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BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
TOME TROISIÈME
1897
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCGG XGVII
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.
ANNEE 1897. - N° 1
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17e réunion des naturalistes du muséum.
2 6 JANVIER 1897.
PRESIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEUM.
M. le Président dépose sur le bureau le huitième fascicule du
Bulletin pour l'année 1896, paru le a3 janvier et contenant les
communications faites dans la réunion du 2-2 décembre, ainsi que
le titre et la table des matières du volume II (1896).
CORRESPONDANCE.
Par décret en date du 29 décembre 1896, M. Milne Edwards a
été nommé directeur du Muséum pour une nouvelle période de
cinq ans.
Par arrêté en date du 22 janvier 1897, M- Albert Gaudry a été
nommé assesseur pour un an.
Par arrêté en date du 18 janvier 1897, M. Neuville, délégué
dans les fonctions de préparateur près la chaire d'Anatomie com-
parée, est nommé titulaire de son emploi.
Muséum. — ni.
Le R. P. Buléon, dans une lettre date'e du 1 ô novembre 1896,
annonce l'envoi d'une caisse d'objets d'histoire naturelle recueillis
dans le pays des Eschiras.
M. Bastard a adressé à M. le Directeur du Muséum la lettre sui-
vante, dans laquelle il donne quelques renseignements sur les re-
cherches qu'il poursuit à Madagascar :
Nosy Vé , côte Sud-Ouest de Madagascar,
19 novembre 1896.
Monsieur le Directeur,
Suivant le projet dont j'avais l'honneur de vous entretenir dans ma der-
nière lettre, j'ai quitté Majunga le 11 septembre pour débarquer le ih à
Morondava. Là, je m'occupai de recruter des porteurs, que j'embarquai le
37 avec moi dans une chaloupe malgache qui me transporta à Ambohibé,
à l'une des embouchures du Mangoky. Mon projet était de remonter la
vallée du Mangoky jusqu'à Vondrové et, de là, de prendre au Sud pour
gagner Tulléar. Parti d' Ambohibé le 3 octobre, je longeai le plus près
possible la rive gauche du ileuve, que je traversai le 11, à une journée de
marche au-dessous de Vondrové.
Bien que nous fussions à la fin de la saison sèche, le Mangoky avait une
largeur de 7 à 800 mètres, et j'avais de l'eau jusqu'aux épaules dans le
courant, qui est assez rapide, Le bas Mangoky est un grand fleuve coulant
dans une vallée très fertile couverte de forêts peu touffues; les villages y
sont nombreux et peuplés de Masikoro, qui cultivent le maïs, le manioc,
les patates, et possèdent surtout de magnifiques troupeaux de Bœufs.
Le 1 2 octobre à midi , j'étais à Vondrové d'où je repartis le 1 h , traver-
sant de nouveau le fleuve et prenant la direction du Sud. Le soir même
je campai sur le bord du Sikily, qui prend sa source non loin de celle du
Mahanomby et va se jeter un peu au-dessous de Vondrové dans le Man-
goky, dont il esL le dernier affluent de droite. Après avoir remonté un mo-
ment le cours du Sikily, je traversai un pays montagneux, une succession
de collines atteignant de âoo à 5oo mètres et qui sont les contreforts de
montagnes plus élevées que j'avais à ma gauche dans TEst. Le surlende-
main de mon départ de Vondrové je faillis être pillé : une bande de vingt-
cinq ou trente Fahavalo qui me suivait, paraît-il, depuis la veille, vint me
barrer le passage à l'entrée d'un petit bois, et voulut visiter mes caisses.
Heureusement j'avais avec moi cinq Masikoro pris à Vondrové comme
guides et porteurs supplémentaires, et parmi eux deux amis du chef de la
bande. Après un long kabary, ces messieurs décidèrent de me livrer pas-
sage sans me prendre une aiguille.
Le 21 octobre, je sortis des collines pour entrer sur le plateau du Ma-
Lanomby; le 29 j'arrivai à Tulléar après avoir traversé la Sivorena , affluent
du Mahanomby, le Mahanomby et la Fiherenana. La faune que j'ai pu
observer ne m'a point offert d'échantillons nouveaux. Parmi les Mammi-
fères, des Lémurs mongoz, des Propithèques de Verreaux, et parmi ceux-ci ,
les quelques sujets que j'ai eus avaient de vilaines peaux ne valant pas la
'■tsikoro et les Antifiherenana de cette région
"et animal a jadis été fadi pour eux, il ne
dite ils en faisaient un rôti. Parmi les
■•contré est VUratelornis chimmra^,
otre courrier du mois d'août. Je
1 que j'ai trouvé aux environs
montagne de la Table et
'•ocurer d'autres exem-
nre , soigneusement
3, le reconnaître,
envie de fuir.
ne fuyant
3 facile-
peine d'être prépai
mangent fort bie
l'est plus, ca-
Oiseaux, '
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suis '
de
st
ju n'ai pas uni ue circuler dans la région, aux environs de Tulléar, de
Saint-Augustin, et plus haut vers le Mahanomby, il y a certainement des
fossiles intéressants. Quant à la région du Nord-Ouest de Madagascar, où
j'ai recueilli les ossements que j'ai adressés en août au Muséum, il est fort
heureux que j'y sois allé à cette époque, car, à l'heure actuelle, le pays est,
paraît-il, occupé par des Hovas insurgés; et je viens d'apprendre que
M. Mathieu, qui m'avait promis de chercher à avoir des renseignements
utiles pour mes recherches, venait d'avoir tous ses postes pillés et brûlés
et qu'il s'était réfugié à Nosy Vé.
J'ai fait quelques photographies, que je n'ai pu encore développer, et
pris des notes et des croquis sur les peuplades rencontrées en chemin :
Masikoro le long du Mangoky, mélange de Bara et de Masikoro pillards
dans les montagnes et Antifiherenana dans les plaines du Mahanomby.
W VUratelornis chimeera a clé décrit en décembre 189 3, par l'Hon. Walter
Rothschild dans les Novitates zoulogirœ (t. H, p. 679 et t. III, pi. a), d'après un
individu acquis à un marchand et dépourvu de toute indication relative au sexe
de l'Oiseau aussi bien qu'à la localité où il avait été capturé. Grâce à M. Bastard,
nous savons maintenant quelle région de Madagascar habile VUratelornis. D'aulre
part, comme TOiseau tué par ce voyageur el reconnu par lui comme femelle est
exactement semblable à l'exemplaire figuré, on peut supposer que les deux sujets
élaienl du même sexe et que le mâle reste à découvrir. Les yeux de VUratelornis
chimeera sont noirs et les pâlies d'un gris verdàtre.
1 .
Le H. P. Bulkon, clans une lettre datée du iô novembre 1896,
annonce l'envoi d'une caisse d'objets d'histoire naturelle recueillis
dans le pays des Eschiras.
M. Bastabd a adressé à M. le Directeur du ? 'a lettre sui-
vante, dans laquelle il donne quelques reù m- les re-
cherches qu'il poursuit à Madagascar :
Monsieur le Directeur
Suivant le projet dont j'avai
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largeur de 7 h 800 mètres, et j'avais de l'eau jusqu'aux épaules dans le
courant, qui est assez rapide. Le bas Mangoky est un grand fleuve coulant
dans une vallée très fertile couverte de forêts peu touffues; les villages y
sont nombreux et peuplés de Masikoro, qui cultivent le maïs, le manioc,
les patates, et possèdent surtout de magnifiques troupeaux de Bœufs.
Le 12 octobre à midi, j'étais à Vondrové d'où je repartis le 1 6 , traver-
sant de nouveau le fleuve et prenant la direction du Sud. Le soir même
je campai sur le bord du Sikily, qui prend sa source non loin de celle du
Mahanomby et va se jeter un peu au-dessous de Vondrové dans le Man-
goky, dont il est le dernier affluent de droite. Après avoir remonté un mo-
ment le cours du Sikily, je traversai un pays montagneux, une succession
de collines atteignant de hoo à 5oo mètres et qui sont les contreforts de
monlagnes plus élevées que j'avais à nia gauclie dans l'Est. Le surlende-
main de mon départ de Vondrové je faillis être pillé : une bande de vingt-
cinq ou trente Fabavalo qui me suivait, paraît-il, depuis la veille, vint me
barrer le passage à l'entrée d'un petit bois, et voulut visiter mes caisses.
Heureusement j'avais avec moi cinq Masikoro pris à Vondrové comme
guides et porteurs supplémentaires, et parmi eux deux amis du cbef de la
bande. Après un long kabary, ces messieurs décidèrent de me livrer pas-
sage sans me prendre une aiguille.
Le ai octobre, je sortis des collines pour entrer sur le plateau du Ma-
— 3 —
Lanomby ; le -jy j'arrivai à Tulléar après avoir traversé la Snorena , affluent
du Mahanomby, le Mahanomby et la Fiherenana. La faune que j'ai pu
observer ne m'a poinl offert d'échantillons nouveaux. Parmi les Mammi-
fères, des Lémurs mongoz, des Propilhèques de Verreaux, et parmi ceux-ci ,
les quelques sujets que j'ai eus avaient de vilaines peaux ne valant pas la
peine d'être préparées. Les Masikoro et les Antifiherenana de cette région
mangent fort bien le Sifaka et, si cet animal a jadis été fadi pour eux, il ne
l'est plus, car j'ai \n avec quelle facilité ils en faisaient un rôti. Parmi les
Oiseaux , le seul intéressant que j'ai rencontré est VUratelornis chimœra (1),
dont vous m'aviez envoyé l'image dans votre courrier du mois d'août. Je
suis tout heureux de vous adresser l'échantillon que j'ai trouvé aux environs
de Tulléar, dans les bois qui se trouvent entre la montagne de la Table et
Belemboky. Je vais faire mon possible pour m'en procurer d'autres exem-
plaires. Cet Oiseau, lorsque je l'ai rencontré, était à terre, soigneusement
caché sous un buisson, et j'ai pu l'approcher de très près, le reconnaître,
puis me reculer pour le tirer sans qu'il manifestât la moindre envie de fuir.
Dissimulé ainsi sous les broussailles, immobile et silencieux, ne fuyant
pas à l'approche, ne se dérangeant même pas au bruit, il échappe facile-
ment aux regards.
Je n'ai pas trouvé de fossiles dans le cours de mon voyage, si ce n'est
des fragments d'huîtres sur le haut des collines au Sud du Mangoky, mais
je n'ai pas fini de circuler dans la région. Aux environs de Tulléar, de
Saint-Augustin, et plus haut vers le Mahanomby, il y a certainement des
fossiles intéressants. Quant à la région du Nord-Ouest de Madagascar, où
j'ai recueilli les ossements que j'ai adressés en août au Muséum, il est fort
heureux que j'y sois allé à cette époque, car, à l'heure actuelle, le pays est,
parait-il, occupé par des flovas insurgés; et je viens d'apprendre que
M. Mathieu, qui m'avait promis de chercher à avoir des renseignements
utiles pour mes recherches, venait d'avoir tous ses postes pillés et brûlés
et qu'il s'était réfugié à Nosy Vé.
J'ai fait quelques photographies , que je n'ai pu encore développer, et
pris des notes et des croquis sur les peuplades rencontrées en chemin :
Masikoro le long du Mangoky, mélange de Bara et de Masikoro pillards
dans les montagnes et Antifiherenana dans les plaines du Mahanomby.
W VUratelornis chimœra a été décrit en décembre 189&, par l'Hon. Walter
Rothschild dans les Novitates zoohgicœ (t. II, p. ^79 et t. III, pi. 2), d'après un
individu acquis à un marchand et dépourvu de toute indication relative au sexe
de l'Oiseau aussi bien qu'à la localité où il avait été capturé. Grâce à M. Bastard,
nous savons maintenant quelle région de Madagascar habite VUratelornis. D'autre
part, comme l'Oiseau tué par ce voyageur el reconnu par lui comme femelle est
exactement semblable à l'exemplaire figuré, on peut supposer que les deux sujets
étaient du même sexe et que le mâle reste à découvrir. Les yeux de VUratelornis
chimœra sont noirs el les pattes d'un gris verdâtre,
1 .
— h —
Aussitôt que j'aurai le temps de coordonner ces notes, j'écrirai une lettre
au Muséum.
La saison des pluies commence ici ; je ne voudrais toutefois pas perdre
mon temps pendant l'hivernage. Aussi ai-je l'intention d'aller prochaine-
ment chez les Bara. M. Estèhe, vice-résident à Nosy Vé, a déjà, sur ma
prière, commencé à me préparer la voie, et je songe à organiser cette
nouvelle excursion.
M. Ch. Alluaud est parti pour Madagascar le 10 janvier.
Le Directeur annonce que Mme Jules Lebaudy, ayant appris les
pertes résultant du cyclone du 26 juillet et tenant à donner au
Muséum un témoignage de l'intérêt quelle lui porte, a offert une
belle série de minéraux destinés à remplacer ceux que les inonda-
tions avaient détériorés dans nos vitrines.
Parmi les minéraux de cette collection, il y a lieu de signaler
d'une façon particulière les échantillons suivants ;
Apatite du Canada. — Énorme cristal engagé dans calcite, terminé à
l'une de ses extrémités et mesurant 33 centimètres de longueur sur 7 cen-
timètres de diamètre.
Calcite. — Fort heaux cristaux de Joplin (Missouri), l'un d'eux atteint
33 centimètres de plus grande dimension; du Lac Supérieur (cristaux im-
prégnés de cuivre natif).
Diallogite d'Alicanle Lake County (Colorado). — Magnilique groupe
de gros rhomboèdres roses translucides.
Ciiessylite de Bisbee (Arizona). — Magnifique géode de beaux cristaux
pouvant rivaliser avec ceux de Chessy.
Marcasite de Caterville (Missouri). — Grands échantillons, riches en
beaux cristaux.
Galène et Blende de Joplin. — Belle série de gros cristaux remarquables
par leur netteté, leur fraîcheur et leur grande taille.
Vanadinite, Endliciiite, Descloizite et Wdlfenite. — Série de bons
échantillons provenant de l'Arizona et du Nouveau Mexique.
Chondrodite de Brevvster (New-York). — Très beau cristal sur gangue.
Thaumasite de West Paterson. — Fort bel échantillon.
Microcline (pierre des Amazones) de Pikes Peak. — Beau groupement
de macles de Four la Brouque.
CiiALCANTiiiTE fibreuse. — Fort beau morceau de l' Arizona.
Enfin, bons échantillons cristallisés de Topaze (Colorado); Polycrase
(Caroline du Sud); Monticellite (Arkansas); Tellure natif (Colorado);
Acerdèse (Michigan); Comhalcite et Olivenite (Utah); Lansfordite (Pen-
sylvanie); Orpiment (Utah), etc.
La collection annoncée par M. le capitaine Ardouin et mentionnée
dans le dernier Bulletin (p. 3 ( » 1 ) est arrivée au Muséum; elle com-
prenait deux Chauves-Souris, la Phyllorhina Commersoni et un Triœnops
Humbloti, ainsi que divers Insectes du plateau d'Antsirana qui sont
en ce moment à l'élude.
M. Ghefneux a offert à la ménagerie du Muséum une jeune
Lionne d'Abyssinie.
M. Humblot a remis au laboratoire de Mammalogie et d'Ornitho-
logie la dépouille d'une petite Poule sultane qu'il venait de rece-
voir de la Grande-Comore. Cet Oiseau appartient à l'espèce dite
Porphyrîola Alleni Tbomps. , qui avait été rencontrée en Afrique,
à Madagascar et à l'île Rodrigue, mais qui n'avait pas été signalée
à la Grande-Comore, où sa présence ne peut guère être considérée
comme accidentelle. L'addition de la Porphyriola Alleni aux listes
d'Oiseaux de la Grande-Comore publiées par MM. Milne Edwards
et OustaletW porte à quatre-vingts le nombre des espèces ornitbo-
logiques rencontrées jusqu'à ce jour dans l'archipel des Comores.
M. le docteur E. Trouëssart présente le premier fascicule de la
seconde édition de son Catalogue des Mammifères vivants et fossiles '^\
°) Annales des Sciences naturelles, Zoologie, 1887, 57e année, t. II, n" 3 et h,
art. h, p. 287 et iSouvcllrs Archives du Muséum, 1888, t. X, 2e fasc, p. 291.
(2) Catalogua Mammalium lam viventium quant fossilium, nov. éd. (prima com-
pléta), fasc 1, Berlin, 1897, Friedlànder et fils, éditeurs.
— 6 —
qu'il offre à la bibliothèque du Muséum et sur lequel il donne les
détails suivants :
En offrant à la Réunion des Naturalistes du Muséum le premier fascicule
du Caialogus Mammalium tara viventium qttam fossilium , qui vient de pa-
raître, je voudrais indiquer brièvement le plan que j'ai suivi en rédigeant
cette seconde édition.
Je puis dire que ce livre a été composé au Muséum. Les facilités d'étude
que j'ai trouvées à la Bibliothèque, la libéralité avec laquelle M, le profes-
seur Milne Edwards a mis à ma disposition les riches collections conservées
dans les Galeries de Zoologie, pour la revision de certains groupes, les
conseils qu'il a bien voulu me donner pour cette nouvelle édition, après
avoir encouragé la première, me donnent lieu d'espérer que les natura-
listes seront satisfaits des perfectionnements que je me suis efforcé d'y in-
troduire.
Un livre de ce genre ne doit pas être un travail de critique où l'auteur
fait prévaloir son opinion personnelle, mais un recueil d'indications biblio-
graphiques et géographiques bien au courant de la science, une sorte de
dictionnaire disposé non suivant l'ordre alphabétique, mais suivant l'ordre
méthodique et permettant d'arriver promplemcnt à la détermination exacte
du spécimen zoologique que l'on a entre les mains.
Dans cette seconde édition , je me suis conformé strictement à ce prin-
cipe. Le classement des espèces est essentiellement fondé sur les monogra-
phies et les revisions récentes, dont le titre est inscrit, pour plus de clarté,
en tête des ordres, des familles ou des genres auxquels ces travaux se rap-
portent. Il en résulte que beaucoup de formes considérées comme des va-
riétés dans la première édition sont présentées ici comme des espèces dis-
tinctes.
En cela, j'ai suivi les tendances actuelles de la zoologie descriptive. A
mesure que l'exploration du globe devient plus complète et plus précise,
les naturalistes sentent le besoin de mieux caractériser des faunes évidem-
ment distinctes : par suite ils se voient forcés de donner un nom particu-
lier à des formes considérées d'abord comme de simples variétés locales.
Lorsque ces formes présentent une certaine fixité et caractérisent réelle-
ment une région zoologique bien définie, leur distinction est légitime. Il
convient de les désigner sous un nom particulier, et, quel que soit le point de
vue auquel on se place, quelle que soit l'opinion que l'on se fasse de leur
filiation en les considérant comme de bonnes espèces, comme des sous-
espèces ou comme des variétés locales, il n'en est pas moins nécessaire, dans
un Catalogue tel que celui-ci, de les énumérer et d'indiquer exactement
leur répartition géographique.
Sur les questions de nomenclature, je me suis montré plus conservateur
(pie la plupart des naturalistes de l'époque actuelle. A mon avis, on ne peut.
_ 7 —
sans injustice, appliquer aux naturalistes du commencement de ce siècle
des règles de convention qui n'ont été édictées que de longues années après
leur mort, et les priver ainsi, sans nécessité, de leur droit de priorité. En
fait, je ne vois pas bien le danger qu il y aurait h confondre, par exemple,
Macroglossus (Cm., 1822), genre de Chiroptères, avec Macroglossum
(Scopoli, 1777), genre de Lépidoptères, ces deux genres appartenant à
des embranchements différents.
Par contre, dans une même classe, il est impossible de conserver deux
noms génériques identiques. Je me suis donc vu forcé de proposer un nom
nouveau pour le genre fossile Eehinogale (Pomel, 18/18), ce nom ayant
déjà été employé antérieurement (Eehinogale, Wagner, 18/11; Ericulus,
Is. Geoff. , 1837. ) Le genre fossile de Pomel prendra le nom deScAPTOGALE
(p. 20 4 du Catalogue.)
De même, les deux espèces placées dans le genre Sinopa (Leidy) ap-
partenant à deux types génériques et même à deux groupes différents, j'ai
du proposer le nom de Prosinopa pour Sinopa eximia (Leidy), espèce qui
n'est entrée qu'en 1878 dans ce genre, tandis que le type est de 1871
(p. 08 du Cat.). J'ai nommé Vespertilio Axderso.w l'espèce n° 7A5 du
Catalogue (p. 129), parce qu'il existait déjà un V. Dobsoni ayant la priorité
sur celui d'Anderson.
Le présent fascicule, qui renferme 12 9/1 numéros d'espèces et comprend
les quatres premiers ordres (Singes, Lémuriens, Chiroptères, Insectivores) ,
représente h peu près le quart de la classe (5, 000 espèces environ, dont
près de la moitié pour les formes fossiles). Les trois autres fascicules se
suivront régulièrement, de trois mois en trois mois, de manière à compléter
l'ouvrage avant la fin de l'année 1 897. Un appendice contiendra les espèces
publiées dans cet intervalle, et un index général des noms génériques et
spécifiques terminera le volume.
\f. Ghaffanjon donne sur le voyage qu'il vient d'accomplir dans
l'Asie centrale et orientale, en compagnie de M. H. Mangini et de
M. Gay, des détails qui seront publiés dans un prochain Bulletin.
— 8 —
COMMUNICATIONS.
Note sur la collectio.\ de cnh'ES siamois de Mmc Bel,
PAR M. LE DOCTEIR II. VeRXEAU.
La belle exposition de M. Pavie nous a démontré que dans le Siam,
comme dans le reste de l'Indo-Chine, on rencontre une variété considé-
rable de types elbniques. 11 était difficile néanmoins de se faire une idée
exacte des caractères cépbaliques des Thaï, car nos collections ne renfer-
maient que cinq crânes et cinq maxillaires inférieurs de Siamois. M. de Mon-
ligny avait rapporté en 1860 une tète du royaume de Siam et les quatre
autres avaient été offertes en 1862 à notre établissement par MM. Steenstra-
Toussaint et Bocourt. Ce dernier, au cours de sa mission, avait recueilli à
Bangkok non seulement deux des crânes dont il s'agit mais encore les cinq
maxillaires inférieurs isolés cpie je viens de signaler. Cette petite série a
démontré déjà, d'une façon bien nette, que les Thaï comprennent des élé-
ments ethniques assez différents les uns des autres.
Mme Bel, qui a accompagné son mari dans son voyage en Extrême-Orient,
a eu la bonne pensée de récolter des têtes osseuses pour le Muséum et elle
a offert au laboratoire d'anthropologie vingt-six crânes recueillis à Bangkok ,
tous pourvus de leur mandibule. Toutes ces pièces ont été préparées à l'hô-
pital de la capitale siamoise. Grâce à ce don important, il est possible au-
jourd'hui de reprendre l'étude de la morphologie céphalique des habitants
du Siam.
La population de Bangkok est extrêmement mélangée. Quel que soit le
caractère que l'on envisage, on note des différences très grandes entre les
individus. L'indice céphalique horizontal, par exemple, oscille entre 76,69
et 93,67, c'est-à-dire que certains individus ont la tête allongée, presque
franchement dolichocéphale, tandis que d'autres offrent une telle brachy-
céphalie que le diamètre antéro-postérienr du crâne ne l'emporte que d'un
centimètre sur le diamètre transverse maximum. Il en est de même pour
l'indice transverso- vertical, qui va de 89,86 à io3,5a. L'indice facial
montre des variations encore plus étendues : chez les uns il dépasse à peine
62 et chez d'autres il s'élève à 77,86. Le rapport entre la largeur du nez
et sa longueur peut tomber à 43,64 ou atteindre le chiffre de 69,18. Enfin
l'indice orbitaire osci!le entre 81,07 et 96,10.
Dans de semblables conditions, il est absolument inutile de demander
des renseignements aux moyennes. La seule méthode qui puisse donner des
indications sérieuses consiste à ordonner les crânes en séries. C'est ce que
— 9 —
j'ai fait. Les tracés que je mets sous vos yeux vous eu diront plus qu'une
longue description, et il me suffira de les commenter brièvement.
La courbe de l'indice céphalique horizontal montre trois sommets, l'un
place' entre 81 et 82, le second entre 85 et 86 et le dernier entre 88 et
89. Nous pouvons en conclure que parmi les éléments ethniques qui, par
leur juxtaposition, ont donné naissance à la population siamoise, l'un est
sousbrachycéphale et les autres hyperbrachycéphales. Quelques rares indi-
vidus à tète allongée sont venus se mêler a ceux dont je viens de parler.
Les trois sommets se retrouvent sur le tracé de l'indice transverso-vertical.
Le plus important des groupes offre un indice de o5 à 96; le second donne
un rapport de 97 à 98, très voisin par conséquent du groupe précédent.
Quant au troisième élément ethnique, il se fait remarquer par une hauteur
tout à fait exagérée de la tête, l'iudice dépassant le chiffre de 100.
L'indice facial nous montre six individus microsèmes, avec un maximum
de fréquence entre 65 et 66; dix individus mésosèmes et dix mégasèmes.
Par l'indice orbitaire, la grande majorité de nos sujets (16) sont mi-
crosèmes. Un groupe important m'a donné un indice variant entre 82
et 83.
Enfin, par le nez, la plupart des Siamois (54 p. 100) sont mésorhi-
niens; les autres ont plutôt le nez large.
Deux caractères sont à peu près constants chez tous les Thaï : je veux
parler de leur beau développement frontal et de leur grande vigueur mus-
culaire, autant qu'on peut en conjecturer par les surfaces d'insertion des
muscles sur le crâne et sur la face. L'un des hommes de Bangkok montre
des apophyses mastoïdes comme on en voit rarement; sur plusieurs la pro-
tubérance occipitale externe et les lignes courbes font des saillies excep-
tionnelles. Mais ce sont surtout les insertions des muscles masticateurs qui
dénotent une robusticité peu commune. Et cependant l'alimentation de ces
gens-là est avant tout végétale !
Je pourrais encore signaler la fréquence de la plagipcéphalie et quelques
anomalies osseuses, parmi lesquelles je mentionnerai l'existence d'os wor-
miens dans la fontanelle ptérique : douze des crânes recueillis par M"1 Bel
(46 p. 100) offrent cette anomalie. Une autre particularité, beaucoup
plus rare, s'observe sur une tète masculine, qui n'offre d'ailleurs aucun
autre trouble d'ossification, à part trois petits wormiens dans la suture
lambdoïde : au niveau du tubercule malaire gauche existent quatre petits
os supplémentaires articulés entre eux et les deux supérieurs articulés en
outre avec le malaire. Par leur réunion, ils forment une apophyse de
12 millimètres de longueur. Je ne connais aucune autre tê(p présentant
une anomalie comparable, et c'est [mur ce motif que j'ai cru devoir la
mentionner.
lui somme, à en juger par l'intéressante collection qu'a reçue le labo-
ratoire d'anthropologie du Muséum, le fond de la population de Bangkok
— 10 —
est constitué par une race à tête courte, à crâne sensiblement développé
eu hauteur, avec une face moyenne, plutôt liasse qu'élevée; les orbites sont
peu développés dans le sens vertical; le nez est moyen, et, lorsque les in-
dividus n'offrent pas cette forme nasale, ils se montrent fréquemment pla-
tyrhiniens.
Si incomplète que soit cette description, elle suffira, je pense, à vous
convaincre du grand intérêt qu'offre la série de têtes osseuses gracieuse-
ment offerte au Muséum par Mrae Bel. Vous comprendrez mieux encore la
valeur de cette collection lorsque je vous aurai rappelé les difficultés que l'on
rencontre au Siam pour se procurer des pièces ostéologiques. Vous n'ignorez
pas, en effet, que les Siamois ont la coutume de brûler leurs morts, et
que cet usage s'étend à toutes les classes de la société. Parfois, avant de
mourir, un individu exprime le désir que son cadavre soit dévoré par des
Vautours ou des Corbeaux. Ses vœux sont exaucés, et, après sa mort, on
dépèce son corps et on le jette en pâture à des Oiseaux de proie élevés dans
des pagodes. Ces mœurs étranges nous ont été depuis longtemps révélées
par les voyageurs; mais, aujourd'hui, nous avons plus que des récits, nous
possédons des photographies qui représentent la scène. Ces photographies
ont été rapportées par M. le comte de Barthélémy qui a bien voulu nous
les communiquer et nous permettre d'en faire des clichés à projection.
Elles me paraissent assez curieuses pour mériter d'être placées sous vos
yeux.
Qu'un Siamois soit dévoré par des Oiseaux de proie, qu'il soit incinéré
sur un bûcher, il n'est guère plus facile dans un cas que dans l'autre de
se procurer ses ossements. Aussi devons-nous féliciter Mme Bel d'avoir
réuni une série de vingt-six têtes osseuses dans un pays où il est si difficile
de rencontrer des crânes. Grâce à sa générosité, notre établissement n'a
plus rien à envier, en ce qui concerne le Siam, aux collections étrangères;
il paraît même certain que, à l'heure actuelle, nous venons au premier
rang.
/ VK INTÉRESSANTE H) ftlUCHNIDE .NOUVELLE,
PHO] 'ENANT DES RECOLTES DE M. GeàY AU VENEZUELA,
PAR SlG. THOR, CONSERVATEUR DU MuSEUM ZOOLOGIQUE
À Christiania (Norvège).
Pendant un court séjour à Paris j'ai obtenu les moyens d'étudier la col-
lection des Acarina du Muséum, grâce à l'amabilité de M. le professeur
Bouvier, qui m'a pourvu d'une place pour travailler dans son laboratoire
d'entomologie et qui a mis les collections à ma disposition, notamment
quelques llydrarhnides récemment ( 1 8 9 5 ) recueillies par un voyageur,
M. Geay, dans les lagunes (\o Buria, entre l'Apure et l'.Arauca, Venezuela.
— 11 —
Parmi ces dernières, une nouvelle espèce attira vivement mon attention
par son rostre singulier et par la position de ses palpes rappelant ceux de
quelques larves; celte espèce présente peut-être un état de transition tout
différent des Hydraclinides auparavant connues.
Je propose pour celte l'orme nouvelle le nom générique de Geayia, en
l'honneur de M. Geay, qui a bien mérité de la Zoologie en Taisant connaître
un si intéressant animal.
Geayia, nov. gen.
Le corps et les pattes, dans ce nouveau genre, sont tout à fait sem-
blables à ceux de Arrenuviis Dugès. La peau est très dure, avec beaucoup
de pores et une ligne dorsale. Les paltes sont courtes et minces, pourvues
de soies natatoires.
L'appareil génital, au contraire, rappelle celui de Mideopsis, Neum.; il
est elliptique et situé entre les épimères de la quatrième paire. De chaque
côté de la fente génitale se trouvent quatre ventouses ou pores oblongues,
insérées sur les deux valves semihmaires. On trouve quelques pores (fîg. a)
très petits disposés en cercle dans la peau , en dehors des valves.
■&■ Tu,. 2.
f. R
Le plus caractéristique pour Gevvia est un rostre énormément long, pa-
raissant formé de deux articles et d'une forme tout à fait inconnue chez
les Hydraclinides adultes.
11 rappelle un peu celui de Nautarachna Moniez , moins celui de Htjiln/-
phantes Koch, Hydraehna Mùller, etc. Les deux courts palpes sont, fait
remarquable, attachés à son extrémité.
Le rostre provient d'un court tube de la peau (tube labial); il forme
en dehors du tube deux articles à peu près de même longueur, le second
s'élevant à l'extrémité proéminente et un peu recourbée du premier. Dans
— 12 —
le second sont les courtes mandibules, et d'une échancrure du côté supé-
rieur s'élèvent les deux courts palpes formant comme une pince avec le
bord inférieur proéminent du rostre.
Chaque palpe a les cinq articles, le premier se cachant, le cinquième
ressemblant à un petit crochet, semblable à celui iïArrenurus, et s'arti-
cnlant avec une protubérance plate du quatrième.
Geayia Venezuelae , nov. sp.
Le corps est presque globuleux , mais plus étroit en avant. Il mesure
(non compris le rostre) 1 à 1 millim. 3 de longueur, o millim. 9 à 1 mil-
lim. 2 de largeur et 0 millim. g à 1 millimètre d'épaisseur.
Couleur (dans l'alcool) : jaune verdâlre, avec des taches noires; une
tache frontale, deux petites de chaque coté latéralement el quatre grandes
en dedans de la ligne dorsale. Au-dessous du corps, on \oit deux grandes
taches latérales derrière la partie génitale et quelques autres plus in-
distinctes en dehors des troisième et quatrième épimères. Les deux yeux
sont situés aux côtés et à une petite distance de la tache frontale.
et
ncit-
>nae.(at\
/
tnccc-y-
r
ti*k
La longueur du rostre est d'environ 0 millim. 77, le tube labial a
0 millim. 6, le premier article 0 millim. 35, le second o millim. 36. La
grosseur maximum du premier article est près du tube labial 0 millim. là
à 0 millim. 17, au bout elle se réduit à 0 millim. o85; le second article
a o millim. 7 à la base et au bout o millim. 09. La longueur des palpes
est de o millim. 11. La ligne dorsale est presque circulaire ou ovale; elle
a deux pores plus grands en avant du milieu. Les épimères sont de com-
mune grandeur et ne se louchent pas sur la ligne centrale; les épimères
des paires 1 et 2 sont unies avec le labium, les épimères 3 et h de chaque
côté sont aussi réunies. Celles de la quatrième paire sont les plus grandes:
l'appareil génital est en partie entouré de leur échancrure postérieure.
Les valves extérieures sont mobiles et munies de quatre paires de vén-
— 13 —
louses ou porcs oblongs. Il n'y a pas de ventouses aux valves inté-
rieures.
L'anus est voisin de l'extrémité postérieure du corps. Je n'ai vu de dif-
férences sexuelles dans ces exemplaires ni dans la partie génitale, ni dans
les pâlies (le quatrième article de la dernière paire de pattes est dépourvu
d'éperon).
M. Geay a rapporté des lagunes de Buria près d'une douzaine d'exem-
plaires bien conservés de cette espèce. Avec ces derniers se trouvaient
d'ailleurs six exemplaires de trois autres espèces, que je décrirai plus tard.
EXPLICATION DES FIGURES.
Lettres communes : oc œil; tl tube labial; ro rostre; ; a, a a, premier et second
articles du rostre; pr. /«processus terminal du rostre; md mandibule; plp palpe:
valv. gen. valves génitales.
Fig. 1. — Animai vu par la face ventrale : 1 p, a p, 3 p, i p pattes î à h ;
i ep, a ep, 3 ep, h ep, épimères i à h.
Fi-;, a. — Valves génitales grossies avec leur quatre pores kk.
Fifr. 3. — Animal vu de côté et dépourvu de ses appendices : Id ligne dorsale;
p. gén. partie génitale saillante.
Fig. U. — Face dorsale du corps de l'animal : st popes dorsaux; timc.fr. tache
frontale; mac. lat. taches latérales; mac. taches situées en dedans de la ligne
dorsale.
Fig. ■'>. — Rapports du rostre avec le tube labial.
Fi;;. 6. — Le rostre vu de côté. musc, muscles.
Observations sur les Argulidés du genre Gïropeltis
RECUEILLIS PAR M. GeAY AU VENEZUELA
pah M. E.-L. Bouvier.
M. Geay a recueilli au Venezuela quelques Argulidés du genre Gyru-
peltis Heller, qu'il a très aimablement offerts au Muséum. L'élude que j'en
ai pu faire m'a permis de constater qu'ils appartiennent à deux espèces dif-
férentes dont l'une me parait être nouvelle pour la science. Je donnerai à
cette dernière le nom de Gyropeltis Geayi en l'honneur du courageux et
dévoué naturaliste qui nous l'a fait connaître; l'autre est le G. Kollari
Heller.
Gyropeltis Geayi, sp. nov.
Cette espèce est représentée par trois exemplaires de très petite taille :
un mâle (fig. î), qui mesure à peine -i millimètres de longueur totale et
— 1/4 —
une femelle, qui atteint 1 millimètre et demi; un troisième exemplaire est
un peu plus grand et atteint 3 millimètres.
Fig. 1. — Gyropeltis Geayi, lace dorsale.
b. Cœcum intestinal vu par transparence.
Le céphalotorax est un peu convexe dorsalement et très régulièrement
ovalaire; il est lisse en dessus et ne paraît pas présenter en dessous les saillies
aiguës qu'on observe chez les autres Argulides et que j'ai trouvées si déve-
loppées dans l'espèce suivante. Peut-être ces épines sont-elles trop petites
pour que j'aie pu les voir; mais c'est fort douteux, car j'ai eu recours à
des grossissements microscopiques assez loris; d'ailleurs Cornalia (1) ne si-
gnale pas non plus de saillies aiguës infra-lhoraciques dans le G. Dora-
dis , espèce qui est certainement très voisine du G. Geayi, mais qui s'en
distingue par sa grande taille. L'aire chitineuse dorsale est faiblement indi-
quée; comme flans l'espèce de Cornalia, et aussi comme dans le G. Kollari,
les deux aires cbitineuses ventrales de chaque côté m'ont paru être fusion-
nées en une seule. Les cils frontaux , qui ne paraissent pas exister dans les
deux autres espèces, sont ici bien développés.
Etant donnés la faible faille et le matériel fort peu riche dont j'ai pu dis-
poser, il ne m'a pas été possible d'élucider, aussi bien que je l'aurais voulu,
la structure de ces animaux. Les antennes I (fig. 9 , a1) ont un palpe allongé
qui cache la pointe de leur crochet terminal; les antennes II (a2) se font
remarquer par les grandes dimensions de leur article terminal, qui est
presque aussi long que l'article précédent; la grosse épine basilaire de ces
appendices est médiocrement développée. Je n'ai pas étudié la saillie buccale.
Les maxilles I font défaut dans cette espèce comme dans les autres Argu-
lides. Les maxittes II (2) forment une saillie subconique vaguement segmentée
qui se termine par un énorme crochet arqué dirigé en dedans («a'2). Les
'l' E. Cornalia. — Sopnt una nuova specie di Crostacei Sifonostotni ( Gyropeltis
Doradis). — Mém. II. lnst. Lombardo, vol. VIII, 18G0.
1 Pour les pièces buccales , j'emploie , dans ce travail, la nomenclature si simple
et si rationnelle que M. Giesbrechl a introduite chez les Copépodes (MittheU. tool.
siai. Neapel, t. XI, 1 893 ), et que M. Glaus lui-même a récemment acceptée.
— 15 —
pattes-mâchoires (fw») ont cinq articles et sont séparées par un intervalle
dans lequel on trouve une paire d'épines; l'article basilaire de ces appen-
dices porte une saillie lanielleuse munie en arrière de trois dents inégales
plutôt obtuse; l'article terminal est muni à son sommet de trois ou quatre
petites soies spiniformes.
\
K-/-/--\v y \z \
V [g.
Gyropeltis Gvayi , partie ant. du céphalolorax, face ventrale.
Les quatre paires de pattes sont inégalement développées; les plus
grandes sont celles de la deuxième et surtout de la troisième paire, les plus
réduites sont les antérieures et surtout les postérieures; la carapace laisse
totalement à découvert ces dernières : elle recouvre presque la moitié des
rames de la paire antérieure, une petite partie de celles de la deuxième
paire et ne recouvre pas totalement la hampe ou syinpodite des patles de
la troisième paire. Comme l'a fait observer Cornalia, cette hampe se com-
pose de trois articles des plus distincts et présente au sommet du dernier
article une sorte de fouet dirigé de dehors en dedans (fig. 3). Dans les Gy-
ropeltis ce flagellum existe sur les (rois paires de pattes antérieures; il
est médiocrement allongé dans notre espèce et se termine par une soie
simple. Les rames des pattes sont inarticulées et présentent en dessus et en
dessous une rangée de soies.
Fig. 3.
a1' palle tlu G. Geayi.
Dans toutes les patles, l'article moyen du sympodile se dilate légère-
ment en lame en arrière; dans les pattes postérieures de notre espèce,
— 16 —
cette lame est fort peu développée, niais la partie basilaire s'étale par
contre en une lamelle très grande (fig. 1 s), qui se dirige un peu oblique-
ment vers le bas et présente des soies arquées sur son bord postérieur.
L'abdomen (fig. h) se prolonge en arrière, de chaque côté de l'anus,
en deux appendices obtus fortement divergents. Entre ces deux appendices,
on voit du côté dorsal, à droite et à gauche de l'anus, une courte branche
furcale munie d'une ou deux soies. Cette l'urca est surtout bien visible chez
la femelle.
v
Fig. h. — G. Geayi, abdomen de tf-, lace ventrale.
Les yeux ne présentent rien de particulier. La région stomacale du tube
digestif est très longue; vers sa partie antérieure elle émet, à droite et à
gauche, une branche latérale ramifiée (b, fig. 1 ).
Fii
Base des pattes de la 3e paire du G. Geayi.
Les testicules (l, fig. h) sont logés presque totalement dans les appen-
dices caudaux du mâle el présentent en dehors un lobe annexe bien dis-
tinct. L'orifice mâle se trouve vraisemblablement sous une espèce de saillie
valvulaire ventrale (»), qui se trouve comprise entre la base des pattes pos-
térieures. A droite et à gauche de celte saillie on aperçoit fort nettement
deux organes internes arrondis (p) dont je n'ai pu déterminer la nature,
— 17 —
mais qui font certainement partie de l'appareil ge'nilal mâle. On observe
en outre chez le mâle, sur le bord antérieur de la hampe des pattes de la
troisième paire, un tubercule génital (tig. 5, /*), sur lequel se trouvent
en grand nombre de petites saillies aiguës groupées en courtes séries ou
isolées. Heller a signalé une formai ion analogue dans le G. Kollari. La
femelle que j'ai observée ne présente rien de semblable; ses appendices
caudaux sont un peu plus étroits à la base et sont situés au voisinage im-
médiat de réceptacles séminaux très distincts.
Dimensions exactes du mâle: Longueur totale, 1 millim. 96; longueur
du céphalotorax, 1 millim. 29; largeur maximum, 1 millim. 20. La
femelle est plus pelite, mais présente des dimensions relatives analogues; le
plus grand individu atteint 3 millimètres environ.
Les trois exemplaires ont été recueillis par M. Geay , eu décembre 189b ,
entre l'Apuré et l'Arauca; ils nageaient librement à la surface des lagunes.
Le genre Gyropeltis se composait jusqu'ici (1) de trois espèces : le G. Kol-
lari Heller dont l'abdomen est simplement échancré en arrière; le G. lon-
gicauda Heller et le G. Doradis Cornalia dont l'abdomen se prolonge en
appendices plus ou moins développés. C'est évidemment de ces deux der-
nières espèces que se rapproche le plus notre espèce, qui s'éloigne d'ailleurs
de l'espèce de Heller et se rapproche de celle de Cornalia par ses appen-
dices caudaux plus courts que le céphalotorax et par la moindre étendue
de ce dernier qui ne recouvre pas toutes les pattes. De son côté le G. Dora-
dis se distingue de l'espèce qui nous occupe par sa carapace discoïde qui
se rétrécit notablement dans la région frontale, par ses appendices caudaux
peu dilatés à la base el à peine divergents, par l'article terminal très court
de ses antennes de la deuxième paire, par le crochet médiocrement déve-
loppé de ses maxilles 11 , par les nombreuses spinules terminales de ses pattes-
mâchoires, par les dimensions relatives de ses pattes qui vont en décrois-
sant de longueur d'avant en arrière, par le flagellum de ces dernières qui
est arqué, long et muni de nombreuses soies, par les deux lobes lamelleux
bien développés de chacune de ses deux pattes postérieures; enfin par les
bords internes pre que convergents des deux lobes postérieurs de sa cara-
pace. La couleur des deux espèces est d'un gris jaunâtre, mais le G. Dora-
dis présente sur les bords du céphalotorax une région marginale noire qui
n'existe pas dans notre espèce.
Au reste cette dernière se distingue de toutes les espèces connues du
genre Gyropeltis par ses dimensions extrêmement réduites. Les G. longicauda
de Heller ont 28 millimètres de longueur avec la queue, 12 millimètres
sans la queue el 1 1 millimètres de largeur; les G. Doradis étudiés par Cor-
nalia 22 millim. 5 de longueur totale, i5 millimètres sans la queue et
l'! T. Thorel. - - Om (venue europeiska Argulider. (Olv. kongl. vet. Ak. F6!i.
186 '1-1 8(55, t. XXI.)
Ml SÉUM. III. 2
— 18 —
il millimètres de largeur; enfin, le G. Kollari peut atteindre i5 milli-
mètres de longueur totale et i3 millimètres de largeur. A côté des espèces
précédentes, qui comptent parmi les géants dos Argulides, le G. Geaiji
tranche par sa petite taille, qui ne doit guère dépasser quelques millimètres,
et me'rite d'être considéré comme un nain. Je m'étais d'abord demandé si
cette espèce ne serait pas le jeune du G. Doradis , mais j'ai dû écarter cette
hypothèse qui supposerait des variations de taille réellement trop grandes
( 1 millim. 5 et a a millim. 5) entre des individus adultes de la même espèce.
Dans YArgulus foliaceus, Claus a constaté que les plus jeunes individus, à
caractères sexuels bien marqués atteignaient de 2 à 3 millimètres et les plus
grands adultes de 7 à 8. Le rapport entre les tailles extrêmes est ici de
1 à h ; il serait à peu près de 1 àao dans l'espèce qui nous occupe. Les
exemplaires de M. Geay sont peut-être des adultes jeunes, mais ce ne sont
pas, bien certainement, des pulli, ni même des jeunes de G. Doradis.
Fig. (3.
Gyropeltis Kollari , face dorsale.
(ivROPELTis Kollari Heller.
Les deux autres Gyropellis oflèrls au Muséum par M. Geay sont dé-
pourvus de queue et ne présentent qu'une simple lissure abdominale. En
raison de ce caractère, et de quelques autres moins frappants, ils me pa-
rurent se rapprocher beaucoup du G. Kollari de Heller (1), mais, comme ils
différaient notablement des figures données par ce dernier carcinologiste ,
je crus plus sage de les faire comparer avec les types déposés au Musée de
Vienne. Je suis heureux de remercier le directeur du Musée, M. le profes-
seur Steindachnei', et mon collègue de Vienne, M. le Dr Adensamer, de leur
extrême obligeance , car ils m'ont non seulement donné les renseignements
(|) C. Heller. — Beitràge Ziir Kennlnis der Siphonoslomen. (Sitzungsb. Kais. Ak.
Wiss. Wien, B. 25, 1807, \>. 102, Taf, 1, fig. 20-21, Taf. II, fig. i-3.)
— 19 —
que je demandais, mais iis m'ont directement communiqué un des trois
exemplaires de G. Heller. Il résulte de ces dernières études comparatives,
<pie la seconde espèce recueillie par M. Geay n'est autre que le G. Kollari.
Mais, comme les figures de Heller sont très imparfaites, comme les spéci-
mens de M. Geay sont de grands adultes parfaitements conservés, j'ai cru
bon de faire figurer ces derniers , ne fût-ce que pour donner une idée des
nombreuses marbrures blancbes qui ornent la face dorsale verdâtre de l'ani-
mal (fig. 6).
Je ferai observer en outre que le dernier article des antennes II (A1)
(fig. 7), contrairement à ce qu'a figuré Heller, est beaucoup plus court
que le précédent, que la carapace est franchement discoïde et plus longue
que large, entiu que les maxilles II présentent un crochet terminal court
auquel vient s'opposer un prolongement filiforme blanchâtre de la pointe
de l'appendice. Le dernier article des pattes-mâchoires est muni de nom-
breux petits crochets jaunâtres à l'extrémité.
<C£
Kig. 7. — Gyropeltis Kollari , antennes.
On ne sait rien des exemplaires de Heller, sinon qu'ils ont été recueillis
au Brésil; ceux de M. Geay ont été capturés sur la tète d'un Plalijstoma ,
dans un affluent du Sarare, le Rio Nuba, en avril 1893. Ils appartiennent
tous deux au sexe femelle. Longueur totale du plus grand 1 3 millim. 80 ;
longueur du céphalotorax 1 2 millimètres; largeur maximum 1 3 millimètres.
L'exemplaire de Heller est relativement un peu plus étroit.
— 20 —
Note slr le placenta du Tragelaphus gratus,
par MM. Beauregard et Boulart.
Eu i885, nous avons publié (1) une note que nous terminions en pro-
posant le groupement des diverses familles de l'ordre des Ruminants, de
la manière suivante :
( Ruminants à hématies elliptiques. Camélidés.
Acotyledoxes j — circulaires. TraguUdés.
Oligocotylédonés. Moschidés, Cervidés.
Polycotylédoxés. Girafidés , Antilopidés , Capridés , Bovidés.
Nous avions eu l'occasion à cette époque d'étudier la placentation chez
un assez grand nombre d'espèces et nous avions été frappés des diffé-
rences extrêmes que nous avions observées dans le nombre des cotylédons
chez les diverses familles. Alors que le placenta est diffus, comme on le
sail depuis longtemps, chez les Camélidés et les Tragulidés, il est cotylé-
donaïre chez les autres Ruminants, mais on ne compte qu'un très polit
nombre de cotylédons chez les Moschidés et les Cervidés, tandis que ce
nombre est considérable (jusqu'à près de 200 parfois) chez toutes les
autres espèces; de là le groupement en «-, oligo- et poly-cotylédonés.
Depuis lors, nous n'avons laissé échapper aucune occasion de vérifier,
quand nous avons pu le faire, le bien-fondé de notre groupement. En
i8q5 , nous avons publié une note sur la placentation du Cerf sika (Cervus
sika)m, espèce dont on a rarement la bonne fortune d'observer la placen-
tation, et nous constations que, conformément à nos conclusions , ce Cerf,
comme les autres Cervidés, est oligocotylédoné. On n'y compte, en effet.
que six cotylédons en tout clans toute l'étendue du chorion.
Récemment, nous avons eu l'occasion d'examiner le placenta d'une es-
pèce d'Antilope du genre Guib, très rare, le Tragelaphus gratus. C'est à
son sujet que nous présentons ces quelques observations.
Nous avions noté, en i885, que parmi les Antilopes il en est, comme
l'Algazelle (Oryx leucoryx), dont les cotylédons extrêmement nombreux
sont à ce point serrés les uns contre les autres que par place ils semblent
se confondre en de grandes plaques villeuses. Chez d'autres espèces, le
Guib proprement dit (Tragelaphus scriptus) et le Canna (Boselaphus canna),
par exemple, les cotylédons, bien que très nombreux encore, sont distants
les uns des autres et en aucun point ne se confondent.
"> Journal de l'Anal, et de la Physiol. , i885. — Noie sur la Placentation des
Ruminants, avec 1 pi. en couleur.
1 Comptes rendus hebdomadaires de la Soc. de biol., 1896, p. 639.
I
— 21 —
Chez le Tragelaphus gratus, c'est bien ce dernier caractère que nous re-
Irouvons. Les cotylédons, moins nombreux que chez l'Antilope Algazelle,
dépassent de beaucoup le nombre de ces formations chez les Cervidés et,
comme chez le Guib proprement dit (T. scriplus), ils restent assez écartés
pour ne se confondre en aucun point. Nous comptons chez 7'. gratus
5o cotylédons, dont 28 dans la corne gravide (corne gauche) et 22 dans
la corne droite. Ils sont irrégulièrement discoïdes et disposés sur quatre
rangées dans chaque corne, parallèles à la direction des vaisseaux princi-
paux. Les plus volumineux occupent les bords de la corne, tandis que les
plus petits sont proches des vaisseaux principaux, disposition inverse de
celle que nous avons généralement observée. Les premiers ont environ
o m. o3 de diamètre; ils sont irrégulièrement discoïdes; les petits, plus
arrondis, ont seulement 0 m. oo5 de diamètre. Le nombre et l'écartement
les cotylédons placent donc bien cette espèce à côté des Guibs, et encore
une fois les conclusions de notre mémoire de i885 se vérifient pleine-
ment.
On pouvait sattendre d'ailleurs à ce résultat car le mode de placenta-
tion paraît bien, dans la série des Vertébrés, avoir une valeur philogé-
nique réelle. Si l'on ne peut plus parler de Mammifères placentaires et im-
placentaires, il n'en reste pas moins vrai que le placenta des anciens Impla-
centaires (Marsupiaux et Monotrèmes) n'est pas exactement comparable
à celui des Placentaires proprement dits. Chez les Marsupiaux et les Mono-
trèmes, en effet, le placenta, très réduit, cpii existe esi comparable à celui
des Sauropsides et des Sélaciens, c'est-à-dire qu'il est un placenta ombi-
lical et non un placenta allanfoïdien et par là est démontrée la valeur qu'on
peut accorder aux dispositions placentaires, puisqu'elles s'ajoutent aux
caractères auatomiques si nombreux qui rattachent les Mammifères infé-
rieurs aux Sauropsides.
Sun LE FOIE DE QUELQUES AyTILOPES .
par M. H. Neuville,
(laboratoire de M. le professeur Filhol.)
En étudiant, il y a quelques mois, les viscères d'un Adenota Kob mort
à la Ménagerie, j'ai été frappé par la position anormale du foie. Cet or-
gane, au lieu d'occuper comme chez les autres Mammifères une position à
peu près transversale, se trouvait parallèle à l'axe du corps et entièrement
rejeté à droite dans la région de la hanche. Il s'en suivait une modification
profonde de la région du hile; la partie à laquelle on donne le nom de
bord dorsal, au lieu d'être traversée perpendiculairement parla veine cave,
était longée (l'un bout à l'autre par celle-ci.
— 22 —
Cette disposition s' écartant beaucoup de celles qui ont été observées et
décrites, j'ai attendu pour la signaler qu'une observation ultérieure me
permît d'y voir autre cbose qu'une anomalie individuelle. L'occasion n'a
pas tardé, car le foie d'un Tragelaphus gratus , mort récemment au Jardin,
vient de me présenter la même particularité ; il y a donc lieu de croire
qu'elle constitue un caractère propre à divers Antilopes, c'est du reste ce
que j'éclaircirai dans la suite.
Le cliché suivant reproduit, au tiers de la grandeur naturelle, le foie de
ce Tragelaphus, et, mieux qu'une longue description, il fera comprendre
la disposition que je signale :
C , C , veine cave.
P, p, veine porte et ses ramifications.
A, a, artère hépatique et ses ramifi-
cations.
V, vésicule biliaire.
Cj/ , canal cystique.
Ch, canal cholédoque.
L'organe est orienté dans la même direction que le rein correspondant .
et ce dernier, empiétant sur l'extrémité du lobe cystique, vient s'adapter
supérieurement dans une dépression du lobe qui porterait le nom de lobe
droit chez les autres Ruminants, et mérite plutôt ici celui de lobe inférieur.
Les deux organes qui ont servi à cette description figurent dans les col-
lections du Laboratoire d'anatomie comparée.
— 23 —
SUR LE ROLE DES GLAIDULES parathyroïdes,
PAR M. E. Gley.
La question de la physiologie de la glande thyroïde subit en ce moment
nue importante évolution.
Mes expériences de 1891-1899 (1) ont montré que, si l'on enlève à des
Lapins, outre la glande thyroïde proprement dite, les très petits organes
situés dans son voisinage, que Ton peut appeler glanduks parathyroïdcs ,
ces animaux meurent pour la plupart, après avoir présenté les accidents
nerveux qui avaient été antérieurement observés sur le Chien et sur le Chat
et que j'ai contribué à déterminer. En i893(2),j'ai trouvé que, si Ton pra-
lique sur des Chiens l'extirpation des deux lobes du corps thyroïde, mais
en ménageant et laissant en place la glandule attenante à chaque lobe,
ces Chiens échappent aux conséquences fatales de la thyroïdectomie. Ces
expériences, en même temps qu'elles révélaient l'existence de ces organes,
restés ignorés malgré leur découverte anatomique par Sandstrôm en 1 880 ,
en établissaient le rôle par rapport à la fonction tyroïdienne.
Mais ce rôle est encore plus considérahle que je ne l'avais cru d'abord.
En 1895, en effet, Kohn(3) décrivit comme constante une autre glandule,
située à la face interne de chaque lobe thyroïdien, de telle sorte qu'il
existe en réalité quatre glandules , deux externes et deux internes. Qu'arri-
vera-t-il donc si on les enlève toutes simultanément ou en plusieurs temps?
Cette expérience a été réalisée l'année dernière par Vassale et Generali(4),
qui ont vu mourir tous les animaux, Chiens et Chats, sur lesquels ils ont
pratiqué cette opération. D'autre part, j'ai récemment constaté (5) que l'extir-
pation des glandules seules suffit souvent chez le Lapin pour amener les acci-
dents habituellement consécutifs à la thyroïdectomie totale. M. Rouxeau (0
a observé le même fait indépendamment de moi. Enfin, j'ai répété les ex-
périences de Vassale et Ceuerali et obtenu les mêmes résultats. De son
côté, M. Moussu7» a fait des constatations identiques à ces dernières.
Il importe de remarquer cependant que chez le Lapin le résultat est
1 Comptes rendus de la Soc. de biol, 1891 et Arch. de physiol. , 1892.
(2) Arch. de physiol. , i8g3.
W Kohn : Studien uber die Schilddrûse (Archiv /. mikrosh. Anat., XLIV,
i895).
W Vassale e Generali : Sugli effetti dell' eslirpazione délie ghiandole paratiroidee
(Riv. dipatol. nerv. e mentale, I, p. 96 et 2/19; 1896 et Arch. ital. de Biol., XXV,
p. 45g etXXVÏ, p. 61; 1896).
<5' Comptes rendus de la Soc de biol, 9 janvier 1897, p. 18.
l"> tbid., p. 17.
(') Ibid., 16 janvier 1897, p. dix.
__ 24 —
moins certain. C'est que chez cet animal les giandules internes, n'étant pas
apparentes, ne peuvent être enlevées. Par conséquent, les Lapins qui les
possèdent supportent très bien l'extirpation des deux parathyroïdes ex-
ternes, les seules qui soient visibles. Si cette explication est exacte, on
devra, dans les cas de mort à la suite de cette opération, ne pas trouver de
parathyroïdes internes et, an contraire, dans les cas de survie, constater
leur existence. J'ai entrepris celte recherche, qui ne laisse pas d'être labo-
rieuse.
Quant aux accidents observés chez tous ces animaux, ils rassemblent de
tous points à ceux qui sont bien connus maintenant comme résultant de la
thyroïdectomie complète. Vassale et Generali ont avancé cependant que,
d'ordinaire, les phénomènes convulsifs manquent ou sont peu marqués,
les troubles paralytiques étant, au contraire, prédominants. 11 ne m'a pas
paru qu'il y ait une telle différence entre les accidents consécutifs à l'opéra-
tion dont il s'agit et ceux qui suivent la thyroïdectomie proprement dite.
Voici résumées, par exemple, trois observations typiques qui suffiront à
prouver qu'il serait impossible h un pbysiologiste connaissant la question
de distinguer un animal parathyroïdectomisé d'un animal thyroïdectomisé :
1° Jeune Chienne, pesant 6 kilogr. 85 o, opérée le il janvier; comme
on ne trouve pas la glandule interne droite, on enlève tout le lobe droit;
extirpation des deux giandules du lobe gauche. Dès le \k janvier, se-
cousses dans presque tous les muscles, dysphagie, dyspnée, paralysie des
extenseurs, contractures; les jours suivants, on observe plusieurs attaques
épileptiformes. Mort le 20 janvier, à 8 heures du matin.
20 Cbalte jeune, pesant 2 kilogr. 600. Extirpation des giandules du
côté gauclie le 1 3 janvier, et, comme on ne trouve pas la glandule interne
droite, exlirpation du lobe thyroïdien droit. Le lendemain, à dix heures du
matin, on trouve l'animal dans un état très grave : secousses musculaires
généralisées , salivation abondante, polypnée intense; les conlractions des
inasséters sont extrêmement énergiques. Mort un peu avant 3 beures.
5° Lapine adulte, 2 kilogr. 83o. Extirpation des giandules le 5 janvier,
de 3 heures i5 à 3 heures ho. Trois jours après, secousses dans presque
tous les muscles du corps; salivation très abondante; paralysie du train
postérieur; dyspnée. A 3 heures 20, temp. rect. =£2° 6; a !\ beures 2 ,
lemp. rect. = 43° 3. Mort à h heures 20.
S'il en est ainsi, si tous les accidenls aigus que l'on est accoutumé de
considérer comme étant les effets de la suppression de la glande thyroïde
sont aussi ceux de l'extirpation des giandules parathyroïdes, on est bien
obligé de se demander si la fonction thyroïdienne ne revient pas tout en-
tière à ces petits organes, dont l'importance alors apparaît des plus grandes;
et le corps Ihyroïde perdrait par suite, ce semble, toute signification pbysio-
— 25 —
logique. Mais il se pourrait que ces deux sortes d'organes, glande et glan-
dules, fussent associés dans l'exercice d'une commune fonction, de (elle
sorte que, ies glandules étant enlevées, la glande cessai d'agir. Ce ne sérail
pas là le seul exemple d'association fonctionnelle entre deux glandes.
Cette hypothèse, il est vrai, rencontre une difficulté. Tout récemment
Moussu a montré tn que, si l'on enlève sur de très jeunes Chiens et Chats
la glande thyroïde en laissant les glandules en place, à la longue et peu
à peu les animaux se cachèctisent plus ou moins et tombent en un état
morbide analogue au myxœdème de l'homme. Déjà Hofmeister12' avait bien
observé ce fait sur les jeunes lapins et von Eiselsberg « avait soigneuse-
ment étudié l'arrêt du développement et le crétinisine qui sont les con-
séquences de la ihyroïdectomie chez les Chevreaux et les Agneaux: et
moi-même j'avais vu se produire ces troubles chroniques chez des Lapins
adultes à la suite de la thyroïdectomie simple. A celte époque j'interpré-
tais ces faits en admettant que les glandules ayant suffi à empêcher les
accidents aigus de la thyroïdectomie, la maladie chronique avait eu le temps
de se développer. Que devient cette interprétation en présence des résultats
de l'extirpation des glandules? Comment la glande, organe beaucoup plus
volumineux et en apparence beaucoup plus actif que les glandules, organes
d'ailleurs à peine différenciés , ne peut-elle rien sur. les accidents provoqués
par la suppression de celles-ci? Ces accidents seraient-ils donc spécifiques,
el glande et glandules seraient-elles des organes distincts et indépendants,
l'une ayant une influence sur le développement et la nutrition de l'orga-
nisme, et les autres exerçant une action antitoxique importante? Cette thèse
de la distinction des deux fonctions, thyroïdienne, et, si l'on peut dire,
parathyroïdienne, vient d'être affirmée hypothétiquement par Moussu "'.
Les résultats des expériences entreprises de divers côtés trancheront sans
doute la question, tandis que de nouvelles recherches embryologiques el
histologiques viendront probablement enfin nous renseigner exactement sur
l'origine et la nature encore incomplètement déterminées de ces organes.
•'> Comptes rendus de la Soc. de biol., séance du a 3 janvier 1897.
-) Fortschr. derMed., 1892 et Beitrâge zur Min. Chir., XI, 189/4.
(») Arch.f. klin. Chir., XLIX, 1895.
1 Comptes rendus de la Soc. de biol., 16 el a3 janvier 1897.
— 26 -
EstÉrite aiguë À cou-bacille chez deux Cbats de Siav .
par M. C. Phisalix.
Au commencement de décembre dernier, M. Gratiolet a eu l'amabilité
d'apporter au laboratoire, pour les soumettre à mon observation, plusieurs
Chats de Siam malades depuis quelques jours. Deux de ces animaux étaient
particulièrement atteints. L'un d'eux mourut le jour même de son arrivée,
le 7 décembre, après avoir présenté des symptômes d'empoisonnement
gastro-intestinal : vomissements de bile, diarrhée, douleur à la palpation
du ventre. Depuis deux ou trois jours , il avait perdu sa gaîté habituelle
et ne mangeait pas. Le deuxième Cbat, qui depuis quelques jours était
dans le même état, est pris aussi, dans la journée du 7 décembre, des
mêmes symptômes : vomissements jaunâtres, diarrhée; il se tient en boule,
le poil hérissé, et pousse des miaulements plaintifs. Le 8 au soir, il se
refroidit, il rend par l'anus des mucosités sanguinolentes à odeur de pu-
tréfaction et enfin il meurt dans de fortes convulsions. Ces deux morts
avaient été précédées deux jours auparavant de celle d'un autre Cbat qui
avait succombé de la même manière, et, enfin, les deux derniers Chats qui
ont survécu ont aussi présenté quelques légers symptômes d'empoisonne-
ment. Cela parait bien être en effet un empoisonnement par de la viande
de Cheval plus ou moins altérée, car le Chien du boucher qui avait fourni
cette viande est mort en cinq ou six jours avec les mêmes vomissements
jaunâtres et la diarrhée sanguinolente observée chez les Chats. Toutefois,
les ptomaïnes de la viande n'auraient pas occasionné directement la mort ,
mais auraient déterminé une entérite aiguë et une infection secondaire
par le coli-bacille. L'autopsie et les cultures semblent confirmer cette ma-
nière de voir.
Autopsie. — A l'ouverture de. l'abdomen, on constate que l'intestin grêle,
surtout dans sa portion terminale, est très enflammé. Il est rempli d'un
liquide gris jaunâtre, constitué par une véritable purée d'un bacille court
légèrement mobile, souvent réuni en zooglées, qui ne prend pas le Gram;
il y a quelques rares streptocoques. Le foie est très congestionné , la vési-
cule biliaire distendue. Les reins sont volumineux et rouges. Les ganglions
mésentériques sont augmentés de volume et congestionnés. Rate normale.
Léger épanchement citrin dans la cavité péritonéale.
Cultures. — Celles du sang sont stériles. Celles du ganglion mésen-
térique et de l'intestin sont fertiles. Dans le bouillon, prolifération abon-
dante, trouble épais, odeur mineuse; sur gélatine, couche blanche épaisse,
pas de liquéfaction; en bouillon lactose, dégagement abondant de bulles
27 —
gazeuses. Le microbe esl un gros bacille droit légèrement mobile, qui ne
prend pas le Gram. Inoculé à un cobaye à la dose de 3 centimètres cubes ,
il le fait mourir en moins de 2 k heures avec abaissement rapide de la tem-
pérature, efforts de vomissements et secousses convulsives. A l'autopsie, on
trouve une congestion énorme des viscères abdominaux. A dose plus faible
(1 centimètre cube), la mort arrive en deux jours avec les mêmes symp-
tômes. Les caractères de ce bacille étant très voisins de ceux du Bacillus
colicommune, j'ai prié M. Grimbert, dont la compétence est bien connue,
de vouloir bien en faire la détermination. Voici le résultat de son examen :
N° 1. Chat de Siam. — Culture des ganglions mésentériques.
i° Ne donne de l'indol qu'au bout de 48 beures. La réaction est faible.
Elle devient très nette à partir du troisième jour.
q° N'a pas encore coagulé le lait au bout de trois jours.
3° Fait fermenter faiblement la glycérine et le saccharose.
k" Au microscope, à peine mobile.
N° 2. Culture de l'intestin du deuxième Chai. — Réaction de l'indol intense
après 2/t heures. — Coagule le lait en 2 h heures. — Ne fait pas fermenter
la glycérine, mais fait fermenter faiblement le saccharose. — Au micro-
scope, mobile.
Tous les deux d'ailleurs font fermenter activement le lactose. Sur plaques
de gélatine, ils donnent tous deux des colonies très belles en ile de glace,
plus larges pour le 11° 1 que pour le n° 2. Non liquéfiantes.
A l'ensemble de leurs caractères microscopiques et biologiques, les deux
microbes examinés entrent donc dans la catégorie des B. coli, dont ils
semblent constituer deux races voisines mais distinctes.
D'après les faits précédents, il semble que la mort de ces deux Chats est
due à une intoxication par les produits du coli-bacille, qui a proliféré abon-
damment dans l'intestin sans pénétrer dans le sang. La viande de cheval de
mauvaise qualité ingérée par ces animaux, soit en irritant la muqueuse in-
testinale, soit en apportant un milieu de culture favorable, a modifié les
conditions biologiques d'un microbe saprophyte habituellement inoffensif.
Il est hors de doute qu'il n'a pas été apporté du dehors, car ses cultures
renforcées par un passage sur le Cobaye ont pu être ingérées à la dose de
10 centimètres cubes par un Cobaye, sans provoquer le moindre accident.
Cette inflammation aiguë de l'intestin avec pulullation du coli-bacille
n'est pas spéciale au Chat de Siam. Par une coïncidence bizarre, j'ai eu
l'occasion d'observer, peu de temps après, un Chat indigène qui est mort
avec les mêmes symptômes de la même maladie, sans qu'il y ail eu possi-
bilité de contagion directe.
Il résulte de cette observation que le coli-bacille dont les méfaits en pa-
— 28 —
thologie humaine sont si nombreux joue un rôle non moins important en
pathologie comparée, et c'est pourquoi j'ai tenu à la foire connaître.
Absorption par les poumons de vapeur d alcool mélangée avec lair.
par M. N. Gbéhànt.
C'est un fait bien connu des médecins que les ouvriers qui travaillent
dans l'air chargé de vapeur d'alcool, comme ceux qui déversent ce
liquide de grandes dans de petites barriques ou ceux qui mettent l'alcool
en bouteilles sont exposés aux mêmes accidents que les hommes qui l'ont
abus des liqueurs alcooliques ingérées dans l'estomac.
J'ai cherché à donner une démonstration expérimentale de cette absorp-
tion pulmonaire et à doser dans le sang l'alcool qui peut s'y trouver quand
on fait respirer à un animal de l'air contenant des vapeurs alcooliques. Je
résume ici deux expériences qui ont été faites dans mon laboratoire dans
le courant de l'été dernier alors que la température était de 25 degrés
environ.
Expérience I. — On découvre chez un Chien l'artère carotide, dans
laquelle ou fixe un lube métallique; l'animal pourvu d'une muselière de
caoutchouc respire à travers deux barboteurs de Cloëz contenant de l'alcool
à 91 degrés.
9 heures après, on aspire dans l'artère 20 centimètres cubes de sang
qui e^t injecté dans un ballon récipient vide muni d'un réfrigérant tra-
versé par un courant d'eau froide et uni à une pompe a mercure; la distil-
lation et la dessiccation du sang ont lieu en 10 minutes environ, le ballon
étant immergé dans l'eau bouillante. On opère de la même manière d'heure
en heure.
Les liquides obtenus renfermaient tons de l'alcool et le dosage effectué
par le procédé de Nicloux a fourni pour 100 centimètres cubes de sang les
résultats suivants :
cm3
2 heures après le début de l'expérience 0,10 alcool absolu.
3 heures — 0,28
h heures o,3i
5 heures — ■ o,46
G heures o,5o
L'animal détaché était plongé dans une ivresse profonde, il restait
couché sur le liane et ne pouvait se relever.
Le lendemain, le Chien était complètement rétabli.
— 29 —
Expérience 11. — On injecte dans la veine saphène d'un Chien du poids
de 10 kilog. 5, iGo cm3 8 d'alcool à s5 degrés, c'est-à-dire un volume
d'alcool absolu égal à 1/2 5 du poids du sang, dose qui produit l'ivresse.
10 li. 45, commencement de l'injection;
1 1 li. 3o, fin, au bout de trois quarts d'heure;
12 h. 45, une heure quinze minutes après la fin de l'injection, prise
de 20 centimètres cubes de sang dans l'artère carotide, on trouve, dans
100 centimètres cubes de sang, 0 cm' 4i alcool absolu;
1 h. 45, deuxième prise de 20 centimètres cubes de sang, 0 cm3 43;
2 b. 45, troisième prise de 20 centimètres cubes de sang, 0 cm3 54;
3 h. 45, quatrième prise de 20 centimètres cubes de sang, o cm3 65;
4 h. 45, cinquième prise de 20 centimètres cubes de sang, 0 cm' 75;
5 h. 3o, l'animal est très malade;
5 h. 45, il meurt.
On voit donc qu'après l'injection dans la veine saphène, la respiration
de vapeur d'alcool à 2.5 degrés pendant l'été a fait monter progressive-
ment le chiffre de l'alcool dans le sang et a déterminé la mort de l'animal.
Les ouvriers qui travaillent dans une atmosphère chargée de vapeurs
alcooliques feront bien de s'abstenir de l'ingestion d'alcool dans l'estomac;
ils auront soin de travailler d'une manière intermittente et de respirer fré-
quemment de l'air pur extérieur afin d'éliminer partiellement l'alcool
absorbé par les poumons.
La Jachère,
par M. P. -P. Dehéraix.
La pratique de la jachère remonte à une époque reculée. Il est naturel
que dans les contrées où la population est clairsemée, ou l'on cultive sans
faire aucune dépense d'engrais, on abandonne une terre quand, après
quelques années, les récoltes y faiblissent. On la laisse en jachère.
La jachère s'est maintenue au moment où la propriété s'est constituée.
Le vieil assolement triennal, qui, dit-on, remonte à Gharlemagne (et qui
s'est perpétué jusqu'à nos jours dans les parties de la France où la culture
est peu avancée), débute par une année de jachère. On ne demande à la
terre, labourée à plusieurs reprises, aucune récolte; on y incorpore le
fumier; puis, à l'automne, on y sème le blé. Il occupe la terre pendant la
deuxième année; au printemps de la troisième, on sème l'avoine à laquelle
succède la jachère; puis le cycle recommence.
Il faut que nos aïeux aient trouvé de grands avantages à ce mode d'agir
pour qu'ils aient consenti à laisser ainsi une année sur trois leurs terres
improductives! et c'est pour connaître les effets résultant de la jachère,
— 30 —
qu'au moment où j'ai fait construire au champ d'expériences de l'école de
Grignon les cases de végétation, j'en ai laissé quatre sans ensemencement.
Ces cases de végétation sont de grandes boîtes en ciment; elles sont carrées,
présentent 2 mètres de côté et 1 mètre de profondeur; elles offrent donc
une capacité de à mètres cubes et renferment environ 5 tonnes de
terre.
Elles sont parfaitement élanches; le fond est creusé en rigole, de telle
sorte que les eaux, qui ont traversé la terre, se réunissent dans cette rigole
couverte de cailloux et gagnent un orifice par lequel elles coulent dans de
grandes bonbonnes. On mesure les eaux de drainage, puis on détermine
leur composition.
Elles n'entraînent guère qu'une seule matière, mais cette matière pré-
sente un intérêt agricole de premier ordre; c'est un mélange de nitrates,
dans lequel domine le nitrate de chaux.
Il y a quarante ans que, simultanément, Boussingault au Conservatoire
des arts et métiers, et M. Georges Ville au Muséum reconnurent que les
nitrates sont les plus efficaces des engrais azotés.
La culture a mis à profit cette indication , et chaque année l'Europe im-
porte des quantités croissantes de nitrate de soude, dont il existe un impor-
tant gisement sur la côte américaine du Pacifique.
Les nitrates prennent naissance dans le sol par l'action de ferments
figurés; cette fermentation n'est pas à allure rapide, comme la fermen-
tation alcoolique ou la fermentation butyrique. Elle est lente à s'établir,
et, si l'on expose à l'air des terres qu'on maintient humides, il faut attendre
trois semaines ou un mois pour voir les nitrates s'y former en quantités
sensibles. Aussi, bien que nos terres cultivées renferment de grandes quan-
tités d'azote engagé dans des combinaisons quaternaires, la transformation
de cette matière azotée au printemps est trop lente pour fournir d'abon-
dantes récoltes. Nos procédés de culture nous conduisent à faire croître sur
le même sol, à côté les uns des autres, un grand nombre d'individus appar-
tenant à la même espèce; lou» ont les mêmes besoin; tous réclament en
même temps les mêmes aliments, et, si ces aliments sont, peu abondants,
l'évolution d'un certain nombre de pieds s'arrête. C'est pour pallier cette
insuffisance des nitrates fournis par la fermentation de l'humus du sol que
nous sommes obligés d'épandre, au printemps, du nitrate de soude.
Dans la région septentrionale de la France, où la culture est très bien
conduite, il est habituel, après avoir distribué, à l'automne, du fumier de
ferme sur les terres destinées à porter des betteraves, de répandre, au
printemps, 200 à 3oo kilogrammes de nitrate de soude par hectare:
l'année suivante, on donne encore au blé, qui succède à la betterave,
de i5o à 200 kilogrammes de nitrate.
Aujourd'hui, nous avons donc de puissantes ressources d'engrais; il n'en
était pas ainsi il y a un siècle; comme on ne cultivait guère de plantes
— 31 —
fourragères, le bétail vivait de l'herbe de la prairie pendant l'été, et de
paille pendant l'hiver; le fumier était rare, les fumures parcimonieuses:
le commerce des engrais n'existait pas; on ne connaissait, même pas de
nom, les plus puissants des engrais azotés, les nitrates. C'est a cause de
cette pénurie d'engrais qu'on laissait, une année sur trois, la terre en
jachère. Après cetle année de jachère, l^s récoltes étaient meilleures, le blé
plus vigoureux: à quelle cause attribuer cet effet de la jachère?
Précisément parce que, pendant cette année-là, la terre forme des ni-
trates.
C'est ce qui apparaît très clairement dans les déterminations qui ont
porté sur les eaux de drainage des cases de végétation.
Les quantités de nitrates entraînées par ces eaux sont infiniment plus
fortes quand elles proviennent des terres laissées en jachères que si elles
coulent des terres emblavées.
A cela, deux raisons: les plantes consomment les nitrates fournis ou
ajoutés et, par suite du fait de cette consommation, les eaux de drainage
sont déjà moins chargées; mais, en outre, la quantité de nitrates formés
est bien moindre dans une terre couverte de végétaux que dans une terre
nue, et il est facile d'en saisir la cause.
Les ferments nitriques n'évoluent, ne prospèrent, ne travaillent que
dans une terre humide; or, les végétaux sont de puissants appareils d'éva-
poration. Nos plantes herbacées de grande culture, le blé par exemple,
évapore par ses feuilles de a5o à 3oo litres d'eau, pendant le temps qu'il
met à élaborer un kilogramme de matière sèche. Aussi arrive-t-il que,
lorsque la pluie est rare, on ne recueille pas d'eau de drainage au-dessous
des terres ensemencées, tandis que les terres eu jachères en débitent encore
des quantités sensibles.
