. 


671  J.    TXCBENBR,    PLACE   DU   LOUVRB,   J2. 

genre  byzantin.  Les  figures  des  apôtres  Pierre ,  Jacques,  Jean,  Lnc 
(deux fois)  et  Paul  occupent  chacune  une  page  entière;  elles  sont 
traitées  avec  liberté  et  noblesse  ;  les  proportions  sont  exactes ,  les 
formes  bien  senties ,  et,  chose  plus  rare  ,  les  mains  et  les  pieds  bien 
dessinés.  Les  chairs  ont  ces  tons  bruns ,  les  vétemens,  strictement 
fidèles  à  l'antique ,  ces  tons  clairs  que  l'on  rencontre  dans  les  pein- 
tures de  Pompeï,  et  une  hardiesse ,  une  assurance  de  pinceau  éton«- 
nantes  régnent  partout.  Ce  manuscrit  peut  se  mettre  à  côté  de  la 
Bible  de  l'empereur  Basile  et  du  psautier  grec  du  x*  siècle  ,  que 
possède  la  bibliothèque  du  roi,  k  Paris. 

Je  vis  encore  le  manuscrit  grec  du  nouveau  Testament ,  que  pos- 
séda longtemps  la  famille  Ebner ,  de  Nuremberg ,  et  qu'en  1819 
elle  vendit  pour  la  bien  modique  somme  de  120  louis  d'or  au  li- 
braire Payne ,  auquel  l'université  l'aaheta.  C'est  un  in-4  sur  vélin , 
d'une  élégante  écriture  cursive ,  dont  la  forme  indique  le  xii*  siècle. 
Sur  la  couverture,  qui  est  en  argent  massif,  est  une  plaque  d'i- 
voire de  six  pouces  de  haut  qui  représente  Dieu  le  père  dans  l'acte 
de  donner  sa  bénédiction  ;  cette  figure  est  travaillée  avec  grand 
soin  et  d'un  goût  noble.  Les  nombreuses  miniatures  qui  décorent 
ce  manuscrit  sont  importantes  sous  plus  d'un  rapport  ;  le  caractère  de 
l'école  byzantine  s'y  retrouve  en  entier  dans  plusieurs  endroits ,  et 
bien  des  principes  de  la  peinture  antique  sont  constamment  respectés. 
Il  y  a  delà  dignité  et  de  l'expression  dans  un  grand  nombre  de  person- 
nages ;  les  ombres  et  les  lumières,  reproduites  sans  art,  ont  une  lar- 
geur fixe.  Dans  plusieurs  sujets,  notanunent  dans  saint  Pierre 
délivré  par  un  ange ,  la  beauté  simple  et  noble  de  l'art  chrétien  le 
plus  reculé  perce  complètement.  Je  fus  frappé  de  la  fieiçon  dont  saiot 
Jean  est  représenté  deux  fois  sur  la  même  miniature ,  d'abord  sous 
les  traits  d'un  jeune  homme,  assis,  écrivant  son  Évangile  ;  ensuite 
sous  ceux  d'un  vieillard  à  barbe  blanche,  les  mains  élevées  vers  un 
croissant  peint  en  bleu,  destiné  à  représenter  le  ciel,  et  d'où  sort  une 
main  élevée ,  celle  de  Dieu ,  qui  le  bénit  ;  à  côté  est  écrit  en  grec  : 
La  Révélation  divine  éclairant  Jean.  Les  artistes  antérieurs 
au  XY*  siècle  représentoient  habituellement  cet  apôtre  comme  un 
vieillard  ;  depuis ,  il  a  constanunent  été  dépeint  comme  un  jeune 
homme  :  ici  il  se  montre  sous  des  traits  différens,  soit  conune 
évangéliste,  soit  comme  auteur  de  l'Apocalypse.  Les  omemens  qui 
entourent  les  principales  miniatures  ne  conservent  plus  rien  des 
formes  antiques  ;  les  couleurs  variées  sur  un  fond  d'or  rendent  té- 
moignage de  l'influence  arabe. 


K 


BULLkTiIf   DU   BIBUOFHILE.  673 

3e  ne  pus  malheureusement  voir  les  beaux  et  nombreux  manus- 
crits à  miniatures  que  le  savant  Douce  a  légués  à  la  bibliothèque 
Bodleyenne.  Le  docteur  Bandinell  me  dit  qu'il  ne  pouvoit  m'en 
montrer  qu'un  seul.  QuW  juge  de  ma  satisfaction  lorsque  je  re- 
connus, au  premier  coup  d'oeil,  le  livre  d'Heures  qui  avoit  appartenu 
à  Marie  de  Médicis,  reine  de  France  ,  et  que  tant  d'amateurs  ont 
admiré  chez  le  pasteur  Fochem ,  de  Cologne ,  qui  en  fut  proprié- 
taire il  n'y  a  pas  longtemps.  Bien  des  connoisseurs  penchoient  à 
faire  honneur  de  ces  miniatures  au  célèbre  Hans  Memling  ou  Hém- 
ling,  de  l'école  de  van  Eyck.  Bien  qu'elles  appartiennent  évidem- 
ment à  cette  école ,  je  crois  que  cette  opinion  ne  sera  point  admise 
de  ceux  qui  ont  vu  le  superbe  Bréviaire  romain,  conservé  à  la  bi- 
bliothèque de  Saint-Marc,  à  Venise  ,  et  qu'a  décoré  ce  maître.  Les 
formes  de  l'architecture,  la  perspective  aérienne  dans  les  arrière- 
plans  du  paysage ,  indiquent  une  époque  un  peu  moins  reculée , 
de  sorte  que  ces  miniatures  ont  dû  être  exécutées  au  plus  tôt  vers 
i5oo.  n  est  bien  facile  d'y  reconnoître  deux  mains  différentes,  l'une 
est  d'une  grande  finesse  et  d'un  tracé  fort  délicat;  elle  donne 
beaucoup  de  vie  aux  figures  ;  c'est  d'elle  qu'est  le  frontispice  ;  l'autre 
est  bien  moins  habile,  bien  moins  exercée;  c'est  à  elle: que  j'attri- 
bue le  siège  de  Jérusalem  sur  la  page  qui  suit  le  titre;  sur  chaque  , 
page,  la  marge  supérieure  est  ornée  de  fleurs ,  de  fruits,  d'insectes, . 
quelquefois  d'arabesques  ou  de  pierres  précieuses  et  depeiles  retra»  < 
cées  sur  un  fond  presque  toujours  d'or  mat ,  quelquefois  aussi  de 
couleur  verte ,  et  avec  une  délicatesse ,  une  vérité  ,  une  supériorité 
d'exécution  que  l'on  ne  rencontre  que  dans  les  plus  beaust  ma**- 
nuscrits  de  cette  époque.  .  •    G.  B.  • 


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QtTÈLçitjJEâ  ^trhâ 


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BiANÙSCftlt  m  GtlÊGOÏtiÈ  i)Ê  tOÙRS, 


9R  LA  BliLIOT&ÊQUE  DE  CAMÉRA  r 


Lé  manuscrit  de  Grégoire  de  Tours ,  qui  te  troû?e  k  la  bîMîo- 
chèque  de  Cambrai,  est  un  inn'fol.  de  i3  pouceâ  de  hauteur  sur 
9  poo^  5  lignes  de  largeur.  Il  a  1 84  feuillets  de  peau  de  yélin , 
écrits  des  deux  oôlés^  à  deux  colonnes  et  saiis  pagination  ;  presque 
toos^  les  ftaîUeCs  portent  à  leur  sôththét  le  fa|ij>el  au  livre  aù^uif 
ils  àppàrtienneÉit. 

lidt  j  3t  prenniérs  feuillets,  fftà  «îènâennent  leé  6  premiers  liyres^' 
sont  écrits  en  lettres  tinriales  ;  gtàoîiéh  feC trèi^  romiiiiiés  encore  éà 
usage  i  Tëpoqué  mërowiD^enne.  Cette  écriture  du  manuscrit  de 
Grégeii^  de  Tours  me  pefrdtt  dàtjét  dâ  vîtf*  siècle ,  ][>éati-être  mêni^ 
drbfadà'▼u^' 

iw  âQqusnte-tMiâ  derâiersfeiiinëci^dÉitilrà^^  quatre  d^ér- 

mêtu  h/net;  ils  sûnt  AâritH  éH  imm  èét^vmhïéë  t[iû  iHé  pâ-- 
roissent  dAer  du  ix*  siècle. 

Depuis  le  premier  feuillet  jusqu'à  la  huitième  feuille  du  deuxième 
livre ,  les  feuillets  sont  fortement  salis.  Le  vélin  est  altéré  et  rongé  à 
quelques  endroits.  Dans  le  reste  du  volume  ,  on  trouve  quelques^ 
rares  défauts  dans  le  vélin.  Plusieurs  annotations ,  plusieurs  cor- 
rections se  remarquent  aux  marges  et  aux  interlignes.  «Tai  cru  y 
reconnoitre  l'écriture  du  père  Mabillon.  Quelques  feuillets  sont 
écornés ,  mais  le  texte  est  entier. 

Les  cinq  premiers  livres  sont  complets  :  le  sixième  le  seroit  aussi 
sans  quelques  lignes  qui  manquent  tout  à  la  fin  ;  elles  ont  été  enle- 
vées avec  le  feuillet  entier ,  sans  doute  à  cause  du  blanc  que  la 
feuiOe  de  vélin  laissoit  parottre. 

Le  septième  livre  et  les  trois  derniers  sont  écrits  sur  un  vélin 


BULLETIN   AD   BIBUOPHILC.  675 

d'une  autre  qualité  que  celle  du  Télin  des  six  premiers  livres.  Il  est 
moins  épais,  moins  transparent,  moins  lisse. 

Le  septième  livre  est  complet  ;  le  huitième  Test  kassi ,  inais  il 
paroit  écrit  par  une  nouvelle  main.  Cependant ,  le  corps  ,*  lie  genre 
de  l'étriture  sont  les  marnes  que  ceux  du  sieptièÀie  livre;  maîé 
récriture  présente  plus  de  netteté. 

Le  àeuvièmè  livre  est  incomplet  t  un  feuillet  a  éfé  cqW|^  vers  le 
milieu  du  livre. 

Quatre  feuillets  ont  été  coupiés  à  la  fin  du  dixième  livret  ;  le  dér* 
nier  feuillet  est  diminué  de  moitié  de  sa  largeur. 

Les  épitomes  manquent  entièrement'/  ils  n'ont,  Simd  doiité,  ja- 
mais existé  à  ce  volume ,  c«r  on  voit  encore  la  iîàiàiiàkiièè  dés  quatre 
derniers  feuillets  coupés  au  dSxièt&e  Uvrè;  et  éile^épltbmici^afvàiënt' 
existé ,  ce  serait  aux  épitomes  qttë  iHéiUjfiéHfiëki  tés'  ^Ûielti'e  fëÛI- 
lets  i  et  le  dixième  Kvre  aeroit  coHftipfet. 

Peut-être  le  premier  copiste  àùra-'i-it  éétic  les  di%'  llvrW,  dd*€ 
les  quatre  derniers  auront  été  détruits  sous  le  règne  des  successeurs 
de  Clovis ,  époque  de  confusion  et  d'ignorance ,  que  le  génie  de 
Charlemagne  et  la  science  d'Alcuin  ont  cherché  à  faire  oubher. 
Très-probablement  les  quatre  derniers  livres  du  manuscrit  auront 
été  remplacés  sous  Charlemagne,  ou  sous  ses  premiers  successeurs. 
Cette  hypothèse  est  d'autant  plus  probable ,  que  les  quatre  derniers 
livres  présentent  plus  de  fautes  de  latinité  que  les  six  premiers , 
qui  n'en  sont  pourtant  pas  exempts  ;  et  que  c'est  au  ix'  siècle  que 
le  latin  a  cessé  d'être  la  langue  du  peuple  des  Gaules ,  qui  ne  se 
servit  plus  que  du  roman. 

Aucuns  dessins ,  si  ce  n'est  de  petits  poissons  assez  mal  jetés,  et 
un  simple  trait ,  n'accompagnent  les  initiales.  On  n*en  voit  qu'à 
trois  conunencemens  de  chapitres.  En  général,  le  volume  est  écrit 
avec  correction,  mais  très-simplement.  Quelques  titres  écrits  en  let- 
tres plus  grandes  que  celles  du  texte  présentent  de  ces  doubles 
consonnes  que  les  Romains  avoient  prises  aux  Grecs. 

Ce  précieux  manuscrit ,  l'un  des  plus  rares  qui  soient  en  Europe , 
a  été  bien  gauchement  relié  en  mauvaise  basane ,  vers  la  fin 
de  1826.  Rien  n'est  plus  ridicule  qu'une  pareille  couverture  à  un 
livre  aussi  vénérable.  Il  faut  absolument  ùàre  disparaître  cette 
preuve  de  mauvais  goût  du  bibliothécaire  de  i8a6.  Le  volume  a 
besoin  d'être  démonté  et  nettoyé  avec  la  plus  grande  précaution  ; 
on  devra  retendre  et  mettre  en  presse  les  feuillets  qui  sont  racornis  : 


3n6  J.    TSCHENSB^    VLktE,  DU   LOOVAX ,    12. 

et  les  feuillets  manquans  devroient  être  restitués  habilement  et  dân» 
le  style  de  l'époque. 

11  est  très-lacile  de  lui  trourer  une  reliure  en  bois  du  xiv'  ou 
du  XY*  siècle ,  et  de  le  remonter  dans  là  nouvelle  oouyeriure,  qui 
ne  devra  pas  dispenser  de  le  placer  dans  un  étui  fermant  à  clef ^ 
qu'on  placeront  dans  un  appartement  à  l'abri  de  l'humidité. 

Il  se  trouve  actuellement ,  et  depuis  quelques  aimées  /placé  dans 
un  corridor  humide  et  sans  communication  directe  avec  l'air  exté** 
rieur;  il  court  le  risque  de  périr  s'il  y  séjourne  encoi:e  dix  ans.  Je 
l'ai  revu  aujourd'hui  tout  humide ,  quoique  par  une  température 
de  plus  de  ^o  degrés  de  chaleur. 

Û  est  probable  que  ce  manuscrit  aura  servi  aux  Bénédictin» 
quapd  ils  ont  donné  leur  édit^n  4?$  différens  historiens  des  Gaules. 
Pal  cpllationné  quelques  pages  prises  dans  les  différens  livres ,  et  j'ai 
trouvé  l'arrangement  des  n^otji  et  des  phrases  absolument  con-* 
fenne  à  la  leçon  donnée  par  les  Bénédictins. 


Cambrai ,  s4ao(lt  1887. 


Faillt. 


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Bulletin  Du  i3iblta))t)Ue, 


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CATALOGUE   DB   LIVRES    BAREfl   ET   GUKIEUX ,    D6 

LITTÉRATURE,    r'bISTOIRB  ,    BTC,    QVl 

SE  TROUVENT  A  LA  LIBRAIRIE  DE 

J.     TBCHBNBR,    PLACE 

BU      LOUVBE  , 


N-  14.  —  Juin  1859. 


i5oi  Amoubs  des  Dames  illusti^à  de  France  sous  le  règne  de 
Louis  XTV.  Cologne j  P.  Marteau  (s.  d.),  2  vol.  pet.  in-12 , 
fig.,  brochés i5—  » 

i5o2  AirriTBÈftE  db  nostbb  Seignbvr  Iesvs-Christ  et  du  pape  de 
Rome.  1620,  pet.  in-S ,  mar.  rouge,  fil.,  tr.  dor.  (Derome,), 

24—-  » 

Deux  figures  grotesques  et  satiriques  contre  le  pape  Jules  III 
sont  ajoutées  à  cet  exemplaire. 

i5o3  Baccu  Elpidani  (Andr.).  De  naturali  vinorum  bistoria,  de 
vims  Italiae  et  de  conviviis  antiquorum  libri  vxi.  Romœ^ 
1596,  in-fol.,  vél.  ,  cordé,  armorié  &ur  les  plats.      5o^  » 

Exemplaire  bien  conforme  à  la  description  qu^en  donne  M.  Bru- 
net  dans  le  Manuel  du  Libraire . 

i5o4  Baillt  (A.).  Histoire  financière  de  la  France,  depuis  Torigiiie 
de  la  monarchie  jusqu'à  la  fin  de  i  ^86  ,  avec  un  tableau 
général  des  anciennes  impositions  et  un  état  des  recettes  et 

43 


6^^  X.    TICHSNEE,    FLACI  DU    LOUVRE,    12. 

des  dépenses  du  Trésor  royal  à  la  même  époque.  Paris , 
i83o,  a  vol.  in-8,  br 8 —  » 

i5o5  BâLâAfl.  OBuvref  coaiptètes.  Parisy  L.  Êitlaine^  i665,  2  vol. 
in-fol.  9  port. ,  veau ,  portrait 18 —  » 

Ces  deux  Tolumes  deTÎcnnent  rares,  et  la  collection  elzéTÎrienne, 
moins  bonne  quant  au  texte,  estd^un  prix  fort  éieTë. 

1S06  Bavdibb  (Michel).  Histoire  du  mareschal  de  Toiras,  ov  se 
voyent  les  effets  de  la  valevr  et  de  la  fidélité.  Ports,  Cror- 
moisy^  i644f  ii^*fol.y  fig.,  v.  b 8—  *> 

i5o7  BoDGBAUD  (le  ciTOTEii).  Recherches  historiques  sur  la  police 

des  Romains ,  concernant  les  grands  chemins,  les  rues  et  les 

marchés.  Paris^  an  vni,  in-8,  br.,  en  cart.     .     .         3«*5o 

f^oy,  Bergier,  Histoire  des  grands  chemins  de  Tempire  romain, 
\  Yol.  in-4. 

i5o8  BaEiTEOPr.  Essais  sur  Pohgine  des  cartes  à  jeu ,  sur  l'inven- 
tion du  papier  de  coton  et  sur  le  commencement  de  Tart  de 
graver  en  bois  (en  Al)^m.),  avec  un  grand  nombre  de  plan« 
cbes.  Leipzig,  1784,  i»-4>  d.-rel.  14 — ^ 

i5o9  BftUNi  Aeetini  (Leonabdi)  Epistolarum  libri  viii  ad  finem 
codd.  Mss.  suppletii,  et  castigati  et  plusquam  xxxvi  epistCK 
lis,  quae  in  editione  quoque  fabriciana  deerant,  locupletati, 
recensente  Laurentio  Mehus.  Florentia^  1741  ,  2  vol.  in-8. 

12-— >• 

i5io  Bbulliot  (Fbançois).  Dictionnaire  des  monogranunes ,  mar- 
ques figurées,  lettres  initiales,  noms  abrégés ,  etc. ,  avec  le»' 
quels  les  peintres,  dessinateurs,  graveurs  et  sculpteurs  ont 
désigné  leurs  noms;  nouvelle  édition.  Munieh,  i832 ,  3  vol. 

in-4  br.  ;  publiée  à  1 20  fr 7^ —  ** 

Excellent  ouyrage. 

i5ii  BoixABT  (Isaag).  Académie  des  sciences  et  dw  arts, 
contenant  les  vies  des  hommes  illustres  qui  ont  ex- 
cellé en  ces  professions,  avec  Worapourtraicts  tivea  au  natu- 


ïtTLLSTllf   DU   BIBUOPHILI.  6^9 

rel.  BruJseUe^  Foppens  ^  fGgS,  a  vol.  in-fo!.,  veau.  {Belles 
épreui^es,) 

Les  superbes  portraits  qui  ornent  cet  ouvrage,  au  nombre  de 
1 17  dans  le  premier  volume  et  de  1 54  dans  le  second ,  sont  gravëf 
par  de  Larmessin,  d'après  fioulonnois 65 —  > 

t5i2  CsAftLoms  GoASAT,  tragédie  en  trots  actes  et  en  vers.  1795^ 
in-8,  portr.  ajouté,  broché 3— 5o 

P^oy.y  sur  cette  këroïne  ,  Touvrage  de  M.  Dubois  relatif  à  son 
histoire,  dont  le  prix  est  de  3  fr. 

i5i3  Cbifflet  (le  P.  Pierre-Faaiiçois).  Histoire  de  TAbbaye 
royale  et  de  la  ville  de  Tovrnvs,  avec  les  preuves  ,  enrichie 
de  plusieurs  pièces  d'histoire  très-rares  ;  et  les  tables  néces* 
saires  pour  en  faciliter  l'usage.  Diion^  i6649in-4i  v.     9—» 

i5i4  CoLLiN DB  Planct.  Dictionnaire  critique  des  reliques  et  des 
images  miraculeuses ,  précédé  d'un  essai  historique  sur  le 
culte  des  images  et  des  reliques,  sur  les  troubles  élevés  par 
les  Iconoclastes,  etc.  Paris  y  1 82 1-22, 3  vol.  in-8,  br.   12 — » 

—  Dictionnaire  infernal ,  ou  BibUotbèque  universelle  sur 
les  êtres  ,  les  personnages ,  les  hvres ,  les  faits  et  les  choses 
qui  tiennent  aux  apparitions,  à  la  magie,  au  commerce  de 
l'enfer,  etc.,  etc. ,  etc.  Paris j  1826, 4  vol.  m-8,  et  atlas,  br* 

ao —  » 

i5i5  CoMiNiBi  (Philippi)  De  Garolo  octavo  ,  Galliœ  rege>  et  Belle 
neapolitano,  commentarii,  J.  Sleidano  interprète ,  accessit 
fareuis  quasdam  explicatio  rerum ,  et  anthoris  Yita«  Jtrga^ 
toratiy  154s,  pet.  in-8,  mar.  vert.     .     é     .     .     .     ft— -  » 

i5r6  GoifiN>BciT.  Esquisse  d'un  tableau  historiqae  des  progrès  die 
fEsprit  humain.  Paris ^  Agtusej  an  m,  in  8,  br.  4~~  " 

1 5 1 7  Coup  d'obil  éclairé  d'une  bibliothèque,  à  l'usage  de  tout  pot» 
sesseur  de  livres,  par  M***.  Pariij  Lottin,  1778, 1  vol.  iii-8; 
cart.^pl é     .     .     .     . 


68o  J.    TECHENKIl,  PLACK  DU   LOUVBE,    12. 

i5i8  CousiNBRY  (E.)*  Essai  histonque  et  critique  sur  les  moimaies 
d'argent  de  la  ligue  Achéenne ,  accompagné  de  recherches' 
sur  les  monnoies  de  Gorinthe  y  de  Sicyone  et  de  Garthage  , 
qui  ont  eu  cours  pour  le  service  de  cette  fédération.  Paris  , 
1825,  I  vol.  in-4 9  arec  5  planches,  br.  .     .        7 —   » 

1 5  r  9  Ghefs-d'obuvee  politiques  et  httéraires  de  la  fin  du  xvni*  siè- 
cle (sans  lieu,  mais  en  Suisse) ,  1788,  3  vol.  in-8,  br.    9 — » 

Choix  des  productions  les  plus  piquantes,  que  les  lumières  et  le 
ridicule,  la  philosophie  et  la  gaietë,  la  raison  et  la  bicarrerie ont 
fait  éclore  dans  cette  «fpoque  intéressante. 

i52o  CuMBEELAND  (Richard).  Traité  philosophique  des  lois  natu- 
relles,  traduit  par  Barbeyrac.  Amsterdam^  P.  Mortier,  I744f 
in-49  d.— rel.,  n.  rog 10— « 

i52i  David,  ou  THistoire  de  l'Homme  selon  le  coeur  de  Dieu. 

Londres,  1768,  in-12,  br 3 —  i» 

A  ce  Yohime  est  jointe  la  tragédie  de  Saûl  et  David  ,  a  s4  per- 
sonaages. 

1 522  Dictionnaire  de  la  langue  romane ,  ou  du  vieux  langage 

françois  (par  Lacombe).  Paris,  i768,in-8,v.  m.,  fil.     ft — » 

1 523  François  (Rkn^).  Essay  des  merveilles  de  nàtvre  et  des  plvs 

nobles  artifices.  Paris,  J.  Pocqt^et,  1667,  pet.  in-8,  fig.  dans 
le  texte,  vél 


Cet  ouvrage  commence  par  un  Traité  de  vénerie ,  de  fauconne- 
rie ,  etc . 

i5<i4  Grille  (d'Angees).  Description  du  département  du  Nord. 
Paris,  i83o,  i  gros  vol.  iu-8,  pap.  vél.,  broché.     .     6 — » 

i525  HiSTOiEE  de  l'hérésie  de  Yiclef ,  Jean  Hus  et  Jérôme  de 
Prague ,  avec  celle  des  guerres  de  Bohême  qui  en  ont  été 
les  suites.  Lyon,  1682,  pet.  in-12,  v 4—  ** 

1626 de  Spa,  où  on  examine  si  Pline  a  voulu  désigner 

les  fontaines  ou  celles  de  Tongres ,  et  suivie  d'une  lettre 


BULLETIN   DO    BlBUOPfllLB.  68  f 

sur  deux  prophètes,  Nosti-adamus  et  Mathieu  Laensbeigh. 
i8o3,  2  vol.  pet.  in-8,  br 6 —  >» 

1627  HifiTOiRB  du  culte  et  pèlerinage  dus  aux  reUques  de  sainte 
Reine  d'Alise,  qui  se  Toyent  dans  l'Abbaye  de  Flavigny,  en 
Bourgogne  (par  A.  Guyard  ,  bénédictin).  j4vignon  ,  1757  , 
in-i2,  V.  f.  (Rare.) 10 —  » 

1 528  — généalogique  des  Tatars,  trad.  du  Ms,  tartare  d'A- 

bulgasi-Bayadur-Chan ,  enrichie  d'un  grand  nombre  de 
rem^urques,  etc.,  etc,  avec  cartes  géogi*aph.  par  D....  Lejrde, 
jibr,  KalUwier,  1 726, 1  gros  vol.  in-12,  br.,  8i3  p.     6—  »• 

1 529  Inauguration  de  Pharamond  ,  ou  Exposition  des  lois  fonda- 

mentales de  la  monarchie  françoise,  avec  les  preuves  de  leui* 
exécution  ^  perpétuée  sous  les  trois  races  de  nos  rois ,  1772  , 
pet.  in-8 ,  fig. ,  v 4 —  * 

1 530  IsTORiA  Di  GoRSiCA  dell'  arcidia  como  Anton  Pietro  Filippini, 

seconda  edizione  revista ,  corretta  e  iUustrata  con  inediti 
documenti  dall'  avvocato  G.  G.  Gregor).  PUa^  1882,  5  vol. 

in-8,  portr.,  br 60 —  » 

Cet  ourrage  n^a  jamais  ûîë  mis  dans  le  commerce. 

1 53 1  IsoGRAPHfB  DES  Hoiof ES  CÉLÈBRES ,  OU  Gollectlon  de  facsiiiiilés, 

de  lettres  autographes  et  de  signatures  dont  les  originaux  se 
trouvent  à  la  bibliothèque  du  roi  et  dans  les  collections  par- 
ticaUères. 

Première  et  deuxième  livr.  du  quatrième  toI.  (1),  ou  suppl.  Prix 
de  chaque  Uyraison 6 —  » 

On  donnera,  à  la  fin  de  l'ouvrage,  aux  souscripteurs,  la  traduc- 
tion des  lettres  en  langues  étrangères,  et  copie  des  lettres  fran<;oisef , 
difficiles  i  lire .  Ces  deux  premières  livraisons  sont  riches  en  noms 
célèbres. 

i532  Langlès  (L.).  Recherches  sur  la  découverte  de  l'Essence  de 
rose.  Paris  y  i8o4>  in-12,  br.,  pap.  vél.     .     .     .       1 — 5o 

i533  Larcbsr.  Mémoire  sur  la  Déesse  Yéims.  Paris ^  1 776,  in-i  2, 
(1)  Tes  3  premiers  vol.  en  33  livraisons.  Prix un—. 


^2  1.    TECBENEKy   PLACI  DU   LOUTRE,    12. 

br«y  avec  le  8*  index  qui  oumque  à  beaucoup  d'exemplaires. 

6—  .. 

1 554  I<atâtba  (lb)  historique  des  femmes  célèbres ,  des  temps  an- 
ciens et  modernes,  par  M.  P.  Parii,  Louisy  1809 ,  in-i8  , 
12  figures,  br.,  pap.  vél 2 —  » 

1 535  Lb  Fkron  (Iban).  Catalogue  des  noms,  flûts  et  yies  des  con* 
nestables,  chanceliers,  grands-maîtres,  admiravx  et  mares- 
chavx  de  France.  Ensemble  des  prevosts  de  Paris ,  depuis 
leur  premier  établissement  iusques  à  Henri  UII ,  avec  la 
figure  et  blason  de  leurs  armoiries.  Paris,  Fed.  Morely  i  Sgg, 
in-fol.,v.g.  12—» 

Y 536  IbiioiBBs  de  très  noble  et  très  illvstre  Gaspard  de  Saulx,  sei- 
gneur de  Tavannes.  S.  î,  n.  d,  {Lyon,  Fourny) ,  i  vol.*  in-fol. , 
vélin 18 — » 

Cette  ëdition ,  t.  d.  et  s.  1.  dHmpression ,  a  été  fait^  k  Ljron  par 
Foumj  ;  mais  il  ne  la  rendit  quVn  cachette  i  cause  de  plusieurs 
traités  hardis  sur  François  P'  et  Catherine  de  Mëdicis.  Il  ne  put 
obtenir  de  priTil<$ge. 

i53^  ■  .  du  docteur  F.  Antomarchi,  ouïes  derniers  momens 

de  Napoléon.  Paris,  1825,  2  vol.  î||r8,  br.     .     . 


i538  ■■■■■^ .  ■  —  pour  servir  à  l'histoire  du  célèbre  Rousseau  (J.-B.), 
où  l'on  prouve  que  les  fameux  couplets  qui  lui  ont  été  faus- 
sement attribués  sont  réellement  de  La  Motte ,  Saurin  et 
Matafer.  Bruxelles,  Foppensj  1763,  pet.  in«i2|  br.     2 — 5o 

Arec  le    couplet  facsimile'  de  l'original  ;   ouvrage   attribue  a 
J.-B.  Rousseau  lui-même. 

i53g  — — ^— —  sur  la  révolution  de  Pologne,  trouvés  à  Berlin. 
Paris  y  1806, 1  vol.  in-8,  pap.  vél.,  br.,  cart.     .  4"~  " 

i54o  HiLLB  (lb8)  et  une  FOLIES  ,  contes  françois,  par  M.  N***. 
Londres,  1^85,  8  vol.  in-i8,  br 8 —   » 

i54t  MonviiBiiTA  illvstrivm  per  Italiam ,  Germaniam,  Hispanias , 
totum  denique  terrarum  orbem  eruditione  praecipue ,  et 


BULUlIIlf   OU  BlItlOPBlU.  $63 

dodrina  vif orum,  figuris  artifieiosiasûnia  exprcsêft ,  mmeque 
primum  sic  noyé  ediu.  FraneofuHi  ad  Mcumm^  iSBS,  in- 
fol.p  véL  (i?rf  ear.) .       i5-  » 

i54a  HoBHOFn  (Dan.  Gbobg.)  Polyhistor.  litterarius,  philosophie 
eus  «t  practîcus ,  cum  accessionibus  Joaa.  Fickii  et  Joh. 
Molleri,  edidit  J.  Alb.  Fabiidus.  Luheea  ,  174?  >  ^  ^^l* 
10*4  9  porCr.,  d.-rel.  ii 


1 543  NiNY  (le  comtb  de).  Mémoires  historiques  et  politiques  sur 
les  Pays-Bas  antrichiens,  et  la  constitatioii  tàat  interne 
qu'externe  des  proyinces  qui  la  composent.  BrustlUs^  Le- 
Francq^  1786,  2  vol.  pet.  in-8,  portr.,  br.     .     .     .     6—» 

lfi44  OEumaa  de  maître  François  Rabelais,  jimgterdam,  H.  Bot*- 
dejiuSf  1725»  6  vol.  iii«ia,  fig.,  brochés.     .     .     .     18—  » 

1545  -^ diverses  de  M.  l'abbé  Oliva,  bibliothécaire  iit 

M.  le  prince  de  Soubise.  Paris ,  Martin  y  17989  in-8y  br. 

2— 5o 

Recherches  d'antiquîtës  assez  curieuses,  ouvrage  Mçq  ignoré  et 
qui  mérite  un  meilleur  sort. 

1546  OuvMVsatT  (d*).  Les  Annales  de  Flandres,  dcKt.  pttbKée  par 

Lesbroussart.  Oandy  1789,  a  vol.  in^.  12 —  » 

Edition  enrichie  de  notes  grammaticales,  historiques  «t  critiques, 
et  d0  platieurt  obartat,.  diplômes,  ete. 

1 547  Pai<ii)bctae  Justuvianb a  ,  in  noyum  ordinem  digestae  :  cum 

legibus  codicis,  et  novellis,  quae  jus  Pandectaruiv  confir- 
mant, explicant,  aut  abrogant.  Partsiis,  1 748,  3  Tol.  in-fol. , 
mar.  sert,  (Très-^el  exempL) 4^ —  ■ 

1548  PARAniif  (G.).  Mémoire  de  l'histoire  de  Lyon.  Lyon,  Anu 

Grjrphi'uSf  1673,  in-fol.,  v 12—» 

1 549  PoT-pouRRi ,  ouyrage  périodique  pubUé  par  numéros  ;  le  pre- 

mier a  60  pi^es ,  il  y  a  24  numéros  qui  forment  4  vol.  in-8. 

i5—  » 


684  '*    TEQIEN£R»    MCACS  DU  LODVttï,    12. 

i55o  P1BO6AI1LO  (F.-H.)*  ^^  Gloria  di  PaTÎa  dall  estretto  assedio  c 
liberatione  di  cssa  riportate  contra  l'armi  di  Francia  di  Sa- 
voia,  et  di  Modena^  Fanno  i655.  Pavia^  i655,  iii-4,  br.  en 
cart 8 —   M 

r 

i55i  Plotaequb.  LesQEvyres  inorales  et  wealées ,  translatées  de 
grec  en  francois,  reueues  et  corrigées  en  ceste  3"  édition  en 
plusieurs  passages  par  le  translateur.  Pcais ,  M,  Fascosan , 
1675,  2Tol.  in-fol.,  V 20 —  » 

i55a  IbuLATioN  de  tout  ce  qui  regarde  la  Moscovie,  ses  habitans  et 
leur  grand  Duc.  jPariV ,  16S7,  P^^*  iu-ia/v.  br,  {Rare,) 

6—  H 

i5$3  Repuqvb  de  M.  de  Girac  à  M.  Gostar,  où  sont  examinées 
les  bëueues  et  les  invectives  du  liure  intitulé  Suite  de  la  dé- 
fense de  M.  de  Voiture.  Leyde,  1660,  in-8,  vél.         5—  »» 

1S54  IUtblatioii»  indiscrètes  du  xvni"  siècle  »  par  le  cardinal  de 
Bemis ,  Bossuet ,  Cabanis,  J.-J.  Rousseau ,  Thomas  ,  Yol- 
taire,  Washington ,  etc.  Paris ,  i8i4  9  i  gros  vol.  in-12  de 
56i  pages,  br 4 —  »• 

i555  Rsbhâni  (Bbati)  Sdestadienris,  rervm  germanicarvm  libri 
très,  ab  ipso  avtore  diligenter  reuisi  et  emendati ,  addito 
memorabilium  rerum  indice  accuratissimo ,  quibus  prae- 
missa  est  vita  Beati  BJienani ,  à  loanne  Sturmio  eieganter 
conscripta.  Basileœ,  i55i,  in-fol.,  vél.,  d.  s.  t.  18 —  *» 
Tr^-bel  exempl.  de  de  Thou. 

i556  RobbAdb  Bbauvbset.  OËuvrçs  badines.  1801  ,2  vol.  in-i8, 
brochés 4 —  • 

Ces  petits  contes  en  rers,  un  peu  trop  libres,  peuvent  se  placer 
à  côté  de  ceux  de  La  Fontaine,  de  Grëcourl  et  Voltaire. 

\  1557  RuniMBNTA  grammatices  ad  instituendos  iuuenes  non  parum 

conducentia.  Impre^sum  Cameraci^  anno  Domini,  i5i8,  pet. 

in-4f  goth.,  d.-rel. 

f^ox  ,  sur  ce  livre  précieux  ,  la  note  inséra  dans  le  précédent 
numéro,  page  599. 


\ 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE.  685 

i558  Sand»  (Edwin).  Relation  de  Testât  de  la  religion ,  et  par 
qvels  desseins  et  artifices  elle  a  esté  forgée ,  et  gouuemée 
en  diuers  estats  de  ces  parties  occidentales  du  monde.  Gc- 
net^e^P.  jit^berty  1626,  pet,  in-8,  pareil.,  avec  l'ancre  aldine 
sur  le  titre 4"~  • 

L^édit.  de  (Holl,,  EU.)  i64i  ,  stoI.  pei.  in  19,  d.  mar.  — La 
fainte  chorographie  de  Geslin.  Amst, ,  L,  EU,,  i64i,  9  toI.  pet. 
in-i3.  Prix 11 —  » 

1559  Saint-Aiiand.  Moyse  savyé ,  idylle  héroïque.  Parts ,  i653  , 
in-4>vél.,  édit.  originale 4 — • 

i56o  Salabb  (la),  laquelle  fait  mention  de  tous  les  pays  du  monde 
et  du  pays  de  la  belle  Sibylle,  etc.  Paris ^  PhiL  le  Noir ,  i527, 
in-fol.  goth.,3fig.  en  bois,  singulières,  v.  fauve,  fil.  {Un peu 
mouillé,) 80 —  » 

Sou9  le  titre  bizarre  de  Salade ,  qui  veut  ici  dire  mélange ,  se 
trouyent  plusieurs  traités  politiques ,  extraits  d^autcurs  anciens', 
des  traitt^s  sur  les  sibylles  ;  puis ,  ensuite  ,  sur  les  églises  ;  il  Tient 
ensuite  quelques  chapitres  historiques  fortintéressans,  comme 
«  c^y  sensuycntles  nobles  qui  vindrcnt  a  la  conqueste  avec  le  roy 
Charles  I".  —  Sensuit  les  noms  de  ceux  qui  furent  faits  sci- 
|i;nearSy  etc.  Les  serimonies  (sic)  et  ordonnances  des  gages  et  ba- 
tailles. —  Desquelles  gens  le  prince  doit  faire  ses  capitaines  et 
chiefz  de  guerre,  etc.  » 

i56i  Sansotino  (Frangssgo).  L'historia  di  casa  Qrsina.  In  f^enêiia^ 
i56â.  —  De  gli  hvomini  illvstri .  délia  casa  Orsina  di  Fr. 
Sansovino.  i565,  2  part,  en  i  vol.  in-fol. ,  d.-rel.,  portr. 

18—  » 

Kechercbé  par  les  curieux  à  cause  du  nom  de  Napoléon. 

i562  Satteb  Menipeb  svr  ce  qvi  s*est  ioué  a  l'assemblée  de  Saul- 
meur,  auec  la  représentation  des  tableaux  et  enricliissemens 
des  bordeures,  par  le  sievr  de  Tantale,  ministre  de  France , 
addressees  aux  ministres  d*Allemaigne  (5.  /.),  1612,  pet. 
in-8 ,  cart 


i563  ToLAMD  (J.).  Lettres  philosophiques  sur  les  préjugés  du 
dogme  de  l'immortalité  de  l'âme ,  de  l'idolâtrie  et  de  la  su- 


686  J.    TECHll!fKm>  M.ACB   DV  LOOVAB  ,    12. 

perstilioii  ;  sur  le  tyfCème  deSptiioMi  et  sur Voiighie  4tt  mou* 
Teinent  dans  la  matière.  Ltmires^  1768,  pet.  in-S,  broché. 

3-60 

i564  Tr4Icté  de  l'antiquité,  vénération  et  privilèges  de  la  saincte 
chapelle  du  Palaia-Royal  de  Paris ,  par  Seb.  B.  (RouiUard). 
Parié,  1606.  —  Tres-huuible  remonstrance  am  roy  sur  ce 
qui  s'est  passé  en  la  reforme  des  corddiers  de  la  ville  de 
Paris,  1622.  —  De  l'Université  de  Paris  ;  et  quelle  est  plus 
ecclésiastique  que  séculière  (pair  A.  Loysel).  Paris  j  1587 , 
3p.  in-8,  V 8 —  »» 

iS65  TAAiTi  de  la  formation  méchanigat  des  languei  ^  des  prin- 
cipes physiques  de  Fétymologie  (par  le  président  de  Brosse). 
iPom, «nu, a  vol.  in«>i3,  v.,  avecpkftcbes  (JHorett  curieux), 

i566  Trialoovb  j  ov  ambassade  dv  roy  François  I*'  en  enfer  ;  his-* 
toire  du  temps  passé  renouveUée  au  présent  par  personnages, 
l'Ambassadeur, -—Gerberas,  —  Pluton.  iS^y  10*4'  ^^* 

1667  TuBBBO  (OmàBius).  Lamotte  Levayer.  Cinq  Dialogues  £Edts  à 
l'imitation  des  anciens.  Francfort^  •/.  Sarius,  1716,  2  vol. 
m^i^j  brochés v 


i568  VAuan  (Hamimii)  Ifolitia  Gallianim  ordine  litlararun^ 
digetla.  Paristis^  F.  Léonard^  1675,  in^fol.,  vél. ,  cordé. 
(BelemempL).     . 3o—  » 

1569  Vbbtt  (la)  dv  cathoucom  n'EsPAGRE ,  auec  vn  abrégé  de  la 
tenue  des  estats  de  Paris,  conuoquez  au  z  de  féurier  i5g3, 
par  le  chef  de  la  Ugue,  tiré  des  Mémoires  de  mademoiselle 
de  la  Lande ,  AHas  la  Bayonnoise,  et  des  secrettes  confabu- 
lations  d'elle  et  du  père  Commelaid(x.  /.)*  '^^9  P^^*  ^"~^' 

Edition  prcnière»  «hwlanmtMnMpble  à  ocUecit^e  par  M.  No- 
dier daosla  préface  de  son  éditioD  delà  Satire  Uéuip^,  nais  arec 
la  date  iSgé  ;  un  I  parott  ajoute'. 

Dans  le  catalogue  de  M.  Lcber ,  tom.  ii ,  qui  est  sous  presse  ,  se 
troareni  des  détails  oitiércncnt  neufs  sur  la  premièrt  édition  de 
la  &aUr«  llâai|tpë«. 


BOLLBTOr  DU  mUOMlIUE.  69} 

1570  ViB  M  Jitusy  rappelée  à  sa  timpKcîté,  mne  de  maximes 
tirées  à  n«îtatioii  de  Jésus.  Paris^  I7g5 ,  in-ia ,  d.HreL 

1671  VnDB  Jésus-Ghaut  y  martyre  des  apôtres  etwitres  sujets  de 
dévotion  gravés  par  Montcomet,  70  estampes,  pet.  in-Sobl. 


iS^a  Vu  (LfL)  BT  TBsarAS  des  deux  princes  de  Paix,  le  ho«diac 
AnthoiDe  et  saige  duc  Françoys  9  premiers  de  leoBs  noms, 
par  la  grâce  de  Dieui  duc  de  Lorraim»  raarchîs,  ducs  de  Car 
Ubre  ,  etc.  Ensemble  les  royales  et  très-exceUenàes  céré- 
mfiaies  observées  et  acromplif>s  à  leurs  fiménilles  et  enter- 
rements^..«.,  le  tout  recueiitm  et  véritablement  •eatript  par 
Edmond  DubottU^y,  etc.  Otf^u ,  Jean  Poflfrr),  sS47»  P^ 
ine45    .  ■■'■    • 

très  «rare  ;  «xemplciM  à%  U.  et  Pizërëeodrt ,  Imm'  eonservtf  « 

I  ■     -■        ■■    18—  « 

1673  ViTA  (nx)  AuuBBn  pn,  sapientis,  prvdentis  Bel^urvm  prind- 
pfs  commentarivs.   Alb.  Mirœvs  publicabat.  jlntverpim, 

16229  in-4»v*  f-»  fil 


1574  VouiBT  (db).  Considérations  sur  la  guem  actuelle  des  Turcs. 
Lonérts,  1788,  1  vol.  in-8 ,  fig.,  d.-id.     .     .     •      2—  » 

1675  TbaiXlb)  TâBLEAUnu  PAPisMB,  par  Renonlt.  Amsterdam,  Du 
Freine^  1700,  pet.  in-12,  mar.  r.,  d.,  tr.  dor.  {Derûme), 

EsempL  de  M.  de  Pix^récoart»  iS—  » 

1576  Wawis  (mabaiib  bb).  Ses  Mémoires  et  ceux  de  Claude  Anet, 

pour  servir  de  suite  aux  Confessions  de  J;-J.  Rousseau,  édi- 
tion originale.  Pan's^  1786,  i  vdi.  in-8 ,  portr.,  v.     5—-  » 

1577  WoLBBR8u(J.)Elegi«.  (^lufiftf,  1725,  in-8,  cart      2^So 

1578  Weun  (JoAB.)  Lectionum  memorabîlium  et  teconditarum 

centenariî  xvi,  cum  indice  Joan.  Jac.  Linsii.   Laringaf, 

1600-1608  ,  3  vol.  in-fol.,  vél.  ,  avec  l'index  de  Linsius. 

Ia  partie  bistoriqas  de  ce  Undté  le  fait  rechercher  par  la  mé- 
thode çUire  de  ■Qn.okutcRMnt  ;  les  gnViixBfr.aa  hsii^  ea  ncmbre 


688  ).    TECHBNERy   MJkCE   DU    LOUVRE,    12. 

considërablei  le  rcndeiài  fort  curieux^  mais. les  id^e&bizariYs  et  >. . 

,  eulièrts  raimor(e9.9  dans  le  ;cpur»  «le  rouvnce:8oiit  .co  ûui  le  fera 

le  plus    rechercher    des  curieux;    on  y   rapporte   les   diYcrses 

croyances  du  peuple,  prophéties  de  Tabbé  Joachin,  le  Christus, 

Antechristus  ,    etc.,  etc.     l/iudex    manque  souvent  aux    exem- 

'   pUtres.  . 


■  ) 


PUBLICATIONS  NOUVELLES. 

i579  HoNUMBNS  FEANÇoi»  tNÉDiTS ,  pouT  scrvir  à  riiîstoiré  des  artâ, 
depuis  le  n*  siècle  jusqu'au  commencement  du  xtii^  ,  choix 
de  costumes  civils  et  militaires,  d'armes,  arimires,  instru- 
Énems  de  musique,  meubles  de  toute  espèce  y  et  de  décora- 
tions intif rieures  et  extérieures  des  maisons ,  desfisinés ,  gra- 
vés et  coloriés  d'après  les  ôriginilux ,  par  N.-X. -Willemin, 
auteur  du  Choix  de  costumes  civils  et  militaires  des  peuples 
de  l'antiquité ,  classés  chronologiquement,  et  accohipagnés 
d'im  texte  historique  et  descrip^f ,  pai*  André  Pottier,  con- 
servateur de  la  bibliothèque  pubUque  de  Rouen.  Livrais. 
49*  et  5o*  (texte)  terminant  l'ouvrage. 

.  L^ouTrage  dont  nous  annonçons  aujourd^hni  râobè veinent  dé- 
finitif est  trop  connu  des  artistes,  des  antiquaires  et  des  ama- 
teurt,  pour  qo^il  soit  nëcessairc  d^eù  faire  ressortir  le  me'nte  et 
rexactitude.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler  quVntrepris  dans 
le  but  d^inspirer  le  goût  et  de  populariser  l'étude  des  antiquités 
nationales,  il  est  ifi  premier  dans  lequel  on  ait  tent^  d'exploiter 
aTOC  goAt,  critique  et  discernement ,  cette  mine  pre'cieuse  et  jus  - 
qu^aJors  si  de'daignëe  des  monumens  du  çioyen  4g6»que,  pour- 
suiri  avec  une  perséyerance  înc'branlable,  un  dévouement  à  toute 
épreuve  et  au  prix  d^mmenses  sacriGces  pnr  son  consciencieux 
auteur ,  il  a  laisse  bien  loin  derrière  lui  toutes  les  concurrence» 
quHl  a  8U.<ïcitées  pendant  le  cours  de  sa  lente  et  laborieuse  publi- 
cation, et  qu^enfin  «arrivé  aujourd'hui  à  son  terme  ,  après  avoir 
profite  de  toutes  les  acquisitions  de  la  science ,  de  tous  les  progrés 
de  la  critique  arcbéologi((ue,  il  peut  être  considéré  comme  le 
répertoire  le  plus  vaste,  le  pins  complet  et  le  yilus  exact  des  mo- 
numens de  Fart  national ,  depuis  le  vi*  siècle  jusqu^aa  milieu 
du  xviie.  Quoique  demeuré  jusqu^à  ce  jour  incomplet  et  privé  de 
l'avantage  d^une  classification  chronologique  et  méthodique ,  les 
services  qu'il  a  cependant  rendus  aux  artistes  sont  immenses  ;  et 
Ton  sait  que  cVst  en  grande  partie  au  mérite  et  à  la  fidélité  de  ses 
magnifiques  illustrations  que  notre  époque  est  redevable,  non- 
seulement  de  Texactitude  de  costume  dont  les  peintres  donnent 
.  maintenant  l'exemple  en  traitant  des  sujets  de  notre  histoire , 


BDLLETIir   DU   BIBUOPHILE.  689 

mais  encore  de  cette  réhabilitation  tardive  qu^ont  obtenue  dans 
l'estime  des  amateurs  et  des  antiquaires  tou&  les  objets  d'art  et 
d'industrie  du  moyen  âge. 

Le  cadre  que  s'étoit  trace'  M.  Willemin  ,  et  que  cet  antiquaire 
avuit  d'ailleurs  progressivement  étendu  et  développé  en  poursui- 
vant la  publication  des  Monumens  francpU  inédits,  étoit  véritable- 
ment immense,  et  cependant  on  peut  dire  qu'à  très-peu  de  lacunes 
près,  il  a  été  complètement  rempli  :  reproduire  fidèlement  d'après 
les  monomens  originaux,  inédits  ou  jusqu'alors  inexactement  figu- 
rés, une  suite  de  types  et  de  modèles  exprimant  toutes  les  vicissi- 
tudes et  les  transformations  successives  de  l'architecture  civile  et 
religieuse,  de  la  sculpture,  de  la  peinture  sur  verre  et  en  émail , 
de  la  miniature  des  manuscrits,  des  armes,  des  costumes,  des 
meubles,  des  ustensiles  de  tout  genre,  des  inttrumens  de  musique, 
des  décorations  intérieures  et  extérieures  des  édifices ,  en  tin  mot 
de  tout  ce  qui  constitue  l'art  proprement  dit  dans  touteales  spécia- 
lités, de  tout  ce  qui  caractérise  extérieurement  la  vie  publique  et 
privée ,  les  mœurs  et  les  habitudes  de  nos  pères ,  telle  est  l'entre- 
prise magnifique  que  M.  Willemin  n'a  pas  craint  d'aborder ,  et 
qu'il  a  su  conduire  heureusement  à  son  terme,  en  j  employant , 
pendant  près  de  trente  années .  son  expérience  d'antiquaire  et  son 
dévouement  d'artiste.  Trois  cent  deux  planches  in-folio,  compre- 
nant plus  de  deux  mille  monumens  ,  costumes  ou  détails,  dessinés 
exactement  d'après  les  originaux ,  soit  par  M.  Willemin  lui-même, 
soit  par  les  plus  habiles  artistes  de  l'époque,  tels  que  MU.  E.-H. 
Langlois,  Debret,  Imbard  ,  A.  Gamerey,  De  Vèze,  Turnieau,  etc., 
gravés  â  l'eau-forte  et  au  burin  ,  la  plupart  coloriés  ,  richement 
rehaussés  d'or  à  Tinstar  des  manuscrits  ,  et  reproduits  enfin  avec 
•ine  supériorité  d'exécution  qui  défie  toute  comparaison ,  sont  le 
résultat  de  ces  études  constantes,  de  ce  travail  opiniâtre,  auxquels 
M.  Willemin  épuisa  hâtivement  ses  forces  et  sa  vie. 

En  parcourant  successivement  tous  les  détails  maintenant 
classés  de  cette  immense  galerie  figurée  des  arts,  de  Tindustrie  et 
des  costumes  du  moyen  âge,  on  assiste ,  comme  par  enchantement, 
une  merveilleuse  résurrection  des  âges  écoulés.  Les  siècles  primi- 
tifs, depuis  le  vi*  jusqu'au  x*,  présentent  leurs  rares  monumens 
d'architecture  qui  conservent  encore  le  reflet  des  traditions  de 
Tart  antique ,  les  inestimables  joyaux  que  la  tradition  rapporte  à 
Cbarlemagne ,  les  peintures  des  belles  bibles  carolines,  et  les  splen- 
dides  spécimens  empruntés  aux  manuscrits  grecs  du  siècle  de 
Théodose.  Au  xi*  et  au  xii<>  siècle,  on  voit  se  développer  et  fleurir 
tous  ces  types  variés  d'architecture  romane,  saxonne,  lombarde, 
byzantine,  aux  formes  robustes,  aux  eflets  grandioses,  aux  détails 
capricieux  etrecherchés.  A  cette  époque,  apparoissent  les  premiers 
chefs-d'œuvre  de  la  sculpture  monumentale  ^  on  passe  en  revue  les 
imposantes  effigies  royales  de  Chartres  et  de  Corbeil ,  et  l'on  par- 
court avec  intérêt  tous  ces  motifs  fantasques  de  chapiteaux  et  de 


692  I*    TECHENEl  ,    PLACE  Dn   LOUTâE,    12. 

i5gi  Théati  ligeoi  ki  contin  li  Voëge  di  Chdfontaine,  liLigeoi  y 
li  fiesse  di  Houiesi-Plou,  é  les  Hypocontes.  j4  Liège  y  iSSg, 
in-18)  broché 3-<-5o 

1692  TnunoR  admirable  de  la  sentence  prononcée  par  Ponce  Pi- 
late  contre  Nostre  Seigneur  Jésus-Christ ,  trouvée  miracu- 
leusement escripte  sur  parchemin  en  lettres  hébraïques  dans 
un  vase  de  marbre ,  enclos  de  deux  autres  yases  de  fer  et 
de  pierre,  en  la  yille  d'Aquila,  au  royaume  de  Naples ,  sur 
la  fin  de  l'année  i58o.  Paris ,  i58i,  pet.  in-8  (réimpress.^ 
facsimilé) •     .      2 —  n 

iSgS  Taiomvbb  dt  Coibbat,  facsimilé  de  l'édition  originale. 
NancjTf  1839,  I  voL  in-8,  cart 6 — 5o 

Fbjr*  ce  titre  dans  le  Manuel  du  Libraire ,  k  Tarticle  Uzier.  Foy. 
aasti  Tarticle  de  M.  Nodier ,  dam  les  Mélanges  tirés  d'une  petiu 
bibliothèque ,  i  voL  in-S 3—  » 

MANUSCRITS. 

1 594  ÂNCiBNifES  (les)  et  modernes  généalogies,  epitaphes  et  armoi- 

ries de  tous  les  feux  contes  et  contesses  de  Dreux  et  de 
Braynne,  commencent  à  très  hault,  très  illustre  et  très  puis- 
sant prince  Loys  le  Gros,  jadis  roy  de  France ,  père  de  très 
hault  et  puissant  seigneur  Robert ,  conte  de  Dreux ,  fonda- 
teur de  l'abbaye  de  saint  Yried  Braynne ,  de  l'oidre  de 
Vienne  en  Daulphiné ,  de  Tordre  de  sainct  Benoist. 

Mss.  de  Tan  i54o  enTiron,  sur  Telin,  de  38  feuillets  in-fol.,  aTec 
un  très-grand  nombre  de  blasons  et  lettres  omces  en  or  et  cou- 
leur, très-délicatement  exécutés iSo—  » 

1595  Pekcb8pub.  In-4  €t  in-8. 

Plusieurs  de  ces  livres  imprimés  et  Mis.  à  difiérens  prix. 

'Notices  contenues  dans  le  quatorzième  Numéro  du  Bulletin  du 

Bibliophile  j  3*  série. 

Essai  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particidicrement  chez  les 

Romains.  63 1 

Variétés  bibhographiques.  661 


IMPRIMERIE   DE   L.    BOUCHARD-HOZARD , 

ruedeTÉperon,  7. 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 

PETITE  REVUE  I/ANCIENS  LIVRES 

CONTENANT 

1  ^  MS  NOTICES  BtBLlOGAAPHIQOES,  PHILOLOGIQUES  ET  UTTiR AIRES 
DE  DIVERS  AUTEURS  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  M.  Ch.  NODIER; 

a*  UN  CATALOGUE  DES  LIVRES  DE  MA  UBRAIEIB. 


N^IS.  —  3*sÉniE. 


I 


I 


PARIS, 

TECHENBR  ,  FLACB  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVRE, 

N*  tX 

JunxBT. 


BULLETIN  OU   HBLIOPHILE.  SoS 

DES  LIVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

(Suite.) 


Rome  n'aroît  donc  pas  des  fabriques  de  papier  proprement 
dites  y  mais  seulement  des  ateliers  où  i^lui  qui  arrivait  d'Egypte 
recevoitune  nouvelle  préparation.  Ce  £sût  explique  un  phénomène 
remarquable  que  présentent  les  travaux  exécutés  à  Naples ,  pour 
le  déroulement  des  manuscrits  d'Hercuianum.  On  vient  à  bou| , 
quoique  avec  beaucoup  de  peine,  de  dérouler  ks  papyrus  grecs; 
mais  les  volumes  latins  sOnt  tellement  satui^és  d'une  espèce  de  colk 
résineuse ,  que  les  feuilles  épaissies  se  déploient  très-difficilement  : 
on  ne  peut  même  en  obtenir  que  des  fragmens  qui ,  s'échappant 
sans  aucun  ordre ,  présentent  à  l'oeil  des  mots ,  des  syllabes  ou 
même  des  lettres  isolées,  et  que  des  lacunes  considérables  ne  per^ 
mettent  pas  de  rattacher  à  un  texte  un  peu  suivi  (i).  Aussi, 
en  1825 ,  sur  2,366  pages,  qu'on  avoit  obtenues  en  déroulant  des 
manuscrits,  il  n'y  en  avoit  que  quarante  de  latines  :  toutes  les  autn^ 
étoient  en  langue  grecque.  M.  le  chanoine  A.  de  Jorio,  à  qui  nous 
devons  ce  fait,  ajoute  (2)  :  «  Les  experts  croient,  avec  raison,  que 
«  les  difficultés  particulières  que  présente  cette  espèce  de  papyrus 
«  naissent  non-seulement  de  sa  souplesse  (le  ^'/u /enj^iis  de  Pline), 
«  mais  encore  de  la  différence  de  son  apprit,  »  Il  nous  semble  évi-^ 
dent  que  les  manuscrits  grecs  ont  dû  arriver  d'Alexandrie  tout 
confectionnés,  tandis  que  les  volumes  latins  ont  été  écrits  à  Rome^ 
sur  des  papyrus  retravaillés  d'après  les  procédés  que  nous  avons 
décrits. 

La  première  feuille  du  scapus  ou  rouleau  de  papier  portoit  une 
inscription  qui  contenoit  le  nom  du  fabricant,  la  date  et  le  heu  de 
la  fabrication,  et  le  nom  du  cornes  largiiionumj  sous  la  juridiction  du- 
quel étoient  les  papeteries  (3).  Cette  feuille  se  nommoit  protocole(4)^ 
ce  qui  signifioit  première  feuille  collée.  On  peut  voir  un  singulier 
exemple  de  protocole  dans  le  facaimile  publié  par  M.  ChampolUon-* 

(1)  HercQlan.  volum.,  t.  II,pref.,  p.  th. 

{%)  Offiekia  dei  papyri*  p.  3t. 

(a)  ^07.  la  NoreUc  de  Jiutiaicn,  que  nout  allona  citer  tout  à  rhettrç»  .  . 

(4)  ^ftfTtxeAXpr^protocollun. 

44 


ég6  1.    TECMBNkB,    PLACE  DU   LOUVRk,    12. 

Figeac  9  de  la  bulle  donnée  l'an  876  par  le  pape  Jean  YIII  en 
faveur  de  rabbayedeToumus(i).  L'inscription  elle-même,  quiétoit 
en  tête  de  la  main  de  papyrus ,  fut  appelée  protocole ,  et  c'est 
cette  inscription  ,  et  non  la  première  feuille  entière  ,  que  Justi- 
nien  (2)  défendit  aux  tabellions  d'an*acher  dans  le  papier  destiné 
aux  actes  publics  ;  car  jamais  on  ne  se  seroit  avisé  de  détruire , 
comme  innUle ,  une  feuille  de  Quatre  pieds  de  long ,  parce  qu'elle 
atfroit  (:k>rté  une  inscription  de  deux  lignes. 

Les  fragmens  les  plus  modernes  que  nous  possédions  de  papier 
d*Egypte  ont  au  moins  sept  siècles  d'antiquité  ;  ils  sont,  en  général» 
d'une  couleur  sombre ,  et  si  fragiles,  que  pour  les  conserver  on  est 
obligé  "de  les  coller  sur  du  carton  ou  sur  du  foit  papier.  Le  papy- 
rus neuf ,  au  contraire  ,  avoit  de  la  consistance  ;  il  suffit ,  pour  le 
prouver  ,  de  rappeler  les  rudes  épreuves  que  lui  faisoient  sabir  ^ 
i£n  de  l'améliorer  ^  les  marchand^  de  Rt>me«  De  plus ,  sa  couleur 
étoit  parfaitement  blanche  (3) ,  et  pluneurs  auteurs  anciens  ont 
comparé  cette  blancheur  à  celle  de  la  nei^e  (4).  Combien  de  temps 
falloit-il  pour  détruire,  dans  le  papier  d'Egypte,  ce  gluten  d'où  ve- 
noient  sa  souplesse  et  sa  couleur  ?  c'est  ce  qu'on  ne  pouiToit  dire.  Un 
passage  de  Symmaque  nous  apprend  seulement  que  cette  substance 
se  détérioroit  prompteinent ,  et ,  chose  singulière ,  qu'on  lui  prêtée 
roit  l'écorce  pour  transcrire  les  ouvrages  dignes  d'être  conservés  (5)? 

Il  parolt  qu'anciennement  tout  le  papier  qui  se  consommoit  en 
Europe  y  étoit  importé  de  l'Egypte.  Le  tyran  Firraus ,  qui  s'étoit 
révolté  sur  le  bord  du  Nil,  se  van  toit  d'avoir  assez  de  papyrus  et  de 


(i)  Chartes  latines  surpapjrus,  premier  fascicule.  Paris,  Didot,-i836,in^oi . 
*(i)  Nordle,  44,  c.  s. 

(3)  Ausonne,  épttre  4,  vers  78,  et  suiv. 

quum  tibi 

Cadnii  nigellas  filias 
Afe/onis  atbam  Jilijm 
l<(otasc|ue  furyae  sepiae 
Cnidiosqiie  nodos  prodidit 
Les  anciens  appeloîenl  le  Nil  Meto.  Voj,  Festiis. 

(4)  Haec  enim  t»vgo  niveo  aperit  eloquentibus  campum .  Et  plut  bas  :  Jubc> 
tiira  einc  rimis,  continuiras  de  minutiis,  viscera  nivea  virentium  herbaruni,  etc. 
Catsiodor.  variar,  xi,  38. 

(6)  Itane  me  ludos  facis,  ut  qus  apud  te  iocuriosius  loquor,  in  styli  cau- 
diioes  aut  tiliie  pugillares  censeaa  transferenda  ne  facîlis  senectus  papyri 
^cripta  corrnropat.  Symmaque,  epist.  iv,  34. 


BDLLBTUf    DO    BHUOMIUJE.  697 

coUe  pour  nourrir  une  armëe  ;  assertion  que  Gasaubon  entend  du 
prix  des  objets 9  et  Saumaise  des  objets  mêmes  (i).  I^es  principales 
fabriques  ëtoient  à  Alexandrie  ;  «  cette  riche ,  qpulente  et  pro- 
«  ductive  cité  y  dans  laquelle  personne  ne  vivoit  inactif;  les  uns  y 
«  iabriquoientdu  verre,  les  autres  du  papier  (2) .  »  Nous  avons  avancé 
que  le  papyrus  étoit  connu ,  en  Grèce  du  temps  d'Homère ,  à  Rome 
sous  Numa,  mais  sans  pouvoir  appuyer  cette  opinion  d'ancim  passage 
positif.  Le  plus  ancien  passage  que  nous  connoissions  propre  à 
constater  un  grand  commerce  de  papier  d'Egypte  se  trouve  dans 
Théophraste ,  disciple  d'Aristote  (3).  Après  avoir  décrit  les  divers 
usages  de  la  plante  de  papyrus ,  il  ajoute  :  et  les  feuilles  à  écrire , 
A  renommées  parmi  les  natious-  étrangères ,  jtce)  ifjL^AviffrATA.  Jvi 
■rovç  'é^tÊ  rk  CtCkitt.  Mais  il  arrivoit  quelquefois  que  la  récolte  de 
papyrus  manquoiten  Egypte;  l'importation  alors  étoit  peu  consi- 
dérable, et  la  disette  de  papier  se  faisoit  sentir  en  Europe.  Il  y  en 
eut  une  si  considérable  sous  Tibère ,  qu'elle  causa  des  troubles 
dans  Rome.  Pour  les  apaiser ,  le  sénat  fut  obligé  de  nommer  des 
commissaires,  qui  distribuèrent  à  chaque  citoyen  du  papier  selon 
ses  besoins  (4).  A  la  fin  du  iv*  siècle ,  le  papyrus  étoit  rare  en 
Afrique.  Saint  Augustin ,  écrivant  à  Romanius  sur  du  parche- 
min À  déCsut  de  papier ,  lui  annonce  qu'il  lui  enverra  prochaine- 
ment son  Uvre  sur  la  religion  catholique ,  pourvu  que  le  papier  ne 
lui  manque  pas  (5).  Au  vi«  siècle,  les  marchands  égyptiens  appor- 
toîent  du  papyrus  à  Marseille  ;  mais  il  paroit  que  le  commerce  in- 
térieur n'avoit  pas  assez  de. vie  pour  répandre  cette  denrée  dans  le 
nord  de  la  Gaule.  Grégoire  de  Tours ,  répondant  à  un  livre  diffa- 
matoire, de  Félix ,  évéque  de  Nantes ,  s'écrie  :  ««  O  si  Marseille  t'a- 
«  voit  eu  pour  évéque!  ses  vaiseaux  t'aurpient  apporté  non  de 
«  l'huile  ou  d'autres  épices ,  mais  seulement  du  papier,  pour  que 
«  tu  pusses  plus  à  l'aise  écrire  contre  la  réputation  des  gens  de 

(0  Vopisc.  in  Firm.,  c.  3,  et  les  commentaires  de  Gasaubon  et  de  Sau- 
maise sur  ce  passage.  Observons,  en  passant, que  la  colle  de  farine,  inrentëe  à 
Rome  pour  le  papyrus  étoit  aussi  employée  en  Egypte  au  moins  au  m*  siècle. 

(9)  Yopisc,  (S'arur/i.,  c.  S. 

(8)  Liv.  IV,  cb.  g. 

(4)  Pline  xiii,  97. 

(6)  Mon  bsec  epistola  sic  inopiam  chaitœ  indicat,  ut  membranas  salt«m 

abundare  testetur Scripsi  quiddam   de  cathoHca  religione  quod  tibi 

Tolo  anleadvcntum  meum  miWcrt  ^  si  char  ta  intérim  non  desit.  Epist.  xv  , 
illias  ii3. 


698  J'  TECHlMia  ,  PLACE  DO  LOUYAI,  12. 

«c  bien  j,  mais  le  manque  de  papier  met  det  bornes  à  ton  batar<^ 
«  4age  (t).tt  Oh  peut  encore  citer  la  lettre  où  Fortunat  (2),  se  plai<- 
gnant  de  la  rareté  des  lettres  de  Flarus,  lui  indique  dircrs  moyens 
de  suppléer  au  manque  de  papier. 

Les  Arabes,  maîtres  de  VEgypte  au  vu*  siècle,  continuèrent  à  lat- 
briquer  dii  papier  arec  le  papyrus  ;  la  bulle  de  Jean  VIQ ,  en  fa*> 
yeur  du  monastère  de  Tournus,  qui  est  datée  de  Tan  876,  porte , 
sur  sa  première  feuille,  un  protocole  de  trois  lignes  en  grosse 
écriture  arabe  çursire.  Il  est  néanmoins  probable  que  Tinvasion 
nnusttlmàne  ralentit  considérablement  le  commerce  extérieur  de 
4'Egypte ,  et  que  le  papyrus  devint  plus  rare  en  Europe  et  dana 
Vempire  grec  de  Gonstantinople ,  où  cette  rareté  deyoit  principale 
tnent  se  fiiire  sentir.  D'un  aut|^  côté,  l'usage  des  palimpsestes,  qui 
se  répandît  beaucoup  au  1:^  siècle,  an^ionca  une  disette  de  parchi^ 
min ,  dont  nous  ne  saurions  ,  du  reste,  démêler  La  cause.  Ces  cir- 
constances farorisèrent  eq  Orient,  et  parmi  les  Grecs,  la  TOguedu 
papier  de  coton ,  qui  ayoit  été  inventé  à  la  Mecque  vers  la  fin  du 
VIII*  siècle  (3).  Ge  papier,  nommé  en  grec  'xjifrtif  Cof^CcunrK»  dans 
le  latin  du  moyen  âge,  che^rta  ^omhjrcina,  cuitunca  ou  damtucêna ,  se 
répandit  promptemen^  dans  tout  l'Orient,  et  finit  par  y  laire  tomber 
le  papier  d'Egyp^.  Au  xii*  siècle,  l'évêque  Eustatlie,  dans  son  com- 
mentaire sur  Homère  (4) ,  dit  formellement  que  l'art  de  faire  du 
papyrus  n'est  plus  pratiqué.  Vers  le  même  temps  ,  notre  papier  de 
chiffon  scrvoit  déjà  à  Caire  des  livres.  Pierre  le  Vénérable,  nommé 
abbé  de  Gluny  en  iraa  ,  dit,  dans  son  Traité  contre  les  Jai£i: 
M  Les  livres  que  nous  lisons  tous  les  jours  sont  Dsits  de  peaux  de 
«  mouton,  de  bouc  ou  de  veau ,  de  papyrus  ou  de  papier  de  chif- 
«  ions  (5).  »  En  1 189 ,  Raymond  Guillaume ,  évêque  de  Lodève  , 

(1)  Sed  paupertas  chartœ  finem   imponit  verboaitali.  Hist.  franc,,  ▼.  5, 
fsd.  Guadet  et  Taranne. 
(a)  An  libi  cliarta  parum  peregrina  mcrce  roUtui:? 

Non  amor  extoniuet  quod  neque  tempus  habet. 
Scrlbere  quo  possis  discingat  fascia  fagum  y  etc. 
Voy.  ci-dessuf(,  pages. 

(3)  Ândrès  (dell*  origine,  prf>gresso  e  staio  attuale  tfogni  litteratura) , 
Parme,  1782,  5  vol.  gr.  in-4,  to^i.  I,  p.  200. 

(4)  Odyss.  XXI,  yers  890. 

(5)  Taleni  (librum)  qualcs  quotidie  in  usu  Icgendi  habemus ,  utique  ex 
peliibus  aiietum,  faircorum  ,  vel  vitulorum  ,  sive  ex  biblif  jreljuucîs  orien- 
|alium  paludum,  aut  ex  raiuris  veterum  pannorum,  Bibliotb.  Clunisr, 
col.  1070,  i^.  ^ 


donna  À  Raymond  de  Popian  plein  pouToir  de  construire,  au  milieu 
de  l'Hérault,  un  ou  ploiioirB  mooling  à  papier ,  sous  roblîgation 
d'un  cena  annuel  de  trois  mines  d'excellent  froment  et  de  trois 
mines  d'orge  (1).  Le  papier  de  chifEbn  devcnt  donc  être  assez  com- 
mun dès  la  fin  du  xii*  siècle  ;  son  invention  ,  qui  remonte  au  moins 
«tt  commenoement  du  même  siècle,  acheta  déminer,  en  Occident, 
le  commerce  de  papyrus ,  et,  de  plos  ,  mit  fin  à  l'usage ,  tiop  long- 
lampe  répandu,  de  £BÛre  de  nouveau  servir  ks  anciena  parchemins 
après  avoir  enlevé  la  première  écriture. 

Le  papyrus  même,  dans  l'Occident,  servoit  k  bien  d'autres  usages 
^'è  recevoir  l'écriture.  A  Rome,  on  en  iaisoit  les  bûchers  sur  les* 
qods  on  brûloit  les  corps  morts  (a).  Saint  Grégoire  le  Grand  (3) 
laeoDte  que  dans  l'église  de  Saintp-Etienne  ,  près  d'Ancône  ,  l'huile 
«yaiiC  manqué  pour  les  lampes ,  le  moine  qui  étoit  chargé  de  leur 
enUetieii  les  remplit  d'eau,  et^  auivaiu  £  usage  j  mit  le  papyrus ,  qui 
hrâla  comme  s'il  avoit  été  dans  l'huile.  Mais  c'étoit  la  plante  oa 
ime  partie  de  la  plante  travaillée  exprès ,  plutôt  que  le  papier  de 
papyrus^  qu'on  employoit  à  ces  divers  usages.  Dans  les  passages  que 
noua  venons  de  citer  ,  nous  trouvons  bien  le  mot  papyrus  ,  mais 
jamaisle mot  charla^  qui  désignoit  le  papier  d'Egypte.  Déplus,  nous 
aavoBS  que  les  marchands  apportoient  en  Europe  non-seulement  du 
papier,  mais  encore  des  plantes  égyptiennes,  et  probablement  des 
plantes  de  papyrus»  Grégoire  de  Tours  (4)  parle  d'un  saint  ana- 
cborète  d'une  sobriété  remarquable,  qui  se  nourrissoit,  pendant  le 
carême,  avec  les  racines  des  herbes  égyptiennes  doru  les  ermites  se 
setvoîenty  et  que  lui  fouraissoient  les  marchands. 

Nous  n'insisterons  donc  pas  sur  ces  faits ,  qui  ne  rentrent  point, 
dn  reste,  dans  le  plan  que  nous  nous  sommes  tracé. 

(1)  G« renseignement,  très-incomplet dansleGalliachristianaftom.  vi,&4o, 
est  tîr^  d'un  recueil  manuscrit  d^ancîennes  chartes  lait  par  les  b<fnJdictins 
de  6.  GuîlbcQ-lt-Désert ,  et  qai  est  aujourd'hui  en  la  possession  de 
H.  B.  Thomassy. 

(9)  Martial,  Tiii, 44.x,  97. 

(3)  Dialogues ,  liv.  I,  c.  5.  Voy.  aussi  Grégoire  de  Tours,  f^ùs  (les  Pères, 
ch.  S ,  $  8,  ëd.  Gnadet  et  Taranne.  —  Saint-Paulin,  vers  sur  la  JValiuUé  de 
saint  Félix,  etc . 

(4)  Hist.  franc,  vi,  G. 


709  /.    TlCHIMUl,    FLACI   DIT   LODVRE,    I2r 

CHAPITRE  SECOND. 

Des  initrumens  de  rëcrivain  el  des  matières  colorantes. 

Les  instrameiis  propres  à  tracer  Vécritare  ont  dû  varier  arec  lev 
matières  sur  lesquelles  on  a  ëcrit.  Gonsîdërëe  par  rapport  à  ces 
matières  diverses ,  l'écriture  se  présente  sous  trois  modes  différens  : 
elle  étoit  ou  en  relief,  ou  gravée,  ou  peinte.  Il  y  a  peu  d'exemples 
de  la  première  espèce  ;  et,  dans  le  Cait ,  elle  n'a  guère  dû  être  em- 
ployée que  sur  la  brique ,  substance  qu'on  pouvoit  modeler  à 
volonté  avant  de  la  faire  cuire. 

L'écriture  gravée  suppose  l'usage  du  ciseau,  du  burin,  du  style  ; 
du  ciseau  pour  la  pierre ,  du  burin  pour  le  bronze ,  du  style  potir 
le  plomb  et  les  tablettes  de  bois  enduites  de  cire.  Le  ciseau  et  le 
burin  sont  trop  connus  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  parler  lon-r 
guement. 

Le  style  se  nommoit  en  grec  «-tvAoks  y^ct^sîovj  en  latin  stybisy  gra^ 
fkium ,  scriptorium.  Sa  destination  n'est  pas  douteuse  :  «  Le  style, 
»  dit  saint  Jérôme,  écrit  sur  la  cire ,  le  roseau  sur  le  papier  ou  sur 
«  le  parchemin  (i).  »  Quant  à  l'emploi  du  style  pour'  écrire  sur 
le  plomb,  nous  en  avons  pour  garant  Montfaucon  (a),  qui  a  eu  en  sa 
possession  des  tablettes  de  plomb  dont  l'écriture  avoit  été  tracée 
au  moyen  d'un  instrument  de  ce  genre.  Le  style ,  pointu  d'un  côté 
pour  écrire,  piat  de  l'autre  poi&r  efifacer,  est  élégamment  décrit  dans 
cette  énigme  de  Lactance  rapportée  par  Scliwarz  (3)  i 

De  summo  planus,  sed  uon  ego  planus  ab  imo, 
Versor  utrinque  manu,  diverse  et  rounere  fungor  ; 
Altcra  pars  rcvocat  quidquid  pars  altéra  fccit. 

Saint  Jérôme ,  pour  faire  entendre  que  ses  livres  contre  Jovinten 
lui  avoicnt  co^té  beaucoup  de  travail ,  dit  qu'il  a  préféré  à  la  parr 
tie  du  style  qui  écrit  celle  qui  efface  (4).  Effacer  se  rendoit  en  latin 


(0  Stvlusscribit  in  cera;  calarous  Tel  in  charta,  vel  in  merobninis.  S.  Jé- 
rôme, epîst.  13,  alias  i4o. 
(a)  Palëogr.,  gr.,  p.  ao. 

(3)  De  ornam.  Uhr.,  vi,  g* 

(4)  Stultus...  qui  meliorem  st^li  partem  eam  Ifgerim  que  deleret,  quiim 
quK  scriberet.  Epist.  3s,  a].5i. 


BUlXETllf    DU    UBLIOPHILE.  «JOt 


par  siylum  ver  ter  e^  tourner  le  style.  De  là  le  précepte  d'Horace  (i  )  : 

Scpe  styluin  TerUf,  iteruin  qiiae  digoa  legi  sint 
Scripturus. 

que  Boileau  a  rendu  par  : 

ÂjoDtes  quelquefois  et  souveot  effacez. 

Les  Hébreux  se  servoient  de  styles  en  fer  dès  l'antiquité  la  plus 
itecnlée  (s).  Les  styles  de  fer  furent  aussi  les  premiers  en  usage  chex 
les  Grecs  et  chez  les  Étrusques  (3)  :  mais ,  comme  ces  instrumens 
pouvoient  devenir  dangereux ,  l'usage  en  fut ,  dit-on ,  proscrit  à 
Borne  par  une  loi  (4)  *  que  Pline  fait  remonter  à  l'époque  de  l'ex- 
pulsion  des  Tarquins.  Ce  fut  peut-être  pour  se  conformer  à  cette 
loi  qu'on  se  servit  de  styles  en  os ,  instrumens  dont  on  trouve  deux 
ou  trois  exemples  dans  les  anciens  auteurs  (5).  Cependant  il  ne  pa- 
lotC  pas  que  la  prohibition  des  styles  de  fer  ait  jamais  été  rigoureu- 
sement observée.  César,  frappé  dans  le  sénat,  se  défendit  avec  son 
style  contre  les  assassins  (6),  et  perça  d'outre  en  outre  le  bras  de 
Cassius.  Plus  tard,  un  chevalier  romain  qui  avoit  fait  périr  son  fib 
aoos  les  verges  fut  massacré  par  le  peuple  à  coups  de  styles  (7)  ;  et 
un  sénateur  mourut  assassiné  de  la  même  manière  par  les  ordres  de 
Cni;g^l(>  C8).  Cette  arme  dangereuse  se  trouvoit  même  entre  les 
mains  des  enfans  (9) ,  et  ils  s'en  servoient  quelquefois  pour  tout 
antre  chose  que  pour  écrire.  Du  temps  de  la  persécution  de  Dèce, 
nint  Gassien,  maître  d'école  à  Imola  ,  condamné  comme  chrétien, 
fut  livré  à  la  fureur  de  ses  élèves ,  qui  le  déchirèrent  à  coups  de 
styles  de  fer  (10). 

(1)  Satyr.  I,  x,  7i.Conf. Cic  in  l'enew,  II,  4i. 

(s)  Quis  mihi  dct  ut  exarentAr  in  lihro  stylo  Jcrreo  (sermones  met). 
Job.,  %i%,  s4 . 

(3)  Graect  et  Tosci  primum  ferro  in  ceris  scripserunt.  Isidor.,  vi,  g. 

(4)  liidor.,  ibid.  Pline^  IIi»t.  uat.  xxxiv,  39.  Oo  doit  faire  observer  que  ce 
p«Mage  de  Pline  peut  être  lu  de  diverses  manières  dans  les  manuscrite.  Cette 
circonstance  et  Finobscrvation  bien  constatée  de  la  prétendue  loi  en  rendent 
rniftence  fort  problématique. 

(5)  Isid.,  1.  c.Forcellioi,  au  mot  os. 

(6)  Suéton.,  inJ.  Cœsar.,  c.  81. 

(7)  Sénèque,  de  Clemenlia  y  1,   i4. 
(S)  Saéton,  CaliguL,  c.  a8. 

(g)     Haec  tibi  erunt  arma  ta  suo  grapbiaria  ferro  ; 
Si  pacro  dones,  non  levé  munus  erit. 

Martial,  xiv,  n . 
(10)  Prudence,  hymne  S.  Grég.  de  Tours,  de  Glovia Martyr,,  1,  S. 


702  J.    TECSEHER,  FLACfi   DO    LOOTâK,    12* 

Il  y  a  peu  de  musées  qui  ne  venfierment  ub  ou  plutieurt  de  eev 
instrumens  de  récrllure  ancienne  ;  et  d'ailfenrs  leur  fcKme  est  sr 
simple,  que  chacun  peut  aisément  s*en  faire  une  idée.  On  peut  y  du 
reste,  consulter  le  nouveau  Traité  de  diplomatique^  et  l'Antiquité  ex- 
pliquée  par  Montiaucon,  ouvrages  où  l'on  trouvera  représentés  une 
douzaine  de  styles  de  formes  difiereaies(i).  Il  fisut  remarquer,  pour- 
tant, que  le  savant  bénédictin,  tout  en  reprenani  ceux  qui  ont  pris 
des  boucles  anciennes  pour  des  styles  à  écrire ,  a  probableaMBt 
donné  lui-même  dans  une  erreur  analogue ,  en  plaçant  pannî  les 
styles  un  crayon  de  plomb  dont  notts  parlerons  tout  à  Tlieure. 

Pour  mieux  nous  faire  une  idée  des  instrumens  nécessaires  nus 
copistes  et  de  leur  usage,  nous  allons  décrire  suecinctement  les  ofi^ 
rations  qu'exigeoit  la  transcription  d'un  manuscrit. 

U  falloit  avant  tout,  dans  nn  rouleau  de  papyrus  ou  de  parsfce 
nin ,  tailler  des  feuilles  adaptées  à  la  forme  et  aux  dimensîoBAJdii 
livre,  qu'on  avoit  d'avance  déterminées.  Pour  cel»,  on  se  semoitdea 
lîseaux,  en  latin yôrci^,  en  grec  ^uç  ou  4«cAiJVoy. 

Avant  d'écrire,  on  polissoit  k  papier  ou  le  parchemin  destinés  à 
A  recevoir  l'écriture.  Le  papier  poli  avec  une  dent  d'animal  se  nom*- 
Bioit  charia  deniata  (2)  ;  on  se  servit  aussi ,  pour  le  même  objet ,. 
d'une  coquille  (3)  ou  d'une  pierre  ponce,  pumex^  n/^^iff iç.  JKesKar. 
pumicê  (librum),  dit  Martial,  et  ailleurs  2  asperoque  manu  pumicip 
aridi  polûus  (4)«  On  s'en  servoit  aussi  pour  polir  le  parchemin;  mais, 
auparavant,  il  devoit  être  dégrossi  avec  nn  grattoir,  rasorium,  et 
cette  opération  préparatoire  ezigeoit ,  sans  doute  ,  du  temps  et  de 
la  peine,  puisqu'il  y  avoit  des  ouvriers  dont  la  profession  consistoit 
à  gratter  le  parchemin.  C'est  ce  qui  se  prouve  par  le  passage  suivant 
de  Pierre  de  Blois  (5)  :  Prius  traditur  rasori  (pellis  ovilis)  ut  cum 
rasoriOy  omnem  superfluitatem,  pinguedinem,  scrupulos  et  maculas 
toUat  ;  deinde  supen^eni't  pûmes  ut  quod  rasorio  auferre  non  potuit 
pamice  deleatur  ;  £cilicet  pili  et  talîa  minuta.  Un  des  statuts  de  la 


(1)  Auliq.  exp.,  t.  III,  pi.  igS-igé,  à  la  page  356.  — N.  t.  de  diplom.,  t.  I , 
pi.  4,  p.  535. 

(1)  CicëroCy  ad Quintumj):  II,  i5. 

(3)  Pline,  xiii,  i5.  Martial,  xiv,  209. 

(4)  Marli.il  I,  cxyiii,  16.  V1I1,lxxii,  cf.  Uoraee,«^/£r.  I,  xx,i.  Propircc  III. 

(5)  Dans  le  seimon  sur  la  ?(aliviië,  cité  paiScbwari,  II,  19- 


1^I)U£T1II    I>U    BIBUOPHILE.  ^oS 

règle  dei  cbârircux,  cité  par  Du  Caoge  (i),  iudique  deux  grattoir» 
de  ce  genre,  rasoria  duo ,  parmi  les  instrumeos  de  récrivain. 

Le  inêine  passage  lait  mention  du  poiaçon,  punctorium^  O'/ÂthUp  i 
on  s'en  servoit  pour  percer  d'outre  en  outre ,  en  haut  et  en  bas  de» 
pages,  le  papier  et  le  parcliemin,  afin  de  régler  la  largeur  des  mar- 
ges. Avec  un  poinçon  moins  fort ,  aubula^  on  marquoit  la  distanee 
des  lignes  ;  quelquefois  on  employoit ,  pour  cela ,  le  compas ,  rrr- 
cinus  haCirtït' 

Lorsque  la  largeur  des  interlignes  ëtoit  ainsi  réglée,  on  traçoit  le» 
lignes  avec  la  règle,  régula,  norma^  KAvor^  et  un  crayon  ou  une  pointe 
sèche.  On  déterminoit  aussi  à  la  règle  la  laigeur  des  marges  et  l'es- 
pace qui  se  trouvoit  entre  deux  colonnes.  Quoique  l'on  trouve,  dao» 
Catulle,  la  mention  d'un  parchemin  réglé  avec  du  plomb  (s),  on  a 
observé  que,  dans  les  plus  anciens  manuscrits,  les  raies  sont  tracée» 
à  la  pointe  sèche  (3).  L'usage  du  crayon  de  plomb  ne  s'est  répanda 
qu'assez  tard;  ce  crayon,  TA^uy^ai^êry  prœductakj  étoitnne  verge 
ployée  circulairement  sur  elle-même  comme  un  petit  soleil  d'arti^ 
fice,  d'où  les  expressions  de  plomb  circulaire  et  plomà  en /orme  de 
roue  f  qu'on  trouve  dans  quelques  épigrammes  de  l'anthologie 
grecque  (4)*  Le»  copistes  qui  n'avoient  pas  de  compas  pour  espa-- 
cer  kurs  lignes ,  après  avoir  tracé  la  première,  remplaçoient  la  rè^ 
par  une  petite  planche  de  la  largeur  de  l'interligne  ;  ils  traçoîent 
la  seconde  ligne  avec  la  règle,  qu'ils  remplaçoient  de  nouveau  pir 
la  planche,  en  continuant  ainsi  jusqu'à  ce  que  la  page  fût  entière- 
ment réglép.  Cette  planche  est  nommée,  dans  les  statuts  des-chai^ 
trefix  postis  ad  regulandum. 

Les  deux  principaux  instrumens  qui  ont  servi  à  tracer  les  lettres 
sur  le  papier  et  le  parchemin  sont  le  roseau  et  la  plume.  Le  roseau 
s*est  nommé  en  latin  calamus  >  arundo ,  fistulu ,  canna,  en  grec 
Ku\<tfJLov ,  x*^^^^*  ^^^  roseaux  à  écrire  croissoient  sur  les  bord»^ 


(i)  Glossaire,  slux  mois  punctarCf  punctorium. 
(a)  Membrana  directa  plurobo.  Carm.  xxii. 

(3)  Sur  quelques-nos  des  manuscrits  carbonises  d^Hereulanum  on  rcoon- 
notl  encore  les  lignes  qui  «voient  élé  tracées  pour  guider  la  main  du  copîslv. 
And.  de  Jorio,  offic.  deipapjrr.,  p.  38,  n.  6. 

(4)  Kt/xA.OTtfpà^  fAÀhiChç  —  xvxAo/bcoAiCifbf  —  Tfox^Uf  (AoKiC^êç* 
Anihol,  grec,  ^i!a£.,cd.  Jacobt,t.I,  p.  so5,  sq. C'est,  à  notre aris,  uncrayoo 
de  ce  genre  que  Montfaucon  a  fait  repre'senter  dans  YAnUquUé  expliquée, 
pi.  194,  t.  III,  le  prenant  poar  un  itjleà  ccrirt. 


7^4  '•    TECUKNER,    Pf.ACE   DU    LOUTAE,     12. 

da  Nil ,  à  Meniphis ,  à  Gnide ,  et  en  Asie  but  le  bord  du  lae 
Anaitique  (i)  ;  ils  étoient ,  avec  le  papier  d'Egypte ,  au  nombre  des 
prësens  qu'on  s'envoyoit  à. l'époque  des  saturnales,  et  nous  voyons, 
par  une  épigramme  de  Martial  intitulée  Fasces  calamorum  (a)  | 
qu'on  les  donnoit  et,  probablement,  qu'on  les  vendoit  en  fedsceaux. 
analogues  à  nos  paquets  de  plumes. 

On  tailloit  les  roseaux  comme  nos  plumes  en  les  fendant  par  le 
milieu;  ce  qui  leur  a  (ait  donner,  par  Paul  Silentiaire,  Tépithète  de 
fuaocx^hlç  (3).  Le  canif  dont  se  servoient,  pour  cela,  les  anciens,  seal" 
prum,  ou  scalprum  lihrariumj  yXv<^)ç  KkkAfJLmy  ^thvK^ttvê^VyVroiX  le 
manche  court,  la  lame  longue  (4),  recourbée  en  arrière  et  fort  aiguë. 
Cet  instrument  est  figuré  dans  deux  peintures  très-anciennes  re- 
présentant saint  Luc  et  Denys  d'Halicamasse  occupés  à  écrire , 
peintures  qui  ont  été  reproduites  par  Montfaucon  dans  sa  Paléo*- 
graphie  grecque.  Le  même  auteur ,  dans  son  Antiquité  expliquée 
(tome  m,  pi.  194)9  représente  y  au  miUeu  des  instioimens  de  l'é- 
crivain ,  un  petit  outil  en  forme  de  lancette-,  dont  la  lame  et  le 
manche  ne  font  qu'une  seule  pièce.  La  lame  est  tranchante  des  deux 
côtés.  Les  auteurs  du  nouveau  Traité  de  diplomatique  (tome  I> 
p.  535)  y  reconnoissent  un  canif  antique.  On  peut  voir„  du  reste  , 
au 'musée  grec   du  Louvre,   quelques  instrumens  de  ce  genre. 

Lorsque  la  pointe  du  roseau  n'étoit  qu'un  peu  émonssée,  on  Faf- 
filoit  avec  la  pierre  ponce  ou  avec  une  pierre  à  aiguiser,  cos^  àKovn  (5). 

Taillerie  roseau  se  disoit,  en  latin,  calamum  acuere  ou  temperare. 
Ce  dernier  mot  a  pu  être  parfois  employé  au  figuré;  mais  sa  significa- 
tion propre  n'en  paroit  pas  moins  certaine  ;  c'est  de  ce  terme  que 
viennent  les  mots  itaUens  temperino  et  temperalojo,  qui  signifient  un 
canif. 

Les  Orientaux  se  servent  encore  du  roseau  pour  écrire  ;  mais,  de* 
puis  longtemps,  il  est  hors  d'usage  dans  l'Occident,  où  la  nature  du 
papier  et  de  l'écriture  exigeoit  un  instrument  moins  prompt  à 


s'émousser. 


(1)  KyiuUe,  3IéUuHovph.  I»  i.  •— Wailial ,  xir,  38. —  Catull.,  carm.  37. — 
Âuson,  episl.  iv,  77;  tu,  6t.  —  Pline,  xvi,  64. 
(a)  XIV,  38. 

(3)  ^^nthol,  gr.  palat.,  éd.  Jacobs,  lom.  I,  p.  ao6,  n«  64.  Le  même  aulcnr, 
daus  re'pigrammc  suirante,  mentionne  les  deux  dents  dti  roseau. 

(4)  76ù/.,n"63et64. 

(5)  Anthoi  grecque,  t.  I,  n"*  63,  64,  66,  67,  «S. 


ItULLETIN    DU  «IBUOPHfLE.  ^o5 

Le  plus  ancien  auteur  qu'on  cite  comme  ayant  le  premier  claire- 
ment désigne  la  plume  à  écrire  est  un  écrivain  anonyme  du  y*  siècle, 
publié  par  Adrien  de  Yalois ,  à  la  suite  d'Ammien  Marcellin.  Il  ra- 
conte (i)  que  Théodoric ,  roi  desOstrogoths,  n'ayant  jamais  pu  ap- 
prendre à  éciii*e  son  nom  ,  aVoit  fieiit  peifer  à  jour,  dans  une  mince 
lame  d*or,  les  initiales  Théod.;  que^  lorsqu'il  vouloit  signer,  il  po- 
aoit,  sur  le  papier,  cette  lame,  promenoit  la  plume  dans  lescontours 
des  lettres ,  et  les  traçoit  ainsi  à  travers  la  plaque  métallique ,  au 
bas  de  l'acte  où  il  devoit  apposer  son  nom  (a). 

La  plume  est  encore  nommée  et  décrite  par  Isidore  de  Séville. 
Les  instrumens  de  l'écrivain  sont ,  dit-il ,  le  roseau  et  la  plume  , 
dont  la  pointe  est  fendue  en  deux  ;  mais  le  premier  est  tiré  d'une 
plante ,  la  seconde  de  l'aile  des  oiseaux  (3).  Isidore  n'est  mort  qu'en 
636  ;  mais  Montfaucon  remarque  avec  raison  que-cet  auteur  ne  parle 
ordinairement  que  d'usages  anciens;  conséquemment,  la  plume,  qui 
ëtoit  déjà  répandue  de  son  temps ,  devoit  avoir  une  origine  anté- 
rieure au  VII*  siècle.  Au  viii*,  les  plumes  à  éciire  sont  encore  men- 
tionnées dans  une  lettre  du  vénérable  Bédé  (4).  Un  manuscrit  des 
Evangiles,  du  si«cle  suivant ,  vu  par  Mabillon  (5) ,  dans  l'abbaye 
d'Hautvilliers,  au  diocèse  de  Reims ,  représente  les  quatre  évangê- 
listes  écrivant  avec  des  plumes. 

On  regarde  comme  une  invention  moderne  les  plumes  métalli- 
ques, qui  sont  pourtant  d'une  origine  assez  ancienne.  Rader,  dana 
aes  commentaires  sur  Martial  (6),  dit  que,  de  son  temps ,  on  a  trouvé, 
chez  les  Daces ,  un  roseau  d'argent  qu'il  supposa  avoir  servi  à 
Ovide  pendant  son  exil.  Laissant  de  côté  la  partie  purement  hypo- 
thétique de  cette  assertion,  il  n'en  reste  pas  moins  constaté  qu'on 
a  découvert,  au  rvi*  siècle,  une  plume  métallique  reconnue  pour 

(0  Ejcerpta  aucioris  ignotij  paragr.  70f  ô  la  suite  de  rAmmicn  MarcellÎD 
de  Wagacfy  tom.  I,  p'  694.  Posiia  lamina  super  diartam ,  per  eam  penna  du- 
ceret  (littcras)  et  subscriplio  ejus  taotum  videretur. 

(a)  L'empereur  Justin  TAncien  signoit  de  la  même  manière  les  qaatre  pre- 
mières lettres  de  son  nom  ;  mais  il.se  servoit  d^une  plaque  eu  bois  et  d'un  ro* 
«eau,  et  il  falloit  encore  que  sa  main  fût  conduite.  Procop.,  Uitt.  arc,  c.  ▼■. 

(3)  Instrumenta  scrib»  calamus  et  penna ,  ex  his  enim  verba  paginis  infi- 
guntur  ;  sed  calamus  arboris  est  penua  avis,  cujus  acumen  dwiditurin  duo, 
in  toto  corpore  unitate  senrata.  Isidor.,  Or^.,.Ti,  i4. 

(4)  Cite  par  Schwarz,  de  orn.  libr,,  y\,  8. 
(6)  De  re  diplom,,  supplem.,  si,  S,  p.  5i. 

(C)  Epigr.,  liv.  »!▼,  38,  cite  par  8c|iwan,  vi,  S. 


^o6  I.    TECtIKNBR,    PLACF.   DO    I4)0VBE,     1?.. 

être  un  usiennle  ancien.  Au  moyen  âge,  s'il  fkat  en  croire  Mbntfau- 
con  (i) ,  les  patriarches  de  Gonstantinopie  seserroient,  poar  leurs 
sousariptions,  d'un  roseau  d'argent. 

Le  pinceau ,  penidllum ,  x^^rcTt/Xior ,  ne  servoit  ordinairement  qu'à 
tracer  les  lettres  d'or  ou  de  cinabre  (a)  ;  cependant  les  Egyptiens 
l'ont  parfois  employé  pour  écrire  sur  du  bois  k  l'encre  noire.  H 
existe,  au  musée  de  Turin,  deux  textes  hiératiques  écrits  de  cette 
manière  sur  la  £M:e  intérieure  de  deux  courercles  de  cercueil  (3). 
Encore  aujourd'hui,  les  Chinois  n'ont  d'autre  instrument  pour 
éerîre  que  le  pinceau. 

L'encrier  se  nommoit  atramentariuni ,  fjLeXùLfloKticv;  ii  y  en  avoit 
de  dÎTerses  formes  et  de  diverses  maàères.  Au  moyen  ^e,  on  a 
donné  à  l'encrier  le  nom  de  cornu,  d'où  rient  notre  expression  cor* 
nei,  qui  a  la  même  signification.  C'est  qu'en  effet  on  a  parfois  mis 
dans  une  corne  l'encre  on  les  autres  liqueurs  destinées  à  tracer  l'é- 
criture. Schwans  a  reproduit,  d'après  un  très-«ncien  manuscrit 
contenant  l'éloge  de  la  sainte  croil ,  par  Raban  Maur ,  abbé  de 
Fnlde  et  archevêque  de  Mayenœ  au  ix*  siècle,  le  portrait  de  cet  abbé 
se  préparant  à  écrire.  Il  tient  un  canif  de  la  main  gauche,  et  de  la 
droite  il  va  tremper  sa  plume  dans  une  corne  attachée  k  une  co* 
lonne  qui  est  auprès  de  lui.  Les  encres  de  couleur  se  mettoient  dans 
de  petites  fioles;  on  peut  en  voir  des  modèles  dans  les  vignettes 
publiées  par  Montfaucon ,  où  sont  représentés  saint  Luc  et  Deays 
d'Halicamasse.  La  fiole  qui  renfermoit  l'encre  rouge,  pour  la  signa- 
ture des  empereturs  de  Gonstantinopie ,  se  nommoit  camcuium ,  et 
l'oAcicr  qui  en  avoit  la  gai^  prœposiius  canieuU  (4). 

Les  anciens  distinguoient,  comme  nous,  l'encrier  de  l'écritotre  ; 
ce  dernier  meuble  étoit  une  bdte  destinée  à  renfermer  les  styles, 
graphiaria  theea^  graphiarium  (5),  ypoL<pitLTtKn  ètiKti  ;  ou  les  roseaux, 
iftèca i»iamarû (6S  x«^A<e/xk  (7),  et dansle  moyen  âge,  xct^^ 
KûihoLfJLApthv  (8).  Il  faut  cependant  remarquer  que.  la  tkeca  graphia- 

(I)  Pfl/.  ^.,p.  ïi. 

(s)  JNouxf^  Trait,  de  diplom.,  1. 1,  p.  538. 

(3)  ChampoUion  ,  demiéne  lettre  au  due  de  ftlacas  ,  p.  %h,  wtt  ;  et  pre* 
mùÀTû  lettre  an  même,  p.  vj . 
{A)  Saniiiatse,/'2imflM.iEjrercir.,p.9i.8ehwaK,cltonl0m.lt(r0r.,  ti^ii. 
(&)  Suëton,  in  Claud,fC,tS,  Nartial,  iiv,  st. 
(6)  martial,  xiv,  19. 
(1)  PoUux,  X,  i4.  Hesychios. 
(8)  Voy.  le  Glosii.  grec  de  Dn  Can^. 


^LLETIN    DO    DIBLIOMILB.  707 

rim  a  pu  èCre  sîmidenieDt  ub  étui  dans  lequel  ou  i^enferuioit  lo  style 
pour  le  poiter'sur  soi.  Nous  avons  rapporte  plusieurs  circonstances 
où  cet  instrument  étoit  devenu  à  Timproviste  une  arme  meurtrière; 
ce  qui  ne  permet  pas  de  douter  que  les  Romains  n'aient  été  dane 
Tusage  de  l'avoir  ordinairement  avec  eux.  Dans  celte  hypothèse^ 
Pëquivalent  de  notre  écritoire ,  dans  l'antiquiië ,  auroit  été  seule- 
ment la  botte  aux  roseaux. 

La  Corme  quadrangulaire  de  cette  boite  permettoit  de  l'employer, 
en  guise  de  règle,  pour  tracer  les  lignes  sur  le  papier  et  le  parche- 
min ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  parfois  le  nom  de  xirov  (i).  D'autres 
feia,  récritoire  étoit  composée  de  plusieurs  couipartimens,  dans  l'un 
desquels  on  plaçoit  l'encrier  lui-mcme.  Cest  une  écritoire  de  ce 
genre  que  Paul  Silentiaire  appelle  (i)  la  boite  à  l'encre  à  plusieurs 
cases ,  conservant  à  la  fois  tous  les  instrumens  de  l'art  d'écrire* 
lIoi|tiuicQn  a  publié  le  dessin  et  donné  la  description  d'une  rkbe 
écritoire  en  bois ,  ornée  de  lames  d'argent,  que  possédoit  autrefoif 
l'abbaye  de  Saint-Denis.  La  tablette  principale  étoit  percée  de  plu- 
sieurs trous  propres  à  recevoir  des  roseaux  ou  des  plumes,  et  un 
riche  encrier  étoit  suspendu  à  cette  tablette  par  un  double  lien  fixé 
à  des  anneaux  d'argent  (3). 

Les  anciens  avoient  certainement  des  pupitres,  plulei;  mais  leur 
destination  n'a  pas  été  parfaitement  constatée.  On  a  dit  que  le 
pupitre  servoit  à  supporter ,  non  le  papier  ou  le  parcliemin  sur 
lequel  écrivoit  le  copiste,  mais  l'original  dont  il  faisait  la  transcrip- 
tion. Cette  assertion  a  besoin  d'être  un  peu  modifiée.  Il  est  cons- 
tant que  les  anciens  écrivoient  sur  leUrs  genoux  et  sur  leur  main, 
drcHte.  Hippocrate ,  dans  sa  deuxième  lettre  à  Damagète ,  lui  ra- 
conte qu'étant  allé  visiter  Démocrite ,  il  a  trouvé  le  philosophe 
Abdéritain  assis  sous  un  arbre ,  tenant  sur  ses  genoux  un  livre ,  sur 
lequel  il  se  penchoit  de  temps  en  temps  pour  écrire  (4).  Homère  » 
ali  début  de  sa  Batrachomyomachie ,  invoque  le  secours  des  muses 

;i)  AnthoL  gr,  palmt.y  éd.  Jacobê,  1. 1,  p.  s«5,  n*  69. 
(s)  7ftù/.,  p.  io6,  n*  65. 

Kct)  xiffruf  *Tokv^*Tet  uêKàtrJiKoVj  sir  tri  fravra. 

(3)  Yoy.  paléogr.  grecque,  p.  sS.  Ântiq.  cxpliq.,  tom.  ut,  p.  355. 

(4)  c5  J¥  ^îyjv  iv  ffvxotfyAiN  ^oXkS  bt)  ro7v  yovfdrêtv  bCxlov 

i  /è  M  fcir  ^rriveif  typti<psv  ïyMlfxtVQÇ  Iri  k.  r.  A.>  1. 1,  p.  19  et  so, 
éd.  Chariter.  Farh,  'i6S9,in-fol. 


7o8  J.  TBCBENEa  )  l^LACE  DU  LOOVBB,  13. 

pour  le  poème  qu'il  va  écrire  dans  les  tablettes  posées  sur  ses  ge^ 
noux.  De  cette  manière  d'écrire ,  vient  le  dicton  proverbial  répété 
deux  fois  par  Homère  lui-même  (i),  tolvta  ^iav  h  yovvetn  kutai^ 
cela  est  placé  sur  Us  genoux  des  dieux  ;  allasion  au  livre  des  des- 
tins que  Jupiter  étoit  censé  écrire  sur  ses  genoux ,  dans  une  peau 
de  chèvre. 

L'autre  manière  d'écrire  ^  en  tenant  le  papier  sur  la  main  gauche^ 
manière  qui  est  encore  répandue  parmi  les  Orientaux ,  existoit 
aussi  chez  les  anciens  ;  et  ce  fut  peut-être  l'origine  du  mot  pugillar^ 
qui  désignait  une  certaine  espèce  de  tablettes.  Byblis ,  se  disposant 
â  écrire  à  son  frère ,  tient  le  style  de  la  main  droite,  et  de  l'autre 
les  tablettes  sur  lesquelles  elle  va  tracer  sa  lettre  (2). 

Nous  savons ,  de  plus ,  que  les  anciens  avoient  des  lits  pour 
lire  et  pour  écrire  comme  ils  en  avoient  pour  manger.  Ovide , 
exilé ,  regrette  le  petit  lit  que  renfermoit  un  cabinet  d'étude  au 
fond  de  son  jardin  de  Rome ,  et  dans  lequel  il  avoit  coutume 
d'écrire  ses  vers  s 

Non  hacc  in  nostrit,  ut  quondam,  scribimns  bortis 
Ncc  coDSuele  meum ,  lectule,  corpus  babes  (3). 

Le  philosophe  Atliénodore  avoit  acheté ,  à  Athènes ,  une  maison 
qui ,  la  nuit ,  étoit ,  disaiton  ,  hantée  par  des  fantômes.  Résolu  de 
s'assurer  de  la  vérité,  il  sejit  dresser  un  lit  dans  le  vestibtile ,  de- 
manda des  tablettes,  un  style,  de  la  lumière ,  renvoya  ses  gens  dans 
rintérieur,  et  tâcha  de  bien  appliquer  à  écrire  son  esprit ,  ses  yetix  et 
sa  main  (4) ,  pour  que  son  imagination  ne  pût  lui  retracer  des 
spectres  qui  n'auroient  pas  existé.  Le  passage  des  métamorphoses , 
que  nous  avons  cité  plus  haut ,  nous  fait  connottre  comment  les 
anciens  s'y  prenoient  pour  écrire  couchés.  Byblis,  écrivant  dans  son 
lit,  se  lève  à  demi  sur  le  côté,  le  corps  soutenu  par  le  coude  gauche, 
et  tient  avec  sa  main  gauche  les  tablettes  dont  elle  va  se  servir  :  . 

In  latus  erîgitur,  cubitoque  innixa  sinistro. . . 
• . .  meditata  manu  componit  yerba  trementi  ; 
Deztra  tenet  fcrrum  Tacuam  tenet  altéra  ceram. 

(1)  Uiad.,  XVII,  Ters  5i4,  xx,  Ters  435. 
(1)  Mëtamorpb.,  Ut.  IX,  ▼,  5i5  et  suir. 
(8)  Trûtei,  I,  xi,38. 

(4)  Jubet  stemi  sibi  in  prina  domus  parte,  poscit  pngiUarei,  stylum,  la- 
men,  etc.  Pline  jun,,  VI ï,  xxtii,  7. 

{La  suite  au  numéro  prochain.) 


LA 


LITHO- TYPOGRAPHIE 


LETTRE 

DU   DOCTBUE    NEOPHOBUS    AU   DOCTEUR    OLD-BOOK , 
A  •t'CKINCHAM,  EN  •lIOlLtBIC-STBBBT. 


Je  ne  suis  point  étonné ,  monsieur,  que  votre  savante  ville  de 
Buckingham  se  soit  émue  à  l'apparition  de  la  lilho'tjrpographie. 
Paris  n'était  guère  moins  empressé  de  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur 
cette  découverte  qui  doit  renouveler  la  fiace  du  monde ,  et  auprès 
de  laquelle  l'invention  de  Guttemberg  n'est  qu'un  simple  jeu  d'en- 
fans.  Je  puis  heureusement  vous  en  parler  aujourd'hui  en  con- 
nœssance  de  cause ,  car  la  liiho-tjrpographie  est  dans  le  travail  de 
l'en  fan  tement.  Parluriunt  montes. 

Je  dois  vous  prévenir  d'abord  que  la  litho-tjrpograpkie  n'est  pas 
tout  à  fait  ce  que  son  nom  à  trois  radicaux  sembloit  vous  pro- 
mettre ,  l'art  de  reproduire  l'écriture  sur  la  pierre  at^tc  des  types. 
Elle  n'emploie  point  de  types  ,  et  le  procédé  par  lequel  Enoch  im- 
prima son  livre  sur  les  rochers  de  la  haute  Egypte  n'est  pas 
encore  retrouvé.  Nous  vous  le  gardons  pour  l'année  prochaine , 
car  il  tàni  être  lentement  rétrograde  dans  le  progrès ,  quand  on 
attaque  de  firont ^toutes  les  industries  vivantes  de  la  civilisation. 
Dld  là  ,  nos  pji>ëte8  d^aHum  doivent  renoncer  à  voir  retracer  leiurs 
légères  inspirations  sur  l'albâtre  et  sur  le  granit.  Quel  jour  glorieux 

45 


710  I.   TECHENER  ,  PLACE  DU  LOUVRE,   12. 

pour  la  littérature ,  monsieur,  que  celui  où  je  pourrai  vous  annon- 
cer une  couple  de  stances  tirées  sur  porphyre  de  la  première  qua- 
lité ,  avec  des  marges  à  volonté  pour  les  amateurs!  Nous  ne  pro- 
duirons plus  un  distique  qui  u*ait  en  vue  le  monolithe ,  et  c'est  alors 
qu'elles  auront  le  droit  d'aspirer  à  l'immortalité,  ces  heureuses 
productions  du  génie  qui  défieront  hardiment  toutes  les  conflagra- 
tions naturelles  et  sociales ,  si  ce  n'est  le  marteau  du  tailleur  de 
pierres  ! 

Quand  l'on  considère  cependant  la  masse  énorme  de  papier  im- 
primé qui  surcharge  déjà  notre  pauvre  globe ,  et  qui  en  dérange 
sensiblement  Féquilibre ,  on  doit  convenir,  et  je  ne  dissimulerai 
pas  cette  objection  ,  qu'il  y  auroit  péril  imminent  dans  la  demeure 
sublunaire  de  l'homme ,  si  toutes  les  feuilles  volantes  de  la  publi- 
cité se  trouvoient  soudainen^nt  transformées  en  pierres  de  taille. 
Grâces  soient  donc  rendues  à  l'inventeur  de  la  litho- typographie 
de  n'avoir  inventé  que  l'application  fort  naturelle  d'un  procédé 
fort  connu.  Je  suis  bien  persuadé  que,  s'il  avoit  voulu  inventer 
autre  chose ,  il  ne  lui  en  auroit  pas  coûté  davantage. 

L'art  de  la  litho-typographie  se  réduit,  en  effet,  à  décalquer,  sur 
une  ou  plusieurs  pierres  lithographiques  qui  rendent  des  épreuves  à 
volonté ,  autant  de  feuillets  manuscrits ,  imprimés  ou  gravés ,  qu'il 
hd  semble  bon ,  c'est-à-dire  à  mettre  en  oeuvre  dans  un  tirage 
exp'éditîf  une  des  pratiques  vulgaires  dû  ^sicsimilé.  Le  secret' que 
le  gouvernement  se  propose  d'acheter  à  haut  prix  consiste  ttans 
b  préparation  du  feuillet  qui  doit  être  préalablement  imprégné 
d'une  matière  chimique ,  ou ,  poUr  s'exprimer  correctement ,  d*une 
nititSère  employée  par  la  chimie ,  car  il  n'y  a  point  de  matière  chi-- 
risique  proprement  dite.  Si  Voiis  prenez  là  peine  de  venir  à  PâHs 
pour  jouir  des  progrès  de  la  litho-ty po graphie ,  vous  découvrirez 
fodlement  cette  matière  chimique  avec  votre  d^aisséur  ou  avec 
votre  teinturier. 

Voilà  ,  monsieur,  la  nouvelle  que  les  joiu'naux  nous  annoncent 
depuis  un  mois  dans  le  style  laconique  de  la  réclame  ,  qui  devient 
de  jour  en  jour  plus  concis ,  à  cause  du  grand  renchérissement  des 
célébrités  dans  les  temps  d'exposition.  Au  cours  ordinaire,  les 
réputations  les  mieux  conditionnées  ne  valoient  pas  plus  de  trente 
sôus  la  ligne  ,  et  il  fallait  n'avoir  pas  six  francs  dans  la  poche  pour 
se  passer  d*ètre  grand  Homme.  Aujourd'hui ,  la  gloire  est  hors  de 
(Srix,  et,  pour  qu'un  géûie  se  révèle  aVèfc  quelque  éélva^  il  faut  qu'il 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  7II 

se  dépouille  de  la  tête  aux  pieds.  C'est  ce  qui  a  fait  dire  aux  philo- 
sophes que  les  faveurs  de  Lai  renommée  coûtoient  bien  cher  ! 

Yoici  maintenant  les  'résultats  promis  par  la  Ulho-iypographU , 
et  vous  me  permettrez  de  me  servir  d'un  exemple  pour  vous  les 
faire  apprécier. 

Ea-  votre  qualité  de  membre  du  club  de  Roxbui^ ,  vous  avez 
nécessairement  l'honneur  de  connoître  mylord  duc  de  MarUxH 
rough.  Si  M.>  de  Malbrouk  n'est  pas  mort ,  comme  on  nous  le 
chante,  ne  manquez  pas  de  passer  chez  lui  avant  votre  départ,  et 
de  lui  demander  à  emprunter  le  précieux  Z^^cam^ro/s  de  Yaldarfer, 
qu'il  paya  53,000  fr.  en  i8ia.  Il  s'en  fera  un  véritable  plaisir; 
mais  n'entreprenez  pas  d'en  tirer  parti  à  Londres ,  où  le  genre  de 
spéculation  que  je  veux  vous  proposer  ne  seroit  pas  bien  vu  de  ces 
esprits  routiniei^s  qu'on  dent  chez  vous  pour  raisonnables.  Tenez 
à  Paris  où  tout  est  bon. 

Une  fois  arrivé ,  (détachez  un  A  un  tous  les  feuillets  du  Décaméron 
de  Yaldarfer,  et  imin-égnez^les  soigneusement  de  la  matière  chimi-* 
que  que  vous  savez ,  sans  vous  soucier  de  mylord  duc  et  de  son 
spleodide  volume.  L'exemplaire  n'y  perdra  pas  la  moindre  chose , 
uh  beau  livre  ancien  ne  perdant  rien  à  être  déboîté  de  sa  vieille 
reliure  ,  coupé  feuillet  à  feuillet ,  imprégné  de  matière  chimigue , 
et  soumis  à  l'action  du  cylindre  ou  de  la  presse.  Le  programme  et 
les  journaux  vous  en  sont  garans.  Tirez  ensuite  à  six  mille ,  et  har- 
diment, car  vous  avez  pour  souscripteurs  assurés  : 

Messieurs  les  pairs  de  France  ; 

Messieurs  les  députés  ; 

Messieurs  les  ministres  y 

Messieurs  les  conseillers  d'État  ; 

Messieurs  les  membres  des  cinq  académies  ; 

Messieurs  les  officiers  de  l'université  ; 

Messieurs  les  préfets  ; 

Messieurs  du  jury  d'exposition  ; 

Messieurs  les  actionnaires ,  directeurs ,  rédacteurs  et  gérans  des 
journaux  progressifs  ; 

Messieurs  les  dix-sept  cents  de  l'association  des  gens  de  lettres; 

Et ,  surtout ,  messieurs  les  banquiers ,  toujours  si  disposés  à  en- 
courager les  entreprises  utiles.  Monsieur  le  baron  Rothschild  vous 
prie  instamment  de  lui  tenir  soixante-trois  exemplaires  en  réserve, 
pour  les  soixante-trois  bibliothèques  de  ses  soixante-trois  châteaux. 


^12  J.    TBCHENEJl,    PLACE    DU    LOUVJIE,     12. 

Yous  pouvez  ajouter  à  cela  sept  ou  huit  amateurs  qui  ne  regar- 
dent pas  à  la  dépense ,  quand  il  s'agit  de  s'embouquiner  d'un  i/i- 
folio  de  plus ,  sauf  à  coucher  avec  lui  s'il  ne  reste  pas  d'autre 
place ,  comme  feu  mon  ami  M.  Piilet.  Il  n'est  pas.  un  de  ces  ho- 
norables personnages  qui  ne  soit  enchanté  de  posséder  identique^ 
ment  le  Décaméron  de  Yaldarfer,  au  même  prix  que  M.  le  duc  de 
Marlborough.  Total,  trois  cents  millions  y  c^  est  un  assez  joli  denier. 
Je  ne  parle  pas  des  frais  de  tirage  et  de  papier,  qui  sont  une  pure 
bagatelle  indigne  d'être  portée  en  compte  dans  une  affaire  de  cette 
importance. 

Ou  bien ,  si  vous  voulez  simplifier  l'opération ,  faites  mieux. 
Je  suppose  que  vous  avez  un  billet  de  mille  francs ,  cela  se  trouve 
journellement  dans  le  portefeuille  d'un  savant  ;  prenez  votre  billet 
de  mille  francs ,  imprégnez  voli*e  billet  de  nulle  francs  de  matière 
chimique ,  et  tirez  à  un  million.  Il  ne  faut  regarder  ni  à  la  valeur 
des  pierres  (on  en  trouve  maintenant  à  Montmartre),  ni  à  celle 
du  papier  serpente  lithographique  (on  en  fait  aujourd'hui  avec  des 
orties  ).  £n  vingt-quatre  heures ,  vous  avez  un  milliard ,  et  vous 
l'envoyez  à  la  caisse  d'épargne;  le  sage  met  toujours  quelque 
chose  de  côté  pour  sa  vieillesse. 

Tels  sont ,  monsieur,  les  résultats  infaillibles  de  cette  sublime 
découverte  qui  fait  pâmer  de  joie  tous  les  adeptes  du  progrés.  L'im- 
primerie et  la  gravure  ont  vécu  ;  elles  sont  enfoncées  comme  Racine. 
Elzevir  est  une  perruque  ,  et  Marc- Antoine  un  polisson.  Nous  at- 
tendons incessamment  l'ordonnance  qui  envoie  la  bibliothèque  du 
roi  au  vieux  papier. 

«  Arrêtez  !  me  direz- vous  ;  cette  prétendue  découverte  est  ab- 
surde et  infâme  :  absurde ,  parce  que  son  usage  apparent  n'aura 
jamais  que  des  résultats  ridicules  ;  infâme ,  parce  que  son  usage 
ilUcite  peut  entraîner  les  plus  grands  dangers.  Ce  qu'elle  mérite 
d'im  gouvernement  intelligent ,  c'est  une  répression  rigoureuse  , 
ou  du  moins  une  exacte  surveillance.  Malédiction  sur  vos  livres 
litho-typographiés ,  et  honte  étemelle  aux  sots  qui  les  regarderont 
comme  des  livres.  Votre  liiho^tfpographie  est  l'abomination  de  la 
désolation  dans  la  grande  Sion  de  la  civilisation  !...  » 

Eh  !  mon  Dieu ,  monsieur  Old-Book  ,  ne  vous  emportez  pas  !  je 
ne  suis  pas  si  éloigné  de  votre  opinion  que  vous  l'imaginez ,  et  j'ai- 
lois  dire  à  peu  près  ce  que  vous  dites ,  en  me  servant  de  termes 
plus  modérés.  La  liûio^ljfpo graphie  a  des  inconvéniens  sensibles  qui 


BULLETIN    DO    BIBLIOPHILE.  ^]3 

la  dénoDcent  au  commerce,  à  la  diplomatie,  à  la  justice,  mais  elle 
ne  peut  rien  aux  innocens  plaisirs  des  bibliophiles.  Elle  ne  méiite 
pas  leur  colère. 

Il  y  a  deux  espèces  de  livres  rares  :  premièrement ,  ceux  qui  sont 
dignes  d'élre  réimprimés,  et  Timprimerie  y  pourvoira ,  si  elle  n'y  a 
pas  pourvu  ;  secondement ,  ceux  dont  la  rareté  fait  tout  le  prix ,  et 
que  la  UthiHtjpograpliie  reproduiroit  à  cent  mille  ,  sans  atténuer  la 
valeur  de  l'édition  originale ,  parce  que  cette  valeur  consiste  dans 
ridentité  de  la  chose  et  non  pas  dans  sa  figure.  La  verroterie  pro- 
duit de  faux  diamans,  et  on  souffle  de  fausses  perles  avec  des 
écailles  d'ablette ,  mais  la  Pérégrine  et  le  Régent  ne  sont  pas  encore 
tombés  dans  un  grand  discrédit. 

Le  facsimilé  d'un  livre  rare  n'a  jamais  joui  d'une  bien  grande 
considération  aux  yeux  des  amateurs.  La  contre-façon  de  la  Mère 
Jeanne  de  Postel ,  dont  l'original  valoit  deux  cents  francs ,  se  trou- 
voit  aisément  dans  le  commerce  pour  vingt  sous ,  et  le  Cjmbaluai 
mundide  Desperriers  s'est  inutilement  enrichi  de  la  curieuse  préface 
de  Prosper  Marchand ,  des  notes  piquantes  de  La  Monnoye  »  des 
charmantes  vignettes  de  Bernard  Picart  :  les  éditions  du  xvi*  siècle 
ne  seroient  pas  payées  au  poids  de  l'or,  les  réimpressions  du 
xvjn*  siècle  seroient  surpayées  au  poids  du  billon.  Cependant  le 
C/mbalum  mundi  est  un  livre  délicieux  dont  la  rareté  ne  fait  pas  le 
seul  mérite  ;  mais  ceci  est  tm  des  caractères  les  plus  distinctifs  de  la 
bibliomanie.  Elle  se  soucie  peu  du  livre ,  et  fait  des  folies  poui* 
l'exemplaire. 

Si  des  réimpressions  de  ce  genre  ont  été  jugées  dignes  quelque- 
fois de  prendre  place  dans  les  bibliothèques  choisies ,  elles  ont  4û 
let  avantage  à  des  circonstances  particulières  qui  les  élevoient  elle&- 
mêmes  au  rang  des  livres  précieux.  La  collection  de  Caron  est  un 
choix  singulier  et  bien  fait,  qui  se  recommande  par  un  format  élé* 
gant  et  commode ,  et  par  une  sorte  de  rareté  relative.  La  colUctioa 
de  Techener  est  une  bibjiothèque  facétieuse  tout  entière ,  distin- 
guée par  le  choix  du  papier  et  la  perfection  de  l'exécution  typogra- 
phique. Il  en  est  de  même  de  quelques  autres ,  et  on  ne  voit  pas 
toutefois  que  les  jolis  volumes  dont  ces  ingénieuses  entreprises  ont 
fait  naître  le  goût  chez  certains  amateurs  s'élèvent  beaucoup  dans 
les  ventes  au-dessus  des  prix  ordinaires ,  à  moins  que  leur  valeur 
propre ,  qui  est  fort  peu  de  chose ,  ne  soit  relevée  par  le  luxe  d'un 
tirage  à  part,  ou  d'une  reliui-e  de  Bauzonnet.  Ajoutons  ici  que 


^l4  J*    TKCHENER,    PLICE    00    LUUVBB,     12. 

l'exactitude  typographique  d'un  fac^imilé  parfaitement  figuré 
n'augmente  en  aucune  manière  les  chances  de  succès  de  ces  éditions 
postiches.  La  fidélité  du  calque  est  une  chose  à  considérer  dans  la 
reproduction  d'un  manuscrit  ou  dans  celle  d'une  édition  princeps  , 
parce  qu'elle  peut  donner  lieu  à  des  comparaisons  utiles  et  cu- 
rieuses. Dans  la  reproduction  d'un  livre  plus  ou  moins  rare ,  sorti 
d'une  imprimerie  qui  en  a  produit  mille  autres  plus  ou  moîiis 
communs ,  c'est  une  superfluité  fort  insignifiante ,  et,  le  plus  sou- 
vent ,  fort  maussade. 

La  réimpression  du  livre  rare  est  d'ailleurs  une  œuvre  d'indus- 
trie et  de  goût  ;  elle  demande  un  compositeur  habile ,  un  correc- 
teur intelligent,  des  ouvriers  attentifs  à  la  pureté,  à  l'égalité  du 
tirage.  C'est  un  livre  qu'elle  produit.  La  contre-épreuve  litho- 
typographique n'est  qu'un  cadavre.  Elle  ressemble  beaucoup  à 
l'original ,  j'y  consens  ;  mais  elle  lui  ressemble  comme  une  figure 
de  Curtius  ressemble  à  une  statue.  La  litho-tjrpo graphie  vous  don- 
nera des  bibliothèques  le  jour  où  Curtius  vous  composera  des 
musées. 

Et  puis ,  cette  ressemblance  n'est  pas  d'une  identité  si  désespé-^ 
rante  qu'on  se  l'imagine.  Cette  magnifique  hyperbole  est  tout  bon-* 
nement  du  style  de  programme  à  l'adresse  des  ignorans.  Il  n'y  a 
rien  de  moins  identique  qu'une  feuille  de  papier  imprimé  et  une 
feuille  de  papier  litho- typographie.  Ce  qu'il  y  a  de  désespérant , 
c'est  l'audace  avec  laquelle  on  débite  des  bourdes  pareilles  à  la 
face  d'une  nation  éclairée  et  d'un  jury  de  savans  qui  la  représen- 
tent à  leurs  risques  et  périls.  Il  n'est  personne  qui  ne  sache  que  le 
caractère  d'imprimerie  est  en  saillie  sur  la  forme  quand  elle  «e 
trouve  pressée  par  le  tympan  ;  les  arêtes  s'y  détachent  donc  avec 
netteté ,  les  déliés  avec  finesse  ;  l'œil  de  la  lettre  y  reste  limpide-ec 
brillant.  Kieli  de  tout  cela  dans  la  Utho^typographie ,  qui  retrouve* 
roiC  en  vain  l'iiitrouvable  papier 'des  knprimeurs  anciens ,  si  elle 
ne  trouve  en  même  temps  quelque- moyen  de  ^ire  illusion  sur  le 
foulage  ^  et  je  k  mets  «u  défi  d'y  parvenir.  C'est  qu'elle  n'agit 
pas  par  impression ,  mtàê  par  ertpression.  L'imprimerie  a  fait  em- 
preinie ,  elle  fait  tache;  le  type  métallique  mord  sur  le  papier , 
eUeyliave.  La /i/Ao-€77Mi;rc9iA*es'es^'tN>inpëe  sur  son  véritaMe 
nom ,  qui  est  connu  de-temps  imméAOKitfl;  elle  s'appelle  la  macu- 

STlMf  ^r«yai ,  mooMiir,  qu'a  n'y  «  pas  de  quoi  s'indigner  contre 


UD. procédé  qui  ne  ^uroit  faire  îllusiau  au  pUis  maladroit  des 
comioisseurs.  ]\oti*e  vieil  ami  Jean-Gbrélien  Fabricius,  irrité  couuii^ 
voijis ,  ii  y  a  quarante  axis,  de  l'audace  d'une  autre  espèce  de  cou- 
trefi^cteui'S  ,  fulminoit  contre  eux  cette  tei*rible  imprécation  ,  dai^ 
}e  goût  d'Obadiab  :  Damnandœ  vcpo  memoria  sunl  Johv  Hill  €i 
Lpuis  Renaju),  qui  insecta  ficta  proposuere.  Qu'en  est-il  arrivé? 
C'est  que  Jean  Hill  et  Louis  Renard  en  ont  éjt^  pour  leurs  fir^is  ,  £t 
que  Finsecte  factice  n'a  jamais  été  reçu  dans  une  collection  d'ama- 
teurs. Il  e^  sera  de  même  du  Jlivre  fac^t^ce  des  lit ho^ typographes , 
à  q^i  Dieu  fasse  paix.  J'attends  ces  présomptueux  cbiffioi^  à  la 
prei^aière  vente ,  et  yous  verrez  comment  justice  en  sera  f|ût^.  )1 
n'y  a  pas  d'as^z  petites  subdivisions  dans  les  valeiu^  mQ^étairiss 
pour  en  ^exprime^  Testiination. 

Quant  aux  antres  inconvéniens  que  vous  avez  aperçus ,  et  que 
les  prôneurs  même  de  ce|tte  sotte  industrie  ne  se  dissimulent  point, 
c'est  une  autre  question.  Ob  !  s^ns  doute ,  l'imprimerie  et  la  li- 
brairie ,  déjà  si  sérieusepient  compromises  dans  leur  existent , 
doivent  eu  redouter  les  progrès.  La  contrefaçon,  contre  laquelle 
nos  sav9^es  associations  ^ttérair,e$  se  prononc.ent  avec  tant  )iç  yi- 
gueur ,  n'aura  plus  besoin  de  se  réfugier  en  Belgique ,  et  l'on 
ppurra ,  au  besoin  ,  s'épargner  la  dépense  d'une  matière  chimique  , 
de  qudque  nature  qu'elle  soit ,  pour  reproduira ,  wec  une  déses- 
pérante identité ,  un  livre  fraîcbement  imp;i*imé ,  avant  que  les 
exemplaires  brocbés  soient  rendue  à  ré4iteur.  Toi^te  feuille  qui 
sort  4e  la  presse  dopne  sa  contre-épreuve  à  un  coup  t^  barre ,  et 
il  n'y  a  plus  qu'à  jeter  cette  contre-épreiiye  sur  la  pierre  lithogra- 
phique. Ifies  forbans  étrangier^  ^-ouv^ront  là  une  «d^g^retise  ;con- 
currence ,  et  Jles  nôtres  y  gagner.on!t  une  bonijie  prime.  Cecji  est  une 
des  çoyoLséquences  in^^vitabl^  du  progrès ,  et  ce  que  ^e  progrès  veut , 
Dieu  le  veuL 

La  relii^re,  qui  cpm^9^4epç.Qit  à  peine  à  r^jrendre  une  p)Aqe 
parmi  les  nobles  métiers  9  et.à  badancer  les  anciens  cbefsrd'œiyivre 
dte  ^?  Derpflue  fit  d^  pos  |^2(,4dojup ,  ^sjera  f u^ée  ^e  foo4  «^  <?>fn- 
bje  p  et  i'eifi  ai  qjtji^eique  regret.  QffJi  youdrojtt ,  fin  effet ,  d'im  exem- 
plaire d'un  vji^eux  livpre ,  établi  ^epuis  l'an  de  grâce  1839,  ^^  P^ 
CQK^séquei^  ^uspecjt  de  £als^(^c4t^Q^9  sinon  dans  sofi  ensen^^ei  co 
qui  est  impos^sijlple ,  au  moi^  dft|QS  qu^elques-^es  ie  ses  parties , 
ta^  j(Itt'il  se  trQuv|e;r^  4^  exemplaires  audj^entiques  »  munis  par  la 
cfcbet  d'up  oavri^/r  qiort  du  sceau  imprescriptjybjie  de  leur  lâge , 


7l6  J.    TKCHKNER,    VLACE    DU    LOUVBE ,     13. 

qui  sera  désormais  le  seul  garant  de  leur  pureté? Combien  n'est-il 
pas  de  volumes  dont  l'absence  d'un  feuillet  peut  modi6er  la  va- 
leur, et  cela  dans  une  proportion  incalculable  ?  Mais  ceux-là  n'ont 
pas  eTi  l'honneur  du  maroquin  antique ,  des  solides  trancbefiles  de 
Duseuille,  reconnoissables  entre  mille  ,  et  des  riches  dentelles  de 
Boyer.  La  vieille  reliure  augmentera  encore  de  prix  ;  la  nouvelle 
perdra  sa  considération  naissante  «  et  Simier  sera  obligé  de  se  faire 
titho^typographe . 

Ce  danger  n'est  pas  de  conséquence  pour  nous ,  monsieur ,  qui 
préférons  deux  ais  de  bois  couverts  d'un  cuir  brut ,  tme  bonne 
peau  de  truie  estampée  d'Allemagne ,  ou  un  bon  vélin  cordé  de 
Hollande ,  à  toute  cette  basane  maroquinée  que  Bozérian  et  Cour- 
teval  ont  brodée  de  si  lourdes  arabesques.  Nos  incunables  ne  seront 
jamais  confondus ,  grâce  au  ciel  !  dans  leur  costume  à  la  vieille 
mode,  avec  le  facsimilé  litho^typographique.  La  Utho-typographie 
ne  s'est  pas  encore  avisée  de  litho^typographier  la  couverture  de  ces 
volumes  vénérables  que  le  vulgaire  appelle  des  bouquins. 

Resle  le  grand  péril  social,  dont  l'invention  que  vous  savez 
menace  le  commerce.  C'est  matière  de  cours  d'assises.  Puisque  la 
société  fait  le  progrès ,  que  la  société  s'en  défende.  Il  n'y  a  rien  de 
plus  juste.  Nous  sommes  tout  à  fait  étrangers  à  ce  débat,  nous  au- 
tres élaborateurs  obscurs  de  savantes  inutilités ,  prolétaires  incon- 
nus de  la  république  des  lettres ,  ouvriers  sans  lucre  et  sans  trafic, 
dont  le  nom  ne  vaut  pas  les  frais  d'une  couche  d'encre  et  d'une 
feuille  de  papier.  L'industriel  qui  parviendroit  à  tirer  quelque 
chose  du  mien  chez  un  banquier  posséderoit  un  secret  plus  rare 
que  celui  de  la  litho^typographie.  Qu'on  aille  plutôt  demander  à 
M.  Aguado  quel  crédit  il  est  disposé  à  faire  sur  un  billet  signé  Néo^ 
phobus ,  et  on  m'en  dira  des  nouvelles.  Je  ne  vois  donc  auctme 
raison  pour  m'inquiéter  d'un  mal  qui  ne  peut  m'atteindre ,  et  j'en 
laisse  le  touchant  souci  à  messieurs  les  philanthropes  de  l'académie 
des  sciences  morales.  Hs  sont  payés  pour  cela. 

En  attendant  que  la  lUh<h4ypographie  embarrasse  la  justice  distri- 
butive  dans  l'application  de  la  pénalité ,  elle  lui  donne  bien  du  mal 
dans  l'application  de  la  récompense.  Et ,  d'abord ,  comment  assez 
reconnottre  le  mérite  d'une  découverte  qui  ne  tend  rien  moins  qu'à 
l'avilissement  de  toutes  les  bibliothèques  et  à  l'anéantissement  de 
toutes  les  presses?  Les  médailles  sont  si  chétives,  les  pensions  na- 
tionales si  sordidement  économiques ,  et  la  croix  d'honneur  si 


lULLBTlN    DD    BIBUQPHILB.  7I7 

commune!  A  qui  d'ailleurs  décerner  cette  palme  réclamée  de 
toutes  parts?  Groiriez-vous  que  la  litho'ijrpographie  a  maintenant 
quarante-quatre  éditeurs  responsables ,  tous  également  possesseui-s 
du  fameux  secret  de  la  malière  chimique  ,  tous  également  habiles  à 
maculer  du  papier  blanc  av^ec  du  vieux  papier  imprimé ,  tous  im- 
primant, déGgurant,  dénaturant ,  contrefaisant  et  postulant?  Le 
parti  le  plus  sûr  serait  d'accorder  le  prix  à  Senefelder,  qui  a ,  du 
moins,  inventé  quelque  chose.  L'art  de  la  lithographie ,  qui  n'est 
pas  sans  reproche ,  rachète,  en  efiPet ,  ses  inconvéniens  par  de  pré- 
cieux avantages  ;  il  sert  la  facilité  du  génie  comme  celle  de  la  mé* 
diocrité  ;  il  permet  aux  talens  inspirés  d'antographier  leur  pensée 
avec  une  vivacité  qui  disparolt  souvent  sous  le  travail  correct  et 
pur,  mais  lent  et  froid  du  burin.  C'est  une  assez  belle  chose.  Mais 
quoi?  Senefelder  lui-même  ne  s'attribuoit  pas  tout  l'honneur  de 
sa  découverte.  Il  convenoit,  dans  la  sotte  naïveté  de  sa  modestie , 
que  son  procédé  lui  avoit  été  enseigné  par  un  de  ces  jongleurs  de 
la  foire  qui  le  vendent  cinq  sous  sur  les  places  publiques,  et  qui 
n'en  tirent  pas  vanité.  On  est  donc,  pour  le  moment,  à  la  recherche 
du  jongleur  de  Senefelder,  sauf  à  en  couronner  un  autre  si  celui- 
là  ne  se  retrouve  pas  ;  après  quoi  il  restera  démontré  ce  que  vous 
savez  depuis  longtemps ,  c'est  que  toutes  les  sciences  du  progrès 
commencent  à  un  charlatan  et  finissent  de  même. 

Si  j'avois  l'honneur  d'être  membre  du  jury,  j'accorderois ,  sans 
hésiter,  la  récompense  promise  à  M.  Techener,  notre  actif  et  in- 
génieux Pickering ,  qui  a  pubUé  9  il  y  a  dix  ans ,  les  premiers  essais 
de  la  litho^jrpo graphie  dans  deux  joUes  contrefaçons  des  Dits  de 
Salomon  et  des  FcUts  metveilUux  de  f^irgiU;  je  lui  donnerois  en- 
suite, au  nom  des  gens  de  goût,  une  seconde  récompense  plus 
flatteuse  et  mieux  méritée ,  pour  avoir  su  renoncer  de  bonne  heure 
à  ce  mode  économique,  mais  grossièivment  matériel,  de  réimpre»» 
sion ,  qui  ne  satisfùt  ni  les  yeux  ni  l'esprit ,  et  qu'il  faut  dévouer  à 
toute  l'indignation  des  bibliophiles.  Delenda  est  Carihago,  Cela 
veut  dire  httéralement  :  Qu'on  nous  délit^re  de  ce  vilain  papier,  si 
niéehammeni  àarbouillé  par  des  manœuvres  ! 

Méophobus, 


..I    ♦ 


MAURICE  SÈVE. 


Sêtb  (Mannce  1),  docteur  es  lois ,  jugie-OM^e  df  Lyon,  écherin 
ea  i5o4  et  i5o8,  mort  vers  i Sas.  Son  père ,  L^sard  Sère ,  /oioit 
dn  Piémottt ,  et  paroit  être  le  premier  de  sod  nom  ipii  se  soit  éta- 
bli du»  notre  TÎUe ,  où  il  a  laissé  one  nombreose  et  faooorable 
poetérité.  Léonard  étoit  d^à  mort  en  i493-  l^^  Sère  de  Lyon  se 
prétendoicnt  issus  des  marqnis  de  Seva,  noUe  et  ancienne  lamille 
piémontaise ,  dont  ils  portoieot  les  armes  :  prétention  qu^  a  été 
confirmée  par  des  lettres  de  CharLes-Emmannel  de  Savoie ,  du 
a8  janfier  1620.  Penietti ,  1 ,  369  ;  jia,  €ùn$iU. 

Sbte  y  on  ScKTB  (  JUanrioe  îl  ) ,  fils  du  précédent ,  littérateur  et 
poète  des  plus  illustres  de  son  vivant,  et  <|ui  (aisoit  école ,  ami 
d'Etienne  Dolet  et  de  Clément  IWarot,  né  dans  les  premières  an- 
nées dn  XVI*  siècle ,  mort  vers  i56o  ou  i564*  U  vécut  dans  le 
célibat  ;  on  a  même  conlecMuré  ipi'il  appartenait  à  Tordre  ecclé- 
siastique. Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  qu'il  étudioit  à  Ayignmi , 
en  i533 ,  époque  où  ilicontriboa  à  la  découverte  d'un  tombeau 
qu'on  a  cru  être  celui  de  Laure ,  dans  la  cbapelle  de  Saint/s-Crpix , 
au  couvent  des  €ordeiiers ,  en  préaem:e  de  Fr^uiçois  I**.  Qle  retoiu: 
en  sa  ville  natale ,  il  débuta  dans  la  carrière  des  lettres  par  )a 
publication  de  la  DeplounUfU  fin  as  Flamele ,  eUganie  ùwpntio^  dfi 
Jduui  Je  Flortê  Eipaignol,  traduieU  en  Itmgus  firançfijru  9  Ly€#» 
François  Juste ,  i535 ,  petii  in-S»,  gothique.  U  mil  .ensuite  autour 
ses  ouvrages  z  Arum ,  égLogue  sur  le  trépas  de  François ,  dauphin  , 
fib  de  François  I*',  morlà  Toumon,  en  i5â6;  DfiUe^  objet  de plms 
hauite  vertu,  poesUi  mmMtreuies^  Lyon,  Suilpic;e  Sabon,  po^ 
Antoine  Constantin  ,  1544  f  ^  ^^^s ,  Nicolas  du  Chemin ,  1Ô64  * 
in- 16  ;  SauUaye ,  êglogue  de  la  vie  solitaire,  Lyon ,  Jean  de  Tour- 
nes, 1547,  in- 16,  réimprimée  ^^'^  ^^  Lit^re  de  plusieurs  pièces , 
Paris,  i548,  et  Lyon,  i549,  et  reproduite  séparément,  en  fac- 
similé  de  la  première  édition ,  à  Aix,  par  M.  Pontier,  fils  aîné ,  en 
1839  ;  U  Microcosme ,  poëme  en  vers  alexandrins  et  en  trois  Uvres . 


k 


•VLLKTIN    DU   UBUOPHILE.  719 

Lyon,  Jbàii  de  Tournes,  i56f2,  ic-4°;  les  Siasons  dn  Front  ^  du 
Sourcil ,  delà  Larme  >da  Soupir  et  de  la  Gorge  j  plusieurs  fois  un- 
piîmés ,  et  reproduits  par  M.  Méon  daos  son  recueil  de  Blasons , 
Paris  «  1.809  y  in<»8*.  U  sumis  reste  encore  À/t  Maurice  Sère  quelques 
vers  latins ,  «t  quelques  pièces  de  poësie  française  disséminées  çà  et 
là  dans  les  ouvrages  publiés  de  «on  temps.  Il  fut  choisi ,  avec  Claude 
de  Taillemont,  par  le  corps  consulaire ,  pour  ordonner  et  diriger  la 
magnifique  entrée  d'Henri  II  à  Lyon ,  en  1648 ,  et  il  en  fit  paraître, 
l'année  auivante ,  une  Description  qui  est  devenue  fort  rare ,  mais 
que  Paxàd^  nous  a  conoegyée ,  en  la  copiant  dttis  ses  Mêm,  ae 
CHiu,  deLjon^  p.  32£^5i.  Be  tQiptes  les  fMQoductîoDS  de  Maùiièe 
Sèw ,  la  DéUe  (anâgrasMie  de  VIdée\  composée  de  449  diz(ûn#  eh 
vers 4e dixsyUabes ,.et ornée 4e  5o  emblèmes  amoureux , fut  celle 
qui  «eut  le  plus  de  vogue.  Pour  innover  «t  se  ^bstinguer  dù  vul- 
gaire 9  }il  SfB  ppoposoit  comme  modèle  les  anciens  poètes  italiens , 
et  en  partiouliër  le  Dante';  iA  affectoit  le  néologisme  et  une  sorte  de 
jargon  anétafAiysicpe  «t  d'obscurité  sauvante ,  que ,  parmi  ses  con- 
temporains ^  quelques-uns  osèrent  blâmer ,  mads  que  le  plus  grand 
nombre  a  admirée ,  tjA ,  p»*  exemple ,  que  loadûin  du  Bellay  qui 
le  qualifie  :  , 

Docte  aux  doctes  esclaircy. 

Ronsard ,  dont  il  fut ,  en  quelque  sorte ,  le  préjcurseur,  et  auquel 
il  semble  avoir  tracée  T<tiie,  Ifaioit  ausai  en  haute  estime.  —  Per- 
nette  du  Guiilet  et  Louise  Xabé  furent,  à  ce  cju'il  semble,  ses  élèves 
et  ses  amies.  Un  auteur  de  son  temps  a  même  dit  qu'il  avoit  été 
d'un  grand  secours  à  la  dernière ,  dans  la  composition  du  Débat  dn, 
Folie  et  iT Amour.  —  Il  étoit  d^une  petite  taille.  Son  portrait  se  voit 
derrière  le  frontispice  de  deux  éditions  de  sa  Délie  ,  et  dans  la  se- 
conde partie  du  Promptuaire  des  médailles.  Il  avait  d'abord  pour 
devise  ces  mots  :  sovFmia  ss  nVjAàia^  il  prit^ensuite  ceux-ci  :  non 
SI  non  la.  —  On  trouve  une  notice  sur  Maurice  Sève  dans  les  Vies 
des  poètes  françois  de  Guillaume  Colleté  t,  dont  le  manuscrit  ap- 
partient à  la  bibliothèque  particulière  du  roi ,  au  Louvre ,  notice 
dont  M.  Barbier,  conservateur  «eSfel  Ab  eette  bibliothèque ,  a  bien 
voulu  nous  permeOre  de  prendre  oepiet  G.  €olletet  a  rassemble  un 
grand  nombre  d'éloges ,  donnés  4  nofare  poëie ,  par  les  gens  de 
lettres  de  soii  siècle ,  et  cpii  sémoigqisnt  de  la  haute  réputation  dont 
jla  ^ui.  On  pourroit  faire,  à  sa  OdMecte,  bien  des  additions. 


720  J.    TBCBENEE  ,    PLACE   DU    LOUVBB  ,   12. 

MBuiice  Sève  a  été  omis ,  on  ne  sait  pourquoi ,  dans  Moréri  et  dans 
la  Biogr,  unw.  Outre  les  auteurs  cités  dans  le  cours  de  cet  article , 
consultes  le  Lugdunum  sacro-profanum  de  Pierre  Bouilloud,  ma., 
Biblioth.  de  Lyon,  n®  907;  Thomas  Sihiletyjiri.  poéi.,  i546  ^ 
fol.  7  verso  ;  Jacques  Peletier  du  Mans,  j4ri.  poéi,^  i555 ,  p.  i3  î 
Tabouiot ,  Bigarrurej ,  liv.  I ,  c.  2  ;  £stienne  Pasquier,  Recherck, 
de  la  Fr,,  liv.  YII ,  c.  6 ,  Marot,  passim;  Joachim  du  Bellay,  p4u-* 
sim;  Charles  Fontaine ,  Odes^  énigmes^  etc.,  i557,  p.  gS;  La  Fres- 
naye-Vauquelin ,  An.  poét,,\r9.y  I;  Dolet,  Cornt.,  p.  22eC  24, 
Genethliac,  y  Ad  fin.  et  Commentât.  Ling.  iat.^  t.  II ,  p.  4o3,-T*  Im- 
^tfa;6ilh.  Ducher,  jÉ/>^r. ,  p.  94,  loi ,  104,  119  et  T55;youhé, 
Èpigr. ,  p.  39 ,  44  9  M4  *  ^49  et  1 56  ;  Philibert  Girinet ,  Le  fioi  de 
la  Basoche, trsià.  par  C.  B.,  i838,p.  24;  La  Groix-du-Maine  et 
du  Yerdier;  Jean  de  Tournes,  È pitres  dédicat*  de  ses  éditions  de 
Pétrarque,  i545  et  i55o;  Gonjet,  Bihliot.  i^r.,  t.  XI,  p.  44* ,  et 
passim  ;  Colonia ,  t.  H,  p.  5i3,  et  les  notes  Ms.  deLl-J.  Le  Clerc^ 
Pernetti ,  t.  I ,  p.  264  ;  Chaudon  et  Delandine ,  Dict,  ,  suppl.  ; 
Feller,  Dict.^  8«  édit.,  i836;  C.  B.,  notes  sur  les  OEwres  de 
Louise  Labé,  i824)  ^^  sur  celles  de  Pemette  du  Guillet,  i83o, 
MéL  et  Nouv.  MéL ,  passim ,  etc. ,  etc. 


C0rreJ9patt^aItce. 


A  M.  l'Éditeur  du  Bulletin  du  Bibliophile. 

Monsieur , 

J'ai  plusieurs  ibis  remarqué  que  le  Bulletin  avoit  ouvert  ses  co- 
lonnes aux  lettres  inédite3  d'hommes  plus  ou  moins  célèbres;  c'est 
ce  qui  me  décide  à  vous  transmettre  une  copie  d'une  lettre  écrite 
en  entier  de  la  main  de  Montaigne  ;  elle  fait  partie  de  la  collection 
d'autographes  de  M.  Beroadau,  de  Bordeaux  ,  auteur  de  plusieurs 


lOLLETlIi    l>U    BIBLIOPHILE.  'J^i 

ouvrages  estimés  sur  l'Listoire  de  la  Guyenne  ;  j'avoue  qu'elle  n'est 
pas  d'un  intérêt  bien  vif,  mais  elle  est  courte,  et  il  faut  recueillir 
avec  zèle  tout  ce  qu'a  tracé  la  plume  à  laquelle  on  doit  les  essais. 

G.B. 

Cette  lettre  est  datée  de  Montaigne  ^  ce  21  mai  1 582  ;  elle  est 
adressée  aux  jurats  de  Bordeaux. 

«  Messieurs, 

«  J'espère  que  le  voyage  de  M.  de  Cursol  apportera  quelque 
commodité  à  la  ville,  ayant  en  main  une  cause  si  rare  et  si  favorable, 
pour  avoir  mis  tout  l'ordre  qui  se  pouvoit  aux  affaires  qui  se  pré- 
s<;ntoient  ;  les  choses  étant  en  si  bons  termes,  je  vous  supplie  excu- 
ser encore  pour  quelque  temps  mon  absence ,  que  j'accourcirai 
autant  que  la  presse  de  mes  affaires  le  pourra  permettre.  J'espère 
que  ce  sera  peu.  Cependant,  vous  me  tiendrez ,  s'il  vous  plaît ,  en 
votre  bonne  grâce,  et  me  manderez  ,  si  l'occasion  se  présente ,  de 
m'employer  pour  le  service  public.  Totre  M.  de  Cursol  m'a  aussi 
écrit  et  averti  de  son  voyage.  Je  me  recommande  bien  humblement 
cl  supplie  Dieu,  messieurs,  vous  donner  longue  et  heureuse  vie. 

tt  Votre  très-humble  frère  et  serviteur, 
«  M0TAI6ME  {sic  avec  une  sorte  de  trait  sur  l'ô).  ■ 

Nota,  Montaigne  écrit  son  nom  de  la  même  manière  dans  une  autre 
lettre  qui  fait  partie  de  la  même  collection,  mais  qui  n'a  de  sa 
main  que  la  dernière  ligne  et  la  signature. 

M.  de  Cursol,  dont  il  s'agit  ici,  étoit  alors  second  jurât  gen- 
tilhomme à  Bordeaux. 

Une  lettre  signée  de  Montaigne ,  datée  de  1 588 ,  et  d'une 
trentaine  de  lignes  ,  après  avoir  été  poussée  à  699  francs  en 
avril  1834,  a  été  reconnue  fausse.  Voir  les  feuilletons  du  Jour- 
nal  de  la  Librairie  ,  10  et  3o  mai  1884,  et  le  Manuel  Je  l'A^ 
mateur  (T autographes  (1)  de  M.  Fontaine,  p.  i43.  Nous  lisons, 
dans  ce  dernier  ouvrage,  que  l'écriture  de  l'auteur  des  Essaie 
est  du  nombre  de  celles  dont  la  gravure  ou  la  lithographie 
n'ont  point  reproduit  le  facsimilé. 

(1)  Manuel  de  tjimateur  rfautographes,  1  vol.  in-8.  Prix  ,6fr. 


722  J.    TEGHBNBR,    FtACft   DÛ    LOITV'RE,    12. 


Au  même,  ^ 


Catalogue  des  liyebs  de  monsieur  '^^  (lb  maréchal  pedics  d'isbn- 
ghien).  Paris  j  Gabriel  Martin^  1766,  in-8  de  121  pages. 

J'ai  été  surprift  en  lisant  dernièrement ,  dans  le  Bulletin  du  Bi- 
bliophile  y  une  espèce  de  tableau  comparatif  des  prix  obtenus  dans 
(Ufférenlea  veniez  anciennes  et  nouvelles  par  des  rdmans  de  cheva- 
lerie, àû  ne  pas  voir  cité  une  seule  fois  le  catalogue  du  prince  d'I-' 
iengbien. 

Void  le  jugement  que  l'iUualre  Richard  Héber  portmC  de  cette 
collection  t  jugement  qu'il  a  consigné  dans  une  note  en  tête  de  son 
e|;^mplaire  de  ce  catalogue^  et  que  j'ai  pu  traduire,  grâce  à  la  com- 
munication qui  m'en  4  été  faite  pat  M.  JulUen,  propriétaire  d'une 
collectldn  très-nombreuse  do  catalogues. 

«  Ce  catalogue,de  la  bibliothèque  du  maréchal  princed^Isenghien, 
M  présente  la  collection  très-probablement  la  plus  considérable 
u  qu'un  seul  homme  ait  réunie  en  ancien»  romans  françois,  et  spé- 
«  cialement  en  romans  de  chevalerie. 

u  A  la  Bibliothèque  roj^ale  de  Paris,  il  y  a  dcfnt  exemplaires  de  ce 
«  catalogue  reliés  en  mi  voltime,  tous  deux  avec  les  prix,  mais  avec 
M  des  prix  absolument  di£férens.  Le  premier  est  annoncé  être  le  vé- 

«  riiable  pour  les  prix Ceux  du  second  exemplaire  doivent 

u  avoir  été  mis  au  hasard  et  imaginés  à  plaisir  ou  être  des  prix 
«  d'estitbation.  Les  priix  du  premier  etemplatte  parôissent  avoir  été 
a  mis  au  crayon  pendant  la  vente  et  recopiés  ensuite  à  l'encre • 

«  Outre  les  romans,  cette  bibliothèque  contient  une  nombreuse 
«(  collection  de  bons  ouvrages  historiques.  » 

J^ai  examiné  les  exemplaires  de  la  Bibliothèque  royale  dont 
parle  M.  Héber ,  et  je  pense  comme  lui  que  les  prix  du  premier 
exemplaire  sont  bien  réellement  les  prix  de  vente;  mais  je  ne  crois 
pas  que  ceux  du  second  aient  pu  être  imaginés  à  plaisir  :  ils  me 
semblent  être  des  prix  d'estimation.  Je  me  fonde,  pour  le  croire,  sur 
ce  qu'ils  se  composent  seulement  de  francs  ou  plutôt  de  livres  sans 
appoint  de  sols.  Or,  si  on  avoit  voulu  imaginer  des  prix,  on  auroit 


BULLETIN   DU   BUUOPHtLB.  ^23 

eertainement  mis  des  francs  et  des  sbk  pour  imiter  des  prix  (f  adja* 
dîcaftion.  Outre  eela,  od  a  fait  l'addition  de  ces  prix  ;  et  le  total,  qui 
s^élève  à  199707  fr.  lo  s.  (ces  lo  sols  ne^  détruiseai  pas  ce  que  j'ai 
dit  plus  baiit ,  et  ne  peuvent  être  considérés  comme  résultaM  de 
divers  appoîms  de  sok ,  ils  proviennent  de  plusieurs  avtides  co- 
tés lo  s.  et  I  fr.  10  s.)  y  diffère  peu  de  celui  des  prix  rëeltf ,  qui 
s'élève  à  1994^'  ^-  ^^  ^^^  P^^  probable  qu'on  se  soit  arrêté  ài  tota- 
liser de  Csicix  prix.  Au  reste  ,  cette  estimation  ,  si  c'en  est  une,  est 
faîte  avec  peu  de  soin  et  d'intelligence,  quoique  son  résvhat  ait  été 
OMifbrnie  à  celui  de  la  vente/ 

Quoique  ce  catalo|;ue  soit  de  Grilbriel  Martin,  il  est  mal  rédigé; 
il  se  compose  de  aor3  n<^,  et  les  livras  sont  rangé»  par  format  et 
par  mati^e^  k  l'exception  des  romans  de  chevalerie,  historique  et 
autres,  qui  sont  réunis  sans  distinction  de  format,  mai»  aussi  Auis 
ordre  de  date^  de  dasse  et  de  matière,  et  dans  un  pêle^^iftêle  digne 
de  cert«ns  faiseurs  de  catalogues  modernes. 

J'ai  remarqué ,  en  lisant  ce  catalogue,  plusieurs ilf 5.  sur  vélin.  Saint 
Augustin ,  de  la  Cité  de  Dieu ,  no  8 .  La  légende  dorée  n<^  54  et  55.  Les 
chevaliers  de  la  Table  ronde,  avec  miniatures,  3  vol.  in-fol. ,  n°  i9^« 
-^  Les  blasons  des  chevaliers  de  la  Table  ronde  ,  avec  miniatures, 
n"  igfa3.  —  Gérard  deNevers,  avec  miniatures ^  in-fol. ,  vendu  77ofr.i 
prix  considérable  pour  le  temps.  —  Godefroy  de  Bouillon ,  a  vol. 
iu-fol.,  avec  miniatures  ,  n°  1949-  —  Deux  romans  de  la  Rose , 
in4bl.,  miniatures,  n"'  195a  et  53.  -^  Apollonius  d'Antioche,  io-49 
n*>  1963.  —  Histoires  de  Thèbe»  et  Troyes  ,  in«fol.,  n»  1958.-^  La 
Maie  marrastre  et  les  Sept  saiges  de  Rome,  in«4,  n"  1964.  -—Le 
clievafKer  délibéré  de  G.  Ghastelaitï ,  in^-fol.,  n*  1965  ;  ces  3  deiv 
niers  Miss. ,  ornés  de  miniatures.  — Boccace  des  nobles  laalheureuk, 
étcrit  par  an  religieux  de  l'hôpital  de  Saint%fean-dc»-JérusaleBi , 
('an  14^79  2  vol.  în^l.,  n^  ^97^'  -^  L'Horloge  de  Sapience  ,écrk 
pour  Jespn  de  Vendôme,  seigneur  de  Glmmbanays  et  de  Pousange*^ 
par  André  Rousseau,  en  147^9  in-£bl.,  miniatures, n^  igBi.»— Lft 
Cité  des  Dames,  écrit  en  14^^»  iii>*fol.,  »•  1982.  —  L'Art  de  che- 
valerie de  Yégèce,  trad.  pour  Jean,  comte  d'£a,  par  Jean  de  MeuB, 
en  IS849  in<^49  tnhiiataiies,  n*  tgBg.  -*^  La  Chnsse  du  cerf,  in-fol., 
n*  1996. —  La  Pénitence  d'Adaisd  ,  itt-49  ^  aôoo.  -^  Les  Mindés 
de  la  Vierge  et  la  Vie  des  Pères  du  désert  (par  Gautier  de  Coinsy) , 
2  v6L  in-fol.,  n"*  2001.  •—  Robert  le  DiaUe  et  Ciéomadès,  in-fol. , 
avec  miniatures,  n.  2002.  —  Le  Songe  du  vieil  Pèlerin,  par  Ph.  de 


'J24  '*    TECREIfER,    PLACE   DU    LOUTAK  ,    12. 

