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BULLETIN
DU
BIBLIOPHILE
ET DU BIBUOTHÉCAIRE
1891
BULLETIN
DU
BIBLIOPHILE
ET DU BIBLIOTHÉCAIRE
(REVUE MENSUELLE)
Publié par la LIBRAIRIE TE.GHENER
AVEC LE CONXOURS
De MM. Baudriixart, de]riiistitut; Gust. Brunet, de Bordeaux; A. Claudin,
Lauréat de l'Institut ; E. Dblapeace ; Jules Delptt ; Joseph Denais ;
Victor Dbveult, de la Bibliothèque Sainte-Geneviève ; Ferdinand Denis,
administrateur à la Bibliothèque Sainte-Geneviève; Dramard, conseiller à
la Cour de Limoges ; J. Dukas ; Georges Dcplbssis, de la Bibliothèque
Nationale ; Alfred Dcpré, avocat à la Cour d'appel de Paris ; Dupré-Lasale,
conseiller à la Cour de cassation ; Du Boys ; Charles Ephrussi ; L'abbé A.
Fabre; Alfred Franklin, administrateur de la Bibliothèque Mazarine;
LÉONCE Janmart de Brouillant, de la Société des Bibliophiles de Belgique ;
LiEUTAUD ; BIarais, de la Bibliothèque Mazarine ; P. Margrt ; F. Morand, de
Boulogne-sur-Mer; Gaston Paris, de l-Institut ; Léon-Gabriel Pélissier
Baron Jérôme Pichon , président de la Société des Bibliophiles fi*ançois
Duc de Rivoli, de la Société des Bibliophiles françois ; Baron de Ruble
Vicomte de Savignt de Moncorps, de la Société des Bibliophiles françois
Schwab, de la Bibliothèque Nationale; Alexandre Sorel, président du
Tribunal civil de Compiègne ; P. Tajozet de Larroque , correspondant de
l'Institut; abbé Ch. Urbain; Georges Vicaire, etc.
FONDÉ EN 1834
FONDATEURS ET ANCIENS COLLABORATEURS
CjÊtAttiKs. Nodier ; Paul Lacroix (Bibliophile Jacob) ; J% Ch. Brunet ; Leber ;
G. Peignot ; Paulin Paris ; L. Barbier ; Victor Cousin ; Silvestre de
Sact; J. de Gaulle; Charles Giraud; Le Roux de Linct; Monmerqué ;
Ch. Asseuneau ; Comte Clément de Ris ; Marquis de Gaillon ; Rathert ;
Sadctb-Beuve ; Francis Wet ; Comte de Barthélémy; Meaume; Moulin ;
Cuvillier-Fleury ; Baron A. Ernouf ; le Comte de Bâillon; Comte de
Longpérier Grimoard, etc., etc.
1891
ON SOUSCRIT A PARIS
A LA LIBRAIRIE TECHENER
<H. IXCLDtC n P. COnXUAU)
219, RUE SAINT-HONORÉ
<A0 con 01 ut m d'ai4iji>
1891
•
•
f-. ■ T
I -\
BIBLIOGRAPHIE DTN AMATEUR
DESCRIPTION ET ANALYSE
DE LIVRES ANCIENS
*
RARES ET CURIEUX
(SUITE)
10. — ELEGIE SVR 1 1 LE DESPART DE LA ROYNE
MARIE retournant II à son royaume jj d'Escosse.
A Lyon \ \ Par Benoist Rigaud. \ \ 1561.
In-8o de quatre feuillets non chifiFrés, signature A3;
imprimé en lettres rondes.
• >
»
t
» a
Le titre occupe le recto du premier feuillet, et contient la* marque
de Benoist Rigaud, reproduite par Sili'estre, sous le-n® 1902. Cette •
marque porte en exergue : BeiUi omnes quûthnent Dominuri}, et •*
au centre, au-dessus de deux personnages ; Initiukn \ gapientiœ \
timor I Domini* ' '
Le verso de ce feuillet est blanc. Après la répétition du titre ci- ^ *!■
dessus indiqué, le texte commence par une grande lettre ornée ; il
est en vers de dix syllabes» Cette première page contient treize vers,
les trois pages suivantes chacune vingt-quatre et la dernière huit
Ters, ce qui donne cent seize vers pour la pièce entière.
Un exemplaire de cette pièce, dans le catalogue de»
livres de la bibliothèque particulière de M. Léon Teche-
ner {Troisième partie — n9 103)^ est accompd[gné de la'
note suivante :*JExè/np/aîre à toutes marges dune pièce ^
en vers de la plus grande rareté. On Iç retrouve dans le
18dl 1
1 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Bulletin mensuel de la librairie Morgand [Novembre
1889 — n« Î74S2J avec cette note : Pièce de vers extrême-
ment rare qui n'est citée nulle part. Parfaitement écrite,
cette Elégie sur le départ de la reine Marie Stuart pour
VEcosse peut être attribuée à Ronsard. On aurait dû
dire : Cette pièce est de Ronsard, car elle est efFective-
ment de ce poète, et on peut la lire dans les différentes
éditions de ses œuvres postérieures à 1561. Ce n'est pas
la pièce de vers en elle-même, mais Tédition, qui est
excessivement rare.
On sait que Marie Stuart, après le décès de François II,
survenu le 5 décembre 1560, s'embarqua le 14 août
1561 pour retourner dans son royaume d'Ecosse. L'édi-
tion de Félégie sur son départ, publiée à Lyon en 1561,
sans nom d'auteur, est donc une édition originale. Elle
n'est pas indiquée, dans les diverses nomenclatures des
pièces de Ronsard imprimées séparément. Son texte
offre de nombreuses et d'importantes variantes avec
celui que l'on retrouve dans les œuvres complètes du
poète. Tout ce qui est relatif à Marie Stuart et tout ce
qui émane de Ronsard étant, à juste titre, fort recherché,
je croîs qu'on lira avec plaisir le texte original et
presque introuvable de celte élégie, qui nous donne la
pensée de l'auteur telle quelle a jailli de son cœur,
sous le coup de l'événement qui l'a inspirée ; je le repro-
duis donc en entier :
Gomme un beau pré despouillé de ses fleurs,
Comme un tableau privé de ses couleurs,
Comme le ciel s'il perdoit ses estoilles,
La mer ses eaues, le navire ses voiles,
Comme un beau champ de son bled descouvert,
Et come un bois perdàt son mâteau verd.
Et un anneau sa pierre précieuse
Ainsi perdra la France soucieuse,
Ses ornemens en perdant la beauté,
Qui fut sa fleur, sa couleur et clarté.
BIBLIOGRAPHIE D UN AMATEUR
Dure fortune, indomptable et félonne,
Tu es vrayement fille d'une Lyonne,
Tu vas passant les Tygres en rigueur.
Et tu n'as point dans l'estoinach de cœur.
D'ainsi traicter une Roy ne si belle.
Premièrement, tu l'as des la mammelle,
Assubiettie a porter le malheur.
Lorsque sa mère esmeue de douleur
Dans son girô, craignàt l'armée Angloise
L'alloit cachant par la terre Escossoise.
A peine estoit sortie hors du berceau.
Que tu l'as mise en mer sur un vaisseau.
Abandonnant le lieu de sa naissance.
Sceptre et pares pour demeurer en fràce :
Lors en changeant de courage malin,
La regardas d'un courage bénin,
Et d'orpheline ensemble et d'estrangère,
( Ha que tu es inconstante et legiere )
La marias au filz de nostre Roy :
Qui depuis tint la France dessoubs soy.
Puis en l'ayant, o Fortune insensée :
Jusqu'au sômet des gras hôneurs poussée.
Tu as occis a seize ans son mary,
Ny plus ny moins qu'en un iardin fleury
Meurt un beau lys quand la pluye pesante
Aggrave en bas sa teste languissante.
Ou, comme au soir, la rose perd couleur,
Et meurt seichee alors que la chaleur
Boit son humeur qui la tenoit en vie
Et feuille a feuille a bas tombe fanie.
Sa belle espouse attaincte de soucy
Après sa mort est demeurée ainsi
Qu'on veoit au bois la vefve Tourterelle,
Ayant perdu sa compagne fidelle.
Jamais un'aultre elle ne veult choisir :
Car par la mort est mort tout son désir :
Plus ne sied dessus la verde branche
Plus resonner ell'ne fait sa voix franche,
Mais se cachant dedens les lieux secrets
Seulettc au bois raconte ses regrets :
Se pajst de sable et en grief ve douleur.
Sur un tronc sec soupire son malheur.
1
4 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Fortune, helas ! ne suffisoit-il pas
De roCfenser d'un si piteux trespas,
Sans lui avoir si traistrement sa terre
Remply d'erreurs, de haine et de guerre.
Et son Royaume aux armes tant prisé
Devant qu'il fut par sectes divisé ?
Si la fureur de tes mains tant cruelles
A tel pouvoir sur les choses si belles,
Si la vertu, la bonté, la pitié,
La douceur ioincte avec la gravité,
Les sainctes mœurs, la chasteté de vie
N'ont résisté à ta cruelle envie :
Espérons nous de nostre humanité.
Rien ressortir que pure vanité ?
Le ciel tousiour ne nous rid dun œil doux,
Ains biê souvêt nous vomit son courroux.
Ainsi par toy se troublent les liesses
Et les plaisirs de noz hautes Princesses,
Qui te devroient forcer et despiter,
A la douleur ne pouvons résister.
Encor n'es tu, o Fortune, contente
De tes meschefs, ta fureur nous tourmête
En nous voulàt priver de ses beaux yeulx
Lesquelz fot hôte aux estoilles des cieulx,
Nous desrobant ceste beauté divine
Pour la donner aux flots de la marine.
Puisse la mer la terre devenir.
Puisse un rocher contre un rocher tenir
Au bord de l'eau, de peur qu'elle n'êporte
Ceste vertu que nostre eage conforte.
Geste beauté l'honneur de nostre temps,
Qui rend les Roys et les peuples côtens.
Ha ie vouldrois Escosse que tu peusses
Tirer ainsi comme elle, et que tu n'eusses
Fermes les pieds au profond de la mer,
Ha je vouldrois que tu peusses aller
Dessus les flots legiere et vagabonde,
Gôme un plôgeô va legier dessus Funde,
Pour t'enfuir long espace devant
Le tard vaisseau, lequel t'ira suivant.
Sans descharger au bord de ton rivage
La belle Royne a qui tu dois hommage :
BffiUOGRAPHIE D'UN AMATEUR
Puis elle donc, qui te suivroit en vain,
Retomeroit en France tout soudain
Pour habiter sa duché de Touraine.
Lors de châsons i'aurois la bouche plaine :
Et en mes vers si fort ie la louerois
Que comme un Cygne en chantant ie mourrois.
Pour mon obiect i'aurois la beauté d'elle.
Pour mon subiect sa vertu immortelle.
Ou maintenant la voyant absenter
Rien que douleur ie ne scaurois chanter.
Sus Elégie en noir habit vestue
Môte au plus hault d'une roche poinctue
Gerche les bois des hommes séparez
Fuis t'en aux lieux qui sont plus esgarez
Et te plaingnant à l'entour des rivières
Racôte aux vens que i'ay perdu n'agueres
Une maîtresse, une perle de prix
L'unique appuy des vertueux esprits.
Une divine et rare Marguerite
Qui pour la France en la Savoye habite.
Et maintenant une Roy ne ie perds
Qui pour jamais fera pleurer mes vers.
FIN
LES
ORIGINES DE L'IMPRIMERIE
A HESDIN-EN-ARTOIS
(1512-1518)
Quand on étudie Thistoire du développement et des
progrès de Timprimerie en France, on remarque que
ce ne sont pas toujours les grandes villes qui se sont
mises à la tête du mouvement intellectuel. Des localités
moins considérables, centres d'expansion aujourd'hui
disparus, les ont plus d'une fois précédées dans cet
essor.
L'honneur d'avoir érigé la première imprimerie dans
la province d'Artois revient à la petite ville d'Hesdin (1),
qui, plus tard, fut détruite et rasée par Charles-Quint,
en même temps que Thérouanne, la métropole du pays
des Morins.
Hesdin-le- Vieil, comme on l'appelle maintenant dans
la contrée, n'existe plus. Un misérable village de quelques
(1) Ce ne fut que seize ans après Hesdin, en 1528, qu'Arras commençai à
imprimer. Thérouanne n'avait pas d'établissement tj-pographiquc et s'adres-
sait à Paris et à Rouen pour faire exécuter les diverses éditions de son Missel,
de son Bréviaire et de ses Heures. Saint-Omer n'eut d'imprimerie que vers
1600 et Aire-sur-la-Lys en 1684.
l'imprimerie a hesdin
maisons à peine occupe une partie de son emplacement;
la charrue passe aujourd'hui sur ses rues et ses places
publiques.
Nunc seges nbi Troja fuit.
Trois pans de tours ou de murailles de son ancien
chàteau-fort, sont tout ce qui reste de la fière cité que
se disputèrent tour à tour les rois de France et les
princes de la maison de Bourgogne. Voilà pour les ves-
tiges matériels du passé.
Des souvenirs d'un ordre plus élevé sont par\'enus
entiers jusqu'à nous, défiant le temps et bravant en
quelque sorte la colère d'un conquérant. Trois livres
imprimés à Hesdin au temps de sa splendeur sufQront
à faire revivre son nom, en lui assignant une place
distinguée dans les fastes de la typographie :
Quod nec Jovis ira, nec edax poternt aholere vetustas.
Hesdin , dans les premières années du XV^ siècle ,
était une ville industrieuse et fort commerçante. Les
bourgeois jouissaient de franchises remontant à Philippe-
Auguste, privilèges qui venaient d'être confirmés par
Louis XL Son château était le Versailles de l'Artois.
C'était un séjour délicieux entouré d'un vaste parc. La
ville proprement dite était divisée en deux parties à peu
près égales par la ri\dère de Canche. La chàtellenie de
Hesdin (1), siège d'un bailliage, ressortissait pour la
justice de la prévôté royale de Montreuil en Picardie.
(1) Les enclaves de cette chàtellenie sont ainsi indiquées : « En la chastele-
nye de Hesdin et es mectes (du latin meta^ borne, limite) de la prévosté de
Monstroeul sont les terres et seignories qui ensieuvent : le château de Contes,
du Quesnoy, de Fontaines, du Maisnii, de Caumont, de Tortefontaines, de
Doorier, de Mourier. > (âgrégatoire des Coustcmes, fol. 6, recto).
8 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les gros procès étaient portés devant cette juridiction, qui
s'étendait assez loin jusqu'à Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys
et Guînes, en Artois. Le code qui régissait cette cour de
justice, conféré avec les coutumes particulières de chaque
bailliage, avait été rédigé et homologué ^ deux reprises
différentes, en 1507 et 1509, puis envoyé à Paris, où il
fut imprimé peu de temps après. Il parut sous le titre
d'Agrégatoire de Coustumes, chez le libraire Guillaume
Eustace, tenant boutique au Palais, au troisième pilier
de la Grand'Salle. Cette première édition, publiée dans
le format petit in-8, ne tarda pas à s'épuiser. On songea
alors à la réimprimer. Un imprimeur fit venir à Hesdin
un matériel typographique qu'il tira de Paris, selon
toute probabilité, et se munit d'un privilège, afin d'écar*
ter les concurrents.
Il se mit à l'œuvre, et le 15 décembre 1512 (vieux
style) fut terminé le premier livre imprimé à Hesdin
sous le titre suivant, que nous reproduisons textuelle-
ment (1) :
Agregatoire de coustumes
contenant ce qui sensuit.
Les coustumes générales de la
puoste de Moustroeul : auec les
vsages et stilz du siège real dudit lieu
de moustroeul apostiles des côcordan
ces du droict ciuil et canon.
Boulenois :
Les coustumes de la conte de boulenois.
Guisnes
Les coustumes de la conte de guisnes.
(1) Nous avons indiqué par des lettres italiques les lettres ou passages qui
sont imprimés en rouge dans l'original.
l'imprimerie a hesdin
Sainct pol.
Les coustumes de la conte de sainct pol.
Sainct orner :
Les coustumes du bailliage de sainct omer.
Hesdin :
Les coustumes du bailliage de hesdin.
Aire :
Les coustumes du bailliage daire.
Therouane
Les coustuês de la ville cite et regale de theroane
Artois.
Les coustumes générales de toute la conte dartois.
A la dernière page sont indiqués le lieu d'impression,
le nom de l'imprimeur et la date d'achèvement. Il est
en outre fait mention expresse du privilège. Ce colophon
est ainsi libellé :
IMprime a hesdin par bauldrain dacqn
auquel est ordone lettre de puilege pour
imprimer icelles Coustumes par laqlle
lettre on faict deffense a tous imprimeurs, librai
res et aultres de non imprimer, vendre, ne distri
huer lesdictes coustumes sans le consentement
dud Dacquin dichy a deux ans sur paine et con
fiscation desd liures Et damêde arbitraire faict
le XV. iour de Décembre Mil. cincq cens, et xii.
Le volume forme un petit in-4, divisé en trois parties,
formant ensemble 78 feuillets ou 156 pages, imprimé en
caractères gothiques, avec trois ou quatre grandes lettres
8 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les gros procès étaient portés devant cette juridiction, qui
s'étendait assez loin jusqu'à Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys
et Guines, en Artois. Le code qui régissait cette cour de
justice, conféré avec les coutumes particulières de chaque
bailliage, avait été rédigé et homologué ^ deux reprises
différentes, en 1507 et 1509, puis envoyé à Paris, où il
fut imprimé peu de temps après. Il parut sous le titre
d'Agrégatoire de Coustumes, chez le libraire Guillaume
Eustace, tenant boutique au Palais, au troisième pilier
de la Grand'Salle. Cette première édition, publiée dans
le format petit in-8, ne tarda pas à s'épuiser. On songea
alors à la réimprimer. Un imprimeur fit venir à Hesdin
un matériel typographique qu'il tira de Paris, selon
toute probabilité, et se munit d'un privilège, afin d'écar*
ter les concurrents.
Il se mit à l'œuvre, et le 15 décembre 1512 (vieux
style) fut terminé le premier livre imprimé à Hesdin
sous le titre suivant, que nous reproduisons textuelle-
ment (1) :
Agregatoire de coustumes
contenant ce qui sensuit.
Les coustumes générales de la
puoste de Moustroeul : auec les
vsages et stilz du siège real dudit lieu
de moustroeul apostiles des côcordan
ces du droict ciuil et canon.
Boulenois :
Les coustumes de la conte de boulenois.
Guisnes
Les coustumes de la conte de guisnes.
(1) Nous avons indiqué par des lettres italiques les lettres ou passages qui
sont imprimés en rouge dans l'original.
l'imprimerie a hesdin
Sainct pol.
Les coustumes de la conte de sainct pol. .
Sainct orner :
Les coustumes du bailliage de sainct orner.
Hesdin :
Les coustumes du bailliage de hesdin.
Aire :
Les coustumes du bailliage daire.
Therouane
Les coustuês de la ville cite et regale de theroane
Artois.
Les coustumes générales de toute la conte dartois.
A la dernière page sont indiqués le lieu d'impression,
le nom de l'imprimeur et la date d'achèvement. Il est
en outre fait mention expresse du privilège. Ce colophon
est ainsi libellé :
IMprime a hesdin par bauldrain dacqn
auquel est ordone lettre de puilege pour
imprimer icelles Coustumes par laqlle
lettre on faict deffense a tous imprimeurs, librai
res et aultres de non imprimer, vendre, ne distri
buer lesdictes coustumes sans le consentement
dud Dacquin dichy a deux ans sur paine et con
fiscation desd liures Et damëde arbitraire faict
le XV. iour de Décembre Mil. cincq cens, et xii.
Le volume forme un petit in-4, divisé en trois parties,
formant ensemble 78 feuillets ou 156 pages, imprimé en
caractères gothiques, avec trois ou quatre grandes lettres
8 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les gros procès étaient portés devant cette juridiction, qui
s'étendait assez loin jusqu'à Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys
et Guines, en Artois. Le code qui régissait cette cour de
justice, conféré avec les coutumes particulières de chaque
bailliage, avait été rédigé et homologué â deux reprises
différentes, en 1507 et 1509, puis envoyé à Paris, où il
fut imprimé peu de temps après. Il parut sous le titre
d'Agrégatoîre de Coustumes, chez le libraire Guillaume
Eustace, tenant boutique au Palais, au troisième pilier
de la Grand'Salle. Cette première édition, publiée dans
le format petit in-8, ne tarda pas à s'épuiser. On songea
alors à la réimprimer. Un imprimeur fit venir à Hesdin
un matériel typographique qu'il tira de Paris, selon
toute probabilité, et se munit d'un privilège, afin d'écar*
ter les concurrents.
Il se mit à l'œuvre, et le 15 décembre 1512 (vieux
style) fut terminé le premier livre imprimé à Hesdin
sous le titre suivant, que nous reproduisons textuelle-
ment (1) :
Agregatoire de coustumes
contenant ce qui sensuit.
Les coustumes générales de la
puoste de Moustroeul : auec les
vsages et stilz du siège real dudit lieu
de moustroeul apostiles des côcordan
ces du droict ciuil et canon.
Boulenois :
Les coustumes de la conte de boulenois.
Guisnes
Les coustumes de la conte de guisnes.
(1) Nous avons indiqué par des lettres italiques les lettres ou passages qui
sont imprimés en rouge dans l'original.
l'imprimerie a hesdin 9
Sainct poL
Les coustumes de la conte de sainct pol.
Sainct orner :
Les coustumes du bailliage de sainct omer.
Hesdin :
Les coustumes du bailliage de hesdin.
Aire :
Les coustumes du bailliage daire.
Therouane
Les coustuês de la ville cite et regale de theroane
Artois,
Les coustumes générales de toute la conte dartois.
A la dernière page sont indiqués le lieu d'impression,
le nom de l'imprimeur et la date d'achèvement. Il est
en outre fait mention expresse du privilège. Ce colophon
est ainsi libellé :
IMprime a hesdin par bauldrain dacqn
auquel est ordoîie lettre de puilege pour
imprimer icelles Coustumes par laqlle
lettre on faict deffense a tous imprimeurs, librai
res et aultres de non imprimer, vendre, ne distri
huer lesdictes coustumes sans le consentement
dud Dacquin dichy a deux ans sur paine et con
fiscation desd liures Et damêde arbitraire faict
le XV. iour de Décembre Mil. cincq cens, et xii.
■
Le volume forme un petit in-4, divisé en trois parties,
formant ensemble 78 feuillets ou 156 pages, imprimé en
caractères gothiques, avec trois ou quatre grandes lettres
8 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les gros procès étaient portés devant cette juridiction, qui
s'étendait assez loin jusqu'à Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys
et Guines, en Artois. Le code qui régissait cette cour de
justice, conféré avec les coutumes particulières de chaque
bailliage, avait été rédigé et homologué â deux reprises
différentes, en 1507 et 1509, puis envoyé à Paris, où il
fut imprimé peu de temps après. Il parut sous le titre
d'Agrégatoire de Coustumes, chez le libraire Guillaume
Eustace, tenant boutique au Palais, au troisième pilier
de la Grand'Salle. Cette première édition, publiée dans
le format petit in-8, ne tarda pas à s'épuiser. On songea
alors à la réimprimer. Un imprimeur fit venir à Hesdin
un matériel typographique qu'il tira de Paris, selon
toute probabilité, et se munit d'un privilège, afin d'écar-
ter les concurrents.
Il se mit à l'œuvre, et le 15 décembre 1512 (vieux
style) fut terminé le premier livre imprimé à Hesdin
sous le titre suivant, que nous reproduisons textuelle-
ment (1) :
Agregatoire de coustumes
contenant ce qui sensuit.
Les coustumes générales de la
puoste de Moustroeut : auec les
vsages et stilz du siège real dudit lieu
de moustroeul apostiles des côcordan
ces du droict ciuil et canon.
Boulenois :
Les coustumes de la conte de boulenois.
Guisnes
Les coustumes de la conte de guisnes.
(1) Nous avons indiqué par des lettres italiques les lettres ou passages qui
sont imprimés en rouge dans l'original.
L IMPRIMERIE A HESDIN 9
Sainct pol.
Les coustumes de la conte de sainct pol.
Sainct orner :
Les coustumes du bailliage de sainct omer.
Hesdin :
Les coustumes du bailliage de hesdin.
Aire :
Les coustumes du bailliage daire.
Therouane
Les coustuês de la ville cite et regale de theroane
Artois.
Les coustumes générales de toute la conte dartois.
A la dernière page sont indiqués le lieu d'impression,
le nom de l'imprimeur et la date d'achèvement. Il est
en outre fait mention expresse du privilège. Ce colophon
est ainsi libellé :
IMprime a hesdin par bauldrain dacqn
auquel est ordone lettre de puilege pour
imprimer icelles Coustumes par laqlle
lettre on faict deffense a tous imprimeurs, librai
res et aultres de non imprimer, vendre, ne distri
buer lesdictes coustumes sans le consentement
dud Dacquin dichy a deux ans sur paine et con
fiscation desd Hures Et damêde arbitraire faict
le XV. iour de Décembre Mil. cincq cens, et xii.
Le volume forme un petit in-4, divisé en trois parties,
formant ensemble 78 feuillets ou 156 pages, imprimé en
caractères gothiques, avec trois ou quatre grandes lettres
10 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
initiales assez simples. Le texte des coutumes de la
prévôté de Montreuil est accompagné en marge d'un
commentaire latin de Nicolas Débours /Burseus/ (1).
Moins de cinq ans après, une nouvelle édition de
VAgregatoire des Coustumes devenait nécessaire. Cette
fois, ce fut un marchand-libraire de Hesdin qui en fit
les frais. Bauldrain Dacquin, dont le privilège était
expiré, fut chargé de l'imprimer. Le titre en lettres de
somme rouges et noires reste le même, la disposition
typographique,. texte en gothique bâtarde encadré de
notes en petites lettres de somme, est identique ; sauf
quelques petites corrections et de légères différences
dans les abréviations, tout le volume paraît semblable
au précédent. Le colophon seul est changé. Nous le
transcrivons littéralement :
iNl Ouuellement sont imprimées ce //
stes présentes Coustumes a hesdin p Bauldrain
dacquin a lymage sainct Jehan leuangeliste en
la rue sainct martin Pour fremin alexandre de//
mourant aud lieu a lymage sainct Claude le X.
iour doctobre an de grâce Mil.ccccc.xvii.
Nous trouvons dans ces lignes des renseignements
nouveaux. D'abord le nom du libraire Fremin Alexandre,
pour le compte duquel cette édition du 10 octobre 1517
(1) Parmi les curieuses digressions dont ce jurisconsulte a éniaillé son com-
mentaire, on trouve dans le préambule un éloge de la Musique, puis un peu
plus loin une violente diatribe contre la femme, qui est représentée comme
étant la source principale des procès * lites etjurgia continue movens j».Si tu as
souci de ton repos pendant la nuit et si le jour tu ne veux pas de procès, écarte
la femme : « Si optes ut tua nox cum sompno sit et sine lite dies, sit a te procul *.
L'homme marié n'a pas besoin d'horloge; sa femme le tient en éveil à toute
heure : « Xec uxorato viro opus est horologio,cum uxorem habeat que cum omni
hora excitet ». (AcRÉGATomE, fol. 12, recto.)
l'imprimerie a hesdin 11
de VAgrégatoire fiit imprimée ; ensuite Tindication de la
demeure et de l'enseigne du typographe hesdinois, qui
s'était mis sous la protection du patron de l'Imprimerie,
saint Jean l'Évangéliste, autrement dit saint Jean Porte-
Latine. La rue Saint-Martin était située au centre de la
cité, dont elle formait l'artère principale. D'après les
anciens plans, elle partait du pont Saint-Martin, près la
Collégiale de ce nom, sur la rive droite de la Canche,
et aboutissait au château.
Outre la collégiale de Saint-Martin, dont nous venons
de parler, Hesdin renfermait dans ses murs des églises,
des chapelles, des couvents et des maisons hospitalières.
Dans la campagne, aux alentours, se trouvaient nombre
d'abbayes : Saint- Georges, Auchy-les-Moines , Blangj^
Ruisseauville, Dommartin, Cercamp, etc.
Jugeant que la clientèle des hommes de loi et des
plaideurs était suffisamment pour\^e avec les deux
éditions de l'ouvrage de droit qu'il avait imprimé, le
nouvel imprimeur songea à s'adresser à un autre public,
à l'élément religieux, qui se trouvait à sa portée. Dans
ce but, il s'appliqua à l'impression d'un nouveau livre.
Le 18 décembre 1518 (vieux style) parut un volume
ayant pour titre :
Deuote contemplation :
sur le mistere de nostre
rédemption.
Les caractères de la réimpression de VAgrégatoire
faite pour le libraire Fremin Alexandre étaient déjà
quelque peu fatigués, aussi l'impression est-elle moins
belle que dans l'édition de 1512. Baudrain Dacquin
paraît avoir renouvelé sa fonte de bâtarde pour exécuter
la Dépote contemplation. Les grandes initiales sont
différentes. Elles sont imitées des lettres fleuries à
12 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
fond criblé qu'on rencontre généralement à cette époque
dans les imprimeries parisiennes. Deux gravures sur
bois : une Annonciation placée après le prologue, en
regard du premier chapitre, et un Christ en croix, avec
les attributs de la Passion, au milieu du volume, en
tète du chapitre XIII, occupent toute la page dans leur
ordre respectif. La première page de titre et la dernière
contenant l'achevé d'imprimer sont en caractères
gothiques de forme un peu carrée dits lettres de somme,
en tout semblables aux pages de commencement et de
fin des deux éditions de VAgrégatoire. Le format seul
est diflërent. C'est un petit in-8 de 144 feuillets (288 p.),
de ^^ngt-deux lignes à la page, très bien imprimé,
qui peut soutenir la comparaison avec les meilleures
impressions de l'époque. On peut considérer ce livre
comme le chef-d'œuvre de Baudrain Dacquin. En
voici le colophon dans sa forme naïve avec son
orthographe rappelant la prononciation du français
dans l'Artois (1) :
C Chy fine-che présent traictié in//
titule. Deuote contêplation Nou
uellement îpresse a Hesdin le xviii
iour de Decêbre an de grâce. Mil.
cincq ces xviii. par Bauldrain dac
quin demourant audit lieu a Ihy//
mage sainct Jehan leuâgeliste en
la rue sainct Martin.
L'année suivante (1519) mourait l'empereur Maximi-
lien. Son petit-fils, l'archiduc, sous le nom de Charles-
Quint, fut déclaré son successeur à l'Empire, malgré la
(1) Le texte de l'ouNTage présente encore d'autres échantillons de cette ortho-
graphe. Le mot chapitre est imprimé partout CHAPrrLE ; le mot ange, angle ;
on lit encore ramiau pour rameau, endcrcui pour endurcL
l'imprbierie a hesdin 13
puissante et redoutable compétition du roi de France,
François I®'. Depuis vingt ans, Hesdin était retourné à
la maison de Bourgogne, en vertu du traité de Senlis,
sous condition d'hommage à la couronne de France (1).
Depuis juillet 1499, date de la remise de la place
d'Hesdin par le maréchal d*Esquerdes, jusqu'à l'époque
qui nous occupe, c'est-à-dire pendant vingt années
consécutives, cette ville avait prospéré. Après une longue
période d'accalmie, l'heure du déclin allait sonner. La
guerre éclatait entre les deux rivaux. Charles-Quint
entrait en Champagne, s'emparait de Mouzon et mettait
le siège devant Mézières, défendu par Bayard, le Che-
valier sans peur et sans reproche. D'un autre côté,
l'armée française venait d'envahir la Flandre et battait
les Impériaux. On était à la fin de l'automne, et Fran-
çois P*" évacuait le plat pays pour aller prendre ses
quartiers d'hiver à Doullcns, lorsqu'il apprend que la
ville d'Hesdin se trouvait sans garnison. 11 résolut
aussitôt de s'en emparer par un coup de main. Une
colonne, dirigée par le maréchal de Bourbon, à laquelle
se joignirent le comte de Vendème , commandant
l'arrière-garde, et le comte de Saint-Pol, partit d'Adinfer,
village à trois lieues d'Arras, sans bruit, par une pluie
froide et battante du mois de novembre et, marchant
toute la nuit, se porta avec une telle rapidité que ceux
d'Hesdin ne furent avertis de l'approche des Français
que lorsqu'ils les virent devant leurs murailles. On
enfonça une des portes à coups de canon ; les soldats.
(1) L'hommage féodal, impliquant droit de justice, explique comment les
bourgeois d'Hesdin et des autres parties de l'Artois avaient leur ressort judi-
ciaire à Montreuil-en-Picardie. Ils jouissaient du droit de sauf-conduit, en
Tenant pour leurs affaires litigieuses, sur les terres du roi de France, c Qui-
conque vient en ladicte ville de Monstroeul pour expédition des causes qu'il
poeult avoir esdictz sièges soit en demandant ou en deffendant, et sans fraude,
il n'est artable (arrétable)... et se il est arresté, il doit avoir la main levée.... >
(AGRÉGAToraB, édit de Hesdin, 1512, article V, 8* feuillet, recto).
14 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
l'épée à la main, se précipitèrent dans la ville qui fut
livrée à un pillage effréné. « Et y fust trouvé un mer-
veilleux butin D, dit Martin du Bellay, <c car la ville
estoyt fort marchande, parce que de toute antiquité les
ducs de Bourgogne y a voient fait leur demeure princi-
pale D. Le feu fiit mis par quelques soudards, « qui fut
grand dommage, car devant qu'on eust pour\'u à
Testeindre, il fut bruslé une partie de la ville et
beaucoup de richesses, d dit encore le même chro-
niqueur.
Gentille ville de Hesdin en Artois bien assise,
Tu soulois estre bourguignonne, mais les Français t'ont prise.
Tel était le refrain d'une chanson du temps. Hesdin
souffrit énormément des excès de la soldatesque. Ses
chartes de franchises et les archives de la ville furent
anéanties dans l'incendie qui avait été allumé (1). La
maison où se trouvait l'atelier de Bauldrain Dacquin se
trouvant dans la rue principale par laquelle entrèrent
les troupes, n'échappa pas plus que les autres au pillage
et à la ruine générale. L'essor de l'imprimerie était
désormais arrêté.
Nous ne suivrons pas les diverses péripéties des sièges
qu'Hesdin eut à subir depuis, sans en excepter celui
auquel assista François l^^ en personne. Pendant les
trente années qui suivirent, tour à tour prise et reprise
par les Français et les Impériaux, épuisée par ces luttes
continuelles, la ville ne put se relever. Nous arrivons au
dernier siège, le plus mémorable de tous, qui entraîna
la catastrophe finale. Le duc de Bouillon, ainsi que la
noblesse française, qui l'avaient héroïquement défendue,
furent faits prisonniers. Parmi eux se trouvait le célèbre
(1) Mémoires de Martin du Bellay, seigneur de Langey, édit. de Paris, Mich.
de Roigny, 1588. In-foL, page 48.
l'imprimerie a hesdin 15
Ambroise Paré, chirurgien du roi. Pour punir Hesdin de
sa résistance, le petit-fils de Charles-le-Téméraire pro-
nonça contre la malheureuse cité la sentence d'extermi-
nation dont il avait si cruellement frappé Thérouane
un mois auparavant ; le château fut détruit de fond en
comble, la ville fut rasée. Deux couvents de femmes,
l'un celui des Clarisses et l'autre celui des Sœurs-Grises,
furent seuls épargnés.
L'année suivante, au mois de septembre 1551, à une
lieue en aval de la cité détruite, on commença l'érection
d'une nouvelle ville qui fut bâtie avec les matériaux de
l'ancienne. L'emplacement choisi fut celui du Maisnil,
maison de plaisance de Marie d'Autriche. Autour de ce
château, qui dans les premiers temps servit de maison
commune pour l'administration et d'hôtel-de-ville, se
groupèrent les habitations. C'est ce qui forme la ville
actuelle d'Hesdin, que l'on baptisa alors du nom
d'Hesdinfert ou Nouvel-Hesdin.
Les trois livres que nous venons de citer et que nous
avons eu la bonne fortune de réunir forment-ils la série
complète des impressions du Vieil-Hesdin ? Nous ne
saurions l'affirmer. Des pièces volantes ou des placards
ont bien pu y être imprimés, mais la trace en est
perdue ; les archives du Vieil-Hesdin , où elles auraient
pu se trouver, ayant déjà péri en grande partie, lors
du pillage et de l'incendie de 1521, ainsi que nous
l'avons relaté plus haut (1).
(1) C'est ce qui est attesté par des lettres-patentes de janvier 1541, données
par François I", à la requête des mayeur et échevins d'Hesdin, par lesquelles
les privilèges, droits, libertés, exemptions et franchises de la ville sont confir-
més, n est rappelé dans Tactc que le mois de novembre 1521, ladite ^^lle ayant
été prise d'assaut, brûlée, pillée et détruite, les chartes et lettres originales des
susdits privilèges et octrois, ainsi que les autres papiers, livres et enseigne-
ments appartenant au corps et communauté de la ville furent aussi brûlés.
(Voir Vicissitudes, heur et malheur du Vieil-Hesdin, par le D' B. Davs'in. Saint-
Pol, 1866; gr. in-«, pag. 229-230).
16 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Arthur Dînaux et le docteur Danvin qui, les premiers,
ont parlé de Timprimerie d'Hesdin, n'ont connu que
YAgrégatoire de 1517. Les impressions de 1512 et de
1518, qui complètent l'exercice de Bauldrain Dacquin,
leur avaient échappé. Le fait n'a rien de surprenant,
étant donné l'extrême . rareté de ces volumes, qui ne
figurent point dans les bibliographies et dont on cher-
cherait en vain l'indication dans Panzer et dans
Bnmet (1). Seul, M. Deschamps les a mentionnées dans
son Dictionnaire de Géographie, d'après des notes com-
muniquées par M. le baron Dard, et prises en partie sur
les exemplaires que nous possédons. Il est fort probable
que Bauldrain Dacquin était originaire d'Hesdin. Les
bourgeois de cette ville, jaloux de leurs privilèges,
n'eussent pas toléré l'établissement d'un autre que des
leurs. Le docteur Danvin suppose qu'il aurait appris son
art à Abbeville. Nous ferons remarquer que l'imprimerie
introduite à Abbeville en 1486, par Jean de Pré, typo-
graphe parisien, cessa de fonctionner après 1489. Il est
inadmissible que Bauldrain Dacquin soit resté plus de
vingt années sans songer à tirer parti du métier qu'il
venait d'apprendre.
S'il nous était permis d'entrer dans le champ des
conjectures, nous n'aurions pas à remonter si haut
pour émettre une opinion plus plausible. Selon nous, ce
(1) C'est à tort que M. Deschamps dit que la Bibliothèque Nationale ne
possède pas YAgrégatoire de 1512. Un exemplaire, dans sa reliure du temps,
fait partie de la Réserve sous la cote F. 985. L'exemplaire de la bibliothèque du
marquis Le Ver, le seul qui ait jamais passé en vente, est entré dans notre
collection particulière. L'exemplaire de l'édition de 1517, qui figurait à la
vente Dinaux, doit être le même que celui qui se trouve dans la collection
de M. le baron Dard, à Aire-sur-la-Lys. Un autre exemplaire, signalé comme
ayant passé dans une vente à Boulogne-sur-Mer, est entré dans la biblio-
tiiéque de M. Hurbiez, à Béthune ; enfin nous en possédons un troisième
exemplaire. — Quant à la Dévote contemplation dont M. Deschamps attribue
sans preuve la rédaction à Jean de Lacu, théologien de Lilla, nous n'en con-
naissons pas d'autre exemplaire que le nôtre.
l'imprimerie a hesdin 17
serait plutôt avec Nicolas Le Caron, son compatriote,
originaire d'Auxi-le-Chàteau (1), qui avait déjà imprimé
à Amiens, vers 1508, les Coutumes des bailliages
d'Amiens et de Montreuil, que Bauldrain Dacquin aurait
été initié aux secrets de l'imprimerie. Peut-être ont-ils
travaillé tous deux à Paris chez Henri Estienne, premier
du nom, qui parait avoir eu des relations avec des
littérateurs de la région, car nous voyons ce dernier
imprimer les œuvres de Charles de Bouvelles et celles
de Jacques Lefevre, d'Étaples.
A. CLAUDIN.
(1) Cestau savant M. Léopold Delisle que nous devons le renseignement
sur le lieo de naissance du premier imprimeur d'Amiens (voir le Cabinet
historique de V Artois et de la Picardie, Abbeville, 18S6, in-8*, n* 1, pag. 3-5). Dans
un Tolunie in*fol. contenant divers traités de Ch. de Bouvelles, publiés sous le
patronage de Tévêque d'Amiens et achevés d'imprimer en 1511, à Paris, chez
Haori Estienne I", od remarque une pièce de vers latins : Nicolcd Caronis
Asuiaeeneishectasticon ad librtun. Auxi-le-Château /^Auxiacu/n^ est aujourd'hui
dans le département du Pas-de-Calais, à 30 kilom. de Saint-Pol.
Un inqHrimeur dn nom de Pierre le Caron se trouvait à Paris, dés 1489,
mais comme il a disparu en 1500, il n'est guère probable que Nie. le Caron
ait afypris chez lui Fart typographique. Tout au plus, peut-on lui supposer un
Ben de parenté, à cause de la similitude des noms. La marque de Pierre le
Garoa représente un parc enceint de hautes murailles crénelées. Au bas, on
lit dans une banderolle l'incription : Franboys, que La Caille dans son Histoire
de rimprimaie, page 61, interprète par franc-bois, ou bois-clos ; serait-ce une
•iiw«i#>ti an parc d'Hesdin ?
1891
MARIE PUECH DE CALAGES
FEMME POÈTE TOULOUSAINE DU XVII* SIÈCLE
LA VÉRITÉ
SUR SON POEME RARISSIME DE « JUDITH 3>
ou
LA DÉLIVRANCE DE BÉTHULIE
En faisant des recherches dans le Journal de
l'Empire, (Débats) de Tannée 1814, nous avons été
arrêté, dans le numéro du 6 mars par un article
intitulé : « Variétés. Sur un article de la Biographie
universelle, i>
La dernière édition de la Biographie Michaud,
n'ayant en rien profité de ce précieux article qui.
donne cette fois la vérité sur le poème de Judith ou
la Délivrance de Béthuliè de Marie Puech de Calages
(Fauteur avait sous les yeux cette œuvre rarissime,
que la Bibliothèque nationale ne possède pas),
d'autre part la Nouvelle Biographie générale ne
l'ayant pas connu, car son article n'est presque que
la reproduction des erreurs de la Biographie
Michaud, sauf la dédicace vraie à Marie-Thérèse
d'Autriche et non à Anne d'Autriche, il devenait
évident pour nous que la réimpression de cet
important article s'imposait. Aussi sommes-nous
heureux de la donner aujourd'hui à l'un de nos plus
anciens recueils littéraires.
MARIE PUECH DE CALAGES 19'
L'article que nous reproduisons est signé seule-
ment, ainsi qu'une foule d'autres des mêmes Débats
à la même époque, de la lettre T. Il émane donc de
la plume savante de Tour Zef (1758-1836), cet estimable
critique auquel la Biographie Michaud a consacré
une notice bien intéressante, mais que la Nouvelle
Biographie générale (nous regrettons que les
circonstances coïncident pour nous forcer à avoir
Tair de la prendre à partie), n'a pas jugé à propos
de faire figurer dans ses colonnes. La Biographie
Universelle nous dit en effet que Tourlet fournit de
nombreux articles à toutes les feuilles périodiques
de son temps. Elle ajoute dans son jugement sur le
critique : « En général le bon sens et le goût, le
jugement et la fidélité aux saines doctrines, un style
plus clair qu'élégant, un grand fonds de naïveté qui
n'était pas sans originalité,,. y> Nous avons souligné
ce dernier trait, car nous en avons un exemple dans
l'article même de Tourlet que nous reproduisons.
Le critique dit avec sa bonhomie ordinaire : a: C'est
elle (W^^ de Calages) qui, dans une épître signée de
son nom, dédia son ouvrage à la reine Marie-
Thérèse d'Autriche, en la complimentant sur son
mariage avec Louis XIV, lequel venait d'avoir lieu
précisément dans cette même année 1660. Si l'on;
avait eu sous les yeux et pris la peine de lire l'épître
dédicatoire, on eût bien vu qu'elle ne s'adressait pas
à Anne d'Autriche ; car il n'y a pas d'apparence que
l'auteur l'eût félicitée d'avoir épousé son fils. i>
Emile Du Boys.
20 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Voici Farticle des Débats :
Journal de l'Empire (Débats) du 6 mars 1814. —
Variétés. — Sur un article de la Biographie
universelle.
En parcourant ces jours derniers un volume de la
Biographie Universellej mes regards s'arrêtèrent sur
Tarticle de M"® Marie de Puech de Calages, toulou-
saine, auteur d'un poëme intitulé Judith ou la
Délivrance de Béthulie^ publié en 1660. L'article
contient deux passages du poëme, chacun d'une
vingtaine de vers à peu près. Mon étonnement fut
grand, je l'avoue, en lisant ces vers, tous très bien
tournés, et où il n'y a pas une seule de ces
expressions surannées qui se trouvent fréquemment
dans les meilleurs poètes de cette époque. Je possède
depuis longtemps le poëme de Judith : j'en avois lu
quelque chose autrefois, et je ne me souvenois pas
d'y avoir rien vu qui ressemblât aux deux passages
cités. Je recourus à l'ouvrage, et ma première
surprise fit place À une autre plus grande encore,
lorsque je vis que, des deux morceaux, le premier
étoit entièrement supposé, et le second altéré de
manière à n'être pas reconnoissable. Le premier
représente Judith échangeant ses habits de veuve
contre ceux qu'elle portoit le jour de son mariage :
Elle touche et cent fois eUe arrose de larmes
L'habit dont son époux voulut parer ses charmes,
Quand, aux yeux des Hébreux, s'avançant à Tautel,
Tous deux se sont jurés un amour éternel.
Qu'un soin bien diflTérent l'agite et la dévore !
Ah 1 ce n'est pas pour plaire à l'objet qu'elle adore
Que Judith a recours à ces vains ornemens !
MARIE PUECH DE CALAGES 21
Elle entend tout à coup de longs gémissemens :
Son bras, avec effroi, comme enchaîné s'arrête ;
Elle frémit, soupire, et détourne la tête.
D'un nuage confus son œil est obscurci ;
D'un tremblement soudain tout son corps est saisi.
A la pâle lueur d'une sombre lumière.
Un fantôme effrayant vient frapper sa paupière ;
C'est Manassès qui s'offre à son cœur attendri
Tel que ses yeux l'ont vu quand cet époux chéri
Exhala dans ses bras son âme fugitive.
Pas un vers, pas un mot de tout cela dans le
poëme ; à la place de cette peinture touchante c'est
un long et ridicule procès-verbal où toutes les
pièces qui composent la parure de Judith sont
décrites une à une ; du reste cette parure, où il n'y
a pas trace du costume hébreu, est celle d'une
duchesse de la cour d'Anne d'Autriche. Quant à
l'ombre de Manassès, elle n'apparoît point ; Judith
ne la voit ni ne la croit voir : seulement elle
l'apostrophe, elle lui parle.
Le second passage est le dénoûment de l'action, la
catastrophe du poëme : c'est l'instant où l'on voit
ce pauvre Holopherne si méchamment mis à mort
par Judith :
Son courage redouble, un feu divin l'embrase.
Ce n'est plus cet objet dont le charme vainqueur
Du farouche Holopherne avoit séduit le cœur ;
Sa démarche et ses traits n'ont rien d'une mortelle,
Une sombre fureur dans ses yeux étincelle ;
Ses cheveux sur son front semblent se hérisser,
Un pouvoir inconnu la force d'avancer.
Elle voit sur le lit la redoutable épée.
Qui dans le sang hébreu devoit être trempée ;
Elle hâte ses pas, et prend entre ses mains
Ce fer victorieux, la terreur des humains ;
Observe avec horreur ce conquérant du monde ;
20 BULLETIN DU BmLIOPHILE
Voici Tarticle des Débats :
Journal de l'Empire (Débats) du 6 mars 1814. —
Variétés. — Sur un article de la Biographie
universelle.
En parcourant ces jours derniers un volume de la
Biographie Universelle^ mes regards s'arrêtèrent sur
l'article de M"® Marie de Puech de Calages, toulou-
saine, auteur d'un poème intitulé Judith ou la
Délivrance de BéthuliCy publié en 1660. L'article
contient deux passages du poème, chacun d'une
vingtaine de vers à peu près. Mon étonnement fut
grand, je l'avoue, en lisant ces vers, tous très bien
tournés, et où il n'y a pas une seule de ces
expressions surannées qui se trouvent fréquemment
dans les meilleurs poètes de cette époque. Je possède
depuis longtemps le poème de Judith : j'en avois lu
quelque chose autrefois, et je ne me souvenois pas
d'y avoir rien vu qui ressemblât aux deux passages
cités. Je recourus à l'ouvrage, et ma première
surprise fit place ià une autre plus grande encore,
lorsque je vis que, des deux morceaux, le premier
étoit entièrement supposé, et le second altéré de
manière à n'être pas reconnoissable. Le premier
représente Judith échangeant ses habits de veuve
contre ceux qu'elle portoit le jour de son mariage :
Elle touche et cent fois elle arrose de larmes
L'habit dont son époux voulut parer ses charmes,
Quand, aux yeux des Hébreux, s'avançant à Tautel,
Tous deux se sont jurés un amour éternel.
Qu'un soin bien différent l'agite et la dévore !
Ah ! ce n'est pas pour plaire à l'objet qu'elle adore
Que Judith a recours à ces vains ornemens !
MARIE PUECH DE CALAGES 21
Elle entend tout à coup de longs gémissemens :
Son bras, avec effroi, comme enchaîné s'arrête ;
Elle frémit, soupire, et détourne la tête.
D'un nuage confus son œil est obscurci ;
D'un tremblement soudain tout son corps est saisi.
A la pâle lueur d'une sombre lumière,
Un fantôme effrayant vient frapper sa paupière ;
C'est Manassès qui s'offre à son cœur attendri
Tel que ses yeux l'ont vu quand cet époux chéri
Exhala dans ses bras son âme fugitive.
Pas un vers, pas un mot de tout cela dans le
poëme ; à la place de cette peinture touchante c'est
un long et ridicule procès-verbal où toutes les
pièces qui composent la parure de Judith sont
décrites une à une ; du reste cette parure, où il n'y
a pas trace du costume hébreu, est celle d'une
duchesse de la cour d'Anne d'Autriche. Quant à
r ombre de Manassès, elle n'apparoît point ; Judith
ne la voit ni ne la croit voir : seulement elle
l'apostrophe, elle lui parle.
Le second passage est le dénoûment de l'action, la
catastrophe du poëme : c'est l'instant où l'on voit
ce pauvre Holopherne si méchamment mis à mort
par Judith :
Son courage redouble, un feu divin l'embrase.
Ce n'est plus cet objet dont le charme vainqueur
Du farouche Holopherne avoit séduit le cœur ;
Sa démarche et ses traits n'ont rien d'une mortelle, .
Une sombre fureur dans ses yeux étincelle ;
Ses cheveux sur son front semblent se hérisser,
Un pouvoir inconnu la force d'avancer.
Elle voit sur le lit la redoutable épée,
Qui dans le sang hébreu devoit être trempée ;
Elle hâte ses pas, et prend entre ses mains
Ce fer victorieux, la terreur des humains ;
Observe avec horreur ce conquérant du monde ;
MARIE PUECH DE CALAGES
FEMME POÈTE TOULOUSAINE DU XVII* SIÈCLE
LA VÉRITÉ
SUR SON POEME RARISSIME DE « JUDITH 3>
ou
LA DÉUVRANCE DE BÉTHULIE
En faisant des recherches dans le Journal de
l'Empire, (Débats) de Tannée 1814, nous avons été
arrêté, dans le numéro du 6 mars par un article
intitulé : « Variétés. Sur un article de la Biographie
universelle, »
La dernière édition de la Biographie Michaud,
n'ayant en rien profité de ce précieux article qui
donne cette fois la vérité sur le poème de Judith ou
la Délivrance de Béthulie de Marie Puech de Calages
(Fauteur avait sous les yeux cette œuvre rarissime
que la Bibliothèque nationale ne possède pas),
d'autre part la Nouvelle Biographie générale ne
rayant pas connu, car son article n'est presque que
la reproduction des erreurs de la Biographie
Michaud, sauf la dédicace vraie à Marie-Thérèse
d'Autriche et non à Anne d'Autriche, il devenait
évident pour nous que la réimpression de cet
important article s'imposait. Aussi sommes-nous
heureux de la donner aujourd'hui à Fun de nos plus
anciens recueils littéraires.
MARIE PUECH DE CALAGES 19
L'article que nous reproduisons est signé seule-
ment, ainsi qu'une foule d'autres des mêmes Débats
à la même époque, de la lettre T. Il émane donc de
la plume savante de rour/ef (1758-1836), cet estimable
critique auquel la Biographie Michaud a consacré
une notice bien intéressante, mais que la Nouvelle
Biographie générale (nous regrettons que les
circonstances coïncident pour nous forcer à avoir
Tair de la prendre à partie), n'a pas jugé à propos
de faire figurer dans ses colonnes. La Biographie
Universelle nous dit en effet que Tourlet fournit de
nombreux articles à toutes les feuilles périodiques
de son temps. Elle ajoute dans son jugement sur le
critique : a En général le bon sens et le goût, le
jugement et la fidélité aux saines doctrines, un style
plus clair qu'élégant, un grand fonds de naïveté qui
n'était pas sans originalité,,. » Nous avons souligné
ce dernier trait, car nous en avons un exemple dans
l'article même de Tourlet que nous reproduisons.
Le critique dit avec sa bonhomie ordinaire : « C'est
elle (Mlle (Je Calages) qui, dans une épitre signée de
son nom, dédia son ouvrage à la reine Marie-
Thérèse d'Autriche, en la compUmentant sur son
mariage avec Louis XIV, lequel venait d'avoir lieu
précisément dans cette même année 1660. Si l'on
avait eu sous les yeux et pris la peine de lire l'épître
dédicatoire, on eût bien vu qu'elle ne s'adressait pas
à Anne d'Autriche ; car il n'y a pas d'apparence que
l'auteur l'eût félicitée d'avoir épousé son fils, i>
Emile Du Boys.
20 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Voici Tarticle des Débats :
Journal de l'Empire (Débats) du 6 mars 1814. —
Variétés. — Sur un article de la Biographie
universelle.
En parcourant ces jours derniers un volume de la
Biographie Universelle^ mes regards s'arrêtèrent sur
l'article de M^i^ Marie de Puech de Calages, toulou-
saine, auteur d'un poëme intitulé Judith ou la
Délivrance de Béthulie^ publié en 1660. L'article
contient deux passages du poëme, chacun d'une
vingtaine de vers à peu près. Mon étonnement fut
grand, je l'avoue, en lisant ces vers, tous très bien
tournés, et où il n'y a pas une seule de ces
expressions surannées qui se trouvent fréquemment
dans les meilleurs poètes de cette époque. Je possède
depuis longtemps le poëme de Judith : j'en a vois lu
quelque chose autrefois, et je ne me souvenois pas
d'y avoir rien vu qui ressemblât aux deux passages
cités. Je recourus à l'ouvrage, et ma première
surprise fît place À une autre plus grande encore,
lorsque je vis que, des deux morceaux, le premier
étoit entièrement supposé, et le second altéré de
manière à n'être pas reconnoissable. Le premier
représente Judith échangeant ses habits de veuve
contre ceux qu'elle portoit le jour de son mariage :
Elle touche et cent fois eUe arrose de larmes
L'habit dont son époux voulut parer ses charmes,
Quand, aux yeux des Hébreux, s'avançant à l'autel,
Tous deux se sont jurés un amour éternel.
Qu'un soin bien différent l'agite et la dévore !
Ah ! ce n'est pas pour plaire à l'objet qu'elle adore
Que Judith a recours à ces vains ornemens !
BfARIE PUECH DE CALAGES 21
Elle entend tout à coup de longs gémissemens :
Son bras, avec effroi, comme enchaîné s'arrête ;
Elle frémit, soupire, et détourne la tête.
D'un nuage confus son œil est obscurci ;
D'un tremblement soudain tout son corps est saisi.
A la pâle lueur d'une sombre lumière.
Un fantôme effrayant vient frapper sa paupière ;
C'est Manassès qui s'offre à son cœur attendri
Tel que ses yeux l'ont vu quand cet époux chéri
Exhala dans ses bras son âme fugitive.
Pas un vers, pas un mot de tout cela dans le
poème ; à la place de cette peinture touchante c'est
un long et ridicule procès-verbal où toutes les
pièces qui composent la parure de Judith sont
décrites une à une ; du reste cette parure, où il n'y
a pas trace du costume hébreu, est celle d'une
duchesse de la cour d'Anne d'Autriche. Quant à
l'ombre de Manassès, elle n'apparoît point ; Judith
ne la voit ni ne la croit voir : seulement elle
l'apostrophe, elle lui parle.
Le second passage est le dénoûment de l'action, la
catastrophe du poème : c'est l'instant où l'on voit
ce pauvre Holopherne si méchamment mis à mort
par Judith :
Son courage redouble, un feu divin l'embrase.
Ce n'est plus cet objet dont le charme vainqueur
Du farouche Holopherne avoit séduit le cœur ;
Sa démarche et ses traits n'ont rien d'une mortelle,
Une sombre fureur dans ses yeux étincelle ;
Ses cheveux sur son front seiâblent se hérisser,
Un pouvoir inconnu la force d'avancer.
Elle voit sur le lit la redoutable épée.
Qui dans le sang hébreu devoit être trempée ;
Elle hâte ses pas, et prend entre ses mains
Ce fer victorieux, la terreur des humains ;
Observe avec horreur ce conquérant du monde ;
22 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
S'applaudit en voyant son ivresse profonde ;
Puis soulève le fer, rarrache du fourreau.
Et le cœur enflammé par un transport nouveau,
Croit entendre la voix du ciel iqui Tencourage :
ce Tu le veux, Dieu puissant, achève ton ouvrage. »
Elle dit, et d'un bras par Dieu même affermi.
Frappe, d'un fer tranchant, son superbe ennemi.
La première citation n'ayant nul rapport avec le
véritable texte, il me vint un moment dans Fesprit
que Fauteur Favoit peut-être tirée de quelque autre
poème de Judith qu'il auroit pris pour celui de M"®
de Calages ; mais ce doute s'est dissipé quand j'ai
comparé la seconde citation avec le passage qui en
tient la place dans le poëme. J'ai été convaincu
alors qu'il s'agissoit bien du même ouvrage, et que
quelqu'un s'étoit amusé, ici, à raccommoder les vers
de M^^e de Calages ; là, à lui en faire de tout neufs.
Dans le dernier passage que je viens de tran-
scrire, les sept premiers vers n'ayant absolument
rien de commun ni pour la pensée ni pour
Fexpression avec les vers du poëme, je prends ceux-ci
à l'endroit où commence la ressemblance :
Elle voit sur le lit la redoutable épée
Qui, dans le sang hébreu devoit être trempée ;
Je vois, je vois, dit-elle, arbitre des humains,
Ce que tu me promis de mettre dans mes m,ains.
Puis, observant de près, ce conquérant du monde,
Et le voyant dormir d'une ivresse profonde.
Elle saisit t;e fer, et le mettant à nu.
Se sent grossir le cœur d'un transport inconnu ;
« Dieu d'Israël, dit-elle, achève ton ouvrage. »
Là, d'un robuste bras et d'un mâle courage.
Elle enleva la tête à ce prince pervers.
J'ai souligné très exactement dans les vers de M}^^
de Calages tout ce qu'on y a pris pour fabriquer
MARIE PUECH DE CALAGES 23
ceux dont on a voulu lui faire honneur ; un coup-
d'œil suffit pour faire juger combien la citation est
fidèle.
L'auteur de l'article a mis moins d'exactitude
encore, s'il est possible, dans le peu de faits qui
concernent M^J^ de Calages et son poème. Il prétend
que ce poème, composé dans la jeunesse de l'auteur,
ne fut publié qu'après sa mort (1), et le fut par M^e
Lhéritier de Villandon, qui, en 1660, le dédia à la
jeine Anne d'Autriche, alors régente. Autant
d'erreurs que de mots. Le poème parut véritable-
ment en 1660, mais M^e de Calages vivoît encore à
cette époque et elle fut elle-même son éditeur. C'est
elle qui, dans une épître signée de son nom, dédia
son ouvrage à la reine Marie-Thérèse d'Autriche, en
la complimentant sur son mariage avec Louis XIV,
lequel venoit d'avoir lieu précisément dans cette
même année 1660. Si l'on avoit eu sous les yeux et
pris la peine de lire l'épître dédicatoire, on eût bien
vu qu'elle ne s'adressoit pas à Anne d'Autriche ; car
il n'y a pas d'apparence que Fauteur Teùt félicitée
d'avoir épousé son fils. D'un autre côté cette Anne
d'Autriche qu'on fait régente alors (en 1660), ne
Tétait plus depuis 1651, époque où le roi avoit
déclaré sa majorité.
•
(1) Noos saisissons cette occasion de faire remarquer combien il est
regr^table que des recueils, auxquels on ne peut, dans Tensemblc, refuser
une certaine valeur comme la Nouvelle Biographie générale, Tcnlermenl des ar-
ticles rédigés avec une aussi grande inattention précisément que celui sur Marie
de Calages. Se donnant un bon point sur sa concurrente Michaud en établis-
sant la vraie dédicace de Judith non à Anne d'Autriche, mais à Marie-Thérèse
dtAatriehe, reine de France, la Souoelle Biographie nous dit : c Calages {Mariç
Pueeh de) née en 1632, aux environs d'Ancenis, et morte à Mirepoix le 8 octobre
1661. > Puis elle ajoute quelques lignes plus bas : c Judith, publiée en 1660,
après la mort de M'** de Calages. »
24 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
L'auteur de cet article où j'ai relevé, à regret,
tant d'inexactitudes, est cependant une femme qui,
célèbre dès son enfance, par de fort jolis vers, en
a fait de fort beaux dans un autre âge, en dépit de
cette grande précocité qui inspire ordinairement
plus de craintes qu'elle ne fait concevoir d'espérances
pour l'avenir. A ces traits, qui n'a point reconnu
Mme de Vannoz (1)? M^^ de Vannoz, je me hâte de
le déclarer, n'est point coupable des fausses-citations
et des faux détails qu'elle a insérés dans son article.
M^ne de Genlis, qui, avant elle, en avoit fait usage
dans son Influence littéraire des femmes (2), ne les
(1) Sur M"' de Vannoz, qu'on chercherait en vain dans la plupart de nos
Biographies, il faut voir la France littéraire de Guérard, 1. 10, p. 48.
M"' de Sivry, dame de Vannoz, poète, membre de l'Académie des Arcades
de Rome et de Goritz, en Frioul, et de celle de Lyon, naquit en 1775. Elle
donna un nombre assez considérable de. biographies de femmes célèbres à la
Biographie Universelle.
(2) Voici ce que dit M"' de Genlis sur M"' de Calages, Influence littéraire des
femmes, p. 57 : « Parmi les auteurs de ce temps (milieu du XVII* siècle), on
doit distinguer une personne dont le nom est tout à fait inconnu, et qui
cependant devroit avoir une grande célébrité ; ce fut M'** de Calages, poète
toulousaine ; elle composa un poème de Judith, dédié à Anne d'Autriche, et
rempli de très beaux vers. Voici quelques citations qui feront juger de son
talent »
Nous ne reproduirons pas les citations dont Tourlet fait justice. Nous
donnerons seulement la fin du passage de M"* de Genlis que notre critique
réfute avec tant de talent, de délicatesse et de raison : < Il est bien extraor-
dinaire, dit-elle en terminant, que de tels vers soient restés dans le plus
profond oubli, qu'on ne sache pas même qu'il ait existé un poème de Judith,
et qu'on se souvienne encore des mauvais poèmes d'Alaric, de Clovis, etc.
Tout favorise la réputation littéraire des hommes ; celle des femmes se forme
beaucoup plus difficilement. Il est convenu que, même en prenant des
passages de leurs ouvrages, on ne doit jamais les citer, et que, poiu* Yintérét
des bonnes mœurs, on doit encore moins les encourager, afin de les rendre
aux travaux du ménage ; car onjsent combien il seroit avantageux à la société
de décider une femme qui auroit fait un beau poème, à tricoter le reste de sa
vie, au lieu d'écrire. Ainsi l'injustice à leur égard dans ce genre, n'est jamais
qu'une [louablel austérité de principes ;. c'est pourquoi le nom de M"* de
jCalages est resté dans une telle obscurité. Si un homme eût fait ce poème de
Judith, il seroit certainement très connu. >
MAJRSE PUECH DE CALAGES 25
a pas inyentés non plus cerfainement. Ces deux
dames les auront puisés, je n'en fais nul doute, dans
quelque compilation infidèle, où un plaisant se sera
diverti à révéler ton prétendu phénomène ignoré et
à fabriques^ une gloire posthume. Bien qu'il fût très
peu vraisemble qu'une femme vivant en province
vers le milieu du XYII^ siècle, eût fait des vers tels
que fort peu d'hommes en faisoient de semblables à
Paris, dans ce temps-là, c'est un assez léger tort que
d'y avoir cru, et des femmes doivent s'y laisser
prendre plus facilement que d'autres. Il est seule-
ment fâcheux que M™e de Genlis, trop dupe de
la mystification, ait fait sonner si haut pour l'hon-
neur de son sexe, la découverte du prétendu
chef-d'œuvre de la muse toulousaine, qu'elle s'en
soit prise à la jalousie des hommes du profond
oubli dans lequel ce chef-d'œuvre étoit resté enseveli
si longtemps, et qu'enfin elle se soit écriée avec
amertume : « Si * un homme eût fait ce poëme de
Judith, il seroit certainement très connu. »
D ne faut pas que le public soit trompé. D'ailleurs,
les éditeurs de la Biographie universelle s'étant
montrés fort jaloux du perfectionnement de leur
estimable ouvrage, c'est les obliger que de leur faire
counoitre à la fois les erreurs qui ont pu s'y glisser,
et les vérités qui doivent prendre la place de ces
erreurs. Voilà ce qui m'a déterminé à critiquer
rarticlesiu* M"e de Calages, et ce qui m'engage à
donner une courte notice de son poëme.
Rien de plus ridicule que la conduite de l'ouvrage :
nulle imagination, nulle connoissance des règles.
Pour faire de l'histoire de Judith huit chants qu'elle
appelle parties, l'auteur Va grossie (ce sont ses
26 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
propres expressions) par le narré du sacrifice
d'Abraham et d'une partie de Thistoire de David,
qu'elle confesse elle-même n'avoir aucun rapport
avec le sujet principal ; elle auroit dû pousser la
franchise jusqu'à dire qu'elle les y a liées fort mala-
droitement. La manière dont elle amène et place,
non-seulement ces deux énormes récits, mais plu-
sieurs autres encore, est tout à fait risible. Le danger
de Béthulie est au comble ; ses habitans meurent de
soif, et elle est menacée d'un assaut pour le lende-
main. Judith conçoit alors la résolution que chacun '
sait, et fait prier Osias, le chef de la cité, de lui
envoyer deux prêtres à qui elle puisse confier son
projet. Un étranger, présent à l'arrivée de son mes^
sage, témoigne une extrême envie de savoir qui est
celte Judith ; et la servante, au lieu d'aller rendre
réponse à sa maîtresse qui l'attend avec impatience,
se met à raconter, durant deux chants, toute l'his-
toire de sa Dame. Ce n'est pas tout : le bon Osias^
qui sait cette histoire par cœur, reste là pour
avoir le plaisir de l'entendre encore une fois, au lieu
d'envoyer à Judith ces deux prêtres qu'elle demande
cependant; ces deux prêtres arrivent chez Osias
sans avoir été avertis, ils sont, comme tous les
Béthuliens, pressés d'une soif horrible, et ils viennent
Avec le doux espoir
De trouver un peu d'eau dans quelque réservoir.
Osias devine ce qui les amène ; mais lui qui avoit
perdu deux heures des plus précieuses à écouter un
récit dont il n'avoit que faire, s'en venge sur les
deux prêtres mourans de soif, en leur disant d'aller
MARIE PUECH DE CALAGES 27
bien vite chez Judith qui les demande et qui leur
donnera de quoi boire à leur retour. Resté seul
avec l'étranger, il lui raconte en détail, pour passer
le temps, l'histoire du sacrifice d'Abraham, dont il
avoit été question incidemment dans le récit de la
servante. Une autre histoire amenée assez plaisam-
ment aussi, c'est celle de Sémiramis et de Ninus.
Holopheme, impatient de revoir Judith, va la
trouver dans une riche tente qu'il avoit affectée à
son usage. Judith, qui fait avec lui la coquette, lui
dit que pour charmer ses ennuis en l'attendant, elle
s'étoit mise à considérer les beautés d'une tapisserie,
dont elle désiroit connoître le sujet ; et tout de suite,
le galant Holopherne lui explique ce sujet, qui est
Sémiramis faisant égorger son mari devant elle,
pour toucher le cœur d'un amant que ses charmes
n'avoient pu rendre sensible.
En général, l'exécution du poëme répond assez
au mérite de l'invention. On y trouve souvent des
hiatus, des fausses rimes, des c muets non élidés
dans les mots tels que vie, joie, etc. ; toutes fautes
que les poètes de la capitale ne commettoient plus
depuis un demi-siècle au moins. Il y faut joindre les
gasconismes que la poétesse toulousaine n'épargne
pas comme de raison ; elle en a beaucoup de la
force de celui-ci :
1\ lui demande d*eau pour éteindre ses feux.
Il y auroit toutefois de l'injustice à ne pas recon-
noître par intervalle quelques vers isolés et même
de suite, dont la pensée est heureuse et l'expression
assez élégante : il y a presque toujours du naturel
28 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
dans les sentimens et dans le style; et, sî Ton
considère qu'à cette époque TafiFectation qui com-
mençoit à disparoitre des cercles et des écrits de la
capitale, exerçoit encore tout son empire sur les
esprits de la province, on saura gré à Fauteur de
s'être préservée de ce fléau contagieux. Voici la
meilleure tirade de tout le volume que j'ai eu la
patience de lire d'un bout à l'autre ; elle est tirée
d'un discours adressé à Holopherne :
Songe à ta sûreté, laisse-là les Hébreux.
Oui, nous y périrons, s'ils ont leur Dieu pour eux ;
S'il veut ici la paix n'y faisons plus la guerre.
C'est le Dieu d'Israël qui lance le tonnerre ;
D'invisibles soldats marchent à ses côtés,
Prompts pour exécuter toutes ses volontés.
C'est le puissant moteur de tout ce vaste monde ;
H fait tout ce qu'il veut sans qu'aucun le seconde :
Il créa l'univers par sa féconde voix,
Et l'être et le néant sont sujets à ses loîx.
n a dessus les rois la puissance suprême ;
Nabuchodonosor lui doit son diadème ;
C'est de lui que dépend et la vie et la mort,
La force, la valeur, la fortune et le sort.
Dubartas a fait aussi un poëme de Judith en six
livres. Il dépeint, de cette manière, Holopherne se
déshabillant pour aller attendre au Ut la belle Béthu-
Uenne :
,0r, il se déboutonne, ore ii ôte ses bas ;
Mais son ardeur lui nuit, sa hâte le retarde ;
Et d'amour aveuglé ne se donne pas garde.
Que cuidant dénouer de ses tremblotans doigts
La subtile aiguillette, il la noue trois fois,
Jusqu'à tant que vaincu, tant de désir que d'ire,
Il coupe ses liens, ses habits il déchire
Et nu se met au lit.
MARIE PUECH DE CALAGES 29
Ce Dubartas étoit le plus grotesquement barbare
de tous les poètes de son temps, et ce n'est pas peu
dire.
Ronsard, auprès de lui, a un style presque
racinien.
T. (TOURLET.)
ETUDE
SUR LES
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS
DE LA PIN DU XV« SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XVI«
(Suite.)
1512
Opéra Nona del Fecûdissimo Giouene Pietro Pictore
Arretino zoe Strombotti Sonetti Capitali Epistole Bar-
zellete et una Desperata.
In-12, lettres rondes. Au-dessous du titre, bois ombré,
très médiocre, un homme à genoux devant un person-
nage assis qui lui pose une couronne sur la tête ; au
second plan, quatre personnages debout, Tun d'eux joue
de la guitare. A la fin : Impresso in Venetia per Nicolo
Zopino. Nel M.CCCCC.XIL Adi, XXIL De Zenaro. (Mar-
ciana).
1512
Le Lande spirituali,
In-4, lettres rondes, 8 ff. par cahier ; paginé à partir du
3® feuillet, premier feuillet a.; 58 jolis petits bois au trait
d'une composition simple ; parfois les terrains sont noirs.
Page 122, à la fin : Stampata in Venetia per Georgio de
Rusconi a instantia de Nicolo dicto Zopino, M,D,Xii, adi.
an, Marzo, (Marciana, i6,840J.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 31
1512
Manfredî (Hîeron.). Opéra noua intitulata il Perche
utilissima ad intendere la cagione di moite cose : et
maximamente alla conseruatione délia sanita. Noua-
mente stampada.
In-4o gothique à deux colonnes, en vers. Au-dessous du
titre, le Saint-Georges, avec F. V. A la fin : Stampato in
Venetia ad instantia de Zorzi di Rusconi Milanese. Nel
cmno.,., 1512. Adi. 8. aprile. (Brunet, t. III, col. 1323 ;
Arsenal, 3951, B. L.).
1514. — Libro de Vhomo in lingua materna com-
pilato per misser Hieronimo di Manfredi da Bologna
ad utilità et delectatione del génère humano ecc, ecc.
ditto vulgarmente Perché,
In-4o ; caract. goth., figure anatomique au titre. Venetia
per Simon de Luer, 151i,
1512
Epistole e euàgelii volgari hystoriade : cum vna
tabula : che insegna a trouare facilmente tutte le
Epistole : e Euangelij scritti nella sequête opéra :
secundo lordine de la corte Romana : Cô alcune
Epistole : e euangelij nô piu tradutti.
In-folio ; 88 feuillets paginés depuis le titre qui est
entouré d'un encadrement ombré, assez médiocre, que
nous rencontrons souvent dans les volumes de cette
époque ; au-dessus du titre, la marque du Christ VHS sur
fond noir ; la même que dans le Legendario de 1518 ;
toutes les pages sont entourées de petits encadrements
variés. Un premier bois, au verso 4, V Incrédulité de Saint
Thomas, signé M. A. F.
32 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
La page 5 commence par un bois représentant le Christ
assis sur les nuages tenant la croix de la main droite, un
ange à chaque coin de la gravure sonnant de la trom-
pette; derrière, quatre anges portant les instruments de la
Passion : la lance, Téchelle, la colonne et la balance ;
cette page est entourée d'un encadrement très légèrement
ombré, formé de feuilles, d'arabesques, de puiti et de
7 médaillons; ceux du haut contiennent à gauche le soleil,
à droite la lune ; feuillet 9 : in la mesa grande el di de
Natale, la Nativité : bois ombré d'un joli style, de forme
ronde, inscrit dans un carré portant un ornement dans
l'intérieur de chaque angle (bois du Legendario de 1518).
Page 13 : Dominica V dopo la epiphania, bois de la même
grandeur, ombré ; au premier plan un homme à terre
soutenu par un autre tandis qu'un troisième se penche
vers lui ; derrière eux une table servie, et deux groupes :
à gauche deux personnages derrière, deux femmes qui se
parlent ; page 17 : Feria seconda in qvadragesima ; un
religieux tenant un livre de la main gauche, et montrant
de la droite le Christ dans sa gloire ; trois anges à droite,
deux à gauche ; sur le volume du religieux, sur la page
gauche: timete devm et date illi onorë, et qvia venit hora
ivdicii eivs sur la page droite. Page 21 : feria qvarta in
qvadragesima : Jésus suivi de ses disciples rencontre la
mère des fils de Zébédée. Page 25 : feria quàrta in qva-
dragesima : deux aveugles marchant, celui de devant
portant un bâton [Ciecho guida il CiechoJ, Page 29 :
feria qvarta in qvadragesima : Jésus suivi d'un des
apôtres a délivré du démon un homme couché à terre
devant lui. Page 33 feria qvarta in qvadragesima : saint
Jean, assis sur les nuages, avec Taigle, écrit sur des ta-
blettes qu'il tient de la main gauche. Page 37, Crucifixion ;
la Vierge, saint Jean et Marie-Madeleine; au-dessous
Passio domini nostri Jesu Christi, entourée de l'encadre-
ment ombré du titre ; ce bois est, sans doute, d'une autre
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 33
main, car il est très inférieur comme dessin et comme
taille. Page 42 zobia (pour Giovedi) sancta: un grand
calice dans lequel se trouve, vu à mi-corps, Fenfant Jésus
tenant le monde dans la main gauche ; il est nu; de chaque
côté un ange à genoux ; ici les ornements des coins sont
sur fond noir. Page 45, sabbato sancto: saint-Marc vu
de face, la droite sur un livre ouvert sur son bureau, la
gauche sur un livre placé sur un pupitre; le lion à droite
en bas ; des livres, le chapeau de cardinal à gauche ; orne-
ments à fond noir. Page 49 el zorno de pascha, la résur-
rection, le Christ près du bord du tombeau, tenant la ban-
nière de la main gauche, la droite levée; à terre deux sol-
dats dormant, à gauche un troisièmejla main droite levée
à hauteur de ses yeux; une ville dans le fond à gauche ;
ornements sur fond noir. Page 53 : Dominica v, dopo
pascha in le letania : saint Luc, assis sur les nuages, de
profil tourné vers la gauche, un li\Te dans ses mains et
devant lui le bœuf dont on ne voit que la tête ; ornement
à fond blanc, Sabbato di qvatro] temporali : Page 57,
Hiervsalé à droite dont on voit la porte au premier plan,
l'enfant Jésus assis au sommet; à gauche un roi, nu, à
genoux les mains jointes tenant une petite croix ; derrière,
deux chevaliers, l'un à cheval, Tautre à pied ; ornement
à fond blanc : Page 61, dominica. XL et XIL dopopenthe-
coste : à gauche un ange conduisant par la main un
moine nimbé et semblant le faire sortir d'une prison
(peut-être saint Pierre); devant lui deux chevaliers à
genoux, les mains jointes une épée à terre ; ornement à
fond blanc. Page 65: Domenica XIX et XX; dopo la
pentecoste : Saint Mathieu, assis sur les nuages, tourné à
droite avec Fange ; ornement à fond blanc. Page 69 in la
festa de la cathedra de sancto pietro : un pape assis, la
main gauche tenant une bannière avec les clefs, bénissant
de la droite ; à genoux devant lui, Saint-Marc, le dragon
enroulé autour de ses pieds, tient des deux mains la
1891 3
34 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
hampe de la bannière ; de chaque côté un ange souf-
flant dans une trompette ; sur une bande horizontale :
tv. es, petrvs, et, svper, hanc. petrà ediftcaia eclexia.
mea. est, ; au-dessus, Dieu le Père bénissant des deux
mains ; plus bas, le Christ et la Vierge, tenant la tiare
sur la tête de saint Pierre ; tout à fait à droite David, et
saint Jean-Baptiste à gauche ; au-dessus de la tète de Dieu :
ecce misterivs magnvs. Page 73, in el di de sancto iacomo
apostolo: Saint-Jacques, le bâton de pèlerin dans la
main droite, tient de la gauche un livre appuyé contre
sa poitrine ; à droite, dans le fond la décollation du
^aint ; à gauche, il est traîné la corde au cou ; paysage
dans le fond ; ornement à fond blanc. Page 77, in el di
de ognisancti: la Vierge assise entourée des apôtres ; dans
le haut. Dieu le Père ; le Saint-Esprit au-dessus de la tête
de la Vierge : Page 81, in la festa de piv sancti martgri :
quatre moines à genoux les mains jointes ; un d'eux
regarde sous la pierre d'un tombeau dans lequel on aper-
çoit un squelette, une branche de lys entre les dents ;
fort beau bois, un des meilleurs du volume, têtes très
belles et pleines d'expression ; ornement à fond noir.
Page 85, In la festa de la Vergene : la Vierge debout
couronnée et nimbée, un livre dans la main gauche et une
palme dans la droite; à droite et à gauche, à genoux,
des vierges dont la première tient la bannière avec la
croix ; ornement à fond noir. Quelques bois assez mé-
diocres dans le texte ; à la fin, au-dessous du registre :
Stampata in Venetiaper Zuane Antonio e fradeli da Sabio
ad instantia de Nicolo e Domenego dal lesus fradeli nel
anno del signore, M.D.X.IL Del mese de zugno, (B. Natio-
nale. Cabinet des Estampes E. 6. 5. d. réserve).
Ces bois ombrés, de grande dimension, ressemblent à
ceux du Legendario de 1518, et n'ont aucun rapport de
dessin ou de facture avec la gravure signée M. A. F.. La
taille en est sèche et anguleuse, et peut faire dire avec
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 35
quelque raison à Passavant qu'ils trahissent plutôt le
cuivre que le bois. Ils sont très difTérents de qualité et
sans qu'aucun soit mauvais, il y en a de médiocres ; les
apôtres sont très beaux. Ces bois, publiés par le même
imprimeur que ceux du Legendario de 1518, ne sont pas
signés comme deux de ceux-ci de la lettre G.
Nous complétons la description de cet important recueil
par les réflexions suivantes de M. Georges Duplessis :
€ Le troisième ouvrage légué par M. E. Piot au Départe-
ment des Estampes est un livre de la plus haute valeur.
Il a pour titre : Epistole et evangelii volgari hystoriade
Venise 1512, Bien qu'on en signale deux autres exem-
plaires, Tun à Londres, dans la collection de M. Henri
Huth, l'autre à Florence, dans la bibliothèque Marucel-
liana, celui-ci est le seul que, jusqu'à ce jour, il ait été
donné aux curieux de consulter. C'est un in-folio de
88 feuillets, contenant un grand nombre de figures en
bois, de provenances diverses et de valeur très diverse
aussi, mais en renfermant une, en tète, qui a, pour
l'histoire de l'art, une importance capitale : Elle
représente V Incrédulité de saint Thomas, et porte à la
droite du bas, sur une pierre, le monogramme de Marc-
Antoine. Dans l'œuvre du maître, cette planche apparaît
à l'état unique ; Marc- Antoine qui, pendant son séjour
à V^enise, copia sur métal les estampes en bois qu'Albert
Durer avait dessinées pour la Vie de la Vierge et pour la
Passion, voulut-il se rendre compte des difficultés qu'au-
rait à vaincre un graveur sur métal pour tailler le bois ?
Voulut-il simplement faire un essai qu'un éditeur mit à
profit ? Jamais on ne le saura, si un document écrit ne
vient à être exhumé un jour des archives de Venise;
mais ce qu'il est possible, dès à présent, de constater,
c'est que cette planche est digne, pour la gravure du
moins, d'être attribuée avec certitude au grand artiste
bolonais. Nous croyons qu'il serait imprudent de regarder
36 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ces figures, qui portent le caractère bien accusé des
œuvres vénitiennes de cette époque, comme ayant été
dessinées par Marc- Antoine ; dès lors, la marque du maître,
qui ne peut être contestée, se rapporte uniquement à la
gravure, et Tœuvre du maître à la Bibliothèque nationale,
grâce à la générosité de M. Eug. Piot, se trouve ainsi
augmentée d'une planche qui pourra désormais être
mise sous les yeux des artistes, tous les jours plus
nombreux, qui s'intéressent aux admirables productions
de Marc-Antoine. » [Bulletin des Musées],
Nous relevons dans un catalogue Quaritch l'ouvrage
suivant : Epistole e Lectione Evangelii i quali si legono
in tutto Vanno alla messa seconda fuso de la sancta
chiesa Romana, qui semble être malgré la difTérence des
titres une réédition du volume que nous venons de
décrire.
1512
Pratica musicae vtriusqz càtus excellétis frà \ chini
gaffori laudësis. Quattuor libris modula \ tissima :
Sùmaqz diligétia novissime [pressa.
Petit in-folio, caractères romains, 82 fF. registres de A-K
y compris le frontispice gravé et la table ; huit ff. par
cahier, sauf le K qui en a 10. Titre noir gothique ; au-
dessous un très grand bois occupant toute la page et
représentant des moines, novices et enfants de chœur
chantant devant un porte-lutrin sur lequel un choral
ouvert où on voit sur les deux pages des notes de
musique et des paroles. Appuyé contre le pupitre, un
enfant ; à droite, un autre dans le coin ; sur un banc,
un garçonnet assis devant un livre ouvert ; deux autres
sur le banc à côté de lui ; dans le coin, la lettre L.
L'intérieur est une belle salle voûtée, dallée de marbre
blanc et noir ; dans le fond, une porte de face surmontée
UVRES A FIGURES VÉNITIENS 37
d'une sorte de coquille, sur laquelle vient se poser, \u en
perspective, le plafond en verrière, formé de fonds de
bouteilles. La porte est \aie à travers une arcade, encadrée
comme la porte elle-même, de mosaïques de marbre ou
de bois, blanc sur fond noir. La bordure qui entoure la
scène, à fond noir aussi, contribue à l'aspect florentin de
l'ensemble ; cependant les figures sont de style milanais.
Le verso du titre blanc. A II: Descriptio miisîcae Actionis
franchini Gaffori Laudensis ; au verso Prohaemivm, qui
continue au recto A III. Puis les 4 livres jusqu'au dernier
feuillet 82, dont le verso est blanc. Quatre grandes lettres
ornées et beaucoup de petites. A la fin, après le registre :
Musicae Franchini Laudensis : cantoris solemnissimi
pratica quattiior libris compraehësa explicit. Impressa
novissime Venetiis : multisqz erroribus expurgaia per
Augusiinum de Zannis de Portesio bibliopolam occura-
tissimiim. Anno dominicae incarnationis. MDXII. Die.
XXVIII. lidii (Librairie Rosenthal).
M. Weale (page 132) cite une autre édition vénitienne
de 1522. •
1512
Quintilianus (Marc. Fabius). Oraiorar iuminstituiio-
num. Una cù annoiaiionïbus Raphaelis Regii in
deprauationes eiusdem...
In-folio, 4 feuillets préliminaires et CXCIX numérotés.
Au-dessous du titre, le saint Georges avec la signature
F. V. La page est entourée d'un encadrement dont le haut
est ombré et le reste à fond noir ; la partie inférieure est
empruntée au Supplemenium chronicarum de 1503, avec
les deux dauphins soutenant une sorte de coupe (170 *"/™
sur 75 de haut.) Au dernier feuillet : Impressum venetiis ope
et impensa Georgii de Rusconibus Anno dûi. M.CCCCC.
38 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
XIL Die. XIIIL Augusti,.. Au verso, ]a marque noire avec
les lettres G. R. M. (Marciana 57958).
1512
Junius Juuenalis, Opus quidé diuinum anlea im^
pressorum vitio : tetrum : mancum : & inutile nunc
autem a viro bene dodo recognitum, etc.
In-folio ; au-dessous du titre gothique et rond, le Saint-
Jean-Baptiste, marque deTridino, 6 ff. prélimin, pour
le titre, la dédicace du commentateur Joannes Britannus,
les préfaces, la table et la vie de Juvénal; 126 ff. chiffrés.
Un bois en tête de chacune des seize satjTes. Le premier,
montrant Juvénal entouré d'un nombreux auditoire, est
signé L. Tous ces bois ombrés, de taille assez grossière,
ont trait, comme Tindique une légende, placée dans le
haut, au sujet de la satyre qu'ils précèdent. Lettres
ornées. A la fin, après le registre : Habes lector aureum
luiiena. Opus.,. : Impressum Venetiis per loannenf^Tacui-
num de Tridino Anna Domini. M. D. XIL Die. XVIII.
Augusti. (Librairie Tecliener).
1515. — Junius Juuenalis,
In-folio ; titre gothique. Sous le titre le saint Georges
avec F. V. ; bois ombrés médiocres ; un par satyre. A la
fin : Habes Impressum Venetiis per Georgiû de jRhs-
conibu Mediolan Anna Domini. M.D. XV. Die X. Decem-
bris. (Marciana 42563).
1520. — jy. IVVENALIS aqvinatis satyrographi
opus.
In-folio; encadrement ombré; au-dessous du titre, un
petit bois légèrement ombré, Ecce agnus, représentant le
Christ et Tagneau. 6 ff. prélimin.; au septième, chiffré 1,
bois ombré représentant Ivvenalis entretenant un nom-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 39
breux auditoire, signé L, probablement le même que
celui de Tédition de 1512. Une gravure par satire. Ces
bois sont fort mauvais. A la fin : Venetiis In Casis Ber-
nardini de Vianis de Lexona Vercelésis Anno Circûcisio-
nis. M.D. XX. Die. XV. Decembris... — Suit le registre.
(Marciana).
1522. — IV. IVVENALIS aquinatis satyrographi
opus.
In-folio ; 6 feuill. prélimin. et 162 chiffrés ; au-dessous
du titre, rouge et noir, petit bois légèrement ombré : Ecce
agnus. Seize bois, un par satire, ceux de Tédition de
1512, du même Tridino. A la fin : Venetiis Ex Aedibus
loannis Tacuini de Tridino. M. D. XXII. Die. XXII. Ocio-
bris... — Le registre suit. (Marciana 42571).
1513
Opéra C. Crispi Salustij diuini.
In-folio ; titre gothique rouge. 12 bois, dont quelques-
uns au trait tirés du Tite-Live. A la fin : C. Crispi Salus-
tii... Venetiis per Bartholomeum de Zannis de Portesio.
Anno Domini. M. D. XIII. Die tertio Mensis Februarii.
1513
Chronica sacri Casinensis coenobii nvper impresso-
riae arti tradita...
Ih-4o ; lettres rondes. Au-dessous du titre, grand bois
ombré d'un bon dessin et d'une exécution soignée ; au
milieu S. Benedetto (saint Benoit), à droite S. Mauro
(saint Maur), à gauche S. Piaci (sic), les trois fonda-
teurs des Bénédictins ; Tun d'eux. Saint Maur, modifia
les règles primitives et fonda les Camaldules ; des pères
40 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
agenouillés, parlent à saint Benoit, Tun d'eux lui offre
un livre. Au verso, un bois ombré, d'une exécution très
inférieure et d'une autre main : la Vierge, tenant l'enfant
Jésus sur ses genoux, un personnage à droite, une reli-
gieuse à gauche. A la fin : Impressum Venetiis per Laza-
rum de Soardis Die. XIL Martii. M. D. XIII.,. — Suit le
registre et la marque. (Museo Civicoe Correr., G. 191).
1513
Eleutherij Leoniceni vicenti \ ni Cano. ReguL
Carmen in \ funere dni nostri lesu-Chri \ sti : in
Assumptione e Annùtiatione Virginis Marie : ac in \
honore Sancti Joannis Baptiste.
Petit in-8o ; titre gothique ; texte en lettres rondes. Au-
dessous du titre, une Crucifixion, peut-être sur métal en
relief, et trahissant une origine française ; sans doute tirée
d'un livre d'heures : le Christ en croix (57"»"» sur 78"°» de
hauteur), très nombreux personnages, ombrés, d'une
allure très archaïque ; feuillet h-6 : Venetiis \ Ex officina
Simonis de Luere. xvii. Martii. M.D.Xiii. Le texte continue
et la page 5 du verso finit par un avis ad ïectorem. —
Nous ignorons si le volume se termine là. (Marciana, 372.)
1513
Expositio In psalterium Reuerendissimi B. loànis
Yspani de Turre Cremata.
In-8o gothique à deux colonnes ; ccciiij feuillets. Au-
dessous du titre bois ombré (75 sur 103'»™ de hauteur) ;
l'auteur, de face, écrivant à son pupitre, une plume dans
la main droite, un grattoir de la gauche, assis dans son
fauteuil, coiffé du chapeau cardinalice ; cette vignette,
d'une assez jolie exécution, est entourée d'un encadrement
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 41
autraitde9°>™. Alafîn : Venetiisp, Lazarum de Soardis,...
die xxvij Aprilis M.CCCCCXiij. Au-dessous la marque
de Soardis avec L. S. O. à fond noir.
1513
Epistola del potentissimo et \ Inuictissimo Hema-
nuel Re de Portogallo et de al \ garbii etc.. De le
uictorie hauute in India et Ma \ lâcha : al S. In
Christo Padre et signor no \ stro signor Leone décima
Pontifi I ce Maximo.
In-4o de 2 feuillets ; lettres rondes ; au-dessous du titre,
un bois représentant une ville au bord de la mer ; cette
vignette est au trait et absolument identique pour la fac-
ture aux \'ues représentées dans le Supplementum Chro-
nicarum ; les caractères nous paraissent aussi vénitiens.
Cest pour ces raisons que nous attribuons cette très rare
plaquette aux presses de Venise. A la fin : Data nela cita
nra de Vlixbona adi, vi, de lunio nel anno del signore.
M.D.xiii.
Brunet cite trois éditions de cet opuscule, mais n'a pas
connu celle que nous décrivons (vol. 2, col. 969.) (Mar-
ciana. — Opuscali Geografici, 3, vol. 1. Dalla Mise., 1257,
no 3.)
1513
Libro chiamato Infantia sal \ uatoris : in loquale
se contiene la \ vita e li miracoli & passione \ de.
JesU'Christi. E la cre \ atione de Adamo : & \ moite
altre cose : le qle lezèdo si pote \ rano ïtëdere,
In-4o à deux colonnes, de 56 ff. non chiffrés, signés
A-O. dont le dernier blanc. Caract. ronds ; 40 jolis bois.
42 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
En outre, sur le titre en grandes gothiques, un beau bois
dans un très riche encadrement à fond noir.
Petit poème en octaves ; les dix derniers feuil. contien-
nent il Pianto de la Virgine Maria en terza rima. A la fin :
Stampaio in Veneiia per Joanne Tacuin da Trin de Cereto
MDXIII. Adi XXVII de Zugno,
Brunet ne cite qu'une édition populaire, petit in-S®, en
caract. gothiques, publiée trente ans après celle-ci par
Rofflncllo.
1513
Legeiida de la Gloriosa Verzene Sancta Clara.
In-4o ; goth. titre rouge. Au-dessous, grand bois ombré
représentant la sainte debout , un livre dans la main
droite et une croix dans la gauche ; bois médiocre, lourd
de taille et de dessin. A la fin : In Venetia (nela Côlrala
de Sancio CassianoJ per Simone de Luere. Adi VIL Luio
M.D.XIIL Au-dessous la marque et le registre.
1513
Prediche de le fesie che correno per làno del
Reuerendo padre fraie Hierongmo Sauonarola da
Ferara.
In-4« à deux col. 2 feuillets préliminaires, clxi numérotés ;
texte en lettres rondes, au-dessous du litre, goth., bois au
trait médiocre : Savonarole, assis écrivant à une table (1) ;
(1) Tous ces Salvanarole écrivant sont des copies de bois florentins, dont le
prototype semble être le Savanarole deVEpistola in libros de simplicitatechriS'
tianœ i;ifcp imprimé à Florence, chez Pacini,le 5 septembre 1496, où le fougueux
prédicateur est \i\ tourné à droite, un crucifix devant lui; dans le fond quatre
volumes et un vêtement noir. (V. Gruyer, Illustrations des ouvrages de Jérôme
Savanarole, 1879, p. 36, et dans VArte délia Stampa, mai 1873, l'article de
M. Jacopo Bernardi intitulé Cenno bibliogra/ico intorno ad alcune edizioni
Venete délie prediche di frate Girolamo Sauonarola).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 43
il regarde à droite tel qu'il est représenté dans les ExposU
tiones in psalmos de 1505 ; il est ici d'une gravure rude
qui laisse à désirer ; les détails sont peu soignés dans le
visage et les mains. Cette composition, comme le fait fort
bien remarquer M. Gruyer, /Illustrations des ouvrages
de Savonarole, page 165), se rencontre très fréquem-
ment dans les livres vénitiens et florentins ; nous pour-
rions en citer beaucoup d'exemples, tels que saint Jérôme
dans la Bible de Mallermi, et le Boccace dans le Déca-
méron de 1492. La page est entourée d'un encadrement à
fond noir, le Christ, dans le haut, une sirène de chaque
côté ; dans le bas, au milieu un écusson avec les lettres L
à gauche, A à droite et deux jouZ/z ailés, chevauchant deux
animaux fantastiques se tournant le dos ; cet encadrement
reparaît, en 1514, dans la TheoricaetPraticade Fanti; au
verso Crucifixion du Pungy lingua; un ange de chaque côté
reçoit le sang qui s'échappe des plaies du Christ ; dans le
bas, à gauche, la Vierge est soutenue par deux saintes
femmes ; Tune étreint le pied de la croix ; trois person-
nages à droite, dont saint Jean, un d'eux, tient une feuille
de papier qu'il lit ; encadrement ombré qui semble pos-
térieur au bois (cette gravure est reproduite dans le
Savonarole de M. G. Gruyer, p. 38); deux feuillets pour le
titre et le feuillet suivant. La pagination commence
à A. et va jusqu'à la fin 161 ; au verso: Finisse,., In
Venetia per lazaro di Soardi nel anno del Signore.
Af. CCCCCXIIL Adi, XL Luio.,, Au-dessous, le registre et
la marque à fond noir de Soardis L. S. 0. (Marciana
16717, Bibl. Nationale, réserve D. 5581).
1513. T- Prediche per anno,
In-4o ; gothique à deux colonnes de clxxxvi feuillets
chifl*rés ; au-dessous du titre, Savonarole tourné à droite ;
encadrement au trait d'une taille fine et élégante, copié
fidèlement sur celui que nous avons décrit à propos de
44 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
la Vita de la preciosa Vergine Maria de 1492, reproduit
plus tard dans le Lucidario ; autour de la figure : Cons-
cripsit Sermones rectissimos e veritate plenos, EccIesiasticL
xii. Capitulo, Cuz gratia et primlegio. Recto clxxxvi :
Finisse In Venetia per Lazaro di Soardi nel anno, 1513.
adi, 11, Luio ; au-dessous, le registre et la marque noire
avec L. S. 0. (Arsenal, T. 6671).
1515. — Expositions e Prediche sopra Lexodo : e
ad altri diuersi ppositi : ultimamète composte e pre-
dicate.
In-4o ; lettres rondes, 2 colonnes, 144 feuillets chiffrés.
Savonarole écrivant tourné à droite ; encadrement des
Prediche per anno dei 11 Laie 1513, de Lazaro di Soardi.
A la fin : Finisse.,, In la inclyta cipta di Venetia per Lazaro
di Soardi stampate nellanno M, D, XV, Adi. 4 Genaio.
(Arsenal, T. 6670).
1515. — Prediche facte in diuersi tempi.
In-4o ; 2 feuillets préliminaires et 100 chififrés ; carac-
tères gothiques à 2 colonnes, encadrement et bois des
Prediclie per anno de 1513 ; un petit bloc entre la gravure
et Tencadrement, afin de remplir le blanc qui séparait
ces deux bois. Init. fleuronnées. A la fin : In Venetia per
Lazaro di Soardi, nelanno. M, D, XV. Adi. vxj N6-
vembrio. (Bibliothèque Landau, communication de
M. Rœdiger, et Arsenal, T. 6671).
1517. — Tabula sopra le prediche del Reuerëdo.
P. fraie Hieromjmo Sauonarola da ferrara sopra
diuersi Psalmi e Euangelii,..,
In-4o ; bois de l'édition des Prediche de 1513 ; l'enca-
drement est le même ; deux feuillets préliminaires, le 3*
feuillet A, paginé 1. A la fin, feuillet 108, le registre et
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 45
Stampata in Venetia per Bernardino Benalio, Neïïanno
del Signore, M, CCCCCXVIL Adi, XIL Di Febraro. (Mar-
ciana 16716).
1517. — Prediche utilissime per la quadragesima
del reverèdo padre fraie hierongmo Sauonarola da
Ferrara., eic, eic.
In-4o ; 12 feuillets préliminaires, 152 numérotés, 2 col.,
lettres rondes, encadrement à fond noir des Prediche
de 1513. Sous le titre, bois légèrement ombré : Savonarole
écrivant à son bureau, regardant à gauche, beaucoup
meilleur et beaucoup plus fin d'exécution que le bois
de 1513, plus ombré avec plus de détails ; une tête de
lion sur son siège, deux fenêtres grillées au lieu d'une
seule. A la fin : Stampata in Venetia per Bernardino
Nellanno del Signore M. CCCCCXVIL Adi. X, Decembris.
(Bibliothèque Nationale, Réserve, D. 9805).
1519. — Prediche de fra hierongmo \ per quadra-
gesima,
In-4o; titre gothique ; 4 feuillets prél. et cclii numérotés,
le texte en lettres rondes à deux col.; sous le titre, bois
ombré représentant Savonarole faisant brûler à Florence
tous les livres et choses d'art considérés par lui comme
impies : à droite, une nombreuse assistance d'hommes et
de femmes ; à gauche Savonarole surveille l'œuvre exé-
cutée par le bourreau et tient une banderole portant ces
mots : Aligatvm verbvm. Dei. no, est; à droite une chaire
vide ; taille peu soignée. « On n'y rencontre, dit avec
raison M. Gruyer (p. 176), aucune réminiscence du
tableau, faussement attribué à Antonio Pallaiuolo, dans
lequel sont retracés les détails du supplice de Savana-
role et dont il existe plusieurs répétitions à Florence,
notanmient au palais Corsini et au couvent de Saint-
Marc. 1» Â la fin : Finisse,., stampata in Venetia... per
46 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Cesaro arriuabeno uenitiào nelli anni del nostro signore^
1519. adi. uinti auosto ; au-dessous le registre et la
marque avec les lettres A. G. (Bibl. Nat. Rés. D. 5271.
D. 5582. Arsenal, T. 6674.)
1520. — Prediche de fra hieronymo per tutto
lanno. Prediche ulilissime.
In-4« ; lettres rondes à deux colonnes, 4 feuillets préli-
minaires, cxcv numérotés. Sur le titre le Savonarole
écrivant tourné à gauche ; bois de la Tabula sopra le
prediche de 1517 ; page cxciii le colophon : Finisse.,,
nouamente reuiste con molli anlichi exemplari : e reposlo
ai suoi lochi le cose truncade per la impression de lazaro
fada del. 1513. Stampate in Venetia per Cesaro arriua-
beno uenetiano nelli anni del nostro signore. 1520. a di
sie aprile. Suit le registre ; la marque noire avec A. G. se
trouve au verso du feuillet cxcv. (Arsenal, 6672, T.)
1513
Legèda de Sancto Bernardine.
Au-dessous du titre, copie, retournée, du S* Bernardin
du Dante, de 1512, bois d*une jolie exécution. A la fin :
Finisse. In Venetia Stampata per Simone de Luere nela
contrata de Sancto Cassiano. Adi. xvi Luio M.D.XIII :
au-dessous, marque et registre.
1513
Justiniano (Agostino). Precatio pietatis pie \ na ad
devm omnipoten \ tem composita ex due \ bus et sep-
ivaginia \ nominïbvs divinis \ hebraïcis et la \ tinis
vnà cum \ interprète \ commenta \ riolo.
In-8«, en lettres rondes, de 17 feuillets non chiffrés, le
verso de Tavant-dernier et le dernier sont blancs. Sur le
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 47
verso de Aiiij et au recto du feuillet suivant un grand
bois ; au recto de B, une page d'hébreu. Le texte, im-
primé en un caractère bizarre, ressemblant à du romain
mêlé de semi-gothique, commence ainsi : Augvstinus Jvs-
tinianvs genvensis, predicatorii ordinis, Stephano Savlo
salutem, Bononia Callen. Aug, M,D,XIIL (Biblioteca
Colombina.) Selon Quétif et Echard, Scriptoro ord.prœ-
dic.^ II, 98, cette pièce aurait été imprimée à Venise par
Alessandro Paganino di Paganini, en 1513. (Harrisse.
Excerpia Colombiniana, page 209.)
1513
^Eneas Sylvius. Epistole de due amâti Côposte
dala felice memoria di Papa Pio : traducte î vulgar.
In-4o goth. ; au-dessous du litre, grand bois, ombré,
avec des noirs très accusés : au premier plan, le Pape,
coiffe de la tiare ; derrière lui, assis, les cardinaux, et
au-dessus de sa tête, le Christ en croix ; bois mal dessiné
et taillé sans soin ; au-dessous, la marque de Sessa. A la
fin : Impresse in Venetia per Merchio Sessa adi xxxi,
Septé. M.D.XIIL (Celle édition, qui nous avait échappé,
se place après celle de 1504, décrite par nous à, sa date.)
1513
Savonarole. Opéra singulare del doctissimo Padre
F... côtra Lastrologia diuinatrice in corroboratione
de le refutatione astrologice del. S. côte Jo. Pico de
la Mirâdola.
In-8o goth., 36 ff*. num. ; au-dessous du titre, le Savo-
narole, écrivant, tourné à droite. A la fin : Finisse... In
Uinetia per Lazaro de Soardi nel anno. 1513. adi,
6 Ociubrio. Marque noire L-S- 0. (Col. E. Piot.)
48 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1513
Drusiano dal Leone Elquale tracta de le Bataglie
dapoi la morte \ di Paladini, Et de moite t infinité
bataglie scriuendo \ damore t di moite cose hellissime.
Iii-4 de 40 ff. à 2 col. de 48 lig., caract. rom. 15 chances
en stances de 8 vers, avec fig. en bois. Au titre un
bois représentant un chevalier armé. Au recto du
dernier f. : Finito el libre de drusiano dal leone disce \ sa
data nobel schiata de bouo nelqual \ libre si centiene
diuerse e mirabile bataglie \ sotte breuita : & corne esso
Drusiano con \ quisto tutto el monde Impresse in Ve \ netia
nel Anne, M, ccccc, xiii Octubrie. (Brunet, vol. 2», col. 843.
Hain 6410 ; — Melzi et Tosi, page 142, Bibliegrafia dei
Romanzi di Cavalleria). — Cette édition, très rare, est la
plus ancienne que Ton connaisse de ce poème. Hain la
décrit en la plaçant au XV® siècle, tout en faisant obser-
ver que les chiffres de la date peuvent indiquer 1513, ce
qui est possible.
1513
Cantorinus Compendium musice, Jésus. In hoc
uolumine continentur infrascripti tractatus. Primo
deuotissimus trialogus beati Antonini archiepi floren-
Uni ordinis predicatorum super euàgelio de duobus
discipulis euntibus in emaus, Secùdo.,.. Au recto 17 :
Câtorinus Romani cantus vtilissimù côpèdiolû...
In-12, titre en lettres gothiques rouges ; 8 feuillets par
cahier ; pages numérotées jusqu'à 120. — Au-dessous du
titre, la marque rouge de Giunta. Au verso 2, une main
harmonique couverte d'indications musicales. — Verso
f. 16, Y Arche d'alliance y avec le chien, signée à droite
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 49
petit L, copie de Via gothique, bois ombré. Verso f. 71 :
une Annonciation, avec le petit chien et la signature L
dans le bas, à gauche. Ces deux bois avaient déjà paru
àsLiïsle Breviarium monasticû de 1511 de Giunta. — Recto
t 97 : petit bois au trait pour rOflice des morts : un prêtre
jetant de l'eau bénite sur une agonisante étendue sur un
lit; cette gra\'ure, de la grandeur des jolies vignettes du
Processionale de 1494, se retrouve dans une nouvelle
édition du Processionale d'août 1513, page 31. (1)
Page 120 : Finis Cantorini Romani : impressi Venetijs
p dnm Lucantoniû de Giunta Florentinuz : Anno dhi
millesimo qngentesimo tertiodecimo die vo tertio decëbris»
— Le registre et la marque rouge de Giunta (Librairie
Rosenthal et Bibliothèque de M. de Landau).
Dans une édition très postérieure (1549), publiée par
Petrus Liechtenstein, la gra\'ure du frontispice de 1513 a
disparu; le chien de V Arche d'alliance et celui de
V Annonciation ainsi que la signature L, ont été supprimés.
Enfin, on a substitué à VOffice des Morts une Résurreom
tion des Morts,
1513
CorNois (Andréas). Liber de Chiromantia, Venetiis,
Aug. de Zannis, 1513.
Petit in-8. a Ce livre rare contient plus de 150 gravures
sur bois, de la grandeur des pages, le titre se trouve au
verso du premier feuillet, le recto est occupé par une
gravure, où Ton voit trois hommes, dont l'un est sans
doute l'auteur du livre. » (Deschamps, colonne 322.) Nous
( 1 ) Processionale Romaxvz cum officio mortuor | m. etc. — Verso f. 4 : Pro-
cession de rédition de 1494, lettres ornées ; p« 9 : bois [au trait ; p. 31 : bois
dté : p. 65 : bois ombré, p. 184 : Venetiis p Lucantoniû d Giùia Floren anno
Cluisti 1513 die Vo.xxiij Augusti (en lettres gothiques rouges et noires).
1891 4
50 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ne connaissons pas cette édition, mais d'après les indica-
tions de Deschamps, le bois aux trois personnages
semble être le même que celui de Tédition suivante. La
justification est différente.
1519. — Opéra noua de Maestro Andréa coruo da
Carpi habita alla Mirandola traita delà Chiromantia
stàpata con gracia.
In-12, lettres rondes, 11 feuillets préliminaires sur l'art
de la chiromancie ; au-dessous du titre, un corbeau noir
dans un octogone à double trait, une étoile dans le haut
à gauche, à la hauteur de la tête de Toiseau. Au verso, un
ornement à fond noir fait d'un ruban blanc et formant
une croix avec les lettres V H S ; le recto suivant , une
main au trait avec les indications chiromanciques; verso
de ce feuillet, trois personnages debout ; celui du milieu
montre sa main à celui de droite qui lui dit sa bonne
aventure ; celui de gauche est appuyé sur son épaule; dans
le haut, à droite, uiiécusson suspendu à un arbre, portant
le corbeau noir; grand bois ombré d'une exécution peu
remarquable ; à partir du verso D toutes les pages sont
occupées par une main avec l'indication des lignes et de
ce qu'elles promettent. Le dernier feuil. contient le même
ornement à fond noir que le verso du premier feuillet,
avec un grand X surmonté d'une petite croix ; dans le
triangle supérieur de l'X les deux lettres ND ; dans celui
de dessous FS ; au - dessous , en lettres noires , sur fond
blanc, SOLI - DEO - ONOR - ET • GLORIA. Dans
le bas de la page : Stampata In Marzaria Alla libraria
dal lesus Appresso San Ziilian ad instantia de Nicolo Et
Dominicho Fradeh. MDXIX Adi Xiiii Zener. (Marciana.)
(( De cet auteur et de cet ouvrage de chiromancie il existe
une édition indiquée ainsi dans le catalogue de la biblio-
thèque de Christiano Gattlieb Schartz : Excellentissimi et
singularis viri in chiromantia exercitatissimi magistri
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 51
Andreœ Corui mirandulensis libellas chiromanticus cum
fig. In-8o ; il n'y a ni date ni indication de lieu, mais
Fouvrage est dédié au marquis de Mantoue Gianfrancesco
Gonzaga, ce qui nous indique qu'il fut imprimé vers la
moitié du XV« siècle. Une édition italienne de ce même
livre est indiquée par M. Jacopo Morelli sous ce
titre : Opéra... Je ne saurais dire si c'est une traduction
du li\Te latin ou si dans le catalogue il est décrit d'une
façon exacte. » — {Biblioteca Modenese, par Girolamo
Tiraboschi. — Modena 1782, tome 11, page 191.)
1513
C. Plinii. Secimdi \ Cheronensis his \ toriœ naturalis
Libri \ XXXVII . aptissimis figu \ ris exculti ab Aie \
xàdro Benedi \ cto Ve. phg | sico emen \ datiores
redditi.
In-fol. 14 ff. prél. et 219 CF. chiff. fig. sur bois. A la fin :
Explicii. C. Plinius Secundus de naiurali hystoria nunc
primum diligentissime ab Alexandre benedicto phisico reco-
gnitus cunciisqz erroribus expurgatus. Impressus Venitiis
summa diligentia per Melchiorem Sessam Anno reconci-
liate naiiviiatis. M.D.XIIL
A la suite se trouve : Casiigaiiones Plinii Hermolai Bar-
bari, 160 CF. divisé en 2 parties.
. 1516. — Historia naturale di Caio Plinio seconda
di lingua latina in fiorentina tradocta per il doctis-
simo homo Misser Christophoro Landino fiorentino
nonamente cor recta.
In-folio, lettres rondes, 2 colonnes, 14 feuillets préli-
minaires, 259 numérotés ; 37 bois de diCFérentes mains,
ombrés, mais assez médiocres ; grandes initiales. In Ve-
52 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
netia per Marchio Sessa et Piero di rauani bersano corn-'
pagni, 1516. Adi, H, de Agosto. (Bibl. Nat. Rés. S. 24.)
Au-dessous le registre.
1525. — C. Plinii secundi, naturalis hystoriae Libri
XXXVII e castigationibus Hermolai Barbari ac
codicis in alemania impressi et emendatissime editiy
addite indice et copiosissimo, figurisque ad singulO"
rum librorum materiam aptissimis.
In-folio de 119 feuillets numérotés; caract. rom.
Registre aa-bb-a-R-A. Frontispice avec marque typo-
graphique. Grand encadrement légèrement ombré, avec
sujets et ornements variés : dans la partie supérieure,
les portraits de Diogène, Platon, Aristote et Thémistius,
chacun dans une niche. Au bas de la page, un sphinx
ailé ; à sa droite, Mucius Scévola ; à sa gauche, une
femme évanouie entre les bras d'hommes qui la sou-
tiennent. Les côtés sont ornés de petites compositions
relatives à des faits de l'histoire romaine. Nombreuses
vignettes dans le texte; deux petites cartes géographi-
ques. Lettres ornées.
A la fin : Explicit, C. Plinii secundi de naiurali
historia elegantissimum opus, novissime collatis tant
antiquissimis exemplaribus quia est, et in Alemania et
ubi vis impressis, diligentissime post Alexandri benedicti
physici recognitionem, cunctis erroribus expurgatum, et
ubi duplex lectio erat annotatum in margine. Addita est
tabula vel index et vis copiosissimus loannis Camertis.
Impressum Venetiis summa diligentia per Melchiorem
Sessam, et Petrum Serenae, socios, anno reconciliate nati'»
vitatis MDXXV, Die XXIIII Mariiis (Bibliothèque natio-
nale de Florence).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 53
1514
Opa dilecteuole & nuoua délia Cortesia Gratitudine
& Liberalita. C Composta in parlare elegantissimo
dalla Eximio Philosopha Maestro Bernardo Hylicini
ciptadino Senese,
In-4o à 2 col. de 24 CF. (a-f, par 4). Lettres rom. Au-
dessous du litre, un bois représentant Fauteur étudiant
dans sa bibliothèque, avec la légende : BERNARDO
HYLICINIO ; init. gravées. A la fin : Stâpata in Venetia
per Géorgie di Rusconi Milanese ad instantia di Nice (sic)
Zopino & Vicenzo compagni, A di. vi. Marzo del
MCCCCC.XIIIL Régnante Lynclito Principe Leonardo
Lauredano. (Catalogue de M. de Landau, tome 2, page
328 ; communication de M. Roediger).
Une autre édition du 6 juin 1515 du même imprimeur
pour les mêmes libraires doit contenir les mêmes bois.
(Brunet, t. III, col. 406.)
1514
Gràmatica Georgii \ Vallae \ Placentini.
In-4o ; 8 feuillets par cahier; au-dessous du titre, le pro-
fesseur dans sa chaire entouré d'élèves, emprunté au
Crescentius. A la fin : Venetiis arte Simonis de Luere :
Samptibus uero Laurentii Orii de Portesio Anna,.,
M.D.XIIII. Mensis Mariii. Au-dessous le registre. (Mar-
ciana, 1375.)
1514
Recetario de Galieno Optimo e probato a lutte le
infirmita che achadono a Homini & a Dône de dentro
54 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
& di fuora li corpi. Tradutto in Vulgare Per Maestro
Zuane Saracino Medico Excellentissimo Ad Instantia
De lo Imperatore. Cum Gratia & Priuilegio.
In-4o de 31 ff. ch. Bois au frontispice, représentant à
gauche un apothicaire préparant des médicaments, à
droite un médecin (?) écrivant avec trois autres person-
nages. Cette figure est ombrée. Au recto du f. 7, l'homme
anatomique ; au verso du même f. la table de la lune,
Init. fleuronnées et la marque de l'imprimeur. A la fin :
Stâpato in Venetia p Georgio druscôi Milanese adi, 15 de
Aprile. i5ii.
1524. — Recettario di Galieno Optimo e probato a
iiiite le infirmita che achadono à Huomini et a Done
di dentro et di fuori li corpi. Et Tradutto in vul"
gare per maestro Zuane Saracino Medico Excellentis^
simo ad instantia de lo Imperatore.
, In-8o ; caractères gothiques à deux colonnes. Au-des-
sous du titre, un bois représentant un malade avec trois
médecins. A la fin : In Uenetia per loane, tachuino de
Trino. Anna dni D.M.xxiiij a di 16. nouebrio, (Molini...
Opérette... p. 164.)
1514
Dati (Juliano). Incomincia la passione de Christo
»
hystoriata in rima vulgare secundo che recita e repré-
senta de parolla a parolla la dignissima compagnia
de lo confallone de lalma citta de Roma lo venerdi
sancto in lo amphitheatro fabricato da Tito et Domi-
tiano Imperatori il quai loco hoggi di se chiama
Colloseo.
In-8" de 32 fl*. non chiffrés registres de A. à H. ; caractères
romains. Au frontispice un petit bois tiré en rouge ; au
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 55
verso une Crucifixion occupant toute la page : les Marie
au pied de la croix pleurent la mort du Sauveur. 31 petites
vignettes rappelant divers épisodes de la vie et de la
mort du Christ. A la fin. Finita la representatione délia
passione composta per miser Iuliano Dati Florentino e
per miser Bernardo di maistro Antonio Romano e per
miser Mariano particappa. Impressa Venetia per Zorzi
rii Rusconi milanese ne lanno del nostro signor mille e
cinquecento e quatordeci. A di jj de zugno. (Bibliothèque
Nationale de Florence ; C. Battines, page 20).
1519. — Incomincia la passione de Chrisio Hisio^
riaia in rima vulgare secundo che recita e représenta
de parole a parola la dignissima compagnia delà
confallo ne Roma Venerdi sancto in lo loco dicta
Coliseo.
Petit in-8, signatures A-Diiii, lettres rondes, figures sur
bois. A la fin : Finita la representatione delta passione
cdposta per Misser Iuliano Dati Florentino e p Misser
Bernardo di maestro Antonia Romano e per misser Me-
riano Particappa... Impressa in Venetia per Alexandro di
Bindoni, 1519, adi 1 agosto. (Brunet, vol. II, col. 530. Cat.
Soleinne, dernière partie n® 356).
1525. — Rappresentazione délia passione di Icsu
Xpo.
Petit in-8 signature A-F 4 ; avec figures. Cette édition
se termine par Resurrettione di Christo historiata in
rima vulgari. Le colophon porte: Vineggia per Francesco
di Alex. Bindoni et Mapheo Pasyni. 1525. [Bihliografia
de C. Battines, page 2i.) — Brunet T. II col. 530. — Cat
Soleinne T. IV, n^ 4020).
56 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1514
Incomincia il libro vulgar dicto la Spagna in qua-
ranta caniare diuiso doue se traita le battaglie che
fece Carlo magno in la prouincia de Spagna.
In-4% de 96 ff. (a-m, par 8). Car. goth. à 2 col. Au-
dessous du titre, une figure sur bois, représentant Charle-
magne chevauchant à la tête de son armée ; au fond, une
forteresse. Ce bois, est légèrement ombré, tandis que les
51 autres, intercalés dans le texte, sont à simples contours.
Le dessin de ces gravures est fort raide. A la fin : Finito
il libre cbiamato la Spagna Impresso i Venetia per Guielmo
da Fontane. Nel M.CCCCC, Xiiij. adi, ix. de setembrio.
(Bibliothèque de M. de Landau).
La Bibliothèque Nationale (Rés. Y 3539) possède un
exemplaire de ce livre in-4, en caractères ronds, Questa
sie la Spagna Historiata, Au-dessous du titre bois ombré,
avec des noirs très accusés, qui ne semble pas vénitien :
des guerriers à cheval, qu'une rivière sépare d'un chef
assis sur un trône ; dans le fond la mer ; au 2* feuil. bois
au trait : un prince sur son trône entouré de chevaliers.
Dans le texte, nombreux petits bois dont plusieurs em-
pruntés aux publications vénitiennes, entre autres au
Tite Live. Le colophon et la fin manquent. Au dernier
feuillet : Questa sie gano traditore (V. Brunet t. V, coL
471. Tosi page 277).
1514
Sola virtus fior de cose no \ bilissime e degne de
di I uersi Auctori cioe So \ netti : Capituli : Epi \
stole : Egloghe : Dispe \ rate : e vna côtra dispera \
ta : Strôbotti e Barzelette.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 57
Petit in-8*, 48 feuillets, lettres goth. Au-dessous du titre
un bois légèrement ombré, trois personnages donnant une
sérénade à une dame que Ton aperçoit à sa fenêtre à
droite ; vignette médiocre. A la fin, page 48, Impressa in
Venetia per Simone de Luere. M. D. XIIII. Adi. XIIIL
Octobrio, (Marciana 2429).
1514
Caracciolo de Litio (Frate Roberto). Prediche de
frate Roberto uulgare noua \ mente hystoriate et
corepte secundo \ li Euangelii che se contengono \ in le
ditte prediche.
In-4*, de 120 fF. sig. a-p (par 8 fiF.). Au-dessous du titre
gotb. mauvais bois ombré, de la largeur de la page : le
Christ apparaissant à cinq personnages, deux à gauche et
trois à droite ; 48 petits bois, qui presque tous sont tirés
de la Bible de Mallermi ; un cependant est emprunté au
Legendario de 1494 ; les autres que nous croyons origi-
naux, sont ombrés et traités à la manière florentine, avec
des noirs très accusés, dans les terrains et les coiffures
surtout. Verso du dernier feuillet : Finisse il quadragesi-
maie del nouello Paulo frate Roberto fado ad complacëtia
etc., — Impresso in Venetia per Augustino de Zanni da
portese. Adi. Viii. Nouëbrio. M. D. XIIIL
1524. — Prediche de Fra Ruberto Vul \ gare
Nouamente Hystoria | te e correcte secondo li | Euan-
gelii che se cô \ gono in le dicte \ Prediche.
In-4®, 8 feuillets par cahier ; sous le titre, bois ombré de
forme circulaire, représentant Caracciolo écrivant à son
pupitre ; la circonférence est inscrite dans im carré, et
l'espace compris entre elle et les angles du carré est au
pointillé noir avec un petit ornement blanc ; la page est
58 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
entourée d'un ornement à fond noir avec les deux lions
dos à dos dans la partie inférieure . 48 petites vignettes sans
valeur artistique, de la même main que le bois du titre ;
la taille est épaisse et sans finesse. A la fin : Impresso in
Venetia p loâne Tacuino da Trino, Nel. M,D.XXIIIL AdL
VIII de Agosto. Suit le registre. (Marciana 1407.)
1514
Marci Valerij Martialis epigrammata.
ïn-folio ; au-dessous du titre, le Saint Georges perçant
le dragon de sa lance, avec la signature F. V. Encadre-
ment composé de petits blocs, rinceaux, puttiy etc. -^
Après la table, feuillet ÏV, Amphiiheatrum Caesaris, bois
ombré médiocre, répété au verso ; verso du feuillet VII,
bois rectangulaire, ombré : un personnage (Martial ?),
ofire son livre à un autre personnage (l'Empereur?),
portant une couronne de lauriers sur la tête et assis sur
une estrade ; nombreux personnages ; au-dessus et au-
dessous de cette gravure, un grand bois à fond noir avec
ornements blancs; dans la partie supérieure, une sirène;
dans la bande inférieure des dauphins ; emprunté au
Supplementiim chronicarum de 1506. 14 bois très médio-
cres, dont quelques-uns imités de la Bible de Mallermi ou
du Tite-Live, Impressum Venetiis per Georgium de Rusca-
nibus Mediolan. Anno dni. M. D. XIIIL Die V Decëbris.
Puis le registre.
1521. — il/. Val. Martialis Epigrammation.
In-folio ; encadrement ombré; feuillet VII, mauvais bois
de la largeur de la page : dans un bosquet, Martial, assis,
couronné par une Muse ; 14 petits bois, ceux de l'édition
de 1514. Verso 136, Venetiis per Guilielmum de Fontaneto
Montis ferrati, Anno Domini. M. D. XXI. Die V Nouem-
bris... Suit le registre.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 59
1514
Jacopone da Todi. — Laude de lo coniemplathio
e extatico \ B. F. lacopone de lo ordine de lo \ Sera-
phico S. Francesco.
In-4o ; 8 feuillets préliminaires, 128 chiffrés ; figures sur
bois. Â la fin : Venetiis per Bernardinum Benalium Ber-
gomensem, Anna Dni. 15ii. Die quinte Mensis Decembris.
(Cat. de M. de Landau, p. 263).
1514
Theorica et Pratica perspicacissimi Sigismnndi
de Fantis Ferrariensis in artem mathematice profes-^
sorts de modo scribendi fabricandique omnes littera-
rum species, Cum Gratia & Priuilegio.
In-4o ; 8 fF. lim. et 68 fF. sign. A, J. (par 8, à Texception
de C qui est en 4 fF.) Car. rom. Bois au-dessous du titre
(la manière de tenir la plume). Une gravure pareille se
trouve au verso du 8® f. et est répétée au recto de B 2»
Belle bordure à fond noir, des Prediche délie Feste de
Savonarole (1513), et grande initiale gravée au verso du
2« f. préliminaire, répétée au r. de A 1, au verso de D 1,
au V. de F2, et au v. de H i. Verso du 8^ f. un torse avec
les mains. Tune écrivant, l'autre tenant le papier. A 6 v :
bois représentant le nécessaire du copiste, qui se compose
d'une plume, d'un encrier (en forme de calice), d'un
couteau, d'une paire de ciseaux, d'un compas et d'une
règle. A la suite, des figures géométriques, un alphabet
de lettres ce modernes y> (goth. minuscules), un autre de
lettres françaises [littera gallica, minuscules), et un troi-
sième de majuscules ce antiques d (majuscules romaines).
Vers la fin, une gravure représentant la manière de
1 doubler » les lettres. Initiales fleuronnées. A la fin :
60 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Impressum Venetiis per loannem Rubeum Yercellésem,
Anno Domini, M, CCCCC, xiiii. Kalen. Decembris, (Biblio-
thèque Landau et Bibl. Nat. Rés. V. 1457).
1514. — Sigismundi de Fantis prœclarissimus liber
elcmentorum litterarum.
In-4" ; ouvrage écrit en italien quoique sous un titre
latin. Les pages sont entourées de bordures et donnent la
proportion mathématique des lettres. Â la fin : Venetiis,
per Joannem Rubeum, 1514. (Brunet, t. II, col. 1178).
1514
K. C. M. H. Eremita, S, D, Au dessous : Inspiritto
Diueta Humilita e mansuetudine pace e salute a noi
sia sempre nel Signore figliola mia in Christo lesu
obseruandissima.
Pet. in-8o de 10 fiF. Au recto du premier feuillet, charmant
petit bois au trait, du style b : saint Jérôme à genoux au
pied de la croix; à droite le lion; dans le fond une biche
et une église ; recto du 10^ feuillet : Venetiis, per Simonem
de Luere. M. D. XIIII. Cet imprimeur Simon de Luere
employait encore de 1510 à 1514, des graveurs au trait
fort habiles, comme nous l'avons vu à propos du Trac-
tatulus ualde utilis de 1510. (Marciana 70992).
1514
Régule de la vita Spirituale et Sécréta \ Theologica :
Compilate per el iî^° Pa \ tre Dom Pietro da Luca
Canoni \ co,
In-4o ; titre gothique, texte en lettres rondes, 31 feuillets
numérotés ; au-dessous du titre, une Crucifixion, déjà
citée à propos de Eleutherii Leoniceni vicentini CanOm
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 61
Regul. Carmen in funere dhi nostri Jesu Christi, de 1513,
du même imprimeur. Au verso du 31^ feuillet : In Venetia
per Simone de Luere, M. CCCCC. XIIIL Le registre suit.
(Marciana 2595).
1515
Stanze bellissime et ornatissime intitulate le Selue
damore Composte dal Magnifico Lorenzo di Piero di
Cosimo de Medici, opéra nuoua.
Petit in-8«, titres encadrés de vignettes sur bois ; une
figure sur bois au bas de Tavant-dernier feuillet. Stampata
in Venetia per Georgio di Rusconi Milanese, ad instantia
di Nicolo Zopino e Vicenzo compagni, a di xiiii Marzo
MCCCCCXV. Cette édition ne contient que la seconde
partie commençant ainsi : Dopo tanti sospiri. (Catalogue
Yemeniz, page 335. Brunet, T III. col. 1570).
1515
Lotharius. — Opéra nouamente composta del dîs-
preza \ mèto del mondo in terza rima: e hystoriata, \
Partita in capitulL xxxii. e uno ternale de \ la nostra
dona del unico Aretino. Au verso du titre : Questo
libro reducto di latino in vulgare î terza rima p
me Frate Augustino da Colona d' lordine di sco
Augustino.
Petit in-8o ; au-dessous du titre, bois ombré : quatre
personnages, les pieds sur la terre et la tête touchant les
nuages : un vilain, un empereur, un pape et un noble,
ayant leurs qualités indiquées par leur coiffure, respecti-
vement placée à leurs pieds; au verso, au-dessus du
texte, la marque de Zopino avec S. N.. 33 jolies petites
vignettes légèrement ombrées ; elles sont toutes de la
62 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
même main et un grand nombre signées C. Les feuillets
D.iii verso et recto portent sur un coffre les deux lettres
/. C. séparées par une sorte de balustre que nous avons
déjà vues dans le Dante de 1512 et le Pétrarque de 1513,
l'un et Tautre de Stagnino. Tous ces bois étant du même
dessinateur, il est évident que les diverses signatures
que nous venons de relever sont celles du tailleur sur
bois. A la fin, après la table : Stampata in Venetia per
Georgio de Rusconi Milanese ad instantia de Nicolo Zopinb
e Vicenzo compagni Nel. M. D, XV. Adi. XII de Zugno.
(Marciana 2417.)
Brunet, vol 3, col. 1180, ne cite pas cette édition; il ne
parle que de celles de 1517 et 1520 avec fig. sur bois.
1517. — Lotharius. — Opéra nouamente composta
del disprezamento del mondo in terza rima et hysto-
riata...etc... Au verso du titre : Questo libro,...
reducto î. terza rima p, me Fraie Augustino da
Colona, d' lordine di Sancto Augustino. El ç'* libro
gia sece (pro fece) Innocètio Papa tertio....
In-8o, figures sur bois. A la fin : in Venetia p. Gregorio
de Rusconi Milanese ad instâtia de Nicolo Zopino et Vicenzo
côpagni. Nel M. D. XVII. Adi v. de Magio. (Molini..*
Opérette p. 161. Brunet, T. III, col. 1180).
1520. — Opéra nouamente composta del dispreza-
mento del mondo in terza rima e hystoriata.
Petit în-8«, fig. sur bois. A la fin : Venetia, Nie. Zopino
e Vincentio compagne, 1520. (Brunet, vol. 3, col. 1180). Il
est très vraisemblable que ces deux dernières éditions
t)nt les mêmes bois que la précédente.
1524. — Opéra nouamente composta del Despreza-
mento del mondo in terza rima : et hystoriata...
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 63
In-8o figures sur bois. Stampata nella inclita citta di
Venetia per Nicolo Zopino e Vicentio compagno nel
ilDXXIIII, a di X Nouembrio, (Catalogue Yemeniz,
page 336).
S. L. N. D. — Opéra novamente composta del
disprezamento del mondo in terza rima et hystoriata.
Ce livre de Colonna n'est que la traduction de Touvrage
de Lotharius intitulé Liber de miseria humanœ Côdicionis.
M. Barrisse : Excerpta Colombinianes, page 198, cite
une édition qui paraît conforme à cette dernière, quoique
le titre ne soit pas identique.
1515
Opéra noua del magnifico caualiero misser Antonio
Phileremo fregoso î titulata Cerua Biancha,
Petit in-8« ; titre gothique, le texte en caractères ronds.
Au-dessous du titre, bois ombré médiocre, représentant
une biche à côté d'une pièce d'eau ; dans le fond un
rocher de chaque côté, et un arbre au milieu. A la fin :
Stampata in Venetia per Alexandre di Bindoni, M, D, XV.
Adi, xi, Octub. (Marciana 2418).
Brunet ne cite pas cette édition. La première qu'il
signale à Venise est de M. Sessa, 1516. Il n'indique pas
si le bois s'y trouve (vol. 2, col. 1388).
1521. — Opéra nova... Intitulata Cerva biancha.
Petit in-8o ; lettres cursives. Au-dessous du titre, bois
ombré : un chasseur avec deux chiens, Pensier et Desio^
poursuit la Cerua Biancha; dans le fond une forêt. A la
fin : Stampata in Venetia per Nicolo Zopino e Vincétio
côpagno... Nel. M. D. XX. I. Adi. xvii. del mese di Agosto.
(Marciana 2166).
64 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1525. — Opéra nova del magnifico cavaliero messer
Antonio Philaremo Fregoso intitolata Cerva biancha,
Corretta novamente.
In-4o de 40 ff. non chiffrés ; caract. cursifs ; registres de
Aii-Kii. Au frontispice, une gravure ombrée, représentant
la chasse, de l'édition précédente. A la fin : Stampato
nella inclyta Citta di Venetia per Nicole Zopino de Aristo^
tile de Ferrara, Del MCCCCCXXV. Adi XXII de marzo.
Régnante lo inclyto Principe messer Andréa Gritti. (Biblio-
thèque Nationale de Florence).
1515
Postula Giiillermi super epi \ stolas et euàgelia : de
tépore : \ et de sanctis : et pro defunctis. De passiôe
domi I ni nostri lesu christi : \ et de planetu Bea \ te
Marie vir \ ginis.
In-4o; go th., 2 tomes en 1 vol. de 106 et 89 feuillets
chiffrés, gra\'ures ombrées. Les 40 vignettes de ce livre^
d'une très petite dimension, ne sont pas marquées du
cachet de l'école italienne, mais elles sont très fines et très
naïves. On pourrait même supposer qu'elles sont gravées
en relief sur cuivre. Quelques-unes se répètent. A la fin :
Cum diligentia reuisa : ac impensis dni Lace antonii de
giunta florentini : Per magistrum lacobum pentium de
Leuco : in florentissima Uenetiarum urbe impressa sah
annis Dni MD V die Vi Novembris. (Didot. Cat. raisonné,
col. cxxj).
1515
Opéra noua de Zoan Francesco Straparola da Ca--
rauazo nouamente stampata,
. In-8o ; sous le titre, mauvais bois ombré : au premier
plan, l'auteur à genoux, couronné par une femme assise;.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 65
derrière eux quatre personnages, dont un joue de la gui-
tare ; bois emprunté au frontispice de V Opéra Notm del
Fecûdissimi G, Pietro Pictore Arretino du 22 Janvier 1512
et qui reparaîtra au titre du Compedio de Cose noue de
Vicenzo Calmeta, publié par Rusconi, en janvier 1516. A
la fin : Stampata in Venetia per Alexandre di Bindonû
M, D, XV, AdL XV, Novembris, (Marciana 2432).
1515
Doctrina del ben morire composta per el R. P.
Dam Petro da Lucha ; con moite utile resolutione de
alchuni belli dubij Theologici.
In-4o ; 9 bois, dont dont un sur le titre ; 2 sont relatifs à
YArs Morinedi. Venetia^ Simone de Luere^ 1515. (Tross,
1876, p. 80, no 739).
1515
Savonarola (Mich.) Libretto de lo excellentissimo
physico maistro,,.: de tutte le Cose che se manzano
comunamente pin che comune ;...
In-4 ; Crucifixion au verso du titre. Venetia, per Ber-
nardine Benalio 1515. (Libri, 1859, page 328. Brunet,
tV,col. 173.)
1515
San Pedro (Diego de). Carcer damore traducto dal
magnifîco mi \ ser Lelio et Manfredi ferrarese de
idioma \ spagnolo inlingua materna : novamen \ te
slampato. Cum Gratia.
In-8o, au-dessous du titre, un bois ombré d*une exécu-
assez médiocre : le poète assis, de face, la main gauche
1891 5
66 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
jsur un livre, parait inspiré ; un ange, planant au-dessus-
de lui, soutient une couronne au-dessus de sa tête. A la
fin : Stâpata î Venetia, 1515.
1521. — Carcer d'amor.
. Petit in-8o ; Venet,, Bernardino de Viano, 1521.
Réimprimé à Venise, en 1525 (Cette édition n'a ni
figures ni marque d'imprimeur, elle est de Gregorius de
GregoriisJ, 1530, 1533, 1537, 1546, 1553, etc., pet. in-8o.
Plusieurs de ces éditions ont des gravures sur bois.
Brunet, vol. 5, col. 112.)
1515
Bonaventura de Bria (Fr.). Régula musice plcme.
Pet. in-8o, lett. rondes, fig. sur bois au titre et musique
notée. Impresso in Venetia, per Georgio de Rusconi Mila-
nese, Nelli anni M. D. XV,
L'édition de Brescia 1500, que donne Brunet comme
la première de ce rare opuscule, est un pet. in-4o, goth.,
de 16 fl*. (Deschamps, vol. 2, col. 990.)
1524. — Régula musice plane uenerabi \ lis fratris
Bonauenture de Brixia ordinis Minorum.
' Petit in-S», de 32 ff. , lettres rondes, cahiers de 8 feuillets ;
au-dessous du titre, bois ombré réprésentant huit chantres
devant un pupitre, où se trouve un livre de musique ;
bois médiocre, de taille un peu commune et manquant
de finesse; verso Aiiii, main harmonique, avec les lettres
F. B. en monogramme ; lettres ornées à fond noir ; musi-
que ; au dernier feuillet : Impressa in Venetia per lo.
Francisco et lo. Antonio de Rusconi Fratelli. Nelli anni
del signore. M. D. XXIIII. adi, x^Octobrio.., Au-dessous^
le registre ; au verso, petit bois ombré, représentant saint
Georges tuant le dragon ; au-dessous, la marque noire
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 67
en forme de circonférence avec les lettres F. & A, k
gauche du rayon vertical, R. à droite, M. au-dessous du
diamètre horizontal. (Librairie Rosenthal.)
1515
Arcadia del dignissimo homo Messer lacomo San-'
nazar,., nouamente stampata; et diligentemente cor-
recta.
Petit in-4o . sur \q titre, un bois ombré médiocre, repré-
sentant dans une forêt un faune portant une statuette de
femme nue dans la main droite et un bouclier dans la
gauche ; de chaque côté, un personnage ; ce bois se
retrouve en tète de Opéra noua de Callenutio de 1517. A
la fin : Venetia ad instantia de Gregorio de Riisconi mila-
nese Nel. M, D. XV. (Molini, Opérette, p. 160 et Brunet vol.
5, col. 129).
1521. — Arcadia del dignissimo homo messer
lacobo Sannazaro gentihvomo napolitano.
Pet. in-8o, titre encadré d'un ornement ombré ; au
verso, bois ombré de 1515. A la fin : Stampata in Venetia
per Nicolo Zopino e Vincentio compagno nel M. D. xxi adi
xix, de Decembrio. Sur le recto suivant, marque de
Zopino. (Marciana 6410).
1522. — Arcadia del dignissimo homo Messer
lacomo Sannazaro Gentilhuomo Napolitano. Noua-
mente stampata et dilgentemcnte Cor recta.
In-8o, caractères gothiques avec registre A-I. Sur le
frontispice, une gravure sur bois. A la fin : Impresso in
Venetia per Zoanne Francisco et Antonio fratello di Rus-
coni nel Anno del Signore M. ccccc. xxij die xx Zugno.
X Molini... Opérette... p. 164).
68 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1524. — Arcadia del dignissimo homo messer
lacobo sannazaro gentilhuomo napolitano.
In-8o ; signatures A. I. 8 feuillets par cahier, sauf 1 qui
en a 12 ; lettres rondes ; titre encadré d'un joli entou-
rage légèrement ombré, avec deux putti, aux extrémités
de la partie inférieure ; nous le retrouvons dans le
Laberinto d'amore de Boccace de 1525 ; au verso du titre,
bois décrit à propos de l'édition de 1515. A la fin la
marque de Zopino, avec la femme à genoux et au-des-
sous le colophon : Stampata nella inclita Citta di Venetia
per Nicolo Zopino e Vicentio compagno. M, D. xxiiiL
AdL X de Settébrio, (Bibl. de l'Arsenal 4187. B. d.).
1515-1516
«
Apocalipsis iesu christi. Hoc est reuelatione fatta a
sancto giohanni eiiangelista, ciim novo expositione:
in lingua volgare coposta per el reuerendo theologo
ed angelico spirito frate Federico veneto Ordinis pre-
dicatorum.
In-folio ; titre rouge et noir gothique, entouré d'un
ornement fait d'entrelacs affectant en quelque sorte le
style arabe, sur fond noir pointillé ; nombreuses lettres
ornées du même style ; 2 feuillets préliminaires en petits
caractères Paganini ; XCI feuillets (de 8 fF. par cahier)
pour la première partie en plus gros caractères Paganini ; *
16 feuillets pour la seconde partie, dont le texte est go-
thique ; le verso du dernier feuillet de la première partie
porte un colophon : Qui finisse la expositione del reue»
rendo theologo frate Federico veneto nelle prophétie : ouer
reuelationi de S. Giouanne ditte Apochalypsis nouamen"
ie deducte in luce per Alexandro Paganino in Venetia déU
M.D,XV, Adi, VIL de Aprile ; le registre suit. Laseconde par-
tie commptice par APOCHA | lypsis ihesv \ christij au-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 69
dessus d'une g^a^^l^e représentant Jésus dans la barque
signée, z. a.; avec cette légende en lettres rondes,
FLVCTV^A I bitsednonde \ mergetur ; au xerso commence
le texte gothique : Incipit prologus in Apocalypsim.., Les
rectos des feuillets suivants sont occupés par les grands
bois, le texte latin gothique occupant les versos des pages ;
au verso de la quatorzième g^a^'u^e, à la fin du chapitre
XXII : Impressa per Alex, Pag. Anno a natiui, domini.
M,D,XVL Le verso du quinzième bois est blanc. Voici la
description de ces célèbres copies empruntées en partie à
Y Albert Durer de Thausing, traduit par M. G. Gruyer
(p. 186 et s.) : l^^"* bois. Martyre de saint Jean Vévangé-
liste, auquel assistent l'empereur Domitien et au dernier
plan de nombreux spectateurs ; saint Jean est à gauche,
Domitien, tenant son sceptre, adroite ; signé dans le bas
à droite, r. A\ D. Copie retournée d'après Albert Durer.
2« Vocation de saint Jean, sans signature ; ici Dieu le Père
tenant une clef, de la main gauche, au Heu d'un livre, est
debout, au lieu d'être assis, et saint Jean couché dans les
nuages regardant Dieu, au lieu d'être à genoux, les mains
jointes et la tête baissée. 3^ Portes ouvertes de la voûte
céleste. Même sujet que dans Durer, mais retourné. Le
trône de Dieu dans une mandorla entouré des vingt-
quatre vieillards ; l'agneau qui doit ouvir le livre aux sept
sceaux placé sur les genoux de Dieu est tourné à gauche ;
le paysage du bas est mal copié. Signé en bas à gauche
/. A, 4* Les quatre cavaliers apocalyptiques. Copie retour-
née des plus médiocres ; au lieu du trident le 4^ cavalier,
la Mort, tient une faux. 5® Louverture du cinquième et du
sixième sceau ; retournée : 6^ les quatres anges qui re-
tiennent les vents et l'apposition de la croix sur le front
des cent quarante-quatre mille saints. 7^^ Distribution des
trompettes aux sept anges, et des plaies dont les cinq pre-
mières firappent le monde. Copie retournée. 8<^ Les quatre
anges tuant la troisième partie de V Humanité ; dans le
70 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
haut Dieu le Père tenant des trompettes ; copie retournée;
dans le bas à droite /. A.d^ Lange tend à Saint Jean le
livre pour qu'il le dévore ; copie retournée. lO Debout
sur le croissant de la lune, la femme revêtue du soleil et
couronnée d'étoiles, tandisque le dragon aux sept têtes
ornées de couronnes menace Tenfant qu'elle vient de
mettre au monde ; deux petits anges emportent vers Dieu
l'enfant nouveau-né ; copie retournée médiocre ; dans le
coin à droite en bas. ZOVA. AD/?fî:A. 11^ Combat de
l'archange Michel et de trois autres anges contre Satan et
ses dragons qui sont précipités sur la terre ; copie retour-
née, en bas à droite /. A. 12® Adoration des deux monstres
sortis de la mer ; en haut le fils de l'homme assis sur un
trône et armé d'une faucille ainsi que l'ange de gauche
prêt à commencer la moisson sanglante ; copie retour-
née ; à droite en bas /. A. IS^' Triomphe des élus : un
apôtre agenouillé au sommet de la montagne de Sion,
près de l'agneau qu'entourent les 4 animaux, 24 vieil-
lards et les 144 élus ; copie retournée ; à droite en bas
/. A. \¥ Babylone, la grande prostituée, au moment où
elle va recevoir la punition de ses crimes ; elle est assise
sur la bête aux 7 têtes, symbole des 7 collines, et lè^e
de la main droite une coupe à bossettes; devant elle un.
groupe d'hommes qui lui témoignent peu de respect.
Copie retournée ; à gauche en bas /. A. 15^ LAnge
enfermant pour mille ans, au fond de Vabime le dragon
diabolique. Copie retournée, signée en bas; à gauche/. A.
Derrière ce bois, qui est le dernier, se trouve le colophon.