Pendant l'année mars i8o5-mars 1896, on n'a recueilli d'eau de drai-
nage qu'au-dessous des cases en jachères; ces eaux renfermaient, par litre,
de 109 à 1 36 milligrammes d'azote nitrique; si l'on calcule à l'hectare, on
trouve que la quantité d'azote nitrique formée par des terres qui n'avaient
pas reçu d'engrais depuis plusieurs années ont varié de 83 à ihk kilo-
grammes, correspondant à un épandage de 5oo à 876 kilogrammes de
nitrate de soude.
Voici donc un premier point établi : la pratique de la jachère favorise la
formation des nitrates parce qu'elle maintient les terres humides; et les
terres en jachère sont humides, précisément parce qu'elles ne sont pas sou-
mises à l'énorme déperdition d'eau qui accompagne la croissance des
plantes herbacées.
Une objection toutefois se présente à l'esprit. Nous concevons bien que
les nitrates prennent naissance dans une terre en jachère, mais nous ne
voyons pas comment ils pourront être utiles à la plante qui suivra? Pour
le comprendre, il faut se rappeler d'abord que cette plante est du blé semé
— 32 —
à l'automne et d'autre part que les nitrates ne sont entraînés par les eaux
de drainage qu'à la fin de l'automne et pendant l'hiver.
Quand la pluie survient durant l'été, elle s'évapore presque entièrement
avant de gagner les couches profondes. Si l'on compare le volume des eaux
recueillies des cases de végétation pendant la bonne ou la mauvaise saison,
on reconnaît que l'écoulement est bien plus abondant pendant l'hiver que
pendant l'été.
Or, lorsque les pluies d'automne saturent le sol d'humidité et que les
drains commencent à couler, le blé est semé, levé, et ses racines retiennent
les nitrates.
On les y trouve en nature, leur proportion est notable; j'ai dosé, dans
100 grammes de racines de blé sèches, 1 gr. ohi d'azote nitrique, le
i5 décembre 189 h. Le même joui', 100 grammes de tiges sèches en ren-
fermaient 0 gr. 187.
Le i5 février, on trouvait encore : azote nitrique, dans les racines,
0 gr, 680; dans les tiges, o gr. a 18.
Si l'on analyse comparativement les eaux de drainage d'hiver d'une terre
nue et celles d'une terre ensemencée en blé, on trouve que les eaux des
terres nues sont beaucoup plus chargées.
Du 8 décembre 1899 au 5 mars 1893, les eaux de drainage de la case
u° 1 en jachère ont entraîné : si l'on calcule à l'hectare, 81 kilogrammes
d'azote nitrique , tandis que celles qui coulaient au-dessous d'un jeune blé
n'en renfermaient que 1 6 kilogrammes.
On comprend donc que le blé semé à l'automne profite des nitrates
formés pendant l'année de jachère et qu'à une époque où les engrais étaient
rares, cette pratique ait été très avantageuse.
11 est bien à remarquer, je ne saurais trop insister sur ce point, que les
nitrates ne se forment dans la terre en jachère que parce qu'elle reste
humide; si on la laisse se couvrir de plantes adventices, elle se dessèche;
les nitrates ne se formeront pas ; l'opération sera manquée.
Tous les agronomes qui se sont occupés de la jachère ont recommandé de
tenir la terre propre, de la bien travailler, c'est la condition même du succès.
Est-ce à dire que celte pratique ait encore sa raison d'être aujourd'hui ?
Rien n'est plus loin de ma pensée. i\ous avons maintenant des engrais à
bon compte; il est bien plus avantageux de les acquérir que de laisser
pendant toute une année la terre improductive; mais il est curieux de con-
stater que par simple empirisme, à force d'observations répétées, nos
aïeux aient su faire naître dans leurs terres le plus puissant des agents de
fertilité, le Nitrate.
Ils croyaient que pendant celte année sans récolte, la terre se reposait!
Bien au contraire, le travail y était actif et les ferments y préparaient
l'abondance des récolles futures.
— 33
Les B acte ri ace es et les Bogheads a Pilas,
par M. B. Renault.
On sait que les combustibles fossiles si recherchés, désignés sous le nom
de Bogheads, sont formés d'algues microscopiques houillifiées; les Bo-
gheads australiens sont composés de thalles de Reinschia, tandis que les
Bogheads de l'hémisphère boréal renferment principalement des Pilas; le
Pila bïbractensis caractérise les bassins de l'Esterel et d'Autun, le Pila sco-
lica ceux d'Ecosse, le Pila Karpinskyi celui de Moscou, etc.
D'autre part, dans une note récente Sur les Bactériacées de la Houille ;1),
nous avons établi l'existence de ces microorganismes dans la Houille ayant
conservé quelques traces d'organisation, montré que l'invasion s'était faite
par les rayons cellulaires ligneux, et que dès lors les Bactériacées avaient
pu modifier les tissus intermédiaires par une sorte d'action à distance qui
avait gagné de proche en proche.
Fijj. 1. - Coupe langentielle d'un bois houillifié d'Arthropitus gigcts,
grossie 900/1.
a. Nombreux microcoques accumulés dans les rayons cellulaires ligneux
d'un coin de bois.
b. Parois des Irachéides indiquées par des bandes de houille plus foncées.
ha figure 1 montre une infinité de Microccus Carbo, mesurant 0 [x k
à o [i 5 presque incolores, remplissant l'intervalle occupé autrefois parles
C> Comptes rendus de l'Académie des sciences, 3o novembre 1890*.
Muséum. — ni. 3
— 3/i —
rayons cellulaires ligneux. Los parois des trachéides sont on grande partie
détruites, et ce qu'il en reste n'est visible que par l'opacité plus grande de
la houille qu'elles ont produite.
Les espaces occupés par les Cocci sont au contraire plus clairs.
Fig. 2. -- Coupe langentielle d'un bois houillifié à'Arthropitus gigas,
grossie 900/1.
a. Microcoques accumulés d;ms un rayon médullaire séparant deux
coins ligneux.
Ii. Quelques Bacilles mélangés aux Cocci.
c. Deux cellules du rayon médullaire dont les parois sont encore
visibles.
La ligure s est également une coupe tangentielle à'Arthropitus , mais
intéressant un dos rayons cellulaires beaucoup plus épais qui séparent les
coins ligneux; la plupart des cellules sont méconnaissables, sauf en c, les
Microcoques remplissent l'intervalle laissé par leur destruction et ont les
mêmes dimensions que les précédents, nuis au milieu d'eux on remarque
quelques corps allongés mesurant 1 (x 5 et a f*, et larges seulement de
o p 7 que nous avons désignés sous le nom de Bacillus Carbo.
Si les Bactériacées ont joué un rôle prépondérant dans la transformation
en houille «les tissus végétaux, il est évident que Ions les combustibles fos-
siles qui s'en rapprochent doivenl montrer des traces nombreuses de ces
infinimenls petits : l'Anthracite, la Houille, les Cannels,les Bogheads , etc. ,
— 35 —
d'une part, les Lignites, les Tourbes de l'autre, doivent en contenir de
grandes quantités.
Nous ne mentionnerons aujourd'hui que les résultats obtenus avec les
Bogheads d'Autun, d'Ecosse et de Russie.
domine les Bactériacées de la Houille, les Bactériacées du Boghead sont,
très peu colorées; le contraste les fait distinguer facilement dans le premier
de tes combustibles dont la teinte reste foncée autour d'eux, tandis qu'ils
sont très difficiles à voir dans le second qui acquiert, par l'amincissement
en lames, une transparence peu différente de celle des (iocci eux-mêmes.
Les Cocci apparaissent tantôt comme de petites sphères un peu plus ré-
fringentes que le milieu environnant, tantôt comme des points noirs, par
un léger déplacement du microscope.
Leurs dimensions varient entre o (x 5 et 0^7, sensiblement les mêmes
que celles du Mkrococcus Carbo.
Ki'. M. - Deux thalles de Pila bibraclensis envahis par les Microcoques,
gi'ossis 3oo/i .
Suivant l'étal de décomposition plus ou moins avancé des thalles, les
Microcoques y occupent des positions différentes.
Lorsque l'altération est complète et qu'on n'y distingue plus aucun in-
dice de cellules, les C.orri sont : ou bien répandus uniformément dans la
masse, et extrêmement difficiles à voir; on bien rassemblés par groupes,
plus ou inoins importants, dès lois beaucoup plus apparents.
Si les thalles ont conservé des traces du tissu cellulaire qui les constituait .
sous une inclinaison convenable des parois des cellules et un éclairage suf-
fisant, on distingue un grand nombre de Microcoques adhérents aux cloi-
sons, si les parois sont coupées perpendiculairement comme le représentent
— 36 —
les figures 3 et h. Le réseau cellulaire est indiqué par des ligues polygo-
nales de microcoques encore en place.
Fig. h. - - L'un îles thalles plus grossi 5oo/i.
Les Cocci dessinent les parois des cellules.
D'autres Microcoques de taille un peu supérieure, i (i par exemple,
s'observent également dans les thalles décomposés mais en nombre beau-
coup plus restreint. 11 ne s'y trouve pas de Bacilles.
Les Pilas s'étant déposés dans des eaux chargées de bicarbonate de
chaux , on pourrait objecter que les sphérules observées sont des produc-
tions calcaires; traitées par l'acide chlorbydrique faible ces sphérules per-
sistent, tandis que les cristaux de calcite disséminés dans la masse dispa-
raissent. L'uniformité de taille de ces nombreuses granulations de forme
coccoïde exclut l'idée de corpuscules minéraux qui auraient pénétré à l'in-
térieur des thalles décomposés, car dans cette hypothèse ces corps acci-
dentels devraient présenter des grosseurs variables.
Dans le cas où les thalles ont conservé des traces d'organisation (fig. 3
et 4), on comprendrait encore moins que ces granulations aient pu s'in-
troduire à travers les mailles du réseau cellulaire pour venir se distribuer
méthodiquement suivant les membranes moyennes des cellules, il ne faut
pas oublier, en elfet, que les coupes représentées par nos ligures ne sont
pas des coupes tangenlielles faites à la surface des thalles , mais passent par
leur intérieur. Nous avons voulu éliminer ainsi tous les corps de forme
coccoïde extrêmement nombreux qui peuplent la matière fondamentale où
sont plongés les Pilas.
Ce qui exclut encore plus complètement l'idée de corpuscules minéraux
— 37 —
introduits ou développés à l'intérieur des Algues, c'est l'examen microsco-
pique des vestiges laissés par les lamelles moyennes sur lesquelles sont ras-
stemblés ces corpuscules ; les membranes en question montrent de nombreux
sillons de couleur plus foncée dirigés perpendiculairement à la grande,
longueur des cellules et occupés par deux à cinq de ces granulations, iso-
lées, en forme de diplocoques ou contigu.es.
L'aspect de ces membranes est le même que celui offert par les tissus
transformés en gélose par certaines Bactériacées. Nous possédons d'excel-
lentes photographies de Pilas dont le tissu, rempli de ces corpuscules, a
pris un aspect gélatiniforme , mais a cependant conservé des traces évidentes
il.' son organisation primitive; il semble que les dérivés provenant de la
transformation de la cellulose soient restés en place en prenant des colora-
tions un peu différentes.
De ce qui précède , il résulte que , puisque beaucoup de thalles du Bog-
head d'Autun renferment des granulations coccoïdes incluses dans l'épais-
seur des membranes moyennes, ou simplement voisines, groupées et dis-
posées comme des Cocci, nous pouvons admettre l'existence, dans un grand
nombre de ces Algues, de Microcoques que nous désignerons sous le nom
de Micrococcus petro/ei Var. A(l).
La diagnose serait : cellules sphériques à membrane extrêmement mince,
mesurant ofxG à 0^7, apparaissant comme de petites sphères brillantes,
entourées, quand elles sont isolées, d'une auréole plus foncée : tantôt dissé-
minées dans nue masse homogène d'aspect gélatineux, solitaires ou sous
forme de diplocoques; tantôt groupées en essaims plus ou moins importants
en divers points des thalles désorganisés; tantôt, enfin, engagées ou adhé-
rentes aux vestiges des membranes moyennes dont elles indiquent la dispo-
sition en réseau et sur lesquelles elles ont laissé des marques évidentes de
leur travail.
Certains Bogheads d'Ecosse d'âge plus ancien, tels que la Torbanite,les
combustibles connus dans le commerce sous le nom de Boghead Bussel, etc.,
sont également formés par des Algues [Pila seotica) analogues au Pila,
bibraclcnsis mais plus petites, ce sont des thalles globuleux, creux, de di-
mensions variables, les plus volumineux, quand ils sont isolés, mesurent
1 07 [i environ , suivant leur grand diamètre et 86 fx suivant le petit ; ils sont
composés d'une seule rangée de cellules prismatiques, longues de 8 à i5 fx
et larges de h à 6 p dirigés, en rayonnant, autour de la cavité centrale.
11 était naturel de rechercher si ces Algues, appartenant au terrain
boitiller moyen, renfermaient également des corps bactérioïdes.
La constatation de ces corps à présenté beaucoup plus de difficultés que
''■'■ Le nom spécilique de Petrolei doit rappeler seulement, que. les Microcoques
en question se trouvent dans un combustible produisant, par distillation, des huiles
analogues aux pétroles.
— 38 —
pour le Boghead d'Aulun et de l'Esterel à cause de la petitesse des thalles et
surtout de l'exiguïté des cellules qui les composent; cependant nous avons
pu, dans nos préparations, rencontrer des vestiges de lamelles moyennes
orientées convenablement à l'intérieur des thalles et sur lesquelles nous
avons reconnu la présence de petits corps sphériques mesurant o fx 3 a
o n 7, disposés connue les Cocci des membranes moyennes du Pila bilirac-
lensis.
Des granulations coccoïdes semblables à des microcoques existent donc
à l'intérieur du Pilascotica. Nous les désignerons sous le nom de Micrococcus
petrolei Var. I!.
Nous avons examiné également à ce point de vue certains Bogheads et
Cannels russes du Bassin houiller de Moscou, plus anciens encore que la
Torbanite puisqu'ils appartiennent au Culm.
Les Bogheads de Kourakino, de Tschoulkowo, etc., renferment une Algue
Pila K arpinskyi globuleuse, mesurant oo à 5o [x de diamètre, assez mal
conservée généralement; les jeunes thalles mesurant a5 [x de diamètre sont
moins altérés; la cavité centrale large de 1 1 f* est entourée de cellules orien-
tées suivant les rayons d'une sphère, prismatiques, disposées sur un seul
rang, longues de 7 \x dans l'exemple cité, mais prenant sans doute des di-
mensions plus considérables lors de l'accroissement du thalle.
Malgré les grandes difficultés d'observation résultant de la petitesse des
éléments cellulaires, de leur altération, et surtout de la présence de nom
breuses sphérules de dimensions variées, qui environnent les thalles, pé-
nètrent quelquefois à leur intérieur, el dont nous n'oserions fixer la nature,
nous avons pu reconnaître, adhérentes ou engagées dans les membranes
moyennes, des granulations coccoïdes analogues à celles que nous avions
observées dans les Pila scotica et P. bibractensis des Bogheads d'Ecosse et
d'Aulun.
(les granulations mesurent o \x 6 el o \x 7; nous les appellerons Micro-
coccus petrolei Var. G. Celte variété se retrouve en quantité considérable et
beaucoup plus visible dans une autre espèce d'Algue qui accompagne le
Pila Karpiiiskyi et que nous avons désignée sous le nom de Cladiscolhallus
Keppeni: nous nous proposons, du reste, de revenir sur ce sujet avec plus
île détails.
Les Bogheads à Pilas du terrain permien, houiller moyeu, et du Culm,
renferment donc des Microcoques à l'intérieur des thalles «nous ne tenons
pas compte à dessein des nombreuses formes coccoïdes qui se voient à la
surface même des Algues ni de celles qui sont répandues à profusion dans
la matière fondamentale qui les entoure», ces Microcoques sont disséminés
dans la masse rendue amorphe ou occupent la place des membranes
moyennes des cellules.
Quel a été leur rôle? Ces Bactériacées ont-elles simplement envahi les
Pilas, pour les détruire comme le font encore , dans le cas d'Algues vivantes.
— 39 —
beaucoup de Bactériacées de noire époque, et se sont-elles houillifiées en
même temps? On bien ont-elles agi sur la Cellulose des Pilas pour la trans-
former en ce produil particulier qui constitue le Boghead? Ici, comme lors-
qu'il s'est agi de la houille, nous attendrons pour conclure un nombre plus
considérable d'observations, nous bornant à signaler leur présence, fait qui
ue manque pas d'importance.
-S'//: LA TÉtàRTOÉDRIE DE LA CALCITE ,
par M. Paul Gàubert.
(Laroratoire de M. A. Lacroix.)
Les figures de corrosion ont permis, dans quelques cas, de mettre en
évidence la méroédrie lorsqu'elle n'est pas accusée par la forme extérieure
des cristaux. On a pu reconnaître ainsi la tétarloédrie rbomboédrique de la
giobertite, de la sidérose, de la diallogile, etc. Mais, de ce que la méroédrie
n est pas indiquée par les figures, obtenues dans certaines conditions, cela
n'indique nullement qu'elle n'existe pas. Ainsi toutes les figures de corro-
sion produites sur un rhomboèdre de clivage de la calcite, par l'action
de divers acides, ont un plan de symétrie passant par l'axe vertical, aussi
ce minéral est-il considéré comme étant hémièdre rhomboédrique.
La calcite (-tant isomorphe des autres minéraux carbonates rhomboé-
driques qui sont presque tous tétartoèdres, j'ai pensé qu'en attaquant
celte substance par des procédés variés, je pourrais obtenir dans certaines
conditions des figures différentes de celles connues jusqu'ici. J'ai ajouté
aux acides, agissant sur la calcite, des substances étrangères. On sait, en
effet ipie, dans quelques cas , uue matière ajoutée à l'eau mère d'un cristal
produit des modifications sur ce dernier quand il est en voie d'accroisse-
ment. Lorsque le cristal est attaqué ou dissous par un fluide, le même
phénomène doit se produire : la substance étrangère additionnée au dis-
solvant doit modifier les formes qui se produisent pendant la dissolution
lente et agir par conséquent sur les formes des figures de corrosion.
Des divers résultats auxquels je suis arrivé eu étudiant la calcite , je ne
veux signaler ici que l'un deux, qui permet de reconnaître la tétarloédrie
de la calcite.
In rhomboèdre de clivage attaqué par l'acide iodhydrique additionné
d'une solution d'azotate de baryte montre quelquefois des figures de cor-
rosion n'ayant plus de plan de symétrie. La comparaison de leur forme
avec celles des ligures de la dolomie permet d'établir que la calcite ap-
partient à la même classe que cette dernière (tétarloédrie rhomboédrique).
Par conséquent la calcite ne doit pas être séparée des autres minéraux car-
bonates et rhoniboédriques.
— /iO —
J'ai observé en même temps un fait très intéressant. Un rhomboèdre
de clivage portant ces ligures sans plans de symétrie montre dans d'autres
parties des figures symétriques. En faisant agir l'acide plus longtemps
sur la partie de la surface couverte de figures asymétriques , j'ai constaté
que ces dernières devenaient symétriques.
[.es formes donnant naissance à ces figures asymétriques sont donc tout
à fait instables, même dans le liquide qui m'a servi à les obtenir, ce qui
explique pourquoi l'on obtient toujours des ligures ayant un plan de symé-
trie quand on prolonge l'attaque de l'acide.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE,
ANNEE 1897. — N° 2.
-- =>«K=-
18B REUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.
2o FÉVRIER 1897.
PRESIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEOIU.
M. le Président dépose sur le bureau le premier fascicule du
Bulletin pour Tannée 1897, paru le 20 lévrier et contenant les
communications failes dans la réunion du 26 janvier.
Il annonce la morl de M. Georges Ville, professeur de Physique
végétale depuis le h mars 1857. 11 rappelle les services rendus à
la science par ce savant et les progrès que ses travaux ont permis
à l'agriculture de réaliser. M. G. Ville est décédé le lundi 22 février
dans la maison qu'il occupait au Muséum.
CORRESPOIVDANCE.
Par arrêté en date du 2.r> janvier, M. Maquenne est nommé pro-
fesseur intérimaire de la chaire de Physique végétale pendant Tannée
scolaire 1 896-1 897.
M. le lieutenant de vaisseau de Lartigue, commandant le tor-
pilleur igo à Bizerte (Tunisie), propose de recueillir des animaux
Muséum. — m. h
— te —
marins destinés au Muséum et demande des instructions à ce
sujet.
M. Coutière, dans une lettre date'e du rr février, annonce son
arrivée à Djibouti, où il a commencé ses recherches zoologiques, cl
il donne à ce propos les détails suivants :
Les trois plateaux madréporiques exhaussés qui ferment la rade sont
entourés presque partout d'une ceinture de récifs, vivants au moins à leur
bord extrême, qui découvrent aux basses mers sur une immense étendue.
La table plane de plusieurs kilomètres carrés qui assèche alors est criblée
d'anfracluosités de toutes dimensions, dont les plus grandes limitent de
petites flaques. Fréquemment celte surface anfractueuse, fragile et s'affais-
sant sous le pied par places, disparaît sous du sable ou de la vase peuplés
d'Algues ou de Zostères. 11 en résulte des habitats assez variés permettant
des recherches fructueuses. Les marées basses sont d'ailleurs à peu près
l'unique moyen d'investigation, encore qu'elles soient rendues assez pé-
nibles par l'éloignement des lieux de recherches, distants le plus souvent
de plusieurs kilomètres de notre laboratoire. Un tel voyage fatigue beaucoup
les animaux, qu'il est ditlicile de conserver vivants vingt-quatre heures.
Nous devons presque laisser de côté les dragages, malgré les très beaux
résultats qu'on en obtiendrait sans doute avec des engins assez puissants.
Les indigènes, extrêmement paresseux, ne mangent pas de Poissons et n'ont
par suite aucune espèce de fdet où l'on puisse glaner quelque chose. Malgré
ces ditlicultés, mes recherches commencent à être fructueuses. Beaucoup
d'Échinodermes de grande taille, surtout des Holothuries et des Synaptes
d'une abondance extrême , mais peu variées comme espèces , des Géphyriens ,
des Némertes de petite taille, des Planaires dont quelques-unes de toute
beauté qui font mon désespoir par leur difficulté de fixation et de conser-
vation ; beaucoup d'Annélides errantes ou lubicoles, très difficiles à recueillir
entières, les pierres où elles se logent étant en général fort dures. Demain
et les jours suivants, nous allons avoir une des plus fortes marées qui nous
permettra sans doute d'aller sur les récifs suivants. Nous avons déjà fait
un voyage aux îles Mouchât, et nous nous promotions d'y retourner, bien
que les fonds qui les entourent n'aient pas entièrement répondu à notre
attente. Les pêches au filet fin que j'ai déjà faites promettent d'être inté-
ressantes.
Eu ce qui concerne les Alphées, j'en ai recueilli par centaines, car ce
sont certainement les Crustacés les plus abondants et les plus curieux des
récifs. <>n en trouve partout, mais les individus de grande taille et la plu-
part des espèces, en dehors de quelques-unes banales, sont de capture
pénible, et il ne faut pas songer à les prendre <i les pierres où il- s.-
— 43 —
cachent n«' peuvenl se soulever. Je commence à connaître leur habitat, et
j'ai pu prendre dernièrement une vingtaine dïAlph. strçmus (Dana) qui
sont les plus grands que j'ai vus encore. La plupart des espèces m'onl
semblé largement répandues, mais très étroitement localisées, ou plutôt
très exclusives comme habitat, et je connais une dizaine d'espèces au moins
que je puis trouver pour ainsi dire à coup sûr.
Avec une telle profusion de pierres, les Porcellanes sont forcément très
abondantes, elles ne me semblent pas jusqu'à présent 1res variées.
INous employons les périodes de morte-eau à chasser dans les environs,
aux localités d'Ambouli et de Tabélé, où sont les jardins. J'espère rapporter
une partie assez importante de la faune terrestre, bien qu'il soit malheureu-
sement difficile d'aller un peu plus loin sans danger. J'ai eu la bonne fortune
de recueillir dans un tombeau éventré d'un cimetière dankali un crâne
très bien conservé. Est-il bien celui d'un Dankali?. le n'oserais l'affirmer.
Dans une lettre datée du 12 lévrier, M. H. Droukt annonce qu'il
a visite la héronière d'Ecury (près Chàlons-sur-Marne), décrite par
Lescuyer en 1876, et que les Hérons avaient pris possession de
leurs nids le 9 et le 10 février. Ceux-ci étaient au nombre de 220.
Le R. P. Buxéoin a envoyé différents objets recueillis au pavs
des Eschiras, parmi lesquels deux exemplaires du Phasidus niger
(Cassin), Oiseau que du Chaillu avait découvert aux environs du
cap Lopez.
M"'e E. M.vrcellin a offert un médaillon de Paul Gervais fait par
son mari, le statuaire Marcellin.
r a
M. le professeur IJouvier annonce que M. Moniez, professeu
la Faculté des sciences de Lille, a l'ait don au laboratoire d'Ento-
mologie du Muséum de la série complète de ses publications sur
les llydrachnides et les Thysanoures.
M. Mujnoih, correspondant du Muséum, offre à la Bibliothèque
un Dictionnaire en cinq langues I I Pentugloss Dicùonary by Sbirlev
4.
— hh —
Palmer, M. D.), renfermant les principaux termes usile's en ana
tomie, zoologie, physiologie, médecine, etc.
M. Lennier, directeur du Musée du Havre, qui assiste à la séance,
annonce que le vendredi i() février un Hyperoodon mesurant
7 mètres de long est venu s'échouer prés de l'embouchure de la
Dive. Il fait observer à ce propos que les observations recueillies
depuis plus d'un siècle montrent que les échouements de Cétacés
ont toujours lieu dans la portion de nos côtes comprise entre l'em-
bouchure de la Seine et Cherbourg, et il est fort à attribuer ces
phe'nomènes à une erreur de route commise par quelques-uns des
animaux qui, en se dirigeant vers le sud, au lieu de passer à l'ouest
de la Grande-Bretagne, s'engagent quelquefois dans le Pas-de-
Calais et la Manche et viennent se buter contre les côtes de la Nor-
mandie cl du Colenlin.
M. le Directeur du Muséum donne quelques renseignements sur
la femelle d'Hippopotame qui vient de mourir à la ménagerie du
Jardin des Plantes, où elle se trouvait depuis plus de quarante ans,
et fait passer sous les yeux de l'assemblée des photographies de ce
Pachyderme prises par M. Sauvinet et M. Secques.
M. Maurice Maindron rend compte en ces termes de son dernier
voyage dans le golfe d'Oman :
Messieurs ,
Ce n'est pas sans un certain embarras que je me présente devant vous
pour vous parler des résultats de mon dernier voyage, car je m'entends
s;ms doute mieux à colliger des renseignements et des objets qu'à en faire
ressortir l'intérêt. D'ailleurs vous êtes habitués à entendre ici les récits des
grands voyageurs. A votre dernière séance, M. Cbaffanjon vous narrait ses
longues roules à travers les déserts herbeux de l'Asie septentrionale, et vous
intéressait par ses chevauchées menées sans trêve à travers les plaines mo-
notones des mornes territoires de la Sibérie cL de l'empire mogol. Plus
modestes, Messieurs, sont mes excursions; et comme l'on vit rarement de
petites causes produire de grandes effets, les résultats de mes travaux ne
sont point, sans doute, faits pour arrêter l'attention du grand public. Mais
— 45 —
j'aime néanmoins pouvoir les exposer devant vous, car s'il est une préoc-
cupation qui nie soit chère, c'est celle de travailler pour les élites de la
science ou de l'art, et la seule récompense que j'ambitionne est leur appro-
bation discrète. J'aspire à la mériter.
Lorsque, grâce à votre bienveillance, Monsieur le Directeur, qui entraîna
les Ministres de l'Instruction publique et des Colonies, je pus obtenir une
mission subventionnée , je me disposais à gagner le Harrar, pour lequel
j'avais longuement préparé un voyage raisonné, et je devais monter avec
M. Chefneux. 11 déplut aux dieux que je formasse cette caravane, et je dus
aller continuer, dans le golfe d'Oman et particulièrement à Mascate, la cam-
pagne d'études que je mène depuis quatre ans et dont la première partie a
eu pour théâtre la côte orientale d'Afrique, dans la région de la baie de
Tadjourah. Je crus utile de faire cette expédition en Arabie et dans le Sind ,
encore que, contrarié par les événements et les hommes, je dusse la mener
pendant la saison la moins favorable. C'est ainsi que je dus gagner Bombay,
au mois d'août dernier, pour atteindre Kurrachee, sur la limite extrême
du Sind , là où cette province confine au Bélouchistan.
Les environs immédiats de Kurrachee offraient à mes recherches des
choses précieuses. Le désert étendait à perte de vue ses tranquilles tapis
de sable verdis sur de larges espaces par des graminées à racines traçantes,
des arbuscules épineux et aussi par cette belle plante, gloire des solitudes
éthiopiennes, le Calotropis procera, dont les larges Heurs violettes attirent
les grandes Xyiocopes violettes, et dont les feuilles d'un vert glauque nour-
rissent de grands Orthoptères dont le corps est peint et vernissé comme un
émail qui s'entrouvre par instants pour laisser luire deux vastes paillettes
de cinabre qui sont les ailes. De grands Cleonus farineux couraient autour
des Jujubiers nains; des Ocncra et des Pimelta allaient d'un pas lourd et
trébuchant; les fortes Anthîa détachaient sur le sol jaune pâle leur corps
noir varié de lunules plâtrées, et parmi les fleurs minuscules des plantes
grisâtres voltigeaient des Anthophora ceinturées de laiton, tandis que de
grands Sphex semblables à des rubis sertis avec des émeraudes creusaient
le sable avec des bourdonnements pleins de fierté. Dans le désert, aux pre-
mières heures du malin, la vie s'épand volontiers dans les choses; puis,
quand le soleil gagne le zénith, tout s'endort, se terre, disparait. C'est
alors que l'observateur rentré chez lui peut tranquillement préparer et em-
baller ses richesses. Mais d'autres animaux bravant la plus forte chaleur du
jour ne tardaient pas à solliciter mon attention. Des Cicindèles voltigeaient à
l'entour de mares de boue où , pour les atteindre, il fallait souvent s'enfoncer
jusqu'au ventre. La Cicindela fastidiosa se montrait de beaucoup la plus
sauvage, et c'était un grand travail que de la poursuivre dans les vasières
où elle se complaisait. Les appareils littoraux qui accompagnent les ports,
où se découpent les darses, qu'unissent les jetées et les warfs, étaient des
localités riches entre toutes en Insectes de cette famille et j'y ai découvert
— 46 —
une remarquable Cicindela de forte taille, voisine de la C. Rûppeli, que
Guérin avail décrite, <lu Sennaar. Ainsi, dans ces régions désertiques, les
espèces se correspondent, se remplacent pour former un tout très compact,
donnant au grand déserl qui s'étend de la pointe de l'Espagne jusqu'au
désert de Gobi et à celui de Lahore, un caractère soutenu et très régulier,
surtout dans la l'aune entornologique.
Vous me pardonnerez, Messieurs, de ne point vous parler davantage
du Sind, non plus que du Gwador, sur la côte du Mékran où j'ai fait une
courte relâche. Ce port du Bélouchistan , qui appartient au sultan de Mas-
cale, est sans doute cette Moserna dont il est question dans le Périple de
Néârque. Là les navarques macédoniens trouvèrent de l'eau et des vivres,
sans doute du poisson sec, car c'était comme aujourd'hui une station d'ich-
thyophages, et les Ethiopiens qui l'habitaient la nommaient Moserna. Je
dis Ethiopiens parce que les géographes anciens ne faisaient pas de diffé-
rence entre les peuplades de la côte orientale d'Afrique et celles des rivages
occidentaux de l'Inde.
C'est au mois de septembre, à peu près eu son milieu, que je me rendis
à Mascate. Là j'ai retrouvé les roches éruptives formant autour d'une ville
grise, qui s'effrite sous le soleil, un cirque aux parois noires. J'avais déjà
eu de semblables spectacles dans le golfe d'Aden et dans la haie de Tad-
jourah. Mais, malgré la désolation de ces parages de l'Oman, Mascate est
certainement une des villes les plus intéressantes de la terre. Pour l'archéo-
logue, elle apparaît comme un monument vénérable oublié par le temps
qui, à défaut de bienveillance, apporte souvent aux choses une indifférence
bien voisine de l'affection. La main des hommes civilisés n'a' point encore
exercé contre la ville portugaise son œuvre de dévastation , et les remparts,
comme les forts construits par les successeurs d'Albuquerque , profilent
encore sur les rocs sombres ou l'azur implacablement limpide du ciel
leurs silhouettes régulièrement dentelées. C'est là qu'on retrouve la pureté
des alignements, la belle ordonnance des courbes, les savants profils des
bastions façonnés en avants de galère. Les voûtes des portes sont arquées
comme la pointe et les reins d'un blason, les nierions ont la forme d'écus
en amande, les mâchicoulis sont compliqués comme les moucharahiehs
des harems. Et surtout cela domine le grand soleil qui effrite les pierres,
réduit les ciments en poudre, chauffe à blanc cette petite ville enclose
dans un anneau de serpentine verdàlre, creusée par places de boursou-
flures évidées en cavernes, avec des crêtes déchiquetées, des arêtes abruptes
où se dressent des fortins et des tours blanches, huchées comme des nids
d'aigles sur les sommets qui se découpent vivement, avec des teintes cen-
drées, sur le bleu trop pur du ciel.
A voir circuler dans les rues, moins larges qu'une table à écrire, celte
population mêlée, on se sent transporté dans un pays d'exception et qui a
réussi à garder son caractère. Les Arabes de l'Oman n'ont certes pas changé
— m —
depuis dix siècles, et la conquête portugaise les a trouvés (els que je les
rencontre aujourd'hui, mêlés dans les bazars avec les Banians, les Bélout-
cliis et les Nègres. De ceux-ci le nombre est considérable et les négresses
remplissent les maisons de Mascate. A les voir circuler richement velues
de longues chemises de soie brochées sous lesquelles se modèle leur formes
élégantes et pleines prises aux hanches dans les larges culottes serrées aux
chevilles brodées avec une grande profusion, on ne pense guère à stigma-
tiser l'esclavage. Elles disparaissent sous l'orfèvrerie, le masque de clin-
quant, les bijoux de nez, les pendants d'oreilles, les bracelets semblables
à des torques, et leurs lourds anneaux de jambes sonnent comme des
ei il raves d'argent. Comme l'a dit un lin ironiste, tout dans la parure de la
femme trahit son origine d'esclave. Mais partout, dans l'Extrême-Orient,
j'ai vu les esclaves plus riches et heureux que les maîtres, plus gras, mieux
vêtus et mieux armés. Les noirs misérables appartiennent à la catégorie des
affranchis.
Je vous ai dit, Messieurs, que ces noirs étaient bien armés, ils ne sont
point les senls. A Mascate, sauf les Banians, tout le monde porte les armes,
et les vues que j'ai la satisfaction de faire passer sous vos yeux vous mon-
trent ces Arabes, ces Béloutchis, ces Afghans, portant leurs épées, leurs
sabres, leurs boucliers et leurs poignards, tout comme encore chez nous,
au xvue siècle, on se munissait de son épée et de sa dague. Les Arabes de
Mascate ne se servent point de pistolets, par contre ils ont toujours avec
eux des fusils chargés, et un des pires dangers que l'on court journellement
dans ce pays singulier est celui d'être assassiné, par accident, si j'ose
dire. Car toute la journée, et aussi pendant la nuit, les coups de feu se
croisent et les balles vont se loger dans les murs au gré de la fantasia.
Voici, Messieurs, les armes de main les plus usitées en Arabie. Vous
remarquerez les épées droites de Mascate, d'un type archaïque très net et
qui mériterait d'être suivi, car on le trouve dans des tombes italo-grecques
et M. Chantre l'a rencontré dans ses fouilles du Caucase. Celte épée est
une arme de taille et on la manie avec une rondelle de poing en cuir
d'hippopotame embouti et tourné que l'on fabrique à Zanzibar (,).
Je ne veux point, Messieurs,. abuser de votre biem cillante attention.
Les résultats de mon voyage dans le Sind et à Mascate sont dans les collec-
tions que j'y ai formées. Elles seront exposées au Muséum à la fin de celte
année et je vous prierai, quand vous daignerez les examiner, de ne pas
oublier que notre consul à Mascate, M. Ottavi, m'a aidé de toute sa puis-
sance, considérable en ce pays, à réunir ces séries d'objets.
m Ici le voyageur exhibe des épées cl des sabres cl donne des renseignements
sur leur emploi el établit des valeurs de comparaison entre les types.
— /i8 —
COMMUNICATIONS.
UÀge de la pierre dans l'arrondissement de Bien-Hoa
(Cociiincmne française),
PAR M. LE PROFESSEUR E. T. H Ail Y.
C'est, si je ne me trompe, M. ie docteur Mougeot, vice-président de la
Société des études indo-chinoises à Saigon, qui a découvert, le premier,
il y a une dizaine d'années, l'âge de pierre du Bien-Hoa.
Quelques lignes, publiées dans le tome XXII des Matériaux pour l'his-
toire primitive et naturelle de l 'homme (1), ont annoncé la découverte dans
cette province de la Gochinchine française de haches de pierre, dont une
gisait, paraît-il, à a m. 3o de profondeur dans un terrain qui n'avait jamais
été défriché rrde mémoire d'Annamite». M. Cartailhac, qui avait reçu plu-
sieurs de ces instruments de M. Mougeot, a d'ailleurs fait remarquer, en
publiant cette courte note, qu'ils étaient «-semblables à ceux du musée de
Toulouse» décrits dans ce même journal en 1877 et 1879, c'est-à-dire
aux haches de pierre de la collection Moura, provenant de Som-Hon-Sen,
aux bords du grand lac Ton-lé-Sap (2), dont on peut lire en effet une bonne
description, accompagnée de figures dans le tome XIV des Matériaux {3K
M. Mougeot a depuis lors continué ses investigations, M. Holbé a bien
voulu s'y associer et, à l'Exposition universelle de 1889, on pouvait voir
dans une vitrine de la section d'ethnographie sous les noms réunis de ces
deux chercheurs un certain nombre de pièces intéressantes, désignées au
catalogue comme « haches en calcaire siliceux , à soies carrées , des environs
de Bien-Hoa (4)».
A son tour M. Ghénieux, nommé administrateur de cet arrondissement,
s'est mis à y recueillir les vieux instruments de pierre, mais il a su donner
à ses recherches un caractère de précision que n'avaient point atteint celles
deses prédécesseurs. Nous savons, par ce collaborateur, que six localités
dispersées dans six cantons différents du Bien-Hoa ont fourni de ces haches
trouvées généralement à une faible profondeur (o m. 3o à 0 m. 00) et au
M Matériaux, etc., avril 1888, p. 308.
(2) lbid., février 1877, p. 98-100 et fig. 33-38; juillet 1879, p. 3i5-3a3 et
fig. 88-108.
(3' Cf. J.-B. Noulet. L'àg-e de la pierre polie et du bronze nu Cambodge, d'après
les découvertes de M. J. Moura (Arch. du Mus. d'histoire nat. de Toulouse, t. I,
p. 3-33, pi. I-VIII, 1879, in-/i°).
M Catalogue officiel. Exposition rétrospective du travail et des sciences anthropo-
logiques. Sert. 1, anthropologie, ethnographie, p. 129.
— /i9 —
voisinage du fleuve ou de ses arroyos (3o à 5o mètres de la rive)'1'. En
outre, M. Ghénieux nous a offert, avec sa précieuse collection, quelques
notes ethnographiques d'un réel intérêt, que nous utiliserons un peu plus
loin, après avoir décrit brièvement les pièces qu'elles accompagnent.
Les instruments de pierre de la collection de M. Ghénieux sont faits
dune roclie noire, compacte, à cassure terne, à surface terreuse, grise,
bleutée, verdàtre ou roussàtre, et creusée de sillons, quelquefois assez pro-
fonds, correspondant à des veines plus ou moins décomposées.
Fig. i. — Haclies à soie carrée et à côtés plais.
(Bien-Hoa, Cochincbine française.)
L'examen microscopique que mon collègue M. Lacroix a bien voulu pra-
tiquer lui a montré (pie cette matière, qui fait feu sous le briquet, est
essentiellement constituée par des grains très fins de quartz, moulés par
C> Ces six localités, sont d'après M. Ghénieux, Béngô, village île Andioà, canton
de Long-vinh-fhuong; Xoni-caï-vang, village de Tuy-long, canton de Tlianh-tuy-
thuông; Cù-lao-mu-rua , village de Miut-Thanli, canton de Chanh-my-trung;
Lô-gach, village de Binh-dièn, canton de Phuôc-vinh-trung; Binh-dà, canton de
Pbudc-vinh-thuong ; enfin Ben cà, village de Binli-lhào, canton de Fhùoc-vinh-lià.
— 50 —
de petites paillettes Je micabiclets et par des baguettes d'amphibole. Quel-
ques échantillons présentent dans les cassures un aspect tacheté du à la
concentration locale de cette dernière roche.
rr L'origine n'est pas douteuse, continue M. Lacroix, dans la note qu'il
m'a remise, elle résulte du métamorphisme d'une roche élastique sons
l'influence d'une roche éruptive (probablement granité).»
Les anciens habitants du pays ont taillé dans cette matière, dont nous
ne connaissons pas encore les gisements naturels, des instruments de deux
formes principales.
Les uns sont de véritables haches, sensiblement plus larges au tranchant
qu'à l'emmanchure, et dont les cotés sont dressés plus ou moins régu-
lièrement à angle droit, sur les faces tantôt presque plates , tantôt convexes,"
tantôt enfin terminées vers le tranchant par un biseau simple ou double.
Les dimensions de ces haches varient de 66 à 108 millimètres pour la lon-
gueur, de 33 à 55 pour la largeur maxirna, de 1 k à 26 pour l'épaisseur.
•
|,"j,,_ o. — Huches à rôles plats. (Bien-Hoa, Cochinchine française.)
Les instruments de la seconde forme, bien plus nombreux que ceux de
la première, rentrent tous dans le type dit à soie carrée, décrit par
— 51 —
M. Noitlet <mi 1879 t'î" ^j(> eorPs de l'outil se prolonge on un appendice
plus mi moins développé en largeur ou en hauteur, taillé à angle droit et
s'atténuant quelque peu du côté de l'emmanchure. La pièce ainsi découpée
a l'aspect d'un instrument dont la lame serait plus ou moins large et se
continuerait par un manche de même épaisseur carrément rétréci.
Les outils à soie carré du Bien-Hoa, qui forment les 5/6 des récoltes de
M. Chénieux, peuvent atteindre en longueur 1 35 millimètres, en lar-
geur 80, et ho en épaisseur. Par contre, les plus petits se réduisent à
l)/i millimètres de longueur, /»•>. de largeur et 16 d'épaisseur. La soie peut
être aussi plus ou moins développée et avoir juqu'à 43 millimètres dans un
sens et 09 dans l'autre; elle se rétrécit parfois aussi jusqu'à ne plus mesurer
que 19 millimètres de hauteur et 12 de largeur. Le plus souvent, elle est
bien [dus courte que la laine; dans une variété qu'on ne rencontre, il est
vrai, que deux fois, la soie dépasse au contraire la partie plus large qu'elle
supporte, si bien qu'elle forme les 56/ioo de la longueur totale de l'in-
strument.
Comme pour les haches ordinaires, il y a une variété dont le tranchant
arrondi est formé par un seul biseau et une autre où le biseau est double.
Une de ces dernières pièces est remarquable par son étroitesse relative,
aussi bien que par la régularité de sa façon. C'est un véritable ciseau.
11 n'existe dans la collection ni gouge, ni aiguisoir, ni aucune autre forme
assimilable à quelque instrument actuel.
Les haches des deux types que nous venons de décrire ont survécu
seules sous une forme un peu différente de la forme antique. Encore au-
jourd'hui, en effet, dans une partie de la presqu'île transgangétique, on se
sert d'instruments en fer, fort semblables aux haches des anciens indigènes,
mais dont la soie, de carrée, est devenue cylindro-conique. Grâce à ce très
léger perfectionnement, il est extrêmement aisé pour le Malais, par
exemple, de transformer par une rotation d'un quart de cercle, sa hache
en herminette , ou inversement.
La ressemblance, de ce fer moderne et de la pierre archaïque qui se jux-
taposent si souvent sous les yeux des indigènes aurait dû, se'inble-t-il ,
leur suggérer des explications raisonnables, les soustraire tout au moins à
ces étranges hypothèses de la pierre de foudre, que l'on retrouve chez tant
de peuples, moins bien placés pour comprendre la véritable origine des
vieilles pierres taillées et polies. L'indigène de Bien-Hoa croit pourtant
avec la même ferveur que le Malais ou que le Cambodgien à l'influence
de l'orage sur la formation du Luoï-tâm-Set (c'est le nom .qu'il donne à
la langue du tonnerre). M. Chénieux a recueilli, en effet, sur l'histoire de la
langue du tonnerre au Bien-Hoa, des renseignements détaillés et curieux. Ses
administrés sont encore aujourd'hui bien persuadés qu'à chaque coup de
O Loc. cit. , p. 1 1 .
— 52 —
tonnerre nn Léoï-tâm-Set tombe du ciel et s'enfonce dans le sol, et lorsque
par hasard ils trouvent un des instruments dont nous venons de parler, ils
le gardent précieusement pour des usages assez variés.
Le Liioï-tàm-Set est d'abord un remède pour la variole : rron frotle la
pierre polie, dit M. Chénieux, contre un bol à moilié plein d'eau froide,
on prend celte eau par gorgées et on en asperge le corps du varioleux.»
En second lieu, le Lûoï-tâm-Set est etlicace «pour éviter la crainte aux
enfants nouveau-nés; lorsqu'on voit l'orage arriver, dit notre correspon-
dant, on prend le Lûoï-tâm-Set et on l'expose sur le lit d'accouchement,
près du lit du petit enfant».
En troisième lieu on emploie encore la pierre en question rrpour calmer
les vers à soie». Il faut opérer de même façon que pour les varioleux dont
il était question un peu plus haut, rrsans cette précaution le coup de tonnerre
ferait mal aux vers et les cocons seraient mauvais».
Le Lùoi-tâm-Set est donc une pierre bien précieuse, aussi se vend-il
toujours assez cher. S'il est en pierre il se paie deux ou trois ligatures, en
cuivre ou en bronze, il coûte jusqu'à une piastre.
Les Lûoï-tâm-Set en métal sont d'ailleurs relativement rares et M. Ché-
nieux ne parait pas en avoir rencontré jusqu'à présent de spécimen bien
caractéristique dans le territoire du Bien-Hoa.
Observations sur un jeune Cercopitheccs erythrogaster (Gn.)
AYANT VÉCU A LA MÉNAGERIE DU MuSEUM ,
PAR E. DE POUSARGUES.
Pendant tout le second semestre de l'année 1 89 G a vécu à la Ménagerie
du Muséum un jeune Cercopithecus erythrogaster (Gr.) qui a malheureu-
sement succombé vers la fin du mois dernier aux rigueurs de la mauvaise
saison. Cet individu femelle était plus jeune encore que celui qui servit de
type à la description de Gray(1); sa longueur totale ne dépassait pas
65 centimètres dont 01 pour la queue un peu mutilée à son extrémité ;
toute la dentition de lait était en pleine activité fonctionnelle , la première
molaire M, avait fait son apparition à la mâchoire inférieure, mais la dent
correspondante supérieure commençait à peine à percer la gencive. Malgré
son extrême jeunesse , ce spécimen offrait déjà tous les caractères signalés
chez le type de l'espèce : la poitrine et le ventre étaient d'un roux intense,
la gorge et les favoris d'un blanc parfait; la calotte céphalique, tiquetée
de brun sombre et de jaune paille, était nettement circonscrite et bordée
(') Gray, Proc. Zool. Soc. London, p. 169, pi. XVI, 1866.— J. Munie, ibid.,
p. 38o, 1866.
— 53 —
de noir en arrière comme en avant; le reste du pelage ne différait en rien
de relui des Cercopithèques blancs-nez (Rhinosticii) du groupe des Pétau-
ristcs. Mais, comme on pouvait s'y attendre d'après les observations que
j'avais déjà publiées à ce sujet'1', le champ nasal était complètement nu et
glabre, d'un bleu grisâtre comme la région circumoculaire, et sans le
moindre indice de la tâche pileuse blanche qui distingue les individus
adultes de cette espèce. C'était donc une rare occasion de suivre, dans ses
différentes phases, le développement de la tache nasale; aussi est-il regret-
table que ce jeune sujet ait succombé prématurément, malgré les soins tout
particuliers dont il était l'objet. L'apparition de la tache nasale chez le C.
erythrogastcr parait en effet suivre un processus absolument inverse de
celui qui caractérise les Moustacs, C. ccphus (L.), dont les jeunes ont le
milieu et les côtés du nez garnis de poils ras assez serrés qui, parleur
groupement, dessinent une large tache blanche de forme losangique à
grande diagonal' transverse, mais tombent peu à peu et disparaissent
plus ou moins avec les progrès de l'âge. Cette observation faite autrefois
par Pucheran'2' est d'une exactitude rigoureuse, et j'ai pu la contrôler sur
un spécimen en peau provenant des collections de M. de Brazza et sur un
jeune Mouslac actuellement vivant à la Ménagerie.
Il a été impossible d'obtenir aucun renseignement sur la provenance du
jeune C. erythrogaster acquis par le Muséum; mais, il avait pour compa-
gnon de captivité un jeune Colobe, expédié en même temps que lui en
Europe, appartenant à l'espèce bien connue, C. vc/lcrosus (I. Geoff.),
spéciale à cette partie de la Guinée située entre l'Akba et le Niger, et com-
prenant la Côte-d'Or, la colonie allemande de Togo, le Dahomey et le
Béuin; d'où l'on peut, selon toute probabilité, déduire l'existence du
C. cri/throgastcr dans l'une de ces régions. Cette conclusion paraît d'autant
plus vraisemblable, qu'elle concorde avec l'unique indication que l'on
possède encore actuellement sur l'habitat de cette rai\ï espèce, et qui nous
est fournie par le spécimen du Musée de Stuttgart , rapporté de Lagos par
le missionnaire allemand Mann.
M Mém. Suc. zoolog. <Ic France, p. 69, l. VII, l8()fl.
'2) Puclicraii, Rev. et Mag. de Zo>l., p. nj5, 1857.
_ 54 —
Note préliminaire sur une collection de Reptiles
RECUEILLIE PAR M. HiUG À LlMIlAltÉNÉ,
PAR M. F. MoOQUARD.
M. Haiig, missionnaire prolestant, a récemment fait don au laboratoire
d'Iierpétologie du Muséum d'une collection de Reptiles du Galion, i-ecueillie
par lui dans les environs de Lambaréné, sur le bas Ogooué.
Cette collection comprend quarante et une espèces de Reptiles et six de
Ratraciens; elle offre de l'intérêt et fera l'objet d'un mémoire détaillé. Je
me bornerai ici à mentionner quelques espèces rares ou peu communes
cl à donner les diagnoses de quelques autres qui me paraissent nouvelles.
Parmi les premières, je signalerai Chamœlcon cri-status , Stutchbury;
Chamœleon Oweni, Gray; Rhampholeon spectrum, Rucbbolz; Lacerta echi-
nata, Gope; Lygosoma Reichenowi, Peters, celle-ci figurant pour la pre-
mière fois clans la collection du Muséum; Grayia ornata, Bocage (= Gr.
fiircata, Mocquard), encore confondue par quelques naturalistes avec Gr.
Smythii, Leacb; Gonionotophis Brussuuxi, Mocq. (= G. Vossii, Roeltger),
et Boulcngerina annulata, Ruchb. et Peters, considérée jusqu'ici et à tort
comme appartenant au genre Naja.
Voici, d'autre part, les noms et les diagnoses des espèces qui me parais-
sent nouvelles.
1. Poromera Haugi, n. sp.
Cette espèce diffère de Poromera Fordii, Hallowell, par ses deux écailles
postnasales superposées et ses écailles préanales nombreuses et subégales,
au lieu d'une grande plaque unique comme chez P. Fordii et les Tachy-
diomes.
*2. Polemon Bocourti, n. sp.
\oisine de P. Barthii , [an, cette espèce s'en distingue par deux posto-
culaires au lieu d'une seule, et le nombre moins élevé des gastrosléges
(199 à -302 au lieu de 221 à 226).
;>. Atractaspis Boulengeri , n. sp.
A pour caractères distinctifs : un museau large et arrondi, une frontale
grande, un peu plus longue que large, beaucoup plus longue que sa dis-
tance de l'extrémité du museau; une préoculaire et une postoculaire; une
très grande temporale intercalée entre la 4e et la 5e supéro-labiale , la pos-
toculaire et la pariétale; 5 supéro-labiales, dont la h" est la plus haute;
une mentonnière en contact avec les plaques sous-maxillaires antérieures;
la 3' labiale inférieure très grande; 21 séries d'écaillés, 1 1)5 gaslrostéges
et 2 h urostéges toutes simples; l'anale entière.
55
Coloration d'un brun ardoisé uniforme en dessus, plus clair sous le.
ventre.
h. Arthroleptis gabonensis, n. sp.
Cette espèce a des affinités évidentes avec Arlhr. calcaratus, Peters;
niais elle en diffère par une grosse papille linguale conique, par son
tympan distinct, par les nombreuses saillies verruqueuses et les replis
glandulaires qu'on observe sur la face dorsale, ainsi que par l'absence de
saillie spiniforme sur l'extrémité postérieure de la paupière supérieure.
5. Rappia tuberculata, n. sp.
Celte espèce de Rappia me paraît également bien voisine de II. salines,
Bianconi, originaire de Mozambique. Elle s'en distingue cependant par ses
tubercules dorsaux, ses disques digitaux plus développés, l'invagination du
sac vocal de chaque côté d'un large raphé médian, el par sa coloration. Au
lieu d'un brun grisâtre uniforme en dessus, R. tuberculata est d'un brun
roussàtre. avec une bande anguleuse brune en Ire les veux, de courtes
barres transversales sur l'extrémité distale de l'avant-bras, sur la jambe,
l'articulation tibio-larsienne et le tarse; l'aine, les laces interne et externe
de la cuisse, ainsi que la face interne de la jambe sont couleur de chair;
enfin deux raies brunes, une de chaque côté, partent de l'œil pour aboutir
à laine, en décrivant sur les lianes et les parties latérales du dos des iu-
llexions s\ métriques, brusques et très étendues.
Remarques anatomiques sur les Squales observés
PENDANT LA DERNIERE CAMPAGNE DU YACHT PrINCESSE-AlICE ,
par !ïï. H. Neuville.
S. A. le Prince de Monaco ayant bien voulu m'admettre à bord de son
navire, je me suis trouvé à même d'y poursuivre, dans des conditions ex-
ceptionnellement favorables, mes recherches anatomiques sur les Squales.
Je lui en exprime ici toute ma reconnaissance, et j'exposerai brièvement les
principaux résultats auxquels je suis parvenu.
Ces recherches ont été faites a bord, après chaque pèche, et je les con-
tinue au laboratoire d'Anatomie comparée sur des pièces données au Muséum
par le Prince de Monaco.
Elles ont porté, d'une part, sur les Squales de zone côlière ou littorale,
pris dans la Méditerranée (mouillage de file d'Alboran) et dans l'Atlan-
tique (parages des Scores), lesquels se rapportent aux genres : Scyllium,
Galeus . Carcharias el Zygœna. Je puis ainsi, en généralisant mes précédents
travaux, confirmer les résultats en partie publiés dans le Bulletin du Mu-
séum (i 896, n° A). Dans ces différents genres j'ai toujours retrouvé la veine
— 56 —
et Tarière inlra-intestinales, autrefois regardées comme propres à certaines
espèces rares, et dont le rôle paraît si important. Le sinus hépatique s'y
rencontre constamment.
D'autre part, les engins perfectionnés dont dispose la Princesse-Alice
ont permis de capturer des Squales de grands fonds, sur lesquels mon at-
tention avait été attirée d'une manière toute particulière par MM. Milne
Edwards et Filhol. J'en ai pu étudier deux espèces : Centrophoi'us granu-
losus (Océan, 1,800 mètres de fond, au Sud de Pico) et Ceidrophorus
squammosus (Méditerranée. i.65o mètres de fond, au large de Monaco).
Dans ces deux espèces j'ai retrouvé les vaisseaux intra-intestinaux, mais le
sinus hépatique n'y existe pas; les veines sus-hépatiques forment des troncs
qui, au lieu de confluer pour former un sinus commun, restent complète-
ment indépendants et déhouchent directement dans les canaux de Cuvier.
après avoir subi un renflement presque insensible
L'absence de ce sinus est-elle une conséquence des conditions physiolo-
giques de la vie dans les grands fonds? C'est ce que l'on ne peut dire dès
maintenant. Des travaux ultérieurs résoudront peut être ce problème dans
la solution duquel l'embryologie et la physiologie peuvent jouer leur rôle.
J'avais déjà observé une réduction assez considérable du sinus hépatique
chez Prisliurus melanostomus , qui appartient à une famille différente de
celle des Centrophores , et vit, autant que peuvent l'établir quelques
documents, sur des fonds de 3oo à 5oo mètres. Je me borne pour le mo-
ment à signaler cette tendance à la disparition du sinus hépatique, sans
vouloir établir un rapprochement au moins prématuré en raison du peu de
documents et d'observations recueillis jusqu'ici.
J'ai encore à signaler, dans les deux mêmes espèces de Centrophores, la
présence d'une rate supplémentaire. Je ne connais, en ce qui concerne les
Squales, qu'une seule observation analogue, faite par Moreau sur la Ce 1-
trine de Salviani, qui appartient, comme les Centrophores, à la famille des
Spinacidés, et vit comme eux dans les grands fonds. D'après la description
de Moreau et d'après mes observations, la position de cette rate supplé-
mentaire est la même dans les trois cas. Cette formation de deux rates
distinctes doit être considérée comme une réalisation de la tendance, que
présente la rate de divers Squales à se diviser en deux parties, reliées par
un isthme dont fétroitesse est souvent extrême, et qui sont situées l'une
en arrière du cul-de-sac de l'estomac, l'autre dans la région de l'angle
aigu formé par le canal intestinal avant sa dilatation en intestin spirale.
— 57 —
La période critique post-larvaire des Poissons MARiys,
par M. Fabre-Domergue,
ANCIEN STAGIAIRE DU MuSEUM ,
et M. Eugène Biétrix.
Dans un travail en voie d'impression qui sera prochainement inséré dans
les Annales des Sciences naturelles, nous avons étudié les principales condi-
tions d'existence des alevins de Poissons marins et nous sommes arrivés à
conclure que, tr d'une façon très nette, sans aucune exception , les larves
nées d'œufs recueillis en mer au cours de leur développement ou provenant
de fécondations artificielles périssent à une époque plus ou moins rappro-
chée de la fin de la résorption vitelline; qu'aucune condition expérimen-
tale ne s'est montrée capahle de leur faire franchir une période critique
qui les sépare de l'état post-larvaire caractérisé au contraire par leur
grande résistance aux conditions de l'état de captivité».
C'est à l'étude de celte période critique, à la détermination des causes
qui l'occasionnent que nous consacrons actuellement nos efforts, persuadés
que de la solution de ces questions trop négligées dépend l'avenir même
de la pisciculture maritime.
Il ne faudrait pas croire, en effet, que seul le manque d'une nourriture
appropriée conduit les alevins à l'état d'anémie progressive que nous avons
pu constater chez toutes les espèces où les éléments figurés du sang sont
assez nettement différenciés à ce moment pour fournir un critérium de
leur état de santé. Chez presque toutes ces formes au contraire, dont les
mâchoires se trouvent en état de fonctionner avant la résorption du vilellus,
nous avons observé simultanément et l'absorption de proies vivantes et
l'apparition des phénomènes anémiques qui devaient en amener la mort.
Par conséquent, nous devons chercher ailleurs la cause de leur étiolement
et nous demander si les fonctions respiratoires ne jouent pas un certain
rôle dans l'évolution de la période critique.
L'influence prépondérante de la masse de l'eau où sont suspendus les
alevins semble donner à cette hypothèse une certaine raison d'être. Tandis
que nos larves de Cottus bubalis , conservées en petit nombre dans des cu-
vettes ou des cristallisoirs de faible capacité, se montrent à peu près indiffé-
rentes aux proies qui leur étaient offertes (larves de Copépodes pélagiques) ,
elles les happent avidement au contraire lorsqu'on les place dans un vaste
aquarium de trois ou quatre cents litres. Il \ a là un progrès évident, qui
dénote déjà l'existence pour ces alevins de conditions meilleures, mais qui
esl encore actuellement impuissant à en prévenir l'anémie mortelle.
L'on verra dans le travail auquel nous faisions allusion plus haut que de*
Mosbom. — III. 5
— 58 —
alevins mieux organises encore, ceux de ÏAtherina presbyter, se conduisent
de la même façon et que leurs congénères , à peine plus âgés , pèches dans
la mer mais ayant franchi la période critique se laissent sans difficulté nourrir
et élever dans les mêmes appareils jusqu'à la forme adnlte.
En ce qui concerne les formes issues d'œufs pélagiques et appartenant
aux espèces comestibles les pins intéressantes, la Sardine, le Maquereau,
les Pleuronectes eu général, les données du problème demeurent absolu-
ment les mêmes et se compliquent en plus de la délicatesse beaucoup plus
grande et du faible degré d'organisation de ces espèces.
L'on peut conclure de ces faits que la technique actuelle de la piscicul-
ture maritime qui consiste à recueillir des œufs naturellement expulsés, à
les faire éclore dans les appareils d'incubation et à rejeter ensuite dans la
mer après la résorption du vitellus les alevins ainsi obtenus manque de
précision et de certitude.
Si, en effet, l'anémie larvaire si facile à constater chez les larves déjà
pourvues de globules sanguins se produit de même chez toutes les larves
incubées artiticiellement, il y aurait avantage à attendre le moins longtemps
possible après l'éclosion pour mettre en liberté les jeunes larves obtenues
artificiellement. En ne le faisant pas, on s'expose à ne jeter à la mer que
des individus émaciés, désarmés pour la lutte. D'autre part, en se conten-
tant de préserver, pendant l'incubation seulement, les œufs en nombre
forcément très restreint, peut-on se flatter de faire œuvre utile de pro-
tection? Ces simples questions montrent bien que la pisciculture maritime
ne doit pas être considérée comme ayant atteint le degré de perfection et
de sécurité de la pisciculture d'eau douce et qu'avant d'en tenter prématu-
rément des applications pratiques et utilitaires, il convient de poursuivre
l'étude de la physiologie des larves dont on veut faire des animaux comes-
tibles.
Descriptions de nouvelles espèces de Crabes d'eav douce
APPARTENANT AUA COLLECTIONS DU MUSEUM d' HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ,
par Mary J. Rathbun.
Ayant examiné récemment la belle collection de Pseudothcîphusa du
Muséum de Paris, j'y ai trouvé quatre espèces nouvelles dont je publie ici
la description, grâce à l'aimable autorisation de M. le professeur Bouvier.
1. Pseudothelphusa êcuadorensis.
Front bas, à bord supérieur tuberculeux , nnilobc. Suture cervicale arquée,
convexe vers la ligne médiane. Dents hépatiques bien au-dessus du niveau des
dents orbitaires. Maxillipcdc avec le bord externe du nierus presque droit.
Carapace large , très convexe lohgitudinalement dans la moitié antérieure:
— 69 —
surface finement ponctuée, finement granuleuse à la loupe, surtout près
des bords. Sulure cervicale arquée vers l'intérieur, distincte, large et pro-
fonde, se continuant jusqu'au bord de la carapace. Pas de sillon médian.
Bord latéral très indistinctement denticulé, très arqué dans ses deux tiers
antérieurs. Dent hépatique très marquée et considérablement (levée au-
dessus de la dent orbitaire. Dent cervicale faible. Rord supérieur du front
arqué, unilobé, tuberculeux, fortement incliné vers le bas; bord 'inférieur
presque droit, faiblement trilobé, marginé. Front très peu élevé (shallow),
plus haut à l'extrémité externe. Orbites oblongues, ovales , presque remplies
par les yeux; à bord supérieur légèrement sinueux quand on les examine
du coté dorsal. Exognatbe des maxillipèdes externes ayant entre la moitié
et le tiers de la longueur de Tiscbium de l'endognatbe. Iscbium plus large
un peu en arrière de son extrémité dislale. Merus s'atlénuant rapidement
du côté distal, à angle antéro-externe convexe. Appendices abdominaux du
mâle très fortement arqués, leurs bords convexes étant tournés vers la ligne
médiane.
Chélipèdes très inégaux dans les deux sexes, surtout chez le mâle, à
surface granuleuse munie de grandes ponctuations. Main à bord inférieur
convexe, à surlace interne granuleuse aussi bien que l'externe. Doigts assez
élancés, les dents d'un côté rencontrant exactement celles de l'autre; pouce
incurvé vers le bas. Pattes ambulatoires très élancées, à merus aplati et
plus large vers le milieu, à doigts à peu près aussi longs que le propode
et que la moitié du carpe.
Longueur de la carapace du mâle, i3 millim. 1 ; largeur, 21 millim. 3,
largeur extraorbitaire . 1 <■), millim. b ; largeur du front en dessus, G millim. î;
bailleur, o millim. 8 : longueur du propode du grand cbélipède, en dessus,
9 millim. 3; en dessous, 19 millim. a ; bailleur du même, 8 millim. 6;
épaisseur, 6 millimètres.
11 y a au Muséum de Paris une jolie série de spécimens de celle espèce,
dans l'alcool; ils proviennent des environs de Quito (Equateur), el ont été
offerts au Muséum par M. 11. Deyrolle.
'2. Pseudothelphusa lindigiana.
Front bas, sans bord supérieur distinct. Merus do* mawillipèâes à bord
externe concave. Appendices abdominaux du mâle de largeur peu commune.
Carapace très convexe longiliidinalement et transversalement, à surface
pond née, finement granuleuse. Suture cervicale large, peu profonde, lé-
gèrement sinueuse. Suture médiane peu profonde. Bord antéro-latéral
rugueux, muni de fines denticulalions olituses ou de tubercules. Dents cer-
vicales el hépatiques faiblement indiquées. Front s'inclinant doucement vers
h; bord Inférieur en une courbe arrondie, étroit, n'atteignant pas tout à fait
ie quart de la largeur de la carapace; son contour supérieur, vu d'en haut ,
légèrement bilobé; son bord inférieur sinueux, trilobé, marginé, le lobe
— 60 —
médian étant le plus saillant vers le bas. Orbites petites, oblongues; bord
supérieur arqué quand on le voit du côté dorsal. Exognathe des maxilli-
pèdes externes ayant un peu plus de la moitié de la longueur de l'iscbium
endognathique. Iscbium ayant sa plus grande largeur en arrière de l'extré-
mité distale. Merus subtriangulaire, à bord externe concave. Les appendices
abdominaux sont uniques et remarquables par leur taille. Leurs bords
concaves' sont tournés en dedans. Ils sont très larges à la base et leur partie
la plus étroite se trouve juste en arrière du milieu; ils s'élargissent alors
brusquement, formant un épais lobe externe, qui est concave sur sa face
inférieure ; portion terminale épaisse et subtronquée ; les chélipèdes ne pré-
sentent rien de remarquable. La dent du carpe est courbe et sub-aiguë. Le
bord inférieur de la plus grande pince est convexe, celui du pouce faible-
ment concave. Les dents des doigts cbez le mâle sont, en général, alter-
nativement grandes et petites.
Longueur de la carapace du mâle, 1 k millim. 9 : largeur, -ih millim. h ;
largeur exorbilaire, i3 millim. 9 ; largeur du front au-dessus, G millim. 7.
Localité type : Santa-Fé de Bogota, Etais- Unis de Colombie; deux mâles
et trois femelles récoltés par M. Lindig.
3. Pseudothelphusa bisuturalis.
Front « bord supérieur tuberculeux. Une seconde suture parallèle à la suture
cervicale. Ischium des maxillipèdes plus large à l'extrémité distalc. Merus à
bord extérieur convexe.
Régions brancbiales très convexes longitudinalement et tranversalement ;
région gastrique également convexe, principalement dans la direction longi-
tudinale. Surface à fines granulations déprimées, plus larges près du front
et sur les côtés; ponctuations petites à peine visibles s:;ns l'aide d'une loupe.
Suture cervicale très profonde et sinueuse, ne s'étendant pas tout à fait
jusqu'au bord ; suture secondaire peu profonde, parallèle à la première.
Bords latéraux irrégulièrement denticulés. Il n'y a ni dent cervicale ni
hépatbique, mais les denticulés sont plus irréguliers en avant. Le sillon
médian, qui sépare les lobes épigastriques faibles, mais bien marqués, est
très peu profond , bilobant faiblement le bord supérieur du front. Région
entre les lobes épigastriques et le front fortement délléchie. Front perpen-
diculaire, à bord supérieur presque droit, tuberculeux. Vus de front, les
bords supérieur et inférieur sont courbés, l'inférieur faiblement aussi. Les
yeux ne remplissent pas l'orbite. L' exognathe des maxillipèdes a environ,
comme longueur, les trois quarts de celle de l'ischiuin de l'endognalhe,
dont le bord adjacent est concave; l'iscbium est plus large à l'extrémité
distale. Bord externe du merus convexe, formant une simple courbe, de
l'angle postéro-externe à l'extrémité distale ou articulation du palpe.
Chélipèdes très inégaux chez la femelle; surface marquée de granules
rugueux, plus grands sur le bord supérieur de la main; doigts sans hiatus:
— 61 —
dents larges, triangulaires. Pattes ambulatoires longues et étroites; merus
s'élargissant un peu au milieu.
Longueur de la femelle, 19 millim. 2; largeur, 3i million. U ; largeur
exorbitaire, 19 millim. 2; largeur frontale supérieure, 9 millimètres;
hauteur du front, 1 millim. 3; longueur du plus grand propodc mesuré
sur le bord supérieur, 10 millimètres; sur le bord inférieur, 23 millim. à ;
hauteur du même, 9 millimètres; longueur du dactylopodite, 19 milli-
mètres.
Cette espèce esL représentée par trois femelles dans l'alcool , recueillies
par M. Bocourt, au Guatemala, dans les ruisseaux de Saint-Augustin, près
d'Atitlan (versant du Pacifique), novembre 1866, n° ^71 de son cata-
logue.
h. Pseudothelphusa tuberculata.
Bord supérieur du froid tuberculeux, saillant au-dessus de la surface du
front. Main avec un large tubercule ou renflement à la base des doigts. Voisin
de P. Richrnondi.
Région branchiale élevée; région gastrique moins convexe. Suture cer-
vicale très profonde et sinueuse. Surface couverte de forts granules dé-
primés visibles à l'œil nu et plus grossiers près des bords latéraux et anté-
rieurs; de grandes ponctuations. Bords latéraux nettement dentés en scie;
un sillon peu profond en arrière de l'orbite. Lobes épigastriques séparés
par un sinus faible, lequel, d'ailleurs, coupe profondément le bord supérieur
du front. Ce bord est tuberculeux, arqué et se projette au-dessus de la
surface du front. Front un peu plus profond dans le milieu que partout
ailleurs; bord inférieur sinueux. Orbites beaucoup plus grandes que les
yeux. Bord supérieur régulièrement arqué; vus de front, les bords con-
vergent extérieurement. L'exognathe des maxiUipèdes a un peu moins des
trois quarts de la longueur de l'ischium de l'endognalhe ; ce dernier est
plus large à son extrémité distale. Le merus est arqué de son angle posléro-
externe au sommet. Les appendices abdominaux du mâle sont différents de
ceux des autres espèces connues. Vus du côté ventral, ils s'atténuent vers
l'extrémité qui est tronquée. Sur la face externe, près de l'extrémité, sont
deux petites épines se dirigeant a l'extérieur. Sur le côté supérieur et en
arrière de ces épines se trouve un lobe tronqué ou proéminence; à son ex-
trémité distale est une petite épine; son extrémité proximale est arrondie.
Cbélipèdes très inégaux dans les deux sexes. Les ponctuations de la
surlace sont grandes comme sur la carapace. Sur les faces externe et interne
de la main sont épars de petits granules rugueux, et à la base des doigts
se voit un gros tubercule. Bord inférieur de la main convexe, bord inférieur
du pouce du grand chélipède presque droit, dans le petit chélipède faible-
ment concave. Doigts larges ; bords préhensiles des doigts opposés se tou-
chant étroitement; surface couverte de granules bruns sombres. Pattes
— 69 —
ambulatoires à rtierus largos an milieu et ayant les bords supérieurs aigus
et deuticulés.
Longueur de la carapace du mâle, 3i niilliui. 2 ; largeur, 5o niillimètres;
largeur exorbilaire, 2 H millim. 2; largeur frontale supérieure, th milli-
nièlres; hauleur du front, 1 millim. 7; longueur du plus large pro-
podite mesuré sur le bord supérieur, 16 rnillim. (i ; sur le bord inférieur.
38 millim. h ; hauteur, i5 millim. 9; longueur du doigt, 20 millim. 5.
Cette espèce est représentée par un maie et une femelle récoltés par
M. Bocourt , n° h 1 2 de son catalogue.
Guatemala : ruisseau de Saint-Augustin, près d'Atitlan (versant du
Pacifique).
Organes des sens des CrustagÉs obscuricoles des (Catacombes de Paris
ET DES CAVERNES DU PlaTEATJ CENTRAL,
par M. A. Viré.
(Laboratoires de MM. Milne Edwards et Bouvier.)
11 existe dans l'ossuaire des Catacombes de Paris une petite fontaine
bien curieuse dans l'histoire de la faune obscuricole. Découverte au moment
des grands travaux de l'aménagement de l'ossuaire, elle fut entourée d'une
balustrade monumentale par Héricart de Thury vers 1810 et baptisée Fon-
taine de la Samaritaine. Héricart de Thury, ingénieur des carrières souter-
raines, était un esprit curieux et observateur; ses travaux de consolidation
de nos carrières du Muséum le tinrent en rapport avec Cuvier, Brongniart
et Lamark dont il admira et adopta les tbéories, et c'est sans doute sous
l'influence des idées de ce dernier qu'il tenta , à la fontaine de la Samaritaine ,
une expérience curieuse sur l'influence de l'obscurité sur les Poissons. Mais
nous reviendrons plus tard sur cette expérience, à propos de l'historique
du laboratoire souterrain du Muséum.
Actuellement la fontaine est habitée par des Copépodes (Cyclops fimbria-
tns) qui ne présentent guère d'autre modification qu'une décoloration des
tissus, mais possèdent un bel œil rouge à peu près normal. En outre on
y trouve des Asellus beaucoup plus modifiés.
UAscllus aquaticus est un petit Isopode aquatique, qui vit en grand
nombre dans nos environs. D'une couleur grisâtre, il présente un petit œil
noir. Or, dans la fontaine de la Samaritaine, ces animaux sont d'un blanc
pur; beaucoup d'exemplaires né présentent plus, à la place de l'œil, qu'une
faible pigmentation rougeâtre, d'autres n'en n'ont plus trace.
En revanche leurs organes sensoriels présentent de profondes modifica-
tions. Dans l'espèce normale, on voit, sur l'antennule, de petits organes
aplatis ovalaires, terminés par un pore, (pie l'on considère comme des or-
— 63 —
ganes olfactifs {IhVoihicIs olfactifs). Ces organes nul à peu près on longueur
un tiers de la longueur du dernier anneau de l'antennuie.
En outre, différents poils considérés eomme purement tactiles, les uns
ramifies et longs de la moitié de l'anneau anfennulaire, les autres droits et
ayant une longueur presque égale à cet anneau.
Or, sur nos Ascllus, le bâtonnet olfactif a subi une énorme élongalion.
La partie basilaire, courte, est devenue longue et grêle, en forme de pédon-
cule, et supporte une lamelle aplatie beaucoup plus longue encore, le tout
atteignant et dépassant la longueur de l'article.
L'intérieur parait rempli d'un protaplasma granulaire, où se distinguent
des sphérnles pins grosses dont la nature vraie m'échappe.
Sur des préparations colorées au picro-carniin, j'ai pu apercevoir nette-
ment l'extrémité terminale d'un (in ramuscule nerveux que j'ai pu suivre
dans l'antennuie, et qui vient mourir en pointe conique dans l'intérieur de
la base du pédoncule.
Cet état de l'organe olfactif prend un intérêt tout à fait exceptionnel si
on le compare au même organe chez un animal vraiment cavernicole. J'ai
trouvé, je l'ai déjà dit (voir année 1896, Bulletin n° 7), dans le Puits de
Padirac (Lot) un Asellide, à i5o mètres de profondeur et à près d'un kilo-
mètre de l'entrée du gouffre. Or cet Asellide, dont nous reparlerons tout à
l'heure à un autre point de vue, possède les mêmes bâtonnets olfactifs que
notre Asellide des Catacombes, mais cette fois beaucoup plus développés
encore et atteignant une fois et demie la longueur du dernier article de
l'antenne.
Nous avons donc là une série bien curieuse, partant de l'AselJide normal ,
nculé, pourvu de petits organes olfactifs, et aboutissant à l'Asellide vraiment
cavernicole, aveugle, pourvu d'énormes organes olfactifs. Nous trouvons le
terme transitoire dans les Catacombes, où nous voyons, à mesure que l'œil
devient inutile et disparaît, le sens de l'olfaction prendre une importance
de plus en plus considérable.
Dans le Niplmrgus puteanus , qui vit en assez grande abondance dans les
ruisselets d'eau courante des Catacombes, on trouve un organe analogue,
très bien développé et déjà signalé par Leydig. 11 est ici très fragile et se
brise la plupart du temps au contact de l'alcool ou des réactifs hislologiques.
Il faut des précautions minutieuses pour arriver à le conserver, ce qui
explique sans doute que je n'ai jamais pu le retrouver dans le Niphargus
Virei du Jura, conservé dans l'alcool.