Maizières  ,  2  vol.  in-fol.  {1).  —  Garin  le  Loherans^  în-4i  n?  2004.— 
L'Arbre  des  Batailles,  par  H.  Bonnor  ,  iD-4  et  în-fol. ,  n*^  2oo5  et 
2006.  —  Le  Roman  de  Ponthus ,  in-fol.,  n®  2007.  —  Le  Roman 
de  Mercy  au  Cœur  d*amour  épris  (par  le  roi  René),  in-fol. ,  n**  2008. 
—  Le  Roman  du  Renard ,  in-fol.  —  Gueriu  de  Mongleve,  in-foL 
-—L'Histoire  sainte,  in-fol.,  avec  miniatures,  n"*'  2009,  2010 
et  201 1. 

Dans  les  livres  imprimés ,  je  remarque ,  n»  5i  3,  26  volumes  de 
mazarinades.  —  N°  1B39,  Histoire  de  Guillaume  de  Paleme ,  in-4  , 
goth.  —  N<*  i853 ,  Giglan  ,  roy  de  Galles.  Lyon ,  i53o,  in-4-*— Les 
Amours  prodigieuses  d'Augier  Gaillard,  1592,  in-8,  no  1921.  — 
No  1925,  Artus-le-Grand.  Rouen,  1488,  in-fol. — N*  1961, Melu- 
sine.  Lyon,  in-fol.,  goth.  —  N*»  1968  ,  Pierre  de  Provence  et  la 
belle  Maguelonne.  Vienne,  1484^  in-fol.,  6g. ,  exemplaire ^^r^.  — 
No  i973,Boccace  des  nobles  nuilbeureux,  Bruges  (ColardMansion), 
1476,  in-fol.,  G.  P.  -^  No  2012 ,  l'Histoire  des  Troyens,  impr.  sur 
vélin  avec  miniatures ,  vendue  5oo  fr.  (  M.  Cigongne ,  qui  possède 
un  semblable  exemplaire  de  ce  livre ,  pense  que  c'est  celui-là 
même  qui  étoit  alors  cbez  le  prince  d'Isenghien.)—>  En  fin,  n°  201 3, 
je  vois  le  Chariot  chrétien  à  4  roues ,  in-fol. ,  sans  autre  désigna- 
tion :  seroit-ce  un  Ms.  de  l'ouvrage  du  carme  Adrien  du  Hecquet , 
qui  a  été  imprimé,  en  1 555,  à  Anvers,  en  un  vol.  in- 16,  sous 
le  titre  de  Chariot  de  l'année. 

Le  petit  nombre  d'articles  que  je  viens  de  citer  suffit  pour  faire 
voir  que  cette  bibliothèque ,  si  peu  connue ,  mérite  cependant  de 
rétre.  M.  le  prince  d'Isenghien  me  paroit  malheureusement  avoir 
attaché  peu  de  prix  à  la  condition  de  ses  livres ,  et  on  en  voit  un 
très-petit  nombre  annoncé  relié  eu  maroquin.  Outre  cela ,  il  ne 
faisoit  pas  mettre  ses  armes  sur  le  plat  de  ses  volumes ,  ou  du 
moins  je  n'en  ai  jamais  vu.  Je  possède  une  histoire  d'Emmanuel 
Philibert,  duc  de  Savoie.  Amsterdam ,  1692  ,  in-12  ,  sur  le  titre  de 
laquelle  on  lit  :  P.  d'Isenghien.  Ce  livie  est  le  seul  que  j'aie  vu 
porter  la  signature  du  noble  amateur  ;  il  est  fort  nuil  relié  en 
veau  brun  :  il  figure  au  no  7  55  du  catalogue. 

Je  voudrois  maintenant  faire  connaître  quelque  chose  du  carac- 
tère et  de  la  vie  du  maréchal  prince  d'Isenghien.  Les  auteurs  de  la 

(  I  )  Je  crois  cet  exemplaire  daos  la  bibliothèque  de  M.  de  MoDroerqnë. 

J.T. 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  •^25 

Biographie  universelle  n'ont  pas  jugé  à  propos  de  parler  de  lui ,  à 
moins,  toutefois  ,  qu'ils  ne  l'aient  fait  dans  un  supplément.  Je  suis 
trop  peu  versé  dans  l'histoire  de  cette  époque  pour  suppléera  cette 
omission;  mais,  quel  que  soit  le  dédain  avec  lequel  certains  Démos- 
thènes  au  petit  pied  parlent  aujourd'hui  des  maréchaux  de  l'ancien 
régime ,  je  ne  puis  croire  que  cette  vie  ait  été  sans  gloire.  Louis  de 
Gand-Vilain  ,  né  le  i6  juillet  1678 ,  était  fils  de  Jean-Alphonse  de 
Gand ,  prince  d'Isenghien  et  de  Masmines  et  de  Marie-Thérèse  de 
Grevant  d'Humières.  Il  descendoit  de  Wichmann ,  issu  lui-même 
de  l'aucienne  maison  de  Saxe ,  qui  fut  établi  comte  de  Gand,  vers 
960 ,  par  l'empereur  Othon  P'.  Il  fiit  maréchal  de  France  et  che- 
vaher  des  ordres  du  roi ,  et  ne  laissa  pas  d'enfans  de  ses  trois 
femmes,  Anne-Marie-Louise  de  Furstemberg,  morte  en    1706; 
Marie-Louise-Gharlotte  Pot  de  Rhodes ,  morte  en  1715;  et  Mar- 
guerite-Camille Grimaldi  de  Monaco ,  qui  lui  survécut  apparem- 
ment f  étant  née  en  1 700 ,  et  pliis  jeune  que  lui  de  22  ans.  Son 
frère,  Maximilien  de  Gand ,  comte  de  Middelbourg ,  avoit  une  seule 
fille,  qui  épousa  le  comte  (depuis  duc)  de  Lauraguais  (Louis- 
Léon-Féliçité  de  Brancas).  Notre  prince  Isenghien  étoit  donc  de- 
venu ,  par  ce  mariage ,  l'oncle  de  M.  de  Lauraguais ,  amateur  plus 
célèbre  que  lui,  et  qui  prit  peut-être  de  lui  le  goût  des  livres  anciens. 
La  vente  eut  lieu ,  le  mardi ,  i5  juin  1 766 ,  rue  de  Grenelle ,  au 
coin  de  la  rue  du  Bac.   C'est  là  qu'étoit  situé  l'hôtel  du  prince  ; 
peut-être  est-ce  celui  qui  porte  le  nom  de  Castellane ,  et  qui  n'est 
plus  aujourd'hui  qu'un  hôtel  garni. 

J'ai  trouvé,  à  mon  grand  étonnemeut,  dans  le  Rut ,  ou  la  Pu- 
deur éteinte  ,  un  Tombeau  de  la  P.  (  M*"*  la  princesse)  d'Isenghien. 
C'est  peut-être  la  seule  pièce  laudative  qu'ait  produite  l'obscène  au- 
teur de  Philon,  et  je  l'ai  relue  à  plusieurs  reprises  pour  bien  m'assu- 
rer  que  cet  éloge  ne  contenait  pas  quelque  satire  déguisée.  L'initiale 
du  mot  princesse,  mis  au  heu  du  mot  entier,  aidoit  à  mon  incréduhté, 
et  je  me  demandois  si  cette  initiale  n'a  voit  pas  été  mise  à  dessein 
par  Blessebois  ,  pour  signifier,  à  la  volonté  du  lecteur ,  ou  princesse 
ou  un  autre  mot  qui  conunence  par  la  même  lettre,  et  qui  se  trouve 
souvent  sous  la  plume  de  cet  auteur.  Cependant ,  avec  la  meilleure 
défiance  possible ,  je  n'ai  pu  rien  tirer  dans  ce  tombeau  qui  sentit 
la  satire.  Le  voici  tel  que  je  l'extrais  du  Rut,  éd.  Elzevier,  p.  58. 

Passant ,  qni  que  tu  sois,  iroïnnt  ce  inansolér, 
Arrétes-y  tes  pas  et  le  baignes  de  pleurs  ; 

46 


726  J.    TECHEMEKy    PLACE    DU    LOUVAE.    12. 

CVot  r«uguste  sujet  des  plus  vires  douleurs 
Dont  jamais  la  patrie  ait  etë  désolëe. 

Au  tribunal  divin  ma  princesse  appellc^e 
Se  peot  fbrt  justement  comparer  à  des  fleurs 
BootTamour  du  soleil  éface  les  couleurs 
Que  la  nature  avoit  Tune  à  Tautre  mélëe. 

Depuis  ce  coup  fatal  qui  nous  verse  du  fiel 
Certain  contentement  semble  parottre  au  ciel 
Dont  ma  grande  Princesse  est  sans  doute  la  cause? 

De  son  plus  riche  Azur  il  s^est  soudain  pare, 
Et  le  jeune  Blondin ,  qui  jamais  ne  repose, 
A  de  son  plus  bel  or  le  firmament  dore. 

Notre  amateur,  étant  né  e/i  1678,  et  le  Rut  étant  de  1676,  cette 
pièce  si  plate  ne  peut  avoir  été  flûte  pour  sa  mère,  mais  seulement 
pour  sa  grand'mère. 

Il  en  résulte  que  Blessebois  étoit  connu  de  la  famille  d'Isenghien, 
et  que  le  prince  devoit  savoir  au  moins  son  nom  et  peut-être  quel- 
que chose  de  sa  vie.  Que  ne  nous  a-t-il  laissé  ce  qu'il  sa  voit  sur  ce 
point  épineux  de  bibliographie  !  que  de  conjectures  trompeuses  il 
auroit  épargnées  à  nos  bibUographes  modernes  ! 

Claude  Gauchet. 


SUR  UN  PASSAGE  DE  LA  VIE  DE  PÉTRARQUE, 


RELATIF    AU    PAPI    BBITOÎt    XU. 


U  se  trouve  en  tête  de  l'édition  de  Pétrarque,  Franeisci  Peirarchœ 
opéra  qua  «xfa/»^o/7tm'a  y  Basile»  perHenric.  Pétri,  i554>4  P^^*  ^^ 
I  vol.  in- fol. ,  et  de  celle  de  i5Ôi ,  même  ville,  même  imprimeur  et 
même  format ,  il  se  trouve ,  dis-je ,  une  vita  Peirarchœ  per  Hieron. 
Squarzaficiun  ad  Pelrum  Contrarenumj  qui  est  assez  détaillée; 
mais  cette  vie  renferme ,  page  4  9  un  passage  qui  m'a  paru  d'au- 
tant plus  singulier,  que  je  ne  l'ai  trouvé  que  là  ;  ce  qui  me  fait 
douter  de  la  véracité  du  récit  de  l'auteur.  Ce  passage  est  une  accu- 
sation grave  contre  un  pape  que  le  biographe  nomme  Beneoictvs 
qui  Clementi  in  pontificatu  successit,  Mous  allons  copier  le  texte 
littéralement ,  car  nous  répugnerions  à  le  traduire  en  français  ; 
ensuite  nous  donnerons  les  motifs  qui  nous  font  douter  de  la  vé- 
rité du  fait. 

«  Erat  soror  Petrarchae,  quas  jam  duodeviginti  liabebat  annos^ 
«<  quae  Avinioni  ubi  orta  ,  cum  Ghirardo  (  1  )  inorabatur ,  efegaati 
u  forma ,  insignis  moribus ,  et  virtutibus  praedita ,  eu  jus  pulchritu-* 
«  diiio  et  forma  perdite  deperibat  pontifex  ut  illa  potiretur,  multa 
M  Heri  fecit  expérimenta.  Cogitavit  praemiis  et  bonoribus  Petrar* 
«  cham  in  suaui  trahi  opinionem;  cardinalem  se  facturum  pro- 
ie mittit  dummodo  illa  suo  coucederetur  arbitrio.  Franciscus,  qui 
«  in  onmi  re  Deuiii  prae  oculis  habebat,  cui  niiiil  est  occultum, 
«  ut  ille  qui  nihil  commère ,  nihil  fingere ,  nihil  dissimulare  didi»- 
«  cerat ,  ut  debuit ,  ira  commotus ,  et  id  quod  lingua ,  fronte , 
«  atque  animo  habebat ,  respondit  tam  fosàdum  galerum  capiti 
«  non  esse  pouendum ,  sed  fugiendam ,  abominandum  omnibus 
tt  tanquaiu  nephandum  {sic)  et  dedecorosum;  et  si  reverenda 
«  noniinis  quae  vices  Dei  in  terris  gerebatur,  non  teneret ,  calamo 
«  tantae  rei  se  vindicaturum ,  et  fecit  prout  philelpho  placet  in 

,1}  Girard  eloit  frère  de  Pétrarque  et  de  la  jeuuc  |)ei»onne. 


'J9.H  J.    TECllENEll,    PLACE    DU    LOLTRE,     12. 

«  uoa  sua  morali  cantilena  quse  incipit  io  non  vo'  piu  cantare  corne 
«  solea  :  nihilominus  pontifex  furori  impatiens ,  alterum  fratreni 
M  Ghirardiim  tentaré  cœpit ,  qui  paucis  muneribus  captus ,  soro- 
«  rem  (i)^  quo  faciaore  audito,  et  ecclesiam  Dei  videos  per 
«  abrupta  vitiorum  sic  trahi,  Avenioni  aufugit,  Italiam  ire  cœpit  ; 
«c  frater  pœnitentia  ductus,  nupta  sorore,  sanctae  religionis  ka- 
«  bitum  qusesivit  et  chartusiensi  ordini ,  in  conventu  de  materno, 
i<  qui  est  propè  Massiliam ,  rébus  mondanis  rejectis ,  se  devo- 
«  vit.  » 

Exposons  maintenant  les  motifs  de  nos  doutes  sur  la  véracité 
de  cette  anecdote  scandaleuse.  D'abord  elle  ne  se  trouve  dans 
aucune  histoire  générale  des  papes ,  ni  dans  Platina ,  ni  dans  Giac<- 
conius ,  ni  dans  Bonanni ,  ni  dans  Bruys ,  ni  dans  Baluze ,  ni  dans 
Tessier.  Ensuite  nous  ferons  observer  que  dans  le  xiv*  siècle ,  ce- 
lui où  a  vécu  Pétrarque  et  sa  famille ,  il  n*y  a  aucun  pape,  du  nom 
de  Benoit,  qui  ait  succédé  à  un  pape  du  nom  de  Clément.  On  con« 
noît  bien  trois  papes  Benoît ,  dans  ce  siècle  :  i^  Benoît  XI,  qui  a 
succédé  à  Boniface  VIII ,  en  1 3o3 ,  et  qui  est  mort  de  poison ,  dit- 
on ,  en  1 3o4 ,  au  mois  de  juillet  (mois  dans  lequel  est  né  Pétrarque)  ; 
ix^  Benoit  XJI,  qui  a  succédé  à  Jean  XXU  ,  en  i3349  et  qui  est 
mort  en  1 342  ;  et  3**  Benoit  XIII ,  qui  a  succédé  à  Boniface  IX  , 
en  1394*  Mais  aucun  de  ces  papes  n'a  succédé  à  un  Clément.  Ce- 
pendant il  est  certain  que  Jérôme  Squarciafico ,  le  biographe  de 
Pétrarque ,  a  eu  en  vue  Benoît  XII ,  puisque  c'est  le  seul  des  trois 
papes  cités  plus  haut,  dont  le  pontificat  ait  eu  lieu  dans  le  temps  où 
Pétrarque,  son  frère  Girard  et  sa  sœur  étoient  encore  jeunes.  Mais 
il  n'est  pas  moins  certain  que  Squarciafico  a  très-mal  choisi  le  héros 
de  son  anecdot;e ,  car  Benoît  XII  a  toujours  joui  d'une  haute  répu- 
tation comme  pontife  très-pieux ,  Crès-inodeste ,  très-économe  des 
biens  de  l'église ,  et  très-instruit  en  théorie  et  en  jurisprudence. 

Nommé  à  l'unanimité  par  les  cardinaux  ,  le  20  décembre  i334  , 
ce  qui  annonce  qu'il  étoit  déjà  avantageusement  connu  ,  il  s'ap- 
pliqua particuUèrement  à  la  réforme  des  ordres  religieux  ;  il  fut 
zélé  pour  la  discipline,  attentif  dans  le  choix  des  sujets  pour  la 
collation  des  bénéfices.  Il  avoit  en  horreur  le  népotisme ,  et  disoit 

(i)  L'impression  est  très-négligëe  daus  cette  édition  :  il  doit  ici  ni:>nqiier 
un  verbe,  incitai'it ,  pcut-«^tre  j  et  au  lieu  de  quo,  quœ  seroit,  sans  doute, 
prëierahle,  en  plaçant  un  (^virgule  après  quœ. 


BULLETIN    DU    AIBLIOPHILE.  'J'IQ 

que ,  pour  être  véritablement  prêtre ,  selon  l'ordre  de  Melcliisé- 
dech  ,  il  faudroit  n'avoir  ni  père ,  ni  mère  ,  ni  parens.  On  le  repré- 
sentpit  la  ma^in  fermée  pour  marquer  combien  il  étoit  réservé  et 
circonspect  dans  la  distribution  des  biens  ecclésiastiques.  Il  avoit 
une  nièce  ,  qu'il  refusa  à  plusieurs  grands  seigneurs,  et  qu'il  maria 
à  un  bon  négociant  de  Toulouse.  Les  deux  époux  étant  allés  le  sa- 
luer à  Avignon ,  il  les  garda  une  quinzaine  de  jours  auprès  de  lui , 
ensuite  il  les  congédia  en  leur  donnant  une  modique  somme. 
«  Jean  Fournier  (c'étoit  son  nom  de  famille  ),  Jean  Fournier  , 
«  votre  oncle ,  leur  dit-il ,  vous  fait  ce  petit  présent  ;  à  l'égard  du 
tf  pape ,  il  n'a  de  parens  et  d'alliés  que  les  pauvres  et  les  malheu- 
M  reux.  »  Dans  une  entrevue  que  Philippe  de  Valois  eut  avec  lui 
à  Avignon ,  en  mars  1 336 ,  craignant  que  ce  prince  ne  lui  fit  quel- 
que demande  injuste  :  «  Si  j'avois  deux  âmes ,  lui  dit-il,  j'ai  tant 
«  d'affection  pour  votre  personne,  que  j'en  exposerois  volontiers 
•  une  pour  vous  faire  plaisir  ;  mais  je  n'en  ai  qu'une ,  et  je  veux 
M  la  conserver.  «  Enfin  ce  pieux  pontife ,  au  dire  de  tous  les  his- 
toriens, mourut  saintement ,  le  25  avril  1842.  £t  voilà  l'homme 
que  Squarciafico  ose  accuser  de  libeitinage  !  Nous  croyons  donc 
que  ce  biographe  s'est  trompé ,  et  que  la  gravité  de  l'erreur  est 
égale  à  la  gravité  de  l'injure. 

G.  Peignot. 


onv<{Us  miio^raffji(\n(s. 


Une  Société  de  Bibliophiles  de  Belgique  vient  de  s'établir  à 
Bruxelles.  Voici  ses  statuts  : 


INSTITUTION  ET  OBJET  DE  LA  SOCIÉTÉ  (1). 


AETICLE    PEËMIER. 

U  est  formé. à  Bruxelles  une  Société  sous  la  dénomination  de 
Satiété  tlèê  Bibliophiles  de  Belgique. 

ART.    2. 

La  Société  des  Bibliophiles  de  Belgique  est  composée  de  4^  mem- 
bres e£fecli£ï  ;  elle  peut  s'adjoindre  six  membres  honoraires ,  au 
nombre  desquels  sera  compté  de  droit  le  conservateur  de  la  Biblio- 
thèque royale,  eu  cette  qualité. 

Les  membres  honoraires  ont  les  mêmes  droits  que  les  membres 

effectifs  ,  sauf  qu'ib  ne  participent  pas  à  l'élection  des  nouveaux 
sociétaires. 

Sous  aucun  prétexte,  le  nombre  des  membres  effectifs  ou  hono- 
raires ne  pourra  être  augmenté. 

ART.   3. 

La  Société  a  pour  objet  spécial  de  faire  imprimer  avec  luxe  des 
ouvrages  inédits  ou  devenus  rares  ,  principalement  ceux  qui  coû- 
cememt  l'histoire  et  la  littérature  du  pays.  Il  pourra  être  ajouté  à 
ces  ouvrages  des  notes  et  illustrations. 

(i)  Je  remarque  partout  des  socie'tësqui  veulent  produire^  mettre  au  jour, 
publier;  et  je  ne  Tois  pas  se  crëer  de  sociétés  qui  achètent  !  J.  T. 


y\ 


■€LLETIN    DO    BIBUOPHILB.  ^3l 


▲aT.    4. 


Les  ouvrages  imprimes  pour  le  compte  de  la  Société  des  Biblio- 
philes seront  tous  de  format  grand  in-8.  Ils  seront  imprimés  par  la 
Société  belge  de  librairie  ^  imprimerie  et  papeterie.  Rien  ne  sera  né- 
gligé pour  atteindre  le  plus  haut  degré  possible  d'élég^ce  et  de 
perfection  typographique. 

▲RT.    5. 

La  Société  fera  tirer  seulement  à  55  exemplaires  les  ouvrages 
qui  forment  sa  collection.  Il  sera  fait  hommage  d'un  exemplaire  au 
Roi  ;  un  second  sera  déposé  dims  la  bibUothèque  des  Bibliophiles  ; 
un  troisième  dans  celle  de  la  Société  de  librairie  ;  six  seront  destinés 
à  faire  des  échanges  avec  des  Sociétés  ^tiangères.  Les  quiM^ante-'^^ix 
autres  appartiendi'ont  aux  membres,  soit  effectifs,  soit  hoqorfiire^* 

ART.    6. 

Si  la  Société  juge  convenable  de  livrer  au  public  un  des  ouvrages 
qu'elle  aura  choisis,  il  devra  être  tiré  sur  un  papier  moins  beau  et 
dans  un  autre  format  que  les  55  exemplaires  dont  la  destination 
est  réglée  par  l'article  précédent. 

• 

ART.    7. 

Chaque  exemplaire  des  pubUcations  de  la  Société  sera  marqué 
d*un  timbre  sec  ,  et  portera,  sur  le  frontispice  ,  le  fleuron  qu'elle 
aura  adopté.  Au  revers  du  faux  titre,  on  imprimera  le  numéro  et  le 
nom  du  Sociétaire  auquel  l'exemplaire  sera  destiné. 

ART.    8. 

Le  timbre  sec  sera  de  forme  ogivale  comme  les  anciens  sceaux 
gothiques  avec  ces  mots  :  Société  des  Bibliophiles  de  Belgique,  Le 
fleuron  oflrira  la  marque  que  le  célèbre  Thierry  Ma  riens 'cTAIost 
apposoit  à  la  plupart  de  ses  éditions.  :<••:'  i,     ;    ■ 


^32  J.    TECHENER,    PLACE   DU    LOUVRE,    13. 

▲RT.    9. 

La  Société  a  son  siège  dans  l'établissement  de  Messieurs  Hauman 
et  comp. ,  dont  elle  emploie  les  presses. 

DE   L'ADMISSION    DES    SOCIÉTAIRES, 

DE  LEURS  DROITS  ET  DE  LEURS  ORLIGATlOIfS. 


ART.    10. 

Sont  déclarés  membres  efifectifis  de  la  Société  des  Bibliophiles  de 
Belgique,  comme  ayant  concouru  à  son  institution  ,  les  personnes 
dont  les  noms  suivent  : 

Arenberg  (S.  A.  S.  le  duc  d'). 

Baron  (A.). 

Beaupfort  (comte  Amédée  de). 

Cattoir  (H.). 

De  Bonne  (Julien). 

De  Jonche  (Théodore). 

De  Ram  (F.-X.). 

De  Gerlache. 

H  ANE  DE  PoTTER  (D*). 

Hauman  (A.). 

Ligne  (S.  A.  le  prince  de). 

NOTHOMB. 

Pieters  (Charles). 
Reifenberg  (le  baron  de). 
Sauvage  (chevalier  £.  de). 
Stassart  le  baron  de). 
T'sERCLAEs  (le  baron  Jules  db). 
Thirï. 

Van  de  Weïer  (Sylvain). 
Van  Praet  (Jules). 


BULLETIN    OU   BIBUOPHILB.  733 

Vilain  XIIÏI  (Hippolyte). 

Wtkerslooth  de  Wedeesten  (le  baron  de). 

AET.     11. 

A  Tavenir ,  Tadinissioa  des  membres  effectifs  ou  honoraires  ne 
pourra  avoir  lieu  qu'en  assemblée  générale  au  scrutin  secret ,  à  la 
majorité  des  deux  tiers  des  voix  au  moins',  et  sur  la  présentation 
(lu  conseil  d'administration. 

▲RT.    12. 

L'assemblée  générale  qui  procédera  à  l'élection  devra  être  com- 
posée d'au  moins  la  moitié  plus  un  des  membres  effecti£i  qui  feront 
alors  partie  de  la  Société. 

AET.    13. 

Tous  les  ans,  dans  l'assemblée  générale  du  mois  de  Mars,  chaque 
membre  effectif  versera  entre  les  mains  du  trésorier  la  somme  de 
cent  francs  à  titre  de  souscription  pour  l'année  courante. 

Les  membres  honoraires  ne  seront  tenus  à  aucune  rétribution. 


ART 


.  14. 


L'engagement  des  Sociétaires  est  pris  pour  cinq  ans. 


»     » 


DES  ASSEMBLEES  GENERALES. 


ART.     15. 

L'assemblée  générale  sera  convoquée  par  le  conseil  d'adminis- 
tration  deux  fois  par  an  au  moins,  en  Mars  et  en  Décembre. 

ART.    16. 

Les  résolutions,  sauf  l'exception  portée  à  l'art.  1 1,  seront  prises 


I 


^34  J.    TECH£irBB  ,    PîJkCE   DU   LOWKE,     12. 

à  la  majorité  des  voix  des  membres  présens.  Ils  voteront  au  scrutin 
lecrety  à  moins  que ,  dur  la  proposition  du  président ,  i'àèsemblée 
n'en  décide  autrement. 

'  ART.    17. 

ê 

Dans  l'assemblée  générale  du  mois  de  Mars,  le  secrétaire  présen- 
tera till  rapjport  sur  les  trav^u:!  de  là  Société  pëndaiit  Fahnée  pré^ 
cédente. 

Le  trésorier  présentera  dans  la  même  séance  le  budget  des  dé- 
penses, qui  devra  être  approuvé  par  la  Société. 

Dans  l'assemblée  du  mois  de  Décembre,  le  trésorier  pitésentera 
860  comptes,  qui  seront  discutés  et  approuvés  par  rassemblée. 

ART.     18. 

Le  conseil  d'administration  est  composé  de  sept  membres  qui 
cIuMsiâsent  entre  eux  un  président,  un  secrétaire  et  un  trésorier. 

Le  président  et  le  secrétaire  remplissent  les  mêmes  fonctions 
dans  les  assemblées  générales. 

ART.    19. 

Les  membres  du  conseil  sont  nommés  pour  cinq  ans  par  l'as- 
semblée générale  du  mois  de  ^ars. 

ART.   20. 

Le  conseil  d'administration  est  cbai*gé  de  tenir  la  main  à  rexécu- 
tion  des  présens  statuts. 

Il  est  y  en  outre,  cbargé  spécialement  : 

I*  De  convoquer  les  réunions  mensuelles  dans  lesquelles  on  con- 
viendra dès  ouTi^ages  à  imprimer  et  des  édianges  à  Cèdre  ; 

2*  De  préparer  le  budget  de  la  Société,  et  d'examiner  les  comptes 
avant  qu'ils  soient  présentés  à  l'assemblée  générale  ; 

3*  D'ordonnancer  les  dépenses  ; 


BOUJETIN    DD    BIBLIOPHILE.  735/ 

4^  D'ordonner  la  convocation  des  assemblées  générales  ; 
50  De  Osdre  les  présentations  mentionnées  à  l'article  la; 

6"  De  veiller  à  la  conservation  de  la  bibliothèque. 

...  I   .  .     .  1     .     .     •       t 

▲RT.    21. 

Le  secrétaire  tient  les  procè»-verbaux  des  assemblées,  £bui  la  cor- 
respondance, conserve  jbes  archives  de!  la  Société  et  surveille  b  pu- 
blication des  ouvrages. 

▲AT.   22. 

Le  trésorier  est  chargé  de  la  comptabilité  et  du  dépôt  des  fonds 
deh  Société.  V     :    _ 


Ma^srrioB»  transitoires. 


ART.   23. 

Sont  nommés  ,  pour  la  première  fois ,  membres  du  conseil  d'ad- 
ministration : 

MM.  T^E  Sauvage  ,  président  ;  De  Reitenberg  , 
secrétaire  ;  De  Bonne  ,  trésorier  ;  Cattoir  ; 
Uadman  ;  Thiry. 


^36  J.    T£CI1£NBR,  PLACE   DU    LOUVRE,     12. 


Il  y  a  un  mois  que  les  journaux  retentirent  d'une  découverte 
très-faite  poiu*  frapper  la  curiosité.  On  avoit  trouvé  à  Aquila  un 
document  authentique  de  la  condamnation  prononcée  par  Pilate 
contre  N.-S.  J.-C.  Là-dessus ,  discussion  longue  et  animée  dans 
laquelle  les  jurisconsultes  prirent  part ,  ce  qui  la  menaçoit  de  ne 
pas  finir.  Le  plus  sceptique  de  tous  déclara  hautement  qu'il  n'exis- 
toit  pas  un  seul  acte  à  l'appui  de  ce  bruit  populaire;  que  M,  Thîlo, 
le  savant  professeur  de  Tubingue ,  n'en  avoit  trouvé  de  traces  ni  > 
dans  les  manuscrits  ni  dans  les  livres  publiés  depuis  trois  siècles , 
et  que  l'Italie  n'en  a  pas  plus  de  connoissance  que  la  France.  Ou 
dit  depuis  longtemps ,  avec  raison ,  qu'il  ne  faut  jurer  de  rien.  Par 
malheur  pour  notre  docte  juriste ,  et  pour  M«  Tbilo,  son  docte  té- 
moin, le  Trésor  admirable  de  la  sentence  prononcée  par  Ponce  Pilote 
contre  notre  Saui^eur ,  trouvé  en  la  ville  d* Aquila ,  tan  1 58o  ,  avoit 
été  imprimé  à  Paris,  en  i58i,  sur  une  traduction  de  l'iialien  dont 
l'original  est  de  l'année  précédente,  c'est-à-dire  de  l'époque  même 
de  la  découverte.  M.  Soulier ,  un  des  estimables  conservateurs  de 
la  bibliothèque  de  l'Arsenal ,  a  répondu  comme  le  philosophe  an- 
cien, qui  marcha  pour  prouver  le  mouvement  ;  il  a  fait  réimprimer 
cette  rare  brochure,  que  tous  les  bibliophiles  connoissent  fort  bien, 
mais  que  fort  peu  avoient  vue ,  et  qu'on  peut  se  procurer  mainte- 
nant pour  deux  francs. 


)^ 


^^^eCan^es  (iBrio^raf  Çt()ue^. 


Le  Thrésor  de  musique  d'Or  lande  de  Lassus ,  reueu  et  corrigé 
dili^^emment  en  ceste  troisième  édition.  Paris,  16949  in-4 
oblong. 

Cette  édition  est  dédié  à  Philippe  de  Pas,  gentilhomme  François  ; 
elle  n'est  indiquée  ni  dans  Tarticle  que  M.  Brunet  a  consacré  à 
Lassus,  dans  les  Nouv.  rech.,  ni  dans  le  Lexique  bibliogra- 
phique d'Ebert,  où  l'on  trouve  (n^  ii^Si)  les  titres  de  onze  ou- 
vrages de  ce  célèbre  musicien  ;  ils  sont  intéressans  et  fort'  rares. 
L'éditeur  (je  ne  connois  pas  son  nom)  observe  que  «  la  lettre  ac- 
cordée à  la  musique  d'Orlande ,  imprimée  à  Paris  et  à  Louvain^, 
étoit  sotte ,  lascive  et  profane  presqu'en  toutes  les  chansons  ;  en  os- 
tan  t  quelques  mots  ou  plusieurs,  et  les  accommodant  au  moins  mal 
qu'il  m'a  esté  possible  à  la  musique,  j'ay  rendu  ces  chansons  chres- 
tiennes  et  honestes  pour  la  pluspart.  »  Le  fait  est  que  les  chastes  va- 
riantes qu'il  introduit  dans  quelques  compositions  galantes  sont  d'un 
effet  burlesque ,  et  que  sa  poésie  est  presque  toujours  fort  en- 
nuyeuse et  glaciale  ;  une  seule  fois  il  se  permet  un  mot  pour  rire , 
en  citant  la  repartie  d'un  ivrogne  qui ,  recevant  le  conseil  d'ap- 
prendre à  chanter ,  trouve  que  déjà  il  ne  boit  que  trop. 

Ce  volume  renferme  166  chansons  à  4»  5  ou  6  voix;  3o  sont  en 
latin ,  5  en  italien ,  les  autres  en  françois  (i). 

DonuK/ii  amphilheatrum  sapientia  Socratica.  Hanoviae,  1670,  in-fol., 
2  tomes. 

C'est  un  recueil  de  plus  de  5oo  opuscules  ou  fragmens  tantôt 
sérieux  et  tantôt  comiques,  oyii  sont  loués  quantité  d'animaux,  force 
plantes,  mainte  vertu  et  bien  des  choses  peu  dignes  d'éloges  ;  parmi 
tous  ces  jeux  d'esprit ,  il  y  en  a  peu  où  se  trouvent  des  traits  spi- 
rituels :  on  sait  qu'en  général  ces  anciennes  plaisanteries,  écrites  en 
latin,  ne  sont  nullement  divertissantes.  Au  début  de  l'ouvrage,  se 
trouvent  quatre  traductions  de  la  Batrachomyomachie  d'Homère  ; 
ensuite  Ton  rencontre  i3  morceaux  consacrés  à  la  puce,  3  au  pou, 
5  à  la  mouche,  1 3  à  l'abeille,  2  à  la  cigale,  10  à  la  fourmi  ;  un  de  ces 
derniers  est  le  traité  de  Wilde  de  formica ,  hérissé  d'innombrables 

(1)  Voyez,  sur  Orlandc  Lassus,  la  notice  de  M.  Delniotte,' brochure  in-8. 


•^40  J.    TECHEMER,    PLACE  DU   LODVIUI ,    12. 

Le  Romancero  général  de  i6o4  et  le  Cancionero  d'Anvers,  lÔ^S. 

IJArtty  vocabolario  de  la  lengua  guarani ,  et  le  Catechùmo  enUi^ 
gua  guarani  ;  ouvrages  du  jésuite  Ruiz,  ignores  de  presque 
tous  les  bibliographes ,  et  que  Ton  chercheroit  en  vain  dans 
la  Bibliothèque  américaine  Ae  M.  H.  Ternaux  (1837). 

Un  grand  nombre  de  romans  de  chevalerie,  et  surtout  une  suite 
de  ceux  en  espagnol  qui  seroit  aujourd'hui  du  plus  grand  prix  ;  Ton 
y  voitLisuart,  Floriquel  deNiquée,  Cirougilio  de  Tracia,  Policendo, 
Reualdos  de  Montalaban ,  Morgante ,  Lidaman  de  Ganay,  Félix 
magno  ,  Christalian  de  Espana.  Nous  avons  relevé  les  deux  ou- 
vrages suivans  ;  ib  nous  semblent  devoir  être  fort  rares  ,  car  nous 
ne  les  trouvons  ni  dans  le  Manuel  du  Libraire ^  ni  dans  les  Notufelles 
recherches,  livres  au-dessus  de  tout  éloge,  où  les  plus  occultes  pro- 
ductions de  ce  genre  sont  décrites  avec  soin.  • 

Coronica  del  famoso  caballero  Taurismundo,  hijo  del  emperador  de 
Grecia  Solismundo,  in-fol.,  fig.  en  bois. 

TAbro  primera  del  caballero  Lydamor  de  Escocia  por  maestro  Jutoi 
de  Cordova,  In-fol.  Salamanca ,  iSSg.  (11  en  est  dit  un  mot 
dans  la  Biographie  unit^erselie,  t.  ix,  p.  576.) 

Trottas  y  de  vero  etperfecto  clerico.  Ferrariae  ,  1478 ,  in-4« 

On  trouve  discutées  dans  ce  volume  fort  rare  quelques  questions 
assez  singulières  ;  l'auteur  examine  pourquoi  l'on  ne  dit  pas  que  la 
femme  est  faite  comme  l'homme  à  l'image  de  Dieu  ;  il  recherche 
si  un  hermaphrodite  peut  être  élevé  à  la  prêtrise ,  et  voilà  ce  qu'il 
décide  en  pareil  cas  :  Attendendum  est  an  magis  inculescat  in  sexu 
virili  etpossit;  an  vero  in  sexufeminino  et  non  possit  (fol.  xxn). 

Voici  les  titres  d'autres  ouvrages  de  cet  habile  docteur  :  TraiU 
du  Jeûne.  Nuremberg,  1477;  de  la  Visite  des  Églises,  Ferrare, 
1476;  Traité  des  Heures  canoniques  ;  ce  dernier  livre  a  eu  12  édi- 
tions dans  le  xv*  siècle  ;  nous  sommes  persuadés  qu'au  xix*  per- 
sonne ne  l'a  lu ,  ne  le  lit  ou  ne  le  lira. 


Bulletin  t»u  i3ibltapl)tle, 


Ht 


CATALOGUE   DB   LITRES   RABS8   ET   CURIEUX,    MB 

LITTÉRATURE,    d'bISTOIRE  ,    ETC.,    QUI 

SE  TROUVENT  A  LA  LIBRAIRIE  DE 

#.     TBCHEIIER,    PLACE 

DU      LOUTRE  , 

N«    12. 


N«  18.  —  Juillet  1859. 


i5g6  AiiADis.  Tragédie  représentée  par  rAcadéinie  roiale  de  mu- 
sique ,  pour  rheureux  mariage  de  leurs  Altesses  électorales 
de  Bavière.  Brusseîle ,  1695,  pet.  in-i2,br.  2-—  n 

1 5g7  Arcbéologie  de  Mons  Seleucus  ,  ville  romaine  dans  le  pays 
des  Yoconces ,  aujourd'hui  Labatie-Mont-Saléon ,  préfec- 
ture des  Hautes-Alpes.  Gap^  1806,  in-8,  br.     .     .     3 —  » 

1 598  Bacqueville  de  la  Potberie  (de).  Histoire  de  l'Amérique 
septentrionale.  Paris ^  172?,  4  ^om,  en  ?.  vol.  in- 12  ,  fig.  , 
V.  j.  {Rare.)  12 —  » 

iSgg  BARCLAn(J.).  Poematvm libri  dvo. Xo/u/Zm',  i6i5,  pet.  in-4» 
vélin.  {Édition  rare.) 


1600  Baromi  (Gas.)<  Epistolae  et  opuscvla,  novam  eivsdem  Ba- 
ronii  vitam  operi  praeposvit  recensvit  et  adnotationes  illvs- 
travit  Raym.  Albericivs.  Romœy  1759,  3  vol.  in-4,  v.  mar. 

27 —  •» 

47 


•j^Tl  J.   TECBEDZS,   PUCE   DD  LonTKB ,    11. 

1601  Bbaokaci  (db).  Histoire  miliuira  de  Flandre ,  depuis  l'année 
1690  jusqu'en  1694  inclusivement;  qui  comprend  le  détail 
des  marches,  campemens,  batailles  ,  ùéges  et  tnouvemens 
des  annëes  du  roi  et  de  celles  des  alliés  pendant  ces  cinq 
campagnes.  Paris,  ^^S5^  a  vol.  ia-ibl.,  grand  nombre  de 
planches,  v.,lr.  dor  (5eie«em/»/.) 4^ —  m 

i6oa  BsiroiEB  (C).  La  Vie  du  très-illustre  martyr  S.Quentin, 
apôtre  et  patron  du  Vermandms.  Sant'Quentin ,  176^,  în- 
ix,f!g.,br 4 —  " 

i6o3  Bkbnikk  (J,).  Histoire  de  Blois ,  contenant  les  antiquitei  et 
ùngularitei  di)  comté  de  Blois  ,  les  éloges  de  ses  comtes ,  et 
les  vies  des  hommes  illustres  qui  sont  nés  au  pals  Blesois, 
avec  les  noms  et  les  armoiiies  des  familles  nobles  du  mesme 
pais,  Paris,  Fr.  Muguet,  i68a,  in-4,  v.  m.     .     .     12—  - 

i6o4  BiKfcc(i.B  bietbkb).  Les  fonctions  du  Capiiaiiie  de  cavalerie,  et 
les  principales  de  ses  officiers  subalternes ,  arec  l'exercice 
de  la  cavalerie  {stùvant  la  copie).  Paris,  Quinei ,  1675,  pet. 
in-i2,d.-rel 7 —  » 

i6o5  Brbtbs(db).  Discovrs  abrégé  des  asseurez  moyens  d'anéantir 
et  ruiner  la  monarchie  des  princes  Ottomans  {s.  l.  n.  d.), 
I  vol.  in-4 ,  vél.,  fleurdelisé.  {Exempt,  de  Gasion  d'Orléans 

1606  Bkiot.  Traduction  de  l'histoire  de  l'Etat  présent  de  l'empire 

Ottoman  (de  Hicaut)  :  contenant  les  maximes  politiques  des 
Tvrcs,  etc.  j^iïMt-,  ÏVol/gank,  1671,  i  vol.,  pet.in-ia,  véL, 
%.(flc/«.) i5—  » 

Non-teulenn-nt  lei  jolii  caractèrei  et  le  bon  goût  typographique 
font  rechercher  1h»  livret  imprime»  par  Woirgang ,  en  le  pUcaot 
tmmédiatemeDLapr^slesElzeviers,  mais  le)  chariaantes  ïipiette* 
doDtLiplijpatt  de&u  livreiioat  orné»,  les  Iwool  loujonr*  re- 
chercher dei  curieux. 

1607  Boi(ArJojjiNB).Dediscretione  spirituumlibervi)Ta,i>nu:e^, 

E.  H.  Friex ,  1674,  pet.  Îii-i2,vél 7 —  " 

1608  BoviMit  (HBnnT-HtniE].  Dieu  seul,  ou  l'Assodaiion  pour 


BtlLLkTltf   DÛ   fnLIOpntLB^.  ^4^ 

Tint^rèt  de  Dieu  seul.   Bruxelles^  16649  pet.  in-12,  vél. 

4_„ 

^€09  B0U88U  (de).  Histoire  de  la  ville  de  Saint-Ghislain.  Morts ^ 
1787,  in-i2,rel.  (/îflrc.) 7 —  «> 

i€i  o  tiucHANANi  (G.)  Opéra  oninia  curante  Th.  Ruddimanno,  cum 
praefat.  Burinanni.  Lugd.SaUuf.y  1725,  2  vol.  in-4>  portr., 
V.  m.  (Bel  exempL) 26—  » 

161 1  Gavssin  (R.  p.  Nicolas).  L'Impiété  domptée  sovs  les  flevrs 
de  lys.   Paris  y  Seb,   Ckappelet,  162g,  pet.   in-12,  v.   f. 

4-  » 

•613  GnLA  EST  siifGuuBR.  Hîstoîre  égyptienne,  traduite  par  un 
rabin  Génois  (Cbevrier).  Babylone ,  impr,  roy.,  1752.  —Le 
Télescope,  petit  conte  moral.  Moscou ^  ^1^9  >  ^  P&i't.  en 
I  vol. ,  pet.  in-12  ,  niar.  r. ,  fil.,  tr.  dor.  (Derome.)     6— <  >* 

161 3  Cellarhjs  (Ghristoph.).  Notitia  orbisantiqui ,  sive  Geogra- 

pbia  plenior ,  ab  ortu  reruinpublicarum  ad  Gonstantino- 
rum  tempora,  orbis  terrarum  faciem  declarans.  Cantabri-' 
giaSfJ.  Owenii ,  1708-6,  2  vol.  in-4  >  vél.,  cordé,  portrait 
et  cartes.  (Bel  exemple) 28 —  »» 

161 4  Chansonnier  (le)  patriotique,  ou  Recueil  de  chansons,  vau- 

devilles et  pots-pourris  patriotiques ,  par  différens  auteurs. 
Paris ,  Garnerjr,  an   1",  in- 18,  v.  j.,  fig.     .      .     6 —   » 

i6i5  Chartes  du  IIainaut  de  Tan  1200.  Monsy  s,  d.  ('777)-  — 
Loix ,  Chartes  et  Coutumes  du  pays  et  comté  de  Hainaut, 
de  l'an  i534-  —  2  part,  en  1  vol.  in-12,  rel.     .     3 — 5o 

1616  Cbesnbat   (AvG.).  Orphevs  Evcharisticvs  ;  opvs  novum  in 

Tarias  historicorum  emblematuin  aeneis  tabulis  incisorum 
centarias  distinctum,  etc.  Parisiis^  FI,  Lambert  ^  1667, 
in-8,  vél. ,  vig.  dans  le  texte 8 —  » 

1617  GoMimsDiGTt    (lis)  du  seignevr  dv  Pavillon-lez-Lorriz ,  en 


I  ■ 


^44  '•    TECHENER,  PLACE  DU   LOUVRE,    13. 

Gastinois ,  aux  faolses  et  abbusifues  prophéties  de  Nosti-O' 
damus ,  et  autres  astrologues.  Adiousté  quelques  csuvres  de 

Michel  Marot.  Paris  ,  CA.  Angelier^  i56o,  pet.  in-8,  v.  r. 

i6i8  Eyb  (A.).  Margarita  poetica.  In-fol.  goth.  (vers  i477)>  ^.-rel. 
{A  toutes  marges.) 12 —  »• 

1619  Dan(R.  p.  Pierre).  Histoire  de  Barbarie  et  de  ses  corsaires, 

des  royaumes  et  des  villes  d'Alger ,  de  Tunis,  de  Salé  et  de 
Tripoly.  Paris ^  1649,  *  ^^^'  in-fol., fig.     .     .     .     i5— »• 

1620  DECAMEnoNE  (il)  dî  M.  Giovanni  Boccaccio,  nvovamente  cor- 

retto  et  con  licentia    stampato.  Impresso  in  Firenze  per  U 
heredi  de  Ph.  di  Giunta^  1^27,  pel.  in-4,  d.-rel. 

Trc8-bel  fxempl.  diaprés  la  rcimpr.  originnle,  à  toutes  naargei. 

1621  De  Gaya.  Cérémonies  nuptiales  de  toutes  les  nations.  Paris, 

1681 ,  pet.  in- 12,  rel. 

/  1622  Des  Escvteavs  (le  sievr).  Amovrs  diverses,  diuisées  en 
quatre  histoires.  Rocen ,  Romain  de  Beayt^ais,  1607  ,  in-12  , 
vél.  3 —  M 

1623  Diable  (le)  hrrmite  ,  ou  Avantures  d'Astaroth,  bani  des 

enfers.  Ouvrage  de  fantaisie,  par  M.   de  M***.  Amst,y 
P.  Jo/j,  1741  ,  2  voI.,pet.  in-i2  ,  fig.,  v.  f.     .     .     10— >» 

1624  Discours  hutoeique  sur  les  principales  éditions  des  Bibles 

polyglottes ,  par  l'auteur  de  la  Bibliothèque  sacrée  (le  Père 
Lelong).  Paris  ,  1718,  in-i2  ,  v.  br.  {Rare,).    .     . 


1625  Dissertation  sur  l'origine  de  l'imprimerie ,  en  Angleterre  , 

traduite  de  l'anglais  du  docteur  Middelton ,  par  D.  G.  Im- 
bert.  Parw,  1775,  in-8,  br.  (JRiirtf.) 3 —  »» 

1626  Divan  ridicule,  ou  les  Conseils  comiques  donnés  par  la 


BULLETIN   DU   BIBUOPBIUB.  745 

princesse  Ottomane  au  grand  Yisir  son  époux ,  après  quel- 
ques reproches  sur  sa  conduite  {s,  l,)^  i684)  pet.  in-ia, 
n.  rel.  4 —  ** 

1 627  Dv-lf  ovLiN  (PiEERs).  AnatoDiie  de  la  messe.  Leyde^  B.  et  Ah. 
Elztvier ,  i638  ,  pet.  in-i  2  ,  v. ,  court  de  marges.     i5 —   » 

m 

i6a8  Eloge  msTORiguE  de  Gaixot,  noble  Lorrain,  célèbre  graveur. 
Bruxelles^  1 766,  pet.  in-4 ,  br 6 —  >• 


162^  Etat  des  royaumes  de  barbaeie,  Trîpoly ,  Tunis  et  Alger. 
LaHaye^  ï7o4>  ii>-ïa,  v.  br. 4 — 5o 

i63o  Evénemens  histobiques  choisis.  Bruxelles  y  Jean  Léonard, 
1691 ,  pet.  in-i2,yél 12—  » 

i63i  Foestnerius  (Cbbmt.).  AdC.  Gornelium  Tacitum  notaepoli- 
ticae.  Lugd.-'Batat/orumj  Fr,  Moyardum^  1 655^ pet.  in- 12 , 
vel.  {Bien  consente,) 6 —  » 

i632  Frisius  (Ubbo  Emm.).  Opvs  chronologicvm  novvm  plvribys 
partibvs  constans.  Groningœ ,  J.  SassipSj  sumptibt»s  Eketf,, 
1619  ,  in- fol. ,  mar.  rouge ,  comp.,  d.,  tr.  dor.  {BeL  ex,) 

18—  « 

i633  Garcia  (Don.).  L'Antiqvité  des  Larrons.  Trad.  de  l'espagnol, 
par  le  sieur  Davdigvier.  Parisy  1623,  pet.  in-8,  vél.     6^ 


M 


1634  GoEDART  (Jean).  Métamorphoses  naturelles,  ou  Histoire  des 
insectes ,  observée  très-exactement ,  suivant  leur  nature  et 
leurs  propriétez.  Amst.,  P,  Mortier,  1700,  3  vol.  in- 12  , 
mar.  roug.,tr.  dor.,  fig.  col 25—  » 

i635  Grotius  (H.).  De  jure  belli  ac  pacis  libri  très,  cum  annotatis 
auctoris,  uec  non  J.  F.  Gronovii  notis  et  J.  Barbeyracii  ani- 
madversionibus  ;  commentariis  insuper  locupletissimis 
S.  L.  B.  de  Coccei,  etc.,  etc.  Lausannœ,  1761,  5  tomes  en 
4  vol.  in-4j  portr.,  V.  m.  (7rtf5-^f/ cxtf/»/?/.).     .     .     34 — » 


^46  J.    TECHKMUIi    FLACE   OIT   LOOVRJK,    13. 

i636  GuAEioî  (P.)*  Grauimatlca  hebraica  et  châtd.  Lutetiœ^Pari^ 

sioram  #  17249  ^  ▼ol.  t«-  Lexicon  hebraicum  et  chaUsco-bi- 
bllcura.  ParUiis,  1 7461 2  vol.  —  Ensemble  4  vol.  in-4?  v.  br. 

43— « 

1637  Histoire  amoureuse  et  bapinb  du  congeès  etdeiai^ille 

d'Utrecht  ,  en  plusieurs  lettres ,  écrites  par  le  domestique 

d'un  des  plénipotentiaires  à  un  de  ses  amis.   Liège ,  /.  le 

Doux  (s.  d.)^pet.  in-i2  ,  fig. ,  br. ,  non  rogné.     .     35—  » 

Exemplaire  bieu  complet  ayec  la  yëritable  clef,  etc. 

i638  -^ amoureuse  des  Gaules  (par  Bussy-Rabutin).  Liège 

(5.  (/.),  I  vol.  pet.  in-i2,cart 12 —  » 

Edition  Elze'yirienne. 

i63g -.  de  Henry ,  duc  de  Rohan ,  pair  de  France.  Suit^am 

la  copie  ,  à  Paris  ,  1667,  P^**  ^^'^^  >  ▼•  f*  7*"^  ^ 

1640  "— ■•'     ■  du  collège  de  Douay ,  à  laquelle  on  a  joint  la  politi- 

que des  Jésuites  anglois.  Londres ,  1762 ,  in-12,  rel.  8 —  m 

1641  HoRTVLVs  Harianvs  ,  sive  Praxes  Variae  colendi  B.  Y.  Ma- 

riam,  aUctore  P.  P.  Fr.  de  la  Croix.  CoL^jégripp,^  i63o  , 
tr.  pet.  in-i2 ,  br.,  non  rog.,  jol.  vig.  8—  » 

1642  HosTUS  (Matth.).  Historiée  rei  nummariae  veteris  scriptores 

aliquot  insigniores,  ejusdem  de  Arcse  Noah  fabrica.  De  Asse 
et  partibus  ejus.  De  Gbœnîce  Gi^seca,  et  de  Rom.  demenso. 
De  Monomachia  Davidis  cum  Goliatho ,  et  alia  opuscula 
philologica.  Lugd.-Batav.  ,  i^gS,  4  ^^™*  ^°  ^  ^^^*  ^^~4  > 
vélin.  {Rare.) 16 —  » 

1643  HvGO  (Hbr.).  Pia  desideria  emblematis ,  degiis  et  affectibus 

S.  S.  Patrum  illustrata.  Antperp,^  1628,  pet.  in-12,  rel. 

10*-  » 
Recherche'  pour  les  vignettes  et  les  fleurons  graves  en  bois. 

1644  iNtTiTvnon  (O  DB  LAN0BLB86S,  diuîsée  en  trois  liui^es.  To- 

iasej  D,  Base  ^  1618,  iii-12  ,  v.  f»  9—'? 


BULUtTIH   DU   MtLIOPULE.  ']/^'] 

1645  Jevx  (lss)  de  l'Ingomiiv  ,  atigmontés  de  plaaîcurs  pièces  en 

ceste  dernière  édition.  Rot^en,  /.  CaiUwU^  i645,  petit 
ÏTiS.y  y éh  (Une  piqûre.) 3     .     .     5 —  » 

1646  Jos  DcjBiBES  (ANT.-FaANç.-Jos.).  Aunales  Belgîques ,  ou  des 

Pays-Bas.  ADouay^  1761  ,in-i2,  v.  b.     .     .     .     3—  >» 

1647  tALouBEEE  (de).  Du  royaume  de  Siaui.  Amst.jAb.  WolJ^ 

gang  y  iGgi^  2  vol.  in-i  2,  beaucoup  de  fig. ,  y,  br.     12 —  » 

1648  Leletvel  (Joachim).  Numismatique  du  moyen  âge,  considé- 

rée sous  le  rapport  du  type.,  Paris,  i835,  2  vol.  in-8,  et 
un  atlas  in-4>  obi. 

Au  lieu  d«  36  fr ., i5-*-» 

Il  n^en  reste  qu^un  petit  nombre  dVxeniplaire&. 

1649  Le  Roux  (J.).  Recueil  de  la  noblesse  de  Bourgogne,  Lim- 

bourg,  Luxembourg,  Gueldres,  Flandres ,  Artois,  Haynau, 
Hollande ,  Zeelande ,  Namur ,  Malines  et  autres  provinces 
de  sa  Majesté  Catholique.  LillCf  1 7 15 ,  in-49  v*  m.     i3^  » 

i65o  Logique  (la),  ou  TA^rt  de  Penser  ;  contenant,  outre  les  règles 
communes,  plusieurs  autres  observations  nouvelles  propres 
à  former  le  jugement.  Amst,,  fVolfgank^  1675,  pet.  in-12, 
vélin.   {Bel  exempL), 12—  » 

i65i  LoBBDANO.  Vie  d'Adam,  avec  des  réflexions,  trad.  de  l'italien. 
Paris  et  Bruxelles  (s.  d.),  pet.  in- 12,  v.  f.  5—  »> 

Il  y  a  dans  le  mèmt  Tolnme  Frédéric  de  Sicile,  nooTelle.  1 735. 

i652  LvGKii.  De  la  traduction  de  N.  Perrot  d'Ablancourt.  La 
Haye^  1669,  2  vol.  in-12,  v.  {Édit,  rare.)  8 —  » 

i653  H AJANSits  (Geegoaius).  Epistolae.    Valentia^Edetanorum  » 

1732,  in-4,  V.  br i5 —  » 

Ces  lettres  littéraires  sont  rares. 

1664  Mamsabat  (G.-P.)*  Le  peintre  amateur  et  curieux,  ou  Qes^ 


cr^MiiMi  génciale  dct  tabigm  dei  pi»  itthilei  aultmqai 
CoocronieBient  deséglîtei,  afabayes,  pnewcs,  awrents  et 
cabineU  paiticiilieri  daos  rrtrndnr  da  Fsy»-Bas  Jintii- 
dûens.  Bruxelles  (s.  d.),  2  vol.  iii-12,  Ir*.     .     .     .     5 —  • 


i655  M  i  wwmnm  Iêmiamt  ( Aixaik),  Degcrytion  de  rUni vcrs^  coirte- 
naot  les  différens  systèmes  dn  moode  Paris^  D.  Tkieny  ^ 
iG83y  5  T<J.  gr.  in-8,  fi{.,  grand  nondiie,  t.  br.     oS^  • 

«656  MABcn  (Fb.  k).  Arcfaitettura  milîtire ,  iDiistnlB  da  Lnîgî 
Maiini.  Hoaui  i2a  Tordu  di  Mariano  de  Romutnii ,  1810, 
5  ToL  gr.  in-lbl.  £xcm|d.  pap.  Tél.,  reL  en  nur.  nw^ge, 
dcmblé  de  Ubis,  dentelle,  ir.  dor 55o —  » 

Sirperbc  esemplaire  destisé  eo  cadeas  pir  rEmpereiir. 


1657  MnioiBKs  de  measiie  Philippe  de  ComiDes,  nonrdle  édidoD, 
reme  par  M.  Godeliroy.  BrustdUt  ^  I7a39  5  vol.  in-8,  t. 
br.,%.  .  3o—  • 

Editioo  ptthltée  ptr  Lcoghet-Diif resaov . 

i658  lÊÈMOfiMMM  des  ÀTantures  singulières  de  la  Gonr  de  France. 
La  Hajfe^  J,  Albert$^  1692,  pet.  in- 12,  t.  br. 


1669  H ÉMOincs  DE  TALLOfA^ET  DES  Reactx.  6  Tol.  in-8,  dirisés  en 
I  2  Tol. 

Qui  ne  connoît  ce  recueil  amusant  d'historiettes  sur  les 
personnages  les  plus  marquans  du  xvii*  siècle,  où  passent 
tour  à  tour,  sous  les  jeux  du  lecteur,  avec  leur  grandeur  et 
leurs  travers,  leurs  vices  et  leurs  ridicules,  rois,  princes, 
prélats,  reines,  grands  seigneurs,  grandes  dames,  poètes,- 
magistrats,  comédiens  et  courtisanei  qui  ont  figuré  dans 
notre  histoire ,  depuis  le  r^ne  de  Henri  IV  jusqu'au  com- 
mencement de  la  Fronde  ?  Certes  ^  c'étoit  là  un  cadre  mer* 
veilleux  pour  les  illustrations ,  si  ce  genre  d'ornement  eût  été 
en  vogue  comme  aujoiud'hui ,  quand  parurent  les  premiers 
volumes  de  TallemanL  Ce  que  la  librairie  n'a  pas  encore 
(ait  pour  ime  édition  de  cet  ouvrage ,  un  amateur  s'est  plu  à 
le  faire  pour  un  exemplaire  spécial ,  que  nous  avons  eu  sous 
les  yeux.  Il  renferme  plus  de  900  jn^rtraits  des  personnages 
mentionnés  par  l'auteur  des  historiettes  r  ils  sont  presque 


VOLLÉTIIV   OU    BIBUOPHILC.  7  49 

tous  des  graveurs  de  diverses  ëpoqués,  tels  que  Thomas  de 
Leu ,  L.  Gaultier,  Daret ,  Montcomet ,  Michel  Lasne,  £de- 
linck  ,  Nanteuil ,  Ficquet  et  autres.  Il  y  en  a  qui  seroient 
introuvables  aujourd'hui  ;  d'autres  sont  d'une  extrême  ra- 
reté. Cet  exemplaire,  qui  est  à  vendre,  est  doublement 
curieux ,  sous  le  rapport  de  l'art  et  sous  le  rapport  litté- 
raire ;  les  portraits  dont  il  est  orné  prouvent  que  Tallemant 
étoit  un  physionomiste  habile.  Il  est  remarquable  aussi  en 
ce  que  l'artiste  étant  quelquefois  plus  flatteur  que  l'his- 
toiîen ,  il  se  trouve  des  contrastes  piquants  dans  la  manière 
dont  l'un  et  l'autre  ont  traité  leur  modèle  du  côté  moral. 

Le  possesseur  de  cet  exemplaire  a  écrit  quelquefois  des 
notes  en  marge ,  soit  pour  éclaircir  des  faits  que  l'auteur 
n'avoit  fait  qu'indiquer,  soit  pour  relever  de  légères  erreurs 
échappées ,  dans  les  notes ,  aux  savants  bibliographes  qui 
ont  concouru  à  la  publication  de  ces  Mémoires. 

Le  prix  de  cet  exemplaire  est  de  i  ,2oo  francs. 

1660  MiCHAELi8(R.  P.  Sébastien).  Pnevmalogie  ov  Discovrs  des 
Esprits  en  tant  qu'il  est  besoing,  pour  entendre  et  resouldre  la 
matière  difficile  des  sorciers,  comprinse  en  la  sentense  donee 
contre  eux  en  Avignon  en  i582.  Paris  ,  G.  Bichon  y  i587, 
in-8,  vélin.  (Très-rare,). .     ï 


1661  H iMAUT  (M.).  Histoire  de  Sardaigne,  ou  la  Sardaigne  ancienne 
moderne,  considérée  dans  ses  lois ,  sa  topographie,  ses  pro- 
ductions et  ses  mœurs ,  etc. ,  avec  cartes  et  figures.  Paris, 
1825,  2  vol.  in-8,  br 5 —  >• 

i66a  Modestie  (de  i^)  des  habits  des  filles  et  femmes  chrestieunes. 
Liège,  H,  Streel^  16^5,  pet.  in-12,  d.-rel.     .  4"^5o 

i663  H vNDi  Lapis  Lydivs ,  siue  vanitas  per  veritatem  falsi  accusata 
et  conuicta,  opéra D.  Ant.  a  Bvrgvndia.  Antuerp,,J.  Cnob^ 
6ari,  1689,  *  ^^^'  ^"4 >  vélin,  fig 10 —  »> 

1664  Neapolis  (Car.).  Anaptyxis  ad  Ceistos  P.  Ovidii  Nasonis. 
Antiierpiœy  ex  off,  Piantim'ana  B,  Moreti,  i638  ,  pet.  in-fol. , 


fjSo  J.    TECHKNER)    PLACB    DU   LOUVAE ,    12. 

Y.  ant.  gaufré  (frontispice  gravé  par  L.  Neeffif^  d'après 
Quellin} 5—» 

i665  Nou¥BAux  (lu)  steatagsmeb  d'amoue,  histoire  curieuse ,  par 
A.  D.  L.  R.  Anslerdam^  Daniel  du  Freine ^  168 1,  pet.  in-12, 
d.-rel 8—  » 

1666  NooTSAu  (lb)  Tsstambnt  y  c'e8t>4-4ire  la  nouvelle  alliance 

de  Nostre  Seigneur  Jésus-Christ.   Imprimé  à  Leyden ,  par 
P.  ds  Croy,  1664»  pet.  in-8,  rel.,  avec  musique.       5—  » 

1667  ]ïvovo(il)  ed  eterno  Testamento  di  Giesv  Gbristo.  In  Lioney 

G.  di  Tornesy  i556,  pet.  in-8|  v.  br.,  jolies  vigïiettes  en  bois 
dans  le  texte.  9 —  » 

1668  OEvvBiB  poBTiQ¥B8  d'Amadis  Jamvii.  Poriêy  Robert  le  Man^ 

irniVr»  1579,  pet.  in-i2y  vélin i 


1669  Oavs  Apollo  Niliagvs  de  hierogliphids  notis  1  à  Bemardino 

Trebatio  Yicentino  latinitate  donatus.  Parieiis,  R,  Sie- 
jvAani,  i53o,  pet.  in-89  rel 3 — 5o 

1670  Olizarovius  (A.  Aao  Alexandbb).  De  politica  hominuin 

societate,libritres.  Dantisci^  G.Forsteri,  i65i,pet.  in-4,  rel. 

o-*-  >» 

1671  OvDiN  (Gbsab).  Thresor  des  devx  langves  françoise  et  espa- 

gnole ,  avqvel  est  contenve  l'explication  de  toutes  les  deux 
respectivement  l'vne  par  l'autre.  Paris,  Marc  Orrjr,  1607, 
2  part.,  pet.  in-49  v.  f.  10—  » 

La  seconde  partie  contient  Texplication  des  dictions  françoises  et 
espagnoles,  etc. 

1672  Paradoxes  ,  avtrement  Propos  contraires  à  l'opinion  de  la 

pluq>art  des  hommes ,  liure  non  moins  profitable  que 
facétieux.  Roven^  N.  Lesct^jrer,  i583y  très -pet.  in-8y 
vél.  {Un  peu  piqué.) 6-—  » 

Re'inipression  des  Paradoxes  de  Cb.  Estienne,  avec  plusieurs  aug- 
mentatioos. 


BULLBTIN  BU   BIBUOPHILS.  75 1 

1673  P«A|EFixB  (HArnooum  Mm),  Histoire  du  roy  Henry  le  Gniid. 

^imsttrdam^  A.  Michiels,  1666,  in-f  2,  véi.  8—*  » 

1674  PETaAagvB  (Fbançois).  Le  Sage  resolv  contre  la  bonne  et 

mainraise  lortvne.  Bn^xelles ,  Fr.  Foppens  ,  1660  ,  in-12  , 
vélin,  grandes  marges,  joli  frontispice. 

Je  répéterai  sur  Foppens  ce  que  je  dis  de  Wolfgan^  à  la  pag«  74s; 
cependant  je  ne  le  placerai  .qu^aprés  lui. 

1675  P01LO6TOR6U  Gappadocis  ecclesiasticse  historias  libri  xii,a 

Photio  patriarca  Constantinop.  in  epitomen  contracti  graecè, 
cum  versione  ,  etc.,  a  J.  Gothofredo.  {Genei^œ)  sumptibus  , 
/.  Chouei ,  1642.  —  Appendix  philastorgiana  disserta- 
tiones  duo,  2  part,  en  i  vol.  in-4,  vélin.     .  10 —  » 

1676  Poètes  (les)  François  depuis  le  xn*  siècle  jusqu^à  Malherbe, 

avec  une  notice  historique  et  littéraire  sur  chaque  poëte. 
Paris j  Crapeleiy  1824, 6  vol,  in-8,  br.     .     .     .       27—  » 

1677  Progné.  Tragcedia,  nvncprimvm  édita.  In  mcademia  Ventta^ 

i558,  pet.  in-4,  d'-rel.  (Rare.) 18—» 

1678  Protincialbs  (les),  ou  les  lettres  écrites  par  Louis  de  Mon- 

tdte  à  un  de  ses  amis  et  aux  RR.  PP.  jésuites.  Cologne, 
jP.  de  la  F'alUey  1657  y  pet.  in-12  ,  vél.  {Bonne  édition,) 

i5 — » 

Un  exenipl.  (mar.  r»  Beauzonnet.)  4o—  » 

1679  Raepsaet  (J.-J.).  Défense  de  Charles  Martel  contre  Fimpu- 

tation  d'avoir  usurpé  les  biens  ecclésiastiques  et  nommé- 
ment les  dîmes,  avec  un  précis  de  l'origine  des  (Umes  ecclé- 
siastiques et  laïcales,  propre  à  résoudre  la  question  suivante  : 
«  Comment  peut-on  distinguer  les  dtmes  lakales  abolies  en 
France  d'avec  celles  qui  ne  le  sont  pas?  »  Gand^  Houdinf 
1806,  in-6y  br.     .     .     , 2— 5o 

1680  RAia(P.)Gceronianv8adCaroIumLotharingumcardinalem.' 

parisiisj  Andréas  fFccheluif  iSS^y  pet  iikS ^  d.-rel.  3— Sa 


^Sa  J.    TKCHENER,    PLACE   DU   LODVRE ,    12. 

1681  Relation  de  la  constance  admirable  de  deux  petites  filles, 

écrite  par  de  fidèles  témoins.  («5*.  /.),  1 686,  pet.  in-i  2,  nonrel. 

3— 5o 

1682  — des  révolutions  arrivées  à  Siam  dans  l'année  1688. 

Amsterdam,  P.  Brunel,  1691,  pet.  in-12,  n.  rel.     .     4 —  " 

i683  Retraite  (la)  de  Vennes  y  ou  la  Façon  dont  la  retraite  des 
hommes  se  fiEÛt  dans  Yennés,  sous  la  conduite  des  pères  jé- 
suites, et  les  grands  biens  que  Dieu  opère  par  elle.  Douajr^ 
Jlfa<rej5e^  1681,  pet.  in-12,  n.  rel 3—   » 

1684  RuHNKENu  (David)  L.  G.  Yalckenaerii  et  aliorum  ad  J.  A.  £r- 
nesti  epistols.  Accedunt  Dav.  Ruhnkenii  observationes  in 
Gallimacbum  ,  L.  E.  Yalckenaerii  adnotationes  in  Tboman 
Mag.  et  J.  A.  Emesti  Acroasis  inedita  ex  autograpbis  edidit 
J.  A.  H.  Tittmann.  Lipsia^  181 2,  i  vol.  in-8,br.,  cart. 


M 


i685  ScHQEPFLiNi  (Jo.  Dan.).  Gommentatioues  historias  et  criticae. 

Basileœ,  H.  Decken'y  1741»  bi-4,  v.  j.  d.,  figures.     i5 —  » 

Ëlenchus  dissertation um  quœ  io  hoc  volumiue  continentur.  — 
Commentatio  historica  de  apôtheosi  seu  consecratione  imperato- 
rum  romanorum.  —  Diatriba  historica  de  extincto  et  restaurât» 
occidental!  ioiperio.  —  Disserta tio  historica  de  auspiciis  Ilomano- 
rum.  Ûissertatio  historica,  qua  alemannic»  antiq.  traduntur.  — 
Dissertatio  historica  de  Burgundia  Cis  et  Transjurana.  —Diatriba 
de  origine,  fatis,  etsuccessione  regniNavarrae. — Commentatio  his- 
torica de  sacris  Galliaî  regumin  Orientera  expeditionibus.  —  Illus- 
tres ex  francica  historica  controyersi».  —  Illustres  ex  Clodovei 
magnihistoriacontroversis. —  Illustres  ex  Britannica  historiacon- 
trovcrsiae.  — Illustres  ex  Hispanica  cootroversiae.  —  Dubia  histo- 
rica.—  Excerpta  ex  dissertatîone ,  de  Lapide  Tergestino,  sub  prx- 
sidio,  Iseliano,  Basile»  habita.  — Dissertatio  historica,  qua  sistitur  : 
chronologia  roroanorum  Syriae  praefectorum  ,  pontiGcum  Judxo- 
nae,  atque  Judœae  proconsulum. — Observationes  ad  librum  diur- 
num.  —  Formula  pacis  inter  Fredericum  Barbarossam  et  Aleian- 
drum  III.  —  Innocentii  VIII.  Bulla  dispentionis  inter  Caro- 
lum  VIII,  Regcm  Francise,  et  Annam,  ducissam  Britanniae,  data 
an.  M.GCCCXCI.  —  Recen^io  actorum  cuncilii  Basilecnsis  ,  quae 
inter  codd. Msc.  regii  Nayarr» collegii,  etc.,  extant.  —Programma, 
quo  typographiae  anno  H.CCGCXL  inventx,  festum  sseculare  in- 
dtctura.  Argentorati, an .  M.D.GG.XL. octobris. 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILK.  ^53 

t686  ScBOEPFUNCs  (Joan-Dan.)*  Alsatia illustrata,  celtica,  romana, 
francica.  Colmaria^  1751-61,  2  vol.  in-fol.>  brochés.— Alsa- 
tia aevi  Merovingiciy  Carolingici,  Saxonici ,  Salici  et  Suevici 
diplomatica.  Mctnhemiij  1772,  i  vol.  in-fol. ,  relié.  Les  3  Tol. 

4 


1687  ScHooNHOVii  (Flob.).  Embleoiata ,  partim  moralia,  partim 

etiam  civilia.  cum  latiori  eorum  ejusdem  auctoris  interpre- 
tatione.  accédant  et  alia  qusdam  poematia  in  aliis  poema- 
tum  suorum  libris  non  contenta.  Goudœ^  A.  Buriery  161 8, 
pet.  in-4,  véL,  fig.  à  mi-page.  (Incomplet.).     .       .       — » 

1688  ScuDEBT  (oe).  Alaric ,  ou  Rome  vaincue  ,  poëme  héroïque. 

A  la  Haye ,  J,  Van  Ellinckhujrsen  ^  i685  ,  in-12,  fig.  de 
Schoonbeck,  v.   br.  {Bien  conjen'é.)     ....     10 —  » 

1689  SwAXVE  (B.).  Querelae  ventriculi  renovatae.  Amstelodami , 

J.  JanssoniuSy  1675,  pet.  in-i 2,  broché.       '  8 —  » 

1690  Tavrelli  (Jacobi)  fanestris ,  exquisitior  patronymia.  Vene^ 

tiis ,  Aldus ,  i565  ,  pet.  in-4  >  d.-rel.  {Très^bien  conservé  y 
rare.) 12 —  » 

i6gi  TélAmaque  (le)  moderne  ,  ou  les  Intrigues  d'un  grand  sei- 
gneur pendant  son  exil.  Cologney  A,  d*Egmondy  1701,  pet. 
in- 12,  br.,  non  rogné 10 — *• 

1692  TnEOCRiTi  aliorymqve  poetarvm  Idyllia.  Ejusdem  epigram- 

mata.  Simmiae,  Rhodii  ouum ,  alae  ,  securis,  fistula.  Dosia- 
dis  ara.  Omnia  cum  interpretatione  latina.  In  Yirgilianas  et 
Nas.  imitationes  Theocriti,  obseruationes.  H.  Stephani. 
Excud.  H.  SlephofuiSy  1679,  très-pet.  in-8,  v.,  f.  f.    6—  » 

1 693  Thésaurus  monumentorum  ecdesiasticonim  et  historicorumy 

siye  Henrici  Canisii  lectiones  antique  y  etc An^ 

tuerp, ,  apud  Rodolphum  et  Gerhardum  ïVetstenios^  '73^  > 

7  toni.  en  4  vol.  in-fol.  {Très'bel  exempL),     .  90—  » 

Cette  collection,  moins  connue,  mais  non  moins  précieuse,  pour 
riiistoire  ciyilc ,  ecclésiastique  et  littéraire  du  moyen  âge ,  que  le 


^54  '•    TECHBMERi    PLACE   DU   LOUTftE  ,    12. 

Spicil^ge  de  d^Aeherjr  et  le  Thesailriis  Adecdoioriim  de  li<rleime , 
renferme  un  trés-j^rand  nombre  de  raonumeiis  historiques  d^une 
haute  importance,  dont  quelques-uns  ne  se  trouTent  point  ailleurs. 
Ifoiis  citerons ,  entre  autres,  plusieurs  chroniques  de  monastères 
du  !▼•  au  xi'T»  siècle ,  des  opuscules  précîeur  de  eaiot  Colomban, 
de  saint  Gall,  de  Walafrid  Strabon ,  de  Raban  Maur  ;  Thistoire  de 
Texp^dition  de  Teropereur  Frëde'ric  Barberousse  dans  la  Terre 
Sainte,  par  un  écriTain  contemporain  ;  Thistoire  de  Gonstanti- 
nople  sous  le  règne  de  Baudouin ,  par  le  moine  Gunther ,  etc.,  etc. 
Chaque  Toluroe  est  prêche  d'un  index  chronologique  des  docu- 
mens  qui  y  sont  contenns.  Le  quatrième  est  terminé  par  une  ex- 
cellente table  des  matières  et  des  noms  propres. 

1694  Teaité  db  mignatueb  pour  apprendre  aisément  k  peindre 
sans  maître.  BrusselU,  F,  Foppens,  1692,  pet.  in-i2|  y.  hr. 

3—  . 

t6g5  TmioKPHB  (lb)  des  nndiBs,  tiré  de  plusieurs  aatenrs.  Châlon^ 
Ant,  Delespinasscy  s,  d.y  pet.  in-12,  cart.  2— 5o 

i6()6  Voyagea  historiques  de  l'Europe  «  contenant  tout  ce  qu'il  y 
a  de  plus  curieux  en  France,  Espagne  et  Portugal^  augmentés 
du  Guide  des  voyageurs,  ou  Description  des  routes  les 
plus  fréquentées  pour  voyager  dans  ces  pays,  par  M.  deB.  F. 
Amsterdam  f  P,  De  Coup  y  17 18,  2  tom.  en  1  pet.  vol.  in-12, 
vélin.  4 —  ** 


PUBLICATIONS  NOUVELLES. 


1697  BiBUOGBAPBiE  dcs  jouinaux  pubUés  à  Avignon  et  dans  le  dé- 

partement de  Yauduse  (par  M.  E.  Requiem).  ^^i^/M>it^  1B37, 
in-8y  br 3  —  » 

1698  BooRQDBLOT  (Féux)  ,  avocat.  Histoire  de  Provins ,  1889  » 

10».  i*',  1  vol.  in-8,  avec  7  planches 7 — Sq 

Les  2  vol i5 —  » 

«  L^istoire  locale  est  destinée  à  deyexiir  d^une  immense  impor- 
tance pour|l*Mstoire  générale»,  dit  Tauteur  de  foilTrage  que  nous 
citons:  cela  est  yrai;  mais  à  ces  publications,  si  nombreuses  aujour- 
d'hui,  crëona  donc  des  déboachëi  !  Peut-on  imprimer  des  liyres 


BULLETIN   DU    BIBUOVRlLl.  7 55 

pour  n'en  placer  qu  une  cinquaBtaine  d't&cmplMrtfi.  Dan§  ma  No- 
tice sur  les  bibliothèques  de  province,  je  demand^ois  qoe  le  gou- 
Ternement  vînt  au  secours  de  la  librairie  en  souffrance ,  en  lui 
donnant  Timpulbion  dont  elle  a  besoin  ;  je  le  demande  de  nouTcau, 
car  la  situation  de  ce  commerce,  le  plus  noble  et  le  plus  utile , 
s^aggrave  tous  les  jours,  et  sera  bientôt  sans  remède. 

i6g9  Dblbpiebre  (Octave).  Chronique  des  faits  et  gestes  admr- 
rables  de  Maximilien  I'',  durant  son  mariage  avec  Marie  de 
Bourgogne,  translatée  du  flamand  en  françois  pour  la  pre- 
mière fois,  et  augmentée  d'éclaircissemens  et  documens  iné- 
dits. Bruxelles,  iSSpi  i  vol.  in-8,  fig.,  br.     .     .       8 —  » 

1700 Vision  de  Tondalus  ;  récit  mystique  du  xii*  siè- 
cle, mis  enfmnçoispour  la  première  fois.  MonSy  1837  '  î^~^9 
publié  en  caractères  ronges,  noirs  et  bleus,  tiré  à  1 00  exem- 
plaires par  la  Société  des  Bibliophiles  de  Mons.  5—  1» 

1701  De  l'Honneur  national^  à  propos  des  vingt-quati^e  articles, 

par  un  Luxembourgeois  de  la  partie  cé^ée  (M.  le  baron  de 
ReiiTenberg).  Bruxelles,  1839,  'hof^jj^,     ...      i-.-  » 

1702  Desroches  (l'abré).  Histoire  du  mont  Saint-Michel  et  de 

l'ancien  diocèse  d'Avranches,  depuis  les  temps  les  plus  re- 
culés jusqu^à  nos  jours,  publiée  d'après  les  chartes,  cartu- 
laires  et  manuscrits  trouvés  au  mont  Saint-Michel ,  à  la 
Tour  de  Londres  et  dans  les  bibKothèques  de  la  France  et 
de  l'étranger.  Caen,  1839,  2  Tol.  in-8,  fig.  et  atlas  in-4. 

Brochés 18^» 

Cartonnés 20 — » 

Les  de'lails  que  présente  FouTrage  que  nous  annonçons,  sur  tous 
ces  sujets  et  sur  la  succession  des  fiefs  normands  de  PAyrancbin, 
•n  font ,  sans  contredit,  nn  des  livres  les  plus  curieux  et  l'es  plus 
instructifs  qui  aient  paru  depuis  longtemps  sur  Tbistoire  locale  de 
la  province. 

Depuis  Texpulsîon  des  Angloîs ,  les  troubles  religieux  avcnent 
seuls  interrompu  quelque  temps  la  paix  de  TAvrancbin,  lorsque  la 
révolution  de  1789  arriva.  «Alors,  dit  Fauteur,  les  rentea,  les 
«  fiefs,  les  églises,  le  comté  de Mor tain,  l'ëTéché  d^Avrancbes,  les 
«  vieux  castels  ,  les  abbayes  ,  les  monastères,  tout  ce  qui  a  fait  le 
(c  sujet  de  cette  bistoire,  la  révolution  ai  totit  dévoré...  iMrcbange 
«  abandonna  son  temple  aux  puissances  da  mal ,  et  ce  Ue»,  ton- 
,  <c  sacré  autrefois  par  tant  de  saints  et  glorieux  souvenirs ,  n^est 
«  plus,  aujourd'hui,  qu'vme  pcÎMii!  v 


^56  J.    TBCHENER,    PLACE   HU    LOUVRE,    12. 

1703  iMScmipnoNS  en  vebs  du  musée  d'Aix  ,  suivies  d*un  appen-> 

dice  sur  une  statue  antique  récemment  découverte  aux  en- 
virons de  cette  ville  (par  M.  Rouard  ,  bibliothécaire).  j4ix, 
1839,  I  vol.  grand  in-8,  pap.  vél.,  br. 

Tiré  à  100  exempl.  non  destinés  au  commerce. 

1704  La  CHAN80?!  DES  Saxons  par  Jean  Bodel,  publiée  pour  la  pre- 

mière fois  par  M.  Francisque  Michel,  tome  i'^,  1839,  i  vol. 
pet.  in-8,br.  8-~  » 

Tome  V  de  la  collection  des  Douze  Pairs. 

1705  Notice  biographique  et  bibUographique  sur  Louis  de  Pe- 

russis.  Ai^ignon,  1839,  in- 12,  br 1 — 5o 

1706 extraites  du  Catalogue  manuscrit  de  la  bibUothèque 

de  M.  D******. /îott4P/i,  1839,  in-8,  br.     •     •     •        4-5o 

1707 sur  le  mont  Saint-Michel ,  à  l'occasion  de  l'ouvrage 

de  M.  l'abbé  Desroches,  par  M.  F.  V.  Caen,  1839,  br.  in-8. 

I — 5o 

«708  Rappobt  adrij^àM.  le  ministre  de  l'intérieur,  par  M.  Dou- 
blet de  Boistl&ault ,  sur  Nicolas  Malebranche.  Chartres , 
1839,  ^***  ^"^"^2 ï — a5 

1709  Reiffenberg  (le  babon  de).  Observations  sur  la  langue  et  la 
littérature  romanes,  à  l'occasion  d'un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque royale  de  Belgique ,  et  notice  d  un  recueil  de  pro- 
verbes flamands.  Bruxelles j  1839,  in-8,  br.  2 —  w 

Notices  contenues  dans  le  quinzième  Numéro  du  Bulletin  du 

Bibliophile ,  3*  série. 

Essai  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particulièrement  chez  les 
Romains.  {Suite,)  69$ 

La  Litho-Typographie.  Lettre  du  docteur  Néophobusau  docteur 
Old-Book,  à  Buckingham,  en  Bucking-Street.  700 

Maurice  Sève.  718 

Correspondance.  720 

Sur  un  passage  de  la  vie  de  Pétrarque,  relatif  au  pape  BenoîtXiL 

Nouvelles  bibliographiques.  730 

Mélanges  bibUographiques.  737 


IMPRIMERIE   DE   L.    BOUCHARD-HDZARD , 


ruederÉperon,  7. 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 


PETITE  REVUE  D'ANCIENS  LIVRES 

'  CONTENANT 

1°  DEi  NOTICXS  BnLIOGBÂPHIQUES,  PHILOLOGIQUES  ET  LlTT^AAlAkS 
DE  DIVERS  AUTEURS  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  Mk  Cn.  NODIER; 

2*  UN  CATALOGUE  DES  LIVRES  DE  MA  UBRAIRIE. 


K*  16.  —  3«fiiRiE» 


PARIS, 

TEGHENER ,  PLACE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVIIE, 

K<»  12. 

Août  bi  sbptembee. 


SULLETk]>f   DU   UBUOPHILC.  ^59 

DES  UVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

(Suite.) 

liais  ces  manières  d'écrire  sont  bien  peu  commodes ,  et  Ton  p^ut 
présumer,  sans  invraisemblance,  que  les  anciens  ne  s'y  astreignoient 
pas  bien  rigoùi*eusement ,  surtout  pour  les  ouvrages  un  peu 
h>ngs.  On  pourroit  même  voir  une  espèce  de  preuve  de  l'usage  du 
pupitre  pour  écrire ,  dans  un  passage  où  Perse  (i)  s'indigne  contro 
la  littérature  facile  de  son  époque.  Ces  ouvrages ,  dit-il ,  ne  font 
aucun  mal  au  pupitre  et  ne  sentent  pas  les  ongles  rongés  ;  c'est-à- 
dire  que  leurs  auteurs  ne  ressemblent  pas  aux  bons  écrivains ,  qui , 
dans  le  pénible  enfantement  de  leurs  idées ,  trahissent  les  efforts  de 
leur  esprit  en  frappant  sur  leur  pupitre  ou  en  se  rongeant  les  ongles. 

Pour  des  temps  moins  anciens ,  pour  les  viii*  et  ix*  siècles ,  par 
exemple ,  on  a  mieux  que  des  conjectures  ;  ce  sont  des  portraits 
d'évangélistes  ou  d'anciens  auteurs  écrivant,  reproduits  d'après 
les  manuscrits  de  l'époque.  Lambécius  en  a  publié  plusieurs  dans 
ses  Commentaires  sur  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  A  la 
page  219  du  deuxième  volume ,  on  voit  saint  Luc  écrivant  sur  ses 
genoux  :  une  armoire  est  devant  lui ,  renfermant  un  livre  carré , 
deux  rouleaux  et  une  fiole.  Cette  armoire  étoit  peut-être  lepluteui 
indiqué  par  Perse ,  car  d'anciens  commentateurs  traduisent  plu" 
ttus  par  armarium  (2);  mais  elle  est  trop  basse  pour  servir  de 
pupitre  à  écrire.  Une  armoire  semblable  est  représentée  devant 
saint  Marc  et  devant  saint  Mattliieu ,  à  la  page  m  du  tome 
troisième  ;  seulement ,  un  pupitre  véritable ,  porté  sur  un  pied , 
s'élève  à  côte  de  l'armoire  et  semble  en  faire  partie.  Sur  le  pupitre, 
sont  les  originaux  que  copient  les  évangélistes.  Dans  la  même 
planche ,  saint  Jean  est  représenté  devant  une  armoire  qui  porte 
le  pupitre  à  l'un  de  ses  angles;  il  écrit  sur  le  pupitre.  Saint  Mare 
et  saint  Matthieu  se  voient  encore  à  la  page  1 23  du  même  volume, 
écrivant  sur  un  pupitre  dont  le  pied ,  contourné ,  est  planté  cette 
fois  dans  le  milieu  de  l'armoire.  Qn  trouvera  des  portraits  d'évan- 

(i)  Satire,  1,  Tcrs  loC. 

Nec  plutcum  cxdit,  nec  demorsos  saptt  ungues. 

(i)  Schaol.  de  Juvenal,  sat.  Il,  7,  et  Glois.  d'Isidore  dans  Scliwarz,  VI,  u» 

48 


^6o  i*  TECBENER  ,  PLACE  DU  LOUVRE  ,12. 

gclistes  écrivant  sur  des  pupitres  à  pied ,  dans  la  première  et  qua- 
trième livraison  des  manuscrits  françois,  publiés  par  M.  le  comte 
de  Bastard  ;  l'un  d'eux  est  tiré  de  la  Bible  de  Gbarlemagne.  Dans 
toutes  les  peintures  que  nous  venons  de  citer,  les  évaiigélistes  se 
servent  du  roseau.  Le  compas,  le  poinçon  ,  le  canif,  les  ciseaux 
sont  sur  l'armoire ,  à  leur  portée. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  parler  de  l'éponge  et  de  son  usage. 
Elle  servoit  d'abord  à  essuyer  le  roseau.  Elle  est  nommée ,  dans 
une  épigramme  de  l'anthologie  giecque ,  xatAet^wF  '^.affrop  utto 
KviSieùP  (i)fqui  sertà  essuyer  les  roseaux  de  Gnide.  Paul  Silentiaire  (2) 
la  désigne  ainsi  :  ffTkyyov^  àKearoçinv  TrKetXofxévn^  ypa<piS'oÇf  c'est- 
à-dire  ,  le  remède  des  erreurs  du  roseau  ou  de  l'écriture ,  ce  qui 
indique  qu'on  effaçoit  avec  une  éponge  les  mots  mal  écrits  pour 
les  corriger. 

On  avoit  cette  ressource  non-seulement  lorsque  l'écriture  ctoit 
fraîche,  mais  encore  lorsqu'elle  étoit  ancienne;  non-seulement  sur 
le  parchemin ,  mais  encore  sur  le  papyrus.  Galigula ,  ayant  ouvert , 
à  Lyon ,  un  concours  d'éloquence  grecque  et  latine ,  ibrçoit  ceux 
des  concurrens  dont  les  ouvrages  lui  avoient  trop  déplu  à  les  effa- 
cer avec  leur  langue  ou  avec  une  éponge ,  s'ils  ne  préféroient  rece- 
voir la  férule  ou  être  plongés  dans  la  rivière  (3).  Martial  adressant 
son  quatrième  livre  à  Faustinus ,  qu'il  prie  de  le  con-iger,  dit  qu'il 
devi'oit  joindre  à  sou  livre  une  éponge ,  car  il  n'y  a  d'autre  moyen 
'de  le  corriger  que  de  l'effacer  d'un  bout  à  l'autre. 

....  comitetur  punica  librum 
Spongin  ;  muncrihus  convenit  illj  meis. 
Non  i>ossunt  nustros  multœ,  Faustine ,  litum 
'Bmeiidare  jocos  :  una  litura  potcst  (4). 

Ces  papyrus ,  dont  on  avoit  effacé  la  première  écriture ,  et  sur 
lesquels  on  pouvoit  écrire  de  nouveau ,  étoient  ce  que  les  anciens 
appeloient  palimpsestes,  u  Vous  m'écrivez  sur  un  palimpseste ,  dit 
«  Cicéron  à  Trébatius  j  et  je  loue  votre  économie.  Mais  je  ne  puis 
m  deviner  ce  que  contenoit  ce  morceau  de  papyrus ,  que  vous  ayez 
«  mieux  aimé  l'effacer  que  de  recopier  votre  lettre.  A  moins  qu'il 

(1)  Pour  ctTO'vj.fltiVTOpct.  j4nnal,  Brunr/rii, c<l.  Jacobs,  tom.  II,  p.  53. 

(9}  jinih,  gr.  palat,,  iom.  I,  p.  ao€. 

(3)  Sudlon.,  Caligul,,  c.  30. 

(4}  Epigram.  iv,  10.  Voy.  aussi  III,  100^  VI,  1. 


BULLETIN   DO   BIBLIOPHILE.  76 1 

<i  ne  renfermât  vos  formules  de  droit ,  car  je  ne  pense  pas  que 
«  vous  effaciez  mes  lettres  afin  de  les  remplacer  par  les  vôtres  (i).  » 
Nam  quod  in  polimpsesto ,  laudo  equidem  parsimoniain.  Notez 
que  Gicéron  étoit  en  Italie  et  Trébatius  en  Gaule.  Par  con- 
séquent ,  la  lettre  de  Gicéron ,  que  Trébatius  auroit  pu  effacer , 
n'auroit  pas  été  fraîchement  écrite.  G'étoit  sur  du  papyrus  palimp- 
seste que  les  auteurs  écri voient  leurs  brouillons  :  Ga tulle ,  se  mo- 
quant d'un  mauvais  poëte  plein  d'orgueil  et  d'ostentation  ,  lui 
reproche  d'écrire  ses  milliers  de  vers  sur  du  papyrus  royal ,  et  non 
sur  du  palimpseste  suivant  C usage, 

Idemqae  longe  plarimus  facît  versus. 
Puto  esse  ego  illi  millia  aiit  decem  aut  pliira, 
Perscripfa  \XïtG  sic  ut  fit^  in  pqlimpsesiç 
Relata.  Chartœ  regix,  etc.  (a).  • 

La  charta  delelitia  (3),  sur  laquelle  on  pouvoit  écrire  un  testament 
valide ,  n'étoit  autre  chose  qu'un  papyrus  palimpseste.  Le  mot  dele* 
iitia  a  évidemment  la  même  racine  que  Tépithète  deletilis ,  ap- 
pliquée par  Varron  (4)  k  l'éponge.  Un  passage  de  Plutarque  (5) 
nous  apprend  qu'on  ne  pouvoit  jamais  en  effacer  complètement 
l'ancienne  écriture  ;  il  compare  à  un  livre  palimpseste  Denys  le 
tyran ,  qui  laissoit  encore  paroître  ses  vices ,  quoique  Platon  y  son 
précepteur ,  eût  fait  tous  ses  effoils  pour  les  déraciner  entièrement. 

La  facilité  de  faire  des  palimpsestes  sur  papier  et  sur  parche- 
min provenoit  surtout  de  la  nature  de  l'encre  dont  se  servoient 
les  anciens.  L'encre  noire ,  commune,  se  nommoit ,  chez  les  Grecs, 
[/.iKetVy  fjLBhAvUv ^  fiihctv  y^ei^iY^iv \  chcz  Içs  latins,  atramentumy 
atramentum  librariuniy  ou  scriptorium  ;  quelquefois  encaustum  y  du 
grec  eyKûiVffTovyà^oxx  l'italien  inçhiostro,  G'étoit  un  simple  com* 
pose  de  noir  de  fumée,  de  gomme  et  d'eau.  On  obtenoit  le  noir  de 
fumée  de  plusieurs  manières.  Voici  celle  qui  est  décrite  par  Yi- 
truve.  On  bàtissoit  une  chambre  voûtée  comme  une  étuve;  les 
murs  et  la  voûte  étoient  revêtus  de  marbre  poli.  Au  devant  de  la 

(0  Scd  niiror  quid  in  illa  chartnla  fuerit  quod  dclere  nialiicris  quam  bsec 
scriberc,  nisi  forte  tuas  formulas.  Non  enim  puto  te  mcas  epistola  delcre  ut 
reponas  tuas.  Adjamil.  Vil,  1 8 . 

(a)  Page  5o,  cd.  Vossius. 

(3)  Digeste,  xxwii,  xi,4. 

(4)  Apud  Noniiim,  II,  ai  a. 

(6)  Dans  Toufragc  qui  a  pour  tilrc  Wl  iiàhiCTA  7o7ç  tiVSfJLoa-i  XpA  >  etc. 


«j6a  !•    TECHENEA,    PLACX  DU   LOUTRB  ^    12. 

chambre ,  on  construisoit  un  four  qui  communiquoit  ayec  elle 
par  un  double  conduit.  On  brûloic  dans  ce  four  de  la  résine  ou 
de  la  poix ,  en  ayant  soin  de  bien  fermer  la  bouche  du  four,  afin 
que  la  flamme  ne  ^ût  l'échapper  au  dehors,  et  se  répandit 
ainsi,  par  le  double  conduit,  dans  la  chambre  voûtée  ;  elle 
8*attachoit  aux  parois  et  y  formoit  une  suie  tiè^fine ,  qu'on  rama»* 
soit  ensuite  (i).  La  résine  pouvoit  se  remplacer  par  de  la  poix ,  de 
la  he  de  yin  desséchée  et  cuite ,  du  marc  de  raisins  ou  de  l'ivoire 
brûlé  (2).  Quelquefois  on  fedsoit  brûler  dea  sarmens  et  des  mor-r 
ceaux  de  bois  résineux ,  qu'on  piloit  ensuite  dans  un  mortier*  La 
poudre  obtenue  par  ce  procédé  reniplaçoit  le  noir  de  fumée  (3). 
L*encre  se  faisoit ,  à  ce  qu'il  paroit ,  sans  feu  et  à  la  seule  chaleur 
du  soleil.  Celle  à  laquelle  on  mêloit  un  peu  de  vinaigre  s'effaçoit , 
dit  Pline,  très-difficileifient.  Ailleurs  il  assure  que,  pour  préser-? 
yer  les  livres  des  souriç.  >  il  suffisoit  de  faire  infuser  de  l'absinthe 
dans  Tençre  (4)* 

L'encre  des  anciens  a  été  en  usage  jusqu'au  xti*  siècle ,  époque 
où  a  été  inventée  celle  dont  on  se  sert  aujourd'hui ,  qui  est  un 
composé  de  sulfate  de  fer,  de  noix  de  galle,  de  gomme  et  d'eau. 
L'ancienne  encre  étoit  noire  lorsqu'on  Feniployoit ,  mais  elle  jau- 
tiissoit  avec  le  temps ,  et ,  si  elle  étoit  exposée  à  l'humidité ,  elle 
fiuissoit  par  s'etfacer  entièrement.  La  chimie  fournit  plusieurs 
moyens  de  faire  revivre  Içs  anciennes  écritures  que  le  temps  a  ren- 
dues illisibles^  ;  mais  quelques-uns  ont  le  grave  inconvénient  de  faire, 
sur  le  parchemin,  des  taches  indélébiles.  Nous  indiquerons,  comme 
un  procédé  infaillible  et  dont  les  résultats  se  manifestent  instan- 
tanément ,  celui  qu'emploie  le  saVant  abbé  Peyron ,  de  l'Académie 
de  Turin,  et  auquel  on  doit  déjà  de  précieuses  découvertes. 
M.  Peyron  se  sert  de  deux  liqueurs ,  le  prussiate  de  potasse  et 
l'acide  muriatique  étendu  d'eau.  H  trempe  un  premier  pinceau 
dans  le  prussiate  de  potasse ,  et  le  passe  légèrement  sur  l'écriture 
e£facée  ;  avant  que  cette  première  couche  soit  sèche ,  il  promène 
sur  l'écriture  un  second  pinceau  imbibé  d'acide  muriatique  ;  le$ 
lettres  pâlies  ou  effacées  reparoissent  à  l'instant. 


(i)  Vilruve,  vu,  lo. 
(9)  Pline,  xxxv,  a5. 

(3)  Vitruvc,  loc.  cil. 

(4)  Pline,  XXVII,  28. 


BULLfttlIf   DD   UBUOPHILC.  ^63 

Les  anciens  connoissoient  aussi  Tencre  de  sèche  ou  la  sépia , 
dont  nos  dessinateurs  font  usage ,  et  qui  ^  dans  l*Orient  y  sert  en* 
core  à  récriture.  Perse  (i),  gourmandant  la  paresse  des  jeunes 
Romains  de  son  époque  ^  dit  qu'ik  ne  se  mettent  à  Tétude  que 
tard  dans  la  journée,  encore  trouvent*ils  mille  prétextes  pour  re» 
tarder  l'instant  du  travaiL  L*encre  est  trop  épaisse  9  la  iépin  s'éra^ 
pore  dans  Teau, 

Tuûc  qucritur  crassus  calamo  qtiod  pendf ai  humor , 
fffgni  quod  infusa  iranescat  êepia  lympha. 

JSur  ce  passage ,  un  vieux  commentateur  de  Perse  iait  observer  que 
Tencre  de  sèche  étoit  celle  dont  on  se  servoit  en  Afrique  (2).  Elle 
est  encore  mentionnée ,  par  Ausone ,  dans  une  lettre  à  Théon  (3). 

PUne  l'ancien  nous  apprend  que  de  son  temps  onapportoit, 
à  Rome ,  une  encre  indienne ,  dont  l'invention  lui  étoit  encore 
inconnue  (4).  Cette  encre  de  l'Inde ,  qui  est  aussi  mentionnée  par 
Yitruve ,  pourroit  bien  avoir  donne  naissance  à  l'encre  de  Chine* 
Du  Halde  (5)  raconte,  d'après  un  ancien  auteur  chinois,  que, 
l'an  620  de  notre  ère,  un  prince  iWie/i,  en  envoyant  à  l'em- 
pereur de  la  Chine  soh  tribut  annuel ,  lui  avoit  offert  des  tablettes 
d'encre ,  faites  avec  du  noir  de  fumée  et  de  la  colle  de  corne  dt 
cerf,  et  si  brillantes ,  qu'elles  paroissoient  enduites  d'un  vernis. 
Cette  encre  piqua  l'émulation  des  Chinois  9  qui  se  mirent  à  en  étu« 
dier  la  composition ,  parvinrent  à  l'imiter,  à  l'améliorer  progrès* 
sjvemeut,  et  l'amenèrent  enfin  au  degré  de  perfection,  qu'on 
lui  connoit.  Du  Halde  dit  encore  que  l'encre  de  Chine  actuelle  est 
faite  avec  du  noir  de  fumée  ;  mais  il  avoue  aussi  que  les  bons  ou* 
vriers ,  loin  de  divulguer  leur  secret ,  en  font  même  un  mystèiY  i 
ceux  de  lem*  nation.  M.  Chevreul  (6)  conjecture  que  le  principal 
élément  de  cette  encre  piécieuse  est  la  Uqueur  noire  de  la  sèche. 

Outre  l'encre  noire ,  les  anciens  se  sont  encore  servis  d'encre  de 
couleur  et  de  Uqueurs  d'or  et  d'argent.  On  trouve ,  dans  les  manus* 

(i)  Satire  IH,  v.  19,  i3. 

(9}  Yoy.  le  Comment.  deCasauboo,  p.  aSS. 

(0  Kpist.  i^,  vers  iS,  ^ouuquefuruœ  sepiœ, 

(4)  Âpportatur  et  indicum  ex  India,  inezploratae  adhiic  invenUonis  mibi . 
Hut,  fiat.,  xixv,  26. 

(5)  Descripi.  de  la  Chine ^  tom.  11,  p.  a4(). 

(6)  Dictionn.  des  sciences  nalur.j  au  mot  Encre. 


^64  '•    TBCHENBBy   PLACE  DO   LOUTHE,    12. 

critSy  des  encres  rouge,  bleue,  verte  et  jaune;  les. deux  der-^ 
nières  sont  les  plus  rares.  Les  encres  de  couleur  n'étoient  guère 
epnployées  que  pour  les  initiales  et  pour  les  titres ,  et,  comme  la 
rpuge  étoit  celle  dont  on  se  servoit  le  plus  fréquemment,  on  donna 
ajAx  titres  le  nom  de  rubriques.  Il  y  avoit  plusieurs  espèces  d'en- 
cres rouges.  La  plus  estimée  ckez  les  Latins  étoit  le  minium ,  qui , 
longtemps ,  avoit  été  regardé  comme  une  couleur  sacrée.  On  en 
peignoit  le  corps  des  triomphateurs,  et  la  figure  de  Jupiter  aux 
jours  de  fêtes  (i).  Aujourd'hui  le  nom  de  minium  s'applique  à 
Toxyde  rouge  de  plomb.  Mais  M.  Brongniart  (2)  pense  que  celui 
des  anciens  n'étoit  pas  différent  du  sulfure  de  mercure ,  qu'on  ap- 
pelle encore  cinabre ,  et  vermillon  quand  il  est  en  poudre.  On  le 
nommoit  aussi  cocoum  (3). 

La  rubrique ,  rubrica,  espèce  de  sanguine  ou  d'ocre  brûlée,  étoit 
d'un  rouge  moins  éclatant  et  plus  sévère  que  le  minium.  On  l'cm- 
ployoit  pour  écrire  les  titres  des  lois  ;  de  là,  chez  les  anciens  eux- 
mêmeSi  une  synonymie  bien  constatée  entre  les  mots  rubrica  et  titw^ 
luSy  lex  on/ormula  (4).  De  là  l'épithète  de  rubrœ^  rouges,  donnée  par 
Juvénal  aux  lois  anciennes  :  perkge  rubras  majorum  leges  (5).  Is. 
Yossius  donne  au  mot  paragraphe  une  origine  à  peu  près  sem- 
blable. Suivant  lui,  TapetypdKfietfj  en  grec,  signi6oit  orner  un  livi*e 
de  vermillon,  de  rubrique  ou  d'écarlate  ;  et  de  là  vient  que  les  ju- 
risconsultes ont  af  pelé  paragraphes  les  divisions  des  lois  indiquées 
par  des  titres  rouges  (6). 

L'encre  sacrée,  sacrum  incaustum,  dont  se  servoient  les  empereurs 
pour  leurs  signatures ,  étoit  aussi  une  encre  rouge.  On  l'obtenoit 
en  faisant  cuire  un  murex  avec  sa  coquille  brisée  (7).  La  confection 
et  l'usage  de  cette  encre  sacrée  étoient  interdits  aux  particuliers  sous 

(1)  Inter  pigmenta  magnse  auctoritalis  et  cjuondam ,  apud  Romanos ,  non 
•olum  roaxiinx  sed  etiam  sacrœ.  Pline,  xzxiu/36. 
(3)  DictLonn.  des  sciences  nat.,  au  niot  Minium. 

(3)  Et  cocco  rubeat  supc^bus index.  Martial,  III,  11,  1  r. 

(4)  Interdicta  recuperandx  possessionis  causa  proponuntur  in  rubrica  : 
Vnde  vL  Digest.  xliii,  i,  a,  §  3. 

Cur  roihi  non  liccat  jussit  quodcunque  voluntas, 
Excepto  si  quid  Masuri  rubrica  vetabit. 

PBRkB, V. 

(6)  JuTe'nal,  xiv,  ig?, 

(6)  Voy.  (Jbsen'at.ad.  C.  f^aler.  CaluUum,  p.  55. 

(7)  Cçd,  Just.f  I,  XXII I,  6. 


BUIXETIN   DU   BIBUOPHILE.  j6S 

peine  de  la  confiscation  de  leui*s  biens  ^  et  du  dernier  siçplice.  Les 
tuteurs  des  empereurs  signoient  avec  une  encre  yerte. 

Cette  encre  et  l'encre  jaune  entroient  aussi  dans  la  composition 
des  titres  des  manuscrits  ,  mais  rarement;  la  seconde  ne  paroit  pas 
avoir  été  employée  après  le  xii«  siècle.  .L'encre  bleue  se  montre 
plus  fréquemment ,  mais  alternant  toujours  avec  la  rouge  ;  on  n'a 
pas  d'exemple  qu'elle  ait  été  employée  seule  (i). 

Lorsqu'on  vouloit  marquer,  dans  un  livre,  un  passage  qui  avoit 
besoin  d'être  médité  ou  consulté  de  nouveau ,  on  y  faisoit  une 
marque  à  l'encre  rouge  (2).  On  se  servoit  aussi ,  pour  le  même 
usage,  de  petits  morceaux  de  cire  qu'on  coUoit  à  l'endroit  du  livre 
qui  devoit  être  relu  (3).  Les  critiques  employoient  le  même  procédé 
pour  marquer  aux  auteurs  les  parties  de  leurs  ouvrages  qui  exi- 
geoient  une  révision.  Cet  usage  est  constaté  par  une  phrase  de  Ci- 
céron ,  qui  prouve  que  ces  notes  en  cire  étoient  aussi  de  couleur 
rouge.  «  Je  me  réjouis ,  dit-il  à  Atticus ,  que  mon  ouvrage  ait  eu 
«  votre  approbation. . .  ;  car  je  redoutois  vos  critiques  :  cerulas  enim 
%,  tuas  mirùatulas  extimescebam  (4)*  » 

Parmi  les  anciens  manuscrits  qui  nous  restent ,  il  en  est  beau- 
coup dont  les  titres  ,  les  initiales ,  les  vignettes  ,  les  encadremens 
sont  ornés  d'argent  et  d'or  ;  quelques-uns  sont  entièrement  écrits  en 
lettres  d'or  ou  en  lettres  d'argent.  L'usage  de  ces  encres  précieuses 
est  fort  ancien  ;  l'exemplaire  des  livres  saints,  envoyé  par  le  gi*and- 
prêtre  Éiëazar  au  roi  Ptolémée,  étoit  écrit  avec  de  l'encre  d'or  sur 
des  peaux  très-minces  (5).  Ce  luxe  ne  fut  pas  inconnu  aux  Latins , 
mais  il  se  répandit  surtout  chez  les  Grecs  pendant  le  moyen  âge.  Les 
écrivains  en  or,  yji\jffoy^A<^ù\ ,  formoient  une  classe  particulière  et 
honorable,  sans  doute,  puisque  l'empereur  Artémius,  avant  de  mon- 
ter sur  le  trône,  avoit  exercé  cette  profession  (6). 

L'encre  d'argent  a  été  moins  employée,  parce  qu'elle  a  l'inconvé- 

(i)  Voy.  MoDtfaucoD,  Paléogr,gr,j  p.  4. 

(s)  Montfaucon,  yintig,  cxpL,  tom.  iii|  p.  348. 

(3)  Ces  morceaux  de  cire  se  nommoicnt  en  grec  TreifetT^ctfflAetTàL»  Voy. 
Hesychius  à  ce  mot  ;  cf.  CasaiiboD,  Comment,  sur  Ptrse,  p.  4i8;Saumaisey 
Plinian,  exercit.,  p.  766,  a  E. 

(4)  Ad  Attic.  XVI,  11. 

(5)  Joseph.,  Antiq.  jud, y. xii,  11, 10. 

(6)  MoDtfaucon,  Antiq.  expliq,,  tom.  III,  p.  349. 


^66  J.    TEGH£ir£K,   PLACE  DU   LO0VRZ|    12. 

làmi  de  se  noircir  avec  le  temps,  et  de  rendre  ainsi  le  manuscrit  aussi 
peu  agréable  à  voir  que  difficile  à  lire.  On  cite  cependant  {dusieurs 
beaux  monumens  de  ce  luxe  calli^aphique  de  nos  pères  ;  par 
exemple,  la  traduction  gothique  des  Evan^^iles,  déposée  à  labiblio* 
thèque  d'Upsal ,  connue  sous  le  nom  d'Éyangiles  d'Ulphilas ,  le 
psautier  de  saint  Germain^  évéque  de  Paris ,  conserré  à  la  Biblio*^ 
thèque  royale.  Quant  aux  manuscrits  en  lettres  d'or,  ils  sont  moins 
rares  ;  Montfaucon  a  indiqué,  dans  sa  Paléographie,  quelques  évan» 
géliaires  grecs ,  entièrement  écrits  en  nr,  qui  sont  déposés  à  la  Bî* 
bliothèque  du  Roi  ;  et  les  curieux  peuvent ,  d'ailleurs ,  y  voir  plu* 
sieurs  manuscrits  de  ce  genre  exposés  dans  les  montres  de  la  galerie 
Maaarine. 

L'expérience  avoit  appris  aux  chrysogiaphes  que  Tencre  d'or, 
pour  être  durable ,  ne  devoit  pas  être  appliquée  immédiatement  sur 
le  parchemin  ;  en  conséquence ,  tantôt  ils  dovnoîent  à  tonte  la 
feuille  sur  laquelle  ils  écrivoient  une  teinte  rougeâtre  ,  tantôt  ils 
traçoîent ,  sur  le  parchemin  blanc ,  leurs  lettres  en  rouge ,  et  les 
repassoient  ensuite  à  l'encre  d'or.  Ce  procédé  étoit  coimu  dès  le 
IV*  siècle.  M  Se  donne  qui  youdra,  s'écrie  saint  Jérôme  (  i) ,  d'anciens 
«  litres  tracés  sur  des  parchemins  pourpres  en  or ,  en  argent,  ou 
«  composés  de  lettres  qu'on  appelle  onciales,  énormes  volumes 
«  qu'on  pourroit  nommer  avec  plus  de  raison  des  fiairdeaux  écrits. 
«  Mais  qu'on  noui^  permette,  aux  miens  et  à  moi,  de  nous  oonteU'* 
«  ter  de  feuilles  modestes,  et  de  rechercher,  dans  les  livi^,  la  cor- 
«  recdon  plutôt  que  la  magnificence.  »  Un  passage  d'Isidore  de  Sé^ 
riUe  est  enooie  plus  formel  t  «  Les  parchemins  pourpres,  dit-il,  sont 
«  ainsi  teints  pour  recevoir  des  lettres  d'or  et  d'argent  (2).  » 

Saint  Jérôme  n'approuvoit  pas,  comme  on  l'a  pu  voir,  l'emjM 
des  omemens  de  luxe  dans  la  copie  des  livres  saints.  Son  sentiment 
trouva  des  prosélytes.  Un  des  statuts  de  la  règle  de  Gteaux  défen- 
doit  aux  reUgieux  d'employer ,  dans  la  confection  des  manuscrits , 
l'or,  l'argent  et  même  les  vignettes.  Nous  lisons,  au  contraire,  dans 
la  vie  de  saint  Boniface,  apôtre  de  l'Allemagne,  que,  parmi  les  livres 
qu*il  fit  venir  d'Angleterre ,  se  trouvoient  les  Épîtres  de  saint  Paul 

(1)  Dans  la  préface  des  livres  de  Job.  Habeant  qui  volunt  veteres  libros, 
▼cl  in  roembranis  purpureis  auro  argentove  descriptos,  vel  uncialibus,  etc. 

(3)  Purpiirea  (mernbrana)  iniiciuntur  colore  purpureo  in  qutbus  aurum  et 
yrgentum  Hquesccns  patescat  in  liltcris.  Orig.  ti,  11. 


BULLETIN   DU   BIBUOPUILE.  76^ 

ites  en  lettres  d*or.  Le  même  saint  prioit  une  abbesse  copiste 
de  transcrire  pour  lui  les  Épitres  de  saint  Pierre  avec  de  Tencre 
d*or ,  et  cela  par  respect  pour  Us  saintes  Écritures  (i).  Il  faut  croire 
que  la  simplicité  des  écrivains  de  Citeaux  ,  dans  la.  confection  des 
livres  saints ,  n'eut  pas  beaucoup  d'imitateurs ,  car  nos  plus  beaux 
manuscrits  sont  des  bibles ,  des  évangéliaires  j  des  psautiers ,  des 
livres  d'heures. 

Bu  Gange ,  dans  son  Glossaire  (2) ,  a  donné  les  procédés  employés  au 
moyen  ^ge,  pour  faire  les  encres  d'or  et  d'argent.  Il  existe  aussi,  à 
1à  Bibliothècpie  royale  ,  un  petit  traité  en  grec  vulgaire  assez  mo- 
derne sur  Fart  d'écrire  en  or,  'jrifà  Xf ^^^7P^/^f^'^^  »  ^^  aujour- 
d'hui qu'on  a  retrouvé  le  secret  de  ces  encres  précieuses ,  il  seroit 
inutile  d'indiquer  d'anciens  procédés  j  moins  parfaits  j  peut-être  j 
que  ceux  qu'on  emploie  de  nos  jours. 

On  trouve  dans  toutes  les  langues  certaines  phrases  proverbiales 
qui  survivent,  comme  pour  en  perpétuer  le  souvenir,  à  d'anciens 
usages  d'où  elles  tirent  leur  origine.  Lorsque  Perse  dit  1  «  La  phi- 
«  losophie  t'a-t-ellc  appris  à  discerner  le  vrai?  as-tu  noté  avec  de 
ft  la  craie  les  choses  qu'il  falloit  fiaiire  ,  avec  du  charbon  celles  qu'il 
«  lalloit  éviter  (3)  7  »  nous  ne  pouvons  voir  dans  cette  question 
qu  une  tournure  métaphorique ,  une  allusion  à  un  usage  qui  n'exis- 
toit  certainement  plus  du  temps  du  poëte ,  ou  du  moins  qui  n'a- 
Toit  plus  alors  toute  l'extension  que  ce  passage  lui  suppose.  On  doit 
aussi  prendre  dans  un  sens  figuré  ce  que  dit  Horace  (4)  des  deux 
fils  d'Arrius ,  qui  ne  mangeoient  que  des  rossignols  •*  Faut^il  les 
noter  avec  de  la  craie  ou  avec  du  charbon? 

Quortum  abeant?  moi  nt  creto,  aB  carbone  notaodi? 

Ajoutons  qu'une  épigranune  de  Martial^  qu'on  nous  dispensera 
de  traduire ,  annonce  clairement  que  la  craie  et  le  charbon  étoient 

(1  )  Deprecor  ut  mihi  cum  %uro  covscribas  q>i8toIas  domini  mai  Pétri  apes- 
tolt  ad  honorem  et  reverentiam  sanctarum  Scripturarum.  Mabillon ,  De  re  tU- 
plom.f  I,  X,  6. 

(a)  Au  mot  jlurigraphù 

(3)  Quasque  sequenda  forent,  quxque  cvitanda  yicissim 
Illa  prius  creta,  mox  haec  carbone  notasti? 

Satir.  V,  vcrf  107. 

(4)  Satire  11,  m,  i46. 


768  1.    TECHENER,    PLACE   DU    LOUYAE,    12. 

employés  indifféremment  comme  chez  nous ,  mais  seulement  par 
les  beaux  esprits  de  carrefour,  qui  éçrivoient  leurs  saillies  sui:  les 
murailles. 

Qui  carbone  rudi  putriqoe  cfeta 
Scribit  cdmiina  quae  legant  cacantes.  (1  )« 

Ces  locutions  avoient  leur  source  dans  Tusage  de  marquer  sur 
les  calendriers  les  jours  fastes  par  une  ligne  blanche ,  les  jours 
malheureux  avec  un  trait  noir.  On  pourroit  donc ,  à  la  rigueur^ 
prendre  au  propre  ce  que  dit  Horace ,  en  célébrant  le  retour  de 
Plotius  (2)  : 

Cressa  careat  pulchra  diet  nota. 

La  craie  et  le  charbon  servoient  peut-être  de  crayon  pour  les 
calendriers  tracés  sur  des  tablettes;  et  il  est  probable  que  ces  substan- 
ces n'étoientpas  toujours  employées  dans  leur  état  naturel ,  et  qu'on 
les  préparoit  pour  ea  faciliter  l\isage,  comme  aujourd'hui  on  taille 
en  forme  de  crayon  des  morceaux  d'ardoise  pour  écrire  sur  des  ta- 
blettes de  même  matière. 

Mais  dans  des  temps  plus  anciens ,  par  exemple  lorsqu'il  n'y 
avoit ,  dit-on,  d'autres  calendriers  que  le  clou  sacré  enfoncé  dans  le 
mur  d'un  temple,  on  comptoit  les  jours  au  moyen  de  petites  pierres  y 
blanches  pour  les  jours  heureux ,  noires  pour  les  jours  malheu- 
reux. Les  anciens  auteurs  latins  sont  remplis  de  passages  qui  fout  allu< 
sion  à  cet  usage ,  qui  existoit  aussi  dans  la  Thrace  selon  Pline  (3)  ,, 
dans  l'île  de  Crète  suivant  un  vieux  commentateur  d'Horace  (4). 

Les  petits  cailloux,  calculij  étoient  encore  en  usage ,  à  Rome,  au 
i*'  siècle  de  notre  ère ,  pour  débrouiller  les  comptes  un  peu  diffi- 
ciles. Un  seul  passage  de  Pline  le  jeune  suffira  pour  le  prouver, 
n  raconte ,  dans  une  de  ses  lettres ,  une  cause  qu'il  a  plaidée ,  et 
dans  laquelle  il  a  fallu  établir  plusieurs  comptçs  devant  les  ma- 
gistrats. «  Peu  s'en  est  fallu ,  dit-il ,  que  nous  n'ayons  demandé  une 
M  planche  et  des  cailloux ,  et  que  l'audience  des  centumvirs  n'ait 


(i)  Martial,  xii,  Gi, 
(3)  Odes,  I,  36. 

(3)  Hist.  oat.,  VII,  4i. 

(4)  Ode  36,  liv.  I,  éd.  Gessner.  —  Catulle  ad  Lesbiam ,  cviii ,  G.  —  Perse, 
satire  II,  vers  1 .  —  Martial,  VIII,  45.  —  Pline  le  jeune,  VI,  xi,  S. 


BULLETIN    tm    BtBLIOPHILZ.  769 

a  été  convertie  eu  un  compte  de  lamille  (i).  »  C'est  de  cet  uaage 
qa'est  venu  le  mot  ca/ru/uj,  signifiant  compte,  et,  par  suite, 
notre  mot  calcul. 


CHAPITRE  TROISIEME. 

De  récriture  uDciraiie. 


'  L'écritui^  est  susceptible  de  plusieurs  divisions  diflei'entes ,  sui- 
vant qu'oa  la  considère  sous  tel  ou  tel  aspect.  Par  rapport  à  U 
direction  des  lettres  ou  des  mots ,  elle  se  divise  en  écriture  hori- 
Bontale  et  en  écriture  perpendiculaire.  La  dernière,  encore  en  usage 
en  Tartarie  et  en  Cliine ,  ne  fut  point  inconnue  aux  anciens.  Parmi 
les  merveilles  que  Diodore  raconte  des  tabitans  de  l'ile  de  Ceyian 
(Taproèaniia),  il  nous  apprend  qu'ils  écrivoient  du  haut  en  bas,  et 
Bon  horizontalement  comme  les  Grecs  (7).  Ceux-ci  ont-ils  eux- 
mêmes  fait  usage  de  l'écriture  perpeudîculaire?  nous  n'en  trouvons 
JUS  d'exemple  bien  poeiUf  dans  les  andens  auteurs.  Cependant , 
s'il  faut  en  croire  Festus,  ils  avoient  un  mot  particulier  pour  déù- 
gner  cette  espèce  d'écriture  :  c'étoit  le  mot  tapocon  ,  mot  qui  est, 
du  reste,  évidemment  défiguré,  et  que  les  érudits  n'ont  pu  encore 
rétablir  d'une  manière  satisfaisante  (3). 

L'écriture  liorizontale  est  susceptible  de  trois  directions  diffé- 
rentes. Chez  la  plupart  des  peuples  d'Orient,  elle  va  de  droite  1 
gauche,  de  sorte  que  le  titre  de  leurs  livres  est  ordinairement  à  la 
place  où  les  nôtres  portent  le  mot  FIN.  En  Occident ,  les  caractères 
<bnt  dirigés  de  gauche  à  droite.  L'invention  de  cette  manière  d'é- 
crire a  été  attribuée  A  un  certain  Prouapides  d'Athènes ,  que  Dio- 

(i)  iDtrrvcDÎI  eoim  aciibui  illïset  erectis  Ireqiieni  ncccssîtia  craDpntBndi, 
■c  pêne  calculât  labulomque  poicenJi,  ut  repenle  in  privati  judicii  rormaoi 
ccDtumvirole  vertatur.  VI ,  xuiii,  g. 

(ij  ♦p(t<f6i'«  /*  rei/t  rrix^vt  euK  i'k  tï  Tkdytw  MTt»«rT«ï, 
M^if  «fÀtif ,  kf.K'  HfuStr  K,a,Ta  Kit/Inyfdt^arTtt  lit  ipiit.  Bj^litih. 
hUt.  11,  i^. 

(3)  Voy,  Samuel  Petit,  Comment,  in  legeialtieai,H,t,  p,i^^,  M.VeaMlinf, 
I7ti,  in-fol. 


77P  '•  TECHENER  >  FLACB  DU  LOUVEE,  12. 

dore  de  Sicile  dit  avoir  été  le  précepteur  d'Homère  (i).  Avant  lui  ^ 
les  Grecs  avoient  une  troisième  espèce  d'écriture,  qui  a  aussi  été  en 
usage  chez  les  Eti^usques  ;  elle  consistoit  à  diriger  une  ligne  dt 
gauche  à  droite  ,  une  autre  de  droite  à  gauche  ,  une  troisième  de 
gauche  à  droite ,  et  ainsi  de  suite.  Il  paroît  qu'à  Athènes  les  lois 
ont  été  quelquefois  écrites  de  cette  manière  (i).  Cette  écriture  se 
nommoit  boustrophédon ,  des  deux  mots  Coiçy  bœuf,  et  TTpé<pgny  re* 
tourner,  parce  que  l'écrivain  ,  après  avoir  tracé  une  ligne,  écrivoit 
encore  en  retournant  en  sens  inverse,  et  se  dirigeoit  ainsi  continuel- 
lement à  la  manière  d'un  bœuf  qui  laboure.  Comme  modèle  d*é-* 
criture  en  ce  genre,  on  pleut  consulter,  dans  les  mémoires  de  l'Acà- 
démiedes  inscriptions  (3),  le  facsimilé  de  l'inscription  d'Amyclée,  ren-» 
fermant  une  liste  de  prétresses  d'Apollon ,  et  les  preuves  sur  les*> 
quellesl'abbé Barthélémy  étabUt  la  haute  antiquité  de  ce  monument. 
On  rencontre  aussi,  dans  les  manuscrits  anciens,  des  écritures  ^ 
cTOi^  1 69  Tond ,  en  coeur,  etc.  ;  mais  ce  sont  moins  des  usages  que 
des  caprices  de  copistes.  Tbéodose ,  au  rapport  de  Nicéphore  (4) , 
avQÎt  un  évangéliaire  élégamment  écrit,  orné  de  lettres  d'or  et  dont 
toutes  les  pages  étoient  en  forme  de  croix.  Il  y  a  dans  la  biblio* 
thèque  des  pères  (5) ,  parmi  les  œuvres  de  Fortunat ,  certaine» 
pièces  où  l'on  a  imprimé  en  encre  rouge  des  lettres  qui ,  daas  le$ 
manuscrits,  sont  à  dessein  distinguées  des  autres.  L'ensemble  de  çfs 
lettres  forme  tantât  un  carré ,  tantôt  un  sautoir  ,  tantôt  une  croiiL. 
Les  poètes  de  cette  époque  affectionnoient  ces  puérilités  ;  ils  s^exer» 
çoient  aux  acrostiches,  qu'ils  yarioient  de  toutes  les  manières,  et  se 
plaisoient  à  composer  de  petites  pièces  de  vers  énigmatiques  dont 
toute  la  difficulté  consistoit  parfois  à  deviner  s'il  falloit  lire  de 
haut  en  bas,  ou  de  bas  en  haut,  ou  en  diagonale,  etc.  Les  auteon 
du  nouveau  Traité  de  diplomatique  ont  rapporté  plusieurs  exeok^ 
pies  de  ces  jeux  d'esprit.  Nous  citerons  entre  autres  un  qua^ 
train  d'Hildebert,  évêque  du  Mans,  au  ix'^  siècle,  sur  la  Nativité  de 
Kotre*Seigneur  : 

(i)  Diodor.,  III,  66,  et  le  Comment,  de  Wesselinj. 

(s)  Samuel  Petit,  1.  c. 

(S)  Tomexxxiz,  p.  i3s,etsaiv.,  cd.  in-ia. 

(♦)  XIV,  3,  cité  par  Schwarz,  IV,  i4. 

(h)  Tome  x. 


•OLLCTIN   DU    BIBUOPHILB.  77 1 

Natiis  caila      nitens     cxtillans  pcrfitlus  cinptus 

Bex  Tirgo      siilus      angélus   liostis      liomo 

Qusrit  nescit    dat         déclarât  perdit      adorât 

Nosj  labem;  lumcD;  gaudia;  jura  ;       Deuio. 

Pour  trouver  un  sens  dans  ce  quatrain  ,  il  Caut  le  lire  perpendi- 
calairement,  Natus  rex  quarit  nos,  etc. 

Par  rapport  à  la  forme  des  caractères ,  Tëcriture  se  divise  en  ma- 
juscule ,  minuscule  et  cursive.  Aujourd'hui  nous  appelons  majus* 
cule  le  caractère  des  titres ,  minuscule  le  caractère  de  texte  ou 
romain ,  cursive  ou  courante  récriture  ordinaire  à  la  main  y  ou  la 
lettre  italique  dans  l'imprimerie.  H  y  a  eu  de  tout  temps  une  diffé- 
rence analogue  entre  ces  trois  sortes  de  lettres  qui  a  été  de  tout  temps 
la  même.  Toujours  la  majuscule  s'est  distinguée  par  la  grandeur  et 
la  forme  carrée  des  caractères.  La  minuscule  a  toujours  été  une 
contraction ,  une  espèce  d'abréviation  de  la  majuscule ,  avec  des 
changemens  assez  notables  dans  la  forme  des  lettres.  Ces  change- 
mens  sont  encore  bien  plus  marqués  dans  la  cursive  »  dont  le  carac- 
tère distinctif  a  constamment  été  la  liaison  des  lettres  entre  elles , 
liaison  qui  n'existe  pas  dans  les  deux  premières  classes  d'écriture. 

Les  écritures  lapidaires  et  métalliques  ne  se  composent  ordinai- 
rement que  de  lettres  majuscules.  Ces  lettres  sont  de  trois  sortes; 
les  unes  appartiennent  h  la  majuscule  élégante,  qui  égale  presquç 
en  régularité  nos  grands  caractères  d'imprimeriç  ;  ou  1^  rencontre 
surtout  dans  les  inscriptions  depuis  Auguste  jusqu'aux  Antopins. 
Les  autres  constituent  la  majuscule  qu'on  est  convenu  d'appeler 
rustique  ;  dans  cette  espèce  d'écriture  la  forme  des  lettres  reste  b 
mêmej  seulement  l'exécution  en  est  très-imparfaite;  mais  la  troi* 
ttème  espèce  d'écriture  majuscule  est  une  vraie  dégénérescence  ; 
nous  voulons  parler  de  l'écriture  onciale. 

Le  mot  oncial  est  la  traduction  d^uncialisy  qui  lui-même  vient 
diuncia.  L'once ,  chez  les  Romains ,  étoit  la  1 2*  partie  de  l'as , 
et,  par  extension,  d'un  tout  quelconque.  Ici,  où  il  s'agit  d'une  me- 
sure de  longueur  ,  l'once  est  la  douzième  partie  du  pied  romûn , 
c'est-à-dire  environ  dix  lignes ,  et  des  lettres  onciales  seroient  des 
lettres  de  dix  lignes  de  haut.  Les  Romains  peuvent  avoir  eu,  à  une 
certaine  époque,  des  lettres  de  cette  dimension.  Telles  dévoient 
être  les  grandes  littera  gravées  sur  le  piédestal  de  la  Diane  de  Sé- 
geste,  en  Sicile^  et  les  maxima  litterœ  tracées  sur  la  base  de  la  sta- 


»j^a  J.    TECHENER,  PLACE   OU    LOUVHE,    12. 

tue  de  Verres  (i).  Bien  plus,  nous  trouvons  dans  Piaule  qu*on  Cai^ 
soit  quelquefois  des  lettres  d'une  coudée ,  ou  d'un  pied  et  demi 
de  haut.  Telle  étoit  la  mesure  de  certaines  étiquettes  Collées  sur 
des  ampbores  de  vin  ,  dont  il  est  fait  mention  dans  le  Paenulus  (2). 
n  j  a  ici  une  exagération  évidente  ;  mais  lorsque,  dans  le  Rudens, 
Grîppus  s*écrie  :  «  J'afficberai  partout  en  lettres  d'une  coudée  que 
«  celui  qui  aura  perdu  une  valise  avec  beaucoup  d'or  et  d'argent 
«  s'adresse  à  Grippus  (3)  » .  On  aura  beau  faire  une  large  part  à 
l'exagération,  on  n'en  sera  pas  moins  obligé  de  reconnoître  qu'à 
Rome,  comme  de  nos  jours,  l'affiche  avoit  pris  une  dimension  dé- 
mesurée. Les  lettres  onciales  pouvoient  encore,  au  iv*  siècle,  tirer 
leur  dénomination  de  leur  grandeur  :  c'étoient  des  manuscrits  en 
oncialé  que  saint  Jérôme  appeloit  des  fardeaux  écrits  (4).  Enfin  une 
lettre  de  saint  Loup,  abbé  de  Ferrières  (5),  au  ix*  siècle ,  nous  ap- 
prend qu'à  cette  époque  encore  les  lettres  onciales  avoient  une  me- 
sure fixe  et  déterminée. 

Aujourd'hui  les  diplomatistes  appellent  onciales  des  lettres  qui 
peuvent  être  plus  grandes  ou  plus  petites  que  les  capitales ,  mais 
qui  diffèrent  essentiellement  de  celles-ci  par  leur  forme.  Le  carac- 
tère le  plus  marqué  de  l'écriture  onciale ,  c'est  qu'elle  arrondit  les 
traits  anguleux  ou  carrés  de  l'écriture  capitale.  Ainsi,  pour  en  don- 
ner un  exemple  sensible,  le  D  capital  de  l'alphabet  grec  devient  un 
G  dans  le  caractère  oncial  (6). 

On  a  quelquefois  soutenu  que  les  Romains  n'avoient  d'antre 
écriture  que  la  capitale  en  usage  dans  les  inscriptions  et  une  espèce 
de  sténographie  connue  sous  le  nom  de  notes  tyroniennes ,  dont 
nous  aurons  à  nous  occuper  tout  à  l'heure.  H  est  certain  que  les 
plus  anciens  manuscrits  qui  nous  restent  sont  en  écriture  majus- 
cule, c'est-à-dire  en  capitale  ou  en  onciale  ;  et ,  à  ce  propos ,  nous 
signalerons  ime  différence  bien  sensible  qui  se  trouve  entre  lei 

(i)  Ciccron,  in  f^errem  de  Si^nis ,  c.  34,  et  de  Juridic,  SiciL,  c.  63. 
(a)  IV,  11,  i4,  i5. 

(3)  Cubitum  ,  herclc  ,  loDgis  litteris  signabo  jam  usquequaqae, 
Diderit  vidulum  cum  auro  atque  argento  multo ,  etc. 

RudcDS,  V,  II,  7. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  766. 

(5)  Cité  par  Mabillon,  De  re  dipl.^  I,  xi,  4. 

(6)  V.  MabiU.  De  re  dipL,  pi.  VII,  n.  i,  et  De  Vailljr,  ÉUm.  de  paléogr., 
pi.  I,alpb.  n.  1. 


BUU^TIN   DD   BIBUOPIlILË.  ^1^3 

ëtritures  grecques  et  les  écritures  latines.  Pour  peu  qu'on  ait  vu  des 
inscriptions  dans  les  deux  langues,  on  a  dû  remarquer  que  les  ca- 
mctères  grecs  sont  petits,  serrés ,  élégans,  réguliers;  que  les  carac- 
tères latins,  au  contraire,  sont  longs,  larges,  et  qu'on  ne  s'est  as- 
treint à  une  règle  fixe  ni  pour  leur  forme ,  ni  pour  leur  distance 
respective.  La  même  dissemblance  se  manifeste  dans  les  anciens 
manuscrits.  Parmi  ceux,  par  exemple,  qu'ont  publiés  les  académi- 
ciens d'Herculanum ,  les  colonnes  grecques  sont  très  étroites  et 
présentent  une  écriture  fine  et  serrée;  les  colonnes  latines  sont 
trois  fois  plus  larges  et  l'écriture  en  est  lâche  et  très^spacée. 

On  peut  conclure  ,  peut-être,  de  ces  observations  que  l'art  d'é- 
crire avoit  fait  plus  de  progrès  en  Grèce  qu'en  Italie  ;  cependant  il 
suffit  d'avoir  les  notions  les  plus  élémentaires  de  l'histoire  intérieure 
de  Rome  pour  reconnoUre  qu'on  devoit  y  écrire  beaucoup.  Dès 
lors  le  bon  sens  indique  qu'il  y  falloit  une  écriture  plus  commode 
et  plus  expéditive  que  la  capitale  des  inscriptions  et  Tonciale  des 
manuscrits.  Dans  plusieurs  livres  anciens ,  où  l'on  n'avoit  vu  d'a*^ 
bord  qu'une  capitale  altérée,  les  bénédictins  ont  reconnu  ce  carac- 
tère particulier  qu'ils  ont  nommé  semi-oncial,  et  qui  n'est  qu'une 
écriture  mixte ,  composée  d'onciale  et  de  minuscule  (i).  On  est  au 
moins  obligé  d'accorder  aux  Romains  des  lettres  de  très-petite 
dimension  ;  telles  sont  celles  dont  il  est  fait  mention  dans  Plante  : 
euge  Utteras  minutas  (2)  ;  et  les  litterœ  minutulœ^  que  l'empereur 
Tacite,  au  rapportde  Yopiscus (3},lisoit  facilement  malgré  son  grand 
âge.  Plusieurs  autres  passages  des  anciens  auteurs  font  évidemment 
allusion  à  ces  lettres  minuscules.  Ainsi  CaUgula ,  pour  que  tout 
le  monde  ne  pût  copier  ime  loi  qu'il  portoit,  la  fit  écrire  en  très- 
petits  caractères,  et  placer  dans  tm  lieu  très-étroit  (4).  Pline  le  jeime, 
en  parlant  des  manuscrits  laissés  par  son  oncle  le  naturaliste,  dit 
qu'ils  étoient  écrits  des  deux  côtés  du  papier ,  et  en  très-petites 
lettres  (5).  Enfin  Sénèque  ,  parlant  d'un  écrivain  qui  fait  semblant 
de  ne  pas  vouloir  réciter  son  manuscrit,  quoiqu^il  en  meure  d'envie, 

(i)  Tel  est  le  famcax  manuscrit  des  Pandectes  de  Florence,  dont  le  noa- 
veaa  Traité  de  diplomatique  renferme  un  spécimen ,  planche  4G  du  3*  to- 
lumc. 

(3)  Bacchid.y  iv,  ix,  68. 

(3)  In  Tacit.y  c.  xi. 

(4)  MinutUsimi*  Utteris,  et  angnttissimo  loco.  Sueton.,  in  Calig.,  c.  4i . 
(6)  Opisthographos  qnidem  et  minntissime  scriptos.  Plin.  jun.'lll,  t.  17. 

49 


774  '*    TECHENEB,    PLACB  DU   LOUTRE,    12. 

lui  met  daps  les  mains  une  histoire  immense,  écrite  en  très-petits 
caractères,  et  ployée  en  un  rouleau  très-serré  (i).  Quelques  érudits 
ont  voulu  voir  dans  ces  minutœ  Uttera  les  signes  abréviatifs  qui  Coin- 
posoient  la  sténographie  romaine  ;  mais  Cicéron  nous  fournit  un 
exemple  auquel  cette  explication  est  tout  à  fait  inapplicable.  Parmi 
les  objets  d'art  qui  avoient  excité  la  convoitise  de  Verres  se  trouvoit 
une  statue  d'Apollon,  dont  la  cuisse  portoit,  en  lettres  d'aiigent  trèa- 
petites  (remarquez  le  pluriel),  le  nom  de  l'artiste  Myton  (2).  Auroit- 
on  employé  la  tachygraphic  et  plusieurs  signes  tach^fgraphiques 
pour  écrire  un  seul  nom  et  un  nom  propre  ?  Enfin  les  éditions  mi- 
croscopiques, qu'on  faisoit  déjà  du  temps  de  Cicéron,  auroient-elles 
paru  au  célèbre  orateur  et  à  Pline  une  chose  si  merveilleuse,  si  ellet 
eussent  été  écrites  en  notes  tyronienues?  Il  falloit  cependant  que 
les  écrivains  grecs  eussent  des  formes  de  caractères  bien  exiguës 
pour  mettre  l'Iliade  entière  sur  un  morceau  de  parchemin  renfermé 
dans  une  coquille  de  noix  (3).  Dans  tous  ces  passages ,  on  doit  en 
convenir,  il  est  question  non  d'une  écriture  minuscule  proprement 
dite  H  mais  de  caractères  très-petits.  On  a  donc  pu  soutenir  y  à  la 
rigueur,  qu'il  n'y  étoit  question  que  d'une  majuscule  de  petite  di- 
mension ;  mais,  lorsqu'on  a  uu  peu  étudié  les  écritures  anciennes, 
on  sent  combien  il  étoit  difficile  de  rétrécir  habituellement  la  dimen- 
sion des  grandes  lettres  sans  en  altérer  aussi  la  forme.  Pour  no|i0, 
il  nous  semble  impossible  qu'il  n'y  ait  pas  eu ,  entre  la  majuscule 
et  la  minuscule  romaines,  une  difFérence  sensible,  non-seulement 
dans  la  dimension  ,  mais  encore  daiis  les  contours  des  caractères. 
Quant  à  la  cursive,  ou  écriture  courante,  l'existence  en  est  ppW* 
véc,  chez  les  anciens,  d'une  manière  incontestable.  Les  monvipens 
de  la  cursive  grecque  sont  nombreux  et  très-anciens.  Plusieurs  papy- 
rus grecs  qui  remontent  à  plus  d'un  siècle  avant  notre  ère  ;  les  quit- 
tances d'imposition ,  écrites  sur  brique,  dont  nous  avons  parlé  dans 
notre  premier  chapitre,  sont  en  écritme  cursive.  Ces  quittances, 

(1)  Rccitcitor  liistorinrn  ingcntem  attulit,  minutissime  scriptam,  arctissîme 
plicatam,  etc.  ScDèfpic,  ep.  96. 

(n)  Si$:niini  Apnllinisptilcherrimam,  cujus  in  femine,  Uttei*uHs  minutis  ar^ 
i^cnttiU.  iionicn  Myroois  crat  insrriptum.  In  f^errcm  Je  signis^  c.  43. 

(3)  In  niicc  inclusam  lliada  ,  Homeri  carmcn  ,  in  memhrana  scriptum, 
tradit  Cicero.  l'iinc,  tu,  31.  Rcmiirqtions  ,  en  ])assant ,  combien  les  ancien! 
avoient  d A  perfectionner  la  fabrication  du  parcbemin  pour  qu^in  tel  pro- 
dige p6t  être  regarde  comme  réalisable. 


B(JLLBTI|(.  DD    l^BUOPHIUE.  ']'jS 

«çLélivrées  dans  des  pays  soumis  à  la  domioaiiou  romaine,  et  par  dçs 
représentans  de  Tautoirité  impérial^,  doivent  suppléer,  en  quelque 
sorte ,  au  défaut  d'anciens  n^odèles  de  cursive  latine  ;  car,  il  faut 
bien  en  convenir,  on  n'a  pas  d'exemples  de  cette  dernièi^  éciriture  , 
çur  papier  ou  sur  parchemin  ,  antérieurs  au  v"  siècle.  Mais  il  en 
existe  des  iragmens  plus  anciens  sur  des  marbra,  sur  des  bnques, 
sur  dçs  morceaux  de  verre,  etc«  (i).  Pour  les  v*  et  vi*  âècles,  les 
exemples  abondent.  «  On  trouve ,  disent  les  bénédictins  (2) ,  la 
a  minuscule  romaine  dans  le  Josepbe  de  la  traduction  de  Rufin , 
«  écrit  sur  du  papier  d'Egypte  et  conservé  à  Milan.  L'écriture  en 
«  est  liée,  difficile  à  Ure,  erremonte  jusqu'au  temps  de  Théodose. 
«  On  la  trouve  constanunent  dans  plusieurs  manuscrits  très-anciens 
«  du  chapitre  de  Vérone  ,  dans  la  note  du  S.  Hilaire ,  du  Vatican  , 
«(  écrite  l'an  5 10,  et  dans  le  fameux  catalogue  écrit  du  temps  de  saint 
«  Grégoire  le  Grand,  et  publié  par  Muratori.  »  Avons-nous  besoin 
de  citer  les  fameuses  chartes  de  Ravennes  ,  publiées  d'abord  par 
Mabillon  (3) ,  et  tout  récemment  encore  par  M.  ChampoUion- 
Figeac  (4)-  Cette  écriture  pàroitra  peut -être  bien  grande  ,  si  l'on 
considère  qu'un  des  principaux  avantages  de  la  cursive  est  l'éco- 
nomie de  temps  ;  car  on  ne  peut  écrire  très-vite  en  traçant  d'aussi 
grands  caractères.  Mais  il  faut  observer  que  ces  actes  peuvent  être 
des  expéditions,  et  que  nous  ne  manquons  pas,  d'ailleurs,  de  mo- 
dèles de  petite  cursive  (5).  La  cursive  ne  s'étoit  pas ,  à  coup  sur  , 
formée  tout  d'un  coup ,  et  son  usage,  bien  constaté  dans  des  temps 
antérieurs  au  v*  siècle ,  lui  assigne  une  origine  bien  plus  an- 
cienne (6). 

Arrivons  maintenant  aux  notes  y  k  cette  sténographie  des  anciens, 
que  quelques  érudits  ont  confondue  avec  la  minuscule  et  la  cursive, 
et ,  pour  détruire  entièrement  cette  opinion  erronée,  remarquons, 

(i)  Voy.  JYouv.  trait,  de  diplom,,  tom.  11,  p.  357,  DOt.  s. 
(a)  JbUl.,  tom.  III,  p.  4o8  et  suit. 

(3)  Supplément  au  De  re  diplom. 

(4)  Chartes  sur  papyrus,  a*  fascicule.  Paris,  Dîdot,  1887,  în-fol. 

(ô)  Voir,  dans  le  IVouv.  trait,  de  diplom,  ^Xa  57e  planche  da  3*  tome,  et  dans 
les  Classici  auctores  de  Msn«r  Mai,  les  scholies  du  fragment  de  Juyënal,  ëd. 
in-8. 

(G)  Le  frontispice  de  b  page  i,  s*  partie  des  Ruines  de  Pompei,  par  Mazois, 
reproduit  en  noir  des  fragmens  d'inscriptions  peintes ,  dont  quelques-uns 
ont,  par  la  forme  des  caractères ,  une  analogie  marquée  avec  IVcriture  des 
chartes  de  Ravennes. 


976  I.    tECtfEifEA,   VLACÈ.  OU   LOUTBE,    12. 

ayant  tout,  que  la  sténographie  étoit  sortout  employée  par  desgectt 
qui  en  faiaoient  métier ,  et  à  qui  Ton  donnoit  un  nom  particulier. 
«  Ceux  qui  oni  appris  à  écrire  en  notes  ,  dit  saint  Augustin  ,  sont 
«  proprement  appelés  notaires  (i).  »  Il  est  vrai  que  les  jeunes  gens 
lettrés  de  l'ancienne  Rbme  paroissent  a?oir  fait  usage  de  la  ta- 
cbygraphie  (2)  ;  mais  certainement  cette  espèce  d'écriture  n*a  ja- 
mais pu  être  aussi  répandue  qu'on  le  suppose,  en  n'accordant  aux 
Romains  que  les  lettres  majuscules  et  les  notes  tyroniennes. 

Ces  notes  étoient  de  deux  sortes  ;  quelquefois  on  exprimoit  un 
mot  par  une  ou  plusieurs  des  lettres  qui  entroient  dans  la  compo- 
âtion  de  ce  mot,  comme  P.  pour  Publitis,  Y  pour  vixiij  COSS.  pour 
consulihusj  etc.  Ces  sortes  d'abréviations  sont  surtout  fréquentes  dans 
les  inscriptions.  Les  Romains  les  appeloient  liuerœ  singulares ,  ou 
iingulœ ,  d'où  ils  firent  le  mot  sigla  ,  qui  est  resté  dans  la  langue 
françoise.  Il  y  a  ordinairement  un  dictionnaire  de  sigles  à  la  suite 
des  recueils  d'inscriptions.  M.  de  Wailly  en  a  publié  un  dans  ses 
Elémens  de  paléographie  (3),  qui,  sans  être  complet,  doit  suffire  à 
la  solution  des  principales  difficultés  que  peut  offrir  la  lecture  des 
sigles. 

L'autre  espèce  de  signes,  qu'on  appeloit  notœ^  constituoit  l'écri- 
ture des  notaires  ou  tachygraphes.  On  ne  peut  dire  précisément 
en  quoi  consistoit  ce  système  d'écriture  abrégée  ;  nous  avons,  à  la 
vérité,  des  manuscrits  anciens  en  notes  tyroniennes  ;  mais,  malgré  les 
nombreux  travaux  dont  ils  ont  été  l'objet,  on  n'a  pas  encore  trouvé 
une  explication  qui  suffit  à  tous,  en  sorte  qu'il  faudroit  presque  une 
clef  difTérentc  pour  chaque  manuscrit.Toutce  que  l'on  peut  affirmer, 
c'est  qu'un  caractère  reprcsentoit  un  mot  (4) ,  et  que  le  sens  des 
caractères  devoit  se  modifier  suivant  les  combinaisons  qu'on  leur 
faisoit  subir ,  puisque  cinq  mille  caractères  suffisoient,  au  vn*  siè- 
cle ,  pour  rendre  tous  les  mots  de  la  langue  latine,  et  que,  même 
dans  l'origine,  on  s'étoit  contenté  d'un  nombre  bien  moindre  (5). 

(1)  Ex  eo  génère  sunt  etîam  nots,  quas  qui  didiceruntf'pTO^Tiejù.m  notarii 
appellantur.  De  Doctr.  Chtisi.,  II,  s6. 

\%)  Voy.  QuiotJlien,  Pramium  ad Marcellum, 
(3)  Tom.  I,p.  4ii  etsaiv. 
<4^  Maniliui  dit,  en  parlant  d'un  sténographe  : 

Cui  littera  verbum  est 
Quique  notis  linguam  luperat.  Lib.  iv,  vers  197. 

(5)  liid.y  Orig.,  I,  11. 


BULLETIN   DD   BIBLIOPHILE.  7^7 

La  stéBographie  paroit  avoir  été  inventée  en  Grèce.  Diogène  de 
Laërce  nous  apprend  que  Xénophon  en  fit  le  premier  usage  en 
sténographiant  les  discours  de  Socrate  et  en  les  mettant  au  jour  (i). 
L'emploi  de  récriture  abrégée  ne  fut  pas  cqquu  à  Rome  avant  Cicé- 
ron  :  ce  fut  lui  qui  parvint  à  recueillir  et  à  conserver  un  des  discours 
de  Caton,  en  plaçant  dans  l'auditoire  plusieurs  scribes  tr^s-babiles 
dans  Fart  d'écrire  en  notes  :  avant  cette  époque,  ajoute  Plutarque, 
à  qui  nous  devons  ce  fait  (2),  les  Romains  n'avoient  pas  encore  de 
notaires.  Eusèbe  (3)  et  Isidore  (4)  font  bonneur  à  Tyron,  affrancbi 
de  Cicéron,  de  l'application  du  système  sténograpbique  à  l'écriture 
latine,  et  c'est  de  là  que  les  cai-actères  abrégés  de  cette  espèce  d'é» 
criture  ont  pris  le  nom  de  notes  tyroniennes.  Les  notes  furent  suc- 
cessivement augmentées  et  perfectionnées  par  Persanius  Pbilar- 
gyre,  par  A^pila  ,  affrancbi  de  Mécène,  enfin  par  Sénèque  le  père, 
qui  en  poita  le  nombre  à  cinq  mille. 

La  sténographie  ancienne  étoit  aussi  prompte  que  la  nôtre  ;  elle . 

suivoit  et  devançoit  même  la  parole.  Nous  citerons ,  entre  autres 

preuves,  cette  épigramme  de  Martial  (5),  dont  il  est  impossible  de 

rendre  en  françois  la  gracieuse  concision  : 

Currant  verba  licet ,  manus  est  Tclocior  iUis  j 
Nondum  lingua ,  suum  dextra  peresit  opus. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  en  entier  une  jolie  épitre 
d'Ausonne  (6),  adressée  à  un  notaire  ou  sténographe.  Après  ravoir, 
complimenté  sur  la  vitesse  de  son  écriture,  qui  devançoit  même  la 
parole,  il  ajoute  élégamment  :  «  O  je  t'en  prie,  dis-moi  qui  m'a  trahi, 
«  qui  a  pu  te  révéler  d'avance  ce  que  j'allois  dire  : 

Tu  seosa  nostri  pcctorii 
Viz  dicta ,  jam  ceris  tenei, 
Tu  me  loquentem  praevenis. 
Quis ,  quaeso,  quis  me  prodidit? 
Quis  iita  jam  dixit  tibi 
Quœ  cogitabam  dicere  (7)  ? 

(1)  Kx)  TfSrof  vToffmfjLUcèTtLyiÀvoç  rk  kiyifJLiVcif  §U  kf^^i'jrwç 
liyeLyevj  !..  II,  p.  45,  c.  ëd.  Londres,  i664,iD-fol. 
(a)  In  Caton.f  c.  a3,  t.  it,  p.  4oo,ëd.  Reiske. 

(3)  Jn  Chron,,  liv.  II,  p.  166,  ëd.Scaliger. 

(4)  Orig.,l,  ai. 

(5)  xiY,  108. 

(6)  Carm.  i46;  éd.  ad.  us.  Delph. 

(7)  On  peut  voir  aussi  Sénéque,  éptlre  ^5. 


7^8  J.    TECUEITER,   PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

L'usage  de  l'écriture  abrégée  étoît  le  même  à  Rome  que  de  nos 
jours.  Lorsqu'il  s'agissoit  de  recueillir  un  discours  prononcé  en  pu* 
bfic,  plusieurs  notaires  se  mêloient  aux  auditeurs  et  se  partageoient 
l'ouvrage,  c'ést-à-dire  qu'ik  convenoient  de  recueillir,  chacun  dans 
un  ordre  qu'ils  déterminoient  à  l'avance ,  un  certain  nombre  ^d(è 
mots  ou  de  phrases  (i).  C'est  ainsi  que  Cicéron  avoit  transcrit  le  dia- 
cotirs  de  Caton,et  c'est  ainsi  que  son  propre  plaidoyer  pour  Miloîâî 
fut  recueilli  tel  qu'il  le  prononça,  au  rapport  d'Asconius  Pedianua. 
Des  notaires  écri voient  aussi  les  minutes  des  sentences  judiciaires.. 
«  Ceux  y  dit  tJlpien  ,  qui  écrwenl  en  notes  les  actes  des  juges  sont 
«  censés  absens  pour  le  service  de  l'État  (2).  »  Et  comme  le  liea 
dans  lequel  les  juges  se  retiroient  pour  délibérer  se  nommoit,  ches 
les  Latins,  secretan'um,  on  donna  aux  greffiers  le  nom  de  a  secretis^ 
ou  scerelorum  notant'  {3),  * 

La  sténograpliie  ancienne  étoit  encore  d'un  graind  usage  dans  la 
^e  privée.  Les  auteulrs,  pour  ne  pas  perdre  le  fil  de  leurs  idées,  ou 
laisser  i*efroidir  leur  imagination  en  écrivant  eux-mêmes  leurs  ou- 
vrages ,  avolent  parmi  leurs  esclaves  des  tachygraphes ,  auxquels 
ils  dictoient  leur  première  rédaction.  Pline  le  uauraliste ,  soit 
qu'il  fût  en  voyage  ,  soit  qu'il  se  fît  porter  en  chaise'  dans  les  mes 
de  Rome,  avoit  toujours  à  ses  côtés  un  notaire  avec  un  livre  et  des 
tablettes  (4).  Pline  le  jeime  méditoit  dans  sa  chambre  les  fenêtres 
fermées  ;  lorsqu'il  vouloit  fixer  ses  idées,  il  appeloit  son  notaire  ; 
dictoit,  lerenvoyoit,  lerappeloit  encore,  et  finissent  par  reVôi^dPtti 
bout  k  l'autre  ce  qu'il  avoit  dicté  (5).  Ces  premiers  jets ,  une  f6is 
revus  et  corrigés ,  pftssoient  entre  les  mains  des  calligratphes^^qtti 
les  mettoient  au  net.  Ainsi  chaque  écrivain  avoit  à  son  service  un 
notaûre  pour  sténographier  ses  dictées  ,  un  copiste  habile  qui  les 
transcrivoit  en  écriture  ordinaire.  Apollonius  de  Tyane,  en  partant 
pour  rinde,  prit  avec  lui  deux  serviteurs,  un  pour  écrire  vitCj  ei  VaU" 


(i)  Notarum  ususerat,  utquicquid  pro  concione  aut  in  judiciis  diceretur. 
llbrarii  scriberent  complures  simul  adstantes ,  dit^isis  inter  se  partibus ,  quot 
guisque  verbaet  que  ordine  excipereu  Isidor.,  Orig.,  1,  21. 

(2)  Eos  qui  notis  scribunt  acta  judicum  ,  reipublicae  causa  TÎdcri  abesse. 
Digeste,  XIV. 

(3)  Saiimaise,  De  Secretariis,  upudSallcngriutn ,  Thés,  €intiq.  fom.,  t.  If, 
col.  661. 

(4)  !*Un.  jun.,  III,  V.  i5. 
(6)  Id.  IX,  XXXVI,  2,  XL,  2. 


r 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  779 

tre  pour  bien  écrire  ;  o  /xèv  \ç  raixof  ypoi<pœy,  i  «Tè  éf  xaAA^r  (0-  Un 
hbmine  puissant,  ayant  déterminé  Origèhe  à  commenter  les  saintes 
Écritures  ,  lui  donna  sept  tachygraphes  et  un  plus  grand  nombre 
de  copistes;  rttyyypdK^ovf  clvtS  ToLpaffrnffetç  e*wlet ,  KctX\typei^ovf 
A  TKilovç  (2);  les  premiers,  pour  recueillir  ses  dictées  ;  les  seconds, 
pour  les  réunir  en  livres. 

Dans  les  temps  les  plus  reculés,  le  système  de  ponttuation 
étDÎt  fort  simple  :  on  alloit ,  comme  nous  disons ,  à  la  ligne , 
non-seulement  pour  chaque  péiiode,  mais  encore  pour  chaque 
phrase  et  pour  chaque  membre  de  phrase  ;  c'est  ce  qu*dll  a^ipë* 
loit  diwer  par  membres j  sections  et  périodes,  distinguere  per 
commata ,  cola  et  periodos.  L'Ancien  et  le  Nouveau  Testament 
sont  encore  divisés  à  peu  près  de  cette  manière;  les  divisions  que 
BOUS  appelons  versets  se  nommaient  versus  en  latin,  en  grec  crtj^o). 

Aristophane  de  Byzance ,  qui  vivoit  à  la  cour  de  Ptolémée  Epi- 
pfaane  200  ans  avant  J.^. ,  fut  le  premier  inventeur  d'un  système  de 
ponctuation  ressemblant  un  peu  au  nôtre.  Ce  système  n'admettoit 
qu'un  signe  unique,  le  point,  dont  la  valeur  varioit  suivant  qu'il 
étoit  placé  en  haut,  au  milieu,  ou  au  bas  de  la  lettre.  Les  points 
se  nommoient  distinctiones  ou.  positura^  en  grec  êéffsiç  (3).  Le  point 
placé,  comme  le  nôtre,  au  bas  de  la  lettre,  s'appeloit  subdistinctio^ 
v'VOT'ttyfÂh  y  il  indiquoit  un  sens  incomplet  et  répondoit  à  l'ancien 
coâuna  ou  à  notre  virgule.  Le  point  au  miUeu  de  la  lettre  se  pla- 
çoit  après  une  section  de  phrase  formant  un  sens  par  elle-même, 
mais  qui  demandoit  un  complément  ;  c'étoit  l'équivalent  de  l'an- 
den  colum  et  de  notre  point  et  virgule  ou  de  nos  deux  points  ;  on 
le  nommoit  rnedia  distinciio  ou  positura^  //gV»  cmyfÀr.  Enfin  la 
plena  ou  ultima  distinciio  y  TSKiict  artifjLhy  étoit  le  point  placé  en  haut 
de  la  lettre;  il  indiquoit  la  fin  d'une  phrase  ou  d'une  période  et 
répondoit  à  notre  point  fmal  (4).  Ce  système  de  ponctuation  fut  en 
usage  à  Rome.  Gicéron  en  attribue  l'invention  à  la  difficulté  de  res- 
pirer et  de  reprendre  haleine  dans  une  lecture  continue  (5).  Cassio- 

(1)  Voir  sa  YÎe  par  Philostrate,  p.  a5. 
(s)  Yoy.  Suidas,  au  mot  Origcnei. 

(3)  Cassiodor.,  Instit,  divin,  lect. ,  ch.  i5;  de  Orthogr.  pra?f.  —  Isidor., 

(4)  Voir  Cassiodore  et  Isidore,  et  le  gramraait ien  Diomède ,  cite  par  Juste 
Lîpse.  Epiit.  seleclce,  6a. 