Ces copies doivent leur célébrité aux originaux de
Durer qu'elles n'interprètent que faiblement, à leur
dimension même, à l'important ensemble qu'elles for-
ment, enfin à la signature complète Zova Adrea que
porte l'une d'elles. Le tailleur, impuissant à rendre la
forte expression de Durer, a italianisé et par suite affai-
bli ses modèles ; mais malgré tout, le souffle du maître
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 71
anime encore ces infidèles traductions. Quant à la gra-
\'ure du titre, Jésus dans la barque, comme elle n'est point
taillée d'après Durer, elle semble au premier abord d'un
autre graveur. Toutefois un examen plus attentif permet
de reconnaître la manière un peu lourde et ronde de
manœuvrer le couteau à travers le bois qui est ordinaire
à Zoan Andréa. Nous nous proposons du reste de con-
sacrer à cet artiste, ou plutôt aux divers Zoan Andréa,
une étude spéciale qui déterminera, avec quelque préci-
sion, le rôle du graveur des copies de V Apocalypse.
Duc DE Rivoli.
(A suivre.!
REVUE CRITIQUE
DE
PUBLICATIONS NOUVELLES
Nouvel Armorial du Bibliophile, guide de l'amateur
des livres armoriés par Joannis Guigard. Paris,
Emile Rondeau, 1890, 2 vol. gr. in-8 de XVII-390
et 494 pp. (Prix : 50 fr.)
Les livres de provenance sont aujourd'hui, plus qu'ils ne Font
jamais été, recherchés par les amateurs et les bibliophiles. Un
ouvrage, si médiocre qu'en soit le texte, si vulgaire qu'en puisse
être la composition typographique, leur devient aussitôt dési-
rable quand il a figuré dans la collection de quelque person-
nage célèbre et quand sa reliure en porte, frappés sur les plats,
les armes ou les insignes. Un exemplaire aux armes authen-
tiques de François 1er, de Charles IX, de de Thou, du comte
d'Hoym, ou aux insignes de Grolier et de Longepierre vaut
son pesant d'or. Et, si à l'habit, qui ne fait pourtant pas le moine ,
à en croire le proverbe, s'ajoute un intérêt réel, l'élégance du
style ou la curiosité du livre par exemple, l'objet alors n'a plus
de prix, et on le voit atteindre dans les ventes des sommes litté-
ralement fabuleuses. On se le dispute avec un acharnement
féroce, et l'heureux vainqueur dans cette lutte à coups d'en-
chères emporte amoureusement l'oiseau rare, guetté depuis
combien d'années, pour l'installer avec un soin jaloux dans le
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 13
nid qu'il lui a préparé sur le meilleur rayon de sa bibliothèque^
Et il y restera sans doute, impitoyablement caché aux regards
indiscrets, ou peut-être, au contraire, visiblement exposé, exci-
tant la convoitise des concurrents malheureux. Mais on sait où
il est ; c'est une consolation presque ; il repassera certainement
sur la table verte de THôtel un jour ou l'autre et, dès l'iqstant,
plus d'un le guigne en secret, allant peut-être même jusqu'à
souhaiter la ruine sinon la mort de son détenteur actuel. Car
le bibliophile est implacable; il est cruel. Mais ne faut-il pas lui
pardonner sa cruauté en raison même de sa passion pour les
livres?
Mais ce n'est pas tout non plus que d'aimer les beaux livres,
il faut encore les connaître ; et si un goût instinctif, un flair
naturel vous servent à souhait, il est cependant des choses qu'il
est nécessaire d'apprendre, la science héraldique notamment. Les
armes et les insignes que l'on rencontre frappés sur le veau
ou le maroquin sont si variés qu'il faudrait être feu d'Hozier lui-
même pour pouvoir, sur un simple examen, en déterminer les
possesseurs.
M. Joannis Guigard, pour mettre les collectionneurs et les
néo-bibliophiles en mesure de se guider à travers ce dédale,
avait déjà publié, en 1873, un Armoriai dans lequel il avait
reproduit et décrit un grand nombre d'armoiries ; mais ce volume,
fort incomplet, ne répondait plus aux exigences des amateurs et
l'auteur vient de faire paraître un autre ouvrage, conçu sur une
base beaucoup plus large et dont l'économie nouvelle sera, es-
pére-t-il, à la hauteur de la bibliophilie moderne. Ce sont, en
effet, deux intéressants volumes que son Nouvel Armoriai,
indispensable à quiconque recherche les livres de provenance
royale, princière ou illustre. Ce travail qui a dû coûter à son
auteur bien des peines comprend l'explication et l'attribution de
tous les symboles qu'il a rencontrés et signalés et, de plus, il
renferme des notices sur les amateurs et sur leurs bibliothè-
ques.
Pour faciliter les recherches, M. Joannis Guigard a divisé les
bibliophiles en quatre groupes répondant chacun à un mode
particulier de l'état social et parfaitement distincts : 1» Maisons
souveraines françaises et étrangères ; 2» Femmes bibliophiles ;
3® Amateurs ecclésiastiques ; Ao Amateurs particuliers. Il a aussi
fait précéder son œuvre d'un traité succint du blason, accom-
pagné d'un vocabulaire des principaux termes usités en cette
science compliquée. Enfin, à la fin de chaque tome, on a établi.
74 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
pour les différentes parties de l'ouvrage, une table héraldique
des meubles mentionnés.
■ M. Guigard qui a eu la bonne forlune de se voir coininuniquer
par les plus fameux bibliophiles de France et de l'étranger des pièces
curieuses et rarissimes a pu, grûce à cet obligeant concours, nous
en donner la reproduction, à côté Je tant d'autres plus ordinaire-
ment connues.
'Voici, par exemple, le fac-similé de la reliure d'un livre, appar-
tenant à M. Ernest Petit, un Vilruvc de 1523, qui porte sur
chaque plal un semis de 9 couronnés avec cette légende au
milieu : Dovlce. Plais.^nte. D. qu'on doit traduire par Doutée
, El M. Guigard se demande si ces 9 couronnés
SlSÎSSft ne formeraient pas le corps d'une devise dont les
IX seraient Vôme. Quant a la légende, il incline à
^ rd avec Brunel, qu'elle s'appliquerait à sa maiiresse,
Marie Touchct.
Cet autre fer provionl encore de Charles IX dont les i-elieui's furent
Nicolas Eve et Claude de Picqucs.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES
MenlîoDnons aussi, parmi les reproduclions du Nouvel Aitnorûd
une Ùgure emblématique très rare qui se trouve sur les plats d'un
volume intitulé : Ordonnances royaux sur te faict de la justice.
Paris, Galliot du pré et Jehan André, 1539, in-8. C'est l'exemplaire
à\i roi François II et de Marie Stuart ; il fail actuellement partie de
b magnifii^e bibliothèque de M. le baron Double qui le décrit
ainsi dans son Cabinet d'iii.
76' BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« Sur les plats, deux Dauphins, frappés avec leur fei- habituel dit
de François II, souliennent la couronne royale (leurdelisée ; au-
dessous de la couronne, encadiê par les deux Dauphins, le chardon
d'Écosae. Les plais sont enlourOs de compartiments de linceaux avec
angles fleuronnés, o
Nous donnons ici le fer de François II, roi de France. Ce fer est
Nos riches collections publiques ont fourni, comme on pieut le
croire, de 1res importants documents à M. Guigard. Relevons
(toniel, p. 2) une reliure de Louis XII(Bibl. de l'Arsenal) ; (L 1, p. 4)
une reliure de Louis XII et d'Anne de BreLigne (Bibl. Mazarine) ;
(t. I, p. 10), une reliure d'Henri II et de Diane. (Bibl. Nationale).
La bibliothèque d'Abbeville possède également une curieuse reliure
aux armes de Louis XII et d'Anne de Bretagne, reproduite dans le
Nouvel Arniorial. Enfin les collections particulières de Mgr le duc
de Chartres, de M. le baron J. Piclion, du comte de LigneroUes, de
M. Guyot de Villeneuve, etc. , ont aussi donné leur contingent.
Dans un travail du genre de celui qu'a entrepris M. Guigard, U est
bien difficile, pour ne pas dire impossible, d'éviter qu'il se glisse des
erreurs ; les éloges que nous venons de distribuer â l'auteur du
Nouvel Annorial nous mettent plus à l'aise pour en relever quelques
unes assez importantes.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 77
Ouvrons le torae I, à la page C7 ; après avoir décrit l'ornementatioii
des deux plats d'un livre fi'appé à l'efli^ic de Charles-Quint (recto) et
aui armes du Sainl-Empire (verso), M. Guigard ajoute: « Ces
omemeats figurent sur un elzÉDier qui nous a été communiqué
par M. Jules Tuchmann, un bibliophile de goût >. Il est difficile
d'admettre cette assertion, par la bonne raison que Charles -Quint
est mort en 1538 et que le noui des Elsevier, celui de Louis !•', n'a
paru, pour la première fois, au bas d'un livre qu'en 1383 (i ). Ce
qui est possible, et même vraisemblable, c'esl que la reliure a d& être
remboîtée sur l'Elsevier en question.
Même tome, p. £i. Le Ter (n» 3) que M. Guigard reproduit
comme étant celui de Louis XIV, non majeur, est celui de Louis de
France, duc de Bourgogne, mort en 1712. Nous avons vu (Bi&iio-
poliana, n" 3119), un manuscrit de dédicace à ce prince portant le
même fer. On peut, du reste, page 102, voir les armes de la duchesse
de Bour^gne accolées à celles de son mari. Ces dernières sont
celles que l'auteur de V Armoriai attribue à Louis XIV.
On peut de même s'en réiérer au\ monnaies frappées pendant les
premières années du Roi-Soleil et sur iesqnolles on voit la couronne
fermée, en dépit de sa minorité.
Même tome, p. 269. Au nombre des amateurs ecclésiastiques, figure
Kir Double, évèque de Tarbes, archevêque in partibta, décédé en
iS44. M. Guigard lui attribue des armes qui ne sont pas les siennes,
ainsi que l'on peut en juger par le fer que nou.i communique obli-
geamment le neveudu vénérable prélat, M. le baron Double :
(1) DHUtn<J.) Ebratcarum qussUoDum, sivc qua»lionuiii ac respon^onum
ilbri doo, vldeUcel secundus ac lerUus In Academia LugduaensI, 1583, pet.
Iii4 de 126 pp.
Ces» après la page US de cet ouvrage que se trouve, imprimée sur un feuillet
.noncoté, la mention «ulvonle ; VeneunI Lagd. Balauurum, apud Ludoulcum
•Bieairium, i reçione Scholir nova: M. C.h. t'it-lL'rs soupçonne que ce feuillet a
été ajouté après coup et que son addition scnit postérieur* au l- mai 1587.
78 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Il est aisé de voir que les armes reproduites dans le Nouvel
armoriai sont les armes d'un cardinal (cinq pendants) et non celles
d'un archevêque ou d'un évêque.
Même tome, p. 243. « Tous les livres de ce grand bibliophile (le
cardinal de Bourbon), f^crit M. J. Guigani, étaient reliés en maro-
quin rouge ». C'est là une erreur qu'il convient de relever. La plu-
part des exemplaires qui ont passé en vente depuis plusieurs amiées,
aux armes de ce prince que les Ligueurs avaient proclamé roi sous
le nom de Charles X, sont reliés en maroquin vert (voir Cat. Yemeniz
nos 1898, 2915 et 3899; cat. Léon Tcchener, ire partie, not 10 et
222; id, 2e part, no 38. ) Au Cat. Didot, juin 1878, sous le no 702^
figure un exemplaire des Mémoires de Mess, Martin Du BèUay^
seigneur de Lancjey... Paris, P. L'Huillier, 1571, in-8o. Celui-là^
également aux armes du cardinal de Bourbon, est relié ea
veau fauve, compart. en or et en mosaïque. Nous pourrions citer
encore d'autres exemples. Il est vrai qu'au cat. du baron J. Pi-
chon, nous trouvons (no 902) un livre provenant de la bibliothèque-
de (Parles de Bourbon, relié en [maroq. rouge. Mais c'est une
exception.
Tome II, p. 260. L'auteur du Nouvel Armoriai, en parlant de
Charles-Henry comte d'Hoym, avance que le célèbre bibliophile
« est peu connu dans sa vie privée et dans sa vie politique ». M»
Guigard n'a pas dû chercher bien avidement à se renseigner sur
l'ambassadeur de Saxe-Pologne, car il lui eût été facile de trouver
des détails forts complets sur sa vie, dans les deux in-octavo que lui
a consacrés le baron Jérôme Pichon. (1) M. Guigard reproduit
néanmoins l'insinuation lancée par un auteur contre le comte d'Hoym,
qui aurait, à l'en croire, livré à la manufacture de Sèvres le secret
de la porcelaine de Saxe. M. le baron Pichon, avec documents à
l'appui, a fait justice de ces racontars perfides. Il ne faut pas oublier
d'ailleurs que les premiers essais de notre manufacture, établie à
Vincennes avant d'être transportée à Sèvres, n'eurent lieu qu'ea
1740, c'est-à-dire quatre ans après la mort du comte d'Hoym^
décédé en 1736, ce qui n'a pas empêché d'autres écrivains, moins
scrupuleux encore, de raconter que c'était à Mme de Pompadour
(donc, après 1745) qu'Hoym avait révélé le fameux secret de la
porcelaine.
(1) Vie de Charles-Henry Comte d'Hoym, ambassadeur de Saxe-Pologne tsa
France et célèbre amateur de livres, 1694-1736, publiée pour la Société des
Bibliophiles françois. Paris, chez Techener, libraire de la Société des BiMIo»
philes, 2 vol. in-8*.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 79
M. Guigard ne nous en voudra certainement pas de loi avoir
signalé ces quelques erreurs qu'il pourra faire disparaître dans la
seconde édition que le succès de son important ouvrage rendra
bientôt nécessaire.
Georges Vicaire.
L'Événement de Varennes (avec un plan et une autogra-
phie), par Victor Fournel. Paris, H. Champion y
1890, in-8o de 404 pp. (Prix : 10 fr.)
On avait déjà beaucoup écrit, depuis près d'un siècle, sur la fuite
de Louis XYI et de la famille royale ; son arrestation à Varennes
avait fourni soit à des acteurs, soit à des témoins de ce drame dont
le dénoùment fatal eut lieu, le 21 janvier 1793, sur la place de la
Révolution, matière à d'innombrables récits. Beaucoup même, sur
des données purement fantaisistes, ont échafaudé des scènes touchant
plus au roman qu a l'histoire. La besogne, au reste, n'était guère
aisée, les mémoires rédigés par les contemporains se contredisant
tous autant qu'il est possible. Les uns racontent d'une façon, les
autres d'une autre, les péripéties terribles du voyage qui devait
aboutir à la journée du 21 juin, de sorte que jusqu'à présent, si
les faits étaient connus dans leur ensemble, les détails de l'affaire
étaient demeurés embrouillés et confus.
M. Victor Fournel, écrivain délicat autant qu'érudit profond, vient
de reconstituer, avec pièces authentiques à l'appui, l'événement de
Varennes jusque dans ses moindres détails. Après avoir tout natu-
rellement fait des emprunts, emprunts indispensables aux récits
déjà publiés, M. Fournel a recueilli, de son côté, de nombreux et
nouveaux renseignements sur les incidents qui ont marqué le
voyage royal. Nul historien n'était d'ailleurs mieux à même que lui
d'écrire ce livre ; sa famille paternelle est originaire de Varennes
où elle était fixée depuis longtemps déjà au moment de l'arrestation
de Louis XVI ; lui-même, né dans un village tout voisin, transporté
dans cette ville aussitôt après sa naissance, a grandi au milieu des
témoins de l'événement qui vivaient encore dans son enfance et il
a même pu connaître l'un de ses acteurs parvenu alors à l'extrême
vieillesse.
M. Fournel, qui a déjà publié sur le sujet qu'il vient de traiter
à fond avec tant de compétence et d'autorité de substantielles études
iJans le Correspondant et la Revue des questions historiques, ne
80 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
pouvait donc manquer de livrer au public un ouvrage doublement
intéressant, par son style et par les documents précieux sur lesquels
il a basé son remarquable travail . Tantôt fouillant dans les archives
municipales de Varennes, tantôt interrogeant la tradition orale,
cette grande et modeste historienne, éminemment utile pour qui
sait en débrouiller les éléments si divers, placé sur les lieux, et
par conséquent, à portée de vérifier l'exactitude des faits recueillis,
M. Fournel a contrôlé avec la plus scrupuleuse minutie tous ses
matériaux avant de les mettre en œuvre. Et de ses recherches labo-
rieuses est sorti un livre d'un intérêt capital et qui fixe irrévocable
ment les détails ignorés d'un grave événement historique.
Analyser ce gros volume dont chaque page contient, pour ainsi
dire, un renseignement inédit, est chose absolument impossible ;
ce serait en diminuer l'intérêt; il faudrait pouvoir citer des passages,
et le cadre du Bulletin est malheureusement trop restreint. Ce qu'U
nous est toutefois permis de dire, c'est que Fauteur a su dégager,
avec beaucoup d'habileté, des récits précédemment mis au jour, les
points essentiels de l'événement de Varennes et, grâce à ses pré-
cieuses trouvailles, rétablir d'une façon nette et précise, la vérité
sur le drame qui a commencé le martyre de la royale famille.
L'ouvrage est divisé en trois parties : la période préliminaire qui
comprend les projets de départ examinés dès le 14 juillet 1789 ;
l'événement lui-même, le voyage dans la fameuse berline, l'arresta-
tion, le retour à Paris et la période postérieure, c'est-à-dire les
projets d'évasion du roi après la fuite de Varennes. Ajoutons qu'un
copieux appendice contient de très importantes pièces inédites et une
sorte de bibliographie des brochures et des caricatures que fit naître
l'arrestation de Louis XVI.
G. V.
Documents sur la Révolution française. La Révolution
DANS LE DÉPARTEMENT DE lToNNE. 1788-1800. EsSSà
bibliographique par M. Henri Monceaux, conser-
vateur au Musée d'Auxerre. Ouvrage illustré de
230 vignettes gravées sur bois et tirées la plupart
sur les originaux. Paris, A Claudin, 1890, gr. in-8
de 734 pp.
11 n'est peut-être pas, à part le Moyen-Age, de période de notre
histoire qui ait été plus étudiée que celle de la Révolution firan*
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 81
çaise. Dans le courant de Tannée dernière, M. Maurice Tourneux
donnait le premier volume de son importante Bibliographie de
^Histoire de Paris pendant la Révolution ; voici que M. Henri
Monceaux, l'érudit conservateur du Musée d'Auxerre, dresse le
catalogrue des ouvrages de tous genres, imprimés dans l'Yonne
depuis 1788 jusqu'à 1800. Le mot catalogue » est pris ici dans son
sens le meilleur et le plus large ; carie livre que M. Henri Monceaux
désigne trop modestement sous le titre d'Essai bibliographique est
mieux et plus que cela ; c'est une savante bibliographie, appelée à
rendre les plus réels services à tous ceux qui, à un point de vue
quelconque, s'occupent des événements multiples survenus à cette
époque troublée dans les départements.
Le bibliographe auxerrois a limité son travail aux faits relatifs à
sa province ; il serait à souhaiter, qu'imitant son exemple, d'autres
veuillent bien faire, pour leurs contrées, ce qui vient d'être fait avec
SQocès pour le département de T Yonne. Les exigences, légitimes
d'ailleurs, des chercheurs et des travailleurs, sont devenues telles au-
jourd'hui qu'il est absolument impossible de satisfaire leur besoin
de documents par des bibliographies générales. C'est donc aux
bibliographies spéciales, et par cela même infiniment plus complètes,
qa*il faut avoir recours. M. Henri Monceaux l'a bien compris ainsi
et l'œuvre qu'il vient de publier ajoute, comme il le dit lui-même,
€ une pierre à l'édifice dont l'ensemble formera l'histoire définitive
de la Révolution française. r>
L'auteur, dans une intéressante préface, explique avec beaucoup
de clarté le plan de son ouvrage, et nous ne saurions donner une
idée plus juste de son beau livre qu'en le laissant parler lui-même :
t Afin de donner la physionomie exacte, la gamme réelle du mouvement
c intellectuel et de Topinion publique dans notre contrée, nous avons pensé
c qu'il ne fallait établir aucune division factice dans notre bibliographie de
c répoque révolutionnaire. C'est ainsi que nous avons enregistré tout ce
f qui est parvenu à notre connaissance et nous n'avons point négligé de
c mentionner les pièces de minime importance, même firivoles ou futiles
c en apparence. La nomenclature chronologique, aussi rigoureuse que pos-
c sible, nous a paru la meilleure. On ne devra donc pas s'étonner de trou-
f Ter, mentionnés à la suite les uns des autres, les écrits les plus divers.
c Cest la seule manière de prendre sur le vif les préoccupations actuelles
c de chaque centre plus ou moins important, i
Le seul classement que s'est permis M. Monceaux, c'est celui des
districts et des arrondissements, dont les chefs-lieux conservèrent
longtemps leur vie propre, ce qui l'a amené à grouper les pièces
sorties d'un même lieu, émanant, pour la plupart, des mêmes
1891 6
82 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
presses, apportant ainsi un contingent important à l'histoire des
inprinieurs de cette époque.
Pour éviter un écueil où viennent trop souvent échouer bien des
bibliographes, c'est-à-dire la sécheresse et l'aridité, M. H. Monceaux,
lorsqu'il l'a jugé utile, a fait suivre les titres des ouvrages cités de
notes et d'indications. On comprendra qu'il ne les ait pas généra-
lisées, si nous disons que la Révolution dans le département de
V Yonne ne contient pas moins de 3000 numéros. L'auteur a égale-
ment eu l'heureuse idée de reproduire un grand nombre de vignet-
tes et de bois gravés, à emblèmes divers, la plupart employés par
les presses locales ; il s'en trouve môme de fort curieux, obligeam-
ment prêtés par M. Albert Gallot, et remontant au XVIe siècle, à.
l'époque de la fondation de la vieille imprimerie auxerroise de Pierre
Vatard.
M. Monceaux, comme on l'a vu plus haut, prémunit le lecteur
contre l'étonnement que pourrait lui causer le rapprochement des
écrits les plus disparates. Il est, en effet, singulier de trouver côte
à côte des « Heures nouvelles » et des « Hymnes à l'Être suprême »,
des jugements des tribunaux révolutionnaires et des mandements
épiscopaux. Mais cela n'a rien de choquant. On trouve aussi dans la
longue nomenclature des ouvrages imprimés dans l'Yonne des col-
lections curieuses de journaux, des pièces bien originales qu'il serait,
à l'heure présente, très difficile de rencontrer, tant elles sont rares.
M. H. Monceaux n'a pas manqué, dans son Essai bibliographiqtie^
de citer les sources auxquelles il a dû puiser pour mener à bien sa
longue et minutieuse entreprise ; il a fait appel à la bonne volonté
de plus d'un collectionneur et si sa bibliothèque personnelle lui a
fourni déjà de nombreux éléments, il a aussi consciencieusement
exploré les archives du département et la bibliothèque publique
d'Auxerre qui renferme les riches collections de Bastard et Tarbé.
Il n'est pas inutile de dire ici que des tables soigneusement éta-
blies, table des vignettes, des noms de lieux, des noms de personnes
et enlin une table générale rendent très facile au lecteur les recher-
ches qu'il veut faire. ,
Grâce à ses notes copieuses et bien rédigées, grâce aussi aux
vignettes dont elle est ornée, la bibliographie de M. H. Monceaux
peut, contrairement à tant d'autres ouvrages analogues, se lire page
par page ; elle est éminemment instructive et sa place est dores et
déjà marquée à côté des instruments de travail les plus précieux.
G. V.
REVUE CRITIQUE DE PUBUCATIONS NOUVELLES 83
Gustave Brunet. — Études sur la reliure des livres et
sur les collections de bibliophiles célèbres. Bordeaux,
Y^ Moquet, 18m, in-8o de VI-173 pp.
M. Gustave Brunet qui prépare, en ce moment, une histoire com-
plète de Tart du relieur et dont je transmets bien volontiers l'appel
aux bibliophiles et aux bibliothécaires qui pourraient lui fournir des
documents pour son travail (1) vient, en attendant que son œuvre
voie le jour, de nous donner une seconde édition de ses Études sur
la reliure des livides. Favorablement accueilli par les amateurs, lors
de sa publication en 1873, cet ouvrage reparait aujourd'hui avec des
additions considérables. Le savant bibliophile y a réuni des notes
recueillies depuis longtemps, fruit de ses persévérantes recherches
dans les catalogues anciens et modernes. On peut dire qu'il a fait,
dans des proportions évidemment plus modestes, ce qu'a fait
M- Quentin-Bauchart dans ses deux gros in-quarto : Les Femmes
bibliophiles. Il a extrait d'un grand nombre de catalogues, rarement
consultés et difficiles à se procurer, ou quelquefois d'un prix inabor-
dable, des~détails qui se trouveront réunis pour la première fois.
Les Études de M. G. Brunet sont divisées en huit chapitres ;
après avoir mentionné dans le premier un certain nombre des ouvrages
relatifs à la reliure, il consacre entièrement le second à la reliure
avant l'an 1500 ; dans les trois suivants, il s'occupe des livres aux
armes de bibliophiles célèbres comme de Thou, Longepierre, le
comte d'Hoym, etc. et, ce qui constitue un réel intérêt c'est la com-
paraison qu'il établit entre les prix de vente de certains livres
au XVIII® siècle et à notre époque. On verra, par exemple, que
l'édition originale des troisième et quatrième livres .de Rabelais qui
a été adjugée à la vente du comte d'Hoym, en 1738, pour la modique
somme de 18 livres, a atteint, il y a une douzaine d'années, 14.500 ir.
à la vente du marquis de Ganay. Des notes sur les relieurs fameux
depuis Nicolas Eve jusqu'à Trautz-Bauzonnet et Guzin, font l'objet
dti chapitre VI. Les deux derniers traitent du goût de la reliure
chez quelques bibliophiles et des ornements se rattachant à cet art
essentiellement français.
II a été tiré de cette seconde édition 25 exemplaires sur
papier de Hollande et 225 sur papier vergé à la forme.
G. V.
<1) Bordeaux, 18, rue Victoire-Américaiue.
84 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Jean Meschinot. — Les Lunettes des Princes publiées
avec préface, notes et glossaire par Olivier de Gour-
cuflF. Paris, librairie des Bibliophiles (Jouaust, impri-
meur), 1890, in-16 de XI-155 pp. (prix : 8 fr.)
La collection du Cabinet du bibliophile est connue depuis long-
temps des amateurs ; elle se compose de pièces rares ou inédites et
surtout de poésies peu connues des XVe, XV!» et XVIIe siècles.
Dans cette intéressante collection viennent d'entrer Les Lunettes des
Princes de Jean Meschinot, <r escuier, en son viuant grant maistre
dhostel de la royne de fràce », mort le 12 septembre 1491. Brunet^
dans son Manuel, cite 22 éditions de Tœuvre de ce poète nantais,
que Tabbé Groujet semble avoir jugé avec une excessive sévérité. Les
nombreuses réimpressions des Lunettes — et encore la liste de
Brunet est-elle incomplète, puisqu'il ne mentionne ni l'édition
d'Estienne Larchier, 1494, ni celle donnée à Genève, par Loys
Cntse dit Garbin — ces nombreuses réimpressions, dis-je, prouvent
que l'œuvre 'de Jehan Meschinot eut une grande vogue jusque dans
les premières années du XVI® siècle. Ces éditions sont toutes pres-
que introuvables aujourd'hui. Les rares exemplaires qui en existent
demeurent précieusement conservés dans les bibliothèques où ils se
trouvent et c'est un événement, dans le monde des amateurs, lorsqu'il
en paraît un sur le tapis vert de la salle des ventes. En exhumant
cet ouvrage, sorte de manuel de gouvernement à l'usage des princes^
d'une forme tout à fait originale, et qui n'avait pas été réimprimé
depuis plus de trois siècles, M. Olivier de Gourcuff a rendu un véri-
table service aux bibliophiles et à tous ceux qui s'intéressent à l'étude
de notre langue.
Les Lunettes des Princes, très soigneusement imprimées par M.
Jouaust, forment le XXXVe volume du Cabinet du bibliophile; elles
n'ont été tirées qu'à 280 exemplaires, dont 15 sur papier de chine
(nos 1 à 15), 15 sur papier Whatman (nos 16 à 30) et 250 sur papier
de Hollande (n»» 31 à 280).
G. V.
NOUVELLES & VARIÉTÉS
M. Féchot, éditeur de M. G. Brunet, auteur du sup^
plément aux Supercheries littéraires de Quérard, publié
en 1889, nous prie d'annoncer que c'est par suite d'une
erreur regrettable que Ton a attribué dans ce recueil à
M. Malapert VHistoire des deux Conspirations du général
Malet, de M. Ernest Hamel, publiée en 1873 par la
Librairie de la Société des gens de lettres, après avoir
paru dans le XIX^ Siècle.
M. Xavier Marmier, membre de l'Académie française,
vient d'écrire au maire de Pontarlier qu'il avait l'inten-
tion de léguer à la ville de Pontarlier toute sa biblio-
thèque, qui se compose de plusieurs grands ouvrages
avec gravures, de plusieurs milliers de volumes de
différents genres : voyages, histoire, linguistique, litté-
rature en français, italien, espagnol, anglais, hollandais,
allemand, danois, suédois, irlandais, russe. Tous ces
livres sont reliés et en très bon état ; un certain nombre,
fort rares.
M. Marmier demande seulement que cette collection
soit classée dans une salle spéciale où l'on pourra la
consulter et qu'elle soit gérée par le bibliothécaire de
la ville.
4'
Le musée Carnavalet vient d'acquérir toute une col-
lection de manuscrits fort intéressants pour les amateurs
de documents.
86 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
C'est Tensemble de toutes les factures payées au nom
du duc Louis d'Orléans, fils du régent, par Poinsinet^
son intendant des menus plaisirs, pendant une période
de trente années.
Les journaux allemands signalent deux trouvailles
qui intéresseront vivement le monde des savants, spé-
cialement de ceux qui cultivent l'histoire de la philoso-.
plîie. La première est une lettre de Descartes, découverte
par le professeur Stein, dans les papiers de Leibnitz
que possède la bibliothèque de Zurich ; elle est adressée
à un nommé Dozem et traite d'un problème de mathé-
ipatique. La seconde, plus intéressante encore, consiste
en autographes de Giordano Bruno. Ce sont des
commentaires sur Aristote. Ils ont été trouvés à la
bibliothèque d'Erlanger par le professeur Stolzle de
Wurtsbourg.
4-
• La bibliothèque musicale d'Adolphe Adam a été
acquise par le ministère de l'instruction publique, qui
en a fait don au Conservatoire. Cette bibliothèque se
compose de 116 volumes; il y en avait une trentaine
de plus qui ont été offerts à l'Opéra.
Environ deux années avant sa mort, M«><^ Adolphe
Adam avait donné à la bibliothèque du Conservatoire les
partitions manuscrites qui lui restaient de son mari,
opéras et ballets. Ces volumes autographes sont au
nombre de trente-sept ; il y a parmi eux l'opéra de
Lambert Simnel, dont la première moitié est de la main
de Monpou et l'autre moitié de celle d'Adolphe Adam.
Giralda, une des plus jolies partitions d'Adam, s*y
trouve, ainsi que la plupart des ballets du maître ;
presque aucune de ces partitions de ballets n'a été
éditée.
CATALOGUE DESCRIPTIF
DE
LIVRES ET PIÈCES RARES
EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS A LA LIBRAIRIE TECHENER
Reprenant un vieil usage du Bulletin, nous don-
nerons désormais, à la fin de chaque livraison, un
catalogue descriptif de livres, intéressants à divers
titres, en vente aux prix marqués à la librairie
Techener, 219, rue Saint-Honoré. Tous les exem-
plaires ainsi catalogués seront , sauf indications
contraires, complets et en bonne condition.
i. — Souverain remède. | | avec les saignées et dyettes
contre les mala||dies qui régneront en ceste pré-
sente année mil | j cinq centz quarante-quatre. Selon
la pro 1 1 gnosticalion de maistre Jehan Tliybault
me||decin ordinaire du Roy nostre sire. || — Spes
mea Deus. — A la fin : Imprime par Jehan le prest
\\ demeurant a la rue des Telliers. Pet. in-8<> goth.
de quatre feuillets sans chiffres et sans signatures,
dem.-rel. dos et coins de maroquin vert. 80 fr.
Exemplaire du docteur Desbarreaux-Bernard.
Ce petit volume, très bien conservé, est fort rare et fort curieux.
D'après Maistre Jehan Thybault, les maladies qui régneront en
1544 : « Seront peste mort subite flux de sang par le m'z et autres
f conduictz apostumes mal desyeulx : et autres maladies de sang :
f dont les unes adviendront par replexion fumeuse de sang. »
L'auteur ajoutant : « ...Veu que iceulx temps sont prochains et que
• la description doibt précéder leffect dicelle. . . » il faut en conclure
88 BULLELIN DU BIBLIOPHILE
que cet opuscule a été imprimé dans les premiers mois de l'année
1544. Pour pouvoir soigner utilement une maladie à son début, il
faut en bien connaître les symptômes ; l'auteur indique alors, quels
sont ceux des maladies de replexion et fumosite, c'est-à-dire ; des
fièvres continues; du flux de sang autrement dict flux désinteriq;
du flux de sang par le nez ; du mal des yeux; puis il donne le
traitement à suivre pour ebacune de ces maladies. Saignées, clys-
tères et boissons rafraîcbissantcs sont ses principaux agents théra-
peutiques. Pour ceux qui seraient curieux de savoir comment on
rafraîchissait les entrailles malades, en Tan de grâce 1544, voici
l'ordonnance d'un clistaire laxatif, administré en cas de flux desin^
tet^iq, après un premier clistaire scuptic et resttnnctif selon Philotne
dont on donne également la recette. « Prenez quatre moyaulx de
œufz et les cuisez en vinaigre avec tus de jJlantain de buglose et de
verge a pasteur : egallement de chacun demi quarteron, de huille
rosart nng quarteron et autant deau rose : troyes onces de terre
darguille gomme arahic une dragme et demie. Et autant de itis
de prunelle et de sain de dragon : et soit faict le tout mis et batu
ensemble et en soit faict clistaire. »
Jehan Thybault recommande entre autres choses : « Le saffran
m,esle au laict de femme, » à ceux qui ont mal aux yeux ; cet on-
guent (( oste la résine ou les larmes diceulx. » Quant à la peste,
« cela est a dcscripre pour le temps de Authonne, car cest le temps
ou />/i/s communément adviennent pestes et apostumes. » Cette
terrible maladie a donc sans doute fait l'objet d'un autre opuscule.
On indique toutefois que pour la traiter, il vaut mieux, ainsi que
le dit Galien, n'employer qu'une médecine faite d'une seule espèce
ou de peu de simples, cela contrariera la maladie et aidera a nature,
plutôt que si elle était faite de plusieurs espèces ou de grande accu-
mulation de simples.
2. — C La Grande | Prophétie | Aultrefoys Prophetizee |
par ung Roy de perse Prîce de saîcte | vie. Et comëce
depuis lan mil cinq | centz xxi. & dure iusqs a lan :
m. d. liiii | Et fut lad pphetie trouuee en la li — |
brairie de Cambray. s, l. n. d. (Rouen) ; pet. în-8,
goth. de 8 ff. non chifT. 280 fr.
Joli exemplaire à toutes marges d'une pièce des plus curieuses sur
le règne de François I^r ; elle n'est pas citée par Bnmet.
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 89
La prophétie du a roi de Perse » se divise en deux parties bien
distinctes. Dans la première, le prophète annonce avec une rare pré-
cision les événements les plus importants des années 1521-1526 on
37 ; notamment :
La trahison de Bourbon : « sortira lung de ses plus gros princes
de son Royaulme par le moyen duquel viendront grandz maulx à la
couronne de France. »
L'insuccès de Tinvasion de Bourbon en Provence : « Icelluy prince
viendra en Fràce avec grosse gendarmerie, lequel sera vertueuse-
ment rebouté du Roy et poursuyuy de ses gens de guerre. »
Le sac de Rome par Bourbon et ses lansquenets : « Les Ytalles
italiens) auront fort à souffrir et principalement les Rommains. i>
La mort de Bourbon, tué à l'assaut : c Toutesfoys le prince qui se
sera party de France mourra malheureusement en la ville de
Romme. »
H n'est parlé ni de la journée de Pavie ni de la captivité de Fran-
çois I««".
A partir de 1527-28, les pronostics deviennent ou très vagues ou
étrangement fantaisistes.
Après de nombreuses vicissitudes, le roi de France triomphera
partout ; il li\Tera < trois grosses batailles de trois ces mille hommes
ou environ ; » il « subiuguera Henault. Flâdres, Zélandes et Artois ; »
fl aura de grands honneurs à Burgues (Burgos) et a la plus part
d'Espaigne se rendra à luy » ; le roy de Portugal « envoira grande
cheuance dor et dargent pour avoir son alliance» ; il entrera à Rome
avec toute sa chevalerie et le Saint-Siège sera transporté de Rome à
Jérusalem ; enfin François I^»" « se fera corofier roy en ung royaulme
de Grèce et conquestera Gonstantinople et Hierusalem ».
Un seul fait historique se rencontre au milieu de ces chimériques
hypothèses : « Le même an (1543 ou 44), le grand seigneur Soluman
roy de Turquie, demâde alliance au roy de France et lui dofiera
secours et ayde ctre ses ennemis et en tous aultres affaires. » La
netteté de cette prédiction pourrait faire croire que la pièce (non
datée) est de 1543 ou 4, ou au moins postérieure au premier traité
avoué de François 1er avec Soliman,]c'est-à-dire à 1534. Mais il faut
remarquer que, longtemps avant la reconnaissance officielle d'une
aUîance qui devait choquer le monde chrétien, François I^i* avait
entamé avec la Porte des négociations secrètes, remontant au moins
jusqu'à la date du siège de Vienne (1529).
La conclusion qui s'impose, en présence de la distinction si mar-
quée entre les prédictions accomplies et les prophéties gratuites, est
que cette pièce a dû être composée dans les années 1529 ou 1530.
90 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
A noter encore, dans cette très curieuse plaquette, les conseils que
le prophète croit devoir donner pour que Tissue des « grosses batail-
les » tourne à souhait : « La chose se portera assez bien, pourveu
que le roy ne s'y trouve point en personne et qu'il se garde de soy
servir de gens estrangiers. » Il est évident que le Nostradamus.
persan se rappelle la journée de Pavie où François h*»", pour son
malheur, se trouvait « en personne » et que ce souvenir lui laisse
des doutes sur Futilité de la présence du roi à. la tète des armées.
Quant à la défiance à Tendroit des a gens estrangiers, lo elle nous
semble une allusion à la défection d'André Doria, qui fît perdre à
François I^r le royaume de Naples.
Le prophète engage aussi le bon peuple à contribuer largement
aux dépenses des guerres, a Pour aquoy fornir, il conviendra que le
commun fornisse la tierce partie de son bien pour une foys : mais
ce sera de son bon voulloir et consentement. » Cet appel au patrie*
tisme fut entendu et on sait avec quelle abnégation le « commun »
accepta tous les sacrifices demandes par la royauté.
Quoique le feuillet complémentaire se termine par un calendrier
pour Tannée 1544, la prophétie dépasse cette date et va jusqu'à
Tannée 1552, où « le roy de France recouvrera Gonstantinople et
toute la terre saincte. »
. Point de nom d'imprimeur ; mais le caractère particulier de cer-
taines lettres initiales et l'aspect général permettent de croire que
cette prophétie a été imprimée à Rouen, sans doute par ou pour
Jehan Lhommc.
3. — MuTUS LIBER, in quo tamen tola philosophia her-
metica, figuris hieroglyphicis depingitur, ter optimo
maximo Deo misericordi consecratus, solisque filiis
artis dedicatus, authore cujus nomen est Âltus.
Rupellœ, Petriis savouret, 1677 ; in-fol. de 17 pp.,
fig., cart. 50 fr.
Livre d'alchimie très rare et curieux. Le titre, gravé au milieu de
figures et de chiffres énigraatiques, forme la première planche du
volume. Le second feuillet contient un avis au lecteur, en dix lignes,
dans lequel l'imprimeur déclare que cet ouvrage est admirable ; et
que d'après les savants, c'est le plus beau livre qui ait été imprimé
sur ce sujet, y ayant là des choses qui n'ont jamais esté dites par
I)ersonnc. Il ne faut questre un véritable enfant de Vart, pour le
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 91
connoitre d'abord. Les 14 feuillets suivants sont couverts sur le
recto de nombreuses figures hiéroglyphiques, sans autre texte que
ce précepte inscrit sur la 14^ planche : Ora, legc, l^ge, Icge, relege,
labora et invenies; et les chiffres iOO^ i .000, iO.OOO, etc., répétés
deux fois sur la 13«^ planche (qui est transposée).
Le 17« et dernier feuillet renferme le Privilège du Roi, accordé
le 23 novembre 1676, à Jacob Saulat sieur des Marez. — Quelques
bibliographes ont attribué ce recueil de figures alchimiques au
médecin Tollé ; mais on considère généralement comme leur auteur
Jacob Saulat, quoiqu'il dise dans le Privilège que ce livre de la
haute chimie dlio^mès lui est tombé entre les mains. Cette opinion
poos parait probable, non-seulement à cause du privilège où il est
nommé, et de la cession de ses droits au libraire P. Savouret, sui-.
vant V accord fait entre eiix, mais encore parce qu'il nous semble
que le mot Alttis inscrit sur le titre, représente Tanagramme de
Saulat ; car on y trouve exactement Sidat et même Saulat, si l'on
veut compter TA majuscule pour deux a.
On lit sur les gardes du volume, un extrait du Journal des Sa^
rants du 16 août 1677, où l'on cherche à déchiffrer quelques-unes
des figures du Mutas liber.
4. — Assertio septem sacramentorum adversus Martinum
Luherum, aeclita ab inuictissimo Angliae et Franciae
Rege, et Do Hyberniae Henrico ejus nominis octauo.
In-4, de 96 feuillets, le dernier blanc ; titre encadré.
— A la fin : Apud inclytam iirbem Antuerpiam in
œdihus Michaelis Hillenij. Anno M. D. XXII. Kalen,
Aprilis. In-4, vélin. 75 fr.
Le livre commence par une dédicace Sanctissimo domino nos-
tro domino Leoni X. pont, ma^ Le royal écrivain, rappelant
que sa jeunesse a été plutôt consacrée aux travaux de la guerre et
de la politique qu'à l'étude de la théologie, s'excuse de prendre en
main la cause de la vraie religion contre l'hérésie; il a été déter-
miné à cette entreprise, opus tam pium, tam utile, tam neccssanum,
par les progrès sans cesse croissants de l'impiété ; du reste, il se
soumet d'avance aux censures du Saint-Père ; .si rpdd est a nohis
erratum corrigendum offerimus.
Malgré ce début modeste et presque timide, Henri VIII fait preuve
d'un luxe de pieuse érudition que lui envierait un théologien ; il
92 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
cite avec une rare sûreté les livres saints, les docteurs de TÉglise,
saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, saint Bernard, et
autres de moindre importance. Après avoir examiné quelques-unes
des propositions hétérodoxes du réformateur, il défend tour â tour
contre lui les sept sacrements ; son argumentafion, qui ne manque
ni de vivacité ni de logique, est semée de grosses injures à l'adresse
de l'adversaire : ce « petit frère », fraterculus, a suppuratum ac
putriduyn cor ; il faut se garder de lui comme d'une couleuvre ;
ses paroles ne sont qu'un monceau de faussetés et d'absurdités, non
paruum hahent et falsitatis et absurditatis aceruum ; les accumu-
lations cicéroniennes viennent en leur lieu : Luther veut tout boulever-
ser, ftrccra6iii mente, spurcissima lingua, scelerato contactu, resctn-
dere, temerare, polluere.
Dans une péroraison quelque peu déclamatoire, l'auteur exhorte
tous les fidèles chrétiens à détourner leurs oreilles des paroles im-
pies, à ne pas encourager les schismes, neque schismata foveant,
à se liguer contre l'ennemi commun, plus nuisible à lui seul que
tous les Turcs et Sarrasins : consistant adversus unum istunij
uiribv^ imhecillum, sed animo, turchis omnibus, omnibus sara^
cenis, omfiibiis usquam infidelibus 7iocentiorem fraterculum. Quelle
énergique indignation contre les fauteurs de schisme, de la part
d*un prince qui, quelques années plus tard, devait séparer si brus-
quement l'Angleterre de l'Eglise romaine !
On peut consulter utilement, sur cet ouvrage du roi théologien,
une très intéressante note du catalogue Yéméniz, p. 93.
Notre exemplaire, imprimé en très belles lettres rondes, est d'une
conservation parfaite.
La première édition avait paru en 1521 à Londres, in œdibus
Pynsonianis ; la copie anversoise semble être une reproduction
exacte de cet original ; elle est ornée, comme lui, du frontispice de
Hans Holbein, emprunté aux Epigrammata de Thomas Morus de
1518 ; comme lui, elle paraît sortir de l'ateher de Froben. Une fois
enga gé dans le schisme, Henri VIII fit rechercher et détruire les
exemplaires de VAssertio, qui sont devenus presque introuvables.
5 — Hulderichi ab Hutten, equitis Germ., Invectivae très
in hier. Aleandrum et Marin. Caracciolum, Leonis X
oratores in Germania, et in cardinales, episcopos et
sacerdotes, Lutlierum Vuormaciae in concilio impu-
gnanles. Item, ad Carolum imperatorem pro Luthero
exhortatio ; alque litteraî ad Albrechtum Brandebur-
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 93
gensem cardinalem et ad Bilibaldum Pirckeymer,
senatorem Nuremberg. Sans lieu (1521); in-4o de 32
ff. non chiffr., signât. A-H., front, gr., cartonné. 32 fr.
Le recto du premier feuillet est entièrement occupé par le portrait
à mi-corps de Fauteur, encadré dans une fenêtre. Hutten est repré-
senté la tête nue et couronné de lauriers. Il est revêtu d'une cui-
rasse et de brassards, et il tire son cpée du fourreau. On lit au-
dessous, verte. Le titre est imprimé sur le verso ; sous le titre, ces
mots signiûcatifs : Jacia est aléa.
Ces invectives et ces lettres sont en effet d'un homme décidé à
rompre sans retour avec l'Église catholique, ou plutôt avec le clergé
romain. Écrites, ce qui augmente leur intérêt, pendant la diète de
Worms où comparaissait Luther, elles constituent en faveur de la
Réforme un plaidoyer, remarquable tantôt par la violente indépen-
dance du langage, tantôt par une discussion conduite avec 1 art d'un
polémiste consommé. La première victime de Hutten est le légat
Jérôme Aleander, auquel il reproche d'avoir accepté une mission
%tbi veritati lociis non sit, mentiri omnia oporteat^ de devoir tout
aux lettres et de les persécuter ; les injures pleuvent : Slupidissime
otnniurn ,,.Omni improhitate affectum hominem, omni imbutum
scelere et sacrilegio. Marino Garacciolo n'est pas plus ménagé ; il est
accusé de trafics honteux : contra leges aurum et argentum accipis;
nefario instituto a pauperibus nostris pecuniam exprimis. Mêmes
invectives contre les cardinaux, évêques et abbés qui combattent en
ce moment même à Worms « la cause de la vérité et de la liberté. »
Hutten attaque les désordres de leur vie, leur rapacité, leur luxe
impudent : Pecuniam Ecclesiœy qiiam egentibus distribui decety in
popinationibus et nequissimis nequitiis profunditis et dilapi-
dcUis,
Le fougueux écrivain change un peu de ton en s'adressant à
l'empereur : il s'exprime cependant avec la plus grande liberté sur
la politique qu'il conseille au jeune prince ; rappelant que Maximilien,
peu de temps avant sa mort, déclarait qu'aucun des pontifes
romains n'avait tenu ses promesses envers lui, Hutten invite
Charles-Quint à secouer la tutelle du clergé, apagesis hominum
genus perversissimiim^ et à se rapprocher des partisans de Luther^
quos habere potes fidos periculorum tuorum comités. Craignant^
malgré sa modération relative, d'avoir dépassé la mesure, il s'excuse,
dans une seconde épitre à l'empereur, des intempérances de langage
qui ont pu lui échapper ; il reconnaît que sa première lettre était
duriusciUay mais il proteste qu'il l'a écrite avec les intentions les plus
94 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
droites ; oro te et obtestor ut veniam des pietatis errori ; il termine
«n souhaitant à Charles-Quint un règne long et heureux.
Deux autres lettres sont adressées Tune à Albert de Brandedourg,
archevêque de Mayence, que Hutten exhorte à quitter l'église des
malintentionnés et à ne pas siéger plus longtemps avec les impies,
l'autre au savant humaniste Pirckheimer, grand ami de Durer et,
comme lui, inclinant vers les doctrines luthériennes.
On comprend qu'un livre aussi hardi ait paru sans nom d'impri-
meur; les caractères rappellent beaucoup ceux de Froben qui mit
peut-être ses presses, alors en pleine activité, au service du redou-
lable jouteur. Quoi qu'il en soit, ce recueil de factums, qui dut être
poursuivi à outrance par les catholiques, est d'une extrême rareté ;
Brunet, qui parle longuement des autres ouvrages de Hutten, n'a
l)as connu ce très intéressant opuscule.
6. — La rencontre de Henry le Grand au Roy, pendant le
voyage d'Espagne, s./., 1615 ; pet. in-8 del6pag.,
d.-rel.,dos et coins mar. r., tr. dor.
Libelle de la plus grande violence contre ceux qui conseillaient le
mariage de Louis XIII avec l'infante d'Espagne, contre une grande
partie des seigneurs de la Cour, contre Concini et la reine-mèfe,
contre les dilapidateurs du trésor amassé à la Bastille par Sully, et
enfin contre les auteurs de l'assassinat de Henri IV, au nombre
desquels le duc d'Épernon est spécialement cité. Cette pièce a été
écrite par un zélé partisan des princes mécontents, dont il fait de
grands éloges.
On a relié dans le volume, deux autres pièces :
lo La Rencontre de M. de Vendôme avec un paysan. S,L n. d. ;
pet. in-8 de 7 feuillets. — Cet opuscule, non daté, est du temps où
le duc de Vendôme était prisonnier au château d'Amboise, ou à
Vincennes (1626-1630) . Il n'a d'autre rapport que l'analogie du titre
Xiyechi Rencontre de Henri IV. Pendant l'heure accordée pour se
promener dans le jardin du château, le duc de Vendôme rencontre
un jardinier, avec lequel il s'entretient philosophiquement sur la
difiTérence de leur condition. La conversation est interrompue par
les gardes, qui disent au duc : ce Monsieur, il est temps de se re-
tirer. Voilà l'heure passée ; vous retardez un autre qui doit sortir
à cette heure, pour prendre l'air de la promenade à son tour. »
2® Lettre de Guillaume sans peur aux deshandez de la Cour
S. l,y 1615; pet. in-8 de 14 pag. — C'est la contre-partie de la
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 95
Bencantre de Henri IV. Guillaume sans peur remontre aux princeè
•qu'ils ont tort de s'opposer au mariage du Roi, qu'ils devraient au
contraire Taider de tout leur pouvoir en cette circonstance ; car
ralliance avec TEspagne assurera à la France une paix durable.
7. — Annotations plaisantes sur la Gazette de France,
composée par le cardinal de Richelieu. Jouxte la
copie imprimée, 1638 ; in-4o de4ff., vign. sur le titre,
cart. 20 fr.
Critique facétieuse de plusieurs passages de la Gazette de Fratice^
relatifs à des événements de la guerre en 1638. — La vignette,
gravée sur le titre, est allégorique et singulière ; mais l'auteur a
négligé d*en donner l'explication.
Le maréchal de Chàtillon avait été obligé de lever le siège de
Saint-Omer, le 15 juillet 1638 ; le maréchal de la Force, qui mar-
chait pour le soutenir, avait été battu, le 8, par le prince Thomas
de Savoie. Enfin, le marquis de Léganez s'était emparé de Verceil
vers le mois de juin.
Or, comme le peuple Français commençait à se plaindre de la
longue durée de la guerre, Richelieu chercha, par des articles de la
Gazette habilement rédigés, à pallier les défaites de nos généraux.
L'auteur de la critique avait beau jeu pour réfuter ces relations
mensongères. Il a divisé son opuscule en cinq chapitres. Dans le
premier, intitulé dcsein de Richelieu^ auteur des Gazettes, on lit :
€ Le Roy du Roy de France, assez cognu pour son riche nom,
désespère encore ceste année pouvoir estre Roy des Roys. Mais
▼oyant que les playes mortelles du royaume par luy gouverné
s'alloient ouvrir aux yeux de toute la France, a creu les pouvoir
encore couvrir par un emplaslre de papier de Gazettes, touchant le
siège levé de Saint-Omer. Vous voirez par le suivant discours,
quelles sont les sonnettes qu'il luy donne en main, et sçaurez aussi
quels sont les amusoirs ordinaires de ces badauds de France. »
Dans les autres chapitres, l'auteur relève, par de plaisantes anno-
tations, les faits dénaturés par la Gazette. Ainsi, Richelieu a fait écrire
dans son journal : a Le maréchal de la Force, ayant advis que les
ennemis avoient résolu de le venir attaquer, alla au-devant d'eux
qui le receurent avec quatre mille chevaux, où la charge fut si
furieuse que les ennemis y perdirent plus de huict cens hommes,
eX plus de deux mille chevaux, outre près de mille du mesme party
96 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
qui se noyèrent dans les marests. » — Annotation : « Que de gens
assomez d'un petit coup de plume ! etc. » — Quant au siège de Saint-
Omer, la Gazette rapporte que « par suite de la prise du fort du
Bac, nos armées changèrent de poste le 15 juillet. » — Annotation :
« Où tu vois, lecteur, que changer de poste, signifie la même chose
que lever le siège. » — « Faut-il aussi donner à entendre que
Verceil s'est rendu à l'Espagne, la Gazette dit : On n'a rien de
Vercelles, qu'un hruit sans auteur de sa reddition. » Etc., etc.
Voici la dernière phrase de cette pièce : « Ma Gazette Françoise,
pour ceste fois te voilà annotée ; mais si on te trouve encore par
deçà avec pareilles estoffes, tu seras confisquée. »
ETUDE
SUR LES
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS
DE LA FDV DU XV* SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XVI*
(Suite.)
1516
Opéra moralissima di diversi auctori... Fioretto de
cose noue nobilissime et de diversi auctori nouiter
stàpate. cioe. Sonetti, Egloghe...
In-8o ; caractères romains, registre A-M ; sur le frontis-
pice, une figure et ces mots : Sala Virtus. A la fin : Impresso
in Venetia per Georgio de Ruschoi. Milanese, Ne li ani, del
Nro. Signer. M. CCCCC. XVI. Adi U. Zenaro, (Molini...
Opérette^ p. 204). Brunet (t. II, col. 1266) cite plusieurs
éditions de cet ouvrage, sans indiquer s'il s*y trouve des
bois ; sans doute, elles contiennent ceux dont nous par-
lons. D cite une édition in-8o de 1510, de Giorgio Rusconi,
une autre de 1521, in-8o, de Nicolo deito Zoppino; enfin
une per Zoanne Francisco e Antonio, fratelli de Rusconi,
de 1522.
1516. — Opéra moralissima de diuersi Auctori
Homini dignissimi e de eloquètia pspicaci. . .
In-8o ; la première ligne est gothique, les autres
sont en caractères ronds; au-dessous du titre , grand
1891 7
98 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
bois ombré , représentant une nombreuse réunion
d'hommes et de femmes faisant de la musique, avec
divers instruments, autour d'une pièce d'eau bordant une
forêt ; à droite, un poète couronné de lauriers ; à gauche,
un jeune homme joue de la flûte; au-dessous de lui, dans
le coin z. a. Tirage fatigué. A la fin : Stampata in Venetia
per Georglo di Riischoni ad instantia di Nicolo Zopino e
Vicêtio côpagni. Nel. M. CCCCC. XVL adi, xxviii. Nouem-
bre. (Marciana 2429).
1518. — Opéra moralissima de diuersi Auctori
Homini Dignissimi e de eloquêiia pspicaci,
ln-8'^, en vers; caractères ronds, la première ligne du
titre gothique ; signatures A-E ; 8 feuillets par cahier. Au
titre, le bois de l'édition précédente. A la fin : Stâpata in
Venetia per Nicolo Zcpino : e Vincétio compagni
M. CCCCC, xviii. Adi. iiii del mese de Septébre.
1524. — Opéra Moralissima de diuersi auttori
Huomini dignissimi et de eloquentia perspicuL..
In-8o j litre entièrement gothique ; édition analogue aux
précédentes. Marque de Zopino , S. Nicolas , avec la
.femme agenouillée. A la fin : Stampata nella inclita Citta
di Venetia p Nicolo Zopino e Vicentio compagno. Nel
M. Z). XXIIII. Adi XVIII de Nouembrio. Régnante lo
inclito Principe messer Andréa Gritti, (Bibl. de l'Arsenal,
4242, B. L.).
S. D. — Opéra Moralissima de diuersi Auttori
Huomini dignissimi e de eloquentia perspicaci,
In-8o ; au-dessous du titre, la gra\'ure de novembre 1516.
Ce volume sort des presses de Zopino, comme l'indique
la marque au recto du dernier feuillet, S. Nicolas et
une femme agenouillée à sa droite. Cet ouvrage n'est pas
cité. A la fin : FINIS, s. 1. n. d. (Marciana 2429).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 99
1516
Conipëdio de cosc noue de Vincézo Calmeta et altri
auctori cioe sonelli Capitoli Epistole Eglogue pasto-
raie Strambotti Barzelette Et una Predica damore.
In-8® ; au-dessous du titre, une femme assise couronne
des deux mains un poète à genoux ; quatre personnes
derrière ; une d'elle joue de la mandoline ; gravure em-
pruntée à VOpera noua de! Fecûdissimo G. Pietro Pictore
Arretino, de 1512. A la fin : Impresso in Venetia, per
Georgio di Ruschôi Milanese Ne li âni del nro Signor,
M. CCCCC. XVI. Adi. 2L Zenaro, Suivent les Strambotti
de Paulo Dauza, occupant une page, et FINIS, (Marciana
2409).
1516
Somnia Salomonis Dauid re \ gis filij vna cum
Danielis pro \ phete somnio cû interpréta \ tione,..
In-4*> ; 4 fî. par cahier, titre gothique, texte en lettres
rondes ; au-dessous du titre, bois ombré représentant au
centre un personnage assis, la main gauche levée, un
livre dans la main droite ; de chaque côté, au dernier
plan, un personnage couché et dormant. Cette vignette
(120 sur 110"»™ de haut) a des noirs très accusés : les par-
quets, les fonds, la coiffure et toutes les parties devant
être très ombrées sont noires ; encadrement à fond noir.
Elle est du style florentin et sans doute du tailleur dont
nous nous sommes déjà occupés à propos des impres-
sions de Sessa, de 1502 à 1505 ; toutefois, ce bois est infé-
rieur aux autres; nombreuses lettres ornées; quelques-unes
au trait. A la fin : Impressaqz Venetiis exactissima cura p
MelMoré Sessam et Petrû di Rauanis socios. Anno dni.
M. CCCCC. xvi, die. prJo lanu. Au-dessous, la marque
avec .M. S. (Marciana 11072).
100 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1516
Aiolpho del Barbicone disceso délia nobile stirpe
de Rainaldo ; el quale tracta délie battaglie dapoi la
morte de Carlo magno: et corne fu capitanio de Vene-
tiani : & corne côquisto Candia Sz moite altre cittade :
& come Mirabello suo figliolo fu facto imperatore de
Constantinopoli : Sz cetera,
In-4o de 80 ff. à 2 col. ; caractères ronds ; les pages ne
sont pas numérotées ; les chants commencent par des
majuscules; signatures A-K. Au-dessous du titre, gra-
vure représentant Aiolfo en pied avec sa lance et son
bouclier ; le verso est blanc ; 16 petits bois, dont
plusieurs répétés ; au recto du feuillet aii^ à la première
colonne , au-dessous d'un argument en prose, le pre-
mier chant commence par : Céleste padre ouero \ eterno
idio I 0 felice almadogni \ ... — La lettre initiale est une
grande majuscule ornée. Au recto du sixième feuillet de
K finit le chaniXII: Carlo Martello si domanda questo | ...
presto, I FINIS \ Qui finisse ellibro de Aiolpho.,, Stampato
ne la inclita cita de Venetia per Marchio sessa nel anno.
M, D, XVI. a di VIII. de Luio. Au verso de ce feuillet
commence una Laude a Maria Vergine^ qui finit au recto
suivant, dont le verso est blanc (1). Un exemplaire se
trouve à la Trivulziana (Melzi, p. 293; Bibliothèque de
M. de Landau).
1516
lustînianus. — Instituta novîssime recognita ap-^
tissimisqz figuris exculta, adjunctisqz pluribus in mar-
gine additionibus...
(1) L'édition de 1516 est la plus ancienne connue, mais il doit en exister une
antérieure a l'année 1506, puisqu'à la fin de V Aiolpho l'auteur promet un
GuvTage sous le titre de Carlo Martello, et que ce dernier poème a été imprimé
en 1506. (Brunet, t. I, col. 120).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 101
In-8o . goth. de 215 ff. en tout, avec vignettes. Titre
imprimé en rouge, et portant la fleur de lis. Au verso de
Tavant-dernier f. : Impressa Venetiis per lucantonium de
giûta florentinum : A/i/io... 1516, die 19 Nouembris ; le
dernier feuil. contient la table des rubriques. Le texte est
entouré de commentaires; à2 col.(Bnmet, vol. 3, col. 612.)
1516
Rituum Ecclesiasticorum siue Sacraruwi Ceremo-
niarum. S, S, Romance Ecclesiœ. Lïbri très non ante
impressi Est et in fronts operis Reuerendissimi.,..
Corcyrensis Archiepiscopi Christophori Marcelli ad
Sanctissimum D. N, Leonem X Epistola cum indice.
In-folio ; 6 feuillets préliminaires et 143 numérotés et
registres, caractères romains, 3 bois ombrés; Fun, au
commencement du premier livre : le pape sur un trône
au milieu de 4 cardinaux assis, recevant Thommage de
l'auteur à genoux ; 9 personnages debout derrière eux ;
l'autre, au commencement du second livre, f. LXIX : le
Pape célébrant la messe en présence de cardinaux et de
prélats; le troisième f. CXX : un évêque préchant;
devant lui, le Pape assis ; à sa gauche, au premier plan,
un personnage couronné, vêtu d'hermine et recevant
l'encens d'un évêque ; cardinaux et prélats écoutant le
prédicateur. Ces trois bois sont d'une taille un peu
raide, ce qui nuit à l'ensemble, quoique certains détails
en soient rendus avec soin. A la fin, verso 143 : Gregorii
de Gregoriis Excusere Leonardo Lauredano Principe
Optimo, Venetiis, M. D. XVI, Die, XXL Mensis Nouembris,
Deus faueat. (Bibl. Nat. Inventaire B. 106, B. 406 ; Bibl.
Nat. de Florence).
Le véritable auteur de ce ceremoniale était Augustinus
Patricius Piccolomineus, Episcopus Pientinus, qui le fit
d'après les ordres du pape Innocent VIII, comme on peut
102 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
le voir par sa lettre datée de 1488, publiée par Mabillon, dans
son Muséum italicnm, II, page 584-586. Marcellus, évéque dé
Corcyra (Corfou), supprima le véritable nom de Tauteur
et fit éditer l'ouvrage comme étant de lui ; ce procédé
offensa gravement Paris de Crassis qui, dans son Diarium,
à la date du 11 mars 1517, exprime son chagrin que des
exemplaires fussent vendus. Il dit ensuite comment il
notifia ce fait aux cardinaux qui furent scandalisés de
voir leurs sacrés mystères divulgués. Le pape Léon X lui
donna la commission de coUationner avec Toriginal
toutes les éditions imprimées et d'arrêter la publication.
Crassis, dans une longue lettre, lui indique toutes les
falsifications introduites dans ce livre. Le Pape déclare
que l'on doit brûler le livre ou bien le faire juger par
trois cardinaux, dont l'un était le frère de Crassis. Le
livre fut brûlé et l'évêque Marcellus fut mandé à Rome
pour être puni ; mais comme Crassis est muet à ce sujet,
nous pensons que l'on trouva que la perte de l'ouvrage
était une punition suffisante. (Libri, 1850, page 63.)
1516
Tractato della Superbia de Vno chiamato Senso :
il qiiale fugiiia la Morte : Cosa dellecteuole da inten-
dere,
In-8o ; sous le titre, un grand bois, formé de six petits,
compris dans le même cadre ; premier à gauche : Senso
à cheval, en fuyant la mort, rencontre un vieillard
(DiroUo), à la longue barbe blanche; second : Senso à
cheval et Dirollo assis, qui causent ensemble ; troisième :
Dirollo explique à Senso qu'il est certain de ne pas
mourir en demeurant dans cette forêt, tant qu'il y restera
un arbre vert ou sec, que l'oiseau pourra piquer de son
bec; quatrième : il rencontre un autre vieillard avec
lequel il s'entretient ; dans les deux derniers : Senso ren-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 103
contre un paysan qui le prie de Taider à pousser son
char, ceci fait, il monte dans le char et le paysan lui dit
qu'il est la Mort. Ces bois sont ombrés et médiocres de
style; ils sont signés dans le coin à gauche en bas B. A la
fin : Stampaia in Veneiiaper Giorgio di Riisconi Milanese :
ad insiâtia de Nicolo dicio Zopino e Vincétio côpagni Nel
M. D. XVL adi XX. de Decébre. (Marciana, 2423;.
M. d'Ancona, dans son savant travail Poemetti Popolari
italiani (Bologne 1889, page 101), ne cite que cette édition
vénitienne, et cela d'après l'indication du catalogue
Libri (1847). II mentionne une édition antérieure, non
vénitienne, in-4o, avec une gravure sous le titre : la Mort
invitant Senso à monter sur le char ; près du cadre de
la gravure, en haut à droite, on voit les initiales Z.D. B. ;
puis une éditition de 1518 de Pérouse avec des gravures
dans le texte et au frontispice.
1516
Le case Yulgare de Missere Colantonio Carmignano
gentilhomo Neapolitcmo Morale e Spirituale Noua-
mente Impresse.
In-8o; au-dessous du titre, Fauteur debout joue du
violon ; de chaque côté, des femmes assises qui l'accom-
pagnent avec divers instruments. Vignette d'un assez
beau dessin, mais d'une taille un peu lourde. A la fin des
sonnets, bois ombré assez mauvais : six bergers s'entre-
tiennent pendant que leurs troupeaux paissent ; sur le
premier plan, à droite, deux béliers courent l'un sur
l'autre, tète baissée. Feuillet SSiii, petit bois; feuillet
suivant, petit bois : la Mort assise efiraie quatre jeunes
enfants ; feuillet TTii, bois médiocre, prenant en hauteur
la moitié de la page : Crucifixion, A la fin : Stampaia in
Venetia per Georgio di Rusconi Milanese M. D. XVL
Adi. xxiii. De. Décembre. (Marciana 2432).
104 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1516
Opéra nova chiamata Epulario, quale tracta il
modo de cucignare ogni carne, ucelli, pesci d'ogni
sorte. Et fare sapori, torte, pastelli, al modo de
tutte le provincie, composta per maestro Giovanne de
Rosselli.
Petit in-8o . ayec une figure sur bois au titre. In Venetia,
per Agostino Zanni da Portese, 1516. a Édition rare et la
plus ancienne que l'on connaisse de cet ouvrage d'autant
plus curieux pour nous qu'il est d'un français » (Bnmet,
vol. IV, col. 1393).
1517. — Opéra noua chiamata Epulario. Quale
tracta il modo di cucinare ogni carne — ucelli —
pesci — de ogni sorte. Et fare sapori — torte....
Coposta. p. Maestro douane, de roselli.
Petit in-4o ; caractères semi-gothiques. Sur le titre, un
bois représentant six personnes préparant des mets dans
une cuisine. A la fin : in Uenetia per industria e spesa de
Nicolo Zopino et Uincenzo compagni in la chasa de Maistro
Jacomo Pend da Lecho Impressore acuratissimo. Nel
M. D. xvii. adi iij del Mese de Aprile. (Molini... Opérette
p. 161.)
1517. — Opéra nova chiamata Epulario, quale
tracta il modo di cucinare ogni carne, ucelli, pesci
d'ogni sorte, far sapori, torte, pastelli coposta, p
maestro douane, Rosselli frâcese.
Petit in-8o ; goth. à 2 col., contenant 45 ff., y compris
la table. Au recto du dernier feuil : Stampato in Venetia^
per Nie. Zopino et Vincenzo compagni, Nel M. D. XVII.
a di XX de Agosto.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 105
1521. — Même titre rouge et noir que le précédent.
Petit in-40 à 2 col. de 37 flf., chiffrés et 3 ff. non
chiffrés. Caract. goth., fig. en bois. A la fin : Stampato
in Venettia per Alessandro de Bindoni Nel anno del
nostro signore MCCCCC XXI Adi xxiii agosto. (Cat. de
M. de Landau, t. II, page 248).
1517
Prouerbii de Salomone \ molto vtilissimi a \ ciaS"
cuno.
In-8o en lettres rondes, de 4 feuillets. Le titre est en
caractères gothiques, et porte un bois avec quatre per-
sonnages. A la fin : Stampato in Venetia ne lano \ del
Signore M. D. XVII \ Adi III di Zenaro (Rubrique 10537.
Biblioteca Colombina, Recueil G, 37-30. Harrisse. Exe.
Colombiniana, page 233).
1517
Montalboddo (Fr. de). Paesi nouamente ritrouati
per I la Nauigatione di Spagna in Calicut. Et da
Alber | tutio Vesputio Fiorentino intitulato Mon \ do
Nouo : Nouamente Impressa.
Petit in-S® à 2 colonnes, 124 feuillets non chiffrés,
signés A. Qiiii ; chaque cahier de 8 feuillets, sauf A qui
n'en a que 4 pour la table en gothiques ; texte en lettres
rondes. Au-dessous du titre, bois ombré prenant toute la
page et représentant Venetia^ avec quelques indications
comme : Piacia, Palacio de conseio, magageni, placés
symétriquement au palacio (où est le palais royal
actuellement), Pescaria, Rialto. Cette vue est fort jolie
et très intéressante. A la fin : Stampata in Venetia per
Zorzi de Rusconi millanese : M, ccccc. xvii, adi. xviii.
Agosto, (Marciana 56617).
106 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1521. — Paesi nouamente ritrouati per la Nauiga-
zione di Spagna in Caliciit. Et da Albertutio Vesputio
Fiorentino intitulato Mondo Nouo, Nouamente z/n-
presso.,
Petit iii-4o ; caract. rora. à deux col.; sur le frontispice,
un bois représentant une vue de Venise. A la fin : Stam-
pata in Veneiia per Zorzo de Rusconi Millanese. Nel
M. D. XXL adi xij deFebraro. (Molini... Opérette, p. 163.)
Simple réimpression de l'édition de 1517 ; on trouve
aussi 4 feuillets préliminaires pour le titre, la table et
répitre à Montalbaddo, éditeur de ce recueil. (Harrisse,
Bibliotheca americana uetustissima, 1866, p. 184; Brunet,
t. V. col. 1159).
1517
• •
Opéra noua de miser Antonio Cornazano in terza
rima : Laql traita De modo Regédi : De motu For-
tune : De integritate rei Militaris : t qui in re militari
imperatores excelluerint. Nouamente impressa t Hgsto-
riata.
Petit in-8o de 72 fî. en lettres rondes, avec fig. sur
bois signé z. a. A la fin : Impressa in Venefia per
Zorzi di Rusconi milanese ad instantia di Nicolo
dicto Zopino & Vincentio compagnie Nel, Af. D, XVII,
adi, m, de Marzo. (Brunet, vol. II, col. 276. )
1518. — Opéra noua de Miser Anto \ nio Çornaz-
zano X terza rima : la ql traita \ de modo regedi, . .
Petit in-8o de 72 feuillets non chiffrés ; signatures
A-liiij ; le titre en gothique et le reste du volume en
lettres rondes ; au-dessous du titre, bois ombré repré-
sentant à gauche un chevalier assis, son casque posé
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 107
à côté de lui, et dans une couronne au-dessus de sa
tète Al I fon \ sus \ Dvx ; à droite, lui faisant face et
s'entretenant avec lui, un autre chevalier derrière lequel
est suspendue une couronne contenant An | ioni \ vscor \
nac. Dans le coin en bas, à gauche, z. a. Ce bois est
une copie ; les personnages ont la main gauche levée
au lieu de la droite, parce que le bois se trouve retourné
et la marque, en sens inverse, est également une copie
de z. a. retournée. 18 petits bois ombrés, assez jolis,
mais qui ne sont pas tous de la même main ; le second
est signé B, deux autres portent la marque C ; ceux qui
sont légèrement ombrés sont les meilleurs ; au-dessous
de la table, au dernier feuillet : Impressa in Venetia per
Nicolo Zopino e Vincentio compagni Nel Anno.,. M. D,
XVIII. Adi XIII del mese de Septembre, (Bibl. Nat.,
(Réserve Y -[-3659.)
1517
Itinerario de Ludouico de Varthema Bolognese ne lo
Egypto, ne la Siiria^ ne la Arabia Déserta et Felice,
ne la Persia, ne la India et ne la Ethiopia.
Petit in-8o de 92 fî. à deux colonnes; au-dessous du
titre rouge et noir, un grand bois ombré représentant
un personnage, coiffé d'une toque, et assis près d'un
globe terrestre sur lequel il paraît suivre un itinéraire
avec un instrument qu'il tient de la main droite ; à droite,
dans le fond, un navire les voiles déployées. Dans le coin
à gauche, en bas, r. a. retourné. Cette gravure, très
fortement ombrée, n'est pas d'une bonne exécution ; la
tête du personnage assez expressive et les vêtements assez
soignés permettent seuls de reconnaître la taille de z. a. ;
toutefois, cette vignette est fort intéressante, en raison de
§a date de 1517, presque contemporaine de V Apocalypse ;
on y trouve la façon allemande de terminer les
108 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
traits qui forment les cassures des vêtements ; z. a.
avait pris, sans doute, cette habitude, en copiant des
bois de Durer; son style redevient plus italien à
mesure qu'il s'éloigne de la date de 1516 ; A la fin :
Stampata in Venetia per Zorzi di Rusconi Milanese :
Nella incarnatiôe. del nro. Signore lesu xpo Af. D, XVII.
adi ui. del mese de Marzo. (Molini... Opérette, p. 161.)
Brunet, (vol. V, col. 1094), dit à propos de l'ouvrage
ci-dessus : a Nous donnons le titre de cette édition
d'après Molini, où il y a bien Vathema au lieu de
Varthema, et pet. in-4o ; ce que nous faisons remarquer,
parce qu'une édition de 1517, par le même imprimeur,
petit in-8o de 91 feuillets est sous le nom de Varthema,
dans le catalogue Walckenaer, n9 3393. »
Brunet (vol. V, col. 1094) cite une édition milanaise :
« loanne Angelo Scinzenzeler, XXX aprile Mccccc. xxiij,
ayant sur le frontispice une grande figure en bois, qui est
réduite dans les éditions in-S® antérieures à celle-ci :
elle représente l'auteur inscrivant ses découvertes sur
un globe terrestre. » Sans doute, il veut dire que la
gravure a été réduite pour les éditions postérieures et
non antérieures. Nous citons cette édition, la gravure
nous paraissant, d'après la description, être une copie
de l'édition de Venise ; du reste, Scinzenzeler, à Milan, en
use presque toujours ainsi. Sur ce très intéressant volume,
voir Deschamps [Supplément du Manuel, vol. II, col. 844),
et M. Harrisse, qui lui consacre une excellente notice.
1520. — Itinerario de Ludouico de Varthema BolO"
gnese neelo (sic) Eggpto ne la Suria ne la Arabia déserta
et Felice ne la Persia : ne la India : et ne la Ethiopia.
La fede el uiuere et costùi de le pfate puicie. Et al
psente. agiotoui alcûe. isole nouamente. ritrouate.
Petit in-8o, titre rouge et noir, goth. texte à deux col.
en lettres rondes, sig. A. N. par 4 ; sur le frontispice, la
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 109
même figure que dans l'édition de 1517. A la fin, après
la table : In Venetia, per Zorzi di Rusconi Milanese.
Nellanno délia incarnatione del nostro Signore lesu Christo
M. D. XX. adi iii de Marzo. (Molini... Opérette p. 162.)
c Cette édition est si rare que M. Harrisse n'en parle
qu'en exprimant quelques doutes sur son existence;
le seul exempl. connu, d'après lequel Brunet et Graesse
l'ont signalée, était celui de la vente Hibbert. d Nous en
avons trouvé un second exemplaire de 1520 à la Bibl. de
l'Arsenal (586 bis, H).
c Les XII flF., comprenant l'importante description de
l'expédition du Yucatan faite par Juan de Grijalva en
1518 {qui comincia lo Itinerario de lisola de Jucathan.../,
terminent le volume, d (Deschamps t. II. col. 844).
1522. — Itinerario de Ludouico de Varthema Bolo-
gnese ne lo Eggpto ne la Suria ne la Arabia déserta
e felice ne la Persia ne la India e ne la Ethiopia..,
In-8o, caractères romains, titre en gothique ; au titre,
le bois de l'édition de 1517 ; colophon : Stampata in
Venetia per li heredi de Géorgie di Rusconi Nellano..,.
Af. D. XXIL adi xuii de Setembrio. Ultinerario com-
mence au 5^ f. de la signature M. (Harrisse, Bibliotheca
americana vetustissima , page 194; Deschamps, t. II,
col. 844).
1517
Lo arido dominico povero servo \ di cristo iesv al
diletto popolo \ cristiano et a tvtti liprincipi et signori.
In-4o ; 4 feuillets par cahier. Au-dessous du titre,
grand bois ombré : au milieu, une sorte d'écusson sou-
tenu par deux anges et divisé en quatre parties ; au-
dessous de la ligne horizontale MRA, à gauche, et XHS
à droite, surmontés d'une croix; au-dessous de cette
110 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
même ligne, les mêmes monogrammes placés inverse-
ment ; au-dessus, le Saint-Esprit, les ailes éplayées ; au-
dessous, à gauche, Tagneau, accroupi sur un livre et
écrivant avec une longue plume ; à droite, le pélican se
déchirant la poitrine pour nourrir ses petits; il est
debout sur un livre et semble y tracer des caractères à
Taide d'une longue plume qu'il soutient de ses ailes ;
au-dessous, tout à fait dans le bas, des anges tiennent
des banderoles portant ces mots : celle de gauche
individvvs, gl \ adivs. mairis, et. filii ; à droite, Patutas,
ergo. gratia. regnvm. gloria. atq, imperivm ; cette gra-
vure n'est pas d'une mauvaise exécution, elle est bien
composée, mais manque peut-être un peu de finesse
dans la taille ; le verso de ce feuillet est occupé par
une Crucifixion avec de nombreux personnages que l'on
rencontre dans les missels in-i® et in-S® de Giunta ;
ce bois fatigué est entouré d'un encadrement formé
de très petites vignettes représentant des têtes de per-
sonnages de l'ancien et du nouveau Testament ; le bas
est occupé presque entièrement par un grand bois mé-
diocre. Verso aii, petit bois représentant dans les nuages
la tête de Dieu le Père et celle de la Sainte- Vierge.
MAR. V. Ce volume contient en outre 11 petits bois, de
différentes grandeurs, de difiërentes mains et tirés d'ou-
vrages parus à la fin du XV*' siècle, ou au commence-
ment du XVI^ siècle ; ils sont généralement très
médiocres ; la Crucifixion, Ciij, au trait, est une jolie
petite vignette. Au-dessous du colophon, un bois assez
singulier et d'une inspiration française ; il représente
sans doute la conversion de saint Paul : le saint à
cheval, se dirigeant de droite à gauche, et se retour-
nant avec étonnement, les bras étendus, pour regarder
le Christ tenant la croix, qui lui apparaît dans les
nuages ; le colophon : Siampatata (sic) in Venetia per
Bernardin Vinitiâ nel têpo del Serenissimo nel.
M. CCCCC.XVIL adi xv. Aprile.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 111
1517
Callenutio (Pandolplio). — Opéra noua composta
per miser Pandolpho coldonese allô illustrissimo et
excellentissimo principe Hercule inclito Duca de Fer-
rara : intitulata Philotimo : interlocutori Berretta et
Testa.
Petit in-4o à 2 col. Sur le titre, la fig. de YArcadia de
Sannazar (1515). A la fin : In Venetia per Géorgie Rusconi
melanese ad instantia de Nicolo dito Zopino et Vincenzo
suo compagne : Net anne M, D, XVII, Adi ultime del
mese di Aprile (Molini, Opérette, p. 161).
Une édition de Venise, Pintie da Lèche, per N. Zep-
pine, 1517, in-S®, est citée dans le catalogue du marquis
Costabilî de Ferrare, n» 2496, où Tauteur est également
nommé Pandolpho Coldonese. (Brunet, vol. II, col 151).
1517
Fratris Hieronymi. \ Sauonarolae.... Triumphus
crucis..,
In-8« ; 112 ff. ; au-dessous du titre, le Savonarole écri-
vant, regardant à gauche, décrit à propos des Prediche.
A la fin : Finit... Impressumqz Venetiis accurata dili-
gentia per Lucâ \ elchiensem artium Anne dni
M. CCCCCXVII. Die uero ectaue mësis lunii. (Mayence).
1521 . — Fratris Hieronymi Savonarole Ferrariensis
Ordinis Predicatoruz : Triumphjis crucis de fidei
veritate...
In-8o ; titre goth. ; au-dessous du titre, le Savonarole ci-
dessus. Paginé du titre à la fin, feuillet 107: Finit
Impressumqz Yenetiisper Alexandrum de Bindonis. Anne
112 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
dni, M. CCCCC. xxj. Die, xiiij, mensis Nouêbris, Au
verso, la grande marque de Alex. Bindoni, la Justice,
assise sur le lion de Saint-Marc, avec les lettres A. B.
(Marciana 60294).
1517
La conuersione de Sancta Maria Magdalena : E la
Uita de Lazaro e de Martha : in octaua rima hysto-
riata : côposta pel dignissima poeta maestro Marcha
Rasilia de Foligno, opéra noua et deuotissima.
Petit in-8o ; figures sur bois. Venetia, per Gregorio de
Rusconi,.. NelM. D.XVII. Adiî Septëbrio. (Brunet. vol. IV,
col. 1119).
Une édition antérieure (1514) de ce livre avait déjà
paru sous le même titre à Ancône, avec ce colophon :
Stâpata in Ancona per Bernardine Guerralda aie spesi di
Nicole dicto Zopino et Vincentio, compagni. NelM.D.
XIIIL die XX. del mese de apprile.
On y trouve le Jésus parlant à un nombreux auditoire
de l'édition sans lieu ni date, que nous décrirons plus
loin, mais sans la signature de Vavassore et douze petits
bois intercalés dans le texte. Toutes ces gravures, quoi-
que le livre soit imprimé à Ancône, sont évidemment
d'origine vénitienne. (Cat, de M. de Landau.)
1518. — La Conuersione de Sàcta Maria Magdalena,
la Vita de Lazaro et de Martha, in octava rima hgsto^
riata, composta per el dignissimo poeta maestro Marcha
Rasilia da Foligno.
Petit in-4o ; vélin, figure sur bois. A la fin : Stampata
in Venetia per loanne Tachuino da tridino net Af. D.
XVIII, a di an de decembrio. (Catalogue Yéméniz, 1867,
no 1553).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 113
S. D. — La conversione de Santa Maria Madalena,
e la uita de Lazaro e di Maria, in oltoua rima hislo-
riata. Composta per Maestro Marco Rasilia daFoligno,
opéra deuotissima nuouamète Stapàte.
In-12 ; au-dessous du titre rouge et noir, bois ombré,
d'un dessin assez bon, mais d'une gravure peu soignée :
Jésus parle à un nombreux auditoire d'hommes debout
et de femmes assises. Dans le coin à gauche, en bas :
Jovan. Andréa, de. Yavasori. F. Le Christ est bien
dessiné, et ses draperies sont disposées avec élégance ;
mais Vavassore reste ici au-dessous de sa tâche.
11 très petits bois fort mauvais ; un est passable. A la
fin : FINIS. (Marciana 2385).
1517
Lavde devotissime et santissime composte per el
nobile et magnifico Misser Leonardo Justiniano di
Venetia.
In-8o . 120 ff. (a-p, par 8). Car. rom. Voici la liste des
figures dont ce volume est orné : Une grande gra\aire,
représentant le Crucifiement (verso du frontisp.), ; Jésus
debout dans un calice, soutenu par deux anges (v. de a 3) ;
la Vierge (v. de a 5 ; ce bois est répété au v. de a 8 et
au r. de 6 7) ; Y Annonciation (r. de 6 2 ; répétée au r.
de c 8, et avec un encadrement au r. de g^ 1) ; la Cruci-
fixion y gravure à fond criblé (r. de64); V Adoration des
Bergers (r. de c 2, et avec un encadrement v. de d 2) ;
la Mise au tombeau (v. de c 4, et répétée au r. de A: 6
et au r. de m 3) ; Y Adoration des Rois mages (r. de d 4);
la Crucifixion (v. de e 2, et répétée au v. de g 2, au v.
de I 4 et au r. de o 4); la Descente du Saint-Esprit (r. de
fi); un Prêtre officiant (r. de f 8, répété au v. dek2) ;
Sainte Madeleine (v. de g 3) ; Saint Jérôme (r. de /i 1) ;
1891 8
114 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Saint Louis (v. de ft 2) ; le Martyre de saint Pierre (v. de
h 4); Sainte Catherine (v. de /i 5); le Martyre de sainte
Lucie (r. de /i 7) ; Saint Zacharie (r. de i 7) ; le Martyre
de saint Jean (r. de fc 1) ; Crucifixion (r. de fc 4) ; Cruci-
fixion (grav. différente de la précédente, r. de Z 1 ; répétée
au V. de m 4). Ces gravures, de mains et d'époques
différentes, quelques-unes d'inspiration française, offrent
une grande divergence de style et d'exécution. A la fin :
Stampata in Venetia per Bernardin Venetian di Vidali
habita in la côtra de san Giulian. Del M. CCCCC. XVIL
Adi xvi, Septëbrio. (Bibl. Landau ; communiqué par
M. Rœdiger).
1517
Timone Comedia del magnifîco Conte Matheo Maria
Boyardo Conte de Scandiano traducta de uno dialogo
de Luciano a copiacètia de lo illustrissimo principe
signori hercule Estèse duca de Ferrara, &c.
Petit in-4o ; 40 ff. (A-K, par 4). Car. ronds. Sur le
frontispice, un encadrement et une petite figure ombrée
représentant 2 trompettes et 4 autres personnages. Let-
tres ornées. Au recto / 2 : Qui finisse una comedia dicta
Timone, Stâpata in Venetia per Zuane Tacuino de Cereto
da Trin, del M. D, XVIL AdL XX. de Setembrio. L'édi-
tion de 1513 n'a qu'une bordure sur le titre. (Bibl. de
M. de Landau ; communiqué par M. Rœdiger).
1517
Triomphi Sonetti Canzone Stantie Et Laude de
Dio e de la gloriosa Vergine [Maria : Composta da
diuersi Autori Nouamente Stampata,
In-8o, titre goth.; au-dessous, joli bois représentant une
procession de sept moines, se dirigeant de gauche à droite :
LrVRES A FIGURES VÉNITIENS llS
le premier porte les cierges, le second la bannière, deux
la discipline, les deux autres lisent ; un couvent à gauche.
Bon dessin, mais gravure un peu négligée. Au verso
l'arbre de Jessé que nous avons déjà rencontré. 11 jolies
petites vignettes. A la fin : Impressa in Venetia per Zorzi
di Rusconi Milanese : ad instantia diNicolo dicto Zopino
e Vincétio compagni : nel Anno.., M.D.XVII adi Xii del
mese di Febraro, (Marciana 2423).
1524. — Triomphi Sonetti Canzone StantieEt Laude
de Dio e de la gloriosa Vergine Maria : Composta da
Diuersi Autori Nouamente Siampata,
In-8o, 40 ff. (A-E, par 8). Car. rom. Le frontispice est
orné d'une grande gra\aire sur bois, représentant une pro-
cession mortuaire, sans doute le bois de 1517; au verso une
figure qui occupe toute la hauteur de la page : la Vierge
assise devant la croix et tenant sur les genoux le corps de
Jésus. Des deux côtés de la croix, grand nombre de spec-
tateurs. Au recto du f. B. 5, un petit bois, divisé en deux
compartiments : la Fuite en Egypte et Jésus en croix ; au
verso du même f. la Résurrection des morts. Au recto du
f. suivant, la Vierge avec Fenfant et, en face d'elle, un
homme assis qui écrit ou peint (saint Luc portraitant la
Vierge?). Au verso de C2, la Gloire des défunts: à gauche
se voit la Mort tenant une faux. Au recto de C 6, la Vierge
adorée par une femme. Les autres gravures représentent
Jésus en Croix, la Mort de la Vierge, V Assomption, le
Temps (avec la légende : OMNLV TEMPVS HABET), la
Nativité, la Circoncision et la marque des imprimeurs.
A la fin : Siampata nella incliia cilla Di Venetia per
Xicolo Zopino e Vicentio compagno. Nel. M.D.XXiiij.
Adi. XXX, De Agosto. Régnante lo inclito Principe messer
Andréa Gritti. (Bibliothèque de M. de Landau ; commu-
nication de M. Rœdiger).
116 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1517
Inamoramento de Rinaldo de Monte Albano e di-
verse ferocissime bataglie le qle fece lardito e francho
Paladino e corne occise Mâbrino di Leuate e moltis"
simi forii pagani.
In-4o, caractères ronds à deux colonnes, 182 feuillets,
le dernier blanc. Le volume commence par un frontis-
pice orné d'un bois de forme circulaire, où Ton voit
Rinaldo à cheval, armé de toutes pièces ; Fécu avec les
armes et le casque sont accrochés à un arbre à droite.
Dans le fond, le château de Monf Albano. Ce bois se rap-
proche par sa forme et par son style de celui qui se
trouve au titre du livre intitulé : Trojano,.. Venetia, 1509,
in-4o. Le texte commence par : El libre de le bataglie del
potête et gagliardo paladîo Rinaldo de Mte Albano de
casa Chiaramonte, en caractères gothiques; registre de
A-Z ; tous les cahiers par quatre, sauf Z par deux. Les
gravures que l'on rencontre dans le texte sont les unes
grossières, sur fond noir, comme dans tous les romans
de chevalerie du même temps ; les autres, au trait, d'un
bon dessin et d'une exécution soignée. A la fin : Finito
le bataglie... Stampato in Venetia per Joanne Tachuino,
M. D. XVII. adi VIII Auosto (sic) Laus Deo. {Note bibliogra-
fiche del fu D. Gaetano Melzi... 1863, page 58 (marquis
d'Adda). Cet exemplaire est sans doute unique. (Brunet,
t. IV, col. 1306).
1518
Pacifico (Frate). Summa de Confessi | one cogno-
minata Pacifica : laquale ordinataméte tra \ cta non
solamète la forma : modo e uia de côfessarse \ ma
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 117
etià discorre p tutti li casi che sono côtra consciétia \
ne li quali chadaû potria incorrere.
Petit in-8o, lettres rondes, la première ligne du titre en
lettres gothiques, CCVIII feuillets numérotés de A à BB,
8 feuillets par cahier ; au-dessous du titre, bois ombré :
dans le coin à gauche, un moine assis et un personnage
la tète découverte, appuyant sa tête sur ses genoux ;
à droite, entrant dans la cellule, un jeune homme con-
duit par un ange placé à sa droite, tandis que le diable,
habillé comme un moine, se tient à sa gauche ; on aper-
çoit son pied fourchu dépassant son vêtement. En haut,
au milieu, dans le fond : DE.IVRE. DIVINO. Ce bois
intéressant, d'un joli dessin et d'une taille assez soignée,
porte à gauche, dans le coin en bas, le monogramme G
sur fond noir. Ce n'est pas le même monogramme que
dans le Legendario de 1518. Nous ne l'avons pas encore
rencontré. Feuillet LXXXII, grand bois de page ombré,
représentant Arbor côsanguinitatis, peu important. A la
fin, au-dessus du registre: Finisse,,, Nouissimamëte stâ-
pata in uenetia cô summa diligentia da Cesaro arriua-
beno.,, MDXVIIL adi ultime zener. Au-dessous la marque
noire et blanche avec les lettres A. G, au-dessous du
registre.
1518
Justini ex trogo pompeio historiae.
In-fol. Une petite gravure sur le frontispice, avec la
légende : « ECCE AGN' DEI d et beaucoup d'initiales
historiées dans le texte. A la fin : <E Impressum Venetiis
per Georgium de Rusconibus Mediolanêsem. AnnoDomini
M,D.XVIII, Die. XXII. Maii. (Bibliothèque de M. de
Landau ; communication de M. Rœdiger.)
118 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1523. — lustino historico clarissimo, nelle historié
di Trogo Pompeio. Nouamente in lingua toscana
tradotto : z con somma diligentia & cura stampato.
Petit in-8«; titre goth. noir et rouge entouré d'une bor-
dure de trophées; dans le haut, des aigles éployés debout
sur des guirlandes de lauriers ; des deux côtés, des tro-
phées d'armes portés par des figures d'Hercule ; au bas,
de chaque côté, trois personnages, et au milieu une figure
de roi assis, couronné, le sceptre en main. Au verso du
titre, un avis au lecteur, de Zopino. Cahiers deSflf. régis-
très. Caractères italiques ; 176 Cf. ; chacun des 44 livres
commence par une lettre ornée enfermant un buste de
saint ou de sainte, parue déjà dans les livres liturgiques
antérieurement publiés. A la lin : Finisse il Libre di lus-
tino Historico Et stampato nella incîita citta di
Venetia per Nicolo Zopino et Vicentio compagno del
M, D. XXIII, Adi X de Nouembrio. Régnante lo inclito
principe Messer Andréa Gritti, Puis le registre. Dernière
page blanche. (Librairie Olschki.)
1524. lusTiNO. Historié di Trogo Pompeio, nuova-
mente in lingua toscana tradotte,
In-8o ; frontispice et belles initiales. Venetia, Zoppino,
152/f.
1518
Libro de Abaco nouamente composto per magistro
Francesco da la zesio ueronese, el quale insegna a
fare moite rasône merchantille e come respondano li
preci e monete nouamente stàpato. Au recto du der-
nier feuillet : Franciscus Felicianus. q, dominici de
scholaribus de Lazisio Gordesane arithmeticus ac
geometricus composuit hune Jibellum die decimo
octauo lulii 1517.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 119
Pet. in-8û de 20 ff. non chiffrés, sig. A-C. Sur le titre,
la vignette du titre des voyages de Varthema, de 1517.
Stampato in Venetia, per Nicolo Zopino e Vincentio suo
compagno del M,D,XVIII, adi 27 Agosio. (Brunet, vol. 2,
col. 1203.)
1518
La Vita e Passione de Christo : Composta per
Misser Antonio Cornazano in Terza Rima : Noua-
mente impressa e Hystoriata.
In-8«, titre gothique rouge et noir ; texte en lettres
rondes ; signatures de A à H, 8 feuillets par cahier, sauf
H qui n'en a que 4. Au-dessous du titre, bois de page
ombré, composé de plusieurs sujets séparés : au milieu,
le plus grand, représentant Cornazano, revêtu d'une
armure, assis, ses mains appuyées sur un livre placé
devant lui ; au-dessus, dans un petit bois, Dieu le Père,
bénissant ; de chaque côté, deux petits bois ayant trait à
la vie du Christ, et au-dessous une tête d'ange ailée ;
dans le bas, prenant toute la largeur de la vignette, un
bois à fond noir. Dans le texte, 18 jolies petites vignettes,
de la même main ; quelques-unes sont signées B. La
table occupe le verso de H m et le recto de H iv ; au-
dessous : Stampata in Venetia per Nicolo dicto Zopino :
e Vincentio compagni. Net anno delta incarnatione del
nostro signore Miser lesu Christo. M.D.XVIIL Adi, V. del
mese de Septembre,
1519. — La Vita e Passione de Christo : côposta per
Misser antonio Cornazano (1).
(1) Comazzano est le poète que Tiraboschi (VI. 1250) appelle // Cornazzari
dal Borsetti et doat il cite uae édition donnée par Zoppino en 1317. Panzer
(XI p. 526) et le catalogue Flânai (n* 2007) décrivent une autre édition du
même imprimeur, datée de 1518. (Harrisse, Excerpta Colombiniouiaf p. 200).
120 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
In-8o . 8 ff, par cahier. Signature AA-HH 4. Au-dessous
du titre, en goth., rouge et noir, bois composé de
petits bois ombrés, représentant des scènes de la Passion,
et au milieu, Fauteur revêtu d'une cuirasse, écrivant. 18
petits bois, légèrement ombrés, assez jolis comme com-
position ; parfois, la gravure n'a pas été faite avec tout
le soin désirable ; mais l'ensemble est généralement bon,
si l'on songe à la difficulté de renfermer une scène à
plusieurs personnages dans un cadre aussi restreint.
Plusieurs de ces vignettes sont signées B ; toutes sont de
la même main. Au verso du titre, un sonnet alla illustre
madamma Lucretia Borgia duchessa di ferrara, A la fin :
Stampata î Venetia per Nicolo dicto Zopino : e Vincëtio
compagni. Nel anno M. D, xix. Adi xxv. del mese de
Octobre (Marciana 4341).
1518
Cola (Jeanne). Viagio da Venetia al Sancto Sepul-
chro et al mote Senaj più copiosamète descritto de H
altri con disegni de Paesi : Citade : Porti : et chiese
et li santi loghi con moite altre Santimonie.
Petit in-8o, fig. sur bois. Siampato per Nicolo ditto
Zoppino : e Vincentio compagno, nelV anno 1518, Adi
XIX desetëbrio.
1520. — Viagio de Venetia at Sancto Sepulchro et
al Monte Synai,
Petit in-8o ; nombreux bois. Venetia, I, Tacuino, 1520.
(Vente Beckford, 4® partie, page 15.)
1521. — Viaggio da Venetia al sancto Sepulchro et
al monte Sijnai.
Petit in-8o, fig. sur bois. Siampato per Nicolo detto
Zopino e Vincentio compagno nel anno 1521, (Brunet,
vol. V, col. 1167.)
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 121
1523. — Viazo da Venetia al Sancto Iherusalem et
al monte Sian Sepolcro de Sancta Chaterina.
In-S® ; 123 feuillets non chiffrés et figures sur bois. Ve-
netia loane Tacuino de Trino (appartenant à M. Schefer,
de l'Institut).
La première édition de ce curieux livre parut en 1500,
à Bologne, chez lustiniano da Rubiera (voir Gazette des
Beaux-Arts, mai 1890). M. Schefer nous écrit qu'à partir
de 1518, il a été imprimé presque tous les ans une édition
in-8o de ce voyage, et que les bois, fort grossiers mais
curieux, de ces nombreux tirages, ont été utilisés jusqu'à
la fin du XVII« siècle.
1524. — Viaggio da Venetia al santo sepulchro e al
monte Synai : con disegni de paesl citta porti chiesie
e santi luoghi : con additione de genii et animait che
se trovano da Venetia fino al santo Sepulchro e per
tutta la Sorla : tratti dal suo naturale : non mai piu
Stampate.
In-8o . le titre rouge et noir, au-dessous une \aie de
de Jérusalem ; plus de 150 bois. Venetia per Nicole Zo-
pino e Vicentio compagne io2i. (Vente Beckford, 4® par-
tie, p. 15. )
1518
Operetta Noua De doi Nobilissimi Amàti Philostato
e Pamphila. Côposta in Tragedia per miser Antonio
da Pistoia Nouamente Impressa.
Petit in-8o ; lettres rondes, 8 ff. par cahier. Au-dessous
du titre goth., petit bois ombré, assez joli dans son en-
semble, quoique les détails du dessin et de la taille
soient un peu négligés ; il représente ce sujet si souvent
reproduit, le professeur dans sa chaire, parlant à six
122 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
élèves assis à droite et à gauche; mais nous rencontrons,
au bas, un nouveau monogramme /. C. ; peut-être le
/. C. que nous avons déjà signalé dans V Opéra nova de
Colonna de 1515, également de Rusconi. Là surtout
est rintérét de cette vignette. La page est entourée d'un
encadrement à fond noir, d'un très joli style. A la fin :
Stampata in Venetia per Zorzi di Rusconi Milanese. Nel.
M. CCCCC, XVIIL adi. xx. de Octobre. Regnâte lo inclito
Principe Leonardo Lauredano. (Marciana 48540)
1518
Psalterio ouero Rosario délia \ la Gloriosa Vergine
Maria : Con li suai mysterii. Nouamente \ Impresso.
In-8o en lettres rondes, de 24 feuillets, les deux der-
niers sont blancs; signatures A.-C. Sur le titre, dont la
première ligne est en caractères gothiques, la Vierge et
le bambino. Dans le corps du livre, 16 bois curieuse-
ment gravés. A la fin : Impresso in Venetia per Georgio
di I Rusconi Milanese : Nel. M. D. \ XVIIL Adi xiiii : del,
Mese Décembre, (Biblioteca Colombina, recueil G. 37-30.
Harrisse, Excerpta Colombiniana, page 229.)
Vers 1520. — Psalterio ouero Rosario de la gloriosa
vergine Maria, Con gli suoi mysterii, & Indulgétie.
Nouamente impresso.
In-8«, de 24 ff. (A-C, par 8). Car. partie goth., partie
rom. Vignette sur le titre, représentant saint Dominique
en chaire, prêchant. Au verso du frontispice, une petite
figure : un moine agenouillé et devant lui, la Vierge
avec un rosaire. A gauche du moine on lit : a 1460. F.
Alano » (Alanus de Rupe) et à droite le mot : a Predi-
caro D. Au recto à\x f. A 7 commence une suite de 15
gravures, dont voici les sujets : V Annonciation, la Visita-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 123
iion, la Nativité, la Circoncision, Jésus au temple, Jésus
priant, la Flagellation, Jésus tourmenté, le Portement de
Croix, Jésus en croix, la Résurrection, Y Ascension, la
Descente du Saint-Esprit, ï Assomption, le Couronnement
de la Vierge, Initiales gravées. Quelques-unes de ces
gravures sont les mêmes que celles dont est ornée F Opéra
noua contemplativa (Venise, Vavassore), savoir la Nati-
vité, la Circoncision, Jésus tourmenté, le Portement de
croix, Jésus en croix, la Descente du Saint-Esprit et le
Couronnement de la Vierge, Style raide et anguleux.
A la fin : Stampata in Venetia per Alessandro de Viano,
Ce livre contient la règle et les privilèges d'une Confré-
rie appelée la Confraternita del Psalterio, (Bibliothèque
de M. de Landau ; communication de M. Rœdiger).
S. d. Premier quart du XYI^. — Psalterio ouero
RosARio DEL la Gloriosa Vergine Maria : Con li sui
mysterii. Nouamente Impresso.
Petit in-8 de 2 cahiers de 8 feuillets, A. et B. ; lettres
rondes ; sous le titre, un bois ombré, la Vierge à mi-
corps, tenant le Christ dans ses bras ; fond noir avec
quelques ornements blancs ; la taille manque de finesse ;
verso A : Questo e el segno delta Compagnia del Rosario
délia gloriosissima Vergine Maria : une couronne dans
laquelle passe un chapelet; au-dessous, ces trois lettres
R S M ; une couronne de lauriers entourant le tout, sur
fond noir au pointillé. Recto A,ii: Annonciation, signée
L ; dans le coin en bas à gauche : la Vierge, à genoux,
à sa gauche, un livre ouvert sur une sorte de petit banc ;
à sa droite, Tange debout qui lui parle; près de la tête de
la Vierge, le Saint-Esprit. Comme on le voit par la des-
cription, cette Annonciation signée L est différente de
celle du Brc\daire de Giunta de 1506 ; feuillet fî, même
Annonciation; verso B, la Vierge visite sainte Elisa-
124 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
beth ; recto fîii, la Crèche ; verso Bii^ Présentation à
Siméon au temple.
Ces bois, non signés, sont de la même main que
Y Annonciation ; recto Biii, Jésus au milieu des docteurs,
petit bois au trait, tiré d'un autre ouvrage, amené à
la dimension voulue à l'aide de petits bois placés sur
les quatre côtés ; verso Biii, Jésus au jardin des Oli-
viers, ainsi que les quatre bois suivants, tiré des Médita-
tions de saint Bonaventure de 1489 ; recto Biiii, La fla-
gellation ; verso Biiii, Jésus est couronné d'épines ; B V
Jésus montant au Calvaire; verso B V petite Crucifixion
avec de petits bois de côté et en bas. Recto B Vi la
Résurrection avec un petit bois au-dessous ; verso B Vi
la Résurrection des Méditations de 1489 ; recto B VU
Descente du Saint-Esprit, bois du graveur L de V An-
nonciation ; verso B VU, Assomption, mauvaise petite
vignette ombrée, entourée de petits bois ; recto B Viij,
Dieu le Père et Jésus dans leur gloire, mauvais bois
ombré, un petit bois au-dessus et au-dessous ; au verso :
Seguita la copia in sentëtia uulgarizata delta lettera di
Maestro Bartholomeo di Bologna Maestro e Générale di
tutto lordine di Frati predicatori : nella quale si conten-
gono molti digni priuilegii concessi dalla sua reuerendis-
sima paternita per la confraternita del Psalterio : ouero
Rosario délia immaculata e gloriosissima uergine Maria.
Vers 1518
Opéra no \ va chiamata Portola \ no la quai
narra tutte le terre : et parti de le \ uante comi"
nciando a Venetia andando per \ tutta la Schia-
uonia fin a Corfu con tutta la \ Grecia la Morea et
Napoli de Romania \ con tutto Larcipelago : Constan-
tinopoli Can \ dia Rodi Cipro et tutto il Leuante et
tutte I le isole : terre cita e castelli et parti et quan |
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 125
ti miglia da vna terra a laltra et da vna iso \ la a
laltra : et tutte stati e porti ualle e col \ phi : scagni :
fondi : e Sechi dintorno. Nouamente stampato.
Sur le titre, entouré d'une bordure, un bois avec
€ Ponge Onge » et la marque tj'pographîque. 40 flF. à
2 col.
A la fin : Finito lo libro chiamato Portolano composta \
per vno gentilhuomo Veneiiano loqual ha uedn \ to tutte
queste parte antescritte le quale sono vti \ lissimi per tutti
I nauighanti che voleno se \ curamente nauighar con lor
nauilii \ in diuerse parte del mondo.. \ Laus deo Amen. \
Stampatoin Vineggia per Domenigo \ ZioetfratelliVeneti.
Ou^Tage attribué à Louis de Mosto, plus connu sous le
nom de Cadamosto (voyez Vespucci) ou à un certain
Coppo (dans le cat. Hanrott). (Librairie Rosenthal.)
1519
Opéra del preclarissimo poeta Miser Pamphilo Sasso
Modenese .Soneiti, CCCCvij. CapitulixxxuiijEgloghe. V.
In-4o ; 80 ff., dont le dernier bl. (a-k, par 8). Car. rom.
Sur le titre, une bordure noire et une figure représentant
un professeur dans une chaire et, des deux côtés, sept
élèves. A la fin : Veneliis per Guilielmum de Fontaneto de
Monferrato. M.CCCCC.xix, Adi primo febraro. (Biblio-
thèque de M. de Landau ; Arsenal A. 4453. B. L.)
1519
De humilitate et gloria Christi Marci Marvli opus.
In-8o de 8 feuillets par cahier ; au-dessous du titre, un
chevalier tenant une épée levée de la main droite, à
cheval sur un bœuf, marchant de droite à gauche ; de sa
main gauche, il tient une des cornes de l'animal. Ce très
petit bois, carré, est légèrement ombré et porte une lettre
126 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
à chaque coin ; Z en haut à gauche, M en haut à droite,
B en bas à gauche et à droite ; au verso, la Crucifixion
du Specchio de la croce de 1497 ; lettres ornées au trait ;
au verso du feuillet qui précède les deux feuillets de la
table, la souscription : Impressit Venetijs Bernardinus de
VitaliU Venetus, Anno Dni. M, D, XIX. Die. xx. lulij.
Au-dessous, bois ombré : saint Marc et son lion ailé
avec les deux lettres B. V. de Fimprimeur.
1519
Opéra noua del preclarissimo Messer Bernardo
Accolti Aretino.
In-8o, en lettres rondes, en vers, titre encadré avec
une figure : un moine en prière sur le front duquel un
ange vient déposer une couronne. A la fin : Stampata in
VenetiaAdi. xii. Nouébre M.CCCCC.XIX. p Nicolo zopino
e Vincëtio côpagno. Brunet, vol. I, col. 34, cite une autre
édition de 1530 de 55 feuillets chiffrés plus un dernier
avec une gravure, de Nicolo di Aristotile ditto Zoppino
(Arsenal, 6107, A. B. L.)
1519
Augusti Vatis odae.
In-4o ; au-dessous du titre, un encadrement ombré,
composé d'animaux, d'entrelacs et d'êtres fantastiques ;
au milieu, un médaillon à fond noir pointillé, Aa-
gvslvs Vates, de profil, couronné de lauriers, les che-
veux tombant jusqu'aux épaules ; au trait et d'un très
bon style, et rappelant les médaillons du XV^ siècle ;
Aiigvstvs au-dessus et Vates au-dessous. Son vrai nom
est Augustinus de Hieronymus Udinensis, professeur à
Udine, mort en 1529. Ce bois semble une copie de la
médaille de ce poète. Venetiis impésis Marciantonii moreti
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 127
xii, cal. Augusti M.DXXIX, (Bibl. communale d'Udine
21457 ; catalogue des médailles, recueil Giovanelli.
Cicogna, n® 585).
1519
Celestina. — Tragicomedia de Calisto e Melibea,
In-8o, paginé à partir de a-i jusqu'à la fin ; au-dessous
du titre, bois ombrés médiocres : une vieille femme parle
avec animation à une jeune femme dans une chambre à
coucher ; au-dessus de leurs têtes : vetvla cavda scor-
piONis ; deux bois ombrés représentent chacun une scène
à plusieurs personnages ; ils sont répétés seize fois ;
ces gravures sont médiocres. A la fin, feuillet cxxviii :
Finisse Impressa cô grân diligentia in uenetia per Cesaro
arriuabeno ueniiiano nelli anni del nostro signore mille
cinquecento e disinaoue a di dixe decembrio. Puis le
registre et la marque à fond noir avec les lettres A. G.
1519
Caii CAECiLij Junioris Nouocomensis Plinij Secondi
Veronensis Nepotis,
In-folio, 4 feuillets préliminaires et 247 feuillets numé-
rotés. Titre encadré d'une bordure ombrée avec un mau-
vais bois ombré représentant Pline, dans une chambre,
écrivant. Ce bois est plusieurs fois répété dans le volume,
et c'est le seul qu'il contienne. Au feuillet 247 : Venetiisper
loannem Riibeum Vercellésem. Anno Dni, M.CCCCCXIX.
Die. XV, Decembris,
1519
Al Lamenio délia Femena di Pre Agustino.
Petit in-8o de 4 feuillets en vers. Au-dessus du titre, un
bois au trait représentant le campanile et l'indication de
l'endroit où les condamnés subissaient leur peine.
128 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Cette peine était celle de la gabbia ou chebba à laquelle
on condamnait les ecclésiastiques coupables d'homicide,
de faux, de blasphème, etc. Les coupables, exposés
d'abord au pi/ori entre deux colonnes de la Piazzetta,
coiffés d'une couronne en papier, étaient ensuite enfer-
més dans une cage en bois placée à mi-hauteur du cam-
panile de Saint-Marc ; ils y restaient exposés à toutes les
intempéries et recevaient leur nourriture par le moyen
d'une corde qu'ils tiraient à eux. Le dernier auquel ce
supplice fut infligé (mars 1519) fut le prêtre Agustino
da S. Cassiano (Marciana, 2231).
1519
PoGGio FiORENTiNO (F. Bracciolini). Facétie.
In-S'» de 48 fî. chiffrés. Au frontispice, un bois légère-
ment ombré : à droite, trois personnages, dont un tient
un sac ouvert ; à gauche, un homme jetant dans ce sac
quelques billets ; à ses pieds, un panier plein de papier.
En haut, cette devise : Dio ie la mandi bona. Venetia,
Cesare Arrivabene, 1519. (Brunet, t. IV, col. 769).
1523. — Poggij florétini oratoris facundissimi face-
liarù aureus libellas,
In-8o de 71 ff. numérotés; caractères goth. Registre
a-i; frontispice de l'édition 1519. A la fin : Finit facetiarû
Poggi florentini apostolici secretarii, lepidissimus libellas
et Impressus autem Veneiiis samma diligentia per Bette-
dictum et Augustinum de Bindonis anno Domini Millesimo
quingentesimo Vigesimo tertio^ die vero uliimo septembris.
Au verso du dernier feuillet, la marque A. B. (Bibl. Nat.
de Florence).
Duc DE Rivoli.
(A suivre.)
COUP D'ŒIL
SUR
LES ALMANACHS ILLUSTRÉS DU XVIIl' SIÈCLE
Les almanachs illustrés du XVIII^ siècle ont plus
d'une fois déjà attiré l'attention des bibliographes, et
MM. Victor Champier, dans les Anciens Almanachs
illustrés (in-folio, Paris, Franzine, 4886), et Cohen, dans
son remarquable guide, dont la cinquième édition a été
revue, corrigée et considérablement augmentée par un
de nos savants bibliophiles, le baron Roger Portalis
(in-8o, Paris, Rouquette, 1887), ont donné la nomencla-
ture et quelquefois la description de ces charmants petits
livres dont la vogue s'accroît chaque jour et qui, dans
les ventes publiques, atteignent des prix souvent fort
élevés.
Cette vogue s'explique par des titres bizarres et
amusants, des figures finement gravées, des reUures
originales, élégantes et d'un caractère tout particulier.
D'Orfeuil, dans VEsprit des Almanachs (in-42, Paris,
V^« Duchesne, 1783) fait allusion à ces titres :
« La multiplicité des titres seule est dans le cas de
« plaire ; le philosophe même peut s'en amuser ; toute
« frivole qu'est cette matière, il ne la dédaignera pas,
« s'il veut considérer les différents ressorts de l'esprit
a humain, la variété des faits et sous combien de
1891 9
130 BULLELIN DU BIBLIOPHILE
a formes il peut se reproduire. L'homme léger rencon-
a trera de quoi satisfaire son goût, il voltigera sur un
« parterre émaillé de fleurs et il recueillera le suc de
a celles qui lui seront le plus analogues. »
La Bibliothèque Nationale possède dans Toeuvre de
Dambrun neuf suites d'eaux-fortes et de figures avant la
lettre, qui donnent une idée de la perfection avec
laquelle étaient interprétées les minuscules estampes
dessinées par Oueverdo (1)^
De très grands maîtres, Cochin, Eisen, Gravelot,
Moreau, et des artistes de beaucoup de valeur, Binet,
Choffard, Desrais, Dorgez, Marillier, Monnet, secondés
par d'habiles graveurs. Gaucher, de Ghent, Lemire
Longueil, Née, Poncet, ne dédaignaient pas de s'adonner
à l'illustration des almanachs (2).
(1) En suivant Tordre dans lequel Cohen (dans la 2* édition de son guide)
donne la description de ces neuf suites, les séries, de douze figures chacune,
appartiennent : 1* à YAlmanach des étrennes galantes des promenades et amuse-
ments de Paris, Boulanger, 1780; 2* à l'Itinéraire descriptif de Paris, avec indi»
cations quotidiennes, débit à Paris des comestibles les plus abondants et les
plus recherchés de chaque saison 1780, et aussi à YAlmanach des marchés de
Paris, étrennes curieuses et comiques avec des chansons intéressantes, dédié
à M"* Barbe, fruitière^rangère, Boulanger, 1782; 3* à YAlmanach galant, moral
et critique, en vaudevilles, Boulanger, 1783 ; 4* Almanach de l'amour, des ris et
des jeux, Boulanger, 1786 ; 5* Almanach de la vie pastorale, Boulanger, 1787 ;
6* Almanach des délices du Palais-Royal, id., 1790; 7* Almanach de la comédie de
Figaro, id., 1786; 8* Almanach de VcLmour parmi les jeux, id., 1786 ; 9* Étrennes
du sentiment, dédiées aux Ames bienfaisantes, id., 1784.
(2) Nous devons à Cochin huit années de YAlmanach iconologique, des
flronti^ices pour les étrennes mignonnes, et les étrennes lyriques anacréon-
tiques, etc.
A Eisen, des vignettes pour YAlmanach poétique et énigmatique 1756, pour
YAlmanach des Héroîdes 1773, des figures pour YAlmanach des théâtres, etc.
A Gravelot, 90 fig. pour YAlmanach utile et agréable de la loterie de l'École
royale militaire, iTSd; les neuf premières années de FAZina/iach iconologique,
les figures pour le parfait modèle, 1778, front, pour les étrennes chrono^
métriques de Pierre Leroy, célèbre horloger, 1760, etc.
A Moreau, les fig. pour YAlmanach de la Révolution 1792 et un frontispice,
pour Tannée 1784, des étrennes lyriques, etc.
ALMANACHS DU XVIII« SIÈCX,E 131
Quant à leurs reliures, les curieux en ont pu voir les
plus charmants spécimens à l'exposition rétrospective
des Arts libéraux (1889).
Ce qui ajoute encore à la valeur de ces almanachs,
c'est qu'ils sont d'une extrême rareté et presque tous
remplis d'intérêt ; ils peignent bien l'époque à laquelle
ils appartiennent ; certains d'entr'eux nous renseignent
sur les choses du jour (expositions) (1), plaisirs de chaque
saison (2), prix des denrées (3), prix des caricatures (4),
les découvertes de l'année (filage de l'huile pour les
bateaux en cas de grosse mer) (5), aérostation (6), fusil à
répétition (7), salon de Curtius (8), baquet de Mesmer (9),
A Binet, les Suppositions de l'enjouement 1787, le Microscope des visionnaireSy
1780 ; l'Optimisme de nouDcautés, 1788 ; le Trottoir de Permesse, 1788, etc.
Choffard, frontispice pour VAlmanach du duuseur, 1773.
Desrais, figures pour les Almanachs de modes et costumes.
Dorgez, les Intrigues de la capitale, 1790; TEsprit\da siècle 1790; les Per»
fidies supposées, 1793 ; les Colifichets Igrico-galanis, 1787 ; le Trésor des divi»
nations, 1791 ; le Jardin des âmes sensibles, 1793 ; le Panthéon des philan»
tropes, 1792 ; etc., etc.
Marinier, dans VAlmanach des eêcapades de Vamour, un front, et huit
figures charmantes : la vue. Fouie, le toucher, l'odorat, le goût, etc., frontis-
pice pour les étrennes d'Apollon, 1757.
Monnet, frontispices pour les étrennes Igriques, dernières années, et YAlmŒ»
nach des grâces, 1784.
(1) Délices de Cérès Pomone et Flore, 1774.
(2) Almanach de l'amour des ris et des jeux, 1786.
(3) Almanach du comestible, VUS»
(4) Quelle folie ou galerie des caricatures vers 1798, almanach rarissime,
orné de douze réductions très finement gravées, des caricatures de Carie
Vemet : les Incroyables, l'Anglomane, ma Chevelure s'en va, etc.
(5) Almanach de Gotha, 1786.
(6) Almanach des Folies modernes, 1781 ; le Trésor des almanachs, 1783 ;
Colifichets Igrico-galants, 1790.
(7) Étrennes mignonnes, curieuses et utiles pour l'année bissextile 1776.
Le S' de Fasting, colonel, de Berghen en Norwi^ge, a ihventé une arme à feu
avec laquelle on peut tirer 10 à 20 coups dans* une minute ; Tarme n'est pas
plus pesante qu'un fusil ordinaire, et il s'occupe actuellement d'une autre
machine à peu près semblable, avec laquelle on pourra tirer 30 coups dans
mie minute.
(8) Aven ures parisiennes, 1784.
(9) Almanach des Folies modernes.
432 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
machine à engraisser les volailles (1), recettes nom-
brueses (2), etc., etc.), nous racontent de piquantes
anecdotes ou nous donnent les couplets à la mode, les
chansons nouvelles, les ariettes et vaudevilles les plus
en vogue.
D'autres, tels que les Halles et Marchés, les belles Mar-
chaudes de Paris , les Promenades et amusements de
Paris, les Délices du Palais-Royal, la Fête des bonnes
gens, 1787, etc., nous montrent dans leurs délicieuses
gravures, des scènes prises sur le vif, avec tout un petit
monde sémillant et gracieux, et nous donnent Tidée de
ce qu'étaient alors les grands boulevards, les Champs-
Elysées, l'assemblée à Longchamps, le Palais-Royal, la
foire Saint-Germain, la fête de Sceaux, la sortie de
l'Opéra, le Louvre, etc.. les intérieurs de boutiques,
les représentations théâtrales, les jeux innocents, les
mœurs champêtres, etc.
D'autres encore nous fournissent de précieux détails
sur les modes et les costumes (3), les coiffures, les fêtes
données à Paris en l'honneur du mariage du Dauphin,
celles données à l'occasion de l'heureux accouchement
de la reine, 1782 ; celui intitulé le JByou de la reine, 1778,
contient très finement gravés les portraits de la famille
royale ; tous nous révèlent le caractère de l'époque, et à
ce titre, nous sont des documents utiles pour connaître
mieux encore la fin du XVIII® siècle.
Tous ces almanachs avaient des éditeurs particuliers,
Desnos, Boulanger, Jubert, Janet, Tiger, Marçilly, qui,
en leur qualité de relieurs-doreurs, faisaient coquette-
Ci) Almanach de poche Liège^ 1764.
<2) Éirennes de Minerve ^ 171 A^
(3) Recueil général de costumes et de modes, Paris, Desnos, 1781.
Almanach galant des costumes français les plus à la mode, Boulanger, 1782.
Souvenir à l'anglaise (Coiffures), 1788.
Nouveau chansonnier (Coiffures), 1787.
Les Fantaisies aimables, 1783.
ALMANACHS DU XYIII® SIÈCLE 133
ment habiller ces livres tous mignons, destinés aux petites
maîtresses, aux gens d'affaires, voyageurs, militaires,
joueurs, etc. Les uns étaient reliés en maroquin rouge
ou vert, souvent ornés sur les plats d'attributs tels que :
Colombes se becquetant, instruments de musique, car-
quois garnis de flèches, cœurs enflammés avec le flam-
beau allumé de Fhymen, accompagnés de devises : je
brûle pour vous, Tamour les couronne, agréable à
tous, etc.
Les autres, recouverts de soie peinte à la gouache,
brodée de soie et d'or ou garnie de paillettes étincelantes;
d'autres, plus riches encore, avec un médaillon conte-
nant une délicieuse miniature, le tout protégé par un
étui de maroquin doublé de tabis vert ou bleu.
Ceux-là, sans doute, étaient destinés à être offerts en
présent à Céphise, Doris ou Cydalise.
Vous souhaitez, Philis, un almanach nouveau ;
De Paris, voilà le plus beau.
S'il vous est souvent nécessaire.
Ah ! du moins en rouvrant, souvenez-vous toigours.
Qu'il n'est point de mois, point de jours
Où je ne pense à vous et n'aspire à vous plaire. ( 1 )
a Puissent, Iris, ces petites étrennes,
« Vous engager à me donner les miennes. » (2)
Les acheteurs trouvaient à leur gré dans ce choix
varié, presque pittoresque, et chacun emportait avec lui
son secrétaire pour l'année; bien heureux celui qui
n'avait à remplir que la colonne du gain. Car, dans ces
almanachs, après le calendrier, viennent 24 pages, deux
par mois, avec colonnes, perte et gain, suivies des
(1) Almanach nouveau, sans lieu ni date, composé de 24 pages gravées^
avec une vignette à chaque page, que ron peut attribuer à Gravelot, servant
à illustrer un conte eu vers légèrement badin*
(2) Le don du sentiment, étrennes expressives du cœur, 1782»
134 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
tablettes économiques, pour servir, à Taide d'un stylet
minéral, à déposer comme dans le sein d'un ami fidèle,
les secrets et sentiments du cœur, a Ces tablettes sont, en
effet, le confident assuré de nos pensées. Si les dames
n'en avaient pas d'autres, elles craindraient moins les
indiscrétions. »
A partir du petit almanach de Paris^ augmenté pour
4733, à Paris, chez Papillon, graveur en bois, et l'un des
premiers à contenir de jolies gravures, les mois de
l'année, les almanaclis du XVIl^ siècle sont nombreux,
trop nombreux même pour arriver en une fois à faire un
travail complet; mais si chacun apporte une pierre à
l'édifice, ce travail peut être achevé quelque jour.
En 1732, avec privilège du roi, donné à François
Jouenne, commence la série des Etrennes mignonnes et
utiles,
« Elles vous offrent un cœur constant tendre et fidèle,
Ardent, sincère et plein de zèle. »
a Elles sont mignonnes, curieuses et utiles. Elles vous
« apprennent à penser à bien des choses nécessaires dans
dt le cours de la vie. Elles font ressouvenir des choses
« passées et donnent envie d'en apprendre plus. Elles
a contiennent un calendrier exact des jours de l'année,
« augmenté du lever de la lune ; la création du monde,
n son antiquité , la composition du monde , son
a mouvement perpétuel, la variété de la vie des
a hommes. Noms des mort^ dans un âge avancé depuis
a un an. Généalogie des maisons régnantes. Idée gêné-
d raie de la France ; ses provinces, villes capitales et
a rivières. Chronologie des rois. Les 39 gouvernements
« généraux. Les 30 intendances et généralités. Intendance
« de marine et des colonies étrangères. Les officiers de
« justice, les officiers généraux d'armée sur terre , sur
« mer et d'artillerie, les ordres de chevalerie, le détail
« de Paris^ les archevêchés et évéchés, l'établissement
ALMANACHS DU XVÏII® SIÈCLE 135
€ des ordres monastiques et religieux. Origine des curio-
€ sites ecclésiastiques. Origine des curiosités naturelles,
€ origine des différents arts, des différents usages, curio-
€ sites diverses. Chronologie des choses remarquables. "»
Tel est le plan adopté pour la publication de ces
étrennes, ornées seulement d'un frontispice gravé et
d'une carte de France. Comme ces figures, dit Jombert
dans Tœuvre de Cochin, devaient se tirer à quarante
ou cinquante mille exemplaires, Cochin gravait quatre
fois sur la même planche les mêmes sujets. Cette publi-
cation se fait toujours en 1790, année dans laquelle on
donne la description du costume des membres des États-
généraux, noblesse, clergé, tiers-ordre, et encore en
1829(1).
En 1745, un almanach de tout petit format est imprimé
à Amsterdam, avec douze charmantes vignettes à mi-
page, au-dessous desquelles se lit un quatrain.
Pour le mois de décembre :
Le monde est une mer orageuse, implacable,
La vie est un vaisseau fragile au moindre effort,
La mort est un écueil terrible, inévitable
Et ce funeste écueil est notre dernier port.
En 1759 paraît l'un des plus jolis et des plus rares
almanachs du XVIII** siècle, V Almanach utile et agréable
de la loterie de l Ecole Royale militaire^ où Ton voit son
origine, son progrès, son établissement en France et la
façon de placer le plus avantageusement sa mise, enri-
chi de 90 fig. en taille-douce, qui pourront servir de
devises, chaque figure accompagnée d'un quatrain rimé
(1) La grand'mère de M. le baron Pichon, l'aimable autant que savant (et ce
n est pas peu dire) président de la Société des Bibliophiles Français, faisait
acheter chaque année chezTigerles Étrennes Mignonnes. Elle mourut en cette
année 1829.
136 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
par Gravelot et représentant de gracieuses scènes enfan-
tines.
1764 est la première année des almanachs Gotha, qui
se suivent sans interruption, la plupart ornés de jolies
figures de Chodowiecki.
En 1765 et pendant les seize années qui suivent, Gra-
velot et Ck)cliin nous donnent VAlmanach iconologiqaey
orné de figures avec explication, recueil précieux et
difficile à rencontrer en reliure uniforme, surtout en
maroquin.
Eîn cette même année Sautereau de Marsy fait paraître
la première des quarante et une années de VAlmanach
des muses. Un frontispice gravé pour chaque volume.
En 1766, Desnos met en vente VAlmanach de Vindica--
leur fidèlCy orné de cartes routières de France et d'un
frontispice représentant les différentes manières de
voyager, à cheval, en carrosse, en bateau ou en coche
d'eau.
En 1768, il donne une nouvelle édition ou plutôt
remet en vente avec un nouveau titre l'édition non
épuisée des Etrennes Françaises, dédiées à la ville de
Paris, parues pour la première fois en 1766, chez Pierre-
Guillaume Simon, avec deux planches d'armoiries, cinq
jolies vignettes gravées par Saint-Aubin, et une sixième
par Gravelot.
En 1771, il dédie à Madame la Dauphine les Etrennes
des Saisons ou extrait des plus beaux poèmes sur les
saisons, avec un très joli portrait de Madame la Dau-
phine et quatre figures, le printemps, l'été, l'automne et
l'hiver.
Enfin, arrive le déluge des almanachs et il nous sem-
ble assez curieux de reproduire les annonces suivantes
faites par Desnos, Laporie, Boulanger, Jubert et Janet.
« Le sieur Desnos annonce qu'il vient de mettre en
« vente, pour l'année 1774, la plus jolie coUectioa
ALMANACHS DU XVin« SIÈCX£ 137
d'almanachs, bijoux d'étrennes et les plus rares que
l'on puisse désirer. Ck)mme le nombre en est grand,
nous n'en désignons qu'une vingtaine des plus inté-
ressants, i^ Almanach géographique ou petit atlas
élémentaire, dédié au roi de Danemarck. 2o L'idée de
la géographie ou de l'histoire moderne. 3^ L'indicateur
fidèle qui enseigne généralement toutes les routes de
France, utile aux commerçants et aux voyageurs.
49 L'iconologie historique et généalogique des rois de
France, avec leurs portraits en médaillon. En tête est
celui de Louis XV, supérieurement gravé. 5® Les anec-
dotes de Louis le bien-aimé. 6^ Les souvenirs immor-
tels ou tableaux poétiques du roi et des princes du
sang, présentés à sa Majesté. ?<> Les quatre saisons et
les quatre heures du jour, en tête est le portrait de
Madame la Dauphine. S^Les délices de Gérés, Pomone
et Flore ou la campagne utile et agréable, orné de
douze estampes relatives aux amusements de chaque
mois de Tannée. 9° Opuscules poétiques, petit recueil
de pièces fugitives de M. de Voltaire. 40> Le petit
Rameau ou principes courts et faciles pour apprendre
soi-même la musique, avec de nouvelles ariettes et
estampes relatives, avec le portrait de l'auteur. 11® Le
courtisan sans art ou les complimens sans fard. 12o
L'almanach des trois fortunes. 13® L'oniroscopie ou
application des songes aux n®« de la loterie de l'École
Royale militaire. 14® Le secrétaire des dames, avec
les promenades des environs de Paris. 15® Le
secrétaire économique des messieurs. 16® Le néces-
saire aux militaires, négocians, gens d'affaires et
voyageurs. 17® Le mémorial des gens d'esprit. 18® Les
« Étrennes des saisons avec un poème connu sur les
« saisons. 19® Les Etrennes de l'amour et celles du
« sentiment. 20® Les Etrennes de Minerve aux artistes,
€ encyclopédie économique ou l'Alexis moderne, conte-
138 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« nant huit cents difiPérents secrets sur l'agriculture, les
a arts et métiers, extraits de plus de mille auteurs et
« des meilleures recettes en 4 vol. in-24, brochés 4 livres,
« le calendrier perpétuel avec Texplication de ses usages.
« Toutes ces étrennes réunissent le nécessaire etFagréable.
a Elles méritent encore Taccueil le plus favorable, à cause
« des tablettes avec perte et gain et du papier nouveau,
<L de la composition du sieur Desnos, qui réunit tous les
« avantages de celui d'Hollande {sicj et qui peut être em-
a ployé à toutes sortes d'usages, pour écrire et dessiner
« au moyen d'un stylet minéral sans fin, enjolivé de
« toutes les façons, adapté à ces tablettes, qui tient lieu
« de plume, d'encre et de crayon et qui sert longtemps
a sans qu'on soit obligé de tailler la pointe. Le sieur
a Desnos, qui n'a d'autre but que la satisfaction du
« public, a décoré ces almanachs de reliures les plus
« élégantes, en maroquin veau et carton, avec ferme-
d tures, de manière à ne pas s'ouvrir dans la poche.
a Ces almanachs sont enrichis d'estampes, qui les distin-
« guent des autres et sont de différentes grandeurs et
« de prix différents depuis 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et
« 12 livres, suivant les reliures.
« La notice des almanachs du sieur Desnos (1), petite
<L brochure d'environ cent pages, où l'on donne une
« idée de chacun pour déterminer le choix du public,
« se distribuera gratuitement aux personnes qui feront
a l'acquisition de quelque exemplaire. Autrement, elle
« se vendra une livre quatre sols. Le catalogue général
a desdits almanachs se distribuera aussi gratis et indis-
« tinctement à ceux qui désireront en prendre connaîs-
(L sance. »
( 1 ) Ces almanachs étaient connus sous le nom des Desnos. Ceux dont les
figures étaient enluminées se vendaient plus cher : 6 livres au lieu de 4 livres
10 sols.
ALMANACHS DU XVHI® SIÈCLE 139
Heureux, trois fois heureux I le bibliophile qui décou-
vrira ce rarissime catalogue. Il pourra se vanter de
n'avoir pas perdu sa journée !
Desnos portait au plus haut degré Tart de la réclame.
Dans la préface du Mémorial des gens d' esprit ^ 1775,
intitulée les rêveries d'un homme tout éveillé, pensées
badines, l'éditeur explique le titre, le but et l'utilité de
cet almanach, composé seulement de feuillets blancs du
papier de son invention.
a Que d'auteurs ne font que barbouiller du papier,
« semblables à ces chenilles qui gâtent les feuilles des
« arbres sur lesquelles elles rampent ! Que de gros livres
« qui sont moins que de petites brochures ! que de petites
« brochures qui sont moins que rien ! Au milieu de tant
c de célibataires ou de gens bons à rien, car c'est la même
« chose, au milieu de tant de volumes et d'écrits en tous
« genres, notre almanach aura seul la gloire d'être utile.
« C'est ce que nous allons prouver du mieux qu'il sera
« possible.
« Ce petit livre ne saurait manquer d'abord d'être moins
c rempli de fautes que les divers ouvrages de littérature
« dont nous sommes inondés tous les jours, puisque les
« trois quarts de ses feuilles sont en blanc. Que les
c libraires s'avisent aussi de ne donner au public que
« des volumes en blanc et nous défions la critique d'y
« trouver à mordre. Que d'auteurs passeraient encore
« pour des gens d'esprit s'ils avaient connu l'expédient
« dont nous parlons ici... etc.. etc....
a La conversation de tant de gens serait-elle si souvent
« ennuyeuse, s'ils avaient coutume d'écrire les jolies
« choses, les traits saillants qu'ils entendent dire, afin de
« les apprendre par cœur et de les débiter ensuite dans
« le monde comme s'ils étaient d'eux-mêmes etc. etc.. ï>
Dans un autre almanach de Desnos, le Babillard ins-
truit, 1787, contenant un choix de choses qu'il est le plus
140 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
important de ne pas ignorer, avec des anecdotes et des
observations intéressantes sur les mœurs et le génie des
dififérents peuples, notamment des Français, des Anglais,
des Espagnols, terminé par quelques anecdotes de la
jeunesse de feu M. de Voltaire, c'est le recueil qui a
rhonneur de se présenter en public :
a Oui, lecteur judicieux, voici le plus original et le
« plus piquant des recueils de mon genre. N'allez point
a vous aviser de croire qu'avec son apparence de légè-
re reté,il ne soit point très grave, très moral, très penseur,
a très raisonnable. Je suis tout cela, mon cher lecteur ;
« car c'est moi-même qui ai l'honneur de parler à
« vous.
a Les critiques de mauvaise humeur (et il n'y en a guère
« que de cette espèce) vous diront peut-être que j'ai un
« air de famille. Ne les croyez point, ami lecteur. Com-
cc mencez par me lire et vous finirez par suivre l'avis
« que je prends la liberté de vous donner et je vous jure,.
« foi d'almanach de bonne compagnie, que je serai tou-
« jours assez vengé du dédain que ces messieurs affectent
a ordinairement, je ne sais trop pourquoi, pour, les pro-
« ductions de mon espèce.
« Mais cela ne suffit pas, Mesdames ; car c'est princi-
« paiement à vous que j'aime à avoir affaire. J'ai ma
« forme comme un autre almanach et je me flatte néan-
a moins dans mon petit volume de vous laisser peu de
« choses à désirer, d'abord sur l'agrément qu'il faut
a toujours avoir soin de faire marcher le premier avec
a vous, en deuxième lieu sur l'utilité qu'on doit toujours
« faire venir à la suite. C'est, ce me semble, un assez
« grand mérite pour une espèce de hasard du coin du
« feu, tel que je suis..., etc., etc.
a A l'égard de vous. Messieurs, vous pourrez vous
a apercevoir du reste que mon rédacteur n'a eu garde
a de vous oublier, puisqu'il a eu la bonté de pousser
ALMANACHS DU XVin® SIÈCLE 141
4 rérudition en ma faveur au point de me mettre à
« même de pouvoir vous offrir tout ce qui peut servir à
« rendre les hommes meilleurs et plus dignes d'eux-
a mêmes, et encore une fois, Messieurs, ce n'est pas un
« petit service que celui-là.
^ J'ai dit, Messieurs et Mesdames; je finis en me
« remettant sous vos mains, et je suis toujours, quoi ?
« Un Almanach. »
En 1779, un libraire, relieur*doreur, Laporte, rue des
Noyers, publiait un avis que l'on peut lire dans Falma-
nach, V Amour à répreuve ou le bijou bien gardé.
d L'accueil favorable que le public a toujours fait à
« cette espèce d'almanach, avec de petites gravures dont
« le lecteur sait le sujet, aussitôt qu'il a lu la chanson,
€ engage le libraire à en faire paraître un tous les ans,
« de même format avec des sujets différents, pour que
« ceux à qui ils plairont puissent en faire une collection
« qui leur deviendra par la suite aussi précieuse qu'a-
« gréable. d
En 1789 également. Boulanger, relieur doreur, dans
l'almanach galant moral et critique en vaudevilles, fait, à
la dernière page, une annonce d'un style presqu'incom-
préhensible, mais trop intéressante pour ne pas être
reproduite exactement,
« Boulanger, relieur et doreur, vend différents alma-
c nachs pour les berloques de montres en papier et en
« rubans, et des vues d'optique, almanachs pour les étuis
« à ressorts, les pyramides et pour les tableaux, aima-
« nachs pour les caves, des nécessaires et pour tous
« autres bijoux de poche, Almanachs de cabinet de toutes
e grandeurs avec figures gravées par d'habiles artistes
« le tout encadré sous glaces.
142 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« On trouvera aussi chez Fauteur dès plans et cartes
« géographiques et divers sujets avec figures et paysages,
« le tout enluminé et peint avec tout l'art possible pour
« orner dififérentes tabatières et propres à être encadré
a séparément pour les cabinets. Almanachs de poche
« depuis six lignes jusqu'à quatre pouces de hauteur,
a avec figures, chansons et musique, vend aussi des
a lettres de change et billets à ordres gravés en taille
« douce. L'auteur vient de mettre au jour deux almanachs
c nouveaux ornés chacun de douze estampes galantes
d morales et critiques, et analogues aux plaisirs de la
« ville et de la campagne pour chaque mois, avec mu-
d sique, perte et gain et chansons relatives aux sujets,
« il fait et vend toutes sortes de couvertures pour les
«c almanachs. d
En 1781, Boulanger s'intitule doreur sur cuir et sur
soie (1) et vend :
a L'almanach galant avec figures et chansons, celui des
a plaisirs de la ville et de la campagne aussi avec figures
«c et chansons. L'almanach des coiffures et costumes, douze
« figures de femmes et six d'hommes en pied avec chansons»
« L'almanach a^BC douze figures sur l'heureux accouche-
a ment de la reine, les réjouissances qui l'ont suivi et sur
«c l'entrée de leurs majestés dans la capitale. Il s'encadre
d par un deux ou trois mois. On le vend aussi relié en
a maroquin avec glace et sans glace, et des vers pour la
a reine . L'almanach des quatre saisons et des quatre heures
« du jour avec jolies figures analogues, laquel s'encadre
« et se relie comme le précédent. L'almanach des amuse-
(1) Boulanger ne se contente pas d'être éditeur, relieur, doreur, doreur sur
cuir et sur soie ; il est encore auteur : ainsi que le témoigne le privilège du
roi qui lui est accordé pour faire imprimer et douer au public un ouvrage de
sa composition intitulé almanach galant, moral et critique ou vaudevilles,
orné de gravures. •
ALMANACHS DU XYIII® SIÈCLE 143
€ ments et promenades de Paris, et de ses environs avec
« douze estampes et chansons relatives au sujet. Toutes
« ces figures sont dessinées et gravées par M. Queverdo,
€ dont les talents sont connus. On trouve chez Boulanger
« différents almanachs pour les breloques,
« Il fait et vend toutes sortes de jolies couvertures or fin^
« ou en commun pour les almanachs exécutés dans le plus
« bon goût soit en maroquin et mouton ou en bazane,
« et dans les grandeurs convenables à tous les almanachs,
« couvertures peintes et miniatures dans le dernier goût*
c Ck)uvertures brochées supérieurement, on garantit la
« broderie. »
En 1786, à la dernière page d'un de ses plus char*
mants almanachs, les délices du Palais-Royal^ Boulan-
ger donne le catalogue de ceux qu'il met en vente :
« Almanachs grandeur d'étrennes ornés de douze fig*
« chacun : 1° du Palais-Royal ; 2® de la Comédie de
« Figaro ; 3® de l'amour parmi les jeux ; 4fi des prome-
« nades de Paris ; 5® des marchés de Paris ; 6<> des
« costumes des deux sexes ; 7® galant moral et critique ;
« 8o étrennes du sentiment ; 9° étrennes anacréontiques ;
« IQo de l'amour, du ris et des jeux.
«L'on trouvera chez' lui, bijoux relatifs et toutes
« sortes de couvertures, d
Dans un almanach, les Intrigues dé^la Capitale, pu-
blié en 1782, chez Jubert, à Paris, nre Saint-Jacques,
la porte cochère vis-à-vis les Mathurins, est imprimé
l'avis suivant :
« Jubert, successeur dfe M. Boimare, doreur sur cuir,
« fait et tient magasin de toutes sortes de jolies couver-
« tures d'almanachs, maroquin de toute couleur, avec
< glaces et sans glaces, petits brillants et beaux brillants
« avec jolis médaillons $t cercles d'or et d'argent, à la
144 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
a provençale, brodés de toute façon avec médaillons,
« peintures et cercles, il tient tout ce qu'il y a de plus
<i nouveau en ce genre et de mieux fait en dedans, le
<i tout avec glaces et petit gousset, petit almanach à la
a Dauphine (1) avec de jolies gravures et glaces pour les
<c dames, il pose toutes les armes et chiffres que l'on
<c désire, des jolis médaillons et toutes sortes d'inscrip-
« tions sur les portes-feuilles et registres, il fait tout ce
a que Ton peut demander dans ce genre, il fait aussi les
a envois pour la province et les pays étrangers. »
Plus tard, Janet, successeur de Jubert, annonce dans
V Apologie de la tendresse ou le pouvoir de Vamitié ±791 y
quelques almanachs nouveaux qui se trouvent chez lui
et qui se vendent ainsi que beaucoup d'autres brochés ou
brodés avec couvertures de maroquin, mouton etc., avec
étuis, glaces et sans glaces.
En 1793, la veuve Tiger, au Pilier Littéraire, place de
Cambrai, publie des almanachs et tient pour eux, ma-
nufacture de couvertures*
En 1795, Demoraine, imprimeur- libraire, rue du Petit-
Pont, annonce dans le Chasseur et la Meunière, alma-
nach chantant, qu'il tient une spécialité d'almanachs
connus sous le nom d'Étrennes.
D'autres libraires, Lattre, Duchesne, Lesclapart, Va-
lade, Langlois, Cailleau, Levacher, GuefBer, Ouvrier,
Esnault et Rapilly, Bailly, Ardoin, etc., impriment et
répandent à profusion toutes sortes d'almanachs illustrés.
Il y en a d'historiques, d'anecdotiques, de géogra-
phiques, de chronométriques, de lyriques, d'anacréon-
tiques ; il y en a qui sont tout cela, comme le Petit
(1) Sans donte l'almanach en forme de carnet oblong, contenant le calen-
drier avec petites figures en tête de chaque mois et des feuillets blancs pour y
écrire avec le stylet minéral ; la reUure en maroquin, avec ^ace sur l'un des
plats. Sur l'autre plat, un dauphin couronné.
ALMANACHS DU XYim SIÈCLE 145
théâtre de V Univers, étrennes naturelles précieuses, ins-
tructives et amusantes, 1784 ; il y a même celui qui nous
est pas un, le Babillard instruit, 1787.
Il y en a pour la cuisine, VAlmanach du comestible;
nécessaire aux personnes de bon goût et de bon appétit,
1778 ; pour le jardinage, les Délices de Cérès^ Pomone et
Flore, 1774 ; pour les voyageurs, V Indicateur fidèle, 1766.
La danse a VAlmanach dansant, 1770 ; la chasse.
VAlmanach du chasseur, 1773 ; la religion, VAlmanach
théocratique, 1797 ; les fables ont le leur : les Étrennes
d Esope aux Français.
Les Métamorphoses di Ovide en chansons et le Petit
Manuel mythologique sont ceux de la mythologie.
Et même I les maris infortunés ont le leur : VAlmanach
des C...S, 1740.
Les enfants ne sont pas oubliés ; le Devoir des enfants,
1793, par Silvàin Maréchal, a été écrit et illustré pour eux.