Tout aussi caractéristiques sont les poils dils tactiles, que nous voyons
peu développés chez Y Ascllus normal el qui prennent un accroissement pro-
digieux chez ïAscllus des Catacombes. Ils deviennent là de deux à huil fois
pins longs qu'à l'état normal. Très mobiles sur un pédoncule, ils sont tantôt
droits el non ramifiés, tantôt garnis sur une plus ou moins grande longueur
de poils secondaires d'une ténuité extrême floflanl dans le liquide ambiant
— 64 —
et certainement capables de transmettre des impressions d'une très grande
finesse. La forme des poils primaires varie d'ailleurs dans d'assez larges
proportions. Effilés en pointe ou terminés par un petit renflement en forme
de massue, ces poils prennent parfois aussi l'apparence d'une sorte de
brosse.
Ils paraissent toujours creux, et leur cavité centrale, variable de forme
comme le poil lui-même, est remplie d'un protoplasme granulé.
Telles sont les observations que j'ai pu faire sur ces Crustacés, observa-
lions qui nous montrent d'une manière nette et précise quelle est la nature
des modifications qu'éprouvent les Crustacés sous l'influence de l'obscurité.
Nous voyons cbez eux, outre les changements observés cbez les Coléoptères,
outre l'exagération du système tactile observé cbez ceux-ci , le développe-
ment exagéré du système olfactif que nous n'avons pas encore pu examiner
ailleurs, sans doute faute de moyens d'investigation suffisants. Il nous reste
à rechercher quelles peuvent être les modifications du système auditif. C'est
une besogne que j'ai entreprise, mais qui ne m'a pas encore donné de résul-
tats; peut-être de nouveaux moyens de recherches nous donneront-ils à ce
sujet des renseignements nouveaux.
Une constatation d'un genre bien différent nous est fournie par' ÏAseîlus
de Padirac, qui semble nous apporter un élément d'appréciation des plus
précieux sur l'origine d'une partie de la faune des cavernes en même temps
que sur l'antiquité possible d'une partie des cavernes.
Déjà, il y a deux ans, j'ai pu recueillir dans la grotte de Baume-les-Mes-
sieurs, un Isopode nouveau (Cœcosphwvoma Virei Dollfus) qui parait avoir
plus d'affinité avec les faunes marines qu'avec les faunes d'eau douce.
M. le professeur Bouvier a bien voulu appeler mon attention sur un carac-
tère archaïque beaucoup plus accentué que paraît présenter notre Asellus de
Padirac. Ilesl excessivement allongé et, lorsque je le vis accroché à ma nasse,
je le pris tout d'abord pour un Ver, ce n'est qu'en le tenant eu main que
je reconnus sa vraie nature. Or ceci provient en partie de ce que les an-
neaux de l'abdomen ne sont pas soudés , ce qui le rapproche des Asellides
des faunes géologiques.
On est presque en droit de se demander, en considérant ces deux espèces,
si nous ne sommes pas en présence de restes de faunes tertiaires marines ou
saumâtres, qui auraient survécu dans les eaux graduellement dessalées.
Nous ne sommes évidemment pas en droit de conclure , d'après deux espèces.
Mais il nous a paru intéressant de signaler ces caractères.
Je terminerai par une petite rectification à des notes ultérieures, où je
décrivais un œil au Niphargus trouvé dans les cavernes du Jura, œil qui
n'est en réalité qu'un»; glande antennaire.
— 65 —
Rectification a propos du soi-disant oeil
du Niphargus Virei (Chevreux), par M. A. Viré.
Dans une précédente communication, je me suis étendu assez longue-
ment sur l'œil du Niphargus Virei. On se rappelle que j'avais considéré
comme œil une tache pigmentaire rouge, située à la base des antennes.
J'étais d'autant plus porté à faire cette attribution cpie, dans le Règne ani-
mal de Cuvier, dans la figure du Niphargus, un œil existe à la base de l'an-
tenne et que rien n'est figuré au-dessous; de plus, dans leurs descriptions
du Niphargus (Gammarus) puteanus, souterrain, Koch, Plateau, Baie,
Westwood décrivent un œil jaune à la base de l'antenne.
Or un examen plus attentif suffirait à nous convaincre de l'erreur que
nous avons faite, en bonne compagnie comme on le voit, si Leydig n'avait
depuis relevé lui-même cette erreur pour le Niphargus puteanus.
Si l'on examine attentivement la Crevette des ruisseaux ( Gammarus jluvia-
tilis), on s'aperçoit qu'au-dessous de l'œil il existe un petit corps arrondi,
de même couleur que le tégument et qui n'est autre qu'une glande.
Par quel phénomène cette glande reste-t-elle parfois jaune, chez le
Niphargus puteanus, rouge chez le Niphargus Virei, sur le fond décoloré du
reste du corps, c'est ce que j'ignore absolument. En tous cas les individus
conservant ce pigment doivent être moins modifiés que ceux chez lesquels
celle glande est devenue blanche. C'est ce qui explique sans doute que ces
animaux, comme je l'ai rapporté, d'ailleurs avec réserve, paraissent un
peu plus sensibles que les autres à la lumière.
Note préliminaire sur Chlamydoconcha Orcutti Dall,
Lamellibrancue À coquille interne,
par M. Félix Bernard.
Je dois à l'obligeance de M. le professeur Dall, de Washington, d'avoir
pu étudier un exemplaire de ce très rare Mollusque qui provient des côtes
de la Californie. Dali en a donné, en i884, une description sommaire (,)
dont je puis confirmer les principaux traits, et (pie je puis compléter dans
une certaine mesure.
L'animal, très bombé, ressemble extraordinairement par sa forme exté-
rieure à Scioberetia australis , autre Laniellibranche à coquille interne que
que j'ai décrit récemment w. Le manteau a de même un capuchon anté-
(1> Science, Cambridge, i884.
(2) Bulletin scient. île la France et de la Belgique, XXVII, 1895.
— 66 —
rieur, un court siphon anal, une longue fente pédieuse en continuité avec
celle du capuchon. Mais il existe <lî' plus chez ('Jilaiiujdoconcha une courte
cheminée dorsale antérieure qui paraît l'aire défaut chez tous les autres
Lamellibranches. Elle donne accès, non pas dans la cavité palléale, mais
dans une sorte de lacune creusée dans l'épaisseur du manteau. Celui-ci re-
couvre complètement la coquille, qui n'est pas visible de l'extérieur, même
par transparence. Dorsalement, il se divise en deux lobes ou lames super-
posés, entre lesquels se trouve la lacune en question. Le iobe externe e*t
épais, hérissé de papilles irrégulièrement disposées, et très riche en élé-
ments glandulaires. Ces papilles, que l'on trouve sur toute l'étendue du
manteau, sont creusées de cryptes à longs éléments épithéliaux sensitifs.
Le lobe interne, qui se confond avec la paroi dorsale du corps, contient
dans son épaisseur la coquille qu'il recouvre et laisse voir par transparence.
Je pense que ce lobe interne seul correspond à la portion du manteau ré-
fléchie sur la coquille chez Galcomma, Scintilla et Sciobcretia; le lobe ex-
terne, soudé d'ailleurs au précédent dans presque toute son étendue, pro-
viendrait d'une seconde réflexion du manteau.
La coquille, absolument rudimentaire, est formée de deux valves séparées
l'une de l'autre , allongées en forme d'épée. En arrière et au boitl dorsal ,
se voit une prodissoconque presque sphérique, semblable à celle de Ga-
leomma. En dissolvant les restes du ligament , j'ai pu voir au bord dorsal
des crénelures très nettes, réparties sur une assez grande longueur, et un
cuilleron ligamentaire, qui montrent que les deux valves ont dû engrener
longtemps. D'autre part, l'examen des stries d'accroissement montre que
la forme si spéciale de la coquille se dessine aussitôt après la phase pro-
dissoconque : la coquille s'accroît, en effet, seulement en avant et en ar-
rière , et non au bord ventral de la prodissoconque. Elle a donc dû cesser
de très bonne heure de contenir tout l'animal.
Cette coquille, en régression manifeste, est très fragile et ne donne in-
sertion à aucun muscle. Les adducteurs font complètement défaut comme
l'avait déjà indiqué Dali. Les protracteurs du pied, très volumineux, con-
tournent en avant la masse viscérale, en passant aux deux coins de la
bouche, et viennent ensuite en arrière se confondre avec les muscles du
support branchial. Les rétracteurs du pied s'étalent énormément sur la
paroi postérieure de la niasse viscérale, et passent dans le manteau dans le
voisinage du siphon anal. Ces deux paires de muscles antagonistes s'ap-
puient ainsi sur la masse viscérale, au lieu de la traverser.
Les organes internes, d'autre part, sont normaux et marquent une spé-
cialisation moyenne. Les palpes sont bien développés, et leurs extrémités
postérieures, élargies brusquement en triangle, sont hérissées de cotes sur
leurs faces en regard. Le tube digestif est très sinueux; un caecum secrète
un stylet hyalin. La glande digeslive, très volumineuse, est formée d'une
foule <le tubes ramifiés avec de très nombreux canaux excréteurs. Elle occupe
— (17 —
la partie antérieure el dorsale de l'énorme masse viscérale, don! le reste esl
formé par la glande génitale. L'animal observé esl un mâle; Les sexes sonl
séparés tandis que Sciobci-etia esl hermaphrodite.
Le cœur est traversé par le rectum. Les branchies sonl du type Eulamol-
libranche, à quatre feuillets lisses, à jonctions interfilamentaires et interfo-
liaires. Les deux reins, volumineux, communiquent largement; ils sont
formés d'alvéoles grandes irrégulières et peu compactes. Le canal réno-pé-
rirardique, le canal excréteur du rein en forme d'entonnoir, et l'orifice gé-
nital sont très rapprochés. Système nerveux normal, à gros ganglions; les
nerfs paliéaux sont énormes.
ïnilés. — C'est exclusivement par le développement excessif du man-
teau et la réduction extrême de la coquille que Cldamydoconcha esl un type
aberrant. Pour l'anatomie interne, il est moins spécialisé que Scioberelia,
qui en diffère principalement par l'atrophie des palpes et la disposition
singulière de la branchie, réduite à une seule lame, et délimitant une ca-
vité incubatrice. Chîamydoconcha me semble en somme voisin à'Ephippo-
donta Taie (1), et par suite de Scintilla, des Galeonunidés et de Bornia. Sa
ressemblance avec Scioberetia tient surtout à ce que le développement con-
sidérable de la glande digestive et de la glande génitale a déterminé la
forme globuleuse de la masse du corps. Enfin, de tous les Lamellibranches
à coquille interne aujourd'hui connus, c'est celui dont la coquille est le
plus réduite.
Sur quelques conditions favorisant l'infection pyocyanique
chez le Cobaye,
PAR M. G. PhiSALIX.
Depuis que M. Charrin a montré l'importance en pathologie générale du
microbe de la suppuration bleue, plusieurs savants ont observé chez diffé-
rents animaux, Chien, Fore (Cadéac, Galtier), el même chez l'Homme
(Lhlers, Neumann, etc.) une maladie infectieuse occasionnée par le Bacille
pyocyanique. Toutefois, on sait que cette affection est relativement très
rare.
Depuis huit ans, j'ai fait un très grand nombre «l'autopsies de Cobayes
morts d'infections spontanées et jamais, jusqu'à ces derniers temps, je n'a-
vais constaté dans les cultures du sang et d'organes malades la présence
du Bacille pyocyanique; or, dernièrement, dans une période de six se-
maines environ, j'ai observé 5 ou 6 cas de mort due à ce Bacille pyocya-
(1! Woodward, M. F. On the anatomy of tiphippondonta MàgdottgaU Taie. Proe,
Maine. Society London, I. 1 S()H.
— 68 —
nique, tantôt seul, tantôt associé au Staphylococcus aurèus. Comme lésions,
j'ai trouvé dans tous les cas une congestion énorme des poumons souvent
avec noyaux d'hépatisation ; deux fois il existait en même temps une con-
gestion intense de la trachée avec mucosités sanguinolentes dans le larynx;
dans deux cas, il y avait épanchement dans le péricarde avec quelques
fausses membranes et une congestion énorme de l'intestin grêle. Tons les
ensemencements faits avec le sang, le poumon, les mucosités du larynx,
l'épanchement péricardique ont donné de belles cultures verdâtres, aroma-
tiques, dont l'aspect rappelle immédiatement celles du B. pyoeyaneus.
Toutefois, à un examen plus approfondi, on reconnaît dans les cultures de
certains animaux une coloration jaune verdâtre avec fluorescence verte,
mais sans trace de coloration bleue; du chloroforme agité avec le bouillon
restait incolore : la pyocyanine faisait défaut.
Dans une autre série de cultures, non seulement la pyocyanine , mais encore
l'odeur caractéristique manquait. Tantôt le bouillon de culture devient filant .
très visqueux, tantôt ., au contraire, il reste très fluide. Malgré ces différents
aspects, c'est toujours le même microbe qu'on trouve au microscope. C'est
un Bacille atténué à ses extrémités, à un, deux et même plusieurs articles,
très mobile, surtout dans les premières heures de la culture. Sur agar, il
forme des colonies arrondies, un peu surélevées, grisâtres par réflexion,
un peu jaunâtres par transparence, homogènes avec zone granuleuse sur
le pourtour. Sur gélatine, petites colonies grisâtres arrondies qui s'enfoncent
en cupule et liquéfient assez rapidement.
Inoculée au Cobaye, à la dose de 1 centimètre cube sous la peau, la
culture de ce microbe amène la mort en 2 à 3 jours, avec des lésions
étendues : œdème hémorragique au point d'inoculation, congestion intense
de l'intestin grêle avec taches hémorragiques. Congestion de foie, du
poumon, quelquefois léger épanchement dans le péricarde.
Malgré les différences de coloration dues à la présence ou au défaut de
pyocyanine, c'est bien au même microbe que nous avons affaire; du reste,
ses propriétés pathogènes sont, à peu de chose près, les mêmes dans toutes
les cultures.
Quelles sont les causes qui ont déterminé la genèse de cette petite épi-
démie de maladie pyocyanique chez nos Cobayes? Je ne puis encore faire
à cet égard que des hypothèses et celle qui me parait la plus rationnelle
est tirée de ce fait que parmi les conditions de nourriture existant depuis
plusieurs années, une seule avait été modifiée : les carottes avaient été
remplacées par de la betterave. Ou bien le microbe a été apporté par la
betterave, ou bien au contraire sa pullulalion a été favorisée par des
troubles spéciaux de la nutrition. De fait, depuis que j'ai supprimé la bet-
terave de l'alimentation, je n'ai plus trouvé le Bacille pyocyanique dans
les organes de Cobayes morts avec des lésions semblables en apparence.
La betterave semble donc jouer ici un rôle important, mais de nouvelles
— 69 -
expériences sont nécessaires pour élucider le mécanisme de l'infection. En
attendant, comme le Staphylocoque doré s'est trouvé quelquefois associé
dans les cultures du sang au B. pyocyaneus, on pouvait se demander si le
microbe de la suppuration n'avait pas préparé le terrain et favorisé l'in-
fection pyocyanique. Pour résoudre celte question, j'ai séparé par des cul-
tures sur plaques le Staphylococcus aureus associé au B. pyocyaneus dans
une culture du sang. Un Cobaye reçoit dans la cuisse 3 centimètres cubes
de culture de ce Staphylocoque. Il meurt au bout de trois jours avec une
infiltration sanguinolente énorme et un commencement de mortification
des muscles. Les poumons sont très congestionnés. Or, chose curieuse,
les cultures du sang de ce Cobaye en bouillon et sur agar ont donné une
prolifération active du Bacille pyocyanique pur, sans mélange de Staphy-
locoque. Il est bien évident qu'ici la présence dans le sang du Bacille pyo-
cyanique est due à une infection secondaire. Cette relation entre le Staphy-
locoque et le B. pyocyaneus n'a rien qui puisse nous surprendre, puisque
le pus bleu, où l'on a rencontré pour la première fois le Bacille pyocya-
nique est le produit de l'association des deux microbes.
Les faits précédents sont moins intéressants par eux-mêmes que par les
problèmes qu'ils soulèvent. On sait combien la propriété chromogène du
B. pyocyaneus est contingente et variable sous l'influence des agents chi-
miques et physiques; j'ai montré (1) avec M. Charrin qu'une température
dysgénésique appliquée a plusieurs générations successives de ce microbe
peut lui faire perdre d'une manière durable cette propriété sans détruire
ses attributs pathogènes. Les fonctions chromo-aromatiques et pathogènes
ne sont donc pas liées nécessairement l'une à l'autre.
Si l'organisme peut imprimer au Bacille pyocyanique, et cela ne parait
pas douteux, des modifications analogues à celles que l'on obtient artifi-
ciellement, il est clair que, dans des conditions déterminées, ce microbe
pourra évoluer, provoquer des désordres et même occasionner la mort
sans manifester ses propriétés chromogènes. Il [tassera alors inaperçu et
ces! probablement une des causes pour lesquelles l'infection pyocyanique
est si rarement signalée. Aussi en même temps que l'élude des causes des
variations fonctionnelles de ce microbe, il serait intéressant d'entreprendre
la recherche de caractères propres à le faire reconnaître , même en l'ab-
sence de coloration et d'odeur des cultures.
abolition persistante de la fonction chromogène du B. pyocyaneus. Société
de Biologie, 1 893.
s
— 70 —
Le KlCKXIA AKHIUANA IfayTll. AU (jOSUO Fli.iyiJMS .
par M. Henri Lecomtk.
Jusqu'à ces dernières années, les lianes du genre Landolpkia avaient
fourni à peu près tout le caoutchouc exploité sur la côte occidentale
d'Afrique. Les indigènes savent (Tailleurs fort bien mélanger au latex des
meilleures espèces de Landolphia le latex d'autres lianes du même genre
ou appartenant à des genres voisins. Les forêts du Congo et des autres
pays de la côte occidentale d'Afrique abondent en lianes ou en arbres dont
le latex est utilisé ou pourrait être utilisé par les indigènes pour la prépa-
ration du caoutchouc. Les genres Ficus, Periploca, Tabernœmoniana , Ma-
Imetia, Clitaïidra, Carpodinus, Calotropis, etc., viennent s'ajouter au genre
Landolphia pour grossir la liste des plantes h caoutchouc.
Le Kickxia africana Benth. , découvert par Mann à la rivière Bagroo,
fut déterminé par Bentham en 1878. En 1888, on l'utilisait à Accra pour
la préparation du caoutchouc, et cette exploitation prenait dès ce moment,
à la Côte-d'Or, un développement rapide. Les graines elles-mêmes, qui
présentent une certaine analogie avec celles des Slrop/iaidus , furent vendues
frauduleusement à Londres sous ce dernier nom.
Le Kickxia africana Benth. fut ensuite rencontré à Lagos et à Fcmando-
Po. Dans la colonie anglaise de Lagos, cet arbre a reçu des indigènes les
noms de Ire, Ireh ou Ereh. A la suite de la découverte du Kickxia africana
à Lagos, l'industrie du caoutchouc a pris dans cette colonie anglaise connue
à Accra un développement très rapide. Les exportations totales de caou-
tchouc des colonies anglaises de la côte occidentale d'Afrique ne s'élevaient,
pour l'année 1890, qu'à 33,876 cwts (1,716,900 kilogr.), représentant
une valeur de 297,453 livres sterling à raison de 175 livres le cwt. Sur
cette exportation totale, la part de Lagos n'était guère que de 3o,ooo à
/10, 000 livres sterling en moyenne. Or, pour la seule année 1895, par
suite de l'exploitation nouvelle qui a été faite du caoutchouc de kickxia, les
exportations de Lagos ont atteint le chiffre total de 5,069,40/1 livres an-
glaises représentant une valeur totale de 369,890 livres sterling. On voit
par là quel essor rapide l'exploitation du caoutchouc à Lagos a reçu de la
récente découverte du kickxia dans cette colonie.
Sans aucun doute, il serait intéressant de. rechercher le kickxia dans
notre colonie du Dahomey, puisqu'il existe d'une part à Accra et d'autre
part à Lagos, c'est-à-dire à l'est et à l'ouest du Dahomey.
L'aire d'extension de cette plante intéressante s'étend même beaucoup
plus au sud sur la côte occidentale d'Afrique. Dans un voyage que j'ai eu
l'occasion d'effectuer au Congo français pendant l'année 1893-1 89A, pour
la Société d'études et d'exploitation du Congo français , j'ai rencontré le ki-
ckxia à Kakamoeka sur les bords de la rivière kouilou par h" 10' de lati-
s
— 71 —
ttidë sud et <)" îô' de longitude est. Eh admettant que Sierra Leone el
Kàkâmoékà soient les deux points extrêmes d'extension de cet arbre, te <|iii
est loin d'être prouvé, on le rencontrerait déjà sur une ligne de côtes dont
le développement atteint environ '1,000 kilomètres.
Dès mon premier passage à Kakamôëkà, en octobre 1898, mon atten-
tion fut attirée par cet arbre donl j'avais rencontré un spécimen sur le bord
d'un sentier conduisant d'une factorerie à une autre et qui, par la moindre
incision, laissait écouler un véritable flot de latex. Mais à ce moment l'arbre
lie portait que des fruits présentant parleur forme extérieure une grande
analogie avec ceux de Stropkantus. Plus lard je pus, sur le même arbre, me
procurer des Louions avant leur écïôsion.
Le Kichxia ne paraît pas être utilisé par les noirs de là région de K;ika-
moekà, car ils ne lui connaissent pas de nom indigène. Tous ceux qui ont
Voyagé sur la côte occidentale d'Afrique savent en effel que les noirs con-
naissent un grand nombre d'arbres leur fournissant des produits utilisables
soit pour leur alimentation, soit pour la construction de leurs cases, soit
pour li> traitement de diverses affections; et ils les désignent sous des noms
qui rappellent souvent l'usage qu'ils en font. Or le Kichxia ne nous a pas
paru avoir attiré spécialement l'attention des indigènes et n'avait reçu d'eux
aucun nom spécial.
LeKickxia africana Benth., tel que l'a décrit l'auteur de l'espèce, est un
arbre de 5o à 60 pieds de haut, à branches dressées, devenant noirâtres
par dessiccation. Les feuilles ont de 10 à -2?) centimètres de long sur h à
7.5 centimètres de large; elles sont de forme oblongUe, acùminées, un peu
coriaces et comptent huit à dix nervures latérales sur chaque moitié du
limbe. Le pétale mesure de k à 1 2 millimètres de long.
Les fleurs son! groupées à l'aisselle des feuilles en cvmes contractés. Les
pédoncules ont environ un demi-centimètre de long. Le calice a cinq divi-
sions; la corolle en ;i cinq ou six pouvant atteindre 12 millimètres de Ion;;.
Etamines, cinq, insérées sur le tube de la corolle. Follicules de 1 o à i5 cen-
timètres de long environ, déhiscents, contenant des graines terminées par
une pointe allongée couverte de long poils renversés vers la graine au lieu
d'être dirigés en sens contraire comme riiez les Strophantîis. Enfin la graine
l'usilbrme, creusée d'un sillon sur une de ses faces, contient un embryon à
cotylédons repliés sur eux-mêmes dans le sens de la longueur et un albu-
men très réduit.
Le Kichxia cpie nous avons rencontré au Congo présentait tous les carac-
tères principaux du Kichxia a/ricana Benth. Mais les fruits plus longs
atteignent 2 5 centimètres de longueur et plus. En ou Ire les cotylédons
paraissent plus irrégulièrement repliés que ceux des graines de kichxia
(ijïic<um provenant de Fernando-Po. Enfin les poils de l'aigrette sont un
peu plus gros et présentent à l'intérieur des épaississements très irrégulière-
ment distribués qui sont beaucoup moins marqués dans les poils des
— 72 —
graines provenant de Fernando-Po. D'ailleurs, il faut bien dire que les di-
vers échantillons de Kickxia africana que nous avons pu voir dans l'herbier
de Kew présentaient des différences de même ordre et les graines de Kickxia
de Lagos différaient certainement davantage de celles de Fernando-Po que
celles du Congo ne diffèrent elles-mêmes de celles de Lagos. Il ne nous
paraît donc pas possihle de faire du Kickxia de Kakamoeka une espèce nou-
\elle et nous l'enregistrons sous le nom de Kickxia africana.
L'écorce grisâtre de cet arbre laisse écouler un latex abondant. A la Côte
de l'Or les indigènes recueillent ce latex et le versent dans une cavité
creusée dans un tronc d'arbre renversé; au bout d'une quinzaine de jours,
le bois a absorbé une partie du liquide et une autre partie s'est évaporée;
ou obtient ainsi un produit qu'on malaxe fortement et qui donne un caou-
tchouc de qualité médiocre valant de 10 deniers à 1 shilling 2 deniers la
livre. A Lagos, les indigènes obtenaient d'abord la coagulation du latex
par l'action de la chaleur; mais le caoutchouc ainsi produit était toujours
plus ou moins gluant. Des essais entrepris à la station botanique de Lagos
ont permis de trouver un procédé qui n'a pas été dévoilé et à l'aide du-
quel on a obtenu un caoutchouc de bonne qualité qui a été estimé 2 shil-
lings 3 deniers la livre par des commerçants anglais auxquels les échan-
tillons ont été soumis.
Les essais de coagulation que j'entrepris à Kakamoeka ne me donnèrent
<pie de mauvais résultats; le caoutchouc obtenu étaiL toujours gluant et col-
Jail fortement aux doigts. Je tentai même, sans succès d'ailleurs, la coagu-
lation comme elle se fait à Para. Les indications fournies plus haut montrent
que cette coagulation doit être l'œuvre du temps plutôt que des procédés
chimiques. On ne pense pas du premier jour à verser du latex dans une
cavité creusée dans une bille de bois! Y penserait-on d'ailleurs qu'on ne se
trouverait pas là quelques semaines plus tard pour apprécier le résultat de
ce traitement sommaire.
Puisque le latex du Kickxia traité de façon convenable à Lagos a fourni
du caoutchouc de bonne qualité; puisque cette exploitation nouvelle a été
pour celte colonie anglaise une source inattendue de richesse, il convient
de nous inspirer de cet enseignement. Le Kickxia africana existe au Congo
français puisque nous l'y avons rencontré; il est nécessaire de rechercher,
comme l'ont fait les Anglais à Lagos, le moyen pratique d'en tirer un caou-
tchouc utilisable. Le Kickxia présente sur les liaues du genre Landolphia
l'avantage appréciable de pouvoir être saigné périodiquement sans détruire
la plante; il pourra sans doute aussi être cultivé tandis que la culture des
lianes a toujours paru très problématique. Nous espérons donc que la décou-
verte du Kickxia africana au Congo français sera pour notre colonie, qui
en a grand besoin, une source de prospérité.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.
ANNÉE 1897. N° 3.
-&«&.<s—
19e réunion des naturalistes du muséum.
30 MARS 1897.
PRESIDENCE DE AL MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MOSECM.
M. lk Président dépose sur le bureau le deuxième fascicule du
Bulletin pour l'année 1897, paru le a3 mars et contenant les com-
munications laite dans la réunion du -;3 février.
Il annonce la mort de M. ThoHon, chef de poste au Coogo, qui
axait enrichi le Muséum de spécimens d'histoire naturelle recueillis
dans cette région et celle de M. Lucien Biart, homme de lettres et
naturaliste, qui avait résidé pendant plusieurs années à Orizaha et
qui avait recueilli, durant son séjour au Mexique, des collections
ethnographiques et zoologiques qui lurent re'parties entre le Musée
du Trocadéro et du Jardin des Plantes.
Il annonce également le décès de M. Victor Lemoine, professeur
honoraire à l'École de Médecine de Reims et l'un des visiteurs les
plus assidus des laboratoires du Muséum. M. le docteur Lemoine
était bien connu par ses travaux sur la faune tertiaire des environs
de Heims el par ses recherches sur le développement et l'anatomie
du Phvlloxera.
.MlSKlIM. III.
— là
CORRESPONDANCE.
M. le général Gallieni, commandant le Corps d'occupation et
Résident général de France à Madagascar, vient d'adresser la lettre
suivante à M. le Directeur du Muséum :
J'ai l'honneur de vous adresser quelques échantillons de plantes, ar-
bustes, graines et Oiseaux recueillis par M. le capitaine Delcroix, chef de la
Mission topographique pendant la reconnaissance exécutée de septembre à
décembre sur la côte Est, dans le pays des Betsimisaraka, Cette région est
comprise entre Tamatave , Andévorante et la première chaîne de montagnes
qui s'étend parallèlement à la mer et forme la première assise du grand
massif montagneux de Madagascar.
Ce pays s'étend entre l'ivondro (rivière de Tamatave) au Nord etl'Iaroka
(rivière d' Andévorante) au Sud. Il comprend environ 100 kilomètres de
longueur sur 3o à ho kilomètres de largeur de l'Est à l'Ouest. Au pied de
la montagne, à l'Ouest, s'étend un large plateau bas, découpé par les
affluents de deux grandes rivières qui coulent généralement du Nord au
Sud, parallèlement à la mer, et remontent jusqu'à l'ivondro. Ces deux
grands collecteurs se jettent dans le Rianil, grand fleuve aussi important
que l'Iaroka. Ils prennent les noms de Roungarounga et de Ranofotsy.
Ce dernier remonte un peu dans le massif montagneux au N. 0. , mais
sa première direction est continuée au N. E. par un grand affluent, appelé
le Rerann. Le Rianil, appelé sur les cartes Ranolahy, est un magnifique
fleuve, large de plusieurs centaines de mètres, généralement très profond.
II est grossi, à la sortie du massif montagneux, des eaux de la Vohitra qui
descend du plateau de Moramanga sous le nom de Santandra, rivière dont
le cours a été utilisé par le capitaine Doudart, en son projet de chemin de
fer de Tananarive à la côte. Toutes ces rivières sont activement sillonnées
de nombreuses pirogues, jusque très avant daus les couloirs montagneux.
Un grand nombre de villages Retsimisaraka se succèdent sur les deux
rives de chacun de ces cours d'eau. La végétation y est fort puissante et
formée d'arbres h fleurs et à fruits de toutes sortes. Les environs des vil-
lages sont très cultivés en rizières, champs de manioc et de patates. De nom-
breux petits sentiers circulent à travers de hautes herbes ou bois , témoins des
anciennes forêts qui ont été brûlées pour le pacage des troupeaux de Bœufs.
La population , de mœurs très douces , est fort heureuse de la disparition
des Hovas, qui la pressuraient de toutes façons. Les rivières sont très pois-
sonneuses; on ne trouve guère qu'un seul coquillage terrestre et deux co-
quillages fluvialiles. Ça et là , on signale de rares Caïmans et le Requin de
mer, qui remonte loin dans l'intérieur; mais il serait vain de chercher aies
voir. Des milliers d'Oiseaux de toutes sortes s'échappent des fourrés.
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A ce plateau succède à l'Est , presque à pic au-dessus du Roungarounga .
un haul plateau profondément raviné, qui s'étend longitudinalement, pa-
rallèlement à la mer, d'Andévorante à Tamatave. Il domine le premier de
5o à 60 mètres et atteint l'altitude de 1 1 5 à 120 mètres. Les profondes
découpures de ce plateau , d'un parcours des plus difficiles , sont formées
par d'immenses ravins, à pfntes très raides et boisées en grande partie de
Ravenalas. lis recueillent les eaux du plateau et vont former la suite ininter-
rompue des jolis lacs d'eau douce qui s'étendent parallèlement à la mer,
d'Viidévorante à Tamatave, le long et au pied des pentes du talus oriental
de ce plateau allongé. H résulte de ceci que tous ces lacs forment une série
de petits bassins particuliers; ils ne sont nullement salins, leur altitude
étant de 5, 6, 7 et 8 mètres au-dessus du niveau de la mer. Aucun d'eux
n'est constitué par l'évasement ou le delta d'un grand fleuve à son embou-
chure. Ça et là un déversoir mène le trop plein des eaux à la mer.
Les grands cours d'eau n'ont que de courtes portions droites , normales
à la côte; ils remontent aussitôt dans l'intérieur, parallèlement à la mer
dans de longues et larges failles , grands couloirs formés par les chaînes
parallèles et successives qui s'étendent étagées jusqu'à l'arête centrale.
Veuillez agréer l'envoi avec toutes ses imperfections; il a été recueilli en
marchant et collectionné au jour le jour, ainsi que les renseignements portés
sur les sachets ou les échantillons eux-mêmes, quand les indigènes pou-
vaient les donner.
Il vous sera adressé ultérieurement des photographies exécutées au pho-
tolhéodolite Laussedat et donnant l'aspect du pays en deux points géodé-
siques bien déterminés.
M. Coutikrë, chargé de mission à Obock et Djibouti, a adressé
au Directeur du Muséum une lettre d'où nous extrayons les pas-
sages suivants :
Djibouti, k mars 1897.
Les observations que j'ai pu faire portent principalement sur les Aiphées
et se ressentent, à mon grand regret, du peu de temps que je puis leur
consacrer. Rien que mes grands vases de verre, arrivés intacts, me rendent
les plus grands services, ils ne remplacent pas des bacs où l'eau circule, et
il est difficile d'y faire vivre les animaux vingt-quatre heures. Lorsque je
fais, par suite, une récolte abondante, je dois, d'ordinaire, en tirer le
même jour tout le parti possible. J'ai extrait, hier soir, des Eponges où ils
vivent, une centaine d' Aiphées, petites espèces à front tridenté, et quelques
rares exemplaires d*une magnifique Porcellane; j'ai dû les fixer au formol
de suite, tous eussent été morts ce matin. De plus, les aubaines semblables
sont rares, et je regrette, à ce point de vue, de n'avoir pas fait mon voyage
en décembre au moins, les grandes marées étant beaucoup plus nombreuses
6.
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et surtout plus fortes pendant les trois derniers mois de l'année. J'ai pro-
fité avec empressement des occasions d'aller à Obock et à Tadjourah, qui,
grâce à M. Jousseaume, nous ont été' offertes. Je n'ai pu y effectuer que de
courtes recherches, mais, autant que je puis en juger, ces localités sont
moins favorables que Djibouti. Celte impression m'a été confirmée par
M. Jousseaume, Djibouti étant, d'après lui, une des localités offrant le plus
d'étendue et de variété dans les espaces qui découvrent.
J'ai observé à la limite extrême de la table madréporique et sur la cein-
ture de grosses pierres qui la bordent une Astérie remarquable par la faci-
lité avec laquelle elle se refait les bras. Est-ce parce que justement elle est
exposée à de fréquents accidents de ce genre par la violence île la vague?
Il est, en tous cas, assez rare de la trouver régulière; et je rapporte, entre
autres, un bras séparé, s'étant refait une couronne de quatre autres à peine
distincts encore.
J'ai pu observer à l'œuvre, parmi les Zostères, une troupe de grands
Slrombes au moment de la ponte, couvrant de leurs coques les pierres el
même les coquilles de leurs voisins. La façon dont ils moulent ces coques,
ressemblant à des graines àWeliantkus, est fort curieuse, et M. Jousseaume
m'a déclaré ne l'avoir jamais vue. J'ai nettement observé l'aspect gaufré
de la membrane sécrétante, lorsqu'on l'arrache de la ponte qu'elle recouvre,
l'opercule étant rejeté verticalement sur le côté.
Un des Pères de la mission d'ici m'a procuré un singulier parasite
provenant du nez d'une jeune fille Oromo. La patiente semblait indiquer
qu'il provenait d'un Çoléoplère, Blaps ou Pimelia, très abondant ici; de
fait, il ressemble assez à une Lingualuie, à grosse tête hexagonale, long
de près de 1 o millimètres.
Ceci m'amène à parler des parasites des Poissons. J'en ai enfin trouvé
quelques-uns sur quatre ou cinq douzaines de Poissons que j'ai minutieu-
sement examinés à la loupe des branchies aux nageoires. C'est au moins un
encouragement qui. j'espère, se traduira par quelques résultats encore.
Les pêches pélagiques sont assez fructueuses; elles étaient, ces jours-ci,
rendues laborieuses par la présence de Ptéropodes en très grande quantité.
Elles se, font très bien avec les canots qu'on trouve ici marchant k l'aviron.
J'ai capturé quelques jolies Salicoques, assez rares, qui cherchent pro-
tection dans le disque épanoui d'immenses Actinies. L'espèce du genre
Arête que j'ai trouvée ici possède un singulier habitat : on la trouve con-
stamment incluse entre les piquants d'un petit Oursin d'un rouge violet
dont elle a absolument la couleur; elle est assez commune. Il en est de
même de quelques espèces à'Athanas, des deux espèces du genre Jousseau-
meia que je croyais très rares.
J'explore avec un soin tout particulier les Éponges dont je parlais en
commençant. Lorsqu'elles sont d'un peu grande tnillc, ce sont de véritables
hôtelleries où l'on trouve, outre les Alphées, des Thalassiniens, des Pon-
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tonies, des Annélides, dos Ophiures et, dans les cavités accidentelles, des
(ionodactyles et des Crabes.
Les petits Madrépores, très branchus et vivants que l'on trouve çà et là
sur la table du récif, recèlent de la façon la plus constante Alpheus îœvis
en compagnie de Poissons, de petits Crabes et d'Ophiures, tout aussi con-
stants. La forme très comprimée de cet Alphée m'avait donné l'espoir de
découvrir, dans le même habitat, l'introuvable Racilius (Paulson.) que je n'ai
pas encore. Dans les mêmes Madrépores, morts et envahis par les Eponges
et les Algues, se trouve une belle espèce voisine de A. lobifrons. C'est dans
une cavité centrale, creusée je ne sais comment, que se trouve prisonnier
un fort beau Crabe, vivant aussi d'ailleurs librement dans les (laques d'eau
avoisinantes.
Dans la table superficielle des Madrépores, on trouve fréquemment Al-
pheus obeso-manus, d'une belle couleur jaune uniforme et vivant constam-
ment par couples. C'est du reste là une règle très générale s'appliquant sans
exception aux espèces vivant dans les Eponges, et seulement plus difficile
à constater pour celles, plus vagabondes, que l'on trouve sous les pierres,
et dont A. Edwardsi (Andoin) est le type. Celte dernière espèce est parfai-
tement définie comme forme et coloration, et se distingue à première vue
à' A. slrennus que je n'ai pu définir au laboratoire qu'au prix d'interminables
mensurations. A. .slrennus, à cause de sa grande taille, est précieux pour
l'étude; j'ai pu vérifier sur le vivant la particularité que présente, quant à
sou enveloppe protectrice, la chaîne nerveuse, et j'en ai injecté autant que
j'ai pu. Bien qu'assez pacifique, cette espèce fait entendre, lorsque par
exemple on excite l'un contre l'autre deux individus, un bruit d'une force
étonnante. Ce claquement est tout à l'ait comparable à la détente d'un chien
de pistolet, le doigt mobile qui le produit commençant par s'armer lente-
ment jusqu'à dépasser la verticale. L'effort du muscle qui fait pour ainsi
dire partir le coup doit commencer par tendre fortement le tendon abduc-
teur, de sorte que le doigt mobile est lancé avec une vitesse initiale très
grande, comme sous l'action d'un ressort, et n'est pas soumis, comme dans
la pince d'un Crabe par exemple, à l'action lente, graduelle et toujours
présente du muscle. L'explication que je donne de ce mécanisme est appuyée
par un détail assez curieux, qui m'avait frappé sur l'animal conservé. Sur
la face dorsale du doigt mobile, et très près de sa base d'insertion, est un
petit disque très net, blanc et poli, qui, lorsque le doigt est armé, vient
s'appliquer sur son correspondant situé sur la paume. J'ai été très surpris
de constater, dans cette position, une adhérence assez forte, parfaitement
sensible lorsqu'on cherche à fermer la pince, les deux surfaces en question
s'appliquant vraisemblablement l'une sur l'autre comme deux plaques de
verre mouillées. Les épipodites des pattes thoraciques servent évidemment.
au moyen des touffes de soies qu'ils embrassent, au nettoyage et à l'aération
delà chambre Branchiale; on voit distinctement par Iransparence , pendant
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la marche, ces soies s'agiter en tous sens dans cette cavité. Je ne sais si elles
servent vraiment à obtenir la synergie des mouvements pendant la natation ;
celle-ci, assez lente, se fait toujours en ligne droite, les pinces étendues
au moyen des pléopodes. Lorsque l'animal veut changer de direction, le
poids de ses pinces l'oblige à une manœuvre fort curieuse. Il s'asseoit pour
ainsi dire sur son telson pour faire décrire à ses volumineux appendices le
demi-cercle nécessaire. La deuxième paire de pattes est constamment en
mouvement, explorant en tous sens, grâce à son carpe multiarticulé , les
environs du trou où se tient l'animal, qu'il est facile de voir avec un peu de
patience et qui, avec sa petite pince, saisit même volontiers ce qu'on lui
présente, le doigt par exemple, auquel il assène un coup violent qui peut
entamer la peau, avec son autre pince.
Parmi les animaux terrestres , j'ai capturé, il y a quelque temps, un ma-
gnifique Solifuge ressemblant à une Phryne par son abdomen articulé, mais
n'ayant pas les longues pattes filiformes , et pourvu surtout de quatre énormes
mandibules verticales qui doivent en faire un dangereux animal. J'ai même
trouvé un très jeune de l'espèce et me propose de rechercher avec soin la
femelle qui pourrait, comme je l'ai constaté une fois pour un Scorpion, être
couverte de ses petits nouvellement éclos.
Je recuedle le plus possible , et malgré le nombre assez grand de tubes
dont je m'étais muni, je suis loin de pouvoir diviser mes récoltes autant
(pie je le voudrais pour leur meilleure conservation. Je crois que le formol,
et surtout le formol sucré , s'ils sont excellents pour conserverie»/ d'animaux
dans beaucoup de liquide, ne présentent, dans le cas opposé, que l'avantage
de leur facile transport; car peu de couleurs y résistent vraiment. L'acétate
de soude paraît conserver très bien les Poissons.
M. Ed. Foa, chargé d'une mission du Ministère de l'instruction
publique dans l'Afrique centrale (Région des Grands Lacs), se trou-
vait, au mois de janvier 1897, à Tête (Haut-Zambèze). Dans une
lettre adressée au Directeur du Muséum, il donne quelques détails
sur la distribution géographique de diverses Antilopes et Pachy-
dermes qui ne se rencontrent pas dans la région du Haut-Zambèze.
D'après lui, le Steinboch habite exclusivement le Sud de l'Afrique et
s'arrête en Matabélé; YOrébi ou Ourébise trouve dans la même con-
trée, au Sud du Zambèze et de la Mashonaland; le Grijsbock vit
encore dans la même région et a été rencontré au Damaraland; le
Bubalis caama et le Pooko habitent le Sud du Zambèze et le Masho-
naland; le Bubalis Cookei et le Blue Wildebeest, l'Afrique orientale
allemande et la région du Tanganyika, la dernière espèce se ren-
— 79 —
contrant aussi dans l'Afrique australe; YOryx gazella est propre à
l'Afrique australe, au Sud du Zambèze; YOryx leucoryx à l'Afrique
occidentale Sud; YOryx beisa, au Somaliland et à l'Afrique orientale
allemande; enfin le Tragelapkus Spekei, qui est excessivement rare,
ne se trouve plus qu'aux Victoria Falls et dans le Sud de la région
du Zambèze.
tr Quant au Rhinocéros simus , ajoute M. Foa, il a disparu de ces
régions. On en a tué deux en 1892 sur le Haut-Zambèze, près des
Chutes Victoria; ce sont les derniers dont on ait parlé. Je crois qu'ils
sont dans la collection de l'Hon. Walter Rotschild de Londres. De-
puis 1 8 9 3 , malgré toutes mes recherches, je n'ai pu trouver trace
de ces animaux, m
M. Foa donne ensuite la liste des spécimens, au nombre de 1&7,
qu'il adresse au Muséum d'histoire naturelle. Cette collection com-
prend des Mammifères (Singes, Chiroptères, Insectivores, Carnas-
siers, Rongeurs, Ruminants, Equidés, etc.), des Oiseaux, des Rep-
tiles, des Crustacés, des Insectes et des Vers intestinaux. Il annonce
qu'il compte se mettre en route pour le lac Tanganyika aussitôt
que les pluies auront cessé et qu'en dépit des difficultés de plus en
plus grandes qu'il rencontrera en s'avançant dans l'intérieur, il
s'efforcera de faire parvenir au Muséum de nouveaux envois.
M. Gierra, par une lettre datée de Tanga, le 9 février 1897,
annonce l'envoi au Muséum de deux caisses contenant divers échan-
tillons d'histoire naturelle : herbier, squelettes, peaux de Mammi-
fères et d'Oiseaux, Reptiles, Insectes Coléoptères et Lépidop-
tères, etc. W.
M. le capitaine Radisson, commandant le Secteur de Dong-Dang
dans le cercle de Lang-Son (Indo-Chine), écrit à M. le Directeur
du Muséum, le 25 janvier 1897, que, ses occupafions lui laissant
(|uelques loisirs, il se met à la disposition des professeurs du Mu-
séum pour recueillir des collections d'histoire naturelle. 11 se pro-
pose de commencer par former un herbier de toutes les plantes du
Tonkin qu'il pourra se procurer.
'■' Ces misses viennent d'arriver au Muséum.
— 80 —
M. Bouvier annonce que M. Pôbéguin, administrateur colonial,
\ient d'offrir au laboratoire d'entomologie une intéressante collection
d'Arthropodes qu'il a recueillis sur la Cote d'Ivoire, durant son
dernier séjour dans ce pays. Parmi les matériaux de valeur qui se
trouvent dans cette collection, M. Bouvier signale des embryons de
Phrynes, presque mûrs, et en parlait état de conservation. Ces em-
bryons ont été remis à M1'0 Sophie Pereyaslawzewa qui étudie de-
puis plus d'une année l'embryologie des Pédipalpes, et lui permet-
tront de combler une lacune regrettable dans le travail important
qu'elle publiera bientôt sur ce sujet. M. Bouvier est heureux de té-
moigner sa reconnaissance à M. Pôbéguin qui, malgré sa santé
affaiblie par un long séjour dans nos colonies africaines, n'a rien
négligé depuis dix ans pour enrichir les collections entomologiques
du Muséum.
M. De.niker présente à la réunion des naturalistes la deuxième
livraison de sa Bibliographie des travaux scientifiques publiés par les
sociétés savantes de la France rédigée sous les auspices du Ministère
de l'instruction publique (Paris. 1897, 900 p. in-6" en deux co-
lonnes).
Ce fascicule contient le dépouillement des publications de \k dé-
partements (Gard — Loire-Inférieure) soit 6,024 articles, dont
un grand nombre avec notes analytiques. Les deux tiers du fas-
cicule sont consacrés aux recueils des sociétés de Bordeaux, de
Montpellier et de Toulouse, dont quelques-uns remontent au com-
mencement du xvme siècle.
M. Deniker annonce également qu'il a commencé une table ana-
lytique sur fiches, par noms d'auteurs et par matières, pour le
premier fascicule de son travail et que bientôt on pourra la consul-
ter à la Bibliothèque. Il en sera de même pour ce fascicule et poul-
ies suivants, en attendant la table du volume entier.
M. le professeur Bureau fait hommage à la bibliothèque du Mu-
séum du deuxième et dernier fascicule de la Monographie des Bi-
gnoniacées qu'il vient de publier en collaboration avec M. Ch.
Schumanu. Ce fascicule et celui qui a été présenté précédemment
à la réunion des Naturalistes du Muséum renferment ensemble
— 81 —
T>;5 planches in-folio M. L'ouvrage fait partie de la Flora brasilienm
piihli(: sons les auspices du gouvernement brésilien.
M. le professeur Gréhant présente deux thèses de doctorat en
médecine, qui viennent d'être soutenues par deux anciens élèves de
son laboratoire : M. le Dr Gaston Lebas, licencié es sciences phy-
siques et M. le Dr J. Banes, licencié es sciences naturelles, phar-
macien de ire classe. La thèse de M. le D1' Lebas a pour titre :
Recherches sur l'immunité contre l'action anticoagulante des injections
intra-vasculaires de propeptone; celle de M. te D' Banes : Recherches
expérimentales sur les accidents consécutifs aux inhalations prolongées
d" acide carbonique.
COMMUNICATIONS.
SlLUROÏDE NOUVEAU DE lAfRIQUE ORIENTALE (ChIMARRHOGLANIS LeROYI),
par M. Léon Vaillant.
Le Siluroïde qui l'ait l'objet de cette noie, par son épiptère rayonnée
courte, située entre les pectorales et les ventrales, sa membrane branchio-
lège libre, se place dans la sous-famille des Protf.roptkr.*: et, par ses na-
rines écartées, la postérieure sans tentacule, appartient à la section des
PlMELODINA.
(i. < himarrhoglanis a. g.
<]apul subtus et abdomen compianata; rostrum semicirculare. Cirri 6; mandibu-
lares in série transverse disposili, externi fere ad commissuram buccalem perti-
nentes. Nares distantes, anlerior cncnlli instar, poslerior valvula instrncta. Ocnli
snperi, parvi, sine palpebris. Palatum edentulum. Membrana brancbiostega rétro
libéra, in tnedio obtuse emarginata. Epipteia radiifera radiis 7, primus liaud vere
aculeatus; adiposa parva, remotissima, brevis, paruni elevala. Radins externus
pinnarum parium carnosus, complanalus, falciformis, subtus acute strialus (at sal-
tem calopedibns): heae pinnœ horizontales.
Ce genre, par la disposition de ses nageoires paires et l'absence de repli
palpébral, paraît se distinguer facilement de tous ceux aujourd'hui pla-
cés parmi les Pijielodina. En ce qui concerne spécialement ceux signalés de
1 Voir Bulletin </» Muséum, 189G, t. II. n" X, p. 3li(i.
— 82 —
la Région éthiopienne, par sa membrane branchiostège faiblement échancrée
il se rapprocherait des Auchenoglanis Gïmther, et Ancharius Steindachner
(1880), mais l'un et l'antre de ceux-ci présentent des aiguillons osseux
réellement défensifs à l'épiptère rayonnée et aux pleuropes, ainsi qu'un
bouclier céphalique distinct: le premier a de plus le museau allongé,
pointu. Les Pimelodus vrais ont la membrane branchiostège profondément
échancrée et un repli palpébral circulaire.
Je crois devoir également dire un mot du genre Douniea Sauvage (1 878),
qu'on a rapporté aux Pimelodina, mais qui serait peut-être mieux à sa
place parmi les Doradina, la membrane branchiostège étant soudée à
l'isthme, sur une petite largeur il est vrai, mais cependant d'une manière
incontestable, comme le montrent les commissures branchiales inférieures
nettement séparées. La disposition des nageoires paires est la même que
pour le genre Chimarrhoghnis ; toutefois le museau est allongé, pointu,
l'adipeuse se trouve au milieu de la distance qui sépare l'épiptère rayon -
née de l'uroptère, pour ne citer que ces deux caractères très frappants. La
faiblesse des dents mandibulaires qu'on ne découvre qu'à un fort grossisse-
ment, les barbillons hérissés de petits tubercules, sont autant de caractères
(pu indiqueraient des affinités avec les Synodontis.
Ghimarrhoglanis Leroyi sp. n.
D. 7; A. 9 + V. 6.
L'espèce pourrait être considérée comme suffisamment définie par ses
caractères génériques; toutefois, pour la comparaison dont il sera question
plus loin, une description sommaire aura son utilité.
L'aspect général rappelle d'une manière frappante celui des Exostoma,
la tête étant déprimée, plate en dessous, le tronc également plan à la ré-
gion abdominale, le pédoncule caudal, au contraire, comprimé, élevé.
La hauteur fait un peu plus de 1/6 ; la largeur 2/9 de la longueur du
corps, dans laquelle la tête entre pour i/4, l'uroptère ayant à peine 1/6 de
cette même dimension.
Bouche faiblement arquée, presque transversale; dents fines aux deux
mâchoires , en plaques prolongées en pointes latéralement en arrière aux
maxillaires, atténuées en croissant extérieurement pour les deux mandi-
bules; lèvres et tégument de la gorge papilleux, un repli génien anguleux,
donnant lieu à une fossette mentonnière. Barbillons légèrement aplatis,
surtout les maxillaires, qui dépassent très peu l'opercule; les mandibu-
laires bien plus rapprochés l'un de l'autre de chaque côté que ne le sont
entre eux les deux médians, l'externe placé très près et juste au-dessous
de la commissure , qui se prolonge en une sorte de court tubercule charnu ;
c'est le plus long des deux, il dépasse un peu l'insertion du rayon pectoral
externe. Narines sur la partie antérieure du museau bien que l'antérieure
— 83 —
soit à une distance du bord Libre un peu plus grande que la distance qui
la sépare de la postérieure; cette dernière distance étant environ 1/12 de
la longueur de la tête. OEil ayant 1/10 de cette dernière dimension, et l'es-
pace interorbitaire \jk. Orifice branchial large; membrane branchiostège
échancrée au milieu en angle très obtus, libre à son bord postérieur, mais
sur une faible étendue à la partie centrale, le rapbée médian d'adhérence
se prolongeant en arrière jusqu'à une très petite distance du sommet de
l'éehancrure anguleuse; le tégument, sur la ligne médiane, ne présente
pas les saillies papilleuses, on y voit au contraire un sillon longitudinal,
qui, au premier abord , pourrait faire croire que la membrane branchiale
est divisée en ce point.
Anus un peu en arrière du tiers postérieur de la longueur du corps;
une papille anale très nette.
Origine de la première dorsale assez exactement au tiers antérieur du
corps, courte, la longueur de sa base égalant à peine moitié de la longueur
de la tête, et environ aussi haute que le corps; premier rayon flexible, sauf
peut-être dans sa moitié basilaire ; adipeuse à une distance de la précédente
au moins triple de la base de celle-ci, peu développée, sa longueur étant à
peu près égale à la hauteur du corps , mais sa hauteur à peine i/5 ou 1/6
de cette même dimension. Hypoptère également médiocre, placée au-dessous
de la précédente, les trois premiers rayons simples, peu visibles. Urop-
tère à peine émarginée , ses lobes arrondis. Nageoires paires plutôt courtes,
les pleuropes s'arrêtent au milieu de la distance qui les sépare des ca-
topes, lesquelles dépassent l'anus, sans atteindre à beaucoup près l'origine
de l'hypoptère; elles sont remarquables par leur direction horizontale , leur
élargissement en palette dû surtout à la forme particulière du rayon ex-
terne, aplati en lame de sabre et finement strié en dessous, cette dernière
disposition étant particulièrement nette aux catopes, moins visibles aux
nageoires paires antérieures.
Dans son état actuel de conservation, l'individu est uniformément d'un
gris rosé, un peu plus foncé sur la tête, un peu plus pâle et jaunâtre aux
nageoires.
,100*
Longueur 11 -y""" //
Hauteur 91 18
Epaisseur an a 3
Longueur de la tète 29 a5
de l'uroplère 10 16
— du museau 1 h 48
Diamètre de l'œil 3 10
Espace interorbitaire 7 2/1
N° 97-3. Coll. Mus.
Hab. — Zanguebar. torrent de Mrogoro, par 600 mètres d'altitude.
— Sa-
li serait bien possible que le Pimèlodvs platyehir Gûnther, de Sierra
Leone, fui une espèce voisine, car beaucoup de caractères paraissent com-
muns cbez ces deux Silures, à en juger par la description donnée dans le
Catalogue du Musée britannique, laquelle seule m'est connue. L'aspect gé-
néral, la disposition des nageoires paires, sont les mêmes. Toutefois, il est
expressément dit que cries membranes brancbiostèges ne sont pas attachées
à l'isthme et seulement unies faiblement en avant», fait d'une grande im-
portance. Gomme différences de moindre valeur citons : la longueur de la
dorsale, dont la base serait à peine plus de moitié de sa distance à l'occi-
put, taiviis que dans notre espèce elle équivaut aux 3/4 de celle-ci, l'adi-
peuse ayant la même longueur que la dorsale, l'uroptère émarginée, à
angles prolongés, enfin l'anus sérail sensiblement plus en avant.
Monseigneur Le Roy, qui a donné au Muséum cet individu , ajoute qu'il
est de la taille ordinaire; les indigènes le désignent sous le nom de Mmi-
gangala, ce Poisson est rare. Bien que nous n'ayons aucun détail précis sur
les mœurs de l'animal, qui, depuis plusieurs années, était conservé au
laboratoire, dans l'espérance de voir arriver d'autres représentants d'une
aussi curieuse espèce, il n'est pas douteux qu'il n'habite des ruisseaux
torrentueux, dans lesquels la faculté d'adhésion que lui donnent la dis-
position de sa face ventrale et, celle de ses nageoires paires lui permet de
lutter contre la violence du courant et de ramper à la surface des corps
submergés, comme le font les Exostoma Blvth. les Glyptosternùm M'Cleï-
land, les Gastromyzon Gûnther, et d'autres Poissons.
Le torrent de Mrogoro sort des monls Orougourou. situés dans l'Ou-
kami;il coule toute l'année, sur des roches granitiques el , vers 3oo mètres
d'altitude, dans la plaine, se jette dans le Lounguér. ngéré, affluent du
kingani ou Roufou.
Sur quelques exemplaires du genre Scobpis,
APPARTENANT AUX COLLECTIONS DU MusÈlIM d'HiSTOIIIE NATURELLE,
par M. Léox Vaillant.
Le genre Scorpis Cuvier et Valeneiennes, établi en i83i pour un Pois-
son rapporté par Quoy et Gaimard du Port du roi Georges, le S. ffcorgia-
nus, renfermerait aujourd'hui de nombreuses espèces, si on relève toutes
celles proposées depuis celte époque par différents icbtyologisles.
Déjà en 1 8A8 , Guichenot d'une part, Bichardson d'une autre, décrivaient ,
l'un le S. chUensis de Juan Fernandez , le second le S. œquipinnis du dé-
troit du roi Georges. Plus lard on trouve les : »S. Richardsonii Stein-
dachner (18G6), de Port Jackson; 5. boops Peters (1866), de la Nouvelle-
Galles du Sud (que M. Gûnther avec raison, semble-t-il , assimile au Scliuollu
scalaripinnis Sléindachner, des mêmes localités); S. Kneolatus kner
_ 85 —
(i86u), de Sydney; S. oblongus Çanestrini îi8fio); S. Hectori Hutton
(187"!), S. Fairchiïdi Hector (1875), ces deux derniers de la .Nouvelle-
Zélande ; S. californiensis Steindachner (1875), de San-Diégo; S. vinosq
Allevne et Macleay (187I)), du détroit de Torrès;, vers la même époque
enfin étaient décrits les S. australis Guichenot, de Melbourne, et S. rhom-
bcus Guichenot, du cap de Bonne-Espérance.
Ces treize espèces ne sont pas toutes admissibles et plusieurs paraissent
taire double emploi, comme M. Gùnther l'a déjà fait observer pour quelques-
unes d'entre elles. Ainsi les S. Rickardsonii et -S', linçolatus ne seraient pas
distincts, suivant lui. du S. œquipinnis. On pourrait, je pense, aller encore
plus loin et y adjoindre le S. chilensis. Quel nom spécifique devrait être
préféré? la question est assez difficile à résoudre. L'espèce a été désignée
:-ous ce dernier nom par Guichenot en 1868, d'autre part le voyage de
«Erebus and Terrorn a bien été publié de i8hà à i848; mais la descrip-
tion du S. œquipinnis axant paru sur la feuille antépénultième, c'est-à-dire
vers la fin de la publication, il est assez admissible que les deux dia-
gnoses sont contemporaines. Jusqu'à ce que ce point délicat soit affirmative-
ment ou négativement résolu, je crois devoir accorder la préférence au
nom donné par Guiehenot, sa description étant accompagnée d'une bonne
figure, qui manque malheureusement dans le travail de Ricbardson.
Le S, californiensis, quoique assez voisin du précédent par ses nageoires
dorsale el anale non falciformes, s'en distinguerait par son corps un peu plus
a Hong»? et l'absence de dentelures au premier sous-orbilaire.
Une différence analogue dans les dimensions générales parait être le
seul caractère bien positif qui distingue les 5. Hectori et S. Fairchiïdi, le
premier ayant le corps plus élevé. Je crois devoir réunir à celte dernière
espèce le S. australis, décrit par Guichenot. en 1879, d'après la date que
porte le volume des Bulletins de la Société Linnéenne de Maine-et-Loire,
mais présenté à la séance du 8 mai 1870; comme les publications de celle
Société paraissent par fascicules avant le titre général, il serait à la rigueur
possible que ce nom eût l'antériorité sur celui de S. Fairchiïdi, publié en
juillet. 1875.
Il resterait des doutes sur deux espèces. L'une, le S. vinosa, est connue
par un seul individu, en tel élal qu'on n'a pu donner le compte des rayons
mous de la dorsale, d'autre part la disposition des aiguillons de celle-ci,
ne croissant pas régulièrement du premier au dernier, la longueur de celle
portion dure de l'épiptère égalant la portion molle (ces derniers caractères
pris sur la figure qui accompagne la description), peuvent donnera penser
que ce Poisson appartiendrait à un autre genre. Pour la seconde espèce,
le S. oblongus, la description originale de Ganestrini n'ayant pu être con-
sultée, je ne pourrais me prononcer sur les rapports de cette espèce; elle
présente ce caractère de n'avoir (pie ix aiguillons à l'épiptère, au lieu du
— 86 —
nombre \. habituel dans le genre; remarquons toutefois que kner pour
son S. lineolatus = S. chilensis donne comme indifférent l'un et l'autre
nombre.
Quant au S. boops, il ne doit pas être compris parmi les Scorpis, rien
qu'en raison de la formule de l'épiptère : V, 29. On doit le placer dans le
genre Schuettea, que M. Steindachne- maintient avec toute raison, et peut-
être même faut-il l'identifier, comme le pense M. Gùnther, à l'espèce ty-
pique , le Schuettea sca/aripinnis.
On retirera également de ce genre le Scorpis rhombem, établi sur un
exemplaire de Pseltus falciformis Lacépède, chez lequel les nageoires ven-
trales, plus développées que d'habitude, tout en étant encore de dimensions
médiocres, offrent la disposition pour laquelle M. Steindachner a proposé
d'établir le sous-genre Parapsettus.
Par contre un Poisson de Port Jackson, désigné en 1879 par Castelnau
sous le nom A'Agenor modestus , doit être placé dans le genre Scorpis et as-
similé au S. chilensis Guichenot. En se reportant à la diagnose donnée
dans les Proceedings of ihe Linnean Society of Neiv South Wales, on re-
trouvera facilement les caractères principaux de cette dernière espèce. La
collection du Muséum en possède un exemplaire , le type , sans doute , à en
juger par une étiquette de parchemin portant de la main de Gaslelnau :
Agenor modestus, Sydney. Il répond bien à la description originale, sauf
que la taille est un peu plus petite 78 + 15 = 88 millimètres au lieu
de 108 millimètres; l'uroptère, il est vrai, n'est pas intacte, mais, quand
bien même, ne pourrait justifier la différence entre ces deux longueurs.
Voici, au reste, les dimensions de cet individu :
1/100.
> m ni
Longueur 73"
Hauteur 3g 53
Epaisseur s 11 10
Longueur de la tête 32 3o
— de l'uroptère 1 5 20
— du nmseau 5 a3
Diamètre de l'œil H 36
Espace interorbitaire 7 3a
N°A. qo32,CoH. Mus.
Les seules espèces que renfermerait le genre Scorpis seraient donc , à
l'heure actuelle, les : 5. georgianus Cuvier et Valenciennes ; S. chilensis
Guichenot; S. Hectori Hutton; S. californiensis Steindachner; S. Fairchildi
Hector; et peut-être le S. oblongus Ganestrini.
Les : S. œquipinnis Richardson; S. Richardsonii Steindachner; S. lineo-
latus Knerr; <$. auslralis Guichenot, font vraisemblablement double emploi.
— 87 —
11 est douteux que le S. vinosa, Alleyne et Macleay, appartiennent réelle-
ment à ce genre.
On doit en exclure les : S. boops Peters; S. rhombeus Guichenot, et
y faire entrer YAgenor modestus Caslelnau, comme synonyme du S. chi-
lensis.
En terminant, je ferai remarquer l'intérêt que présente aujourd'hui la
répartition géographique du genre Scorpis, qui s'étendrait sur toute la
Région pacifique.
Originairement connu du Sud de l'Australie, il a été retrouvé à la Nou-
velle-Zélande , sur les côtes du Chili , sur celles de Californie , enfin , d'après
une espèce, il est vrai imparfaitement caractérisée , on en signale l'existence
dans le détroit de Torrès.
Remarques sur les Squales de mer profonde observés à Sétubal
(Portugal),
par M. H. Neuville.
Dans le dernier Bulletin du Muséum, j'ai exposé quelques remarques sur
les Squales des grandes profondeurs. J'ai pu, depuis, en continuer l'étude
dans le seul port où on les pèche d'une manière quelque peu régulière : à
Sétubal, près de Lisbonne. MM. Milne Edwards et Filhol, qui avaient attiré
mon attention sur l'importance d'une étude analomique de ces Squales,
avaient bien voulu me faire accorder l'une des subventions mises par le
Conseil municipal de Paris à la disposition des Directeurs des Laboratoires
de l'Ecole pratique des Hautes-Etudes. Toute ma reconnaissance est acquise
aux Maîtres qui m'ont signalé l'intérêt de cette étude et au Conseil muni-
cipal à qui je suis redevable des ressources mises à ma disposition pour mon
voyage à Sétubal.
Depuis un temps immémorial, les pêcheurs de cette localité se livrent à
la pêche des Squales, qu'ils vont chercher jusque sur des fonds de
1,800 mètres. Les naturalistes du Travailleur avaient assisté à cette pèche
tort curieuse, et une intéressante description en fut donnée dans les comptes
rendus de leur voyage. Mais, depuis cette époque, les conditions générales
de la pêche sur cette partie des côtes du Portugal se sont profondément
modifiées, et la pêche des Requins a fait place à d'autres industries moins
dangereuses et plus lucratives. II m'a été possible, néanmoins, de me pro-
curer les différentes espèces de Squales que je désirais étudier. J'ai profité
pour cela d'une circonstance particulière : le Lepidopus argenteus, qui vit
habituellement dans la zone profonde, émigré vers la côte à certains mo-
ments; c'est ainsi qu'aux mois de mars et d'avril les pêcheurs de Sétubal
peuvent se livrer à la pêche de ce Poisson tout en restant dans les limites
— 88 —
de la zone côtière. Il arriu; alors le plus souvent que les Squales qui vivent
au voisinage du Lepidopus argentetis clans les profondeurs de la nier remon-
tent avec eux, probablement à leur poursuite, et sont capturés par les
mêmes lignes.
Je n'ai pu faire sur place une élude anatomique complète des animaux
que j'ai obtenus ainsi , mais quelques dissections m'ont donné un résultat
intéressant : en signalant, dans ma dernière communication, l'absence de
sinus hépatique chez les Centrophores , je m'étais demandé si cette absence
était en rapport avec les conditions de la vie dans la zone abyssale, dette
question doit être tranchée dans le sens négatif, car j'ai constaté la même
absence chez d'autres Spinacidés dont les uns {Acanthias vulgaris et Acan-
thias Blainvillei) vivent tout à fait à la surface. Il y a donc là un fait propre
ii divers membres d'une même famille, peut-être à tous, mais indépendant
des conditions dans lesquelles ils vivent. La présence d'une rate supplé-
mentaire, signalée par Moreau chez la Centrine, et que j'avais aussi
observée chez les Centrophores, me paraît également générale chez les Spi-
nacidés.
En dehors de mes études anatomiques, j'ai fait à Sétubal quelques re-
marques sur la répartition balhymétiïque des espèces. Les pêcheurs allaient
autrefois prendre les Squales sur des fonds considérables, atteignant parfois,
comme je le dis plus haut, 1,800 mètres. Les différentes expéditions scien-
tifiques qui ont capturé les mêmes Poissons ne les ont aussi rencontrés que
sur des fonds également considérables. 11 y avait donc lieu , d'après ces obser-
vations , de supposer que les Poissons de la zone profonde ne quittaient jamais
leurs abysses. Les pêches de Sétubal montrent qu'il peut en être tout autre-
ment. Les Spinacidés qui poursuivent le Lepidopus ar/renteus lors de sa mi-
gration vers la surface quittent parfaitement les profondeurs auxquelles ils
vivent normalement, et j'ai trouvé aussi un Hyménocéphale ramené avec eux
par les mêmes lignes , c'est-à-dire venant d'une profondeur inférieure à
3oo mètres. 11 y a donc possibilité, pour les Poissons de la zone abyssale,
de passer à certains moments dans la zone côtière, tout au moins dans les
couches inférieures de celle-ci.
Je ferai remarquer que la capture de ces animaux au moyen de lignes
auxquelles ils ont mordu ne permet pas de croire qu'il s'agisse de sujels
morts et remontant vers la surface pour y flotter, comme cela s'observe sou-
vent. Un Poisson peut, dans ces conditions, être ramené par un filet, mais
j'insiste sur ce fait que ceux dont je parle avaient mordu l'appât de la
ligne.
Gomme je le dis plus haut, la pèche des Squales de fond, à Sétubal, a
été remplacée par d'autres plus lucratives, notamment par celle de la sar-
dine. Cette pêche alimente actuellement 3a fabriques de conserves. On
conçoit sans peine que l'on abandonne ainsi les Squales, si l'on songe
qu'une barque montée par cinq ou six hommes, souvent plus, et restant
— 89 —
plusieurs jouis en mer, pouvait ramener une vingtaine «le Poissons. La
\;ilcur de ces derniers diminue, du reste, car l'huile retirée de leur foie est
remplacée par des huiles minérales d'une moindre valeur, et, pour le polis-
sage,leur peau peut être remplacée par celle d'autres Squales et par divers
produits industriels.
Celte pêche était, en outre, l'or! dangereuse, par suite de la distance a
laquelle elle s'exerçait.
Je dois en terminant rendre un hommage tout, particulier à l'obligeance
de M. Fryxel, attaché à l'agence vice-consulaire française à Sétubal.
M. Fryxel m'a secondé avec un rare empressement et m'a aplani des dif-
cultés de toute sorte. Qu'il veuille bien recevoir ici mes plus vifs remer-
ciements.
Le Campodea stapbylimjs Westwoob, et SES VARIÉTÉS cavernicoles
(C. Cookki Packard; C Dakgilani Moniez; C. nivba Joseph;
C. KREBOPHILA A\[A\ \ ),
par M. Armand Viré.
(Laboratoires de .MAI. Milne Edwards et Bouvier.)
Les Gampodes sont des Thysanoures de 6 millimètres à 9 millimètres
de long, munis d'une paire d'antennes multiarticulées et d'une paire de
cercopodes longs et grêles, de onze articles.
Ils aiment 1rs lieux obscurs et on les trouve dans la terre, sous les
pierres et les feuilles mortes, dans les bois humides. Une seule espèce
fut longtemps mentionnée, C. staphylinus Westwood, car le C.fr'agilis et le
('. americana ont été bien vite reconnus n'être que de simples variétés.
Sa couleur varie du blanc an jaune soufre, la tète est obovalaire, le
thorax est composé de trois articles, celui du milieu étant le plus long;
chacun d'eux porte une paire de pattes.
L'abdomen plus ou moins allongé est généralement moitié de la lon-
gueur totale; il est divisé en dix segments, dont six portent chacun une
paire d'appendices ou fausses pattes. Tout le corps, les antennes et les
cercopodes sont couverts de poils simples ou ramifiés.
Les yeux paraissent manquer constamment, et aucun des exemplaires
recueillis sur terre, aussi bien dans les bois de Meudon qu'au Muséum
même, n'en porte trace; ces animaux vivent d'ailleurs dans la terre et sous
les pierres dans une obscurité complète ou presque complète. Cependant
le caractère de la cécité de tous les exemplaires ne parait pas complète-
Ml SKI M. — III. r-
>0
ment acquis : Nicolet, Grassi ont décrit des yeux, tandis que J.-T. Oude-
mans(1) considère ces organes comme constamment absents.
Un grand nombre de représentants en existent dans les cavernes, ce qui
ne doit pas surprendre puisque ces animaux se réfugient normalement
dans l'obscurité.
Voici le nombre des exemplaires recueillis dans mes recherches souter-
raines :
Baume-les-Messieurs (Jura ) £5
Pierrefeux, près Verges (Jura) 5
Les Planches, près Arbois (Jura) ia
Sainte - Catherine , à Consolation (source du Dessoubre)
(Doubs) 6
Lautaret, près Vals-lcs- Bains (Ardèche) io
Bramabiau (Gard) 6
Dargilan (Lozère) 3a
Tindoul de la Vayssière ( Aveyron) 1 1
Catacombes de Paris i
Total ia8
Je n'en n'ai pas trouvé dans les souterrains refuges de Naours (Somme)
que j'ai pourtant fouillés avec soin, non plus qu'à Padirac, d'ailleurs in-
suffisamment exploré à ce point de vue.
En outre un certain nombre d'exemplaires vivant à l'air libre ou plutôt
sous les pierres ont été recueillis dans les bois de Meudon et au Muséum.
Or déjà parmi ceux-ci on constate de singulières variations dans les appen-
dices du corps; les antennes et les cercopodes varient en longueur depuis
un tiers et une moitié de la longueur du corps (Meudon) jusqu'à plus d'une
fois la longueur du corps (cours des laboratoires du Muséum, rue de Buf-
fon) et la forme de leur anneaux se modifie même très légèrement. C'est
sur ces variations qu'était fondée l'espèce de Meinert (C. fragilis).
Si nous abordons l'étude des formes cavernicoles , nous constatons que ,
absolument comme dans les individus terrestres , la forme des segments de
la tète, du thorax et de l'abdomen ne subit pas de modifications sensibles.
La largeur cependant est un peu plus ou un peu moins grande comparée à
la longueur du corps, ce qui se produit également sur les individus du
dehors, et ce qui contribue à donner à l'animal une forme un peu plus
élancée ou un plus trapue, sans que du reste la forme générale en soit
modifiée sensiblement.
Au contraire, dans les différents appendices, les modifications sont beau-
coup plus profondes.
W Auteur d'un excellent travail d'ensemble sur la morphologie et l'anatomie
de Tbysanoures (in Bijdvagen M de Dierkunde, Amsterdam, 1 888).
— 91
Antennes, cercopode§ cl pattes. — La forme ordinaire des antennes du
C. staphylinus est une série de grains de chapelets réguliers, à segments
arrondis, dont le dernier est plus long. Leur nombre, toujours supérieur
à treize, est généralement de vingt.
Kig. 1. — Tableau récapitulatif des caractères du Campodea staphylinus : i. Hoi^
de Meudon; — -j. Cour du Muséum; - 3. Baume-les-Messieurs; — 4. Dar-
gilan; - 5. Dargilan (exemplaire présentant cinquante articles aux antennes;
les cercopodes sont brisés; on voit l'allongement des pattes qui accompagne
celui des antennes et des cercopodes).
Dans les formes cavernicoles, nous observons un nombre excessivement
variable. Sauf les campodes recueillis à Lautaret (Ardècbe) et sept ou huit
de localités diverses, tous nos exemplaires possédaient au moins une de
leurs antennes au complet1'. Or nous trouvons successivement comme
M Pour conserver autant que possible ces appendices délicats (antennes et cerco-
podes), nous conseillons de plonger directement les exemplaires vivants dans une
7-
— 92 —
nombre de leurs segments : îfi, 18, -io, 22, 20, 24, 26, 28, 29, 3o,
3-j, 34, 35, 30, 38. 4o, 4a, 43, 48 et 5o. ce dernier exemplaire pro-
venant de Dargilan.
La longueur des articles comparée à leur largeur varie dans de très no-
tables proportions. Si nous prenons la largeur pour unité, la longueur
varie graduellement de 1 à 4,5.
La forme des pattes reste fondamentalement la même, mais leur lon-
gueur varie du simple au décuple, et l'on trouve une série de passages
insensibles entre ces deux tonnes extrêmes, même dans les exemplaires
provenant d'une même grotte. 11 en est de même des fausses pattes qui
varienl en longueur dans la proportion de un à cpiatre.
Le corps de tous ces animaux est couvert de poils, dont la majorité son!
sans doute de simples poils tecteurs. Mais nous devons certainement attri-
buer un rôle sensoriel à un grand nombre d'autres poils répartis principa-
lement sur les antennes et les cercopodes. Ces poils sont tantôt simples (et
c'est le cas général pour les exemplaires subaériens), tantôt biramiiiés ou
multiramifiés. chez presque tous les cavernicoles. En général ces poils sont
d'autant plus longs et fins cjue l'exemplaire présente des antennes et des
pattes plus longues.
La taille de ces animaux varie de fi millimètres (Meudon, Baume-les-
Messieurs, etc.) à 9 millimètres ( Dargilan).
Les antennes varient de 2 mill. 5 à 1 7 mill. 5; nous ne connaissons pas
la longueur extrême des cercopodes, l'exemplaire de Dargilan qui porte
les plus longue antennes n'ayant plus ses cercopodes. Dans tous les exem-
plaires ces organes sont plus longs que les antennes.
Contrairement à ce qui passe dans les antennes, le nombre des articles
des cercopodes ne paraît pas varier (onze articles); leur longueur seule
s'accroît en même temps que celle des antennes, les articles les plus voi-
sins du corps étant les plus petits. (Fig. 1.)
Telles sont les variations considérables et singulières qu'acquiert cet ani-
mal tant dans la terre qu'au fond des cavernes.
Ouelle est la vraie cause de ces variations? Ici , il faut le reconnaître, elle
nous échappe encore totalement.
Nous sommes habitués à voir chez la plupart des animaux cavernicoles
la longueur des antennes et des divers appendices s'accroître, en même
temps que le volume et les fonctions de l'œil diminuent, et nous attribuons
invariablement à ces phénomènes une relation de cause à effet. Là, rien d<-
semblable, et on ne saurait, jusqu'à nouvel ordre tout au moins, attribuer
l'accroissement des appendices à une compensation pour la perte de l'organe
solution de formol à 2 ou h p. 100 et de ne les en retirer pour les mettre dans
l'alcool que plusieurs semaines après. Les exemplaires restent plus complets el
moins cassants.