(5)  Clauêulus  atquc  interpuncta  ycrborum  ,  anima?  intcrclusio ,  atquc  an- 
gustis  spiritus  attulerunt .  De  orator.,  111. 


']So  I.    TECHSNER,    PLACE   DU   LOUTEB  y    12. 

dore  dit  la  iiiême  chose  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  (i), 
Sënèque  est  encore  plus  formel  :  «  Lorsque  nous  écrivons,  dit-il, 
«  nous  avons  coutume  de  ponctuer.  »  Nos  etiam^  cum  scribimus 
inlerpungere  solemus. 

Dans  les  premiers  temps  du  christianisme,  la  nécessité  de  rendre 
facile  une  bonne  prononciation  de  l'Ecriture  sainte  à  des  chrétiens 
ignorans  qui  n'en  comprenoient  même  pas  toujours  la  traduction 
latine  fit  revenir  à  l'ancienne  division  par  membres ,  sections  et 
périodes,  comme  plus  commode  (2).  Ce  système  devoit  être  depuis 
longtemps  hors  d'usage,  car  S.  Jérôme,  qui  l'employa  pour  sa 
version  des  prophètes ,  le  qualifie  de  méthode  noiwelle.  u  Personne, 
«  dit-it,  en  voyant  les  prophètes  écrits  par  versets,  n'ira  s*imaginer 
M  qu'ils  sont  en  vers  dans  le  texte  hébreu,  pas  plus  que  les  psau* 
M  mes  et  les  œuvres  de  Salomon.  Mais^  puisqu'on  a  coutume  de  di» 
«(  viser  par  membres  et  par  sections  les  auures  de  Démosthènes  et 
u  de  Cicéron,  qui  pourtant  ont  écrit  de  la  prose  et  non  de  la 
M  poésie,  nous  avons  cru  pouvoir  aussi,  pour  l'utilité  des  lecteurs, 
n  employer  cette  nouvelle  méthode  d'écrire  dans  notre  nouvelle 
M  traduction  (3).  * 

On  voit,  par  ce  passage ,  que  les  rhéteurs  et  les  grammairiens, 
afin  de  faciliter  à  leurs  élèves  la  lecture  des  auteurs  classiques, 
avoient  introduit  dans  leurs  ouvrages  la  même  division  qu'em- 
ploy oient  les  Pères  pour  mettre  les  Écritures  à  la  portée  des  fidèles 
ignorans.  Le  célèbre  commentateur  de  Cicéron,  qui  vi voit  du  temps 
de  Claude,  Asconius,  nous  fournit  la  preuve  non-seulement  que 
les  œuvres  de  l'illustre  orateur  étoient  divisées  en  versets,  mais  en- 
core que  ces  versets  étoient  numérotés;  car  il  cite  le  verset  85o,  le 

(1)  .▲  majoribus  nostris  ideo  constat  inventas  (positiiras)  ut  spiritus ,  longa 
dictlone  fatigatus ,  Tires  suas  per  spatia  discreta  resumeret.  L.  c. 

(a)  Meroipisse  dehcmus,  incmoratiim  Hieronymum  omnem  trunslationem 
suam, in  autorîtate  divina,  propler  simplicitatemfratrum,  colis  et  coinniatibus 
ordinasse,  ut  qui  distinctîonem  sœcularium  Ittterarum  comprehendere  potue- 
runt ,  hoc  remedio  sujffulti  ^  inculpabiliter  prouuntiarent  sacras  lectiones . 
Cassiodor.,  de  Instit.  divin,  litter.,  c.  la.  Vojr.  aussi  sa  préface, 

(3)  Nemo  cum  prophetas  vcrsibus  Tiderit  esse  descriptos,  métro  eos  exis- 
timct  apud  Ilebrxos  ligari  ,  et  aliquid  siroile  babere  de  psalmis  et  operibus 
Salomonis.  Sed  quod  in  Demosthene  et  TulUo  soletfieri,  utpercofascribantur 
et  commatOf  <jui  u  tique  prosa  et  non  versibus  conscripserunt ,  nos  quoque 
utilitati  legcntium  proyidentes,  interpretationeni  novam  ,  nowo  scriùendi gé- 
nère distinximus.  yfd  Paulam  et  Eustochiam  prœfat.  in  Esatam,  initio. 


BULLETIN  DU    BIBUOPHILE.  78 1 

verset  loi  i ,  le  verset  80,  etc.  (1).  Le  nombre  total  des  versets  d'un 
ouvrage,  non-seulemeut  dans  les  livres  saints,  mais  encore  dans 
les  auteurs  profanes,  étoit  marqué  soit  au  commencement,  soit  à  la 
fin.  On  trouve,  à  la  fin  des  antiquités  judaïques  de  Joseph,  une 
somme,  ajoutée  probablement  par  quelque  copiste,  des  versets  que 
renferme  tout  l'ouvrage,  somme  qui  est  de  soixante  mille. 
Schwarz  (2)  cite  même  un  très-ancien  évangéliaire  de  la  bibliothè- 
que de  Vienne,  dans  lequel  on  a  marqué  non-seulement  le  nombre 
des  versets,  ffrîx^vçy  mais  encore  le  nombre  des  mots,  pnfjLttreLj  que 
renferme  chaque  évangile.  Ces  usages  venoient  des  Hébreux. 

C'est  aussi  à  Aristophane  de  Byzance  qu'on  attribue  les  signes 
de  l'accentuation  dans  la  langue  grecque ,  c'est-à-dire  les  trois  ac- 
cens  aigu,  grave  et  circonflexe  et  les  deux  esprits.  La  forme  des 
accens  n'a  point  varié.  Les  esprits,  que  nous  figurons  aujourd'hui 
comme  des  virgules,  étoient,  dans  le  principe,  formés  d'une  manière 
on  peu  différente  ;  ils  représentoient  chacun  une  moitié  de  la  lettre 
H.  Quant  aux  accens  de  la  langue  latine,  ils  sont  d'invention  mo- 
derne et  n'ont  d'autre  but  que  de  faciliter  aux  élèves  la  lecture  des 
auteurs;  on  ne  les  trouve  plus  dans  les  éditions  latines  un  peu  soi- 
gnées. Il  va  sans  dire  qu'on  n'en  voit  aucun  dans  les  manuscrits 
latins.  Les  accens  dans  la  langue  grecque  ne  furent  inventés  aussi 
que  pour  en  faciliter  la  lecture  et  la  prononciation  aux  écoliers,  et 
ne  durent  être  pendant  longtemps  employés  que  dans  les  manus- 
crits à  leur  usage.  Montfaucon  (3)  n'en  a  jamab  rencontré  dans 
les  manuscrits  antérieurs  au  vu'  siècle. 

n  faut  dire  aussi  que  les  manuscrits  les  plus  anciens  en  capitale 
et  en  onciale ,  surtout  les  grecs,  sont  bien  rarement  ponctués,  et  que 
dans  ceux  où,  de  temps  en  temps,  on  rencontre  quelques  points, 
il  est  impossible  de  i-econnoître  un  système  de  ponctuation  bien 
arrêté  ;  le  plus  souvent  même  les  mots  sont  écrits  à  la  suite  les 
uns  des  autres ,  sans  séparation ,  de  sorte  qu'au  premier  coup 
d'œil  il  est  impossible  de  discerner  où  finit  un  mot  et  où  comr 
mence  le  mot  suivant.  Il  faudroit  peut^tre  conclure  de  cette  ob- 
servation que  la  ponctuation  comme  l'accentuation  n'ont  jamais 
été  d'un  usage  général  dans  l'antiquité,  et  qu'elles  ont  été  employées 

(1)  Juste  Lipse,  epist.  sélect.,  6a. 
(s)  De  ornam.  libr.  II,  lo. 
(3)  PaUogr,  gfccq.ti*.  ^3. 


^82  J.    TECHENEK,    place   du   LOUVRE,    12. 

éilrtont  dans  les  livres  des  gramiiiairiens  et  des  rbétetirs,  on 
dans  les  ouvrages  élémentaires  destinés  à  l'éducation  de  la  jeu- 
nesse. 

Nous  terminerons  ce  chapitre  par  quelques  renseignemens  sur 
la  (cryptographie  ou  écriture  secrète  des  anciens.  Voici  les  moyass 
qu^eniployoient  les  Latédémoniens  pour  correspondre  secrètenbent 
avec  leurs  généraux.  On  choisissait  deux  bâtons  bien  ronds,  parCû- 
tement  égaux  en  longueur  et  eii  diamètre  $  le  général  en  emportoit 
un,  l'autre  restoit  à  Sparte.  Lorsqu'on  vouloit  écrire,  cm  ployoît 
obliquement  autour  du  bâton  et  dans  toute  sa  longueur  une  étroite 
oourroie,  de  telle  sorte  que  les  deux  bords  de  la  courroie,  en  se 
réunissant  dans  toute  la  longueur  de  la  verge,  décrivissent  autour 
d'elle  une  ligne  en  spirale.  C'est  sur  celte  ligne  qu'on  traçoit  les 
duactères  dont  la  moitié  supérieure  restoit  sur  un  des  bords  de  la 
courroie,  et  la  moitié  inférieure  sur  l'autre  bord.  La  courroie  dé* 
ployée,  récriture  n'étoit  plus  lisible  et  ne  poutoit  le  redevenir  que 
lorsqu'on  enroulo&t  la  bande  de  cuir  autour  de  l'un  des  deux  ba- 
ttons (i).  Ce  genre  de  lettt-é,  dit  Aulugelle,  se  nommoit  scytalei 
onvraXn»  D'après  Plutarque  (2),  on  donnoit  le  nom  de  scy taies  aux 
doux  baguettes  pareilles.  A  Rome ,  Brutus,  Jides  César  et  Auguste 
firent  usage  de  la  cryptographie.  César  avoit  écrit  ainsi  plusieurs 
lettres  à  Cicéron ,  probablement  sur  les  affaires  pubhques,  d'autres  sur 
ses  affaires  privées  à  C.  Oppius  et  à  Balbus  Cornéhus  (3).  Son  sys- 
tème, d'après  Suétone,  consistoit  à  donner  à  chaque  lettre  de  l'al- 
phabet la  valeur  de  la  lettre  qui  venoit  la  quatrième  avant  elle. 
Ainsi  a  étoit  représenté  par  d ,  b  par  0,  ainsi  de  suite  (4).  Mais  il 
fal^t  bien  qu'il  ne  s'en  fût  pas  tenu  à  une  méthode  aussi  shnple, 
puisque  le  grammairien  Probus  avoit  fait  un  traité  sur  la  signifi- 
cation secrète  des  signes  alphabétiques  dans  les  lettres  de  César. 
Le  système  d'Auguste  étoit  moins  compUqué  ;  il  donnoit  à  chaque 
lettre  la  valeur  de  celle  qui  la  précédoit  immédiatement  dans  l'al- 
phabet :  ainsi  il  écrivoit  ^pour  a ,  c  pour  b,  a  pour  p  et  aa  pour  x  (5). 
Les  manuscrits  grecs,  à  partir  du  x"  siècle,  sont  souvent  ter- 
Ci  )  Voj.  Aulugelle,  ztii,  g. 
(a)  Voy.  Plutarque,  Lysandre,  c.  ig,  t.  lll,  p.  4i,  ëd.  Reiske. 

(3)  Aulugelle,  i6iV/.;  Suétone,  7.  César,  c.  56.;Dioo.  Cas8.,XL,  9. 

(4)  Dans  ce  système,  le  nom  de  Gaesar  auroit  été  écrit  Fthxtv. 

(5)  Suétone  ,  ytuguste,  c.  88;  Dion.,  li,  35;  Isidor.,  Orig.  1,  54.  Le  nom 
d'Augustus  s'écrivoit  donc  BahatTat. 


■». 


BULLETIN    DU   BIBUOPHILC.  788 

minés  par  des  souscripâons  en  écriture  secrète.  Montfaucon  (i  )  en  a 
donné  plusieurs  et  a  fait  graver  en  même  temps  six  alphabets  qui 
donnent  la  clef  de  ces  diverses  écritures  ;  quelques-unes  consistent 
simplement  à  changer  la  valeur  relative  des  lettres  de  l'alphabet 
comme  dans  les  systèmes  de  César  et  d'Auguste.  Dans  d'autres,  on 
a  Introduit  quelques  caractères  étrangers  ;  un  de  ces  alphabets 
est  entièrement  composé  de  signes  bizarres  dus  au  seul  caprice  du 
copiste;  c'étoit,  à  proprement  parler,  un  système  complet  d'écriturt. 
L'écriture  chifirée  est  une  invention  moderne  ;  on  sait  que  les 
Grecs  et  les  Romains  n'oàt  eu  d'autres  signes ,  pour  représenter  léé 
nombres,  que  les  lettres  de  leur  alphabet.  Les  chiffres  arabes,  ou 
plutôt  indiens,  dont  notts  nùvia  servons  aujourd'hui,  n'ont  paru  en 
Eàropé  qu'au  x*  siècle.  IVÏais  il  tant  remarquer  que,  dans  le 
principe^  on  connois^it  seulement  fes  signes  de  numération  et  leur 
vaienr  absolue.  La  valeur  relative,  que  chaque  signe  acquiert 
par  sa  position  même,  ne  |)ara1t  pas  avoir  été  admise  avant  les' 
premières  années  du  xii*  siècle.  Ainsi,  antérieurement  à  cette 
époque,  le  nombre  49  -^^  signifiait  pas  quarànté-nenf,  mais  bien 
4  -f-  9  ^^  treize  (2).  Le  principe  du  calcul  décimal  se  ttouve  pour  la 
première  fois  exposé  et  développé  dans  le  spéculum  doûirinalè  de 
Vincent  de  Beau  vais,  ouvrage  que  l'on  croit  écrit  vers  le  milieu  du 
xm*  siècle.  Le  célèbre  encyclopédiste  fait  connoitre  l'usage  du  zéro» 
et  développe  la  règle  d'après  laquelle  chaque  signe  numéral  nt* 
quiert  une  valeur  décuple  k  mesure  qu'il  est  reculé  d'un  rang  veéa 
la  gauche,  pai*  l'addition  de  nouveaux  diiffres  à  sa  droite  (3). 


CHAPITRE  QUATRIEME. 

Des  volumes. 

II  y  a  eu  peu  de  sujets  aussi  controversés  que  celui  de  la  forme 
des  livres  dans  l'antiquité.  Suivant  quelques  savans ,  les  anciens 
n'auroient  pas  connu  les  livres  carrés  et  n'auroient  eu  que  des  rou- 

(1)  Pal.  gi'ecq.,  p.  286  et  suiv. 

(3)  Y.  M.  Libri,  Uist.  des  sciences  inathem.,  toni.  l^p.  126  et  suiv. 
(3)  Notiv.  traite  de  diplom.,  préface  du  tom.  iv  ;  Élémen»  de  pale'ogr., 
]iar  M.  de  Wailly,  t.  I,  p.  711  et  suit. 


^84  J.    TECREIfER,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

leaux  ou  volumes.  Selon  d'autres ,  parmi  lesquels  nous  citerons 
Martorelli  (  i  ) ,  l'antiquité  n'auroit  eu  que  des  livres  carrés,  au  moins 
pour  la  littérature,  et  les  rouleaux  auroient  été  seulement  employés 
pour  les  registres  et  les  actes  d!admiDistration.  Ces  deux  opinions 
sont  Tune  et  Tautre  loin  de  la  vérité.  Outre  les  passages  des  anciens 
auteurs,  qui  mentionnent  et  les  codices  et  les  voiununa^  nous  avons 
nn  nombre  considérable  de  peintures  et  de  médailles  antiques  dans 
lesquelles  sont  repiésentées  les  deux  formes  de  livres  ;  et  comme, 
bien  certainement ,  tous  les  rouleaux  retracés  dans  ces  peintures  et 
sur  ces  médailles  ne  peuvent  avoir  rapport  à  des  actes  administra- 
tifs, l'argument  que  ces  monumens  fournissent  peut  servir  à  réfu- 
ter à  la  fois  deux  opinions  exclusives  que  nous  ne  saurions  partager. 
Martorelli  connoissoit ,  aussi  bien  qu'on  pouvoit  les  connoitre  de 
son  temps,  les  manuscrits  d'Herculanum,  parmi  lesquels  iln*y  a 
p^js  un  livre  carré  ;  mais  il  éludoit  l'objection  qu'on  pouvoit  en  tirer 
contre  son  système  en  soutenant  que  c'étoient  des  recueils  de 
chartes  et  d'actes  administratifis.  Depuis  ,  on  a  déroulé  et  déchiffiré 
un  certain  nombre  de  ces  manuscrits,  on  n'a  trouvé  encore  que  des 
ouvrages  philosophiques  ou  littéraires. 

Un  autre  savant  italien,  Mazzodii,  a  publié  deur  dissertations  (a) 
pour  prouver  que  les  codices  remontoient  à  une  plus  haute  antiquité 
que  les  volumes.  Ce  système  nous  a  semblé  appuyé  sur  des  preuves 
plus  spécieuses  que  solides.  Si  l'une  des  deux  formes  de  livres  est 
plus  ancienne  que  l'autre ,  c'est  à  coup  sûr  celle  du  volume.  B»-* 
ruch  dit  dans  Jérémie,  dont  les  prophéties  remontent  à  six  cents  ans 
avant  notre  ère  :  J'écrivois  avec  de  l'encre  dans  un  volume,  ego  seri" 
bebam  in  volumine  atramento  (3).  Le  volume  est  encore  nonruné 
dans  le  Deutéronome  ,  dans  Josué  ,  les  Rois ,  les  Paralipomènes , 
Esdras,  les  Psaumes,  Isaïe,  Ezéchiel,  Zacharie,  etc.  L'ancienneté  in- 
contestable des  livres  saints  donne  un  nouveau  prix  à  leur  témoi- 
gnage. Nous  n'avons  pas  besoin  d'accumuler  ici  tous  ceux  que  nous 
fouriiiroit  l'antiquité  prpfane;  ils  trouveront  naturellement  leur 
place  dfins  la  suite  de  ce  chapitre. 

(i)  De  régla  theca  calamaria,  3  vol  in -4. 

(a)  Dans  la  collection  intitulée  :  RaccoUa  d'opuscoU  scientifici  ejilologici , 
parCalogcra,  tom.S?. 

(3)  Je'rdmie ,  xxxyi,  a.Voy.  Deat.  xxviii,  58. — Jos.  yiii,3i. —  Reg.  xxii,  8. 
Paralip.,  Il^xxxiy,  i6. — Esd.,vi,  i. — Ps.  xl,  8. —  Isaïe,  viii,i. — Ezëch.,  III, 
i,j,3.  —  Zach.  V,  1,  2. 


\ 


BOLLETfN   on   BIBLIOPHILE,  ^85 

Saumaise  traite  d'ineptie  Topinion  de  saint  Jérôme,  deCassiôdore 
et  d'Isidore  de  Séville,  qui  font  venir  le  mot  liber  de  l'usage  où 
étoient  les  anciens  d'écrire  sur  le  liber  ou  écorce  des  arbres.  Sui** 
Tant  le  docte  commentateur  ,  liber  vienl  du  grec  CiC^ov  ,  que  les 
Eoliens  écrivaient  C/C/of,  et,  par  une  transmutation  de  lettres  qui 
leur  étoit  familière,  Ca/^op  (i).  Ce  mot  liber  étoit ,  au  iv«  siècle ,  un 
terme  générique  s'appliquant  aussi  bien  aux  livres  carrés  qu'aux 
Tolumes.  Saint  Jérôme ,  dans  un  passage  que  nous  avons  rapporté 
plus  haut,  appelle  des  livres  de  luxe  libros  et  codices  dans  la 

même  phrase  :  Habeanl  qui  volunt  veteres  libros oneramagis 

exarata  quant  codices.  Environ  deux  siècles  auparavant,  Ulpien  se 
posoit  la  question  de  savoir  si  les  codices  étoient  compris  dans  un 
legs  de  livres,  libris  legatis;  et,  quoique  la  question  soit  résolue  affir- 
mativement par  lui  (2)  et  par  le  jurisconsulte  Paul  (3),  le  doute  qui 
ezistoit  à  cet  égard  prouve  que  l'usage  n'avoit  pas  encore  sanc- 
tionné l'acception  générale  que  le  mot  liber  reçut  dans  la  suite. 
Aussi  croyons-nous  qu'on  peut ,  toutes  les  fois  que  ce  mot  se  ren- 
contre dans  un  auteur  antérieur  au  m*  siècle,  le  traduire  hardi- 
ment par  volume  ou  rouleau.  En  effet ,  lorsque  Ulpien,  qui  écrivoit 
dans  les  premières  années  du  m*  siècle  ,  recherche  l'extension  que 
peut  avoir  un  legs  de  livres,  il  y  comprend  tout  d'abord  les  volumes 
sans  en  apporter  d*autre  raison  que  la  valeur  grammaticale  du  mot 
liber,  Librorum  appellatione ,  dit-il ,  continent ur  omnia  volumina  y 
mais  il  hésite  à  étendre  le  legs  jusqu'aux  livres  carrés.  Quod  si 
(libri)  in  codicibus  sint ,  an  debeantur  videamus  ?  Et,  lorsqu'il  se  dé- 
cide ,  il  en  donne  poifr  raison  que  par  le  mot  lii^re  on  entend  non- 
seulement  un  volume,  mais  encore  un  écrit  d'une  certaine  étendue 
déterminée  ,  scripturœ  modus  qui  certa  fine  concluditur.  Ainsi ,  au 
II*  siècle,  liber  avoit  une  double  acception  ;  il  signifioit  un  volume 
et  une  des  divisions  d'im  ouvrage ,  comme  un  livre  des  Commen- 
taires de  César ,  un  livre  du  traité  de  Varron  sur  l'agriculture.  La 
signification  que  nous  donnons  au  mot  liber  est  clairement  expri- 
mée dans  cette  phrase  de  Sénèque  le  père,  où  l'écrit  désigné  par  ce 
mot  poite  évidemment  les  caractères  distinctifs  du  rouleau  :  Ergo 
ut  librum  velitis  usque  ad  umbilicum  revolvere ,  adjiciam^  etc.  (4). 

(i)  De  modo  usurar»,  p.  4o6. 
(a)  Digeste,  xxxii,  59,4. 

(3)  Senunt,,  ui,  6,  87. 

(4)  SiMSoria. 


786  J.    TECHENEH,    PLACB   DU   LOUTRE,    12. 

ÇicéroD,  Catulle ,  Tibulle,  Horace,  Martial ,  Pline  le  jeune,  lorsqa'ik 
parlent  de  leurs  ouvrages,  toujours  ou  presque  toujours  écrits  sur 
des  rouleaux,  emploient  constanunent  les  mots  iiher^  Ubellus  ;  àxa. 
livres  carrés  ils  appliquent  les  dénominations  de  eodicûSy  îabuim , 
tabellay  etc.  Cicéron,  produisant  en  justice  les  registres  où  Yenèf 
^voit  partout  changé  son  nom  en  celui  de  Yerrutius,  les  fait  tnuo»- 
crire  dans  un  volume ,  en  ayant  soin  de  conserver  la  figure  ezade 
de  toutes  les  surcharges  ,  Uttera  lituraque  omnes  assimulaios  «  €kr- 
pressœ  de  tabulis  in  Ubros  transferuntur.  Peut-on  mieux  prouver 
que  par  ce  passage  la  différence  qui  exisloit  entre  les  tablettes  et  les 
livres  ?  Or  nous  verrons  plus  tard  qu'à  Rome  le  mot  tabula  éloit 
très-souvent  synonyme  de  codex.  On  peut  donc  regarder  comme 
certain  que,  dans  le  principe,  le  mot  liber  s'appliquoit  aux  volomeÉ, 
à  l'exclusion  des  Uvres  carrés. 

.  Le  nom  de  volume,  volumen^  iWnucL ,  viçnt  de  la  forme  du  livre, 
qu'on  rouloit  sur  lui-même,  action  qui  screndoit  en  latin  par  voluere^ 
en  grec  par  ûhuv,  mais  les  Romains  avoient  encore ,  pour  exprimer 
l'enroulement  d'un  volume ,  un  autre  mot  qui  a  induit  en  erreur 
quelques  savons  en  leur  faisant  admettre  chez  les  anciens  une  troi- 
sième forme  de  livres  différente  des  codices  et  des  volumes.  Cest  le 
verbe  plicare  et  ses  composés.  Schvrarz  s'est  autorisé  de  ce  mot^  .appli^ 
que  quelquefois  aux  volumes,  pour  créer  des  livres  plies  conune  une 
lettre,  un  éventail  ou  un  paravent;  livres  auxquels  il  donne  le 
nom  de  libri  plicatiles,  qu'il  a  aussi  créé  ;  car,  à  notre  connoissalice, 
il  ne  se  trouve  dans  aucun  écrivain  de  l'antiquité.  Nous  exanùkl^ 
rons  plus  tard  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  ce -système,  contentons- 
nous,  pour  le  moment,  d'exposer  le  sens  le  plus  ordinaire  des  mots 
plicare  et  complicare;  ils  signifient  non  plier^  faire  des  plis,  maïs 
ployer  en  rouleau.  Lorsque  Aulugelle  décrit  la  scytale  laoédé- 
monienne  enroulée  autour  d'un  bâton ,  il  se  sert  du  mot  pli' 
care{i).  Martial,  envoyant  à  RujTus  deux  Uvres  d'épigranunes i 
Im  dit  :  Si  vous  trouvez  trop  long  d'en  lire  deux,  enroulez-en  un  ; 
l'ouvrage  ainsi  divisé  vous  paroitra  plus  court. 

Si  nimis  est  legisse  duos  tibi  charta  plicetar 
Altéra ,  divisum  sic  brève  fiet  opus  (3). 

On  trouve  encore  le  mot  plicare^  toujours  avec  une  signification 

(1)  XVII,  9. 

(a)  IV,  Sa.  Le  livre  ly,  où  se  trouve  cette  épigramme,  et  tous  les  livret  de 
Martial,  dtoieDt  en  rouleaux,  comme  il  seroit  facile  de  le  prouver  au  bctein.. 


BUIXEtiN   DQ    BIALIOFBILE.  78^ 

analogue,  daD»  Virgile  (  i  );  d^n^  S^nèquele  tragique  (a),  danslSéiné- 
sien  (3),  etc. ,  la  signification  du  mot  cqmpUcare  n'est  pas  moins 
certaine.  Martianus  Gapella,  dans  nf^  pasjsage  que  nous  avons  cité, 
faisant  une  énuuiération  de  livres  de  u^atières  différentes,  nomme  les 
livres  de  lin  pioyës  en  rouleau  carbasinis  volundnibus  complicafihbru 
Explicarcy  au  contraire  ,  signifiait  dérouler.  Martial  désigne 
ainsi  un  volume  qui  est  censé  avoir  été  entièrement  lu  et  par  con-^ 
séquent  déroulé  d'un  bout  à  l'autre. 

Explicitum  nobis  usquc  ad  sua  comua  librum 
Et  quasi  perlectum  (4). 

Gicéron  se  sert  du  même  mot  pour  dire  que ,  dans  son  pro- 
consulat de  Cilicie  ,  il  a  lu  en  entier  la  Cyropédie  de  Xénophon: 
TTûLiS^eioLv  K'jfoy  totain  in  hoc  imperio  expUcavi  (5).  Une  phrase 
de  Gassiodore,  que  nous  avons  déjà  rapportée,  ne  laisse  aucun 
doute  sur  le  vrai  sens  du  mot  expUcare,  G'est  celle  où,  parlant  du 
papy  lois  blanc,  il  dit  qu'on  le  ploie  en  rouleau  jusqu'à  ce  qu'on 
le  déroule  pour,  y  écrire  des  livres  :  In  se  revoluta  colligitur,  dum 
magnis  traclatibus  explicetur  (6).  De  là  vient  que  le  participe 
explicitas  servit  d'abord  à  marquer  la  fin  d'un  livre.  Les  copistes, 
au  lieu  du  moi  fin,  écrivoient  explicitas  est  liber  ou  explicitas  liber. 
Dans  la  suite  cette  formule  fut  abrégée,  et  l'on  ne  mit  plus  que  ex" 

« 

plicit  liber,  en  faisant  ainsi  un  verbe  tout  nouveau,  ou  même  tout 
simplement  explicit.  Nous  avons  coutume,  dit  S.  Jérôme,  d'écrire 
à  la  fin  de  chaque  opuscule,  pour  le  distinguer  du  suivant,  les  mots 
explicit  ovL  féliciter  (7),  ou  quelque  autre  chose  de  ce  genre.  G'est 
le  mot  explicit  qu'on  rencontre  le  plus  souvent  dans  les  manuscrits 
latins  et  même  françois  du  moyen  âge. 

Une  autre  dénomination  des  volumes  devoit  son  origine  à  la 
substance  sur  laquelle  ils  étoient  le  plus  ordinairement  écrits  : 
c'étolt  ou  du  papyrus,  ou  du  parchemin,  ou  de  l'écorce,  ou  toute 

(1)  i£ocid.,  V,  279. 
(a)  Mcd.,  V.,  G80. 

(3)  Eglog.III,  19. 

(4)  XI,  107.  Nous  verrons  tout  à  Theurc  ce  que  signifie  le  mot  comua, 

(5)  Ail  famil.,  IX,  35. 

(6)  Variar.,  XI,  38. 

(7)  Solemus,  completis  opusculis,  ad  dislinclioncm  rei  alterius  sequentis  ^ 
médium  iolerpuncre  explicit  nul  feliciferaut  aliud  ejusmodi.  Eptst.  ad  Mar^ 
cellam.  Alias,  i38. 


788  J.    TECHBNER  ,    PLACE   OU    LOUTRE,  12. 

autre  matière  flexible  comme  la  toile  et  les  peaux  tannées  (i); 
mais  le  plus  souvent  on  employoit  le  papyrus  nommé  en  latin 
ckartay  ce  qui  avoit  fait  donner  aux  volumes  le  nom  de  ekartœ^ 
'XJt^Tai.  L*usage  avoit  consacré  cette  appellation  ,  in  usa ,  dit 
Ulpien,  pUrîque  //^ro5  chartas  appellant{2),  Catulle  félicite  en  ces 
termes  Cornélius  Mépos  d'une  histoire  d'Italie  qu'il  avoit  écrite  en 
trois  volumes  : 

Ausus  es  un  us  Italorum 
Omne  sFum  tribus  explicare  chartis 
Doctis,  Jupiter!  et  laboriosis  (3). 

L'esprit  et  le  travail,  dit  Martial ,  ne  sont  pas  pour  un  livre  des 
gages  certains  d'immortalité  : 

Nescio  qiiid  plus  est  »  quod  donet  saecula  chartis 
Yicturus  genium  débat  habere  liber  (4). 

Ailleurs  il  parle  d'un  certain  Urbicus,  qui,  sans  avoir  ses  épi* 
grammes,  les  sait  par  cœur,  les  chante,  les  récite  à  tout  venant  et 
peut  tenir  lieu  du  livre  de  Martial  à  celui  qui  voudroit  le  connoltre 
sans  l'acheter 

Sic  tenet  absentes  nostros  cantatque  libelles 
Ut  pereat  chartis  littera  nulla  meis  (6) . 

Pline  le  jeune,  si  désireux  de  voir  passer  son  nom  à  la  postérité, 
dit  dans  une  de  ses  lettres  :  «  Les  uns  écoutent  (dans  les  récitations 
«  publiques),  les  autres  lisent;  écrivons  donc  des  ouvrages  dignes 
«  d'être  écoutés,  dignes  d'être  publiés  :  Nos  modo  dignum  aUquid 
«  auribusj  dignum  chartis  elahoremus  (6).  »     . 

(i)  Librorum  appcllatione  continentur  omnia  volumina ,  sire  in  charta , 
sive  in  merobrana  sint,  sive  in  quayis  alia  materia. . .  in  tilia  ut  nonnolli  con- 
ficiunt,  etc.  Digeste,  xxxii,  ôa,  4. 

(i)  UiJ. 

(3)  Carm.  i,  et  Vossius,  h.  1. 

(4)  Epigr.  VI,  Co. 

(5)  VII,  5i.  Voy.  aussi  VII,  44;  VIII,  a4;  X,  a. 

(6)  Épttre,  IV,  xyi,  3.  Voy.  aussi  Horace,  £pilre,  II,  i,  iût,iy,  vin,  ii. 
Ovid.,  TrUtes,  III,  i,  4. 

H.  Gbriuo. 
(La  suite  au  numéro  prochain.) 


CATALOGUE 


BBS    LITRBS 


DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  M.  LEBEB. 


(tome  l•^) 


Au  point  de  décadence  où  sont  parvenus  les  arts  les  plus  élevés 
de  la  pensée,  avec  tous  les  métiers  et  toutes  les  industries  qui  en 
dépendent,  c'est  une  heureuse  direction  de  l'esprit  que  celle  qui 
porte  tant  d'amateurs  à  faire  le  catalogue  raisonné  de  leurs  livres. 
La  littérature ,  l'imprimerie,  la  librairie  sont  arrivées,  en  effet,  au 
jour  du  catalogue  définitif.  La  philosophie  du  xvm'  siècle  avoit  dit  z 
Les  dieux  s'en  vont.  La  révolution  françoise,  son  formidable  écho , 
a  crié  :  Les  rois  s'en  vont,  La  civilisation,  perfectionnée  au  plus 
haut  degré  par  une  révolution  de  plus,  sait  maintenant,  à  n*en 
pas  douter,  que  tout  s'en  va  y  et,  comme  la  littérature  est  l'expres- 
sion de  la  société,  c'est  elle  qui  ouvre  la  marche;  il  est  temps  de 
s'occuper  de  son  inventaire  et  de  son  encan. 

Personne  ne  s'étonnera  donc  de  voir  les  Catalogues  descriptifs  et 
raisonnes  se  multiplier  d'une  manière  d'ailleurs  fort  satisfaisante 
pour  les  bibliophiles.  Un  des  plus  gt*ands  plaisirs  de  la  vie,  après 
la  possession  d'une  belle  collection  de  livres,  c'est  la  lecture  d'un 
bon  livre  qui  en  fait  connoitre  une  multitude  d'autres  ;  et  il  ne 
faut  pas  s'imaginer  que  ce  travail  soit  aussi  facile  qu'il  en  a  l'air  ; 
il  demande  beaucoup  d'exactitude ,  beaucoup  de  goût,  une  sage 
mesure  dans  la  critique,  une  sage  retenue  dans  l'éloge,  et  une  mo* 
dération  bien  rare,  surtout  parmi  les  amateurs,  dans  l'appréciation 
de  la  rareté,  de  la  beauté,  de  la  conservation,  de  l'importance 
respectives  de  certains  volumes,  qui  doivent  à  ces  circonstances  la 
plus  grande  partie  de  leur  réputation  et  de  leur  mérite.  Il  est  si 
naturel  de  trouver  beau  ce  que  l'on  a  et  de  louer  ce  que  l'on 

5o 


790  J.    TECUENER,    PLACE    DU    LOUVRE,    12. 

aime  !  Le  Catalogue  raisonné  de  Crevenna  et  celui  de  M.  Renouard 
sont  d'excellens  ouvrages  dans  ce  genre. 

J'ai  hilte  de  rendre  la  même  justice  au  Catalogue  raisonné  de 
M.  Leber,  et  on  ne  m'accusera  pas  de  perdre  du  temps,  car  des 
deux  volumes  qui  doivent  le  composer,  il  n'en  a  paru  qu'un  en- 
core ;  mais  je  me  porte  volontiers  caution  que  le  second  ne  sera 
pas  inféneur  au  premier.  Je  reviendrai  d'ailleurs  sur  tous  deux. 
C'est  du  plaisir  pour  deux  fois. 

La  bibliothèque  de  M.  Leber  étoît  connue  des  amateurs  pour 
une  des  plus  curieuses  de  la  capitale,  et  comment  en  auroit-il  été 
autrement  ?  M.  Leber  s'est  voué  toute  sa  vie  à  des  études  très- 
profondes,  qu'il  a  su  rendre  très-piquantes  dans  une  foule  de  bons 
écrits.  Ses  livres  étoienl  les  matériaux  de  ses  ouvrages,  les  pièces 
justificatives  de  ses  dissertations,  les  témoins  et  les  preuves  de  ses 
doctrines.  Il  n'avoit  rien  de  commun  avec  ces  bibliophiles  qui 
ont  des  livres  parce  qu'on  a  des  livres  ;  il  lisoit  les  siens,  e^  les 
lisQit  bien*  je  vous  en  réponds.  Il  avoit  donc  mis  dans  leur  choix 
l'attei^tion  scrupuleuse  qu'un  homme  bien  né  met  dans  celui  de 
ses  ainis,  et  même  de  ses  coqnoissances.  Il  n'y  a  pas  ici  un  volume 
qvd  Qe  soit  présentable  dans  une  société  honnête,  de  bonne  mine, 
d^  bonne  conversation  et  d'une  fréquentation  utile  ou  agréable. 
J^  dirai  plus  :  il  n'y  ep  a  point  qui  ne  soit  très-convenablepoent 
habillé,  non  pas  que  M.  Leber  puisse  partager  le  sot  dédain  du 
vulgaire  pour  le  mérite  mal  vêtu ,  il  est  trop  au-dessus  de  ces  foi- 
blesses  de  la  yanité,  mais  parce  qu'il  prend  plaisir  à  voir  ses  amis 
se  recommander  par  une  propreté  de  bon  goût,  accommodée  tpu<^ 
tefois  à  leur  position  et  à  leur  fortune  ;  du  vélin  de  Hollande  pour 
les  vieux  savans^  un  veau  net  et  poli  pour  la  bonne  bourgeoisie, 
de  la  moire  et  des  n^aroquias  pour  les  grands  seigneurs. 

C'est  dans  cette  compagnie  distinguée  que  M.  Leber  vous  intro- 
duit. Ouvre?  son  catalogue ,  et  il  va  faire  passer  devant  vous  ea 
revue  touite  cette  illustre  assemblée  d'écrivains  de  tous  les  temps 
et  de  tous  les  étages  qu'il  s'est  plu  à  rassembler  dans  soa  riche 
cabinet.  Si  vous  ne  les  connoissez  pas  toijis  également,  vous  pouvez 
vous  en  rapporter  à  lui ,  à  M.  Leber,  qui  les  connoît  à  merveille, 
et  qui  ne  vous  en  présentera  pas  un  seul  au  souvenir  duquel  votre 
wéoioire  se  refuse,  sans  le  caractériser  par  une  phrase  au  iwvas, 
quelquefois  par  une  brève  disserUûon,  quelquefois  par  une  anec- 
dote délificuasoieni  racontés,  et  tout  cela  avec  autant  de  justesse 


BULLETIN    on    BIBUOPHILE.  ngi 

que  d'esprit,  car  M.  Leber  a  trouvé  l'art  de  mettre  de  l'esprit  dans 
un  catalogue.  Les  gens  d'esprit  en  mettent  partout. 

Voilà  ce  que  j'avois  à  vous  dire  aujourd'hui.  Si  vous  avez  le 
Catalogue  de  M.  Leber  sous  la  main,  vous  me  saurez  gré  de  n'être 
pas  plus  long.  Je  vous  ferais  perdre  du  temps. 

Une  autre  fois,  nous  reviendrons  ensemble  au  Catalogue  de 
M.  Leber.  Nous  parlerons  de  ce  que  nous  y  avons  appris  ; 
nous  nous  irommuniquerons  nos  réflexions  et  même  nos  doutes 
sur  quelques  points,  car  je  ne  m'interdis  pas  la  critique.  Seule- 
ment, il  faut  trouver  matière  à  critiquer,  et  c'est  pour  cela  que  je 
prends  du  temps. 

Ch.  Nodier. 


C0rre^patt^anr^ 


A  M.  l'Éditeur  du  Bulletin  du  Bibliophile. 


Monsieur , 


Dans  le  n®  i5  de  la  3*  série  de  votre  intéressant  Bulletin,  vous 
menUonnez  (page  788)  un  livre  imprimé  en  1624  sous  le  titre 
de  Luscinii^  joei  ac  sales,  dans  lequel  se  trouve  presque  littérale- 
ment la  fable  de  la  Fontaine ,  la  Laitière  et  le  Pot  au  lait ,  lequel 
Pot  au  lait,  soit  dit  en  passant,  m'a  tout  Pair  de  descendre,  en 
ligne  directe,  de  la  Cruche  d'huile  de  canton  de  Pilpai ,  dont 
Gamerarius  a  fait  son  f^asculum  mellis. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  source  peu  connue  que  vous  indiquez  pa- 
rolt  ne  l'avoir  pas  été  du  tout  de  M.  l'abbé  Guillon,  auquel  on 
doit  tant  de  savantes  et  curieuses  recherches  sur  les  auteurs  d'a- 
pologues anciens  et  modernes.  En  effet,  dans  son  excellent  re- 
cueil intitulé  la  Fontaine  et  tous  les  Fabulistes ,  ou  la  Fontaine 
comparé  à  ses  modèles  et  à  ses  imitateurs,  il  ne  les  cite  point  au 
nombre  de  celles  ou  la  Fontaine  a  su  puiser  le  sujet  d'une  de  ses 
plus  jolies  fables  :  mais  cette  omission  n'est  pas  la  seule  que  l'on 
ait  à  signaler  à  l'occasion  de  la  fable  dont  il  s'agit  ;  car  M.  Guillon 
garde  également  le  silence  sur  les  nouvelles  récréations  et  joyeux 
devis  de  fionaventure  Desperiers,  bien  plus  connus  que  les  Lus- 
ciniiyjociac  sales,  où  le  même  sujet  est  traité  tout  à  fait  de  la  même 
manière  dans  le  chapitre  intitulé  :  Comparaison  des  alquemistes  à 
la  bonne  femme  qui  portoà  une  potée  de  lait  au  marché.  Edition  de 
Nicolas  Bonfons,  Paris,  1&72,  page  4^. 


BULLETIN   DD    BIBUOPHILE.  ^q3 

J'ai  trouvé  encore  une  autre  lacune  à  remplir  dans  Testimable 
ouvrage  de  M.  Guillon ,  et  je  vais,  chemin  faisant ,  vous  la  signaler 
ici.  11  attribue  à  Nicolas  Gcrbel  {Joach,  Ca/n^rariï  fabulae ,  1670 , 
page  4^8)  ridée  de  la  fable  de  la  Goutte  etUAraignée;  mais  on  est 
fondé  à  croire  que  Nicolas  Gerbel  Ta  empruntée  à  Noël  Dufail, 
dont  les  contes  d'Eutrapel,  publiés  pour  la  première  fois  en  1554) 
contiennent  un  chapitre  de  la  Goutte  qui  se  termine  ainsi  : 

«  Vous  sçavez,  dit  Polygame,  l'échange  que  Jupiter  fit  des 
«  domiciles  et  habitations  entre  les  damoiselles  Tlraigne  et  la 
tt  Goutte  :  à  Tlraigne,  à  qui  aux  maisons  des  grands  et  riches  on 
«  faisoit  mille  maux,  en  abattant,  balayant  et  rompant  ses  toiles 
et  et  filets,  fut  assignée  la  maison  du  laboureur  ;  et  à  la  Goutte,  qui 
u  n'avoit  que  mal  et  tourment  aux  champs ,  les  palais  et  maisons 
«  des  villes,  où,  depuis,  bien  traitée,  chauffée  et  nourrie,  elle  est 
«  demeurée ,  ne  craignant  ou  redoutant  aucun,  fors  son  ennemi 
«  conjuré  et  mortel,  appelé  exercice  :  car  l'eau,  qu'on  pense  luy 
u  être  contraire,  est  sa  vraye  nourriture,  au  jugement  mesme  de 
«  Galet,  parlant  des  maladies  aquatiques.  » 

J'ai  l'honneur  d'être  bien  sincèrement,  monsieur,  etc. 

Ddputel. 


VIENNE  (Dauphine). 

(Août  1889.) 

Sur  deux  dùvrages  fort  rares  sortù  des  presses  de  la  torrerie, 
imprimerie  particulière  de  la  Grande-Chartreuse  (1). 

EXPI^IGAT&ON  Dt  QUBLQUES  BNSBOITC  DBS  ANCfSMS  STATUtS  DE 
I«'OBDIUI  DBS  ClIABTBBUX,  AVEC  ÛES  ÈCLAMVitiSiKMENê  VKMStS  SUR 
L^    $i;JBT    d'un    LIBEIXB  QUI  A  ÈtÈ  COMPOSÉ  GONTfttf  l'OBDRB  (par 

l'abbé  de  Rancé),  bt  qui  s'est  divulgué  $B€rèt£meNt  (par  Dom 
Innocent  le  Masson,  prienr  de  (a  Grande-Chartreuse).  A  la  Cor- 
rerie,  par  André  Galle  (vers  1689)^  iii-4  de  166  pages. 

Cet  ouvrage  est  devenu  fort  rare,  ayant  été  supprimé  avec 
sorn.  Il  a  p^rù  â  l'occasion  de  la  controverse  qui  s'éleva 
enléé  fâbbé  de  Rancé ,  supérieur  de  la  Trappe ,  et  Dom  le 
Masson,  au  sujet  des  devoirs  monastiques.  L'abbé  de  Rancé 
ayaut  prétendu,  daus  son  Traité  de  la  sainteté  et  des  devoirs 
de  la  vie  monastique,  que  le  relâchement  s'étoit  introduit 
dans  quelques  parties  de  la  discipline  de  l'ordre  des  Char- 
treux, Dom  le  Masson  écrivit  en  j683  des  lettres  à  un  visi- 
teur de  son  ordre,  afin  qu'on  ne  communiquât  pas  aux 
Chartreux  le  Traité  des  devoirs,  dont  la  lecture  pouvoit 
être  nuisible,  et  en  1687  il  justifia  la  règle  de  la  Char- 
treuse dans  des  notes  insérées  dans  ses  Annales  Ordinis 
cartusiensis.  Mais  l'abbé  de  la  Trappe,  ayant  eu  connois- 
sance  des  lettres  de  Dom  le  Masson,  fit  une  réplique  sous 
ce  titre  :  Lettre  à  un  évéque  pour  répondre  aux  difficultés 
de  Dom  Innocent  Masson,  général  des  chartreux,  au  sujet 
des  allégations  faites  de  leurs  anciens  statuts,  dans  les  livres 
de  la  sainteté  et  des  devoii's  de  la  vie  monastique,  20  juillet 
168g.   Cette  lettre,  insérée  dans  les  Nouvelles  de  la  Repu- 

.Cl  )  Extrait  d'une  bibliographie  spéciale  des  ouvrages  imprimés  à  fa  Correrie, 
qui  sera  publiée  prochaiocment. 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILB.  ^  '  ^C)5 

hlique  des  iettrcB  (itiiii  et  juin  1710),  se  répatidoit  manus- 
crite ;  elle  prouve  que  l'abbé  de  Rancé  ne  se  bôtna  pas, 
dans  la  controverse  qu'avoit  hïi  surgir  son  Tlraùé  des  de- 
voirsy  à  répondre  à  Tilleinont,  en  gardant  lé  silence  à  Té  • 
gard  de  ses  autres  adversaires,  comme  l'a  avancé  M.  Weist 
{Biogr.  univ,,  tom.  87  ,  pag.  •■•3).  A  son  tour,  pour  réfuter 
le  sentiment  de  l'abbé  de  Rancé,  Dom  le  Masson  fit  pa- 
raître son  Explication  de  quelques  endroits^  etc.  Cet  ouvrage, 
dit  Debure ,  passe  pour  avoir  été  imprimé  en  secret 
et  sans  permission  dans  la  Grande-Chartreuse,  et  n'ayant 
point  été  vendu  en  public,  il  ne  s*en  est  répandu  que  peu 
d'exemplaires,  ce  qui  les  a  rendus  rares  et  difficiles  à  trou- 
ver. Vendu  80  fr.  chez  Gaignat  {CataLy  n**  736),  et  72  francs 
chez  le  duc  de  la  Vallière  {Catal. ,  tom.  i'*^,  n°  1,  118).  J'en 
connois  cependant  quatre  exemplaires,  savoir  :  3  à  la  bibl. 
publ.  de  Grenoble  {Catal. ,  tom  i*"",  u°  10049)9  et  un  4°'' 
chez  M.  G.  Leber  (Catal.  ^^  tom.  1",  n*  2798),  qui  vient  de 
léguer  sa  bibliothèque  à  la  ville  de  Rouen. 

Il  faut  remarquer  qu'un  grand  nombre  des  exemplaires 
de  cet  ouvrage,  finissant  à  la  pa^e  122,  sont  incomplets; 
il  leur  manque  une  critique  du  livre  de  l'abbé  de  Rancé 
intitulée  :  De  la  Sainteté  et  des  Devoirs  de  la  vie  monastique 
(Paris,  1 683-85  ,  3  vol.  in-4).  Cette  critique  commence  à 
la  page  1 23  et  finit  avec  le  volume  à  la  page  1 66  :  les  bons 
exemplaires  doivent  donc  avoir  166  pages.  On  trouve  ce- 
pendant encore  ordinairement,  à  la  suite  de  cet  ouvrage,  dit 
Barbier  (Dict.  des  Anonymes^  n"  633o),  une  autre  pièce  du 
même  D.  Masson,  intitulée  :  Aux  vénérables  pères  de  la 
Proç^incc  de  N.^  in-4.  Ccst  une  circulaire  adressée  à  tous 
tes  visiteurs  de  l'ordre. 

Debure  et  plusietirs  catalographe^  foût  imprimer  eu 
i683  cet  ouvrage  qui  est  sarts  date;  Debure  fonde  cette 
opinion  sur  la  circonstance  que  Doih  le  Masson  y  a  inséré 
ies  lettres  qu'il  avoit  écrites  en  i683  ;  mais  il  oublie  que 
Y  Explication  est  une  réponse  à  Id  lettre  écrite  en  1689 
par  l'abbé  de  Rancé.  Barbier  a  reproduit  cette  erreur  dans 
son  Dict,  des  Anonymes  (!!"*•  édition,  tom  i*',  n*  633o); 
mais  MM.  Brunel  {Manuel,  tom.  2,  pag.  25o)  et  Weiss 
{Biogr.  unit*.,  tom.  24,  pag.  40  font  observer  avec  raison 


^g6  J.    TECHENEB  ,    PLACE    DO   LOUVRE,     12. 

qu'il  n'a  pu  être  imprimé  qu'en  i68g,  puisque  D.  le 
Masson  y  repond  aux  reproches  que  Fabbe  de  Raucé,  dans 
sa  lettre  à  un  Et^éque  (datée  du  20  juillet  1689),  avoit  faits 
aux  chartreux  d'avoir  mitigé  leui-s  anciens  statuts.  Le  P. 
Hélyot,  dans  sa  préface  sur  les  ordres  religieux,  article 
Chartreuxy  donne  avec  peu  de  fondement  à  ce  volume  la 
date  de  i6g3. 

On  peut  consulter,  au  sujet  de  ce  volume,  la  Bibliogr. 
instrucl.  de  Debure  (tom.  2 ,  pag.  Ô7-60,  et  Additions,  pp. 
xv-xxvj) ,  *et  encore  la  Vie  de  saint  BrunOy  par  le  P.  de 
Tracy.  Paiis,  1785,  in-ia,  pag.  289. 

Annales  ordinis    CARTusiEivsrs ,  tribus  tomss  distributi,  tomus 

PRIHCS,  C01IPLECTEN8  EA  QUiE  AD  liNSTITUTIONEM,  DISCIPLINAM  ET  OB- 

8BBVANTIAS  ORDiNis  8PECTANT.  Correriac,  typis  Antonii  Fremon, 
typographi  Régis  ;  pro  supreina  computorum  caméra  Gratiano- 
politana,  M.  DC.  LXXXYII.  Cum  singulari  privilefio  Régis 
Christianissimi ,  in-fol.  de  4  feuillets  ni  chiffrés  ni  signés,  com- 
prenant le  Frontispice ,  VEpttre  de  l'auteur,  Dom  Innocent  le 
Masson,  prieur  de  la  Grande-Chartreuse,  ^V Index  Ae ^o^ip^, ^ 
plus  de  3  pag. ,  ni  signées  ni  chiffrées,  de  Table  et  H Errata, 

Cet  ouvrage,  comme  l'annonce  son  titre,  de  voit  se  com- 
poser de  trois  volumes.  Le  preiuier  seul,  divisé  en  trois  li- 
vres, a  été  livré  à  la  publicité,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'il  ne 
soit  rare.  La  bibliothèque  de  Grenoble  en  possède  plusieurs 
exemplaires  qui  proviennent  de  la  Grande-Chartreuse. 
(Voyez  le  Catalogue  de  cette  bibl.,  tom.  1*',  n®  20,745.)  Le 
tom.  secoud,  formé  du  4*°")  livre  qui  se  divise  en  deux  par- 
ties, a  été  imprimé,  mais  sans  être  pubhé  :  il  paraît  même 
que  l'ordre  s'opposa  à  ce  qu'il  fût  tenuiné.  Il  comporte 
144  P^g*  in-foL;  savoir  :  48  pag.  pour  la  première  partie, 
qui  embrasse  l'histoire  de  saint  Bruno ,  depuis  son  enfance 
jusqu'à  sa  retraite  dans  le  désert  de  la  Chartreuse,  et  96  pag. 
pour  la  seconde  partie  ,  qui  décrit  les  annales  de  l'ordre 
depuis  Tannée  i8o4  jusqu'à  l'anuée  1 1 17.  Les  exemplaires 
de  ce  secoud  volume  inachevé  sont  d'une  si  grande  rareté, 
qu'il  est  peu  probable  qu'il  en  existe  plus  de  5  ou  6.  Le 
Père  de  Tracy   {Vie  de  saint  Bruno,  Paris,  1786^  in- 12, 


BOLLETIN    DO    BIBLIOPHILE.  797 

p.  293  et  suiv.)  n'en  connaissait  qu'un  seul  exemplaire,  qui 
existait  à  la  Chartreuse  du  Val-Dieu,  près  Mortagne,  et 
deux  autres  mutilés,  dans  lesquek  la  première  partie  seule 
ëtait  imprimée,  tandis  que  la  seconde  était  manuscrite,  l'un 
à  la  Chartreuse  de  Paris,  l'autre  à  la  Grande-Chartreuse. 
Il  faut  joindre  à  ces  exemplaires  ceux  que  possède  la  bibl. 

2653 
de  Grenoble  :  l'un,  coté  ,  est  sans  frontispice;  mab 

2— B— I 
l'identité  typographique  ne  permet  pas  de  douter  qu'il  n'ap- 
partienne aux  presses  de  la  Correrie  :  les  pag.  187  à  i44 
inclusivement  sont  manuscrites ,  et  il  est  facile  de  se  con- 
vaincre, par  la  lecture  du  texte  et  les  réclames,  que  le  volume 

2653 
est  resté  inachevé.  L'autre  est  également  coté —  ;  il 

2— B— I 

provient  de  la  bibl.  de  la  Grande-Chartreuse,  et  les  notes 
manuscrites  et  les  corrections  dont  il  est  chargé  le  rendent 
fort  précieux  :  ces  corrections  étoient,  ce  semble^  destinées 
à  une  nouvelle  édition. 

En  1703,  et  peu  de  mois  avant  sa  mort,  Dom  le  Masson 
commença  à  faire  reparoître  lui-même  les  Annales,  ou  du 
moins  la  première  partie  des  Annales ,  sous  un  titre  plus 
analogue  à  l'ouvrage  ;  il  l'intitula  :  Disciplina  Ordinis  car- 
tusiensis  in  très  libros  distributa.  Cette  réimpression  sortoit 
des  presses  de  Dezallier  :  Parisiis ,  apud  Antonium  Dezal- 
lier ,  bibliopolam  Ordinis  car  tusiensis ,  via  Jacobaea. 
M.DCC.III.  Cum  privilegio  Régis  Christianissimi ,  in-fol. 
Ce  fut  bien  le  Masson  qui  entreprit  cette  réimpression , 
comme  nous  Tapprend  le  privilège  du  roi  placé  en  tête  de 
l'ouvrage,  et  non  les  chartreux,  selon  le  sentiment  du  P.  de 
Tracy  {loco  citato).  Mais  cette  réimpression,  inteiTompue 
par  la  mort  de  Dom  le  Masson,  ne  fut  ni  livrée  au  pubhc, 
ni  sans  doute  terminée.  La  bibl.  de  Grenoble  en  possède 
quelques  feuilles ,  notamment  le  frontispice,  que  son  Calai, 
(tom.  2  ,  n°  20746)  a  inscrit  sous  le  titre  de  Carions  pour 
une  nouifellc  édilion  des  Annales  cartusiennes .  Ces  feuilles , 
qui  renferment,  outre  le  frontispice  et  Tépître  dédicatoire, 
les  pag.    I,  2,  3,  4?  5,  6,  27,  28,  5i,  62,  111,  112,  261, 


79^  J.    T£CH£]fBA»  PLACE   DU    LOUVAE,     12. 

xfo  9  397  ,  398  ^  déiruÎAent  Tassertioa  du  P.  de  Tracy 
(^•cè  cù<Uo)y  reproduite  par  M.  Wèis  (Biogn  acniV.,  lom. 
XXIV^  p»  4O9  ^ut  tend  à  établir  que  cette  réimpression, 
loin  d'être  une  nouvelle  édition,  n'était  autre  que  l'édition 
•riginéle  des  AnnaUs ,  sortie  des  presses  de  la  Gorrerie, 
à  laquelle  on  avoit  ajouté  un  frontispice  et  les  premiers 
feuillets.  C'est  là  une  erreur  dont  il  est  facile  de  se  con- 
yaincre  i  en  jetant  les  yeux  sur  les  fleurons  4  les  filets  , 
les  lettres  capitales  ,  lès  caractères  et  l'ensemble  typogra- 
(ihique  de  ces  feuilles^  qui  n'appartiennent  pas  aux  presses 
de  la  Cori*erie;  Cette  conviction  achève  de  se  compléter 
sans  réplique  par  la  lecture  du  texte,  qui  a  subi  des  correc- 
tions, des  additions  et  des  retranchemens  :  par  exemple, 
au  bas  de  la  pag.  4 9  l'auteur,  dans  l'édition  delà  Correrie, 
renvojoit  au  tom.  a,  tandis  que ,  dans  l'édition  de  Dezal- 
iier,  ce  renvoi  est  supprimé  à  toutes  les  pages.  H  est  facile  de 
constater  de  bemblables  dissemblances,  qui  prouvent  que 
le  Disciplina  Ordinis  caHusiensis  étoit  bien  réellement 
une  nouvelle  édition  des  Annales ,  ou  du  moins  des  trois 
premiers  livres  des  Annales, 

Le  vicomte  Colomb  de  Batikes. 


oni^tUts  ^\i{*\o0itafff\(\nt$. 


M.  Gératid ,  dans  Tune  des  dernières  séances  de  la  Société  de 
rhistoirè  de  France  ,  est  entré  dans  quelques  détails  sur  le  carac- 
tère ,  llntérét  et  l'importance  de  la  chronique  de  Nangis ,  qui  ne 
doit  parottre  que  par  fragmens  dans  les  Historiens  de  France, 
lif .  Géraud,  qui  se  cliargeroit  de  publier,  pour  la  Société,  cette  in- 
téressante chronique  ,  a  indique  le  plan  qu'il  se  propose  de  suivre, 
et  exposé  aussi  que,  l'impression  de  cet  ouvrage  ne  devant  pas  être 
immédiate ,  son  adoption  ne  seroit  pas  contraire  à  la  règle  fixée  par  le 
conseil,  de  ne  publier  qu'un  historien  antérieur  au  xiv*  siècle  sur 
trois  de  cette  époque  ou  poslorieurs,  puisque  l'impression  de  la 
Correspondance  de  Màximilien^  des  Mémoires  de  la  reine  Marguerite 
éi  des  Mémoires  de  Colignr,  précédera  très -probablement  celle  de 
la  Chronique  de  Nangis.  Le  conseil  a  approuvé  cette  publication, 
qù^l  a  confiée  à  M,  Géraud. 


On  transfère  on  ce  moment  la  bibliothèque  du  Jardin  des 
Plantes  dans  une  partie  de  la  nouvelle  galerie  minéralogique. 
Ou  poursuit  le  classement  des  échantillons  dans  cette  immense 
galerie,  au  milieu  de  laquelle  vient  d'être  placée  une  magnifique 
statue  de  Cuvier,  en  marbre  blanc. 


Parmi  les  prix  fondés  par  M.  Napoléon  Gobert,  et  dont  l'attri- 
bution a  été  distribuée  entre  les  diverses  classes  de  l'Institut,  se 
trouve  une  rente  annuelle  de  10,000  fr.,  qui  doit  être  décernée  à 
Fauteur  du  meilleur  ouvrage  sur  l'histoire  de  France.  L'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  fut  chargée  de  décerner  ce  prix 
à  l'ouvrage  le  plus  remarquable  publié  dans  le  cours  de  l'année, 
et  le  dernier  lauréat  doit  jouir  de  la  dotation  entière  tant  qu'un 
livre  reconnu  supérieur  n'aura  pas  déterminé  F  Académie  à  cou- 


12. 


800  J.    TECUENER  ,    PLACE   DU    LOUVRE  , 

ronner  un  nouveau  concurrent.  D  y  a  quelques  mois,  rAcadëmie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  fut  appelée  pour  la  première  fois 
à  user  du  droit  que  lui  avait  conféré  M.  le  baron  Gober  t.  Elle 
jugea  convenable,  au  lieu  d'attribuer  le  prix  entier  à  une  seule 
publication,  de  le  diviser  par  portions  égales  entre  quatre  ouvrages 
choisis  parmi  ceux  présentés  au  concours.  Ces  quatre  ouvrages 
sont  :  V  Histoire  des  François  des  divers  États  y  par  M.  Alexis  Mon- 
teil;  V Histoire  du  droit  francois  y  par  M.  Laferrière,  professeur  à 
la  faculté  de  droit  de  Rennes  ;  V Histoire  de  la  municipalité  de 
Reims ,  par  M.  Yarin ,  doyen  de  la  faculté  des  lettres  de  Rennes; 
enfin,  Y  Histoire  de  saint  Loiu'Sy  par  M.  le  comte  de  Villeneuve» 
Trans.  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique,  à  l'approbation 
duquel  la  décision  de  l'Académie  se  trouve  soumise,  a  reSoMé 
de  la  contre-signer,  et,  de  cette  manière,  aucun  prix  ne  sera  dé- 
cerné cette  année. 

Le  ministre  a  pensé  que  M.  Gobert  a  voulu  susciter  de  grands 
ouvrages ,  encourager  les  hommes  de  talent  à  persévérer  dans 
une  voie  souvent  si  rude  et  si  périlleuse,  en  leur  assurant  un  prix 
proportionné  à  de  longs  labeurs  et  à  de  pénibles  sacrifices.  Si 
Ton  divise  trop  complaisamment  la  récompense,  on  risque  de  ne 
rencontrer  que  la  monnaie  de  ces  productions  remarquables,  fruit 
d'un  travail  persévérant  et  d'une  haute  pensée  scientifique  ex- 
primée dans  les  formes  convenables  à  l'histoire. 


éfan^es  BtBrtO()rdfÇti|ttes. 


Nous  allons  extraire  et  traduire,  de  deux  ouvrages  qui  ne  sont 
pas  dans  les  mains  de  tout  le  monde ,  des  indications  de  manus- 
crits d'ancienne  littérature  françoise  ;  peut-être  ne  les  jugera-t-on 
pas  dépourvues  d'intérêt. 

Hartshorme  ,  dans  son  ouvrage  sur  les  raretés  bibliographiques 
que  possède  l'université  de  Cambridge  (1829 ,  p.  xiii),  mentionne 
un  manuscrit  fort  épais  sur  vélin,  proprement  écrit ,  et  remontant 
au  règne  d'Edouard  II.  11  contient  un  recueil  de  poëmes  en  fran-> 
çoia ,  et  un  ou  deux  poëmes  anglois,  et  quelques  compositions  la- 
tines de  peu  d'étendue  ;  parmi  ce  qu'il  renferme  de  plus  remar- 
quable ,  l'on  doit  remarquer  au  fol.  8  : 

j4rt  de  kalendere  en  romance. 

De  geste  ne  voit  pas  chauntez 
Ne  veilles  estorics  cuntez 
Ne  la  vaillance  as  chevalers 
Ki  jadis  estoient  si  fiers 


Rar  noslre  scignurs 
Par  ki  amur  cestc  ouvre  pris 
Coroande  me  avoit  e  requis 
De  aprendre  luz  e  enseigner 
En  romance  TArt  de  Kalender. 

A  la  fin  de  son  travail ,  l'auteur  se  fait  connoître  et  indique  l'é- 
poque où  il  écrivait. 

E  pur  ceo  en  Boroans  loi  troik. 
Etaunt  des  anus  sarcittenu 
Del  incarnation  Jesu 
Mil  e  deus  cenz  e  cinkounte  si» 
R.e  jeo  Raup  ceste  traite  fis. 

Il  ajoute  son  nom ,  qui  se  trouve  être  Radulpes  de  Lynham. 


802  J.    TECHENER,    PLACE    DU    LOUVRE,     12. 

La  onzième  partie  de  la  Bibliotheca  Heberiana(i836)  est  consa- 
crée aux  manuscrits  ;  laissant  de  côté  ceux  qui  n'ont  aucun  intérêt 
pour  la  France ,  nous  croyons  devoir  signaler  les  articles  suivans  : 

N°  1492  (pag.  i56)  contenant  : 

i<*  Le  Roman  du  roi  Waldef^  poëme  romanesque  composé  de  près 
de  22,000  vers  François ,  incomplet  à  la  fin.  Yoici  l'esquisse  du 
sujet: 


Après  l'expulsion  des  Romains ,  la  Grande-Bretagne  fut  divii 
en  nombreux  royaumes  :  un  d*eux  eut  pour  monarque  Atle;  Bèdc, 
un  de  ses  descendans,  avoit  une  sœur  nommée  Odenilde;  elle 
écouta  im  peu  trop  les  doux  propos  d'un  amant  qui  tenoit  un  imag 
distingué  à  une  cour  voisine,  et  qui,  cherchant  à  avoir  avec  elle  une 
entrevue  clandestine,  fut  tué  par  le  fils  de  Frode ,  sénéchal  du  raî 
Bède.  Odenilde  étoit  enceinte  ;  elle  accoucha  secrètement  d'un  en* 
lÎBuit  mâle ,  qui  fut  exposé  dans  im  bois  ;  un  des  officiers  de  la  cour 
l'y  trouva  ;  le  roi  l'adopta  et  lui  donna  le  nom  de  Florence.  Qud* 
que  temps  après,  Bède  épousa  la  fille  de  Morgan,  roi  de  Neustri  e 
il  en  eut  un  fils  nommé  Waldef.  A  la  mort  de  Bède  ^  le  sén  échal 
Frode  usurpa  la  couronne  et  tenta  de  faire  périr  Waldef;  mais  celu  i-ci 
fut  sauvé  et  rétabli  sur  le  trône  par  Florence  ;  ce  dernier  tua  Frode. 
Waldef,  après  avoir  subjugué  les  rois  voisins,  épousa  Ernilda,  qui 
lui  donna  deux  fils,  Giac  et  Gutlilac;  les  jeunes  princes  furent  en- 
levés, ainsi  que  la  reine  ,  par  une  bande  de  Sarrasins  ;  et  ce  ne  fut 
qu'après  de  longues  aventures  que  leur  père  les  retrouva  ,  déjà 
grands  ;  ils  allèrent  chercher  fortune  en  Allemagne ,  et  Giac  com- 
battit et  vainquit  l'empereur.  Pendant  leur  absence  ,  Waldef  fut 
surpris  et  tué  par  Brand,  à  Rochester.  Instruit  de  ce  malheur,  Giac 
entra  dans  un  couvent,  etGuthlac,  revenu  en  Angleterre  pour  ven- 
ger son  père  ,  combat  avec  Hunewald  ,  géant  danois  ;  l'ouvrage 
s'arrête  ici. 

Le  surnaturel  se  montre  peu  dans  ce  poëme  ;  il  se  borne  à  l'appa- 
rition d'un  ange  et  à  un  ou  deux  endroits  où  il  est  dit  un  mot  des 
fées  ;  mention  est  faite  des  bagues  dont  le  porteur  étoit  invulné- 
rable. L'exactitude  géographique  est  moins  violée  que  dans  les 
autres  compositions  de  l'époque. 

La  bibliothèque  du  collège  Corpus  Ghristi ,  à  Cambridge ,  pos- 
sède (n"  329.  i)  une  version  latine  manuscrite  d'une  vie  de  Waldef, 


BULLETIN   OD   BIBLIOPHILE.  jBo3 

par  John  Bramas,  moine  de  Thetford  ;  il  dit  qu'elle  a  d'abord  été 
composée  en  anglois  et  mise  ensuite  en  rime  fiançoise,  à  la  requête 
d'une  dame  qui  ne  connoissoit  pas  cette  langue. 

7fi  Le  Roman  de  Gui  de  JVtawick^  près  de  ia,5oo  vers  frniçois  , 
rimant  deux  à  deux. 

3**  Le  Romtui  d'Otuel;  même  sujet  que  l'ouvrage  qui  ppf  t^e  pe  titre 
daps  la  collection  dTllis  (Spécimens  of  curly  english  metrical 
romances,  i8o5  ou  i8i  i ,  3  vol.  in-8),  mais  beaucoup  plus  dé- 
veloppé. 

On  ne  trouve  ni  Waldef  ni  Otuel  dans  la  nombreuse  collection 
d'Epopées  chevaleresques  manuscrites  que  possédoit  le  duc  de  la 
Vallière. 

N»  i654(p.  176). 

Le  Siège  de  Troye ,  manuscrit  très-ancien  sur  vélin  ;  266  feuillets  , 
à  deux  colonnes  ;  il  commence  ainsi  : 

l.e  dda  quinte  assemblée 

I*  gDt  sre  f u  joiistée 

1  yous  dirai  toujt  a  devise 

Corn  fti  mors  li  rois  de  larise 

Corn  fil  mors  li  rois  redois 

Des  plus  baus  del  ost  greiois 

Q  i'u  mors  rois  citrosus 

Les  frères  roi  cedius 

Des  autres  rois  plus  de  dis 

Mlt'estoent  de  bautpris. 

Ce  début  est  différent  de  celui  du  Roman  de  Troye  de  Benoit  de 
Sainte-More ,  tel  qu'il  se  trouve  dans  Thistoire  de  la  poésie  augloise 
de  Warton  ;  l'histoire  littéraire  de  la  France  (t.  xiu ,  p.  4^4)  ^^^ 
coDnoître  ce  grand  poëme. 

N*»  i656,  p.  177. 

Chronique  de  Chariemagne^  en  vers  allemands,  datée  de  1419- 

Le  musée  britannique  possède  un  ancien  manuscrit  François  con- 
tenant rhbtoire  de  Gharlemagne ,  rédigée  en  prose  d'après  le  latin 


8o4  J-    TECHSNER  ,    PLACE  DU    LOUVRE^    12. 

de  Turpin  ;  le  rédacteur  annonce  qu'il  faut  se  défier  des  ouvraf^ 
en  vers,  fort  nombreux,  sans  doute,  qui  rouloientsur  le  mén^e  su- 
jet :  Nuz  contes  aymez  lien  est  vrais  :  tôt  mensonges  ce  qu'ils  dieni* 
Le  titre  de  son  ouvrage  est  curieux  :  a  Ci  comeoce  l'Ëstoire  que 
«  Tuf^in ,  le  ercevesque  de  Reims ,  fit  del  bon  roy  Gharlemagne  co- 
ït ment  il  conquist  Espagne  e  delivera  des  Paens.  £  par  ceo  qe  Es" 
N  toire  rimée  semble  mensunge^  est  ceste  mis  in  prose  solun  le  latin 
«  qe  Turpin  mesraes,  lest,  tut  ensi  cume  il  le  vist  et  vist.» 

Falconet  est,  en  effet,  d'avis  que  les  compositions  chevaleresques 
les  plus  anciennes  furent  d'abord  écrites  en  latin ,  et  mises  ensuite 
en  rime  françoise.  Cette  question  ,  dans  ces  derniers  temps ,  ëtoit 
l'objet  de  recherches  savantes,  auxquelles  il  ne  nous  appartient  pas 
de  tenter  d'ajouter. 

Il  seroit  curieux  de  savoir  dans  quelles  bibliothèques  se  trouvent 
aujourd'hui  les  trois  manuscrits  que  nous  venons  d'indiquer ,  et  si 
nn  des  abonnés ,  un  des  lecteurs  de  bulletin  pouvoit  et  vouloit 
fournir  des  renseignemens,  à  cet  égard ,  je  crois  qu'il  rendroit  un 
vrai  service  aux  amateurs  de  notre  ancienne  littérature. 

Nous  avons  relevé,  dans  ce  onzième  volume  de  la  Bibliotheca  He- 
beriana,  47  manuscrits  de  romans  de  chevalerie ,  de  poésie  françoise 
des  XIII*,  XIV*  et  xv*  siècles  ;  il  y  en  a  de  fort  beaux  ,  ornés  de  mi- 
niatures ;  plusieurs  venoient  des  bibliothèques  de  la  Vallière  et  de 
Mac-Carthy .  Un  autre  jour,  si  on  veut  bien  nous  le  permettre ,  nous 
en  indiquerons  quelques-uns.  Terminons,  pour  tempérer  la  séche- 
resse des  détails  bibliographiques,  par  une  petite  anecdote  que  nous 
trouvons  p.  137. 

Un  ecclésiastique  demandoit  à  une  femme  si  elle  avoit  constam- 
ment observé  un  seul  des  préceptes  du  Décalogue  \  à  la  grande  sur- 
prise du  prêtre,  elle  lui  répliqua  que  oui.  —  Quel  est  donc  le  com- 
mandement que  vous  avez  si  bien  mis  en  pratique  ?  —  C'est  celui 
qui  défend  de  désirer  la  femme  de  son  prochain.  G.  B. 


iButletin  Du  iSibliopljtle, 


iit 


lÛAtALOGDB   DB   LIVRES   BÂBKS   ET   CURIEUX,    DE 

LITTÉRATURE,   d'BISTOIRE,    ETC.,    QUI 

SE  TROUVENT  A  LA  LIBRAIRIE  DE 

J.     TECHEKER,    PLACE 

t>U      LOUVRE  , 

v?  18. 


N»  16.  --  Août  1859. 

1710   AbBÉGB    de   LA    VIE   ET   DU  RÈGNE  DB  CSARLES  I*',  dcpUÎS  Sa 

naissance  jusques  à  sa  mort,  trad.  de  ranglois.  Leyde,  Ara, 
Df' ^a/,  1666,  pet.  in-i  2,  vélin 5 — » 

1711  Alexandri  ab  Albxandro,  genialium  dierum  librî  sex,  corn 

integris  cômméntariis  variorum.  Lugd.-Bataif, ,  1678*, 
2  vol.  in-8,  vélin.  {Très-bel  ex,) 3o —  »• 

Pourd^autres  classiques  de  la  collection  f^ariorum,  TOj.Virgil., 
Tile-Live  ,  Oridc ,  CicéroD  ,  etc. ,  etc. ,  annonces  dans  d'autres 
l>ullelins. 

171 2  Allath  (Leonis)  de  Ecclesiae  occidcntalis  atque  orientalis 

perpétua  consensione  libri  très,  cjusdem  dissertationes,  de 
dominicis  et  hebdomadibus  Graecorum,  et  de  missa  pras- 
sanctificatorum  ;  cum  B.  Nihusii  ad  banc  annotationibusi 
de  communione  oiientalium  sub  specie  unica.  Colonial 

Agrippinœy   1648,  in-4»  v.  br i5 —  n 

Exeinpl.  de  de  Thou  et  de  Huct,  £▼.  d'Avraoches. 

1^13  Altéra  perpétua  crux  Jesu-Christi  a  fine  vitsc  usquc  ad 

5i 


8o6  J*  TKCHENEa  ,  ?LACE  DO  LOOVREy  la. 

finem  niundi  in  perpetuo  alteris  sacrificio  :  qaod  osten- 
ditur  idem  esse,  cuin  sacrificio  arse  crucis.  Intenerantur 
4o  iconibus  affectas  pii,  et  proposita.  Coloniœj  i65o,  pet. 
in-i2|  V.  br.,  fig 6—  » 

1714  Amstelebdams  eer  ende  opcomen  door  de  denckwaerdighe 
miraklen  aldaer  geschied  aen  ende  door  het  H.  Testament 
des  Altaers.  jintwerpen,  1 639,  pet.  in-8,  fig.  vélin. 


1715  ÂNASTABn  bibliotbecarii,  sedis  apostolicae  coUectanea  ^  quas 

in  gratiam  J.  Diaconi,  cùm  ecdesiasticam  historiam  medi- 
taretur  è  Grsecis  versa  concinnavit,  a  J.  Sirmondi  édita. 
Parisiisj  S*  CramoîsjTy  1620,  i  vol.  in»8,  vélin.     .     5 —  » 

1716  AifviLLB  (d').  Proposition  d'tme  mesure  de  la  terre,  dont  il 

est  résulté  une  diminution  considérable  dans  sa  circon- 
férence sur  les  parallèles.  Paris ^  Chaubert,  1735,  pet.  in- 12, 
br 6 —  » 

1717  Bo'ÊcE  DE  BoLSWEET.  Yoyage  de  deux  sœurs,  Golombelle  et 

Yolonlairette,  vers  leur  bien-aimé  en  la  cité  de  Jérusalem. 
Liège,  17349  pet.  in-8,  v.  br.,  figures. 

Lirre  qui  «lonne,  &u  temps  où  plusieurs  éditions  de  cet  ouvrage 
pouvoicDt  s^épuiser,  une  peinture  bien  singulière  des  mœurs  de 
cette  époque. 

17(8  BonvsLAUs  Balbinus  Yita  sancti  Joannis  Nepomuceni 
sigilli  sacramentalis  proto  martyris ,  conscripta  primum  a 
P.  B.  Balbino  S.  J.,  nunc  aucta  ex  actis  processuum,  ip- 
taque  solemnitate  canonizationis  ejusdem  s.  martyris  : 
illust.  iconismis  xxxiii ,  etc.  Aug.-VindeL  j  1730,  pet. 
in-4,    V.    br 12 —  » 

17 19  BorviN  (JFoAN.).  Claudii  Pelterii  regni  administri  vita.  Pétri 
Pithœi  ejus  proavi  vit»  adjuncta.  Accesserunt  elogia, 
opuscula  selecta ,  nots  aliaeque  appendices.  ParisUs  ; 
F.  Joûenruj   1716,  in-4>  port.,  mar.  r. ,  fil.,  ir.  d'or. 

{BeL  ex,) 

A  la  fin  te  troare  un  Abrëgë  du  caUlogue  de  la  Bibliothèque 
de  F.  Pi  thon,  fort  importante  en  livres  et  naoascritf. 


BDtXETIN   DO   BIBUOPHILE.  807 

1720  BoLiNGBBOUE.  Ldtei^  on  the  studyand  use  of  history.  BasiL^ 

1791,   in-8j  br 3—  »» 

1721  Brygman  (F.  JFban).  La  yie  admirable  tres-saincte  etmira- 

cvlevse  de  madame  saincte  Lydvvine  ;  réduite  en  meilleur 
ordre  par  le  V.  Pcre  frère  Lavrent  Svrivs,  et  de  nouueau 
mise  du  latin  en  françois  par  M.  Walrand  Caovli.  Bway, 
B,  BeUerCj  1601,  pet.  in-8,  cart i5-^  » 

1722  Bulle  (la)  d'oe,  suiyie  de]  la  sanction  pragmatique  et  loi 

perpétuelle.  Luxembourg,  André  ChevaUer,  1 741 9  pet.  in-8, 
cart. 3—  » 


1728  Chemin  (le)  de  la  Sainte  Croix,  ou  Exercice  de  piété  sur 
les  XIV  stations  du  Calvaire,  traduit  par  le  R.  P.  J.  Miel. 
Bruxelles ,  Lambert  Marchant ,   1782  ,  pet.  in-12,  fig. ,  v. 

4-  - 

1724  CflEVRiCAiiA,  OU  diverses  pensées  d'histoire,  de  critique,  d'é- 

rudition et  de  morale,  recueillies  et  publiées  par  M.  Che- 
vreau. Amsterdam^  Thomas  Lombrail,  1700,  2  vol.  in- 12, 
port.,V.  j 7—  » 

1725  Chifflet  (Laurent).  Essay  d'une  grammaire  de  la  langue 
française.  Bruxelles ,  Lambert  Marchant ,  1 697 ,  in- 1 2 ,  v.  br . 

8—  . 

1726  Cbrontgken  van  Hollandt,  Zeelandt.   Amsterdam^   i663, 

pet.  in-49  po^^i*^^  ^^  P^^  d'^P^  ^^^^^i"*     •     *     >^ — ^ 

1727  Comte  (le)  de  Soissons,  nouvelle  galante.  Cologne ,  P.  le 

Jeontf,  1706,  pet.  in-i2,  fig.jV.  br fr*-  » 

1728  CovTVMES  GENERALES  de  la  Cité  et  duché  de  Gambray,  et  du 

païs  et  conté  de  Cambresis  :  emologuées  et  décrétées  par 
monseigneur  l'illuBtrlssime  et  reuerendissime  messire 
Loyt  de  Bkrlâymont,  archeuesque  et  duc  de  Cambray,  etc. 
Dway,  Lojrs  de  Vrinde^  i574f  pet.  in-4>  Fél.     .     16—^» 


8o8  I.    TECHENER,    PLAGE   DU   LODVRE ,    12. 

1729  CfiisPiN  DE  Pas.  De  la  lumière  de  la  peinture  et  de  la  desi*- 
gnature,  divisée  en  5  parties,  contenant  :  la  i**',  la  manière 
de  tirer  toutes  les  parties  du  corps,  tant  des  hommes  que 
des  femmes  et  des  eniants  ;  la  2',  l'art  de  déseigner  et  de 
peindre  toutes  les  proportions,  tant  de  Thomme  que  de  la 
femme  et  des  filles,  le  tout  selon  Tordre  des  cinq  colomnes; 
la  3*,  contenant  en  soy  diverses  postures  de  femmes  nues, 
lant  giMsscs  que  médiocres  ou  longues  et  lestes,  le  tout 
tiré  au  naturel  ;  la  4'  traite  d'une  très-facile  et  artiste  ma- 
nière dont  les  figui'es,  avec  toutes  sortes  d*étoffcs,  se  doivent 
habiller,  et  de  Fusage  du  mannequin  ;  la  5"  partie  donne  la 
représentation  de  toutes  sortes  d'animaux  à  quatre  pieds, 
avec  leurs  mesures  ,  proportions,  raccourcissemens  et  ana- 
toinie,  faits  au  naturel  en  3 -sortes  de  représentations,  le 
tout  mis  en  lumière  en  4  langues,  italienne,  flamande, 
française  et  allemande,  et  avec  de  belles  figures  par  Crispin 
de  Pas.  Amst,,  1624,  4  P-  en  i  vol.  in-foL,  v.  br.     4^"^  " 

1^30  Ci^BTiLs  RuFxs  (QuiNTus).  Alexauder  magnus,  et  in  illum 
commentaiîus  Sam.  Pitisci,  etc.  Trajecti  ad  Rhcnum<,  1693, 
in-8,  vélin.  {Bel  ex.) 12—  » 

1781  Damianus  (J.)-  Bellum  germanicum  pro  Ferdinandis  11  et 
m,  caïsaribus  ab  deipara  per  eosdem  in  excrcituum  suo- 
rum  supremam  duccm  electa  gestum  L.  Guillielmo ,  ab 
anno  16 17  usque  ad  annum  1682.  Duaci^  J.  Seirmer^ 
i648,pel.  in-4,  rel i5—  » 

1 732  DiFFEBENTss  (les)  mŒUTS  et  coustumcs  des  anciens  peuples, 

dans  les  actions  les  plus  considérables  de  la  vie.  Amst,, 
/.  va/i  Z^jcA",  1670,  pet.  in- 12,  vélin 6 —  »• 

1733  Du  GRAND  ou  du  sublime  dans  Ics  moBurs  et  daus  les  diffé- 

rentes conditions  des  hommes.  Amst.,  P.  Mortier,  1686, 
pet.    ia-12,  T.  f. 3—  » 

1734  Enteetikns    des   morts    sur    Testât    présent   de  l'Europe 

(Charles^uint  et  François  I*'),  Cologne,  P,  Marteau^  1690, 
pet.  in-i3,  d.-rel.  5«  „ 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILE.  809 

1735  Egypte  (l')  de  Mvrtadi  fils  dv  Gapliipbe,  ov  il  est  traité  des 
pyramides,  du  débordement  du  Nil  et  des  autres  merueilles 
de  cette  province,  selon  les  opinions  et  les  traditions  des 
Arabes,  traduite  par  P.  Vattier.  Paris  ^  Billainej  16G6,  pet. 
in-i2,  V.  j.,  f.  {Rare) .     .     8 —  » 

1786  EsPAiT  (l')  desbommes  illustres,  ouïes  beures  récréatives 
des  bonnêtes  gens.  La  Haye^  A,  ArondeuSy  pet.  in-12, 
d.-rcl 


1737  Essais  historiques  sub  Orléans,  ou  description  topogra- 
pbique  et  criti({ue  de  cette  capitale  et  de  ses  environs. 
Orléans,  1778,  in-8 ,  br  ,  «vec  portr.  de  la  Puçelle.     6 —  »> 

1788  Evangiles  (les)  et  Epistrcs  des  dimencbes  et  festes  de  l'an, 

avec  celles  du  quarcsme  :  comme  elles  sont  au  missel  ro- 
main. Doifay^  J,  Bo^art,  1628,  pet.  in-12,  vélin,  vignettes. 

16 —   » 

1789  FoLiBTiB  (Ubert).  Ex  universa  bistoria  rerum  Europae  suo- 

rum  tempoiiim,  conjvratio  Jo.  Lud.  Flisci,  Tumultus  nea- 
politani,  cxdesP.L.  Farnesii.  Gena^a^  «587,  pet.  in-4,  v.  f. 


1 740  Fsrrand  (Jacques).  De  la  maladie  d*amovr  ou  raélancbolic 

erotique ,  discours  curieux  qui  enseigne  à  cognoistre  Tes- 
sence,  les  causes,  les  signes  et  les  remèdes  de  ce  mal  fantas- 
tique. Parisy  Dtnis  Moreauj  iGaS,  ia-S,  vélin. 

1741  Galenus  (Mattbbus).  ParaUpomena  dialecta,  ac  rbetorica 

sev,  via  ac  ratio  inueniendi  ex  locis  rbetoricis,  et  dialec- 
ticis,  argumenta  ad  disserendum  in  vtranque  parteni  de 
qualibet  re.  Dyacij  J.  Boscardi,  1 564,  pet.  in-8,  y.  br. 

1742  GoLLVT  (Lois).  Les  mémoires  bistoriqves  de  larepvb.  seqva^- 

noise,  et  des  princes  de  la  Francbe-Comté,  de  fioyrgogue, 
auec  vn  sommaire  de  Tbistoire  des  catboliques  rois  de 
Gastille  et  Portugal,  de  la  maison  desdicts  prioces  de  Bout- 
gongne.  Z>o/e,  1692,  iu-fo1.,  y.br 16 —  »> 


8lO  1.    TXCII£NER,   PLACE  OU   LOUTRly    12. 

1743  GouTB  DB  LoNouEMiLRB.  Dissertation  sur  la  chronologie  des. 

rois  mérovingiens,  depuis  la  mort  de  Dagobert  i"  jusqu'au 
sacre  de  Pépin.  Paris  y  1748,  in-i2,br.     .     .     •     4 — 5o 

1744  GuAEi!!  (P.}«  Grammatica  hd)Taica  et  chaldaica.  laU.'-Pari'^. 

siorum,  1724  et  26, 2  vol.  —  Ejusd.  Lexicon  kebraicum  et 
Chaldaeorum  biblicum.  làid,.,  1746,  2  vol.  ;  ens.  4  ^ol.  in-49 
V.   br 4^ —  *^ 

1745  ÇliiJiGciARDiNUs  (L.).  Belgicse  descriptio  generalis.^/115/0/tH/eiimV 

/.  Jansonivs  ,  i652,  2  vçj.  pet.  in-12  ,  vélin,  fig.  {Bel  ex») 

10 —  » 

1746  Hecqubt  (Fa.  Ad.   du).  Le  chariot  de  Tannée  fondé  sur 

quatre  roues,  à  scavoir  les  quatres  (sic)  saisons,  printamps» 
(sic)  esté,  autumne  et  Tiuer  ,  œuvre  treseloqant  diuisé  en 
quatre  liures,  contenant  en  Trief  tant  la  description  des  pron 
prietés  desd.  saisons  que  des  histoires  et  matières  de  toutes 
les  Testes  de  l'an,  auec  certaines  oraisons  selon  lesd.  Testes» 
autheur  F.  Adrien  du  Hecquet,  religieux  de  l'ordre  des 
Carmes,  du  couucnt  d'Arras,  a  Louuain,  par  Jehan  de 
Winghe.  L'an  M.  D.  LV.,  pet.  in-12,  mar.  l'oug.,  d.  s.  t. 
{Joli  exemplaire.) 4^^  *• 

Livret  curieux  et  original  qui  se  distingue  encore  par 
bien  d'autres  mérites  que  par  la  singularité  de  son  titre.  Ce 
n'est  pas  qu'il  n'y  ait  dans  l'énoncé  de  celuHci  de  quoi  at- 
tirer l'attention  de  plus  d'un  amateur  ;  mais  on  y  a  été 
pris  tant  de  fois  que  l'axiome  de  Juvénal  est  devenu,  de  nos 
jours  surtout,  vrai  des  livres  conune  il  Ta  toujours  été  des 
hommes  1  Froncis  nullafides.  C'est  pour  cela  que  j'ai  voulu 
dire  aux  lecteurs  du  Bulletin  ce  que  c'était  que  ce  petit 
livre  à  peu  près  inconnu.  C'est  à  la  fois  un  livre  de  piété  et 
de  poésie,  et  l'une  et  l'autre  sont  de  trè&-bon  aloi  ;  sa  prose 
est  consacrée  à  quelques  réflexions  morales  et  à  la  vie  d'un 
certain  nombre  de  saints,  et  ses  vers  sont  presque  toujours 
un  commentaire  élégant  de  sa  prose.  Je  n'ai  pas  besoin  d'a- 
jouter que  ce  Uvret  ignoré  est  une  des  curiosités  les  plus 
i-ares  de  l'ordre  auquel  il  appartient.  Si  peu  de  personnes 
en  auront  entendu  parier  qu'on  me  croira  facilement  sur 
parole.  Indagator. 


BULLETIN  OU   BIBUOPHILB.  8l  I 

1 747  Hbsios  (Gciix.).  EmblemaU  sacra  de  fide,  spe,  charitate. 

jintcerpiœ,  ex  off.  Plantiniana  B.  Moreti^  1687,  P^^-  in-12, 
d.-rel.,  non  rog.,  fig.  en  bois. 

1748  Het  nieuw  testament  ons  Heere  Jesus^^hristos.  TAntwerp., 

6jr  Chr.  Plantin^  '^77,  in-8 ,  veau  comp.,  fig,  en  bois. 


1749  HiSTOiEEs  admirables  et  mémorables  aduenuës  de  nostre 
temps,  recueillies  de  plusiem^  bons  autheurs,  mémoires  et 
avis  de  divers  endroits,  nouuellement  mises  en  Imnière 
par  S.  G.  (Goulard).  Parisy  J.  HOi^zé,  1618,  3  vol.  in.12. 
V.  m.  8—  « 

Becueil  composé  d^histoires  singulières,  de  Douvelles,  de  procès 
caiieuz  .  de  faits  plus  ou  moins  piquans,  et  dont  le  choix  fort 
récréatif  peint  les  mœurs  de  cette  époque. 

i^5o  ■     des  anabatistes ,  ou  relation  curieuse  de  leur  doc- 

trine, règne  et  révolutions,  tant  en  Allemagne^  Hollande, 
qu'Angleterre,  où  il  est  traité  de  plusieurs  sortes  de  men- 
nonites ,  kouakres  et  autres  qui  en  sont  provenus.  Paris^ 
Ch.  Clouzier,  161 5,  pet.  in-8,  x3  fig.,  vélin.     .     6 —  » 

1751  — ^^ des  hosties  miraculeuses,  qu'on  nomme  le  très- 
saint  Sacrement  de  miracle.  Bruxelles,  1770,  i  vol.  in-8, 
25  fig.  rel 8—  » 

175a  HiSTOULE  (l')  de  Theodorite  euesque  deCyropoIis,  ville  de 
Medie,  en  laquelle  sont  contenues  les  choses  les  plus  di- 
gnes de  mémoire,  aduenuës  en  la  primitive  Eglise,  tant  du 
règne  de  l'empereur  Constantin  le  Grand  comme  ses  succes- 
seurs, traduite  du  grec  par  D*  M.  Mathée.  PoictierSy  1544} 
in-8,  d.-rel.  (Par/,  conservé,) 9 —  » 

1753 du  clergé  séculier  et  régulier,  des  congrégations 

de  chanoines  et  de  clercs,  et  des  ordres  religieux  de  l'un  et 
de  l'autre  sexe,  qui  ont  été.étabUs  jusques  à  présent,  avec 
figures  qui  représentent  les  difierens  babillemens  de  ces 
ordres  de  congrégations.  Amst.y  P.  Brunel,  1716,4  vol. 
pet.  in-8,  ▼.  j.,  ^K ^5—  » 


3l2  I.  TECHENER  ^  PLACE  DU  LOUTEE,  12. 

1754  Historié  di  Nicolo  MachiavegU  cittadino,  ei  secreUrio  $o- 
rentino,  in  Vtnttia,  i54oy  fer  Comin  de  TrinOjfeiAnS,  rd. 
antiquée 


1755  H18T01BB  du  connestable  de  Bourbon.  Amsterdam,  i6g6, 

pet.  m-i2y  y.  br.,  fig.  5 —  • 

Dans  le  même  toL  :  Instxoctioii  politiqoo  pour  an  gentilhomme , 
ou  Yktt  de  réussir  a  la  cour.  Paris,  1696. 

1756  HoBBEE.  Elementaphilosophica  de  çive.  jimst.,  Elztu.,  1647» 

pet.  in-ia,  vëlm. 


1757  II0HO8COPE  (l')  DB  M.  Gbegoiee  Lbti,  moine  défroqué,  ou 
Jugement  du  caffé  Gascon,  porté  contre  sa  critique  sur  les 
loteries.  Am$t,,  1697,  pet.  in-ia,  d.-rel.,  fig..     .      6— 5o 

1768  Institvtion  (l')  des  loix,  covstvmes  et  avtres  choses  mer- 

ueilleuses  et  mémorables ,  tant  du  royaume  de  la  Chine 
que  des  Indes ,  contenues  en  plusieurs  lettres  missives  en- 
uoyées  aux  religieux  de  la  compagnie  du  nom  de  Jésus. 
PariSf  Seb.  Niiulle^  i556|  pet.  in-8,  rel.     .     .       i5 —  » 

1769  Lefàvbe.  Les  vies  des  poètes  grecs,  en  abrégé.  Paru  (Brux.^ 

Foppens)^  1680,  pet.  in-ia,  t.  br.  5 —  » 

1760  IiOUTS  DE  Gbenade  (R.  P.   F.),  Le  thresor  et  abrégé  de 

tovtes  ses  œyvres  spirituelles ,  mis  d'espagnol  en  françois 
par  G.  Cbappvys.  Douay,  B.  Bellere^  1 596,  pet.  in-8,  yélin. 

1761  LuiKEif   (Jan)  de  onwaardige  wereld  yertoond  in  yystig 

zinnebeelden  met  godlyke  spreuken  en  stichtelyke  yerzen. 
Amsi., l'jiOj  I  vol.  pet.  in-8,  fig. à mi-^ âges.  8—  » 

1762  IIaeot.  OEuyres.  La  Hajrey  1700,  2  tomes  en  i  vol.,  pet. 

in-12,  y i5—  n 

1763  MoNZAMBANE  (de).  L'estat  de  l'empire  d'Allemagne,  traduit 

(de  Puffendorff)  par  d'Alquie.  Amst.  ,  1669,  pet.  in-12, 
vélin 7 —  » 


A 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  8j3 

1764  NiKUPOOET  (G.  II.)*  Historia  reipublicae  etimperii  Romano- 

rum  ab  urbe  condita  ad  annum  urbis  dgcxxvii,  quo  Octa- 
viano  Gaesari  somma  imperii  cum  nominc  Augusti  delata 
fuit  :  contexuit  ex  monumentis  veterum.  Trajecti  ad  Elie- 
num^  J,  Broedelet y  i'^7,Z^  2,  y oXAn-Sj  y éXiu,     .     .     10—  » 

1765  Nouveau  bbgueil  d'Apophthbgmbs  cubons  mots,  rencontres 

agi'eables  et  pensées  judicieuses  des  anciens  et  modernes, 
mis  en  vers  françois,  smuant  la  copie j  à  Toulouse,  «/.  Boude, 
1695,  pet.  in-8,  fig.br 6—  » 

1766  No8tb£-Damb  (JFbhan  db).  Les  yies  des  plvs  célèbres  et  an- 

ciens poètes  provensavx,  qui  ont  floui^  du  temps  des  comtes 
de  Proyence.  Ljrorij  167 5,  pet.  in-8,  v.  r.     .     .     i5—  » 

1767  Nouvelle  description  des.  Pays-Bas  et  de  toutes  les  villes 

des  dix-sept  provinces.  Bruxelles  y  P  h,  Vleugarly  167  3,  .pet. 
iii-i2,  vélin. 


1768  Ovion  Nasonis  (P.)  opeea.  Daniel  Heinsius  textum  recen- 

^t  ;  accedunt  brèves  nots  ex  çolla^.  codd.  Scaligcri  et 
J.  Grvteri.  Lugd.'Bataporumy  Elzet^, ,  162g,  3  vol.  pet.  in- 1 2, 
mar.  rouge  à  comp.,  fil.,  tr.  dor.,anc.  rel.  (mais  un  peu 
picpiés). 20—» 

1 769  Pastoeales  (les)  de  Longus,  ou  Daphnis  et  Chloé,  traduction 

complète  d'après  le  texte  grec  et  les  meilleurs  manuscrits. 
Parisy  181 3,  in-8,  pap.  vélin,  mar.  rouge,  dent.,  doublé  de 
tabis,  fig.  (Simier) 10 —  » 

1770  Pehisosoi  (JF.).    Animadversiones  bistoricae.  Amstelodami, 

Th.  Boom,  i685,  x  vol.  pet.  in-8,  vélin.     .     .     .     6—  » 

1771  Pieuse  (la)  Allouette,  avec  son  tire-lire,  le  petit  cors  et  la 

plume  de  notre  allouette  sont  chansons  spirituelles  (par  le 

P.  Ant.  de  la  Chaussée).   Valenciennes,  i638,  2  tomes  en 

1  vol. pct.in-8,  vélin,  (^e/cxrw/?/.)  3o —  » 


\ 


8l4  '•    TECHBNEA)   PLACK  DU  LOUTRE  y    12* 

1 772  pLAvn  QvBHOLvs,  siue  avWlaria  ad  camerarii  codicem  ve- 
terem  denuo  collata,  eadem  a  ^talc  blcsensis  eiegiaco  cai^ 
mine  reddita,  et  nunc  priinum  publicata ,  addita  P.  Danie- 
lis ,  C.  Rittcrshvaii ,  J.  Grvtcri  notae.  Ex.  t/p.  H.  Comme- 
Uni^  iSgS Pvblii  Syri  mimi,  sélect»  sententie  auctiores, 

a  Josepho  Scaligero  expressif  etc.  Parisiis,  1622,  2  part,  eu 
1  vol.  pet.  in-8,  y.  m. 

Le  second  ouTrage  est  en  trou  langues  :  grecqoe,  latine  et  fran* 


çoise. 


1773  Plinu  secundi  bistoria  naturalis.  ^ug.-^Bizi.y  ex  off*.  Elzevi^ 

rianoy  i635,  3  vol.  pet.  in-12,  vélin 4^""  • 

Exempl.  bien  oonserrë,  4  p.  g  lig. 

1774  Pompe  (la)  fvnèbre  de  M.  Scarron.  Paris  y  J,  Ribou^  1660, 

pet.  in-12,  d.-rel 


1775  Proteus  of  Mînne-beelden ,  Yerandert  in  sinne-beelden, 

door  Jac.  Cats  ,  fig.  Rott.,  P.  van  Vaesberge^  1627,  in-4i 
parch.  {La  fin  manque,) 

1776  BscoBiL  6éifÉRAL  M»  QcnesTioivs  traitées  es  conférences  du 

bureau  d'adresse,  sur  toutes  sortes  de  matières,  par  les  plus 
beaux  esprits  de  ce  temps.  Paris^  Jean  Promès,  i655-6o, 
6  vol.  pet.  in-12,  vélin,  d'environ  600  pag.  chaque.  4^ — " 

On  lit  dans  le  catalogue  de  M.  Leber,  tome  1*',  page 
4o6,  la  note  suivante  : 

M  L'éditeur  et,  suivant  toute  apparence,  le  principal  rédac- 
teur de  l'ouvrage  est  Eusèbe  Renaudot,  fik  puîné  de  Tbéo- 
piaaste,  qui  avoit  obtenu  le  privilège  de  maître  général 
des  Bureaux  et  Adresses  ^  d'où  sortirent  les  Feuilles  tTAvis^ 
mères  des  Pditts^jijfkhes.  Ce  recueil  n'est  plus  guère  connu 
que  de  nom,  et  son  nom  n'explique  rien.  Ce  n'est  pas  qu'il 
mérite  d'être  condamné  à  l'oubli,  mais  le  Manuel n^ea. 
parle  point  ;  M.  Barbier  paroit  l'avoir  complètement  perdu, 
de  vue  ;  on  le  voit  rarement  figurer  dans  les  catalogues  mo- 
dernes ;  on  ne  le  trouve  plus  dans  les  ventes  ;  et  les  absents 
ont  tort.  Tant  pis,  au  surplus,  pour  l'amateur  dédaigneux 
qui  l'excluroit  de  son  cabinet  comme  un  bouquin  vulgaire» 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILE.  8l5 

De  même  que  les  Séries  de  Bouchet  et  les  deux  volumes  de 
Cholièresj  le  Bureau  d'Adresse  est  un  composé  de  brièves 
dissertations  sur  des  sujets  la  plupart  singuliers  et  curieux, 
par  des  hommes  en  qui  Térudition  et  la  connoissance  du 
inonde  s'unissoient  à  beaucoup  d'esprit  et  de  gaité.  On  en 
compte  plus  de  3oo  !  !  !  Un  choix  de  ces  opuscules,  fait  avec 
goût,  foumiroit  encore  la  matière  d'un  livre  fort  piquant. 
Le  lecteur  en  jugera  par  les  titres  suivants,  qui  ne  repré- 
sentent pas  le  quart  du  recueil  : 

De  la  Licorne.  —  Des  Satyres.  —  Du  Phénix.  —  Des 
Phantosmes.  —  Des  Génies.  —  De  la  Lycanthro^ûe.  —  Des 
Talismans.  —  Des  Philtres.  —  Des  Licubes  et  Succubes. 

—  Des  frères  de  la  Rose-Croix.  —  Du  Cocuage.  —  Du 
Nouement  de  l'Esguillette.  *—  De  la  Fureur  erotique.  —  Des 
Eunuques.  —  Des  Hermaplirodites.  •—  Comment  s'engen- 
drent les  mâles.  —  Qui  a  été  le  premier  fait  de  l'œuf  ou  de 
la  poule.  —  Si  la  femme  a  plus  d'amour  que  le  mari.  -— 
Quel  est  le  plus  fort  de  l'honneur  ou  de  l'amour.  —  Duquel 
l'enfant  tient  le  plus.  —  Auquel,  du  père  ou  de  la  mère, 
il  est  plus  obligé.  —  Lequel  est  l'aisné  des  deux  jumeaux. 
-—  Si  les  grosses  testes  ont  plus  d'esprit  que  les  autres.  — 
Des  Facéties.  —  Des  Masques.  — -  Du  Secret.  —  De  la  Cu- 
riosité. —  Combien  peut  estie  l'homme  sans  manger.  —  Des 
diverses  façons  de  porter  le  Deuil.  —  Des  Embaumemens 
et  Mumies.  —  Si  le  Monde  vieillit.  —  Si  l'on  peut  pro- 
longer la  vie  de  l'homme.  —  S'il  vaut  mieux  savoir  de  tout 
un  petit,  ou  une  seule  chose  solidement.— Du  Mon  t-dc-Piété. 

—  Pourquoi  l'Aimant  attire  le  fer.  —  Si  d'autres  animaux 
que  l'homme  usent  de  raison.  —  S'il  y  a  plus  de  cinq  sens 
extérieurs.  —  Si  la  parole  est  naturelle  et  particulière  à 
l'homme.  —  De  la  diversité  des  Noms  propres.  —  Quels 
sont  les  plus  heureux  des  sages  ou  des  fous.  —  Si  l'on  peut 
réduire  utilement  toutes  les  sciences  en  une.  —  Des  Es- 
freines.  -r*  Des  Armoiries.  -^  Quelle  est  la  plus  forte  chose 
du  monde.  —  Du  Verre.  —  Des  Fards.  —  Du  Tabac. 

—  De  l'invention  de  l'Artillerie.  —  Quel  est  le  plus  puis* 
aant  de  l'or  ou  du  fer.  -^  S'il  est  expédient  d'avoir  des  en- 
nemis. —  Des  causes  de  la  Petite  Vérole.  — *  De  la  Lèpre, 
-r-  Quelle  est  la  plus  excusable  des  passions  humaines.  — 


8l6  J.    TECHENCR,    PLACE  DU   LOUVRE,    13. 

Quel  est  le  plus  désirable  de  vivre  peu  ou  louguement.  — 
Le  courage  est-il  naturel  ou  acquis?  —  Pourquoi  les  Fran- 
çois se  piquent  si  fort  du  démenti.  —  De  l'origine  des 
Pierres  précieuses.  —  Lequel  vaudroit  mieux  savoir,  tout 
ce  que  savent  les  hommes,  ou  tout  ce  qu'ils  ignorent.  «—  Si 
l'homme  peut  avoir  trop  de  science.  — -  Si  les  sciences  sont 
utiles  à  l'Estat.  —  S'il  y  a  un  Art  de  faire  de  l'or.  —  Si  la 
musique  fait  plus  de  mal  que  de  bien.  —  Comment  elle 
guérit  ceux  qui  sont  mordus  de  la  tarentule.  —  Lequel  vaut 
mieux  enterrer  ou  brusler  les  corps  des  défuncts.  —  S'il 
faut  écrire  comme  on  prononce,  ou  suivre  l'ancienne  ortho- 
graphe.  —  Pourquoi  l'aîguille  aimantée  tire  vers  le  nord. 

—  Quels  sont  les  plus  ingénieux  du  monde?  —  Si  la  na- 
ture contribue  plus  à  faire  les  poètes  que  les  orateurs.  — 
Si  la  vérité  est  dans  le  vin.  —  S'il  n'y  a  rien  de  nouveau. 

—  Si  l'homme  a  plus  de  bien  que  de  mal  en  ce  monde.  — 
Lequel  est  plus  difficile,  ou  à  l'honmie  de  bien  de  îaxre  le 
mal,  ou  au  meschant  de  faire  le  bien.  —  Lequel  est  h  pré- 
férer^ de  parler  le  premier  ou  le  dernier.  —  Etc. 

Cette  édition  in-i8  avoit  été  précédée  d'une  collection 
in-4,  dont  les  premiers  parurent  en  i654,  un.  an  avant 
rin-8  :  on  voit,  par  là,  que  l'ouvrage  eut  tout  le  succès  qu'un 
éditeur  de  cette  époque  pût  se  promettre  d'une  pareille 
publication.  » 

1777  Recueil  de  diverses  pièces  curieuses  pour  servir  à  l'histoire. 

Cologne, par  J.  du  Castel^  1664»  pet.  in- 12,  vélin.    10—  » 

Les  pièces  renfermées  dans  ce  recueil  sont  au  nombre  de  cinq, 
dont  la  conjuration  de  la  dona  Hjpolite  d^Arragon.  —  La  Relt' 
tion  de  la  mort  du  marquis  de Monaldeschi,  etc.,  etc. 

1778  Rbifeicbehoius  (J.).  Emblematapolitica.  ^/715/.,  Ja/i55o/utt5y 

i632.  — •  M.  Zveiîi  Boxhomii  emblemata  politica  et  ora- 
tiones.  jimst,^  Jans.,  i635,  2  p.  en  i  vol.  pet.  in-12,  vélin. 
{Bien  jolies  vignettes,  )  6— 5o 

1779  Reinesius  (Th.).  Syntagma  inscriptionum  antiquarum  in 

vasto  Jani  Gruteri  omissarum,  cum  coinmentariis.  Lipsitt 
et  Franco/urtiy  i682,in-fol.,  fig.,  v.  br.     .     .     .     25—  » 


BULLETIN    DU   BIBUOPHILE.  817 

1780  Relandi  (Petei).  Fasti  consulares,  ad  illuslialionem  codicis 
Justinianci  ac  Theodosîani  secundum  rationes  temporum 
digesti ,  et  auctoritate  scriptorum  atque  lapidum  antiquo- 
rum confirmati ,  ad  quos  appendix  additur  Hadr.  Relandi 
ex  codd.  mss.  continentur.  Trajecti  ad Rhenurrij  lyiSyin-S^ 
vélin g —  » 

I  781    SCALIGEEIANA  ,    TbUANA  ,  PeEUONIAN A  ,  PlTHAANA  ET  CoLO- 

.  ME8IANA ,  OU  Remarques  historiques  y  critiques  ;  morales  et 
littéraires  de  J.  Scaliger,  J.-A.  de  Thou,  le  card.  du  Perron, 
Fr.  Pithou  et  P.  Colomiés,  avec  les  notes  de  plusieurs  sa- 
vants, jimst.  j  Copens  et  Mortier  ^  i74^y  ^  ^0^*  ûi~8,  vélin. 

178a  ScHVEZFLBiscHii  (GoNE.  Sam.).  Epistols  selectiorcssecvndvm 
nvnc  sine  lacvnis  et  cvm  memoria  avctoris  emendativs 
éditée  ac  promvlgatae.  F'uriembergœ^  '7^9,  in-8,  port.,  v. 

1783  SfiRECiE  (L.  A.)  ET  P.  Stei  Himi,  forsau  etiam  aliorum,  sin- 

gulares  sententiae ,  centum  aliquot  versibus  ex  codd.  Pall. 
et  Frising,  stud.  Jani  Gruteri,  cum  notis  Scaligcri.  Lugd.^ 

Baiafforumy  1708,  in-8,  vélin.  {Atix  armes.)     .     .     7—  » 

» 

1784  Seubein  (le  R.  feIeee).  Histoire  de  la  vie,  miracles  etcano- 

nization  de  S.  Hyacinthe  Polonois.  Àrras,  G.  Beuiduyn, 
1602,  pet.  in-8,  fig.,  vélin.  {Rare.)  g—  » 

1785  Simon  (Ricbaed).  Histoire  critique  du  Vieux  Testament , 

1680,  I  vol.  pet.  in-4)  vélin.  {Bel  ex.).     .     .     .     12 —  » 

1786  S0EBEEIANA ,  ou  bons  mots,  rencontres  agréables,  pensées 

judicieuses  et  observations  curieuses  de  M.  Sorbiere.  Paris, 
S,  M.'Cramoisy,  1782,  pet.  in-12,  br.  4 —  » 

1 787  SiNGULAEiTÉs  H1ST0EIQUB8  ET  LITTBEAIEB8  Contenant  plusieurs 

recherches,  découvertes  et  édaircissemens  sur  un  grand 
nombre  de  difficultés  de  l'histoire  ancienne  et  moderne. 
Paris j  Didoty  1788,  4  vol.  in-12,  rel.  24 —  h 

1788  Tbiees  (J.-B.).  Dissertations  ecclésiastiques  sur  les  princi-* 


8l8  1.    TECHENER,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

paux  autek  des  églises ,  les  jubés  des  églises ,  la  clôture  du 
chœur  des  églises,  etc.  Paris j  i6S8,  i  gros  vol.  iuria,  v.  bri 

178g  VALBNTiNiiLN  (Théodosb).  L'amant  ressuscité  de  la  mort 
d'amour.  Lyon^  Maurice  Rojr  et  Lojrs  Pesnoi^  i558,  pet. 
in-4.  {Bien  conservé.)  i\ 


1790  Vbga  (64mciuLAflo  DE  L4  Vsga)^  Histoùno  des  Yncas,  rois 

du  Pérou^  trad.  de  l'espagnol  (par  J.  Baudouin)  augmentée 
de  l'histoire  de  la  Floride,  par  le  même.  AmsUj  J.'F.  Ber^ 
nardj  2  Yol.  iu-4  (20),  fig.  de  B.  Picait,  y.  m.  or.  pap. 
{Trit^bel  exempl. J  aux  armes  d'Ameloi.).     .     .     3o —  m 

1791  Vn  DE  S.  NoHBEET.  Antwcrpen,  de  Cort.  s,  d,y  1776,  pet. 

in-4 9  ^^^c  ^^  très-beUes  fig.  par  P.  Galleus.  i5—  » 

1792  VrrA  S.  Norberti  canonicorvm  piaemonstratensiym  patriar- 

che Antverpiss  apostoli  Arch.  Magdeburg ,  ac  totivs  Ger^ 
maniae  priniatîs.  Concinnabat  et  elogijs  illustrabat  R.  P. 
Gh.  Yander  Sterre,  etc.  Anwerpiœ,  s.  d.,  pet.  in-4»  ^^^ 
35  fig.  par  U.  Gall.,  cart i5-«  » 

1 793  YrTiC  passionis  et  mortis  Jesu-Ghristi  mystcria,  pijs  médita* 

tionibus  et  adspirationibus  exposita  per  P.  J.  Bourgbesium 
Malbodiensem  cum  figuris  xneis  76  expressa  per  Boetium 
aBolswert.  Antwerp,y  H.  AertSj  1622,  pet.  in-8,  v.  br. 

3o—  » 
Ouvrage  remarquable  par  ses  jolies  TÎgnettes. 

1794  VosMEEUs  (MicH.).  Principes  HoUandiss  et  Zelandise  domini 

Frisiae ,  cvm  genuinis  ipsorum  iconibus.  Antt^erpiœ^Ch.Plan" 
tinusy  1578,  1  vol.  pet.  in-fol.,  vélin.  (^:re/?ip/.  de  de  Thou,) 

Charmant  excropl.  d^un  livre  surtout  rechercha  pour  ses  belles 
figures  représentant  les  costumes  du  temps. 

1)95  VoiTAGEs  (les)  de  Jean  Steuys  en  Moscovie,  en  Tartane^ 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILE.  819 

en  Perse,  aux  Indes  et  en  plusieurs  autres  paiis  étrangers, 
avec  la  relation  d'un  naufrage  dont  les  suites  ont  produit 
des  effets  extraordinaires,  par  M.  Glanius.  Amsterdam j 
veut^e  Jacob  F'an^MeurSj  1681,  in-ij»  ^^'  ^*  comp.  f., 
tr.   dor. ,  pi I 


PUBUGATIONS  NOUVELLES. 


1796  Abtbub  Dinaux.  Trouvères,  jongleurs  et  ménestrels  du  nord 

de  la  France  et  du  midi  de  la  Belgique,  tome  11  (Trouvères 
de  la  Flandre  et  du  Toumaisis).  Paris,  1839,  i  vol.  gr. 
in.8 10— » 

Le  premier  volame,  contenant  les  TrouTéres  cambrësîens , 
forme  un  vol.  în-8,  tire  à  sSo  exempt.  9—  » 

Le  second  volume  contient  la  vie,  l'analyse  et  un  extrait  de  plut 
de  lo  trouvères. 

1797  Bernard  (Aug.).  Les  d'Urfé,  Souvenirs  historiques  et  litté- 

raires du  Forez  ,  au  xvi'  et  au  xvii*  siècle  ;  avec  facsimilé 
Paris,  imprimerie  royale^    iSSg,    i   gros  vol.  gr.  in-8  de 

5oo  pages ,  br 10—  \> 

Gr.  papier,  tiré  à  très-petit  nombre.     .     .     .     ao —  » 
Excellent  ouvrage  pour  servir  k  Thistoire  du  Forez. 

1798  Browning  (W.  S.).  History  ofthe  huguenots,  from  iSgS  to 

i838.  London  andParis^  1839,  in-8,  cart.  i 


1799  Catalogiw  des  livres  et  manuscrits  rares  et  précieux  de  la 

bibliothèque  de  feu  M.  P.  P.  C.  Lammens,  dont  la  vente 
aura  heu  à  Grand  le  21  octobre  1889  (2*  partie),  i  voU 

in-8  de  4^0  pages,  br 3—^  1^ 

Les  prix  seront  imprimés  pour  les  souscripteurs. 

1800  GHROiiiQms  (lbs)  db  Norhandii  ,  pubhées  pour  la  première 

fois  d'après  deux  Mss,  de  la  bibliothèque  du  roi ,  à  Paris  ^ 


820  J.    TECHfiNER,    PLACE    DD   LOUVRE,    12. 

par  Fr.  Michel.  Rouen  ^  1 889  ,  pet.  in-4,  fig.  col.,  cari. 

i5— » 

1801  CoTTON  DBS  H0US8ATB8.  Des  devoirs  et  des  qualités  da  Bi- 

bliothécaire. Trad.  du  latin  et  précédé  d'une  préface  par 
M.  G.-D.  6r.  in-8  de  6  p.  {Extrait  du  Bulletin ,  à  petit 
nombre.),  , i—  » 

1802  Devillb  (A.)-  Histoire  du  château  d*Ârques.  Rouen^  1839, 

I  vol.  gr.  in-8  y  avec  8  pi n 


i8o3  LicQUBT  (Theod.).  Rouen,  son  histoire,  ses  monumcns,  son 
commerce,  ses  grands  hommes  :  guide  nécessaire  pour  bien 
connaître  cette  capitale  de  la  Normandie,  suivi  de  notices 
sur  Dieppe  et  Arques;  4'  édition  avec  une  carte  et  gra-^ 
vures,  T 839,  pet.  in- 12,  br 3—  » 

1804  IIIarnibb  (A.-J.),  avocat.  Etablissemens  et  Coutumes,  As- 
sises et  Arrêts  de  l'Echiquier  de  Normandie  au  xiii*  siècle 
(1207  à  1243),  d'après  le  manuscrit  de  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève,  1839,  i  vol.  in-8 4 —  * 

t8o5  NoTicBs  SUR  GiLioN  DE  Trasiontes  ,  par  M.  G.-B.  de  B.... 
Bordeauxy  1839,  br.  in-8 2—» 

1806  Voisin  (A.).  Recherches  historiqpies  et  bibliographiques 
sur  la  bibliothèque  de  l'université  de  Gand.  Gond,  1839, 
in-8,  br 4^*  " 

Notices  contenues  dans  le  seizième  Numéro  du  Bttlletin  du 

Bibliophile ,  3"  série. 

Essai  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particulièrement  chez  les 

Romains.  {Suite,)  7 5g 
Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de  M.  Leber,  t.  1  ^.       789 

Correspondance.  792 

Vienne  (Daupliiné),  août  1839.  794 

Nouvelles  bioliographiques.  799 

Mélanges  bibliographiques.  801 


IMPRIMERIE   DE   L.    BOUCHARD-UUZARD , 

ruoderÉperon,  7. 


f 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 

PETITE  REVUE  D'ANCIENS  LIVRES 

CONTENANT 

1  ^  DES  NOTICES  BIBLIOGRAPHIQUES,  PHILOLOGIQUES  ET  UTTÉEAIRES 
DE  DIVERS  AUTEURS  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  M;  Cb.  NODIER; 

a^  UN  CATALOGUE  DES  LIVRES  DE  MA  LIBRAIRIE. 


N®  17.  —3«  SÉRIE. 


PARIS, 


TECHENER ,  PLACE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVKE, 

Octobre. 


•V^-^Wi 


BULI^TIN    DU   BIBLIOPHILE.  87.3 


DES  LIVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

(Suite.) 

Enfin  une  dernière  dénomination  des  volumes  empruntée  à  leui 
forme  est  celle  de  cylindres^  KvXiv^fci.  Elle  se  trouve  dans  Diogènc 
Laërce  (i) ,  qui  dit  qu'Epicure  avoit  écrit  jusqu'à  tix)is  cents 
cylindres,  k'jKiv^^oi  (âîv  ykp  ^poç  rouf  rpiXKoffiovf  ehl. 

Si  Ton  fait  attention  à  la  forme  des  volumes,  on  jugera  que  c'é- 
toientpour  eux  une  condition  d'élégance  et  une  garantie  de  durée  de 
n'être  écrits  que  d'un  seul  côté.  Ceux  qui  étoient  écrits  des  deux 
côtés  se  nommoient  opisthographes  oTric-ôo^pctcpoi,  c'est-à-dire  écrits 
à  l'extérieur.  Saint  Jean,  dans  l'Apocalypse,  dit  avoir  vu  à  la  droite 
de  celui  qui  est  étendu  sur  le  trône,  un  rouleau  écrit  en  dedans  et 
en  dehors,  CtCxlov  ysypcLfjLiAévov  êVwÔsv  kcù  Wio-Ôêv  (2).  Pline  le  jeune 
cite  comme  une  preuve  des  nombreux  travaux  de  son  oncle  les 
cent  soixante  traités  ou  commentaires  qu'il  a  laissés  écrits  très-fin 
et  des  deux  côtés,  opistographos  (3).  Chez  les  mauvais  écrivains  la 
coutume  d'employer  le  papier  des  deux  côtés  étoit  considérée  comme 
la  preuve  d'une  facilité  de  mauvais  aloi,  d'une  stérile  abondance, 
et  devenoit  matière  à  la  critique.  Martial,  jouant  sur  les  mots,  re- 
proche à  Picens,  qui  écrit  sur  le  dos  du  papier,  de  se  mettre  à  dos 
le  dieu  de  la  poésie. 

Scribit  in  auersa  Picens  epigrammau  charta. 
Et  dolet  averso  quod  facit  illa  deo  (4). 

Tout  le  monde  connoît  le  vers  de  Juvenal  qui  est  devenu  pro*' 
verbe  pour  désigner  un  ouvrage  d'une  longueur  fastidieuse  : 

Scriptas  et  in  tergo  necdum  ûnitus  Orestes  (5). 

Ces  passages  prouvent  évidemment  que,  dans  l'usage  ordinaire, 

(i)  Éd.  in-fol.  de  Londres,  i664,  p.  578 B. 

(a)  Apocal.  VI,  i,  a,  cf.,  Ezechiel  in  visione;  11,9,  'o* 

(3)  III,  V.  17. 

(4)  Epigr.  VIII,  6a.  Awersa  charta  signifîoitle  verso  du  papier,  adverse  le 
recto. 

(5)  Ju vénal,  satyr.  I,  6.  Cf.  Lucien,  dialog.    fitav   7rçi(rtf  ,59. 

52 


824  I*    TF.a!ENEIl  ,    PLACE   DU    LODVIIE,     12. 

les  volumes  étoient  ccrits  d'un  seul  côté  (i).  Aussi  les  livres  de  rebut 
étoient-ils  vendus  aux  pédagogues,  qui  se  servoient  du  verso  blanc 
pour  faire  apprendre  à  écrire  aux  enfans.  Si  tu  n'obtiens  pas  l'ap- 
probation d'Apollinaire ,  dit  Martial  à  son  livre ,  tu  peux  aller 
dans  les  boîtes  des  marchands  d'épices,  ou  prêter  ton  verso  aux 
écoliers  qui  apprennent  à  écrire. 

Si  (Umnaverit,  ad  salariorum 
Curras  scrinia  protinus  licebit , 
Inversa  pueris  arandc  charta  (s). 

Horace  prédit  une  destinée  pareille  à  son  livre  trop  pressé  de  pa- 
roître  : 

Hoc  quoque  te  maoet,  ut  pueros  elcmenta  docentcm 
Occupet  extremis  in  vicis  alba  senectus  (3). 

Parmi  les  peintures  d'Herculanum  ,  plusieurs  représentent 
des  volumes  tantôt  isolément,  tantôt  entre  les  mains  de  personnes 
qui  les  lisent.  Tous  ceux  qui  sont  ouverts  se  déroulent,  à  Texcep- 
tion  d'un  seul,  horizontalement  et  de  gauche  à  droite  dans  le  sens 
de  leur  longueur.  L'écriture  qu'on  y  a  figurée  est  divisée  en  petites 
colonnes  perpendiculaires.  Le  papier  se  déroulant  dans  la  même 
direction  que  l'écriture,  c'est-à-dire  de  gauche  à  droite,  une  ligne 
écrite  d'un  bout  à  l'autre  du  rouleau  auroit  été  d'une  longueur  dé- 
mesurée. Il  auroit  fallu  rouler  et  dérouler  le  manuscrit  autant  de 
fois  qu'il  y  auroit  eu  de  hgnes.  De  plus,  dans  le  milieu  de  l'ou- 
vrage ,  l'œil  uc  pouvant  embrasser  à  la  fois  les  deux  bouts  de 
lignes  si  longues  ,  il  y  auroit  eu  pour  le  lecteur  une  confusion 
perpétuelle.  La  division  en  colonnes  remédioit  à  ces  inconvéniens. 
Ces  colonnes  étoient  nommées,  par  les  anciens  ^ pages ,  aéKi^Çy  pa^ 
gi'nœ.  Martial  reproche  à  Sévère  de  chercher  la  fin  de  son  ouvrage, 
après  en  avoir  lu  à  peine  deux  colonnes  : 

Lectis  vis  tibl  paginis  diiahus 
Speclas  iayjLTQKoXXov  Sevcre  (4). 

(1)  Il  n'*y  a  qu'un  seul  opîsto{;raphe  parmi  les  1700  volumes  trouvés  ù  Hcr- 
culanum.  Jorio,  Officina  de'  papyri,  p.  76,  note  a. 
(a)  Épigr.,  IV,  80. 

(3)  Épîlr.  I,  a. 

(4)  Épigr.  II,  G.  Le  mot  és-XATOKO/iXoy  sera  explique  plus  bas. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  825 

Ailleurs  il  gourmande  son  livre,  qui  s'étend  toujours,  au  risque 
d'ennuyer  le  lecteur  fatigué  peut-être  dès  la  première  page  : 

Sic  tanquam  tibi  res  peracta  non  sit 
Quae  prima  quoque  pagina  peracta  est  (i). 

Ovide ,  qui  avoit ,  dit-il,  écrit  son  Art  d*aimer  pour  les  courtisanes, 

en  avoit  interdit  la  lecture  aux  jeunes  femmes  vertueuses  dès  la 

première  page  ou  colonne. 

At  prociil  ab  scripta  solis  merctricibus  Arte 
Submoipet  ingenuas  pagina  prima  nurus  (3). 

Par  extension,  le  mot  de  pagina  étoit  employé  au  moins  en 
poésie  avec  la  signification  de  livre.  Martial,  s'imposant,  dans  son 
cinquième  livre,  une  réserve  qu'il  est  loin  d'observer  dans  les 
autres,  le  dédie  aux  mères,  aux  jeunes  filles,  aux  enfans  : 

Matronx,  puerique  TÎrginesque 
Vobis  pagina  nostra  dedicatur  (3). 

Ailleurs  il  se  plaint  que  ses  livres,  si  goûtés  du  public,  ne  lui  rap- 
portent que  des  invitations  à  dîner  : 

At  nunc  conviva  est  com m issa torque  libelliis 
Et  tantum  gratis  pagina  nostra  placet  (4). 

Le  même  auteur  dit  à  un  certain  Mamurra,  lecteur  passionné  de 
légendes  fabuleuses  : 

Non  hic  centauros,  non  Gorgonas  Harpjriasque 
InTcnies  :  hominem  pagina  nostra  snpit  (5). 

Pour  lire  les  volumes  que  nous  venons  de  décrire,  on  les  dérou- 
loit  petit  à  petit  de  la  main  droite,  et,  à  mesure  qu'on  avançoit  dans 
la  lectiue,  on  enrouloit  de  nouveau  avec  la  gauche,  dans  le  même 
sens  ou  en  sens  inverse}  la  partie  déjà  lue.  On  peut  voir  à  ce  sujet 
les  planches  SS  et  56  du  cinquième  volume  des  peintures  d'Hercu- 
lanum,  où  sont  représentés  deux  hommes  lisant  des  rouleaux  qui 
se  déploient  horizontalement.  La  planche  60  du  même  volume 
représente  une  femme  lisant  un  rouleau  de  petite  dimension,  une 

(I)  IV,  90. 

(a)  Tristes,  lI,3o3. 

(3)  Epigr.,v.  a. 

(4)  Ibid.y  epigr.  16.  Voy.  aussi  t.  6  et  16;  x,  4o. 

(5)  X,  4.  Voyez  aussi  Properce,  III,  i. 

Sed  f  quod  pace  legas,  opus  boc  de  monte  sororum 
Retulit  intacta  pagina  nostra  Tia. 


826  J.    TECHENEB,    PLACE   DU   LOUVRE,     12. 

lettre  peut-être,  mais  déployé  perpendiculairement.  On  désigtfoH 
les  volumes  de  ce  genre  en  disant  qu'ils  étoient  écrits  iransfcrsa 
chartay  sur  du  papier  tourné  à  rebours.  L*adjectif  transpersus  in- 
dique, en  effet,  un  sens  opposé  au  sens  direct  de  la  chose  à  laquelle 
il  s'applique.  Gicéron,  après  avoir  répondu  à  tout  ce  que  renfer- 
moit  une  lettre  d'Atticus ,  passe  à  une  ligne  de  cette  lettre  qui 
étoit  écrite  à  la  marge,  c'est-à-dire  perpendiculairement  aux  autres 
lignes  :  J^enio^  dit-il,  ad  transi^ersum  illum  extremœ  epistolœ  tuœver^ 
siculum  (1).  Lorsqu'on  écrit,  la  plume  dessine  un  angle  droit  avec  la 
ligne  qu'elle  trace  ;  mais ,  si  l'on  veut  barrer  un  mot  par  un  trait 
horizontal ,  on  tourne  alors  la  main  et  la  plume  de  manière  à  ce 
que  cette  dernière  se  trouve  dans  la  direction  même  de  la  ligne. 
C'est  ce  qu'Horace  exprime  ainsi  : 

Vcrsibus  incnmtis  illinet  atrum 
Iransi'crso  calamo  signum  (2}. 

Les  manuscrits  qui  se  déployoient  de  gauche  à  droite  étant,  comme 
nous  l'avons  fait  observer,  les  plus  usités,  on  regardoit  la  ligne 
horizontale  comme  le  sens  direct  de  la  longueur  du  papier.  Quand 
cette  longueur  étoit  déroulée  perpendiculairement,  c'étoit  le  sens 
opposé  au  sens  direct ,  la  transi^ersa  charta.  Dans  ces  sortes  de  roi>- 
leaux,  ce  n'étoit  plus  la  longueur  du  volume  que  smvoit  la  di-* 
rection  de  l'écriture ,  mais  bien  sa  largeur  ;  scribere  transçersa 
charta  peut  donc  se  traduire  par  écrire  dans  le  sens  de  la  largeur 
du  papier.  Or,  comme  le  papier  le  plus  large  n'avoit  que  yingt<- 
quati*e  doigts  et  que  le  plus  employé  en  avoit  beaucoup  moins, 
il  n'y  avoit  pas  d'inconvénient  à  écrire  d'une  marge  à  Tautre  et 
sans  colonnes.  C'est  ce  qui  avoit  lieu  en  effet.  •<  Il  nous  reste,  dit 
«  Suétone,  de  J.  César  au  sénat,  des  lettres  que,  le  premier,  ila  ré- 
«  digées  par  pages  et  dans  la  forme  d'un  mémoire,  tandis  qu'ar 
«  vaut  lui  les  consuls  et  les  généraux  n'écri voient  jamais  que  dans 
<(  le  sens  de  la  largeur  du  papier  (3).  >»  Les  écrits  divbés  par 
colonnes  étant  ici  mis  en  opposition  avec  ceux  qui  étoient  tracés 
dans  le  sens  de  la  largeur  du  papier,  transversa  charta^  il  est  évi- 

(i)  Ati Atlic,y,  I. 

(a)  Art  por'l.»  vers  446. 

(3^  E|)istoln3  J.  Ca?saris  cxtant  ad  senatum  ,  qiias  primus  ViàttVLT  ad  pagi- 
nas et  formam  incmorialis  libclli  convertisse,  cum  aotea  consules  et  duces 
non  nisi  train%>evsa  cArt/ /a  scriptas  mittcrcnt.  Suetonc,  dans  la  vie  de  J.  C^- 
sar,  c.  S6. 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE.  827 

dent  que,  dans  ces  derniers,  la  division  par  colonnes  n'étoit  pas  usitée. 

Lorsqu'ils  ctoient  de  peu  d'étendue,  on  les  déployoit  en  entier 
pour  les  lire  ;  s'ils  formoient  un  volume  un  peu  considérable,  on 
les  dérouloit  devant  soi  des  deux  mains  en  tenant  sous  le  menton 
la  partie  encore  enroulée.  Martial,  sf adressant  à  un  mauvais  poëte 
qui  lui  voloit  ses  vers,  l'exhorte,  dans  son  intérêt,  à  exercer  son 
plagiat  sur  des  ouvrages  moins  connus,  sur  des  livres  ignorés  du 
public,  encore  enfermés  dans  le  pupitre  de  l'auteur  : 

Quas  novit  unus,  scrinioquc  signalas 
Custodit  ipse  yirginîs  pater  carts , 
Quœ  trita  duro  non  inhorruii  mento  (i). 

Ailleurs,  comparant  le  plaisir  qu'on  éprouve  en  recevant  un  livre 
nouveau  à  celui  que  produit  une  rose  fraîchement  épanouie  et 
qu'on  cueille  soi-même,  il  s'exprime  ainsi  : 

Ut  rosa  delectat,  mctitur  qux  pollice  primo  , 
Sic  DO  va  nec  mento  sordida  charisi  placct  (2). 

Les  anciens  avoient  des  volumes  de  différentes  dimensions. 
Montfaucon,  dans  son  antiquité  expUquée  (3),  a  reproduit  par  la 
gravure  plusieurs  statues  antiques  qui  représentent  des  person- 
nages tenant  à  la  main  des  rouleaux.  Pas  un  seul  de  ces  rouleaux 
n'excède  un  pouce  et  demi  de  diamètre.  H  en  existoili  de  plus 
minces  encore  ;  tel  est  celui  dont  parie  Martial,  dans  un  passage, 
que  nous  aurons  occasion  de  citer  plus  bas,  et  qu'il  compare,  pour 
la  grosseur,  à  une  petite  baguette.  Nous  savons  aussi,  par  un  pas- 
sage du  Digeste  {^)y  qu'on  battoit  les  volumes  avant  de  les  orner 
et  de  coller  ensemble  les  feuilles  dont  ils  se  composoient.  Cette 
opération  ne  pouvoit  avoir  d'autre  objet  que  de  diminuer  autant 
que  possible  la  grosseur  du  rouleau.  D'un  autre  côté  plusieiu*s 
passages  d'auteurs  anciens  prouvent  qu'on  (aisoit  de  leur  temps  de 
fort  gros  volumes.  Pline  le  jeune  raconte  (5)  que  Yerginius  Rufîu, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans  se  préparant  à  composer  le  pané- 
gyrique de  l'empereur ,  Usait  debout  un  très-gros  livre ,  Ubrum 
grandioremy  qui,  par  son  propre  poids,  s'échappa  de  ses  mains. 

(i)  Épigr.  I,  67. 
(a)  X,  93. 

(3)  Tom.  1,  pi. 

(4)  Dig.,XXX1l,i.ii,  S. 

(5)  II,  I,  5. 


828  J.    TECRENER,   PLACE   DD   LOUVRE,    12. 

Le  vieillard  se  penche  pour  ramasser  et  déployer  le  volume  con- 
sequitur  colligitque^  mais  il  tombe  lui-même  sur  le  pavé  poli  et  glis- 
sant, se  casse  la  cuisse  et  meurt  de  sa  blessure.  L'auteur  que  nous 
venons  de  citer  eslimoit  les  bons  livres  en  proportion  de  leur  gros- 
seur :  «  Dans  les  bons  livres,  comme  dans  toutes  les  bonnes  choses, 
«  dit-il,  les  plus  gros  sont  les  meilleurs  (i).  »  Et  plus  bas  il  cite 
comme  un  gros  volume  le  discours  de  Gicéron  pour  Cornélius. 
Malheureusement  il  n'en  reste  aujourd'hui  que  de  très-courts  frag- 
mens.  Parmi  les  manuscrits  d'Herculanum,  il  y  en  a  un  qui  ren- 
ferme jusqu'à  cent  dix  colonnes  d'écriture  :  ce  qui,  en  supposant  les 
colonnes  de  deux  pouces  et  les  marges  de  six  lignes  ,  donneroit 
23  pieds  de  longueur  au  rouleau.  Un  autre  est  long  de  75  palmes 
napolitaines,  qui  équivalent  à  19  mètres  65  centimètres  (2).  Enfin 
on  trouve  dans  le  Digeste  l'indication  de  volumes  qui  renfermoient 
les  quarante-huit  cbants  de  l'IUade  et  de  l'Odyssée,  et  il  ne  paroit 
pas  que  ce  fussent  des  éditions  microscopiques,  semblables  à  celles 
dont  nous  avons  déjà  parle  d'après  PUne  l'ancien  (3). 

n  faut  néanmoins  reconnoitre  que  ces  rouleaux  contenoient,  en 
général ,  bien  moins  de  matière  que  nos  livres  ordinaires.  Martial 
estime  que  trois  cents  de  ses  épigramnies  formeroient  un  volume 
insupportable  (4)-  Cependant,  trois  cents  épigrammes  de  Martial 
feroient  une  brochure,  et  les  quatorze  ou  quinze  livres  dont  son 
ouvrage  se  compose,  imprimés  sans  commentaires,  ne  donneroient 
pas  un  énorme  in-octavo. 

Il  est,  du  reste,  facile  de  se  faire  une  idée  de  la  longueur  des 
anciens  volumes.  Chaque  volume  renfermoit  non  pas  un  ouvrage 
entier,  mais  un  seul  livre  d'un  ouvrage.  Il  y  a  plusieurs  livres 
dans  les  codicesy  dit  Isidore  de  Séville,  il  n'y  en  a  qu'un  dans  un 

(1)  Pline  jun.,  1,  xx  ,  4  :  Et ,  liercale!  ut  aliae  bona:  rcs  ,  ita  bonus  liber 
melior  est  (|uîsque  quo  major.  Voyez  aussi  Se'nèque  ,  éptt.  96  :  Ingentem  bis- 
toriam  arctissime  plicatam,  etc.  Et  Aulugelle,  xiv,  16.  Librum  grandi  wlu- 
mine  doctrinîs  omnigenis  prarscatentem. 

(a)  Voy.  Andr.  de  Jorio,  Offic,  de'  Papyri,  p.  6. 

(3)  Sicui  centumlibri  sint  legati,  centum  volumina  ei  dabimus,  non  cen- 
tum  quœ  quis  ingénie  suo  metitus  est.— Ut  puta  cum  haberet  Homerum  lotum  in 
uno  volumine  non  quadraginla  octo  libros  computamus ,  sed  unum  Homeri  vo- 
lumen  pro  libro  accipiendum  est.  Digest.,  XXXII,  lu,  i  . 

(4)11,1. 

Ter  centena  qnidem  poteras  epigrammata  ferre  ; 
Sed  quis  teferret  perlegeretque  liber? 


BULLETIN   PU   BIBUOPfflLE.  ^  819 

volume  :  Codex  multorum  librorum  est  liber  unius volumnis  {i). 
Ainsi  les  métamorphoses  d'Ovide  ,  divisées  en  quinze  livres,  for- 
moient  quinze  volumes  ; 

Stint  quoquc  mntatae  ter  quinqne  yolumina  forroae  (a). 

Ses  Fastes ,  ouvrage  dont  il  ne  reste  aujourd'hui  que  la  moitié ,  se 
composoient  de  douze  volumes  correspondant  aux  douze  mois  de 
l'année. 

Sex  ego  fastorum  scripsi  totidemque\\he\[os 
Curoque  suo  ûnem  mense  volumen  habet  (3). 

Cornélius  Népos  se  sert  du  mot  volumes  lorsqu'il  allègue,  en 
preuve  de  l'amitié  qui  unissoit  Cicéron  et  Âtticus,  les  seize  livres 
de  leur  correspondance  (4).  Pline  l'ancien  nous  fourniroit  un  assez 
grand  nombre  de  passages  où  le  mot  volumen  doit  être  traduit  par 
livre  dans  le  sens  de  division  d'ouvrage.  Nous  n'en  citerons  que 
deux  Dans  la  deuxième  section  du  dix-septième  livre,  il  renvoie, 
pour  la  direction  des  vents ,  au  deuxième  volume  de  son  histoire 
naturelle  :  Aquilonis  situm  venter um^ue  reliquorum  diximus  se- 
cundo volumine  ;  et  dans  la  cinquante-cinquième  section  du  livre 
suivant  il  rappelle  des  observations  météorologiques  relatives  aux 
travaux  de  l'agriculture,  qu'il  a  déjà  traitées  dans  son  deuxième 
volume  :  Neque  facilior  est  observatio  acjam  dicta  a  nabis  secundo 
volumine.  Le  premier  de  ces  deux  passages  renvoie  aux  sections 
46  et  479  le  second  à  la  section  1 1  du  deuxième  livre  de  l'histoire 
naturelle.  Le  même  auteur  avoit  composé  un  ouvrage  en  trois  li  • 
vres  intitulé  Studiosus ,  que  son  neveu  publia  dans  la  suite  en 
six  volumes,  à  cause  de  sa  longueur  :  Studiosi  très  (libros)  in  sex 
volumina  propter  amplitudinem  divisi  (5). 

Maintenant,  qu'on  se  souvienne  que  la  feuille  de  papyrus  éga- 
loit  en  longueur  la  tige  de  la  planche,  c'est-à-dire  environ  quatre 
pieds  ,  que  la  main  de  papyrus  se  composoit  de  dix  ou  vingt 
feuilles  collées  les  unes  aux  autres  dans  le  sens  de  leur  longueur  et 
avoit,  par  conséquent,  4o  ou  80  pieds  de  long  ;  il  sera  facile  déjuger 
que  presque  jamais  un  volume  ne  devoit  remplir  une  main  de  papier. 

Si  de  l'étendue  ou  de  la  grosseur  des  volumes  nous  passons  4 

(1)  Origin.,  VI,  i3. 

(2)  Ovide,  Tvisics,  I,  i,  117;  III,  xiT,  ig. 

(3)  TristeSf  II,  v,  49. 

(4)  Vie  d'Atlicus,  XVI,  1. 
(6)  Plin.jun.,  III,  t.  4. 


83û  3.  TECBENER  ,  PLACE  DD  LOUTEB  ,12. 

leur  hauteur ,  nous  n'y  trouverons  pas  moins  de  variété.  U  paroit 
même  qu'il  y  avoit  à  cet  égard  certaines  règles  basées  sur  la  nature 
même  des  ouvrages.  Les  poésies  et  les  lettres  se  publioient  en 
petits  volumes;  les  ouvrages  historiques  en  grand  format  (i). 
Quelques  compositions  philosophiques  de  Cicéron,  telles  que  ses 
académiques  et  son  traité  de  la  gloire,  furent  publiées  par  Atticus 
in  macrocollo,  c'est-à-dire  sur  grand  papier  (2).  Mais  est-il  possible 
d'évaluer  exactement  la  dimensiou  des  divers  formats?  Au  premier 
abord  ou  est  tenté  de  répondre  affirmativement.  Il  semble,  en 
effet,  que  les  anciens,  loi*squ'ils  vouloient  faire  un  livre,  dévoient 
tout  simplement  dérouler  devant  eux  une  main  de  papier^  écrire 
dessus  par  petites  colonnes  perpendiculaires,  et,  l'ouvrage  terminé, 
retrancher  d'un  coup  de  ciseaux  le  papier  blanc,  qui  étoit  de  reste. 
S*il  en  ciit  été  ainsi,  la  hauteur  du  volume  auroit  été  parfaitement 
égale  à  la  largeur  du  papier,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  à  la  hau- 
teur du  rouleau  de  papier  blanc  ;  et,  comme  on  connoît  la  largeur 
des  diverses  espèces  de  papiers,  on  connoitroit  aussi  exactement  les 
différens  formats  des  volumes.  Ces  formats ,  dans  notre  hypotlièse  , 
n'auroieut  pu  être  ni  au-dessus  de  vingt-quatre  doigts  (3),  largeur 
du  macrocolle,  ni  au-dessous  de  sept  ou  huit  doigts,  largeur  du  papier 
Baltique,  le  plus  étroit  de  tous  (4)-  Or  nous  trouvons  parmi  les  in- 
signes des  officiers  de  Temph-e  romain  publiés  par  Pancirol  (5), 
des  rouleaux  qui,  comparés  aux  autres  objets  dont  ils  sont  entou- 
rés, paraissent  avoir  bien  plus  de  vingt-quatre  doigts  de  hauteur. 
D'un  autre  côté  les  peintures  d'Herculanum  (6)  représentent  un 
rouleau  déployé  dans  les  mains  d'une  femme;  en  jugeant  la  hau- 
teur du  rouleau  par  comparaison  avec  la  largeur  de  la  main  du 
personnage ,  il  est  impossible  de  lui  donner  plus  de  quatre  à  cinq 
doigts  de  hauteur. 

(1)  Quxdain  gênera  librorom^  apud  gcotiles  certis  moduHs  coufîciebantur; 
lireviori  forma  carmÎDa  atque  epistolnc  :  at  Toro  historiic  majori  modulo  scri- 
})cbantur.  Isid.  vi,  n. 

(a)  Ad  Allicum  XIII,  95;  XVI,  3. 

(3)  Le  doigt  valoit  U  seizième  partie  du  pietl  romain,  c'est-ù-dirc  dix-biiit 
inillimèlres. 

(4)  On  se  souvient  que  le  papier  marchand,  qui  étoit  encore  plus  étroit,  nr 
scrvoit  pas  à  IVcriture. 

(5)  JVotiiia  tlignitai,  lUriusque  imper. ,  e'd.  in-foL,  1608,  fol.  46  v**,  88  v^  , 
9i^S  etQ7  vo. 

(6)Toin.  5,  pi.  M. 


BULLETIN  DU    BIBLIOPHILE.  83 1 

Enfin  Ton  n'a  pas  oublié  sans  doute  ce  que  nous  ayons  dit  dans 
notre  premier  chapitre  sur  la  fraude  des  marchands  égyptiens  qui 
ne  vendoient  point  un  rouleau  de  papier  dont  toutes  les  feuilles 
fussent  également  bonnes.  Celles  qui  étoient  en  dessus  étoient  tou- 
jours de  meilleure  qualité  que  celles  qui  formoient  le  centre  du 
rouleau.  Que  pouvoit  donc  faire  le  libraire  qui,  projetant  un  livre 
de  luxe,  devoit,  avant  tout,  tenir  à  le  composer  tout  entier  avec  du 
papier  de  bonne  qualité  et  parfaitement  homogène?  U  est  évident 
qu'au  lieu  d'employer  tel  qu'il  le  recevoit  du  marchand  le  rou- 
leau de  papyrus^  il  tailloit  dans  ce  rouleau,  d'après  certaines  règles^ 
les  bandes  qu'il  destinoit  à  la  composition  de  son  hvre.  Nous  trou* 
vous ,  en  eifct,  dans  le  Digeste,  la  preuve  que  les  livres  étoient  sou- 
vent écrits  sur  des  feuilles  volantes  qui,  après  un  battage  préa- 
lable, étoient  collées  à  la  suite  les  unes  des  auti*es  et  ployées  en 
rouleau.  Ulpicn  se  demande  si  dans  un  legs  de  livre  sont  compris 
ceux  qui  ne  sont  pas  encore  écrits,  et  il  résout  la  question  néga- 
tivement. Il  en  est  autrement,  dit-il,  pour  ceux  qui  sont  écrits, 
mais  qui  n'ont  encore  été  ni  battus,  ni  ornés,  comme  aussi  des 
livres  non  collés  ou  non  corrigés  (i).  Que  peut  être  le  collage  dont 
il  est  question ,  sinon  l'assemblage  des  bandes  de  papier,  plagulœ 
ou  schedœ,  déjà  écrites,  qui  dévoient  former  le  volume? S'il  pouvoit 
y  avoir  le  moindre  doute,  il  seroit  levé  à  l'instant  par  un  rappro- 
chement bien  simple.  Ul^en  assimile  les  livres  non  collés  aux  par- 
chemins non  cousus  ;  or  par  ces  parchemins  tous  les  commenta- 
teurs entendent  des  feuilles  couvertes  d'écriture  qu'on  superposoit 
ensuite  et  qu'on  cousoit  ensemble  pour  en  faire  un  Uvre  carré. 
(1  faut  donc,  par  analogie,  voir  dans  les  livres  non  collés  des 
bandes  de  papyrus  écrites  qu'on  va  coller  bout  à  bout  pour  en  former 
un  volume. 

Le  collage  d'un  volume  étoit  une  opération  importante  et  dif- 
ficile. Il  falloit  qu'il  y  eût  entre  les  feuilles  une  parfaite  adhé- 
rence et  que  le  point  de  jonction  qu'on  appeloit  av/mCoXn  ,  commis- 
jura,  fût  cependant  aussi  peu  marqué  que  possible;   l'œil  ne« 
pouvoit  l'apercevoir,  s'il  faut  s'en  rapporter  à  Joseph  (2),  dans  les. 
rouleaux  de  peau  envoyés  au  roi  Ptolémée  par  le  grand  pontife. 

(1)  Scd  perscripti  libri  nondum  mallcati  Tel  ornati  continebuotur  (libri:^ 
Icgatis)  proindc  et  nondiim  cooglutinati ,  Tel  eraendati  continebuotur;  scd 
et  membranx  nondum  consutx  contincbuntur.  Dig.  XXXII,  lu,  ô. 

(s)  Antiq.  jnd.,  XII,  3. 


832  I.    TECHSNER,    PLACE   DU  LOUVRE,    12. 

Eléazar.  Mais  on  a  sans  doute  exagéré  l'adresse  avec  laquelle 
s'exécutoit  cette  opération  délicate.  On  peut  voir,  en  effet ,  dans 
une  des  montres  du  musée  égyptien,  au  Louvre,  un  volume  en  pa- 
pyrus très-blanc  à  demi  déroulé,  dans  lequel  les  points  de  jonc- 
tion des  feuilles  sont  parfaitement  visibles.  Ils  se  trouvent  à  huit 
ou  dix  pouces  de  distance,  et  chaque  feuille  avance  sur  l'autre  d'en- 
viron quatre  lignes. 

Le  collage  des  manuscrits  étoit  quelquefois  pratiqué  par  des  ap- 
prentis copistes.  Vtlimy  dit  Cicéron  à  Atticus,  minas  do  tuis  li- 
brariolis  duo  allquos  quibus  tyrannio  utcUur  glutinatoribus  (i).  Mais 
il  y  avoit  des  esclaves  et  des  affranchis  qui  en  faisoient  leur  pro- 
fession spéciale  ;  ils  portoient  le  titre  de  glutinatores^  titre  qui  se 
retrouve  encore  dans  quelques  inscriptions  anciennes.  On  a  décou- 
vert à  Naples  une  inscription  tumulaire  portant  le  nom  de 
M.  Annius  Stichius,  colleur  de  l'empereur  Tibère  (2).  Une  autre 
inscription,  trouvée  à  Rome  dans  une  chambre  sépulcrale,  nousap-* 
prend  qu'il  y  avoit  aussi  des  gens  dont  le  métier  étoit  de  faire  de 
la  colle  ,  glutinarii  (3).  Ces  inscriptions  étoient  de  simples  épitaphes 
et  n'avoient  sans  doute  rien  d'honorifique  ;  mais  nous  trouvons 
dans  Photius  (4)  ^"^  ^^^  Athéniens  avoient  érigé  une  statue 
à  un  certain  Phillatius  pour  leur  avoir  appris  l'art  de  coller  les 
livres. 

Il  nous  semble  maintenant  bien  démontré  que,  pour  fedre  un 
livre,  les  anciens  n'employoient  pas  simplement  un  rouleau  de  pa- 
pier blanc,  tel  qu'il  sortoit  de  la  fabrique,  mais  qu'ils  tailloient  dans 
ce  rouleau  un  certain  nombre  de  bandes  d'égale  dimension,  et, 
qu'après  les  avoir  couver  les  d'écriture,  ils  en  formoient  un  volume 
en  les  collant  bout  à  bout.  Par  cette  opération,  le  sens  du  papier 
étoit  renversé  ;  ce  qui  étoit  la  largeur  dans  le  rouleau  de  papier 
blanc  devenoit  la  longueur  dans  le  volume,  et  réciproquement  :  un 
exemple  fera  clairement  concevoir  notre  pensée.  Supposons  qu'il 
fallût  1  ailler  dans  une  main  de  papier  fannien  un  volume  de  cinq 
doigts  de  hauteur  et  de  cinquante  doigts  de  longueur;  on  déployoit 
horizontalement  le  rouleau  de  papier  blanc,  et  Ton  avoit  ainsi 
devant   soi  une  immense  bande   de  quarante  ou  quatre-vingts 

(0  Ad  Atlic,  IV,  4. 

(s)  Orelli,  Inscr.  seUcl.,  no  agio» 

(^)  Ibid.,  no4i^. 

(4)  Diaprés  Ol^mpiodorr,  cod.  LXXX,p.  190. 


BULLETIN    DU    UBUOPHIUE.  833 

piedâ  de  long  sur  dix  doigts  de  large  (i).  A  quatre  doigts  d'une 
des  extrémités  de  la  main  de  papier  on  appliquoit  les  ciseaux  et 
on  en  le  voit  de  bas  en  haut  ime  bande  quadrangulaire  a,  qui  a  voit 
cinq  doigts  sur  le  côté  horizontal  et  dix  sur  le  côté  perpendiculaire. 
Lorsqu'on  avoit  taillé  cinq  feuilles  pareilles  a,  b^  c,  d,  e^  on  les 
retournoit  {fig.  2)  et  on  les  colloit  ensemble  horizontalement  par 
celui  de  leurs  bouts  qui  ne  mesuroit  que  cinq  doigts.  On  obtenoit 
ainsi  un  rouleau  de  cinq  doigts  de  large  et  de  c'mquante  doigts  de 
longueur,  composé  de  cinq  feuilles  ou  bandes  longues  chacune  de 
dix  doigts.  Mais  cette  longueur  de  dix  doigts  étant  la  largeur  du 
papier  fannien  {fig.  1),  il  est  évident  que  le  sens  du  papier  a  été 
retourné  et  que  sa  largeur  primitive  est  devenue  la  longueur  dans  . 
le  volume. 

Et  qu'on  ne  regarde  pas  cette  explication  comme  une  supposi- 
tion purement  gratuite  ;  si  elle  n'est  pas  admise,  il  est  impossible 
de  comprendre  le  reproche  que  Pline  fait  au  papier  trop  grand. 
Voici  ce  passage,  que  personne  encore  n'a  clairement  expUqué. 
«  Le  papier  macrocolle  avoit  un  pied  et  demi  de  large,  mais  le  bon 
M  sens  suffit  pour  montrer  l'inconvénient  de  cette  largeur  (j  us- 
ai qu'ici  il  s'agit  du  papier  blanc).  Qu'un  accident  déchire  une 
M  seule  bande,  on  endommagera  un  plus  grand  nombre  de  colonnes 
«  que  sur  tout  autre  papier  (2).  »  (Ceci  s'applique  au  papier  écrit 
et  mis  en  volume).  Les  feuilles  qui  entroient  dans  la  composition 
d'un  volume  éloient  plus  ou  moins  longues,  suivant  que  le  rouleau 
de  papier  blanc  d'où  on  les  avoit  tirées  étoit  plus  ou  moins  large. 
Ainsi  cinq  bandes  de  papier  fannien,  larges  de  dix  doigts  (fig.  i  et 
2)  ont  fourni  un  rouleau  de  cinquante  doigts  de  longueur,  et  dont 
chaque  feuille,  longue  de  dix  doigts,  renferme  quatre  colonnes  ; 
total  des  colonnes  des  volumes  ,  vingt.  Mais  prenons  du  papier 
plus  large  j  le  papier  Auguste,  par  exemple,  qui  est  de  treize  doigts» 
Chaque  bande  du  volume  (fig.  3  et  4)  2iura  treize  doigts  de  lon« 
gueur  et  six  colonnes,  et  le  volume  entier  sera  long  de  soixante-cinq 

(1)  Voj.  les  diffdrentes  largeurs  de  papyrus,  p.  655,  et  la  planche  ci-jointe, 

(9)  Pedalis  erat  meosura  :  et  cubîtalis  macrocollisj  sed  ratio  deprebeiidit  vi- 
lium,  UDius  schaedae  revulsioDe  plurcs  infestante  paginas,  ie  mot  mensunt 
ne  peut  s'^enteudre  ici  que  de  largeur;  c^est  seulement  par  Jà  que  les  diyerft 
papiers  difléroient  entre  eux;  la  longueur  étoit  la  même* pour  tous,  cVtoii 
la  longueur  de  la  tige  d»  papyrus. 


836  I.    TECHBNER ,  PLACE   DO   LOUVRE,    12. 

Ce  mot  n'étoit  peut-être ,  daus  le  principe ,  qu'une  expression 
métaphorique  ;  plus  lard  on  lui  donna  une  acception  propre ,  en 
plaçant  à  la  fin  des  livres  un  signe  dans  la  forme  d'un  7  ou  d'an  V 
renversé ,  signe  qui  figuroit  grossièrement  le  comble  KùpeùyiS'et  d'un 
bâtiment  (i).  Peut-être  le  nom  de  coronis  s'appliquoit-il  aussi  à  ces 
notes  tyronîennes  qu'on  a  trouvées  à  la  fin  de  quelques  manus- 
crits grecs  d'Herculanum ,  et  dont  M.  le  chanoine  Andr.  de  Jorio 
a  publié  un  facsimilé  (2). 

Ausone  a  placé  le  distique  suivant  en  tête  de  sa  notice  sur  les 
professeiu^  bordelais  (3)  : 

Quos  legis  a  prima  deductos  menide  libros  doctores 
Patri»  scito  fuisse  me». 

Ce  mot  menis  désigne  bien  évidemment  le  commencement  du 
livre  ;  mais  quelles  sont  sa  signification  propre  et  son  origine?  On  a 
hasardé  ^  à  ce  sujet,  bien  des  conjectures.  Turnèbe  entend  par 
menis  un  signe  ou  un  ornement  mis  en  tête  du  volume ,  analogue 
à  l'autre  signe  placé  à  la  fin ,  et  qu'on  nommoit  coronis.  Il  ajoute 
que  ce  signe  étoit  peut-être  en  forme  de  lune ,  parce  qu'en  effet  le 
mot  grec  ^nfm  a  cette  signification.  Nous  croyons  qu'il  faut  en- 
tendre simplement  par  ce  mot  la  première  feuille  du  livre ,  feuille 
à  laquelle  étoit  souvent  collée ,  conmie  nous  le  dirons  plus  bas , 
une  petite  baguette  portant  à  chaque  bout  des  ornements  en  forme 
de  croissant ,  qu'on  nommoit  ordinairement  cornua.  Il  y  avoit  une 
autre  baguette  de  même  genre  à  la  fin  du  rouleau ,  c'est  pour  cela 
qu' Ausone  a  dit  a  prima  menide ,  pour  indiquer  celle  du  commen- 
cement du  volume.  Ce  qui  sembleroit  prouver,  du  reste ,  que  le 
menis  n'étoit  pas  simplement  un  signe  du  copiste ,  c'est  qu'Isidore 
de  SéviUe  n'en  fait  aucune  mention  dans  son  vingtième  chapitre 
du  premier  livre  des  Origines ,  où  il  énumère  tous  les  signes  qui 
étoient  en  usage  dans  les  volumes,  tandis  que  le  coronis  y  est  ex- 
pliqué et  représenté. 