En regard d'une figure représentant une scène enfan-
tine, le nouvel an, l'école, les vacances, la bonne fête,
les oreilles d'âne, la danse, etc... une page de texte gravé
relatif au sujet et commençant par ces mots : ^ Mes
petits amis > (pour l'école). « Mes petits amis, le jeune
arbre qui prend une croissance irrégulière ne regarde
pas de mauvais œil le jardinier sage qui le redresse.
Imitez ce jeune arbre, un jour vous nous remercierez
des rigueurs de nos leçons, etc., etc. d
Il y en a de microscopiques Paul et Virginie, 1793;
le Télescope des clairvoyans, 1791, etc., que l'on met dans
des médaillons servant de breloques ou que le confiseur
Chervain, au grand Mazarin, place dans les bonbons à
surprise qu'il vend à ses nombreux clients.
M. le baron Pichon a la bonne fortune d'en posséder
plusieurs dans sa précieuse collection ; l'un surtout très
remarquable, contenu dans un étui en or (0"» 025 de hau-
teur, On>02 de largeur), breloque en forme délivre, sur
1891 10
144 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
n provençale, brodés de toute façon avec médaillons,
« peintures et cercles, il tient tout ce qu'il y a de plus
^ nouveau en ce genre et de mieux fait en dedans, le
<i tout avec glaces et petit gousset, petit almanach à la
a Dauphine (1) avec de jolies gravures et glaces pour les
« dames, il pose toutes les armes et chiffres que l'on
« désire, des jolis médaillons et toutes sortes d'inscrip-
« tions sur les portes-feuilles et registres, il fait tout ce
<i que l'on peut demander dans ce genre, il fait aussi les
« envois pour la province et les pays étrangers. »
Plus tard, Janet, successeur de Jubert, annonce dans
V Apologie de la tendresse ou le pouvoir de V amitié 1797,
quelques almanachs nouveaux qui se trouvent chez lui
et qui se vendent ainsi que beaucoup d'autres brochés ou
brodés avec couvertures de maroquin, mouton etc., avec
étuis, glaces et sans glaces.
En 1793, la veuve Tiger, au Pilier Littéraire, place de
Cambrai, publie des almanachs et tient pour eux, ma-
nufacture de couvertures»
En 1795, Demoraine, imprimeur-libraire, rue du Petit-
Pont, annonce dans le Chasseur et la Meunière, alma-
nach chantant, qu'il tient une spécialité d'almanachs
connus sous le nom d'Étrennes.
D'autres libraires, Lattre, Duchesne, Lesclapart, Va-
lade, Langlois, Cailleau, Levacher, GuefBer, Ouvrier,
Esnault et Rapilly, Bailly, Ardoin, etc., impriment et
répandent à profusion toutes sortes d'almanachs illustrés.
Il y en a d'historiques, d'anecdotiques, de géogra-
phiques, de chronométriques, de lyriques, d'anacréon-
tiques ; il y en a qui sont tout cela, comme le Petit
(1) Sans donte l'almanach en forme de carnet oblong, contenant le calen-
drier avec petites figures en tête de chaque mois et des feuillets blancs pour y
écrire avec le stylet minéral ; la reliure en maroquin, avec glace sur l'un des
plats. Sur l'autre plat, un dauphin couronné.
ALMANACHS DU XVim SIÈCLE 145
théâtre de V Univers, étrennes naturelles précieuses, ins-
tructives et amusantes, 1784 ; il y a même celui qui nous
est pas un, le Babillard instruit, 1787.
Il y en a pour la cuisine, VAlmanach du comestible,
nécessaire aux personnes de bon goût et de bon appétit,
1778 ; pour le jardinage, les Délices de Cérès^ Pomone et
Flore, 1774 ; pour les voyageurs, V Indicateur fidèle, 1766.
La danse a VAlmanach dansant, 1770 ; la chasse.
YAlmcaiach du chasseur, 1773 ; la religion, VAlmanach
théocratique, 1797 ; les fables ont le leur : les Étrennes
d Esope aux Français.
Les Métamorphoses d! Ovide en chansons et le Petit
Manuel mythologique sont ceux de la mythologie.
Et même I les maris infortunés ont le leur : VAlmanach
des C...S, 1740.
Les enfants ne sont pas oubliés ; le Devoir des enfants,
1793, par Silvàin Maréchal, a été écrit et illustré pour eux.
En regard d'une figure représentant une scène enfan-
tine, le nouvel an, l'école, les vacances, la bonne fête,
les oreilles d'âne, la danse, etc.. une page de texte gravé
relatif au sujet et commençant par ces mots : ^ Mes
petits amis > (pour l'école). « Mes petits amis, le jeune
arbre qui prend une croissance irréguUère ne regarde
pas de mauvais œil le jardinier sage qui le redresse.
Imitez ce jeune arbre, un jour vous nous remercierez
des rigueurs de nos leçons, etc., etc. d
n y en a de microscopiques Paul et Virginie, 1793;
le Télescope des clairvoyans, 1791, etc., que l'on met dans
des médaillons servant de breloques ou que le confiseur
Chervain, au grand Mazarin, place dans les bonbons à
surprise qu'il vend à ses nombreux clients.
M. le baron Pichon a la bonne fortune d'en posséder
plusieurs dans sa précieuse collection ; l'un surtout très
remarquable, contenu dans un étui en or (0™ 025 de hau-
teur, 0»02 de largeur), breloque en forme délivre, sur
1891 10
138 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
<c nant huit cents différents secrets sur l'agriculture, les
ce arts et métiers, extraits de plus de mille auteurs et
« des meilleures recettes en 4 vol. in-24, brochés 4 livres,
« le calendrier perpétuel avec Texplication de ses usages.
« Toutes ces étrennes réunissentle nécessaire et l'agréable,
a Elles méritent encore l'accueil le plus favorable, à cause
« des tablettes avec perte et gain et du papier nouveau,
« de la composition du sieur Desnos, qui réunit tous les
<L avantages de celui d'Hollande {sicj et qui peut être em-
« ployé à toutes sortes d'usages, pour écrire et dessiner
a au moyen d'un stylet minéral sans fin, enjolivé de
a toutes les façons, adapté à ces tablettes, qui tient lieu
<c de plume, d'encre et de crayon et qui sert longtemps
<c sans qu'on soit obligé de tailler la pointe. Le sieur
<i Desnos, qui n'a d'autre but que la satisfaction du
<c public, a décoré ces almanachs de reliures les plus
« élégantes, en maroquin veau et carton, avec ferme-
ce tures, de manière à ne pas s'ouvrir dans la poche.
<t Ces almanachs sont enrichis d'estampes, qui les distin-
ct guent des autres et sont de différentes grandeurs et
ce de prix différents depuis 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 40 et
« 42 livres, suivant les reliures.
a La notice des almanachs du sieur Desnos (4), petite
« brochure d'environ cent pages, où l'on donne une
ce idée de chacun pour déterminer le choix du public,
ce se distribuera gratuitement aux personnes qui feront
ce l'acquisition de quelque exemplaire. Autrement, elle
« se vendra une livre quatre sols. Le catalogue général
ce desdits almanachs se distribuera aussi gratis et indis-
<t tinctement à ceux qui désireront en prendre connais-
<L sance. »
( 1 ) Ces almanachs étaient connus sous le nom des Desnos. Ceux dont les
figures étaient enluminées se vendaient plus cher : 6 li\Tes au lieu de 4 livres
10 sols.
ÂLMANACUS DU XVIW SIÈCLE 139
Heureux, trois fois heureux î le bibliophile qui décou-
Trira ce rarissime catalogue. Il pourra se vanter de
n'avoir pas perdu sa journée !
Desnos portait au plus haut degré Tart de la réclame.
Dans la préface du Mémorial des gens desprity 1775,
intitulée les rêveries d'un homme tout éveillé, pensées
tmdines, l'éditeur explique le titre, le but et Tutilité de
cet almanach, composé seulement de feuillets blancs du
papier de son invention.
c Que d'auteurs ne font que barbouiller du papier,
c semblables à ces chenilles qui gâtent k»s feuilles des
c arbres sur lesquelles elles rampent ! Que de gros livres
a qui sont moins que de petites brochures î que de petites
c brochures qui sont moins que rien ! Au milieu de tant
c de célibataires ou de gens bons à rien, car c'est la même
c chose, au milieu de tant de volumes et d'écrits en tous
c genres, notre almanach aura seul la gloire d'être utile.
« C'est ce que nous allons prouver du mieux qu'il sera
« possible.
a Ce petit livre ne saurait manquer d'abord d'être moins
« rempli de fautes que les divers ouvrages de littérature
« dont nous sommes inondés tous les jours, puisque les
a trois quarts de ses feuilles sont en blanc. Que les
« libraires s'avisent aussi de ne donner au public que
« des volumes en blanc et nous défions la critique d'y
« trouver à mordre. Que d'auteurs passeraient encore
(L pour des gens d'esprit s'ils avaient connu l'expédient
(L dont nous parlons ici... etc.. etc....
« La conversation de tant de gens serait-elle si souvent
(L ennuyeuse, s'ils avaient coutume d'écrire les jolies
(L choses, les traits saillants qu'ils entendent dire, afin de
« les apprendre par cœur et de les débiter ensuite dans
<( le monde comme s'ils étaient d'eux-mêmes etc. etc.. »
Dans un autre almanach de Desnos, le Babillard ins'
trait, 1787, contenant un choix de choses qu'il est le plus
440 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
important de ne pas ignorer, avec des anecdotes et des
observations intéressantes sur les mœurs et le génie des
différents peuples, notamment des Français, des Anglais,
des Espagnols, terminé par quelques anecdotes de la
jeunesse de feu M. de Voltaire, c'est le recueil qui a
Thonneur de se présenter en public :
« Oui , lecteur judicieux , voici le plus original et le
« plus piquant des recueils de mon genre. N'allez point
a vous aviser de croire qu'avec son apparence de légè-
« reté,il ne soit point très grave, très moral, très penseur,
« très raisonnable. Je suis tout cela, mon cher lecteur ;
« car c'est moi-même qui ai l'honneur de parler à
a vous.
« Les critiques de mauvaise humeur (et il n'y en a guère
a que de cette espèce) vous diront peut-être que j'ai un
a air de famille. Ne les croyez point, ami lecteur. Com-
« mencez par me lire et vous finirez par suivre l'avis
a que je prends la liberté de vous donner et je vous jure,,
a foi d'almanach de bonne compagnie, que je serai tou-
a jours assez vengé du dédain que ces messieurs affectent
a ordinairement, je ne sais trop pourquoi, pour les pro-
« ductions de mon espèce.
a Mais cela ne suffit pas. Mesdames ; car c'est princi-
« paiement à vous que j'aime à avoir affaire. J'ai ma
« forme comme un autre almanach et je me flatte néan-
« moins dans mon petit volume de vous laisser peu de
a choses à désirer, d'abord sur l'agrément qu'il faut
a toujours avoir soin de faire marcher le premier avec
a vous, en deuxième lieu sur l'utilité qu'on doit toujours
a faire venir à la suite. C'est, ce me semble, un assez
a grand mérite pour une espèce de hasard du coin du
« feu, tel que je suis..., etc., etc.
(L A l'égard de vous. Messieurs, vous pourrez vous
a apercevoir du reste que mon rédacteur n'a eu garde
a de vous oublier, puisqu'il a eu la bonté de pousser
ALMANACHS DU XVni« SIÈCLE 141
c rérudition en ma faveur au point de me mettre à
« même de pouvoir vous offrir tout ce qui peut servir à
« rendre les hommes meilleurs et plus dignes d'eux-
€ mêmes, et encore une fois, Messieurs, ce n'est pas un
« petit ser\4ce que celui-là,
<t J'ai dit, Messieurs et Mesdames; je finis en me
« remettant sous vos mains, et je suis toujours, quoi?
«c Un Almanach. »
En 1779, im libraire, relieur-doreur, Laporte, rue des
Noyers, publiait un avis que l'on peut lire dans l'alma-
nach, V Amour à V épreuve ou le bijou bien gardé.
« L'accueil favorable que le public a toujours fait à
€ cette espèce d'almanach, avec de petites gravures dont
« le lecteur sait le sujet, aussitôt qu'il a lu la chanson,
€ engage le libraire à en faire paraître un tous les ans,
« de même format avec des sujets différents, pour que
c ceux à qui ils plairont puissent en faire une collection
« qui leur deviendra par la suite aussi précieuse qu'a-
c gréable. »
En 1789 également. Boulanger, relieur doreur, dans
l'almanach galant moral et critique en vaudevilles, fait, à
la dernière page, une annonce d'im style presqu'incom-
préhensible, mais trop intéressante pour ne pas être
reproduite exactement.
« Boulanger, relieur et doreur, vend différents alma-
a nachs pour les berloques de montres en papier et en
c rubans, et des vues d'optique, almanachs pour les étuis
« à ressorts, les pyramides et pour les tableaux, alma-
« nachs pour les caves, des nécessaires et pour tous
a autres bijoux de poche. Almanachs de cabinet de toutes
a grandeurs avec figures gravées par d'habiles artistes
« le tout encadré sous glaces*
142 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« On trouvera aussi chez Tauteur des plans et cartes
« géographiques et divers sujets avec figures et paysages,
« le tout enluminé et peint avec tout l'art possible pour
« orner différentes tabatières et propres à être encadré
« séparément pour les cabinets. Almanachs de poche
c depuis six lignes jusqu'à quatre pouces de hauteur,
« avec figures, chansons et musique, vend aussi des
a lettres de change et billets à ordres gravés en taille
« douce. L'auteur vient de mettre au jour deux almanachs
c nouveaux ornés chacun de douze estampes galantes
« morales et critiques, et analogues aux plaisirs de la
n ville et de la campagne pour chaque mois, avec mu-
« sique, perte et gain et chansons relatives aux sujets^
« il fait et vend toutes sortes de couvertures pour les
« almanachs. d
En 1781, Boulanger s'intitule doreur sur cuir et sur
soie (1) et vend :
<t L'almanach galant avec figures et chansons, celui des
« plaisirs de la ville et de la campagne aussi avec figures
c etchansons. L'almanach des coififiires et costumes, douze
« figures de femmes et six d'hommes en pied avec chansons,
a L'almanach a\|BC douze figures sur l'heureux accouche-
« ment de la reine, les réjouissances qui l'ont suivi et sur
a l'entrée de leurs majestés dans la capitale. Il s'encadre
a par un deux ou trois mois. On le vend aussi relié en
« maroquin avec glace et sans glace, et desverspourla
« reine . L'almanach des quatre saisons et des quatre heures
« du jour avec jolies figures analogues, laquel s'encadre
« et se relie comme le précédent. L'almanach des amuse-
(1) Boulanger ne se contente pas d'être éditeur, relieur, doreur, doreur sur
cuir et sur soie ; il est encore auteur : ainsi que le témoigne le privilège du
roi qui lui est accordé pour faire imprimer et douer au public un ouorage de
sa composition intitulé almanach galant, moral et critique ou vaudevilles^
orné de gravures. •
ALMANACHS DU XVIII® SIÈCLE 143
« ments et promenades de Paris, et de ses environs avec
c douze estampes et chansons relatives au sujet. Toutes
« ces figures sont dessinées et gravées par M. Queverdo,
c dont les talents sont connus. On trouve chez Boulanger
c différents almanachs pour les breloques.
(L II fait et vend toutes sortes de jolies couvertures or fin,
c ou en commun pour les almanachs exécutés dans le plus
<t bon goût soit en maroquin et mouton ou en bazane,
<t et dans les grandeurs convenables à tous les almanachs,
a couvertures peintes et miniatures dans le dernier goût*
c Couvertures brochées supérieurement, on garantit la
a broderie. »
En 1786, à la dernière page d'un de ses plus char-
mants almanachs, les délices du Palais-Royal, Boulan-
ger donne le catalogue de ceux qu'il met en vente :
« Almanachs grandeur d'étrennes ornés de douze fig.
« chacun : 1^ du Palais-Royal ; S® de la Comédie de
« Figaro ; 3® de l'amour parmi les jeux ; 4® des prome-
<L nades de Paris ; 5<> des marchés de Paris ; 6» des
« costumes des deux sexes ; 7» galant moral et critique ;
« 8® étrennes du sentiment ; 9^ étrennes anacréontiques ;
« lO de l'amour, du ris et des jeux.
a L'on trouvera chez lui, bijoux relatifs et toutes
«[ sortes de couvertures, d
Dans un almanach, les Intrigues de^la Capitale, pu-
blié en 1782, chez Jubert, à Paris, nfe Saint-Jacques,
la porte cochère vis-à-vis les Mathurins, est imprimé
l'avis suivant :
« Jubert, successeur dfe M. Boimare, doreur sur cuir,
« fait et tient magasin de toutes sortes de jolies couver-
« tures d'almanachs, maroquin de toute couleur, avec
a glaces et sans glaces, petits brillants et beaux brillants
a avec jolis médaillons çt cercles d'or et d'argent, à la
144 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« provençale, brodés de toute façon avec médaillons,
« peintures et cercles, il tient tout ce qull y a de plus
a nouveau en ce genre et de mieux fait en dedans, le
a tout avec glaces et petit gousset, petit almanach à la
a Dauphine (1) avec de jolies gravures et glaces pour les
a dames, il pose toutes les armes et chiffres que Ton
« désire, des jolis médaillons et toutes sortes d'inscrip-
a tions sur les portes-feuilles et registres, il fait tout ce
a que Ton peut demander dans ce genre, il fait aussi les
a envois pour la province et les pays étrangers. »
Plus tard, Janet, successeur de Jubert, annonce dans
V Apologie de la tendresse ou le pouvoir de V amitié 1191 y
quelques almanachs nouveaux qui se trouvent chez lui
et qui se vendent ainsi que beaucoup d'autres brochés ou
brodés avec couvertures de maroquin, mouton etc., avec
étuis, glaces et sans glaces.
En 4793, la veuve Tiger, au Pilier Littéraire, place de
Cambrai, publie des almanachs et tient pour eux, ma-
nufacture de couvertures»
En 1795, Demoraine, imprimeur-libraire, rue du Petit-
Pont, annonce dans le Chasseur et la Meunière, alma-
nach chantant, qu'il tient une spécialité d'almanachs
connus sous le nom d'Étrennes.
D'autres libraires, Lattre, Duchesne, Lesclapart, Va-
lade, Langlois, Cailleau, Levacher, GuefBer, Ouvrier,
Esnault et Rapilly, Bailly, Ardoin, etc., impriment et
répandent à profusion toutes sortes d'almanachs illustrés.
II y en a d'historiques, d'anecdotiques, de géogra-
phiques, de chronométriques, de lyriques, d'anacréon-
tiques ; il y en a qui sont tout cela, comme le Petit
( 1 ) Sans donte l'almanach en forme de carnet oblong, contenant le calen-
drier avec petites figures en tête de chaque mois et des feuillets blancs pour y
écrire avec le stylet minéral ; la reliure en maroquin, avec glace sur l'un des
plats. Sur l'autre plat, un dauphin couronné.
ALMANACHS DU XVin« SIÈCLE 445
théâtre de r Univers, étrennes naturelles précieuses, ins-
tructives et amusantes, 1784 ; il y a même celui qui nous
est pas im, le Babillard instruit, 1787,
n y en a pour la cuisine, VAlmanach du comestible,
nécessaire aux personnes de bon goût et de bon appétit,
1778 ; pour le jardinage, les Délices de Cérès^ Pomone et
Flore, 1774 ; pour les voyageurs, Y Indicateur fidèle, 1766.
La danse a VAlmanach dansant, 1770 ; la chasse.
VAlmanach du chasseur, 1773 ; la religion, VAlmanach
théocraUque, 1797 ; les fables ont le leur : les Étrennes
(f Esope aux Français,
Les Métamorphoses d* Ovide en chansons et le Petit
Manuel mythologique sont ceux de la mythologie.
Et même ! les maris infortunés ont le leur : VAlmanach
des C...S, 1740.
Les enfants ne sont pas oubliés ; le Devoir des enfants,
1793, par Silvain Maréchal, a été écrit et illustré pour eux.
En regard d'une figure représentant une scène enfan-
tine, le nouvel an, Técole, les vacances, la bonne fête,
les oreilles d'àne, la danse, etc.. une page de texte gravé
relatif au sujet et commençant par ces mots : c Mes
petits amis i» (pour l'école), c Mes petits amis, le jeune
arbre qui prend ime croissance irréguUère ne regarde
pas de mauvais œil le jardinier sage qui le redresse.
Imitez ce jeune arbre, un jour vous nous remercierez
des rigueurs de nos leçons, etc., etc. d
n y en a de microscopiques Paul et Virginie, 1793;
le Télescope des clairvoyans, 1791, etc., que l'on met dans
des médaillons servant de breloques ou que le confiseur
Chervain, au grand Mazarin, place dans les bonbons à
surprise qu'il vend à ses nombreux clients.
M. le baron Pichon a la bonne fortune d'en posséder
plusieurs dans sa précieuse collection ; l'un surtout très
remarquable, contenu dans im étui en or (0"» 025 de hau-
teur, 0 n» 02 de largeur), breloque en forme délivre, sur
1891 10
146 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
lequel est gravée une rose entourée de feuillages ; il est
intitulé : Le | réveil matin | almanach | pour Vannée \
1766 I gravé par | Cocquelle | rue du petit | Pont chez
un I limonadier AP (à Paris?) (1).
Il y en a d'autres encore d'un format tout particulier ;
leurs gravures sont combinées de façon à ce qu'en
les dépliant et repliant de certaine manière suivant le
caprice du moment, on obtient les mêmes personnages
dans difierentes poses (les Délices ae Cythère ou Vécole de
iamour, 1786 ; Vallette, 1 titre front, et quatre figures
en couleur taisant douze sujets.
La Révolution a ses almanachs ; ils sont en très grand
nombre et M. Henry Welshinger a publié sur eux un
travail des plus intéressants (in-12, Paris, Jouaust, 1884).
Mais, à l'exception de V Almanach de la Révolution Fran-
çaise, ornée des figures de Moreau, 1792 ; de celui des
époques les plus intéressantes des révolutions de Paris ou
le triomphe de la liberté 1790 ; du Panthéon des
philantropes, 1791 ; du fanal des patriotes, 1791, et de
quelques autres illustrés aussi par Dorgez, ils se ressen-
tent de la décadence de l'art et du goût ; les petites
estampes de médiocre composition sont moins finement
gravées ; les reliures n'ont plus les attributs galants qui
en faisaient le charme. Le bonnet phrygien remplace le
carquois de l'amour ; le joli chansonnier n'est plus I
Presque tous les almanachs illustrés du XVIII® siècle,
étaient, en effet, des chansonniers.
(1) En voici la description due à Tinépuisable obligeance de Theureux
possesseur :
En regard du titre, figure représentant deux laitières dont une sur un âne
avec deux paniers ; 2* gravure, la marchande d'oranges ; 3*, la marchande de
melons ; 4% la marchande d'allumettes ; 5*, le marchand de vieux chapeaux ;
6", la marchande de plaisirs ; 7* la marchande de macra', le calendrier de
Janvier et février ; les images reprennent : 8«, le porteur d'eau, calendrier
mars, a\Til, mal, juin ; 9*, le remouleur, juillet et août ; 10*, la Bouquetière,
septembre et octobre; 11*, le facteur de la petite poste, novembre et décembre.
ALMANACHS DU XVHI® SIÈCLE 447
a Notre goût pour les chansons, dit Fauteur de VAlma-
« nach chantant ou étrennes aux jolies voix, se décèle
« en quelque sorte malgré nous; nous mettons encore
a en chansons tous les événements qui nous intéressent
a et nos malheurs mêmes. C'est à ce goût décidé que Ton
a consacre chaque année une quantité d'almanachs
« chantants ; il n'est point de si mince rimeur qui ne
« fournisse aux libraires sa juste part de chansons nou-
« velles ; le plus souvent elles sont pitoj'ables ou n'ont
« que le mérite de la circonstance, ayant été composées
« pour des fêtes ou dans des sociétés particulières. »
Cependant, dans ces recueils périodiques, qui comme
tous les ans, sont meilleurs ou pires et dont les titres
sont parfois des plus drôles, Valmanach jovial, chantant,
dansant et même buvant. Il est joli comme un cœur. Il a
le diable au corps. Le petit fou ou le polisson aimable.
Loptimisme des nouveautés. Le narcotique des sages ou
le véhicule de la folie, etc., etc.. on rencontre des vers
spirituels et bien tournés, a Souvent l'anémone, la rose
toute brillante qu'elle est se trouvent au milieu des char-
dons » ; et Voltaire, le cardinal de Bernis, BouÊQers,
Florian, de Piis, la comtesse de Beauharnais, Marivaux,
^jme Deshoulicres, s'égarent parmi les plus médiocres
rimeurs, nous faisant apprécier un genre de littérature
frivole, il est \Tai, mais ne manquant ni de charme ni
de grâce.
Dans Tannée 1789, des Etrennes lyriques et anacréon-
tiques (1781-1794), une chanson de M. de Piis inspire à
Cochin un charmant frontispice, très finement gravé par
Gaucher. Sur le comptoir d'une librairie, une jeime fille
coupe un livre avec une flèche qui lui a été donnée par
l'amour libraire, pendant qu'un jeune homme fait discrè-
tement un signe au dieu malin et admire la jolie cliente.
Et devinez- vous ce qu'il a dans sa boutique, l'amour?
Des almanachs chantants ! !
148 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
L'AMOUR LIBRAIRE
Air : PhUis demande son portratU
Quels métiers n'a pas fait l'amour
Depuis qu'il est sur terre ?
Peintre et médecin, tour à tour,
Robin et militaire,
On l'a TU même en capuchon,
Courir le monde et plaire ;
Groiriez-vous bien que le fripon
Est à présent libraire ?
n yend Sapho, Bion, Moschus,
Anacréon, Tibulle,
Horace, Properce, Gallus,
Jean Second et Catulle,
n ne tient, à la vérité,
Qu'un chant de l'Enéide,
Mais il met sa félicité
A livrer tout Ovide.
Voltaire, en face de Chaulieu,
Près du bon Jean repose ;
Molière et Racine, au milieu.
Sont sur du bois de rose.
Dorât, Pezay, Gesner, Bernard^
Bertin, Pamy, Chapelle,
Imbert, Florian, Léonard,
Sont rangés sur une aile.
Chez lui, point de roman bavard.
De drame léthargique,
Quinault, Piron, Collé, Favart,
Décorent sa boutique.
Du vaudeville, né Français,
Bravant les froids critiques,
11 favorise le succès
Des étrennes lyriques.
ALMANACHS DU XYIII® SIÈCLE 149
D'entrer chez ce joli marchand,
Lise eut hier envie :
Monsieur, lui dit-elle en tremblant.
Je n'ai lu de ma vie,
Pour choisir un livre en ce lieu.
Le hasard seul m'amène.
Je vous entends, lui dit le dieu,
Et voici La Fontaine.
Ses vieux vers sont toujours nouveaux
Pour les beautés novices,
Croyez que des yeux aussi beaux
Lui doivent leurs prémices;
Ils y pourront voir à profit,
Cent histoires gentilles,
"Et vous saurez comment F esprit
Vient tout à coup aux filles.
De ce volume curieux,
Las ! les feuilles rebelles.
Quatre par quatre, deux par deux.
Tiennent encore entre elles.
Contre l'amour en ce moment.
Lise tout bas murmure ;
Sa main va précipitamment
Diviser la brochure.
C'est où le malin Cupidon
Attendait l'innocente.
Vite, il l'arrête et lui fait don
D'une flèche tranchante.
Lise, vos doigts trop indiscrets
Déchireraient la page.
C'est de la pointe de mes traits
Qu'il vous faut faire usage.
Pauvre Lise, je m'aperçois
Que ta main n'est pas sûre,
N'ouvre qu'un feuillet à la fois.
Pour le lire à mesure.
Lise veut, dans son ardeur,
En couper davantage.
Et le trait va percer son cœur
En glissant de l'ouvrage.
450 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les plus grandes dames ne dédaignent pas de donner
une place dans leurs élégants boudoirs à ces petits volu-
mes de poésies légères ; la reine Marie-Antoinette possé-
dait un charmant exemplaire à ses armes, reliure de
maroquin rouge, avec agraflfes d'argent, comprenant les
huit recueils suivants : (1)
Les fête^ publiques sur Vavènement de Louis XVI au
trône, almanach chantant, à Paris, chez la V*' Duchesne.
Le Monde, comédie. Id., idem. Etrennes de V amitié ou
nouvel almanach des Francs-Maçons. Mon favori ou les
jeux lyriques, almanach chantant à Paphos. Tablettes de
Thalie ou l'amour et la nature, almanach chantant à
Paphos. Le don du sentiment, etrennes expressives du
cœur, à Paphos, chez Anacréon. Almanach de table
chantant ou les plaisirs de Bacchus et l'amour. Les amu-
sements du bel âge, etrennes chantantes, à Paris, chez
la V® Duchesne.
Les almanachs illustrés du XVII^ siècle n'ont pas tous
la même valeur artistique ; mais un certain nombre
d'entre eux, en bonne condition de fraîcheur, et les
gravures en épreuves de l®"* tirage n'est pas indigne de
figurer dans les collections les mieux choisies. Plus d'un
bibliophile ouvrirait avec amour l'almanach de Gotha^
avec les délicieuses figures de Freudeberg pour le monu-
ment du costume, celui de la loterie de l'École Royale
militaire, les délices de Gérés, Pomone et Flore, les
amusements et promenades de Paris, le bijou de la
reine, l'amour parmi les jeux, les belles marchandes de
Paris, les fantaisies aimables, les délices du Palais-Royal >
l'instant heureux de Gythère, les intrigues de la capitale.
(1) Ce précieux exemplaire figurait sous le numéro 204, catalogue la Bérau-
diére, 1883. Vendu 760 fr. M. le baron Pichon possède un recueil du même
gem'e, contenant 7 almanachs, 1791, sans figures, la reliure est la même ; il a
aussi une facture de Blaisot, libraire, où l'on voit que ces recueils coûtaient à
la reine 22 livres 10 sols.
ALMANACHS DU XVIIIC SIÈCLE 151
la journée d'une jolie femme, les petits recueils de modes
et costumes ; d'autres encore, presque tous mis en vente
par Desnos, Boulanger, Jubert, de 1771 à 1792, et se
plairait à faire, en compagnie de Tun de ces charmants
petits livres, un retour vers le XVIII^ siècle, ce siècle de
toutes les élégances.
Et maintenant, cher lecteur, « considérant qu'il n'y a
non plus de livres sans fautes que de printemps sans
chenilles », comme dit Jean Elzevier dans un volume
imprimé à Leiden, 1759, soyez indulgent et pardonnez
les omissions, les erreurs peut-être, qui ont pu se glisser
dans cette petite notice.
Vicomte de Savigny de Moncorps.
Château de Fertot. décembre 1890.
BIBLIOGRAPHIE DTN AMATEUR
DESCRIPTION ET ANALYSE
DE LIVRES ANCIENS
RARES ET CURIEUX
(suite)
11 . — fflSTOIRE 1 1 ANTIQVE 1 1 ET MERVEILLEVSE
1 1 dv Chasteav de Vi- 1 1 cestre près Paris. 1 1 — Et se
vendent en la rue S. lacques à 1 1 l'enseigne saint
Nicolas. — Sans date.
Pet. in-8o de seize feuillets non chiffrés. Signatures A.B.
Cahiers de huit feuillets. Réclame au verso du dernier
feuillet du premier cahier. Imprimé en lettres rondes.
Figure sur bois sur le titre.
Le titre occupe le recto du premier feuillet ; il contient une
figure sur bois représentant un château fort, assiégé par une armée.
Le verso de ce feuillet ne contient qu*un bois d'ornement en forme
d'encadrement. Le texte commence, par une lettre ornée, au recto du
second feuillet et se termine au bas du verso du seizième ; il est divisé
en neuf chapitres, dont les sommaires sont imprimés en caractères ita- 9
ligues. < Cette édition sans date, dit Brunet, est celle qu'annonce le
catalogue d'un amateur par Renouard, III p . 299 comme in-12 et
imprimée vers 1530; c'est néanmoins un petit in-8o que nous ne croyons
pas antérieur aux années 1560 ou 1580 et qui aura été imprimé
par Nicolas Bonfons. » Brunet a raison, quand il affirme que cette
édition est imprimée en petit in-S». Elle ne peut-être un in-12, les
pontuseaux étant perpendiculaires, et chaque cahier se composant
BILLIOGR\PHIE d'UN AMATEUR 453
de seize pages ; mais il doit se tromper, quand il indique Nicolas
Bonfons comme Timprimeur. Sa boutique portait bien l'enseigne
de Saint Nicolas, mais elle était située rue Neuve Notre-Dame.
Rue Saint Jacques, à cette même enseigne de Saint Nicolas, se
trouvait la boutique des Jehan Ruelle libraires, le premier de 1541
à 1571 et le second de 1571 à 1606. Ce qui établit en outre que
rhistoire antique et merveilleuse du chasteau de Vicestre, sort de
chez Tun des Jehan Ruelle, c'est que la figure qui se trouve sur le
titre, est celle qui a servi, dans un ouvrage d'Artus Désiré : Les
batailles et les victoires du chevalier céleste, imprimé par Jehan
Ruelle, à renseigne Sainct Nicolas, rue Sainct Jacques, en 1560.
Cette figure, dans ce dernier ouvrage, est placée au f» 154 où elle
représente la Cité de Dieu, allégée par les Hérétiques.
Le roi saint Louis, en 1250, avait acquis d'un nommé
Le Queux un enclos situé sur la paroisse de Gentilly. Il
en fit don à des chartreux ; ils y élevèrent un cloître,
qu'ils abandonnèrent quelques années plus tard. Vers 1285,
Jean de Pontoise, évêque de Winchester et courtisan de
Philippe-Auguste^ construisit un château sur l'emplace-
ment de ce cloître. Confisqué par Philippe le Bel, occupé
par les Anglais lors des guerres du roi Jean, le château
de Winchester, vers 1345, entra dans le domaine de la
maison royale de France. Charles V en fit don à son
frère le duc de Berry. Sous le règne de Charles VI, ce
seigneur en augmenta considérablement les constructions
et en fit une demeure royale. Dans la Fleur des Antiquités
de Paris, qu'il publia en 1532, Corrozet cite ce château
parmi les beaux édifices élevés sous le règne du roi
Charles VI, alors qu'Hugues Aubriot a estait Prévost de
Paris par la poursuyte duquel furent faictz et ediffiez plu-
sieurs beaulx et fors édifices. Assavoir est le pont Sainct
Michel, les murs de devers la Bastille Sainct Antoine, le
long de la rivière de Seine. Et aussi le petit Chastellet et
petit Pont qui furent faitz de pierre de la sôme de dix
huit mille escus
Séblablement environ ce téps le duc de Berrg fils du rog
Jehan et oncle de Charles sixiesme fit ediffier Ihostel de
154 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Neelle a Paris près la porte sainct Germain et aussi une
maison de plaisance près Paris quon appelle le chasteau
de Vicestre, » Le nom primitif de Winchester s'était ainsi
modifié ; il devait encore se transformer et devenir Bicètre .
Lors de la lutte des Bourguignons et des Armagnacs, le
duc de Berry s'y retira avec le duc d'Orléans. Assiégé en
1411 par les bouchers de Paris, dévoués au duc de Bour-
gogne, le château fut pillé et incendié. En 1416, le duc de
Berry en donna les ruines au chapitre de Notre-Dame de
Paris. Cette donation fut confirmée par Charles VII en
1441 et par Louis XI en 1464. Les chanoines de Notre-
Dame ne prirent aucun soin du domaine dont on les
avait gratifiés, et ses ruines devinrent le refuge des rou-
tiers, des détrousseurs et des Egyptiens. Dans son Petit
testament, Villon, qui avait sans doute fréquenté le châ-
teau de Vicestre avec ses compagnons ordinaires, le légua
au seigneur de Grigny.
Item au seigneur de Grigny^
Laisse la garde de Nygon,
Et six chiens plus qu'à Montigny,
Vicestre, chastel et donjon.
Dans le cours du XVI^ siècle et au commencement du
XVII«, la superstition populaire considérait Vicestre
comme un séjour maudit, hanté de démons. En 1632, il
rentra dans le domaine de la couronne. Le cardinal de
Richelieu fit alors raser ce qui restait encore debout de
ce repaire, et construisit sur son emplacement un hospice
pour les soldats invalides. Ces bâtiments sont aujourd'hui
ceux de l'hôpital de Bicètre. Peu après la destruction des
ruines de l'ancien château, en 1634, on publia à Paris,
chez J. Brunet, une pièce in-12, intitulée : a La chasse
donnée aux espouventahles esprits du chasteau de Bicestre
près la ville de Paris, par la démolition qui en a esté
faite avec les estranges tintamarres et effroyables apport-
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 155
tions qui s y sont toujours veus, » Elle a été réimprimée
en fac-similé chez Motteroz, en 1875.
L histoire antique et merveilleuse du chasteau de
Vicestre, publiée vers la fin du XVI*^ siècle, par Jehan
Ruelle, est un conte légendaire, sur les origines de ce châ-
teau, qu'on peut classer parmi les romans de chevalerie.
Comme il n'a pas encore été réimprimé, je le transcris
en entier pour ceux qui s'intéressent aux documents
relatifs aux environs de Paris.
UHistoire Merveilleuse du Chasteau de Vicestre.
Il fut vn Roy d'estrange contrée nommé Fernand, qui eut vn
beau fils nommé Geson, lequel il fit cheualier en l'aage de vingt
ans. Et par le conseil que son père luy donna, il eut enuie d'aller
chercher diuers pays & trouuer nouuelle habitation & pour le con-
duire luy bailla vingt cheualiers bien montez & en bon ecjuipage.
Si se partit Geson Se ses vingts cheualiers après auoir prins congé
de son père, & cheuaucherent tant qu'ils arriuerent a Paris, ou ils
trouuerent le Roy de Paris qui pour loi's y faisoit sa demeure, &
après la reuerance par eux faite, le Roy leur demanda ce qu'ils
cherchoient en son pays, &ilsluy respondirent. Sire nous cherchons
aduenture, certes dict le Roy il y a assez près de ceste ville vn chas-
teau nommé vicestre ou on trouue tonsiours grandes aduentures,
& se vous y vouliez demeurer & le garder ie vous le dône, ce que
Geson accepta , & le remercia grâdemêt, & vint au chasteau de
vicestre qu'il trouua fort beau. Alors il demanda a vn Hermite qu'il
trouua dedans qui auoit faict ce chasteau, & il luy resuondit que
sçauoit esté vn enchanteur nommé sommas qui auoit enchanté
ledict chasteau, & qu'il y auoit des grans trésors en la caue diceluy
ou nul n'osoit y aller. Lors se logèrent Geson & ses cheualiers au
chasteau & le fit meubler en peu de iours de tout ce qu'il faut a la
garnison d'vn tel chasteau. Se quàd il eut magniûquement faict
accoustrer ledict chasteau, il enuoya le plus grand de ses cheualiers
vers le Roy de Paris luy demander sa fille pour estre sa femme qui
estoit vne belle & excellente princesse nomme Yolant, laquelle luy
fut promise, & peu de temps après l'espousa en gràd ioye. Si
furent les nopces faites audit chasteau ou assistant le Roi de Paris
couronna Geson Roy du chasteau de Vicestre en présence des che-
ualiers tant d'vn costé que d'autre, adonc tous les cheualiers de
plusieurs pays vindrent aux nopces lesquels se donnèrent tous au
456 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Roy Geson pour estre ses subiets. Et quâd se vint au disner que les
deux Roys 8c Roines 8c leurs barons estoient assis 8c mangeoient,
Sômas renchanteur fondateur de Vicestre s'apparut au milieu de la
salle auec tonnerres foudres 8c tempestes, 8c estoit ledict Sommas
vestu a la mode de Turquie lequel commença a dire en présence de
tous. Geson sçachez cpie ie suis Sommas fondateur de ce chasteau
lequel te fais a sçauoir que tant que tu viuras en seras Roy paisible :
mais que tu ne me vienne point troubler en ma caue ou sont mes
trésors & enchantemens lesquels enchantemens ne seront iamais mis
afin que par vn cheualier qui descendra de ta lignée 8c ce aduiendra
quand il y aura eu cent Rois a Paris Se de ce n'en faites nulle doubte.
Comment après que Sommas Venchanteur fut disparu le Roy
ordonna des ioustes par l'espace de huict iours et des choses
qui advindrent.
Après qu'il eut acheué sa parolle il se disparut 8c s'en ala 8c a
son retour le chasteau de Vicestre trembla dont les deux Roys en
furent bien esbahis, & voua le Roy Geson de ne faire aucun em-
peschement a la caue, 8c se resiouit que de luy deuoit descendre
celuy qui mettroit la fin aux aduentures du chasteau de Vicestre,
lors leuerent incontinent les tables, le disner faict, 8c les cheualiers
nouueaux venus entreprindrent vn tournoy contre ceux que le Roy
Geson auoit emmenez de son pays, 8c pour se faire il s'en allèrent
tous armer et bien montez a cheual vindrêt chacun sur les rancs ou
ils iousterent fort bien. Les deux Roys y iousterent aussi & firent
des merueilleux faits d'armes abatàs tous les cheualiers qu'ils r'en-
côtroient iusques a tant que la retraicte fut sonnée pour aller sou-
per. Aussi dura la feste par l'espace de huit iours en tous esbate-
mens, durant lequel temps deux cheualiers l'vn nommé Brandis, et
l'autre Brasdefer vouèrent d'accomplir ce qui s'ensuit pour l'amour
de la belle Geande qui estoit cousine de la Roine de Vicestre. C'est
a sçauoir Brandis voua qu'il se tiendroit tout assis sur son ceual
sans mouuoir par l'espace de deux heures ou il attêdroit tous che-
ualiers qui voudroient iouster contre luy a lance aceree 8c celuy
qui Tabbateroit : il auroit vn leurier d'or massif & Bras-defer voua
qu'il abbateroit tous ceux qu'il trouueroit au tournoy : & que s'il
failloit a abbatre vn cheualier il luy donneroit vn cerf tout d'or : &
que iamais en après il ne porteroit armes cy ce n'estoit pour les
dames. Et encores cpie tous ceux qu'il abbatroit il les enuoieroit
prisonniers à la belle Geande, ce que les deux cheualiers vouerêt ils
l'accomplirent en leur grand honneur & gloire, dont depuis ils
furent bien renommez.
BIBUOGRAPHIE D'UN ABfATEUR 157
Comment Helias un des cheualiers du Ray Geson fut victorieux et
emmena le Cheval Fee nomme passavant^ & comme deux
Roys vindrent assiéger le chasteau de Yicestre,
Adonc Helias le principal de toute la cheualerie ayant ouy reciter
que a cinquante lieue loing de là y avoit vn cheual fee nommé
passauant qui par l'ëchantement de Sommas estoit gardé en vne
motagne par deux esprits, se délibéra de Taller conquerre, & pour
ce faire print c5gé de la court, et cheuaucha tant qu'il vint au
lieu ou estoit le cheual. Lorscpi'il fut là il s'arma de ses armes
& Tint contre les deux esprits qui estoient en estât de cheualiers
tous noirs lesquels fraperent Helias de leurs laces rouge comme
feu sus son escu : mais Helias en abbatit vn par terre qui ne s*en
peut releuer, puis après il recouura sur l'autre & luy en fit autant,
& leur fit créances qu'il auroit le cheual passauant^ & alors les
esprits luy creancerêt & en outre luy dirent que le cheual serui-
roit a celuy qui mettroit a fin les aduentures du chasteau de
\icestre qui descendroit de la lignée du Roy Geson, adonc Helias
print le cheual fee & le mena au Roy Greson en luy disant ce que
les esprits luy auoiêt dit, dont il fut moult ioyeux, & adonc le Roy
de llsle noire & le Roy de la terre saunage qui auoient ouy parler
des enchantemës de la caue de Yicestre par leur orgueil délibérè-
rent de mettre à fin les aduentures, & que si on ne les y laissoit
aller ils destruyroient le Roy Geson, si menerêt leur ost deuant
Yicestre, et quàt Geson sçeut pourquoy cestoit, il ne les y voulut
laisser passer : mais les admonesta du danger qui y estoit, ce qui
ne voulurent croire, parquoy ils assiégèrent le chasteau de Yicestre.
Le Roy Geson voyant cela fit armer ses cheualiers et manda secours
au Roy de Paris qui lui en bailla, & sortit tous du chasteau auee
ses gens, lesquels firent si bien leur deuoir que les deux Rois et
leurs gens furent desconfits & s'en retournèrent tous confvs.
Des choses merueilleuses qui advindrent aux canes du chasteau,
et des esprits qui apparurent a la belle Geande dont elle en
mourut.
w
Âpres que ceste bataille fut aussi faite chacun s'en alla retraire a
son logis : & aussi comme le Roy disnoit on vit des fiâmes de feu
ardentes qui cheurent sur le trou de la caue auec grosse têpeste, et lors
fut ouye vne voix qpii dit aussi. C'est-cy la caue aux merueilles ou
nul tant soit hardy ne descende s'il ne veut mourir, & quàd la voix
fut cessée chacun demeura fort esbahy fors d'vn cheualier nommé
158 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Branor le Brun qui dit deuant tous que ce n'estoit que mocquerie,
& qu'il y decendroit pour essaier s'il estoit vray et nôobstant la
remonstrance qu'on luy fit il s'arma print son espee & descêdit en
la caue, dont puis ne reuint : car on l'ouit crier iusques a la mort
& la il fma ses iours. De ces choses fut le Roi Geson bien esbahy,
& quant on eut disné chacun s'en alla esbatre a son plaisir, & la
belle Geande accompagnée du cheualier Bataquas s'en alla en sa
chambre iouer aux esches mais a elle s'apparurét deux esprits qui
lui semblèrent si hideux qu'elle en mourut la nuit ensuiuât, lors
Bataquas qui estoit auec elle empoigne son espee, et court sus les
esprits pour les combatre & tant les poursuit qu'il les contraignit a
eux en fuir, & les vit-on entrer tout bruyant dedàs la caue : Puis fut
la belle Geande bruslee selon la coustume ancienne laquelle fut de
toute la court fort plainte.
Comme le Roy Geson donna congé à son fils d*aller combatre un
lyon qui venoit souvent faire dômage a Paris,
Or auoit le Roy de Vicestre vn fils nommé Cloudœre auquel les
nouuelles vindrent qu'aux portes de Paris couroit tous les iours vn
Lion qui emportoit sa proie. Si demanda côgé a son père pour l'aller
combatre et il luy donna. Lors se vestit de ses armes & monta a
cheual : & cheuaucha vers Paris, & en son chemin rencontra le
Lyon qui venoit de quérir proie lequel il assailli de sa lance et le
naura au costé : puis il se mist a pied, & après plusieurs assaillies
de l'vn & de lautre le Lyon fut mys à mort lequel fut escorché de
Cloudoere : & la peau portée au Roy Geson qui en fut moût ioieux.
De la ioie que le Roy Geson eut de ceste aduenture il voulut aller à
la chasse. Si fit aprester les cheualliers montèrent a cheual et en-
trèrent en la forest ou ils leuerent vn cerf qui fut bien chassé et vené
des chiens. Et si bien coururent le Roy & ses cheualliers que chacun
s'esgara & demoura le Roy tout seul. Lors pensa de retourner au
chasteau de "Vicestre ou estoit sa femme. Et en se peser se mist a
chemin pour retourner : adonc quant il fut a la court du chasteau
de Vicestre pour se vouloir mettre a pied (car il estoit sus le cheual
I)assaiiant) a luy vindrent trois dames fées qui luy dirent ainsi.
Roy il n'est pas temps de descendre, parquoy se tu es hardy viens
après nous. Lors le Roy assis sus le cheual passauât, les suyuit :
& il le mèneront en la caue des merveilles ou estoient les enchante-
mens & de ce lieu oncques puis ne bougea car il garde les trésors
de Sommas l'enchanteur.
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 159
Comment Cloudœre, fils du Roy Geson après que les barons eurent
entendu la reuelation le couronnèrent Roy.
En c'est endroit dit le compte que quant le Roy fut perdu tout le
chasteau de Vicestre trembla : & de la peur que la Royne en eut
elle mourut & ne scait on quelle deuint. Et a ces entrées faictes,
reuindrent les cheualliers de la chasse qui cherchoient leur maistre.
Lesquels quant ils virêt le chasteau trembler ils cuiderêt mourir de
peur, adonc ils ouyrêt vue voix qui dit. Vostre Roy par le vouloir
de Dieu & de Sômas Tenchanteur est en la caue de ce chasteau avec
le cheual passauant lequel n'en sera deliuré iusques a ce que le
cheuallier vienne qui doit descendre de la lignée de Gloudouere qui
mettra a fin les aductures dudit chasteau & aura le cheual passauant :
& autres choses qu'on luy garde. Et pour ce faictes Roy Gloudoere
le fils dudit Roy Geson. A ces mots fut le Roy pleuré des barons
de Vicestre : Et couronnèrent Gloudoere Roy de Vicestre qui le
mesme iour se maria : & a ses nopces fut le Roy de Paris & plu-
sieurs gros seigneurs. Et dura la feste trois sepmaines dot chacun
se despartit. Vn peu après le Roy Gloudoere estant a l'esbat tout
seul hors du chasteau vint a luy une Fee qui luy donna vne espee
nommée argentine en luy disant ainsi. Roy voila vne espee que ie
te done laquele tu porteras en ta vie : & a ta mort tu commanderas
quelle soit enterrée auprès de la caue de ton chasteau : car c'est
pour le cheuallier qui de toy descendera qui en acheuera les aduen-
tures, lors le Roi print Tespee & la fee s'esuanouit : & le Roi la
raostra a ses baros en leur disàt ce que la fee lui avoi dit.
Comme annva vn Nain nommé le Roy de la terre Maligne lequel
voulut iouster contre tous les cheualliers de Vicestre & fut abbatu
2)ar Cloudoere <£' de ce qui en advint.
Apres cela vint vn nain nommé le Roy de la terre Maligne qui
demanda la iouste a tous les cheualliers de la court de Vicestre :
Se iousta contre Brandis & Brasdefer, Helias, Bataquas & tous les
autres lesquels il abbatit par terre : mais en la fin il fut abbatu par
le Roy Gloudoere avec lequel il se tint vne espace de temps puis print
congé de luy & s'en alla en son pais, le Roi Glodœre auoit vn fils nômé
Fortamàt lequel estant allé a l'esbat auprès de la caue vit saillir de
la dite caue vn grand Dragon. Lors il courut cpierir ses armes en
sa chambre & vint l'espee traicte vers le dragon auquel il bouta
l'espee iusques a la garde & le toucha au cœur, le dragon fit vn
hideux cry, tellement que plusieurs Fouirent qui vindrent voir, ils
460 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
furent tous esbahis quant ils virent le dragon mort et Fortaman
auprès, si Tallerent dire a son père qui de la ioye qu'il en eut en fit
faire feste l'espace de huict jours durant, les huict iours passez vint
vn cheualier de France nommé Palixes qui emmena douze preud'-
hommes hermites confez et repêtans de tous péchés lesquels en pro-
cession : 8c auecques torches 8c luminaires entrèrent en la caue pour
voir ce que c'estoit, 8c alloit le cheuallier Palixes après eux tout
armé pour eombatre. Et quant ils furent vn peu entrés auant toutes
les torches se souflerent tellement qu'ils ne voierent goutte 8c furent
des esprits batus tellement que quant ils furet dehors il ne se pou-
voient soustenir : & retournèrent a Paris.
Comment Fortamant allant à la chasse é fut arresté par la Dame
de l'Isle fortunée, & comme il s* en amoura.
Ces choses ainsi faites Fortamant alla a la chasse ou il sesgara &
ainsi qu'il cuidoit retourner la dame de l'Isle fortunée le print par
le frain de son cheual & le mena en son pays : 8c d'elle s'énamoura
si bien qu'il en eut vn fils qui fut nommé Ganor. Lors Fortamant
a qui il enuoioit, s'en voulut retourner, & quant la dame le sceut
elle lui donna vn escu de cristal et luy dist ainsi mon amy vous me
laissez : tenez voila vn escu de cristal que ie vous d5ne a la charge
que vous commâderez a vos gens cpie après vostre mort ledit escu
soit enterré empres lespee au casteau de Vicestre, cela luy promist
Fortamant lequel s'en retourna au chasteau vers son père auquel
racôpta & a ses gens ce qu'il luy estoit aduenu, 8c monstra lescu de
cristal dont on fit grand ioye par tout le chasteau. Mais la dite ioie
guère ne dura car deux iours après, ainsi que le Roy Gloudœre se
pourmenoit dedans la cour de son chasteau suruint vne foudre qui
abatit vne grosse tour dudlct chasteau laquelle crauenta le Roi
chacun vint a la rescouce : mais comme on le cuida prendre il fut
euanouy, 8c oncques puis on ne le vit. Lors commencèrent les pleurs
et gemissemens par le chasteau en très piteuse manière, 8c les barons
firent enterrer l'espee argentine comme on Tauoit commandé. Et
Fortamant voyant cela commanda que quant 8c quât l'escu de cristal
fut mis auec ce qui fut fait et accomply.
Comme le Roy fortamant demeura Roy de Vicestre & mourutbientost
après ^ & comme le chasteau dura inhabitable.
Alors fut fait Roy de Vicestre Fortamât, qui peu régna, car au
bout de huit iours (de couroux de la mort de son père) il mourut
& fut mys a la manière des Roys. Et aussi fit sa mère a la mort de
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 161
cestuy tout le chasteau trembla, il esclaira, tonna, 8c fouldroia
& demoura sans gouuemeur. Deslors commença le chasteau a amen-
drir 8c a choir pièce T^ne après Fautre. Et la dame de Tlsle for-
tunée qui eut ses nouuelles conseilla a Ganor son fils quelle auoit
eue du Roy Fortamant de laisser ledit chasteau et emmener la che-
uallerie de Yicestre 8c chercher nouueUe habitation. Car dist elle il
est destiné de par Sommas que tous ceux qui y demourôt iusques
a ce que le cheuallier qui de vous doit descendre ait mis a fin les
merueiUes de la caue, lequel aura le bon cheual passauant, Tespee
argentine Tescu de cristal, Ganor creut le conseil de sa mère car
il fit seller chevaux, trousser bagage, et manda tous les cheualliers
de Yicestre ausquels il desclara son courage. Si montèrent a cheual
trestous et tant cheuaucherent qu'ils arriuerent en Turquie ou ils
demeurent de présent, & d'eux doit descendre vn cheualier qui
conquerra le chasteau de vicestre, et ainsy finjray Thistoire merueil-
leuse dudict chasteau de Vicestre. Priant tous ceux qui la liront qui
la tiennent aussi vraye que vous estes en Paradis. Nonobstant en la
lisant on euitera oysiueté et y prendra-on resiouissance.
FIN
L'exemplaire que je viens de décrire et de reproduire,
a fait partie de la bibliothèque du prince d'Essling, ven-
due en 1847 /Catalogue n» 300J. Il était alors relié en
veau. Depuis il a été relié en maroquin rouge, avec filets
et dos orné, par Trautz-Bauzonnet. Il existe un exem-
plaire d'une autre édition, dont le titre est le même, im-
primée aussi à Paris, rue Saint-Jacques, à renseigne
Saint-Nicolas, mais portant la date dé M.DC.VI; d'après
Brunet, elle est de format in-8® et de 29 pages. Cet
exemplaire relié en maroquin rouge par Padeloup, a fait
partie de la bibliothèque du duc de La Vallière (Cata-
logue no Al 29), puis de celle de William Beckford (Ca-
talog. n^ 1676) vendue à Londres, au mois de décembre
1882. Il a été acquis par L. Techener, pour M. le comte
de Lignerolles. {Bullet, du Bibliophile, — Avril 1883,
page 166.)
11 1891
UN SONNET INEDIT
ATTRIBUE A BOILEAU
Dans un recueil manuscrit de poésies réunies
pour réducalion de Henriette de Bourbon, dite
Mademoiselle de Verneuil , fille légitimée du duc de
Bourbon, premier ministre du roi Louis XV en
1723, nous avons découvert un sonnet de Boileau,
assez mauvais, du reste, qui nous parait être resté
inconnu. Du moins, le recueil de M"^ de Verneuil
semble le dire.
Le voici, avec le petit commentaire qui l'accom-
pagne dans notre manuscrit :
SONNET DE BOILEAU
« L'Empereur Leopol ayant fait représenter une pièce
de théâtre injurieuse à Louis XIV, Boileau fit ce sonnet
contre ce Prince :
Chimérique héritier du grand nom des Césars
Crois-tu bien soutenir Vhonneur de leur mémoire
Renfermé dans Vienne, à V ombre des remparts,
Ou prenant à Cologne une vengeance noire?
Aux dépens de leur sang, au milieu des hazards.
Ces héros en personne allaient droit'à la gloire.
Ils n'étoient ennemis que dans le champ dé Mars^
Amoureux des combats plus que de la Victoire.
UN SONNET INÉDIT ATTRIBUÉ A BOILEAU 163
Noire Roi, tous les ans, dans ce champ glorieux
Brillant comme un Soleil, se fait voir à nos yeux :
Là, comme un vrai Soleil, V Univers le regarde;
Mais pour toi qui n*en as qu*un vain nom sans effet,
Si tu ne veux passer pour une aigle bâtarde.
Viens sans braver de loin, le regarder de près !
Louis XIV, à qui Boileau lut ce sonnet, lui dit de ne
pas le faire imprimer. j>
Louis XTV montra une fois de plus qu'il était un
homme de goût.
Bon Double.
LA BIBLIOTHÈQUE ET LE GRENIER
DE M. CHARLES COUSIN
Dans les sphères de la bibliophilie, il n*y a assurément personne
qui ne connaisse, tout au moins en efQgie, le créateur du fameux
Grenier dont les préciosités affriolantes, qui vont prendre le chemin
de rhôtel Drouot, suscitent en ce moment d'ardentes convoitises. Il
serait téméraire de rêver un collectionneur plus accompli, aimant
les choses belles ou intéressantes avec plus de passion, y apportant
plus de discernement, de goût et d'impartialité, et qui pourtant ne
s'est point figé dans l'exercice du sacerdoce auprès du moderne
Olympe, et chez qui ce culte, souvent exclusif, n'a pas supprimé
l'Homme. Et l'Homme en lui est excellent, d'une amabilité capti-
vante, d'un esprit aiguisé comme une fine lame de Tolède, mais
« bonhomme, nullement médisant, et ami du prochain^ » et avant
tout a Français et Lorrain jusqu'aux moelles ». De là une existence
qu'il déclare « très agitée et très laborieuse », mais qu'il reconnaît
aussi « très heureuse et finissant bien ». On le croira sans peine.
Il eut, en effet, des condisciples illustres, tels que M^^ le duc d'An-
maie, Octave Feuillet, Baudelaire (sur lequel il publia en 1872 d'in-
téressants Souvenirs) ; il fut ou est encore lié avec des sommités de
l'intelligence et du talent ; il a utilement servi sa patrie et ses conci-
toyens, il fut aux honneurs comme Grand Maître de l'Orient de
France, il a conquis un nom en bibliophilie^ et il eut dans son foyer
toutes les joies du cœur et les plus hautes satisfactions pour son
orgueil de père. Et avec tout cela, quand il se sera décidé < à
mourir de rire » (genre de trépas qu'il s'est choisi, mais dont ses
affectionnés le supplient de reculer le plus possible l'échéance),
comme il n'a semé que la graine qui fait pousser des amis, il
entrera sûrement dans ce le paradis des bons d de Lamartine. Il y
conquerra ses devanciers par les charmes de sa conversation et par
sa franche bonhomie (notez qu'il se rattache par des liens de parenté
à La Fontaine) . Je suis aussi convaincu qu'il s'empressera d'y fonder
une société de bibliophiles, car on ne saurait s'attendre à moins de
LE GRENIER DE M. COUSIN 165
la part de Tun des promoteurs et du premier vice-président des
c Amis des Livres » (1874), qui a, à son avoir, la publication d'une
série de livres magnifiques, et de la société récente (1889) des
c Bibliophiles contemporains )»•
Un collectionneur d'une vitalité aussi débordante ne pouvait pas
se cantonner dans une spécialité quelconque : il a donc adopté tous les
genres, sauf le genre ennuyeux, c Un livre rarissime, mais illi-
sible, nous dit-il, une estampe introuvable mais laide, une assiette
unique mais sans charme, ne me tentent pas ! » Quoique, en sa qualité
d'inspecteur principal de Texploitation des chemins de fer du Nord,
il ait eu sous les yeux des freins perfectionnés, il n'a jamais réussi
à en adapter un à sa passion. D s'est mis à la poursuite de tout ce
qui peut réjouir la vue ou délecter l'esprit, et, servi par des connais-
sances variées, par un flair inné, par une ténacité lorraine, et quel-
quefois par des chances exceptionnelles, il est parvenu à se consti-
tuer un véritable petit musée d'objets d'art et de curiosité, de ta-
bleaux, de dessins, d'estampes, et surtout une remarquable collec-
tion de livres. Pour excuser sans doute son goût éclectique auprès
de ses confrères chez lesquels la spécialisation est généralement la
règle, il prit le surnom malicieux de Toqué, que les contemporains
se sont refusés d'admettre au sens propre.
Tout Paris compétent et même tous les collectionneurs de France,
de Navarre et autres lieux, connaissent plus ou moins son Grenietf
qui n'a de commun que le nom avec celui de Béranger, et il fàxk»
drait une plume singulièrement alerte pour en esquisser une phy-
sionomie fidèle. En récompense des services éminents qu'il avait
rendus, aux heures sombres de notre histoire contemporaine, en
qualité de délégué des chemins de fer du Nord et de commandant
d'un bataillon ou plutôt d'un régiment de 2,400 hommes, formé par
ses soins avec le personnel du Nord, il a reçu de cette Compagnie
la jouissance d'un appartement composé de deux étages, dont le plus
élevé fut converti en grenier d'un genre nouveau. Et ce charmant
réduit où vinrent s'entasser tant de belles choses se transformait en
un temple de l'esprit dans les soirées où les Amis des livres et les
amoureux des bibelots venaient, c en veston obligatoire », y tenir
des assises. Lorsque tout le Grenier s'éclairait d'une vive lumière et
s'illuminait du beau sourire de la gracieuse maîtresse de la maison^
qui partage les goûts du Toqué (que Dieu en soit loué!), et que
la conversation devenait un interminable feu d'artifice, les hôtes
étaient tentés de se porter à des actes de violence sur les cartels et
les pendules, dont les aiguilles, toujours trop rapides, leur rapp^
laient impitoyablement que tout a une fin dans ce bas monde.
466 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Dès que le Grenier eut emmagasiné une récolte respectable, son
^opriétaire, qui ne sut jamais s'isoler dans une jouissance égoïste y
^ngea aussitôt à faire profiter le public du résultat de ses efforts
persévérants. Nous devons à cette aimable pensée deux publications
de grand luxe : Voyage dans un grenier (4878) et les Racontars
illustrés d'un vieux collectionneur (1888), livres d'une conception
originale et sans précédent, d'un esprit bien français, d'une séduc-
tion toute particulière. Au point de vue de l'image, de charmantes
reliures y alternent avec des joyaux de la céramique française et étran -
gère et du royaume du bibelot, et les Joyeux convives de Dirk Hais,
tableau daté de 1624, semblent prendre en pitié l'attitude réservée de
Rose et CoZo^, délicieuse gouache deBaudouin, acquise pour le Grenier
au prix d'une métairie. Les suprises sont plus vives encore de la part
du texte où, à côté de curieux détails touchant la bibliophilie, la
bibliographie et tous les arts, on rencontre, grâce à une abondante
réunion d'autographes et aussi à des souvenirs personnels de l'auteur^
des révélations piquantes, parfois douloureuses, sur des points de
rhistoire contemporaine littéraire, sociale et politique.
Ceux qui ont eu le plaisir de lire les Racontars s'étonneront peut-
être de ce que « le vieux collectionneur »^ après avoir déclaré à plu-
sieurs reprises que les habitants chéris de son Grenier ne le quitte-
ront qu'après son décès, leur fait prendre dès à présent le chemin
de l'exil. Il faut donc qu'ils sachent que, non content d'avoir donné
«ne satisfaction à ses goûts et une agréable mais coûteuse pâture
intellectuelle à un public d'élite, le maître du Grenier a voulu aussi
semer le bon grain parmi les humbles. En patriote ardent, il a
conçu, il y a un an, l'idée d'une Encyclopédie populaire Uluslrée^
destinée « à instruire et surtout à éduquer le suffrage universel >,
c'est-à-dire à compléter l'instruction primaire par des connaissances
indispensables aujourd'hui dans toutes les conditions sociales. Cette
Encyclopédie devait comprendre un résumé élémentaire de l'histoire
de l'humanité dans tous les pays et dans tous les âges, et de ses
derniers progrès dans la science appliquée, l'agriculture, l'industrie,
le commerce et les arts. Dans ce noble but, il s'était assuré le con-
cours de savants et d'écrivains tels que Jules Simon, Berthelot, Léon
Say, Louis Ménard, le générai Thoumas, etc. L'ouvrage, en un gros
yolUme in-folio, devait être imprimé et illustré avec luxe, pour
former en même temps le goût et captiver l'imagination • de la jeu-
nesse. M. Cousin pensait le faire distribuer gratuitement au plus
grand nombre possible d'écoles, en demandant un sacrifice de
quelques centaines de firancs à tous ceux qui exercent un mandat au
nom du suffrage universel. L'éminent Toqué a justifié là pour la
LE GRENIER DE M. COUSIN 167
première fois son glorieux surnom, en oubliant dans sa candeur
patriotique qu'il est plus avantageux d'exploiter pour son profit ou
sa vanité le suffrage universel que de « l'instruire et de Téduquer ».
Le numéro spécimen adressé aux sénateurs, députés et conseillers
généraux n'ayant pas réussi à provoquer les souscriptions néces-
saires, M. Cousin a tenu à rembourser intégi-alement les dons offerts
par de généreux amis de l'instruction populaire,et le Toqué désabusé
a gardé pour lui toutes les dépenses de son essai. Cette circonstance,
jointe à des sacrifices qu'il avait faits pour la publication ruineuse de
ses Racontars (dont il a distribué libéralement nombre d'exemplaires),,
est, croit-on, pour beaucoup dans la détermination qu'il a prise de
liquider prématurément la partie la plus précieuse de ses collections.
Après tout la gloire d'un collectionneur n'est définitivement consa*
crée que par la dispersion de ses trésors et notre bibliophile a biea
mérité d'assister vivant à son apothéose.
Le Catalogue de sa bibliothèque, dont la vente aura lieu du 7 au
11 avril prochain, par l'intermédiaire de M. Durel, libraire-expert, est
précédé d'une étourdissante Oraison funèbre, due à la plume de
M. Henri Beraldi, vice-président des Bibliophiles contemporains*
n comprend 836 articles, dont les annotations abondent souvent en
sailUes piquantes. Toutes les grandes branches du savoir humain y
sont représentées, mais d'une façon très inégale. L'ensemble, image
fidèle de la tournure de l'esprit du Toqué, dénote qu'au point de v«e
extérieur il ne recherchait que les manifestations du beau ou de
l'agréable, et que sous le rapport intrinsèque, lorsque l'attrait artis-
tique du livre ou de son enveloppe faisait défaut, il ne s'attachait
qu'aux œuvres immortelles ou à celles capables de récréer l'esprit et
d'exciter ce qui est « le propre de l'homme ». C'est pour cela que
les Belles-Lettres occupent une place prépondérante dans sa collec-
tion, qui brille d'autre part par une déKcieuse sélection de livres
illustrés et par de belles reliures de tous les temps.
Tout d'abord on y trouve plusieurs manuscrits depuis le xrv»
jusqu'au xviiie siècle, quelques-uns décorés luxueusement. Nous y
remarquons un poème inédit sur la Passion de Jésus-Christ, par
Nicolas de Vérone, trouvère franco-italien, volume exécuté vert
1380 et orné de trente miniatures ; puis deux manuscrits d'afi
intérêt historique : la Prosopopée sur M^ le duc d^Orléans, RégeMj
M°^^ de Berry et le cardinal Dubois, accompagné de vingt dessins
en couleurs, et le Carnet autographe du duc^d'Orléans (Philippe-
Egalité) sur rassemblée de notables réunie en ilSl ; enfiir te
Dernier Carnet de poche d'Alfred Delvaù, propre à exciter la
curiosité, comme offrant des c notes prises au jour le jour sur diirenit'
168 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
personnages connus » et contenant des c indiscrétions croustil-
lantes » (1).
Il faut croire que M. Cousin ne professe pas un culte bien vif
pour les incunables, car l'imprimerie au xv« siècle n'y est repré-
sentée que par deux œuvres, et encore ce n'est point leur âge
respectable qui Ta tenté, mais leur conservation et les sujets qu'ils
traitent . L'un est l'épitre de Pétrarque De Fide nxoria avec le char-
mant opuscule Griselidis (Ulm, 1473) ; l'autre est le Liber Face-
ciarum de Pogge (Venise, 1475), tous deux non rognés, a Ces deux
perles, dit la note du catalogue, ont été, il y a plus d'une vingtaine
d'années, l'objet d'une lutte héroïque entre le Grenier et la
Librairie Techener. »
M. Cousin n'ambitionnait pas non plus de colliger des chefs-
d'œuvre de la typographie ancienne, ce qui constitue une spécialité
très vaste. Il a bien quelques produits des presses des Aide et de
Plantin, mais ce n'est qu'en raison des reliures qui les recouvrent.
Les Elzeviers sont plus nombreux, mais encore plutôt pour leurs
brillants habits, ou bien à cause des auteurs dont ils reproduisent
les œuvres, par exemple: les Philosophica de Cicéron (1642), les
Satyres de Régnier (1692), les Provinciales de Pascal (1657).
Bien qu'il soit avant tout un moderniste , il fit entrer dans son
grenier la substance du génie français , généralement en dehors de
toute préoccupation extérieure, et il témoigne même d'une singu-
lière tendresse pour les poètes du Moyen- Age et de la Renaissance.
Il a deux bonnes éditions des Essais de Montaigne ( 1595 et 1602)
et quatre de La Bruyère (1692, 1694, 1696 et 1750) ; il a le Roman de
la Rose, édition Galiot du Pré ( 1529) en ancienne reliure de Derome ;
la meilleure édition des Œuvres d'Alain Chartier (Paris, 1617),
exemp. en grand papier; Les Faicts et Dits de Molinet ( Paris, 1531,
in-fol., go th. ) ; L'Adolescence Clémentine de Cl. Marot (Lyon, Fr.
Juste, 1535), l'un des trois exemplaires connus, dit-on ; les Œuvres
du même auteur (Lyon, 1545), en ancienne reliure doublée; et
aussi l'édition de Jean de Tournes, 1553, et celle de La Haye, 1700,
revêtue d'une charmante reUure de Derome le jeune. Puis viennent :
un superbe exemp. des Œuvres de Baïf, au complet (Paris, 1572 et
1573), de ceUes d'Amadys Jamin (Paris, 1579-1584,2 vol. in-12),de
celles de Joachimdu Bellay (Rouen, 1592), etc. Son illustre parent
(1) Nous apprenons au dernier moment que le bonhomme nulUmeni
médUatU et ami du prochain, désirant éviter à plusieurs journalistes, dont il
goûta fort le talent, l'ennui que pourrait leur causer la pubUcation probable
du Cornet de Delvau, s'est décidé à ne pas le mettre en vente.
LE GRENIER DE M. COUSIN 169
La Fontaine est représenté par vingt articles. En tète figure une vieille
connaissance à moi, Tédition originale, introuvable, de VÉlégie, aux
Nymphes de Vaux, composée à l'occasion de la disgrâce de Fouquet^
et le brouillon de son Ode pour la paix , publiée avec de notables
changements en 1671. Ces précieuses reliques proviennent de la
bibliothèque Ambroise Firmin Didot, mais ce que je n'avais pas vu,
et ce qui n a pas échappé au perspicace Toqué, c'est que cette ode,
en rhonneur de Mazarin, a été écrite sur du papier aux armes du
cardinal, en filigrane, ce qui prouve qu'elle a été improvisée dans le
cabinet même de ce ministre, détail qu'on ignorait encore.
Dans la section consacrée au Théâtre , nous remarquons d'excel-
lentes éditions de Corneille (1668, 4 vol. in-12), de Molière (1682,
8 vol.). de Racine (1697, 2 vol.), et même l'édition originale du
Misanthrope (1667), exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet au chifi&*e
de Mr* le duc d'Aumale. — Enfin, dans l'Histoire, notons en fait de
vieux livres : la Chronique de Gommines, l'édition rarissime impri-
mée en 1525 par « Maistre J. G. », et les Illustrations de Gaulle^
de Le Maire de Belges (1548), en reliure du temps mosaîquée.
Mais c'est surtout sous le rapport de l'art que cette bibliothèque
brille d'un vif éclat. Si la gravure sur bois du XYi® siècle n'y est
représentée que par quelques échantillons , en revanche la taille-
douce y joue un rôle important. 11 serait trop long de tout énumé-
rer, et je me borne à signaler, pour le xvii® siècle, la représenta-
tion du célèbre carrousel de 1662 ( Courses de têtes et de bagues ;
Paris, 1670, gr. in-fol.), avec 96 planches par Israël Silvestre et Fr.
Cliauveau, superbe exemp. aux armes royales ; et pour le xyiii® siècle :
les Fables à^ La Fontaine, avec les figures d'Oudry, superbe exemp.
de premier tirage, en maroquin ancien ; les Contes^ de l'édition des
Fermiers généraux, avec épreuves de premier tirage et figures
découvertes, exemp. relié par Derome; les Amours de Cupidan et
de Psyché , avec les figures de Moreau le jeune, avant et avec la
lettre, aussi en maroquin de l'époque; les Baisers, de Dorât, exemp.
en grand papier, revêtu d'une riche reliure triplée, et les Fables du
même auteur, en condition semblable ; Zélis au bain, en grand
papier, avec des épreuves hors ligne des figures d'Eisen ; le Rabe-
lais de Le Duchat, avec le dessin original (payé par le Toqué
1,500 fr.) du beau frontispice du tome II , par Folkema; Manon
Lescaut (ilbS) y en reliure doublée de Trautz-Bauzonnet, exemp*
de Delbergue-Gormont (2,0(X) fr.) ; Il Decatnerone (1757), avec la
suite de vingt figures libres et leur titre. Une mention spéciale est
due â la Galerie du Palais-Royal (1786), l'exemplaire même du
duc d'Orléans, en épreuves de premier choix, en vingt-deux livrai-
i70 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
sons cartonnées en papier bleu de roi, aux armes et aux écoinçons
du duc.
Le xixe siècle illustré est ici aux honneurs. La plupart des beaux
livres s'y trouvent, depuis ceux ornés de figures en couleurs de
Debucourt, de lithographies des Vernet, de gravures sur acier et sor
bois, de chromolithographies, de chromotypies, jusqu'aux magie*
traies publications de ces dernières années, illustrées par nos meil-
leurs aquafortistes et xylographes ou à l'aide d'ingénieux procédés.
On y voit des Grand ville, des Raffet, des Daumier, des Monnier^
etc., puis les joyaux bibliophiliques édités par Jouaust, Lemerre,
Quantin, Galmann-Lévy, Launette, Boussod et Valadon, Ferroud, la
Société des Amis des Livres, et surtout ceux de L. Gonquet, que la
postérité classera au nombre des éditeurs d'élite pour son goût et
son intelligente initiative. Et presque tous ces livres sont en exem-
plaires exceptionnels, souvent avec des dessins originaux ajoutés.
Dans cette bibliothèque, aimable et gaie avant tout, il y a aussi
une section • gaillarde » très corsée. Rassurez-vous cependant, car
ce n'est point de l'obscénité grossière, mais de la gauloiserie
franche ou raffinée, relevée par un cachet d'art. Le roi de cet
c enfer j> est le fameux livre du fermier général de la Popeliniëre^
Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la viey
imprimé à un seul exemplaire pour l'auteur qui se fit représenter
lui-même ce en action y> dans dix-huit miniatures, dont la plupart
sont d'une beauté sans égale.
- Quant aux belles reliures de cette collection, c'est un véritable
enchantement. Il y en a des centaines, les unes phis riches ou plus
intéressantes que les autres, de toutes les époques, depuis les grand»
artistes du xvi^ siècle jusqu'aux maîtres relieurs contemporains.
Quel plaisir que de contempler la finesse des plats dorés à petit8>
fers par Le Gascon sur deux volumes de Gureau de la Ghambre,
ou la sobriété magistrale des reliures de Boyet, dont il y a ici toute
une série, et plusieurs doublées ; l'une d'elles recouvre l'édition
originale du Discours sur Vhistoire universelle, de Bossuet, et est
au chiffre de Marie d'Aspremont, duchesse de Lorraine ; une autre
a été exécutée pour Philippe d'Orléans, le régent (Mezeray, Histoire
de France, 4692). Padeloup nous ravit par sa délicieuse décoration
en mosaïque sur un des exemplaires de présent de la Suxtte
d'Estampes, gravées par M™» de Pompadour, et nous charme par
les losanges mosaïques dont il a orné les plats du Daphnis et ChLoèj
avec les figures du Régent. Les Derome brillent par leur fraîcheur.
On vient de voir que certains de ces livres sont de provenance
illustre, mais il y en a bien d'autres encore, et des plus importants
LE aRENIER DE M. COUSIN 171
i c«[ égard. Nous nous bornerons à dire que le Grenier se glorifiait
de posséder des exemplaires dont la reliure est à l'efligie, aux armes
ou au chiffre de François l", de la reine Margot, de Marie Leczynska,
de Marie- Antoinette, du cardinal de Richelieu, de M»° de Mainteooa,
de la duchesse de Retz, de la comtesse de Verrue, de de Thou, du
comte d'Hovm, et d'une foule d'autres personnages célèbres ou
bibliophiles de marque. Ajoutons-y un Canevari d'une rare beauté et
le manuscrit des Statuts des ordres de la Jarretière et de Saint-
Miehel, en fran;ais, dont la reliure en maroquin sombre, comme le
destinataire, porte cette audacieuse dédicace à Philippe II, roi
d'Espagne ; D. PhiUppo Hispaniarum et Angu-E Régi. AniM
MBL VI.
Je n'ai pas tout dit sur cette bibliothèque ; ceux qui voudront en
savoir plus long n'ont qu'à lire tout le calalo'gne : je leur garantis
qu'ils y trouveront plaisir et profit.
Et maintenant, cher bibliophile, il faut recommencer. Votre Gre-
nier, dépouillé de sa parure, est en deuil et attend des consolations
que vous ne sauriez lui refuser, car vous ne sauriez renoncer aux
séductions de la carrière de collectionneur. Il est nécessaire, d'ail-
leurs, que vous prêchiez d'exemple usque ad finem pour inoculer
votre belle passion à de nouveaux bibliophiles contemporains, afin
que vous ne soyiez pas le dernier Toqué, et laissiez, au contraire,
une nombreuse progéniture.
G. Pawlowski.
REVUE CRITIQUE
DE
PUBLICATIONS NOUVELLES
La loi Gombette. Reproduction intégrale de tous les
manuscrits connus recueillis, publiés et annotés par
J. E. Valentin-Smith, conseiller honoraire à la Cour
d'appel de Paris, officier de la Légion d'honneur et
de l'Instruction publique* Lyon, Louis Brun ; Pcwis,
Alphonse Picard, 14 fascicules gr. in-8 dont un en
fac-similé.
L'influence des Burgondes sur les mœurs et la civilisation fran-
çaises est aujourd'hui un fait admis ; cette influence était encore
contestée, il n'y a pas bien longtemps, même par les plus érudits, et
les Burgondes étaient tenus chez nous dans un injuste oubli. Un
vénérable savant, M. Yalentin-Smith , frappé du rôle important
qu'avait joué ce peuple méconnu, publiait dès 1860 d'intéressantes
notes sur l'initiative politique de cette nation et lisait à la Sorbonne,
deux ou trois ans plus tard, des travaux qui furent très remarqués
alors sur V Établissement de la Monarchie tempérée à Lyon à la
fin du ye siècle et sur la Famille chez les Burgondes, Ces essais
n'étaient, en réalité, que la préface d'une étude générale dont la
seconde partie devait être l'examen approfondi de la législation de
ce peuple.
Et ce n'est qu'aujourd'hui, après trente années d'études, que M.
Yalentin-Smith, travailleur infatigable, met à exécution le projet
qu'il avait formé depuis si longtemps de publier les treize manus-
crits de l'un des deux codes burgondes, la Loi Gombette. La tâche
était ardue, et les recherches considérables, que nécessitaient la
publication de ces documents importants, ont été d'autant plus
laborieuses que les textes de cette loi sont disséminés dans cinq
dépôts différents, en France, en Allemagne et en Italie.
REVUE CRITIQUE DE PURLICATIONS NOUVELLES 173
De la loi Gombette édictée au VI« siècle par Gondebauld, il ne
nous est resté que des manuscrits relativement modernes des ix® et
x« siècles. Déjà un savant allemand, M. Bluhme, avait publié des
variantes de la loi burgonde, mais il arrive firéquenmient que ces
variantes comme le dit avec raison M. Valentin-Smitb, « éparses,
séparées du texte auquel elles appartiennent, perdent de leur inté-
rêt B et que oc juxtaposées les unes auprès des autres, elles deviennent
parfois même une fatigue pour l'attention bien plus qu'une lumière
pour la critique. i>
Le savant auteur de la Bibliotheca Dutnhensis ( 1 ), voulant four-
nir aux hommes d'étude tous les éléments et les moyens d'apprécier
et de choisir entre ces différents textes, s'est déterminé à publier les
manuscrits de la Loi Gombette dans leur intégralité et, malgré ses
96 ans, il n'a épargné, pour mener à bonne fin sa délicate entre-
prise, ni son temps ni sa peine.
M. Valentin-Smith, jurisconsulte éminent autant que consciencieux
historien, ne s'est pas borné à copier ou à faire copier d'abord, à
donner à Timpression ensuite les manuscrits qu'il publie aujour-
d'hui ; après les avoir comparés les uns avec les autres, il a eu soin
de les accompagner de notes substantielles et précises que sa haute
compétence en ces matières ne pouvait [manquer de nous rendre
particulièrement précieuses. Très modestement aussi, l'éditeur de la
Loi Gombette a fait appel à Bluhme et à Gaupp qui ont, nous dit-il,
élucidé et résumé, l'un au point de vue de la législation, l'autre
sous le rapport de l'histoire, tout ce que l'on sait sur les Burgondes.
On trouvera du reste, précédant les treize manuscrits publiés inté-
gralement aujourd'hui pour la première fois, la traduction des tra-
vaux de ces deux auteurs allemands.
Le sixième fascicule reproduit en fac-similé le précieux mss.
de la Lex burgondionum, conservé dans la bibiothèque des cha-
noines d'I\Tée, découvert par Peyron en 1843, et qui, écrit en Italie,
daterait du ix^ siècle. Ajoutons que la Bibliothèque nationale ne
possède pas moins de dix mss. de la Loi Gombette.
Nous ne pouvons, on le comprendra, nous livrer ici à une étude
approfondie des différences qui existent entre chacun des textes
publiés par M. Valentin-Smith. Ce serait témérité de notre part que
de vouloir aborder la discussion périlleuse d'un sujet essentiellement
( 1 ) Bibliotheca Dumbensis ou Recueil de chartes, titres et documents pour
servir à l'histoire de Dombes recueillis et publiés par MM. Valentin-Smith et
M. G. Guigue, archiviste en chef du département du Rhône. Trévoux, Jules
Jeannin, 2 vol. gr. in-4.
174 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
spécial ; notre rôle, infiniment plus modeste, se borne donc à signa-
ler à nos lecteurs l'important travail de M. Valentin-Smith et à
enregistrer le succès qui Ta accueilli, dès son apparition, dans le
monde des jurisconsultes et des savants.
Georges Vicaire.
Notes POUR servir a l'histoire de l'Imprimerie a Niort
ET DANS LES Deux-Sèvres, par Henri Clouzot, atta-
ché aux Archives des Deux-Sèvres. Niort, L. Clouzot,
1891, gr. in-8 de III-163 pp. et 1 £. de table.
Les origines de l'Imprimerie en province, si Ton en excepte
quelques grands centres comme Lyon, Albi, Troyes, etc. sont, en
général, assez peu connues. Dans le précédent numéro du Bulletin,
notre savant collaborateur, M. A. Glaudin, nous entretenait, avec sa
haute compétence, des origines de l'art typographique à Hesdin en
Artois, et tandis que M. Monceaux, dont j'ai récemment parlé à pro-
pos de sa Hévolution dans V Yonne, prépare une histoire de Tim-
primerie dans ce même département, M. Henri Clouzot, attaché aux
archives des Deux-Sèvres, publie des notes pour servir à celle de
rimprimerie niortaise et de quelques villes voisines. On ne saurait
trop encourager les érudits dévoués qui se consacrent à l'étude de
pareilles questions et pour peu que chaque province apporte son
contingent, toutes ces monographies ne tarderont pas à former une
histoire générale qui constituera un monument précieux.
L'établissement de l'imprimerie dans les Deux-Sèvres présente un
caractère très particulier ; c'est le protestantisme qui a été sa seule
raison d'être et M. Henri Clouzot nous apprend, dans un avertisse-
ment où il expose le plan de son ouvrage en termes brefs mais clairs
que « presque tous les produits des presses de ce pays sont des ma-
nuels de piété, des traités théologiques ou polémiques, des caté-
chismes, des livres de prière ou de liturgie à l'usage de ceux de la
Religion réformée. » On sait d'autre part quelles peines sévères
étaient édictées, aux xviie et XYiii^ siècles, contre les imprimeurs
et les libraires qui imprimaient ou mettaient en vente des ouvrages
protestants ; les acheteurs eux-mêmes devaient, pour ne pas être
inquiétés, prendre de sérieuses précautions. Dans de semblables con-
ditions, il n'est pas surprenant que les livres imprimés à Niort et
dans les Deux-Sèvres, avant 1789, soient devenus fort rares, car il
faut croire que grand a été le nombre de ceux qu'ont détruits les
flammes du bûcher.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 175
On trouve encore assez fréquemment, écrit M. Clouzot, des psautiers im-
primés par les Bureau, au XVII« siècle ; on rencontre aussi quelques livres
du premier imprimeur niortais Thomas Portau, et plus souvent encore les
œuN-res ded'Aubignéet de du Plessis-Mornay imprimées à Maillé et à la Forêt-
sur-Sévre ; mais à part ces quelques titres, la plupart des ouvrages cités dans
notre étude n'existent qu'à quelques exemplaires, disséminés dans les biblio-
thèques de Paris, de Poitiers, de Niort, de La Rochelle, de Bordeaux, et dans
quelques collections particulières.
L'auteur avoue même consciencieusement avoir dû pour une
dizaine d'ouvrages, qu'il n*a pu trouver, les décrire de seconde
main. Quant aux autres il s'est évertué à en donner des descriptions
aussi exactes que possible et à recueillir, à noter toutes les indica-
tions de nature à guider l'amateur ou le bibliophile. Le travail de
M. H. Clouzot est d'ailleurs divisé en deux parties distinctes : les
biographies et la bibliographie qu'il a fait suivre d'une liste chro-
nologique des libraires et imprimeurs de 1789 à 1870.
Ce ne fut qu'en 1594 que l'imprimerie fit son apparition à Niort
avec Thomas Portau dont le premier livre sorti de ses presses est
intitulé : Responce a Vinstrvction, et confession de foy adressée au
peuple François par F. Clau de de Xainctes, et envoyée par VAn-
goumoys par C. de Boni, Par laquelle est aisé... Par George
C. D. Parcard (sic) Segusien.
D'après M. Clouzot, l'arrivée du premier imprimeur à Niort doit
être considérée beaucoup plus comme une conséquence des polé-
miques religieuses que comme une entreprise littéraire répondant
aux besoins intellectuels de la population. Thomas Portau exerça
jusqu'au mois de juillet 1600, époque à laquelle il céda son impri-
merie à René Troismailles dont nous reproduisons ici la marque.
176 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
TroiBmaillea termina sa carrière en 1610, laiesant ses presees A sa
veuve qui semble n'avoir imprimé, après la mort de sou mari, que
le Tkréaor d'itislrvctions et consolations pour l'ame Chrestietute,
par !. de Cuville, pasteur de l'église réformée de Couhé, le seul
ouvrage que cite M. Clouzot. L'imprimerie de Tbomaa Portau dont
Troismailles avait pris la succession passa ensuite entre les mains
d'Anthoine André, de Jean Lambert et de Jean Moussât. Elle était le
seul établissement de ce genre lorsque, vers 162S, un nouvel atelier
flit fondé à Niort par Jean Bureau qui arrivait de la Forét-eur-Sëvre
où il avait déjà imprimé et qui avait pris pour marque l'orme et le
solitaire des Elzeviers avec cette devise : Vide benignitatem ac
severitatem Dei.
La dynastie des Bureau exerça pendant plus de cmqnante-cinq
ans, à Niort.
Nous ne prétendons pas donner ici une analyse complète de l'ex-
cellente étude de M. H. Clouzot ; il nous faudrait une place plos
grande que celle dont nous disposons pour parcourir avec lui la
liste des typographes des Deux-Sèvres qui ont exercé dans ce dé-
partement jusqu'à la Révolution ; mais nous ne pouvons cependant
pas omettre de mentionner l'exercice d'Antoine Faultré et de son
fils Antoine Faultré II, les premiers imprimeurs catholiques qui
vinrent s'établir à Niort et dont la première production Reglemens
pour la congrégation des dames de la miséricorde daterait non de
1751 comme l'indique, par erreur probablement, te titre, mais bien
de 1656, date qui se trouve inscrite dans l'approbation.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 177
En somme, la monographie que nous donne aujourd'hui M. Clou-
zot est excessivement intéressante ; elle est faite, on le voit, par un
travailleur scrupuleux, et si l'on considère que les documents sur
les imprimeurs des Deux-Sèvres sont des plus rares, il faut convenir
que l'auteur s'est tiré, à son grand honneur, de la tâche difficultueuse
qu'il a entreprise-
G. V.
Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Tlnstitut,
rédigé par Fernand Bournon, archiviste paléographe.
Paris, Honoré Champion, 1890, gr. in-8o de 66 pp.
Les catalogues imprimés sont malheureusement trop peu nom-
breux dans nos bibliothèques publiques ; c'est là une lacune qu'il
est sans doute difficile de combler du jour au lendemain, en dépit
de toutes les bonnes volontés, mais il n'en est pas moins vrai que la
publication de travaux de ce genre rendrait aux travailleurs les plus
éminents services. Il faut donc féliciter les savants dévoués qui se
consacrent à cette tâche parfois aride, toi]gours minutieuse, et qui
trouveront la récompense de leurs peines et de leurs laborieuses
recherches dans l'utilité même de leur œuvre. Les catalogues ma-
nuscrits sont bien souvent incorrects, et celui des manuscrits de la
bibhothèque de l'Institut, rédigé par Ameilhon, et encore en usage
aujourd'hui, n'est pas exempt de ces incorrections.
M. Fernand Bournon, pour parer à cet inconvénient qui peut être
préjudiciable aux travailleurs, s'est mis courageusement à l'œuvre
et a dressé la liste des manuscrits de l'Institut ; il en enregistre 543
qu'il décrit avec soin sans compter l'importante collection de pièces
manuscrites formée par Godefroy et dont M. Lalanne a entrepris
l'inventaire détaillé. M. Bournon a rédigé son travail non-seulement
en suivant l'ordre des principales classifications : théologie, juris-
prudence, sciences et arts, etc., mais il a pris soin de faire dans
ces différentes parties principales une sous-classification qui faci-
litera notablement les recherches. Il indique en outre l'origine ou
la provenance des manuscrits, en même temps qu'il donne la des-
cription des reliures qui les habillent.
M. Fernand Bournon a fait une œuvre utile en rédigeant ce trsH
vail, M. Champion en le publiant, et il convient de les en remercier*
G. V.
1891 12
178 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Bibliographie des écrits relatifs à Mandrin, par Edmond
Maignien^ conservateur de la bibliothèque de Gre-
noble. Grenoble, Emile Baratter, 1890, gr. in-S® de
31 pp.
La popularité de Mandrin fut telle, au milieu du xvni« siècle, et
dans le Dauphiné surtout, dont il est originaire, que ses exploits
devinrent Tobjet d'un nombre considérable de publications de tous
genres. Les prosateurs ont écrit l'histoire du fameux contrebandier,
les poètes ont rimé des poèmes sérieux ou burlesques, pour la plu-
part d'une facture assez piteuse, en l'honneur de l'ennemi déclaré
des fermiers généraux . Les opinions les plus diverses ont circulé au
sujet de ce bandit, cruel selon les uns, qui n'aurait fait de mal à
personne suivant les autres, et que le maire de la ville de Beaune,
prise par Mandrin, à la tète de quelques hommes armés, eût la
faiblesse de recevoir à la maison commune où il lui offrit le vin
d'honneur Bref, malgré les trop nombreux écrits relatifs à ce per-
sonnage qu'il était, en somme, préférable de ne pas rencontrer au
coin d'un bois, il paraît que l'on découvre encore chaque jour sur
sa vie mouvementée de nouveaux et piquants détails. C'est pour
faciliter les recherches des historiographes à venir du célèbre mal-
faiteur qu'un bibliophile érudit, M. Edmond Maignien, l'obligeant
conservateur de la bibliothèque de Grenoble, vient de dresser la
bibliographie des ouvrages de toute sorte, livres, articles de revues
et de journaux, romans, comédies, chansons, etc., affiches illustrées
même, relatifs à Mandrin.
Le sujet est bien spécial, mais en matière bibliographique,- tout
sujet devient intéressant, du moment qu'il est traité avec conscience,
et c'est bien le cas de l'originale plaquette de M. Maignien.
G. V.
Traité complet de la science du blason à Tusage des
bibliophiles, archéologues, amateurs d'objets d'art
et de curiosité, numismates, archivistes, par Jouffroy
d'Eschavannes. Ouvrage orné de nombreux blasons
finement gravés. Paris, Marpon et Flammarion,
in-16 carré de 280 pp.
• Les bibliophiles et tous les collectionneurs en général, ont besoin,
à un moment donné, de recourir à des traités du blason. Les ou-
vrages héraldiques anciens sont fort recherchés aujourd'hui et
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 179
atteignent parfois des prix relativement élevés. Pour mettre à la
portée de tous ce livre, indispensable aux archéologues comme aux
numismates, la librairie Marpon et Flammarion vient de publier
une nouvelle édition du traité de JoufTroy d'Eschavannes . Très
clairement expliqué et orné de blasons gravés avec soin, le traité de
M. JoufTroy d'Eschavannes sera pour tous d'un précieux secours.
Il en a été tiré 25 exemplaires numérotés sur papier du Japon et
10 sur papier de Chine.
G. V.
L'Évasion de la Valette (1815). Documents inédits
annotés et publiés pour la première fois par Georges
d'Heylli . Paris, P. Roiiquette et fils 1891 , in-18 de 40 pp.
. Tout le monde connaît le célèbre procès criminel intenté au comte
de La Valette, en 1815, après les Cent jours ; M. Georges d'Heylli
vient de découvrir des documents inédits relatifs à l'évasion du direc-
teur général des postes de l'Empire et ce sont ces documents, tous
originaux, qu'il livre aujourd'hui à la publicité. Provenant du cabinet
d'un ancien secrétaire de l'un des plus illustres ministres de la Res-
tauration, ils ont le mérite d'être absolument authentiques et jettent
un jour nouveau sur les suites de ce procès considérable qui pas-
sionna alors si vivement l'opinion publique.
Très soigneusement imprimée par Jouaust, cette plaquette n'a été
tirée qu'à 200 exemplaires.
G. V.
Les Œvvres poétiqves de M. Bertavt, évesqve de Sées,
abbé d'Aunay, premier aumosnier de la Royne pu-
bliés d'après l'édition de 1620 Avec introduction
Notes et Lexique par Adolphe Chenevière, docteur
ès-lettres. Paris, E. Pion, Nourrit et O^, imprimeurs-
éditeurs, 1891, in-16 de LXIV-557 pp.
C'est une bien curieuse figure que celle de Jean Bertaut dont les
éditeurs de la Bibliothèque elzévirienne publient aujourd'hui les
œuvres poétiques. Homme de cour et prélat, c'est en même temps
un lettré, un dilettante d'amour et d'art ; c'est surtout un poète dé-
licat dont chaque larme, chaque sourire, chaque tressaillement se
traduit en élégies, en complaintes, en sonnets, en stances ! Disciple
180 BULLETIN DU BIBUOPHILE
de Ronsard qui lui inspirait une profonde admiration, compatriote
et contemporain de Malherhe, Jean Bertaut a tenu sa place entre ces
deux poètes ; et si Boileau qui manquait rarement une occasion
de manifester sa haine pour le chef de la Pléiade a félicité l'élève
d'être plus retenu que son maître, on retrouve néanmoins dans les
œuvres de Tévéque de Sées une désinvolture assez sincère et d'assez
nobles audaces pour que nous aimions à les lire.
Depuis 1633, aucune édition de Bertaut n'avait été publiée. C'était
une lacune dans notre galerie d'ancêtres poétiques. La librairie Pion
a eu à cœur de ne pas laisser cette place vide, et, au moment où
elle reprenait en main, pour la continuer, l'intéressante collectioa
dé la Bibliothèque elzévirienne, elle a tenu à remettre en lumière
la figure du poète Jean Bertaut. C'est à M. Adolphe Chenevière,
docteur ès-lettres, qu'elle a confié ce soin et il faut dire que cet
écrivain s'est acquitté consciencieusement de sa tâche, en homme qui
répare, avec une sorte de satisfaction, un oubli de la postérité. M.
Chenevière était, du reste, tout désigné, lui qui a le culte de nos
vieux maîtres et qui a déjà replacé à son rang le mystérieux ami de
la reine de Navare, Bonaventure Despériers. L'édition nouvelle des
œuvres de Bertaut peut être considérée comme l'édition définitive;
soigneusement imprimée sur papier vergé, elle contient une intro-
duction littéraire et biographique, des notes piquantes, une bibliogra*
phie très complète et un glossaire. Nous ne doutons pas du boa
accueil que recevra, dans le monde des lettrés, ce livre digne de
toute son attention et de toute sa sympathie.
G. V.
Les Régiments d'autrefois. Le Régiment de la Couronne
(1643-1791). Annales et documents recueillis par le
vicomte Oscar de Poli. Illustrations de C. de VEpi-'
nois, Paris, conseil héraldique de France, 21 Avenue
Carnot, 1891. Grand in-S» de lvi-370 p.
Le beau volume que je viens examiner contient : io Une remar-
quable introduction de M. le vicomte de Poli, de laquelle nous nous
occuperons tout à l'heure ; 2» une notice sur le Régiment de la
Couronne, rédigée par André Borne de Gagères, lieutenant-colonel
commandant au corps du génie, mort le 2 mars 1812, tirée des
Archives du château de Beauvoir, résidence du comte de Ck)urtin
de Neufbourg, et qui forme un court, mais excellent historique dudit
régiment depuis 1643 jusqu'à 1740 ; 3<> une autre notice plus déve-
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 181
loppée, écrite en 1766 par Louis Picault des Dorides, capitaine
aide- major dans ce régiment, mort général en i802, conservée
parmi les manuscrits de la bibliothèque Mazarine, sous le n» 2947
et intitulée : Annales du Régiment de la Couronne, de 1643 à
1766 (1) ; 4« la reproduction des pages consacrées par M. le général
Susane, dans son Histoire de V Infanterie Française, au régiment
de la Couronne et qui conduisent ses Annales jusqu'au jour où il
perdit son glorieux nom ; 5^ une série de cinquante documents
inédits, communiqués pour la plupart par M. le commandant Robert
de Gourson et extraits des Archives de son château de Lisandré (2) ;
&> un grand nombre de gravures, dues au très distingué talent de
M. Charles de Buchère de TEpinois (3), parmi lesquelles on distingue
un magnifique portrait du marquis de Lameth, colonel du régiment
de la Couronne de 1784 à 1791, les portraits (de plus petites dimen-
sions) du duc de Vitry, premier colonel du même régiment (1643-
1666), du duc d'Havre, colonel de 1735 à 1745, du prince de Mont-
barrey, colonel de 1758 à 1761, du comte de Ghoiseul-Goufïier,
colonel de 1782 à 1783, de Louis de Pontis, premier capitaine et
organisateur du régiment en 1643, de divers autres officiers, le
fac-similé d'une estampe de la bibliothèque Nationale, représentant
le siège de Maëstricht (1673), le fac-similé d'un dessin de Delaittre
conservé au Ministère de la Guerre et représentant un soldat du
régiment de la Couronne au xviiie siècle, etc. ; 7© un index ono-
mastique aussi net que complet.
Revenons à l'Introduction. C'est, à tous les points de vue, un
morceau véritablement exquis. L'auteur y résume, en un vif et
chaleureux langage, les admirables annales du régiment de la Cou-
(1) M. de Poli explique ainsi (p. ui) pourquoi il a séparé les deux récits
au lieu de les donner ensemble : « J'ai dû me demander s'il ne vaudrait pas
mieux fondre en un seul les deux historiques de Borne et de Picault ; mon
amour-propre n'y contredisait point ; j'aurais pu, ce faisant, me donner aisé-
ment les gants d'une œuvre personneUe ; mais c'eût été priver ii^ustement
les deux historiens d'un honneur posthume, et chacun des deux historiques
de son caractère original. Il vaut mieux que Ton puisse conférer les deux
textes, qui fréquemment se complètent l'un l'autre, encore que l'écrit de
M. de Gagères ne soit guère qu'un sommaire, une sorte de livre de raison du
Régiment, tandis que l'œuvre de Picault en est une véritable histoire. »
(2) Quelques-uns de ces documents, qui| complètent ce que M. de Poli
appelle « une encyclopédie du Régiment > sont d'un très grand intérêt. Ûa
trouve en tête une Table alphabétique des Officiers du Régiment de la Cour€ainB
dressée d'après les meilleurs documents ip[iprimés ou manuscrits.
' (3) Ce n'est pas un vain compliment que l'auteur adresse à son ami (p. uV)
en déclarant qu'il a ajoute un fleuron charmant auv vieux- trophée de tLà
Couronne » ; c'est là l'expression même de la vérité. L'habile artiste a M
le digne collaborateur de l'habile historien.
182 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ronne, mêlant à ses émouvants récits d'importantes considérations
dliistoire générale, traitant, par exemple, d'une façon supérieure,
ces questions tant débattues et désormais oiseuses : tout noble était-il
officier d'emblée ? Est-il vrai que sous la monarchie les nobles seuls
pussent parvenir aux grades ? On ne saurait trop recommander à
ceux qu'aveuglent encore les vieux préjugés, la lecture des pages
décisives on M. de Poli, critique non moins solide que brillant
narrateur, prouve qu'autrefois le stage militaire était aussi rigoureux
et surtout aussi long qu'à présent, et que c'est une contre-vérité
manifeste d'attribuer aux nobles de naissance le privilège exclusif
des grades. Faute de place, car j'ai deux autres excellentes publica-
tions à présenter encore à mes chers lecteurs, je ne puis insister
autant que je le voudrais sur les divers mérites du volume, mais je
donnerai à l'auteur l'éloge qui certainement le touchera le plus en
déclarant que son recueil produira une impression fortifiante en
notre pays. On se dira qu'un si beau passé promet un avenir répa-
rateur, et aux devises guerrières rappelées par M. le vicomte de
Poli en une page, écrite avec une verve éloquente^ chacun, en
refermant le livre, ajoutera cette devise de la maison de Bourbon,
qui terminait si heureusement le mémorable discours de réception
à l'Académie Française de Monseigneur le duc d'Aumale : Espé^
rance !
T. DE L.
Les Bibliothèques communales. Historique de leur for-
mation. Examen des droits respectifs de VÉtat et des
villes sur ces collections par M. Jules Loiseleur,
bibliothécaire de la ville d Orléans, — Orléans,
H. Herluison, 1891, grand in-S» de 127 p.
M. Loiseleur dit trop modestement, à la fin de son avant-prùpoê
(p. IX) : a Je ne vise qu'à un seul mérite, le bon sens appuyé sur
la bonne foi et l'exactitude. » Son important travail a été fort Men
analysé et fort bien apprécié dans un Rapport présenté à la Société
des Sciences et Arts d'Orléans (séance du 18 juillet 1890) par M. Marcdi
CSIuuroy et reproduit à la suite dudit travail (p. 115-129). M. Gharoj,
juge des plus compétents, a beaucoup loué ce traité qui éclaire ai
Tivement une période des plus intéressantes — surtout pour nons,
bibliophiles — de l'histoire de la Révolution, traité c où se mèleot
les vues générales les plus larges et les aperçus spéciaux les. pins
REVUE CRITIQUE DE PUBUCATIONS NOUVELLES 183
précis, » où • rbistorieQ et l'érudit se montrent i» également et où
« se manifeste aussi le jurisconsulte. » A mon tour, je féliciterai
M. Loiseleur d'avoir apporte tant de conscience dans ses recherches,
tant d'élégante netteté dans sa rédaction, tant de sagesse dans ses
conclusions. Il a traité avec non moins de tact que de savoir une
grosse et difficile question pendante depuis près d'un siècle et il en
a préparé sinon la situation parfaite, du moins celle qui, en l'état
des choses, semble la meilleure possible. Quoi qu'on pense, d'ail-
leurs, de la combinaison, de la transaction proposée par le judicieux
critique, on reconnaîtra que, pour le plus grand plaisir des lettréS|
il a tiré un habile parti de divers documents peu ou point con-
nus (1), et qu'il a heureusement emprunté à l'impartiale histoire
son flambeau pour ne laisser rien d'obscur dans un débat juridique
aussi délicat et aussi compliqué. Les six chapitres dont se compose
sa magistrale étude sont pleins de curieuses particularités sur les
origines des bibliothèques communales. Le savant bibliothécaire
d'Orléans nous entretient tour à tour des premières mesures prisée
pour la conservation et la distribution des livres confisqués par la
Révolution ; du décret du 8 pluviôse an II créant les bibliothèques
de district ; de la Commission des monuments (c'est-à-dire des
anciens documents historiques ) ; du rapport d'un des membres les
plus célèbres de cette commission, Dom Poirier; de la loi du
7 messidor an II sur les archives ; des collections annexées aux
Écoles centrales , des imprimés et des manuscrits des divers dépôts
de Paris versés à la Bibliothèque Nationale, à la Mazarine, à l'Arse-
nal et à diverses autres bibliothèques de Paris et de la province, en
particulier à la bibliothèque d'Orléans (2) ; des commbsaires envoyés
dans les départements et chargés de choisir les livres destinés à la
Bibliothèque Nationale (Chardon de la Rochette et son acjyoint le
Dr Prunelle) ; de leurs relations avec le ministre Ghaptal ; de leurs
(1) Voir notamment (second appendice, p. 9S-110) le rapport adopté par
rinstitut le 5 floréal an V, touchant les meilleurs moyens de disposer dat
livres conservés dans les dépôts littéraires. M. Loiseleur le croit inédit, car^
dit-il (p. XI), « il ne figure point dans le très utile recueil de lois, ordoiii*
nanceset circulaire relatives aux bibliothèques publiques que M. Ulysse
Robert a publié. >
(2) Voir pp. 58y S9, la donation, du 6 avril 1719, par laquelle Guillaume
Prousteau fonda la bibliothèque publique d'Orléans, donation que M. l4>ltW'
leur a eu la bonne pensée de rapprocher du testament de M"' d'inguimbert»
évéque de Carpentras, à qui la bibliothèque et le Musée de cette ville dotvani
leur origine.
184 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
prélèvements dans la bibliothèque de Troyes au proût de la Biblio-
thèque Nationale -, de leurs dons trop généreux à l'École de méde-
cine de Montpellier ; de la résistance qu'opposèrent à leurs tentatives
de spoliation les bibliothèques de Garpentras et de Ni mes, et, à ce
propos^ des collections de Peiresc et de Séguier, comme, plus haut,
il avait été question, à propos de Troyes, des collections de Bouhier
et de Pithou, etc. L'intérêt de l'ouvrage se prolonge jusque dans
Fappendice où M. Loiseleur s'occupe de l'affaire Libri, des diverses
bibliothèques qui furent les victimes « de cet illustre escroc, » et
surtout de la bibliothèque d'Orléans où le trop zélé bibliophile vola
six manuscrits entiers et en lacéra une douzaine d'autres à l'aide de
ce fatal canif, instrument de dommage s'il en ÏM jamais, dont j'ai
retrouvé, le cœur plein de douleur et d'indignation, les traces mau-
dites dans les registres de Garpentras et de Montpellier.
M. Loiseleur avait déjà des titres considérables à l'estime et à la
reconnaissance des travailleui's (1) : sa publication sur les Biblio-
thèques Communales ne sera pas un des moindres services rendus
à la science par ce vétéran qui, malgré sa santé chancelante, reste
toujours sur la brèche et de la vaillante main duquel on peut encore
attendre bon nombre d'écrits excellents.
T. DE L.
Les Fables de La Fontaine, par A. Delboulle. Addi-
tions à r histoire des fables^ coirq)araisonSy rapproche--
mentSy notes littéraires et lexicographiquesy etc. Paris^
Emile Bouillon^ 18^, in-18 Jésus de 174 p.
(1) A la suite de la table analytique, M. Loiseleur a donné en quatre page»
supplémentaires la liste de ses nombreux ouvrages et opuscules, ainsi que la
liste de ses études, publiées dans les journaux VArt et le Temps, et autres que
celles qui ont été réunies en volumes. Tous les écrivains quelque peu féconds
devraient imiter cet exemple et épai^er ainsi force tortures aux Brunei et
aux Quérard de l'avenir. Au moment où j'écris ces lignes, je reçois d'unénidit
Limousin aussi laborieux que distingué, M. Louis Guibert, une monographie
de la commune de Saint-Léonard de Noblat au Xllb siècle (Limoges, 1891, grand
in-8,) où figure la longue liste des publications de l'auteur. Mon vénéré con-
frère et ami Paul Lacroix m'avait montré, peu de temps avant sa mort, une
àiontagne de fiches où étaient inscrits les titres de ses innombrables livres et
livrets. Quel dommage que cetie bibliographie qui eût été si curieuse soit oon-
damnée à rester inédite t Nous tous qui avons souvent fait gémir la presse,
évitons ces difficultés posthumes en prenant nous-mêmes la précaution de
dresser notre inventaire. Ce que nous publions, qui le sait mieux que nous f
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 185
Dans une préface qui a le double mérite d'être très courte et de
tout dire, M. Delboulle nous présente ainsi son recueil : « Tous les
lettrés connaissent la belle édition des Fables de La Fontaine^ publiée
par la librairie Hacbette. C'est un monument digne du poète qui a
été nommé assez justement Y Homère de la France. Les notices qui
précèdent cbacune des fables et qui enseignent les sources où a
puisé La Fontaine, le commentaire littéraire et grammatical, ont
été faits avec le plus grand soin (1). Mais dans un travail de ce
genre, il est difficile d'être complet ; c'est avec ce qui a échappé aux
recherches des éditeurs que j'ai fait ce petit livre, où rien n'a été
accueilli qui ne fût bon à enrichir le commentaire ou à éclairer le
texte (2). » M. Delboulle, grâce à sa profonde connaissance des
littératures anciennes et de notre propre littérature, a pu faire à la
fois œuvre très utile et très agréable en ajoutant, pour près d'une
centaine de fables, ses indications et citations à toutes celles de
M. Henri Régnier. Tantôt des vers d'Homère, d'Hésiode, de Théo-
crite, de Ménandre, d'Horace, de Catulle, de Martial, de Perse, de
Plante, de Prudence, le savant auteur des Matériaux^ rapproche
des vers de nos vieux poètes : le Rendus de Moi liens, Eustache
Deschamps, Baïf, Jean Doublet, François Perrin, le sieur d'Esternod^
Gringore, François Habert, Vauquelin de la Fresnaye, l'auteur du
roman du Renart (3), Sonnet de Gourval, Amadîs Jamyn, Charles
d'Orléans, Clément Marot, Claude Gauchet, d'Aubigné, etc. Tantôt
des extraits de Plutarque, de Salluste, de Sénèque, de Solin, de
saint Ambroise, de Lactance, il rapproche des extraits de nos
savoureux prosateurs d'autrefois : saint François de Sales, P. Gruget,
Nicole Bozon, Henri Estienne, Bonaventure des Périers, Guillaume
Tardif, Montaigne, Tahureau, Noël du Fail, Guillaume de la Per-
rière, Charron, Guillaume Bouchet, Pierre Le Loyer, Vigenère^
( 1 ) On n'a pas oublié les excellents articles de la Reoue critiqiu, dans les-
quels M. Delboulle a rendu compte de chacun des volumes de la Collection
des grands écrivains, qui contiennent les œuvres de La Fontaine,
(2) Aussi, M. Delboulle a-t-il très heureusement donné pour épigraphe à son
recueil, ces deux vers souvent cités, mais qui n'ont jamais été cités avec
plus d*à-propos :
... Ce champ ne se peat tellement moinonner
Qoe les demien venot n'y troavent rien à glaner.
(3) Au sujet de l'expression Martin dont Jeanne d'Arc aimait à se servir
comme synonyme de bâton, il s'est trouvé un annotateur, dit M. Delboulle
(p. br.), pour expliquer ce mot par valet ctécurie^ Moins cruel que M. Del-
boulle je ne nommerai pas ce fantaisiste annotateur*
186 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Calvin, Charles Liébaud, Ant. Mizauld, etc. Ici brille un quatrain
de Ronsard, auprès d'une phrase de La Bruyère ; là, Bernardin de
Saint-Pierre est invoqué non loin de Bossuet ; ailleurs, sont mis à
contribution le P. Grarasse, Tévéque Huet, Molière, Pascal, Voltaire,
Chamfort, Joubert, etc. Tant de citations délicatement choisies, tant
de justes et fines observations littéraires ou philologiques (1) font
c mieux goûter Fart merveilleux du bon homme^ et son ample
comédie à cent actes divers, d Nul ne reviendra de cette charmante
promenade autour des Fables, sans aimer un peu plus La Fontaine
et sans remercier un guide qui a si bien tout expliqué. Je ne vou-
drais pas insister sur le mérite du travail d'un camarade, la discré-
tion devant toujours l'emporter sur la sympathie, mais il me sera
bien permis de dire que son précieux petit volume mérite d'être
placé dans la bibliothèque de tous les amis de La Fontaine, auprès
des volumes qui font tant d'honneur au digne fils de M. Adolphe
Régnier.
T. DE L.
(1) On retrouve le phUologue accompli dans le Glostaire des mots diffleiUsou
tombés en désuétude qui est à la fin du volume (p. 169-174).
CATALOGUE DESCRIPTIF
DE
LIVRES ET PIÈCES RARES
EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS A LA LIBRAIRIE TEGHENER
S, — Ratio atq. institutio studiorum. — Romœ, in
Collegio Societatis Jesu. Anno Dni M.D.XCI, Cam
facultate superioram ; pet. in-8» de 2 fiF. prél.,
332 p., 1 fit. non chiflF., v. fauve, fil. tr. dor. /Anc-
re/.; 70 fr.
Ouvrage très intéressant pour l'histoire de TOrdre des Jésuites.
G*est un exposé très méthodique des règles imposées aux divera
membres du corps enseignant de la fameuse Société, depuis le
Prapositus provincialis jusqu'au PrœfectxAs sttidiarwn inferiarum.
Toutes les matières de l'enseignement sont visées avec soin par oe
code pédagogique, très explicite et très impératif. Les heures d'étude
et de récréation, le choix des professeurs, la discipline, les indta^
tnenta studiorum sont également l'objet de prescriptions minutieuses.
A lire surtout les curieux chapitres de Casihus consdenHm.
Édition rare, non citée par Brunet, qui indique celle de 1586,
même format et même nombre de pages ; cette édition de 1586 a
été vendue 660 Gaignat, 151 LaVallière et 175 Henrott.
Bel exemplaire aux armes de M.V Double, évéque de Tàrbes, toutes
différentes de celles que V Armoriai du Bibliophile attribue à ce
prélat.
188 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
9. — Livret (Le) des consolations contre toutes tribu-
lations. Imprimé à Paris, Van 1502, le 7® jour de
février, par Pierre Le Dru, pour Geffroy de Marnef,
demeurant en la rue S. Jacques, à renseigne du
Pellican; in-16, goth., de 72 ff. avec le titre, signât,
a-i, fig. sur bois, vélin blanc. 120 fr.
Joli exemplaire d'une édition très rare, que nous n'avons trouvée
dans aucune bibliothèque publique de Paris. Le Manuel du libraire
ne cite que les éditions de Guy Marchand, 1499; d'Alain Lotrian,
vers 1530, et de Lyon, 1532. L'édition de Marnef paraît être la
seconde. Elle est ornée, sur le titre, de la marque des De Marnef,
et dans le texte, de onze figures sur bois; trois grandes : La prinse
de Jésus ^ V Auteur méditant dans son cabinet d* études, David
repentant ; et huit petites.
Cet ouvrage se compose de deux Dialogues traduits, ou plutôt
paraphrasés du latin de saint Isidore de Séville, évéque du VII« siècle.
Le traducteur a intercalé entre les deux dialogues d'autres opuscules,
dont il est peut-être l'auteur.
Voici le sommaire des différentes parties de ce volume :
1» Ce présent traicté contient une dévote contemplation
Içujuelle quiconque la dira.... il pourra obtenir de Dieu consola^
tions en toutes tribulations. C'est un dialogue entre le poure pécheur
et le benoist sauveur Jésus. Nous en citerons seulement un passage :
a Jésus : Et quand tu vouldras vaillamment résister et 'batailler
contre tes mauvaises inclinacions, contre le monde, le dyable et la
ehair, et généralement contre tous péchez, alors j'entreray preste-
ment en la bataille avec toy pour toy aider et avoir la victore et ne
te laisseray point. A cette heure la tous tes péchez te seront par-
donnez et mesmement ton ame sera mon amye et espouse, affln
qu'il y ait superabondance de ^ace où il y a eu superabondance de
péchez. » Quoique nous soyons fort ignorant en théologie, il non»
semble cependant que la proposition suivante de saint Isidore est
peu orthodoxe, a Jésus : Je ne suis point plus obligié ne tenu à
Dieu que les autres créatures. Car par sa seule paroUe, il m'a créé
comme les bestes, et n'a non plus labouré pour moy que pour les
bestes brutes. » Ce Dialogue, de 53 pages, fmit par un Épilogue de
l'auteur, qui contient un avertissement au poure pécheur : t Je
vous admoneste que vous en lisiez tous les jours trois faeilles en le
bien savourant. Et au cas que vous faillez, mettez paine de donner
trois deniers, ou de dire trois Pater ou Ave Maria. »
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 189
2o Cy commence le Prologue de V acteur sur les sept péchez mor-
telz et des filles ou branches d'iceulx. Nous transcrirons une sin-
gulière comparaison relative à l'éternité des peines : « Or, afin que
▼ous puissiez congnoistre que c'est de éternité ou d'estre éternelle-
ment dampné, mettez le cas en vostre entendement que s'il estoit
une montaigne aussi grande que tout le monde, et ung petit oyselet
venist au bout de mille ans prendre et emporter de son becq autant
de la terre d'iceile montaigne qu'il en pourroit porter en son dit
bec, et une ame dampnée eust espérance et creust d'estre sauvée,
quant ledit oyselet venant ainsi au bout de mil ans auroit emporté
toute ladite montaigne, icelle ame dampnée se resioiroit fort
car la montaigne prendroit fin, et en ceste espérance, Tame danp-
née seroit merveilleusement consolée. » Parmi les causes d'orgueil,
l'auteur signale une belle voix et haulte, et ce advient aux chantres
par quoy ils s'en orgueillissent. L'exposition de chaque péché avec
toutes ses filles est suivie des remèdes à employer pour s'en préser-
ver. Cette 2« partie a 31 pages.
3» Sensu ivent les dix commandemens de la loy (4 pages).
4® Sensuivent les cinq sens de nature (1 page).
5» Sensuivent les sept sacremens (3 pages).
6" Sensuyvent les douze articles de la foy (2 pag.).
Ces six traités ont pour but de guider le pécheur dans l'examen
de sa conscience, afin qu'il fasse une bonne confession, et puisse
acquérir la gloire étemelle.
70 Cy après sensuyt une tresconsolatoire contemplacion par forme
de dyalogue..., composée par très vénérable docteur Isidore.,. Et
sont introduis en ce présent traictié deux personnaiges, c'est assavoir
lomme et rayson. Nous en extrairons une pensée de haute philo-
sophie : a Prens couraige et si bataille contre les douleurs et tribula-
cions temporelles et soies ferme en tous cas. Porte et endure egaale-
ment les adversitez et prosperitez : Ne peniâe point que tu soies seul
souffrant, et que nul ne ayt adversité que toy. » (48 pages).
' On lit sur le recto du dernier feuiUet : a Priez pour celuy qui a
translaté ce présent traictié de latin en francois, et la fait mettrejm
moule, pour le salut des âmes... » Au-dessous, on trouve quatre
vers blasés ; et sur le verso la souscription de l'imprimeur.
10. — Discours au Roy, sur son instruction ; par Jean
d'AIary, advocat au parlement de Thoulouze. Paris,
190 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
J. Bourriquani, s. d. (1615); pet. in-8 de 64 pages^
d.-rel., V. f. 20 fr.
Pièce très singulière . — Le titre semble annoncer un petit traité
d'éducation^ ou, au moins, quelques conseils utiles pour Pinstruc-
tion du Roi. Mais ce n'est point le but de cet écrit. Il s'agit d'un
secret découvert par Jean d'Alary, secret merveilleux, à l'aide duquel
Louis XIII devait devenir savant et éloquent, sans travail ^d'esprit et
sans ouvrir aucun livre. D'Alary ne veut confier ce secret qu'au roi,
et déclare que six mois suffiront pour en reconnaître les bons résul-
tats. Il ne demande, pour récompense, que la confirmation des
offices possédés par sa famille.
Cette prodigieuse réclame pour « un artifice tout rare et tout
royal, qui semble surpasser l'entendement humain, et que ce n'est
rien encore de ces mémoires artificielles, de cet art de Lulle, ny de
ces bagatelles et niaiseries de je ne sçay quels charlatans et vendeurs
de fumées.... », est illustrée de nombreuses citations et de compa-
raisons extraordinaires, le tout dans un style ampoulé et déclama-
toire, plein de puériles antithèses : a Le vulgaire doit estudier pour
sçavoir, mais les rois doivent sçavoir sans estudier : les autres doivent
acquérir les sciences par un grand travail, et les Princes par une
grande facilité : et bien que la peine de l'estude soit sans fin^ ils en
doivent voir une fin sans peine ». Ces belles raisons ne convain-
quirent point Louis XIII et le secret d'Alary a été perdu pour la pos-
térité.
Cet opuscule n'est point daté ; mais un passage, où il est question
de voyage que le jeune roi fit après la proclamation de sa majorité,
permet de lui assigner la date de 1615.
11. — De puellâ, quae sine.cibo et potu vitam transigit,
brevis narratio, teste et authore Gerardo Bucoldiano
physico regio. Parisiis, Rob. Stephanus, 1542 ; pet.
in-8 de 8 fif. 18 fr.
Dissertation curieuse. — Grérard Bochoitz, plus connu sous le nom
latin de Bucoldianus, né à Cologne, et médecin de Ferdinand, roi
des Romains, exerçait la médecine à Spire. Il adressa cette relation
à Corneille de Berg, évéque de Liège, le 9 mars 1542. — Une jeune
fille, nommée Marguerite, d'un village près de Spire, commença à
se dégoûter des aliments, en 1539 ; elle était alors âgée de 10 ans*
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES IM
Depuis^ elle ne but ni ne mangea et ne cessa cependant de se bien
porter. On la visita, on la surveilla avec soin et jamais cette enfant
ne prit aucune nourriture. Le roi Ferdinand la fit venir à Spire,
pendant le temps de la diète, au mois de février 1542 et lui fit
quelques présents. Bocholtz ajoute à ce récit des observations mé-
dicales sur les causes présumées de cette inappétence, et cite d'autres
cas du même genre, tels que ceux d'une jeune fille de Gommercy
qui resta sans manger pendant deux ans et demi^ de 1322 à 1325,
et d'un copiste de la cour de Rome, nommé Jacques, prêtre de
Noyon, qui ne prit aucun aliment pendant deux ans, de 1451 à 1453.
12. — L'exécution et la mort du Roy d'Angleterre, faite
publiquement le nœufième février 1649, à Londres
en Angleterre : avec ce que le Roy a dit sur Teschaf-
faut. Jouxte la copie imprimée à Londres, s. d. ; in-4
de 4 ff. cart. 38 fr.
Plaquette très rare . — Cette curieuse relation de l'exécution du
roi Charles I^'^ a été évidemment traduite en français par un Anglais
peu au courant des règles de notre grammaire . C'est bien certaine-
ment la première qui ait été écrite en notre langue. U est intéressant
de remarquer que le propos prêté à Charles I^' : « Prenez garde à
la hache d et le Remember, sur lesquels on a tant discuté, sont
signalés avec précision par l'auteur anonyme, en ces termes : « Et
comme un gentilhomme s'approchoit de la hache, le Roy lai disait :
Gardez-vous de la hache, je vous prie, gardez-vous de la hache t.
Puis plus- loin : a Et quittant son manteau et le S. George, le donnait
au docteur Juxon, disant : Souvenez-vous. On croid qu'il le donnait
pour le Prince ».
13. — La Manière de dicter Lettres, Missives, avecq' les
responces : composé par Jehan Quinerit de Mousne,
estimé Rhethoricien. En laquelle vous trouverez la
Rhethoricque ciceroniane, avecq' plusieurs belles
acclamations, lesquelles font les Amantz l'un à
Faultre. Tholoze, J, Colomies, 1548 ; pet. in-8 de
72 p., cart., non rogné. (Quelques mouillures). 80 fr.
Livre très rare et singulier ; c'est le plus ancien et le plus curieux
Manuel épistolaire, écrit en français. — Jehan Quinerit de Mousnes,
192 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
OU plutôt de Mosnes en Touraine, estimé Rhethoricieriy est resté
inconnu aux biographes et aux bibliographes. On apprend seulement
par une lettre qu'il adresse à son ami le greffier de Blois, qu'il
était marié et qu'il avait envoyé à Blois sa femme Jehanne et sa fille,
afin de les soustraire aux violences commises à Mousnes par les
gens d'armes et les aventuriers, qui mirent au pillage cette bourgade
et enlevèrent femmes et filles.
Quant au nom ou surnom de Quinerit, il semble la traduction du
latin Qui non ridet, que Ton trouve dans de très vieux documents
cité comme nom propre. Peut-être Quinerit n'est-il qu'un pseudonyme
destiné à donner une haute idée du sérieux de l'ouvrage.
Quoi qu'il en soit, les soixante-six épîtres dont se compose le
recueil sont des plus variées : lettres d'amour, bien entendu, lettres
d'afiaires entre banquiers et marchands, correspondance de famille,
modèles de suppliques adressées à de hauts personnages (parlement
devant un pape, parlement devant un empereur, etc. ), enfin, échan-
tillons d'épitres dans certaines circonstances délicates, comme
celles-ci : « Excuse quand tu aurais esté négligent à escripre à un
amy duquel tu aurais receu plaisir ».
Ge très curieux livre se termine par un modèle de testament ainsi
présenté : Item, une belle manière de faire Testament pour laisser
ses enfans paisibles avecques leurs adhérens, Instituée par un Roy
inspiré du Créateur, comme vous pourrez amplement veoir cy'
après. On croirait qu'il s'agit d'un monarque chrétien, éclairé par la
grftce divine. Point du tout ; Jehan Quinerit se borne à traduire la
harangue adressée, dans Xénophon, par Cyrus mourant, à ses deux
fils Gambyse et Zanoaxare (que l'auteur appelle Zanazor), harangue
pleine d'ailleurs d'excellents conseils qui toent peu suivis.
ORIGINES DE L'IMPRIMERIE
A REIMS
LES TROIS PREMIERS IMPRIMEURS :
GUUDE CHAUDIÈRE. — NICOLAS TRUMEAU. — NICOLAS BACQUENOIS
I. — CLAUDE CHAUDIERE
1561-1557
Les débuts de rimprimerie à Reims-en-Champagne ne
remontent pas au-delà de la seconde moitié du xvi® siècle
et peuvent être fixés avec quelque apparence de certitude
vers la fin de Tannée 1551. Claude Chaudière, fils de
Regnauld Chaudière et neveu du célèbre typographe
Simon de Colines, amena de Paris une partie du
matériel typographique de ce dernier, dont il avait
hérité (1), et vint s'installer à Reims sous les auspices
du cardinal Charles de Lorraine, fondateur de TUni-
versité.
Le premier produit de cette imprimerie, qui soit
venu à notre connaissance, ne nous est est révélé que
( 1 ) C'est ce que nous apprend on avis de Ci. Cliaudlère, placé en tcte de La
manière de tourner toutes espèces de noms latins, en nostre langue françogse ;
Paris, de l'imprimerie de Regnault Chaudière et Claude son ftlz, Î5A6; pet. in-8
1891 13
194 BULLETra DU BIBLIOPHILE
par un fragment de titre de
85 centimètres de hauteur sur
44 centimètresdeIargeDr,con-
tenant la marque de l'impri-
meur, qui n'est autre que
l'emblème de Charles de Lor-
raine : une pyramide surmon-
tée d'un croissant au chifire
royal autour de laquelle s'en-
roule une plante grimpante,
avec la devise : Te stante
Dtrebo. Dans le soubassement,
le nom et les insignes du car-
dinal-archevêque. Au-dessous
une souscription portant le
lieu d'impression, la date et
KHEMIS. l'indication de l'officine ly-
EX CTiiwfif CafJà^ o^îcfna. pographique , conjointement
I f 5 i> avec le nom de l'imprimeur;
de 12 8., el qui accompagne une série d'autres pclils opuuulei pédagogiquei.
sortis des mêmes presses, réunit dans le recueil 2D-1226 de la BibUothéque
Mazariae. Voici le texte de ce document Intéressant pour ["histoire de llmprl-
merie puisleiuie :
CLAUDE CHAUDIÈRE AU LECTEUR
AHi Irctear, lorsque Simon de Collnes par stpa-
Tatlon du corpt é: de Vame paaa de ce monde
morlfl a immorlalilé, Il lalata pluiieart hoirt: ex-
tre leiqudi Mnl les Chaudieret. A iceaix Chaadlerei par
iDCceiifon héréditaire lonJ etcheaz et adoenuz la chara-
ettrei, lettres el nutrei utenslles de l'Imprlmrrtt d'iallog,
eaiemble la merquc du Temps portant la faulxque Itditt
de Collnes apposait coustiimkremenl aa commençimenlde
ses tiares. Or donc tous llurea qui doresenaaant sortiront
en lanilere de l'Offcine ou Imprimerie des lusdlets Cbau-
dlerti, saches Lecteur, qu'ils sont împrimexdes tneunei cha-
racleres desquels usait ledict de Coliats. Et pour l-adutnlr,
lots seur qu'on s'efforcera tellement satisfaire a let désirs
que l'eleganct i beaulté des susdidi charaeteret sera tons-
loars aceompaigaee de bonne et entière correction. Voila
le point que nou» auoni iioulu te faire brlefuement en-
tendre I; ffauolr.
7ou( aote U temp*.
L'iMPRDfERIE A REIMS 195
le tout disposé comme on peut voir par le fac-similé
reproduit à la page précédente (1).
Le verso qui est imprimé contient quelques lignes
tronquées d'une dédicace en latin, au milieu de laquelle
nous remarquons des mots laissant percevoir un sens,
dont rinterprétation nous fera connaître la matière
traitée.
Pour plus de clarté, nous mettons sous les yeux du
lecteur le fac-similé de ce fragment imprimé.
:^ aniê quàniiipfey/I Erf ne
ncéUigar^bonis dKciplinisfii
! caufa^polt Elementariam
dcfihi ^uasaïitèiajFnfîbus
iraï;âcînDgâlIi(:a j^recencê in
nôfolûm ad tê micCereniin
erofiffinraelta^jndoii.dicaK
re:pôft:dcnïum,praraç xtâ
(yt fpcco^ mîiTûrus. Cicra ef
imlibct mînutârum cagnît
•;)!inas iionmodo inimisii
1 étiampnndpum prdprias
)uis nçmpc,ni(î mcntc^apf
daméntis^ rcdifidum âlcius
rua vciquc funt hxCifed na
d fublimiôra nunqna eudis
cténeor,forc>vc hoc mnnd
ûie% Rcsia tua tiumdnicas*
( 1 ) Claude .Chaudière avait pour devise particulière : Toat avec le tempe,
comme [on le lit au bas de l'avis que nous venons de raf^porter au bas de la
page précédente. Il l'employait en guise de signature, à la fin des pré&ces ou
des pièces liminaires de ses éditions de Paris ou de Reims.
196 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Nous en extrayons les passages suivants. Les lettres que
nous avons restituées pour compléter des mots mutilés ont
été placées entre crochets : ....bonis disciplinis... postEle-
mentariam... [Celsi\tudini paucisante mensibus [Eleme]nia
Latinogallica, recentem in [lucem?]... non solum ad te mit--
teresum[psi ?].... [g]enerosissimœ tuœ indoli dicat[à\....
Après cette lecture, il est facile de se rendre compte qu'il
s'agit d'Éléments latins-français (Elementa latino-gallicaj
qui viennent d'être mis en lumière [recentem in lucem}
après un autre traité élémentaire de grammaire (post
Elementariam...) paru ou présenté quelques mois aupa-
ravant [paucis ante mensibus) et que l'éditeur envoie à
un grand personnage. Le mot Celsitudini, qui signifie
Grandeur, est une qualification qui s'applique parfaite-
ment au cardinal, prince de la maison de Lorraine. Ces
Elementa latino-gallica lui sont dédiés par le même, qui
se recommande à la générosité du prélat [non solum ad te
mittere sum[psi ?]..,. generosissimœ tuœ indoli dicat[a\.
L'Université, que Charles de Lorraine venait de fonder
à Reims, n'avait pas encore de libraire, ni d'imprimeur
attitré. Ces traités pédagogiques étaient destinés à la jeu-
nesse pour la préparer à l'étude des belles-lettres [bonis
disciplinis) (1).
(1) Claude Chaudière n'était pas seul à faire la cour au Cardinal en lui
adressant des li\Tes destinés aux élèves de sa jeune Université. Charles
Estienne prit aussi à Paris, pendant quelque temps, le titre d'imprimeur
du cardinal de Lorraine. En tête de son Dictionarium gallico-laiinum, pet.
in-foL, on lit une dédicace de son auteur : Illustrissimo principi ampUssi-
moque Cardinali Carolo Lotharingio. Après avoir rappelé l'intérêt que le Car-
dinal portait à son établissement typographique, et en particulier à une édition
des œuvres de Cicéron, que ce dernier paraît avoir subventionnée, il lui pré-
sente ce dictionnaire, à la suite d'un autre petit dictionnaire qu'il vient de
terminer, pour l'adopter, et lui demande la permission de le mettre, comme
l'autre, entre les mains de la jeunesse de son Académie de Reims : « Interea
LatinO'Gallicum hoc dictionarium post puerorum Dictionariolum tandem abso-
lutum veluti meliorîs laboris nostri pignus accipies coque Remensis acadbmlc
Tv.ïùjuventutem frui tantispcr sines. — Ex tua tgpographia, Idib. Jul. MDUI. »
l'imprimerie a REIMS 197
Antoine Du Verdier, sieur de Vauprivas, dans sa
Bibliothèque Françoise, publiée à Lyon en 1585, consacre
un article à Claude Chaudière, Parisien. « Il a écrit, dît-
il. Les principes et fondemens de grammaire latin-françois
avec les accens. j> Cette désignation parait pouvoir
s'appliquer au premier traité de grammaire élémentaire
{post Elementariam...J mentionné dans la dédicace de
Claude Chaudière. Du Verdier le dit imprimé à Paris,
mais il n'en indique pas la date. Nous avons retrouvé à
la Bibliothèque Mazarine un précieux recueil (recueil
20-1226) de traités pédagogiques, la plupart composés ou
revus par Claude Chaudière, antérieurement à son éta-
blissement à Reims, et nous y avons remarqué un livret
qui doit être celui que Du Verdier a voulu indiquer et
dont voici le titre exact : Les Principes & premiers
ELEMENs||f/e la langue Latine, par lesquels tous ieu\\
nés enfans sont facilement introduicts \\à la cognoissance
d'icelle. || Auec les accens. || Le tout reveu et corrigé en
grande diligence.
Au dessous : la marque de Simon de Colines, le Temps,
avec sa faux ; a paris | | De l'imprimerie de Regnauld
Chaudière, || & de Claude son filz. || m.d.xlvi. || Auec
Priuilege. 1 1 Petit in-8, de 8 feuillets.
Nous trouvons dans le même recueil le traité suivant :
Principia elementÂria lu- 1 1 vénibus maxime accômoda :
quibus 1 1 Naturae verbôrum subnectuntur. 1 1 Cum accén-
tibus. 1 1
Au dessous : la marque du Temps avec sa faux.
Parîsiis, 1 1 Ex officina Reginàldi Caldérîj, 1 1 & Clâudii eius
filij. 1 1 1546. 1 1 Cum priuilégio. 1 1 Petit in-8, de 8 feuillets.
Ce titre en latin, accentué d'une façon toute particu-
lière, doit, selon nous^ s'identifier davantage avec notre
fragment. C'est évidemment le même opuscule, sauf la
souscription et la dédicace toute de circonstance. Cette
édition de Reims, 1551, qui n'est mentionnée par aucun
198 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
bibliographe, et dont nous venons de démontrer l'exis-
tence, constitue le premier produit actuellement connu
de l'imprimerie rémoise.
Nous ne pensons pas que l'on puisse remonter plus
haut. Claude Chaudière exerçait encore à Paris dans le
courant de Tannée 1551. Il y imprimait, conjointement
avec son père, V Oraison funèbre de la reine Marguerite
de Navarre, par Charles de Sainte-Marthe, en latin et en
français, 2 parties in-4o, suivie des Epitaphes de ladicte
Dame par aulcuns poètes françois. La souscription porte :
Par Regnault Chaudière et Claude son filz, le vingtiesme
dApvril, 1550 (v. style). L'année commençant alors à
Pâques, cette date correspond aux premiers jours de
1551. Les Annales Tgpographici de Maittaire nous four-
nissent l'indication de deux autres ouvrages imprimés
par lui la même année à Paris. L'un est du mathémati-
cien Oronce Fine : Oront. Fine de Universali Quadrante;
Ex officina Reginaldi Calderii et Claudii ejus fdii; in-4o;
l'autre se compose d'un recueil de vers latins : Sermonum
liber unus ex Isocratis oratione de regno, carminé heroîco,
autore Joa. Blacco, Dano ; Ex officina Reginaldi Calderii
et Claudii ejus filii; in-4®. Dans V Histoire naturelle des
estranges poissons marins, ouvrage de P. Belon, du Mans,
daté encore de 1550 (v. style), on lit parmi les liminaires
une pièce de vers latins : Claudii Calderii typographi
hexastichon. C'est probablement la dernière impression à
laquelle Claude ait collaboré à Paris avant son départ
pour Reims. Le livre de Belon étant souscrit De r impri-
merie de Guillaume Chaudière, seul, ainsi que les autres
labeurs sortis depuis cette époque de l'atelier de Paris,
on doit en conclure que le fils venait de se séparer de son
père pour aller s'établir à Reims.
Qaude Chaudière, comme on le voit, a travaillé à Paris
une bonne partie de l'année, et si l'on tient compte du temps
nécessaire à cette époque pour le charroi d'un fonds de
l'imprimerie a REIMS 199
librairie assez considérable (1) et d'un matériel typo-
graphique plus ou moins lourd, on arrive à limiter à la
fin de l'année l'installation de Claude Chaudière à Reims.
Le nouvel imprimeur-libraire rémois n'était ni un
artisan de passage, ni le premier venu. « Claude Chau-
dière estoit sçavant et homme docte d, dit La Caille, dans
son Histoire de V Imprimerie (p. 127). A Paris, il avait
été prote ou correcteur chez Simon de CoUnes, son oncle
maternel, et c'est en cette qualité (2) qu'il y dirigeait, en
1545, une édition des Epistolœ familiares de Cicéron, revue
sur les manuscrits, citée comme un chef-d'œuvre de cor-
rection. Il était l'auteur de plusieurs traités de pédagogie
( 1 ) Claude Chaudière est qualifié de marchand libraire de M*' le Cardinal de
Lorraine, dans un acte passé le 22 avril 1553 (v. style), à Reims. Il avait amené
avec lui les livres imprimés ou édités en société avec son père, à partir de
1547, et une partie du fonds de Simon de Colines, dont il avait rédigé le cata-
logue sous ce titre: Libri vénales in bibliopolioReginaldiCalderiitumab Simone
Colinœo tum & Calderio excusi; Parisiis, 15^6, mense Augusto; pet in-8 (Bibl.
Mazarine, n* 34,344, réimprimé en entier dans MArrrAiRB, Annales typogra-
phici, tom. III, pp. 147-205). Le tout, comme on peut en juger, présentait un
choix et un ensemble assez considérables pouvant répondre aux besoins litté-
raires de l'Université de Reims.
(2) « Inter primos illius temporis librarios intignissimus , Simoni Colinceo,
cujus ex filio nepos erat operam et studium diligenter naoauit.., b (Maittairb,
Annales tgpographici, tom. III, p. 136, note f ).
Le poète rémois Jean Faciot/" Vu/feiusy nous a conservé dans une de ses pièces
les noms de deux autres correcteurs de l'imprimerie de Simon de CoUnes^Sioupe
et Bésard, qui avaient précédé Claude Chaudière dans les mêmes fonctions.
Valete Hendecasyllabum lihri
Valete Hendecasyllabum patroni
Simon cujus ope <ic labore multo
Cujus œre typisque lux perennis
Data est Hendecasyllabum quadrigœ
(Quadrigam uoco quattuor libellos)
JEternum valeas. Stupa et Bbsarob
Nœuos tergere queis datur librorum,
Prcetermittere syllabam née ullam
Nullam inuertere litteram, née ullum
Punctum omittere, quojuvetur ipte
Lector, cura quibus, simul valete,
( JoH. VuLTEn Rhemi, Inscriptionsun libri H, HendeetugUalmm libri U, ete.
Parisiis, S. Colinœus, 1538 ;iii-16, fol. 106).
aoo
BULLETIN DU BIBLIOPHILE
estimés. Ces livrets, d'un usage journalier auprès de la
leunesse studieuse, étaient sujets à de Ifréquentes réim-
pressions. C'est par une de ces rééditions qu'il débute à
Reims. Il entreprend ensuite la traduction d'une des ha-
rangues les plus célèbres de Cicéron, son auteur favori, et
l'imprime sans plus tarder dans son nouveau logis. Nous
donnons ci-dessous le titre de ce livre, en reproduisant aussi
exactement que possible sa disposition typographique :
PREMIER LIVRE DES
Accusations de M. T. Ciceron,
contre Gains Verres,
nommé Diuination.
Faict François, par Claude Chau-
dière Parisien.
Et pour rvtilite &. vraye intelligence du liure, icelui Chaudiè-
re a fait et mis en marge brieves expositions.
Id, dans l'espace occupé par ce
cadre, on voit dans l'original la
marque de l'imprimear, arec la
devfse : Te Hante virebo. Nous
l'aTons reproduite plus haut.
Obserration particulière. — Le
haut de la pyramide a subi un
cboc, le chiflre royal est oblitéré,
et c'est à peine s'il reste trace du
croissant en partie écrasé, don
une partie seule parait. Le fllet
de gandM, dans le coin du pié-
destal, manque.
A RHEIMS,
De llmprimerie dudict Chaudière, Imprimeur
de must. et Reu. Cardinal de Lorraine.
Auec Priuilege du Roy,
pour six ans.
L'iMPROfERIE A REIMS 201
La date de l'impression n'est pas indiquée sur le titre,
mais nous allons trouver plus loin un achevé d'impri-
mer (1). Au verso du titre on lit un privilège que de
hautes influences firent octroyer par le roi Henri II, lors
de son passage à Reims, Nous transcrivons ici, dans sa
forme et teneur, ce privilège, qui fixe particulièrement
la position de Claude Chaudière à Reims :
Plusieurs gents sçavants d'autho-
rite & grands seigneurs (2) ont commandé à Claude Chaudière,
de faire bien et correctement imprimer ses œuures. Et pour
ce faire lui ont fait donner du Roy, lettre de treiample Prui-
lege, par lesquelles est défendu à tous Imprimeurs & Libraires
du Royaume, pais, terres, & seigneuries dudict Seigneur d'im-
primer ni vendre aucunes œuures dudict Chaudière, & non
seulemêt ses œuures , mais tous autres liuures que
bon lui semblera faire imprimer en son logis ou autre lieu sans son gre&
consentement, iusques au terme de six ans, commençât le iour
que lesdits liures seront achevez d'imprimer sur grandes pei-
(1) Cette impression forme un mince volume pet. in-4% relié en vélin, qui
se trouve à la Bibliothèque Nationale sous la cote : Inventaire, Réserve, X,
1081. La collation des caliiers. est : A par 2; B par 3; C par 3; D par 3, soit en
tout 22 feuillets. Le 1" feuillet comprend le titre, et le privilège imprimé au
verso. La dédicace occupe les deux pages suivantes. Les pages 5 et 6 (non
chiflFrées) contiennent une Ode de Claude Chaudière, Page 7, recto (non chiff.)»
une pièce de vers adressée par Jacques Tigeou, Angevin, au Lecteur. Au verso,
page 8, non chiffrée : Sommaire et argument de ce livre par Claude Chaudière.
Le texte de la traduction commence au cahier Bi, paginé par erreur 7 au lien
de 9, et se termine ainsi à la page 21, cotée par erreur 23 : FIN DU PREMIER
LIVRE DES ACCVSA- | TIONS DE M. T. CICERON, CONTRE | C. VERRES,
NOMME DIVINATION I FAICT FRANÇOIS PAR CLALDE | CHALDIERE.