— 93 _
visuel, puisque nos animaux aériens, chez lesquels ces appendices sonl
très courts, sont eux-mêmes privés du sens de la vue. Mais avons-nous
l'animal primitif? Je ne le crois pas. Il semble plutôt que nous soyons
en présence d'un animal déjà modifié par l'obscurité, même à la surface du
sol , où il vit caché en terre.
Kijf. 2. - - Campodea slaphylinus (exemplaire du ta grotte de Baume -les- Mes-
sieurs). Il représenta à |j<mi près la forme dont Packard avait t'ait le C. Cookei.
C'est là, en tout cas, un gros point d'interrogation qui ne saurait être
résolu que par l'expérimentation directe. Aussi entreprenons-nous d'élu-
— 94 —
dier, dans le laboratoire souterrain du Muséum, les modifications que
pourra subir encore dans l'obscurité l'espèce de la surface du sol, sous
l'influence de la variation des diverses conditions biologiques (nourriture,
humidité, température, etc.); peut-être pourrons-nous lever un coin du
voile qui nous cache certaines causes. Nous reviendrons d'ailleurs là-
dessus plus tard , lorsque nous examinerons les diverses expériences à tenter
dans notre nouveau laboratoire.
Examinons maintenant les différentes espèces que l'on a tenté de créer
avec ces formes souterraines.
La première en date paraît être le C. Cookei Packard (l). L'auteur la dé-
clare étroitement alliée au C, staphylinus, mais plus grande. Les antennes
sont plus longues, ainsi que les pattes; les stylets caudaux, très longs et
très grêles ont douze articles environ. Corps pileux. (Fig. 2.)
Campodea Dargilani Moniez {i). — Articles des antennes quatre fois plus
longs que larges*, au nombre de quarante. Antennes dépassant de plus
d'un tiers la longueur du corps. Pattes très longues, plus longues que
dans le C. Cookei. Onze articles aux cercopodes. Espèce plus grande que
C. staphylinus (y millimètres).
Campodea erebophila Amann (3). — Cercopodes presque deux fois aussi
longs que dans C. staphylinus. Antennes de vingt-deux articles, en forme
de grains de chapelet. Longueur du corps y millimètres.
Campodea nivea Joseph. — La description en est insuffisante.
Campodea succinea ne paraît être basée que sur une variété de colora-
tion.
Je n'ai mentionné dans ces descriptions que les caractères sur lesquels
s'appuient ces différents auteurs pour déterminer leurs espèces. Après ce
que je viens d'exposer, je crois que nous serons tous d'accord pour n'atta-
cher aucune importance à ces nouvelles espèces. En effet, on voit qu'elles
ne sont fondées que sur des caractères absolument transitoires, qui varient
presque avec chaque individu et qui par conséquent ne peuvent être choisis
que d'une façon absolument arbitraire pour caractériser une nouvelle es-
pèce. Aussi serions-nous contraints , si nous procédions ainsi , de faire , avec
les centvingt-buit exemplaires recueillis, bien près de quatre-vingts espèces,
chacune d'elles ne différant d'ailleurs de la précédente et de la suivante
que par un ou deux segments de plus ou de moins aux antennes et quelques
W The cave fan un of North America, with remarks on the anatomy of the brain ,
and origine of the bliiid species. (National Academy of Sciences, y november 1886,
l.y t. S. Packard.)
W Revue biologique du Nord de la France, t. I, p. 8â (1888-1889).
(?) Europàische Hôlenfauna, Iena, 1896.
— 95 —
rlizièmes de millimètres en plus ou en moins dans la longueur des pattes,
ou dans une forme un peu différente des poils.
M. Moniez d'ailleurs, le très distingué professeur de Lille, ne paraît pas
s'être fait illusion et, dans les considérations qui suivent sa description du
C. Dargilani, il parait avoir eu l'idée très nette que son Campode n'était
qu'une forme évolutive du C. staphyliïvus et du C. Cookei; mais sans doute
il n'avait pu recueillir un nombre suffisant d'exemplaires pour oser for-
muler nettement son opinion.
Conclusion. — En considérant la série des Campodes recueillis jusqu'ici,
on part du C. staphylinus Westwood de 6 millimètres de long avec treize
articulations au moins aux antennes , celles-ci atteignant deux ou trois fois
au plus la longueur de la tête , avec des cercopodes de onze articles attei-
gnant moins de la moitié de la longueur du corps, aux pattes très courtes,
à peine supérieures à la longueur du mésothorax, on arrive, par une série
de transitions insensibles, à une forme aux antennes doubles de la longueur
du corps , composée de cinquante articles , avec des pattes atteignant presque
la longueur du corps, des cercopodes plus que double de la longueur du
corps, la forme générale de celui-ci restant sensiblement la même.
Donc, sous peine de faire à peu près autant d'espèces que d'individus,
nous devons considérer toutes ces formes comme des dérivés du C. staphy-
linus et ne maintenir que cette dernière espèce sans même pouvoir accorder
aux autres espèces le simple titre de variétés puisque ces variétés sont
essentiellement instables et qu'on les voit passer graduellement de l'une à
l'autre dans une même caverne.
Nota. Nous n'avons pas mentionné parmi les caractères de ces animaux la
présence d'un organe situé à la pointe du dernier anneau de l'antenne, qui a été
signalé par presque tous les auteurs (M. Oudemans cependant ne l'a pas retrouvé
sur ses exemplaires) et que nous avons vu même sur les Campodes aériens; on
lui a attribué un rôle olfactif. Mais son étude rentre plutôt dans l'anatomie que
dans la morphologie de ces êtres. el nous en parlerons quand nous aborderons
cette partie de nos recherches.
Arachnides
RECUEILLIS PATI M. M. Ma1\'1)RON ] MiSCiTE, E.V OCTOBRE l8()G,
par E. Simon.
ri<
LISTE DES ESPECES.
1. Ch^topei.ma adenense E. Sim. — Découvert à Aden.
2. Filistata. mgra sp. uov. — Espèce inédile que nous possédions
;jà delà Basse-figypie.
— 96 —
3. Drassodes Maindrom sp. no\.
h. Scotoph*ds (Dhasscs) gorusgus L. Koch. — Connu d'Abyssinie el
du ïemen.
5. MuLICYMMS SUBT1LIS Sp. nOV.
6. EcHEMDS SPINIBARBIS Sp. 110V.
7. Callilepis (Pythonissa) plumalis Camb. — Répandu dans la région
Méditerranéenne , l'Asie centrale et l'Arabie.
8. Callilepis (Pythonissa) spinigera E. Sira. — Découvert à Aden.
9. Palpimanus gibbilus L. Duf. — Répandu dans la région Méditerra-
néenne, une grande partie de l'Afrique et dans l'Inde.
10. Uroctea limrata (1. Koch. — Répandu dans la zone désertique du
Nord de l'Afrique et de I' Vrabie. L'espèce est représentée dans le Yemen
par une variété unicoloro. tandis que la forme typique a été trouvée à
Mascate.
11. Latrooectds scelio Thorell, var. inûica E. Sini. — Forme indienne
d'une espèce très répandue dans la Malaisie orientale, l'Australie, la Nou-
velle-Zélande (L. Kaiipo) et les îles de la Polynésie; sa capture en Arabie
est des plus intéressantes.
12. Araneiis (Epeira) Tiieisi Walck. — Espèce commune dans l'Inde,
la Malaisie et la Polynésie, trouvée pour la première fois en Arabie.
13. \raneus (Epeira) decens Tborell (=Ep. hispida Dol. ). — Même
distribution que l'espèce précédente.
\h. Araneus (Epeira) nadticus L. Koch(=Ev. pullata Th.). — Répandu
dans presque toutes les régions tropicales du monde; très commun dans
l'Arabie méridionale.
15. Thomisus daradioides E. Sim. — Découvert au Djebel Milhan
(Yemjen int.).
16. Sparassis Walckenaerius Aud. — Très répandu en Egypte et en
Arabie.
17. Pardosa venatrix Lucas. — Très répandu dans le Nord de 1' Afrique
el en Arabie.
18. Plexippus Paykulli Aud. — Espèce commune à presque toutes les
régions tropicales et subtropicales du monde.
19. Thvene imperialis W. Rossi. — Très répandu dans la région médi-
terranéenne , en Arabie et dans l'Inde.
20. Heliophanus lucipeta E. Sim. — Découvert à Aden.
21. Cvrba ai.gerina Lucas. — Très répandu dans la région méditerra-
néenne, également .indiqué de l'Inde, mais nouveau pour l'Arabie.
22. Rhax impavida C. Koch. — Décrit d' Vrabie.
23. Rito.\ yemexensis E. Sim. — Découvert à \den; beaucoup plus
commun à Mascate que dans le Yemen.
24. Phryniscus Deflersi E. Sim. — Découvert à Obock et retrouvé
depuis à Aden.
— (.)7
25. Nebo hiehichonticus E. Sîiti. — Répandu en Syrie el en Arabie
2G. Butheolus Aristidis E. Sini. — Espèce répandue en Egypte et en
Nubie; remplacée dans le \emen par une espèce voisine H. thalassims
Ë. Sim.; il est curieux de retrouver à Mascate l'espèce égyptienne.
DESCRIPTIONS DES ESPECES NOUVELLES.
Filistata nigra sp. nov. 9 long. o"',oia-i5. — A F. lestacea Latr.
imprimis differt magnitudine saltem duplo majore, tegumentis omnino
aigris, sericeo-pubescentihus et birsutis, regione oculorum promiuentiore
et oculis quatuor posticis redis el brevius ovatis ("jEgyptuset Arabia austrô-
merid.).
Echemus spinibarbis sp. nov. 9 long. o,n,oo4-5. — Céphalothorax
angustus, sublaevis, pallide fusco-rufescens, haud marginatus. Oculi an-
tici in lineam valde procurvam, medii rotundi, inter se distantes sed a
lateratibus, ovatis et paulo majoribus, contigui. Oculi poslici inter se sub-
contigui, in lineam vix procurvam anlica baud latiorem, medii lateralibus
majores, obtuse triquetri. Chelae antice setis spiniformibus nigris nuine-
rosis et inordinalis insigniter munitœ. Abdomen longe oblongura, alro-
testaceum, subtus dilutius. Sternum pedesque fulvo-rufescentia , illud laeve
el lenuiter nigro-marginatum. Pedes quatuor antici omnino mutici sed
metatarsis (haud scopulatis) setis rigidis numerosis et biseriatis subtus
munitis. Eovea vulvae magna, circiter aeque longa ac lata, costas rufulas
diias parallelas includens.
Mulicymnis subtilis sp. nov. 9 long. Om,oo3. — Céphalothorax
anguste ovatus, laete fulvo-rufescens haud marginatus. Oculi antici inter
se subcontigui, in lineam valde procurvam, medii rotundi et convexi,
lateralibus plus duplo majores. Oculi poslici in lineam leviter procur-
vam, medii magni, obtuse triquetri, inter se eonligui, a lateralibus vix
separati. \bdomen longe oblongum, cinereo-testaceum subtus dilutius.
Chelae, sternum pedesque fui va , patellis libiisque qualuor aniieis infus-
calis, libiis î1 paris muticis, tibiis 9' paris aculeis parvis binis uniseriatis ,
metatarsis quatuor anticis aculeis parvis subbasilaribus binis subtus in-
structis, metatarsis tarsisque rare scopulatis. Pedes poslici numerose acu-
leati. \rea vulvaj rufescens, parallela, antice plagula anguste transversa,
viltifbrmi arcuala et trifida (ramulo medio acute Iriquelro, reliquis cur-
valis el obtusis) et poslice plagulis parvis binis rotundis et gemma lis
iimnila.
\ 1/. bicolori E. Sim. (ex India) imprimis differt oculis mediis poslicis
late triquetris haud linearibus, oculorum linea postica minus procurva el
structura plagula' genitalis.
— 98 —
Drassodes Maindroni sp. nov. d* long. om,ooo. — Céphalothorax
ovatus, antice parum altenuatus, sat convexus, fulvo-rufescens, antice
sensim infuscatus, parce luteo-pubescens. Oculi arrtici in lineam sat pro-
curvam, medii lateralibus paulo majores et inter se quaru a lateralibus
remotiores. Ocuii postici in lineam evidenter procurvam latiorem , medii
ovati, plani, inter se valde appropinquati, sed a lateraiibus minoribus latis-
sime distantes. Area mediorum circiter œque longa ac lata et antice quam
postice latior. .Vbdomen oblongum , luteo-testaceum sericeo-[)ubescens.
Ghelœ fusco-rufulœ , longae, cylindralae sed verticales, transversim leviter
rugatae et parce granosae , margine inferiore sulci longe obliquo et mntico.
Sternum pedesque fulva, hi versus extremilales sensim infuscati; tibiis
quatuor anticis aculeis parvis binis inter se remotis, metatarsis aculeo
simili subbasiiari subtus armatis, tibiis /i' paris aculeis inferioribus latera-
iibus dorsalibusque binis munitis. Pedes-maxillares médiocres, t'emore sat
robuste sed parallelo et leviter curvato, tibia patella paulo longiore et gra-
ciliore omnino mulica, tarso tibia paulo longiore haud latiore tereti, bulbo
parvo et simplici dimidium bacilarem tarsi tantum occupante.
A D. lacertoso Cambr. (ex Syria et /Egypto), cui valde alliais est, im-
primis differt femore pedum-maxillarium maris parallelo haud fusiformi.
Latrodectus scelio Thorell. var. indica E. Sim.
A L. scelione Th. (ex Australia, Austro-Màlaisia et Polynesia) tantum
differt macula aurantiaca venlrali multo minore transversa et propre ma-
millas sita.
\pPLICAT10N DE LA PHOTOGRAPHIE MICROSCOPIQUE
À L'ÉTUDE DES SARCOPTIDES PLÎJMIGOLES ,
par MM. Fayette et Trouessart.
La ni
(holographie des animaux microscopiques présente certaines diffi-
cultés qui en ont, jusqu'ici, singulièrement restreint l'usage. On s'est géné-
ralement contenté de dessins faits à la chambre claire, qui sont excellents
lorsqu'ils sont exécutés par le naturaliste, lui-même ou par un micrographe
exercé, mais ne peuvent être confiés à un dessinateur ordinaire, quel que
soit le talent de celui-ci, et qui exigent d'ailleurs un temps considérable.
Ayant à figurer les nombreuses espèces de Sarcoplides plumicoles (Anal-
gesinœ) que nous avons récoltées, depuis plus rie dix ans, dans les riches
collections oraitbologiques du Muséum de Paris, nous nous sommes pré-
occupés, depuis longtemps, d'aplanir ces difficultés. Après des tâtonnements
et des essais plus ou moins heureux0', nous sommes arrivés à un résultai
satisfaisant, comme on en pourra juger par les spécimens que nous mettons
sous les yeux des professeurs et des naturalistes du Muséum.
Photolichi:s elbgans n. sp d" -, Sarcoptide plumicole vivant sur les Perroquets du
genre ùjclopsittacus (Nouvelle- Guinée) X 100. — (Spécimen de photogravure
d'après nos préparations).
Les Sarroptides se prêtent assez bien à ce genre de reproductions : leur
corps aplati se laisse comprimer entre deux verres sans se déformer et de
manière (pie toutes les extrémités soient sensiblement sur le même plan,
ce qui permet une mise an point approximative, à condition de ne pas
dépasser les grossissements moyens (100 diamètres environ pour ces Aca-
riens qui ont de î/a à 1 millimètre, sauf de rares exceptions). Les grossis-
sements plus forts peuvent être obtenus en agrandissant la photographie
primitive.
1 Voyez, notamment, Trolf.ssv ht ef \f.cmann, Diagnoset d'espèces nouvelles de
Sarcoptides plumicoles. — Bulletin scientifique delà France et de la Belgique, îHSSi
(avec a microphotographies reproduites par la glyplographie).
— 100 —
Le point important est d'avoir une préparation très propre ei liés nette,
montrant l'Acarien bien entier avec les pattes étalées de manière que Ions
les détails de ses formes se détachent facilement sur la photographie. —
Voici le manuel opératoire auquel l'un de nous (M. le D' Favette) s'est
arrêté, en cherchant à perfectionner les procédés déjà connus.
i° Choix des spécimens. — 11 importe beaucoup d'avoir des individus en
bon état, c'est-à-dire pourvus de tous leurs poils et appendices et dont les
téguments soient fortement chitinisés et colorés, car ceux-là seuls donnent
des épreuves vigoureuses à la photographie. Pour faire ce choix, on place
tous les Acariens dune même espèce dont on dispose dans de la glycérine
additionnée d'acide acétique cristallisable (3o pour 100), et on les y
laisse deux ou trois jours, ou même davantage. Cette opération peut se
faire sur une simple laine de verre, que l'on tiendra à l'abri des poussières
le l'air, ou dans un tube. La glycérine acidulée imbibe les Acariens, les
étale et facilite leur triage; elle les couserve indéfiniment sans altération.
D
9.° Nettoyage et préparation préliminaires. — L'Acaiien choisi au micro-
scope est porté, à l'aide d'un tin pinceau de marte, sur une lame de verre
où l'on a déposé une goutte de glycérine acidulée. On recouvre d'une la-
melle ronde et l'on cbauffe pendant cinq à six secondes. Si la goutte de gly-
cérine est suffisante pour déborder la lamelle, on peut chauffer sans crainte
d'accident; une goutte insuffisante gênerait l'étalage des pattes et produirait
un écrasement trop rapide, cause fréquente de déchirures ou d'explosion.
— On ajoute alors sur le bord de la lamelle nue nouvelle goutte de glycé-
rine pour faciliter le glissement de celle-ci et découvrir l'Acarien; on enlève
avec un linge toute la glycérine qui l'entoure et l'on fait tomber sur lui une
goutte d'une solution dépotasse caustique (à 3o p. îoo), qu'on laisse agir
de une à cinq minutes suivant la taille de l'Acarien. La potasse dissout les
matières grasses et les impuretés qui adhèrent au corps de l'animal : il
faut agir à froid, car. si l'on chauffe, on court risque de détacher les poils,
les ambulacres (ventouses du tarse), ou tout au moins de déformer d'une
manière irrémédiable ces parties délicates, qui sont rapidement attaquées
par la potasse caustique.
L'Acarien ainsi préparé est reporté dans une goutte de glycérine où d'or-
dinaire il s'étale de lui-même, et la préparation peut être considérée comme
terminée. — Si cependant le sujet a de la peine à prendre une position
convenable, en raison de sa taille ou pour toute autre raison, on enlève la
potasse et l'on recouvre l'Acarien d'une goutte de créosote sans ajouter de
lamelle. On chauffe une ou deux secondes et , très rapidement, l'on supprime
avec un linge la créosote, que l'on remplace par une goutte de glycérine.
Presque toujours alors l'Acarien s'étale parfaitement. La seule précaution à
prendre est d'éviter que la créosote s'évapore complètement avant que le
sujet soil replacé dans la glycérine, car alors il se recroquevillerait d'une
— 10! —
façon irrémédiable. Si le résultat laisse encore à désirer, ou peut recom-
mencer l'opération soit avec la potasse, suil avec la créosote, ou même avec
les deux successivement, ou bien, au sortir <le la créosote, mettre une
goutte de potasse au lieu d'une goutte de glycérine.
Ou se rappellera que les femelles, à corps plus compact et moins dé-
coupé, à téguments fortement chilinisés, supportent ces opérations mul-
tiples mieux que les mâles et doivent rester plus longtemps dans chacun
des liquides employés, particulièrement dans la potasse. Quant aux mâles,
ce dernier réactif déforme facilement leur organe génital : il est donc préfé-
rable de les faire passe!- rapidement de la créosote dans la glycérine acidulée.
Celle-ci peut servir de liquide conservateur.
3° Préparation définitive. — Elle se fait dans la glycérine acidulée ou
dans la gelée de glycérine en chauffant pour chasser loules les bulles d'air.
Avant de fermer définitivement la préparation, on s'assurera qu'aucune
impureté ne se trouve dans le voisinage du corps de l'Acarien. Enfin, on
lutera la cellule au moyen du baume de Judée, du vernis du Japon ou de
la solution alcoolique de cire à cacheter, appliqués à l'aide. d'un pinceau au
pourtour de la lamelle. Chaque préparation ne doit contenir qu'un seul
Ara rien.
4° Photographie. — Notre appareil est des plus simples. Il est formé
d'une chambre noire ordinaire dont l'objectif est remplacé par le tube du
microscope incliné à angle droit. Ce tube est relié à la chambre noire par
un manchon formé d'un simple cône de drap noir, serré par des bracelets
de caoutchouc, d'une part sur le tube du microscope, de l'autre sur celui
de la chambre noire. L'éclairage se fait au moyen d'une lampe à pétrole
ordinaire. L'expérience nous a montré que cet appareil primitif et peu
coûteux donnait des résultats aussi satisfaisants que les appareils com-
pliqués et d'un prix élevé dont on se sert dans les laboratoires de micro-
photographie adjoints à nos grands établissements scientifiques.
Les photographies que nous faisons passer sous vos yeux sont assez par-
faites pour qu'il soil possible, désormais, d'illustrer un mémoire descriptif
à l'aide de phototypies imprimées sur des planches hoi s texte ou même de
photogravures intercalées dans le texte, bien que l'aspect de ces dernières
ne soit pas aussi satisfaisant que celui des premières qui reproduit, très
exactement . tous les détails de la photographie primitive.
— 102 —
Mesure du plus chaud effort
<jue l'uisse produire un muscle gastro-cnemien de glsenouille,
A L AIDE d'p.V MYODYNAMOMETRE A SONNERIE,
PAR M. Gréhant.
J'ai fait construire par M. Noé un instrument que j'appelle myodynamo-
mètre à sonnerie et dont l'idée m'a été suggérée par le myographe de l'il-
lustre Helmhokz et par un dispositif qui a été employé par mon savant
collègue le professeur Rosenthal d'Erlangen.
Un levier de laiton monté sur pointes ayant 22 centimètres de long porte
deux curseurs dont l'un est muni d'un plateau et dont l'autre sert de con-
trepoids.
Une pince maintenue par un support très solide sert à fixer le fémur
d'une patte de Grenouille tandis que le tendon d'Acbille est uni par un cro-
chet métallique avec le curseur portant le plateau qui est chargé d'abord
d'un poids de 100 grammes.
On dispose en outre sur un support horizontal muni d'une vis et d'une
crémaillère un chevalet métallique triangulaire dont l'arête est approchée
le plus près possible du levier, à 1/10 de millimètre environ.
Le chevalet communique avec l'un des pôles d'un accumulateur tandis
que le levier est uni avec une sonnerie électrique et avec l'autre pôle; dès
que l'on tétanise le muscle avec les courants induits d'une bobine de Du
Bois Reyinond, le contact du chevalet et du levier fait vibrer la sonnerie.
Pour 200, 000, &00, 5oo, (ioo, 700, 800 et même 1,000 grammes,
on réussit également à faire marcher le timbre, bien que le poids du muscle
soit égal à k ou ô décigrannnes seulement.
L'hydrogène, l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, l'alcool, le curare
n'ont pas modifié cette énergie musculaire; au contraire, la vératrine in-
jectée sous la peau d'une Grenouille a produit une diminution notable du
poids soulevé, hoo grammes du côté empoisonné ont fait vibrer la sonne-
rie; 5oo grammes n'ont pas produit d'effet, tandis que du côté sain pré-
servé par une ligature de l'action du poison, 700 grammes ont été soule-
vés; la différence est très nette.
— 103 —
Causes de la diminution de résistance des Carnassiers
au charbon^,
pab M. C. Phisalix.
D'après G. Colin l2), frtous les animaux carnassiers paraissent aussi com-
plètement réfractaires que le Chien à l'inoculation du charbon par les voies
digestives. Tous les jours on voit ceux des ménageries se repaître de viande
charbonneuse ; les Carnassiers du Muséum nous répètent à tout instant l'ex-
périence, car, parmi les viandes saisies dont ils se nourrissent, il en est
assez souvent cpii proviennent d'animaux charbonneux , comme j'en ai eu
plusieurs fois la preuve». Ainsi énoncée , cette proposition est trop absolue.
J'ai eu l'occasion, depuis deux ans, de voir trois fauves mourir à la suite
d'ingestion de viandes charbonneuses. Il est probable que ce n'était pas
la première fois que ces animaux mangeaient de la viande charbonneuse,
et, comme ils ont succombé au charbon, j'ai cherché à élucider les causes
qui avaient pu ainsi faire cesser brusquement leur immunité.
Déjà plusieurs expérimentateurs (Oemler, Toussaint, Nocard, etc.) ont
observé dans des cas de mort par infection charbonneuse ou provoqué ex-
périmentalement cette infection chez des animaux réfractaires. Mais la cause
de ces variations était restée obscure. Ce sont les expériences de M. Chau-
veau sur le Mouton barbarin qui ont élucidé la question. Si l'on augmente
suffisamment la quantité des agenls virulents introduits dans l'économie,
on peut triompher de la résistance de l'organisme. C'est ainsi que le Mou-
ton algérien, qui, dans les conditions ordinaires, ne prend pas le charbon,
succombe à une injection hypodermique assez copieuse de culture virulente.
L'immunité naturelle de certains animaux pouf les virus aussi bien que
pour les poisons ou les venins est toute relative : elle n'existe que pour les
doses ordinaires capables de tuer les animaux sensibles. Si l'on dépasse sulli-
samment ces doses, l'immunité disparaît et les animaux succombent.
Mais il y a un autre moyen de triompher de l'immunité des animaux,
c'est de diminuer leur résistance vitale. C'est ainsi que la Poule, ordinaire-
ment réfractaire au charbon , le prend si l'on vient à la refroidir. Cette expé-
rience de Pasteur et beaucoup d'autres analogues montrent que ces ani-
maux affaiblis par une cause perturbatrice sont incapables de résister à une
infection habituellement inoffensive.
C'est dans cet ordre d'idées qu'il faut chercher la mort de nos carnassiers.
W J'adresse tous mes remerciements à MAI. Milne Edwards et Filtiol qui ont
bien voulu faciliter mes recherches.
W G. Colin. Compte» rendus de l'Académie des sciences, 1869, t. 68, p. 1 35.
— LOâ —
Leur histoire va nous montrer que l'infection charbonneuse a bien été pro-
voquée par une affection prédisposante.
En 1890, le 18 février, mourut à la ménagerie du Muséum un Felis onça (vulgo
Panthère blanche) arrivé du Turkeslan le 20 décembre 1896; cet animal s'était pro-
gressivement affaibli : sous l'influence du froid particulièrement rigoureux cette
année-là, il avait contracté une bronchite, et l'on pouvait vraisemblablement attri-
buer la mort à l'affection des voies respiratoires. Averti trop tard, je n'ai pu exa-
miner les viscères qui étaient déjà enlevés, mais j'ai fait des cultures avec des
parcelles de chair prises dans l'épaisseur des muscles du pied. Ces cultures ont
donné une prolifération abondante Av filaments charbonneux dune grande virulence.
La mort était donc bien due à la bactéridie charbonneuse, et la bronchite n'avait
été que la cause occasionnelle de l'infection.
Les deux autres fauves morts tout récemment du charbon sont deux guépards
mâle et femelle (Gynœlurus jubatus ), arrivés à la ménagerie le h août 1896. Ils
ont succombé successivement à quarante-huit heures d'intervalle sans autres symp-
tômes que des efforts de vomissement. J'ai pu en faire l'autopsie à peu près com-
plète. La rate est \ohmiineuse, particulièrement chez l'un d'eux; les ganglions
mésenlériques sont gros et rouges. La muqueuse stomacale et intestinale est très
enflammée. En outre, la muqueuse trachéale est très rouge, vascularisée et recou-
verte de mucosités. Les replis épiglotliques sont œdématiés. On trouve des muco-
sités purulentes dans l'arrière cavité des fosses nasales. Les poumons ne semblent
pas malades. Les ensemencements sur agar de la rate et des ganglions mésenté-
riques ont donné des cultures du charbon caractéristiques. Ces animaux sont restés
très gras.
Gomme beaucoup d'autres Carnassiers ont été nourris en même temps
avec la même viande et n'ont pas été malades , on peut se demander si ces
espèces auraient pour le charbon une plus grande réceptivité, ou si, au
contraire, ils y avaient été prédisposés par l'inflammation des premières
voies respiratoires. Celte dernière hypothèse me semble plus vraisemblable
et je puis apporter à l'appui une expérience de laboratoire :
Ayant inoculé à la cuisse deux Chiens et deux Chats avec une même dose d'une
même culture charhonneuse, je constatai dès le lendemain chez les premiers un
œdème énorme avec lièvre et inappétence. Puis les symptômes s'amendèrent bientôt
et tout rentra dans l'ordre. Chez les Chats, il n'y eut pas le moindre gonflement, ■
mais lés animaux ne mangèrent pas pendant un jour ou deux. Lu de ces Chats
qui, avant l'inoculation éternuait et toussait, sans cependant paraître en souffrir
beaucoup, tombe très malade au bout de six jours. 11 ne se tient plus debout,
chancelle quand il essaie de marcher et retombe sur le flanc: difficulté très grande
de respirer, râles sibilants à l'auscultation; miaulements plaintifs. La mort arrive
le septième jour. A l'autopsie, on trouve au point d'inoculation une infiltration
hémorragique avec commencement de mortification. L^s ganglions de l'aine sont
tuméfiés. Le poumon droit est très congestionné; à la coupe il sort des mucosités
épaisses. La trachée et le larynx sont très congestionnés et remplis d'un mucus
visqueux, grisâtre. Le sang est noir, les globules agglutinés et il y a de nombreux
Bacilles charbonneux. Les cultures du sang, de l'œdème, des ganglions ont fourni
— 105 —
un charbon virulent. Les cultures des mucosités trachéales ont donné le Bacille pyo-
cyanique avec tous ses caractères de couleur et d'odeur.
Puisque les animaux inoculés en même temps et dans les mêmes condi-
tions n'ont pas succombe au charbon, il est légitime d'attribuer la cause de
la mort de ce Chat à la bronchite pyocyanique dont il était atteint et qui a
favorise' l'infection charbonneuse.
On sait que , clans le cours d'une épidémie , ce sont les individus affaiblis
par une cause quelconque qui sont plus spécialement atteints. Pour lutter
contre leurs Microbes ou leurs toxines, l'organisme met en jeu le fonction-
nement des tissus qui ont la propriété de sécréter des substances bactéri-
cides ou antitoxiques. On comprend que si la fonction est troublée par une
maladie intercurrente, ou par une cause d'affaiblissement antérieure, l'in-
fection puisse se développer plus facilement. Cela est si vrai que chez des
animaux réfractaires un trouble physiologique même léger diminue la résis-
tance; ces animaux se trouvent alors dans les mêmes conditions que les
animaux sensibles. Chez les animaux réfractaires comme chez les animaux
sensibles, c'est probablement le même mécanisme qui provoque les réactions
défensives. Seulement, chez les premiers, il fonctionne d'une manière beau-
coup plus active, surtout au moment même de l'infection. Ce n'est pas tant à
la préexistence dans le sang de substances antagonistes qu'à leur augmen-
tation brusque et rapide sous l'influence des microbes qu'est due la pro-
tection de l'organisme. Aussi la quantité plus ou moins grande de substances
bactéricides dans le sang des animaux réfractaires , leur absence même , ne
me semble pas pouvoir être invoquée comme un argument péremploire
contre une explication humorale de l'immunité.
Sur le rendement de la transformation des carbonates d'ammonium
EN URÉE,
par M. L. Bourgeois.
Tout le monde sait que l'urée CO(AzH')- n'est autre chose que la car-
bamide ou amide de l'acide carbonique supposé hydraté; elle dérive donc
du carbonate neutre d'ammonium CO(OAzH4)2 par perte de deux molécules
d'eau. Chauffée avec de l'eau en tube scellé vers i3o degrés , elle régénère ,
comme l'a fait voir autrefois Pelouze, le carbonate neutre d'ammonium ou
plutôt ses produits de décomposition, c'est-à-dire des carbonates acides et
de l'ammoniaque libre. La même transformation s'effectue aussi à froid,
mais alors l'intervention de forces étrangères est nécessaire; c'est dans ce
sens qu'agit l'uréase , produit de sécrétion des ferments urinaires. Or, pour
des acides autres que l'acide carbonique, on peut effectuer directement,
Muséum. — in. g
— 106 —
par l'action de la chaleur à sec, le passage inverse du sel ammoniacal à
l'amide : c'est ainsi que la calcination modérée de l'acétate ou de l'oxalate
d'ammonium engendre respectivement l'acétamide ou l'oxamide. L'urée
jouit effectivement de la même propriété; c'est ce qu'a très bien fait voir
M. Basaroff, il y a déjà près de trente ans.
M. Al. Basaroff, dans une note intitulée ^Production directe de l'urée en
partant de l'anhydride carbonique et de l'ammoniaque * {l\ avait observé
que, si l'on chauffe de i3o à 1/10 degrés en tube scellé du carbamate d'am-
monium ou simplement du carbonate d'ammonium commercial , une partie
du sel se convertit par voie de déshydratation en urée, la réaction se trou-
vant limitée par la réaction inverse décrite plus haut. Il n'indique pas
la proportion numérique de l'urée engendrée dans ces circonstances, an-
nonçant seulement qu'il s'en produit des quantités assez notables (2). J'ai
répété, il y a quelques années, les expériences de M. Basaroff sur le sesqui-
carbonate d'ammonium du commerce <S) et, opérant dans des tubes de
faible diamètre, j'avais trouvé que la quantité d'urée formée atteint
2.0 p. 100 du poids de carbonate employé. Ce qui gêne particulièrement
lorsqu'on veut effectuer ces essais , c'est la mise en liberté du gaz anhydride
carbonique due à la transformation d'une très notable proportion de car-
bonate acide d'ammonium en carbamate, lequel se convertit à son tour
partiellement en urée. La pression s'élève beaucoup dans les tubes et déter-
mine l'explosion de presque tous. De légères modifications au mode opéra-
toire , que j'ai l'honneur de soumettre à l'assemblée , m'ont permis de vaincre
ces difficultés et d'atteindre des rendements plus rémunérateurs que celui
dont je viens de parler.
Des tubes de verre, du diamètre et de l'épaisseur de parois habituels,
sont remplis aux trois quarts de sesquicarbonate d'ammonium commercial14'
réduit en poudre grossière, et étirés en pointe capillaire qu'on ferme à la
lampe; on les chauffe alors vers i3o degrés pendant six heures environ seu-
lement. Après refroidissement, on voit que le sel qui avait fondu en donnant
une liqueur limpide s'est pris en masse cristalline, on ouvre à la lampe la
pointe de chaque tube en prenant les précautions d'usage; il s'échappe de
grandes quantités d'anhydride carbonique. On referme la pointe et l'on
'' Zeitschrift fi'tr Chemie, 1868, p. 206 ; Bulletin de la Société chimique, 2e série ,
t. X, p. 25o.
(2) fch liabe soeben gefunden , dass aucb das kàuflicbe feste Kohlensàures Am-
moniak, beim Erhilzen auf i3o bis iio° C ziemlicb reicblicbe Mengen reines
Harnstofles liefert.
"' Bulletin de la Société chimique, 3e série, t. VII, p. 58.
(4' Le carbonate était non eflleuri et sentait fortement l'ammoniaque; il était
volatil au bain-marie sans laisser de résidu appréciable, c'est-à-dire qu'il ne ren-
fermait ni sels minéraux , ni urée ; son titre alcalimétrique correspondait à 80. h p. 1 00
de carbonate neutre CO\AzH4)2.
— 107 —
chauffe de nouveau pendant six heures comme précédemment. On renou-
velle un certain nombre de fois sur chaque tube la même série d'opérations;
à chaque fois qu'on ouvre la pointe d'un tube, la quantité d'anhydride car-
bonique expulsée diminue et, après cinq ou six séances de chauffage, on
n'observe plus de dégagement gazeux lors de l'ouverture de la pointe. On
ouvre alors définitivement les tubes, on dissout leur contenu dans l'eau à
une douce chaleur et toutes les eaux de lavage sont évaporées au bain-marie
dans une capsule jusqu'à siccité. Tout le carbonate non transformé , ainsi
que le carbamate préexistant ou ayant pris naissance dans la réaction est
alors volatilisé et le résidu est formé d'urée (avec une trace de ses produits
de décomposition tels que biuret); on la fait recristalliser aisément dans
l'alcool méthylique ou éthylique. Pour établir les rendements donnés ci-
dessous, on s'est assuré qu'une quantité donnée d'urée, étant dissoute dans
une solution de carbonate d'ammonium, se retrouve inaltérée lorsqu'on
évapore la solution au bain-marie.
Les rendements en urée pour cent parties de sesquicarbonate d'ammonium
sont assez variables d'un tube ou d'un groupe de tubes à l'autre; j'ai obtenu
une série de nombres s'échelonnant entre 3. 20 et 9.5 2; on peut admettre
en moyenne à peu près 6 p. 100. La quantité totale d'anhydride carbonique
expulsé s'élevait à 10-12 p. 100 du carbonate.
Le bicarbonate d'ammonium , obtenu par efflorescence à l'air du sesqui-
carbonate, fournit de moindres rendements en urée, soit 2.5 à 2.9 p. 100.
J'ai expérimenté également, à l'exemple de M. Basaroff, sur le carbamate
d'ammonium COAzrF.OAzH4; ce sel était préparé en faisant arriver au
sein de l'alcool méthylique à 98 p. 100 des gaz ammoniac et anhydride
carbonique desséchés. Il se fait un dépôt de belles lamelles rhomboïdales
qu'on essore rapidement à la trompe. Le sel étant mis dans des tubes scellés
et chauffé pendant trente-six heures vers i3o degrés, on le voit peu à peu
devenir humide et ses cristaux s'accroître au sein de leur eau-mère. On
n'observe aucun excès de pression lorsqu'on ouvre les tubes, ce qui devait
être, puisque le carbamate est du carbonate neutre, moins une molécule
d'eau. Le rendement en urée est ici bien plus faible que pour le sesqui-
carbonate , circonstance difficile à expliquer ; je l'ai trouvé de 2 .6 à 3.7 p. 1 00
seulement.
Je rapporterai en terminant une expérience faite en plus grand sur le
sesquicarbonate d'ammonium. M. Grimaux ayant bien voulu mettre à ma
disposition un autoclave en acier très résistant de 1 litre de capacité, j'y ai
chauffé au bain d'huile vers i3o degrés une quantité de 600 grammes de
sesquicarbonate en procédant, comme il a été dit, par chauffages successifs
et évacuant les gaz entre chacun d'eux. L'opération terminée, le contenu a
été repris par l'eau, mais, contre toute attente, le métal avait été notable-
ment attaqué par l'acide carbonique du sel et les liqueurs renfermaient
beaucoup de carbonate ferreux dissous à la faveur du carbonate d'ammo-
— 108 —
nium. Oq a évaporé le tout à sec au bain- marie, ce qui a rendu la totalité
du fer insoluble à l'état de peroxyde (70 grammes) et la masse pulvérisée
a été épuisée par l'eau ; la liqueur filtrée a été évaporée de nouveau et l'urée
recrislallisée dans l'alcool méthylique. Le poids d'urée pure ainsi obtenue
s'est élevé à 45 gr. 3, ce qui donne un rendement de 7.55 p. 100. Si l'on
voulait répéter cette expérience et qu'on ne disposât pas d'un appareil
doublé de platine, il conviendrait peut-être de donner la préférence à un
autoclave de cuivre ou de bronze. Je me suis en effet assuré que de la
tournure de cuivre cbauffée en vase clos avec du carbonate d'ammonium
n'est nullement attaquée en l'absence d'air. Un appareil doublé de nickel
en couche un peu épaisse rendrait les meilleurs services.
En faisant passer dans un grand appareil de ce genre une molécule
d'anhydride carbonique et deux molécules d'ammoniaque, ces deux produits
étant pris secs et liquéfiés, tels que les fournit aujourd'hui l'industrie, chauf-
fant l'autoclave, après l'avoir fermé, etc. , on disposerait d'un procédé pour
faire l'urée sur une grande échelle. Mais on possède d'autres bonnes mé-
thodes synthétiques et l'urée est dénuée d'applications industrielles.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE-
ANNEE 1897. — N° 4.
20e reunion des naturalistes du muséum.
27 AVRIL 1897.
PRESIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DlRECTEliP. DU MUSEUM.
M. dk Président dépose sur le bureau le troisième [fascicule du
Bulletin pour l'année 1 89-7, paru le 26 avril, et contenant les com-
munications faites dans la reunion du 3o mars.
Il annonce que les cours et conférences de l'enseignement spécial
pour les voyageurs naturalistes, qui a été' institué au Muséum et
qui en est à sa cinquième année d'existence, viennent de s'ouvrir
ce jour même 27 avril.
Voici le programme de ces cours pour l'année 1897 :
27 avril. Leçon d'ouverture AI. AIilne Edwards.
29 — L'homme dans ses rapports zoologiques. . M. Hamy.
l" mai. L 'homme dans ses travaux et son industrie. AI. Verne \u.
/j — L'homme dan» ses rapports de société. . . AI. Cheïsson.
G — Mammifères M. E. Oustalet.
8 — Oiseaux AI. E. Oustalet.
1 1 — Reptiles et poissons AI. L. Vaillant.
1 'i — Mollusques Af . E. Perrier.
1 5 — ■ Vers et Zoophytes AI. Bernard.
18 — Crustacés, Arachnides , Myriapodes. . . . AI. Bouvier.
20 — Insectes AI. Ch. Brononi u.t.
22 — Anatomie comparée M. II. Filiiol.
25 — Plantes phanérogames Al. E. Bureau.
Muséum. — 111. 9
— 110 — .
29 mai. Plantes cryptogames M. Morot.
1er juin. Plantes vivantes M. Bois.
3 — Géologie M. St. Meunier.
5 — Minéralogie M. Lacroix.
8 — Paléontologie M. Gaudry.
io — Hygiène des voyageurs M. Gréhant.
12 — Météorologie M. H. Becquerel.
i5 — ■ Détermination du point en voyage. Notions
sommaires de géodésie et de topographie. M. Bigourdan.
i y — Photographie en voyage M. Davanne.
22 — ■ La photographie dans la constmction des
cartes et plans M. ie colonel Laussedat.
Les leçons auront lieu les mardis, jeudis et samedis de chaque
semaine, à io heures du matin, dans Famphitéâtre de la Galerie
de zoologie.
Dans des Conférences pratiques , faites dans les laboratoires et sur
le terrain, et dont les jours et heures seront indiquées à la suite des
leçons, les auditeurs seront initiés à la récolte ou à la préparation
des collections, aux relevés photographiques, à la détermination
du point en voyage et à des notions sommaires de Géodésie et de
Topographie.
CORRESPONDANCE.
M. L. Diguet, chargé d'une mission en Basse-Californie et au
Mexique, annonce qu'il a expédié de Guadalajara, au mois de jan-
vier dernier, une caisse contenant la majeure partie des collections
d'ethnographie, de zoologie et de botanique qu'il a pu recueillir
dans l'État de Jalisco.
Dans des lettres adressées à M. le Directeur, à M. Poisson et à
M. Boulait, et datées de la Paz les 5, 16 et 22 mars, il donne sur
son voyage les renseignements suivants :
Mon voyage depuis mon arrivée au Mexique a été satisfaisant et je n'ai
guère éprouvé comme contretemps que du retard par suite des saisons qui
ont été, cette année, extrêmes.
Dans l'état de Guanajuato, où j'ai commencé mes excursions, la grande
sécheresse qui sévissait ne m'a guère permis que de inoccupée de minéra-
logie.
Sur le versant pacifique, au contraire, l'époque pluviale a été excep-
tionnelle; les orages étaient continuels et se sont prolongés au delà de
— 111 —
l'époque habituelle. Par suile des crues, les torrents et les ravins avaient
rendu les routes impraticables; toute excursion vers la Sierra e'Iait impos-
sible, force me fut de m'arrêter deux mois à Guadalajara avant de reprendre
ma route; là, j'ai pu mettre à profit cet intervalle pour commencer une
collection de la localité que je compte achever au commencement de l'été
prochain. Vu la situation de la ville de Guadalajara, environnée de hautes
montagnes et de profonds ravins, la contrée offre des ressources qui per-
mettent, sans entreprendre de longues expéditions, de se trouver en pré-
sence, dans un périmètre restreint, de spécimens de la flore et de la faune
des différents climats du versant pacifique mexicain.
Je viens de faire une expédition heureuse chez les Indiens Huichols dans
le nord de la Sierra del Nayarit, ce qui m'a mené jusqu'à la tîn de l'an-
née i8y6 Mais l'hiver s'étant fait sentir un peu trop rigoureusement, je
me suis vu forcé de regagner les terres chaudes et depuis quelques jours
je suis en Basse-Californie, où je vais pouvoir récolter des animaux marins
grâce aux facilités que m'offriront les pêcheries de perles.
Jamais je n'avais vu de montagnes aussi impraticables que celles de la
Sierra que je viens de parcourir, de ravins aussi profonds et resserrés et
enthousiasmant par le pittoresque. Dans les profondeurs , la végétation des
tropiques, sur les hauteurs, des chênes et des pins. Partout des Orchidées
en fleur même dans les altitudes les plus froides. Les Indiens Huichols sont
au même niveau que la nature de ces régions, c'est-à-dire empoignants.
Je fus d'abord accueilli par eux avec défiance; ils essayèrent de me faire
comprendre que je serais bien mieux ailleurs que chez eux, et que je serais
aimable en les laissant tranquilles. Mais, peu à peu, voyant que j'étais séden-
taire, ils s'habituèrent à moi et me considèrent maintenant comme un frère,
et plus j'abusai de leur confiance, plus ils en avaient à mon égard.
J'ai pu ainsi les photographier à loisir et prendre des mesures anthro-
pométriques, et cela devenait par la suite un divertissement pour eux. Ce-
pendant , une chose à laquelle ils ne voulurent pas consentir, c'est à me
procurer les crânes de leurs ancêtres, mais, cependant, pour ne pas trop
me chagriner, ils fouillèrent un lumulus et me rapportèrent deux crânes bra-
chycéphales, en me faisant remarquer que ces crânes étaient d'une autre
race qu'eux-mêmes.
Voilà donc des Indiens qui savent distinguer les brachycéphales des do-
lichocéphales. Je pus aussi récolter des collections ethnographiques sur les
autels de leurs divinités. On pourra voir bientôt j'espère ces objets dans
une vitrine du Trocadéro. En un mot, ces populations ont été très accueil-
lantes pour moi et elles me considèrent comme un ami auquel elles n'ont
rien à refuser.
Comme zoologie, à part les Arachnides et quelques Rongeurs, je n'ai pas
pu recueillir 'grand'chose dans la Sierra; c'est plutôt la botanique qui était
bien représentée. Cependant un certain nombre de choses ont été endoni-
9-
— 112 —
magées ou détruites pendant le retour; une marche de treize jours, soit à
pied , soit à dos de mule, n'est pas faite pour tenir en bon état des objets
d'histoire naturelle, et le trot des montures en détruit beaucoup.
Maintenant que je suis a la Paz , je vais réparer les dommages causés à la
partie zoologique, et je vais m'occuper surtout de fixer les animaux marins,
à préparer de gros Poissons et à capturer quelques Cétacés pour M. Filliol.
J'ai envoyé de Guadalajara les collections faites dans l'Etat de Jalisco et qui
doivent être arrivées au Muséum. Parmi ces envois se trouve un herbier de
plantes de l'arrière-saison.
i° Au nombre de ces plantes se trouve un Dasylirion avec lequel les In-
diens Huichols, et même les Mexicains des environs de cette contrée pré-
parent un alcool de la même façon qu'avec les Agaves à Mescal ; il porte le
nom de Sotol. Une hampe et une bouteille d'alcool accompagnent l'échan-
tillon d'herbier (suit la description de la préparation du produit tiré de
cette plante).
2° Un fruit de Mocinna heterophylla dont l'élude sera intéressante (suit
détails sur les caractères de la plante). L'intérieur du fruit, comme vous le
montrera la photographie, est garni de poils succulents gorgés d'un suc
acidulé au moyen duquel, avec un peu de sucre, on ohtient une excellente
limonade. Ce fruit a l'odeur de la poire de William. Je crois que l'on pour-
rait cultiver le Mocinna en Algérie. On en vend les fruits sur le marché de
Guadalajara.
3° La gomme de Chiite, produite par une Euphorbiacée et que l'on
pourrait probablement employer comme une sorte de gutta-percha. Je me
propose d'aller à la recherche de l'arbre qui la produit, de le photographier
et d'en prendre des échantillons. J'ai pu cependant en envoyer quelques
graines. Une étude chimique de cette gomme est à faire (suit la description
de son extraction et de son utilisation dans le pays à des usages variés).
h" J'ai trouvé deux Agaves à saponine dont l'une, peut-être celle dont
m'a parlé le Dr Weber, présente la particularité de perdre ses feuilles pé-
riodiquement à l'époque du repos.
5° Un Dioscorea décrit par Watson récemment et qui olfre un certain
intérêt.
6° Un certain nombre de Loranthacées en herbier et des fragments dans
l'alcool comme le désirait M. Van Tieghem.
7° Quant aux Cactées, je n'ai pas été très heureux, non comme récolle,
mais comme conservation. Par suite du voyage d'un demi-mois de la Sierra
à Guadalajara et les difficultés de toutes sortes, j'ai presque tout perdu,
sauf trois espèces que vous avez dû recevoir.
Si ces plantes ne sont pas intéressantes au point de vue botanique, elles
le sont, au moins une, par le côté physiologique.
C'est le Peyotl dont j'ai vu les effets sur les indiens Huichols. Cette plante
— 113 —
pousse dans l'Etat de San Luiz de Polnsi où les Indiens vont la chercher à
quinze jours de marche, c'est-à-dire un mois aller et retour, et la récolte
ne dure qu'un jour. — En faisant un usage modéré du Peyotl les Indiens
peuvent rester cinq jours sans boire ni manger. Son emploi à plus forte
dose donne une surexcitation, un délire, puis enfin une torpeur plus ou
moins prolongée. Ses usages sont: i° dans le cas déjeune religieux; 2° pour
chanter et danser toute une nuit; 3° pour se donner une force musculaire
inaccoutumée; h" pour se procurer des hallucinations, faire des invocations,
converser avec les dieux, etc. Ce Cactus, dont on mâche le tissu en ava-
lant la salive qui dissout le suc amer, est célèbre depuis longtemps t'). Il
faut ajouter que cette Cactée jouit encore de nombreuses propriétés médi-
cinales.
M. Henry Coutière. chargé d'une mission à Djibouti et à Obock,
annonce, dans une lettre écrite à bord du Sindh et datée du 1 2 avril
1897, qui! revient en compagnie de M. le D. Jousseaume et qu'il
rapporte au Muséum une quinzaine de caisses remplies de spéci-
mens d'histoire naturelle. Il donne sur les résultats de. ses explo-
rations des détails qu'il complétera dés son arrivée en France et
qui seront alors publiés dans le Bulletin.
M. Ch. Alluaud rentre également en France, un accident qui
aurait pu avoir les suites les plus graves l'ayant forcé d'interrompre
la mission dont il avait été chargé clans le sud de Madagascar. «Le
2 février, dit-il dans une lettre écrite le 10 avril à bord de
Ylraouaddy, j'ai été frappé d'une insolation à Nosy-bé, au cours
d'une excursion à la forêt de Louconbé en plein midi. J'ai évidem-
ment commis une imprudence, mais le paquebot ne s'arrêtait que
quelque temps et je tenais à en profiter. Le 5 février j'étais dans
l'impossibilité absolue de descendre à Tamatave et, sur les conseils
du docteur du Pei-Ho, j'ai continué sur la Réunion et me suis
rendu à la Plaine des Palmistes, à 1,000 mètres, où j'ai eu de
graves accès de fièvre sans secours aucun près de moi. J'ai alors gagné
Tile Maurice où je comptais trouver une occasion pour gagner Port-
Dauphin, v Mais cette occasion ne se présenta pas et malgré tous ses
(u Le P. de Sahagim parlait déjà de celte plante vers i53o, ainsi que F. Her-
nandez un siècle plus tard.
— tu
efforts M. Alluaud ne put obtenir des capitaines de paquebots qu'ils
s'arrêtassent pour ie débarquer à Port-Dauphin. Ii se décida alors,
quoique malade, à revenir sur Tamatave, mais, son état s'étant
aggravé , il fut contraint à regagner l'Europe, où il espère se re-
mettre rapidement et pouvoir bientôt reprendre ses travaux.
M. Gaucher écrit de Jacksonville (Floride) à M. le professeur
Lacroix, qu'il s'offre à procurer au Muséum des Serpents à son-
nettes et d'autres Reptiles, ainsi que des Opossums et qu'il se pro-
pose, s'il prolonge son séjour en Floride, de retourner dans les
exploitations de phosphates et d'y recueillir les renseignements de
nature à intéresser le professeur de minéralogie.
Le R. P. Bulléon annonce l'envoi de deux nouvelles caisses ren-
fermant des Mammifères, des Oiseaux et des minéraux recueillis
dans le pays des Eshiras.
M. Foufé, lieutenant d'infanterie de marine, vient de rapporter
au Muséum un jeune Chimpanzé, âgé d'une dizaine de mois, qui
a été capturé dans la Guinée française. Ce Chimpanzé vient d'être
installé à côté des deux individus plus âgés qui ont été donnés au
Muséum par M. le Dr Maclaud.
M. de Brazza a envoyé au Muséum deux Potamochœrus peniciUatm
provenant du cap Lopez.
M. le D'J. Lochelongue, médecin sanitaire maritime, a égale-
ment donné au Jardin des plantes deux Sangliers de môme espèce et
de môme provenance qui ont été transportés, avec les Potamochœrus
donnés par M. de Brazza, parle paquebot des Chargeurs réunis
Vûîe-de-Maranhao , commandé par le capitaine Delon. M. Loche-
longue se met à la disposition des professeurs du Muséum pour la
récolte de spécimens d'histoire naturelle dans les contrées qu'il est
appelé à visiter.
— 115 —
M. P.-A. Ferrière, de retour de la Haute-Sangha , remet à M. le
Directeur le catalogue sommaire des collections qu'il a recueillies
dans le cours de son voyage.
MM. Clément et Troncet offrent à la bibliothèque du Muséum
un ouvrage qu'ils viennent de publier à la librairie Larousse sur
les Animaux de France utiles et nuisibles (Vertébrés). Cet ouvrage est
illustré de nombreuses figures originales.
M. le Dr Alfred Dugès fait hommage d'une notice extraite de la
Naturaleza sur YEnijaliosaurus quinqueearinatus. Cette notice est ac-
compagnée d'une planche coloriée.
Notice sun M. F.-R. Thollon,
par MM P. Delisle et Ed. Bureau.
Thollon (François-Romain), qui a succombé au Congo il y a peu de
temps, a grandement contribué à faire connaître l'histoire naturelle de nos
possessions de l'Afrique Iropicale.
Il était né aux environs de Lyon le ier août i855.
De mars 1877 « juin 1878, il fut jardinier chef a l'Ecole nationale d'a-
griculture de Grignon, et, du 1" novembre 1880 au mois d'août 1882, il
fui attaché au service de la Culture du Muséum.
A celte époque, il put réaliser son rêve d'aller en Afrique. 11 partit
en août 1882, pour organiser un jardin d'essai à Libreville; mais il ne
tarda pas à se décourager et devint explorateur, puis chef de poste. Il par-
courut la vallée de l'Ogooué. A la fin de i883, il était près de Franceville.
Depuis, il a visité la plus grande partie de notre colonie du Congo, de
l'Océan atlantique à l'Oubângui, de Loango et de Brazzaville à l'embou-
chure de la Sangha.
Les divers services du Muséum ont profité des voyages que Thollon fai-
sait comme chef de mission.
L'Anthropologie lui doit une nombreuse et intéressante collection de
photographies de types et de vues de notre colonie du Congo, et quelques
pièces, crânes et squelettes de tribus nègres non encore représentées dans
notre musée.
— 116 —
Pour la Botanique, il n'a pas fait moins de dix envois, de 1887 à 1895,
el le nombre total des échantillons reçus de lui est de 1,969.
Bien que Thollon, comme presque tons les jardiniers devenus botanistes
herborisants, s'attachât trop à recueillir les plantes les plus belles, et ait
dû passer à côté de végétaux moins brillants et néanmoins d'un grand in-
térêt, il a cependant trouvé de nombreuses espèces nouvelles : Bâillon lui
a dédié le genre Tliollonia, et M. Hariot un Champignon également recueilli
par lui : llexagona Tholloni.
Enfin, ce voyageur a découvert un gisement intéressant d'un très rare
minerai de cuivre : la Diojitase.
Thollon, depuis longtemps miné par les fièvres intermittentes, et sur-
tout par une affection grave de l'appareil respiratoire, avait dû plusieurs
fois abandonner l'Afrique pour venir se rétablir en Europe; mais il son-
geait de nouveau à repartir, dès qu'il se trouvait un peu mieux.
Son dernier départ se fit malgré tous les conseils que nous pûmes lui
donner : il était évident pour nous que nous ne le reverrions plus.
La mort de Thollon est une perle sensible pour le Muséum , qu'il a servi
avec zèle el dévouement.
COMMUNICATIONS.
Relation sommaire dun voyage à travers l'Asie,
PAR M. J. ChAFFANJON.
L'exploration scientifique que je viens d'accomplir à travers l'Asie, de-
puis la mer Noire jusqu'à Vladivostok, dans le Turkeslan, la Mongolie, la
Mandchourie et la Sibérie orientale, a fourni les belles et riches collections
qui sont aujourd'hui au Muséum, grâce à la générosité de M. Lucien Man-
gini qui a fait (ous les frais du voyage.
M. Henri Mangïni fils et Louis Gay m'accompagnaient dans cette ex-
ploration.
Dans un itinéraire aussi long, nous avons rencontré des climats très di-
vers, des sols différents; des plaines, des déserts, des montgnes, des
forêts, des marécages, etc. La faune comme la flore varient suivant ces ré-
gions. J'ai noté les récoltes journalières et j'ai tracé sur les caries le ter-
rain parcouru claque jour, en indiquant les altitudes el la nature du sol.
J'ai joint à ce tracé des indications géologiques ainsi qu'une série d'échan-
tillons qui pourronl servir à établir une carte géologique des régions
parcourues.
Nous avons traversé le Caucase, de Baloum à Bakou, el à Tiflis j'ai vi-
— 117 —
site le Musée Radde qui renferme une riche collection d'Oiseaux aquatiques
(Palmipèdes et Echassiers) provenant de Lenkhoran, sur la mer Caspienne.
Dans la Transcaspie nous n'avons recueilli que des pièces archéologiques
provenant de recherches à Merv, Baïram Hali etPeikeut. De Samarkande,
des fouilles faites à Aphrociab et en-
virons de Boukhara, nous avons pu
nous procurer une belle collection de
céramiques artistiques émaillees, orne-
ments, chapiteaux, briques émaillees
avec or formant le revêtement intérieur
et extérieur d'anciennes mosquées en
ruines.
En mars 1 8o5 , nous gagnons Tacsh-
kent, véritable point de départ de l'ex-
ploration. Après avoir organisé la cara-
vane, nous entrons dans le steppe; la
végétation, retardée par un hiver ri-
goureux , se met en mouvement et de
toutes parts les fleurs commencent à
paraître. Jusqu'à Tchinikent, la route
suivie est S. N., puis, brusquement, la
direction devient 0. E. Nous voyageons
à travers des steppes ondulés, traver-
sons quelques chaînons de montagnes,
derniers contreforts du Tian-chan , que
nous contournons pour gagner la vallée
du Tcbou, en passant par Aoulié Ata ,
Pichpeck et Tokmak.
Dans la vallée du Tcbou on ren-
contre fréquemment, et surtout aux
environs de Pichpeck, des tombes attri-
buées aux chrétiens nestoriens, avec
des pierres tombales, sorte de galet
ovale sur lesquels sont des inscriptions
syriaques. M. Gourdet, ingénieur et
conseiller d'État à Viernyi, vient d'en-
voyer au Ministère de l'instruction pu-
blique vingt crânes de nestoriens et dix
pierres tombales. Ces crânes et ces
pierres ont été recueillis par M. Pantoussofî, attaché du gouvernement du
Siméritché (Sibérie méridionale).
Nous remontons la val] e du Tcbou jusque dans le massif central des
Thian-chan, et arrivons au lac Issikkoul (eau chaude). Ce lac est à
Itinéraire du voyage à travers l'Asie
de MM. Chaffanjon, Mongini et Gay.
— 118 —
1,800 mètres au-dessus du niveau de la mer; il est entouré dune crête de
montagnes, au nord comme au sud, dépassant 3,5oo mètres, et c'est au
fond de cette vallée profonde, garantie des vents du nord et du sud, que
les Oiseaux migrateurs du nord viennent passer l'iiiver.
Le Tchou a été autrefois l'écoulement du lac, mais depuis de longues
années le niveau des eaux baisse de o m. 12 à o m. i5 par an, et larivière
n'est plus alimentée que parl'Ourk-togoï, qui fournit en même temps une
partie de ses eaux au lac.
Nous suivons les bords nord du lac, et les montagnes Kungeï-ala-taï,
qui longent parallèlement lacôle, sont nues et arides; nous apercevons
de l'autre côté du lac des montagnes couvertes de forêts. Dans toutes ces
régions continentales les parties boisées ne se trouvent que sur le ver-
sant nord des montagnes, le sud est toujours complètement nu ; cependant
il arrive quelquefois qu'on rencontre des forêts, mais très clairsemées, sur
le versant est ou ouest.
De ces massifs montagneux et de la région voisine, le Tengri, la mission
rapporte des Bouquetins, des Moulions et des petits Cerfs de montagne.
Les Loups sont assez communs dans les Kungueï et les pasteurs Kirghizsont
obligés de leur faire constamment la cbasse; l'Ours , le Renard , le Blaireau,
sont assez communs, ainsi que le Porc-Lpic ; les Marmottes sont très nom-
breuses et forment de véritables colonies dans les vallées chaudes de ces
montagnes.
Le Tian-chan a une flore très riche et la plupart des espèces curieuses et
rares que j'ai rapportées ont été recueillies pendant la traversée de ces
montagnes.
De la vallée de l'Uli nous n'avons qu'une petite Gazelle; le Kiang est très
commun en approchant du Balkach , et les Sangliers abondent dans tous
les marécages; le Tigie et la Panthère se rencontrent assez fréquemment.
En remontant Tllli, nous arrivons en Chine par Kouldja, et pénétrons
dans la région montagneuse du Saïram-nor, lac salé à -2,100 mètres et dé-
pourvu de Poissons. Dans les environs existent de véritables troupeaux de
Bouquetins et d'Argalis; le Cerf maral s'y rencontre fréquemment et dans
la vallée qui conduit à l'Ebi-nor une Gazelle aux cornes en forme de lyre
est très abondante; les Loups qui leur font une chasse acharnée les rendent
très craintives et on les approche difficilement.
Nous traversons ensuite le Tarbagalaï et arrivons au désert de Bouioun
Tokoï, en récoltant des plantes et des Insectes de toutes sortes; quelques
Oiseaux viennent grossir nos collections.
Sur les bords de l'Irtich, à l'est et au sud du lac Oulioun Cour, d'im-
menses déserta plats et sablonneux s'étendent à l'horizon; une maigre vé-
gétation et quelques bouquets de Saxahouls nourrissent et cachent des An-
tilopes (Tête de cochon? Saïga?) et quelques bandes de Chevaux sauvages
( Equus Prjevalskii).
— 119 —
Ces Chevaux, que j'ai vus, sont bai clair, avec une raie foncëe sur le
dos, de la crinière à la queue; la crinière est forle et la queue bien four-
nie; ils vivent par bandes de sept ou huit.
Eu parcourant ces déserts avec un chasseur kalmouk, qui l'hiver pré-
cédent avait chassé ces mêmes Chevaux au nord du lac Oulioun Cour, dans
les Saxahouls abrités par les monts Narin Kara , j'eus la bonne fortune de
rencontrer un assez grand nombre de squelettes de ces animaux. Beau-
coup étaient brisés, cependant j'ai pu recueillir quatre crânes en assez bon
état, deux adultes et deux jeunes, et une partie du squelette avec les pattes
de devant et de derrière.
Les Kirghiz et les Kalmouks viennent passer l'hiver avec leurs trou-
peaux sur la rive droite de i'irtich, et ils chassent ces animaux dont ils se
nourrissent.
Au dire de notre chasseur, il existe an milieu des déserts de Bouloun
Tokoï des Chameaux sauvages. Dans les bas-fonds argileux qu'on rencontre
dans ce désert, j'ai vu des traces de Chameaux et des crottins qui sont at-
tribués au Chameau sauvage. Les chasseurs de I'irtich connaissant les ha-
bitudes de ces animaux , qui viennent assez fréquemment jusqu'au sud du
lac Oulioun Cour, sur les bords de J'Ouroungui, leur font la chasse pendant
l'hiver; ils prétendent que la chair du Chameau sauvage est plus succulente
que celle du Cheval.
Les collections botaniques renferment une assez riche série de plantes
de la région désertique.
De I'irtich nous gagnons l'Altaï, formé d'une série d'arêtes que nous
escaladons avec beaucoup de difficultés en passant par Toulta, les lacs
Daïn-gol et Tal-nor; enfin un dernier chaînon plus élevé avec le glacier du
Terektii, dont la profonde vallée, avec ses grandes moraines, va rejoindre
la vallée et la rivière du Touautou, qui passe à Kobdo.
Dans ces montagnes, on rencontre une grande quantité d'Antilopes et de
Bouquetins; les Argalis sont nombreux, ils se réunissent l'hiver dans des
vallées profondes peu neigeuses et chaudes : les Mongols qui , eux aussi , sont
obligés de choisir des vallées habitables l'hiver et capables de nourrir leurs
troupeaux, recherchent les Argalis qu'ils chassent. En remontant la vallée
qui conduit au Dain-gol, des centaines de crânes de ces animaux avec leurs
énormes cornes jonchent le fond de la vallée. Les chasseurs , après avoir tué
un de ces Argalis, coupent la tête trop lourde à emporter et l'abandonnent
sur le lieu même où est tombé l'animal.
Les Oiseaux sont rares, cependant les Perdrix y sont très abondantes et,
auprès des neiges, nous en avons recueilli plusieurs espèces.
Les plateaux et la Mongolie septentrionale au nord de l'Altaï forment, un
bassin intérieur et contiennent des lacs salés très importants: Kobdo, Kara-
nor. Khirgiz-nor et Oubsa , au milieu desquels vivent de véritables bandes
— 120 —
de Cygnes, d'Oies et Canards de toute espèce et qui émigrent dans le Sud
aussitôt que les froids se font sentir.
Ces lacs renferment une faune ichlyologique dont j'ai rapporté quelques
spécimens, mois la pêche dans ces lacs demande des embarcations et de
grands filets; il n'existe pas de bois dans les environs, et, comme les habi-
tants ne mangent pas de poisson, la faune de ce bassin est très imparfaite-
ment connue.
Dans les grandes steppes ondules de la Mongolie, on rencontre de
grands troupeaux d'Antilopes (Girane) et quelques Chevrotains porte-musc;
la même faune et la même flore s'étendent jusqu'aux pieds des Kenghans ,
frontière de la Mandjourie.
Le lac Baïkal est une des stations zoologiques les plus intéressantes
et les plus riches de la Sibérie orientale. Pendant mon séjour hivernal à Ir-
koutsk, j'ai pu m'enlendre avec le Directeur du Musée et la Société de
Géographie d'irkoutsk et participer aux frais de l'envoi d'un préparateur
pendant l'été 1896 aux Baïkal. Ce préparateur devait recueillir les collec-
tions représentant la faune du lac : Mammifères, Oiseaux, Poissons, etc.
Cette expédition a donné de très beaux résultats, et sept caisses de col-
lections ont été envoyées au Ministère de l'instruction publique pour le Mu-
séum d'histoire naturelle.
Dans la Mongolie orientale, l'expédition a visité la vallée du Kéroulen :
peu de Mammifères, mais une grande quantité d'Oiseaux aquatiques, Pal-
mipèdes, Échassiers, etc., ont enrichi nos collections.
Dans les Kinghans, la faune est riche, mais en été la chasse est rendue
impraticable par l'innombrable quantité de Moustiques et de Taons qui
éloigne la plus grande partie du gibier. Le fonds des vallées est rempli
de marécages avec des herbes si hautes qu'un homme à cheval peut s'y ca-
cher; le gibier se réfugie le jour au milieu de ces herbes et n'en sort que la
nuit pour chercher sa nourriture.
Des rivières de ces montagnes nous avons rapporté une assez belle col-
lection de Poissons et de Crustacés.
La flore y est très riche , et notre collection des Kinghans compte un
grand nombre d'espèces.
Dans la vallée de la Nonni et en Zoungarie, nous n'avons pu récolter que
fort peu de chose, les inondations nous ayant obligé de suivre les routes
fréquentées par les commerçants et les trafiquants chinois, néanmoins, j'ai
pu me procurer une grande quantité de Poissons et d'Insectes.
Après une excursion dans la Zea sur la rivière Dep, d'où j'ai rapporté
une collection de plantes carbonifères fossiles , nous avons descendu l'Amour
jusqu'à Khabarovka. Là les inondations ont pris de telles proportions que,
depuis les embouchures de la Zoungarie et de l'Oussouri, la région est
sous l'eau. Le musée de Khabarovka s'est engagé à fournir au Muséum de
— 121 —
Paris des doubles de ses collections en échange des quelques objets desti-
nés aux préparations et à la conservation des collections.
De Khabarovka, nous gagnons Vladivostok par l'Oussouri et le chemin de
fer, et tout le long fie la route nous constatons les véritables désastres causés
par les eaux.
En accomplissant ce voyage à travers l'Asie, je me suis efforcé de réunir
le plus d'exemplaires possibles de chaque espèce animale ou végétale. J'ai
recueilli toute une série d'échantillons géologiques en scrutant chaque jour
la nature du terrain sur lequel nous opérions; enfin, par les dates inscrites
sur la carte, on peut se rendre compte de la dispersion géographique des
animaux et des plantes qui composent les collections rapportées par la mis-
sion.
En résumé, les collections de la mission envoyées en France forment
un total de 61 caisses :
i° Collection de poterie et céramique artistiques de l'Asie centrale;
2° Collection ethnographique sarte et mongole;
3" Collection zoologique : Mammifères, Oiseaux, Poissons et un nombre
considérable de Crustacés, d'Arachnides et d'Insectes de toutes classes;
h" Collection de botanique;
5° Collection de géologie.
Tels sont les résultats de ce voyage de vingt-six mois.
DESCRIPTION d'un VASE PERUVIEN' REPRESENTANT LE FEUS ALBESCENS,
par M. E. T. Hamy.
J'ai réuni dans une armoire de la galerie américaine du musée d'ethno-
graphie une série considérable de vases péruviens de toutes provenances,
représentant des animaux et qui forment comme une sorte de petit musée
de céramique appliqué à la zoologie l<).
On y reconnaît, de bas eu haut et de droite à gauche, d'abord des Singes
de diverses espèces, puis des Chauves-Souris, des Carnassiers variés, Pu-
mas, Jaguars, etc., une espèce d'Ours, des Lamas, un Dauphin, etc.
Puis ce sont des Oiseaux, Rapaces diurnes et nocturnes, Passereaux,
-'> Les meilleurs de ces vases viennent du département de Libertad : les uns sont
en terre noire lustrée, et fort minces; tes autres sont modelés dans une terre
rouge moins une, engobée de blanc ou de noir.
Il y a bien aussi, par ci par là, d'autres vases en forme d'animaux du départe-
ment de Lima, mais ils sont toujours de qualité fort inférieure. Enfin il s'en
trouve un petit nombre de l'Entre Sierras, comme celui dont il est ici queslio •.
122
Grimpeurs , Gallinacés, Echassiers, Palmipèdes, parmi lesquels on remarque
surtout des Chouettes, des Perroquets, des Hoccos, des Canards, une Spa-
tule, etc.
Puis viennent des Chéloniens, des Sauriens, des Ophidiens, des Batra-
ciens, des Poissons assez divers, enfin des Crustacés, une Mygale, des Mol-
lusques univalves et bivalves, notamment des Spondyles, etc.
J'ai l'honneur de vous présenter un spécimen tiré de cette collection (l)
et qui montre dans quelle mesure les céramistes péruviens se préoccu-
paient de l'imitation de la nature. Le vase que voici reproduit assez exacte-
ment, ainsi que vous pouvez le constater, les caractères d'une espèce de
Félin américain, dont le pelage offrait certaines particularités de nature à
frapper l'artiste indigène.
Le Felis albescens de Pucheran a, en eff L, le col strié des oreilles aux
épaules de handes noires parallèles plus ou moins continues, plus ou
moins droites, et qui aboutissent à une sorte de collier incomplet. Notre
potier a rendu les lignes de cette fourrure par des stries droites ou ondu-
leuses, qui s'arrêtent exactement à la hase du cou.
L'animal a, comme il convient, de gros yeux ronds à fleur de tête, le
nez saillant et relevé. Un rictus féroce plisse la face de la bête, qui de sa
langue contournée lèche sa lèvre supérieure.
On voit entre les deux oreilles le reste d'une anse pleine qui aboutissait
au large goulot arrondi qui s'évase au milieu du dos du Carnassier.
La queue , relevée un peu de côté , se termine par un fouet tressé.
Le travail de cette curieuse pièce est fort archaïque , tous les traits sont
obtenus à l'aide d'une pointe mousse. Et, détail assez particulier, les dents
cassées sont toutes égales, ce que l'on ne voit jamais sur les terres cuites
des Basses Terres, où les canines offrent toujours des dimensions exagérées.
La terre est fort bien cuite, l'engobe rouge sur le corps, brune au ni-
veau du col, est d'un ton rougeâlre clair sur la face du Félin.
Il porte sur quatre pieds à rebord ronds et trapus.
Note sur quelques Reptiles de Taïga, Doy le M. Gierra,
PAR M. F. MoCQUARD.
M. Gierra vient, peur la seconde fois, d'adresser au Muséum des Reptiles
de Tanga, dans l'Afrique orientale allemande.
Ces deux envois ne comprennent ensemble que vingt-trois spécimens,
se rapportant à quatorze espèces; ils ne laissent pas cependant que d'être
M II a été rapporté du Haut Pérou, par M. Gh. Wiener.
— 123 —
intéressants, puisque, dans ce petit nombre d'espèces, il s'en trouve une
qui est nouvelle et quatre autres tpii ne figuraient pas encore dans la col-
leclion du Muséum. En voici la iisle, dans laquelle ces dernières sont mar-
quées d'un astérique (*). Je décrirai ensuite l'espèce que je considère
comme nouvelle et que je me fais un plaisir de dédier à M. Gierra.
1. Ciiamei.eon Fisciieri Reichenow. — G spécimens.
2. Hemidactylus mabouia Mor. de J. — 2 spécimens.
3. Varanus niloticiis L. — i spécimen.
h. Gerrhosaurds nigrolineatus Hallow. — î spécimen.
5. Lygosoma sdndevalli Smith. — î spécimen.
G. — modesthm Gùiitli. — i spécimen.
7. Tvphlops ponctatus Leach. — i spécimen.
8. — Gierru n. sp. — î spécimen.
9. — muckoso Peters. — 2 spécimens.
MO. — unit eniatus Peters. — 1 spécimen.
*11. Aparallactus Werxeri Boulg. — 3 spécimens.
12. Leptomra iiotamreia Laur. — 1 spécimen.
13. Phrynomantis bifasciata Smith. — 1 spécimen.
\k. Têtard d'Anoure (indéterminé). — 1 spécimen.
Typhlops Gierrai 11. sp.
Museau très saillant, arrondi, avec une arête horizontale obtuse, comme
chez T. punclatus Leach; rostrale étroite inférieurement, égale en dessus
aux deux tiers de la largeur de la tète, n'atteignant pas le niveau des yeux,
qui sont distincts; narines inférieures; nasale incomplètement divisée par
le sillon nasal, qui part de la première supéro-labiale et dépasse la narine
en haut et en avant, mais sans atteindre la rostrale; une préoculaire à peu
près égale, dans sa plus grande largeur, aux trois quarts de l'oculaire, dé-
passant le niveau de l'œil et séparée des 2e et 3e supéro-labiales par une
écaille quadrangulaire qui s'appuie sur ces deux labiales; pas de sous-
oculaire ; préfrontale, frontale et sous-oculaires plus grandes que les écailles
du tronc; h supéro-labiales; 28 séries d'écaillés. Le diamètre du corps est
contenu cinquante fois dans la longueur totale. La queue se termine en
pointe; sa longueur égale les trois quarts de sa plus grande largeur.
Le dessus du corps est marqué sur toute sa longueur de nombreuses
taches noires irrégulières, entre lesquelles la teinte est d'un brun clair
avec une tache centrale jaunâtre sur chaque écaille ; la face ventrale est d'un
jaune chamois uniforme.
Un seul spécimen, dont la longueur égale A60 millimètres.
La présence «l'une écaille intercalée entre la préoculaire et les labiales,
sans sous-oculaire, paraît distinguer cette espèce de toutes celles que l'on
connaît actuellement.
— 124 —
Sun LES ESPÈCES À DISTINGUER
DANS LE GENRE NeBRIS CuVIEIl ET VàLENCIENNES ,
par M. Léon Vaillart.
Le Musée de Leyde ayant envoyé, il y a quelques mois, au laboratoire
d'Ichtyologie, pour y être déterminés, une collection de Poissons, re-
cueillie à New-Amsterdam, dans la rivière Berbice (Guyane anglaise), j'y
ai trouvé un exemplaire du Nehris microps Guvier et Valenciennes, lequel
n'est pas sans présenter quelque intérêt.
On sait que l'espèce avait été établie en 1 83o, sur un exemplaire unique
envoyé de Surinam au Musée de Berlin, exemplaire communiqué aux auteurs
de l'Histoire naturelle des Poissons, qui en donnèrent une description et
une figure très satisfaisantes. Ce fut, jusqu'à ces derniers temps, tout ce
qui en fut connu.
En 1875, M. Steindachner annonça avoir retrouvé cet animal dans une
collection venant de Panama, c'est-à-dire de l'Océan Pacifique, ce que
confirmèrent en 1889 MM. Jordan et Gilbert. Une description des exem-
plaires vus par ces derniers auteurs, fut enfin donnée en 1889 par
MM. Jordan et G.-H. Eigenmann, lesquels, après avoir examiné le type
de Berlin, concluent à l'identité spécifique, tout en faisant remarquer
que ce type laisse beaucoup à désirer au point de vue de la conservation.