Parmi  les  autres  signes  que  fait  connaître  Isidore ,  nous  citerons 
l'astérisque ,  au  moyen  duquel  on  indiquoit  une  lacune  ;  le  trait 
horizontal  par  lequel  on  soulignoit  les  mots  ou  les  pensées  qui 
étoieat  inutilement  répétés  Lorsque  la  coiTection  étoit  douteuse  , 

(1)  Voy.  Isid.  de  Sdville.  Ortg.  l,  ao. 
(a)   Officina  de'  Papiri.  Ta  vol.,  11,^. 
(3)  Garm.y  siS. 


BULLETIN    DO    BIBLIOPHILE.  837 

le  trait  étoit  surmonté  d'un  point.  Dans  les  manuscrits  inoins  an- 
ciens ,  le  trait  horizontal  est  remplacé  par  des  points  placés  au* 
dessous  des  lettres  à  effacer.  Un  commencement  de  paragraphe ,  ou 
ce  que  nous  nommons  un  alinéa,  étoit  marqué  par  une  espèce  de 
gamma  majuscule  r  -,  le  même  signe  renversé  j  se  plaçoit  à  la  fin 
du  paragraphe.  Une  flèche ,  nommée  ceraunium  ,  étoit  dessinée 
à  côté  d'un  passage  qu'on  vouloit  détruire  en  entier  sans  prendre 
la  peine  de  souligner  chaque  ligne.  Les  fautes  à  corriger  se  no- 
toient  à  la  marge ,  au  moyen  d'un  signe  qui  ressembloit  à  un  G 
saxon.  Isidore  fait  connaître  plusieurs  autres  signes  moins  impor- 
tants ,  pour  lesquels  nous  renvoyons  les  curieux  à  son  livre.  On 
peut  aussi  consulter  la  Vie  de  Platon,  par  Diogène  Laërce  (i). 
La  plupart  de  ces  signes  y  sont  aussi  indiqués  comme  ayant  été 
employés  dans  les  ouvrages  de  Platon ,  mais  leur  signification  n'est 
pas  tout  à  fait  la  même. 

Les  colonnes  d'écriture  n'atteignoient  ni  en  haut  ni  en  bas  l'ex- 
trémité du  papier,  en  sorte  qu'elles  étoient  comprises  entre  deux 
marges  horizontales  qui  régnoient  dans  toute  la  longueur  du  ma^ 
nuscrit.  On  trouve  cependant  parmi  les  peintures  d'Herculanum 
un  rouleau  dans  lequel  la  marge  inférieure  manque.  Cette  es- 
pèce d'infraction  aux  règles  de  la  calligraphie  ne  devoit  pas  se 
rencontrer  dans  les  copies  faites  par  les  libraires,  car  ceux-ci  ne  man- 
quoient  pas  sans  doute  de  mesurer  la  longueur  du  rouleau  sur 
celle  de  l'ouvrage  à  transcrire. 'Mais  on  conçoit  qu'un  auteur,  qui 
écrivoit  lui-même  Toriginal  de  son  ouvrage ,  ait  cherché  à  écono^ 
miser  le  papier  en  remplissant  la  marge  et  même  le  dos  du  volume; 
c'est  un  original  de  ce  genre  que  Juvénal  désigne  lorsque ,  dans  sa 
première  satyre ,  il  maudit  la  longueur  d'une  tragédie  qui  remplit 
la  page  et  le  verso  : 

sumnii  plcna  jam  margine  libri 

Srriptus  et  in  tergonecdum  finitus  Orcstcs  (3). 

Le  premier  vers  pourroit  aussi  se  rapporter  à  la  dernière  colonne 
du  Hvre  qui  restoit  ordinairement  vide ,  et  dans  le  milieu  de  la- 
quelle on  répétoit  le  titre  de  l'ouvrage.  Ce  titre  se  trouvoit  aussi , 
comme  nous  l'avons  dit ,  en  tête  du  livre ,  au  milieu  d»^  la  pre- 
mière colonne ,  qui ,  indépendamment  de  la  marge  latérale ,  avoit 

(1)  Liv.  m,  p.  85,  A. 

(2)  Satyr.  I.  5,  C. 

53 


838  J.    TECHCNER,    PLACE  DU   LOUVRE,    12. 

encore  un  espace  blanc  en  haut  et  en  bas  (i).  C'est  dans  cet  espace 
blanc  9  extra  ordinem  paginarum ,  que  Martial  avoit  sans  doute 
écrit  sur  un  de  ses  livres  une  ëpigramme  adressée  à  Stertinius  ; 
c*est  la  première  du  neuvième  livre  (2).  Indépendamment  des 
quatre  marges  que  nous  avons  indiquées ,  il  y  avoit  encore  une 
étroite  marge  perpendiculaire  entre  les  colonnes.  Toutes  ces  mar— 
ges  se  nommoient  indistinctement  marginesy  orœ  >  limites. 

Les  anciens  divisoient  leurs  ouvrages  en  livres ,  qui  formoient 
chacun  un  volume  ;  mais  ces  livres  n'admettoient  aucune  subdi- 
vision On  y  suppléoit  par  des  sommaires  très-courts  ,  qu'on  écri- 
voit  sur  la  marge.  Tel  est  le  procédé  qu'avoit  employé  Optatien ,  en 
écrivant  le  panégyrique  de  Constantin  ,  picto  limite  dicta  notans , 
et  saint  Jérôme ,  dans  la  traduction  d'une  lettre  de  S.  Epipbane  (3) . 
Quelquefois  on  pliaçoit  en  tête  «de  l'ouvrage  une  table  des  divers 
paragraphes  qu'il  renfermoit  :  cette  table  se  nommoit  elenchtiSj 
tKiyX^^^  ou  index.  Chez  les  latins ,  Valerius  Soranus ,  savant  mé- 
decin ,  contemporain  et  ami  de  Cicéron ,  dans  un  ouvrage  intitulé 
Epoptidon^  donna  le  premier  exemple  de  ces  tables  prélimi- 
naires (4)*  Il  fut  imité  par  Pline  l'ancien.  Celui-ci ,  autant  pour  la 
commodité  de  ses  lecteurs  que  pour  économiser  le  temps  de  Yes- 
pasien  ,  auquel  il  dédioit  son  ouvrage,  composa  son  premier  livre 
d'une  table  détaillée ,  dans  laquelle  il  fit  entrer,  pour  chaque  livre, 
de  courts  sommaires ,  un  tableau  abrégé  des  faits  rapportés ,  et  les 
noms  des  auteurs  latins  et  étrangers  qui  avoient  traité  la  même 
matière.  Ainsi ,  pour  consulter  l'ouvrage  sur  une  seule  question  , 
il  étoit  inutile  de  le  lire  entier  ;  il  suffisoit  de  parcourir  la  table  afin 
de  trouver  facilement  le  livre  et  la  partie  du  livre  dont  on  avoit  be- 
soin (5).  D'autres  plaçoient  cette  table  à  la  fin  de  l'ouvrage,  comme 
on  fait  ordinairement  de  nos  jours.  Telle  étoit  la  table  de  l'ouvrage 
de  Columelle  sur  l'agriculture ,  table  dont  il  parle  à  la  fin  du 
onzième  livre. 

Ces  tables  se  trouvent  encore  dans  les  manuscrits  les  plus  an- 
ciens \  mais,  après  le  ix'  ou  le  x'  siècle,  les  copistes  s'avisèrent  de  les 

(1)  Voy.  les  papyrus  d'Herculanum  publias, 
(a)  Voy.  la  préface  de  ce  livre. 

(3)  Ad  Pammachium  ,  etSchwarzcfc  omam.  tibr.U,  i3. 

(4)  Pline  rancien,  Epitre  dédie,  à  Vespasien. 

(5)  Voy.  rc'pîlre  à  Vespasien  en  télé  de  Thistoire  naturelle  de  Pline.  Voy. 
aussi  la  préface  de  Solin. 


BULLETIN   BU    BTBLIOPHILC.  83g 

fractionner  et  d'en  rapporter  les  fragments  en  tête  des  chapitres  et 
des  paragraphes.  L'intention  étoit  bonne  sans  doute,  ntaîtlèe 
remaniement  a  souvent  été  f^it  sans  discernement.  -  '   * 

Que  les  anciens  aient  mis  des  pi^éfaces  et  des  épittes  dédicà^ 
toires  en  tête  de  leurs  ouvrages ,  c'est  ce  qui  n'a  ^  nullement 
besoin  de  preuves.  Ces  préfaces,  proemia  prafàJtiênés y  cMkir 
mençoient  avec  la  deuxième  colonne  du  volume.  Nous  signa- 
lerons, à  ce  sujet,  un  fait  peu  connu  ,  mais  curieux ,  en  ce  qu'il 
révèle  dans  un  auteur  célèbre  une  habitude  littéraire ,  à  ce  qu'il 
semble  fort  peu  logique.  Gicéron  avoit  uo»  volume  de  préfaces 
composées  à  l'avance ,  et  qu'il  adaptoit  ensuite  aux  ouvrages  qu'il 
vouloit  publier.  Nous  apprenons  cette  particularité  d'une  de  ses 
lettres  à  Atticus  (i) ,  dans  laquelle  on  voit  aussi  que,  par  distrac- 
tion ,  il  avoit  mis  en  tête  de  son  traité  de  la  Gloire  une  préface  qui 
avoit  déjà  servi  pour  le  troisième  livre  des  Académiques.  Ce  livre  et 
le  suivant  sont  aujourd'hui  perdus ,  mais  on  peut  aisément  se  figu*- 
rer  le  caractère  de  ces  introductions ,  composées ,  pour  ainsi  dire  , 
au  hasard ,  de  manière  à  pouvoir  s'adapter  ensuite  à  toutes  sortes 
de  sujets.  C'étoient  des  lieux  communs  de  morale  ou  de  philoso- 
phie qu'on  pouvoit ,  après  coup ,  adapter  tant  bien  que  mal  à  toutes 
sortes  d'ouvrages.  Au  reste ,  cette  bizarre  coutume  n'étoit  point 
particulière  à  Gicéron  ;  nous  n'hésitons  pas  à  voir  des  préfaces 
composées  d'avance  dans  les  premiers  chapitres  des  deux  princi- 
paux ouvrages  de  Salluste,  l'histoire  de  la  conjuration  de  Gatilina 
et  celle  de  la  guerre  de  Jugurtha.  Get  usage ,  si  toutefois  l'on  peut 
déduire  l'existence  d'un  usage  des  deux  exemples  que  nous  ve- 
nons de  citer ,  prit  sa  source  dans  une  application  mal  entendue  dé 
la  méthode  des  rhéteurs  ,  qui  exerçoient  sur  des  lieux  commin^s 
l'éloquence  de  leurs  élèves.  Mais,  en  devenant  inutiles  pour  l'intel- 
ligence du  livre ,  les  préfices  risquoient  fort  de  ne  plus  être  hies. 
Ge  fut ,  en  effet  ^  ce  qui  arriva  :  du  temps  de  Pline  le  jeune  ,  elles 
étoient  tombées  dans  un  complet  discrédit ,  et  les  livres  qui  pou- 
voient  s'en  passer  étoient  ceux  que  le  public  accueilloit  avec  le  plus 
de  faveur  (2). 

Il  y  avoit ,  au  moins  pour  les  poésies  légères  et  pour  les  pièces 


(1)  Ad  Attic,  XVI,  6. 

(1)  Librum  jam  nunc  oporict  ita  consuescere,  ut  sînc  praefalione  intelliga- 
tur.  Epist.  V,  XIII,  3. 


84o  1-   TECHENEn  ,  PLACE  DU  LOUVBE,   12. 

^détaillées,  une  autre  coutume  moins  connue;  c'éloit  de  t€r<>- 
mim^  chaque  livre  par  quelques  vers  au  lecteur  ou  à  l'ouvrage 
lui-même.  Martial  n'y  manque  presque  jamais.  On  pourroit  peut- 
êire  en  conclure  que  c'étoit  une  habitude  particulière  à  cet 
ëcrivaiB.  Cependant  un  de  ces  épilogues  semble  attester  un  usage 
l^na  géuéc^.  Il  dit  à  la  fin  de  son  livre  onzième  :  «  Lecteur, 
1  quoique  tous  puissiez  être  fatigué  d'un  livre  si  long,  vous  atten* 
n  dei  encore  de, moi  quelques  distiques.   » 

QtiamTÎs  tam  longo  possis  satur  esse  libello, 
Leotor ,  adkao  a  me  distieha  pauca  petit  (i). 

On  peut  voir  des  traces  de  cet  usage  dans  Ovide,  à  la  fin  de 
TArt  d'aimer  et  des  Amours,  ainsi  que  dans  les  Odes  d'Horace. 
Lorsque  le  livre  étoit  écrit  et  collé,  on  fixoit  à  l'extrémité  de  la 
dernière  feuille  un  petit  bâton,  autour  duquel  s'enrouloit  le 
volume  ,  à  peu  près  comme  nos  cartes  géographiques.  Ce  bâton 
se  nommoit ,  en  grec  ô/xçaÂbf  ,  en  latin  umbilicus,  parce  qu'il  étoit 
placé  au  centre  du  volume  enroulé ,  comme  le  nombril  au  milieu 
du  corps  humain.  Martial  (?.)  compare  à  un  ombilic  un  très-mince 
rouleau. 

Quid  prodest  mihi  tam  maccr  libelliis 
NuUo  crassior  ut  sit  uiubilico 
Si  tôt  us  (ibi  tridiio  legatur? 

Ce  passage  doit  détruire  toutes  les  difficultés  qu'on  a  élevées  sur  la 
nature  de  Vumbilicus  dans  les  anciens  volumes. 

Lorsque  le  rouleau  étoit  déployé,  Tumbilic  se  trouvoit  à  l'ex- 
trémité ,  de  là  l'expression  proverbiale  ad  umbilicum  perducere,  qui 
répondoit  au  grec  xopiaviJ'A  fTrtrtàivciij  et  siguifioit  terminer  quel- 
que chose.  Horace  (3)  s'excuse  ainsi  de  ne  pas  terminer  des  poésies 
qu'il  avpit  autrefois  commencées  : 

DeuB,  dous  uam  me  vetat 

Inceplos  oliiD  ,  promiasum  carmen ,  iamboi 

Ad  umbilicum  perducere. 

Un  vieux  commentateur  explique,  dans  ce  passage,  la  locution 
ad  umbilicum  perducere  ou  adducere  par  finir,  terminer,  parce  que, 

(i)  Epigr.,  \l,  108. 

(s}  Epigr.  Il,  Ti,  10. 

(t)  Epod.  i4.  Toy.  on  cet  eadit>it  rancico  scoliaste  dans  Tcdit.  de  Gpssncr . 


BULLETIN   DU    MBLIOPHILB.  84 1 

dit-il,  on  a  coutume  de  metti-e  à  la  fin  des  lÎTret:  des  ipnbilici^  en 
bois  ou  en  os.  Ceux  qu'on  a  retrouvéâ  dans  les  manuBcrits  d'Her- 
culanum  sont  faits  tantôt  avec  du  bois  blanc,  tantôt  arec  une  es- 
pèce de  sureau  ou  de  canne.  Quelquefois  on  s'est  servi  d'un 
simple  morceau  de  papyrus  qu'on  a  serré  et  tordu  de  manière  à  lai 
donner  la  forme  et  la  consistance  d'un  petit  bâton  (i).  Du  reste,  on 
n'en  a  jamais  trouvé  plus  d'un  dans  le  même  manuscrit.  11  est  néan- 
moins certain  que ,  pour  rendre  la  lecture  des  livres  plus  com- 
mode, on  les  gamissoit  de  deux  umbilics,  un  au  coumiencement 
et  l'autre  à  la  fia.  Stace  se  plaint  à  Plotius  d'un  échange  de  livres 
où  il  a  voit  reçu  un  volume  en  très-mauvais  état  pour  un  rouleau 
tout  neuf  orné  de  deux  umbilics. 

Noster  purpareus,  Do?usf|ue  charU 
Et  binis  decoratus  umhilicis  (a). 

En  traitant  des  ornements  des  volumes  nous  rapporterons  plu- 
sieurs passages  d'auteurs  anciens  où  les  umbili(;s  sont  constamment 
nommés  au  pluriel.  Ik  étoient  quelquefois  terminés  par  deux  pom- 
mettes saillantes  ,  uKfOfjLtpcLT^icc ,  cornua  (3),  destinées  à  protéger  les 
trancjjes  du  volume.  De  là  le  mot  ad  cornua ,  qui  avoit  la  même 
signification  que  ad  ximbilicum^  c'est-à-dire  jusqu'à  la  fin,  Martial 
appelle  un  livre  entièrement  déroulé  librum  explicitum  usque  ad 
sua  cornua  (4). 

Les  tranches  se  nommoient  en  latin  yron/«5,  à  cause  de  la  dispo- 
sition des  rouleaux  dans  les  bibliothèques ,  disposition  que  nous 
ferons  connoitre  ailleurs.  Il  ne  sauroit  y  avoir  de  doute  sur  la  si- 
guiBcalion  du  moi/rontes  (5).  La  partie  du  volume  qu'il  désignoit 
ctoit  double  geminœ  frontes  (6; ,  ce  qui  ne  peut  s'entendre  que  des 

(i)  Voy.  A.  de  Jorio  OJfic,  de'  papiri,  p.  i8  etsuiv.,  et  p.  69. 
(4)  Sjlv.  IV,  IX,  7 . 

(3)  Voy.  Martial,  X,  107.  Ovid.  Tristes,  l,  1,  8. 

(4)  Epigr.  XI,  107. 

(5)  Il  ne  faudrait  ])ourtant  pas  ,  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  d'un  livre ,  tra- 
duire le  mot  fions  par  tranche.  Ce  mot  étoit  parfois  employé  mc'taphorique- 
ment  pour  désigner  le  commencement  du  livre.  Par  exemple,  Ovide,  se  dou- 
tant bien  qu'il  existoit  dans  les  mains  de  ses  amis  quelques  exemplaires  des 
Métamorphoses  ,  dont  il  avoit  brûlé  l'original ,  pria  quelqu'un  de  faire  écrire 
en  t^tc  du  premier  livre,  in  primifronte  iibelii,  un  avertissement  portant  que 
l'auteur  de  l'ouvrage  n'avoit  pu  y  mettre  la  dernière  maiu.  Voy.  Tristes, 
f,  vil,  3:1. 

(6)  Tristes,!,  1,  11. 


842  J.    TECUENËR  ,    PLACE    DU    LOUVRE  ,12. 

deux  bases  parallèles  du  rouleau  cylindrique.  On  rognoit  ces  tranches 
lorsque  les-  bandes  n'a  voient  pas  été  parfaitement  égalisées  avant 
le  collage,  et  cette  opération  s'exprimoit  par  librum  circumcidere. 
Elle  n*étoit  pas  sans  difficultés,  et  Aristote  n'a  pas  dédaigné  d'en- 
tracer  ou  du  moins  d'en  expliquer  les  procédés  (i).  On  se  servoit 
pour  cela,  ou  de  ciseaux  ,  ou  d'un  instrument  tranchant  en  forme 
de  petite  faux  qu'on  appeloit  sicila.  Ce  mot,  dans  le  glossaire  de 
Philoxène  publié  par  Labbe ,  est  donné  comme  l'équivalent  de 
ff(ilX<L  y^AÇTorifJLGf ,  couteau  à  couper  le  papier,  Isidore  de  Séville  dit 
que  l'usage  de  rogner  les  livres  naquit  en  Sicile  (2) ,  contrée 
qu'aucun  document  historique  n'autorise  à  legarder  comme 
ayant  été  plus  anciennement  que  toute  autre  adonnée  à  la  littéra- 
ture. Peut-être  aura-t-il  confondu,  dans  un  des  auteurs  qu'il  a  con- 
sultés, les  mots  sicifa  et  Sicilia, 

Lorsque  les  tranches  avoient  été  rognées,  elles  n'étoient  pas  par«- 
faite  ment  unies.  Il  restoit  encore  des  cheveux,  coma^  ou,  comme 
nous  dirions  aujoura'hui,  des  barbes  au  papier,  qu'il  falloit  enlever 
avec  la  pierre  ponce.  Ovide ,  exilé,  les  vouloit  laisser,  en  signe  de 
deuil,  au  livre  qu'il  envoyoit  à  Rome. 

Nec  fragili  gemiDœ  poliaDtur  puraice  frontes 
Rirsutus  passis  ut  tideare  comia  (3). 

La  même  opération  est  indiquée  dans  ce  vers  de  TibuUc  : 
Pamex  et  caoas  tondeat  ante  comas  (4) . 

Et  dans  ce  distique  de  Martial  ; 

Dum  Qovus  est ,  neque  adhuc  rasa  mihi  froote  libellus 
Pagina  dum  taugi  non  bene  sicca  timet  (6). 

Quelquefois  les  tranches  des  volumes ,  comme  celles  de  nos 
livres,  recevoient  une  couleur.  Celles  du  livre  qu'Ovide  envoyoit 
à  Rome  du  fond  de  son  exil  étoient  noires,  et  cette  teinte  lugubre 
devoit  servir  à  le  faire  reconnoitre. 

Candida  nec  nigra  cornua  fronte  géras 
ipso  noscere  colore  (6). 

(i)  Voy   Aristote.  Problèmes  WI,  6,  et  Vossius  in  CatulL,  p.  66. 
(1;  Orig.,vi,  12. 

(3)  Tristes,!,  1,  12. 

(4)  111,1,  10. 

(5)  Epigr.,\\,iQ. 

(6)  Tristes,  1,  1,  8,  62. 


BULLETIN    BU   BIBLIOPHILE.  843 

Pour  empêcher  les  volumes  de  se  dérouler  on  les  attachoit  avec 

des  couiToies  qu'on  nonmioit  re^oLfjLavef  rSv  CiCht^lm^  iora: 

Novi  libri 
NoTi  umbilici  iora  rubra  (i). 

Dans  le  deuxième  tome  des  peintures  d'Herculanum  le  frontispice 
de  la  page  gS  représente,  entre  autres  choses,  deux  rouleaux  super- 
posés en  croix.  Au  milieu  de  l'un  d'eux  est  marqué  un  trou  ou  un 
bouton  qui  servoit  à  fixer  la  courroie  avec  laquelle  on  serroit  le 
volume.  Un  li^e  ainsi  attaché  se  nommoit  constricius  Uber ,  et  il 
étoit  moins  exposé  à  être  rongé  par  les  insectes  : 

GoDstrictos  nisi  das  miiii  libellos 
Admit  ta  m  tineas  trucesque  blattas. 

Une  précaution  encore  plus  efficace  contre  ces  animaux  rongeurs 
étoit  la  membrane  de  parchemin  avec  laquelle  ou  enveloppoit  les 
livres.  Un  livre  connu  peut  difficilement  changer  de  maître,  dit 
Martial  à  un  plagiaire  , 

Sed  pumicata  fronte  si  quis  est  DODdum  , 
Nec  umbilicis  cultas  atque  membrana^ 
Mercare  taies  ab  eo  nec  sciet  quisquam  (3). 

Les  enveloppes  des  livres  en  peau,  J't^^épeti,  sont  mentionnées  deux 
fois  par  Lucien  (3)  ;  on  les  nommoit  aussi  ffiTTvCetiy  mot  que  Ci- 
céron  a  latinisé  et  qu'Hesychius  explique  par  habits  de  peau, 
S'epfJiàLTivett  ctokol).  Quelquefois  on  enveloppoit  simplement  les 
livres  dans  une  feuille  de  papyrus ,  p'est  ce  qui  explique  pourquoi, 
dans  plusieurs  manuscrits  d'Herculanum  qu'on  a  tenté  de  dérouler, 
on  a  trouvé  d'abord  beaucoup  de  papier  blanc  avant  d'arriver  au 
texte.  On  s'est  autorisé  des  épi  très  dédicatoires  placées  par  Martial 
en  tête  du  11"  et  du  VIII*  hvre  de  ses  Epigrammes,  pour  conjec- 
turer que  les  dédicaces  étoient  parfois  écrites  sur  l'enveloppe  des 
volumes.  Dans  la  première  de  ces  épitres ,  le  poète  se  fait  adresser 
la  parole  par  Decianus,  qui  lui  prouve  qu'un  livre  d'épigrammes 
n'a  pas  besoin  de  préface.  «  Parbleu ,  répond  le  poète,  vous  avez 
u  raison.  Et  si  vous  saviez  quelle  longue  épître  je  vous  avois  pré- 
«I  parée!  mais  il  en  sera  ce  que  vous  voulez,  et  ceux  qui  liront  ce 


(i)  Catulle,  p.  5o.  , 

(i)  Martial,  Épigr.  1,  67,  10. 

(3)  Advers.  ladoctum,  c.  16,  et  de  Mercede  conduclis;  c.  4i . 


844  '•    TECHENER,    PLACE   DU    LOUVRE,    12. 

«  livre  vous  devront  de  ne  pas  être  fatigaés  avant  d'arriver  à  la 
u  première  page.  »  Puisque  la  première  page  contenoit  le  com* 
menceraent  de  l'ouvrage ,  il  est  clair,  a-t-on  dit,  que  l'ëpître  pré- 
liminaire devoit  se  trouver  avant  la  première  page,  et  elle  ne  pour- 
voit être  que  sur  l'enveloppe.  Le  huitième  livre  de  Martial,  rempli 
des  éloges  de  Domitien,  est  dédié  par  le  poëte  à  cet  empereur.  Il  dit, 
dans  la  dédicace,  qu'il  a  cru,  par  respect  pour  le  nom  sacré  de 
César ,  qui  est  en  tête  de  son  livre,  devoir  prendre  un  ton  plus 
grave  et  plus  décent,  et  qu'il  en  a  averti  les  lecteurs  par  une  courte 
épigramme  placée  sur  le  seuil  même  du  volume  in  ipso  libelli  hujus 
limine.  Donc,  a-t-on  dit  encore,  l'épître  étoit  avant  le  seuil  ou  avant 
la  première  page  du  livre,  par  conséquent  sur  la  couverture.  Il  est 
évident  qu'un  auteur,  envoyant  lui-même  à  quelqu'un  son  livre,  a 
trèfr;bien  pu  écrire  son  envoi  sur  l'enveloppe,  si  cette  enveloppe 
étoit  de  nature  à  recevoir  l'écriture.  Mais  que  les  copistes  aient 
suivi  cet  usage  dans  les  livres  qu'ils  confectionnoient  pour  les 
vendre,  on  ne  peut  en  trouver  ici  aucune  preuve.  C'est  comme  si 
nos  neveux  ,  sachant  qu'au  xix'  siècle  les  ouvrages  commençoient 
en  France  avec  la  première  page  et  que  néanmoins  ils  avoient  une 
préface,  en  concluoient  que  la  préface  étoit  imprimée  sur  la  cou- 
verture. 

Lorsqu'on  a  voit  terminé  tous  les  volumes  qui  composoient  un 
seul  ouvrage,  on  les  réunissoit  en  un  faisceau  retenu  par  un  lien 
qui  en  faisoit  plusieurs  fois  le  tour.  Horace,  envoyant  ses  œuvres  à 
Auguste  par  l'entremise  de  Yinnius  Asella,  recommande,  entre 
autres  choses,  à  ce  dernier,  de  ne  pas  porter  gauchement  le  fais- 
ceau de  volumes  sous  l'aisselle  comme  un  rustre  porteroit  un 
agneau, 

Ne  forte  sub  ala 

Fasciculum  portes  librorum,  ut  ruslicus  agnum  (i). 

Le  faisceau  étoit  placé  perpendiculairement  dans  un  étui  cylin- 
drique, sciùiium  cun^um  (2),  qui  ressembloit  exactement,  qu'on  nous 
passe  la  comparaison  en  faveur  de  sa  justesse,  aux  boîtes  en  bois 
blanc  dans  lesquelles  s'expédient  les  pâtés  de  Strasbourg.  Ces  étuis 
se  nommoient  p(^ctpToçvAflt)t/ûc,  cKflytcty  kpKKcti  ^  scrinia,  cistœ,  capsœ. 
On  en  faisoit  en  bois  précieux  pour  conserver  les  hvres  de  luxe  ; 

ê 

(1)  Epîlres,  1,  xiu,  12. 

(2)  Ovide,  TrisUSy  I,  i,  loC. 


BULUSTIN   DU   BIBUOPHILC.  845 

c'est  une  boite  pareille  que  désigne  Horace  en  parlant  des  vers 
dignes  d'être  conservés  dans  du  bois  de  cyprès,  carmina.,.  leifi 
seruanda  cupresso  (i).  Au  corps  de  la  boite  étoil  ordinairement 
fixée  une  serrure,  dans  laquelle  venoit  s'enclaver  une  verge  de 
fer  attachée  au  couvercle ,  à  peu  près  comme  dans  nos  malles  de 
voyage  (2).  Horace  fait  allusion  aux  étuis  fermés  à  clef  lorsqu'il 
dit  à  son  livre,  pressé  de  paroitre  : 

Odisti  tlai/es  et  grata  siglila  pudico(lihw)  ^3). 

Sur  les  c6tés  du  serinium  étoient  attachés  deux  anneaux,  d'où  par- 
toient  les  deux  extrémités  d'une  courroie  destinée  à  faciliter  le 
transport  de  la  boité  (4).  Les  enfans  de  qualité,  lorsqu'ils  alloient 
à  l'école,  étoient  suivis  d'un  esclave  nommé  capsarius,  qui  portoit 
l'étui  renfennant  les  livres  et  les  autres  instrumens  d'étude  néces- 
saires à  l'écolier.  Cet  usage  est  exprimé  dans  ces  deux  vers  de  Ju-^ 
vénal ,  où ,  par  parenthèse ,  on  voit  que  les  leçons  des  maîtres 
d'école  à  Rome  n'étoient  pas  taxées  à  un  prix  trop  élevé  : 

Quisqiiis  adhuc  imo  partam  coHt  asse  Mioeryam, 
Qnem  sequitiii*  custos  angustae  vemula  capsac  (5). 

Les  auteurs  avoient  aussi  des  cassettes  où  ils  conservoient  les  ou-^ 
vrages  terminés ,  mais  qu'ils  n'avoient  pas  encore  publiés.  Pour-» 
quoi,  dit  Martial  à  Sosibianus,  pourquoi  ne  veux-tu  rien  publier 
lorsque  tes  écrins  sont  remplis  d'ouvrages  terminés  ? 

(0  Art.  poétique,  V,  33 1. 

(2)  Voy.  les  peintures  d^Hcrculauum,  tom.  Il,  pi.,  3  et  ]tfoiitfaucon,y//i//<7. 
expliquée^  tom.  III,  pi.  vi  et  vu. 

(3)  Epttre,  I,  20. 

(4)  Peintures  d^Hercul.,  t.  II,  p.  7. 

(5)  Satir.  X,  117.  LY>dit  de  Diocle'tien ,  qui  fixe  un  maximum  pour  tout 
Pempire  romain  ,  ëdit  public  en  1836  par  M.  le  colonel  Leake,  diaprés  une 
pierre  découverte  à  Stratonicde ,  nous  fournit  des  renseigneroens  un  peu  ptu& 
précis  sur  les  divers  salaires.  En  supposant,  avec  MM.  Borghesi  et  Dureau 
de  la  Malle ,  que  le  si^e  monétaire ,  employé  dans  cet  édit ,  signifie  lo 
denier  de  cuivre,  équivalant  a  a  c.  et  demi,  nous  trouvons  que  chaque 
écolier  payoit  par  mois  :  pour  un  maître  de  lecture  ,  1  fr.  35  c;  pour 
un  maître  de  calcul,  1  fr.  90  c;  au  professeur  de  sténographie,  1  fr.  90c.  ;  au 
maître  dVcriturc  ,  1  fr.  36  c.  ;  au  grammairien  grec  ou  latin  ,  au  géomètro 
et  au  professeur  dVloqucncc,  5  fr.  j4n  edict.  oj  Diocletian ,  p.  as.  Cet  édil 
se  trouve  aussi  à  la  suite  des  Recherches  sur  le  Dt^it  de  propriété  chez  les 
Romains  ,  par  M.  Charles  Giraud,  d^Aix.  Voy.  cet-ouvr.,  Pièces  jnst.y  p.  5o^ 


846  1.    TECHENERy   PLACE  DU  LOUVRE,    12. 

Plena  laboratis  babeas  quum  scrinia  libris 
Emittis  quare,  Sosibiane,  nibil(i)  ? 

Et  Pline  le  jeune  s'adressant  à  Nason  :  «  Ailleurs  je  pourrois  vous 
montrer  des  greniers  pleins ,  ici  je  vous  ferai  voir  un  écrin  bien 
garni  :  Possum  tibi,  lU  aliis  in  locis  horreum  plénum  sic  ibi  serinium^ 
osiendere  (2).  »  Des  boites  du  même  genre  contenoient  les  livres  qui 
étoient  encore  sur  le  métier.  Horace,  levé  avant  le  soleil,  deman- 
doit  du  papier,  des  roseaux  et  ses  écrins  : 

prias  orto 

Sole  TÎgil,  calaroum  et  cbartas  et  scrinia  posco  (3). 

Quelquefois  on  écrivoit  sur  la  boîte  le  titre  de  l'ouvrage  qu'elle 
contenoit  ;  on  en  peut  voir  un  exemple  dans  la  septième  planche 
du  troisième  tome  de  V Antiquité  expliquée.  Toujours  ou  presque 
toujours  les  volumes  avoient  un  titre  extérieur  dans  leur  partie  su- 
périeure, c'est-à-dire  sur  celle  des  tranches  qui  apparoissoit  aux 
yeux  lorsqu'on  enlevoit  le  couvercle  de  la  boite.  Ovide ,  exilé , 
envoie  son  livre  à  Rome,  il  lui  recommande  d'entrer  dans  sa  de- 
meurq  où  il  trouvera  ses  frères,  qui  tous^  à  l'exception  des  trois 
livres  de  VArt  d'aimer,  cause  ou  prétexte  de  son  exil,  montrent 
leurs  titres  étalés  au-dessus  de  leur  tranche  découverte  : 

Caetera  turba  palam  titulos  ostendet  apertos 
Et  sua  détecta  nomioa  fronte  geret  (4). 

Ces  titres  étoient  écrits  sur  de  petits  morceaux  de  papyrus  ou  de 
parcliemin  qu*on  appeloit  TtTTctKÎct ,  en  latin  pittacia.  On  donnoit 
aussi  ce  nom  aux  étiquettes  collées  au  sommet  des  amphores  de 
vin,  étiquettes  qui  annonçoient  la  qualité  et  l'âge  de  la  liqueur  (5). 
Pour  les  volumes,  on  inséroit  ces  petits  morceaux  de  parchemin  ou 
de  papyrus  dans  les  tranches,  et  on  les  y  fixoit  par  un  bout  avec  de 
la  colle,  de  manière  à  ce  qu'ils  pussent,  en  se  repUant,  couvrir  la 
tranche  presque  en  entier  et  offrir  le  titre  du  livre  aux  yeux  du  lec- 
teur. On  peut  voir  des  titres  de  ce  genre  parmi  les  peintures  d'Her- 
culanum  (6)  et  dans  une  planche  où  Schwarz  a  fait  dessiner  une 

(i)  Ëpigr.  IV,  xxxu,  I. 
(a)  IV,  Yi,  a. 

(3)  Epistres,ll,i,  iia. 

(4)  Tristes,  I,  I,  109. 

(5)  \oy.  Pétronne.  Satyric,^  p.  i4, 1.  16,  éd.  Loticbius,  in-4. 

(6)  Tom.  Il,  pi.  9,  et  les  frontispices  des  pagea  7  et  91 . 


BULLETUI   DO    BIBLIOPHILE.  847 

ancienne  bibliothèque  d'après  un  bas- relief  en  marbre  trouvé  à 
Nimègue  vers  la  fin  du  siècle  dernier.  M.  le  chanoine  Andr.  de 
Jorio  a  pareillement  fait  représenter  un  manuscrit  du  musée  de 
Portici,  auquel  est  encore  fixé  un  fragment  rectangulaire  de  papy- 
rus écrit,  pendant  en  dehors  de  la  tranche  du  volume.  Quand  le 
rouleau  est  déployé,  le  morceau  de  papyrus  sur  lequel  est  écrit  le 
titre  en  occupe  le  milieu  (i).  Pour  les  volumes  dont  les  umbilics 
étoient  à  pommettes  saillantes ,  il  y  avoit  une  autre  manière  de 
disposer  le  titre  extérieur  ;  on  Técrivoit  sur  une  petite  bande  de 
parchemin  qui  avoit  exactement  la  longueur  du  rouleau,  et  cette 
bande  cloit  collée  le  long  du  bord  et  au  verso  de  la  première 
feuille.  Cicéron  demande  à  Atticus  des  colleurs  qui  puissent  aider 
Tyrannion  :  «  Recommandez-leur ,  dit-il,  d'apporter  de  petites 
«  bandes  de  parchemin  avec  lesquelles  on  fait  ces  sortes  de  titres 
«  que  vous  autres  Grecs  appelez,  je  crois,  avKhkCovç  (2).  »  Ne 
semble-t-il  pas  qu'il  s'agisse  dans  cette  phrase  d'un  titre  de  telle 
nature  que  la  langue  latine  n'avoit  aucun  mot  pour  le  désigner  ex- 
pressément? Or  le  mot  grec  employé  par  Cicéron  désignoit  une 
petite  bande  de  peau  qu'on  colloit  ou  qu'on  cousoit  au  bord  des 
vétemens  (3).  Cette  espèce  de  titre  en  forme  de  bande  est  encore 
clairement  désigné  par  Tibulle ,  lorsqu'il  veut  que  son  nom  en 
lettres  ornées  couure  le  bord  de  son  livre. 

Summaque  prœtexat  tenuis  fa.^tigia  chartae 
Indicct  ut  noroen  littera  picta  tuiim  (4). 

Le  mot  prœtexat  ne  laisse  aucun  doute  sur  la  disposition  du  titre  ; 
on  sait  qu'on  appeloit  robe  prétexte,  toga  prœtexta^  celle  que  por- 
toient  les  enfems  mâles  au-dessous  de  dix-sept  ans  etles  filles  jusqu'à 
leur  mariage,  parce  qu'elle  étoit  bordée,  prœtexta^  d'une  bande  de 
pourpre.  Parmi  les  manuscrits  d'Herculanum,  deux  ont  leur  titie 
ainsi  écrit  sur  l'extrémité  extérieure  du  rouleau  (5). 

Le  manuscrit  du  musée  de  Portici,  dont  nous  avons  parlé  plus 

(1)  OJJicma  de'  papiri,  p.  67  et  suiv.,  planch.  1,  B.  *;  et  Peintur,  dUercu^ 
lan,y\.  V,  p.  373. 

(9)  lisque  imperes  ut  sumaot  membranulam  ex  qua  indices  fiunt,  quos  vu<i 
Grxci,  utopinor,  ffvhhkCovç  appellatis. 

(3)  Voy.  le  commentaire  de  Saumaisc  sur  la  vie  de  Pertinaz,  par  J.  Capi^ 
tolin,  c.  8. 

(4)  Eleg.,  m,  I,  Il  et  la. 

(5)  Jorio,  Offic'uia  de'  ftapiri,  p.  6^. 


848  I.    TEGHENEft,    PLACE  DU   tOOVEE,    12. 

haut,  offre  une  particularité  que  M.  Aodré  de  Jorio  ne  manque  pas 
de  signaler.  Outre  le  morceau  de  papyrus  pendant  en  dehors  de 
la  tranche  et  sur  lequel  est  écrit  le  titre,  il  y  a,  sur  un  autre  point  du 
rouleau,  un  petit  ruban  fort  court, disposé  de  manière  qu'éviden»- 
ment  il  n'a  jamais  pu  servir  à  lier  le  volume.  Dans  le  dessin  publié 
par  M.  de  Jorio,  le  ruban  parait  rompu  et  la  destination  n'en  est 
pas  fort  claire.  On  peut  tirer  plus  de  lumière  d'une  des  peintures 
dllerculanum  (i),  représentant  un  jeune  homme  couronné  de 
lierre  qui  tient  un  rouleau  dans  sa  main  droite.  A  la  partie  supé- 
rieure du  rouleau  est  fixé  un  lien  formant,  immédiatement  au- 
dessus  de  la  tranche,  une  boucle  de  deux  pouces  de  longueur,  dans 
laquelle  il  étoit  facile  d'introduire  les  deux  premiers  doigts  de  la 
main  ;  comme  le  jeune  homme  appuie  l'index  de  la  main  gauche 
sur  la  tranche  du  livre,  à  la  naissance  même  de  la  boucle,  on  ne 
peut  dire  si  cette  dernière  est  attachée  à  l'umbilic  ou  collée  au  pa- 
pier. Dans  tous  les  cas,  il  est  naturel  de  penser  qu'elle  servoit  à  tirer 
le  livre  de  l'étui  qui  le  renfermoit  ordinairement  ;  nous  ne  voyons 
pas  du  moins  qu'elle  ait  pu  avoir  une  autre  destination. 

n  nous  reste  maintenant  à  parler  des  ornements. qui  disdn- 
guoient  les  volumes  de  luxe  des  livres  ordinaires.  Les  premiers 
étoient  quelquefois  écrits  avec  des  encres  d'or  et  d'argent ,  et  les 
marges  en  étoient  chargées  de  peintures.  Tel  étoit  l'exemplaire  du 
panégyrique  de  Constantin  qu'Optaiien  adressoit  à  cet  empereur  : 

Qna;  quondam  fueras  pulcro  decorata  libello 

Carmen  in  Âugusli  ferto,  Tbalia,  inanus 
Ostro  tota  nitcns;  argento  aiiroquc  coruscis 

Scripta  notU,  picto  limite  dicta  notans. 

On  les  frottoit  avec  une  espèce  d'huile  nommée  ccdrium ,  parce 
qu'on  la  tiroit  du  bois  de  cèdre  ,  et  qui  avoit  la  propriété  de  préser- 
ver les  corps  des  insectes  et  de  la  mobissure  (2).  Martial  ne  permet 
À  son  livre  ce  précieux  liniment  que  lorsque  le  patronage  de 
Faustinus  lui  donne  quelque  espoir  de  durée  (3).  Le  livre  des 
Tristes ,  afin  de  ne  point  faire  contraste  avec  le  deuil  et  la  dou- 

(1)  Tom.  m,  pi.  45. 

(5)  Ex  cedro  oleum  y  quod  cedrium  dicitur,  nascitur ,  quo  reliqnse  rcs 
Mnctx,  ut  ctiam  libri,  a  tineis  et  a  carie  non  Ixduntur.  Vitruve,  II,  ix. 
(3)  Faustini  fugis  in  sinum!  sapisti. 

Gcdronunc  licet  arobules  perunctus,  etc. 

Epifçramm^t  1'*»  a*  Voj.  aussi  V.  6;  VIII,  61,  elc 


leur  du  poëte  »  n'étoit  ni  froUc  d'buîle  de  cèdre ,  ni  poli  à  la  pierre 
ponce  :  .  . 

Quod  neqne  Bora  oédroflavuê  nec- puroice  Iseyis 

Erubui  domÎDo  cullior  esse  meo  (1). 

Ce  dernier  passage  prouve  que  l'huile  de  cèdre  donnoit  aux  livres 
une  teinte  jaune.  Nous  avons  déjà  parlé  des  livres  de  Nunia ,  dé- 
couverts dans  la  terre  après  cinq  cents  années.  Pline  s'explique 
leur  conservation ,  en  supposant  qu'ils avoient  été  enduitsavec de 
l'huile  de  cèdre  ;  libros  citrcUos  fuisse  propUreçi  arbitrarer  (ineas 
non  ietigisse  (a).  Les  mots  cwminq  udrQ  digna ,  dans  Perse,  sont 
une  allusion  à  la  durée  des  livres  frotpés  d'huile  de  cèdre  et  peu- 
vent se  traduire  ainsi  ;  des  vers  dignes  de  V immortalité  : 

An  erit  qui  Telle  recuset 

Os  populi  meruisse,  et  cedro  digna  loeutas 
LiDquere(3). 

Horace  a  dit  avec  moins  de  concision  : 

Speramu»  carmina  ftngi 
Posse  linenda  cedro  et  levi  servanda  cuprcsso  (4). 

Reprenons  Tépigramme  dans  laquelle  Martial  félicite  son  livre 
de  s'être  choisi  le  patronage  de  Faustinus.  Il  le  rassure  contre  les 
critiques  et  lui  accorde  tous  les  ornements  réservés  aux  livres  qui 
dévoient  avoir  une  longue  durée  : 

Cedro  nunc  licet  ambiiles  periinctus 
Et ,  frootis  geroino  deoens  honore  , 
Pictis  luxurieris  umbilicis  ; 
Et  te  purpura  delicata  vclet, 
Et  cocco  rubeat  superbus  index  : 
lllÔTindicenec  probum  timeto. 

Le  second  vers,  ctfrontis  gcmino  decens  honore^  indique  bien  clai- 
rement la  double  tranche  du  volume ,  et  rappelle  l'usage  que 
nous  avons  déjà  signalé  9  d'après  Ovide ,  de  leur  donner  une  cou- 
leur particulière. 

Nous  connoissous  maintenant  et  la  nature  et  la  matière  des  uni- 
bilics ,  que  nous  avons  comparés  aux  bâtons  de  nos  cartes  géogra- 

(i)  Tristes,  III,  1,  i3.  Voy,  aussi  1,1,7. 
(»)  Hist.nai.y  XIII,  27. 

(3)  Perse,  I,  4o. 

(4)  Art  poétique,  vers  33 1 . 


85o  !•    TECBBNEII9    PLACE   DV  LOUTEE9    12. 

phiques.  Une  nouvelle  cause  de  ressemblance  est  la  couleur  noire 
qu'on  donnoit  souvent  à  ces  umbilics.  Tels  étoient  ceux  des  livres 
d'ëpigrammes  que  Martial  offroit  à  Dcunitien ,  par  l'interraëdiaire 

de  Parlhenius  : 

Nanquam  grandia  neo  molesta  poscit 
Qu»y  cedro  decorata  purpuraqae, 
JVigris  pagina  crevit  unthUicis  (1). 

Le  vers  pictis  luxurieris  umhilieis  semble  prouver  qu'on  omoit 
quelquefois  ces  petites  verges  de  couleurs  brillantes.  Dans  une 
autre  épigramme  du  même  auteur,  nous  voyons  que  ses  livres  se 
vendoient ,  dans  tout  l'empire ,  ornés  d'umbilics  : 

Liyct  Carinus 

Non  jam  quod  orbecaotor  etle^or  toto , 

Ncc  umbilicis  quod  decorus  et  cedro  •» 

Spargor  omnes,  Roma  quas  tenet,  gentes  (3). 

Une  foule  d'autres  passages  prouvent  que  les  umbilics  étoient  des 
ornements.  Nous  avons  déjà  cité  celui  de  Stace  : 

Noster  purpureus  noTusque  charta 
Et  binis  decoratus  umbilicis. 

Et  l'épigramme  que  Martial  adresse  à  un  plagiaire  : 

Sed  pumicata  fronte  siquis  est  nondum 
Nec  umbilicis  cuUus  atquc  mcmbrana. 

Ce  qui  contribuoit  surtout  à  faire  des  umbilics  un  ornement  pour 
le  volume  ,  c'étoient  les  extrémités  saillantes ,  cornua  ,  qui  en  for- 
maient les  deux  bouts  ,  et  qui  étoient  ou  couvertes  de  peintures  ou 
incrustées  d'ivoire.  TibuUe  faisoit  peindre  les  cornua  d'un  volume 
qu'il  adressoit  à  Nérée  : 

Alque  inter  gemiaas  pingant.tr  cornua  froDtes(3). 

Ovide ,  au  contraire  ,  ne  vouloit  pas  que  les  umbilics  de  ses  livres 
des  Tristes  fussent  ornés  de  croissants  d'ivoire  : 

Candida  nec  nigra  cornua  fronte  géras. 

Les  umbilics  eux-mêmes  pouvoient  être  en  ivoire  ou  en  quelque 

(1)  Martial,  V,  6. 

(a)  \lll,6i. 

(3)  Eleg,,  IIf,i,9. 


BULLETIN  on  UBUOPHILE.  85 1 

bois  précieux.  Lucien  parle  deux  fois  de  niagnifiques  volumes , 
CtChiov  iifÂyKAKov  y  KAhXiffTotç  CiChlotç  j  enveloppés  dans  des  mem- 
branes couleur  de  pourpre ,  et  enroulés  sur  des  umbilics  d'or, 

')(jÇVff'o7  OfJL^€tXo7  (i). 

Les  expressions  de  Martial ,  umbilicis  cuhus  atque  membrana , 
prouvoient  déjà  que  les  parchemins  avec  lesquels  on  envelop- 
poit  les  volumes  étoient  quelquefois  assez  précieux  pour  leur 
servir  d'ornement.  Lucien  nomme  ces  enveloppes  Si<p&ifeLi  ^op<pvf  «t), 
des  membranes  de  pourpre.  TibuUe  donne  pour  enveloppe  au 
livre  qu'il  adresse  à  Nérée  un  parchemin  teint  en  jaune. 

Lutea  sed  Diveuin  invoWat  membrana  libellum  (s). 

Mais  les  vers  et  te  purpura  delicata  velel ,  eedro.,,  decoràta  purpu- 
rtujue  prouvent  qu'on  employoit  aussi  à  cet  usage  des  lajnbeaux 
d'éioffe  de  pourpre.  Martial ,  envoyant  à  une  dame  romaine  un 
livre  de  poésies  encore  inédites ,  l'a  voit  néanmoins  couvert  d'une 
robe  de  pourpre  : 

Pcrfer  Atestinse  nondam  vulgata  Sabînae 
Car  mina,  purpurea  sed  modo  cul  ta  toga  (3). 

Le  même  auteur  adresse  à  Artanus ,  prêt  à  partir  pour  Narbonne , 
un  exemplaire  de  ses  ouvrages ,  qu'il  n'a  pas  eu  le  temps  de  Cadre 
orner  comme  il  l'aurait  voulu  : 

Nondum  murice  cultus,  asperoquc 
M orsu  pumicis  aridi  politus , 
Artanum  properas  scqui ,  libelle  (h). 

Une  enveloppe  de  pourpre  ornoit  aussi  les  fastes ,  espèce  de  calen- 
drier que  i*édigeoit  annuellement  le  grand  pontife ,  et  dans  lequel 
étoient  marqués  les  jours  fastes  ou  néfastes ,  les  jours  supprimés  ou 
intercalés ,  les  fêtes ,  les  marchés  et  les  principaux  événements  (5). 
Ovide  9  qui  s'étudie  à  dépouiller  ses  livres  des  Tristes  de  tous  les 
ornements  qui  pourroient  contraster  avec  sa  douleur,  met  l'enve- 
loppe de  pourpre  au  nombre  de  ces  ornemens  intempestifs  (6). 

(i)  Advers.  indoct.,  c.  4  ;  de  Mercede  conductis,  c.  4i . 

(i;  Elcg.,  111,1,9. 

(8)  Epigr.,  X,93. 

(4)  Ibid.,  VIII,  7a. 

(5)  Martial,  XI,  4;  XII,  s6.  Voy.,  pour  la  composition  des  Fastes  ,  M.  Le- 
derc ,  des  Journaux  chez  les  Romains,  p.  i43. 

(6)  Tristes^  It  if  &• 


85^  I.   TECHEIIBB,   PLACE  DU  LOUVRE,    12. 

Nec  te  purpureo  vêlent  raccinia  fuco; 
Non  est  conveniens  luctibus  ille  dolor. 

Il  ajoute  immëdiatement  : 

Nec  titulus  minio ,  nec  cedro  charta  notetur , 

prescription  diamétralement  opposée  à  celle  de  Martial ,  qui  rend 
si  bien  l'effet  d'un  titre  éclatant  : 

Et  cncco  rubeat  superbas  index. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  des  encres  de  couleur,  et  particulière- 
ment des  encres  rouges  employées  dans  les  titres  des  volumes.  Il 
resteroit  à  décider  si  ces  couleurs  éclatantes  servoient  à  orner  le  titre 
intérieur  ou  les  titres  extérieurs.  Il  est  certainement  question  d'un 
titre  extérieur  dans  ces  vers  de  Tibulle ,  que  nous  avons  déjà 
cités  t 

Summaque  praetexat  tennis  fastîgia  cbart» 
Indicet  ut  nomen  littera  picta  meum. 

Les  autres  passages  où  l'on  fait  mention  des  encres  rouges  pour 
les  titres  sont  moins  formels  ;  ils  semblent ,  h  la  vérité ,  s'appli- 
quer plus  naturellement  aux  titres  apparents  qu'à  celui  qui  est 
écrit  dans  le  rouleau ,  en  tête  de  l'ouvrage.  Néanmoins  ,  on  ne 
peut  guère  douter  que  ddos  les  volumes  où  l'on  prodiguoit  les 
peintures  et  les  encres  d*or  et  d'argent ,  comme  dans  le  panégy- 
rique de  Constantin  par  Optatien ,  le  titre  intérieur,  qui ,  par  sa 
nature  et  par  la  place  qu'il  occupoit  dans  le  rouleau,  altiroit  aus- 
sitôt l'attention,  n'ait  eu  aussi  sa  part  de  ces  ornements  de  luxe. 
On  ne  peut  douter,  du  reste,  que  dans  les  livres  de  moindre  prix, 
écrits  *  simplement  à  l'encre  noire ,  on  n'ait  distingué  le  titre  par 
une  encre  d'une  autre  couleur  ;  c'est  dans  cet  usage ,  comme  nous 
l'avons  déjà  fait  observer,  que  le  mot  rubrica,  signifiant  titre  de 
lois ,  a  pris  son  origine. 

H.  Gbraod. 

{La  suite  au  numéro  procheUn.) 


iBulletin  hn  i3ibUapl]ile, 


BT 


CATALOGUE   DB  LtVRES    RAM»   BT   CV1UBUX  9   DE 

LITTÉBATUBB,    d'bISTOIBB  ,    ETC.,    QUI 

SE  TBOUVBNT  a  la  LIBBAJRIB  DE 

/.     TECHEKBB,    PLACE 

DU      LOUVBB  , 

ifo  iS. 


N»  17.  --  OcTOBBB  1859. 


1807  Abbl  Beffeot  (dit  lb  COUSIN  Jacques).  Lettre  autog.  sign.  à 
André  Dumont,  7  fructidor.    \ 5 —  » 


1808  Aga  d'Algbe.  Consentement  de  l'Aga  delà  milice  d'Alger , 
en  Barbarie  ,  à  l'exécation  des  commandemens  du  sultan 
Ibrahim,  pour  le  contrat  des  esclayesûrançais,  le  i  oayril  i643. 

10—    » 

i8og  Akakia  (Haetin  le  docteur).  Pièce  ayec  signature  originale , 
du  2  may  1578 4 —  * 

1810  Amtot  (Jacques).  Pièce  ayec  une  ligne  et  signature  originale, 

du  3 1  décembre  1669 /^~^o 

181 1  Ancre  (le  mar^hal  d')  au  prince  deNarestang.  Lettreautog. 

sign.  Amiens,  a  octobre  i6i5 3o«—  n 

1812 -« —-au  même.  Août  1616 34*-» 

54 


854  '*    TECBENER,    PLACE   DU    LOUVttE,    12. 

i8i3  Anne  or  Bretagne.  Lettre  originale  avec  signature  adressée 
au  général  de  Languedoc lo— » 


i8i4  Anne  d'Autbicbb.  Lettre  autog.  sig.  adressée  au  duc  de  Saxe 
Wômar,  datée  de  Saint-Crermaîu ,  le  i6  ayiîl  1639,  ^^^^ 
cachet 27 —  n 

181 5  Arnaud  d*Andillt.  Pièce  autog.,  avec  signature  originale  7 
3i  juin  1642 5 —  M 

181 5  bis,  AuGBH.  Oe  l'Académie  françoise.  Lettre  autographe 
signée. 3—  n 


1816  Arcq  (le  chevalier  d').  Lettre  de  trob  pages.  14  février, 

177 1.     ...         .*....      6—  » 

1817  Babeuf  (Gragchub).  Un  cahier  pour  une  défense  prépara- 

toire de  G^  Babeuf  contre  un  jugement  du  tribunal  de 
Montdidier ,  avec  de  nombreuses  annotations  autographes , 
mémoire  fort  curieux 18—  ». 

1818  Baluze  (Etienne).  Pièce  autog.  sig.  datée  de  Paris  le  5  oc- 

tobre 1679 *     .     .     .     .        I 


1819  Balzac  (historiographe).  Pièce  avec  signature  originale  da- 
tée du  i*' février  1629 8^-<  n 

i8ao  BEAUiLiRGHAis.  Mandat  de  six  cents  livres  au  porteur,  à  va- 
loir sur  ses  honoraires  d'auteur  de  Tarare,  24  novem- 
bre 1790 5 —  » 

1821  Bellay  (Martin  du).  Pièceavec  signature  originale  sur  vélin, 

3o  avril  1547 3 —  I» 

1822  Bblaudibrb  (db  la).  Le  célèbre  poëte  |nrovençal^  Pièce  avec 

signature  originale  sur  vélin,  24  novembre  i564.     12—-  >« 

1823  Bergbrdn(le  votaabur).  Lettre  autographe  signée  adressée  à 

M.  Godefroy,  datée  de  Blérancourt  le  22  octobre.    4^  *" 

1824  Bto^(THÉODORB).  Lettre  au^raqphe  signée.  24—  h 


BULLETIN   DU    BIBUOPHILE.  855 

1 825  BmoN  LE  (MARECHAL  de).  Belle  lettre  autographe  signée  adres- 

sce  au  roi,  datée  de  Muret  le  i4  &vril  1579.  7^ —  ** 

Autie  lettre 65 —  » 

Décapite  sooi  Henri  IV. 

1826  B01S8Y  d'Anglas.  Lettre  autographe  signée  à   André  Du- 

mont.  Paris ,  5  floréal  an  III 5 —  » 


1827  Bonaparte  (Lucien).  LeUi^  autographe   signée  Rd[)oglio. 

10 —  » 

1828  BoNGARs  (de).  Lettre  autographe  signée,  de  3  pages,  adressée 

h  M.  de   Yilleroi,  datée  de   Francfort  le    i4  novembre 
1602,  avec  cachet 16—» 

1829  B088UET  (évêqub  pe  Meaux).  Lettre  autographe  signée  de 

Meaux,  le  1*' mai  1695 iS^^n 

i83o  Bourbon  (Louis  de).  Lettre  autographe  signée  à  la  reine, 
datée  du  28  novembre  i56i 10 — «• 

i83i  Bourdon  (de  l'Oise).  Deux  lettres  autographes  signées,  con- 
tenant des  recommandations  à  son    collègue    Dumont. 

i832  Brionne  (le  gohte  de).  Lettre  autographe  adressée  au  duc 
de  Valentinois,  style  très-libre,  3 1  juillet.     ,     .       10—  » 

i833  BucKiNGHAM  (le  DUC  de).  Belle  lettre  autographe  signée  adres- 
sée au  marquis  dTffiat ,  ambassadeur  du  roi  de  France  à 
Londres,  22  février  1624.  (T'rè^-rare).     .     .     .        4® —  » 

1834  Cauden  (historien  anglois).  Lettre  autographe  signée  en 

anglois 16 —  » 

1 835  Camusat  (Pierre).  Pièce  autographe  signée,  du  28  mars  1 7 16. 

6-  » 

i836  Canglaux.  Lettre  autographe  signée  à  André  Dumont,  datée 
de  Paris  ,  3o  jammr  an  V 6i«-  » 


856  J.  TECHENER ,  PLACE  DU  LODVRE,  12. 

1837  Ganobille  (mademoiselle  Simon),  artiste  du  Théâtre-Fran<» 
çois  et  auteur.  Lettre  autographe  signée.     .     .     .     lo^ —  » 


i838  Catherine  de  Médigis  (la  reine).  Lettm  autographe  signée  à 
madame  la  duchesse  de  Savoie 32 —  «> 

1839  Catlcs  (madame  de).  Lettre  autographe  signée,  1''  décem- 

bre  17 16.  (Rare,) 20—  » 

1840  Chamillart(6arriel).  Pièce  autographe  signée,  167g.  2—» 

1841  Chaptal  (ministre).  Lettre  autographe  signée  à  André  Du- 

mont,  1 7  messidor  an  II 6 —  » 

1842  Charles  II  (roi  d'Angleterre).  Lettre  autographe  signée  , 

lô  septembre  1667 4^ —  *' 

1843  Charles  III  (duc  de  Lorraine).  Lettre  autogr.  sign.  datée 

de  Nancy  le  17  juillet.  Lettre  autographe  signée  adressée 
au  roi.  Il  lui  rappelle  sa  promesse  de  payer  un  supplément 
de  dot,  lors  du  mariage  de  Catherine  j  de  madame  sa  fille 
avec  son  fils  le  duc  de  Bar,  avec  cachet.     .     .     .     5 —  » 

1844  Charles  de  France  (dauphin).  Belle  pièce  sur  vélin,  signa- 

ture originale ,  i5  mai  1422 3 —  » 

1845  Charles  (duc  de  Savoie).  Belle  pièce  sur  vélin,  avec  signa- 

ture originale  et  cachet 4^~  *' 

1846  Christine  (reine  de  Suède).  Lettre  avec  signature  adressée  à 

Pierre  Bidal,  datée  d'Upsal,  14  décembre  i653.        4 —  ^ 

1847  Choron.  Lettre  autographe  signée  relative  à  son  projet  de 

concerts  spirituels,  datée  du  1 1  novembre  1826.         2 —  >• 


1848  Colbert.  Joli  billet  autographe  signé 12 — 


M 


1849  CoMiri  DE  SALUT  puBuc.  Pièces  diverses  avec  signatiu*es 


BULLETIN   DU    filBLlOPHlLK.  857 

de  Billaud  Yarennes  ,  Robespierre  y  Camot ,  GoUot  d*Her- 
bois,  Saint-Just,  Prieur &—  » 


i85o  GoMMYNE»  (Philippe  de).  Une  pièce  avec  signature  originale, 
contenant  reçu  de  5oo  livres  pour  ses  gages  j  a6  octobre 
i484)  sur  vélin.  (Très^rare.) i8—  » 

i85i  CoNDÉ  (Louis  de  Bourbon  le  Gband).  Lettre  autographe  si- 
gnée adressée  au  duc  de  Longueville,  12  décembre  1639 , 
avec  cachet  entier  aux  armes  de  France.     .     .     .     i5—  » 

i85i   bis.  Constant  (Benjabun).  Lettre  autographe  signée.     5—» 

1 852  GoBNEiLLE(THOBfA8).  Reçu  de  gratification,  1 2  novembre  1 665. 

I 


i853  Courtois  (E£PBÉSBNTA^T  du  peuple).  Lettre  autographe  si- 
gnée à  André  Dumont,  3  messidor  an  III.  .     .     .     8 —  I» 

1854  Desportes  (Philippe).  Lettre  autographe  signée  adressée  à 
M.  de  Villeroi 26—  » 

i855  Devienne  (mademoiselle)  ,  actrice  célèbre.  Lettres  autogra* 
phes  au  citoyen  André  Dumont 6*—» 

i856  Duras  (la  duchesse),  auteur  d'Ourika,  etc.  Lettres  autogra- 
phes signées 8—  » 

1857  Du  Bellay.  Pièce  originale  avec  signature.     .     .       3-— 5o 

i858  EsPERNON  (Louis  de  la  Valette,  duc  d').  Lettre  autographe 
signée  adressée  à  M.  Tévêque  de  Luçon,  du  9  février  1621. 

i5 —  » 

1859  Fauchet  (Claude).  Pièce  originale  avec  signature  ,  16  juillet 
i565 .     .  , 10 — » 

fl86o  Flamsteid.  Longue  lettre  autographe  signée,  7  octobre  1681. 


n 


858  )■    TECinMBK,   VLACB  »D  LODTnE,    13. 

1861  FoHTAiNK  (di  u).  Reçu  autographe  et  ngoé  da  i6  d^embre 

1661 40—- 

Tris-nre. 

i86s  FmcQtnT.  Pièce  avec  ngoature  originale ,  17  février  1600. 

3—  - 

i863  FiiaON  (auEÉSENTAHT  bu  puivlm).  Lettre  autographe  signée 
adressée  à  son  colique  Dumont  ;  pétition  apostillée  par 
Fréron  et  renvoyée  à  son  collée  Dumont.     .     .     i3 — ■• 

1864  Gabtom  (doc  n'Ouii&in),  BU  d'Henry  IV.  Lettre  autographe 
signée  an  doc  de  Weymar,  datée  de  Paris  le  17  avril  i638, 

avec  cachet as—» 

1864  bù.  Gkhus  [D.  db).  lettre  autographe  ùgnée-    -       ^~~  ' 

i865  GiKAUKHi,  sculpteur  du  roi.  Signature  sur  un  reça  de  rente, 
a  août  1 700 .       3— 5o 

18G6  GnAiaioiiT(i.BcnvALmi»). Lettre autograpbeûgnéeadres- 
■ée  au  surintendant ao — >  <• 

1867  GKAMDvn.1.1  (lb  caidikâl}.  Lettre  autographe  ngnée  datée 

de  Madrid  le  aa  juin  1 583 17 — - 

1868  GnAPPiM  (Dox).  Lettre  autt^qihe  s^ée.     .     .     .     5 —  ■ 

1869  GBiiaf.Unepageauti^nphe&M.Taginire.     .     .     lo —  - 

1870  Hma  (Dahibl  Hbiiu).  Lettre  autographe  ùgnée  avec  ca- 

chet en  timbre  sec,  datée  du  3o  mai  i6a6.     .     .      6 —  » 

1871  Hbmbby  (Hichbl-Pabticblli  ubub  n').  Lettre  autt^rapbe 

signée  adressée  à  M.  Boutàlle,  datée  de  Parisle  7  août  i645. 
6—  -■ 

Iga  Hbmtiavh  (évèque  du  PonuBs).  Belle  lettre  autographe 

signée  datée  de  Poicticrâ  le  ao  décembre  1637.         10 —  ■ 


BULLETIN    DU   BlftUOPHlLE.  85g 

1873  Henby  II  Boi  DE  France.  Lettre  avec  une  ligne  autographe 
signée  adressée  à  M.  de  Villeroi,  22  avril  i542.     10—  » 


1874  Hbnbt  III.  Belle  lettre  autographe  signée  adressée  à  M.  de 

Villeroi.  35 —  » 

1875  Henrt  IV.  Lettre  aut.  avec  signature  originale  adressée  à  la 

reine,  mère  du  roi  monseigneur,  juillet  1 585.  .     .     4^ — ^ 

1876  HospiTAL  (Michel  de  l').  Deux  reçus  avec  signature  origi- 

nale, sur  vélin,  1 5  janvier,  1 5  octobre  i563.     .     .     3 — >» 

1877  IsoRÉ    ( REPBÊSBNTANT   DU    PEUPLE).    Lettres  autographes 

signées  adi^essées   au  citoyen  Dumont.     .     .     .     5 —  » 

1878  Jacques  II  (roi  d'Angleterre).  Belle  lettre  autographe  si* 

gnée 4^ — ** 

1879  Jean  (roi  de  Danemarck).   Lettre  avec  signature  originale 

adressée  à  Louis  Xn,  du  20  juillet  1507.     .     .     .     5 —  • 

1880  Jeannin  (le  président)  à  IVf.  de  Pisiaulx.  Belle  lettre  auto- 

graphe signée  ,  recommandation  en  faveur  du  baron  de 
Eoussillon 17-^» 

1881 Lettre  autographe  signée  adressée  à  M.  Villeroi  ^ 

avril  161 4 i5 — » 

1882  — —    «■    Lettre  avec  signature  originale,   16  mars  i6i4* 

'  fi —  „ 


]883  Juan  d'Autriche  (don).  Lettre  avec  deux  lignes  autographes 
et  signature  originale  datée  de  Namur,  le  25  avril  1577. 

10—  »• 


1884  JuvBNAL  DES  Ursins  ,  historieu  de  Charles  VIL  Pièce  avec 
signature  originale,  du  a4  juillet  i3g6.     .     •     .       5 —  >» 


860  J.  TECHEMERy  PLACE  DU  LOUVRE,  12. 

i885  liAFATBTTB  (lb  génébal).  Lettre  autographe  signée  datée  du 
17  août  i83o 3 —  »• 

1886  Lamabck  (Robbbt).  Pièce  avec  signature  originale  datée  de 

Paris,  16  avril  1662 4*~  * 

1887  LAMAVRisiiBE  (nABBCHAL  DE  Castblnau).  Belle  lettre  auto- 

graphe signée  adressée  à  la  reine,  datée  du  9  mai  1567. 

i5 —  >» 

1888  Lamothe-Houdaiicoubt  (le  mabj^chal  ob)  au  cardinal  Maza- 

rin.  Belle  lettre  autographe  signée,  28  août  1648.     i5 —  >* 

1889  Lbbon  (Joseph).  Lettre  autographe  signée  dans  laquelle  il 

annonce  à  son  collègue  Dumont  «  l'arrivée  de  Doullens  de 
onze  têtes,  dont  deux  sont  tombées  la  veille,  et  qu'il  va  faire 
suivre  par  les  autres.  »  Cette  lettre,  fort  longue,  est  des  plus 
curieuses  par  sa  forme  et  son  style  sauvage.  Arras,  24  ^^^^ 
tôse  an  II 4^^ —  ** 

1890 Lettre  autographe  signée  à  son  collègue  André 

Dumont,  datée  du  6  nivAse  an  II.     .     .     .     .     .     1 2 —  » 

189 1  ■■' Lettre  de  quatre  pages  autographes,  datée  d'Abbe- 

ville  le  22  août  an  II,  à  la  Convention  nationale.     i5 —  i* 

1892  — Pièce  autographe  signée,  du  4  août  1 798,  avec  une 

apostille  de  sa  main  qui  peint  tout  son  caractère.      i5^>  » 


1893  Lancelot  du  Lac.  Pièce  avec  signature  originale ,  le  20  juin 

i5og 5—  » 

1894  Lbgouvé.  Lettre  autographe  signée 7 —  » 

1895  liEGEiNSKi  (Stanislas).  Lettie  autographe  signée ,  datée  de 

Menarsle  3i  mai  1782 17 — » 

1896  Lbvasseub  (de  la  Sarthe).  Lettre  autographe  signée  adressée 


BOLLETIM   on   BIBUOPBILX.  86 1 

au  citoyen  Dumont  le  27'  jour  du  i*'  mois  de  l'an  II  de  la 
république; 4"~  ** 

1897  Louis  XI.  Lettre  autographe  signée  au  trésorier  du  Dau- 
phin ,  datée  d'Orléans  le  2  mars  i465.  «  Par  cette  lettre 
très-curieuse,  et  entièrement  de  la  main  du  roi,  il  prie  instam- 
ment le  trésorier  du  Dauphin  de  se  procurer ,  à  Lyon  ou 
ailleurs,  49<>oo  ^us  pour  les  remettre  au  fik  aîné  du  duc  de 
MUan  qui  est  venu  à  sa  nécessité  avec  ses  gens ,  pour  lui 
donner  les  moyens  de  retourner  chez  lui  ;  les  suppUcations 
auxquelles  le  roi  descend  dans  cette  lettre  prouvent  quelle 
difficulté  il  éprouvoit  pour  se  procurer  une  somme  aussi 
minime  à  cette  époque,  h 7^^  * 

iSgS  Louis   Xn.    Pièces    avec    signatures    originales,    i485. 

3-5o 

1899  Louis  XrV  à  sa  sosur,  3  pages. 

Celte  lettre  est  parfaitement  authentique  et  De  peut  6tre  attri- 
budc  à  Rose.  Autre  pièce  avec  une  ligne  de  sa  main  et  signée. 

Si—» 

1 900  LoAHAiNE  (lb  cardinal  de)  au  roi.  Longue  letti'e  de  deux 

pages  autographes  signée,  datée  de  Bruxelles  le  i3  mai  1659. 

45—» 

1901  ■  Belle  lettre  autographe  signée,  datée  de  Reims  le 
28  avril 45""  » 

1902 Pièce  signée,  datée  du  3o  septembre  i55.     2— 5o 

1903  Malebranghe.  Un  reçu  signé,  juillet  1674*     •     •     •     3^w 

1904  Maliierbb  (François  db).  Belle   lettre  autographe  signée 

adressée  à  M.  de  Bouilloii,  datée  de  Paris,  6  avril  1614. 


1905 Lettre  de  deux  pages  autographes  signée,  adressée 

ît  M.  Pères.  Paris,  28  juin  161  o 76 —  » 


8&I  J.    TECHEUBR,    PLACl   DO   LOUVRE,    12. 

igo6  Halhbbbb  (François  dr)«  Lettre  de  quatre  pages  adressée  à 
M.  de  Bouillon,  datéede  Pans  lésa  décembre  1627 .  ioo<^-» 

1907  Harchangt.  Lettre  autographe  signée.  Paris,  le  27  novem- 
bre 1817.     . 7 —  » 

igo8  BlAniTEifoiff  (madamb  db).  Lettre  autographe.     .        12^  » 

igo8  bis,  MABoCBRrR  (bobiir  db  François  I**).  Lettte  autographe 
signée 5o —  « 

1909  IIargubritb  bb  Francs  ,  rbinb  db  Navarrb.  Lettre  auto- 
graphe signée  à  son  frère,  sans  date 27 —  » 

191  o  Harie  d'Aragon  à  la  reine  Marie  de  France.  Billet  avec  si- 
gnature originale^  24  mars  i45o 5 — » 

191 1  Mahib  db  Bourbon  (Condé).  Lettre  de  ménage  fort  curieuse 
adressée  à  sa  mère,  sans  date  (vers  i56o).     .     .       xo—  » 


912  Habib  db  Gonzagues,  beinb  de  Pologne.  Lettre  autographe 

signée  d'initiales ,  avec  cachet 6 —  » 

913  —  *— —  Lettre  autographe  signée  adressée  à  M.  Philippeau, 

avec  cachet  et  fil  de  soie.     ••....      .       10-—  » 


•914  Marie  Leczinska,  bbine  de  Fbance,  au  cardinal  de  Fleuri. 
Lettre  autographe  signée  ;  elle  l'assure  de  sa  reconnoissance 
et  de  son  amitié^  27  octobre  1729 i&— » 

1915  Marie  Stuart.  Lettre  autographe  signée  adressée  à  la  reine 

de  France ,  sa  belle-mère ,  pièce  très-remarquable  et  très- 
rare 195 — » 

1916  Marmontel.  Belle  lettre  de  trois  pages  à  M.  de  Sartines  , 

écrite  et  signée  de  sa  main  durant  sa  détention  à  la  Bastille, 
datée  du  2  janvier  1760 i6 —  » 

1917  M aupbrtuis.  Lettres  autographes  signées  : 

Berlin,  4  "«ars  1755 7—  » 

Saint-Dizier  près  Saint-Malo,  19  décembre  1753.     7 —  » 
Lyon,  26  juin  1758 7 —  >» 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILB.  863 

igi8  Mazabuh  (lb  gabdinal).  Lettre  autoglraphe  signée  à  M.  de 
Ghaiiyigny ,  conseiller  du  roi ,  datée  de  Saint-Crermain  , 
28  février  16439  en  italien 35 —  » 

1919  Mirabeau.  Belle  lettre  autographe  signée,  la  septembre 

1775 6 —  » 

Jdenij  autre  lettre 5^-  >» 


1920  Méoicis  (Mabie  de).  Lettre  autographe  signée  adressée  à  son 

fils  le  duc  d'Orléans.  Paris  y  22  octobre  1627  ,  avec  cachet 
aux  armes  de  Frahce 3o— » 

1921  Mbblin  (de  Douai).  Lettre  autographe  signée  adressée  au 

citoyen  André  Dumont 4"^  * 

1922  Mebliii  (db  TmomnLLX).  Deux  lettres  autographes  signées 

adressées  au  citoyen  Dumont 4""'  * 

1 923  MoNCRiF.  Pièce  avec  signature  originale.      .     .     .     3 —  m 

1924  M0NNOTE  (de  la).  Bdle  et  curieuse  lettre  à  M.  de  la  Forest, 

maire  de  Montbard ,  élu  de  la  province  de  Bourgogne.  Au- 
tographe signée  ;  il  envoie  à  M.  de  la  Forest  deux  compli- 
mens  ou  discours  tout  faits  pour  être  débités  à  une  Altesse 
sërénissime  en  passage  à  Dijon,  22  mars  1714*     •     3o —  » 

1925  HoNTBSPAïf  (madame  db)  à  Colbcrt.  Lettre  autographe,  10  dé^ 

cembre  1679 12—  » 

1 926  MoNTLUc  (Blaisb de),  Pîèce  sur véUn signée,  28  janvier  i55o ., 

avec  cachet  et  timbre  sec 4^  ^ 

1927  — Une  pièce  sur  vélin  signée,  i552.     .     .       3—  *. 

1928  MoNTMOBENGT  (Anne  db).  Une  pièce  avec  signature  origi--. 

nale  sur  vélin  datée  du  i*'  septembre  1667  ;  le  connétable^ 
fut  tué  40  jours  après  à  la  journée  de  Saint-Denis.     6 —  ^ 

m 

1929 Diverses  pièces  diplomatiques  originales  adressées^ 

au  connétable 10— «^^ 


864  '•    TECHENU,    PLAGE  DU  LO0TEE|    12. 

1980  MoBTEMABT  (Gabribl  db  CocHBiiBT ,  DUC  de).  Lettre  auto- 
graphe signée  adressée  au  cardinal  Mazarin ,  datée  du 
II  septembre  i658 i6—  » 

193 1  MuBAT  (boi  db  Naples).  Lettre  autographe  âgnée  datée 

d'Arras,  le  28  brumaire  an  Ily  à  M.  Ândrieux.     .     55 —  » 

Cette  curieuse  lettre  porte  en  titre  cette  note  de  la  main  de  Da- 
mont ,  le  représentant  du  peuple  :  a  Cette  lettre  de  Murât  (devenu 
«  roi  de  Naplcb)  prouve  qu^en  Tan  II  il  avoit  pris  le  nom  de  Marat .  » 
En  effet,  cette  lettre  porte  la  signature  de  Murât  écrite  Marat. 

1982 Autre  lettre  autographe  signée  adressée  au  citoyeu 

Dumont,  représentant  du  peuple,  datée  de  Paris,  2  germi* 
nalanVIII i5— » 

1933 Lettre  avec  signature  seulement  adressée  au  ci- 
toyen Dumont,  sous-préfet  à  Abbeyilie,  27  thermidor  anXII. 

m 

1934  Obleans  (mademoiselle  d'),  duchesse  de  Montpensier.  Lettre 
autographe  signée  adressée  à  M.  Goulas,  2  septembre,  avec 
cachet 36—  » 

1935  — — — —  Autre  lettre  autographe  signée  adressée  à  M.  de 
Harlay,  datée  de  Saint-Fargeau,  le  3  mai  ]65i.         36—» 

1986  Obléans  (Chables  d').  Pièce  avec  quatre  lignes  autographes 
et  signature  originale 25—  » 

Autre  pièce  avec  signature 5 —  » 

1937  Oblêaks  (Jean  batabd  d').  Pièce  avec  signature  originale, 
datée  du  12  avril  i45o 5 — » 

1938  OuDBT.  Lettre  autographe  signée  adressée  au  capitaine  Ta- 
misier^  9  thermidor  an  VII 5—  »• 

1939  Philippe  d'Obléabs  (bégert).  Lettre  de  quatre  pages  très- 
remarquable  et  relative  aux  sièges  de  Plaisance ,  Turin, 
Garpi,  etc.,  autographe  signée 4^ — » 


BDXXSTIN   DU  BIBUOPRILE.  865 

1940  Philippe  II  (roi  d'Espjignb)  à  la  reine  >  à  Madrid.  Lettre 
autographe  signée,  avec  timbre  sec  sur  cachet.         60  —  » 

ig4i  PiLLON  (Gebmaui),  sculpteur.  Pièce  avec  signature  originale 
sur  vélin,  juillet  1 582 10—  » 

1 942  Peraault  (Chaeles).  Belle  lettre  autographe  signée.     1 6— » 

1943  PoMPAnouR  (madabce  de).  Lettre  autographe  avec  cachet 

datée  du  1 5  décembre  1750.  (Pif  £^/^6.).      .     .     .     8—» 


1944  PoTET  (le  chancelier).  Piècc  avec  signature  originale.  3—-» 

1944  ^^s,  Rabelais  (Fr.).  Lettre  autographe  signée,  7  pages.  (Ra^ 

rissime,) 600^-   » 

1945  Raone  (Louis).  Lettre  à  l'abbé  Targny ,  docteur  en  Sor- 

bonne.  Soissons,  27  septembre,  1739.     .  20-—  » 

1946  Ramâe  (Pierre  de  la).  Pièce  avec  signature  originale,  1 5  juil- 

let 1667 12 — » 

1947  Raucour  (mademoiselle).  Lettre  autographe  signée  adressée 

au  citoyen  André  Dumont 10 —  » 

1948  Réaumur.  Lettre  autographe  signée  datée  de  Gharenton, 

II  juillet  1733 9-.  M 


1949  Récamier  (madame  de).  Pièce  autographe  signée  à  André 
Dumont.     .     '• ^    .     .     .     o —  » 


^ 


1950  René  (de  Lorraine).  Pièce  revêtue  d'une  signature  origi- 

nale sur  vélin,  du  9  novembre  §474 5 » 

1951  René  (de  Lorraine).  Belle  pièce  avec  signature,  avec  beau 

cachet,  du  1 4  avril  1477 


1952  RoHAN  (le  prince  Charles  de).  Profession  de  foi  républi- 
caine entièrement  autographe ,  pièce  curieuse  pour  l'étude 
de  l'histoire,  dans  laquelle  le  prince  de  Rohan  affirme  n'a- 
voir jamais  mis  le  pied  chez  Capet,  etc.     .      .     .     10 » 


1953  RoNSART.  Une  belle  lettre  autographe  signée.  {Très-rar^,) 

7a—  u 


'866  J.    TBCHEMBRy    PLACE  DU  LODTRBt    12. 

ig54  RuBBiis  (PiERBB-PAinL).  Belle  lettre  de  deux  pages  autogra* 
phe  signée,  datée  d'Anyers,  8  octobre  1626.     .     .     75—» 

1955  Savoie  (Eucàiac  de).  Lettre  autographe  signée  de  quatre 
pages. 36 —  » 


ig56  — —  Très-belle  lettre  de  six  pages  autographes  signées , 

datée  de  Milan,  le  23  mars  170 1 4^ — » 

1957  SnaAim  (madame  de).  Lettre  autographe  de  quatre  pages. 

8-» 

1958  Saint-Simon  (le  duc).  Lettre  autographe  signée ,  29  janvier 

1720 i4— '  >• 

1 969  Staël  (madame  de).  Lettre  d'invitation  autographe  au  citojen 
André  Dumont 


1960  Tavanne  (MARtoiAL  de).  Lettre  avec  deux  lignes  et  signatures 

autographes  adressées  à  M.  de  Martigny.     .     .     .     7 —  » 

1961  Thou  (de).  Belle  lettre  autographe  signée  adressée  à  M.  de 

Gasaubon,  datée  de  Paris,  le  20  mai  161 1.     .     .     18 —  » 


1962  Tbou  (Gh&istophe  de).  Lettre  autographe  signée,  du  20  jan- 

vier 1611 i5 —  ■ 

1963  ■     — ■  Pièce  avec  signature  originale  sur  vélin.     3 —  » 

1964  Tdemoille  (Geoeoe  de  la).  Pièce  signée  originale  sur  vélin, 

9  mai  1437 6 — » 

1965  Teessan.  Lettre  autographe  signée 6—  >» 

1966  Teistan  l'heemtte,  prévAt  des  maréchaux  de  France.  Pièce 

avec  signi^ture  originale  sur  vélin ,  29  septembre   1473. 

7-». 


BULLETIN   DU  UBUOPHILE.  867 

1967  TuRBNNB.  Belle  lettre  autographe  âignëe  au  comte  de  Gha- 
vigny,  i65a. •     .     .  aS—  » 

1968 à  M.  Milet.  Billet  avec  cachet  entier ,  autographe 

ûgué i5 —  » 

1969  ToEGOT.  Lettre  à  M.  Grandjean  de  Fouchy.  Autographe  si- 

gnée^ 28  mars  1775.     10 — » 

1970  Ubfâ  (Ahnb  d').  Signature  originale,  datée  du  3o  novembre, 

1569 


1 97 1  Vauban  (mabéchal  Dfe) .  Reçu  autographe  signé,  de  3oo  livres, 

pour  ses  appointemens  de  sous-ingénieur  aux  fortifications 
àla  ville  d'Ash,  3 1  janvier  1670 7-—  » 

1972  VoLTAiBB.  Belle  lettre  autographe  signée  à  M.  de  Roncières, 

datéede  Ciray,  le42ioût  1761 16 — » 

Autre  lettre  autographe  signée  du  Y.  seulement.     7—  » 


MANUSCRITS. 


1973  Peeuvbs  db  LAMOBLB86B  DB  Saimt-Gtb.  I  vol.  pet.  in-foL^ 
V. ,  de  96  feuilles ,  sur  papier,  contenant  des  généalogies  et 
armoiries  coloriées,  exécuté  avec  beaucoup  de  soin.  1 85 — » 

Les  généalogies  sont  au  nombre  de  96 ,  dont  :  de  Gonidec ,  ea 
Bretagne;  —  de  Ch^banne,  en  Aorergne  ;—  d'Arces,  en  Dauphinë  ; 
-^  de  Conflans  d'Encour-en-Vezin; — delà  Salle-du-Teillef ,  m  An- 
Tergne; —  du  Bost-de  Boisvert,  en  Lyonnois  ;— de  Plas ,  en  Qnercy^ 
^  de  Caomont;  ^  de  Cussy  j  — >  de  Durfort  ;  —  de  Marant,  etc . 

1974    R1OI8TBB   D'AlfOBLUnomiT   DB  LA  FROYINGB  W  NOBHAIIDII* 


868  !•    TECHENER,    PLACE   DU   LODVRE  ,    12. 

I    vol.   gr.    in-fol«,  sur  vélin,   de  99  pages,  écriture  àa 
XVI*  siècle ,  avec  grand  nombre  d'armoiries.     .       io< 


Les  noms  cites  dans  ce  registre ,  donnant  la  date  et  TépoqiM 
de  ranoblissement,  sont  au  nombre  de  a64. 

IV,  B,  Voyez  le  f)**  1694  du  Bulletin  pour  un  beau  manofcrit 
généalogique  de  la  maison  de  Dreux. 

1975  Le  HiRoia  de  l'hcmainb  salvation,  trad.  françoise  du  Spécu- 

lum humanae  salvationis,  grand  in-fol.  rel.  en  mar.  rouge, 
tr.  d i65o— »• 

Très-beau  Ms.  du  xt«  tiède,  sur  Tëlin,  orné  de  160  miniatures 
en  or  et  en  couleur,  la  plupart  en  camaïeux  fond  bleu,  de  la  plus 
parfaite  conservation,  écrit  â  deux  colonnes,  et  en  tète  de  chaque 
se  trouve  une  miniature  ;  les  quatre  que  l^on  Toit,  lorsque  le  livre 
est  ouTcrt,  représentent,  Tune  un  sujet  du  Nouveau  Testament* 
et  les  trois  autres  des  faits  analogues  tirés  presque  tous  de 
TAncien  Testament  ;  mais  chacun  des  personnages  avec  le  cos- 
tume du  XV*  siècle  ,  ainsi  que  les  meubles  ,  les  instrumens ,  les 
maisons  qui  s^j  trouvent  représentés. 

Un  Ms.  parfaitement  semblable  a  été  vendu,  à  la  vente  de 
H.  Duriez,  1,860  fr .,  en  janvier  1898.  {f'^oyezn^  77  du  catalogue 
Duriez.) 

1976  Preces  pue.  Très-beau  Ms.^  sur  vélin,  avec  67  miniatures. 

rel.  en  mar.  rouge,  tr.  d 36o—  » 

1977  Autres  livres  siur  vélin  imprimés^  avec  gravures  en  bois ,  etc. 


Notices  contenues  dans  le  dix-septième  Numéro  du  Bulletin  du 

BibUophUcy  3'  série. 


Essai  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particulièrement  chez  les 
Romains.  (Suite,)  828 


imprimerie   de   L.    BOOGHARD-UnZARD , 
rue  de  rÉperon,  7. 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 

PETITE  REVUE  VANGIENS  LIVRES 

CX>NT£NANT 

1^  BBS  NOTICES  BIBUOOEAraiQm8|FBlLOL0«QinUBTlJTTimAnLSS 
DB  DIVBB8  AUTEUmS  ,  SOUS  LA  DOLBCTIGlf 

DE  M;  Ce.  NODIER; 

a®  un  CATALOGUB  SBS  UTEBS  DE  MA  UBEAIEIB. 


N''18BTi9.— S^ltBIS. 


PARIS, 


TEGHENER ,  PLACE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUYKE, 

H*  13. 
NOVUUBI. 


J 


i         • 


BULLETIN   DU   DIBUOPHILE.  87 1 

DES  LIVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

(Suite.) 

CHAPITRE  CINQUIÈME 

des  lÂbelli  et  des  lettres. 

Shwarz  a  ïmX  des  lettres  et  de  tous  les  écrits  distingués ,  dans 
Fanliquité  latine ,  sous  le  nom  de  libelli,  une  classe  de  livres  à 
part,  qu'il  a  nommés  livres  à  plis,  libri  plicatiles.  Il  a  été  con- 
duit à  ce  résultat  par  une  fausse  interprétation  des  mots  latins  : 
plicare ,  complicare ,  explicare.  Après  avoir  rendu  à  ces  mots  leur 
véritable  acception ,  nous  sommes  déjà  autorisé  à  faire  rentrer  les 
lettres  et  les  libelli  dans  la  classe  des  rouleaux.  Justifions  ce  chan-> 
gement  en  recherchant  quelles  ont  été ,  dans  l'antiquité ,  la  nature 
et  la  forme  des  écrits  nommés  libelli  y  ti  des  lettres  missives. 

A  proprement  parler,  le  mot  libellas  n'est  qu'un  diminutif  de 
liber;  par  conséquent ,  lorsque  nous  avons  prouvé  que ,  chez  les 
auteurs  latins  les  plus  anciens ,  le  mot  liber  devoit  s'entendre  d'un 
volume,  nous  avons  en  même  temps  établi  la  synonymie  de 
libellns  et  de  volumen  :  seulement ,  le  volume  désigné  par  le  mot 
libellas  seroit  de  plus  petite  dimension. 

Souvent  même  libellas  est  simplement  synonyme  de  liber^  et 
n'emporte  aucune  signification  de  dimension  plus  petite.  C'est  par 
ce  mot  que  Cattdle ,  TibuUe ,  Ovide ,  Martial ,  Pline  le  jeune  dé- 
signent toujours  leurs  ouvrages;  rarement  ils  se  servent  du  subs- 
tantif liber.  «  Vous  semblez  craindre ,  écrivoit  l'empereur  Auguste 
«  à  Horace ,  que  vos  livres  (  libelli  )  ne  soient  plus  grands  que  vous. 
«  Mais  si  la  taille  vous  manque ,  vous  avez,  en  revanche,  un  ventre 
n  assez  prononcé.  Ecrivez  donc  sur  un  boisseau  ;  la  circonférence 
«  de  votre  volume  (voluminis)  sera  ainsi  aussi  vaste  que  celle  de 
«  votre  abdomen  (i  j.  »  La  synonymie  de  libellas  et  de  volumen  est 
ici  incontestable. 

(1)  Vereri  aatem  miki  videris  ne  majores  libelli  tui  sint  quam  ipse  es.  Sed 
si  tibi  sutura  deest,  ▼cntris  abundc  est.  lUque  liccbit  in  seitarioiilos  scrihas, 
quo  circuitus  tui  voluminis  sit  ôyKOfféffTùLTOÇ  sicut  est  ▼entriculi  tui.  Sué- 
tone, Vie  d^'Horace,  ch.  11. 

55 


87a  J.    TECBÈÉTBà^  ^LàCÉ  DÛ  LOUYASy    12. 

Libellas  signifioit  aussi  un  écrit  de  peu  d'étendue ,  une  courte 
pièce  de  vers ,  un  billet  d'inVitatièn.  Staeé  désigne  ainsi  chacune 
des  pièces  qui  composent  son  recueil  de  poésies,  intitulé  SiU^œ  (i). 
Pline  le  jeune  se  félicite  d'avoir  récité  en  public  un  ouvrage , 
devant  un  nombreux  auditoire ,  quoiqu'il  n'eût  fait  prévenir  per- 
sonne par  des  billets,  comme  c'étoit  l'tisa^e,  non  per  codieillos, 
non  per  libellas  admoniti  {1),  Ces  deux  sortes  de  UbeUi  étoient-ils 
ployés  en  rouleau  ,  nous  n'avons ,  pour  l'affirmer,  aucun  témoi- 
gnage positif;  mais  on  peut  le  conjecturer  sans  invraisemblance  y 
car  les  premiers  étoient  aux  volumes  ce  que  la  brochure  est  chez 
nous  à  un  livré  ordinaire ,  et  les  seconds  rentroient  dans  la  classe 
des  lettres ,  que  hous  prouverons  toiit  à  l'heure  avoir  eu  là  forme 
de  volumes. 

Il  est  naturel  dfe  penser  que  ces  annonces ,  dans  lesquelles  on 
cohsîgnoit  le  jour,  la  durée  et  les  déta'ds  des  jeux  du  cirque ,  le 
nom  de  chaque  gladiateur  avec  celui  de  son  concurrent ,  ces  ÙbelU 
gladiatorum ,  qu'on  venddit  eil  jpublic  (3) ,  étoient  transcrits  sur  des 
bandes  de  papier  6u  de  parchemin ,  qu'on  colportoit  ouvertes ,  et 
que  l'acheteur  ployôit  edéuitê  en  roiileau. 

Les  àttéë  judiciaires  étoient  égaletiient  désigne^  sous  le  nom  de 
libelli,  Martial  Se  uioque  d'Uh  avocat  ignorant ,  qui ,  pour  se  don- 
ner de  l'importance ,  se  ïali  accompàgtier  d'une  foule  Je  scribes, 
et  dont  la  màib  gauche  est  écrasée  sous  le  poids  des  Ulelliy 


Hic  qui  UbeWs  pncigraTem  gerit  Isram 
Notariorum  quem  premit  chorus  levis,  etc.  (4). 


Or  les  dossiers  des  avocats  de  Rome  ne  ressembloient  nullement, 
pour  la  forme ,  à  ceux  de  nos  avocats ,  quoiqu'ils  dassent  contenir 
des  pièces  de  même  nature  ;  ils  étoient  en  forme  de  faisceaux. 
«  Dites-moi ,  dit  Juvénal ,  ce  que  rapporte  aux  avocats  la  discos- 

(i)  DubltaTÎ  an  hos  libellas  ^  qui  mihi  subito  calore  et  quadain  festioandi 
Toluptate  fluxerunt ,  cum  sioguli  de  sinu  meo  prodiissent,  congregatos  ipse 
dimitterem.  Stat.  proem.  ad  SteUam. 

(s)  Epttres,  llli  xviii,  4. 

(3)  Cicër.y  PfUlipp.,1 1,  38.  Ces  Uhelli nVtoient,  sans  doute,  que  la  copie  dea 
ffrandes  affichei  en  lettres  rouges  qu^on  écriroit  sur  les  nuraillei,  aiffiches 
dont  on  Toit  encore  des  modèles  dans  les  raines  de  Votàpti*  RotatsCnelli,  Viàg- 
gioa  Pompeï,  a  Pesto  e  di  Ritomo  ad  Ercolano.  lfj(|>oI},  i8ii,  ià-8,  p,  If-S^. 

(4)  Epigr.yX,  5i, 


•ULtJ n»  ^^  P^UQFHU*.  873 

won  4es  affaires  d'autnij ,  e\  ces  ^Mles  tn  faisceaux  qu'iU  traînent 
991^  ce^e  avec  ^ox  : 

Et  magno  comités  infasce  libelli  (  1  ) . 

Puisque  la  réunion  des  actes  que  portoient  avec  eux  les  avocats 
ibrmoit  un  fiûsceau ,  il  falloit  bien  que  ces  actes  ployés  eussent  la 
forme  cylindrique.  Ainsi,  partout  où  nous  trouverons  un  acte  ju- 
diciaire ou  administratif,  qui  soit  incontestablement  de  nature  à 
entrer  dans  le  dossier  d'un  avocat ,  nous  serons  autorisé  à  regarder 
cet  acte  comme  un  volume  propre  à  entrer  dans  la  composition 
d'un  fiBÛsceau  de  livres ,  et ,  s'il  est  nommé  libeUus ,  à  rq;arder  ce 
mot  comme  synonyme  de  voiumen. 

Plante  compare  un  rendex-vous  à  une  citation  en  justice  ;  et , 
en  appelant  libelluê  le  billet  qui  renferme  le  rendez-vous ,  il  donne 
clairement  à  entendre  que  ce  nom  s^appliquoit  également  aux  assi- 
gnations: 

Ubi  ta  es  qui  me  libelle  renerio  citaTisti?  ecce  me  ; 
Sisto  ego  tibi  me  (t). 

Le  mot  libellas ,  seul  et  sans  épithète ,  signifioit ,  en  jurispru- 
dence, un  acte  d'accusation.  De  libellis  est  le  titre  de  la  loi  qui 
règle  la  teneur  et  les  formalités  des  actes  de  ce  genre  (3). 

Les  notes  que ,  dans  l-intérét  de  leurs  affaires ,  les  clients  re- 
mettoient  aux  patrons  ou  aux  avocats,  )es  mémoires  pu  ceux-ci 
développoient  leurs  mqyens  de  défense  portoient  aussi  le  nom 
de  Ubelli,  Quinfilien  recommande  aux  avocats  de  ne  pas  se  croire 
suffisamment  instruis  d^une  affaire  par  les  mémoires  {Hbelli) 
d^un  plaideur  ignorant ,  ou  d^un  de  ces  avocats  qui ,  se  recon- 
naisfant  inhabiles  ik  porter  la  parole ,  se  chargent  néanmoins  des 
travaux  les  plus  délicats  que  cpmporte  leur  profession  (4)*  Ailleurs, 
1^  mèmB  auteur  enscigpe  que  le  propre  d'un  véritable  avocat,  c'est 
de  maltrjser  l'esprit  des  juges ,  et  il  ajoute  :  i«  C2et  art ,  vous  ne  le 
trouverez  ni  dans  le^  mémoires ,  ni  dans  les  instructions  du  plai-* 
deur,  hoc  non  docet  Uligaior;  ^  bkeUis  non  cantineiur  (5).  » 

(1)  Satir.,  VII,  rers  107. 
(a)  CarcuUo,  I,iii,  6. 

(3)  Digeste,  X^VIIf,  if,  3.  Coi^f.  Jurenal,  tatir.  VI,  «43. 

(4)  PetsimsB  rero  consuetudiuis  libelUs  esse  contentum  qups  componit  tut 
litîgator. . .  autaliquis  ex  eo  génère  adrocatorum  qui  se  non  posse  agere  con- 
fitentor,  etc.  Inst.  orator.,  \1I,  8. 

(5)  Inst.  orat.,  Vl,  a. 


874  '•  TECHBMER,  PLACE  OU  LOUVRE,  12. 

Un  plaidoyer  écrit  est  aussi  appelé  libelle  par  Cicéron ,  dans  ses 
lettres -à  Atticus  :  Silius  ad  me  non  venerat  :  causam  composai  y  eunt 
libellum  ad  te  min  (i). 

C'est  à  ces  mémoires ,  qui  renfernioient  les  élémens  de  la  plai- 
doirie ,  que  Turnèbe  (2)  applique  la  dénomination  de  memoriales 
libelU ,  dénomination  déjà  citée  par  nous  d'après  Suétone. 
D'autres ,  avec  plus  de  raison ,  entendent  par  ces  mots  un  recueil 
où  l'on  consiguoit  les  choses  qu'on  vouloit  se  rappeler,  ce  que  noua 
nommerions  un  sout^enir  ou  un  agenda.  Cicéron  demande  à  An- 
toine s'il  veut  ranger  parmi  les  actes  de  César  les  notes  écrites  par 
ce  dernier  sur  son  agenda ,  et  en  écarter  les  lois  qu'il  a  soumises  à 
l'assemblée  du  peuple  :  niai  forte  si  quid  memoriœ  causa  retulit  in 
libellum ,  id  numeraùuur  in  actif ,  etc.  (3).  On  se  souvient  que  ces 
sortes  de  livrets  étoient  divisés  en  colonnes.  Au  contraire,  ceux 
qui  renfermoient  le  compte  rendu  de  la  journée  à  la  maîtresse  de  la 
maison,  les  journaux  ou,  comme  disoient  les  Grecs  ^  les  éphémé-' 
rides  se  déployoient  parfois  du  haut  en  bas ,  et  étoient  écrits  d'une 
marge  à  l'autre  : 

LoDgi  legit  trarui^ersa  diurni  (4) . 

Les  placets  ou  pétitions  se  nommoient  bbelli,  supplices  libelli , 
libelU  supplient ionum.  Cicéron ,  devant  souper  avec  César,  se  char- 
gea d'un  placet ,  par  lequel  Atticus  demandoit  au  dictateur  que 
le  territoire  de  Buthrote ,  en  Épire,  ne  fût  pas  vendu  :  eum  hbellum 
Ccesari  dedi ,  probat^it  eaussam  :  rescripsii  Attico  aqua  eum  postu^ 
/or»  (5).  Suétone  raconte  qu'Auguste,  lorsqu'il  sortoit,  recevoit 
avec  beaucoup  d'aflabilité  les  salutations  et  les  demandes  du  peuple. 
Il  encourageoit  même  les  citoyens  à  lui  adresser  leurs  pétitions  ;  et  » 
comme,  un  jour,  un  homme  timide ,  tenant  à  la  main  un  placet , 
hésitoit  à  le  lui  présenter,  il  lui  en  fit  le  reproche  en  plaisantant , 
et  lui  dit  qu'il  avoit  l'air  d'offrir  un  sou  à  un  éléphant  >  quod  sibé 
hbelluxa  porrigeret ,  quasi  elepkanto  stipem  (6). 

Les  requêtes  à  l'empereur,  les  appels  faits  à  son  autorité  su- 
prême par  une  autorité  inférieure  se  nommoient  aussi  libelU;  la 

(1)  AdAtlic,  XV,  a4. 

(a)  Dans  son  commentaire  sur  le  passage  cite'  de  Quiotilien. 

(3)  Philippiq.J,8. 

(i)  JuTénaI,\l,483. 

(5)  jid  Attic,  XVI,  16. 

(6)  Suétone^  Vie  d'August.;  c.  53.  Cf.  Macrob. ^alum.»  II,  4. 


BITLLETfN  DU  BltUOraiLE.'  875 

réponse  impériale ,  par  respect  peut-^tre ,  étoit  appelée  Hier.  Nigri- 
nas,  tiibnn  du-  peuple,  se  plaignit,  dans  un  iibelle  grave  et  élo- 
quent, qu'on  achetoit  le  talent  et  la  conscience  des  avocats ,  qu'on 
spéculoit  sur  l'événement  des  procès ,  qu'on  négligeoit  là  gloire  du 
barreau  pour  s'enrichir  des  dépouilles  des  citoyens ,  et ,  dans  l'im- 
puissance des  lois  et  des  sénatus-consultes  à  réprimer  ces  abus  , 
il  invoque  l'autorité  du  prince.  Au  bout  de  peu  de  jours ,  le  lit^ré 
de  l'empereur  arriva  sévère ,  mais  modéré;  il  fut  in^ré  dans  le^ 
journaux  (i). 

Enfin  les  jugements  prononcés  par  les  magistrats  étoient  aussi 
en  forme  de  volumes.  Ammien  Marcellin  rapporte  le  commence- 
ment de  la  senlenee  qui  condamnoit  Taurus ,  préfet  du  prétoire , 
à  l'exil,  parce  que^  à  l'approche  de  l'empereur  Julien,  il  s'étoit 
retiré  auprès  de- Constance )  et  le  volume  public,  dit-il ,  commen- 
çoit  ainsi  ;  cum  4d  voluminîs  publici  contineret  exordium  (2j. 

Une  dernière  preuve  que  le  mot  Ubellus  dèsigaoït  ordinairement 
un  écrit  ployé  en  rouleau ,  c'est  l^mploi  de  ce  mot  pour  désignet 
une  lettre.  Ganacé ,  au  moment  de  se  donner  la  mort ,  écrit  à  son 
amant,  et  lui  explique  ainsi  les  taches  ou  ratures  qu'il  pourra- 
trouver  dans  sa  lettre  : 

Si  qua  tamen  cœcis  errabunt  scripta  lituris , 
Oblitus  a  dominse  cœde  libellas  erit  (8). 

Cicéron  se  plaint  à  Atticus  d'avoir  reçu  de  lui  une  lettre  dans  la-  ' 
quelle  il  ne  lui  donne  aucun  détail  sur  ses  affaires  privées  :  aecepi 
a  te  signatum  libellum ,  ex  quo  nihil  scire  potui  de  nostris  domesticis 
rébus  (4). 

Or  nous  verrons  tout  à  l'heure  que  les  lettrés  missives  étoient 
ployées  en  rouleau  ;  nous  faisons  seulement  observer  d'avance  que 
Schwarz ,  tout  en  rangeant  les  lettres,  en  général,  au  nombre  de  ses 
livres  à  plis ,  est  obligé  d'admettre  une  exception  pour  quelques- 
unes  qui  ,  de  son  propre  aveu ,  rentrent  dans  la  classe  des  volumes (5). 

Les  lettres  s'écrivoient  sur  la  même  matière  que  les  livres ,  c'est- 

(i)  Migrinas  tribuous  plebis  recitavit  /i^eZ/um  diaertiim  et  graTem  ,  quo 
questus  est,  etc . . .  Pauci  dies  i  et  liber  principis  sevenis  et  tamen  moderatut. 
Legei  ipsum  ;  eat  iti  publiois  actif.  Plia,  jun.,  V,  ziv,  6  et  7. 

(s)  AmiDien  Marcell.,  XXII,  3. 

(3)  Hëroïdes,  épttre  xi,  Ters  1  et  9. 

(4)  Ad  Atticum,  XI,  1. 

(5)  De  ornam,  libror,  V,  6,  p.  186. 


v 


it^n^  sur  le  pfipier  d*]^ypte.  l^  papier  augiia^  ou  myal  fot  celai 
qu'on  employA  princip^emenjt  ^  cejt  usage  ;  j/^uftœ  in  ipistotis 
nuipfiuis  relicta  (i).  Oj^  ^e  xKwn^oit ,  comme  cjbez  nous ,  papier  ^ 
lettrées ,  charia  epistolaris  (9).  Il  pçuoit  qt^t'on  taiUoi^ ,  pour  les  )ttr 
très ,  des  feuilles  de  papier  ajogusite ,  all^quei^e8  on  donnoit  une 
Uès-petite  dimenàcm.  On  ,U;quye  .mpie  pr^ye  de  ce  Sait  dans  Se- 
nèque,  qui  tennii;ie  ^tinû  Sfi  .qi^uranjte-cii^quiènxe  ^Ure;  «  Pour 
«  ne  pas  dépasser  les  Mipites  d'une  let^e  qui  ne  4(^t  pas  remplir  la 
«  main  gauche  de  celui  qui  la  Ut  j  je  renvoie  à  un  autre  joui*  ce  ffû 
•c  me  restoit  à  dire  (3).  » 

]L'usage  du  fdcpffif  d^Egypl^ ,  ppur  les  q^rr^^nda^ces ,  ei^t ,  du 
reste,  attesté  par  uçe  fo^e  de  pass^geys  des  aAciens  «jQAeuz9- 
Q^iant  a^x  ^^ifes  p;u^ques ,  ëcx^  Cicéron  Attjiçus ,  j'en  di|:ai  peu 
de  jcbose ,  car  je  conu^e^^ce  ^  crainijLre  que  )^e  papier  même  ne  nous 
trahisse  ijam  enim  charia  ipsa  ne  nos  prodat  pcrtimesço  (4).  ICanacé» 
dans  une  qpit^e  que  jxpvifi  ayons  déj4  ci^e ,  jtienjt  l'jépée  d'une  madn , 
1^  ijoseau  de  ra.utre ,  et  Jie  papier  d^loyé  lest  dans  )e  pU  de  sa  robe» 
1^  à  recevo^  Téçiriture. 

D^tra  tenet  cajamuvi  iitrictam  tenet  altéra  ferrum 
Et  jacet  in  grsemio  charta  solota  meo (S). 

Nous  retrouvons  Tusage  di;i  papier  pour  les  correspondances 
dans  des  temps  moins  anciens.  Aux  iv*  et  y*  siècles,  saint  Jérôme 
écrivant  à  Chromacç  Jovinien  et  JSusèbe  coo^mence  sa  lettre  par 
ces  mots  :  Le  papier  jàp  doit  ppipjt  sépar/ej:  fceiix  qu'unie  amitié  ré^ 
cîproque  a  réunis  (6).  Dans  la  mêm,e  lettre  le  saint  Përis  s'étonne 
de  la  brièveté  des  lettres  des  trois  amis  :  Le  papier  ne  peut  vous 
moquer,  dit-il,  puisque  l'Egypte  opntinue  son  conunerce  ordi- 
naire ;  d'aille^rs,  ^  ^^  défaut,  les  ipois  de  Pergame  n'avoient-îla 
pas  leurs  pard^emii^  (7}  ? 

(1)  Pline,  XIII,  a4. 
(s)  Martial,  Ht.  xit,  8. 

(3)  Sed  ne  epistolas  jno4mn  flxoeâam ,  quie  non  débet  mistram  mannin  le-r 
gentis  implere,  etc. 

(4)  Ad  Atticum,!!,  10. 

(5)  Uëroïdes,  épttre  XI,  3  et  4. 

(6)  S.  Jérôme,  epist.  7;  alias  43.  Non  débet  oharta  dividere  quoa  anior 
iDutuus  copulavit. 

(7)  Chartam  defecisse  non  puto,  JEgjpto  ministrante  commercîa,  et  si  aii^ 
cubi  rex  Ptolaemeus  maria  clausisset ,  tamen  rex  Attalus  membranas  i  Per- 
gamo  misent. 


f^TLUTIN  pu  ^I^MOP^fS^;  9)9 

Le  wtçhfisq^  çon^q^eiiçoit  do^c,  à  cette  époque,  ^  ètf^(^^V^à 
pour  les  ji,ettre9.  Qn  /eif  ^uve  ijflie  nouvdle  pfej^^  à^  la  liefidre 
suivante  (i)^  où  saint  féràifie  dit  qu'avai^  l^nventfoi^  dg  2>#pi|ef  et 
du  parchemin,  ante  chfutq^  et  m|Smbr?namn^  <ffW9  ifl^  PI^^WP^ 
habitans  de  Tltalie  co^e^pon^oient  eptre  eiff  pa^  des  t^lett^  4f 
bois  ou  d'écorce.  3?^t  ^ugusdp^  vers  la  ^  du  fv*  siècle,  léjçxif^ 
au^  à  Romanius  9ur  4u  p9i]cbepii^(2};  n^ais,  cbpse  feof^qmbkr» 
il  croyoit  devoir  s'en  excuser  sur  pf^  ,i)u'U  0*avoit  ni  papjffifJi  ni  p^ 
blettes  :  «  Si  ma  lettre^  ^W»  prouve  la  di^t)^  de  pap^er^  fX^ 
«  monU-e  aussi  que  nouf  avons  ou  p^rcben)^  en  abpn^agçe.  Tjfoi 
«  tablettes  d'ivoire  m'ont  servi  pppr  écrire  ^  yptr^  on^p;  H  fau^ 
«  donc  bien  que  vous  me  passiez  le  parcbjemiif,  çigr  je  i^e  pouY^jf 
«  difiérer  ce  que  j'ayois  à  ^u^  (ilre ,  et  je  seqj  qif'jl  ^iurpif  |é|;fS  'vnc 
n  cpnyewni  de  p|e  paf  TOUf;  icrfffi  à  youf rmiêgie.  M^  ù  vp?K  af ft| 
*?  ^-Plt?  «(D^?!g?ef  tfibletjt^  qui  m'^parjienn^t,  jp  yftps  prip  4^ 
«  me  lef  rei^voyer  ;  elles  pie  s^pnt  trjb-utÙes  en  paxe^Pff  ($•  If 
Enfin,  au  vi*  siècle,  les  évêques  des  Gaules  correspondoient  .epçgfiç 
entre  eux  sur  du  papier  4'E!çypte  ^  témoin  fa  lettre  fp)Ufif^{iie 
écrite  à  Grégoire  de  foufs  par  félj^,  évfgHfi  àe  ÎJantes  (4),  et  f:^ 
où  Fortunat ,  attri]3uanjt  la  r^ep^  4^  Ifr^P^  4^  ?V^^  ?t^  W(>^9W| 
de  papier^  lui  suggère  tpifs  le9  ipoyei^s  p^sj^ib^e^  de  refnédief  ^  fjfBl 
obstacle  et  finit  en  le  pfia^f  de  répqn^rp  ff^  ^oin  fur  le  papifle 
même  qui  porte  sa  lettre  ^pfès  Tavofr  gfs^U^.  C'p st  4^  Wfps  ^^ 
aue  nous  eiitendonf  ce  veis  fj^  obscur 

pagina  yd  r^d^at  pr^^QnsN^  dqhUffi  «Mt^i  (5). 

Les  lettres^  qu'elles  fussent  écrites  sur  du  papîer  on  sur  4ii  pv * 
diemin,  étoient  roulées  en  volume.  Cette  nuit,  écrit  Gicéron  à  Atti- 
eus,  au  moment  où  j'enroulois  ma  lettre  •  quum  complicarem  hanc 
epistolam,  votre  courrier  m'a  apporté  la  v£tre  (6).  AiUeufS  il  di(  à 

«  ■    «  ' 

(i)  Ad  Nicaeam,  ep.  8;  al.  4s.    . 

(i)  S.  Àugost.,  qpist.  iS  ;  alias  1 13. 

(9)  Non  birc  epîsloja  sic  inopiam  chartae  indicat  ut  membrsiu|s  t altaip  abim* 
dare  testetur.  Tabellasebumeas,  qnas  habeo ,  avuncolo  tao  cam  Utteris  mifi. 
Tu  enim  huic  qpistolas  facilius  ignosces ,  quia  differri  non  potoit  qnod  ei 
icripsi,  et  tibi  non  scribere  etiam  iifjBptissimum  exittinuiTi.  8ed  tabellaSi  ti^ 
qu«  ibi  nostrsB  sunt,  proptcr  hujus  modi  nécessitâtes  mittas  peto. 

(4)  Voj.  plus  baut,  p.  697 . 

(U  Ribliotb.  ?atr.,  I.  X,  p.  669. 

(«)  Ad  Auicum,  XII,  1 . 


878  I.  TECHSNSR  ,  PLACE  BU  LOUVRE,  12.' 

Appius  Pulcber  :  «i  Les  députés  appiens  m'ont  remis  de  votre  part 
«  un  volume  plein  d'injustes  plaintes  de  ce  que  je  me  serois  opposé 
«  à  rérection  de  leur  monument  ;  par  la  même  lettre^  vous  deman- 
M  diez  qu'ils  fussent  de  suite  autorisés  à  bâtir  pour  avoir  fini  avant 
l'hiver  (i).  La  synonymie  de  volumen  et  A^epistola  ne  peut  être 
plus  clairement  établie.  Une  dernière  preuve  tout  aussi  convaincante 
de  la  forme  des  lettres  nous  est  encore  fournie  par  Gicéron.  Il  s'é- 
toit  décidé  à  ne  pas  accompagner  Pompée  dans  sa  fuite,  et, 
quoiqu'il  n'eût  pris  ce  parti  qu'après  de  sérieuses  réflexions ,  sa 
détermination  lui  causoit  de  vives  inquiétudes;  poiu*  se  rassiu-er 
il  relisoit  les  lettres  d'Âtticus  qu'il  conservoit  avec  soin  et  en 
citoit  tous  les  passages  qui  pouvoient  justifier  sa  conduite  :  Quiun 
ad  hune  locumvem'ssemevobn  volumen  epistolarum  tuarum  juod  ego 
suh  signa  haheo  (2).  Soit  que  Gicéron  eût  collé  ensemble  les  lettres 
de  son  ami,  soit  qu'il  les  eût  simplement  réunies  en  les  mettant 
les  unes  dans  les  auti^es,  il  est  constant  qu'elles  étoient  en  forme  de 
rouleau. 

Les  lettres  missives  avoient  encore  une  similitude  avec  les  vo- 
lumes ;  c'est  qu'ielles  étoient  divisées  en  pages  ou  colonnes.  Je  ré- 
pondrai d'abord  à  la  dernière  page  de  votre  lettre,  écrit  Gicéron  à 
Atticus,  postremœ  tuœ  pagina  (3).  Une  lettre  collective  de  Gicéron, 
de  son  fils  et  de  son  frère  à  Tyron,  commence  ainsi  :  «  Yos  lettres 
m'ont  diversement  affecté  ;  la  seconde  page  a  un  peu  calmé  le 
chagrin  que  m'avoit  causé  la  première  (4).»»  Pline  le  jeune,  après 
une  longue  lettre  à  Minutien  :  «  Maintenant,  dit-il,  j'ai  droit  d'at- 
tendre des  nouvelles  détaillées  de  votre  ville  et  des  environs.  Au 
reste,  écrivez-moi  ce  que  vous  voudrez,  pourvu  que  ce  soit  une 
longue  lettre  ;  j'en  compteroi  non-seulement  les  colonnes,  mais 
encore  les  lignes  et  les  syllabes  (5).  » 

Enfin  Gicéron  termine  ainsi  une  lettre  écrite  à  Brutus  et  qui 
forme  environ  douze  lignes  d'impression  :  «  Je  n'imite  pas  votre  laco- 

(i)  Legali  Appia^ni Tolumen  a  teplenum  querelœ  iniquissinix  tradiderunt... 
Eadem  auteni  epistola  petebas.  Ad  familiarcs,  III,  7. 
(a)  Ad  Atticum,  IX,  10. 

(3)  Ad  Atticuin,yi,  a.  Voy.  aussi  XV,  9. 

(4)  Varie  sum  aflectus  tuislilterls  :  valde  priore  pagina  perturbatus,  paul- 
luin  altéra  recreatas.  Ad  familiar.,  XVI,  4. 

(5)  Ego  non  paginas  tantum ,  srd  etiam  versus  et  syllabas  numcrabo. 
Epist.  IV,  XI,  16. 


BULLETIN  DD   BlBLIOPHlLC.  879 

nisme,  car  voilà  que  je  commence  la  seconde  page,  alierajampa^ 
gella  procedit  (i).  »  Dans  une  autre  lettre  tout  aussi  courte,  Gicéron 
raconte  à  Atticus  une  anecdote  déjà  vieille;  mais,  dit-il,  j'ai  voulu 
remplir  la  page,  sed  compUre  parginam  volui  (2). 

Les  pages  des  lettres  n'étoient  donc  pas  bien  longues.  La  pre- 
mière pouvoit  être  raccourcie  par  la  suscription,  que  peut-être  on 
écrivoit  en  vedette,  comme  chez  nous  le  mot  monsieur.  Cette  sufr- 
cription  portoit  d'abord  le  nom  de  la  personne  qui  écrivoit  au  no- 
minatif, ensuite  au  datif  le  nom  de  la  personne  à  qui  étoit  adressée 
la  lettre.  Quelquefois  cet  ordre  étoit  interverti;  ainsi  Martial,  écrivant 
à  Domitien,  place  son  propre  nom  après  celui  de  l'empereur  (3).  La 
même  intervention  avoit  lieu  dans  les  lettres  en  vers  lorsqu*(m 
assujettissoit  la  suscription  à  la  mesure.  La  preuve  en  est  dans  ce 
distique  d'Ausonne  ,  qui  démontre  en  même  temps  la  règle  à  la- 
quelle il  fait  exception  : 

Paulino  Ausonius.  Metrum  tic  suasit,  ut  esses 
Tu  prior  et  nomen  prapgrederere  meum  (4). 

Le  nom  de  la  personne  à  qui  l'on  écrivoit  étoit  ordinairement 

suivi  du  pronom  suoy  qui  équivaloit  à  notre  locution  mon  cher.  De  là 

l'épigramme  de  Martial  intitulée  ckarta  epistolares: 

Seu  leviter  noto,  «eu  cbaro  inissa  sodali 
Omnes  ista  solet  charta  Tocaie  suos  (5). 

Quelquefois  au  pronom  suo  on  ajoutoit  encore  une  ou  deux  épi- 
thètes  ;  ainsi  une  lettre  du  fils  de  Ciceron  à  Tiron  est  intitulée  : 
Cicero  fiUus  Tironi  suo  duldssimo  ;  une  autre  porte  :  Tironi  humth 
nissimo  et  optatissimo  (6). 

Un  des  noms  étoit  souvent  exprimé  par  de  simples  initiales^ 
comme  M.  T.  G.  (Marcus  Tullius  Gicéro)  Terentijb  sujb  ;  D.  Brutus 
M.  T.  G.  (Marco  Tullio  Giceroni).  A  ces  noms  se  joignoient  parfois 
les  qualités  des  personnes,  par  exemple  Marcvs  Tollius  Giceao 
iMP.  (imperator)  M.  Cœuo,  jediu  curuli. 

Après  les  noms  et  le  pronom  suOy  lorsqu'il  étoit  employé,  venoient 

(1)  Ad  famil.,  XI,  s5. 
(9)  Ad  Attic,  Xlll,  34  . 

(3)  Épîtr.  dédie,  du  Iît.  8. 

(4)  Ausonne,  Carm.  4io. 
(5)£/7i/?r.,XlV,8. 

(6)  Adfamil.,  XIV,  6ai. 


88p  1.   TECBE9ER  y  fJfkCB  DU  l^^if    13. 

les  sij^les  S.  oa  S.  D.^  p|i  S.  P.  p.^  cp^  çîjSpifip^^  saliftem,  ou 
^ahiiem  dicit^  pu  safyt^n^plunmmdiçiîf  (en  gpec  x«u'f ^'«t  iv^^mr^f 
iy  lieiyitV'  X^a  formule  si  v^&i  ^«|i^  ^ff  f|f9  V|q(&o  ^  fp'pn  tfOjtfye 
assez  souvent  employi^e  par  Çicéron  dUuis  lesLiçttres  Çamilières,  ^Ipîf 
soraimiée  du  temps  de  ^Une  le  j,e^^  (  i)  ;  mais  el}e  étai(  %cpre 
en  usa^e  du  vivant  de  Sénèguc  (2). 

La  suscriplion  étoit  dan^  ]e^  }^\V^  f^Ç?  ^P^Rf  ^  9^?  H  $^8W* 
tnre  est  dans  les  nôtres.  N^^qioins  on  voit  r^rei^ent ,  chez  ^ipos , 
§e  simple  lettres  d'amitié  ppitanj  plu^ippf s  Sfgnatifres  j  nous  teour 
fffûf,  9^  cpptr9^^  dfns  YantifjffÀlié,  ^f^  ^  iiçcriptÎQns  lep  npm  çoiUç- 
^f  «P  Jete  de  certaines  k^tres  cpf ^  çpftt  pf 4in^remept  jé^f^  par 
^  «?^  BfFW'Mae.  <?icëi5on,  f ci^viïpt  ^  Tiron ,  e{(  f^on  B9ffl 
ÇJ  *S  MiJg^ff  ^  jPÎgPVÎ  ^  ?P]?  ï^TO  >  dan?  ]ps  snsciip^pni;  .4g  §|« 
letfres«  tuitôt  les  fion^^  djç  sa  feipuffr  ef  de  sa  fille,  tai^t^f  çeuf  4s 
son  frère  et  de  son  neveu  (3).  Peut-être  cette  insertio|i  die  nomf 
étrangers,  danr  la  suscription  des  lettres,  équiva)ait-elle  à  ces  for- 
mules banales  par  lesquelles  nous  transiff/ettoiis  à  nos  correspon- 
dans  les  marques  d'intérêt  et  les  témoignages  d'attachement  d'une 
tierce  personne. 

CScéroa  ne datoit  pas  toujours  ses  lettres;  Attîcus,  au  contraire^ 
avoit  l'habitude  de  le  £ûf  e,  et  y  manquoit  rarement  (4)-  La  date  se 
plaçoit  à  la  fin  de  la  lettre  ;  elle  indiquoit  ordinairement  le  lieu  où 
elle  avoit  été  écrite  et  le  jour  du  mois. 

fjor^e  If  lelttre  ^ yoit  été  ployép  en  voIl^{}ç  ,  on  la  pac^^oit  ; 
cet^  i^fafipn  s'ezpriijfpff  par  epistolam  signqrf  ou,  qbsigr^f^re.  Ppuir 
^i^,  on  lentourpif  ]sl  httrp  ay.ep  un  étroit  Tu\)an  pu  une  fiçe^e,  dpn( 
les  deux  bout^,  réunis,  étoient  collés  au  papipr  au  mpyeii  d'un  peu 
ds  fdf^  pu  d'une  espèc^  4'&Fgile  qu'on  appeloit  cretq.  Au-nlessus  on 
^p^oit  fine  copfhe  p)u?  large  de  Tune  ou  de  V&H(^  4ib  ces  deux  subs- 
yim^i  Fî  W  cpf^  Wujçlfp  Qi^  împrwRpit  le  cacjipt.  Tantôt  le  rpi»r 
1^  que  fofrpf pit  la  {ettre  n'avpit  qvJvff^  sefU  lien  danf  \^  milieu  ^  s^ 
longueur,  tantôt  on  le  serrpit  à  cha,ç(^e  def  ^xf  réalités  ;  4ai»s  pe  PMi 
If  I^^e  ppftQit  .df uf  Pf(;i^ets  ^  uq  à  chaque  bp|it.  Qaps  h  po^^c- 
tion  égyptienne  du  musée  du  Louvre,  il  existe  cinq  ou  six  petits  rou- 
leaux que  nous  croyons  être  des  lettres.  Le  plus  volumineux  a  la 

(i)  Épttres,  I,  II. 
(3)|ÉpUre  iS. 

(3)  Voj.  le  i6«  livre  des  Lettres  Oaiinilières. 

(4)  AdAttic,  III,  i3. 


BOtLSTtif  bu  Étàùavàiiâ:  86t 

longuédr  et  la  grosseiit  dé  Tiiiâéi  d'tUi  hbmùnté  àrïbnidfï  ;  il  est  en- 
core lié  et  cacheté  à  chaque  extrémité.  Toiis  lès  autres  ne  présen- 
tent qu'an  seul  lied;  On  trouvé,  d'âilîeiirà,  dàiis  les  àndeiis  auteûfiéj 
nhisieiirs  jiassages  relatifs  à  là  manîèfé  de  cacheter  les  lettre^. 
Bans  k»  Bacchides  dé  j^hùte ,  Ghrysàlé ,  àj^rès  àioir  dicté  uii 
lÂllet  à  Hneâlochus  :  «  Allozïs  vite,  dit-il,  de  la  cite ,  du  fil,  attachiè 
et  cachette  promptement.  » 

Oédo  tù  cètanî  it  liûuia  aciùlam  âge,  oBliga,  oBngna  cîto  (i). 
Ce  pasfltege  s'applique  à  des  iîbleïiës  de  cire ,  mais  le  procédé  pour 
ks  cacheter  éi  les  décacheter  étoit  le  même  que  pour  les  lettres  sur 

L'usage  de  lâciréâ(iachéter,  quéIesÂthéniensappeloientpv7rW(2)| 
est  éiicbre  attesté  par  Cicérôn  dans  son  plaidoyer  pour  Flaccus.  Le 
inème  discoiirs  notis  apprend  qu'au  lieu  de  cire  on  employoit  couh 
niftetémént  une  espète  d'argile  nommée  craie  asiatique.  Cette  subs- 
tadice  étoit  connue  dé  tout  le  monde  et  servoit  non-seulement  pour 
les  actes  publics  ,  msds  encore  pour  les  lettres  particulières  et  les 
billets,  tels  que  les  àVertissemens  qu'envoyoient,  chaque  jour,  aux 
citoyéiis  les  collecteurs  d'impôts  (3). 

La  Réparation  dé  ces  deux  substances  n'ayoit  pas  été  poussée  à 
une  bitià  graiide  perfection,  car  elles  s'attachoient  au  cachet,  si  on 
u'âroit  sdin  dé  le  mouiller  avec  de  la  salive  atant  de  l'appliquer. 
Nôiis  trôiiVons,  datis  Ovide,  une  allusion  à  cette  précaution  néces- 
nii'e.  Lorsque  Kblis  ferme  la  lettre  criminelle  qu'elle  adresse  à  son 
frèi^  CaaÂus,  la  dôoléùii'  à  desséché  sa  langue,  elle  mouille  avec  ses 
larihes  là  ^ér^'  |>ri^diéusé  qui  porte  son  cachet  : 

Protinus  imprcssa  signât  sua  crimina  gemma 

Qûam  tihxit  lacrymis  :  lÎDguam  defeeerat  humor  (4). 

Les  cachets  des  anciens  étoient ,  comme  on  sait ,  gravés  sur  l'an- 
neau qu'ils  portoient  habituellement  à  leur  main  gauche  ;  quelque- 
fois sur  l'or  de  l'anneau ,  souvent  sur  une  pierre  qui  s'y  trouvoit 
enchâssée.  L'usage  des  anneaux  dVr  Ait  d'abord  exclusivement 

(0  Bacchid.,  IV,  4. 

(s)  Uesjchius  et  Pallas,  X,  i4« 

(3)  Laudatio  obsignata  erat  creta  illa  asiatica  qaae  fere  est  omnibui  nota 
nobis  :  qua  utantur  omnes  noD  mod6  iù  pfibUcit,  9tà  etiam  io  prîvstît  IS^ 
terisy  quas  qnotidie  Tidemas  mitti  a  pabiieànis  têipt  uùiciliqtteiiostrum.  9kt> 
Flacco,  c.  i6,  cf.  Serrius,  ad  iEneid.^  VI,  8s  i . 

(4)  MéUmorph.  IX,  u,  665.  yoy,  aoui  les  AnoorB,  II,  zt,  i5. 


882  !•    TECHEJKEK,    PLACE   DU   LODVEE,    12. 

réservé  aux  sénateurs  et  aux  chevaliers  (i);  ceux  des  plébéiens 
étoient  en  fer  (2).  Néanmoins ,  une  action  d'éclat  à  la  guerre ,  un 
service  important  rendu  à  l'État ,  valoient ,  parfois  ,  à  un  homme 
du  peuple,  le  droit  de  porter  Tanneau  d'or  (3)  ;  mais  cette  distinc* 
tion  perdit  peu  à  peu  de  son  prix  par  la  facilité  avec  laquelle  elle 
fut  accordée;  jusqu'à  Justinien  qui  permit ,  par  une  loi,  l'anneau 
d'or  à  tous  les  citoyens  romains  (4)* 

Le  prix  des  anneaux  étoit  encore  rehaussé  par  le  travail  de  la 
gravure,  mox  et  effigias  varias  calando  (5).  Le  propriétaire  de  l'an- 
neau y  faisoit  quelquefois  graver  son  portrait.  Le  cachet  d'Auguste, 
après  avoir  porté  d'abord  la  figure  d'un  sphinx ,  puis  le  portrait 
d'Alexandre,  reçut  enfin  celui  de  Temperem*  lui-même  (6).  On  fai- 
soit graver  sur  son  anneau  les  traits  d'un  parent  ou  d'un  ami  (7)  ; 
l'emblème  d'un  événement  mémorable  (8).  Qui  ne  connoît.le  fa- 
meux anneau  de  Sylla?  César  avoit  sur  son  cachet  l'image  de  Vénus, 
et  Pompée  trois  trophées,  symboles  de  ses  victoires  dans  les  trois 
parties  du  monde  (9). 

Outre  les  anneaux,  les  anciens  avoient  encore,  comme  nous,  des 
cachets  ronds ,  carrés ,  oblongs  ,  de  formes  diverses ,  sur  lesquels 
étoient  le  plus  souvent  tracés  leulrs  noms.  Ils  consistoient  ordinai- 
rement dans  une  plaque  de  fer  ou  de  bronze  de  moyenne  épaisseur, 
dans  laquelle  étoit  gravée  l'inscription  ;  au  dos  de  la  plaque  ,  une 
petite  anse ,  de  la  même  matière  ,  servoit  à  saisir  le  cachet  pour 
former  l'empreinte  :  on  peut  voir,  au  musée  grec  du  Louvre  ,  des 
oHginaux  de  ces  sortes  de  cachets.  Montfaucon ,  dans  son  Anti- 
quité expliquée,  et  les  auteurs  du  nouveau  Traité  de  diplomatique, 
en  ont  fait  représenter  un  certain  nombre  de  divers  modèles. 

Lorsqu'on  vouloit  ouvrir  une  lettre ,  on  coupoit  le  fil  qui  l'en- 
touroit  :  «  Nous  montrâmes  le  cachet  à  Cethegus ,  dit  Cicéron  ;  il 

(1)  Dion  Casrius,  XLVIII,  45.  Pline,  XXX!!!,  1-7. 
(1)  Stace,  Syh',,  IH,  11,  i44 . 

(3)  Ciceron ,  Fenin.  !!!,  80.  Suétone,  Vie  de  Jules  Cësar,  cli.  89. 

(4)  Auth.  collât.,  VI,  tit.  vi.  Novell.,  78,  c.  i . 
(6)  Pline,XXXIlI,  6. 

(6)  Suétone,  Vie  d'Auguste,  c.  60.  Dion,  Ll,  3 . 

(«)  Cicéron,  Catilin.,  III,  5.  Oride,  Tristes,  1,  vu,  5.  Macrob.  Saturn.  Vil, 

Xî..  i3. 

(8)  Martial,  X,  7Q.  Dion  Cassius,  XLIIl,  43. 

(9)  Dion,  XL! I.  18,  cf.  Cic.  pro  Sexto,  61,  in  Pison.,  i3,  pro  Baslo  4  et  6. 
plin.iun.,VlI,  i6. 


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BULI^TIN    DU    BULIOPHILi:.  863 

le  reconnut  ;  nous  coupâmes  le  fil,  nous  lûmes  les  lettres  (i  ).  >»  Mais, 
dans  cette  occasion,  Gicëron  avoit  peut-être  des  raisons  pour  con- 
server le  cachet.  Il  paroi t  qu'ordinairement  le  sceau  n'existoit  plus 
lorsque  la  lettre  étoit  ouverte,  et  que,  par  conséquent,  on  rompoit 
le  sceau  pour  délier  le  fil.  Dans  le  Trinumas  de  Plante,  deux  per- 
sonnages, après  avoir  fait  une  fausse  lettre,  se  décident  à  ne  pas  la 
sceller,  dans  la  crainte  que  le  faux  cachet  ne  fasse  découvrir  la 
fraude.  Celui  qui  la  portera  ,  disent-ils  ,  expliquera  l'absence  da 
sceau  en  disant  qu'elle  a  été  décachetée  et  ouverte  à  la  douane  (2). 
Plutarque,  dans  son  Traité  sur  les  Inconvéniens  de  la  Curiosité  y 
veut  qu'on  s'habitue,  lorsqu'on  reçoit  une  lettre,  à  ne  pas  l'ouvrir 
à  l'instant  et  avec  précipitation  ,  comme  certaines  personnes  qui 
rompent  le  fil  avec  leurs  dents  ,  si  leurs  mains  ne  peuvent  le  dé- 
faire assez  tôt.  av  ai  Xèlfsç  ^pecS^Jvcûffi  ,  tg7ç  bS'ov^t  toIiç  ^ttryLoivç 
fictCêCpdffKovTeç  (3).  Ovide  fait  à  sa  femme  de  tendres  reproches  sur 
l'inquiétude  que  lui  cause  son  exil  :  u  Tu  pâhs ,  dit-il ,  lorsqu'une 
lettre  t'arrive  du  Pont ,  et  tu  la  délies  d'une  main  tremblante  : 

Ecquid  !  ut  e  Ponto  nova  Tenit  epistola,  pâlies  ! 
£t  tibi  sollicita  sohitur  illa  manu  (4).» 

• 

Le  secret  des  lettres  pouvoit  être  quelquefois  violé  ;  un  cachet 
qui  portoit  quelques  marques  d'altération  se  nommoit  turbcUa 
cera  (5).  L'imposteur  Alexandre,  dont  Lucien  a  écrit  la  vie,  dut 
la  vogue  dont  il  jouit  dans  la  Paphlagonie  et  le  Pont  à  l'habileté 
avec  laquelle  il  savoit  contrefaire  un  cachet  ou  l'ouvrir  sans  le 
rompre.  Il  avoit  créé  un  Esculape  qui  devoit  rendre  des  oracles  : 
la  foule  crédule  accouroit  au  temple  du  nouveau  dieu  :  chacun 
écrivoitce  qu'il  vouloit  savoir  sur  un  livret,  CiC^lovy  qu'il  remettoit 
ployé,  ficelé  et  cacheté  avec  de  la  cire  ou  de  l'argile  à  un  prêtre  , 
et  celui-ci  le  transmettoit  à  Alexandre  ,  qui  s'étoit  posté  d'avance 
au  fond  du  sanctuaire.  Chaque  livret  revenoit  bientôt  soigneuse- 
ment enroulé  et  cacheté  comme  auparavant,  de  sorte  qu'il  ne  sem- 
bloit  pas  avoir  été  ouvert  ;  et  néanmoins  les  bons  Paphlagoniens  y 

(i)  Priroum  ostcndimus  Cethego  signum  ;  cognoyit  :  nos  linum  incidimus, 
legimus,  Catil.  III,  5. 

(3}  Si  obsignatas  epistolas  non  feret ,  dici  hoc  potost,  apud  portitores  cas 
resigoatas  sibi  inspcctasque cssc.  Trioumus,  III,  m,  C5,  66. 

(3)  De  CuriosiUte,  t.  VIII,  p.  73,  éd.  Rciskc. 

(4)  Tristes,  V,  11,1. 

(6)  Voy.  Quintilien,  iiist,  orat.,  XII,  8. 


884  Y.  xBomvnrî  fUCB  ta  ju0tfvMÉy  la. 

tièdfoieùt  tmjorin  édite  ÀTen  lil  réponse  aèr6iiû3e.  AleiSttdfe 
avoh  plnsieiinr  manière»  d'eittvri^  toe  lettré  ssiiui  biisét  aucune 
trace  de  k  Tiolation  du  cachets  Qud^tféfois ,  ivt  moyen  df'une  éi^ 
fjœiSie  rougie  an  fen,  il  entevoit  la  coudie  dé  iStté  qtà  portôij  I 
preinte  de  Fannéan  i  et  mettoic  à  joL  lés  deux  Bouta  âà  6Ï. 
stoir  la  le  billet  et  écrit  là  répon^^  3  Boit  de  nôn^ésia  la  lettre,  f 
cdUoît  les  deux  bbuts  da  ffl  en  li^éfiattt^  àyéc  aota  aigéSllè,  Û  cire 
qài  se  trouvoit  sur  lé  {ftipier  ;  ét^  bàsàdt  h,  même  ^i^tîèlii  iti  ré^ 
Yen  de  l'empreiixte,  il  réofnisaoit  dexÀ>n^éafa  pàilaitéUént  téà  àéàx 
fècées  de  la  ciré  et  recottttiCnoSt  le  cachet  enfëoû  énder  (i).  ftàutiéi 
Sm  il  briaoit  le  sceatf,  mab  il  atôit  ébhi ,  anparâyaint ,  dé  pi^dré 
Femprdttté  du  cacbét  avec  ijtaé  espèce  de  pâte  de  to  comjpbttdôn , 
qciy  étant' éhaufiFéè,  derenôît  tndDe  et  dncôfe ,  mais  ptenbit ,  en  se' 
refiroidissant ,  la  dureté  de  la  corne  ou  même  du  fer.  Il  improiâ- 
Soit  dStdA  vatï  cachet  qiii  lui  fiMnrniasoit  mie  empreinte  toute  paxdlle 
è  telle  qu'il  ttçaii  détruite  (2). 

(i)  I«e8  sceaux  contrefaits  par  la  Divion  et  ses  complices ,  dans  Pintàét  de 
Robert  III,  comte  d^Àrtois ,  furent  dëtacbés  des  actes  auxquels  ils  apparto-^ 
noient ,  et  reportas  sur  les  actes  fabriques,  au  moyen  du  procédé  qu'indique 
ici  Lucien. 

(s)  Lucien,  AUxander  pseudomantis,  c,  19-ai . 

H.  GsaiiJB. 
{La  suite  au  numéro  prochain.) 


€ovve0porùdinc(. 


A  M.  VÈdUear  du  BuUelim  du  BibUophOe. 

Monsieur  ^ 

VdX  dëcouvert  dans  nn  coin  poudreux  de  ma  bibliothèque 
un  de  ces  vieux  petits  rogatons  plaisans,  moraux^  littéraires 
et  philosophiques^  tels  qu*on  en  publioit  dans  le  siècle  des 
facéties,  c'est-à-dire  au  seizième.  Comme  ces  sortes  de  pièces 
sont  assez  rares ,  je  vous  envoie  le  titre  et  des  extraits  de  celle-ci; 
TOUS  les  mettrez,  si  vous  le  jugez  à  propos^  sous  les  yeux  de 
vos  lecteurs,  mais  non  pas ,  je  vous  prie ,  sous  les  yeux  de  vos 
lectrices^  car  il  en  est  qui  pourroient  jeter  les  hauts  cris,  et 
les  hauts  cris  sont  toujours  désagréables.  Au  reste,  je  vous 
donne  carte  blanche  pour  Tinsertion.  En  attendant,  voici^le 
titre  de  Topuscule  en  question  : 


EXHORTATION   AUX  DAMES   YERTVEVSES. 


EN   LAQUELLE 


EST  DEMONStRE  LE  VRAY  POINCT  D^HONNEUR^ 


A  Paris ,  chez  Lucas  Brejret ,  tenant  sa  boutique  au 
Palais^  en  la  GaUerie  des  Prisonniers,  1598^  au^ 
privilège  du  Rqjr,  petit  i/i^12  de  46  pag.,  en  gros  ca- 
ractères, non  compris  le  feuillet  du  titre  : 

Ce  petit  livre  est  fort  singulier  et  prêche  une  morale  très-sur» 
prenante,  surtout  pour  k  temps  où  il  a  para.  C'est  un  plaidoyer 

56 


^86  J.   TECUENER,   PLACÉ  DU   LOUVUE ,    12. 

assez  fort  en  faveur  de  Famour  contre  le  point  d'honneur  qui  em- 
pêche les  dames  de  céder  aussitôt  qu'on  les  invite  à  répondre  aux 
sentimens  qu'elles  inspirent.  Nous  allons  donner  les  passages  les 
plus  singuliers  de  ce  bizarre  opuscule  qui  se  réfute  de  lui-même. 
Yoici  le  début  de  l'auteur  ;  nous  conservons  scrupuleusement  son 
orthographe. 

«c  Cest  vne  chose  estrange,  et  dont  je  ne  me  puis  assez  es- 
merveiller,  que  les  dames  pour  se  rendre  aymées,  apportent 
à  leur  naturelle  bénignité,  toute  celle  que  la  bonne  nourri- 
ture y  peut  ioindre  :  qu'elles  augmentent  leurs  beautcz  des 
allraicts,  des  grâces  et  des  douceurs  qui  se  peuuent  inuen.er, 
qu^elles  apprennent  dès  leur  enfance  à  charmer  les  plus  ac- 
corts,  à  prendre  les  plus  puissans,  et  captiver  les  plus  libres , 
et  que  nous  cependant  amorcez  de  ceste  humanité ,  surpris  de 
cesattraicts  et  retenus  de  cette  puissance ,  ne  trouuions  preuve 
de  pitié  en  elles  que  le  plus  tard  qu'elles  peuvent,  ne  soyons 
riens  à  leur  service  qu'à  regret  et  possédez  qu'à  desdaing. 

ce  Amour  ne  prend  estre  que  de  leurs  beautez ,  ne  se  nour- 
riêt  qu'en  leurs  douceurs  et  ne  se  rend  immortel  que  par 
réternité  qu'elles  lui  donnent;  cependani  il  n'a  sitost  pris 
naissance  en  nos  ames^  qu'il  se  voye  emmaillotté  de  fers^  do 
ceps  et  de  charmes,  qu'il  ne  soit  allaidé  d'amertume,  bercé 
de  passions  et  enfin  suffoqué  de  cruauiez  :  que  pensez -vous 
faire ^  Belles  Dames?  Vous  estouffez  par  rigueur  en  vn  mo- 
ment vn  dieu  que  vous  engendrez  par  douceur  en  l'autre , 
ouvrez  ces  beaux  yeux  nos  ennemis  et  voyez  le  mal  qu'apporte 
la  cruauté  et  au  contraire  le  bien  que  la  pitié  procure,  vous 
vous  eslongnez  de  ce  que  vous  desirez  d'attirer;  vous  voulez 
estre  recherchées ,  et  ne  voulez  point  qu'on  vous  trouve  ;  vous 
jettez  des  appas,  et  déffendez  d'y  toucher;  vous  tendez  desretz 
et  cryez  désespérément  si  quelqu'un  sy  vient  prendre,  etc.... 

ce  Nous  montrons  au  doigt  et  à  l'œil  que  la  cause  d'aymer 
est  en  vous ,  mais  nous  n'y  trouuons  point  d'habitude  d'amour  : 
d'où  vient  ce  uide  en  la  nature  ?  Vous  avez  des  veines  ,  du 
sang  et  des  esprits  qui  vous  doivent  apporter  la  mesme 
nécessité  qu'à  nous  :  nous  bruslons  d^ amoureuse  ardeur,  vous 


BULLETIN   DO    BIBLIOPHILE.  887 

devez  estre  altérées,  pourquoi  donc  mourons-nous  de  soif  en 
entre  deux  fontaines? 

tt  Vous  direz  (Mesdames)  que  c'est  pour  la  conservation 
de  vostre  honneur  et  de  vosire  réputation  *,  simple  couverture 
de  mauviaîseté,  espèce  d'ingratitude  par  laquelle  vous  cachez 
à  la  nature  ce  qu'elle-mesmc  vous  a  donne ,  et  ce  que  toutes 
les  femelles  accordent  sans  contredit.  Lequel  est  le  plus  rai- 
sonnaUe ,  je  vous  prie ,  ou  que  la  nature  obéisse  à  Topinion 
commune,  ou  que  Topinion  commune  obéisse  à  la  nature? 
Ignorez -vous  que  de  Fopinion  vient  la  réputation,  et  de  la 
réputation  Fhonneur.  Non  ^  vous  ne  Tignorez  pas,  et  sçavez 
bien  que  Topinion  est  plus  souvent  fausse  que  véritable^  que 
ce  n'est  qu^une  fumée ,  une  apparence  de  vérité ,  une  fantosme 
en  rimagination  du  populaire  qui  ne  porte  en  soy  raison  ny 
nécessité;  c'est  la  baze,  c'est  le  rocher  et  le  solide  fondement 
de  cest  atome  que  vous  appelez  honneur. 

«  Honneur  en  ce  temps-cy  est  vice  en  un  autre  ^  vice  au 
temple  de  Flore ,  et  en  tant  de  siècles  passez ,  qui  chasse 
Tamour  de  ces  pays ,  et  qui  est  chassé  par  Tamour  de  plusieurs 
autres  contrées. 

«  Les  anciens  se  marioyent  pour  vn  mois,  pour  six  jours, 
pour  une  heure ,  avec  deux ,  avec  six  ,  avec  tant  de  femmes 
qu'il  leur  plaisoit. 

«  Il  n'y  a  pas  un  tiers  de  la  terre  qui  cognoissc  ce  monstre 
d'honneur.  Bref,  voulez- vous  sçavoir  ce  que  c  est  ?  Une  injure 
et  vraye  persécution  du  temps,  qui  traverse  le  plaisir  des 
hommes.  Celles  qui  font  autre  jugement  de  l'honneur,  en 
parlent  suivant  les  occurances  du  règne  et  non  pas  selon  le 
devoir.  Car  le  plus  grand  devoir  d'une  parfaicte  amye  est  de 
manquer  à  tout  devoir  pour  contenter  son  ami  et  parce  que 
les  anciens  disoient  qu'amour  est  le  maistre  des  dieux  et  le 

correcteur  des  loix On  ne  trouve  point  que  les  anciens 

ayent  offert  des  sacrifices  à  l'honneur;  il  n'y  a  coing  au  monde 
où  Amour  et  Vénus  n' ayent  lendu  leurs  oracles L'hon- 
neur est  en  nos  esprits  comme  en  une  terre  estrangere ,  et 
l'amour  crois!  par  tout  nosire  corps,  comme  en  vn  territoire 


B88  !•    TECHklCEE,    PLACE'DU  LOUYEEy    12. 

naturel.  Aussi  Tun  est  aisé  d'arracher  parce  quUl  n'est  que 
replanté ,  et  non  pas  Tautre  qui  a  pris  racine  en  prenant 
estre;  le  jardinier  qui  enteroit  une  branche  sauvage  sur  un 
pied  de  bon  fruict  seroit  digne  de  moquerie.  Notre  inclination 
est  Tarbre  de  bon  fruit ,  l'honneur  est  la  grefFe  sauvage  qui 
nous  donne  des  broquettes  pour  des  pommes  et  de  la  feuille 
pour  du  fruict. 

«  L'honneur  fut  une  invention  mal  entendue  et  plus  mal 
interprétée ,  laquelle  se  changea  en  loy,  et  voici  comment  : 
Jadis  les  naturalistes  voyant  la  trop  grande  licence  d'amour 
le  faisoit  mespriseri  et  que  la  femme  désire  volontiers  le  moins 
cp  qui  lui  est  le  plus  permis,  et  faict  le  plus  souvent  au  con- 
traire de  ce  qui  luy  est  ordonné ,  s'avisèrent  pour  l'entretene- 
ment  d'amour,  de  proposer  un  blasme  à  quiconque  aymeroit 
ouvertement ,  pensant  par  ce  moyen  le  rendre  plus  enflammé^ 
et  que  le  péril  et  la  deffence  luy  devoit  servir  d'amorce.  Un 
siècle  après,  ccste  loy  passa  en  telle  observance  par  le  mauvais 
interprète  de  je  ne  scay  quels  eunuques  qui  rapetassoient  des 
loix  en  ce  temps  là^  que  depuis  on  ne  faisoit  point  conscience 
de  précipiter  les  amoureux  du  haut  d'un  rocher  en  bas;  ce  qui 
mist  telle  terreur  au  cœur  des  dames  »  que  depuis  on  n'a  sceu 
les  asseurer  ny  leur  arracher  de  l'ame  ceste  humeur  craintive 
qui  a  gasté  nostre  siècle 

«  L'on  a  bien  recogneu  le  pernicieux  interprète  de  ceste 
loy^  et  on  a  bien  cessé  d'en  ensuivre  la  cruauté;  mais  vous 
n'avez  pas  repris  votre  ancienne  licence ,  mesdames,  et  qui 
pis  est  n'avez  pas  envie  de  vous  y  laisser  persuader.  Vous  ré- 
sistez plustost  à  la  nature  que  de  vous  laisspr  esclairer  à  la 
vérité  et  souffrir  que  le  plaisir  vous  conduise  et  le  contente- 
ment vous  guide 

«  L'on  dit  que  les  femmes  sont  variables,  mais  je  ne  vous 
trouve  que  trop  constantes  en  vostre  infélicité  et  trop  eoo«- 
traires  à  vostre  naturel.  Car,  par  vostre  foi ,  qui  est  celle  de 
toutes  les  dames  qui  ait  l'ame  si  mal  faite  (s'il  lui  reste  encore 
quelque  trace  d'humanité)^  qui  passe  la  nuit  et  le  jour,  sans 
recevoir  quelque  sentiment  de  délice  >  et  qui  ne  maadtee  en 


BCLLETUf   DU   BIBUOPHILE.  889* 

son  courage ,  tout  ce  qui  trouble  le  règne  d'amour,  qui  ne 
déteste  ces  mots  ioTcntez  d'honneur  et  de  réputation  avec  ceux 
qui  les  inventèrent.  Qui  est  celle ,  dis«je ,  qui  ne  se  sente  em- 
portée par  là  violence  de  ses  désirs  y  et  par  la  nécessité  des 
loix  naturelles  au  poinct  de  la  perfection  humaine ,  auquel 
toutes  les  lignes  de  nos  sens  tendent ,  comme  les  choses  pe- 
santes tendent  vers  le  centre  de  la  terre 

«  Confessez  celte  vérité,  vous  ne  pouvez  la  cacher  :  Q^'f 
a-t- il  de  plus  juste  et  plus  équitable  au  monde  que  de  suivre 
les  loix  qu'on  est  forcé  desuivre  par  soy-mesme  et  par  la  raison  ! 

«  Jamenerois  icy  mille  et  mille  tesmoignages  qui  rendent 
preuve  qu'amour  est  le  principe  du  mouvement  de  la  vie 
passée,  l'aliment  et  le  souverain  bien  de  la  vie  présente,  et 
la  douce  espérance  de  la  future,,  et  que  Thonneur  est  son  con- 
traire, que  l'un  a  pris  son  origine  au  ciel  et  l'autre  en  enfer, 
et  je  vous  ferois  juger  que  la  cruauté  diffame  les  cœurs  où 

elle  règne  et  qu'amour  éternise  les  âmes  qu'il  possède Je 

parle ,  mesdames,  à  vos  beaux  esprits ,  qui  sçavez  tant  de  sub- 
tilités pour  surprendre  la  liberté  des  hommes*  et  qui  n'en, 
manqueriez  pas  pour  prendre  le  plaisir  s'il  estait  autant  apr 
prouvé  de  Perreur  vulgaire  que  de  la  raison ,  et  de  vostre 
jugement.  » 

L'auteur  ne  veut  cependant  pas  d'une  licence  effrénée ,  il  veut 
que  les  dames  agbsent  avec  prudence  et  discrétion;  on  pourroit 
peut-être  qualifier  ces  avis  de  conseib  d'iiypocnsie ,  car,  puisque 
l'honneur,  selon  lui ,  joue  un  si  grand  rôle  dans  le  monde ,  on  peut 
en  avoir  les  dehors. 

ft  II  ne  faut,  dit-il ,  qu'aller  au  devant  de  la  chasteté  par  le 
derrière,  monstrant  le  plus  en  apparence  ce  que  vous  serez  le 
moins  dans  le  courage  (c'est-à-dire  dans  la  réalité).  Vous 
contraignez  bien  vos  volontés  pour  l'honneur^  pourquoy  ne 
pourrez-vous  contraindre  vostre  visage  pour  l'amour?  Cestuy- 
cy  est  plus  facile  que  cestuy-lâ 

«  Allez  à  la  messe  plus  matin  que  vostre  voisine;  soyez 
sainctc  en  parolles^  et  modeste  en  vos. actions  devant  le  peu- 
ple. Ne  courez  pas  après  l'amour  indiscrettenent ,  mais  rece- 


890  '•    TECHENERi    PLACE   DU    LOUVRE,     12. 

Tez*le  d'une  façon  accorte  de  la  pari  d'un  homme  discret  qui 
le  saura  rendre  non  moins  évident  à  vos  yeux  qu'inconnu  à 
ceux  du  populaire,  qui  sera  d'un  bel  esprit,  véritable  en  ses 

paroles  et  d'un  brave  courage qui  ne  soit  ni  fort  beau,  ni 

fort  laid^  car  Tun  est  cause  du  soupçon  et  l'autre  rend  le  plaisir 
imparfait ^ 

«  Voilà  le  chemin  de  l'honneur  par  une  main ,  et  de  l'amour 
par  Tautre  -,  c'est  le  secret  d'accommoder  les  délices  à  la  gloire , 
et  d'entretenir  l'honesteté  aux  gages  du  plaisir 

(c  L'honneur  ne  gist  qu'aux  mesnagement  et  à  la  conduite  ; 
ce  n'est  que  la  subtilité  d'artifice  ;  on  en  a  selon  qu'on  le  sçait 
faire  paroistre ,  comme  de  bonne  mine.  La  plus  chaste  du 
monde  peut  estre  tenue  pour  la  plus  lascive ,  si  les  déporte- 
mens  ne  sont  bien  réglez,  et  la  plus  folasire  pour  la  plus  con- 
tinente pourveu  qu'elle  ayt  un  amy  qui  la  sache  conduire  par 
la  discrétion. 

a  II  n'est  rien  impossible  à  ce  que  deux  personnes  qui 
s'ayment  désirent  extrêmement,  et  le  ciel  mesme  ne  sçauroit 
nuire  à  qui  délibère  fermement  de  servir  Amour.  La  nature  a 
voulu  favoriser  les  dames,  et  leur  monstrer  ce  qu'elles  ont  à 
iSaire  en  ce  qu'elle  ne  permet  que  l'amour  laisse  aucune  trace 
de  ses  exercices,  non  plus  que  le  poisson  qui  glisse  en  l'eaa 
et  que  l'oiseau  qui  passe  en  l'air.  Vous  pouvez  dire  que  vous 
n'avez  point  péché  ;  vous  ne  péchez  donc  point  (i) 

«  Je  ne  veux  toutefois  point  tant  réprouver  l'honneur  que 
vous  ne  vous  en  aidiez  en  certaines  circonstances  d'amour,  et 
qui  le  rendent  plus  solide ,  comme  pour  couper  chemin  aux 
jalousies ,  brider  les  envieux,  conduire  la  discrétion ,  prévoir 
et  prévenir  au  mespris,  le  tout  par  une  froideur  qui  sente 
l'honneur  et  par  une  feinte  qui  représente  la  continance, 
desquelles  vous  servirez  votre  intention  comme  d'un  masque 
en  une  comédie  ^  et  comme  vous  faites  quelquefois  d'un  refus 
qui  démonstre  le  contraire  de  ce  que  le  cœur  désire. 

(1)  Belles  maximes  !  et  c*est  cliez  nos  bons  aïeux  qu'on  a  écrit  pareiUei  ex- 
travagances !  il  est  vrai  que  ce  n'est  qu'une  plaisanterie  antithétique ,  dont 
Ifaiiteur  rioit ,  sans  doute  ,  le  premier. 


'BULLETIN   DU    fiIBLIOPHILK.  Sgf 

((  Mais  de  s'asservir  à  Thonnear  comme  à  un  monstre  qui  * 
ae  baigne  dans  le  sang  des  plus  beaux  désirs,  comme  à  un 
tyran  qui  persécute  les  affections  les  plus  eslevées,  qui  vio- 
lente les  cœurs,  traverse  lésâmes,  et  qui  extermine  les  délices 
d^amour,  vous  devez  plustpst  mourir  que  de  le  faire;  fuyez 
ce  mal ,  et  embrassez  le  remède  qui  est  Tamour. 

(c  Faites  donc,  mesdames^  que  puissiez  viure  heureuse- 
ment avec  les  contents  pendant  que  vous  le  pouvez  faire  ;  vous 
ne  sauriez  vivre  honorablement  sans  plaisir.  Les  occasions 
sont  emplumées  et  disparoissent  presqu'en  se  monstrant.  La 
vie  passe  soudainement  -,  tout  nostre  aage  n'est  qu*un  poinct  ; 
une  quatriesme  partie  duquel  est  la  jeunesse  avec  laquelle  les 
délices  du  monde  sont  champs  éliziens,  et  sans  laquelle  la 
douceur  mesme  estamère.  Les  plaisirs  amoureux  sont  les  au-  " 
rils  et  les  jardins  de  la  vie.  Les  nuicts  des  jeunes  gens  sont 
des  printemps,  et  les  jours  des  vieillards  des  hyuers  pleins 
d'horreur.  Toutes  choses  ont  leur  saison ,  et  chaque  saison  sa 
propriété;  la  beauté  est  une  rose  qui  est  fresche  au  matin  et 
fanée  le  soir.  Voulez  vous  attendre  que  vostre  beauté  passe  sa 
fleur,  que  vos  beaux  jours  soient  changez  en  ténèbres^  vos  jar- 
dins délicieux  en  déserts  infertiles 

«  Laissez  vous  vaincre  à  Tamour  vous  aurez  plus  de  gloire 
que  de  luy  résister;  car  être  vaincu  d'un  dieu^  c'est  estre 
victorieux  de  soi  mesme;  vous  l'aurez  pour  capitaine,  vous 
aurez  les  autres  dieux  pour  compaignons ,  et  les  hommes  pour 
serviteurs  ;  desnouez  les  liens  de  ceste  erreur  populaire  qui 
vous  fait  changer  le  plus  doux  plaisir  de  la  vie  en  une  vaine 
hypocrisie 

«  N'attendez  pas  vostre  commodité  pour  faire  Pamour,  mais 
faites  Tamour  pour  y  trouver  vostre  commodité. 