Le verso du feuillet est blanc. Le dernier feuillet est occupé au recto par des
ornements tj-pographiques à fond criblé, au milieu desquels est placée la
devise particulière de Claude Chaudière :
TOVT AVEC
LE TEMPS
La dernière page est blanche.
(2) Parmi les « gens sçavants et d'authorité » qui protégaient notre savant
typographe et s'intéressaient à ses travaux, nous devons mentionner Nicolas
Psaimie, évéque de Verdun. La traduction de Cicéron lui est dédiée par son
202 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
nés, amendes, & confiscations, applicables tant enuers ledict
Seigneur, qu'enuers ledict Chaudière. Le contenu desquelles
lettres, icelui seigneur veult être gardé & observé, nonobstant
oppositions ou appellations , ordonnâces , restrictions , mande*
ments, défenses 8c lettres à ce contraires, ainsi qu'il est plus au
long contenu en icelles. Scellées du grand seau, 8c données a
Rheims au mois de Mars. M.D. LI. En vertu duquel Priui-
lege, icelui Chaudière a faict imprimer en son logis, ce premier
liure des accusations de M. T. Ciceron , contre Caius Ver-
res, nommé Diuination, faict François par lui avec très amples
annotations.
Acheué d'imprimer le 14 iour d'apvril.
Le jour de Pâques tombant cette année le 29 mars,
c'est au commencement de Tannée 1552 (nouveau style)
qu'il faut reporter la date de cette impression. Elle doit
être placée après celle des Principia elementaria. La
auteur, qui exprime sa reconnaissance en ces termes : c Pour ce que, dit-il,
je sçai mon Seigneur, que vous prenez autant de plaisir aux choses antiques
et vertueuses et à celles qui ont esté des plus estimées et mieulz dictes que nul
autres que je cognoisse, j'ai bien voulu traduire et mettre en François cesf
Oraison qu'a fait Cicéron pour vous la présenter ; à cette fin que je cognoi
mon labeur et style vous estre aggreable &. qu'il vous ait pieu en quelque
chose, je poursuive par vostre commandement la traduction des six autres.
Vous assurant Monseigneur, que le plus grand plaisir que je pourrai avoir
en ce monde seroit de sçavoir faire quelque chose qui vous pleut, tant par
mon imprimerie qu'autre diligence et labeur N'estimerai cesf Oraison
devoir estre mieulx reçeue, mais plustot venant en lumière soubs le nom d*un
personnage de vertu, sçavoir et authorité, tel que vous estes mon Seigneur
duquel j'ai reçeu longtemps y aetreçoi chascun jour beaucoup de faveur, vous
suppliant très humblement me continuer cette volunté, & me maintenant
perpétuellement en vostre bonne grâce »
La dédicace est suivie d'une « Ode de Claude Chaudière au mesme Seigneur »,
pièce qui occupe deux pages et dont nous ne citerons que les deux premières
strophes :
PovR le vrai Mecenas
le te prin & Seigneur,
Quand a mon cœur donnas
Courage de labeur
Qui esteins la mémoire
De mes profonds ennuis
A iamais aurons gloire
Veu qu'en vertu reluis.
l'imprimerie a REIMS 203
gravure sur bois du titre représentant remblême du car-
dinal est intacte dans la première, tandis que cette même
marque porte les signes matériels d'un second état dans
le CicéroTXm
Nous voyons maintenant Claude Chaudière officielle-
ment pourvu du titre d'imprimeur de Monseigneur
V Illustrissime et Révérendissime Cardinal de Lorraine.
Comme tel, il est logé avec sa femme Anne Cremyllier (i)
dans une maison dite le Petit Saint - Martin , rue des
Fusilliers (2) à Reims.
En 1553 (v. style), Chaudière imprime le texte d'un
autre traité de Cicéron, dont le titre est rapporté par
Maittaire (3) ainsi qu'il suit : Ciceronis Rhetoricorum
libri ad Herennium et de Inventione; In Rhemorum
academia, excudit Claudius Calderius, Caroli Lotharingi
Cardinalis typographus, 1553; in-S^.
La mention : In Rhemorum academia indique-t-elle
que le volume a été imprimé dans un nouveau local,
dépendant des bâtiments de l'Université ? Le fait n'aurait
( 1 ) La présence de cette dernière à Reims est constatée par un acte passé le
19 septembre 1S52 (v. st.) devant Taillet, notaire à Reims, c Honorable femme,
Anne Cremyllier, femme de honorable homme Claude Chaudière, marchand
libraire de M*' le Cardinal de Lorraine en sa ville de Reims, vend à honorable
honmie, sire Mathurin du Puis.... la 9* partie qui appartient audit Claude
Chaudière, de son propre en la moitié de deux maisons... ». (Jaoard, Notice
sur Nicolas Bacquenois; Reims, 1890; in-8, p. 5.)
(2) Un acte du 22 avril 1553 (vieux style), découvert par M. Jadard dans les
minutes du notaire Jean Rogier, à Reims, nous apprend cpie c M'* Pierre
Bellangier, prebtre chanoine de Reims, somme Claude Chaudière imprimeur
demeurant à Reims, qu'il ait incontinent à faire estansonner, tringler et rete-
nir ung comble et crespon faisant séparation de lad. maison et de celle dudit
Bellangier, lequel menasse ruine.... Par lequel Chaudière a été fait response
qu'il n'est que concierge de la maison en laquelle il est à présent demeuraot
et ne luy appartient, ains à M*' le reverendiss. cardinal de Lorraine, arche-
vesque de Reims, à cause de son abbaye de Saint-Martin de Laon, au moyen
de quoy il n'est tenu des réparations d'icelle.... » (Jadard, Notice sur Nicolas
Bacquenois; Reims, 1890 ; in-8, page 5.)
(3) Annales typographici, tome UI, p. 626.
^04 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
jien d'improbable, étant donné que la maison où le
Cardinal avait logé son imprimeur menaçait ruine. (Voir
note 2, p. 203). Maîttaire s'exprime ainsi, relativement à
la marque de Claude Chaudière : « Libris prœfigebat Car-
dinalis [caro. cardi. de loth. arch. dux rhem.] insignia;
qaibus ianquam basi insistebat pyramidalis columna cir-
çumcincta ramo frondente [cum his versibus te stante
viREBo] columnœ apici superstante luna falcaia ». Cette
description minutieuse et scrupuleusement exacte, corres-
pond d'une façon si précise avec oe que nous savons déjà
qu'il n'est pas permis d'élever de doutes sur l'existence
de cette précieuse édition rémoise que Maittaire a vue
en 1726 et qui a disparu depuis.
Il en est de même des autres productions typogra-
phiques de Claude Chaudière, qui ne nous sont plus
connues que par les témoignages de La Croix du Maire
et de Du Verdier. a II a écrit, dit le premier, un Dialogue
du vrag amour duquel les enireparleurs sont VAmi et
VAmie; imprimé à Reims en Champagne, par ledit
Chaudière, Fan 1555. » a II est auteur, dit le second, de
Y Accord de vertu à la vie humaine, en trente-sept cha-
pitres, imprimé à Reims, l'an 1557 » ; in-S®.
Là s'arrête la carrière du premier imprimeur rémois.
Cinq impressions à son actif pendant son séjour de près
de sept années à Reims, voilà tout ce que nous avons pu
découvrir. En 1555-56, son titre d'imprimeur de Monsei-
gneur le Cardinal de Lorraine est donné à Nicolas
Bacquenois, son concurrent. Claude Chaudière rentre
définitivement à Paris, où il succède à son père, et y
exerce encore une dizaine d'années. « La grande quantité
de livres qu'il a imprimez ou fait imprimer, dit La
Caille, ont fait voir qu'il a esté un des plus habiles
libraires de son temps. »
Son fils Guillaume, marié avec Gillette Haste, lui suc-
céda en 1568. Ce dernier était imprimeur de la Ligue.
l'imprimerie a REIMS 205
Comme tel il publia les Sermons de la simulée conversion
dHenry de Bourbon (Henry IV), par Jean Boucher, le
fougueux curé de Saint-Benoît. Ses fils et petits-fils con-
tinuèrent le métier à Paris jusqu'en 1647 au moins (1).
Le dernier, Jean, fils de Pierre Chaudière, quitta la capi-
tale en 1654, pour venir s'établir à Bourges, où il succéda
à Maurice Levez, imprimeur de la ville (2). En tête des
Privilèges de Bourges ^ qu'il imprime en 1660, Jean
Chaudière s'intitule : imprimeur ordinaire du Roy, de
M9r r Archevêque et de la Ville, Avec lui s'éteignit la
dynastie typographique des Chaudière, qui datait de
1516 et avait duré un siècle et demi .
IL — NICOLAS TRUMEAU
Après Claude Chaudière à Reims, et presque en même
temps que lui, nous avons à signaler Nicolas Trumeau,
qui parait avoir été imprimeur de la \âlle. La mention
qui le concerne, tirée des Archives communales de Reims,
nous est fournie par M. Jadard : « A Nicole Trumeau,
imprimeur pour avoir imprimez 3.500 brevetz 416 sols
tournois. Pour 328 brevetz qu'il a convenu escripre à la
main, à raison qu'il n'y en avoit à suffisance, 16 sols,
3 deniers tournois. » (Comptes des deniers patrimoniaux,
1550-1552, fol. 304).
( 1 ) Voir LoTTiN, Catalogue alphabétique des libraires et des libraires-impri-
meurs de Paris, page 80, et Chronologie histor. des curés de Saint-Benoit (par
Brité), 1722, 2' partie, page 40.
(2> Archtves de la ville de Bourges. Registre des délibérations de 1654.
206 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Nous ajouterons à ce renseignement l'indication de la
demeure de Trumeau et de Tannée où il exerçait. Il
imprimait en 1552 (vieux style) la pièce suivante :
Ampliation de
L' E D I CT DE LA
création des Conseillers, Magi-
strats 8c luges presidiaux,
auec establissement de
leurs Sièges &
ressortz.
Au-dessous de ce titre, dont nous avons conservé la
disposition, on voit Técu de France aux trois fleurs de
lys, gravé sur bois, et la souscription suivante :
On les vend à Reins, par Nicolas
Trumeau, près l'Eglise
nostre Dame.
1552
L'édit en question avait été donné à Reims, en mars
1551, après Pâques, c'est-à-dire dans les deux premiers
jours de Tannée 1552 (nouveau style), pendant un séjour
du roi à Reims, en même temps que le privilège de
Claude Chaudière.
L'opuscule imprimé par Trumeau forme un petit in-8®
de 24 feuillets non chiffrés (la dernière page blanche), en
caractères romains, à longues lignes, au nombre de 27 à
28 par page, avec des signatures de A à F, disposées par
deux, c'est-à-dire par demi-feuilles. L'ensemble en est
régulier et l'impression très égale. On y voit l'œuvre
d'un typographe qui connaît son métier*
Nicolas Trumeau appartient à une très ancienne
famille d'imprimeurs qui exerça à Provins, près le
l'imprimerie a REIMS 207
Pont-aux-Poissons, dès la fin du xv® siècle, et que les
alliances transportèrent ensuite à Troyes. Thibault
Trumeau, fils de Jean Trumeau, de Provins, épousa la
fille de Jean Lecoq, maitre imprimeur à Troyes. Après
la mort de ce dernier, vers 1525, il demeura auprès de
sa belle-mère, pour la seconder dans l'exploitation de
son imprimerie. Après la mort de la veuve Lecoq, en
1532 ou 1533, il dirigea l'établissement jusqu'à la majo-
rité du fils Lecoq, en 1541. Nicolas Trumeau, qui vint
chercher fortune à Reims, nous paraît être le fils aîné de
ce Thibault Trumeau, de Troyes, et le petit-fils de Jean
Trumeau, de Provins. Il disparait de Reims après 1552
(1553, n. style). Son père venait de mourir et cet événe-
ment le ramena sans doute à Troyes, où il vint diriger
l'imprimerie paternelle pour le compte de sa mère, qui
imprimait en 1553 (v. style) : les Mandements pour le
Carême ; en 1559 (v. style), une série de placards pour les
stations et les lacticines ; en 1560, des Indulgences (1).
in. — NICOLAS BACQUENOIS
C'est à Nicolas Bacquenois, originaire de Beine, près
Reims, que revient l'honneur d'avoir implanté définiti-
vement l'imprimerie dans la ville du sacre des rois de
France. Parti de son pays natal à une époque que l'on
ne saurait préciser, il fit son apprentissage de typographe
à Lyon. Nous le trouvons, en 1548, d'abord associé avec
Jean Pidier. Us impriment ensemblent à Lyon, pour
Guillaume Roville et Thibault Payen, la Bible en frcui-
(1 ) Voir SocARD et Assier : Livres liturgiques du diocèse de Troges, p. 38, et
AssiER : Archives curieuses de la Champagne , p. 102.
208 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
çoySy très beau volume in-fol. à 2 colonnes, avec nom-
breuses figures sur bois dans le texte, lettres ornées et
historiées (1). Les deux associés se séparèrent aussitôt
après et travaillèrent chacun de leur côté (2). Bacquenois
imprime pour Thibault Payen le Livre de plusieurs
pièces, in-16, de 128 ff., daté de la même année. Il
imprime et édite pour son propre compte en 1548 (vieux
style) Y Oraison panégyrique disocrates, traduite de grec
en français par Pierre Adam de Wassigny ; petit in-8o de
88 pages chiffrées, et présente ce livre à son futur pro-
tecteur, a Monseigneur le Reverendissime Cardinal de
Guyse, archevesque de Reims d (3). Il obtient un privi-
lège du Roi pour cette traduction et d'autres du même
( 1 ) Voici la description bibliographique de cette édition fort peu connue :
LA BIBLE EN I FRANCO YS, | qui est la saincte Escriture, en laquelle sont j
contenuz le vieil & Nouveau Testament, | Recentement reueuz &. fidèle | ment
corrigez selon | l'Ebrieu, Grec, | & LaUn. | A LYON, | PAR GVH.. RO VILLE, |
ET THIBAVLT PAYEN | m.d.xlvhi. 2 parties en un vol. in-fol. à 2 colonnes.
La première, composée de 12 ff. préliminaires non chiffrés, et de 260 ff. chiff,
de texte. La seconde, dont les signatures et la pagination recommencent, com-
prend 75 ff. chiffrés, plus 2 ff. non chiffrés pour la table, qui finit au verso, et
au bas de laquelle on lit :
Imprimé à Lyon par lehan Pidier
& Nicolas Bacquenois.
Au-dessous on trouve l'Ordre des Cayez de la Bible, indiquant leur disposi-
tion typographique en ternes, quaternes et duernes,
(2) Jean Pidier a exercé de 1544 à 1558. Le premier volume sorti de ses
presses est le suivant : Rimes d'Henry Tabourot, 1544. In-8 (Du Veroier, édit.
de Rigoley de Juvigny, tome II, p. 185); et le dernier : Arrcs/s notables, 1558, in-8
(Du Verdier, tome III, p. 199).
(3) Nous pensons qu'on nous saura gré de citer les passages de cette dédi-
cace, jusqu'ici iguorée, de Bacquenois, qui établissent les premiers rapports
du typographe lyomiais avec Charles de Lorraine : t Puis n'agneres, Prince
consacré, en despit de l'occasion, à éternité, Pierre Adam de Vuasigny,
enfant de vostrc Eglise de Reims, m'a envoyé ces œuvres d'Isocrates , par luy
traduictes de Grec, en iiostre \-ulgaire Françoy» poid* Imprimer & mettre aux
usages de ceux cfui n'ont que le Françoys familier. Or les ay-je osé mettre en
lumière soubz la saulvegarde de V. R. cognoissant que Isocrates a du crédit
assez envers icellc pour inipctrer excuse pour moy, si j*ay trop osé. Que s'il
l'imprimerie a REIMS fi09
auteur faites par son compatriote de Wassigny (1). Nous
trouvons ensuite VOraison consultoire disocrates, faicte
en la personne de Nicolas Rog de Cyprès; à Lyon, par
Nicolas Bacquenois, 1549 ; pet. in-S®^ de 28 pp. chiffrées.
Le Manuel du Libraire de Brunet, tome II, col. 1540,
cite : Le grand et bon mesnager de Constantin César ;
Lyon, Bacquenois^ ou Thibauld Payen, 1550; in-16. C'est
une édition qui aurait été partagée et exécutée pour le
compte de ce dernier.
Nous connaissons encore de Bacquenois une traduction
latine, par le médecin Comaro, d'un traité de Galien :
Galeni de Hippocratis et Platonis dogmatïbus libri IXy
Jano Cornario, medico physico interprète, 1550; in-16, de
608 pages chiffrées, qu'il imprime pour le compte du
libraire Paul Miralliet, demeurant à Lyon, à l'enseigne
Saint-Paul fsub insigni Divi Pauli).
En 1552, il exécute pour Guillaume Gazeau, qui fut
pendant quelque temps l'associé de Jean de Tournes, un
gros volume in-8o, en latin, divisé en 2 tomes : Aristotelis
et Theophrasti historia Plantarum. C'est son dernier
labeur daté de Lyon. On en trouvera une description
exacte, pages 42-43 de l'intéressante monographie que
M. H. Jadard a consacrée à Bacquenois. Bien que l'indi-
cation de sa demeure à Lyon ne se trouve sur aucun de
ses livres, un document du temps nous permet d'établir
l'emplacement de son atelier, situé rue Mercière, où il
ne le peult obtenir, je m'ose pres-qiies asseurer, que vostre clémence plus que
humaine, ne la me refusera, ainsme laissera à quelque anglet du renc de ses
favoriz serviteurs, attendu que ce que j'ay entrepris, est pour recongnoissance
publicque de ce que luy doibs, et pour pleige de obéissance eteme, & derniè-
rement pour nionstrer que me suis (je pense) fatalement mis à l'Imprimerie
pour laisser a la postérité monuments de vos divines vertus » etc.
(1 ) Le privilège qu'on lit au verso de l'Oraison panégyrique fait mention de
« certaines œuvres d'Isocrates comme le Panégiricque, DemoniCfBu8iri8,Pana-
thenaic, et autres contenuez et nommées aux lettres de privilège »
1891 14
210 BULI.ETIN DU BIBUOPHa.E
occupait un local appartenant à sa femme Etiennette
Lhéritier, d'Annonay (1).
Sollicité par le cardinal de Lorraine, qui passait par
Lyon^ à son retour dltalie, Bacquenois quitta la ville de
de Lyon pour venir à Reims, a Vous, Monseigneur,
retournant dltalie et passant par Lyon, me comman-
dastes, comme à votre subject, à vous obligé et appar-
tenant naturellement, que pour vous faire ser\'ice et aux
vostres, m'en retournasse au lieu de ma naissance.... i
Telle est la déclaration que Bacquenois prend soin de
mettre en tête du Coustumier de Reims, imprimé par
lui à Reims et portant la date de 1553 (v. style).
Bacquenois avait transporté à Reims le matériel qu'il
avait à Lyon. On retrouve ses caractères, ses fleurons
et les grandes lettres ornées de la Bible de 1548 dans ses
diverses impressions de Reims. Il avait aussi amenéaveclui
un excellent ouvrier qu'il avait à Lyon, nommé Geoffroy,
En souvenir de Lyon, sa patrie typographique, Bac-
quenois adopte pour marque l'emblème parlant de cette
ville : le Lion.' Le noble animal tient sa patte droite
appuyée sur la pyramide, emblème du Cardinal de
Lorraine, et de la gauche déroule une banderolle avec
la devise : Sequitur fortuna laborem.
Nous ne suivrons pas M. Jadard dans ses détails sur
la vie et les travaux de Bacquenois à Reims. Maintenant
que nous avons établi ses antécédents peu ou mal
(1 ) C'est ce qui ressort du document suivant, dont nous devons la commu-
nication à Textréme obligeance de M. J. Baudrier, de Lyon. C'est un acte
notarié dont voici le résumé tel qu'il nous a été transmis :
c Insinuations, 26* vol., 1558. — M* Jourdain, notaire à Lyon. 7 jan%ier 1558.
— Acte d'où il résulte que Bacquenois avait épousé Etiennette Lhéritier, sceur
d'Ennemond Lhéritier habitant d'Annonay. Elle parait aussi être la veuve
d'un nommé Gaulme. Enncmond Lhéritier, créancier de sa soeur et de son
beau-frère pour une somme de cent livres tournois, ne pouvant se faire payer
avait fait saisir une boutique, arrière-boutique et cave, appartenant à Etien-
nette Lhéritier femme Bacquenois, mais dépendant d'une maison de Benott
Moutaudoyne, sise rue Mercière. »
l'imprimerie a REIMS 211
connus jusqu'ici, nous n'empiéterons pas sur le terrain
que M. Jadard vient de défricher avec un zélé et un
succès dignes d'éloges. Nous renvoyons le lecteur à la
notice spéciale à Nicolas Bacquenois, qu'il vient de
publier dans les Travaux de V Académie de Reims (tome
Lxxxv). On y trouvera le texte de divers actes authen-
tiques concernant Bacquenois, et la liste détaillée de ses
éditions connues jusqu'à ce jour.
Qu'il nous suffise maintenant de dire que Bacquenois,
après avoir travaillé pendant une dizaine d'années à
Reims, ne parait pas avoir fait fortune (1). Contrairement
à ce que dit sa devise, richesse ne s'est pas ensuivie de
ses travaux. Le 17 octobre 1561 (v. style), il s'associe
avec Jean de Foigny, mari de sa belle-fille, Françoise
Gosme, qui reste seul imprimeur à Reims, pendant que
lui-même va fonder l'imprimerie à Verdun, sous les
auspices de Nicolas Psaume, évêque de cette ville.
Le 11 mai 1568 (v. style), par acte passé devant Girard
et Rogier, notaires à Reims, il cède définitivement son
imprimerie avec tout ce qui en dépend au même Jean
de Foigny, et se retire du métier. Bacquenois meurt vers
1575, investi des fonctions de receveur de l'évêché et
comté de Verdun.
A. Claudin.
(1) Bacquenois était déjà endetté en quittant Lyon. L'acte du 7 janvier 1558,
passé à Lyon, et dont nous venons de citer un extrait (voir note, page 210),
nous donne encore les renseignements suivants :
c Pour se liquider, Etiennette Lhéritier représente son mari absent et en
vertu de sa procuration vend ladite boutique à Montaudoyne à charge de
payer : 1* son frère ; 2* 30 écus d'or à Guillaume Rouville, etc.... Le prix est
340 livres, qui, diminuées des sommes déléguées, ne laisse qu'un excédent de
27 livres payées à Etiennette. Bacquenois est qualifié de Maistre imprimeur
juré en l'Université de Rheims en Champagne. Françoise Gausme (belle-fille de
Bacquenois) est fiancée à Jehan Fougny, greffier du dit lieu de Rheims. Guil-
laume Rouville est un des témoins de l'acte. La procuration en vertu de
laquelle Etiennette Cherrier représente son mari est reçue par M* Rogier.
notaire à Reims, le 8 août 1557 (n. style) >.
MAIOLI ET SA FAMILLE
A PROPOS d'un livre DE LA BIBLIOTHÈQUE DE LYON
Dans ce réveil de la pensée, dans cette immense
poussée de Tesprit humain, qu'on a si justement appelée
la Renaissance, pas un art qui n'ait pris son élan, pas
une science qui n'ait eu son apogée, pas une idée géné-
reuse qui n'ait pris son essor vers des régions jusque-là
inconnues ; aussi, à Rome comme à Florence, à Venise
comme à Paris, pas un cœur qui ne battît aux nouvelles
qu'à chaque instant faisait naître cette époque brillante
et fameuse. La boussole avait ouvert les plaines de la
mer au navigateur qui, hardiment désormais, pouvait
perdre de vue les sables du rivage ; la découverte admi-
rable de l'Amérique avait doublé la surface de cette
petite planète où l'homme se trouvait si à l'étroit ;
l'imprimerie avait centuplé la somme de nos connais-
sances et, comme corollaire, l'astronomie nous faisait
voir ou deviner cent millions de soleils plus vastes et
plus éclatants que le nôtre, éclairant, vivifiant, fécon-
dant un milliard de planètes plus grandes, plus riches et
sans doute plus heureuses que le grain de poussière que
nous habitons et qui tremblotte imperceptible dans un
petit coin de l'espace.
L'orgueil humain, écrasé, anéanti par sa nullité, ne
pouvait plus alors que murmurer ces mots découragés :
« O étendue ! O immensité I »
Il y avait là, en effet, de quoi briser l'esprit le plus
robuste et jeter l'àme épouvantée jusque dans les abîmes
de la folie. Y a-t-il, connaît-on mystère plus terrible que
MAIOLI ET SA FAMILLE 213
l'infini de Tespace, si ce n'est l'infini des temps? Notre
intelligence peut-elle les comprendre et les contenir ?
Pensez-y et répondez.
Dès les premiers jours, l'architecture, avec ses filles :
la sculpture, la peinture, la gravure, l'ornementation,
s'était hâtée de donner ces chefs-d'œuvre que les temps
modernes n'ont point dépassés. L'ameublement avait
suivi ; le confort était né. Partout, chez le seigneur et le
manant, suivant sa fortune, la terre battue, les brassées
de fleurs et de feuillages avaient été remplacées par des
lambris, des parquets, des tapis ; les volets de bois par
des vitrages ; les peaux d'ours par des lits ou des divans;
les coffres grossiers et durs, sièges habituels, même dans
les châteaux, par des sofas, des canapés, des fauteuils ;
partout, le velours et la soie allaient vêtir l'humanité.
Il fallait que tout marchât de pair. Le plus modeste,
le plus infime des beaux-arts, la reliure vint à son tour
offrir des merveilles de goût et de grâce, et l'imprimé
qui venait de naitre eut sa parure avec non moins d'éclat
et d'orgueil que le manuscrit.
Le missel des princes était encore soigné, mais l'écrit
vulgaire ne visait qu'à la soUdité. Le bois, la peau
grossière couvraient le livre où priait le moine, qu'épelait
l'étudiant, que lisait l'érudit, et qu'une chaîne de fer
attachait au pupitre pour le protéger contre les indiscrets
ou les voleurs. Mais l'in-folio d'alors était si vaste, le
livre était si épais, si pesant, que le moine le plus robuste
ne pouvait le lire que sur un appui et que le sav^t
pressé, le pèlerin, le voyageur ne pouvaient l'emporter
avec eux. Le premier progrès fut donc de diminuer le
format et de lui donner moins de solennité. Le châtelain
put, dès lors, en se promenant, lire les contes badins
que lui envoyait l'Italie, et l'érudit, l'ouvrage de vulgari- '
sation devenu un compagnon fidèle, commode et
charmant.
214 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les anciens avaient connu la reliure ; quel art ont-ils
ignoré ? Demandez-le aux ruines de Ninive, aux temples
sacrés du Mexique, de TÉgypte ou de TExtrême-Orient.
Pour venir à des temps plus modernes, les Grecs et les
Latins avaient roulé leurs volumes qu'ils enfermaient
dans de riches coffrets. Quand ils eurent plié à plat
leurs élégants manuscrits, on confia aux orfèvres le soin
de les couvrir de feuilles d'or, de plaques bosselées,
gaufrées ou repoussées et parfois ornées de perles, de
nacre ou de diamants.
Artistes d'instinct et de sentiment, les Arabes, nos
précurseurs sur tant de points, déployèrent leur génie
d'ornementation sur leurs livres, comme sur les murailles
mystérieuses de TAlcazar et de TAlhambra. Ils rempla-
cèrent le bois, le cuir et le parchemin par des vélins
blancs, fins et légers, ou par ces admirables papiers de
riz, de lin ou de coton qu'ils avaient apportés de l'Inde
ou qu'ils avaient su créer. Ils utilisèrent tout particuliè-
rement leurs maroquins odorants qu'ils gaufrèrent,
qu'ils ciselèrent et qu'ils couvrirent de ces ravissants
dessins autorisés par la loi, d'où la figure humaine était
bannie, mais dont les arabesques, les fleurs, les feuillages,
les entrelacs, les rinceaux si fins, si légers et si purs
s'enroulaient, s'entrecroisaient, se poursuivaient avec
toute la grâce voluptueuse de l'Orient.
Bientôt l'Italie s'empara de cette industrie de luxe et
lui donna le charme et l'élégance que cette terre heu-
reuse imprime à toutes ses productions. Là aussi, comme
en Espagne, la peau de truie ou de cerf, les coins de fer,
les clous épais, les fermoirs massife, les chaînes dispa-
rurent. Le velours, la soie, l'ivoire, le vélin, le cordouan,
le maroquin, le chagrin, les cuirs orientaux firent leur
triomphante apparition, à la grande joie des dames, des
seigneurs et des amateurs. Là aussi, le format diminua
et se fit léger et coquet. Le gaufrage, les fermoirs ciselés.
BIAIOU ET SA FAMILLE 215
les crochets en argent doré, les ors sur les plats et sur
I^s tranches, toutes les fantaisies de l'imagination unies
à un goût fin et pur ; les filets tracés d'une main ferme
sous la conduite d'un œil exercé ; les branchages de fan-
taisie, les feuillages enlacés et noués par la main des
fées ; les fleurs, emblèmes de poésie et d'amour, firent
du livre transformé une œuvre d'art que le prince et le
gentilhomme étalaient avec orgueil sur les rayons d'une
étagère et que la jeune châtelaine portait à la chapelle
comme une parure, un bijou, à l'ébahissement des
vassaux comme à l'envi des riches bourgeoises à qui
leur rang ne permettait pas un luxe pareiL
Les rois, les princes, les dames, la Ville et la Cour se
passionnèrent pour cette nouvelle et ravissante manifes-
tation de l'art. Il se trouva aussitôt des artistes pour
répondre à de si nobles désirs, et la reliure devint un
objet de goût, de mode et surtout de bon ton, qui eut
ses adeptes et jusqu'à de fanatiques partisans.
(L Les relieurs lyonnais, qui jouissaient, dès les pre-
mières années du xvi® siècle, d'une réputation méritée,
dit M. Marins Michel, dans un livre devenu classique (1),
nous ont laissé beaucoup de modèles. Guidés par Jean
de Tournes et Petit-Bernard, l'un des meilleurs graveurs
de la Renaissance, ils dépassèrent bien vite les Italiens
qu'ils avaient d'abord servilement imités. »
Mais à cette éqoque bénie que certaines gens appellent
arriérée et barbare, la réclame n'était pas une puissance;
elle n'était pas une institution. Les hommes illustres
étaient modestes. Les écrivains se cachaient sous des
pseudonymes ; les peintres dédaignaient de signer leurs
fresques ou leurs toiles, et on ne connaît pas mieux les
artistes à qui on doit tant de reliures enchanteresses que
ceux qui ont érigé, sur tous les points de l'Europe^ ces
( 1 ) La Reliure française; Paris, 1881, in-4' planches.
216 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
cathédrales gigantesques, aux portails historiés, aux
flèches légères qui montent dans les nues et font aujour-
d'hui l'admiration en même temps que le désespoir des
connaisseurs.
Après les reliures italiennes si merveilleuses et les
reliures lyonnaises, sur lesquelles nous avons si peu de
détails et dont nous ne connaissons pas les auteurs, on
eut, en France, ou du moins on connaît un peu mieux
Geoffroy Tory, libraire, graveur, et sans doute aussi
relieur, Eve père et fils, le Gascon, Dusseuil; à leur
suite, une révolution se fit. L'architecture, les colonnes,
les portiques, les lignes droites ou courbes, les entrelacs
et les rinceaux cédèrent la place aux fleurettes et aux
feuillages. Les reliures à la Fanfare parurent et firent
école. François 1®% Henri II, Catherine de Médicis, Diane
de Poitiers s'illustrèrent par les collections ravissantes
qu'ils surent assembler ou créer. L'art sérieux était
devenu joli, mais c'était encore du grand art. Il devint
riche sous Louis XIV, futile et rococo sous Louis XV,
lourd et froid avec Napoléon et les règnes suivants,
malgré les vains efforts de quelques hommes qui croyaient
naïvement que la main peut remplacer l'esprit.
Vint un temps même où il y eut comme une éclipse
du génie français. Mais, dans notre pays privilégié, ces
instants d'obscurité ne durent pas.
Une réaction se fit ; une nouvelle école se créa ; le goût
pubUc s'affina et on vit paraître Bauzonnet, le vieux
maître, Trautz, son gendre et son rival, Niédrée, Dura,
Cape, Kœhler, pour les veaux fauves, et, de nos jours.
Marins Michel, qui, non content d'égaler les plus
illustres, a pris la plume et, en donnant l'exemple en
même temps que les préceptes, a fait si magistralement
l'histoire de son art.
Malheureusement, le truc est survenu, le pastiche s'en
est mêlé ; la cohue ardente s'est précipitée à la suite des
MAIOLI ET SA FAMILUB. 217
maîtres et • ;ru pouvoir les imiter. Or, on le sait, le
génie ne slmite pas : on a beau copier, pasticher ;
llmagination manque, le cœur fait défaut; la main
trahit l'effort, et la copie ne trompe que la foule, souvent
si dénuée de connaisseurs. Il n'en est pas moins vrai,
qu'à notre époque surtout, il n'est pas un atelier de
reliure qui ne vous propose et ne vous fasse du Grolier,
du Henri II, du Mazarin ; comme il n'est pas de cabinet
d'architecture où on ne vous crée immédiatement des
monuments de tous les âges, de tous les styles et de
tous les pays : villas italiennes, cottages anglais, temples
chinois, châteaux byzantins, ogivaux ou Renaissance,
églises, cathédrales ou chapelles des xiii^, xiv«, xv«,
XVI® siècles, ressemblance garantie et à juste prix.
On étonnerait bien leurs auteurs si on leur disait
qu'ils ne font pas de l'art.
Illusions naïves ! L'art véritable , l'art immortel et
sacré demeure plus haut que cela.
Cette introduction hasardée, sur la reliure ; ces préli-
minaires établis ; cette esquisse faite, à main levée, sans
ombres ni détails, qu'il me soit permis de m'occuper de
deux hommes que la bibliophilie et surtout la reliure
ont rendus célèbres et qui ont brillé de manière à
éclipser leurs contemporains et leurs rivaux, l'un
comme un astre splendide qui a parcouru harmonieu-
sement son orbite et dont on a pu suivre à toute heure
la route et les mouvements ; l'autre qui, pareillement, a
illuminé le ciel, mais comme un météore fugitif, dont
on n'a su ni d'où il venait, ni où il est allé.
Leurs deux noms sont liés, ils vont de compagnie ; qui
dit l'un dit l'autre : on a nommé Grolier et Maïoli.
Rien ne nous est caché de la vie de Grolier. Né à Lyon
en 1479, il fut trésorier général de l'armée française dans
le Milanais, ambassadeur de François I®*" à Rome, pro-
tecteur des hommes de lettres de son temps, ami des arts
218 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
et connaisseur. II fut généreux, quoique riche; aimé
quoique puissant, et mourut tranquille dans son lit, à
quatre-vingt-quatre ans, le 22 octobre 1565, à Paris,
entouré d'amis, sincèrement pleuré, honoré et, par consé-
quent, mille fois plus heureux que certains de ses col-
lègues à qui des courtisans dissipateurs et corrompus,
pesant sur la justice, arrachèrent l'honneur avant de les
envoyer à Téchafaud , sans que l'histoire ait dit si une
mort violente leur avait été appliquée à cause de crimes
plus ou moins établis, plus ou moins prouvés, ou tout
simplement à cause de leur luxe et de leur richesse.
Beaucoup de dessous de cartes restent voilés ; la vérité
se fait connaître quelquefois, mais pas toujours. Malgré
sa fortune, qui a dû faire des envieux, Grolier, chose
admirable, n'a eu à se plaindre ni de ses contemporains,
ni de la postérité.
Notre compatriote a eu des historiens. L'étude savante
et vraie de M. Leroux de Lincy, son complément par
M. de Cazenove, les travaux incessants des bibliophiles,
des érudits, des critiques et des commentateurs ont porté
la lumière sur les moindres actes de sa vie et ont entouré
son nom d'une auréole égale à celle de nos plus éminents
écrivains, quoiqu'il n'ait jamais rien écrit.
M. Monfalcon a cru que, dans sa splendide collec-
tion, (1) M. Coste n'avait jamais possédé que dix Grolier.
Ce serait déjà beaucoup , les plus belles bibliothèques
publiques de France n'en possédant pas autant et la
bibliothèque de la ville de Lyon n'en pouvant offrir que
quatre ou cinq. Le célèbre bibliophile lyonnais croyait
être riche d'une quinzaine.
Où est la vérité ?
On sait que M. Coste était un fin lettré, un érudit et
un connaisseur.
(1) Nouveau Spon, Lyon, 1856, in-8, page 79.
MAIOLI ET SA FAMILLE 219
Toutes ses facultés s'étaient concentrées sur ses livres
et on sait qu'il avait autant de fierté que de bonne foi.
Entre le bibliothécaire et le bibliophile, je crois donc
que la question reste entière et qu'elle ne sera pas tranchée
de longtemps.
Mais si M. Monfalcon ne passait que dix Grolier à M.
Coste au lieu de quinze, il me semble qu'il était tout
aussi loin de la vérité lorsque lui, conservateur de la
Bibliothèque de la ville, ayant tous ces volumes sous la
main, il croyait n'en avoir que quatre dans ses collections.
Il admettait :
lo PII PONT, MAX. decadum Blondi Epitome. Basile»,
1533, in-fol.
20 POLYBII HISTORIARUM libri quinque. Venetiis,
1521, petit in-8o.
3» Praemio délia seconda parte délie vite,.. Sans titre,
sans lieu ni date. Petit in-4o, 552 pages.
40 Enfin, un magnifique dELIUS RHODIGINUS.
Venetiis, in sedibus Aldi et Andreae soceri, mense
februario M. D. XVI in-4o.
Tous ces ouvrages portant la signature autographe ou
la devise de Grolier.
Je déclare cette liste inexacte.
Outre un Grolier authentique, inattaquable, dont je
parlerai plus tard, la Bibliothèque pourrait, son devoir
serait de se parer de trois autres volumes qui ne me
paraissent pas douteux, surtout les deux tomes in-folio
de la Bible de Robert Estienne :
BIBLIA. Hebraea, chaldaea, graeca et latina nomina
Virorum, mulierum, populorum, idolorum, vrbium,
fluuiorum, montium, cœterorumque locorum quae in
Bibliis leguntur, restituta, cum latina interpretatione.
Grande vignette gravée, marque et devise de Robert
Estienne : Un philosophe debout, en robe et pieds nus,
la main droite tendue vers un olivier nouvellement greffé,
220 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
dont les branches coupées tombent à terre, et prononçant
ces paroles : « Noli altvm sapere. »
Parisiis, ex oflicina Robert! Stephani, typographi
Regii, M. D. XL.
CUM PRIVILEGIO REGIS,
Belle et magistrale impression. Grandes marges, titres
courants en petites capitales, cinquante-cinq lignes à la
page, corps douze, capitales ornées ; glose en manchettes,
index à trois colonnes. Quatre parties en deux volumes ;
chacune d'elles avec la vignette de Robert Estienne.
Couverture Grolier, veau brun, petites dentelles, filets,
grandes dentelles, filets, encadrement de cinq filets droits,
deux gaufrés et trois dorés, coins arrondis ouverts en
demi lune, entourant, aux quatre angles, quatre fleurons ;
autre encadrement, composé de cinq filets droits, deux
gaufrés et trois dorés entourant un losange de cinq filets,
deux gaufrés et trois dorés. Au centre, quatre entrelacs
arrondis, entourant un bouquet de quatre fleurons.
Splendide dessin, du goût le plus pur, digne des plus
beaux Grolier ; tranches dorées.
Le nom de notre compatriote ne se voit nulle part, ni
dans le texte ni sur le superbe vêtement, mais, son génie
s'y retrouve partout tout entier. Les entrelacs, les compar-
timents, les feuillages qui courent dans le rectangle des
plats et qui se groupent au centre de la composition ; les
filets droits, poussés d'une main si ferme et si sûre, la
courbe élégante et fine des quatre angles, n'ont pu être
créés que par les ouvriers de Grolier, par son inspiration,
sous ses yeux peut-être, pour lui sans doute, et M. Re-
nard, l'illustre bibliophile que Lyon regrette, n'hésitait
pas à déclarer que ces deux magnifiques volumes avaient
appartenu au Trésorier de France, que ces deux reliures
sont les plus beaux spéci- mens d'une école inimitable ;
il les estimait vingt mille francs et déclarait n'avoir
jamais vu qu'un volume qui pût leur être comparé.
MAIOLI ET SA FAMILLE 221
A propos des Heures manuscrites données par Marie,
veuve de Louis XII, à son frère le roi d'Anglerre, petit
bijou que j'avais décrit naguère, dans ma brochure : Les
deux Bancel (1), un illustre statuaire lyonnais(2) s'étonnait
qu'il ne se formât pas des pèlerinages, des processions
pour, venir admirer les peintures de ce manuscrit : Noël,
David, Job, la Présentation, le Jardin des Oliviers, vingt
pages sublimes dignes des plus beaux temps de l'Italie et
surtout les adorables soubassements représentant des
enfants, de ravissants petits génies ailés, pareils à ceux
de Brou, et certainement, comme eux, de la main de Jean
Perréal. A mon tour, je m'extasie de voir que non-seule-
ment la Bible de Robert Estienne dort dans un si pro-
fond oubli, mais que les savants bibliothécaires, mes
prédécesseurs, n'aient jamais signalé, dans leurs ouvrages
pas plus que sur nos catalogues, quelle admirable reliure
la recouvre et la classe parmi les chefs-d'œuvre de l'art.
Ouvrez nos catalogues, article : BIBLIA,
Le numéro 5289 porte simplement :
« Eadem, Parisiis, R. Stephanum, 1540; quatre parties
en deux volumes, in-folio, grand papier, v., tr. d. »
Et c'est tout î Un homme de peine, un copiste ignorant,
qui n'eût ni aimé ni connu les livres n'eût pas décrit
ces volumes autrement.
Quelques personnes attribuent aussi une certaine valeur,
c'est-à-dire une semblable origine à un petit in-4o portant
le numéro 25765 : Annales de Foix, par Guillaume de la
Perrière. Toulouse, 1539, veau brun. Mais le nom de Grolier
ne s'y trouve pas davantage. Devise et nom sont absents.
Le trésorier de France est une des gloires de Lyon, et,
quoique ce ne soit pas lui qui ait donné son nom célèbre
à la petite place des bords du Rhône qui fait face au palais
des Facultés, la place Grolier, dans tous les esprits,
(1 ) Les deux Bancel. Lyon, Palud, 1891, in-8.
(2) M. deGra\illon.
322 BULLETIN DU BIBUOPHILE
éveillera plutôt le souvenir de rami de François le', que
celui du riche propriétaire, son descendant, dont les
terrains furent englobés dans V entreprise Perrache, spé-
culation qui, au siècle dernier, donnait à la ville un
nouveau et bruyant quartier.
Comment expliquer le sort si différent de deux biblio-
philes qui eurent tant de points de ressemblance, tant
d'affinités; de deux hommes riches, haut placés, ayant
mêmes goûts, même tendance, même but ; la gloire de
Tun, Tobscurité de l'autre ; la publicité qui a entouré la
carrière de Grolier ; Toubli implacable qui a frappé Maîoli ?
De celui-ci, rien. Son nom brille dans toutes les ventes ;
il est à chaque page des livres qui s'occupent de reliure ;
les documents sur sa personne, sa naissance, sa patrie,
sa vie, sa mort ne se trouvent nulle part.
Le Bibliophile Jacob, dans ses Curiosités de Vhistoire
des Arts (1 ) ne parle de lui qu'en passant. Il ne lui accorde
que deux ou trois lignes ; juste assez pour commettre
une ou deux erreurs.
Il est question du xvi^ siècle, époque par excellence ,
pensions-nous, des belles reliures et des amateurs pas-
sionnés.
En première ligne, naturellement, notre auteur cite
Grolier ; puis il ajoute : ce L'art delà reliure n'ayaiV quart
petit nombre d adeptes et de protecteurs : En Italie, le pape
Paul V et Maîoli. Ce bibliophile, pour imiter les reliures
et la devise de GroUier fsicj faisait graver sur ses livres :
Ta. Maioli et Amicorum. Ingratis servire nephas; en
Espagne, le cardinal de Granvelle ; en Belgique, Marc
Laurin, de Bruges, et Roger Bathis, de Bruxelles ; c\u\
avaient adopté, l'un et l'autre, la devise de Grollier. d
Ainsi, c'est Maîoli qui a pris la devise de Grolier ?
J'avais lu le contraire.
(1) Paris, 1858, m-12
MAIOU ET SA FAMILLE 223
D'après le savant écrivain, on n'aurait eu, en Europe,
outre Grolier, que deux amateurs, en Italie ; unen Espagne,
et deux en Belgique.
C'est un bien petit nombre I surtout, quand on voit
quelles gens étaient à la tète du mouvement I
Il m'avait semblé, au contraire, qu'à cette époque d'en-
thousiasme et d'ardeur, d'ébullition et de vie, adeptes,
amateurs, et connaisseurs fourmillaient dans toutes les
classes de la Société et que les rois, les princes, les dames
et les seigneurs étaient, conmie le pape et les cardinaux,
passionnés pour ce nouvel art.
Voici l'avis d'un bibliophile plus moderne, d'un jeune,
M. Gaston Brunet, qui écrit sous le pseudonyme de Phi-
lomneste junior (1) :
a En 1883, M. Bernard Quaritch, un des principaux
libraires de Londres, fit un catalogue de vente de 973
numéros.
« Un Grolier, Lactantii Firminiani de divinis instiiii-
iionibus aduersus gentos, sub anno Dni M.CCCCLXV, in
vcnerabili monasterio sublacensi (subiacensi?)^ c'est le
premier livre imprimé en Italie avec une date, portait
rinscription habituelle :Jo. Grolierii et Amicorum. Il était
coté 600 livres st. 15,150 francs.
a Un bibliophile italien, contemporain de Grolier,
moins célèbre que le trésorier de François I^r, mais tenant
toutefois un rang fort distingué, il vivait de 1500 à 1550,
ne nous est connu que par les reliures de ses livres, chefs-
d'œuvre d'élégance et de goût, que les amateurs couvrent
de billets de banque.
tt Tout comme Grolier, il mettait sur ses livres : Te,
Maïoli et Amicorum.... Un Orlando furioso (Venelia),
Nicolas Zopino , 1524, était évalué 395 livres st.,
9,925 francs.
\,\) La Bibliomanie en i883. Bordeaux, 1884, in-8.
224 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« Un autre bibliophile italien fut le Génois Mecenati
Canevari. Sur ses livres est un médaillon représentant
Apollon conduisant un chariot d'or sur des flots verts et
se dirigeant vers un rocher qui porte Pégase. »
Deux choses à prendre dans ce récit :
Le Bibliophile Jacob n'avait pas cité tous les amateurs
italiens.
On voit de quelle haute estime les livres de Maîoli
jouissent chez les collectionneurs.
A propos de MaïoIi que je voulais faire connaître, je
me suis étendu, trop longuement peut-être, sur Grolier,
qui n'était pas en cause, que le monde érudit apprécie,
sur qui je n'ai rien avancé de nouveau, et j'ai à peine
prononcé le nom de son rival, sur lequel on ne sait rien
et sur qui même quelques écrivains ont égaré l'opinion.
Ainsi le fameux Dibdin, dans ses ouvrages si précieux
pour la bibliographie, le donne comme un relieur, et un
érudit lyonnais, profondément versé dans la connaissance
des livres, a commis dernièrement la même erreur, en
avançant que le duc d'Aumale avait acquis, à la vente
Bergeret, au prix de 4,600 francs, un ouvrage : Roma
Triomphons, uniquement parce qu'il avait été relié par
Maîoli.
Protestons vite. Ce dernier était un riche amateur, un
habile collectionneur, comme Grolier, de Thou, la belle
Diane, Henri II, Mazarin ou M™® de Pompadour, mais il
n'opérait pas lui-même, il ne travaillait pas de ses doigts,
il n'était pas ouvrier, comme le furent les deux Eve, le
Gascon, Duseuil et probablement le graveur Geoflroy Tory.
D'autres ont fait honneur à Grolier de sa devise géné-
reuse et ont cru que Maîoli la lui avait empruntée ; on
discute, mais il est à présumer que c'est le contraire qui
a eu lieu.
Maintenant si on sait ce qu'il n'était pas, qui nous dira
ce qu'il était ?
MAIOLI ET SA FAMILLE 225
Si j'ai fait faire un pas à la question c'est si peu de
hose que je n'ose m'en glorifier.
Cependant, j'ai trouvé une voie et si j'offre au public
le finit de mes recherches, c'est dans l'espoir qu'un autre
sera plus heureux et qu'il ira plus loin que moi.
Brunet, cite un Laurent Maîolus, auteur d'un ouvrage
de médecine imprimé à Venise, en 1497, in-4, et il ajoute :
« Il ne faut pas confondre, comme l'a fait M. Renouard,
ce Laurent Maïoli, mort en 1501, avec un Thomas Maîoli,
contemporain de Grolier et qui, de même que ce célèbre
bibliophile, a laissé des livres magnifiquement reliés et
où il avait fait inscrire, sur un des côtés de la couverture,
le titre de l'ouvrage, avec ces mots au bas : a TTio. Maioli
et amicorum. d et, sur l'autre sa devise : a inimici mei
mea mihi non me mihi, »
Ou bien celle-ci : a Ingratis seruire nephas. »
a Nous en possédons un, ajoute fièrement Brunet, qui a
aussi appartenu à Grolier et sur le titre duquel ce grand
amateur a écrit, de sa main, sa devise ordinaire :
a Portio mea, Domine, sit in terra viventium. «
<i Ce Maïoli vivait encore en 1549, ainsi que nous le
prouve un volume sous cette date, avec son nom. -»
Ainsi, trésor précieux, richesse dont il se félicitait,
Brunet a possédé un ouvrage qui a authentiquement
appartenu à nos deux célébrités.
On ne connaissait, jusqu'ici, qu'un volume, un seul
volume, un unique volume qui ait eu ce brillant honneur.
Un autre Maïolus, Maïoli ou Maïole est auteur d'une
compilation qui eut le plus grand succès : Les jours canicu-
laires, c est-à-dire vingt-trois excellents discours des choses
naturelles et surnaturelles,.,, par Simon Maïole, d'Asti,
évêque de Valtour... Paris, Fouet, 1609, in-4, trois vol.
Ne serait-ce point un parent du nôtre ?
a Venise était peut-être alors le plus grand marché de
l'Europe, dit M. Octave Uzanne, dans son beau volume
1891 15
226 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
sur Fart qui nous occupe (1) et il n'est point étonnant
que ses ateliers de reliure y aient pris une importance
de premier ordre...» Mais, a sauf le nom de Vicenti filius,
relieur estampeur, on ne connaît pas le nom des ouvriers
émérites de ce temps. Aucun des maîtres de style qui
s'entendirent si bien à rompre l'austérité de la ligne par
des rinceaux élégants, ou des lacs de feuillages et de
fleurs, aucun de ces mosaïstes n'a légué le moindre docu-
ment biographique à la postérité. Il n'en est pas de même
des bibliophiles qui stimulèrent cette grande école de
reliure et, outre le fameux Thomas Maîoli, l'histoire des
amateurs de livres compte encore les noms du cardinal
Bonelli, du doge Cigogna et surtout celui du Génois
Démétrio Canevari, médecin d'Urbain VII... Cependant,
les exemplaires provenant de Thomas Maîoli sont encore
les plus recherchés.
a Quel était ce Maîoli ? où et quand vivait-il au juste ?
se demande M. Fournier ; c'est ce qu'on ne sait aucune-
ment. On pourrait affirmer néanmoins que Maîoli vivait
de 1510 à 1560. Il aimait les livres ; il en avait d admi-
rables ; cela suffit.
a ...Les reliures de Thomas sont la perfection de l'art, »
ajoute notre écrivain... Ceux-ci a portent souvent une
devise, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre.
La phrase assez énigmatique, mais d'autant mieux dans
l'esprit du temps : a Inimici mea Michi non me Michi »,
en est la forme la plus ordinaire.
a Quelquefois, elle se varie ainsi : a Ingratis servire
nephas, y> formule bien digne d'un amateur éclairé.
a Les livres de Maîoli sont très variés de décoration ;
le plus souvent, l'ingénieux agencement des ornements
d'un style italiano-arabe, se détache en listels de cuir
blanc, sur un fond brun foncé. Au milieu, est réservé,
il) La reliure moderne, Paris, 1887, in-8, fig*
MAIOLI ET SA FABOLLE 227
en forme de médaillon, un grand compartiment pour rece-
voir le titre, tandis qu'au bas, on lit, selon la formule
hospitalière des nobles bibliothèques de la Renaissance :
« To. MaioUet amicorum b devise que Grolier,chez nous,
rendit à jamais fameuse, d
La Bibliothèque de Lyon n*est pas riche en reliures
Maîoli ; on dirait que les jésuites et les oratoriens qui
Tout créée ; que les ordres religieux dont les livres sont
venus, en 1792, augmenter nos richesses; que les biblio-
thécaires mes prédécesseurs qui disposaient de leurs fonds
sans contrôle, n'ont pas tenu à posséder, acquérir ou
conserver un souvenir de l'illustre bibliophile. Quelques
volumes portent une imitation, parfois très réussie, du
genre qu'il avait adopté ; on peut penser que les entrelacs,
les filets, les nœuds d'entrelacs, les plaques de certains
veaux bruns ou fauves ont été inspirés par lui, peut-être
même tracés ou gaufrés sous ses yeux. Nous ne citerons
que les Œuvres de Clément Marot, de Cahors, vallet
de chambre du Roy ; plus amples et en meilleur ordre que
parauant. A Lyon, à l'enseigne du Rocher, 1545, in-12.
Sur le frontispice, vignette représentant un rocher
assailli par les vents et, autour, ces mots : Adversis Cons-
tantia durât. Au colophon : fin. Imprimé à Lyon.
Genre Maîoli, veau fauve, admirable dessin, listels,
entrelacs droits entourant un nœud d'entrelacs, avec
petits fleurons. Tranches dorées, ciselées.
Reliure probablement exécutée à Lyon et faisant hon-
neur à notre ville.
Mais pourquoi ce long travail ?
Pourquoi nommer Maîoli puisqu'on ne sait absolument
rien de lui ?
Pourquoi m'occuper de ce bibliophile puisque la ville
ne possède rien des richesses qui ont fait sa réputation et
sa gloire ?
Parce que mes études n'ont pas toutes été vaines.
228 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Parce que mes recherches n'ont pas été complètement
inutiles.
Parce que, si je n'ai pas découvert beaucoup, j'en ai
trouvé assez pour en être comblé de joie.
J'ai arraché à la poussière, j'ai mis au jour un des
volumes les plus précieux de Maïoli. Si je n'ai pas levé le
voile qui couvre la personnalité de l'éminent bibliophile,
j'ai mis la main sur sa famille et sur son pays. J'ai donc
bien mérité des érudits, et de tous ceux qui étudient les
livres avec passion. Quand on n'a rien, un commence-
ment c'est beaucoup. A d'autres à faire plus et mieux.
Un jour de bonheur, en ftiretant sur les rayons oubliés ;
en cherchant des reliures précieuses, des le Gascon, des
Duseuil, des reliures à la Fanfare ou à VEveniail, je tirai à
moi, j'ouvris et j'admirai, tout tremblant, tout palpitant,
un volume simple, modeste, sans ornements, un livre qui,
au premier coup d'œil, n'avait rien pour attirer les re-
gards, et dont le catalogue ne m'avait pas dit la valeur ;
une édition, rare sans doute, belle, mais étrangère à mes
recherches et à mes désirs. Je n'en demeurai pas moins
muet de surprise. La couverture portait le nom de Maïoli.
Je cours à la fin. Au bas du colophon, je vois, je lis un
autographe connu : le nom et la de\ise de Grolier.
Ce trésor, ce petit in-4, sans apparence , avait eu l'insigne
honneur, l'heureuse chance, l'unique, ou presque unique
bonheur d'avoir appartenu à nos deux plus célèbres
bibliophiles, à Maïoli et à Grolier .
Comment ? la bibliothèque avait un Maïoli ? un authen-
tique, un vrai ? Elle était fière de posséder quatre Grolier
signés, mais elle n'avait que des imitations de son illustre
rival. Un Maïoli incontestable et incontesté lui manquait.
Lacune profonde !
Le vide était comblé. Non seulement, j'en avais trouvé
un, mais j'avais découvert un cinquième Grolier.
Comment avait-il échappé à mes prédécesseurs ?
MAIOU ET SA FAMILLE 229
L'un d'eux, tout à d'autres travaux, ne s'était jamais
occupé de nos livres ; mais M. Monfalcon passait pour
avoir tout vu et tout connu. Servi par une mémoire spé-
ciale, d'une imperturbable fidélité, M. Péricaud les avait
tous étudiés. M. Janon les avait tous timbrés, maniés,
rangés et catalQgués. M. Delandine qui, le premier, les
avait triés, en avait écrit l'histoire ; MM. Tabard et Brun
qui, de l'an IV à 1803, avaient esquissé un premier classe-
ment d'après les ordres clairs et précis du représentant
Poullain-Grandprey, avaient reçu et déballé les caisses,
les sacs et les paniers apportés des couvents voisins et
empilé, à côté des livres des jésuites et des oratoriens,
les ouvrages saisis par la Nation. Comment aucun de ces
Messieurs n'avait-il vu les noms éblouissants que j'avais
là, sous mes yeux ? Qui donc avait timbré ce volume ?
Qui lui avait donné son numéro 10349 ?
Dans tous les cas, il venait du dehors et n'avait jamais
appartenu aux maîtres du Collège de la Trinité. Leur
marque ne s'y trouvait pas.
D'où venait-il alors ?
Impardonnable mutisme du catalogue ; le répertoire
qui devait no us guider, nous éclairer, n'en disait rien.
Revenons à ses premiers possesseurs.
Avoir été la propriété successive de ces deux honmies
d'élite avait été une rare et insigne faveur, avais-je dit.
Ce n'était pas seulement mon avis, c'était aussi l'opi-
nion des chefs de la science. Brunet n'avait indiqué
qu'un seul volume dans cette condition, le sien. A la
Bibliothèque Nationale, on n'en connaissait pas d'autre.
Brunet, en le signalant conune une rareté, ne nous en
avait pas donné le titre.
M. Thierry-Poux, le savant et bienveillant conservateur
de la Bibliothèque Nationale, a bien voulu combler cette
lacune.
Le livre cité dans le Manuel du libraire est :
230 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
c I Sacri Psalmi di David, trad. per Antonio Brucioni^
Venezia, 1534, in-4, mar. vert, compartiments, tr. dorées. »
c Ce volume, relié pour Maîoli, porte son nom et sa
devise :
« THO. MAIOLI ET AMICORUM.
c Inimici mei mea michi, non me michL
c II a aussi appartenu à Grolier qui a écrit sur le titre :
c Custodit Dominas omnes diligentes se.
c Et omnes impios disperdit.
c Et plus bas :
« Portio mea sit in terra viventium.
c Vendu seulement 1.020 francs, à la vente Brunet, le
jeudi 23 avril 1863. ]>
Ce volume atteindrait un prix plus élevé aujourd'hui
Ainsi, comme Brunet, M. Thierry-Poux ne connaissait^
en Europe, qu'un seul volume portant à la fois les deux
noms glorieux de Maîoli et de Grolier. Ne me sera-t-il
pas permis de m'enorgueillir d'en avoir trouvé un
second?
Voici la description détaillée, exacte et précise de
celui qui appartient à notre ville. Que mes lecteurs non
bibliophiles me pardonnent mon aridité.
Premier plat de la couverture :
M. T. CICERONIS
Officia
Laelivs
Cato
Paradoxa
etc.
Plus bas
Tho. Maîoli et
amicorMU.
MAIOLI ET SA FAMILLE 231
Second plat :
inimici mei mea
Michi non me
Michi.
Veau brun, trois filets très simples, dont deux gaufrés ;
celui du milieu doré; tranches dorées, dos orné, sans
nervures, petit in-4
Frontispice :
MARCI TVLLII
CICERONIS
Officia De Senectute &.
de Amicitia Sonmium Scipionis
de Senectute Etiam ex THEODORI
Paradoxa GAZAE uersione
Somnium Scipionis
Omnia denuo uigilantiori cura recognita ,
Per Des. Erasmvm Rot. et CONRA//
DVM Godenium,deprehensis acrestitutis
aliquot locis , non cuilibet obuiis
Fro I i ben
ce 2
Basileae, in officina Frobeniana
an. M. D. xxviii
232 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Au-dessous de la seconde ligne, le sceau du Collège
national : a Ex biblioth. Pub, Colleg. lugdun, -»
De l'autre côté du bâton, le sceau adopté sous la
Restauration : les armes de la ville, avec le lion armé
d'une épée, et, en chef, les fleurs de lis.
A la page 3, préface d'Erasme :
« ERASMUS RO\\TERODAMUS ORNATISSIMO\\
Jacobo iuiori inclytae ciuitatis ant \ \ uerpiensis Pensiona-
tio, S. D. »
Vigilette coloriée encadrant la page des quatre côtés et
composée de feuillages accompagnés, à la plinthe,
d'enfants et d'animaux sauvages. Lettre majuscule dorée,
dans un encadrement orné et colorié, avec portrait.
A la page 7, fin de la préface :
a Superest, ut quBmadmodum mihi in hoc labore
uersanti iuior semper ab oculos uersabatur, ita tïbi crnn
haec leges, Erasmus in mentem ueniat, tui cum primis et
amans et studiosus, Beneuale. Louanii (Louvain), quarto
Mus septembres (sic) anno M.D.XIX. »
Page 8 : a Voces aliqvot annotatae ex Officiis M.
Tullii, per Erasmum Roterodamum ex praefatum. -»
Page 40 : a Bene uale. Lutetiae, quarto calendas Maias,
anno MCCCCXCVIIL »
Après cette page 40, nous recommençons une nouvelle
pagination.
Page 1 : a MARCI TVLLII Ciceronis officiorvm liber
primvs ad Marcum filivm.
« Argvmentvm per Erasmvm Roterodamvm. »
Grande capitale dorée, dans un encadrement orné et
colorié, représentant un combat. Signature A.
Petites lettres capitales ornées et coloriées.
Page 168 : a MARCI TVLLII Ciceronis Laelius, sive de
amicitia dialogus, ad T. Pomponium Atticum prae-
fatio. D
Capitale dorée, ornée et coloriée.
MÂIOLI ET SA FAMILLE 233
Page 211 : « MARCI TVLLII Ciceronis Cato Maior, sen
de Senectate, ad Titum Pomponium Atticum Praefatio. »
Capitale dorée, ornée et coloriée.
Page 249 : « MARCI TVLLII Ciceronis Paradoxa, ad
Marcum Brvtvm. »
Capitale dorée, ornée et coloriée.
Page 269: « MARCI TVLLII Ciceronis de Somno Sci-
pionis. Ex libro de Repub, Sexto, j>
Capitale dorée, ornée et coloriée.
Page 278 : a A la fin : Marci Tvllii Ciceronis, | ) de
somnio Scipionis finis, d
Page 279 : « Erasmvs Roterodamus. y>
Page en italique, expliquant le cours et l'harmonie des
astres.
La page suivante est une planche gravée, donnant le
nom, la position et la marche des planètes autour de la
terre. Le mouvement des sphères produit huit tons, et
non pas sept comme les anciens le croyaient.
Page 279 bis : « Markou Tyllioy Kikerônos Romaioy
Katon êperigerôs. )d
Vignette coloriée entourant la page. Capitale dorée,
d'un goût charmant, dans un encadrement orné et
colorié.
Le Caton ou de la Vieillesse, par Marcus Tullim
Ciceron,
Page 324 et dernière. Au colophon : a Basileae apvd
joannem Hervagivm et Hieronimvm Frobenivm. Anno
M. D. XVIII. )»
Et au-dessous, de la main et de l'écriture de Grolier :
« Jo, Grolier a Lugdunén et amicorum, d
La page 326, non paginée, porte, dans un cartouche de
style allemand, la marqpie du libraire Froben : a Un bâton
de paix, tenu par deux mains, surmonté d'une colombe,
symbole de l'innocence, et entortillé de deux serpents,
symbole de la prudence, dont les têtes couronnées viennent
234 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
former encadrement à la colombe. ]> — Delalain. Inven-
taire des marques dimprimears et de libraires. Paris,
4888, in-4.
Caractères corps 12, ouverts, vingt-sept lignes à la
page, outre le titre courant, imprimé en petites capitales ;
quarante-cinq lettres à la ligne ; notes marginales en ita-
liq[ues ; les titres de chapitre en majuscules dorées.
De la page 31 à la page 229, on lit, en marge, vingt
notes manuscrites, peut-être de la main de Maïoli, peut-
être de celle de Grolier. L'écriture calme et posée de ces
notes ressemble énormément à celle du trésorier général.
Mais, ce précieux volume entre mes mains, j'étais fort
embarrassé pour comprendre ou deviner le sens de la
devise de Maïoli : a Inimici mei mea Michi, non me Michi. »
Devise aussi obscure que possible et telles que les
aimaient les dames et les seigneurs du Moyen- Age. Les
plus connus et les plus simples : F. e. r. t; Rien ne m* est
plus, plus ne m* est rien ; Fortune^ infortune, fort une ne
semblent-elles pas calquées sur le modèle des casse-têtes
chinois, rois du genre ?
Eh bien I mon embarras n'a pas été de longue durée.
Que faire, en effet, en présence du sphinx quand on
n'est pas Œdipe ?
Ma voie était tracée ; j'ai avoué mon ignorance et j'ai
appelé les savants à mon secours.
Je consultai aussitôt les lecteurs de la bibliothèque ; le
journal si utile et si bienveillant : L Intermédiaire des
savants et des curieux et, en premier lieu, mon illustre
collègue de la Bibliothèque Nationale, qui, bien vite, me
répondit :
c Mon cher Collègue,
c On ne sait absolument rien de la vie de Thomas Maïoli.
Son nom serait complètement inconnu sans les somptueux
témoignages qui nous restent de son amour des livres.
MAIOLI ET SA FAMILLE 235
a Pour ce qui est de sa devise, on peut l'interpréter
ainsi : c Mes ennemis peuvent atteindre mes biens, mais
ils ne peuvent pas m'atteindre moi-même. »
* « Veuillez croire....
a Signé : Thierry, d
Cette explication était claire, plausible et je pensais pou-
voir m'y tenir ; mais d'autres arrivèrent successivement.
U Intermédiaire m'apporta les suivantes :
c On pourrait lire : inimici mei mea sunt, mihi resy non
me rébus subjungo mihi.
a Ou bien, voyez Horace, Epist 1, 1, 19 : Bf mihi reSy
non me rébus subjugere conor.
c Je m'efforce de me soumettre les choses, et non de
leur être soumis.
a Inimici mei agunt mihi (pro me) ; pingant non me
mihi.
« Voyez Sénèque, dialogue I, 3, 2, « Pro ipsis esse qui-
bus eoeniunt ista, qaae horremus ac treminus.
« H. H. »
Tout cela est profondément subtil.
Autre avis :
« Selon moi, ces mots semblent vouloir dire :
c Ce sont mes ennemis qui sont mes vrais amis et non
pas mes amis. "b.
Encore plus subtil.
Plus tard, V Intermédiaire ajouta :
c II me semble que, dans la devise de Maïoli, il y a un
verbe sous entendu et que ce verbe doit avoir le sens
d'enlever : Rapuerunt. Par exemple : Inimici mei michi
336 BmXETIN DU BIBUOPHILE
(pour mihi, forme usitée au Moyen- Age,) non me michi,
\eut dire : Mes ennemis m'ont enlevé mes biens, mais
ils n'ont pu me ravir à moi-même*
a Au fond, c'est la paraphrase du fameux mot de Médée :
« Que vous reste-t-il ? — Moi. »
fl
Signé : Dicostès.
• Enfin, je reçus la version suivante :
« (Possant) inimici mei mea mihi (eriperej, non me mihi.
' a Que mes ennemis m'enlèvent ce qui est à moi ; il
me restera toujours moi. »
Signé : Dupùis, professeur au lycée de Montélimar.
On voit s'il était facile de répondre à ma question.
Conclusion : je crois qu'on peut s'en tenir à la défi-
nition de mon habile collègue de la Bibliothèque Natio-
nale.
Mais ce n'est pas la découverte seule du précieux volume
qui, pendant de longs mois, m'a si profondément troublé.
Ce n'est pas la traduction de la devise de Maîoli qui m'a
jeté dans un si vif émoi.
Tout cela rentrait dans la limite des recherches ordi-
naires et des découvertes communes.
J'avais porté bien plus haut mon ambition.
Ce qui m'avait ravi, c'est la croyance bien formulée
que j'avais deviné le véritable nom de Maîoli , et (jue
j'étais sur la trace du mystère qui enveloppe cet illustre
inconnu. Le nom admis, on connaissait naturellement la
famille, les origines, le pays, tout ce qui avait échappé
à la sagacité des plus tenaces érudits*
. Était-il possible qpie j'eusse trouvé le mot d'un secret si
bien gardé ?
Partant de ce principe, qu'au xvi« siècle, les auteurs,
MAIOLI ET SA FAMILLE 237
par modestie, mode ou caprice, avaient la coutume de tra-
vestir leur nom, de le latiniser, de le gréciser, j'avais
commencé par me demander si le bibliophile nous avait
bien donné le sien?
Aertel, le géographe, se faisait appeler Ortelius ; Van
den Steen, le jésuite, Cornélius a Lapide, ou Corneille de
la Pierre ; Philippe de Cavaillon, Philippus Cabassalus.
Wolf était Loup ; Kaiser était César ; Lévêque était
Bischof.
La Biographie universelle cite un certain Gilbert Ca-
gnati qui était né, d'après elle, à Nocera, ville du royaume
de Naples et lui attribue un ouvrage : De Hortorum lau-
dibus. Bâle, 1546.
L'écrivain était allé chercher fort loin ce qu'il avait
sous la main.
L'ouvrage De Hortorum laudibus est tout simplement
d'un Franc-comtois, Gilbert Cousin, de Nozeroy, arron-
dissement de Poligny.
Cousin avait été secrétaire d'Érasme.
Séduit par la mode du jour, il avait traduit Cousin par
Cagnati, ou Cognati, de Cognatus, Cousin, parent. C'était
de l'italien ou du latin approximatif. Il n'en avait pas
Callu davantage pour dérouter tous les biographes de
notre temps.
Incité par ces exemples, j'ai aussitôt traduit Maïoli par
Mayol, nom d'une vieille famille provençale, établie,
depuis le xv« siècle, dans le Vivarais et le Forez.
Puis, j'ai cherché de ce côté.
Il paraît que j'étais sur la bonne voie, et chaque pas
m'a confirmé dans ma croyance.
Après avoir tenu un rang élevé en Provence, où ils
étaient connus et puissants depuis une très haute anti-
quité, les Mayol se sont trouvés mêlés à tous les événe-
ments de nos pays, ont occupé de hauts emplois et ont
jeté des rameaux en Espagne et en Italie.
238 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Au XVIII® siècle, ceux de Bourg-Argental ont ajouté à
leur nom le titre de comtes de Lupé.
Cette maison produit, parmi ses plus brillantes illus-
trations, saint Mayol, quatrième abbé de Cluny, homme
de haute intelligence qui fiit en relation avec tous les
princes de son temps.
Ce célèbre abbé, fils de Foucher, un des plus grands
seigneurs de la Provence, était né en 906, à Avignon.
Il avait fait ses études à Lyon. Il gouverna Cluny, de
954 à 991, avec énergie, sagesse, prudence, agrandit son
abbaye dont il étendit la puissance et fit de profondes et
radicales réformes dans les prieurés de sa dépendance qui
se relâchaient. II mourut le 11 mai 994, après avoir choisi
et fait élire à sa place, quatre ans auparavant, Odilon
qui était digne de le remplacer.
L'abbé Mayol est une des grandes figures de l'ordre de
Cluny.
On retrouve dans les chartes du xi® siècle, au cartu-
laire de Saint- Victor, de Marseille, années 1036, 1056,
1074, 1075, Archambault et Pierre Mayol ; en 1276, Guil-
laume Mayol, qualifié Miles, chevalier. Bérenger Mayol
fiit amiral de Pierre II, en 1285.
Pierre Mayol était possessionné, en 1347, à Malleval,
en Forez. C'est le premier personnage connu de cette
famille dans nos pays. Depuis lors, ils sont nôtres, de la
façon la plus intime.
Joachim de Mayol, prieur et seigneur de Vindelle, fiit
un personnage important, II était né, au commencement
du XVII® siècle, à Bourg-Argental, ou, suivant une autre
version, à Annonay, pays de sa mère. Il vivait en 1659 ;
son père était Guillaume de Mayol, seigneur de Logilière,
maître des requêtes d'Anne d'Autriche; sa mère était
Marie de Carron, d'une vieille famille alliée aux Cler-
mont.
Un neveu du. prieur Joachim, Charles de Mayol, fils.
MAIOLI ET SA FAMILLE 239
de noble Joseph de Mayol, président, lieutenant général
à Bourg-Argental, fut prieur de Notre-Dame de Bonlieu
et chanoine régulier de Saint- Augustin, au diocèse de
Rouen. Sa mère était Marthe de Cusson de Saint-Ignace,
d'une famille du Velay, qui a donné un vice-amiral,
gouverneur du Hâvre-de-Grâce.
Au XVII® siècle, un Mayol fut lieutenant au siège de
Bourg-Argental ; un autre, en 1710, fut président des Tré-
soriers de France, à Lyon.
C'est à cette ancienne lignée que j'avais demandé mon
Thomas Maïoli et je l'y ai bien découvert, mais non dans
la branche du Forez, comme je l'espérais.
Leur nom n'a presque pas été défiguré; les Mayol
avaient italianisé leur nom en se dépaysant.
J'étais bien toujours dans le vrai.
Les Mayola et les Maïoli sortent, en effet, des Mayol de
la Provence ; le fait, d'après leurs archives, est authen*
tique, est certain.
Ils s'établirent en Italie, vers le x« siècle, quand
ils furent dépossédés par des événements majeurs, dans
leur patrie, de leurs titres, de leur fortune et de leur sou-
veraineté. On en retrouve des branches à Parme, à
Ferrare et surtout dans la petite ville d'Asti, en Piémont.
La plupart, un très grand nombre du moins, a porté
le prénom de Thomas, comme les Montmorency, celui
de Mathieu.
C'est dans la ville d'Asti qu'est né, vers 1430, l'illustre
philologue Laurentius Maïolus, Lorenzo Mayola, dit aussi
Maggioli, comme écrivaient les Vénitiens qui pronon-
çaient Mazzioli, suivant leur douce et harmonieuse pro-
nonciation.
Lorenzo mourut en 1501. Il avait été l'ami de Pic de
la Mirandole, et de plusieurs grands personnages de
l'époque. Il avait été en relation avec des princes et des
souverains. Il avait habité Gênes, après avoir enseigné à
240 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Padoue, à Pavie et à Ferrare, où il avait été appelé,
peut-être, par les membres de sa famille. C'est, du moins,
par une singulière coïncidence que, jeune homme, il ait
paru précisément dans les villes italiennes où se trou-
vaient des Maîoli (1 ).
C'est dans la même ville d'Asti qu'était né, vers 1520,
Simon Maïolo, évêque de Valtour (Volturara), l'habile
compilateur, mort vers 1598 (2).
J'ai la certitude que Thomas, connu comme bibliophile
hors ligne, de 1500 à 1550, était un proche parent de ces
deux illustres érudits, et que lui aussi était originaire
d'Asti ; naissance à établir vers 1480.
On me permettra d'en émettre la profonde conviction.
Mes recherches poussées aussi loin que possible, mon
thème fait, plein d'espoir et d'ardeur, je m'en ouvris à
M. le comte de Mayol de Lupé, le chef actuel de cette
haute maison qui, avec une grâce charmante et une bien-
veillance extrême, se mit aussitôt à fouiller ses notes et
à compulser ses archives, à mon intention.
Les branches d'Espagne ne pouvaient nous être d'aucune
utilité ; mais l'Italie vint confirmer mes convictions.
Dès le xi^ siècle, les Mayol de la Péninsule, après
avoir porté le nom de Majol et Majola, s'étaient scindés.
Une partie avait adopté le surnom de Sacrati, sous lequel
ils furent désormais connus ; l'autre s'était fait appeler
Maîoli et Majola.
Le prénom des Majola et des Sacrati fut très souvent
Thomas ; ce qui prouve que nous étions bien sur la trace
que nous cherchions. Ils étaient bibliophiles, érudits,
intelligents. C'était dans la race et le sang.
Enfin, nous voyons que le marquis Thomas Mayola-
Sacrati, père du cardinal François, créa, en 1622, un
(1) On lui doit : De Gradibus medicinarum. Veneliis (Aide) 1497, in-4.
(2) Auteur des Jours caniculaires, éditions de 1609,1612, 1613, 1614, 1C17,1C42.
MAIOU ET SA FAMILLE 241
prieuré, à Saint-Maximin, en Provence, preuve nouvelle
et irrécusable que tous ces Sacrati, Majola, Maïolo,
Maïolus, Maïoli, Mayol, ne font qu'une seule et même
lignée, une seule et unique maison : les Mayol dans le
Vivarais, les Mayola et les Sacrati à Parme et à Ferrare,
les Maïoli dans le Piémont.
Aux généalogistes, maintenant, à découvrir Thomas,
notre célèbre amateur, au milieu de cette famille^ la
sienne, habitant Asti.
On ne savait où le prendre autrefois, où le rencontrer ;
on ne savait rien de lui, tout le monde l'a dit. Si je n'ai
pas posé une main triomphante sur son illustre person-
nalité, si je n'ai pas ses titres et son acte de naissance
paraphé par l'autorité ; si je n'ai pu l'arracher complète-
ment lui-même à son obscurité et l'oflFrir à la foule en
disant : a Le voilà ! » j'ai du moins le bonheur de pouvoir
annoncer aux amateurs, aux bibliophiles et aux curieux :
« Voici son lieu de naissance, voici où il a vécu, voici
son nom d'origine, le nom nouveau de sa parenté, toutes
choses qui nous permettront de le rencontrer lui-même,
dans sa maison, dans son cabinet de travail, au milieu de
ses livres, de ses parents et de ses amis. »
C'est tout ce que M. le comte de Lupé a pu me révéler ;
mais il y en a bien assez pour que ma reconnaissance ne
s'éteigne jamais.
L'autre découverte, qui m'appartient à moi seul et en
propre, c'est que la Bibliothèque de la ville de Lyon pos-
sède un volume que tous les bibliophiles, individus, villes
ou gouvernements pourraient lui envier ; livre que nul
n'avait signalé, qui n'était connu de personne et qui,
cependant, avait eu le mérite immense et presque unique
d'avoir jadis appartenu à Maïoli et à Grolier.
Aimé ViNGTRINIER.
891 16
UNE FEMME BIBLIOMANE
Mademoiselle d'Yve
Il sagit ici d*un phénomène sans exemple dans les an-
nales de la bibliophilie : une femme qui avait la passion
des in-fol. et des impressions du xv® siècle ; une femme
qui possédait deux Bibles polyglottes, les productions
primitives de la typographie Mayençaise, la collection
des grands et petits voyages des frères de Bry, le recueil
des historiens des Gaules et une foule d'autres ouvrages,
tous importants et d'une haute valeur. Nous ne croyons
pas qu'il y ait jamais dans l'avenir une collection sem-
blable formée par de semblables mains.
M. Quentin-Bauchart dans son très remarquable tra-
vail sur les femmes bibliophiles n'a point parlé des étran-
gères qui sont d'ailleurs en bien petit nombre ; mais s'il
était entré dans son plan d'en faire mention, W^^ d'Yve
eût été l'objet d'une notice tout à fait exceptionnelle.
Nous manquons de détails sur la vie de cette biblio-
mane ; nous savons seulement qu'elle appartenait à une
famille noble de la Belgique (elle portait le titre de com-
tesse) ; elle se trouva, dans un âge peu avancé, maîtresse
d'une fortune considérable dont elle employa les revenus
à satisfaire une passion non moins vive que celle qui
anima le comte d'Hoym, le duc de La Vallière, le comte
de Mac-Carthy et bien d'autres bibliophiles célèbres.
UNE FEMME BIBLIOMANE 243
Elle avait réuni plus de 25,000 volumes en tous genres;
après sa mort survenue en 1817, ils furent livrés aux
enchères.
Le catalogue forme deux volumes în-8, imprimés à
Bruxelles, 1819 et 1820, et rédigés par Gaudefiroy, ancien
libraire à Paris ; le premier volume, 19 et 338 pages^
s'arrête au numéro 2,915 ; le second volume, bien plus
épais, compte 95 et 561 pages, il va du numéro 2,916 à
6,821 ; il est entièrement consacré aux sciences histo-
riques ; elles étaient Tobjet de prédilection des études de
M»'« dTve.
En ouvrant le catalogue dès son début, nous y trou-
vons deux grands ouvrages qui figurent bien rarement
dans des collections particulières, nous y rencontrons :
la Polyglotte imprimée par Plantin, Anvers 1569, 8 vol.
in-fol. et celle de Londres 1657, 6 vol. in-fol., avec le
dictionnaire de Castell, 2 vol. in-fol. Nous y découvrons
ensuite quelques-unes des productions de l'imprimerie à
son berceau : la Bible de Mayence, sans date vers 1455,
dans sa première reliure, imprimée par Gutenberg; la
première édition de la Bible avec date 1462, imprimée
également à Mayence par Furst et Schœffer ; l'exem-
plaire de Crevenna, payé, à la vente de ce bibliophile,
en 1790, 1460 florins, chiffire élevé pour l'époque,
exemplaire très bien conservé dans sa reliure originale
en bois.
Les numéros 101 jusqu'à 111, présentent une forte
collection de manuscrits, sur vélin, d'Heures et Prcce^picp.
Mentionnons encorele Commentaire de saint Jean Chrisos-
tome sur le psaume L, imprimé par Ulric Zell, de
Hanau, en 1466. Et les Epistolès de saint Cyprien, impri-
mées à Venise, 1471, par Vindelin de Spire, exemplaire
du duc de La Vallière.
Dans la section de la Jurisprudence, on trouve la
Bulle du Pape Pie II, contra Tarchos, sortie des presses
î244 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
de Schœffer à Mayence, 1460. Mentionnons aussi un bel
exemplaire en reliure uniforme du corps universel diplo-
matique du Droit des gens, par Jean Dumont (Amster-
dam, 1726) avec le supplément, 23 volumes in-fol. Nous
passons sous silence un assez grand nombre de manus-
crits importants relatifs au droit cononique et au droit
civil de la Belgique.
Passons aux Sciences et aux Arts. Sans nous arrêter au
bel exemplaire de Buffon, avec les suites, 39 volumes in-4,
citons le volumineux travail bien peu feuilleté de nos
jours, d*Aldrovande : Histoire naturelle (1599, Bologne),
13 vol. in-fol. ; Historia naturalis de la Caroline, par
Catesby, 2 vol. in-fol. (Londini, 1731) ; les Glanures avec
les Oiseaux dEwards (Londres, 1758) ; 3 vol. in-4, exem-
plaire de Buffon, provenant de la vente Mirabeau, lequel
avait acheté en bloc la bibliothèque de Tillustre natura-
liste ; Y Entomologie, d'Olivier (1789), 6 vol. in-4, figures
coloriées ; Les Papillons d'Europe, par Ernst, 8 vol. in-4,
Paris 1779.
Voici pour la Botanique : Les Plantes, de Miller ;
r Herbier de la France, par Bulliard, 10 vol, in-fol. (1764,
Paris. )
La section relative aux Beaux- Arts, présente un choix
fort intéressant d'ouvrages très dignes d'attention et qui
font honneur au goût de M^^^ d'Yve. Nous citerons entre
autres : La Galerie du Luxembourg, par Rubens (1710) ;
Le grand cabinet des tableaux de Varchiduc Léopold
Guillaume (Amsterdam, 1755) ; Admiranda Raphaelis
Urbinatis monumenta à Jacque Rubeis incisa Roma ; le
Cabinet des plus beaux portraits faits par Van-Dgck ;
Recueil de sculpture antique, grecque et romaine, par
Van-Daclen (1734). Nous laissons de côlé divers recueils
factices d'estampes de choix.
La partie des Belles-Lettres est loin d'être aussi com-
plète qu'on aurait eu le droit de l'attendre. Les romans
UNE FEBfME BIBUOlfANE 245
et les pièces de théâtre qui formaient, on peut le dire,
le fonds des collections de la comtesse de Verrue et de
la marquise de Pompadour, sont en petit nombre chez
Mlle dTve, dont l'esprit sévère écartait les lectures fri-
voles. On peut cependant relever quelques articles d'une
véritable importance : d'abord le Glossaire de Ducange,
avec le supplément, 10 vol. in-folio ; citons ensuite le
Roman de la Rose, manuscrit sur vélin du xiv« siècle,
orné de miniatures ; Le Pèlerinage de Vhomme, par Guil.
de Guileville (Paris, Vérard, le 4® jour d'avril 1541);
Le Livre de Mathéolus (Lyon, AmouUet, sans date;
YEstrif de fortune, par Martin Franc (Paris, Michel
Le Noir, 1519) ; Le Séjour d'Honneur, par Octavien de
Saint-Gelais (Paris, Vérard, sans date) ; Les Loups Ravis-
sants, par Robert Gobin (Paris, Antoine Vérard, sans
date) ; les figures de V Apocalypse de Saint-Jean (Paris,
1547), et plusieurs autres ouvrages importants qu'il
serait trop long de signaler.
Molière n'est représenté que par l'édition de 1734, 6 vol.
in-4. Un roman de chevalerie se présente à nos yeux ;
c'est Meurvin, fds dOgier le Danois (Paris, sans date),
in-4 ; dans la classe des contes l'édition italienne du
Decaméron, publié par les Elzevir, 1665.
Un livre des plus curieux pour l'ancienne littérature
française se trouvait dans la bibliothèque de M"« dTve :
Œuvre essentielle nouvelle contenant plusieurs matières
et premier Lan des Sept Dames (Anvers, 1503) ; le Ma-
nuel du libraire, tome 6®, colonne 550 donne une des-
cription détaillée de ce volume dont on ne connaît qu'un
seul exemplaire. Après avoir appartenu à la bibliothèque
Sainte- Geneviève, il passa on ne sait comment chez le
duc de La Vallière ; réintégré dans son premier domi-
cile il en sortit clandestinement une seconde fois et entra
dans la collection de M"® d'Yve; à la vente faite en 1819,
il fut acquis par M. de Soleine, au prix très modique de
S46 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
350 fr. (Voir de longs détails au catalogue de cet ama-
teur, 1843, numéro 105.)
Il revint de nouveau à la bibliothèque dont il avait si
singulièrement disparu; espérons que cette fois on n'aura
plus lieu de constater son absence et ajoutons qu'Aimé
Martin a consacré une notice à ce livre si curieux dans
le Bulletin du Bibliophile (1845, page 470).
Arrivons à l'Histoire, c'est la partie la plus intéressante
du catalogue que nous parcourons : d'abord un exem-
plaire à peu près complet de la très pricieuse collection
des Grands et petits Voyages, publiés à Francfort, par les
frères Debry. Notons une réunion intéressante de Voyages
en divers pays, notamment aux terres australes. N'ou-
blions pas le Voyage pittoresque à Naples, par l'abbé de
Saint-Non; la Description générale de la France, par
Laborde, 8 vol. in-folio, et le Voyage pittoresque en Grèce,
par Choiseul-Gouffier , in-folio. Les Pérégrinations de
Jérusalem, par le frèreNicole le Huen (Lyon, 1585), in-folio^
manquent aux plus riches collections en ce genre ; nous
sommes heureux de les trouver ici. Plus loin se présentent
diverses chroniques fort anciennes. La grande publica-
tion illustrée par l'infatigable B. Picart, 10 volumes
in-fol.. Cérémonies et coutumes Religieuses, mérite d'être
signalé.
Mentionnons le Recueil de tous les costumes des ordres
monastiques, par J. Ch. Bar (Paris, 1778) ; 10 vol. in-fol.
et surtout n'oublions pas la volumineuse collection des
Acta sa/ic/oram, recueillis par les bollandistes; W^^ d'Yve
en possédait ceux qui avaient paru jusqu'alors, 52 vol.
in-folio, et Ton peut affirmer que c'est la seule fois que ce
recueil a figuré dans la bibliothèque d'une femme.
L'Histoire de France est représentée par un grand nom-
bre d'ouvrages, parmi lesquels il s'en trouve de très
dignes d'attention : Les Grandes chroniques de France,
appelées Chroniques de Saint-Denis, Paris (Vérard, 1493) ;
UNE FEMME BIBUOMANE 247
3 vol. in-folio; Le Rosier historial de France (Paris, 1522),
Regnault, in-fol. ; V Histoire de France, par Mezeray (1685) ,
3vol. in-folio; Le Recueil des historiens des Gaules, par
les Bénédictins (1738-86), 13 vol. in-fol,; Chronique de
Froissard (1559), 4 vol. in-fol.; autre édition (1574), 4 vol.
in-fol.; les Chroniques, par Monstrelet (1518), 3 volumes
in-folio; autre édition (1572); Histoire de saint Louis^ par
Joinville (1668), in-fol.; Gazette Nationale, ou le Moniteur
Universel (1793 à 1813), 24 vol. in-fol.; le Cérémonial
français, par Godefroy (1649) ; 2 vol. in-fol.; Le Sacre de
Louis XVI (1775), in-4; Y Histoire de Paris, par Félibien,
5 vol. in-folio.
L'Histoire de la Belgique, numéros 4,527 à 5,439, offre
une réunion très complète d'ouvrages spéciaux souvent
rares et précieux, et de manuscrits importants ; nous ne
nous y arrêterons pas, non plus qu'à une collection con-
sidérable de grands ouvrages sur Fart héraldique et de
nombreuses généalogies. Nous distinguons à la section de
l'Archéologie la grande publication da Oltav. Ant. Ba-
yardi sur les antiquités d'Herculanum (1757-92), 9 vol.
in-fol.; Descriptions des pierres gravées du cabinet du
duc dOrléans (1780), 2 vol. in-fol. N'oublions pas les
Mémoires de l Académie des Belles-Lettres (1701-1793) ;
50 vol. in-4, ni les Annales typographici, de Maittaire,
5 vol. in-4, la Bibliographie instructive, deDebure, 7 vol.
Parmi divers ouvrages signalés dans un appendice au
second vol. on remarquera : Les Simulachres et historiés
faces de la mort, par Holbein(Lyon, 1538). Les diverses fan-
taisies des hommes et des femmes, composées par Mèresotte
(P. Gringore. Paris, 1538); deux exemplaires, dont l'un
imconiplet, de la Politique dAristote, traduite par Nico-
las Auresme (Paris, Vérard, 1489), in-fol.; l'édition origi-
nale du Liber conformitatum (1481) ; ouvrage resté cé-
lèbre à cause des absurdités qu'il contient au sujet de
saint François ; la traduction espagnole de Salluste, im-
248 BU1XETIN DU BIBUOPHILE
primée par Ibarra, est le chef d'œuvre de la typographie
Castillane ; enfin un superbe exemplaire des ouvrages
achéologiques de Monfaucon, 20 vol. in-foL, grand papier
maroquin bleu.
Mlle dTve, dont le nom est inconnu en France, mérite,
on le voit, d'être placée parmi les bibliomanes les plus
célèbres; elle occupe une place unique en son genre ; elle
avait entrepris une œuvre sans modèle avant elle et qui
ne se reproduina sans doute pas. Rencontrera-t-on jamais
une autre femme formant une bibliothèque de plus de
25,000 volumes parmi lesquels brillent de longues rangées
de vénérables in-folios où Ton distingue deux Bibles
latines, production primitive de la typographie à Mayence
et le volumineux recueil des Acta Sanctorum, entrepris
il y a plus de 250 ans, et encore inachevés.
B. G.
ETUDE
SUR LES
LIVRES A FIGURES VENITIENS
DE LA FIN DU XV* SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XVI«
(Suite,)
1520
Haly deiuditijs. Preclarissimus in luditiis Astrorum
Albohasen Haly filius Abenragel Nouiter Impressus
fideliter emendatus.
In-folio, gothique à deux colonnes, 107 feuillets numé-
rotés ; au-dessous du titre, bois ombré prenant la moitié
de la page : à droite, un astronome âgé, à tête chauve et
à longue barbe, assis à terre, prend une mesure avec un
compas qu'il tient des deux< mains sur un globe, placé
devant lui, où Ton voit le soleil, la lune et les balances ;
à ses pieds, un lapin ; derrière le personnage , une sorte
de petite colline surmontée d'un bouquet d'arbres; dans
le fond à gauche, la mer et des palais vénitiens ; dans
le coin à gauche, en bas, • La • Cette gravure est d'un
fort joli dessin et d'une taille très bonne et très avancée
pour répoque ; la tête du personnage est traitée avec
soin et dénote le travail d'un artiste de mérite. Elle me
paraît, comme le pense Passavant (vol. V, page 66),
sur métal plutôt que sur bois. Verso O v, le colophon :
Finit.., Impësis vero nobilis viri Luceâtonij de giûta
florëtini Venetijs Jpressus Anno a natiuitate dni. 1520.
die. 2 mèsis Januarij. Au dessous, le registre et le lys
noir de Giunta. Pour terminer le cahier il doit y avoir
un feuillet blanc. (B. N. Réserve, V. 272 + 1).
250 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Cette gravure est copiée sur une estampe en taille douce
de Giulio Campagnola, quoique certains détails soient on
peu modifiés. Ici, Tastrologue ou le magicien, c'est ainsi
qu'il est indiqué dans Bartsch et Passavant (vol. V, p. 165),
représenté par un vieillard à tête chauve et à barbe
longue, est assis par terre, à gauche, prenant une mesure
sur un globe placé devant lui ; on y voit la lune, le
soleil, les balances et les chiffres 3 dans le haut, 2140 au-
dessous, plus bas 4350, et dans la partie inférieure 1509 ;
derrière lui, une sorte de petite colline surmontée d'un
bouquet d'arbres, à droite un monstre et une tête de
mort ; dans le fond, des palais vénitiens. La gravure de
4520 est retournée : le personnage y regarde vers la
gauche, tandis que dans l'original il regarde vers la
droite ; les positions sont identiques ainsi que les fonds
et le singulier monticule contre lequel Haly est appuyé;
les mêmes chiffres se trouvent sur le globe, 3 entre les
branches du compas dans le haut, 2140 plus bas, 4350
près des balances et 1519 au lieu de 1509 ; la lune et le
soleil y sont aussi placés de même relativement aux
nombres. L'astrologue ou le magicien étant devenu un
astronome, l'animal fantastique et la tête de mort ont été
supprimés et remplacés par un lapin. L estampe au
burin est une fort bonne gravure d'une taille fine et élé-
gante ; le copiste a cherché à rendre de son mieux la
finesse du modèle. Nous avons vu qu'elle est signée
• La-, marque que Passavant attribue à Luc Antonio
Giunta et tout nous porte à croire que son attribution
est exacte ; il a gravé aussi, d'après les dessins de Dôme-
nico Campagnola, V Adoration des Mages et le Massacre
des Innocents en y mettant sa signature. (Passavant,
vol. V, page 172).
Parmi les gravures signées d'un LA, affectant les
formes les plus différentes, si tant est que toutes soient
du même auteur, celle dont nous nous occupons est une
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 251
des meilleures. Le cuivre a été copié trois fois par des
artistes anonymes, deux fois en contre-partie, tel que la
copie de 1520 nous le montre, et une fois dans le sens de
l'original. (Passavant, t. V., p. 165).
1520
Folengo (Theophilo). — Macaronea, Merlini Cocai
poète Mantuani macaronices libri XVII . post omnes
impressiones ubiqz locorù excussas, nouissime reco-
gniti, omnibusqz menais expurgati. Adjectis insuper
qpluribus pêne viuis imaginibus materie librorum
aptissimis, & congruis locis insertis, & alia multa,
quœ in aliis hactenus impressionibus non reperies.
Pet. in-8o de cxix ff. chiffrés, en tout ; 31 lig. par
page. A la fin : Impressam Venetiis sumina diligentia per
Cesarem Arriuabenum Venetam Anna.,, Millesimo quin-
gentesimo supra uigesimuz die decimo menais lanuarii.
Cette édition de 1520, (augmentée de quelques mor-
ceaux prélim.) est imprimée en caractères romains, et
ornée de figures en bois. La vignette du frontispice repré-
sente un homme qui joue du violon. La souscription est
au recto du dernier feuillet, coté par erreur xix, et dont
le verso porte la marque de l'imprimeur. A en juger par
le titre ci-dessus, l'édition de 1520 aurait été précédée
par plusieurs autres ; cependant nous ne connaissons
que celle de 1517 qui soit plus ancienne. L'une et l'autre,
moins complètes que celle de 1521, présentent un texte
différent de celui des éditions postérieures.
Molini a décrit, sous le n® 292 de ses Aggiunte, une
édition de cette Macaronea, in-S*', sans date, en carac-
tères romains, et portant absolument le même titre que
celle de 1520 ci-dessus : elle a cviii ff. chiffrés, et des
signatures de A— P. Le texte finit par les mots LAVS
^2 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
DEO. Comme ce texte ne présente pas les corrections
que Lodola a faites à l'édition de 1521, elle doit être anté-
rieure à cette dernière, et peut-être même a-t-elle pré-
cédé celle de 1520. (Brunet, t. II, col. 1316).
1520
Alsaharavius. — Chirurgia Argelate cum Albucasi.
In-folio gothique à deux colonne, de 155 feuillets numé-
rotés ; lettres ornées, figures sur bois et instruments de
chirurgie dans la partie commençant au feuillet 125,
Prologus. Verso 155 : Venetijs mandato et expensis nobilis
oiri domini Liiceantonij de Giunta Florëtini : Anno dO"
mini, 1520. die primo Martij, Au-dessous, le registre et
la grande marque rouge de Giunta. (Bibl. Nat. Réserve
T d 73.5). Brunet (t. I. col. 200) donne sous le même
nom ce titre assez sensiblement différent de Tédition de
1520 : Chirurgia omnium chirurgorum, edente Gerardo
Cremonensi.
1520
Secreto, De Francesco Petrarcha in dialoghi di
latino in vulgar et in lingua toscha tradocto noua-
mente [da Francesco Orlandini Senese) cum exactis-
sima diligentia stampato et correcte.
In-8o, titre rouge et noir, la première ligne gothique ;
texte en lettres rondes à deux colonnes ; 8 feuillets par
cahier ; au-dessous du titre, bois légèrement ombré
pour les vêtements et au trait pour les visages : cinq per-
sonnages, avec des couronnes de laurier, debout ; deux
arbres dans le fond ; trois bouquets d'herbes au premier
plan et la marque z. a, dans le coin à droite en bas.
{jette gravure est une des moins bonnes de ce tailleur sur
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 253
bois. A la fin, au-dessous du registre : Impressoin Venetia
per Nicolo Zopino e Vlcenlio compagno Nel anno
M.D.XX Adi IX de Marzo, Au recto suivant, la marque
grossièrement taillée avec S. Nicolavs et les deux lettres
N.Z.
1520
Caviceo (Jacomo), — Libro del Peregrino Dili-
gentemente in ligua Toscha correcto.
In-8o ; lettres rondes ; 8 feuillets par cahier ; au-dessous
du titre, joli bois de page ombré représentant un per-
sonnage nu, attaché à un arbre ; au-dessous de lui
P Amor ; à gauche, un satyre jouant d*une sorte de
cithare ; à droite, un autre soufflant dans un instrument ;
au-dessus d'eux, une banderole s'enroulant autour de
Tarbre et portant à gauche angora spero ; à droite,
soLVER ME ; un Amour, dans le coin à droite en haut,
décoche une flèche à Thomme attaché ; le verso du
12« feuillet est encadré ; trois petits bois ombrés, un en
tête de chaque livre. Stâpato in Venetia in casa de Geor-
gio di Rusconi milanese ad instàtia sua et de Nicolo
Zoppino e Vincézo côpagno adi V April M. D,XX (Bibl.
Nationale, Réserve, Y + 963).
1520
La Passione del nostro signore per Bartolomeo
Riccio da Lugo.
In-8" en lettres rondes, sauf le dernier feuillet qui est
en caractères gothiques ; 56 feuillets, signature A.-G. Sur
le titre, une Crucifixion, A la fin : Acta die passionis in
ede diue Marie Formos^ : per eûdem Bartolomœum Ricciam
tanto freqnencissimo Christianorum cœtu ; ut parum
ahfuit : quin templum dirumperetur, Venetiis octauo idus
254 BULXiETIN DU BIBLIOPHILE
Aprile M.D.XX Nouamenta composta (Rubriques 10651-
7347. Biblioteca Colombina, G. 37-21). « C'est, paraît-U,
une sorte de mystère facétieux, bien que dédié Alla
Reuerendissima M. S. Diodata de VE. Sig. di Urbino.
Cette dédicace montre bien la vanité qui a rendu Barto-
lomeo Riccio si ridicule aux yeux de ses contemporains.
Il s'y vante d'avoir improvisé en dix matinées 1700 vers.
Quadrio ne cite de cet humaniste, en fait de pièce, que
Le Balle )>. (Harrisse, £. Columbinianay page 232.)
1520
Âgostini (Nicolô). — // secondo e terzo libro di
Trisiano neliqli si tracta côe re Marco di Cornouaglia
trouâdolo vno giorno cô Isotta sua moglie luccise a
tradimëto e corne la ditta madôna Isotha vedëdolo
morto di dolore mori sopra il suo corpo.
In-8<» ; 8 ff. par cahier ; caractères gothiques ; en
vers ; à deux colonnes ; le titre se trouve au recto
du premier feuillet. Au-dessous du titre, un bois légère-
ment ombré représentant un tournoi : au premier plan,
deux chevaliers, la lance en avant, galopant l'un vers
l'autre ; dans le fond, six personnages assis qui assistent
au combat ; verso blanc. 31 petites vignettes légèrement
ombrées et fort médiocres. Au recto A-J2, le poème com-
mence par ces mots à la première colonne : Incomenza il
secôdo libro de Tristano... A la fin : Qui Finisse il Terzo
libro de Tristano Côposto per N, A, Impresso in Venetia
per Alexâdro e Benedetto de Bindoni. Anno salutis
M. D. XX, Die xxijii. Mensis lunii... Les initiales N. A.
nous indiquent le nom du poète Nicolo Agostini, le
continuateur de Boïardo. 11 doit exister une édition anté-
rieure du premier livre, qui nous est restée inconnue.
(Melzi, page 314. Bibl. de l'Arsenal, in-12, Nouv. F. 4444.)
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 255
S. d. — Libri tre dello Innamoramento di messer
Tristano, et di Madonna Isotta : nelquale si traita le
mirabil prodezze di esso Trislano, e di tutti li cava-
lieri délia Tavola Ritonda,
In-8o ; figures en bois. Venetia, per Mat, Pagan in
Frezzaria. (Brunet, t. I, col. 110 et Melzi, p. 316.)
1520
Pontificale sm Rituz sacrosancte Romane ecclesie.
In-folio gothique à 2 colonnes, rouge et noir ; le titre
en rouge, entouré d'un encadrement formé à droite et à
gauche d'objets du culte ; dans le haut, les 12 apôtres,
et dans le bas, un pape entouré de 4 saints. Marque de
Giunta rouge ; 6 feuillets préliminaires et 253 numérotés ;
au verso du dernier feuillet préliminaire, le Christ en croix
entre la Vierge et saint Jean ; la Vierge, de trois quarts
à droite, les mains jointes; saint Jean, pleurant, tournant
la tête à droite ; trois anges recevant dans des calices le
sang qui s'échappe des plaies du Christ ; un quatrième
est symétriquement placé à celui qui reçoit le sang de
la poitrine ; un pélican au-dessus de L N. R. I. Ce bois
est beau, surtout la figure de la Vierge ; taille sans finesse;
encadrement formé, à gauche, de cinq petits bois repré-
sentant des scènes de l'Évangile ; dans le haut. Dieu le
Père, entouré de chérubins jouant de divers instruments;
au bas, la Cène. Recto des feuillets 1 et 174, deux bois
encadrés dans deux bordures, dont le haut et les deux
côtés sont semblables au titre. Nombreux bois et lettres
ornées, d'un assez joli style. Verso 253 : In florëtissima
Venetiarù iirbe per spectabilez virù dhm Lucamantoniû
de Giûta florentinum Anna dni M. D. XX. Die XV Sep-
trbris studiosissime et diligentissime Impressus explicit
féliciter (Bibl. de M. G. Duplessis; Bibl. de Darmstadt ;
Bibl. Nat. Rés. inv. B. 98, B. 397).
256 BULLETIN DU BIBUOPHILE
1520
Facétie, Piaceuoleze, Fabule e Motti del Piouano
Arlotto prête fiorentino Opéra molto diletteuole uul-
gare i (sic) ligua (sic) Toscha.
In-8o de 86 feuillets à deux colonnes, non chiffrés;
caractères gothiques ; figures sur bois ; fi'ontispice rouge
et noir avec quatre petits bois occupant presque toute
la page. A la fin : Impresso in Venetia par Jôane Tacuino
da Trino nel M, CCCCCXX, adi xu di Mazo. Regnâte /o
iclito (sic) principe Leonardào (sic), a C'est par erreur
que Gamba et après lui Brunet et Graesse dirent que cette
édition porte M. CCCCXX (sic) au lieu de M. CCCCCXX ;
Tessier a constaté que dans son exemplaire et dans un
autre qu'il examina, la date était bien réellement
M. CCCCCXX. Il serait possible que dans l'exemplaire vu
par Gamba, ce soit une erreur du typographe, corrigée
dans les autres exemplaires ». (G. Passanti, Catalogo dei
novellieri iialiani, Livorno, 1871, page 20, et Passano,
I nouellieri italiani in prosa, 1864, page 16; Brunet, 1. 1,
col. 481).
1520. — Facétie : Fabule : e Motti : del Piouano
Arlotto Prête Fiorentino : etc.
Pet. in-8 ; lettres gothiques ; titre rouge et noir gothique;
au-dessous, Arlotto s'entretient avec trois personnages
auxquels il présente une fleur ; bois ombré dans le style
de Z. A. ; 22 petits bois dans le style du petit c qui grava
pour Zopino. A la fin : Impresso in Venetia per Nicolo
Zopino et Vincentio Compagni Nel M. CCCCC. XX. Adi
xxiiij del Mese de Nouembrio. Sur ,1e recto du feuillet
•
suivant, marque de Zopino (Marciana 4161 et Museo
Civico e Correr. I. 1001). Il existe à la Marciana une
autre édition en lettres rondes de cet ouvrage avec les
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 257
mêmes fig., le titre diffère un peu. Facétie : Piaceuoleze :
Fabule : e Motii : Del Piouano Arlotio Prête Fiorentîno :
etc. — Mais, malheureusement, le colophon manque.
Quoique ce volume soit certainement postérieur au pré-
cédent, il ne m'est pas possible de lui assigner une date
précise.
1522. — Motti...
In-8o avec figures sur bois. A la fin : Venetia, Tacuino,
M.CCCC (sic) XXII, a di xv de MarzOy Régnante lo inclito
principe Antonio Grimano. Cette édition est indiquée par
Gamba et Brunet comme ayant par erreur Tannée 1422
au lieu de 1522. On lit dans Passano à propos de l'édi-
tion de novembre 1520 : « Ginguené (Biog, Universelle,
art. Arlotto) dit que l'édition de 1520, — sans indiquer
laquelle des deux — est plus complète que toutes celles
parues après ; je crois que la majeure partie des éditions
de ce recueil, faites antérieurement à celle des Giunti,
sont des copies identiques de la première. » (Passano,
/ Novellieri in prosa, p. 17 ; Brunet, t. I, col. 481).
1525. — Facecie : Piaceuolezze : Fabule : e Motti.,.
In-12, caractères gothiques, à deux colonnes ; au titre
Arloto et les trois personnages ; 45 mauvaises petites
vignettes légèrement ombrées. A la fin : Stampato... per
Francisco Bindoni e Mapheo Pasini côpagni : Nel anno
1525, Del mese di FeZ)raro... (Bibl. Nationale, Réserve Y*
1328.)
1520
Auli Flacci Persij satyrographi.
In-folio de 10 feuillets préliminaires et 104 chiffrés ;
encadrement ombré, d'un assez bon style, mais gravé
sans finesse ; au milieu du grand côté de gauche, au
1891 17
258 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
niveau de la tête de deux femmes aux corps de lion,
les deux lettres i. c. Cette signature se retrouve dans le
bas du grand côté de droite. En tête de la première
satire, le bois du Juvénal 1512 ; un bois par satire. A la
fin : Venetiis In Casis Bernardini de Vianis de Lexona
Vercelësis, Anno Circûcisionis. M.D.XX die xv decembris
(Marciana 42572).
1520
Côstitutiones Sinodales aime ecclesie strigoniensis.
nouiter impresse.
In-4o gothique ; au-dessous du titre, grande Annoncia-
tion ombrée, d'une mauvaise taille et d'un dessin mé-
diocre ; au verso saint Augustin : un évêque flanqué de
deux anges, couvrant de son vêtement des religieux et
des religieuses à genoux ; au-dessous : Ora pro nobis
béate pater Augustine ; cette vignette est assez jolie, la
taille en est fine; quoique occupant toute la page elle n'a
que 54 ™™ sur 82 de hauteur. A la fin : Impresse Venetiis
M.D.XX die primo decembris (Marciana, 1104).
1520
Compilatio Leupoldi diicatiis Austriae filii De Astro-
rum scientia decem continens tractatus.
In-4'», de 94 feuillets (A. L. par 8, M. en 4 ) ; caractères
gothiques, figures sur bois. A la fin : Venetiis, per Mel-
chiorem Sessam etPetrum de Raiianis socios. Anno incar-
nationis domini M.CCCCC.XX die xv lulij. (Catal. de
M. de Landau, t. II, page 208).
1520
Scamnalia sni ritum ac ordiné ecclesie & dioce-
sis Frisingen Pars hyemalis.
Grand in-folio, gothique rouge et noir, à deux colonnes ;
12 feuillets préliminaires pour le titre, le calendrier et
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 259
les tables, 243 ff. chifiFrés, plus 1 f. non chiffré pour le
registre ; au recto et au verso, la marque de Petrus de
Liechtenstein, au-dessus : 1520, Venetiis, Au-dessous
du titre, grand bois : les armoiries de Philippe de Bavière;
au verso : la Vierge entre saint Corbinien et saint Sigis-
mond ; ces deux bois ornent aussi un Missale de Freisin-
gen, daté également 1520. Au verso 54, la grande Annon-
ciation, de style allemand, empnmtée au Bréviaire de
Passau de 1517. Au f. 55, belle lettre ornée avec la figure
en pied d'Isaïe et une ville dans le fond. Au verso 243 :
Finis. Laiis Deo optimo maximoqz anno 1520 Venetiis in
edibus Pétri Liechtëstein impensis Joannis Oswalt, et la
marque sur fond noir d'Oswalt. (Librairie Rosenthal).
1520
Corvus. — Excellent issimi et Singularii viri
Venetiis. G. de Rusconibus 1520.
Petit in-8°, gothique ; gra^^re sur bois ; au recto du
feuillet Aij\ une ^avure porte sur une tablette : Matio da
Treviso F. C'est peut-être l'artiste mentionné dans le
Dictionnaire des Monogrammes, de Brulliot, t. III, p. 126,
n'» 881. (Cat. Tross, p. 410, n^ 3382). Ce Matio ne semble
pas se confondre avec un graveur signant Matio fecit,
dans un Missale Romanum de 1561, un Calvaire copié
d'après un Missel de lunta. Ce dernier Matio est le même
que celui qui, dans un Missale Romanum de 1549, signe
Matheus F. un grand Calvaire à nombreux personnages
et M. F. une Annonciation ombrée, assez bien traitée,
entourée de blocs avec des saints en buste ou en pied.
1520
Apollonio de Tira nouamente stampato con le figure.
In-4'^. In Xenetia per Bernardino di Lesona... MDXX.
260 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
a Réimprimé à Venise, en 1555, in-S® ; et aussi sous ce
titre : Apollonio di Tiro historiato et novamenie risiam"
pato Milanoper Valerio et Hieronimo fratelU da Meda,
1560, in-8o ; la date est exprimée à la fin, dans une stance
de huit vers. » (Brunet, t. I, col. 352),
Vers 1520
Historîa di papa Alessandro IIL et di Federico
Barbarossa imperatore. nuouamente Ristampata et
diligentemente Corretta. In Venetia et in Bassano.
Con licenza de' superiori.
In-4o • 4 feuillets. Au-dessous du titre, bois ombré,
très médiocre et taillé très grossièrement, représentant :
à gauche, le Pape, suivi de religieux, se rencontrant
avec le Doge ; à droite, Tempereur, sa couronne à terre,
couché entre les deux, et sur le point d'être écrasé par
les pieds du Pape ; 92 octaves, dont la première commence
ainsi : a Signore a te ricorro per aiuio, (Bibl. de Bo-
logne, tab. III. M. II. 16, et cat. de M- de Landau, t. II.
384).
S. d. — Hisioria de papa Alexandre e de FedC"
rico barbarossa Imper atore,
In-4 de 4 feuillets ; même bois au titre que dans l'édi-
tion précédente ; au-dessous du bois, texte en lettres
rondes, à deux colonnes ; le reste aussi à 2 colonnes, en
caractères semi-gothiques ; 7 mauvaises petites vignettes
ombrées. Au verso du dernier feuillet : Per Mattio Pagan
in Frizzaria a Vinsegno de la Fede, (Deschamps, 644,
Bib. Nationale, réserve Y).
Vers 1520
La copia de una littera mandata da Anglia del
parlamen \ ta del Christianissimo Re de Franza col
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 261
serenissi \ mo Re de Angilterra col nome de tutti li
Prin I cipi e signori Ambassatori : Cortesani \ Zétil-
homini : e del uestir de li Re: e \ Signori che acom-
pagnauano \ la sua maesta : e similmen \ te de la
Madama Re \ gina de Franza cô \ la sua com \
pagnia.
In-4o de 2 feuillets ; au-dessous du titre, bois ombré
représentant des guerriers romains, à pied, au bord de
la mer, avec un roi ; près du rivage, un marin qui les
attend; de chaque côté, deux petits bois, l'un d'ornement,
l'autre représentant un personnage. Ces gravures sont
médiocres. Cette pièce est vénitienne, comme le prouve
l'orthographe Zëtilhomini ; c'est une description du camp
du drap d'or, faite sans doute par un témoin oculaire,
à en juger par le titre et surtout par le scrupule des
détails. (Marciana 1873).
Vers 1520
Littera mddata délia Insala de Cu \ ha de India in
laquale se contie \ ne de le Insuie citta gente \ et
animali nouamente trouate de lanno. \ M.D.XIX.
p li I Spagnoli,
In-4«, de 8 CF. non chiffrés. Le titre, gothique, compre-
nant le i^^ feuillet, porte une gravure sur bois assez
grossière ; le texte est imprimé en caractères romains.
Cette pièce est consacrée au récit de l'expédition de
Grijalva dans le Yucatan ; elle dififère essentiellement
de la narration donnée par Juan Diaz, [Supplément au
Manuel du libraire. Deschamps, t. I. col. 874).
Vers 1520
La COPIA DUNA LETRA DELA INGORONATIÔE DE | lo
Imperator Romano col nome de Signori Conti Duchi |
Vescoui che si trouano alla incoronatione.
262 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
In-4« de 2 feuillets ; la première ligne du titre gothique,
le reste et le texte en lettres rondes ; au-dessous du titre,
bois cité à propos de Epistola del potentissimo et Inoictis-
simo Hemaniiel de 1513. On peut assigner la date 1520
à cette plaquette qui est une description du cou-
ronnement de Charles-Quint (8 octobre 1520). Son ori-
gine vénitienne est attestée par le style du bois, des
caractères de Timpression, et Tensemble du texte qui est
tout à fait conforme à ce que Ton imprimait à Venise
à cette époque (Marciana, 1873).
Vers 1520
Exposilione pacis proemium,
In-8", titre gothique. Au-dessous, mauvais bois ombré
dont la signification reste énigmatique ; dans le haut,
quatre personnages, avec leurs emblèmes à leurs pieds,
qui sont posés sur la terre, les tètes étant dans les
nuages : un empereur, un pape, un noble et un vilain ;
devant les deux figures du milieu, une sorte de circon-
férence ; bois tiré de Opéra nouamente composta del dw-
prezzamëto del mondo de Lotharius de 1515. A la fin :
Stampata in Venetia ad instaniia de Felice da Bergamo.
Jusqu'ici ce volume parait être demeuré inconnu, ainsi
que ce Felice da Bergamo. (Marciana, 2175).
1521
Vite de' Philosophi moralissime. Et de le loro
elegantissime sententie. Extraite da Lahertio e altri
antiquissimi auctori Istoriate e di noua carrelle in
lingua Tosca.
In-8o, de 56 ff. non chiffrés ; titre en caractères go-
thiques rouges et noirs ; texte à deux colonnes en lettres
rondes. Au-dessus du titre, un grand bois ombré repré-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 263
sentant un personnage coiffé d'un chapeau haut de forme,
parlant à quatre auditeurs en robe placés, deux à sa
gauche et deux à sa droite ; à terre, deux livres ; à
gauche, dans le coin, en bas : z.a. Cette gravure est mé-
diocre et ressemble à toutes ces sortes de vignettes illus-
trant les publications de Zoppino. Nombreux portraits en
buste, du même style et sans doute de la même main.
A la fin, au-dessous de la marque portant S. Nicolavs et
N, Z.y le colophon : Stampato in Veneiia per Nicolo
Zopino e Vincëtio compagno nel, M.CCCCCXXL Adi,
XXiiii de Zenaro, Régnante lo inclite Principe messer
Antonino Grimani, Et con moite additione agiunte le
qnale non sono in su li altri. (Bibl. Nat. de Florence).
1521
Alexander Achillinus de humani corporis Anato-
mia.
Petit in-8o; titre gothique, texte en lettres rondes;
signatures A. G. par deux. Au-dessus du titre, placé au
bas de la page, la marque du Christ sur fond noir du Legen-
dario de 1518 ; feuillet A.iiii, bois de page représentant
Magnas Alexander Achillinus, dont le nom se trouve
écrit dans le haut, en dehors du cadre du bois ; il est vu
en buste, de profil, coiffé d'une toque, regardant à droite
et parlant à un jeune homme qui tient un livre à la
main et dont on voit la tête tournée de profil, à gauche;
dans le fond, un intérieur à portiques avec une fenêtre
entr'ouverte, donnant sur la campagne. Cette gravure
ombrée est fort belle de style et d'exécution ; le person-
nage principal a même beaucoup d'allure. Recto G.iiii
Venetiis per lo. Anionium et Fratres de Sabio. M,D,XXL
Mense lanuario. Le registre au-dessous, et au verso la
marque : un arbre ayant une cime en forme de chou,
sans doute un palmier ; autour du tronc s'enroule un
26 i BULLETIN DU BIBLIOPHILE
dragon ; au-dessus une banderole avec ces mots : lo.
ANT. ET. PRAT. DE. SABio ; au pied du tronc : Brasiga.
(Bibl. Nat. Rés. T a». 13 et coll. de M. Georges Duplessis).
1521
Libri tre di Orlando innamorato del conte de
Scandiano Mattheo Maria Boiardo tratti fidelmente
dal suo emendatissimo exemplare con li apostille
historiato, Novamente Stampato.
In-4<» ; titre en caractères gothiques rouges et noirs ; le
texte en caractères romains à deux colonnes. Au-dessous
du titre, un grand bois ombré représentant un guerrier
à cheval, terrassant son adversaire également couvert
d'une armure. Dans le fond à droite, sur un endroit un
peu élevé, une femme assiste au combat ; dans les airs,
un amour aux ailes déployées, les yeux bandés, visant
avec son arc tendu le guerrier vainqueur. On y lit dans le
bas le monogramme 10. B. P. Tosi croit pouvoir attri-
buer cette gravure à Giovanni Battista Padovano qu'il
qualifie de célèbre, mais que nous ne trouvons mentionné
nulle part. Le marquis d'Adda ne pense pas que l'auteur
de ce bois puisse être Giovanni Battista del Porto, le
maître à l'oiseau ; peut-être a-t-il taillé sur bois, ce qui
est très contesté d'ailleurs ; mais certes, il n'aurait pas
produit une œuvre aussi médiocre.
La page est entourée d'un encadrement à fond noir
formé de feuilles d'acanthe, comme ceux dont Zoppino se
servait à cette époque pour ses in-4«, dans le style de ceux
dvL Lancilotto, du Plutarqae, etc. Au verso, au feuillet Aii,
autre bois de page représentant un combat entre des
cavaliers, des fantassins et de l'artillerie ; dans le fond^
une forteresse ; sur les bannières, les trois lys de France ;
sur la marge supérieure on lit : Bataglia del primo libro
del Conte Mattheo Maria Bojardo en caractères rouges ;
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 205
dans le bas, les initales /. B. P. comme au frontispice.
Nous noterons que les « Successi bellici x), stances de
Nicolode Agostini imprimées par NicoloZoppino et Vin-
cenzo en M.CCCCC.XXI, 1^ di Agosto, contiendront
quelques-uns de ces bois, où les légendes seules sont
changées. Par exemple la bataglia del primo lihro de Bo-
jardo sera la Rotta di Marigniano (sic) et ainsi de suite.
Verso du feuillet N.iii, bois de page : Vattaque dune for^
teresse ; dans le haut : Bataglia del seconda libre ; dans
le bas: z. a.
Le troisième bois représente un combat entre cavaliers
et fantassins ; dans le fond, trois grandes pierres super-
posées, en forme de dolmen ; dans le haut : Bataglie
del terzo libro del Conte Mattheo Bojardo; dans le bas : z. a.
Ces trois premiers livres, dus à Boiardo, se terminent
au recto du dernier feuillet du cahier BB ; puis le colo-
phon : Qui finisse li tre libri stampati nouamente in
Venetia per Nicolo Zopino e Vincentio compagno nel
M. CCCCC. XXI a di XXI de Marzo, Au-dessous, la
marque de l'imprimeur.
Suit le quarto libro, le premier composé par Agostini^
avec de nouvelles signatures AAA-EEE, et se terminant
au recto du quatrième feuillet du cahier EEE par ce
colophon : Finito... Stampato per Nicolo Zopino e Vin-
cenzo compagno nel M. CCCCC, XXI, Adi viii de Marzo
Le quinto libro, le second d'Agostini, commence ensuite
avec les signatures A-L.
Au-dessous du titre : El quinto libro dello Inamora-
mento de Orlando nouamente stampato et diligentemente
corretio. Un bois signé . z. a., représentant Curtius se
jetant dans l'abîme. Ce dernier livre se termine au qua-
trième feuillet du dernier cahier, avec ce colophon : Qui
finisse el quinto libro.,. Stampato in Venetia per Nicolo
Zopino e Vîcëtio côpagno nel M, CCCCCXXU Adi XXII
de Zugno côposto per Nicolo di Augustini con el suo priui-
266 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
legio régnante Vinclito principe Leonardo Lauredano.
Au-dessous, la marque de Zoppino, et enfin un avis annon-
çant que le sixième et dernier livre a été également
imprimé nouamente par Zoppino. Il n'y a aucune trace
de ce complément final. (Voir marquis d'Adda : Note 6Î6/10-
grafiche del fu D. Gaetano Melzi, édite per cura di un
bibliofilo milanese; Milano 1863, page 47.) Nous devons
une grande partie de la description ci-dessus au bienveil-
lant concours du marquis Gioachino d'Adda.
1521
Puteo (Paris de). — Duello, libro de Re, Impera^
ioriy Principiy gentil hominiy et de tutti armigeri,
continente disfide, concordie^ pace, casi accadutti ecc.
Opéra dignissima et utilissima a tutti gli spiriti gen-
tili,
In-80 de 200 fi*, non numérotés. Lettres cursives;
registre A-Z, a-b. Sur le frontispice, une gravure ombrée
représentant un groupe d'hommes vêtus de toges, assis
sur un palco ; en bas, deux jeunes hommes cuirassés
s'escrimant avec des sortes de lances. Grandes et petites
initiales ornées. Stampato in la Inclita cita di Venetia.
Adi. XIL Maggio M, D,XXI. (Bibliothèque de S. Daniele
et Bibl. Nat. de Florence.)
1525. — DuELLO : libro de Re, Imperatori, Prin-
cipi, Signori,
In-80 ; lettres cursives, 8 feuillets par cahier, 8 feuillets
préliminaires pour les tables ; au neuvième : Incomincia
il libro de re militare in materno, Composto per il Gène-
roso misser Paris de Puteo Dociore de lege. Lege féliciter.
Le titre est entouré d'un joli encadrement ombré,
formé de chaque côté par des armes, cuirasses, boucliers,
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 267
boulets, etc. ; dans la partie supérieure, à gauche : Marie;
à droite : Bellona; au milieu, un duel entre deux soldats
romains ; dans la partie inférieure, deux troupes armées
de lances se rencontrent, prêtes à se combattre; au
milieu, un tambour tournant le dos; au-dessous, des
soldats; à droite : evstachivs ; jolies lettres ornées à fond
noir. A la fin : Stampato in la Inclita citta de Venetia
per Marchio Sessa, e Piero delà Serena compagni, Adi.
X. Marzo M. D,XXV.
1521
Marco Mantovano. — Lheremita.
In-8o (Je 48 fF. non chiffrés; les deux derniers sont
blancs ; A-F, par 8 ; caract. cursifs. Bordure sur le titre.
Au verso du frontispice, un arbre, au-dessous duquel
on lit les mots suivants : VTCV VENERIS IN REGNV
TVVM. A la fin : Impresso in Venecia p Zorzi Ruscone
deir anno M.D.XXI il di primo di Giugno.
Édition si peu correcte, dit Brunet, que Yerrata de
la fin n'occupe pas moins de trois pages (Bibliothèque de
M. de Landau).
1521
Agostini (Nicolô di). — Li successi bellici seguiti
NELLA Italia dal fatto Darmc di Gieredala Del
M.CCCCC.IX, fin al présente M.CCCCC.XXL... Cosa
bellissima et nuoiia stampata.
In-40 de 132 fi*, sign. A-R; A-Q par 8 fi*., R en 4 ff.;
à 2 colonnes; car. rom. ; long poème en octaves; au-
dessous du titre, bois de page ombré : Marc-Aurèle à
cheval, de profil, regardant à gauche, tel qu'il est repré-
senté dans la gravure de Marc-Antoine ; au-dessous, la
268 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
signature .IB.P. retourné (1). Le bois est entouré d'un
encadrement à fond noir au pointillé. Verso Âiiii, grand
bois de page ombré : Questo sie il fatto darme de Geror
dada ; à gauche, en haut, un camp et de nombreux
guerriers à pied et à cheval ; à droite, des cavaliers ; dans le
bas à gauche, des soldats à pied ; à droite, un canon ; le
groupe de gauche porte le lion de Venise sur son étendard ;
celui de droite, la fleur de lys ; dans le coin à gauche :
.z.a. Feuillet D. i : Questo sie lassedio di Padoa ; à gauche^
des soldats avec des canons, placés derrière les murailles
de Padoue, se défendent contre les assaillants ; dans
le coin à droite : z.a. Verso Fvii, même bois : Questa
sie la presa di Dressa, Verso Gviii : Questo e il fatto
darmi de Rauenna, un combat devant une ville ; dans
le coin à gauche, en bas : z.a, ; verso I. vi : Questo e il
fatto darme de Vicenza, combat entre cavaliers et fan-
tassins ; au milieu, un chevalier portant l'étendard avec
l'aigle à deux têtes ; dans le coin à droite : z.a.; verso N. ii :
Questa sie la rota de Marigniano, bataille entre
deux corps d'armée ; celui de gauche porte les fleurs de
lys sur ses étendards. Cette gravure est d'une tout autre
facture ; la taille est beaucoup plus fine, moins finie et
traitée avec moins de soin ; dans le coin à gauche, en
bas : .I.B.P. ; verso Piiii, même bois que Gviii. Nous
avons déjà constaté, à propos de l'OrZando/nna/nora/o, que
la plupart de ces bois, sinon tous, sont des reproductions,
avec de simples changements de légende, des gravures de
cet Orlando. Ces gravures sont des plus intéressantes et
.z.a. s'y est montré assez habile, surtout dans ce bois du
Fatto darme de Vicenza où il y a du mouvement et de
la finesse ; il est fort supérieur à I.B J. Au bas : Com-
posta per Nicolo diAgustini e stampata per Nicolo Zopino
(1) Nous avons rencontré dans V Orlando innamorato de Boiardo la signa-
ture lo. B. P. qui semble se confondre avec cet .1. B. P.
\
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 260
e Vincenzo da Venetia compagni M.CCCCCXXI die .i.
Augu... Le verso blanc. Au recto du dernier f. les deux
dernières octaves ; au-dessous : Finis ; puis un privilège
du pape Léon X. Ensuite : Finisse li successi fatti de
italia. Et in breue gli antecedenti de molti anni se daranno
in lace. Les années antérieures dont il est ici question sont
les années 1495-1509 visées par le bref papal qui annonce
historias rerum in Italia ab anno domini M.CCCCVC usqz
in hodiernum ferme diem gestarum, (Bibl. de l'Arsenal,
B. L., in-4, 4961).
Duc DE RrvoLi.
(A suivre,}
Errata du Coup d'œil sur les Almanaghs illustrés
DU xviiie SIÈCLE (Hvraison mars-avril du Bulletin
du Bibliophile).
Page 131, 2® ligne des notes, les figures du Trottoir de
Permesse ont été attribuées à tort à Binet. Elles sont de
Dorgez.
Même page, note n® 5, au lieu A'Almanach de Gotha,
1786, lisez : Almanach de Gœttingen, 1780.
Page 141 : En 1789 également; lisez : En 1779 égale-
ment.
Page 151, au lieu de 1759, lisez : 1659.
REVUE CRITIQUE
DE
PUBLICATIONS NOUVELLES
Essai de bibliographie charitable, par Camille Granier^
ancien magistrat, inspecteur général des services-
administratifs du ministère de Tintérieur. Paris,
Giiillaiimin et C'^'', 189^1, gr. in-S» de 450 pp.
La charité se manifeste sous des formes bien diverses, qu'elle
émane de l'assistance publique ou qu'elle provienne du fait des
particuliers. Nous en avons eu récemment une preuve touchante,
au cours de l'éjiouvantable hiver que nous venons de traverser, jet
qui a, hélas ! causé tant de misères cruelles. Les bourses, sur un
simple appel, se sont ouvertes d'elles-mêmes et chacun, suivant
ses moyens, a généreusement contribué à soulager des souffrances
vraiment dignes do pitié. Ce chapitre lugubre de notre histoire
sociale demeurera, dans la mémoire de tous, comme l'un des sou-
venirs les plus poignants.
Les économistes et les philanthropes ne cessent d'étudier les
moyens propres à chasser la misère ou tout au moins à en atténuer
les douloureux ellets, mais, si généreuses que soient leurs inten-
tions, la grave (jucstion de l'extinction du paupérisme ne paraît,
malheureust'mont pas, devoir être encore de si tôt résolue. Toute-
fois, ce (fui est de nature à consoler c'est l'elfort constamment
tenté pour multiplier les œuvres charitables. Et quiconque voudrait
écrire une histoire générale de la charité, depuis ses premières
manifestations jusqu'à nos jours, trouverait dans ce grandiose
mais pénible sujet la matière d'un livre bien intéressant.
La tâche, il est vrai, ne serait pas de peu d'importance, bien
(ju'olle se trouve cependant facilitée, simplifiée par l'ouvrage que
vient de ])uhlier M. Camille Granier. J^ Essai de hihliotjraphie
chiu'itablr (pril nous oll're aujourd'hui constitue un ensemble de
(!«' (loriiuKMits précieux que ne manqueront pas de consulter les
historiographes futurs de la charité. Ce n'est pas, Tauteur prend
soin (le \v «liiv lui-même, une bibliographie complète des ouvrages
relatifs aux uuxrcs de bienfaisance ; M. Granier s'est borné a
REVUE CRITIQUE DE PUBUCATIONS NOUVELLES 271
dresser le catalo^e d'une collection particulière mais cependant
très importante, puisqu'elle ne compte pas moins de 2,181 numéros ;
il n'a pas fouille dans nos bibliothèques publiques, elles lui inspirent
de l'horreur et c'est cette horreur même, nous dit M. Granier, qui
Ta empêché de donner à son travail de plus vastes proportions.
Telle qu'il nous la livre, sa bibliographie est certainement fort
intéressante et fort instructive ; précédée d'une copieuse introduc-
tion dans laquelle l'auteur aborde tour à tour la question sociale ^
la mendicité, l'hospitalisation, etc., elle est très ingénieusement
classiGée ; un index alphabétique soigneusement établi simpHfie
considérablement les recherches. Etant donné l'ordre et la méthode
qu'il a apportés dans la rédaction de son ouvrage, on ne peut que
regretter l'aversion instinctive qu'éprouve M. Granier pour les
bibliothèques publiques. En puisant aux sources fécondes de nos
dépôts, que de pièces curieuses, introuvables nulle part ailleurs,
que de livres rares il eût ajoutés à la liste déjà longue des articles
cités dans la collection qu'il décrit ! que de précieuses trouvailles
faites il nous eût signalées ! Car ce que nous cherchons tous, tra-
vailleurs et bibliophiles, c'est le document ignoré qui, satisfaisant
notre légitime curiosité, apporte à l'édifice de nos travaux une pierre
nouvelle, c'est le livre rare qui nous apparaît, après plusieurs
siècles d'oubli, et force par la valeur de son texte, la beauté de sa
tyj)Ograpliie, l'attrait de ses figures, notre respectueuse admiration.
Avec les matériaux dont il dispose actuellement, M. Granier
n'aurait très probablement que peu de chose à faire pour parache-
ver son travail volontairement incomplet ; il est en trop bonne
voie pour s'arrêter à mi-côte et il faut souhaiter que, faisant abstrac-
tion de son horreur pour les bibliothèques, il faut souhaiter, dis-je,
qu'il en franchisse le seuil et les mette largement à contribution.
G. V.
La vie privée d'autrefois. Arts et métiers, modes, mœurs,
usages des parisiens duxii<^ au xviii^ siècle d'après des
documents originaux ou inédits par Alfred Franklin.
Variétés gastronomiques. Paris, librairie Plon,iSQl,
in- 18 de 2 (T., 111-280 pp. et 2 fî.
M. Alfred Franklin a entrepris, il y a quelques années, de nous
initier à la vie privée de nos ancêtres. Au siècle dernier. Le Grand
d'Aussy avait commencé une histoire des mœurs et usages des Fran-
272 BULLETIN DU BIBUOPHILE
çais ; mais son œuvre est restée inachevée. L*érudit administratetir
de la Bibliothèque Mazarine, dans les huit volumes déjà publiés, a
étudié les soins de la toilette, Tannonce, la réclame, la mesure du
temps, l'hygiène, les repas, la cuisine et la civilité de la table.
Aujourd'hui, M. Franklin qui semble prendre un intérêt tout spé-
cial aux mœurs épulaires de nos aïeux nous fait passer de la cuisine
où s'apprêtent les plats à la salle à manger où on les mange. D nous
raconte les origines de tous les ustensiles employés à table aussi bien
des nappes, des serviettes, que des assiettes, des cuillères et des
couteaux ; il nous apprend, et toujours en s'appuyant sur des docu-
ments originaux, à quelle heure on prenait ses repas, au xii* siècle
et depuis cette époque jusqu'à nos jours. Les jeûnes et abstinences
font le sujet d'un chapitre spécial de même que les cure-dents.
Enfin, après nous avoir montré Louis XIV à table, l'auteur des
Variétés gastronomiques fait suivre son intéressant ouvrage de
quelques extraits d'un maître livre, le Ménagier de Paris^ de la
Maison réglée et du Maistre d'hostel.
La collection que publie M. Franklin est très instructive et, en
même temps, d'une lecture très agréable.
G. V.
Œuvres complètes de Pierre de Bourdeîlles, abbé et sei-
gneur de Branthôme. Publiées pour la première fois
selon le plan de Fauteur augmentées de nombreuses
variantes et de fragments inédits... avec une introduc-
tion et des notes par M. Prosper Mérimée, de l'Acadé-
mie françoise et M. Louis Lacour, archiviste-paléo-
graphe. Tome X. Pans, librairie Pion, 1890, in-12de
1 f. et 376 pp. (6 fr.)
Les éditeurs de la Bibliothèque elzévirienne vont enfin terminer
les ouvrages laissés inachevés par les anciens propriétaires de cette
collection. Ainsi peu à peu seront comblées les lacunes dont s'in-
quiétaient les premiers souscripteurs. Il s'agit aujourd'hui des
Œuvres complètes de Branthôme, dont nous recevons le dixième
volume, le premier des Darnes^ sans qualificatif. Lorsqu'au dix-
septième siècle on imprima pour la première fois les écrits de Bran-
thôme, ce fut sous des titres appropriés à la mode du moment.
Pour briller a la cour ou à la ville ne fallait-il pas avoir réputation
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 273
de « galant » ou « d'illustre »? Le naïf écrivain dut faire son en-
trée dans les ruelles à la tête d' « honnestes » personnes déguisées
en précieuses : les unes en dames illustres, les autres en dames
galantes. Prosper Mérimée rejeta ces enjolivements. Il faisait obser-
ver que les manuscrits ne contenaient rien sous ces dénominations
prétentieuses. Comme précédemment, le texte est accompagné de
commentaires inédits de ce célèbre académicien, reconnaissables à
bien des boutades érudites qui donnent une saveur particulière aux
indiscrétions de l'auteur.
Ajoutons que les volumes sont d'un format commode et que les
textes sont soigneusement revus L'exactitude, tel est le principe de
la Bibliothèque elzéviHetine et c'est ce qui lui a valu la sympathie
des bibliophiles.
G. V.
Diderot. Le Neveu de Rameau, satyre publiée pour la
première fois sur le manuscrit original autographe
avec une introduction et des notes par Georges
Monval, accompagnée d'une Notice sur les premières
éditions de l'ouvrage et de la vie de Jean-François
Rameau par Er. Thoinan. Paris, librairie Pion, 1891,
in-12 de xxxii-232 pp. et 2 fî. (6 fr.)
Nous n'a\ions eu jusqu'à ce jour que des textes tronqués et défi-
gurés du Neveu de Rameau, le chef-d'œuvre de Diderot.
Le manuscrit original n'existait pas ; il était perdu ; nul ne l'avait
jamais vu, nul ne l'avait découvert, et toutes les éditions données,
même la première, l'avaient été sur des copies plus ou moins
incorrectes ou plutôt, — ce qui est pire, — plus ou moins corrigées.
Mais les chercheurs ont parfois sur les quais, dans les boites des
bouquinistes, d'inestimables bonnes fortunes, et c*est ainsi que M.
Monval^ Térudit archiviste de la Comédie française, a récemment,
comme il le raconte dans son introduction, mis la main sur l'introu*
vable manuscrit original et autographe.
Cette satire est donc publiée aujourd'hui, pour la première fois
telle qu'elle a été écrite, par la librairie Pion. Deux fac-similé du
manuscrit de Diderot accompagnent le Neveu de Rameau, que tous
les lettrés et les curieux voudront goûter dans son texte pur et
intégral.
G. V.
ISOi 18
274 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Etudes et récits sur Alfred de Musset, par la Vicomtesse
de Janzé. Avec fac-similé de deux dessins d'Alfred de
Musset. Paris, librairie Pion, 1891, in-18 de 3 fif. et
280 pp.
Le plus aimé de nos trois grands poètes : Hugo, Lamartine et
Musset, est à coup sûr le dernier. 11 est resté Técrivain favori des
femmes et des jeunes hommes, car sa poésie a conservé toute sa
fraîcheur juvénile. Derrière le poète, que sa sincérité, son émotion
poignante, son charme irrésistible mettent au premier rang dans la
liitérature française, il y a Thomme, qui inspire aussi une vive curio-
sité et une profonde sympathie. On sait en effet qu'Alfred de Musse
aima beaucoup, fut souvent aimé, qu'il prodigua follement sa vie
avec une insouciance peu commune, et qu'il souffrit cruellement.
On le chérit, on le plaint ; on est invinciblement attiré par ce
merveilleux génie et cette existence aventureuse. L'ouvrage exact
et charmant, plein de traits, d'anecdotes, de piquants tableaux, de
curieuses révélations, de détails inédits, que madame de Janzé fait
paraître à la librairie Pion, éclaire d'un jour nouveau la vie intime
et l'œuvre de Musset. C'est une biographie très bien documentée,
très finement écrite, que voudront lire tous les admirateurs du poète
et de l'amour.
Deux fac-similé de dessins d'Alfred de Musset accompagnent
l'ouvrage. G. V.
Avant de terminer cet article bibliographique, je tiens à signaler
une petite plaquette que nous envoie M. le M»^ de Granges de Sur-
gères et dans laquelle mon collègue de la Société des Bibliophiles
contemporains émet sur la Possession du lim^e des idées excessive-
ment sages. Ces idées, nettement formulées à la conférence qui s'est
tenue, l'été dernier, à Anvers ont été adoptées à l'unanimité par les
membres de cette assemblée. L'auteur considère que les bibliophiles,
n'étant que détenteurs passagers des livres qu'ils possèdent ont le
devoir d'en assurer la bonne conservation et, pour ce faire, il les en-
gage à s'interdire d'une manière absolue l'usage de timbres à encre
grasse, en relief ou à l'emporte-pièce qui laissent sur le papier où on
les appose des taches indélébiles. h*ex~libris, les fers poussés sur
plats extérieurs ne détériorent pas le volume et suffisent amplement
a en garantir la possession.
Je veux également mentionner dix petits Contes alscunens de
M. Ristelhuber, l'un de nos traditionnistes les plus distingués.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 275
Publiés dans un des derniers numéros de la Tradition, M. Ris-
telhuber a fait faire un tirage à part de ces contes qui ne manque-
ront pas d'être lus par tous ceux que passionne la recherche de nos
anciens usages comme de nos vieilles légendes.
G. V.
Théophile Foisset (1800-1873) par Henry Boissard,
ancien procureur général à la Cour de Dijon. Paris,
Pion, 1891 ; in-18 de 321 pag. Prix : 3 fr. 50.
Le nom de M. Foisset est peu connu et cependant cet homme de
bien a tenu une place importante parmi les catholiques militants de
France au xixe siècle. Ami, conseil, inspirateur de ceux qui ont
joué les premiers rôles dans cette brillante armée, il a amené les
uns à la vérité, il y a retenu les autres, en les mettant en garde
contre de dangereux entraînements. C'est cette efficacité d'une vie
volontairement obscure que M. Boissard met en relief, en laissant le
plus possible la parole à M. Foisset et à ses illustres amis, pour que
leurs portraits soient, en quelque sorte, tracés de leurs mains.
Comme le disait, il y a peu de temps dans le Correspondant y
M. Thuroau-Dangin, M. Boissard était bien l'écrivain indiqué pour
mettre en lumière la vie de cet ami de sa famille. M. Boissard était
naguère Tun des membres les plus distingués et les plus estimés de
notre magistrature ; arrivé jeune encore à des postes considérables,
son talent et son caractère devaient le porter aux plus hautes situa-
tions ; mais ils le désignaient aussi aux coups des épurateurs. Rejeté
brusquement dans la vie privée, il s'est donné tout entier au service
des idées qui lui sont devenues d'à utant plus chères et sacrées qu'il a
souffert pour elles. Par plus d'un côté, il se trouvait attiré vers
M. Foisset : Bourguignon comme lui, il était encore plus son com-
patriote dans Tordre des idées ; il avait ses convictions, ses afifections,
ses qualités : chez tous deux même mélange d'ardeur et de sagesse,
même droiture désintéressée, même façon de comprendre et de
remplir les devoirs publics et privés. Faut-il s'en étonner? En dépit
du voile modeste dont l'auteur couvre tout ce qui le regarde per-
sonnellement, ne devine-t-on pas qu'il est un peu le fils spirituel de
celui dont il raconte la vie? Suis-je indiscret en supposant que
M. Henri Boissard touche de très près à cet adolescent dont il est
parlé plusieurs l'ois à mots couverts dans les derniers chapitres du
livre, à cet étudiant dont M. Foisset, vieillard, dirigeait avec une
276 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
sollicitude paternelle Téducation philosophique et religieuse, A
j eune magistrat qu'il assistait de ses conseils et au père duquel il
écrivait avec une émotion charmante : « Oui, j*ai pour H... des
montées de tendresse. Plutarque dit de Tun de ses héros : la Grèce
Taima comme le dernier homme de vertu qu'elle eût porté dans sa
vieillesse. Il y a quelque chose de cela dans mon affection pour votre
fils. H... est seul, tout seul, notre représentant, et, s'il plaît à Dieu,
notre continuateur dans la vie publique. A ce titre, je l'aime comme
un fils. » On peut donc croire que M. Boissard a rempli une sorte
de devoir filial en écrivant son livre. De là ce qu'on y sent de vrai,
de profond, d'ému, de vraiment pieux.
En racontant la vie de M. Foisset, l'auteur résume à grands traits
l'histoire des efforts par lesquels, à travers des épreuves incessantes,
l'Église catholique s'est relevée en France de l'abandon où la lais-
saient, il y a soixante ans, les classes élevées de la nation, jusqu'au
point où nous la voyons aujourd'hui. Les chapitres intitulés : Cam--
pagne pour la liberté de renseignement ; Révolution de i 848 ; ledeux'
décembre; le Correspondant ; la question romaine; le Syllabus ; la
vie du P.Lacordaire; le concile du Vatican, sont d'un puissant intérêt
et résument admirablement l'histoire du parti catholique durant ce
demi-siècle. Il n'est peut-être pas inutile de montrer aux jeunes
gens de notre temps comment, sans avoir jamais consenti à sortir
de sa province, en se confinant à dessein dans une petite fortune et
dans une condition modeste, pour mettre toute l'indépendance et toute
l'intensité de son travail au service de l'Église, M. Foisset a su prendre
une part considérable à cette œuvre de relèvement. Ils comprendront
ainsi qu'on peut faire en ce monde beaucoup de bien en faisant peu
de bruit ; que, pour cela, il n'est pas besoin de génie, mais seulement
de la volonté constante et ferme d'employer pour Dieu toutes les
facultés qu'il nous a données, sans autre ambition que de bien faire.