Cette circonstance explique, je crois, l'opinion à laquelle ont été conduits
ces savants ichtyologistes, dont je ne puis partager la manière de voir.
11 ne saurait être douteux que le Ncbris du Musée de Leyde, vu sa pro-
venance, ne soit bien un N. microps; la description comme la figure
données par Cuvier et Valenciennes lui conviennent d'ailleurs de tous
points. Or il diffère des individus étudiés par MM. Jordan et G. H. Engel-
mann : i° par un maxillaire visiblement prolongé au delà de l'œil ; 20 par
les dents de la mandibule plurisériées ; 3° par la présence sur les flancs
d'écaillés clénoïdes polysliques.
Ces caractères justifient certainement une distinction spécifique et ne
permettent pas de confondre l'espèce de la Guyane avec celle de l'Océan
Pacifique, que je propose de désigner sous le nom de Nebris occidentalis.
HÉMIPTÈRES NOUVEAUX DES COLLECTIONS DU MuSEUM DE PARIS ,
PAR A. L. MONTANDON.
S. Fam. C'ryphoericinae (Fain. Naucoridœ).
M. le Dr E. Bergroth m'a fait observer avec raison que Stàl a modifié à
tort en Cryptocricus , l'orthographe parfaitement correcte proposée par Si-
— 125 —
gnoret pour son genre Cryphocricus ; c'est par pure inadvertance que celte
erreur a été commise, autant probablement par Slâl que par moi-même
(voir Verhandl dcr K. K. zool. bot. Gcselk. Wien, Janv. 1897. Hcmiptcra
Cryptocerata) , aussi je m'empresse de la reconnaître.
Les Crypkocrieinœ proprement dits ont les hanches antérieures fermées
en arrière par les pièces latérales du prosternum qui se rejoignent sur le
milieu derrière ces hanches, et le genre Pseudambrysus , malgré sa res-
semblance assez apparente avec Ambrysus Signoreti qui n'a pas i'éçhan-
crure antérieure du pronotum plus accusée, doit être éloigné de cette
division pour être rapproché des Naucorinœ, comme on le verra plus tard.
Cryphocricus macrocephalus nov. sp. — Brun rougeâtre mat, plus
foncé sur les élytres, plus clair sur la tête, le pronotum et les pattes anté-
rieures, un peu jaunâtre en dessous sur l'abdomen et les pattes posté-
rieures.
Tête forte avec des yeux globuleux, un peu allongés, longitudinaux,
très saillants; partie interoculaire subrectangulaire, prolongée droite au-
devant des yeux environ du tiers de la longueur du diamètre longitudinal
de l'œil, subtronquée en avant, les joues un peu proéminentes en avant
de chaque côté du labre, ce dernier très transversal, deux fois plus large
que long, subtriangulaire avec le sommet subarrondi. Surface de la tête
avec de petites granulations éparses; le tylus très visible, légèrement
bombé avec les sutures bien marquées, commençant en arrière au niveau
du bord postérieur des yeux et n'atteignant pas tout à fait en avant le bord
antérieur de la tête bien que déliassant légèrement le niveau du bord anté-
rieur des yeux. Partie postérieure de la tête derrière les yeux plus longue
que la partie antérieure du devant des yeux, s'enfonçant dans la profonde
échancrure du devant du pronotum, subsinuée sur les côtés latéraux,
tronquée postérieurement.
Pronotum avec les angles antérieurs subaigus n'atteignant pas tout à
fait le niveau du milieu de l'œil, les côtés latéraux assez fortement arqués
immédiatement derrière l'angle antérieur; subparallèles, faiblement diver-
gents en arrière ensuite puis assez brusquement élargis devant les angles
latéraux postérieurs qui sont étroitement arrondis au sommet et faiblement
proéminents en arrière; le côté postérieur du pronotum presque droit, sub-
tronqué. La largeur du pronotum en arrière est un peu plus de deux fois
plus large que la tête, yeux compris et sa longueur est subégale a la largeur
de la têle avec les yeux. Les côtés latéraux vus dans leur ensemble pa-
raissent largement sinués, à bords crénelés. Derrière l'échancrure anté-
rieure le pronotum est marqué d'une assez profonde dépression longi-
tudinale qui atteint presque, assez rétrécie en arrière, le sillon transversal
du pronotum, ce dernier bien visible sur toute la largeur. Partie postérieure
du pronotum assez étroite, un peu jauuâlre, plus claire que la partie anté-
Muséum. III. 1 0
— 126 —
rieure et marquée le long du bor.l postérieur d'une ligne noirâtre trans-
versale qui atteint de chaque côté la protubérance numérale bien marquée.
Les angles antérieurs ainsi qu'une assez étroite bordure latérale sont éga-
lement jaunâtres, moins foncés que le disque. Toute la surface est parsemée
de petites granulations assez espacées.
Écusson finement et densémeut granuleux, entièrement noir marqué
d'un sillon transversal arqué sur la base.
Élytres n'atteignant pas tout à fait l'extrémité de l'abdomen; clavus bien
marqué, à côtés parallèles ; commissure du clavus un peu plus courte que
la moitié de l'écusson , finement et assez densément granuleuses, brunes
foncées, presque noires vers l'extrémité; embolium étroitement jaunâtre
sur la marge avec le bord externe finement crénelé. Membrane bien dé-
veloppée, noire, largement valvante.
Gonnexivum brunâtre, un peu plus clair sur la base des segments.
Dessous du corps brunâtre, plus foncé sur les pièces latérales des méso
et métapleures, de même que sur le prosternum. Abdomen couvert d'une
fine et dense pubescence pâle ne recouvrant pas la marge externe brune
tout autour. Pattes jaunes rougeâlres.
Longueur îa millim. 2, largeur max. G millim. 8.
Haute Vera Paz (Bocourt 1866). Muséum de Paris.
Celte curieuse espèce aurait peut-être pu former un genre à part; bien
qu'elle ait les caractères généraux des Cryphocricus , elle en diffère nota-
blement par la forme de la tête plus large à tylus visible, les yeux gros et
proéminents, le pronotum sinué sur les côtés latéraux, très élargi en ar-
rière, à surface non régulièrement convexe comme celle du Cryphocricus
Barozzi Sign. mais fortement déprimée sur le milieu longitudinalement et
sillonnée transversalement; chez C. Barozzi Sign. le sillon transversal est
bien également visible mais plus rapproché, se confondant presque avec le
bord postérieur; les angles latéraux postérieurs sont aussi beaucoup moins
proéminents en arrière: les élytres complètes, etc.; mais en attendant que
le cercle de nos connaissances s'élargisse un peu, cet insecte est bien à sa
place auprès de C. Barozzi Sign. avec lequel il sera bien difficile de le con-
fondre.
Ambrysus acutangulus nov. sp. — Ovale, jaunâtre pâle à peine
rembruni sur le milieu de l'écusson et sur la partie postérieure des élytres.
Tête petite, un peu plus longue que large entre les yeux eu arrière et
aussi longue que large en arrière avec un seul œil. Yeux petits, allongés,
très convergents en avant sur toute leur longueur; l'espace interoculaire
en arrière est environ trois fois plus large que le plus grand diamètre
transversal de l'œil, et en avant de un tiers plus étroit qu'en arrière. Sur-
face de la tête finement et assez densément ponctuée latéralement près des
yeux et sur la partie postérieure, presque lisse sur le milieu et en avant.
— 127 —
Bord antérieur de la tète subarrondi, dépassant faiblement le niveau anté-
rieur des yeux, mais d'une façon un peu plus sensible que chez les autres
espèces du genre. La ponctuation plus forte du vertex est en partie très
faiblement rembrunie.
Pronotuin avec les angles antérieurs aigus , les côtés latéraux un peu
aropiés, très faiblement crénelés sur les bords, ce caractère n'est bien vi-
sible que sous un assez fort grossissement; angles latéraux postérieurs
tronqués. La longueur du pronotum sur la ligne médiane est subégale, à
peine un peu plus grande que la longueur de la tète et un peu moindre
([ue sa largeur en avant entre les angles antérieurs; la largeur du prono-
tum postérieurement est un peu plus du double de sa longueur sur la
ligne médiane. Toute la surface du pronolum est finement et assez densé-
ment ponctuée; le milieu de la partie antérieure est marqué d'une forte
dépression bien accusée qui s'étend en arrière jusque sur le milieu du
disque de la partie antérieure. Sillon transversal bien accusé; partie pos-
térieure du pronotum un peu plus pâle que le disque et légèrement dépri-
mée derrière le sillon transversal.
Écusson finement et densément granuleux; jaune un peu brunâtre, plus
clair sur les bords tout autour. Llytres brunâtres claires, embolium jau-
nâtre, brunâtre seulement sur l'extrémité. Commissure du clavus un peu
plus longue que la moitié de la longueur de l'écusson. Connexivuni jaune
pâle avec les angles postérieurs des trois derniers segments prolongés en
longue pointe aiguë dirigée en arrière, très proéminente.
Tout le dessous du corps et les pattes jaunâtre clair, abdomen couvert
d'une fine pubescence blonde laissant lisse une marge très étroite tout au-
tour. Labre transversal arrondi en avant. Pièces latérales du prosternum se
rejoignant sur le milieu derrière la pièce centrale qui ferme les hanches
antérieures. Mésosternum obtusément caréné , la carène sillonnée longitu-
dinalement au sommet.
Longueur 8 millim. 5, largeur 5 millim. a,
Province de Corrienles (d'Orbigny i834). Muséum de Paris; un seul
exemplaire portant une note : «venu à la lumière près de Caacaty, d'après
d'Orbigny ».
Cette petite espèce très curieuse par la profonde dépression de la partie
médiane antérieure du disque du pronotum et par les longues pointes très
aiguës des angles postérieurs des trois derniers segments abdominaux ne
pourra être confondue avec aucune de ses voisines.
Ambrysus crenulatus Montand. — Le Muséum de Paris et la collection
de M. le Dr Bergroth possèdent chacun mi exemplaire de cette espèce pro-
venant également d'Ocana, Nouvelle-Grenade : coll. G. Fallou 189.5. Ces
deux Insectes diffèrent du type par des crénulalions des côtés latéraux du
pronotum plus faibles, moins visibles et par la membrane brillante, brune
10.
— 128 —
comme l'élytre, non mate; ie sillon transversal du pronolum un peu plus
visible par le fait de la légère boursouflure du disque de la partie antérieure.
Cette espèce se reconnaîtra toujours assez facilement par la ponctuation
assez forte et assez régulièrement espacée qui recouvre presque tout le pro-
notum sauf le loup; du bord de la partie postérieure qui est presque lisse,
par la ponctuation de la partie postérieure de la tête ne s'avançant pas au
delà du milieu, comme aussi par les angles antérieurs du pronotum très
aigus de même (pie les angles postérieurs des segments du connexivum
bien proéminents en arrière.
Ambrysus fraternus nov. sp. — Oblong, jaunâtre immaculé sur la
tête, le pronotum. Fembolium et tout le dessous du corps, écusson et
élytres brunâtres.
Tête petite, très sensiblement plus longue que large entre les yeux en
arrière; yeux convergents en avant sur toute leur longueur; largeur de
l'espace interoculaire en avant plus faible que la moitié de la longueur de
la tête; finement et assez densément ponctuée sur presque toute sa surface
sauf en avant où elle est presque lisse.
Pronotum avec les angles antérieurs un peu aigus, les côtés latéraux
légèrement arqués et les angles postérieurs subtronqués, presque arrondis;
finement et densément ponctué sur toute sa surface, sans dépression mé-
diane antérieurement, avec le sillon transversal faible mais bien visible. La
longueur du pronotum sur la ligne médiane est à peine un peu plus
grande que la longueur de la tête, et sa largeur postérieurement est égale
à environ trois fois sa longueur.
Ecusson brunâtre, un peu plus clair sur les côtés latéraux; élytres bru-
nâtres, commissure du clavus environ moitié delà longueur de l'écusson.
Embolium largement jaunâtre sauf sur l'extrémité couverte par une tacbe
brunâtre. Membrane noirâtre.
Connexivum jaune pâle avec les angles postérieurs légèrement acuminés
et proéminents en arrière. Tout le dessous du corps et les pattes jaunâtre
clair, l'abdomen couvert d'une fine pubescence blonde qui laisse libre une
assez large marge lisse tout autour.
Longueur 8 millim. 2 , largeur h millim. 5.
Goyaz à Cuyaba (deCastelnau 18A7).
Cette petite espèce est très voisine de A. crenulatus. Montand.; on lui
voit aussi sous un fort grossissement une faible crénulation sur les côtés la-
téraux du pronotum; elle s'en distingue par sa taille plus faible, par la
ponctuation de la tête bien plus étendue en avant, par les angles antérieurs
du pronotum moins aigus , par les angles postérieurs des segments du con-
nexivum moins acuminés en arrière et enfin par Fembolium plus largement
jaunâtre, il est entièrement jaune sur toute sa largeur sur près des deux
tiers antérieurs.
— 129 -
Ambrysus Geayi nov. sp. — De forme très aplatie, assez allonge'e,
d'un flave jaunâtre pâle sur la tête, le pronotum et les pattes avec quel-
ques taches et points brunâtres sur la tête et le pronotum; écusson et
élytres d'un brun uniforme avec l'embolium étroitement jaunâtre sur le
bord externe.
Tête plus longue que large entre les yeux en arrière, s'enfonçant de
plus de moitié de sa longueur dans la profonde écbancrure du pronotum;
yeux très convergents en avant sur toute leur longueur; espace interocu-
laire presque de moitié plus étroit en avant qu'en arrière. Bord antérieur
de la tête très obtusémeut arrondi, non ou imperceptiblement proéminent
au-devant des yeux. Sur la ligne fictive du milieu transversal, un peu en
arrière du niveau du sommet des angles antérieurs du pronotum, la partie
interoculaire est. un peu plus de deux fois plus large que le diamètre
transversal de l'œil. Surface de la tête mate, à ponctuation enfoncée bien
visible sur le vertex, plus faible latéralement et en avant; avec deux taches
brunâtres subcontiguës sur le milieu de la partie postérieure, se continuant
longitudinalement en avant sur le milieu en deux petites lignes brunâtres
assez vagues arrêtées bien avant le bord antérieur de la tête.
Pronotum très profondément échancré antérieurement, avec les angles
antérieurs aigus; de même longueur que la tête sur la ligne médiane et
environ trois fois plus large en arrière que long sur la ligne médiane, avec
les angles postérieurs assez largement subtronqués. Surface du pronotum
mate, un peu granuleuse, à ponctuation enfoncée peu profonde mais bien
visible et assez régulière sur toute la surface; les côtés latéraux et pos-
térieur flave jaunâtre pâle, immaculés; le disque de la partie antérieure
avec des points bruns, formant par places des nuages plus denses surtout
sur le milieu du bord antérieur et autour d'une tache flave médiane qui
touche en arrière le sillon transversal faible mais bien visible latérale-
ment; cette, tache flave médiane marquée au milieu de deux points bruns
bien accusés.
Écusson et élytres assez uniformément brunâtres, finement granuleux,
les élytres un peu moins foncées vers le bord externe avec la marge de
l'embolium assez étroitement flave jaunâtre. Commissure du clavus très
étroitement flave, un peu plus de moitié de la longueur de l'éctisson. Mem-
brane presque noire.
Gonnexivum jaunâtre avec les angles postérieurs des segments aigus
prolongés en arrière, assez saillants. Dessous du corps légèrement brunâtre
couvert d'une très fine et dense pubescence grisâtre; carène du mésosternum
fortement sillonnée dans toute sa longueur. Labre brun foncé arrondi en
avant, presque deux fois plus large que long.
Longueur 9 millim. 6, largeur 5 millim. -j.
Darien (F. Geay, 1896).
Par sa forme et sa ponctuation, cette espèce se rapproche beaucoup de
— no —
A. crenulatus Montand., et par le dessin de la tête et du pronotum elle
pourrait très facilement être confondue avec A. oblongulus Montand., dont
elle est très voisine. Elle semble former un passage entre ces deux espèces.
Elle diffère de la première par la ponctuation enfoncée moins forte sur la
tête et le pronotum , mais plus étendue sur la tête ; par les angles postérieurs
des segments du connexivum moins acuminés et moins saillants et aussi
par le dessin du pronotum. Sous un fort grossissement les côtés latéraux
du pronotum paraissent aussi vaguement crénelés. 11 sera facile de la dis-
tinguer de la seconde qui est de forme un peu plus élargie avec les angles
postérieurs du pronotum légèrement proéminents en arrière, aigus et ar-
rondis au sommet, non subtronqués, les angles antérieurs droits et non
aigus, les angles postérieurs des segments du connexivum non acuminés
ni saillants en arrière, l'embolium plus largement jaunâtre et l'écusson
avec le sommet jaunâtre.
Ces trois nouvelles espèces du genre Ambrysus s'intercalent de la ma-
nière suivante dans la première partie du tableau synoptique publié récem-
ment dans .Vcrhaml. (1er K.K. Zol. Bot. Gesells. Wieh, 1S07.
A. Écbancrure antérieure du pronotum profonde, forme plus allongée,
yeux très convergents en avant sur toute leur longueur.
a. Bord antérieur du pronotum avec une profonde dépression
médiane, angles antérieurs du pronotum aigus; angles
postérieurs des segments du connexivum prolongés en
longue pointe aiguë dirigée en arrière.
A. ACDTANGDLtIS IÎOV. Sp.
aa. Bord antérieur du pronotum sans dépression médiane.
B. Côtés du pronotum plus ou moins visiblement crénelés, angles anté-
rieurs du pronotum aigus.
h. Tête ponctuée seulement sur sa partie postérieure, crénu-
lalion des côtés latéraux du pronotum assez visible avec
les angles antérieurs très aigus et les angles postérieurs
des segments du connexivum assez fortement acuminés
très proéminents en arrière. A. crenulatus. Montand.
bb. Ponctuation de la tête beaucoup plus étendue en avant,
crénulation des côtés latéraux du pronotum très faible,
bien visible seulement sous un verre grossissant, avec
les angles antérieurs aigus moins acuminés que chez
l'espèce précédente; angles postérieurs des segments du
connexivum aigus mais moins proéminents en arrière.
c. Tête et pronotum jaunes sans taches, angles latéraux posté-
rieurs du pronotum subarrondis. A. fratkrmus nov. sp.
— 131 —
ce. Tête et pronotum avec des taches et points bruns, angles
latéraux postérieurs du pronotum sublronqués.
A. Geayi nov. sp.
BB. Côtés latéraux du pronotum non crénelés, angles antérieurs du
pronotum droits ou obtus etc. (voir suite, foc. cit.)
Sur deux Entomostbaces d'eau douce recueillis par M. CnAFFAyjoy
e.v MoyooLiE,
par M. Jules Richard.
M. le professeur E.-L. Bouvier a bien voulu me communiquer les Ento-
mostracés d'eau douce recueillis par M. Gbaffanjon dans son récent voyage
en Mandchourie et en Mongolie. Les quatre récoltes, faites sans doute dans
la même localité, contiennent toutes les deux mêmes espèces. L'une de
cellos-ci est nouvelle : c'est un Diaptomus remarquable par ses caractères
très particuliers. En voici la description :
Diaptomus Chaffanjoni n. sp. — 9- Espèce de taille moyenne. Appen-
dices frontaux médiocres et aigus. Céphalothorax au moins 2,5 fois plus
long que l'abdomen. Les deux derniers segments thoraciques paraissent
confondus dans la région médiane dorsale. L'avant-dernier segment tho-
racique est remarquable en ce qu'il présente une saillie triangulaire aiguë,
très apparente sur l'animal vu de profil (fig. i). Le dernier segment tho-
racique présente de chaque côté un lobe médiocrement développé et muni
de deux petits muerons. Ces lobes présentent une légère asymétrie par
rapport à l'axe longitudinal du corps.
Le premier segment abdominal est plus long que le reste de l'abdomen.
11 est peu dilaté vers son premier tiers et y présente, de chaque côté, un
mucron plus rapproché du bord postérieur à gauche qu'à droite (ainsi se
poursuit la légère asymétrie des lobes du dernier segment thoracique). Le
deuxième segment est le plus court. Le troisième est à peu près aussi long-
que la furca et un peu plus long que le deuxième segment. La furca,
légèrement ciliée à son bord interne , est assez large , les soies sont larges
à la base, fortement et densément ciliées, à peu près aussi longues que la
furca et les deux segments précédents réunis.
Antennes antérieures à a 5 articles ; rabattues, elles arrivent à peu près
à l'extrémité du premier segment abdominal.
Les pattes de la 5e paire (fig. 2) ont une branche interne cylindrique,
uniarticulée, dont l'extrémité arrive au milieu du premier article de la
branche externe. Elle présente une rangée de cils à son extrémité. Le der-
— 132 —
nier article de la branche externe est très court, plus large que long, et
présente une soie ciliée interne qui atteint ou dépasse un peu le milieu du
prolongement du deuxième article de la branche externe, et une épine ex-
terne beaucoup plus courte et pas plus longue que l'épine du bord externe
du deuxième article (qui est, elle, relativement bien développée). Le pro-
longement du deuxième article de la branche externe est rectiligne et pré-
sente, dans la partie moyenne de son bord externe, un petit nombre de
barbelures, tandis que le bord interne présente, presque jusqu'à l'extré-
mité, un grand nombre de cils plus fins.
Fig. i,
- Derniers segments thoraciques
vus de profil Ç X &7-
Fig. a. — Une patle
de la 5e paire $ X 210.
d1 Le dernier segment thoracique est également arrondi et muni de
deux petits muerons aigus de chaque côté, le mucron dorsal est difficile à
bien voir. Le premier segment abdominal est moins long que large; il
se présente du côté gauche comme divisé en deux petits lobes courts, tandis
qu'à droite on ne remarque qu'un mucron spiniforme assez développé qui
manque complètement à gauche.
L'antenne antérieure gauche arrrive à peu près vers le milieu de l'abdo-
men. L'antenne droite présente les articles 1/1-18 moyennement renflés.
Le i3e porte un fort crochet, le ik' et le i5e ont aussi chacun un crochet
moins robuste que le précédent mais cependant bien développé; celui du
16e est beaucoup plus petit, quoique bien distinct (fig. 3). L'antépénul-
tième article de l'antenne droite se prolonge en un fort crochet recourbé*;
peu aigu , beaucoup plus court que l'avant dernier article de l'antenne
— 133 —
et suivi d'une série de dents diminuant graduellement de grandeur et dont
les dernières deviennent peu distinctes et se confondent peu à peu avec la
lame hyaline étroite qui longe le bord de l'article (fig. A).
Fig. 3. — Articles i 3-i G
de l'antenne droite du ç? x i'io.
?ig. h. — Prolongement denté de
l'antépénultième article de l'an-
tenne droite du J X 3o5.
Fig. 5. — Pattes de la 5" paire
du d1 X aïo.
L'extrémité de la 5e patte gauche n'atteint pas le milieu du 2e article de
la branche externe de la patte droite (fig. 5). La branche interne de la
5' patte droite est uniarticulée, subcyhndrique; son extrémité arrondie
dépasse peu le i" article de la branche externe et est garnie d'une ou deux
-[.mules et d'une série de cils courts. L'article basiiaire porte une lame
hyaline arrondie bien développée et on observe une petite soie vers le
deuxième tiers du bord externe. Le 2« article de la branche externe est à
peu près elliptique. L'aiguillon latéral est inséré au-dessous du milieu du
— 134 —
bord externe de l'article; il est un peu plus long cpie l'article n'est large,
il est aigu et ne paraît pas barbelé'. Entre sa naissance et celle de la griffe
terminale on observe une petite saillie chitine use; la griffe terminale est
bien développée, large et pre'sente une série de cils bien marqués.
La branche interne de la 5e patte gauche est uniarliculée, subcylin-
drique, paraissant tronquée obliquement à son extrémité qui porte une
série de cils courts et arrive presque à la naissance de la forte soie ciliée
du -2° article de la branche externe. L'article basilaire présente du côté in-
terne une lamelle hyaline, et au côté externe une petite soie. Le î" article
de la branche externe présente dans sa concavité interne une pelote ciliée,
ainsi que l'article suivant, globuleux, d'où part une forte soie large,
aiguë, bien ciliée. L'article terminal globuleux présente à sa face interne
une série de 5 à 7 lignes chitineuses légèrement incurvées, saillantes et
perpendiculaires à la longueur de l'article.
$ c?
Longueur du céphalothorax i'"m 79 1'"" a3
de l'abdomen 0 64 0 63
du corps (sans les soies). ... 9 43 1 85
— totale (avec les soies) 2 71 a 17
des soies 0 28 0 32
Remarques. — Je me fais un devoir, très agréable d'ailleurs, de dédier
cette remarquable espèce à M. Ghaffanjon. l'explorateur bien connu.
Par l'ensemble de ses caractères, D. Ghaffanjoni ne peut être confondu
avec aucune des nombreuses espèces décrites jusqu'ici. La femelle elle-
même se reconnaît facilement à la présence du prolongement dorsal aigu
de F avant-dernier segment thoracique. Le caractère de l'antépénultième
article de l'antenne droite, joint à celui du dernier article de la branche
externe de la 5e patte, suffit à distinguer rapidement le mâle.
Habitat. — M. Ghaffanjon a recueilli cette espèce le 1 ^ juillet 1896
dans une mare, en compagnie de nombreux spécimens de Daphnia similis
Glaus, var. , sur la route de Ourga à Tsitsikhar.
Daphnia similis Glaus. var. — Un très grand nombre -de spécimens
d'une variété très peu différente du type a été recueilli par M. Ghaffanjon
dans les mêmes points que Diaptomus Ghaffanjoni. Les caractères des an-
tennes antérieures, du postabdomen, et de l'aspect général ne permettent
pas de doute sur cette détermination. D'autre part, il y a de très grandes
ressemblances entre ces spécimens qui sont pour la plupart munis de leur
éphippium, et la var. intermedia de D. carinata } telle que Sars l'a décrite
récemment. J'ai déjà attiré l'attention sur la grande similitude qui existe
entre les femelles de D. similis et de D. carinata et je suis liés porté à croire
— 135 —
qu'il va idenlilé, mais celte question ne pourra être résolue d'une façon
définitive que lorsqu'on connaîtra le mâle de D. carinata.
I). similis n'était confine jusqu'à présent, en Asie, qu'en Palestine et en
Syrie, c'est-à-dire à l'autre exlrémité du continent Asiatique.
Le laboratoire des Catacombes,
par M. Armand Viré.
Depuis quelques jours le Muséum s'est enrichi d'un nouveau laboratoire
de recherches , d'autant plus intéressant qu'il est jusqu'ici unique au monde
et qu'il le restera vraisemblablement longtemps.
Contrairement à l'usage adopte' pour tous les laboratoires, celui-ci au
lieu de s'élever sur le sol s'enfonce profondément sous terre et ramifie ses
galeries sous les pieds des visiteurs du jardin des Plantes.
Mais avant d'aborder l'examen des recherches qu'il est destiné à abriter,
il me paraît intéressant d'étudier son histoire et son passé.
J'ai dit, déjà (voir Bulletin 1896, n° 6), qu'une partie de nos souterrains
étaient originairement des carrières romaines, en m'appuyant sur un tra-
vail fait sous Louis XIV. On compara alors, par les ordres de Colbert, les
matériaux des anciens monuments parisiens, avec la roche des diverses
carrières souterraines. La nature et l'aspect de leurs bancs varie dans de
larges proportions avec les différents endroits et il est facile de trouver, à
quelques hectomètres près, le lieu d'extraction des pierres d'un monument.
Ou acquit ainsi la certitude qu'il y eut deux groupes de carrières romaines,
l'une à l'emplacement de notre Muséum, l'autre au delà de la Bièvre, au
faubourg Saint-Marcel (1).
Nos carrières devaient avoir probablement une entrée de plain-pied, à
peu près derrière notre orangerie actuelle, et l'extraction des pierres dut
sans doute se continuer au moyen âge.
Leur exploitation fut reprise ou continuée au xvie siècle : «Près de là
(la butte Goupeaux, aujourd'hui le Labyrinthe), il y avoit deux voiries. . .
l'une se rencontrait entre Saint Victor et Coupeaux : deux arpens de terre
en faisoient toute l'étendue. Les religieux de Sainte Geneviève la louèrent
en 15/19 a Jean de Cambrai pour en tirer de la pierre, à condition qu'il
leur en fourniroit la quatrième partie (2'n.
Ces carrières paraissent avoir été abandonnées rapidement et ne semblent
plus avoir été exploitées lors de la fondation du Muséum au commencement
(,) Voir pour plus de détails : les Catacombes de Paris par Emile Gerâfds, Cha-
muel, édit. 1892.
W Sauvai, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, 172/1.
— 136 —
du xvu' siècle. Leur existence même semble avoir été ignorée pendant
deux siècles. Ce n'est que sous, l'intendance de Buffon, alors que celui-ci
entreprend d'importantes constructions, que nous les voyons réapparaître,
mais celle fois non plus comme carrières utiles, mais comme anciennes
cavités fort gênantes.
En effet, pour asseoir solidement les fondations des nouveaux bâtiments,
on fut obligé de faire d'importantes consolidations souterraines et Buffon
y engloutit, entre 1779 et 1785, plus de 6/1,000 francs de son argent.
Sa correspondance est à ce sujet des plus curieuses, et l'on voit combien
il eut de tracas de ce côté. rrOn a trouvé, écrit-il à l'abbé Bexon, le 1 2 août
1781, une carrière sous mon logement, à laquelle on travaille pour le
mettre en sûreté et cet ouvrage sera peut-être plus long que je ne le vou-
drais. 5)
Parfois cependant les carrières lui réservent d'agréables surprises :
ffVous me donnez, écrit-il à ïhouin, un très bon avis au sujet du puits
qui est dans les caves de mon logement et que j'ignorais. Il sera très utile
si l'on peut y appliquer une pompe pour faire monter l'eau dans les cui-
sines, n
Plus souvent d'ailleurs elles lui causaient de cruels déboires et ses der-
nières lettres témoignent d'une mauvaise humeur croissante.
Il écrit à Thouin, le a5 mai 1785 : rrTous nos ouvrages de maçonnerie
iraient bien sans ces maudites carrières, qui seules coûtent autant que tout
le reste; néanmoins il faut en venir à bout et j'ai écrit à M. Verniquet que
s'il en était nécessaire nous augmenterions encore le nombre d'ouvriers
pour ce sujet, n
A ce moment, en proie à des besoins d'argent sans cesse croissants, non
payé de ses avances par le trésor royal de plus en plus obéré, obligé de
faire emprunt sur emprunt, Buffon ne resta pas toujours maître de lui.
Guillaumot était alors ingénieur en chef des carrières, et, ayant à la fois
toute la ville à consolider, il ne put prendre sur les fonds ordinaires des
carrières les avances faites par Buffon; d'où fureur de ce dernier qui l'ac-
cuse de mettre de la mauvaise volonté et d'empêcher tout payement. Il
l'accuse en outre d'avoir fait de fort mauvaise besogne sous le Muséum
(l'examen de nos galeries semble donner tort à Buffon) et d'avoir mis des
fagots au lieu de maçonnerie pour consolider les voûtes qui s'effondraient.
Peut-être, en effet, Guillaumot employa-l-il parfois des boisages pour aller
au plus pressé et l'on trouve dans ses comptes des rubriques dans le genre
de celles-ci : n-3o stères de bois pour consolider provisoirement et par éco-
nomie la carrière des Gobelins. 1
Nous voyons d'ailleurs que Guillaumot fit tout son possible pour arranger
les choses au mieux et nous trouvons aux archives une note contresignée
de lui et ainsi conçue :
«M. le lieutenant de police représente en outre que M. de Buffon
— 137 —
a fait travailler aux carrières sous le Jardin du Roi, que les dépenses par
lui payées montent à 64,ooo livres pour le surplus et qu'il faudrait encore
un fonds extraordinaire de 5o,ooo livres pour acquitter ce dernier objet
ou le rembourser par des ordonnances particulières.
. . . On pense cependant qu'en portant les fonds ordinaires pour 1786
à 4oo,ooo livres, le service pourroit se faire, sauf à donner des secours
dans le besoin et à acquitter M. de Buffon si la caisse des carrières ne peut
le faire.»
Pendant les anne'es qui suivirent la mort de Buffon et jusqu'en 1806,
Guillauiuot construisit encore de nombreuses maçonneries; puis en 1808,
1809, Héricart de Tbury, et en 18.89, ^^o et 18/ti, Trémery conti-
nuèrent les travaux. Aucun travail de consolidation ne semble avoir été
faite depuis lors jusqu'à la fermeture de l'escalier en i852.
Nous ne possédons que peu de documents sur les dépenses alors effec-
tuées. Nous savons seulement que pendant les sept premiers mois de l'an x
il fut dépensé 8,oo9f 91 pour la consolidation et i26of 54 en vendémiaire
an si. Dans ce mois on employa 1 piqueur, 2 carriers, 3 terrassiers-carriers
et 5 terrassiers et l'on usa 56 kilogrammes de chandelle pour l'éclairage,
Somme toute, en voyant les maçonneries faites par Buffon et qui coû-
tèrent 64,ooo livres et en comparant avec tout le reste, on ne peut guère
estimer à moins de i5o,ooo à 200,000 francs les dépenses de la consoli-
dation des carrières dont nous protilons aujourd'hui.
Recherches scientifiques anciennes. — Bien qu'ignorées de tout temps du
grand public, les carrières souterraines de Paris ont donné à quelques
savants l'occasion d'intéressantes recherches.
Nous devons une mention toute spéciale à l'une des figures les plus
sympathiques du xvie siècle, maître Bernard Palissy, plus connu du public
par ses «rustiques figulinesi que par les travaux scientifiques de premier
ordre qu'il a laissés. Sans parler de la paléontologie que, deux siècles et demi
avant Olivier, il a véritablement créée, il eut le premier l'idée que les terrains
n'étaient pas des amas de matériaux morts et fixés une fois pour toutes,
que des dissolutions chimiques et des mouvements physiques modifiaient
sans cesse et insensiblement leur aspect et leur composition. Débarrassée
des quelques exagérations inséparables des débuts, sa théorie est restée
dans la science. Les cavernes et surtout les carrières souterraines de Paris
lui fournirent ses meilleurs arguments en même temps que l'occasion d'une
de ses leçons pratiques les plus élégantes.
En 1575, il descendit dans les carrières du faubourg Saint-Marcel avec
un médecin nommé Ghoysnin et un rrescholier médecin n nommé Milon;
ils allèrent rrprès d'une lieue dans lesdites carrières, estant conduits par
deux carriers ».
Puis il s'occupe de la génération des pierres et explique à ses compa-
— 138 —
gnons la formation des stalactites et stalagmites qu'ils rencontrent à chaque
pas.
11 nous faut maintenant sauter près de trois siècles pour voir de nouveau
les carrières souterraines servir à des recherches scientifiques.
L'ossuaire venait d'être créé et la direction en avait été confiée en 1 809 ,
après la mort de Guillaumot, à l'ingénieur Héricart de Thury, qui, vrai-
semhlahlement sous l'influence de Lamarck, entreprit une expérience sur
les Poissons, dans la fontaine de la Samaritaine (voir Bulletin n° 3, 1897).
«Quatre Poissons rouges, Cyprins dorés ou Dorades chinoises, ont été
jetés dans le hassin de la Samaritaine, le a5 novembre 181 3. Depuis ce
temps (l'ouvrage a dû être composé dans les derniers mois de 181 k) ces
Dorades paraissent avoir fait quelque progrès, mais elles n'ont jus-
qu'à ce jour donné aucun signe de reproduction. Leur belle couleur s'est
conservée , elle est aussi vive que le premier jour sur trois d'entre elles ,
mais la quatrième présente quelques nuances qui la distinguent des autres.»
Si l'on considère le peu de temps depuis lequel durait l'expérience, on
sera frappé de ce changement de teinte, qui sans doute était un achemine-
ment vers la dépigmentation.
Héricart de Thury avait fait établir un registre d'observations qui devait
noter les changements survenus chez ces animaux. Malheureusement les
archives de l'Inspection des carrières furent brûlées en 1871 et c'est une
perte irréparable.
Héricart de Thury avait étudié à fond la géologie de nos carrières et
avait fait recueillir par ses ouvriers des collections des principales roches
du sol parisien qu'il avait fait disposer dans des salles spécialement amé-
nagées. Les échantillons étaient classés n-d'après le système de MM. Guvier
et BrongniarU. Une de ces salles existe encore presque complète dans l'os-
suaire , les autres collections ont été dispersées.
«Si les étrangers et les naturalistes sont étonnés de trouver dans les
profondeurs de la terre de telles collections, ils doivent l'être encore bien
plus envoyant chacun de nos chefs d'ateliers, dans la démonstration et
l'explication des phénomènes qu'elles présentent, ne se servir et n'employer
que des dénominations adoptées par les professeurs du Muséum d'histoire
naturelle, dont ils n'ont cependant jamais été à même de suivre les
COUrS. ri
C'est qu'Héricart de Thury les avait suivis lui-même et que sa vive in-
telligence s'était passionnée pour ce beau mouvement scientifique, véri-
table régénération des sciences , qui marqua les débuts de notre siècle, et
qu'il avait pris la peine d'instruire lui-même ses ouvriers.
k Autour du cabinet de minéralogie, ajoule-t-il, j'ai fait classer : i° les
coquilles fossiles des différentes espèces qui appartiennent essentiellement
à tel ou tel banc et qui peuvent par conséquent servir à les distinguer ou
même à les spécifier.
— 139 —
2° Les bois fossiles pscudomorphiques agatisés, calcaires bitumineux ou
terreux avec des empreintes de feuilles ou philloliles.
3° Les diverses substances terreuses ou minérales que l'on a pu re-
cueillir dans l'étendue des carrières, n
Enfin une collection d'ossements pathologiques, des fœtus anormaux
recueillis dans les tombes des cimetières supprimés complétaient l'aména-
gement.
Tout cet ensemble formait comme on le voit un musée des plus com-
plets et des plus intéressants.
Le nouveau laboratoire du Muséum. — Ayant appris, d'après un ancien
plan, l'existence de galeries souterraines sous le Muséum, nous nous
mîmes à leur recherche et M. Milne Edwards nous ayant indiqué dans
l'Orangerie un puits qui, vraisemblablement, y donnait accès, nous y des-
cend Inies avec notre ami et compagnon d'exploration des catacombes, Louis
Mémain(1), et fumes assez heureux pour retrouver près d'un kilomètre de
galeries intactes. Un superbe escalier y avait donné accès que nous trou-
vâmes muré près de la surface du sol. Nous y lûmes les noms de trois
douaniers qui s'étaient fait vers i85o une spécialité de la surveillance des
carrières souterraines pour y supprimer la fraude d'octroi, Caron, Trouvé
et Ozouf. Cet emploi était occupé en l'an X par Godefroy et Bonhomme
rrsurveUlants pour la fraude d qui touchaient chacun Goo francs pour cela.
M. Milne Edwards comprit aussitôt quelle importance pouvait avoir
pour des recherches scientifiques un tel endroit, parfaitement obscur, vraie
caverne artificielle, s'étendanten entier, sauf deux galeries, sous le Muséum.
Aussi n'hésita-t-il pas à entreprendre là des travaux coûteux pour l'éta-
blissement d'un laboratoire souterrain. Dès le mois de mars 1896, les tra-
vaux furent commencés et n'ont été terminés que ces jours derniers. Une
petite galerie fut creusée et maçonnée pour déplacer l'entrée de l'ancien
escalier qui, par suite des remaniements du Muséum, se trouvait au milieu
d'une allée: l'entrée actuelle est à côté de la porte des bâtiments de l'ad-
ministration.
Une grande salle fut vidée de ses déblais et entièrement consolidée, puis
l'on installa l'eau de source1*' qui se rend à des aquariums supportés par
(1) Je saisis ici l'occasion, non pas de remercier mon ami Mémain — ce serait
trop peu, — mais de signaler tout particulièrement les services qu'il m'a rendus
dans mes recherches aux Catacombes de Paris. En s'occupant notamment de toute
la partie topographique des excursions, il m'a évité une grande perte de temps,
et permis de ma consacrer exclusivement à la recherche des animaux; car, au mi-
lieu de l'inextricable réseau des 3oo kilomètres de galeries souterraines, il est
difficile de se diriger sans des travaux topographiques minutieux.
' L'expérience nous avait appris en effet que l'eau de Seine, par son état d'im-
pureté, entraîne rapidement la mort des espèces délicates en expérience.
— 140 —
des tables de marbre et d'ardoise, et s'écoule ensuite dans un puits aban-
donné.
Il sera donc facile d'y étudier toute la série des modifications par les-
quelles passe un animal lorsque subitement on change son habitat et qu'on
le prive de la lumière.
Nous ne trouvons guère en ellét dans les cavernes que les termes ex-
trêmes de la modification. Presque tous les animaux sont aveugles, déco-
lorés et pourvus d'organes olfactifs et auditifs exagérément développés.
Nous avons bien , il est vrai , dans les catacombes de Paris une série d'êtres
intermédiaires qui n'ont pas encore acquis tous les caractères des vrais Ca-
vernicoles, qui n'ont pas encore perdu tous ceux des animaux aériens. Mais
nous n'avons là que certains termes. La série complète et progressive des
modifications nous échappe en partie. C'est celte série que nous voulons ob-
tenir.
Et puis n'y a-t-il pas, au début de la période obscuricole, certains termes
instables et transitoires? Ne se produit-il pas une sorte de résistance à l'ob-
scurité, d'exacerbation de l'acuité visuelle dans une recherche impossible
de la lumière, avant que l'organe visuel, définitivement vaincu par l'ob-
scurité, n'entre dans la série de ses stades régressifs.
Comment débute la série des hypertrophies des autres sens comme com-
pensation à l'atrophie visuelle? Autre question encore inabordée.
On pourra aussi entreprendre des expériences qui fourniront de précieux
renseignements sur le rôle physiologique de certains organes que nous
voyons croître dans les animaux cavernicoles, sans que nous sachions pour-
quoi. Tels sont les cerci de certains Thysanoures (Campodes), sur le rôle
physiologique desquels , d'ailleurs , nous n'avons encore aucune donnée.
Au point de vue physiologique, une expérience s'impose, qui a été abor-
dée parfois dans les cavernes , et qui , pas plus à nos prédécesseurs qu'à
nous-mêmes, n'a pu donner de résultat ayant une valeur scientifique quel-
conque. Je veux parler des expériences qui consistent à rechercher si les
animaux cavernicoles aveugles ne perçoivent pas, par la sensibilité générale ,
quelque chose ressemblant à de vagues perceptions lumineuses.
Toutes les expériences tentées jusqu'ici étaient condamnées à l'impuis-
sance par cette bien simple raison qu'il était impossible dans les cavernes
de séparer l'élément chaleur de l'élément lumière. Il était donc impossible
de savoir lorsqu'un animal paraissait réagir sous l'influence de l'excitant
lumineux, s'il n'était pas plutôt impressionné par l'excitant calorifique.
Dans le nouveau laboratoire on pourra par des solutions salines appro-
priées éliminer complètement le facteur chaleur pour n'opérer qu'avec le
facteur lumière, et résoudre ainsi le problème qui somme toute est impor-
tant. Il sera également intéressant d'examiner l'influence de l'obscurité sur
certaines formes animales que l'on rencontre peu ou point dans les cavernes
(Batraciens, Poissons, Mammifères).
— ni —
Toutes ces expériences ont besoin d'une contre-partie. H faut voir quelles
modifications régénératrices éprouve un animal possédant les caractères
des animaux cavernicoles lorsqu'on les soumet de nouveau à l'influence de
la lumière, et nous avons déjà obtenu de ce côté quelques résultats impor-
tants et rapides (1), principalement des répigmentations partielles.
Il est possible, et même probable, que l'oeil , devenu excessivement
petit et réduit presque à rien, pourrait revenir à son volume primitif.
En serait-il de même lorsqu'il est totalement disparu et que le lobe et le
nerf optiques sont atropines ? C'est ce que seule une expérience longtemps
prolongea est capable de nous apprendre.
Enfin, en dehors du domaine purement zoologique, il semble qu'il y
ait bien d'autres choses à tenter.
Le rôle filtrant du sol, au point de vue bactériologique, serait particu-
lièrement facile à étudier dans certaines de nos galeries.
L'étude des mystérieux rayons X, et la question de savoir si les parois
ne conservent pas, longtemps après avoir été éclairées, la faculté d'émettre
certaines radiations, ou d'impressionner certaines rétines hyperestésiées
et tant d'autres problèmes que les physiciens ou les physiologistes peuvent
se poser, tout cela pourra fournir matière à une foule de travaux originaux
qui pourront s'exécuter dans des conditions que l'on ne rencontre à l'heure
actuelle dans aucun autre centre scientifique du monde; car nous possé-
dons maintenant un endroit où se trouvent réunies toutes les conditions
d'une vraie caverne à toutes les commodités d'un laboratoire expéri-
mental.
Si quelques expériences sont appelées à donner des résultats rapides,
nous n'ignorons pas, en revanche, que plusieurs d'entre elles demande-
ront une longue série d'années. Telle d'entre elles, commencée ces jours-
ci, au seuil du xxe siècle, ne verra peut-être sa terminaison qu'au courant
du xxie. Mais n'est-ce point le propre des grands établissements scienti-
fiques comme le Muséum de pouvoir entreprendre des expériences de
longue haleine, et si les premières générations de chercheurs meurent à la
peine, d'autres se lèvent à la suite qui recueillent les fiants du labeur de
leurs aînés.
Aussi établissons-nous une sorte de « livre de bord», où seront consi-
gnées minutieusement les expériences entreprises de façon à permettre de
les suivre pas à pas jusqu'à leur résultat final.
Nos maîtres, M. le professeur Bouvier et M. le professeur Milne Edwards,
nous ont déjà guidé d'une manière judicieuse dans l'installation et le choix
des expériences, et nous ne pouvons oublier que c'est à M. Milne Edwards
que le Muséum doit d'être doté de ce précieux champ d'expérience, d'où
(,) Voir Mémoires de la Société de Spéléologie, n° 6, 1896.
Mcséum. — m. , .
— 1/ri —
sortiront, à n'en pas douter, des résultats aussi inattendus que précieux
pour la science et dont la postérité lui sera reconnaissante.
Après la clôture de la séance, les personnes qui assistaient à la
réunion sont allées, sur l'invitation de M. le Directeur du Muséum,
visiter le nouveau laboratoire souterrain installé dans les cata-
combes.
Recherches sur l'aimantation de la Magnétite cristallisée ,
par M. Pierre Weiss.
(Thèse de doctoral présentée à la Faculté des sciences de Paris
le ao juin 1896.)
Si Ton considère que l'aimantation est vraisemblablement un phénomène
d'orientation d'aimants élémentaires existant déjà dans la matière à l'état
neutre et que la cristallisation est , elle aussi , le résultat d'une orientation ,
on peut se demander comment ce dernier phénomène réagit sur le
premier.
La magnétite , qui est à la fois fortement magnétique et bien cristallisée ,
permet d'aborder cette question. Les beaux cristaux de cette substance
sont devenus assez rares par suite de l'épuisement des gisements clas-
siques ; aussi suis-je en grande partie redevable des résultats de cette élude
à M. Lacroix, qui a bien voulu mettre à ma disposition des cristaux de
Traversella et de Brozzo provenant des collections du Muséum d'histoire
naturelle.
Contrairement à ce qui se produit pour les propriétés optiques des cris-
taux cubiques, l'intensité d'aimantation varie avec la direction.
La courbe d'aimantation , c'est-à-dire la relation entre l'intensité d'aiman-
tation et le champ magnétisant, a été déterminée avec précision sur des
baguettes taillées parallèlement aux axes quaternaire, binaire et ternaire.
L'aimantation a été trouvée maxima suivant l'axe ternaire , un peu infé-
rieure suivant l'axe binaire et minima suivant l'axe quaternaire. Les dif-
férences sont grandes , les intensités d'aimantation sont entre elles comme
t5 : 18 : 19
quand le champ magnétisant est égal à 100 unités.
Ces expériences ont été confirmées et étendues à des directions en
dehors des axes de symétrie par des mesures faites sur des disques taillés
parallèlement aux faces du cube de l'octaèdre et du dodécaèdre.
On peut dire, pour les résumer, que si l'on porte l'aimantation produite
par un champ constant sur des rayons issus d'un point et ayant la direc-
— l/i3 —
lion du champ , on obtient une surface magnétique ressemblant à un cube
à arêtes arrondies et à faces légèrement creuses. Les sections de cette sur-
face par les plans parallèles aux faces de l'octaèdre sont des cercles.
L'aimantation de la magnétite est donc un exemple très net de la diffé-
rence entre la symétrie cubique et la symétrie isotrope.
Il a été démontré ensuite, par d'autres expériences, que l'aimantation
de la magnétite n'a pas la direction du champ qui la produit , sauf quand
celui-ci agit dans la direction d'un axe de symétrie. L'obliquité maxima de
l'aimantation sur le champ a été trouvée égale à 2 o degrés.
On peut interpréter ces résultats en imaginant que la magnétite résulte
de l'enchevêtrement de trois systèmes de plans parallèles, rectangulaires
entre eux , formés par une matière magnétique et séparés par des inter-
valles non magnétiques. Cette hypothèse, qui rend compte des résultats
expérimentaux, revient à admettre l'existence matérielle de la madle du
réseau cubique.
On peut en tirer la conséquence suivante : si l'on peut reproduire les
phénomènes de l'aimantation de la magnétite en donnant une structure à
une substance magnétique supposée isotrope , il en résulte que le phéno-
mène magnétique est plus infinitésimal que le phénomène cristallogra-
phique; ou, en d'autres termes, que la molécule cristalline est un monde
par rapport à la molécule magnétique.
Sur la minéralogie des cadavres,
par M. A. Lacroix.
Une circonstance fortuite m'a permis d'étudier, dans des conditions par-
ticulièrement précises, la formation de produits cristallisés aux dépens d'un
cadavre conservé dans un cercueil en plomb. Des travaux de voirie effec-
tués à Paris , dans la rue de Béarn , sur l'emplacement de l'église de l'an-
cien couvent des Minimes, ont mis en effet à découvert deux cercueils en
plomb datant de i63o, que j'ai pu examiner grâce à l'obligeance de M. le
docteur Robinet.
Le squelette renfermé dans l'un de ces cercueils était intact , les cheveux
abondants n'avaient point été altérés. L'intérieur du crâne ne renfermait
que quelques sphérolites cristallins.
Le second cercueil contenait, au contraire, un squelette très altéré :
plusieurs os longs , un des os iliaques étaient couverts de paillettes blanches
transparentes. La cavité du crâne était transformée en une magnifique
géode (brisée), tapissée d'aiguilles ou de lames blanches atteignant 8 mil-
limètres de plus giande dimension. Leur disposition dans le crâne est régu-
lière : le plan interne de celui-ci est fissuré, soulevé et c'est sur ces débris
— \àâ —
que sont implantés les cristaux. Le diploé est très altéré, ses larges cellules
ayant permis le développement facile -du minéral qui l'imprègne, enfin le
plan externe est, par place, lui-même recouvert de cristaux.
T>a substance de ceux-ci est un hydrate du phosphate bicalcique : la
métabrushite[l).
Ce minéral est le même que celui qui a été trouvé une seule fois à la
surface d'os d'une des tombes du gisement préhistorique de Solutré (Saône-
et-Loire).
Il est probablement identique à celui «pie Fourcroy et Vauquelin reû-
contrèrent eiv 1807 sur un squelette renfermé dans une tombe en pierre
datant du \ie siècle découverte à Paris dans la vieille église Sainte-Gene-
viève (2).
On peut se demander quelles sont les réactions qui ont donné naissance
à ce minéral connu aussi dans le guano des Antilles et dans quelques
grottes (en particulier dans celle de Minerve [Hérault]). M. A. Gautier a
expliqué de la façon suivante la formation de la métabrushite de ce dernier
gisement : sous l'influence de ferments oxydants, les organes mous des
animaux enfouis dans la caverne auraient donné naissance entre autres
produits à du phosphate biammoniacal qui , entraîné par les eaux au contact
du calcaire constituant le substratum de la caverne, aurait, par substitu-
tion, formé du phosphate bicalcique.
H est probable cpie des réactions de ce genre sont intervenues pour
donner naissance aux cristaux que j'étudie, mais ici le cadavre, conservé
en vase clos , a donné lui-même tous les éléments nécessaires à la forma-
tion du minéral. Ce sont les os qui ont fourni la chaux (et sans doute
aussi une partie de l'acide phosphorique). La concentration des cristaux
dans la boîte crânienne du squelette de la rue de Béarn montre aussi que ,
dans ce cas , la matière cérébrale a joué un rôle particulièrement actif dans
leur production.
L'étanchéité du cercueil de plomb rendant possible le contact longue-
ment prolongé , et sans doute sous pression du squelette et des produits de
la décomposition cadavérique, a permis ainsi entre eux de mutuelles réac-
tions chimiques.
H est probable que ce phénomène iïautominêralimtion n'est pas rare; il
m'a paru utile d'appeler sur lui l'attention , cette note constituant une pre-
mière contribution à la minéralogie des cadavres.
(1) Voir, pour In description de ce minéral, ma note, Bull. Soc. min., XIX, 112,
1897.
(2) Annales du Muséum, X, 1, 1807.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.
ANNÉE 1897. — N° 5.
-&«§»*-
21' RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.
25 MAI 1897.
l'IiESIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEUM.
M. le Président dépose sur le bureau le quatrième fascicule du
Bulletin, pour l'année 1897, paru le 22 mai, et contenant les com-
munications faites clans la réunion du 27 avril.
Il annonce la mort de M. Legrand Des Gloizeaux, membre de
l'Institut, professeur bonoraire au Muséum, décédé à Paris, le
6 mai 1897, à l'âge de 79 ans et rappelle les services que ce savant
.1 rendus à rétablissement dans lequel il professa pendant dix-sept
ans. M. Des Gloizeaux avait été nommé professeur au Muséum en
1876 cl avait pris sa retraite en 1890, mais jusqu'à sa mort il ne
cessa de s'intéresser aux travaux du laboratoire et à l'accroissement
de collections de minéralogie.
CORRESPONDANCE.
M. Bastari) a adressé à M. le directeur du Muséum une lettre
datée d'Ankazoabo, pays des Bara de Raïondry, le 18 mars 1897,
lettre dans laquelle il donne les détails suivants sur la mission qu'il
remplit à Madagascar.
Ml sKUM. — III. I -1
— 146 —
Après mon excursion à Vondrové et, dans le Fiherenana, j'ai été deux
mois malade à Nosy-Vésans pouvoir rien faire. Dès que ies forces me furent
revenues un peu et que la fièvre m'eut lâché, je suis parti pour Mahanomby
avec l'intention d'y recruter des hommes, de traverser de nouveau le Fihere-
nana et d'aller m'installer chez les Bara qui habitent au Sud du Mangoky,
à l'est des monts Bemaraha. Le roi Tompomanana me reçut fort bien, me
promit des hommes; mais ceux-ci me demandèrent un prix tellement élevé
que je renonçai à prendre cette route. J'avais d'ailleurs, pendant ces pour-
parlers, été audicieusement pillé. Je revins à Tuléar et j'organisai rapide-
ment mon convoi Étant encore trop peu vaillant pour marcher long-
temps à pied, j'achetai un filanzane et engageai des porteurs pour la
durée de ce voyage.
Je suivis la vallée de la rivière Fiherenana et, contournant les Bemaraha,
je remontai vers le Nord jusqu'à Ankazoabo. qui est la capitale du roi Bara
Andrianimpoinimerina. C'est dans ce village que je m'installai pour en faire
le centre de mes recherches. Ankazoabo est à un jour des Beinahara, à
deux jours au sud du Mangoky et à deux jours à l'ouest de la rivière Malio.
Il y a cinq semaines que je suis là, et j'ai déjà fait une excursion à 25 ki-
lomètres au N. E. et des fouilles qui ont duré dix jours. J'ai rapporté une
assez grande quantité d'ossements, en fragments malheureusement, mais
quelques os des membres sont complets et faciles à recoller; puis des dents,
des parties de maxillaires, etc Ces os doivent appartenir à un Hip-
popotame. Je sais que le Muséum a un squelette d'Hippopotame complet et
j'aurais préféré trouver un autre animal.
Je prends ce que je trouve; les indigènes m'apportent des débris venant
de divers endroits, et ce sonttoujours, je crois, des os d'Hippopotame, ce
qui me fait penser qu'il y en a eu un grand nombre d'enfouis dans cette
région. Toutefois, on m'a rapporté un fragment de mâchoire inférieure qui
ressemble à une mâchoire de Caïman. Je me propose de me faire indiquer
l'endroit d'oii provient cette pièce et d'y faire des fouilles. Ce serait à deux
jours dans le Sud et près de la route que j'ai suivie en venant. Avec de la
patience, il est possible que je trouve à récolter des fossiles intéressants dans
cette région-ci; j'en ai le ferme espoir.
Dans les trous d'arbres que j'ai fouillés dans les bois, j'ai trouvé beau-
coup de Tanrecs et de petits Hérissons peu intéressants, mais les Bats et
autres Rongeurs leur ressemblant, que les indigènes appellent Valavo, ont
encore évité mes pièges. Avec de la persévérance, je serai sans doute plus
heureux quelque jour. 11 y a quelques Propithèques de Verreaux; j'en ai
préparé deux belles peaux ainsi qu'une peau de Lwnur catta, le seul que
j'aie vu; je ne manquerai pas de rechercher ce qui vous intéresse dans les
Propithèques.
Il paraît y avoir beaucoup de Serpents par ici; j'en ai six vivants dans
une caisse, de quatre espèces différentes; j'espère réussir à vous les expé-
— l/i7 —
dier vivants lorsque je reviendrai à la côle. Si je n'avais été malade, vous
auriez sans doute déjà un Uratelornis mâle; mon premier soin sera d'en
rechercher lorsque je me rapprocherai de Tuléar.
J'ai laissé à M. Eslèlic, Résident à Nosy-Vé, yn croquis de mon itiné-
raire d'Ambohihé-Vondrové-Saint-Augustin. 11 y a des renseignements
géographiques qui, peut-être, intéresseront M. Grandidier; je lui en en-
verrai un double à mon retour. Par ici, je reconnais plusieurs affluents du
Mangoky absents des cartes, et les chutes du Mangoky dont plusieurs ont
parlé, notamment M. E. Gautier, sont, je pense, un mythe. Jusqu'à Von-
drové il n'y a pas de chutes, el plus haut non plus , m'affirment les indi-
gènes.
M. J. Errington de la Croix, qui se trouvait le 6 avril à kuala-
Lumpur (Salangor) dans le détroit de Malacca, a écrit à M. Milne
Edwards pour lui proposer un Ours malais ou Ours des Cocotiers et
pour lui annoncer qu'après un séjour dans la péninsule malaise, il
est toujours dans l'intention de visiter les îles Chnlham.
M. A. Dîna, chef du service administratif de la marine à Diégo-
Suarez (Madagascar), a fait le 9 avril ses offres de services au Mu-
séum, offres que le Directeur a immédiatement acceptées. M. Dîna
a recueilli dans les gisements fossilifères de Madagascar d'assez
nombreuses collections qu'il se propose d'envoyer au Jardin des
Plantes.
M. le docteur Guillaume Capls, l'explorateur bien connu de
l'Asie centrale, vient de partir pour Saigon (Cochinchine).
M. Aug. Foret, administrateur colonial au Fernan-Vaz, annonce,
dans une lettre datée du 26. mars 1897, l'envoi de la peau et du
squelette d'un Lamantin, de.2n1.io de long, qui a été harponné
près du lac Anengé dans la rivière Obando, tributaire de l'Ogooué.
tr II est difficile, dit M. Foret, de se procurer des Amphibies entiers.
Les indigènes N' Comis sont fétichistes et croient que s'ils ne gar-
daient pas certaines parties de l'animal, leur fétiche serait perdu et
qu "ils ne trouveraient plus de Manga ou Lamantin. -n
la
— 148 —
M. le Président annonce que la ménagerie du Muséum vient de
s'enrichir d'un Hippopotame femelle, acheté au Jardin zoologique
d'Anvers. Cet individu, né en novembre 1896 et âgé, par consé-
quent , de quelques mois seulement, s'est développé très rapidement
et a atteint le poids déjà considérable de 200 kilogrammes. Il a
été placé à côté du jeune mâle acquis précédemment du Jardin zoo-
logique d'acclimatation du Bois de Boulogne.
M. le Président annonce que M. le professeur R. Blanchard se
propose de faire don au Muséum de la belle collection de Bryo-
zoaires formé par feu M. le docteur Jullien.
M. le baron de Mackau a écrit au Directeur du Muséum pour le
prier d'accepter au nom de sa belle-sœur, feu Mme de Vatimesnil,
l'une des nombreuses victimes de l'horrible catastrophe du Bazarde
la Charité, un herbier de France et de Suisse formé par elle durant
de longues années. Cet herbier comprend 1,600 espèces en bon
état de conservation et déterminées avec soin, et la défunte avait
à maintes reprises, avant sa fin tragique et soudaine, manifesté le
désir qu'après elle sa collection fût offerte au Muséum.
M. Léon Vaillant remet pour la bibliothèque un exemplaire d'une
Note sur V œuvre ichtyologique deLesueur, accompagnée de 35 planches,
en partie inédites, gravées ou lithographiées par ce naturaliste.
Cet opuscule a paru dans les Bulletins de la Société philomathique de
Paris, mais sans les planches, dont on n'a pu reconstituer qu'un
nombre limité de séries.
M. Hamy, à l'occasion de cette communication de M. Vaillant,
rappelle les circonstances dans lesquelles il fut envoyé au Havre en
1877 par l'Administration du Muséum, pour rechercher les papiers
de Lesueur, disparus après la mort de ce naturaliste, en décembre
18k G. Il a retrouvé une partie seulement des manuscrits, dont
l'existence lui avait été signalée, chez un des beaux-neveux de Le-
sueur, M. Quesney, et a rapporté, grâce à la libéralité de cet ami des
sciences, ko portefeuilles in-8° avec près de 1,000 dessins manu-
— 149 —
scrils, en partie coloriés, qui sont déposés depuis 1 8 8 3 à la biblio-
thèque du Muséum.
Ces portefeuilles portent les titres suivants : Mammifères, t : Ché-
loniens, î; Batraciens, î; Poissons, i5; Mollusques, i; Gastéro-
podes, î ; Chétopodes, 2; Rhizopodes, 1 ; Zoophytes, 2; Crustacés,
1 ; Stellérides, 1 ; Polypiers, 3; Animaux marins vivant sur la plage
du Havre, 1; Fossiles de la Hève, G; Fossiles, 1; Fossiles d'Amé-
rique, 1; traversée d'Europe aux Antilles, t. Total, ko.
L'autre beau-neveu de Lesueur, M. Berryer, avait tout le reste
de la collection. M. Hamy ne Ta su que plus tard, lorsque le Mu-
séum du Havre est entré en possession de cette seconde série com-
posée de 11 volumes in-folio ou in-^i°, dont M. Lennier a donné
le catalogue et où se trouvent justement les manuscrits de Péron
sur l'Australie, qui avaient provoqué les recherches de M. Hamy.
On trouvera le catalogue détaillé de la collection du Muséum
du Havre dans une note de M. Lennier Sur T expédition française des
terres australes pendant les années 180a à 180a, publiée dans les
actes de la Société zoologiqne de France pour 1 8 8 3 .
M. Léon Vaillant dépose ensuite sur le bureau, au nom de
M"'° Auguste Hovius,qui désire l'offrir au Muséum, un portrait de
Lamare-Picquot, miniature donnée autrefois par celui-ci même à
feu Louis Hovius, armateur à Saint-Malo. On a souvenir des impor-
tantes collections recueillies par ce voyageur tant aux Indes qu'en
Amérique; M. le professeur Hamy s'en est occupé dans son intéres-
sant ouvrage : Les origines du Musée d'ethnographie, et une partie
d'entre elles sont venues enrichir nos galeries. Lamare-Picquot tenta
aussi, vers i8i6, d'introduire en France une nouvelle plante ali-
mentaire, la Picoliane (Psoralea esculenta).
M. Hamy rappelle l'importance des collections que Lamare-Pic-
quot avait jadis formées dans l'Inde de 1826 à 1829 et qui furent
l'objet des rapports les plus éiogieux d'Abel Rem usât, d'Eug. Bur-
nouf et de Jomard. Ces collections, qui seraient devenues sans la
mort subite de Cuvier et de Rémusat, emportés par le choléra, le
noyau du Musée ethnographique qu'on allait fondera Paris, furent
— 150 —
emmenées à Vienne vers i838, sons l'inspiration du baron de
Hammer, et M. Hamy a sn récemment, par une communication de
M. Bûchner, directeur du musée royal etnographique de Munich,
qu'elles ont été acquises par la cour de Bavière. Les autres collec-
tions de Lamare-Picquot, celles en particulier qu'il a rapportées du
nord de l'Amérique en 18A7 et en 1868, sont conservées au Mu-
séum de Paris.
* M. B. Ben\ult dépose sur le bureau, pour la bibliothèque du
Muséum, une notice sur ses travaux scientifiques, diverses brochures
qu'il a publiées et le IXe Bulletin de la Société d'histoire naturelle
d'Aulun.
Ce volume, de 800 pages environ, renferme :
i° Un travail de M. de Bochebrune (Toxicologie africaine), accompagné
de 92 dessins intercalés dans le texte;
a" Un mémoire de M. C. Eg. Bertrand sur le Kérosène Shale (Boghead)
de la Nouvelle-Galles du Sud;
3° Une noie de M. le docteur F. de Montessus sur la nécessité dune
entente internationale pour conserver certaines espèces d'Oiseaux;
h" Une notice sur les Gaïamariées {suite), par M. B. Renault, accompa-
gnée de 1 2 planches en phototypie.
5° Une revision des pierres météoriques fie la collection du Muséum,
illustrée de 60 dessins intercalés dans le texte, par M. le professeur
S. Meunier.
(in Une note sur les Bactériacées de la houille, par M. B. Renault, avec
une planche en phototypie;
7" Une note de M. F. Paris, sur une Pulicaire anormale, accompagnée
d'une planche;
8° Une note sur le nouveau genre Métacordaïte , par M. B. Renault, avec
10 dessins intercalés dans le texte;
<)" Les instructions pour la recherche des Animaux articulés, par MM. E.
L. Bouvier, professeur, et Gh. Brongniart, assistant; ces leçons,
faites au Muséum pour M VI. les voyageurs, renferment 5a dessins
intercalés dans le texte, etc.
Le volume contient donc \k planches et 217 dessins intercalés.
M. Clément fait hommage à la bibliothèque d'un petit traité qu'il
— 151 —
vient de publier chez Ch. Mendel, e'diteur, sur la Photomicrographie
et qu'il a illustré de 9 5 figures.
M. Gratiolet donne Lecture de la note suivante :
M. le professeur Milue Edwards a bien voulu m'autoriser à vous signaler
un fait historique qui mérite d'occuper une place dans les archives du Mu-
séum, et qui est relatif à la signature du traité de paix conclu à Paris après
la prise de Sébastopol.
On lit, dans les Mémoires du maréchal de Castellane, les lignes suivantes :
rr3i mars i856. Mon fils, Pierre de Castellane, m'écrit de Paris, le
3o mars 1 856 :
rrLa paix a été signée aujourd'hui à 2 heures : la fameuse plume d'Aigle
a eu 270 signatures à écrire. Nous en avons fait le compte hier, en dînant,
avec lord Cowley.
fTous les plénipotentiaires ont signé au traité avec une même plume
qui a été prise à l'aile de l'Aigle impérial du Jardin des Plantes. Aussitôt
après la signature du traité, la plume avec laquelle il a été signé a été placée
sur une feuille Manche et entourée du cachet de chacune des Puissances
représentées au Congrès et de la signature des plénipotentiaires.
Au bas, M. Feuillet de Conches, chef de bureau du protocole, a écrit
ce qui suit :
rrJe certifie que cette plume a été arrachée par moi à l'Aigle impérial Au
Jardin des Piaules et qu'elle a servi à la signature du Traité de Paris, le
.')0 mars 1 850.
rrLe tout a été ensuite mis sous verre et encadré' d'une bordure dorée
pour être offert à Sa Majesté l'Impératrice.»
Ce document, encore qu'il ne puisse prétendre au litre de communication
scientifique, méritait d'être consigné dans le Bulletin du Muséum.
M. Goijtièiu-: donne quelques renseignements sur Je climat, la
nature du sol, la végétation et la faune du Djibouti, où il vient de
passer plusieurs mois en compagnie de M. le l)1 Jousseaume, et fait
projeter sur le tableau des vues du pays, des scènes de mœurs el
îles photographies de Çomalis.
— 152 —
COMMUNICATIONS.
Quelques notes
SUR LA MORT ET LA SUCCESSION DE Guy DE LA BrOSSE ,
par M. E.-T. Hamy.
On ne sait presque rien de positif sur la vie de Guy de la Brosse, en de-
hors de ses écrits; on ignore même les dates exactes de sa naissance et de
son décès. Jal a publié, il est vrai, dans son Dictionnaire critique^', l'acte
mortuaire du fondateur du Jardin du Roi; mais cette pièce écourtée ne
donne que le jour de son inhumation, qui eut lieu dans l'établissement qu'il
avait créé(2).
«■Guy de Brosse, — dit seulement le registre de Saint-Médard , — con-
seiller médecin du Roy, âgé de cinquante-cinq ans, inhumé au Jardin du
Roy le 1 3 août i64i.»
Une pièce que M. Girard de Rialle a bien voulu faire copier dans les
Archives du Ministère des atTaires étrangères ajoute quelques détails impor-
tants à cette laconique mention.
C'est une pétition adressée au secrétaire d'Etat, Chavigny. le jour même
de l'enterrement de l'intendant, pour demander la place que sa mort laissait
vacante.
L'auteur de cette supplique, Jean Merlet, «docteur régent en la Faculté
de médecine de Pans», n'avait pas perdu de temps, comme on voit, pour
solliciter la protection du ministre.
Il avait appris que rrceste nuict le sieur de la Brosse, intendant du Jardin
W V" La Brosse (Guy de), 2e éd., p. 713.
(-1 «J'ai trouvé, dit l'abbé Lebeuf, que Gui de la Brosse, médecin-intendanl
de ce jardin, voyant qu'il étoit loin de Saint-Médanl , fit bâtir [une chapelle] et
obtint de l'archevêque de Paris, le 20 décembre 1689, d'y pouvoir taire célébrer
la messe les dimanches et fêtes, excepté à Pâques réservé au curé, et l'aire les
enterremens, même celui du fondateur qui avoit choisi sa sépulture dans un caveau.
A la charge toutefois que le jour de Pâques seroit offert de la part de cet inten-
dant à la messe paroissiale un cierge blanc d'une livre avec un écu d'or {Ueg.
Archiep.).» (L'abbé Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, nouv.
édit. par IL Gocheris, t. Il, p. 611. Paris, i864, in 8".)
Ou sait que le cercueil de Guy de la Brosse fut retrouvé clans le caveau dont
parle Lebeuf le 1 6 germinal an v. (Voir Magasin encyclopédique de Millin, 3e année ,
t. II, p. 1 38-i 39.)
— 153 —
roial des plantes*, était «mort subitement* et il s'offrait humblement à
remplir la place du défunt.
Monseigneur,
Vous m'avés Lousjours tesmoigné tant de bonté que je me porte librement à vous
importuner; il s'offre une occasion, laquelle est de telle importance que elle a be-
soin d'estre appuiée de vostre autorité pour la faire réussir, sans cela je n'eusse
osé vous rendre ceste importunité; je vous diray, Monseigneur, que cesle nuict, le
sieur de La Brosse, intendant du Jardin roial desplnntes, est mort subitement :
c'est une place à remplir; si j'estois considérable sans vostre recommandation,
j'espérerois qu'elle me seroil plus favorable; mais, ne pouvant rien me promettre,
que par vostre pouvoir et autorité, si elle tournoi t au proufit de Jean Merlet, doc-
teur régent en la faculté de médecine à Paris, ce seroil une créature que vous fé-
riés, etserois, parce moien, destacbé tellement de toutes autres affaires que je
ne m'attacherois que au service de vostre maison; à quoy je suis vostre très es-
troiclement obligé comme
Monseigneur,
Voire très bumble et très obligé serviteur,
J. Merlet.
A Paris , ce dernier jour d'aoust 1 64 1 .
{Au dos): Monseigneur, Monseigneur de Chavigny, conseiller du roy en ses
conseils et secrestaire d'Estat en Cour.
[Archives du Ministère des affaires étrangères. Mémoires et documents, f* France
ms. n°i5<)0, P 307.]
Guy de la Brosse est donc mort subitement au Jardin du Roi clans la nuit
du 3o au 3i août 16/11.
On voit une l'ois de plus quel cas il faut taire du témoignage de Guy
Patin, lorsqu'il parle de ses ennemis. Le long récit haineux qu'il adresse
à Belin, son confident le plus intime, le k septembre suivant est d'un
bout à l'autre inventé; les détails odieux ou burlesques que lui suggère un
esprit vindicatif et grossier sont autant d'abominables calomnies.
Guy de la Brosse n'a pas succombé, comme l'insinue son diffamateur,
à une dysenterie, suite d'excès de table : il est mort subitement la nuit.
Jean Merlet n'avait aucune raison d'altérer la vérité. 11 écrivait à son
protecteur en toute sincérité, sous le coup de l'événement : son témoi-
gnage mérite bien autrement notre confiance que celui du venimeux
pamphlétaire, pour qui toute occasion est bonne à satisfaire ses implacables
rancunes.
Ce ne sont point d'ailleurs les lettres à Belin, publiées quarante ans
plus lard, qui ont occasionné, comme on l'a dit parfois, le procès en répa-
ration intenté par Louise de la Brosse devant la juridiction des Requêtes
de l'Hôtel en 16/12. Ce sont les mots injurieux insérés par Patin dans
5/i
i
YEpistre limmaire d'une édition des Œuvres de Sennert qui ont poussé î
bout la nièce de Guy de la Brosse.
On sait que le procès, qu'elle a poursuivi à l'instigation de Théophrasle
Renaudot, s'est terminé par un jugement daté du 1 h août 16/13 , qui mettait
rrles parties hors de Cour».
La protection de Chavigny ne suflit pas à assurer la nomination de Jean
Merlet. Bouvard, premier médecin du roi et par là même surintendant du
Jardin royal, obtint sans peine pour Michel, le second de ses fils ;1), une
place dont il avait la <r nomination et présentation à Sa Majesté".
Quant à Merlet, contraint de retourner à ses affaires, il devenait trois ans
plus tard doyen de la faculté de médecine et occupait deux fois de suite,
suivant l'usage (i644-i646), cette fonction honorifique m.
U.lc.E DE PIERHE AU G.iBO V .
par M. E.-T. Hamy.
Il y a plus de cinquante ans qu'un capitaine du génie, M. Parent, a rap-
porté en France les premiers instruments en pierre polie que Ton ait re-
cueillis au Sénégal :i ; et le Muséum de Paris possède depuis le mois d'avril
1 865 une superbe hache en fer oligiste stratiforme, donnée par Boubakar-
Saada, almamy du Bondou, au lieutenant de vaisseau Begnault comme
tombée du ciel sur les bords de la Falémé.
Le Musée royal d'antiquités de Leyde montre aussi, depuis de longues
(l) «Le successeur de La Brosse, écrivait Guy Patin à la date du la octo-
bre i64i, le successeur de La Brosse n'est pas encore arrêté; on dit néanmoins
que M. Bouvard en aura la meilleure part pour son fils, qui est premier valet de
chambre du roy.» Michel Bouvard de Fourqueux, dont il est ici question (il tenait
ce litre du don fait à son père, en juin i634, par te roi Louis XIII de la terre et
seigneurie de Fourqueux , près Saint-Germain-en-Laye), Michel Bouvard de Four-
queux, dis-je, second iils de Charles Bouvard et d'Anne Biolan, était secrétaire
ordinaire du Cabinet du roy et non pas premier valet de chambre.
«On dit, continue Guy Patin, que M. Des Noyers, en qualité de surintendant
des bâtiments du roy, y veut avoir sa part et en disposer en faveur de quelqu'un de
ses umis.^ Il n'existe aucune pièce se rapportant à celte affaire dans les papiers de
Des Noyers Sublet, conservés au Ministère de la guerre, et il est assez probable «pie
Guy Patin, aussi bien renseigné sur les compétitions relatives à la succession île
La Brosse que sur la maladie de celui-ci , a pris pour Des Noyers Chavigny recom-
mandant Merlet.
W Arch. de lafac. de me'd. Comment, mss.
M Soc. a"agr., se. et arts de la Hante-Saône. Catalogue du Musée. Vesoul, 1S79,
in-8°, p. 97.
— 155 —
années, plusieurs haches polios de Guinée (1); mais ce n'est que tout ré-
cemment qu'un instrument analogue nous est parvenu du Gabon, où,
malgré des rech ^relies attentivement poursuivies, ou n'avait rencontré jus-
qu'à présent aucune trace d'un âge de pierre ayant précédé l'emploi du fer
chez les indigènes.
L'auteur de celle intéressante découverte est M. J.-C. Reichenbach, bien
connu de tous ceux qui s'occupent de nos colonies africaines gnu-c à l'inté-
ressante Elude sur le royaume â'Assinie, publiée par lui en 1890 dans le
Bulletin de la Société de géographie .
Às^'é''' S "- - ~^ — -^
Hache en schiste amphibolique. (Libreville-Gabon.)