<(  Apprenez  plustost  à  aymer  qyi'à  délibérer  si  vous  le  devez 
faire.  Que  si  vous  ne  savez  ce  que  c'est  qu'amour,  créiez  de 
ne  le  point  savoir,  et  adjoustez  foy  aux  parolles  de  ceux  qui 
le  savent.  Il  n'y  a  rien  de  plus  sot  de  ne  pas  apprendre  quel- 
que chose  parce  qu'on  n'a  pas  accoustumé  de  Papprendre. 
Rien  n'est  si  facille ,  rien  de  plus  délectable  en  tous  les  délices 
de  la  vie  que  ce  que  nous  enseigne  l'amour. 


/ 


89a  I.    TECBENEK,   PLACE  DU  U>UyRE  ,    12. 

c  Les  éguilions  des  amours,  Tartifice  dont  ils  usent,  les  lacs 
qa*ils  lendent,  les  douces  tromperies  où  ils  estudient,  et  les 
mauz^qu'ils  appellent  biens  à  la  poursuite  de  la  chose  aimée  ^ 
monstrent  assez  quel  contentement  il  y  doit  avoir.  On  apprend 
seulement  en  aimant  ce  que  c'est  que  plaisir^  et  tous  y  en 
éprouverez  plus  en  une  nuict  desrobée,  que  tous  n*avez  faict 
en  tous  les  plus  beaux  jours  de  vostre  aage 

«  Il  est  temps^que  je  finisse  mon  discours,  et  que  vous 
commenciez  à  Tensuivre.  Ne  m'alléguez  pas  pour  le  réfuter 
que  si  Thonneur  n'est  qu*un  point  imaginé,  qu'amour  n'est 
autre  chose  non  plus  que  luy,  votre  excuse  serait  trop  foible  : 
le  plaisir  est  un  corps  et  l'honneur  n'est  que  vent  ^  l'espreuve 
en  cela  tous  ferme  la  bouche* 

«  Je  ne  désirerois  pour  l'utilité  commune  des  deux  sexes,, 
que  de  pouvoir  autant  sur  vous  avecques  mes  parolles  que 
vous  faites  sur  nous  avec  les  yeux.  De  dire  aussi  que  j'aye  in- 
terest  au  subject  et  que  j'en  parle  comme  estant  poussé  d'une 
passion  particulière,  je  vous  prie  de  croire  que  je  n'en  escrits 
d'autre  affection  que  de  celle  que  je  porte  à  vous  et  à  vostre 
bien  ;  celuy  qui  a  toute  licence  comme  moy,  ne  se  peut  plain- 
dre de  la  loy,  je  ne  plaide  point  ma  cause  (mesdames)  c'est 
la  vostre  ^  je  vois  le  tort  que  vous  faicies  à  vous  mesmes  en 
cela  et  non  pas  à  mpy.  Je  ne  suis  point  si  misérable  que  je  ne 
rencontre  à  mon  besoin  de  la  jeunesse  et  de  la  beauté  qui  en- 
tend la  raison  avecques  moy  qui  la  discourt  et  qui  la  pratique 
avec  le  contentement  que  je  vous  désire.  » 

Cette  impertinente  dissertation  a  été  reiutée  dans  un  ouvrage 
intitulé  :  Discours  contre  un  petit  traité  intitulé  :  L'exhortation 
aux  dames  vertueuses,  etc.  Paris ^  Lucas  Brejrei,  iSgS,  in- 12  de 
81  p^es,  non  compris  le  titre  et  la  dédicace. 

La  dédicace  adressée  à  mes-damoiselles,  mes-tdamoiselles  Mai^ 
guérite  et  autie  Del-bene  est  signée  A.  T.  L'auteur  dit  à  ces  da- 
moiselles  qu'il  n'a  pas  cru  devoir  «  laisser  couler  sans  défense  les 
«  persuasions  de  cet  ennemi  conunun.  »  Il  ajoute  :  m  Et  combien 
«  que  celles  que  j'ai  rédigées  en  petit  traicté,  soyent  assez  foibles 
M  pour  parer  la  roideur  des  cpnps  d'un  tel  adversaire,  j'ay  toute- 
H  fois  espéré  qu*en  l,e  mettait  sous  la  protection  d^  deux  telles 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILB.  SgS 

«  dianes,  cet  actéon  ne  pouitoit  donner  ses  attaintes  que  de  1*001, 
M  et  n*en  remportera  enfin  que  de  la  honte  et  de  la  ruine.  Voilà 
u  qui  me  donne  la  hardiesse  de  vous  l'offiir,  asseuré  que  l'impu- 
«  dence  et  la  mal-veillance  de  ces  satyres ,  qui  se  pourroyent 
M  bander  à  l'encontre,  ne  sçauroient  reboucher  la  pointe  des 
«  flesches  que  vostre  vertu  leur  pourra  iaire  ressentir...  » 

Nous  ne  serions  pas  surpris  que  ce  dernier  opuscule  fût  sorti 
de  la  même  plume  que  le  précédent  :  plaisanterie  pour  plaisanterie. 
Au  reste,  cette  réfutation  est  si  foible,  de  Taveu  même  de  l'auteur, 
que  nous  ne  jugeons  pas  à  propos  d'en  continuer  les  extraits.  IVaïlr- 
leurs  la  morale  exprimée  dans  l'exhortation  est  si  bizarre  et  si  con- 
traire aux  principes  gravés  dans  le  cœur  des  dames  et  à  leur 
propre  intérêt,  qu'essayer  de  réfuter  cette  plaisanterie  seroit  une 
peine  superflue. 

L.  T, 


Au  mime. 


Monsieur, 

Personne  autre  que  moi  n'applaudit  à  la  publication  qu'a  faite 
M.  G.  fi.,  dans  le  Bulletin,  d'une  lettre  inédite  de  Montaigne;  je 
sub,  comme  lui,  d'avis  que  tout  ce  qu'a  tracé  la  plume  qui  a  écrit 
les  essais  doit  être  recueiQi  avec  zèle,  et  c'est  pour  cette  raison  que 
je  vous  demande,  que  je  demande  à  M.  B.  la  permission  de  faire 
quelques  observations  au  sujet  de  la  signature  de  la  lettre  en  ques- 
tion. 

Cette  signature  porte  Motaigne  (sic,  avec  une  sorte  de  trait  siur 
rO),  et  M.  B.  fait  la  remarque  que  le  nom  de  Montaigne  est  écrit 
de  la  même  manière  dans  une  autre  lettre  qui  fait  comme  celle-ci 
partie  de  la  collection -de  M.  Bernadau.  Pajoute  à  ces  observation» 
que  cette  abréviation  n'est  pas  le  résultat  d'un  lapsus  calamiy  car 
je  crois  avoir  positivement  établi,  dans  ma  notice  bibliographique^ 
sur  Montaigne  (page  42)9  que  l'auteur  des  Essais  signoit  toujours 
ainsi  ;  j*ai  cité  toutes  celles  de  ses  signatures  que  j'ai  eu  occanon 
d'examiner ,  et  aucune  d'elles  ne  présente  trois  lettres  à  la  pr&^ 


8g4  '•    TECHENER,    PLACE   DU    LODVIlE ,    12. 

mière  syllabe.  Les  renseignements  donnés  par  M.  B.  viennent 
donc  encore  confirmer  mon  opinion ,  et,  depuis,  cet  érudit  et  labo- 
rieux investigateur  a  eu  la  bonté  de  me  donner  connaissance  d'une 
autre  signature  de  Montaigne,  conforme  aux  précédentes j  et  qu'on 
voit  sur  le  frontispice  d'un  volume  qui  se  trouve  aujourd'hui  à  la 
bibliothèque  publique  de  Bordeaux  et  qui  a  fait  partie  de  celle  de 
Montesquieu.  (Masverii  practica  forensis.  Parisiis,  H.  et  D.  de 
Mamef,  iSSS,  in- 12.)  Il  est  donc  bien  établi  que  l'auteur  des  Essais 
BÎgnoit  toujours  Motaigne  ,  et  cette  remarque  n'est  pas  sans  intérêt , 
puisqu'elle  pourra  servir  à  faire  reconnaître  ses  lettres  ou  les  ou-< 
vrages  qui  proviennent  de  sa  bibliothèque. 

Je  profite  de  cette  occasion  pour  rectifier  une  erreur  échappée  à 
M.  Fontaine,  dans  le  Manuel  de  l'Amateur  d'autographes  et  que- 
M.  G.  B.  a  citée.  Cet  auteur  dit  que  l'écriture  de  Montaigne  est 
du  nombre  de  celles  dont  la  gravure  ou  la  lithographie  n'a  pas 
reproduit  le  facsimilé  ;  cela  n'est  pas  exact ,  car  la  Galerie  française 
(1821-23)  a  donné  le  texte  et  le  facsimilé  d'une  lettre  autor- 
graphe  jusque-là  inédite  de  Montaigne ,  laquelle  a  été  ensiûte  in- 
sérée dans  l'édition  des  Essais,  donnée  par  Am.  Du  val ,  et  successi- 
vement dans  plusieurs  autres.  Enfin,  et  postérieurement,  à  la  publi- 
cation de  M.  Fontaine,  j'ai  donné ,  dans  la  Notice  bibliographique 
précitée  (1 887) ,  le  facsimilé  de  la  signature  de  l'auteur  des  Essais. 

Si  vous  pensez,  Monsieur  FEditeur,  que  ces  détails  puissent  offrir 
quelque  intérêt  à  vos  lecteurs ,  j'espère  que  vous  trouverez,  dans 
le  prochain  numéro  du  Bulletin,  l'espace  nécessaire  pour  les  insérer. 

Agréez,  monsieur,  etc. 

DOCTEUR  J.  F.  P; 


iUn^ts  (i^Ho^ra^ Çt()ttes. 


f  • 


Les  D*UaFJs,  souvenirs  historiques  et  littéraires  du  Forez  au  xvi* 
siècle  ;  avec  facsimilé  ;  par  Auguste  Bernard ,  de  Mont- 
brison.  Paris;  imprimé  par  autorisation  du  roi  à  l'imprimerie 
royale^  ïSSg  (i). 

Cet  ouvrage,  fruit  de  longues  et  laborieuses  recherches,  con- 
tient :  I®  une  généalogie  historique  de  la  maison  d'Urféi 
écrite  par  Jean-Marie  de  la  Mure,  chanoine  de  Mont- 
brison,  mort  vers  1687,  et  publiée  aujourd'hui,  pour  la 
première  fois,  d'après  le  manuscrit  appartenant  à  M.  Ber- 
nard; —  2°  la  biographie  d'Anne  d*Urfé,  d'Honoré  d'Urfé, 
l'auteur  de  VAstrée ,  et  d'Antoine  d'Urfé  ;  —  3®  un  récit 
des  événements  qui  eurent  lieu  dans  le  Forez  du  temps  de 
la  Ligue,  et  auxquels  les  d'Urfé  participèrent;  — 4*  ^^ 
lettres  écrites  par  les  d'Urfé,  depuis  1689  jusqu'en  iSgS, 
pubUées  d'après  les  originaux  conservés  aux  archives  de  la 
ville  de  Lyon;  —  5*^  une  description  du  pays  du  Forez, 
composée  par  Anne  d'Urfé,  vers  l'an  1606,  et  imprimée 
ici  pour  la  première  fois  sur  le  manuscrit  autographe  con- 
servé à  la  bibliothèque  du  roi  (n°  i83,  supplément  français). 
Une  table  des  noms  de  lieux  et  de  personnes  termine  le  vo- 
lume, qui  est  accompagné  d'un  facsimilé  de  l'écriture  des 
principaux  membres  de  la  famille  d'Urfé.  Dans  ce  travail 
recommandable,  M.  Bernard  a  fait  un  excellent  usage  de 
matériaux  historiques ,  recueillis  avec  persévérance,  et, 
sans  sort'u:  de  la  spécialité  de  son  titre,  il  a  fait  connaître  et 
présenté  avec  intérêt  des  faits  curieux,  soit  pour  l'histoire 
de  nos  troubles  civik  et  religieux  au  xti*  siècle ,  soit  pour 
notre  histoire  littéraire.  Nous  citerons  particuUèrement  la 
Notice  biographique  sur  Honoré  d'Urfé  et  le  récit  des  événe- 
mens  qui  se  sont  passés  dans  le  Forez  du  temps  de  la  Ligue. 
Ce  dernier  morceau  peut  être  considéré  comme  la  partie  la 
plus  importante  de  cette  utile  publication. 

{Journal  des  Sat^ants,  septembre,  i83g.) 

(1)  Un  vol.  in-S. Ohez  Techencr.  Prix,    lafr. 


896  J.    TECHBNER  ,    PLACE   OU    LOUVRE  ,12. 

SÉBASTIEN  ET  ANTOINE  GRYPHE. 

Article  extrait  de  la  Biographie  lyonnaise,  par  G.   Breghot  du  Lut  et  Ant. 

Pencaud(i). 

€rBTPH£  (Sébastien),  en  latin  GryphiuSj  imprimeur  célèbre  à 
Lyon  ,  né  à  Reutlingen ,  en  Souabe,  vers  i4g3  ,  mort  le  7  sep- 
.tembre  i556.  Sa  marque  typographique  étoit  un  griffon  sur  un 
dibe  lié  par  une  chaîne  à  un  globe  ailé,  avec  cette  devise  tirée  de 
Gcéron  dans  ime  lettre  à  L.  Munatius  Plancus  (X  ad  FamiL  3)  : 
P'irtuU  duoej  comité  fortuna.  Il  a  imprimé  quelques  livres  hébreux, 
presque  tous  les  classiques  latins,  un  grand  nombre  de  classiques 
grecs,  très«peu  d'ouvrages  François.  Plusieurs  de  ses  éditions  sont 
encore  estimées  :  Maittaijre  en  a  donné  une  longue  liste,  qui  toutefois 
n'est  pas  complète,  dans  ses  Annal,  typ,^  t.  II,  part.  II,  p.  566  et 
suiv.  ;  il  ne  la  fait  partir  que  de  i  SsS  :  ce  qui  a  fait  croire  à  M.  Re* 
nouard,  Annal,  des  Aides  ^  p.  3o4,  que  le  premier  ouvrage  qui 
figure  sur  cette  liste  ,  les  Preces  ex  Bibliis  desumpta  de  1628, 
petit  in-i3 ,   était  le  volume  d'essai  de  Sébastien  Gryphe  :  il  est 
ceitain  que  celui-ci  vint  s'établir  à  Lyon  avant  i520,  et  qu'il  y  im- 
prima, cette  même  année,  Romani  Aquiia  de  nonUnibusfiguraruni 
grads  et  latinis  et  exemplis  earum  liber  ex  Alexandro  Arménie  , 
Ui-8 ,  et  beaucoup  d'autres  ouvrages,  de  iSso  à  i528.  Etienne 
I>olet  et  Hubert  Sussanneau  furent  successivement  correcteurs  dans 
son  imprimerie.   Du  Verdier ,  Prosopographie ,  p.  4^  ^  497  » 
fiaillet,  Jug.  des  Sav.^  t.  I,  part.  U,  p.  45  et  suiv.  ;  Anti-BaHlet^ 
part.  I,  ch.  XV,  p.  53  et  suiv.,  éd.  in-ia  ;  Pernetti,  I,  3oi  ; 
Delandine,  Catal,  des  Mss.j  n*  i382;  Biogr.  uni^,  ;  C.  B.,  Mél.j 
et  JVoi/c.  mél.y  passim.  —  Il  paraît  que  son  atelier  fut  successive- 
ment dans  une  msdson  de  la  rue  Tbomassin,  donnant  aussi  sur  la 
rue  FeiTandière,  et  dans  une  maison  de  la  rue  Sala,  devenue  de- 
puis l'hôtel  de  Licrgues.  Pernetti,  loc,  laud.      ^ 

Grtphe  ou  Grtphjus  (Antoine),  fils  du  précédent,  auquel  il 
succéda  comme  imprimeur.  Un  grand  nombre  d'ouvrages  sont 
9ortis  de  ses  presses  ,  notamment  les  Mémoires  pour  Vhistoire  de 
Jjfon  de  Paradin ,  les  Prit'iléges  de  cette  ville  par  Rubys,  etc. 

(i)  L'article  du  BuUetiu,  n*     ,  page  ,  doit  être  signé  de  même. 


BULLETIN   BU   BIBLIOPHILE*  ,  8g) 

n  se  servait  de  la  même  marque  que  son  père  et  de  la  même  de- 
vise ',  mab  la  fortune  ne  Y  accompagna  pas  toujours,  car  il  fit  de 
mauvaises  affaires,  et  nous  voyons  dans  les  actes  consulaires,  au 
lo  février  iSSg,  qu'il  fut  remplacé  dans  les  fonctions  de  capitaine 
penon  de  la  rue  Thomassin,  «  attendu  qu'il  était  en  prison  depuis 
six  ou  sept  ans  pour  ses  grandes  dettes.  »>  Yoyei  les  ouvragei  cités 
à  l'article  précédent. 


Sir  Egerton  Brydges  ,  dans  sa  Polyanthea  Ubrorum  vetustiorum 
(Genève,  1822 ,  in-8  imprimé  à  76  exemplaires) ,  indique ,  p.  92  ^ 
comme  faisant  partie  d'un  volume  qu'il  possède ,  /.  AuratiLemo^ 
cicts  trlumphales  odœ ,  ad  iUustr.  princtpem  Carolum  Lotharingum 
cardinaUm.  Lutetiae,ex  off.  Roberti  Stepbani,  i558,  in-8,  32  pag., 
et  il  observe  que  Maittaire  n'en  fait  point  mention  dans  son  ou-^ 
vrage  sur  les  Estienne.  Je  ne  le  rencontre  pas  non  plus  dans  les 
Annales  de  M.  Renouard  (1837),  et  c'est  pourquoi  je  crois  utile  de 
le  noter. 


Agnès  ,  princesse  de  Bourgogne,  nouvelle.  G)logne,  1678,  in-iai 
de  129  pages.  C'est  probablement  le  même  ouvrage  que  celui  qui  se 
trouve  indiqué  dans  la  bibliothèque  des  romans  (août  1 778,  p.  2o5), 
avec  Tobservation  suivante  :  «  Nous  le  trouvons  rapporté  dans  le 
«  livre  de  Lenglet-Dufresnoy  ;  mais  c'est  tout  ce  que  nous  avons 
«  pu  en  découvrir,  et  nous  ignorons  absolument  quel  en  est  l'au- 
«  teur.  Y  auroit-il  un  malentendu  de  la  part  de  Lenglet  ?  c'est  peut- 
«  être  le  même  qu'Adélaïde  de  Bourgogne,  dont  il  est  parlé  dans 
«  le  volume  de  mai  1778.  » 

Voici  une  courte  analyse  de  cette  composition  bien  m^ocre  ^ 
mais  qui  paroit  avoir  le  mérite  d'une  grande  rareté  : 

Agnès  est  fille  du  duc  de  Bourgogne ,  l'un  des  plus  grands  me- 
neurs des  factions  qui  rendirent  le  règne  de  Charles  YI  si  malheur 
reux.  Forcée  de  quitter  Dijon*  en  proie  aux  émeutes,  elle  renoontue 
le  comte  de  Clermont,  fils  du  duc  de  Bourbon  ;  il  se  présente  comme 
un  simple  chevalier  à  la  cour  de  Bourgogne ,  et  ses  talens ,  sa  bra- 
voure attirent  bientôt  l'attention  du  duc ,  qui  lui  accorde  sa  oon<> 
fiance.  Le  comte  a  ainsi  de  fréquentes  occasions  de  ISEÙre  connoltre 


8g8  J.  TECâENËR  ,  »LACE  DU  LOUYAÉ,  12. 

son  amour  à  la  piincesse  ;  malheureusement  il  survient  un  rival  ^ 
c'est  le  duc  de  Clarence ,  banni  d^ngleterre  ;  il  aspire  à  la  main 
d'Agnès ,  et  il  ne  se  fait  pas  scrupule  de  combiner  une  machination 
qui  fait  croire  au  comte  qu'elle  est  infidèle  ;  celui-ci.  outré  de  cour- 
rouXy  l'abandonne  y  quoique  le  duc  de  Bourgogne  eût  consenti  à 
leur  union.  Le  père  est  si  furieux  des  prétendus  torts  de  sa  fille , 
qu'il  la  voue  à  une  réclusion  perpétuelle ,  et  la  fait  passer  pour 
morte.  Ému  de  la  catastrophe  qu'il  a  causée ,  le  duc  de  Clarence 
fait  l'aveu  de  sa  perfidie  ;  on  devine  aisément  le  reste  ;  le  comte 
de  Clermont ,  devenu  duc  de  Bourbon  dans  l'intervalle,  épouse  la 
dame  de  ses  pensées,  et  les  maisons  de  France  et  de  Bourgogne 
mettent  fin  à  leurs  discours.  Tout  cela  n'indique  pas  une  imagina* 
tion  bien  riche. 


Theatrum  tragicum.  Amstelodami,  1649,  ii^'^^de  820  pages. 

Aux  adjudications  qu'indique  le  Manuel  (3.  47^)»  ^^^  P^^^  ajou- 
ter celle  d'un  bel  exemplaire. 

Il  s'est  payé  plus  d'une  fois  4  guinées  en  Angleterre  {voir  Lowndes, 
pag.  1808). 

On  y  trouve  les  portraits  suivans,  qui  entrent  pour  beaucoup 
dans  son  méhte  : 

Lord  Strafford,  pag.  5. 
Laud,  archevêque  de  Canterbury,  pag,  43- 
Th.  Fairfax,  pag.  85. 
01.  Cromwel,  pag.  88. 
Charles  I,  pag.  127. 
Charles  II,  pag,  197. 
James ,  duc  d'Hamilton ,  pag.  2 1 5. 
Le  comte  d'Uol^d ,  pag.  1 32. 

Vue  de  Whitehall,  avec  l'exécution  de  Charles  I,  pag.  i85. 
II  faut  observer  que  quelques  planches  manquent  assez  souvent  ; 
le  portrait  du  comte  d'^olland  notamment. 

Ce  livre  a  été  attribué  à  Dumoulin;  Barbier  n'en  parle  pas. 


Palaoromaica ,  ou  Recherches  historiques  et  philologiques  (en  an- 
glois)|  i823|  ia-8. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  8gg 

Ouvrage  que  Ton  ne  trouve  pas  aisémeut,  et  dont  je  n'ai  pas  dé- 
couvert l'auteur.  Son  but  est  d'établir  que  le  Nouveau  Testament 
grec,  tel  qu'il  nous  est  parvenu ,  n'est  que  la  traduction  servile  d'un 
teite  primitif  latin  perdu  depuis  longtemps.  Personne  n'a  été  4^ 
cet  avis. 


Don  Quichotte  n'est  pas  le  premier  ouvrage  qui  ait  eu  pour  but 
de  tourner  en  ridicule  les  romans  de  chevalerie  ;  treize  ans  avant 
qu'il  ne  parût,  l'on  avoit  imprimé,  en  Angleterre,  le  Chei^alier  de  la 
Mer  y  ou  les  Aventures  d*  Océanus  {1600  ,  in-4)9  volume  devenu  si 
rare,'que  l'on  n'en  connoit  qu'un  ou  deux  eiemplaires,  et  qu'en  1 81  a 
il  fut  payé  25  liv.  sterl.  à  la  vente  du  duc  de  Roxburgb  ;  les  géants, 
les  enchanteurs,  les  paladins  y  sont  bafoués  sans  miséricorde; 
mais  c'est  un  roman  d'une  prolixité  extrême ,  d'un  ennui  mortel , 
et  l'oubli  le  plus  complet  en  a  fait  justice.  Nous  voulons  seulement 
constater  l'intention  de  l'auteur. 


Nouvelles  bibliographiques, 

Les.personnes  qui  s'occupent  d'études  historiques  n'apprendront 
pas  sans  intérêt  qu'une  nouvelle  édition  du  Glossaire  de  du  Gange 
va  être  prochainement  publiée  par  M.  Firinin  Didot.  Outre  le  sup- 
plément de  Carpentier,  cette  édition  renfermera  des  additions 
fournies  par  les  Glossaires  qui  ont  paru  récemment  en  Allemagne, 
et  quelques  annotations  utiles  que  Sainte-Palaye  avait  consignées 
sur  son  exemplaire  de  du  Gange.  L'ouvrage  formera  10  volumes  in-4« 
La  première  livraison ,  qui  se  composera  d'un  quart  de  volume, 
sera,  dit-on,  mise  en  vente  à  la  fin  de  l'année. 

SOCIÉTÉS    SAVANTES. 

hsiSocieté  archéologique  de  Beziers  décernera,  dans  sa  séance  pu- 
blique du  28  mai  1840,  i»  une  couronne  de  chêne  en  aident  à 
l'auteur  de  la  meilleure  notice  biographique,  en  langue  françoise, 
sur  le  père  Yanière ,  et  un  rameau  de  chêne ,  aussi  en  argent,  à 
l'auteur  de  la  notice  qui  aura  mérité  l'accessit  ;  2»  trois  rameaux 
de  chêne  en  argent,  l'un  à  la  meilleure  ode  en  vers  françois  sur  les 


^O  ï.    TECHiBNER,   PLACE  Dtl  LOUTRE  ,    l2. 

cbemins  de  fers,  le  second  au  meilleur  poëme  en  vers  François  sui" 
la  mort  de  Duranti,  premier  président  du  parlement  de  Toulouse» 
le  troisième  à  la  meilleure  épitre  en  yers  françois  sur  le  courage 
dvil.  La  Société  indique,  en  outre,  les  sujets  de  trois  antres  prix 
qu'elle  décernera,  dans  la  même  séance,  à  des  poëmes  en  vers  patois 
ou  romans.  Les  pièces  envoyées  au  concours  devront  parvenir  au 
secrétariat  de  la  Société  avant  le  i"  mars  i840b 

P. "S.  M.  H.  Géraud ,  dans  son  intéressante  Dissertation  sur  Us 
limbes  dans  raniiquitéj  cite,  p.  777  du  Bulletin,  une  épigramme 
de  Martial  dont  il  est  impossible ,  dit-il,  de  rendre  en  Jrançois  la 
gracieuse  précision  :  Currant  verba  licet,  etc.  Voici  quelques  imi«- 
tations  de  ce  district,  citées  par  M.  Bregliot^  page  4^8  de  ses  Mé*^ 
langes  : 

La  langue  a  beau  courir,  la  main  Ta  devancée  ; 
La  phrase  nV»t  pas  dite,  elle  est  dëjà  tracée. 

F.  G.  J .  S.  ÀRDaiiux. 

En  Tain  comme  Tëdair  on  voit  fuir  la  parole  : 
I^a  main  sait  rcnchatner  ayant  qu^elle  sVuTole. 

L^abbé  FaiahaIit. 

Les  mots  volent  :  la  main  est  encore  plus  légère, 
Et  la  langue  toujours  arrive  la  dernière. 

BaiCHOT  PO  Lit. 

La  langue  a  beau  courir  :  plus  prompte  mille  fois , 
La  plume  a  terminé  la  phrase  avant  la  voix. 

Pbricauo. 

Les  paroles  ont  beau  voler, 
La  main  saura  bien  y  suffire  : 
On  n*a  pas  fini  de  parler 
Qu'elle  a  déjà  cessé  d'écrire. 

BlVGHOT. 

La  première  de  ces  imitations  ne  vous  semble*t-elle  pas  rendre 
la  gracieuse  précbion  du  style  ? 


La  vente  de  la  bibliothèque  du  comte  de  Boutourlin ,  qui  a 
lieu  dans  ce  moment,  nous  offrira  quelques  notes  bibliographiques 
pour  le  prochain  numéro. 


/ 


i3ulUtin  ^u  i3ibltq)t)iU, 


F.T 


CATALOCVB  DB   UVEBS    BARB8   BT  CVBIBtJX,   D6 

LITTÉEATUBB,   d'uSTOIBB,    BTC.,    QUI 

SB  TBOUTBNT  A  LA  LIBBAIBIB  DB 

J.     TBCEBKBR,    PULtÉ 

DU      LOUVBe  , 

H'   12. 


N<»  18  ET  19.  —  NOVBMBBB  1859. 

1978  Abelli  (Lovis).  Les  Principes  de  la  morale  chrestienne,  d*oà 

chacun  peut  tirer  les  lumières  asseurées  pour  la  conduite  de 
ses  mœurs  et  de  ses  actions  ,  etc.  A  Paris  (Holl.),  167 1, 
pet.  in-i2,  vél 7 — » 

1979  Abbégé  de  rhistoire  de  la  monarchie  des  Assyriens ,  des 

Perses ,  des  Macédoniens  et  des  Romains  ,  par  J.  E.  A.  G. 
Parisf  1699,  1  vol.  in-il,  v.  br 4—  * 

1980  AcTA  SANCTOBUM  Bblgu  selecta  quœ  tum  ex  monumentis  sin^ 

cens  necdum  in  BoUandiano  Opère  editis,  tum  ex  vastissimo 
eodem  opère,  seryatâ  primigenia  scriptorum  phrasi,  coUegit 
chronologico  ordine  digessit ,  commentariisque  ac  notis  U- 
lustravit  Jos.  Gbesquierus  et  J.  Fridus  Thysius.  Bruxettis, 
1783,  et  Tongerloœ,  17949  8  toI.  in-4}  rel.,  fSg.,  fEicsimilés 
d'anciennes  chartes ,  etc 95—  » 

1981  ^LiANi  (Cl.)  sophiste  historia  varia,  Gr.  ad  mss.  codices 

nunc  primum  recognita  et  ,castigata,  cum  versione  J.  Yiil- 
teii...  ad  graecum  auctoris  contextum  emendata,  etc.,  per- 
petuo  commentario  J.  Perizonii.  Lugd.^Batawrum,  1701 , 
I  tom.  en  2  vol.  in-8 ,  vélin.  (Bel  exempL  de  la  collection 
Variorum) Sî 


1982  ArrsiNGBEi  (MiGH.)  de  Leone  Belgicoi  ejusque  topographica 

«7 


902  I.    TEOHEN£ft|  VLACE   DU   LOUVBE|    Ift^       ^ 

atqné  biétorkâ  des^riptionè  liber.  09^/t(V^t/Mdrttm,  i583^ 
in-fol.i  fig.,  V.  br 36-^  »» 

Ouvrage  rare,  contenaDt  Thistoire  des  troubles  des  Pays-Bas 
de  1SS9  à  i583  ;  il  est  orne  de  1 1 2  pi.  grarc'es  par  Hogenberg. 

1983  Amour  (l')  ,  ou  fiisarrerie  de  l'Amour  eu  Testât  de  mariage. 

Cologne,  P.  Marteau,  1681,  pet.  in-i2,d.-rel.     .       7 —  » 

1984  Ame  (l*)  amante  de  son  dieu,  représentée  dans  les  emblèmes 

de  Ilerm.  Hugo  sur  les  pieux  désirs,  et  dans  ceux  d'Othon 

Vaenius  sur  l'amour  divin ,  avec  des  fig.  nouvelles,  accom- 

.    pagnée  de  vers.  Cologne ^  J.  de  la  Pierre^  ^7*7»  pc^«  in-8, 

d.-rel.  (60  figures.) w     .     .     .     .     i5 — » 

1984  his.  Anthologia  GHiBCA  ,  ab  Hug.  Grotio  lat.  carminé  reddita 

Hieronymo  de  Bosch  edila.  Ultrajccti  ,  1 796 ,  et  suivantes, 
5  vol.  in-4)  vél.,  cordés.  Ex.  en  pap.  de  Holl.  95 — » 

1985  Apologie  de  Cartouche,  ou  le  scélérat  sans  reproche ,  par 

la  grâce  du  père  Quesnel.  Cracovie^  J,  le  Sincère  ^  '73i, 
pet.  in-8,  br , .     .     •     .     4 —  " 

1 986  Argtixo.  Capricciosi  et  PiaceuoH  ragionamenti  di  M.  Pietro 

Aretino ,  il  vcritiere  e'I  diuino  ,  cognaminato  il  flagello  de' 
principi  nuoua  edilione,  con  certe  postille  ,  che  spianano  e 
dichiarano  cuidentemeiite  i  luoghi  e  le  parole  le  più  oscure, 
et  più  difficile  dell'  opéra.  Stampati  in  Cosmopoli  (Eizesr,)  , 
1660,  pet.  in-8,  vélin.  Bel  ex.,  mais  sanj  la  Puttana 
eiTante.  3o^  n 


1987  Art    DR   vérifier  les   Dates,    édition    des   Bénédictins, 

1782-182^0,  5  vol.  in-fol.,  V.  éc,  ûL  {Beiex.).     .      . —  » 

1988  Augustim  (sancti)  opéra  omnia,  emendata  studio  monacho- 
rum  ordinis  sancti  Benedicti.  Venetiis  y  1784,  11  vol.  rel, 

en  8. 

Très-bel  ex.  |>arfaitement  conserve,  rel.  en  vél.,  cordé  et  gaufre' . 

aoo—  » 

1988  bis.  Confessions  de  saint  Augustin,  traduites  sur  l'édition 
latine  des  Bénédictins,  par  M.  Dubois.  Paris ,  1716  ,  in-8, 
▼•  J (>—  « 

Voyez    1090. 


\ 


BULLETIN   BU   BIBUOPHILE.  9o3 

1989  Avli-Gblli  Noctivm  atticairm  libri  vndeTiginti.  F'enetiisj 

Aldus,  i5i5,  I  vol.  pet.  in-8,  vélin.  {Bel  ex,),     .     i5 —  » 

Un  bel  ex.  de  rcdition  Elzeuir^   iGSi,  pet.  in- 13,  vël*       i5— » 

1990  B4|:.niGKEX  (Ai(T.  oe).  Après-dinées  et  propos  de  table  contre 

Texcez  av  boire  et  av  ipanger  povr  vivre  logvement,  saine- 
ment  et  sainctement,  dialogisez  entre  vn  Prince  et  sept  sca- 
vans  personnages.  Lille,  161 5,  pet.  in-8,  v.  i5—  » 

1991  Balozii  (Stbph.)  Miscellanea,  novo  ordine  digesta  et  non 

p^ucis  i^editis  monumentis  aucta  ^  opéra  et  studio  Jo.  Dom. 
Msinsi,  Lucœj  i']6i,  ^yo\.in'4o\ 65 — » 

1992  Ba?idini  (AuG.-lfABCELL.)  Catalogus  codicum  mss.  graeco- 

rum,  latin,  et  ital.  bibliotb.  medicea;  {jaurentians.  Floren- 
tiœy  tjrp*  Cœsaris,  l'jG^-'jSy  8  vol.  in-fol.  {Rare,)     i3o—  » 

1993  Babre  (le  p.   Jos.).  Histoire  d'Allemagne.   Paris  y  1748, 

io  tom.  en  1 1  vol.  iu-4,  veau  fauve,  gr.  pap. 

Très-bel  excropl.  avec  une  belle  suite  des  portraits  dH3dieuvre 
ajoutés. 

1-994  Baronii  (CiCSARis)  Annales  ecclesiastici ,  a  Ghristo  nato-ad 
ann.  1 198.  Lacques,  1  ^38-57 ,  38  vol.  in-fol. ,  rel.  Belexempl, 
cC un  ouvrage  fort  difficile  à  trouver  aujourd'hui.        876 — » 

1996  Bergibr  (Nie.).  Histoire  des  grands  cbemins  de  Tcmpire  ro- 
main, où  se  voient  la  grandeur  et  la  puissance  incomparables 
des  Romains;  ensemble  rÉclaircissement  de  Titincraire 
d*Autonin  et  de  la  carte  de  Peutingçr.  Bruxelles ,  1728, 

7.  vol.  in-4j  V.  br.         .     - 28—  » 

Le  même,  grand  papier,  v.  br 38^—  » 

1996  Bernard  (JxiUf).  Histoire  originelie  du  S.  Sang  de  Miracle 
advenu  au  Bois-Seigneur-Iaaac  Tan  il^oBy  le  S  de  juin. 
^rai?f//e5,  i635,  pet.  în-8,.v.  f* 10 —  » 

«997  Bernarpi  (S,)  Opéra  omnia,  e;^  sccupdis  c^ris  Job^p.  M^- 
loii.  Pansiis,  t69<S  %  Yoï.  in«foL,  t.  fe^uve.     .     .     54—  » 

1998  Jh^m^  CP*  Mt).  (ie  I)€paiocrHc  cbrjeslicn  ^  c'est-à-dire  U  mes- 


^4  '•    TECHKNER,    PLACE   DU    LODVRB  ,    12. 

prisetinocquerie  des  vanités  du  monde.  Parùf  N,  DuFasséi 
i6i5  ,  pet.  in-8,  vél 6—  • 

19^  Beza  (Th.)  et  g.  Buchanano.  Sacratiss.  psalmonim  Davidis 
libri  y  ,  duplici  poetîca  metâphrasi  ,  altéra  alteri  è  regione 
opposita,  vario  génère  canàiinum  latihe  expressî.  Genevœ^ 
F,  le  Preux ^  ï^gS,  in-8,  vélin 4 —  ** 

2000  BiBLiA  poLTGLOTTAy  complectentîa  textus  Originales ,  et  cdîd. 

Brianus  Waetonius.  Lond.f  1657,  6  vol.  grand  în-fol. — Lexi-^ 
con  lieptaglotton ,  éd.  Gastelli.  Lond,^  1669,  2  vol;  in-fol. 
Les  8  vol.  lavés,  réglés,  unif. ,  élég.  rel.  neuve.       885 —  « 

2001  ËoccALiNi.  La  secretaria  di  ApoUo,  che  sejgue  gli  ragguagH 

di  Pamasso.  Amsterdain ,  i65â,  i  vo).  pet.  in-12,  v.       5 — » 

Un  autre  exemplaire  grand  de  marge  avec  une  riche  reliurt- 
italîenne  en  roar.  roug.,  dentelle,  double  de  mar.  vert  i  comp., 
tr.  dor 3< 


2002  BojABDO,  Orlando  inuamorato,  Orlando  furibso  di  Ariosto  : 

witU  an  Essay  on  tbe  Romantic  narrative  poetry  of  thc  Ita- 
lians;  inemoirs  ,  and  notes ,  by  Antonio  Panizzi.  London  , 
i83o,  9  vol.  in-8,  pap.  vélin  ,  cart.   en  toile.         56—   » 

2003  BoLLANDVs.   Acta  sanctorum  quotquot  tolo  orbe  coluntur , 

coUegit,  digessit,  notis  illustr.  Joan.  Bollandus;  operam  et 

studiuin  cotttulit  Godefr.  Henschenius  ,  etc.  Antuerpiœ  et 

Tongarloœ  j  16^3^  1794  9  54  vol.  in-fol.,  vél.,  cordés.  1700 — ». 

Bel  exempl.  d^une  rel.  unifortne  et  parfaitement  conscrréc. 

2004  Bollandus.  Praefationes.  3  vol.  in-fol.,  y.  br. 

2005  BoNAifin(pH.)  Mumismata  summor.  pontificumromanonim, 

a  tempore  Martini  Y  usque  ad  ann.  1699^  exjdicata  à  Pbil. 
Bonanni.  Romœ^  1^99?  ^  ▼ol*  in-foL,  fig.,  y.  br.       38 — »» 

2006  BossvBT.  Tt-aité  de  la  Communion  sous  les  deux  espèces. 

Bruxelles^  H.  Fiiex,  1682  ,  i  vol.  pel,  in-ia ,  rel.    4 —  » 

21007  Bbbvis  ac  dilvcida  Burgundi»  superioris,  qyae  comkatas  uo^ 


BQLLETIM    DU   BlBUOPiltLE.  QoS 

mine  censetur,  descriptio ,  per  Gilberiû  coguatum  Nozerei-' 
uuin;  item  breyis  ad  modum  totius  Galliae  descriptio  per 
eumdeni ,  quibus  accesserunt  cùm  alia  quaedam  eius  opuscula, 
tum  uero  poeinatia  aliquot ,  lectu  dignissima  ;  locuples  quo- 
que  rerum  et  uerborum  in  his  memorabilium  index.  Basileœ, 
per  J,  Oporinum  (s.  a.),  pet.  in-8,  v.  f.^  fil.  (Fig.  de 
^la^ns.) 8 — » 

2008  BuLLABiUM  MAGNUM  romaoum  a  Leone  magno  ad  Benedic- 

tumXIV  (ann.  1 757),  editio  noyissima  (aLaertio  Gherubino). 
Luxemhurgi^  i747"58,  19  tom.  en  12  vol.  in-fol^9  vél.^, 
cordés.  Très-bel  ex.,  le  19*  vol.  br.  {Rare.),     .     200 —  »» 

2009  BuTKBKs  (F.-Cb.).  Trophées  sacrés  et  profanes  du  duché 

de  Brabant ,  avec  le  supplément  (par  Jaei:eiia).  La  Hayti , 
1 724*26,  4  vol.  in-foL,  fig. ,  V.  m.  5o—  «» 

2010  Bbuckebi   (Jac.  )  Historia    cridca    philosophiae.    Lipsiœ  y 

1766-67,  6  vol.  in-4,  lel 62 — »» 

Autre  exempl.  eo  grand  pap.  fort,  broché,  non  rogne.     80—  » 

^'^*i  CcsARis  (C.-J.),  cum  not.  variorum  accedit  vêtus  inter- 
pres  graecus  hbror.  vu  de  bello  gallico ,  etc. ,  ex  recensione 
Gothof.  Jungermanni.  Francofurti ,  1669  '  ^  ^^^'  ^°~4  y"^^' 
lin,  doré.  {Armes,) 20 —  » 

Très-bel  exempl.  iVtui  lix^re  recherché  ;  de  nombreuses  notes  s*y 
trouvent  jointes  sou»  ce  titre  :  «  In  C.  Jul.  Cssaris  commenlarios 
notic,  adnotalioncs  ,  coromcnUirii,  IVlielicani,  Glarcani,  Glaudor- 
pii,  Camcrarii,  Bruli ,  Maunlii ,  Samhuci ,  Ursioî ,  Ciacconii  Hot- 
roauîy  Branli,  nomenclalor  geographicns  prjeterea  duplex  :  ccpiibui 
aller  R.  Marliani  {stuts  lieux,  at^ec  la  t/ate  de  1606),  SsS  pa^es. 

2012  Ganciani  Leges  Barbarorum ,  5  tom.  en  2  vol.  in-foL,  vé* 

lin.  F'of,  N*  95—  » 

201 3  Cardinal  (lb)  Mabarin,  joué  par  un  Flamand,  ou  Relation 

de  ce  qui  se  passa  à  Osteude  le  i4  may  de  Tannée  i658. 
Cologne,  P,  Marleauy  1671,  x^yol.  pet.  in-i2,  v.  m.   10— w 

'>oi/{  CoNBADi  Bbvni  (D.)  ivrisconsvlti  opéra  tria  ,  nvnc  primviii 
édita.  Moguntiœ^  Fr.  Bchcm,  1 548,  in-fol. ,  d.-rel.     12—»» 


906  J.    TECHElfEB,    PLACE   DU   X<ODV|lE  ,    12. 

^1 5  G>BBS8PONDANCB  DB  Fbrn AND  CoUTfes  avcc  Fempereor  Charles- 
Qtlint  sur  la  con^éte  du  Mexique,  trftd.  par  le  Ticomte  de 
Flavigny.  Paris  (5.  d.),\n»\^^  rel.  [Rare.).     •     •      9 —  ^ 

2016  CoHPus  JURis  CIV1LI8  ,  cum  D.  Gothofredî  et  aliorum  notis^ 

curaSîni.  van  Leeuwen.  Amst.^  Ehenery  1 663, 1  vol.  in- 

fol. ,  V 55 —  » 

Cet  ouvrage  passe  avec  raison  comme  le  chef-d'*ccuvre  desElze- 
viers. 

aot 6  ^15.  Ctpeiam  Opéra.  Venetiis^  17 58,  in-fol.^  v.  br. 

2017  CtraiLLi  (S  )  Hierosbiyniitani  operà  quae  extant ,  gr.  et  lat., 

opéra  et  studio  Ànt.-Aug.  Touttée.  Parims,  !^20 ,  1  vol. 
in-fol.,  V.  b '32 —  » 

901 8  Dames  (les)  nbTuorvÉBS.  Histoire  comiqve.  Paris,  Mick. 
Brvnet,  1670,  pet.  m-8,  vélin 3— 5o 

2019  Défense  de  M.  de  la  BainriBB  et  de  ses  Caractères,  contie 

les  accusations  et  les  objections  de  M.  Yigneul-MaryiUe. 
Amst.,  Tk,  LombrcUly  1702,  in-12,  v.      .     .     .     .     4 —  * 

2020  Delarue  (l'abeé).  Les  bardes,  jongleurs,  trouvères,  etc.  3  vol. 

in-6. 

Très-bel  exempl.  en  gr.  f^ap.  ve'lin ,  rel.  en  mar.  v.,  e'ie'ganle 
reliure  de  Bauzonnet »25 —  » 

2021  bis.  Délices  (les)  de  Leyde,  une  des  célèbres  villes  de  l'Eu- 

rope. Lcj^c,  17 12,  pet.  in-8, 17  fig.,véi.  8 —  » 

2022  Democbitvs  BiDEKSj  sivc  Campus  recreationura  honestarum, 

cuin  exercismo  melancboliae.  Amst.,  i655,  pet.  in-i 2,  v.  m. 

7—    n 

2023  Description  historique  et  géographique  des  plaines  d'Hélio^ 

polis  et  de  Memphis.  Paris,  1755,  pet.  in-12  ,  fil.  {Rare.) 

8-  I. 

2624  DiADOcrfi  (PRocLi)lParaphrasis  in  Plolemaei  libres "ïv  ;  desidè- 
rum  effectionibus,  a  Leone  AUatio  ,  graec.  éiltit.  Lugd.- 
BataPorum,  i635,  pet.  in-8,  vélin 12 —  » 

2025  DicTioNNAiBOB  povTAViF  dcs  provcrbes  fratiçoîs  et  dé^  façons^ 
déparier  comiques ,  burlesques  et  familières,  avec  une  ex- 


/ 

BULLETIN   DU   BIBUOPHUJC.  907 

plkatioB  des  ëtymologies  les  plus  avérées,  tirées  des  meil- 
leurs auteurs.  Aunterdam^  Wetsiein  ,  1751,  m^ ,  d.-rel., 

non  rog 8—  » 

Ëxempl.  rel.  en  veau 6—  » 

2026  Diète  impéeiale  ,  qv  ordonnances  et  resolvtion  de  l'empe- 

revr,  et  des  Estais  du  saint  empire ,  délibérée  et  arrestee  en 
la  dernière  journée,  tenue  à  Spire  en  l'an  1670,  trad.  d'al- 
lemant  en  François  par  N.  Jacob  Austrasien.  Paris ,  André 
/FÎpc Wi  1 S70,  pet.  iÀ-8,  vél 10—  » 

2027  DiONTsu  Âreopagitœ  opejra  quas  extant ,  grs&ce.  Parisiis  ,  G. 

MertUus ,  i5^>.  —  S.  Maxixui  schoUa  in  eos  B.  Dionysii. 
libros  qui  extant.  /^.,  Id*^  4  P^''^-  ^^  ^  ^^*  m-Qy  y.^i,ki,^ 
r^él,  dxL  temp9.  (Bien  conservé.) i5— » 

2028  DissEETATioN  sur  l'auteuT  du  livre  intitulé  :  De  l'Imitation 

de  J.-C.  (par  Tabbé  Ghesquiere).  Verceil  et  Paris j  1775, 
in-i2,  rel.  {Rare.) 6 —  » 

2029  sur  la  prison  Ae  saint  JeaonBaptiste  et  9iar  la  der- 
nière Pâques  de  J.-C.  Paris,  1690,  in-12,  v.  br.         5 —  » 

2030  DivEESBS  (les)  LEÇONS  DE  PfBEEB  Measie  mises  en  François 

par  Cl.  Gruget.  Tournon  ,  Cl,  Michel,  1609  ,  in-8  ,  vélin. 
{Bel  ex.) 10 —  » 

Eo3i  DiVEEs  thaites  du  smTE  fji  Ckevaliee  Temple.  Utreckt^ 
1704,  2  part,  en  1  vol.  pet.  in-12,  v.  uiar.     .     .      8—  » 

2032  DoLET    (  Stsph.  ).    Gomuientari    Uugu»   latine.  f^Mçd^ 

Grjrphius,  1 536-38  ,  2  vol.  gr.  in-fol.,  rel.  en  mar.  bleu , 
ancienne  reliure,  bien  conservée,  rare,  dans  cette  belle  con- 
dition  9^—  » 

Voy.  N»  i36a. 

2033  OvFSUBSiVE  DU  Cange.  Traité  historique  du  chef  de  saint 

Jean-Baptiste.  Paris,  i665j  in-4>  fig-i  v.  j.,  Si.     .      9—  » 

ao34  I^  1^*  (I^  Sibve).  Lydie,  faUe  cbampestre  (par  personna- 
ges) imitée  en  partie  de  l'Aminthe  dv  Torquato-Tasso ,  dé- 
diée à  la  reyne  IVIargtierite.  Paris^  Jean  MiUot,  1623  ,  pet. 

in-8,  vilin 25 — » 

Non  cité  par  les  bibliographes. 


go8  J.    TEGHENBR  ,  PLACE   DD    LOUVRE,    II. 

ao35  DuMONT  (Jean).  Corps  nuiverael  diplomatique  du  droit  des 
gens,  ou  Recueil  des  traités  de  paix ,  d'alliance ,  etc.,  faits 
en  Europe  depuis  Charlemagnc  jusqu'à  présent.  Amsterd.j 
1726-31 ,  18  parties ,  la  table  comprise ,  formant  8  tomes 
rel.  en  17  toI.,  y.  m.,  fil,  gr.  pap.  —  Supplément  au  corps 
universel  diplomatique  du  droit  des  gens ,  par  Rousset. 
Amst.f  1789 ,  4  tpmes  en  3  toI.  — *  Supplément  au  corps 
universel  diplomatique  du  Droit  des  gens,  contenant  l'his- 
toire des  anciens  traités,  par  Barbeyrac.  Amst.j  1 780, 3  vol. 
—  Le  cérémonial  diplomatique  des  cours  de  l'Europe ,  re- 
cueilli en  partie  par  Dumont ,  mis  en  ordre  par  Rousset. 
Amsî.j  1739»  2  vol., etc.  Ensemble  3o  vol.  in-fol., gr.  pap., 
V.  m.,  fil.  Très-bel  exempl.  —  Hist.  des  traités  de  paix 
du  xvn*  siècle  (par  F.-T.  de  Saint-Prest) ,  2  voL  in-fol. ,  et  le 
Traité  de  paix  de  Munster  et  d'Osnabruck ,  4  ^^^^  difiérs^it 
un  peu  dans  la  reliure 49^ — * 

Lee  Toi.  du  cérémonial,  in-fol.,  ont  pour  titre  :  SuppUmeru  , 
tomet  iT  et  T . 

ao36  BcKSABT.  Gomment,  de  rébus  Francis  orient.  fFircehurg , 
1729  ,  2  vol.  in-fol.,  planches 4^ —  ^ 

Trés-be)  exemplaire  en  grand  papier. 

Corpus  histo^îcum  Medii  &y\  a  temp.  Garoli  magx^i  usque  ad 
finem  scouli  xv. Lipsîœ,  1743,  a  vol.  in-fol.  Bel  exempl. . . .  36—  » 

3087  —  ■  —  Leges  Francorum  salicse  et  Ripuariorum  ,  cum  addi- 
tionibusregum  variis. /^ra/tco/or/i,  1720,  in-fol.     i5—  » 

ao38  EifCTCLOPtoiB  méthodique  par  ordre  de  matières ,  1 792  à  1 882 , 
166  vol.  in-49  fcl*  en  V.,  5i  pardes  de  planches.  ^Complet,) 

685—  n 

2089  EoLT  (o').  Histoire  des  rois  des  Deux-Sidles  de  la  maison  de 
France ,  contenant  ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant  dans 
l'histoire  de  Naples,  depuis  la  fondation  de  la  monarchie  jus- 
qu'à présent.  Paris ^  Nyon,  1 74 1 9  4  ^<>^*  in- 1 2,  v. ,  fil.  1 5-*» 
Cette  oeuvre  commence  par  un  abrégé  de  Thistoire  des  princes 
normands,  fondateurs  de  la  monarchie  des  rois  de  Sonabe,  etc. 

2040  Ebasmi  (Dbs.)  Moriae  encomivm  ,  cum  Gerardi  Listrii  com- 
mentariis  episiolse  aliquot  in  fine  additae.  Lugd.-Batar.,  ex 
offtcf  J.  Maire,  1648,  pet.  in- 12,  vél 4*"*** 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  909 

2o4i  EuTmopii  Breviarium  hist.  romanae  ,  cum  inetaphrasi  grœca 
Pasanii  et  not.  var.,  etc.  Lugàuni-Balaforum,  1729,  in-8, 
vél. ,  doré. 1 2 —  « 

2042   FaBUAITX  et  comtes  des  poètes  FRANÇOIS  DES  XI*,  XII*',  XIII*, 

xiv*  et  xy*  siècles ,  publiés  par  Barbazan  ,  avec  un  Glossaire 
pour  en  faciliter  la  lecture ,  nouvelle  édition  augmentée  et 
revue  sur  le  manuscrit  par  M.  Méon,  1808,  4  vol.  in-8,  br. 

Eiempl.  en  grand  papier  de  Hollande ,  iig.  ayant  la  lettre. 
(Epuisé,),.., 110—  » 

2043  Feresbii  (Aug.)  de  lue  hispanica,  sive  inorbo  gallico  libri  11, 

ejusdem  quod  chyna  et  apios  diuersae  res  sint  :  adiecto 
vtriusque  radicis  usu.  Avec  un  extrait  desdits  liures,  mis  en 
François  pour  les  Barbiers.  Parisiîs ,  Gillius ,  1 564  9  pet. 
in-8,  vélin 8 —  » 

La  fin  de  ce  lirrese  termine  par  un  traite  en  françois  intitule  : 
<c  Extrait  desditz  livres  pour  les  Barbiers,  touchant  l'administra- 
<c  lion  de  certains  remèdes  particuliers. 

2044  Femme  (la)  docteub,  ou  la  Théologie  tombée  en  quenouille, 

comédie.  Liège,  veupe  Procureur ,  1780,  in-12,  br.     6—  » 

2045  Fénslon.  Les  Aventures  de  Télémaque,  fils  d*Ulysse.  Paris, 

J.  Estienne ,  1717,2  vol.  pet.  in-8 ,  figures ,  vélin.  Très- 
bel  exempl. 

Autre  édition.  Hotterdam,  1796, 1  vol.  pet.  in-S,  mar.  yert,  tr.  d. 
(Belieanc.  rel.) 18 —  » 

2046  Flavignt  (Ce.  de).  Les  Rob  de  France.  Paris ,  Michel  So^ 

nit^s,  iSg^y  pet.  in-8,  v.  br 6  — 


OuTrage  qui  n%  st  cité  nulle  part.  Auteur  oublié  ,  comme  tant 
d^autres,  par  les  bibliographes,  et  qui  mcritoit  un  meilleur  sort. 

2147  Flburt.  Histoire  ecclésiastique,  1720  et  suiv.,  87  vol.  in-4'9 
V.  m 100—  » 

ao48  Florus  (L.-Aun.),  cum   notis  variormu.  Amst.  ^   1698, 
in-8,  vélin i 


2o49  •"•"" reccnsuit  C.-A.  Dukerus.  Lugd.-Baia^'. ,  i744> 

in-8,  vélin,  doré.  (^Korormcj.) 12—  » 


9^^  '•    TECHENER  ,    PLACZ   DU  LOUVRE,    12. 

ao5o  Faehbiu  (Mabq.)  r€run(i  gemunicarum  scriptores  aliquot  io^ 
signes  ,  cum  notis Burc.-Gotth.  StruviL  Argentorati,  1717, 
3  vol.  in-foL,  V 

205 1  Gamaches  (de).  Dissertations  littéraires  et  pkilosophi^es. 
Paris j  1755,  in-ia,  v.  m 4"~" 

ao5a  Gatot  de  Pitayal.  Bibliothèque  des  Gens  de  couTy  ou  Mé- 
lange curieux  des  bons  mots  de  Heuri  lY,  de  Louis  XTV , 
de  plusieurs  Princes  et  Seigneurs  de  la  cour,  etc.,  etc. ,  avec 
un  choix  de  tiaits  nàifs ,  gascons  et  comiques ,  de  plusieurs 
petites  pièces  de  poésie  et  de  pensées  ingénieuses  propres  à 
orner  l'esprit  et  à  le  remplir  d'idées  vives  et  riantes^  Ams^ 

terdam^  1726,  5  vol.  pet.  in-ia,  vél 20—  » 

▲a  tom.  ve  se  troayent  deux  cartons  pour  la  préface. 

2053  GENEALOGIES  de  quelques  familles  des  Pays-Bas,  dressées  en 

partie  sur  titres  et  en  partie  tirées  des  manuscrits  de  T. -A. 
Casetta ,  de  H.  Butkeas ,  de  P.  d'Assignies  ,  de  L.  Leblond 
et  d'autres  fameux  généalogistes ,  comme  aussi  des  auteurs 
les  plus  accrédités.  Amst.j  1 774-7 5>  2  vol.  in-8,  br.     i  o — » 

ao53  k's.  Gebsomii  (Joah.)  Opéra,  exedit.  Lud.  EUies  du  Pin.  An^ 
tuerpiœ^  1706,  5  vol.  in-ibl.,  v.  f.  9<>~"  ** 

2054  GonoFREDUs  (Petrus)  ,  Prouerbiorû    liber.  Parisiîs ,    Car. 

Stephanus,  1 555,  pet.  in-8,  vél 10—  » 

2055  GoLii  (J.)  Lexicon  arabico-latinum.  Lugd.''B4Uaif,,Elzei'ir,y 

i653,in-fol.  i4o— >» 

Bel  exemplaire  d'un  livre  très-rare,  en  bon  étal. 

2056  Gbaindorge  (de).  Traité  de  l'origine  des  Macreuses,  mis  en 

lumière  par  Th.  Maloûin.  Caen  ,  Jean  Poisson,  1680,  pet. 
in -1 2,  V.  br.,  édit.  originale 4 — 5o 

2057  Gregoru  MAGin  (S.)  opéra  omnia  (ex.  edit.  Dion.  Sammar- 

thani  et  G.  Bessin).  Parisiis,  1 706,  4  vol.  in-fol. ,  v.   1 35 — » 

2058  GuASGO  (le  comte  Octavien  de).  Dissertations  historiques , 

politiques  et  littéraires.  ToumajTf  veupe  Varlc^  1755,  2  vol. 
in-8,  rel !•—  » 

Les  principales  dissertatioDS  contenues  dans  ces  deux  yol urnes 
sont  :  —  sur  Tëtat  des  lettres  sous  Charles  YI  et  Charles  VII  ;  — 
idem  sur  une  inscription  au  capitolc  ;  —  sur  les  asiles  sacrés  ou 
;  politiques  ;  -^  sur  rautonomic  des  villes  et  des  peuples,  etc. 


BUIXETIN   DU   BIBLIOPHU^.  Ql  I 

soSg  GuBn  (Maequarm)  et  doctorum  virorum  ad  eum  epistolae  , 

qvibus  accedunt  ex  bibliotbeca  Gudiana  clarissiraorum  et 

doctissimorum  viroram^  qui  superiore  etnostro  saeculo  flo- 

ruetutat  ;  et  Glatidi  Sarravii  epislolae  ex  eadem  bibliotheca 

auctîiores  ,  curante  P.  BarmaUno.  UUrajecti  ,  1697 ,  in-49 

vélin 12 —  » 

l^etire^ litt^rainss  peu  reohtrch^i <{QOt<|iito  savantes  À  nn  très- 

kaot.degré  ;  elles  sont  adressées  aux  plus  illustres  savans  de  cette 
époque. 

2060  GvËaisoN  (ijl)  mira€vlbv8e  de  aœvr  Jeanne  des  Anges,  prievre 

des  religieTses  VrsTiines  de  Lodvn  par  l'onction  de  saint  Jo- 
seph. Saymcry  L,  Macé,  1637. —  La  Gloire  de  saint  Joseph, 
victorievx  des  principavx  démons  de  la  possession  des  vrsu- 
lines  de  Lodvn ,  où  se  void  particvlierement  ce  qvi  arriua 
le  iour  des  Roys  de  ceste  année  i636,  en  la  sortie  d'Isa- 
caron  «lu  corps  de  la  niere  prieure.  SgwmTj  Z#.  Macéj 
i636,  %  part.  pet.ijb^S,  d-^rel.  .    g —  » 

2061  Hailloix  (R.  p.  Pierre).  Le  Sacré  triomphe  des  saints  mar- 

tyrs T^entian  et  son  •compagnon ,  ov  Dîscovrs  de  la  glo- 
rieuse translation  «t  condiûtte  de  ie«rs  saincts  corps  de  la 
ville  «l'Arras  en  celle  de  Dovay ,  etc.  Dovay^  P.  Avray  , 
]6i5,  pet.  in-8,  fig.  dans  letexte, i5 — » 

2062  Hall  (RicAiants).  I>e  (Càvsis  tribvs  jprimàriis  tvmvhwm  Bel- 

gicorvm,  -providentia  videliCet  Dëi,  peccaûs  nostris,  et  prin- 
cipe Auraico ,  libelli  sui  tractattrs  très.  Dvaci ,  J.  Bo^dij 
i58t,  I  vol.  pet.  in-^,  cart.,  noarog.  i5 —  >» 

2063  — De  proprietate  et  vestiario  monachorum ,  aliisque 

ad  hoc  vitîvm  extirpandum  neccssarijs  liber  unus.  Di»aciy 
/. -5o^ari/<",  i585,  pet.  in-S,  n.rel 8 — » 

2064  Hardvini  (JoAN.)  GoUectio  regia  max.  conciliorum.  Paris, 

ex  typ,  reg, ,  1715  ,  12  vol.  in-fol.,  v.  f.  Très-bel  ex.  d'un 
livre  devenu  rare •      220 —  » 

2064  ^^  Héliot.  Hist.  des  ordres  monastiques,  religieux ,  mili-> 
taires ,  etc.,  17  i4-i.7*9>  8  vol.  ia-4,  v.  m-,  fig.  {Bel exempt.) 

145—   n 

^o65  HcROBovi  Opéra,  grœc.  et  lat.,  ex  recens.  Jac.  Gronovii. 
Lugd.^Batai^.y  1716  ,  pet.  in-foL,  vél.  Très-bel  ex.  36—  » 


913  I.    TECHEKEK,    PLACE  DU    LODYtE,    13. 

Un  superbe  eienpliim  Je  la  tnJuctîDQ,  pirLarcher,  m  grand 
papier  felinfort,  richcmeal  reliiieu  mar.  ri>iigepar(œli]er,tr.t).. 

9vol. in-* ÏSo—  ■ 

3o66  Het  vooBuor  dbk  Zielb.  Rolterdam,  1668, 1  vol.  pet.  iii-4, 
vélin,  Go^g.  à  mi-paget  de  Romain  de  Hoage.  (ExiTémement 

curieux.) 18—» 

206^  HtVMMt  kVvn^ede'Roatme,  imprimée»  a Pitrij, le  iç^ jour  de 

janpier  i5o4)  ^<v  Anth.  Chappiel,  ru«  Saint-Jekan-de-La^ 

Iran,  i  vol.  pet.  io-S,  fonnat  d'agenda,  mar.  i45 —  ■ 

Ca  vol.,  impriauj  lur  *i9ia  btm  oraeiDcn*  ilet  iilui  varie*  ■ 

chaque   page,  diSSre  ilr  beaucoup  àti   litrei  du  mJme  );eiirr, 

■oit  par  le*  omemeDa  ou  par  loa  format, le  leul  que  j'aie  tu  ;  siati 

il  nVit  cild  dam  aiicnn    catalogue  depuis  i&  ani,   M.  Bruoet , 

duni  aoD  eicelleut  Traite  «ur  leiU*rcs>VHenres,Dera  pai  indiqué 

non  plu)|  j'en  conclut  donc  qne  eo  genre  de  livre ,  de  e«  format, 

eal  de  toute  rareté. 

XD67  ii»,  BiPMCUTis  Opéra,  gr.  et  lat.,  cdit.  indust.  et  diligent. 

J.  Ant.  a  Van  der  LindeD.  Lugd.-Bataii.,  i665, 3  vol.  in-8, 

véi.  Très-bel  ex.  55—- 

ao68  HmvuA  sesathiu  ,  seu  vitœ  B.  Francise!  Asiisiaiis  ,  illus- 

iriumque  nrorum  et  femiiiarum  qui  ex  tribus  ejiis  ordi- 

nibus  reUU  sunt  înier  sanctos  ;  item  itlustrla  martyria  P.  F. 

tninortun   provinciae   înfeiioris  Germanise ,  U.   Sedulius 

concinnavit,  couuneiitariis  et  noiis  illuBtravit.  Aiauerpia, 

i6i3,  in-fol.,  vain 18—.. 

2069  HuToïKE  d' A  y  der- Ali-Khan ,  ou  Nouveaux  mémoires  sur 

llnde,  enrichis  de  notes  bistoriques.  Paru,  Caitleau,  1783, 
2  tom.  en  1  vol.  in-i2,  d.-rel.,  pi G—  « 

2070  ' de  Cliai'les  VI,  trad.  sur  le  Ms,  lalin  du  présiâcnl 

de  Tbou ,  par  J.  le  Laboureur.  Paris ,  i663 ,  2  vol.  in- 
fol,,  gr.  pap.,  V,  Li".     .- 18 —  - 

207 1  ^———  de  l'Académie  françoise,  avec  un  abrégé  des  Vies 

du  cardinal  de  Richelieu ,  Vaugclas,  Corneille,  Ablancourt, 
Mézeray,  Voiture  ,  Patru ,  la  Fontaine ,  Boileau,  Racine  et 
autres  illustres  académiciens  qui  la  composent  (par  Pelis- 

son).  LaJBt^e,  1688,  in-12,  vélin lo—  ■ 

30^1  Mj.  — ■ littéraire  de  la  France,  par  les  bénédictins  , 

1 733^  h  l838 ,  19  vol.  iD-4  ,  rel.  en  v.  (Bel  ex.  complet.  ) 
425_» 


BDIikKTIN   OU    BIBLIOPHILE.  gi3 

2072  HiSTOiRB  de  la  vie  et  des  miracles  de  la  bienheureuse  vierge 
et  martyre  sainte  Hélène.  Bruxelles  y  H,  Fricx^  1697,  pet. 
in-i2,v 6—  '• 

3073 de  la  vie 9  mort ,  passion  et  miracles  des  saiucts  des- 
quels réglise  catholique  fait  festes  et  mémoire,  etc. ,  comme 
aussi  des  chartes  et  livres  non  imprimés  qui  sont  es  thresors 
de  diverses  églises  et  abbayes  du  royaume  de  France  es 
Pays-Bas,  par  M'  Yiel-Jacques  Tigeou,  Clément  Marchant, 
Jean  le  frère  de  Laval,  Paschal,  Robin,  successeur  du  faux 
Angevin,  G.  Gazet ,  fiassecourt  et  autres,  avec  trms  tables, 
une  des  mois,  une  des  noms  propres,  et  l'autre  des  exem- 
ples faits  et  dits  remarquables,  etc.  Douay^  Baltazar^  Bel* 
1ère  à  ses  dépens^  et  de  Pierre  Moustarde ,  libraire  à  f^aien" 

ciennes y  1 5g']  y  ïn^f 61 4^^* 

1 2   feuillets  préliminaires  ,  6  feuillets   de  table  ,  dont 
2  pages  de  pièces  en  vers;  folioté  ensuite  de  i  à  2207,  dou- 
bles colonnes  ;  les  figures  en  bois  et  en  taille  -  douce  sont 
ajoutées  ,  je  crois  ,  à  cet  exemplaire  ;  la  table  de  la  fin  a 
1 1  feuillets,  plus  un  feuillet  blanc. 

^074  *- —  des  miracles  advenuz  nagueres  à  l'intercession 

de  la  glorieuse  vierge  Marie,  au  lieu  dit  Mont-Aigu ,  prez 
de  Sichen,  au  duché  de  Brabant.  Bruxelles,  Vtlpivs^  1604, 
pet.  in-8  ,  vélin *.....       9 —  » 

2075 de  tout  ce  qui  s'est  passé  au  royaume  de  Japon 

Tannée  1624,  trad.  par  uu  père  de  la  compagnie  de  Jésus. 
Paris,  S,  Chappelet ,  1628,  pet.  in-8,  vélin.     .     . 


2076  — —  générale  des  Larrons,  par  F.-û.-C.   Lyonnois. 

Ljo/i,  i652,  pet.  in-8,  vél.  (^tf/ex.) i5— » 

207 7  HoRATius  (Q.)  Flacgus  ,  opéra  interp.  et  notis  illustravit  Lud. 

Desprez,  in  usum  Delphini.   Parisiis ,  1691  ,  in-4»  v.  r. 

21—  » 

2077  ^i>.  HosiBR  (d').  Armoriai  général  de  Francei  17^6-68, 10  vol. 

in-fol. ,  superbe  ex.  385—  i» 

2078  Hu6o(HKiiifAifBi).  Piadesideriaemblematiselegibeta&ctibuf 

S,  S.  Patiiun.  Amuerp.j  16249  pet.  in-8,  vél.,  fig.  (Bonnes 
éprewes.) i< 


2079  iNSTRncnNNis  importantes  aux  étadîatns  et  à  leurs  parens,  pair 

A.  V.  D.  W.  (Ant.  Vande  WaHe).  Bruxelles^  175»,  2  vol. 
pet.  iii-8  j  Tel 6—  » 

2080  Journal  de  ce  qui  s'est  fait  pour  la  réception  du  roy  dans  la 

ville  de  Metz  le  4  &oût  1744)  ^^^^  ^"^  recueil  de  plusieurs 
pièces  sur  le  même  sujet,  et  sur  les  accidens  survenus  pen- 
dant son  séjour.  Metz^  1744»  in-fol.,  figures,  v.  f.     10 — » 

2081  ^^'^. -  du  voyage  du  roi  à  Bbeims,  contenant  ce  qui  s'est 

passé  de  plus  remarquable  à  la  cérémonie  de  sop  sacre ,  et 
de  son  couronnement,  à  la  translation  de  la  sainte  ampouUe, 
au  festin  royal,  à  la  cavalcada  9  à  l'installation  du  roi  dans 
Tordre  du  Saintr-Esprit ,  etc.  La  Haye  ,  R.  Alberti ,  1728^ 
2  tom.  en  1  vol.  pet.  in-8,  vélin.  {Rwe,)     .     .     .     10 — » 

2082  JoirvENCi  (le  pbre  JO*  Becueil  de  pièces  touchant  l'histoire 

de  la  compagnie  de  Jésus.  Liège  y  1716,  i  vol.  in- 12,  v.  gr., 
aveclaiSg» .     .     .      6 —  » 

2083  Kraft  (J.-L.).  La  Passion  de  Nostre-Seîgneur  Jésus-Christ, 

tragédie  sainte,  ornée  à^  musique,  etc.  Bruxelles ^  ^736^ 
avec  20  gravures.  -^  Le  même,  en  hoUandois,  avec  gravures. 
Idem,  —  Histoire  du  présent  jubilé,  ou  le  rétablissement  de 
la  religion  catholique,  célébré  à  Brusselles  le  1 7  juillet  1 735. 
Bruxelles^  1785 ,  avec  4  grav.  —  Le  même  en  holland.  Le 
tout  en  \  vol.  in-12,  v.  br.  (Rarissime.).      .     ,        i5—  » 

2s84  l'ACTANCii  (I1.-C.)  opeira,  cum  selectis  varior.  commentariis  ; 
opéra  et  studio  SeiTatii  Gallxi.  Lugduni^Batai^orum,  1660, 
UkS,  yélin,  {Bel  ex i) 12—» 

Adt,  ex.  édit.  Nie.  LengletduFresnoy.  Parisiisy  1748, 
2  vol,  in-4>  V *^ —  » 

so85  liAFOSSE  (J.-Gh.  de).  Nouvelle  iconologie  historique,  ou  at- 
tributs hiéroglyphiques ,  composés  et  arrangés  de  manière 
qu'ils  peuvent  servir  à  toutes  sortes  de  décorations.  Amst.^ 
C.  S.  Roos,  2  tomes  en  1  vol.  in-fol.,  d.-rel.     .       3o—  » 
Exemplaire  avec  de  très-beNes  ëpreures. 

2086  La  Fortaikb.  Fables  choisies  mises  en  vers  ,  et  par  lui  re- 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  gi5 

vues  f  corrigées  et  augmentées  de  nouveau.  Hambourg , 
1731,  a  tom.  en  i  vol.  pet.  in-ia,  vélin.     .     .     .     g—  i> 

Chai*mante  édition . 

2087  LABAABiBifDi  (  Han.   DE  ).   Arte  de  la  lengua  bascongada. 

Saîamanca^  '7^9»  P^^*  îï^-8,  v.  f.,  tr.  dor.  (Rare,)     3o — » 

2088  La  Roque  (de).  Traité  de  la  noblesse  et  de  toutes  ses  diffé- 

rentes espèces ,  nouvelle  édition  augmentée  des  traitez  du 
blason  des  armoiries  de  France  :  de  l'origine  des  noms,  sur- 
noms ,  et  du  ban  et  arrière-ban.  Rouen ,  P.  le  Boucher, 
1735,  in-4>  V.  br 16 —  >» 

2089  Laserna  Santanbee.  Mémoire  historique  sur  la  bibliothè- 

que dite  de  Bourgogne  (présentement  bibUothèque  pubU- 
que  de  Bruxelles).  Bruxelles,  1809,  in-8,  br.  6 — » 

Vol.    complémentaire  du   Dictionnaire   bibliographique    du 
même  auteur.  6 —  » 

2ogo  Légende  (la)  des  Flamens  ,  croniqve  abrégée/  en  laquelle  est 
faict  succinct  recueil  de  l'origine  des  peuples  et  Ettatx  de 
Flandres,  Arlhois,  Haynault  et  Bourgongne,  et  des  guerres 
par  eux  faictes  à  leurs  princes  et  à  leurs  voisins  :  auec  plai- 
sante cômemoratiô  de  plusieurs  choses  faictes  et  auenuës 
en  France  ,  Angleterre  et  Alemaigne ,  depuis  sept  ou  huict 
cens  ans.  — Semblablement  y  sont  traictées  les  descentes  et 
généalogies  des  roys  de  Naples  et  de  Sicîlle,  et  des  princes 
et  ducz  de  Milan,  et  quel  droit  ont  les  roys  de  France  aus- 
ditz  royaumes  et  dudié.  Paris,  Galliot  du  Pré,  i558 ,  pet. 
in-8,  mar.  cit.    (Bel  ex.) 18—» 

2091  Lettres  de  M.  Fute-Hohitx  sur  les  afl^ret  du  temps  |  et 

principalement  sur  les  afiaires  d'Espagne  sous  PhiUppe  Y, 
et  les  iutrigues  de  la  princesse  des  Ursinfl ,  trad.  par  Gar- 
nesai.  Amst,,  1718,  i  vol.  pet.  in-8,  vélin.  .  2 — ^5o 

2092  LfirraEs  ns  M.  G.  (Gallaud),  touchant  quatre  médailles  an- 

tiques, publiées  nouvellement ,  par  le  R.  P.  GhamaiUard, 
jésuite.  Ckien ,  1697.  — -  Réponse  â  M.  G.,  où  on  examine 
plusieurs  questions  d'antiquité  (parfiandolot) ,  avec  pi.  Paris, 
1698.  —Explication  singoUèredeDomitien.  Idem,  1785.  -* 


916  J.    TECUENER,    PLACE   DU   LOUTRE,    f2. 

Exercitationes  de  Yaticiniis  sibyllinis  conscriptae  a  Johan. 
Reiskio  accessit  de  numis  duobus  sibyllinis  disseitatio.  Lip^ 
siœ,  1688,  4  P^r^*  ^^  I  ^o^*  in-i2yd.-rel.     .     .     10 —  » 

2093  LxTTEBS  DE  SAUiT  AuGUSTiN ,  trad.  CD  fiançois  sur  l'édition 

latine  des  bénédictins,  par  M.  Dubois.  Paris,  1 701 , 6  vol. 
in-8,v.  j 16— »• 

2094  LiPSB  (iIustb).  Histoire  de  Nostre-Dame  de  Haie,  trad.  par 

F.-M.  Remy,  récoUet.  Bruxelles^  A.  P^elpius  ^  i66i>  pet. 
in-8,  fig.,  vél 9—  » 

Remplî  de  croyances  singulières . 

2095  LiPSii  (JusTi)  opéra  omnia.  ArUuerp.,  ex  off.  Plantiniana, 

1637,  5  vol.  in-fol.,  gr.  pap.,  fig.,  vélin  ,  à  compartimenS, 
dor.  s.  tr.  et  sur  les  plats.  {Très-Sel  exempL),     .     I25 —  » 

2095  bis,  MiTTAABLu    BT  Castaboki.    Anuales   camaldulenses 

ordinis  S.-Benedicti.  F'enetUs^  1 755-78 ,  9  vol.  in-foL,  vél. 
{Bel.  ex  tarare.) •     .     .     i4o — * 

2096  Habillon  et  d*Acheeii  ,   Acta  sanctorum   ordin.  S.-Be* 

nedicti,  pcr  sex'priora  ordinis  saecnla  ,  etc.  (ad  ann.  1 1 10). 
Venetiisy  1783,  9  vol.  in-fol 159 —  » 

Édition  augmentée  de  dissertations  qui  ne  se  trouvent  pas  dans 
les  éditions  précédentes. 

2097  Habillon.  Annales  ordinis  S.-Benedicti   (ad  ann.   iiSf). 

Luoe,  1789,  6  vol.  in-fol.,  V go—    » 

2097  bis. LuciANi  opéra, gr.  etlat.,cum  notis  varior.  AmsteL ,  1687, 

2  vol.  in  8  ,  vél.  TRÈS-BEL  EX 70 —    M 

2098  HuEATOBi  (Lud.-Ant).  Novus  thésaurus  veterum  inscriptio- 

num.  Mediolani,  1 7  39-4^9  4  ^^1.  in-fol. ,  v.  gr.  Bel  ex.  85 — » 
-— Antiquitates  Italiae  medii  svi ,  etc.  6  vol.  in-fol.,  r. 
i; 


2099  Haiopbbtb  et  fondamentale  relique  aux  articles  des  trois 
lettres  de  Bohémiens  rebelles,  enuoyees  à  la  diète  de  Fric- 
fort,  Tan  1619,  avec  le  véritable  récit  de  ce  qui  s*est  passé 
en  Allemagne  depuis  la  mort  du  feu  empereur  Matthias  I*'. 
Paris,  1620,  pet.  in-8,  vél 3-*»  » 


BULLETIN   on   BIBLIOPHILE.  '  9<T\ 

2100  Habollb  (db),  abbé  de  VitLBtoulo,  Catalogué  de  livres  d'es- 

tampes et  de  figures  en  taille-douce ,  Avec  un  dénombre- 
ment  des  pièces  qui  y  sont  contenues.  Paris,  1666,  in<4.— 
Catalogue,  idem  y  de  1672  ,  pet.  in-12.  2  part.       i5^^  i* 

te  catalogue  de  1679  est  oroë  de  monogramme«;TvB  "voit  que, 
iès  1666  ,  Tabbë  de  Marolle  avoit  recueilli  I98y4oo  piècff,  et  qu^en 
raon^e  1673  ilyayoit  ajouté  cent  autres  mille  pièces,  dout  grand 
nombre  de  dessins  originaux  ;  et  cVst  avec  justice  r|ue  ces  deux 
volumes,  tir^s  à  petit  nombre,  soient  reste's  à  un  prix  élcTé. 

2101  Maatbnb  (Edm.)  bt  Ubsini  DuBANDy  Thesaurus  novus  anec* 

dotorum,  complectens  epistolas,  dîplomata,  elc.  JLu/.-i'an- 
^brum,  17 17 y  5  vol.  in-fol.,  V.  br 90--*  » 

2102  Mabtialis  (M.  Val.)  Epigrammata,    parapbrasi  et  notis 

variorum  selectissimis  înterpretatus  e^t  Vinc.  GollesÉb,  nUf- 
mismatibusy  etc.,  elornavit  Ludov.  Smîds.  Anttteh^  1701 9 
I  vol.  iii-8,  vëlin *       i5 —  » 

2io3  Habtinius  (Mabtiiius).  De  belio  tartarico  hisCoria,  in  qua 
quo  pacto  Tartari  bac  nostra  state  sinicuna  imper^uni.inuA- 
seiint,  ac  ferè  totum  occuparint,  narratur  ;  eorumque  mo- 
res breviter  describuntur.  Antiferp,,  eàc  off.  PUuiUrdanap 
1654*  pc^«  in-8>  vélin 6—  » 


I 


2ia4  M ASSiLLON  (le  t»àBB).  Oraisou  funèbre  du  prince  dêConty* 
—  Description  de  la  pompe  funèbre  du  prince.  Pws^  1 70g, 
in-i2,  fig.,  V.  br 6-—  » 

2io5  Haundbbll  (Hbnbt).  Voyage  d  Alep  k  Jérusalem  efk  i6^^f 
trad.  de  Tanglois.  Utrecht,  G.  F'àn  Poobam,  1705,  peC 
in-8,fig 5— 5o 

2106  Mblancbtonii  epistolanun  libri  rv,  quibus  accesseninC  Tbo* 
m»  Mori  et  L.  Vivis  epistol.  cum  indice.  Lonéini^  \6^k  ^ 
in-fol.,  vélin,  cordé 2*0— -  m 


2107  MBUkMGBS  publiés  par  la  Société  des  Bibliopliiles  fançoit, 
ParÎTy  Didotj  1820-29,  6  vol.  gr.  in^S,  pap^vél.,  doi  mar., 

non  rog 475-~  » 

Cet  exemplaire  est  conforme  à    la  daseriplion  détaillée  que 

58 


g}H  t.    TECHÉNER,    PLACE    DU   LOUVRE,     17.. 

M:  Bnincl:  en  donne  Vlan»  ses  M^out^eUes  Heeherches ,  f .  Il,  p.  4o3 
:  '.:'d.Oa  iHiîC  que  164  Bibliophiles ,  d'après  Wy\%  de  M.  Pixërécourt ,  leur 
•  confrère»  cl l*im  dflt fondateurs  de  celte  Société,  ont  décidé  que 
rliaquo  volume  do  leur  collection  seroit  racheté  par  la  Société  an 
prix  de  loo  fr.  Ces  Mélanges  n'ont  été  tirés  qu'à  3o  exemplaires 
(Tèt>reniict  yolunie  à  96  et  le  second  à  sSj ,  et  les  ezenuplaires  du 
ctépCt  de  1a  libHirie  furent  toujours  fournis  en  papier  dVpreu  - 
T«s  A  la  fin  an  vie  volume  se  trouve  le  Credo,  publié  dernière - 
nient  par  lu  même  Société. 

TifdS  Mâmoibb^db  m.  L.-C.-D.-R.,  contenant  ce  qui  s'est  passé 
de  plus  patticiilîer  sous  le  cardinal  de  Richelieu  et  du  car- 
dinal Mandrin ,  avec  plusieitrs  paiticularités  remarquables 
du  rè{pie  de  Louis  le  Gradd.  Càiogne ,  P..  Marteau ,  1688 , 
pet.  in-8 ,  vëlin 6—  >» 

2i.<>9  IfûloilftB  pour  servir  à  Tliistoire  littéraire  des  Pays-Bas ,  et 

de. la  principauté  de  Liège ,  et  quelques  contrées  vois'mes 

'  (par  Paquot).  Louuain,  1^63-70^  18  vol.  in-8y  bf.       4^ — >» 

Cet  ouvrage  se  distingue  par  des   détails  intéressans   et  une 
^  •  '       •   -gravide  etactîtude  {Manuel  du  Libraire,  tom,  m,  pag,  it). 

TLtJù  'Mi^liLBiitt  (Jf!^.)  Striptores  rerum  germanicarum ,  praeci- 
*''    pùéfÎBtti^ônicarftm  ,  cuni  notis.  Up^iœ^  i^aS-So,  3  vol.  in- 

•'     '    toffôVd.-t'ei:  . 48-» 

«  ■'.    • 

2 1 1 1  Métamoepuosbs  (les)  te  Mblpomène  et  de  Thalib,  ou  Garac- 

.  tètes  .ditmatiques  des  comédies  frauçoise  et  italienne.  Z.o/i« 

.      ifre#,.  177a,  pet.  in-8,  figures (aa),  broché.     .     .     i&^  » 

Trcs-çurieux. 

âi  la  Mevbsii  (J.)  de  Lvdis  Grecorvm  liber  singularis  ad  Y.  G.  L. 

Pelrvm  Scriverivm.  Lifgd.^Batai^.^  EUev.,  i6aa,  pet.  in-8, 

.  '     pdrch 3 —  » 

^1  i3  MicHAELis  Sehvbti  de  Trinitatis  erroiibus  libri  vu,  i53i .  — 

i>  ^  Ejnsd.  Dialogornm  de  Trinitate  libri  duo,  et  de  Justitia  re- 

•  ■       •  gniGhristi,  1 532*  Videtur  uterque  liber  Hagenoœ,ap.  J.  Se- 

ceriura,  impressus.  Rarissimi  Opusculi  éditio  originalis,  de 

l{ua  post  multos  alios ,  cf.  Ebertiun  in  Lex.,  n<»  a  1,029.  — 

'^'       Accédant  :  D,  Erasnd  epist.  contra ^qubsdakn,  qm  se  faiso 

jacunt  Boangclicos;  ap.  Fribnrgum  Brisgaudiae,  J.  Faber 

Enuneus,  1629.  — Ej.  Era$mi  Ep.  ad- quosdam  impru* 

denti8simosgracculos(ap.  eumdero,  ut  videtur;  s.  a.).  — 


<.v 


BULLETIN   BU  «ttiOl^HlUt. 

S,  ZtungUi  ep.  ad  MF.  Albetum ,  de  thena  Domixii ,  Tiguii, 
Frosdioiiar ,  ^5^%  JS  {décès  en  i  ¥6l.  peté  iii-8 ,  vélin. 


La  rareté  du.  Toltimequi  fit  eondamBer  à  mort  Miphcl  Sar^iel 
est  bien  connue  des  bibliographes;  et,  quoique -noi»  soyons  bien 
éloignes  du  temps  où  les  amateurs  se  le  disputaiebt  dans  les  Tentes 
de  Gaignat  et  de  la  Yaliière  ,  au  prix  de  6  è  700  Ar.,  peut-être  nos 
lecteurs  ne  seroient  pas  fâche's  de  Toir  dans  la  Bibliographie  ins- 
tructive de  Dehure  (Théologie*  p.  4i4,  à  laquelle  nous  renToyonsj 
une  longue  et  curieuse  note  sur  oe  livre  célèbre.  Notre  exempl. 
est  parfaitement  conformé  À  la  description  donnée  parDebore. 
Les  pièces  indiquées  sont  rel.  dans  le  toK 


.  • 


I 


!iit4  VnicBaNOi  (MosAMMBDM  ,  TULGo).  HUtoria  Samanidarum  , 
'persloe  edidié^,  intierpretationte  làt.,  annot.  histor.  et  indice 
Geoi^.  illustravit' Frid.  Willien.  Gottingat,  1808,  ia-4. 

'    I  •       .  ■».■..  ■        _  o 

21 15  MiTTABBLLi  (JoH.  bsiiED.  ET  Ansel.  Castadonk).  Annales 
camaldulenses  ordinis  Sancti-BenedicU.  f^enetiisj  1755-759 
9yol.  in-fol; *".     .     •     .     >       170—  » 

L^histoire  de  cet  ordre  de  bénédictins  est  peu  connue  chez  nousf 
et  cette  collection  manque  A  beaucoup  de  bonnes  bibliothèques. 

'  21 16  HoLLcava  (Bbhn.).  Rhenyt  et  eivsd.  Descriptio  elegans  a  pri«- 
mis  fôntibys  vsqve  ad  Oceanvm  Gérmifnîcum  :  vbl  yrbes , 
castra  et  pagi  adiacentes ,  item  ficimina  et  riuuli  in  bunc 
influentes 9  et  si  quid  prstereà  memorabile  occurrat  plenia- 
simè  cannine  elegiaco  depingitur.  CoUmia^  J.  Birckmannui^ 
15701  pet.  in-89  rel.  en  bois  bien  conservée,  avec  ornement 
sur  la  couverture 10—» 

2117  HoLriAB.  QBuvr.  complètes,  Avec  des  notes  de  Bret.  AmU.^ 
1773,  6  vol.  in-8,  V.  m 3o — » 

Un  très-bel  ex.  mar.  roug.,tr.d.,  rel.  de Bozérian.  go—» 

Autre  ëdit«  Amsî.^  i750|  4  vol.  pet.  iu-12,  dos  de  mar., 
non  rog. ,  fig.  du  Pant« 56-^  ii 

!2i  18  MoNiioTB  (db  la).  Histoirc  de  M.  de  Bayle  et  de  ses  ouvra- 
ges. Amst.fJ,  Dtêhôrdts^  17169  pet.  in-8,  br.     .       4"^  * 


\ 


i)20  J.    TECHENEE»    PLACE  DU   LOPVRE,    12. 

2119  MpmiPAUGOBi  (Bben.  de).  CoUectîo  nova  gneconim  fMitrani, 
•  gfsce  et  latine^  cam  notis;  Etudio  et  op.  Bem.  de  Montfiui- 

çon.  Parisiis,  1706,  2  vol.  in-foL,  v.  j.  (Bel ex.)    60—  >• 

2120  MomcEixi   opéra  epîgraphira.    PtUam^    iSiS-aS,   5  vol. 

gr.  in-4-.    .............      58—  » 

OiiTrag^  qui  devrait  être  dans  la  bibliothèque  de  tous  les  sarans 
antiquaires. 

2121  Neohocs  (Hbhet).  Ad vertissement  pieux  et  très-utile  des 

frères  de  la  Rosee-Groix.  Pan$^  162a.  —  Examen  svr  Tin- 
connve  et  novvelle  caballe  des  fireres  de  la  Rozee-Groix,' ha- 
bituez depuis  peu  de  temps  dans  la  ville  de  Pans.  Ensemble 
rbistoire  des  nueurs,  coustuqiest  prodiges  pi  particularités 
d'içeux.  1624.  —  Effinoyablespactîonsfidctes  entre  le  diable 
et  les  prétendus  invisibleSi  anec  leurs damnables  instructions, 
perte  deplorab^  de  leurs  escoliers  ,  et  leur  misérable  fin, 
1624»  3  pièces  en  t  vol.  pet.  in-8,  v.,  f.  f.,  tr.  d.     i 


2122  Newton  (H.) ,  sive  de  nova  villa  societatis  n^pse  Londini  et 
socii,  epistolœ,  orationes  et  cannina.  Luca^  1710,  port,  et 
fig.  — Orationes  dus.  Amst.  (Lucœ) ,  1710.  —  Anapaesti 
vaticinium.  Idem,  Le  tout  en  i  vol.  in*4f  collection  com- 
plète, d.-rel.  (f/n^  <fc'rAin£r«  à  lmyî?Kl7/tf^).     .     .     1 


2123  OEuvEES  chrestiennes  de  M.  Amauld  d'Anditly,  1 2*  édition. 
Paris  f  P.  LePetiîj  166g,  i  vol..in-'i2,mar.  r.,  comp.,  fil., 
tr.  dor 8 —  » 

21^4 poétiqucfs  de  Melliu  de  Saint-Gelais ,  nouvelle 

édition.  Paris,  1719»  pet.  in-12,  br.  {Quelques  taches.) 

2 125  Optati  Galli  de  cavendo  scbismate  (par  Gh.  Dersent, chance- 

lier de  l'église  de  Metz).  1640,  pet.  in-8,  v.  f.  i5 —  » 

Une  note  Mte.  ,  joinle  à  cet  cxcoi|>laire,  explique  que  ce  livre 
fut  condnmnt^  et  est  maintenant  très-rare. 

2126  Optati  Arai  (^.)  de  scbismate  donatistarum  libri  tu,  cum 

coiiun  htstoria,  studio  M.  L.  £.  Dupin,  cum  notis  diverso- 
rum,  edit.  Certia.  Antuerp,  ,  Galleij  1602,  in^fol.,  v.  br. 

ao —  M 


BULLETIN    DO    BIBLIOPHILE.  QÎSI 

2127  Pagi  (Ant.)  Critica  historîco-chronologica'îii'lîriîvasos  an- 
nales ecclesiastîcôs  Ga?s.'  Baronii  in  iv'tora.  disfincta  ,  cui-â 
et  stud.  Fr.  Pagi ,  nepotis.  Anluerp.,  1727,  4  ^'^^*  Jii-fol  » 
V.  j ,-.';■.'.'; '55h^» 


r-  *■;• 


x\7l&  Pa?in.  hà,  manière  d'amolir  les  os  et  d^  faire  c^ire  toutes 

sprtes  de  viandes  en  fort  peu  de  temps  et  à  peu  de  frais. 

jémsterd^my  ^,  Desbordes^  1688  ,  in-12,  fig.,br.       6 —  » 

2129  Paraixèlb  des  trois  principaux  poëtês  tragiques  frauçois, 

Corneille  y  Racine  et  Crebillon.  Paris  ,  Saillant ,    1765, 

in-i2,v.  f. 3  — 5o 

■i 
2i3o  Patin  (Cb.).  Relalions  historiques  et  curieuses  de  voyages 

en  Allemagne  j  Angleterre,  Hollande,  Bohême^  Suisse,  etc. 

^/i?j/.,  1695,  pet.  in-8,  fig.,  broché.  (Aarff.).     .       10—  » 

21 3i  Patikus  (Cae.;.  Imperatorum  romanorum  numismata  ,  ex 
sre  médian  et  miniuia}  fonnae  descripla  pcr  Car.  Patinum. 
Argentinœ,  1671,  in-fol.,  fig  ,  v.  br i5 —  »» 

2 1 82  Pavli  Thomae  Engolisinensis  poemata.  S.Lyi  693, 1  vol.  pet. 
in-8,  vélin.     .     .     ; 4 —  " 

2 1 33  Pausanias.  Graeciae  descriptio  ;  edidii ,  graece  emendavit ,  lati- 

nam  Amassei  interpretationem  castigatam  adjunxit  et  api- 
^1adversiones  atque  indices  adj.ecLt  C^ur.-Çodofr.  Siedlis. 
Lipsiœ,  1822  à  28,  5  vol.  in-8  publiés  à  60  fr. ,  net.     4^^  " 

2 1 34  P&LLKRIN.  Recueil  de  médailles  des  peuples  et  des  vil|[es,  etc. 

^an'j,  i762-67-'78,  q  vol.  in-4,  br 100—» 

Et  un  très-bel  ex.,  riche  tel.  en  v.  fauve  pai*  Kœhler. 

280—   »• 

9. 1 35  PEM8ÉE8  D£  M.  Pascal  sur  la  rebgion  et  sur  quelques  autres 
sujets.  Paris  ,  G.  Desprez^  1670,  i  vol.  in-12  ,  v.  {Édition 
originale.) 7 —  »• 

21 36  Perbpixb  (Haroocm  db).  Histmredv  roy  Henry  le  Grand. 

Amst.j  L.  et  D.  Elzefier,  1661  ,  pet.  in-12,  cart.   10—   w 

■•■■•••       .  .     ■     . 

2187  Pu^BBONu  (J.)  reruju  per  Europam  maxime  |;e8l^rum  ab 

ineuntesseculo  sexto-decimo  usque  ad  Caroli  Y  moi;^em,  etc. 


9^2  1.    TIC^EMSa,    MACS  DU   1X>U>'RE|    12. 

CQinmentarii  historict,  cum   indice  locupl.  Lugd.'^Bai.y 
J.  Vwidtr  Linden ,  1710,  pet.  in-8,  Yëlin.  12 —  h 

31 38  FMiBiKKit(G.  DB  la).  Le  Miroir  politique,  contenant  diverses 

manières  de  gouiremer  et  policer  les  Republiques  qui  soni 

et  ont  esté  par  cy-dleyant,  Punsy  V*  Normeni  et  J.  Bruneau^ 

tSS'jf  ifhSj  rd.,  fig 8—  » 

Il  y  a  dix  ans,  une  personne  dont  j'ai  perdn  Fadresse  m^offrit 
9  louis  de  ce  volamesi  je  pouTois  le  rencontrer  \  je  le  lui  oiTre  au- 
jourdliui. 

21 3g  PaTBABQTB  (lis)  eu  rime  françoise  >  avecq  les  commentaires, 
tradyict  par  Ph.  de  Madeghem  de  Leysçbot.  R.  Volpius , 
1600,  pet.  in-8,  vël. ,  portr 

LVdition  avec  Tindication  de  Douai  est  absolument  la  mtoe 
que  cell^ci. 

2i4p  Pbtei  Blbsbnsis  BaTBONBNSia  opéra  omnia,  notis  et  variis 
monumentis  illustrata  à  i^.  de  Gussanvilla.  Lui.-Pansior.f 
1667,  in-fol.,T.  br 82—  » 

2i4i  Pbbu  (6.)  Thésaurus  anecdotorum  novissimus.  Augusia^ 
VindeL^  1721,  i3  tom.  en  5  vol.  in-fol.,  vélin,     i: 


2i4i  ^i^'  Pbbu  (J.)  Scriptores  rerum  austriacarum  veteres  ac  ge^ 
nuini.  Lip^iœj  1721  à  26, 2  tom.  en  i  vol.  in-fo1.,  vélin,  fig. 

3o  —  n 

2142  Philippe  n.  Régis  catholict  edictvm  delibrorum  prohibîto- 

rum  catalogo  observando.  Anivtrp.^  ex  off,  Plantiniana  ^ 
1 570 ,  pet.  in-8,  v.  f. 

La  partie  françoise  du  catalogue  des  livres  mis  à  Tindezest  très- 
curieuse. 

2143  Philostbatobum  quae  supersunt  omnia,  accessere  Appollonii 

Tyanensis  epistolœ.  Lipsùe^  1 709,  in-fol. ,  vél. ,  cordé.  43"^** 
Très-bel  exempl.  en  grand  pap.  fort. 

:&i44  P^miiEB  (Ch.)*  L* Art  de  tourner  ou  de  faire  en  perfection 
toutes  sortes  d'ouvrages  au  tour.  Lyon  y  1701,  hi-fol.,  fig., 
V.  m •     .  ."•**.     .     20— H 


BULLKTIN    DC    BlftUOPIIUL&  923 

2|4^  p4>KTABiJM  (trium)  elegantîssiiuoruui ,  Porc^lii^  Basiiiii  el 
Trebani  opuscula,  nunc  primi^m  diligeniia  cmditissinii 
viri  Christophori  Preudhoiuine  Barroducanl  in  luceiii 
édita.  Pansiis,S.  CoUnœus,  i53g,  pet.  iii-8^  rel^  ,  ic^t-.»? 


On  peut  placer  fans  crainte  nos  Sinon  <1e  Coline  à  o^c  des  plus 
beaux  Aides;  s^il  eût  imprimé  quelques  jolis  mystères,  de  bouucs 
chroniques  ou  bien  des  romans  de  chevalent%  il  seroit  aujourd*liui 
beaucoup  plus  apprécié  (i). 

2146  PonFONius  Mbla,  de  situ  orbb  libii  IIl,  cuiq  notis  integm 
varior.  accedunt  P.  J.  Nunnesii  et  J[.  Perizoîlii  aduota- 
tioues,  curante  Abrah.  Gronovio.  Lugcf.'Batat'.,  174^9 
inS^  véhn^  doré,  {/^uxarittçs  f  ôel  ex.).     .     .  i4 —  » 

f-i^'j  PouGKT  (N.).  Traité  des  pierres  précieuses  eX  de  la  manière 
de  les  employer  en  parure.  Pttris^  Tillia/xt ,  i762,in-4, 
mar.,  cit.,  dent.,  tr.  dor.  (jRorc.) iS*-  m 

?al\^  Povllet.  Mpvvelles  relations  dv  Levant.  Paris^  K  BUlainûy 
1668,  I  vol.  pet.  in-8,  cartes  et  pi.,  véliu.  (R^e.)     10—» 

Remarques  fort  curieuses  tuucbant  la  reli{;iou,  les  mœurs,  la  po- 
litique de  plusieurs  peuples ,  avec  uue  description  «le  Tempiri) 
turc  en  Europe  >  ^t  plusieurs  choses  curieuses  remarquées  pcndaDt, 
huit  années  Je  séjour. 

. .  '  '         '        '•./•■.. 
2149  Primera  parts  us  jla  Vaxaoao.  Qe  Ips  Ëspapolcs  4e  Frap^^^ 

en  Norniandia  dirigida  à  don  Alonso  Ydiaquez  maestro  de 

caiiipo.  AmbcreSy  Gir.   JVolffchalio^  1622,  pet.  in-8,  vélin. 


1  ■« 


■7. 1 5o  Çbisiù  (la)  w£&  Amnomciaues.  Epître  sur  la  i^évplutf^D*  —  P^&' 
pectus  d'iui  journal  en  vaudevilles,  1 796, 1  vol.  pet.  ^n-8y  br. 

6— « 


m  •  « 


■-.sia   : 


2 1 5i  Prouurs  Garabaux  (Aiic.).  De  gestis  Ludojrici-Xili, iu  Noiç;- 


::rr\     i 


(1)  iiVsl  bien  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  que  nos  Ètleiiw^,  émi  Grouleuiv 
n«»s  Denis  Janot,  no»  Galliot  du  Pré ,  etc.,  n'ont  pas  encore  eu  de  collecteur , 
l'as  pl^6  4|iijD  Simun-ckCcliiie^     .       .     ■  '  11..... 


g24  •>-    TSCBEllEly    PLACE  DU   LOOVREy    12. 

inannia  et  Aquitania  coinpendiosa  descriptio.  Parisiisj  iGao,, 
pet.  in-12,  mar.  r.,  comp.,  T.,  tr.dor.  {Ane,  reL)     lo —  » 

21 52  QtiNTiLiAiii  Institutionum  oratoriai'um  librl  XII,  et  deda- 
mationes,  cum  notis  variorum  (edentibus  Corn.  Schrevelio 
et  Fed.  Gronovio).  Lugd,'Baiap,j  i665,  2  vol.  in-8  ,  vël., 
(Bel  ex. ,  rare,) 36—  » 

ai53  Rar»i.ai8  (OEuitabs  vm).  Pans ,  1823,  3  toL  iu-S,  pap.  vé- 
lin'^ br. 21 —  » 

Tré»-boDne  ëçUtion  maintenant  épuUct . 

ai 54  Rbcuol  des  actions  et  parolles  mémorables  de  Philippe  se- 
cond, roy  d'Espagne.  Cologne  ^P»  Marteau  f  1671  ,  p€it. 
in-i2,  vél 10 —  » 

ai  55  — —  des  lettres,  actes  et  pièces  plvs  signalées  dv  progrès 

et  bespngne^  faicts  en  la  ville  d'Arras  et  ailleurs,,  pour  parve- 
nir à  vne  bonne  paix  et  réconciliation  auec  sa  mainte  catho- 
licque  pour  les  Estatz  d'Arthois  et  députez  d'autres  pro- 
uinces.  Dot'ajTj  Jean  Bogard^  1 579,  pet.  in-8,  d.-reL   1 5 — » 

ai  56  — V.  >  ■  des  secrets  de  Louise  Bourgeois,  dite  Boursier, 
sage-femme  de  la  royne,  mère  du  roy,  auquel  sont  contenues 
les  plus  rares  expériences  pour  diverses  maladies  principale- 
ment des  femmes ,  avec  leurs  embellissemens,  etc.  Pijuris , 
MelçMar  Mondiere^  i633|  pet.  in-8,  vélin.  {Rare.)     10—  » 

2157  Réflexions,  ou  Sentences  et  Maximes  morales,  augmentées 

de  plus  de  deux  cents  nouvelles  maximes.  Sur  la  copie  de 
Paris  {Holi.)j  i^%9}  P^^*  io'i^,  vélin.  [Joli  ex,  d'une  édition 
rare.) 

21 58  Relation  db  la  Nigritie,  contenant  une  exacte  description 

de  ses  rayaumes  et  de  leurs  gouvememens ,  la  religion  ,  les 

mceurs,  coustumes  et  raretez  de  ce  pays  (par  Gaby).  Paris  ^ 

,  1689,  pet.  in- 12,  vélin,  (ifore.)  6—  >» 

aiSg  Rsuaioii  (la)  dm  dames  ,  par  un  ihédogien  de  relise  an^ 


.-^«ft-a.Tr 


BULLETllI    OU   UBLIOPHILE.  9^5 

glicane^trad.  deTangl.  Amst,^  A.  Scheliiy  1698,  pet.  in- 12, 


V.  br 


3 


2160  RsLiGiON  (la)  DBS  Gaules  ,  tirée  des  plus  pures  sources  de 

rantiquité,  par  le  R.  P.  D***  (Martin).  Paris ,  1721 ,  2  vol. 

in-4,  V.  f.,  fig 20—» 

Ouvrage  rempli  dVruditioo. 

2 161  Rbmgnsteancb  ,  ov  harangre  solemnelle  faicte  en  la  cour  de 

la  seneschaussce,  et  siège  presidial  d'Agénois.etGascougne, 
à  Agen,  aux  ouuertures  des  pîaidoieries  après  la  S. -Luc,  par 
Maistre  Jehan  Damait ,  auec  le  panégyrique  de  la  Reyne 
Marguerite.  Paris,,  François  Huby^  1696,  1  vol.  pet.  in- 8, 
vélin.  (Fort  rare.) i5— »» 

2162  RocHBGUiLHEN  (uADAME  DB  la).  Histoire  des  Favorites,  con- 

tenant ce  qui  s'est  passé  de  plus  remarquable  sous  plusieurs 
règnes.  Amsterdam^  P.  Marrel^  1703, 2  par  t.,  pet.  in-8,  fig., 
V.  br 10-^  »• 

2i63  RciNART  (Tff.).  Actaprimorummartyrum  sîncera  et  selecta. 
ParisiiSj  1689, in-49  ▼•  br.     .     .   '.     .     .     .     .     i5 —  » 

2164  Ryhkr  (Th.)  fœdera,  conventiones ,  lltter» ,  etc.,  inter  reges 

Angliœ  et  alios  quosvis  imperatorcs,  reges...,  ab  anno  1  loi 
ad  nostrausque  teinpora  liabila  ant  tractata.  Hagœ-Comi" 
tum,  174^»  20  ton),  en  10  vol.  in-fol.,  mar.  t.,  dent.,  tr 

dor.  (Armes.) [800— 

Superbe  exemplaire  de  rdJîtion  la  plus  cstdmée. 

21 65  Sacy  (lb  Maisteb  db).  La  Vie  de  D.  Barthélémy  des  Martyrs, 

de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  tirée  de  son  histoire,  écrite 
en  espagnol  et  en,  portugais,  du  P.  Louis  de  Grenade  et 
autres.  Parisj  i664,  ^^'^y  ^^'  0^^1*9  ^*  '•  ^*  '^ —  ** 

2166  Sauit-Mahtin.  Ijes Travaux  d'Ulrsse,  desseignez  parle  sienr 

Saint-Martin  de  la  façon  qu'ib  se  voient  dans  la  royale 
maison  de  Fontainebleau ,  peints  par  le  sieur  Nicolas  et 
présentement  gravés  par  Th.  Van  Tulden.  Paris,  Langlois^ 


w 


9^6  U    TECBSMERy    ?LAC^   IMJ   LOUVRE,    12, 

i64oy  in-4  oblong,  vél.,  ayec  58  pi.  grayées  à  l'eau-forie. 

i5—  »' 

2167  Sammaathani  (SciBTOLiS)  poQinaU,  ad  Henricvm  m,  Galliac 

regein.  LvieticB^  inoff.  R,  Stfpkani,  ^Si'jj  in-Q,inar.  vert,  f. 

2168  Sammahthano&um  fratrum  (Se.  ET  LuD.)  Gallia  chrisliaua, 

seu  seriez»  omnium  archiepisccfp.,  episcopor.  et  abbatuin 
Francise ,  etc^f  aocU  opéra  et  studio  Dion.  Sanunarthani  et 
aliol^lnl  monachoruin  ex  ordine  S.-Benedicû.  Parisiis ,  e 
typ.  rcg.j  1715-86,  i3  vol.  in-fol.,  y,  r.     .     .       285 —  » 

< 

2169  Satyres  (les)  du  suur  Régnier,  reueues,  corrigées  et  aug- 

mentées de  plusieurs  satyres  des  sieurs  de  Sigogne  y  Motin, 
TouTaut  et  ficrtelot,  qu'autres  des  plus  beaux  esprits  de  ce 
temps.  Bovenj  1626,  1  vol.  in-8,  d.-rel. 

2170  Satyres  sur  les  Femmes  bourgeoises  qui  se  foat  appeler  ma- 

dame ,  avec  une  distinction  qui  sépare  les  véritables  d'avec 
celles  qui  ne  le  sont  que  par  caprice  de  la  foitune,  la  bizar- 
rerie et  la  vanité  du  siècle.  La  Haye ,  Henry  Frik^  ^  7  >  ^  1 
in-8,  fig.,  V.  r.  {Recherché,) .      18  —  »» 

2171  Scbahnat.  Concilia  Germaniae,  quonun  coUectionem  Jo.-Frid . 

Scbannat  priiuam  cc^it;  Jos.»  llastzheim  contiuuavit; 
Herman*  Scb.  volvit^  auxit ,  etc. ,  cum  indicibus  digestis 
ab  Amando  Ânt.  Jos.  Hessebnann.  Coloniœ  -  Agrip, , 
1 769-90 ,  1 1  vol.  in-fol.,  rel.  en  vélin,  {fiarc,),       100 —  « 

2172  ScuiLTERi  Thésaurus  antiquijtatum  teutonicaruMi,  exhibons 

luonumenta  veterum  Jbrancorum  Alamanuorum  vernacula 
et  latina,  cum  notis  J.-Greorg.  Scherzii.  IJlniœ^  1727-28, 
3vol.in-fol.     ............     5o — » 

2173  ScHMiDT.  Histoire  des  Allemands ,  (lad.  de  l'allemand  pai 

de  Laveaux..  Lié^e^  17841  (i  Toi.  in-8,  reL     .     .      i5 —  » 


2174  SiMflo.^ii  ChronieoQ  historiam  .catholicani  coiiqilcucns  ab 


S 


BULLETIN   DU   BUUOPBIU^  927 

ei^oidio  mii^ndi  i|d  a^ipum  a  Chrîsto  LXXli  recensait  Petrus 
Wesselingius.  Awist.^  175,2,  in-iol. 9. vélin,  cordé, aux  armes, 
avec  frontispice  |;ravé  par  Wandelaër.  .    .     .    ;.     i5—  »» 

2175  Sprbnobbi  (J.-J.)  Tacitus  axioinaticus  cuin  sacris  et  Thu- 

cydide sparsim  coUatus.  Franco/,  eid  Man,,  1657 ,  pet. 
in-12,  vél 6 —  w 

2 1 76  Stnopsm  monumentorum  coUectionis  prps^ime  emendats  con- 

ciliorum  omnium  arcbiepiscopatus  mechliniensis ,  collegit 

ac  edidit  F.  Van  de  Velde.  Gandayi^  1821 ,  3  vol.  in-8,  br. 

9—   n 

Ouvrage  de  beaucoup  d^énidition . 

2177  Stlvu  (iBiiBJB),  Piccolominei ,  vel  Pii  II  P.  M.,  opéra  quç 

extant  omnia  ;  accessit  gnomologia  ex  omnibus  Sylvii  operi* 
bus  collecta  per  Conr.  licosthenem.  Basileœ ,  ff.  Pefrus , 
i55i,2part.  en  i  vol.  in-^oL,  v.  j 18 —  h 

2178  Tablettes  mixtes,  ou  l'Inconnu  à  Londres ,  avec  figures. 

Linn.j  174^,  pet.  in-8,  br 4 —  •* 

2179  Tebtclliani  (Q.  s.  F.)  liber  de  Pallio ,  ex  recensione  et 

cum  notis  Cl.  Salmasii.  Lugd.^BeUauoriim^  i656,  in-8,  vél. 


2180  Thbatbe  (le)  de  m.  Quinault.  Siùponilacopie  imp,  à  Paris 

(HolL  Elz,)y  2  jMurt.  en  I  vol.  pet,  in-12,  Bjg.y  v.  b.     la— » 

2181  Thbophbasti  cbaracteres  ethici ,  ex  recensione  P.  Needham , 

cum  versione  latina  Isaaci  Casauboni.  Glascucsj  1 743,  pet. 
'     in-8,  mar.,  V.  f.,  tr.  dor 6—  » 

2182  Tbibbs  (J.-B.).  Dissertation  sur  les  porches  des  églises. 

Orléans^  «679,  1  vol.  in-i2,v 7—  >» 

2 1 83  TuEGE-LoBEDAN  (Mabib).  L'Etat  de  la  république  de  Naples 

sous  le  gouvernement  de  M.  le  duc  de  Guise.  Paris, 
F,  Léonardj  1679,  hi-12,  v.  br.     .     .     .     ..    •       5rr./ 

2184  YsEiTift  (la)  BEfEiiiiiie  DBS  SoPBisNBs  DE  LA  Fbaiige,  et  rcs- 


938  1.    TECHENER,    PLACE   OU    LOUVRE,    12. 

ponse  à  l'authckir  des  pretensîons  du  roy  très^chrestien  sitv 
les  estais  du  roy  catholique.  {j4  la  Sphcre)^  1668,  pet.  in-i  2, 
vél.     . 5—  » 

ai 85  Yaeni  (Othonis)  Embleinata  Iioratiana  Imaginibus  iii  aes 
incisis  atque  latino  germanico  ,  gallico  et  belgico  carmioe 
illustrata.  AmsteL  ,  H.  TVetslemus  ,  1684  >  in-8,  fil.,  fig. 
de  G.  Lairesse  à  ^i-page9. 12 —  »• 


.    , 


2186  Vei«leu  Patercuu  (Ç.)  quae  supersunt  libtorise  romana? 
voluminibus  duobus,  cuin  integi'ls  auimadversionibus  doc- 
torum,  curante  D.  Ruhnkenio.  Lugd.'Batap.^  17799  2  toui. 
en  I  vol.  m-8,  yél.,  doré.  Très-bel  exempl.  {Aux  armes,  ) 

16—  » 

,2187  WxGUBLUf.  Caractères  bistoriques  des  einpci*eur8 ,  depuis 
Auguste  jusqu'à  Maxiniin.  Berliny  G.rJ,  Duker,  1768, 
2  vol.  pet.  in-8,  d.-rel.  (/îcire.) 12—   »» 

2188   Vn   DE  SAINT  EUSTACHB  ET  DE  SAINTE   BIaRGUEEITB.    Ms.  en 

latin ^  pet.  in-foL  à  2  colonnes  ,  de  la  fin  du  xiu**  siècle^ 
cart. ,  de  i4  pag^-     .     .     •- 17—7»* 

2189  Vie  (la)  de  M.  de  Moli^be  ,  2*  édition.  Arnst. ,  H.  Desbordes  y 

1705,  pet.  in-12,  d.-rel 6 —  >\ 

2 190  Vie  du  pbee  Paul  de  Tordre  des  serviteurs  de  la  Yiei^ge,  etc. , 

trad.  de  Fitalien  par  F.  G.  C.  À.  P.  D.  fi.  Amsterdam  , 
J,  Ravesteirij  i663,  pet.  in-12,  v.  f.     .     .     .     .       7 —  >» 

2191  Voyages  histobiqueç  de  l'IÇueope,  contenant  tout  ce  qu'il  y 

a  de  plus  curieux  en  France  ,  Espagne  et  Portugal ,  aug- 
mentés du  Guide  des  Voyageurs ,  ou  Description  des  routes 
les  plus  fréquentées  pour  voyager  dans  ces  pays  ,  par 
M.  de  B.  F.  Amsterdam  ,  P,  de  Coup  ,  1718,2  tomes  eu 
I  vol.  in-ï2,  vélin 4 — *• 

2192  Ughelli  (Fêrd.)  lulia  sacra  ,  sive  de  episcopis  Italiae  et  in- 

sulaiiun  adjacentium,  etc.  Roma,  i644'629  9  ^^^*  iu-fol., 
vélin.  9<>— 


M 


BDtXETTIf  DU    BIBtlOPHILS.  939 

2193  ZBVBCOTn  (Jagobi)  poemata.  Jniverpiœ  ^  G.  ïVolffchatius  ^ 

1623,  peu  in-S,  yélin.  4 —  ^ 

Ce  Tolume  contient  a  tragédies  latines  ,  savoir  :  Maria  graeca, 
Hosimunda  et  Esther^  trAgi-colnèdîa . 


PtliBLlGAtlONS  MOirVËLtËS. 


c 


2194  Anhuaieb  msTOMQUB  pour  TaDiiée  1849,  publié  pi^  }a  So-» 

ciété  de  Tiiistoire  de  France.  Pans\  1839,  i  yo^.;in-i8. 

,    2  fr. 

2195  Ahchites  administratives  de  la  ville  de  Reims.  Collection 

de  pièces  inédites  pouvant  servir  à  l'histoire  des  institutions 
dans  l'intérieur  de  la  Cité;  par  I^ierre  Tarin.  Paris j  1839, 
I  vol.  in-4  de  1000  pugés .     i5 — » 

* 

2196  Biographie   ltonnaisb.  Catalogué  des  Lyonnais  éfijines  de 

mémoire,  rédige  par  MM.  Bregbot  du  Lut  ei  Péri- 
caud  aine ,  et  publié  par  la  société,  littéraire  de  Lyon. 
Lyon,   1889,  I  vol.  grand  in-^/br..'  .     ...     10 — 


2 1 97  Chboniqucs  an glo  -  NORMANDES.  ftccueiU  d'extndts  pu  d'é- 

crits relatifs  à  l'histoire'  de  Normandie 'et  d'Àngletertfe 
pendant  les  xi*  et  xii*  siècles  j  publiés ,  poDr  la  première 
fois,  d'après  les  manuscrits  de  Londres»  de  Cambridge,  de 
Douay,  de  Biiizelles  et  de  Paris ,  par  F.  Rtichd.  Rouen , 
tome   II,   I   vol.  iii-8  br 6— 5o 

2198  Ghroriqubs  chevaleresques  de  l'Espagne  et  du  l^ortugal, 

suivies  du  tisserand  de  Ségovie,  drame  du  zvii*  siéde;  pu- 
bliées par  Ferdinand  Den^^.  Parisy  iSZQj  2  vol.  in-8,  br. 

i5— 

Les  diferses  chroniques  et  légendes  contenues  dans  ces  rolumef 
sont  :  Sept  infans  de  Lara. ^— Le  Mauvais  roi  et  le  Don  vassaL^-Hiat. 


936T  s!    tECBBNCA,   »LAGE  DC   LOUVRE,    11. 

deJonaConslancà  Manuel.— Chronique  d'fnéfl  deCastro.  Vk  Gorta 
de  Portugal. — Les  Amours  d'un  fils  d'Inès  de  Gafltro.--J-Chronique 
de  Maria  de  Padilla,  du  maître  de  Santiago  et  de  la  reine  Blanche 
de  Bourbon.  —  tlomance  du  comte  Marcos  et  de  Finfante  Solisa. 

—  HUtoire  véritable  de  damoiselle  The'odor.  — La  Mort  d'AlbayaN 
dos.  -^  Barberousse  et  le  sultan  Selim  Eutemi.  — -  Alvaro  de  Luna . 

—  Le  premier  jour  de  la  traite  à  Lagos,  royaume  des  Algrayes.  — 
Femand  Cortez  au  Mexique.  —  Le  'Naufrage  de  Sepulveda  et  de 
dona  I^OQor  d«  Sa.  —  Lettre  dé  Pmiro  Koâ  dm  Caminha  sur  la  dé- 
co uyerte  dû  Brâtl.  -^  La  Mort  da  roi  Sebastien ,  suivie  des  Mal- 
heurs de  la  belle  Virginia.  •—  Le  Renégat  et  la  Juive.  ^-Le  Tisse- 
rand  de  Ségovie.  ^ 

!n"|^  ''^iKiEMik  W ANnooTréà  et  de  curiosités  iiîstoriqaes  de  la  Suisse, 

'  aébônipagnée  d'ato  texte  explicatif.  Romey  7823-24)  in-fol., 

'  ^  *^    cart. ,  25  planches 


2200  ttiSToiEE  soMMAïAB  OB  L'Eovmi  SOUS  le  gouvemement  de 

Aloiiammed-AIy,  ou  récit  des  principaux  événements  qui 
■    ont  eu  lieu  de  l'an  i832  à  Tan  i838  ;  par  M.  Félix  Mengin; 
précédée  d*une  introduction  et  suivie  d'études  géographi- 
,        ques  et  historiques  «ur  TArabie ,  par  M.  Jomard  ;  accom- 
pagné^ de  Ta  relation  du  voyage  de  Mohammed-Aly  au 
\Fâzoqï,    d'une  carte  de  l'Acyr  et  d^une  carte  générale 
'^  d'Àra&iei  par  le  même:  terminée  par  des  considérations  sur 
les  affaires  de  l'Egypte.  Paris ^  1889,  vol.  in-8,  br. 

2201  HiSToicEK  civUc,  poU^que  et  religieuse  de  la  Saintonge  et 

de  l'Aunis,  depuis  les  temps  historiques  jusqu'à  nos  jours; 
/'    précédée  d'une  inthxluction  par  M.  D.  Massiou;   i'*  et 

'a* périodes.  Por/j,  1 838.  2  vol.  in-8,  br.  .     ,     .     i5 — n 

\       »  »...      - 

2202  Lacroix  (P.  (bibliophile)  Jacob)^  sur  les  manuscrits  relatifs 
f ,    . .  ^  à  l'histoire  de  France  et  à  la  littérature  française,  conservés 

dans  les  bibliothèques  d'Italie.  Paris j  1889,  i  vol.  in-8  de 
1200  pj. 12—- 1» 

i,  N*  Tii  des  Dissertaflons  suf  Thistoire  de  France. 

^2o3  La  Armekia  Real  ,  ou  collection  des  principales  pièces  de 


la  gaterif 

Sensi,  te: 


a3o4  La  Viujc 

de  la  Br 

fraoçoise 
originale* 

aaoS  ht  Gompst 
levue ,  ci 
i83<),  I  yi 

32o6  HoaALiiÊ  4 
aiiinption  1 
Jan  Parm  J 
1 527-1 83gl 

3307  IVécessitè  (» 

légulièru  auA  ».^,.         .^uiuuuHu»  en  France;  3^  lettre^ 
par  M.  Morand,' arcIiiTÎste de  Boulogue-eui-Mer ,    iii-4- 


3908  NoTicB   sur  le  roman  eo  vers  des  sept  saf^esde  Kome  ;  par 
M.  G.  B*'*.  Bordeaux,  t83g,  br.  hi-8,  tirée  i  65  cxeinpl. 


3309  NocvBAU  recueil  de  contes  dits  fabliaux,  et  autres  pièces 
inédites  des  xiii'.xiv' et  iv*  siècles,  pour  faire  suite  aux  col- 
lections Legrand  d'Aussy,  Barbaiau  et  Méoo,  inia  au  jour 
pour  la  première  fois  par  Acii.  Jubinal.  1839,  tome  I, 
t  vol.  iti-8,  br 7— 5o 

aaio  Revuh  aa  l*^  ntiMiSHATiQUE  fkançoibb,  dirigée  par  M.  C. 
Cartier  et  L.delaSaussaye.  Aunce  i83C,  2'  édit.,  iii-8,  pi. 


•A 


\ 


933  J.    TECREMIB,   PLACE  DU   LOOY&B,    12* 

321 1  SiBUTT  le  romant  de  Bichart  fils  d'Robert  le  Diable  q  fot 
duc  'd^N(Hineii(Ue.  Imprimé  nouudlëknehk  à  Paris,  in-i6^ 
goth.,  br.,  réimpr. 6 — « 

Quatrième  lîyraison  delà  cdllectlon  des  poésies,  romans,  chro- 
niques, etc. 

ATANT  ACHETÉ  UE  f EU  JH'nUUfPLAïaia  EBSTANT  DBS  OUYEA^ES  SUlYAKi^ 
...        t    NOUS  EN  AYONS  nxi  I«  paix  COMME  n.  IU1T  : 

|0  OBuYaBS  COMPLÈTES  DE RoTBBOBUF,  trouvère ^da  XIII*  siècle^ 
recueillies  et  mises  au  jour,  pour  la  première  fois,  par  Achille  Ju- 
binal.  Paris  9*1839,  2  vol.  in-8,  au  lieu  de  16  fr.  12  —  » 

P^p.  boll.y  tîrë  A  se  ezemp.  3o—  m 

a*  MvsTkEES  INÉDITS  du  XV*  [siècle ,  publies,  pour  la  première 
fois,  par  Acb.  Jubinal.  Paris  y  i838,2  voL  m^i^  fac-similé  ^ 
br«»  au  lieu  de  i6fir 10-—  n 

Papi  holl.,  tiri!  k  90  exemp.  so—  » 

3^  JoNûLBlms  ET  TBbuVJcEEs  des  XIII*  et  xiv*  siècles.  Paris ,  i838 , 
I  vol.  iQ-8,  pap.  fort 5—  » 

Cbeoniques  de]^Jean  D*AuTON,|'publiées\  pour  la  première  fois  en 
eùtier,  diaprés  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Boi ,  avec 
une  notice  et  des  notes ,  par  L.  Jacob ,  bibUophile.  Paris ^  §834- 
1 835,  4 ▼ol.  in-8,  pap.  vergé  fort 18 —   » 

—  Grand  pap.  fort  (à  25  exemp.  ).   .......     ^o —  » 

Cbi/Ofiiques  pour  senrir  de  complément  aux  coUectipnt  de  MM.  Guizot, 
Bucbou,  Petitot  et  Montmerqnë. 

Notices  contenues  dans  les  dix'huitième  et  dix^eut^ième  Numéros 

du  Bulletin  du  Bibliophile ,  3*  série. 


û  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particulièrement  chez  les 

Bomains.  (Suite.)  871 

Correspondance.  885 

Variétés.  895 


IMPRIMERIE   DE  L.    BOUCBARD-HDZARD , 

».     .       ..  ^  ,  •  ' 

nu*  de  l'Eperon,  7. 


m 


BULLETIN    DU  BIBLIOPHILE, 


PETITE  REVUE  D'ANCIENS  LIVRES 

CONTENANT 

1  ^  DES  NOTICES  BIBLTOGRAnnQDES,  PHILOLOGIQUES  ET  LITTill  AIRES 
DE  DIVERS  AUTEURS  ,  SOUS  LA  DIRECTION 

DE  M.  Ch.  NODIER; 

2^  Ulf  CATALOGUE  DES  LIVRES  DE  MA  UBRAIRIE. 


N-  20.  —  5«  SÉRIE. 


PARIS, 


TECHENER ,  PLAGE  DE  LA  COLONNADE  DU  LOUVRE, 

R»  12. 
DiGBMBmB. 


■ 


'  I 


I   I 

I 

)  : 


■  I 


ti 


«crlLÈtiif  DD  MuoMfLÈ.  939 


DES  LIVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

(Suito.) 

Les  ftomàins  Mutaioiént/ascicide  ce  que  bous  appelons  un  pà-^ 
^uet  de  lettres,  f^elim  cures  fcLsciculum  ad  P'estorium  deferendum, 
écrit  Cicéron  à  Atticus  (1).  Le  même  avoit  adressé  une  lettré  à  Cè^ 
sar  ;  mais  le  fascicule  où  elle  se  trouvoit  fut  remis  tellement  mouillé) 
ique  le  dictateur  ne  se  douta  même  pas  qu'il  contînt  une  lettre  de 
l^oràteur  romain  :  Scripsit  Cœstzr  ad  Balùuni,Jasciculum  iilunt  episto^ 
laruM^  in  quofuerat  et  mea  etBalbi  totum  sihi  aqua  mcuiidum  reddi-- 
tum  cssej  etc.  (2).  Les  lettres  réunies  en  fascicule  étoient ,  comme  les 
volumes ,  retenues  par  un  lien  qui  les  embrassoit  toutes.  Chacune 
d'elles  portoit  une  adresse  à  Textérieur.  «  J'ai  reçu  un  fascicule  ,  >» 
dit  Cicéron  ,  je  l'ai  délié  pour  voir  s'il  «  cohtenoit  une  lettre  pour 
«  moi  ;  je  n'en  ai  point  trouvé.  J'ai  fait  porter  à  Yatinius  et  à  Li- 
«  gurius  celles  qui  leur  étoient  adressées  (3).  »  Nous  trouvons  dans 
Plutarque  un  exemple  d'adresse  exactement  semblable  à  la  sus- 
cription  intérieure  ,  c'est-à-dire  qui  renfermoit  l'indication  de  la 
personne  à  qui  elle  étoit  adressée  et  le  nom  de  celui  qui  l'avoit  écrite. 
Des  députés,  dit-il,  arrivèi*ent  de  là  part  de  Denys,  apportant  à  Dion 
des  lettres  écrites  par  les  femmes  de  sa  famille  ;  une  de  ces  lettres 
portoit  à  l'extérieur  cette  suscription  t  «  Hipparinus  à  son  père  (4).  » 
Etoit-ce  là  la  forme  en  usage  chez  les  Grecs  ?  c'est  ce  qu'on  ne  peut 
afilrmer  d'après  un  seul  exemple.  Chez  les  Latins,  il  paroit  que  l'a- 
di'esse  ne  renfermoit,  comme  chez  nous,  que  le  nom  de  la  personne 
à  qui  ou  écrivoit.  Ovide,  se  plaignant  d'un  ami  qui  k  néglige  de- 
puis qu'il  est  exilé,  lui  dit  s  Toutes  les  Ibis  que  je  dëlioîs  le  fil  d'une 
lettre,  j'espénMs  y  trouver  ion  nomt 


(1)  Xlil,  8. 

(1)  AdQiiiDtamfr.,XI,  1^.  Voj.attsfiad  Xttic.yll,  i3.  —  V,  11,  ï7yxi,  ss-, 
XII,  63. 

(3)  Delatuf  estad  me  fascicnlui  :  solvi  si  quid  ad  me  esset  liltcrarumy  nihil 
«rat.  Epittola Vatinioet  Ligurio  altéra:  jussi ad  eosreferri. Ad  Atticum,  XI,  qv 

(4)  Ml*  /  îr  (S^cêàtf  i^iyûypàLfAfAévn  rS  'varpï  *mêLp*  'iTTTtffiVoi . 
Mutarque,  Vie  de  I>ion,ch.  Si»  tom.  6,  p.  3o6,  éd.  Rciske. 

59 


g36  J.    T£CUEN£R|   PLACE  DD  LOUVRE,    12. 

Gur  quoties  alicui  charlae  sua  yincula  demsi 
Illam  speravi  nomen  habere  tuam  (i). 

Il  n'auroit  pas  eu  besoin  d'ouvrir  la  lettre  pour  connoitre  celui 
qui  la  lui  envoyoit ,  si  le  nom  de  la  personne  qui  l'a  voit  écrite  se  fut 
trouvé  sur  l'adresse. 

Il  y  a  voit  sur  les  grandes  routes  des  relais  ,  mansionesy  où  les  cour- 
riers publics  )  pubUci  cursores  veredarii^  cbangeoient  de  chevaux. 
Ces  chevaux,  entretenus  aux  frais  de  l'empereur,  n'étoient  employés 
iqu'au  service  des  dépêchés  gouvernementales  ;  les  simples  citoyens 
ne  pouvoient  s^en  servit  quVn  vertu  d'une  permission  délivrée  par 
l'empereur  ou  ses  dél^^ués,  et  qu'on  nommoit  diploma  (2).  Le  trans- 
port, par  des  courriers  attitrés,  des  dépêches  intéressant  le  gou- 
vernement ou  l'administration  fut  imaginé  par  Cyrus  (3).  Auguste 
introduisit  ce  système  de  communication  dans  l'empire  romain  (4); 
taiais  personne,  dans  l'antiquité,  n'eut  l'heureuse  idée  de  faire  ser- 
vir Ces  courriers  aux  relations  privées.  Les  postes  aux  lettres  ne 
datent,  en  Europe,  que  du  xvi*  siècle.  Les  anciens  avoient  des  es- 
claves qu'ils  employoient  au  transport  de  leurs  lettres  ;  ils  les  nom- 
moient  tabellarU{5)y  cursores  (6) ^  portîtores  (7)  :  il  falloit  même  qu'il 
y  en  eût  plusieurs  dans  la  même  maison ,  car  les  correspondances 
ëtoient  parfois  trcs-actives.  Ainsi  Pline  le  jeune  ,  forcé  de  rester  à 
Rome  tandis  que  la  santé  de  sa  femme  le  retcnoit  dans  laCampanie, 
la  supplioit  dé  lui  écrire  chaque  jour,  et  même  deux  fois  par  jour. 
Rogo  ut  timori  ineo  quolidie  singuiis  vel  etiam  binis  epistolis  consu" 
las  (8). 

(0  Tristes,  IV,  VII,  7. 

(«)  Voy.  Pline  jun.,  X,  i4,  111 . 

(3)  Xtfnophon,  Cyropéd.,  ch.  8. 

(4)  Snélone,  Vie  d^Auguste,  c.  49. 

(6)  Cicëron ,  ad  Attic,  XII,  1 .  Ad  QuintuM,  II ,  i3  et  passim.  -> (6)  Plioc 
jun.,  Vlly  XII,  4.  —(7)  S.  Jérôme  ad  Nioseam,  ep.  riii,  al.  43. 
(8)  YI,  iT,  6. 


BDtLETIN   DD  BIBLIOPHILE.  9^7 


CHAPITRE  SIXKME. 


De  la  forme  et  des  ornement  des  livres  carres. 

Les  anciens  Latins  appeloient  eandex  un  assemblage  de  planche» 
symétriquement  disposées  les  unes  sur  les  autres.  Lorsque ,  après 
avoir  écrit  sur  des  tablettes  isolées,  on  imagina  de  les  réunir  en  les 
superposant  j  le  livre  carré  qu'on  forma  ainsi  prit  le  nom  de  co^ 
dex  (1).  Saumaise  ,  à  qui  les  questions  de  paléographie  ancienne 
doivent  de  nombreux  éclaircissemensy  donne  les  mots  grecs  mvcc^^ 
TVJxoç  (2)y  a-ZiJLtLi  ctnyLAT^QV^  etles  mots  latins moMa et  corpus  commo 
autant  de  désignations  du  livre  carré  (3).  Les  désignations  de  ffZfxa 
ffttfjiATtov  et  corpus ,  qui  ont  la  même  signification  ,  auroient  été  , 
suivant  lui,  données  aux  livrer  carrés,  parce  qu*ib  étoient  compo- 
sés de  plusieurs  tablettes  ou  de  plusieurs  feuilles  réunies  en  un 
seul  corps.  Cette  explication  ne  paroit  point  satisfaisante  à  Schwarz. 
Celui-ci  pense  (4)  que  le  nom  de  ror/>i£S  vient  de  ce  que  les  livres  car- 
rés, à  la  différence  des  volumes,  renfermoient  plusieurs  livres  d'un 
même  ouvrage  ,  et  pouvoient  contenir  un  ouvrage  tout  entier  (5)  ; 
et  il  rapporte  deux  passages  ,  l'un  de  Pline  le  jeune  et  l'autre  de 
Suétone,  dans  lesquels  le  mot  corpus  ne  signifie  pas  un  livre,  maté- 
riellement parlant,  mais  uti  corps  d'ouvrage  formé,  après  coup,  de 
la  réunion  de  plusieurs  pièces  publiées  d'abord  séparément.  Pline 
engage  Octavius,  dans  la  crainte  que  quelque  plagiaire  ne  s'attribue 
ceux  de  ses  vers  qui  ont  transpiré  dans  le  public  ,  à  les  réunir  et  à 
les  publier  tous  en  un  corps  (Touifragc  :  hos  nisi  reiraxeris  in  corpus, 
quandoque^  ut  erronés^  cujus  dicantur  inuement  (6).  Le  grammairien 
Aurelius  OpiUus ,  an  rapport  de  Suétone  ,  avait  écrit  sur  diverses 
matières,  entre  autres,  n^wî  volumes  eu  un  seul  corps,  c'est-à-dire 
sur  le  même  sujet,  varice  erudUionis  volumina  ex  quihus  not^em  unius 

(i)  Plurium  tabularum  contextut  caudex  apudantiquos  dicebatur;  unde 
publicae  tabulae  codices  dicuntur.  Sénè((uc ,  De  brevitate  viUff  i3. 
(s)  D^où  le  mot  pentateuque, 

(3)  De  modo  usurarum,  p.  4o4,  S^g. 

(4)  Deomam,  libror.^  IV,  8,  p.  i3i . 

(5)  Codex  muUorum  librorum  ^  liber  untut  \oluminis,  Isidor. 
i    (6)  Pline  le  jeuncy  II,  lo. 


938  J.    TECHEX9EA,  PLACE  DU  LOPVBJE,    12. 

corporis  (i).  Dans  Tunique  passage  rapporté  par  Saumalse ,  corpus 
ne  signifie  même  pas  un  corps  d'ouvrage ^  mais  simplement  une  di- 
mension. Sénèque  parle  d*un  livre  de  Lucilius ,  fort  long ,  â  la  vé- 
ritéy  mais  dont  la  lecture  Tavoit  charmé  :  Brevis  nUhi  visas  est  ,cum 
fssel  nec  vçieï  nec  lui  corporis,  sed  qui  primo  adspecîu  oui  T,  Liit^U 
aut  Epieuri  posBût  videri  (2),  c'est-à-dire  que  le  livre  lui  avoit  para 
xourt  à  cause  du  plaisir  qu'il  avoit  trouvé  k  le  lire  \  mi^s  quç,  pour  la 
grosseur ,  il  ressembloit  moins  i|ux  auti«s  ouvrages  de  I^ucil^uiy  .oi| 
^  ceux  de  Sénèque,  qu'aux  gros  volumes  de  Tile-Liye  ou  d'É^curiç. 
Cette  discussipn  p^ut  paroitiip  oiseuse  au  premier  abord  ^  e)le  pt 
pourtant  indispensable  pour  fixer  approximativement  l'époquie  où 
a  commencé  l'usage  des  livres  carrés  dans  les  publications  j[it^ 
ra^jnes.  Gomme  c'étoit  le  p^i)cheinin  |pi'on  employoit  de  préférence 
à  la  cQi)fection  de  ces  sortes  de;  livres,  Vossius  ^  çr,u  pouvoir  le^  ftgire 
remonter  jusqu'au  temp;*  des  rois  de  Pei^game,  inventeurs  du  par- 
chemin (3).  lyiais  ce  n'est  là  qu'une  conjecture  ingénieuse  qui  ^e 
^'appuie  sur  aucune  preuv.ç  çoUde.  Si  l'on  pouyojit  toii|our9  ^raduirç 
le  mpt  corpus  par  livre  c^né,  il  faudrpit,  au  moîo?,  convenir  gii?  }^ 
puvra|;es  historiques  pu  Iit;!té]rair€;8  éjtoient  publiés  en  cçaiicpA  4u 
temps  de  Cicéron.  |Cet  auteur,  dans  une  lettre  4  Quintus,  çon  frère, 
après  avoir  ,émis  spq  opinion  s.ur  les  ouvrages  de  Philistus,  ajojqute  ; 
Sed  ulros  ejus  kabueris  Ubrps  (duo  enim  sunt  corpora)  an  utrosguc 
wiscio  (4).  Cette  phrase  pjeut  évidemment  se  re^idre  aipsi  :  «  Qfavi 
il  a  écrit  deux  out^ragesy  et  je  ne  s^is  lequel  des  deux  eçt  entre  yps 
pains ,  ou  si  vous  les  possédez  tous  1^  deux.  »  PhilistHS  avoit  éciil 
plusieura  volumes,  libres^  qui  formoient  ensemble  deux  corps  d!oa- 
vrages  diffërens.  C'est  ainsi  que  Tacite  ^  composé  deux  corpora^  les 
annales  et  Thistoire  consistant  chacun  en  plusieurs  livres  qu  vo- 
lumes. Ailleurs,  l'orateur  romain,  avec  yne  admirable  naïveté  d'ar 
inour-propre,  indique  rhistoirc  de  son  consulat  à  l'I^istCM'ien  Luc- 
çeius,  comme  un  suje^t  di^e  d'exercer  son  beau  talent  ;  et,  trasant 
lui-même  le  plan  de  l'ouvrage ,  il  dit  :  A  principio  enim  conjura^ 
tionis  nsque  ad  reditum  nostrum  videtur  mihi  modicum  quoddam 
corpus  conficiposae  (5).  Pour  bien  se  rendre  compte  de  cette  phrase,^ 

(i)  Suétone,  De  illustrai,  grammat,,  c.  C. 
{%)  Ep^tol.,  4G. 

(3)  Is.  Vossius,  Ohsetvaùones  in  Catullum  j  p.  Si. 

(4)  AdQuintum  fr.,  Il,  i3. 

(5)  Ad  familial-.,  V,  xii. 


901441X19   DU  BIBUOFBILI.  -         9^9^ 

il  Cftudroit  lire  la  lettre  entière.  Lucceius  fiûsoit  une  histoire  ro- 
maine dans  laquelle  auroît  naturdiement  trouyé  place  l'his- 
toire du  consulat  de  Gicéron;  mais  il  n'étoit  pas  encore  ar- 
rivé à  cette  ëpoqae^  et  Cicéron  aroit  une  soif  de  gloire  qui  lui 
fiûsoit  désirer  ardemment  de  savourer  à  Tavance  les  hofmçurs  que 
lui  rëservoit  la  postérité.  Il  s^efibrce  dpnc  de  prouver  4  («uçceiiif  • 
et  par  des  saisons  et  par  des  exemples,  qu'ijL  peut  et  qji'il  doit  m^e 
traiter  à  part  la  conjuration  de  Gatilina ,  plutôt  que  de  U  n^êter 
avec  les  événemens  contemporains*  Un  de  ses  argumens,  c'est  qii^ç 
les  faits  qui  se  sont  succédé ,  depuis,  le  commencement  dç  la. 
conjuration  jusqu'à  son  retour  de  Texil,  s'enchaînent  de  manière  k 
fonner  un  tout  complet,  eorpus^fUn  dramç^^ô^u/a,  dans  lequel  1^ 
Bsultiplicité  d^  scènes  et  des' actes  ne  nuit  en  rien  à  l'unité.  Corpus 
ngnifie  donc  simplement  ici  un  ouvrage  à  part.  Cette  expression 
est  encore  reproduite  dans  une  des  lettres  à  Atticus.  Cicéron  lui 
donne  les  titres  de  dpuze  discou^rs  qu^ ,  sur  sa  de^iande ,  il  va  lui, 
envoyer,  et  il  ajoute  :  hoc  totum  cSiaml  curabo  uf  habeas  ;  iisdem  li- 
bris  perspicies  et  quœ  gesserim  et  qua,  dixerim.  On  voit  qu'il  s'agit 
ici  de  plusieurs  volumes ,  Itbri ,  formant  une  collection  ^Sfi^^  Les 
mots  de  corpus  juris^  dans  Tite-Live  (i)  ,  de  corpus  Homeri^  dans 
le  Digeste  (2) ,  ne  signifient  pas  autre  chose  que  des. collections , 
co^me  on  pç|f  t  ^'/çp  ponT^îpçre  ei}  examinant  les  passages  où  Us  f  ç 
trouvent  (3).  Nous  ne  prétendons  pas  affirme^ ,  cependant ,  qi|p  1^ 
mpt  corpus  n'ait  jaipa^  signifi^  1^  livre  ,  pui^qu(Q  SQp  équivaVsnt 
l^e^c,  (T^fjL^'t  ^ypft  cet;^  si^fication  ;  seulement  npi|s  croypns  être 
fopdé  k  dire  .q,i^e  cette  ^ccepjLîpff  n'e^t  nji  ai^^i  g|énéra|e  ni  aussi  aur 
,c|enpe  qu'pn  r<».cru  cpiQimuQ^meift.  U  est,  du  r^|^«  bqp  (^e  t^ffsf 
que  Vo^iu3,  tgpt  çii  Deusant  remopter  aux  Att^es  l'^yent^p^i  ^^ 
}if  res  carrés,  estime  qjife  »  4u  jtenjtp^  de  Q,cérop  et  de  Catiil}e ,  i) j^'^y 
(en  avoit  pas  en|Core  dans  |ies  biblio{th,èque3  de  Rome  (4)- 

A  .cette  époque,  il  y  avait  cependant  ^es  codices;  ils  aipnlt  plu- 
sieurs fois  mentionnés  dans  lea.plaidoyers  de  Cicéron  ;  maisç'étoient 

(i)  III,  3^ 

(2}  XXXlt,  So,  I. 

(3)  Voyez  Saumaîse ,  Plinianœ  exereitationei ,  p.  3  ,  et  les  paMSget  qu'i} 
cite.  Cicëron,  datis  ton  plaidoyer  pour  Milon,  a  emplojë,  dans  le  même  seni* 
le  mot  neutre  Hbrarium ,  qui  ne  se  trouve  pas^ailleurs  :  Exhibe ,  exhibe , 
quœto,Sexte  Clodi,  exhibe  Hbrarium  iUudlegum  veêlrarum  (pro  Mi^Qe. 

Ç.ll). 

(\}  ObserTat.  in  Gatuil.,  p.  61. 


94^  '•    TECHKNKB,   PLkCE  D0  LOUTRE,    12. 

aimplement  des  livres  de  comptes,  des  registres  de  recette  et  de 
d^nse,  iakula  recepti  et  expênsi.  GjCfSron,  Tonlant  forcer  l'adverw 
saire  de  Rosdus  à  produire  ses  Uyres,  s'ëcrie  ;  TVoii  eonfieil  tabulu? 
inuno  diligeruîmme ,  non  refert  paiva  nomina  in  codicem  ?  immo 
pmnes  summas  (i).  On  voit  par  ce  passage  que  les  mots  ia^ulm  et 
codices  ëtoient  synonymes,  et  dans  tout  ce  plaidoyer  Toratear  em^ 
jpioie  indififërenmient  l-un  et  l'autre.  Cela  vient  de  ce  qu'on  nom-r 
moit  tabulœ  Içs  billets  d^  livres  carres,  de  quelque  matière 
qu'ils  fusaient ,  d^  même  que  toute  substance  propre  à  recevoir 
rëcrif  urç  et  à  se  ployer  en  rouleau  étoit  nommée  charta  (2). 

Ces  livres  de  comptes  se  composo^ent  de  planches  de  bois-  ea- 
âuites  de  cire,  d'où  ëtoit  venu  l'usage  de  dire  la  premi^  cire^  le 
bas  de  la  cire,  pour  la  première  page,  le  bas  de  la  page,  etc.  Cicéron 
liccuse  Yerrès  c|'AVoir  commis  un  |jeiux  dans  la  dernière  page  de  ses 
ipegistres  de  comptes  :  In  extrenia  cera  codicis,  dit41,  nomen  injSmmm 
in  flagitiosa  Utura  ftcii  (3).  Ces  registres  étoient  pourtant,  non 
comme  on  pourroit  le  croire,  de  simples  tablet^,  mais  des  livres 
de  gn^kl  forpiat.  La  plupart  des  commentateurs  s'accordent  à  re- 
çonnoltre  up  registre  de  ce  genre  dans  le  codsx  que  Juvénol  appelle 
fprmmiis: 

Qui  veiiit  ad  dubinm  grandi  cam  codice  nomeo  (4). 

Ils  étoient  faits  comme  les  t^^lettes  de  cire  dont  nous  parlerons 
dans  le  chapitre  suivant. 

L'ensemble  du  passagje  de  Sénèque,  rapporté  à  la  page  987, 
semble  indiquer  que  ce  qu'il  appelle  tabulœ  puhlicœ ,  c'est-^ 
dire  les  registres  de  l'état  civil,  les  registres  administratifs,  etc., 
étoit  aussi  composé  de  tablettes  en  duites  de  cire.  Gicéron  nous 
fournit  encore  une  preuve  à  l^ppui  de  ce  fait.  Il  accuse  Terres 
devoir  falsifié  les  livres  de  sa  prétare,  tabuUu  publicas  corrumpere 
auderes  (5).  Verres ,  contre  toutes  les  règles  du  droit,  ayoit  accueilK 
une  accusation  capitale  contre  Sténius  en  l'absence  de  ce  dernier. 

(i)  Pro  Roscio  coroaedo,  ci. 

(2)  *lariov  on  rb  fAv  iv  ffyJ\p.tLTi  rêTpi.S'oç  (quaternionls)  ^  eietr 
ih  ^ort  vKtif  ffvyrièifJLivov  ka)  J^s'/ijuLivov  rhv  «TiccinitHy  TaCovkka 
hiytTeu  rk  «W  1$  siKtifÀtLToç  yJu^TW  fiijh  touto  Xiprii  fiiyireu* 
Veteret  glossae  vcrborum  jiiris,  éd.  Labbe. 

(3)  Verrin.,  I,  36.  \oy.  aussi  II,  ^6. 

(4)  Satire  VU,  vers  110. 

(5)  In  Yerrcm,  II,  42  sqcj. 


iULLEttN   DU  BIBUOPHILt.  94< 

Informé  ensuite  que  Stënius  agissoit  à  Rome  et  que  le  sénat  lui 
étoit  favorable,  il  passa  sur  ses  registres  le  gros  bout  de  son  style, 
stflum  vertu  in  iaèuiis  suis  (i),  effiiça  ce  qu'il  avoit  d*abord  écrit ,  et 
y  consigna  que  l'accusation  contre  Sténius  avoit  été  portée  en  pré- 
sence de  l'accusé.  ToUit  ex  tahtdîj  id  quod  erat,  et  facii  coram 
delattun  esse. 

Les  liyres  de  comptes ,  et  peut-être  aussi  les  registres  adinims- 
tratifs,  étoient  rédigés  tous  les  mois  sur  des  brouillons  qu'on  tenoît 
jour  par  jour  et  qui  se  nonunoient  oi/^^/arta.  «  Pourquoi ,  dit  Cioéroo  ^ 
écrivons-nous  négligemment  les  notes  journalières ,  et  ayec  soin 
les  lÎYres  de  comptes?  c'est  que  les  premières  ne  sont  bonnes  que 
pour  un  mois,  les  autres  font  foi  pour  toujours.  On  détruit  les  notes^ 
on  conserve  religieusement  les  livres.  Quid  est  quod  scribamusdili^ 
genter  adversaiia  ?  quid  est  quod  diltgenter  conficiamus  tabulas  ? 
fuBcsuni  menstruUj  illœ  sunt  œtemœ  ••  hœe  delenîur  statim^  iUa  servant 
tur  sancte.  »  Et  plus  bas  :  «  la  dette  dont  il  s'agit  remonteroit  à  trois 
ans,  pourquoi*  donc  n'est-elle  pas  encore  portée  sur  le  registre  de 
Fannius?  Cum  omnes  qui  tabula  confidantf  menstruas  pœne  ror 
tiones  in  tabulas  transférant  tu  hoc  nomen  triennium  amplius  in  ad- 
Yensjc'ÙBjacerepateris  (2)?«  Saumaise  (3)  estime  que  les  notes  jouma* 
lières  étoient  écrites  sur  des  morceaux  de  papier,  r/iha^  et  adopte, 
par  conséquent,  l'opinion  qui  fait  venir  le  mot  aduersaria  de  l'usage 
où  l'on  étoit  d'écrire  seulement  au  recto,  inadt^ersa  charta. 

Enfin,  dans  les  livres  de  comptes,  la  recette  et  la  dépense  étoient 
écrites  en  regard  sur  deux  pages  ou  sur  deux  colonnes  différentes; 
c'est  ce  qu'on  appeloit  uiramque  paginant faeere»  Pline  fait  allusion 
à  cet  usage  en  parlant  de  la  Fortune ,  à  laquelle  nous  attribuons 
tout ,  le  bien  comme  le  mal ,  les  gains  comme  les  pertes.  Dans  le 
calcul  des  événemens  humains ,  dit-il,  c'est  elle  seule  qui> remplit 
les  deux  parties.  Hinc  omnia  feruntwr  accepta  :  et  in  iota  ratione 
mortalium  sola  utramque  paginam  facit  (4). 

La  dénomination  de  publicœ  tahulœ  s'appliquoit  à  différentes 
espèces  de  registi*es.  Nous  avons  vu  que  Qcéron  qualifioit  ainsi  les 
actes  de  la  questure  de  Verres.  Les  registres  du  trésor  public  sont 

(i)  Ibid.,  c.  4i. 

(3}  ProRoscio  comœdo,  1  et  3. 

(3)  De  modo  usuraram,  p.  46i. 

(4)  Qist.  nat.,  II,  5.  La  balance  égak  entre  les  totanx  de  deux  pages  se  nom- 
fnoit  par  ratio. 


944  '•  TuaKHKB ,  rucE  un  lodvre,  12. 

■ODS  qu'il  en  donne,  nous  remarquons  celle^'i  :  Et  Caiiu  Ctuuus 
êeriiit  ^(&«ri  inetnbr&nas  librii  legalis.  Dans  ce  passage,  il  faut,  avec 
Saumaise  (1),  traduire  luemiranag  par  livres  carrés  et  non  pai- 
feuillea  de  parchemin  ;  car  le  même  jurisconsulte ,  traitant  des 
simples  feuilles,  les  appelle  membrana  parir ,  et  prononce  formelle- 
ment qu'elles  ne  sont  pas  comprises  dans  un  Ic^s  de  livres  (3).  Duu 
cette  épi  gramme  de  Martial 

Qdbdi  bmit  iramenaum  c«pit  nembraiia  Haronem  ! 
Iprini  Toltiu  prima  uhclt*  gerlt  (3). 

le  mot  tahelUt,  du  second  vers,  ne  permet  pas  de  douter  qu'il  ne 
s'agisse  d'un  livre  carré,  et  par  conséquent,  dons  le  premier  vers, 
le  mot  memhrana  a  la  signification  de  codex.  Cette  épigramme  est 
intitulée  J^irgiUtu  in  membranù,  et  l'on  sait  que  les  titres  du  qua- 
torzième livre  des  Epigrammes,  et  ceux  du  livre  précédent,  sont  de 
Martial  lui-même.  Un  peu  plus  loin,  sous  l'épigraphe  Oviitiu* 
M  membranû,  le  poète  place  le  distique  suivant  : 

Hkc  tibi  mulliplicî  quae  atructa  cit  dmim  labetta 
Canniua  N»ODii  quiaque  decemquc  gcrit(t). 

Ici  le  livre  carré  est  fonneUement  désigné  non-seulement  par  les 
mots  muUiplici  lahelia,  mais  encore  par  le  nom  de  modia,  synonyme 
de  codex.  Enfin  le  même  livre  renferme  encore  trois  épigrammea 
que  nous  croyons  relatives  à  des  livres  carrés  (5)  ;  les  voici  avec 
leurs  titres  : 

Ilini  et  Priami  regnù  iDÎmicui  Uljiseï 
Multiplici  pariler  condila  pcUelalcat. 

Si  coinei  îita  tibi  fiicrit  mcmbrana  ,  polilo 
Carpcre  ti  loogas  cum  CiccroDC  ^iai. 

Pellibui  ciigui*  arclatur  Lîviui  Ingens, 
Quem  mc>  non  toturn  bibliothcca  capit. 

(■)  2>>mMfa>i>rw..p.4aS. 

(1)  Quod  tantii  Coinui  de  maniratii»  pari*  icriptit  verum  «t  :  oam  née 
charlv  purm  d«b«nlnr  libri*  lepti* ,  nco  durdi  kptû  libri  debmtnr.  Di- 
gnlt,  jxm,  to. 

(3)  Epig.,  XIV,  iSfl. 
■  (4)  lbid.,iT[>igr.,  rgi. 

(i)  ZpifJ.,  iSt,  )8B,  ipo. 


f 


BULLETIN  OU   BIBLIOPHILE.  ^5 

Remarquons,  dans  les  titres^  les  mots  in  memhranis,  qui  se  retrou- 
vent dans  les  deux  premières  épigramines  relatives  aux  ouyrages  d'O- 
vide et  de  Virgile,  écrits  bien  certainement  dans  des  livres  carrés.  On 
peut  en  conclure  que  les  exemplaires  d'Homère,  de  Cicéron  et  de 
Tite-Live,  que  le  poète  avoit  en  vue,  étoient  dans  la  même  forme. 
Cette  conclusion  se  justifie  encore  par  d'autres  rapproche- 
mens  :  ainsi  multipl/ci  îabella  dans  l'épigramme  192^  et  multipUei 
pelle  dans  l'épigramme  184»  expriment  certainement  une  même 
idée.  Dans  l'épigramme  190,  le  poëte  oppose  la  commodité  du  livre 
carré  à  l'embarras  du  nombre  immense  de  rouleaux  qui  étoient 
nécessaires  pour  contenir  la  volumineuse  histoire  de  Tite-Live,  et 
cette  idée  se  reproduit  dans  l'épigranune  188,  où,  malgré  le  nombre 
des  ouvrages  de  Cicéron,  le  procédé  des  livres  carrés  permet  au 
voyageur  de  les  porter  tous  avec  lui  sans  en  être  incommodé.  Cette 
épigramme  nous  en  rappelle  une  autre  où  Martial,  parlant  de. ses 
propres  ouvrages,  conseille  aussi  au  voyageur  de  laisser  dans  leurs 
étuis  ceux  qui  sont  en  volumes  et  de  se  munir  d'un  exemplaire 
portatif  en  parchemin. 

Hos  eme  uaos  arctat  brevibas  membrana  tabellis 
ScriDÎa  da  magnis;  me  manus  una  capit(i). 

Dans  tous  les  distiques  de  Martial  que  nous  venons  de  dter,  le 
codex  en  parchemin  est  ou  formellement  nommé  ou  si  clairement 
désigné  qu'il  est  impossible  de  s'y  méprendre.  Nous  trouvons  en- 
core dans  ces  passages  la  confirmation  de  la  définition  dlsidore, 
eodex  muUorum  Ubrorum  est^  liber  unius  voluminis.  Ainsi  les  méta- 
morphoses d'Ovide,  qui  formoient  quinze  volumes,  étoient  ren- 
fermées dans  un  seul  Uvre  carré.  Un  seul  livre  carré  contenoit  aussi 
les  48  volumes  de  l'Iliade  et  de  l'Odyssée;  un  autre  les  i4o  volumes 
de  l'histoire  de  Tite-Live,  que  la  bibliothèque  du  poëte  ne  pouvolt 
contenir. 

Mais  il  nous  semble  que  dans  ces  épigrammes  de  Martial  ou 
peut  voir  autre  chose  que  la  désignation  des  livres  carrés  et  de  leurs 
avantages  sur  les  volumes.  Le  poëte  insiste  avec  intention  sur  ces 
avantages  ;  il  se  plaît  à  mettre  en  contraste  l'exiguité  du  livre  carré 
et  la  longueur  de  l'ouvrage  qu'il  renferme,  la  commodité  d'un  codex 
unique  et  l'embarras  inséparable  de  la  multipUcité  et  de  la  gros- 
seur des  volumes.  L'emploi  des  livres  carrés  pour  les  publications 

(1)  Epigranm.',  I,  m,  3. 