Le P. Lacordaire, vers la fin de sa vie, jetant un regard sur le
passé a pu dire, avec un juste orgueil, de celui qui avait été l'ami de
sa jeunesse et qui devait être le gardien de sa mémoire : « M. Foisset
est, en ce siècle, du petit nombre d'hommes qui ont honoré leurs
services par la constante rectitude de leur dévouement. Étranger à
toutes les apostasies de conviction dont on nous a faits les témoins,
il a respecté dans sa personne la vérité dont il était l'organe et la
vérité le rencontre aujourd'hui au même poste qu'il occupait y a
trente ans, poste connu de ceux qui aiment la mesure dans la force,
la charité dans la verve, la lumière dans le style et une érudition sûre
dans une pensée qui s'appartient. J'ai tant pleuré de chutes qu'il me
fait plaisir de m'arrôter devant ce chrétien qui est demeuré debout. »
REVUE CRITIQUE DE PUBUGATIONS NOUVELLES 277
M. Foisset était digne de Téloge adressé à Ozanam : c Nul chrétien,
en France et de notre temps, n'aima davantage TÉglise, ne sentit
mieux ses besoins, ne pleura plus amèrement les fautes de ceux qui
la servaient, n'eut enfin dans une existence laïque, un plus véritable
et plus profond apostolat. »
On comprend qu'un tel sujet, une pareille vie, un tel caractère,
aient tenté une pareille plume.
P.-L. d'Arc.
Cabinet dun curieux. Description de quelques livres rares.
Se donne chez Tauteur à Paris, 1890, gr. in-S® de 134 p.
iS^ donne chez Vauteur. Notons tout d'abord cette gracieuse for-
mule si digne d'un homme dont la générosité est proverbiale et qui
s'est toujours si noblement servi de sa grande fortune. Cela console de
la sécheresse et de l'égoisme de prétendus bibliophiles pour qui
n'existe pas le doux mot de confraternité. M. le baron Double,
l'heureux possesseur d'un des plus précieux cabinets que l'on con-
naisse, se montre fidèle aux traditions des grands amateurs d'autre-
fois. Ses joyaux appartiennent à ses amis autant qu'à lui-même, et
dans le cercle immense de ses amis, il fait entrer tous ceux qui,
comme lui, ont la passion des a beaux vieux livres. * Cette passion
qu'il dépeint admirablement dès la première page de son recueil,
il l'éprouva tout enfant, de même qu'il l'éprouvera encore dans son
extrême vieillesse, car, si nos vœux sont exaucés, sa vie sera aussi
longue que paisible, et le modèle des bibliophiles deviendra leur vénéré
doyen. On lira avec un vif intérêt le récit de ses premières impres-
sions devant la magnifique collection formée par son père c très
érudit et très connaisseur, » et qui l'initia « au culte des belles
choses et des vieux souvenirs. » C'est une sorte de rapide autobio-
graphie où nous retrouvons l'éloquente traduction de nos propres
émotions, particulièrement en des phrases comme celle-ci sur les
reliures du .wi^ sièlce qui « rayonnaient devant moi comme des
astres, » ou comme celle-ci sur des livres qui t avaient des mur^
mures compris de moi seul. »
Avant de décrire une à une les richesses du Cabinet d'un curieux^
M. Double énumère les principales de ces richesses, saluant au pas-
sage d'un mot heureux le Spéculum^ « ancêtre des incunables, »
le Kalandvier et Compost, a ancêtre des almanachs dont nous
sommes inondés quand viennent les pluies d'automne, » les romans
278 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
de chevalerie ( 1 ) , les livres qui proviennent de la bibliothèque de
Louis XIV au palais de Fontainebleau. Parmi ces derniers, on dis*
tingue surtout un livre qui inspire à M. Double (p. 5) un trop char-
mant éloge pour que je ne m'empresse pas de le reproduire : « Je
m'arrête avec délices sur un petit Henri IV que j'ose déclarer un
diamant. Il est en maroquin rouge, tout semé de dauphins et de
fleurs de lys. Au milieu, les armes de France et de Navarre ; aux
angles, des H couronnés, enlacés de lauriers. C'est un bijou de re-
liure ancienne. Le Béarnais, plus spirituel à lui tout seul que tous
les livres réunis, avait une bibliothèque fort restreinte (2), et dans ce
petit volume, la rareté et la gloire du souvenir s'unissent pour faire
la joie du collectionneur (3). » J'emprunte encore à ces pages pré-
liminaires une défmition du bonheur que la plupart d'entre nous ne
manqueront pas de s'approprier (p. 6) : « On a souvent demandé
quelle idée chacun de nous se fait du bonheur. Pour moi, le bon-
heur est dans cette cité des livres où je m'enferme sous la lueur
égale et claire de la lampe, oublieux de la foule qui s'agite, des
vanités qui s'affolent, des plaisirs qui se lassent. Dans la calme
retraite et la paix souriante, le flot des heures s'écoule doucement,
mes amis silencieux me disent leurs secrets. »
Quel plaisir de suivre M. Double dans son voyage autour de sa
bibliothèque ! Ses descriptions sont si colorées, ses analyses si péné-
trantes, ses appréciations si remarquables ! Sans doute, le guide est
enflammé d'enthousiasme, et c'est avec une complaisance et une
(1) M. Double dit très agréablement (p. 4) au sujet d'un de ces romans : c En
regardant la Mclusine, comtesse de Poitou, je ne plains pas trop son maître,
le seigneur de Lusignan. Mélusine était une sirène dont on voyait la queue de
poisson. Les charmeuses d'aujourd'hui en ont souvent une de serpent et on ne
la voit pas ! » L'auteur a fait reproduire, d'après une presque introuvable
édition du poème de Mélusine (1517), un bois représentant avec une naïveté
toute primitive le sire de Lusignan observant par le trou d'une serrure la fée
au moment où elle se baigne et se change en sirè ne.
(2) Encore est-il permis de croire qu'il n'en avait pas tout lu ! Je n'hésiterais
pas à soutenir, par exemple, qu'il n'avait pas feuilleté le Lactance que
M. Double vient de décrire avec tant de feu. Si l'on m'objectait que le prince ,
qui avait lu les Vies de Plutarque, pouvait bien avoir lu les sept li\Tes des
Institutions divines, je rappeUerais que la lettre où Henri IV vante tant l'écri-
vain de Chéronée est de fabrication toute moderne et l'œuvre d'un ingénieux
mystificateur.
( 3 ) Auprès du Lactance du mari, M. Doublementionne le Lucrèce de l'épouse,
disant avec une malicieuse finesse : c A côté de lui, ( Henri IV) on peut placer,
plus près qu'il ne la voulut jamais avoir, la Marguerite de France. > La jeûnait
de M. Double n'est-il pas un peu trop absolu ?
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 279
fierté en quelque sorte paternelles qu'il nous présente les divers
chefs-d'œuvre de son incomparable cabinet. Mais n'aime-t-on pas
mieux cette passion débordante que la froide méthode des rédacteurs
de catalogues officiels, surtout si l'on considère qu'au milieu de tant
de poésie, la vérité ne perd rien de son éclat, et que partout la pureté
du goût de l'artiste s'unit à la consciencieuse exactitude de l'érudit *?
Nous ne pouvons que mentionner rapidement l'inappréciable
manuscrit des Chroniques de France sur vélin, du xv^ siècle, aux
armes de Louis XII et d'Anne de Bretagne, orné de trente-deux
miniatures, ï Image de Vertu de Pierre Doré (Paris, 1540) (1),
décorée par la duchesse de Guise (Antoinette de Bourbon) d'une
reliure digne d'être offerte à François 1er, un Claudien aux armes
de ce même prince, imprimé par Aide en 1523 et revêtu d'une
reliure du luxe le plus délicat, où resplendit la Salamandre, un
Ovide aux armes de Henri VIII donné au Barbe-Bleue de l'Angleterre
par François I^r, le Diodore Sicilien, aux armes du Dauphin, futur
Henri II (2), le Plante d'Antoine Gryphe (Lyon, 1549) aux armes
et emblèmes du roi Henri II et de Diane de Poitiers (lys, arcs et
croissants), les Ordonnances royaulx (Paris, 1539, Galliot du Pré),
aux armes de François II et de Marie Stuart, plusieurs volumes aux
armes de Henri III, un volume aux armes du cardinal de Bourbon,
le Charles X de la Ligue (3), un volume aux armes et aux chiffres
de Charles de Valois, comte d'Auvergne , duc d'Angouléme, les Dia-
logues et Devis des damoiselles pour les rendre vertueuses ( 1583 ) (4),
aux chiffres couronnés de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, un
Sidoine Apollinaire (1609), aux armes de cette princesse, avec la
(1) D'aprt's 11 no note d'un maitrc dont la mémoire doit nous rester toujours
chère, Paul Lacroix, c'est ici une première édition inconnue des bibliographes.
Brunet n'a cité que la troisième édition, celle dont, moins heureux que le
baron Double, dut se contenter le duc de la Vallière.
(2) Comme Antoine Macault, traducteur de l'ouvrage, commulait les fonc-
tions de notaire, secrétaire et valet de chambre ordinaire de François I*»,
M. Double l'appelle gaîment « ce notaire à tout faire. »
(3) Selon V Armoriai du Bibliophile, tous les livres du cardinal étaient reliés
en maroquin rouge. M. Double s'élève contre cette généralisation impru-
dente : «. Presque tous ceux que nous avons vus, » déclare-t-il, c sont, comme
celui-ci, reliés en maroquin vert. » Observons que ce qui n'est .pas vrai pour
les livres du cardinal est presque complètement vrai pour ceux de Peiresc
(4) Prière de ne pas se fier à cette épithète. M. Double rappelle (p. 26) qae
c c'est un ouvrage d'une rare indécence, un peu atténuée, ici, dans Ih traduc-
tion » de François d'Amboise, ajoutant qu'il est curieux de rencontrer on t«|
recueil « avec les chiffres du chaste Louis XIII ». .
280 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
cordelière de veuve, les Éloges historiques des empereurs^ des roiiy
etc., }>ar A. Godeau (1661), exemplaire de dédicace aux armes de
Louis XIV et de Marie-Thérèse ( 1 ), et (je suis obligé d'abréger
l'éblouissante énumération ) cinq ouvrages aux armes de l'adorable
Marie-Ântoinctte; puis vient la description d'une merveilleuse série
d'exemplaires de Grolier, de Ganévarius, médecin du pape Urbain VII,
de Louis Du Lys, descendant d'un frère de Jeanne d'Arc, du mar-
quis de Goligny, de Jacques- Auguste de Thou, du cardinal de Monti,
du cardinal Bellarmin, du cardinal de Médicis, du cardinal de Riche-
lieu (reliure de Le Gascon), du cardinal Mazarin (reliure de Duseuil),
de Matiiieu Mole (reliure de Le Gascon), d'Habert de Montmaur
(reliure du m^me magicien), du chancelier Boucherat, du président
de Harlay, de la marquise de Montespan, de la marquise de Main-
tenon, du duc et de la duchesse de Montausier, de Nicolas Fouc-
quet(2), de Golbert, de Lou vois, du marquis de Seignela y , du maréchal
de Villeroy, de Longepierre, du comte d'Hoym, de la comtesse de
Verrue, de la marquise de Pompadour, de la comtesse Du Barry (3),
du duc de Choiseul, du chancelier Hue de Miroménil, du cardinal
de Rohan, de M. de Saitine, de la maréchale-duchesse de Montmo-
rency-Luxembourg (Madeleine-Angélique de Villeroy), de la duchesse
de Boufllers (Marie- Anne de Montmorency), de M&r Double, évêque
de Tarbes (V Imitation de Jésus-Christ, traduction de l'abbé Valart,
impression de Barbou, reliure de Derome).
Dans la seconde partie de l'ouvrage, l'auteur signale, outre le
Spéculum, qui est le plus précieux des joyaux de son écrin, et le
(1) M. Double cite quelques extraits de l'épltre dédicatoire où de sages
conseils accompagnent des éloges discrets, et il constate que Tévéque de
Vence est à peu près le seul écrivain de l'époque qui, dans une dédicace aa
roi, ne donne pas le spectacle d'une c phénoménale platitude. » L'humiliante
posture des flatteurs de Louis XIV me déplaît fort, mais n'avons-nous pas
TU, de nos jours, des écrivains se prosterner devant des personnages qui
n'avaient rien du prestige du grand roi ? Aplatissement pour aplatissement,
l'un est autrement excusable que l'autre.
(2) Rappelons que dans la liuraison de Janvier 1891 des Études religieuses,
philosophiques, historiques et littéraires (p. 54-81) a paru un savant et charmant
article du R.P.Henri Chérot sur le surintendant Foucquet ami des /f tires, article
qui complète les deux remarquables volumes consacrés au ministre de Louis
XIV par M. Jules Lair ( Pion, 1890).
(3) Il s'agit là d'un ouvrage du P. Malebranche. M. Double ne se refuse pas
Ift satisfaction de signaler la piquante antithèse que forment ces deux noms :
Malebranche et la Du Barry.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 281
Compost et Kalendrier des bergiers^ qui n*est guère moins rare et
moins curieux, la Fontaine de toutes sciences du philosophe Sydrach
{avec extraits de celle singulière encyclopédie), la Danse des
aveugles, la Grande nef des folz du monde, la Manière d'enter et
planter en jardins (exemplaire unique)^ les Loups ravissants (livre
aussi rare qu'il est hardi et amusant), Ces présentes heures de Tan
1500, édition non décrite, diverses autres Heures, notamment celles
de Simon Vostre (1512), le Quadra^ésimal spirituel (1 ), le Livre
de Mathéolus, exemplaire qui a eu Thonneur d'appartenir à cinq
bibliophiles célèbres : Charles Nodier, Glinchamp, Solar, Yemeniz et
le baron Double, un grand nombre d'autres livres de haute valeur
dont un (Grans chroniques de France, 1514), a appartenu à Peiresc,
dont un autre est une édition non citée des Anciennes et modernes
généalogies des Roys de France (1529), dont plusieurs ont été
inconnus à Brunet (2).
Si j'ajoute qu'à toutes les exquises qualités littéraires du recueil
sont jointes toutes les autres qualités d'un autre ordre qui peuvent
le mieux nous séduire (belle impression, beau papier, belles gra-
vures) (3), on voit que rien ne manque é un volume destiné
à devenir, un jour, aussi précieux que bon nombre de ceux qui
forment le cabinet d*un curieux, ce cabinet dont je dirais, si je ne
craignais de scandaliser les théologiens, que c'est vraiment un coin
du paradis.
T. DE L.
(1) Exemplaire de J.-C Brunet, relié par Bauzonnet. c Un des plus curieux
livres mystiques, mélange bizarre de cuisine et de dévotion. Au moyen de
rapprochements étranges, l'auteur attache un sens mystique à tous les mets
qu'on mangeait alors en Carême ». M. Double dpnne la 1 iste de ces mets qui
n'ont rien d'affriolant et où les feues frites brillent à côté des pois poMtés,
comme les pruneaux à côté des échaudés. La notice sur le qucuiragésinud est
écrite avec une bonne humeur qui dériderait le lecteur le plus morose. Voir
quelques autres éclairs de cette gaieté qu'aimaient tant nos pères et qui est si
bien appelée la gaieté gauloise dans la notice sur le Rebours de Mathéolus,
à propos du mal qu'on a dit des femmes (n* 99-100), et, plus haut, dans la
notice sur Vart d'embellir le visage, par M"* Cochois, à propos de la recette du
fard donnée en 1745 (p. 72-73).
(2) Par exemple, Olivier deCastille (1505), Paris et Vienne (1502), Mélusine
<1517), Florent et Lyon (vers 1532^, Pierre de Provence et la belle Maguelonne.
(3) On n'en compte pas moins d'une vingtaine qui reproduisent en perfec-
tion soit les splendides reliures, soit les images des vieux bouquins.
RABELAIS VOYAGEUR
Malgré runiversellc popularité dont jouissent les œuvres de
François Rabelais, il n'est peut-être pas d'auteur, de sa célébrité^
dont la vie nous soit relativement si peu connue, puisque la date de
sa naissance elle-même est encore indécise. Ce n'est pas cependant
que l'on n'ait consacré nombre d'études A cet illustre personnage,
mais jusqu'à présent on avait dû se contenter de renseignements
plus ou moins va^^fucs, pour la plupart accueillis sans contrôle, et
les documents précis relatifs au nMe considérable qu'il a joué dan»
son temps étaient demeurés enfouis dans les archives sans que les
érudits aient pu parvenir à les exhumer.
Plus heureux que ses devanciers, M. Arthur Heulhard, après dix
années de consciencieuses recherches, vient de faire d'importantes
découvertes qui serviront à reconstituer la vie, en partie tout au
moins, de l'auteur de Gargantua et de Pantagruel. Déjà, il y a
quelques années, il nous avait présenté Rabelais légiste et Rabelais
chirurgien; aujourd'hui, dans rexcellent travail qu'il publie (1),
M. Arthur Heulhard nous montre Rabelais voyageur. Car si Ton a
cru long^temps que l'ami des du Bellay n'avait fait qu'un seul voyage
en Italie, on a la certitude maintenant que Rabelais ne la visita pas
moins de quatre fois.
Ce que fut Rabelais en France, M. Heulhard ne s'en occupe ici
qu'accidentellement ; la vie de maître François, dans son pays natal,
fera, nous dit l'auteur, l'objet d'un autre volume qui paraîtra s'il
vient à point, ce dont nous ne saurions douter et ce que même nous
souhaitons vivement ; car M. Heulhard appartient à la bonne école,
à cette école de travailleurs qui, profondément amoureux de leur
sujet, puisent directement aux sources et ne s'attardent pas aux
renseignements de seconde main dont le seul résultat est de con-
duire fatalement k perpétuer de déplorables erreurs.
Nous venons de dire que Rabelais n'avait pas été moins de quatre
fois en Italie. M. Heulhard, grâce aux trouvailles qu'il a eu la bonne
fortune de faire en compulsant les archives de plusieurs villes de
France et d'Italie, en fouillant, en vrai chercheur qu'il est, dans des
documents de toutes sortes tels que papiers d'Etat, correspondances
(1) ARTHUR Heulhard, Rabelais, ses voyages en Italie, son exil d Metz»
Ouvrage orné d'un portrait à l'eau-forte de Rabelais, de deux restitutions en
couleur de l'Âbhaye de Thêlème, de neuf planches hors texte et de soixante-
quinze gravures dans le texte, autographes, etc. Paris, librairie de VArt, L.
il///50/i et C, 29, cité d'Antin; 1891, gr. in-8 de 1 feuiUet. X-404 pages et
2 feuillets. (40 fr.)
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 283
diplomatiques, poésies, estampes, M. Heulhard, disons-nous, a pu
suivre le maître écrivain, pour ainsi dire pas à pas, dans chacun de
ses voyages. Il nous faudrait assurément plus de place que celle
dont nous disposons ici pour analyser, de façon complète, le livre si
intéressant qui éclaire d'un jour tout nouveau la grande figure de
Rabelais. Aussi bien, devrons-nous faire un choix parmi ces docu-
ments, qui sont cependant tous d'un réel intérêt ; et laissant de côté
les deux premiers voyages que fit à Rome Fauteur de Pantagruel,
à la suite de Jean du Bellay, évêque de Paris, ne nous occuperons-
nous que du troisième, le voyage en Piémont (1589-1540-1541-1542).
Ce fut, du reste, le plus long comme durée et le plus important.
François l^^ a conquis la Savoie et pris racine en Piémont, dont
Guillaume du Bellay, seigneur de Langey et frère de Jean, vient
d'être nommé gouverneur, après la trêve conclue le 28 novembre
1537, avec les Impériaux. Langey, diplomate habile et stratégiste
hors ligne, estime qu'il faut armer Turin, point de mire des troupes
de Charles-Quint. S'il est nécessaire d'élever des fortifications pour
parer à quelque surprise de l'ennemi, il faut aussi installer un Par-
lement chargé d'appliquer la loi française.
Pour cette œuvre considérable de civilisation, Langey devait s'entourer
de toutes les lumières de l'expérience et de la raison : à la tête du Parle-
ment, il fit placer un Angevin, François Errault, seigneur de Chemant,
conseiller au Parlement de Paris, et comme il fallait un homme de con-
fiance avec qui délibérer et décider : suivant l'exemple de son frère le
cardinal, il choisit Rabelais pour médecin et secrétaire.
Rabelais, mandé par Guillaume du Bellay, arrive à Turin, et son
rôle de médecin n'est pas une sinécure ; car, dès juillet 1538, le
gouverneur du Piémont, v( attaqué par la maladie, ne connut plus
de répit ». Néanmoins, Langey, dont l'autorité grandissait toujours,
ne songeait qu'à mettre le Piémont en état de défense.
La fortification pouvait défier une brusque attaque. La présence de
Rabelais auprès de lui est très significative. C'est le mathématicien, le
géomètre, l'ingénieur consultant.
Même en l'absence d'autres preuves, quel moyen de n'être pas frappé
par le grand étalage de termes spéciaux dont Rabelais use quand il s'agit
de défense militaire? Le prologue du Troisième Livre m'avait singulière-
ment saisi à ce point de vue, écrit M. Heulhard, et, dans Téclat guerrier
qu'il respire, j'avais deviné la traduction d'impressions personnellement
ressenties.
Rabelais s'acquitta, en conscience, de ses fonctions de secrétaire
d'État, accompagnant partout son maître et l'aidant de ses conseils.
284 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
En 1541, au commencement de janvier, nous trouvons Rabefaûs ft
Ghambéry, et sa présence dans cette ville s'explique, dit M. Heulhard,
par les intérêts privés qu'y avait son maître. Le secrétaire de loûag^j
ne fit d'ailleurs qu'une assez courte absence de Turin. Guiliaume dn
Bellay, ayant obtenu un congé, vient en France à la fin de noTemlire
1541 et y séjourne jusqu'en mai 1542, et, comme l'on n'a pas de
nouvelles de Rabelais avant le retour de son maître, il est probable
qu'ils partirent et revinrent ensemble; il y a également lieu de croire
que Rabelais se produisit souvent à la cour dans l'entourage de
Langey. Ici se place une particularité bien curieuse qui avait échappé
aux biographes et aux éditeurs de Rabelais. Qaude Ghappuis,
« libraire et varlet de chambre ordinaire » du Roi, fait imprimer, en
1543, un Discours de la Court en vers, dans lequel il passe en revue
tous les personnages qui approchent François I^r. Dans le passage
concernant les Maistres des Requestes, cité en entier par M. Heu-
Ihard, voici deux vers relatifs au secrétaire de Langey, excessivement
importants :
Et Rabelais a nul qu'a soy semblable
Par son scavoir partout recommandable.
En mai 1542, Langey revient à Turin; la goutte dont il était
atteint le tenaille avec violence, et vers le mois de janvier 1543, il se
met en route dans une litière pour rentrer en France; maisàSaint-
, Symphorien, près de Roanne, la maladie a empiré, et le 10 janvier
il rend sa belle âme à Dieu. Ce fut à Rabelais, aidé d'un autre méde-
cin, Gabriel Taphenon, qu'incomba la tâche délicate d'embaumer le
corps de Langey et de le ramener au Mans, où furent célébrées les
obsèques, dans l'église abbatiale de Saint-Vincent.
De ses voyages en Italie, il n'en est pas qui ait laissé d*empreintes plus
profondes chez Rabelais. Il avait eu cette satisfaction incomparable de
trouver en Langey un homme qui avait su se servir de son génie universel.
Voilà Rabelais de retour en France ; il va s'occuper désormais du
Tiers Livre, qui lui vaudra les attaques violentes des Sorbonistes
et le forcera à s'exiler momentanément à Metz ; puis il retournera
pour la quatrième fois en Italie.
Nous ne pouvons le suivre dans ce quatrième voyage, dont le
récit intéressant nous entraînerait trop loin, mais avant de terminer
ces lignes, qu'il nous soit permis de dire à M. Arthur Heulhard
qu'en publiant cette étude si documentée, il s'est acquis un nouveau
titre à la reconnaissance des admirateurs de Rabelais.
Georges Vicaire.
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14. — Dialogus quo multa exponuntur quae Lutheranis
et Hugonotis Gallis accidenint. Nonnulla item scitu
digna et salutaria consilia adjecta sunt. Oragniœ,
Adamus de Monte, 1573, in-8 de 4 flF. prél. 170 pp. et
2 flF. de table, mar. r., dos orné, dent, de fleurs sur
les plats, tr. dor. [Rel. anc. y Exemplaire réglé. 120 fr.
Ce dialogue, écrit quelques mois après la Saint-Barthélémy, suit
pas à pas, avec une remarquable exactitude, Thistoire du protestan-
tisme en France, depuis les premières persécutions sous François I*""
jusqu'à la nuit du 24 août 1572. Les interlocuteurs sont Alethia, la
vérité, qui s'est réfugiée en Hongrie, dans Tempireturc; Phila-
lethes qui, accompagné d' Historiographus et de Politicus, a quitté
la France après le massacre des Huguenots ; Ecclesia et le prophète
Daniel. Historiographus et Politicus racontent, sans se départir
d'une modération relative, rare dans les écrits de cette époque,
toutes les phases des luttes religieuses et le sanglant épilogue. Us
affirment à plusieurs reprises que Charles IX déclara, en plein Parle-
ment, que tout ce qui s'était passé lors de la Saint-Barthélémy avait
été fait par son ordre : a Ibi sedens frequenti SenatUy collecHs
curiœ omnibus classibus, palam professas est quidquid his diebus
gestum fuerat, non solum se assentiente sed etiam autore etjubente
gestum fuisse. » Et plus loin : a Palatium adiit, ibi pro tribunali
confirmavit hœc omnia gesta fuisse proprio et spontanée suo
motu. »
A la fin, sur la prière d' Ecclesia, Daniel apparaît et trace aux
églises réformées un plan de constitution en quarante articles, plan
où domine très nettement le système de fédération républicaine.
Cette édition latine, imprimée à Orange, est la première de ce
très curieux dialogue ; il en parut, cette même année 1573, une
286 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
traduction française : Dialogue des choses advenues aux Luthériens
et Huguenots de France, Basle. En 1574, Tédition latine reparut à
Edimbourg, augmentée d'une seconde partie : Dialogi ab EusMo
Philadelpho, cosmopolita, in Gallorum et cœterarum nationum
gratiam compositi,.... La traduction française de cette édition fut
publiée presque aussitôt sous le titre de Le RéveUle-Matin des
Français et de leurs voisins, Edimbourg, 1574, qui n'a rien de
commun avec Le Vray Resveille-matin des Calvinistes et Publia
cains françois, de Sorbin. On a voulu attribuer le Dialogus à Théo-
dore de Bèze ; il est plus vraisemblablement de Nicolas Bamaud.
15. — De origine, causis, typo et ceremoniis illius ritus
qui vulgo in Scholis Depositio appellatur, oratio M.
Johannis Dinckelii. Addilum est ludicium Reverendi
Patris. D. Doctoris Martini Lutheri, de hoc ritu,
typusque ejusdem ritus, Heroico Carminé descriptus,
Authore Friderico Widebrando. — A la fin : Erphor-
diœ excudebat Esaias Mechlerus, M.D.LXXVIII ; pet.
in-8 de 24 flF. non chiflF., fig. s. bois, maroq. vert,
fil., tr. dor. (Cape). 95 fr.
La Depositio Scholastica, en usage dans les académies allemandes
du xvie siècle, était quelque chose d'analogue aux épreuves de la
franc-maçonnerie ou aux brimades de nos écoles. Le nouveau ou
beanus était soumis par les vétérans à ces épreuves qui avaient pour
but de lui faire déposer (d'où le mot Depositio) ses défauts, ses
travers et surtout sa présomptueuse confiance en lui-même. En 1540,
des étudiants célébrant ce rite scolaire furent reçus par Martin
Luther, qui approuva fort cet usage, comme très propre à préparer
la jeunesse aux luttes de l'avenir : « Hisitaque, dit-il en s'adressant
à l'un d'eux, ab ineunte œtate assuesce, ut œquiore anima ad
maiora adhibitus, curas et rémoras ferre queas. »
Les principaux instruments de torture sont énumérés dans ces
vers :
Serra, dolabra, bidena, dons, claua, novactUa, pecten,
Cum terebra tornus^ cum lima malleus, incus,
Rastraq; cum rostris, cum força et forcipe forpex.
Les initiés étaient coiffés d'un bonnet à cornes, symbole des vices
diaboliQues, qu'ils déposaient après la cérémonie. Selon Dinckelius,
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 287
ce rite remontait à une assez haute antiquité ; il était usité dans les
écoles d'Orient ; saint Grégoire de Nazianze en fait mention et dit
que saint Basile seul fut exempté de ce noviciat^ sa science lui
donnant le droit d'être considéré comme vétéran.
Plusieurs curieux bois représentent les diverses phases des
épreuves.
16. — Marchais (Ant.). L*Estat présent de la France ;
assavoir celuy de la présente année 1653, avec plu-
sieurs recherches curieuses et très utiles pour l'intel-
ligence de riiistoire de France, par Ant. Marchais.
Jouxte la copie, imprimée à Blois, 1653 ; in-12, mar.
vert, fil., tr. dor. fRel. anc.J 90 fr.
Très curieux ouvrage, important pour l'histoire intérieure de la
France au xviie siècle. Il est divisé en trois livres; dans le premier
l'auteur passe successivement en revue la maison royale, les maisons
princières, les ducs et pairs (il donne la liste des pairies), les prin-
cipaux officiers de la couronne, les officiers d'ordre inférieur, tels
que le grand-queux, le gran d- fauconnier , le grand-louvetier, le
grand-voyer, etc.; le tout avec des détails très précis sur les attri-
butions de chacun.
Le second livre est divisé en sept chapitres. Ch. I : de la maison
du Roy. — II : de la maison de la Reyne. — III : des gardes du
Roy. — IV : des armées du Roy. — V : des finances du Roy. —
VI : des officiers des finances. — VII : de la Chambre des comptes.
Le troisième livre est consacré aux « trois estats » de France :
clergé, noblesse et tiers-état. A signaler surtout : une liste des
archevêchés de France et évêchés suffragants ; un très intéressant
chapitre sur les ordres de chevalerie ; un « recueil des plus nobles
familles de France » ; de précieux renseignements sur les assemblées
des notables ; sur la table de marbre ; sur les divers conseils ; sur
les Universités (avec une énumération des collèges fondés par les
Pères Jésuites et répartis par eux en cinq provinces : France,
Guyenne, Lyon, Toulouse, Champagne) ; sur les blasons des rois
de France et les armes des six pairs laïques et des six pairs
ecclésiastiques.
288 BULLETIN DU BIBUOPHILE
17. — Xeres (Fr. de). Libro Pri||mo de la conquista||
del Peru et prouincia del Cuzco 1 1 de le Indie occi-
dentali ||. (Colophon :) Stampato in Vinegia per
Maestro Stephano da Sabio del M, D, XXXV, NeV mese
di Marzo, In-4 (sign. par 8), titre, 1 f., 59 ff. non
chiff., plus un feuillet portant le colophon au recto,
et au verso la marque de Timprimeur ; in-4, mar.
vert, fil. à comp., semis de fl., tr. dor. 400 fr.
Édition italienne rarissime que M. Harrisse cite comme la pre-
mière. Exemplaire superbe de conservation.
Sur le titre, l'aigle à deux tètes des Hapsbourg, surmontant des
armoiries ; plus bas, les deux colonnes avec la devise de Charles-
Quint : Plus ultra. Au-dessous, un paysage maritime encadré dans
un cercle, avec ces mots dans la bordure : In omnem terram exivit
8onu8 eorum.
Francesco de Xerez, auteur de la narration, était secrétaire de
Pizarre ; il raconte de visu la conquête du Pérou et de la province
de Cuzco.
La traduction d'espagnol en italien est due à Dominico de Gazteiu,
gentilhomme de la province de Tudela, secrétaire de don Lope de
Soria, ambassadeur de Charles-Quint à Venise. Dans une courte
préface, Gaztelu vante moite cose degne di admiratione circa le
cittadi eggregie di quelle provintie et costumi di habitatori; il
n'oublie pas la grande quantité d*or et d'argent, les pierres pré-
cieuses et les riches minéraux trouvés dans ce merveilleux pays; il
parle des hauts faits des Espagnols, quali deletteranno misabilmente
il lettore. Vient ensuite la dédicace de la traduction à Andréa Gritti,
doge de Venise, puis le récit de la conquête.
Bien entendu, Francesco de Xerez passe sous silence les perfidies
des Espagnols ; ils n'ont fait que se défendre contre les projets de
trahison des Caciques. Un des passages les plus dramatiques est la
narration de la bataille entre Pizarre et le malheureux Atabalipa :
les décharges inattendues de l'artillerie effrayèrent tellement les
Indiens qu'ils s'enfuirent sur-le-champ, laissant leur souverain aux
mains du vainqueur ; un grand nombre fut massacré. Du côté des
Espagnols, il n'y avait eu qu'un cheval légèrement blessé. A la fin,
rônumération des immenses quantités d'or et d'argent recueillies
par les conquérants.
BIBLIOGRAPHIE
DE
QUELQUES ALMANACHS ILLUSTRÉS DU XVIII'^ SIÈCLE
(1759-1790)
Le printemps a eu ses chenilles, le Coup d'œil sur
les almanachs illustrés du xvnie siècle a eu ses
fautes ; mais les lecteurs ont été indulgents, plus
qu'indulgents même, et leur bienveillance m'encou-
rage à donner, le plus exactement possible, la descrip-
tion des vingt plus jolis almanachs de cette époque
galante. On pourra ainsi, pendant quelques instants,
revivre dans un passé tout rempli de charmes et de
séductions, avec ces délicieux petits in-18 qui sont
si délicatement illustrés, si coquettement habillés et
si intéressants à tous les points de vue.
1759
Almanach utile et agréable de la loterie de V Ecole
Royale Militaire^ pour Vannée 1759.
Où. Von voit son origine, ses progrès, son établisse-
ment en France, et la façon de placer le plus avan-
tageusement sa mise ;
Enrichi de quatre-vingt-dix figures en taille douce,
qui pourront servir de devises;
1891 19
290 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
A Amsterdam, et se vend à Paris, chez Prault,
père, quai de Gèvres, et Laurent-Fr. Le Qerc, au
Palais.
Le titre et la préface, VIII pages. Texte (98 pages), se
composant du calendrier des jours de la semaine et noms
des saints pour Tannée 1759 ; d'un autre calendrier
intitulé : Perte et Gain ; origine de la loterie accordée par
sa majesté à l'École Royale Militaire ; réflexions pour
rintelligence de cette loterie ; avis sur la même loterie ;
instruction concernant les opérations à faire pour mettre
à cette loterie; explication abrégée de la loterie de
rÉcole Royale Militaire; invitation au public de la
roue de la fortune de la loterie de l'École Royale
Militaire ; nombres extraits de la loterie du séminaire de
Naples, depuis 1713 jusqu'en 1758; tirages de la même
loterie à Paris en 1758 ; table des 90 petits sujets annexés
à chacun des numéros.
Ces sujets sont dessinés par Gravelot, qui a bien voulu
composer les petits quatrains qui les accompagnent, et
ils sont gravés par Le Mire, un des plus habiles artistes
en ce genre, a On n'a eu égard dans le choix des figures
qu'à la galanterie qui est naturelle à la nation française, »
et c'est en regardant ces figures qu'on donnait la préfé-
rence à tel numéro ce pour en faire la cour à quelque
dame qui a rcvé de la figure affectée à ce nombre, ou
parce qu'on trouve telle figure plus à son goût que les
autres, ou enfin par quelque raison que ce soit, qui
détermine le choix qui était indécis et suspendu, i»
Un frontispice, représentant la fortune faisant tourner
la roue de la loterie sous les yeux de nombreux specta-
teurs attendant leur sort, précède les 90 gravures portant
chacune le titre du sujet en haut d'un gracieux encadre-
ment, le numéro dans un enroulement du bas, et au-
V
ALMANACHS DU XYIII® SIÈCX.E 291
dessous le quatrain gravé dans un deuxième encadre-
ment très arlislement relié au premier.
Ces figures sont :
LEtrennée, un jeune cavalier embrassant une demoi-
selle à laquelle il a donné un de ces almanachs pour
étrennes.
La Criarde, la nourrice appaisant les cris de sa petite,
en faisant jouer le hochet.
La Contente, la nourrice faisant manger la bouillie à
la petite.
L'Assurée, la petite marchant à la lisière.
La Glorieuse, la petite à la croix de Par-dieu.
La Honteuse, la petite avec des oreilles d*asne.
La Bien élevée, la petite apprenant ses prières.
L Affairée, la petite coéflFant sa poupée.
La Bien instruite, une mère faisant dire les prières de
table à sa petite fille.
La Bienfaisante, une jeune fille donnant la becquée à
son oiseau.
La Désolée, une jeune fille qui pleure la mort de son
oiseau.
La Bien conseillée, une jeune fille qui est le Collin-
Maillard.
La Badine, une jeune fille faisant danser son chien.
L'Eventée, une jeune fille dans une balançoire.
La Petite Maîtresse, ce sont des enfants qui jouent à la
maîtresse d'école.
La Rieuse, une jeune fille qui rit de la chute d'un petit
garçon.
L Espiègle, une jeune fille mouillant des petits garçons
avec une seringue.
L Amusée, une petite fille élevant un château de
cartes.
La Complaisante, une jeune fille traînant son petit
firèredans un chariot.
292 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
La Polissonne, une petite fille jouant à la toupie avec
des petits garçons.
La Paresseuse, une petite fille que sa mère bat.
La Friande, une jeune fille achetant du plaisir des
dames.
La Grondeuse, une jeune fille querellant son petit frère.
L Isolée, une jeune fille jouant seule au volant.
La Curieuse, la sœur aînée avec son amant et la cadette
qui les observe.
La Mal à son aise, un jeune garçon frappant une petite
fille à la main chaude.
L Avertie, une jeune fille cueillant des roses.
L Occupée, une jeune personne qui brode.
La Comédienne, un petit théâtre sur lequel une jeune
fille représente.
La Maraine, le parain faisant à sa commère le présent
ordinaire de dragées.
L Attentive, une jeune fille au catéchisme que le prêtre
interroge.
LEndoctrinée, une jeune personne avec son maitre
d'écriture.
LElectrisée, une demoiselle qui reçoit le coup de
l'électricité.
0
LEcolière, le maître à danser donnant sa leçon.
La fdle à talent, une espèce de concert où une belle
chante.
La Modeste, une jeune personne tenant son éventail
devant ses yeux.
L Envieuse, une fille regardant avec dépit une autre
personne mieux parée qu'elle.
La Matineuse, une belle en négligé.
L attrapée, une belle attrapée au pied de bœuf.
La festée, une belle à qui on présente des bouquets.
La Resveuse, une jeune personne, dans une attitude
pensive, vis-à-vis de deux tourterelles qui se caressent.
ALMANACHS DU XVIII® SIÈCLE 293
L Ennuyée, une jeune personne bâillant.
La Langoureuse, une jeune personne abattue, et près
d'elle un vieux médecin regardant aujour ce que contient
une petite fiole.
L Agaçante, une rencontre dans la rue.
La Voluptueuse, une belle sur sa duchesse.
La Dévote, une belle embeguinée allant à l'église.
La Charitable, une belle faisant Taumône.
La Bichonnée, une belle à sa toilette.
La Coquette, une jeune personne qui, d'un côté laisse
baiser sa main et donne un billet doux de l'autre.
La Jalouse, une jeune personne exprimant son chagrin
de voir son amant saluer une autre belle.
La Parée, une jeune personne essayant une robe neuve.
La Parleuse, une conversation.
La Joueuse, une table de jeu.
L Intéressée, une belle qui reçoit les présens d'un vieux
galant et le jeune amant qui se retire.
La Frileuse, une jeune personne se chauffant les
genoux.
La Baigneuse, une belle sortant de l'eau et un curieux
qui regarde.
La Déguisée, une belle se préparant pour le bal.
La Dormeuse, une belle dormant à l'église.
La Chasseuse, une belle en habit d'amazone, allant à
la chasse.
La Liseuse, une jeune personne lisant.
La Savante, une jeune personne entourée des attributs
des sciences.
La Pèlerine, une jolie fille allant en pèlerinage.
La Bouquetière, la marchande de bouquets qui en passe
un à la boutonnière d'un jeune homme.
La Bohémienne, une belle se faisant dire la bonne
aventure.
La Vielleuse, une savoyarde.
294 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
La charmante Catin, c'est la petite figure qui est censée
parler.
La Preneuse d'oiseaux, représentée portant des cages.
La Jardinière, une jeune personne le râteau à la
main.
La Pescheuse, une jeune fille péchant à la ligne.
La Fermière, occupée des soins domestiques.
La Moissonneuse, une jeune fille sciant le bled.
La Vendangeuse, une jeune fille portant le raisin à la
cuve.
La Bergère, attentive à la flûte de son berger.
La Trayeuse de vaches, une jeune fille à cette occupa-
tion.
La Cresmière, une jeune fille apportant sa crème à la
ville.
La Pileuse, une jeune fille des champs à son fuseau.
La Blanchisseuse, une fille lavant à la rivière.
La Tricoteuse, une fille le tricot à la main.
La Buraliste^ une jolie débitante dans un bureau de
la loterie de TÉcole Royale militaire.
La Petite Marchande ofi'rant sa marchandise dans un
café.
L* Hirondelle de Caresme, présentant sa bourse à un
cavalier.
La Sœur du Pot, allant visiter les malades.
La Fille de chambre faisant le lit de sa maîtresse.
La Cuisinière représentée à son ouvrage.
La Couturière garnissant une jupe.
La Coeffeuse montant un bonnet.
La Ravaudeuse prêtant Toreillc à un laquais.
La Poissarde, les poings sur les côtés, disant ses in-
jures.
La Hardie, une belle signant son contrat de mariage.
La Mariée, Tépoux mettant Tanneau au doigt de
l'épouse.
ALMANACHS DU XVIIP SIÈCLE 295
Les quatrains de Gravelot ne sont le plus souvent
qu'un badinage ; pourtant, quelques sujets lui fournissent
des pensées plus sérieuses.
Voici ceux qui ont été faits pour V Avertie, la Coquette,
la Parleuse, la Liseuse :
27
Lise, prenez garde à vos doigts ;
Souvent ce qui flatte en impose,
Et l'on a trouvé bien des fois
L'épine où Ton cherchait la rose.
49
Coquettes, voilà de vos jeux,
Amour trompeur rit sur vos lè^Tes,
Mais sachez que qui court deux lièvres,
Bien souvent les manque tous deux.
52
On fait ou reçoit des visites.
Il faut parler, c'est Tembaras ;
Ce sont redites sur redites.
Si médisance n'en est pas.
60
En fait d'amis, le sage dit :
Le choix demande un soin extrême ;
En fait de livres, c'est de même,
Lecture orne ou gâte l'esprit.
Cet almanach se complète pour ainsi dire par :
UOniroscopic ou application des songes aux numé--
ros de la lotterie de V École Royale Militaire; tirée de
la cabale italienne et de la sympathie des nombres,
ornée de jolies figures analogues au sujet, et de tablettes
de papier composé, très essentielles à cet ouvrage;
A Paris, chez Desnos, libraire et ingénieur
géographe chi Roi de Dancmarck, rue Saint- Jacques
au Glol)c, M. DCC. LXXIII.
296 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Quoique souvent les songes
Ne soient que des mensonges,
Quelquefois au réveil,
On trouve véritable
Ce qui n'était que fable.
Dans les bras du sommeil.
Frontispice très finement gravé : V Interprète des Songes.
Dans une grotte, séjour d'un vieillard onirocritique,
lequel est assis devant sa table chargée d'une quantité de
livres, une dame accompagnée de sa suivante, demande
l'interprétation d'un rêve ; elle tient une bourse à la main
pour récompenser le mage ; à l'entrée, on aperçoit son
carrosse et ses gens qui l'attendent.
Préface ; puis, de la page 11 à la page 112, noms alpha-
bétiques numérotés. Ce sont ceux dont les songes invitent
à se servir pour mettre à la loterie.
l''^ Estampe. — La Cabale. Observatoire d'où un savant
astrologue, entouré de ses élèves, examine le cours des
astres à travers un télescope ; au bas, plusieurs personnes
empressées à recevoir des nouvelles de ce qui se passe
dans les cieux, et saisissant avec avidité tous les papiers
qui tombent.
2® Estampe. — La belle Receveuse, Une élégante du
siècle, vêtue et coëffée suivant l'art, assise dans son
bureau de recette et enregistrant des mises de toutes
espèces ; à ses côtés, est la roue de la fortune ; au-dessus
d'elle et à ses pieds, sont des génies voltigeant avec des
numéros à la main ; l'un entr autres, lui présente le livre
des combinaisons, ou l'almanach des trois fortunes. On
voit un abbé occupé à payer sa mise ; un militaire, une
dame et différentes personnes arrivant pour faire la leur.
Chacun paraît mettre autant d'importance que d'empres-
sement dans cette expédition, et notre belle receveuse
semble suffire à peine à satisfaire tant d'actionnaires à la
ALMANACHS DU XVHI® SIÈCLE 297
fois. Ah ! si toutes les belles étaient receveuses, combien
l'espoir d'un lot fortuné ne ferait-il pas courir par ambes
et ternes nos magnifiques petits maîtres ? Tout ne serait
plus que combinaisons ; on commencerait par Tamour
du jeu, on finirait par le jeu de l'amour.
3e Estampe. — Le Tirage. Salle de Thôtel de ville de
Paris. Un enfant, les yeux bandés, tire les nombres de la
roue, un commis les appelle au public ; foule de specta-
teurs de tout rang, de tout sexe et de tout âge.
Ces quatre figures sont des plus intéressantes (1).
1774
Les délices de Cérès, de Pomone et de Flore ou la
Campagne utile et agréable, avec un précis des tra-
vaux de Vagriculture, du jardinier et du fleuriste ;
contenant le temps des semailles, de la floraison de
chaque plante et celui des récoltes ;
Ornées de douze estampes relatives aux amusements
de la ville pendant chaque mois ;
Suivies de tablettes pour écrire et dessiner ce que
Von désirera, en se servant de telle pointe que Von
voudra, même d'une épingle ;
(1) Plus tard, à Lugano, en Italie, on a publié les Étrennes aux amateurs de
la loterie royale de France ou la vraie explication des songes aoec leur rapport
aux quatre-vingt-dix numéros de la loterie royale de France, suivie de quatre-
vingt-dix figures allusives aux mêmes numéros, avec des cabales pour le calcul,
tirées des meilleurs auteurs italiens.
Ouvrage traduit de l'italien en français, fort intéressant à tous ceux qui
veulent tenter la fortune par des mises heureuses.
Les figures sont gravées sur bois ; six sujets par page : le Savetier, Porte'
Enseigne, le Criminel pendu, le Cabaret ou l'Hôtellerie, le Pécheur d la ligne, le
Marchand de tabac et sa boutique, pag. 111, etc., etc.
298 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
A Paris, chez Desnos, libraire et ingénieur-géo-
graphe de S. M. Danoise, rue S. Jacques, au Globe,
pour la présente année.
1 front, et 12 figures ; en regard du front, et de chaque
figure, une page de texte gravé en caractères italiques
donnant l'explication du sujet de l'estampe. Charmantes
compositions en haut desquelles et dans le même cadre
un médaillon suspendu par un nœud de ruban et des
guirlandes de fleurs.
Explication du frontispice :
Les quatre Saisons et le signe du Zodiaque, qui indique
les douze mois. Un vendangeur et une vendangeuse fai-
sant leur dernier voyage et une femme portant un fagot
sur sa tête ; plus loin, un homme labourant et un autre
semant. Le Printemps est désigné par la bordure duhaut,
représentant des fleurs. LEté par la faulx, la faucille, le
fléau attachés avec un lien de paille et par des gerbes de
bled éparses. L Automne, par le pampre et les vendan-
geurs. LHijvQr, par différents instruments de musique,
des masques et un flambeau, qui sont les attributs des
bals et de Tobscurité de l'hiver.
Janvier. — Le Gâteau des Rois,
L'estampe représente une famille faisant les rois. Un
petit enfant, entre son père et sa mère, vient de distri-
buer les parts du gâteau ; différentes attitudes de crier :
le Roi boit ! Les domestiques, derrière leurs maîtres, font
chorus avec des contorsions grotesques. Au bruit, le
chien et le chat se battent près de la cheminée où il y a
bon feu.
Médaillon, — Le portrait du roi Janus ayant deux
faces, caractérise le mois de janvier qui lui est consacré
et la duplicité des hommes, contre lesquels il faut se
tenir en garde dans le commerce de la vie.
ALMANACHS DU XVIII» SIÈCLE 299
FÉVRIER. — La Foire de Saint-Germain,
La garde arrête deux filles du monde qui ont volé une
marchande de modes. Celle-ci, en colère, leur arrache
ses pièces de rubans, un sac à ouvrage, etc.; les autres
marchandes leur rient au nez et leur font les cornes ; il
n'y a que la bouquetière qui leur témoigne la douleur
qu'elle ressent de cette triste aventure ; pendant la scène,
un petit filou tire le mouchoir de la poche d'un abbé.
Médaillon. — Le portrait de Pluton, surnommé Februus,
que Ton croyait attirer autant d'hommes qu'il pouvait
dans les enfers; ce qui peut caractériser le danger des
plaisirs.
Mars. — Un Jardin potager et fleuriste.
L'estampe représente des laboureurs et des jardiniers ;
les uns occupés à donner la seconde façon aux terres
pour y semer les mars ; les autres appliqués à greffer les
arbres, semer des fleurs, faire des couches, etc. Les
oiseaux commencent à s'accoupler autour des chau-
mières, etc.
Médaillon, — Le portrait de la déesse Anne Perenne, à
laquelle on faisait à Rome de grands sacrifices au mois
de mars. Le petit autel avec une flamme, au milieu, est
le symbole de la reconnaissance que nous devons à
l'Être suprême pour les biens qu'il nous envoie tous les
ans.
Avril. — Lassemblée à Longchamps,
Dames parées dans une multitude de carrosses, de
calèches et de cabriolets; cavaliers superbement montés,
escortant les équipages ou caracolant ; petits maitres et
petites maîtresses allant et venant.
Médaillon. — La déesse Vénus sortant des eaux de la
mer, est traînée par des colombes sur une coquille ;
symbole de la beauté, dont l'impression semble se mani-
300 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
fester dans ce mois plus que dans les autres et inspirer la
galanterie.
Mai. — Les effets de la sève.
Une jeune villageoise et son amant se tiennent la main
et fixent deux colombes qui se becquètent . Deux paysannes,
leurs mères, les surprennent sans qu'ils s'en aperçoivent.
Elles paraissent satisfaites de l'amour innocent de leurs
enfants. On voit dans le lointain les paysans occupés aux
travaux des champs ; une bergère garde ses moutons en
filant sa quenouille.
Médaillon. — Le Taureau, signe de ce mois, ayant sur
la poitrine les sept étoiles que Ton nomme Pléiades. Elles
étaient filles de Plêione et à' Atlas et furent ainsi méta-
morphosées parce que leur père avait voulu lire dans le
ciel pour découvrir le secret des dieux. On les appelle :
Alcyoné, Céténo, Electre, Maîa, Asterope^ Mérope et
Taygeté.
Juin. — L Accroc prémédité.
Un cabriolet renversé par une de ces voitures que Ton
appelle « diables ». Chute d'une jolie femme et d'un
vieux financier. Un jeune seigneur aussi accompagné
d'une jolie femme font des éclats de rire et semblent
s'applaudir d'avoir si bien accroché le cabriolet. Un
garçon limonadier présente un verre de liqueur aux
malheureux qui viennent de tomber. La scène se passe
sur le grand boulevard.
Médaillon. — Hébé, déesse de la jeunesse, à qui ce
mois est consacré. Elle était tombée en présence des
dieux qui en rirent beaucoup, et sa douleur fut si grande
qu'elle n'osa plus reparaître depuis.
Juillet. — Le rendez-vous au Cotisée.
La cour d'entrée du Colisée. Cercle de conversation de
dames et de messieurs. Un jeune chevalier parle avec
ALMANACHS DU XYIIP SIÈCLE 301
beaucoup d'affection à une demoiselle dont la servante
est un peu éloignée. Passent une autre demoiselle qui se
couvre de son éventail pour surprendre le chevalier,
dont elle est jalouse, et en même temps un homme entre
deux âges, qui écoute en se baissant, la conversation de
la demoiselle et du chevalier.
Médaillon. — La naissance de Jules-César (dont ce mois
porte le nom), allaité par Aurélie, sa mère.
Août. — Le Sallon des tableaux au Louvre.
Un tailleur tient le programme des peintures et dispute
avec un auteur gascon en habit noir, mal-propre et traî-
nant une longue épée ; plusieurs personnes les écoutent ;
on remarque parmi les principaux tableaux celui de
Madame Victoire et ceux de Thistoire de saint Louis,
destinés pour TÉcole royale militaire.
Médaillon. — L'empereur Auguste, revêtu des orne-
ments du Consulat, qu'il avait obtenu avant Tàge dans
ce mois, et qu'il nomma de son nom Augustus, depuis
appelé Août par corruption. Auparavant, il s'appelait
Sexnlis, parce qu'il était le sixième de l'année, qui dans
ce temps-là commençait au mois de mars. L'habit de
consul était la robe Prétexte, bordée d'une bande de
pourpre, etc.
Septembre. — La partie interrompue.
Plusieurs petits maîtres et jolies femmes descendent
de carrosse. Un d'eux est surpris par son père qui le
relient par le bras au moment qu'il entre chez le
s»" Torré. Honte et dépit du fils. La jolie femme qu'il
conduit repousse le père et veut, en continuant sa route,
entraîner le fils avec elle. On voit la patrouille du guet
à cheval, quelques arbres du boulevard et autres acces-
soires.
Médaillon. — Madame la Comtesse de Provence, née le
2 de ce mois, habillée en Cérès. Elle tient d'une main
302 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
une faucille et de l'autre une poignée d'épis et de pavots.
Sur sa tète est une couronne pareille entrelacée dans la
sienne.
Octobre. — Les plaisirs de la vendange.
On voit d'un côté des vendangeurs, de l'autre des
chasseurs, sur la gauche des pêcheurs. Collation de sei-
gneurs et de dames sur l'herbe. Un jeune seigneur écolier
mangeant, grain à grain, une grappe de raisin, alterna-
tivement, avec une jolie petite villageoise de son âge qui
tient la grappe.
Médaillon. — Le Comte d'Artois^ né le 9 de ce mois, en
habit de chasseur, reçoit du dieu Bacchus une grappe de
raisin pour le rafraîchir des travaux de la chasse.
Novembre. — Les Travaux de la Campagne.
D'un côté un laboureur sème le froment, de l'autre on
emporte le fourrage par charretées. Ici, c'est un vigneron
qui encave son vin ; là, un domestique va serrer les
échalas. Les jardiniers émondent les arbres et les saules
au bord d'un ruisseau. Les garçons font des bourrées
pour le four.
Médaillon. — Madame la Dauphine recevant un bou-
quet de Monseigneur le Dauphin, relativement à la
naissance de cette princesse, arrivée le 2 de ce mois.
Décembre. — La Saison des bals.
L'estampe représente une salle de bal et ses danseurs
de tous sexes en domino et différens habits, masqués et
non masqués. Un masque entr'autres porte une lanterne
magique sur ses épaules. Une dame et un homme rient à
gorge déployée de ce qu'ils ont vu.
Médaillon. — Le dieu Momus, levant son masque d'une
main et tenant une marotte de l'autre. Caractère de la
folie et des fous.
ALMANACHS DU XVIIie SIÈCLE 303
Ce délicieux almanach se compose en outre de 53 pages
de texte, d'un avis de Téditeur annonçant ceux qu'il met
en vente pour Tannée 1774; d'un autre avis annonçant
une nouvelle édition du Secrétaire des Dames, puis le
Secrétaire des Dames et des Messieurs ou Tablettes polyp-
tiqiies et économiques, composées d'un nouveau papier
d pour écrire et dessiner aussi distinctement qu'avec la
a plume, sans encre ni crayon et seulement avec une
a pointe d'un métal de composition ou une tête d'épingle,
a tracer et effacer à volonté toutes sortes d'écritures et
a écrire de nouveaux caractères ». 38 feuillets ; sur le cin-
quième est gravé ï Usage du Secrétaire :
a Les six premières pages serv^ent pour écrire à chaque
« jour de la semaine ses pensées, rendez-vous, souvenirs,
a etc.; les vingt-quatre suivantes, qui comprennent les
a douze mois de l'année, sont destinées pour placer dans
d chaque colonne le gain et la perte du jour. Les autres
d pages pour y marquer la recette et dépense de la maison,
a et, à la fin, une table de récapitulation pour chaque
a mois et autre papier blanc pour écrire ce que Ton
(( désirera. »
Le volume est terminé par six pages calendrier des
mois de l'année.
Quant au texte, il est des plus intéressants ; il contient
pour chaque mois les indications pour les travaux de
la campagne, ceux du potager, ceux du fleuriste, les
récoltes, arbres et plantes en fleur, fruits en maturité,
manières de greffer, maladies de chaque saison, précau-
tions à prendre, etc.
Les Délices de Cérès, Pomone et Flore sont la perle
des Desnos.
304 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1776
Almanach de Gotha contenant diverses connais--
sances curieuses et utiles pour Vannée MDCCLXX VL
Gotha, chez C. \V. ErriNGER.
Titre gravé dans un triple encadrement très simple ; un
petit fleuron, mappemonde et deux cornes d'abondance.
Joli frontispice gravé.
12 délicieuses figures, réductions des estampes de
Freudeberg, pour le monument du costume, intercalées
dans le calendrier, en regard de chaque mois, au com-
mencement du volume. Le Lever ^ le Bain, la Toilettey la
Visite inattendue, V Occupation, la Promenade du matin,
le Boudoir, les Confidences, la Promenade du soiry la
Soirée dhyver, le Bal, le Coucher,
Feuillet replié pour la généalogie de la maison de Saxe;
72 pages de généalogie; 8 fl*. non paginés de la table
chronologique des souverains ; 151 pages de texte ; table
et avis, 3 pages ; enfin, 12 feuillets perte et gain, et 2 de
peau d'âne pour écrire le mémento.
Le texte est des plus intéressants ; il contient les articles
suivants :
Epoques, comput ecclésiastique, fêtes mobiles, quatre-
temps, équinoxcs, solstices, le soleil avec les six planètes,
les douze signes du Zodiaque, éclipses, apparition des
planètes, lumière zodiacale, anniversaires de la maison
de Saxe-Gotha, généalogie de la maison de Saxe, généa-
logie de la maison d'Anhalt, liste généalogique des
princes et princesses de l'Europe, table chronologique
des empereurs de l'Allemagne, des rois d'Angleterre, de
Daneinarck, d'Espagne, de France, des souverains et
empereurs de Russie, des rois de Suède.
Diflerentes manières de commencer le jour, année
astronomique et commune, les trois calendriers, ères
diflerentes, les étoiles fixes, le soleil et les planètes, les
ALMANACHS DU XYIII^ SIÈCLE 305
comètes, apparition du satellite de Vénus et de son pas-
sage par le disque du soleil, de la terre, arithmétique
politique, arithmétique économique, cacao. Corps de
l'homme, accroissement, proportion, différence de pro-
portion par la différence des sexes, hauteur de Thomme,
poids de Thomme, les cheveux, les dens, les yeux, le
cerveau, les os, les muscles, les vertèbres, le cœur, le
pouls, la chaleur naturelle, la transpiration insensible.
Histoire : les Kamtschadales ; probabilité : la population
de Londres et de Paris ; principales découvertes, époques
intéressantes, inventions de luxe ; Histoire naturelle : le
paon ; Beaux-arts : les grotesques ; Marchandises : les
huîtres, les moules, les sardines, les anchois ; prix des
oiseaux étrangers, poids, poids ou marc d'or et d'argent,
rapport de ToràTargent, titre de For et de l'argent
ouvragé, rapport des mesures courantes, mesures de
grains, mesure de bois, mesure pour les corps liquides,
comparaison des différens milles, distance entre Gotha et
plusieurs autres villes, note des foires, cours des postes.
Le prix de ce charmant volume était de seize gr.,
relié en parchemin vernissé et doré sur tranches avec des
tablettes et douze taille-douces.
Que les temps sont changés ! aujourd'hui, on ne le
trouve pas à moins de deux cents francs ! Il vaut beaucoup
plus encore quand les épreuves des figures sont bonnes
etcjue la reliure en maroquin est d'une grande fraîcheur.
1780
Etrennes galantes des promenades et amusements
de Paris et de ses environs.
A Paris, chez Boulanger, rue du Petit-Pont, près le
petit Chàtelet, avec privil. du Roi.
Titre frontispice dessiné par Queverdo, 1780. Deux
amours, dont l'un soufflant dans la trompette de la
1891 20
non BULT.ETIN Dl- BIBLIOPHILE
renommée, tiennent au-dessus du titre gravé dans un
médaillon ovale, une draperie sur le coin de laquelle on
lit : Bijou des Dames.
6 feuillets pour le calendrier.
62 pages dont 12 figures, une pour chaque mois, en
regard desquelles la chanson relative au sujet.
Janvier. — Le Contrat de mariage. Un notaire, assis
devant une table, fait signer le contrat aux charmants
fiancés et à leurs parents.
Le contrat, le notaire,
Paraissent charmans
A deux vrais amans.
Etc
Février. — Variétés amusantes. Intérieur d'une salle
de spectacle remplie de spectateurs. Sur la scène, un
acteur avec une lanterne, causant avec une jeune femme
à sa fenêtre.
En vain l'auteur le plus habile
Voudrait ailleurs nous entraîner,
La mode règne en cette ville,
Par elle on s'v laisse enchaîner :
Quicomiue oserait en médire.
Risquerait de passer pour sot.
Il faut aller rire
De .Teannot.
Etc., etc
Mars. — Promenade de Longchamps. Beaux carrosses
et élégants cavaliers passant devant les curieuses et
curieux assis sur des chaises.
Avril. — l.es grands Boulevards, Sous les grands
arbres, un groupe de beau monde ; plus loin, la foule
devant des parades.
ALMANACHS DU XVIIIO SIÈCX,E 307
Après Pâques, sur les remparts,
On voit le peuple et le beau monde ;
Ils accourent de toutes parts
Vers les jeux où la foule abonde,
A celui qu'occupe Jeannot
Chacun applaudit à son mot.
On trouve surtout
Que ce genre est du meilleur goût.
Ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent
S'amusent à voir les parades,
Et plus d'un Gascon indigent
Y fit maintes et maintes passades ;
Mais si quelqu'un, dont il fait cas,
Vient lui proposer un repas,
Ah ! pour l'obliger.
Comme il va bien boire et manger.
Sur les chaises sont des abbés.
Occupés a lorgner des belles,
Mille marchands de nouveautés
Leur présente des bagatelles ;
D'un air satisfait et content,
Les vielleuses vont, chantant
Mille petits airs.
Dont on n'écoute pas les vers.
Cependant, au fond des caffés,
On entend une autre musique,
Dont les sons semblent étouffés
Par une clameur diabolique.
Pendant qu'on dit une chanson,
Un manant crie : A moi garçon,
L'autre dit, paix, là,
Ce n'est que du bruit que cela.
May. — Le Palais-Royal. Des dames, élégamment
habillées, se promènent sous les ombrages du jardin^
d'autres sont assises.
Juin. — Fêtes de Sceaux. Un grand seigneur et une
grande dame, d'autres personnages se promènent dan&
308 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
le parc de Sceaux, près d'une pièce d'eau ; dans le lointain,
beaux orangers, statues et charmilles :
Qui veut voir de belles fêtes
Et de magnifiques eaux,
A surprendre toujours prêtes,
Qu'il porte ses pas à Sceaux.
Là, cent nymphes, cent naïades,
Le front couronné de fleurs,
Folâtrent dans les cascades.
Avec les amours vainqueurs.
Etc., etc.
De la page 21 à la page 44, les mois avec perte et gain.
Juillet. — Champs-Elisées. Promenade d'élégants et
d'élégantes, d'autres assis sous les arbres.
Août. — Salon du Louvre, Exposition de tableaux
(Délicieuse estampe).
Chers amis, courons tous au Louvre,
Pour en admirer les tableaux ;
Au Salon, qu'en ce jour on ouvre,
lis ne furent jamais si beaux.
De toute une famille auguste,
Nous y devons voir les portraits.
Etc., etc....
Septembre. — Fêtes de Saint-Cloud. Danses populaires
sous les grands arbres : plus loin des baraques de saltim-
banques.
Octobre. — Les Vendanges à Vanvres. Très gracieuse
scène. Une jeune fille apporte à la dame du château une
corbeille de raisins ; dans le lointain, la vigne, le mur et
la grille du parc.
Novembre. — Marrons et dessert. Une soubrette fait
griller des marrons au bon feu d'une élégante salle à
manger, pendant qu'un jeune seigneur lutine la maîtresse
du logis.
ALMANACHS DU XYIII^ SIÈCLE 309
DÉCEMBRE. Académie de jeux. Réunion de joueurs au-
tour d'une grande table ; derrière eux des spectateurs.
Que de gens de tout état,
L'avarice ici rassemble;
De même qu'en un combat,
On les voit périr ensemble.
Loin de vouloir comme eux,
Perdre ainsi mes journées,
A des chants amoureux
J'emploierai mes années.
1782
Almanach des Marchés de Paris. Etrennes curieuses
et comiques avec des chansons intéressantes, dédié à
Marie Barbe, fruitière orangère ; dessiné et gravé par
M, Que ver do.
A Paris, chez Boulanger, rue du Petit-Pont, à
rimage Notre-Dame, avec privilège du Roi.
Titre frontispice gravé sur une draperie, à la porte
d'une maison devant laquelle se passe une dispute entre
femmes de la Halle. De la corbeille de Tune d'elles,
jetée à terre, s'échappent des oranges. Au premier plan,
un porteur d'eau retourne la tête pour considérer la
bataille ; au verso du titre, remarques pour la présente
année 1782.
Calendriers des six premiers mois de l'année. 12
figures, une pour chaque mois, et en regard, chansons
ou couplets relatifs au sujet.
Janvier. — Le bon Portugal, oranges fines. Marchandes
d'oranges et acheteurs à côté de la statue d'Henri IV, au
Pont-Neuf.
Février. — La Vallée, marché à la volaille.
Mars. — Marché au poisson.
310 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Avril. — La rue au Fer, marché aux fleurs.
Mai. — Les Ecosseuses.
Juin. — Les gros Gobeis à la courte queue.
Feuillets : Perte et gain.
Juillet. — La Marchande dabricots.
Août. — La Marchande de crème.
Septembre. — Via le melon, via le sucré.
Octobre. — Marchand de chasselas à la livre.
Novembre. — Marrons bouillis, ils brûlent la poche,
DÉCEMBRE. — Du bon boudin gras et salé.
Calendrier pour les six derniers mois. Un dernier
feuillet pour une annonce de Boulanger.
Les titres des romances, rondes ou chansonnettes sont :
Henri IV au Pont-Neuf ou les Oranges, la Volaille ou les
Dindons, les Poissardes ou le Marché aux poissons, les
Fleurs, Vadé à la Halle ou les Kcosseuses, Madame Ur-
gande ou les Cerises, les Ahricots, la Marchande de
crème, les Melons ou la Guinguette, le raisin ou Colinette,
les Marrons, dame Gertrude ou le Boudin.
Cet almanach est le chef-d'œuvre du genre. Rien de
plus gracieux que ces estampes, rien de plus amusant
que ces scènes de la Halle, rien de plus intéressant que
ces vues des marchés de Paris !
Les eaux-forles et les avant-lettre de ces figures sont
remarquables de finesse.
1782
Almanach Dauphin,
Français, vos vcl'ux ardents sont enfin accomplis,
D'un monarque adoré voici la vive imagée.
Dans un Dauphin le Ciel nous donne un nouveau gage
à
ALMANACHS DU XYIII® SIÈCLE 311
De gloire et de bonheur pour Tempire des lys.
Venez, beaux-arts, venez amuser son enfance,
Son accueil vous promet le plus brillant succès,
Et vous devrez uu jour de rapides progrès
A son auguste bienfaisance.
En regard de ces vers, un frontispice (1).
12 pages perle et gain.
1^^ Figure. — L'Arrivée du Courrier. Un cavalier,
bride abattue, passe au milieu d'une foule enthousiaste.
En regard, un feuillet ; au recto : V Arrivée du Courrier,
air nouveau.
Chantons, chantons notre souveraine.
Le cœur s'est choisi ce refrain.
Vive à jamais notre aimable reine
Et Louis seize et le Dauphin.
Soyons joyeux, redoublons d'espérance.
Livrons-nous aux plus parfaits plaisirs,
Un lis manquait au berceau de la France,
Le Ciel vient de le faire fleurir.
Etc., etc
Au verso, calendrier du mois de janvier.
2^ Figure. — U Inauguration du Dauphin. Deux grands
seigneurs apportent au Dauphin, porté dans les bras
d'une dame d'atours, suivie de plusieurs autres dames,
le grand-cordon et l'Étoile du Saint-Esprit.
Feuillet; au recto : L'Inauguration du Dauphin, Air :
Dès le matin ma vive impatience, de Tom Jones.
Au verso : Calendrier du mois de février.
La 3"" figure manque, ainsi que le feuillet en regard.
La 4*^ figure manque aussi ; elle devait être intitulée :
La Présentation de Monseigneur, Comme la romance du
4<î feuillet. Air : Charmante Gabrielle,
(1) Malheureusement, dans Texemplaire que j'ai sous les yeux, il manque,
ainsi que les figures 3 et 4. Ce petit almanach est tellement rare que Je n'ai
trouvé personne pouvant me renseigner sur ces trois gravures.
312 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
5« Figure. — La bonne Nourrice. La nourrice (1) du
Dauphin, en grande toilette, allaite le royal enfant, près
d'un berceau surmonté de la couronne. Autour d'elle,
seigneurs et dames de la cour.
En regard, la romance La bonne Nourriture, Air : Je
ne suis qu*une Bergère, de Sancho-Pança.
6« Figure. — L* Offrande de Mars. Le dieu Mars pré-
sente une palme au Dauphin assis sur les genoux de la
France appuyée sur un palmier portant sous ses branches
un médaillon contenant les profils d*Henri IV et de
Louis XIV.
6^ feuillet : UOffrande de Mars. Au verso : Calendrier
du mois de juin.
7® feuillet. Au recto : Calendrier du mois de juillet ;
au verso : la romance L Enfant des dieux.
7o Figure. — VEnfant des dieux. La reine, sur son
trône, présente le Dauphin à Louis XVI, à genoux devant
elle. Dans un nuage, des dieux portent le flambeau
allumé de l'hymen.
8® feuillet : Calendrier d'aoust ; au verso : V action f^e
grâce. Air : Au bord dune fontaine.
Paris qui loge en France
Depuis longtemps n'a vu
Tant de réjouissance
Pour un nouveau venu.
De la sainte qui chasse
Les fièvres de Paris
Ou s'en va voir la châsse
(1) Madame Poitrine, choisie entre toutes à son apparence de santé et de
bonne humeur. Ce fut elle qui mit à la mode Malborough s'en va fen guerre,
qu'elle chantait en berçant le Dauphin.
ALBfANACHS DU XVIU« SIÈCLE 313
Déeouverte pour lui.
Puis devant le pupitre
Disant Gatideamus,
L'abbé quittant sa mitre
Chante des Oremuê.
S^ Figure. — L action de grâce. Le haut clergé, sur le
parvis de Notre-Dame, reçoit le roi suivi des princes du
sang, de grands seigneurs et de la foule.
9« feuillet : Calendrier de septembre ; au verso : Lu
dons de Minerve. Air : Hun bouquet de romarins {les Ven-
dangeursj.
9^ Figure. — Minerve présente une branche d'olivier
au Dauphin couché dans son berceau, à côté d'un lis et
au pied d'un palmier qui porte Técusson des dauphins
de France.
10« feuillet : Calendrier d'octobre ; au verso : La Joie
publique. Air : Travaillez, travaillez, bon tonnelier.
Chaque bourgeois de sa maison
Fait illuminer la façade ;
Le marchand orne son plafond
Et l'artisan boit à rasade ;
Les fillettes et les garçons
Se prennent pour danser en rond
En chantant, en criant : Vivent sans fin
Le Roi, la Reine et le Dauphin !
10« Figure. — Feu d'artifice thré devant l'Hôtel^de-Ville.
11« feuillet : Calendrier de novembre ; au verso : La
digne mère. Air : Elle fixe mes désirs.
il® Figure. — Charmant portrait de la reine, assise
sur son trône et tenant le Dauphin dans ses bras.
12« feuillet : Calendrier de décembre ; au verso : Le
présent de Vénus. Air : Je le compare avec Loais {des trois
Fermiers.
314 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Quel présent nous fait la beauté ?
Ah ! c'est le trident de Neptune.
12« Figure. — Vénus, dans sa conque marine, autour
de laquelle joue un dauphin, fait à la France guerrière
présent du trident de Neptune.
Après cette figure, les douze dernières pages, perte et
gain, et deux feuillets pour les vers présentés à Mff' le
duc de Lauzun le lendemain de son arrivée, et des vers
sur la reine.
Les figures de cet almanach sont des plus intéressantes
au point de vue historique, comme celles d'un autre
almanach qui contient les fêtes données à l'occasion du
mariage du Dauphin (1774) : le Couple adoré, les Hom-
mages sincères, la Soirée brillante, le Banquet Royale le
Bal majestueux^ la nouvelle Halle, la Place de Louis XV,
le Palais Bourbon, la Place Dauphine, la Placé Royale, la
Place des Victoires, charmantes estampes dessinées et
gravées par Baquoy filius et représentant fidèlement
les fêtes de la cour et les réjouissances populaires.
Vicomte de Savigny de Moncorps.
(A suivre \
A PROPOS DE J. DE BARCLAY
Après les tlièscs de M. Boucher et de M. Dupond, et
même après la substantielle étude de M. J. Dukas (1), la
biographie de Jean Barclay présente encore bien des
lacunes. Notre intention n'est pas de la recommencer;
nous en rappellerons seulement certains points obscurs
qui peuvent recevoir quelque lumière des documents que
nous mettons sous les yeux du lecteur.
Barclav était de famille noble. Sa mère, Anne de Mala-
villers (et non de Malleville, comme on Ta dit jusqu'à
ces dernières années) (2) appartenait à la noblesse de
Lorraine. Son père, Guillaume Barclay (3), était issu
d'une famille de barons écossais, ainsi que le témoignent
des lettres patentes du roi Jacques VI (4).
Notre auteur signait Jean de Barclay, et plusieurs
lettres de lui que nous avons découvertes à la Bibliothèque
nationale, conservent encore son cachet armorié. Il
(1) L. Boucher. De J. Barclaii Argenide, Paris, 1874, in-8* ; A. Ddpond,
L'Argenis de Barclay, Paris, 1875, in-8* ; J. Dukas, Le Satgricon de Bcurclag,
trois articles publiés dans le Bulletin du Bibliophile^ 1880.
(2) Cette rectification est due à M. Em. Dubois, auteur d'une savante et
curieuse notice sur Guillaume Barclay, qui fait partie des Mémoires de VAcO'
demie de Stanislas, année 1870 (Nancy, 1872, in-8*) et qui a été tirée à part.
(Paris, Thorin, 1873, in-8'.)
(3) M. Dubois distingue deux Guillaume Barclay, tous deux Ecossais et
résidant à la même époque en France. Le père de notre auteur enseignait le
droit : son homonyme était docteur en médecine et maître es arts.
(4) Ce document a été publié d'abord par Bugnot, en tête de J. Bardait
Argenis nitnc primum illustrata, Lugd. Batav. etRoterod., exofficina Hackiana
1664, in-8*. Il a clé reproduit par M. Dubois.
316 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
portait d'azur au chevron d'argent accompagné de trois
croix d'argent pattées, timbré d'un heaume de profil au
cimier à la croix pattée.
Jean de Barclay alla se fixer en Angleterre. C'est là que
vint aussi Casaubon après la mort de Henri IV. Le jour-
nal de l'illustre philologue porte quelques traces de ses
relations avec Barclay :
XV Kal. Mai. i6ii. A prandio ad Reginam uxor est profecta
Grenovicum, ubi Bardai um virum pium vidi.
m Non. Fcbr. 161 A. Preste a M. Bardai Buchari. histor.
VII Eid. Jun. i614. Ad Regem hodie Grenovicum profectus cum
eruditissimo et amidssimo Bardaio diera suavissime consumpsi.
Eid. Jun. i6iA. Hodie partim oiTidi causa, partim recreandi
animi gratia, ego, uxor et amici Barclaius et Thorius (1) cum ipso-
rum uxoribus Grenovicum ivimus. Fuitque oblectationi hoc iter, nisi
quod meae infirmitates multum me vexarunt (2).
(1) Il s'agit ici de Ralph Thorie ou Raphaël Thorius. Ce personnage, né en
France, avait étudié à Oxford et exerçait la médecine à Londres, où il mourut
de la peste en 1G25 (et non en 1629, comme le dit Moréri). Il avait pour Teau
une horreur profonde. Gassendi (Yita Peirescit, 1. II) a raconté dans quel
plaisant embarras le mit un jour Peiresc en exigeant de lui par surprise la
promesse de boire un verre de ce liquide détesté. Thorius a publié : Epistola
de causa morbi et mortis Is. Casauboni. (Lugd. Batav. 1619, in-4*), pièce réim-
primée avec la correspondance de Casaubon, 1638 ;Hyninus tabacisioe dePaeto.
(Lugd. Bat. 1622, 1623, etc.) Il est aussi l'auteiu" anonyme d'une Elegia in obitum
Jo. Barclaii. (Lond. 1621, in-4*). Voir sur lui, Lusus in funere Raphaelis Thorii
medici et poetae praestantissimi qui Londini peste extinctus, triste sui deside-
rium reliquit anno 1625. (Lond. 1626, in-4*) et la notice de H. Player en tète de
son édition de VHynmus tabaci (Lond. 1716, in-12;.
(2) Is. Casauboni Ephemerides, Oxonii, 1850, 2 vol. in-8*, p. 833, 1037, 1062 et
1063. — Rappelons que daiisles Epistres françaises d M. J.J.de la Scala (édit. J.
de Rêves, Harderwyck, 1624, in-12). p. 15, 198 et 361, on trouve trois lettres de
J. de Rnrclay, résiflant à Londres, ù Scaliger. De ces lettres, deux seulement
sont datées : elles ont été écrites le 13 juin et le 2 août 1606. Elles nous
montrent Barclay désireux d'entrer en relations avec Scaliger, et insistant
pour obtenir de lui une réponse. Scaliger a-t-il cédé à ses instances? Nous ne
savons. On voit aussi par ces lettres que notre auteur avait fait en Angleterre
la connaissance fie Bongars, qu'il a eu l'intention de faire un voyage en Hol-
lande pour y voirScaliger, et un autre en France pour assisleraux solennités
du baptême des enfants de Henri IV,
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 317
Barclay fut un des lieutenants de Jacques I^»* dans la
guerre que ce théologien couronné soutint contre le
pouvoir du Pape sur le temporel des rois. Il publia un
ouvrage posthume de son père : Tractatus de potesiate
papae (1) et, pour le défendre, écrivit le livre intitulé :
Pietas sive piibllcae pro Regibus ac Principibiis, etprivatae
pro Guil. Barclaio parente Vindiciae adversus Card, Bel-
larmini Tractatum de potesiate summi Pontificis in rébus
iemporalibus (2).
Ces deux ouvrages furent mis à l'index, le premier par
décret du 9 novembre 1609, et le second, le 10 mai 1613.
Bien plus, un ouvrage antérieur de J. de Barclay, le
Satyricon, fut de même condamné le 7 septembre 1609.
Malgré cette sévérité, notre auteur, quelques années
plus tard, quitta Londres et transporta ses pénates à Rome
même. Les motifs de ce départ sont restés obscurs.
Barclay céda-t-il à des scrupules religieux, ou bien,
sentant sa faveur diminuer auprès du roi Jacques,
espérait-il trouver près du Pape une fortune plus bril-
lante ou plus tranquille ? On ne le sait pas trop. Un de
ses biographes assure qu'il avait voulu éviter à ses enfants
les tracasseries auxquelles ils pouvaient être en butte à
cause des lois portées en Angleterre contre les catholiques,
et il ajoute que le roi Jacques lui donna, au moment du
départ, son portrait orné de brillants (3).
Jusqu'à quel point J. de Barclay dut-il, pour obtenir
son pardon du Pape, désavouer ses ouvrages frappés par
l'index? Personne ne l'a dit. Toujours est-il que, dès 1615,
Barclay écri\it de Londres à Paul V la lettre suivante où.
(1) Londres, 1609, M. Dupond en mentionne une traduction française avec
une dédicace au Pape, Pont-à-Mousson, 1611.
(2) Paris, Mettayer, 1612, in-4*. Cet ou\Tage a été reproduit par Melchior
Goldast dans le tome lU de sa Monarchia S. Romani Imperii (Francofurti,
1613, in-foUo).
(3) BuGNOT. J. Barclaii Vita, en tête de rédition de YArgenh citée plus haut.
318 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
tout en faisant son meà-culpà, il sollicite de lui un dédom-
magement de la perte qu'il éprouvera en renonçant au
service du roi d'Angleterre (1).
BicATissiMi: Pater,
Si votorum copiam mihi numen antea fecisset, Beatissime Pater,
nihil optassern avidius quam quod tuac clcracntiae sponte nunc
obtigit, ut neinpe mutata rerum inearum sorte, tuam Sanctitatem
placatam habeam, possitnque te non coramuni tantum christianorum
jure, scd praccipuo aliquo parentem appellare. Equidem augustis-
simam tuam sedcm unicum verae fidei virtutisque domicilium,teque
in ea divinis auspiciis coUocatum, Beatissime Pater, semper colui ;
sed locorum divortio et temporum culpa, minor quam voluissem
fuit hic cultus, et minor quam fuerit, fuisse est creditus. Urebar
anxiis molibus quod offensum tantum Patrem haberem et placare
non auderem. Scd nobilissimi viri, et hic omnia pro tua Sanctitate
expert!, Domini Didaci Sarmiento de Acuno, legati Catholici, opéra
atque verl)ia, primum de tuae Serenitatis clementia omnia sperare
visus sum, mox non sperare modo sed credere. Ingenti itaque
gaudio ubi [)rimum tuam Sanctitatem vocantem audivi, relictis
retibus et navi, tuam vocem secutus sum, nec luculentius animi mei
pignus dare potui, quam quod spem mihi meisque liberis undecim
annis quacsitam apud Regem nunc maxime mihi benevolentem, non
modo omisi, scd prorsus interverti ad tuam Sanctitatem pervolaturus.
Urgeo profectionem meam quantum impedita mulierculis et infan-
tibus familia sinit. Habebis nos propediem omnes Sanctitatis tuae
pedibus stratos, nec aliam salutem aut fortunam habituros, quam
quae tuae Sanctitati placuerit. Deus te, S. P. incolumem diu servet in
Ëcclesiac utilitatem,augmentumquecoronae,quam quotidie in felicis-
simam immortalitatem texis. Vale. Londini, Idibus septembris, 1615.
Barclay, avec les siens, quitta TAngleterrc, sans doute
dans les derniers mois de Tannée 1615. Il séjourna quel-
que temps à Paris, puis traversa la France et s'embarqua
pour l'Italie. Auparavant, il s'était arrêté à Marseille, chez
le poète latin Balthazar de Vias, dont Guil. du Vair lui
(1) Elle nous a été conservée par Bii{;not. ibid.
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 319
avait ménagé la connaissance. De Marseille, Barclay et
sa famille firent voile pour Livourne. Leur traversée fut
signalée par une violente tempête qui leur fit craindre
pour leurs jours. Toutefois, ils débarquèrent sains et
saufs, et se rendirent à Florence, où ils furent bien ac-
cueillis par le grand-duc. De là, ils allèrent à Rome où
ils durent arriver au mois de février ou de mars 1616.
Quoi qu'il en soit, nous les y trouvons installés au mois
d'avril de cette année.
Ces détails nous sont fournis par deux élégies latines
publiées sous ce titre : Balthazaris de Vias ad Aloysiam
de Bonnaire Barclaiam elegiacum carmen cui subjecta est
Aloysiae de Bonnaire Barclaiae ad Balthazarem de Vias
elegiaca responsio (1).
On sait que J. Barclay avait épousé une Parisienne,
fille de Michel de Bonnaire. Le poète marseillais, dont la
pièce est datée du l^»- mars 1616, exprime à la femme de
son ami le regret qu'il a éprouvé de leur départ ; il lui
parle des enfants qu'elle emmenait avec elle, une fille
Quae nondum bis sex Dictynnae cornua vidit,
et un garçon, dont il vante la beauté, Fesprit et la sagesse
supérieure à son âge. La réponse, datée de Rome, Idib.
Aprilis 1616, est pleine de sentiment. On y voit le récit du
voyage de France en Italie, et un souvenir pour Peiresc (2).
(1) Paris, Th. Pepingné, 1647, in-4». L'éditeur avertit le public que la per-
sonne dont il tient ces deux pièces de vers l'a assuré qu'il existait d'autres
œu\Tes inédites de Barclay ; nous ne croyons pas qu'elles aient été mises au
jour.
(2) Nous y relevons seulement ces vers charmants sur le petit Barclay à son
arrivée sur le territoire romain :
Tybridis aadito surrexit nomine Natu>,
Fa teadem geminas ad mea colla manu^ :
» Hic, precor, 6 geaitrix , quo cespite conditor Urbis,
Quo jacuit frater cespite Rhemu.*, ait?
Onae sylvae misère Lupam? quave arbore sedit
Qui tenerus Picus detuJit ore cibof? >
Hi^imiN : urgebat. FaUum monstraTiinns agrum.
Finie «alis hoc, «ati< est hoc qaoqne saepe vins.
320 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Ce petit poème a fait grand honneur à LiOuise de
Bonnaire ; malheureusement elle n'en est pas l'auteur,
comme on l'a cru : c'est son mari qui a tenu la plume
pour elle. C'est ce que nous apprend une note qui suit la
pièce dans la réimpression qu'en a faite B. de Vias lui-
même, à la fin de ses Charités : loannes Barclaias uxoris
nomine respondit (1).
Bientôt après son arrivée à Rome, Barclay s'occupe de
donner des preuves de résipiscence, et écrit sa Paraenesis
ad sectarios(2). Il parait que dans la rédaction primitive
de cet ouvrage, Barclay malmenait quelque peu son
ancien patron, le roi d'Angleterre, si bien qu'on dut
modérer son zèle et lui demander des corrections avant
de lui accorder V Imprimatur. C'est ce que nous apprend
une lettre du cardinal Bonsi, évoque de Béziers, et depuis
peu nommé membre de la congrégation du Saint-OfBce.
« ... Je serois marry, écrit-il à M. de Puysieux, que de mon
temps se passast chose qui ne soit conforme a la commune intelli-
gence de la France et au seruice du Roy, me pouuant donner ceste
louange que i'ay empesché l'impression de plusieurs libures qui
(1) Balth. de Vias. Charititm lihri III, Paris. 16C0, in-4*, p. 362. — Il parait
que Louise de Bonnnire était très jalouse. Cela ne contribuait pas, il s*en faut,
à la paix du ménage ni au bonheur de son époux, qui s'en plaignait, comme
on le voit par une idylle de Vias (Charités, 1. 1, eid. x, p, 24), adressée à Bar-
clay lui-même. On voit aussi par cette pièce que Barclay songeait déjà à
VArgenis avant d'être A Rome, et que H. de Vias est pour quelque chose dans
les vers dont ce roman est mêlé :
Milita tua Argents de me (ert carmioa, qiiae t^
laserui alloquiU sollicitante tui«,
Kl tihi sum Nirupompa« ego, Mteria per me
Viilnerihu-t saQi<> hic Puliarcliu^ habet.
(2) Homae, 1617: autre édition, Coloniae, 1617. Une traduction française
fut publiée à Liège, 1634, in-4', par J. Waltery de Castro, chanoine de Visé-
sur-Meuse.
On a attribué ù notre Barclay l'écrit intitulé /. Barcleii, de rébus Britannicis
novis ad snos Geniiles epistolae, Francopoli. s. d. in-8» (Mazarine, 32,328).
C'est à tort, car cet ouvrage fait allusion au règne de Charles I". et notre au-
teur est mort quatre ans avant que ce prince montAt sur le trône.
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 321
n'auroient esté aggreables ny au Roy, ny aux autres Princes, et que
Sa S^*^ m'a fait rhonneur de dire autresfois en pleine Congrégation
que ie Tauois bien conseillée et par ceste cause on n'a pas laissé
imprimer icy un nouueau libure du S' Barclay Contra sectarios
sans quMl ayt esté auparauant corrigé en plusieurs endroicts, roesmes
ou il traictoit avec peu d'honneur du Roy d'Angleterre... » (1).
Dans une longue préface, Barclay donne des explica-
tions assez embarrassées sur les motifs qui Font porté à
publier les ouvrages condamnés par la cour romaine, et
sur ceux qui lui ont fait quitter TAngleterre. A l'en croire,
il n'écrit pas sa Paraenesis parce qu'il s'est réfugié à Rome,
mais il s'est rendu dans cette ville afin de pouvoir libre-
ment récrire. Il rend hommage à la bienveillance que lui
témoigne le cardinal Bellarmin, son ancien adversaire.
Il déclare du reste qu'il n'a jamais cessé de professer la
religion catholique , môme en Angleterre , usant pour
cela de la tolérance que lui valait sa qualité d'étranger.
Tout autre aurait été, d'après lui, la situation de ses enfants
qui, nés en Angleterre, auraient été, par là même, exposés
aux vexations édictées en ce pays contre les catholiques ;
et c'est surtout pour les en préserver qu'il a quitté la
Grande-Bretagne, malgré les avantages que lui faisait le
roi Jacques.
Quant aux ouvrages qu'il a écrits précédemment, Bar-
clay nous apprend que les applaudissements qu'ils lui ont
valus de la part des hérétiques qui lui ont ouvert les yeux. Il
réprouve donc certaines opinions qu'il y avait émises,
notamment sur l'indépendance absolue des rois à l'égard
du pouvoir spirituel et sur les immunités ecclésiastiques.
Enfin, il désavoue un libelle injurieux pour le roi
d'Anglererre, répandu dans le peuple peu après son départ
de Londres, et dont on le faisait l'auteur ou l'éditeur.
( 1 ) Lettre du 19 septembre 1617. Biblioth. Nation., fonds français, 18,011,
f221.
1891 21
322 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Tout en recueillant à Rome les bienfaits du Pape ,
Barclay travaillait à se ménager les bonnes grâces du
gouvernement français et à obtenir de lui quelques
faveurs. Déjà en passant par Paris pour se rendre d'Angle-
terre en Italie, il avait vu M. de Puysieux, secrétaire des
commandements du roi, et lui avait fait ses offres de
service. Pour se rappeler à son souvenir, il lui fit hom-
mage (le sa Paraenesis ad sectarios. Voici en quels
termes :
Monsieur,
La courtoisie auec laquelle il vous a pieu autresfois receuoir
quelques escris que i'auois mis au iour m'a donné la hardiesse de
vous enuoyer un petit ouurage que i'ay dressé contre les Sectaires
de ce temps. Ce n'est pas que ie l'estime digne de passer sous vostre
veuo, mais pour auoir nouucau suiet de vous offrir mon treshumble
scruice et vous dire qu'il n'y a rien qui m afflige plus en ce monde
que le peu d'occasion a faire paroistre auec combien de vérité ie
vous ay voui' le peu qui est en moy. II me fust impossible au partir
d'Angleterre de vous dire les raisons qui me portoyent en Italie, ce
que ic desirois infiniment pour me régler selon vos commandemens,
mais ic vous peus dire en vérité qu'autant que la fortune m'a esloignee
de la France autant me sont crcus les désirs d'estrc éternellement
Monsieur,
Vostre très humble et tresobeyssant seruiteur
Jean db Barclay.
Dt» Home, 25 septembre
1017.
A Monseigneur,
Monseigneur de Pisieux ,
Conseiller du Roy on ses
Conseils d' Estât et privé, et
Secrétaire de ses commandemens.
A Paris (1).
( 1 ) Nationale, fr. IS.OH, f- 239.
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 323
Quelque temps après, Barclay composa VArgenis,
roman dans lequel il voulut faire entrer l'histoire de son
temps (l). Il eut la pensée de se faire payer les éloges
qu'il y donnerait et la gloire qu'il y pourrait distribuer.
Il intéressa à ce projet la vanité du chancelier Brulart de
Sillery et celle de M. de Puysieux, son fils. Celui-ci
échangea à ce propos plusieurs lettres avec Barclay, et
lui fournit même certains documents à mettre en œuvre
dans le roman. Il pensait sans doute tout d'abord en être
quitte pour recommander l'auteur à la bienveillance du
marquis de Cœuvre, ambassadeur de France à Rome, et
lui assurer ainsi la faveur de la cour pontificale. L'ambas-
sadeur le détrompa :
... Monsieur jay rcceu la lettre que vous maves escripte pour M»"
Barclee auquel comme jusques icy ie lay veu fort incliné au seruice
du Roy jay aussy fait tout le bon accueil que jay peu mais ie
continueray d'aultant plus volontiers que ie voy le soing que vous
en auez et que le Roy la aggreable, mais ie croy que ce n'est pas son
principal but estant bien traicté du Pape et en bonne estime près de
Sa Sainteté et de plusieurs cardinaulx, et disant que si l'affection
quil porte au seruice de Sa Ma** et de la France lempesche de
voulloir entendre aux offres qui luy sont faictes par les Espagnols
de le gratiffîer de bénéfices au Roy™e de Naples, il croit, comme il
semble estre, bien raisonnable auoir subiect de désirer quelque effet
présent de la libéralité de sa Ma** soit en pension ou en beneGces
pour ses enfanlz et quoy que ce soit que Sa Ma** face pour luy
jestime qu'il sera fort bien employé... » (2).
( 1 ) M. Boucher ( op. cil.) et M. Dupoiid ne sont pas d'accord sur le but de
VArgenis. Le premier ne voit dans cet ouvrage qu'un traité de politique
encadré dans un roman qui n'a rien d'historique ; le second le considère,
au contraire, comme la peinture allégorique d'une époque en même temps
qu'un traité «le politique sous forme de roman. Les lettres de Barclay que
nous publions donnent raison à M. Dupond.
(2) Dépêche du manjuis de Cœuvre à M. de Puysieux. Home, 15 juillet 1G20.
- Bibl. Nal. fr. 18.014. P XYl, V.
324 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Nous n'avons pas les lettres de M. de Puysieux à Barclay,
et c'est dommage. Toutefois, nous avons retrouvé les
réponses de Barclay : elles nous montrent que Louis XIII
s'était résolu à lui accorder une pension et que certains
passages de VArgenis ont été retouchés sur l'avis du chan-
celier Sillery. Voici ces lettres (1) :
Monsieur,
lay receu celles dont il vous a pieu m'honorer du 3 etdu 17 de juin,
accompaignees des mémoires que ie desirois infiniment pour auoir
occasion de faire esclorre quoique partie du treshumble seruice que
ie vous ay voué. l'espère d'en vser en sorte que vous aurés quelque
occasion de vous contenter de mon seruice, et que le crayon que ie
tireray de Monseigneur le Chancellier durera aus yeux de la postérité.
Je vous suis extresmement obligé Monsieur pour la recommendation
qu'il vous a pieu faire de moy de la part du Roy à Monsieur le Mar-
quis de Cœuure ; quoy que ie ne croye point que l'occasion me deut
arriver de l'importuner pour aucune assistance à mes affaires de deçà,
ayant Dieu soit loué tout le suport que ie scaurois désirer en sa
Sainteté et en sa Court. Il cognoit la passion que i'ay de me déclarer
françois et crois luy en auoir donné quelques prennes depuis qull
est icy Ambassadeur, mais il scait ce qui m'empcsche de rendre les
seruices que peut estre ie pourrois, et lui en ay dit rondement les
causes, lesquelles il n'a peu desapprouuer, et m'a dit qu'il s'asseuroit
que quant vous en sériés aucrty vous les trouucriés légitimes et
et apporteriés le remède qu'il faut. le crois qu'il vous en escrit et
scai bien Monsieur que si quelque chose ce fait pour moy ie vous
en dcui'ay tout entièrement le grammercy, comme aussy ie tascheray
de ne point estre le plus inutil de tant de seruiteurs que vous aués
obligé. Si vous faites plus pour moy que la naissance n'a fait, cest
a dire si vous m'obliges a estre françois, i'addresseray l'œuure que
i'ay a cett' heure en main au Roy auec une préface qui peut estre
de quelque importance, particulièrement icy, ascavoir des obligations
que les Roys ont au Saint Siège et mutuellement que le Saint Siège
a aus Roys de France. Outre ce que i'ay a dire au corps du livre de
(1) Les originaux sont à In UiblioUiôque nationale, fonds français, n* 18,014,
f** 324 et 524 : n- 18,015, f 5.
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 325
Monseigneur le Gbancellier, il y auroit en cette préface un tresbaeu
et honorable champ pour ses louanges. Ce ne sera pas par la
plume seulement mais par toutte sorte de seruices que ie seray
iamais capable de vous rendre que ie m'estudieray de me monstrer
Monsieur,
. , , ,. . , .. . Vostre treshumble et très
Lesuietduhureoujepretendsfaire ^^eyssant seruiteur
entrer a bon escient Monseigneur
le Ghancellier et vous aussy, est une Jean de Barclay.
inuention assés gaye comprise en
cinq liures ou se traitte de la pluspart des affaires de nostre temps.
J'y adjousteray cette préface de laquelle ie vous ay parlé si le Roy
accepte mon seruice (1) et tourneray aisément le stile de tous les
cinq liures à l'honneur de la France.
De Rome, 12 Juillet 1620.
A Monseigneur,
Monseigneur de Puysieux, conseiller du Roy en ses conseils
d'Estat et priué et secrétaire de ses commanderaens, etc.
Monsieur,
Ayant appris depuis peu que Sa Maiesté s'estoit résolue de me faire
son pensionnaire, i'ay tresasseureement creu que cett' avantage ne
m'estoil pas arriué sans l'honneur et le port de vostre faneur. Ce
mot sera pour vous en remercier treshumblement et vous dire que
ie me tiens entièrement asseuré qu'il vous plaira acheuer Touurage
si bien commencé. Je scai Monsieur qu'il dépend tout a fait dévoua
de borner ou eslargir en cet' endroit la libéralité du Roy. Gela me fait
vous supplier auec plus d'instance qu'il vous plaise me monstrer par
cette occasion qui ne se recouure pas ayseement que vous me tenés
pour vray et perpétuel seruiteur de vostre maison. La chose sera
tant plus aysee que ie ne suis ny françois ny Italien, et que ie pour-
rois seruir le Roy et me ressentir de ses libéralités quant bien ie ne
serois pas en cette ville de Rome, tellement que les pensionnaires
Italiens et François que Sa Maiesté a icy ou qu'elle y fera, ne seau-
royent tirer a conséquence la faueur auec laquelle on me traittenu
( 1 ) Cetle préface, si elle a été écrite, n'a pas été imprimée.
326 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Enfin Monsieur, c'est de vostre bonté et courtoisie que ie demande
et espère issue fauorable a cett' affaire sachant bien qu'elle est
entièrement en vostre main. J'attens aussy quelque responce sur les
pièces que ie vous enuoyay dernièrement pour m'y pouuoir reigler
selon que me le commandercs. le n'attens quasi autre chose pour
acheuer tout Tœuure, lequel pourra commencer a estre mis sous la
presse enuiron ce Noël prochain, si vous en faites scauoir d*heur
vostre iugement à
Monsieur,
Vostre treshumble et tresobeyssant seruiteur.
Jean de Barclay.
De Rome, 18 octobre 1G20.
A Monseigneur,
Monseigneur de Puysicux ,
CSonseiller de Sa Maiesté en ses
CSonseils d'Estat ot priué et secrétaire
de ses Gommendcmens, etc.
Monsieur
J'ay receu celles qu'il vous a pieu m'escrire du 2 Décembre, et y
ay appris la resolution de Monseigneur le Ghancellier touchant ce
que ie m'estois proposé de faire pour son seruice. Je ne faudray pas
de suiure son commandement, quoy que ie soye fort d'opinion que
s'il eut veu tout l'œuure il eut modéré ce sien auis. S'il eut trouué
bon que ie changeasse on adioutasse quelque chose en ce qui le
concerne je me fusse estudié de ne point passer ses volontés ( 1 ) . Ge
sera quant il luy plaira que ie luy rendray ce très humble seruice.
Et si ie peus apprendre qu'il ne doiue point trouuer mauuais que ie
face doresnauant quelque semblable essay a son desceu, ie n'atten-
dray pas qu'il me le commande, désirant sur tout de monstrer, soit
par la plume soit par auti-e moyen combien grand admirateur ie
suis de ses treseminentes qualités, et des vostres Monsieur de qui
(1) Ces paroles indiquent bien que le chancelier Sillery, sous un nom em-
^prunté, joue un rôle dans le roman. Cependant les clés ne i>arlent pas de lui.
Au contraire, toutes reconnaissent Villeroy sous le personnage de Clâibule,
bien qu'ily ait à cotte identification degrosses difficultés, ainsi que le rt^marque
l'auteur du Discursus in Argenidem, placé en télc de Tédition eizévirienne.
U est donc probable, sinon certain, qu'il faut corriger les clés et lire Sillery
au lieu de Villeroy. ,
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 327
Fattens sur toutte autre faueur l'ouuerture de quelque moyen pour
faire paroistre la vérité de ces miens vœus. le m'asseure que vous
aués deuant cett' heure résolu de mon affaire, de laquelle ie me tiens
seur d'auoir bien tost des nouuelles qui me feront recognoistre que
vous m'aurés traitté auec la faueur que doit espérer
Monsieur,
Vostre treshumble et tresobeyssant serviteur,
Jean de Barclat.
De Rome, !«' janvier 1621.
A Monseigneur,
Monseigneur de Puysieux,
Conseiller de S. M. en ses Conseils
d'Estat et Priué et secrétaire de
ses Commendemens, etc.
Le roman terminé, Barclay l'envoya à Louis XIII avec
une lettre différente de la dédicace latine qui le précède
dans les éditions. Il y sollicitait les bienfaits du roi et
promettait de travailler encore pour son service. Cette
lettre n'est pas autographe comme les autres ; elle porte
seulement la signature de Barclay. Sans doute, la maladie
l'avait empoché de l'écrire lui-même. On sait, en effet,
qu'il mourut deux jours après (1).
Sire,
Quoy que les vertus et les armes de Vostre Maiesté esclatent de
sorte quil semble que ce soit leur faire tort de choisir en ce siècle
autre suiect d'escrire, sy est-ce que i*ay osé vous ad dresser cet œuvre
comme chose deuë a Vostre Maiesté, puis que son principal but est
de traicter des guerres et des amours d'un jeune et chaste Prince
qui semblent estre tirées sur le modelle de vostre courage et génie
(1) I^ 12 août 1621. selon Moréri ; le Dictionary of National Biography
edited by Leslie Stephen (London, 1885, in-8-, t. HI, p. 163) dit le 15. Ralph
Thorie. dans son élégie latine sur la mort de Barclay, insinue qu'il ftit
empoisonné. ,
328 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Gecy n*e8t qu'un essay de l'estude ou ie pretens m^emploier pour
estre conté au nombre de ceux qui se seront penéz de représenter a
la postérité quelque partie de toz actions plus heroiques, ne voulant
céder en ce point a ceux qui ont l'honneur d'estre néz suietz de
Vostre Maiesté. Recevez donc cecy, sire, s'il vous plaist pour arres
d'un travail qui vous sera plus aggreable, et sy vostre royale bonté
veut encourager ces miens desseins par quelque faueur, que ce soit
de me donner par ses commandemens suiect de me faire paroistre.
De Yoste Maiesté,
Sire
Très humble très obéissant et très affectionné seruiteur,
Jean de Barclay (i).
De Rome, X Âoust 1621
La pension promise à Barclay par le roi de France lui
fut-elle payée ? Nous ne savons, mais après sa mort, sa
veuve ne fut pas oubliée de M. de Puysieux ; nous en
avons pour preuve la lettre suivante écrite parle frère de
cette dame :
Monseigneur,
Jay creu estre obligé de ioindre a celle de Madii® de Barclay, ma
seur , ce peu de lignes pour vn remerciement très affectionné de
la bonne volonté qu'il vous plaist luy monstrer par vos lettres, et a
son filz mesmement, qui s'aduance désormais et croist en espoir de
vous pouuoir seruir. Il se voit par icelles que la protection des
voufues et des pupilles, ne vous est pas moins recommandée par
vostre bonté propre, que vous estoit la seruitude du père par sa
sincérité et deuotion. Nous ne pouuons augurer que tout bon succès
voyant ceste propension en leur endroit. Que s'il en reuscit le bien
que nous auons suiet d'espérer par vostre moyen, et elle, et moy,
vous en pourrons a bon droict nommer l'autheur et principal motif.
Et est mal aisé de croire que l'aiTection passionnée du deffunct au
seruice du Roy et de TEstat, aydée d'vn sy grand et fauorable port
(1) Nationale, tr. 18,017, f^ 26»
A PROPOS DE J. DE BARCLAY 329
comme le vostre ne soit en quelque considération d'autant plus que
les mesmes vœux (bien que plus foibles) viuent en sa postérité et
en moy particulièrement de me faire cognoistre et estimer
Monseigneur,
Pour
Votre très humble et très affne seruiteur,
De Bonnaire
Rome, ce 12 feurier (1622).
Monseigneur,
Monseigneur de Puisieux.
En coort (1).
Peu de temps après, le roi accorda au fils de Barclay,
âgé d'une douzaine d'années, une pension de douze cents
livres. Nous avons trouvé une copie du brevet qui lui en
fut octroyé :
Aujourd'huy III» d'Auril Tan Mil six cens vingt deux, le Roy estant
a Blois bien informe de Taffection du feu Si* de Barclay au bien de
son seruice, et voulant espérer que Jean (2) de Barclay son fils a
son imitation sesleuera en ceste mesme deuotion, Sa Ma^ pour luy
donner plus de moyen de continuer ses estudes, et se former a la
vertu luy a liberallement accordé et faict don de la somme de XIIc
liures de pension a presleuer sur les deniers tant ord^®* qu'extraord"»
de son Espargne, veult et entend qu'il soit couché et employé dans
fVestatJ de ses pensionnaires pour lad. somme de XII^ liures et
d'icelle payé par les Trésoriers de son Espargne chacun en Tannée
de son exercice à commencer du premier jour de la présente année
et ce en vertu du présent breuet quelle a voulu signer de sa main. (3).
Nous donnons, en terminant, une pièce de vers latins
attribuée à un Barclay. Est-elle de Guillaume ou de son
fils? Rien ne nous le dit; pourtant nous n'y trouvons
( 1 ) Nationale, fr. 18,018, f^ 72.
(2) Le fils de Barclay s'appelalt-il Jean ? D'autres disent Guillaume.
(3) NaUonale, fr. 17,364, f , page 520. Copie.
330 BULLETIN DU BreLIOPHILE
pas l'élégante facilité de l'auteur de VArgenis, Ce petit
poème ne se trouve pas dans les Deliciae poetarum scoto-
rum (1) où l'on a donné place à quelques poésies de
Guillaume Barclay à la suite de celles de son fils (2).
In Reditum Reginae Margaritae in Gallias (sic), i605,
0 patria, o arces, o dulcia tecta parentum ;
Unde auus, vnde pater, très vnde ex ordine fratres
Sceptra tulere mei, me n'o cur nescitis arces ?
Ula ego sum, cui vos cunabula chara dedistis,
Et patrio ingentem cultu jactastis alumnam ;
Stirpe Deas, et fronte Deas, et sidéra vultu
Gum premerem, amborum spes ambitiosa procorum ;
Nunc conjux vidua et vani cum nomine Regni,
Rupibus e nudis longique e carcere montis
Excedo, sed et hic causas infesta dolendi
Disponit fortuna mihi monstratque colendam
Quae mihi successit, quique ah de corpore nostro
Debuit esse puer ; sed nec contendere promptam
Damnauit dudum miseram fecitque nocentem
Prosperior fortuna viri, nunc cedere Diuis
Aduersoque juuat miseram subscribere fato.
0 dolor, en potui victos inflectere vultus,
Despectosque orasse viros ; ne crédite viuam,
lam mea non vnum consumpsit stamina lethum ;
Et viuo et morior toties, me funere longo
Nempe raori decuit, quae tôt per saecula clarum
Induco tumulis suprema Valesia nomen. ( 3 )
Ch. Urbain.
(1) Amstelodami, 1637, iii-18, p. 76-141.
(2) Les poésies de Jean de Barclay avaient paru d'abord sous ce titre :
J, Bcwclaii Poematum libri duo. Londini, Edw. Griftln, 1615, iii-4.
(3) Nation, fr. 25,560, 1^ 58.
ÉTUDE
SUR LES
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS
DE LA FIN DU XV* SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XVI*
(Suite et fin.)
1521
Poliziano. — Stanze per la giostra del magnifico
Giiiliano di Piero De Medici,
In-8o . 40 ff. non numérotés, registres A-E, par 8, le
dernier est blanc. Car. cursifs. Encadrement au fron-
tispice, à fond noir, pointillé de blanc. Au verso de D3,
un bois assez joli, mais gravé sans soin, occupant toute
la page, et représentant un homme (Orphée) jouant du
violon, et sept femmes assises, qui l'accompagent sur diffé-
rents instruments. A la fin : Stampate per Nicolo Zopino
e Vincentio côpagno nel. M.CCCCC.XXL adi XXX. de
Agosto Régnante lo inclito principe Messer Antonio Grimant.
(Bibliothèque Landau). Voir Bibliografia délie antiche rap-
presentazioni italiane... par le vicomte Colomb de Batines,
page 74 (1). Batines cite à propos des Stanze de Politien,
les éditions vénitiennes in-8® du 10 octobre 1505, de
Maestro Manfredo di Bonello di Monteferrato, du 12 mars
1513, de Zorzi de Rusconi ; du 14 mars 1515, de Zorzi de
Rusconi ad instanza di Niccolà Zoppino e Vincenzo corn-
( 1 ) La Favola dOrfeo, fut, scion AfTo, récitée à Mantoue en 1472 ; il est pro-
bable que les Stanze furent composées à la même époque.
332 BULLETIN DU BIBUOPHILE
pagni ; du 10 novembre 1516, de Marchiô Sessa e Pietro
de Ravani Bresciano compagni; du 20 octobre 1518,
de Zorzi de Rusconi. Il ne dit pas si elles ont des bois,
mais il est probable que, comme celle de 1521, elles en
sont ornées.
1524. — Stanze di Messer Angelo Politiano Comin--
tiate per la Giostra.
Petit in-8o ; encadrement à fond noir, mal grave ;
verso D iii, le bois de la première édition. A la fin :
Fine.,, Stampate nella inclita Citta di Venetia per Nicolo
Zopino e Vicentio compagno nel M,D,XXIIII, Adi, xii de
Marzo... Au-dessus, marque de Zopino (Marciana, 6403).
1521
Opéra vtilissima a qualunche fidel Christiâo, Inti-
tulata Spechio délia Sancta matre ecclîa. Con la sua
Tabula deli capitoli, Nouamente stàpata. Feuillet A. 2.:
Opéra,,, composta dal Reuerendissimo Ugone Cardi-
nale de Sancto Uictore.
Petit in-S® gothique de 37 feuillets numérotés, plus 3,
un pour la table, un pour la marque placée au verso et
un blanc. Le titre est entouré d'un encadrement, au
trait, formé d'arabesques pour le haut et les deux côtés,
et d'une scène dans la partie inférieure. A l'intérieur de
l'encadrement, en bas à droite et à gauche, un petit bois
ombré à fond noir au pointillé, représentant VElévation ;
très médiocre. Au verso, une Crucifixion, au trait, rendue
extrêmement confuse par la multiplicité des person-
nages. Recto E. 7, un assez joli bois ombré, représentant
la Pentecôte, Dans le milieu, en bas, au-dessous de la
Vierge, s'appuyant sur l'encadrement à fond noir, une
petite colonne flanquée de deux pointes, différant un
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 333
peu de forme de celle que nous avons signalée dans le
Dante de 1512 el autres ouvrages. Cette colonnette ne
saurait être un ornement; elle est à coup sûr une
marque qui paraît imitée de celle de 1512 ; peut-être
même est-ce la signature du graveur • / • • C • qui aurait
modifié en 1521 la marque adoptée par lui de 1512 à
1515. Le style de ce bois est différent de celui des bois
antérieurs avec la colonnette; les détails ne sont pas
plus soignés, l'ensemble n'est pas meilleur ; il est ombré
très fortement à l'aide de hachures profondes et très
rapprochées, ce qui donne des ombres beaucoup plus
accusées qu'elles ne le sont habituellement à cette époque.
L'encadrement à fond noir est très fin et fort gracieux.
Au verso, la Justice, avec l'épée et la balance, assise sur
des livres ; au-dessous A. B., marque de A. Bindoni. Le
colophon est au bas de la table, au verso E. 6 : Stampata
in Venetia per Alessandro di Bendoni. M. D. XXL Die. 7.
Septébris, (Librairie Rosenthal).
1524. — Opéra utilissima a qualunque fidel chris-
tiano intiiulaia Specchio délia Sancta Chiesa.
In-S*^ goth. ; figures sur bois. Vinegia, Bindoni, 1524.
(Deschamps, t. II, col. 78).
1521
Lo amoroso Côuinio di Dante : con la additione :
Nouamente Stampata.
In-8o de 8 ff. prél. et 151 numérotés, registres A-a-t;
caract. rom. et goth. Au-dessous du titre goth., le buste
de Dante couronné de lauriers, vu de profil; bois un peu
grossier, mais assez bon. A la fin : Stampata in Venetia
per Ziiane Antonio : et FradelU da Sabio: Ad instantia
de Nicolo e Dominico dal lesus fradelli. Nel Anna del
334 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Signore. M. D. XXL Del Mese di Ottobrio, (Bibl. Nat. de
Florence, dont l'exemplaire est annoté en marge par le
Tasse. — Arsenal, B. L. 4855).
1521
Agostini (Nicolô di). — Lo inamoramento di messer
Lancilotto e di MAdonna geneura nelquale si trat^
tano le horribile prodezze e le strane uenture de tutti
li Cauallieri erranti délia tauola ritonda.
In-4o . titre rouge et noir ; la première ligne gothique ;
le reste, ainsi que le texte, en lettres rondes; à 2 colonnes.
Le premier et le second livres de A à K-viii ; le second
livre n'a pas de titre ; au recto K-viii, au-dessous de Finis,
le colophon suivant : Composta per Nicolo de Agustini e
Stampata in Venetia per Nicolo Zopino e Vicentio sua
compagno NeL M. CCCCC.XXL Adi XXXI de Ottobrio...
Au-dessous se trouve la marque de Zopino : S. Nicolavs
avec .N, ,Z, Le troisième livre commence au feuillet A,
par ce titre : Libro terzo e vltimo del innamoramento di
Lancilotto e Gineura con li grandissimi torniamenti e
battaglie fatti per amor : historiato : e composta per
Nicolo di Aiignstini,., Nouamëte stâpaio del M. D. XXVj,
imprimé en lettres rondes et gothiques rouges et
noires; le registre de A à K-iiii. Au-dessous du titre,
grand bois ombré : un cavalier, tourné vers la droite,
lève son épée pour en frapper un homme à terre ; dans
le bas, à droite, la signature . z, a. Cette gravure, entourée
d'un large encadrement à fond noir, au pointillé, formé
de feuilles d'acanthes, est assez bonne, et dans la facture
ordinaire de z. a. ; 11 bois pour le premier livre, du
même style que le bois du titre, mais non signés ; 5 bois
pour le second livre, du même style. Le bois placé au-
dessous du titre du troisième livre représente Lancilotto à
cheval, regardant à gauche et perçant, d'une longue
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 335
lance qu'il tient des deux mains, un cavalier venant de
gauche ; dans le fond, arbres, monticules et combat de
cavaliers à gauche. Cette gravure, non signée, est du
style des précédentes ; 8 bois jusqu'au verso H-iiîi qui
porte FINIS ; le recto suivant commençant par un bois
au-dessus duquel se lisent ces mots en gothique : Fine de
tutti li libri de Lancilotto delstrenuo milite Marco Guazzo;
4 bois y compris celui-ci. Au recto du dernier feuillet :
Stampata in Vinegia per Nicolo Zoppino Ferrarese il mese
di Marzo del M, D.XXVL Plusieurs bois répétés.
1521
Opéra nvova del conte de Conti da camerino inti-
tvlata Triompho del miouo mondo et vno inamora-
menio de cgidio in terza rima.
Pet. in-8^, en lettres rondes ; mauvais encadrement au
titre ; A-ii, bois déjà cité : une couronne traversée par un
chapelet sur fond noir au pointillé ; verso A-iiii, copie
légèrement ombrée du bois du Boccaccio de 1492 ; le per-
sonnage, à gauche, jouant de Torgue, est accompagné
par un jeune homme jouant de la guitare; puis, dans le
texte, petit bois à fond noir et au trait ; verso &m :
Incomincia sonetti... : des bergers gardant leur troupeau ;
au premier plan, à droite, deux chèvres courant Tune sur
l'autre tête baissée ; à gauche, un personnage assis contre
un arbre. A la fin : Stampato in Vinegia per Georgio di
Rusconi Milanese nel anno del Signore. M,D,XXL Adi
uinti de nouembrio, (Arsenal, 5279. B. L.)
1521
Lamento di quel tribulato DI Strascino Càpana
Senese : sopra el maie incognito : elqle traita de la
336 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Patiétia, et impatiétia î ottaua rima : opa molto
piaceuole.
Petit in-8o, en vers ; lettres cursives ; 28 feuillets dont
un blanc. Au-dessous du titre, bois ombré : sur un lit, un
homme nu couvert de pustules, trois personnes le soignent^
dont une, le médecin, lui tient le bras ; au-dessus de lui^
un diable ailé verse sur lui les pustules dont son corps
est couvert ; une banderole à hauteur de sa bouche porte
ces mots : hoime le doghe. Verso du 27® feuillet, marque
de Zopino : S. Nicolavs avec .N,.Z. Au-dessous : Stam-
pato in Venetia per Nicolo Zopino e Vincentio compagne
nel M.CCCCC. XXi. Adi. XII. De Decembrio. Cette édition
est la première ; Brunet ne cite que celle de 1523. (Mar-
ciana, 2166).
1523. — Lamenta di quel tribulato di strascino
campana senese sopra et maie incognito et quale
traita de la patientia et impatientia.
In-8° ; lettres rondes ; sous le titre, bois de l'édition de
1521. A la fin : Stampata nella inclyta Citta di Venetia p
Nicolo Zopino e Vincétio compagno. Nel. MXCCCC.XXIIL
Adi. L de Setembrio. Verso, la marque de Zopino (Mar-
ciana).
1521
Epistole e Lectione Evangelii i quali si legono in
tutto Vanna alla messa seconda Vusa de la sancta
chiesa Ramana.
In-4o ; 148 jolis bois ; la première page du texte est
entourée d'un encadrement. Vinegia per Pietro da Pauia,
1521
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 337
1521
Rosario de la gloriosa Vergine Maria,
In-8o, avec figures. Venetiis MDXXL Panzer, t. VIII. p.
470, donne ce livre à F. Alberii Castellani, désigné dans
le privilège du 5 avril 1521, sous le nom de Alberto da
Castello. Brunet cite Téditionde 1522 comme la première.
D'après Panzer, elle ne serait que la seconde. Toutes les
éditions qui se succèdent de 1521 à 1564 sont identiques
sauf quelques légers changements dans l'impression ou
les bordures des pages. Libri (catalogue de 1859) cite une
édition de ce Rosario, s. Z. n. cf., in-8% supposée de Ve-
nise 1521, avec des bordures et des gravures sur bois.
Ne serait-ce pas celle de Panzer et dont Libri n'aurait vu
qu'un exemplaire incomplet du colophon ?
1522. — Rosario de la gloriosa Vgîe Maria.
In-S" ; caract. goth. ; 252 feuillets et quatre pour la table ;
signatures A. Z. AA. JJ. 8 ff. par cahier. Au-dessousdu titre,
placé en haut de la page sur une seule ligne, grand bois :
l'invention du Rosaire ; dans le bas à gauche, des hommes
à genoux tenant des chapelets; à droite des femmes;
dans le haut, la Vierge et le Christ tiennent une banderole
sur laquelle sont écrites des paroles de TEcclésiaste ;
à droite et à gauche, en haut, un ange portant un livre
ouvert, celui de gauche ayant ces mots : EXERCITIVM
CHRISTIANO, celui de droite : HIC EST LIBER MADA-
TORVM DEI ; une banderole partant de chacun des
groupes du bas va s'enrouler autour du cou d'un person-
nage placé au-dessus de lui ; le fond de la gravure figure
des branches et des feuilles partant de tiges plantées en
terre au milieu dans le bas. Au milieu de la gravure, la
lettre P. Verso 2 et recto 3, le privilège daté du 5 avril 1521.
18U1 22
338 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
488 bois encadrés ; style médiocre, surtout en ce qui con-
cerne la gravure qui est épaisse, lourde et sans élégance ;
néanmoins quelques-unes des vignettes ne sont pas sans
intérêt ; c'est tout à fait le style en usage pour Tillustration
des livres à cette époque. A la fin : Questo sacro rosario
e sta diligentemente ordinato corretto e emendato e nella
Inclita cita de Venetia studiosissimamente impresso per
Marchio Sessa e Piero di Rauani compagni nel anno del
signore. M. D, XXII adi XXVII de Marzo.,, Au-dessous la
marque de Sessa. (Marciana).
9
1524. — Rosario délia glîosa Vgine Maria.
In-8o de 252 feuillets chiffrés et quatre non chiffrés.
188 gravures avec entourage à chaque page. Bois des
éditions précédentes A la fin : Questo sacro Rosario,..
Uenetia... impresso per Marchio Sessa e Piero da la Serena
compagni nel Anno del signore M.CCCCCXXiiij adi XV
Dicëbrio. (Didot. Cat. raisonné, colonne cxvin).
1522
Expositiones siue declarationes oîuz Titulorum tam
iuris Ciuilisqz Canonici p. D. Sebasiianii Brant.
In-4o goth. Au-dessous du titre goth., bois ombré à
fond noir : deux putti tiennent de la main droite la tête
de saint Jean-Baptiste placée sur un plat ; un arbre
derrière chaque putto ; au premier plan , trois lapins ;
au-dessous de la tête, la marque avec les lettres I. B. P.
Assez bon dessin, mais taille lourde. A la fin : Explicit...
Venetiis vero per Alexandriim ac fratres de Bindonis :
Summa diligëtia impressiis. Sumptibus Vo ac impensis
loannis baptiste de Pedercanis Brixiêsis.Anno... 1522. Die
Vo. Xj. mensis jamiarij. (Biblioth. du comte Girolamo
Soranzo).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 339
1522
La vita DEL GLORioso APOSTOLO E Eiiàgelista
loanni côposia dal Venerabile pâtre fraie Antôio de
Adri de lordine de frati miiiori délia obseriiàiia.
Petit in-8<^ ; 8 feuillets par cahier registre de A à H ;
non chiffré ; lettres rondes, à deux colonnes ; titre rouge
et noir ; la première ligne est en gothique. Au-dessous
du titre, bois de page fortement ombré de traits lourds
et très accusés ; le graveur s'est ser\4 pour ses fonds de
traits serrés et un peu courbes ; la vignette représente,
dans un paysage, saint Jean nimbé, tenant dans sa main
gauche un calice d'où sort un serpent ; dans le coin, à
gauche en bas Z. A. D. V. au-dessus de A. et D. V. qui
sont liés, une croix. Cette signature est celle de Vavas-
sore. Au verso, une Crucifixion à nombreux person-
nages : à gauche, la Vierge assise à terre, soutenue
par deux saintes femmes; à droite, un homme tient
des deux mains une hallebarde dont le fer affecte la
forme d'une hache ; il se penche à gauche et regarde à
droite ; dans le fond, Jérusalem à droite et une forêt à
gauche ; ce bois est entouré d'un encadrement noir au
pointillé avec des ornements formés d'animaux fantas-
tiques, de fleurs et de feuilles. Au recto de l'avant-
dcrnier feuillet, un sonnet italien avec ce titre : Consola-
torium ad amicissimum suum, et deux distiques latins,
suivis de ces mots : Vale : mi Siluester, puis le colophon ;
deux pages pour la table et une page blanche. A la fin :
FINIS, et au-dessous : Stampata in veneiia per Nicolo
Zopino e Vincentio compagno nel M.D, xxii, adi. iiii, de
Marzo.
340 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1522
Guarna (Andréas). — Bellum grammaticale de
Principalitate de orationis Nominis et Verbi Regum
inter se coniendentium. Nouiter mira quadam arte
compendiosa excussum.
In-8o ; 8 feuillets par cahier ; au-dessous du titre, bois
ombré ; une troupe de guerriers tant à pied qu'à cheval
sort d'un camp dont on voit les tentes à droite ; devant
ces tentes, un jeune homme semblant leur parler, tenant
une branche d'oliviers de la main gauche. Vignette sans
style. A la fin: Explicit,,, Venetiis uero p Alexàdrû de
bindonis accuratissime Jpressum. Anno dni M.D.XXIL
Die uero. V, mensis Martii (Marciana 2167).
1522
Libro de la perfectione humana Thesoro eterno
sopra tutti altri Thesori al quale se puene. per uno
de tre modi delli quali alanimo dedito al studio de
esso,., etc. del uen. pâtre frate Henrico Herp del
ordine de frati mîori. de lobservàtia.
In-S» ; lettres rondes ; à deux colonnes ; 4 feuillets pour
les tables, 8 feuillets par cahier ; le titre est entouré d'un
encadrement architectonique, légèrement ombré ; deux
pilastres avec des ornements au trait soutenant un
chapiteau au milieu duquel est une tête ailée ; au verso :
saint François à genoux recevant les stigmates, un livre
devant lui ; le Christ à droite ; des traits vont des stig-
mates au saint. Au cinquième feuillet : Specchio de la
perfectione humana opéra noua.,. ; au-dessous, bois
ombré, d'un joli style : le Christ debout, dans sa gloire,
des flammes s'échappant de ses stigmates et allant à six
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 341
groupes de personnages, trois à gauche et trois à droite ;
au-dessous du Ciirist, une banderole : Accipite spiritum
sanctûy et au-dessous : Qui sitit veniat ad me et bibat. Au
verso, même bois ; nous le retrouverons dans le Specchio
délia perfectione humana de Zopino de 1539. Verso D-iii,
Chemin de la croix : Jésus à genoux succombant sous le
fardeau de la croix, qu'un personnage vient soutenir ; à
droite, un soldat romain à cheval tenant un étendard ; à
gauche, les saintes femmes ; dans le fond, deux hommes
préparent le terrain pour la Passion ; dans le coin à droite :
Z.A.D.V., monogramme que nous avons signalé dans
La vita del glorioso apostolo Euàgelista loanni du
4 mars 1522 de Adri . Nous avons attribué cette gra\aire
à Z. A. Vavassore en raison de la signature et de la taille
lourde et sans élégance ; nous y retrouvons le faire et les
défauts de VOpera contemplativa imprimé par ce même
Vavassore auquel on attribue les bois de cet ouvrage ;
mêmes arbres, même façon arrondie de traiter les mon-
tagnes, mêmes hachures épaisses. Cette vignette commence
la 2»^ partie. Verso G-ii, pour commencer la 3® partie :
la Crucifixion de La vita del glorioso,., déjà citée. Verso Q,
précédant \c prologo délia terza parte, une Pietà : le Christ
étendu sur les genoux de la Vierge, qui est appuyée le
dos contre la croix; derrière, un groupe nombreux, prin-
cipalement de femmes ; à gauche, à genoux près du
Christ, un religieux. Cette vignette est d'un aspect un
peu sec, la taille très fine manque de relief et de fini ;
les extrémités sont peu soignées, les attitudes roides. En
somme, le tailleur a médiocrement rendu un dessin qui
n'était pas sans charme autant qu'on en peut juger par
ce que nous voyons. Même encadrement que pour la
Crucifixion ; cet encadrement a déjà été employé dans
les Bréviaires de lacobus de Leucho, Verso S-iii, la marque
de Zopino : S. Nicolavs avec .iV. .Z. ; le saint est seul, de
face, bénissant de la main droite. Il est assez mal gravé.
342 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Au-dessous : Stampato nella incliia Citta di Venetia per
Nicolo Zopino e Vincentio compagno nel M.D.XXII Adi
XIIII de Mazo.,. Il doit se trouver un feuillet blanc à la
fin pour compléter le cahier de 4 feuillets.
1522
Sonetti del Burchiello nouamëte stampati e diligen-
temète correcti.
In-8o, en vers; lettres rondes; mauvais bois au titre. A
la fin : Stampato in Venetia per Georgio di Rusconi nel
anno M.D.XXII adi XVIII de Marzo (Arsenal 4360, B. L).
1522
Opère di Girolamo Benivieni fîrentino. Novissima"
mente riiiediite et da molti errori espiirgate con una
canzona dello amor céleste et divino^ col commenta
dello m. S. Conte Giovanni Pico Mirandolano distinto
in Libri III. Et altre frottole de diuersi auttori.
In-8» de 302 ff. nura. ; caract. cursifs; regist. A-Z, AA-
BB. Très beau frontispice ombré, dans un encadrement.
Il est fort bizarrement disposé. En haut, aux angles,
deux guerriers à cheval, en sentinelle ; entre eux, ces
mots : fa.che.tu. non. faci a me qiielo. che. tu. non. vo.
per. te. En bas, trois autres guerriers à cheval ; au-des-
sous, ces mots : chi. altri. caza. per. se. non. possa. A
droite, un guerrier à pied, la visière levée ; sur une ban-
deroUe : chi. non po fare sià el dano so; à gauche, une
figure semblable tenant en main une hache levée avec
cette devise : faza hogmim faza hipo. A la fin : Stampato
in Venetia per Nicolo Zopino e Vincentio compagno nel
MCCCCCXXII, a di XII de aprile Régnante h Inclito
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 343
Principe messer Antonio Grimani (Bihl, Nat. de Florence,
Arsenal, B. L. 4004. Brunet, t. I, col. 773, parle d'une
autre édition de Gregorius de Gregoriis, 1524, in-S», qui
a peut-être le même bois.
1522
Probae Falconiae Centonis Clarissimœ fœminœ
exceptnm e Maronis Carminibus.
Petit in-8"; au-dessous du titre, bois ombré; à gauche,
une femme écrit à son bureau ; à droite, deux femmes
causent ensemble ; au-dessus d'elles, une ville : ROM A ;
à gauche, au-dessus de la femme : CENT, Le mot n'est
pas complet, il devrait y avoir sans doute centone. Bois
très médiocre. A la fin : Finis Probœ Cenione.,.. Venetiis
impressœin officina loannis Tacuinide Tridino, M. D.XXII.
Die XXIIIL Aprilis, (Marciana 3356).
1522
Viazo. Qiiesto sotto scritto sic tutto el Viazo de
andare in Icrusalem E per tutti II lochi sancti,
In-8*^ de 8 feuillets non chiffrés. Au titre, le Christ sur
la croix, entouré des saintes femmes ; quatre autres bois
d'un caractère religieux dans le corps du livre. A la fin :
Stampato in Venetia per Alexandro di Bindoni, Nel anno
tr^22. A di. 2/. del mese di Luio. (Rubriques 10669-8768.
Biblioieca Colomlnna, recueil G. 37-34). « Pièce inconnue
à Tobler, à Chitroiuo, a Ponomarew, à Rœhrichi, à Meisner
et à tous les bibliographes. La description qui en approche
le plus est celle que donne Ternaux, Bibliot, africaine^
142, sous la date 1520. Rien dans le livre ne permet de
déterminer quand ce voyage fut accompli ni par qui. On
y voit seulement que c'était un noble pèlerin: Questo
344 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
viazzo ha fatto uno dignissimo pelegrino gentilhuomo.
Cependant, Lechi (Tipografia bresciana nel secolo XF,
page 110) donne un titre en tout semblable à celui-ci,
mais dont le coloplion porte : Stampato in Salo (ville du
Milanais), ad instantiadeAlex. Paganino di Paganini bri-
xiano, nel anno M, DXVIL Quant au voyage même,
I^chi Tattribue à un nommé Francisco de Alexandre da
Modena, personnage d'ailleurs complètement inconnu. »
(Harrisse, Excerpta Colombiniana, page 240).
1522
Sermones Qiiadragesimales venerabilis viri fratris
loànis Aqiiilani Ordinis predicatorCi de obseruantia.
Petit in-8<> , gothique à deux colonnes. Le titre est
encadré d'un ornement ombré, d'une médiocre exécu-
tion, formé de feuilles d'acanthes, de deux putti ailés
dans le bas et de deux autres sans ailes, dans le haut,
groupés avec un oiseau. Verso du quatrième feuillet, bois
ombré, représentant le saint debout, les bras étendus,
tenant une église dans la main gauche et le crucifix
dans la droite ; à genoux à sa gauche des religieux, et des
religieuses à droite ; dans le haut, au milieu, la Vierge
ayant à sa droite saint Pierre et à sa gauche saint Paul.
Ce bois est entouré d'une bordure décrite à propos du
Breviarium Romanum de 1518, du même Leucho. A la
fin : Expliciàt.,, : et a Magistro lacobo pentio de Leucho
nouissime impressi. Anno 1522, die vero, 20. Septemb.
1522
Le case volgari de Joâ briino Ariminense. Cioe
sonetti, . .
Petit in-8'* ; 8 ff. par cahier ; lettres gotli. ; au-dessous
du titre gotli. très mauvais bois, au trait, avec le ter-
rain noir : un personnage dans son cabinet, assis à un
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 345
bureau ; copie d'un bois du xv® siècle. A la fin : Stampato
in Venetia per li heredi de Georgio de Rusconi M. D, XXII,
Adi xvii de Setembrio. (Marciana, 2423, Bib. Nat. rés. Y.
3948). Brunet, vol. I, col. 1297, cite deux éditions anté-
rieures, l'une de 1508, l'autre de 1517, de Rusconi, mais
ne parle pas de figures.
1522
Opéra noua del Magnifîco Caualiero Messer Antonio
Phileremo Fregoso laquai tracta de doi Philosophi :
cive de Democrito che rideua de le pacte di questo
mondo : & Heraclgto che piàgeua de le miserie
humane diuisa in. XV. Capi. casa bellissima.
Petit in-8" de 48 ïî. (A-F, par 8). Car. rom. Au-dessous
du titre goth., bois ombré médiocre : deux personnages
assis, se faisant face ; entre eux, le globe du monde que
celui de droite, Démocrite riant, montre à Heraclite;
au-dessous, trois distiques latins, in imagines Heraclgti
& Democritiy par Bartolameus Simonetta. Puis deux
dédicaces. Le poème en tercets commence au recto du
troisième feuillet. A la fin : Stampata in Venetia per lî
heredi de Zorzi de Rusconi, Nel, M.D.XXII Adi xxvii,
del Mese di Setembre (Bibl. de M. de Landau).
1522
L. Annei Senecœ Opus Tragœdiaz aptissimisqz
figuris excultum Cîi expositoribus luculétissimis Ber-
nardino Marmita : et Daniele Caîetano.
In-folio de 140 feuillets chiffrés, titre encadré et cu-
rieuses gravures sur bois. A la fin : Impressum Venetiis
per Bernardinum de Vianis de Lexona Vercellensem.
Anna Domini, M.D.XXII die vi, Nouembris. (Catalogue
Didot, juin 1881, page 165).
346 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1522
Pronostico de Francesco Rvstighello dello anno
M,D,XXIL
In-4« de 4 feuillets ; au-dessous du titre, bois carré,
représentant un personnage assis, tenant le globe céleste ;
à ses pieds, un livre, un instrument d'astronomie ; dans
le haut, des étoiles. Au-dessus du titre : Al reverendo
IN CHRiSTO PATRE MONSiGNOR Misser Bcmardo Ruffi
Vescouo de Taruiso conte de Berceto Présidente de la
Romagnia e Guhernatore Delta inctgta citta de Bologna
Dignissimo. A la fin : Stampato in Venetia (Marciana
2490).
Vers 1522
Lagrimoso Lamento che fa il gran maestro di
Rodi. Con i soiii Caiialieri, à tutti in Principi délia
christianità nella sua partita. Con la presa di Rodi.
In-4" en vers, à deux colonnes, en lettres rondes ;
6 feuillets, dont le dernier blanc. Au-dessous du titre,
bois au trait, que nous avons décrit à propos de VObsi^
dione di Padua de 1510. Brunet, (t. II, col. 1792), men-
tionne une édition de Venise de Bindoni (circa 1540), et
une autre édition de 4 feuillets à deux colonnes, s. 1. n. d.,
mais paraissant, dit-il, imprimée à Venise ; toutes deux
avec une figure sur bois au titre ; il ne cite pas celle-ci.
Est-ce la même figure que celle de notre édition (Marciana,
1016)? Voir Libri, catalogue, p. 20.
1523
Agonis Opéra.
Au-dessous du titre, grand bois médiocre, ombré : un
professeur faisant une leçon d'anatomie devant un nom-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 347
breux auditoire. Lys de Giunta. A la fin : Impressum
Venetiis. Anno 1523. Die 7 Februarij. (Bibliothèque de
S.-Daniele.)
1523
Nicolai Leonici Thomaei opvscvla Nvper in Lucem
aedita.
ln-4o titre en lettres rouges ; encadrement ombré, d'un
assez mauvais style. Lettres rondes. A la fin : Opas-
ciilum... Bernardimis Viialis Venetus. Anno Domini
MCCCCCXXV. Die xxiii. Februarii, Ex Venetiis. (Museo
Civico e Correr, G. 201.)
1523
Erasmus roterodamus. Paraphrasis in evangelivm
Matthaei nvnc primvm nata...
In-8^ ; 8 feuillets préliminaires et 104 numérotés. Le
titre est entouré d'un encadrement formé de petits bois
représentant des personnages de l'Ancien et du Nouveau
Testament ; dans le haut, entre saint Marc et saint Jean,
la marque de Gregorius. Au dernier feuillet : Impressum
Venetiis per Gregorium de Gregoriis. Expensis Laurentii
Locii Portesiensis... Anno M. D. XXIII. Die. 19. Maii. Au-
dessous, une marque noire avec les lettres *L* 'L* et 'P-
au-dessous. Le verso contient un grand bois de page
ombré : sainte Catherine couronnée, une palme dans la
main gauche, un livre dans la droite, soutenant les plis
de son vêtement ; à gauche, la roue dont on ne voit que la
moitié ; à gauche, à la hauteur de sa tête, L. La. Cette
gravure est médiocre et trahit un peu le style allemand.
Les lettres L. L. P. de la marque typographique et
L. Lo. de la gravure ne peuvent que désigner un seul et
348 BULLETIN DU BIBLIOPHOiE
même personnage, Lorentius Locius (Portesiensîs), qui
était à la fois éditeur et graveur. (Marciana 49853.)
1523
Clarissimi atqz eruditissimi viri Alberti Pataui
ordinis Eremilarum diui Augu, doctoris Parisië.
sacri eloquij preconis fainosissimi : Evangeliorum
Quadragesimalium opus aureum nunq. als. impressum,
In-8<> gothique à deux colonnes ; 8 f. préli., 407 numé-
rotés ; le titre est entouré d'un encadrement très légère-
ment ombré en partie, mais bien antérieur à l'époque de
l'impression du volume ; dans le bas, un blason avec le
chapeau de cardinal. Au verso du dernier feuillet préli-
minaire, joli bois ombré : S. AVGVST. debout, couvrant
de son manteau des religieux à genoux. Ce bois est tiré
d'un missel de Giunta. Encadrement à fond noir et
ornements blancs. Au verso du dernier feuillet : ExpU-
cit.,. Impressa Venetijs per magistruz lacobum pentium de
Leucho impressoré accuratissimum, Anno,,. M.D.XXiij.
Die, XX, Mai],
1523
ThOSCANELLO de LA MVSICA DI MESSER PIETRO AARON
FIORENTINO CANONICO DA mMINI CON PRIVILEGIO.
In-folio de 55 feuillets répartis en treize chœurs. 4 ff.
prélim. et 51 flf. (A-M, par 4 à l'exception de B qui est en
5 ff. et du dernier cahier qui compte 6 flf., dont le dernier
bl.). Car. ronds. Titre en rouge et en noir, entouré d'une
bordure de feuillages et d'animaux, avec deux médaillons
sur les côtés; l'un représente une licorne se réfugiant
dans les genoux d'une jeune fille, l'autre un phénix ; au
bas, un écusson vide soutenu par deux sphinx entre un
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 349
lion et une vache regardant un livre, à terre, ouvert
devant eux. Au verso du 4« feuillet prélim., un bois
ombré prenant toute la page (246 sur 163), représentant
Aaron assis dans une chaire de professeur, un groupe
d'élèves debout de chaque côté de lui ; au premier plan,
une table sur laquelle se trouvent plusieurs instruments
de musique ; le tout est entouré d'un ornement avec des
bustes d'hommes aux angles. Ce bois est signé : La;
onze autres gravures, ayant trait à la théorie de la mu-
sique, sont intercalées dans le texte. Neuf lettres ornées.
Ce traité, qui porte le nom du pays natal de l'auteur, la
Toscane, est dédié à Sébastien Michèle, patricien de
Venise, chevalier de Jérusalem et prieur de Saint-Jean
du Temple. Ce volume fut réimprimé par les mêmes en
1525 et en 1529, en 1539 par M. Sessa, et par D. NicoUnî
en 1557 et 1562. Le colophon au feuillet 52 : Impressa in
Vinegia per maestro Bernardino et maestro Mattheo de
Vitali fratellii Venitiani, régnante Andréa Gritti Serenis-
simo Principe, Nel di. XXIIII. di Luglio M.D.XXIIL
(Weale... page 123 et Bibl. de M. de Landau.)
1525. — Trattato della natvra et cognitione di
tvtti gli tvoni di canto figvrato non da altrvi
piv scritti composti per messer piero âaron mvsico
fiorentino canonico in rlmini.
In-folio ; 3 feuillets prélim. pour le titre, la dédicace
à Messer Piero Gritti patritio Veneto et les tables ; au verso
du troisième feuillet préliminaire, bois décrit à propos du
Toscanello de 1523 ; 20 ff. de texte non chiffrés, registres
a-g ; le titre est entouré d'un joli encadrement ombré ;
à droite et à gauche, de chaque côté, cinq portraits en
buste d'hommes célèbres ; au milieu de la partie supé-
rieure, en forme de voûte, une femme jouant du violon;
dans le bas à gauche : Melpomene, Polymnia, Urania, Clio
350 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
et Terspsichore ; à droite : Evterpe, Calliope, Thalia et
Erato, faisant de la musique. Au feuillet 20 : Impresso in
Vinegia per maestro Bernardino de Vitali venitiano al di
quarto di Agosto, M.CCCCCXXV (Marciana 25962.
Weale, p. 124; Brunet, t. I, col. 493).
1523
Comedia de lacob : e de losepli composta del
Magnifico Caualiero e Dottore Messere Pandolpho
Collenutio da Pesaro,
In-8o ; titre gothique rouge et noir ; texte en lettres
rondes; signatures A-K (de A à I par 8, K par 4, le
dernier contient la marque) ; le titre est entouré d'un
encadrement à fond noir au pointillé ; dans de petits
carrés blancs dans le coin à gauche en haut PR \ 0 ;
à droite DONO ; en bas à gauche MA ; à droite LV \ M ;
6 jolis petits bois très ombrés, d'un style tout différent
de ceux employés auparavant par Zopino. A la fin,
verso K-iii : Stampata nella inclita Citta di Venetia per
Nicolo Zopino e Vicentio compagno. Net, M. D, XXIII. Adi.
xiiii de Agosto. Au recto suivant, la marque S. NICOLA VS;
dans un bois rectangulaire au-dessus S. A. et dans un
bois de même forme au-dessous N. /. (Collection E. Piot).
La Drammaturgia ne cite pas cette édition, elle indique
celle de 1525 comme la première. Yemeniz dans son
catalogue page 424, cite une édition de cette pièce impri-
mée primo de Aprile, qui serait par conséquent antérieure
à celle que nous décrivons. Il ne dit pas si il s'y trouve
des bois.
1525. — Comedia de Jacob : et de Josep (sic): côposta
dal Magnifico Caualiero e Dottore : Messere Pandol-
pho Collenutio da Pesaro.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 351
Petit in-8«, conforme à rédition précédente. Au verso
de K-iii: Stampata nella inclyia Cittadi Venetiaper Nicolo
Zopino de Aristotile de Ferrara, Nel. M.CCCCCXXV. Adi
XIX de Mazo ; recto suivant, les marques (Bib. Nat.
Réserve Y, 3771).
Les mêmes bois se retrouvent dans une édition de
Venise de 1564, in-S^ de 74 feuillets signés A-I (catalogue
de M. de Landau, page 142).
1523
Cornazzano (Antonio). Proverbii.... in facecia et
Lvciano De asino aureo uiilgari e istoriati nouamente
stampati.
In-8<^ ; lettres cursives, signatures A-H ; titre entouré
d'un encadrement ombré ; 27 petites vignettes ombrées,
la première avec fond noir pointillé et les autres dans le
style des premières vignettes données par Zoppino se
rapprochant du z, a. ; verso H-iii la marque avec S' 'N' et
au-dessous : Stampata nella inclyta Citta di Venetia per
Nicolo Zopino e Vincentio compagne. Nel M.CCCCCXXIII
Adi XXII de Agosto ; recto suivant : fama. n. z. volât
(Arsenal, in-8«, 20076, B. L.).
Brunet cite, (t. II, col. 277), une édition in-S» de 1518
imprimée à Venise par Francesco Bindoni e Maffeo Pasini
compagnie réimprimée en 1523 ; il ne dit pas si elle
contient des gravures. Du même Zoppino une autre
édition en 1526.