La pierre qu'il a bien voulu nie remettre pour nos collections a été
trouvée dans le sol, en traçant un chemin aux abords de Libreville. Longue
de 107 millimètres, large de 56, épaisse d'un peu plus de 20, elle a él<;
tirée d'un caillou de schiste amphibolique (3) grossièrement éclaté et dont
(•)
Ces pierres, dont le regretté Leemans nous a naguère offert des moul;
!ges
peints, avaient été données au médecin de la marine néerlandaise, J.-S. Gram-
berg, par Ennimin, roi de Wassa, qui assurait qu'on les avait trouvées dans le sol
après un violent orage accompagné de (onnenv. On en voit d'analogues au Musée
d'ethnographie de Copenhague (C.-L. Steinhauer, Kort Veiledning i det Kgl. ethno-
graphiske Muséum. Kjobenbavn, 1870, in-iS, z. 21), et sir John Lubbock en a
présenté, à la Société ethnologique de Londres, une Iroisième série recueillie par
Winwood Read aux environs d'Accra. (Sir ,[. Lubbock, Note on some Stone Imple-
mentsfrom Africu and Sip-ia\Pvoceed. qfthe Ethnolog. Soc. of London , Dec. 1870,
p. XCII-XCVI.])
•!.-C. Reichenbach, Etude sur le royaume d'Astihie (Bull, de la Soc de géo-
graphie, 70 série, t. XI, p. 3io-3/jo. avec carte 3e trim.1890).
(3) ce L'examen microscopique de cette hache, m'écrit M. Lacroix, montre que
la roche est constituée par de petites aiguilles enchevêtrées d'une amphibole d'un
vert très pâle. Elles sont mélangées de quelques rares paillettes de mica brun clair
(biotite) et de magnétite.
ff Cette roche est entièrement d'origine métamorphique (partie supérieure des
micaschistes ou série paléozoique).» M. Lacroix ajoute qu'on a déjà signalé des
roches analogues dans ces parages.
— 156 —
Jes parties les plus saillantes ont seules été polies, du côté de l'emmanchure.
Le tiers antérieur de la pièce est au contraire presque complètement lisse
et porte des traces manifestes de frottement dans le sens longitudinal.
L'instrument a beaucoup servi, et son tranchant a dû être refait en
partie, ainsi que le montre nettement le biseau qui longe les trois quarts
de son bord, en le diminuant sur une largeur de près d'un centimètre.
L'autre face de la hache de Libreville est en mauvais état, de larges
lamelles transversales ayant disparu jusqu'au voisinage du tranchant. La
base de cette face n'avait d'ailleurs reçu aucune préparation, et il se pour-
rait qu'une partie des pertes de substance que je viens de signaler aient
depuis longtemps entamé notre pierre, au moment où quelque ouvrier
indigène entreprit de la polir.
La pièce que je viens de décrire et que représente la ligure ci-jointe ,
réduite à peu près à 7/10, est la seule hache polie que l'on ait rencontrée
jusqu'à présent dans l'Afrique équatoriale, mais il ne faut pas oublier qu'à
deux reprises déjà on a trouvé des instruments de pierre grossièrement
taillés au Loango et au Congo.
Les pierres travaillées du Congo rencontrées aux environs de Manyanga
Sud, dans la région des chutes, par le commandant d'artillerie Zbomski,
de l'armée belge, ont été brièvement décrites par M. Ed. Dupont en 1887
et sont conservées à Bruxelles (,). Celles du Loango, ramassées par MM. P.
lîegnault et Wadou près deKimborza, entre le Niari et la Loudima, ont été
étudiées en i8o4 par M. F. Regnault(2) et les meilleurs spécimens de la
collection figurent dans la galerie africaine du Musée d'ethnographie du
Trocadéro.
Note sue une nouvelle espèce du genre Rhinopitheque
provenant de la haute vallee du mékong,
par M. A. Milne Edwards.
Le Muséum a reçu récemment du Thibet (3) une série de Singes, tués
aux environs de Tsékou et à Atentsé dans la haute vallée du Mékong,
qui constituent une nouvelle espèce du genre Rhinopithecus découvert par
M Cf. Rev. d'ethnogr., t. VI, p. 609, 1887.
W F. Reguault, L'âge de la pierre grossièrement taillée au Congo français [Bull.
do la Soc. d'Anthrop. de Paris, he série, t. V, p. A77-680. Juili.-oct. 180/1.)
W Lors de son passage à Tsékou , le prince Henri d'Orléans laissa au R. P.
Soulié les armes, les instruments et l'argent nécessaires pour faire des recherches
d'histoire naturelle aux environs de la mission en lui recommandant d'adresser ses
récoltes au Muséum; d'autre part, MgrBiet, évoque apostolique du Thibet, donna
à ce sujet des instructions très précises; par son ordre, des chasseurs lurent
envoyés sur le versant occidental de la chaîne séparant la vallée du Mékong de
157 —
M. l'abbé A. David à Moupin(1). Je désignerai cet animal sous le nom de
Rhinopilhecus Bieti. Il est notablement plus robuste et plus grand que le
Rhinopithecm Bieti, mâle adulle, 1/10 grand, naf.
li. Roxellanœ, et, sous ce rapport, il peut être comparé au Semnopithecus
schistaceus (Hodgs). Son épaisse toison lui permet de résister aux froids fi-
celle du fleuve Bien dans les forêts où se trouvent ces Singes, et bientôt le
R. P. Soulié en reçut plusieurs qu'il s'empressa de nous expédier.
(2) Rhinopilhecus Roxellanœ. A. Milne Edwards. — Récit, pour servir à l'hist.
des Mamm., p. 233. l'I. XXXVI et XXXVII.
— 158 —
goureux de la région montagneuse qu'il habile et, dans son pays, il est
connu sous les noms de Singe des neiges ef de Tckru tchra.
Nous possédons de celte espèce sept exemplaires des deux sexes, depuis
un jeune nouveau-né jusqu'à un mâle vieux. Les différences sont considé-
rables suivant l'âge et le sexe, et les particularités distinctives de ce Rhino-
pithèque s'accentuent surtout lorsque l'animal vieillit et principalement chez
le mâle, dont nous donnons ici la description.
La fêle du mâle adulte porte une huppe sagittale en l'orme de cimier.
commençant environ o m. o3 en arrière des arcades orbilaires. Les poils de
cette huppe sont presque noirs; les antérieurs, plus longs que les autres, se
recourbent en avant et retombent vers la face, les autres sont droits el se
continuent en arrière jusqu'à la région occipitale. Le dessus fie la tète est
gris avec des sourcils plus foncés et une bordure de poils un peu plus
longs, blanchâtres à la base, noirs à l'extrémité, entourant la face comme
des favoris. Sur la lèvre supérieure quelques poils noirâtres forment mous-
taches; le menton el les joues portent des poils blancs. Les narines nette-
ment relevées s'ouvrent directement en avant, la cloison qui les sépare est
très étroite et de leur aile externe se détache un repli qui se convolute à
l'intérieur. La face, autant qu'il a été possible d'en juger d'après des peaux
sèches, devait être d'une couleur livide tirant sur le verdâtiv autour des
yeux et au-dessus du nez. Les oreilles arrondies sur leur bord supérieur
sont garnies d'un liséré assez élevé de poils blancs. Le dessus du corps, les
lianes, la face exlerne des bras et la partie antérieure des cuisses sont d'un
noir grisâtre, cette teinte devenant beaucoup plus foncée sur les avant-bras
el les jambes, et surtout sur les mains qui sont d'un noir assez brillant. Sur
les épaules el sur le dos, quelques-uns des poils, plus rudes que les autres,
atteignent une longueur très grande et mesurent jusqu'à o m. i5. La face
interne des bras, la gorge et le ventre sont revêtus de poils blanchâtres. Le
dedans des avant-bras el des membres postérieurs, du talon jusqu'à l'aine,
est d'un gris noirâtre. Une zone de cette même leinte barre la poitrine d'une
aisselle à l'autre et se continue en une bande étroite < t indécise qui longe le
milieu de la face interne des bras pour aller se perdre dans la teinte des
avant-bras. La partie exlerne et postérieure des cuisses est revêtue de poils
blancs, un peu ondulés, dont la longueur est considérable; au niveau
ischiatique ils ont de o m. 20 à o m. a5 de long et près du jarret ils me-
surent encore de o m. ia à o m. i5. Celle tache fémorale, extrêmement
développée, donne à l'animal un aspect tout particulier que présentent seuls
quelques Golobes et, abstraction faite de la longueur des poils, rappelle la
plaque blanche qui marque la face externe et postérieure des cuisses chez
le Semnopithecus natunœ (Thos. el Harl.). On trouve des traces d'une tache
blanche analogue en arrière des bras jusqu'au coude, mais les poils n'y
sont pas plus longs que sur les autres parties du membre antérieur. La
queue, en partie masquée vers son insertion par la longue frange post-
— 159 -
fémorale, est relativement courte mais garnie de poils noirs très longs, Irisés
comme ceux d'un chien griffon, surtout à la base, et droits seulement vers
l'extrémité de l'appendice caudal. Les plus longs de ces poils mesurent
o m. 10 à o m. 1 2.
(liiez le nouveau-né, il n'y a aucune trace de huppe sagittale. Connue le
jeune des Golobes et de certains Semnopithèques, le fond du pelage esl
blanc, l'extrémité des poils noircissant sur le verlex, quelques parties du
dos et le dessus des membres et de la queue. Ces teintes foncées s'accen-
tuent quand l'animal avance en âge et sur deux exemplaires de sexe mâle,
ayant leurs dents de lait complètes, la huppe commence à se montrer el
les parties du corps et des membres, qui plus fard seront presque noires,
sont d'un gris clair. La queue est grise, plus foncée à son extrémité; les
poils en sont longs mais non frisés. Le nez a le même caractère que celui
îles adultes.
Un jeune mâle de moyenne grosseur, dont la dernière molaire n'est pas
rue ire sortie et dont les canines sont en voie de remplacement, présente
des teintes aussi foncées que les adultes; mais les poils de la huppe sont
plus courts et dressés, ceux de la queue ne sont pns frisés et ceux qui gar-
nissent en arrière la cuisse n'ont pas la longueur qu'ils atteindront plus
tard.
Chez une femelle adulte, la mère du jeune dont il a été parlé plus liant ,
les teintes sont à peu près les mêmes que chez le mâle adulte, niai-; la
huppe sagittale est moins élevée, les poils blancs post-fémoraux ne forment
pas une frange aussi développée, et les poils de la queue ne sont pas
frisés.
DÉSIGNATION.
cT
UKUX.
cT
ADULTE.
?
IDULTE.
SK MI-
ADULTE.
Longueur depuis le lioul du museau
jusqu'à la naissance île la queue.
o, Sa
(1,73
o,8.'{
o,G8
0,74
0,1)1
Il, G 1
Il , 5 a
La tète osseuse est construite sur le même type que celle du Rhinopi-
llièque de Roxellane, la face est peu développée et fortement déprimée dans
sa portion nasale, les os du nez sont très réduits cl non symétriques; ils
sonl serrés entre les apophyses moulantes des maxillaires. La boite encé-
phalique est grande el très développée dans tous les sens; les cèles tem-
porales restent forl écartées l'une de l'autre, même chez les mâles tout à l'ait
adultes.
160
Le maxillaire inférieur est relativement plus élevé el plus épais que dans
l'espèce voisine, et la portion symphysaire plus large el moins oblique.
DÉSIGNATION.
ADULTE.
?
ADILTE.
SEMI-
ADULTE.
DENTITION
DE LAIT.
Longueur de la télé osseuse du Lord
antérieur du trou occipital au bord
Longueur du bord du trou auditif
Il
0,1 35
0,00 'l
o,og3
0,o82
0,1 10
0,0/17
0,08 5
0,078
0,1 1 7
0,0 h 5
0,079
o,o48
0,088
0,026
o,o5i
Note sur, umi nouvelle espèce d' Aulacode , Aulagodus galamopiiagus
(De Beeiist),
provenant de la hegion des làcs ,
PAR E. DE PoiLSARGUES.
Le Muséum a reçu tout dernièrement une importante collection de
Mammifères envoyés par M. Edouard Foa de la région du Nyassa dans
l'Afrique sud-centrale. Entre autres pièces intéressantes, une belle série
d'Antilopes dont il sera question dans le procbain Bulletin, cette collection
renferme deux dépouilles et deux crânes d'un Aulacode qui me paraît d'es-
pèce inédite et sur lequel je veux, dès aujourd'hui, attirer l'attention.
Par une singulière coïncidence, Monsieur le Directeur recevait il y a
quelques jours du R. P. G. de Beerst, établi à Saint- Jacques-de-Lusaka,
la description détaillée d'un Aulacode que. ce missionnaire regarde comme
nouveau pour la science et dont les dimensions el les diverses particularités du
pelage concordent exactement avec celles des spécimens envoyés par M. Foa.
La dentition et le mode de conformation des membres présentent tous
les caractères propres au genre Aulacodus, û est donc inutile de nous y
arrêter, et je passerai immédiatement à l'examen des caractères spécifiques
que le R. P. de Reerst décrit dans les termes suivants :
Nom indigène Nsenzi (De Beerst); Tchenzi (Foa).
ADULTE. JEUNE.
Longueur de la tète el du corps om,6o om,47
Longueur de la queue o'",2i om,i85
ffLes mamelles sont au nombre de six, nombre correspondant à celui des
i'œlus que portait une femelle tuée récemment. *
— 161 —
• ffLes poils très rudes, aplatis, ont la forme de petites lancettes terminées
par une pointe très fine; ils sont cendrés vers la racine, ensuite noirs, puis
d'un brun jaunâtre et leur extrémité est noire; doù résulte une teinte
générale noirâtre parsemée de nombreux points brunâtres. Sur les flancs.
le brun jaunâtre devient blanchâtre ainsi qu'au ventre où la pointe noire
n'existe plus, ce qui produit une teinte gris-blanchâtre. Chez les jeunes
exemplaires, la teinte générale est plus grisâtre et les poils n'ont pas la
même dureté. L'extrémité du museau, le contour des narines et des lèvres
sont couverts d'un pelage fin, court et d'un blanc sale. Les oreilles ont des
poils assez rares, mais longs vers le rebord de la conque. Au-dessus des
pieds, les poils sont noirs terminés de jaune blanchâtre. La queue, cou-
verte comme d'une série d'anneaux formés par de petites écailles, a dans
toute sa longueur des poUs peu allongés, assez rares, noirs avec les extré-
mités rousses au-dessus, d'un blanc sale en dessous; à la base de la queue,
les poils sont plus abondants, plus longs et plus roux, n
Sauf la (aille plus grande, la queue plus courte, les pattes relativement
plus faibles, la teinte générale du corps moins rousse et plus grisâtre, et
enfin les soies moins longues, les différences dans l'aspect extérieur sont
assez peu sensibles entre cet Aulacode et des spécimens (VA. swinderenianus
du Gabon avec lesquels j'ai pu le comparer. Au contraire, par la forme et
les dimensions du crâne, ce nouveau type se sépare nettement des espèces
déjà connues , comme on pourra en juger d'après les mesures des têtes os-
seuses de la collection de M. Foa. L'un de ces crânes, bien adulte, a sa
dentition complète; l'autre, beaucoup plus jeune, ne présente encore que
la prémolaire et deux molaires seulement.
MESURES DU CRANE EN MILLIMETRES.
ADULTE. JEUNE.
Longueur du bord antérieur du trou occipital à l'avant
des prémaxillaires 8y 7 3
Largeur maximum aux arcades zygomatiques (><S 56
Espace interorbitaire, entre les sutures fronto-lacry-
males /16 3g
Espace intertemporal 3/1 3o
Hauteur du crâne, du palais au milieu des frontaux, hh 33
Hauteur maximum du trou préorbitaire 33 21
Hauteur du plan occipital à partir du bord inférieur
du trou occipital 3/i jn
Longueur du palais à partir du bord alvéolaire pos-
térieur des incisives /i(j 3/j
Diasterna 9 '1 1%
Longueur de la série des molaires supérieures 19,7
Longueur de la série des molaires inférieures 22,5
Longueur de la mandibule, du talon au bord anté-
rieur de la symphyse 76 6a
Muséum. — m.
o
1 .1
— 162 —
i
Ces dimensions indiquent pour la têle une force et un volume plus
considérables cpie chez les autres espèces. En effet, les dents sont plus fortes
que chez Y A. swinderenianus , et si la tête osseuse n'est pas beaucoup plus
longue que chez ce dernier, en revanche elle est incomparablement plus
largo et plus élevée; ce qui entraîne des différences sensibles dans la
hauteur du museau et les dimensions des trous préorbitaires. Les fron-
taux présentent une élévation et -une largeur démesurées qui frappent au
premier coup d'ceil et contrastent avec l'étroitesse et l'abaissement de la
région pariéto-temporale cpii semble comme pincée et comprimée latérale-
ment. La crête occipitale est fortement saillante et forme une lame verticale
qui augmente beaucoup la hauteur du plan occipitnl ; celui-ci est renforcé
le long de sa ligne médiane par une crête très prononcée, même dans le
jeune âge, et qui, continuant la crête sagittale des pariétaux, se prolonge
en s'alténuant graduellement jusqu'au bord supérieur du trou médullaire.
L'os lacrymal très développé arrive en contact et se soude avec l'extrémité
supérieure de l'os jngal de manière que l'étroite baguette styliforme du
maxillaire qui les renforce en avant n'intervient pas pour former le cadre
antérieur de l'orbite, à l'inverse de ce que l'on remarque chez Y A. swinde-
renianus. Le maxillaire inférieur est également plus fort et surfout plus
allongé.
Les mœurs de ce nouveau type paraissent semblables à celles des autres
types congénériques.
rrOn ne trouve le Nsenzi , écrit le R. P. de Beerst, que dans les roseaux
aux bords des rivières. A Mpala, je n'en ai vu qu'un exemplaire: ici, en
moins d'un mois j'en ai eu quatre de différentes tailles. Leur chair est très
estimée; les indigènes la préfèrent à toute autre, et nous-mêmes nous
sommes très heureux de pouvoir nous en procurer de temps en temps. La
peau est excessivement délicate ; on ne peut l'enlever sans qu'elle se déchire
partout, aussi les indigènes se contentent-ils d'en arracher les poils, après
avoir assommé la bête en lui brisant le crâne. En raison de sa nourriture ,
qui semble consister uniquement en roseaux , celte espèce nouvelle mériterait
de porter le nom de Aulacodus calamophagus.v
Description de deux espèces nouvelles d'Oiseaux du ï un-nân,
PAR M. E. OuSTALET.
Le R. P. Soulié qui, après avoir résidé pendant assez longtemps a
Tatsien-lou, dans le Setchuan, se trouve maintenant à Tsékou, station
située plus au Sud, sur le Haut-Mékong, sur les confins du Yun-nan et du
Tibet, a fait parvenir récemment au Muséum une nombreuse série d'Oi-
seaux dont je n'ai pas encore terminé l'examen, mais dans laquelle j'ai déjà
— 163 —
constaté la présence de deux espèces nouvelles. Ces deux espèces appar-
tiennent Tune au genre Ianthocincla, la seconde au genre Âctinodura, et
font partie, par conséquent, de cette nombreuse famille de Timélîidés qui
compte dans le Setchuan, dans le Tibet chinois et dans le Yun-nan, aussi
bien que dans le nord de l'Inde, de si nombreux représentants. Elles
peuvent être caractérisées en peu de mots de la manière suivante :
1. Ianthocincla Bieti n. sp. I. ocellatœ, I. maximae et T. lunulatœ co-
gnala, primis duabus dorsi maculis albis et nigris, lertiœ capitis caudaeque colo-
ribus atlinis.
Long, tôt., o m. a8o; alœ, o m. 120; caudae, 0 m. i5o; rostri (culm.),
0 m. oa'i ; tarsi, 0 m. ohk.
Comme l'indique la diagnose ci-dessus, la Ianthocincla Bieti est à peu
près intermédiaire entre la Ianthocincla ocellata Vigors(1) de l'Himalaya
oriental et la /. maxima J. Verreaux(2) du Moupin, d'une part, et la Iantho-
cincla lunafatai. Verr. (3) du Setchuan occidental, du Cbensi méridional, du
Moupin et du Koukou-Nor, d'autre part. Elle ressemble beaucoup à cette
dernière par ses dimensions, par les couleurs et le dessin de ses ailes et de
sa queue, les rémiges étant noires, avec un liséré gris cendré sur le bord
externe et une tache blanche à l'extrémité, les pennes secondaires largement
bordées de roux olive en dehors et marquées de blanc à la pointe, les rec-
trices médianes étant d'un brun olive tirant au roux , les rectrices latérales
d'un cendré bleuâtre, avec une tache noire suivie d'une tache apicale
blanche. Ces deux taches existent aussi sur les rectrices médianes, mais sont
beaucoup moins étendues que dans les autres pennes. Le dos est d'un brun
olive clair, tirant au roux, et parsemé, de même cpie les couvertures alaires
de petites taches noires suivies chacune d'une moucheture blanche. Ces
sortes d'ocelles sont exactement semblables à ceux qui ornent le manteau
des Ianthocincla maxima , ocellata et Arthcmisiœ (4) et diffèrent complètement
des marques noires, en croissant, qui recoupent le manteau de la Iantho-
cincla lunulata. D'autre part, la tête qui est dans cette dernière espèce, d'une
teinte assez foncée, offre chez la Ianthocincla Bieti exactement la même
nuance que le dos, c'est-à-dire un brun olive tirant au roux, mais sans au-
W Proceed zonl. Soc. Lond., 1 83 1 , p. 55 (Cinclosoma ocellatum); R. B. Sharpe,
Cal. Birds Brit. Mus., i883, t. VII, p. 38a.
M Nouv. Arch. du Mus., 1870, t. VI, Bull, p. 36 et pi. III, Gg. i5; David et
Ouslalet, Oiseaux de la Chine, 1877, p. 196 et pi. LV (sous le nom de Cinclosoma
ma vimum).
Nouv. Arch. du Muséum, 1870, p. 3G et pi. III, et 1871, t. VII, p. ki.
David et Oustalet, Oiseaux de la Chine, p. 190 et pi. LUI (sous le nom de Cin-
closoma lunulatum).
W A. David. Inn. and Mag. Nat. llist., 1871, 4e série, t. VII, p. 266; David
et Oustalet, op. cit., p. 197 et pi. LIV.
i3.
— U)k —
cune tache. Les iores, c'est-à-dire les espaces qui de chaque côté s'étendent
entre l'œil et le hec, sont d'un blanc pur et cette tache blancbe est rappelée
par un petit trait en arrière de l'orbite. Le menton est d'un brun châtain,
passant au brun grisâtre lustré sur les plumes des oreilles et la gorge est
parsemée de petites taches blanches qui vont eu augmentant de grosseur
du côté des flancs. Ceux-ci sont d'un brun olive ou roussâtre, tandis
que le milieu de l'abdomen est d'un blanc grisâtre. Le bec est jaunâtre,
teinté de brunâtre au-dessus et les pattes paraissant avoir été d'un jaune
terne et uniforme.
Cette espèce n'est représentée que par un seul et unique exemplaire, de
sexe indéterminé.
2. Actinodura Souliei n. sp. verticis plumis angustis , elongatis, cinereis,
fusco limbatis, tlorsi flavi, postice fuivi, plumis lanceolatis, macula brunneâ signa-
tis , gulâ ferrugineâ , pectore abdomineque Havescentibus, maculis fuscis et nigri-
cantibus, antice crebris, distinguenda.
Long, tôt., 9 m. 2 4o; alœ, o m. 106; caudœ, 0 m. 1 10 ; rostiï (culm.), 0 m. 020;
tarsi, 0 m. o3o.
Celte espèce, dont le Muséum n'a reçu qu'un seul exemplaire res-
semble aux autres Actinodura par l'aspect général de son plumage et par le
dessin de ses ailes et de sa queue. Mais elle en diffère par sa taille beaucoup
plus forte, ainsi que par les couleurs de son manteau et des parties infé-
rieures de sou corps. Les pennes primaires offrent, dans leur moitié termi-
nale, comme chez les Actinodura nipalensis^ et Egcrtonim un liséré gris
clair le long du bord externe mais présentent en outre, à la base et en
dehors, une bordure d'un brun rouge, rayée transversalement et réguliè-
rement de noir. Ces raies acquièrent de plus en plus d'importance à partir
de la deuxième rémige et se continuent sur les pennes secondaires; elles
existent même sur les couvertures primaires dont le fond est gris et qui
ont, par conséquent, une tout autre couleur que chez la plupart des
Actinodura précédemment connues. Les pennes caudales sont également
barrées de noir sous un fond brun rouge qui passe au brun terne sur les
côtés, mais les bandes transversales s'effacent vers l'extrémité de la plume
ou plutôt se fondent dans une bande noirâtre suivie d'un liséré blanc qui
sur les rectrices externes remonte un peu sur le côté externe de la plume.
Somme toute le dessin de la queue est à peu près le même que chez
Y Actinodura Ramsayi{i) de la Birmanie; mais les autres parties du plumage
(1) Cinclosoma nipalensis, Hodgson; Asiat. Researches, 1 836 , t. XIX, p. i45;
Actinodura nipalensis, Gray, Gen. Birds, 18/16, t. I, p. 226; Sharpe, Cat. B. Brit.
Mus., 1 883, t. VII, p. 466.
W Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1 836 , p. 18; Sharpe, op. cit., p. 463.
W Walden, Ann. and Mag. Nat. Hist., 1876, 4e série, t. XV, p. 4oa; Ram-
say, Ibis, 1877, p. 464 et pi. XII; Sharpe, op. cit., p. 464.
— 165 —
n'ont pas du tout le même système de coloration. Le dessus de la tête est
garni, en effet, de plumes étroites et allongées qui sur le front sont d'un
brun bordé de roux et sur le vertex d'un gris cendré bordé de brun noi-
râtre; le dos est revêtu de plumes lancéolées, brunes à lisérés fauves, la
croupe de plumes floconneuses d'un roux vif, marbré de noir. La gorge
est d'un roux ferrugineux, la poitrine d'un fauve pâle, tirant au roux sur
les lianes et en arrière et toutes les parties inférieures, depuis le menton
jusqu'aux sous-caudales, sont parsemées de tacbes d'un brun noirâtre, très
serrées en avant, plus rares en arrière, tandis que chez toutes les autres
Actinodura précédemmment décrites les parties inférieures du corps sont
d'une teinte uniforme. Le bec est d'un brun assez foncé et les pattes sont
d'un brun de corne.
Les deux Oiseaux que je viens de décrire d'uue façon sommaire méri-
tent, je crois, d'attirer particulièrement l'attention; d'abord parce qu'ils
représentent non pas de simples races locales , plus ou moins bien délimi-
tées, mais des formes nettement définies, ensuite parce qu'ils permettent
d'étendre notablement du côté du sud-est l'aire d'habitat des genres
Ianlhocincla et Actinodura ; enfin parce qu'ils viennent renforcer ce contin-
gent d'espèces alpines qui rattache la faune ornitliologique du haut Yun-
nan à celle du Setchuan et du Tibet.
Note sur une incubation complète
FAITE PAR UN MALE DE CrGNE NOIR (CyGNFJS ATRATUS LàTIi),
par M. A. Milne Edwards.
Chez les Cygnes noirs d'Australie, les deux sexes partagent les soins de
l'incubation, mais la plus forte part revient à la femelle, le mâle ne prenant
le nid que quelques heures par jour, quand sa compagne se repose et va
chercher sa nourriture, en général de 10 ou 11 heures du matin à t ou
2 heures de l'après-midi. C'est aussi la mère qui soigne et réchauffe les
petits, le père se bornant à les suivre et à les défendre. Des circonstances
particulières m'ont permis de constater que, dans certains cas de force ma-
jeure , le mâle pouvait assumer à lui seul les soins de l'incubation , et j'ai cru
que ce trait de mœurs méritait d'être signalé à l'attention des naturalistes.
Une paire de Cygnes noirs avait été installée sur une petite pièce d'eau
aux environs de Nogenl-le-Rotrou, et les conditions dans lesquelles ces
Oiseaux étaient placés semblaient si bien leur convenir que jamais ils ne
s'éloignaient beaucoup, quoique leurs ailes fussent intactes; quelquefois ils
faisaient à plein vol des promenades de plusieurs kilomètres, mais ils étaient
bientôt rentrés au logis. Chaque année ils pondaient vers le mois de mars,
— 166 —
couvaient assidûment et élevaient leur nichée composée de quatre ou cinq
jeune.-;. C'est ainsi que ces animaux ont pu fournir abondamment les parcs
de notre Ménagerie, car, dans certains cas, ils ont eu jusqu'à trois couvées
en deux ans. L'année dernière, la femelle venait de commencer sa poule et
elle avait déjà déposé trois œuds dans son nid, placé au milieu d'un îlot,,
quand elle fut étranglée dans un pré par un Gbien de berger. Je pensais
que les œufs seraient bientôt abandonnés par le Cygne mâle quand, à ma
grande surprise, je le vis garder constamment le nid, ne se levant que
quelques instants le matin et le soir pour laver son plumage et pour manger.
Pendant quarante et un jours il ne se découragea pas, et il fut récompensé
de sa persévérance en voyant, au bout du temps normal d'incubation , deux
de ses petits sortir de leur coquille. H les conduisit à l'eau, les laissant
monter sur son dos, les réchauffant sous ses ailes comme aurait pu le faire
la mère la plus attentive, et il parvint ainsi à les élever. Cette conduite est
d'autant plus remarquable qu'au moment de son veuvage j'avais mis à côté
de lui une autre femelle, à laquelle je pensais qu'il ferait bon accueil; mais,
à ma grande surprise, non seulement il la reçut fort mal, mais il la chassa
de l'étang, dont il lui défendait l'accès, et ce ne fut qu'après que ses petits
furent assez forts pour se passer de ses soins qu'il se rapprocha de l'autre
Cygne et consentit à faire ménage avec lui.
Chez les Pigeons, qui sont considérés comme l'emblème de la fidélité,
chez les Cigognes', dont le mâle et la femelle couvent alternativement, je
n'ai jamais observé que les sentiments de la paternité fussent aussi dé-
veloppés et, dès que la femelle a disparu, le mâle quitte rapidement le nid et
ne le reprend pas.
Sur un Poisson rare pour la faune française,
le Triciijurus lepturus, Linné,
par M. Le'on Vaillant.
Le laboratoire d'Ichtyologie a reçu de Mme Deyrolle-Guillou deux ma-
gnifiques Trichiures de l'Atlantique (Trichiurus lepturus, Linné), Poisson,
comme l'a fait remarquer E. Moreau, d'une rareté excessive sur nos côtes.
Pendant de longues années l'espèce n'a été connue que des parties orien-
tales de l'Atlantique : Rio-Janeiro, Montevideo, les Antilles; plus tard on
l'a trouvé à New-York, où il ne parait pas être commun; enfin Cuvier et
Valencieunes en citaient un exemplaire envoyé du Sénégal par ttoger;
depuis, plusieurs nous sont parvenus de régions avoisiuantes, entre autres
un individu pris à Loaugo par M. le Dr Vincent , en 1888 , dans des fonds
de 7 à 8 mètres.
En 1871 le Muséum reçut d'un M. Parents un individu, qui aurait été
pris dans la Manche, mais E. Moreau le cite comme acheté sur le marché
— 167 —
de Paris, ce qui peut faire douter de sa véritable origine. Uu autre individu
m'a été communiqué, sans provenance précise, il y a quelques semaines,
par M. Hector Hamon, négociant aux Halles centrales. Les exemplaires de
Mme Deyrolle-Guillou viennent de Concarneau, c'est-à-dire d'une région
Lien déterminée; ils sont dans un état de conservation admirable.
L'espèce paraîtrait donc fréquenter plus habituellement nos côtes.
Est-ce une simple coïncidence? Cela peut-il être attribué à l'emploi de
moyens plus perfectionnés de pêche, qui permettraient d'atteindre ce Pois-
son là où l'on ne pouvait le capturer autrefois? La question serait intéres-
sante à résoudre par des personnes en situation de l'étudier.
Le Pou de l'Éléphant,
par M. Pierre Megnin.
Le Pou de l'Éléphant a été décrit pour la première fois par Piaget dans
Tijdsch. Ent., XII en 1860, sous le nom de Hœmatomyzus Elephantis; il en
avait trouvé de nombreux exemplaires sous les oredles, là où la peau est
souple, mince, d'un jeune Éléphant du jardin zoologique de Rotterdam.
En 1887 éditer et Walker (Science Gossip., p. 181) créèrent pour ce
parasite le genre Idocoloris qu'ils considéraient comme le type d'une nou-
— 168 —
voile famille voisine des Acantheidés. La même aimée Denny junior plaça la
nouvelle famille entre les Pulicidœ et les Cimicidœ (ibid., i85). Puis Bu-
chanan VVhite, en raison du double emploi que faisait le nom de genre
Idolocoris, le remplaça par Phantasmacoris (ibid., 2 36). Mais le nom de
Piaget prévalut et fut adopté par Gûnther (Zool. Record ad ann. 1871) et
cela avec raison car le Pou de l'Éléphant n'a qu'une lointaine analogie de
forme avec les Punaises, c'est un véritable Pou, voisin de Hœmalopinus.
Dans son grand ouvrage in-folio sur les Pediculina, Piaget décrit com-
pendieusement, page 865, son Hœmatomyvus dont il cbange le nom spéci-
fique d'Elephanlis en proboscideus et il donne , dans l'atlas qui accompagne
son ouvrage, pi. LIV, iig a, une excellente ligure de la femelle, et de cer-
tains détails de structure des pattes et des organes génitaux.
Grâce aux spécimens récoltés sur le jeune Éléphant de la ménagerie du
Muséum de Paris et que nous a confiés M. Milne Edwards, nous avons pu
vérifier la description de Piaget et faire les deux figures du mâle et de la
femelle, accompagnées de la diagnose ci-dessous qui résume la longue et
minutieuse description de Piaget :
Gemie Ilteniatoiiiyzus. (Piaget).
Tête conliforme prolongée par un long bec stybforme tubulaire, plus
long que la tète, et terminé par des pointes mobiles comme le bec des
Pediculus et des Hœmatopims ; yeux peu apparents; antennes subfusiformes,
grêles, plus longues que le bec, à 5 articles, le premier presque triple de
chacun des autres. Thorax hexagonal, allongé transversalement plus large
— 169 —
que la tête qui est comme enchatonnée dans son bord antérieur; portant
trois paires de grandes pattes, les postérieures plus longues, cuisses un
peu renflées, jambes et tarses allongés et grêles terminés par nn petit ongle
simple arqué. Abdomen distinct du lliorax par un étranglement, à neuf seg-
ments, les deux derniers les plus courts, presque confondus.
Une seule espèce connue jusqu'à présent.
H.BMATOPiNUs proboscidecs (Piaget.) H. Elephantis (Piaget). — Pedi-
culine corisoïde, de couleur testacée portant au milieu de la face dorsale
abdominale 8 bandes transversales foncées, occupant le milieu de chacun
des 8 premiers anneaux; taches subquadrangulaires aux extrémités des
mêmes anneaux encadrant un espace clair où se trouvent les stigmates peu
distincts.
La femelle (A) est d'un tiers plus grande que le mâle (B), duquel elle
se distingue encore par son dernier anneau profondément éebancré et
logeant la vulve, tandis que le mâle, qui a l'abdomen et le thorax comme
contractés, porte au milieu du dernier anneau l'organe mâle saillant, ana-
logue à celui de tous les autres Pédiculines.
Voici les dimensions respectives des deux sexes et celles des principales
régions du corps :
Longueur totale du corps 2mra ,.,, ,»» r-0
de la tête o 84 o 55
du Uiorax o 86 o 3o
de l'abdomen t 68 o 85
des antennes o 56 o 46
du 3e fémur o 3i o 3o
du 3e tibia o 35 o 3o
— du 3e tarse o ai o 17
Largeur de la télé 0 ho 0 3a
— du thorax 0 73 o 56
— de l'abdomen 1 43 0 78
Vit sur les jeunes Éléphants. Il est peu probable qu'on en trouve jamais
sur les adultes en raison de l'épaisseur que la peau a acquise.
TUMEURS MALIGNES
CHEZ DES ANIMAUX AYANT VECU A LA MENAGERIE DU MUSEUM ,
par Auguste Pettit, docteur es sciences.
(Laboiutoire dk M. le Professeur Filhol.)
Diverses affections survenues chez des animaux de la Ménagerie ont
déjà été l'objet de travaux bactériologiques importants de la part de plu-
170 —
sieurs savants, de MM. le professeur Lannelongue et Achard, du docteu
Phisalix; pour ma part, j'ai pu, d'après des pièces prélevées sur un Zèbre
mort au Jardin des Plantes, faire connaître un mode de calcification (1) des
tissus jusqu'alors inconnu chez les Mammifères.
Parmi les nombreuses questions de pathologie comparée pour l'étude
desquelles la Ménagerie peut fournir des matériaux, une d'entre elles m'a
paru mériter une attention spéciale : je veux parler des tumeurs malignes
qui, en dehors de l'espèce humaine, n'ont guère été observées que chez
les animaux domestiques. Depuis 189/1, j'ai examiné à ce point de vue
spécial la plupart des animaux (Mammifères et Sauropsidés) morts à la
Ménagerie qui ont été remis au service d'Auatomie comparée. Le nombre
des spécimens qui ont été ainsi bienveillamment mis à ma disposition par
M. le professeur Filhol s'élève à plusieurs centaines; néanmoins, en un
peu plus de trois ans je n'ai pu recueillir (pie quatre tumeurs malignes;
je ne désigne bien entendu sous ce terme, conformément à la définition
classique, que les néoplasmes véritables, à l'exclusion des rétentions de
produits sécrétés, des épanchements de toute nature, des altérations d'ori-
gine parasitaire (tuberculose en particulier), fréquents chez les animaux
de la Ménagerie.
Les quatre cas en question se décomposent de la façon suivante :
i° Fibrome de l'utérus chez un Paca (Cœlogenys subniger.) — La face
postérieure de la corne utérine gauche présente une masse sessile du
volume d'une noix faisant une légère saillie à la surface de l'organe; à la
coupe macroscopique, on constate que la tumeur est formée par un tissu
fibreux , blanc nacré, très résistant.
L'examen histologique {i) montre que la masse néoplasique est unique-
ment formée de tissu conjonctif; les éléments sont entrecroisés dans tous
les sens et, sur les coupes, on a l'image de tourbillons de fibres englobant
des faisceaux disposés perpendiculairement par rapport aux premières.
11 s'agit donc dans ce cas d'un fibrome.
a0 Sarcome de la thyroïde chez un Chacal (Ganis aureus). — Sur un Cha-
cal mort a la Ménagerie, la place du lobe gauche de la thyroïde est occupée
par une masse ovoïde mesurant six centimètres de long sur deux centi-
mètres de large, et réunie à la glande droite par une étroite commissure;
les régions avoisinantes présentent des ganglions; et l'animal est dans un
état de maigreur extrême.
M Sur le rôle des Calcosphérites dans la calcification à l'élat pathologique, voir
Bulletin du Muséum, n° 3 , 1895 et Archives d'anatomie microscopique, t. I, f. I,
p. 1 07- 1 2 h , avec une planche.
(*) Sublimé, Hématoxyline de Delaûeld, coloration d'Heidenhain.
— 171 —
A l'œil nu, la tumeur se montre formée par un tissu blanc grisâtre, peu
résistant, parsemé de taches de sang plus ou moins altéré et de vaisseaux.
Au microscope (l), on constate que le néoplasme est un sarcome à cellu-
les embryonnaires.
En quelques points, ou observe encore des vésicules thyroïdiennes rem-
plies de matière colloïde : l'épithélium glandulaire est normal et limite une
cavité centrale; mais ces formations sont peu nombreuses et sont isolées
les unes des autres par un exsudât mucpieux.
Dans la très grande majorité des cas, la structure des vésicules est plus
ou moins altérée : dans les unes l'épithélium glandulaire a proliféré et
forme des amas cellulaires faisant saillie à l'intérieur de la cavité centrale;
dans les autres, il n'existe plus de lumière et on a affaire à une masse cellu-
laire compacte; enfin en certains endroits, la structure alvéolaire a com-
plètement disparu et le tissu néoplasique est constitué par des cellules toutes
semblables entre elles, munies d'un noyau remplissant presque tout le corps
cellulaire et ne mesurant guère plus d'une douzaine de pt; ces éléments
forment un tissu bomogène, parcouru par des vaisseaux à parois minces
qui dessinent en certains points des pelotons vasculaires dont les mailles
sont occupées par les cellules en question.
3° Epithelioma à lobes cornés du col de l'utérus chez une Gazelle (Gazella
dorcas). — Le col de l'utérus forme une masse en chou-fleur, friable,
de couleur blanche; l'examen microscopique (2) montre que la matrice est
envahie par un épitbélioma à lobes cornés.
La structure de cette tumeur rappelle très exactement ce qu'on observe
dans l'espèce humaine; aussi ninsisterai-je pas sur ce point. Je signalerai
simplement l'importance des globes cornés dont l'extensione st presque aussi
considérable que celle des tissus non kératinisés.
W Carcinome de la thyroïde chez un Ara (Ara macao). — La région
supra-cardiaque est accupée par une énorme masse mamelonnée (cinq centi-
mètres sur trois centimètres) aussi volumineuse que le cœur et englobant
les troncs bracbio-céphaliques et les veines caves supérieures. Les glandes
thyroïdes ne sont pas visibles; il existe des ganglions dégénérés et l'animal
est extrêmement amaigri.
L'examen microscopique {i) permet de constater la présence au sein du
néoplasme de substance colloïde et même de quelques vésicules thyroï-
diennes. La majeure partie de la tumeur est constituée par un stroma
conjonctif limitant une série d'alvéoles irrégulièrement sphériques; toutes
' Aride picrique. carmin aluné, hémaloxyline de Delafield.
W Liqueur de Flemming, safranine, mélange de Benda.
(3' Même technique que i°.
— 172 —
ces cavités sont remplies par des cellules présentant une infinie variété de
formes : rondes, allongées, polygonales.
Les dimensions de ces éléments varient entre 10 et 35 fx; quelques-uns
renferment plusieurs noyaux dont la ehromatine affecte en générai des dis-
positions anormales.
On est en présence d'un carcinome développé aux dépens de la thyroïde.
En l'absence de faits suffisamment nombreux, toute hypothèse sur
l'éliologie de ces tumeurs serait imprudente; je me bornerai à faire remar-
quer que, dans les cas précédents, seule, parmi les nombreux facteurs
généralement invoqués, la misère physiologique extrême dans laquelle
tombent parfois les animaux sauvages conservés dans les ménageries semble
pouvoir être mise en cause ici.
Essai DiyTRonucTioy de l arbre À Gutta-Percha à la Grande-Comore,
PAR M. L. HlJMBLOT, CORRESPONDANT DU MuSEUM.
M. L. Humblot, résident honoraire à la Grande-Comore, a adressé
à M. le Directeur du Muséum une lettre renfermant les renseigne-
ments suivants :
En 1889, j'emportai à la Grande-Comore quatre pieds de Gutta-Percha
(honandrri gutta Hooker). Je réussis à en sauver trois, qui arrivèrent bien
malades. Ils avaient perdu toutes leurs feuilles et ne mesuraient que
1 5 centimètres de haut.
J'en plantai un sur le littoral, le second à a5o mètres et le troisième à
5oo mètres d'altitude. Pendant deux ans ces plants boudèrent, ne poussant
pas, mais ne moururent point. La troisième année ils se mirent à donner
de très belles pousses et, en 1896, le pied planté sur le littoral était chélif,
celui qui avait été planté à 5oo mètres était beau, mais celui qui avait été
planté à 25o mètres était au-dessus de tout ce que l'on peut imaginer; il
est devenu un grand et fort bel arbre qui a de 5 à 6 mètres de hauteur et
supporte un homme sur ses branches pour la cueillette des feuilles, car j'ai
pratiqué des saignées dans le tronc et aucun lait n'est sorti, quand au
contraire les jeunes pousses de l'année et surtout les feuilles donnent un
lait qui se coagule de suite.
Je suis donc persuadé que la thèse que plusieurs savants ont soutenue
et soutiennent encore, que les Guttas ne peuvent pousser que sous une cer-
taine latitude, n'est pas fondée.
Je crois que cet arbre peut venir dans la plus grande partie de nos co-
lonies en le plantant dans des endroits humides et ombragés, dans les terres
à Cacaoyers; car j'ai planté mes trois Guttas à l'abri de cet arbuste et elles
— 173 —
le dépassent de beaucoup à présent. Les Cacaoyers ont fait comme les (luttas;
ils sont bien plus jolis à a5o mètres qu'à 5oo et surtout plus beaux qu'au
littoral.
Il y a encore une erreur que j'ai constatée, c'est cpie si les Cacaoyers
poussent magnifiquement jusqu'à 5oo mètres seulement, ils mettent plus
de temps à rapporter. Ce que je vous détaille ici n'est pas un effet de l'ima-
gination, mais bien le résultat d'observations et de la mise en pratique des
sujets qui m'intéressent à la Grande-Comore, et que l'on peut voir sur une
plantation de plus de 200,000 pieds disposés depuis le littoral jusqu'à
5oo mètres d'élévation.
Je pense que la Gutta arrivera à se cultiver dans ces conditions et que
l'on pourra couper tous les ans, et peut-être deux fois par an, les jeunes
pousses productrices du latex. L'arbre arrivera à former des soucbes, comme
le font les Saules en France, car il me paraît très vigoureux.
J'attends que l'arbre rapporte des graines et je continuerai mes ex-
périences par semis.
Il est fort regrettable que je n'aie jamais pu obtenir en France qu'on me
confie quelques pieds de ce végétal si intéressant, car j'aurais pu faire des
expériences plus sérieuses.
De la nécessité du manganèse
dans les oxydations provoquees par la laccase ,
par M. Gabriel Bertra>d.
11 y a deux ans, j'ai indiqué dans ce Bulletin (I) comment on pouvait
extraire du latex de l'arbre à laque un ferment soluble spécial ayant tous
les caractères généraux des diastases, mais en différant toutefois par la
propriété, alors nouvelle, de fixer directement l'oxygène de l'air sur certains
corps organiques.
Depuis cette époque, la laccase est devenue le type de tout un groupe
de ferments analogues, appelés Oxydascs. J'ai retrouvé de ces ferments
ans un grand nombre de plantes vertes appartenant à des familles diffé-
rentes de Cryptogames et de Phanérogames, et, avec M. Bourquelot, chez
les Champignons. D'autre part, on a signalé leur existence chez les Mam-
mifères, les Poissons, les Crustacés, les Mollusques. C'est qu'en effet ces
Oxydases ont une grande importance physiologique ; ce sont elles qui pré-
sident aux oxydations inlra-organiques ; qui interviennent, par conséquent,
dans les phénomènes chimiques de la respiration, la production de l'énergie
et la syntbèse d'un grand nombre de principes immédiats. On a pu expliquer
aussi, grâce à leur présence, les colorations très variées que certains Cham-
i'> Bulletin du Muséum, t. I, p. i34 (1890).
— 174 —
pignons prennent au contact de l'air, le brunissement des pommes et autres
fruits, le vieillissement et la maladie du vin désignée sous le nom de cas-
sage, etc. (1). Aujourd'hui, elles vont nous faire comprendre l'utilité du
manganèse chez les êtres vivants.
J*avais remarqué depuis longtemps, en étudiant la composition chimique
de la laccase, que les cendres de ce ferment soluble renferment une pro-
portion relativement élevée d'oxyde de manganèse; mais, comme cette ob-
servation ne présentait pas alors un intérêt immédiat, je n'avais pas effectué
de dosage. Depuis, j'ai dû revenir sur ce point.
C'est en combinant l'emploi du colorimètre avec la réaction si sensible
de Hoppe-Seyler, réaction qui consiste à transformer le manganèse en un
magnifique corps violet, l'acide permanganique , que j'ai pu réussir, dans
mes recherches, à apprécier le manganèse à quelques centièmes de milli-
grammrs près.
J'ai trouvé ainsi, dans un mélange de gomme et de laccase, extrait de la
laque annamite d'après un procédé antérieurement décrit, 1 milligr. 17 de
manganèse pour 46 milligrammes de cendres, c'est-à-dire une proportion
de métal voisine de 2 1/2 p. 100 du poids des cendres.
Cette laccase , dissoute dans l'eau et additionnée, en plusieurs fois, de
quantités croissantes d'alcool, donne une série de précipités de composition
et d'activité différentes. Or, en comparant entre eux les produits de ce frac-
tionnement, j'ai observé que leur activité oxydante augmentait progressive-
ment avec leur teneur en manganèse.
Ainsi le volume d'oxygène fixé, en une heure et demie, par 5o centi-
mètres cubes de solution d'hydroquinone à 2 p. 100, en présence de 0 gr. 2
de produit sec, a été :
Avec l'échantillon n° 1 de ic)cc 1
— n°2 i5 5
— n° 3 10 6
tandis que les dosages de manganèse donnaient respectivement :
N° 1 0,159 p. 100.
N° 2 0,126
N° 3 0,098
Cette relation curieuse n'est pas due au hasard. On peut, en effet, établir
que l'activité de la laccase est liée à la présence du manganèse, et montrer
que le ferment soluble est iuactif en l'absence de cet élément.
Dans ce but, on prépare un échantillon de laccase exempt de manganèse
W Voir à ce sujet l'article d'ensemble que j'ai publié dans V Agenda du chimiste
pour l'année 1897.
— 175 —
ou tout au moins n'en renfermant que des traces. Et pour cela, un des
meilleurs moyens est le suivant :
On triture quelques kilogrammes de luzerne ordinaire ( Medicago saliva L.)
immédiatement après la re'colte, puis on presse et l'on abandonne le suc à
lui-même jusqu'au lendemain. Pendant ce repos, il subit une coagulation
partielle qui e traîne toutes les substances en suspension et le liquide sur-
nageant filtre clair sans aucune difficulté. On l'additionne alors de 2 vo-
lumes et demi d'alcool : il se précipite des flocons volumineux, qu'on isole
sur un filtre, qu'on lave à l'alcool faible, puis qu'on délaye dans un peu
d'eau distillée. 11 résulte de ce traitement une solution jaune-pâle, qu'on
sépare des matières insolubilisées et qu'on précipite par un grand excès
d'alcool fort. C'est le nouveau précipité, recueilli et desséché dans le vide,
qui constitue le produit cherché. L'analyse y décèle moins de 1/00,000 de
manganèse, la presque totalité du métal étant restée dans les liqueurs al-
cooliques.
C'est vraisemblement grâc • à une composit:on chimique spéciale du suc
cellulaire que cette préparation réussit. Avec, d'autres plantes, même très
voisines, comme le trèfle, la laccase obtenue est saturée de manganèse et
impropre aux expériences qu'il me reste à décrire.
Quand on dissout un décigramme du ferment retiré de la luzerne dans
5o centimètres cubes de solution d'hydroquinonc, on n'observe, même
après h8 heures d'agitation continue au contact de l'air, qu'une coloration
rougeàtre;au contraire, si l'on ajoute à la même solution un milligramme de
manganèse (par exemple à l'état de sulfate), il suffit de deux heures en-
viron pour voir apparaître les premiers cristaux de quinhydrone, témoins
évidents de l'oxydation.
En outre, si on exécute ces expériences dans un ballon à robinet et qu'on
mesure l'oxygène absorbé , on trouve , après G heures :
i° Avec le manganèse seul (expérience témoin) occ3
■2° Avec la laccase seule de la luzerne j 1 " exPérience- ... o a
( 2e expérience 0 U W
3° Avec la laccase additionnée de manganèse 6 3
Enfin, les mêmes expériences, reproduites avec un autre métal, mon-
trent que le manganèse possède une action spécifique, qu'il ne peut être
remplacé ni par le fer, ni par l'aluminium, le cérium, le cuivre, le zinc, le
calcium, le magnésium ou le potassium.
Ces faits font ressortir l'importance physiologique du manganèse et
définissent le rôle que remplit ce métal, au moins chez les végétaux. La
W Comme j'avais à mesurer, dans chaque expérience, près d'un demi-litre de
gaz, en dix cloches, il ne faut pas regarder ces chiffres comme exacts à plus d'un
ou deux dixièmes du centimètre cube près.
— 176 —
circonstance que le manganèse existe seulement en faible quantité' chez les
êtres vivants augmente d'ailleurs la portée de cette conclusion : elle dirige
en effet l'attention sur toute une série de corps qui pouvaient passer jus-
qu'ici comme secondaires parce qu'ils sont peu abondants, comme le man-
ganèse, et qu'on ignore leur signification physiologique. Par exemple : le
zinc, illustré par l'expérience de Raulin; le bore, dont les recherches de
Passerini et surtout de Jay ont démontré la présence si générale chez les
les plantes, etc.
Mais ces faits comportent encore une autre conséquence. J'ai démontré,
avec Mallèvre (l), que la pectase est incapable de transformer la pectine
quand elle a été complètement débarrassée du calcium qui l'accompagne
dans les sucs cellulaires; qu'en essayant de séparer ce ferment so'uble du
jus de carottes, à l'aide de l'alcool, on n'obtenait qu'un produit à peuples
inerte, non seulement parce que l'alcool avait altéré en partie la substance
organique, mais encore parce qu'il avait séparé celle-ci du principe minéral
sans lequel elle est impuissante : il suffisait d'ajouter une trace d'un sel de
calcium à la solution de pectase pour lui rendre son activité. Aujourd'hui,
j'arrive à des résultats analogues avec la laccase. Si l'on veut bien mainte-
nant rapprocher tous ces résultats de la théorie de la coagulation du sang,
telle qu'elle a été proposée par Pekelharing; se rappeler aussi que la pep-
sine, la sucrase, l'amylase et d'autres ferments solubles n'agissent qu'en
présence d'un acide , on verra se dégager de cet ensemble comme une no-
tion nouvelle, qui doit être, à mon sens, généralisée.
Désormais, il faudra tenir compte, dans l'étude des ferments solubles,
non seulement de la substance, organique et très altérable, à laquelle
nous attachions jusqu'ici toute l'idée du ferment soluble, mais encore de
celles, qu'on pourrait appeler co-ferments , — ici minérales, là peut-être
organiques, — qui forment avec la première le système véritablement
actif.
") Bulletin du Muséum, t. I, p. 295 (1890), ci Bull. Soc. chimique, (3) t. XIII.
p. 25a.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.
ANNEE 1897. — N° 6,
22e REUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM.
29 JLIN 1897.
PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEIM.
Le Président dépose sur le bureau le cinquième fascicule du Bul-
letin, pour l'année 1897, paru le 20 juin, et contenant les commu-
nications faites dans la réunion du a5 mai.
CORRESPONDANCE.
M. Bastard a adressé à M. le Directeur du Muse'um la lettre sui-
vante :
Nosy-Vé, i3 mai 1897.
Je viens d'arriver du pays des Baras lmamono, et j'expédie au Muséum
deux barriques et une caisse d'ossements fossiles, plus six caissettes con-
tenant chacune un Serpent vivant. J'ai eu, h un moment, i/i Serpents d'es-
pèces diverses; les uns sont morts, d'autres se sont échappés pendant le
retour, et je vous envoie ceux qui me restent avec l'espoir que quelques-
uns parviendront vivants. J'ai quelques Insectes, un crâne, quelques peaux
et divers autres documents que je n'ai pas le temps d'emballer pour ce
courrier. J'ai tué en revenant, presque au même endroit où j'avais tué la
femelle, un mâle (VUratelornis, malheureusement je n'avais plus que du
gros plomb et mon coup de fusil lui a emporté la tête; la peau ne valait
Muséum. — 111. 1 U
— 178 —
plus la peine d'être préparée. D'ici un mois, j'aurais de la malechauce si je
ne m'en procure au moins un exemplaire en bon état.
Quant aux fossiles, il ont été emballés dans Tordre suivant : i° A com-
mencer par la barrique n° 1 jusqu'à la moitié de la barrique n° 2 : Os
trouvés dans la boue d'un marais à un mètre sous l'eau. Ce marais est un
véritable ossuaire, mais impossible d'éliminer l'eau avec mes moyens. Pen-
dant trois jours, mes nommes ont ramassé à tâtons, sous l'eau, dans la
boue, les os que je vous envoie; le troisième jour, la moitié grelottaient la
fièvre et ne pouvaient plus se mettre à l'eau et moi-même, pris de vomis-
sements et de dyssenterie, je restai durant plusieurs jours élendu dans une
case dans un état très pileux. Assez vite rétabli toutefois, je repris le chemin
de la côte parce que je n'avais plus de marchandises d'échange et que mes
porteurs étaient presque tous malades. 20 La deuxième moitié de la bar-
rique n° 2 et la caisse n° 3 contiennent des os recueillis en fouillant le sol
à un endroit indiqué par des débris épars à la surface. Les indigènes
m'ayant raconté que l'animal dont je cherchais les os était mort d'indiges-
tion après avoir rr dévoré un village» et être allé vomir son repas non loin
de là , je me fis conduire à l'endroit en question et, sur un petit monticule
au pied duquel coulait probablement jadis un ruisseau, je trouvai un amas
de coquillages que je fis fouiller. Je retirai de cet amas quelques débris de
poteries que leur décoration différencie nettement des poteries en usage
aujourd'hui chez les Baras Imamono et des débris d'ossements de petits
Mammifères. Ces divers documents sont contenus dans deux corbeilles et
dans une petite boîte en fer-blanc (caisse n° 3). Les Baras de cette région
ne mangent pas de coquillages et ne se souviennent pas d'une population
ayant eu coutume de s'en nourrir.
Voici enfin mes projets pour ma deuxième année de mission. En atten-
dant que des ressources m'arrivent, je vais aller à Morombé. J'ai entendu
dire qu'il y avait dans cette région , non loin de la baie des Assassins , un
lac desséché contenant des fossiles. Au retour de cette excursion, j'irais à
Isakoudry, car je n'ai pu y passer en revenant de chez les Baras comme
j'en avais eu le projet. Cette deuxième excursion me mènerait à la fin de
juin. Je quitterais alors définitivement le Sud-Ouest pour gagner le haut
Mangoky et, après avoir séjourné quelque temps dans les forêts qui bordent
ce fleuve, je gagnerais Antsirabé pour la saison des pluies. Ce serait, en
sens inverse, l'accomplissement du programme que vous m'aviez indiqué
à Paris.
M. Bastjvrd a lait parvenir au Muséum quelques Serpents dans
l'alcool capturés aux environs de TuHéar et appartenant à deux es-
pèces : Pelophilus madagascariensis et Heterodon madagascariensis.
— 179 —
M. Henri Mager met à la disposition du Directeur du Muséum
les peaux de quelques Propithèques et Makis qu'il élevait dans son
jardin à Tamatave.
M. Ed. -M. Nesty, sous-commissaire de la Marine, qui va se
rendre dans le Soudan français, écrit de Saint-Louis (Sénégal), à
la date du i3juin 189-7, (lu^ s'occupera volontiers de recherches
d'histoire naturelle.
M. le lieutenant Hourst offre au Muséum les dépouilles d'Oi-
seaux, les Insectes, les plantes et les minéraux qu'il a recueillis
durant ses voyages.
M. le DmMaclaud annonce de Konakry (Guinée française), le
21 mai 1897, l'envoi de deux caisses renfermant quelques crânes
et les dépouilles d'un certain nombre d'Oiseaux et de Mammifères
qui, à l'exception d'un jeune Gorille provenant du Gahon, ont lous
été tués sur l'île de Konakry. A son retour à Paris, vers le milieu
de juillet, M. Maclaud remettra lui-même au Muséum les Ser-
pents, Insectes et Myriapodes qu'il n'a pu envoyer. Il espère rap-
porter également un jeune Chimpanzé et un couple de Galagos
vivants.
M. Paillet, lieutenant de vaisseau, écrit au Directeur qu'il s'oc-
cupe de faire venir du Tonkin le squelette du Nemorhedus de la
baie d'Aloug et adresse au Muséum les dents du Dauphin qu'il a
rapporté du Tonkin et un Serpent pris à Port-Wallut, sur le bord
d'un torrent, et conservé dans l'alcool.
M. le professeur Alexandre Agassiz annonce son départ pour les
iiesFidji , où il va entreprendre des recherches d'histoire naturelle, à
bord d'un navire à vapeur.
M. Hod. Burckhardt, de Bàlc, offre au Muséum d'entrer en re-
lation avec le musée de cette ville et d'obtenir ainsi, dans quelques
16.
— 180 —
mois, des doubles des collections d'Oiseaux, do Reptiles, de Batra-
ciens et de Mollusques qui viennent d'être rapportées de Célèbcs
par MM. Sarasin et dont l'étude a e'té confiée à quelques spécia-
listes.
S. A. S. le prince Albert de Monaco a bien voulu adresser au
Muséum diverses pièces anatomiques provenant de deux grands
Cétacés qu'il a capturés en allant de Marseille à Gibraltar et qu'il
a pu faire hisser à bord de son navire, où leur étude s'est faite dans
les meilleures conditions. Ces Cétacés, dont l'un ne mesurait pas
moins de h m. 10 de long, appartenaient à l'espèce désignée par les
naturalistes sous le nom de Glolncephahis mêlas.
M. J. Dybowski, Directeur de l'Agriculture et du Commerce de
la Régence de Tunis, vient d'envoyer au Jardin des Plantes un
couples d'Aigles royaux pris sur les rochers du mont de Tebour-
souk, seul endroit de la Tunisie où l'on rencontre encore de ces
grands Rapaces qui deviennent de plus en plus rares dans le nord
de l'Afrique. 11 annonce qu'il possède dans sou jardin d'essai six
Cerfs semblables à ceux qu'il a donnés au Muséum. Deux de ces
animaux sont nés dans le jardin, où se sont reproduites aussi des
Gazelles de l'espèce commune.
M. G. Collet adresse au Muséum quelques échantillons de
Bryozoaires recueillis par le Travailleur et le Talisman et qu'il a eu
l'occasion d'acheter à la vente des objets provenant de la succession
du Dr Jullient'l
Par voie d'échange avec le Field Columbiam Muséum de Chicago,
le laboratoire de Mammalogie vient de recevoir plusieurs spécimens
de Gazelles et d'Antilopes, provenant du récent voyage d'explora-
(" Ces échantillons avaient été remis au D' Jullien pour être l'objet d'une pu-
blication spéciale.
— 181 —
lion de M. Eliiot dans le pays des Çomalis, et appartenant aux es-
pèces suivantes :
Une paire de Gazella Pelzelm (Kolil.).
Gazella Spekei (Blyth) = naso (Sel.).
— Lithocranius Walleri (Brook.).
— Bubalis Sway.\ei (Sel.).
Sauf un beau mâle adulte de L. Walleri, envoyé au Muséum il
y a quelques années par le due d'Orléans, nous ne possédions
encore aucun de ces rares représentants de la faune du plateau des
Çomalis.
M. le Directeur annonce que Ton prépare en ce moment, dans
des salles des galeries de zoologie, l'exposition des collections
données par M. L. Mangini et provenant de la mission Chaffanjon
dans l'Asie centrale''). Cette exposition pourra probablement être
ouverte vers la fin de juillet. Elle succédera à l'exposition des col-
lections de la mission Pavie, qui vient d'être close.
M. Hamy annonce le don qui vient d'être fait à son service d'une
suite fort remarquable de grandes photographies au charbon,
montées dans des cadres en chêne ciré, qui ornaient les murs des
deux salles où sont demeurées exposées jusqu'à ces derniers jours
les collections de la mission Pavie.
Ce don magnifique, que nous devons à la générosité de M. Pavie,
va fournir les matériaux d'une décoration à la fois très scientifique
et très artistique, pour les deux paliers du second étage de l'escalier
de la nouvelle galerie.
M. le Professeur d'Herpétologie annonce la perte faite par la
ménagerie des Reptiles du grand exemplaire de la Salamandre gi-
gantesque du Japon (Sieboldia maxima, Schlegel), donne' par M. P.
Van Meendervoorl, le 11 novembre 1 855. Elle est morte le i 5 juin
dernier, après un séjour, par conséquent, de trente sept ans et sept
1 MM. Henri Mangini et Louis Gay avaient été adjoints à cette mission.
— 182 —
mois; l'individu rapporté par Schlegel, autrefois conservé à l'aqua-
rium d'Amsterdam, y avait vécu davantage, cinquante-deux ans.
L'un et l'autre exemples témoignent loutefois de la longévité de ces
animaux, laquelle, à l'état de liberté, doit sans doute être consi-
dérable.
L'exemplaire du Muséum, examiné après sa mort, mesurait
1 m. 290 de longueur totale, dont o m 5. pour la queue, laquelle,
y compris une crête d'environ o m. 060, était haute de o m. i65;
la tête avait o m. 190 de long, sur 0 m. 260 de largeur en arrière,
le bord en étant occupé presque entièrement par une gueule dé-
mesurément grande. Il pesait 2/1 kilogrammes.
M. le baron J. de Guerne offre au Muséum un bocal renfermant
divers Poissons et entre autres des formes larvaires de Murénides
qu'il a rapportées, il y a quelques années, du détroit de Messine.
M. le professeur Bouvier cile particulièrement, parmi les per-
sonnes qui ont enrichi récemment le laboratoire d'entomologie du
Muséum, M. Ed. Chevreux qui a commencé le dédoublement de sa
collection d'Amphipodes en faveur du laboratoire, M. le baron
J. de Guerne qui a offert une collection peu étendue, mais intéres-
sante de Crustacés du Japon, enlin M. de Zeltner qui a fait don,
à la bibliothèque du laboratoire, de tout ce qui a été publié jus-
qu'ici du Species des Hyménoptères d'André. A ces généreux donateurs
et à tous ceux qui ont fait acte de libéralité envers le laboratoire,
M. Bouvier présente ses vifs remereiments.
M. le professeur Bureau rend compte en ces termes de l'accrois-
sement considérable de l'herbier du Muséum durant le mois de
juin :
M. l'abbé Farges continue la série de ses envois qui sont des modèles de
dessiccation. Le dernier contient une très belle collection d'Ombellifères en
fruits, ce qu'il est toujours difficile d'obtenir des collecteurs. On doit citer
aussi des fruits de Davidia invoïucrata.
M. Biondi, de Florence, a offert une collection de 837 espèces récoltées
— 183 —
dans le Shen-si (Chine septentrionale), par le P. Giraldi. Ces plantes offrent
un grand intérêt et proviennent d'une région d'où le Muséum ne possédait
encore rien. M. Biondi continuera à nous envoyer les plantes qu'il recevra
de celle région.
Bien qu'aucun herbier ne soit aussi riche cjue celui de notre établissement
en plantes de Chine, il n'est pas de collection faite dans les parties monta-
gneuses de cet empire qui ne nous apporte des espèces nouvelles et en
grand nombre.
M. Chaffanjon nous a procuré un herbier recueilli aux environs d'ir-
kousk, sur les bords des fleuves Touka, Bargousine , Tibilti, autour des
villages de Tounki, Choudakow, Koultouka, et près du lac Baïkal. Toutes
les étiquettes sont en russe, inconvénient auquel l'obligeance de personnes
possédant cette langue nous a déjà permis de remédier; nous regrettons
que beaucoup d'échantillons soient sans fleurs ni fruits, et, par conséquent,
non susceptibles de détermination; mais les espèces qui pourront être nom-
mées formeront un ensemble for l intéressant. Nous devons aussi à M. Chaf-
fanjon quelques plantes fossiles de Sibérie, assurément jurassiques, et pro-
venant d'un gisement dont le Muséum ne possédait rien.
Enfin un bel herbier de M. Diguet, de 1 A3 espèces, recueilli dans la
province de Jalisco (Mexique), et parfaitement préparé, renferme proba-
blement de nombreuses nouveautés. Je citerai particulièrement une série
de Loranthacées recueillies pour faciliter les études de M. Van Tieghem sur
ce groupe important. Quelques-unes sont d'une remarquable beauté, et
les échantillons secs sont accompagnés de fleurs dans l'alcool. C'est une
bonne précaution qui ne saurait être trop recommandée à nos voyageurs.
M. Demker présente une collection de drogues coréennes offerte
au Muséum, à son instigation, par M. Chimkievitch, fonctionnaire
a Haché au gouverneur de la province Amourienne (Sibérie orien-
tale).
Cette collection se compose de 375 échantillons de racines,
feuilles, graines, fruits, etc.; de différentes plantes médicinales ou
prétendues telles parla pharmacopée coréenne, copiée sur la phar-
macopée chinoise. Il y a aussi parmi ces échantillons quelques
roches réduites en poudre; M. Deniker croit reconnaître du talc-
schiste dans Tune de ces poudres. Chaque échantillon est enveloppé
d'une façon particulière et très compliquée dans un carré de papier
chinois portant le nom de la drogue en trois langues : chinoise,
coréenne et mandchoue. Les paquets ainsi formés, longs de k à
6 centimètres et larges de 3 à A centimètres sont marqués à l'encre
— 18/i —
rouge de numéros qui correspondent à ceux d'une liste jointe à la
collection et contenant le nom de la drogue en chinois et la pronon-
ciation de ce nom à la mode coréenne écrite en caractères russes.
Malheureusement le registre s'arrête au n° 336. Outre cette liste,
la collection est accompagnée d'un manuscrit russe et chinois de
8 pages in-folio. Ce manuscrit contient rénumération de 1 1 o re-
mèdes de la pharmacopée coréenne avec les formules pour leur
préparation et les nume'ros des drogues qui doivent entrer dans
leur composition; ces derniers nume'ros correspondent à ceux des
échantillons de leur collection. De plus on trouve dans le manu-
scrit, en regard de chaque remède, le nom de la maladie contre la-
quelle il doit être administre'. Il y a là, par exemple, des médecines
contre le rhume de cerveau, contre l'indigestion, le mal de tête, la
fièvre, voir même contre «la mauvaise disposition d'esprit que l'on
a en se levant le matin» ou contre le et malaise que l'on ressent le
lendemain des fêtes et des libations par trop abondantes».
Cette petite pharmacie portative coréenne a été formée dans la
ville de Ha-men avec les plantes provenant de la montagne de
Sam-sin-san, par un médecin coréen et acquis par M. Chimkievitch
à Khabarovsk. La traduction du manuscrit relatif aux remèdes a
été faite (d'une façon assez imparfaite en ce qui concerne la langue
russe) par un lettré coréen, aujourd'hui instituteur dans une mai-
son fondée par le Gouvernement russe pour les enfants des Coréens
immigrés en Sibérie.
La détermination spécifique des échantillons de la collection
sera certainement difficile. Cependant M. Deniker pense qu'en s'ai-
dant de l'excellent travail de M. Bretschneider sur la matière mé-
dicale chinoise (t. III de son Botanicon sinicum), récemment paru, et
des dessins de l'encyclopédie chinoise d'histoire naturelle, le fa-
meux 7J£ j|f $$ g (Pen-tsao-kang-mou) , ainsi que de quelques autres
ouvrages chinois que possède la bibliothèque du Muséum, on pourra
arriver à déterminer sinon les espèces, du moins les genres des
plantes dont les fragments forment la collection. Ainsi, sans grand
effort, M. Deniker a pu déterminer un des échantillons, n° ai
(5^ P^ % l'ien-men-tung), comme étant la racine de Y Asparagus luci-
dus Lindl.; la plante est décrite au chap. xvm, p. h-j du « Pen-
tsao» et figurée dans l'atlas qui accompagne cet ouvrage à la page 3
des rr Herbes grimpantes» 4j^j$. (Wan-tsao) ainsi qu'à la page 67
du tome Id'un recueil chinois de dessins originaux appartenant à la
— 185 —
bibliothèque. M. Deniker se propose de traduire le manuscrit russe
et de donner avec l'aide d'un sinologue la transcription française
des caractères chinois. Il s'efforcera e'galemcnl de fournir les ren-
seignements botaniques complémentaires qu'il pourra trouver dans
les ouvrages du fonds chinois de la bibliothèque. Aux botanistes à
faire les déterminations plus minutieuses en s'aidant de ce travail
préliminaire.
M. F. Bocourt fait don au Muséum de la photographie d'un ta-
bleau d'Eugène Fichel, représentant une conférence faite par Bufl'on
dans une des salles de l'ancienne galerie de Zoologie. Ce tableau a
été expose' au salon de 1873.
M. Ch. Brongxiart offre à la bibliothèque du Muséum le tirage
à part du mémoire qu'il vient de publier dans le Bulletin de la So-
ciété philomathique de Paris (t. VIII, p. 120 à 212) et qui est inlitul ;
Revision des Salomonitœ , Locustidœ de la tribu des Conocephalinœ .
M. Eug. Simon fait hommage de son Catalogue des espèces actuelle-
ment connues de la famille des Trochilides (in-8°, Paris, 1897).
M. le Dr E.-L. Troui:ssart fait hommage du deuxième fascicule de
son Catalogus Mammalium tam vivenlium quam Jbssilium. Ce fascicule,
qui a paru dans le courant du mois de mai 1897, renferme les
Camivora et Creodonta, les Pinnipedia et le commencement des Bo-
dentia.
L'auteur profite de cette occasion pour informer les naturalistes
que la direction du «Tirreichr», publié par le Zoologisches Institut de
Berlin, l'a chargé de rédiger la monographie des Rongeurs qui doit
paraître dans cette vaste publication. Celte monographie, qui com-
prendra la diagnose de toutes les espèces, avec des figures de ca-
ractères intercalées dans le texte, sera sur le chantier dès que le
Catalogue sera terminé, c'est-à-dire dans le courant de l'hiver pro-
chain. L'auteur fait appel à tous les naturalistes qui s'occupent des
— 186 —
Rongeurs, en les priant de vouloir bien lui adresser un tirage à
part de leurs travaux, afin qu'il puisse mettre son travail au cou-
rant de la science.
M. Henri Lecomte offre à la bibliothèque du Muséum le premier
numéro (5 juin 1897) ^e 'a Revue f^es cultures coloniales dont il est
rédacteur en chef et qui est publié sous la direction de M. Milhe-
Poutingon.
M. Milne Edwards fait passer sur le tableau des photographies
instantanées faites à la ménagerie, par M. Secques, de l'Eléphant
d'Ethiopie récemment offert par M. le Président de la République
qui l'avait reçu de l'empereur Ménélick, des jeunes Hippopotames
et des Chimpanzés du docteur Maclaud.
M. Hamy annonce la mort de M. le Dr Ernest Martin, ancien
médecin de la légation de France à Pékin, ancien médecin-major
de l'Ecole polytechnique, décédé à Epinay-sur-Seine le 1er juin
dernier à l'âge de 66 ans.
M. Martin, à son retour de Chine, avait offert au Muséum une
précieuse collection anthropologique, dont la pièce la plus impor-
tante, successivement lithographiée, gravée et moulée, est devenue
le type classique du crâne moiigolique.
COMMUNICATIONS.
Le fleuriste Pierre Morin le jeune, dit Troisième,
PAR M. LE PROFESSEUR E.-T. HaMY.
Deux personnages du nom de Morin ont marqué, plus ou moins, dans
l'histoire de la botanique au cours du xvne siècle.
Le premier, Louis, né au Mans, docteur en médecine de Paris, méde-
cin de L'Hôtel-Dieu, membre de l'Académie des sciences, doit a Y Eloge
que Fontenelle lui consacra en 1715 d'avoir gardé une petite place dans
— 187 —
nos recueils biographiques, quoiqu'il n'ait laisse' que des travaux snns in-
térêt W.
Le second, Pierre, Parisien, tout à fait oublié aujourd'hui, a pourtant
écrit de bons livres de jardinage, dont le plus connu n'eut pas moins de
quatre éditions de i658 à 1689.
C'est de ce Piètre Morin , fleuriste , que je voudrais vous dire quelques
mots, en commentant quelques pièces qui le concernent et dont la prin-
cipale vient jeter un peu de lumière sur les débuts professionnels du fon-
dateur du Jardin des Plantes, Guy de La Brosse.
Pierre Morin était né dans les dernières années du xvie siècle. Son père,
qui s'appelait aussi Pierre «en son vivant marchand demeurant à Paris »
avait eu de Marye Cousture, sa femme, trois fils au moins : « honorable
homme Pierre Morin l'aisoé» et René Morin, tous deux bourgeois de Paris
figurent, en effet, à côté d'un troisième Pierre Morin, celui qui nous inté-
resse, dans le contrat de mariage de ce dernier, que je viens de retrouver
aux Archives nationales.
Cénacle a été passe à Paris par le notaire Huart dit Robinot le k mai
1619 W- père et mère sont morts à cette date, et Pierre Morin, le marié
récemment établi'3), demeure rue de Thorigny, sur la paroisse Saint-
Gervais.
La mariée est Françoise de la Brosse, «fille de feu M0 Hierosme de la
Brosse, vivant, secrétaire de Monseigneur le comte de Soissons <4> et de Ge-
neviefve le Clerc, sa veuve, demeurant à Paris, rue Michel Le Comte, pa-
roisse Saint-Nicolas, n
Elle est assistée d'un beau-frère, Charles Guichard, rtescuyer, gentil-
W Les recueils de l'Académie royale des sciences renferment quelques notes sans
importance de Louis Morin. 11 a laissé en manuscrit un index d'Hippocrate grec
et lahn et un journal d'observations du baromètre et du thermomètre. A.-L.de Jus-
sieu dit qu'il transcrivit littéralement» toutes les lettres écrites du Levant par
Tournefort «qui ont fourni les matériaux du voyage imprimé» et que ce manuscrit
existe dans sa propre bibliothèque ( Troisième notice historique sur le Muséum d'his-
toire naturelle. Ann. du Mus., t. IV, i8o4).
(?) Contrat de mariage de Pierre Morin et de Françoise de la Brosse. (Arch. nat
Y 162, f° i3/i v°.) V
) L'auteur de Y Avis au lecteur qui est en tête de la première édition des Re-
marques nécessaires pour la culture des fleurs dont je reparlerai plus tard dit
que ce livre, qu'il fait paraître en i658, «contient les observations de Monsieur
Morin faites sur la culture des Plantes pendant plus de quarante ans» ce qui re-
porte ses débuts au delà de 1618.
PJ Charles de Bourbon, comte de Soisson et de Dreux, pair et grand-maître de
tram», fils puîné de Louis I", prince de Coudé, né le 3 novembre i5C6, était
mort le i« novembre 1613, laissant un fils de huit ans et demi seulement. La
mort de Hierosme de la Brosse datait donc de sept ans au moins, quand Françoise
sa fille épousa Pierre Morin III.
— 188 —
homme ordinaire de la Chambre du Roy » (n, de rrMaistre Claude Bouleroue,
procureur en Parlement, cousin à cause de Claude Rolland, sa femme» el
de son cousin paternel n noble homme Guy de la Brosse», qui prend le
litre de rr médecin ordinaire de Monseigneur le Prince» et, par conséquent,
était attaché (à cette époque de sa vie, dont on ne savait absolument rien
jusqu'ici) à la personne de Henri II de Bourbon, prince de Condé(2;.