946  J.    TECaSIIEfi,  PLMCÈ  DU  LOtltilE,    12. 

Ihtétaires  semble  lui  inspirer  autant  d'Mifdratkte  ^flè  kê  ^ite^ 
niêiis  du  li<m  et  dn  lièvre^  spectacle  nouyeab  et  pteiqUe  Éniraea- 
Uax,  SOT  leqael  il  revient  si  smnrént  dans  son  premier  livre.  Né 
pDiinoît«on  èondare  avec  qaelquerAison  de  celte  espèce  d'engètte<^ 
ment  du  poète  que  lès  livres  Carres  en  pai-chemin  étdient  de  son 
teriips  nne  nouveau^  dans  hi  littérature  latine  ?  Nous  livrons  tette 
conjecture  à  Texamen  des  érndits^  nous  Contentant  de  faire  remai^ 
quer  qu'avant  le  célèbre  épigtantmatistè  aucun  auteur  fartin  ^  à 
notre  cbniioîssanee,'  n^a  clairement  parlé  des  livres  carrés  en  parcne^ 
tÊàn  pour  les  ouvrages  littéraires; 

Il  y  àwd  plusieurs  manières  de  Aire  un  livre  carré.  Quelquefois 
on  écrivoit  suir  les  feuilles  de  pattJiemin  avant  de  les  superpotsèr 
et  de  les  reUer  en  vbkimes.  tllpien^  après  avoir  dit  que  les  feuilles 
de  ffopyrtts  écrites ,  mais  ticfn  ënCôre  Collées  en  rouleaux ,  soiit 
èdixiprîsès  dans  uit  legè  de  livrée ,  ajoute  :  k  Et  par  conséquent^ 
A  àtissi  lès  parèbeinin^  UbU  tûiisus ,  et  mtèîttbYanm  twndum  consutœ 
k  iedlltinebuiitur  (t).  it  Les  feuillets  de  parchemin  étdtènt  simple- 
ment nommés  tabulœ  ou  iabellœ;  dans  ce  sens  le  inoi  àefoUa  se 
trouve  pour  la  première  fois  employé  par  Isidore  de  Séville  (2). 
Les  livres  carrés  étoient  composés ,  comme  nos  livres,  de  cahiers 
de  deux,  trois,  quatre  ou  cinq  feuilles,  que,  dans  le  moyen  âge,  on 
appeloit  duerniones^  ternionesj  quatemionesj  quinterniones,  La  plus 
fréquente  de  ces  désignations  est  celle  de  ^uaternio  (3),  d'où  on 
pourroit  conclure  que  les  cabters  de  quatre  feuilles  étoient  leâ  plus 
usités.  Les  Grecs  nomnioient  ces  cahiers  rer^a^ûç  et  TêTfiiJtA  (4)  • 
on  les  couvroit  parfois  d'éciiture  avant  de  les  relier  ensend)le.  Il  est 

Îuestion,  dans  le  traité  de  S.  Epiphane  contre  les  hérésies  du 
rouillon,  d'un  ouvrage  qu'un  vénérable  diacre  nommé  Hypatius 
mit  au  net  sur  des  cahiers  de  quatre  feuilles  ;  à^l  ruv  ^iS^flttf 
sr  TtT^eLffi  nrotnaifJLSVoç  (5). 

Souvent  on  écrivoit  dans  des  livres  qu'on  avoit  cousus  et  reHés 
lorsqu'ik  étoient  encore  en  blanc.  On  peut  se  convaincre  de  cet 
usage  en  examinant  les  évangélistes  et  les  autres  écrivains  repré^ 

(i)  Digeste.  XXXIt,  5o. 

X%)  Folia  libroruin . . . .  cùjiis  partes  pagina  dîcuntar.  Origin.f  Vl,  i4. 
{tj  'tûy.  Ye  iSiohisaAtt  6t  A\i  CAngfe. 
^A)  idktk.  Olbikirè  gi^^  eu  ta6i  Tirfkf. 

(5)  Ce  passage  est  rapporte  par  Saumnise,  Z)e  «ecretunù,  dans  le  Thesaurut 
>6it  Sallengre,  tom.  Il,  col.  666. 


BULUETIH  HtJ  BtftLIOMftt.  gf^ 

sentes  d'après  des  maniiscrits  trè^-dntièiisi  dum  Iâ(inb6cfais,  Mdtfl^ 
faucon,  Schwan,  et  dans  les  {KibficatîiAis  de  M.  te  eémjt  l^àtâtû. 
C'est  surtout  pour  b  confection  des  manuscrite  cai*!^  ^è  letf  éciî- 
yains  ayoient  besoin  de  tous  tes  înstroiliéns  dèMt  tunni  ityo'iisiiidi^ué 
Tùsagé  dans  notre  deùxiènie  chapitre;  Noué  èfttpHintons àla  àttétSi' 
que  de  S.-*Trond  un  paséage  où  sont  étitnnCtiés  art  rie  ùrdre  tdus  les 
détaik  de  b  confection  d'un  Htre.  Il  ti'sigîé  d'un  àojtn  du  ik^ 
nastère  qui,  afin  d'apprendre  à  cfaatfter  ^yant  Tusage  dèbmàt- 
son^  composa  lui-même  etl  entier  un  litre  de  chant  (t)i  Qraduah 
unuià  propria  manu/ormapit^  purgàt^lt},  pnnscû^  $iittapit\  serf  su:,  ii^ 
iumùiapùj  musiçeque  notant  syllabutifà  (s): 

Farmatt  librum  se  trouTe  danat  "Wmt  le  jeune  :  libmm/ormtUUt» 
à  me  misi  (3);  mais  ces  mots  signifient  sans  doute  un  Wne  écrit 
composé  par  lui.  C'est  aihsi  qu'il  dit  ailleurs  qu»  firmàpêrom 
dieto  (4)9  et  Gcëron/oripiare  maionem  (5).  Mais  le  moine  qui  ëéft- 
Toit  un  ^[radùel  n'avbit  absolmhèift  rien  à  cdm^ser  ;  son  otma||b 
consistait  dans  une  simple  topie.  Oonsë<j[uemmeot  le  motybrmore, 
dans  le  paéèage  de  b  dirdnique  de  Saint-Trohd^  signifie  tàmpleibeiit 
confectionner  un  lifre^  en  fonkier,  rogner^  assembler  et  coudre  les 
cahiers,  opération  qui,  ainsi  que  nous  l'ayons  fait  obseryer,  ^iréèé^ 
doit  souyent  l'écriture. 

Purgapit.  Ce  yerbe  indique  le  polissage  du  parchemin,  d'abord 
ayec  le  grattoir  j  rasùriam^  ensuite  ayec  b  pierre  ponce  (6).  Il  arriyoit 
parfois  que  ce  doublé  j^Usttige  ne  bis0it  pas  disparoitre  toutes  les 
aspérités  ou  toutes  les  taches  du  parchemin.  Bans  ce  cas ,  les  co- 
pistes interrompoientb  ligne  et  bissoient  un  bbnc.  Aussi^  bien  des 
fois  on  croit  aperceyoir  dans  les  anciens  manuscrits  des  bcunes  qui 
n'existent  pas  en  réalité. 

Punxitj  sulcavit.  Nous  ayons  déjà  signalé  l'usage  où  l'on  étoit^ 
au  moyen  âge,  de  fixer  ayec  le  poinçon  la  largeur  des  marges  et  des 
interlignes.  Il  existe  plusieurs  manuscrits  dont  les  marges  sont 
percées  d'outre  en   outre  dans  toute  b  longueur  du  feuillet; 

(i)  Le  Graduel  est  un  livre  renfermant ,  ayec  la  noUtion  musicale,  let 
messes  de  Tannée. 
(a)  Ghronic.  Trudon .,  dans  le  SpieUége  de  d'Acherj,  éd.  in-fol.,  t.  II,  p.  Wp 
(3)  VII,xii,  I. 

(4)   IX,  XXXTl,  9  . 

(5)  De  Oratore,  II,  9. 

(6)  Yoy.  ci-dessas,  p.  70s,  le  passage  de  Pierre  de  Bbis^ 


g48  J.    TECHEN£B,   PLAGE   DU    LODVBB,    12. 

chaque  point  correspond  ayec  une  des  lignes  au  crayon  qui  y 
ont  été  tracées  pour  maintenir  l'écriture  dans  une  direction  par- 
faitement horizontale. 

Scnpsil,  illuminauù.  Le  parchemin  une  fois  réglé,  membrana 
sulcatas  on  le  couvroit  d'écriture.  L'enluminure,  c'est-â-dire  les 
lettres  ornées,  les  peintures  des  marges,  les  vignettes,  ne  venoient 
qu'en  dernier  lieu.  Les  lettres  ornées  étoient  employées  pour  les 
titres  des  ouvrages ,  pour  ceux  de  chaque  division  principale  et 
pour  les  initiales  des  chapitres.  Les  lettres  ornées  des  manuscrits 
ne  se  présentent  guère  avant  le  ti*  siècle,  quoique,  suivant  l'opi- 
nion des  bénédictins,  elles  fussent  en  usage  bien  antérieurement  à 
cette  époque.  Depuis  le  vi*  siècle  jusqu'à  l'invention  de  l'impri- 
merie, les  omemens  de  tout  genre  ont  été  prodigués  dans  les  ma- 
nuscrits de  luxe.  Les  lettres  ont  pris  les  formes  les  plus  bizarres, 
elles  ont  représenté  des  honunes,  des  animaux,  des  plantes,  etc. 
n  n*est  pas  rare  de  trouver  des  titres  dont  la  première  lettre  oc- 
cupe une  page  entière.  Ces  titres  sont  souvent  écrits  entièrement 
en  lettres  d'or  sur  un  fond  rouge  ou  violet.  Les  encres  d'or  et  d'ar- 
gent concourent,  avec  les  couleurs  de  tout  genre,  à  l'ornement  des 
initiales. 

H.  GlRlUD. 

(  La  suite  sera  envoyée  comme  complément  aux 
souscripteurs  du  Bulletin.) 


NOTICE  BIBLIOGRAPHIQUE 


SUR 


LE  JOURNAL  DE  L'ÉTOILE, 


ÉDinOIC  DB  LENGLBT-BUPRESNOT,    1741  ET  1744,   9   VOL.    IN-8. 


On  sait  généralement  que  cette  édition  est  toujours  recherchée  ,  étant 
plus  complète  et  ayant  plusieurs  pièces  ajoutées  qui  n'ont  pas  été  insé- 
rées dans  les  réimpressions  faites  depuis.  Les  amateurs  recherchent 
surtout  les  exemplaires  qui  sont  sans  cartons ,  c'est-à-dire  ceux  ou 
les  feuilles  supprimées  ont  été  conservées.  Il  y  a  trois  sortes  d'exem- 
plaires ,  savoir  :  ceux  qui  ont  été  cartonnés ,  et  qui  n'ont  plus  les  pas-» 
sages  mis  à  l'Index  ;  ceux  qui ,  au  contraire ,  ont  bien  les  feidQes 
mises  à  l'index ,  mais  sans  avoir  conservé  les  feuilles  qui  doivent  les 
remplacer  ;  et  enfin  ceux  qui  ont  l'une  et  l'autre,  dont  les  feuillets 
doubles  sont  placés  à  la  fin  des  volumes,  ou  bien  à  côté  l'un  de  l'autre. 
Yoici,  au  reste,  les  indications  que  j'ai  recueillies  dans  plusieurs  exem- 
plaires avec  les  cartons  ;  car  souvent  ces  cartons  ne  s'y  trouvent  pas  tous 
réunis  ;  je  n'en  ai  remarqué  que  dans  le  Journal  de  Henri  III. 


TOME  l*'. 

Page  66.  La  fin  de  la  note  (78)  se 
termine  par  «  qui  est  sous  Montmarte. 
Voyei  les  mëm.  de  Nevers.  » 

Page  80.  La  (In  de  la  noie  (S),  aprt*s 
de  la  reine,  on  lit  :  «  des  gens  inquiets 
Tontoient  «{ne  ces  princes  prétendissent 
à  la  rëgencc,  quoique,  dans  les  diflërcn- 
tes  rac«s,  les  reines  mcrcs  des  roisayent 
éU;  reconnues  régentes.» 

Page  gi.  Au  milieu  de  la  première 
colonne  de  la  note  (si)  :  «  sur  le  champ, 
contestation  ,  paroles  très- vives  ,  puis 
des  injures  et  d^autres  contestations.» 
/'d^ei4i,nole(a),lebarondeVitcaui, 
«  cegentilhomme  crut  avoir  yengériion- 
near  de  la  reine  Marguerite  en  assassi- 
nant du  Guast.»  Et,  Unissant  para  le  duc 
d*JLlençon ,  surtout,  fut  un  des  plus  ze- 


TOMBI<^(page66). 

Note  78  qui  est  sous  Montoarta  :  m 
qui  est  bien  plus  chrétien  (  1  ). 

A  la  même  page ,  après  le  aot  rciaa , 
on  lit  :  en  soutenant  les  loixjondamen'» 
taies  et  f  ordre  du  royaume  et  les  droits 
des  premiers  princes  du  sang ,  qui ,  en 
jmreil  cas ,  leur  décerne  la  régence  du 
royaume . 

Puis  des  injures,  et  enfin  des  ins^ 
leuces. 


Le  hmnn  de  Flteaux,  après  avoir  vengé 
r honneur  i!e  la  reine  Afargnerite  (chese 
nianmoi^s  bien  difficile  ^  car  elle  n'en 
tti^oit  guère),  ilcrut  det'oir  venger  lantort 
de  Nicolas  Ancienviliej  l'un  de  ses  frères^ 


(1)  Les  mots  eu  caractères  italiques  sont  ceux  qui  ont  e'te'  sapprimi^s. 


60 


95o 


J.    TECHENF.R  ,    PLACE    DU   LOUVRE,     f2. 


TOME  {•'. 

lés  protecteurs  à  caase  de  la  reine  de 
Nayarre.» 


Page  147/iiote  (10),  à  la  fin  «  et  d'au- 
tres lieux.  » 

Page  161,  note  (34),  à  la  fin  «  et  ra> 
luroa  la  dévotion  du  peuple  de  cette 
grande  ville.  » 

Page  168  ,  note  (46) ,  après  «  la  cour 
en  15S7.» 

Page  s5i ,  note  (58),  après  «  que  cela 
changeât .  « 


Page  3ig  y  note  (Si)  ,  après  «  pour  le 
contenter  priva.» 

PageZbZ,  note ITqi),  après  je  trois 
qu'il  n'y  a  plus  «de  Pois'e.  » 

Page  36 1,  note  (gg),  après  «  le  duc  de 
Guise .  » 

Page  36 1,  note  (^),  après  a  conforme 
à  la  d^posit'on.  » 


•*• 


TOME  I«^ 

qui  auoit  été  tué  par  Antoine  et  Allègre 
Milsaud,  Ce  seigneur,  qui  s'étoit  acquis 
une  grande  réputation  dans  les  armes 
et  dans  les  lettres  ,fut  honoré  ile  la  pro- 
tection du  duc  d*  Anjou,  qui  avoit  obtenu 
sa  grâce  ,  mais  non  pas  sa  seureté  ;  il 
étoit  continuellement  observé  par  le  ba- 
ron de  yiteaux ,  qui  cherchait  à  tirer 
raison  de  la  mort  de  sonjrèi^.  Jl apprit 
donc  que  d'Allègre  avoit  quitté  ses 
terres  d'Auvergne  et  s'étoit  rendu  à 
Paris;  il  se  cacha  dans  la  maison  de 
IVantouillet  avec  cinq  ou  six  autres  ;  cfo 
là  il  x'it  sortir  son  ennemi  de  thôtel  de 
JVeverSf  et  le  tua  en  plein  jour  d'un  coup 
d'arquebuse. . .  Quelques  jours  après , 
liteaux  fut  arrêté ,  et  ses  amis  solUei" 
tarent  inutilement  sa  grâce  auptès  du 
rojr  ;  tout  ce  qu'ils  purent  obtenir  Jut 
que  son  affaire  serait  remise  au  parle- 
ment, qui  le  condamna  seulement  a  des 
intérêts  civils  et  a  quelques  amendes, 
P^oilh  un  jugement  fort  équitable. 
Et  d autres  lieux  de  plaisir, 

9 

Et  réclama  la  dé?otion  andfulante  des 
Parisiens. 

I  a  cour  en  1637  pour  son  argent,  c'est 
ainsi  qu'il  le  faut  entendre. 

Que  cela  changeât,  et,  pour  le  dire  en 
peu  de  mots  ,  on  s*est  toujours  plaint  du 
peu  de  justice  des  parlemens  ;  mais  elle 
ne  se  rendait  pas  mieux  avant  qu'après 
la  vénalité  des  offices. 

Pour  le  contenter  pri?a  sotement. 

De  Poisle  au  parlement.  "^ 

Le  duc  de  Guise  et  monsieur  de  y. 

Conforme  à  la  déposition  s^  les  re- 

procheî faits  a  M.  de  V. et  ensuite 

sa  désertion  du  parti  du  roy  pour  se 
jeter  lui-même  élans  la  ligue . 


BULLETIN    DD    BIBLIOPHILE. 


a5t 


TOMEl". 

Page  36 1  y  note  (99),  après  «avec  M.  de 
•Goise.» 

Page  3G2,  noie  (100),  après  <  arec 
M.  lie  GuLsc.» 

Page  3C5,  note  (1),  après  «  consola- 
tiou.u 


Page  4 a  3,  note  (65),  après  «  deguisc'c 
en  garçon,  laquelle.» 

Page  485  ,  note  (33) ,  au  lieu  de  «  de 
rattachement  c|ue  tout  sujet  doit  avoir 
pour  son  roy .  » 

TOME  II. 

Page  iS,  note  (ag), après  «on  malgré.» 
Page  3o,  note  (4C;,  après  «  etde  battre 
ses  ennemis.» 


TOxME  I" 


Avec  M.  de  Guise  et  il/,  de  y. 


Page  53,  note  (i3),  après  *  prit  h 
fuite .  » 

Page  53  .  note  (i3) ,  après  «  m'avez 
dit  qu'il  rëtolt.» 


Pagebkt  note  (  i€;,  après  «  ces  actions, 
quoique  très -justes  et  irès>tnnoceotes.» 


Page  Go,  noie  (25) ,  après  k  politique 
'  et  dévot.» 


Page  Cl ,  noie  (aC},  après  «  pour  con- 
sulter le.» 

Page  Cl, note  (a6),  après  «  il  Toulut 
faire  changer  le.  » 


Avec  M.  de  Guise,  mais  Vun  et  rdlUré 
h  tort. 

Consolation  en  Vautre  mom/e,  en  dp* 
prenant  que  son  manteau  de  tordre  du 
Saint-Esprit  avoit    été  inhumé  en  sa' 
place . 

De'guist'e  en  garçon  ,  laquelle  s'étoit 
vouée  aux  cordeliers  par  dévotion  :  une 
action  si  pieuse, 

Delaitacliement  qu'il  doit  avoir  pùut 
le  roy, 

TOME  II. 

'Ou  maigre  sàfanatique  sainteté. 

Et  de  battre  ses  ennemis  :  mais,  lieloêl 
le  bon  prince  ne  se  donnoit  pas  de  tels 
soins  ;  il  avoit  ses  mignons  ;  et  à  iniagi" 
ner  de.  quelle  manière  il  s'habil/er6it  ie 
lendemain  ,  et  quelle  liouvelU  nUfde  il 
inventerait. 

Prit  la  fuite  {au  moyen  de  VargfnU 
que  Li  princesse  de  Condé  lui  fit  tàuch^ 
chez  son  trétoi  irr) , 

M^avez  dit  qu'il  IVtoit  :  nonàtstiint 
tous  ces  soupçons  contraires  aux  loix , 
le  prince  né  de  cette  conjonction  a  fou- 
jours  été  reconnu  légitime ,  ainsi  qUe 
sa  postérité» 

Ces  actions,  quoique  trèt-justct  et 
très-innocentes,  ne  se  pardonnent  jamaiM 
a  Rome ,  et  lorsqu'on  peut  s'en  venger 
sur  le  corps ,  en  ne  manque  jamaiê  de 
flétrir  la  imputation  d'un  homme  y  et  de 
le  faire  regarder  comme  un  athée. 

Politique  et  detot.  //o,  ce  n'est  pas  ce 
qui  convient  toujours  à  certtùnes femmes 
qui  demandent  quelque  çlujse  de  moins 
spirituel  et  de  plus  sensible. 

Pour  consulter  le  brm'c . 

Faire  cliaoger  le  sot. 


gSa 


J.    TECHEMER,    FUCE    OU  K/tjyirfe ,    t^. 


TOME  II. 

P^à  fi'  (lîgne  !(«).«  De  madame  de 
TremouiUe,  sa  femme,  qui  fut  consti- 
tuée prisonnière .  » 
Yojei  le  tome  m,  page  3so,  etc. 

Page  io6,  note  (37),  après  «  les  capu- 
cins Toulurent  être  de  la  partie. 

Page  I  ig ,  note  (44) ,  après  «ce  sont 
les  whigs  et  les  torys.  » 

Page  1 19  ,  note  (45) ,  après  «  sur  ce 
^a^ili  a  voient  dëjà  fait.» 

Pt^e  i34  ,  note  (66) ,  après  «on  se 
locque  aujourd'hui  des  vieilles  mu- 
es.» 

Page  169,  note  (91),  après  qu'on  a 
itrait  fidèlement  de  leurs  registres.» 

Page  170»  note  (3),  après  «suivant 
i  maximes  de  Machiavel ,  qui  devien- 
mt  prenque  toujours  fatales  h  celui  qui 
1  suit.» 

Page  3iT,  noie  (a5),  après  «  de  voir 
Henrjr  Etienne.» 

Page  333,  note  (Si) ,  après  «  mais  ni 
les  Cbasti  lions.» 

Page  343 ,  note  (53),  après  «  je  veux 
qui  ro*obéi.«sent  k  ce  que  je  vous  com- 
manderai.» 


*    Page  368  ,  note  (65) ,  après  «  on   ne 
aoit  pas  s^en  étonner.  » 


Page  36 1, note  (84),  après  «  Finstruc* 
lion  de  Charles  IX  ,  imprimée  a  la  fin 
du  i«r  volume,  le  marque.  » 


TOME  II. 

Qui  fut  constituée  prisonnière,  àe 
U'ouvani  grosse  dudit  page  sans  que  ic 
mary  y  eust  aucune  part . 

Les  capucins  voulurent  être  de  la 
partie ,  car  de  quoi  ne  sont-ils  pas  ? 

Ce  sont  les  whigs  et  les  torys  :  ce  sont 
même,  si  ton  t'eut, . . ,  mais  je  ne  le  dirai 
pas,  . 

Sur  ce  qu'ils  avoient  déjà  fait  depuis 
que  la  France  a%foit  eu  la  bonté  do-ies  re- 
tirer  î  mais. 

On  se  mocque  aujourd'hui  des  lAeillM 
modes  ;  il  en  est  dé  même  de  la  morale . 

Qu'on  a  extrait  fidèlement  de  leurs 
registres  ,  cette  délibération  ne  fait  pas 
honneur  a  la  faculté  de  théologie. 

A  celui  qui  les  suit  :  et  te Ip rince ztffeetie 
de  les  a^oir  en  Iwrreur^  ou  de  Us  réju^ 
ter  par  ses  paroles,  qui  en  devient  Ces^ 
claye  dans  sa  conduite;  mais  t'oyons 
jusqu'au  bout  ce  qui  arrivera. 

De  voir  Henry  Etienne,  qui  croyait  à 
peine  en  Dieu. 

Mais  ni  les  Chastillons  ni  le  prince  de 
Condé,  ni  même  la  reine  Catherine» 

Je  veux  qui  m'obéissent  à  tout  ce  que 
je  vous  commanderai.  Tout  cet  endroit^ 
qui  est  vif ,  ne  demande  point  de  com- 
mentaire que  Von  ne  scauroit  y  faire 
sans  quelque  application  odieuse,  ou  du 
moins  désagr'able;  ce  qui  ne  convient 
pas. 

On  ne  doit  pas  s'en  étonner.  *4ussi  , 
depuis  ce  temps-là,  tous  les  Montes" 
quious  sont  en  horreur  h  la  nuUson  de 
Condé. 

Le  marque  ;  mais  il  faut  remarquer 
cela  comme  une  preuve  île  lafoihlesse  de 
ce  roy,  si  cela  regardait  un  particuliery 
on  traiterait  cet  aveu  de  témérité;  mais 
il  faut  respecter  les  rois  ;  et  ce  que  dit 
ici  notre  auteur,  quoiqu'il  soit  fort  saty- 
rique  ,  ne  laisse  pas  d'être  tj  es  sensé. 


^f 


■ULLBTIIf   BU   raUOPHItfe. 


953 


TOME  II. 

Page  38g,  noie  (SC),  après  «  Matthieu, 
UitU  de  Fn,  tom,  l^'ypag.  348.  » 


Page  391 ,  note  (89) ,  après  «  contre 
lequel  le  parlement  rendit  un  arrêt.» 


Page  409,  note  (1),  après  «  ille  Gt, 
cependant,  et  pailit.  1» 


TOME  H. 

Je  VatK>is  dit  de  même  quelque  pmri  ; 
mais  on  a  eu  la  honte  de  me  feffaeer  cl 
d^ en  faire  un  carton;  mais  je  pense  et 
penserai  toujours  de  même. 

Contre  lequel  le  parlement  renditan 
arrêt  ;  mais  un  arrêt  dent  on  se  moequoii 
alors ,  et  que  l'on  fut  ohligé ,  dam  la 
suite,  de  mettre  h  néant, 

U  le  fit,  cependant,  et  partityuitû'w-' 
ment  ;  et  Ut  France  eut  le  malheur  de  I0. 
voir  monter  sur  un  trône,  qui,  alavéritép 
lui  éioit  dû ,  mais  qu'il  remplit  heaueoup 
plus  mal  que  les  Childéries  et  les  rois 
fainéans ,  parce  qu'avec  tous  les  tabns 
qui  font  les  grands  rois,  il  nefuipeinS 
assez  heureux  pour  seat^oir  choisir  de 
hons  seconds. 


TOME  V. 

Page  86,  noie  (91),  après  «  ce  qui  bcêt 
même  pratiqué.» 

Page  i64  (texte,  {>•  ligne),  après  «leur 
S.  Jacques.» 

Page  iC4  ,  note  (1),  au  lieu  de  «  on  a 
fait  dans  les  temps ,  etc.  » 


Page  i64,  note  (1 },  après  «  en  un  ou- 
yMgein-4*'.» 

1 7«  siècle ,  «  le  moindre  de  cet  Ticcs . 

Page  477  (texte,  s4«  ligne),  nen  en|- 
poisonna  braTement  le  dit.  » 


TOMB  V. 

Ce  qui  s^est  même  pratique  h  Rome 
dans  le  S,  Ambroise  et  le  S.  Grégoire. 
Leur  S.  Jacques  F..,.* 

Rien  n'est  plus  ingénieux  ^aee  safei , 
que  cette  élégante  pièce  dagphgie  da 
Henry.  IV,  citée  dans  ce  chapitrem 

Comptez  que  ce  roy  n'étoit  pas  le  seul. 
h  qui  tl  aitfallufaire  du  mal  pour,  vn 
obtenir  du  bien. 

En  un  ouvrage, f^roicrtl. 

Le  rooiodre.de  s^.criines. 

En  empoisonna  le  dit  hautemenH^ 


J.  T. 


a54 


.    TECHE:iUII,    PLACE  DU   LOUVnE, 


Le  yoùl  des  niiiaiciii's  sVst  pixinoiicr  lic  la  ni3iii«i-c  In  p 
taiitc  ni  faveur  dis  n^liuiLS  .lucioniies.  Quoique  l,i  relitir< 
de  uos  joui's,  de  notaLtos  |>ro{jrrs  dans  quelques  alcliei-s, 
inaroqiiîns  de  Uoyet,  de  Padcloup  et  de  Ueionie  sont  plu 
mais  en  faveur  dans  les  venins.  Ct;iie  pii'dileclioi) ,  déjà 
du  temps  de  TliouTeiiiii ,  l'avoit  poilé  ^  se  rapprocber 
qiic  poïBible,  dw  «nclciis  piod'dés ,  et  à  n'talilir  la  reli 
son  vieux  style  et  sa  vieille  pliysinnoniie.  Ses  successeurs 
la  iiicine  voie,  et  nous  avons  le  bonheur  de  posséder  auj 
des  reliures  touleâ  iieuvos  qui  ont  le  siu^julier  uiciîte  de 
supposer  liaiilinicnt  cent  cinquante  ou  deux  cents  ans  de 
tîou.  Cependant  lu  coiuiariimenl  à  pièces  de  couteitit 
dont  les  lelicuis  itnticiis  cl  frnnj'ois  du  ivi'  siècle  ont  lai 
beaux  modèles  ne  paioisâiiit  pas  avoir  été  retrouvé,  Ki 
faisons  un  devoir  de  recommander  aux  curiiux  les  lieurci 
de  M.  Siitiier  dans  ce  geu:e  piquant  de  travail.  Un  Plaioa 
silc  Ficien,  de  l'édition  in-foUa  di;  Basie ,  que  nous  avons 
yeux,  et  qui  est  nierveineuscnient  exécuté  en  compartîfoeni 
de  couleur ,  nous  semble  un  véritable  clief-^l'œuvre  en  c 
soit  par  l'éléfjance  de  bon  Qoùt  du  dessin ,  soit  par  l'habil 
tïment  dis  uunnces.  Nous  n'avons  pas  besoin  d';ijouter  qu 
liurcs  do  M.  Slmier  continuent  à  se  distinj-iier  |>ar  toutes  1< 
tés  qui  le  rangent  au  nombre  îles  inaiires  de  sou  art ,  et 
est  afjréable  Je  constater,  t!ans  la  dernière  de  ses  tentative: 
ses  plus  honorables  succès.  Ln  haute  réputation  qu'il  s'est 
en  ce  f>,L<nre ,  ne  sera  pas  moins  conllrniée  par  la  iiia^niGqui 
du  HaciiieAt  Didot,  ajipartenant  ,i  M.  le  baron  Taytor,  et 
illustre  amateur  a  voulu  l'atre  un  \\K\ia  speeimen  de  \o\xi 
réunis.  Jamais  monument  plus  di(jne  de  notrt^  admirable  ] 
lui  aura  été  consacré  par  un  homme  plus  capable  de  l'aj 
Le  Racine  de  j)I.  le  baron  'i'aylor,  imprimé  par  Dldot,  illi 
toui  les  {jrands  artistes  de  l'école  l'rançoisc,  et  relié  par  Simi 
passer  pour  U  roi  dvs  li^rti. 

Cl.    NoniER 


BULLETIN    DU    BIBUOPHILE.  0)55 


VENTES  DE  LIVRES. 


La  bibliothèque  de  M.  le  comte  Boutourlin,  dout  on  fait  la 
vente  en  ce  moment ,  est  connue  depuis  longtemps  des  amateurs. 
Ce  bibliophile  distingue ,  après  avoir  vu  détruire ,  dans  Tincendie 
de  Moscou ,  une  collection  qui  lui  avoit  coûté  plusiem-s  année* 
de  soins,  et  dont  le  catalogue,  rédigé  par  MM.  Barbier  et  Pougens, 
parut  à  Paris  en  i8o5 ,  abandonna  la  Russie ,  et  alla  se  fixer  en 
Toscane,  où,  n  force  de  persévérance,  il  parvint  à  former  en  quinze 
ans  une  nouvelle  bibliothèque ,  beaucoup  plus  belle  et  plus  riche 
que  celle  qu'il  avoit  perdue.  Cette  bibliothèque  ,  qui  étoit  visitée 
par  tous  les  éti*angers  qui  passoient  par  Florence ,  avoit  acquis  une 
réputation  européenne. 

Deux  cent  cinquante  manuscrits,  parmi  lesquek  il  y  en  a  plu- 
sieurs dont  il  n'existe  pas  de  copie,  près  de  mille  éditions  du 
XV*  siècle  ,  où  se  trouvent  les  éditions  princeps  les  plus  rares  ;  une 
collection  presque  complète  d'Aides ,  rendroient  déjà  cette  bibUo- 
thèque  tout  à  fait  digne  de  l'attention  des  amateurs.  Mais  il  faut 
ajouter  à  toutes  ces  curiosités  bibUographiques  une  collection 
d'excellens  livres  sur  la  littérature,  sur  les  sciences,  sur  rhistoire  , 
qui  formeroient  à  eux  seuls  une  bibliotlièque  considérable.  Nous 
dirons,  sans  crainte  d'être  démenti,  que,  depuis  la  vente  Mac-Car- 
thy,  il  n'a  pas  été  livré  aux  enchères  en  France  une  collection  ca- 
pable de  rivaliser,  en  livres  rares  et  précieux,  et  en  anciennes  édi- 
tions, avec  celle  du  comte  Boutourlin. 

Notre  catalogue  sera  divisé  en  trois  parties,  qui  paroi ti'ont  suc- 
cessivement. La  première ,  que  nous  publions  aujourd'hui ,  con- 
tient beaucoup  d'éditions y/n/icepj  et  de  manuscrits;  les  deux  par- 
ties qui  suivront  ne  renferment  absolument  que  les  autres  ouvrages 
déjà  compris  dans  le  catalogue  de  cette  bibUothèque ,  rédigé  par 
M.  Aud'm ,  et  qui  parut  à  Florence  en  i83t .  Tous  les  livres  ont  le 
cachet  de  leur  origine  et  portent  les  armes  du  comte  Boutourlin  (i); 

(i)  CVsi-à-dirc  iinprimcc  ri  collée  sur  le  r«clo  de  la  coufctturc. 


9%  >■  teiseuer,  PLics  du  lootre,   12. 

les  amateurs  tiouveront  en  cel&  une  garantie  <Ie  pli»  de  la  beauté 

et  du  choix  des  exemplaires. 

Daus  la  description  des  manuscrits  et  des  éditions  du  xt<  siècle, 
nous  nous  sommets  appliqué  à  reproduire  fidèlement  l'ortlK^rapLc 
du  litre.  Cette  méthode,  qui  a  été  adoptée  par  les  plus  habiles  bi- 
bUogisplies ,  nous  étoit  eu  quelque  sorte  imposée  par  le  catalogue 
déjà  pubUé  à  Florence ,  où  elle  avoit  été  constamment  suivie  ;  car 
c'est  dans  ce  catalogue,  qui,  quoique  tiré  à  petit  nombre,  est 
connu  de  tous  les  bibliophiles ,  que  nous  avons  dû  chei-cber  les 
élémens.  de  la  rédaction  de  la  partie  qne  nous  publions  actuel- 
lement. 

La  collection  dont  la  rente  delà  i"  partie  se  teruiine  en  ce  mo- 
ment exdte  l'atteiition  deg  amateurs  et  des  bibliographes  de  pn>-  ' 
fession  qui  s'empressent  d'accourir  à  l'aspect  de  tant  de  richesses. 
Darrive,  en  effet,  bien  rarement  que  l'on  ait  l'occasion  de  consal- 
ter  soi-même  tous  les  livres  rares  dont  on  doit  parler.  Faute  de 
pouvoir  tout  vérifier ,  les  hommes  les  plus  exacts  et  les  plus  soi- 
gneux sont  forcés,  souvcm,  de  s'en  rapportera  leurs  prédécesseurs, 
et  vml  comment  se  propagent  les  inexactitudes  ou  les  erreurs. 
Mous  croyons  que  les  iacunables  de  la  bibliothèque  Boutourlin 
KTont  consultés  avec  fruit  par  tons  ceux  qui  s'occupent  séneuse- 
ment  d'étudier  l'histoire  des  premiers  temps  de  la  topographie. 

Une  vente  comme  celle-ci  devenoit  nécessaire  pour  aider  à  l'ap- 
préciation de  la  valeur  de  ces  livies  ,  dont  les  prix  ont  tant  varié. 
Voici  un  aperçu  des  prix  auxquels  se  sont  vendus  quelques  articles 
inporlatts  : 

I.  La  Bible  polyglotte  d'Anvers.  {Bel  m).  231  fr. 
24.  Biblia  Swielâ ,    etc.    Brtstift   in    Litlmania,     i563.  {Ex. 

avec  quelques  mouillants,  et  unpeupiquéi.  9627  Ir. 
3o.  Psallerium  erKcuin.  Mediolaiù,  1481.  4oo"fr. 
3ig.  Lactantîi,  i^65,  eti.  princtps,  in-fol.  Siofr. 
483.  Dyalogue  des  Civatures,  in-fol.  ^/j.  i.Soofr. 
566.  Rei  RusticK  scriptores,  1573,  avec  lesnotesaut.  de  Poltien. 

549  fr. 
045.  Homeri  opéra.  Florealia,  1488,  2  vol.  ia-fol.  i,o4%  fr. 
1826.  Ptolemei,  eJit.  priiueps,cosinop.,  14781  in-fol.  210  fr. 
30i3.  Cfaronicatnontiscassinensis, in-fol.  ('/>è«>£eauJl/i.)  3iofr. 
n  Mt  Imcu  de  remarquer  que  tous  ces  prix  doivent  être  augmen- 
ta de  5  p.  00 


linLLBTlN   DU   filBUOPHlUS.  967 


Nous  finissons  Tannce  par  Tannonce  des  ventes  assez  impor- 
tante, après  celle  de  M.  Boiitourlin,  dont  nous  venons  d'entretenir 
nos  lecteurs.  Nous  avons  à  parler  de  celle  de  M.  Klaproth  ,  que  la 
mort  a  enlevé  ,  jeune  encore  ,  au  milieu  de  ses  travaux.  Voici  un 
aperçu  de  cette  bibliothèque  que  l'on  cite  en  tête  du  catalogue  : 

«  Après  ses  ouvrages,  ce  que  l'homme  de  lettres  affectionne  le 
plus,  c'est  sa  bibliothèque  ;  il  prend  plaisir  à  la  former,  n'épargne 
rien  pour  l'enrichir ,  et  jouit  avec  bonheur  des  éloges  qu'elle  Im 
attire.  Aussi  met-il  là  tout  son  luxe.  Est-ce  reconnoissance  pour  les 
services  que  lui  rendent  ses  livres  ?  s'y  glisseroit-il  quelque  peu  de 
vanité  ?  qu'importe  après  tout?  N'est-ce  pas  en  résultat  une  heu- 
reuse disposition  qui ,  tout  en  le  satisfaisant,  ménage  à  sa  famille 
une  ressource ,  la  seule  trop  souvent  qui  lui  restera  ?  car  les  esprits 
absorbés  par  l'étude  sont  peu  distraits  par  les  prévisions  de  la  foi^ 
tune  et  rarement  ont  souci  de  l'aTenir. 

C'est  à  ce  goût  non  moins  qu'au  besoin  de  ses  études  que  nous 
devons  la  précieuse  bibliothèque  de  M.  Klaproth.  Si  l'amateur ,  si 
le  bibliophile  se  reconnoît  dans  la  beauté  d^s  exemplaires,  dans  leur 
brillante  condition  ,  l'homme  studieux  ,  le  savant  se  retrouve  dans 
le  choix  des  ouvrages.  Comme  ses  études  y  sa  bibliothèque  est  qpé- 
cale  ;  elle  nous  montre  la  direction  de  ses  travaux  ,  et  l'inspectioii 
de  son  catalogue,  presque  aussi  bien  que  la  lecture  de  ses  ouvrages, 
faïi  voir  que,  dans  la  philologie  et  dans  la  comparaison  des  langues, 
ce  n'étoit  pas  une  stérile  curiosité  qu'il  cherchoit  à  satisfaire,  c'étoît 
un  flambeau  dont  il  s'oclairoit  pour  suivre ,  dans  la  nuit  des  temps, 
la  marche  de  la  civihsation  humaine  et  les  migrations  successives 
des  peuples. 

En  nous  initiant  à  ses  études ,  sa  bibliothèque  nous  déroule 
aussi  la  chronologie  de  ses  travaux  (i),  dont  elle  nous  présente  et 
les  publications  et  les  manuscrits  restés  inédits.  Pour  que  son  ca- 
talogue nous  offre  la  suite  complète  de  ses  ouvrages  ,  il  ne  nous 
manque  probablement  que  les  deux  que  nous  trouvons  indiqués 
dans  la  Biographie  des  honunes  vivans  (2).  La  date  de  ces  âeaz 
publications  (1802)  nous  bit  voir  qu'il  écrivoit  déjà  à  l'âge  de  dix- 
Ci  )  f^oir  à  la  table  alphabétique  dts  auteurs  Tartide  de  M.  Klaproth,  dont 
leiouvrjges  y  sout  rangei  diaprés  la  date  de  leur  publication. 

(s)  Aiiatixchci  Magazin  ,  i8oi-iSo3,  in-8,  is  caliiers.  -—  Traduction  aile - 
mande,  avec  notes  ,  de  la  disserta  tien  de  Hager  sur  les  inscriptions  babylo- 
niennes. H^timat,  180a,  in*  8. 


^5o  I.   tECbehu,  puo  dd  louvbe,   12. 

neuf  ans  (1),  et  une  note  qu'il  a  mise  à  son  exeiMplaire  du  Muscutn 
sinicuin  de  Bayer  noua  apprend  aussi  que  c'est  de  1797  que  datent 
■es  premières  éludes  sur  la  Cliine,  et  que  ce  livre  (ut  d'abord  son 
unique  secours. 

La  tùbliothèque  de  M.  Klaprotb  offre  deux  grandes  séries  dis- 
tinctes qui  dominent  toutes  les  autres  i  la  linguistique  et  l'iiistoirc 
de  l'Asie.  Dans  la  première,  les  langues  classiques  et  sémitiques  ne 
tiennent  que  peu  de  place,  et  ne  sont  là,  pour  ainsi  dire,  que  pour 
répondre  à  l'appel  de  la  synglosse;  les  autres  langues  y  paroissent 
plus  richement ,  et  surtout  celles  de  l'Asie  centrale.  Il  en  est  de 
même  de  l'histoire  de  l'Asie ,  l'Asie  centrale  y  prédomine  encore , 
et  les  autres  parties  ne  se  présentent  que  pour  lui  servir  d'escorte 
et  d'appui. 

Ces  deux  séries,  qui  forment  un  ensemble  complet,  offrent,  sous 
le  rapport  littéraire  et  historique ,  la  suite  la  plus  étendue  d'ou- 
vrages sur  cette  partie  de  l'Orient  qui  ait  encore  paru  en  vente  pu- 
blique à  Paris.  La  spécialité  de  cette  collection  nous  dispense  d'en 
citer  ici  les  articles  importans ,  comme  elle  nous  a  dispensé  de  hé- 
risser le  catal<^ue  de  ^s  notes  qui  n'ont  pour  but  que  d'appeler 
l'attention  sur  les  raretés  pu  les  curiosités.  Ces  indications  nous  ont 
•emblé  complètement  inutiles;  les  personnes  qui  s'occupent  d'é- 
tudes spéciales  conooissent  bien  mieux  que  les  Libraires  eux-mêmes 
U  rareté  ou  la  Valeur  des  livres  rentrant  dans  leurs  travaux. 

Noos  signalerons ,  toutefois,  deux  partie uiarités  omises  dans  le 
catalogue!  il  a'»*'*  ^'*  ""  ^*  ^*  '  '5'*  ^  premier ,  alpbabct  de- 
.  Tanagari ,  est  un  exemple  unique.  Il  n'en  avoit  été  licé  que  cinq 
eopies  ;  l'éditeur  ,  M.  Schilling  ,  en  ayant  été  mécontent ,  les  a  de- 
buites  ;  celle  de  M.  Klaprotb  est  la  seule  qui  ait  été  conserv.ée.  Le 
second  est  le  voyage  de  Van  Braam  à  la  Chine.  Cet  ouvrage  ne  se 
trouve  habituellement  qu'en  un  seid  volume.  Le  2°  volume ,  in- 
connu en  France,  paroit  ici  pour  la  première  fois.  » 

Ce  catalogue  est  divisé  en  deux  parties;  la  seconde  est  destinée 
.  aux  livres  chinois,  tartares  et  japouois,  et  est  précédée  d'une  longue 
.  notice  par  M.  Landresse. 

La  vente  n'aura  lien  que  le  lundi  16  mars  1840.  I>e  catalt^ue 
est  du  prix  de  4  francs. 

Voici  quelques  articles  importants  à  citer  parmi  les  Mu. 
46z.  Dict.  kalmonk  et  aUemasd. 

(0  4I.^pt«ll)«tnêiBcrUa  U  it  nclobrt  i]81.         « 


BULLETI9   OU    BIBLIOPHILE.  qSq 

543.  Lo(;faat  Scbahedy,  vocab.  prosodique  persan  et  turc. 

580.  ludica,  syllabaires  et  vocabulaires  de  difiérens  dialectes  de 

riude,  par  Messerschmidt. 

58 1 .  Kunawur  vocabulary,  by  Gérard. 

638.  Vocab.  persan  et  coman  {Ms.  original  provenant  de  la  bibL 
de  Pétrarque,  et  sur  lequel  M,  KL  a  fait  l'édition  qu'il  a 
donnée  en  1828.)  — 

657 .  Dict.  latino-sînicum  Basilii  de  Glemona  {provenant  de  la  bibL 

de  M,  Rémusat). 
676.  Arte  de  la  lengua  japona,  por  Oyangurea  de  Santa  Inès. 
890  bis.  Index  in  geographiam  Abalfedae  {de  la  main  deSchikart). 
940.  Carte  des  provinces  septentr.  de  Tempire  ottoman,  légende» 

en  turc  et  en  François. 
942.  Carte  d'une  partie  dvLCamàse.{jéutographcde  Guldendstctdt.) 
969.  Carte  de  l'Asie  centrale.  {Autographe  de  M.  Klaprotk,) 
676.  Routes  d*une  partie  du  Tibet. 
983.  Pian  de  Pékin,  par  Buaclie. 
985.  Routes  de  Tcbhing-tou-fou  à  Lassa. 
989-990.  Cartes  du  Japon. 

II 7 1 .    Correspondance  de  Titsingh  (en  holiàndois). 
i322.  Notes  de  M.  Klaprotli  sur  l'exempl.  du  système  hiérogly- 
phique de  Ghampollion  jeune. 
i5o2.  Histoire  de  Géorgie  {en  russe), 
id32.  Chine  asservie  par  les  Tartares  {en  grée  moderne). 


Il  y  aura,  au  mois  de  février,  une  autre  vente  qui  doit  int^ 
resser  vivement  les  amateurs  de  bons  livres  d'histoire.  Le  biblio- 
phile Jacob,  qui  avolt  déjà  ,  par  suite  de  pertes  éprouvées  dans  la 
librairie,  vendu  k  l'ainiable^sa  bibliothèque  de  luxe ,  va  se  défaire, 
aujourd'hui ,  de  sa  bibliothèque  d'études  ,  composée  presque  en- 
tièrement d'ouvrages  relatifs  à  l'hbtoire  de  France.  «  La  collection 
que  j'avois  conservée  pour  mes  études,  dit-il  dans  la  préface  de  sod 
catalogue,  est  aussi  conaplète  qu'on  peut  la  faire  maintenant  dans 
la  spécialité  que  j'avois  choisie  1  je  m'étois  proposé  de  réunir  tout  oe 
qui  regarde  l'histoire  de  France,  à  laquelle  je  me  consacrois  tout 
entier,  et  j'ose  dire  que  l'on  n'a  pas  composé ,  depuis  longtemps,  r 
une  bibUothèque  plus  considérable  dans  un  genre  presque  exclusif . 
La  BibL  historique  de  la  France  comprend ,  il  est  vrai ,  près  de 
5o,ooo  articles. . .  ;  je  suis  persuadé  que,  dans  les  i  ^gSp  artidea  qut 


g6o  I.    TECHEHEB,    PLACE  DU  LODVRE,    12. 

forment  ma  bibliothèque  ,  on  trouveroit  au  moins  la  moitié  des 
matières  que  passe  en  reime  Timmense  ouvrage  du  P.  Lelong  et  de 
ses  continuateurs.  »  Il  y  a ,  dans  cette  bibliothèque  y  une  centaine 
de  Mss.  qui  complètent  la  riche  et  nombreuse  série  des  histoires  de 
provinces  et  de  villes.  Le  catalogue,  rempli  de  notes  historiques  et 
bibliographiques,  ne  sera  pas  moins  recherché  que  celui  de  M.  de 
Fixérécourt ,  par  le  bibliophile  Jacob.  Nous  espérons  encore  que 
sa  collection  ne  sera  pas  dispersée,  et  qu'un  acquéreur  se  présen* 
tera  pour  la  totalité  :  il  ne  faudroit  qu'un  petit  nombre  d'additions 
et  une  reliure  générale  pour  faire  une  bibliothèque  historique 
digne  de  prendre  place  dans  le  musée  de  Versailles. 


La  société  de  l'École  des  Chartes  vient  de  faire  paroître  le  i*'  nu- 
méro  du  recueil  qu'elle  publie.  Cette  livraison  contient  une  notice 
hbtorique  sur  l'Ecole  des  Chartes ,  par  M.  Delpit  ;  un  fragment 
inédit  d'un  versificateur  latin  du  temps  d'Auguste,  par  M.>Gui- 
cherat  ;  un  mémoire  sur  la  mort  d'Etienne  Marcel,  par  M.  L.  La- 
cabane  ;  une  requête  en  vers  françois  de  la  Basoche  de  Rouen,  par 
M.  Floquet ,  et  l'analyse  de  l'histoire  du  droit  de  propriété  en  Oc- 
cident de  M.  Laboulaye,  par  M.  Alexandre  le  Noble.  On  souscrit  à 
la  Bibliothèque  de  t École  des  CharteSy  chez  le  secrétadre-trésoner  de 
la  société,  rue  de  Yerneuil ,  n*^  5i.  Prix,  lo  fr.  par  an  pour  Pari^^ 
1 2  fr.  pour  les  départemens,  et  1 5  fr.  pour  l'étranger. 


EtABUSSEMENS  et  coutumes  ,  ASSISES  ET  AERÈTS  DE  l'I^CBIQUIEH  DB 

NoBMANDiE  AU  xuV  SIÈCLE  (  1 207  A  1 245) ,  publîés  d'après  le  ma- 
nuscrit françois  f.  2  de  la  bibliothèquç  Sainte-Geneviève ,  par 
M.  A.-J.  Mamier ,  avocat  bibliothécaire  de  l'ordre  ;  précédés 
d'une  lettre  de  M.  Pardessus  ,  membre  de  l'Institut ,  à  l'auteur. 
Parti  y  1889,  I  vol.  in-8. 

La  plupart  des  pièces  de  ce  recueil,  rédigées  sous  Philippe-Auguste, 
ont  servi  à  ponserver  l'ancienne  coutume  de  Normandie.  Ce  docu- 
ment, un  des  plus  anciens  du  droit  françois,  peut  prendre  place  à 
c6té  des  assises  de  Jérusalem.  La  Normandie ,  dit  M.  Pardessus  , 
est  la  province  de  France  où  l'on  s'est  occupé  le  plus  anciennement 
à  constater  les  coutumes  par  écrit  ;  Rollon,  premier  duc  de  Norman- 
die, prit  l'engagement  de  les  conserver  :  il  conferoitj  disent  les  an- 
cieni  textes ,  avec  mouU  sauges  hommes  par  qui  la  vérité  étoii  senc. 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  96 1 

ce  qui  toujours  atfoîi  été  ,  dit-on ,  fait.  Ce  livre  est  donc  indispen- 
saMe  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  de  rechercher  les  origines  du 
droit  françoîs. 

VARIÉTÉS. 

Voici  trois  articles  à  joindre  à  la  notice  sur  les  livres  imprimés  à 
petit  nombre  en  Angleterre  (Bulletin,  n^  g). 

Généalogies  des  Hindaux  extraites  de  leurs  livres  saints,  par 
F.  Hamilton.  Edinbourg,  1819,  in-8,  126  pag. 

Tables  généalogiques  des  déités^  princes^  héros  et  personnages  remar- 
quables  chez  les  fiî/i</oi£j (même  auteur).  Edinbourg,  1819, 
grand  in-fol.,  25  tables  gravées. 

Ces  deux  ouvrages,  tirés  à  5o  exemplaires,  ont  été  donnés  à  des 
bibUothèqnes  pubUqucs  oU  à  des  pei*sonnes  de  distinction.  Lowndes 
n'en  parle  pas ,  et  ils  manquoient  chez  Langlès  ,  qui  n'avoit  rien 
épargné  pour  réunir  tout  ce  qui  concernoit  l'Indoustan. 

Bénédictionnaire  de  saint  Ethewoldy  éî^éque  de  TVùichtster  j  par 
M.  J.  Gage.  Londres,  i832,  in-4,  1 36  pag. 

Ce  savant  mémoire  avoit  paru  dans  l'Archeologia  (tom.  xxrv) , 
mais  il  en  a  été  tiré  à  paît  25  exemplaires.  11  contient  82  planches 
supérieurement  gravées.  Le  manuscrit  en  question  appartient  au 
duc  deDevonshire,  et  forme  un  des  plus  beaux  monumens  de  sesma- 
gnifiques  collections  ;  il  est  du  x*  siècle.  M.  Gage  profite  de  l'occasion 
pour  décrire  un  Bénédictionnaire  de  l'archevêque  Robert,  manus- 
crit anglo-saxon  de  la  même  époque,  dont  la  bibhotbèquede  Rouen 
s'enorgueillit. 

Cj'llenius ,  poëme ,  1828  ,  ln-8  ,  imprimé ,  à  ce  quW  assure ,  à 
12  exemplaires. 

L'auteur  étoitCh.  Dickinson,  mort  en  1828  ;  il  avoit  une  grande 
fortune,  du  loisir,  et  il  s'amusoit  à  écrire...  je  me  trompe,  à  impri- 
mer lui-même ,  avec  une  presse  qu'il  avoit  dans  sa  maison ,  des 
poèmes  remarquables  par  leur  longueur  et  par  des  principes  dé- 
magogiques qui  surprenoient  chez  un  propriétaire  opulent.  Qn  voit 
qu'il  suivoit,  pour  mettre  ses  idées  sur  le  papier,  la  même  méthode 


^2  J.    TECHENER,    PLACE   OD    LODVRE,    12. 

>que  Rétif  de  la  Bretonne.  Il  avoit  enfanté  nne  série  de  volumes 
grand  in-4,  qu'il  écrivoit  en  vers  et  qui  n'étoient  {[uère  moins  que 
de  800  à  900  pages  chaque  ;  un  de  ses  poèmes  étoit  sur  l'Inde  et  avoit 
été  composé  avant  1812;  un  autre  dont  j'ignore  le  titre  étoit  de- 
meuré au  soixante-sixième  chant. 


COUP  D'OEIL 


SUIi 


L'ETUDE  DE  LA  BIBLIOGRAPHIE  A  L'ÉTRANGER. 

Nous  allons  essayer  d'indiquer  .succinctement  les  ouvrages  les 
plus  essentiels  dont  la  science  bibliographique  s'est  enrichie 
dans  ces  derniers  temps  ;  nous  laisserons  aujourd'hui  la  France 
de  côté.  Mieux  que  personne  nous  savons  combien  notre  tra- 
vail a  besoin  d'indulgence  ;  mais  ,  si  nous  avions  donné  plus  de 
développemens  à  ce  résumé ,  nous  serions  sortis  du  cadre  du 
Bulletin. 

Commençons  par  le  Portugal  :  dans  la  'seconde  moitié  du 
xvni*  siècle ,  riiisloire  littéraire ,  la  bibliographie  même  parois- 
soient  devoir  trouver  des  amateurs  zélés  disposés  à  les  culti- 
ver avec  ardeur  ;  mais  l'on  diroit  que  toute  cette  énergie  s'est  épui- 
sée sur  l'ouvrage  de  Diego  Barbosa  Machado  (Bihliotheca  Lusitana, 
i^4i-^»  4  ^'^^'  »n-fol.). 
A  FexceptîoD  des  Recherches  d'Antonio  Ribeîro  dos  Santos  sur 

l^itroductîon  de  l'imprimerie,  dételles  d'Ebert  sur  la  littératm^ 
:fdi|peuse  des  juifii  portugais  et  sur  de  rares  traductions  de  la  BiUe, 
de  la  notice  de  loachim  de  San  Agostino  sur  les  manuscrits  tb^lo- 
^quès  conservés  à  Alcobaça  (travaux  qui  sont  tous  insérés  dans 
les  Memorias  de  litteratura  portuguesa  ,  1 792-96,  6  vol.  in-4)  ;  à 

l'exception  d^s  renseignemens  intéressans  pom*  la  hltérature  et  la 
statistique  que  J.-J.  Fen*eira  Gordo  a  réunis  sur  quelques  biblio- 
thèques d'Espagne,  aucun  ouvrage  bibliographique  n'avoit,  depuis 

plus  de  5o  ans ,  paru  en  Portugal ,  lorsque  M.  de  Santarem  publia, 

-eu  1837,  une  notice  sur  les -manuscrits  concernant  le  droit  pubUc, 

^'histoire  ou  la  littérature  de  sa  patrie  ,  qu'il  avait  examinés  dans 

<les  dépôts  de  Paris. 

Les  entraves  rehgieuses  et  politiques ,  le  triste  état  de  la  librairie 

(car  le  librwe  est  souvent  en  même  temps  imprimeur  et  relieur , 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  g6d 

et  se  borne  à  exploiter  un  fonds  sans  importance  dont  îl  ne  fait  pas 
de  catalogue) ,  le  manque  de  journaux  scientifiques  et  littéraires  ; 
tout  cela ,  on  le  comprend  bien  ,  frappe  au  cœur  la  bibliographie 
dans  la  Péninsule.  Il  faut  rendre  grâce  au  libraire  Vincent  Salva, 
établi  à  Londres  ,  et  qui  y  a  fait  paroi tre ,  en  2  volumes  (1826-29), 
un  catalogue  spécial  >  où  se  trouvent  d'excellentes  notes ,  et  dont 
on  ne  peut  guère  se  passer  jusqu'à  l'apparition  de  la  Bibliographie 
espagnole,  qu'il  a  promise.  Nous  devons  mentionner  l'important 
ouvrage  deFusler,  Bibliotheca  Yalenciana  (tom.  i,  Valence,  1827; 
toin.  11,  i83o,  in-f°)  (1).  On  trouve  des  détails  curieux  dans  le  Viage 
litterario  à  las  Iglesias  de  Espaha  (i8o3-23,  i o  vol.  in-8)  ;  son  au- 
teur J.-L.  Villanucva  a  de  l'indépendance  dans  les  idées,  et  il  nous 
fait  savoir  bien  des  choses  sur  les  bibliothèques  si  peu  explorées  de 
Valence,  San  Miguel  de  los  Reyes,  Tortose,  Vicq,  San  Juan  de  las 
Abadcsas,  Casa  de  Puig,  Berga,  CeiTera  ,  etc.  La  traduction  espa- 
gnole de  l'ouvrage  de  Bouterweck ,  avec  des  additions  dues  à 
J.  Gomez  de  la  Cortina  et  à  Nicolas  Hagalde  y  MoUinedo ,  auroit 
pu  renfermer  plus  de  notices  bibliographiques  ;  il  ne  faut  pas  ou- 
blier la  grande  statistique  de  Miniano  (1826-29,  1 1  vol.),  où  l'on 
trouve  des  mémoires  d'histoire  littéraire  relatifs  à  diverses  localités. 
Dans  le  recueil  de  l'Académie  royale  historique,  il  faut  lire  un  ca- 
talogue de  la  bibliothèque  de  la  reine  'sabelle,  en  i5o3,  et  une 
notice  sur  Arias  Montanus.  Quant  aux  écrits  périodiques  consa- 
crés à  la  Uttérature,  nous  mentionnerons  les  il!#ijc«//a/i^a  instrUctipm^ 
curiosajr  agmdable^  paroissant  à  Akala,  et  les  Oeios  (loisirs),  récH* 
gés  k  Londres  par  une  société  de  réfugiés,  et  dont  le  premier  vih 
lume  (avril-juillet  1824)  contient  plusieurs  articles  intéressans  et 
une  appréciation  historique  et  eom|lète  de  la  littérature  espagnole^ 
depuis  1808  jusqu'à  1823  ,  morceau  plein  de  mérite. 

En  Italie ,  l'impulsion  donnée  par  d'infatigables  érodits ,  par  les 
Mugliabecchi,  les  Bandini,  les  Mazuchelli,  les  Audiffi*edi ,  les  Mo- 
relli ,  les  Tiraboschi ,  n'est  pas  tout  à  fait  éteinte ,  quoique  des 
hommes  semblables  ne  trouvent  pas  bien  facilement  des  succeS" 
seurs.  Les  amateurs  les  plus  fervens ,  tels  que  le  duc  de  Cassano-^ 
Serra ,  Trivubtio,  M elzi ,  laissent  leurs  collections  prendre  la  route 
de  l'Angleterre.  Heureusement  qu'un  esprit  de  patriotisme  local  ^ 
ne  perdant  rien  de  sa  vivacité ,  fait  que  diaque  ville  on  peu  impor^ 

rayez  n*»  534  du  Bibliophile. 


964  '•    TECUENER,    PLACE   DU    LODYRE,    12. 

tante  possède  des  historiographes  qui  compulsent  ce  qui  la  con- 
cerne sous  le  rappoit  de  la  littérature,  de  la  numismatique  et  de  la 
typographie.  Venise  peut  montrer  les  travaux  d'Agostino ,  Naples 
ceux  de  F.  Colangelo ,  Parme  ceux  d'Affo  et  de  Pezzana  ,  Bologne 
ceux  de  Fantuzzi ,  Pérouse  ceux  de  Yeimiglioli ,  etc.  Quant  à  la 
bibliographie  locale,  Ton  peut  citer  la  Bibliografia  delU  ciità  e  luo^ 
glu  deUo  stato  pontificio ,  la  Bibliografia  delta  Toscana  de  Morelli 
(ouvrage  fort  utile),  la  Bibliographia  crilica  délie  antiche  corrispon- 
denze  dell'  Italia  colla  Russia  de  Giampi  (Florence ,  i834};  <l'un 
autre  côté ,  Gamba  prépare  une  troisième  édition  de  sa  Série  dei 
testi  di  Ungua  ;  la  BibUoteca  petrarcliesca  de  Marsand  (Milan ,  1 826) ; 
l'ouvri^e  de  Rossetti ,  Petrarca ,  Giulio  Celso  e  Boccacio,  illustra-- 
zione  bibliografica  (Trieste ,  1828) ,  les  travaux  de  Melzi ,  sur  les 
romans  et  les  épopées  dievaleresques  {2.*  édition.  Milan,  i838), 
indiquent  que  la  bibliographie ,  proprement  dite ,  n'est  pas  aban- 
donnée. L'histoire  typographique  des  villes  et  des  provinces  a  été 
cultivée  avec  un  soin  tout  pai^ticulier  ;  Tiraboschi  s'est  occupe  de 
Modèae  et  de  Reggio,  Yolta  de  Mantouc ,  Giustiniani  de  Naples , 
Affo  de  Parme ,  BailoUui  du  Frioul ,  Faccioli  de  Yicence ,  Yermi- 
gUoli  et  Brandolese  de  Pérouse,  Comide  Pavie,  Rosetti  de  Trieste, 
Gazzera  de  Saluées ,  Cupialbi  de  la  Galabre,  Barud'aldi  de  Ferrare. 
Federici  a  écrit  la  biographie  de  Yolpi,  Moreni  celle  de  Torrv  ntino , 
Lama  celle  de  Bodoni.  F.  de  Licteri  a  décrit  les  incunables  de  la 
Biblioteca  borbonica  (Naples,  1 828-33,  3  vol.).  Depuis  Tapparitiou 
de  l'ouvrage  de  Biume  (Iter  italicum ,  1824* 36,  4  vol.) ,  il  reste 
peu  de  dioses  à  dire  sur  les  bibUothèques  et  les  archives  de  l'Italie  ; 
ce  Uvre  savant  et  justement  estimé  est  poiur  elles  un  guide  indis- 
pensable.  On   consultera  toujours  avec  fruit  les  ouvrages    de 
G.  Molini  {Codici  manoscritti  italiani  délia  biblioteca  Palat!na  di 
Firenze,  Florence,  i833),  et  Notizia  dei  manoscritti  italiani  o  che  si 
riferiscono  alV  Jtalia  esistenii  neila  libreria  delV  arsenale  in  Parigi 
(Ibidem,  i836),  celui  d'Oiti ,  intorno  alcani  mss.  délia  biblioteca  di 
Mantoifa  e  délia  capitolare  Verencse  (Yerona  ,  i835) ,  la  notice  de 
Cicognara  sur  la  bibliothèque  de  Ferrare  (Giorn.,  acad.,  t.  u  , 
p.  274)  9  bîs  Mémoires  de  Napione  (Mera.  dei  acad.  di  Torino , 
i8o3) ,  et  de  Yemazza  {ibid.)  sur  celle  de  Turin.  Y.  Lancctti  s'est 
MRipéde  démasquer  les  pseudonymes  (Milan,  i836).  On  puisera 
rdtai  imtcignemens  utiles  dans  les  feuilles  littéraires,  dans  l'Anto- 
kGionialearcadicoy  etc. 


Bulletin  ^u  iBtbliopIjile; 


ET 


CÀTALOGUB  DB  LIVE£8  babbs  bt  gvbieux,  wt 

UTTBBATUBB,    d'hISTOIBB  ,   BTC.y   QUI 

SE  TBODVBNT  A  LA  LIBBAIBIB  DB 

J.     TBCBBNBB,    PLACB 

DU      LOUVBC  , 

N«    12. 


N*  SO.  —  Dégbmbbb  1858. 


32 1  a  JEâM  AxTonr  nd)ri86eiiâs  rer^m  a  Fernando  et  Eliiabei  Hi»-> 
paniae  felissimis  regibus  gestarâ  décades  diut,  nec  non  belli 
NavariêsislibridaOyetc, annoiSSo^ pet. in<-8,v. r.,d^  i5-^» 
Vol.  proTenant  de  U  Tente  Laoglèf,  et  portant  m  ngnatnn. 

3213  Albbbt  lb  Gbamd,  translate  delatin  en  francob,  lequel  traicte 
de  la  vertu  des  herbes ,  des  pierres  précieuses ,  et  pareille- 
et  des  bestes  et  oyseaulx.  Item  est  traicte  des  merueilles 
du  monde,  et  daucuns  effecu  causez  daulcunes  bestes.  Item 
y  est  de  nouueau  adiouste  vng  traicte  de  Pline,  lequel  parie 
des  secrez  et  merueilles  d'aulcûe  choses  naturelles.  Paris^ 
en  la  maison  deN,  Buffeij  i544>  pet.  in-8,  t.  f.,  fil.     i 


221 4  Alcoban  (l*)  DB8  GOMHUJBBS ,  recueil    des  plus  notables 

bourdes  et  blasphèmes  de  ceux  qui  put  osé  comparer  sainct 
Françcnsà  Jesus-Christ,etc.  Amst,^  i734* — L^endedorëe, 
ou  Sommaire  de  l'histoire  des  Frères  Mendians,  etc.  Idem^ 
3  Tol.  pet.  in-8 ,  mar.  yert.  (Derome.),  .  .  .  4^"~  * 
Ourrages  orné*  de  fig.,  par  Bemart  Picard. 

22 15  Alquib  (lb  burui  d*).  La  Science  et  l'Ecole  des  Amans ,  ou 

Nouvelle  découverte  des  moyens  infaillibles  de4riorafer  en 

6i 


g66  I.   TBGHENBRy   KACB  Dît!  LOITVRB,    I^. 

amour.  Amsterdam  j  H.  et  Th.  Brot^n ,  1677  ,  pet.  in-tâ> 
vélin 12—   » 

12216  Antbcheist  (l'}  EOMAor  opposé  à  l'Antéchrist  juif  du  cardinal 
Bellarmin,  du  sieur  de  Remond  et  autres.  S.  /.,  1604,  p6t. 
in-8|  V.  f.,  fil.,  tr,  dor,  (Es,  de  Girardot  de  Préfond,)  i 


2217  AuvEAT.  La  Madonte,  tragi-comédie  dédiée  à  la  reine.  Pa- 
ru, Aifg,  Covrhéy  i63i ,  in-8,  mar.  r.,  fiL,  comp.,  tr.  dor. 
(Éiég.  rel.  de  Clou.) 18—» 

"2218  BaLUET  DBS  MAWAISES  BBlfC0NTBE8,  DAR8B  A  MjETOOIf.  —  Bat- 

let  de  la  Prospérité  des  armes  de  la  France.  —  Ballet  dv 
Combat  de  llndifference  et  de  TAmoTr ,  accordez  par  les 
temps.  —  Le  cardinal  tache  d'êtrer  en  Paradis,  tragi-comé- 
die. —  Dialogve  dv  cardinal  de  Richeliev,  vovlant  entrer  en 
Paradis,  et  sa  descente  aux  Enfers.  Paris ^  i645 ,  5  part,  en 
I  vol.  in-4 ,  d.-rel.,  t.  f.  (Extrêmement  rare.).     . 


2219  Bbenard  (lb  R.  p.  Jbab).  Histoire  originelle  du  Saint  Sang 

de  Mii^cle,  advenu  au  Bois-Seigneur-Isaac ,  Tan  i4o5,  le 
5  de  juin.  Bruxelles ^  Vefve  de  Jean  Mommart^  i635,  pet. 
in-8,  V.  f. 12 —  n 

2220  BiBLiA  ad  vetvstissima  exemplaria  castigata.  Antuerpia , 

Plantin  y  1667,  — Psalmorum  liber.  Antuerp.j  1567.-— 
Nowm  Jesv  Ghristi  Testamentvm.  Antuerp,^  i56g.  Ensem- 
ble 4  vol.  pet.  in-i2,  mar.  r.,  comp.  doré  en  plein,  tr.  dor. 

3o —  » 
'Charmante  reliure  ancienne. 

122 1  BiBLiA  sàCBA,  Vulgatœ^editionis,  cvm  indice  ci^îoso .  Parisiit^ 

Fr.  Coi'steiierj  1664 ,  in-8,  mar.  noir,  dent,  à  fr.,  tr.  dor. 

28-^  m 

Tréfl-bien  imprimé ,  et  digne  de  figurer  à  côté  des  éditions 
elzéririennes. 

9222  IkASOK  (lb)  usa  ooulBdbb  bn  abmbs;  liurées  et  deuises  :  très 
tttille  et  subtil  pour  scauoir  et  cognoistre  dune  et  chascnne 


BULLETIN  DO    BIBUOPHILE.  067 

couleur  la  vertu  et  propriété.  —  Item  pour  apprendre  la 
manière  de  blasonner  lesdictes  couleurs  en  plusieurs  choses, 
et  pour  faire  liurees,  deuises  et  leur  blason.  Imprimée  now" 
tellement.  {S,  1.  n.  d.),  pet.  in-8 ,  goth. ,  vél.  (^ai£2o/i/u;£.) 


2223  Bocage  (Jehan).  Le  liure  Cameron,  autrement  surnomme  le 

prince  Galliot  qui  contient  cent  nouuelles  racomptees  en  dix 
iours  par  sept  femmes  et  trois  iouvêceaulx.  Paris ,  Michel 
le  Noir  y  i52i  ,  in-4  >  goth.,  mar.  r. ,  comp.,  tr.  dor.  (Ane* 
rel,  (u^ec  armoiries.) go^-i» 

2224  BoNiFAGE  ET  LE  Pedant,  comcdic  eu  prose  ,  imitée  de  Tita- 

lien  de  Bnmo  Nolano.  Paris ^  P.  Ménard;  i633,  pet.  in-8, 
mar.  t.,  comp.,  tr.  dor.  {Bozérian.),     ....     38 —  » 

Très-grand  de  marge,  et  bien  con  serré. 

2225  Bonne  bbsponse  a  tovs  pbopos,  liure  fort  plaisant  et  délecta- 

ble,auquel  est  contenu  grand  nombre  de  prouerbes  et  sen- 
tences joyeuses.  Paris  ,  veuve  J,  Bonfons ,  /.  d,y  pet.  in-8  , 
y.  f.  ^Rare,)^ '. 24*'*  * 

2226  BoucHET  (Jean).  Le  Labirynth  de  fortune  et  seiour  de  trois 

nobles  dames.  Poictiersy  J.  Bouchet,  impr.  à  Paris  parE»  de 
Marny^  i522,  pet.  in-4  g^^*?  ^-  '•)  ^*  ^^f-  (  Clo^**  )  Bien 
conservé 4^ — ** 

2227  BoTiLLi  (Cabou).  Samarobimi  prouerbiorum  vulgarium  libri 

très,  Galliot,  Pratesi,  iSSi,  iu-8,T.  f..     .     •     .        i5— » 

Une  partie  des  proverbes  ont  une  explication  en  françois. 

2228  BouiniLLBs  (Cfl.  de).  Proverbes  et  dicta  sententieyx ,  avec 

Tinterpretatio  d'iceux.  Paris  f  C  U  Noir  y  i557  ,  pet.  in-8» 
V.  f.,tr.  dor 18—  » 

2229  Bbbbevooo.  Voyez  n»  1 32  du  BulL 

2280  BETtCAXBiLLBy  ses  Œuvres,  contenant  les  Cuitaisiet,  imagi- 


g68  1*    TECHENEa,    PLACE   DU  LOUVES  y    12. 

iiaiions  et  paradoxes,  et  autres  discours  comiques,  Hof^ertf 
R,  Stiovrniy  1629, spart,  eu  i  vol., pet.  in-i2,T.  f.  4^ — " 

K  la  fin  du  Tolume  se  trotiTe  une  seconde  partie  intitulée  :  Fa- 
irctieuK  paradoxes  de  Bruscambille ,  et  autre  discoars  comique  , 
le  tout  nouvellement  tir^  de  Tescarcelle  de  ses  imaginations. 
Jouxte  la  copie  imprimée  a  Rouen,  1616,  pet.  in-i  a  de  79  feuilleta. 

223 1  Cabinet  (le)  SATTEiQUEy  ou  Recueil  des  vers  piquans  et  gail- 

lards de  ce  temps.  Imprimé  au  Mont'Panuuie^  '^97f  ^  ^^l* 
ia-12,  mar.  r.,  dent.,  tr.  dor 28 —  » 

2232  Cancionebo  de  romances  en  que  estan  recopilados  la  mayor 

parte  de  los  romances  castellanos ,  que  liasta  agora  se  ban 
compuesto.  Anvers^  Ph,  Nucioj  i554  9 pet.  in-i2,mar.  r., 
û\,fir.  i,  {Jolie  rel,  de  Goss,) 4^ — ^ 

2232  bis,  Canisu  (Henr.)  Thésaurus  monumentorum  ecclesiasti- 

corum  et  historicorum  cumpraefat.  Jac.  Basnage^Antaeifiœ^ 
1725,  7  tom.  en  5  vol.  in^fol.  in-foL,  y.  fauve. 

Ce  recueil  renferme  diverses  pièces  importantes  sur  Thistoire 
du  moyen  âge  et  sur  la  chronologie,  et  peut  se  i>lacer  â  côte  da 
Thésaurus  anecdotorum  de  dom  Marten.  L^auteur  avoit  beau- 
coup d^^udition,  mais  elle  (ftoit  sage  et  modeste. 

Voici  un  aperçu  des  matières  composant  cet  i  mportan  t  onvrage  : 
au  tome  1*'  beaucoup  de  petits  ouvrages,  chroniques,  vies  de 
saints,  etc.,  en  gr.  et  lat.,  des  iit«et  iv*  siècles;  au  tome  a,  suite 
de  petites  chroniques  ecclésiastiques,  et  de  fragmens  pour  Thia- 
toire  de  France ,  comme  Fragmentum  nnnalium  Francorum.  ah 
anno  761  usque  a</ 793,  anno  8i4.  —  Gencalogia  Caroli  Mag. 
ant.  anonyme.  *-  Pfaotii  Epistola  ftd  Aîehaeiem  Bulgarem  Re-> 
gem  ,  gr.  etlat.,  an  869.  Tout  cet  (Mirrage  est  ainsi  composé. 

2233  Capilupi  (Camuxo).  La  Stratagema  di  Carlo  IX,  re  di  Fricia, 

ooBtrogU  ugonotti  rebellide  Dio  et  suoi  (italien  et  françoîs), 
I.  /.,  i574-  Dv  Droit  des  magistrats  srr  levrs  svLiets,  1574, 
3  part,  en  t  vol.  pet.  in-8,  v,  br 35 —  » 

Ex.  très  bien  conserve'  et  grand  de  marges,  aux  armes  de  Ri- 
chelieu. 

2234  Gaqvbt  (l»),  <nr  Entretien  de  l'Accovchée ,  contenant  les 

pernicieuses  entreprises  deMazarin  descouuertes.  Pom, 


BULLETUf   DU    BIBLIOPHILE.  gÔg 

i65i,  in-4,  mar.  rouge,  fil.,  tr.  dor.  (Derome),  Bel  ex. 

35- • 

a235  Cayssin  (R.-P.-Xicolas).  L'Impiété  domptée  sovs  les  flevrs 
de  lys.  Paris^  S.  Chappelet ,  1629,  pet.  in-12,  v.  f. 


2236  Cbbvantes  de  Saaveoea  (Mioun.).£l  ingenioso  Hidalgo  Don 

Quixote  da  la  Mancfaa  ,  nueva    edidon    corregida  por  la 

real  academia  espanola.  Madrid^  1790^  4  ▼^^l*  ÎQ~4'  ^gures, 

cuir  de  Russie,  à  comp.,  dent,  à  froid,  tr.  d.     .     190—  » 

Exempl.  parfaitement  choisis  ,  et  pour  le  papier  et  pour  les 
épreuves;  c'est  un  piésent  du  feu  roi  d'Espagne  (Ferdinand  IV). 

2237  Chansons  (lbs)  db  6AULTiBR-GABGini«LB  ,  nouvelle  édition , 

suivant  la  copie  imprimée  à  Paris  en  i63i.  Londres  ,  i658 
(1758) ,  pet.  in-i2y  fig.,  V.  r.,  dent.,  tr.  dor.  12 —  » 

2238  Charbon  (P).  De  la  Sagesse  ;  trois  livres.  Leide^  EU.  y  1646, 

pet.  in-12 ,  mar.  r.,  comp.,  dent.  ,  tr.  dor.  {Belle ancienne 

reliure) 36 —  » 

Autre  édition,  1C.S6,  pet.  îu-m,  v.  f ao—  » 

2239  CiCBBON ,  ses  académiques  ,  avec  le  texte  latin  de  l'édition 

de  Cambridge ,  et  des  remarques  nouvelles ,  outre  les  con- 
jectures de  Davies  et  de  M.  Bentley,  et  le  Gonmi.  philoso- 
phique de  P.  Yalentia.  Londres^  1740,  in-8,  portr.,  mar. 
bl. ,  dent, ,  doublé  de  m. ,  tr.  dor.  {Rare  et  recherché.)  28—» 

2240  ■  —  Traité  des  Lois ,  traduit  par  M.  Mor20i)in.  Paris  , 
•/.  Mariette^  '7'9>  P^-  in-8,  mar.  r. ,  fil.,  tr.  dor.  {Beau 
Derome.),     .   , 10—   » 

^241  Goi«LBcnogi  (a)  of  early  prose  romances  y  edited  by  William. 

J.  Thoms.  London,  Pickering^  1828,  3  vol.  iii^8,  cart.,  non. 

rog 36—  » 

Cette  publication  des  anciens  romani  ou  vieilles  légendes  an- 
gloises  a  été  tirée  â  petit  nombre;  le  premier  vol.  contient,  Robert 
the  Deuyll,  —  Thomas  a  reading,  —  Fricr  Bacon,—  Frier  Rustt.— 
—  Le  second  vol. ,  Virgilius,  —  Robin  Hood,  —  Georg  a  Green,— 
Tora  a  Lincoln.— Le  troisième  v<J.  Helias,  —  Doctor  Fauttus,— 
second  report  of  Doctor.FAustus. 


970  '•    TECHEllERi    PLACE   DU    LOUVRE,    12. 

2242  Comté  (le)  db  Gabalis,  ou  Entreliens  sur  les  sciences  secrètes. 

AmsLy  J,  le  Jeune  {Holl.) ,  1671,  pet.  in-12  ,  uiar.  v.,  tr. 
dor.  (Bauzonnet,) 3o—   » 

2243  GoNTREDicTZ  DE  SôGECREux.  Pour  euîter  les  abuz  de  ce 

monde  de  songecreux  ,  lisez  les  Conlredictz  et  retenez  des^ 
soubz  pensée  niunde  ceulx  du  présent  et  ceux  du  tëps  iadis 
en  ce  faisant  par  notables  edictz  pourrez  debatre  et  le  pro 
et  contra  et  soustenir  alléguât  maintz  bons  dictz,  ce  que  par 
eux  en  voyc  rencontra  (par  P.  Gringore).  Paris ,  GalUoi 
du  Pré j  i53o,  pet.in-8gotb.,  fig.  en  bois,  mar.  r.,  f.,  tr.  d. 

{Ane,  rel.) 72 —  » 

Le  titre  et  quelques  feuillets  du  commencement  ont  etc  habi- 
lement restaures. 

2244  Contes  en  vers  et  en  prose  de  l'abbé  Colibri ,  ou  le  Soupe 

(par  Gailbava).  PanV,  Didot^  an  vi,  2  vol.  in- 18,  pap.  yél., 
mar.  v.|  dent.,  tr.  dor.  (^ozena/i) 18—» 

Exeropl.  de  M.  Pizërécourt. 

2245  Courozet  et  Cl.  Champiee.  Le  Catalogue  des  antiques  érec- 

tions des  villes  et  cil  es  ,  flcuues  et  fontaines  ,  assisses  es 
troys  Gaules ,  cest  assauoir  Celtique ,  Belgicque  et  Aqui- 
taine, contenant  deulx  liures.  Le  premier  faict  et  compose 
par  Gilles  Corrozet,  le  second  par  Cl.  Champier,  etc.  Lyon, 
Fr.  Juste  y  iSSg ,  tr.,  p.  in-8 ,  mar.  lilas  ,  comp.,  tr.  dor., 
fig.  enbois,  golb 3o —  » 

Bel  exemplaire. 

Autre  e'ditiou.  Paru  ,  D.  Janot,  iSdg,  pet.  in-8,  lig.  en  bob , 
caractères  ronds,  mar.  \ert,  d.,  tr.  d «5—  » 

2246  GovEVAii-SoNNBT ,  ses  œuvres  satyriqves.  Paris  ^  Rolet  Boi^ 

tonnéy  1622,  pet.  in-8,  vél.,  tr.  dor.  {Bauzonnei.y     25 —  » 

2247  CSoinrBL.  Promenades  de  messireAnt.  Contel,  chevalier  sei- 
gneur de  Monteaux  des  Rua-Fouynard.  Blois,^  1676 ,  pet. 

1,  rcL  en  v.  f 1 


\ 


Ce  livre,  trvsrare,  a  éié  le  sujet  d\inc  singulière  discussion  lit* 
tëraire;et,coffiiiM  c^cst  assez  Tusa^e,  1^  plupart  de  ceux  qui  en  ont 
parie  neTaToientpas  vu,  tënoin  1  alibe'  d^Artignjqui  raisonnoîtâ 
c  de  vue ,  en  f*app ayant  de  la  date  du  livre.  Voici  le  fa^  : 


»•*-» 


BULLETIN   DU    BIBUOPHILE.  974 

I  On  a  accusé  madame, Deshoulières  d^aToir pillé,  daiiK  ce  lirre  , 

ridylle  des  Moutons.  Cette  pièce  s*jr  trouve  ,  en  effet ,  mais  en 
l  grands  Tcrs,  page  jo3. 

Malheureusement  le  livre  est  sans  date  (i)  ;  on  Ta  cru  imprimé 
en  1661,  parce  qu'on  y  trouve  une  épitaphe  sous  cette  date  :  mais 
cela  ne  prouve  rien. 

On  a  dit  que  Racine  ,  pour  M  venger  de  la  malheureuse  épi- 
gramme  de  madame  Deshouliéres ,  avoit  fait  imprimer  ce  livra 
en  1676,  et  y  avoit  glissé  la  célèbre  idylle  ,  publiée  pour  la  pre- 
mière fob  en  1694.  H  espéroit ,  dit-on ,  que  le  livre ,  étant  sans 
date,  madame  Deshouliéres  seroit  accusée  de  plagiat.  Voilà  une 
vengeance  inventée  par  de  petites  âmes,  et  qui  n'a  rien  de  com- 
mun avec  Racine.  D'ailleurs,  comment  Racine  auroit-il  fait  im- 
primer un  livre  saus  le  nom  de  Coatel,  qui  vivoit  encore,  et  qui. 
ne  mourut,  à  Biois,  qu^en  i6g9  ? 

Pour  juger  cette  question,  il  suffit  de  lire  l'ouvrage  ;  c'est  ce  dont- 
on  ne  s'est  pas  avisé  jusqu'à  présent. 

On  y  trouve,  au  haut  de  la  page  7 ,  quatre  vers  charmansde 
Bertaud.  Goutel  les  confond  avpc  les  siens,  et  se  les  approprie  sans 
façon  :  un  peu  plus  bas,  sur  la  même  page,  il  les  refait  et  les  gûte. 

Si  l'on  retranche  ces  quatre  vers  et  l'idylle  de  madame  Des- 
houliéres ,  tout  le  reste  ne. peut  supporter  la  lecture.  Le  voleur 
n'est  donc  pas  madame  Deshouliéres  ;  elle  est  pljeinement  justi- 
fiée par  la  sottise  de  tout  l'ouvrage. 

Signé  Aimé  Maitib. 

2248  Crbtin  (Guillaume).  Chitz  royaulx ,  oraisons  et  auttres  pe- 

tits traictez.  Paris ^  Gailioi  du  Pré  ,  1527,  in-8  goth.,  inar. 
r«,  £.',  tr.  d.  {jénc.  reL)^  gr.  de  marge.     .     .      .      65—  » 

2249  Ctbano  Bbboerac  (ob).  Histoire  comiqve  ,  contenant  les  Es- 

tats  et  empires  de  la  lune.  Paris  y  Ch.  de  Sercy^  pet.  in- 12, 
mar.  vert,  f . ,  tr.  dor 1 


2250  Danbau  (Lambbbt).  Devx  traitez  noweavx ,  très-vtiles  povr 

ce  temps  ;  le  premier  touchant  les  sorciers  ;  le  second,  une 
remonstrance  sur  les  ieux  de  cartes  et  de  des.  Paris  , 
7.  Baymei ,  1579,  P^*  ^*8,  v.  £•,£>»  tr.  dor. {Closs.)  12 — » 

225 1  Deucbs  (les)  de  Vbbboqvbt  LE  Genebbvx,  liore  tres-atik. 

et  nécessaire  pour  resiouyr  les  esprits  melancoli^es.  Se 
vendent  au  logiâ  de  tautheur  ^   1623  ,  pet.  in-12  ,  y.,  fil. 

24—» 

(i)  L'eiempl.  sur  lequel  la  note  de  M.  Aimé  Martin  a  été  faite  est  cflcctir 
ii(,tmeBtMBidate. 


974  '•    TECHEVEE,   FUCB  VO  LOmTEE ,    12. 

2267  E>«U8'8  (Gboeoe).  Spécimens  of  the  early  English,  pœts  i^ 
which  b  prefixed  aa  historical  sketch  of  tbe  rise  and  pro- 
gress  of  tfae  English  poetry  and  language.  London  y  i8o3, 

3  vol.  in-8,  V.  f. 4®—  » 

Excellent  ouvrage  devenu  rare. 

aa68  Emrlembs  d'amour  en  quatre  langues;  Londe  (sic) ,  chez  VA-- 
mormr ,  s.  d.,  pet.  in-8y  mar.  r. ,  tr.  dor.  (44  planches). 
f^oL  rare. i8 —   » 

2269  EiiTEEB  (l*)  iiAomFiQVB  et  triomphante  de  Mardy-Gras  dans 

toYtes  les  villes  de  son  royavme  ,  i65o.  —  Lettre  deschif- 
iirée,  contenant  plusieurs  aduis  qu'vn  des  émissaires  de  Jvles 
Mazarin  lui  donnoit  de  ce  qui  se  passoit  le  21  février  1649» 
Paris  y  1649.  —  Le  Jvste  chastiment  de  Diev.  Idem,  — - 
L'Estat  déplorable  des  Femmes  d'amovr  de  Paris ,  la  ha- 
rangve  de  levr  ambassadevr,  envoyé  av  cardinal  Mazarin  j 
et  son  svccès.  Idem,  —  La  mort  effiroyable  d'vn  bovlanger 
impitoyable  de  cette  ville.  Idem ,  5  part,  en  i  vol.  in-4t 
cart .     i5—  n 

2270  BsoPK  EN  BELLE  iTOiiEim ,  OU  dernière  traduction  et  augmen- 

tation de  ses  fables  en  prose  et  en  vers.  Brusseile^  F.  Fop^ 
pens,  1700 ,  pet.  in-^  ,  2  lom.  en  i  vol.|  mar.  r.,  fil.,  tr. 

dor 4® —  "^ 

Toutes  les  fig.  sont  signëes  de  Harrewjrn . 

227 1  EsTvs  (Guill.)*  Histoire  véritable  des  martyrs  deGorcom,  en 

Hollande ,  la  plvs  part  frères  minevrs  qvi ,  povr  la  foy  ca» 
tholique,  ont  esté  mis  à  mort  à  Orile,  Tan  1572,  etc.  Camf^ 
brajfy  J,  de  la  Rivière^  1618  ,  pet.  in-129  vélin.  {Extrême^ 
ment  rare,) iS — » 

2272  Flbuet.  Catéchisme  historique  ,  contenant  en  abrégé  l'His- 

toire sainte  et  laDoctrine  chrétienne.  Bruxelles  j  E.-H,  Fricx^ 
17271  2  tomes  en  i  vol.  pet.  în-i2 ,  fig.,  v.  f.,  tr.  dor. 

10—  » 

227  3  Floeesta  (la)  sfagkola,  ov  le  Plaisant  Bocage,  contenant  plu- 


BULLETIN   DU   BUUOPBILK.  976 

sieurs  comptes ,  gosseiies  ,  brocards  et  cassadcs ,  et  graoes 
sentences  de  personnes  de  tous  estats  (fr.  esp.).  BrvxeUes , 
16 1 4,  pet.  in-8,  v.f.,  tr.  dor.  (C/oj^.) 12 — » 

2274  Fontaines  (Lovys).  Relation  dv  pays  de  Jansenie ,  ov  il  est 

traitté  des  singularitez  qui  s'y  trouuent ,  des  coutumes, 
mœurs,  religion  de  ses  habitans.  Paris ^  16649  pet.  in-S,  fig., 
mar.  rouge,  d.  tr.  dor.  (^/ic.  re/.} 12—» 

2275  Fbanqubvillb  (lb  sieub).  Le  Miroir  de  l'Art  et  de  la  Nature , 

qui  représente^  par  des  planches^  presque  tous  les  ouvrages 
de  l'art  et  de  la  nature  des  sciences  ,  et  des  métiers ,  en 
3  langues.  Paris ^  lôgi^in-S,  mar.,  bl.  f.,  tr.  dor.  (Muller.) 

Avec  une  jolie  figure  graVee  en  taille -douce  â  presque  toutes 
les  pages.  35 —  » 

2276  Gabon  (Lotus)  cbasse  le  ennuy  ,  ov  THonneste  entretien  des 

bonnes  compagnies.  Roven,  J.  OùUo^é,  i65t ,  in-12,  mar. 
vert;  fil, y  tr.  dor 25—» 

2277  Gatetbz  (lbs)  d'Olivieb  ab  Magnt  à  Pierre  Paschal ,  gen- 

tilhomme du  bas  pais  de  Languedoc.  Paris ,  /.  Dallier^ 
1554»  pet.  in-8,  v.  v.,  dent.,  tr.  dor 3&— » 

2278  GiRABD  (Bbbnabd  db).  Histoire  sommaire  des  comtes  et  dvcs 

d'Aniov ,  depvis  Geoffroy  Grisegonnelle  iusques  a  monsei- 
gncnr  François  fils  et  frère  de  roys  de  France.  Paris  j 
P,  rHuilliery  iSgo  ,  pet.  in-8 ,  mar.  r.,  fil.,  tr.  dor.  {Belle 
anc.  rel.) 16 — » 

227g  Geand  (lb)  dictionnaibb  DBS  PEBTIBVSB8,  ov  la  Clef  de  la 

'  langue  des  ruelles.  Paris,  J.  Ribot^j  1660,  in-12,  v.  f.,  fil., 

tr.  dor lo—  » 


2280  Géant  (lb)  tbatament  de  maistre  Francoys  Yillon ,  et  le  petit  ; 
son  codicille  avec  le  iargon  des  ballades.  Paris,  G.  N/nerdj 
5.  d.j  goth,  —  Le  Recueil  des  repues  firanches  de  maistre 
Francojs  Villon  et  ses  compaignons,  2  part,  pet  in-S  gotb. , 
fig.en  bois,  mar.  r.,  tr.  dor.  {Ane.  rel,),     .     .     .     55—» 


976  '•    TEGHIinEll  ,   PLACE   9C  tOXntKE  9  12. 

3381  G&ânmtt  ;  21  sujets  de  rAnden  et  du  Nouveau  Testament, 
gravés  par  Wierx ,  pet.  în-4  9  cart 18 —  •• 

228a  Gbbvui  (Jaqves),  son  théâtre.  Ensemble,  la  seconde  partie 
de  rOlimpe  et  de  la  Gelodacrye.  Parisj  V,  Scrtenas^  1S62, 
pet.  in-8,  portr. ,  v.  f. 32 —  » 

2283  GRiNGoms  (P.).  Notables  enseignemens,  adages  et  prouerbes. 

Paris,  F.  Regnault^  i527,  pet.  in-8  goth. ,  vélin.  (Bauzon- 
71^/.)  Une  petite  piqûre  dans  la  marge 32 — w 

2284  Gbotbsqvé  (lb)  adibv  dv  careshb  av  pevplb  de  PAEia,  à  Ma- 

zarin  et  à  lagverre ,  en  vers  bvrlesqves.  Paris  ^  1649*  — 
Poésie  svr  la  Barbe  dv  premier  président.  BrvexUes,  1649. 
Triomphe  dv  Cvl ,  i65o.  —  Le  tableav  dv  gowernement 
présent,  ou  Eloge  de  son  Eminence ,  satyre  de  miUe  vers. 

Paris,  1649,  ^  P^"^^-  ^^  ^  ^^'  ^^'4»  ^^^^'      .     •     •     I 


2285  GuBBOCLT.  Chroniques  et  gestes  adn^irables  des  empereurs, 

auec  les  effigies  d'iceux.  Lyon^  B.  jémoulletj  1 552,  pet.  in-4> 
ùg.  en  boiset cartes, mar.  v., comp.,  tr.  dor.  (Closs.).  5o—  n , 

Bel  exempt,  d^un  livre  fort  rare. 

2286  QvTD%  (lb)  DBS  Ai^TS  ET  SCIENCES  ,  et  promptuaire  de  tous  li- 

ures,  tant  composez  que  traduicts  en  François  (par  Ph.  Ma- 
reschal,  sieur  de  la  Roche).  Paris,  Fr,  Jaçqt^in,  1698,  pet. 
in-8,  f., 61 36—» 

Ce  livre  est  une  petite  bibliographie  françoisc,  iodiquaDt  la 
plupart  des  livres  trad.  en  françois  à  celte  ëpoque;  commençant 
par  la  grammaire ,  langue  ou  langage  divers,  rhétorique  ,  dialec-: 
tique,  arithmétique,  musique,  etc.,  philosophie  ,  poésie  sacrée, 
{M>énelalMileus6  et  fables;  l'hietoÎA  termine  sa  table  méthodi- 
que : 

«  Conuiêt  noter  que  tous  les  livres  mentionnez  en  ce  promp^ 

tuaire  ont  esté  in&primez,  mais  le  i^om  et  lieu  de  Fimprcssion  sont 

icy  obmis,  parce  que  de  grande  partie  il  y  a  diverses  éditions ,  et 

chiHeim  joBfflemnprîmefii  ;  jmnt  que  s^adres^antâ  bans  libraires, 

■ikfoimniwnt  les  livres  j» 


j. 


MAf  HBnuMBovAiAiiivcovBviSAHc6i.BaTB.  Pmrit,J.'B.  LojrsorLf 


^^,. 
''^ 


BULLETIN   JDC    BIBLIOPHILE.  ^f 

i658,  in- 12,  mar.  rouge,  coinp. ,  dent. ,  doublé  de  mar.  de 
diverses  couleurs,  large  comp. ,  tr.  ciselée.     .     .     i 


7.7.8S  IIiSTOiBE  amovreuse  des  Gaules ,  pet.  in-12  ,  mar.  r.,  f.,  tr. 

dor.,anc.  rel 3o--  » 

Édition  sans  date  de  t44  pages  ,  suivie  do  cantique  en  couplets 
fort  Kbres  :  que  Deodatus  est-  heureux  ^  et  terminée  par  la  copie 
d'une  lettre  écrite  au  duc  de  Saint- j4ignan  par  le  comte  de  Bussy. 
Cette  édition  nVst  pas  citée  dans  les  bibliographes.) 

228g contenant  les  grandes  provesses ,  vaillances  et  faicts 

heroiques  d'armes  de  Lancelot  du  Lac,  cheoalier  de  la  Table 
ronde.  Lyon,  B.  Rigavd,  1691 ,  in-8,  v.  f.,  tr.  dor. 


2290 critique  des  coquelucbons.  Cologne  ,  1 762  ^  pet. 

iu-i2,fauv.  j 10—  » 

Titre  imprimé  en  rouge. 

2291 de  Pantagruel.  Amsterdam,  G.  Bloeu,  i6g5j^U 

in-8,  V.  br n 


Intrigues  amoureuses  de  François  I*',  ou  Histoire  tragique  de 
madame  la  comtesse  de  Chateaubriand. 

2292 delà  Flevr  des  Batailles  Doolin  de  Mayance, con- 
tenant les  merueilleuses  prouesses  faictes  sur  le  roy  Danne- 
mont,  et  sur  le  roy  de  Saxonne ,  pour  lors  infidelles  ,  et 
Turcs,  par  Gharleinaigne  Doolin  et  Guerin  de  Mont-Glaive, 
Tro/es,  N,  Oudot,  /.  </.,  iii-8,  6g.  en  bois,  v.  bL,  tr.  dor, 

24 —  » 

2293 prodigieuse  et  lamentable  de  Jean  Fauste,  grand 

magicien,  avec  son  testament  et  sa  vie  épouvantable.  Gh 
logne,  chez  les  Hériuers  de  P,  Marteau,  1712,  pet  in-12,  fîg., 
mar.  v.,  comp.,  fil.,  tr.  dor.  (Kahler.).     .     .     .     40 —  ^ 
Exempl.  de  M.  Piiéréconrt. 

2^94  _.-.._  de  U  vie  de  Tiel  Wlespîegle  ,  contenant  ses  faitf 
et  finesses  ,  ses  aventtwes ,  etc.  Amsterdam,  P.  Marteau  f 
1703,  pet.  in-12  ,  V.  br.,  firontispice.  {Édition  fort  rare.) 

15—  » 


^8  I.  TECBEinB  I  n.ACK  ira  louvri,  12. 

aagf  to.  HmomBdea&moTndeLyundreeldeCaliste.  ^m/tert/., 

J.  deRai^ian(Eiiei:),  iG63,  pet.  ia- 12,  jolies  figures,  ▼él. 

{Charmant  exempt.) a5 —   ■ 

2295  — — — -  tres-recre&tÎTe ,  traictant  des  faictz  et  gestes  da 
Doble  et  TMllant  cheualier  Theseus  de  Couloogne ,  et  aussi 
de  son  fili  Gadifer,  par^leroent  des  trois  eofoiu  de  Gadifer, 
ceM  assaumr  Kegoault,  Hunier,  Re^aesson.  Pari*, 
J.  Bonjbiu ,  t.  d.,fet.  iii-4  ,  goth,  .mar,  r.,  comp.,  fil., 

tr.  dor.  (C/wi.)- Fort  bel  exempl 180 — ■ 

Vojrez,  pour  d'autrei  romani  de  chevalerie,  Triitan  ,  — 
LiDcelot  du  t.Mc, —  Helùduidc  Leonaoia,  Jeluii  de  Satotré,— 
Buon  dcBordeaDi,  etc.,  elc. 

3ag6  — — ~—  véritable  depivsievn  voyages  aduentureux  etpe- 
rilleox  faits  sur  la  mer  eo  diuerses  contrées ,  par  I.  F.  T. 
Roven ,  et  OtmorU ,  1600,  pet.  in-ia ,  mar.  bl.,  dent.,  tr. 

dor.  {Le/eir^.) 36—  . 

Ce  petit  volume ,  li'è*-rare  ,  cootienî  l'hiitaïre  de  plusienn 
naufrage!,  entra  autres  cilui  «fait  au  Pérou,  ou  il  ae  ToiJ  la  rio- 
lence  duo  coup  de  vent  apelU  Hnuraquan  (*ic).  L'origine  éty- 
■nologique  de  ce  mot  m  ainii  expliques  :  ■  Le  veut  Domine 
Vracan  (ouffle  ordinai renient  bui  moii  d'aouit ,  aeptembre  et 
Actobre,»  environ  des  iilci  de  Naravace  et  Imayquc;  ce  mot 
Vracan  ot  un  vocable  dei  insuLiirei ,  lequrl  sigoilie,  en  leur 
langue,  le*  quatre  venta  joint*  enKmble  el  «oufllant  l'un  conlre 

3397  Boax  in  laudem  beatissirae  Virginis  Marie  ad  nsum  Rosa- 

rium.  Paritiis,  Thil.  Kerver,  i55o,  în-ia,  v.  àcomp.,ridie 
reliure 70—  ■ 

NoutappeloDj  l'attrulion  dei  amateurs  inr  les  gravurn  en 
boit  et  surlet  encsdremenl  de  fleuri,  d'animaux  et  de  grateaque* 
'   qui  distinguent  cette  cdition ,  et  nout  leur  lignalons  surtout  b 
rctiTire  dans  le  genre  de  Groilier. 

3398  HoK&tn  (Qumn)  Flaoq  poëmaU  scboliis  sive  annoUtîonilMu 

instar  coinmoit.  illnst.  a  Jo.  Bond.  Août.,  Eiaevfr.,  1676, 
in-i3,  mar.,  61.,  comp.,  tr.  dor.  (TAoucmûi.).     .     35 —  > 

3399  Igo.su  Honna ,  duodedm  imagiiiibiu  prêter  priores ,  toii- 


BULLETIN   DU   BIBLIOPHILE.  ^9 

-demque  inscriptionîbus ,  praeter  epigrainmata  e  gallicis  à 
Georgio  iEmylio  in  latinum  versa,  cumulats.  L^gài^ni,  i547f 
pet.  in-8,  mar.  r.,  fil.,  tr.  dor.,  figures  de  Holbein.  3o —  » 

23oo  LLT8TRB8  (les)  PBOVBBBK8  novveaTX  et  Listoriqves ,  ezpliqvez  . 
par  diverses  questions  curieuses  et  morales  en  forme  de 
dialogue  qui  peuuent  seruir  à  toutes  sortes  de  personnes 
pour  se  diuertir  agréablement  dans  les  compagnies.  Paris j 
René  Gt^ignard,  i665y  2  vol.  in- 12,  mar.  bl.,  fil.,  tr.  dor. 
{Belle  rel,  de  Clois,) 4^ 


23oi  ImTATioN  DU  LATIN  DE  J.  BoNNEFONS  ,  avec  autres  gayetez 
amoureuses  de  l'inuention  de  l'autheur.  Paris,  Anlh,  dv 
Brevil^  1610,    i   vol.  pet.  in-8  ,  mar.  r.,  fil.  (^/ic.  re/.) 

18—   !• 

2802  Imitations  (DE)CHBi8Ti.  Parisii pro  JoKàne  paruo^  iSo^,  pet. 
in-8  gotb.,  mar.  noir,  fil.,  tr.  dor i 


2303  Indécence  (de  l')  aux  hommes  d'accoucher  les  femmes,  et 

de  Tobligation  aux  femmes  de  nourrir  leurs  enfans.  Tre» 
w>ux  ,  Et.  Ganeau ,  1708 ,  pet.  in- 12  ,  v.  f.  f.,  non  rogné. 
{Muller  )  Rare 16—  » 

2304  Inventaibe  galant,  contenant  diverses  pièces  curieuses.  Pa- 

ri/, Ch,  Osmonty  1672,  pet.  in- 12  ,  v.  f.,  tr.  dor.       5 —  » 

2305  Inviolable  (de  l')  et  sacrée  personne  des  rois  (par  Peletier). 

Paris j  Fr,  Hi^by^  161  o,  in-8,  v.  f.,  f.  (Bel  exempL)     i 


2806  Jbsv  Chbisti  dei  Domini  salvatoris  ûri  in&ntia ,  i3  fig.  — 

Passio  Domini  Mostri  Jesv-Christi,  25  fig.  EnsemUe  38  fig. 
gravées  par  Wierx  ,  pet.  in-49  vél.,  comp.,  tr.  dor.  (CAor- 
mani  recueil,) 3o—  » 

2807  La  Pebbibbb  (6.  de).  Le  Théâtre  des  bons  engins,  auquel 

sont  contenus  cent  emblèmes  moraulx.  Afigiers^  P.  Trep^ 
p^elj  1545,  pet.  in-8,  mar.  n.,fil.,tr.  dor.     .     .     11 


s3o8  Ls  Doc.  ProTcrbes  en  rimes ,  ov  limes  en  proverbes ,  tira 
en  robsUnce ,  tant  de  la  lecture  des  boa«  livre*  qne  de  la 
laçon  or^tuûrc  de  parler,  et  accomiodex  en  distiques  ou  ma- 
nières de  semences  qui  peuuent  passer  pour  maximes  dans 
la  TÎe,  etc.  Paru,  G.  Qmnei,  i6tJ5,  2  vol.  pet.  in-13,  t.  f., 

f,,  tr.  dor.(£<iiuoniwf.) 16— ■> 

Le  premier  volume  tachr. 

a3o9  IiEGcnita  (l*)  dbs  Flaheiu,  Croniqve  abiegee  en  laquelle  e« 
bict  succinct  recueil  de  l'origine  des  peuples  et  Estatz  de 
Flandres,  Artbois  ,  Hajnault  et  Bourgogne ,  et  des  guerres 
par  eulx  Iaictes,etc.  Paru,  Galliot  da  Pré,  i558,  in-8 , 
Dur.  citr.,  Ir.  dor,  (jiiic.  rel.) 3o—  • 

aSio  La  Jah  (J.)-  Chansons  spirituelles  propres  pour  entreteDÎr 
l'ftme  en  Dieu.  ParU,J.  Me»laû,  1638,  pet.  in-i3,  t.  f. ,  f-, 
tr.dor.  (A^irW«r.) ■  27 — .. 

La  leconde  parli«  a  poiu-  litre  Ciiiti(|uei  tpirilueli,  ta  troi- 
sième Cantique  nouveau,  p.ir  Daniel  Admet. 

93i  t  IiB  IiOTUi,  sesOEwres,  et  meslanges  poetiqres.  EnsemUe  la 
comédie  nephelococvgie ,  ov  la  Nvee  des  Cocvs.  Paris , 
/.  Poupf,  1579,  pet.  in-ia,  inar.  ronge,  (.,  tr.  dor.  (/>«- 
Tomt.)  Titre  doublé 4*> —  " 

aSta  I«  Haim  M  BxLGKS.  Le  Traicte  de  la  différence  des  KÎsmes 
et  des  conciles  de  l'église ,  el  la  preeutinence  et  utilité  des 
conciles  de  la  saincte  église  gallicane.  S.  l.,  1648  ,  in-4,  t. 
f.,f.,tr.  dor.  (i/i*tfw.) .     .     .     la— - 

33i3  La  HoTin  (lb  Pàaa).  Saint  Lovys  ,  ov  la  Sainte  Covronne 
reconqviae ,  poème  lieroiqve.  Parit ,  jlvg.  Courbé  ,  i658 , 
pet.  in-8,  mar.  r.,  d.,  tr.  dor.  (BKUzonnet.).     .       a4—  - 

33i4  Ia  Pavuoaa.  Bref  discovrs  de  la  praeservation  et  cvration 
de  la  peste.  Caen,  P.,  i58o,  pet.  ia-8,  d.-rel.  6—  > 

^5  L»  &AVIUJÉ  (Gnu.).  Le  Recveil  de  l'antiqve  preexcellence 
de  Gavle  ei den  G».v]ojt.  Paicûa-f ,  i546,pet.  in-8,  mar. 


BULLETIN   DO    BtBUOPHILE.    '  g6t 

r. ,  f .^  tr.  dor. ,  avec  un    titre   orné  d'armoine  peinte. 

12—-»» 

Autre  id.,  d.-rel 8 — » 

a3i6  Lettres  (les)  d'Estienne  Pasqvieb,  par  lesquelles  se  voient 
plusieurs  belles  matières  et  grands  discours  sur  les  affaires 
de  la  France,  concernantes  les  guerres  civiles.  ArraSj  GilUs 
Ecaiduyn  j  iSgS,  i  tome  en  2  vol.  petit  ia-12  ,  mar.  r., 
comp.,  f.,  tr.  dor.  {Ane.  rel.) 12 —  »» 

2817  LiuBB  (le)  des  statuts  et  ordonnances  de  l'ordre  de  Sainct- 

Micbel,  estably  par  Loys  unziesme.  Institvtions  de  Toifite 

de  provost  et  maistre  des  cérémonies^  auec  autres  statutz  et 

ordonnances  sur  le  faict  du  dict  ordre,  in-49  v.  f. ,  fil.  35 — » 

Exeinpl.  sur  peaa  yëlin,  aux  armes  de  Henri  II. 

23 18  Habtial  d'Auvergne  ,  dit  de  Paris.  Les  Arrêts  d'Amoui'S  , 
avec  l'Amant  rendu  cordelier  à  l'observance  d'Amours ,  et 
le  Glossaire.  Paris j  P.  Gcindouiny  1781,  pet.  in-8,  mar.  r., 
d.,  tr.  dor.  {Derome,) 3o—  » 

* 

Autre  exemplaire  en  mar.  bl.,  chiffre  et  rel.  sur  brochures , 
û.  r .^ 45 —  » 

a3ig  Martial  de  Brivbs  (le  R.  P.).  Le  Parnasse  seraphiqve ,  et 
les  Derniers  sovspirs  de  la  Mvse.  Lyon^  Fr,  DemassOj  in-S^ 
V.  r.,fil 12—» 

2320  HéMOiRES  de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  Troyes  en  Champagne.  1 756, 2  tom.  en  i  vol.  pet. 
in-8,  mar.  citron. 36-^  » 

Cette  société  est  composée  comme  il  suit  :  Discours  prononce 
par  M^^**"  lors  de  sa  réception  à  TAcadëmie. — Réponse  à  ce  dis- 
cours.—Dissertation  sur  un  ancien  usage.— Autre  Jd,  ^—Mém, 
en  faveur  des  idiomes  provinciaux. *-  Dissertation  sur  les  Ecrei'- 
gnes .—  Dissertation  sur  Tusage-  de  battre  sa  maîtresse^  etc. ,  eto . 
Mais  ce  qui  doit  faire  rechercher  cet  exemplaire,  ce  sont  les  deux 
lettres  qui  s'y  trouvent  jointes  ,  et  qui  sont  extrêmement  rares, 
n'ayant  été  tirées^  dit-on,  qu'à  5  ou  6  exemplaires. 

aSli  Mbristrier  (Gl.-Fr.).  Le  véritable  art  du  BlasoDi  et  l'on- 

6a 


gBa  )■  TEOKnm,  rua  un  LaavM,  la. 

gine  eu  arraoiriea.  l^ron^  B.  Corvl,  i&j  i,  pet.  io-ia,  f^., 

V.  r.,f.,tr.  dor.  (J/k/Zw.) i5—  . 

fteclicrcfaedubUioo,  pcl.  io-ii,  vé) 7—  » 

Autre  ^dil.  du  véritable  art  du  BbiOD,ctc.,  lOiS,  pet.în-i»  , 
*41in »-» 

3393  M«inuanl,m»vnmm).  Aiiut.,MiMeb(Eb.),  1659, 3 toI. 

iii-il,vâ 58—  » 

L'eiclnpl.  parTailemeiit  coDMFTé,Bjaiit&poDcra  g  lîgDoi  de 
bailt  et  3  pouces  b  li^ei  de  lar^e. 

aSaS  M«Rn-llj[TM.tAsobnadeG«oree«leMoiite-4Iayor,reparti- 
das  en  dos  Ubioa,  j  dirigidâs  a.  los  tuuy  altos  y  muy  podero- 
sDfl  senôres  àoa  Jni  y  donS  Juana ,  principes  de  Portugal. 
envers  J.  Stee^,  i554  .  ptt.  îa-ia  ,  mar.  r.,  f.,  tr.  dor. 

(CAu«),  jolie  édit.  (Aire.) 

3334  HoTBR  (li)  m  PAïTsitiB,  Contenant  la  r^son  de  tout  ce  qoi 
a  ëté  ,  est  et  sera.  IfuHe  part,  looo^ooSg,  2  vol.  pet.  in- 13, 

mar.  t.)  fil>)  tr,  dor.  (Derome.) 20 —    ■ 

Eiempl.  de  H.  de  Piiërà:ourt. 

a3i5  HtrgB  (la)  FOLASns  recbercliëe  des  plus  beaux  écrits  de  ce 
temps.  Trojrei,Nic.  Ocdol,  1623, 3p.  en  1  vol. pet.  in-ia, 
mar.  t.,  tr.  dor.  Ex.  un  peu  rogné  de  près.  30 —   >. 

L''eieinpl.  ilelaTeute  de  M.  de   Piidr^ourt ,  3   toI,  rel.    en 
nar.  rouge,  auc.  reliure 3S—  » 

3326  HosBB  (les)  oAiLLAun,  recueiUïes  des  plui  beaux  esprits  de 
ce  temps ,  par  A.  D.  B.  (  ),  Paria , 

Âru.  f&i'reui/fS.  d.  (1609,  pet.  in-ia,  mar.jtr.  dor.  (T'k*- 


aSaj  NAvtnn  (Cm.  n).  Lea  Dttrie  Bevrea  dv  lorr  artificiel.  Se- 
■  t ,  Mti  AÎMrr,  1695  ,  iD-8  ,  ▼.  r.,  f.,  tr.  dor.  {Clou.) 


Nostre-Dake  (Jkkak  dx).  Les  Vies  des  plvs  célèbres  et  an- 
ciens poètes  pforautTX,  qri  «ni  flouri  du  temps  des  coûtai 


BULLSTIN   DO    BIBLIOPHILE.  98^ 

de  Protence.  Lyon^  AUt.  MarsiUjj  iS'jS ,  pet.  in*^,  y.  m. 
{Grand  de  marge.) 22 —  » 

2^29  Nouvelle  (la)  faérique  des  excellens  traits  de  vérité ,  livre 
pour  inciter  les  resveurs  tristes  et  meslancoliques  à  vivre  de 
plaisir,  par  Ph.  d'Alcripe,  sieur  de  Neri  en  Yerbos.  Impri'^ 
mé  cette  année,  pet.  in-12,  mar.  v.,  tr.  dor.  (Rare,).  32-—  » 

*233o  NuGiE  VENALES,  sive  Thésaurus  ridendi  et  jocandi  ad  gravis- 

simos  severissimosque  viros,  patres  melancholicorum  cons- 

criptos.  Londiniy  l'ji^ijpeU  m~i2  y  broché,  i5 —  » 

Deux  titres,  Tun  en  latin  et  l^autre  en  françois ,  que  voici  :  Pe- 
tit Tbresor  latin  des  Ris  et  de  la  Joye,  de'dié  aux  révérends  pères 
de  la  Mélancolie,  etc. 

233 1  Obseevations  sur  les  tboubadoubs  ,  par  Téditeur  des  Fa-^ 
bliaux.  Paris  y  Eugène  Onfroy,  1781  ,  in-8  ,  d.-rcl.,  v.  f. 


Vol.  complémentaire  pour  la  collection  des  fabliaux  de  Lcgrand 
d^Aussi. 

2332  Opebe  (tvtte  le)  oel  Bebmi  a  in  terta  rima,  nvovamente  con 

somma  diligentia  stampate.  i542.  —  Le  terze  rime  del 
Molza,  del  Yaschi,  del  Dolce,  et  d'altri,  i542.>^apitolidel 
signor  Pietro  Aretino,  di  messer  Lodovico  Dolce,  di  messer 
Francesco  Sansovino ,  i54o.  3  part,  en  i  vol.  pet.  in-89 
mar.v. ,  corap.  àfr. ,  tr.  dor.(7>è5-an^.  reU  à  compart.  à  froid,) 

loo-*-» 
Exemplaire  d*une  parfaite  «ionsertation . 

2333  oaoRE  (l')  de  chevalebib  des  cocus  ebfobuee,  uouuellement 

establi  à  Paris.  1624,  pet.  in-8 ,  mar.  citr.,  comp.,  fil.,  tr. 
dor,  {Élégante  reL  de  Koehler.)  Très-rare.     .     .     28—-* 

2334  OmiGiNES  (les)  de  quelques  coutumes  anciennes ,  et  de  phn 

sieurs  façons  de  parler  trivialles,  avec  un  vieux  manoscrit  en 
vers ,  touchant  l'origine  des  chevaliers  de  firttagne  (par 
Moisaut  de  Brieux).  Caeriy  Jean  Cat^elierj  1672,  pet.  in-ia, 
vélin 45—  * 

2335  Oedonnance  du  eot  sur  le  ftict  et  règlement  gênerai  de  ses 


<|84  '-    TECHEITEK,    rUCe  DU  LOttTBK,    IX. 

monnoyes.  Paris  ,  veupe  Dalier,  tS^^.  — OrdoniMnoe  du 
roy  sur  le  faict  de  la  police  geuerale  de  Bon  royanme.  Pùri»^ 
F.  Mont,  1778 ,  2  part,  en  i  vol.  pet.  în-é ,  d.  r.,  v.  f-, 
fîg.  des  monnoies. i5—  ■ 

3336  PaAn&ru  DBS  HvBH ,  OT  RecudI  des  plus  I)elle8  cbanaons  a 

danser,  recherches  dans  le  cabinet  des  plus  excelleu 
poètes  de  ce  temps. /'drû ,  Ch.  Hvlptav,  i63o. — LeCon- 
cert  des  enfaos  de  fiacchus,  compose  par  les  meilleurs 
beuQcurs  et  sacrificateurs  de  Bacdnis,  dédié  à  leurs- rouges 
trongnes.  /«/«m,  3 part,  en  i  vol.  pet.  in-i2,inar.  T.,comp., 
fil.,  tr.  dor.  {ÈUg.  rtl.). 40— 

3337  PAKOUB(LK8)KBiuaotiuus,eilesbonsmotibetlesmaxiines 

des  Orientaux,  trad.  de  leurs  oBTrages  en  arabe ,  en  penaa 
et  en  turc,  avec  des  remarques.  Suivant  la  copie  imprimée  à 
Paris.  La  Haye,  L.  et  B.  Van  Doit,  16941  P^t.  in-i3.  v.  f., 
f.,  tr.  dor.  {Bel  ex.) i5 —  » 

3338  Pktitz  fatbab  d'vng  appreoUs,  sTroomme  l'Esperonnier  de 

^scipUne,  i536,pet.  in^,  mar.  v.,  d.,tr.  dor.        4^^  ■* 

233^  PnLiPPi  II ,  régi»  catholiti,  Edictutn  de  libromm  prohil»- 
torum  catalogo  observando  {HoU.  Franc.  Jtal.  Lai.).  An- 
tferpia,  Ptantini,  iS^o,  în-8,  v.  f. 

3340  PoKSU  d'Akacmsontb,  tradotte  in  verso  toscano.  InParigi, 

i6gi,  ia-8,  mar.  bleu  doublé  de  mar.  rouge,  dent.,  tr.  dor. 

i&-  .' 

Traduction  de  Régnier  Deitnanii  ,  itcc  le  texte  grec  et  dei 

D«t«ideH«ntge. 

a34i  PeïsiES  DB  ChbVuav.  Parit,Anl.  deSommacUle,  i656,  pet. 
in-8,  mar.  r.,  f.,  tr.  dor.  (yfne.  rel.) g , 

3343  Pbxcu  nM,  I  vol.  pet.  in-4,  mar.  r. 

Joli  Mt.  daiiT*  tiède,  ityle  italien,  avec  un  calendrier  fort 
curieni,  et  de  petite»  leltres  initiile*  en  trèa-grand  nombre  en 
•r  et  en  coulear,  d'une  «a^cntion  cbannant/;  il  e«t  DiilheurcuM- 


BUUJLTiN   OU    BIBLIOPHILE.  986 

2343  Peuvr  (Clavde).  Dialogve  de  la  Lycanilnopie ,  ov  Trans- 

foiination  d'hommes  en  lovps ,  vulgairement  dits  loyps-ga- 
rous.  Lwf^ain,  /.  Maes,  1Ô69,  pet.  in-8,  v.  f^,  fiL  {Muller,) 

i5 —  w 

2344  Prisciani  grammatici  Gaesarensis  tibri  omnes.  Venetiis^  Al- 

dusy  i5a7,  grand  in-8,  niar.  r.,  comp.,  fil  ,  tr.  dor.  {Été g, 

rel,  de  Closs.) Sfr*—  • 

.Superbe  exemplaire. 

2345  Peison  (la)  8AN8  CHAGRIN ,  histoife  comique  du  temps.  Paris, 

CL  Barbirij  i677,in-ia,  v.  f.  (Jolie  reL),     .     .        10 —  » 

2346  Propos  (ler)  mémorables  des  nobles  et  illusti-es  hommes  de 

la  chrestienté  (par  G.  Gorrozet).  Rouen^  Th.  Mallard,  s.  d., 
très-pet.  in-8,  v.  f.,  fil.,  tr.  d.  (Closs,),     .     .     .     i5—   » 

2347  PvissANCB  (de  la)  légitime  dv  prince  svr  le  pevple ,  et  dr 

pevple  svr  le  prince ,  traité  escrit  en  latin  par  Junius  Bru- 
tus,  et  nouuellemeut  traduit.  S,  /.,  i58i,  pet,  in-8  ,  mar. 
bl.,  dent.,  doublé  de  moire,  tr.  dor.  {Bozérian.)  Bel  exempl. 

3o—  » 

2348  Quenolle  (la)  sphutÎjelle.    5.  /.  n.  d.^  pet.  in-8  goth., 

mar.  r.,  f.,  tr.  d.  {Ane.  rel.) 4^ —  " 

Petite  pièce  en  vers  très-rare. 

^349  Qvs8Tioii  ROT  ALLE  ,  ET  SA  DÉCISION.  Paris  y  Toçs$.  Di^  BrajT^ 
1609,  pet.  in-i2,  mar.,  fil.,  tr.  dor. 

Trés-hel  exempl.  de  Tëdition  originale  rel.  par  Derome.  On  y  a 
joint  un  portrait  de  Dy  Verger  de  Havranne.) a4 —  v 

235o  Rami  (Pétri)  Commentariorum  de  Religione  christiana 
libri  quatuor,  eivsdem  vita  a  Th.  Banosio  descripta.  Fran^ 
co/i^rtij  apud  Andream  JVechtlum,  1677 ,  P^^*  ^^"^i  ™^* 

citr.,  fil.,  tr.  dor.     • 18—  » 

Exempl.  de  deThou. 

a35i  Rasoir  (le)  des  Rasez  ,  Recveil  avqvel  est  traité  de  la  ton- 
sure et  rasure  du  pape,  et  de  ses  papelards.  S.  (.,  iS6i/pet. 

iib6,  mar.  r.,fil.,  tr.  dor '  36^-  » 

Trèf-bel  exçmpl.  de  Girafdot  de  Préfood,  reL  par  Deroioe^ 


»>, 


986  1.  TECHENEB  ,  PLACE  DU  LODVKE,  12. 

235a  RecubiIh  de  1 2  figures ,  sujets  champêtres ,  par  Bloeniaert , 
pet.   in-4  oblongy  d.-rel 12 —  » 

2353  — de  20  figures,  sujets  de  l'ancien  et  nouveau  Tes- 

tament ,  gravées  par  flierome  et  Ant.  Wierx.  hi-8  9  cart. 

.4 — 

2354  —  —  — -  de  47  figures  réunies  en  1  vol.  pet.  in-4  oblong, 

d.-reL,  contenant  :  Vues  de  Paris  et  des  environs,  27  pièces; 
Livre  de  paysages  gravés  par  Berthault,  1761,  10  pièces; 
Dessins  de  serrurerie  ,  10  pièces i 


a355 «^  gênerai  des  Œwres  et  lantaisies  de  Tabarin,  con- 
tenant les  Rencontres,  Questions  et  Demandes  facecieuses , 
auec  leurs  Responses.  Roven,  N.  Cabut^  1624.  —  Les  Ren- 
contres ,  Fantaisies  et  Coq-à-Lasne  facecievx  du  Baron 
Grattelard ,  ses  gaillardises  admirables  ,  ses  conceptions 
inouyes  et  ses  farces  iouialles.  Paris  ^J,  Trostolle,  1623, 
2  part.  pet.  in-12,  V.  f.,  dent.,  tr.  dor.     .     .     .     4^~~   ^ 

2356  Registee  (le)  des  ans  passés  ,  puis  la  création  du  monde 

iusques  a  lannee  présente  mil  cinq  cens  xxxn.  Parisj  Gal-^ 
Uot  du  Préj  i532  ,  in-4  goth.  ,  fig,  en  bois  ,  v.  f.,  f.,  tr. 
dor.  (Closs.) .     •       5^5—  » 

Parfait  de  conservation . 

2357  I^gnier;  ses  Satyres  et  autres  œuvres.  Leide^  J,  et  D,  EIn 

zeifier^  i652,  pet.  in-12,  d.-rel.,  mar.  (4p.  lolig.).    27 — » 

2358  Ritson's  (Joseph)  ancieut  Engleish  metrical  romances.  Lonr- 

don  y  1802, 3  vol.  in-8,  pap.  vél.y  mar.  bleu,  comp,,  dent.> 
tr.  dor 55—» 

Le  premier  -volame  est  pr^ëdë  d^ane  distertaiion  de  ss4  pag. 
«  On  Eomanceaqd  minstrelsj,  etc. — ^Waine  andGawin. — Laun- 
ful .  —  Les  second  et  troisième  se  cpmposent  d^hist.  en  yers  du 
moyen  âge. 


i|3$9  BiOCOLiis  (J.-B.  m).  Les  Imposteurs  insignes,  histoires  véri- 
tables et  curieuses.  Amsterdam ,  A,  Wolfgang^  i683,  pet. 
fOriSi  fig.,  Y.  f.,tr.  dor«  ÇHuUer.).     ....     10—   ^ 


MILLKTIN   DU    BIBLIOFHIUI.  ^èr^ 

2%o  RomiANT  (ls)  db  la  BosE)  reueu  et  corrige  (mitre  les  précé- 
dente» impressions.  Paris  y  GaUioi  du  Pré,  i52g,  pet.  in-8, 
mar.  r.,  fil.,  tr.  dor.,  fig.  en  bois.  {iénc.  reL).     .     48—  >» 

Exemplaire  bien  conservé  de  cette  édition . 

236i  Sagonay  '^G.  Mt}.  DiscoTTS  des  premiers  trovMes  advenvs  à 
Lyon,  avec  l'apolof^  povr  la  ville  de  Lyon  coalarele  libelle 
faucement  intitulé,  la  luste  et  saincte  defeaee  de  la  ville  de 
Lyon.  Lyàtty  MichelJot^e,  iSGq,  pet.  in-8  ,  fig.,  mar.  v., 
fil.,  tr.  dor.  (Closs.) 35—  » 

2362 .  Généalogie  et  la  fin  des  Huguenavx  ,  et  descou- 

veite  du  calvinisme ,  ou  est  sommairement  descriie  This- 
toire  des  troubles  excitez  en  France  par  lesditz  Hvgvenaux 
iusques  à  présent.  Lyon,  Benoist  Rigaud^  15^2,  in-8 ,  vélin 
(avec  les  3  figures.) 32 —  >» 

2363  SAUix-NQN(RicHABn  I  ABBK  dk).  Voyage  pittoresque,  ou  Des- 

a*îptiondu  royaume  de  Naplet  et  de  Sicile.  Paris,  Lafossty 
1781-86, 4  tomes  en  5  vol.  très-grand  in-foT.,  fig.,  mar.  r., 

tr.  dor.  (Derome.) 38o —  » 

Bel  eiempUîre  complet . 

2364  Salnovb  (Rodebt  db).  LaYenerie  royale  diviaée  en  iv  parties; 

qui  contient  les  chasses  du  cerf ,  du  lièvre,  du  chevreuil , 
du  sanglier,  du  loup  et  du  renard.  Paris,  Ant,  de  Somma- 
t^ifte,  i665 ,  in-4,  v.  f.,  comp.,  fi!.,  tr.  dor.     .     .     25—  » 

2365  S.  S.  (■■)  Martyrvm  crveiatibTS  Anloniî  Gallonir  liber.  JRo- 

mœy  i5gij  iu-49  >"^^*  citr.,  fil.,  tr.  dor.  {Belle  anc.  reL)* 

,  i5—  >» 

2366  Sattebs  CBEB8TIBNNBS  de  la  cuisine  papale  (en  vers).  Impr, 

par  Conrard  BadiuSy  i56o,  in-8,  mar.  r.  (Derome.),  35 —  »» 

Un  peu  rog^éy  ex.  Gaignat. 

* 

2367  —     contre  les  Mariit ,  par  le  siemr  R**  T.  D.  F.  Ams- 

ierdam^  i6gft,  R1-12,  d.-rel 4 — ^^ 

2368  SflsavrA  MiiLuamiy  trattslaiedte  lali»cB  irMçois.  S.  L  n.  d., 

pet.  in-8 gotb.,  mar.  r.,  f.,  tr.  dor.  {Ane,  rel.).     .     36—*» 


• 


g86  J.    T£CHE1ŒB,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

Pet.  Tol.  fort  rare,  et  non  cité,  sig.  A.  a  H iii|  et  i  feuillet  blanc. 
Le  caractère  employé  à -son  impression  ressemble  un  pea  aux 
publications  allemandes  vers  i5oo  à  i5io. 

2869  Seemons  svr  la  simvlée  conversion  du  roy  de  Nauarre  ,  pro- 

noncez en  Teglîse  cathédralle  de  Poictiers ,  par  le  théologal 
ordinaire.  Pam,  G.  Bichouj  1594,  pet.  in-S,  mar.,  fîl.,tr. 
dor.  {Bauzonnet,) ^2 — » 

Ce  sont  les  scrmoDS  du  père  Portbairc  ,  dont  les  exemplaires 
sont  extrêmement  rares  :  celui-ci  est  d^une  belle  conservation . 

2870  Spéculum  nimkSM  salyationis.  ExpUcit  humanaq.  saluiis  su 

mula  plane  a  me  fratre  Johanne  tui  pater  ordinis  aime  vir 
bnediçte  puto  quasi  minimo  monacho.  S,  l,  r.  d,  {Impr,  par 
Gunther  ou  Jean  Lainer,  vers  1472)9  %•  ^^  hois  à  presque 
toutes  les  pages,  in-fol.,  d.-rel.,  à  toutes  marges.  .  200—» 

Exem^plaire  bien  conserve  d^un  oarrage  rarissime.  M.  Branet , 
dans  son  excellent  Manuel ,  ne  le  cite  que  diaprés  la  description 
4e  Dibdin,  dans  la  Bibliotheca  Spenceriana. 

2871  Spon  et  Whelbe.  Voyage  d'Italie  y  de  Dalmatie ,  de  Grèce 

et  du  Levant.  Amsterd.^  H.  et  T.  Boom,  1679,  2  vol.  pet. 
in«i2,fig.,Télin.  (^e/tfxfm/?/.) '  18-—» 

2879  Statuts  (les),  rçgle^  et  ordonnances  de  Herpinot  reformé , 
touchant  la  conservation  de  la  police  humaine.  Paris  ^  veut^e 
Oudotj  I  vol.  pet.  in-Sf  cart.  (  jit^ec  un  portrait  grotesque,  ) 

2873  Tahueeau (Jacques).  Ses  poésies.  J'arzj^iV.  Chesneauy  i574» 
in-8.  (^.  bien  conservé,)  ..  .     /.     .     .        i5 — » 

23^4  Talepied  (P.-F.-IVoel.)  Histoire  de  Pestât  et  republiqve  des 
^  Drvides,  Evbages,  Sarrodines,  Bardes,  Vaçies,  anciens  Fran- 

çois ,  gouuernem-s  des  pais  de  la  Gaule ,  depuis  le  déluge 
vniuersel ,  iusques  à  la  venue  de  lesus-Christ  en  ce  monde. 
Paris j  Jean  Param y  iS85,  pet.  in-8,  mar.  r.,  tr;  d.  {Smuh.) 

32—» 


^ 


-     BULLETIN  DU   BIBUOPHILK.  989 

^376  Tauebau  BANAL  DB  Pa&u.  Cologne  y  Pierre  Marteau ,  i68Qy 
pet.  in-129  mar.  bl.,  tr.  dor.  Bel  exempl.,  grand  de  marg. 
(Jolie  rel.  de  K.) 35 —  » 

2376  Tatbbsiibe  (J.<*B.).  NouTelIe  relation  deFintérieur  du  sërail 

du  Grand  Seigneur,  contenant  plusieurs  singularitez  qui, 
jusqu'icy,  n'ont  point  éternises  en  himxkre.  Anisterdam ^  J. 
^a/i5omtfr«/i,  1678,  pet.  in-i2,  vél 21 — » 

Volame  qui  forme  le  tome  3  da  voyage  de  Tavemier.  Edition 
elzéyirienne. 

2377  ToKBBi^v  (le)  de  Margverite  de  Valois ,  Royne  de  Navarre, 

faict  premièrement  en  disticques  latins ,  par  les  trois  sœurs 
princesses  en  Angleterre.  Depuis ,  traduictz  en  grec ,  italië 
et  françois^  par  plusieurs  des  excellentz  poètes  de  la  France. 
Auecques  plusieurs  odes,  hymnes,  cantiques ,  épitaphés  sur 
le  mesme  subiect.  Paris ,  Michel  Hezandat  et  Fobert  Gran^ 
dioriy  i55i ,  pet.  in-8,  mar.  bl.  doublé  de  mar.  r.,  comp., 
dent.^tr.  dor.,  belle  rel.  de  {Bauzonnet.)      ,     .     4^^*"""* 

2378  ToMBBAV  (lb)  de  la  Mélancholie ,  oy  le  Tray  moyen  de  viure 

ioyeux ,  4*  édition  revueue  par  le  sieur  D.  Y.  G.  Royen^  J. 
^ar/A«///t,  1642  ,p.  in-12  ,  d.-rel 


Recueil  de  petits  contes  et  nouvelle^  dans  le  genre  des  Contes 


à  rire. 


237g  T0POGRAPHIA  variarum  regîonum  inventa  à  Matheo  Bril  ab 
Hhondio  excussa.  i6i4>  27  p.  en  1  vol.  p.  in-4  obi.,  d. -rel. 

12—  I» 

2386  ToTALB  (la)  et  vraie  description  dé  tôles  passaiges ,  lieux,  et 
destroictz  :  par  les  quelz  on  peut  passer  et  ëtrér  des  Gaules 
es  Ytalies  et  signament  par:ou  passeret  Hanibal ,  Julius 
Gesar,  et  les  très  chrestiens  roys  de  France  Charlemaigne , 
Charles  YIU ,.  Louys  XII  et  François  I<^,  etc.  -,  etc.  Paris  , 
.  Toussains  Denis 9.  t5i5,pet.  m-4^goth.,  mar.  r.,  comp., 
\x.  à.  {Eleg.rel.de. Closs),     ...     .     ,     .     .     45— i» 


il 


990  J.    TEGBENBRy   PUlCB  IHJ  LOUVRE,    12. 

:i38i  TiACTATi»  de  arte  bene  yiaaidi  beneqî  morieBdL  S.  L  et  A, , 
pet  iii-8  goth.,  fig.  eu  bob,  mar.  r.  £.  {Ane.  rel,).     1 2 — » 

238a  TbagsoibcIt  roy  franc-arbitre, nouveUement  traduite  d'italien 
en  françois.  Chez  J.  Crespin^  i558,  pet.  in-S^d.-rd.,  y.f., 
tr.  dor.  (Airtf.) i5*— » 

Ua  bel  ezonp.  en  mar.  mac 86—» 

2383  Teaites  et  adyis  de  qyelqves  gentils-hommes  françois,  sur  les 

duels  et  gages  de  bataille.  Assçavoir,  de  messire  Oliuier  de 
la  Marche ,  de  messire  léan  de  Yilliers ,  successeur  de  Lis- 
sadam,  de  messire  Hardouin  de  la  Jaille  :  et  autres  eacrits 
sur  le  mesme  suiet  non  encor  imprimez.  Paris,  Jean  Ri^ 
cKei ,  i586, in-8,  mar.,  comp.  i  fr.,  dent.,  tr.  dor.    36 — » 

2384  Taism  (Goiiia  db).  Le  Jardin  de  récréation  au  quel  croissent 

rameaux,  gentiket  souSfis,  soubz  le  nom  de  six  mille  prover- 
bes et  plaisantes  rencontres  françoises.  Amst.,  P.  de  Ra^es" 
teyn ,  161  i.*-Terg|er  des  colloqves  recreatifis,  compris  en 
douze^  chapitres ,  très  propre  et  utile  pour  toutes  sortes  de 
gens ,  en  langue  françoise  et  bas  allemand  ,  par  le  même. 
Amsterdam,  P.  de  Ravesteyn,  1611,2  p.  eni  vol.  in-4  , 
yéhycom^.tx,  à.  {Ai^c cordons.)    .     .     .     .     .     5o — » 

Fort  rare,  surtout  avec  la  seconde  partie  qui  manque  à  beau- 
coup d>xciDplair«8. 

2385  TuBBRO  (HoRATics).  Cinq  dialogues  fiaits  à  l'inûtation  des  an- 

ciens. Monsj  P.  de  la  Flechsy  1671,  pet.  in-i2,?^véliB.  (Bien 
conservé.).     . 12  —  » 

a386  TuENBRs  (ScHABON).The  historyof  theAnglo-Saxonsfromthe 
carliest  period  to  the  Norman  conquest.  hondon ,  1828 , 
3  vol.  in-8,v.  f.,  fil 65— • 

M  exnD|^.  d^tm  livre  dc^mii  rare. 


23&7  Vbvbs  de  diuera  paîsages  au  natmrel  d'alentour  de  Paris,  des- 
sinées et  gravées  par  AB.  Flamen.  Pmrk,  P.  UkrieUe 9  1 5  p. 
en  1  vol.,  pet.  in-4 9  d.-rel«^    .......     i5— » 


BDLLETIN   SU  1UIUQPIIIUI.  gQl 

a398  Vu  derhomme,  collectioa  de  cinquante-six  estampes  gravées; 
les  douce  premières  Bgures  représentant  les  douze  mois 
avec  un  quatrain  moral  relatif  à  la  vie  humaine;  le  reste  re- 
présente les  principaux  traits  de  l'Ancien  et  du  Nouweau 
Testament  Imprimée  par  Th.  Keruer  ,  i  voL  iinf  ,  mar. 
ren,tr.àor.  (F'ieiilêreL) 4<^— >. 

2389  V»  (la)  de  Nostre  Seigneur  selon  les  quatres  euangelistes. 
Fmpr»  en  jim^erif  par  M.  Crôm^  15419  pet.  ÎB-Sgotb»,  fig.  à 
chaque  pag. ,  mar.  a.,  tr.  dor.,  fil.  {QassJ).     .     .     3o— >• 

a3go  ViQOURBiTz.  La  défense  des  femmes  contre  l'alphabet  de  leur 
prétendue  malice  et  imperfection.  Paris  y  P.  Chet^aliery  1617, 
pet.  in-ia^Diar,  r.  f.,tr.  dor.  (Ane.  rel.).    .     .     24    — » 

2391  ViEBT  (Pnm).  La  Physique  papale  y  tàxte  par  manière  de 

deuisy  et  par  dialogues.  Imprimerie  de  J.  Gérard^  iSSa,  pet. 
in-8,  mar.  r.,  fil. ,  tr.  dor.  {Deromé)y  2  feuillets,  à  la  fin ,  un 
peu  tachés  d'humidité 3o  — » 

2392  ViTAB  passionis  et  morti  Jesu  -  Christi  mysteria ,  pijs  medi- 

tationibuset  adspirationibusexpositaper  P.  J.  Bourghesinm 
malbodiensem  cum  figuris  aeneis  76,  expressa  per  Boetium 
a  Bolswert.  Antwerp.y  H.  Aerts ,  1622 ,  petit  in-8  ,  vol. 
broch.   " 3o— » 

Ouvrage  remarcfuable  par  ses  jolies  vignettes . 


AUDITION  AU  NUMERO  20. 


2393  Ambassade  du  maréchal  de  Bassompierre  en  Espagne,  l'an 

1621.  Caialogne,  î668 (Ala^er)^  pet.  in-i29T.  f.     12—» 

2394  Alciat.  Les  Emblèmes.  L/on^  Guil.  Bùi^ilU^  iSi^y  in-8y  y.  f. 


99^  '•    TBOBNXB,  PLAGS  DU   LODV&X,    13. 

fil.,  tr.  d .     36—» 

Bel  exempl.  delVdition  la  plus  curieuse ,  la  plus  belle  et  la  plus 
recherchée. 

23g5  Amovbbux  afbicain  ,  ou  Nouvelle  Galanterie ,  composée 
par  le  sieur  B.  M.  Cologne,  chez  Philippe  Barbu,  1671, 
I  vol.,  in-ia  ,  veau  de  coul.  (Koehler,),  .     .     .      12—» 

23g6  AiiouHS  (lbs)  de  Sainfiroîd,  jésuite,  et  d'Eulalie,  fille  dévote. 
La  Hajre,  chez  Isaac,  Vander  Kloot.  i  vol.,  pet.  in-ia,  d.- 
rel.  ,   dos    de    niar.   viol.   (  Koehler  )•  (  Bel  exemp.    non 

^g) 


aSgy  Amoubs  des  Daines  illustres  de  France.  Cologne  ,  1771  , 
I  vol.  in-i2,  de  708  pag.,  d.  mar»,  vél.  (/C),  fîg.  .      18  —  » 


Entre  autres  petities  histoires  que  contient  ce  volume,  on  en 
marque  plusieurs  dont  les  originaux  sont  d''un  prix  ëlevë  .  —  Les 
Maximes  d^amour.  —  Le  Palais-Royal.— IJlstoire  de  Pamour  feinte 
du  roi  pour  madame.— La  Princesse»  ou  les  Amours  de  madame.— 
Simonie  ou  les  Amours  de  madame  de  Bagneux.— Déroute  et  adieu 
des  Filles  de  joie  de  Paris. — Le  Pasbe-Temps  royal,  etc.,  etc. 

23g8  Art  de  désoppiler  la  rate,  en  prenant  chaque  feuillet  pour  Se 
T.  leD.  ;  entreuuèlé  de  quelques  bonnes  choses.  A  Gallipoli 
de  Calabre,  lieu  des  folies,  pet.  in-12 ,  dos  mar. ,  i^on  rog. 


Cette  édition  contient  plusieurs  choses  qui  ne  sp  trouvent  pas 
dans  d^autres,  entre  autres  le  catalogue  des  auteurs  Elzévirs! 

2899  Baltasae  PiSANELLi.  Traité  de  la  nature  des  viandes  et  du 
boire ,  avec  leurs  vertus ,  vices  et  remèdes  mis  en  notre  vul- 
gaire. A  D.  P.  Arras,  i5g6,  pet.  in- 12  ,  v.  de  coul.  (/C.). 

18— 

2400  Belleau  (Rbmi)  de  Nogent,  au  Perche.  Les  odes  d'Anacréon, 
traduites  de  grec  en  français.  Paris ,  i  SSq  ,  avec  privilège  , 
I  vol.  pet.  in-8,  mar.  bleu  ,  fil.  {Koehler.),     .     .     25—» 

3401  Bbsniee.  Le  Jardin  du  botaniste.  Bruxelles,  s.  d.y  1704, 
I  vol.  pet.  in-ia,  d.  de  mar.  v.,  non  rog.  .     .     .      10—» 


BULLETIN   DU    BIBUOPUILE.  998 

a4o2  BouEDALOUB.  Sennon  pour  les  grandes  fêtes  de  l'année.  PariSf 
169a  )  pet.  in-i2)T.  f.  (JTofA/rr.)*     <     .     .     .     .     lo — » 
Vol.  très-bien  iroprimë,  façon  elzëririenDe. 

2403  Beach.  BouADBLOiSy  ses  poëmes  divisés  en  trois  livres.  Bour^ 

deauxy  iS^ô,  in-49i*el.  enmar.  r.,tr.  d.,  très^bel.  exempL 
(Élég.  reliure  de  Koehler.) 60—» 

2404  Bbèvb  eblation  de  la  glorieuse  mort  des  BB.  maltyrs  Pavl 

Michi,  lean  Goto  et  lacquesGhisai  laponais,  de  la  compagnie 
de  Jésus,  tirée  d'une  lettre  du  père  Gomez  vice-provincial  au 
R.  S.  général.  Morts  ^  i6a8,  in- 12,  dos  v.  f.,  très-rare. 

10—* 

240  5  Bruscabibillb  (oeuVbbs  db)  divisées  en  quatre  livres  j  conte- 
nant plusieurs  discours^  paradoxes ,  harangues  et  prologues 
facétieux,  revues  et  augmentées  par  l'auteur.  Paris j  1619, 
pet.  in-12,  v.  f.  (/IT.) 35 — I» 

A  la  fin  de  cette  ëdition  se  trouyent  deux  chansons  qae  je  n'ai 
pas  vues  dans  d'autres  éditions. 

2406  César  Ocidin.  Dialogos  en  espanol  y  frances. — Dialogues  en 

françab  et  en  espagnol.  Bruxelles ,  i663 ,  pet.  in-ia,  v.  f. 
(/îT.)  pour  la  coU.^ek t8— » 

2407  Chamçon.  Nouveau  Recueil  de  plusieurs  chansons   honne^ 

tes  et  récréatives ,  tirées,  pour  la  plupart ,  de  divers  poètes 
français.  Paris ,  Nicolas  Bonfons ,  1Ô97,  i  vol.  pet.  in- 12 , 
jolies  rel.,  mar«  vert,  &L,  {KoeUier.)  Très-rare.    .     65 — » 

2408  Chassanion  (Jean).  Histoire  des  Albigeois ,  touchant  leur 

doctrine  et  religion ,  etc.  Genève ,  i595,  pet.  in-8,  v.  f.,  fil. 

24 — » 

2409  CoLLBT.  Histoire  paladienne ,  traitant  des  gestes  et  généreux 

fidts  d'armes  et  d'amours  de  Paladien ,  filz  du  roy  Milanor 
d'Angleterre ,  et  de  la  Belle  Gélerine ,  sœur  du  roy  de  Por- 
tugal. Paris ,  Jean  Dallier  a  la  rose  Blanche ,  i555 ,  in-f.^ 
v.  f. ,  fig.  en  bois,  pi. ,  tr.  d.  (/C.)  Bel  ex.     .     .     .    5o— i» 


^g^  I.    TECHENn»   PLiCE  DU  LOUVIIB ,    12. 

a4io  CoimraTAnB  du  teig.Alphoiioed'lJlloë  y  contenant  leToyage 
du  duc  d'Albe  en  Flandre  avec  Tannée  espagnole ,  et  la 
punition  du  comte  dTtiguemont  et  autres  (par  Belforest  ). 
Paris ,  Jean  Daller ^  iSyo,  pet.  in-8,  d.  mar.  bl.  .     18 — » 

a^i  I  Cîoiiraa  (iA8)du  monde  adventoreux,  par  A.  D.  S.  D.  Ljrony 
1557»  pet.  in-i2y  mar.  vert.  (JoUe  rêl.  dt  K.).    .     38—» 

2i4i2  CoMTBSSB  DB  Cbateau-Bmant,  OU  Ics  Effets  de  la  jalousie. 
Amsterdam,  pet.  in-i^i  v.  {Koehler.)  Bel  ex.  non  rogné. 

i8— » 

I 

a4i3  CoNioiiATiON  du  comte  Jean-Louis  de  Fiesque.  (Cologne) 
(Alaspher.)j  i665)  pet.  in-i2y  v.  f.  (K,),     .     .     .     i5 — » 
Édition  rare  poar  la  coileclion  elz. 

a4i4  CoNTBS  (notrvBAUx)  à  rire  y  ou  le  Joyeux  passe-temps.  Rouen , 
s.  d.,  1744»  '  ^^^'  P*  ii>-i3y  joL|  T.  de  coul.,  fil.  (Koehler.) 

i5 — » 


24i5  Constant  (Pibbre).  Le  Pegme  mis  en  françoyspar  Lan- 
teaume  de  Romieue  d'Arles.  Ljron ,  1 555 ,  pet.  in-8,  mar. 
vert,  fil.,  tr.  d.  (Kœhler.) 35—» 

Une  vignette  en  bois  avec  encadrement  à  toutes  les  pages.  Re- 
cueil d^emblémes  dont  TexpUcation  est  en  vers. 

2416  DÉsoBDBBa  DE  LA  Bassbtte  ,  NouveUe  galante.  Paris  (HolL)j 

i682,pet.  in-12,  ▼.  fauve i5— » 

2417  DiALOOima  db8geand8  sur  les  affaires  présentes.  Cologne  ^ 

1690, pet.  in-12,  V.  fauve 10—» 

2418  DiALoeuB  naa  nots  Louis  XI  bt  Louia  XII  dans  les  champs 

Élysées ,  image  de  deux  règnes  différents  (toute  la  copie)  (à 
la  sphère)»  Paris,  pet.  in-12,  d.-rel.,  dos  de  mar. 
(jKbeA/^r.)  Seul  ébarbé 12— n 

241g  DiftiBBNTS  caractères  des  femmes  du  siède ,  avec  la  des- 
criptioD  de  Tamour  propre,  contenant  six  caractères  et  six 
perrections  sur  f  imprimé.  Paris  ^  1^94  y  P^^*  iii-12  ,  dos  de 


BUIXSTOf  DU  BIBUOF&ILB.  gg5 

mar.  vert,  non  rogné 12— » 


2420  Discoums  de  ce  qui  s'est  fidt  et  passé  «u  siège  de  Péîctiers  ; 
escrit  durant  iceluy  ,  par  home  qui  estoit  dedans.  Paris, 
1569,  pet.  in-8,  V.  f.  (jKt)tfA/cr.) i&— » 


2421  DiSGBACBS  DB8  AMANTS,  suit^orU  la  copic  imprimée  à  Paris, 
(Holl.)  1^08  {frontispice  graine),  pet.  in-ia ,  d.  de  mar.  t., 
nonrog i5 — » 

242a  DrvuiB  (  tA  )  aBUQUB  adorable  du  sang  de  Jésus-Christ , 
dans  la  ville  de  Billon ,  en  Auvergne  ;  par  un  père  jésuite» 
Lyon,  1645,  p.  in-ia,  v.  f.  (Rare.).   Koehler.     •     i5 — m 

2423  DoNi.  Visions  italienne^.  Paris,  16349  pet.   in-ia,  veau  f. 

18— I»  , 

Première  Tision  des  écoliers  et  des  pedans.*— Des  malmarize  et 
des  amoureux.— Des  riches  avares  et  des  Pauvres  libéraux. — ^Des 
Putains  et  des  BulBens. — Des  Docteurs  ignorana.— Des  soldats  et 
des  capitaines  poltrons,  etc. 

2424  Education  de  Dames.  Amsterd, ,  1679^  i  vol.  pet.  m-ia, 

dos  mar.  ml. ,  non  rog.  (Fro/i/i5/»{Ctf .) 18— >* 

24^5  Edictum  Caesarese  majestatis  promulgatum  anno  salutis  i546. 

Loi^anii  ,  1 Ô46 ,  in-8 ,  v.  f 20-—» 

On  y  remarque  dëjà  plusieurs  livres  français  mis  à  Tindex. 

2426  Estât  et  Gouvbbnbmbnt  db  Frange  comme  il  est  depuis- 

la  majorité  du  roi  Louis  XIY,  après  eut  segnant  ou  sont 
contenues  diverses  remarques  et  particularités  de  l'his' 
toire  de  notre  temps ,  avec  les  noms ,  dignités  ^  familles  dit 
royaume,  etc.  Amst,,  i653 ,  pet.  in-ia  ,  v.  f.    .     .     i5— ir 

Joli  vol.  pour  U  collection  elz. 

PUBLICATIONS  NOUVELLES. 

2427  Arneth  (  Josbpeto).  Synopsis  numorum  graecorum  qutiii^ 

museo   caesareo  vtndobonensi   adsenrantur.  Vindobona€f 
i837,p.  in-4)  br 

Fasciculus  primus. 


ggS  1.    TECHBinUly    PLACE  DU   LOUTEE  ,    13. 

14^18  Catèlùqvb  numoram  duplorum  iam  Teterum  quam  recen-* 
tiorum,  quos  muséum  caess.  Reg.  Yindobonense  diebos 
inira  DOtatis  auctione  publica  venditabit.  Vindobonaéj 
i839>  in-S,  br.  « a — 5o 

La  Tente  publique  aura  lieu  dans  le  mois  de  mars  prochain  à 
Vienne. 


2429  I'EsPbovebèes  coMifuiis.  In-i6,Iith 

Belle  édition  de  la  collection  des  poësies  ,  romans,  chroni-* 
ques ,  etc . 

2430  Recueil  d'opuscules  et  de  fragments  en  vers  patois ,  extraits 

d'ouvrages  devenus  fort  rares.  Bordeaux ,  iSSg ,  in-12,  br. 

,  3—»» 

Voici  une  partie  des  auteurs  cités  dans  cet  intéressant  Tolume, 
recueillis  par  les  soins  de  M.  G.  Brunet,de  Bordeaux  :  Babu  , 
églogues  poitcTioes;  Bergoing ,  ëneîde  en  languedocien  ;  Chape- 
Ion.  Noeby  Arlequin  gascon.  Arriire'e  d^une  damç(  patois  franc- 
comtois  ),  mystère  de  la  Passion ,  en  breton .— Noeb  auTcrgnats. 
Trologue  d'un  Messager  savoyard)  etc. 

2431  '&ET  (m.-),  des  compagnies  d'assurances  pour  le  remplace- 

ment militaire  et  des  remplaçants.  Paris ,  18891  ^"^  »  ^^' 

3— • 


Notices  contenues  dans  le  vingtième  Numéro  du  Bulletin  du 

Bibliophile ,  3*  série. 

Essai  sur  les  livres  dans  l'antiquité,  particulièrement  chez  les 

Romains.  (Suite,)  g35 

Notice  bibliographique  sur  le  journal  de  l'Étoile.  g49 

Reliure.  954 

Ventes  de  livres.  955 

Variétés.  961 

Coup  d'œil  sur  l'étude  de  la  Bibliographie  à  l'étranger.  96a 


IMPRIMERIE   DE  L.    RÔUCHARD-BUZARD , 

me  de  l*Bperon,  7. 


BULLETIN  Dtr  hbuoprilè.  g^- 

SUITE  DU  NUMÉRO  20. 

2432  Facbtibusbs  rbncomtrbs  de  Verboquet ,  pout  réjouir  les  mé^ 

lancoliques.  Contes  plaisans  pour  passer  le  temps.  Troyes, 
s.  d.^pet.   in-i2  ,  V.  coul.  (/iC.) iS—» 

2433  Facécieux  bêveillb-matin  des  esprits  mélancoliques ,  ou  le 

Remède  préservatif    contre  les  tristes.    Utrecht ,   1662  ^ 

in-12,  mar.  r.,  t.  d.  (Jol.  rel.  deK.  ) 45 — * 

Rare  pour  la  coll.  elz. 

2434  Fénelon.  Suite  du  iv<^.  Livre  de  TOdissée  d'Homère,  ou  les 

Aventures  de  Télémaque.  Paris  ^  CLBarbùiy  1699,  in- 12^ 
mar.  r.  {Ane,  rel,)  V^  édition  de  Télémaque,  fort  rare. 

24—»» 

2435  Folie  fainte  de  l'Amant  loyal ,  histoire  nouvelle,  contenant 

plusieurs  chansons,  stances  et  sonnets.  Lyon,  par  André 
Papillon,  1697,  1  voir  pet.  in-12,  mar.  r.  {Jol,  rel,  deK,) 

55—» 
Grande  marge  en  bas,  mais  court  du  haut. 

2436  Godeau  (Antoine).  Les  tableaux  de  la  Pénitence.  Jouxte  la 

copie^  Paris ^   i665,  pet.   in-12  ,  v.  f.,  frontispice  gravé  et 
18  joUes  vignettes 25— »•» 

Trés-jol.  Tol*  pour  la  coll.  elz. 

2437  Hémabd.  Les  restes  de  la  guerre  d'Ettmpes.  Paris,  i6$3  9 

pet.in*i2,  V.  f. 10— » 

Recueil  eu  vert    assez  pi<|uatis  prëoëdët  d'une  longue  ëpttre 
dëdicatoîre. 

2438  HiSToiBE  DBS  BiroBMBS  de  la  Rochelle,  de  1660  à  i685  (par 

Abraham  Tessereau  ou  Louis  Renard).  Amst,^  1689,  pet* 
in-8,  vél.  fin 10—  » 

On  remarque ,  dans  cet  ouvrage  intéressant ,  plusieurs  faiti  cu- 
rieux et  importans  pour  Thistoire  de  cette  époque.  La  figure  re* 
présente  le  temple  de  la  Rochelle,  bâti  Tan  16S0  et  démoli  l'an  ièé6« 

2439  «—-*-««-  et  andenne  Ghnmique  de  Gérard  d'Euphrate , 

63 


9g8  1.    TECHENIB,    FLACB   DD    LOUVRE,    12. 

duc  de  Bovrgogne  ;  traitant  des  valeureux  faits  d'armes  , 
rencontres  et  aventures  merveilleuses  de  plusieurs  cheva- 
liers, etc.  Paris  j  i549,  i^^-fol-»  v.  f.,  pi.,  tr.  dor. ,  fig.  en 
bois.  (Très-bel  exempl.)     ....*...     70—» 

344^  Infamie  des  ivrognes ,  ou  recueil  des  plus  beaux  traits  des 
SS.  pères  et  des  anciens  auteurs  grecs  et  latins  contre  l'Ivro- 
gnerie. Liège  y  s.  d.,  pet.  in-ia,  v.  fauv.  (K.).  la— •  » 

a44>  JABDiNiBA  (  LE  )  VEANÇAis.  Amsterdam  j  1 654,  petit  în-12, 
m.  V.,  firontisp.  et  vig.  (  J.  rel.  de  Koehler.  )     .     .     28—» 
Vol.  que  Ton  place  a  côte  du  Pâtissier  françou,  dans  les  collec- 
tions elzéTiriennes;  mais  il  n^est  pas  ,  à  beaucoup  pr^s ,  aussi  rare 
ni  aussi  recherche. 

244^  ^  ^™*  (''')  "^  PifcussoN.  Recueil  de  pièces  galantes.  Sur  la 
copie,  à  Paris  {HoU.),    1678,  pet.  in -12,  v,  f.   (iST.)* 

iJ 


Ce  volume ,  qui  porte  sur  le  titre  tome  1er,  et  fin  â  la  fin  du  vo- 
lume ,  parott  avoir  ^t^  ainsi  pu^ié.  GVst  un  recueil  en  vers  et  en 
prose^  formant  6 1 7  pages. 

2443  liB  Gleac.  Virginie  Romaine,  tragédie.  Suiv.  la  copie  {HoU.)y 

1645,  pet.  in-i2 ,  m.,  tr.  dor.  Bel  ex.  {EL  reL  de  Koehler.) 

28—      H 

2444  ^B  LivÉE  de  Taillevent ,  grand  cuysinier  du  roy  de  France. 

Lyon,  i6o4,  pet.  in-12,  v.'coul.  {Koehler,).     .     24 —  » 

244s  !<■  NOBLE.  Aventures  provinciales ,  ou  la  fausse  comtesse 
d'Isamberg;  nouvelle  divertissante.  A  la  Haye  ^  1710, 
pet.  in-12,  V.  f.,  non  rog 12—-  i» 

2446  Livre  de  l'honnâte  volupté  ,  contenant  la  manière  d'habil- 
ler toutes  sortes  de  viandes ,  tant  chair  que  poisson ,  et  de 
servir  en  banquets  et  fêtes,  etc.  Lyon^  Pierre  Rigaudj  1602, 
pet. in-i2,  V.  f.  (/T.) li 


2447  LïTANiJE   septem    Deiparae   Virgini,  musice    decantandœ 
^^i/tter^.>  1598,  in-8,  V.  f.,  musique.     .     .    .       3o —  » 
Volume  rare,  omëd*unjoli  frontispice  repréMnUnt  sainte  Cécile. 