1525. — Prouerbi rf'; M. Antonio Cornazano in
Facétie: ristâpati di nuouo... MDXXV.
In-8o de 48 ff. non chiffrés, registres A-F, 8 feuillets par
cahier. Lettres cursives ; frontispice ombré représentant
une perspective architecturale avec des colonnes latérales
352 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
dont les bases sont embrassées par deux putti. Au second
feuil., une vignette sur fond noir au pointillé avec trois
figures d'hommes et trois figures de femmes discourant
ensemble. 18 vignettes ombrées dont quelques-unes sont
répétées plusieurs fois. Verso F vi, la marque typographi-
que : S. Nicolas avec N à droite dans le haut ; au-dessous
le colophon : Stampaia in Veneiia per Nicolo Zopino de
Aristotile di Rossi de Ferrara MDXXV (Bibl. Nat. de
Florence). Recto suivant : tabvla de li proverbii di
MESSER ANTONIO CORN Azz ANC. Le rccto du demicr feuillet
est blanc.
<L C'est la première édition, dit Brunet (t. II, col. 277),
où Ton ait ajouté les Tre Proverbi, ou, pour mieux dire,
lesdeux nouveaux proverbes et les due dialoghi. Un de ces
derniers, celui del Philosofo col pidocchio, porte un frontis-
pice séparé, derrière lequel se trouve un Proemio, commen-
çant ainsi : Necessario^ a chi salire.,.
1523
Phileremo Fregoso. — Dialogo de Fortuna del
magnifîco cavalliero Antonio.
Petit in-8<», en vers ; lettres rondes. Au-dessous du
titre, bois ombré, assez médiocre : la fortune, nue, debout
sur les ondes ; elle tient de la main droite la vergue d'une
voile dont elle maintient l'extrémité de la gauche et qui
est gonflée par le souffle de trois jeunes génies (putti)
dont on voit la tête dans le coin à droite, en haut ; au
verso P. NON, F. CHE .D. F. F. Au recto du dernier
feuillet au-dessous de Tekoç : Stampata nella inclyta Citta
di Venetia p Nicolo Zopino e Vincélio compagno. Nel
M.CCCCCXXIII Adi I de Setembrio, Au verso la marque
de Zopino, S. Nicolavs; au-dessus 'N* N*; au-dessous 'D*
(Bibl. Nat., Réserve Y + 3936, A; Bibl. Nat. de Florence).
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 353
1523
Viaggio del Sepolchro di G. Cristo scritto da un
valente uomo,
In-8û, figures. Venezia MDXXIII (Panzer, t. VIII, p. 481).
1523
ïommaso Rangone da Ravenna. De la vera Pro^
nosticatione de Diluuio del mille e cinquecento e
vintiqiiatro. Composta per lo excellétissimo Philo-
sopho Thomaso da Rauenna.
In-4", de 6 feuillets ; titre gothique ; texte en lettres
rondes. Au-dessous du titre, joli bois, très légèrement
ombrés : au premier plan, au milieu, deux hommes qui
piochent la terre ; à gauche un Pape, à droite un guerrier;
dans le haut le Christ assis sur le monde, les mains éten-
dues ; dans le coin à gauche, le soleil, à droite la lune ;
entre le pape et le Christ TV ORA ; entre le Christ et le
guerrier TV DEFEDE et au-dessus des deux ouvriers
TV LABORA. Quoiqu'il n'y ait aucune indication ni de
lieu de date, le style permet d'afl&rmer que ces bois sont
vénitiens. (Marciana 2490.)
Quant à la date du livre, elle ne peut être que 1523 :
les grandes pluies tombées pendant les mois de juin et
juillet de cette année firent craindre pour 1524 un second
déluge dont parle ici Tomaso da Ravenna. L'alarme fut
si vive que les habitants du territoire de Vicence et du
Frioul se firent bâtir sur les montagne des maisons de
bois pour s'y réfugier en cas d'inondation (V. Diarii di
Marin Samito. T. XXX (encore inédit) p. 201.)
Tommaso Rangone da Ravenna, médecin et philo-
logue, professa à l'Université de Padoue, puis vint s'éta-
blir à Venise où il mourut plus que centenaire vers 1577,
1891 23
354 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1523 (?)
Astolfo borioso di Marco Guazzo, poema.
. In-4o, fig. ; Venezia, Zoppino, 1523.
ce Ce poème est en deux part, de XIV chants chacune,
et qui, selon Quadrîo (VI. 577), auraient été imprimées
Tune et l'autre en 1523. La première partie, au moins,
a été réimprimée sous ce titre : Astolfo borioso di Marco
Gvazzo tvtto riformaio. Et per Vauttore nouamente ag-
giunto, con somma diligentia ristampatOy Et historiato
M. D. XXXII (et portant à la fin) : Stampato in Vinegia
per Guglielmo da Fontaneto di Monferra nel annoM, D.
XXXII. a di quattro delmese deAprile,iii-4, à 2col.,sign.
A. -P. Il existe une édition de la 2« partie, ove contiensi le
horribile battaglie delta Frâza, & delta Margiana, , . imprim.
per Nicoto dAristotile detto Zoppino, det mese di Agosto.
M. D. XXXIII, in-4o de 59 ff. chifT. à2col.(plus2 ff.dont
1 bl.;, contenant les chants xv à xxviii ; et le même im-
primeur a donné une édition de la première partie, sous
la date de MDXXXIX, in-4, de 62 fT. à 2 col. Ces trois
volumes sont décrits par M. Melzi, page 268 ; mais nous
ignorons s'il existe réellement des exemplaires des deux
parties sous une même date. » (Brunet, T. II col. 1781.)
Nous n'avons aucune autre indication ; quant aux
gravures, elles ne sont citées ni par Melzi ni par Tosi
(1865).
Cette édition, que nous n'avons pas vue, et dont nous
ne connaissons aucune description complète, ne serait-
elle pas la même que celle de 1531 du même imprimeur,
qui n'est citée nulle part, ni dans Brunet, ni dans Melzi,
ni dans Tosi, ni enfin par le marquis d'Adda. Nous
décrivons cette dernière d'après l'exemplaire de M. E.
Piot.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 385
1531. — Astolfo borioso.
In-4<», rouge et noir ; texte en lettres rondes, à deux
colonnes ; LX feuillets numérotés. Au-dessous du titre,
grande gravure : Malacalza couché à terre, au premier
premier plan ; à côté de lui Astolfo et Doralice à droite ;
à gauche, dans le fond, des corbeaux qui assaillent une
chouette perchée sur un arbre. Cette gravure semble sur
métal ; elle est d'une taille fine et sèche. Au verso 2 :
à gauche, un chevalier, assis, écrivant ; à droite, un che-
val presque de face ; sur son poitrail la lettre F; derrière,
une lance, autour de laquelle une banderole, en partie
déroulée, avec une légende. Recto suivant, au-dessus du
texte, deux chevaliers, la lance en avant, se précipitant
Tun sur l'autre, en présence de leurs troupes ; dans le coin
à gauche, au bas, un petit cartel blanc rectangulaire qui
semble réservé pour un monogramme ; au dernier
feuillet LX : Stampato in Vinegia per Nicolo UAristoiile
detto Zoppino. M.DXXXI; au dessous, le registre.
Vers 1523.
Qiiesta sie la profetia del re de francia casa noua.
In-4o, goth., de 4 fT., en vers; au-dessus du titre, le grand
bois de VApramonte de 1523: un roi sur un trône, en-
touré de chevaliers, serre la main de l'un d'eux agenouillé
devant lui. Au verso du dernier feuillet, grande Crucifixion
archaïque au trait : à gauche de la croix, la Vierge ;
à droite, saint Jean et sainte Madeleine étreignant le
pied de la croix ; trois anges recueillent le sang du
Christ ; dans le haut, le soleil et la lune ; une ville dans
le fond. Zeno indique comme auteur de cette plaquette
d'Abano Pietro (Marciana, 2623).
356 BULLETIN DU BIBLIOPHa.E
Vers 1523
Amaistramenti di Senecha morale. Con certe altre
Frottole morale.
In-4o, de4ff., en vers. Au-dessous du titre, bois ombré :
un professeur dans sa chaire, quatre élèves de chaque
côté ; le professeur est démesurément grand ( bois de la
Grammatica Georgij Vallae Placentini, parue chez Simone
de Luere en 1514, rééditée dans le Cresceniiiis, de 1519).
Trois feuillets en lettres rondes ; au verso du troisième
commencent les Frottole morale en lettres goth. qui oc-
cupent aussi le quatrième feuillet ; au bas, FINIS. S.l.n. d.,
mais du même temps que la Profetia del re di francia,
les caractères goth. des deux plaquettes étant les mômes.
Zeno désigne Sercco comme Fauteur de cet opuscule.
(Marciana, 2623).
1524
Pétri delphini Veneti prioris Sacre Eremi : et Gène-
ralis totius ordinis Camaldulensis Epistolarum uolu-
men.
In-folio ; titre goth. Au-dessous du titre, joli bois,
ombré avec beaucoup de finesse : Petrus. Delphinus.
dépose la mitre d'évèque aux pieds de saint Romualdus
en signe de son acceptation de la règle des Camaldules.
Son nom est écrit à ses pieds : Petrus. Delphinvs Generalis
Encadrement ombré imité des entourages au trait ; dans
le haut à gauche - 1' 'C' marque de graveur déjà citée.
A la fin : Impressum Venetiis arte et studio Bernar-
dini Benalii impressoris... Amw Dni... M.D.XXIIII. Die
prima Martii. Suit le registre. Cet ouvrage passe pour
être de la plus grande rareté. (Museo Civico e Correr. E. 291).
LI\TŒS A FIGURES VÉNITIENS 857
1524
Comedia nuoua del magnifico et celeberrimo poeta
signor Galeotto Marchese dal Carretto intitvlata
tempio de amore,
In-8o . en vers ; 1 12 feuillets non chiffrés ; signatures A-0 ;
8 ff. par cahier ; lettres rondes. Titre entouré d'un encadre-
ment ombré où se voient des cuirasses, des boucliers,
des enfants soufflant dans des trompettes, etc. Verso
du troisième feuillet, la gravure connue : Apollon de-
bout, jouant du violon, au bord d'une pièce d'eau ;
quatre femmes à gauche et trois à droite jouent de
divers instruments. Cette assez jolie gravure, ombrée,
non signée, est la même que celle de l'Opéra moralissima
de diversi auiori de 1524, signée Z. A. A la fin : Stampaio
nella inclita Cita di Venetia per Nicolo Zopino e
Vicentio compagno net M.CCCCC. e, XXiiii. Adi iiii de
Marzo. Régnante lo inclito Principe messer Andréa
Gritti. Au-dessus du colophon, la marque avec S. Nicolavs
et les deux lettres 'N ' 'Z- (Arsenal, B. L., 6078; catal. de
M. de Landau, page 124; Brunet, T. I, col. 1600; Cat.
Libri, 305.)
1524
Oratiôes deuotissime continentes vitam dni nostri
lesu xpi qiias qcunqz dixerit quottidie genibus flexis
ante crucifixâ, sentiet ipsum vbiqz fauentem :In morte
qiioqz libëter adjuiuité.
In- 12, gothique rouge et noir. Au-dessus du titre, petit
bois représentant saint Pierre et saint Paul, ombré, d'une
taille fine et délicate ; dans le coin, à gauche en bas, la
marque C. Au verso, Annonciation : à droite, la Vierge à
genoux, les cheveux pendants, la figure presque de trois-
358 BULLETIN DU BIBLIOPHOf
quarts ; l'ange, debout devant elle, a la main droite levée
et tient le lys de la gauche ; des arcades au second plan ;
arbres, monticules et maisons dans le fond ; Dieu le Père
dans le coin à gauche, en haut ; un enfant avec la croix,
partant de Dieu le Père, se dirige vers la Vierge ; dans le
coin en bas à gauche, -Z - A. Verso A ii, Dieu le Père,
tenant de ses deux mains le Christ en croix, dans les
nuages. Cette vignette, prenant environ la moitié du
feuillet, est d'une taille très fine, mais chargée et serrée ;
les ombres, fortement accusées, donnent au bois un aspect
assez moderne ; le dessin, habile, est également d'un art
avancé ; au pied de la croix, le monogramme F V. E.vn,
petite Crucifixion. F. m, répétition de la gravure placée
sur le feuillet A ii. Nombreuses et jolies lettres ornées.
F XII, le colophon : Impressuz Venetijs per Bernardinû
Benaliuz. Anno dnice incarnatiôis Domini nostri lésa
Christi, M.D,XXIIIL Die, X, Martij. (Librairie Rosenthal.)
1524
Pellenegra (J. F.) Operetta volgare di messer Ja-
cobo Philippo Pelle Negra Troiano alla Serenissima
Regina di Pollonia Donna Bona Sforzesca Di Aragona.
In-8 de 24 flf. (A-L, par 8). Car. rom.; bordure sur le
titre et 12 fig. intercalées dans le texte, dont une répétée.
A la fin : Stampata nella inclita Citta Di Venetia per
Nicolo Zopino e Viceniio côpagno. Nel anno, M,D,XXIIIL
Adi, X, De Marzo. Régnante lo inclito Principe Messer
Andréa Gritti, Puis, la marque des imprimeurs. (Biblio-
thèque de M. de Landau.)
1524
Sassoferrato. — Libro nouo damore chiamato Ar-
délia : nouamente côposto per Baldasar Olympo de
Sassoferrato,
LIVRES A FIGURES VÉNim^S 359
Petit in-8o ; frontispice gravé sur bois. A la fin : Stanir
pata in Venetia per Zouane Tacuino da Trino. A diXXVII
Marzo. MCCCCC, xxiiij. (Deschamps, T. II, col. 593.)
1524
// Psalterio di Davitte, et di altri propheti del tes^
tamento vecchio : per Silvio Phileto Romano già di
latino in volgare tradotto
In-8o à deux col., de 83 ff. numérotés au recto; caract.
rom. ; registre *-a-/. Titre gothique rouge et noir ; sous
le titre, petite vignette oblongue, ombrée : le roi David,
tète nue, agenouillé, priant à mains jointes; au loin, un
groupe de maisons ; dans le coin, à droite, en haut, le
Père éternel dans une gloire ; en bas, à droite, une harpe.
A la fin : Impresso in Venitia per maistro Siephano de
Sabio, quai habita a Santa Maria formosa. MDXXIIII,
nel mese di maggio, (Florence, Guicciardiniana.)
1524
Lodovici. — UAntheo Gigante.
In-4« à deux colonnes; caractères romains; 162 feuillets.
Au-dessous du titre, une grande figure sur bois ; au verso
se trouvent deux privilèges, l'un de Clément VII, l'autre
de la Seigneurie de Venise. Au recto du second feuillet
commence une préface avec le titre : Lvcretia, M, B, agit
Lettori ; au verso, un sonnet de Francesco de Lodovici
alla Magnifica Madonna Lucrezia. Au feuillet A. 3, la
première colonne commence par les mots suivants en
majuscules : LAntheo gigante di Francesco de Lodovici
da Venetia novamente per lui composto ad istanza délia
magnifica madonna Lucrecia et cetera signora sua. Au
recto du feuillet 162 : Fine dello Antheo gigâte,,. côposto
ranno del nostro signore. M.D.XXIIL e siampato in Vineg^
360 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
gia per Francesco Bindoni e Mapheo Pasini, compagni.
NelVanno 1524-. Adi, 9, del mese di Luglio, Ad istâza délia
Magnifica Madonna Lucrecia M. B.
Poëme en 30 chants, en octaves, comprenant les pre-
mières aventures (supposées) de Charlemagne luttant
contre le géant Antée. (Brunet, T. III, col. 1142 ; Meizi,
page 32.)
1524
Cortez (Fernand). — La Preclara narratione di
Ferdinando Cortese délia Niioua Hispagna del Mare
Oceano, al Sacratissimo et Imiictissimo Carlo di Uo-
mani Imperatore sempre Augusto Re Dhispagna, et
cio che siegiie nellano del signore. M,D, XX, Iras-
messa : Nella qiiale si côtëgono moite cose degne di
scienza et ammirationey circa le cittadi egregie di
quelle Proiiincie, costiimi dhahitatori, sacrifici di
Fanciulli et religiose persone. Et massimamente délia
célèbre citta Temixtitlan (trad, per Nicolo LibiirnioJ.
In-4", de 7i feuillets non chiffrés. Grand plan de la
ville de Mexico ; le dernier feuillet contient un éléphant,
marque de l'imprimeur. (Deschamps, col. 320 ; Harrisse,
Bihliotheca americana vetustissima, page 241. Brunet,
t. II, col. 312).
A la fm : Stampato in Venetia per Bernnrdino de Viano
de Lexona Vercellese. Anna domini M,D,XXIIIL A di XX
Agosio.
Il existe une édition italienne avec ce colophon :
Stampata in Venetia per Znan* antonio de Nicolini da
Sabio Ad instantia de M, Baptista de Pederzani Brixiano,
Anno D. InA^ ; M. Harrisse ne la date pas ; Brunet dit
qu'elle a été terminée le 17 août 1524.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 361
Nous indiquons ce volume, tout en ignorant si la carte
est sur bois ou gravée en taille douce ; mais il nous
semble plus probable que c'est un bois. Dans tous les
cas, la marque à l'éléphant est sûrement xylographique.
1524
CoNSTiTUTiONES PatricB Foriiulij cum additionibus
nouiter impresse.
In-folio ; titre encadré d'un ornement très ombré : de
chaque côté, des colonnes; dans la partie supérieure,
des guerriers et deux monstres ailés, au corps de lion,
tenant dans leur bec de perroquet une sorte d'écu ; dans
la partie inférieure, deux autres monstres bipèdes ailés,
à la figure humaine, jouant avec un Amour qui se trouve
au milieu, entre eux. Ce bois a perdu son caractère
italien, il se ressent des influences du nord. A la fin :
Venetiis per Bernardinum De Vitalihus Venetû Anno Diii
M.CCCCC.XXIIII. Die XX Setembris. (Marciana, 16220.)
1524
Statuta Fratrum Carmelitarum.
In-4o ; le feuillet A-i, entouré d'un joli ornement
légèrement ombré, contient, en tête, un assez bon bois
ombré : au milieu la Sainte- Vierge, tenant l'enfant Jésus
dans ses bras, avec ces mots au-dessous d'elle: Décor car-
meli. A droite, S. Helisevs . P. tenant sa banderole ; à
gauche S. Helias . P . tenant l'épée d'une main et la
banderole de Tautre. A la fin : Finis bullœ,., Venetiis
Coimpressœ per Joannem antoniû et Fratres de Sabio...
Anno salutis M.D.XXIIIL Kalédis Septébris. (Marciana,
56654).
362 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1524
Thesauro spirituale vulgare in rima et hgstoriato
comp. da diuote persone de Dio e délia gloriosa Ver^
gine Maria, a consolatione de li catholici et deuoti
christiani.
Petit in-8o, de 40 feuillets non chiffrés, signés, A.-J5.,
par huit. Petit volume orné de vignettes gravées sur bois,
Stampato nella iclita citta di Venetia, p Nicolo Zopino e
Vicëtio côpagno, nel MDXXIIIIy adi II de nouëb, regnâte
lo iclito principe masser Andréa Griiti.
La grande figure du titre, dit le catalogue Yeme-
niz, est signée Zoan Andréa de Vavasori. (Brunet. t. V.,
col. 805; Yemeniz, p. 71; Libri, 1859, p. 353.)
1524
Opéra Moralissima de diuersi Auttori huomini
dignissimi e de eloqiientia perspicaci :
In-8", en vers ; titre gothique ; texte en lettres rondes ;
signature A-E, par huit. Au-dessous du titre, bois ombré
bien connu : Apollon jouant de la flûte au bord d'une
petite pièce d'eau entourée de personnages jouant de divers
instruments; signature -Z- A- , dans le coin à gauche
en bas. A la fin, recto E-vii : Stampata nella inclita Citta
di Venetia p Nicolo Zopino e Vicentio compagne, Nel.
M.D.XXiiii. Adi. xviii de Nouembrio,,, Recto suivant,
la marque : saint Nicolas avec la femme à genoux à
gauche. (Arsenal, B. L. 4242.)
1524
Confessionale del Beato Antonio Arciuescouo de
Firenze del Ordine de Predicatori,
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 363
Petit in-8o, gothique ; 78 flf., plus 2 pour les tables ; au-
dessous du titre, bois carré, au trait avec quelques ha-
chures, d'une fort belle exécution et d'un beau dessin ;
la tête surtout est remarquable : un évêque est représenté
dans une salle voûtée dont on aperçoit une colonne
de chaque côté de la gravure servant d'encadrement ; il
est assis, nimbé, la crosse dans la main droite et un livre
dans la gauche. Nous ne reconnaissons pas dans cette
gra^^lre le faire des Vénitiens; elle semble plutôt un
bois français ; trois cassures, deux dans le haut et
une dans le bas, font supposer que ce bois a déjà servi.
A la fin, après la table, le colophon : Finisse.,, Stâpato in
Venetia per Benedetto e Augustino fradelli di Bindoni. Nel
anno del Signore 1524^ (Librairie Rosenthal).
1524
Opéra noua chiamata itinerario de Hierusalem,
ouero dele parte orientale, diuiso in doi uolumi, Nel
primo se contengono le indulgentie : et altre cose spiri"
tuale che sono in quelli lochi santi : Nel secundo la
diuersita de le cose che se trouano in quelle parte orien-
tale, différente date nostre occidentale.
Pet. in-8o, goth., avec fig. sur bois au titre. Venetia, Fr.
Bindoni, 152A,
Ce volume rare est porté sous le nom de Suriano dans
le catalogue de la librairie Tross, 1861, n^ 1402. (Brunet
T. IV, col. 190).
1524
Vita del diuo et glorioso confessore Sancto Ni-
chola da Tollentino.
Pet. in-8o, goth.; 46 feuillets; la première page est occu-
pée par un grand et beau portrait de saint Nicolas, /m-
364 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
pressa Venetia per Bernadinum Benalium, 1524-. (Tross,
1878, no 11, p. 158, n^ 1237).
1524
Historia (la) de li doi nobilissimi amanti Ludouicho
et madona Béatrice,
In-4o ; huit feuillets ; une figure grotesque. Le sujet est
le même que celui du Cocu battu et content. Bindoni, 1524',
Venetia. (Brunet, T. III, col. 223. Passano. I novellîeri
in verso, Bologna 1868, page 70.)
1524
Tagliente. (Giov-Anton). — La présente libre In-
segna la vern arte delà Excellète scriuere de diuerse
sorti de litere lequali sefano p geometrica Ragione....
Opéra del tagliente nouamente composte ciim gratia
nel anno di nra sainte MDXXIV.
In-4o ; signatures A.-L.; 4 feuillets par cahier. Verso du
titre, gravure de page représentant le compas, Tencrier, les
ciseaux... en un mot tous les objets de bureau. Cette gra-
vure est répétée dans un autre ouvrage de Tagliente paru en
1530 : Opéra mioua che insegna a le donne a cucire, a racam-
mare et a disegnare a ciascuno... Grandes lettres noires sur
fond blanc indiquant la manière de dessiner géométrique-
ment ; elles vont du verso E. 4 au recto H. 3 inclusive-
ment. Ce volume contient les mêmes matières que l'édi-
tion de 1525, mais la distribution est différente; les mo-
dèles d'écritures sont les mêmes. Cette édition, sans
indication de lieu, doit être de Venise, puisqu'on lit au
dernier feuillet : Hauëdo io Giouàniani antonio Taiëte
pronisionato dal Serenissimo, dominio Venetiano, per
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 366
meriio de insegnare questa uirtute del scriuere. D'ail-
leurs, les caractères, la gravure sont vénitiens. (CataL
Piot, 1891. no 1525.)
1525. — Tagliente. Même titre que celui de l'édition
de 1524.
In-4<*; signatures A. K. ; 40 flF., 4 par cahier; feuillet
F. 2, la gravure de page qui est placée au verso du
titre de l'édition de 1524 ; feuillet G. 4, dans un car-
touche à fond noir : intagliato per evstachio cel-
LEBRiNO DA vDENi ; le nom de cet Eustachio dont nous
voyons ici la signature paraît également sur une gravure
de titre du Duello : libro deRe,,, de Puteo, 1525 ; elle est
signée à droite dans le bas Evstachivs ; il n'y a pas de
doute que ce soit le même, d'autant plus que la taille est
conduite de la même façon. Ce volume est du plus grand
intérêt à cause de cette signature en toutes lettres du gra-
veur, si rare dans les livres à figures. Les grandes lettres,
sur fond noir, occupant, dans l'édition de 1524, du verso
E. 4. au recto H. 3, manquent. La distribution des deux
volumes est absolument différente. Au dernier feuillet, la
marque de Antonio Blado de Rome : dans un écusson un
aigle couronné; à gauche -A- à droite -B- (Librairie
Labitte, cat. Piot).
1525
Niger (Franciscus). — De modo epistolandi,
In-4" ; 8 feuillets par cahier. Au-dessous du titre rouge
et noir, grand bois ombré, d'une taille lourde et com-
mune : un professeur, dans sa chaire, entouré de nom-
breux auditeurs assis ou debout. Deux sirènes dos à dos
ornent le devant de la chaire. A la fin : Impressum Ve-
netiis per loannem de Tridino alias Tacuinum, Anno
Domini. M.D.XXV. Die. VIII, Martii, Au-dessous, le
registre. (Marciana, 2626.)
366 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1525
Andreae Alciati, iurisconsulti mediolan. MDXXV.
Opéra varia,
In-4» ; 20 ff. prélim. ; 340 numérotés et un blanc,
registres A-Z, AA-FF, tous par quatre; caract. rom.
Encadrement au frontispice : un dessin d'architecture
avec figures ombrées représentant des monstres et des
puttiy dont un porte, appendu à une lance, un cartel
avec I. O. Le même encadrement, très peu modifié,
reparait aux ff. 1 et 253. Initiales ornées.
A la fin : Venetiis loan, Antonii et fratrum de Sabio^
Instantia loan, Baptista de Pederzonis Brixiensis. Anno
Dni MD,XXV mense martio,
1525
Prima Pars Plyniani ludicij édita per loannem
Camertem minoritanum : sacrae Theologiae Doc. in
qua (tabellae pictae instar) mira litterarum annexions
In-folio de 86 flF. non chiffrés; caract. rom.; registre
a-i. Frontispice avec titre goth. et lapidario romano rouge
et noir, marque typographique de Sessa. Encadrement
formé de petits bois ombrés qui n'ont pas été faits pour
le livre : dans la partie supérieure, le combat d'Horatius
Ck)clès ; dans la partie inférieure, les portraits de Tite-
Live, de Cicéron, de Virgile et de Sénèque; le côté
gauche offre de petits blocs représentant la mort de
Caton, de Camille, de Scipion, de César et de Curtius,
plus une vignette montrant un groupe de personnages
sans aucune indication ; le côté droit se compose d'autres
petits blocs avec Galba, Sertorius, Caton, Pompée,
Crassus et Tibère. A l'angle gauche de Crassus, la
signature z - a. Initiales ornées, à fond noir ou blanc.
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 367
avec figures et ornements divers. A la fin : Excussum
Venetiis accurata diligentia per Melchiorem Sessam et
Petrum Serenae socios, anno domini MDXXV, Die XXIHI
aprilis, (Bibliothèque Nationale de Florence.)
1525
Oratione de sancta Helena con la oratione délia
Magdalena et del crucifixo che fa parturire le donne
con poco dolore. Et délia inuenzione délia croce,
In-4o de 4 feuillets, avec le registre a, en caractères
ronds. Au-dessous du titre, un bois ; puis le texte à deux
colonnes, partie en vers, partie en prose. A la fin :
Stampala in Veneiia per Francesco Bindoni. Nel anno.
1525 M del mese di Aprile, (Molini... Opérette,,, p. 165.)
1525
Repertorium alphabeticum. D. Christophori porci
eximij Juris vtriusqz interpretis : super primo secundo
T tertio institutionum : nouiter cuz summa diligen-
tia : T laboriosissimo studio : a quodam. II. prof es-
sore erudito excussum.
In-fol. ; 10 ff. prélim. et cxviii ch.; car. goth.; à 2 col.
Au-dessous du titre, la marque de l'imprimeur, avec la
légende : Laudate Dominum omnes gentes. Au commen-
cement du texte de l'ouvrage, un bois représentant
l'empereur assis sur le trône ; à gauche, des soldats; à
droite, des jurisconsultes. Sur une colonne, est gravée la
marque de l'imprimeur, portant : P H I. P. A la fin :
Venetijs in edibus Philippi pincij Mantuani impressum.
Anno Dni MCCCCCXXV. Die vij. Junij. (Bibliothèque de
M. de Landau.)
368 BULLETIN DU BIBUOPHILE
1525
Guazzo. — Belisardo fratello del conte Orlando del
strenvo milite Marco di Guazzi Mantuano,
In-4o de clxvi feuillets, en lettres rondes, à deux co-
lonnes. La page du titre est entourée d'un encadrement
à fond noir avec feuilles ; dans la partie inférieure se
trouvent des animaux, et à gauche un renard devant un
vase au long col, en face d'une cigogne essayant de
boire dans un plat. Cette représentation de la fable
d'Esope a sans doute paru dans un autre ouvrage ; l'en-
cadrement est d'un joli style, mais le bois est fatigué;
au-dessous du titre, à gauche, Marco Gvazzo, en armure,
écrit à son pupitre, tandis que dehors son cheval tout
harnaché attend à côté de sa lance^ son casque, ses gan-
telets et son écu. Cette vignette est d'une taille peu soi-
gnée. A la fin : Impresso in Venetia per Nicolo de Aristo-
tilede Ferrara diitoZoppino.,, MDXXV, Adixviii, Agosio,
(Bibliothèque Nationale, réserve Y. H. 3509.)
1525
/ Dilettevoli dialogi (sic) : le vere narrationi : le
facele epistole di Lucciano plùlosopho : di greco in
volgare novamente tradotte et historiate.
m
In-8» de 4 fif. prél. et de 130 numérotés au recto. Caract.
cursifs, registre de * -A-Z-AA-FF. par quatre, sauf «j^, qui
est par deux. Au frontispice, un encadrement avec de
bizarres figures de paysans, de paysannes, d'animaux de
toutes sortes, etc. Nombreuses vignettes appropriées au
texte ; elles sont ombrées, jolies, de la seconde manière
de Zoppino, c'est-à-dire beaucoup moins raides, plus
soignées dans tous les détails et ombrées plus finement
cl beaucoup plus fortement. C'est un autre art qui com-
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 369
mence, peut-être plus élégant, plus fini, plus agréable à
Tœil, mais, à coup sur, d'un style moins pur et moins
sérieux que les vignettes antérieures ; les hachures, au
lieu d'être employées avec sobriété, pour donner seule-
ment du relief, deviennent Taide nécessaire de tous les
effets et produisent souvent un empâtement déplorable.
A la fin : Stampato in Vinegia per Nicolo di Aristotile
detio Zoppino neVanno del Signore. M.D.XXV. del mese
di seitembre. Au-dessous, la marque de Zoppino avec ,N.
(Arsenal, B. L. 19328, et Bibliothèque Nationale de
Florence.)
1525
Orlando Furioso di Ludouico Ariosto nobile Fer-
rarese imovamente ristampato e con molia diligentia
ricorretto e quasi iuiio riformato, Di nuouo e am-
pliato.
In-8o ; caractères gothiques ; à deux colonnes ; le titre
ci-dessus, imprimé en rouge et noir, est entouré d'un
encadrement, copié sur celui de l'édition de 1524 chez
Zoppino ; au verso, au lieu du privilège accoutumé, on
lit, pour la première fois, un sonnet adressé A lo ecceU
lente messer Ludouico Ariosto da Ferrara da Giouan
Battista Dragonzino da Fano, qui commence par SE dar
si deue Vhonorata fronde. Au-dessous, se trouve une petite
figure sur bois. Le poème commence au feuillet suivant,
numéroté 2 (A. 2) et finit au recto du huitième feuillet du
cahier cc^ page 208, par la souscription : Finisse Orlando
Furioso,,. Stampato nella inclita citta di Uinegia : apresso
santo Moyse nelle case nuoue Justiniane : per Francesco
di Alessandro Bindoni e Mapheo Pasini compagni : Nelli
anni del signore, 1525. del mese di Settembre... Suit le
registre ; le verso est occupé par la ruche ornée de l'en-
cadrement habituel. L'unique exemplaire connu est
1891 24
370 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
celui qui appartenait à Melzi et qui a servi à faire cette
description. (Melzi... 105, et Ulisse Guidi. Annali délie
edizioni e délie versioni delV Orlando Furioso,,, Bologna,
1861, page 8.)
1525
Augustini Dalhi scribe Senensis Elegâtiole: nouiter
correcte :
In-4*' ; titre gothique ; texte en lettres rondes. Au-dessous
du titre, un personnage écrivant à son bureau ; des
livres sur un rayon, et, au-dessus, AEMILIUS PROBVS ;
bois ombré médiocre. A la fin : Impressum Venetiis
Melchiorem Sessam : et Pétri de Rauanis socios, Anno dHi
MDXXV Die IX mensis Octobris (Marciana 2052).
1525
Interpretatio preclara Abbatis loachim in Hiere-
miam Prophetam (sancto dictante spiritu) ad hœc
usqz tempora minime prospecta (nunc vero eius ican
cœpta impletione : intcllectumqz dante vexatione) in
dies magis perspicua fiet.
In-4o ; la première ligne du titre gothique, le reste ainsi
que le texte en lettres rondes ; 20 feuillets préliminaires
et 62 numérotés, à deux colonnes. Titre avec encadre-
ment, foiTiié de petits bois ombrés, représentant des
sujets de l'Ancien et du Nouveau Testament ; au milieu,
au-dessous des titres, un écusson, encadré, avec un ange
agenouillé qui tient une palme de la main droite. Au-
dessus de reçu, à gauche P, à droite A. Après les feuillets
de table, un encadrement avec les mêmes bois que celui
des titres, mais Técu, qui se trouve ici au-dessus du texte,
contient une rose ; au-dessous, les lettres 'F* *S'. Les
4 feuillets suivants sont ornés de bois médiocres. Lettres
LHTŒS A FIGURES VÉNITIENS 371
ornées. Feuillet 62 : Impressum Venetiis per Bernardiûn
Benaliiim. 1525. Die. 20, Nouembris Au-dessous, le
registre (Bibl. Nat., Résene A. 1629 et 2060).
1525
Dragonzino da Fano (Giov. Battista). — Nobilita
di Vicenza,
In-8o de 20 ff. (A-E par 4) ; caract. rom. Deux Viaggi
in oitava rima. Sur le titre, une vue de Vicence, et au
verso, un Carmen d'Antonio Forlivese; des pièces de vers
en latin et en italien, à la louange de Dragoncîno, -oc-
cupent les quatre derniers feuillets (Bibliothèque de
M. de Landau).
1525
Lassedio di Pavia con la Rotta e presa del Re
christianissimo M.CCCCCXXV.
In-4o; lettres gothiques; opuscule en vers de trois feuillets
suivi d*un feuillet où François I®»" raconte son départ de
France pour la conquête du Milanais et sa prise par
TEmpereur. Au-dessous du titre, bois ombré, environ de
la largeur de la page, représentant la capture du Roi ;
hommes et chevaux semblent être en bois. Au-dessous
de la dernière pièce : Finis, Per Giouan Andréa Vavassore
deito Guadagnino. (Réserve PX d, I-L»» 3.) Libri (208) cite
une édition S. 1. n. d.
1525
Arias 'de Avila (?). — Lettere di Pietro Arias
Capitano Générale délia conquista del paese del
Mar Occeano Scripte alla Maesta Cesarea dalla Cipta
372 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
di Panama délie cose Vltimamente scoperte nel Mar
Meridiano dicto el Mar Sur MDXXV.
In-16, sans lieu, mais de ^Venise ; bois sur le titre ;
(Harrisse, Additiones, p. 88).
1525
Victurii (Ciceronis) . Synonima una cum Stephani
Flisci synonimis,
In-4« ; figures sur bois. Venetiis, M. Sessa e P. de Rauanis
(Libri 1861, page 115).
1525
Probus de notis Roma ex codice manuscripto cas-
tigator,
In-4» ; le 4« ff. est occupé par une belle gra\aire sur
bois. Venetiis, L Tacuinus Tridinensis, 1525 (Tross, 1878,
no 11, p. 120, no 951.).
Vers 1525
Ordinationes officii totius anni et agendoz. et dicen-
dorum a sacerdote in missa priuata et ferlait iuxta
ordinez ecclesie Romane.
Petit in-8o gothique ; au-dessous du titre, bois décrit à
propos de : Caraciolo, Prediche de fra Ruberto de 1524-.
A la fin : Impressum Venetiis p loânem Tachuinum
(Marciana 2192).
Vers 1525.
Li Stupendi et marauiglîosi miracoli del Glorioso
Christo de Sancto Roccho Nouamente Impressa.
In-12 ; caractères gothiques en vers ; 4 feuillets. Au-
dessous du titre, une très jolie gravure en relief, qui
LIVRES A FIGURES VÉNITIENS 373
semble plutôt sur métal que sur bois, représentant une
sorte de portique où se trouvent : au milieu, le Christ
portant sa croix, et devant lui un personnage, de profil,
la lui attachant avec des cordes ; tout à fait à gauche, un
personnage dont on ne voit que le visage, la colonne
cachant le reste ; ces trois personnes ne sont vues que
jusqu'à mi-corps. Le tympan est occupé par une vignette
nous montrant Dieu le Père et des anges portant les instru-
ments de la Passion. Au-dessus ces mots: . svper. dorsv.
MEVM. FABRiCAVERVT. PECAT. Tout à fait daus Ic bas, au
milieu de la base du portique : . evs . F . Ces lettres nous
sont expliquées par la signature qui se trouve à la fin du
poème. Eiistachius Utinensis fecit. Au-dessous : cum
gratta. Cette charmante gravure a donc pour auteur
Eustachius de Udine du Tagliente et du Duello. Ce
volume est sans doute de Venise, car il raconte les nom-
breux miracles faits par le Christ de San-Roccho engageant
les fidèles à s'y rendre pour Thonorer et le prier. Il est
de la plus grande rareté ; nous n*en connaissons qu'un
exemplaire ; nous ne le voyons cité nulle part.
Vers 1525.
Qiiesta sie la régula del glorioso confessore miser
Sancto Benedeto in vulgare ad instantia de le uenera-
bile monache de la celestia observâte nouamente
siàpaia.
In-4'', de 2 fi", prélim. pour le titre et la table (4 et 2
chiffres) et de 24 flf. pour le texte (de 3 à 25 et le dernier
f. non chiffré ). Cahiers de 4 ff. de a à /■., sauf le dernier qui
en a six ; lettres rondes ; à deux colonnes. Le titre goth.
est encadré d'une bordure dont les trois côtés offrent de
simples ornements. Le côté droit est composé d'un petit
bloc inférieur représentant une Annonciation bien
connue ; et d'un plus long bloc où se voient quatre enÊmts
374 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
nus grimpant sur un tronc d'arbre, celui d'en haut
cueillant des fruits. Au-dessous du titre goth. un religieux
(saint Benoit) dans sa cellule, recevant un jeune garçon
que lui amène un abbé ; bois assez joli, ombré. Au*
dessous, en caract. ronds : Nel nome del Saluatore nostro
miser lesu Christo & delà sua gloriosa madré Vergine Maria
incomenzael prologo del Sanctissimo patriarcha etprecipuo
reformatore del ordine monastico Miser Sancto Benedeto-
nela régula sua.
A la fin, après le registre, en gothiques : Stampata in
Venetia per maistro Andréa de Rota (1) de Leucho librany
nela contrada di Santo Apolinaro (Librairie Techener).
Duc DE Rivoli.
FIN
(1 ) Ce maestro Andréa n'imprima que très peu de volumes et mourut très-
jeune ; M. Torre nous dit qu'il est presque inconnu et qu'il ne donna, à sa
connaissance, qu'un ^volume imprimé dans le premier quart du xvi* siècle,
orné de graviu-es de prophètes dans le genre d'Ugo da Capi et des preghiere
délia Vergine avec une Madone sur le titre, ressemblant à la Madone du.
frontispice de Ul Vie de la Vierge de Durer.
CORRESPONDANCE
Nous recevons du savant prefetto de la Marciana^ à
Venise, M. Castellani, la communication suivante, qui
mettra en garde les amateurs de livres vénitiens contre
une trop ingénieuse falsification :
Venise, Juin 1891,
On m'a proposé à l'étranger, il y a quelque temps, Tachât d'un
exemplaire d'un Livius qu'on disait imprimé à Venise en 1469 par
Jean de Spire; je fis observer au détenteur du livre qu'une telle
édition ne pouvait exister : les termes du privilège de la Seigneurie
de Venise, 18 septembre 1469, en faveur de l'imprimeur susdit,
aussi bien que le colophon de son frère Vindelin au Saint Augustin
rfeCii'i7a^eDei, 1470, s'y opposaient absolument. Néanmoins, comme
il persistait dans son affirmation, disant que le volume avait un
colophon qui attestait Tauthenticité de l'édition, je ûs venir ce
volume, pour l'examiner. Aussitôt j'ai vu que le colophon annoncé
est le même que celui qui se trouve dans l'édition 1469 des Epistol»
ad FamiliareSy de Cicéron : a PHmiis in Adrûica », à l'excep-
tion de deux mots changés dans le dernier vers ; ensuite, il m'a été
facile d'apercevoir que ce colophon a été placé au verso du dernier
feuillet de la première partie du LiviuSy 1470, par Vindelin, moyen-
nant des types admirablement imités.
Je crois conséquemment de mon devoir de prévenir de cette Màr
fication toute personne qui s'intéresse à cette espèce de livres, pour
le cas où le volume en question serait mis dans le commerce.
C. Castellani,
Préfet de la Bibliothèque de Saint-Marc.
REVUE CRITIQUE
DE
PUBLICATIONS NOUVELLES
Rapports inédits du lieutenant de police René d'Argenson
(1697-1715), publiés d'après les manuscrits conservés
à la Bibliothèque Nationale par Paul Cottin. Paris,
librairie Pion, 1891, in-12 de cxxxvi-418 pp. (6fr.).
La Bibliothèque elzévirienne^ fondée par Jannet et continuée par
l'éditeur Pion, vient de s'enrichir d'un volume contenant toute la
partie qui était restée inédite des rapports adressés par le lieutenant
de police René d'A.rgenson au comte Jérôme de Pontchartrain,
secrétaire d'Etat ayant Paris dans son département. Ces documents
sont conservés au Cabinet des mss. de la Bibliothèque Nationale
dans sept registres cotés 8119 à à 8125.
Le Roi, qui traitait d'Argenson en ministre, lui accordait une
entière confiance et travaillait souvent seul avec lui. Déjà dignes, à ce
titre, d'éveiller l'attention, ces Rapports font connaître les relations
de la lieutenance de police avec le ministère et le Châtelet ; l'impor-
tance qu'on attachait aux placets, aux dénonciations ; le système des
lettres de cachet ; le service de la surveillance et des recherches
appliqué aux divers justiciables : gens d'Église, gens d'épée, gens
de qualité, charlatans, joueurs étrangers ; ils initient le lecteur
aux secrets de la police des mœurs, de la librairie, des spectacles»
etc. Enfin, les conséquences de la révocation de l'Édit de Nantes,
si terribles au point de vue national, y sont mises en lumière et
achèvent de donner une réelle importance à ces documents.
M. Paul Cottin, qui dirige avec tant de compétence la Revuê
rétrospective, a placé en tête du volume une substantielle introduc-
tion dans laquelle il étudie l'ensemble de la correspondance de
d'Argenson. M. Paul Cottin a accompagné les documents qu'il
publie de notes intéressantes. Les chercheurs et les curieux consul-
teront, avec fruit, le copieux index alphabétique qui termine
l'ouvrage et dans lequel figurent tous les noms illustres de la fia
du dix-septième siècle et des premières années du dix-huitième.
REVUE CRITIQUE DE PUBUGATIONS NOUVELLES 377
Les Tragédies de Montchrestien. Nouvelle édition d'après
l'édition de 1604, avec notice et commentaire par
L. Petit de Julleville, professeur à la Sorbonne. Paris,
librairie Pion, 1891, in-12. (6 fr.).
Anthoine Mauchrestien ou de Montchrestien, «ieur de Yastevillei
méritait à tous égards de figurer à côté de tant d'auteurs rares et
curieux dans la Bibliothèque élzémrienne. Il le méritait aussi biea
par la valeur de son œuvre que par la singularité de son personnage.
Figure étrange, en effet, que celle de ce fils d'iqwthieaire
normand qui traversa les fortunes les plus diverses et qui aurait été
capable des plus grandes choses si Tinquiétude de son caractère
n'était venue gâter ses bonnes qualités naturelles. Les procès, les
duels, Texil et la guerre, la poésie et Voeconomie politique (1) dont
U inventa le nom, les entreprises industrielles et les querelles de
religion, remplirent cetle existence aventureuse, terminée par une
mort tragique et qui apparaît avec tout Tintérét d*un roman dans la
notice érudite que lui a consacrée M. Petit de Julleville.
Son œuvre vaut son histoire. Grand poète inachevé, plus théâtnd
peut-être que dramatique, écrivain aisé et vigoureux, plein de beaux
vers, largement lyrique, Montchrestien fait en plus d'un endroit
penser à Corneille qui ne dédaigna pas de le lire. Mais s'il doit être
compté comme un des précurseurs de notre tragédie classique, il est
surtout de son temps et son œuvre comme sa vie porte bien la marqas
de notre seizième siècle littéraire.
La mort d'Hector ; la mort de Gléomèue, roi de Sparte ;
Sophonisbe ; les Amours du roi David et de Bethsabée ; l'histoire
d'Aman et d*£sther, qui devait être reprise par Racine ; la condam-
nation de Marie Stuart, reine d'Ecosse : tels sont les scgets de ses
six tragédies rééditées aigourd'hui pour la première fois depuis
l'édition défectueuse de 1627.
Outre la notice, l'ouvrage est accompagné d'une bibliographie,
d'un lexique et, pour chaque pièce, d'un savant commentaire.
( 1 ) MontchresUen a pubUé à Rouen, en 1615» un Traicté de réronomlepoil-
tique (in-4*). Ce Traité a été réimprimé récemment, avec introductt<m et notes,
par M. Th. Funck-Brentano. Paris, Pion, gt. in-8 de cxvn-MSpp.
378 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
PÉTRARQUE. Eglogucs traduites pour la première fois par
Victor Develay. Paris, Librairie des Bibliophiles,
1891, 2 vol. in-32 carré (5 fr.).
Deux nouveaux volumes viennent d'entrer dans la collection de
la Bibliothèque récréative^ publié par Victor Develay. Comme tout
ce qui sort des presses de Jouaust, ces petits livres, tirés à 310
exemplaires dont 10 sur papier de Chine, sont très soigneusement
imprimés.
M. Develay a fait précéder les Eglogues de Pétrarque, traduites
pour la première fois, d'une intéressante introduction.
Chansons nouvelles de M. de Piis, écuyer. Paris^ Bon-
guette et fils, in-18, fig., papier de Hollande. (20 fr.)
Reproduction à trois cents exemplaires, par la librairie Rouquette
et fils, de rédition originale publiée chez Defer de Maisonneuve,
aujourd'hui fort rare et atteignant des prix très élevés. Les trëff
jolies figures de Le Bai'bier sont reproduites avec une scrupuleuse
exactitude, qui ne leur laisse rien perdre de leur grâce native. L'im-
pression du texte, imitant avec non moins de fidélité l'élégante mai-
greur des types du xviuo siècle, est due à M. Pigelet, de Chàteaudun,
dont on connaît le soin minutieux. A la fin, la musique de quelques
chansons. Le tout concourt à faire de cette publication très artis-
tique un aimable livre que les bibliophiles se disputeront.
Au moment des vacances et des voyages, signalons une nouvelle
collection anglaise dont la librairie Hachette vient de mettre en
▼ente le premier volume. The Light that Failed, par Rudyard
Kipling, tel est le titre de ce livre d'un format commode et facile à
lire en chemin de fer.
CATALOGUE DESCRIPTIF
DE
LIVRES ET PIECES RARES
EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS A LA LIBRAIRIE TECHENER
Epytoma Joànis de môte regio In almagestû ptolomei,
Venetiis, 1496 ; in-fol. parch. 160 fr.
Un des plus beaux livres vénitiens des dernières années du
xve siècle. In-folio ; lettres gothiques. Au verso a-3, un grand bois
occupant toute la page : dans un très bel encadrement, en haut, le
soleil, la lune et les étoiles ; au-dessous, une sphère : dans la
partie inférieure, Ptolémée et son commentateur, s*entretenant, de
chaque côté d'un socle qui soutient le globe céleste. La figure de
Monteregio est d'une remarquable exécution et, selon M. Piot, le
portrait fidèle du célèbre abréviateur de Ptolémée. Cette gravure
est une des plus belles productions de la xylographie vénitienne ;
Tencadrement, sans égaler celui de V Hérodote, si justement vanté,
semble être de la môme main.
Nombreuses figures de mathématiques. Grandes et petites lettres
ornées du meilleur style... A la fin : Explicit Magne Compositionis
Astronomicon Epitoma Johannis de Regio monte... Opéra... viri
solertis Johannis hàman de Landoia... Anno salutis iA96 currente:
Pridie Calen. Septemhris Venetiis.... Voir, pour une description
plus déUillée : Étude sur les livres à figures vénitiens de la fin du
xve siècle et du commencement du xvi«, par le duc de Rivoli,
Bulletin du Bibliophile, 1890.
Très bel exemplaire, malgré une piqûre de ver dans la marge
intérieure.
Ptolémée. — Claudii Ptolomaei Cosmographia. In fine :
Impressiim Ulmœ opéra et expensis Justi de Albano
de Venetiis per provisorem suum Johannem Reger,
380 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
anno M.CCCC L XXXVI (1486) XII Kalendas AugusH,
in-fol. à 2 col, de 204 ff. en tout, avec 32 cartes
doubles et lettres ornées, peintes à la main ; veau
brun, estampe à froid, cabochons et ferrure cuivre
ciselé ; les deux plats sont différents d'ornementa-
tion. 450 fir.
Superbe exemplaire dans sa reliure originale, avec toutes les
cartes, vignettes et lettres ornées dans leur coloris du temps. Le
dernier feuillet est doublé, quelques mouillures.
Toutes les cartes de cette très curieuse édition sont intéressantes
à divers titres. Nous nous bornons à signaler la Mappemonde, qui
ouvre la série des 32 cartes, entourée des vents Eurus^ Notus^
Caurus, etc., figurés par des têtes joufflues qui soufflent avec
entrain ; l'Equateur, les Tropiques, les degrés de longitude et de
latitude sont notés avec une minutieuse précision ; — la Grande-
Bretagne, Albion insula britatmica, assez exacte en ce qui concerne
l'Angleterre et l'Irlande, mais où l'Ecosse, Caledonia, au lieu de
s'étendre vers le Nord, s'infléchit bizarrement à l'Est, formant
presque un angle droit avec l'Angleterre ; les Orcades y figurent,
ainsi que la mystérieuse Thulé, beaucoup trop rapprochée d'elles ; —
deux très belles cartes de l'Italie, la carte de l'Egypte et de
l'Ethiopie, où le cours du Nil est tracé beaucoup plus exactement
que dans nos atlas d'il y a trente ans ; les trois lacs, appelés ai:your-
d'hui Tanganyika, Albert Nyanza et Victoria Nyanza, sont marqués
à peu près à leur place, quoique trop au Nord ; la distinction des
deux Nils est sufûsamment indiquée ; mais ce qui est plus étonnant
encore, c'est que Ptolémée a une notion très nette des montagnes
neigeuses de l'Afrique centrale ; soit dans la Mappemonde, soit dans
cette carte, ces montagnes sont accompagnées de cette annotation
significative : Ab his 7nontibus Nili paludes nives suscipiitnt. Ainsi
les monts Kenia et Kilimandjaro, ignorés des géographes modernes
jusqu'à nos jours, étaient connus ou devinés par Ptolémée ou aa
moins par son éditeur latin de 1486.
A lire la dédicace de Nicolas Donis au pape Paul II, précédée
d'une grande N ornée, dans laquelle l'auteur est représenté à
genoux, ofl'rant son livre au Saint-Père.
• Hippocrate dépaïsé, ou la version paraphrasée de ses
Aphorismes, en vers françois, par M. L. de F. (Louis
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 381
de Fonlenettes), doct. en med. dans P. (Poitiers).
Paris, Edme Pepingué, 1654 ; in-4 de 12 ff. et 176 pag.,
mar. du Levant La Vall., dent, intér., tr. dor. 50 fr.
Livre rare, curieux et non cité. — Louis de Fonlenettes, docteur
en médecine, naquit en 1612 au Blanc (Berry), et mourut à Poitiers
au mois d'octobre 1661. Ce médecin eut l'idée singulière de para-
phraser en vers burlesques les Aphorismes d'Hippocrate. Il parait
avoir composé ce livre en dix jours, puisqu'il s'exprime ainsi dans
l'Epilogue :
Que si Monsieur le Révérend,
Qui me tient pour un ignorant
En matière de médecine,
Despouilie son humeur chagrine,
Et considère ce discours
Comme un ouvrage de dix jours.
Etc
Les feuillets préliminaires contiennent une dédicace au célèbre
Guy Patin, datée de Poitiers, le 20 octobre 1652, une Préface en
vers ; des vers latins et français, à la louange de l'auteur, et un
Avertissement au lecteur, dans lequel de Fontenettes fait l'apologie
de la poésie burlesque.
On y trouve (sect. i, Aph. 23), une allusion aux troubles de la
Guyenne, en 1650, et (sect. ii, Aph. 22), une satire virulente de
Paracelse et de ses adeptes.
Brief discours sur la mort de la Royne de Navarre,
aduenue à Paris, le ix iour de Juin 1572. — Pseaulme
116-15. La mort des débonnaires du Seigneur est en
estime enuers luy. S. /., 1572 ; plaq. in-8 de 71 ff.
non rel. 18 fr.
Récit très circonstancié des derniers moments de Jeanne d'Albret.
On sait que cette mort fut attribuée à des gants empoisonnés,
envoyés à la reine de Navarre par Catherine de Médicis. L'auteur
ne fait aucune allusion à ces soupçons et explique ainsi la fin
prématurée de la reine : « Estant doncq cette vertueuse Princesse
venue à Paris le 15. iour du mois de may 1572 pour l'exécution de
ce mariage, elle ne cessa d'aller journellement çà et là par la
ville, es maisons et boutiques des artisans, pour veoir ce qui serait
382 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
propre pour le iour de la solênité, tant de ce qui concernait les
habits nuptiaux et autres, dont elle prétêdait faire présent, que de
plusieurs choses nécessaires. Enqnoy faisant elle print si grand
travail, mesmes estas lors les chaleurs fort véhémentes, qu'en fin le
mecredy 4 de Juin elle tôba malade au lict d'vne ûebure continue,
causée d'un mal de polmons, où dez long têps s'estoiêt formez
quelques apostumes, lesquels esmeus et irritez par vn travail côtinuel,
luy ^nflâmerent ceste fiebure, qui ne l'abâdonna point iusques à ce
qu'elle rendit son ame à Dieu, au grand regret de plusieurs
amateurs de la religion et du repos de ce royaume. » Le Brief
Discours, étant évidemment d'un protestant très zélé, ne manquerait
pas de mentionner les bruits d'empoisonnement, s'ils avaient eu
quelque fondement sérieux. Il semble donc qu'il faille décharger de
ce crime au moins la mémoire de Catherine de Médicis.
Viennent ensuite les pieux entretiens de Jeanne d'Albret avec le
ministre huguenot a qui la venoit consoler » et une très touchante
prière ; puis le testament de la mourante, son épitaphe latine et
une suite de poésies funèbres en français, en latin, en italien, en
espagnol et même en grec.
Eîpitome de Torigine et succession de la duché de
Ferrare, composé en langue toscane par le seigneur
Gabriel Syméon & traduict en francoys par luy-
mesme. Auec certaines epistres à diuers personnages
& aucuns epigrammes sur la propriété de la lune
par les douze signes du Ciel. Pour Madame la
Duchesse de Valentinois. Paris, Guillaume Cauellat,
1553 ; in-8 parch. 32 fr.
Un des ouvrages les plus curieux du fécond Gabriel Siméon ; il
comprend, outre ce l'origine et succession de la duché de Ferrare »
des renseignements assez précis sur la Seigneurie et les ducs de
Venise, sur les vicomtes et ducs de Milan, sur les marquis et ducs
de Mantouc, des « Epistres Françoises envoyées par le mesme
autheur à divers personnaiges, » enfin un certain nombre de poésies
fugitives. Le livre est dédié à Madame la Duchesse de Valentinois
(Diane de Poitiers), ce qui fournit à Siméon un prétexte pour
célébrer en vers italiens, dont quelques-uns assez ingénieux, la
déesse Diane, la fontaine d'Anet et a la propriété et vertu de la
Lune^ tandis qu'elle passe par les douze signes du Ciel »«
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 383
Au commencement un arbre généalogique de la maison d'Esté et,
sous le titre, un portrait ( d'un prince ferrarais ou de Siméon même?),
avec cette devise peu modeste : Invidia virtute parta gloria non
invidia putanda est.
Payé 49 fr. à la vente Cailhava.
De quattuor heresiarchis ordinis Praedicatorum de Obser-
vantia nuncupatorum apud suitenses in civitate Ber-
nensi côbustis. AnnoChristi M.D.IX; s, l. n, d., pet.
in-4«, de 28 ff. non chiff. fig. en bois sur le titre,
cart. 38 fr.
Livre rarissime. C'est le récit du supplice de quatre pseudopatres
de l'ordre des Prêcheurs, torturés, puis brûlés à Berne en 1509.
Le narrateur expose en ces termes l'apparition de cette hérésie qui
ne devançait Luther que de quelques années :
Anno ab incamatione domini nostri Jesu Christi mxllesimo
quingentesimo septimo^ in cinitate Beimèsi Lausanësis diocesis
pullulauit et exorta est hœresis omniù j)lane nequissima, et qua
nulla major audiH potuit sed neqiie cogitari. Quant aux griefs
articulés contre les hérésiarques, ils sont spécifiés dans le dernier
chapitre : Primo, quia deum, ahneg avérant. Secundo , venei^ahUe
saa^amentum. corporis et sanguinis domini nostri lesu Christi
rubricarunt et depinxerunt. Tertio, quia imaginent virginis glo-
riose plorantè finxerunt. Et quarto quia vulnetHbus redèptionis
nostrœ illudètes fratrê quinque vulnerihus insigniuerunt. Et voilà
pourquoi ces quatre malheureuses victimes de l'intolérance furent
condamnées à la torture et au bûcher. On les brûla hors de la ville
dans une prairie au-delà de l'Aar : Cineres quoque in fluentë aquam
xnjecti, ne fortasse quid superstitionis hinc oriretur.
Au titre, une curieuse gravure représentant le supplice ; au-
dessous, deux distiques adressés ad Joannë Scotù doc. subtUë.
Sans lieu, mais très probablement imprimé à Berne ; le livre est
dédié aux a magnifiques et nobles sénateurs, patriciens et magis-
trats de l'illustre cité. •
Frederici Nauseaî Blanci campiani, eximii LL. doctoris,
inclytae ecclesiae Moguntinae à sacris Concionibus
eminentiss. libri mirabilium septem. Coloniae, apud
384
BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Petrum Quentell. Anno M.D.XXXII ; iii-4o de 6 if.
prél. et 76 ff. chiff., fig. sur bois, vélin blanc. 65 fr.
Après avoir donné une définition du mot mirabiliaj Tautenr
répartit les phénomènes surnaturels en diverses catégories, mirocufa,
prodiyia, ostenta, portenta, omina, prœsagiay naturalia. Il indique
les moyens de distinguer ces diverses sortes de faits merveilleux et d'en
reconnaître Tauthenticité. Passant en revue les miracles accomplis
par le Christ et depuis le Christ, il insiste particulièrement sur
certains prodiges contemporains et sur les inductions qu'on en peat
tirer. C'est ainsi qu'il explique à sa façon : Quid partus prodigiosua
nupei* portenderit, ou Quid puella Romœ e latere aquatn lympi^
dissimam desudans portenderit ou encore Quidnà Comètes^ qui
nuper apparuit, esse perhibeatur aut portenderit. Le septième et
dernier livre est consacré aux tremblements de terre et aux catas-
trophes qui les suivent ordinairement.
Nombreuses planches représentant les prodiges commentés par
Nausea. Au feuillet lxix, un grand bois très singulier : Typus
eomelse, qui hoc anno post Christ, natum M.D.XXXI apparuit.
BIBLIOGRAPHIE
DE
QUELQUES ALMANACHS ILLUSTRÉS DU XYIII-^ SIÈCLE
[Suite et fin)
1782
Almanach galant des costumes français des plus à
la mode dessinés d'après nature, dédié au beau sexe,
A. P. D. R.
A Paris, chez le S^ Boulanger, rue du Petit-Pont,
près le Pelil Chàtelet.
Titre frontispice gravé. Sur un petit pont, un amour
à genoux, regarde avec une lorgnette une gracieuse petite
fille assise, et remettant sa jarretière; lui, coifTé d'un
chapeau de paille : elle, d'un chapeau à plumes. Une
rivière coule sous le pont et des arbres s'élèvent de
chaque coté, supportant à leurs extrémités abaissées l'une
vers Taulre, une couronne de roses. Au verso du titre,
remarques pour la présente année 1782. Calendrier des
six premiers mois ; 74 pages dont 38 pour les gravures
(le recto est en blanc), les autres pour les chansons ana-
logues aux costumes :
Dame de cour en grand étiquet.
Sous cet habit éclatant,
Qui peint la naissance,
Et la grandeur et le rang,
Est-on toujours content?
1891 25
386 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Souvent au sein de Toppulence,
On est dévoré de soucis,
Mais à la cour avec aisance,
Quand on doit pleurer, on sourit
Etc., etc. . .
Dame en camisole de nuit qui se baigne.
Dame en pelisse, chapeau en soleil.
Dame en lévite, fourreau à langlaise.
Dame mettant sa jarretière.
Dame en robe à langlaise.
M. tabbé.
Le bourgeois marchand.
Il a calculé son livre,
Il a compté son argent,
Et sur le soir il se livre
Au bourgeois amusement.
11 s'occupe au Domino ;
Il rentre dans son ménage,
On lui présente un loto.
Fredonnant la Dithyrambe
Au milieu de ses amis,
Il tire le terne et Vambe,
Et perd ou gagne un louis.
Le jeu fmi, on arrange
Vite un salubre souper ;
Ce bon marchand boit et mange,
Ensuite il va se coucher.
Avec l'aurore il se lève
Pour attendre le chaland :
Et le Paynon, le lodève.
En conscience il le vend.
Car cet homme est respectable.
Et je crois que par ses mœurs,
11 est cent fois préférable
A certains petits seigneurs.
A la fin de la semaine
11 part pour se divertir,
A la campagne il emmène,
bis
ALMANACHS DU XVIIP SIÈCLE 387
Femme, enfans, qu'il sait chérir.
Si quelques amis surviennent,
Ses plaisirs en sont plus grands ;
Tous s'amusent, tous reviennent,
Très heureux et très contents.
L officier en redingote verte, galonnée en or.
Lhomme de robe en habit de velours ciselé.
Le petit maître en gilet blanc, culotte de nanquin.
Le comte en habit du matin,
Lestement la canne à la main,
Parcourt tous les coins de Paris.
D'un petit maître c'est le ton,
Souvent de quitter la maison
Et de rester jusqu'à minuit.
Etc., etc
Le financier en habit de velours brodé en or.
Demoiselle habillée galamment, coiffée en pouf.
Dame arrosant des fleurs.
Dame en déshabillé, coiffe à la paysane.
Dame en lévite, coiffée en Pont galant.
Dame en robe de satin, coiffée à la paysanne.
Paysanne des environs de Paris en habit des dimanches.
Calendrier pour les six derniers mois de Tannée, et
enfin une annonce de Boulanger.
1784
Étrennes de Vamour des ris, des jeux et des plai-
sirs. Almanach chantant, orné de gravures faites par
un célèbre artiste A. P. D. R.
A Paris, chez Boulanger, relieur et doreur, rue du
Petil-Pont, à Timage Notre-Dame.
Titre frontispice. Le texte est gravé dans une guir-
lande de feuilles et de fleurs (formant médaillon ovale)
388 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
le tout dans un cadre, à la partie supérieure duquel court
une guirlande de roses ; l'adresse de Boulanger sur une
tablette au bas du cadre.
Au verso, remarques sur la présente année 1784. Ca-
lendrier des six premiers mois.
Douze gravures pour les mois ; en regard, les feuillets,
texte gravé des chansons relatives au sujet :
Janvier. — Les Etrennes d'amour.
Février. — La Toilette dune jolie Femme.
Mars. — Le Rafraîchissement de la Chasse,
Avril. — L'Agrément de la Pêche,
Mai. — Le May.
Juin. — La Promenade sur Veau.
Feuillets pour perte et gain.
Juillet. — Zélis au Bain,
Hilas guettait sous le feuillage.
Zélis et Chloc dans le bain,
N'ont d'autres témoins que Tombrage,
Les oiseaux et l'amour malin.
Août. — Les Moissonneurs.
Septembre. — Le Plaisir de la Chasse.
Octobre. — La Guinguette.
Novembre. — La Marchande d'Huîtres.
Décembre. — L'Heureux Ménage,
Ces figures, dont les titres indiquent bien le sujet, sont
ravissantes et peuvent se mettre au nombre des meilleures
de Queverdo.
1784
Les belles Marchandes, almanach historiques (sic)
proverbiale et chantans.
A Paris, chez Jubert, rue Saint-Jacques, la porte
cochère vis-à-vis les Mathurins.
ALMANACHS DU XVIII« SIÈCLE 389
Titre front, gravé ; 12 figures charmantes, 24 pages
de texte et 24 pages pour les mois avec colonnes perte
et gain ; en plus, le calendrier pour l'année 1784.
Le titre est gravé sur une draperie formant l'entrée
d'une boutique dans laquelle un commissionnaire porte-
faix emballe difTérents objets dans une caisse, et où une
jeune femme, au comptoir, fait peser par le marchand
ce qu'elle vient de lui acheter.
1^ Figure. — La Marchande de Plaisir. ^
Un nouveau parvenu de province, voulant goûter le
plaisir de Paris, propose à une marchande de monter
dans sa chaise.
2« FiG. — La Jardinière.
Un jeune amant, entré dans un jardin avec sa maîtresse,
beauté surannée, trouvant la jardinière de son goût, excite
la jalousie de cette femme qui, de dépit, fuit et jette des
fleurs qu'elle tenait.
3®. — Les Marchandes de Mode.
Tandis qu'une dame examine on chapeau de gaze,
surmonté d'une aigrette, de jeunes courtois en content
à de jolies ouvrières, qui s'occupent moins à travailler
qu'à les entendre.
4«. — La Couturière.
Tandis que la maîtresse de la maison essaye une robe
sur un mannequin, en présence d'une jeune étrangère,
un jeune homme déniche des baisers à une ouvrière.
5«. — La Chapelière.
Un jeune homme essayant un chapeau devant un
miroir, le campe si bien sur sa tête, que la marchande
lui fait inconséquemment un léger compliment dont il
abuse.
390 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
6®. — La Bijoutière,
Une jeune fille essayant une croix dite à la Jeannette,
la laisse tomber dans son sein ; son amant profite de cette
occasion de paraître obligeant et la lui retire.
7®. — La Boulangère.
Un jeune homme amoureux de la maîtresse, lui fait la
cour. Celle-ci lui offre des petits pains, mais l'autre lui
montre du doigt ceux dont il est le plus affamé.
8®. — La Marchande d'Œufs frais.
Une jolie paysanne, dupe de sa bonne foi, se défend
en vain d'un jeune homme qui Ta fait entrer un matin
dans son appartement.
9<î. — La Belle Foureuse,
La maîtresse, amoureuse d'un jeune homme, profite
du moment qu'un financier entre chez elle avec une gri-
sette, pour le faire évader de sa maison où il était entré
pendant la nuit.
10«. — La Limonadière,
Tandis qu'un vieux financier contemple les grâces de
la marchande, une grisette, assise à sa table, donne fur-
tivement un billet de rendez- vous à son jeune amant.
Ile. — La Parfumeuse,
Une jeune dame, obsédée des importunités d'un vieil-
lard qui prétend en vain à ses faveurs, lui montre un
masque, auquel on voit un pied de nez.
12e. __ La Belle Fruitière.
Des dames, marchandant des fraises chez une fruitière,
fournissent au mari l'occasion de quelques plaintes aux-
quelles sa femme répond par un bon conseil.
ALMANACHS DU XVIIie SIÈCLE 391
Les belles Marchandes de Paris 11^ partie ; alma^
nach chantant, sur les plus jolis airs,
A Paris, chez Tauteur, rue Saint-Jacques, vis-à-
les Mathurins, n<> 37.
Faux-titre ; titre, frontispice gravé ; 12 charmantes
figures ; 48 pages de'texte suivies du a nécessaire des dames
« et des messieurs, ou le dépositaire fidèle et discret utile
a aux gens d'affaires, négociants, voyageurs, militaires
« et à tous les états. Composé d'un papier nouveau, sur
« lequel on peut, à l'aide d'un stylet de minéral sans fin,
« adapté au livre, écrire aussi distinctement qu'avec la
(( plume, ses pertes et gains, les visites à rendre, les agenda
« de la semaine, les rendez-vous, pensées, bons mots,
(( pièces fugitives, comme épigrammes, madrigaux, traits
« de conversation, saillies, adresses, etc. Il y en a avec de
(( la peau d'àne pour les personnes qui en désirent. On
(( écrit aussi distinctement avec le même stylet, et l'on
(( peut laver plusieurs fois pour y substituer, d'autres écri-
(( tures )) . 46 feuillets pour les jours, les mois (perte et gain),
l'explication de l'usage du secrétaire, une annonce de
Jubert. Enfin, un feuillet replié : en tète du calendrier des
douze mois, les signes du zodiaque. Page 3 de l'almanach,
avertissement :
ce On a l'honneur d'offrir au public la 2^ partie de FA/-
(( manach des Belles Marchandes (la première parait
ce depuis un an). L'accueil que ce même public a daigné
(( faire, à ce très petit recueil, a dû être un encouragement
« pour l'éditeur, qui lui promet qu'il n'épargnera ni
« soins, ni peines, ni dépenses, pour rendre ses alma-
cc nachs dignes de lui être présentés. La troisième partie
a decetalmanach paraîtra Tannée prochaine 1784. (1) i
(1) Probablement cette 3* partie n'a jamais paru. Aucun collectioimeur n'en
a jamais eu connaissance.
392 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
. Titre gravé au milieu d'arbres, aux pieds desquels
jouent trois amours, deux couches et un debout, et au-
dessous d'une couronne de fleurs portée par deux autres
amours, armés Tun d'une flèche, l'autre d'un flambeau
allumé.
Les figures, en regard desquelles sont des chansons
relatives à l'estampe, représentent les intérieurs de bou-
tiques meublés et garnis suivant la profession de chaque
marchande, avec plusieurs personnages.
Elles sont intitulées :
V^ Figure. — La Marchande d étoffes de soies.
2«. —
La Restauratrice.
3«. —
La Confiseuse.
40. _
La Miroitière.
5«. —
La Fourbisseuse.
6«. -
La Lingère.
70. —
L'Orlogerie (sic).
8«.
La l'Hulière (sic).
9«. —
La Bottière.
10«. —
La Bonnetière.
H«. —
La jolie Chandelière.
42«. —
La Vitrière.
C'est dans cette deuxième partie des Belles Marchandes
que, sous le titre de : Premier petit chef-d'œuvre^ se
trouvent ces jolis vers du chevalier de Boufflers, ayant
pour sujet le Cœur.
Prince, manant, abbé, none, reine, marquise.
Celui qui dit Sanctus, celui qui crie Allah^
Le bonze, le rabin, le carme, la sœur grise,
Tous reçurent un cœur ; aucun ne s'en tint là.
C'est peu d'avoir chacun le nôtre ;
Nous en cherchons partout un autre,
Qui lui réponde à qui va là.
ÂLMANACHS DU XVIII* SIÈCLE 388
On fait partout d'un cœur tout ce qu'on en veut faire :
On le prend, on le donne, on Tacheté, on le vend ;
Il s'élève, il s'abaisse, il s'ouvre, il se ressere.
C'est un merveilleux instrument.
Etc., etc....
Le Cœur poème de Boufler (sic) a été réimprimé dans
le Bijou de V Amour ou VAlmanach des Cœurs, hommage
à la galanterie, à la décence et à la beauté, A Paris, chez
Janety 1807, et a donné lieu à une charmante petite
estampe représentant une grotte, sous laquelle une forge
avec son soufflet, ses marteaux et ses enclumes, où de
petits amours fabriquent des cœurs; au-dessous de
l'estampe, la légende suivante prise dans les vers de
BoufQers :
Car que deviendraient les familles
Si les cœurs des jeunes garçons
Étaient faits comme ceux des filles ?
Une fois fabriqués, l'amour les vend ! et dans une
figure de V Enchanteur ^ ou VAlmanach sans pareil, publié
aussi chez Janet, le petit marchand, portant une cor-
beille remplie de cœurs, se promène au milieu de beaux
messieurs et de belles dames, où il parait avoir le
plus grand succès.
Voilà le petit marchand de cœurs.
Messieurs
N'allez pas ailleurs !
Cœur chaud, cœur froid, cœur vif, cœur lent,
Étrennez le petit marchand,
Il peut vous satisfaire,
n en a de toutes façons.
Des noirs, des méchants et des bons,
n aura votre affaire.
J'en vends où l'on va droit au but.
J'en donne qui sont de rebut,
Il en est que je prête.
394 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
J'en ai des neufs^ j'en ai des vieux,
Je troque les capricieux ;
Venez me faire emplette.
Des cœurs volans, cœurs constans,
Cœui^s amoureux, cœurs langoureux.
Cœurs tendres, cœurs barbares.
En voulez-vous des scrupuleux ?
Il ne m'en reste plus que deux,
Ces derniers-là sont rares.
Voilà le pcMt marchand de cœurs,
Messieurs,
N'allez pas ailleurs.
1784
Les Aventures parisiennes, almanach nouveau,
galant, historique, moral et chantant, sur les plus
jolis airs.
Mélangé de nouvelles chansons^ d'anecdotes plai-
santes, de contes, d'épigrammes, de bons mots, de
maximes curieuseSj d'observations intéressantes, etc.,
etc, première partie.
A Paris, chez Jubcrt, rue Saint-Jacques, la porte
coclîère vis-à-vis les Matliurins (1784).
Charmant recueil de 72 pages avec douze figures très
finement gravées et dont les sujets sont amusants et des-
sinés dans la perfection.
1''' FiG. — La Préférence au mérite. Une femme élé-
gante, entourée de trois jeunes seigneurs, offre la pomme
à Hercule.
Faiseurs de madrigaux.
Pour elle sont des sots.
2'. — Le Bal de V Opéra. Un grand seigneur conduit
une grande dame à son carrosse à la sortie de l'Opéra.
ALMANACHS DU XVIIF SIÈCLE 395
3^. — Le Mécompte ou la dame qui sait compter. Scène
galante dans un appartement très luxueusement meublé ;
Tamour éclaire de son flambeau cinq couronnes passées
autour d'une de ses flèches.
4«. — Le Sallon de Curtius, Des spectateurs derrière
une balustrade, regardent le souper de la reine ; six per-
sonnages en cire, très élégamment vêtus.
5^. — Le faux médecin ou V Argus dépisté.
Comment se voir?
Uamour médecin,
D'un auteur divin,
Leur offre un moyen facile ;
Il est arrêté.
Que pour sa santé,
Il en faut un à Lucile.
Scène représentant Tentrevue.
6«. — La jeune Musicienne ou le faux Mendiant. Ici,
Tamoureux est déguisé en musicien pauvre et se jette
aux genoux de la jeune musicienne, debout devant son
clavecin et soutenue par une des sœurs du couvent pen-
dant le moment d'émotion qu'elle éprouve à la vue de
Lindor ainsi travesti.
7^. — LAmi des Femmes. Un faune agitant le grelot de
la folie, présente l'ami des femmes à un cercle nombreux
de jeunes femmes.
8"". — Les jeunes Amans ou Iheureuse Fuite. D'une
échelle appliquée aux murailles d'un couvent, une jeune
fille descend et tombe dans les bras de son amoureux ;
un carrosse les attend pour s'enfuir.
9«. — L'Abbé congédié. Très jolie scène se passant dans
une bibliothèque. Figure très intéressante au point de
vue de l'ameublement d'une salle de ce genre.
396 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
10''. — Le nouveau Turcaret. Scène galante dans un
délicieux pavillon, éclairé des feux de mille bougies,
pendant que la lune darde ses rayons sur les grands
arbres du parc.
11<^ et 12^. — Le Porteur deau, et suite du porteur d-ean.
Estampes relatives aux aventures de Le Loutre, porteur
d'eau de la rue Fromenteau; très bien dessinées, très
bien gravées.
Almanach amusant à lire, ce qui lui est un mérite de
plus.
1786
Les Délices du Palais-Royal,
A Paris, chez Boulanger, rue du Petit-Pont, à
l'image Notre-Dame, avec pr. du Roi.
Titre frontispice dessiné et gravé par Queverdo.
Pyramide surmontée par un globe portant les armes
de la branche d'Orléans, et placée sur un piédestal rec-
tangulaire, où est gravée l'adresse de Boulanger, au bas
duquel on lit : Musée et Arts, Deux colonnes, adroite et à
gauche, en haut desquelles deux amours tendent une
draperie sur laquelle l'artiste a gravé : Les Délices da
Palais-Roijal. Autour de ces colonnes, guirlandes de
fleurs et cartouches où on lit :
Variétés amusantes, figures aérostatiqueSy comédiens de
bois, Curtius, ombres chinoises, étoffes soieries, bains de
santéy caffé de Foy, caffé du Caveau, modes bijoux, caffé
mécanique.
Au verso du frontispice, remarques pour la présente
année 1786 ; calendrier pour les six premiers mois.
Douze figures avec chansons analogues en regard :
Le Marchand de Marrons^ Galleries ou Arcades, la
Soirée an Jardin^ les Ombres chinoises y le Caffé du Caveaa.
Bains de santé.
ÂLBIANAGHS DU XVm* SIÈCLE 907
Feuillets pour perte et gain.
Variétés amusantes, sallon de Curtias, les boutiques
de bois, les comédiens de bois, pavillons de treillage, vue
générale du jardin
Calendrier pour les six derniers mois et un dernier
feuillet. Catalogue des almanachs qui se vendent chez le
sieur Boulanger.
Âlmanach excessivement rare. Précieux pour les vues
différentes du Palais-Royal qu'il contient ; documents des
plus importants pour la physionomie de Paris, à la fin
du xviii* siècle.
1786
Les Fantaisies aimables, ou les Caprices des belles,
représentés par les costumes les plus nouveaux.
A Paris, chez Jubert, rue Saint-Jacques, yis-u-vis
les Mathurins.
Recueil d'anecdotes, bons mots, petits vers, etc.
Très joli titre frontispice. 12 figures de costumes très
finement gravés, avec chansons relatives au sujet :
Le galant Coeffeur, la belle Chasseresse, le Retour,
r Extase du beau Léandre, F Enfance de F amour, le Rap-
prochement, Vabbé Madrigal, la Scrupuleuse, la Réponse
de Zirzabelle, la Rencontre, le Bal, la Présidente et le
Conseiller,
Ces figures retournées font partie d*un autre • recueil
sous les noms de : Mantelets au nouveau goût, Amazone
galante, Robe à la circassienne. Chemise à la guimard,
Dame en Chambrelaine,. Robe au plaisir du cosur, lévite
à trois collets, Caracot au charme d'amour, Robe anglaise
retroussée, Robe à la turque, Domino et Capote de bal,
Robe au plaisir des dames.
398 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
1786
L'Amour parmi les jeux, le souvenir du bon temps
dédié aux belles,
A Paris, chez Boulanger, relieur et doreur, rue de
Petit-Pont, Mon de Timage Notre-Dame.
Titre frontispice dessiné et gravé par Queverdo. Des
amours jouent à l'entrée d'une grotte recouverte de fleurs,
dans un encadrement d'où partent des guirlandes et de
gracieux enroulements. Au verso, remarques pour la pré-
sente année 1786.
Trois feuillets, calendrier pour les six premiers mois
de Tannée.
62 pages, dont 12 de gravures ; en regard de chaque
gravure, une chanson relative au sujet et légèrement
grivoise.
Janvier. — Les Quilles,
Février. — Le Cligne musette.
Mars. — La Courte paille.
Avril. — Le Pied de Bœuf.
Mai. — Le Gage touché.
Juin. — Les Quatre Coins.
De la page 21 à la page 44, différentes romances et leur
musique.
Juillet. — Le Cheval fondu.
Août. — Le Billard.
Septembre. — Le Colin-Maillard.
Octobre. — La Bascule.
Novembre. — Le Cache-Cache.
Décembre. — La Main chaude.
Les trois derniers feuillets pour le calendrier des six
derniers mois
ALMANACHS DU XVIIF SIÈCLE 399
Toutes ces figures de Queverdo sont absolument déli-
cieuses ; les sujets y sont traités de main de maitre.
C'est une vraie bonne fortune d'avoir les eaux-fortes et
les avant-lettre de ces minuscules estampes.
1786
Les Amusements de Paris, almanach lyrique et
galant,
A Paris, chez Jubert, doreur, rue Saint-Jacques,
vis-à-vis les Matliurins, MDCCLXXXVI.
Titre frontispice gravé. 12 figures dessinées par Dorgez,
en regard desquelles les chansons relatives au sujet.
i^^ Figure. — Le Dessert à la mode. Marchand de
marrons achalandé par la foule.
galant.
Combien on en vend à la porte
Du jardin du palais Roïal !
En foule on se presse, on se porte,
Autour de leur marchand loïal.
Les Rencontres inopinées. Double rendez-vous
Le crépuscule est favorable
A tous les couples enflammés.
Auprès du tapis de Fougère,
Dont la verdure plaît aux yeux.
jCiio», eiv/. . . . • •
3^ — Les Rafraichissemens utiles. Consommateurs de
groseille, chez de Foi.
Non-seulement sa salle est pleine,
Ainsi que son pavillon verd :
Mais tout à Tentour, sur l'arène,
On voit des gens à découvert.
l_jLi^a« wLOa • • • • •
400 BULLETIN DU BIBUOPHILE
4<î. — Les Plaisirs de la jeunesse. Dans le jardin du
Palais-Roïal, garçons et fillettes s'amusent à qui mieux
mieux, pendant qu'un abbé très musqué conte fleurette
à Aenu pimpantes,
5e. — C Heureuse Surprise, Damés retrouve Lucile après
une longue absence. Dans le fond, galerie du Palais-
Royal.
6^. — L Etonnement mutuel. Deux dames accompagnées
de chacune un cavalier, rencontrent leurs antiques époux
devant le pavillon verd de de Foi.
7^. — Le Tableau du Bonheur, Deux élégans menant
des dames, s'arrêtent à la Rotonde du Palais-Royal, de-
vant une estampe qui leur est montrée par la marchande.
Admirez par quelle attitude
Sait plaire Vamatit écouté !
8®. — L* Amant sot et timide.
Tandis que le bailli Toussaint
Tombe aux genoux de Florine,
Lubin baise en tremblant, la main
De Suzette moins fine.
Cet amant^ qui paraissait sot,
A plu quoique timide.
Le bonheur est toujours le lot
De ceux dont l'amour est le (^uide.
Qe. — La Promenade délicieuse. Jardin du Palais-Royal
avec beaucoup de promeneurs.
10e. — La Liqueur spiritueuse. Café du Caveau avec un
buste de Gluck, éclairé par des appliques à droite et à
gauche.
11^. — Le Triomphe de la Gaieté, Des spectateurs assis-
tent à une représentation théâtrale. (Scène) Pluton sur
son trône, pendant que Proserpine s'élance vers Arlequin.
ALMANACHS DU XVIIF SIÈCLE 401
12«. — Le Passage difficile. Un pont rompu. Heureuse-
ment, une batelière vient au secours du gentilhomme
qui veut passer pour aller rejoindre le groupe aimable
que Ton aperçoit sous les bosquets de la rive opposée.
A la suite des figures et des 24 pages de texte, le néces-
saire des dames et des messieurs, et les feuillets pour les
jours et les mois, avec colonnes perte et gain.
A la fin du volume, calendrier de Tannée.
1786
Almanach galant, moral et critique, en vaudevilles,
orné de gravures, A. P. D, R.
A Paris, chez Boulanger, rue du Petit-Pont, près
le Petit Châtelet, à Paris. Dessiné par Berthaut,
gravé par Queverdo.
Titre frontispice gravé sur une draperie fermant
intérieurement la porte d'une boutique de libraire, où
Ton voit deux amateurs regardant des livres que leur
présente le marchand.
Au verso : remarques pour la présente annnée 1786.
Calendrier des six premiers mois.
Douze figures avec chansons analogues.
Janvier. — La Boutique du Confiseur.
Qui veut acheter du bonbon ?
Messieurs, ouvrez vos escarcelles,
Qui veut de friand macaron ?
Mettez-vous en frais pour vos belles.
Etc., etc. . . .
FÉVRIER. — Les Patineurs.
Mars. — Les Masques. Un char attelé de deux chevaux,
rempli de masques, dedans, dessus.
1891 26
402 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Vive Scaramouche et Pierrot !
Vive Arlequin, le commissaire,
Et Polichinelle et Jeannot,
Et leur bonne vieille grand'mère !
Etc., etc. . . .
Avril. — La Bouquetière.
?Jai. — La Danse, Des villageois et villageoises dansent
une ronde aux sons d'un violon et d'un flageolet.
Chantez, dansez, amusez-vous.
Venez garçons, venez liilettes,
Faites honneur au mois de mai,
Qui nous rend toujours le cœur gai.
Etc., etc. . . .
Juin. — Le Bain,
Feuillets pour perte et gain.
Juillet. — La Cavalcade. Une femme à cheval, un
cavalier qui met le pied à Tétrier.
Août. — La Moisson.
Septembre. — Les Parades de la Foire. Au balcon
d'une baraque de bois, le bonhomme Cassandre et Pierrot
annoncent la représentation à de nombreux curieux qui
les écoutent. Le titre de la pièce, le grand Festin de
Pierre avec tous les costumes, est écrit sur un drapeau qui
flotte en haut de la maison.
Octobre. — Les Buveurs attablés sous une tonnelle,
devant la porte du cabaret.
Novembre. — La Marchande de Marrons, Biaise et
Thérèse, accompagnées d'un petit garçon, se dirigent
vers la marchande de marrons.
Décembre. — Le Départ de Campagne. Deux person-
nages, chaudement vêtus (Hylas et Lucile), reprennent
le chemin de la ville.
ALMANACHS DU XVIII*^ SIÈCLE 403
L'hvver nous chasse,
Retournons-nous en à Paris,
Nous y trouverons Tabondance,
Au milieu des jeux et des ris.
Etc., etc. . . .
Calendrier pour les six derniers mois.
Ces figures existent avant la lettre, elles sont d'une
finesse exquise.
1787
La journée d* une jolie femme, les loisirs de la beauté
ou le lever de V aurore et le coucher du soleil; orné
de douze gravures et de chansons analogues, avec
tablettes économiques, perte et gain. Souvenir et né-
cessaire le plus agréable qu on puisse offrir aux dames,
A Paris, chez le sieur Desnos, ingénieur-géographe
et lihrairc de sa majesté Danoise, rue Saint-Jacques,
au Glohe.
En regard du titre gravé, frontispice : Le Génie et les
Grâces, puis les onze autres gravures : le Réveil, le Lever,
te Déjeuner, la Toilette, le Diner, te Jeu, ta Promenade,
le Spectacle, te Cercle, le Bat, le Coucher. Jolies scènes
bien dessinées, bien gravées, apprenant à bien connaître
les habitudes quotidiennes d'une élégante de 1787.
Chodowiecki, dans une suite de figures destinées sans
doute à un almanach, avait dessiné : Les Occupations de/s
Dames : les Visites, le Ménage, la Couture, la Broderie,
rÉcriture, la Lecture, le Dessin, la Promenade, le Chant,
la Musique, la Danse, le Jeu.
1788
Souvenir ci Vanglaise et recueil de coiffures, dédié
aux dames de bon goût, avec tablettes perte et gain.
404 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
A Paris, chez Desnos, ingénieur-géographe et
libraire de Sa Majesté Danoise, rue Saint-Jacques,
au Globe. (Calendrier pour 1788).
Titre frontispice gravé sur une draperie dont les plis
retombent autour d'un miroir posé sur une toilette élé-
gante, garnie de ses accessoires, en regard d'une gravure
représentant une soubrette coiffant sa maîtresse, à laquelle
un auteur offre un livre. (Charmants détails d'ameuble-
ment).
12 figures représentant, gravées dans un médaillon
ovale encadré dans des guirlandes de fleurs, de jolies
femmes à mi-corps, avec des coiffures différentes, dont
le nom est indiqué sur une tablette placée à la partie
inférieure de la planche.
En face de chaque tête, très bien parée, des vers ana-
logues.
La Daphnéy en 1774.
Coeffure en plumes, en 1774.
Chapeau à la Henri IV, en 1775.
Coeffure en plumes, en 1774.
Chapeau à ianglaise, 1776.
Le Lever de la Reine, 1776.
De la Reine, c'est la coeffure,
Sans doute elle est de très bon goût ;
C'est bien d'adopter sa parure,
Prenez-la pour modèle en tout.
En imitant sa bienfaisance,
Faites-vous aimer, respecter.
Et comme elle, sachez porter
Un prompt secours à l'indigence.
Baigneuse à la Frivolité, en 1776.
Chapeau à la Henri IV, en 1776.
Le Chien couchant du côté droit, en 1777.
Bonnet au Cotisée, en 1777.
ALMANACHS DU XVm« SIÈCLE 406
- UHérisson, en 1776.
On ne voit dans cette coeffùre.
Rien qui ressemble au hérisson ;
Tout est bien dans cette parure,
Pourquoi donc lui donner ce nom ?
Quant à Htumeur, au caractère,
Mainte femme au front sourcilleux,
An regard sombre, à Taîr austère.
Le mériterait beaucoup mieux.
Le Chien couchant du côté gauche, en 1777.
Toutes ces coifiures étaient tellement élevées qu'en
1778, le sieur Devimes, directeur de l'Opéra, fit pour
l'amphithéâtre un règlement particulier suivant lequel
on ne pouvait s'y placer qu'avec une coêfifure c de hau-
teur modeste i». C'était le temps où le fameux Léonard^
perché sur une petite échelle^
Bâtissait des cheveux le galant édifice.
Il excellait à y placer plumes, aigrettes, épingles trem-
blantes, etc. Le métier était bon I car, en 1779, il courait
ses pratiques en cabriolet, un L sur les panneaux, et
son jockey, grimpé derrière, portant en bandoulière un
sac de maroquin dépositaire des peignes et ustensiles de
son maître.
Ces 12 estampes, numérotées de 13 à 25, font partie
d'une série de 48 coi£fures, dont le recueil a été publié
chez Desnos, sous le titre suivant :
Recueil général de cœffures de différents goats, oà Ton
voit la manière dont se coêffaient les femmes, soas diffi^
rents règnes, à commencer en 1689, jusqvten i778, avec
des vers analogues à chaque costume, suivi dune collée^
tien de modes françaises, contenant les dîffirens habille-
mens et coëffures des hommes et des femmes, la plus
complette qui ait paru en ce genre, ouvrage fort disiri de
Fun et Vautre sexe. *^
406 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Alors comme aujourd'hui il était de bon ton de chan«
ger souvent le genre des coiffures, la forme des vêtements,
d'adopter une nouvelle parure, ce qui faisait dire à Vol-
taire :
Il est une déesse inconstante, incommode,
Bizarre en ses goûts, folle en ses ornements.
Qui parait, fuit, revient et naît en tous les temps.
Protée était son père et son nom est la Mode.
et ce qui donna naissance à la chanson suivante, impri-
mée dans Les dons de Vamour et de Vamitié, almanach
nouveau sur les plus jolis airs, A Paris, chez Janet, 1790:
LA NOUVEAUTÉ ET LES FOUS
ou
LE SORT DE LA MODE
Un jour la nouveauté parut
Aux lieux où règne la folie ;
Chacun disait : qu'elle est jolie !
De toutes parts on accourut,
c Demeurez dans notre patrie,
0 madame la nouveauté !
Plus que l'esprit et la beauté,
Toujours vous y fûtes chérie. »
Lors la déesse à tous ces fous
Répondit : messsieurs, j*y demeure,
Et leur donna le rendez-vous
Le lendemain à la même heure.
Le lendemain on se montra
Aussi brillante que la veille ;
Le premier qui la rencontra
S'écria : Mon Dieu ! qu'elle est vieille !
Chaque série de 12 figures servait à orner un almanach;
cependant, il y a des almanachs où Ton trouve des séries
ALMANACHS DU XVIIP SIÈCLE 407
de 24 (1) ; et même dans le recueil paru chez Desnos, en
1782, se trouvent les 48 figures de costumes gravés, en
miniature et en pied, pour distinguer les habillements.
Le prix de ces almanachs s'élève de jour en jour et
dernièrement, à la vente de la bibliothèque Destailleur,
on a payé le Manuel des Toilettes (Valade 1778), 500 fr. ;
le Souvenir à la Hollandaise, 1782, 200 fr., les Modes Pa^
risiennes, (Desnos 1781), 400 fr. etc., etc.
1790
Etrennes galantes, ou tableau de Ihymen et de
Vamour, chansonnier français.
Élite des meilleures chansons, romances, vaude-
villes, etc.j des auteurs les plus estimés de ce genre,
savoir : Chaulieu, madame Deshoulières, Houdart
de la Motte, Piron, Moncrif, Marivaux, Ferrand,
Fuselier, la Grange-Chancel, Le Grand, Autreau, Rie-
coboni, A visse, de Vlsle Dominique, etc.
A Paris, chez Desnos, ingénieur-géographe et
libraire du roi de Danemarck, rue Saint-Jacques, au
Globe.
Après le titre, 96 pages dont 4 feuillets de musique
gravée pour huit des chansons du petit volume et un
feuillet pour un avis de l'éditeur. « Il ne faut que par-
ce courir les cinq premières parties d'Anacréon en belle
« humeur, pour se persuader qu'il n'est peut-être pas de
« recueil plus varié dans ce genre. Il ne faut, de même, que
(1 ) Almanach de la Toilette et de la Coiffure des dames françaises, suivi éPune
Dissertation sur celles des dames romaines» Pari», Desnos, 1777.
Etrennes chantantes avec des couplets analogues aux Modes Parisietuies^
enrichies de nouvelles cocffures les plus galantes et habilleinens les plus en
usage. Paris, Desnos, 1780.
408 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
« lire les noms de la plupart des auteurs dont on a employé
« les productions, pour s'accorder sur le mérite et le scru-
« pule de notre choix, etc., etc. »
A la suite de ce recueil : Etrennes galantes, ou V Instant
heureux de Cythère, dédié aux deux sexes ; à Paris, chez
Desnos, etc., contenant 11 estampes, l'explication de ces
-figures, les chansons analogues, le secrétaire des dames
et des messieurs, avec perte et gain et le calendrier.
Le titre frontispice est gravé dans un médaillon en-
touré de guirlandes de fleurs, surmonté d'un carquois
garni de flèches et du flambeau allumé de l'hymen et
supporté par deux amours, dont l'un suspend une cou-
ronne au-dessus de deux tourterelles prêtes à se becqueter.
l»"® Estampe. — Les Aveux mutuels. Céphise et Lindor
se font réciproquement l'aveu de l'amour le plus tendre.
Céphise expose à son amant la crainte qu'elle a de le voir
changer. Lindor se jette à ses genoux pour lui jurer la plus
longue constance ; et Céphise, de son côté, lui promet
une fidélité à toute épreuve.
Lindor
Soupçonner ma foi, serait me faire ou trappe !
J'en atteste l'astre du jour ;
Vous m'avez, Ci^.phise, inspiré trop d'amour.
Pour que je devienne volage.
Céphise
Je brûle pour vous d'une flamme éternelle,
Je n'en atteste que mon cœur.
Vous m'avez, Lindor, inspiré trop d'ardeur,
Pour que jamais je vous sois infidelle.
2®. — La Toilette de la Mariée. Céphise se pare pour
aller engager aux pieds des autels sa liberté et sa foi. Une
de ses femmes lui met ce qu'on nomme le chapeau de la
inariée ; arrive son amant qui lui pose le bouquet devant
terminer sa parure.
ALMANACHS DU XYHI® SIÈCLE 409
3<^. — Le Coucher de la Mariée, La jeune mariée, pen-
dant qu'une de ses femmes la déshabille, témoigne à sa
mère le regret qu'elle a de se séparer d'elle. Cette mère
tendre la console, et son nouvel époux lui fait, à genoux,
les plus belles protestations.
¥. — Le Lever de la Mariée, La mariée, selon l'usage,
est visitée par sa mère, qui demande aux deux époux
s'ils sont satisfaits de leur choix mutuel. La femme baisse
les yeux par modestie, et le mari montre, pour preuve de
leur satisfaction, l'amour chargé des couronnes de son
triomphe.
5^. — Les Charmes de V Amour, Clitandre et Philis,
seuls sous un ombrage agréable, y interrompent leurs
plaisirs pour s'occuper de celui que prennent deux tour-
terelles à se récidiver les témoignages de leur tendresse.
L'amour pendant ce temps-là, s'amuse à les enchaîner
de fleurs.
6'". — Le Repos interrompu. Glycère dort, la porte de
son boudoir ouverte. Son amant se présente chez elle
pour lui faire visite.
Qu'elle est jolie! oh! qu'elle est belle!
7«. — Les Charmes de la Liberté, Les plaisirs de Rose
et Guillot ne sont empoisonnés ni par la crainte, ni par
les remords. (Jolie scène de la vie pastorale).
8«. — La Femme mal gardée, La jeune Thémire occupe
agréablement ses loisirs avec son cher Lindor, pendant
que son époux s'amuse à boire. Heureusement, un para-
vent sépare le joli couple de l'ivrogne.
Pendant qu'il s'enivre de vin.
Elle s'enivre de tendresse.
9«. — Les Charmes du Ménage. Pendant que la vertueuse
Aglée allaite elle-même le second fruit précieux de son
410 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
plus tendre amour conjugal, son sage époux s'amuse à
partager ses caresses entre ses deux enfans et leur tendre
mère.
10®. — Les Amours nocturnes, La jeune Glycère a
accordé pour la nuit un rendez-vous au beau Lindor,
qui s'introduit chez elle par la fenêtre, au moyen d'une
échelle de corde. Elle lui recommande de ne point parler,
crainte d'éveiller sa mère.
Ile. _ La Liberté perdue. Damon poursuit depuis
longtemps la charmante Emilie ; il lui fait une attaque
des plus vives. Elle se défend d'abord, et finit par se
rendre. A peine remise de son désordre, Emilie pleure la
perle qu'elle vient de faire, et son vainqueur la console.
Estampes d'une grâce infinie, incomparable finesse
d'exécution dans la gravure, excellent choix de chansons,
Hout est réuni dans cet almanach pour le rendre des plus
charmants.
Ces figures avaient déjà paru dans le tableau de
VHijmen et de l Amour ou Manuel des époux et des
amans, orné de figures et de chansons analogues, avec
tablettes économiques, perte et gain, petit secrétaire à la
mode, à l'usage des dames et des messieurs. A Paris, chez
Desnos, etc. Calendrier de 1784, et auparavant, de 1781.
1790
Les Etrennes du jour de Van, ou le cadeau sans
prétention,
A Paris, chez Le Vachez, m^ de tableaux et d'es-
tampes, sous les colonnades du Palais-Royal, n^ 258.
Almanach excessivement curieux, pour la façon dont
il est illustré. Les gravures sont tirées en couleur par les
procédés employés pour les estampes de Debucourt,
ALMANACHS DU XVIII« SIÈCLE 411
Taunay, Sergent, Janinet, etc. De plus, ces figures sont
des réductions d'estampes très à la mode en 1790, et leur
exécution ne laisse rien à désirer.
Le titre est gravé sur le frontispice, où est représentée
une table recouverte d'un tapis rouge à franges jaunes,
sur laquelle sont placés des jouets destinés aux enfans
pour le jour de Tan : poupée, cheval de bois, chapeau à
plume, manchon, petits livres à images, etc. Aux pieds
de la table, une épée, un tambour, un polichinelle.
Calendrier pour les six premiers mois, 1790.
l»^»^ Estampe. — Le premier jour de Van, Réduction de
Testampe de Debucourt, les Compliments du jour de Van.
2«^. — Les Cadeaux. Réduction du Bouquet inattendu, de
M"*^ Gérard.
3*^. — V Arrivée du petit frère ou V Amour fraternel.
D'après Greuze.
4*\ — Eloge de la Campagne. Réduction de la gravure
anglaise de Morland, 77ie rural Amusement.
5»^. — La Leçon du Vieillard. Gravure anglaise : The
Moraliste de Smith, publiée à Londres, 1787, gravée par
Nutter.
6*^. — La Jardinière, D'après une gravure anglaise de
Morland.
Feuillets pour perte et gain.
7*'. — La petite poste de Vamour ou le Départ, D'après
l'estampe de Boucher, portant le même titre.
8\ — La Fêle de la grandmaman. D'après Debucourt.
9'. — L'Amant. Réduction de la gravure anglaise
Courtship, d'après Williams.
10«. — La petite poste de Vamour ou V Arrivée. D'après
l'estampe de Boucher, portant le même titre.
412 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
lie. — ^e Mari. Réduction de la gravure anglaise Matri-
monijy d'après Williams.
12*^. — LWmour Hermite, Fragment de VHermite de
Greuze.
Calendrier pour les six derniers mois.
Beaucoup d'autres almanachs illustrés méritent les
honneurs de la description; ils auront leur tour et ne
perdront pas pour attendre, le très érudit M. John
Grand-Carteret, auteur du remarquable livre : Les Mœurs
et la Caricature en France (grand in-8<», Paris, 1888)^
préparant en ce moment la bibliographie très complète
de tous les almanachs, depuis i60f) jusqu'à nos jours.
Ceux qu'intéresse le sujet, que je n'ai fait qu'effleurer,
trouveront largement à satisfaire leur curiosité dans les
nombreux documents réunis pour cet intéressant ouvrage
dont la publication est impatiemment attendue par le
monde des bibliophiles.
Pour moi, tenant h rester dans le cadre que je me suis
tracé d'avance, je ne saurais mieux terminer qu'en citant
l'épilogue du V^ livre de La Fontaine.
Bornons ici cette carrière.
Les longs ouvrages me font peur ;
Loin d'épuiser une matière.
On n'en doit prendre que la fleur.
Vicomte de Savigny de Moncorps.
LETTRES OUBLIÉES
I
TROIS LETTRES DE HENRI IV
Les trois lettres qu'on va lire ne se trouvent pas dans
la volumineuse correspondance de Henri IV, publiée par
Berger de Xivrey. Elles intéressent l'histoire religieuse
du XV w siècle.
La première est extraite de VHistoire de Véglise cathé-
drale de Vaison, par le P. Ans. Boyer de Sainte-Marthe,
dominicain (1). Il y est question d'un évèque de Vaison,
ancienne ville du Comtat-Venaissin. Cet évêque était
Guillaume II Cheisolme (en anglais Chisholmjy de la
famille écossaise des barons de Crombis. Sa grand'mère
maternelle était sœur du roi Jacques IV. Tout jeune
encore, il avait quitté sa patrie lors des troubles excités par
le protestantisme, et avait étudié à Paris, puis à Rome.
Plus tard, son oncle paternel ayant résigné Tévêché de
Vaison, il lui fut donné comme successeur par Sixte-
Quint (1585) et sacré par le cardinal de Pellevé.
En 1602, il éprouva le désir d'aller revoir les parents
qui lui restaient en Ecosse. Pour lui faciliter ce voyage,
le Pape Clément VIII le chargea d'une mission auprès du
(1) Avignon. 1731. in-4«, p. 210.
414 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
roi Jacques VI, devenu roi d'Angleterre sous le nom de
Jacques I<^'". Avant de franchir le détroit, GuilI.CheisoIme
séjourna quelques mois à Paris pour y attendre le sauf-
conduit du roi d'Angleterre. Là, il vit Henri IV, qui lui
donna une lettre de recommandation pour son « bon
frère ». L'évêquc passa en Ecosse, resta quelque temps à
Edimbourg, mais ne put pénétrer dans Dumblan, sa ville
natale. Il était de retour dans son diocèse au mois
d'octobre 1603.
Voici la lettre de Henri IV :
Très Haut, très excellent et très puissant Prince Nostre très
cher et très amé bon frère et ancien Allié.
L'Evesque de Yaison, Tun de vos sujets, ayant demeuré long
temps en ce Royaume, a eu désir d'aller faire un voyage en Ecosse
pour y revoir ses Parens et Amis ; Et parce qu'il est Prélat de
bonnes qualités et mérites et que Nous affectionnons, aussi Nous
anons bien voulu par lui vous écrire cette Lettre pour vous prier
comme Nous faisons, de l'auoir en toute bonne et fauorable Recom-
mandation, Et Nous Nous en revancherons en vostre endroit aux
occasions qui se présenteront, priant Dieu, Très Haut, Très Excellent,
et Très Puissant Prince Nostre Très Cher et Très Amé bon Frère,
Cousin et ancien Allié, qu'il ^ous aye en sa sainte Garde. Ecrit à
Paris le 20. jour de Feurier 1603.
Yostre bon Frère, Cousin et ancien Allié,
Henry
El sur le dos :
A Trrs Haut, très Excellent et Très Ptiissant Prince, Nostre Très
Cher, et Très Amé bon Frère, Cousin et ancien Allié le Roy
(V Ecosse.
Nous avons trouve une autre lettre de Henri IV à la
suite de la Responce à la demande d*uii gentilhomme de
LETTRES OUBLIÉES 415
la Religion P. R. touchant F usage des images (1). Elle
est adressée à Fauteur de ce livre, le P. Gonteri ou
Gontier, jésuite alors fameux par ses controverses avec
les protestants. Elle nous montre l'intérêt que prenait le
Roi à la conversion de ses anciens coreligionnaires :
Père Gontery, Ayant sceu le grand fruict que tous auei ûdt par
vos prédications en ma ville de Dieppe, en si peu de temps qu'il y
a que vous y estes, et recognoissant pour la plus grande gloire de
Dieu et le bien de mon seruice, qu'il est à propos que vous y demeu-
riez encore quelque temps, ie vous ay foit la présente pour vous dire
que ie désire que vous y seioumiez, iusques à ce que ie vous donne
aduis de ma volonté sur vostre retour, et m'asseurant que ce com-
mandement vous seruira de suffisante descharge enuers ceux de ma
ville de Rennes ausquels vous avez esté promis, le prieray Dieu,
Père Gontery, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
Escrit à Fontainebleau ce dixiesme iour d'Auril 1606.
Signé : Henry
Contresigné : De Lomenie
La lettre suivante, bien que nous n'en ayons qa*une
traduction latine, nous parait curieuse, car elle jette
quelque lumière sur la question si discutée des rapports
de Henri IV avec la Compagnie de Jésus.
Elle fut écrite aux Pères de la province de Germanie
Supérieure, en réponse à la dédicace qu'ils lui avaient
faite du Commentaire de saint Cyrille d'Alexandrie snr les
Petits Prophètes, avec la traduction latine de Pontanus(2).
Le P. Jac. Gretser en a donné une version, qu'il dit litté-
rale (3), la voici :
(1) Rouen, 1608, in-12 (Un exemplaire est eonservé à la Bibliothèque:
rine, 37.228).
(2) S, Cgrillus Patriardia AlexandrinuM in XII ProptutoB a Jacobo Pontano
latine nunc primum editus ad Henriciim IV Franciae cl Navairaa Bapem
christanis. Ingolstadii, MDCVH, in-f^.
(3) Jac. Gretser, S. J. Uxivium pro aUatndo maUmmo eag^te oiMWfiiii c^/nt*
dam fabulatoris, etc. IngolstadU, ICiO, in-4% p. 17 et 18 (Maiariae, 13.40^
416 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
MuLTUM DiLECTi. Gratutn nobis acccptumque , quod obtulistis
munus fuit, sancti scilicet Gyrilli Alexandrini super duodecim
Prophetas. In quo cognovimus, quantum in dies Ecclesiae Catholicae
magis ac magis utiles sitis, nec de superis et hominibus bene mereri,
ac nos pro nostro more, amare desistatis. Protégera vestrara
societatem contra omncs^ quamdiu erit et amare non desistemus ;
praesertim autem eruditum virum P. Pontanum, qui tantum in
hoc opère laboris iinpcndit, Deum orantes, ut nos ipse amet et
charos habeat, ac sancta sua dignaque gratia tueatur. Parisiis,
3 septembris 1(507.
Hemucus.
Inscriptio
Dilectis meis Patribus P. Provinciali
et reliquis e societate lesu, Germaniae
superioris Patribus.
II
UN PLAIDOYER EN FAVEUR DU SEXE FAIBLE
MARGUERITE DE VALOIS ET LE P. LORYOT, S. J.
V Histoire littéraire du Maine (1) contient un article
consacré au jésuite François Loryot, né à Laval en 1571
et mort à Angers en 1642. Entre autres ouvrages, cet
auteur a publié les Secrets moraux concernant les passions
du cœur humain (2) et les Fleurs des secrets moraux sur
les passions du cœur humain (3).
(1) Hauréau, Ilist. litt. du Maine, Paris, 1874, in-12, t. VII, p. 268 à 273.
(2) Paris. Claude Chappelct, 1614, iii-4*. (Bibl. Nationale, Réserve R, 1138).
L'ouvrage est dédié au roi. Le privilège accordé à Cl. Cliappelet et à Jos. Cot-
tereau, est du 9 décembre 1614. L'achevé d'imprimer est du 9 février 1614.
(3) Paris, 1614, in-4*. L'ouvrage est dédié à la Reine Marguerite; rachevé
d'imprimer est du 12 septembre 1614. L'exemplaire de la Bibliothèque Natio*
nale (D, 8396) a eu pour éditeur Claude Desmarquets, et celui de la Mazarine
(14,377) Guillaume Guyot; du reste, le frontispice, gravé par Fircns, est le
même dans les deux exemplaires.
LETTRES OUBLIÉES 417
M. Hauréau a analysé le premier de ces ouvrages et Ta
justement caractérisé ; mais trompé, sans doute, par la
similitude des titres, le savant historien donne pour deux
éditions du même livre deux ouvrages diflërents (1).
Les Fleurs des secrets moraux roulent sur des questions
du même genre que le premier volume ; elles auraient
aussi peu de valeur pour nous si nous n'y avions décou-
vert une curieuse lettre de Marguerite de Valois, la pre-
mière femme de Henri IV (2).
Voici à quelle occasion elle fut écrite. La reine Marguerite
s'était fait lire la seconde question des Secrets moraux,
intitulée : Pourquoi i homme honore tant le sexe féminin?
Trouvant trop faibles les raisons alléguées par Tauteur,
elle se mit aussitôt, dit le P. Lor^'ot, « à dicter les raisons
qui luy sembloient les plus propres pour esta nçonner les
miennes un peu ruineuses (3). Sa Majesté, qui met une
( 1; Le p. (le Bac'ker s'est aussi trompé en disant que les Fleurs des Secrets
moraux sont rabrégé de l'ouvrage précédent. (Bibl. des écriuains de laCompa-
gnie de Jéxus, t. II. 1872, in-fol., col. 817.) C'est par erreur aussi que le même
auteur donne pour la publicaHon des Fleurs des secrets la date 1644. De même
la Marguerite victorieuse, poème du père Lorj'ot, se trouve à la suite de&Fleurs
des secrets et non après les Secrets moraux, comme le dit le P. de Backer.
(2) Livre I. question 17 : Pourquoi il se trouue souuent des femmes qui ont
tant d'esprit et de capacité et au-delà de plusieurs hommes ?
(3) Voici le sommaire de ces raisons données par le P. Loryot (Secrets
moraux, p. 63 à 80).
1. La compassion esmeut à rendre honneur aux affligés.
2. I^i crainte produit souuent de l'honneur.
3. La femme n'estant point servante de l'homme, doitestre honorée de luy.
4. La femme enorgueillie de sa beauté se faict honorer.
5. La modestie et vergongne naturelles à la femme méritent force honneur.
6. La femme est fort respectueuse.
7. La parure artificielle de la femme la fait respecter.
8. La femme pour sa douceur est respectée.
9. La femme par les travaux a fort obligé l'homme à l'honorer.
10. La femme faict particulière profession de la deuotion.
11. Lii femme par sa cholere se faict craindre et respecter.
12. L'honneur appriuoise un naturel farouche.
13. La Prudence et la Vertu des femmes leur acquiert de rhonneur.
14. Les femmes ont leur honneur en singulière recommandatioii.
1891 27
418 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
partie de sa grandeur à ne desdaigner point les plus
petits, m'a faict Thoiineur de me les enuoyer.
« le ne les eues pas leuës que la pensée me vint (il flEiut
que ie le confesse) (jue c'estoit un des plus doctes de ses
sçauants ( 1 ) qui auoit faict voir la fécondité de son
esprit en un subiect si stérile ; et si demeuray en ceste
croyance, iusqucs à ce qu'estant allé remercier sa Maiesté
de tant d' honneur, ((ue i'auois receu en la réception de
ses lettres, toute sa Cour me tira d'erreur, m'asseurant
qu'elle auoit dicté tout ce Discours sur le champ ; et y
demeuray du tout satisfaict, quand aussi tost que Sa
Maiesté m apercent, elle fist le déduit de tout son
Discours auec autant de perfection qu'il est couché sur
le papier (2) ».
Voici la lettre de Marguerite, mais le P. Loryot nous
semble seul responsable des textes grecs et latins qui
l'accompagnent.
Discours docte et subtil^ dictr. promptement par la Reyne Manjucrite
et envoyé à l*Autheur des secrets moraux.
Mon Poro, l'Iiour nj'ayaiit ostô si «rrand, lorsqu'il vous pleut me
bailler vostre J)eau liui*e, de m'estre rencontive en quelqu'une de
vos conceptions, aux raisons que vous apporter, sur la question :
Pourquoy la femyne est plus propre à la deuotion que Vhomme ?
(l)La Kciiu* Marguerite avait toujours à sa table au moins quatre per-
sonnages célèbres dans les seitneesoula litléiature, dont elle excitait la
verve par ses questions, et av< c le^qu('Is elle entrait souvent en discussion
sur les sujets les plus <li\ers. Voir Li'o de Saim-Poncy. Histoire de Margue^
rite de Valois, Paris. 1887, ln-12.
(2) L'achevé d'imprimer des Secrets étant du 3 février 1614. cest peu de
temps après que fut écrite la lettre de Marguerite. Du reste, la Fleur des
secretz qui la contient, parut le 12 septembre de la même année. La partie de
la question première de cet ouvrage, jusqu'à la lettre de la reine inclusive-
ment, manque de pagination : ce qui prouve qu'on l'a imprimée après coup
et pour pouvoir donner cettre lettre reçue au cours de Timprcssion.
LETTRES OUBLIÉES 419
et maintenant, sans sortir du subiect qui est propre à ma faible
co^noissauce ; (1) cOme fist le cordofiier, duquel le Peintre se
mocqua, quàd il le voulut reprendre d'autre chose que de son sou-
lier, (2) ains m'appuyant sur ce commun dire que chacun doitestre
sçauàt en (3) son propre fait.
l'oseray, ayant lu tous les chapitres que vous faictes sur ceste
question, sçavoir : Pourquoy Vhomme rend tant d'honneur à la
femme ? vous dire que, poussée de quelque ambition pour l'honneur
et la gloire de mon sexe, ie ne puis supporter le mespris où vous le
mettez, voulîint qu'il soit honore de l'homme pour son infirmité et
foiblesse; (4) Vous me pardonnerez si ie vous dis que l'infirmité et
foiblesse n'engendrent point l'honneur mais le mespris et la pitié.
Et qu'il y a bien plus d'apparence que les femmes soient honorées
des hommes par leurs excellences, (5) espérant par les raisons qui
s'en suiuent, vous prouuer que non par l'infirmité, mais par l'excel-
lence de la femme, l'homme lui rend honneur.
I. (6) Dieu procède par tel ordre en ses œuures qu'il fait
les })remieres les moindres , et les dernières les plus excel-
lentes, les plus parfaictes et les plus dignes ; comme il a monstre
en la Création du Monde, faisant l'homme le dernier, pour lequel
( 1 ) Eodem postera die superbe emendationem pristinae admonitionis cauiUâte
circa crus, indignatû (Apellè) prospexisse^ denuniiantem ne supra crepidcun
sutor indicaret 'Plix., /. A'XXV, c. 10).
(2) ;>fOv 0£ fTO'j y.'XTccyskx irspi yv où ULSULiBvïxaç ip^aasvojj Xa^iscv,
Ces enfants ^disait Apelles à Megabyzus) se rient de toy, quand tu as cômencé d
parler de ce que tu n'entêds pas. /^Plut., de adul. et amie, discer.)
(3; Exy.TToç 0£ x^tvst y,oà.'7)^ a y^yvo-jotcsc xaÎTO'JTwvèoTtv stYaôoçxfltTTQÇ.
Ka9' êx«(T70v a^a ô rsTraiSsvixsvoç, dcTr^wç Se o Trepi ;râv7rE7racSei>|xévoc. Celug-
là iuge bien d'un fait qu'il cotjnoist, et il en iuge selon qu'il est bien instruit,
/Arist. /. /, Ethic. c. 1, al. 3.J
(4) Quid est autem miser icordia, nisi alienae miseriae quaedam in nostro corde
compassio.qua utique si possumus, subuenir e compellimur? (AvG. I. IX.deCiuit,
c. 5.)
(5) Honor exhibetur alicui propter aliquam eius excellentiam^ et ita est signam
et testimonium quoddam illius excellentiae, quae est in honorato. {D. Th.
1.2. q. ?, a. 2. c. Arist. /. II Rhetor., c. 5.)
(0) Ta y'}p \KjTîpoL Tt\ ysvéaet, npôrepa tt/V ^^tviffri * xaè TrpSrw to t^
yîvitTîi TîA-'Jzy.iov. Les choses qui se font les premières par la Nature, sont les
dernières en son intention {laquelle regarde premièrement ce qui est de plus peur •
faictj et ce qui est fait le premier par la mesme Nature est le dernier en son
intention. (Arist.. /. /, de Partib. animal., c, 1.)
420 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
il auoit faict toutes les autres Créatures. ( 1 ) Dont il faut aduoûer
que la femme estant encores faicte après l'homme, et comme der-
nière Création de Dieu, que Texcellence et surpréme degré de dignité
lui doit être attribué, ainsi que les plus grandes perfections sont en
elle, estant formée comme Thomme des mains de Dieu, mais d*ane
matière d'autant plus elabouree, (2) que la coste de l'homme surpasse
la fange en degré d'excellence.
2. (3) L'on voit la Nature procéder en l'Embrion, de mesme sorte :
formant premièrement le corps humain (4) elle commence par les
organes de la Vegetable, puis de la Sensitiue, et pour le dernier, de
la Raisonnable ; qui est le degré de perfection autant esleué au des -
sus de la Sensitiue, que celle-ci surpasse la Vegetable. Aristote tient
ce mesme ordre aux biens et aux lins, disant que la dernière fin est
tousiours la plus (5) excellente.
3. Et faut aduoiier que Là où les organes sont composez d'une
matière plus délicate et excellente, qu'ils seront au préalable mieux
proportionnez : comme il se voit extérieurement au visage (6) et au
corps de la femme tant délicate, il'où il faut inférer Tinterieur sem-
blablement estre plus délicatement et mieux organisé pour les fonc-
tions de l'Ame. Et par conséquent l'ame de la femme sera plus
propre à faire des plus belles actions, que celle de l'homme fait de
fange, matière rude et sale et grossière, qui le doibt rêdrc plus
grossier et lourd (7) en toutes ses actions tant de l'esprit que du
corps.
4. Gecy conuia les hommes, au commencement qu'ils s'assem-
blèrent, de reietter la première élection qu'ils auoient faite des plus
(1) Igitnr pcrfecti siint cœli et terra et omnis creatio eorum, compleuitque
Deux die septimo opiis suum quod fecerat etc. formauit igitur Dominas Deus
hominem de limo terrae, etc. (Gènes, c. 2.J
(2) Et aedificavit Domimis Deus costam, quam tulerat de Adcun^ in mulierem,
et adduxit eam ad Adam. (Gènes, c. 2.)
(3) AmsT. /. VII de Ilistor. anim. c. 3, i et seq. Idem. l. II de Anim. c. 2 tex, 14
15, 16, 17.
(4) Anima praeexistit in embrione ; a principio quidè nutritiuat postmodù
autem sensitiua et tandem intellectiua. (D. Th. l.p. q.iiS a. 2. ad 2.)
(5) Arist. l. VFAhic. c. î.
(6) Semper in robusto et uegetato corpore animas moUior iacet atque tepidum
cor : et rursiim, in corpore dcbili et infirmo jortior uiijet et prôptior spiritus.
(Bernard, in Apolog.)
(7) Gencs, c. 2. vers. 7.
LETTRES OUBLIÉES 421
forts de coq)s pour les gouverner et (1) défendre des bestes
saunages, pour se faire régir par les plus beaux esprits, plus capables
de raison, iustice et équité, qui les feraient pins heurensement viure ;
En quoy la femme excellant, comme la dernière et plus parfoitte
œuurede Dieu (2) et Thonmie le cognoissant, se recognent obligé
à luy rendre ce grand honneur, et presque Tadorer, comme pins
sainctc et plus viue image de la Diuinité, et en qui relnit plus de ses
grâces. Par quoy il ne faut plus dire le monde auoir esté &it pour
rhonimc et Thorame pour Dieu, mais il faut dire le monde anoir
esté fait pour Thomme et Thomme pour la femme, et la femme pour
Dieu.
5. ( 3 ) Dieu a tousiours voulu que ses sacrificateurs furaent bien
accomplis, et que ses offrandes se choisissent des choses les phis
excellentes et parfaictes, comme vous voyei en l'ancienne Loy anoir
esté ordonné aux sacrifices (4), de n'estre offertes à Dieu aucunes
victimes viciées ou imparfaictes (5). De sorte que le plus parfoict
estant le plus agréable à Dieu, nous pouuons clairement inférer que
la femme a cest aduantage sur Thomme. Car si c'est pour le corps,
c'est chose trop cogneue,que celuydela femme est trop plus beau, (6)
(1 ) Aeo xov oDîkoç rtç ri TtpgtTTwt xocr* àptrij» xac Ttarà ^uyajpuv rii» wpttr
XTCXY^ Tûv optoTftiy, Tointa juàw cbtoXouOi», xai rovrâ miBta^àU 3£muo».
Aet 8s oO fxôvov àperTptj ôûîkoi xai Svvecpcv incàp^tn ittff 4v wsrat nptOLVU&ç,
Et partanU si quelqu'un est plus vertueux que foMttre^ et qjBtil sçaehe mkam
prattiquer ce qui est le meilleuTy il est honneste de le suture et tfest iuttiee ée Inp
obéir. Il ne faut donc pas seulement qu*U affi de la vertu, BnÊds tutssi fàut-^ q/tû
ayt le moyen de l'exercer. CArist., l. VU Potitie,, e, 5.)
(2) Gen. c. 2 vers. 25, 24.
(3) 'Edcv ovv rtç rûv Upéênù^càfuSnKfixfipotÇtipdoniiç^irtf^iacSX^
faTs;(sra> Seà ràç r/yivopttvac TÔipaç. S'A g a quelque éacrifkaieur qjut agt
perdu un œil ou une main ou vn pied, ou soit amtOi de quèJqne autre monin^
ou qu'il ait quelque tache, il doit estre interdit de rexereke de sa cfcflrjpe. ^Rbox»
luD. I de Monarchia)»
(4) Levitic, c. 21.
(5> ndcvra S' ô>oxXi|pa, mpi futSb p^oç Ta^atmmu TdêToS^ufMEnc, OUe
8c' okuv àdivTi, prûfMi>v ôprojj^a. H faut que toutes ces victimes aoiotf Mot
entières, sans manquement d'aucune sorte et sansoMteune tad»engordure.(PBit0^
l. de victim. generib. — Levitie, c i etseq.)
(6) Mo|9f à BrikuTtprrn^i nùst xsîkn isipi V dÛaeé. La heaaU eti le
de la femme, ainsi que la force Vest de Phomme, (Biok, InBtÊDotteJ
422 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
plus délicat et mieux élaboré que celuy de l'homme, et si c'est pour
Tame, Dieu se plaist aux esprits tranquilles, (1 ) reposez, deuots et
tels que celuy de la feunne : non aux esprits tumultueux et sangui-
naires, cùnie est celuy de l'homme, n'ayant voulu pour cestccause, ^2)
que Dauid homme de guerre iist son Temple, mais Saiomon qui
fut paisible, (3) et qui, en la douceur de ses humeurs, approchoit
de fort près du natun»! de la femme.
6. Partant, puisqu'elle sur-passe l'homme en toute sorte d'excel-
lence, de perfection et de dignité, et que toutes choses se nipportent
au plus excellent, (4) plus parfaict et plus digne, comme sa dernière
fin ; il faut dire la femme auoir esté faicte, comme chef de toute ia
création du monde, et son dernier œuure, qui possède le Trans-
cendant de t4)utes choses créées en plus pur et ])arfaict degré. Et
par conséquent, elle est une digne oUnuide pour estre présentée à
Dieu, et pour estre plus capable de luy rendre grâces de toutes celles
qu'il a espanduës en la Nature, et sur toute sa création.
7. Et tout ainsi qu'il n'y a rien en la Nature, si digne d'estre dict
estre faict pour Dieu, que la femme : aussi toutes choses en la Nature
estant soubs elle, et l'homme inesme, elles ne peuvent estre dictes
faictes que pour la femme, ne pouuant sans se rabaisser et faire tort
à sa dignité, se dire faicte pour autre que pour Dieu.
8. (5) Que si on la dict estre descheuë de l'excellence de sa cn*a-
tion, par la menace que Dieu lui fist pour le péché de la pomme,
disant en courroux et par punition qu'elle seroit assujettie à son
mary ; cela monstre qu'auparauant elle luy estoit supérieure, et
pour ce iuste courroux, il ne la priua de l'e-xcellence de son Estre,
(1) /n tantum hiimanae pacis Christus stiiduit concordiae, ut unitatis
merito oninia quae a Deo precanda sunt, impetranda esœ conflrmei. ^Hilar., in
Uaith.)
(2)L. IIReg.c. 7.
(Z) L. m Reg. c. 2.
(4) £c 8^ re rtXoç èorî rûv Trpoxrûv, o ^i avro ^ovXôasOa, rà sQlXse Ss Stà
toOto, xai pvi Trdcvra Se' srspov alpoûusOa, Sr/^ov ^ç tout' àv stn Toyadôv xoi
TÔ a/oeOTOV. Que s'il est urag qu'il y a une fin des choses que nous deuons faire,
et laquelle nous desirons pour l'amour d'elle, et voulons toutes choses pour elle,
et ne choisissons rien que pour elle : il faut bien dire qu'elle soit lesouuerain bien
et entièrement le plus excellent et parfaict. /'Arist., 1. 1 Ethic, c. 1, al. 2.)
(5) Mulieri quoque dixit : multipliaibo aerupinas tuas et concepttis tuos : in
dolore jMries ftlios et sub uiri potestate eris et ipse dominabitur tui. (Gènes, e. 3.
vers. 16.)
LETTRES OUBLIÉES 4S3
rayant choisie pour mère de Dieu, honneor auquel (1) le sexe de
l'homme n'est point paruenu. Par qnoy enoores il doibt honneur el
submission à la femme, (2) comme à la mère de son Dieu.
Ces raisons escrites par une femme, ne peuuent pas auoir bean*
coup de force, mais si elles estoient si heureuses d'estre adoptées de
vous et comme telles despoûillees de mon rude et grossier langage,
pour estre reuestués et parées des fleurs de ▼ostre éloquence, el
mises au pied d'un de vos cluq)ites de ce sabied, ccNttme Tostrea»
le crois que nostre sexe en receuroit un immortel honneur, pour
lui estre par un autheur si célèbre comme vous, attribuée telle
dignité. Ce que ie mettray à vostre discrétion, et vous priant que
i'aye part en vos bonnes prières ; le demeureray de tonte voetre
Compagnie et de vous.
Vostre tres-affectionnee amye,
Maroubrittb.
Et au-dessus :
Au Reuerend Père Lortot,
Iesuitte.
ni
A PROPOS DU DIVORCE DE HENRI IV
On sait comment M. de Caumartin, chargé par Henri IV
d'amener sa femme à consentir à leur dimariage^ s'était
rendu au château d'Usson, en Auvergne, où demeurait
( t ) Quemadmodum enim iUa per angeUeam urmonem mdjaeta eif, of tffù^âni
Deum, praeuariccUa oerbum eius, Ua et hatee per angéttaun wermonem
zata est ut portaret Deum obediau eitu verho. (S. Irbhab., l. V adoen.
c. i9. )
(2) Amplectamur Mariae vestigia et éemMe^ma euppUeÊtkme keatiM Um
pedibus prouoluamar. TeneamuM eam, née df mttfaauf AiiMe
potens est enim. (Beswabd., Serm. in e. 19 Apee,)
424 BULLETIN DU UIULIOPHILE
la reine. Marguerite de Valois céda ; elle envoya à sa
sœur naturelle, la duchesse d'Angoulênie (l),des procura-
tions notariées, passées à Usson le 3 février 1599, et char-
geant Ed. Mole et M. Langlois de poursuivre en cour de
Rome la nullité de son mariage. Les motifs allégués
étaient 1" le défaut de dispense pour des empêchements
dirimants(2) tels que la parenté à un degré prohibé et la
disparité de culte, et 2» le défaut de liberté.
Ce que ne disent pas les historiens, c'est que M. de
Caumartin ayant quitté Usson, Marguerite changea d'avis.
Croyant qu'il y allait de son honneur qu'on pensât que le
mariage n'avait pas été consommé, elle eut Tidée de
révoquer ses procurations et d'en faire d'autres où elle
alléguerait, outre les raisons données tout d'abord, la non-
consommation du mariage : preuve qu'elle n'était guère
persuadée que son union n'était pas valide. Voici la
lettre (ju'elle écrivit à ce sujet à la duchesse d'Angou-
lême en lui envoyant ces nouvelles procurations (3) :
Ma sœur, j ay considéré la teneur des Procurations que je vous
ay envoyées, où je trouve que le Koy et moi avons esté tous deux
trompez, luy en ce qu'estant comme elles sont, sans doute le Pape
ne les trouvera pas valables pour la nullité du mariage que le roi
désire, et la refusera, et moy en ce que je requière chose qui me
seroit très honteuse que le mariage fust dit nul, ayant habité avec le
roy comme une femme avec son mary, cela m'a fait résoudre à
(1) C'était Diane, fille légitimée de Henri H et d'une Piémontaise nommée
Philippe Duc : elle avait été mariée à Horace Farnèse, puis à François de
Montmorency.
(2) M. Léo de Saint-Poncy, dans son Histoire de Marguerite de Vatois, (Parla,
Gaunie, 1887. 2 vol. in-12) étude aussi complète qu'im])artialo. nous apprend
que les dispenses étaient arrivées seulement après la célébration du mariage.
(3) Elle ne fait pas partie du recueil de Lettres (le Marguerite public par
M. Guessard. Elle se trouve, ainsi que celles que nous donnons ensuite, dans
l'Histoire des chanceliers et gardes des sceauxldc France, de Fr. du Chesne.
(Paris, 1680. in-fol., p. 744-751.) C'est à elle que fait allusion Marguerite dans le
billet qu'elle écrivit à M. <]e Loménic, le 22 mars 1599 (éd. Guessard, p. 332).
LETTRES OUBLIÉES 435
refaire les deux procurations que je tous enToye, qui sont l'une
comme Tautre, et sont semblables en tout à cdles qa'avez, sinon
que j'y ay adijousté que le Roy ne m'a point connue ny touchée, qui
est ce mesme prétexte sur quoy fût faite la séparation du Roy
LoOis XII et de Jeanne de France, fille de Louis XI, laquelle a esté
si heureuse et valable, que les Rois nos pères et frères en sont sortis.
Car le Roy Louis XII, après cette séparation espousa Anne de Bre-
tagne mère de la Reine Claude ma grand mère (1). Que si je n'y
eusse a4iousté cette clause pour la nullité, le Pqpe eust pu dire que
pour l'opinion que j'avois que nostre mariage ne ftist bon^ il na
s'ensuivoit pas qu'il ne le fùst ; que les raisons que j'en donnais
n'estoient valables pour la nullité. Car pour la proximité de parenté
et différence de la Religion, que son prédécesseur en avoit donné
dispense. Que si je dis ne l'atoir Teûe ny demandée, que l'on sçait
bien que je n'estois en âge pour me mesler de cela, mais qu'il suffit
que la Reine ma mère Tait demandée pour moy et receué. Que de
dire que je n'ay point consenty au mariage et y aye esté forcée, il
pourroit aussi respondre que j'estois en puissance de mère, et d'âge
pour estre sujette à y obeîr ; mais le Pape ne peut rien objecter pour
la nullité à ce que j'y ay adjousté ; car si le Roy ne m'a rien esté,
ne m'ayant point touchée, si le Roy et moy le disons, il £Biut qu'il le
croye ; il ne peut refuser la séparation avec nullité du mariage, et
de cette vérité l'on ne peut tirer preuve que de la bouche du Roy,
et si tous deux nous le disons (car j'en supplie très humblement le
Roy) puisque Sa Majesté veut la séparation et la nullité, il foui
que Sa Sainteté y consente, mesme voyant, ce qui est nay, que je
suis hors de moyen d'avoir des en&ns, qui sont nécessaires à sa
Msjesté pour son contentement et le bien de cet Estai et de toute la
Chrétienté. Ce que je vous prie, ma sœur, représenter au Roy : Que
si j'estois si heureuse qu'il voulust prendre la peine de lire cette
Lettre, sa Majesté connoissant combien en ces dernières Proeunt-
tions luy et moy y avons esté trompes, je desirerois bien qu'il pleust
à Sa Majesté ne s'en servir encore que je n'aye eu nouvelle de mes
Mandemens des Receveurs, ce que soudain que j'auray, Je vous en
donneray advis : soudain que le Roy aura veu les deux proeoratioiis
cy encloses, dattées du 21 mars, comme cette lettre, ie vous supplie
mettre le trenche>plumes dedans les autres, et me les renvoyer par
ce porteur toutes rompues, et m'obligerex de foire voir au Roy cdla-
(1) Qaude de France, flUe de Louis xn et d'Anne de firetagne»
François !•% le 7 juin 1499.
426 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
^Yi 6t l'y bailler ma lettre cy enclose le plus promptement que
pourrez, et luy faire bien parfaitement entendre ce qui est dans cette
lettre. J'eusse fait les premières que je vous envoiay semblablement,
mais M. de Beau repaire, et quelques-uns qui m'écrivirent, me firent
peur d'une Visitation ; mais estant sortie du trouble de mes afflic-
tions, et en ayant pris conseil, i'ay reconnu que cela ne se fait que
quand les deux parties n'en sont pas d'accord, et qu'encore ce n^est
à personne de ma qualité ; quMl n'en fut point fait à Jeanne de
France, qui fut séparée du roy Louis Xll sur ce prétexte ; et ayant
reconnu qu'il estoit plus assuré pour le Roy, et plus honorable pour
nioy, j'ay soudain mis la main à la plume pour faire cette despesche,
qui sera, ma sœur, un comble d'obligations envers vous, que ie 8çay
prendre plus de plaisir de vous mesler de cette alfaire avec honneur
pour moy, qu'avec la honte que l'on m'y vouloit faire recevoir. Je
vous supplie me faire redepcscher mon laquais Guilain présent por-
teur soudain qu'aurez parié au Roy, et me renvoyer par luy mes
précédentes Procurations rompues, aussi sont-elles inutiles, estant
révoquées par celles-cy. le m'assure Uuit de la bonté du Roy, qu'il
n'avoit iamais entendu la honte qu'on m'y vouloit faire recevoir, me
faisant confesser mon mariage nul, sans ce que i'y ay à cette heure
adiousté, qui estoit me faire une iniure, et à moy et à tous ceux à
qui l'appartiens, telle qu'elle ne se peut plus grande, ce que îe fis
estant troublée, n'osant d'un costé refuser le Commandement du
Roy, et craignant pour la nullité, et craignant d'autre part si ie le
faisois comme ie le fais à cette heure^ la Visitation de quoy il m'aToit
espouvantée, d'autre part, voyant qu'on me menaçoit d'une extrême
nécessité, ne me voulant point bailler les expéditions de ma pension
et autres assignations, que premier ie n'envoyasse ladite procura-
tion (1), à quoy Ton me precipitoit, je crois, de cette façon pour me
faire tomber en ce malheur, et retarder tout ensemble le contente-
ment du Roy ; car sans doute elles ont esté aussi peu valables pour
luy, que préjudiciables à mon honneur et indignes de ma qualité,
car il eut toujours falu revenir pour la rendre bonne pour la nullité,
à la faire comme cette-cy ; ce que ie vous prie représenter au Roy
et empescher que ceux qui ont eu ce mauvais dessein ne luy em-
peschent de reconnoistrc ce qui en est ; vous obligerez, ma sœur,
en cela le Roy et moy qui vous la suis déjà tant, qu'il ne reste rien
en moy et de moy, qu'après Dieu je ne vous doive. Usez donc
< 1 ) On voit de quelles raisons on s'est servi pour peser sur l'esprit de Mar-
guerite.
LETTRES OUBLIÉES 4S7
absolument de la puissance que vous y avez et me conservez le bia^
de vostre amitié aussi entière que ie prie Dieu, ma sœur, de toute,
mon affection, vous donner très heureuse et longue vie. D'Usson ce
21 mars 1599.
Fay commandé à mon lacquais présent porteur, de vous bailto eo-
pacquet avant qu'avoir veu personne ; je vous supplie m'escrire s'il.
l'aura fait, et si le pacquet sera bien fermé et le jour que Taures
receu (1). A la souscription est escrit :
Vostre très fidelle sœur à vous servir. Iftrguerite. J^ à {a«u^
cription : A ma sœur Madame la Duchesse d'Angoulesme.
Cette lettre ne plut pas à Henri IV. Il réunit ses con-
seillers : nous avons leur avis dans la lettre écrite par
Pomponne de Bellièvre à Villeroy, qui dirigeait alors les
affaires étrangères.
Monsieur, j'ay veu cette apresdisnëe Madame d'Angoulesme,
Messieurs Langlois, Mole (2) et moy la somme allé trouver au Bois
de Vincennes, la lettre du Roy que je luy ay baillée estoit en creaneo
seulement ; j'ay pris peine de luy fiiire comproidre l'intention de Sa
Maiesté, comme par sa grande bonté Elle avoit pris en bonne part
ce que la Reine a voulu ad|jouster, que Sa Maiesté n'a pas eu con-
noissance charnelle, je luy ay dit que cens aaaquels le Roy fidi
rhonneur de communiquer cette Affiiire, jugent qu'il n'y a danse
qui peust estre plus considérable pour fonder le jugement de la
dissolution du mariage, que si par quelque moyen on pouvoit iUrè
apparoir qu'il n'a pas esté consommé, car en ee cas la dtqpense
s'obtiendroit sans difficulté, mais si ee M% est allégué sans avoir
bien considéré et projette comme il se peut vérifier, au lîeii d'ad-
vancer, nous ne reculerions pas seulement, mais nous perdrions dn
tout l'affaire : Que nous avons i considérer la Dignité, la Qualité et
1 Estât des personnes dont il s'agit, et avec lesqaeUea nous avoai
affaire. Quant au Roy, c'est la personne m laquelle eonsisie FEalil
que nous devons mettre devant les yeuz^ qu'il ne lèra sarmeiit qa'fl
ne sache et juge en sa conscience estre véritable : Qua oatre FId»
(1> Marguerite savait qu'elle avait de pniiisnti cnnMiiis; cUe avait wm
raisons pour être défiante.
(2) Martin Langlois et Edouard Mole étaient les procamm fondés de Miir-t
guérite.
428 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
terest et la réputation de Sa Majesté en ce fait, il y va bien avant de
celuy de TEstat, car si le Pape juge ainsi les François Catholiques,
qui est la plus importante et la plus grande force de l'Estat, ils juge-
ront et prendront opinion que le Roy fust pour se résoudre à faire
un faux serment pour parvenir à cette dissolution, et avoir moyen
de se remarier ailleurs. Considérez, Monsieur, et entrés en appré-
hension avec moy du danger qu'il y a qu'ils entrent en doute, et
fassent jugement qu'ils ne se peuvent assurer du serment que Sa
Majesté a fait en son sacre, et depuis à Rome par ses Députez entre
les mains du Saint Père, de \\\re et mourir en la Religion catho-
lique, apostolique et romaine, lequel serment il a depuis confirmé
et fait de nouveau entre les mains de Monsieur le Cardinal de Flo-
rence, Légat de Sa Sainteté, quMl signa si franchement, et avec un
si grand contentement de toute l'assistance. Considérons maintenant
le fait : si l'on dit au Pape que le Roy n'a point habité avec ladite
Dame, estans tous deux jeunes, beaus et sains, quand il seroit vray
cent fois, il n'y a presque point d'apparence de le croire, et la mau-
vaise opinion que l'on prendroit de ce prétexte, pourroit destruire
les autres preuves pour fortes et convaincantes qu'elles fussent:
d'alléguer qu'ils le faisoient par scrupule, sçachans le degré prohibé,
qui le croira? Premièrement en la Religion dont le Roy faisoit
lors profession, on n'en fait point de scrupule, et peut-estre que ny
l'un n'y l'autre ne pensoient que ce fust chose prohibée par les
constitutions canoniques, et peu de gens croiront que ieunes Princes
soient si scrupuleux en telles matières. D'ailleurs que sçait-on les
preuves que à l'advenir en pourroit avoir au contraire, si l'un ou
l'autre en a parlé, comme ce n'est pas chose dont les jeunes per-
sonnes mariées fassent grand scrupule de se découvrir, et peut-estre
que ladite Dame se seroit découverte, et auroit dit qu'elle se doutoit
d'estre enceinte, et comme Testant se seroit gardée et fait visiter,
le me remets de ces choses à ce qui en est : Bien diray-je que se
fondant le jugement de dissolution sur cette clause, qu'ils n'ont pas
cohabité ensemble, et se vérifiant le contraire, le mariage qui se
feroit de nouveau par le Roy pourroit estre débattu à l'advenir,
Testât des enfans nez en ce mariage, mis en controverse, et ce pauvre
Royaume, en une misérable combustion. Quand au Pape nous le
connoissons pour fort severe, fort religieux, et fort ferme en ses
opinions ; il ne faut pas attendre de luy qu'il donne jugement sur
cette clause, qu'ils n'ont pas habité ensemble, de toute nécessité, il
sera contraint, et ne faut pas attendre qu'il en use autrement, ou
d'ordonner la Visitation, ou donner le serment, ou peut-être, ce à
quoy par mon advis il se résoudra le plus tost, il ordonnera Tun et
LETTRES OUBLIÉES 439
l'autre ; si Ton ordonne le serment, j'ay touché les inconveniens qui
en peuvent advenir, si Ton ordonne la Visitation, il ne £Biat rioi
espérer de cette affaire, car on ne la souffirira pas, et peut-estre que
pour rien le Pape qui est fort conscientieax ne voudroit ordonner
le serment, craignant de donner occasion de faite un mauvais ser-
ment, jugeant que c'est péché de donner occasion aux autres de
pécher. Je representay ce que dessus à madite Dame d'Angonlesme,
et ausdits sieurs Langlois et Mole, qui reconnurent qu'U y avoil
grand fondement en ce que je leur ^remontray : Advisasmes qu'ils
escriroient à la Reine, de bonne ancre, sans toutefois se rendre sus-
pects, pour ne rendre leurs conseils inutiles, connoissant ladite
Dame fort soupçonneuse et défiante : ils font chacun deux Lettres
de mesme substance, dont vous en recevrez une avec la présente,
l'autre ils la bailleront à ladite Dame Reine.
Monsieur, j'ay obmis escrivant ma longue Lettre, de traitter d'un
point qui a esté le plus débattu lorsque je vis Madame d'Ân-
goulesme ; la Reine dit qu'il va trop avant de son honneur si elle
passe la Procuration sans adiouster la clause, que le Roy n'a pas
habité avec elle ; je dis qu'il y va bien plus avant de l'honneur de
l'un et de l'autre, s'ils s'offirent à faire un serment d'une chose qui
semble et sera jugée incroyable. Quant à ce que ladite Dame aUegue,
que la Reine Jeanne, fille du Roy Louis onziesme ftit crue à son
serment sans que l'on procedast à la Visitation il y avoit beaucoup
de choses qui concouroient, que le Roy n'a pas eu sa connoîssanee.
Premièrement estant prisonnier, il foi contraint de promettre oe
mariage à un Roy qui le menaçoit de la vie et estoit en possession
d'exécuter ses menaces, puis ladite Reine Jeanne estoit de petite
stature, contrefaite, et comme l'on dit , punaise : H estoit aisé à
croire qu'aisément le dit Roy Louis XII se passa d'habiter avec elle.