C'était sans doute lui cpii avait fait ce mariage, dont le contrat, que je
ne saurais ici faire connaître par le menu , était particulièrement avantageux
pour sa parente. Botaniste passionné , il avait été tout naturellement con-
duit à fréquenter les Morin qui s'occupaient d'horticulture avec grand suc-
cès à Paris, et l'on s'explique fort aisément que les relations ainsi établies
aient pu aboutir à faire de Pierre Morin troisième un cousin par alliance de
Guy de la Brosse.
Ce mariage de botanistes aurait dû, ce semble, exercer quelque influence
sur les destinées du Jardin Boyal naissant. Il eût semblé fort naturel que des
horticulteurs expérimentés c >mme étaient les frères Morin fussent appelés
à devenir des collaborateurs particulièrement précieux pour l'établissement
que l'on fondait. Il n'en a rien été : ni en 1626 ni en j 035 , on ne parle
du cousin de Guy de la Brosse pour occuper une place quelconque au
Jardin Royal, dont celui-ci est devenu l'intendant.
Pierre Morin a son établissement crau Faux-bourg Saint Germain, proche
la Charité» et il y cultive spécialement des k plantes à fleurs» tulipes, iris,
anémones, etc.
lngeniose nunc alit Indica Gerinina Terra:
Plantarum AIorims honos, et gloria Plorum (3).
On connaît une première série de Catalogues de plantes, imprimée pour
lui par François Le Comte en i65i (4). Une deuxième série sortait quatre
ans plus tard de la même imprimerie'^. Et c'est seulement en 1 058 qu'at-
W Un reçu, conservé aux Pièces originales (T. 1 638 ) du Cabinet des Titres, à
la Bibliothèque nationale, qualifie ce personnage de ccon" n" el secrétaire du
Roy, Charles G nischartl, Gentilhomme de la Chambre du Roy» (Juillet 1621).
W Henri II de Bourbon, prince de Coudé, était né le 1" septembre 1 588. —
C'est toujours le prince de Condé, premier prince du sang, qui est désigné par les
mots Monseigneur le Prince.
W Distique composé en i65i par Mittanour, astronome du prince de Conti.
In eximium anlhologum P. Morinum.
W Catalogues de quelques Plantes à fleurs qui sont de présent au Jardin de Pieire
Morin le jeune, dit Troisième , fleuriste , scilué au Vaux-bourg Saint Germain proche
la Charité. A Paris. De l'Imprimerie de François Le Comte, rue Sainl Jacques, à
l'Image Saint Rcmy, près le Collège du Plessis. mdcli.
Sous ce titre commun figurent trois catalogues spéciaux «des Tulippes, des Iris
bulbeux, des Anémones».
<51 Catalogues de quelques Plantes à fleurs qui sont de présent au Jardin de P. Mu-
— 189 —
teint d'une maladie grave, Pierre Morin se décide à donner enfin les Re-
marques nécessaires pour la culture des /leurs, qu'il avait médite'es «pendant
plus de quarantes années» (,) et qui ont été' réimprimées avec diverses addi-
tions en 1677, en 1 689 (2) et en i6o&(3). On a aussi de ce laborieux jardi-
nier un Nouveau traité pour la culture des fleurs qui enseigne la manière de
les cultiver, multiplier et de les conserver selon leurs espèces, avec leurs pro-
priétés merveilleuses et les vertus médicinales, divisé en trois livres et dont
j'ai vu deux éditions, l'une de 167/», l'autre de 1682 w.
rin fleuriste. A Paris. De l'Imprimerie de François Le Comte, rue S' Jacques, au
Collège du Plessis-Sorbonne mdclv in-8°. — Les catalogues spéciaux réunis sous
ce titre commun sont ceux des Anémones, des Tulipes, «des Ranoncules de Tri-
poly», des Iris bulbeux.
'■' Remarques nécessaires pour la culture des fleurs. Diligemment observées par
P. Morin. Avec un Catalogue clos Plantes rares qui se trouvent a présent dans son
Jardin. A Paris, chez Charles de Sercy, au Palais, dans la Salle Dauphine, à la
Bonne Foy Couronnée, mdulviii. Avec Privilège du Roy, 1 vol. in-8°.
L'ouvrage commence par un frontispice gravé. Puis viennent l'avis aux curieux
de Fleurs, dont j'ai déjà extrait plus haut les passages qui nous intéressent, la
table des matières, et l'extrait du Privilège daté du 8 avril 1 6 5 5 .
Je relève, en feuilletant le texte qui suit, les conseils pour la culture des Iris
bulbeux, des Cyclamens, des Jasmins, des Jacinthes orientales, des Tulipes, une
classification des plantes «suivant qu'elles aiment la terre grasse et humide, ou
maigre et sèche», des renseignements sur la date des semis, le mémoire des sai-
sons, où chaque belle plante se trouve en fleur. Puis il est question des arbres,
arbrisseaux, sous-arbrisseaux (bosquets de haute futaie), allées couvertes, espaliers,
palissades, mais l'éditeur nous prévient (p. 61) que tout ce qui est dit «de l'em-
ploi des Plantes Boiseuses et ligneuses. . . n'est pas de l'auteur».
Un traité des OEillets (p. 66) énumère 66 variétés de cette fleur. On rencontre
enfin à la page i3i un nouveau Catalogue de quelques Plantes à fleurs qui se sont
trouvées au Jardins de P. Morin fleuriste, et en particulier des Anémones pluchées
dont notre jardinier met 72 variétés en vente, de ses Ranoncules de Tripoli, de
ses Tulipes, et de ses Iris bulbeux.
(2) Cf. Catalogue Danty d'Isnard, n03 h 2 7-/1 2 9.
' Cette dernière édition est intitulée de la manière suivante : Remarques néces-
saires pour la culture des fleurs. La manière avec laquelle il les faut cultiver et les
ouvrages qu'il faut faire selon chaque Mois de l'Année. Avec une méthode facile pour
faire toutes sortes de Palissades , Bosquets, et antres Ornements qui servent à l'embel-
lissement des Jardins de plaisir, et un Catalogue des Plantes les plus rares. Le tout
diligemment observé par P. Morin fleuriste.
Nouvelle édition, augmentée d'un traité des OEillets, et de la manière qu'il les
faut cultiver. A Paris, chez Charles de Sercy, au Palais, au sixième Pilier de la
Grand'Salle,' vis-à-vis la Montée de la Cour des Aydes, à la Bonne-Foy Couronnée,
mdxciv. Avec Privilège du Roi.
w Paris, chez Charles de Sercy, in- l'a. Les fleurs dont il est question dans ce
petit livre sont les Jacinthes, la Tubéreuse, les Clochettes, les Jonquilles, la Mousse
Grecque, la Couronne Impériale, le Pennach de Perse, le Col de Chameau, l'Or-
— 190 —
Aucun de ces ouvrages ne fait la moindre allusion au Jardin du Roi, et je
n'v ai vu mentionné nulle part le nom de Guy de la Brosse.
Le seul renseignement biographique qui s'y trouve consigné est relatif
à René Morin, ce frère dont nous avons trouvé plus haut le nom sur l'acte
de mariage de i 61 9 , et qui était mort depuis peu de temps quand parurent
pour la première fois (1 658) les Remarque* nécessaires. Pierre Morin ter-
mine le catalogue qu'on peut lire à la lin de ce volume par un adverlis-
sement en gros relatif à certaines plantes dont il ne possède la plus grande
partie que depuis peu trpar le deceds de René Morin» son frère rr homme
qui pendant sa vie a été aussi curieux qu'aucun de l'Europe !"
On sait que les Morin, René et Pierre, ont été les coopéraleurs de Denis
Joncquet, qui les cite fréquemment dans son Hortus{l), mais on ignore dans
quelle mesure ces botanistes pratiques ont été associés à la rédaction des
Manuscrits de jardinage que Sercy demandait à faire imprimer avec Y Abrégé
des bons f miels et les Remarques pour la culture dcsjleurs dont il tient d'être
question. On a parfois attribué ces écrits à la plume du laborieux parent
de Guy de la Brosse (2).
CoymiBUTioy À l AymnopoLOGiE du iViriflzr,
par M. le Professeur E.-T. Hamy.
Les Huicholes, chez lesquels vient de pénétrer notre voyageur M. Léon
Diguet, sont un tout petit peuple, fort intéressant et très peu connu, qui
forme cinq communautés du district de Golotlan, dans le Nord Est de l'Etat
de Jaliscot3). Réfugiés dans les bairancas de la Sierra de Nayarit, entre les
nitogalle, les Tulipes, les Lys et les Marlngons; l'Iris, le Lys marbré, le Colchique,
le Safran; les Roses, celle de Chine en particulier, le Lilas blanc et bleu; le Cerisier
et le Pécher doubles, le Grenadier double, les Lauriers d'Inde, le Myrte à double
fleurs, le Genêt blanc, la Marjolaine, la Térébenthe, le Piment royal, la fleur de
la Passion, le Yuga indica, etc.
''' Dyonisii Joncquet medici Parisiensis hortus, sive index onomasticus plantarum
quas excolebat Parisiis annis 1608 et i65g. Accessit ad calcem stirpium aliquot
pnulo obscurius denominatarum Officinis, Arabibus. Aliis per Gasparum Baulrinum
Explicatio. Parisiis, apud Franciscum Clouzier in Area Palatina. mdclix, in-4°. —
Lectori et p. 107 et aliis.
(2) Ces derniers renseignements se rencontrent dans le Privilège d'un petit livre
intitulé : Instruction facile pour connaître tontes sortes d'orangers et citronniers qui
enseigne aussi In manière de les cultiver, semer, planter, greffer, transplanter, tailler
et gouverner, selon les climats, les mois et saisons de l'Année, avec un Traité de la
Taille des Arbres. A Paris, chez Charles de Sercy. . . mdclxxx, in-19. — On a
attribué, je l'ai déjà dit, ces deux petits traités anonymes à Pierre Morin.
(3> Cf. M. Orozco y Barra , Geogrnfia de las lenguas y carta etnogrâfica de Mexico.
— 191 —
vallées du Rio de Jeres et du Rio de San Pedro , ces représentants d'un
lointain passé ont conservé dans ces sites presque inaccessibles, en même
temps qu'une indépendance à peu près complète, toute une antique ethno-
graphie, dont l'élude détaillée fournira sans doute des termes de compa-
raison bien curieux, aux historiens et aux archéologues. C'est aussi chez
eux, comme chez les Téuls, leurs voisins, que les aothropologistes trouve-
ront hien conservé l'ancien type du Nayarit. Déjà, les fouilles pratiquées
par M. Franco, pour la Commission du Mexique, dans un ancien cimetière
indien de San Andrès Téul(l) avaient fait connaître l'existence, à une époque
relativement reculée, en cette localité sise à quelques lieues au Nord de la
Sierra des Huicholes, de sujets au crâne relativement élevé et raccourci.
L'une des deux pièces que les indigènes ont recueillies pour M. Diguet
dans une grotte du canon de Raïmota et qui viennent de me parvenir, un
crâne d'homme adulte, offre des proportions analogues.
Le diamètre antéro-postérieur de l'une des têtes masculines de Téul
atteignait seulement i65 millimètres, mais le transverse en dépassait 1/16
et l'indice céphalique montait par suite au chiffre élevé de 88/18. Les
mêmes mesures sur l'homme de Raïmota égalent 16g et i45, et l'indice,
encore très fort, est de 85.79. Le diamètre basilo-bregmatique, indéter-
miné sur le sujet de Téul pour cause de mutilation , n'est inférieur que de
3 millimètres au transverse sur celui de Raïmota et fournit ainsi des indices
de hauteur-longueur et de hauteur-largeur représentés par 8 4. 02 et
97.06.
Le crâne, déterminé d'une manière générale par les mensurations qu'on
vient de lire, est un crâne épais, d'une ossature plutôt un peu massive.
Plus volumineux que ceux de Téul (cap. cran. , 1 485"; cire, horiz. , /19G""") ,
il offre les mêmes proportions relatives des loges antérieure et postérieure
signalées déjà chez ces derniers. La loge frontale est normalement déve-
loppée, l'occipitale au contraire un peu rétrécie; les pariétaux dessinent
nettement leurs bosses mais s'infléchissent assez brusquement en arrière et
forment avec l'écaillé occipitale un large plan à peu près symétrique qui
vient tomber à pic sur l'inion. La région cérébelleuse est courte et renflée;
les détails de la base crânienne sont vigoureusement marqués.
La face est mésosème (haut, tôt., 90; diam. bizygom., 1 33) avec l'in-
dice 67.7. Les orbites quadrilatères sont presque aussi hauts que larges
(la hauteur et la largeur moyennes mesurent l'une cl l'autre à peu près
38 millim.(i)). La racine dunez estétroite (a3 millim.); les os propres sont
Mexico, i864, in-h", p. 282,— A. Garcia y Cubas, Atlas geogrâfico , estadistico
e l.istdrico de la Repûblica Mexicana. Mexico, 3 858, in-fol., cart. XII.
(1) Cf. E.-T. Hamy, Anthropologie du Mexique, p. /17.
M Sur l'homme de Téul, mentionné plus haut, cet indice s'élevait déjà à
9i.4a. Le même rapport s'abaissait, il est vrai, à 84. 21 sur un deuxième sujet.
— 192 —
relativement aplatis et le squelette nasal est presque à la limite supérieure de
la mésorhinie (nid. nas., 52). Les pommettes, bien accusées, sont fortement
convexes; les fosses canines s'étalent largement et l'intermaxillaire est pro-
jetée en un prognathisme localisé, dont l'état des alvéoles empêche malheu-
reusement de déterminer l'amplitude, qui est considérable. La voûte pala-
tine, peu profonde, est fort proclive dans son quart antérieur : une seule
grosse molaire s'y trouve encore implantée, c'est la deuxième du côté droit.
Cette dent est atteinte de carie latérale; le sujet n'avait plus d'ailleurs de-
puis longtemps que des canines et des incisives.
Un second crâne, recueilli comme le précédent par les Huicboles dans le
canon de Kaïmota et que j'ai aussi trouvé dans l'envoi que jcviens de re-
cevoir de Guadalaxara, est un crâne de jeune femme, beaucoup moins vo-
lumineux que le premier (cap. cran., 1280 centim. cubes; cire, horiz.,
/*77 millim.), à peine un peu plus court que celui-ci (d. a.-p., 168 millim.),
aussi élevé proportionnellement (d. bas.-bregm., 128), mais bien plus
étroit (d. br.-max., 1 3 1). L'indice céphalique horizontal tombe à 78; les
deux autres se chiffrent par 76.19 et 97.70. Les formes générales s'adou-
cissent considérablement; les bosses temporales sont moins anguleuses, le
méplat pariéto-occipital est moins distinct, la chute du plan postérieur est
moins abrupte, mois l'ensemble reproduit en somme, en les allongeant un
peu, les courbures du sujet mâle.
L'indice facial (68.29), l'indice nasal (52.27), l'indice orbilaire (99.80)
de ce crâne féminin se confondent presque avec ceux du crâne masculin
qu'il accompagne. Le squelette nasal, mieux conservé, est d'un profil un
peu busqué, déterminé par une crête assez nette. Les fosses canines sont
mieux limitées, les bourrelets canins et les fossettes incisives sont plus
accentués, et le prognathisme alvéolaire est mesuré par un angle de
60 degrés.
Ces deux sujets, trouvés dans un tumulus du canon de Raïmota, au-
raient appartenu, d'après les indigènes qui les ont procurés, à une autre
race que la leur. Ces Indiens auraient même reconnu ces lêtes, nous dit
M. Diguet, à leurs formes raccourcies, ce qui implique qu'ils auraient
eux-mêmes le crâne relativement allongé. Or, des différences de même
ordre ressortent de la comparaison des pièces tirées des deux couches de
sépultures de ce cimetière indien de San Andrès Téul, dont il était ques-
tion au commencement de cette note. Les lêtes modernes de celle nécro-
pole que j'ai pu voir sont, en effet, d'une dolichocéphalie très accusée,
tandis que les crânes anciens, dont nous connaissons les indices, débordent
les limites de la brachycéphalie la plus forte. J'ai déjà dit que l'une de ces
têtes avait pour indice 88. 48; le même rapport se chiffre sur les deux au-
tres par 88.lt 1 et 92.^0.
— 193 —
En faisant la moyenne des cinq crânes du Nayarit que nous possédons
aujourd'hui, on obtiendrait un indice qui dépasserait encore 86.
Les populations les plus anciennes du Nayarit, conunejoutes celles de la
Nouvelle-Espagne, se montrent ainsi extrêmement brachycéphales en même
temps qu'elles offrent les autres caractéristiques, tirées du développement
proportionnel en hauteur, du prognathisme alvéolaire, et que j'ai briève-
ment résumées dans les lignes qu'on vient de lire.
Notes concernant l' anthropologie et la zoologie du Baoulé,
PAR M. DeLAFOSSE.
Sur l'aimable invitation qui m'a été faite par M. le Directeur du Mu-
séum, j'ai cru utile de consigner, pour vous en faire part, quelques-unes
des observations anthropologiques et zoologiques qu'il m'a été donné de
faire au Baoulé, province centrale de la Côte d'Ivoire, durant les trente
mois que je viens d'y passer.
Les habitants du Baoulé, qui se donnent à eux-mêmes ce même nom de
iïaoulé, appartiennent, historiquement, linguistiquement et ethnographi-
quement, au groupe agni-otchi ou agni-achanli , qui renferme un grand
nombre de tribus de la Guinée centrale.
La brachycéphalie m'a paru plus répandue chez eux que la dolichocé-
phalie. La tête est haute, quelquefois ronde, plus généralement ovale et
quelquefois presque rectangulaire. Le cou est généralement grand et fin :
ce caractère est même considéré comme un signe de beauté; les cous courts
et gros sont rares et sont l'objet des mépris et des risées.
Les cheveux deviendraient très longs s'ils n'étaient pas fréquemment
coupés et rasés. Ils sont peu abondants, disposés en touffes assez espacées
et régulièrement alignées. Ils sont le plus souvent franchement noirs, rare-
ment roux et exceptionnellement couleur filasse.
Le nez est rarement aplati , bien que les narines soient toujours fort larges
et leurs bords épais. Il est généralement droit, quelquefois" courbé ou
busqué, presque toujours long, et, au lieu de commencer au-dessous de
la ligne des sourcils comme dans beaucoup de races nègres, il commence
presque toujours sur celte ligne même. Quelquefois les ailes sont fines et
le nez a alors complètement l'aspect d'un nez caucasique.
Le front est en général très droit; l'angle facial est quelquefois obtus.
Le front est d'une largeur moyenne, plutôt haut chez les hommes, bas et
étroit chez les femmes.
L'oreille est remarquablement petite et bien faite, surtout chez la femme.
Son défaut, universel d'ailleurs, est que le lobe est adhérent à la tempe.
Les yeux sont presque toujours noirs ou bruns; le regard est limpide et
Muséum. — ni. i5
— 194 —
généralement expressif. Chez beaucoup d'enfants, les yeux sont vraiment
beaux. Les cils sont longs. Les sourcils, bien dessinés, sont assez peu
fournis.
La bouche est moyenne chez les hommes , assez souvent petite chez les
femmes. Les lèvres sont grosses et charnues sans exagération; la bouche
étant fermée, on aperçoit prescjue toujours le rouge des lèvres. La lèvre
inférieure n'est pas tombante. 11 arrive assez souvent d'ailleurs que la lèvre
supérieure est fine et tombe droit.
L'extrême mobilité de la langue dans tous les sens est remarquable.
L'orlhognathisme est aussi général que le prognathisme : ce dernier, qui
n'est jamais très accentué, est produit le plus souvent par le mode d'im-
plantation des dents, celles d'en haut formant avec celles d'en bas un angle
marqué, et non par la forme des os maxillaires.
Les membres supérieurs sont bien faits et bien proportionnés. Le torse
est presque universellement très long par rapport à la taille des membres
inférieurs. C'est, avec la généralité de la brachycéphalie et de l'orthogna-
thisme, le caractère distinctif de la race.
Les jambes sont souvent bien faites et bien musclées; souvent aussi,
chez les hommes, les cuisses et surtout le bas de la jambe sont d'une gra-
cilité excessive; les mollets sont presque toujours rudimenlaires. Chez la
femme, au contraire, les cuisses et les mollets sont bien et harmonieuse-
ment développés. Dans l'un et l'autre sexe, les jambes sont petites; les ge-
noux et la pointe des pieds sont rapprochés, les talons en dehors.
Les mains sont tantôt moyennes, tantôt grandes chez l'homme, toujours
petites chez la femme. Les pie îs sont très généralement grands chez
l'homme, moyens et quelquefois petits chez la femme.
Ni la circoncision ni l'excision ne sont connues chez les Baoulé, tandis
que ces deux opérations sont pratiquées chez les Dyoula. Le système pileux
est assez abondant. Les cuisses, les jambes et souvent aussi la poitrine et
même les bras sont couveris de poils. Les moustaches et les favoris sont peu
fournis, mais la barbe atteint souvent de belles dimensions.
On ne peut attribuer une couleur spéciale à la famille baoulé. Ou y ren-
contre toutes les nuances, depuis le noir foncé jusqu'au jaune terreux. C'est
à peine si l'on peut dire que certaines couleurs sont plus spécialement af-
fectées à certaines tribus, qu'ainsi les Zipouri sont plus souvent noirs, les
Atoutou chocolat, les Ouarèbo bruns et les Faafoué rouges. Les teintes les
plus fréquentes sont le noir chocolat (couleur de l'intérieur d'une tablette)
et surtout le rouge brun, qui devient souvent rouge brique, rouge clair,
jaune et café au lait.
Pour ce qui concerne la zoologie, je ne parlerai (pie des Mammifères. Je
crois connaître le plus grand nombre des Mammifères vivant au Baoulé,
mais il existe sans doute encore un certain nombre d'espèces qu'il ne m'a
pas été donné de rencontrer.
— 195 —
Lorsque je parle du Baoulé, j'entends le Baoulé proprement dit, c'est-
à-dire la région située au nord de la forêt dense, et formant d'une façon
générale un triangle dont le sommet est déterminé par le confluent du
Bandama et de son principal affluent le Nzi, et dont les côtés seraient, à
l'ouest, le Bandama, à Test, le Nzi. Cette région renferme des montagnes
nombreuses mais peu élevées, des plaines couvertes d'herbes et plantées
tantôt de Borassus, tantôt de petits arbres d'essences diverses, et des vallées
boisées dans le fond desquelles sont des cours d'eau le plus souvent tempo-
raires.
Dans le nord-ouest et le sud du Baoulé, on rencontre le Chimpanzé
(Akalya); ce troglodyte est redouté des indigènes, surtout à cause de sa
ressemblance avec l'homme qui produit en général une crainte supersti-
tieuse. Le Cynocephalus sphinx (Gbèkrè ou Wotoumo) est très commun par-
tout; les indigènes en capturent souvent pour les garder près de leurs
cases. Les statues fétiches de ce Singe sont très répandues. Les autres es-
pèces de Singes que je connais dans le Baoulé sont : le Cercopilhecus aima,
ou Singe à dos de feu {Kyh)\ le Cercopilhecus petaurista ou Pain à cacheter,
ainsi nommé de la tache blanche qu'il a sur le nez (Alilé); le Cercopilhecus
ruber {Kogyo) au poil d'un roux fauve; le Cercopilhecus callithrix (?), que
les Européens appellent « Singe vert» et les indigènes tr Singe blanc » (Pépé
oufoué); le Colobus vellerosus ou Singe noir (Foué), recherché pour sa chair
et sa fourrure; le Colobus fuUginosus , variété rufo-niger, ou Singe rouge
(Taûé), également recherché pour sa chair; le Cercocebus fuUginosus ou
Singe à pieds plats (Kpan-mi)-, un Singe de très petite taille, remarquable
par ses yeux vifs et intelligents, à fleur de tête, et la couleur noire qui dé-
core ses pattes, appelé par les indigènes «l'Homme noir» (Sonan-blé) ou
«le Singe krifi», à cause de son cri. On rencontre aussi dans cette région
une sorte d'Anomalure (Nyarou), que je n'ai fait qu'apercevoir.
Un animal très commun et que pourtant je n'ai jamais pu me procurer
est le Ouéya, appelé ainsi à cause de son cri, que l'on entend presque
toutes les nuits dans les arbres des forêts, surtout au bord des rivières. Ce
que m'en ont dit les indigènes me porte à le rapprocher des Paresseux ou
de l'Aye-aye de Madagascar. 11 atteint, paraît-il, la taille d'un Chat ordi-
naire; il aurait des pattes très imparfaites et serait obligé de s'aider de ses
dents pour grimper sur les arbres , dont il fait sa demeure ; il se tiendrait
de préférence dans les arbres creux et ferait sa nourriture des Insectes logés
entre le bois et l'écorce; il reste, dit-on , sur le même arbre aussi longtemps
qu'il y trouve de quoi se nourrir; ensuite, il se laisse tomber à terre et
gagne à grand'peine un arbre voisin, où il s'établit (1).
Un autre animal, moins répandu, est le Pangolin, dont il existe deux
variétés : l'une, petite (Aourèmou); l'autre, de grosse taille (Kplaré).
■' Il s'agit probablement du Perodicticus polio. (Note de la Réd.)
i5.
— 196 —
Parmi les Chéiroptères , je connais deux espèces : YAiùaiiïarè, petite
Chauve-Souris qui porte sur le front un bourrelet circulaire ressemblant à
un œil de cyclope sans prunelle, et YAlcpan-ni, auquel les indigènes attri-
buent les mêmes mœurs sanguinaires qu'au Vampire de la fable. H doit en
exister d'autres.
Les Carnivores sont représentés par la Panthère, dont il existe deux
variétés, le Kan-garé (Felis pardus , variété pœcihra), et le Nzûénou-kan-
garé, ou Panthère des rivières, que je n'ai pu déterminer; le Felis serval
(Gyata); le Chat- tigre ou Felis chrysolhrix (Ouan-ga), qui est très com-
mun; un animal de petite taille, appelé Aanga, et qui est peut-être la Nan-
dinia binotata; la Viverra Poortmannii (Sue), très répandue, dont le mâle
fournit un musc très apprécié des indigènes; la Genetta poensis (Do-ou),
l'Ichneumon, Herpestes ichneumon (Kakoukakou) , une sorte de Fouine ap-
pelée Sogroumbi, qui sont tous les trois la terreur des poulaillers; Ylchneu-
mia albicauda (Kakramati) , moins répandue que les trois espèces précé-
dentes; VHyeena crocuta (Bogrokqfi), qui atteint de fortes dimensions, est
aussi redoutable aux troupeaux que la Panthère et occupe dans les légendes
populaires du Baoulé la même place que le Lion dans les fables de La Fon-
taine; une Loutre de grande taille, appelée Chien d'eau (Nzûkûa), qui se
rapproche delà Luira inunguis, avec quelques caractères différentiels, il
me semble ; enfin le Chat et le Chien qui vivent à l'état domestique; le pre-
mier atteint la (aille et a la forme de nos Chats de gouttière; il est tantôt
fauve avec rayures grises ou noirâtres, tantôt noir, tantôt rouge; le Chien,
d'un poil ras et fauve, rappelle le Chien d'Algérie, mais la tête est plus
allongée et la queue est à poils ras; il y a aussi des Chiens noirs.
Je connais treize espèces de Rongeurs : le Rat commun (Gbékré) , qu'on
trouve dans toutes les cases et qui est d'une familiarité excessive; la Souris
des maisons (Kpo), également trop répandue; une sorte de Campagnol
(Sourou)^ ; un Écureuil grisâtre (Âkrémya) qu'on trouve assez fréquem-
ment sur les Palmiers à huile et qui est souvent pour cela désigné à tort
sous le nom de rrRat palmiste»; un autre Rongeur, fort semblable au pré-
cédent, mais qui habite un terrier et court sur le sol (kouasré);un animal
ressemblant beaucoup au Loir (Bote); un Rat palmiste (Zinzingan); une
sorte de Souris à robe zébrée, qui vit dans les cases et les greniers (Sa-
rangba); un Lièvre (Gban-mro), très analogue au Lièvre d'Algérie; le Porc-
épic ordinaire ou Hystrix crislala (Fourc) , et le Porc-épic à longue queue
ou Alhcrura armata (k'piu-:c).
Un Rongeur qui est très répandu dans tout le Baoulé est le kpûèma ; je
n'ai pas trouvé son analogue dans les galeries du Muséum. C'est un
animal qui atteint la taille d'un beau Porc-épic; il a la tête conformée
O 11 s'agit peut-être d'un Lophuromys ou d'un Leimacomys. (Note de la Rédac-
tion.)
— I(.)7 —
comme le Cochon d'Inde; ses pattes sont remarquables par ce fait qu'un
doigt est complètement atrophié et un autre fort rudimen taire, ce qui fait
que les empreintes qu'il laisse sur le sol semblent appartenir à un animal
tridactyle. La peau est épaisse comme celle du Porc; les poils, grisâtres,
sont rudes et très peu adhérents à la peau; la chair a un goût intermé-
diaire entre celui du Lapin et celui du jeune Porc. Le Kpûéma habite par
troupes plus ou moins nombreuses dans des terriers. On le tue facilement
en mettant le feu aux herbes qui avoisinent son terrier et en le forçant
ainsi a prendre la fuite.
Mes domestiques noirs ont trouvé un jour dans des stores qui étaient
restés roulés depuis longtemps toute une nichée de jeunes animaux qu'ils
m'ont présentés comme des Rats d'une espèce particulière; ils ressemblaient
en effet à des Rats, mais avaient le corps, et surtout la queue, recouverts
d'un poil gris, abondant, dru et long. Les indigènes appellent cet animal
Agpoua-so; bien que n'ayant pas vu d'adultes, je crois que c'est un Galago,
vraisemblablement le Galago anomurus.
Les Ruminants sont représentés au Raoulé par le Mouton sans laine,
commun à toute l'Afrique occidentale; la Chèvre domestique, à pattes
courtes, grosse et trapue; une sorte de Rouquetin (Foutoué), que je crois
être la Capra nubiana; le Rœuf domestique, assez beau, généralement
blanc, tacheté de brun , ou brun, ou noir; le Ruffle commun (Aoué) et une
sorte de Rœuf sauvage, assez rare, appelé Kongo, dont les cornes sont ra-
battues sur le dos; enfin par onze espèces d'Antilopes ou Gazelles. La plus
commune de toutes est l'Antilope rousse, a taches blanches, Tragelaphus
scriptus (Ouo-nzani); une autre, analogue, mais plus grande et de pelage
plus clair, appelée Dyangba, est, je crois, le Tragelaphus gratus. VAde-
nota kob ou Antilope à cornes tordues (Frété) est très abondante également
et très recherchée pour sa chair. La plus grosse de toutes les espèces que
je connais est l'Antilope cheval, d'un brun très foncé, connue sous le nom
de Gyotikou; sa chair, proscrite par la religion chez certaines tribus, est
excellente; c'est, je crois, YHippolragus equinus. Une autre espèce, presque
aussi grosse, est fauve, avec des cornes disposées comme celles du Cha-
mois : c'est le Kyégélujégé; je n'ai pu la déterminer. Une autre encore, ap-
pelée Frétêhongron , rappelle de très près YElcotragus rcduncus. Le Dagbc,
qui a les cornes rabattues sur le dos, est sans doute un Oryx. Le Kréhrégya
n'est autre chose que le Cephalophus doria , avec pelage rayé de noir, aux
cornes microscopiques. La Gazella nigricauda (Aiigiia) est assez commune.
Je connais encore deux autres espèces que je n'ai pu déterminer : une An-
tilope de couleur brune, qui saule plutôt qu'elle ne court, et dont la chair
est réputée malsaine (Gya-ndé), et une petite Antilope fauve à petites cornes
très minces (Kéténuè). Le Cerf et (ous les Ruminants à bois sont totalement
Les Pachydermes sont représentés par le Sanglier (Kokoti), le Phi
— 198 —
chœrus (éthiopiens (Wourè), l'Eléphant (Sut) et l'Hippopotame (Nzùe-sui).
J'ai parle aux indigènes d'une espèce d'Hippopotame plus petite, voulant
voir si l'on connaissait au Baoulé Y Hippopotamus liberiensis; personne
n'a compris ce dont je voulais parler.
Appeidice aux Notes précédentes.
Liste des Oiseaux rapportés par M. Delafosse du Baloué,
PAR M. E. OuSTALET.
M. Delafosse a remis au Muséum quelques Oiseaux dont je donne ci-
après la liste en y ajoutant les renseignements fournis par le voyageur au
sujet de chaque spécimen.
1. Cextropcs monachus (Biïpp.).
Nom vulgaire : Coq de pagode ou Oiseau moqueur.
Nom indigène : Brékou.
Un mâle tué à Toumodi (Baoulé). Yeux vert doré, à prunelle blanche;
bec noir; pattes gris foncé.
2. LoPHOCEROS SEMIFASCIATUS (Hai'tl.).
Nom indigène : Aùéma.
Un mâle tué à Toumodi (Baoulé). Yeux noirs: pattes noires; bec jaune
pâle, avec une bordure noire et des taches marron.
3. EuRYSTOMOS AFER (L. H.).
Nom indigène : Kuaroro.
Une femelle tuée à Toumodi (Baoulé). Bec rouge orangé; yeux bleus;
pattes grises.
h. Halcyon chelicotensis (Sharpe ex Stanley).
Nom indigène : Kahua.
Mâle tué h Toumodi. Bec et pattes rouges; yeux noirs.
5. Merops albicollis (V.).
Nom indigène : Oua-oua-noman (Oiseau de la saison sèche).
Un mâle et une femelle tués à Toumodi. Bec noir; yeux bleu foncé:
pattes marron.
6. Musophaga violacea (fsert).
Nom indigène : Beïra.
Un mâle tué à Kouadio-kofi-kro (Baoulé). Bec rouge surmonté d'un
casque jaune; yeux et pattes noirs.
— 109 —
7. Anthodleta collaris (V.).
Nom indigène : Toorourou.
Mâle tué à Tounio :i. Yeux, bec et pattes noirs.
Liste des Mammifères
RECUEILLIS PAR M. EdOVABD Foa DA\S LA REGIOy DES GRANDS Lies
PAR M. E. DE PoUSARGUES.
Les collections dont M. E. Foa annonçait l'envoi dans une lettre datée de
Tête (Haut Zambèze ), janvier 1897O, sont arrivées en bon état au Mu-
séum vers la fin du mois de mai; ces collections contenaient soixante-six
dépouilles de Mammifères, qui se répartissent entre trente-six espèces,
dont voici la liste :
1. Cercopitheccs albigularis (Syk.), d et 9. — Nom indigène :
Nchima.
2. Cercopithecus rufoviridis (I. Geoff.), 2 c? et 9. Nom indi-
gène : Poussi.
3. Papio cvnocephalus (E. Geoff.), d\ — Nom indigène: Coro ou Niani.
Ce spécimen, d'une taille gigantesque, mesure 1 mèlre de longueur
pour la tête et le corps, et 0 m. 7 5 pour la queue. Les teintes pâles du
pelage présentent de grandes analogies avec celles du P. pruinosus, récem-
ment décrit par M. 0. Thomas (2).
h. Gmalo (Otolemur) crassicaudatos (E. Geoff.), ç$, 9 et jeune.
Nom indigène : Tchanga.
5. Epomophorus cryptorus (Pet.), d. — Nom indigène : Mlémi.
Le Muséum ne possédait encore aucun représentant de cette espèce.
6. Rhtnchocyon Cirnei (Pet.), 3 tf, 1 9, — Nom indigène : Zolo ou
Mboala.
Ces trois exemplaires, en bon état, remplaceront avantageusement dans
nos galeries l'unique spécimen un peu défectueux que M. Foa nous avait
déjà rapporté de son premier voyage.
7. Petrodomus tetradactvlis (Pet.), d\ — Nom indigène : Zolo.
8. Macroscelides Intufi (A. Sm.), 1 d\ 2 9 et un jeune. — Nom in-
digène : Doundou.
M Voirie Bulletin du Muséum, p. 78, a" .'{, 1897.
W 0. Thomas. P. Z. S., London, p. 789, 1896.
— 200 —
9. Felis serval (Schreb.), c5*. — Nom indigène : Ndjouzi.
10. Feus caligata (Tem.), 9. — Nom indigène : Bonga.
11. Genetta feuna (Thunb.), 9. — Nom indigène : Marin'.
12. Herpestes caffer (Gm.), ç$ et 9. — Nom indigène : Nienga.
13. Helogale onddlata (Pet.), 9. — Nom indigène : Ndounkounia.
\k. Grossarchus fasciatus (Desm.), d*. — Nom indigène : Soulou.
15. Sciurus mutabilis (Pet.), d et jeune. — Nom indigène : Gourou ou
Tchaomboua.
1G. Sciurus cepapi (A. Sm.), d. — Nom indigène : Sitidé.
17. Eliomys morinus (Desm.), d et jeune. — Nom indigène : Ka-
diamhimo.
18. Gerbillus tendis (A. Sm.), 9. — Nom indigène : Pagna ou Ron-
gondo.
19. Steatomys pratensis (Pet.), d et 9. — Nom indigène : Néana.
Gelte intéressante espèce ne figurait pas encore, dans nos collections.
20. Mus (Arvicanthis) dorsalis (A. Sm.), 2 d, 2 9. — Nom indigène :
Péra.
21. Mus (Nannomys) minutoides (A. Sm.), d. — Nom indigène : Tsou-
hochenzi.
22. Saccostomus campestris (Pet.), d et 9. — Nom indigène : Msouko.
23. Aulacodus calamophagus (de Beerst.), d et jeune. — Nom indigène :
Tchenzi.
Cette nouvelle espèce ne diffère peut-être pas de celle que Pelers avait
rencontrée sur les bords du Zambèze et qu'il avait d'abord distinguée dans
ses manuscrits sous le nom à' A. variegatusm; les dimensions sont sensi-
blement égales, et les soies mouillées présentent les mêmes reflets mélal-
liques et irisés. De retour en Europe, le célèbre zoologiste allemand revint
sur sa première détermination , et identifia sa nouvelle espèce avec VA. swin-
derenianus (Tem.), mais malheureusement sans fournir d'indications sur la
forme et les dimensions du crâne des spécimens qu'il avait recueillis. La
tête osseuse de VA. calamophagus présente , comme je l'ai dit ('2', une hauteur
et une largeur considérables, et, par sa forme et ses proportions, diffère
notablement de tous les crânes d'yl. swindcrenianus de l'Ouest africain aux-
quels j'ai pu la comparer; à plus forte raison, ce nouveau type est-il dis-
tinct des espèces A. gregorianus {3) et A. Sclaleri m créées dernièrement
(l) Pelers. Reisa. n. Mossamlique, p. 1 38 , rbbù.
W Bull, du Muséum, p. 160, n° 5, 1897.
W 0. Thomas. Ann. Mag. natur. hist. Ser. 6. Vol. XIII, p. fîoa. 1 89^.
w O. Thomas. Zool. Anz. , p. 190, n° 53a, 3i mai 1897.
— 201 —
par M. 0. Thomas, et dont les télés sont plus f*ail>les encore que celle de
l'Aulacode de Swinderen.
24. Lepcs ochropds (Wagn.), cf et a jeunes. — Nom indigène : Ka-
loulou.
25. Dendrohyrax arboreus (à. Sm.), 9. — Nom indigène : Moembéré.
26. Procavia Brlcei (Gr.), cf. — Nom indigène : Bira.
27. Eqccs Burchellf, var. Crawshavi (Wint.), cf. — Nom indigène :
Mbidzi.
Ce spe'cimen que je n'avais pu déterminer qu'avec doute, d'après la
courte diagnose préliminaire publiée par M. de Winton(1), répond exacte-
ment à la description plus complète que M. Pocock (2) a donnée récemment
de celle nouvelle variété du Dauw.
28. Bubaus Lichtensteim (Pet.), cf , 9 et jeune. — Nom indigène :
Gondo.
29. Cephalophus Grimmi (L.), 9. — Nom indigène : Nyassa-Insa.
30. Nesotragus moschatis (v. Dub.), cf et 9. — Nom indigène : Ka-
doumba ou Roumza.
31. Cervic.apra arundinum (Bodd.), 2 cf et 2 9. — Mpoio.
32. jEpvceros melampus var. Johnstoni (Thos.), cf et 9. — Nom in-
digène : Nsouala ou Palla.
Cette variété à courtes cornes ne figurait pas encore dans nos collections.
33. Oreas canna var. Livingstonii (Sel.), 9. — Nom indigène : Ncheffbu.
Nous ne possédions pas davantage cette race à lianes rayés.
34. Strepsiceros kodu (Gr.), cf. — Nom indigène : Ngoma.
Cette espèce n'était représentée dans nos galeries que par des exemplaires
ayant vécu en Ménagerie.
35. Tragelaphcs scriptus Roualeyni (G. Cum.), cf et 9. — Nom in-
digène : Mbaouala.
36. Tragelaphus Angasi (Ang.), cf et 9. — Nom indigène : Boo-Inyala.
Ce beau Guib de l'Afrique sud -orientale manquait encore à nos col-
lections.
Toutes ces pièces, en bon état de conservation, permettront de combler
hien des vides dans nos galeries et nous sont d'autant plus précieuses que
M Do Winlon. Ann. Ma/r. nat. hist. Ser. 6. Vol. XVII, p. 3u>, 1896.
M H. I. Pocock. Ann. Mag. nat. hist. Sov. 6. Vol. XX. p. /ili, 1897.
— 202 —
nous n'avons que rarement l'occasion de recevoir des collections de la côte
orientale d'Afrique, où nous ne posse'dons aucune colonie, à part nos sta-
tions d'Obock et de Djibouti, sur le littoral du golfe d'Aden.
Sun LA VALIDITÉ GENERIQUE ET SPECIFIQUE
nu Bdeogale nigripes (Pucii.),
PAR E. DE PoUSARGUES.
Dans un précédent, travail (l), j'ai déjà eu l'occasion d'insister sur les ca-
ractères qui nécessitent la distinction du Bchogale nigripes (Puch.) d'avec
un autre Herpestidé, Ickneumia albicauda (G. Guv. ), qui présente avec lui
de grandes ressemblances sous le rapport de la coloration du pelage et que,
pour cette raison, l'on avait cru devoir lui être assimilé. Faute de matériaux
suffisants, il m'avait été impossible de fournir à ce sujet toutes les preuves
désirables; grâce au zèle et aux recberclies du R. P. Buléon, que je tiens à
remercier ici , je peux aujourd'hui combler cette lacune d'après l'examen
d'un magnifique spécimen femelle adulte de cette espèce contestée, tué
dans le pays des Eschiras (Congo français). Cet exemplaire mesure
o m. 67 pour la tête et le corps, o m. 89 pour la queue, et, en ce qui
conc rne le pelage et le mode de conformation des membres, répond en
tous points aux observations faites par M. Barboza du Bocage sur deux spé-
cimens d'Angola. rrCes deux individus femelles, écrit l'éminent naturaliste
portugais, différent de Y H. albicauda par leur système de coloration et par
l'absence du premier doigt aux membres antérieurs et postérieurs. La four-
rure, composée de poils plus courts, annelés de blanc et de noir, non entre-
mêlés de longs poils noirs si abondants chez YH. albicauda, présente une
coloration uniforme tiquetée de blanc sur un fond noirâtre. Le noir des
membres est moins étendu (2)." Les adultes présentent donc constamment
un pelage plus court que les jeunes; quant à la tétradactylie constatée sur
six spécimens, deux au Musée de Lisbonne et quatre au Muséum de Paris,
elle est indéniable, et, de ce fait, ces animaux doivent être admis dans le
genre Bdeogale. Celte conclusion se trouve confirmée par le mode de con-
formation du crâne et des dents, comme on peut s'en convaincre d'après
les figures ci-contre.
La tête osseuse est herpestiforme, mais se distingue immédiatement de
celle des Mangoustes et de l'Ichneumie, d'une part, par l'étroites^e et l'al-
0) De Pousargues. Mamm. Congo franc. (Ann. Se. nat. Zool. 8e Sér. T. III.
p. 3o(î, 1896.)
M Barboza du Bocage. Jom. Se. math. phys. natur. Lisboa. 9e série, n° 3, p. 1 80,
.889.
— 203 —
longement de toute la portion postérieure encéphalique; d'autre part, par
la brièveté relative et la largeur de la région faciale très renflée. Le palais ,
large et légèrement concave d'avant en arrière, se rétrécit à peine au niveau
^m»»
Bdengale nigripes (Pucli.). ojli gr. uni.
des prémolaires et des canines, et n'offre pas le pincement particulier des
Herpestes. Les arcades zygomatiques sont longues, mais relativement faibles.
et pou arquées en haut et en dehors. Les deux branches de la mâchoire
intérieure forment un angle plus ouvert que chez les Mangoustes, ce qui est
— 204 —
en rapport avec la largeur de la voîile palatine: chacune d'elles présente,
suivant son axe longitudinal, une torsion spirale aussi marquée que dans le
genre Rkinogale; aussi la symphyse est-elle large et fuyante, et les canines
inférieures projetées en dehors.
B. N1GR1PES
MESURES DU CRÂNE.
.— — —
TYPE
9
JEUNE.
ADULTE.
million.
iiiilliin.
Longueur du crâne, de l'avant des prémaxillaires au point le
97
5o
i ao
58
20
a6
du palais entre les points où P4 et M1 se touchent par
33
39
Longueur du palais de l'avant des prémaxillaires jusqu'au nii-
34
43
— Longueur totale du palais de l'avant des prémaxil-
5a
7°
Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici les caractères que Pelers(1)
et , après lui , St-George Mivart (2) ont assignés au genre Bdeogak pour la
dentition :
tf i° Le côté externe de la carnassière supérieure P4 est a peine plus long
que son côté antérieur; chez les Herpestes et Crossarchus, il est beaucoup
plus long.
tf 9.° Sur le côté postéro-interne de P" se trouve un -petit tubercule place
entre le .gros tubercule interne et le long tubercule médian externe.
rr3° La portion antérieure de la carnassière inférieure Mt, qui chez les
Herpestes, Crossarchus et Rhizœna est trituberculée, se distingue par un
quatrième petit tubercule antéro- externe; de telle sorte que la section
horizontale et transversale de cette partie ne forme pas un triangle, mais
un quadrilatère irrégulier. ^
Aucun de ces caractères ne se remarque chez l'Ichneumie ; on les retrouve
très nettement chez le B. nigripes, dont la dentition présente en outre les
particularités suivantes :
Comme chez les Bdeogales de l'Afrique orientale, les canines supérieures
O Pelers. Reise n. Moss. Sàug., p. tai, i85a.
M Si. -George Mivart. On the Mluroidea. (P. Z. S. LonJon, p. 179, 1882.)
— 205 —
sont comprimées latéralement et en forme de lames; elles présentent en
avant el surtout en arrière un tranchant aigu. Ce caractère est beaucoup
moins marqué chez les Mangoustes et à peine sensible chez richneumie,
dont les canines, plus faibles d'ailleurs, ont une section transversale presque
circulaire.
La carnassière supérieure P'1 présente, en avant et en dedans du tuber-
cule antéro-interne , un petit tubercule supplémentaire bien formé qui
s'élève jusqu'à mi-hauteur de la dent.
La portion interne delà première molaire supérieure M1 est large, ar-
rondie et franchement tricuspide.
La dernière molaire supérieure est presque aussi développée dans le sens
longitudinal que dans le sens transversal et diffère beaucoup comme forme
de la même denteliez richneumie; si le percentage (77) est sensiblement
le même pour les deux espèces , c'est en raison de la forme toute particidière
de la carnassière supérieure dans le genre Bdeogale.
Les molaires inférieures, de dimensions presque égales, ont une struc-
ture plus compliquée que chez les autres Bdeogales. Vers le milieu du côté
externe de la première, M , entre la portion antérieure quadricuspide et
la portion postérieure moins élevée bicuspide, se dresse un petit tubercule
adventif bien formé, dont je n'ai trouvé aucune trace chez les espèces est-
africaines. Quant à la dernière molaire, M2, elle ne compte pas moins de
sept tubercules, dont deux antérieurs élevés, trois médians plus faibles, et
deux postérieurs moins développés encore et formant talon.
D'après l'exposé de ces caractères, on voit que la dentition du B. nigripes
diffère considérablement de celle de l'Ichncumie par la forme et les pro-
portions des molaires; elle se rapproche au contraire bien plus de celle du
Rhinogale, ainsi que J.-E. Grayll) l'avait reconnu pour les B. puisa et
B. crassicauda de l'Afrique orientale.
Note sur l ovaire du Didelpbis cancrivora (Gmel.),
par G. Devez.
(Laboratoire de M. Milne Edwards.)
Durant notre séjour à la Guyane, nous avons eu l'occasion d'étudier de
près quelques spécimens de Marsupiaux de la région équinoxiale. Nous
nous proposons aujourd'hui de faire connaître les résultats de nos recher-
ches sur ces représentants si curieux de la faune américaine.
Depuis notre retour, nous continuons nos investigations sur les diffé-
rents appareils des Didelphes. Les quelques animaux que nous avons rap-
(»> J.-E. Gray. On the Viverridœ. (P. Z. S. London, p. 567, i864.)
— 206 —
portes n'ont pas lardé à succomber a la ménagerie du Muséum. Nous espé-
rons cependant en recevoir bientôt, ce cpii nous permettra de poursuivre
nos recherches dans de meilleures conditions.
Nous avons eu plus particulièrement à notre disposition le Didelphis can-
crivora (Gmel.) et le Did. opossum (L.), mais nous n'avons pas pu nous
procurer ni directement, ni par les indigènes, le Clnronectes oyapock sur
lecpiel nous aurions voulu contrôler les découvertes de nos prédécesseurs
et rechercher les nombreuses aberrations que nous avons tout heu de
soupçonner chez cette espèce.
Dans l'observation que nous présentons, il s'agit d'une femelle de Did.
cancrivora, adulte mesurant o m. 35 de l'extrémité du museau à la nais-
sance de la queue (la queue avait une longueur de o m. 38), sur la-
quelle nous avons opéré la castration double sous le chloroforme.
Les ovaires étaient reliés normalement par un ligament utéro-ovaiïen
très large à l'utérus du même côté. Ce puissant ligament, dans un dédou-
blement duquel se trouvait la trompe, se continuait directement sur la
paroi pelvienne après avoir pris insertion sur le bile de la glande, rappe-
lant par sa forme, sa direction et ses rapports le ligament large de la
femme.
L'utérus, qui était vide, recouvrait totalement la glande par sa portion
salpingienne, en sorte que l'ovaire était dirigé presque transversalement,
son bile regardant en bas et en dedans.
La glande, réniforme, de couleur uniformément rosée, ne montrait pas
la surface crevassée de corps jaunes (pie nous avons eu l'occasion d'obser-
ver sur d'autres sujets.
Les dimensions n'étaient pas les mêmes des deux côtés : a millim. 7 à
droite, 3 millimètres à gauche pour le plus grand diamètre et 1 millim. 2
de largeur.
L'examen sous le microscope après fixation au Flemming et coloration
au picro-carmin nous a fourni les renseignements suivants :
Sur une coupe transversale, à un faible grossissement (90 diamètres),
on voit que l'organe est entouré :
i° d'un épithelium cylindrique de revêtement, distinct de l'épi thélium
péritonéal. Le péritoine s'arrête au bile de la glande pour se prolonger
sur le ligament large-utéro-ovarien que nous avons signalé plus haut.
L'épithéiium ovarique présente dans nos coupes, à un fort grossissement,
une zone externe manifestement constituée par des cils vibratiles. Le fait
est assez intéressant à noter ici, de Sinéty ayant signalé la présence d'un
revêtement cilié chez la femme.
20 Au-dessous, et sans transition brusque, on reconnaît la couche covli-
— 207 —
cale très développée, de nature conjonctive. Nous n'avons pas reconnu
jusqu'ici l'existence de libres lisses dans sa constitution.
Dans son épaisseur sont distribués les ovisacs en très grand nombre et
à tous les degrés de développement depuis le tube à peine invaginé
de Valentin Plugger, jusqu'au follicule complet qui peut atteindre
o millim. 65 de diamètre.
La tunique externe de l'ovisac est très nette , distincte du stroma de la
glande qui l'environne. Elle est de nature fibreuse et contient de nombreux
vaisseaux. Sa paroi interne est limitée par un épithélium cylindrique stra-
tifié (membrane granuleuse) , se continuant insensiblement avec les cellules
polyédriques de la teca folliculi. Le disque ovigère ne présente rien de
particulier et contient l'ovule (nous avons toujours rencontré un seul ovule
par ovisac).
Dans nos coupes, nous apercevons des lacunes séparées par des travées
conjonctives, dans la plupart des ovisacs mûrs. Ces lacunes sont-elles
destinées à renfermer un liquide folliculaire? Nous n'avons pas pu le véri-
fier.
L'ovule, à maturité, mesure o millim. 20 à 0 millim. 20. Il contient
un gros noyau, dans lequel on aperçoit un nucléole, plus généralement
deux, très réfringents. Le noyau a 66 f* de diamètre, les nucléoles envi-
ron 8p-
Dans toutes nos préparations, l'ovule est entouré d'une zone bien dé-li-
mitée. Nous n'osons pas encore certifier que c'est une membrane anbyste.
Nous inclinons fort cependant vers cette bypotbèse, quoiqu'il soit tou-
jours possible de rejeter sur le compte des réactifs l'existence de cette
membrane d'enveloppe.
3° La couche médullaire existe ici avec tous ses caractères. Les vaisseaux
y sont particulièrement développés, et donnent, surtout dans une coupe
longitudinale de la glande, l'illusion d'un véritable tissu érectile limité par
un endotbélium. Les filets nerveux sont disséminés dans la trame conjonc-
tive, au milieu des vaisseaux et des fibres lisses qu'il est facile de mettre en
évidence.
En résumé , l'ovaire du Dtdelphis cancriwra ne rappelle en rien l'ovaire
en grappe des Monotrèmes , mais se rapproche considérablement de la
glande femelle des Vertébrés supérieurs. Il présente comme caractère une
différenciation très nette qui permet de suivre pour ainsi dire pas à pas sur
une même coupe l'évolution de l'ovisac. Mieux qu'ailleurs on peut ainsi se
rendre compte de l'exactitude de la découverte de Valentin Pfugger.
— 208 —
Notice sur quelques Oiseaux de la Chine occidentale.
PAR M. E. OuSTALET.
Dans les collections envoyées de Tatsien-lou, en 1896, par le R. P. De-
jean, j'ai trouve' deux Passereaux qui, en dépit de leur livrée modeste, pré-
sentent un grand intérêt, parce qu'ils constituent le type d'une espèce et
d'un genre nouveaux offrant, à mou avis, des affinités non seulement avec
des Passereaux de l'Asie méridionale, mais encore avec des Passereaux
africains, australiens et néo-zélandais. Je désignerai le genre sous le nom
de Rhabdochlamys w, à cause du dessin du manteau, et l'espèce sous le
nom de Rhabdochlamys Dejeani et j'en donnerai les diagnoses suivantes :
Rhabdochlamys nov. gen. Timeliidarum, Cinclorliampho, Calamanlbo
et Sphenœco generibus afïine, sed rostro breviore, crassiore, superne magis incur-
vato, caudœ peimis acuminatis distinguendum.
Rhabdochlamys Dejeani nov. spec. capile, collo, dorso, alarum tec-
Iricibus, rcclricibusque mediis isabellinis, vittis nigris densis, in longiludinetn si-
gnatis, gula gastrique parle média albescenlibus, lateribus guttulis striisque nigris
ornatis, caudœ pennis laterahbus maculi alba in extremitate incisis.
Long. tôt.. 0 m. 1 85 ; alœ, 0 m. 087 ; caudœ, 0 m. o83, rostri(cuhn.), 0 m. 01 2 ;
tarsi, 0 m. 03 0.
Cette espèce rappelle beaucoup, par l'aspect général de son plumage,
certains Aitthus, comme ïAnthus correndera , certains Spheneecus, comme le
Flûteur (Spheneecus ajricanus) , comme le Spheneecus punctatus, ou bien
encore le Megalurus pabistris du Bengale; mais il offre des stries longitudi-
nales beaucoup plus larges, beaucoup [dus accusées et plus nombreuses
sur toutes les parties supérieures, depuis le front jusqu'à la queue et
même sur les deux rectrices médianes. Ces stries se détachent sur un fond
isabelle ou fauve pâle, un peu lavé de rose. Les joues sont mouchetées de
noir, de même que les côtés du menton , dont le milieu est d'un fauve pale;
plus bas, sur les côtés de la poitrine, les mouchetures se transforment en
flammèches, et plus bas encore, sur les côtés du ventre, en raies très fines.
Les premières pennes alaires sont brunes avec des lisérés olivâtres, et les
rectrices latérales, qui contrastent par leur couleur et leur forme avec les
rectrices médianes, sont brunes avec une tache blanche à l'extrémité. Cette
tache entaille l'extrémité de la plume, en respectant la lige qui reste noire
et va en diminuant d'importance de dehors en dedans; elle disparaît même
sur les deux pennes qui touchent celles de la série médiane. Celles-ci sont
'1J De paëêos, slrie et ^Aafxùs, manteau.
— 209 —
fauves-, rayées de noir, et régulièrement effilées, tandis que les rectrices
suivantes ont leurs barbes internes taillées obliquement à l'extrémité, beau-
coup plus hardiment que chez les Cinclorhamphus australiens. Le bec est
d'ailleurs bien plus court, plus épais relativement et plus fortement re-
courbé en dessus que chez ces derniers Oiseaux; il rappelle un peu par sa
forme le bec des Rhopophilus , des Pycloris , des Dumelia, etc. Les pattes
sont fortes et les doigts sont munis d'ongles robustes et recourbés, comme
chez les Chinclorhamphus. L'ongle du pouce est particulièrement développé.
D'après les notes de M. Dejean, le Hhabdochlamys Dejéani porte au
Setcbnan le nom local de Chouy-ty-ma-tse.
Les mêmes collections renferment une petite Mésange, du groupe des
Mésanges de marais ou des Nonnettrs, qui ressemble tellement à des spé-
cimens de Parus meridionalis Sclater;1) venant d'Oaxaca (Mexique) et fai-
sant partie des collections du Muséum, que, si l'on ne tenait compte des
différences de provenance et de légères dissemblances dans les propor-
tions du bec, des ailes et de la queue, on serait tenté d'attribuer tous
ces Oiseaux à une seule et même espèce. Le bec de Ja Mésange de Tatsien-
lou est plus court et relativement plus épais, les ailes et la queue sont un
peu moins développées que chez les Parus meridionalis du Mexique, mais
la coloration du plumage est la même. Peut-être, toutefois, le haut de la
poitrine et le milieu du ventre sont-ils un peu moins blancs que chez les
Mésanges mexicaines. L'espèce de Tatsien-lou, qui peut-être par la suite
pourra être ramenée au rang de simple race, porte le nom local de Ré-
téou. On peut la caractériser en ces termes :
Parus Dejeani n. sp., a Paro méridional] rostro breviore et crassiore, alis
caudaque brevioribus distingueiula.
Long, tôt. , o m. 125; ake, o nt. o65; caucke, o m. 060; rostri(cuhn.), o 111. oo5;
larsi , o 111. 016.
Cette espèce, d'aspect modeste, appartient à cette catégorie de formes,
de plus en [dus nombreuses, qui établissent des connexions entre la forme,
ornithologique de l'Asie centrale et celle de l'Amérique du Nord* Elle se
retrouve à Tsékou, dans le Haut-Y un-nan.
D'autres Mésanges, envoyées en même temps par M. Dejean, se rap-
portent à l'espèce que MM. Berezowski et Blanchi ont décrit/' et figurée en
1891, dans la partie ornithologique du ! oyage de Polmiiiie[-> sous le nom
de Pœcilc Davidï®-. Elle porte la calotte et le rabat noirs des Parus afer,
atricapilla, meridionalis , etc., mais elle a le manteau d'un vert olive tirant
(|! Procced. Zoo/. Soc. Lo'nd., 1806, p. ao3; 1 S 5 7 , p. 81, cl, 1 858, p. 299.
) Avis expédilionis Potànini per provincial» Gan-su et confina, 1886-1880,
1 vol. h\-fi°, Saint-Pétersbourg, 1891 (en russe).
M P. 11 3 et pi. II, fig. h.
Muséum. — m. i(j
— 210 —
un peu au roux et toutes les parties inférieures d'un roux cannelle très vif.
Elle se distingue aisément de toutes les espèces mentionnées dans le Cata-
logue du British Muséum par ce dernier caractère qui a sans doute été
exagéré par le coloriste sur la figure publiée par MM. Berezowski et Bian-
chi. Les Mésanges que j'ai sous les yeux ont la poitrine et l'abdomen d'une
teinte cannelle et non d'un rouge orangé comme l'oiseau représenté par ces
auteurs, et elles ont les ailes un peu plus courtes (om. o55 au lieu de
o m. 060) que le type de l'espèce qui est originaire du Kansou. A en juger
d'après le nombre des spécimens envoyés (8, tous semblables), la Pœcile
Davidi doit être commune aux environs de Talsien-lou où elle porte le nom
local de Hemao-tsio.
Dans une Note précédente (1) j'ai déjà l'ait connaître deux espèces nou-
velles que j'ai trouvées dans un envoi provenant d'une autre localité du
sud-ouest de la Chine , des environs de Tsékou , dans le Yun-nan. Je signa-
lerai aujourd'hui une troisième espèce dont les types faisaient partie du même
envoi et je le caractériserai en ces termes :
Alcippe Genestieri 11. sp., fronte rufo, vertice castaneo-oleagineo, super-
ciliis albis, supra nigro marginatis, rétro valde productis, dorso oleagineo, cauda
alisque oleagino-rufis , guia alba, pectoris abdominisque lateribus rufo-cervino et
oleagineo colore tinctis distinguenda.
Long, tôt., om. i5a ; alœ, 0 m. 070; caudœ, om.070; rostri (culm.), om.007;
tarsi, 0 m. os3.
Cette espèce, dédiée au P. Genestier, l'un des membres de la mission de
Tsékou, se distingue facilement de toutes les autres espèces du genre Al-
cippe par les teintes et les dessins de son plumage, qui, considéré sous un
certain jour, offre un aspect légèrement écailleux sur les parties supérieures
du corps , grâce à des lisérés noirs , peu distincts , qui bordent les plumes
de la tête et du dos. Le front est d'un roux marron clair et vif, le sommet de
la tête, d'un rouge plus terne et lavé d'olivâtre, le dos, franchement olivâtre;
la queue et les ailes, au contraire, sont d'un ton roux rappelant celui du
vertex. Les lores sont noirs , et au-dessus de l'œil s'étend une raie sourcilière
blanche , assez large et prolongée fort loin en arrière. Cette raie est limitée
en dessous par la teinte brune de la région auriculaire et en dessus par une
raie noire qui, vers la nuque, se continue par quelques taches, plus nettes
que chez Y Alcippe nipalensis et que chez Y Alcippe brunnea, et tend à se
rapprocher de celles du côté opposé, de manière à encadrer la teinte rousse
du sommet de la tête. La gorge est d'un blanc presque pur avec quelques
petits points noirs formant des sortes de moustaches sur les côtés; le mi-
lieu de la poitrine est d'un blanc un peu moins pur, et les côtés sont lavés
M Bull, du Muséum, 1896, n° 5, p. 162.
— 211 —
de fauve chamois qui passe au verdàlre sur les lianes. Le bec est noir et
les pattes sont d'un brun corné.
La description ci-dessus est faite d'après une dizaine de spécimens, pro-
bablement de sexes différents, mais portant tous la même livrée. L'un de
ces spécimens était désigné sous le nom local de Chu-no-tchra.
Par son système de coloration, VAMppe Gcneslicri se rapproche surtout
de YAIcippe brunneam dont M. l'abbé A. David a obtenu quelques exem-
plaires dans le Kiangsi et le Fokien [i) et qui avait été rencontré antérieure-
ment par M. Swinhoe dans l'île de Formose.
Notes herpétologioues.
par. M. F. Mocquard.
1. — Sepsina d'espèce nouvelle de Madagascar.
M. le capitaine Ardouin a récemment fait parvenir au Laboratoire d'her-
pétologie un Scincoïdien du genre Sepsina, provenant de Diégo-Suarez et
qui constitue une espèce nouvelle. Ce nouveau type spécifique était à peine
reconnu et nommé, qu'un second spécimen, de même provenance, mais de
plus petite taille, nous était transmis par M. Grandidier, de la part de
M. le lieutenant Gruss. Cette belle espèce , à laquelle nous nous faisons un
devoir d'attacher le nom de M. le capitaine Ardouin, qui, le premier, en a
l'ait don au Muséum , offre les caractères suivants :
Sepsina Ardouini n. sp.
Museau étroit , obtus , dépassant légèrement en avant la lèvre inférieure ;
narine s'ouvrant directement au-dessus de la suture entre la rostrale et la
première supéro-labiale ; œil assez petit, beaucoup plus court que sa dis-
tance de la narine, à paupière inférieure écailleuse; orifice auditif plus pe-
tit que l'œil, subtriangulaire, sans dentelures sur son bord antérieur; inter-
nasales formant une courte suture en' arrière de la rostrale; fronto-nasale
triangulaire, h bords latéraux légèrement convexes, plus large que longue,
égale en longueur à la largeur de la frontale en son milieu ;S) ; celle-ci , échan-
(1) Gould, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1862, p. 280 et Birds of Asia, i864,
liv. xvi.
'2) David et Oustalet, Oiseaux de la Chine, p. 317.
(3) Chez le jeune spécimen, la fronto-nasale est beaucoup plus étroite, mais
flanquée, de chaque côté, d'une scutelle intercalée entre son bord externe et la
frênaie; il y a ainsi deux frênaies superposées, dont la supérieure semble provenir
de la division de la fronto-nasale en trois segments, un médian et deux latéraux.
Quelle est celle de ces dispositions qui est normale : une large frouto-nasale et
16.
— 212 —
crée de chaque côté par ia première susoculaire, esl une fois el demie aussi
longue que large, un peu plus longue que sa distance de l'extrémité du
museau et presque deux fois aussi large que les susoculaires , qui sont au
nombre de quatre, les trois premières en contact avec la frontale, et les
deux moyennes dépassant en dehors les deux autres, qui sont beaucoup plus
courtes transversalement; six surciliaires, la postérieure la plus grande;
interpaiïétale triangulaire, étroite, aussi longue que la fronto-nasale, à bord
antérieur convexe; quatrième labiale supérieure bordant l'œil. Écailles lisses,
en 34 séries au milieu du tronc, les dorsales égales, non plus larges que les
latérales, plus étroites que les ventrales.
Membres courts, pentadactyles : l'antérieur, dirigé en avant, dépasse
l'orifice auditif et a une longueur égale à la dislance du bord postérieur de
cet orifice à l'extrémité du museau; la longueur du membre postérieur
égale la distance comprise entre la racine du membre antérieur et la narine.
La queue, reproduite chez nos deux spécimens, est conique et terminée en
pointe.
Chez le plus grand de ces spécimens, qui est adulte, la coloration, en
dessus, est d'un gris fauve (gris de sable chez le jeune), avec des barres
transversales noires assez irrégulières et plus ou moins larges sur la tête,
le cou et l'extrémité antérieure du tronc; en ce dernier point, elles peuvent
être réunies par des barres longitudinales; les flancs sont marbrés de brun (I),
et le dos est parcouru, entre les séries d'écaillés, par des lignes longitudi-
nales d'un brun foncé qui se prolongent sur la queue. La face ventrale esl
d'un blanc grisâtre sur toute son étendue m.
De nos deux spécimens, l'adulte est un mâle qui mesure a 4 a milli-
mètres de longueur totale , dont î ao pour la queue. Celle-ci est reproduite
sur la moitié de sa longueur, et il en est de même chez le second spécimen.
On peut remarquer aussi que les écailles de la partie reproduite sont beau-
coup plus grandes que celles de la portion conservée.
Les deux spécimens proviennent de Diégo-Suarez.
Celte espèce a des affinités avec Sepsiua gastrosticta , 0' Shaughnessy;
une frênaie unique de chaque côté, ou une fronto-nasale étroite avec deux frê-
naies superposées? L'observation d'autres spécimens permettra seule de résoudre
cette question d'une manière positive.
(1) Chez notre jeune spécimen, des marbrures latérales ne se voient que dans
la partie tout à fait antérieure des flancs, qui, dans le reste de leur étendue, sont
parcourus par des lignes brunes longitudinales comme la l'ace dorsale.
(2) Celte coloration est celle des spécimens ayant séjourné dans l'alcool; mais
il est très probable qu'elle est différente pendant la vie de l'animal , et qu'alors les
intervalles compris, sur la face dorsale, entre les barres transversales noires et les
lignes brunes longitudinales sont rouges ou rouge orangé. Nous n'avons malheu-
reusement aucun renseignement sur ce point.
— 213 —
elle s'en distingue principalement par 34 séries d'écaillés autour du corps,
au lieu de 3a; par l'absence de denticules sur le bord antérieur de l'orifice
auditif (voir Cat. Liz. Br. Mus., Boulenger, t. III, pi. xxxv, fig. 2 b); par
l'allongement transversal des deux écailles surciliaires moyennes, et par sa
coloration
II. — Reptiles nouveaux des îles Norway.
Le laboratoire d'berpélologie doit aussi à M. Lichtenfelder, ingénieur,
quelques intéressants Reptiles des îles Norway, de la baie d'Along , dans
le golfe du Tonkin.
Ces Reptiles , au nombre de 1 1 spécimens , tous recueillis sur des rochers
arides, se rapportent à h espèces, dont 2 sont nouvelles, l'une de celles-
ci devant même être considérée comme le type d'un genre nouveau; des
deux autres déjà connues, Lygosoma nigropunctalum , Bocourtll) et Tri-
meresurus mucrosqiiamatus , Cautor, la dernière ne figurait pas encore dans
la collection du Muséum.
Voici les noms et la description des espèces que je regarde comme nou-
velles.
1. Eublepharis Lichtenfelderi n. sp.
Corps assez robuste; tête large en arrière, avec un museau conique,
arrondi à son extrémité, égal en longueur à la distance qui sépare l'œil
de l'orifice auditif. Membres grêles et assez allongés : l'antérieur dirigé en
avant atteint le milieu de l'intervalle compris entre l'œil et la narine; doigts
courts, légèrement comprimés, garnis en-dessous de lamelles lisses, et
terminés par une gaine presque aussi développée que chez les Ccelonyx, à
l'extrémité de laquelle la griffe fait un peu saillie.
Rostrale grande, pentagonale, plus large que haute , présentant à son
angle supérieur une fissure médiane. Narine dirigée en dehors et en haut ,
ouverte dans la partie supérieure de la nasale , qui touche à la rostrale et à
la première labiale supérieure; une paire de grandes interuasales , plus
larges que longues, suivies chacune de une ou deux écailles agrandies, en
même temps qu'elles sont séparées sur la ligne médiane par deux petites
écailles placées l'une à la suite de l'autre. Yeux modérément grands, pour-
vus de paupières très développées. Orifice auditif allongé, en forme de
croissant dont la concavité regarde en avant et en haut. Supéro-labiales au
nombre de 7 ou 8 , la dernière étant située au-dessous du centre de l'œil;
au delà, le bord labial n'est garni que de petites écailles entremêlées de
(l) Suivant M. Boulenger et le professeur Bœtlger, cette espèce est identique à
Lygosoma Reevesii , Gray, de Chine, qui le serait elle-même à L. latérale, Say,
du sud des Etats-Unis et du Mexique. Les matériaux que nous avons sous les yeux
nous laissent quelques doutes sur l'exactitude de celle manière :1e voir.
— 1\k —
granules. 8 à 10 inféro-labiales. Mentonnière aussi longue qu'elle est large
à son extrémité antérieure, bordée en arrière par de petites écailles un
peu plus grandes que les granules de la région gnlaire, qui eux-mêmes
sont plus grands que les granules sus-céphaliques et augmentent en di-
mensions sur les côtés, le long du bord labial. Corps couvert d'écaillés gra-
nuleuses très petites, agrandies sur le museau, entremêlées de tubercules
arrondis , hémisphériques sur les flancs , en forme de cônes très surbaissés
sur le dos. Ces tubercules sont plus petits que les intervalles qui les sé-
parent ; ils se continuent sur la tête , où leurs dimensions vont en diminuant.
Les écailles abdominales sont plus grandes que les tubercules dorsaux , assez
fortement imbriquées et vont en grandissant d'avant en arrière. Pas de
pores ni préanaux, ni fémoraux. Queue cylindro-conique, un peu renflée
au delà de sa base, verlicillée dans ses deux cinquièmes antérieurs environ;
chaque verticille se compose de 8 ou 9 rangées transversales de granules,
dont ceux de la rangée postérieure sont légèrement agrandis, et en dessus,
un peu au delà du milieu de chaque verticille, d'une rangée transversale
de tubercules coniques qui, au nombre de 5 en avant, vont en décroissant
en arrière en nombre et en dimensions.
Tronc et tête d'une teinte brune en dessus , parsemés de petites taches
noires, avec trois raies blanches transversales, dont la première embrasse
l'occiput et se termine de chaque côté à une petite distance de l'orifice au-
ditif; la seconde est située un peu en arrière de la racine des membres an-
térieurs; enfin, la troisième se trouve assez en avant de celle des membres
postérieurs. Sur la queue , qui est brune en dessus et en dessous , se voient
fi raies semblables formant des anneaux complets, à l'exception de celle
qui se trouve immédiatement en arrière de la racine des membres posté-
rieurs{1).
Deux spécimens femelles, dont le plus grand mesure 83 millimètres de
l'extrémité du museau à l'anus; la queue, qui est reproduite, à une lon-
gueur de 38 millimètres. Le second spécimen est un jeune d'une longueur
totale de 99 millimètres, dans laquelle la queue entre pour bo millimètres.
lt3i>iiclioj»liis il. fi.
Museau terminé par un appendice conique recouvert de petites écailles.
Tête triangulaire, renflée en arrière et bien distincte du cou. Corps allongé
comprimé, à face ventrale carénée latéralement, terminé par une queue
longue également carénée. OEil modéré, à pupille arrondie; narine ouverte
entre deux nasales. Boucliers céphaliques normaux; une frênaie allongée ;
W Chez l'un des spécimens où ta queue est reproduite, les 5 anneaux posté-
rieurs font complètement défaut, la portion reproduite de la queue étant tout en-
tière d'un brun uniforme.
— 215 —
écailles lisses non obliques, pourvues de fossettes apicales, en 19 séries.
Dents maxillaires en série continue, les deux dernières plus grandes que
les autres, non sillonnées; dents mandihulaires allant en diminuant de lon-
gueur en arrière. Vertèbres dorsales postérieures dépourvues d'hypapo-
physes.
Par sa dentition , ce genre se rapproche des Leptophis.
2. Rhynchophis Boulengeri n. s p.
Museau terminé par un appendice conique dirigé en avant et en haut,
d'une longueur égale à la distance de sa base au bord antérieur de l'œil ou
un peu plus court, couvert de petites écailles, et qui naît entre la rostrale,
les internasales et la nasale antérieure de chaque côté. Tête allongée, tri-
angulaire, renflée en arrière et bien distincte du cou. OEil modéré, à pu-
pille arrondie, d'un diamètre contenu deux fois dans sa distance à la na-
rine; celle-ci ouverte entre deux nasales; internasales environ deux fois
plus courtes que les préfrontales; frontale très large en avant, à bords
latéraux concaves, un peu plus longue que sa distance à la base de l'appen-
dice rosirai, plus courte que les pariétales; frênaie basse, deux à trois fois
plus longue que haute , parfois divisée par une suture verticale; une grande
préoculaire, en contact avec la frontale; 2 postoculaires; temporales
a + 2 + 3 ou 2+3 + 3 ou h; 9 supéro-labiales, les k\ 5e et 6e en contact
avec l'œil ; 1 o ou 1 1 inféro-labiales , les h ou 5 premières en contact avec
les sous-maxillaires antérieures, qui sont un peu plus courtes que les pos-
térieures; 19 séries d'écaillés lisses, pourvues d'une paire de fossettes api-
cales; gastrostéges , 207 à 216; anale divisée; urostéges doubles, de 1 23
à 1 .'!•».
Dents maxillaires au nombre de 1 9 , en série continue , les deux dernières
plus grandes que les autres et non sillonnées; 25 dents mandihulaires,
les postérieures allant en diminuant de longueur.
Le dos est d'un bleu assez intense, uniforme, passant à un vert bleuâtre
plus pâle sur les flancs, plus pâle encore sur la face ventrale. Quelques
écailles du tronc sont bordées , d'un côté , d'un trait noir.
Six spécimens, dont le plus grand est une femelle qui mesure 1 m. i34
de longueur totale, dans laquelle la queue entre pour o m. 3o.
Bien que capturée sur des rochers arides , cette espèce est très proba-
blement arboricole.
III. — Sur deux Ophidiens du Yu\-nàn.
Enfin, deTsékou, dans la vallée du Haut-Mékong, sur les confins du
Yun-nan et du Thibet, le R. P. Soulié a fait au Muséum un envoi dans
lequel se trouvaient deux Ophidiens appartenant chacun à une espèce dis-
tincte, dont l'une, Psmdo.renodon macrops, Blyth, est nouvelle pour le
— 2i(> —
Muséum, l'autre, nouvelle pour la science. Cette dernière doit même être
considérée comme le type d'un genre nouveau, qua raison des particula-
rités peu ordinaires de son écaillure, je désignerai sous le nom de Spanio-
pholis. En voici les caractères.
Spnniopholis n. g.
Tète longue, distincte du cou, convexe transversalement; museau large,
arrondi à son extrémité; corps cylindrique; queue courte. OEil assez
grand, à pupille elliptique; nasale simple; une scutelle impaire intercalée
entre la rostrale et les internasales; une frênaie et une sous-frénale; une
sous-préoculaire. Ecailles carénées, pourvues d'une paire de fossettes api-
cules, en 23 séries longitudinales. Dents maxillaires au nombre de 16, en
série continue, décroissant en longueur d'avant en arrière, de Tnême que
les dents mandibulaires. Vertèbres dorsales postérieures dépourvues d'hy-
papopbyses.