BULLETIN  DD    BIBUOPHILE.  9^9 

2448  Mademoiselle  de  Benon  ville;  histoire  galante.  Liège  y  1712, 

pet.  in- 12,  dos  de  v.  f. 7 —  » 

2449  Manauld  Engalfred,  médecin  d'Ales.  Le  manuel  calendrier. 

Lyon,  Jean  de  Tourne ,  i548 ,  pet.  in-8 ,  v.  f.,  fîg.  {Koeh- 
1er,)  (Belle  consen^ation,) 16 —  » 

2450  llÉMoiEESy  concernant  les  arts  et  les  sciences,  présentés  ii 

monseigneur  le  Dauphin.  Bruxelles^  suivant  la  copie  impri-- 

mée  à  Paris ,  1 672 ,  pet.  in- 1 2 ,  v.  f.  (7  planches.  )     1 5—  «• 

Mémoires  trés-intëressans.— «Trompette  à  parler  de  loin,  inven- 
tée par  Samuel  Morland.  —  Mëm.  touchant  un  homme  marin ,  etc. 

2451 de  la  comtesse  de  Toumemir.  Amsterdam^  1708, 

pet.  in-12 ,  dos  de  mar.  v.,  non  rog. ,  avec  portrait  de  la- 
dite comtesse 12 —   » 

/ 

2452  — — d'un  favory  de  son  alCesse  royalle  monsieur  le 

duc  d'Orléans.   Leydcy  1668,  pet.   in-12  ,  mar.  bleu  ,  fil. 

(A.) 

Pour  la  coll.  clz.,  un  peu  court 3o— » 

2453  Ménagerie  (la),  par  l'abbé  Cotin,  et  quelques  autres  pièces 

curieuses.  La  Haye   (à  la  Sphère) ,  1666,  chez  Pierre  du 

Bois  y  pet  in-i2,  mar.  rou.,  fil.  r.) 5o—  » 

I^  comédie  de  Chapelain  décoiffé  est  dans  Fexemplaire. 

2454  Meorier  (Gabriel).  Les  mots  du  guet  du  temps  présent , 

More  Mori,  à  Anvers,  iSgS,  pet.  in- 18,  veau  f.,  fig.  Rare. 

24 —  » 

2455  Michel  (Guil.).  Recueil  de  chansons.  Paris,  Pierre  Bal-- 

lard  y  i636,  pet.  in-8,  v.  f. 

2456  Miroir  de  vertu  et  Chemin  de  bien  vivre,  contenant  plu- 

sieurs belles  histoires,  et  le  tout  par  alphabet.  Rouen,  s.  d. 

25—  » 
Dédicace  à  Henry  III,  par  Pierre  Habert. 

2457  Moeurs  du  cHRiTun  (les),  par  M.  Fleury,  à  la  Haye,  i682« 

pet.  in-12,  mar.  rou.  (/iimro^/t^ 12—  n 


* 


lOOO  I.  TECHENEA  |  VLAGI  DU  LOUTAX,  12. 

a45&  MmuiT.  Cérémonies  funèbres  de  toutes  les  natione.  Paris 
(Hollande^  à  la  Sphère)^  1679,  iii^i2,  veau  £  (K.)-     i5 —  » 

2459  Navdb  (Gabbol).  Considérations  politiques  sur  les  coiq>s 
d'État,  sur  la  copie  de  Rome  (JBoL,  à  la  Sphère)^  1667 y 
in-12,  veau  f.  (K,) li 


946a  ïioirVBUJM   OALAJITVa  y   GOIOQUBS   ET   T&A6IQVB»,    d  t.   en  VU! 

vol.  Paris  {HolLj  à  la  Sphère)^  i68oypet.  iii-i2y  veau  f. 

2461  Parfiimsur  (le)  fbarçois  qui  enseigne  toutes  les  manières  de 

tirer  les  odeurs  des  fleurs  et  de  fiidre  toutes  sortes  de  par- 
fums avec  le  secret  de  purger  le  tabac  en  poudre.  Amster^ 
doMy  I  vol.  pet.  in-i2,  fig.,  veau  f.  {K,),  .     18—  » 

2462  Parival.  Le  délice  de  la  Hollande.  Leide,  1660,  pet.  in-i2) 

veau  f.   {K,) 12 —  » 

2463  ]PABjy>iN  (Cl.).  Devises  héroïques.  [Lion^  Jan  de  Tourne), 

1557,  pet.  in-8,  veau  f.  {Koehlet),paLrf.  cons.    .      80 —  » 

2464  Philabgtbus  coMGEDiiB.  Argent. ^   i565ypet.  in-8,  veau  f., 

bien  conservé.  {Koehler.) 16-^  n 

Très-jolie  comédie  en  vers  lalin^ ,  et  mélanges  de  musique.  — 
Voyez,  pour  d'autres  livres  de  vieille  musique,  divers  articles  du 
\  Bulletin. 

2465  Platine  (Bapt.)  de  Cbemonne,  de  Fhonneste  volupté.  Livre 

nécessaire  pour  observer  bonne  santé.  Imp.  nouffeUement  à 
Paris  y  1539,  pet.  in-8,  veau  coul.  f.  (Koehler.).      t.^—-  » 

2466  Pbéchag   (de).   L'héroïne  mousquetaire,  histoire  véritable 

s  luttant  la  copie  imprimée  à  Paris  j  1677,  pet.  in-12,  veau  f., 
4  parties  en  un  vol.  (Rare,) 25 —  » 

2467  PbocIks  et  amples  examinations  sur  la  vie  de  Caresme-Pre* 

nant.  Les  huit  pièces  en  un  vol.,  pet.  in-8,  dos  mar.  r., 
non  rogné — 32  h 

2468  PsBAUME»  EN  BiME  imAifçoiBE,  par  Cl.  Marot  et  .Théodore  d^ 

Beze.  Ljronj  parJan  de  Tourne  pour  Antoine  Vincent,  i563 


1  fort  Toi.    pet.  in-ft  ^  mar.   vert^  tr.  doi;.  (fùehUr.) 

4o-« 

Très-joli  vol.  et  livre  des  plus  remarquables  du  xti«  siècle ,  par 
la  variëté  des  oroemens  à  chaque  page  et  la  beautë  de  son  impres- 
sion :  Ica  psaumes  et  cantique»,  tous  aTec  la  musiqHt,  fointat  letitn 
du  ▼olume.  L^autre  partie  est  composée  da  Prières  ecclésiastiques , 
des  Interrogations  des  enfans,  la  Confession  de  foy  iaicte  d^un  com- 
mun accord  par  les  églises  d  î  France,  etc. 

2469  PuiADs  (Ant.  de  la).  Jacob.  Hist.  sacrée  en  forme  de  tra- 

gëdie^  comédie  à  i4  personnages  rclârée  des  sacréy  feuillets 
cfe  la  Bible.  Bourdeaux^  16049  pet.  in-12  ,  veau  de  coid. 

'   Je  Toi.  commence  par  la  Mariade,  la  comëdie  ne  commence qu^a 
la  page  307. 

2470  QittTBBA.  Histoireiftcé^euse  de  TaTenturier  Buscod,  ensem- 

ble les  lettres  du  chevalier  de  l'Eqpargne.  Paris  (HolL), 
1668,  pet.  in-i2,  raar.  vert.,  t.  à.  {Koehler).     .     4®~  ■ 
Edition  rare  pour  la  collection  ehévirienne. 

247 1 Les  sept  visions,  etc.  Paris.  {Hollande)^  1667,  pet. 

iR-i2,  mar.    r.  {Koehler),  jol.  reliure ^o —  » 

Rare  pour  la  coll.  elz. 

2472  Recueil  de  plusieurs  pièces  servant  à  Vlûstoire  moderne. 

Cologne  y   i663,  pet.  in- 12,  mar.  vert.     .     .     .     28—  » 

On  remarque,  dans  ce  recueil,  l'emprisonnement  de  Pnyîaurens; 
la  Retraite  dte  Monsieur  à  litoi8;Mëm.  dte  M.  de  Fontrailles,  etc. 

2473  Recueil  des  contes  du  sieur  de  la  Fontaine,  les  satyres  de 

Boileau  et  autres  pièces  curieuses  (discours ,  etc.).  Amster* 
</airt,  1669,  pet  itt-12,  inar.  v.  (/To^A/er.).     .     .     3o—  » 
Edition  rare  pour  la  collection  elzc'viricnne. 

2474  Rbvlbzioiv  sur  h  miséricorde  de  Dieu ,  par  une  dame  péni- 

tente (la  duchesse  de  k  Yalliève).  BruselÙBs ,    t683,  pet. 
in-i2,v.  f.  (A*.),  avec  un  joli  portrait.     .     .     .     10—  »» 

2475  Règle  (la)  et  constitution  des  chevaliers  de  l'ordre  de  la 

Magdeleine.  Paris,  1618,  1  pet.  vol.  in-8,  v.  fauv.  (AocA- 
ler.) i5 —  « 


1003  I.   TICHKMM,   rLACI  DU  LOUVBK,    11. 

3476  RKLATtOH  de  la  captivité  et  liberté  du  sieur  Em. 

Bruxellet,  i656,p.  in-13  ,m.  v.  {Port.,j.  rel.  < 

3477  RiHCONnu  (lei).  Fantaisie  et  coq  à  l'asne  b 

baron  Grattelard ,  tenant  la  chasse  ordinaire  i 
Pont-Neuf.  Paris ,  chez  Pierre  Clinehel ,  i683  , 
in-r3,  V. iauv.  (X.) 

347B  Rocmceinunn  (m  i^).  Histoire  des  Farorites  wi 
règoee  (  avec  dix  portraits  des  iavoriies)  ;  deox 
un  vol.   imp.  k  Anuterdam,  d.-i«I.,  m.  v-, 

2479  Rocai-BB.  Histoire  de  l'empire  d'Allemagne.   . 

1681  (  JToZ^. ) ,  pet.  in-13,  doadam.  T.,n,  rog 

FroDtiipice  griT^ 

z48o  SiK>B  (m  i^).  Les  douces  pensées  de  la  mort.  P> 

i67o,pet.  in-i2,  v.,fil.  (4%.) 

3481  Simon  (GABauL).  Description  delà Liniagned'Au' 
médailles,  statues,  etc.  Lyon,  Guil.  BnuilU,  ) 

rel.  {KùekUr.) 

Tréa-bicD  coDicrv^,  arec  la  cartade  laLimigoe. 

34S2  Stilb  et  manière  de  composer  lettres  missives 
sieurs  reigles  ;  composés  par  Jean  Bourlier  Troj 
i566,  pet.  iii-8,  V.  f.  {K.) 

3483  TiLiiuQUK  TfODBBNB,  OU  Us  Intrigues  d'un  grai 
pendant  son  exil.  Cologne,  1701, p.  in-12,  v.  fa 

34S4  TMxaxRiiM  Mulierum  a  Joss.  Ammanui  liabitu 
rum ,  etc. ,  a  J.   Ammanno.  Francofurti  ,  i5E 

3Tol.  pet.  in-4  vél 

Cm  Jeux  ouTTages ,  que  r»n  trouTe  difCcilemeiii 
reeberchii*  iiirtout  a  cause  det  ligures  an  boia  en  tiii 
bre  reprrfmiUuit  de*  coitonui  dci  divera  ^Uta  de  la 
du  volumea  cat  ipécialemeat  r^nuier^  aux  coutuiii< 


■ULLlTOf   DU  KIUOPBILB.  IOo3 

a485  Teabison  découverte  de  Henry  de  Yalois  sur  h  vendhion  de 
la  ville  de  fidogne  à  Jëzabel,  royne  d'Angleterre,  arec 
le  nombre  de  vaisseaux  pleins  d'or  et  d'argent  pris  par  ceux 
de  la  ville  de  Bologne,  etc.  PariSf  Michel  Jouîn,  iSSqj  t.  f. 

i6-* 

2486  Tbialogus  ou  Ambassade  du  roy  François  I*'  en  enfer  (par 

Personnage).  Anpersy  1544»  iu-49  ^'^^'  ^^'  (^)*     28»  » 

2487  VnLB  (TBJss)  et  compendieux  traité  de  Fart  et  science  d'or- 

thographié gallicane  et  imprimé  pour  Jehan  Saini''DemSf 
pet.  in-i 2  goth.,mar.  r.  (/C.).  Très-rare.  .     .     .     35 —  » 

3488  VÉmiTABLBS  (les)  motifii  de  la  conversion  de  l'abbé  de  la 
Trappe.  A  Cologne,  1675,  pet.  in-ia,  dos  de  mar.  vert,  non 

rog.  {JCoehUr).  .     •     .  18—  » 

Edition  elzëTirieonc. 

2489  Vn  DE  MoLifcEE,  tant  par  son  personnage  authenticp&e  cp&e 
par  les  œuvres  qu'il  a  composées^  Bruxelles^  1 706,  pet.  in-i  2, 
veau  f. ,  rog.  (Frontispice  gravé  par  Harreving.).     .     i  o — » 

2490 du  roy  Almansor.  AmH.^  Elesd^  167 1 ,  pet. in-12,  mar. 

vert,  tr.  dor.  (Koehier) 24—  » 

2491  Villon.  Ses  œuvres  avec  le  monologue  du  franc  archierde 
Baignollet.  —  Le  dialogue  des  seigneurs  de  Mallepaye  et 
Baillavent.  Paris ^  Gallioi  du  Pré,  i532,  pet  in- 12,  mar. 
vert.  (Elég.  rcl.  de  iToeA/fr»)  Bel  ex.,  gr.  de  marge.  7! 


2492  Venio  (Eeessto).  Tractatus  physiologicus  de  Pulcfaritudine. 

Bruxellisj  1662,  pet.  in-8 ,  fig. ,  dos  de  mar.  r.,  rogné  (K.). 

10 —  » 

Jolies  fig.  tirëes  arec  le  texte. 

2493  Voyage  de  Cbomwbl  en  l'autre  monde  et  son  retour  sur  la 

terre,  avec  ses  nouveaux  desseins  et  ses  nouvelles  criti- 
ques, etc.,  tr.  par  Jean  Lenoir.  Londres j  1690,  pet.  in-8, 
veauf. 

Lirre  asses  curieus  et  rare • iS—  » 

nN    DE  LA   TaOISÙMB  SÉEIE. 


UmilBaiX  DB  L.    BOUCnAED-HUZAl]>y 

me  de  TÉpcron,  7. 


BDLLBTIM.DU   BIBUOPHILE.  ,  I005 

SUITE  DES  UVRES  DANS  L'ANTIQUITÉ,  etc. 

Dans  les  manuscrits  composés  avec*  moins  de  recherche,  les  titres 
sont  simplement   en  lettres  rouges,  rouges  et  bleueà,  rouges  et 
noires.  Les  initiales  sont  également  historiées,  mais  seulement  avec 
des  encres  de  couleur  (i).  Le  soin  d'écrire  les  titres  ornés  et  de 
peindre  les  initiales  n'étoit  pas  ordinairement  laissé  au  copiste  qui 
écnToit  le  manuscrit*  Celui-ci  laissoit  les  blancs  nécessaires,  et  un 
enlumineur  les  remplissoit  ensuite.  Mais  il  arrivoit  souvent  que  la 
longueur  des  blancs  n'a  voit  pas  été  bien  mesurée,  et  que  l'enlumi^ 
neur,  forcé  d'écrire  les  titres  dans  un  espace  trop  resserré,  étoit 
obligé  de  l'abréger  et  de   mettre  les  lettres   les  unes  dans  lès 
autres.  Le  mot  incipit^  par  exemple ,  est  souvent  écrit  INGPT  avec' 
un  I  dans  le  P  et  un  autre  dans  le  C.  Quelquefois ,  lorsque  le 
livre  étoit  terminé ,  on  négligeoit  de  faire  peindre  les  initiales, 
n  existe  encore  ime  foule  de  manuscrits  où  manquent  les  pre- 
mières lettres  de  tous  les  chapitres.  Dans  ceux  que  le  relieur  n*a 
pas  rognés  (2)  de  trop  près,  on  aperçoit  souvent  à  la  marge,  vis-à-vis 
de  la  première  ligne  de  chaque  chapitre ,  la  lettre  initiale  que  le  copiste 
avoit  légèrement  tracée  à  l'encre  noire  pour  avertir  l'enlumineur. 

Quant  aux  titres  des  livres  dépourvus  d'ornemens  et  a^x  simples 
titres  des  chapitres  ,  ils  sont  pour  la  plupart,  on  pouiToit  même 
dire  sans  exception,  l'ouvrage  du  copiste  qui  a  écrit  l'ouvragé  en- 
tier. Aussi  l'ancienne  règle  des  chartreux  (3)  ordonnoit-elle  que 
chaque  moine  écrivain  auroit  deux  cornets,  cornua  duo;  ilséfoient, 
sans  aucun  doute,  destinés  à  contenir  l'un  l'encre  noire  pour  le 
texte  du  manuscrit,  l'autre  l'encre  rouge  pour  les  titres. 

Les  portraits  et  les  vignettes,  comme  ornement  des  livides,  remon- 
tent à  une  haute  antiquité.  Ainsi,  du  temps  de  Martial  on  vendoit 
les  œuvres  de  Virgile  avec  son  portrait  sur  le  premier  feuillet: 

Ipsius  Yultus  prima  tabella  gerit  (4). 

Sénèque  se  plaint  du  luxe  des  bibliothèques  dans  lesquelles  on 
entassoit  les  ouvrages  des  plus  beaux  génies,  soigneusement  écrits, 

(i)  Yoj^ez,  pour  plus  de  détails  sur  les  omemeDS  des  manuscrits,  M.  de 
Wailljr,  Elémens  de  paléographie,  t.  I,  p.  878  et  suivantes. 

(s)  Cette  opération,  que  les  Romains  expriment  par  le  mot  eiroumcidgn  , 
étoit  désignée  au  moyen  âge  par  celui  de  dnnarginare . 

(3)  Slaî,  Cartutj  II,  xtj,  7. 

(4)  Voyez  plus  haut,  page  ^44.  04 


avec  leurs  poriraîu,  moins  pour  tirer  parti  de  leur  lecture  que  pour 
orner  les  ràuràîlles  (i).  Déjà  pïuÈ  àûtîtàaïtxù^tit  iH  {Mititai 
avoiest  été  employées  à  Tomement  des  volumes.  Yarron  avoit  i 
séié  dans  ses  ouvrages  non-seulement  les  noms,  mais  encore  les 
portraits  de  sept  cents  hommes  célèbres  (a).  Atticus^  Tarnî  de  G-- 
céron,  avMt  publié  un  volume  renfermant  les  portraits  des  Àornaina 
les  plus  célèbres.  Au  bas  de  chaque  portrût,  quatre  ou  cinq  vert 
in^qu  oient  les  belles  actions  du  pcrsoniMige  et  les  magistratuea 
qu'il  avoit  remplies  (3).  Les  anciens  Romains  avoieni  coutume  de 
se  iaire  peindre,  de  leur  vivant^  par  d'habiles  artistes  (4)  ;  ils  re- 
cherchoient  aussi  curieusement  les  portraits  des  grands  honunes  et 
s'adressoient,  pour  les  fiiire  copier,  aux  peintres  les  plus  ezdrcés  (|»>« 
On  pe«t  donc  croire  que  les  portraits  qu'ils  plaçment  en  tète  dea 
ouvrages  des  auteurs  étoieni  sinon  parfaitement  exacts  (6),  au  moina 
d'urne  ressemblance  approchée.  H  ne  budroit  pas  chercher  œ  mé-^ 
rite,  même  dans  les  plus  riches  manuscrits  du  moyen  âge.  Il  em 
existe  da  viii*  et  du  ix*  siècle,  dans  lesquels  les  lettres  ornées  sent 
d'une  rare  élégance  et  ferment  un  contraste  frappant  avec  lea  vi- 
gnettes, où  les  hommes  et  les  animaux  sont  représentés  sans  anoun 
art.  Ce  n'est  guère  qu'au  xiv*  siècle  que  la  science  du  dessin  et  du 
coloris  commence  à  se  montrer  dans  les  ornemens  des  livres.  Les 
deux  siècles  suivans  ont  produit  en  ce  genre  de  véritables  chefin 
d'œuvre. 

La  reliure  des  livres  carrés  n'est  pas  elle-même  une  inrention  ré- 
cente, on  la  trouve  désignée  sous  le  nom  de  çiaaoc  dans  Hesf- 
chius  (7).  Au  moye»  âge  on  la  nommoit  alœ^  à  cause  de  sa  ressem- 
blance avec  les  ailes  des  oiseaux  (8).  Au  iv*  siècle,  les  reliures  de 
luxe  étoient  déjà  employées  pour  les  livres  d'é|^ise.  Saint  Jérôme 

(i)  Niinc  ista  eiqiiisiia  et  cum  imagînikus  suis  éescnpU  sàcfdriiiii  opëH 
ingenibfM,  hl  ^tneM  el  cùUott  jiàri^tafA  coMt^^hriiltiJrf  ;  Dé  TMtffAinimi^ 
animi,  c.  9. 

(s)  Insertis  Toluminum  saoram  fecunditati ,  non  nomînibus  tantum  s«p- 
(lli^ii[Mita  iilifélNDilfe,  M  et  *K4tià  HMo  Magiaibus^  Plte,  VXXYi  H. 

(i)  ktà  ttt»iib  lingaloram  imaghiibils  f«eta  iftagiêtratuMiiie  torwa  a«B 
ampli iH  quatemis  qiiinisve  versibus  descripserit.  Comel.  Nepos.  Vied^At- 
ttcu»!  r.  iS»  Gonf.  Pline,  1.  c. 

(4)  PHne  le  jeune,  VII,  xxkiii,  a. 

(6)  /«/enti  I,  XVI,  8  )  IV,  xxtiii. 

(5)  Pline  j.,V,  x,  1. 

(7)  wStiidas  écrit  ^ffAAcec. 

(8)  Du  Qsnge,  Glossaire. 


■ULLCTiN   DU   KBUOraiLB.  I00<7 

et  pUint  amèrement,  dana  une  de  ses  lettres,  de  ces  inutiles  prodi» 
gaKtés.  «  On  teint  les  parchemins  en  pourpre,  dit-il,  on  les  coutil 
de  lettres  d'or,  on  revêt  les  lÎTres  de  pierres  précieuses,  et  les 
pauvres  meurent  de  froid  à  la  porte  du  temple  i  Gemmiê  codicei  vu^ 
tiuniur  et  nudus  antêforeê  emôriiur  Chrisius  (i).  La  Notice  des  <H* 
gaiîéa  de  Tempire  romain,  qu'on  croit  écrite  du  temps  d*Hono« 
rius  (2),  représente^ et  décrit,  parmi  les  insignes  des  officiers 
impériaux,  plusieurs  livres  carrés.  Ces  livres,  qui  renfermoient  les 
instructions  de  l'empereur  pour  l'administration  des  provinces ,  se 
composoient  d'extraits  du  Laierculum  majus,  ou  sacrum  Laterculum. 
Ce  Laterculum  étoit  un  grand  livre  carré,  qui  tiroit  son  nom  de  sa 
ferme  même  et  qui  renfermoit,  outre  les  instructions  du  prince 
pour  les  divers  fonctionnaires  de  l'empire ,  tous  les  noms  de  ces 
fonctionnaires  avec  leurs  insignes,  ou,  comme  on  disoit  encore  il 
y  a  un  siècle,  avec  leurs  armoiri^.  Il  étoit  confié  k  un  dignitaire 
qui  en  avoit  la  garde  et  qui  se  nommoit  Primicerius  nùtanorum» 
Sous  sa  direction  et  son  autorité,  des  scribes  appelés  tribuni  notaru^ 
notarii  lalerculenses,  étoient  employés  k  faire  les  extraits  du  iater- 
culum  que  nous  voyons  figurer  parmi  les  insignes  des  officiers  de 
l'empire  dans  la  forme  de  livres  carrés  (3).  Ils  étoient  reliés  et  cou* 
verts  en  cuir  vert,  rouge,  bleu  ou  jaune  (4)»  souvent  ornés  de  pê- 
tites  verges  d'or  horizontales  ou  disposées  en  losange,  enfin  dé- 
corés, sur  un  des  plats,  du  portrait  de  Tempereur  (5).  On  en  voit  on, 
d'une  grosseur  assez  considérable,  dont  la  reliure  est  consolidée 
par  cinq  gros  clous  fixés  en  quinconce  sur  les  plats.  Les  reliures  le» 
plus  fréquentes  au  moyen  âge  consistoient  en  deux  ais  en  bois 
recouverts  de  cuir.  Le  cuir  étoit  remplacé,  dans  les  Uvres  de  luxe, 
par  de  la  soie  ou  du  velours ,  et  si  le  livre  étoit  de  grand  formaf , 
on  consolidoit  la  reliure  au  moyen  de  quatre  ou  huit  coins  en 
cuivre  ou  en  argent.  Les  rdieurs  étoient  désignés  sous  le  nom  de 
ligaîores  librorum^  en  françois  lieurs  de  libres;  ou  simplement 
liéeurs.  On  en  trouve  dix-sept  de  nommés  dans  le  rôle  de  la  taille 
de  Paris  en  i2ga  (6).  Au  xvi«  siècle,  on  avoit  déjà  perfectionné  au 


(i)  Ad  Zusiochium,  de  Custôd.  %nrgin.y  ep.  i8,  altat  »«. 
(s)  Vers  Fan  4 5o. 

(8)  yoj.  Ftacirûl,  Abcil.  dignit,,  fôl.  17  réetd,  60  reeto. 
(4)  idem ,  M.  6»  reeto  et  j^sâm . 
(h)  Idem^M,  6S-71  ;  i88-i4t,  etc. 

(6)  II  ett  remarquable  que,  parmi  tôos  let  liTrea  otrréa  reprëMoUi  daai  la 
notice  de  Tcmpire,  il  n'y  en  ait  aocan  4ont  lét  uUettet  Mieat  girafee  et 


10o8  J.    TECRENBI^,    PLACE  DU   LOUVBK  ,    12. 

plus  haut  degré  les  reliures  en  cuir  à  61ets  et  omemeus  d'or  et 
de  couleur  ;  la  Bibliothèque  du  roi  possède  en  ce  genre  des  re- 
liures de  rëpoque  qui  serrent  encore  aujourd'hui  de  moclèle. 
Vers  le  même  temps  •  la  sculpture  et  la  ciselure  avoient  fait  de 
rapides  progrès.  Les  artistes  s'exercèrent  sur  lea  reliures,  et 
i-evêtirent  les  missels  et  les  autres  livres  d'église  de  tablette»  en 
bois,  en  ivoire,  en  argent,  ciselées  avec  art ,  et  parfois  incmslées 
de  pierres  précieuses. 

Les  livres  carrés  se  fermoient  au  moyen  de  divers  procédés.  Dans 
le  laierculum  mcyus ,  dont  la  Notice  de  l'empire  renferme  deux  le- 
présentations ,  la  tablette  droite  est  terminée  par  un  lai|;e  moroeaa 
de  cuir,  percé  à  ses  extrémités  de  plusieurs  trous ,  qui  paraissent 
garnis  d'œillcts  métalliques.  Lorsque  le  livre  étoit  fermé,  ce  mor- 
ceau de  cuir  alloit ,  en  recouvrant  la  tranche ,  se  rabattre  sur  la 
tablette  gauche ,  et  se  rattacher  à  un  autre  fort  morceau  de  cuir 
garni  de  boutons;  il  avoit ,  dé  plus ,  tr(MS  lanières  de  cuir  qui  ser- 
voient  "k  fermer  plus  solidement  le  livre,  mais  dont  la  combinaison  et 
le  mécanisme  sont  assez  difficiles  à  saisir.  D'autres  livres  ont ,  ^ée 
à  l'angle  supérieur  de  l'un  Hes  plats ,  une  longue  courroie  qui  en- 
touroit  le  codex  ^  soit  dans  sa  longueur,  soit  dans  sa  laj|;eur  ;  ces 
liens  se  nommoient  offendices  (i).  Les  fermoirs  se  montrent  ausai 
dans  les  livres  figurés  parmi  les  insignes  des  officiers  de  l'empire. 
Tantôt  il  y  a  un  seul  fermoir  au  milieu  de  la  longue  tranche  du 
livre,  tantôt  deux,  un  à  chaque  extrémité  (2).  Quelquefois  on 
mettoit  quatre  fermoirs  à  chaque  codex ,  deux  sur  la  longue  tran- 
che et  un  sur  chacune  des  deux  petites  (3)  ;  ces  fermoirs  se  nom- 
moient nnci  ou  hamuU  (4;.  Fermer  un  livre  par  un  des  moyens 
que  nous  avons  indiqués  se  disoit  signare  Ubrum  ;  un  rouleau  serré 
avec  ses  liens  est  nommé,  par  Horace,  signtUum  volumen  (5>;  et 
Isidore  défîuit  les  offendices^  lora  quibus  libri  signantur.  Resignare 
Ubrum  signifioit,  au  contraire,  ouvrir  un  livre. 

coins  métalliques.  Les  deux  volumes  des  Pandectcs  de  Florence  sont  reliés,  k 
U  vérité',  avec  des  tablettes  de  bois  couvertes  de  velours  rou(*e  et  garnies 
d^omemeus  d'argent  dans  le  milieu  et  aux  angles  ;  mais  on  ne  dit  pai  que  ce 
soit  la  reliure  primitive.  MabiUon,/fer<ra^'cum,  p.  i84,  sq. 

(1)  Isidore  et  Festus,  Glossaire. 

(a)  \oy.  la  Notice  de  fempire,  fol.  109  verso,  1 10  recto,  et  pasatm . 

(3).  Yoy.  la  huitième  planche  du  quatrième  volume  deCarpentier,  supple- 
meiit  an  Glossaire  de  Du  Gange,  et  les  publications  de  M.  le  comte  de  Bastard. 

(4)  Yoy.  Du  Gange, au  mot /i^alorei. 

(5)  Horace,  ^pt^re  I,  xiii,  1. 


èCU.feTiN    DU    BlBLlOPHlLt.  I OO9 

Le  titre  extérieur  des  livres  carrée  n'étoit  pas  sur  le  dos  du 
livre ,  niais  sur  un  des  plats  ;  il  suffit,  pour  s*en  convaincre ,  d'ou- 
vrir, au  hasard ,  la  Notice  des  dignités  de  l'empire.  Pour  conserver 
les  livres ,  on  les  plaçoil  dans  des  espèces  d'étuis ,  ou  plutôt  on  les 
enveloppoit  dans  des  lambeaux  d'étoffe  qu'on  nommoit,  an 
moyen  âge,  chemises,  camisa,  camisuice,  manulergiœ  (i). 

Les  feuillets  des  livres  carrés  étoient  opistograpbes ,  c'est-à-dire 
éaits  des  deux  côtés.  Les  pages  étoient  ou  tracées  dans  toute  la 
largeur  du  papier,  ou  divisées  en  deux  colonnes  ;  quelquefois,  mais 
rareipent,  en  trois  (2).  Dans  tous  les  cas ,  011  laissoit  constamment 
à  chaque  page  quatre  marges ,  deux  horizontales  et  deux  per* 
pendiculaires ,  déterminées  souvent  par  quatre  lignes,  qui  se  cou- 
poient  à  angles  droits  vers  les  quatre  angles  de  la  page  (3).  On  s'est 
autorisé  de  quelques  passages  d'anciens  auteurs  pour  avancer  que, 
dans  les  anciens  livi*es  carrés,  il  y  avoit  une  pagination  comme 
dans  nos  livres  imprimés.  Cette  opinion  nous  parolt  un  peu  ha- 
sardée. On  cite  d'abord  en  preuve  l'épigramme  de  Martial  : 

Qaani  brevis  imraenstim  capitmembrana  Marooem 
Ipsius  vultus  prima  label  la  ^crit. 

On  pourrait  alléguer,  pour  les  volumes,  le  passage  des  Tristes  (4)  où 
Ovide  parle  de  la  première  page  de  l'Art  d'aimer ,  dans  laquelle 
il  interdit  aux  fenunes  vertueuses  la  lecture  de  cet  ouvrage.  Mais 
est-il  besoin  qu'un  livre  soit  paginé  pour  qu'on  puisse  en  citer  lo 
premier  feuillet  ou  la  première  page?  Lorsque  Pline ,  impatient  dr 
recevoir  une  longue  lettre  de  Minutianus ,  lui  dit  qu'il  en  comptera 
non-seulement  les  pages ,  mais  encore  les  lignes  et  les  syllabes  (5), 
il  est  vraiment  impossible  de  voir  dans  cette  phrase  obligeante  la 
preuve  que  les  livres  carres  étoient  paginés.  Schwarz  (6)  s'est  pour- 
tant autorisé  de  ce  passage  pour  établir  l'usage  de  l'a  pagination 

(1)  Du  Cangc,  au  mot  camna. 

(3)  Montfaucon,  Pal.  f;r.^  liv.  I,  c.  4.  La  bibliothèque  ambroÎMeone ,  à 
Milan, possède  un  manuscrit  {«rcccaoncialcs  du  commencemeotdu  vii«  siècle, 
qui  contient ,  sur  trois  colonnes,  une  partie  des  saintes  Ecritures.  Diariuin 
Italie,  c;  Il ,  p.  11. 

(3)  \oy .  le  livre  ouvert  qui  se  trouve  dans  les  insiguevS  du  magister  scrinio- 
runi.  Pancirol,  Notice  de  l'empire^  fol.  (ia  reclo. 

(4)  II,  3o3.  Voy.  ci  dessus,  )>.  8i[>. 
(h)  Voy.  ci-desKus,  p.  878. 

'  8)  De  ornam .  lîbr.  reter . ,  I V ,  1  r» ,  p .  1  /»à  . 


lOIO  1.    TBCHIlfBBy   WUCE  90  LOOVEB,    12. 

chez  les  anciens  ;  bous  ne  nous  expliquons  cette  Aiëprise  ^ue  par 
n»e  préoccupation  momentanée,  qui  aura  empêché  le  savant  AUe- 
«und  de  jeter  les  jeux  sur  la  lettre  de  Pline  (i).  Ses  anties  prm- 
▼es  sont  plus  spécieuses,  mais  non  plus  solides.  Cest  d'abord  1*^ 
]Hgramme  ou  Martial  désigne  les  livres  de  comptes  d'un  avane  psnr 
ce  vers  : 

Gentum  ei|dic«ntar  pêfjmm  cileiicUruiii  (s). 

Ensuite  une  phrase  de  Tanthologie,  dont  le  sens  est  :  Le  monuilkent 
de  ta  gloire,  6  Diodore,  n'est  certainement  point  ta  tombe ,  ce  sont 
les  mille  pages  de  tes  livres  (3).  A  ces  deux  passages  on  peut  joindre 
les  vers  où  Juvénal  exalte  ironiquement  la  longueur  des  ouvrages 
historiques: 

Vesterporro  labor  fscuodior,  hbto'riarum 
Scriptoret  :  petitur  plus  temporis  atqae  olei  plus  : 
Namque,  oblita  tiiodi,  miUetima  pagina  Mirgit 
Omnibus,  etc.  (4). 

Mais  qui  ne  voit  que  dans  ces  trois  passages  les  mots  oentum ,  miUm^ 
millesima  sont  autant  de  tropes  par  lesqueb  on  désigne  un  grand 
nombre ,  mais  un  nombre  indéterminé  de  pages  par  un  nombre 
déterminé  ? 

La  seule  preuve  d'une  pagination ,  encore  ne  peut-elle  s'a|^U- 
quer  qu'aux  registres  publics  des  municipes ,  se  tire  d'un  ancien 
marbre  découvert  à  Caeré ,  en  i548,  et  que  Scbwarz  ne  parait  pas 
avoir  connu,  puisqu'il  n'en  cite  qu'une  phrase  d'après  Pignorius. 
Cette  longue  inscription  est  donnée  en  entier  par  Orelli  (5)  \  on  y 
trouve  trois  indications  de  pages,  commen tabium  cottidunum  muni- 

a?U  CAERITUM  ,  INDE  PAGINA   XXVU  ,  KAPITE  VI. INDE  PAGINA  ALTBEA 

CAPITE  PRIMO.  — INDE  PAGINA  VIII  ,  XAPITE  PRIMO. 

Dans  quelques  manuscrits  du  moyen  âge ,  les  cahiers  qui  les 
composent ,  quatemiones ,  ont  un  numéro  d'ordre  comme  les  feuil- 
lets de  nos  livres  imprimés  ;  mais  on  ne  trouve  pas  cette  précaution 
dans  les  plus  anciens  manuscrits. 

(i)  Da  rttte,fieli«andttliii*iBéiQe,  un  ptaplut  loin  (IV,  t4,  p.  i^),4B^il 
n^y  avoit  pat  de  pagination  ches  les  RomaRis  :  paginas  vera  nansigndruntt 
utihodtê' 
(a)  Epigramm.  VIII,  xlit,  ii . 

(3)  Anthol.  gr.,  cit.  par  Schwarz,  IV,  ii. 

(4)  Satyr.  Vil,  rer$  9». 

(5)  Inscript,  selert  ,  n*  87S7. 


c^f^,'  h^  ftPWWf*  Ipii^g^'iJ^ j^noifÇfl»  Je^  ]iyj^?  8^^  e^iL ,  ji(^  ^- 

çÛ^jji^ ,  cpvpie  ^  JlQipe  $00  troiçièm^  Iwrç  ^  i^t  F^^r^^l  Jft!»?}» 
<^  j^#a  fewP^;  »Ç*4  )>ccuemç;rçi»t ,  àU-il,  fy^c  j^jç,  Jlv/y  .qi^ 

EK  ilU  Qoojw  ^11  te  iB^ikiMqiw  fùw^v^ 
Rfç^Wiw^^  vd  si  ^vL^Yff^I^t^  caf  (p) . 

AiUears  il  rqirodie  à  Sérère  de  s'ennuyer  à  la  lecture  d'un  lîTre 
d^ëpigrammes ,  tandis  qu^l  avoit  ayidement  rccueHli  et  colporté 
partout  chacune  d'elles,  lorsqu'il  les  avoit  séparément  copiéesaTant 
leur  publication: 

Haec  suntsingiila  qaae  tinuforebas 
9er  coDTÎyîa  cuncU  per  tfacatra  (3). 

OyWp  fVnWl  ii^  pejr;HWieAç  yenille  ^çc^eÂ^il  ,99n  Javre,  de  pe|i|r 
iç  4«pl«rÇ  ^  Augtffttç ,  gw  *vpiVe^ilé  l^Mte.ur  : 

ffW  P»M»t»  <*^'icw>T«iw^Hl W!  wo,  etc.  <4). 

Souvent  il  arrivoit  quele  contact  de  ia  robe  âmrboit  les  Iranehes 
deslivres  ;  pour  remédier  à  cet  inconvénient ,  on  leur  donnoit  «ne 
espèce  de  couverture  en  bois ,  et  alors  on  les  portoit  à  la  mais. 
C'est  ce  qu*il  faut  conclure  de  cette  épigramme  de  MarlUi , 
f[ue  nous  transcrivons  «vec  le  titre  parce  qu'il  est  de  Martial  lui- 
même: 

JNc  t(>c^harbMos  fà^l^  ^4  P«nMV  J^iy>s 
On  a  ¥u  dans  ce  mot  aèies  des  tablettes  de  sapiia  formant  iy  celime 

(  I  )'ll  parolt  c|ue  Ict  fits  forniM  f>ar4a  toge,  sur  leur  .poilriiLe^Uiir  m  rvMsiit 

/Ê;t,fiet  T^iT^o^rdWw  #M5e  |iim$. 

Martial,  V,  xti,  S. 
(a)  Idem,  111 ,  v,7. 

(3)  Idem,  11,  ti,  7.  Voy .  auui  1, 16;  iv,  86,  vi|  61 . 

(4)  Triâtes,  I,  1.      Voy.  aussi  Pline  le  jeune,  |)L,  j(f  V,  3. 

(5)  Épigr.  UT,  84. 


1012  J.    TlUrÉlENER y  rLACE  l^U  LOÙTEE,    12. 

'  d'iiïi  lifte 'carré  ;  tnais  il  nous  semUe  qu'en  émettant'  cette  opinion 
*  on  s'est  mis  peu  en  peine  de*  fuie  accorder  le  titre  manOale  arec  le 
diftîque  dont  il  est  suivi.  Nous  renmrqaons  d'abord  le  mot  ehartisj 
qui,  nous  l'avons  prouvé,  est  synonyme  de  voluminîbusj  ce  qui 
pounroit  exclure  déjà  l'idée  d'une  reliure  carrée.  En  second  lieu , 
il  &ut  remarquer  que  tout  ce  quatorzième  livre  de  Martial  est  uni- 
quement composé  de  devises ,  ou ,  pour  ainsi  dire ,  de  billets 
d'envoi  pour  les  divers  objets  dont,  à  Rome,  on  se  Cfidsoit  mutueUe- 
ment  présent  à  l'époque  des  saturnales.  L'ustensile  en  sapin, 
nommé  manualej  étoit  ui^  de  ces  objets.  Mais  îl  ne  viendra  dans 
l'idée  à  personi^e  que  l'on  ait  été  dans  l'usage  de  se  £BÛre  don  d'une 
rdiure,  car  la  reliure  se  coniectioime  sur  le  livre  même,  et  ne 
forme  qu'un  tout  avec  lui.  Ce  manuale  étoit  donc  un  étui  dans 
lequel  on  renfermoit  le  volume  pour  le  porter  à  la  main.  Cest ,  à 
notre  avis,  un  instrument  de  ce  genre  qui  est  représenté,  avec  un 
roseau  à  écrire ,  des  rouleaux  et  des  tablettes,  dans  le  frontispice 
de  la  page  55  du  deuxième  tome  des  peintures  d'Herculanum. 
Celui-ci  est  double  ;  il  se  compose  de  deux  tubes  conjoints ,  ayant 
chacun  au  sommet  un  couvercle  de  forme  conique.  Au  dos  est  une 
anse  qui  servoit  à  le  transporter  plus  commodément.  Ces  étuis 
étoient  évidemment  faits  exprès  pour  le  volume,  et  c'est  surtout 
aux  livres  qu'on  y  renfermoit  qu'était  nécessaire  la  petite  courroie 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut  (i) ,  et  qui  servoit  à  les  retirer  de 
la  boite. 

n  ne  faut  pas  douter  que ,  lorsque  Tusage  des  livres  carrés  se  fut 
répandu  pour  les  publications  littéraires ,  on  n*ait  employé ,  afin  de 
leur  assurer  une  longue  durée ,  les  mêmes  procédés  que  pour  les 
Volumej  :  les  enveloppes ,  les  linimens  d'huile  de  cèdre,  les  étuis. 
Les  enveloppes  des  livres  se  nommoient ,  au  moyen  âge,  des  che- 
mises ,  camisiœ  (2)  7  elles  étoient  ordinairement  en  toile ,  mais  les 
livres  précieux  étoient  couverts  d'étoffes  de  luxe  :  ainsi  les  Heures 
de  saint  Louis,  que  possède  aujourd'hui  la  Bibliothèque  royale,  sont 
encore  revêtues  d'une  chemise  de  sandal  rouge ,  espèce  d'étoffe  de 
soie  peluchée ,  qui  est  aussi  ancienne  que  le  manuscrit.  Lorsque 
les  ouvrages  écrits  dans  des  codices  ne  valoient  pas  la  peine  d'être 
conservés ,  on  ne  pouvoit  pas  les  livrer  aux  écoliers  pour  apprendre 

(ij  Voy.  plus  haut,  p.  848. 

(s)  Sacrista  librorum  camisias. . .  Javat.  Statut,  cartus,  1,  xLi,  S(>. 


BUIXBTUf   DU    BIBUOFHILK.  I       1*013 

à  écrire ,  puisqu'ils  ëtoient  déjà  couverts  d'écrilxire  de»deux  côtés, 
et  en  cela  ils  yaloient  encore  un  peu'  moîiis  que  les  mauvais  volu- 
'  mes  ;  mais  ib  avoient ,  avec  ces  derniers ,  d'autres  destinations  qui 
leur  étoient  communes  :  ils  étoient  achetés  par  les  cuisiniers,  par 
les  épiciers ,  par  les  marchands  de  poisson ,  et  ser Voient  k  envelop- 
per des  olives,  du  poivre  et  d'autres  denrées  (i).  Martial  presse 
son  livre  de  se  choisir  un  patron  qui  puisse  le  recommander  et  lui 
donner  la  vogue  : 

Ne  nigram  cito  raptus  iû  culioam 
Cordjllas  madido  tegat  papjro, 
Vel  tïrarh  piperisre  ait  cacallna  (s) . 

(Test  par  allusîon  à  cet  usage  que  Perse  appelle  de  beaux  vers 
des  vers  dignes  de  l'huile  de  cèdre,  et  qui  ne  craipiétit  tn  les  petite 
poissons  ni  les  épices  : 

Cedro  digna  locatus 
Linqaere,  nec  scombros  metuentia  carmina  nec  thus  (3). 

Les  mauvais  livres  avoient  encore  une  certaine  utilité,  que  l'on 
fiEdt  assez  connoitre  en  s'abstenant  de  la  désigner  en  termes  exprès  : 
AnntUes  Volusii  cacata  cluwtOy  dit  Catulle  (4).  Sénèque  applique  la 
même  épithète,  sans  l'exprimer  pourtant,  aux  œuvres  d'un 
autre  annaliste  :  Vous  savez,  dit-il,  combien  cet  ouvrage  est  lourd 
^t  comment  on  P appelle ,  quam  ponderosi  sint  et  quid  vocentur  (5). 

CHAPITRE  SEPTIÈME. 

Des  tablettes. 

Les  tablettes,  nommées  en  grec  Hxroî<f  yç^t(jLfjutrslu,'rvKTiJ'sç, 
9tLvif§ç  9  en  latin ,  tabellœ  ,  cera  ,  codicilli ,  pugillares  (6) ,  étoient 
un  assemblage  de  petites   planches  de   bois,  d'ivoire  ou    de 

(i)  Voy.  Horace; jE^ftr.  II,  i,  170.  SUce,  Sihes,  IV,  »,  11'. 
(s)  Bpigraram.  III, 1.  cf., IV, 8C, XIII,  i.etSidoineÂpoUiDaire, Garni. IX, 
vers  317. 
(3)  Satyr.  I,  4i. 
(♦)  Ed.  Vossius,  p.  86  et  87 . 

(5)  Se'nèque,' ^pttre  o3* 

(6)  Tabellœ  ^toit  le  nom  générique. 


•#€4  '•   TBQIUMSl^  ffUOg  W9  JI«OP«V»IB  ,  12. 

mkBl  ftéfÊxém  poiur  reœmir  l'ioritme  :  ifur  HMfe  <rfgMWr  à 
rult^yâté  k  plus  MQidée.  Omi^  1^ 

«  l^efiuMra  Jénualem  4M——  «i  €&!:€  j«r  dflp  Udl^lettil^ , 
te  en  efeifant  je  Detoucneraî  le  «bgfle  et  b  pMiemi  i«l  Wfpin^Mtpi 
«or  M  &ce.  »  Les  tripettes  iiùmmt  mummê  en  fifèoe  4i|  fUs^^e 
ifflqni^.  Les  {etues  donnte  fsr  PmbIiis  à  fidlénppliop  ^ilwqpilt , 
fi  Pon  en  crait  les  anciens ,  sur  des  plendbes  en  Ikhs  plUep»  p*M^ 


qoi  ne  peut  s'entendre  que  de  ubleit^  de  bois.  PUpe,  faisant  al- 
lusion à  ce  passage  d'Homère,  tradvût  1^  xiupts  ^pèêtj^  «tvxt W  tan- 
tôt ^farpugillar ,  tantôt  par  cWianf/as  (3)^  ce  ^  pMWye  la  syno- 

njmip  4e^  dmo:  id^eMÛm»  J»liiw-  Cette  sjiïçtkjjm  «^  cpcqiQc 
i^Kbli^  JMgr  IIP  J»9mge  o»  C^tnUi?  .s^çqgyMjiitç  i^^^re  une  toSUc  ej^ 
tiemetteuse  qui  lui  a  soustrait  ses  tablettes  : 

ffaœcba  tarpis 

V^gat  mihi  To$tr|i  redditurum 
pugiUaria 

JHiQicbff  potids  |rr<3d«  c^dicillos , 
Eedde^  poiida  ousclu^  cc^ciBos  (4). 

.m  9  aimn  cq>9isidant ,  <aoiime  aow  jle  nerrws  pl»f.)M#,»  uA(9p||r- 
ttaîM  diffârmce  j^tf^  les  fu^fillmrv^t  i^  .codiçiôi' 
Hw)d0t^  mf:ww  que  )]^émMMe  > JBl^  4'4mtpp,9  ^xU^  ^  .QI^«Us» 

voulant  prévenir  les  Grecs  des  projets  d'invasion  de  Xercès ,  prit 
des  tablettes  dont  il  enleva  la  cire ,  écrivit  sa  lettre  sur  le  bois 
avec  un  poinçon  ,  et  la  «soonviit  ensuite  de^eire ,  en  sorte  que  ré- 
criture étoit  cachée,  et  que  les  tablettes  n*auroient  rien  appris  à  ce- 
lui qui  les  auroit  interceptées  (5)^  L'usage  des  tablettes ,  chez  les 
Grecs ,  est  encore  attesté  par  Démosthènes.  Saumaise  (6)  prouve, 
par  un  passage  emprunté  au  célèbre  orateur,  que  les  siitretés  pour 

(i)XXI,  i8. 

(n)  lliad.,IV,  V.  i68. 

(3)  Pugillarium  usuni  fuisse  etiam  ante  Trojana  tempora  invenimus  apud 
Horoemm.  PUne,  XIII,  si.  ^i^nvkwtBomtr^i MdùUhs  ■ÛMsUtos^spîflola- 
rxmi  frada  indîeet.  Idem,  XXXill ,  À.  *  Poilus  eottad  mêêû  ^r  ^ivcuu 
7nvKT$  des  tablettes ,  et  cite  deux  passages  d'Aristophane,  où  flks.iont 
nommées  «TcXtoi  et  yfàLf/^ÂàLTiTûL'  Onomast.,  X,  xiv,  68. 

(4)  Catulle,  éd.  Votsius,  p.  9g. 

(&)  Hérodote,  VU,  iSg,  éd.  Schweighaeuser,  cf.  JvaitD,  11,  Jbo. 
(6)  De  Modo  usurarum,  p.  4o3. 


aigeat  {wrété  «e  donnoient  d«  deia  manière»  »  par  un  bilkt  écrit 
sur  papyru»,  CiCai  JV«|  on  par  un  double  canuat  a»i4$Qé  dans  4«9 

Lea  tablettes  étoient  en  usage  chez  les  Garibaf^oia  du  tempa 
d'Alexandre.  Carthage,  effrayée  des  progrès  rapides  du  con(|i:^rant» 
et  craignant  qu'il  ne  bii  prit  TeuTie  de  soumettre  l'ACrique,  aPYO|« 
Yen  lui  HamilcaTt  surnommé  le  lUiodien.  Celui-ci,  se  disant  eiiilé 
et  feignant  du  ressenUment  contre  sa  patrie,  fit  agréer  ses  semoes 
à  Alexandre,  par  l'entremise  de  Parménipn.  Tout  ce  qu'il  pouvait 
découvrir  des  projets  du  roi  de  Macédoine  #  il  le  iaisoit  savoir  k 
Cartbage ,  au  moyen  de  tableoes  semblables  i  celles  «pie  Béma*- 
rate  avoit  emi^oyées  (i). 

Cbes  les  Romains ,  Plaute ,  Cicéroo  »  Catulle ,  0?ide  »  Properce 
attestent ,  par  une  foule  de  passages,  que  les  tablettes  étaient  d'un 
usage  général  dans  les  deroiers  temps  de  la  république.  Toutes 
les  ibis  que,  dans  les  comédies  de  Plante,  il  est  question  d'une  cor- 
respondance par  billets  dans  l'iulérieur  de  .la  ville ,  cette  corre^ 
pondance  est  écrite  sur  des  tablettes  (;i).  Cicéron ,  avant  d'écrvrf 
une  lettre ,  en  traçoit  quelquefois  le  brouillon  sur  des  tablettes  ^ 
Qccuhueram  hoiu  nona,  cum  md  u  honun  cxemplum  in  codiciUis  #mp^ 
ravi  (3).  Ailleurs  nous  voyons  qu'il  empfeyoit  aussi  les  mblettfis 
pour  corr/espondre  dans  Rome  avec  ses  amis  :  qum$ipi  à  BaWo  jp^f 
codicillos  quid eêttt  in  lêge  (4).  L'usage  des  tidilettes,  dans  des  temps 
moins  anciens  de  l'histoire  de  Rome,  nepent  être  un  objet  4e  mn^ 
testatîon.  Ce  qui  doit ,  du  reste,  prouver  le  mieux  combien  eet 
usage  a  toujours  été  répandu,  c'est  que,  depuis  des  temps  très^^m- 
dens  jusqu'au  ti*  siède ,  on  trouve  les  tablettes  employées  pour 
apprendre  aux  enCsuis  k  lire  (5). 

Au  moyen  âge,  les  tablettes  servent  «ncore  à  divers  «laagM*  JSgin- 

(i)  Jtistîn,  XXI,  6.  AulageHe,  XV11,  j^. 

(s)  Nec  epiftola  quîdem  ulla  rit  io  sedtbu» 

Il  ec  cenlB  adeo  tabula . 

Aftinaria,  IV,  i,  i8. 
Taee  dam  perlego  tabellat. 

II»  4^6.  Gucndn  lij  Ml<  39;  «le . 

(3)  Adfamil.,  IX,  30. 

(4)  /Wrf,  IV,  i8;cf.,  VI,ia. 

(b)  Pliule,  Eachid.,  III,  m,  36.  Isidor.,  Orîg.,  VI,  g. 


10l6  1.    TECBÈlfBB,' FLACB  1»U   LOUTRKy    12. 

hard  (i  }huxmteq[aeCharleinagne  avoittoojootv;  tous  8on  che^, 
taUeUét  dans  lesquelles  il  s'exerçoit  à  écrire.  En  SSg,  on  ridiie  aei- 
gnear,  nommé  Goiberti  étant  tombé  malade  dans  le  monastère  de 
Saint-Bertîn,  éerivit  lui-même  son  testament  sur  des  tablettes  de 
cire,  dont  Textérieur  étoit  doré  et  recouvert  d*ane  enveloppé  hâte 
avec  des  harbes  de  poisson  (2).  Trm  siècles  après ,  saint  Anselme  • 
alors  prieur  de  Tabbaye  dn  Bec,  et,  depub,  archevêque  de  Gantor- 
béry,  avoit  écrit  sur  des  tablettes  une  preuve  invincible  de  rezia- 
tôice  de  Dieu,  qu'il  se  proposoit  de  développer  dans  une  disserta- 
tion q>éciale.  La  chronique  rapporte  que,  pendant  la  nnit,  le  malin 
eqnit,  jaloux  du  bien  qn'alloit  produire  la  publication  de  œtte 
pieuse  homélie,  brisa  les  tablettes  et  en  dispersa  la  cire  sur  le  pave  ; 
mais,  comme  cette  cire  étoit  dure  et  cassante,  il  fut  facile  au  saint 
prieur  d'en  réunir  et  raccorder  les  morceaux  ;  et,  pour  prévenir  un 
accident  semblable,  il  se  hâta  de  transcrire,  sur  du  parchemin,  les 
élémens  de  sa  dissertation  (3).  Au  xiii*  siècle,  on  écrivoit  encore,  sur 
des  tablettes  de  cire  ,•  les  inventaires  du  mobilier  des  églises ,  les 
itinéraires  des  rois,  les  dépenses  qu'occasionnoient  leurs  voyages. 
La  Bibliothèque  royale  possède  ,  en  ce  genre,  les  tablettes  de  Phi- 
lippe le  Bel ,  sur  lesquelles  on  peut  voir  une  savante  dissertation 
de  l'abbé  Lebeuf,  dans  les  mémoires  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles-Lettres  (4). 

On  se  fera  une  idée  assez  nette  des  diverses  formes  que  les 
Romains  donnoient  à  leurs  tablettes  en  examinant  quelques  plan- 
ches  et  quelques  vignettes  des  peintures  d'Herculanum.  Le  frontis- 
pice de  la  page  7,  deuxième  volume ,  représente ,  dans  le  milieu  , 
une  cassette  cylindrique  remplie  de  volumes,  avec  le  titre,  pittacium , 
dans  les  tranches.  A  droite  est  un  sac  d'argent  ficelé ,  à  gauche  une 
quantité  de  pièces  de  monnoie ,  et ,  au-dessus  ,  des  tablettes  d'une 
forme  remarquable  ;  elles  s'ouvrent  non  eu  large ,  à  la  manière  de 
nos  livres  modernes,  mais  en  long  comme  certains  atlas  géogra- 
phiques et  quelques  albums.  Sur  la  tranche  d'ouverture ,  chaque 
tablette  porte ,  dans  son  milieu ,  une  petite  patte  ou  poignée  en 

(1)  Vie  de  Chariemagne,  c.  xxv. 

(9)  Id  tabolis  ceratis»  quae  exteriiis  celât»  erant  barbulis  crassi  piscis ,  rt 
subtos deauratie  erant.  Sîlhiens.  Chartiilariiiro  ,  cJ.  Gurrard,  p.  169,  et  Du 
Gange,  au  mot  barbula» 

(Z)  NouY. Trait,  dcdiplom.,  t.  1,  p.  46%. 

(4)  Ton»,  xxxiii,  ci\,  in- II!. 


BULLETIN  .DU    BIBLIOFHILB.        .      ,  101 7 

bois,  faiMni  l'office  de  ces  rubans  ou  de  ces  bandes  de  parchemin 
qu'on  coUe  aux  feuillets  des  missels  et  des  grands  livres  de  com- 
merce pour  les  ouvrir  à  un  endroit  déterminé.  La  forme  de  ces  la- 
Mettes  et  les  objets  qui  les  entourent  ont  feût  présumer 
Gontenoient  des  comptes  de  recette  et  de  dépense. 

n  y  avcnt  des  tablettes  de  forme  triangulaire  j  à  qui  leur 
semblance  avec  la  lettre  A  avoit  fait  donner,  par  les  Grecs,  le  nom 
de  JVX70/  (  1  );  nous  croyons  en  voir  un  modèle  dans  le  fronti^ice  de 
la  55*  page ,  au  tome  u  des  peintures  d'Herculanum  ;  et  quelques- 
uns  des  académiciens  d'Herculanum  ont  déjà  émis  cette  o]Nni<m  : 
d'autres  considèrent  cet  objet  comme  une  écritoire,  theca  calamaria^ 
sans  Cure  attention  qu'il  est  évidemment  composé  d'une  matière 
flexible ,  et  que  sa  forme  n'indique  pas  un  meuble  destiné  à  renfiarv 
mer  des  roseaux  à  écrire.  Au  reste  ,  la  même  vignette  représente 
aussi  un  roseau,  et  on  peut  juger,  au  simple  coup  d'œil,  que  la  boHe 
en  question  ,  si  c'étoit  une  boite ,  dans  quelque  sens  qu'on  la  tour- 
nât ,  ne  seroit  pas  assez  longue  pour  le  contenir. 

Les  autres  dessins  que  nous  avons  à  citer  sont  beaucoup  plus 
clairs,  beaucoup  plus  arrêtés  ;  ik  nous  fourniront  conséquentmeat 
mieux  que  des  conjectures.  Le  frontispice  de  la  page  93,  toujours 
dans  le  même  volume  des  Peintures,  représente  des  tablettes  posées 
perpendiculairement  et  ouvertes  :  lesplanches  dont  elles  sont  com- 
posées portent  au  dos,  dans  le  haut ,  de  petits  anneaux  traversés  et 
retenus  par  un  anneau  plus  grand  ou  par  un  lien  ;  indépendamment  de 
ces  anneaux,  les  feuillets  sont  attachés  les  uns  aux  autres,  par  trois 
charnières  presque  imperceptibles ,  peut-être  par  desimpies  fils.  Bans 
le  troisième  volume,  planche  quarante-cinquième,  on  voit  des  tablet- 
tes dont  lésais  sont  sans  doute  aussi  garnis  d'anneaux  ;  mais  ceuxrci 
sont  reliés  au  moyen  d'une  verge  de  fer,,  ressemblant  à  un  style,  qui 
les  traverse  tous  de  haut  en  bas  ,  comme  les  crayons  qui  ferment 
nos  agendas  traversent  les  boucles  de  cuir  fixées  aux  deux  ailes  de 
la  reliure.  On  ne  peut  pas  prendre  cette  verge  de  fer  pour  un  style, 
car  les  tablettes  sont  dans  la  main  droite  d'une  femme  qui,  de  la 
main  gauche,  tient  le  style  et  en  appuie  la  pointe  sur  ses  lèvres. 

(1)  Henri  Etlienoe,  d'après  Eustathe.— Biaxocchi,  qui  veut .abioliuasiit 
tirer  de  TOrient  toute  la  terminologie  de  la  librairie  ancienne,  fait  venir 
HXtzç  de  rhéhreu  deltoth,  qui  signifie  porte,  mot  équivalent  du  grec  ivftLy 
par  IfHiuel  les  iniques  de'signoient  les  feuillets  des  diptyqutt.  •  • 


lOtS  I.    TBCttlVttt,   ftkCt  DO   LOVrvttS,    11. 

Att^esn»  de  la  te)rge  dé  fer  est  tue  espèce  de  nàmb  fixé  a«  do» 
déft  tabletM  y  et  <|ni  retomba  en  deMrs  ;  ce  ndxui  et  l*kiiiioait 
dèê  faMettes  ptëcédenfes  servoient  peut-être  à  les  retirer  d'un  ëmi. 

fibfiA,  dans  le  Tolunie  deuxième ,  le  fronUspice  de  la  page  55  re-> 
présente  des  tablettes  de  cttiatre  feuilles  au  moins  pliées  en  Ibrtné 
de  parayent.  Voilà,  s'il  Tavoit  eu  à  sa  disposition,  le  meilleur  atga- 
ment  que  Schwart  eût  pu  produire  en  iareUr  de  son  système  de 
jlktteB  à  plis ,  UM  pUciÊdUi;  encore  ne  ponrroit-il  s'appliquer  ni  à 
dtt  papyrus  ni*  à  du  parcbemin ,  car  les  tablettes  sont  en  bois  en- 
duit de  dre.  On  en  fakoit  du  mêmegenre  ea  écorce  très-minooi  alMî 
que  le  proute  un  passage  d'Hërodien  cité  par  Scliwars,leseulqw 
dotme  k  son  système  une  apparence  de  vérité.  Yoici  la  traduction 
littérale  de  ce  passage,  où  il  est  question  de  l'empereur  Commode  t 
•  Prenant  des  tablettes  en  écorce  très»mince,  et  qui  se  plient  alter* 
«  natirement  d'un  côté  et  de  l'autre,  il  écrit,  etc.  (i).ii  Toute  l'er- 
.  reur  de  Schwarz  consiste  à  aroir  traduit,  dans  ce  passage ,  par  le 
mot  latin  libellas^  le  mot  grec  yçâLfmâLtéTofj  qui  sigtiifie/ile^ïAir  (a), 
et  d'être  parti  de  là  pour  englober  dans  sa  noutetle  daâse  de  lirres 
tous  les  écrits  désignés  sous  le  nom  de  liheiii^  qui  étoient  ordinai-^ 
rement  de  petits  rouleaux  en  papyrus. 

Dans  Topinion  de  Montfaucon,  les  tablettes  ont  été  quelqueft^ 
eomposées  arec  cette  espèce  de  papyrus  sur  lequel  on  pouvoit  eflOib- 
eer  l'ancienne  écriture  et  en  tracer  une  nouvelle;  d'où  il  semble  ccm« 
dure  que  piijfiï/arétoit  synonyme  àe  palimpsestus{d).  Ily  a  un  pende 
confusion  dans  ce  passage.  Les  anciens  avoient  le  secret  de  laver  eC 
d*elfkcer  l'écriture  sur  le  papier  même.  Le  papier  pouvoit  se  plier 
en  fimne  de  tablettes  pour  recevoir  un  testament  ;  maïs  rien  n*ati« 
terise  à  prononcer  que  le  papier  palimpseste,  la  ehûrta  deletitia  (4), 
fttt  toujours  un  pugiUar.  Nous  n'avons  pas  encore  rencontré  un 
seul  passage  attestant  l'existence  de  tablettes  en  papien 

Nous  apprenons  de  Martial  qu'iMi  en  faisoit  en  parchemin^ 


(f)  AëAcêv  y^ttfÀfutrréîof  reùrmf  rSf  m  ^i^vfifiç  $iç  >Jt*mT¥tiiTûi 

ypk^tt  K»  T.  A.  Hërodien,  Histor.,  1,  17,  cit^  par  Schwarz ,  v.  3. 

(s)  Voy.  Saumaise,  De  modo  usur.,  p.  4o3-4o4. 

(S)  tfti  taot  vetères  cbarta  ddlétili  (leg.  deldtida),  tit«  pogillaribai ,  ubi 
priui  Bcriptâ  abr^dere  seti  defergere  poterant  et  noTa  scrib«W.  Psle^^. 
gr.,p.  1^. 

(4)Dif:»ite,XXXyt,xt,  4. 


■OUUmN   vu  YIBMOMttUI*  l»i^ 

gHIârês  méÊubrëmii  et  qja'eUes  offiraiem  k  mime  ftTanli^  40^ 

létf  «btolte»  d«  on»,  c'cil4b-éiv8  qm'en  poovoit  à  voIoiHé  «& 

e£Elé^  éf  «a  ftnoiivcler  L'écrittire  (1).  Puisque^  avec  «ne  ép^OfV 

mouillée ,  on  lavoit  le  papyr«8  écrit,  il  non»  IdBible  91e  W 

pafdMHMÔDi  ^  Dtokis  ff^gile  de  sa  nattire  ^  pouvait  très-Uen  aum 

slippolter  cette  opératioD^  Cependant  kaconutteatateu»  s'accordent. 

à  Htm  ^e  le  pastdieinin  des  taMcltes  étoit  rtvélii  d'ail  enduit  de 

ptâlre  et  de  craie  X  nous  ignorons  sar  quelle  autorilé  se  base  cette  ejt» 

plicatm.  OnavH,  néanmoins  »  qne  les  hàlwlans  de  l'Ile  de  Cbypi» 

écrIvoMSit  avec  le  style  sur  du  {nrcbemin  recouvert  d'un  endiûl^ 

quelconque*  De  là  vient  qu'ils  appdoieat  le  style  ^ê^riftêff  mO^ 

dérivé  du  verbe  àhtivupf  qui  signifie  oindra^  et  que  de  ce  vedie  ,» 

combiné  avec  le   fnot  ft<^BifA,  peau  >  ils  avoient  fait  le  m<|t 

^t^É^Xûtqihfy  par  lequel  ib  désîgnoient  ud  niaiire  d'école  (2). 

Nous  avons  déjà  parlé  des  tablettes  d'ivoire  sur  lesquelles  oa 

écrivoit  avec  de  l'encre  ncnre;  ces  tablettes  sont  claireBieDt  désignésa 

dans  cette  épigtamme  de  Martial  : 

Lângaida  ae  triftèt  obsctffebt  losaitia  cerae^ 
Migre  libi  nÎTeuiii  littera  pingit  ebur. 

On  m  têàêak  âttssi  en  os.  Des  tablettes  de  cette  natièfe  est  été 
trouvées  dans  les  fouilles  dTHerculanum  ;  edeS  ont  sept  feulHes 
cées  au  àùê  y  et  passées  dans  un  anneau  qui  les  réunit  et  les  reiii 
étUfemble  (3).  Cétoit  peut-être  Ce  que  nous  appelons  éuu  àemaum^ 
Lès  tablettes  d'ivôiré  et  d'os  pouvoient  aussi  être  enduîtea  de  cîi« 
coftHkkè  celles  dé  boié  dont  il  nous  reste  à  parler. 

PâMnl  ces  demièifes ,  kl  phts  {Mi^écieuses  étokmt  les  tablettes  éÊ. 
b(rfs  dé  citrusi  pugiUatès  déni.  Le  dtrus  était  une  espèce  de  oyprts 
qtL'6a  Vètirok  de  l'AMq^  sépceutriouafe  ;  on  remployait  suitaut  è 
Mfe  dè«  tablés  potées  é\xt  des  pieds  d'ivoire.  Martial  ftiit  allnsinà 
è<*iilllige  ^Uiis  l'épigMttoneoà  il  fait  parler  \mfugiUmes  mim  : 

détHi  irfli  in  tsattéi  «Memut  ligtis  tubéllÉi , 
Ëusaiat  Hli^ct  aobfleilenttt  eam  (4). 

(  I  )  Ets«  puta  cerat,  licst  bec  meaubra  sa  vocetur  ; 

Delebis  quoties  aoripta  noTsre  rôle». 

Epigrmmm»f  IIY,  7 . 
(9)  Voy .  Hesychius  et  Hemsterhuiiius ,  dans  set  Comiaent.  sur  P^Uu , 

X,  XIT. 

(3)  Andr.  de  Jorio,  offic  de' papiri  t  p.  7 1  • 

(4)  Epigr.  XIV,  3. 


1020  i'    TECBBMBK,   PltACE  DU   LQCV&K,    12. 

Ce  boisdeidtrus ,  au  dire  da  même  poëte,  valoU  plus  que  son  pe^ 
sant  d'or  (t),  et  l'on  peut  yoir  «  dans  Plîne  le  naturaliste  »  qui  parle 
fort  au  long  des  tables  de  citrus ,  le  prix  énorme  que  .quelques-» 
unes  de  ces  taMes  avoient  atteint  (2). 

Le  même  auteur  lait  mention  des  tablettes  en  if  et  en  éraUe(3);  1 
celles  dont  Properce  déplore  la  perte  dans  une' de  ses  él^^  étoient. 
en  buis  (4).  Toute  espèce  de  bois  pouroil,  du  reste,  servir  à  faire  des  : 
tablettes  ;  on  les  enrichissoit  quelquefois  d'ornemens  en  or.  La  Bi* 
bliôthèquef  du  roi  en  possède  qui  sont,  à  la  vérité,  très-modernes  (5), 
mais  qui  peuvent  donner  une  idée  passablement  exacte  des  ta—- 
blettes  antiques  ;  elles  se  composent  de  douze  feuillets  ayant  chacun 
un  peu  plus  de  deux  lignes  d'épaisseur,  et  égalant  en  longueur  et 
en  largeur  un  in-douze  ordinaire.  Les  deux  surfaces  extérieures  ne 
portant  pas  de  cire ,  les  douze  planchettes  ne  forment  que  22  pa- 
ges d'écriture.  Dans  chaque  page ,  le  bois  de  la  planchette  reste  à 
nu  dans  une  certaine  largeur  sur  les  quatre  côtés,  et  forme. aÎBaî 
quatre  marges  comme  dans  nos  livres  imprimés.  L'espace  qua— 
drangulaire  circonscrit  par  ces  quatre  maires  a  été  creusé  à  une 
certaine  profondeur  pour  recevoir  la  cire,  qui  est  ainsi  au  niveau 
des  marges.  Les  planchettes  soDt  réunies  par  une  double  ficelle  de 
moyenikegrosseur  et  par  une  feuille  de  parchemin  collée  sur  le  dos  dea 
tablettes  :  lorsqu'elles  sont  fermées ,  la  cire  d'une  page  porte  sur  la 
cire  de  la  page  qui  est  en  regard  ;  ce  frottement  des  pages  les  unes 
contre  les  autres  a  fait,  en  divers  endroits,  sur  la  cire,  des  creux  et  des 
raies  qui  rendent  l'écriture^  déjà  peu  lisible  par  elle-même,  encore, 
plus  difficile  à  déchiffrer.  Les  anciens  avoient  remédié  à  cet  incon- 
vénient au  moyen  d'un  morceau  de  bois  fiché  daos  le  milieu  de 
chaque  tableue,  et  qui  s'élevoit  un  peu  au-dessus  du  niveau  de  la. 
cire.  Lorsque  les  tablettes  étoient  fermées,  ces  morceaux  de  boia  se. 
mettoient  en  contact  et  empêchoient  le  frottement  da  la  cirq  dea 
pages.  La  cire  des  tablettes  de  laBibUothèque  royale  que  nous  ve- 
nons de  décrire  est  rougeâtre  ;  celle  des  tablettes  de  Philippe  le 

(1)  Accipe  fclices,  Atlantica  munera,  silras  ; 

Aurca  qui  dedeiît  dooa,  minora  dabit* 

Êpigr.  intit.  !  Merua  citrea^  XIV ,  89. 
(s)  Hist.  nat.,  XIII,  sg* 
(3)/6«/.,  XVI,  63. 
(4)Eleg.  III,  XXII,  8. 
(5)  Elles  renfermcDl  une  écriture  allemande  de  la  s«  moitié  du  zvii*  siècle. 


BITIXETIlf   DD   BIBUOPBILE.  tOlI 

Bel  est  presque  noire.  Quelquefois  on  enduisoit  le  bois  des  tablettes 
de  dre  blanche  ;  mais  ensuite  on  passoit  sur  cette  dre  une  légère 
couche  de  couleur  rouge.  De  cette  manière  le  style,  en  traçant  les 
lettres,  perçoit  la  couche  de  couleur ,  et  arrivoit  jusqu'à  )a  surface 
blanche  de  la  cire ,  en  sorte  que  les  lettres  se  détacboient  en  blanc 
sur  un  fond  rouge.  Dans  le  premier  liyre  des  Amours  (i),  Ofide 
parle  de  tablettes  d'érable  dont  la  dre  avoit  été  revélne  d'uiie  teinte 
de  minium  : 

Minio  penitvs  medicata  rubebas. 

11  les^couvre  de  malédictions  parce  qu'elles  lui  avoient  apporté , 
de  la  part  de  son  amante,  une  réponse  peu  favorable  à  ses  désiirs , 
et  finit  par  souhaiter  qu'elles  périssent  promptement  de  vétusté , 
et  que  leur  dre  décolorée,  alùa^  soit  rejetée  dans  un  coin  immionde* 

Au  lieu  de  cire  on  employoit  aussi  pour  l'enduit  des  tablett^  la 
noalthè ,  /jLcLhdh  (2) ,  espèce  de  pâte  composée,  selon  les  bénédic* 
tins  (3),  d'un  mélange  de  poiz^  de  cire,  de  plâtre  et  de  graisse. 

De  même  qu'on  a  fait  des  livres  carrés  en  réunissant  ensemble 
de  grandes  plaques  métalliques ,  de  même  on  a  fait  des  ta- 
blettes avec  de  petites  lames  de  plomb  réunies  par  des  charnières 
et  par  des  anneaux  que  traversoit  une  baguette  de  même  métal. 
Montfsiucon  a  possédé  et  décrit  des  tablettes  de  ce  genre  qu'il  avoit 
achetées  à  Rome  en  i6gg.  Elles  renfermoient  des  inscriptions  et  des 
figures  relatives  aux  superstitions  des  gnostiques  (4). 

Les  tablettes  avoient  deux  ,  trois ,  quatre ,  dnq  feuillets  et  da- 
vantage ;  ces  feuillets  se  nommoient  en  latin  tahella  ou  cera^  en 
grec  'Tnvyjiç  i  d'où  les  mots  de  duplices ,  triplices  ,  quincuplices, 
tnuUipUces  cerœ^  en  grec  fuK'ria  llfBTvyjiy  Tf/trTt/x,*^,  ^zroKv^trrvyji» 
Si  les  tablettes  n'avoient  que  deux  feuillets ,  ces  feuillets  étoient 
appelés  fivfflci  dans  le  dialecte  attique,  et  les  tablettes  elles-mêmes 
y^à^jLyiCLTVQv  Mvçovj  à  cause  dé  leur  ressemblance  avec  une  porte 
à  deux  battans  (5).  De  là  aussi  l'expression  latine  bipatens  pugil' 
lar  (6),  qui  désigne  des  tablettes  ouvertes. 

(i)Éiég.XlI. 

(1)  PoliiiZy  d'après  Aristophane,  X,  i4. 

(3)  Nouv.  Trait.de  diplom.,  tom.iT»p,  3i  et  la. 

(4)  Voy.  Paléogr.  gr.,  p,  i6,  to,  180,  et  Antiquit.  eipUq.,  t.  11,  p.  378, 
et  plauchcs  177  et  178. 

(6)PoUuz,  X,  i4. 

(6)  Ausonne,  Cann.  i46,  v  ,3. 

65 


10^  J.    TECHSIUULi    PLAQUA   DU   LOUVRE,    12. 

h^  diptjques  ou  uUeites  ^  deuj^  feiùiles  iie  recevoifsnii^jécnture 
que  snr  deux  pag^t  les  deuK  iiu>^  extéiieares  n'étant  pas  eiidnites 
d^  cire.  A  Rpme»  les  cousuliif  les  quesceurs  et  les  autres  raagutrals, 
à  leur  entiiée  «n  fouctious  ^  envoyoient  à  leurs  amis ,  enire  autres 
pr^MM)  d^s  dj|>ty4ues  sur  lesquels  ^loieiii  i^cav.ës  leurs  noosa.  £es 
ta))lfUes  ëUH^^rdiivûreiuent  w^Wfifre,  iiraTaiUéesavec  art  et  en- 

Dentés 
Qui  secti  ferro  io  tabulas,  auro<iue  micantes 
Inscripti  rutilum  cnlato  constilc  noineii 
:Per  proceres  «t  Tulgw  enp  t  (-i  ) . 

Lé  luxe  des 'diptyques  devint,  pour  les  magistrats^  une  occasion 
de  dépenses  ruineuses*  Une  loi  fut  portée  pour  défendre  à  tous  1^ 
<!Ugn1taires  de  l'ejupire,  excepté  aux  con3uls  ordinaires,  d*ei^voyer 
en  présent  des  corbeilles  d*or  et  des  diptyques  d'ivoire  (s)^  P^s 
celte  prohibition  ne  fut  point  observée  :  le  61s  de  Syminaqûe  , 
promu  à  la  dignité  de  questeur ,  offrît  i  l'empereur  lui-même  ^un 
diptyque  recouvert  d'or,  et  à  ses  amis  des  diptyques  d'ivoire  et  des 
corbeHles  d'argent  (3).  Le  tçmps  a  respecté  quelques-uns  de  ces 
anciens  diptyques  ;  Montfaucon  en  a  fait  graver  plusieurs  dans  le 
supplément  de  son  Antiquité  expliquée;  pous  y  renvoyons  ceux  qui 
seroient  curieux  de  juger  de  l'art  et  du  travail  qu'exigeoient  ces  ta- 
blettes de  luxe.  Dans  la  classe  des  tablettes  à  deux  feuilletS;  il  fiaut 
aussi  ranger  ,  sans  doute,  celles  sur  lesquelles ,  depuis  les  derniers 
temps  de  la  république ,  on  donnoit  les  suffrages  dans  les  assem- 
blées des  comices.  Cette  espèce  de  vote  par  .scrutin  secret  avoit 
été  substituée  à  l'ancienne  manière  de  voter  de  vive  voix, et  à  décou- 
vert, par  quatre  lois  qu'on  nomma  ieges  tabellariœ  (4)  ;  cliaque  ci* 
toyen  recevoit ,  de  certains  officiers  nommés  diribùores  ou  ^Ustri-' 
buioresy  la  tablette  sur  laquelle  il  devoit  donner  son  suffrage  (5).  Mais 
cette  manière  de  voter ,  appliquée  aux  élections,  4oDna  li^u  à  des 
abus.  Pline  le  jeune  se  plaint  ^ue,  sur^plusieui^s  tablettes,  on  avoit 
écrit  des  quolibets,  et  même  des  choses  peu  décentes,  que  plusieurs 
électeurs  avoient  porté  leur  propre  nom  au  lieu  de  celui  du  candi- 

(i)  Claudien  ,  De  laudib.  StUich.,  II1/S46. 

(s)  CoJ.  Thëod.,  KV,  ix,  i,  Ov  éxpehsis  kidorum . 

(3)  Symmaquc,  epist.  II,  Si .  Cf.,  V,  46.  VH,  76  ;  IX,  119.  . 

(4)  Cice'ron,  De  legihiiR,  III,  iG. 

(i;  Pline  jeune,  IV,  xxv,  1,  4;  III,  xx. 


BULLETIN   DU   BIBUOPmUI.  .  I023 

dal.  Il  paroit ,  du  reste ,  que  la  fonniile  dn  suffrage  étoit  écrite 
sur  les  tablettes  avant  qu'on  les  distribuât.  Gicéron  raconte  que , 
lorsque  le  décret  d'accusation  contre  Clodius  fiit  présenté  h  la  con- 
é  firmation  du  peuple,  les  satellites  de  Faccusé  envahirent  -l^trée  des 
points  pai*  lesquels  passoient  les  tiibns  pour  aller  déposer  Içs  suifrar 
geS)  et  qu'on  ne  distribuoit  aucune  tablette  qui  portât  les  m^Cs 
ttli  rogûé  (i)  ;  ces  mots  étoient  la  formule  par  laqtteHe  les  çîtoyett 
dédaroient  leur  adhésion  à  la  proposition  qui  leur  étoit  frite  ;  elle 
s^écriyoit  ordinairement  par  les  deux  initiales' V^.  R*  .Lorsqu-fl 
s^agissoit  d'une  loi ,  la  formule  d'opposition  étoit  exprimée  parla 
lettre  A ,  qui  signifioit  antiquo  y  c'est-à-dire  je  njette ,  je  «taa 
tiens  aux  anciens  usages.  .^ .: 

Les  tablettes  à  deux  et  à  trob  feuilles,  éupUceè  et  îripUceij  stvr 
voient  aux  correspondances.  Ce  fot  un  diptyque',  'y^tt^^a.TMv 
ivTtrvyjiVy  qu'employa  Démarate  pourinstrnke  kfb  •  Grecs  ^eajiro- 
jets  de  Xercès.  iLes  tablettes  qu'Ovide  maltraite  si  foit^^  dans  son 
livre  des  Amours ,  à  cause  de  la  fatale  réponse  qu'elle»  lui. ont  «p^ 
portée,  sont  aussi  des  diptyques.  Le  poëte,  jouant  survie  iiomiatki> 
s'écrie  avec  douleur  :  -^    •      •  '•  ',»  '    • 

Brgo  ego  vos  rébus  duplices  pro  noroino  setisi! 

Leç  tablettes  à  trois  feuillets  avoient  quatre  pages,  prâpres  à  rece- 
voir l'écriture ,  les  deux  pagiçs  extérieures  restant  toujoun  sans 
enduit.  Qcéron,  étant  à  Tusculum ,  écrivoit  k  Atticus ,  qui  vencdt 
à  peine  de  le  quitter  :  Plane  nihil  erat  juod  ad  te  scriberem,  moàCp 
enim  dîscesseras  et  paullo  post  triplices  remiseras  (2).  L'épigrapmé 
suivante  de  Martial  indique  probablement  leur  destination  la  plun 
orcUnaire: 

Tnnc  triplices  noStros  non  vilia  dona  putabis 
Qaurn  se  venturam  scribet  arnica  tibi  (S). 

Les  tablettes  étoient ,  comme  on  voit ,  un  des  objets  que  les  Ao- 
mains  s'envoyoient  en  présent  aux  jours  des  saturnales  1  ils  ne  de* 
voient  pas  être  composes  d'une  matière  bien  précieuse  ;  car  Ifar^ 
tial^  qui,  dans  son  quatorzième  livre,  fait  alterner  col;ifini;éI)enfent 
]«B  riches  prés^ns  et  les  dons  plus  modeates ,  pla/oe  les  tripiiç$s 
après  les  tablettes  d'ivoire.  Une  autre  de  ses  épigrammes  preuve 
qu^on  se  donnoit  les  triplices  par  dontaines  : 


(i)  Ad  Attic,  ly  i4.  •:      ■    .  i<  • 

Ad  Attic.,XIII,8.  • 

XIV,  «îpigr.  6,  intitulée  Triplices. 


s 


1024  '•    TECHBIIER)    PLACE   DU    LOUYIIE,    12. 

Omoia  miftisti  nciiki  aatnrnalibns,  Umber, 

Muoera  coatulerant  qnm  tilii  quinqiie  die&  : 
Jiissenos  tripHcct,  et  deutîscalpin  >e|>trfn(i). 

Une  observation  importante  à  bire,  c'est  qa'à  Rome  on  ëcrivoit  . 
sur  papyrus  les  lettres  qu'on  enToyoit  à  de  grandes  distances,  tan- 
dis que  les  correspondances  dans  Rome  même ,  ou  à  des  distances 
très-rapprochées,  se  faisoient  sur  des  tablettes  (a).  Ce  double  usage 
est  consigné  dans  une  seule  et  même  phrase  d'une  lettre  de  Gcé- 
ron  à  Lepta.  Chargé,  par  iiim  letire de  ce  dernier,  qui  étmt  loin  de 
Rome,  de  prendre  certaines  informations  sur  une  loi  de  César  ^  Gi- 
céron  demande  ces  informations  à  Balbus ,  par  un  billet  écrit  sur 
des  tablettes,  parce  que  Ralbus ,  pris  d'une  violente  douleur  aux 
pieds,  ne  recevoît  personne.  Simul accepta  Seleuco  iuo  litltnuj  $îa- 
tim  qu€t4wi  e  BMo ,  per  codicUlos  quid  esset  in  lege  (3). 

DansOfide,  CanaGé,écriTantàCaunus,dont  elleestékngnée, 
ae  sert  d'une  feuille  de  papyrus  (4);  mais  BibliiT,  écrivant  à  son 
frère,  qui  habite  avec  elle  sons  le  même  toit,  emploie  des  taUetles 
de  dre  (5).  Oride,  lui-même,  exilé  dans  le  Pont,  ne  reçoit  et  n'en- 
voie que  des  lettres  sur  papyrus ,  epistola ,  charta  (6).  MaisouTKs 
son  livre  des  Amdiurs,  composé  et  publié  à  Rome ,  c'est  sur  des  ta- 
blettes qu'il  écrit  k  ses  maîtresses  (7).  C'étoit  aussi  sur  des  tablettes 
que  Properce  écrivoit  à  Cinthie ,  et  que  Cinthîe  répondoit  A  Pro- 
perce, lorsque  tous  deux  étoîent  à  Rome  (8)  ;  mais,  quand  Gnthie 
mande  sou  amant  à  Tibur,  où  elle  l'attend ,  elle  lui  adresse  une 
lettre,  epistola  (9),  quoique,  de  Tîbur  â  Rome,  la  distance  ne  soit 
pas  fort  grande^  Pline  fait  allusion  à  l'usage  universellement  reçu 

vi)  Epigr.  VIII,  S:j. 

(s)  Cette  obsenration  a  cté  faite  par  Paul  Maniicc,  dans  ses  Commentaii^s 
sur  les  lettres  de  Cicdi-on  à  Quintus,  II,  10  et  III,  1  ;  et  par  Schwarz,  De  or^ 
nàm,  iiùr.,  V,  6,  p.  iSS  et  iS4. 

(3)  Ad  famil.,  VI,  ig.  Voy.  aussi  la  lettre  suiv. 

(4)  Heroid.,  ép.  XI. 

(5)  Métamorph.,  fab.  XI. 

(6)  Voy.  Tristes  ,  IV,  vu,  7,  V,  11,  i,  et  passim  ;  quant  aux  lettres  écrites 
du  Pont ,  le  titre  même  à'epistolœ  exclut  ndée  d'une  lettre  écrite  sur  des 
tablettes. 

(7)  Amours,  I,  xi,  7;  xii,  1, 17;  II,  ht,  i&;  Art  d'aimer,  I,  4I7  j  II,  39C; 
111,  485,  etc.,  etc. 

(S)  Properce,  III,  3  2 . 
(9)  IbitUm,  I,  16. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  1025 

de  son  teinps,  lorsque,  après  avoir  parlé  de  la  lettre  éciiCe  sar  pa- 
pier, par  Sarpédon,  pendant  le  siège  de  Troie ,  et  découverte  par 
Mntianus  dans  un  temple  de  Lycie ,  il  ajoute  :  ^  Je  n'en  sais  que 
plus  étonné ,  si  le  papier  étoit ,  à  cette  époque ,  connu  en  Lycie , 
qu'Homère  ait  fait  donner  k  JBellérophon  des  tablettes  plut6c 
qu'une  lettre  sur  papyrus ,  BeUerophonti  codidUas  daios  y  non  epU^ 
êolas  (i).  »  Enfin  cet  usage  a  ibnmi  à  Juste  Lipse  Interpréta- 
tion d'un  passage  assez  obscur  d'une  lettre  de  Sénèque,  adressée  à 
LuciliuSi  absent  de  Rome  depuis  peu  de  temps  :  yideo  te^  mi  Lu- 
ciliy  cum  maxime^  audi'o;  adeo  iecum  sum^  ut  dubium  an  indpiam^ 
non  epistolas  ,  ted  codiciUos  tibi  acribere  (a).  Sénèque  ne  peut  se 
C&ire  à  l'idée  d'être  séparé  de  son  ami  ;  il  est  encore  avec  lui ,  il 
le  Toit,  il  l'entend  ;  et,  en  prenant  le  roseau  pour  fkire  une  lettre  , 
il  lui  semble  encore  prendre  le  style  pour  écrire  un  bUlet. 

On  voit,  en  effet,  d'après  le  genre  des  correspondances  auxquelles 
on  employoit  les  tablettes ,  qu'on  ne  leur  confioit  que  des  lettres 
très-courtes,  telles  que  peuvent  s'en  écrire  des  personnes  qui  sont 
à  portée  de  se  voir  et  de  se  parler  tous  les  jours,  en  un  mot  ce  que 
nous  appelons  des  billets.  Pour  cela,  deux  ou  trois  feuillets  dévoient 
suffire.  On  peut  donc  ranger  dans  la  dasse  des  dupUcp^  ou  des  tri- 
plices  les  tablettes  que  Martial  appelle  yiteUiani.  O'aboitl  elles  ser- 
voieat  aux  correspondances  secrètes,  et  l'on  peut,  4  bon  droit,  s*c« 
tonner  de  n'en  trouver  aucune  mention  dans  les  poètes  éiégiaques  : 

Noodum  legerik  hot  licet  puella 
NoTÎt  quid  cupiant  TÎtelIiani  (3). 

En  second  lieu ,  elles  étoient  fort  petites  : 

Qnod  miniraos  cenaU,  mitti  nos  credi$  amicae  : 
Fallerii,  et  Duminos  ista  tabella  rogat  (4). 

Elles  ne  pouvoient  contenir  que  des  écrits  fort  courts ,  des  épigram- 
mes,  par  exemple.  Martial  dit,  en  parlant  des  siennes  k  Sévère,  qui 
les  copioit  séparément  à  mesure  qu'elles  étoient  composées  par  le 
poète  : 

Hce  suDt  quaB,  rekgente  inc,  »uleba<i 
Rapta  eitcribcrc,  sed  YÎtelUaoi». 

(i)  Hist.  nat,  Xlll,  17. 
(3)  Sénèque,  cptt., 50. 
r3)  Martial,  cpigr.  XIV,  8. 
^4)   /</.,  iWr/.,  g. 


UkA  !•    TBCHSlIBAy    PLAGE  DU  UNJTlBy    12. 

Le  oom  de  ces  tablées  venoît ,  à  ce  que  Fod  imagiiie,  de  leur  en- 
duit, daoi  lequel  entroit  du  jaune  d'oeuf»  vitMum. 

ha  iaciliié  avep  laquelle  on  pouvoit  efiaoer,  sur  la  eîrè,  une  prc^ 
mière  écriture ,  et  la  remplacer  par  une  autre ,  permettoîft  de  ré* 
p6ndre  à  un  biUet  sur  les  tablettes  mêmes  où  il  aToit  été  tnécé. 
Ovide  se  plaint  que  les  tablettes  d'érable ,  enduites  de  ciiv  roogey 
par  ksquelti^s  il  denaandoit  un  rendezf^vons  à  son  amante ,  sokàc 
nfi^€mÊ0s  avec  un  refus  : 

Fl0tfe  m«ds  céiut,  tristes  rm&ei^  tÀbeRafc 
Infelti  hodie  litten  poBse  negat. 

Puis  f  tournant  son  ressentiment  contre  ces  maudites  tablettes  ,  il 
les  accable  d'invectives  : 

Ite  iiinc  difficihSft  Cunebria  lign»  tabeUs 

Tuque  nogaturis  cera  referta  notis  : 
dis  ego  cbmiDisi  nostrbs  iosatfus  amores 

!Molf!at[ne  hd  dominam  rérbir  fereiidâ  éeii, 

n  finît  par  regretter  qu'elles  n'appartiennent  pas  à  quelque  usu- 
rier, q«â  pourroit,  jour  par  jour,  y  inscrire  ses  {fertbs  i 

Intel*  t^Hnàketiékt  taidiàs  ta^ptUniqne  jaceretlt 
Itî  qvibiM  abÉotarptat  flerei  àvirttt  opet  (t). 

Au  contraire ,  Properce ,  ayant  perdu  des  tablettes  auxquelles  il 
étoit  attache  ,  s'a£B^e  dans  la  crainte  qu'on  ne  les  fasse  servir  à 
ce  vil  usage  : 

Me  miserum  !  liis  aliquis  rationem  scribit  aTari 
Et  ponit  duras  inter  epLemeridas  (a). 

Puisque  nous  sommes  ramenés  aux  rostres  de  recette  et  de 
dépense,  aux  livres-journaux  des  usuriers,  nous  ferons  remarquer 
qu'il  y  avoit  une  dififérence  entre  ces  derniers,  ephemerides^  et  les 
livres  d'échéance,  kakndani ,  spécialement  destinés  à  la  consigtia*- 
tion  des  sommes  prêtées,  de  la  date  des  prêts  et  des  rentrées.  Ces 
calendriers  étoient ,  au  moins  quelquefois  ,  en  forme  de  voluibes. 
Magnus  kalendarii  user  yoLviTUAy  a  dit  Séuèque  dans  une  de  ses 
épîtres  (3).  Martial,  en  parlant  d'un  pareil  rostre,  nous  donne 

(i  J  Voy.  les  Amours,  1,  mi. 

(a)  Propcrrc,  III,  a3. 

rSy  Epîtr.  87,  toro.  II,  j>.  'ii^,  cd.  varioi. 


BuifcUtTiN  DU  mwioPiÊajt.  lôij 

encore  la  pteuté  qifitétéSff  lioh-seulêili'eiit  ployé  en  rouleau,  mais 
eoMiire  cKttsé  ^  crimes  : 

C^nlnm  etf>tieén(urpaffifàg  cùicnJarum(i), 

On  appeloit  tabellœ  laureaUt  ceUes  que  let  géoérauz  romaÛM 
adressoient  au  sénat  ou  aux  empereurs  pour  leur  annoncer  k  fttc<^ 
ces  àe  leurs  armes.  Lampride ,  racontant  les  victoires- d^AIeitlinjhrâ 
Stévère,  cKt  qu'on  lui  apportoitde  tous  i^tés  des  tablettes  oowrertefr 
de  laurier,  dont  la  lecture,  dans  le  sénat  et  parmi  le  peufile>  tuinMir 
roit des  éloges  universels  :  E»  omnibus  loeU eilabêUa lauMaimsUHilk 
detatctj  etc.  (a).  Ovide  ,  faisant  allusion  à  des  victoires  d'un  a«{U!A 
genre»  appelle  ses  tablettes  victrices^  il  veu(  les  couvrir  dç  laiirier 
etïes  consacrer  dans  le  temple  de  Ténus  : 

Non  ego  ^ictrices  lauro  redimire  tabeUai 
Nec  Teneris  média  ponere  in  sde  roorer. 

Potir  ces  sorte»  d'ocdasioiriB  à>len[idl€S ,  on  se  ^ervoit  è^tJÊAlBi^Jêiii 
cinq  ibtutle»^  ^uincuplices.  Nous  voyons  du  moins  ,  dans  IJfiBù^tial , 
qu'on  publioit,  dans  des  quincupUces^  l'annonce  deis  iiteH&liheédë^ 
icemét  par  k  peofik:  oé  par  le  sénat  x 

tàdt  jttf  Mktok'itttt  Dûttiai  éafet  at«a  felU 
Qotnoitplka  «ciii'Muii  datur  aidctiu  lK)fMlr(S)% 

Les  tablettes  se  caicbetoient  exactement  comme  les  lettres  sur  pa- 
pyilis  ;  6n  les  enve^ppoit  d'un  fil  dont  les  deux  bouts  se  loignoicnt 
et  se  Côlloient  sous  la  cire  ou  Fargile  qui  recevoit  l'empreinte  du 
cachet.  Lesr  tesUimens  et  les  actes  publics  furent  longteuxps  fenné<( 
et  cachetés  ainsi  ;  mais  les  faussaires  avoient  trop  beau  jeu,  car  U 
leur  étoît  facile  de  détacher  le  fil,  d'enlever  le  cachet  et  d'ouvrir  les 
tabfettes.  l^our  remédier  à  cet  inconvénient  y_  Néron  ordonna  que 
lejs  tablîette^  testamentaires  seroient  percées  dans  le  miheu  de  leur 
longueur,  à^  l'extrémité  de  la  marges,  et  que  le  fil  qui  fterviroit  4)es 
attiieher  ùe  séroit  cacheté  qu'après  avoir  été  tounié  trois  fois  autour 
des  tablettes  en  passant  dans  le  trou  (4).  Dans  la  suite,  on  étendit 
ces  précautions  à  tous  les  aetes  publics  et  privés  (5).  Les  talAettes 

(i)  Epigr.,  Vlll,44. 

(s)  Lamprid.,  iu  Scv^r.,  c.  68. 

(3)  Epifir.  XIV,  4. 

(4)  Adverftus  fiilsarios  tune  primum  rcpertum,  ne  tabafae  nîsi  pertusfti  ac 
ter  lino  per  foranioa  trajecto  obBignaràntar .  Siieton.  in  Néron.»  c.tj. 

(6>  Pauliifl,  l\ec«?pl.  seofeni.,  V,  rx;  ftSaumalsè^Demodo  usur.,p.4&l;  sq. 


10a3  '•    TECHBMEA,    PLACE   OU  UOUVBE,    12. 

consacrées  à  la  transcription  des  testamens  portoient  spérialcnient 
le  nom  de  codicilli;  aussi  ce  mot  est-il  souvent,  dans  les  aiiôcns 
auteurs,  synonyme  de  testamenium.  Mais  les  testamens  ëtoient  Ta- 
lablement  écrits  sur  toutes  les  matières  propres  à  recevoir  récri- 
ture (i) ,  pourvu  que  Tacte  «onservÂt  toujours  la  forme  carrée.  Or 
il  est  déjà  prouvé  que  les  feuillets  qui  entroient  dans  la  compori- 
tioD  d'un  livre  carré^  de  quelque  matière  qu'ik  fussent,  prenment 
le  nom  de  tabula  ou  tabellœ.  G*est  pour  cela  qu'on  ne  trouve  ja- 
mais irî^er  on  libellus  teslamenti ,  mab  toujours  iahtdœ  testamenti^ 
uUùnœ  cerœ ,  supremœ  tabulœ ,  codicilli,  ou  même  simplement  fa- 
6ulœ  (s). 

Nous  avons  vu  des  lettres,  des  invitations  nommées  codicilli.  Les 
anciens  donnoient  encore  ce  nom  à  des  espèces  d'agendas  sur  les- 
quek  ils  notoient  ce  dont  ils  vouloient  se  souvenir ,  ou  les  &its  cpii 
frappoient  leur  attention  et  dont  ik  se  proposoient  de  s'occuper 
plus  tard*  Pline  le  jeune  appelle  codicilli  les  tablettes  sur  lesquelles 
son  onde  faisoit  décrire,  sous  sa  dictée,  les  phénomènes  de  la  pre- 
mière éruption  du  Vésuve  (3). 

Les  agendas  littéraires  étoient  plus  particulièrement  désignés  sovis 
le  nom  àepugillares,  C'étoit  sur  àespugillarejt  que  tmvaiUoit  le  natu- 
raliste romain  lorsqu'il  voyageoit  ou  qu'il  se  £ûsoitporter  en  chaise 
dans  les  rues  de  Rome  (4).  Lorsque  Pline  le  jeune  alloit  se  repo- 
ser dans  ses  villa  de  ses  fatigues  du  barreau,  il  y  passoit  son  temps 
inter  libellos  et  pugillares  (5).  Suétone,  dans  la  vie  de  Néron  ,  nous 
apprend  qu'il  a  eu  entre  les  mains  des  poésies  autographes  de 
cet  empereur  ,  qui  étoient  aussi  écrites  sur  des  pugillares  et  des 
libeUi  (6).  Quand  Pline  alloit  à  la  chasse,  il  avoit  toujours  soin  de 
prendre  avec  lui  ses  pugillares.  Une  fois  ses  filets  tendus,  il  se  met- 
toit  à  travailler  ;  et,  s'il  revenoit  à  la  maison  les  mains  vides,  il  se 
consoloit,  dit-il,  en  rapportant  ses  tablettes  bien  remplies  (7). 

Peut-être  l'usage  d'écrire  les  brouillons  des  ouvrages  sur  la  cire, 

(1)  DigcsfcCy  xuTiiy  311,  I  •  Voy.  le  passage  p.  63S,  not.  G. 
(s)  Martial^  IV, 69;  Y,  3g,  63;  IX,  88.  PJinejcane,  II ,  iti  ,  1  ;  xz,  5;  VI. 
xxzi,  7  ;  et  Saumaise,  De  modo  iisur.,  p.  4i5-4i9. 
(l)  Pline  j.,  VI,  xTi,  8,  10. 

(4)  Voy.  plus  haut,  p.  778. 

(5)  Pline .).,!,  XXII,  11  ;  IX,  vi,  i. 
(G)  Vie  de  Néron,  ch .  Ô3 . 

(7)  Krnnt  in  proximo  stylus  et  pugillares  ut  si  manus  vacuas  pIcDas  tamen 
rcras  rcportarcm.  Plin.  j.,  1,  vi,  i .  Voy.  aussi  IX,  xxxti,  6. 


lUUJ&TlN   DU   B1U.I0FUIUS.  102g 

avant  de  ks  confier  au  p^iîer  ou  au  parchemin^  usage  que  nous  re» 
trouverons  pendant  le  moyen  âge,  étoit-il  en  vigueur  dans  l'anciennie 
Borne.  Properce,  désolé  d'avoir  perdu  ses  tablettes,  allègue,  conupie 
premier  et  principal  motif  de  sa  douleur,  la  perte  des  savans  écrits 
qu'elle  contenoit.  C'étoient  évidemment  des  brouillons  qu'il  n'ayait 
pas  encore  copiés.  Qu'on  nous  permette  de  citer  quelques  vers  de 
cette  charmante  élégie  ;  c'est  un  témoignage  de  plus  à  l'appui  de 
plusieurs  des  faits  que  nous  avons  avancés  : 

Brgo  tam  doetae  nobis  periere  tabdl» 
.  8cripta  qiribas  pariter  tôt  periere  bona! 
Bas  quondam  nostria  manibus  detriverat  usus,  > 

Qui  non  signatas  jussit  babere  fidem. 
Illae  jam  sine  me  norant  pbicare  paellas 

Et  qdsdam  sine  me  verba  diserta  loqiii. 
Non  illas  fixam  caras  effeecntanmm; 

Valgari  buxo  sordida  cera  fuit  (i). 

On  peut  prendre  une  idée  du  format  ordinaire  des  tablettes 
dans  ces  vers  de  Baudry,  abbé  de  Bourgueil,  écrivain  du  xi*  siècle, 
rapportés  par  Mabillon  dans  son  Traité  de  diplomatique  (a)  : 

lu  latum,  Tersus  vix  oclo  pagina  vestra , 

In  longum  vero,  vîz  capil  bexaroetrum. 
Attamen  in  robis  pariter  sunt  octo  tabellae 

Que  dant  bis  geminas  pagina lasque  decero. 
Cera  namque  4Mrent  altiinsecus  exterîoret. 

Sic  faciunt  octo  quatuor  atque  decem. 
Sic  bis  sex  capiunt  capiunt  et  car  mina  centum; 

Id  quoque  multiplices  pa gin ulae  faciunt. 

Il  s'agit  ici  de  tablettes  en  forme  de  carré  long,  semblables  à  celles 
que  nous  avons  décrites  page  1016,  d'après  les  peintures  d'Hercu- 
lanum.  Elles  se  composoient  de  huit  feuillets  ne  formant  ensem- 
ble que  quatorze  pages,  car  la  surface  extérieure  de  la  première  et 
de  la  dernière  tablette  étoit  sans  enduit.  Chaque  page  contenoit 
en  longueur  un  hexamètre ,  et  en  hauteur  huit  vers  :  les  quatorze 
pages  contenoient  donc  ensemble  quatorze  fois  huit  vers ,  c'est-à- 
dire  cent  douze. 

Les  vers  de  l'abbé  de  Bourgueil  prouvent  encore  que  l'usage  dea 
tablettes  de  cire  s'est  conservé  jusque  dans  des  temps  assez  mo- 

(1)  Properce,  111,  sa. 

(s)  Supplem.,  p.  &i .  Vov.  aussi  le  mémoire  de  Tabbé  Lebcuf  parmi  ceux  de 
TAcadcroie  dcsinscr.  et  belles- lettres,  éd.  in-is,  tom.  33,  p.  4S5. 


t09d  J.    TEOÊtSkÉMLf  MACB  du  liOVtftÉ,    12. 

denH».  Qii  peat  V6ir,  diii8  let  MéÊh^àtéÊt  àéVàéàéêuàt  der  in»- 
eâpétjm^  et  bellet^«tci« ,  1é  ditoeMatÉW  {Mr  ta^ncSlB  l'abbé  Le^ 
be*f  a  ëtridi  que  Femploi  deft»  tàMeiletf  et  dtt  style  n'armt  jn-- 
fliaU  entfiètanent  œaié  detmi#Jkii  tempaleÉ  pfcwaUèiens  jittqpi'Wii 
z^vltt*  iiëclè.  N<MB  AMÉ'  èdUcetJWMitfM  de  feiire'  obëeitel ,  apite  Icf 
estant  dDbd ,  qtie ,  du  tni*  au  srt«  éîècle  «  il  étoil  dToMage  d^éerinre 
d*ab0«d  8or  hif  cire  le»  iMoaiUoiis  des  (mvf agea  qa'em  uMloiC  en- 
suite au  net  sur  du  parebèonii,  GuHMrt,  abbé  de  Kègent  eh  i  ràS, 
en  écrivant  sa  vie ,  atiealei  yenislenee  de  cet  uaage  ea  déclarant 
qu'il  ne  s'y  astreignait  paa  faû-méme.  Au  vm*  siècle,  Fauteur  de  la 
▼ie  de  saint  Bonifitce ,  archevêque  de  M ayèiiçe ,  teiuûne  ainsi  son 
ouvrage  :  Ego  ¥f^ilibaldu$  episcopus  ,  viiam  et  passionem  Bonifacii 
coiucripjîf  primuin  in  cere&s  tatiuUs  ad groboÂtonem  Lulii  et  Magen^ 
gaudi;  post  eorum  examen  Mtpergeunemsreseripii  (i). 

Dans  les  beaux  siècles  de  la  cbevalerie,  les  écuyers  suivoient  as- 
sidûment les  lournots  pour  en  étudier  et  en  apprendre  les  usages  ; 
ils  notoient ,  sur  des  tablettes  €|u'ik  apportotent  exprès  avec  eux , 
les  circonstances  qui  leur  «embloient  les  plus  remarquablesy.e^dont 
ik  espéroient  tirer  quelque  profit  (91). 

Enfin  nous  trouvons,  dès  les  temps  les  plus  anciens ,  les  tablettea 
employées  de  diverses  manières  dans  les  églises.  Au  cierge  pascal , 
qu'on  bénit  et  qu'od  allume,  avec  du  feu  noaveatt,  le  samedi 
saint,  jour  qui  marquoit>  autrefois,  le  commencement  d'une  nou— 
velle  année ,  on  attachoit  une  tablette  dé  cire ,  nommée  indiculus^ 
sur  laquelle  on  écrivoit  toutes  les  notes  chronologiques  qui  concou- 
roient  avec  Tannée  nouvelle  :  c'étoient  ordinairement  l'année  de 
rincartiadoki ,  Findictioii ,  te  concurrent  et  Fét^acfe  ;  on  y  ajou- 
toic  éoûveiit  le  tfAé  luààirè ,  lé  terme  pas^ ,  la  lettré  dotliii^ 
cale,  le  nombre  d'or,  le  mm  dvr  pape  et  chî  roi  i^égnant  éveb  VétA^ 
née  du  pontificat  di^rnh  et  du  rè^del'kutré.  Chatjfhréglite'fài- 
soit,  à  ces  indications  générales ,  quelques  additions  tiréètf'dë  se» 
fêtes  particulières  (3).  MoUS  avons  dit,  ailtetirs,  qaélésf  inventaires 
du  bien  des  églises  4'écrivoient  aittssi  sttr  de^  taïl^lett^  dé'dré.  A  Ik 
fin  du  xv«  siècle ,  l'usage  de  l'église  de  Sens  étoit  d'écrire ,  ^ur  ik 
dve,  tes  noms  de  ses  officiers.  A  SaftDt^Msérthi-de-Saviguy,  ait  dto- 

(1)  Mém.  deTAc.  des  inscr.  et  belles-lettres,  lom.  33,  p.  48i-487. 
(3)  Ibid.,  tom.  34,  p.  S23  et  tom.  35,  p.  i35.  Mcfm.  delà  CiimedcSaîntc- 
Palaye. 

{V  Voy.  d!lCan;;o,  Gl«ss  ,  un  mol  Ceretu, 


lOULlCtlN  SD'MiaonlIiC.-  loS*! 

c^  dq  LyoD  I  les  uUeUl^  d^  .«sboeiUry  aà  Von  mautmàL  Iwawiiii 
des. eccléaîastîyfcat  goî  d^voÎMlt  cdioier  el  deaacrvir  lociMBiHrtpeaH' 
dfint  !«  semai]»»:  y  élolenA  Iraflâia  iwviêo  kr^cîre.aTee:  n^okiçoii: 
d'ailgent.  La^  mêmexautimiti  fut  obMnrée  dans  l'af^sed^  Roua»  y 
au  moias  jusqu'en  iî)2ii  :  setdemeiitv  aïkëeK^'an  style  d^ar^iaiEt^ 
oo  se servoit d'unsioai^let^iiiçeft âa ier(t)L 


I  ■  (  •  .1     I  »  ■ .  •  1 1 


t  *t 


CHAPITRE  HÛïinEMfi. 

,  .         •  «  ■  -     "  . . 

Des  Copistes   et  des  Libraires. 

.1  ■  • 

Gcéron  ,  dans  Une  de  ses  lettres  à  Atticus  (2).  fait  allusion  à  un. 
proverbe  grec  ainn  conçu  :  Xiyçtfrty  ÉffJiii^fof  fi4,7fo§BviTeu  9  ffcr*"; 
modore  trafique  de  discours  Cet  âermodore^  disciple  de  Platon , 
avôit  recueilli  et  piiblié  les  leçons  de  son  maître  (3).  Comme  ^  ni 
dans  le  nom  de  î^éditeur,  ni  dans  le  fait  de  l'éditioui  on  ne  voit  licn 
d'assez  remarquable  ÎK>ur  avoir  donné  naissance  à  un  proverbei  on 
pourroit  supposer  que  la  spéculation  d'Hermodore  étoit  tout  à  fait 
nouvelle,  et  que  sa  singularité  fut  la  source  du  dicton.  Cependant 
Xénopbon  avoit  déjà,  peut-être,. publié  les  leçons  deSocrate  (4)^  et 
nous  savons  que,  de  son  temps,  il  y  avoit  dans  Athènes  des  libraires, 
pourvus,  surtout,  de  livres  d'agrément  qu'ils  envoyoiçnt  dans  les 
contrées  voisines  et  jusque  sur  les  bords  du  Pont-Euxin  (5).  Quel- 
que temps  après  la  mort  de  Platon,  Zenon ,  jeté  par  un  nau- 
frage sur  les  c&tes  de  TAttique ,  vint  à  Athènes;  il  entra  chez  un 
libraire  qui  lisoit  à  haute  voix  un  ouvrage  de  Xénopfaon  ;  et  cette 
lectui:e  produisit  sur  lui  une  impression  telle  qu'il  abandonna  le 
commerce  pour  se  livrer  à  l'étude  de  la  philosophie  (6)1  .D'apr^èa. 
Eckhard  (7),  les  livres  étoient  encore  fort  rares,  cfi gni  pl?liBeflf^.  las, 

(0  Voy.  Lebeuf ,  Mëin.   de  TAcad.  des  inscr.  et 'belles-lettres ,  tom.  33  , 
p.  497  etsuiv. 
(s)  XIII,  SI. 

(3)  Suidas ,  au  mot  Aoyoç» 

(4)  Diogen.  Laërce,  I.  II,  p.  <4b,  c. 

(6)  Barthélémy,  diaprés  Xdnôpb.,  ExpiMitîoB  de Gyras,  1.  VII,  p.  4i^. 

(6)  Diogène  Laè'rcc,  I.  VII,  p.  i64,  o. 

(7)  Kxcrcit.  eritic. ,  dr  Edition e  librorum  apud  Yetercs.  Is^had ,  1777', 
in-4,  p.  2-3. 


Io32  J-    lECHEMEH,    PLACE  .VU    lADVkE,    12. 

penonne*  itudieuses  i  se  rf  iioir  cb«x  les  libraires  pour  I 
lira  I  moyennuit  nne  certaine  rétribution ,  du  à  let  I 
mêmes  libndres ,  comme  «cU  cat  lieu,  au  témoignage 
Laërce  ,  pour  les  œuvres  de  Platon.  Il  7  a ,  dans  cet 
dTckhard ,  un  malentendu  :  le  pusage  de  Dtogine  ] 
quel  il  fait  allaûon,  ne  parle  nullement  de  libraîrea,  et  : 
d'ailleniB,  à  une  époque  postérieure  au  temps  où  vtTo 
est  question  de  notes  ou  signes  insérés  dans  les  écriU 
philosophe.  Dit^ne  dit  que  les  exemplaires  ainsi  notés 
bord  rares ,  et  que  ceux  qui  les  possédoieut  les  prètoii 
l'argent  (I). 

La  puUicatioB  des  leçons  de  Platon,  par  son  disciple  1 
celle  des  discours  de  Sociate  par  Xénopbon ,  peuvt 
prouver  ce  fait,  avancé  aussi  par  Ëckhard(2),  que.dansl 
plus  reculés,  comme  dans  les  commencement  de  Ilmp 
sont  des  hommes  instruits  et  éclairés  qiû  ont  entrepris 
les  livres,  parce  qu'ils  étoient  seuls  en  état  de  rendre  cel 
lion  véritablement  utile,  eu  donnant  des  texleipurs  et  ce 
les  Hébreux ,  le  mot  qui  correspondoit  à  l'expi-essio 
7(Af(f(itTtîr  [copistes) ,  étoît  un  titre  honorifique  ,  et  d 
savans,  interprètes  des  saintes  écritures  (3j.  Il  parolt  1 
pour  les  mettre  i  même  de  vaquer  plus  librement  ii  I 
travaux ,  on  leur  avoit  assigné  une  résidence  particul 
nue  ville  nommée  en  hébreu  Kiriath  sepher,  mots  ren 
version  des  Septante  par  'xiy.it  ^  fa/xjKctTwr  ,  et  par  cû 
mm  (Ib  ville  des  lettres),  dans  la  traduction  latine  (4). 
forent  encore  des  hommes  lettrés  qui  les  premiers  s'occ 
Uvement  de  publications  littéraires  (5). 

Mais ,  en  Grèce  comme  en  Italie  ,  la  librairie  devini 
commerce  pur  et  simple.  Le  mal  n'auroit  pas  été  bien 
libraires  marchands  Broient  apporté  dans  l'exercice  d 


(■)  Diog.,1.  III,  p.  S&,  c.  Vo^.auuilesCommeDt.  (leHéii*! 
(1)  ODvr.  cilc,  p.  18. 
(3)  EckharJ.p.  .0. 

(1)  Voy.  Josué,  Xll,  làctiO;!!-!  Jugea,  I,  it  cl  ii. 
(&}  Qudqueroit  Jet  bommcs  tluiticux  l'Mtrrigiiaîeiil ,  pour  Ici 
lîlé,  à  Giipierdei  livrci  ;  c'ei>laiD»i  (jue  DémoitbèiMi,  afÎD  de  fan 
Snu  Ac  fi  main  l'hittoirc  de  Thucj'diJc,  Lu 


BOLULTIN    DU    BIBLIOPHILE.  »o33 

feftsion  un  esprit  éclaire  et  -un  peu  d'amour  pour  les  lettres.  Mat- 
heureusenieut  il  n'eu  fut  pas  toujours  ainsi  ^  surtout  ien  Grèce ,  où 
l'ignorance  des  libraires  Cournissoit  Anatière  à  la  Ytrve  satirîque  de 
Lutien  :  «  Qui  pourrait,  dit-il ,  lutter,  pour  la  science,  avec  les  li- 
braires, CtChto]tet^n?io$fy  qui  ont  une  ai  grande  quai^tité  de  livres  ?  » 
Et,  pour  qu'on  ne  puisse  se  méprendre  à  cet  éloge  ironique,  il  leur 
reproche  ensuite  de  ne  rien  comprendre,  d'ignorer  les  |klus  simples 
notions  de  la  philosophie ,  ^t  même  de  ne  pas  savoir  parler  leur 
langue  (i).  Suivant  Strabon  (i),  rienn'étoit  plus  iticorrect  qioie  les 
livres  qu'on  vendoit  soit  à  Rome ,  soit  à  Alexandrie ,  parce  que  les 
libraires  se  mettoient  peu  en  peine  de  les  coUationner  i  et  qu'ils 
employoient,  pour  les  écrire,  de  mauvais  copistes,  yftt^gist  ^avhtïç 

Dans  des  temps  où  l'écriture  à  la  main  étoit  le  seul  moyen  de 
publication  connu,  la  valeur  des  livres  dépendoit  évidemment  de 
l'instruction  et  de  l'habileté  des  copistes.  Aussi  1^  Romains  atta- 
dioient-ils  un  prix  immense  à.leurs  esclaves  lettrés  :  cea  esdaves 
coûtoient  fort  cher;  ceux  qui  étoient  versés  dans  la  littéraUire 
grecque  se  papient  jusqu'à  80  mille  sesterces  (ao,oooirancs)  (3).  Gsl- 
visius,  érudit  charlatan  et  plein  d'affectation,  payoit  100  mille  ses- 
terces (25,000  francs)  chacun  de  ses  sert^i  UtttraU  (4)«  Aussi,  les  pro- 
priétaires économes,  soit  pour  s'épaiigner  des  frais  d'achat  considé- 
rables, soit  pour  faire  une  spéculation  avantageuse,  élevoientrils 
eux-mêmes,  dès  l'enfance,  leurs  esclaves  dans  ces  arls  qui  leur  don- 
noient  un  si  haut  prix.  Atticus  avoit  dans  sa  maison  des  esclaves 
très-instruits,  d'excellens  lecteurs  (anagnostse),  de  nombreux  co- 
pistes (librarii),  et  il  les  élevoit  tous  de  telle  sorte  qu'il  n'y  avoit  pas 
même  chez  lui  un  valet  de  pied  qui  ne  sût  lire  et  écrire  (5).  Mareus 
Crassus,  qui  possédoit  aussi  des  lecteurs,  des  copistes,  desarchi* 
tectes,  etc. ,  présidoit  lui-même  à  leurs  exercices  et  surveilloit  avec 
soin  leur  éducation  (6).  Les  anciens  s'attachoient  à  leurs  esclaves 

(1)  Advert.  ind*ctUBi,t.  II,  p.,  656. 
(9}  L,  XIII,  p.  419. 

(3)  Horace,  épttre  II,  ô . 

(4)  Sënique,  epist.  97.  Dans  une  loi  où  Justioien  fiie,  entre  cobëritiers,  un 
mf  limum  pour  le  prix  des  esolayes  qui  font  partie  d'une  succession,  le  prix 
de»  sténographes  (notarii)  est  de  a/S  au-dessus  de  celui  des  esclaves  adultes 
.irtisans.  Cod,  JusL,  VI,  xliii,  3. 

(b)  Gomel.  Nt>pos,  Vie  d'Atticus,  c.  xiii . 
(6)  riutarqne,  Vie  de  Crassus,  cb.  s . 


\ 


)0d4  '•    TECUENIM'^    PLACB    DU   L«0V]|C ,    12. 

4»<aiMn:de8»rac6Bifa'îb  ai  liroient;  ils  s'inqniëtoient  de  leur 
titi^té,  iet  B'affligeeieBt  deJeur  iiiort|>re«que«autant  qve  s'ils  aroîent 
Adt^^Mtitt  de  Umt  famille.  «  l'aï  l'esprit  ficHt  trouble,  écrit  Gicèroh 
4  Atliciisç  car 9e  Tiens  de  fierdre  an  jeune  esdave,  iippelë  Sositliëe, 
Hpà  me  8ervdît4fe|ect8ar,:^tfett  béîs  pla^  afflige  qa'on  ne  denxHt, 
-ceêeinble,  rétredefa  mert  d^  e«ciave<T).  »  Xiorsqne  tes  maîtres 
«•Atoiènt  nGjmraincvs,  par  utfe-longue  expérience,  qnel^attachemeni 
d^an  esclave  lettré  r^adoît  att  lenr,  ils  l'affiranchisioient,  e<  ce 
éiemiùty  kcHrn  de  tlooner  à'4'affiranclii  iè  dési^  de  jonir  Complète- 
«ieacde  son  indépendanôe,-  àe  faisoit  ordinfah-ement  que  Tattactier 
dâ^iintage  A  Sôn  ancien  makre.  Onpeut  re/ir,  dans  le  xvi*  livre  «ks 
Leiires/amilières ,  combien  €icér6n  atroit  d'attachemétat  pont*  Tî- 
ton,  son  affranchi ,  combien  la  maladie  de  ce  compagnon  de  ses 
travalix  lui -causoit  d'inqaiétude.  La  mort  d'an  affranchi  lettre, 
noÉMné  Athamante ,  cbagrinoit  fort  Âtticns  ;  Cieéron ,  en  le  conso- 
lant de  ecUe  perte^  itiî  recommande  TiTetiient  la  sant)é  d^Alexis , 
«nilve>€epi8te  qi^il  affeetionnoAt  parce  qtie  son  écriture  résseifabl^it 
à  eëneÂi  é6n  maître  (af)  :  Soigkions-le  bien,  dit  Cicéron,'  et,  8*11 
i%gneâaas  votre  quartier  qoelqne  épidémie,  faitès-le  tiansporter, 
nnisi^pe-  Tisamène,.  dans  ma  maison,  dont  le  dernier  étage  est  va- 
cant (3).  ^Jn  affranchi  de  Pline  le  jeune,  nommé  Zdzime ,  qui  ]oU 
gnoît'à  iieaucoùp  d'autres  talens  celui  de  lire  pat&iuement  les  dis*- 
éaurs', les  histoires etles poèmes,  fut  atteint,  à  deux  nepHsesr,  âhin 
crachement  de  sang  dangereux  ;  son  patron  l'envoya  d^abord  passét 
quelque  temps  en  Egypte,  ensuite  il  emprunta  une  maison  de  cam- 
pfaghè  dans  le  midi  des  "Gaules,  où  Zozime  put  flSIer  refaire  sa  saàté 
flélabréè  (4)*  H  &ut  voir  en  quels  termes  affectueux,  avec  quelle 
sdHicHude  patemdie  le  même  auteur  raconté  à  tin  dé  se^  an^i^  la 
maladie  etles  symptômes  de  convalescence  d'un  autre  lecteur;  son 
drérEnèolpîtts(5). 


(i)  EtmehprculCfCramconturbatior.Natn  pucrfeafivus,aflagiK>9t«siioster, 
Sosithcus  dccesserat,  mcquc  plus  quam  servi  mors  debero  TÎdebfitulr  odmmo- 
v«rat .  Ad  Attic . ,  1 ,  1 1 . 

(s)  AdAtfîc.,VlI,a. 

(8)  Alexim  Vcro  curemus et  siquîd  habct  coflb  îTrttifJUorf  âJ  me 

cum  Tisameiio  transfera  m  us;  tola  domas  superior  Vacat  ut  icis.  Ad  Attic, 

Xlly     lO. 

(4)  Plio.  juii.  V,  XIX. 

(5)  Ibid.iyni,  I. 


Parmi  ces  esd^Yt^  le^oiré^ ,  1^  copia^fi  aon^  c«iw  /q^i  r<^mfflif 
3|irtout  n9tre  aUeatio^.  ^fx  général,  on  appdoU  CtC/^i^yfi^o^  »  iïr 
brifint],  cf^ux  doi^le  principal  e^iploi  ifait  de  copiqr  le^  Uvi:e9  »  7f»f^ 
^T^^  5cri&r  y  les  greffiers  et  les  8ecr4taii;es  4>|BBciels  des  jÇGMOkcIjoii^r 
naires  publics;  v7roypeL<^€7ç  f  4p(ianiff^êt  ^  .jes  ^%,f^^if^^f^. 
jCe^le  te^inologie  n'étaif  pa3  i^éamn^iiu  tellein^  xigou|reuse  qfe  y 
4ang  ]lpus  les  i^.et.^aos  jtpus  les  fra[^ms,  ^  f^j^l^e  (tt^i^Jiaer  jui 
liiê|3[\e.iiiof  une  ^i^ficajtion  invariable.  CicéiPon  déffgi^,par.e^ç^(n^ 
plc^  par  le  mo\.  d^  LftrarîuSf  liirafioiftf.^  aont^enlen^em  un  fiMsem* 
de  liyreis  (i),  mais  encore  un  sçii;rétairey  fçcque-d'ai^r^  là^^euraafH 
pda^en^t  sert^iu  ab  gpis^lis  (^).  lap  secrétaires  des  édil^,  4^  fW' 
te^jis^  iç»  qviestieifrs»  etc.,  se  nommçieijyt  {antât  /^nyi^, .  i9pl(fit 
scrihqi  Ubrarii^  ou  siuipkment  Z/^roj^' ([^)/  §|if^to|ie  dopf^  i^i^i  m^ 
mot  <i^i^ueiiLs§s)^  simplç  sigpifica)tion4e  sesprétairef  {£^.  Qu4%u^ 
fen),mjes  ont  in||me>  cliez  les  anciensi  professfé  l'art  >d'téçpii;f,.-q9y(i^ne 
le  pKOUVi?  ceto  insçriptifl^  publiéf .  p^r  (^rv4er  :   . 

«IXTIA    XAKTA 

'  Oniie|x>uvGfîtcbnfdil9ré1ès  copistes  avec  les  auteurs,  qit'on  àp*> 
pétait  tcrtpiorts;  la  distinction  est  clairement  étail/lie  datis  céUe 
phra^ie  de  Tite^ire  (6)  :  Malim  equidem  librarîi  menélain  qiram 
mendàciàm  scriptoris  esse  in  summa  auri  et  àrgénd,  'Horiçe  (jf),'  il 
est  vrai;  donne  une  fois  à  un  copiste  le  nom  dé  sériptor^  meh^^'lé 
fiût  suivre  immédiatement  du  mot  tibrnrius.  On  trouve  anssile 
mot  de  ^scrtptor  avec  la  signification  de  copiste,  dails  Khscripâon 
de  Sti'atonicée ,  contenant  l'édit  de  IKocIétièn  dont  nous  àtvons 
parlé  plus  'haut  ;  mais  le  sens'  de  la  phrase  est  tn>p  clair  pkmr 
qtf'on'*puisse  hésiter  siir  la  signification  du  tndt  c  Scripioti  Sîi 
sèHptum  optima  versuum  numéro  centum  (8)...  On'Viiit  qhe  te  te' 

(i)  AdAttic.^XIII,  ai,  a3;XXII,  9S,etc.,ctc. 

Cl)  aaAitio.»Xy,jC,i8;]LV«.7.  i         . 

(3)  Saumuise,  De  secretariis,  ap.  Sallengr.,  lom.  Il«  col,  0^«. 

(4)  ViedcTit^c.  3. 

{b)  Gruter^'  p.  h%h^  3.  -       ,  .    . 

(6)  XV,II.I,  W.  .  ...    '   . 

(7)  Art  poétique ,  vers  3&4 .  ■    -.i     •>     ,■ 

(8)  An  edict  of  Diocletian,  p.  20,  Giraud»  DroU  4c  Pro§friépé,  p^f^  jijftt., 
p.  ^S.  Vous  propoions  de  rétablir  aiiui  les  trois  JigjifBs  q^ue  nouj^  ç^ona,  et 
dont  la  seconde  seule  est  intacte  :  mihbrasa  scnirTotu  niMiirsiofrK  ffPAL» 


I036  J.    TECHENKR  ,  PLACE   DD   LOOVKE,    12. 

laire  de  récrivain  était  fixé  à  tant  par  cent  lignes;  malheureuse- 
ment la  pierre  est  dégradée  à  Tendroit  où  devait  se  trouver  le 
chiffire  de  ce  salaire;  le  prix  du  parchemin,  le  salaire  du  tabellion, 
in  scriptura  libelli  vel  tabula  versiBus  numéro  centum ,  manquent 
aussi  dans  cette  précieuse  inscription. 

Le  mot  araiquarius  signifiait  aussi  copiste,  dans  les  écrivains  de  la 
basse  latinité.  Sidoine  Apollinaire  parie  d'un  antiquarius  qui  ne 
pouvoit  écrire  que  difficilement  parce  que  son  encre  se  gelait  dans  le 
rbseau  (i).  Gassiodore,  dans  un  chapitre  spécial  consacré  à  Tortho* 
graphe  et  aux  copistes,  appelle  toujoui-s  ces  derniers  anuquaru  (a). 
Isidore  de  Séville  signale  une  différence  entre  les  antiquani  et  les 
copistes  ordinaires ,  appelés  Ubrarii;  ceux-ci  copioient  tonte  espèce 
de  livres  anciens  et  modernes;  les  premiers  ne  copioient  que  les 
vieux  ouvrages  (3),  et  c'est  de  là  qu'ik  avoient  pris  leur  nom. 

Pendant  le  moyen  âge,  la  profession  de  copiste  fut  longtemps  le 
partage  exclusif  des  moines  et  des  ecclésiastiques  ;  il  arriva  de  là 
que  le  mot  clerc  (clericus)  devint  synonyme  de  copiste  (4)- 

Les  esclaves  lettrés  ne  travailloient  que  pour  leurs  maîtres;  mais 
peu  de  personnes  étoient  assez  riches  pour  en  avoir.  D'un  autre  odté, 
nous  savons  qu'aucune  disposition  de  loi  ne  garantissoit  aux  au- 
teurs la  propriété  de  leurs  ceuvres,  et  que  chacun  avoit  le  droit  de 
les  cc^ier.  Ainsi  Artémidore ,  envoyant  à  son  fik  un  livre  qui  lui 
étott  dédié,  lui  recommande  formellement  de  le  réserver  pour  ses 
études,  et  de  ne  pas  le  comnwniquer  à  des  personnes  quipourroiem 
en  prendre  des  copies^  kcù  [jJi  ^roAAo/ir  Mtfeàfis  ÀvrtyfiiK^oiç  (5).  Pline 
le  jeune,  api-ès  avoir  raconté  par  quel  concours  de  circonstances  il 
avoit  été  amené  à  £BÙre  un  volume  de  petits  vers  ,  ajoute  :  Je  ne 
m'en  repens  point,  car  on  le  Ut,  on  le  copie ,  on  le  chante  même  ; 
legitur,  describitur,  caniatur  etiam  (6).  Ceux  qui  avoient  un  exem- 

rBiGAHiKA.  —  Scriptori  in  scriptura  optima,  etc.  —  Comraunis  scripturae 
vcrsuuiii  numéro  centum. 

(f)  Licct  antiquarium  rooniretur  iasiccabîlis  gelu  paginait  calamo  du- 
rior  gutU.  Eptttc  IX,  1 0 . 

(s)  De  JnstU.  divin.  Utlerar,,  c.  3o.  Cf.  Ausone,  epttre  XVI,  i . 

(3)  Librarii  autem  idem  et  antiquarii  vocant'jr;  sed  librarii  sunt  qui  et 
noya  et  yetera  scribunt,  antiquarii  qui  tantummodo  vctcra,  unde'et  nomeu 
sumpserunt .  Orig . ,  VI,  1 4 . 

(4)  Da  Cange,  Glossaire,  au  mot  clericus, 

(5)  Artcm.  ad  fil.,  IV,  i,  p.  196;  nous  empruntons  cepatsage  à  Eckhard  , 
p.  iS. 

(6)  Epist.  Vil,  4.9. 


nULLCTIN   DU   BlVUOPHILE.  loS^ 

plaire  d'un  ouvrage  le  pretœent.pour  le  copier  à.  ceux  qui  déifiroienl 
l'avoir  :  a  J'ai  reçu  ,  écrit  Cicéron  à  Attîcus .  le  livre  que  vous 
m'avez  envoyé  par  Yibius  ;  l'auteur  est  mauvais  ppële ,  mais  il 
sait  quelque  chose  et  n'est  pas  tout  à  fait  inutile  :  je  le  fais^ copier 
et  je  vous  le  renvoie  aussitôt ,  describo  et  remitto{  i }.  n  Si  maiptenant 
on  réfléchit  au  grand  nombre  de  Romains  lettrés  qui  n'avoient  sans 
doute  ni  les  moyens  d'acheter  et  d^entretenir  dés  cppîstes,  ni  le  loi- 
sir de  copier  eux-mêmes  les  livres  dont  ils  avoient  besoin,  on  com- 
prendra qu'au  début  même  de  la  littérature  latine  ^  il  a  dû  s'établir 
à  Rome  des  copistes  de  profession  consacrant  leur  vie  k  transcrire, 
pour  les  vendre,  les  ouvrages  qui  tomboient  entre  leurs  mains  (a). 
Ce  commercé  dut  être,  comme  tous  les  autres,  exercé  par  des  attran- 
chis  et  des  étrangers.  Les  Grecs,  surtout,  durent  y  réussir  |  car,  en 
subjuguant  la  Grèce ,  Rome  ne  cessa  point  de  rêconnottre  sa  supré- 
matie littéraire.  Tous  les  noms  de  copistes  qiie  nous  avoiib  eu  Foc- 
'  casion  de  citer  et  beaucoup  d'autres  que  nous  pourrions  citer  en- 
core sont  des  noms  grecs.  Ces  écrivains  publics  auroiènt  pu  faii« 
de  ti'ès-bonues   affaires  en  se  bornant  à  transcrire  et  à  vendre  les 
monumens  de  leur  propre  littérature  ,  tant .  les  lettres  grecques 
étoient  cultivées  et  répandues  dans  la  capitale  du  inonae  roniam: 
mais  us  copiQient  aussi  des  livres  latins,  quoique  dans  les' livres 
de  ce  genre  leur  talent  ne  se  montrât  pas  sons  un  beau  lour. 
Cicéron ,  chargé  par  son  frère  Quintus  d'acheter  à  Rome  dés  ou- 
Yra^es  en  langue  latine,  ne  sait  où  s'adresser  à  cause  de  rmconréc- 
tion  de  ceux  que  transcnvent  et  vendent  les  libraires ,  ita  mendose 
scrîhuniur  et  veneunt  (3).  C'est  probablement  pour  échapper  à  cet 
inconvénient  qu'il  avait  lui-même  des  copistes  qui  publioiént  ses 
ouvrages,  et  peu t-êlre  même  ceux  d'dutrui;  son  frère',  par  exemple, 
étant  éloigne  de  Rome,  lui  envoyoit  ses  mémoires  avec  prière  "d(e 
les  revoir  et  de  les  publier  :  ita  renuttù,  tit  me  roget  ut  annales 
SU08  emendem  et  edam  (i). 

Dans  les  premiers  temps,  la  profession  du  libraire  n'étoit  p|» 
distincte  de  celle  du  copiste,  la  même  personne  vendoit  les  livre» 
qu^elle  copioit,  de  même  que  dans  nos  provinces  tous  les  impn- 
meurs  ont  encore  aujourd'hui  un  magasin  de  .librairie,.  C'est  à 

• 

(i)  Ad  Atticum,  II,  so. 
(j)  PoUux,  VII,  xxxui  ,  ai  I. 

,3)  Ad  Quintum  fralr.,  111,5.  /  •  < 

4)  Ad  Altic.ïï,  i6.  /      »  /    ;, 

66 


lo38  I.    TECHElfïR,    PLACE   DU   LOOYBE  ,     12. 

aivcàk  de  c6  dùâiul  ijue  Its  marchands  de  livres  ftirent  d^àbetrd  ap- 
pelés libinnïj  nom  qui  désignoit  proprement  des  copistes.  Ca- 
tuRe  ayant  reçu  éiï  présent,  de  Calvus,  un  détestable  ouvrage  veut 
lui  envoyer,  en  échange  »tontceqtt'il  trouvera  dephfs  mauvais  duos 
,    fesr  Tttjàtïs  dès  marchands  et  il  sVxprime  ainsi  : 

Non  modo  hoc  tibi,  salse,  sic  abibit  ; 
f  ^  tf^m,  fli  luxent  »  ad  iiètariùrum 

èuffénum,  otntiîa  ooUii^ii  vetiena , 
Ac  te  bis  supplioiii  renunerabor  (  i  ) . 

U  va  iians  dire  que  le  soin  de  coHer,  de  relier,  d*onier  les  Tiywbb 
iioii  ausai  laissé  à  celui  qui  les  copioit.  «  De  même,  dît  ^os- 
lius  (a)  ,  que  chez  les  Grecs^  l'écrivain  (bibliographus),  le  relieur 
(biUtiopegus),  le  marchand  (bibUopola)  n'étoient  qu'une  étale  et 
même  personne,  de  même,  à  Rome,  ces  trois  emplois  étdiéii^  réunis 
énire  les  mains  de  celui  qu'on  appeloit  Ubrarius,  »  Nous  avons  tu, 
en  é£fet,  que  Gcéron  dehiandoit  à  Atticus  de  jeunes  copistes,  Hhra» 
nolif  q[ùi  pussent  servir  ae  colleurs  à  Tyrannion  (3).  Tyianiiion  «r- 
nÛjgébit  à  Antium  U  bibliothèque  de  Forateur  romain  ;  ACticus  tui 
envoya  llienys  et  Ménophîle,  qui  collèreiit  des  titres  sûr  Ées  lÎTres, 
iès  ornèrent  d'enveloppes  dé  Ifixe  et  les  disposèrent  mervëiUeusë- 
u-.eiit  dans  leurs  cases  (4)-  Ainsi  «  même  dans  les  ateliers  d*Atli- 
ciîs,  là  division  du  travail  n'èxistoit  pas;  le  même  ouvrier  écirlToit, 
collbié  ièt  ornoit  les  livrés,  disposoit  les  cases  ou  leiirayons  detfciiiés 
à  les  recevoir.  Là  cepeiidant  se  trou  voit  en  germe  la  distinction  db 
copiste  et  du  liliraire.  Atticus,  avec  ses  nombreux  esclaves  lettrà, 
étoit  un  véritaUie  libraire,  quoiqu'il  n'en  portât  pas  le  nom  ;  c*est 
unb  chose  qui,  k  la  rigueiir,  n'auroil  pas  besoin  d'être  prouvée  ;  il 
eioit  naturel  qu'il  tirât  parti  du  triatvail  de  ses  copistes,  comme  il 
tYix>it  parti  de  là  vigueur  et  de  l'adresse  de  ses  gladiateurs  (S). 
Atticus  étoit  éditeur;  Gicéron  lui  confia  entre  autres  éditions  celle 
de  sies  Académiques,  de  l'Orateur,  d'un  discours  contre  Antoine, 
de  ses  léttiès  (6).  tin  libelle,  dans  lequel  tlirtius  ayoit  ràina&ié'tbut 


(lÔ  bafM1t.,€d.VMiuM^.9». 
(i)  Ibid.,  p.  54. 

(3)  Voy.  plus  haut,  p.  832. 

(4)  Voy.  Ad  Altic,  IV,  &  et  8. 
(h)  Ad  Attic  ,  IV,  4  et  8. 

(6)  Ad  Atfir.,  XVI,  «I  sq.;  XII,  6;  XV,  |S;XVI,  6. 


BCLLEtIN    DU   BIBUOPHIIS*  loSg 

ce  qui  se  pouvoit  dire  contre  Catoa  dlltiqi^e,  bit  aussi  pubUé  par 
Auicus  à  la  prière  et  sur  les  vives  instances  de  Gcéron.  J'ai  en- 
voyé ,  dit  celui-ci ,  le  livre  à  Musca  pour  qu'il  le  donne  à  vos  co- 
lites, car  je  veux  qu'il  soit  publié.  £t  plus  bas  :  Je  veux  que  vos 
gens  publient  la  lettre  d'Hirtius  contre  Gaton>  leurs  injures  ne 
peavent  qu'ajouter  à  sa  gloire  (i). 

Mais  Atticus  ne  se  bornoit  certainement  pas  à  publier  les  o\\^ 
yrages  composés  par  Gicéron  et  ceux  que  celui-ci  le  chargeoit  de 
répandre.  G'étoit  biei^  réellement  un  libraire,  un  entreiuceneur  de 
p^bUcations.  Sans  cela,  comment  expliquer  la  promesse  qu'il  avoit 
iiutfs  à  son  ami  de  lui  monter  une  bibliothèque?  Songea,  lui  écrit 
Çicéroni  au  moyen  de  remplir  l'engagement  que  vous  avec  pria  de 
me  créer  une  bibliothèque.  C'est  sur  vos  soins  obligeans  que  je 
fonde  l'espér^ce  des  jouissances  que  je  me  promets  de  goûter 
quand  je  me  semi  tiré  de  l'embarras  des  affiiires  (2).  Pour  remplir 
luae  pareille, promesse  ne  falk>it-il  pas  avmr  un  aasortinient  de 
livres  nombreux  et  variés?  En  ^et,  cette  hibliochèque  d'AtUcos 
dont  Cicéron  ayoittant  d'envie»  qu'il  lui  reconunandoit  de  «ooscrver 
préçiepaement  lors  même  qu'on  lui  en  offriroit  un  très*haut  prix, 
piour  laquelle  enfin  il  acciimuloit  toutes  ses  ^argnes  (3)>  cette  bi* 
bliathèque,  au  jugennent  de  tous  les  commentateurs,  n'étoit  autre 
c^pse  que  la  librairie,  le  Cond  de  magasin  d'Atticus.  »  U  ne  s^àgit 
«  :  pas,  ditl'abbé  Mongault,  de  la  bibUothèque  à  l'usage  d'Atticut, 
«  fl^  hoQune  de  lettres  comme  lui  n'avoit  garde  de  s^en  défaire  ;  il 
K  V^t  4e  livfes  qf 'il  iaisojt  copier  à  ses  esclaves  pour  les  vendre 
«  easpi^;  car  personne  ne  fut  plus  appliqué  à  tirer  parti  de  Umt 
«  et  à  augmenter  son  bien  de  toutes  les  manières  possibles.  » 


(f  )  Hifli  librum  ad  Mutcam  ut  tuit  librariis  daret,  volo  enim  eum  divulgari, 
quod,  qao  faciliug  fiât  imperabis  tui^.  Ad  Attic,  XII,  4o.  Librun  propterea 
v^di^algari  a  tw ,  Qt m îâtamm vitnpcrationc tit ilMoa  ou^or laadotio. 
Ibûl.^ XII,  44.  Voy.^ danf  leinéme  livre,  }cb  leUres  4^  et  4? • 

fs)  Et  Telim  cogites,  id  ^aod  niibi  poUicitus  es,  qaemadroodum  biblip^ie* 
cam  ikobis  conécère  pôssis.  Ômnem  spem  délectationis  nostrs,  quam,  quam 
in  otium  veûerimus,  babere  volumus,  in  tua  bumanitale  positam  habemut. 
AdAtticum,  I,  7. 

(3)  libros  tuos  conserva,  et  noli  desperare  eos  me  meos  facere  poue.  Ad 
Attic.  I,  4.  Bibliotbecam  tuam  cave  cuiquam  deipondeas ,  quanivis  acrcv 
amatorem  inyeneris  :  nam  ego  omnes  meas  Tindemiolas  eo  reservo ,  ut  iliud 
subsidium  senectuti  parem.  Ibid.,  1 ,  10.  Libres  luos  cave  cuiquam  tradas  : 
nobis  eos  quemadmodnro  scribis  conserva.  Ibid.  1, 1 1  * 


1040  J.    TECHEflEB  ,    PLACE    DU    LOCJVEE,     12. 

Il  est  donc  bien  avéré  qu'Atticus  faisoit  un  commerce  de  Kyres. 
Aussi  ne  Toyons-nous  pas  la  nécessité  d'entendre  raétapfaori<{ue- 
ment  cette  phrase  de  Cicéron  a  son  ami  :  Ligarianam  prtgclare 
vendidisti (i)^  ni  même  ce  qui  suit  :  posthac^  qmdquid scripsero  tHi 
prœcomum  de/eram^  quoiqu'on  puisse,  à  la  rigueur,  en  ccmdureqae 
vendere  dans  le  premier  membre  signifie  faire  val  )ir.  Il  nous  semble 
qu'on  peuttraduire  ainsi  :  Vousa^^ez  très^^ien  vendu  mon  discours  pour 
L'ganus  ,et  désormais  je  vous  confierai  la  vente  de  tous  mes  ouinrages. 
Notez  que  c'étoit  bien,  en  effet,  Atticns  qui  aToit  fait  l'édition.  Dans 
ce  plaidoyer,  Cicéron  avoit  parlé  comme  d'un  homme  Tirant  de 
L.  Corfidius,  qui  étoit  mort  depuis  assez  longtemps.  Instruit  de 
cette  erreur,  il  pria  Atticus  de  faire  effacer  ce  noui  par  Pharnace, 
Anthée  et  Salvius  dans  tous  les  exemplaires  (2).  Rémarquons;  en 
passant,  que  les  exemplaires  dévoient  être  assez  nombreux,  puisque 
trois  copistes  furent  employés  à  y  effacer  un  seul  nom.  Un  antie 
passage  des  lettres  de  Cicéron  prouve  d'une  manière  péremptbire 
qu'Atticus  vendoit  ses  livres  et  qu*il  tenoit  même  un  registre  où  il 
portoit  les  livres  vendus  et  ceux  qu'il  envoyoit  en  préient.  «  le 
vous  suis  fort  obligé,  lui  dit  Cicéron,  de  m'avoir  expédié  FouTrage 
de  Sérapion  ;  j'ai  donné  ordre  qu'il  vous  fût  payé  comptant,  afin 
que  vous  ne  l'inscrivissiez  pas  comme  un  don  sur  tos  rq;istres  (3).  » 

Dans  la  suite,  des  affranchis  ou  des  étrangers,  assez  riches  pour 
acheter  une  certaine  quantité  d'esclaves  lettrés,  se  livrèrent  exdusi- 
vemeot  au  commerce  de  la  librairie  ;  on  les  appela  bibliopoht.  Mar- 
tial, dans  une  de  ses  épigrammes,  fait  dire  à  Lucain  :  On  pi^nd 
que  je  ne  sub  pas  poète ,  mais  telle  n'est  pas  l'opinimi  du  libraire 
qui  nie  vend  : 

Stint  quidam  t)iii  me  dicuntnon  esse  poet;ini, 
Scd  qui  me  vendit  bibliopola  puUit  (4). 

Les  auteurs  latins  nous  ont  fait  connaître  le  nom  et  la  demeure 
de  plusieurs  des  libraires  de  l'ancienne  Rome.  Les  vers  d'Horace 
ont  immortalisé  le  nom  des  Sosie ,  dont  la  boutique  étoit  sur  le  fo- 

(1)  Ad  AUic.,XIir,  19. 

(1)  AdAUic.,XIII,  44. 

(3)  Fecisti  mihi  pergratum  qiiod  Serapionis  librum  ad  me  misbli.  Pro  ro 
tibi prae^entero  (>eruniam  so]?i  imperavi.  ne  tu  expcnsum  muoeribus  ferres. 
Ad  Altic,  II,  4. 

r4)  Martial,  XIV,  194. 


BULLETIN    DU   BIBLIOPHILE.  l64l 

rum  de  Cësai ,  près  des  temples  de  VertuinDe  et  de  Janus  (i).  Dans 
le  voisinage  du  temple  de  la  Paix,  un  affranchi,  nommé  Secundus, 
faisoit  aussi  le  commerce  de  la  librairie  (a).  Martial  nonmie  encore 
deux  autres  libraires,  dont  il  nUndique  pas  les  demeures  :  le  pre* 
mier  est  Yalerianus  PoUius  Quinctus  (3)  ;  le  second  est  Tryphon, 
l'éditeur  de  Quintilien  (4).  Le  quartier  d'Argilet ,  dans  la  seconde 
région  de  la  ville,  étoit  le  quartier  de  la  librairie  ;  Martial  dit  à  son 
livre,  en  le  publiant  : 

Argiletanas  maTis  habitare  tabernas 
Cum  tibi,  parve,  liber,  scrinia  oostra  vaceot  (ô). 

Parmi  les  libraires  qui  Thabitoient,  un  des  plus  renommés  s*ap- 
peloit  Âtlrectus.  Martial,  afin  de  se  défaire  d'un  importun,  qui  veut 
emprunter  son  livre  pour  se  dispenser  de  l'acheter,  l'adresse  à  cet 
Attrectus,  dont  la  boutique,  dit-il,  est  dans  A^gilet,  pix)clie  du  forum 
de  César  (6).  Enfin  Sénèque  nomme  un  certain  Dorus,  libraire  et 
propriétaire  des  œuvres  de  Cicéron  pour  les  avoir  aciietées,  tan- 
quàm  emptor  (7)  :  ces  deux  mqts  semblent  prouver  que  les  libraires 
de  Rome  ne  se  contentoient  pas  de  laire  transcrire  chez  eux  les 
livres  qu'ils  vendoient,  mais  encore  qu'ils  acbetoiènt,  pour  les  re- 
vendre, les  ouvrages  transcrits  par  ceux  que  nous  appellerions  au- 
jourd'hui des  ouvriers  en  chambre. 

Tl  est  à  remarquer  que  Sénèque  appelle  ce  Dorus ,  non  point  bi- 
bUopola^  mais  Ubraritu  (8),  mot  qui  rappelle  les  premiers  temps, 
pendant  lesquels  il  n'y  avoit  d'autres  marchands  de  livres  que  des 
copistes,  mettant  en  vente  les  produits  de  leur  propre  industrie. 
Cet  état  de  choses  se  maintint  peut-être  dans  les  provinces.  Si- 
doine Apollinaire,  parlant  d'un  libraire  de  Reims,  l'appelle  un  scribe 
ou  im  marchand  de  livres ,  jcribam  seu  bibliopolam ,  et  un  très-an- 
cien commentateur  donne  ce  même  mot  de  bibUopola  comme  l'é- 

(ij  Horace,  cptlr.  I,  io,  Art.  p.,  ver>  34ô. 
(1)  Martial,  1,3. 

(3)  IdeiDi  I,  Il 4. 

(4)  Idem,  IV,  7iiXlll,  3. 

(5)  Idem,  1,4. 

(6)  Idem,  I,  118. 

(7)  De  beneticiis,  Vil,  6. 

(8)  Aulugellc  »e  sert  de  la  même  cxpreision  ,  NocUi  aftictv,  XVUI,  4. 


ÏO^I  J.    X£CHBimy    PLACE    DU   LOUVAE,    12. 

quivalent  des  mots  scriptcr  Ubrariu$ ,  par  lesqaeb  Horace 
un  copiste  (i). 

n  existoit  des  libraires  dans  les  Gaules ,  dès  les  premiers  siècles 
de  notre  ère.  h  Je  ne  croyois  pas,  dit  Pline  le  jeune ,  quHl  y  eAt 
des  libraires  à  Lyon  ;  je  n'en  ai  eu  que  plus  de  plaisir  à  apprendre 
parTos  lettres  qu'on  y  yend  mes  ouvrages,  et  je  me  réjouis  de  Toir 
que  la  faveur  dont  ils  jouissent  à  Rome  les  a  suivis  encore  hors  de 
lltalie  (2).  »  Martial  nous  fait  connaître,  dans  les  Gaules,  non  lodn 
de  Lyon,  une  autre  ville  littéraire,  c'est  Vienne  en  Dauphiné  ;  Té- 
pigrâmme  du  poète  est  si  ilatteuse  pour  le  bon  goût  et  le  juge- 
ment des  Viennois,  qu'on  nous  excusera  de  la  rapporter  ici  en 
entier  ; 

Fertur  Labere  meos,  si  vcra  est  fama,  libellus 

Inter  delicias  pulcra  Yienha  suas. 
Me  legit  omnisibi  senior,  juvenisque,  puercfue, 

Et  ooran  tetrico  easta  pudlla  viro. 
*  Hoc  ego  maluerim,  quam  si  mea  carmina  cautent 

Qui  NUum  ex  ipso  protinus  ore  bibunt , 
Quam  mens  bispano  si  me  Tagus  impleat  auro  ; 

Pascat  et  Hjbla  meas,  pascit  llj^etlos  apes. 
Non  nihil  ergo  sumos,  nec  blanda  miinere  liogoae 

'  Decipimur.  Credam  jam  puto,  Lause^tibi  (3;. 

Enfin  on  pourroit  conjecturer,  d'après  un  vers  de  Martial ,  qull 
y  avoit,  de  son  temps,  des  libraires  dans  la  Grande-Bretagne  : 

Dicitur  et  nostros  cantare  ^ri^auva  versus  (4;. 

On  s'est  autorisé  d'un  vers  d'Horace  (5)  et  d'un  chapitre  d'AuIu- 
gelle  (6) ,  pour  prétendre  que  les  libraires  de  Rome  se  débarras- 
soient  des  mauvais  livres  en  les  expédiant  dans  les  provinces  où  ils 
étoient  vendus  à  vil  prix  ;  il  faUoit  ajouter  que  les  provinces  récla- 
moient  aussi  l'envoi  des  ouvrages  en  vogue. 

Hic  meret  sera  liber  Sosiis  ,  hic  et  mare  transit  (7)  , 

(1)  Art  p.  y  vers  364. 

(s)  Bibliopolas  Lugduni  esse  non  pulabain  :  ac  lantu  libcntius  ex  litterib 
tuis  cognovi  Tenditari  libellas  m eos,  quibus  peregre  manere  graiiain  quam  in 
urbe  collegerint,  delector.  Plin.  j.,  IX,  xi,  2. 

(3)  Epigr.  Vil,  88,  adressée  à  Lausm, 

(4)Epigr.XI,3. 

(5)  Epîlrcl,  20,  II.— (6}  IX,  4. 

(7)  Arlpoël.,  V.  345. 


BUUuETlM   0U    BIpUOPHLLE.  }^A? 

.    i 

dit   flgiace  «a  mu^aj^t  d'up  h>/^  livre  qui  iiipyti;!^  k  jia  ibi»  .^ 
de  levi>/9jiHrrilg€^9  d'être  l^»  dans  to^  Vi^i^ver^  : 

Quumqiie  egu  praepoDaiii  multot  nilii ,  non  nûnoriUit 
Dicor,  et  in  toto  plurimtu  wbe  legar  {i } . 

Et  Dotus  BOpulis  (a  ) . 
'Tbio  legot*  orJNS  fregueôs  el  dicitur  :  Hic  ta  (ft) . 


iU  ly.aKottdes  librMrifs  A  Ronie  df»  imnp^  4^  C»U#e  >  cft  iimmr 
Us  appelle  ih6€/fc\-«  riiiiitatiop:4fl»  Ai|il^i<ap9  iflui  4AM0lK«eii^  JflB 
boutiques  4ies«BaidiHMMbi>ai^Je«»ra4^f(0bi^^  lMi<Âlr(4)- 

COodM»,  ponireuivi  par  À9/U&m^  sur  le  ht^m  rrH'M^fP  i  fA  ^^^t 
^>n  «e  ««^giaiil  dam  ilVeaiciiber.id^iiAf  Jba^t«fti«  deiiibnîû'îtB^  in 
ÉêdùM  ttàmrnm  MbuariatiS)..  Aiihn|cito  AflMM  le»  Miagfism.de 
Jifres  8ini|4epeBt  iiàrarim^  4Vii  ef|;^v)^u  im^ ;ip4t  lâir^irif. 

Les  ideIraaAures  ide  los»  >bpMlii|wls .  éloifftf  y  d^  40u^  ic^l^»  4e 
iîenirëey  contœrtes  c^iaçns^  YV9PV»:^( 

4e8  noMs  d£  leaus  anâettii»  hta  muan  i^Vmew^  Àiç^^ii  igiflM» 
^emjons  4Î!qp€Mës  ep  «asts;»  coimiie  tomwgasiwi  de  Ipaj^iim.p^^; 
<68>caaeatse  nQiBmakmifejrAÂd/  (iiicWO  (6)». Martial  çiiy<oiyAltfF^iKs 
iltteatusde  libraveil^mpoiiiii).  q«i  Jip  tdPifitCKttç  Mii0u^Mg^»  ^•^* 
{MÎmeàioss; 

Aii«i  nciniM*  Mi1éi*#abii*ei.BVti)i. 
Contra  Cresaris  est  forum  tabcrna. 
Scriptis  poAti))«9  ^c^  ^i  ifid^  y^iis 
Omnes  ut  cito  perlega»  poetas. 
Illiac  me  petc;  me  roges  Àitrectum  : 
lit>c  norafD  âiotriiouageritiaberaie. 
DepriiDodabitaltenfreiaîdb  (7)^ 

Les  librairies  étoieutun  lieu  dé  rendez-vous,  pour  Ij^  pisift,  les 
hopiMnes  lettrés,  les  g;rammairiéns,  les  rhéteurs  et  leui*s  ëlèVesi  Te 

(1)  Tristes,  IV,  10.  Voy .  ftossi  IV,  m,  ig. 
(1)  Martial,  X,  9. 

(3)  Idem,  V,  i3.  Voy.  aussi  VIII,  3,  Oi;i^,  to'fX,i0», 

(4)  VoMÎus  in  Catuil.,  p.  luo 
(&)  Cicer.  Philip.,  il,  «>. 

(6)  V,  4;Xill,  3o. 
^7)  Martial,  I,  ii8. 


Io44  '•   TECUENER  I  PLACE  UU  LOUVAE,  12. 

p1aira-t-il  enfin  de  nons  apprendre  où  tu  te  caches?  dit  Gainife  à 
Camëiîus;  nous  t'avons  cherché  partout,  dansle  champ  de  Mars ,  dans 
le  Cirque ,  dans  toutes  Uêiihrairieêy  dans  le  temple  deiuj^k^,  etc. 

Te  eampo  qoRsÎTim  us  minore 

Te  in  circo,  te  in  omnibus  Ubellis  (i) .  ' 

Aulugelle ,  dans  une  librairie,  confondit,  devant  une  nombreuse 
assemblée  {aliU  quiaderant  complun6t$s)j  un  faux  savant  qui  pré- 
tendoit  pouvoir  seul  e^iquer  les  satires  de  Yarron  (2)  ;  un  autre 
pédant  du  même  genre,  qui  se  faisoit  fort  de  pénétrer  le  sens  le 
pins  inimie  dés  oiivi^gesde  Salh]ste,:f«t  Imé  pa^  Snlpioe  Apolli- 
naire à  la  risée  'dTnn  ■  cercle  nombmnx  (muliorum  homàlmm  ^eœiu) 
réuni  diei  des  libraires  du  quartier  dit  Sundaliarùun  (3). 
'  Ge  qu'on  éstimoit  le  plus  dans  un  livre ,  c'était  la  correctÎMà  dn 
texte;  no«u  verro^'plus  tard  les  précautions  qu'on  prenmt  pour 
éviter  6u  faire  disparôltre  les  fiiutes  :  comme  il  étoit  bien  difficile 
qu'il  ne  s*en  (pissât  pats  toujours  quelques  unes  ;  les  personnes  qui 
vonlôient  acheter nn  Irrreée  faisoientaccompagneryches  le  libraire, 
par  tm  grammairien  ibstraiti  pour  faire  ee  que  nous  appdlerioosla 
collation  de  l'ouvnge.  Dans  une  librairie  du  quartier  appelé  Si^^ 
kuia ,  Aulugellè  vît  marchander  ainsi  un  exemplaire  des  Annales 
de  fUnus;  le  grammairien  qui  assistoit  l'acheteur prétendoit  avoir 
trouvé  une  faute ,  le  libraire  offroit  de  parier  ce  qu'on  voudroit 
qu'il  n'y  en  avoit  aucune  (4).  Ce  petit  fait  prouve  combien  libraires 
et  acheteurs  attachoient  du  prix  à  la  correction  do  texte  des  ou- 
vrages. 