Plus ils apparoissoit de plusieurs protestations par luy fiâtes
devant ceux qui couchoient en sa chambre, qu'U nliabitoit et
ne vouloit habiter avec elle ; tellement que sur teUes preuves U
fut facile d'obtenir qu'il ne seroit pas procédé à la Visitation : En
l'afiaire qui se présente, il n'y a rien de semblable, mds {dus
tost tout contraire. Se peut d'ailleurs remonstrer, qu'il n'y a
apparence qu'il y aille de l'honneur de ladite Dame Reine, se fidsant
cette séparation, encore que le Roy ait eu sa oonnoissaiiee ; car
estant en bonne foy mariée de l'autorité de la Reine sa Mère, el du
Roy son frère, on ne luy peut imputer aucune ûiute, et cette bonne
foy qui est notoire est de telle efficace, que si elle avoit des Enfims
dudit Roy qui Ta espousée en face d'Eglise, la bonne foy d'une des
parties feroit que les enfans seroienttenus pour légitimes. LaDachesse
430 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
de Guienne qui fut séparée d'avec le Roy Louis VU avoit eu dudit
Roy deux filles qui furent mariées comme légitimes. Ladite Dame
fut depuis mariée au Roy d'Angleterre, dont avint une si grande
diminution au Royaume. Il ne fut pas dit que ladite Dame qui avoit
habité avec ledit Roy, par cette dissolution de mariage eust perdu
son honneur, et le Pape donnant sa sentence de dissolution sur le
mariage de nostre Roy avec ladite Reine, prononcera en la faveur
de l'un et de l'autre, tout ce que l'on sçaura désirer pour la conserva-
tion de leurs honneurs, estant sans doute que son devoir Toblige à
ce faire, et que c'est chose qu'il fera très- volontiers. l'allegueray un
autre exemple d'une fille de la Maison de Salviati niepce de ce
Pape, mariée à un Gentilhomme Florentin de la Maison de Gaponi :
la dissolution en fut poursuivie par ce Pape, estant lors Avocat
Gonsistorial, et fut obtenue sur ce que ladite Salviati n'avoit pas
sceu la dispense que ledit Gaponi avoit obtenue du degré de consan-
guinité après la consommation du mariage. J'escris cette-cy estant
si pressé de plusieurs qui me sont venus voir, que ie vous prieray
d'excuser la négligence de l'escriture.
Les procureurs fondés de Marguerite et la Duchesse
d'Angoulême lui rendirent compte de refTet produit par
sa lettre. De plus, le roi envoya de nouveau M. de Cau-
martiii à Usson. Cette fois, Marguerite consentit à tout.
Henri IV en témoigna sa satisfaction dans les lettres sui-
vantes qu'il écrivit à sa femme et à Caumartin (1).
LETTRE DU ROY A LA REINE
Ma Mie, j ay receu par les mains de ma sœur d'Angoulesme, en
la présence de mon Compère le Connestable (2), la première Lettre
que vous m'avez escrite, et la deuxiesme par la voye du sieur de
Caumartin, par lesquelles j ay appris la resolution que vous avec
prise pour le bien public de mon Royaume, vostre consolation et la
mienne, laquelle m'a esté bien agréable, et comme j'estime en vérité
que Dieu sera glorilié, et le public servi en cette œuvre, je ne doute
l)oint aussi que vous ne receviez de l'un et de l'autre la remunera-
( 1 ) Elles ont ('cliappé aux recherches de M. Berger de Xivrey.
(2) Le Connétable Henri I*' de Montmorency (1534-1614 ).
LETTRES OUBLIÉES 431
tion que vous cherchez pour vostre repos : A quoy pour contribuer
ce que vous desirez de ma bonne volonté, j'ay aussi-tost permis et
commandé ce dont j'ay esté requis de vostre part (1) : de sorte que
vous pouvez faire estât d'en recevoir l'entière satisfaction que vous
en promets, de quoy j'ay bien voulu vous advertir par la présente,
priant Dieu, Ma Mie, qu'il vous ait en sa sainte et digne Garde.
Escrit à le jour de May 1599.
LETTRE DU ROY A M. DE CAUMARTIN
Monsieur de Caumartin, j'ay receu avec grand contentement les
Despesches que vous m'avez envoyées par ce porteur, suivant
lesquelles et celles que ma sœur d'Angoulesme a receuës en mesme
temps, les pièces que vous sçavez que j'avois besoin ont esté mises
en mes mains, ainsi que portoient lesdites Lettres et ay désiré, en
quoy vous m'avez fait service tres-agreable ; i'ay sur cela advisé
d'écrire la Lettre à la Reine que vous trouverez avec la présente,
avec le double d'icelle, afin que vous sçachiez ce qu'elle contient,
vous la luy ferez tenir ou bien vous la luy porterez vous-mesme si
la charge que ie vous ai commise pour les Suisses (2) vous permet
de le faire, et l'assurerez du contentement que i'ay receu de la
resolution (|u'eile a prise, et mesme qu'elle ait reconnu que le conseil
quon luy avoit donné de changer ses premières Procurations estoit
sorti de personnes qui ne l'aiment gueres, car c'est chose très véri-
table, ayant descouvert depuis, comme ie fais tous les iours davan-
tage, que les Auteurs d'icelui ont des desseins particuliers qui ne
s'accordent pas bien avec les miens, ny avec le bien public de mon
Royaume, à quoy i'espere donner si bon ordre que mes bons sujets
et serviteurs en recevront avec l'aide de Dieu, la consolation avec
moy, qui est nécessaire à tous ; vous l'asseurerez aussi que tout ce
qui luy a esté promis luy sera tenu et observé de bonne foy, et quand
( 1 ) Le lecteur c oraprend qu'il s'agit ici de la pension de la reine, que son
mari avait (k-fendu de payer avant quelle eût consenti à faire prononcer la
nullité de leur union.
( 2) M. de Caumartin avait été envoyé comme Intendant en Auvergne et en
Hourbonnais avec mission « de chercher les moyens de satisfaire les Suisses
et leur faire payer les assignations qui leur avaient été données sur les re-
cottes de cette province v ; car ils étaient mécontents et murmuraient de la
lenteur des paiements.
434 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ques détails sur Tapplication du règlement à certaines
époques.
Il ne faut pas oublier, puisque nous venons de citer le
savant et si intéressant ouvrage de Térudit abbé, avec
quelle al)ondance de détails et quelle précision, le tout
puisé aux nioilleuros sources, M. Fabre a suivi rétablisse-
ment et les transformations intérieures de la docte assem-
blée.
Parcourant dtMnièrement le catalogue dressé par M.
Omonl, de la collection Renaudoi à la Bibliothèque
Nationale, notre regard a été attiré par le sommaire du
tome 28 : u Dissertttlions littéraires, historiques etc.,
Compte-rendu des séances de l'Académie française, au sujet
de la nomination de l'abbé Tallemant i 1651 ). »
Nous reportant au volume nous avons été \ivement
étonné, car la précision ordinaire de Térudit bibliothé-
caire est aussi connue de tous les travailleurs que son
extrême obligeance, de voir qu'il s'agissait non de labbé
Tallemant, mais de la nomination de son successeur.
IBM doit donc être annulé.
Notrt^ document otTre tout l'attrait que peut présenter
la reproduction fidèle dune séance, dune scène inté-
rieure de la grande Compagnie par un témoin oculaire,
un de ses membres, car la pièce est tout entière de la
main de l'abbé Euscbe Renaudot, qui fut reçu en lt)89 il).
Maintenant, ici se présentait une difliculté. Notre pièce
ne porte aucune date d'anme, et on sait d'autre part
qu'il y a eu au xvir et au commencement du xviir siècle
c/ciLV ablvs Renaudot membres de l'Académie : /-ni/îo/s,
né en U*^ùK frt're du fameux Tallemant des Rtaux, acadé-
micien en liv^l et mort en UW. et Pdii/ Tallemant, lillê-
râleur et cousin des deux précédents, acadtmicien en
U'^V et mort en ITTJ D'où une hésitation, au premier
UNE PAGE INÉDITE
DE LA
CHRONIQUE DES ÉLECTIONS A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
Succession de l'Abbé Paul Tallemant (1712)
Rien de ce qui se rattache à l'histoire de Tillustre
Compagnie qui a nom V Académie Française ne saurait
être indifférent à ceux qui consacrent leur vie à ce que
notre savant ami, M. Tamizey de Larroque, a si bien
appelé, à la fin de l'avertissement de sa précieuse publica-
tion des Lettres de Chapelain /Documents inédits sur V His-
toire de France, 1880) « les nobles choses de l'esprit. »•
Après tant de travaux de toute sorte consacrés à l'his-
toire littéraire ou administrative du grand corps savant,
dont notre érudit ami, M. l'abbé Fabre, dans son récent
Chapelain et nos deux premières Académies (1), a dit
avec tant de raison <t une institution qui a résisté à
toutes les attaques, qui est demeurée supérieure à toutes
nos vicissitudes politiques, et après tant d'épreuves vic-
torieusement supportées, semble bien destinée à vivre
autant que la nation française d, on est heureux de ren-
contrer quelque document peu connu ou même inédit
nous donnant par exemple un aperçu des séances, quel-
( 1 ) Nous avons été, qu'on oous permette de le dire, 'péniblement impres-
sienné par le jugement, aussi bref que défavorable, du livre de notre ami,
porté dans la Reuue historique de 1890 par la plume savante et autorisée, cha-
cun le sait, de M. Louis Farges. Nous sommes heureux d'en rapprocher
l'appréciation favorable d'un autre juge dont personne n'osera contester la
valeur, celle de M. Charles Canivet dans sa Causerie littéraire du journal le
Soleil du 7 septembre 1890. où rou\'rage est traité « d'excellent livre *.
1891 28
434 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ques détails sur Tapplication du règlement à certaines
époques.
Il ne faut pas oublier, puisque nous venons de citer le
savant et si intéressant ouvrage de Térudit abbé, avec
quelle abondance de détails et quelle précision, le tout
puisé aux meilleures sources, M. Fabrc a suivi rétablisse-
ment et les transformations intérieures de la docte assem-
blée.
Parcourant dernièrement le catalogue dressé par M.
Omont, (le la collection Renaudot à la Bibliothèque
Nationale, notre regard a été attiré par le sommaire du
tome 28 : a Dissertallons littéraires, historiques etc.,
Compte-rendu des séances de i Académie française, au sujet
de la nomination de Vabbé Tallemant (1651). »
Nous reportant au volume nous avons été \ivement
étonné, car la précision ordinaire de Térudit bibliothé-
caire est aussi connue de tous les travailleurs que son
extrême obligeance, de voir qu'il s'agissait non de l'abbé
Tallemant, mais de la nomination de son successeur.
1651 doit donc être annulé.
Notre document olTre tout Tattrait que peut présenter
la reproduction fidèle d'une séance, d'une scène inté-
rieure de la grande Compagnie par un témoin oculaire,
un de ses membres, car la pièce est tout entière de la
main de l'abbé Eusèbe Renaudot, qui fut reçu en 1689 (1).
Maintenant, ici se présentait une difficulté. Notre pièce
ne porte aucune date d'année, et on sait d'autre part
qu'il y a eu au xvir et au commencement du xviii*^ siècle
deux abbés Renaudot membres de l'Académie : François^
né en 1620, frère du fameux Tallemant des Réaux, acadé-
^micien en 1651 et mort en 1693, et Paul Tallemant, litté-
rateur et cousin des deux précédents, académicien en
16()() et mort en 1712. D'où une hésitation, au premier
{ 1 ) Krudit né à Paris en 1G46 cl mort en 1720.
CHRONIQUE DES ÉLECTIONS A L' ACADÉMIE 496
abord possible, mais qu'a vite dissipée cette mention,
comme chancelier au moment du récit, de l'abbé Genest,
qui ne fut reçu à l'Académie qu'en l'année 1698. 1098
étant donc écarté, il s'agit, dans la pièce que nous
publions, des séances qui précédèrent l'élection mouve^
montée du successeur de l'abbé Patd Tallemant, le poète
Danchet (1).
L'élection de Danchet et les pièces satiriques auxquelles
donna lieu l'élévation à un si grand honneur d'un poète
qui n'a jamais connu les hauteurs du Parnasse, sont
intéressants dans l'ouvrage connu de M. Albert Rouxel :
Chronique des élections à V Académie française, c Mesdames
de Ferriol et de Tencin, nous dit M. Rouxel, montèrent
une telle cabale que l'indignation gagna certains cœurs
généreux... »
Emile Du Boys
Le icr de ce mois la Compagnie s'assembla sur le billet de GonTO-
cation qui avoit esté envoyé par M^ TEvesque d^Avranches, directeur,
et M>^ s'y trouvèrent au nombre de seize.
M. le Directeur proposa de procéder suivant le billet de Convoca-
tion, a la proposition d'un sujet pour remplir la place de feu M. l'abbé
Tallemant, décédé le 30 aoust dernier (2). Avant qu'on commençast
(1 ) Danchet (Antoine), poète dramatiqae, né à Riom le 7 septembre 1871»
mourut à Paris le 21 février 1748.
(2) II y a là une erreur de Renaudot Toutes les Biogn^hks postent le
30 juillet au lieu du 30 août^ et le SOjuUUi est eonfirmé par le Mereare gtiant
lui-même d'août 1712, p. 129 : « messire Fanl Tallemant prieur de Saint-Gcnj,
l'un des 40 de T Académie françoise, et vétéran de celle des médaille» et !»•
criptions, mourut le 30 juillet 1712. >
Voici maintenant le mot de Saint-Simon ( heureux ceux qui ont pu avoir
dans la maison du redoutable et parfois acerbe chroniqueur une aussi bomM
note ! ) II ne désigne pas leiour de la mort de l'abbé Tallemant, mais U dit à
la page 330 du tome IX (édition Chérueî, la savante édition de IL de BntsJtsîa
n'étant pas encore arrivée à cette date): c 1712. L'abbé Tallemant mourut eb
même temps, assez vieux, [né en 1042, il avait à sa mort en 1730^ 78 ÊaiM%
regretté de tous les gens de lettres, et mémo d'assea de gens de coMJdéwtftaa
dans l'Église et d'autres du grand monde. >
436 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
à délibérer, quelques uns de la Compagnie représentèrent que la con-
vocation paroistroit un peu précip tée, d'autant plus que plusieurs
de Mrs estoient à Fontainebleau attachez au service du Roy par leurs
charges, et qu'il ne paroissoit pas d'inconvénient à les attendre.
D'autres proposèrent la difficulté qu'on pou voit former sur ce que
le Règlement portoit qu'on ne pouvoit procéder a une Election si
on n'cstoitau nombre de vingt.
Mr d'Avranches mit l'affaire en délibération, pour sçavoir si on
procèderoit à la proposition d'un nouvel académicien ou si elle
scroit différée. Ceux qui opinèrent les premiers furent d'avis de
procéder à l'élection. Mais d'autres furent d'auis de s'en tenir an
Règlement, qui estoit une loy que la Compagnie ne pouvoit pas
interpréter, ny abroger.
D'autres pour soutenir l'opinion contraire dirent qu'il y avoit eu
une délibération par laquelle il avoit esté résolu que lors qu'à une
première assemblée il ne se trouvoit pas vingt académiciens, le
directeur en convoqueroit une seconde, dans laquelle on pourroit
procéder à la première proposition, quelque nombre qu'on fust.
D'autres alléguèrent aussi l'exemple de l'Election de W Des Préaux,
et dirent qu'il y en avoit de semblables, mais qu'ils ne purent citer.
Ceux qui concluoient à différer l'Élection ne convinrent pas de
cette délibération, et sur ce que les autres persistoient à la souttenir,
on demanda si elle estoit escrite dans le Registre : Comme toua
convinrent que non, il fut conclu a la pluralité des voix qu'on n'en
pouvoit tirer aucun avantage, et qu'on n'en feroit plus mention.
Âpres que la voix eut couru, il se trouva d'abord neuf de Mr« qui
opinoient a procéder à l'élection, et M^ le Directeur ayant conté les
voix dit que cet avis passoit à la pluralité. Mais sur ce que quelques
uns persistèrent dans leur opposition, que d'autres protestèrent et
se levèrent pour se retirer, quatre revinrent à l'avis de ne point pro-
céder à l'Élection et il fut suivi. On se sépara sans rien conclure
pour la prochaine convocation .
Le sainedy 3e on s'assembla et M»" le Directeur ne proposa rien
sur ce sujet.
Le lundy b*^ M. le Directeur ne vint point et en l'absence de
M. l'abbé Genest, chancelier, et de M. l'abbé Régnier, secrétaire,
M. l'abbé de Dangeau, comme ancien, présida. Le s'' Coignard,
imprimeur de l'Académie apporta un billet apostille qui luy auoit
esté envoyé par M^ d'Avranches, pour Convoquer la Compagnie le
10^ et ce pour la seconde assemblée. Me l'abbé de Dangeau fit dé-
libérer sur ce billet. L'avis de tous à l'exception d'un seul, fut que
le directeur n'avoit pas le droit de convoquer, sans en communi-
CHRONIQUE DES ÉLECTIONS A L'ACADÉMIE 437
qucr à la Compagnie, et sans prendre l'avis des officiers : qu'après
la délibération du 10* il n'estoit plus question d'alléguer une résolu-
tion qui n'avoit jamais esté escrite, et qui avoit esté contestée. Ainsi
fut conclu que le billet de convocation ne seroit ny imprimé ny
envoyé. M. de Sacy contesta fort, et représenta qu'on entreprenoit
sur les droits du Directeur, et que Mr d'Avranches pourroit auoir
sujet de regarder cette résolution comme un affront, chacun en
particulier et tous par la bouche de Mr l'abbé de Dangeau président
tesmoignèrent toute la considération possible pour la persone de
Mr TEvesque d'Avranches, mais ils déclarèrent en mesme temps
qu'ils ne consentiroient jamais que les Directeurs s'attribuassent
une autorité despotique sur la Compagnie, ny le droit de la convo-
quer de chez eux, sans la consulter et qu'on avoit tousjours pra-
tiqué le contraire, sans qu'il y eut d'exemple de pareille prétention...
On pria M. de Sacy de rendre conte à M' d'Avranches de ce qui
s'estoit passé, mais on ne jugea pas à propos de l'en charger par
une députation.
Le mercredy 1^ on s'assembla a cause de la feste du lendemain :
et Mr l'abbé de Dangeau présida. M' de Saey fut escoufé pour ins-
truire la Compagnie de ce qui s'estoit passé dans la visite qu'il avoit
faite à Mr d'Avranches. Après s'en estre expliqué en termes géné-
raux, il dit que comme il ne vouloit rien dire de son chef, mais rap-
porter exactement les sentiments et les paroles mesmes de Mr d'A-
vranches, il l'avoit prié de s'expliquer luy mesme par une lettre :
qu'il l'avoit escrite a luy (M. de Sacy) : il la tira et il en fit la lec-
ture.
Cette lettre contenoit des plaintes générales sur ce qui s'estoit
passé dans les séances du i^r et du 5« de ce mois, 2o de particulières
sur l'entreprise contre le droit du Directeur, 3» sur l'irrégularité de
la délibération du i^r par ce que quatre de Mn avoient changé
d'avis, après les voix contées. 4» des raisons pour prouver qu'on ne
devoit pas attendre les absents qui estoient à la Cour, 5® d'autres
pour establir qu'on pouvoit nonobstant le Règlement procéder a une
élection, sans estre vingt, 6» une nouvelle allégation de la délibéra-
tion qu'il avoit citée sur ce sujet. M' d'Avranches concluoit que son
procédé avoit esté dans les règles : qu'ainsi on n'avoit pas dû sy
opposer de la manière dont on l'avoit fait, et qu'enfin cela l'obligeoit
à abdiquer l'employ de Directeur, qu'il abdlquoit entre les mains
de la Compagnie.
Mr le Président fit opiner sur la matière. Il fut d'abord résolu
tout d'une voix que la Compagnie ne vouloit, ne devoit, et ne pou-
voit recevoir cette abdication dont nous n'ayions point d'exemple
438 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
que M. de Sacy qui avoit apporté la lettre seroit prié de le dire à
Mi d'Avranches et de l'exhorter le plus vivement qu'il seroit possible
de revenir prendre sa place de directeur, devant estre assuré du
respect de la Compagnie, pour sa personne, sur quoy chacun s esten-
dit en termes aussi obligeants que respectueux. Que pour le suplus
TAcadémie n'avoit point prétendu Toffenser, ny innover : mais seule-
ment conserver ses loix et les usages, à quoy elle se tenoit, ayant voulu
observer literalcment ce qui est oit escrit ; sans avoir égard a des
délibérations non escrites, que plusieurs ne connoissoient pas, et
que d'autres contestoient avec autant de raison que ceux qui les
avoicnt alléguées, qu'elle ne vouloit pas laisser establir dans le
Directeur une autorité absolue, et indépendante du Conseil des
officiers, et de la Compagnie, dont on pourroit abuser dans la suite :
que tout avoit esté selon les règles dans les délibérations du i^^ et
du 4® de ce mois et que quand la civilité qu'on devoit a des confrères
tels que ceux qui estoienl à Fontainebleau, n'auroit pas esté fondée
en quelques exemples qu'on rapporta, le règlement qui prescrit le
nombre de vingt pour les élections, la rendoit nécessaire.
Me l'abbé de Dangeau, président, dit à M. de Sacy qu'il le prioit
de rapporter ce qui s'estoit dit, comme tesmoin, a Mr d'Avranches
et de l'exhorter encore au nom de tous de revenir prendre sa place
de Directeur et d'en faire les fonctions.
Sur cela M. de Sacy dit que si on vouloit luy donner un adjoint,
il pourroit espérer plus de succez de ses sollicitations. Un de M^^ ne
s'éloigna pas de cet avis. Les autres a l'avis desquels il revint
dirent que si on eut reconnu par la lettre dont on venoit d'entendre
la lecture quelques dispositions de Mr d'Avranches pour terminer
cette contestation a l'amiable, on pourroit luy donner une marque
extraordinaire de considération, en luy faisant une députation. Mais
que comme il paroissoit qu'il persistoit dans ses premières pensées,,
et qu'il soutenoit les mesmes prétentions, que la Compagnie croyoit
insoutenables, il ne luy convenoit pas de faire une députation qui ne
serviroit qu'à exciter de nouvelles contestations et qui pourroit
mesme estre interprétée d'une manière contraire aux bonnes inten-
tions de l'Académie.
Ainsi il fut conclu que M. de Sacy feroit seul le rapport comme
témoin et non comme député.
\
LETTRES INÉDITES
DE
NICOLAS TfiOYNÂRD, L'ABBE NICAISE, DD CANGE W HADRIEN DE VALOIS
A GUILLAUME PROUSTEAU
Fondateur de la Bibliothèque publique d'Orléans.
(1679-1693)
Les lettres que je publie aujourd'hui ont été extraites
des autographes nombreux que possède hi biUiothèqpe
pubUque d'Orléans. Guillaume Prousteau, à qui eUet
sont adressées, est assez connu pour que je me dJftpiMMt
d'esquisser sa biographie. Je ne parlerai pas non jUvm dtf
ses correspondants : de savantes notices, publiées dans
ces dernières années, ont retracé l'existence de NiooIflHft
Thoy nard et de l'abbé Nicaise ; les ouvrages de X3m Caqge
et d'Hadrien de Valois font romement de loales les bi-
bliothèques. Leurs lettres à G. Prousteau montrent cet
homme sous le même jour : c'est d'un cftté son opinift-'
treté indomptable pour garder précieusement les richesKS
bibliographiques que lui ont fournies les annotations nuH
nuscrites de Henri de Valois ; ce sont, de l'autre, les solli-
citations renouvelées sans cesse et sous fontes Ifiê foims
• •
440 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
de ses amis le pressant de livrer au public savant ces
trésors menacés d'un étemel oubli. En outre elles font
connaître la vie littéraire de la fin du xvn® siècle et four-
nissent quelques détails inconnus sur la vie de plusieurs
personnes de mérite et de talent. Dans cette publication
je me suis borné à quelques notes brèves et explicatives
servant à éclaircir des points obscurs ou à aider la con-
naissance de faits peu saillants.
Ch. Cuissard.
A. — LETTRES DE THOYNARD
Ge 28 mars (1679).
J'ai la joie, monsieur, d'avoir apris par monsieur de Bengy le bon
état de votre santé. La mienne va selon le tems et j'espère voir la con-
firmer en prenant Tair natal après Pasques. Je ne donnay pas llion-
neur de repondre a votre dernière lettre, je la receus dans le tems de
mon rhumatisme qui dura long tems après lequel un remerciement
auroit été hors de saison et si je le fais a présent, c'est bien moins
pour vous marquer ma reconnoissance dont je vous crois, monsieur,
très persuade, que pour prendre occasion de vous donner de la
peine.
Voiez jusques ou je porte la liberté que me fait prendre votre
amitié. Le fils de madame Borde la veuve (1) qui etoit chanoine de
Meun est mort. Je lui avois prêté Capelli Critica sciera, in-fol., trois
ou quatre volumes et Horae hébraicae et tcUmudicae de Ligfoot
in-4. et quelques autres livres que je scaurois pas dire a personne
parce qu'en jugeray par les miens qui sont a Orléans. Je vous prie
Cl) Madame B«rde était la veuve de Jacques Borde, libraire à Orléans.
s
LETTRES INÉDITES 441
«n passant par le cloistre de les vouloir demander a madame sa
mère et de lai témoigner que je prens beaucoup de part a son aflic-
tion et que ca m'est sensible, car monsieur son ûls etoît un fort
honete garson. Vous m'obligerez aussi, monsieur, de vouloir garder
ces livres et de croire que je suis avec passion votre très humble
et très obéissant serviteur.
Thotnard.
Je suis d'avis come monsieur Formentin (1 ) d'atendre venir votre
marchand de livres, j'en parleray néanmoins a monsieur labé de
S^e Beuve (2), si vous me l'ordonnez. Cependant je saluerai de votre
part ces débauchez du faubourg ( 3 ) qui pourront en devenir un peu
plus morigénez. Ils ont bien doné de la pratique au comissaire de
leur quartier depuis leur arivée. Nous consentirons touchant la
bi))liothèque vacante, si elle est vacante.
Au dos : A monsieur Prousteau docteur régent en l'université
demeurant au cloitre de St« Croix (4). A Orléans. (5)
( 1 ) Archidiacre de Sologne et sous-doyen de la Cathédrale ; il mourut le
6 mai 1703. Son anniversaire au nécrologe est marqué au 5 mai. Dom Pabre
composa sur lui une notice conservée à la bibliothèque d'Orléans, ms. 467 et
à la Bibl. Nat., Manuscrits. N. acq. fr. 561. La biblloth. d'Orléans possède en
ms. le Voyage d Rome de M. Formentin, d9 387.
(2) L'abbé Jacques de Ste Beuve était c grand mattre en escrime sorbo-
nique » et un gallican avéré. Cf. Faugère, Lettre»^ opu$cule$ et mémoires de
Madame Périer, Paris, 1845, pag. 427 ; Ste Beuve, Port Royal, T. IV, p. 568, et
E. de Ste Beuve, Étude d'histoire privée, Paris, 1865.
(3) Ces débauchés du faubourg, que Thoynard appelle encore c certains
quidams du Val de grâce, » étaient probablement les Périer. Cf. Faugère,
op. citât, pag. 428.
(4) Dans son testament, Prousteau l^ue aux chanoines de Sainte-Croix
une somme de 300 livres pour les remercier de lui avoir laissé dans leur
cloitre la jouissance qui lui avait été donnée à vie par un de leurs collègues
d'une maison et de l'avoir ainsi traité comme chanoine. Son anniversaire est
marqué dans le nécrologe au 13 mars.
(5) G. Prousteau répondit à la lettre de Thoynard le 5 avril: Cf. E. Jovy,
G, Prousteau et ses lettres inédites d Thoynard^ Paris, t888»pag. 11.
442 BULLETIN DU BIBUOPHILE
II
Ce jeudi (1581).
J'ay votre livre in-8 d'Allutius sur le concile d'Ephèse ( 1 ), le neveu
de monsieur Ghupc me la raportc co matin et Je dois rendre justice
a l'oncle et au neveu que vous 1 auriez eu il y a long tems si j'avois
voulu leur dire mon logis ou je ne voulois pas qu'ils prissent la peine
de Tenvoier et ils en l'a isolent la cérémonie. Il est important, monsieur^
que vous écriviez prontement a Mr Graevius (2) et que vous lui
marquiez précisément de ne point remetre \ oive Harpocration (3)
entre les mains de M>^ Emericus Bigot (4) de Rouen, mais de
Tadresser directement à monsieur Justel (5) Ciir essct novissimus
error pejorc et votnî livre courroit grand risque. Vous pouvez m'a-
dresser cete letre et je prieray M"" Justel de l'acompagner d'une des
sienes. Je voudrois pouvoir en toute autre rencontre vous marquer
avec combien de passion je suis, monsieur, votre très humble et
très obéissant serviteur.
Au dos, ut supra. (0)
(1) *i J'avois prié M. Chuppé de vous remettre entre les mains un de
livres qu'il a depuis loiigtems. C'est unVindiciae ephesinae synodi de Léo Aila-
tius, in-8. » Lettre de G. Prousteau du 5 déc. 1680. E. JoN-y, op. cit., p. 18.
(2)Labi)>liotIi. d'Orl. possède une lettre de Graevius à G. Prousteau du
8 décembre 1G94.
(3) Parmi les livres provenant de la bibliothèque de M. de Valois, acheté
par G. Prousteau, se trouvait un exemplaire de l'ouvrage suivant : Harpoeni'
tionis lexicon in deceni rhetores, gr., suppletum et emendatum a Phil. Jac.
Muussaco. Paris, Morel, 1614, contenant des notes manuscrites très étendiiOb
Gronovius les demanda et les fit imprimer sous ce titre : Henrici Valetii nofoc
(1* animaduersiones in Ilarpocrationem et Phil, Maussaci notas ex MMfofA.
G. Prousteau. Lwjduni Hatatxirum, Gaesbeck, 1683.
(1) Emeric Bigot (1626-1689) possédait une magnifique bibliothèque qu'il
communiquait avec plaisir à tous les savants de l'Europe.
(5) Henri Justel. Cf. Ut France protestante des frères Haag, t. VI, pag. 114.
(6) Cette lettre, comme plusieurs autres, n'est pas signée : elle porte senle^
ment la barre supérieure du T.
LETTRES INÉDITES 443
III
Ce 21 juillet (1690)
J'ay fait part, monsieur, de vos honetetés a ma sœur dont elle et
mov vous remercions très humblement. Plus d'un abé vous baise
les mains. L'un a encore écrit a Graevius. Vous savez bien qu'il ora
mal emploie son panégyrique. Tout est en confusion en Angleterre
et en Ecosse (1). Si la dernière conspiration n'avoit été découverte,
on orait empaqueté la princesse d'Orange pour nous la livrer. Les
leties du 9. marquent cela. Et vous remarquerez que c'estoit durant
la bataille navale. Jugez des suites. On a encore brûlé du débris du
combat deux grands vaisseaux anglois qui etoient échoués. L'un
etoit le vis amiral de 80. pièces de canon. Trente chaloupes armées
ont fait l'exécution a la vue des miliers qui etoient a terre et qui
n'ont pu l'empêcher. Ce qu'il y a de plaisant c'est que les Ânglois
arhortrent sur ces deux vaisseaux pavillon holandois pour couvrir
leur honte au depans de leurs alliez.
On imprime in 12. les Notes sur Lactance (2), c'est a dire, mon-
sieur, (ju'ùi cerbo tuo laxavi rete. 11 y a des négociations pour un
ouvi;i;j;e de plus grand volume (3) pour lequel vous ne m'avez pas
marqué de Tindifference. On ne peut être, monsieur, avec plus de
reconnoissance que je le suis votre très honore et très obéissant
serviteur.
Thoynard.
Un de mes amis m'a prié de faire tenii' seize loQis d'or a un jeune
homme :ipele M^ Halon qui étudie en droit et demeure, je crois,
(1) Ces paroles et les suivantes concernent les événements du mois de
juillet 1690 et la bataille gagnée par TourvUle.
(2) Cet ouvrage a pour titre : In Lactantium de mortibuê persecutorum notae
Sic. Toinardi Aurel. Parisiis, apud Àrnulphum Seneuze, in vico de la Harpe^
1690. G. Prousteau écrivait à Thoynard au sujet de cet opuscule : « Je suis
fasché que le texte de Lactance n'ayt pas été mis avec vos notes, car il en
fait encore mieux voir l'excellence. Le livre n'en auroit gueres été plus gros
et assurément qu'il en auroit été mieux débité. Ce texte est assez rare id,
cependant il est bon de les approcher l'un de l'autre et de les avoir Ions deux
à la main. » E. Jovy, op. cit., p. 25 et 27.
( 3 Wl s'agit probablement de son Harmonie.
444 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
chez Mr Fournier (1). Corne voila le tems de votre voiage aimue|
a Paris qui aproche, pouriez vous me doner ordre de les doner id
a quelcun pour vous et les conter a Orléans aud. Sr. Ezcuseï ma
liberté.
Au dos, ut supra.
En note : Paris 21 Juillet 1690 (de la main de G. Prousleftn.)
IV
Ce mercredi.
Un de mes amis voudroit avoir le commentaire de M', de la
Lande sur notre coutume (2). Il vous prie, monsieur, de prendre
la peine de savoir de lui ou de son libraire si Ion en trouve a Paru
et chez qui. Sinon de me faire la grâce de m'en envoler un a votre
première commodité par le messager et qu'il soit bien relié. S'il n'y
en a pas de relié ou qu'il ne soit pas bien condltioné, je le prendray
en blanc.
J'écris a ma sœur Thoynard de me déposer une feuille de papier
pour m'envoier. Vous me ferez plaisir de la mètre dans ce livre, si
vous m'en adressez un. Il n*y aura qu'a l'envoier quérir de votre
part au logis. Je suis ici avec beaucoup d'autres dans Tafliction de la
part de M. Tevenot qui n'a pu résister a un chagrin dévorant depuis
lafaire de la bibliothèque. Je vous prie de dire ici un petit à Tau-
teur du comentaire touchant ce que vous savez.
Je salue tous vos voisins et voisines et suis, monsieur, votre trèa
honore et très obéissant serviteur. Sans signature.
Grand phénomène littéraire. On imprime la version du Nouveau
Testament du P. Bouhours (3). Si Gaspard Migrot vivoit, il en
mourroit de déplaisir car il seroit ruiné de par Dieu. Je vous feray
tenir le prix du livre.
Au dos, ut supra.
En note : Paris 1692, 5 nov. (de la main de G. Prousteau*)
<1) Jurisconsulte Orléanais.
(2) Cf. Éloge de J. Delalande, ' par Prévost de Jannés, en tête du t II
de la Couf lime d'Orléans, édit. 1740; E. Bimbenet, Etude sur J. Delakaiét.
Orléans, 1879.
(3) Nouveau Testament, traduit en fhmçais selon la Vulgate. Cette tra-
duction fût fortement critiquée.
LETTRES INÉDITES 445
Ce dernier (16)92.
L'amitié, monsieur, dont vous m'honorez aiant commencé dans
un païs ou Ton va < desear buenos anos » dès la veille ( i ); je mets
ici cet usage en pratique pour vous ofrir mes très humbles respects
après vous avoir souhaité une heureuse année et une longue suite
de semblables. Je vous prie, monsieur, de vouloir vous charger d*en
faire autant de ma part a vos voisins a droite et a gauche et a
Mr Formentin et autres quos glossa reludit abunde.
Eumene Pacat nous a régalé depuis trois jours d'un ouvrage
charmant intitulé Protiisio de nummis Herodiadum. Il y a varia
lectio dans le titre, car la pluspart des gens lisent Detusio. Il y dit
qu'un de vos amis ultramontains ne connoît pas une letre en mé-
dailles samaritaines. On en a bien ri (2).Ilimpugne aussi dans des
plus belles corrections dlosephe qui sont dans votre petit Lactance
de mortis. Je vous en feray partir un exemplaire vendredi pour
etrenes que je vous prie d'accepter comme venant de voto. M l'abé
Cadran ne s amende point. Voila qu'il vient de me prier de souper
ce soir chez lui. Nous y aurons bu votre santé, avant que cete letre
vous ait été rendue. Bon prou fac. Sans signature.
Au dos, ut supra.
En note : Paris 1692, 31 déc. (de la main de C. Prousteau. )
VI
Ce 25 juin (1693)
J'atendois, monsieur, le départ de monsieur Boier de Savigny
pour vous faire réponse sur le livre du P. Noris (3). Gomme vous
(1) Souhaiter de bonnes années. Thoynard et Prousteau s'étaient liés
d'amitié durant un voyage en Espagne en 1660.
(2) Jeaii-Pierre Rigord publia à Paris en 1689 une dissertation historique
sur une médaille d'Hérode Antipas ; le P. Noris n'eut pas de peine à démon-
trer que cette médaille était moulée sur Tantlque.
(3) Le V Noris, plus tard le cardinal Noris en 16d5, l'un des plus savants
italiens du wii* siècle fut nommé par le piq>e Innocent XII bibliothécaire de
446 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
ne me mandâtes pas positivement si vous voulez en avoir un, je
n'en aretay un pour vous que conditionellement, mais si vous en
voulez, vous n'avez qu'a dire. Ncantmoins vous pouriez auparavant
de vous déterminer, parce que rendu à Orléans il vous reviendra a
15. livres ou environ compris la reliure, voir celui de M. Formenlin
et si vous jujrez pouvoir vous en j)asser, je n'en prendray point.
J'atends des nouvelles de M. Graevius qui m'avoit mandé par
sa dernière qu'il vouloit luy même porter vos livres a Leyden de
peur (raccident. Il me doit envoier des Lactances roWofMWi, mais
on ne scait a présent coment rien taire passer tant a aler que venir.
Le Joannes Maliiln Antiochenus ( 1 ) est imprimé grec-lat. en Angle-
terre. J'en ay un en Holande d'où je l'atens aussi. Il y a une nou-
velle pièce volante du P. Ilardoïiin (que vous avez toujours tant
estimé) contre le P. Noris ou je ne suis pas épargné (2). Il dit a
présent (|u'elle n'est pas de lui. Elle a excite l'indignation de tous
les honetes jiens. Un P. J. l'envoiant à M. Morel(3) dansunc Iclli-e
luy (lisoit : Je vous envoie une petite salade pour le P. Noris ou je
trouve bien plus de vinaigre qu«* d'huile. On dit que le P. Noris y
ajouteia du sel. 11 en a otrefols donné a un Antonius Macedo (4).
Ce P. est j)résenteinent en pleine possession de la bibliothèque vati-
cane, après avoir essiiié bien des opositions. Le Pape lui donne
1300. ecus de pension extraordinaire pour avoir un petit équipage et
In Vaticniic- Il appartenait à l'ordre de saint Augustin. Ses œuvre.s thôolo-
gi(|ues ont clé pul)li('0.s par Zazzori, Padoue, V7i)S, ses œuvres complètes
furent recueillies par les soins du comte MafTéi et de Pierre et Jérôme Itulle-
rini. Vérone. 1729-1711, .') volumes. Ce savant cardinal adres.sa de longues
lellres à M. Tlioynard sur des (piestions «le chronologie. Cf. Les correspon-
dants de Tlwijnurd. Hibliotli. Nation. Nouv. acq. fr. 5G()-5C3. — L.-G. Pelissier,
Le Curdiiml dr \oris et sa correspondance. Paris 1885.
(1 ) Jean Malala, écrivain grec, natif d'Antioche, est auteur d'une cliro-
ni(]ue pul)Iiée sous ce titre : Joannis Antiocheni cognomento Malalae hisioria
chnniira cuin interpretatione et notis Edm. ChUweudi... praem. dissertai, de
uuctorc per Ilumfred. Ilodinni. Accedit epistola R. Hcntleii ad Joli. Millium.
O.ro/j//. l(iî)l. (^el ouvrage forme le t. \xix des iîi/ranf/mie historiae scripiores
et 1<> t. Mil du Corpus scriptoriim historiae hyzantinae, cdïié en 1831.
(2) Jean llardr)uin. .Jésuite, se lit une grande réputation par ses ophiiuiiK
originales ( l(iiri-172î> ).
i:J) Daniel-Hoberl Morel ( Kl'Nl-n.'îl ).
< I) Antoine de Maee<lo, Jésuite portugais (1012-1093) auteur de Lusifania
infuUitii et purpuntta. Paris. l(î(»3. — François de Macedo (1396-1U81), célèbre
par ses tlémélés avec le P. Nori:?.
LETTRES INÉDITES 44?
en atendant il prend un carosse au Palais pour faire ses visites. Il
a envoie ici une lettre ou il dit que luy qui n'a jamais voulu avoir
dans sa cellule un seul petit oiseau en cage est présentement obligé
d'avoir deux chevaux a Fecurie. M. Nicaise (1) est parti ce matin
pour Dijon.
Je suis parfaitement votre très honoré et très chassant servi-
teur (2).
Sans signature.
Au dos, ut supra.
VII
De Paris ce vendredi 5Mi.
J'ay enÛQ vu monsieur Chupé qui ne revient de la campagne que
dimanche et je ne lay pu joindre qu*hier après midi. B a donné a
monsieur Nubie (3) un de vos exemplaires et aussi a monsieur
Talon ( 4 ). A Tegard de YHarpocratwnj j'en ay écrit a M. Elsevier (5)
qui en a été le porteur et pour plus grande sûreté, je vous prie,
monsieur, de me faire une bonne petite lettre du tems précis par
laquelle vous me redemandez votre livre. Il est bon d'y marquer et
pour cause que vous ne l'avez confié qu'a moi seul et que c'est &k
ma considération que vous avez bien voulu le risquer. Tant plus
forte elle sera, tant mieux elle vaudra et je la remetray a mond»
Sr. et le presseray d'une réponse. Certains quidams du Val de grâce
pouroient bien l'un de ces jours prendre prétexte de la mort d'un
frère pour sortir honetement non setdement du cartier, mais aussi
(1) Cf. Jacquet, La uie littéraire danê une oflle cbjiroràiet $ùuê Iâmèm Xif^
Paris, 1886, in-8. Un volume de la coirespondaiiee de l'abbé IQcalae a
été publié par M. Caillemer dans les Mémoires de rAcadémie de Lyon.
(2) G. P rousteau répondit à eette lettre .le 9 JniUet 1688. Cf. B. Jovy, op.
cit. p. 34.
( 3) Louis Nubie, né à Amboise, le 22 novembre 1606. Voir Fabbé CtMnSKktt
Inventaire analytique des archives conanmuijlÊ» ^Aanbohe, Toors, 1874^ pp. Wê,
297 et 298.
( 4 ) Denis Talon, fils d'Orner (1628-166$).
( 5 > Daniel Efausvier ( 1617-1680X eélèbn iasprimenr.
448 BULLETIN DU BIBUOPHILE
de Paris et tout le monde ne saura pas que le comissaire joue son
jeu (1).
Je suis avec passion, votre très humble et très obéissant senritenr.
Sans signature.
Il court de mauvais bruits du soleil, il s'y trouvoit de nouvean
deux grandes taches. Tune de Tautre mois et l'autre depuis 4. jours.
Au dos, ut supra.
VIII
Ce 7 sept.
Soiez le bien revenu, monsieur. Je vis hier M. Bigot chez M.
Ménage et lui fis part de la continuation de votre heureuse obli-
geance. Des que vous aurez eu la bonté de me remetre YHarpoera^
tiouj on l'acheminera en Holande. M. Elzevier est ici depuis 8. jourSy
qui le fera tenir sûrement a M. Heinsius (2), car autrement il n'y a
pas lieu d'en faire imprimer ce qu'il y a de M. de Valois, personne
ne peut se charger d'en faire l'extrait pour l'envoier en Holande»
come il semble que vous le desiriez par votre précédente ; c'est
pourquoi il faut vous résoudre a trouver bon que votre exemplaire
fasse le voiage, sinon le public ne peut espérer, cete ocatsion présente
manquée, de voir jamais ces notes que M. Heinsius conferroit sor
les livres avec le nouvel imprimé. En atendant vos sentiments la
dessus, je demeure, monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur.
TOINARD.
Au dos, Kt supra.
( 1 ) Thoynard fait allusion probablement à la mort d'Etienne Périer qu i
eut lieu le 11 mai 1680. Ce^ neveu de Pascal avait de 1666 à 1669 suivi les cours
de rUnivcrsité d'Orléans. — Cette lettre peut avoir été écrite vers 1680; mais
comme elle ne porte aucune date, je l'ai transcrite à cette place, aussi bien
que la suivante, parce qu'U pourrait y être question de la mort de Biaise
Périer, survenue le 15 mars 1684.
(2) Nicolas Heinsius, lUs de Daniel Heinsius, philologue hollandais,
mourut à la Haye, le 7 octobre 1681, entre les bras de Graevius.
i
LETTRES INÉDITES 449
IX
Ce samedi 16 sept.
Je ne vous ay pas donné avis de la réception de votre Harpocrationy
parce que je voulois en même tems vous faire part des sentimens
de tous ceux que vous m'avez ordonné de consulter sur Fenvoi de
ce livre de Holande. Monsieur Nublé a qui j'ay rendu la votre n'en
fait aucune dificulté et dit qu'il vous avoit écrit que l'on envoioit
bien ici l'original de Lindenbrogius sur Ammian Marcellin (1).
Monsieur Fromentin dit plus, qu'il envoie son exemplaire d'JIarpo-
cration noté de la main de M. Sarau (?). M. Bigot ny personne ne
pourront jamais se résoudre a copier ces notes et mons. de Valois (2)
dit qu'il faut que M. Graevius soit bien des amis de feu son frère pour
se vouloir donner la peine de les faire imprimer. Jugez des notes
de monsieur d'Herouval, de monsieur du Gange (3). Ils me firent
l'honneur de me venir voir hier. Je leur montray l'exemplaire et
les entretins de la chose et demeurâmes d'acord que si vous man-
quez cete ocasion d'obliger le public, vous pouvez vous atendre a
enterrer votre livre et ils s'étonnèrent coment on trouve en Holande
un homme qui veuille se charger de faire ces extraits et de les adap-
ter la ou il faudra. Monsieur Justel dit que si vous avez quelque
crainte de perdre votre livre, quoiqu'on en risque de bien plus
considérables, vous devez le garder et je suis de ton avis ; car si
vous n'êtes pas résolu de vous même a l'envoier, je serois fâché
qu'en cas qu'il en mesarivast, vous eussiez le moindre reproche a
me faire la dessus ; car je ne prens aucune part à l'impression
&'Har})Ocralion, L'exemplaire n'est point a moy pour que l'on me
dise qu'il est sorti de ma bibliothèque. Je n'ay jamais connu M. de
Valois. Je n'ay aucune relation avec le libraire qui imprime ce livre
ny avec celui qui le donne : c'est pourquoi, monsieur, je suis tout
prest a vous le rendre a votre premier ordre. Que si vous voulez
bien l'envoier, vous pouvez vous assurer que M. Graevius qui etoit
fort ami de M. de Valois fera imprimer séparément les notes et se
(1) Reruni gestarum... libri XVIII ope mss. codicum emendati ab Fred.
lÀndenhrogio et Ilenrico Hadrianoque Valesia. Lugd. Batau. 1693, in-4.
(2) Adrien de Valois. Voir plus loin une lotte écrite à G. Prousteau.
(3; Voir ci-après une lettre de Du Gange à G. Prousteau.
1891 29
450 BULLETIN DU BIBUOPHILE
donera la peine dé les dechifrer, ce qui n'est pas aisé (1) ; il mar-
quera que c'est de votre bibliothèque qu'elles ont été tirées et il
vous les rendra fidèlement. M. Elzevier qui est ici se chargera de les
faire tenir sûrement, s'il ne le porte lui même ; mais surtout je vous
prie encore que rien ne roule sur moy qui aurois un extrême de-
plaisir qu'en voulant procurer quelque avantage au public, je fusse en
quelque manière la cause innocente d'un chagrin qui pouroit vous
ariver. C'est sur quoy j'atendray l'honneur de vos ordres et cepen-
dant je me diiay, monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur. Toinard.
M. le duc d'Yorck (2) est passé travesti en Angleterre. J'ay
autrefois ouï dire a de méchants plaisants d'entre ces insulaires qu'il
avoit toute l'encolure d'un martir.
B. - LETTRES DE L'ABBÉ NICAISE
Paris le iO avril 1688.
Je prens la liberté, monsieur, de vous écrire ce mot pour vous
asseurer de mes respects et pour vous demander des nouvelles de
monsieur Toinard. Je lui ay escript trois fois depuis peu sens rece-
voir aucunement de ses responses. Il ne fault point passer le
jeudy absolu et faire sa pasque sens estrc asscuré qu'il se porte bien
et ({ue nous avons toujours part à sa préticuse amitié. Je vous prie
de luy témoigner qu'il est oblijîé de rompre son silence avec moy,
à moins qu'il ne veuille que je croye qu'il me veut mal. Il ne doibt
piis fain^ sa pas<{ue dans une si méchante disposition. Dictes luy pour
toutes nouvelles qu'on distribue présentement la Dissertation sur
Vllrmiitr de St. Benoist de dom Claude Lancelot (3) augmentée
( 1 ) u Mirabar minutissimas litteriis pedum muscarum similes manu ejuM
scriptus qnae a nullo jyosse legi oidebantur. » Vitae selectae aliquol uirorum
ab II. Valesio.
(2) Jacques II.
( :i ) Mt'inoirc sur l'hémine de vin et la livre de pain accorda parsaiot
Itciioit à SOS religieux, 16G7. 2' édit. 1688.
LETTRES INÉDITES 451
dans cette ti** édition des réponses aux obiections de dom Mabillon
et d'une disqussion sur Tannée et le jour de la mort de St.
Benoist (1). L'auteur m'en a fait part. L'on y parle du bas relief de
Dijon sens en dire 1 histoire, parce que Mons. Cîourcier théologal
de Paris qui a examiné et approuvé le livre a voulu qu'on l'ayt
retranchée. Cela nous donnera peut estre lieu à faire un peu une
dissertation sur cette antiquité et de parler du grand card»! Frégose,
1er abbé conmiendataire de St. Bénigne de Dijon (2) qui a donné
lieu à ce bas relief et au distique fameux qui fust mis au bas par
des moines qu'il vouloit réduire à Thémine :
Aurictilas asitii merito fert improbus abhiL^i,
Quod monachis pintas jusserit esse brèves.
Quand ie seray de retour en Bourgogne, ie tacheray, monsieur,
de vous trouver un exemplaire du livre qui fust fait par un mons^
David i'A) de nostre ville contre le Pachymère (4^ du P. Poussin (5).
Le bonhomme y travailla le jour mesme de sa mort. le luy avois
donné un petit horolo^jiutn des Grecs qui luy servit beaucoup. Pour
toujours, monsieur, à vostre amitié. Mes très humbles respects à
monsieur Fromentin. Je suis du meilleur de mon cœur tout à vous.
NiCAISE.
Au dos : Monsieur Prousteau professeur en l'Université d'Or-
léans. A Orléans.
Fra^Muent de cachet portant ces mots : L'un après l'autre.
( 1 ) Ce sujet avait été traité par l'abbé de Fleury, Abbon. dans une longue
dissertation conservée à Chartres, ms. 45.
(2 ) Ce prélat gouverna l'abbaye de 1525 à 1559. Cf. Gallia christiana, t. IV,
col 093.
( 3 ) David Maurice (1614-1679) fit Touvrage suivant : Animadoersiones in
ohsernaliones chronologicas Possini ad Pachymerem. Dijon, 1679, in-4.
( 4) Pachymère (Georges) un des écrivains de l'histoire Byasantine.
(.')>Le P. Poussines ( 1609-1681 ) édita les ouvrages suivants : G. Pachgmeriâ
historia. gr. et lat. cum observationibus Possini. Romae, 1666-1669, tome 28 des
Byzantinae hist. scriptores et 22 du Corpus script, hist. Byzant. : Audronieus
ValeolcKfiia ex interpretatione Possini. Roniîe, 1669, in-fol.
452 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
II
Paris le 17 janr 1689.
Ce n'est pas assés, monsieur, de vous avoir donné des marques
de mon souvenir dans la lettre de monsieur Toinard et de vous y
avoir souhaitté une heureuse année ; il fault vous la souhaiter
ancore par une lettre propre et particulière avant qu'elle soit plus
advencée et vous demander la continuation de vostre chère et pré-
tieuse amitié.
J'ay rocii des lettres de Hollande et de la Haye et d'Utreke de
mons'" Saumaise et de mons»" Graevius. Le l^'*" a reçu le Polluz de
delFunt monsr son père qui est chargé d'une infinité de notes sur
cet authcur qu'il donne à monsr Graevius pour les commu-
niquer au public dans l'édition qui se fait de cet excellent glos-
saire (1). Vous voulés bien que je vous invite à ne point envier au
public les trésors de mous'* de Vallois que vous avés sur cet autheur
et sur THesychius (2). Je vous en ofl're une occasion admirable et
telle que vous n'en rencontrerez iamais une pareille pour la seu-
reté de l'envoy de ces livres qui est celle de l'excellent monsi* de
Spanheim (3) qui a son congé de la cour et qui doibt partir bien
tost ; il passera d'abord en Hollande et verra mons^ Graevius (4).
11 me pria de vous asseurer de ses respects et du désir qu'il auroît
de vous rendre ce service et au public qui vous aura, monsieur, une
obligation immortelle de la communication de ces ouvrages. Monsr
(1) <v Juin PoUucis Ononmsticony gr. et lat., Rodotph. Gualtero interprète
studio }Yolfan(ji Seberi editum. Francof.^ Marnius, 1G08. » Cet ouvrage couvert
de notes manuscrites de Henri de Valois a été réimprimé avec ces notes par
H. Lederlin en 1706 à Amsterdam.
(2) L'édition aldine de 1511 conser\'ée dans la biblioth. d'Orléans, D 216.
contient des notes de II. de Valois avec ces mots : Ex libri H. Valesii qui sunt
pênes G* Prousteau, anteccss. Aureliae. Liber commodatus et commendatus
V. C. IK Gracvio atino 1089. 14 pages de notes manuscrites. J. Âlborti donna
une nouvelle édit. (VHesychius : Hesychii lea^iœn cum notis doctorum uirorum
J. Scaligeri, Cl. Salniusii, hl. Christiani et II. Valesii. Lugd. Bai. 1746, 2 vol.
in-fol. Emptus suniptibus bibliothecae 1779.
(3) Cf. Relation de la cour de France, en 1G90, par Kzéch. Spnnhrim,
publiée par Schefer. Paris, 1883.
(4) Graevius, savant humaniste du xvn* siècle (1G32-1703). Voir plus loin la
lettre d'il, de Valois,
LKTTRKS INÉDITES 453
de la Monnoye ^1) a faict une ode sur la prise de Philipsbourg (2)
dont je vous aurois faict part, s'il m'en avoit envoyé ; elle viendra
peut-estre trop tard et ce sera de la moustarde de Dijon après
disner. Monsr de Meaux la fait imprimer. Il ne nous en a point
envoyé. Je vis hier Santeul (3) qui l'avoit veûe et qui n'en est
pas trop content. Je suis, monsieur, avec tout le respect possible,
vostre très humble et très obéissant serviteur.
NiCAISE.
Au dos, ut supra.
C - LETTRE DE DU GANGE
Paris, le 4 may 1684
Monsieur,
Je [irends la liberté de vous addresser une lettre pour monsieur
Thoinard, estant persuadé que les muses aussi bien que les grâces
se tiennent par la main, je veux dire que vous estes amis (4). Je
lui écris au sujet du Chronicon Alexandrinum (5) que j*ay ordre
de joindre aux Annales de Zonare (6) que je fais imprimer au
Louvre de l'ordre de MMr* les Ministres. G*est une pièce ou il a
travaillé et ou il a de c[uoi rectifier beaucoup de mauvaises leçons
( 1 ) M. de la Moanoie Ht son droit à Orléans (1M1-172B),
(2 ) Philipsbourg capitula le 29 octobre 1688,
(3) Jean de Santeul, célèbre poète connu par ses hymnes religieiiaes.
(4) Amauimus ambo inoicem ex quo te in Hi^tania jueundissinmm habtd
molestae peregrinationis comitem. Inde redux meos amoreSt miuas inquam,
denuo colui. Préface de Thoynard sur Lactance dédiée à G* Prousteaa.
(5) na9';^â^cov seu chronicon pasehale a mundo condito ad Heraelii impm
ann. vicesimum. Opus Iiactenus Fastorum Siculorum nomine landatum, deinde
Chronicae temporum epitomes ac deniqae Chroniei Âtexandrini Ummate put'
gatum nunc tandem auctius et emendatiuM prodit cum nooa oerrione latina cf
no/r5 chronologicis et historicis cura et studio C da.FresneD. da Caoge, Paris,
1688, tom. 21. des Bgzcuitinae histor. Seriptores, et îé du Corpus striptarum
hist. Byzantinae.
(6) Joann. Zonarae annales, gr. et lat. ex interpretoHone H. Woifti reeoi-
tnit et notis illustraoit C. du Fresne du Caoge* Paris. 188S-]fi87, 2 toI. in-fiol.,
tom. 22 des Byzantinae liistor. Script, et^ da Corpus seripiarum hist. Bgum-
tinae.
et la vtMsioii latitie en hoiiue partie lui ayant esté confiée par M.
Bi^ot. Jo 110 soay pas tout a fait s'il voudra s'en dessaisir, qtioiqae
j(» Ta^seuro qu'on lui rendero tout l'honneur c[ui lui est deu et qu'il
souhaitera. C'est une occasion pour lui pour faire que ce qu'il a tra-
vaillé ne pelisse pas avec lui, y ayant longr temps qu'il promet de le
donnor ot non arrivant à rien. Je lui mande que s'il ne veut pas
on (fratilior le public, on me promet de Rome les diverses leçons
liréos du iiis. do Sicile par M. Holstenius ; car pour corriger la
version j'ospôre i\uo. nous en viendrons à bout n\ec Taide de Dieu.
Mais il soroit plus couri do les avoir de lui. Faites moi la gn^ce,
luonsiour, de lui peisuader avec monsieur Fromentin d'en gratifier
la litératuro (1) ne prétendant pas en mon particulier profiter de
riionnour qui est du à un autre et à co sujet il m'est venu en
pensé(» quo feu M. de Valois (2) auroit pu faire des observations
sur cette chronique qu'il avait fort leûe. Je vous prie de voir sur
son exemplaire s'il y a quelque chose que vous vouliez bien pareil-
lement communiquer, nous en userions à vostre ég^ard comme
nous devons. Pardonnez, monsieur, aux muses importunes qui ne
sont jamais satisfaites lorsqu'elles enfantent. Ce sont des vierges
qui ont de la peine à avouer leurs productions à moins qu'elles ne
soient bien achevées et alors elles les croient légitimes. Excusez donc
cette liberté que j'ose prendre estant avec respect vostre très
humble et très obéi.s.sant serviteur.
Du Gange.
Rue des Egouffiers.
Au dos : A monsieur Prousteau cons^ du roy et professeur royal
en l'université d'Orléans. A Orléans.
D. - LETTRE D'HADRIEN DE VALOIS
A Paris ce G juin 1686.
Monsieur,
J'avois escrit à Monsieur Nublé nostre ami commun lorsqu'il
estoit à Amboise que ie m'estonnois fort qu'on ne m'eust point
(1) Thoynard ne coAimunlqiA pas ses notes, da moins Du Gange n'en dit
rien dans la préfhèe de son ouvrage.
(2) M. de Valois n'a laissé aucune note sur la chronique d'Alezandriet
LETTRES INÉDITES 455
envoyé de Hollaode V Harpocration de mon frère. Il me rescrivit
qu'en retournant à Paris, en passant par Orléans, il vous deman-
deroit pour moi un exemplaire de cet auteur, si vous en aviez
encore. Ainsi dit, ainsi fait. Vous avez eu la bonté, Monsieur, de
lui donner un exemplaire de V Harpocration pour moi, en tesmoi-
gnant mesme d estre fâché de n'en avoir point de relié et d'estre
obligé de me le donner en blanc. J'en suis infiniment redevable à
vostre courtoisie et la manière dont vous m'avez fait ce présent
m'a autant plû que le présent mesme. Si ie ne vous ay pas escrit
si tost pour vous remercier, en voicy la raison. Je voulois aupara-
vant lire les notes de mon frère sur V Harpocration et voir qui
s'estoit chargé du soin de l'impression. Mais la lecture de la pre-
mière feuille m'a bien surpris et fâché tout ensemble : quand i'ay re-
connu que feu M. Heinsius et Graevius à quii'avois fort recommandé
ces notes et qui m'avoient promis d'avoir eux mesmes le soin de
l'édition, contre leur parolle s'en estoient deschargez sur un autre.
Cet autre, c'est Gronovius le fils autant cbétif auteur qu'hardi entre-
preneur : qui ne sait pas parler latin et qui semble avoir pris à
tasche de déshonorer la mémoire de mon frère dans sa belle dédi-
cace. Il a osé donner à l'ouvrage un titre impertinent qui est tel :
Henr. Valesii notae in Maussaci notas (i) : comme si le principal
dessein de mon frère eust esté non pas de commenter, d'expliquer
et corriger ï Harpocration, mais de critiquer et reprendre les notes
de Maussac sur cet auteur : ce que mon frère n'a fait que par occa-
sion et en passant. En suite dans l'epistre dedicatoire Gronovius
fait bien pis. 11 y appelle les notes de mon frère tantost inordinata
coacervatio^ p. 8, tantost lituraria, p. 12. J'ay lu dans ce galima-
tias de l'epistre p. 11, ces mots : Si forsan occursura sunt quoe-
dam, quae à iuvene potiusquam à robusto adnotata videbuntur ;
si in quibusdam haesitatio aliqua apparebit;8i mutata aliquando
sententia ; immo si qua iam àb aliis anticipata, hic enimvero
eristimationis metus, haec illa syrtis est propter quant cogor
scrihere. S'il y avoit dans ces notes quelques remarques plustost
convenables à un ieune homme, que dignes d'une personne oon-
i 1 ) Henrici Valesii notae et animadoersiones in Harpoerationem et Philippe
Jacobi Maussaci notas ex bibliotheca Guilielmi Prousteau antecessoriM iliireUa-
nensis. Lugd. Batav. apud Danielem à Gaesbeeck, 1682. L*ouvrage est dédié
à Viro Joanni Antonio de Mesmes^ comiti de Avanx. Jacques Gronovius, Tédi-
teur (1645-1716) était un homme qui aima beaucoup la dispute et ftit sou-
vent fort injuste envers ses adversaires.
456 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
sommée ; si mon frère a hésité en quelques endroits, s'il a quelque-
fois changé d'avis ; s'il a dit des choses qui avoient desia été dites
par d'autres : enfin s'il se rencontroit rien qui pûst faire tort à la
réputation de mon frère, Gronovius n'a-t-il pas dû faire en sorte
qu'il ne parust rien de tout cela. S'il avoit du iugement ou s'il
étoit bien intentionné a-t-il dû mettre des choses propter quae
maculam aut ignominiam aliqtuim suscipi necessum sit ? comme
il parle p. 42. dans cette mesme epistre. Il s'avance de dire p. 13,.
que les estudcs et la vie de mon frère ont eu assez de malheur
dans le commencement et qu'Henri de Mesme, président a mortier
lui asseura sa vie durant la pension qu'il lui donnoit. Ce qui est
faux. M. le président avoit bien fait semblant de le vouloir ; mais
il ne le fit pas. Il appelle mesme mon frcre virum optimum his
obscuritatibiis inhaerentem, p. 13., ne sachant pas que mon firere
durant tout le temps qu'il a reçu la pension de M. le président de
Mesme estoit un fils de bonne et lionneste famille, ne manquant
de rien dans la maison paternelle ; qu'il n'a pas voulu iamais
quitter pour aller demeurer chez lui et estre son commensal et son
confident : ni mesme depuis pour aller à Toulouse avec M. de
Montchald) archevesque, qui travailloit lors a l'histoire ecclésias-
tique. Mais c'est trop vous entretenir des sottises de ce hollandois,
qui blasme souvent un homme qu'il a entrepris de louer et qui
certes meritoit bien d'estre loué et de tomber en meilleures mains
pour l'édition de ses notes. Voylà le malheureux sort des livres
postumes et indigestes imprimez par des ignorants du pays étranger.
Quant à moi, ie ne vous suis pas moins obligé de vostre présent, que
i'estime beaucoup : et en revanche si vous me iugez capable de
vous rendre quelques services à Paris, ie vous prie de ne me point
espagner, comme estant. Monsieur, vostre très humble et très
obéissant serviteur.
De Valois
Ah dos : A Monsieur, monsieur Prousteau, conseiller du Roy et
Professeur en droit dans l'Université d'Orléans à Orléans.
(1) Montchal fut le 24- archevêque de Toulouse (1028-1651). Cf. GalUa
ehristiana, t. xm, col. 61.
BIBLIOGRAPHIE
DES
ÉDITIONS ILLUSTRÉES DES FABLES DE U FONTAINE
(1678 à 1757) (1)
ÉDITIONS COMPLÈTES
I. — Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine,
et par lui reveues et corrigées et augmentées. — A Paris,
chez Denys Thierry, rue Saint-Jacques, et Claude
Barbin au Palais MDCLXXVIII et MDCLXXIX avec
privilège du roy : (les armes du Dauphin sur le premier
volume) 4 vol. in-12 avec les figures de F. Chauveau
gravées sur cuivre et tirées à mi-page. Et Fables choisies
par M. de La Fontaine. — A Paris chez Claude Barbin
au Palais, sur le second perron de la Sainte Chapelle
MDCXCIV avec privilège du roy; 1 vol. in-12, figures
à mi-page.
Les fig. du !«'' volume sont toutes signées F. C. saut
une. Les fig. du 2« vol. sont signées F. C. sauf 2. Les fig.
du 3« volume sont signées F. C. et F. Chauveau sauf 26.
(1) Extrait d'ua ouvrage en préparation : Les Illustrations des FaMet dej,
de La Fontaine, par le Docteur A. D. Paris, 1 vol. in-8*. La mention : CottatUumi
indique que l'ouvrage est entre les mains de l'auteiir ou lui a passé sons
les yeux.
458 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Une de celles-ci est signée N. Luc (?). Les fig. du
4« vol. sont signées F. C, sauf 37. Les fig. du5« voL
ne sont pas signées. Collationné,
Première édition illustrée complète des fables publiée du vivant
de La Fontaine. Quelques exemplaires portent des notes de la main
de La Fontaine.
I*'"'' vol. 32 ff. non chilfrés, 216 p. numérotées, 1 f. d'errata.
Achevé d'imprimer 3 mai 1678.
2« vol. 232 pp. numérotées, 2 fl'. non chiffrés pour la table.
3e vol. i feuillet non chiffré, 220 pp. numérotées, compris la table.
4*? vol. 221 pp. numérotées; le verso de la dernière page contient
un extrait du privilège, en date du 29 juin 1677. i feuillet non
chiffré pour la table.
5c vol., non tome, le chiffre de Barbin, entrelacé, sur la première
page. La dernière page est numérotée 228, mais les pages 186 et
187 sont répétées 2 fois. 4 feuillets non chiffrés ; privilège du 24
décembre 1692 ; 1 feuillet non chiffré pour la table.
Cette édition vaut de 300 à 800 fr. suivant la reliure et l'état des
marges.
Les premières figures de Ghauveau avaient été publiées dans :
Fables choisies mises en ve^*s par M. de La Fontaine, à Paris,
chez Claude Barbin au Palais, sur le perron de la Sainte-Chapelle,
M.DC.LXVIll. 1 vol. pet. in-4. Privilège du roi daté du 6 juin 1667.
Achevé d'imprimer mars 1868. Fig. en taille douce de Chauveau.
Les VI premiers livres seulement. Coll., et
Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, chez Denys
Thierry, rue Saint-Jacques, à renseigne de la ville de Paris,
M D.C LXVIII, avec privilège du roi. 2 vol. in-12 avec les armes du
Dauphin sur le premier volume. — C'était la réimpression de l'édition
in-4. Fig.de Chauveau (Bibliographie de A. Pauly, in Œuvres corn-
plètes de La Fontaine, Lemerre, 1868), puis
Fables nouvelles et avtres Poésies de M. de La Fontaine, — A
Pa/is, chez Denys Thierry, rue Saint-Jacques, à l'enseigne de la
ville de Paris. M DC LXXl, avec privilège du roi. In-12, 12 ff. préli-
minaires, non chiffrés, et 184 pages avec les fig. de Chauveau ; 8
fables nouvelles illustrées et faisant partie du 3^ et du 4^ vol. de
l'édition ultérieure de 1698-1694. Quelques exemplaires portent le
nom de Barbin. Coll.
FABLES DE LA FONTAINE 450
II. — Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine,
et par lui reveues et corrigées et augmentées à nouveau.
— A Paris, chez Denys Thierry, rue Saint-Jacques, et
Claude Barbin au Palais, MDCLXXVIII, MDCLXXIX
avec privilège du roy. 4 vol. in-12 avec fig. de F. Chau-
veau gravées sur cuivre et tirées à mi-page. — Fables
choisies par M. de La Fontaine, A Paris, chez Claude
Barbin au Palais, sur le second perron de la Sainte
Chapelle, MDCXCIV, avec privilège du roy. 1 vol. in-12
avec fig. à mi-page. Coll.
Réimpression de Tédition précédente. Avec privilèg'e accordé à
Pierre Trabouillet, 18 septembre 1692. Les figures ne sont pas toutes
signées, il n'y a pas les armes du Dauphin sur le premier volume,
ni le chiffre de Barbin au 5^ volume. Il se pourrait que cette édition
ait paru en 1G97, car on trouve à la fin du privilège accordé à P.
Trabouillet et joint aux exemplaires de l'éd. de 1709 : Achevé d'im-
primer pour la l®"" fois, 22 mars 1697.
III. — Fables choisies mises en vers par M. de La Fon-
taine, et par lui revues et corrigées et augmentées de
nouveau suivant la copie de Paris, et se vendant, à la
Haye, chez Henr}' van Bulderen, marchand libraire
dans le Pooten, à renseigne de Mezeray. MDCLXXXVIII,
MDCXCIV. Fig. de Henri Cause d'après Chauveau, dans
un cadre plus grand. 5 parties en 3 vol. reliés en 2 ; la
5^ partie a une pagination isolée. Privilège des états du
29 novembre 169^1 Frontispice original de Romeyn de
Hooge. Coll.
On trouve quelquefois cette édition dans le commerce sans le 5«
volume. Première copie de Cbauveau qui a été exécutée du vivant
de La Fontaine. Un exemplaire a été vendu 210 fr., vente Chaiicel,
1891.
460 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
IV. — Fables choisies mises en vers par M. de La Fon--
laine, et suivant la copie imprimé {sic) à Paris, et se
vendant à Anvers chez Henry van Dunewalt, marchand
libraire au Marché-aux-Œufs, aux 3 moines. —
5 parties en 2 vol. fig. de H. Cause d'après Chauveau ;
même édition que la précédente, plus rare. Van Bul-
deren avait fait part sans doute d'une partie de son
privilège à Van Dunewalt.
V. — Fables choisies mises en vers par M, de La Fontaine,
à Amsterdam, chez Daniel de la Feuille demeurant
près de la Bourse MDCXCIII. 4 parties en 1 vol. in-12.
Frontispice par R. de Hooge, figures de Jean Van
Vranen d'après Chauveau, dans un cadre plus grand ;
titre en deux couleurs. 52® copie de Chauveau exécutée
du vivant de La Fontaine. Coll.
11 n'y a que les XI premiers livres des fables. Toutes les figrures
ne sont pas signées.
Cette édition vaut 50 à 80 fr. avec la reliure du temps.
VI. — Nouvelles Fables choisies et mis (sic) en vers parles
plus célèbres auteurs françois de ce temps. Même édition
que la précédente, augmentée d'une 5«™e et quelquefois
(^mo partie. A Amsterdam chez Daniel de la Feuille et à
La Haye chez Meindert Uitwerf 1693-1696. 2 vol. in-12,
(Bibl. Nationale). ColL
La cinquième partie ne comprend que le Juge arbitre^ l'Haspi^
talier et le Solitaire ^ le Soleil et les Grenouilles, les Compagnonê
d'Ulysse^ de La Fontaine. Les éditeurs ont ajouté un conte : la Ser^
vante justifiée, de La Fontaine, sous ce titre la Servante et %tn
avocat. Les autres fables de la 5« et de la 6® partie sont des fables
de Régnier, S^ Ussans, Furetière, Yalicour et Desmarest. Les figures
qui accompagnent ces fables sont originales.
L'édition vaut le même prix que l'édition précédente.
FABLES DE LA FONTAINE 461
VIL — Fables choisies mis (sicj en vers par M. de La Fan-
laine. Première à cinquième partie à Lion {sic) chez
J.-B. Girin rue Mercière à la Victoire, 1698, avec fig. et
frontispice gravé daté de 1699. 5 parties en 2 vol.
in-12. Privilège du roi du 19 juillet 1677, permis d'im-
primer à Lyon 1698. Les figures ne sont pas signées.
(Bibl. Nationale). 3<^ copie de Chauveau. Coll.
Cette édition parait être une réimpression de l'édition de Daniel
de la Feuille, 1693, à laquelle a été sgoutée une cinquième partie
avec un titre spécial portant: Nouvelles fables choisies mises en vers
par M. de La Fontaine, et autres plus célèbres auteurs frapçais de
ce temps. A Amsterdam, chez Daniel de la Feuille, près la Bourse*
Cependant, les illustrations ne sont pas celles de l'édition Daniel de
la Feuille. Au l*?»" vol. il y a le frontispice de R. de Hooge; au 2«,
un frontispice original : Ésope au milieu des animaux. Les fig.
sont dt^s copies de Chauveau, dans un cadre plus grand, avec le no
de la fable et le n" de la page sur la planche. Les figures des V« et
Vl« parties sont celles de Téd. Daniel de Ja Feuille, comprenant
d'autres fables que celles de La Fontaine.
A la même date, il a été signalé une édition ainsi désignée :
Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, ouvrage
enrichy ^'sicj de jolies figures jouxte la copie (?) a Paris, chei
Michel Hrunet, KiOO. 2 tomes en i vol. in-8« (?) (signalés par Paul
Lacroix, in yonrelles Œuvres inédiles de J, de La Fontaine^ Paris,
librairie des Bibliophiles, 1872. 1 vol. in-8o). Cette indication incor-
recte est très inconiplète, et nulle part je n'ai pu trouver un exem-
plaire de cette édition qui est peut-être la même que l'édition publiée
par J.-B. Girin, si toutefois elle existe.
VIIL — Fables choisies mises en vers par M. de La
Fonlaine, et par lui reveues et corrigées suivant la copie
imprimée à Paris. — Se vendant à Anvers chez la veuve
de Barthélémy Foppens au Marchë-aux-Œufs au 3
Moines M DC LXXXXIX. Fig. de H. Cause. 5 parties en
2 vol. in-12. (Foppens était évidemment le successeur
de Henri van Dunewalt.) Réédition de l'édition en
462 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
commun de H. van Dunewalt et H. van Bulderen,
1694. Coll.
IX. — Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine, etc. avec les fig. de H. Cause. A La Haye,
chez H. van Bulderen, 1700; 5 parties en 2 vol. in-12.
Reproduction de l'édition de 1688-1694. ColL
X. — Fables choisies mises en vers par M, de La Fontaine,
etc. Amsterdam, à la Sphère, 1700; 5 parties en 2 vol.
in-12. Très probablement la même édition que celle
de La Haye avec les mêmes figures.
. Nulle part je n ai pu trouver cette édition qui est pourtant signalée
par le bibliophile Jacob, F^aul Lacroix (in Nouvelles œuvres inédites
de J. de Li Fontaine. Paris, librairie des Bibliophiles, MDCCCLXXII).
Ou trouve signalée sommairement dans la bibliographie de Quérard
une édition Zacharie Cliatelain, Amsterdam, 1700. Kst-ce cette
édition 7 Gela est possible.
XL— Réimpression et fac-similé de IVd. de 1678-169i,
avec les noms d'éditeurs suivants :
(1.) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine. — A Paris, chez Henry Charpentier, grande
salle du Palais, près la Chapelle. Au bon (]lharpentîer
M.DC(nX avec privilège du roi. 5 vol. in-12. Fig. de
Chauveau gravées en taille douce. Coll.
Les fig-iires ont en haut une lettre indiquant le livre et la page de
la fablo. Ces chiffres se rapportent à la pagination de 1 édition de
1078-l(>04. C/est dans cette édition que, pour la première fois, les
fables sont divisées en 12 livres.
( 2 ) Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine,
de Paris. Nombreuses figures sur cuivre à mi-page.
Michel Clouzier M DCCIX. 5 vol. in-PJ. Même édition,
mêmes figures , en tout semblable à la précédenle.
(Catalogue Rochebilière numéro 109 ).
FABLES DE LA FONTAINE 463
(3) Fables choisies mises en vers par M, de La
Fontaine, etc. — Paris, chez Pierre Ribou, M DCCIX.
5 vol. in-ri. Même édition, mêmes figures, en tout
semblable aux deux précédentes. Coll.
(4) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine, etc. — A Paris par la Compagnie des libraires
M. DCCIX. 5 vol. in-12. Même édition, mêmes figures,
en tout semblable aux trois éditions précédentes. Coll.
( 5) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine. A Paris chez Michel David, M DCCIX. 5 vol.
in-12. Même édition, mêmes figures, en tout semblable
aux quatre précédentes. Coll.
i () ) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine, etc. Paris, Chrystophe David, M. DCCIX.
5 vol. in-12. Mêmes figures, même édition en tout sem-
blable aux cinq précédentes. Coll.
( 7 ) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine. Paris, M DCC IX, chez Ant. Damonneville
(juai des Grands-Augustins. 5 vol. in-12. Même édition,
mêmes figures, en tout semblable aux six précédentes.
Coll.
( 8 ) Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine. Paris M DCC IX chez Michel Guignard rue
Saint-Jacques à Timage de Saint-Jean. 5 vol. in-12.
Même édition en tout semblable aux sept précédentes.
Coll.
Pour ces huit éditions semblables les éditeurs se sont servi des
cuivres de Chauveau. C'est un fac-similé de l'édition originale de
1678-lG9i; mais les cuivres sont très usés, et quelques-uns sont
retouchés ; il y a des tailles nouvelles sur plusieurs planches.
Ces huit éditions n'en font en réalité qu'une ; il y a en effet une
faute d impiession quï leur est commune au troisième feuillet de la
table du tome 4, dernière ligne : L de Lion est en travers.
464 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Eq prenant un volume de chacun de ces exemplaires et en les
réunissant on fait un exemplaire régulier et complet.
La raison de cette variété de noms d'éditeurs est que le privilège
accordé, pour quinze années, par le roi à la date de 1708 à Michel
David avait été transmis. David avait fait : ce part du droit du pré-
sent privilège aux sieurs Cavalier, Charpentier Glouzier (Michel),
Guignard, Osmont, Ribou et consorts, libraires à Paris, pour en
jouir conjointement avec lui, suivant les traités faits entre eux ».
Ce privilège accordé aux libraires sus-nommés n^est pas le seul qui
ait été placé dans les huit éditions signalées. On y trouve encore le
privilège déjà ancien accordé à Pierre Trabouillet, daté du 18 sep-
tembre 1692, et qui avait servi pour l'édition de 1694, fac-simUc de
Fédition de 1678-1694. 11 y a à la fin du privilège : « le dit sieurTra-
bouillet a cédé entièrement le privilège des fables de La Fontaine
aux sieurs Auboin, Guignard, David, Charpentier, Osmont, Ribou,
Glouzier et consorts. »
11 y a des exemplaires de H. Charpentier qui renferment soit le
privilège accordé à Michel David, soit le privilège accordé à Pierre
Trabouillet.
On a tiré seulement un titre à part pour chaque libraire.
Suivant Paul Lacroix deux de ces libraires auraient réimprimé la
même édition avec les mômes figures aux dates 1718 et 1719, Paris,
Guignard, et Paris, Ribou, mais c'est une erreur : il n'y a que les
éditions de 1709. Les cuivres de Chauveau n'étaient plus désormais
utilisables, et c'est alors que les libraires réunis, la compagnie des
libraires nommés dans le privilège ou leurs successeurs, ont fait
reproduire les gravures de Chauveau par des graveurs du temps,
et cette fois dans un cadre plus grand pour une édition qui parut en
1729.
XII. — Fables choisies mises en vers par M, de La
Fontaine, et par lui revues et corrigées et augmentées
de nouveau puis traduites et mises en prose le plus
succintcment possible par M. Balthazar Nickisch maitre
de langue à Ausburg: cliés {sic) Jean Ulrick Kraus
bourgeois et graveur en taille douce ; cum privilégia
sacrœ Cœsaris majestatis : Âugsburg chés (sicj Jacques
Lotter M DCC XIII. Un second titre en allemand. 2 vol,
in-12 en un. Frontispice original pour chaque partie ; les
V
FABLES DE LA FONTALNE 465
autres figures sont copiées de Chauveau, 2 par page
hors texte. Il a été signalé une autre édition, Augsbourg,
1725, introuvable. (Bibl. Nat.) 4'' copie de F. Chauveau.
Coll.
Cette édition est notée 1708 et 1709 par quelques bibliographes.
L'exemplaire relié en vélin de la Bibliothèque Nationale est daté
1713.
11 y a bien à la date 1707, à Augsbourg, un recueil de fables en
3 langues, en prose, avec la version allemande de Balthasar Nickisch
et les gravures de Kraus, mais ce recueil ne renferme que 23
planches se rapportant aux fables de La Fontaine, celles que celui-
ci a empruntées à Ésope. Les autres planches se rapportent à des
fables d'Esope, de Phèdre, ou des Italiens du Moyen-Age. Voici le
titre du livre, en texte français : Faldes choisies, traduites du fran-
çais (Ml italien par le sieur Veneroni, maître des susdites langues à
Paris, puis en Allemand par M. Balthazar Nickisch^ maître de
langues à Augsbourg, enrichies de gravures en taille douce, au
protit de la jeunesse aimant les langues et les arts. Augsbourg,
chez Jean Ulrich Kraus, bourgeois et graveur de la dite ville, 1707,
cum pririleffio sacrœ majestatis Augspurg, Drucks Gaspard Bre-
chenmacher. (Les figures des tables sont originales avec des imita-
tions des ligures de F. Chauveau). Coll.
XIII. - Fables choisies mises en vers par M. de Iai
Fontaine, et par lui revues, corrigées et augmentées
de nouveau. Avec Figures (fîg. à mi-page de H. Cause,
portrait et deux frontispices par Picart; 2 titres en
deux couleurs). Amsterdam , chez Zacharie Châtelain
M.DCCXXVIII (la première partie) ; M DCC XXVII (les
quatre autres ; 5 parties en 2 vol. ColL
Réimpression de Téd. dt* la Haye, H. v. Bulderen. Texte de lédi-
tion hançaise de 1078-1G04, excepté pour la cinquième partie.
La Lif/tie drs Rats, le Soleil et les Grenouilles ont été ajoutés
après coup, ainsi que l'Hyménée et VAmour, et 2 contes de Lîi
Fontaine : l'Atnotir varnjé (sic) et le Fleuve Scamandre. La figure
de ÏAnwur rctvjù est la lig. de Daphnis et Alcimadure répétée.
1 8 "J 1 30
466 BULLETIN DU UIBLTOPHILE
C'est ce (fiii distingue lï'dition do Zacliarie Châtelain de Tédition
H. V. Hulderen, de 1088-1004. L'»Miition est d'ailleurs enricliie de
notes au ha.s di'S pages. Il y avait eu à la même époque la même
édition avec les mêmes fljrures. C'est la suivante :
XIV. — Fables choisies mises en vers par M, de La
FonUtine, etc. Aiiisterdam, R. et J. Wetstein, 1727. 5
parties en î2 vol. iii-l'J. (bibliographie A. Pauly, in éd.
Lemerre, citée).
Crfto édition a peut-être ])aru la première, car dans Téditioa de
Zach.'irie Châtelain la première partie est datée 1728, et les suivantes
iT21.
XW — Fables choisies mises en vers par M, de La
Fontaine, avec la vie d'I^Lsope. Nouvelle édition à Paris
par la Compagnie des iil)raires. MDCCXXIX avec
approbation et privilège du roi. Î3 vol. in-12. Imprimerie
Prault, ;>" copie de (^iiauveau.
Privilèjre du roy accordé à Michel-Kticnne David, daté du 29
juillet 17^20.
Fi^»'ures copié«'s de Cliauveau, assez honnes copies dans un cadre
pins frran<l cfue les figures de l'édition 11)78-1094 et plus petit que
celui des fij^ures do H. Cause, ct)innie dans l'éd. .T.-H. Girin, et ce
sont peut-être h's mêmes lij?nres. Sur chaque planche il y a le nu-
méro do la fable et île la i»a«,^o correspondante. Avant la table au
troisième volume : .\pprobation; .signée : Fontenellc et datée du
7 juillet 1715.
Ouvrapre très soigné. A chaque volume il y a un ieuillet d'errata,
(î fautes à corripfer dans le ju'omier tome, 7 dans le second et 8 dans
le troisième.
Cette édition est extrêmement rare ; elle n'a pas été tirée à grand
nombre, et du reste IT) ans à j)eine après a paru l'édition avec le
commentaire do («oste. Au surplus les nombreux exemplaires de
l'édition de I70î) sutlisaiont aux besoins du temps. Coll.
Cette édition bien reliée et en bon état vaut, en raison de sa
grande rareté, 100 Ir. environ.
FAÏU.ES DE LA FONTAINE 467
XVI. — Fables choisies mises en ucrs par M. de La Fon-
taine, avec un nouveau commentaire par M. Coste.
A Paris, M.DCC.XLV. Avec Approbation et Privilège
du Roi accordé à Michel-Etienne David à la date du
13 noveml)re 1744. 2 vol. reliés en un. Petit in-12.
Imprimerie Prault père. Frontispice de B. Picart gravé
par Fessard. 2 frontispices tète de page représentant
des animaux, gravures non signées. 14 petites vignettes
haut de page, dont 12 sujets de fables. Culs-de-lampe
et lellres-vignelles. Les figures de fables, signées Caron.
Titre en deux couleurs. Coll.
PremitT essai d'iilustrattoii des fables avec le commentaire de
Coste. In des frontispices tète de page placé au conmiencement du
2« volume a été reproduit dans Tédition illustrée de 1740 et gravé
par Fessard sur le dessin de Cochin. C'est la première fois qu'il n'y
a qu'un»' illustration pour un livre entier de fables.
Héiiupression, Paris, 1751).
XVII. — Fables choisies mises en vers par M, de La
Fontaine, avec un nouveau commentaire par M. Coste,
membre de la Société Rovale de Londres. Nouvelle
•
édition ornée de figures en taille douce. Paris
M.DCC.XLVI avec approbation et privilège du roy.
Pas de nom de libraire. Titre en deux couleurs. Fron-
tispice par Cocliin ; un frontispice tête de page au l®""
volume les armes du Dauphin par De Sene gravé par
Fessard. — 1 frontispice tète de page au 2** volume, des
animaux par Cochin fils gravé par Fessard. Imprimerie
de Prault père, 5« copie de Chauveau. Coll.
Le privilègre est accordé encore à Michel-Etienne David, daté du
8 janvier 1733, et il y est joint un extrait d'un privilège antérieur
accordé au même libraire, daté de 1720. C'est pour cela que dans
468 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
réd. des fables de Gh. Nodier (Paris, Eymery, 1818), dans la biblio-
graphie annexée, Tédition avec les notes de Goste est désignée :
Paris, David, 1746.
Cette édition est très belle à tous égards ; il y a un cul-de-lampe
de De Sene ou De Sève gravé par Fessard en tête de chaque Tolume.
Les figures sont des copies de F. Ghauveau, dessinées par Gochin et
De Sève ou De Sene, gravées par Fessard. Mais il y a huit dessinB
originaux des mêmes artistes pour les fables que n'avaient pas illustrées
Ghauveau ou ses élèves dans 1 édition de 1678-1694. Il y a aussi un
dessin original pour une fable qui n'est pas de La Fontaine et qui a
été sgoutée : la Cigale trouvée parmi une foule de Sauterelles^ tirée
d'Ésope. G"est Goste qui est l'auteur de la traduction en vers dans
le genre de La Fontaine. Gette édition a été tirée à grand nombre et
a été conservée.
Il y a eu une réimpression, Paris, 1761.
Les figures ont été copiées à leur tour et les cuivres ont été
employés pour quatre éditions : Paris, 1769, 1770, 1787 et 1806.
L'édition n'est pas rare ; on la trouve facilement, et elle est estimée
25 à 50 fr. avec la reliure du temps; avec une belle reliure et peu
rognée elle vaut davantage.
XVIII. — 1^ Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine, avec un nouveau commentaire par M. Coste.
Paris Davidtz quai des Âugustins . M. DCC. LU avec
le privilège accordé à M.-Ét. David. 2 vol. in-12 en
un. Imp. H.-L. Guerin. Coll.
!2'> Fables choisies mises en vers par M. de La
Fontaine, avec un nouveau commentaire de M. Coste.
Paris chez Barbou rue Saint-Jacques près la fontaine
Saint-Benoit M.DCC.LVII avecle privilège du roy daté
du 13 novembre 1744 accordé à Michel-Etienne David.
2 vol. pet. in-12 en 1 vol. Imprimerie de Didot. Même
édition en tout semblable à la première. Coll.
.> Même édition en tout semblable, même impri-
meur. Paris, chez la veuve Gandouin quai des Augus-
tins M.DCC.LVII. 2 vol. en un. Coll.
FABLES DE LA FONTAINE 469
4<> Même édition en tout semblable. Paris Cellot imp.
Libraire rue Dauphine et au palais M.DCC.LVII. 2 vol.
en un. ColL
Figures de Caron, les mêmes que celles de Tédition de Goste de
1745 ; une seule petite vignette en tête de chaque livre, en haut de
page. Il y a en outre dix en-têtes de livre. Frontispice de Picart,
gravé par Fessard, le même que celui de Tédition avec les notes
de Goste sans figures, à la date 1743 ; et celui de Téd. de Zach. Gha-
telain, 1727-1728 ; le titre en deux couleurs. Gette édition a été
quelquefois jointe à des éditions des contes de La Fontaine, de
Gazin, Paris et Londres, pour faire des œuvres complètes en 5 vol.
Coll. Deux ou trois exemplaires ont été vendus de 25 à 30 fr.
Il y a sans doute d'autres exemplaires de cette édition portant
d'autres noms de libraire. Ges 4 éditions sont la reproduction de
réd. de Paris M. DCG. XLV citée plus haut, avec des variantes dans
les culs-de-lampe.
Près d'un siècle s'est écoulé depuis la première publica-
tion des fables de La Fontaine illustrées par Chauveau, et
nous entrons dans la belle période des illustrations des
beaux et bons livres. En 1755 va paraître Tédition illus-
trée par Oudry. Pendant la fin du XVIII® siècle et au
commencement du XIX® il y aura encore quelques
milateurs et copistes de Chauveau, mais ils seront plus
rares (1).
(1) Si l'auteur veut bien nous la confier, nous publierons prochainement la
bibliographie des copies d'Oudry.
A PROPOS D'UN LIVRE
ANNOTE PAR VOLTAIRE
Ce livre est le Christianisme dévoilé ou Examen des
principes et des effets de la religion chrétienne, par feu
M. Boulanger, à Londres, MDCCLVI. Le volume, en lui-
même, n'a qu'une médiocre importance; Nicolas- Antoine
Boulanger, bien que son principal ouvrage, L Antiquité
dévoilée, publié après sa mort par le baron d'Holbach,
ait fait un certain bruit, n'occupe qu'un rang fort
secondaire parmi les écrivains du xvnp siècle ; il n'est
d'ailleurs pas sûr qu'il soit le véritable auteur du
Christianisme dévoilé, dont la Nauvelle Bibliographie
générale lui conteste la paternité. Tout l'intérêt de
l'exemplaire que nous présentons au lecteur est dans les
nombreuses annotations dont Voltaire l'a enrichi. Disons
avant tout que ces notes sont d'une authenticité incon-
testable ; il suffit, pour qu'aucun doute ne soit possible,
d'en comparer l'écriture avec les autographes si nombreux
de Voltaire.
D'abord, sur le titre : « Cet ouvrage est plus rempli de
€ déclamation que méthodique. L'auteur se répète et
« se contredit ; quelquefois on dira que c'est Timpiété
« dévoilée. » On voit que, dès le début, Voltaire se pose
en quelque sorte comme un défenseur du christianisme.
Et ce n'est pas là un accident, la plupart de ces notes
nous le montrent dans ce rôle assez inattendu. Â propos
d'une. réflexion de Boulanger sur « l'inutilité et la perver
UN LIVRE ANNOTÉ PAR VOLTAIRE 471
c site de la morale que le christianisme enseigne aux
« hommes », l'annotateur s'indigne presque : a Peut-on
€ appeler perverse la morale de Jesu {sici Ch* ? » Bou-
langer soutenant que le fanatisme des chrétiens se nourrit
par ridée révoltante d'un enfer, a L'autheur, dit Voltaire,
« publie que les autres religions admettaient un enfer
« longtemps auparavant ».
Boulanger, parlant de la vie future, en tire un argument
contre la justice de Dieu: a Nous ne pouvons l'appeler
€ juste dans celle-ci, où nous voyons si souvent la vertu
« opprimée et le vice récompensé. » Il s'attire cette très
judicieuse observation de son critique : a Cecy est contré
« toutes les relligions qui ont admis une autre vie, aussi
« bien que contre la crétienne. » Autre remarque non
moins juste. L'auteur soutient que le Dieu des chrétiens
« n'a prétendu se faire connaître qu'à quelques êtres
c favorisés, tandis qu'il a voulu rester caché pour le reste
« des mortels, à qui pourtant cette révélation était égalé-
es ment nécessaire ». Voltaire réplique : « Cela n'est pas
« vrai ; les apôtres se disent envoyés par toute la terre .
« L'autheur confond continuellement la religion mo-
« saïque et la chrétienne. » Il combat également cette
assertion de Boulanger : « L'effet des miracles de Mahomet
« fut au moins de convaincre les Arabes qu'il était un
« homme divin. Les miracles de Jésus n'ont convaincu
c personne de sa mission. » Voltaire, qui a la prétention
de connaître le fondateur de l'islamisme mis par lui sur
la scène, répond : a Mahomet n'a point fait de miracles,
« il n'y a, dans le Koran, que le miracle du voïage de La
« Mecque à Jérusalem en une nuit. » Boulanger demande:
« Est-ce connaître la divinité que de dire que c'est un
a esprit, un être immatériel qui ne ressemble à rien de
« ce que les sens nous font connaître? ». L'orthodoxie
spiritualiste de Voltaire se révolte : a L'autheur combat bien
« mal à propos cette idée de Dieu, reçue non seulement
A PROPOS D'UN LIVRE
ANNOTÉ PAR VOLTAIRE
Ce livre est le Christianisme dévoilé ou Examen des
principes et des effets de la religion chrétienne, par feu
M. Boulanger, à Londres, MDCCLVI. Le volume, en lui-
même, n'a qu'une médiocre importance; Nicolas- Antoine
Boulanger, bien que son principal ouvrage, L* Antiquité
déuoilée, public après sa mort par le baron d'Holbach,
ait fait un certain bruit, n'occupe qu'un rang fort
secondaire parmi les écrivains du xviii» siècle ; il n'est
d'ailleurs pas sûr qu'il soit le véritable auteur du
Christianisme dévoilé, dont la Nouvelle Bibliographie
générale lui conteste la paternité. Tout l'intérêt de
l'exemplaire que nous présentons au lecteur est dans les
nombreuses annotations dont Voltaire l'a enrichi. Disons
avant tout que ces notes sont d'une authenticité incon-
testable ; il suffit, pour qu'aucun doute ne soit possible,
d'en comparer l'écriture avec les autographes si nombreux
de Voltaire.
D'abord, sur le titre : m Cet ouvrage est plus rempli de
« déclamation que méthodique. L'auteur se répète et
« se contredit ; quelquefois on dira que c'est l'impiété
« dévoilée, t) On voit que, dès le début. Voltaire se pose
en quelque sorte comme un défenseur du christianisme.
Et ce n'est pas là un accident, la plupart de ces notes
nous le montrent dans ce rôle assez inattendu. A propos
d'une réflexion de Boulanger sur a l'inutilité et la perver
L'N LIVRK ANNOTÉ PAR VOLTAIRE 471
« site de la morale que le christianisme enseigne aux
(( hommes », Tannolateur s indigne presque : a Peut-on
<( a[)peler perverse la morale de Jesu (sicl Ch* ? r> Bou-
langer soutenant que le fanatisme des chrétiens se nourrit
par ridée révoltante d'un enfer. « L'autheur, dit Voltaire,
a oublie que les autres religions admettaient un enfer
« longtemps auparavant ».
Boulanger, parlant de la vie future, en tire un argument
contre la justice de Dieu: a Nous ne pouvons l'appeler
« juste dans celle-ci, où nous voyons si souvent la vertu
« opprimée et le vice récompensé. » Il s'attire cette très
judicieuse observation de son critique : a Cecy est contre
« toutes les relligions qui ont admis une autre vie, aussi
« bien (fue contre la crétienne. » Autre remarque non
moins juste. L'auteur soutient que le Dieu des chrétiens
(( n'a prétendu se faire connaître qu'à quelques êtres
« favorisés, tandis qu'il a voulu rester caché pour le reste
(( des mortels, à qui pourtant cette révélation était égale-
(( ment nécessaire ». Voltaire réplique : « Cela n'est pas
a vrai ; les apôtres se disent envoyés par toute la terre.
(( L'autheur confond continuellement la religion mo-
« saûiue et la chrétienne. » II combat également cette
assertion de Boulanger: « L'elTet des miracles de Mahomet
(( fut au moins de convaincre les Arabes qu'il était un
(( homme divin. Les miracles de Jésus n'ont convaincu
a personne de sa mission. » Voltaire, qui a la prétention
de connaître le fondateur de l'islamisme mis par lui sur
la scène, répond : « Mahomet n'a point fait de miracles,
a il n'y a, dans le Koran, (jue le miracle du voïage de La
« Mecque à Jérusalem en une nuit. » Boulanger demande:
« Kst-ce connaître la divinité que de dire que c'est un
(( esprit, un être immatériel qui ne ressemble à rien de
(( ce (pie les sens nous font connaître? ». L'orthodoxie
spiritual iste de Voltaire se révolte : « L'autheur combat bien
(( mal à propos cette idée de Dieu, reçue non seulement
474 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Suit une notice sommaire des pièces contenues dans ce recueil.
Tome If»" ;
1. Discours de la légitime succession des femmes aux possessions
de leurs parents : et du gouvernement des princesses aux Empires
et Royaumes ; par David Chambre, Escossois, conseiller au par-
lement d'Edimbourg : dédié à Catherine de Mcdici, royne-mère du
lioij Henry III, le 25 août 1513 ; 37 pag. avec la dédicace.
Imprimé à Paris, en 1570. L'épitre dédicatoire est précédée d'un
grand tableau géncalogi(iuc (gravé) des rois d'Angleterre, depuis
Guillaume le Conquérant jusqu'en 1580 ; dressé par J. Leslœus,
évoque de Ross.
2. De titulo et jure Mariie scotorum reginse, quo regni Angliœ
successionem sibi juste vendicat^ libellus ; à Jo. Leslœo, episcopo
Rossensi. Parisiis, calendas januatHi iuSO : pp. 37-107.
Le tableau généalogique cité plus haut, devrait être placé en tète
du traité de Leslœus, qui fut imprimé à Reims en 1580.
3. Ad Anglos et acotos parœyiesxs ; ab eodcm : pp. 108-116.
4. De illustriuyn fœminarum in republicd administrandây ac
ferendis legibus, auctoritatc^ libellus ab eodem Leslœo ; dicatus
Catharime de Medicis^ Galliarum reginm : pp. 117-147.
5. De rébus gestis scotorum (sub Maria reginâ), 1542-1562;
à Jo. Leslœo : pp. 149-236.
6. Detcctio Marisa regiiiœ scotorum ; studio Georgii Buchananiy
scoti : pp. 237-280.
Satire infâme contre Marie Stuart, imprimée en 1572.
7. Histoire tragique de Marie, royne d'Escosse, touchant la
conjuration faicte, contre le Roy son mari, mis à mort ; et Vadul^
tère par elle commis avec le comte de Bothwel; pp. 281-377.
On trouve dans cette histoire : Le plaidoyer contre Marie Stuart ^
auquel est monstre qu*élle est coulpable de ce meurtre et parricide.
— Epilogue, ou coyiclusion monstrant que la Royne a esté par un
très juste jugement privée de son estât. — Discours de la procédure
tenue pour Vabsolution du comte de Bothwel. — Sensuivent aucunes
lettres et papiers trouvés en un petit coffre, qui ont été approuvés
estre escrits de In jiropre main de la royne d'Escosse. — Autres
lettres en rime franroise, en forme de sotmets, qu*elle escrivit au
comte de Bothwel. — Des placards et proclamations du combat^
affichés par Bothwel, et de la response qui y fut faicte. — Confes-
sion de Jean Habruu, du jeune Talla, d'Aglish et Pouric, qui fu-
CATALOGUE DESCRIPTIF
DE
LIVRES ET PIÈCES RARES
EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS A LA LIBRAIRIE TEGHENER
Histoire de Marie Stuart, reine d'Escosse et douairière
de France, ou Recueil de toutes les pièces qui ont
été publiées au sujet de cette princesse (édité par
Samuel Jebb). Londres, 1725 ; 2 volumes in-foL,
portrait, v. f. 70 fr.
Les exemplaires de ce curieux recueil ont, presque tous, un titre
latin ; les exemplaires avec un titre français sont rares. D'après la
liste des souscriptions (270), imprimée sur les derniers feuillets du
second volume, on ne compte que 39 exemplaires souscrits en France,
par un banquier de Paris, la bibliothèque de Sainte-Geneviève,
l'abbé Ricbard du collège Mazarin, et deux libraires, Gandouin et
Rollin.
Chaque volume contient une préface latine de l'éditeur, dans
laquelle on trouve des renseignements intéressants sur les auteurs
et sur les ouvrages insérés dans le Recueil. La Préface française,
placée en tête du premier volume, est transposée ; elle appartient
au Discours de David Chambre.
La plupart des pièces que renferment les deux volumes avaient
été déjà imprimées séparément; mais il était fort difficile de les
réunir. C'est par ce motif que Samuel Jebb, médecin anglais, entre-
prit la publication de ce Recueil, à l'aide de souscriptions.
Le discours de David Chambre, est précédé d'un portrait de
Marie Stuart, presque en pied, gravé sur un feuillet séparé, par
George Yertue, d'après Frédéric Zuchar ; et Ton voit, en tête de
la première pièce du second volume, un autre portrait de Marie
Stuart, en médaillon, également gravé par George Vertue.
476 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
bethœ et senlentià mortis, his additum est supplicium et mon
reginsB Scotiœ ; opet'à Romoaldi, scoti : pp. 117-174.
Imprimé pour la première fois en 1587. Cette relation est suivie
de plusieurs pièces de vers latins, en faveur de Marie Stuart et
contre Elisabeth.
14. Martyre de Marie Stuart, royne d'Eacosse et douairière
de France ; par Adayn Blacwood, escossois^ cotiseiller au préndial
de Poitiers : pp. 175-328.
Imprimé pour la première fois en 1587.
15. Historia de lo sucedido en Escosia y Inglaterra en qua^
renta y quatro aiios que hivio Maria Eatuarda, reyna de Escoda;
esctnta por Afitonio de llerrei'a. Madrid, 1589 : pp. 32&440.
Antoine de Herrcra, historiograplie de Philippe II, est Tauteur
d'une excellente histoire des Indes Occidentales, publiée en 1601.
16. Extrait des Mémoires de Michel de Castelnau, relatif à
Marie Stuart : pp. 441-468.
17. Extrait des additions aux Mémoires de Castelnau, par
Le Laboureur^ contenant aussi tout ce que le sieur de Brantosme a
écrit de la rcync d'Escosse : pp. 441-610.
18. La mort de la royne d'Escosse, douarière de France; où
est contenu le vray discours de la procédure des Anglois à Vexécu-
tïond*icelle, la constante et royale résolution de sa majesté défuncte^
ses funérailles et enterrement -, d'où on peut cognoistre la traistre
cruauté de Vhérétique Anglois à Vencontre d*une Royne très chrea-
tienne, catholique et innocente : pp. 61 1-669.
Cette pièce avait été imprimée en 1588. On y trouve l'ordre du
convoi de la reine d'Ecosse, fait en la ville de Peterbourgh, le 10 août
1587, avec les noms de toutes les personnes qui y assistèrent. La reine
Elisabeth se lit représenter à cette cérémonie funèbre par la com-
tesse de Bedford, soutenue sous les bras par les comtes de Rutland
et de Lincoln ; madame saint Jean de Bassing, soutenue par M« Jean
Maners, vice-chambellan, portait la queue de la comtesse de
Bedford.
10. Oraison funèbre de Marie, royne d*Escosse, morte pour
la foy, le IH febvrier i587, prononcée au mois de Mars en l'église
de nostre-Dame de Pai*iSy au jour de ses obsèques et service^ par
Menauld de Beaulne, archvèque de Bourges : pp. 671-686.
Imprimé en 1588.
20. Epitaphium Mariée Scotise regtnœ : pp. 687-688.
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 477
21. Epitaphe de la royne d'Escosse, douairière de France (en
20 vers français ) : p. 689.
22. Mariœ. Stuartœ Scotoram reginse tumulus (en 6 vers latins).
— Régale monumentum (en prose) : p. 690.
23. Sonnet contre la reine Elisabeth : p. 691.
— Table des matières contenues dans le second volume (en
latin ot en français» : pp. 693-703.
Pièces du procès de Simon Morin en 1 vol. pel. in-é»,
mar. l)leu, fil., dos orné, tr. dor., contenant :
Factum contre Simon Morin, dans lequel se trouve
l'analyse de tous ses ouvrages. — Déclaration de
Morin sur la révocation de ses pensées. — Autre
déclaration de Morin, de sa femme et de made-
moiselle MaFlierhe sur le même sujet. — Arrêt de la
(]lour (le Parlement qui condamne Simon Morin à
être brillé vif. — Procès-verbal d'exécution de mort
(le Simon Morin, contenant l'abjuration de son
hérésie. 110 fr.
On connaît Thistoire de ce malheureux visionnaire. Emprisonné
à plusieurs reprises, il fut enfin, sur la dénonciation de Desmarets
Saint-Sorlin, condamné à ôtie brûlé vif et exécuté. Il prétendait que
le Christ sV'tait incorporé en lui pour le salut de tous les hommes,
et il avait su gagner quelques disciples, entre antres deux femmes
ap])elées la Malherbe et la Chapelle. Sa « doctrine » était exposée
dans un livre intitulé : Pcyisèes de Morin, dédiées au roy, 1647,
in-8.
Notre recueil forme un historique complet de la triste carrière
(le Morin : il comprend les deux déclarations de Tautcur des Pensées,
abjurant ses erreurs (1049), le factum rédigé pour le Procureur du
Roy au Chàtelet de Paris, contre Simon Morin, natif d'Aumale, le
curé de la Magdeleine et le vicaire de Saint-Marcel lez Paris, la
femme et le lilz dudit Morin, la demoiselle Malherbe et autres leurs
complices ilGf)2); l'arrêt de la Cour du Parlement (1663); enfin le
procès-v(;rb;»l d«^ l'exécution qui eut lieu en place de Grève, le
14 mars \m3.
Ce volum»^ vient de la bibliothèque Girardot de Préfond, dont il
porte ï'px-llhri'i.
BULLETIN Dl' BrBLIOPIliLï:
5Bc ta 5f oj» c^! t Hifnt/ faicir p îllfl 6»
mrtitpdtie.toufÇSt auttûv axticliia
A c3 frff tre (t r9f iimHS en ta pivfctirc Ot
tefacaCïetietÇtofosiïc : ^wtfatebtta
ftift/fnyct toitonnict i)c«îiffnK
Petit iii-8" 12.=) Ir.
Ctt bachelier i>li lhi-uli);rie l'st un ri'|ii'iit!tnl : il :i cru il'ubord qu'il
pouvait suiis dntijrer « ^niMcr !tu\ l'iil'^iuls lic »:i \iavoinic et aux en-
l'ailts rouges n uti iictit :ii|)li;ilifl n h r, rral-i'i-djiv un lics opuscules
(l(>(:nr]oslniU<nu sair ijuc ci-liii-ci sij;miit si-s ou\rii)n.v Aea |ircinièreii
lettres lie HilpImliPt ) ; mah bientôt le liiidiclii-r s'est u|icrçu ite non
erreur; il ;i reeoniiu coniljieii U'S ii|iiiii(iiis du diertleii Sacrumen-
tuires éliiient bétérmloxi-s, siii'Ioiit i-u uKiIim- île cutilrssion nurîeu-
laire et <lo [irérieuee ri'i'lle <biis IKiicliuriKlie. AunsI r;ijt-tl pleine'
meut son ini'" viil/iâ et rcvit-nt-il :iu\ s.'iiues ilocti-înes : « Ledict
livre abc il sei-.iit pernicieux i-t mauvais - ; le mii-crmliir ne sutni
pns pour ralisoliitiun, « utuf fiiult ipie le |ii'eb>^trc use de rot mntz :
£;/0 absoliw le. »
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 470
Le déclarant n'est pas moins explicite en ce qui concerne la pré-
sence réelle, admise par Luther, mais rejetée par Garlostadt et les
réformateurs plus radicaux : « Je croy que au sainct sacrement de
Tautel est bien et sainctement dict que le corps de Dieu et de nostro
Seigneur Jesu-christ y est. » Les déclarations relatives au cidts de
la Vierge Marie, au pui^toire, au jeûne du Garéine sontégalemaiil
formulées en termes très catégoriques ; on smit que le bachdisr
veut se faire pardonner ses erreurs passées et ne laisser aucun doale
sur son retour à Torthodoxie. U conclut ainsi : « Je croy que ks
cérémonies et traditions de leglise sont bonnes et louables et
doibvent estre obseruees et gardées. »
Cette plaquette est des plus intéressantes pour Tbistolre des pre*
miers temps de la Réforme en France ; elle nous (Sut oonnaltre, sur
les nouveautés qui venaient de réU*anger, Topinion non du seul
bachelier, mais de la Sorbonne entière ; en effet il est dit expressé-
ment au titre : ce Lesqlles de point en point a côfessees et cdfir-
mees en présence de la faculté de théologie, i La pièce n'est point
datée ; mais on peut la placer entre 1590 et 1340, à l'époque où la
doctrine des Sacramentaires commençait à se' répandre dans les
pays limitrophes de TAllemagne.
Au verso du dernier feuillet, la marque de Jehan Lhomme, un
arbre avec les trois fleurs de lys, deux écus et, autour du trône, une
banderole avec ces mots significatifs : Ung Dieu, Ung Roy. Vite
Foy. Une Loy.
Dubitantius de vera certaque per Christi Jesu euange-
lium, salutis œtemae via librisIU instmctus : quibus
«
populariter docetur ueram certam^ ; salutis œtémae
uiani, nisi apud catholicos, non inueniendam : Ver-
bumq. Dei Euangelicum per Luthemm, Caluinum,
aliosqi istos evangelicos sectis prope nonaginta
misère dissectos non restitutum, aut instauratum :
sed vere adulteratum, priscis haeresibus fere omni-
bus euangelii titulo renouatiscomiptuniyatqi humar
nae doctrinae fermento adeoqf Judaismo & Maho-
met ismo, reipsa depravatum uerissimeq. prophana-
tum ad uniuersos Gennaniamm Gallianm^. firatres
480 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
cathoHcos Coloniae, 1565. in-8^, veau f., plats
entièrement dor., tr. cis. et dor., ;reL du xvi*
siècle '. 100 fr.
Œuvre de violente polémique dirigée, ainsi que l'indique le titre,
contre Luther, Calvin et, en général, contre tous les adversaires du
catholicisme. Dans trois dialogues entre Dubitantius et ConstantiuSj
l'auteur, Wilhelmus Damasius Lindanus, évëque de Ruremonde,
s'adressant à tous ses frères catholiques de la Germanie et de la
Gaule, combat avecâpreté les doctrines nouvelles ; il substitue volon-
tiers les injures aux arguments et se répand en virulentes invec-
tives contre Luther : à l'entendre, le réformateur allemand est né
d'un iiicubr; ; il est disciple du diable avec lequel il a de nombreux
entretiens et qui Tarrache au sommeil pour Texciter à écrire contre
la messe ; il est omnium calamitatum auctor: son mariage avec
Catherine Bora indigne surtout l'auteur qui en parle avec une étrange
crudité de langage : a Istum heluinam concumbendi subandique
anima sao camali persuasam necessitatem suo ut comprobaret
exemplo , bellam illam Catherinam iam annos aliquot Witten-
berrjfp varia per studiosorum osada volutatam aibi uxorem duxit. »
Calvin est moins maltraité; toutefois, il est flétri comme /tomtcida
et sanfjuinarius judexj et l'auteur se demande an morbo iUo Hero-
dis, id est, pediculari erosus miserrime perierit. Zwingle n'est pas
oublié ; c'est le Diable qui lui fournit, comme à Luther, des armes
contre l'Eucharistie.
On a relié à la suite les deux ouvrages suivants, également hostiles
à la Réforme: De expresse Dei verbo^ Reverendiss. D. Stanislai
Jlosii Episcopi Varmiensis {Dilinyœ excudebat Sebaldus Mayer^
M.D.L.X.) et De Sacrilegorum vindictis et posnis..., nunc primum
Ijitinitate donatus per Tilmannum Bredehachium^ s. l. M.D.LXV,
traduction d*un opuscule publié à Ingolstadt en 1560, a pio quodam
et catholico.
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR
DESCRIPTION ET ANALYSE
DE LIVRES ANCIENS
RARES ET CURIEUX
(SCITE)
12. — DISCOVRS 1 1 DV TRIOMPHE 1 1 DES NOPŒS
dv Roy 1 1 de Nauarre auec Madame 1 1 Marguerite
de France, 1 1 sœur du Roy très- 1 1 chrestien. 1 1
Avec ample narration de l'occurance 1 1 de la
mort de TAdmiral et || ses complices. — A
Lioriy 1 1 Par Michel loue, à renseigne du lesus. 1 1
1572. Il Avec permission.
Pet. in-8® de seize feuillets non chiffrés. Signatures
A.-D. Cahiers de quatre feuillets. Imprimé en lettres
rondes.
Le titre qui occupe le recto du premier feuillet est composé en
lettres capitales, en lettres rondes et en lettres italiques. Il contient
au-dessus du lieu d'impression, la marque de Michel Jove, impri-
1891 31
482 BULLETIN DU BIBUOPHILE
meur A Ljon de 1557 A 1579, reproduite par Silvestre, sous le
no 11^. Cet iin]irimeur avait une autre marque en deux dimensions
différentes, que Silvestre donne sous les n»* 405 et 1300.
DISCOVRS
D V TR rOMP HE
DES NOPCES DV ROY
de Nauarre auce Madame
Marguerite de France)
fœucduRoycrer-
chreftîeo.
^.
f/i»ee ample namuion de taccurriua
de lamcrtde tcyidmiral g^
/es cemplictSi
t/f LION,
Pâl Michel loue, irenfcigne du lefiii,
I î 7 «•
Aucc pcimiliion-
Le texte commeiio', au r.'cto ilii second l'euillet, par une lettre
ornée, après lu reproduetioii il'une partie ilu titre ainsi moàilié :
BIBLIOGRAPHIE D UN AMATEUR
483
Discours des Triumphes et succez des nopces du Roy de Nauarre
avec Madame Marguerite de France. Il se termine au bas du verso
du seizième feuillet.
Les personnages cités dans cette pièce, sont :
Henry de Bourbon, Roy de
Navarre.
Catherine de Bourbon.
Marguerite de France.
Charles IX.
Catherine de Médicis.
Duc d'Anjou.
Duc d'Alencon.
Duchesse de Lorrayne.
Cardinal de Bourbon.
Prince de Condé.
Marquise de l'IsLE, princesse
do Condé.
Marquis du Contil.
Duc et duchesse de Montpen-
sier.
Duc et duchesse de Xevers.
Duc et duchesse de Guyse.
Duc Daumalle.
Duc d'Vzks.
Maréchal de Montmorency.
Maréchal et maréchal le de
DaMI'VILLE.
Maréchal de GossÉ.
Maréchal de Ta vannes.
Maréchal de Savoye.
L'amiral de Coligny.
Cardinal de R.vmboillet.
L'eveque de Digne.
L'eveque de Cisteron.
L'eveque de Paris.
Mad»e de Chasteauneuf.
La Rochefoucault.
Le Vidame de Chartres.
Le comte de Rets.
Le chevalier d'Angolesme.
MONTGOMERI.
MM" de RuBEMPRÉ.
de ViLLEQUIER.
de Sansac.
de LossES.
de Chavigny.
M. de S. Germain, docteur en
théologie.
Frère Hébert, cordelier.
LaRozièhe, Ministre calviniste.
Gavasse, comédien.
Tabarin, comédien.
Leroy, chanteur.
Il existe un assez grand nombre de pièces historiques,
où sous un titre pompeux on ne trouve souvent que des
faits connus ou de peu d'importance. Ce n'est pas le cas
de celle que je viens de décrire ; elle tient plus que son
titre ne promet. Après les détails les plus circonstanciés
et les plus intéressants sur le mariage du roy de Navarre
avec Marguerite de Valois, et sur les fêtes qui eurent lieu
à son occasion, elle donne des renseignements très eu-
484 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
rieux sur la Saint-Barthélemy . A en juger par le titre, cette
partie du récit serait secondaire ; il n'en est rien. Il est
même probable que c'est pour elle principalement que
cette petite pièce anonyme a été écrite, et comme elle
témoigne de certains faits, dont on voulait faire dispa-
raître la trace dans l'histoire, on a dû, autant que possible
en supprimer les exemplaires, ce qui expliquerait son
excessive rareté.
Elle débute par la relation détaillée des cérémonies et
des fôtes, qui eurent lieu depuis le dimanche 17 août 1572,
jour des fiançailles de Henry de Bourbon roy de Navarre
et de Marguerite de Valois, jusqu'au vendredi suivant.
Ces fiançailles furent célébrées au Louvre, par le cardi-
nal de Bourbon, oncle paternel du Roy de Navarre ;
après la cérémonie, on soupa et on dansa, puis la reine
Marguerie fut conduite par le roy son frère, par la reine
sa mère, par la reine régnante, par la duchesse de Lor-
raine sa sœur, par des seigneurs et des dames en la
maison de révéclié de Paris, où elle passa la nuit. Le
lendemain eut lieu le mariage en Téglise Notre-Dame que
le narrateur décrit ainsi :
Le lendemain qui fust le lundy x\ii,j des moys & an que dessus,
le Roy de Nauarre, conduict par messeigneurs les ducs d'Anîoa
Se d'Alêçô frères du Roy, les princes de Codé, & marquis du Gontil
son l'rère, duc île Montponsier, prince Daulphin, ducs de Guyse»
Dauinalle, & de Xeuei*s, les mareschaux de Montmorency, de
Dampuille, de Cossé, de Tauanes, de Sauoye, l'Admirai, la Roche-
focault Se vue inlinitê d'autres grands seigneurs, tant de l'vne que
Tautre religion, alla trouuer laditte dame sa future cspouse audit
lieu de i'eueschô. Et l'aut noter que ce iour là les Roys de Frâce &
de Nauarre, messieurs les ducs d'Aniou & d'Alêçon Se le prince de
Condé estoyent v«'stuz d'vne mesme parure, qui estoit d'vn accoos*
trement à fonds de satin iaune palle, tout couuert d'vn enrichisse-
ment de broderie d\'irgent releue en bosse enrichie de perles &
pierreries. Les autres Princes & seigneurs Catholiques estoyent
vestuz de diuerses couleurs Se façons, auee tant d'or, d'argent &
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 485
pierreries, que seroit chose impossible le raconter : mais quant aux
seigneurs reformez, ilz n'estoyent vestuz que de leurs habits ordi-
naires.
Arrivez que furent les dessusdicts audKt logis de l'euesché Ton
s'achemina pour aller espouser, & fust la ditte madame Marguerite
côduicte par le Roy son frère, estant vestue d'vne robbe de vellours
violet semée de fleurs de lys, auec le mâteau royal la grande queue
trainant aussy dudit vellours, bourdee tout à Têtour aussy de fleurs
de lys, vue corône Imperialle sur la teste, faicte de grosses perles,
enrichie de diamants, rubis. Se autres pierres pretieuses de valleur
inestimable : & estoit suyvie par la Royne sa mère, la Royno
régnante, madame la duchesse de Lorrayne sa seur, & touttes les
princesses & autres dames de la court, toutes richement vestues,
n'y ayant la moindre qui n'eust pour le moings la robbe de toille
d'or & d'argent.
En cest équipage & compaignie, précédée par les cent gentilz
homes les haches au poing, heraulds d'armes auec leurs cottes
accoustumées, gardes, officiers de la maison du Roy, trompettes,
clairons, haulboys & autres instrumens, furent lesdits futurs espoux
conduicts par vue gallerie qui auoit esté dressée tirant depuys
l'euesché tout le long de l'église nostre Dame, iusques au deuantde
la grand porte de laditte église, au deuant de laquelle auoit este
basty un grand eschauflaut haut esleué à la veue d'vn chacû : sur
lequel eschauffaut les attendoyent messeigneurs les reuerendissimes
Cardinaux de BourbÔ et de Ramboillet, vestuz de leurs rocquets
et domino , accompaignez de Teuesque de Digne cy deuant
précepteur de laditte dame, reuestu de sa grande chappe, mitre
& crosse en main, l'euesque de Gisterô portant l'eau beniste,
& de plusieurs autres euesques, abbez, prelatz auec la croix, les
cierges allumez & autres semblables appareils ecclésiastiques. Et là
arriuez lesdits luturs espoux receurent la bénédiction nuptiale par
mondit seigneur le Cardinal de BourbÔ, auec les mesmes parolles
& cerimonies d'où lô a coustume vser en l'église Romaine : &
après furent conduicts iusques dans le cueur de l'église, où estâts
le Roy de Nauarre avec le prince de Codé, l'Admirai & autres sei-
gneurs de la nouuelle religion se retirerët en vn lieu qui leur auoyt
esté préparé à quartier du cueur, & laditte dame demeura sonbs
son poisie pour ouir la messe, & môsieur le duc d'Aniou son frère
soubs l'autre, tenant lieu du Roy de Nauarre tout le long de la messe
qui fut cellebree par l'euesque de Digne : 8c iceUe paracheaee reuint
le Roy de Nauarre & sa trouppe la reprendre dans le cueur, & tous
ensemble furet reconduicts à l'euesché, où fut faict le disner ce iourla«
486 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Après le dîner on se rendit au LfOuvre, et le soir le
le Roi, les Princes et les Princesses y donnèrent un festin
aux membres du Parlement, de la Cour des aides, des
Chambres des comptes et des monnoyes. Après souper,
bal ; après le bal, des jeux scéniques à machines, mêlés
de chants, où Ton admirait la voix mélodieuse du célèbre
chantre de Charles IX, nommé Le Roy. Le lendemain
mardi 19, on se leva fort tard, et Ton ne fit qu'aller diner
à rhôtel d'Anjou où le roi de Navarre avait fait préparer
le repas ; après le dîner on retourna au Louvre pour le
bal qui dura jusqu'au soir.
Le mercredi 20, il y eut grand spectacle en la salle de
Bourbon ; les acteurs étaient, le roi et les princes qui
représentaient des chevaliers ; des rôles de diables et de
petis diabloteaux, étaient tenus par Gauasse, Tabarin (1)
& leur côpagnie faisans une infinité de singeries, & me-
nans vn bruit & tintamarre inestimable.
Le jeudi 21, il y eut courses de bague dans la cour du
Louvre ; elles devaient continuer le lendemain ven-
dredi 22; lorsque ce jour-là, sur les dix heures du matin,
l'amiral de Coligny en revenant du conseil tenu au
Louvre et en passant devant le doyenné de Saint-Ger-
main de TAuxerrois, fut blessé d'une arquebusade, tirée
par un meurtrier resté inconnu.
(1) Il est assez singulier de trouver dans une pièce datée de 1572, un bouf*
fon du nom de Tabarin. Il est bien évident que ce ne peut être le bateleur
qui fit les beaux jours de la place Dauphine cinquante ans plus tard. M. G.
Leber dans ses Plaisantes recherches d^un homme grave sur un farceur, à pro*
pos des origines de Tabarin et de son nom, dit qu'on ignore à quelle époque
il naquit ou vint s'établir en France : que sa réputation n'éclata à Paris que
vers 1618 ou 1619 ; qu'il était peut-être un italien ayant fhmcisé son nom en
faisant de Tabarini, Tabarin. Du Discours du triomphe des Nopces du Rog de
Naoarre,il résulte que le nom de Tabarin était celui d'un acteur connu sous le
régne de Charles IX ; le farceur de la place Dauphine, ou était son fils, ou
plutôt, avait pris ce nom déjà porté au siècle précédent par un bouffon ajuA
eu une certaine réputation, puisqu'on le faisait figurer dans les spectacles
de la Cour.
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 487
Cettte blessure, dit le narrateur :
.... estonna grâdemêt toute la court : & mesmes le Roy la
Royne &: messieurs frères du Roy môstroyêt en estre fort mal con-
tes, & allèrent visiter ledit seigneur Admirai Tapres disner en son
logis. Et dura cest estonnement le vendredi & le samedi, durant
lesquels deux iours Ion parloit de ceste blesseure en diucrses façons
& vsoyêt ceux de la nouuelle religion de grades menasses, en
sorte que Ton voyoit quasi vn nouveau trouble suscité : mais dien
ayant pitié de ce paoure Royaume affligé, inspira en fin le cueur
de nostre Roy lequel ayant descouuert ce que machinoyët contre
lui & messieurs ses frères & les Roynes, ceux de ladicte religion,
se délibéra les preuenir.
Et à ces fins le dimâche de grand matin iour sainct Barthelemi
xxiiij. Aoust, commanda que tous les chefs de ceux de ladite reli-
gion fussent mis à mort. Ce qui fut soubdainement exécuté par ceux
qui auoyêt voluntc de seruir fidellemêt le Roy : en sorte qu'é peu
d'heure l'Admirai et tous ses côplices qui auoyêt tant toormêté la
paouure France, furent tous estêduz morts sur le paué : & ne se
sauua de personnes de nom que Montgomeri & le Vidame de Char-
tres, qui estoyent logez au faubourg S. Germain, lesquels ayant
esté longucmêt suiuis par les seigneurs de Guyse, Daumalle et le
cheuallier d'Angolesme, ne peurent estre attrappez. Les Parisiens
aussi de leur costé se mirent en armes, & n'oblierent rien à faire
despeche de ceux de leur ville qui estoyêt dudit parti : & en plu-
sieurs endroicts de la ville ne furent espargnez mesmes les femmes.
Ceste exécution dura ledit iour de dimâche, & le lundy tout le
iour. Ledit iour de lûdy se descouurit qu'vne espine ou aulbespin
estât dans le cymetiere sainct Innocêt, an deuât d'vne grand image
nos're Dame, qui estoit des long têps seiche & morte, florit, ren-
dant tout à coup fueille & fleur : chose miraculeuse, mesmes estât
hors de saison, qui monstroit que la terre mesme se reiouissoit
d'vne si heureuse exécution. Ladite espine fut par l'espace de plu-
sieurs iours visitée en grâd deuotion par tout le peuple de Paris,
k outre ce par la Royne mère, la Royne de Nauarre & Madame de
Lorraine, mosieur le duc d'Aniou & tons les autres princes 8c sei-
gneurs, chacû descpiels se mettoit en deuoir de faire sa deuotion an
deuàt de la ladite image nostre Dame.
Le mardy, qui fut le xxvj. le Roy accompagné de messeigneurs
ses frères, du Roy de Nauarre & autres grands princes 8c seigneurs,
alla au palais tenir son lict de iustice, où seât il déclara toat ce qjû
488 BULLETIN DU BIBUOPHILE
estoit passé auoît esté fait et exécuté par son cdmandemêt. C5me
sa maiesté passoit par les rues allât & venant, le peuple cryoit à
haute voix, Yiue le Roy. Et signa sa maiesté le registre de la court
de sa propre main.
C'est là le fait capital de ce récit, et ce témoignage
d*un auteur contemporain est précieux ; car cette décla-
ration faite sur le moment avec une terrible franchise,
fut désavouée et supprimée immédiatement après la
séance. On publia même une autre relation de la Saint-
Barthélemy, dans laquelle Charles IX déclinait toute res-
ponsabilité à ce sujet. On trouvait bien cette accusation
dans des écrits et dans des pamphlets protestants, mais
provenant d'adversaires, on pouvait en suspecter la véra*
cité (1). Ici ce n'est pas le cas; le narrateur ne reproche
pas au roi Charles IX le massacre de la Saint-Barthélémy ;
il le considère comme une heureuse exécution, inspirée
par Dieu, pour conjurer les troubles que les hugenots se
préparaient à fomenter en France (2) ; on ne peut donc
admettre qull eût relaté la déclaration du roi au Parle-
ment, si elle n'avait pas été faite effectivement. La suite
(1) On trouve cette déclaration du roi Charles IX au parlement, relatée,
notamment dans un opuscule, attribué par Baillet à Théodore de Béze, ouds
qui serait plutôt de Nicolas Bamaud, et intitulé : Dialogus quo multa expo-
nuniur quœ Lutheranis et Hugonotis Gallis acciderunt. — Oragniœ, AdanuM
de Monte, 1573. pet. in-8*. (Catalog. de la Biblioth. de M. C. Leber. T. H. n* 39S(0-
Une traduction française en a été donnée à Bflle la même année et dans le
même format, sous le titre de : Dialogue des choses adoenues aux Luthérien» ef
Huguenots de France.
(2) Les pièces publiées pour Justifier les massacres de la Salnt-Barthélemj
sont fort nombreuses. L'ouvrage de ce genre le plus important et le plus vio-
lent, est celui d'Arnault Sorbin, intitulé : Le vray rbsveillb-matin des calvi-
nistes ET PLUBLICAINS FRANÇOIS : OU EST AMPLEMENT DISCOURU DE L'aUTORITC
DBS PRINCES ET DES DEVOIRS DES SUIETS ENVERS ICEUX. PuriSf G. ChOUdière,
i576, in-8*. Il répondait au Resoeille-matin des catholiques, attribué à Nie.
Bamaud ou à Théod. de Bèze. Parmi les pièces les plus rares, on peut citer :
BrIÈVB REMONSTRANCE sur la mort de L*ADMIRAL ET SES ADHiRANS. LjfOtt,
Benoist Rigaud, 1572. — C'est un pet, in-8 de dix-neuf feuillets. Audessoui du
BIBLIOGRAPHIE D'UN AMATEUR 489
du récit semble d'ailleurs la confirmer. Le jeudi 4 sep-
tembre le roi fit faire une procession solennelle pour
remercier Dieu de la grâce qu'il lui avait faite, de pré-
venir l'entreprise des Calvinistes. On porta toutes les
reliques de Paris, et entre autres, les châsses de Saint Mar-
ceau et de Sainte Geneviève. Toute la Cour assista à cette
procession, qui alla de la Sainte-Chapelle à Notre-Dame,
où la messe fut célébrée. Le cardinal de Bourbon portait
le Corpus Domini soubs le poésie»
Le dimanche 7 septembre, la princesse de Condé et
son beau-frère le marquis du Contil, en l'église des
Augustins, abjurèrent l'hérésie entre les mains d'un cor-
delier nommé frère Hébert. Le jeudi 48 du même mois,
ce fut le tour du prince de Condé, qui abjura entre les
mains de Monsieur de Saint-Germain, docteur en théolo-
gie, dans l'église Sainte-Germain-des-Prez. La Rozière, ci-
devant ministre de Calvin, fit ce jour-là en présence du
Roy, un discours pour l'approbation de la messe, tiré tant
des Écritures saintes que des docteurs de l'Eglise. Le ven-
dredi 26 enfin, le roy de Navarre et sa sœur Catherine de
Bourbon après avoir été catéchisés pendant plusieurs
jours, abjurèrent en présence du Cardinal de Bourbon
qui leur donna l'absolution dans sa chapelle ; et ce fut
La Rozière qui au cours de la cérémonie et de la messe,
expliqua au roi de Navarre et à sa sœur, les actions du
prêtre officiant.
titre se trouve une Jolie gravure sur bois, aux armes de France, entourées de
la Justice, de la Force, de la Prudence et de la Tempérance. Le texte finit au
recto du dix-huitième feuillet et le dernier ne contient qu'une figure sur bois
ornée de cette sentence : Dum tempos hahemus, operemur bonum. L'auteur
annonce dans un avis imprimé sur le verso du titre, qu'il a voulu prouver
< qu'à bonne et juste occcLsion le roy a fait mourir V Admirai et ses adhérans, »
Cette pièce n'est pas citée dans la Bibliothèque historique du P. Lelong. Une
petite notice lui est consacrée au Bulletin du Bibliophilef année 1860, catalogoe
raisonné, n* 636, page 1575 ; je lui ai emprunté la description de cet opuscnle.
490 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les derniers feuillets sont consacrés à la relation d'une
assemblée de Tordre des chevaliers de Saint-Michel
tenue par le roi, le 29 septembre jour de la fête de ce
saint, dans Téglise Notre-Dame.
Le cueur de ladite église fut préparé pour cest effect, & tapissé
d'vne belle & riche tapisserie des actes des apostres, faitte toute
d*or & de soyc, & les sièges dudit cueur tous couuers de haut en bai
de drap d'or, auec les armoiries des seigneurs qui deuoyent assister
audit ordre. Et arrivât le Roy dâs ledit cueur, fut assis à la main
droitte, soubs vn grand poésie ou daiz de drap d'or....
On y trouve une description des magnifiques orne-
ments de l'église, des splendides costumes du Roy et des
chevaliers, et de l'étiquette qu'ils observèrent en allant
à y offerte. Le roi de Navarre assistait à cette cérémonie.
Cette pièce qui par son intérêt historique serait digne
d'être réimprimée, parait ignorée des bibliographes.
Dans sa Bibliothèque historique, le P. Lelong, sous le
n<> 18124, l'indique seulement, sans l'accompagner d'au-
cune note ; il est probable qu'il n'en a connu que le titre.
LA MÉDAILLE DE LOUIS XIV
Dernièrement, nous avons présenté , aux lecteurs du
Bulletin, un sonnet inconnu, attribué à Boileau, que
nous avions recueilli dans un choix de poésies inédites
rassemblées pour Téducation littéraire de M"« de VemeuU,
fille légitimée de M. le Duc, le successeur du r^eut
Philippe d'Orléans dans le gouvernement de la Rrance.
Ce sonnet suscita d'assez vives polénDÛques, et notre
excellent ami, M. Anatole France, voulut bien y consacrer
tout un de ses remarquables articles de la Vie littéraire.
Aujourd'hui, nous offit>ns à nos confirères en lublio-
graphie et en curiosité une autre pièce également inté-
ressante.
C'est la médaille de Louis XIV, face et reoert. L'éloge
et le blâme y sont tour à tour distribués, et véritable tour
de force, le vers louangeur et le vers vengeur finissent
chacun par la même rime. Cette pièce n'a ni nom
d'auteur, ni même d'attribution. Elle a dû être écrite an
moment des revendications du Régent et du doc de
Saint-Simon contre les princes légitimés.
L'allusion suivante en est la preuve :
< Du pur sang des Bourbons fldre d'albeux mélaqflBt,
Et, pour pousser lliorrenr Jusque rexUéiulK,
N*aimer que les eofuiti de «m iniqidtf. »
492 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Il est à remarquer que les vers de blâme sont très
supérieurs aux vers élogieux, ce qui prouve une fois de
plus qu'il est moins aisé de louer que de critiquer.
L'homme a toujours un vieux levain de révolté ; c'est ce
qui explique le succès de toutes les oppositions.
Boo Double.
MEDAILLE DE LOUIS XIV
FACE
Au milieu des grandeurs, vaincre la vanité,
Etre un parfait miroir de la divinité,
Du seul bruit de son nom renverser les murailles.
Suspendre par la paix le cours de ses batailles,
Mêler à ses travaux d'héroïques plaisirs,
Sur la règle des lois mesurer ses désirs.
Captiver les duels par de justes entraves.
Etouffer les erreurs et les tenir esclaves.
De la seule vertu fidèle partisan
Traverser les desseins de V adroit courtisan,
Même à ses ennemis arracher des louanges.
De fierté, de douceur, faire d'heureux mélanges.
Se tenir toujours loin de toute extrémité.
De ses puissants états bannir V iniquité,
Déconcerter lui seul les plus fins politiques.
Connaître leurs détours et leurs routes obliques,
Être le ferme appui de la religion,
L ennemi du faux zèle et de la passion,
A parer les autels employer la dépense,
LA MÉDAILLE DB LOBIS XHT 108
Attirer par ses vœux le bonheur de la France,
Soulager Vindigent dans sa mendicité.
Des captifs pour la foi payer la liberU,
Établir avec soin les plus sages maximes
Pour sauver V innocence et réprimer les crimes,
Dépeupler chaque jour F empire du démon.
N'aimer que la vertu dedans la Maintenons
Mourir en vrai héros, en chrétien, en m<marqm.
Du trône sans frayeur voir approcher la Parque^
Voilà du grand Louis lés mémorables faits :
Ne mérite-t'il pas nos pleurs et nos regrets 9
REVERS DE LA MÉDAILLE
S^ élever des autels, pousser la vanité
Jusqu'à prendre le nom de la divinité,
Au mépris des traités surprendre les marailles.
Livrer en pleine paix de perfides batailles.
Forcer les éléments à servir ses plaisirs,
Sans respecter les lois suivre tous ses désirs.
Traiter ses ennemis conune de vrais esclaves.
Leur donner sans raison des fers et des entraves.
Être Tunique Dieu du fade courtisan.
Abandonner son peuple au cruel partisan,
Croire que ces beaux faits méritent des louanges.
Du pur sang des Bourbons faire dt affreux mélanges,
Et pour pousser V horreur jusqif à Fextrémité
N'aimer que les enfants de son iniquité,
Avoir pour confesseur de rusés politiques
Qui mènent les esprits par des routes obliques.
496 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
On doit au comte de Blégier-Pierregrosse, ancien biblio-
thécaire, quelques notes sur les imprimeurs avignon-
nais (1), complétées depuis par M. Paul Achard, archi-
viste de Vaucluse (2), par M. le marquis de Monclar,
dans une courte mais curieuse note (3), et par M. Pelle-
chet (4). Le docteur Martial Millet a fait, avec goût, un
tableau instructif des imprimeurs d'Orange (5) ; il est
mort, laissant des notes substantielles destinées à refondre
et à compléter ce premier essai. Marseille n'a rien à envier.
Les découvertes de Tavocat-bibliophile Bory (6), ont
donné satisfaction aux curieux. Des points obscurs tou-
chant la typographie dans la ville de Toulouse, ont été
éclaircis par le docteur Desbarreaux-Bernard, dans une
série d'opuscules travaillés (7).
Sans prétendre égaler la science de cette foule d'érudits,
nous venons combler une lacune, en jetant ici quelques
notes sur la typographie toulonnaise, mal connue, et
entourée d'obscurités dans les ouvrages locaux qui en ont
fait mention. Deux chercheurs obligeants, MM. le docteur
Gustave Lambert, l'historien de Toulon, et Hubert Cour-
rier, nous ont fourni des matériaux puisés dans les
archives communales.
il) Notice sur l'origine de l'Imprimerie d Avignon, Avignon, P. Chaillot,
1840, in-8, 8 p.
(2) Simples notes sur l'introduction de VImprimerie d Avignon, publiées dans
le Bulletin hist. et archéol. de Vaucluse, mai 1879, p. 181.
(S) Pierre Roux, imprimeur d Avignon. Bulletin cité, id., p. 501.
(4) Notes sur les Imprimeurs du Comtat Venaissin, Paris, 1887, in-4.
(5) Notice sur les Imprimeurs d'Orange et les livres sortis de leurs pressée.
Valence, imp. Chenevier, 1877; in-8, 75 p. Tiré à 160 exemplaires.
(6) Les origines de l'Imprimerie d Marseille, Recherches historiques et bibliO'
graphiques. Tiré à 100 exemplaires. Marseille, veuve Mu Olive, 1858 ; in-8,
177 p.
(7) L'Imprimerie à Toulouse, auxxv\ xvx* et jyu* siècles. Toulouse, Chauvin,
1868 ; ln-8, 138 p., 17 pi. Tiré à 100 exemplaires.
L'DIPRIMERIE a TOULON 497
II
Henricy a dit : a II fut établi, par arrêt du conseil
a d'État, du 21 juillet 1704, une seule imprimerie à Tou-
« Ion. Je ne connais aucun acte de son administration
a qui ait concouru à y fixer Fart typographique. Pierre-
a Louis Mallard a été le premier imprimeur à Toulon.
t Ses descendants y ont joui de son établissement jusques
a vers la fin du siècle dernier. » (1).
Les archives, les livres imprimés, nous permettent de
détruire cette affirmation donnée sans peuves. Benoit
Collomb, imprimeur à Lyon, est le premier typographe
toulonnais. Les consuls de la ville fixèrent son établisse-
ment et il dut intervenir un contrat pour en asseoir les
bases : l'imprimeur était alors une sorte de fonctionnaire
municipal qui n'aurait pu gagner sa \ie sans le secours
d'une subvention. Ce contrat n'a pas été découvert. Il ne
serait pas invraisemblable qu'il eût existé des accords
verbaux sanctionnés par la délibération du conseil de
ville, prise le 2 août 1650, et allouant à Collomb 120 livres
en plus des gages ordinaires auxquels la Commune s'était
obligée, a pour entièrement l'indemniser des frais qu'il
a a faits à la voiture pour ses outils, meubles et famille,
a de la ville de Lyon, lieu de son habitation originaire,
a en cette ville. »
La même année, la ville loue à Collomb, le « paroir
à draps », situé à Dardennes, et qui depuis longtemps est
occupé par une fabrique de papier, peut-être créée par
lui pour les besoins de son industrie. Le 24 octobre 1650,
la ville fait payer à Collomb, 75 li\Tes « en à compte de
« ses gages. » Le 11 août 1660, une délibération men-
( 1 ) Textuellement répété par A. Fabre, Histoire de Provence, t. IV, p. 18.
1891 32
496 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
On doit au comte de Blégier-Pierregrosse, ancien biblio-
thécaire, quelques notes sur les imprimeurs avignon-
nais (1), complétées depuis par M. Paul Achard, archi-
viste de Vaucluse (2), par M. le marquis de Monclar,
dans une courte mais curieuse note (3), et par M. Pelle-
chet (4). Le docteur Martial Millet a fait, avec goût, un
tableau instructif des imprimeurs d'Orange (5) ; il est
mort, laissant des notes substantielles destinées à refondre
et à compléter ce premier essai. Marseille n'a rien à envier.
Les découvertes de Tavocat-bibliophile Bory (6), ont
donné satisfaction aux curieux. Des points obscurs tou-
chant la typographie dans la ville de Toulouse, ont été
éclaircis par le docteur Desbarreaux-Bernard, dans une
série d'opuscules travaillés (7).
Sans prétendre égaler la science de cette foule d'érudits,
nous venons combler une lacune, en jetant ici quelques
notes sur la typographie toulonnaise, mal connue, et
entourée d'obscurités dans les ouvrages locaux qui en ont
fait mention. Deux chercheurs obligeants, MM. le docteur
Gustave Lambert, l'historien de Toulon, et Hubert Cour-
rier, nous ont fourni des matériaux puisés dans les
archives communales.
(1) Notice sur Vorigine de l'Imprimerie d Avignon, Avignon, P. Chaillot,
1840, in-8, 8 p.
(2) Simples notes sur Vintroduction de V Imprimerie d Avignon, publiées dans
le Bulletin hist. et archéol. de Vaucluse, mai 1879, p. 181.
(S) Pierre Roux, imprimeur d Avignon,. Bulletin cité, id., p. 501.
(4) Notes sur les Imprimeurs du Comtat Venaissin, Paris, 1887, in-4.
(5) Notice sur les Imprimeurs df Orange et les livres sortis de leurs presses.
Valence, imp. Chenevier, 1877; in-8, 75 p. Tiré à 160 exemplaires.
(6) Les origines de VImprimerie d Marseille, Recherches historiques et bibliO'
graphiques. Tiré à 100 exemplaires. Marseille, veuve Mu Olive, 1858 ; in-8,
177 p.
(7) L'Imprimerie d Toulouse, auxxv\ xvx* et xva* siècles. Toulouse, Chauvin,
1868 ; in-8, 138 p., 17 pi. Tiré à 100 exemplaires.
l'imprimerie a TOULON 497
II
Henricy a dit : oc II fut établi, par arrêt du conseil
et d'État, du 21 juillet 1704, une seule imprimerie à Tou-
a Ion. Je ne connais aucun acte de son administration
« qui ait concouru à y fixer Fart typographique. Pierre-
« Louis Mallard a été le premier imprimeur à Toulon.
« Ses descendants y ont joui de son établissement jusques
« vers la fin du siècle dernier. » (1).
Les archives, les livres imprimés, nous permettent de
détruire cette affirmation donnée sans peuves. Benoît
CoUomb, imprimeur à Lyon, est le premier typographe
toulonnais. Les consuls de la ville fixèrent son établisse-
ment et il dut intervenir un contrat pour en asseoir les
bases : l'imprimeur était alors une sorte de fonctionnaire
municipal qui n'aurait pu gagner sa vie sans le secours
d'une subvention. Ce contrat n'a pas été découvert. Il ne
serait pas invraisemblable qu'il eût existé des accords
verbaux sanctionnés par la délibération du conseil de
ville, prise le 2 août 1650, et allouant à CoUomb 120 livres
en plus des gages ordinaires auxquels la Commune s'était
obligée, « pour entièrement l'indemniser des frais qu'il
<K a faits à la voiture pour ses outils, meubles et famille,
« de la ville de Lyon, [lieu de son. habitation originaire,
a en cette ville. »
La même année, la ville loue à CoUomb, le a paroir
à draps », situé à Dardennes, et qui depuis longtemps est
occupé par une fabrique de papier, peut-être créée par
lui pour les besoins de son industrie. Le 24 octobre 1650,
la ville fait payer à CoUomb, 75 livres « en à compte de
« ses gages, b Le 11 août 1660, une délibération men-
(1) Textuellement répété par A. Fabrje, Histoire de Provence, t. IV, p. 18.
1891 32
498 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
tionne : a II sera donné à Benoit Collomb, imprimeur,
(( 75 livres de salaires par an, ainsi que son logement et
(c sa boutique. » A partir de cette date, nous perdons la
trace de cet imprimeur, remplacé sans doute par un suc-
cesseur.