Tous  les  livres  ne  se  vendoient  pas  en  boutique,  et  les  anciens 
avoient  comme  nous  des  marchands  en  plein  vent^  des  bouqui- 
nistes qui  tenoient  à  vil  prix  des  livres  de  rebut,  en6n  des  étalages 
sous  les  portiques,  comme  nous  en  voyons  dans  les  passages,  sous 
les  galeries  de  TOdéon ,  du  Palais-Royal,  etc.  Aulûgelle,  reve- 
nant de  la  Grèce,  s'arrêta  à  Bripdes,  où  il  acheta  sur  leporty  pour  uu 
prix  très-modique,  une  grande  quantité  de  livres  de  rebuC  écrits 
en  langue  grecque  (5).  Stace  se  plaignoit  à  Plotios  d'avoir  reçu  de  lui, 

(1;  CjituUe,  éd.  Vossius,  )>.  iiij. 
(a)  Nuits  atlique.s  XIII,  3o. 

(3)  Ibid.,  XVIII,  4. 

(4)  Ibid.,  V,  4. 
-6)  Ibid  ,  IV,  0. 


BULLETIN    DU' BfBUOPBIUKx  •  tÙ^5 

en  «cknige  d'iui  bon'  et  bel  ouvrage^  un  détcivtaMe  vokin^  acheté 
dant»kt  bottefd'tin  nmérable  bouquiniste,  de  enpsa  mùeriliéel^ 
lionU  empium  (i  ).  Enfin,  soiTant  un  ancien  comuientàteu',  e'eBt  un 
étalage  disposé  entre  les  colonnes  d'un  portique  qulloiace  à  pré- 
tendu désigner,  dans  les  vers  suivans,  par  le  mot  pila  i 

?Culla  tabema  rtieos  kàbet  neque  pila  Kbellos 
Qucis  nianns  însudet  valgi  (s) . 

Le  second  vers  indique  qu'il  s'agit  bien  de  livres  exposés,  que 
chacuti  peut  Consulter  et  examiner ,  et  iiotaî  àû  simples  affiches ,  ou 
bien  de  courtes  pièces  de  vers  écrites  sur  des  coloiines  ^  double  in- 
terprétatioK  qu'on  peut  appliquer  à  ces  deux  autres  Vîirs  de  Fart 
poétique: 

Mediocribus  esse  poelis 

Non  Dt,  non  homioès  non  concestere  columns  (3) . 

....  '      ►••■,-■ 

Outre  les  colonnes  et' les  portesdes  boailques,  il  y  avoit^  dans  tes 
villes  de  l'Italie,  des  pans  de  muraille  blanchis  et  disposés  exprès 
pour  recevoir  des  affiches^  ces  affiches  n'étoient  pas  sur  du  pafner 
collé  au  mur,  mais  écrites  avec  de  l'encre  rouge  sur  la  )rmiraitte 
même.  Il  en  existe  encore,  dans  ce  genre,  un  assez  grand  nombre 
à  Pompéi ,  annimçant  des  fêtes,  des  chasses,  des  combats  de*  gla- 
diateurs, des  représenutions.théâtrales  (4)î  les  annonces  de  librairie 
dévoient  bien  certainement  trouver  place  parmi  ces  affiches  di- 
verses. U  est  également  fort  présumable  que  les  boutiques  de  li- 
braire avoient,  comme  toutes  les  autres,  au-dessus  de  leur  porte , 
une  enseigne  emblématique,  comme  on  en  voit  encore  tant  de  nos 
jours.  Les  ruines  de  Pompéi  offrent,  à  chaque  pas,  des  enseignes  de 
ce  genre.  Sur  la  porte  d'une  école  est  représenté  un  sévère  péda^ 
gogue^  battant  à  outrance  un  malheureux  écolier  pour  quelque  tour 
espiègle,  ou  quelque  début  de  mémoire  (5)  dans  le  récit  de  sa  leçon. 
Malheureusement  on  ne  peut  que  soupçonner  le  fait,  sans  même 
pouvoir  former  une  conjecture  sur  la  nature  des  enseignes  des. li- 
brairies. 


(i)  Sil?.,  IV,  11,  lo. 

fa)  Satyre  I,  iv,  71 . 

f3)  Art  poët.p  ^er-i  371. 

(4)  Via}*gio  à  Pompéi,  r*g-  ^,  «t  hhîv. 

(h)  Ibid.,  p.  .'»8  v[  i-uU   ,  -jS  notes. 


I046  J.    TEC9KIW9A9   i»LAQE   MI  JU9PVRE ,     la. 

aidéraUes.  Trypboa,  par  exemple,  réârtewr  deSfarital:el  de  Qbîa- 
lUîeoi  relirait  cent  pour  cent  de  la  veate  de  tes  livres,  ai,  eoutàfeis, 
il  liut  preiKâtfâfau'pi^  lie  la  lettre  œtte  épî(|;«aiiiiiie  de  Maiaial  : 


Omnis  in  boc  gradfi  Xeniornm  turba  Ubèllo 

Constabit  nnmmis  quattuor  ^empta  libi. 
Quatuor  est  nimiuni  :  poteiit  «onstare  duobus 

Bt  faciet  lucrum  bibliopola  Tryphon  (i ) . 

Il  s'agit  ici  da  xiii*  Uyre  de  Martial  iotitulé  Jf^Aia,  quji  ^  com- 
pose de  127  titres  de  deux  mots  aaplu^,  et  de  274  ^I^F^  »  ^^  ^^^^ 
que  chaque  exeqaplaire  reyeooit  au  libraire  i  moinf  de  deux  ses- 
terces (o  fr.  45  c);  il  le  vendoit  quatre  sesterces  envirou  (g^  c). 
Le  premier  livre  des  épigrammes  de  Martial,  qui  est  beaucoup  plus 
long,  puisqu'il  se  con^K>se  de  1 19  épigrammes  formant  ensemble 
plus  de  700  vers,  se  vendoit,  avec  tous  ses  omemens ,  cinq  deniers 
<4  fr*  9^  <c*)  (2)  9  eja&a  wa  gros  volume ,  tie  penfenaanl  paa  4*>ex- 
oaUentea  choses,  tomuviUs^  ftlloit  de tsix «sesterces  (1  il.  SdcO  jus- 
<px%  dix  sesterces  ou  a  fr.  ao  c.  Ces  pnx  patioisstot  iaCémurs  à 
-osux  qui  ont  cour-s  aujouffd'lHii  ;  mais  il  «en  était  bien  autrement 
daiM  les  temps  où  le  commerce  de  la  librairie  étoit:  encore  4ans 
Teniance.  Platon  paya  trois  ipetiia  iraîtés  de  PUMaus  cent  mines 
-attiques,  somme  dont  la  falear  ntriqsèque  ëgalott,  enuioonoie  de 
IVance,  environ  10,000  francs,  et  Ariatote  donna  3  talents 
(|6,465  fr.)du  petit  nombre  de  livres  qui  avot^t  appartenu  à 
Speusippe,  disciple  de  Platon  (3). 

L'invasion  des  faarbai^es  porta,  dans  TOccident,  un  coup  mortel 
aux  lettres  ;  on  peut  se  figurer  arec  queUe  rafHdité  dut  tomber  en 
Italie  le  commerce  de  la  ltt)raine  sous  des  rois  -qui  ne  aavoient 
même  pas  signer  leur  nom.  Depuis  cette  époque,  nous  ne  trou- 
vons pas  de  libraires  proprement  dits  jusqu'au  xu*  siècle,  et*les  mo- 
numens  des  littératures  anciennes  auroient  à  jamais  péri,  si,  tfainuit 
cette  longue  période  de  barbarie,  à  peine  interrompue  par  le  vègnc 

(1)  Martial,  XIII,  3 

1%)        De  primo  dabit  altevove  nidci 

Rasum  pumice,  purpu raque  cultiim 
I>eDarii8  tibi  quinqueMarlialem.     1,  118. 
(3)  Diogènc  Laérce,  IV,  5;  in  Pialon.,  111,  9;  VIII, S6)  Aulugcllc,  111,  1 -j . 
Ce  dernier  dil  que  les  Irois  Traitnsdc  Piiilolaiis  copièrent  1 0,000  deniers , 
rvaluation  identique  .ivcc  relie  do  Dingène  liaèf cr . 


brillant  de  CbarUinagD^  ,  kis  juives  ne  s'éloient  tppli^iiis  à  tMmh 
crire  et  à  peiipétuer  Va»  eociais  livraf.  S^à,  dèé  lis  rv«  tièoley  eeim 
Jérôme  (  i  )  rec^mmeiad^oit  U  ftranscnplMm  des  UTres  conmièutic  des 
occupation^  les  pliis  cooveoableB  à  la  vie  ùonastiqtie  ;  à  la  mêvae 
qpoque,  saint  Épt^'em  (a),  noua  Hionlre les  moines  occupés  ^  soit  A 
tisser  de  la  toile,  soit  à  fains  des  corbeilles,  soit  eniGn  à  tnsseriM 
des  livres  et  à  teindre  ^n  {i^r|>iredes  parebefUins;  et  la  ceyîeén 
livres  étoitla  seule  oecupation  des  religieux,  «dans les  coBvensfondéyi 
par  saint  Marûn  de  Tours  (3).  Deux  siècles  apeès  ^  Caesiodore  (4) 
recommandoit  encore  aux  moines  les  travaux  des  copistes  (amîfua» 
rioruin),  et  traçoit  à  leur  usage  ud  traité  de  transcription  et  d'ùl^ 
tbograpbe.  U  alla  même  plue  loin,  et,  en  introdûîsaiit  idPfaialiieb  re- 
lieurs dans  son  monastère  de  Viviers,  il  composa  pour  e«!t  un 
recueil  varié  de  dessins  de  reliures^  parÉtt  IcÉiquelIts  on  éevuit 
choisir  celle  tpaà  conVieiidraitle  mieux  à  diaque  ouvra^fe.  A  'peu 
près  dans  le  mètna  temps ,  aaiut  Benoit  fondoit  ffm  immortd  ioU^ 
titvft,  dont  les  immenses  travaux  devaient  jeter  un  jour  tatit  de  kK 
mière  sur  toute  l'èisteire  d^i  moyen  âge.  Maïs ,  au  seîn  des  ettdrès 
rslî|peux  les  moins  renommés  dans  Vbistoîre  des  ksti«s ,  tatraii» 
cription  des  maDuaerits  fut  l'occupation  principale  des  cénobftèi  ; 
les  règles  des  chartreux,  tout  en  accordant  aux  frères  de  diverses 
professions  les  inst^umens  nécessaires  pour  l'exercice  de  leur  indues 
trie,  énottcent-comme  un  fait  qu'il  j  a  dans  l'ordre  bien  peu  de  tê^ 
ligienx  qui  iie  soient  pas  écrivains  :  «  Presque  tous  cent  qnenMs 
«  recevons,  y  esfr-il  dit,  nous  leur  apprenons  à  écrire,  ai  c'est  pos» 
«  sible.  »  Et  plue  loin ,  unc^  punition  est  infligée  an  moine  qui , 
sachant  ei  pouvant  écrire,  refuseroit  de  s'adontner  à  cet  exercice  (5). 
Ceqne  les  moines  s'efforçoient  surtout  d'atteindre  dans  leurs  tra- 
vaux, c'étoit  cetteprnrecé,  cette  correction  du  texte  qui  font  le  phis 
grMid  prix  des  ouvrages.  «  Je  l'avoue,  dit  Gassiodore  à  seè  religieux, 
parmi  tousles  travaux  auxquels  vous  vous  livrez,  ceux  des  copistes', 
pourvu  toutefois  qu'ils  écrivent  correctement  (si  tamen  veracfier 
3èriifémi)\f  sont  ceux  que  j'approuve  le  plus.  »  Saint  JéfAnKe,  en  per- 

(i)  Xdattitictisitep.  gà^nliai^. 
(i)  Cité  par  Eckhard,  diaprés  Mabillon,  p.  69. 

r3)  Sulpice  Sévère,  Vie  de  S.  Martin,  chnp.  VII,  riui  par  Du  Caagf  t ^n  mot 
icêipinres,. 

(4^  Institut.  di\iu.,  iccU  c  3o. 

(h)  Stalut .,  caii.  H.  ivi,  8;  x%i\.  S. 


I048  J.  TKCBBNEA  ,  PLACE  DU  LODYhE  ,12. 

mettant  de  laisser  prendre  à  ceux  qui  le  désireroieni  des  copies  de 
latraducdon d'Esdras, recommande qa'on écrive distinctemenC  les 
mots  hébreux  qui  s'y  trouvent  en  grand  nombre  ;  car,  dit-il,  à  quoi 
servira  d'avoir  fait  un  livre  correct,  si  les  copistes  ne  mettent  tous 
kors  soins  à  conserver  la  pureté  du  texte  (i)?  Et  ce  n'étoient  pas 
seulement  des  livres  de  dévotion,  des  ouvrages  de  dogme  ou  de  mo* 
raie  que  copioient  les  moines,  c'étoient  des  auteurs  profanes,  des 
poèmes,  des  histoires,  des  œuvres  scientifiques ,  Cicéron,  Salluste , 
Tirgile ,  Pline  l'ancien,  etc.,  etc.,  toujours  avec  le  même  soin,  avec 
la  même  attention  à  conserver  le  texte  primitif  dans  toute  sa  pu- 
reté (a). 

Mais,  tant  que  la  propagation  des  livres  a  été  abandonnée  aux 
moines ,  il  n'y  a  pas  eu,  à  proprement  parler,  d'éditions ,  c'est-à- 
dire  d'entreprises  de  publications  se  manifestant  par  de  nombreuses 
copies  d'un  même  livre,  laites  dans  le  but  de  le  répandre.  IjCs  clercs 
et  les  moines  travailloient,  soit  pour  eux-mêmes,  soit  surtout  pour 
leur  église  ou  pour,  leur  couvent.  Des  communications  littéraires 
étaient  ouvertes  ei^tre  les  maison»  religieuses  les  plus  éloignées  ; 
elles  se  prêtoient  mutuellement  les  livres  qui  manquoient  dans  leur 
UMiothèque,  et  se  les  renvoyoient  après  les  avoir  copiés  ;  ces  copies 
servoient  elles-mêmes  d'originaux  pour  de  nouvelles  trauscriptious, 
et  celles-ci ,  à  leur  tour,  étoient  encore  copiées.  Gomme  il  étoit  bien 
difficile  qu'un  texte;  ne  s'altérât  point  en  passant  successivement 
entre  tant  de  mains  différentes ,  les  copistes  avoient  coutume  de 
placer  au  commencement  ou  à  la  fin  des  manuscrits  un  avertisse- 
ment, à  ceux  qui  copieraient  après  eux,  de  colla tionner  soigneuse- 
ment leur  travail,  et,  quelquefois,  des  imprécations  contre  ceux 
qui  ajouteroient  au  texte  ou  qui  en  retrancheroient  quelque 
chose  (3).  On  peut  voir  un  exemple  d'adjmation  de  ce  geure  eu 
tête  de  la  Chronique  d'Ëusèbe  ,  traduite  par  saint  Jérôme  ,  et,  a  la 
fin  de  l'Apocalypse  de  saint  Jean ,  des  imprécations  contre  les  co- 
pistes infidèles. 

Les  moines  continuèrent  à  s'occuper  de  la  transcription  des  li- 
vres jusqu'à  l'invention  deTiniprimerie,  et  non-seulement  ils  étoient 
copistes  ,  mais  encore  peintres,  enlumineurs  et  relieurs  ;  ce  fait  est 

(i)  Priiff.  inËsdram. 

(i)  Voy.,  dans  les  Annales  de  pbilosophic  chrétienne,  numéros  de  janvier  et 
fëvrier  i83g,  le5  arlicles  de  M.  Achery  sur  les  bibliothèques  au  moyen  Age. 
;3)  Voy.  Fahricius,  bihlioth.  t;»cc<|.,  1.  V,  c.  i. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  1049 

prouvé  par  un  passage  de  Trithéine,  abbé  de  Spaaheiniy  au 
XV*  siècle,  passage  où  l'on  voit  aussi  que  les  religieux,  plus  éclairés 
en  cela  que  les  copistes  de  Tancienne  Rome,  se  partageoient  entre 
eux  le  travail  :  ««  Que  l'un,  dit^il,  corrige  le  livre  que  l'autre  a 
«  écrit;  qu'un  troisième  fosse  les  omemens  à  Tencre  rouge ;!qi^ 
t(  celui-ci  se  charge  de  la  ponctuation ,  un  autre  des  peinturai  ; 
«  que  celui-là  colle  les  feuilles  et  relie  les  livres  avec  des  tablettes 
K  de  bois;  vous,  préparez  ces  tablettes  ;  vous,*  apprêtez  Je  ciiir-; 
M  vous,  les  lames  de  métal  qui  doivent  orner  la  reliure.  Qua  l'im 
<(  de  vous  taille  les  feuilles  de  parchemin ,  qu'un  autre  les  polisse  ; 
««  qu'un  troisième  y  trace  au  crayon  les  Ugnes  qui  doivent  guider 
H  l'écrivain  ;  enfin  qu'un  autre  pi*épare  l'encre ,  et  un  autre  4es 
«  plumes  (i).  »  Ces  ti*avaux,  auxquek  les  religiepx  attachoiaituaie 
extrême  importance,  s'exécutoient  dans  une  salle  spéciale  qu'on  4pr 
peloit  scn'ptonumy  consacrée  par  unebénédictionparticulièredontQil 
Gange  a  donné  Informulé  (2).  D*après  les  règles  de  l'ordre  de  Saint- 
Yictor  de  Paris,  ce  lieu  devoit  être  dans  l'intérieur  du  clc^tre,  mais» 
cependant,  séparé  du  reste  du  couvent  ;  les  écrivains  dévoient  s'y  ti^ 
nir  renfermés  et  y  garder  un  religieux  silence  ;  personne  n'aToit  Je 
droit  d'y  entrer,  si  ce  n'est  l'abbé,  le  priem*,  le  soufr-prieur  et  le  l|i* 
bliothécaire;  celui-ci  foumissoitaux  écrivains  non-seulement  le  maté» 
riel  de  récriture,  mais  encore  les  originaux  qu'ils  dévoient  copier  (3f}i 

Cassiodore  nous  apprend  lui-même  qu'il  avx>a  dii|i9sé,  dans  j^ 
salle  de  son  monastère  de  Yiviers  destinée  aux  copistes,  une  har)^e 
solaire,  une  clepsydre,  enfin  des  lampes  mécaniques  qui  pouvoieat 
se  passer  de  la  main  de  l'homme  et  s'entretenoient  elles-mêmes 
d*huile  en  quantité  suffisante  pour  donner  pendant  longtemps  une 
vive  lumière  (4)-  Nous  citons  ces  deux  faits  parce  qu'ils  prouvent 
que,  dès  le  principe,  les  heures  de  travail  étaient  réglées  dansiki 
monastères  et  que  les  copistes  prolongeoient  leur  tâche  assez  'avant 
dans  la  nuit. 

Nous  avons  dit  que  les  marchands  de  livres  reparaissent  au 
XII*  siècle  ;  on  trouve,  en  effet,  dans  Pierre  de  Blois ,  la  mention 

(1)  Tract,  de  Laud.  scriptor.  manoil.,  cite  |Kir  Eckbard,  p.  ht. 
(s)  GI0S8.,  au  mot  tcriptorium, 

(3)  Voir  les  extraits  dea  statuts  de  TablM ye  de  S.- Victor,  cités  par  Du  Cange, 
au  mol  scriptores . 

(4)  De  insit.  divin,  litter.,  c.  3o. 


*loSa        s.  TBCHENSR,  PLACF.  lit'  LOUVRE,  12. 

exemplaire  qui  leur  lomboit  sou»  la  main  ?  Pas  un  mot  sur  toutes 
CCS  questions. 

Pour  procéder  avec  ordre,  il  faut  d'abord  se  rendre  compte  de  ce 
que  les  Latins  entendoient  par  éditer  un  livre,  et  la  manière  la  plus 
sûre  d'arriver  à  ce  but  c'est  d'examiner  les  expressions  dont  ils  se 
servoient  pour  désigner  une  publication.  Publier  un  livre  se  diaoit, 
en  latin,  librum  edere  (i),  publieare  (2),  emiitere  (3),  divulgare  (4), 
pervulgare  (5;,  proferre  (6)^  foras  dore  (7)  ;  et  paroitre,  en  parlant 
d'un  livre,  se  disoit  c:r/re(8}.  Ces  expressions,  et  notamment  rmiVf«re, 
pmferro^foirat  dore,  exire  s'expliquent-elles  suffisamment  par  le  dé- 
pôt d'un  ouvrage  dans  une  librairie,  ou  par  sa  lecture  publique  ? 
non  sans  doute.  Il  y  a  dans  tous  ces  mots  quelque  chose  de  plus  : 
l'idée  d'un  livre  qui  sort  des  mains  de  son  auteur  exit^  et  se  répîand 
dans  le  public  profertur\  foms  dalur.  Lorsque  Pline  le  jeune  Vent 
persuader  à  Octave  de  publier  enfin  les  excdlens  poèmes  qu'il  garde 
en  portefeuille,  il  lui  dit  :  «  Quant  à  l'édition,  vous  agirez  ploîs^tàrd 
«  comme  vous  voudrez  ;  mais  an  nidikis  l'édtex,  les  ap^atidisie* 
«  mens  vous  engageront  à  publier  ensuite  (9).  »  La  réeitâtSonr  et 
réditimi''étoient  donc  deux  dioses  parfaitement  distinctesi  et  un 
ouvrage  récité  n'en  étoit  pas  ïnoins  inédit.  Que  fklloit-il  donc  pour 
qu'un  livre  fut  censé  publié?  if  falloit  qu'il  fût  copié,  affiché,*  mis 
en  vente.  G^est  encore  Pline  le  jeune  qui  nous  l'apprend  dans  «à 
lettre  à  Suétone ,  dont  il  avoit  d'avance  annoncé  les  ouvrages.  Il 
presse* son'  ami  de  publier  enfin  ses  écrits  et- de  le  dégager  ainsi  clé 
l'espèce  d'engagement  qu'il  a  pris  lui-4nême  eifVers  le  pubUc  ;  Que 
îe  voie  enfin,  dit-il,  vos  ouvrages  affichés,  que  j'apprenne  qu'on 
les  copie,  qu'on  les  lit,  qu'ils  sont  en  venté  (i^. 
.  Mais  la  récitation  en  public  précédoit  la  ]»ublication  ;  st  ce  n'étok 
pas  une  édition  proprement  dite  ,  c'étoit  au  moins  un  préliminaire 
de  l'édition.  Le  but  avoué  de  cette  cérémonie  étoit  de  pressentir 
le  jugemenrdu  public  et  de  corriger  datls  un  ouvrage  lès  (endroits 

■ 

(1)  Gicéron,  Ad  Attic. ,  XIII,  si  •  Marlial ,  passîm.  —  (a][  Plin.  jun.  I,  i,  1 . 
1,  y,  «.—  (3)  1<1. 1 ,  "»  6.  —(4)  Cîcer.,  kà  Allie,  XII, 4o,  44  ,  *7*'— W  Id. 

ihiâ.,Ak\  —(6)  la:  ibid.,  XV,  is.  —  (7)  iii.  iw., xîii,  i«.     »••••. 

(8)iftid.,\VI,ff.  .        .       .     ' 

-    (9)  Et  de  edityone  quidem  intérim  ut  voleft  :  récita  Milteiu  quo  nagis  U- 
beat  rmitlerc ,  etc.  ÊptU'e  II,  x,  6. 

'lo'i  Palcre  me  \idcfe  tiluluni  tiiiim  :  p.ilrrr  aiidiiT  dt^rrihi,  legi»  v:mirc 
volumina  Tr»nqnilli  mei.  V,  \t,  '•{. 


BOLULtlJN   DU   BIBUOraiLB»  lo53 

qui   ik'auiroient  pas  obtenu  son  approbatiou  à  la  lecture.  Si'iius 
lialicus,  dît  Pline,  judicia  hominum  recilationihus  exfteriebtUur. 
L'auteur  du  panégyrique  de  Trajan  étoit  lui-même  un  grand  par- 
tisan des  récitations  publiques  ;  il  ne  craignoit  même  pas  de  lire  de- 
vant un  nombreux  auditoire  des  poésies  peu  compatibles  avec  la 
graTÎté  de  sa  profession.  «  Yoici,  dit-il^  les  raisons  qui  m'engagent 
«  à  réciter  en  public  s  d'abord  celui  qui  récite^  par  respect  pour 
«  rassemblée,  revoit  ses  écrits  avec  une  attention  plus  scrupuleuse, 
M  ensuite  il  a  dans  son  auditoire  une  sorte  de  conseil  dont  le  juge- 
«  ment  décide  ses  doutes.  U  reçoit  des  critiques  de  beaucoup  de 
«  ses  auditeurs  ;  sinon  il  devine  aisément  leur  sentiment  à  leur 
«  physionomie,  à  leurs  regards,  à  un  geste  de  la  tête  ou  de  la  main, 
«  à  leur  murmure,  à  leur  silence.  Sur  de  tels  indices,  on  distingue 
«  facilement  un  jugement  véritable  d'une  apprdt>ation  de  com- 
«  plaisance.  De  plus,  si  quelqu'un  de  mes  auditeurs  tient  par  ha- 
«  sard  k  lire  ce  qu'il  aura  entendu  réciter,  il  verra  que  j'ai  changé  « 
«  ou  supprime  certains  passages,  peut-être  d'après  son  avis,  quoi^ 
«  qu'il  ne  me  l'ait  pas  formellement  exprimé  (i).  »  «  Chacun,  dit 
«  nn  peu  plus  loin  le  même  auteur,  a  ses  motifs  de  inciter».  Pour 
«  moi,  je  l'ai  souvent  dit,  je  le  fais  pour  qu'on  m'indique  mes 
«  butes  sTil  m'en   échappe,   et  il.  m'en  échappe   sans  aucun 
«  doute  (a).  »  Pline  parle-t4l  sincèrement,  ou  iautp-il  voir,  dans 
les  passages  que  npus  venons  de  citer,  les  détours  d'une  vanité  hy- 
pocrite cherchant  à  voiler,  sous  le  maaqued'une  apparente  bonho- 
mie, un  amour  excessif  des  flatteries  et  des  applaudis^emens  7  C'est 
là  ce  qi^il  importe  fort  peu  d'examiner;  il  suffit  qu'ils  nous  ré- 
vèlent le  but  primitif,  le  but  avoué  des  récitations  puUiques.  Gha« 
cnn  sentira  aisément  que  bien  peu  d'usages  prêtoient  aux  abus  au- 
tant que  celui-là. 

Les  récitations  publiques  commencèrent  à  Rome  sous  Auguste; 
Fnsage  en  fut  introduit  par  Asinius  Pollion  (3).  Auparavant  on  se 
contentoit  de  lire  ou  de  Cadre  lire  les  ouvrages  durant  les  repas, 
chez  soi  ou  chez  ses  amis.  Cicéron  ,  par  exemple ,  envoyant  de 
Pouszoles  son  traité  de  la  gloire  à  Atticns  qui  éloît  à  Rome,  lui  re- 


V 


(i)  Plin.  j.,  V,  111,8,  0,  lo. 

(l)    VII,  XTll,   I. 

(8)  PolUo  Asinius  primas  omniam  Romsnorum  ailTocatishominibus  scripta 
sua  recilavit.Sënrq.,  excerpt.  c  coatroT.  fV,  prœmiiim. 

6, 


I054  i*    TECHENF.t,    PLACE   DIT   LOUV»E,     lOL. 

ccMninande  de  ne  pai  le  publier,  mais  d'ennoCm*  les\|iLu«  In^iu 
endroits  qn'il  pourra  foire  réciter  à  taUe  par  son  lectenr  Salsriiu» 
derant  des  auditeurs  bien  disposés  (i).  Mais  déjà  la  van'iAé  aetcit 
emparée  de  cette  coutuiti£y  et  les  -manviiséonvains,  oous  f>iéCesle 
de  donner  k  diner  à  leurs  amis,  leur  kiAigeoient,  couime  un  amos- 
soîre  obligé,  IViudition  de  leurs  ivpsodies  (a).  Cet  abus,  à  lavfebtfi 
commode  «t  si  fls(tteuTpovrla>iiiédiocrkévaiiiÉeu8e,|M'it  anmpîde 
accroissement  et  'finit  par  devenir  un  usage  prasqne  aniyuriel 
Aussi  4e  spirituel  épigramuiatiste  kitin,  invitant  à  aoaper  uan:unri 
Tuvannius  et  n'ajant  à  lui  o(Snr  qu*«ne  très-maigre  obère,  ti*^^»- 
geoit,  par  forme  de  compensation,  à  nedui  pas  foiicsiibir  TasHiui 
d'une  lecture  (3). 

J/idée  des  réunions  purement  iittéraires  obtint  enfwn  dettuops 
ime  Togue  imaorense.  l^es  homuMs  sagas  ne  pouy oient  mdoomialtae 
ce  qu*fl  y  avoitde  bon  et^'utiledans  la  -coutume,  de  lire  jcn|niBâiG, 
mais  ils  lisoient  rarement,  sans  apprêt,  sans  ostsntatioa,  et  snnle- 
inent  devant feors amis  (4).  Ib  receroient  chez  eux,  ou  bien,  a'ik 
n*a¥oîentpas  un  logement  convenable,  dans  la  maison  .d -un  auire; 
«h  troufoient  toujours  de  délés  amateurs  ides  lettres ,  dispo- 
sés k  prêter  la  leur  pour  ees  sortes  de  céràmonies  (5).  Ceux  qui 
'n'avoientpointune  maison  à  etu,  qui  ne  pouvoient  disposer  de  cdie 
d*un  autre,  ou  qui  ne  se  «onsentoient  pas  d'un  auditoire  peu<ncmi- 
iirettx,  récitoîent  véritablement  en  public,  sous >les  portiques, fdaan 
les  théâtres  y'dnns  ies  temples,  dans  les  janUns  publics,  au  laonni, 

(i)  rDe  Gloria  iiiisi.iilii.  CustOiiies  igituiMit  soles  :  sed  noteoUir  «clogarii- 
quoA  Salviusy  i)ooo9 ainlitores  naotus^in  lon^-ivio  duntaxat  l^t.  Ad  AUic., 
XVI,  3 .  Enfîn,  vojrez  aussi ,  pour  Pusage  de  lire  dans  les  repas  ,  Martial,  IV  S. 
▼,  i6;  Plin.  j.,  I,  xY,  a. 

(«)  Tussim 

âeiiio  ferat  £rigiis 
Qiii  me  tochI  ^HUan'mahuD  Iggitlibrjirn. 
Catulle  éd.  Vossius,  p.  103.  Vojrez  aussi  la  charmante  epigramme  de  Mar- 
tial sur  riofatigable  ligurinus.  III,  />o. 

(3)  'Par?a  €St  cœndia,  qirispotcM  ntj»an;' 
Qc^iiiigOTiiiktl,  nudiesTe  fiolwn, 

Et  Tuitu  placidus  tuo  recurabes^ 
Nec  crassum  dominus  Icget  volumen. 

V,78. 

(4)  Nec  rccitcm  quidquam ,  nisi  aroicis  ;  idque  coaclus. 

•Honioe,  satjr.  ï,  it,  7S,  cf'.iPlin*  j.,  V,iii,  11;  VU,  xth,  la. 

(5)  JuTcnal,  Vit,  4o.M«rtia],IIV,«.  Plin.  j.,VilI,  XII,  1,  «. 


•DWETUf    DU   BIBUOFHUUE.  .  io55 

dans  les  bains  (i),  etc.  Ovide,  tout  jeune  eucore,  avoit  lu  dés  vers 
devant  le  |»eup|e  : 

CarmÎDa  cum  primum  populo  juvenilia  legî 
Barba  rpseota  miln  bisve  s^melTe  fuît  fs) , 

Et  PomponiiiaSecuDdus  le  traj^ique,  lorsqu'il  ne  tomboit  pas  4'ac- 
coi4  avec  ses  amis  de$  corrections  qu'il  falloit  foire  à  Sd^  ouvrages, 
avoî^  coutume  d'«n  appeler  au  pf^Ie  (3).  Les  ppëtes  dç  Rome 
avaient  formé  entre  eu;c  une  espèce  d'académie  qui  se  jéuni3Soit 
dans  un  Ucu  particulier  nommé  schola  poetarum  (4)*  C'est  là,  sui- 
vant Juste-:Lipse ,  que  se  faisoient  leurs  lectures.  Ils  avoient  mçnie, 
au  dire  du  savant  conmieotateur,  un  jour  particulier  pu  ils  se  ré^- 
nissoient  tous  les  ans  pour  resserrer,  dans  un  repas  de  corps,  les  li^s 
de  confraternité  qui  les  unissoient  (5). 

I4es  auteurs  qui  dévoient  Ure  en  public  invitoieut  leurs  amis  par 
dos  lettres  particulières .,  codidlli,  Les  étr^gers  étoient  prévenus 
par  des  annonces*  Ubelli,  qu'on  faisoit  distribuer  dans  la  ville,  ou 
par  des  affiches  écrites  sur  les  colonnes  des  portiques  (6).  C'étoit 
presque  une  fête  publique  que  l'annonce  d'une  lecture  laite  par  un 
écrivain  en  vogue  :  Laetam  fecit  cum  Statius  urbem  promisitquç 

diem  (7). 

Le  peuple  se  p<»rtoit  alors  en  foulç  à  l'assemblée  et,  dans  ao;i  .en- 
thousiasme^ frénétique,  brisoit  souvent  les  bancs  de  l'auditipir^. 
C'est  ce  qu'exprime  Juvénal  au  même  endroit  en  disant  de  l'au- 
teur de  la  T^ébaide 

Fregit  subselUa  vcrsu . 

Les  Romains  manifesloient  leur  approbation  par  des  apphudisse- 
mens  de  divers  genres.  C'étoîent  des  «mrmures  flatteurs  (bombi), 

(1)  Juvënal,  I,  12  ;  VII,  45.  Aulugelle,XVIII,  6.  Horace,  satyre  I;it,  76. 
Pëtron.,  p.  %^,  1.  33.  J.  Lipse,  epitt.  seleot.,  Jettre  46.  Canauboa, Commen- 
taires sur  Perse. 

(a)  Tristes,  IV,  x,  67.  \ 

(8)  Hin.  j.,  VII,  xTii,  II. 

(4)  Martial,  IU,ao;  IV,  61. 

(6)  Juste-Lipse,  Lettre  sur  les  jréottationB,  cpislol.  aekct.i  4f .  Je  n^al  pu 
Tériher  ce  fait  que  Juste-Lipse  ayance  diaprés  rautoritd  d^Oride,  attendu 
que,  suivant  sa  coutume ,  il  ne  cite  pas  le  passage. 

(G)  Plin.  j.,  III,  xviii ,  4.  Martial,  XrV,  i4a.  Vet.  solioLUst.  ad  Horalii  Art. 
poet.,  V,  373. 

(7)  Juyënal,VII,  83. 


I056  I.    TECHENERy    PLACK  DU   LOUVRE,    12. 

des  bruits  de  tuiles  (imbrîces),  de  vases  de  terre  ou  de 
(teslae),  espèces  de  castagnettes  que  l'on  frappoit  les  unes  mr  les 
autres  ou  avec  de  petits  bâtons  (i);  des  cris  d'encouragement,  des 
bravos  (2),  enfin  des  baisers  (3)  qu'on  envoyoit  k  l'acteur  ou  au  lec- 
teur qu'on  vouloit  applaudir.  Souvent  on  se  levoit  spontanëment 
comme  pour  témoigner  au  lecteur  l'enthousiasme  qu*îl  inspiroit  (4}. 
Le  sifflet  ëtoit,  comme  cfaex  nous,  l'interprète  d'un  auditoire  mé- 
content (5)  ;  nous  verrons  tout  à  l'heure  tous  les  moyens  cpi'èiD- 
ployoient  les  auteurs  pour  conjurer  cette  désapprobation  terrible. 
G'étoit  une  espèce  de  devoir  pour  les  parens  et  les  amis  d'un  aateor 
que  d'assister  à  ses  lectures  (6).  Pline  le  jeune  savoit  un  gré  infini  à 
sa  femme  de  ce  qu'elle  venoit,  couverte  d'un  voile^  écouter  lors- 
qu'il récitoit  en  public  (7).  Le  même  auteur  raconte  (8)  qae  Pa»- 
sienus  Paulius,  poëte  élégiaque  assez  dbtingué,  devoit  un  jour  lire 
des  vers  devant  une  assemblée  dont  fsdsoit  partie  Javolenus  J^riacns 
en  qualité  d'ami  intime  du  poëte.  La  pièce  que  devoit  lire  Pannos 
commençoit  par  ces  mots  :  Tous  l'oitlonnez ,  Priscus.  «  Moi  ?  je 
n'ordonne  rien  ,  »  i*épondit  aussitôt  Javolenus ,  qui  prit  pour  loi 
l'apostrophe.  Cette  distraction  démonta  pour  tout  le  reste  de  la 
séance  la  gravité  de  l'auditoire. 

Suétone  raconte  une  aventure  analogue  arrivée  à  l'empereurGlaiidev 
car  plusieurs  empereurs  romains  se  mêlèrent  d'écrire ,  rédcèrant 
en  public  et  assistèrent  aux  i*écitations  (9).  Claude,  dans  sa  jeu- 
nesse, avoit  écrit  une  histoire  d'après  le  conseil  de  Tite-Live  et  avec 
l'aide  de  Sulpicius  Flavus  ;  il  commençoit  à  la  réciter  devant  on 
nombreux  auditoire,  lorsqu'un  des  bancs  de  l'amphithéâtre,  s'ëtant 
brisé  par  le  poids  d'un  des  assistans,  entraîna  dans  sa  chute  plu- 
sieurs des  gradins  inférieurs.  Tout  le  monde  de  rii^  et  Claude 

(1)  Sueton.  in  Néron.,  c.  30. 

(3)  Perse,  I,  4g.  Horace,  Art.  poët.,yers  498. 

(3)  Martial,  I,  4  et  77 . 

(4)  Martial,  X,  10.  Plin.  j.,  VI,  17. 

(5)  Gicer.,pro  Rofcio  comaedo,  c.  11.  Ad  Atticam,  II,  18,  19.  Horace, 
satyr.  I,  i,  6C. 

(6)  Yoy.  Plin.,  epist.  I ,  xiii,6  et  passim, 

(7)  Plin.  IV,  XIX,  8. 

(8)  VI,  XV. 

(9)  Suétone,  Vie  d^Auguste,  c.  85.  Vie  de  N<<ion,  c.  30.  GapitoHn,  Vie  Je 
Pertinax,  c.  11.  — Lampridc,  Vie  d'Alexandre  Se'vère,  c.  35.  — Plin.  j.» 
1,  XIII,  3. 


BULLETIN    00    BIBLIOPHILE.  lo57 

tout  le  premier,  si  bien  qu'il  ne  put  i  éprendre  assez  de  gravité  pour 
faire  écouter  convenablement  sa  lecture. 

Ces  petits  faits  et  quelques  autres  que  nous  trouvons  dans  Pline 
ne  sont  pas  de  nature  à  prouver  qu'il  y  eût  à  Rome  un  grand  zèle 
pour  les  lectures  publiques,  surtout  dans  la  classe  des  auditeurs  : 
on  y  assistoit  par  habitude,  tout  en  maugréant  contre  l'usage , 
comme  beaucoup  de  personnes  chez  nous  s'astreignent  aux  visites 
du  1*'  janvier,  tout  en  appelant  de  leurs  vœux  l'abolition  de  cette 
assujettissante  coutume.  Parmi  les  invités,  les  uns  ne  venoient  pas 
du  tout,  les  autres  faisoient  un  acte  de  complaisance  forcée  et  re- 
gardoient  comme  du  temps  perdu  celui  qu'ils  passoient  à  écouter 
une  lecture  ;  aussi  ne  se  piquoient-ils  pas  d'une  grande  exactitude. 
Ils  musoient  longtemps  à  la  porte  de  l'auditoire,  faisoient  demander 
si  le  lecteur  étoit  arrivé,  s'il  avoit  débité  sa  préface,  si  son  livre 
avançoit.  Alors  seulement  ib  entroient,  lentement  et  les  uns  après 
les  autres.  lU  s'asseyoient,  mais  du  reste  pas  d'attention,  pas  un 
mot  d'encouragement,  pas  un  geste  d'approbation,  et,^  comme  nous 
l'avons  TU,  ils  saisissoîent  toutes  les  circonstances  qui  pouvoient 
faire  diversion  à  l'ennui  du  récit.  La  plupart  mime  quittoient  la 
séance  avant  la  fin,  les  uns  en  dissimulant  autant  que  possible  leur 
sortie,  les  autres  ouvertement  et  sans  gène  (i).  Cette  indifférence 
,ne  refroidissoit  pas  le  zèle  des  auteurs,  et  chacun  des  jours  des 
mois  d'avril,  de  juillet  et  d'aoât,  spécialement  consacrés  sans  doute 
à  ces  solennités,  étoit  marqué  par  une  lecture  publique  (2). 

'Les  plus  mauvais  écrivains  n'étoient  pas  les  moins  zélés ,  et  s'il  faut 
en  juger  par  quelques  traits  satyriques  de  Martial,  de  Juvénal  et 
d'Horace,  les  Francaleu  n'auroient  pas  manqué  aux  poètes  comi- 
ques de  l'ancienne  Rome  qui  auroient  voulu  composer  une  métro- 
manie.  Pour  ces  récitateurs  fanatiques  tous  les  endroits  étoient 
bons  :  dans  des  thermes  pubUcs,  au  milieu  du  forum,  ils  étoient  tout 
aussi  à  l'aise  que  dans  leur  propre  maison  (3).  Martial  a  personnifié, 
sous  le  nom  d'un  certain  Ligurinus,  cette  malheureuse  manie  de  ré- 
citation qui  faisoit  de  chaque  petit  poëte  un  fléau  pour  ceux  qui 
l'approchoient.  Nous  ne  pouvons  résister  au  désir  derapporter,  quoi- 
qu'elle soit  un  peu  longue,  la  première  des  trois  épîgrammes  con- 
sacrées à  ce  personnage. 

(i)  Voy.  Pliu.  j.,  I,  xiii  ;  VI,  XVII. 

(a)  Id.,  I,  XIII,  1  ;  Vlil,  XXI,  2.  Juveniil,  111,  9. 

[■\)  Horace,  satyre  I,  iv,  76. 


Io58  J.    TECHEIf  BR  ,    PLACE    DIT    LOUVRE,    17.. 

Occurit  tibi  nemo  quod  libenter , 

Quod,  quacumque  venis,  fiiga  e:>t  cl  iog«tis 

Circu  te,  Ligurine,  solitudu, 

Quid  sit  scire  cupis?  Nimis  poetu  es  ; 

Hoc  valde  titium  pvricuIo«um  est. 

Non  tigris  eatulis  cKata  raf>tis, 

Non  dipsat  medîo  pcrusU  sole , 

Nec  sic  scorpius  improbus  timotur, 

Nam  tantos,  rogo^  quis  ferai  laborcs? 

Et  stanti  legis  et  legis  sedenli. 

Currenti  legn  et  legis  cacanti. 

In  tfaemuw  fngio ,  Muai  ad  aor^ii . 

Piscûam  peto,  non  licet  naUre. 

Ad  ciBnam  propero ,  tenes  euntem  • 

Ad  cœnaio  yenio  ;  fugas  sedentero . 

Lassiis  dormio;  sascitas  jacenteM . 

Vis  quantum  faciès  maH  TÎdere? 

Vir  justus ,  probus ,  innooens . . .  timeris  (i). 

Kouie  étoit  pleine  de  pareils  peisoimages  à  qui  rien  ne  coûtoitpour 
se  produire.  Louer  a  grands  frais  une  maison ,  des  bancs  et  des 
chaises,  et  disposer  une  salle  en  amphithéâtre,  briguer  des  andî- 
teurSy  i*épandre  des  annonces,  s'épuiser  enfin  en  démarcl|es  et  en 
irais  de  tout  genra  (2),  telles  étoient  les  conditions,  auiqudles 
on  se  soumettoit  pour  un  triomphe  d'tm  instant. 

On  ne  peut,  sans  un  vif  sentiment  d'intérêt  et  de  curiosité,  lire 
dans  les  poètes  satyriques  de  l'époque,  et  les  prétentioiis  des  au- 
teurs, et  leurs  minauderies  devant  le  public ,  et  les  précautions 
prises  d'avance  pour  se  ménager  un  succès.  Nous  ne  sommes  plus 
alors  dans  la  Rome  d'Auguste  ;  on  diroit  que  Martial,  Perse  et  Ju* 
vénal  ont  deviné  nos  vanités  de  salon  et  nos  intrigues  de  coulisses. 
Entrons  dans  cet  Athénée  romain,  vaste  amphithéâtre  dont  les  gra- 
dins s'élèvent  jusqu'au  toit  (3).  Devant  un  public  nombreux  est 
assis  le  récitateur,  sur  un  siège  élevé  (4)  ;  il  est  peigné  avec  soin, 
revêtu  d'une  robe  blanche  toute  neuve  ;  à  sa  main  gauche  brille 
une  pierre  précieuse  (5)  ;  son  cou  est  entouré  d'une  cravate  en  laine 
ou  en  fourrure  prouvant,  au  dire  de  Martial,  qu'il  lui  est  aussi  dif- 


(,«)  Juvénai,  VII,  45.  Tacite  .  «le  Chator. ,  5. 

(3)  Sidoine  Apoll.,  JI.oj  IX,  li. 

(4)  Perse,  I,  17. 
5)  Id.  ihid.,  iS. 


BULLErijN    DU    BIBUOPHILE.  1  o59 

ficite  de  parler  que* de  se  taice  (i).  Pour  emieienii:  la  pu^eié  de  sa 
rmibf  il  se  l'ioce  le  gosier  avec  une  liqaeur  émollienis  (2).  Il  tir/3 
enfin*  de  son^8eitt  un  éaerme  valiune  el  conunenfie  à  réciter,  du  bou* 
deslàvies,  avec  des  yeux  moarans^de^air^  de.tète  lan^ui*4«uj(« 
une  Toix.  effiémiAée»  un^  nia»ière  de  prononces  pleine  d^affequ* 
ûon  (3>.  Quelquefois  le  lecteur  s'tntenieimpoit»  ^  et,  avec  un  re- 
gard oùpoitlloiirla plu»Tlve iinpalieneede conrimusp la leciUA'a :  «  Je 
•*  finirai,  disoil41v  ail  voua  le  désintt.  »  •—  CantûaMez,  ecMUtin^tz»:  Uû 
cnoiest  ceux  mime  qw  auroient  voubi  le  voir  cesMea  à  1,'inih 
taBâ(4>*  E^l'aulâUf  enchanté  re|NMnoi(so»i»cit,,qAiacoii|^fiiieni,d» 
temps  à  autre  «ks  applavdtssemena  de  commandii.  DanaJasAucoup. 
d'auditoires  les  gens  ipii  témoif  noient;  le  plua  vif  enilhowsiasiiie 
éiMAit  ceux  qui  écoutoient  le  moins.  Leura  yeu»  étaient  constam- 
mmii  fi&és,  ooo.aur  le  lecteur,  waia  mu  un  des  audiiewa  dont  ila 
épttmMit  ksr  signée.  Gelui«ci  étoile  le.  luésoehoaps  (ma  chef  de  claque: 
un  gartft  de  sa  main  comni^ndoit  les  bravos  (5)  à  des  esekfes^  à 
des  afiramihia^  aides  maliiieiivenx  qiû,  pour  tr^is  deniers,,  un  repas 
ou  Un  babii  nenC,  s'éteiem  d'avant  engng^  à  applaudia  9X  avoicni 
été  répartis'  dansi.  tous  les  K^g^i  de  raniflùtbeâtiia  (6^.  Mais  voici 
une  Inauière  bîe»  pkta  pbipiante  de  se  wm»a^t  un  brillant  auccè&t> 
nouiien  devedEiala<QMioisaiBUieei^Caaauboni(7}|^llMiHtn«4neraeinr 
paontée-.  àiSlailoalrate»  Uafinantier  ign^raMt  et.qMi.ae  piqfioiid^ 
Ulttfiaauiie  MM>iAel3VtiÀiréettar  ses  écvita  <n«  public ,.  et  tenoii  ^urtoiU 
à. faire  sensalim  danstsoik auditoire.  Loiisqii'il  prétoit  de  l'aiycmt,. 
il  stipuldiè  d'alkHrd  ua  bonnête  intévét ,  mais  ajoutoit  toujpura  au> 
prêt  ttft««ondiaiQu  sùm  ^ua  tio  a  ^  assavoir  quoi'euiprunteur  viendroit 
Féconterel  l'applaudir;  ai  quelqu'un  y  waaquoit,  il  le  poursuivoit 
en.  ÎHSliae^pauff  intjcéoation  d'une  ^uoe  essentiiello  du  contrat. 


(1)  Qiii  leciAvA  lana  fauiit&çl  oqUa  râviocluA 

Hic  ao  posse  Imiuî  posse  taccrc  neg^t . 

Marlidl,  V!,  4i. 
Celle  cravale  i>c  nommoiifocale  (Id . ,  XI V,  1 4a}.  Martial  dit  ailioin  tt  qu'elle 
Aeroit    plus  convenablement  placée  siu*  les  oreilles  des  «ndilears  qu^eutour 
du  cou  de  celui  qui  récite.  IV,  4o. 
(s)  l*«Me,  I,  17. 

(3)  lJ.,i6i#i.»  16,  33sq.  98,  io4&q. 

(4)  Sénèque,  epist.  tjb. 

(5)  Plin.  j.,  II,  XIV,  7. 

(6)  j4iyikial,YII,43.  Feroc,I,63.  liioe.l  ,  c.  fétioo-^pf  4,1. 17,  cd.  l.uticb. 
'7^  C^ommenl .  sur  Perse,  p. 


I060  J.    TECH£NER,  PLACE   00    LOOVRE,    12. 

Nous  avons  cru  devoir  enirer  dans  quelques  Bélails  sur  les  lec- 
tures publiques,  parce  qu'elles  ëtoient  dans  le  pnncipeyeC  cpi'dlef 
furent  toujours  pour  les  auteurs  sérieux,  une  institution  utile,  un 
moyen  efficace  d'améliorer  leurs  ouvrages,  et  le  préliminaire  oUigé 
de  l'édition  proprement  dite  (i);  venons  maintenant  à  l'édition. 

Un  auteur  a  aujourd'hui  trois  manières  de  se  défrire  d'un  oi»- 
▼rage  inédit  :  c'est  de  le  vendre,  de  le  donner  ou  de  le  publier  à  tes 
frais.  On  peut  d'abord  poser  en  fiût  que  les  libraires.de  Rome  n'a- 
cbetoient  pas  les  manuscrits  des  auteurs  ;  les  seuls  ouwages  q[in  se 
vendissent  inédits  étoient  les  pièces  de  théâtre  (2) ,  enoote  étoient* 
elles  achetées ,  non  par  les  libraires,  mais  par  les  comédîena  ou  le» 
personnes  qui  donnoient  des  jeux  au  peuple. 

Nous  Hsons  cependant  dans  Suétone  que  le  grammairien  Pom- 
pilius  Andronicus,  retiré  à  Cumes,  se  trouva  dans  un  tA  dénA- 
ment,  qu'il  ftrt  forcé  de  vendre  à  quelqu'un^  pour  16  mille  sester- 
ces (3,g6o  fr.)*  un  ouvrage  capital  intitulé  eleneki  anmaiium , 
ou  annales  elenchi  (3).  Pompilius  Andronicus  étoit  contemporain 
d'Antoine  Gnipbon ,  lequel  enseignoit  à  Rome  du  temps  de  Goé- 
ron  (4).  Or,  k  cette  époque,  il  y  avoit  bien  des  copistes,  kèrmru^-qoi 
transcrivoient  et  vendoient  les  livres  qui  tomboient  entre  leoia 
mains  ;  mais  il  n'est  pas  bien  certain  qu'il  y  eàt  encore  des  entre- 
preneurs de  publications  en  grand,  des  libraires  proprement  dits, 
puisque  le  mot  de  biùUopola  ne  se  montre,  dans  les  auteurs  latins , 
qu'à  partir  du  siècle  d'Auguste.  D'ailleurs,  dans  le  passage  de  Sué*- 
tone,  il  n'est  pas  question  de  libraire;  l'ouvrage  de  Pompilius  An- 
dronicus fut  vendu,  dit-il  simplement,  à  quelqu'un,  etcequelqu'im 
n'étoit  pas  un  éditeur  de  profession ,  puisque  le  livre  seroit  resté 
inconnu  si  le  grammairien  Orbilius  ne  l'avoit  racheté  dans  la  suite 
et  publié  sous  le  nom  de  son  auteur  (5).  L'acheteur  étoit  peutr-étre  un 
de  ces  hommes  qui,  jalotix  de  se  faire  à  peu  de  frais  une  répatatioa 
d'écrivain,  achetoient  les  livres  d'autrui  et  s'en  attribuoient  lemé- 


(1)  Plin.  jun.y  III,  X  et  XV;  V,  xiii  etpassini. 
(s)  Aulugelle,  III,  3.  Juyënal,  VU,  90  sq. 

(3)  Adeo  inops  atque  egens,  ut  coactus  sit  pnecipuum  îlludopuseulum  aa- 
nalium  elenchorum  sedecim  miJlibiis  nummum  cuidam  vendere.  Suéton .  ,d« 
lilustrib.  gramm.,  c.  8. 

(4)  Id. fibid,,  c.  7  et  8. 

(5)  Quos  libros  Orbilius  suppressos  redemisse  se  dixit ,  vulgandosque  en-.. 
rasse  nominc  aucloris. 


BULLETIN   DU    BlfUOPHILE.  I061 

rite  (1)  ;  peat-étre  étoit-ce  bien  réellemeiituii  auleujr  qui  avoilbe^ 
soin  pour  ses  travaux  du  livre  d'Andrcmicus,  et  auquel  ce  damier , 
à  cause  de  son  indigence,  étQÎt  forcé  de  vendre  les  documents  que 
SaUuste  recevoit  en  pur  don  du  grammairien  Ateius  (2j. 

On  pourroit  nous  opposer  encore  un  autre  passage  de  Sénèque , 
le  seul  qu'on  ait  allégué  jusqu'ici  avec  qndque  apparentée  de  raison, 
pour  prouver  que  les  auteurs  vendoient  leur  maouscrit  aux  U^ 
braires.  Après  avoir  accumulé  une  foule  de  «ubtilitéa  sur  les  di- 
verses manières  de  posséder ,  Sénèque  ajoute  :  «  Nous  disons  que 
H  les  ouvrages  de  Gicéron  lui  appartiennent  ;  Dorus,  le  libndre, 
«  prétékid  qu'ils  sont  à  lui,  et  ces  deux  propositions  sont  vraies  ; 
«<  l'un  peut  les  revendiquer  comme  auteur ,  l'autre  comme  ache- 
«  teur ,  et  on  peut  dure  avec  raison  qu'ils  sont  à  l'un  et  à  l'autre , 
M  car  ils  appartiennent  à  chacun  d'eux  d'une  manière  diffiérente. 
M  De  même  Tite-Live  peut  acheter  ou  recevoir  en  présent  aes  ou- 
M  vrages  du  libraire  Dorus  (3).  »  A  lar^;aeur  «  on  concevroit  ici  la 
mention  de  Tite-Uve,  comme  d'an  homme  vivant,  car  l'historien 
de  Padone  n'est  mort  qu'en  770  de  Rome,  et  Sénèque  avoit 
alors  quinze  ou  dix-huit  ans;  encore  iaudroit41  qu'il  eût  écrit  son 
Traité  de*  bienfaits  à  cet  âge  et  non ,  comme  on  le  croit  générale- 
ment, après  la  mort  de  Claude.  Mais,  comment  supposer  qu'un 
libraire  du  temps  de  Sénèque  ait  pu  acheter  la  propriété  des  œuvres 
de  Gicéron  ?  Si  l'on  n'admet  pas  l'explication  que  nous  avons  don- 
née ailleurs  du  mot  emiptor  (4) ,  dans  ce  passage,  il  budra  convenir 
au  moins  qu'il  y  a  ici  une  altéradon  du  texte  qui  ne  permet  pas 
d'en  tirer  une  conjecture  plausible. 

Revenons  â  notre  assertion.  Nous  pensons  qu'il  n'y  avoit  entre  les 
auteurs  et  les  l'dnraiires  aucune  rdation  d'intérêt,  et ,  quoique  nous 
ne  puissions  appuyer  ce  sentiment  que  sur  des  preuves  négatives , 
elles  nous  paraissent  tellement  convaincantes  qu'elles  engendrent  à 
nos  yeux  une  certitude. 

Stace,  dont  la  Thébaide^  lue  en  public,  mettoit  en  mouvement 

(1)  Martial,  1,  C7. 

(s)  Sii^one,  Otrvr.  cit.,  c.  10. 

(3)  Libros  diciiDDs  esse  Ciceronis  :  eosdem  Dorus  librarius  suos»  vocAt  et 
utrumque  Tcriim  est.  AJter  illos  tun()uani  auctor,  alter  tanquamemplorassc- 
rit;  ac  rccte  utriusqiie  dicuntur  es»e.  (J  Iriusque  eDÎro  suntsed  non  eodem  inodr>. 
Sir  pote»t  T.  LiviusaDoroiiccipfrc  aiitcmere  lihros  siios.  DebcoeficiisiVIlyR. 

(4)  Voy.  p.  loti . 


I0€2  J.    TECHENB»,    HMIV   OU   LODVIC,    12. 

Rome  tout  entière  f%  soulevoit,  dans  un  mmeue  aMHUioire ,  un 
frénétique  enthoonasme ,  Stacci  étoit  obligé  ,  pour  avoir  du  pain , 
die  fldre  des  tragédieâ(  I  ) .  Les  ^eisde  Manîal:eui«Bl  ime  Togue  ioooïe  ; 
il  jouit,  de  sou  vivant ,  d- ira  renom  que  bienpeu  d'auteurs  obtémmac 
aprto  leur  mort  ;  mais  il-  vécut  toujours  pauvre  (2^  Tant  okevalier 
romûn  qu'il  éieit ,  il  se  trouvoit  dans  l'obligation,  et  n'en  rougis* 
soit  p«s,  de'dw»auder  k  Pàrthenius  une  robe  neuve ,  et  ^  quand  il 
FaToitobtcmaSr  il  lu  fidlo&t  encore  mendier  lemanteau(3i).  Auaai, 
disoit-il-  lui-même  ;  Q«e  me  sert  que  nos  soldais  lisent  mes  Tara  aur 
fond'de  la  Dade,  qae  mesiépigrammes  soient  chantées  dana  la  Bre- 
tagne? nui  boime  n-en  eat  pas  mieux  garnie ,  meseû  wactmlu*  ùta 
meus  (4)'  Maïs  it  faut  bien  femasqner  que  ni  Martiali,  dana  ses 
plainte»  fréquentes  sm*  la  pénurie  de  ses- finances,  n»  Juvénal,  dans 
la  satyre  sur  kr  misère  des  gens  de  lettMs,  ne  scmgent  ài  acotisev  le» 
libraires.  Dans  les  relations  de  oes  demiccs  avec  les  aateua»,  la  part 
dé  chacun  étoit  feit»  :  au  Unuire  l'argent,  à  Téerivaiu  la- gloire.  Ce 
partnge  est  clairement  exprimé  dans  ces  versde  l^iUt  poétique  d'Ha- 
race  :  ^ 

Omne  tulit  punctuni  qui  miscuit  utile  âulci 
Lcctoremdefectando  pdriterc|ue  monehiio. 
Hia  M^ret  «ni  Klfwr  Sonb';  hic  et  niBrb  Crantrt 
Bt  lengcnn  notÔ  Mn|itori  prorogat  «vihb. 

Et  Tacite,  dans  sou  dialo^yuc  sur  rorateur  (5j  :  «  Les  vers, 
«<  dit-il,  ne  conduiseut  point  aux  honneurs ,  ils  ne  mènent  point  à 
«  la  fortune  ;  tout  leur  fruil  se  borne  à  un  plaisir  court,  à  des  louan- 
H  ges  frivoles  et  stériles.  »  Et  plus  l)as  :  *«  La  renommée,  à  laquelle 
(t  les  poètes  sacrifient  tout ,  et  qu'ils  avouent  èlre  le  seul  prix  di* 
«  Icui'S  travaux,,  quod  unum  prcUuin  omnis  sut  taborisftiUniur, 
M  n'est  pas  autant  le  parta^^e  des  poètes  que  des  orateurs.  » 

Cependant  un  auteur  ne  pouvoit  pas  sustenter  sa  vie  matérielle 
avec  le  seul  espoir  d'une  iinmortalilc  douteuse,  et,  pui.squ'il  consa- 
croit  tout  son  temps  à  des  travaux  littéraires,  il  est  probable  qu'il 
dcvoii  en  retirer  quelque  profit,  u  Les  anciens  auteurs,  dit  Mar- 

(i)  Juv«»nal,  VII.  8(i  :Vf|q. 
(s)  MarLi«il^  \,  lii. 
(3)  IH-.,  VIII,  ift;IX,  .10. 
{\)  II)..  \\,'è. 
(h)  Cil.  IX. 


'      imXlflN    ou   BSLIOPBIbB.  IftfiS 

«  liai  (i),  ne  f c  e«at6iaoient  pa»  de  bi  gbiitr.  vMab.VQvdoieat^, 
ib  icurs  ouvMigei?  J^oo  ;  Ut  en  éuendotent  le  pvix.4e:lli^9élméBilé> 
àtê  gnmds,  wûmauim  vaù  mutiusAkmis  erei.  Dam  k»Mpiibliq«af  • 
grecques,  lesF  poëtc»  chaiitoâeneles  ifaânquevrs  des  jevz  poblka  et  en  - 
attôndoieac  leor  ialaive ;  dan*  lo' fôyaniiies,  ib  vendaient  lan»^ 
auMe  aux  monarque»  qot  voakMieat  llaeheter^  et  yararœe  dteé^iMrîn^,) 
ceé^lcurvaltfitscNiVtnC  d'amenés  «atyfes  (2).  ARdânefilenfoèicé^l»*' 
cidment  8iirla:vamtédeé  eiiiperearsct  deê^  çranid*;  Banaèajj^èbe  ife< 
▼ei»0Ù  MaitM  4e  plaint  qiie  ialiolirse  iefeasdntesirpeiKdeiairo^' 
gue.dé  ses  Mvtêi,  que  <GkMaaiuk^t-H?'dcs  Siaraires  plMn^énéfeui'?'! 
Nirilemnotr  H  dMre  qi&e  les  destins  donnent  A  Rome  «n  nonVean 
Mécène^  omnneUsbnonteovof^im  nouvel  Auguste  dans  faipniwi 
sonne  de  Marva  (3)  S'4m  nesiti  suivant  Juvénal,  la  détmse  «kes* 
gens^de  lettre»?  C'est  que  fiomc  n'a  phia  ni  Mécène,  nènrondeinsv  > 
ni  Fabins ,  ni  Lemidus ,  mGotta(4).  Pline  Je  jctfnef(MU-nit(^né^ 
l'cftfltmient  à  Martial  lee  Miâ  de  son  voyage,  lonqae  le  céMbtèé|^> 
gmmniMiite  quitta  Roane  pour  se  retirer  xku»  sa  partric,  *  It  *l'ai 
«r  fait,  dit-il^  *t  par  amitié,  et  par  recounnssàoce  des  vert  qu'il. à 
«  composés  à  ma  kmange.  Aùtrefofts ,  ks  ver»  en  lltohiieaff  d'un^ 
tt  particulier  ou  ^l'une  viUe  vabnent  «n  poète  de  ràigcm  ou  dest 
«r  honneur»;  uMos^cctte  belles  exeelleme  coutume  cTett  peiduÉ» 
<r  comme  tant  d'autinea^  cdr,  eu  cessent  d^  mériter  des  éloges,  nous; 
«  en  sommes  venus  à  regarderies  éloges  comme  des  choses  vaine» 
«  éC  ridicnlee  (5)  ^  »  Hèureueemeift  Auguste  avant  «ohiMé  et  end^u- 
ragé  les  lettres  :  ^>  tie  conmÂ^les  martfue»  de  faveur  que  teçui^eM 
de  lui  Virgik  et  Horace  ?  Ses  biéMlait»  Se  répaodoiem;  mémé^sur  ém 
auteurs  plus  obieurs.  Un  jMiavre  poète  grec  aV'âicl'halkitude  •dei'à»^ 
tendre  è  la  porte  de  son  palais  et  de  lui  tiémectre  une  -cbuikë  •pièce 
de  vers  à  sa  louûige.  Fatigué  âé  ce*n«nfiége  ,  A&M:  il  fâitoit  i^robu^ 
blement  semblait  de  ne  pss  comprendre  le  but,  l'empereur  prit' fHi 
jour  un  morceau  de  l^apier,  y  traça  une  courte  épigmmme,  eiM 
remit  au  Grec  en  échange  de  la  sienne;  Le  poète  là  prend,  laiit,  la 
lotte  avec  entbouskijime,  et,  tirant  de  sa  bourse  quelques  miiytrablès 
pièces  de  ntonnoie,  s*enT|<resèe  de'le^  |tti^iiter  à  Gesar^  en  lui  ex- 


»  •  • 


(a)  \oytz  la  xyi^  .iUjrUfdc  llicu^iitc. 
(;i)  Kpigr.  \l,iii,9. 
(4)  Salure,  VII,  v.  9*. 
(h)  riin.  j.,  III,  XXI,  a. 


•    .  I 


(      > 


I     f . 


1064  i*    TECHENEB,    PLACE   DU   LOUVRE,    12. 

primant  unTÎf  rqppet  de  ne  pas  pouvoir  lui  offrir  davantage  ;  cette 
f(»a  Auguste  fut  obligé  tle  comprendre,  il  fit  compter  au  rusé  poëte 
cent  mUle  sesterces  (24  miUe  francs)  (  1  )i  Les  successeurs  d'Auguste 
snivîr^it  son  exemple  et  récompensèrent  les  hommes  de  lettres, 
tantôt  par  des  honneurs,  tantôt  pas  des  présents.  Domitien  enrichit 
Qnintilien  et  paya  généreusement  les  flatteries  d^  Martial  ;  Trajao 
combla  defcveurs  Pline  le  jeune,  et  Vespasien  donna  en  une  seule 
fois  à  Saleiua  5oo  mille  sesterces  (i  aS  mille  francs).  Tacite,  qui  rap* 
porte  ce  dernier  trait,  ajoute  :  U  est  beau,  sansdoute,  de  mériter, 
par  ses  talens,  les  libéralités  du  prince;  mais  combien  n*est41  pas 
pjns  beau  encore,  si  notre  fortune  nous  impose  des  besoins,  de  ne 
raoonrir  qu'à  soi,  de  n'implorer  que  son  génie,  de  n'avoir  que  soi 
pour  bienfaiteur  ?  Cette  ressource  qu'avoient  les  orateui^s  manquoit 
donc  aux  poêles.  Aussi,  sans  les  libéralités  des  empereurs,  ils  n'aor 
roient  eu,  dit  Juvénal  (3),  d'autre  parti  à  prendre  que  de  se  faire  gar* 
çonsdebains,mitrons,crieurspublics,délatenrs  ou  fiiux  témoins  Ils 
n'auroient  certainement  pas  été  réduits  à  une  aUsri  triste  condition^ 
s'ils  avoientpu  vendre  leurs  manuscrits  aux  libraires,  et  partager  avec 
cesderniers  les  bénéfices  de  la  publication  des  ouvrages  en  vogue.Mais 
l'idée  même  d'une  spéculation  pareille n'existoit  pas  à  Rome;  car, 
dans  l'état  de  détresse  où  étoient  les  littérateurs ,  leur  verve  saty- 
'  rique,  qui  sVxerçoit  sans  gène  contre  la  lésinerie  des  grands,  n'au- 
roit  pas  épargné  l'avarice  des  libraires. 

S'il  falloit  encore  d'autres  preuves  pour  établir  que  les  auteurs 
ne  trafiquoient  pas  de  leurs  livres ,  nous  en  trouverions  une  sans 
réplique  dans  le  silence  des  lois  sur  la  propriété  littéraire.  En  ad- 
mettant que  la  condition  des  éditeurs  dans  l'antiquité  fût  abso- 
lument la  même  que  celle  de  nos  éditeurs  modernes ,  il  faudroit 
admettre  aussi  que  les  ouvrages  de  l'esprit  étoient,  comme  chez 
nous,  une  propriété  dont  l'exploitation  étoit  aliénable,  soit  à 
terme,  soit  pour  toujours.  Mais  des  transactions  de  cette  nature 
ne  pouvoient  évidemment  avoir  lieu  que  sous  l'égide  d'une  légis- 
lation spéciale,  qui  réglât  et  garantit  les  droits  respectifs  de  l'au- 
teur et  de  l'éditeur,  du  propriétaire  et  de  l'usufruitier.  Or  cette  lé- 
gislation n'a  jamais  existé  ;  on  n'en  trouve  aucune  trace  dans  le 
vaste  recueil  des  lois  romaines,  depuis  les  lois  des  Douze  Tables 
jusqu'aux  deinières  novelles  des  empereurs  d'Orient. 

(1)  Voy.  Macrobe,  Satiirn.  II,  5  in  fin. 
(i)  Juvenal,  VII,  i  sqq. 


■OtXBTIN  DO    BliUOPUlLB.  lo65 

0  resloît  donc  aux  écrivains  raltematiye  ou  de  publier  leun 
ouvrages  à  leurs  frais  ou  dé  les  donner  à  nu  libraire  qui  se  diar- 
geâl  de  l'édition.  Le  premier  moyen  a  été  rarement  employé,  maia 
il  Ta  été  sans  aucun  doute.  Les  riches  Romains  qui,  comme  Crassns 
et  Atdcusy  avoient  un  grand  nombre  d'esclaves  lettrés,  n'avoientpaa 
besoin  d'une  entremise  étrangère  lorsqu'ik  vouloient  publier  un 
écrit.  Dire  que  Gieéron  avoit  aussi  ses  cojnstes ,  c'est  dire  en  mime 
temps  qu'il  a  été  souvent  lui-même  l'éditeur  de  ses  propret 
ouvrages.  Nous  trouvons  des  exemples  de  cette  manière  de  publier, 
même  à  une  époque  où  le  commerce  de  la  librairie  avoit  déjà  pria 
un  assez  gi-and  développement.  Du  iemps  de  Pline  le  jeune ,  un 
certain  Regulus,  plutôt  par  ostentation  que  par  un  vrai  sentiment 
de  douleur  et  de  regret,  avoit  composé  un  livre  sur  la  mort  de  son 
61s  :  d'abord  il  le  lut  publiquement  â  Rome,  ensuite  il  le  fit  trans- 
crire à  mille  exemplaires  et  l'expédia  dans  toute  l'Italie  et  dans  les 
provinces  (i).  Mais  ce  mode  de  publication  dut,  nous  le  répétosw, 
être  fort  i-are  aussitôt  qu'il  y  eut  des  libraires  scHgneux  et  en  nom- 
bre suffisant  ;  car  les  bons  auteurs  n'avcùent  pas  besoin  d'y  avoir  re- 
cours ;  les  mauvais  dévoient  rarement  en  avoir  les  moyens. 

Arrivons  donc  au  tfoisième  mode  de  publication  et  à  la  véri^ 
table  condition  des  libraires.  Geux-d  étoîent,  en  thèse  générale, 
des  gens  qui  recevoient  gratuitement  des  auteurs  les  ouvrages  iné* 
dits,  qui  les  fûsoient  transcrire  A  leurs  risques  et  périls  et  qui  s'ii>- 
demnisoient  des  frais  de  publication  en  percevant  seub  toiu  les 
bénéfices  de  la  vente.  Ils  avoient,  comme  on  voit,  sur  les  éditema 
modernes  cet  avantage,  qu'en  aucun  cas  ils  n'avançoient  rien  au 
delà  du  prix  de  la  main-d'ceuvre  et  de  la  matière  première  des 
livres.  Nous  pouvons  maintenant  donner  une  nouvelle  preuve  à 
l'appui  d'un  fait  que  noiu  avons  avancé  ailleurs,  à  savoir  qu'Atticua 
étoit,  même  pour  Gieéron,  un  véritable  libraire.  On  ne  contestera 
pas  que  le  noble  chevalier,  dans  l'édition  des  ouvrages  de  son 
ami,  ne  fournit  an  moins  la  main-d'osuvre;  la  chose  est  trop  bien 
connue  :  ce  qui  l'est  moins ,  c'est  qu'il  Gûsoit  aussi  les  avances 
du  matériel.  Gieéron  avoit  composé  ses  Académiques  en  deiu  Hvies, 
et  l'édition  en  étoit  déjà  commencée,  lorsqu'il  s'avisa  de  les  reûùre 
sur  un  nouveau  plan  et  de  les  mettre  en  quatre  livres.  En  annon- 
çant à  Atticus  ce  remaniement,  il  lui  dit  :  Les  copies  que  vous  aves 

(i)  Plin.  j.,  IV,  Tii,  a. 


I068  1.    TBCHKNEB,    VLACE  DU   LOUVBK,    12. 

«  voire  exactitude  et  votre  diligence.  »  Nous  avons  déjà  montré 
ailleurs  combien  les  andens  attachoient  de  prix  à  la  correction  des 
livres.  Le  premier  uioyen  d'obtenir  cette  qualité  précieuse  ëtoit 
d'avoir  un  bon  original,  et  comme  cet  original  étoit  fourni  par  l'au- 
teur, celùi-d  deroit  l'écrire  ou  le  faire  écrire  sous  ses  yeux  et  en 
surveiller  la  confection  avec  une  attention  scrupuleuse.  Cicëron 
fidsoit  transcrire  ses'  ouvrages  par  ses  propres  copbtes  avant  de  les 
livrer  à  Atticus,*et  il  n'envoyoit  à  ce  dernier,  pour  les  publier  dé- 
finitivement, ces  premières  copies  qu'après  une  sévère  révision, 
ti  Les  livres  que  je  dédie  à  yanx>n,  dit-il,  sont  terminés  ;  oncor-  * 
«  rige  seulement  les  fautes  des  copistes  (i):i»  Nous  voyons,  pair  un 
autre  passage ,  que  l'orateur  romain  avoit  &it  aussi  transcrire  par 
ses  propres  écrivains  le  traité  de  Finibus ,  avant  d'en  confier  l'é- 
dition à  son  ami  (2}.  Mais  les  soins  que  prenoient  les  auteurs  de 
revoir  sévèrement  les  exemplaires  de  leurs  livres,  qui  dévoient  ser- 
vir d'originaux  dans  les  ateliers  du  libraire,  ne  dispensoient  pas 
celui-ci  de  Caire  coUationner  encore  chacuce  des  copies  exécutées 
par  ses  ouvriers.  Strabon  (3)  reproche  pourtant  aux  libraires 
de  Rome  et  d'Alexandrie  de  ne  pas  s'astreindre  à  ce  soin  indispen- 
sable. En  effet,  la  collation  pouvoit  être  faite  de  deux  manières  1 
ou  bien  chaque  copie  étoit  lue  successivement  à  haute  voix 
par  un  copiste,  tandis  qu'un  autre  suivoit  sur  l'original  ;  ou  bien, 
pendant  que  l'original  étoit  lu  à  haute  voix,  un  certain  nombre  de 
copistes  suivoient  la  lecture  sur  autant  de  copies.  La  collation  exi- 
geoit  ainsi  ou  beaucoup  de  temps  ou  beaucoup  de  monde,  et  dans 
aucun  cas  elle  ne  devoit  plaiie  à  celui  qui  Oedsoit  de  la  librairie  un 
pur  métier,  et  dont  le  but  étoit,  sans  s'inquiéter  du  plus  ou  moins  de 
perfection,  de  faire  beaucoup  en  peu  de  temps.  Mais  il  faut  cepen- 
dant croire  que  dans  le  nombre  des  libraires  il  s'en  trouvoit  quel- 
ques-uns assez  zélés  pour  les  lettres,  ou  assez  jaloux  de  l'honneur 
de  leur  maison,  pour  chercher  à  répandre  autant  que  possible  des 
livres  irréprochables  sous  le  rapport  de  la  correction  et  de  l'exac- 
titude du  texte.  La  dernière  phrase  de  la  lettre  de  Quintilien, 
que  nous  avons  rapportée  plus  haut,  serobleroit  prouver  que  Try- 
phon  étoit  de  ce  nombre. 

(i)  liibrîad  Varronptn  »iint  dficxti  tantiim  librariorum  menda  tollimtor. 
Ad  Attic.f  ziii,  23. 

3)  XIII,  2o4et  4jy. 


BULLETIN   1)U    BIBLIOPHILE.  ^069 

Qfdinçîrement  les  anciens  ne  publioient  un  outrage  que  lors^ 
qu'irëloit  entièrement  terminé  ;  nous  en  avons  déjà  vu  un  exemple 
dans  lé  cours  de  rhétorique  de  Quintilien.  Cicéron  ne  livra  ses  Aca- 
démiques à  son  éditeur  Atticus  que  lorsque  l'ouvrage  fut  complet. 
De  même  on  ne  peut  douter  qbe  l'Enéide  de  Virgile,  dans  laquelle 
on  trouve  un  assez  grand  nombre  de  vers  inachevés,  n'ait  été  publiée 
d'un  seul  coup,  après  la  mort  de  l'auteur.  Mais ,  comme  chaque  livre 
d'un  ouvrage  formoit  un  volume,  il  arrivoit  quelquefois,  surtout 
pour  les  pièces  détachées,  que  les  publications  se  faisoient  par  li- 
vraisons. C'est  ainsi  qu'ont  paru  successivement  les  quatorze  livres 
d'épigràmmés  de  Martial  ;  on  peut  s'en  convaincre  en  lisant  les 
premières  épigrammes  de  chaque  livre.  Le  même  mode  de  publi- 
cation étoit  parfois  employé  pour  les  histoires.  G.  Fannius.mourUt, 
au  rapport  de  Pline  le  jeune  (i),  après  avoir  publié  trois  livres  dé 
fhistoire  des  prOàcriptions  de  Néron,  et  laissant  son  ouvrage  in- 
complet. 

II  y  auroit  sans  doute  de  la  folie  à  méconnôître  la  supériorité 
immense  de  nos  moyens  de  publication  sur  le  procédé  unique  em- 
ployé dans  l'antiquité  :  il  y  a  loin  du  foible  roseau  des  copistes  à  la 
miraculeuse  puissance  de  la  presse  ;  et  cependant,  en  y  regardant 
de  plus  près,  on  se  prend  à  ne  plus  mépriser  autant  les  moyens  si 
bornés,  l'instrument  si  imparfait  des  éditeurs  antiques.  Pour  tout 
ce  qui  ne  tient  pas  à  la  rapide  diffusion  des  ouvrages,  il  est  peu 
d'avantages  que  l'imprimerie  puisse  disputer  à  l'écriture  à  la  main* 
On  trouveroit  presque  dans  tous  les  siècles  des  manuscrits  qui, 
pour  la  plropreté,  la  régularité,  la  correction  de  l'écriture ,  la  pro- 
fusion, l'élégance  et  la  richesse  des  omemens,  le  disputeroient  aut 
plnsf  belles  impressions.  Quant  à  ce  que  nous  appellerons  les  tours 
de  force  de  la  presse,  nous  doutons  qu'elle  puisse  présenter  quel- 
que chose  d'aussi  extraordinaire  que  cet  exemplaire  manuscrit  de 
l'Iliade  et  de  l'Odyssée,  qui  entroit  dans  une  coquille  de  noix  (2). 
Le  véritable  triomphe  de  l'imprimerie,  c'est  qu'elle  peut  faire 
beaucoup  en  très-^peu  de  temps.  Ici  l'écriture  à  la  main  a  évidem- 
ment le  dessous,  et  néanmoins  elle  fut  peut-être,  dans  l'antiquité, 
plus  active  qu'on  n'est  généralement  porté  à  le  croire.  Martial, 
ënumérant  les  avantages  d'un  livre  court,  dit  d'abord  que  le  co- 

(i)V,  T,3. 

(ï)  Plin.  rancirn,  VII,  ïi. 

68 


.  tO70  J'    TECUENKB,    PUCE  PO    LOUYILK}    12. 

piste  peut  le  transcrire  en  ime  heure,  unaperagit  li^rifrii^h^ra{i)' 
Il  s*agit  de  son  2*  Uvre,  çgmposé  de  93  épigraipm^  forinant  cp- 
fiemble54o  ver9.  Le  poète  exagère  mus  doute  la  rapidité  ducopiste  : 
lyoutons  donc  3  heures  et  donnons  à  chaque  écrivain  4  heures  pour 
transcrire  54o  vers.  Supposons,  de  plus,  que,  dans  l'atelier  du  li- 
braire, cinq  copistes ,  sous  la  dictée  d'un  lecteur,  soién^  occupés  à 
transcrire  le  2*  livre  de  Martial  et  qu'ils  travaillent  8  .heures  par 
jour,  ils  auront  fait  to  exemplaires  chaque  jouretSooexemplairas 
en  un  mois. 

Un  autre  avantage  de  la  forme  des  éditions,  dans  Tantiquité,  c'est 
qu'en  tout  état  de  chpses  l'auteur  pouvoit  faire  d^s  corrections  k 
son  Uvre,  çt  que  ces  corrections  étoient  à  l'instant  reportées  $^T  Iquii 
les  exemplaires  de  l'ouvrage  qui  étoient  pncore  en  magasin.  Nous 
avons  cité  le  passage  des  lettres  de  Cicéron  QÙ  il  pi^ie  Attîcui»  d'em- 
ployer trois  de  ses  copistes  à  efocer  un  mot  dans  le  plaidoyer  p^ur 
'Ligarius  (2).  Voici  un  autre  passage  non  moins  remarquable ,  pris 
à  la  même  source  :  m  Vous  lises  mon  traité  de  l'orateur  et  J6  Y^oa 
«  en  suis  bien  reconnaissant  ;  je  le  serai  encore  davantage  si,  non* 
<«  seulement  dans  vos  exemplaires,  mais  dans  c€ux  des  au^re^^  vou^ 
^  voulez  remplacer  le  nom  d'EupoUs  p^  celui  d'Aristppbane  (3}«  » 
Que  signifient  les  mots  nqn  mqdo  in  Ubris  tms  scd  etfam  in  alioruni  ? 
li'éditeur,  en  pareil  cas.  faisoitwl  annoncer  les  corrections  impo|w 
tantes ,  afin  que  les  personnes  qui  déj^  avoient  acheté  l'ouvrage 
pussent  elles-mêmes  le  corriger  ?  c'est  ce  que  nous  n'osons  décider* 
Mais  il  n'en  est  pas  moins  constant  qu'on  pguvoit  corriger  et  qu'on 
corrigeoit,  en  effet,  les  Uvres  avant  que  l'édition  fût  épuisée  et  qu'on 
songeât  à  en  faire  une  nouvelle.  Aux  exemples  que  nou9  avons  cités, 
l'on  peut  ajouter  une  lettre  adressée  par  Pline  le  jeune  à  Népos. 
Celui-ci,  ayant  acheté  quelques  ouvrages  de  Pline,  y  avoit  vraisemr 
blablement  trouvé  beaucoup  de  fautes  ;  il  s'empressa  d'en  prévexiir 
l'auteur,  qui  promit  de  les  iaire  corriger  (4)*  On  conçoit,  d'âpre* 
ce  que  nous  avons  dit  ailleurs  sur  les  palimpsestes,  que  de  simples 
corrections  ne  dévoient  offrir  aucune  difficulté,  puisqu'on  avoit  le 
moyen  d'effacer  la  première  écriture  sur  upe  feuille  entière  et 

(1)  Martial,  II,  1,  $. 

(f)  Voy.  plus  haut,  p.  io*o. 

(3)  AdAUic.,XII.  6. 

(4)  Petis  ut  Ubellos  meos,  quos  studiosissirae  comparasliy.reopgQoaeendos 
eraendandosque  curcm  ;  faciam.  IV,  ixvi,  i . 


BULLETIN   DD    BCBUOnilLE.  10)  t 

d'employer  une  seconde  fois  cette  même  feuille  comme  si  elle  n'eût 
îftBiMS  servi.  Aussi  Giciroa,  après  avoir  fait  fiiire  Toriginal  de  ses 
Académiques ,  écrivoit-il  à  Atticus  ,  en  le  priant  de  bien  considé- 
rer s'il  falloit  décidément  dédier  l'ouvrage  à  Yarron  :  «  Quoique 
«  les  noms  soient  déjà  écrits  ,  il  est,  disoit-il,  facile  de  les  efiacer 
n  oa  de  les  remplacer  par  d'autres  (i).  » 

lies  cliangemens-fûis  par  les  auteurs  à  leurs  livres  ne  sebomoient 
pas  à  de  simples  corrections,  ils  y  ajautoient  quelquefois  des  notes, 
probablement  en  marge,  et  des  variantes  en  interlignes.  Pline,  eur 
iroyant  i|n  de  ses  ouvrages  à  Minucius,  avoit  prévenu  les  critiques 
qu'il  prévoyoit  pour  quelques  expressions'ambitieuses,  en  écrivant^ 
au-dessus,  des  locution%un  peu  plus  simples,  quoiqu'il  Mt  loin 
d'approuver  ces  changemens  appropriés  au  goût  de  son  âmi  (2). 

I/exemplaire  sur  lequel  l'auteur  avoit,  de  sa  main,  écrit  des 
imtês  et  indiqué  des  corrections  à  faire,  acquéroit  par  cela  même 
un  prix  plus  élevé  que  les  autres  :  c'est  ce  que  nous  apprenons 
d'tfiie  épigramme  de  Martial  contenant  l'envoi  de  ses  sept  premiers 
livres  avec  des  notes  et  des  corrections  autographes  t 

Septem  quos  tibî  roittîmus  libellos 
Auctoris  calamo  sui  notâtes  ; 
Hac  iilis  pnetium  faoit  Htara  (S) . 

Une  antre  épigraname  du  même  auteur  (4)  témoigne  encore  du 
prix  qu'on  attachoit,  à  Rome,  aux  pièces  écrites  par  la  main  même 
d'un  auteur  en  réputation.  L'écriture  de  telle  ou  telle  personne  se 
nommoit  chirographus.  Suétone  se  sert  de  ce  mot  lorsqu'il  dit 
qu'Auguste  ne  séparpit  pas  les  mots  en  écrivant  quelque  chose  de 
sa  main,  notatfi  et  m  ckirograpfio  nondîvidU  verba,  etc.  (5).  Ailleurs, 
il  nous  apprend  qu'Auguste  exerçoit  ses  neveux  à  imiter  son  écri- 
ture, chirograpkum  (6).  Enfin  le  même  auteur  dit  avoir  eu  sous  les 

(1)  Etsi  Domina  jam  facta  sunt;  sed  Tel  induci  Tel  mutar^  posaunt.  Ad 
Attic.yXIlI,  i4. 

(t)  Laudabor  in  eo  qnod  adnotatom  inTeniet ,  et  suprascripto  aliter  ezpli- 
fBtam»  etc.  VU,  xii,9.  Peaifétre  le  mot  minouaum  indiq«e*t*il  les  signes 
de  çorreclioo^  f¥H^»  qu^on  i^ettoit  ea  marge  dfs  voluoifs. 

(3)  Epigr.,VII,  17. 

(4)  yil,  II. 

(6)  Vie  d'Augnste,  c .  87 . 
(6)  lbid.,c.  64. 


1072  1.    TECIIENER  ,  PLACE   DU    LOOVRE,    12. 

yeux  des  tablettes  et  des  liùelU  renfermant  des  vers  écrits  de  la 
inain  de  Néron,  ipsius  chirographo  (i).  L'écrit  original  se  nominoity 
comme  cliez  nous,  un  écrit  autographe,  par  exemple  :  liiierœ  Aw^ 
.gusii  auiographœ  (2j. 

S'il  éloit  toujours  facile  de  corriger,  au  gré  de  Fauteur,  tous  les 
exemplaires  de  son  livre  qui  restoienten  magasin,  il  étoitbien  diffi- 
cile de  faire  participer  à  ces  améliorations  successives  les  copies 
déjà  vendues,  surtout  celles  qui  avoient  été  expédiées  au  loin.  U  y 
avoit  donc  une  certaine  diversité  entre  les  différens  exemplaires 
d*unc  même  édition,  et  c*est  dans  cette  diversité  qu'ont  pris  nais- 
sance les  variantes  recueillies  par  les  érudits  des  temps  modernes, 
dans  les  anciens  manuscrits  qui  nous  restent  d*un  même  ouvrage. 

Nous  avons  parlé  de  première  édition ^  d'écoulement  des  Utfre$y 
d'édition  noui^elie^  il  est  important  de  ne  pas  se  méprendre  sur  la 
signification  qu'il  faut  donner  à  ces  termes  dans  l'antiquité.  U  n'est 
pas  probable  que  les  libraires  de  Rome  fissent  exécuter  de  suites 
comme  font  les  nôtres,  une  quantité  considérable  d'exemplaires  du 
même  ouvrage,  et  qu  ils  attendissent,  pour  faire  faire  de  nouvelles 
copies,  l'entier  écoulement  des  premières;  ç'auroit  été  s'exposer, 
sans  motif  et  sans  utilité,  à  conserver  en  magasin  des  livres  qui, 
réprouvés  peut-être  par  ie  goût  public,  aiiroient  pu,  au  bout  d'un 
certain  temps,  n'avoir  plus  aucune  valeur.  Le  procédé  de  publica- 
tion employé  dans  l'antiquité  permettoit,  au  contraire,  à  tout  libraire- 
éditeur  d'échapper  à  cette  cbancc  de  perte,  car  il  pouvoit  Fort  bien 
s'arrêter  après  avoir  fait  faire  un  petit  nombre  d'exemplaires  d*un 
même  livre,  et  se  borner  ensuite  à  remplacer  par  de  nouvelles  co- 
pies celles  qu'il  aurôit  vendues  ;  de  cette  manière,  il  n'étoit  ja- 
mais pris  au  dépour\'U  et  ne  s*exposoit  pas  à  perdre  sans  aucun 
fruit  des  dépenses  considérables.  Avec  de  tels  procédés  un  livre 
pouvoit  n'avoir  qu'une  seule  édition  d'une  durée  indéfinie. 

Si  Tauteur,  non  content  de  quelques  corrections  partielles,  faciles 
à  introduire  dans  les  copies  déjà  faites  de  son  ouvrage,  entrepre- 
noit  une  révision  complète  de  cet  ouvrage,  le  refondoit,  l'abrégeoit 
ou  Taugmentoit,  les  copies  qui  en  étoient  faites  après  cette  révision 
formoient  alors  une  nouvelle  édition.  Martial,  par  exemple,  donna 

(i)  Nrron,  c.  5î. 

(a)  Surt.,  vie  irAugiistc  ,0.  87. 


BiriLETIN   DU   BIBUOPHILE.  lO^^ 

une  deuxième  édition  de  son  dixième  livré,  dans  laquelle  il  corri- 
gea soigneusement  le  peu  qu'il  conserva  de  la  première  édition,  et 
ajouta  beaucoup  dVpigrammes  nouvelles  : 

Festinata  prror  decfmi  milii  cura  libelli 

Elapsnm  manibus  nunc  revocUTitopus. 
Nota  leges  quaedam,  sed  lima  rasa  recenti  ; 

Pars  nova  major  erit;  lector  u trique  fave  (i). 

Plus  tard  le'poëte  abrégea  encore  ce  dixième  livre  en  même  temps, 
que  le  onzième,  et  les  publia  tous  depx  ensemble  en  les  dédiant  à. 
Domitien  : 

LoDgior  ui^deciroi  nobb  decimique  libelli 

Arctatus  labor  est  et  brève  rasit  opus. 
Plura  legant  Tacui ,  quibus  otia  tu  ta  dedisti  : 

Ilec  legc  tu,  Cicsar  ;  forsan  et  illa  leges  (2) . 

Les  traductions  diverses,  faites  par  différentes  personnes,  d'un, 
ouvrage  en  langue  étrangère  étoient  regardées  comme  autant  d'édi- 
tions du  même  ouvrage.  Isidore  de  Séville(  3)  compte  sept  éditions  des. 
Livres  saints.  Ce  sont,  d'abord  la  version  des  Septante,  ensuite 
celles  d'Aquila,  de  Symmaque,  de  Théodotion  ;  puis  cette  versioa 
vulgaire  qui,  ne  portant  pas  de  nom  d'auteur,  étoit  simplement 
appelée  quinta  editio  ;  enfin  la  double  traduction  d'Origène,  for- 
mant les  sixième  et  septième  éditions ,  que  l'auteur  avoit  enrichies 
d'une  concordance  avec  les  éditions  précédentes. 

Il  nous  reste  à  parler  de  quelques  moyens  employés  soit  par  les 
auteurs,  soit  par  les  libraires  pour  procurer  aux  ouvrages  en  vente 
un  prompt  écoulement.  Ici  encore  on  pourra  peut-être  appliquer 
ce  dicton  si  rebattu,  mais  si  vrai  :  Bien  de  nouveau  sous  le  soleil. 
Les  auteurs  sérieux  visoicnt  à  mériter  l'approbation  du  public 
éclairé  en  ne  publiant  que  des  ouvrages  solides,  instructifs,  irrépro- 
chables surtout  pour  le  style.  Dans  cette  vue,  ils  ne  se  lassoient 
pas  de  les  revoir,  de  les  corriger,  de  les  limer  y  c'étoit  leur  mot  (4). 
Non  contens  de  cela,  ils  les  lisoient  et  les  communiquoient  a  leura 
amiS|  recevoient  les  aitiques,  les  discutoient,  les  admettoient  en 
tout  ou  en  partie  ;  en  un  mot,  ils  ne  publioient  que  lorsqu'ils 

(i)  Epigr.  X,  a. 

(a)  Ibid.,XII,  5. 

(»)Orig..VI,4. 

(4)  Yoj.  Pline  et  Martial  ]»assim,  (orccUini  cl  (fessner^  aumoL/rm<i. 


1Q74  '•    TECHENERi    PLACE  DU    LOUYaE,    13. 

étoient  satisfaits  et  d'eux-mêmes  et  du  jugement  de  leurs  a^ntar- 
ques  (i).  Les  partisans  de  la  littérature  facile,  les  écrivains  parea^ 
,  seux  et  efféminés  contre  lesquels  Perse  s'indigne'  avec  tant  d'ëner* 
gie,  employoient  de  tout  autres  moyens  pour  captiver  la  faveur  du 
public;  ils  s'éioignoient  des  .bons  modèles,  et,  pour  flatterie 
mauvais  goût  des  lecteurs,  n'hésitoient  pas  à  descendre  à  leur  nîm 
veau.  Les  idées  et  le  style  de  ces  écrivains  se  ressentoient  de  cette 
affectation  prétentieuse  qu'ils  apportoient,  comme  on-  a  vu>  dan» 
les  récitations.  Mais  c'étoit  surtout  dans  la  composition  du  titre  de 
l'ouvrage  que  se  concentroient  tous  les  efforts  de  leur  esprit  alam-^ 
biqué,  Aulugelle  et  Pline  l'Ancien ,  dans  leurs  préfaces ,  ont 
donné  de  ces  titres  à  la  mode  une  liste  qtii  suffiroit  à  défrayer  pen^ 
dant  longtemps  nos  modernes  auteurs  de  rêveries  poétiques  et  sen- 
timentales. Rayons  j  prairies,  Jleurs  ^  fruits  corne  if  abondance  , 
prohHmeSj  découi^erteSy  conjectures  :  tels  étoient  les  titres  que  les 
auteurs  grecs  et  latins  se  plaisoient  à  mettre  en  tète  de  leilrs 
livres,  sans  douté  sans  sUnqtdétcr  beaucoup  du  rapport  qulb 
avoient  avec  le  sujet. 

Ces  titres,  écrits  ensuite  en  grosses  lettre  sur  les  devantures  dés 
boutiques  de  librairie  et  sur  les  colonnes  et  les  murailles  desti* 
nées  aux  affiches,  ëxcitoient  vivemeiit  la  curiosité  des  lecteurs. 
Pour  aider  à  leur  effet,  les  éditeurs  faisoient  copier  séparément  tm 
ou  deux  cbapîtres,  une  ou  deux  pièces  de  vers  de  l'ouvrage  qu'ils 
alloient  mettre  en  vente,  et  les  faisoient  répandre  dans  le  public. 
Pline  le  jeune  allègue  cet  exemple  à  Lupercus  pour  s'excuser  de 
lui  avoir  envoyé  seulement  une  partie  d'un  discours  sur  lequel  il 
lui  demande  son  jugement.  Si  vous  ne  pouvez ,  lui  dit-il ,  juger 
de  l'ensemble ,  vous  pourrez  au  moins  me  dire  votre  avis  sut*  le 
morceau  que  je  vous  envoie,  comme  vous  pourriez  prononcer  sur 
le  mérite  d'une  tête  sculptée  sans  pouvoir  toutefois  juger  deTetae- 
titude  des  proportions  entre  cette  tête  et  le  reste  de  la  statue.  Et  il 
ajoute  :  nec  alîa  ex  causa  principià  librorum  circumferuîitur , 
quant  quia  existimafur  pars  aliqua ,  etiam  sine  ceteris,  esse  per^ 
/cela  (a).  Ces  espèces  dVxtraits,  envoyés  en  forme  dé  spéciineh 
pour  donner  un  avant-goût  de  l'ouvrage,  dévoient  sans  doute  in- 
diquer, comme  nos  prospectus,  le  lieu  et  le  jour  de  la  mise  ei^ 

(i)  Plin.  jun.,  VII,  xvu,  7  ;  xx,  1,  etc. 
(2.)  Pliii.  j  ,  li,  Y,  M. 


ventei  le  prix  du  livre  et  les  autres  détails  qu'il  inf^portoit  aux  ache- 
teurs de  connoitre.  Si,  de  plus,  on  fait  attention  que  la  propriété 
littéraire  n'étoit  pas  garantie,  que  tout  libraire  pouvoit  faire  copier 
et  vendre  «pour  son  cotnpte»  un  livre  aussitôt  qu'il  étoit  répandu  , 
on  sera  porté  à  croire  que  le  libraire  à  qui  l'auteur  confioit  d'abord 
son  manuscrit  devoit  chercher  les  moyens  de  se  réserver  l'exploi- 
tation exclusive  de  l'ouvrage  aussi  longtemps  que  possible.  La 
meilleure  manière  d'arriver  à  ce  but  étoit  de  ne  mettre  en  vente 
aucun  exemplaire  avant  de  s'être  assuré  d'avance,  pour  le  livre,  un 
nombre  considérable  de  souscripteurs,  et  la  distribution  des  pros- 
pectus et  des  spécimens  devoit  aider  puissamment  au  succès  de 
Cuite  petite  ruse  commerciale. 

Ce  moyen  de  se  procurei*  du  débit  étoit,  du  reste,  fort  légitime; 
en  voici  un  qui  I^e^t  beaucoup  moins  :  Sur  le  déclin  de  l'empire 
d*Occident,  â  l'époque  où  la  littérature  païenne  s'éclipsa  devant 
les  savans  travaux  des  Pères  de  l'Eglise  catholique,  des  libraires  ne 
craignirent  pas ,  dans  Intérêt  de  leur  commerce ,  de  publier  de 
fort  mauvais  ouvragés  soos  I^autorité  d'un  nom  illustre  ;  de  là  les 
écrits  faussement  attribués  à  S.  Cyprien,  à  S.  Augustin,  à  S.  Am- 
broise,  etc.  Cette  supercherie,  qui  passa  facilement  dès  l'abord, 
grâce  à  la  célébrité  du  nom  qu^on  mettoit  en  avant,  ne  se  put  dé- 
couvrir pendant  (e  moyen  âge,  époque  entièrement  dépourvue  dç. 
critique,  et  trompa  les  amateurs  des  lettres  jusqu'après  la  renais- 
sance (i). 

Eckhard  (2)  signale  une  erreur  du  même  genre,  mais  qui  auroit 
eu  une  cause  toute  différente.  Les  libraires  de  t'andquité  avoient, 
4  ce  qu^l  paroit,  la  coutume,  comme  les  copistes  du  moyen  âge  et 
i^os  modernes  éditeurs,  de  mettre  leur  nom  sur  les  livres  qu'ils  pu- 
bOoient  ;  il  est  arrivé  de  là  que,  dans  des  temps  d'ignorance,  on  a 
pri3  quelquefois  dans  les  auiciens  manuscrits  le  nom  du  libraire 
pour  celui  de  l'auteur.  C'est  ainsi  que  les  vies  des  grands  capitaines, 
écrites  suivant  Fopinion  la  plus  accréditée,  telles  que  nous  les 
avons  aujourd'hui  par  Cornélius  Népos,  ont  été  longtemps  attri- 
buées à  JSmiUus  Probus,  libraire  (3)  du  temps  de  Théodose,  et 
même  imprimées  d'abord  ^us  son  nom.  De  combien  d'erreurs 
pareilles  sommes-nous  peut-être  encore  aujourdliui  les  dupes  ! 

(i)\Eckhard,  p.  48. 

(s)  Ibidem.  •' 

(3)  G'e^t  Eckhard  qui  le  qualifie  ainsi . 


x" 


|0^6  J.    Ti:CHENEK>    PLACE    pn    LOOVRig ,     12. 


CHAPITRE  DIXIEME. 


Drs  Bibliothèques, 


I 

II  n*étoit  guère  possible  de  traiter  des  livres  chez  les  anciens, 
sans  consacrer  au  moins  quelques  pages  à  leurs  bibIiotLèc[ues  ;. 
niais  les  travaux  qu'ont  publiés  sur  ce  sujet  des  savants  du 
premier  ordre  (0  nç  nous  permettent  pas  l'espoir  de  trouver 
lânlessus  quelque  fait  nouveau  et  intéressant  :  si  donc  noua 
nous  y  arrêtons,  ce  sera  pour  ai^isi  dire  par  manière  d'acquit,  en 
glissant  rapidement  sur  les  détaik  historiques  généralement  connus, 
pour  n'insister  que  sur  quelques  notions  moins  saillantes,  et  <}ui, 
par  conséquent,  ont  été  plus  négligées,  nous  voulons  parler  de  la 
disposition  intérieure  des  bibliothèques. 

La  plus  ancienne  collection  de  livres  dont  il  soit  £ùt  mention  dans 
l'histoire  est  celle  que  réunit  le  roi  égyptien  Osymandias ,  dans  son 
immense  palais  de  Thèbes  :  sur  la  porte  de  la  salie  qui  les  reufermoit, 
étoit  écrite  cette  célèbre  inscription  :  Trésor  des  remèdes  de  l'aine^  ou 
plus  prosaïquement,  Pharmacie  de  l'âme,  -^vx^^  jetTftfîoy  (2)  ;  on  ne 
dit  pas  si  cette  collection  étoit  publique  ou  exclusivement  réservée 
à  l'usage  du  prince.  La  première  bibliothèque  que  nous  trouvions 
dans  l'ordre  chronologique,  après  celle  d'Osymandias,  est  la  bi« 
bliothèque  ouverte  au  public  athénien  par  Pisisti-ate.  Cette 
collection  fut  enlevée  et  transportée  en  Perse  par  Xerxès  ;  mais  les 
Athéniens  la  recouvrèrent  dans  la  suite,  grâce  à  la  libéralité  de 
Seleucus  Nicanor  (3).  Au  deuxième  siècle,  Athènes  renfermoit  plu* 


(1)  Voyez  entre  autres  Struvius  ,  Bibliotbeca  historié  litterariae  sclecta, 
ouvrage  termine  par  Jugler,  qui  Ta  publié  en  3  vol.  in-S.  Jena,  17S4.  La 
Notice  sur  les  bibliothèques  est  dans  le  1''  volume  ,  ch.  s,  3,  4  et  5.  Tous  le» 
travaux  antérieurs,  et  il*  sont  en  f  rcs-graud  nombre,  s'y  trouvent  mentionnés. 

(2)  Diodorr  de  Sicile,  I,  49. 

{^)  Atdiigcllr,  VI,  17,  cf.  Athcuce^l,  4. 


BOLXJITIN  J>U   UBUOPHILC.  I07';; 

nelir3  belles  bibliothèques  (i).  Be  ce  nombre  éloit  celle  qu'y  fit 
construire  l'empereur  Adrien  près  du  Pauithéon,  qu'il'  orna  de 
marbre  de  Pbrygie,  de  statues,  de  peintures,  d'or  et  d'albâtre  (2). 
Du  temps  de  Pisistrate ,  Polycrate  ,  .tyran  de  Samos.  un  peu  plus 
tard  Cléarquc,  premier  tyran  d'Héracléc-du-Pont(3) ,  et  le  poëte  Eu- 
ripide ,  eurent  de  nombreuses  collections  de  livres.  Athénée  (4) , 
louant  Larensius  de  son  zèle  à  rassembler  des  livres  grecs,  dit 
qu'il  l'emportoit  en  cela  sur  Polycrate  de  Samos,  Pisistrate ,  tyran 
d'Athènes  ,  Euclide  l'Athénien ,  Nicocrate  de  Chypre,  Euripide  le 
poète,  Aristote  le  philosophe  et  Nélée  qui  conserva  les  livres  de  ce 
dernier.  La  bibliothèque  d' Aristote  ne  passa  dans  les  mains  de 
Nélée  qu'après  avoir  appartenu  à  Théophraste  (5).  Nélée  la  vendit 
à  Ptolémée  Philadelphie ,  qui  la  réunit  aux  autres  livres  achetés 
p^  lui  à  Athènes  et  à  Rhodes,  et  envoya  le  tout  dans  cette  Cameuse 
bibliothèque  d'Alexandrie  dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure  (6). 
Quant  aux  livres  d'Aristote  qui,  après  avoir  été  longtemps  enfouis 
par  les  héritiers  de  Nélée,  furent  vendus  plus  tard  à  Apellicon  de 
Théos  e|  transportés  d'Athènes  à  Rome  par  Sylla  (7)}  la  manière 
dont  Strabon  en  parle  ne  permet,  pas  de  douter  qu'il  ne  s'agisse  des 
œuvres  mêmes  du  célèbre  philosophe ,  de  celles  de  Théophraste 
et  des  copies  qu'en  avoit  fait  faire  Apellicon. 

La  collection  formée  par  Aristote  donna,  s'il  faut  en  croire 
Strabon,  aux  successeurs  d'Alexandre,  l'idée  de  cette  célèbre  biblio- 
thèque d'Alexandrie,  qui  compta  jusqu'à  700  mille  volumes  (8). 
Elle  fut  fondée  par  Ptolémée  Soter,  dans  le  quartier  de  la  ville 
nommé  Brucchium ,  et  probablement  contiguë  à  ce  musée,  où  les 
savans,  réunis  par  le  roi  en  une  espèce  de  corporation,  avoient  une 
promenade,  un  lieu  garni  de  sièges  pour  leurs  conférences  et  une 
grande  salle  pour  prendre  leura  repas.  Lorsque  la  bibliothèque  du 
Brucchium,  par  les  soins  de  Ptolémée  Philadelphe  et  de  ses  succes- 
seurs, eut  atteint  le  chiffre  de  4oo  mille  volumes ,  on  songea  à  for- 


(1)  Ariatid.  ap.  Photium,  cod.  a46,  p.  laSi,  ëd.  Genév.,  161s. 
(s)  Pausanias  in  Atticis,  p.  16  et  17,  ëd.  Sylburg,  i583. 

(3)  Memnon  apud  Phot.,  biblioth.,  cod.  nA,  p.  704,  éd,  Genève,  161  s. 

(4)  L.  c. 

(5)  Strabon  ,  XIII ,  t.  IV,  s*  part.,  p.  sos,  trad.  fr.  Plutarq.,  Sylla,  c.  96. 
(B)  Kihénte,  1.  c. 

(7)  Strabon  et  Plutarque,  1.  c;  Lucien ,  ady.  iodoct.,  c.  4. 

(8)  Aniroien  Marcell.,  XXII,  xvi,  i3.  Auldgelle,  VI,  17. 


IQ^B  J.    TECHIMBay    MACS  BU  LODTBS,    12. 

mer  dann  un  autre  endroit  une  bibliothèque  suppUmetitaire.  Lée 
livres  nouveaux  furent  donc  réunis  dans  le  Sérapeum ,  et  oeiix«<i 
s'élevèrent,  à  lalongue,  aunombre  de  3oo  mille.  Le  firacchium  ayaai 
été  incendié  lorsque  César  se  rendit  maître  d'Alexandrie,  lea 
4oo  mille  volumes  qu'il  renfermoit  périrent  dans  les  flamnoes  (i)  ; 
il  ne  resta  plus  que  les  3oo  mille  volumes  du  Sérapeum.  Mais,  datia 
la  suite,  cette  bibliothèque  s'augmenta  de  tonte  celle  des  rois  de 
Pergame  doikt  Antoine  fit  présent  à  la  reine  Cléopâtre  (a),  et  ellt 
sobsista  ainsi  jusqu'à  la  destruction  du  temple  de  Sérapis  sona  Théo* 
dose. 

Le  fondateur  de  la  bibliothèque  de  Pergame  fet,  selon  Stnh- 
bon  (3),  Eumène,  flb  d'Attale  preinior  au  n*  nècle  avant  J.-^XI. 
Lorsque  cette  bibliothèque  fut  donnée  par  Antoine  à  la  tAnt  dHS^ 
gypte,  elle  renlermoit,  dît  Mutarque  (4),  loo  mille  vohraiessitnpl'èë 
CiCx,/<tf  r  k/mxSft  o'est«A-dire|  selon  Schwars  (5),  des  volumes  qui  ne 
contenoient  chacun,  suivant  Fusage,  qu'un  seul  livre  du  mèiite 
ouvrage.  Il  ne  faut  donc  pas  se  laisser  imposer  par  ces  nombres  d« 
noO|  3oO|  4^0,  700  mille  volumes,  qui,  à  la  rigueur,  sémUeroient 
prouver  que  la  hibliocbèque  d'Alexandrie  étoit  presque  aussi  con-' 
sidérable  que  notre  grande  Bibliothèque  royaki  Si  Vtm  penéê  à 
l'exiguïté  des  anciens  volumes ,  en  comprendra  facilement  que 
l'immense  collection  des  Ptolémées  renfermoit  pénf-^tre  moins 
de  matières  que  plusieurs  de  nos  bibliothèques  particulières. 

Le  premier  directeur  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie  fut  Détné-. 
trins  de  Phalère,  qui  apporU  à  sa  formation  un  grand  xèle  et  une 
grande  activité  (6).  Nous  trouvons  après^  lui ,  sous  Philadelphe, 
Zénodote  d'Ëphèse  ;  Eratosthène ,  sous  Évergète  ;  Apollonius  de 
Rhodes  et  Aristonyme,  sous  Ptolémée  Épiphane  ;  Aiistophane  de 
fiyzance,  sous  Evergète  II  ;  sous  Tibère,  tm  grammairien  nommée 
ChflBrémon  ;  et  peu  après,  Denys,  fils  de  Glaueus  (7). 


(i)  Senèque,  dcTranquill.  anim.,  c.  9.  Orosc,  1.  6,  c.  i5. 
(s)  Tertiilli«n,  Apoiog.  XVIII,  cité  par  Juste  UpM,  SjnUgm.  de  Bi.- 
blioth.,  c.  s,  et  Plutârque  Vit d^Antoine,  c.  58. 
(S)  Lit.  XIII,  u  part,  du  t.  IV,  p.  «4a,  tr.  fr. 

(4)  Vie  d*Antoinc,  c.  58. 

(5)  II,ti,p.6S. 

(6)  Josephe,  Antiq.,  jiid.,  XII,  ir,  1. 

(7)  Voy.  Suidas  etHejne,  opusc.  acad.,  tom.  I,  p.  i^g.  Bonamy,  Hëm.dc 
l'Acad.  des  inscr.  el  beUes-lotirct^  éd.  in- ta,  t.  1 3,  p.  698  et  niiv.,  p.  018. 


BQUiETirr  BU  BUIiXOPHILE.  *^79 

La  littérature  et  les  livres  ne  furent  en  honneur  à  Home  que  forfc 
tard.  Lorsque  Carthage  eut  succombé  sous  les  armes  de  Scipion^ 
les  bibliothèques  trouvées  dans  cette  capitale  n'excitèrent  en  au- 
cune manière  la  convoitise  des  vainqueurs;  ib  en  flreilt  présent 
aox  roitelets  de  TAfirique  et  ne  réservèrent  que  les  28  volumes  de 
Magon  sur  l'agriculture^  qu'ils  voulurenti  à  cause  de  l'Htilîté  du 
sujet,  faire  induire  en  latin  (i)«  La  première  collection  de  livre» 
un  peu  considérable  qui  se  soU  vue  à  Rome  cst^  suivant  Isidore  de 
Séville  (a) ,  celle  que  Paul-Emile  y  apporta,  l'an  160  av.  J;-C», 
après  la  défaite  de  Peraée«  Vint  ensuite  la  biUiotbèque  de  Sylla, 
composée  des  livres  d'Âpellicon  de  Théos,  que  le  dictateur  avoit  en- 
levés à  Athènes.  Parmi  les  trésors  que  Lucullus  rapporta  de  ses 
guerres  d'Asie ,  et  dont  il  orna  sa  maison  de  Tusculum,  il  faut  compter 
une  précieuse  collection  de  livres,  qu'il  se  fit  gloire  d'augmenter 
encore  et  dont  il  permit  le  libre  accès  aus  savans  et  aux  littàratenr9, 
surtout  aux  Grecs  (9).  Mais^  à  cette  époque,  TamiNir  deslivtés  cotn^ 
inençoit  à  ae  répandre  ;  des  Ikbraires  étoient  établis  à  Romci,  et  dâ 
riches  personnages  avoient  des  esclaves  lettrés,  continueUement 
occupés  aux  travaux  de  transcription») Atticus  avoit,  comme  not»' 
l'avons  vu,  ou  une  richt  bibliothèque,  ou^  suivant  lesxotomenta* 
teurs,  un  fonds  considérable  de  Uvres  à  tendre^  Dans  tous  les  ^Sae^ 
ses  livres  étoient  toujours  à.  la  disposilôim  de  Cicàx»n  (4)  et  proba^ 
bkment  de  bien  d'autres  persoiines;  nous  avens  vu  que  Gicéronavolt 
la  plusgrande  envie  des  liyresd'Atticus,  etqu'ildestinoit  à  les  acheter 
toutes  ses  économies  (S),  A  peu  près  dans  le  même  temps  qu'il  en 
exprimoit  si  vivement  le  désir  y  il  ré^t  en  présent  de  Pàpîriua 
Petus»  frère  de  Servius  Glaudius,  la  biUiotbèque  de  ce  dernier  (6*)^ 
c'est  peut-être  cette  collection  qu'il  fît  transporter  dans  sa  maison 
d'Antium,  et  dont  le  classement  et  la  disposition  furent  confiés  aux 
soins  de  Tyranaioui  aidé  de  deux  esdâves  lettrés  d'Attkos.  Les 
bibliothèques  commençoient^  comme  on  voit,  &  sortir  de  la  capitale 
et  à  se  répandre  dans  l'Italie.  Gicéron,  étant  à  Gumes,  trouvoit  un 
trésor   de  lectures  instructives  dans  l'ancienne  bibliothèque  de 

(i)  Pline,  XVIII,  6. 
(1)  Orig.,  VI,5. 

(3)  Isidor.yibid.^  PlutarqiM,  Vis d«  t«dttHiiS|  t,  Ut 

(4)  Ad  Attic,  IV,  i4. 

(6)  Vo/;*  jàm  baot,  p.  io3^. 
(6)  AdAllIcuro,  I,  10. 


I080  J.    TECHENZR,    PLACE -DU    LOUVRE,    12. 

Sylla,  qui  avoît  passé  entre  les  inaii)s  de  L.  Cornel.  Sylla  Faustus^ 
son  fib  (i). 

Cependant  César  songeoit  k  doter  Rome  d'une  bibliothèque  pu- 
blique; il  chargea  Yarron  de  former  et  de  classer  une  col- 
leciiou  de  livres  grecs  et  latins  aussi  considérable  que  possible  (2}; 
mais  rhistoire  ne  dit  pas  que  ce  projetait  jamais  reçu  d'exécution. 
En  e£fet,  la  première  bibliothèque  publique  que  Rome  ait  pos- 
sédée fut  fondée  par  Asinius  Pollion  et  magnifiquement  ornée 
par  lui  des  dépouilles  des  Dalmates  (3).  Deux  vers  d'Ovide  prou- 
vent qu'elle  étoit  située  dans  un  temple  de  la  Liberté. 

Nec  me,  quae  doctis  patucrunt  prima  libellis, 
A  tria  Libertas  tangere  passa  8u;i  est  (4). 

Après  la  défaite  définitive  des  Dalmates,  Auguste  fit  construire^ 
avec  leurs  dépouilles ,  un  monument  entouré  de  portiques,  dans 
lequel  Octavie  consacra  une  bibliothèque  en  l'honneur  de  son  fils 
Marcellus  (5).  Cette  bibUothèque,  qui  prit  le  nom  d'Octavienne, 
étoit  probablement  double,  c'est-à-dire  composée  de  livres  grecs  et 
latins.  Suétone  dit,  en  effet,  que  le  grammairien  Melissus,  affranchi 
de  Mécène ,  reçut  la  mission  de  classer  les  bibliothèques  dans  le 
portique  d'Octayie  (6).  Telle  étoit  aussi  la  bibliothèque  palatine 
que  fonda  Auguste  dans  son  palais  même  à  côté  du  temple  d'A- 
pollon (7).  Ce  fut  peut-être  cette  collection  dont  le  classement  fut 
confié  au  grammairien  Pompeius  Macer,  qui  reçut  d'Auguste  la 
défense  de  rendre  publiques  certaines  productions  de  la  jeunesse  de 
César  (8).  Higynus ,  affranchi  d'Auguste,  semble,  d'après  la  courte 
notice  que  lui  consacre  Suétone ,  avoir  eu  la  direction  de  la  bi- 

(1)  Ego  hic  pascor  bibliotheca  Fausti,  Ad  Attic,  iv,  10. 

(3)  3iblîothecas  graecas  et  latinas,  quas  maximas  posset,  publicare,  data 
M.  Yaroni  cura  comparandaruin  ac  digercndarum.  Suélon.,  Vie  de  César, 
c.  44. 

(3)  Pline,  VII,  3i  ;XXXV,  2.  Isidore ,  VI  ,  6.  Pliuc  (VII,  3i)  dit  :  Biblio- 
theca qus  prima  in  orbe  ab  Asinio  Pollione  en  manubiis  publicata  Romacest. 
Il  y  a  évidemment  erreur  ;  il  faut  lire  avec  Juste  Lipse  ;  quse,  prima  in  urbe, 
ab,  etc. 

(4)  Trisles,  III,  1,71. 

(5)  Dion,  XLIX,  43.  Plutarq.,  Vie  de  Marcellus,  à  la  iin. 
(G)  De  illustr.  gramm.,  c.  si . 

(7)  Suétone,  Vie  d'Auguste,  ch.  29.  Dion,  LUI,  i.  Horace,  épUr.  1,  m,  17. 

(8)  Suétone,  Vie  de  Gësar,  c.  66. 


BULLETIN   DU    BIBLIOPHILE^  I081 

Uiothèque  entière  du  palais,  prafuit  palatinœ  bihliolheeœ  (i).  Juste 
Lipse  rapporte  cependant  deux,  anciennes  inscriptions  qui  prouvent 
que  chaque  partie  de  la  bibliothèque^  (f  est-à-dire  la  partie  grecque 
et  la  partie  latine,  avoit  un  préposé  particulier.  L^une  est  l'épitaphe 
d'un  certain  Julius  Félix ,  directeur  de  la  bibliothèque  grecque 
palatine  (a  hibliotkeca    graca  paUuina);  Tautre    est  l'épitaphe 
d'Antiochus ,    conservateur ,   sous  Tibère  ,   de  la   bibliothèque 
latine  d'Apollon  (a  ùthUotheca  latina  ApolUnis)  (a).  Une» autre  ins- 
cription publiée  par  OreUi.(3)  nous  fait  aussi  connaître  un  Grec 
nommé  Alcibiade ,  qui  étoit  à  la  fois  conservateur  de  la  biblio- 
thèque latine  du  palais  et  secrétaire  de  l'empereur  pour  les  lettres 
latines,  scriba  ab  epistolis  laiinis.  Le  bibliothécau'e  désigné  dans  lès 
inscriptions  que  nous  venons  de  citer  par  les  mots  a  bibliotkeea  se 
nommoit  aussi  custos  (4).  Les  bibliothèques  de  Rome  éloient-elles 
toutes  soumises  à  une  direction  générale  ?  c'est  ce  qu'on  pourroit 
conclure  de  la  notice  de  Suidas  sm*  ce  Denys,  fils  de  Glaucus,  que 
lieyue  croit  avoir  été  directeur  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie 
après  le  philosophe  Ghaerémon.  Denys  vint  à  Rome  sous  Néron  et 
y  vécut  jusqu'à  l'empire  de  Trajan.  11  fut,  dit  Suidas,  préposé  aux 
bibliothèques  et  secrétaire  des  empereurs  (5). 

Tibère  fonda,  dans  la  partie  du  palais  qu'il  habitoit,  une  bibUo- 
thèque  qu'on  appela  bibUothèque  de  Tibère  ,  ou  bibhothèque  de 
la  maison  de  Tibère  (6).  Juste  Lipse  attribue  à  Vespasien  l'établis- 
sement de  celle  qui  étoit  contiguë  au  temple  de  la  Paix,  dans  la- 
quelle Aulugjelle  trouva  un  traité ,  qu'il  avoit  longtemps  cherché, 
de  L.  .£Uu8 ,  précepteur  de  Yarron  (7).  Trajan  construisit,  sur  le 
forum  auquel  il  donna*  son  nom ,  une  bibUothèque  qui  fut  depuis 
transportée  dans  les  Thermes  de  Dioclétien  (8).  Aulugelle  la  nomme 
bibliothèque  du  temple  de  Trajan.  Yopiscus,  qui  en  parle  en  quatre 
endroits  différens ,  Tappelle  toujours  bibliothèque  Ulpienne  (9),  du 

(1)  Idem,éc  illustr.  grammat.,  c.  30. 

,(3)  Just.  Lipse,  Sjntagm.  de  bibliothecis,  c.  ti. 

(3)  OreUi,Seleot..iii»cr.,  n^  4i . 

(4)  OWde,  Tristes,  111, 1,  63.. 

(6)  Kcc)  tSv  CiCKto6nKûif  ^çova^ti ,  kûÙ  Ta»  mffTQ/Jiv  Ktù  ^çêffCaSv 
êytvirOi  ko)  ATCKfi/jArtnv  » 

(6)  Aulugell.,  XIII,  ig.  Yopiscus,  Vie  de  Probiis,  o,  s. 
.    (7]  Aulngclle,  XVI,8. 

(8)  Dion;  LXVIII,  16.  Vopiscus^  Hist.  de  Probus,  c  t. 

(9)  Vie  d^Aiirclien^.  c.  1,8.  Vie  de  Tacite,  q  .  8«  Vie  de  Probns,  e.  s . 


I08a  J.    TECmiBA,    PLACB  du  LOOVRE,    12. 

nom  à*UlpàUy  qui  étoit  le  nom  de  Camille  de  cet  empereor.  EnAi 
il  y  amt  encore  une  Ubliothèque  considëraUe  an  Gapitole  :  dk 
fént  dans  un  incendie,  probaUemont  celui  qui  arriva  soua  Titus,  et 
qui  détruisit  aussi  la  bibliothècpie  Ootavîenne  et  plusieurs  autres 
monumens  considérables  (i).  Domitien  déploya  un  grand  zèle  pour 
k  rfMtauration  de  ces  collections  précieuses;  il  fit  Tenir  des  lÎTres  de 
tous  côtés,  entre  autres  d^Alexandrie  >  ou  il  envoya  exprès  des  co- 
pistes pour  copier  et  coDatÎQnner  différons  ouvrages.  Le  nombre  des 
UbUothèques  publiques  s'accrut  encore  sous  les  empereurs  sui- 
vons; au  temps  de  Constantin,  Rome  eu  ooraptoit  vingt-neuf, 
parmi  lesquelles  la  InUiothèque  Palatine  et  la  bibliothèque  171- 
pienne  étoient  les  plus  considérables  (2). 

Ces  collections  publiques  ne  durent  pas  peu  contribuer  à  entre- 
tenir chex  lès  particuliers  l'amour  des  livres.  Déjà,  du  temps  de  Se- 
Dèque,  le  luxe  des  bibliotkèquos  étoit  .poussé  h  Rome  à  un  degré 
iniinaginablo.  Une  bibliotlièque  étoit  regardée  dans  une  maison 
oommo  un  ornement  nécessaire;  aussi  en  trouvoit-on  jusque  cfaex 
les  gens  qui  savoient  à  peine  lire^  et  si  considérables  que  la  lecture 
des  titre#  des  livres  auroit  seule  rempli  la  vie  du  propriétaire  (3). 
C'est  vers  ce  temps  que  vint  k  Rome  le  grammairien  Epaphrodite 
de  Chéronée ,  qui  ramassa  jusqu'à  trente  mille  volumes  de  choix  (4). 
Plus  tard ,  Sammonicus  Sevems ,  précepteur  de  Gordien  le  jeune , 
laissa  à  son  élève  la  bibliothèque  qu^  avoit  reçue  de  son  père,  et 
qui  se  montoit  à  soixante^eux  mille  volumes  (5). 

Les  riches  Romains  avoient  des  collections  de  livres  dans  leun 
maisons  de  campagne,  Lorsqu'une  maison  de  ce  genre  étoit  léguée 
avec  son  mobilier,  les  livres  et  la  bibliothèque  qu'elle  contenoit  lai- 
soient  partie  du  legs  (6).  On  peut  citer  pour  exemple  la  bibliothèque 
de  Iu)cs  Martial ,  de  Pline  le  jeune,  et  les  nombreuses  colleetions 
de  Silius  Italiens  (7). 


(1)  Orosc,  VII,  16.  Dion.LXVI,  s4. 

(«)  P.  Victor,  Descriptio  Rom»,  à  la  suite  de  k  Ifotioe  des  dignités  de 
Tempire,  publiée  par  Labbe,  à  Paris,  en  1S61,  in-18,  p.  s6i. 
(8)  Sënèqae,de  Tranquill.  aDim.,  e.  9. 

(4)  Suidas. 

(5)  J.  Capitolin,  Vie  de  Gordien  lej.,  c.  18. 

(6)  lostructofundo  legato,  libri  quoque  et  bibliotheca  qaae  ia  codem  fundo 
fiunt  legato  continentor.  Ptnli  Sentent.  III,  vi,  Si . 

(7)  Martial  VII,  17.  rtio.iun.,  n,iTH,  8;HI,  rii,S. 


lOLLETlN   DD   BIBLIOPBILX.  |063 

Enfin  I10U9  trouvous ,  dès  le  ii*  siècle ,  des  bibliothèques  publier» 
qiies  dms  de  petites  villes  de  Tltalie  :  Tibur  en  possëdoit  une  asaea 
bien  fournie  ,  située  dans  un  temple  d'Hercule  (i).  Pline  le  jeune 
i^us  apprend  lui-même  qu'il  avoit  prononcé  un  discours  pour  l'i- 
nauguration de  la  bibliothèque  de  Côme,  sa  patrie  (a);  et  J'ensemble 
de  sa  lettre  prouve  que  cette  collection  avoit  été  formée  peut^tre 
en  entier,  fnais  bien  certainement  çn  partie  p«r  lui  et  sa  famille  (3)* 
Pans  une  ancienne  inscription  découverte  à  MiUn ,  nous  trouTons, 
entre  autres  choses ,  que  Plipe  le  jeune  avoU  donné  >  pour  la  ré^ 
paratiou  ou  l'entretien  de  cette  bibliothèque  (i/i  lutelam  bièliothêem)^ 
une  somme  de  100,000  sesterces  (environ  aS»ooo  francs)  (4). 

Les  chrétiens  héritèrent  du  zèle  des  littérateurs  romains  pour  la 
formation  de  collections  bibliographiques  1  &  P^mphile ,  prêtre 
et  martyre  posséda  jusqu'à  trente  luilki  volumes  (S),  dont  il  fit  prén 
sent  à  l'église  de  Gésarée.  Saint  Jéipôme  et  Genoadius  »  au  rapport 
d'Isidore  de  Séville,  recherchèrent  dans  tout  l'univers  les  ouvrages 
des  écrivains  ecclé^iaistiques  »  et  en  dressèrent  un  catalogue*  Les 
exemples  et  les  préceptes  de  ces  hommes  célèbres  firent  nattre>  au 
sein  des  institutions  monastiques ,  cette  foule  de  copistes  aux  tra- 
fBxm  desquels  nous  devons  la  conservation  dp  oo  qui  nous  reste 
des  anciefines  Uttératures.  Les  empereurs  romainsi  lorsqu'ils  eurent 
transporté  à  Qonstantinople  1q  siège  de  leur  autorité,  s'pccupèrenl 
de  former  aussi,  dans  la  nouvelle  capitale»  une  colUetion  do  livres. 
Une  loi  de  Yalens,  de  l'an  39  a  ,  institua  des  gardiens  pour  cette 
bibUothèque ,  et  7  établit  sept  copbi^  »  quatre  grées  et  trois  Un 
fins ,  pour  tranfçfire  les  livres  jaouveam  et  l'enouvekv  les  anr* 
çiens  (6).  Gédrépuf  raconté  que,  squ^  l'empereur  Basiliscus,  un  iun 
cendie  dévora»  dans  ht  bibliothèque  de  Constantinople ,  cent  vingt 
ipille  vplumci  (7}.  liouA  trouvons  encore  dans  l'Histoire  de  l'Afadé* 
n^iç  de^  inscriptipne^  et  beUe$<-)ettres  (8)  la  mention  d'une  collection 

(i)  Aulugelle,  IX  ,  i4.  XIX,  5. 
(s)  Plin.  I,  VIII,  «.      . 

(3)  Onerabit  hoc  modestiam  nostraro ,  etiamtl  ttjrliis  ipte  faorit  prtsBUi 
demîssusque ,  propterea  quod  cogimar  oum  de  rounificentia  parentam  nos- 
trorum  tum  denostra  disputarc. 

(4)  Or«Ui,  Sel«ot.  inscr.,  n*  1171. 

(6)  Isidore,  Origtn.,  VI,  6.  ^ 

(5)  Code  Thëod.yXIY,  »,  i;t.  iT,p!so«. 

(7)  Mabillon,  De  re  diplom.,  I,  8,  p.  33. 

(8)  Éd.  in-i>,  toiD.  lY,  p.  ftsi  etivÎT. 


I084  '•    TECBENEB»  VLACB   OU   LOUVRE,    1-2. 

de  livres  formée  à  Constantinople  ,  et  qui  sarvëcat  à  la  chute  de 
rempire  grec.  Des  scrupules  religieux  portèrent  Amurat  IV  à  la 
livrer  aux  flammes. 

Chez  les  Romains  comme  chez  nous ,  le  mot  de  bibliothèque 
avoit  trois  acceptions  différentes  :  il  signifioit  tantôt  une  collection 
de  livres,  tantôt  l'édifice  ou  la  partie  de  l'édifice  où  étoit  conservée 
cette  collection ,  tantôt,  enfin ,  les  casiers  {pegmata)  dans  lesquels 
étoient  déposés  les  volumes  (i),  absolument  comme  les  rouleaux  de 
papier  chez  nos  marchands  de  papiers  peints.  Les  cases  pouvoient 
avoir  de  trois  pieds  à  trois  pieds  et  demi  de  long,  s'il  faut  en  juger 
d*après  le  dessin  dorme  parSchwarz,  d'un  ancien  marbre  trouvé  k 
Nimègue ,  et  sur  lequel  '  est  sculptée  une  bibliothèque  rempile  de 
rouleaux.  Chaque  volume  présentoit  celle  de  ses  tranches  dans  la- 
quelle étoit  inséré  le  piilacium  ,  qui ,  retombant  sur  la  tranche  , 
offroit  aux  yeux  le  titre  de  l'ouvrage.  Les  fascicules ,  qui  réu- 
nissoient  plusieurs  volumes  d'un  même  ouvrage,  étoient  placés  tout 
attachés  dans  les  cases  des  bibliothèques;  on  en  a  trouvé  quelques^ 
Uns  à  Hercolanam  (2), 

'  Les  cases  se  nommoient  niV/i,  comme  celles  des^magasins  de  U-^ 
brairie  (3)  ou  bien  foruli  (4) ,  capsœ  (5) ,  peut-^tre  même  locnli\ 
Nous  troiivons  du  moins  le  mot  de  bettlamentam  dans  Sénèque  (6} 
pour  désigner  un  casier,  un  assemblage  de  plusieurs  cases ,  ce  que, 
dans  nos  bibliothèques,  nous  nommons  une  travée,  et  que  les  an- 
ciens appeloient  une  armoire,  armarium  (7).  Les  armoii-es  destinées 
aux  livres  carrés  renfermoient  des  rayons  à  rebord  formant  plu- 
sieurs  étages  de  plans  inclinés,  sur  lesquels  les  livres  étoient  placés 
à  plat,  à  côté  les  uns  des  autres,  occupant  ainsi  une  place  égale  à  leur 
largeur.  Celle  de  leurs  tablettes  sur  laqudle  le  titre  étoit  écrit  se 
trouvoit  ordinairement  en  dessus  exposée  aux  yeuaL.  Dans  les  deux 
dessins  de  ce  genre  d'armoires  publiés  par  Pancirol  (8) ,  on  voit 
qu'on  ne  s'astreignoit  pas  toujours  à  écrire  le  titre  du  livre  sur  la 

• 

(1)  Digeste,  XXXII,  lu,  7.  Festas. 

(a)  A.  (le  Jorio,  ofiic.  Je^  Papiri,  p.  Co,  not.  gg,  et  pL  A  ce.  B  z. 

(3)  Martial,  VII,  17. 

(4)  Juvéaal,  III ,  319  et  Tet.  scboliast.  h.  1.  {h)  Digeste,  XXXIII,  z,  3. 

(6)  De  Tranquill.  aDÎm.,  c.  9. 

(7)  Au  moyen  âge,  ce  mot  désignoit  U  bibliothèque  entière,  et  armarius 
le  bibliothécaire. 

(8)  Notice  des  Dignités  de  Teropire,  fol.  logTcrt.  et  iiorect. 


BULLETIN    DU   BIBLIOPHILE.  lObS 

même  tablette  ;  il  étoit  tantôt  sur  un  des  plats,  et  tantôt  sur  l'autre. 
Dans  les  bibliothèques  des  riches  Romains ,  les  armoires  étoient 
quelquefois  en  bois  de  cèdre  avec  des  ômemens  d'ivoire  (i).  Il 
semble  même  ,  d'après  un  passage  du  Digeste ,  que  quelques-unes 
étoient  entièrement  en  ivoire  (2).  Ce  luxe  dans  l'ornement  des  bi- 
bliothèques se  prolongea  jusqu'après  la  chute  de  l'empire  d'Occi- 
dent ;  car,  dans  la  Consolation  philosophique  de  Boèce,  ouvrage  écrit 
un  peu  avant  l'année  626,  il  est  encore  question  de  bibliothèques 
dont  les  murs  sont  ornés  d'ivoire  et  de  verre,  comptas  ebore  et  vitro 
parictes  (3).  Juste-Lipte ,  qui  cite  ce  passage  ,  s'en  autorise  pour 
avancer  que  les  armoires  n'étoient  pas  adossées  aux  parois  laté- 
rales, mais  élevées  au  milieu  de  la  salle,  tomme  c'étoit,  dit-il»  l'u- 
sage de  son  temps  dans  les  bibliothèques  pubUques.  Nous  avons 
bien  de  la  peine  à  croire  que  les  anciens  ,  dont  les  ouvrages  exi- 
geoient  une  si  grande  place  ,  se  soient  vofonlairement  privés  de  la 
moitié  de  l'espace  qu'ils  pou  voient  mettre  à  profit  dans  leurs  biblio- 
thèques. Pline  le  jeune  dit  formellement  que  la  collection  de  livres 
qu'il  avoit  à  sa  maison  de  campagne  étoit  renfermée  dans  une  ar- 
moire fixée  au  mur,  en  forme  de  bibliothèque.  Parieti  ejus  (cubiculi) 
in  bibliothecs  speciem  armarium  insertum  est,  quod  non  légendes 
libros ,  sed  lectitandos  capit  (4).  La  pièce  dans  laquelle  ont  été 
découverts  les  manuscrits  d'Herculanum  est  fort  petite  ;  deux  hom- 
mes avec  les  bras  étendus  peuvent  en  toucher  les  extrémités.  11  y 
avoit,  en  efFet,  dans  le  milieu  ,  une  armoire  isolée  dont  on  pouvoit 
aisément  faire  le  tour  ,  remplie  de  livres  des  deux  côtés.  Mais  aux 
murailles,  dans  tout  le  contour  de  la  pièce,  étoient  adossées  d*au- 
tres  armoires  qui  ne  s'élevoient  que  jusqu'à  hauteur  d'homme  (5). 
Ce  fait  semble  prouver  que  l'usage  des  échelles  étoit  inconnu  dans  les 
anciennes  bibliothèques  de  Rome  ;  car,  si  quelqu'un  devoit  sentir  le 
besoin  de  gagner  de  l'espace  en  hauteur  pour  distribuer  sa  collec- 
tion de  livres,  c'étoit  à  coup  sûr  le  philosophe  épicurien  ^  proprié- 
taire de  la  maison  des  papyrus  à  Qerculanum,  dont  le  cabinet  avoit 
à  peine  dix  ou  douze  pieds  carrés.  Cependant ,  comme  Sénëque , 


(1)  Sënéque,  de  Tran(|uill.  anini.,  c.  9. 

(a)  Ut  dicimus  eloream  bibliothecam  émit ,  XXXII,  lu,  7 . 

(3)  Cité  par  Juste-Lipse,  Syntagma  debibliothecis,  c.  9. 

(4)  Epist.  II,  xTii,  8. 

(5)  Offic.  de^papiri,  p.  1:. 

69 


Iil86  J.    TECHEMEJl,    PLAGE    DU    LOUYBB,    12. 

dans  sa  brusque  sortie  contre  le  luxe  des  bibliothèques ,  parle  de 
casiers  étages  jusqu'au  toit,  îoculamenta  teeto  tenus  ùutrucia ,  nous 
n'osons  nous  prononcer  sur  cette  question  d'ime  manière  trop  affir- 
mative. Nous  constatons  seulement  un  fait,  c'est  qu'il  y  aToic, 
avant  le  ii*  siècle  de  notre  ère,  des  bibliotbèques  disposées  comme 
les  nôtres,  dont  les  rayons  étoient  loin  de  s'élever  jusqu'au  plafond. 
Dès  lois  on  n'a  pas  besoin ,  pour  interpréter  le  passage  de  Boèce , 
de  soutenir  que  les  armoires  fussent  exclusivement  dans  le  milieu 
de  la  pièce  ;  elles  pouvolent  être  le  long  des  murs^  et  laisser  encore, 
dans  la  partie  siupérieure  de  ces  murs,  assez  de  place  pour  des  or* 
nemcns  en  verre  et  en  ivoire.  A  moins  qu'on  ne  préfère  donner  un 
autre  sens  aux  paroles  de  Boèce,  et  dire,  ce  qui  se  peut  fa iic  »  la 
rigueur,  qu'il  a  voulu  parler  simplement  d'armoires  à  cadres  d'i- 
voire et  à  paxmeau^  en  verre  adossés  aux  murailles. 

Un  autre  fait  que  l'aïUorité  de  Juste-Lipse  a  presque  fait  passer 
en  force  de  chose  jugée ,  c'est  que  les  armoires  des  bibliothèques 
publiques  étoient  numérotées.  La  seule  preuve  qu'on  puisse  en  don- 
ner est  cette  phrase  de  Yopiscus  :  la  bibliothèque  Ulpienne  ren- 
fei'uie,  dans  r armoire  sixième,  un  Uvre  d'ivoire,  etc.  (  i  ).  Cette  preuve 
est-elle  bien  convaincante?  et  n'auroit^on  pu,  sans  que  chaque  ar- 
moire portât  un  numéro  d'ordre  ,  désigner  la  position  de  l'une 
d'elles  relativement  aux  autres?  Peut-être  pensera-t-on  que  l'adjec- 
tif numérique  sextus  ,  par  sa  position  après  le  substantif,  est  bien 
l'expression  d'un  chiffre  réel;  nous  laissons  cette  question  au  ju- 
gement des  philologues. 

Ce  qui  paroit  un  peu  moins  douteux,  c'est  que  les  bibliothèques 
des  anciens  étoient  cataloguées.  Nous  venons  de  voir ,  par  ua  pas- 
sdjg^  d'Isidore  de  Séville,  que  S.  Jérôme  et  Gennadius  avoient  fait 
jun  catalogue  de  leurs  collections  de  Uvres.  PUne  le  jeune,  se  pro- 
posant de  faire  connoitre  tous  les  ouvrages  de  son  oncle  à  Macer, 
qui  se  plaisoi^  à  les  lire,  lui  dit  :  Je  ferai,  pour  vous ,  l'office  d'an 
càtÀiognCf/ungar  inclicispartihus(2).  uPrenez,  dit  SénèquC)  le  cata- 
logue des  philosophes,  sume  in  mcmus  indicem  philosopliorum^  l'as- 
pect seul  de  tant  de  travaux  suffira  pour  vous  réveiller  et  vous  en- 
gager à  £aiire  aussi  quelque  chose  (3).  »  C'étoit  peut-être  un  catalogue 

(i)  Habet  bibliolhera  Ulpia  iu  armario  sexto,  librum  elepliantiniim  ,  etc. 
Vie  Je  Tacite,  c.S. 

(s)  Plin.  jun.,  III,  v.  t. 
:)>  Sénèqur,  épitrc  39. 


BULLETIN     »r    BIHMOPIIIIK.  1 087 

raisonné,  une  espèce  de  manuel  de  bibliograpliie  que  cet  auTiage 
du  grammairien  Anrelius  OpiHus  intitirlé  Pinax  ,  dans  lequel  il 
ëenvoit  par  deux  initiales  son  surnom  que  Suétone  troùroit 
écrit  par  une  seule  dans  la  plupart  d^s  catalogues  et  des  titres  de 
ses  livres,  inplerisique  indicibus  et  iitulis  (i).  Enfin,  Quintilieh  fou- 
lant, sans  s'exposer  au  reproche  d'ignorance  ,  se  dispenser  de  citer 
un  grand  nombre  de  poètes  é'un  ordre  inférieur  :  Il  n'est  personne, 
dit-il,  quelque  étranger  qu'il  soit  à  la  poésie,  qui  ne  puisse  pi*eYidre 
dans  une  bibliothèque  et  insérer  dans  ses  ouvrages  le  catalogue  des 
poètes.  Si  donc  j'en  passe  quelqved-uns  sous  silence,  ce  n*éfsi  pas 
qu'ils  me  soient  inconnus  (2).  Ces  cataloguas  étoient*ils  de  simples 
inventaires ,  ou  bien  l'inscription  de  çhaqne  outrage  y  étéif-elle 
suivie  d'une  indication  propre  à-  faire  suv-'Ie-ehamp  trouver  fai;  place 
assignée  au  livre  dans  la  bibliothèque  ?  c'est  ce  qu'il  est  même  im- 
possible de  canjectnrer.  Noua  svons  rencontré  dans  les  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  royale  quekfues  catalogues  de  bibliothèques  mo^ 
nacales  du  xii*  et  dn  xiii'  siècle.  Ce  sont  des  inventaires  purs  et 
simples  sans  numéro  d*ordre  :  seulement  ils  sont  dîviséa  par  eha- 
pitres ,  correspondans  ^x  diverses  parties  du  système  bibMogra- 
phiquede  l'époque.  11  peut  donc  se  faire  que  k»  ouvrage»  inscrits 
dans  un  chapitre  n'occupassent  pas,  dans  la  bibliothèque,  la  même 
pïaice  que  ceux  qui  étoient  marqués  dans  un  cliapiCre  différent.  Il 
pouvoit,  par  exemple,  y  avoir  une  armoire  p<Mii'  les  exemplaues  de 
rÉcriture  sainte,  une  autre  pour  le»  Pères,  une  troisième  pour  les 
philosophes ,  une  quatrième  pour  les  grammairiens ,  ainsi  de  suite. 
Revenons  aux  bibliothèques  de  l'antiquité.  En  l'econnaissant 
qu'il  y  avoit  en  Italie  des  collections  ;7fi^/<^a«^  de  livres  ,  il  étoit  évi- 
demment inutile  d'accumuler,  comme  on  Ta  fait,  les  citations, 
afin  de  prouver  que  les  bibliothèques  étoicut  pour  les  littérateurs  des 
lieux  de  rendez-vous  et  qu'on  y  avoit  disposé  des  sièges  pour  leur 
commodité.  Tout  ce  qu'on  peut  faire  remarquer,  c'est  qu'on  y  per- 
mettoit  les  réunions  par  gi*oupes  et  les  conversations,  ainsi  que 
le  prouve ,  d'une  manière  péremptoire,  le  1^  chapitre  du  1 3*  livre 
d'Aulugelle.  On  pourroit  conjecturer,  d'après  un  autre  pas- 
sage du  même  auteur,  que  le  prêt  des  livres  au  dehors  n'ctoil  pas 

(1)  Deillnstr.  grammat.,  c.  6.  t 

(a)  Noc  sane  qiiisquam  est  tam  prociit  a  cognicionc  corirm  (pootaram)  ro- 

motus,  ut  non  indiccm  certe  ex  biblioUiccasuroplum  Iransferrc  iolibros  suos 

poisit.  lost.  oral.  X,  1,  lom.  I,  p.  739,  éd.  Tarior. 


]088  J.    TECHI^KEB  ,    PLACE   DU   LOUVES,     12. 

interdit  anx  conservateurs  des  bibliothèques  publiques,  Aulugelle 
étoit  à  Tibur  avec  plusieurs  amis  de  son  âge  dans  la  maison  de 
campagne  d'un  homme  riche,  où,  au  milieu  des  chaleurs  de  Tété, 
ils  se  rafraichissoient  en  buvant  de  la  glace  fondue.  Parmi  eux 
étoit  un  péripatéticien  qui  s'évertùoit  à  leur  prouver,  en  invoquant 
Aristote ,  que  la  glace  fondue ,  très-salutaire,  du  reste,  pour  les 
plantes,  étoit  tout  à  fait  nuisible  à  l'homme.  Ne  pouvant  les  con- 
vaincre, il  alla  chercher  à  la  bibliothèque  de  Tibur,  qui  étoit  alors 
dans  le  temple  d'Hercule  et  assez  bien  garnie  |de  livres^  l'ouvrage 
même  d'Aristote  dont  il  invoquoit  l'autorité  et  le  leur  apporta  (i). 
Outre  le  tyûs  de  cèdre,  l'ivoire  et  le  verre,  on  cmployoit  encore, 
pour  l'ornement  des  bibliothèques,  le  i^iarbre  et  l'or.  Les  habiles 
architectes,  dit  Isidore  de  SériUe  (2),  ne  dorent  pas  les  plafonds 
des  bibliothèques,  parce  que  l'éclat  de  l'or  peut  nuire  aux  yeux  ; 
ils  les  pavent  en  marbre  vert»  couleur  qui  est  salutaire  à  la  vue. 
On  peut  conclure  de  cette  phrase  que  ces  précautions  n'étoient  pas 
toujours  observées  et  que  les  maii>res  blancs  et  les  dorures  enri- 
chissoient  quelquefois  les  pièces  destinées  à  renfermer  des  livres  ; 
mais  leurs  omemens  les  plus  répandus,  c'étoient  les  portraits  et  les 
statues  des  grands  hommes  dont  elles  renfermoient  les  ouvrages.  «  Je 
M  ne  dois  pas,  dit  Pline  l'Ancien,  omettre  ici  une  invention  moderne. 
M  Depub  quelque  temps  on  consacre  dans  les  bibliothèques ,  en 
«  or ,  en  argent,  ou  du  moins  en  airain,  les  bustef^  des  grands 
«  hommes  dont  la  voix  immortelle  retentit  dans /ces  lieux;  et 
«  même,  quand  leur  image  ne  nous  a  pas  été  transmise,  nos  regrets 
«<  y  substituent  les  traits  que  notre  imagination  leur  prête;  c'est  ce 
f  qui  est  arrivé  pour  Homère,  et  certes  je  ne  conçois  pas  de  plus 
<«  grand  bonheur  pour  un  mortel  que  ce  désir  qu'éprouvent  les 
M  hommes  de  tous  les  siècles  de  savoir  quels  ont  été  ses  traits.  L'u- 
«  sage  dont  je  parle  fut  établi  à  Rome  par  Asinius  Pollion  ,  qui 
(I  le  premier,  ouvrant  une  bibliothèque  publique,  rendit  le  génie 
«  des  grands  écrivains  le  patrimoine  des  nations.  Je  ne  pourrois  dire 
«  si  les  rois  d'Alexandrie  et  de  Pergame,  qui  se  disputèrent  la  gloire 
«  de  fonder  des  bibliothèques,  n'ont  pas  fait  la  même  chose  avant 


(i)  Sed  quum  bibeniKi!  DÏvis  pausa  fîeret  nulla,  promit  e  bibliotheca  Tibarti, 
que  tune  in  Herculis  templo  salis  commode  iostnieta  libris  erat,  Aristotelis 
librum,  eumque  ad  nos  ad/ert.  Noct.  Attic.  yXlX,  6. 

(»)  Origin.,  Vf,  ii. 


BULLETIN    DU    BIBLIOPHILE.  ^^^ 

«  lui  (i).  »  Outre  Tor,  l'argent  et  le  bronze,  les  anciens  em- 
ployoient,  pour  faire  des  bustes  ou  des  statues,  la  cire,  l'ivoire^  le 
marbre(2)  et  le  plâtre  (3).  Les  simples  portraits  trouvoient  aussi  place 
dans  les  bibliothèques  ;  on  pourroit  le  conjecturer  peut-être  d'a- 
près ce  passage  où  Pline  le  jeune  dit  en  parlant  de  Silius  Italicus  (4): 
Il  possédoit  plusieurs  maisons  de  campagne,  et  dans  toutes,  beau-* 
coup  de  livres,  beaucoup  de  statues,  beaucoup  de  portraits  qu'il 
conservoit ,  ceux  de  Virgile  surtout,  avec  une  grande  vénération. 
Ordinairement  on  ne  recherchoit  les  portraits  des  hommes  célèbres 
qu'après  leur  mort.  Phne  le  jeune  dit ,  en  parlant  de  Pompeius 
Satuminus  ,  qui  vivoit  encore  :  S'il  avoit  vécu  parmi  nos  aïeux  , 
nous  rechercherions  avidement,  non-seulement  ses  livres,  mais 
encore  ses  portraits  (5).  Dans  la  lettre  suivante,  il  loue  Titinius 
Gapito,  qui  plaçoit  dans  sa  maison,  partout  où  il  pouvoit,  lesporr 
traits  des  Brulus,  des  Cassius,  des  Caton.  Le  seul  homme  vivant 
dont  Pdllion  admit  l'image  dans  sa  bibliothèque  fut  Varron  (6) , 
et  celte  exception  lui  fit  d'autant  plus  d'honneur  que  Yan-on  éto^t 
son  rival  en  érudition  et  en  science.  Plus  tard  on  trouve  plusieurs 
exemples  de  statues  d'hommes  vivans  placées  dans  les  bibliothè^ 
q'ues,  soit  publiques,  soit  particuUères. 

Une  inscription  étoit  ordinairement  tracée  au  bas  du  portrait  ot| 
de  la  statue.  Martial  a  composé  un  quatrain  pour  mettre  au  bas  dç 
son  portrait,  que  Stertinius  avoit  fait  mettre  dans  sa  bibliothèque, 
parmi  ceux  de  plusieurs  autres  hommes  célèbres  (7).  Numérien, 
au  rapport  de  Vopiscus  (8),  étoit  si  éloquent,  qu'on  lui  décerna  une 
statue  dans  la  bibliothèque  Ulpienne,  non  en  sa  qualité  de  César, 
mais  en  sa  qualité  de  rhéteur.  Au  bas  de  la  statue  étoit  cette  ins- 
cription: NvMERIANO  CABSARI  ORATORI  TEMPOAIBVS  SVIS  POTENTISSIMO. 

Enfin  Sidoine  Apollinaire  nous  apprend  lui-même  qu'une  statue 
portant  son  nom  lui  fut  consacrée,  sans  doute  par  l'empereur 


(1)  Hisl.nat.,  XXXV,  1,  lracl.fr.  de  M.  Gncroull. 
(ï)  JuvcDal,  II,  \. 

(3)  Plin.  j.,  IV.  ▼!!,  I. 

(4)  III,  Tii,  8. 

(5)  Si  inter  cos  quos  nunquam  Tidimn^  floruisset,  non  soliim  libros  ejiis, 
▼erum  etiam  imagines  conqiiireremus.  Epîlr.  I,  xvi,  8. 

(6)  Pline,  VII,  3i. 

(7)  Voy.  Epigrammcs,  IX,  1. 

(8)  Notice  sur  Niimcrien  ,  au  commencement. 


lOgo  I.  TECHEHER,  PLACE  DO  LOUVRE,  12. 

Vritiis ,  90D  beau  «père,  dans  la  bibliodièque  de  Tràjan  (i). 
Il  n'est  guère  possible  de  déterminer  avec  précision  la  place  que 
Icji  statues  occupoient  dans  les  bibliothèqaes.  S'il  écoit  parfaitement 
prouvé  que  les  casiers  ne  s'éleToient  jamais  au  delà  de  la  hauteur 
d'un  homme,  nous  pencherions  à  croire  qu'elles  étoient  sur  les  cor- 
niches mêmes  des  armoires  ou  sur  les  petites  colonnes  qui  les  sépa- 
voient.  Juste-Lipse  pense  qu'ellesfétmentplacéefljsurdepetits  pupitres, 
devant  Parmoire  où  étoient  les  hyres  des  auteurs  qu'elles  représen- 
toîent.  0  dte  ce  passage  un  peu  amphibologique  de  JuTénal  : 

Indocti  primam  ,  quanqaam  pleoa  omnia  gypso 
Chrysippi  iDvenias  :  nam  perfectÎMimas  liorua  est 
Si  qnis  Ariatotelcn  timilem  re\  Pittaoon  émit, 
Et  jubet  archetjrpos  pluteum  aenrare  cleantlMs(s}. 

Le  mot  piuteus^  comme  nous  l'avons  remarqué  ailleurs  d'après 
Isidore  et  un  vieux  commentateur  de  Juvénal,  est  synonyme 
diamumiun  et  ne  désigne  pas  ici  un  pupitre  ou  un  socle  de  statue. 
Vun  autre  côté,  une  statue  placée  sur  un  pupitre  devant  une  ar- 
moire pleine  de  livres  auroit  été  assez  embarrassante.  Peut-être 
étoient-elles  aux  cdtés  de  l'armoire  comme  placées  en  sentinelles 
pour  en  garder  les  trésors  ;  c'est  du  moins  un  des  sens  les  plus 
plausibles  qu'on  puisse  donner  au  dernier  des  vers  de  Juvénal  que 
nous  venons  de  citer.  Cette  interprétation  ne  rendroit  pas  plus 
obscur  le  sens  de  cet  ancien  distique,  qui  ëtoit  placé  au  bas  de  la 
statue  de  Virgile,  et  qui  est  rapporté  par  Juste-Lipse  : 

Lucis  damna  nihil  tanto  nocucre  poctx 
Quem  praescntat  hoDos  carminis  et  plutci  (3). 

Cet  honos  plutei  s'expliqueroit  par  le  soin  qa'on  auroit  eu  de  placer 
la  statue  du  poète  soit  au-dessus,  soit  à  côté  de  l'armoire, p/f//«uj, 
qui  étoit  spécialement  consacrée  à  conserver  les  divers  exemplaires 
de  ses  œuvres.  De  même  ceux  qui,  dans  la  lo'  lettre  du  i"  livre 
à  Atticus,  liseui  plut ealia  sigiUa^  au  lieu  dt  putcalîa  sigillata,  doi- 
vent entendre  ces  mots  de  statuettes  propres  à  orner  les  armoires 
d'une  bibliothèque;  car,  comme  le  fait  observer  Juste- Lipse,  si 
avant  PoUion  on  n'admettoit  pas  dans  les  bibliothèques  les  por- 


(i)  EpUre  iG,  liv.  IX. 

(s)  Satire  11,  4. 

(3)  Syntagm.  dcbihliot..  r.  lo. 


BULLETIN   DU   BIBUOPHILE.  lOÇfT 

traits  (les  grands  hommesy  on  y  plapoit  au  moinB  les  images  des 
Dieux. 

Nous  terminerons  ce  chapitre  par  une  note  très-succincte  sur  les 
collections  de  livres  formées  à  différentes  époques  dans  notre  patrie 
et  en  indiquant  l'origine  de  la  plus  riche  collection  que  possède 
aujouixl'hui  la  France. 

En  Gaule,  les  lettres  ne  cessèrent  d'être  cultÎTées  en  dehors  dès 
nionastèresque  lorsque  la  puissance  romaine  y  fut  entièrement  anéan- 
tie. Sidoine  Apollinaire,  évêque  de  Clermont  en  Auvergne,  nous  fait 
encpre  connaître,  au  v*  siècle,  plusieurs  collections  de  livres  par- 
ticulières, la  plupart  dans  la  Gaule  méridionale.  Ce  sont,  entre 
autres,  les  bibliothèques  de  Loup,  professeur  à  Périgueux  (i), 
celle  du  consul  Magnus  à  Narbonne  (9.)^  celle  de  Rurice ,  évêque 
de  Limoges  (3),  enfin  la  plus  riche  et  la  plus  curieuse  de  toutes, 
celle  que  Tonance  Ferreol  possédoit,  dans  sa  maison  de  Pnisiane, 
sur  les  bords  du  Gardon,  non  loin  des  frontières  du  Rouergue  (4)* 
Au  viii^  siècle  nous  trouvons  une  collection  de  livres  formée  par 
Charlemagne,  et  que  ce  prince,  par  son  testament,  ordonna  de 
vendre,  pour  en  distribuer  le  prix  aux  pauvres  (5).  Cette  prescrip- 
tion ne  fut  pas  observée  ou  bien  une  nouvelle  collection  fut  créée 
par  Louis  le  Débonnaire,  car  il  y  eut  une  bibliothèque  du  palais 
jusqu'après  Charles  le  Chauve.  Ebbon,  depuis  archevêque  de 
Reims,  Gar^'ard,  dont  £ginhard  a  inséré  six  vers  élégiaques  dans 
la  vie  de  Charlemagne,  et  Hilduiu  ,  depuis  abbé  de  Saint-Bertin» 
furent  successivement  préposés  à  la  garde  et  à  la  conservation  de 
cette  collection  (6). 

Enfin  il  paroi t,  par  le  testament  d'Everard,  comte  de  Frioul  au 
IX'  siècle  (7),  que  l'exemple  des  empereurs  avoit  engagé  des  particu- 
liers à  amasser  des  livrea.  Mais  depuis  le  vi^  siècle  jusqu'au  xiv*, 
c'est  dans  les  monastères  qu'il  faut  chercher  les  bibliothèques  un 
peu  considérables.  Nous  renvoyons  à  l'histoire  littéraire  de  la 
France  ceux  qui  seroieut  curieux  de  quelques  détails  sur  chacune 
des  collections  monastiques.  Il  nous  suffira  de  dire  ici  que,  dans 
toutes  les  maisons  religieuses,  une  bibliothèque  étoit  regardée 

(1)  EpUr.  Vlll,  II.—  (a)  Carm.  XXIV,  90  sq.  —  (3)  Eptlr.  V,  i5. — 
(4)  Epîtr.  II,  9,  cf.  Carm.  ultim. 

(5)  EginharJ,  Vie  de  Charlem.»  a  la  fin . 

(6)  Histoire  littéraire,  tom.  IV,  p.  923  sqq. 

(7)  Spicilégc,  éd.  in-fol.,  tom.  If,  p.  87O  sq.