Les premiers produits sortis des presses de CoUomb
sont des raretés bibliographiques à peu près inconnues,
la plupart, des documents officiels utiles à consulter.
Nous connaissons les suivants :
Le Bon-heur dv diocèse de Tholon en V érection de la
Confrérie dite des Agonizans sous la protection de S.
loseph, qui a esté le premier de tous assisté de lesvs et
de Marie au temps de son agonie, A Tholon, de Vim-
primerie de Benoist Collomb, M, DC. L. ; in-12, 142 p.
L'auteur a signé : a Garnier, théologal. » Ce doit être
François Garnier, chanoine théologal, appartenant à une
vieille famille toulonnaise, qui a donné des prêtres, des
magistrats et des avocats distingués.
Déclaration dv Roy pour l'innocence de Messieurs les
Princes de Condé, de Contg, et duc de Longveville auec
restàblissement de toutes leurs charges et govvernemens.
Vérifié au Parlement de Paris le 28 feurier 1651. A Tho-
loUy chez Benoist Collomb, demeurant av Palais, M.DC. LL
Jouxte la copie imprimée à Paris ; in-4, 10 p.
La Resiouissance extraordinaire de la ville de Tholon
pour la deliurance de Messieurs les Princes et la reunion
de la Maison Royale. M. DC. LL; in-4, 22 p. sans le nom
de l'imprimeur.
La ville de Toulon détestait Mazarin. Elle s'engagea
avec ardeur dans le parti des Princes. Leur délivrance
fut l'objet d'une fête enthousiaste, qui dura du 27 février
au 6 mars 1651. Les habitants portaient les couleurs des
Princes, bleu et jaune; les femmes, armées c d'espée,
« mousquets, fuzils, pistolets, » criaient : « Vive le Roy,
oc et les Princes et nostre bon gouverneur, » le comte
L'DfPRIMEaElIE A TOULON 480
d'Alais. On banqaetait en plein vent : les riies étaient
encombrées de idoles. La joie se manifestait d'une Suçon
bruyante ; on brisait les verres et les bouteilles. Dès le
3 mars, il était constaté qu'il manquait dans la ville les
verres et les bouteilles nécessaires pour le service du
diner que la municipalité allait oflBrir aux notables, à
l'armée et à la marine. Les consuls c donnèrent ordre
c aux principaux nobles verriers de la ville, de tenir
c particulièrement prestes pour leur festin, deux cent»
c douzaines de verres et soixante douzaines de bouteilles
c d'un pot la pièce, qui est deux pintes de Paris. »
Le diner municipal fut gigantesque. On tira cent trente
coups de canon, c Les premier et second consuls estant
c demeurés dans Tbostel de ville, le troisiesme, avec
c tout le reste des festoyés, firent en dansant le tour de la
c ville. » Un fiait curieux à signaler est la réunion d'une
même fiamille, les de Pomet, composée de trds cents
membres, c tous portant armes, » et groupés autour
d'une table dressée sur la place Saint-Jean, buvant à U
santé du roi (1).
Arrest de la Cour de Parlement Umtee les Chambrée
assemblées portant que le Cardinal Maxarin, ses paren»
et domestiques estrangers uaideront le Rogaume de Fhmeep*
autrement permis aux Communes et antres de courir sus;
auec autres ordres pour cet effet. A ITiolon, chez Besndsl
Collomb, demeurant au Palais, jouxte la copie ioqm-
mée à Paris, M. DC. LL; in-4, 8 p.
Cette pièce fut imprimée dans le but de manifester la
haine des Toulonnais pour le cardinal Ifaarin. La ville
payait à Colomb six livres pour les fraisde rimj^Msioii ^;-
(1 ) Voy. l'excellente étnde du D* Laiobit, Ub Omm/U et Tutàam^
danU militaira, Tookm, Laurant, 187S, in-8.
(2)I>élibératkMida
SOO BULLETIN DU BIBUOPHILE
Le Purgatoire ouvert ov la Saincte Dévotion establie soas
le titre de Nostre Dame du Suffrage dans VEglise des
RR. PP. Minimes de la ville de Tholon, pour le soulage-
ment des amas détenues dans les flammes du Purgatoire,
Par le R, P. François loachim PaveZy minime. A Tholon,
chez Benoist Collomb, imprimeur de la ville, M. DC. LI. ;
in-12, 200 p.
L'auteur naquit à Toulon, en 1620, et mourut à Mar-
seille, en 1701.
Paraphrase svr les Pseavmes penitentiavx et svr les
Lamentations de leremie. Par Lavis Imberty docteur en
Médecine, A Tholon, chez Benoist Collomb, demeurant
au Palais, M. DC, LL Auec approbation; in-4, 190 p.
Tholon aux Pieds dv Roy, 1652 ; in-4, 57 p., sans nom
d'imprimeur.
Toulon se justifie d'avoir suivi le parti du comte d'Âlais.
Lettre de Messievrs les Consvls de Tholon à Messieurs
les Procvrevrs du pais et députez des Communautez de
r Assemblée générale de la Provence convoquée à Aix (1).
— Protestation faicte par Messievrs les députez de la ville
de Tholon à Messievrs les députez de V Assemblée générale,
— Articles accordez à la ville de Tholon par Monseigneur
le dvc de Mercœvr Pair de France, commandant pour le
Roy en Prouence, 3 pièces, in-4, imprimées par Col-
lomb (2).
Intéressants documents sur les troubles de la Fronde.
La ville avait refusé la sortie du port aux vaisseaux char-
gés d'aller en Catalogne. Elle fut la seule de la province
à ne pas rendre ses devoirs au nouveau gouverneur de la
Provence, le duc de Mercœur. Les articles mirent fin au
différend. Ils furent signés à Ollioules, le 13 sep-
tembre 1652, par le Gouverneur, a Louis de Vandosme, »
(1) Tirée à 400 exemplaires.
(2) Délibérations communales des 8 juillet et 90 septembre 1652.
L'OCPRIMERIK A TOVtMlf 801
et par les députés de Toulon : Jacques de Guers, Jacques
Garelly, P. Cordeil, Rodeillat et DehieU. La irille de Tou-
lon était maintenue dans ses pri^^es et dans ses liber-
tés, et une amnistie générale était accordée aux habitants.
La vie de Saincie Dcmftdne Vierge epome de Samct
Elzear Gentilhomme prouençal, sa naissance et du bat'
heur de son éducation. A Thohm, par Benoist Collosnb,
demeurant à la Maison de Ville, M. DC. LVL ; in-4, 90 pé
Résumé ou extrait de la vie et des Eminentes vertus de
S. Elzear de Sabran et de la bicn-heareme comtesse Dath
phine, par le père Etienne Binet, jésuite de Dijon (1). Un
exemplaire a atteint le prix de 100 francs au feu des
enchères bibliographiques.
Le tableau de la vie dévote commencée^ avancée et ooii*>
sommée, représenté en la vie et meurt du vénérable serui^
teur de Diev le Fr. lacqves Martinot, de Tordre de»
Minimes. Par le R. P. Antoine Morel, religieux du mesme
ordre. A Tholon, par Benoist Collomb. bnp. M. DC. LUL ;
in-4, avec portrait gravé. r
L'auteur était aixois et son confrèife avait vu lé jour
aux environs, à Velaux.
m
Le remplacement de Collomb par son successeur
Qaude Du Tour, n'a laissé dans les archives communabi
aucune trace de nature à en fidre connaître le motiCi
Une délibération du 16 octobre IflSO, porte : c Le sleiir
c du Tour sera rétabli dans ses fonctions dlmprimenr
c de la Communauté, aux ga^ de 180 livres par an; i
une autre, datée du 10 mars 1670, le nomme c imjpil-
(1 ) Paris, Séb. Chappelet, 1825 ; in-U^ 4»p., poctr.
- «
502 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
c meur de la Communauté aux gages de 100 livres l'an
€ née; t> une troisième enfin, du 26 juin 1676, décide
a que les gages de 100 livres par an accordés au sieur du
t Tour, imprimeur, sont supprimés. »
Il y a là un mystère difficile à pénétrer. Il a dû exister
un second atelier typographique, ou le seul créé par
CoUomb, géré un moment par Du Tour, peut-être repris
par le premier ou par un inconnu, et abandonné ensuite
à Du Tour, lequel imprimait en 1688, dans le local de la
tour de Thorloge à Tarsenal, et pour le compte de la
marine.
Rien n'indique d'où venait Du Tour. Les produits de
ses presses offrent beaucoup plus d'intérêt que ceux de
Collomb. Nous citerons :
Relation de ce qui s* est passé à Tolon à la belle et somp^
tueuse Cérémonie de la Feste de S. François de Sales, le
28 Janvier 1667, par messire Jacques Borne, prestre. A
Tolon, chez Claude Dv Tour, libraire et imprimeur ordi-
naire de la ville. M, DC, LXVIL ; in-4.
Les Pseavmes de don Antoine Roy de Portugal, de la
paraphrase du R, P. honoraire Flameng^ docteur en theo^
logie, de Vordre des Frères Prescheurs de Tolon, prescmtés
a Messieurs les Consuls de ladite uille, A Tolon, par
Claude Du Tour, imprimeur du Roy et de la Ville,
M. DC, LXXIL ; in-12, 163 p.
Ce religieux naquit à Toulon ; sa famille y est encore
honorablement représentée.
r
Le Petit Chien de VEuangile abboyant contre les Erreurs
de Luter et Caluin, dédié a Monsieur Nicolas Arnoul, con^
seiller du Roy en ses conseils, intendant gênerai de la
iustice police et finance de la marine ez mers du Leuant,
Par les Religieux de Notre Dame de la Merci Rédemption
des Captifs au conuent de Tolon, A Tolon, par Claude Du
Tour, imprimeur du Roy et de la uille, M. DC. LXXIII,
auec approbation ; in-12, 145 p., 3 ff.
l'imprimerie a TOULON 503
Petit livre curieux, vendu 40 francs en 1847. Il a eu
une seconde édition, à Marseille, de rimprimerie de
Charles Brébion, 1675 ; in-8, 184 p. , vendue 22 francs,
Libri, 1857, n^ 217.
Le clergé confia à Du Tour Timpression de ses livres,
à partir de 1674, ce qui est prouvé par une Ordonnance
de Monseigneur iEuesquede Tolon (1) portant Règlement
de quelques points de doctrine sur les matières de la Grâce
et autres dans son diocèse, au bas de laquelle du Tour
prend le titre d'imprimeur du clergé.
Remonslrances av Roy, Sire, La sublimité de votre
Esprit,.,. 1677; in-4, 4 p. sans nom d'imprimeur (2).
L'administration de la guerre avait emmagasiné une
trop grande quantité de poudre dans la ville. Les consuls
portent plainte et offrent l'emplacement pour construire
une poudrière hors la \âlle.
Panégyrique de saint Dominique^ par le P, Damasse,
de Grasse. A Tolon, chez Claude Dv Tour, imprimeur
ordinaire du Roy et de Ms^ VEvesquey 1678, in-4 (3). Cet
opuscule doit avoir quelque rapport avec la réunion du
chapitre des dominicains qui eut lieu à Toulon , le
17 février 1679 et en faveur duquel la ville vota 400 livres
pour subvenir à la dépense.
Du Tour fit sortir de ses presses plusieurs pièces cu-
rieuses, marquant le début du jansénisme en Provence.
Jean de Vintimille, des comtes de Marseille et du Luc,
évèque de Toulon, se prit de querelle avec l'évêque de
Saint-Pons, au sujet du Rituel de l'évêque d'Alet, M. du
Pavillon. D'avril à septembre 1678, furent publiées, sous
le format in-4 : Lettre dun théologien a un (uny et la
( 1 ) Louis de Forbin-d'Oppède.
( 2 ) Tiré à 100 exemplaires, payés 6 livres à Du Tour. Arch. comm. Comptab.
ce. 609.
(3) Cité par Bory, orig. de VImprim. d MartetUe^
504 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
constitution du Pape Clément IX contre le Rituel (FAleL
— Réponse de Monseigneur VEuesque de Tolon a Monsei'
gneur VEvesque de Saint-Pons. — Seconde lettre dtun
théologien a un amy contenant des observations sur la
seconde lettre de M, de Saint-Pont, écrite a M. de Tolon
au sujet du Rituel d*Alet, Dans la Réponse de M. VEvesque
de Saint-Pons a M, VEvesque de Tolon, escrite le
19 aoust 1678, on lit ce curieux passage :
oc Le style de la dispute dispense de cette politesse
c[ dont les gens de cour font tant de cas, et donne des
<( libertés qui passeroient pour malhonnêtes dans lecom-
€ merce ordinaire du monde. Je vous conjure d'examiner
c le style des Pères dans leurs œuvres polémiques. Vous
« trouverez que les disputes entre saint Etienne et
« saint Cyprien ; celle de saint Chrysostôme et de
c saint Épiphane ; celle de saint Augustin et de saint
« Hierôme, et ce que saint Bernard écrit aux Papes
« même, ne sont pas d*un style qui endorme le lecteur ;
a qu'au contraire il le réveille par le sel et le vinaigre
a dont il semble que leur plume soit trempée. »
Le titre seul imprimé d'un registre des comptes tréso-
raires de la commune de Toulon (1) indique que le
24 juin 1681, Du Tour était- a imprimeur du Roy, da
a clergé, de la ville et de la marine, à la rue des Beauz-
a Esprits. j> En 1687, un logement pour l'imprimeiir
dans l'hôtel-de- ville, est installé par le Conseil com-
munal (2).
Recueil des Antiquités cvrievses de Tovlon, DediéaMonsei^
gneur Lovis de Girardin de Vavvré, intendant de la Ma^
rine, A Tovlon de Vimprimerie Royalle par Clavde Dv
Tour, imprimeur dv Roy, M. DC, LXXXVIII. ; in-18.
(1) Livre de la Trésorerie gérée par M. Louis Tournibr.
(2) Arch. comnu Comptab. CC, 610.
L'mPRDIEIlIB ▲ TOULON 906
Un des plus rares livres de la Mbliograplde. toatooK
naise (1). Il n'a guère de vàleia an point de vue hlih
torique. L'auteur divague dans des récifs purement IGm-
taisistes. D'après lui, la fondation de Toulon remonte à
Tan 1642 avant Jésus-Christ, par l'établissement dm
Camatuliens ou Temiens ; la ville fut brûlée et réédifiée
quatorze fois avant le christianisme et une dizaine de
fois depuis jusqu'au xni« siècle. Ce livre n*est que la
traduction de Las Causas antiqaas de Fantiqna Cieaiai
de Tollon, manuscrit inventé par Honoré Aycard, écoyer,
premier consul, viguier et conseiller de ville, et Fnn <k8
correspondants de Peiresc, et conservé dans les archivea
communales.
IV
Michel Mallard, exerçait Tart de l'imprimerie à AvI*
gnon, de 1670 à 1688. François Mallard y imprimait de
1710 à 1748. Jean- Antoine Mallard était fixé à Marsdile
(1720-1722). Pierre-Louis Mallârd, succesBeor dje Do
Tour, devait être un fils de llficUel et un fière de Fran-
çois. D débuta à Tbulon, non en J^TOi, . maia en 1689, et
depuis, jusqu'en 1793, l'imprimerie tôofonnaise irasl^ dins
sa fimiille et fut gérée successivement par ses descendants
directs.
Sa veuve, c imprimeur et papetier, » eut ponrsooces-
seurs : Louis Mallard, leur fils, Jean-Antoine IfaUard, la
veuve de ce dernier, Jean-Louis Mallard, sa venvè, Jean
Baptiste-Henry Mallard, lequel fut reçn à Tôfflee dlna-
pecteur et contrôleur des imprimeurs, lifandres et le-
I
(1) Un exemplaire est à la
archives de Toulon.
«
,f-
I
•»> *
506 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
lieurs, créé pour Toulon suivant un édit du roi, daté du
mois de février 1745. Un sieur Joseph Surre demandait
l'autorisation de vendre des livres ; Mallard protesta dans
un mémoire sorti de ses presses et un arrêt du conseil
privé du roi rejeta la demande de Surre (1764). Il n*est
pas indifïërent de mentionner ici qu'une ordonnance
rendue par les Maire et Consuls de Toulon (1772) défen-
dait a à tous colporteurs, porte-balles, de vendre ni de
a débiter dans la ville et terroir aucun livre de quelque
c nature qu'il soit, sous peine de 500 livres d'amende. »
Jean-Louis-Raymond Mallard, le dernier, député du
tiers-état de la Communauté de Toulon aux États pro-
vençaux de 1789, était un homme de valeur ; il avait une
grande influence au conseil communal. Débordé par un
parti plus accentué, il abandonnait son imprimerie (1793)
et allait se réfugier sur un vaisseau anglais.
Nous citerons quelques-uns des livres, produits des
presses de la dynastie des Mallard.
Traité de Paix entre VEmpereur de France et le Gou-
vernement de la ville et du Royaume d* Alger, A Toulon,
chez Pierre-Louis Mallard, imprimeur du Roy, 1689; in-4.
et L'an 1689 et le 19 septembre, le très-chrétien, trèa-
« puissant et très-invincible prince Louis XIV, par la
et grâce de Dieu, Empereur de France et Roy de Navarre,
€ et les très - illustres et très - magnifiques seigneurs
c Hussein-Pacha, dey, divan et milice de la ville et
« royaume d'Alger, il aurait été résolu de rétablir et
a même de conserver et maintenir à l'avenir une bonne
« paix.... (1) »
Les Epitres et Evangiles avec les Oraisons de V Eglise qui
se disent à la sainte messe, pendant toute Vannée. Traduc-
tion nouvelle par le sieur de Bonnevald, prêtre. Dernière
(1) Inventaire des archives hist. de la Chambre de Commêreê de IfaraefIZe.
Marseille, 1878 ; in-4, p. 78.
l'imprimerie a TOULON 507
édition revue, corrigée et augmentée de nouveau des Prières
de la Messe. A Toulon, chez la veuve de Pierre-Louis
Mallard, imprimeur du Roy, 1708; in-12.
Argument de tout ce qui sera représenté dans la Proces-
sion de la Feste-Dieu ou du corps de Jésus-Christ que
Von faira dans la ville de Toulon, sous la direction des
Pères Minimes, par ordre de Monseigneur iEvéque, le
16 juin 1718. A Toulon, chez la veuve de Pierre-Louis
Mallard, imprimeur du Roy, de Monseigneur VEvéque, et
de la ville, à la place Saint-Pierre, 1718 ; in-12.
On y donne Tordre et la marche des cortèges, la descrip-
tion des figures de l'Ancien et du Nouveau Testament,
qui furent représentées dans celte cérémonie, les chants
notés sur les airs du temps, tels que : Ton humeur, ma
Catherine ou la Musette dAjax.
L Adoration perpétuelle du Très Saint Sacrement établie
dans la Cathédrale de Toulon, le 19 novembre 1726, par
Monseigneur Louis-Pierre de La Tour Du Pin de Montau-
ban, abbé des Abbayes dAnianCy de Saint-Guillaume des
Déserts, conseiller du Roy en tous ses conseils, Evésque de
Toulon. A Toulon, chez Louis Mallard, imprimeur, place
Saint-Pierre, 1726 ; in-12, 96 p.
M. Teissier indique (l)un imprimé sorti des presses
de Louis Mallard, en 1727, donnant le traité intervenu
entre le représentant de la France et le bey de Tunis, et
dans lequel ce dernier s'engageait à sévir contre les cor-
saires. Cette pièce est introuvable, tous les exemplaires
mis en circulation ayant été saisis et brûlés. L'imprimeur,
menacé d'être poursuivi, obtint les faveurs du Ministre,
grâce à Tintervention des Consuls.
Cayer des titres de la Lieutenance de Roy de la ville de
Toulon. Extraicts des Archives de la Communauté, A
( 1 ) Les Rues de Toulon, p. 18.
SOS BULLETIN DU BIBUOPIÙLE
Toulon, chez Jean Antoine Mallard, 1733 ; in-4, de 46,
10 et 9 p.
Rituel du diocèse de Toulon, par Afr*" Louis-Albert Jolg
de Choin, Évèque. A Toulon, chez Jean-Louis Mallard,
imprimeur-libraire, 1749 ; 2 vol. în-4.
Cantiques spirituels en français et en langue vulgaire,
à Vusage des Missions des RR. PP. capucins de Provence.
A Toulon, chez la veuve de Jean-Louis Mallard, 1763 ;
in-12, 95 p.
Par le chanoine dlsnard, de Salon.
La Christiade, ou le Saint Évangile de Jésus-Christ,
par M,... de V Académie des Arcades, A Toulon, chez J.
L. R. Mallard, 1786; in-8, xvi-230 p.
Les Rudimens de la Langue latine avec des Règles pour
apprendre facilement et en peu de temps à lire, décliner et
conjuguer, pour r utilité et soulagement des maîtres et des
enfans. Par F. Bistac. A Toulon, chez J. L, R. Mallard,
1788 ; in-12, 208 p.
Edition non citée d'un ouvrage, alors très répandu,
du grammairien François Bistac, de Langres.
En 1791, Mallard prenait le titre d'imprimeur du
département du Var. On remarque sur les pièces oflBi-
cielles sorties de son atelier différents bois grossièrement
faits, dont l'un semble représenter la vue du port de
Toulon. Il fut le dernier imprimeur privilégié : la révolu-
tion venait de proclamer la liberté de l'imprimerie.
Raymond Mallard fut remplacé par Aurel dans des
circonstances qui offrent un intéressant document à
l'histoire générale. Toulon était au pouvoir des Anglais
(1793) et l'imprimeur privilégié avait abandonné
l'imprimerie a TOULON 509
presses. Un nouvel atelier fonctionnait dans la ville,
sous les ordres de Tautorité locale rebelle à la Conven-
tion. Il était dirigé par Surre fils, lequel prenait le titre
d* a imprimeur du Roi et du Tribunal-Populaire-Martial
« de Toulon », sur une pièce datée « du vingt-sept sep-
<t tembre mil sept cent quatre-vingt-treize, Tan premier
« du règne de Louis XVII (1). » Ce tribunal rendait la
justice au nom du Roi. On lit en tète de ses sentences :
« Louis, par la grâce de Dieu, et par la Loi constitution-
<t i\elle de TÉtat, Roi des François, à tous présens et à
a venir ; salut. »
L'armée révolutionnaire campée aux environs de Tou-
lon, était suivie d'une imprimerie de campagne, confiée
aux soins de Marie-Auguste Aurel, imprimeur venu de
Valence et dont le plus important produit d'alors est le
Mémoire sur la prise de Toulon adressé au président de la
Convention nationale, par Dugommier, général en chef de
V armée d Italie et chargé du siège de Toulon. Au quartier
général^ 8 nivôse, an II de la République, à Ollioules, chez
Afarc-Aure/ (sic), imprimeur de V armée; in-4.
Cette imprimerie de l'armée était une création de
Bonaparte, lieutenant d'artillerie. M. Courrier a eu le
mérite de la signaler d'après des documents inédits (2).
Une imprimerie et un cabinet de lectures, étaient gérés
à Valence par le père d' Aurel. Un jeune sous-lieutenant
d'artillerie tenait garnison dans cette ville dès le début
de Tannée 1793 ; il était très bien reçu dans la maison
Aurel. Envoyé avec trente artilleurs pour l'escorte d'un
convoi de poudres destiné à Toulon, Bonaparte et ses
hommes a furent arrêtés à Avignon par l'armée départe-
il) Jugement du Tribunal populaire Martial de Toulon, qui condamne, d Ut
peine de mort, les nommés Joseph Bonnaud, Pierre Sénés et Joseph Buttet,
atteints ci convaincus d'assassinat ; placard, in-fol. à 3 colon.
(2) Le Xoiwelliste du Midi, Toulon, 11 août 1882.
510 BULLETIN DU BIBUOPHU£
mentale des Bouches-du-Rhône, qui s'était portée, sous
les ordres du tailleur Morellet, de Marseille, jusques à
A\îgnon pour se joindre aux contingents anti-révolution-
naires des Alpes et de la vallée du Rhône Cette cohue
manquait absolument de chefs capables, et surtout
d'unité dans la direction et le commandement. C'est
alors que les chefs songèrent à oiMr le commandement
en chef au jeune lieutenant d'artillerie retenu dans Avi-
gnon et logé chez un négociant de cette ville, partisan
très avéré de la royauté. En causant le soir, après les
affaires, avec l'officier d'artillerie, son hôte avait vite
reconnu que c'était là un sujet hors de pair, dont les
sentiments, au surplus, étaient encore, au point de vue
politique, flottants, indécis, mais dont l'extraction nobi-
liaire, il s'appelait M. de Buonaparte, l'attirait vers la
légitimité. Il l'avait proposé lui-même et il le présenta
aux chefs dans un grand dîner donné à cette intention.
Des pourparlers sérieux eurent lieu pendant quelques
jours, et, finalement. Napoléon, qui s'était rendu compte
du peu de cohésion de toutes ces forces, refusa et songea
sérieusement à fuir d'Avignon, dont le séjour pouvait
lui être dangereux à la suite des propositions qui lui
avaient été faites et de son refus.
« Bonaparte ayant réussi à sortir d'Avignon, grâce au
concours de son hôte qui l'accompagna lui-même, à
cheval, jusques au Pontet, se dirigea vers Valence où il
reçut le commandement en sous-ordre du parc d'artillerie
de siège dans le corps d'armée de Cartaux, en voie de
formation, pour opérer contre les forces royalistes du
midi. Bonaparte proposa alors au fils de M. Aurel, à
Marie- Auguste Aurel, de quelques années plus jeune que
lui, avec lequel il s'était fort lié, de suivre l'armée à la
tête d'une imprimerie de campagne ; et, comme de ce
temps il était d'usage de transformer ses prénoms ou
de s'en affubler de nouveaux, le Marie-Auguste Aurel
L'mPRIMEIUE A TOULON Sll
de Valence, devint le Marc-Aurel de rimprimerie de Tar-
mée, des sans-culottes et de la Montagne, an siège de
Toulon, dans lequel il entra pour remplacer, à la place
Saint-Pierre, le dernier des Mallard. >
Les opuscules produits par cette imprimerie révolution-
naire sont des documents qui appartiennent à l'histoire^
des écrits curieux où sont burinées, en traits de feu,
l'énergie de nos pères et leur foi profonde à la cause de
la liberté pour laquelle ils s'inmiolèrent. Nous en citerons
un, à titre de spécimen de la violence des partis :
LIBERTÉ, ÉGALITÉ.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
La Commission Municipale
A ses Concitoyens.
CrroYENS;
Des esclaves, vos ennemis, ceux de régallté et de la liberté,
de la raison et de la justice ; terrassés de tonte part, perdant
tout espoir de résister à des Républicains et à Ténergle de
leurs vertus, ne trouvant plus d'antres moyens que ceux de
la bassesse et de la Iftcbeté, fondent leur dernière ressource
sur des bruits aussi perfides qu'adroitement semés, et contre
lesquels il est de notre devoir de prémunir ceux d'entre vous
que leur franchisse expose k être les dupes de cette nouvelle
espèce de brigandage. Ils caressent les passions les ph» vio-
lentes et les plus brutales ; les scélérats ! Ils dherehent, d*an
côté, à rallumer les brandons du fanatisme, à apitoyer les
hommes simples sur le sort de ces monstrueux ^olstes, qui
ne se servoient du nom de la Divinité, que pour eacher et
satisfaire à loisir tous les vices qu'enfantent les rfchewes,
Foisiveté et Timpunité, et dont la raison, armée dn liambepo
de la philosophie, vient de vous faire Justice ; Us répandent
que les fêtes de leur culte imposteur vont être renonvdlées ;
le jour du repos des Républicains supprimés ; de l'antre, ils
flattent les passions les plus brutales, l'avariée, la licence ;
512 BULLETIN DU BIBUOPHILE
ils allarment la pudeur, discréditent la monnoie nationale,
excitent votre mécontentement en supposant des lois con-
traires à cette Liberté décente, qui, en écartant le luxe scan-
daleux, entretient la propreté du corps et la régularité de
ses formes, effets des bonnes mœnrs, le tout dans le perfide
espoir de faire naître de ces menées scélérates des partisans
aveugles, dont l'insurrection désorganisatrice favoriseroit
leur projet infernal, celui de vous ramener à l'esclavage par
vos propres erreurs.
Éloignez donc de vous ces pestes publiques, fermez vos
âmes simples et crédules à leurs insinuations perfides ; et
lorsque, aux traits hideux que nous venons de vous marquer^
vous les reconnoîtrcz, accourez les dénoncer aux autorités
constituées qui veillent sans cesse autour de vous, et pour
lesquelles le salut du Peuple est la suprême loi.
Fait et arrêté en la Maison Commune, le 28 Germinal, de
l'an 2 de la République Française, une, indivisible et démo-
cratique.
Les Membres de la Commission municipale,
Signé : Le général Bizanet, Giraudy, agent national ;
De>ioluns, Beausset, Lautard, Tournier, et
MoNNiER. Félix Aune, secrétaire-greffier.
Au Port (le la Montogae, de Hmprimerie de rArmée.
L'imprimerie toulonnaise prospéra sous le premier
des Aurel, mort en 1844, conseiller municipal, chevalier
de la Légion d'honneur. Eugène Aurel, son fils, la trans-
forma et en fit l'un des principaux ateliers typogra-
phiques de la Provence. Il était artiste et lettré.
Le successeur en ligne directe du premier typographe
de Toulon est aujourd'hui M. Isnard, fils d'un impri^
mcur, et l'heureux continuateur des produits luxueux
sortis des presses des Aurel.
LES FAUSSAIRES DE LIVRES
Après les fausses momies égyptiennes, les fausses anti-
quités lacustres ou préhistoriques, voici une nouvelle
fraude visant spécialement les bibliophiles, que nous
dénonçons urbi et orbi.
Depuis quelque temps on voit circuler dans le com-
merce et Ton trouve dans les collections particulières
des reliures de provenances illustres, aux armoiries de
rois, de reines, de princes, de personnages célèbres.
La plupart de ces reliures sont falsifiées par des procédés
que nous allons dévoiler successivement. Nous tracerons
en même temps un historique des falsifications du genre
qui ne sera pas sans intérêt et édifiera le bon public
sur les manœuvres employées par les truqueurs de tout
temps.
Autrefois on ne connaissait que le remboitage, opéra-
tion qui consistait à détacher une reliure intéressante
d'un livre sans valeur intrinsèque, et à l'adapter à un
livre rare de même format. Cette substitution réussissait
plus ou moins et laissait toujours des traces faciles à
découvrir. C'est depuis une trentaine d'années environ
qu'une falsification plus artistique des reliures de prix a
été tentée par des industriels malhonnêtes»
1891 SS
514 BULLETIN DU BIBUOPHILE
Certain relieur établi à Londres, très habile dans l'art
de restaurer les reliures anciennes, employé jadis par le
fomeuxLibri, eut le premier l'audace de fabriquer de
toutes pièces des reliures du xvi^» siècle, qu'il signait tour-
à-tour des noms de Grolier, de Maioli ou d'autres noms
non moins illustres au gré de complices aussi indélicats
que lui. On cite notamment un recueil de Motets, à la
reliure de Diane de Poitiers comme un des chefs-d'œuvre
de ce maître-faussaire. Un peu plus tard, un manuscrit
à la reliure de Charles-Quint fut vendu en France à un
financier et après la mort de ce dernier acheté par M.
Quentin-Bauchard, qui ne s'aperçut que quelques jours
après et par un pur effet du hasard de la fraude.
Un trafiqueur de livres dans une petite ville d'Angle-
terre, quis'intitulaiten même temps professeur de langues,
désirant réaliser son stock de livres, en rédigea lui-même
le catalogue et amena sa marchandise à Paris pour en
faire faire la vente aux enchères. Ce catalogue, véritable
monument de pufiGisme, de mauvaise foi et d'ignorance,
contenait bon nombre de reliures suspectes ou avec de
fausses attributions. L'opinion publique s'en émut. Un
journal satirique oc Le Fouet d flagella comme il le méri-
tait, l'effronté truqueur. Celui-ci, mal inspiré, assigna le
rédacteur en diffamation. Le tribunal acquitta ce dernier
par les considérants les plus honorables, jugeant qu'on
ne saurait trop mettre le public en garde contre de
pareilles tentatives d'escroquerie. Le négociant en faux,
piqué au vif, estimant qu'on était trop clairvoyant en
France et que les spéculateurs de son acabit ne seraient
pas encouragés, ne tarda pas à quitter un pays aussi peu
hospitalier selon lui et transporta ses pénates et ses belles
choses sous le ciel bleu de l'ItaUe.
On avait reproché au personnage en question son
ignorance des dates. Les armoiries qui se trouvaient sur
les reliures qu'il offrait en vente ne concordaient point
LES FAUSSAIRES DE LIVRES 515
avec la chronologie historique. On voyait dans sa collec-
tion des volumes ayant appartenu à Henri IV, à Louis XIII
et à d'autres princes, plusieurs années après leur mort.
Cette critique, qui fournissait un argument topique et
sans réplique, ne fut pas perdue pour tout le monde>
Les faussaires en prirent bonne note et en firent leur
profit, ayant soin de ne plus commettre la même faute.
Ceci se passait en 1868.
Entre temps, le faussaire de Londres, à la suite de
quelques difficultés, avait quitté FAngleterre et était
venu s'installer dans une villa des environs de Paris.
Tout en venant offrir aux amateurs et aux libraires ses
talents pour la réparation des reliures anciennes, il pré-
parait dans l'ombre, loin des regards indiscrets de la
grande ville, un coup de maître. Plus de remboitages.
Les reliures neuves aux dessins et aux arabesques com-
pliqués exigeaient trop de temps. Il Csdlait produire vite
et bien. Pour atteindre ce but, il ramassa sournoisement
de droite et de gauche les livres revêtus de reliures
anciennes en maroquin simple et sans ornementation et
y appliqua des armoiries de haut parage. Gomme le voleur
de profession qui prend l'empreinte des serrures pour
lesquelles il fabrique des fausses cle&, il prenait les
empreintes d'armoiries illustres sur des volumes anthen*.
tiques et, par les procédés les plus nouveaux de la galva-
noplastie, il fabriquait lui-même des fiers armoriés afasp*
lument semblables aux anciens. La chronologie pour les
dates de possession était exacte. A première vue, Tilluaioii
était complète. Rien n'y manquait, il n'y avait que For
moderne dont le ton, quoique éteint, ne s'harmonisait pas
complètement avec celui de l'andenne dorure, qui pût
déceler la fraude aux yeux d'un connaisseur attentif.
Lorsque notre homme eut réuni un certain nombre de
volumes ainsi préparés, il alla trouver un libraire et M
tint à peu près ce langage. « Je connais, dit-il, un vieil
516 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
amateur qui possède une riche bibliothèque dans laquelle
se trouvent beaucoup de belles reliures anciennes en
maroquin avec armoiries. Ce monsieur ayant éprouvé
de fortes pertes d'argent désirerait vendre petit à petit et
discrètement quelques-uns de ses livres en les ajoutant à
une vente publique. Si vous voulez faire TafTaire dont je
suis chargé, vous n'avez qu'à faire une avance à valoir
sur le produit de la vente future et je vous ferai envoyer
les livres dont j'ai apporté avec moi un échantillon >.
11 retira aussitôt d'une voiture qui l'avait amené une
petite caisse dont le contenu fut déballé sans plus
tarder.
Le libraire, qui connaissait de réputation le quidam,
flaira un piège. 11 examina les livres présentés. Il fut
frappé de leur ressemblance avec des exemplaires qu'il
se souvenait vaguement avoir vu passer soit dans les
ventes, soit dans les magasins des confrères, lorsque tout
d'un coup ses regards s'arrêtèrent devant trois ou quatre
volumes in-8, reliés en maroquin bleu aux armes de la
reine Marie-Antoinette. 11 les ouvre et reconnaît un
recueil manuscrit de recettes de toutes soiies qu'il avait
possédé deux ou trois ans aupnravant, et minutieuse-
ment décrit dans son catalogue. Les recettes pour la toilette
et la conservation de la beauté, que l'ouvrager enfermait,
le papier lisse et encore parfumé, comme le papier orien-
tal, sur lequel il était écrit, suggéraient à l'idée que ces
volumes avaient dû faire partie du boudoir d'une grande
dame du xviip siècle. Il n'y manquait plus, disait une note
du catalogue, que les armoiries de la Du Barry ou de
Marie Antoinette. Ce furent les armoiries de la Reine qui
obtinrent la préférence, et ces armoiries rêvées trois ans
auparavant, apparaissaient maintenant éblouissantes de
réalité aux yeux du libraire étonné. C'était par trop fort I
Pour le coup, il congédia notre homme, en lui disant son
fait et le priant de ne plus revenir.
LES FAUSSAIRES DE LIVRES 517
Ce dernier ne se déconcerta pas pour si peu. Avisant
un libraire débutant, jeune et sans expérience, il lui
apporta sa caisse de livres fraîchement armoriés et le
décida sans peine à les comprendre dans une vente à
l'Hôtel Drouot. La fraude fut reconnue et le fait ébruité.
La plupart des bibliophiles et des libraires s'abstinrent.
Quelques-uns, moins scrupuleux, espérant en tromper
d'autres, achetèrent à vilprix ces livres à fausses armoiries.
Lesvolumes de Marie-Antoinette ainsi que d'autres pas-
sèrent chez un spéculateur de la région du Nord, qui ne
craignit pas de les revendre comme authentiques à un
libraire parisien de passage en sa ville.
Son coup ayant été manqué cette fois, le maitre-
faussaire changea ses batteries. Ses ruses étant éventées
à Paris, il se tourna du côté de la province. On le vit
rôder en Champagne, où il réussit à placer auprès d'un
riche banquier un certain nombre de reliures soi-disant
historiques du xvi^ siècle, de sa fabrication, quece dernier
lui acheta de confiance. Quelque temps après, cet ama-
teur, voulant borner sa collection aux livres et documents
intéressant sa province, appela le libraire Tross et lui
vendit tout ce qui était en dehors de la spécialité à
laquelle il s'était désormais arrêté.
Dans le lot cédé se trouvaient les reliures fausses. Tross,
qui connaissait la fraude et le fraudeur, se garda bien de
les faire reparaître sur le marché français. Il les expédia
eu Allemagne et en Autriche, où il les vendit comme
modèles à des musées d'art et d'industrie ^e ces pays.
On pouvait espérer que le mal serait enrayé. Une note,
parue dans un catalogue de librairie assez répandu et
reproduite dans la Bibliographie de la France, Journal
de la Librairie, avait mis en garde le public des.amateurs
et des libraires contre les livres à fausses armoiries en les
engageant à vérifier les provenances sur les catalogues
imprimés du xviii*^ siècle.
518 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les événements qui se succédèrent en 1870 et 1871,
la guerre, le siège de Paris et la Commune, firent oublier
le faussaire et ses œuvres. On pouvait croire qu'il avait
disparu dans la tourmente, lorsqu'on apprit un beau
jour qu'il avait fait un héritage et qu'il menait une
existence de châtelain aux environs d'une petite ville du
Centre, se posant on dilettante et en ami des arts. On
crut qu'il avait renoncé à son industrie malfaisante.
Il n'en était rien. Il travaillait pour l'exportation. Dans
une pièce retirée de sa nouvelle habitation, où personne
autre que lui ne pénétrait, il avait installé un atelier clan-
destin, et là, comme un alchimiste du Moyen-Age, il
élaborait de nouveaux produits qu'il expédiait en Angle-
terre, en Italie, en Belgique et ailleurs. Les huissiers
vinrent troubler la solitude de notre gentilhomme cam-
pagnard. Il fut obligé de déguerpir. On saisit et vendit
par autorité de justice les livres qu'il avait délaissés et
qu'il n'avait pas eu le temps transformer.
Mettant la frontière entre lui et ses créanciers, il s'en
fut en Belgique, cherchant de nouvelles dupes. Sa pré-
sence fut décelée par l'apparition soudaine d'un lot de
reliures princières au milieu d'une de ces ventes collec-
tives organisées par l'entrepreneur de ventes le plus
renommé de Bruxelles. Un libraire de Paris, attiré par
l'annonce d'armoiries de Marie-Antoinette et de princes
et princesses du sang royal, entreprit le voyage. Il recon-
nut aussitôt que les volumes étaient falsifiés et dénonça
la supercherie. Les gens honnêtes s'abstinrent; mais,
comme à Paris, des spéculateurs et des gens sans scrupule
les achetètent à de petits prix, espérant les repasser avec
de gros bénéfices à des passants naïfs ou à des étrangers
confiants.
Cet insuccès n'était pas de nature à encourager notre
industriel à rester sur le sol belge. Disant adieu à un
pays aussi ingrat, il revint en France, jetant son dévolu
.*
LES FAUSfiAIBES DE UVBÉS Mft
sur une de nos plus plantureuses proirinces, riche en
bibliophiles et y arriva juste pour mourir. Ainsi finit
l'odyssée de ce maitre-faussaire. Que la terre hn soit
légère 1
Tournons maintenant nos regards vers une autre
officine fin de siècle. Celle-là se trouve en Italie et est en
pleine activité. On y Dabrique des Maioli, des François R^y
des Henri II et Diane de Poitiers, des Henri IV et Marie
de Médicis, etc., et généralement toutes sortes de reliure^
ornementées et à provenances illustres des zvr* et
xvii« siècles. Les procédés sont pinilettionnéi. On évite
le remboîtage. On choisit des volumes de l'époque, ph»
ou moins ornementés de filets ou dorures anciennes, que
Ton complète, si nous pouvons nous exprimer ainsi, en
ajoutant à l'omementation primitive des fers spéciaux
ou des monogrammes moulés par les procédés galvano-
plastiques sur d'autres reliures authentiques ; on applique
sur les plats, dans les espaces restés libres, tantôt la
salamandre de François I^, les croissants, le chiflb«
d'Henri II et Diane ou tout autoe marque illustre ; on
recouvre la dorure nouvelle d'une espèce d'enduit ou de
pommade, afin de la vieillir comme il feut. On laisse à
dessein les coins écornés, les coiffes un peu éraillées avec
les tranchefiles chargées de poussière. Ce ne sont ph»
des livres flambants neufii comme les autres. Les rèUnreB
ainsi traitées ont toutes les apparences de la vétusté. On
laisse exprès de légers accrocs^dans l'andennè couverture»
des réparations faciles à Cdre, et le tour est joué. Cest un
mélange de vrai et de faux présenté avec une nmerie
sans pareille. On ne peut pas dire que la r^ure soit
fausse en elle-même ; elle est frelatée. Quanta la«piov^
nance, elle est inventée et £ed>riquée de tontes pièces pat
les faussaires. Car ils sont plusieurs, c'est toute une bande,
une association qui, à l'heure présente, exploite efBmilé-
ment les amateurs des deux
t : ;^ I n ' » i ; r -4
520 BULLETIN DU BIBUOPHILE
Le siège de la société parait être à Bologne, avec rami-
fications dans toute la péninsule. Les touristes ont été
les premières victimes de ces escrocs de haut vol qui ont
bibliothèques et musées particuliers qu'ils laissent visiter.
Les ciceroni des hôtels leur servent de rabatteurs. Ils ont
des agents partout où il y a des bibliophiles. L'un d'eux
promène de temps en temps à Paris de ces reliures frela-
tées. Dernièrement un de leurs affidés, présentait an
commerce parisien tout un lot de reliures traitées par les
procédés que nous venons de décrire et en demandait la
jolie somme de quinze ou seize mille francs. Ne pouvant
placer sa marchandise, et pour ne pas la remporter,
de guerre lasse, il la solda au prix réduit de six cents
francs I
Plus récemment encore , un monsieur décoré se
présentait dans une librairie ancienne bien connue,
porteur d'un volume aux insignes et au chiffre de
François Ie^ Il était chargé, disait-il, par un de ses
amis, marchand de vins en gros de la province, de
s'informer de la valeur du livre que l'on vendrait si
l'on offrait un prix convenable. C'était un tome des
Orationes de Cicéron, édition d'Aide 1519, que son ami
avait soi-disant trouvé dans sa bibliothèque et qu'on
lui avait dit avoir de la valeur. De petites fleurs de
lys, accompagnées de l'initiale F, avaient été apposées
sur le dos et sur les plats d'une reliure vénitienne du
XVI» siècle, très sobre d'ornements primitifs, et au
milieu s'étalait l'emblème de la salamandre. La &1-
sification était évidente. Le libraire répondit à son
interlocuteur que le livre offert ne valait rien parce
qu'il était falsifié et il l'engagea à retourner l'objet à
son correspondant qui ne pouvait être que la dupe d'un
fripon.
Quelle ne fut pas la surprise du libraire d'apprendre
quelques jours après que le monsieur en question s'était
LES FAUSSAIRES DE LIVRES 521
rendu chez un des principaux libraires des passages,
avait présenté de rechef le faux François I^^ et reçu la
même réponse ! Le plus fort dans l'affaire fut que quelques
jours après, le libraire reçut de province une lettre assez
cavalière par laquelle on lui enjoignait de faire une offre
pour ledit volume.
Que penser de tout ceci sinon que le mal s'en va ga-
agnantduterrain,s'infiltrant,etpénétrera bientôt partout,
si l'on n'y met bon ordre ? Les faussaires rusés recrutent
des complices et trouvent des intermédiaires dans les
diverses classes de la société. Le fait suivant va nous
édifier à cet égard.
Au mois de septembre dernier, un bibliophile genevois
nous fit voir divers volumes qu'un de ses amis lui avait
adressés d'Italie. Dans le nombre figuraient une reliure
apocryphe au chiffre d'Henri II et de Diane de Poitiers
et Touvrage de Grapaldi : de partibus œdium, édition de
Lyon, 1538, format petit in-8. Ce dernier était revêtu
d'une reliure du temps à laquelle on avait ajouté fort
habilement l'initiale F, des fleurs de lis et le fer ovale de
la salamandre. Nous n'eûmes pas de peine à prouver,
d'après certains indices, la fausseté non des reliures,
mais des signes de provenance ajoutés tout récemment
pour créer une grosse valeur à des volumes fort ordi-
naires. Les livres furent renvoyés en Italie: a Je les ai
réexpédiés, à la personne de qui je les tenais, nous dit
quelques après l'amateur en question. Celle-ci du reste
est au-dessus de tout soupçon. Elle n'avait aucun intérêt
dans l'afTaire et ne m'avait envoyé ces livres que parce
qu'elle me savait bibliophile. Elle-même n'y connaît
rien. »
Peu de temps auparavant, deux autres amateurs gene-
vois du meilleur monde avaient été victimes de ces habiles
escrocs. Un antiquaire leur avait vendu, comme le dessus
du panier d'une trouvaille, une reliure d'Henri II et de Diane
522 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
de Poitiers, et une autre de François !•' (1). Une mmear
qui vint jusqu'à eux leur fit concevoir des soupçons sur
l'authenticité des volumes. Ils vinrent à Paris, les mon-
trèrent à des libraires et à des relieurs qui les déclarèrent
faux. Certains maintenant d'avoir été trompés, ils doivent
chercher les voies et moyens pour se faire rendre leur
argent.
Nous avons fait prendre des informations auprès d'hon-
nêtes gens en Italie et voici le résultat de l'enquête qui
nous a été transmis : a Le siège de ces faussaires est à
Bologne Il ne faut pas croire que l'initiative parte de
relieurs quelconques ; le ou les personnages qui ont eu
l'idée de ces contrefaçons sont des gens ayant une cer-
taine situation et une bibliothèque. Ce sont des amateurs.
Mais ils se gardent bien de vendre eux-mêmes si ce n'est
un volume de temps en temps. En général les pièces
fausses se trouvent dans les bibliothèques d'anciennes et
riches familles. Et c'est là le trait de génie. On ne songe
pas à se méfier. Maintenant, la question est de savoir si
les possesseurs de ces bibliothèques sont d'accord avec
les faussaires ou ont été eux-mêmes leurs victimes. >
Une des reliures d'Henri II incriminées provient de la
bibliothèque d'un noble personnage, ayant villa princière,
chevaux et laquais, situation de rang. Pourquoi vend-il
ses livres lorsqu'un bibliophile de passage se présente
chez lui, muni de recommandations ?
On admet qu'il puisse être parfois à court d'argent
comptant, comme presque toute la noblesse italienne.
(1) Les reliures ayant appartenu à François I", autrefois fort rares, sont
devenues plus communes depuis qu'elles sont l'objectif des faussaires et des
imitateurs. Un relieur établi à Maisons-Lafltte, prés Paris, en fabrique
moyennant 150 francs. Il nous a présenté, il y a quelques Jours, un Boccaoe
avec entrelacs de couleur, fermoirs, tranche ciselée, armes et chifllres de
François I", parfaitement réussis. Il fait du neuf, style François I", sur com-
mande sans chercher à tromper personne.
LES FAUS8ÀIBBS BB UVRIS ttS
mais il est bon de noter qall refuse de traiter avec les
libraires qui sont trop clairvoyants pour lui. c II prétend
qu'il a été indignement volé par les marchands de Paris
lesquels lui ont changé des pièces. Aref^ tout cela n'est
pas clair et il ne serait pas étonnant que ces grands sd*
gneurs s'entendissent avec les faussaires conmie larrons
en foire.... i
Que conclure de tout ceci sinon qu'il est t^nps de
sonner l'alarme en criant an voleur f Les forbans qû se
livrent à cette industrie doivent avoir déjà fisut beaucoup
de dupes surtout parmi les Anglais et les Américams.
Ils ont réussi à placer de leur marchandise frelatée en
Allemagne ; ils cherchent maintenant à en inonder le
marché français.
Il est temps de prendre des mesures contre ce bandi-
tisme d'un nouveau genre ; autrement tout serait com-
promis et suspecté, le vrai comme le faux. Pourquoi le
gouvernement italien ne considérerait-il pasles reliures de
ce genre comme des objets d'art et ne leiir appliquerait-il
pas la fameuse loi Pacca ? L'exportation des pièce» fausses
en diminuerait sensiblement à notre grande satisfiaction ;
les Italiens les placeraient chez eux et se tromperaient
ainsi mutuellement ; nous n'aurions rien à y voir.
Les amateurs de reliures' d'art rappelant des souvenirs
historiques paient à beaux et bons deniers les curiosités
de ce genre. Us ont droit en retour à ce qu'on leur garan*-
tisse l'authenticité des objets qu'ils achètent. Qu'ils
exigent à l'avenir une garantie signée de leur vendeur*
Que les libraires qui vendraient pour authentiques des
reliures fausses soient déclarés responsables et obligés
de restituer la valeur payée. Que les commissaires-
priseursy chacim en ce qui les concerne, tiennent la main
à ce que le public ne soit point trompé, qu'il soit édairé,
sans ambiguité, par des experts dignes de ce nom et vous
verrez les vraies reliures d'art, de provenance céUbre,
524 BULLETIN DU BIBUOPHILE
conserver leurs prix élevés et même les dépasser à mesure
qu'elles deviendront de plus en plus rares. Il faut qu'on
puisse les acheter avec confiance et sécurité.
Une autre fois nous parlerons de fraudes d'un genre
différent pratiquées dans les livres, ainsi que des faussaires
de manuscrits. Nous compléterons nos révélations. Nous
nous arrêtons là, pour le moment, ne voulant pas abuser
de la patience de nos lecteurs.
J. Verax.
MÉMOIRE SUR LISLE DE WIGHT
PROJET D UNE DESCENTE DANS CETTE ILE
PAR DUMOURIEZ, EN 1779
On sait que, sous les règnes de Louis XV et de
Louis XVI, de nombreux projets de descente en
Angleterre ou dans les possessions anglaises furent
mis à Tétude, sans qu'aucun fût suivi d'un commen-
cement d'exécution. Ainsi, dans les années 1763-1766,
le comte de Broglie rédigea, sur l'ordre de Louis XV,
un plan de guerre contre l'Angleterre qui fut plus
tard (1779) a refondu et adapté aux circonstances
actuelles. » Le Bulletin du Bibliophile publiera peut-
être ce très curieux document. Lors de la guerre de
l'indépendance américaine, ces projets hostiles à
l'Angleterre se multiplient avec une recrudescence
des plus naturelles. Nous n'en signalons que quel-
ques-uns : M. de Voyer (1778) propose une attaque de
Jersey et de Guernesey, puis une tentative sur
Portsmouth et l'île de Wight, qui devait être dirigée
par le duc de Lauzun. La même année, un vieil
officier irlandais, Wall, maréchal de camp, soumet
au ministre de la guerre le plan d'une invasion en
Irlande. Enfin, en 1779, le futur vainqueur de Valmy
et de Jemmapes, Dumouriez examine, dans un tra-
vail très substantiel, l'opportunité et les chance de
succès d'une expédition contre Wight.
C'est ce projet que nous donnons ici, d'après un
manuscrit de l'époque , que nous croyons inédit.
Nous respectons la bizarre ortographe du manuscrit.
526 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
avec sa profusion de majuscules et ses italiques
capricieuses ; nous nous bornons à ajouter quelques
signes de ponctuation absolument nécessaires à Tin-
telligence du texte.
PORTSMOUTH
Portsraouth, située dans Tlsle de Portsea, est presque
inataquable, même par terre, par ce qu'en dedans de
risle, derrière le fort extérieur qui défend la teste de
risle auN. N. E. du côté de TAngleterre, le Rivage est
bordé dun Marais, au dessus duquel domine un terrein
élevé, qui formerait une excellente déffense, après que
le fort serait pris. C'est Tlsle de Wight qui fait le grand
mérite de ce Port, en luy procurant les excellentes Rades
de Spithead & de S'« Hélène,
RADE DE SAINTE HELENE
La Rade de S'« hélene, éloignée de Deux lieues de
Portsmouth, séparée de celle de Spithead par un chenal
entre deux Bancs, (horse-Banck, le cheval), & Nomans-
land. Ce chenal, dirigé par deux Bouées placées à
l'extrémité correspondante de chacun de ces deux
bancs, à environ. 600 Toises de largeur. &. seulement
neuf Brisses de profondeur, quoique la carte de Bellin
lui en donne 17...
Le Banc du Cheval, attaché au S. de l'Isle de Portsea,,
est marqué de deux Bouées, l'une au S. O. nommée le
Chenal, l'autre au S. E. sur la partie S. de ce Banc,
nommée le Dean ; il y reste à mer basse 8 à 10 pieds
d'eau.
Le Banc de Nomans-land est plus dangereux par ses
Ecores ; une partie reste à sec ; il y reste dans d'autres
parties 12 p. d'eau dans les grandes marées, & seulement
7. a 8. en général.
L'IIS DB^ WI0BT 687
LA PASte DE L*OUEST
La Passe de l'Ouest, autrement appellée la Passe des
Aiguilles, forme un détroit dune demie lieue entre le
Banc de Sheugles & le Banc de Warden dans llsle de
Wight ; la profondeur de ce chenal qui a 1000 toises de
largeur est de 20 jusqu'à 35 Brasses, excepté entre la
pointe du Banc de Sheagles A celle de Warden, où une
espèce de Barre la réduit à 9 on 10 Brasses. Cette profon-
deur a pour causes les marées A les Courants rapides
qui viennent de l'Ouest avec beaucoiq» d'impétuosité
jusqu'au fonds de la Baye qui forme llsle de Wight,
se répandent dans la Rade de Spithead A ressortent par
la Rade de St hilene.
On ne peut debouquer de cette Passe que par un Vent
très frais, sans quoi les courants tous portent sur les
Sheugles ; en y entrant il faut manœuvrer les Bâtiments,
pour ne pas être porté par la Marée et les Courants sur
la pointe des Aiguilles {Needles' point) A dans la Baye
de Fresh'Water dans l'Isle de Wi^t.
Ce sont ces difKcultés A ces dangers, ainsi que la
comodité des Rades de S^ helene A de Spithead, qui
empêchent les Vaisseaux de Guerre de se hazarder jamais
par cette Passe pour entrer A rarement pour sortir.
ISLB DE WIOHT
Llsle de Wight a 7 lieues de long sur 8 A 4 de large ;
elle est abondante en tous les besoins de la vie. il y a
peu de bois mais beaucoup d'arbres frotieni qa'on
n'épargnerait pas A qui y snpléeraient en cas de besoin ;
eUe contient. 3 Villes ou Bourgs. 6 Châteaux A SA
Villages.
Le tour de l'Isle à beaucoup d'excellents monillagea
dans la partie du N. A très peu dans edle da &<
528 BULLETIN DU BIBUOPHILE
lo A TE. en la Rade de St. hélene. Cette Rade est
terminée à TO. par une petite Rivière & une Baye qui
assèche, mais que la pointe de Bembredge-Ledge, A
celle du Village de S^® hélene ferment & abritent, dans
laquelle les vaisseaux sont en sûreté ; il y monte 8 à
9 pieds d'eau dans un Chenal étroit & tortueux*
2^ et 3<> En dedans du Mortier Bank au N. sont les
deux criques de Fish-bourg & de Woller.
4» La Rade de Cowes droit au N. est située à TEmboa-
chure de la Rivière de New-Port, que les petits Bâtiments
peuvent remonter jusqu'à deux milles ; un fort la défend
à rOuest.
5® et 6® Les deux Bayes des Gurnes & de Thorness,
forment deux petits ports propres pour des Barques.
7\ le havre de Newtown terminé par un petit Port
fermé, très susceptible d'une descente, mais aussi très
aisé à défendre, tant des Batteries de la Ville que de
celle d'un Islot & de deux pointes qui ferment le Port.
8» La Baye d'Yarmouth terminée par une petite
Biviere forme un bon port, défendu par le château de
Sconee à l'O, par une Redoute et des Batteries à l'E du
côté dYarmouth; on peut en établir une au fond & vis-à-
vis de l'Embouchure de la Rivière à la pointe de Thorney.
9° et 10> Le Banc de Warden défend le reste de la côte
jusqu'à la pointe des Aiguilles ; on peut descendre dans
cette partie, près de cette pointe même, devant Totland,
ou à la Baye d'Alum, mais cette descente est difficile, A il
serait imprudent de la tenter, à cause de la force des
Courants & des Marées dans la Passe, quoique ce soit un
mouillage de contrebandiers.
11® la Baye de Fresh-water est profonde, un grand
nombre de Chaloupes peut s'y déployer : à la vente la
Mer y est dure, & il est difficile que les Vaisseaux les pro-
tègent de très près par leur feu, parce qu'il y a des
Roches & bas-fonds surtout aux deux Extrémités ; dans
L'BLE de TNIGHT 529
toute la partie Sud de Tlsle la côte est bordée de hautes
falaises qui ne sont interrompues que par quelques
coupures.
12® et 13^ la Baye Brisson & la Baye de Chale, qui
suivent, sont de la même nature ; elles ont peu d'enfon-
cement & la côte est difficile, escarpée et battue par les
Marrées & les Courants avec beaucoup de force jusqu'à
la pointe de Ste Catherine, Entre cette pointe & celle de
Dumnose la côte est escarpée, toute droite & peu suscep-
tible de Débarquement.
14» Entre la pointe de Dumnose & le Rocher du Cigne
(Swan-Clit) sur la côte de l'E. dans la Baye de Sandoivn,
on peut approcher la terre à la portée de Canon, et
se déployer pour une grande descente sous le fort de
Sandown jusqu'au Village de ce nom ; le mouillage y est
fort bon, ainsi que le débarquement, mais ce mouillage
est soumis à la Rade de Ste hélene & celle de Spithead,
ainsi il ne peut pas s'effectuer sil y à des Vaisseaux ne
Rade...
Du Corps de Garde situé au N. E. de ce mouillage
jusqu'à la pointe de Bembridge-ledge & à la Ri\iere de
S^« hélene, la côte est escarpée & semée de Bancs de
Roches.
Ce circuit forme 14 à 15 points de Descente à garder.
INTERIEUR DE l'iSLE
L'Intérieur de l'Isle est coupé en deux Bandes du N.
au S. par une Chaîne de Montagnes courant de l'E. à l'O.
nommées les Cardinales; au pied de ces montagnes dans
la partie du Nord, dans une plaine, est la Ville de
Xeivport au centre de l'Isle; de ces montagnes descendent
de petites Rivières, qui coulent toutes N. & N.E. ; aucune
de ces Rivières ne court au S...
1891 34
530 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Il y a une Plaine & un grand bois entre Yarmoutte,
Newtown, Cowes & Newport & une autre plaine, entre
Newporty Cowes & Ste hélene.
Il y à différents passages au travers des montagnes
pour aller de Sic-Catherine, Crebuington & Bow-church
à Newport ; il serait facile & nécessaire d'accomoder ces
communications ainsi que les autres & d'en ouvrir de
nouvelles.
La population de Tlsle va de 20 à 25000 âmes.
En 1545, sous Henri II, TAmiral d'Auncbault proposa
de s'emparer de Tlsle de Wight, de la fortifier et de la
garder pour obliger les Anglois à évacuer Boulogne,
(Valais & Guines, qu'ils occupaient sur nos côtes on peut
lire ses motifs dans le xx\^^^ vol. de Thist. de France,
continuée par Garnier p. 465 & suivantes
Portsmouth, ni la Marine Anglaise n'étaient pas à
beaucoup près ce qu'ils sont devenus ; Tlsle de Wîght
n'a cependant pas changé de face ; plus peuplée qu'alors,
par conséquent plus en état de nourir sa Garnisson,
cette Isle n'a ni forts ni Troupes ; l'attaque en est infini-
ment plus aisée que celle de Jerzey & de Guernesey ; au
milieu des préparatifs qui se font à Cherbourg, les.Anglais
imagineront tout autre point de descente, plutôt que
risle de Wight. Se fiant à leur formidable Marine, qui
selon eux la protège, ils ne soupçonneront pas même
une attaque aussi audacieuse & aussi voisine.
Comme les ordres que vient de donner le Ministre de
de la Marine de préparer avec célérité tous les Bâtiments
de transport regardent tous les Ports de la Manche,
ils se fixeront moins sur le Port de Cherbourg que sur
ceux de la Picardie & de la Flandre, qui plus près de
Londres & de leurs côtes doivent leur donner plus
d'inquiétude; ils se persuaderont que les Armements
regardent les Isles voisines plutôt que Tlsle de Wight...
l'île de wight 581
Il n'y a pas assés de Bâtiments dans ce moment à
Cherbourg pour une pareille expédition. On n'en compte
que 15 à 20 de 100 Tonneaux & au delà, qui pour une
aussi courte navigation peuvent porter entre 4 à 5000
hommes avec leurs approvisionnements & Munitions
NOMBRE DE TROUPES
Il faudrait pour cette expédition deux Régiments de
Chevaux Légers, qu'on embarquera avec leurs selles &
leurs bottes, (il y a des chevaux dans l'Isle) 400 hommes
d'Artillerie & 24 Bataillons à 100 hommes par Compagnie.
On propose de les réduire à ce nombre parce que le
surplus des Compagnies resteroit sur la Côte voisine de
Normandie pour le Recrutement & le Remplacement qui
se ferait par Cherbourg...
ARTILLERIE
Il faudrait un Canon de Campagne par Bataillon &
Cent pièces de Canon depuis 12 jusqua 24, 20 Mortiers,
200 Boulets par Pièces, des Bombes à proportion, des
affûts de Côtes & a Rouage, au moins 60 Miliers de poudre,
des Ouvriers, des Mineurs, des Outils de Siège, des afïlits
de Côtes & à rouage de rechange, enfin tout lassortiment
d'une pareille Artillerie, dont une partie serait mise en
leste dans les Bâtiments de transport.
Il faudroit que ce train d'Artillerie fiit amené à Cher-
bourg ; on peut à cet effet prendre l'emplacement de
l'Abbaye, dont on fera un très beau Parc d'Artillerie &
le Logement de cette Troupe, qui sera couvert par l'em-
placement des Troupes.
CANTONNEMENT SUR LA CÔTE DU COTENTIN
Le Rassemblement des Troupes de cette partie du
Cotentin aura pour prétexte les travaux de Cherbourg
532 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
qu'il faut publier comme résolus et devant être commencés
dès le Printems, ce qui place naturellement
Les Troupes dans Tordre suivant :
Î chargés de la constmction du
fort de Tourlaville, de celui
du Roule, & de la Batterie
du Rocquiers.
\ chargés de la construction du
2 à Equerduville | fort du Home & de Texcava-
du Roy.
& à Bellecroix. l tion du Bassin dans le pré
♦
, „ .„ \ chargés de la construction du
2 a Heuneville. * { , . . r^ i * «. j i
„ , ^ .„ > fort des Couplets & de celuy
&àQuerqueviUej ^e QuerquevUle.
n ^ ^ .11 ) chargés de la construction du
2 a OcteviUe ... S j, _^c^^ r.
\ fort St-Sauveur.
4 a Barfleur, la Hougue, St-Vaast, &c«.
10 campés au mont Epinguet pour relever les
— travailleurs Comp. de maneuvre.
24
4 Escadrons à Montebourg.
4 à Sideville, Harduvast, Viraudeville, &c*.
Toutes ces Troupes peuvent en six heures être rassem-
blées sur Cherbourg ; il leur faut pour 6 mois de vivres
en farine, grains <&% une Pharmacie pour un an&*; le
rassemblement de ces Troupes exige une Construction de
tours à Cherbourg, Valognes ; mais ces établissements
resteront : et c'est un bien.
EMBARQUEMENT
L'Embarquement se fera dans la Rade de Cherbourg
qui est spatieuse & commode ; il faut pour cet effet une
division de 4. ou. 5. Vaisseaux de guerre &. 8. ou 10
frégates; il serait bon vers le tems prescrit de rassembler
L'ILE DB WIOBT IBS
dans les Parages depuis la Baye de Tcurboff jusqu'au Gap
Beadiy le plus de Corsaires que Ton pourra, leur près»
crire cette Croisière, A surtout de se tenir en plusieun
flotilles.
Le Ministre de la Marine ( quelques comptes qu'on fad
ait rendus à cet égard), ne doit rien craindre pour les
Vaisseaux de guerre et les frégates qui se rendront dans
la Rade de Cherbourg, A pourront être dans le cas d^
séjourner, parcequ'on peut focilement A à peu de frais
y pourvoir à leur sûreté du côté de l'ennemi :
lo en établissant 2 Batteries flotantes an centre de la
Rade entre le Home A Tlsle Pelée...
2o en établissant sur la Plateforme Pelée de llsle une
Batterie provisoire en Seiscinage en madriers, de 10.
Canons & 2. Mortiers.
3® en établissant une Batterie de IZ Canons A %,
Mortiers au fort actuel du Home
40 en établissant ime Batterie pareille à côté de la
Redoute de Tourlaville dont le Parapet sera en gazon.
Au moyen de ces Deffenses, qui peuvent se fiedre avec
beaucoup de promtitude A peu de frais, l'Escadre qui y
joindra son propre feu sera aussi en sûreté dans la Bade
de Cherbourg que Barington dans S^ Lucie. Ces travaux
momentanés suffiraient même pour donner un abri à la
flotte entière de Brest, si par des circonstances on la
faisait entrer dans la Manche. Elle parait même neoea-
saire & utile indépendament de tonte Expédition.
Comme la traversée est courte, on peut calculer pour
rembarquement au moins deux hommea par Tonneaii ;
qu'on pense qu'il n'y a que 18 lieues, que par un terne
frais il ne faut en flotte que 9 ou 10 heures^ qu'aimi
partant le Soir, on sera sur la côte de llsle de^ Wig|it
avant le jour
L'armée n'est que de 16 a 17000 Têtes, ayant sd» de
ne pas embarquer de personnes Inutilesy A en ne se dbÉP^
534 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
géant pas de beaucoup de Valets & de Commis, qu'on peut
faire passer en suite ; il faut environ cent Bâtiments de
Transports
Le prétexte pour rassembler ce nombre de Bâtiments
à Cherbourg est, 1® de retirer dans ce Port les 20 a 25
Bâtiments échoués dans la Rivière de Regneville, ou ils
sont exposés à être brûlés. 2^ dy retirer pareillement
50 ou 60 des Bâtiments trop pressés & trop exposés dans
le Port de Grandville ; le surplus des Bâtiments néces-
saires descendra du havre à Cherbourg; pour y transpor-
ter le train d'Artillerie, & on Ty retiendra...
DESCENTE
* On pourvoira chaque Bâtiment de plusieurs chaloupes;
les Vaisseaux de Guerre selon leur différente grandeur
ô'aprocheront de terre le plus qu'ils pourront pour sou-
tenir la descente par leur feu ; il n'y à dans la Baye de
Freshivater ni redoutes, ni forts, ni batteries ; on descen-
dra dans le plus grand ordre ; le Village est éloigné ; les
premières trouppes gagneront la falaise & les hauteurs de
droite & de gauche & en avant, & elles sy retrancheront...
Comme cette Baye ne pourrait pas contenir tous les
Bâtiments, que les courants pourraient les faire dériver,
on mettra la flotte sur 3 divisions dont les Bâtiments
de Guerre garderont les deux flancs, les Gros Vaisseaux
se raprochant de la Rade de Ste helène ; la première
Division attaquera la Baye de Freshivater, ou elle sera
couverte par le cap des Aiguilles, les deux autres se
présenteront dans les Bayes Brisson & Chale ; elles y
exécuteront la descente, si elles ne trouvent pas d'obstacle •
MARCHE DES TROUPES, CONQUÊTE DE L'iSLE
• ■ • •
L'Armée marchera sur 3 Divisions, 8 Bataillons,
l'Artillerie & la Cavalerie (il faut embarquer une centaine
l'île de wight
535
de chevaux) marcheront sur Fresh-water, d'où elle
gagneront Yarmouth pour tourner les Cardinales & ren-
trer dans la plaine du Nord. 8 bataillons avec leur canon
se porteront également par la droite sur New-Port, Les
8. derniers avec leur canon se porteront également par
la droite sur Sandown & la Rivière de Ste helene. Il n'y à
pas un seul point de résistance, on trouvera tout au
plus quelques milices; l'Isle est percée de grands chemins
d'une communication facile, et il ne peut y avoir d'obs-
tacles qu'aux châteaux de Sconce, de Cowes & de San-
down ainsi toute l'Isle doit être soumise. 24. heures
après la descente. Il faut sur le champ semparer des prin-
cipaux habitans, ne garder dans l'Isle que quelques
Paysans désarmés pour la culture & les travaux publics
&, renvoyer le reste en France par les Batteaux de trans-
ports qui retourneront à Cherbourg ; ce sont autant de
prisonniers & d'otages qui garantiront le sort de la
Garnison....
L'Emplacement fixe des Troupes est
A Xewport,
à S^"-' helene
entre Cowes et S*<^ helene .
k Cowes
à Xewlon
a Yarmouth
entre Cowes & Yarmouth .
Les grenadiers & chasseurs, le Quartier
général, le Parc d'Artillerie &. 100.
hommes de ce corps...
3 Bâtons 100 canoniers.
2 Batoûs cantonnés.
3 Batoûs 50 canoniers.
2 Bâton» 50 canoniers.
2 Bâtons 50 canoniers.
2 Bâtons cantonnés.
a Fresh-water, Totland. . .
Seonce & Clevesend
2 Bâtons 50 canoniers.
de Fresh-water à la pointe
de Dumuose
de la pointe de Dumuose à
Bembrige-ledge
6 Bâtons
2 Bâtons
cantonnés.
cantonnés.
536 BULLETIN DU BIBUOPHILB
Entre Ste helene & Cowes | ^ Escadrons,
en seconde ligne )
Entre Cowes & Yarmouth ) . „
... > 4 Escadrons,
en seconde ligne )
De Newport le Général peut se porter en trois heures à
chaque point de descente, y présenter 12 Bat«"« & 4 EIsca-
drons. il sera averti par des Signaux établis sur les
montagnes détachées d'Ashedoivn à TE. & de Shaifleet
à rO. qui correspondront avec le château Carisbrook qui
forme le point intermédiaire au-dessus de Newport.
Il y à des travaux à faire pour s'assurer la Possession
de risle. Ces travaux regardent 4 points principaux par
lesquels elle peut être attaquée du côté de l'Angleterre.
1® La Baye d' Yarmouth ; il faut fortifier ce Port, et y
faire des Batteries suffisantes.
2® Newtown.
3^ Cowes est essentiel ; il y a déjà un château à la
côte de l'O. ; il en faut un à celle de l'E.
4^ Ste helene; c'est surtout [ce Port qui est essentiel;
situé devant une belle Rade, au débouché des forces
maritimes de Portsmouth & de celles qui viendront du
dehors, il faut le rendre presque imprenable. Comme la
la Baye est large & profonde, on peut y retirer tous les
Vaisseaux de transport qu'on voudra conserver dans
risle, & c'est d'où on partira pour le projet cyjoint.
RENDRE PORTSMOUTH INUTILE
C'est déjà un grand avantage par lui même que de
s'emparer de l'Isle de Wight, de sy établir, d'obliger les
Anglais à rappeller leurs Troupes et leur flotte pour venir
y bloquer 12000 français, de les constituer dans une
prodigieuse dépense pour les y attaquer. Six millions &
de l'audace avec fort peu de risques suffisent pour exé-
cuter ce Projet; toute l'Angleterre ensemble ne chasseront
l'île de wight 537
les François de Tlsle de Wight, toutes les flottes nempè-
cheront pas qu'ils reçoivent des secours journaliers de
Cherbourg, 1» par ce qu'il ny a que 18 lieues. 2® parce
que les petits Bâtiments abordent partout. S® parce que
les Vents qui mènent de Cherbourg à Tlsle de Wight
empêcheront les vaisseaux Anglais de stationer dans le
Canal qui est entre cette Isle & la presqu'île du Cotentin.
Mais on croit pouvoir ajouter au Projet de cette Conquête
celuy de l'Entreprise la plus audacieuse & la plus simple
en même tems ; qu'on y réfléchisse, quon l'examine
mûrement, que l'on consulte les Marins les plus expéri-
mentés et les plus habiles, & l'on sera étonné de la facilité
que procure la conquête de l'Isle de Wight pour priver a
jamais l'Angleterre de son plus beau Port & de son plus
grand Etablissement de Marine.
On a dit qu'il fallait fortifier l'entrée de la Rivière de
5**^ helène; on à dit qu'il fallait y réfugier une partie des
Bâtiments de Tranports ; il faut y en rassembler 50 des
plus grands...
La Baye de S^^ hélene est terminée par la Rade de ce
nom. Cette Rade est séparée de celle de Spithead par un
chenal de 600 Toises de largeur entre les Bancs du Cheval
& de Nomansland ; cette Passe à neuf brasses de profon-
deur ; il n'y a pas une lieue de la Rivière de S'® hélene à
cette Passe ; on peut charger de Pierres les Bâtiments, les
toues jusque dans le Chenal, les y ancrer a quatre amarres
de distance en distance & les couler dans cette position,
après les avoir amarrés les uns aux autres par de gros
Cables pour que les Courants ne les entraînent pas ; par
la on rend les deux Rades inutiles, on coupe toute com-
munication entre la Rade de Spithead & celle de S*«
helcne, & on enlevé à jamais cette Passe aux Anglais...
Il leur restera celle de l'Ouest, mais outre que les Cou-
rants & les Marées rendent cette Passe dangereuse, la
Mer, n'ayant plus une issue suffisante à la Passe de TE.,
538 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
refluera avec plus d'impétuosité vers celle de VO. Dans
TEtat actuel de cette dernière Passe, malgré son énorme
profondeur, il existe entre le Banc de Warden & la
pointe de celui de Sheugles une Barre qui ne donne que
5 brasses jusqu'à 9. La Passe de TE étant Bouchée, les
Vases et les Sables du fonds de la Baye de Portsmoath
reflueront tout naturellement à TO. ils augmenteront A
élèveront cette Barre & diminueront la profondeur de
cette Passe, mais on peut encore dans cette partie aider à
la nature, en coulant pareillement sur cette Barre, de
distance en distance, de gros Bâtiments, autour desquels
les Sables s'amasseront et finiront par former un Banc
très difflcile qui rendra le Passage impraticable pour
les Vaisseaux de Guerre.
Si ce projet est exécuté, quand même ensuite on ren-
drait risle de Wight à la paix, on aurait enlevé aux
Anglais leur meilleur Port, le mal serait irréparable pour
toujours^ & ce mal est incalculable.
Que Ton juge d'après ces détails de quelle impor-
tance est l'expédition de l'Isle de Wight, combien elle
mérite l'attention du Roy & de ses Ministres, & que Ton
calcule ce qui peut en résulter dans la balance de cette
guerre, qui, à moins d'entreprises extraordinaires, est
entièrement inégale de notre côté.
A PROPOS
DE
QUELQUES ERREURS BIOGRAPHIQUES
Doit-on s'étonner que, dans des recueils considérables
tels que le Dictionnaire Larousse ou la Biographie Didot,
il se soit glissé plus d'une erreur? Non, sans doute, et
malgré la compétence et le zèle des auteurs, on com-
prend que des travaux encyclopédiques d'une telle étendue
ne puissent échapper à la loi commune : Errare ! Mais,
sans vouloir rabaisser le mérite de ces utiles sources
d'informations et de savoir, on peut, on doit peut-
être rectifier ces erreurs que la réputation méritée de
ces recueils ne manquerait pas de propager. C'est ce que
nous allons faire à propos de quelques indications erro-
nées, concernant spécialement la ville de Lyon.
Ainsi nous lisons dans le Dictionnaire Larousse :
<c Géta, né à Lyon. "» — Lisez : Né à Milan, le 27 mai 189 .
Idem : <c Roland de la Platière, né à Lyon,. »
MiCHAUD dit : ^ Né à Villefranche. » Lisez : Né à
Thizy, le 19 février 1734.
Il est vrai qu'à l'article Roland, Larousse répare son
erreur et indique Thizy,
Larousse : Lugdunum vient de Lougdounon, attendu
que les Gaulois appelaient le Corbeau : Lougon. »
— Est-ce exact ? Qu'en disent les celtisants ?
Idem : a Léglise dAinag occupe remplacement d'un
temple dédié à Rome et à Auguste, par soixante nations
540 BULLETIN DU BIBUOPHILB
des Gaules. ]> Lisez : L'autel d'Auguste fut érigé au con-
fluent du Rhône et de la Saône, qui était, en ce temps-là,
au bas de la colline de Saint-Sébastien. L-autel était
près du Jardin des Plantes actuel, entre la Croix-Rousse
et les Terreaux, jamais il ne fut à Âinay.
Biographie Didot : a Le Père La Chaize, né le 25 août
1624^, fut nommé confesseur du Roi en 1615. » — Lisez :
1675. *
Idem : <c Péricaud, Marc- Antoine, bibliographe français,
né le 4 décembre 1782... fut admis au barreau... En
1827, fut nommé conservateur de la Bibliothèque de la
ville de Lyon.
Le Dictionnaire des Contemporains et Vapereau
appellent aussi : Marc-Antoine le Bibliothécaire de la
ville, Péricaud, Antoine, ancien avoué; le confondant
avec son frère cadet, Marc-Antoine Péricaud, avocat
renommé, qui plaida beaucoup, mais écrivit peu.
Celui-ci, né le 18 octobre 1784, est mort en 1864.
Antoine, l'infatigable écrivain, naquit en 1782, et non
en 1792, comme le dit la Biographie de Rabbe. Il est
mort le 25 octobre 1867, à Tàge de 85 ans, et non en
1840, comme le dit Tabbé Simonin, dans son Nouveau
Feller.
La Biographie Didot tombe dans la même erreur :
a Marc-Antoine Péricaud » (C'est le cadet) « né en 1782 »
(c'est l'aîné) « se fit recevoir avocat... » (c'est le cadet)
a consacra son temps aux antiquités de sa province i^
(c'est l'aîné) « et devint, en 1827, conservateur de la J5i-
bliothèque de la ville. » (c'est encore l'aîné).
Barbier va plus loin ; il cite : « Documents pour servir
à l histoire de Lyon^ tirés des Archives de cette ville, peur
dant les années 183i, 35, 36 et 37. Lyon, Barret, 1839,
in-8... Et il attribue cet ouvrage à Marc- Antoine Péricaud,
prenant aussi l'avocat pour le bibliothécaire, et le cadet
QUELQUES ERREURS BIOGRAPHIQUES 541
pour Taîné, à qui on doit en effet un livre dont le titre
est approximatif : « Notes et documents pour servir à
r histoire de Lyon,.. Lyon et Roanne, 1839-1867; in-8,
trois volumes.
Or ni Taîné ni le cadet des deux frères n'est l'auteur de
l'ouvrage : Documents, cité par Barbier. II est de M. Go-
demar, archiviste du département du Rhône, et ne
traite à peu près que de la Ligue, tandis que les Notes
et Documents de Péricaud, Antoine, embrassent l'histoire
entière de Lyon.
JoANNE ; Dictionnaire géographique, article Ambérieu.
Il y en a deux dans le département de l'Ain et un dans
le département du Rhône. Joanne omet le dernier et
prend les deux premiers l'un pour l'autre :
a Ambérieu en Bugey, sur VAlbarine, chef-lieu de
canton. Sources du Gordon. i> (Lisez : Garon). « Château
ruiné de Saint-Maurice t> (Lisez : château de Saint-Mau-
rice, élégante et confortable résidence de la comtesse
douairière de Tricaud, dans un gros et riche village, sur
la rivière d'Ain, à quelques kilomètres d' Ambérieu.)
a Belles ruines de la forteresse de Saint-Germain. »
(Ajoutez : Où, d'après les historiens les plus autorisés,
fut promulguée une partie de la loi Gombette. Prise après
un siège fameux, par Amé le Grand, comte de Savoie,
l'archevêque de Lyon et leurs alliés ; détruite en 1595,
par le maréchal de Biron. Ambérieu est la patrie du
docteur Amédée Bonnet, célèbre chirurgien).
a Ambérieux en Dombes (au milieu d'étangs malsains)
Ruines dun château du xiP sièchy sur l'emplacement d'une
villa des rois burgondes, où fut rédigée, en partie , la loi
Gombette... t> (Opinion problématique et sans preuves,
avancée par un érudit natif de Trévoux.) « Patrie du, mé-
decin Bonnet, 1809-1858. y> (Erreur palpable. Le buste
érigé par ses compatriotes au docteur Amédée Bonnet, se
voit à la mairie d' Ambérieu en Bugey).
542 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Balleydier. Histoire de Lyon, tome I»*", p. 8 : « Piisi-
gnat,., d (Lisez : Pusîgnan.)
PÉRiCAUD aîné, Tablettes chronologiques : « La Société
littéraire de Lyon fut fondée en 1817. » (Lisez : 1807 ; ou
plutôt : fut relevée en 1807 ; sa fondation remonte au
9 mai 1778).
Deriard. Biographie lyonnaise : « Ambérieu {Pierre
Dujat d) né à Lyon en 1737, » (Lisez : le 27 novembre
1739.) Dans son Tableau de la Société littéraire, M. Bel-
lin, secrétaire de la Société, le fait naitre le 18 octobre
1739, et mourir, à Ambérieu, le 21 mai 1847 ; ce qui fidt
trois erreurs. Lisez : mort, à Lyon, le 20 octobre 1821 •)
Idem : « Bigolier, Claude, né à Treffort (Ain), en 1502,
auteur du poème latin : Rapina sue Raporum eucomium,
Lyon, 1540. » -— (Lisez : Bigotier, Claude, né à Bourg, le
13 août 1517, et non à Treffort. Voir les derniers travaux
de M. Brossard, archiviste de TAin. Auteur du poème
latin : Rapina, seu Raporum encomium^ Lyon, Payen,
1540, in-12.)
Si les coquilles avaient pu être passées sous silence, les
erreurs de nom et de lieu devaient être relevées avec
soin.
Idem : ce Bochard, docteur de Sorbonne, grand vicaire
du cardinal Fesch, écrivain ; mort à Montluel (Bresse) en
183i, » (Lisez : Ménestruel en Bugey).
Idem, ce Boitel, écrivain, mort à Lyon en 1854. » (Lisez :
mort à Irigny (Rhône) le 2 août 1856).
Idem : ce Cogelly peintre, né à Stockholm en 1731. »
(Lisez : en 1734).
Idem, ce FraissCy Charles y écrivain, mort à Lyon en 1869. »
(Lisez : le 26 juin 1870).
Idem, ce Martel, Ange-Etienne, illustre architecte, ni à
LyoUj en 1509 ; mort à Paris en 1645. » (Lisez : Martel-
lange, Etienne, mort à Paris le 31 octobre 1641).
QUELQUES ERREURS BIOGRAPHIQUES 543
Idem : a Mathon de la Cour, mathématicien, né à Lyon,
en 1712; mort en 1770. » (Lisez : le 7 novembre 1777).
Idem : a Marquis de Ragny, né à Lyon en 1810; bienfai-
teur de Vhumanité. » (Lisez : Bourdin, qui signait ses
brochures du nom de : Marquis de Ragny ; mystificateur,
fils d'un aubergiste de la Guillotière).
Almanach lyonnais POUR 1865. Par Adrien Péladan.
Page 65 : a 1792, installation d'Antoine Nivière Clos,
nommé maire de Lyon, -» (Lisez : Nivière Chol.)
Autres erreurs cueillies un peu partout :
a Xavier Bichat, né à Thoissey, Ain. » (Lisez : Thoirette,
Jura).
a Le Cimetière de Loyasse, par Péricaud. t> (Lisez :
Pierre Beuf).
a Colonel Sève, Soliman Pacha, généralissime des
armées égyptiennes, né à Lyon le 17 mai 1788, et non
le l*^'' avril 1787; dans la paroisse de Saint-Pierre, et non
à Fontaine-sur-Saône, près Lyon; d'Anthelme Sève,
tondeur de draps et non meunier, et d' Antoinette Juillet,
fille d'un meunier de Fontaine. Entré dans la marine à
douze ans, comme enfant indiscipliné et non comme fils
de famille. Nommé capitaine par Grouchy le l®"" mai
1815, grade qui ne lui fut jamais confirmé. Ne s'est ja-
mais appelé Selves, ni de Sèves ; ne fut jamais colonel,
ni chevalier de la Légion d'honneur dans l'armée fran-
çaise ; ne fut jamais attaché à l'état- major du maréchal
Ney, pendant la retraite de Russie, n'étant alors qu'un
simple et modeste sous-ofiBcier. Lorsqu'il eut été nommé
généralissime, en Egypte, par Méhémet Ali, et qu'il eût
gagné des batailles, on lui fit une histoire de fantaisie
comme cela est arrivé à plus d'un avant lui. »
a Suchet, Louis-Gabriel, duc d'Albuféra, né à Lyon,
le 2 mars 1770, et non en 1769, ou en 1772, comme le
prétendent ses biographes ; baptisé le même jour par
Goret, vicaire. Mort au château de Saint-Joseph, près de
544 BULLETIN DU BIBUOPHILE
Marseille, le 3 janvier 1826 et non le 6, le 9 ou le 19»
comme le disent la Gazette universelle de Lyon, les Ar*
chives du Rhône, et la plupart de ceux qui ont écrit sur
lui. }»
Barbier, tome I. <t Concubitus sine Lucina.,. Quérard,
dans la France littéraire, a confondu ce traducteur avec
de Combes... » (Lisez : de Combles.)
M. de Combles, né à Lyon en 1702, mort en 1770, a
publié un Traité sur la culture des pêchers et sa traduc-
tion du Concubitus ; mais c'est son fils, Charles- Jean, né
à Lyon en 1755, mort en 1803, qui a illustré son nom en
publiant Caquire, parodie de Zaïre, plaisanterie, dont
Tapparition causa tant d'amertumes à Voltaire. M. de
Combles fils fut membre du Conseil supérieur à Lyon.
Barbier, tome I. ce Défense de : La Vérité sur le cardi-
nal Fesch.,., par l'abbé Callet... d (Lisez : Cattet, ancien
vicaire général du diocèse de Lyon, historien, polémiste,
mort à Lyon en 1858.)
Larousse, article : Genève. « Hommes illustres... Ca-
saubon, Scaliger... r>
Lisez : Scaliger, Jules-César, naquit en 1484, au château
de Riva, sur le lac de Garde (Italie) ; son fils, Joseph-
Juste, naquit à Agen, le 4 août 1540. Il habita Genève
quelque temps, mais il n'y est ni né ni mort. (Y a-t-il eu
un autre Scaliger célèbre ? je ne le connais pas.)
Ces quelques erreurs, cueillies en passant, n'ôtent rien
au mérite des grands érudits qui les ont laissé échapper;
mais rintention de ces auteurs était d'instruire et d'en»
seigner. On a confiance dans leurs lumières et leur
puissante érudition. Par respect pour la science qu'ils
ont élucidée, par affection pour cette jeunesse qu'ils ont
voulu guider, ne serait-il pas bon que chaque lecteur
prît la peine de relever les fautes qu'il rencontre? Ne
pourrait-on centraliser ces erreurs et les donner à un
QUELQUES ERREURS BIOGRAPHIQUES 545
recueil autorisé, où chaque travailleur pourrait les véri-
fier et rétablir la vérité un instant éclipsée?
Les éditeurs, en donnant de nouvelles éditions, ne
pourraient-ils corriger les anciennes? Enfin, à la longue,
ne pourrait-on pas obtenir la vérité vraie, à Tusage de
ceux qui tiennent à la connaître dans tout son précieux
éclat ?
Telle est la pensée qui a suggéré cet essai.
L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux ne fait
pas autre chose ; il demande au public lui-même la rec-
tification des erreurs qui ont cours. On sait les services
qu'il rend à l'histoire.
Je serais heureux si on jugeait ma proposition pratique
et si mon exemple trouvait quelques imitateurs.
Aimé ViNGTRINIER.
1891 35
REVUE CRITIQUE
DK
PUBLICATIONS NOUVELLES
Geoffroi de Villehardouin. La Conquête de Cons-
tantinople, texte et traduction nouvelle avec notice,
notes et glossaire par Emile Bouchet. Paris, Alphonse
Lemerre, 1891, 2 vol. in-8. (40 fr.)
Bien que la conquête de Constantino])lc par les Croisés et la
fondation d'un empire latin en Oriont, au xiii^ siôcle, aient eu un
grand retentissement, les événements de la quatrième croisade ne
lurent bien connus que par la narration qu'en fitTun des principaux
témoins oculaires, Geoffroi de Villehardouin, maréchal de Cham-
pagne. La popularité de son récit devint bientôt fort grande en
Occident ; de nombreuses copies en lurent exécutées et les jongleurs
eux-mêmes allèrent de ville en ville, de châteaux en châteaux, réci-
tant de longs fragments de cette émouvante chronique. Malgré cette
popularité, ce ne fut qu'à la lin du xvie siècle, en 1585, que fut
imprimée pour la première fois et publiée par Biaise de Vigenère,
gentilhomme bourguignon, l'œuvre de Geoffroi de Villehardouin.
A cette même époqu(\ un imprimeur lyonnais, Guillaume de
Ro ville venait d'acquérir un manuscrit de cette chronique ; il allait le
mettre sous ses presses quand parut l'édition de Biaise de Vigencre ;
arrêté momentanément dans le projet qu'il avait conçu, la mort
vint, peu après, surprendre Roville avant qu'il eût pu le mettre à
exécution. Ses héritiers laissèrent passer quelques années et don-
nèrent, en 1601, une nouvelle édition du texte de Villehardouin
d après le manuscrit de Venise. Pendant plus de 80 ans, on ne
s'occupa plus de la Conquête de Constantinople ; en 1687, Ducange
mit \\ profit l'édition de Biaise de Vigenère dont il développa les
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 547
notes marginales et on donna une nouvelle. Depuis cette date, la
Conquête de Cotistantinople ne fut pas publiée à nouveau; mais, au
commencement de notre siècle, plusieurs historiens parmi lesquels
Petitot, Dom Brial, Buchon, Michaud, s'attachèrent à remettre en
lumière et à vulgariser l'histoire des croisades. M. Paulin Paris qui
eut la l)Oime fortune de décou\ir à la bibliothèque royale deux
manuscrits nouveaux — on en connaissait alors seulement trois —
donna, sous les auspices de la Société de VHLstoire de France,
une nouvelle édition de la chronique de Yillehardouin accompagnée
de la Continrtation de Henri de Valenciennes, M. Paulin Paris
pensait eu avoir établi définitivement le texte lorsque Buchon lui
opposa de sérieuses contradictions. Entre ces différentes versions,
il devenait difficile de savoir quelle était la bonne. Fallait-il s'en
rapporter à Dom Brial, à Paulin Paris ou à Buchon?
M. Natalis de Wailly ïnit sa puissante érudition au service de la
cause du maréchal de Champagne et l'éminent archiviste donna, k
son tour, après avoir comparé les textes de tous les manuscrits
connus et celui d'un septième manuscrit que l'on venait de décou-
vrir, une savante édition de la chronique de Yillehardouin. Mais,
en travailleur expérimenté qu'il était, il ne se fit pas l'illusion de
croire qu'il publiait l'édition définitive de ce texte, puisqu'il prit
soin de fournir lui-même les éléments d'une revision. Cette édition
*
résumait exactement, comme le dit M. Emile Bouchot dans l'excellent
travail qu'il nous donne aujourd'hui l'état de nos connaissances
itlati veillent à la quatrième croisade ; mais le vieux maréchal est
un de ces auteurs qu'il convient d'éditer de temps en ti'uips à nou-
veau : (• lu texte n'est jamais si définitivement établi qu'il ne soit
pas possible, ajoute-t-il, de l'améliorer dans ses détails. Il n'est pas
de jour où soit la découverte de quelques documents, soit la publica-
tion de «luelque étude originale et importante ne vienne tantôt
accroître nos connaissances, tantôt modifier les opinions admises
sur certains événements du Moyen-Age. La quatrième croisade est
(le ce nombre.
L'érudit éditeur de la Conquête de Constantinoplc, tenant compte
des résultats acquis, sest donc attaché à perfectionner le texte de
\ illelifirdouin et, surtout, à vulgariser l'un des plus anciens monu-
ments d«' notre littérature. « Affirmer, une fois de plus, qu'il mérite
de compter parmi nos cl.issiques et lui attribuer une place légitime
dans iiin" «collection où doivent venir se ranger successivement les
cliefs-d'i livre <le l'esprit français », t«'l est le but que s'est proposé
M. Kmilc Ilouchet en ajout:»nt une édition nouvelle à celles qui ont
été déjà données du vieux chroniqueur.
548 BULLETIN DU BIBUOPHILE
n n'est pas sans intérêt non plus de dire quelques mots sur la
composition des deux volumes de la Conquête de Constantinople.
Le tome premier qui contient le texte de Villehardouin , très
minutieusement coUationné sur tous les manuscrits connus, est
précédé d'un Avant-propos où M. Emile Bouchet s'explique sur le
système qu'il a adopté au point de vue orthographique. £n regard
du texte original, le nouvel éditeur de la relation du maréchal de
Champagne a placé une traduction, en langage moderne, aussi
littérale que possible, tout en conservant certains mots qui n'ont
plus d'équivalent dans notre langue actuelle. A la fin du volume se
trouvent des notes — de véritables petits documents — et on
glossaire qui facilitera l'intelligence de certains mots difficiles à
comprendre.
Le tome deuxième est tout entier l'œuvre de M. Emile Bouchet ;
il comprend une remarquable étude sur la quatrième croisade et
sur son historien qui y a joué un rôle si considérable. L'auteur
qui apporte beaucoup de documents nouveaux s'est attaché, tout
particulièrement, à défendre Villehardouin contre les attaques dont
il a été récemment l'objet et à prouver la sincérité et la probité
historique de son œuvre. Puis vient la Bibliographie des éditions
de la Conquête de Constantinople et des ouvrages qui ont été
consacrés à cet événement et à son histoire. Enfin, les lecteurs
trouveront, à la fin du volume, une très copieuse table des noms
propres, lesquels sont accompagnés de notes des plus intéressantes
sur chacun des personnages et des lieux cités dans l'ouvrage.
La nouvelle édition que vient de publier M. Emile Bouchet ne
manquera pas de lui valoir l'estime du public lettré et des biblio-
philes ; car si les recherches de l'écrivain sont l'œuvre d'un érudit
consciencieux et savant, la forme élégante et sérieuse à la fois sous
laquelle l'éditeur Lemerre la présente en fait un livre qui a sa place
marquée chez tous les bibliophiles.
Il a été tiré 550 exemplaires sur papier de Hollande in-8o écu,
60 sur grand papier de Hollande, 20 sur papier de Chine et 20 sur
papier Whatman, tous numérotés et paraphés par l'éditeur.
Georges Vicaire.
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 549
MÉMOIRE SUR LA BATAILLE DE COURTRAI (1302, 11 juillet) et
les chroniqueurs qui en ont traité, pour senir à
riiistoriographie du règne de Philippe le Bel, par
M. Frantz Funck-Brentano. Extrait des Mémoires
présentés par divers savants à TAcadémie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres.... Paris, impr. Nationale;
librairie C. Klincksieck, M.DCCCXCI, in-4o (avec
2 plans).
Ou sait qu'il existe, depuis les premières années du xiv« siècle,
sur la bataille de Courtrai où la chevalerie française fut mise en
déroute, deux traditions nettement distinctes, la version flamande
et la version française. Les Flamands attribuaient l'issue de la
journée au seul iKTOïsme de leurs milices communales. Les Fran-
çais, au contraire, prétendaient avoir été victimes d'un stratagème
qu'ils qualifiaient de traîtrise, conformément aux mœurs militaires
do la cbcvalerie. Plusieurs travaux ont été écrits sur cet événement
bistorique, l'un des plus importants du Moyen-Age, notamment par
Goethals-Vercruyssen, H. -G. Moke, Tabbé Duclos, le général alle-
mand Kuhler et plus récemment encore, par M. Pirenne, professeur
îi Université de Gand. Ces érudits auteurs, dont l'un va jusqu'à
qualifier de légende la version française, repoussent unanimement
rem}»loi d'un stratagème par les Flamands.
L'un des hommes qui connaît le mieux l'histoire des Flandres,
M. Frantz Funck-Brentano, vient à son tour d'élever, avec autorité,
la voix dans le débat et de prouver, en basant son opinion sur
des chroniques et des pièces d'archives, que l'infanterie flamande
avait attiré la chevalerie dans des pièges préparés par elle — des
Ibssés creusés et recouverts d'herbes — où celle-ci s'effondra dans
une horrible confusion.
Cet intéressant mémoire, écrit dans une langue concise et pleine
de précision, excessivement documenté et suivi de pièces justifica-
tives, a trouvé devant l'Institut un accueil des plus favorables ; en
détruisant la version flamande qui devient alors la légende^ il fixe
dés aujourd'hui, d'une manière éloquente, la vérité sur la journée
des Éperons d'or que, grâce à de savantes et patientes recherches,
son auteur vient de reconstituer jusque dans ses moindres détails.
G. V.
550 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
Les arts de l'ameublement. — La Menuiserie par Henry
Havard, inspecteur des beaux-arts. Cent illustrations
par A. Mangonot. — L Orfèvrerie (parle même). Cent
vingt illustrations par M. Gouin. — La Décoration
(par le même). Cent illustrations par A. Mangonot.
Librairie Charles Delagraue, 3 vol. pet. in-8.
L'art industriel a été pendant longtemps considéré comme un art
inférieur. On commence aujourd'hui à lui rendre justice et des
eflbrts sont tentés pour lui donner la véritable place qu'il est di^e
d'occuper parmi les Beaux-Arts. SHl a été relégué au second plan»
c'est peut-être à son manque de caractère et d'originalité qu'il faut
en attribuer la cause. M. Henry Havard, membre du conseil supé-
rieur des Beaux-Arts, dont la haute compétence est indiscutable
dans tout ce qui touche à l'histoire du mobilier, a pensé que ce
manque d'originalité qu'on remarque dans les produits de notre
industrie provient surtout de l'ignorance des exigences spéciales et
des conditions de beauté que comporte chacune des matières qu'elle
met en œuvre. Si l'on apprend à dessiner dans nos écoles profes-
sionnelles, on ne se préoccupe pas suffisamment d'une application
directe du dessin, et l'on arrive ainsi à créer des modèles, qui con-
venant au fer aussi bien qu'à l'argent, au bronze autant qu*à la
porcelaine, manquent fatalement de précision, de saveur et d'accent.
M. Henry Havard, pour faire cesser ce malentendu regrettable, a
donc eu l'idée de publier une petite bibliothèque des Arts de Vameu-
hlement dont les trois premiers volumes, édités avec luxe, par
M. Delagrave viennent de paraître. Ces trois volumes traitent de la
Menuiserie, de V Orfèvrerie et de la Décoration. Trois autres, con-
sacrés à la Serrurerie^ à la Tapisserie et à Y Horlogerie, sont sous
presse. Les six autres — car la publication complète comprendra
douze volumes — nous initieront aux secrets de la Porcelaine, de
la Faïence, de V Ébénisterie, de la fabrication des Bronzes d'art, de
la Verrerie ; le dernier nous décrira les Styles,
Chacun de ces petits livres est divisé en deux parties : l'une con-
sacrée à la technique de l'industrie, l'autre à son histoire. Nous ne
saurions trop louer lauteur de la précision qu'il a apportée dans
son intéressante collection. Quant aux dessins, exécutés avec un
grand soin, ils comj>lètcnt avantageusement le texte. Les Arts de
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 551
V ameublement, qui s'adressent aussi bien aux gens du monde qu'aux
artistes, sont très instructifs et rendront certainement de grands
services.
Ajoutons qu'il a été tiré, pour les bibliophiles, 100 exemplaires
sur papier des manufactures impériales du Japon. (15 fr. le vol.)
G. V.
Lettres de François Pétrarque à Jean Boccace tra-
duites du latin pour la première fois par Victor
Develay. Paris, Librairie Marpon et Flammarion,
M DCCC XCI, in-18 (3 fr. 50).
M. Victor Develay, qui a déjà publié dans la Bibliothèque récréa-
tive la traduction d'un grand nombre d'ouvrages de Pétrarque,
continue aujourd'hui la série de ses traductions en offrant au public
les lettres écrites par le chantre de Laura à l'auteur du Décaméron,
Il n'y «Ml a pas moins de vingt-huit parmi lesquelles plusieurs pré-
sentent un réel intérêt comme celle, par exemple, où Pétrarque
que l'on accusait d'être jaloux du Dante se lave de cette accusation.
Dans une autre, le poète italien confie à son illustre ami que, s'il
est resté longtemps sans lui écrire, c'est qu'il « lui est venu une gale
sèche et hideuse » et que ce mal « empêchant ses mains de tenir
non-seulement une plume, mais même son manger, il les occupe
uni([ue!nent à le gratter et à le déchirer. » Signalons également la
dernière missive clans laquelle Pétrarque exprime à Boccace le
sentiment de plaisir que lui a causé la lecture de Grisélidis dont il li^i
envoie la traduction latine, et que M. Victor Develay vient à son
tour de traduire en français.
G. V.
Zoan Andréa et ses homonymes, par le duc de Rivoli et
Charles Ephrussi. — Paris, Bureaux de la Gazette
des Beaux-Arts, 1891,
Voici une «euvre de critique investigatrice et patiente. Le nom de
Zoan Andréa est familier à tous ceux qui s'occupent de l'art vénitien;
552 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
mais jusqu'ici on avait attribué à un seul artiste toutes les gravures
en taille-douce ou xylographies signées des marques saivantefl :
ZOVA XDREA, ZA, îA, îAD, IA, Io, fa.
On n'avait pas remarqué que les nombreux morceaux, portant
ces signatures diverses, présentaient de notables différences de com-
position et d'exécution qui ne permettaient guère de les attribuer A
une même main ; on avait oublié de tenir compte des dates, de sorte
que, pour identifier le premier et le dernier de ces Zoan Andréa, il
eût fallu donner à la carrière artistique de cet unique personnage
la respectable durée de 114 ans.
En comparant avec un soin minutieux les gravures aux mul-
tiples signatures, en restituant aux dates Timporlance qu'elles
doivent avoir dans les travaux de critique d'art aussi bien qu'en
matière historique, en exhumant un certain nombre de documents
ensevelis dans la poussière des bibliothèques et surtout une très
curieuse pièce découverte dans les archives de Mantoue et qui avait
passé presque inaperçue, MM. le Duc de Rivoli et Charles Ephrussi
sont parvenus à jeter quelque lumière dans ces épaisses ténèbres.
Ils ont démontré, preuves en main, qu'il faut désormais renoncer à
Tunité fantaisiste d'un trop fécond Zoan Andréa et répartir les
œuvres qu'on lui a trop libéralement assignées entre une demi-don-
znine au moins d'auteurs entièrement distincts. Leur argumentation
serrée, pleine de faits, ingénieuse sans subtilité, relevant sans aucune
aigreur les erreurs de leurs devanciers, établit d'une façon décisive
qu'il convient de distinguer :
Zoan Andréa, peintre graveur de Mantoue, copiste de Mantegna,
avec lequel il eut, à cause de ces copies mêmes, de nombreux
différends ;
Zoan Andréa, xylographe, le graveur de V Apocalypse et de tant
d autres blocs qui ne sont souvent que des copies de bois antérieurs;
c'est celui qui a été longtemps considéré comme l'unique Zoan
Andréa ;
io, xylographe très supérieur au précédent, interprète de dessins
originaux, illustrateur surtout d'ouvrages pieux, la plupart sortis
des presses de Stagnino. Sa signature se trouve au bas d'une des
meilleures productions de la gravure vénitienne à la fin du xv^ siècle,
Apollon et Marsyas, dans V Ovide de 1497 ;
Enfin Giovanni Andréa Valvassore, secondé par ses deux frères
Florio et Luigi, et leurs héritiers, éditeurs, imprimeurs et graveurs.
Ces conclusions, auxquelles il est difficile de ne pas adhérer après
REVUE CRITIQUE DE PUBLICATIONS NOUVELLES 553
la lecture de Zoan Andréa et ses hom(mymeSy ne laisseront pas de
surprendre un peu la critique routinière et causeront peut-être
quelque émoi au-delà des Alpes, où Ton sera étonné de nous voir si
bien renseignés sur les cose d'Italia ; mais il faudra bien s'incliner
devant la réalité probante des faits et la solidité des raisonnements.
Les deux auteurs font, entre ces artistes confondus auparavant
dans une trompeuse identité, un partage équitable d'œuvres dont la
diversité aurait dû éveiller l'attention. Au premier 2k)an Andréa
appartiennent les copies de Mantegna, dont il était tellement im>
prégné que, même lorsqu'il travaillait d'après d'autres originaux, il
gardait un souvenir très prononcé du maître mantouan. Le second
doit le meilleur de sa renommée aux bois de YApocal\fpse de 1516 :
« Artiste très inégal, disent nos auteurs, et peut-être employant
des auxiliaires de valeur et d'expérience diverses, il a laissé une
oeuvre considérable, où le mauvais et le bon se coudoient sans cesse,
révélant tantôt une habileté courante qui n'est pas dénuée de mérite,
tantôt la précipitation d'un travail de manœuvre, appliqué surtout à
des copies de bois antérieurement parues et exécutées pour des clients
inédiocreraent exigeants et, sans doute, peu généreux. Aussi le plus
souvent le trait est -il rude et mou, sans fmesse dans les extrémités,
sans soin dans les détails ; aucun effet d'ensemble ; on se sent déjà
loin de cette belle école de gravure vénitienne des dernières années
du xve siècle ; la décadence est manifeste. Même les bois de VApo^
calypse de 1516, quoique soutenus par l'incomparable beauté des
originaux de Durer, ne dépassent point assez le niveau de ses pro-
ductions ordinaires. »
Le gracieux maître ta se consacre surtout à l'ornement des livres
de dévotion. On rencontre plusieurs fois sa signature dans un Mis-
sale Romaniim de 1506 dont les bois furent accueillis avec une telle
faveur qu'on les reproduisit, pendant plus de trente ans, dans un
très grand nombre d'ouvrages pieux : a Toujours soigné, d'un accent
très vif, suivant avec conscience le trait du dessinateur, cet ta inter-
prète, sans les amollir, de jolies compositions d'une inspiration belli-
nesque. C'est assez dire combien il se sépare du Zoan Andréa de
\ Apocalypse à la taille molle et ronde, à la facture négligée, qui lui
est très sensiblement inférieur. » Quel nom cache cet énigmatique
ta? Peut-être celui de Jacobus Argentoratensis.
Quant à Zoan Andréa Valvassore, Vavassore ou Vavassori, dit
Guadagnino ou Vadagnino (gagne-petit), il se recommande spéciale-
ment aux bibliophiles par la multiplicité et l'intérêt de ses publica-
tions. A la fois libraire, éditeur, imprimeur, graveur sur bois et
cartogra))he, il fut un des plus laborieux dans la laborieuse Venise
554 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
du xvi« siècle. On lui doit, entre autres livres curieux et fort recher-
chés : un Esatnplario di Lavori, che insegna aile done il modo e
ordine di Lavorare, cuzire e racamare ; sorte de manuel de bro-
derie et de couture propre, agoute le titre, à fare una donna
virtuoaa cô laco in mano , à rendre une femme vertueuse avec
l'aiguille en main ; — un recueil de pieuses xylographies, YOpera
noua contemplatiua per ogtii fidel christiano laquale traita de le
figure del testamento vecchio ; — un Ârioste dont le succès fut tel
que les éditions se succèdent annuellement presque sans interrup-
tion, de 1549 à 1568 ; une grande carte de France, en quatre
feuilles, avec cette légende : Questo sie il vero dissegno di tutta la
Francia con tutti H suai confini... MM. le duc de Rivoli et Charles
Ephrussi ont reconstitué, avec une rare sûreté d'investigation, la
carrière si bien remplie de cet imprimeur-graveur et de ses auxi-
liaires et héritiers.
Nous dirions plus de bien encore des auteurs de Zoan Andréa et
ses homonymeSj si nous ne craignions d'avoir Fair de plaider pro
domo nostra ; tous deux sont, en effet, collaborateurs du Bulletin :
Tun l'a enrichi de cette série de travaux bibliographiques sur les
livres à figures vénitiens de 1469 à 1525, travaux qui vont être
réunis en un volume impatiemment attendu ; l'autre, bien connu
par ses deux beaux livres sur les dessins d'Albert Durer et sur Paul
Baudry, a publié aussi dans le Bulletin une magistrale étude sur
un des chefs-d'œuvre d'Aide l'ancien, le Songe de Polij)hile. On
voit combien l'un et l'autre avaient qualité pour parler avec compé-
tence et autorité de l'art vénitien et rectifier des erreurs trop
longtemps accréditées .
E. Delapiage.
CHRONIQUE DES VENTES
La saison des ventes a commencé d'assez bonne heure
à rhôtel Drouot et s'est ouverte par l'adjudication d'un
important ensemble de livres modernes, provenant
d'une bibliothèque de Marseille et mise aux enchères
par la librairie Techener. Nous résumons brièvement
les observations que suggère cette première vente.
Les éditions sur papier de Hollande brochées de nos
principaux romanciers ont atteint des prix fort élevés ;
c'est ainsi que V Affaire Clemenceau, d'Alexandre Dumas
fils, a été payée 170 fr., exemplaire broché mais défraîchi,
et la Maison Tellier, de Guy de Maupassant, 80 fr. Par
contre, certains livres modernes, surtout les publications
volumineuses, les livres sur grand papier. Hollande ou
Chine, semblent frappés de quelque discrédit. Les livres
à figures du xviip siècle se sont vendus à des prix hono-
rables, sauf la série des ouvrages du trop fécond Restif
de la Bretonne, qui n'a provoqué que d'assez froides
enchères ; on paraît se fatiguer un peu de Monsieur
Nicolas, du Paysan peruerti et de tous ces romans d'une
prolixité monotone.
Nous donnons la liste d'un assez grand nombre des
ouvrages adjugés et des prix obtenus.
8. ALMANAGH nouveau des citoyennes bien actives de Paris consa-
crées aux plaisirs de la République, 1793 ; in-16, dos et coins
de maroq. noir, non rog. — 30 fr.
19-20. L'ARTISTE, 1831 à 1854 et années diverses. — 445 fr.
556 BULLETIN DU BIBUOPHILE
28. BALZAC. Peau de chagrin, 1838 ; in-8, d.-rel., premier tira^.
— 65 fr.
30. BALZAC. Pet. misères de la vie conjugale, 1845 ; iii-8, d.-rel.
n. rog. — 41 fr.
34. BALZAC. Œuvres complètes. Michel Lévy^ 1869-76 ; 24 ^1.
in-8, d.-rel. mar. n. rog. Exempl. sur Hollande. — 255 fr.
45. BAUDELAIRE. Œuvres compl. 1868-70; 7 vol. in-12, dem.
maroq. non rog. Ex. sur Hollande. — 162 fr.
53. BÉRANGER. Chansons. Paris^ 1828; 2 vol. in-8, quarante
lithographies coloriées d'Henri Monnier, d.-rel. veau rose, non
rog. — 126 fr.
56. BÉRANGER. Œuvres complètes, illustrées de cinquante-deux
belles grav. de Charlet, de Lemud, Johannot. Paris, 1847 ; 2 vol.
— Dernières chansons^ 1857 ; 1 vol., 14 fig. de Lemud. - Ma
biographie, 1857 ; 1 vol., 4 port, et 7 fig. — Musique des chan-
sons de Déranger. 120 fig. de Grandville sur Chine. 1865 ; in-8,
2 port, de Béranger et 8 figures. Eus. 5 vol. in-8, dos et coins
mar. bleu, non rog. (Trautz-Bauzonrtet) . — 550 fr.
Très bel exemplaire avec, toutes les figures de premier tuiaoe sur Chine
AVANT LA lettre.
64. BERTRAND (Louis). Gaspard de la nuit, 1842; in-8, d.-mar.
non rog. — 60 fr.
108. DON QUICHOTTE, figures de Gustave Doré sur Chine.
Hachette, 1863 ; 2 vol. in-fol. carf. — 42 fr.
113. CHAMPFLEURY. Les Chats, 1869; in-12, dem.-mar. n. rog.
— 30fr.
121. CHEFS-D'ŒUVRE du roman contemporain. Quan^tn, 1885-
1889 ; 14 vol. in-8, dem.-toile n. r. — 135 fr.
123. CHEVIGNÉ. Contes rémois, 1858; in-12, dem.-mar. n. rog.
premier tirage. — 40 fr.
125. CHODERLOS DE LACLOS. Les liaisons dangereuses, 1796 ;
2 vol. iu-8, veau, tr. dor. (rel. anc). Papier vélin, fig. avant la
lettre. — 260 fr.
138. COLLECTION MONNIER, 1884-1886 ; 14 vol. in.8, dem.-toile,
n. rog. Exempl. sur Japon. — 131 fr.
149. COURRIER (Le) français, 1887-1890; 4 années en 8 vol. in-fol.,
dem.-rel. n. rog. — 107 fr.
CHRONIQUB DES VENTES 557
154. LE DANTE, fig. de G. Doré sar Chine. Hachette, 1862-68 ;
2 vol. in-fol. cart., premier tirage. — 94 fr.
160. DAUDET /Alph.). Œuvres compl. Dentu, 1881-87 ; 8 vol.
in-8, d.-rel. non rog. Ex. sur Chine. — 75 £r.
188. DORAT. Œuvres compl. 1764-1777 ; 20 vol. in-8, v. m., tr.
dor. — 170 fr.
im. DREUX DU RADIER. L'Europe Ulustre, 1755-65 ; 6 vol. pet.
in-4, V. marb., premier tirage. — 281 fr.
198. DUMAS fils. Péchés de jeunesse, 1847 ; in-8, d.-rel. — 35 fr.
202. — Affaire Qémenceau, 1867 ; gr. in-8 br. Elx. sur Hollande.
170 fr.
221. FENELON. Telemaque, 1783; 2 vol. in-4, fig. de Monnet,
mar. rouge, rel. de Bradel. — 173 fr.
225. FLAUBERT. Madame Bovary, 1857 ; édition orig. ; 2 vol.
in-12 br. — 25 fr.
227. — Tentation de St- Antoine, 1874 ; in-8, dem.-rel. non rog.
Ed. orig., exemp. sur Hollande. — 36 £r.
228. — Le même livre, papier ordinaire, même condition. — 21 fr.
230. — Œuvres comp. Quantin, 1885 ; 8 vol. in-8, demi-toile, non
rog. Ex. sur Hollande. — 67 fr.
234. ŒUVRE de Jean Fouquet. Curmer, 1866 ; 2 vol. in-4, maroq.
rouge. — 250 fr.
237. LES FRANÇAIS peints par eux-mêmes. Curmer^ 1841 ; 9 vol.
in-8, d.-mar. n. rog. Figures noires et coloriées. — 150 fr.
247. GAUTIER (T.). Mademoiselle de Maupin. Conquête 1883;
2 vol. in-8 br., fig. de Toudouze. — 2(X) fr.
251. GAVARNI. Œuvres choisies, 1846; 4 vol. iii-4, dem.-toile
n. rog. — 70 fr.
254. GESSNER. Œuv. Renouard, 1799 ; 4 vol. in^, v. f., tr. dor.
rel. de Bozérian. Fig. de Moreau avant la lettre. — 171 fr.
261. GONGOURT (de). La fille Elisa ; in-12 br. Ed. orig., ex. sur
Holl. - 25 fr.
269. — La Maison d'un artiste ; 2 vol. in-12 br. Ed. orig., exempl.
sur Hollande. -^ 30 fr.
558 BULLETIN DU BEBLIOPHILE
28i. GOYA. Gaprichos ; in-fol. cuir de Russie non rog. Bel exem-
plaire. — 450 fr.
292. GRANDVILLE. Fleurs animées, 1847 ; 2 vol. gr. in-8« dem.-
rel. n. rog. — 50 fr.
298. HALEVY. Abbé Constantin. Edit. orig., ex. sur Hollande ;
broché. — 34 fr.
300. — Criquette, même condition. — 19 fr.
319. HUGO. Œuv. compl. 51 vol. in-8, dem. -toile, n. rog. Ex.
sur Hollande. — 300 fr.
330. JAIME. Musée de la Caricature, 1838; 2 vol. in-4, dem.-rel.
-240fr.
335. JANIN (J.). Œuvres compl. Jouamt, 1876-1881 ; 13 vol. pet.
in-8 br. Ex. sur Chine. — 34 fr.
345 à 348. LACROIX (P.). Moyen âge. — Dix-septième siècle. —
Dix-huitième siècle. — Directoire. Ens. 9 vol. in-4, d.-rel. mar.
Exempl. en grand papier. — 237 fr.
356. LA FONTAINE. Contes, édition des fermiers-généraux; 2vol.
in-8, mar. rouge, dentelle, rel. de Derome. — 1020 fr.
359. LA FONTAINE. Contes, 1795; 2 vol. in-4, pap. vélin, 20 fig.
de Fragonard, mar. vert n. r. — 280 fr.
380. LES LETTRES ET LES ARTS. Paris, Boussod et Valadon,
1886-1889 ; 16 vol. in-4, dem.-rel. n. rog. — 1220 fr.
404. MAUPASSANT (G. de). Maison Tellier, édit. orig., pap. de
Hollande, broché. — 74 fr.
405. — Une Vie, même condition. — 40 fr.
406. — M"e Fin, même condition. — 33 fr.
408. — Miss Harriet, même condition. — 23 fr.
409. — Sœurs Rondoli, même condition. — 25 fr.
410. — Clair de lime, même condition. — 13 fr.
412. — Au soleil, même condition. — 21 fr.
413. — Toine, même condition. — 14 fr.
414. — Bel- Ami, même condition. — 35 fr.
416. — Yv(itte, même condition. — 20 fr.
417. — La Petite Roque, même condition. — 21 fr.
CHRONIQUE DES VENTES 559
418. — Monsieur Parent, même condition. — 30 fr.
419. — Mont Oriol, même condition. — 21 fr.
454. MOLIÈRE. 1734; 6 vol. in-4, fig. de Boucher, v. marb.,
premier tirage. — 250 fr.
469. MONTESQUIEU. Temple de Gnide, 1772 ; gr. in-8, fig. de Le
Mire, veau marb. — 195 fi*.
482. MUSSET. Œuv. Leynen^e, 1876-77 ; 11 vol. in-12, dem.-rel.
toile. Ex. sur Chine. — 130 fr.
493. OVIDE. Métamorphoses, 1767-1770 ; 4 vol. in-4, v. m. Bel ex.
de second tirage. — 160 fr.
525. MANON LESCAUT. Launette, 1885 ; in-4. Ex. sur pap. de
Chine, eaux-fortes sur Japon et tirage à part des vignettes sur
Chine. — 145 fr.
527. RABAUT. Précis de la Révol. fr., 1792; in-18 br., fig. de
Moreau avant la lettre. Forte tache au premiers fT. — 47 fr.
531. IL\BELAIS, fig. de G. Doré. Gamier, 1872; 2 vol. in-fol.
cart. Pap. de HoU., fig. sur Chine. — 77 fr.
532. RABELAIS, fig. de Robida ; 2 vol. in-4, dem.-tofle. Exempl.
sur Chine. — 58 fr.
533. RACIXET. Costume historique, 1888; 6 vol. in-fol. dem.-
iiKiroq. n. rog. — 230 fr.
545. RESTIF DE LA BRETONNE. Le paysan perverti et la
paysanne pervertie, 1776-1784 ; 8 vol. in-12, dem.-rel. n. rog. —
24Ô fr.
550. - Les contemporaines, 1781-1785 ; 42 tomes en 21 vol. v. m.
105 fr.
561. — Les nuits de Paris, 1788-1791 ; 8 vol. in-12, dem.-rel. —
46 fr.
562. — Monument du costume, 1789; in-fol. demi-rel. 26 pi. (La
21*^ planche remontée et remplacée par une épreuve de premier
tirage-. Ex. médiocre. — 219 fr.
5S7. ROMAN DE LA ROSE, 1813; 4 vol. in-8 cart. Exempl. imp.
sur peau de vélin. — 255 fr.
bm. SAINTE-BIBLE, 1789-1804; 12 vol. in-4, dem.-reL n. rog.
fig. de Marinier. — 70 fr.
560 BULLETIN DU BIBUOPHILB
613. SOCIÉTÉ d'aquarellistes français. Launette, 1883 ; 2 vol.
in-fol. dem.-mar. — 101 fr.
615. SOIRÉES DE MÉDAN. Charpentier, 1880,- in.l2 br. Exerapl.
sur Chine. — 55 fr.
619. STENDHAL. Chartreuse de Parme. Conquet, 1883 ; 2 vol.
in-8 br. — 72 fr.
620. — Le Rouge et le Noir. Conquête 1884 ; 3 vol. in-8 br. —
83 fr.
637. MANUEL DU DRAGON, 1779; in-12, mar. r. aux armes
d'Albert de Luynes, duc de Chevreuse. — 51 fr.
651. VADÉ. Œuvres poissardes, 1798 ; in-12, v. m., pap. vél., fig.
avant la lettre. — 50 fr.
660. VOLTAIRE. Romans et Contes, 1778; 3 vol. in-8, v. m., tr.
dor., fig. de Monnet. — 150 fr.
672. ZOLA. Fortune des Rougon. Ed. orig. br. — 36 fir.
673. ZOLA. Contes (et nouveaux contes) à Ninon, éd. orig., dem.-
maroq. non rog., couv. imp. Pap. de HoU. — 22 fr.
674. — Assommoir, même condition. — 100 fr.
675. — Page d'amour^ même condition. — 49 fr.
679. -- Nana, même condition. — 12 fr.
685. — Nos auteurs dramatiques, même condition. — 15 fr.
691 . — Au bonheur des dames, même condition. — 14 fr .
695. — Germinal, même condition. — 50 fr.
704. ZOLOÉ et ses deux accolytes, an vin ; in-18, dem.*rel. mar.
n. rog., frontispice avant la lettre. — 50 fr.
CATALOGUE DESCRIPTIF
DE
LIVRES ET PIÈCES RARES
EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS A LA LIBRAIRIE TECHENER
29. — La sage folie ou pensées extraordinaires dédiées à
Madame la duchesse de Portsmouth par le très R. P.
F. Guillaume Felle, dominicain. Imprimé^ 1679 ; in-8»
de 8 iî. prél. et 160 pag. dem.-rel. vélin, fil. tr. dor.
24 fr.
Petit volume fort rare que nous ne trouvons cité dans aucune bi-
bliographie ; il a été imprimé en Angleterre, sinon à Londres. C'est
un recueil de propositions paradoxales dont voici la nomenclature :
1 . On ne doit pas blâmer ni haïr les bâtards.
2. La femme est plus excellente que Vhomme.
3. Cicéron fut très ignorant.
4. Il vaut mieux n'avoir point de valet.
5. Pauvreté vaut mieux que richesse.
0. Il vaut mieux pleurer que rire.
7. Aristote fut ignorant et méchant.
8. Une vie obscure vant mieux qu'une vie somptueuse.
9. Il vaut mieux avoir une femme stérile cpie féconde.
10. Les œuvres d'Aristote ne sont pas de lui.
11. Il vaut mieux être laid que beau.
12. Il vaut mieux être fou que sage.
13. Ce n'est pas chose blâmable que d'avoir une femme deshon-
n«He.
14. Le Décaméron de Boccace ne mérite pas d'être lu.
ir>. Il vaut mieux naître au village cpie dans une ville.
U\. La guerre vaut mieux que la paix.
17. Il vaut mieux être ignorant que savant.
18. L'ivrognerie vaut mieux que la sobriété.
10. Il vaut mieux être timide que hardi.
2() Il n'est pas mal qu'un prince perde son état.
21 . Il vaut mieux avoir une naissance obscure qu'illustre.
22. Il vaut mieux être en prison qu'en liberté.
1891 36
562 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
2:). Il vaut mieux mourir que vivre longtemps.
24. Il vaut mieux (>tre aveugle que voir clair.
25. Il vaut mieux être exilé que rester dans sa patrie.
26. La disette vaut mieux que Ta^ ondance.
27. Une petite maison vaut mieux qu'un palais.
28. G est un sot qui pleure sa femme.
29. Il n'est pas mauvais d'être blessé et battu.
30. Il vaut mieux être faible que robuste.
La duchesse de Porthmouth, à laquelle le volume est dédié, est
cette demoiselle de Kéroualle qui accompagna Henriette d'Angle-
terre à l'entrevue de Douvres (1070) et devint la favorite de Charles II .
Ses charmes ne furent pas inutiles au succès des négociations qui
aboutirent à l'alliance du roi d'Angleterre et de Louis XIV.
30 — Fables nouvelles, en vers, Paris, C. Blageart. 1685;
in-12 de 4 (T. 148 pag., front, gr., par Mavelot,
d.-rel., V. 30 fr.
Rare. Ces fables, traduites du latin de Jacques Régnier, médecin
à Beaune, ont été attribuées h Donneau de Vizé, puis h d'Aubigay.
Le catalogue de Simpson et M. Weiss {Biofjraphie universelle) les
attribuent à Moreau de Mautour; les trois têtes de Maure, qui figu-
rent dans les armoiries gravées sur le frontispice, donneraient
quelque probabilité à cette opinion. Cependant, on est convenu de
restituer cette traduction à un sieur Daubaine, poète fort inconnu,
dont le nom se trouve en tête d'une des fables de ce recueil, insérée
dans le Mercure galant de 1682.
L'abbé Goujet dit que a la versification lui a paru aisée, naturelle,
et que l'expression est pure » . Ces fables, au nombre de trente,
sont suivies d'un Beau mot d'une servante d'hostdleiHej des Paroles
du poète Anaxagoras, et d'un conte intitulé Le ver-luisant, VA-
beille et le ver-à-soie. — Ce conte, qui n'a pas moins de I^JOO vers,
est la pièce la plus singulière du volume. Un ver-luisant, logé au
pied d'une ruche, devient amoureux d'une abeille qui le paie de
retour.
Et sans souci, sans inquiétude,
Siitisfnisant leurs passions.
Ils passèrent deux ans dans ce doux badinage.
Or, le ver luisant avait beaucoup d'esprit. II dansait et chantait
fort agréablement et Jouait passablement de la guitare ; il écrivait ea
prose et en vers. (^)uant à l'aboille, elle jouait du clavecin, parlait
CATALOGUE DE UVRES ET PIECES RABES 563
itdiei) et nii^iiic un peu latin, lisait l'histoire et jusqu'uux livres de
blasoD. Les amours d'un ver-luisant cl d'une abeille, et les talents
iinagiuaires des deux amaats, semblent une allusion -A rhieloîre
godante d'un couple appartenant à la société que fréquentait
l'auteur.
M. -
C ïa p;iût)i)étte
&M99apCrfiMbii Ot^S Cnccq : CoaiKlif
trmmU tumfMa te Sfaïii^ny £«|a<
Petit iii-8° golh. de 4 ff. non chifT., 27 lig., à la
[laf^e, lion relié. 120 fr.
Cette bigarre prophétie, écrite dans un style apocalyptique,
.1 chrélienlc d'horribles malheurs qui ne prendront fin
5(54 BULLETIN DU BEBLIOPHILE
qa*aprè8 la conversion du Grand-Turc. « Nous auons perdu le vray
chemin de Jésus redêpteur divin^ il est courroucé contre les chres*
tiens. Le turc fera une grade armée contre les chrestians. » Suit la
peinture lamentable des massacres qui désoleront les contrées
envahies. « Helas cobiê de fëmes seront vefues. Helas quât grâd
nombre de damoiselles serôt violées avecques grâd fureur, seront
tirées et ropues de ca et de la sas aulcune advertêce, porterôt la
penitêce pour nos grâds péchez Gôbiê de esponses plorerôt
pour doleurs de leurs maritz, elles rôpront leurs beaulx cheveulx
côme se elles fussêt hors de leurs sâs GÔbien de poures labou*
reurs serùt mal menez, leurs beufz, vaches, veaulx, moutôs^ frou-
ment, grains et vins leur seront usurpes et prins par force de
iceulx turcz. » Enfîn, un saint homme viendra au secours des chré-
tiens ; il convertira les mécréants : c Toute icelle gêt prêdront le
baptesme ; pmieremêt le turc luy mesme laissera Mahomet ; cestuy
sait glorieux ne est poît trop côgneu, il est caché en sa chambrette
affin de ne estre poTt veu, il sera le bouclier de la saîcte foy ; frère
et de lordre de saîct augustin, ainsi le veult dieu diuin. » Le pro-
phète engage tous les chrétiens à bien faire, pour que Dieu oc veuille
faire eschapper tout le monde de mal », et il termine Tiinsi : « 0
benîg auditeur, cy ie fais fin a mô traicté, sera donc le turc baptise
par le miracle dung sainct homme ».
L(; verso du dernier feuillet est occupé par une prédiction annon-
çant la venue de f la très mauvaise beste avec queue », d*une très
grande multitude de serpents, d'un certain roi qui f sera faict
seigneur de la vefue et saincte cité aux pties du timbre (Tibre) ».
Faut-il chercher quelque signification historique dans cet amal-
game de pronostics étranges ? Peut-être l'auteur, en menaçant la
chrétienté d'une invasion ottomane, exhorte-t-il indirectemeHt les
princes de FOccident à oublier leurs querelles pour s*unir contre
Tennemi commun ; peut-être ce conseil s'adresse-t-il surtout k
François I^rqui, en ce temps mt^me, était Tallié déclaré du redou-
table Soliman.
Pourquoi le saint homme qui doit convertir le Grand Turc est-il
de Tordre de Saint-Augustin, auquel appartenait Luther? Le pro-
phète a-t-il voulu consoler les Augustins de la défection du réfor-
mateur en reservant à un des leurs la gloire d'une si éclatante
conversion ?
Il est dit dans lo. titre que la prophétie est f nouvellement trans-
latée de Italien en langue fran^oyse» Où avait paru l'original italien?
A Venise peut-être ; car le prophète fait volontiers l'éloge de la
Kén'nissime république : « Venissiès ont mérité, Yenissiês ont esté
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 565
deffenseurs de leglise. Ils ont despêdu leurs trésors, ils doibvent
estre seigneurs » . Il semble que, seule de toutes les puissances
chrétiennes, Venise ait fait son devoir envers TËglise, etil ne serait
pas étonnant que le Jérémie de 1544 ait été un habitant des lagunes.
32 — Description de Tisle de la Jamaïque, et des diCFérents
objets remarquables qui s'y trouvent ; trad. de Tangl.
par M. Pingeron, Avignon, 1782 ; in-12, de 58 pag.,
cart. 18 fr.
Jean-Claude Pingeron, capitaine d'artillerie et ingénieur au ser-
vice de Pologne, fut ensuite attaché au bureau des plans des bâti-
ments du roi à Versailles, où il mourut en 1795; il était né à Lyon
vers 1730. Il a publié un assez grand nombre de traductions d'ou-
vrages italiens et anglais. Sa Description de la Jamaïque est dédiée
à A/A/, les Membres, associés-libreSy interprètesy correspondant»-
rêsideyits et correspondants-voyageurs du Musée de Paris, société
dont Pingeron était le secrétaire.
Une note très étendue fournit de curieux renseignements sur le
Musée de Paris, fondé en 1780, pour réunir les savants, les litté-
rateurs et les artistes. En 1782, Court de Gébelin était le président
de cette société, qui s'assemblait tous les jeudis, en son hôtel, me
Dauphine. Parmi les 61 membres cités par Pingeron, on remarque
Franklin, Volta, de Lacépéde, de Cailhava, de Piis, Mercier, Monet
et Hoùel, peintres du roi, Gaucher, graveur, etc., etc.
La description de la Jamaïque contient des détails intéressants
sur la topographie et l'histoire naturelle de cette île, ainsi que sur
les mœurs et coutumes de ses habitants ; elle est la traduction d'un
article de VUniversal Magazine^ d'avril 1773.
33 — Factum poétique pour Christophe Polony, vray
orviétan de Rome, contre Contugy Spacamont, bate-
leur. S. cf. (Toulouse, 1656) ; pet. in-8 de 19 pag. 20 fr.
Pièce singulière fort rare, en 458 vers, qui peut servir à fixer la
date de l'introduction de l'Orviétan en France, par des charlatans
italiens. Christophe Polony^ se prétendant Tunique possesseur da
secret de cet antidote, était à Montpellier, lorsqu^il apprit qu'on
certain Contugy, se disant successeur de rinventeur de l'Onôétan,
566 BULLETIN DU BIBLIOPHILE
avait obtenu un arrêt du parlement de Toulouse pour débiter
remède. Il accourt à Toulouse et présente une requête au Parlement.
La Gour, avant de faire droit, arrête que l'antidote sera éprouvé sar
des animaux. Cet arrêt est daté du 14 mars 1656. L'expérience faite
sur des pourceaux donne gain de cause à Poiony. Le procès-verbal
de Laurent Ferrier, député par le Parlement, est datée du 6 mai de
la même année. Gontugy fut obligé de s'enfuir de Toulouse, à la suite
d'une émotion populaire. Le récit de la contestation, la requête»
l'arrêt et le procès-verbal sont en vers français. A la suite du ffictum
poétique^ quelques épigrammes, dont deux en patois languedocien,
en l'honneur de Poiony et contre son rival ron^beureux.
Le passage le plus piquant du poème est l'extrait du procès-ver-
bal relatif à l'épreuve faite sur les deux pourceaux ; tandis que le
sujet de Gontugy est trouvé mort, celui de Poiony est tout ragail-
lardi par rOviétan qu'il vient d'absorber :
le ne trouvé donc qu'un pourceau,
Avec un ruban à la cuisse,
Qui cherchait du som et de l'eau.
Qu'on lui donna sans avarice.
Lors Poiony sans regarder
Autre chose que cette beste,
La fit soigneusement garder.
Puis qu'elle faisoit sa conqucstc;
Car sortant de cette prison,
Elle faisoit mille gambades.
Et sembloit avec cfue raison
Se mocquer de ses camarades.
34. — Ad christianissimum regem Galliae. De eanibus et
venatione libellas. Authore Michaele AngeloBlondo.
In quo omnia ad canes spectantia, morbi & medica-
mina continentur, prisca & neoterica etiam exempla,
a nemine hactenus accuratius scripta, insidiae fera-
rum, & proprietates, cuni quibusdam venationibus
nostri soeculi maximorum principum cognitu dignis-
simis. Romae, 1544; in-4o de 37 feuillets numérotés
en chiffres romains, plus 3 feuillets non chiffrés pour
CATALOGUE DE LIVRES ET PIÈCES RARES 567
la table. (A la fin :) Impressum Romae apad Antonium
Bladiim Asulanum. M.D.XLIIII ; parch. 95 fr.
Le traité de Blondus est divisé en quatre parties : I, du choix des
chiens et de leur différentes espèces, de cane tnllatico, de cane pas-
toraliy etc., avec quelqncs historiettes sur la fidélité et la sagacité
de ces animaux ; II, maladies des chiens, gale, vomissements, toux,
rage et le reste ; III, examen des diverses parties du chien, poil ,
dents, langue, etc ; IV, de la chasse, et spécialement de la chasse
au loup, au renard et à Tours.
Bel exemplaire d'un livre très rare ; ii provient de la bibliothèque
Sunderland.
35. — HuTTEN (Ulrîchi de) equitis Germani. Aula dialo-
gus. Jn fine ./ In officina exciisoria Sigismundi Grimm
Medici et Marci Vuyrsung. Anno Virginei parlas,
M. D. XVIII (1518K die vero xvii septembris ; in-4»,
front, avec encadrement sur bois, cart. 24 fr.
Les interlocuteurs du dialogue, dédié par Hutten au médecin
Auerbach, sont Castus et Misaulus. Aux félicitations de son ami
qui admire son riche costume, Misaulus répond qu'il regrette ses
haillons d'autrefois et il fait à Gastus un tableau navrant des mi-
sères (le la Cour : Omnia serviliter^ omnia suppliciter agere ;
nunquam lui juris esse; magnis diu labaribua, rmdtis vigUiiê
farovem Iwyninis captare....; nihil dicere quod sentias, sed quod
conveniat ; plurima dehere, plurima accepta referre ; assentari^
adidari ; ipsum te négligerez omnia alterius curœ mancipata
hahcre ; indigna nudta facerCy multa paix, telle est la vie du
courtisan Est-il étonnant qu'après cette lamentable énumeration
(et nous l'avons abrégée), Gastus s'écrie : Mare malorum commet
moras ? Oui , une mer, reprend l'infortuné Misaulus , semée
d'écueils ilont le plus redoutable est la colère du prince, infestée
par les pirates, fertile en naufrages ; que Gastus se garde bien de
s'y aventurer.
A la suite du dialogue, du même Ulrich de Hutten, Prognosticum
ad ammm M.D.XVT. ad Leoncm X. Pont. Max. Carmen Heroicum
éloquente déclamation sur les guerres qui désolent l'Italie. Pourquoi
568 - BULLETIN DU BIBLIOPHILE
les nations chrétiennes n'unissent pas leurs efforts contre-elles
Tennemi commun :
lani salis hoc luiniuesy superet de sanguine nostro
Quod melius liceat rabidis offundere Turcis,
Brunet cite, d'après la Bibliotheca pinelliana^ l'ouvrage suivant
de Hutten : Ulrici de Hutten Aula, dialogua, Iulius..., vive satire
contre le pape Jules II, qui n'a rien de commun, malgré la simili-
tude des titres, avec l'opuscule dont nous parlons.
TABLE DES MATIÈRES
Lettres inédites. Lettres oubliées.
l. Trois lettres de Henri TV. — II.
Un plaidoyer en faveur du sexe
faible, Marguerite de Valois et le
P. Loriot S. J. — III. A propos du
divorce de Henri IV, publ. par
M. l'abbé Ch. Urbain. p. 413-432
— Lettres inédites de Nicolas Thoj'-
nard, l'abbé Nicaise, du Gange et
Hadrien de Valois à Guillaume
Prousteau (1679-1693) publiées par
M. Ch. Cuissard. p. 439-456
MÉLANGES HISTORIQUES , BIBLIOGRA-
PHIQUES ET LITTÉRAIRES : Les Ori-
gines de l'Imprimerie à Hesdin-en-
Artois, par M. A. Glaudin. p. 6-17
— Marie Puech de Calages, femme
poète du XVII* siècle, par M. E.
Duboys. p. 18-29
— Étude sur les livres à figiu-es véni-
tiens de la fin du xv siècle et du
commencement du xvi*, par le Duc
de Rivoli. — Suite . . p. 30-71
— Suite p. 97-128
— Suite p. 249-269
— Fin p. 330-374
— Coup d œil sur les almanachs
illustrés du x\iii* siècle, par le
Vicomte de Savigny de Moncorps.
p. 129-151
— Un sonnet inédit attribué à Boileau,
par le Baron Double. p. 162-163
— La Bibliothèque et le Grenier de
M. Charles Cousin, par M. G. Paw-
lowsky. p. 164-171
— Origines de l'Imprimerie à Reims,
par M. A. Claudin. p. 193-211
— Mnïoli et sa famille à propos d'un
livre (le la bibliothèque de Lyon,
par M. Aimé Vingtrinier. p. 211-241
— Une femme bibliomane : Made-
d moiselle Yve, par G. B. p. 242-284
— Errata du coup d'œil sur les alma-
nachs illustrés du xvm* siècle.
p. 269
~ Rabelais voyageur, par M. Georges
Vicaire. p. 283-284
~ A propos de J. de Barclay, par
M. l'abbé Ch. Urbain. p. 315-330
— Une page inédite de la chronique
des élections à l'Académie française.
Succession de l'abbé Paul Talle-
mant, par M. Em. Duboys. p. 433-438
— A propos d'un livre annoté par
Voltaire, par M. E. Delaplace.
p. 470-472
— L'Imprimerie à Toulon, par M.
Robert Reboul. p. 495
— La MédaiUe de Louis XIV, par le
Baron Double. p. 491
— Les faussaires de reliures, par M.
A. Claudin. p. 513
BiBUDORAPHiE. Llvres anciens. Bi-
bliographie d'un amateur. Descrip-
tion et analyse de livres anciens
rares et curieux.
10. Elégie sur le despart de Marie
Stuart. p. 1-5
11. Histoire antique et merveilleuse
du chasteau de Vicestre. p. 152-161
12. Discours du triomphe des nopces
du roi de Navarre. p. 481
— Bibliographie de quelques alma-
nachs illustrés du xvm* siècle (1759-
1790) par le Vicomte de Savigny de
Moncorps. p. 289-314
— Fin p. 385-412
— Bibliographie des éditions illus-
trées des fables de La Fontaine
(1678 à 1757) par M. le docteur A.
Després. p. 457-469
Revue cRrnQCE des pdbucationk
NOUVELLES, par MM. Georges Vi-
570
BULLETIN DU BIBLIOPHILE
caire, Tamizey de Larroque, Pierre
L. d'Arc, E. Delaplace.
— Nouvel Armoriai du Bibliophile, par
Joannis Guigard. p. 72-79
— L'Evénement de Veurennes, par
Victor Fournel. p. 79-80
— Documents sur la Révolution fran-
çaise. La Révolution dans le dépar-
tement de VYonne, par Henri Mon-
ceaux, p. 80-82
— Étude sur la reliure des livres, par
Gustave Brunct. p. 83
— Les lunettes de Princes, par Meschi-
not. P- 84
— La loi Gombette, reproduction de
tous les manuscrits connus, recueil-
lis, publiés et annotés par J. E.
Valentln Smith. p. 172-174
— Notes pour servira l'histoire de l'im-
primerie d Niort et dans les Deux-
Séorc». par Henri Qouzot. p. 174-177
— Catalogue des manuscrits de la
bibliothèque de l'Institut, rédigé
par Fernand Boumon. p. 177
— Bibliographie des écrits relatifs d
Mandrin, par Edmond. Maignien.
p. 178
— Traité complet de la science du
blason d l'usage des bibliophiles, par
Jouffroy d'Eschavannes. p. 178-179
— L'Evasion de la Valette, documents
publiés par Georges d'Heylli. p. 179
— Œuvres poétiques de Berfauf , pu-
bliées par Adolphe Chenevière,
p. 179-180
— Les Régiments d'autrefois, par
Oscar de Poli. p. 180-182
— Les Bibliothèques communales, par
Jules Loiseleur. p. 182-184
— - Les fables de La Fontaine, par A.
Delboulle. p. 184-186
— Essai de bibliographie charitable,
par Camille Granler. p. 270-271
— La vie d'autrefois. Variétés gastro-
nomiques, par Alfred Franklin.
p. 271-272
— Œuvres de Brantôme. Paris, Pion,
tome X. p. 272-273
— Diderot. Le Neveu de Rameau, pub.
par Monvnl. p. 273
— Etudes sur A. de ^fusset, par la
Vicomtesse de Janzé. p. 274
— Théophile Foi»set, par Henri Bois-
sard. p. 275-277
— Cabinet (tun curieux (biblioth. du
Baron Double). p. 277-2S1
— Rapports inédits du lieutenant de
police René d'Argenson, publiés par
Paul Cottin. p. 376
— Les tragédies de Montchrestien ,
nouvelle édition par L. Petit de
JullevUle. p. 377
— Pétrarque. Eglogues traduites pour
la première fois par Victor Develay.
p. 378
— Chansons de Piis. Rouquette, 1890.
p. 378
— Geoffroi de Villehardouin. La con-
quête de Constantinople, texte et
traduction nouvelle par Emile'
Bouchet. p. 546.
— Mémoire sur la bataille de Courtrai,
I par M. Frantz Funck Brentaao.
p. S49
— Les arts de l'ameublement, par
I Henri Havard. p. S50
— Lettres de Pétrarque à Jean Bocaee,
traduites pour la première fois par
Victor Develay. p. 551..
— Zoan Andréa et ses homonymes, pmr
le duc de Rivoli et Charles Ephrussl.
p. 551
Catalogue descriptif de livres et
pièces rares en vente aux prix mar-
qués a la librairie Techener.
— 1. Souuerain remède contre les
maladies, pet. in-8, goth. p. 87-88
— 2. Grande prophétie aultrefoys
prophetizée par ung Roy de Perse;
pet. in-8. goth. p. 88^
— 3. Mutus liber. 1677; in-fol. p. 90-91
— 4. Asscrtio septem sacramentonim
adversus Martinum Luthenim ,
1522: in-4. p. 91-98.
— 5. U. de Hutten, equitis Germ.
Invectivae très in hier. Aleandrum
et Marin. Caracciolum, Leonis X-
orntores in Germania... 1521; in-4.
p. 92-94
— G. La rencontre de Henry le Grand
au Roy pendant le voyage d'Espa-
gne. 1G13: in-8. p. 94^
— 7. Annotations plaisantes sur la