Ce nouveau type générique ne paraît avoir que des affinités assez éloi-
gnées avec les autres genres de Colubridés aglyphes.
Spaniopholis Souliei 11. sp.
Tête allongée, distincte du cou, convexe transversalement, à museau
large et arrondi, dépourvu de canlhus rostralis; corps cylindrique; queue
courte; rostrale visible d'en haut, près de deux fois plus large que haute;
une scutelle impaire triangulaire, à sommet arrondi, en contact par sa
base avec la rostrale, sépare les internasales dans leurs deux tiers anté-
rieurs; celles-ci aussi longues que les préfonlales; fronlale à peu près une
fois et demie plus longue que large, plus longue que sa distance de l'ex-
trémité du museau, un peu plus courte que les pariétales. OEil assez
grand, à pupille elliptique, d'un diamètre égal à sa distance du centre de
l'orifice nasal. Nasale simple , allongée; une frênaie plus longue que haute,
surmontant une petite sous-frénale en contact avec la seconde et la troi-
sième supéro-labiale (unie, d'un côté, avec la première de ces scutelles);
une préoculaire et une sous-préoculaire: 3 postoculaires, la supérieure
presque aussi haute que les 2 autres ensemble (d'un côté, l'inférieure est
unie à la cinquième supéro-labiale); 2 + 3 temporales (irrégulières d'un
côté), 8 supéro-labiales, la quatrième et la cinquième touchant à l'œil;
sous-maxillaires antérieures en contact avec 5 inféro-labiales et plus
longues que les postérieures, qui sont séparées sur la ligne médiane par
une étroite écaille. Ecailles du tronc imbriquées, assez allongées, à bord
postérieur arrondi, carénées, à l'exception des 9 séries inférieures, pour-
vues de 3 fossettes apicales et disposées en 23 séries; 210 gastrostèges :
anale divisée; 87 uroslèges doubles.
Dents maxillaires au nombre de 16, décroissant en longueur d'avant en
— 217 —
arrière; dents mandibulaires antérieures beaucoup plus longues que les
postérieures.
La coloration est d'un gris brunâtre en dessus, avec 5 séries longitudi-
nales de petites tacbes noires irrégulières, une médio-dorsale et a paires
latérales; les taches, dans chaque série paire, sont réunies par une raie
brune plus ou moins distincte, l'interne devenant plus apparente sur la
queue et l'externe disparaissant au niveau de l'anus. La face ventrale est
d'un gris clan, mais les extrémités de chaque gaslrostège sont marquées
d'une petite tache noire.
Un seul spécimen, d'une longueur totale de 371 millimètres, dans la-
quelle la queue entre pour 76 millimètres; la longueur de la tête, de l'ex-
trémité du museau au bord postérieur des pariétales, est de \h millim, 5,
Sur les Coups Rouges des TélÉostéexs ,
(\OTE PRÉLIMINAIRE)
par M. A.-F. de Seabra
(Laboratoire de M. le professeur Filhol).
Signalés pour la première fois, en 1668, par Needham, les corps rouges
ont été à diverses reprises l'objet de recherches qui n'ont cependant pas
abouti à nous renseigner complètement sur la structure et le rôle de ces
ni-ganes.
Pour ma part, je me suis proposé d'éclaircir certains points relatifs à la
constitution des corps rouges et en particulier je me suis préoccupé de la
structure bistologique; mes observations ont été faites sur des pièces in-
jectées à la gélatine, soit avec la seringue de Robin, soit avec l'appareil
d'Aug. Pettit et fixées ensuite dans l'un des mélanges suivants : liqueur de
Zenker, liqueur de Flemming, sublimé acétique.
Anatomie. — Chez le Congre (Conger vulgaris) et chez l'Anguille (An-
guilla nilgaris), les corps rouges sont au nombre de deux; ils sont situés
du côté gauche de la vessie entre la tunique albuginée et la mince mem-
brane interne. Entre les deux corps rouges vient aboutir le canal pneuma-
lophore qui est très large dans l'une et l'autre espèce. Avant d'être injectés,
menl la même forme mais cependant sont un peu plus épais. On remarque
à la surface interne de la vessie une série de vaisseaux importants dus à la
— 218 —
réunion de nombreuses petites branches et qui débouchent dans les corps
rouges.
L'aspect de ces organes est tout autre chez le Merlan ( Merlangus vul-
garis). Ces organes sont représentés chez cet animal par une masse charnue
et villeuse; il s'agit d'une sorte de fer à cheval, à concavité antérieure. La
branche droite a une forme arquée et comprend environ six corps plus ou
moins distincts; un nombre moins considérable concourt à la constitution
de la branche gauche.
Le Merlan constitue ainsi un bon représentant du type diffus auquel
appartiennent également les Trigles. Sur les nombreux spécimens de cette
espèce que j'ai disséqués, j'ai toujours constaté que, malgré une grande
variabilité dans les dimensions et l'agencement de la vessie , la disposition
du corps est assez constante.. Chez le Trigla corax , par exemple, on a af-
faire à une couronne ovalaire formée par la réunion de. quelques corps
rouges et disposée autour du canal pneumatophore.
Le Brochet (Esox lucius) mérite, en raison de la structure de ses corps
rouges, d'être pris comme exemple d'un troisième type. Chez ce Poisson,
les vaisseaux capillaires ont un développement remarquable et ils couvrent
de leurs ramifications presque toute la surface interne de la vessie. Ils
naissent de deux vaisseaux principaux qui se divisent en rameaux secon-
daires qui traversent très obliquement les deux enveloppes de la vessie.
Dans l'espace intermédiaire , ils sont constitués par une série de vaisseaux
parallèles qui pénètrent ensuite dans l'épaisseur de la membrane interne.
Là, ils ne tardent pas à 6e diviser à la façon d'un tronc d'arbre, en émet-
tant une série de ramifications d'un dessin élégant et varié.
Chez le Pageau (Pagellus erylhrinus) , on retrouve des touffes analogues
de capillaires, mais celles-ci sont moins abondantes, plus fines et localisées
assez vigoureusement à la portion dorsale.
L'Orphie (Belone vulgaris) mérite une mention spéciale : lorsqu'on a
fendu la vessie natatoire sur la ligne médio-ventrale , on constate que , de
chaque côté de la ligne médiane, la portion dorsale de la vessie est occu-
pée par une série de pelotons vasculaires disposés régulièrement; ceux-ci
ne sont autre chose que des corps rouges dont les ramifications s'anasto-
mosent entre elles.
En somme, dans tous ces cas, il s'agit de réseaux vasculaires dont la
forme est sujette à de profondes variations.
Histologie. — L'étude microscopique des corps rouges révèle dans les
divers groupes une conformité de structure aussi grande.
Les tissus fixés, comme il a été indiqué ci-dessus, ont été coupés à la
paraffine ou au collodion (dans le cas de pièces injectées); ils ont été en-
suite colorés, suivant le mode de fixation employé, à l'hématoxyline, à
l'éosine ainsi qu'à la safranine et au mélange de Benda.
— 219 —
Les coupes pratiquées parallèlement, le grand axe de l'organe présentent
un aspect différent suivant l'endroit examiné; aux deux extrémités, on a
affaire à des vaisseaux affectant une forme irrégulièrement circulaire et
creusés au milieu d'un tissu conjonclif dense; il s'agit donc de vaisseaux
perpendiculaires à la coupe. Les portions centrales, au contraire, sont con-
stituées par de fins vaisseaux parallèles entre eux.
L'emploi des forts grossissements permet de se rendre compte des rap-
ports qui existent entre ces différentes portions : les troncs des deux extré-
mités se divisent en branches dont la direction tend d'autant plus à devenir
parallèle au grand axe que leur calibre diminue.
Les pièces fixées par la liqueur de Flemming et colorées par la safra-
nie et le mélange de Benda sont particulièrement instructives en raison
des colorations spéciales que prennent les diverses espèces d'éléments : le
terme conjonclif se colore intensivement en bleu vert, tandis que les novaux
se distinguent nettement par leur coloration rouge vif.
Les préparations obtenues chez le Merlan en pratiquant les coupes nor-
malement à la surface de la vessie montrent que chez ce Poisson les corps
rouges sont encore formés par des villosités vusculaires irrégulières , poly-
piformes. Les vaisseaux, tout d'abord, horizontaux dans l'épaisseur de
l'enveloppe de la vessie , deviennent de plus en plus verticaux au fur à
mesure qu'ils sont plus éloignés de celle-ci; dans les portions périphériques ,
la villosité est creusée de vastes lacunes. Un fait mérite une attention spé-
ciale : c'est la présence d'éléments épilhéliaux représentés par de volumi-
neuses cellules nuclées.
Chez le Brochet, on se rend bien compte de la structure des corps rouges
en procédant de la façon suivante : la tunique albuginée, après injection à
la gélatine, est détachée avec précaution, pinceautée, puis fixée au formol
à 5 p. 1 oo; finalement elle est montée étalée dans le baume; on constate
alors que les groupes vasculaires déjà signalés sont anastomosés entre eux
et qu'il existe un réseau superficiel décrivant des mailles irrégulièrement
rectangulaires à la face interne de la vessie. Chez ce type, les corps rouges
présentent un caractère de dissémination frappant.
En résumé, on doit considérer les corps rouges des Téléostéens comme
constitués essentiellement par le développement exagéré en certains points
du système vasculaire de la membrane interne de la vessie natatoire; en
effet, bien que dans certains cas ces organes se compliquent de divers élé-
ments (cellules épithéliales), ils sont toujours formés par un lacis vascu-
laire, par une sorte de rete mirabile en rapport plus ou moins immédiat
avec la cavité de la vessie.
Dans les divers groupes des Téléostéens , les corps rouges affectent des
dispositions variables, simplement représentés chez certains types par un
lacis vasculaire irrégulièrement disposé dans l'épaisseur de l'albuginée; ils
se condensent progressivement (Merlan, par exemple) et finissent par ac-
— 220 —
quérir une limitation nette et s'élever à la dignité d'appareil anatomique
(Anguille, Congre).
En terminant, je me fais un devoir d'adresser à M. le professeur Filhol,
membre de l'Institut, l'expression de ma respectueuse reconnaissance pour
la libéralité avec laquelle il m'a accueilli dans son laboratoire.
Contribution À l étude icfityologique du Chagbes,
par M. Léon Vaillant.
Le Çbagres, principale rivière de l'isthme Darien, a, dans ces derniers
temps, fixé l'attention d'une façon toute particulière à la suite des travaux
entrepris sur son cours par la nouvelle Compagnie du canal de Panama, la-
quelle, pour les besoins de l'exploitation, compte l'utiliser comme réserve
d'eau.
M. Le Cornée, ingénieur, qui, il y a quelques mois, fut chargé de ces
études et remonta aux parties les plus élevées de cette rivière, dont le
cours est estimé à 4oo kilomètres, a bien voulu, sur ma demande, y foire
des recherches ichtyologiques e! a recueilli soit du haut Chagres, soit d'un
de ses affluents supérieurs, le Rio Pequeni, en amont du confluent de ces
deux cours d'eau , aux Hoches Noires sur le premier et à San Juan del Pe-
queni sur le second, le premier point à Ixk kilomètres, le second à lih kilo-
mètres de Gamboa , une collection de Poissons , qui n'est pas sans présenter
quelque intérêt.
Cette partie de la faune du Chagres a déjà été étudiée, au moins par-
tiellement, par différents ichtyologistes: il suffit de rappeler les noms de
MM. Kner et Steindachner (1870, ou plutôt 1 865 , le travail auquel il est
fait allusion étant cité dans le Zoohgicnl Record à cette dernière date),
M. Ciinther (1869 ou plutôt 1866, même remarque). MM. Cari Eigen-
mann et Rosa Eigenmann (1891), en relevant ces listes dans leur stati-
stique des Poissons d'eau douce de l'Amérique du Sud, les ont complétées
sur certains points.
En tenant compte de ces différentes données, on peut établir la liste sui-
vante des espèces habitant cette rivière :
Niiurî«l:«- PlMELODUS CINERASCENS GÙlltlier.
modestcs Gùnther.
** — GiuciLis Valericiennes.
Chagresi Steindjiclinpr'1). •
f1' D'après MM. G. Eigenmann et R. Eigenmann, hc. cil.. 1801, p. 20, n°o8.
'221
Siluridse (Suite). . . Plecostomus sp. Kner et Steindaehner.
Cii^tostomls cirrhosus Valenciennes.
LoRICARIA URACANTHA Kner.
lima Kner.
Characlnldee Macrodo\ microlf.pis Giinlher.
MALABARICIS Blorll.
* Chalcinopsis chagrensis Kner.
** Tetragonopterus fasciatus Cuvier.
.ïneus Gùnther.
Anacïrtus giatehalensis Gùnther.
C'yprinodoiitidse. * Poscilia Gillii Kner et Steindaehner.
si ichllida? * Acara coerileo-punctata Kner et Steindaehner.
**" Geophagos jdrupari Heckel.
ilaiuilc<ht- MuGlL INCILIS HailCOck.
Pr"f»t iponiatidsc. ' Pristipoma humile Kner et Steindaehner.
Percldse * Centro-po-mis appendiculatus Poey.
— parali.elus Poey.
Dans cette liste se trouvent marque'es par des astériques les espèces,
an nombre de huit, recueillies par AI. Le Cornée; l'astérisque doublée (**)
indique celles qui n'avaient pas encore été signalées dans le Chagres.
Du haut fleuve lui-même ont été rapportés : Acara cœruleopunclala , Geo-
phagus jurupari, Centropomus parallelus. Du Rio Pequeni : Pimelodus gra-
cilis, Ghalcinopsis chagrensis, Tetragenopterus fascialus , Anâcyrtus guatema-
lensis. Le Pristipoma humile a été pris dans l'un et l'autre endroit. Au reste ,
si ces détails sont ici donnés, c'est pour préciser les faits; il serait préma-
turé, dans les conditions où ont été faites ces récolles, d'en tirer aucune
conclusion sur la faune de chacun de ces cours d'eau.
Des quatre espèces nouvelles pour le Chagres dans la collection de M. Le
Cornée, deux n'étaient connues jusqu'ici (pie de la Province brésilienne et
même de ses parties centrales : Pimelodus graci lis , Gëopkagiïsjufupari. Le
Tetragonoptef us fasciatus , a\ec une aire de répartition plus étendue, a été
signalé de cette même Province, mais également de la Province mexicaine.
Enfin le Pristipoma humile ne paraît pas encore avoir été rencontré en de-
hors de L'isthme de Panama; on l'a primitivement signalé du Rio Rayano,
voisin du Chagres. mais se déversant dans l'Océan Pacifique et non dans
l'Océan Atlantique.
En somme, ces découvertes nouvelles confirment l'opinion déjà émise
par les auteurs, que Ta population ichlyologique du Chagres aurait ses affi-
nités les plus grandes avec la faune Rrésilienne; aucun de ces Poissons
n'appartient franchement à la faune Mexicaine.
Pour terminer, je ne crois utile d'insister que sur une des espèces, le Pi-
— 222 —
mclodus gracilis , qui , d'après l'examen que j'ai pu en faire , prête à quelques
observations critiques sur ses affinités et sa synonymie.
Pimelodds gracilis Valenciennes.
A cette espèce se rapporte un petit exemplaire , qui paraît répondre à la
description donnée dans YHistoire des Poissotis et surtout à la figure pu-
bliée dans le Voyage d'Alcide d'Orbigny.
En voici les dimensions :
1/100.
Longueur 81 n
Hauteur îti 17
Epaisseur i3 16
Longueur de la tête 17 ai
— de furoptère ? i5 ? 1 H
du museau 7 ki
Diamètre de l'œil 5 29
Espace interorbitaire h a3
N° 97-274, Coll. Mus.
L'examen d'un exemplaire typique de la Collection du Muséum (1) con-
firme cette assimilation, quoique la différence de taille (cet individu mesure
1 64 + 60 =22/1 millimètres), le dessèchement qu'il a éprouvé dans un al-
cool trop fort, et sa décoloration ne rendent pas sur tous les points la compa-
raison très facile. J'ajouterai aux détails donnés par les auteurs, qu'à l'épine
pectorale , les dents serratiformes postérieures sont remarquablement déve-
loppées; en avant n'existent que de légères granulations moniliformes ; on
trouve un pore axillaire, comparativement plus grand que cbez notre petit
individu.
M. Gûntber fait remarquer que la figure donnée par Alcide d'Orbigny
indique un prolongement nucbal étendu jusqu'au bouclier interépineux,
tandis que , dans la division du genre adoptée par Valenciennes , le Poisson
se trouve placé parmi les Pimélodes à six barbillons , avec un casque pro-
noncé, non continu avec le bouclier. Il y a là une interprétation de carac-
tère qui donne prise au doute. En effet, il existe entre les deux pièces une
certaine mobilité et, dans la flexion de la tète, on constate un certain inter-
valle entre l'une et l'autre; mais cette distance est faible et comme, dans
l'extension, ces deux pièces se toucbent, qu'une échancrure terminale du
prolongement nucbal reçoit alors l'angle antérieur du bouclier interépineux ,
le Pimelodus gracilis d:ùt , avec plus de raison , être regardé comme ayant
ces deux pièces en contact.
On pourrait se demander également si le casque est ou non granuleux.
O N° A c,a84, Coll. Mus.
— 223 —
Sur l'exemplaire type, desséché, avons-nous dit, par l'alcool, les rugosités
sont très accusées; sur le petit individu duRioPequeui, en meilleur état de
conservation, une peau molle étendue sur la tète les cache presque entiè-
rement.
Deux espèces ont été signalées du Chagres, les Pimelodus cinerasceus
Gûnther, et P. modestus Gùnther. Le Pimelodus gracilis diffère du premier
par son adipeuse et ses barbillons maxillaires plus longs, la première dans
l'espèce à laquelle je le compare ici n'ayant que les deux septièmes (0,28)
de la longueur du corps, les seconds atteignant au plus l'adipeuse; on
pourrait y joindre la coloration; les bandes noires longitudinales dorsale et
latérale ne s'y trouvent pas. Ce dernier caractère me paraît être le seul qui
permette de distinguer le Pimelodus modestus du Pimelodus gracilis.
11 n'est peut-être pas inutile , à propos de cette coloration du corps , de
donner la diagnose spécifique à établir entre l'espèce dont il est ici ques-
tion et celles chez lesquelles se retrouve ce système de coloration en bandes
longitudinales noires , ayant surtout la bande étendue de l'œil au pédoncule
caudal et même sur l'uroptère. Le Pimelodus omatus Kner a le casque
céphalique franchement granuleux , le barbillon maxillaire se prolonge à
peu près jusqu'à l'origine de l'uroptère, l'adipeuse n'a qu'un cinquième
de la longueur du corps. Les Pimelodus peteneiisis Gûnther et P. Jenynsii
Giinther ont le prolongement nuchal nettement séparé du bouclier inter-
épineux; déplus, chez le dernier, le nombre des rayons de l'hypoptère
s'élève à ih ou i5.
Quaut aux Pimelodus elongatus Giinther et P. lateristriga Mùller et
Troschel, n'ayant pas les éléments de comparaison directe avec des indi-
vidus qu'on puisse regarder comme typiques de ces deux espèces, les des-
criptions et même, pour l'un d'eux, la figure données ne me paraissent pas
fournir des caractères différentiels réellement suffisants. Ces espèces, en y
joignant le Pimelodus modestus Gûnther, cité plus haut, sont bien voisines
les unes des autres et du Pimelodus gracilis; il ne serait pas étonnant qu'on
en arrivât un jour à les réunir.
Note sur les Lépidoptères
RAPPORTES PAR M. CHAFFANJON DE lAsJE CENTRALE ET ORIESTALE,
PAR M. PoUJADE.
La collection de Lépidoptères rapportée des environs d'Irkoutsk (région
duBaïkal) par M. J. Chaffanjon présente un très grand intérêt au point
de vue géographique. Beaucoup d'espèces françaises, suisses, etc. sont
certainement signalées depuis longtemps en Sibérie, mais nos collections
manquaient de spécimens authentiques. L'envoi de M. Chaffanjon vient
— ÏM —
combler cette lacuue; de plus, certaines espèces spéciales aces régions
manquaient absolument au Muséum.
Il convient de citer parmi ces dernières :
Parnassius Eversmanni Mén. <? . Espèce très estimée, remarquable en
ce qu'elle est la seule connue jusqu'à présent de tout le genre Parnassius
dont le mâle présente une couleur franchement jaune soufre au lieu de la
couleur blanchâtre de ses congénères.
Parnassius Tenedius Eversni. 9 . Le mâle seul existait dans nos collec-
tions.
Argynms Angarensis Ersch.
Argynnis Oscar us Eversni.
Ereria Cvclopius Eversm.
Erebia Edda Méuétr.
Ereria Parmemo Boëb. $ . Le mâle seul était représenté dans nos col-
lections.
Parmi les Lépidoptères de Mandchourie (Ourga à Tsitsikar) :
Bombyx fasciateu.a Ménélr. d" et $ . lionne espèce dont le Muséum
ne possédait qu'une paire, obtenue par achat.
Sun les Cambahus recueillis au Mexique par M. Diuuet,
Note de M. E.-L. Bouvier.
Parmi les très nombreux Arthropodes que M. Diguel nous a récemment
envoyés du Mexique, se trouvent en abondance, et représentés par de ma-
gnifiques exemplaires, ileux espèces de Cambarus, dont l'une me parait
nouvelle pour la science et très curieuse à cause des parasites qu'elle
héberge.
Le premier de ces Cambarus appartient à l'espèce que de Saussure
( 1 858) a désignée sous le nom de'C. Mon tezunw. Elle est représentée
dans les envois de M. Diguet par la variété t ridais sous sa forme la plus
nette, et provient soit de Guanajuato où elle habile les eaux courantes, soil
des environs de Guadalajâra (Etat de Jaiisco) où elle fut trouvée en grande
abondance dans la source de Vagua atal, au milieu des racines de Naïades.
Quoique de faible taille (elles mesurent au plus île 3 à h centimètres de
longueur), ces petites Ecrevisses sont consommées dans le pays où on les
désigne sous le nom (Vacociles. L'espèce typique, à rostre simplement aigu,
— 225 —
n'a pas été recueillie par M. Diguet, mais elle se trouve représentée dans
nos collections, en même temps que sa variété, par des exemplaires des
environs de Mexico offerts au Muséum par M. Génin.
La seconde espèce de Canibarus que nous a envoyée M. Diguet a été
Lrouvée dans les affluents du Rio Santiago, cours d'eau assez important de
l'Etat de Jalisco. C'est un Grustacé de grande taille qui peut égaler en
dimensions les Ecrevisses françaises les plus belles; le plus grand exem-
plaire est un mâle qui mesure o m. 10 de longueur, de la pointe du
rostre à l'extrémité du telson.
Cette espèce appartient au groupe de Cambarus dont les mâles sont
munis d'un crochet sur le 2e article des pattes de la 3e paire. Elle se rap-
proche beaucoup d'une espèce des Etats-Unis, le C.propinquus Girard; elle
présente comme elle une carène longitudinale médiane sur la face supé-
rieure du rostre tridenté , mais elle en diffère par l'ensemble des caractères
suivants :
Le rostre n'est pas quadrilatère comme dans le C. propinquus, mais se
rétrécit graduellement de la base à la pointe des épines préapicales ; il est
d'ailleurs bien plus profondément excavé, moins large, ses dents préapi-
cales sont bien plus saillantes et bien plus distinctes de la pointe médiane
qui atteint à peu près l'extrémité des pédoncules antennulaires, les bords
du rostre, enfin, forment une carène latérale bien plus haute et. toujours
nettement tranchante, qui se prolonge manifestement jusqu'entre les épines
antérieures des crêtes basales. La carène longitudinale médiane, au lieu
d'être basse, obtuse, comme dans le C. propinquus, est au contraire haute
cl tranchante; d'ailleurs elle ne se prolonge pas sur la pointe rostrale mé-
diane comme dans cette dernière espèce; elle est toujours très développée
dans les mâles et dans les grands exemplaires femelles , mais elle devient à
peine sensible ou disparaît complètement dans les femelles de moyenne ou
de petite taille. Des modifications analogues ont été signalées par Hagen
dans le C. propinquus.
Dans notre espèce, le bord frontal forme un angle aigu très apparent au
dessus et ? la base des pédoncules antennaires; cet angle, au contraire,
est à peii e distinct et fort obtus dans le C. propinquus. Dans les deux
espèces, les ornements de la carapace sont sensiblement les mêmes; toute-
fois les grands exemplaires recueillis par M. Diguet se font remarquer par
les touffes de poils très courts qui naissent, surtout latéralement , des nom-
breuses ponctuations du test.
Dans le C. propinquus , les pédoncules antennulaires et l'écaillé antennaire
atteignent simplement la base du dernier article des pédoncules anten-
naires; dans l'espèce de M. Diguet, au contraire, les pédoncules et les
écailles antennaires arrivent en avant au même niveau que les pédoncules
antennulaires; dans le C. propinquus, l'épistorne est tronqué de chaque côté
de la partie terminale et a une forme plutôt polygonale; dans l'espèce de
Muskum. — m. 1 7
— 226 —
M. Diguet, ces truncatures n'existent pas, et la forme de l'épistome rap-
pelle surtout le C. robustus.
Les pattes antérieures suffiraient, à elles seules, pour distinguer les deux
espèces : i° dans le C. propinquus, on ne trouve qu'une épine sur le bord
anléro-inférieur du méropodite; cette épine est située à l'extrémité interne
du bord ; dans l'espèce de M. Diguet , il y a toujours une épine à cbaque
extrémité du bord; 2° dans le C. propinquus , le carpe ne présente pas
d'autres saillies que trois épines, dont l'une occupe l'angle interne du bord
autéro-supérieur, l'autre la face interne, la troisième le bord antéro-
inférieur; dans l'espèce de M. Diguet, pour peu que les exemplaires soient
de moyenne taille, on observe des tubercules , parfois spiniformes, sur la
face interne de l'article , et deux épines sur son bord antéro-inférieur ; 3° daus
le C. propinquus , les pinces sont très peu convexes à leur base et, en dedans,
débordent largement le carpe; elles sont munies sur le bord interne de la
portion palmaire d'une ou deux rangées longitudinales fort régulières de
saillies tuberculeuses plus ou moins aiguës ; leur largeur est d'ailleurs consi-
dérable et dépasse la longueur de la portion palmaire au niveau du doigt
mobile; — dans l'espèce de M. Diguet, les pinces sont très convexes, subcy-
lindriques et presque aussi épaisses que larges dans la portion palmaire ,
leur largeur est d'ailleurs plus faible que celle de cette dernière partie, en
arrière des doigts, enfin on n'observe pas de saillies sériées sur le bord in-
terne de l'article , et c'est tout au plus si les faibles mais nombreux tubercules
qu'on observe sur les pinces, dans les grands individus, deviennent un peu
plus forts dans cette région; A0 dans le C. propinquus, la pointe du rostre
atteint le mdieu du carpe chez les mâles, la base de la pince chez les fe-
melles, qui se distinguent d'ailleurs des grands mâles par leur pince plus
courte et plus large; dans les exemplaires bien adultes recueillis par M. Di-
guet, la pointe du rostre atteint la base du carpe chez les mâles, et chez
les femelles dépasse la base des pinces ; celles-ci sont bien plus courtes ,
mais à peine plus larges que celles des grands mâles, mais elles ne sont
pas sans analogie avec celles des mâles plus petits qui représentent peut-être
la seconde forme de l'espèce.
Les autres différences entre les deux espèces sont de moindre importance ;
disons toutefois que les appendices mâles de la première paire se terminent
par deux pointes cornées chez tous les exemplaires de moyenne ou de
grande taille recueillis par M. Diguet, et que tous ces exemplaires , quels
qu'ils soient, portent de chaque côté trois épines au bord postérieur de la
moitié basilaire du telsou.
Les dimensions des divers exemplaires sont les suivantes :
— 227 —
MESURES.
Longueur du corps étendu, de la pointe du
rostre à l'extrémité du telson .
totale du céphalothorax
— du céphalothorax on arrière du
sillon cervical
Distance qui sépare les deux carènes latérales
du rostre à leur hase
qui sépare les deux épines auté-
apicales du rostre
Longueur totale de la patte antérieure
droite
de la pince de celte patte
— de la portion palmaire ( du tuher-
cule articulaire de cette portion
à celui du doigt)
Largeur maximum de la portion palmaire..
Epaisseur
GRAND
GRANDE
MÂLE.
FK M ELLE.
niilliru.
millini.
io5
88
5o
43
16
i3,5
6,6
6,2
3
3
7*>
5o
34,5
21
i5
8,5
12
8
8
5
MALE
DE PETITE TAILLE
(forme II ?),
mais
ayant déjà
ses appendices
sexuels.
inillim.
6,5
3
i,5
a 3
1 1
4,7
3,6
3,5
Dans le grand mâle qui vient de nous servir de type , la pince est peu
épaisse, mais on doit ajouter qu'elle l'est beaucoup plus chez tous les autres.
Dans un mâle un peu plus petit, la partie palmaire présente les dimensions
suivantes qui sont, bien plus (pie les précédentes, voisines de la moyenne :
longueur, t3 millimètres; largeur, 9 millim. 6; épaisseur, 7 millim. 7.
Nous donnerons le nom de Cambarus Digueti à la très belle espèce que
nous venons de décrire; mise depuis peu dans l'alcool, elle a pris la cou-
leur rouge que présente notre Ecrevisse quand elle est cuite, mais cette
couleur commence à disparaître et se dissout dans le liquide.
Le C. Digueti n'est pas sans analogie avec le C. cornutus Faxou , du Ken-
tucky; cette dernière espèce eu diffère toutefois par ses proportions relatives
assez différentes, par son rostre dépourvu de carène médiane, par son ab-
domen large et à angles latéraux aigus, par ses fouets antennaires beaucoup
plus longs, par ses pinces à bord interne serratulé, par les deux épines la-
térales que présente de chaque coté la partie basilaire du telson, et par bien
d'autres caractères qu'on trouvera signalés dans le travail de M. Faxon (1).
(1) Description of new species of Cambarus; to which is added a synonymical
17-
— 228 —
Outre l'intérêt propre qu'elle présente, l'espèce que nous venons de
signaler mérite d'attirer l'attention des naturalistes à cause des phénomènes
de parasitisme dont elle est le siège.
Sur les vingt exemplaires qui composaient l'envoi de M. Diguet, quatre
sont attaqués par les Trématodes du genre Temitocephala ; l'un d'eux offre
à peine quelques bouquets d'oeufs du parasite, mais les trois autres en ont
les flancs recouverts et toute la l'ace inférieure du corps, voire celle de
l'abdomen; les parasites adultes y sont assez nombreux et beaucoup sont
encore en place entourés des grappes d'oeufs qu'ils viennent de pondre. On
connaissait des Tenmocépbales sur les Parastaciens mais non sur les Asta-
cinés proprement dits; ne fût-ce qu'à ce point de vue, le parasite du
C. Digueti présentera certainement de l'intérêt pour la science. Mon col-
lègue et ancien maître, M. Perrier, l'a confié à M. Vayssière, professeur
adjoint à la Faculté des sciences de Marseille, qui a consacré un mémoire
intéressant à l'histoire des Temnocéphales.
Sur les quatre exemplaires attaqués par des Temnocéphales , deux hé-
bergent en outre, en assez grand nombre, de petites Hirudinées du genre
Branchiobdella. Ces parasites, qu'on accuse de brouter les filaments bran-
chiaux des Ecrevisses, sont tous localisés, dans notre espèce, à la surlace
des branchies, soit en dedans du plumet branchial, soit en dehors; — ils
ne sont pas, comme la Branchiobdella parasita Henle de notre Ecrevisse,
répandus sur les appendices et sur l'abdomen. Au surplus, ce n'est pas la
première fois qu'on signale des Branchiobdelles sur les Cambarus, M. Moore (1)
en a fait connaître avant nous plusieurs espèces; mais il est fort possible
que celles du C. Digueti soient nouvelles ou dignes d'être observées, et
M. Perrier les a transmises à M. Raphaël Blanchard qui saura, mieux que
personne, mettre en lumière l'intérêt qu'elles présentent.
Sur deux Paguriens nouveaux
trouvés l'ail m. coutière dans les recifs madreporiques , à djiroutl,
par M. E.-L. Bouvier.
Dans la très jolie collection de Crustacés que M. Coutière a recueillie
dans les récifs madréporiques de Djibouti, se trouvent deux Paguridés nou-
veaux qui jettent quelque lumière sur les affinités du groupe auquel ils
appartiennent. L'un se range dans la tribu des Eupagu riens et forme le
List of tlie known species of Cambarus and Artacus. Proced. tucer. Mad. Boston,
vol. XX, p. 120, 1 y 85.
(1) Les espèces signalées par M. Moore vivent en parasites sur le Cambarus
Bartoni (On some Leecli-likc parasites of American Crayfishes. — Pc. Ac. nal. se.
Philadelphia, 1 89.Î , p. /ii6-/ia8, pi. XII.)
— 229 —
type d'un genre nouveau; l'autre prend place dans la tribu des Mixtopagu-
riens et représente la deuxième espèce du genre Troglopagurus qu'établit
M. Henderson en 1890.
lit. Mir. nouveau : Ccstopagurus.
Les Crustacés de ce genre appartiennent au groupe des Eupaguriens
dont les mâles sont munis de tubes sexuels saillants à la base des pattes
postérieures. On sait que les Eupaguriens de ce groupe se divisent en deux
séries presque parallèles, suivant que le tube sexuel principal prend son
origine sur la liancbe postérieure droite ou sur la hanche gauche.
Fig. 1. — Cestopagurus Coiitieri sp. nov. , d vu du côté gaucho.
Avec les Nematopagurus Edw. et Bouv. , les Pagurodes Henderson , les
Catapagurus Smith elles Catapaguroides Edw. et Bouv., le nouveau genre
qui nous occupe se range dans la série des formes dont le tube sexuel
mâle a son origine sur la hanche droite. H se rapproche des Catapaguroides
et des Nematopagurus , et diffère des deux autres genres de la série par la
position du tube sexuel qui se dirige (fig. 2) de droite à gauche au-dessous
et à la base de l'abdomen, tandis qu'il remonte contre, le flanc droit dans
les Pagurodes et les Catapagurus.
11 se distingue d'ailleurs fort nettement par la forme et la direction du
tube sexuel qui (fig. 1) se recourbe du côté gauche sous la forme d'un
tube cylindrique, atteint de la sorte la face dorsale du céphalothorax et
se continue alors par un filament grêle assez long et plus ou moins si-
nueux. Dans les Nematopagurus , la partie grêle et tortillée forme la presque
totalité du tube qui d'ailleurs ne se recourbe pas sur le flanc droit et se>
trouve accompagné d'un tube sexuel plus petit situé sur la hanche
gauche; dans les Catapaguroides, le tube unique est toujours court, ne re-
— 230 —
monte pas contre le flanc gauche, et forme une sorte de lame de sabre
ventrale à peine recourbée et sans filament termina!.
En somme notre nouveau genre tient à la fois des Nematopagurus et des
Catapaguroides, mais se rapproche beaucoup pins de ce dernier genre, dont
il n'est, à vrai dire, qu'une forme littorale spécialement modifiée an point
de vue de la reproduction.
.'' x ; -n ^..v^C^-w-
- ^^r*-^
\ ^
Kg. 3.
Patte ambulatoire
postérieure.
Fig. 3.
Origine du tube sexuel.
Les Catapaguroides habitent des fonds compris entre 5oo et 2,200 mètres
de profondeur; leurs pattes ambulatoires sont terminées par des doigls
longs et grêles , et leurs pédoncules antennulaires sont remarquablement
allongés; notre genre, au contraire, se trouve dans la zone littorale, il est
caractérisé par des pédoncules antennulaires très réduits et par la brièveté
des doigts (fig. 3) des pattes ambulatoires, qui sont plus courts que le pro-
podite. Le Catapaguroides acutifrons Edw. et Bouv. forme la transition
entre les deux genres par son rostre frontal très saillant, par ses doigts
et ses pédoncules antennulaires assez courts, et par les ornements de ses
pinces.
Le genre Catapaguroides a été découvert par le Talisman et compte jus-
qu'ici trois espèces localisées dans l'Atlantique oriental entre le nord de
l'Espagne et les îles Canaries. La découverte de M. Goutière semble prouver
que les Catapaguroides ont existé ou existent encore dans la mer des Indes
et dans le Pacifique.
Notre genre étant surtout caractérisé par la direction du tube sexuel, qui
forme presque une ceinture autour du corps, nous lui donnerons le nom
de Cestopagurus , et nous dédierons l'espèce nouvelle qui le représente au
jeune et courageux naturaliste qui l'a découvert.
Cestopagurus Coutieri sp. nov. — Les figures ci-jointes suffiront
certainement pour donner une idée exacte de cette espèce, qui est caracté-
risée (fig. h) par son rostre très saillant, ses pédoncules antennulaires plus
courts que les pédoncules oculaires, les poils raides assez nombreux qui
ornent ses pattes et qui naissent par faisceaux de courtes lignes pilifères
transverses ou de saillies spiniformes (fig. 5). Ces saillies sont toujours
fort réduites et nous les avons exagérées dans nos figures; pourtant, dans
un vieux mâle un peu anormal , elles avaient à peu près le développement
— '231 —
que nous leur avons donné ci-contre. La pince antérieure gauche ( fig. 5 ,
à droite) a un hiatus entre les doigts, à leur base; le propodite des pattes
de la h° paire n'a qu'uue seule rangée d'écaillés à sa râpe (fig. 1), en-
fin les mâles paraissent n'avoir, comme ceux des Pagurodes et des Catapa-
guroides, que trois fausses pattes impaires.
Fig. 4.
Partie antérieure
du céphalothorax, face dorsale.
Fig. 5.
Pattes antérieures
vues par-dessus.
Les deux exemplaires adultes mesuraient en moyenne trois millimètres
de longueur, au céphalothorax; toutes les figures ci-jointes ont été faites
d'après un mâle de cette taille , sauf la figure k qui représente un mâle de
k millimètres dont les pédoncules oculaires sont un peu plus allongés que
ceux des autres exemplaires. La couleur dans l'alcool est rose pâle avec
des raies longitudinales parallèles de couleur orangée, qui forment une
sorte d'anneau sur chaque article des pattes ambulatoires.
Dans le grand exemplaire, la couleur générale est violacée, et l'on n'ob-
serve plus trace des raies longitudinales.
Espèce nouvelle : Troglopagurus Jousseaumei.
M. Henderson a très exactement indiqué la plupart des caractères du
genre Troglopagurus et signalé ses affinités avec les Crustacés du genre
Pagurus. Toutefois, nous croyons être plus près de la vérité en disant que
les Troglopagurus se rapprochent moins des Pagurus que des Diogcnes,
qu'ils dérivent des premiers comme les Diogenes, et qu'ils nous montrent
comment ces derniers ont pu se former à partir des vrais Pagurus. Grâce
aux Troglopagurus , on sait maintenant qu'd est impossible de séparer les
Diogenes des Pagurus pour en former un groupe distinct.
Le Troglopagurus de M. Coutière a encore les pédoncules oculaires , les
longs fouets antennaires, les grands pédoncules antennulaires et les courtes
écailles antennaires des Paguriens du genre Pagurus, mais, tandis que par
certains de ces caractères il est bien plus près des Diogenes (écailles anten-
— 232 —
naires très courtes), par (Vautres, il se rapproche davantage des Pagurus
(longueur des pédoncules oculaires et antennaires, du fouet des antennes).
D'ailleurs tous ses autres caractères essentiels (abstraction faite du rostre
mobile, qui est absent) sont ceux des Diogenes : longs poils des fouets
antennaires, lignes pilifères transverses de la partie antérieure du cépha-
lothorax, réduction extrême de la pince droite, grand développement et
forme infléchie de la pince gauche, absence d'ongles cornés aux extrémités
des pinces , forme des fausses pattes ovifères de la femelle qui sont dé-
pourvues de rameau accessoire, enfin atrophie complète de la pleuro-
branchie des pattes de la dernière paire. Tous ces caractères nous prouvent
que les mêmes modifications naturelles ont transformé les Pagurus en Tro-
glopagurus et en Diogenes et que les premiers ne diffèrent guère des se-
conds que par l'absence du rostre mobile , et par le rapprochement des
écailles ophtalmiques qui en est la conséquence. Dans la plupart des Pa-
gures, au contraire, ces écailles sont largement séparées.
Fig. 6. — Troglopagiivus Jousseaumei sp. nov.
Nous donnons à l'espèce nouvelle qui nous occupe le nom de Troglopo-
gurus Jousseaumei en l'honneur de l'excellent et très dévoué naturaliste qui
servit de guide à M. Contière pendant son voyage. Celte espèce est la se-
conde du genre; elle est bien plus voisine des Pagurus que le Troglopagu-
— 233 —
rus manaarensis de M. Henderson, et diffère essentiellement de cette es-
pèce : i° par son front qui est presque droit, tandis qu'il est très saillant
entre les antennes dans le T. manaarensis ; s>.° par ses écailles ophtalmi-
ques qui sont larges, tridentées et qui rappellent surtout les Pagurus, tan-
dis qu'elles sont frangées de dents sur toute la longueur de leur bord externe
et rappellent surtout les Diogenes dans le T. manaarensis ; 3° par son aci-
cule plus long et muni d'une grande e'pine terminale; k" par ses pédoncules
antennulaires bien plus développés ; 5° par ses appendices couverts de poils
raides, longs et très nombreux; 6° par sa pince gauche large et à bord in-
férieur infléchi; 70 par sa pince droite très allongée; 8° enfin par les
doigts des pattes ambulatoires qui sont grêles et atteignent presque. la
longueur des deux articles précédents réunis. — Les ornements en saillie
des pattes antérieures sont assez nombreux, mais très peu proéminents; les
plus importants forment une rangée d'épines sur ie bord inférieur du carpe;
il y a des saillies spiniformes plus réduites sur les bords delà pince et vers
le milieu de sa face externe.
Longueur du céphalothorax de l'exemplaire figuré: 8 millim. 5. La pince
gauche ressemble tout h fait à celle des Diogenes et ne devrait être vue que
par son bord supérieur; elle est représentée vue par sa face externe. La
pince droite ne ressemble pas à celle des Diogenes; sa face externe forme
deux surfaces planes qui se rencontrent presque à angle droit, l'une supé-
rieure comprise entre deux rangées de saillies pilifères, l'autre externe.
Couleur à l'arrivée, dans le formol : sur les pattes et les antennes, les
pédoncules oculaires et la moitié antérieure du céphalothorax la teinte gé-
nérale est violacé pâle avec des parties plus foncées qui dessinent des stries
ou des veines ; fouets antennaires et antennulaires violet brun ainsi qu'une
raie longitudinale située à la partie supérieure des pédoncules oculaires ;
abdomen jaune rougeâtre, œufs cerise.
Dans l'alcool , la teinte générale devient rouge orangé avec des stries ou
des veines blanchâtres. La bande longitudinale des pédoncules oculaires
est rouge orangé sur fond blanchâtre. Parfois la couleur disparaît complè-
tement dans l'alcool.
Note sur quelques alphéidés nouveaux ou peu connus
rapportes de djibouti (afrique orientale),
par h. coutière.
(Laboratoires de MM. les professeurs Milne Edwards et Bouvier.)
(jenre \< ha lias (Leacli).
Athanas dispar (nouv. nom). — Les nombreux spécimens de cette
espèce, recueillis à Djibouti et à Suez, se sont trouvé correspondre aux
— 234 —
deux espèces décrites comme nouvelles dans le Bulletin n° 8 ( 1 896) (1) :
A. leptocheles représente les femelles de A. dispar; les mâles correspondent
h A. solcnomerus, dont je n'avais eu à ma disposition qu'un spécimen im-
parfait. Les pattes de la première paire, aussi énormes chez les mâles
cruelles sont grêles chez les femelles, établissent entre les sexes une diffé-
rence que l'on ne trouve, à ce degré, chez aucun autre Alphéidé.
Sous les pierres, à marée basse. Incolore, avec une dizaine de bandes
rouge orangé disposées en trois groupes, plus faibles et plus diffuses chez
le mâle, œufs de couleur orange , ou vert olive {2).
Athanas Djiboutensis n. sp. — Se distingue du précédent par des
caractères très nets : forte dent aiguë supra-cornéenne , bien distincte ; des
deux épines extra et infra-cornéennes , cette dernière est de beaucoup la
plus forte, à l'inverse de ce qui a lieu chez A. dispar.
Les pattes de la première paire sont, chez le mâle, légèrement inégales
et rappellent étroitement A. dispar. Toutefois la gaine du méropodite est
plus large et subitement dilatée , et la paume est plus régulièrement ovale.
Chez la femelle, les pattes de la première paire sont très inégales, la plus
grande ne diffère pas de celles du mâle, la plus petite est celle des femelles
de A. dispar.
La taille de cette nouvelle espèce est, en général, plus petite que celle
de A. dispar. L'animal est incolore , sauf une large bande d'un blanc opaque ,
élargie par places, s'étendant des antennules au telsou. OEufs bruns.
Genre Jousseaumea (H. Coutière).
J. latirostris. — Un grand nombre d'individus de cette espèce , que
nous avions décrite sur un spécimen ne possédant pas sa grande pince.
Celle-ci, très semblable à son homologue chez l'espèce voisine, J. serrati-
digitus, est plus régulièrement ovale et manque du sillon profond de la face
supérieure de la paume.
Incolore , corps régulièrement annelé de rouge vif.
J. serratidigitiîs. — Couleur d'un beau jaune uniforme, œufs orange vif.
J. cristata n. sp. — Les bords de la large pointe roslrale se conti-
nuent sur le céphalothorax par deux fortes crêtes surplombant les épines
supra-cornéennes . presque invisibles en dessus. Une troisième crête s'étend
(•) Bulletin du Muséum, 1896, n° 8, p. 38o-386. Note sur quelques genres
nouveaux ou peu counus d'Alphéidés , formant ia sous-famille des Alphéopsidés.
W Nous n'avons pas rencontré à Djibouti la variété «monoceros n , peut-être
spéciale à une localité. Si cette variété doit, comme nous le croyons, être main-
tenue, son nom devient Athanas dispar, var. monoceros. (Alpheus monoceros, Heller;
Arête monoceros, Paulson).
— 235 —
de la pointe du rostre sur tout le céphalothorax; la surface de la pointe
roslrale est légèrement concave de part et d'autre.
Le bord postérieur du telson est échancré comme chez J. serratidigitus.
Les autres détails de structure et la coloration comme chez J. latirostris.
Genre Aniphihetseus (H. Coutière).
A. Jousseaumei. — Complètement incolore ou blanchâtre, lavé de rose.
L'énorme pince complètement rabattue sous le corps s'ouvre dans le plan
horizontal, comme dans le genre Jousseaumea , en décrivant un demi-cercle.
Genre Arête (Stimpson).
A. dorsalis. — Nombreux exemplaires auxquels la diagnose de Stimpson
s'applique parfaitement. Vit en commensal d'un petit Oursin du genre
Echinometra, de couleur pourpre foncé; se trouve le plus souvent entre les
piquants de l'animal et cherche visiblement à y revenir lorsqu'on l'en écarte.
Arête dorsalis est, comme son hôte, d'un rouge brun uniforme et bril-
lant, avec trois bandes plus claires, l'une médiane, les deux autres latérales.
s'étendant sur la face externe des pinces.
Genre Automate (de Man).
A. dolichognatha. — L'unique spécimen pour lequel fut établi ce genre
ne possédait pas ses pinces. Les nombreux exemplaires que j'ai recueillis
à Djibouti permettent de compléter en ce point la minutieuse description
de de Man. Les pattes de la première paire sont très inégales surtout chez
le mâle. La grande pince, plus petite et plus trapue chez la femelle, res-
semble à celle d'un Thalassinien : la paume est aplatie, rectangulaire et
les doigts, courts et robustes, laissent entre eux un léger intervalle, surtout
chez la femelle.
Automate dolichognatha vit sous les débris enfoncés dans le sable ou la
vase, au pied des récifs madréporiques émergés, en compagnie d'Amphi-
betaeus et de Thalassiniens. Presque incolore, ou d'un blanc jaunâtre lavé
de rose à l'extrémité des antennes et des pinces. L'ovaire et les œufs sont
d'une belle couleur orange. (1)
Genre Alpheus (Fabr.)
A. barbatus n. sp. — Assez voisin de A. socialis (Heller) s'en distingue
nettement par la forme de ses pinces. Celles-ci sont notablement plus fortes
m Les deux exemples que nous avons de'crits dans ie Bulletin du Muséum , n" 8 ,
1896, proviennent des îles du Gap Vert (Talisman). Ils ne paraissent pas, malgré
quelques différences, devoir être séparés de l'espèce «dolichognatha».
— 236 —
chez le mâle. La grande pince est parallélépipédique, trapue, comprimée,
lisse, deux fois et demie plus longue que haute. Bord inférieur entier, bord
supérieur avec un léger sillon transversal court très près de l'insertion du
doigt mobile. Paume tronquée en avant, portion libre du doigt fixe très
courte. Doigt mobile court, fortement courbé en crochet, surtout chez le
mâle.
Doigts de la petite pince presque deux fois aussi longs que la paume,
courbés, béants, bords garnis de soies raides, longues et serrées.
Couleur rouge orange brillant; les branchioslégites, l'espace sus- stomacal
et toutes les soies sont d'un blanc opaque.
Sous les pierres, à marée basse. Deux exemplaires, un troisième dragué
par 10 mètres.
A. splendidus n. sp. — Voisin de A. gracilis (Heller) dont le distin-
guent les caractères suivants : le rostre, dirigé en haut, atteint l'extrémité
du ier article antennulaire et se prolonge entre les yeux, jusqu'au milieu
du céphalothorax, sous forme d'une carène forte plus élevée que les capu-
chons. La forte épine dont ceux-ci sont armés se projette du centre de leur
saillie, leur bord antérieur étant entier.
Grande pince sensiblement 3 fois plus longue que haute, petite pince
très grêle, cylindrique, 5 fois plus longue que large.
Pattes 3 et h terminées par une simple griffe. Coloration remarquable :
une étroite bande jaune vif du rostre au telson, bordée de deux bandes
brunes ; le reste du corps rougeâtre , sauf deux étroites lignes blanches con-
l iguës aux bandes brunes ; pinces orange clair.
Un exemplaire femelle, sous les pierres, à mare,1 basse.
A. spongiarum n. sp. — Appartient au groupe de A. lobijrons
obeso-mànus et pachychirus , dont il se distingue par les caractères suivants :
écaille antennaire rudimentaire, plus courte d'ordinaire que l'article basai
antennulaire, pouvant toutefois atteindre chez quelques individus le milieu
du 2e article. Lpine externe très forte, plus courte que le pédoncule anten-
nulaire.
La forme des pinces rappelle étroitement A. pachychirus, avec cette
différence que la petite est semblable dans les deux sexes, tandis que la
grande, chez le mâle, est au moins deux fois plus volumineuse que chez la
femelle et atteint presque la grosseur de l'animal.
Aux moins 200 exemplaires. Semble vivre exclusivement dans une
éponge brune très grossière, chacun des oscules abritant un couple, le mâle
à l'entrée.
Incolore, sauf une bande rouge cerise clair sur le thorax et sur les ae et
3e anneaux de l'abdomen. Bout des pinces violet foncé, passant au rouge
sur la paume.
— 237 —
Ll FAUNE ORSCURIVOLE DES CONDUITES d'eAU DE SeIME
DE LA VILLE DE PaRIS
ET LE PROJET DE DÉRirATIO\ DES SOURCES DU LvNAIN ,
par M. Armand Viré.
(Laboratoiiies de MM. Bouvier et Milne Edwards.)
Il y a quelques semaines, on relevait, dans la rue de Bufl'on, de gros
loyaux de fonte distribuant l'eau. Il nous a été donné de faire, à cette oc-
casion, plus d'une intéressante constatation, et l'ensemble des faits observés
n'est pas, malheureusement, de nature à rassurer beaucoup les consom-
mateurs d'eau de Seine.
Ces tuyaux ont environ o m. 80 de diamètre, le fond en est recouvert
dune couche de vase de 0 m. 10 d'épaisseur environ, noire et nauséa-
bonde. Elle répand à l'air uue odeur de putréfaction très caractéristique.
Sur les parois sont accrochés des milliers de Dreissena polymorpha, ce
curieux Mollusque, originaire de la région aralo-caspienne, qui a envahi
peu à peu la région de l'Europe occidentale, et dont M. Hamy a signalé
depuis très longtemps l'apparition dans les eaux de l'aqueduc d'Arcueil.
Au milieu d'eux, on trouve nombre de Mollusques. Ces Mollusques pré-
sentent d'assez notables variations de coloration. Nous en parlerons plus
lard et nous pourrons comparer nos résultats à ceux qu'a obtenus, en
i8qi, M. Locard, dans les conduites d'eau de Seine et d'eau de source de
la ville de Paris.
De la vase émergent des millions de petits Vers libres ou qui se construi-
sent des tubes avec leur mucus et la vase.
Des Sangsues de 5 à 7 centimètres de long s'accrochent aux objets ou
nagent vivement dans le liquide et j'en ai compté jusqu'à i5 par litre de
vase recueillie.
Je me suis expliqué ainsi l'apparition subite et plusieurs fois répétée
dans les bacs où je conservais précieusement mes Crustacés des cavernes du
Jura, de Vers et de Sangsues, qui faisaient promplement périr ces précieux
animaux, ainsi que l'odeur infecte de l'eau de Seine soi-disant filtrée (?)
qui sort de nos robinets et des fontaines Wallace du Muséum. Une seule
de ces dernières, en effet, malgré les efforts de la Direction du Muséum, a
pu, jusqu'ici, être alimentée d'eau de source.
Les Crustacés, dans cette faune des conduites souterraines, viennent
aussi apporter leur fort contingent; ce sont : des Crevetlines (Gammarus
Jluviatilis) , VAsellus aquaticus, et des millions de Copépodes. Les deux
premières espèces méritent de nous arrêter un instant, car elles viennent
nous apporter une nouvelle forme de transition des plus précieuses entre
la faune normale et la faune cavernicole.
— 238 —
Je n'ai évidemment pu recueillir qu'une partie des espèces qui vivent
dans ces conduites d'eau : mes recherches ayant été faites après l'écoule-
ment de l'eau des tubes, je n'ai pu recueillir que ce qui était resté dans
la vase.
Que dirions-nous, d'ailleurs, si nous avions fait l'examen bactériologique.
Mais cela sort de notre compétence.
S'il est quelqu'un que cela puisse tenter, j'ai conservé dans l'alcool à sa
disposition des échantillons de ces boues infectes.
11 semble prudent , après cet examen , de ne consommer l'eau de Seine
que filtrée et bouillie.
Mais revenons aux Crustacés , qui paraissent être les plus modifiés parmi
les animaux qui vivent dans nos conduites souterraines.
L'animal vivant est, en effet, inégalement résistant a l'obscurité; tandis
que celui-ci met un temps long pour se modifier, cet autre le fait rapide-
ment.
Les Crustacés paraissent devoir se ranger dans cette dernière catégorie.
Sur quelques exemplaires de Gammarus fluviatilis , j'ai remarqué un très
léger changement dans la texture de l'œil. Les cornéules sont plus petites
et empâtées dans une épaisseur plus grande de tissu conjonctif. Je n'ai pu
observer les organes olfactifs, ces délicats appareils étant brisés sur tous
mes exemplaires.
Fig. 1. — Extrémité de l'anlennule chez les Asellus
(ol., organes olfactifs, p. poils tactiles).
Asellus aquaticus : i. Normal. — a. Eau de Seine. —3. Catacombes. — h. Stenascllus Virei.
5. Organe olfactif plus grossi, n. nerf.
Plus intéressant est Y Asellus aquaticus. Tous les exemplaires sont déco-
lorés, sauf parfois de légères taches roussâtres sur le tégument.
L'œil paraît encore à peu près normal; mais les antennules présentent
— 239 —
des appareils tactiles et olfactifs déjà très notablement accrus. On les voit
composés d'un pédoncule supportant une lame aplatie, bicellulaire , con-
formée à peu près comme à l'état normal , bien que cependant le pédoncule
se soit allongé (fig. 2). La longueur de cet organe est à peu près celle du
dernier article de l'antennule , alors que , on se le rappelle (1), ces organes
atteignent une longueur moitié moindre chez l'Asellus normal, une
longueur légèrement plus longue chez un Asellus des Catacombes de Paris,
et une longueur une fois et demie plus longue chez un Asellus cavernicole ,
le StenaseUus Virei (Dollfus) du Puits de Padirac (fig. 1).
Nous avons donc là un nouveau terme de transition des plus précieux
entre la faune normale et la faune profondément modifiée des cavernes, et
il sera vraiment intéressant de reproduire artificiellement ces variétés.
Ce groupe des Isopodes asiatiques paraît d'ailleurs devoir se prêter ad-
mirablement à ce genre de recherches. Nous en avons installé au labo-
ratoire des catacombes du Muséum, et il sera curieux de pouvoir re-
trouver ainsi tous les termes de l'évolution et du passage d'une espèce à
une autre.
Le projet de dérivation des sources du Lunain. — Cette impureté des eaux
de Seine a préoccupé depuis longtemps l'Administration des eaux et déjà
nombre de sources ont été captées et amenées à Paris; d'autres le seront
prochainement.
Et ceci m'amène, sans sortir de mon domaine souterrain, à m'occuper
au point de vue scientifique des nouvelles captations projetées par la Ville
et tout particulièrement des sources du Lunain qui me paraissent devoir
être contaminées à brève échéance , à moins qu'elle ne disparaissent
totalement (fig. 2).
En effet, le Lunain est une rivière souterraine dans une bonne partie de
son cours.
Sa source première se trouve dans le département de l'Yonne , non loin
de Sens. A Montacher, elle entre sous terre par une série de gouffres et ne
réapparaît qu'à une quinzaine de kilomètres plus bas , à Lorrez-le-Bocage.
Elle reçoit de là jusqu'à Paley plusieurs sources, puis, près de son embou-
chure , les sources de Villemer et de Saint-Thomas. Ces deux dernières seules
seraient captées immédiatement, mais les pourparlers engagés avec les
propriétaires des premières font supposer que le projet actuel n'est qu'une
amorce, d'autant plus que les dernières sont insignifiantes, tandis que les
premières sont considérables.
Or, le Lunain est caractérisé par un régime hydrologique essentiellement
instable. La source première, qui est dans un étang, est située dans l'ar-
gile plastùpie ; mais , peu de kilomètres après cette source , le Lunain quille
(1) Voir Bulletin du Muséum, 1897, n°2-
('
— 260 —
l'argile plastique pour entrer dans la craie sénonienne, roche particulière-
ment fissurée.
Jusqu'en 1770, cet état de choses parait n'avoir eu que peu d'inconvé-
nients, mais à ce moment la rivière s'engouffra subitement dans une
fissure, au village de Montacher. Vainement tenta-t-on de combler le
gouffre ainsi formé, et toute une série d'autres s'ouvrirent dans les envi-
rons.
En 1780, un autre gouffre se forma vers les Barreries, plus bas vers
l'aval; vers 1800, c'est autour de Chéroy, toujours plus bas, que l'on vit
S3 former une série de cavités au fond desquelles on aperçut l'eau, puis,
vers i85o, entre Chéroy et Villeniard; en 1876 , entre Villeniard et Vaux-
sur-Lunain; eu 1880, vers Vaux; en 1895, entre Vaux et Villenouetle;
enfin, en 189G, entre Villenouetle et Lorrez, ce dernier effondrement n'é-
tant déjà plus qu'à 2 kilomètres du point où la rivière réapparaît.
Déjà, en 1889, nous avions tenté, MM. Martel, E. Renauld et moi, de
descendre dans les gouffres de Montacher, mais sans succès.
En 1 890 , j'ai pu étudier à fond celui de Villenouetle, et voir qu'il s'était
formé, comme beaucoup d'avens du Plateau central, par érosion souter-
raine, suivie d'effondrement à la surface du sol, lorsque l'épaisseur de la
ouchc de sol qui le séparait de la surface devint insuffisante.
Ce cavernement a eu pour principale conséquence le dessèchement pro-
gressif de la vallée ; des affluents relativement importants ont disparu et
nombre d'anciennes sources, assez importantes pour avoir été captées par
les Romains du village de Paley, ont disparu.
La réapparition du Lunain se fait, entre Lorrez-le-Bocage et Paley, par
une série de sources siphonnantes , ce qui prouve que le niveau de la caverne
est assez bas et que celle-ci doit se continuer en aval; ce qui le prouve
d'ailleurs surabondamment, c'est la disparition brusque, en 1860, d'une
source considérable, qui n'était pas loin de la source de Saint-Thomas et
qui fait craindre pour celle-ci un sort semblable.
Il y a donc tout lieu de croire que le travail d'érosion souterraine se
continuant (et la rapidité de ce creusement paraît s'être accentuée considé-
rablement depuis vingt ans), toutes les sources du Lunain s'enfouiront et
lisparaîtront sous terre, et descendront de plus en plus bas sous le sol, et
ceci à brève échéance, vu le peu de dureté et l'extrême fissuration de la
craie.
En outre, avant même que celte disparition ne se soit effectuée, les
sources seront véritablement empoisonnées par les détritus tombant de la
surface dans les gouffres, dont le dernier, ne l'oublions pas, n'est qu'à
deux kilomètres des sources qui ramènent le Lunain au jour; par contre-
coup, les eaux de la Vanne seront également soudlées, puisque, d'après le
projet de captation que j'ai en ce moment sous les yeux , les deux aqueducs
se rendent au même réservoir.
(
3Q > 13110A
— 242 —
C'est là, on le conçoit, une perspective peu rassurante pour les Pari-
siens. Us pourront, il est vrai, choisir leur genre d'empoisonnement : eau
de Seine ou eau de source. Mais c'est là, à mon sens, une mince consola-
lion.
Action physiologique du venin de la Salamandre du Japon (SiEBoiiDU
maxima). — Atténuation par la chaleur et vaccination de la
Grenouille contre ce venin,
par M. C. Phisalix.
Depuis que Siebokl, en 1829, a introduit en Europe la Salamandre du
Japon, pour laquelle Schlegel a créé le genre Sieboldia, cet animal a été
étudié surtout au point de vue morphologique, mais aucun auteur, que je
sache, ne s'est occupé de l'étude physiologique de son venin. 11 n'est pas
très facile de ce procurer ce venin en grande quantité. Le procédé qui m'a
le mieux réussi est la compression de la peau du dos avec une spatule en
platine adaptée à cet usage. On obtient ainsi un liquide blanc, laiteux, à
odeur forte et pénétrante. Il est immédiatement recueilli et agité dans l'eau
distillée, où il se dissout en partie. L'autre partie se coagule en amas, très
visqueux, qui restent collés à la spatule.
La solution opaline ainsi obtenue peut être conservée plusieurs jours si
on l'additionne de quelques gouttes de chloroforme. Elle ne tarde pas à
s'atténuer. L'addition de glycérine en permet une conservation plus longue;
mais, à cause de ses propriétés toxiques convulsivantes sur la Grenouille,
la solution glycérinée ne peut être employée.
Le venin desséché dans le vide et conservé à l'air s'altère peu à peu; au
bout d'un mois, il a perdu toute sa toxicité. La dessiccation à 58 degrés le
détruit complètement.
Le précipité ainsi que l'extrait alcoolique sont dépourvus de toute action
nocive.
Eu raison de celte altérabilité, le mieux est donc d'employer une solu-
tion récente de venin. Celte solution est fortement alcaline.
Action physiologique. — Inoculé dans le sac lymphatique dorsal de la
Grenouille, le venin de Salamandre du Japon détermine des symplômes lo-
caux et généraux.
Symptômes locaux. — Ils consistent en une tuméfaction œdémateuse avec
congestion intense, qui se traduit par un piqueté hémorragique de la peau
bien visible si l'injection a été faite à la face ventrale. Le gonflement s'ac-
centue de plus en plus, et, si la dose de venin n'est pas rapidement mor-
telle, on voit, après vingt-quatre heures, le sac lymphatique distendu et
— 243 —
fluctuant. Cet œdème diminue ensuite insensiblement et l'animal gue'rit,
on il persiste, et la mort arrive en quatre ou cinq jours. Le liquide de
1 œdème est louche, grisâtre et rempli de fausses membranes.
Chez les Mammifères, cette action locale est très prononcée, la douleur
est très vive ; l'animal ne peut plus se servir de son membre et le processus
inflammatoire aboutit à une véritable mortification des tissus. Déposé sur
la conjonctive d'un Chien, le venin y produit une inflammation intense
qui dure 4 à 5 jours.
Symptômes généraux. — Sur une Grenouille qui a reçu une forte dose
de venin, on peut observer les symptômes suivants : au bout de dix à
quinze minutes, le saut devient difficile et pénible; les pattes postérieures
sont lentement et incomplètement ramenées contre l'abdomen, puis elles
ne tardent pas à être paralysées. Les mouvements respiratoires deviennent
irréguliers et finissent par s'arrêter. En moins d'une demi-heure, l'animal,
absolument flasque et mis sur le dos , reste immobile. Les réflexes sont con-
sidérablement amoindris. Le cœur se ralentit et bientôt s'arrête en diastole.
A ce moment, l'excitabilité nerveuse et musculaire persiste encore, mais
diminue rapidement et s'éteint en trente ou quarante minutes, la première
avant la seconde. Chez le Lapin, l'injection intra-veineuse détermine en
quelques minutes l'incoordination des mouvements, de la paralysie et la
mort avec arrêt du cœur en diastole. L'excitabilité du crural et du pbrénique
est abolie, alors que l'irritabilité musculaire est presque intacte. D'après
ces résultats sur la Grenouille et le Lapin, on peut admettre que le poison
atteint d'abord les centres nerveux et ensuite les nerfs.
Atténuation par la chaleur. — Une solution de venin chauffée à Fébulli-
lion et maintenue pendant une demi-minute dans l'eau bouillante perd ses
propriétés toxiques. Il faut abaisser d'une manière notable la température
pour ne pas détruire le venin. Un chauffage de quinze minutes à 45 degrés
le laisse à peu près intact. Mais à partir de 5o degrés l'atténuation est très
marquée; du venin chauffé pendant vingt minutes à 5o degrés n'occasionne
plus qu'une irritation locale qui se traduit par de l'œdème; il en est de
même pour le venin chauffé à 56 degrés. Pour que toute action locale et
générale soit supprimée, il faut chauffer à 6o degrés pendant vingt mi-
nutes. Dans ces conditions, on peut inoculer sans danger trois ou quatre
fois la dose mortelle dans le sac lymphatique dorsal d'une Grenouille.
Vaccination de la Grenouille. — La Grenouille qui a résisté au venin
chauffé à 5o degrés pendant vingt minutes acquiert une résistance plus
grande à l'inoculation d'épreuve mais finit par mourir en quatre à cinq
jours. Si le venin a été chauffé à 56 degrés, la Grenouille survit à l'inocu-
lation d'épreuve, mais elle présente un œdème local accentué. Enfin, le
18.
— 2M —
venin qui a été maintenu pendant vingt minutes à 60 degrés engendre une
vaccination parfaite. L'inoculation d'épreuve faite au bout de quarante-huit
heures produit encore quelquefois un œdème fugace, mais il ne survient
aucun symptôme général : la Grenouille est vaccinée.
En résumé, le venin de Salamandre du Japon est détruit par oxydation
à l'air, par précipitation alcoolique, par ébullition ; il s'atténue à une tem-
pérature voisine de 60 degrés et devient un vaccin. Ces caractères l'éloignent
du venin des autres Urodèles et le rapprochent de certains albuminoïdes
toxiques tels que celui du sérum d'Anguille.
ACTION DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PROPEPTONE
SUR LES SÉCRÉTIONS EN GENERAL,
PAR E. GLEY.
Au cours de mes recherches sur l'action anticoagulante des injections
intra-veineuses de propeplone, j'ai constaté un effet non encore connu, je
crois , de ces injections. C'est un effet très général et auquel doit se ra-
mener, au moins en partie, l'influence de ce corps sur la coagulahilité du
sang.
On sait aujourd'hui que celte influence tient à la formation dans le foie
d'une substance anticoagulante (Contejean, Gley et Pachon, Delezenne);
l'arrivée de la peptone dans le foie provoque probablement une excitation
des éléments cellulaires telle que ceux-ci sécrètent la substance en ques-
tion. C'est là sans doute une action spécifique, mais ce n'est pas un fait
particulier. Car la peptone possède sur toutes les sécrétions une influence
excitante remarquable.
J'ai constaté cette influence jusqu'à présent sur les sécrétions suivantes :
salivaire, lacrymale, nasale, bronchique, pancréatique, biliaire, intesti-
nale (1); l'injection intra-veineuse d'une solution de peptone de Witte, à la
dose de 0 gr. 3o par kilogramme, chez le Chien, détermine un écoulement
abondant de salive, de larmes, de suc pancréatique, etc. — Il importe de
savoir que la diminution considérable de la pression sanguine inlra-arté-
riellc, immédiatement consécutive à l'injection, peut ralentir très vile cet
m En ce qui concerne l'action de la peptone sur la sécrétion stomacale, il faut
rappeler les expériences déjà anciennes de SchnT(voy.'Schiff, Leçons sur la phy-
siol. de la digestion, Florence et Paris, 1867); mais ces expériences, très incom-
plètes d'ailleurs au point de vue que je signale ici, ont été souvent attaquées,
récemment encore par Khigine( Etudes sur l'excitabilité secrétaire de la muqueuse
du canal digestif. Activité secrétaire de l'estomac du Chien) [Arch. des se. biol.,
Saint-Pétersbourg, 1 8 y 5 , t. III, p. 4Gi). J'ai repris l'étude de celle question.
— 245 —
écoulement; c'est du moins co que l'on observe pour la sécrétion de la
glande sous-maxillaire el pour la sécrétion biliaire. A cet abaissement delà
pression du sang est dû aussi, on le sait, l'arrêt de la sécrétion rénale; car
celle-ci, qui n'est pas à beaucoup d'égards une véritable sécrétion, dépend
bien plus que toutes les autres des variations de la tension artérielle.
L'action sur la sécrétion biliaire est particulièrement à noter, surtout si
l'on se rappelle que les recbercbes de Seegen (1) ont montré que la peptone
augmente la quantité du sucre produit par le foie. Seegen concluait de ses
expériences que le foie forme du sucre, non pas seulement, comme le pen-
sait Claude Bernard, aux dépens de la matière glycogène, mais aussi et
surtout aux dépens des peptones, et il avait tiré de là toute une théorie re-
lative à la fonction glycémique. J'ai constaté également qu'à la suite d'une
injection intra-veineuse de propeptone le sucre du foie augmente beaucoup.
Mais, d'après l'ensemble des faits que je présente dans cette note, je crois
que cette production de sucre résulte simplement de l'activité exagérée
des cellules hépatiques, et non d'une transformation immédiate et directe
des peptones en glycose dans le foie. Une telle transformation est d'autant
moins admissible que, d'une part, normalement il n'arrive pas de pep-
tones dans le foie, puisque le sang de la veine porte n'en contient pas, et,
d'autre part, que, depuis les recherches de Seegen, il a été prouvé que l'on
retrouve dans les urines la presque totalité des peptones injectées. Des
expériences que je poursuis maintenant me permettront de prouver directe-
ment que la propeptone active la fonction glycogénique du foie, comme
toutes les autres fonctions de cet organe. Cette suractivité hépatique , d'ail-
leurs, ne se manifeste-t-elle pas encore par l'augmentation considérable de
la lymphe qui sort du foie (expériences de E. Starling, que j'ai eu l'occa-
sion de vérifier à maintes reprises)?
A PROPOS DE L ACTION DE LA PROPEPTONE SUR LA PllÉsURE,
par MM. L. Camus et E. Gley.
Puisque l'occasion m'est offerte de revenir sur l'action physiologique de
la propeptone, j'en profiterai pour ajouter quelques mots à ce que j'ai dit
l'année dernière (2) au sujet de l'effet exercé par cette substance sur la coa-
gulation du lait par la présure.
J'ai montré à cette époque qu'une petite quantité d'une solution de pro-
peptone ajoutée à une quantité donnée de lait et de présure retarde no-
tablement l'action de ce ferment; ce retard est d'autant plus considérable
(1> Seegen, La glycogéiiic animale, trad. fr. , Paris, 1890.
W E. Gley, Bulletin du Muséum, 1896, n° G, p. 37Ô.
— 246 —
que Ton a ajouté plus de peptone. Ces faits ont été constatés en même
temps que moi par Arthur Edmunds (l).
Dans des expériences que nous avons entreprises sur quelques points
de l'action du labferment , nous avons reconnu qu'il ne s'agit pas là d'une
action spécifique, plus ou moins analogue à l'action de la peptone sur la
coagulabilité du sang, mais que le phénomène paraît ne dépendre que de
la réaction alcaline des solutions de peptone. Ces solutions sont en effet
toujours alcalines. Or, on sait depuis longtemps que les alcalis retardent ou
empêchent, suivant les doses, la caséilication du lait par la présure; ils ont
sur le ferment une action destructive. La propeptone ne se comporte pas
autrement. Car, si l'on neutralise la solution employée, avant de la faire
agir sur le ferment, elle perd tout son pouvoir anticoagulant; el si l'on
fait agir sur le ferment de l'eau alcalinisée, au titre même de la solution
de peptone, l'activité de la présure est semblablement diminuée ou sup-
primée.
Scn LES COLLECTIONS BOTANIQUES
FAITES À LA CÔTE dIvOIUE PAR M. PoBEGUIN ,
par M. Henri Hua.
Mettant à profit les tournées qu'il était appelé à faire comme adminis-
trateur colonial à la Côte d'Ivoire, M. Pohéguin a réuni dans ces cinq der-
nières années une collection de 3oo espèces environ.
C'est une faible part de la riche flore de cette région inexplorée jusqu'ici.
La comparaison faite avec une collection de même importance à peu près,
faite par le docteur Rowland dans la colonie anglaise de Lagos, et reçue,
il y a quelques années, par l'intermédiaire du Musée royal de Kew, nous
a montré fort peu d'espèces communes. Un tel écart tient certainement
beaucoup plus au petit nombre des échantillons de part et d'autre qu'à
une différence essentielle dans la végétation. On ne peut pas prétendre
connaître une flore par des récoltes faites en passant, sans qu'on se soit
attaché à ramasser tout ce qu'on trouve. Des documents réunis dans de
telles conditions ont pourtant déjà une grande utilité pour nous donner une
première vue de ce qu'on peut rencontrer dans un pays donné; ils servent
en quelque sorte à piquer notre curiosité, qui ne sera entièrement satis-
faite que par une exploration méthodique et aussi complète que possible
d'un territoire, fût-il relativement restreint.
C'est bien ce qu'a compris M. Pobéguin. A chacun de ses séjours à la
Côte d'Ivoire, depuis qu'il a commencé à rapporter des plantes au Muséum,
W A. Edmunds, Notes on rennet and on the coagulation of mille (Jourii. oj
PhysioL, 1896, XIX, p. /ifiG.
— 24 7 —
ses collections, toujours préparées avec soin, deviennent plus importantes
et plus complètes.
La première fois, en 189/i, c'étaient seulement une vingtaine d'échan-
tillons; surtout des Strophanthus , mis à l'étude dans la belle monographie
du genre publié par M. Franchet dans les Archives du Muséum. H y avait
d'ailleurs cpiehpies autres plantes intéressantes, ne serait-ce que cet Ena-
dcnia major, décrite naguère par moi, dans le Bulletin de la Société philo-
mathiquc, sur un exemplaire venant de Konakry, et qui montre un lien
entre les Rivières du Sud et la Côte de l'Ivoire.
L'année dernière, nous acquérions une cinquantaine d'espèces, dont plu-
sieurs nouvelles pour les collections du Muséum, parmi lesquelles je citerai
une belle Anonacée; Monodora tenuifolia Benlh., une Simaroubée intéres-
sante, ïHarrisonia occidentalis Engler, qui représente dans l'ouest africain
ce genre connu jusqu'à ces dernières années seulement dans l'est où
Y H. abyssinica forme des buissons épineux dans les mauvais terrains , de-
puis l'Abyssinie jusqu'au Mozambique.
Cette année, M. Pobéguin vient d'enrichir l'Herbier du Muséum de
9Qo plantes, continuant la série précédente.
Ne pouvant donner ici l'énumération complète et critique des 3oo plantes
représentées dans l'ensemble de ces collections, je dois me borner à un
aperçu général de la manière dont les diverses familles y sont représentées,
en attirant l'attention sur quelques espèces plus intéressantes à divers points
de vue.
Dilléniacées. — Teiracera alnifolia Willd. C'est une des lianes à eau
citées par les voyageurs. Les services que pourrait rendre le liquide
s'écoulant des tiges coupées sont fort diminués par ce fait que la plante
pousse le pied dans l'eau. Très commune du Sénégal au Congo, elle attire
l'attention par ses belles panicules de fleurs blanches très odorantes.
Anonacées. — Uvaria, deux espèces, Xylopia 1, Monodora 1. Toutes,
sauf la dernière, du Baoulé.
Capparidacées. — Deux genres, Enadenia major Hua et Cratœva, de la
côte.
Bixacées. — Le genre Oncoba est représenté par deux espèces; une troi-
sième , probablement ÏO. Wehvitschii de l'Angola , est citée par le collecteur.
Cocldospermum tinctorium .-Haut Baoulé.
Hvpéricacées. — Les Vismia et llaronga sont représentés par des échan-
tillons de la côte.
Malvacées. — Deux des grands arbres de la famille se rencontrent en
abondance : le Bombax buonopozense de Palisot de Beauvois, aux magni-
fiques fleurs rouges larges de 1 5 centimètres, était à peine représenté dans
— 248 —
l'Herbier du Muséum. Grâce à M. Pobéguin, cette lacune est comblée par
de beaux échantillons de fleurs et feuilles. UEriodendron anfracluosum ,
commun dans toute l'Afrique tropicale, se rencontre avec lui; ces deux es-
pèces peuvent de loin se confondre, à cause de leurs larges feuilles di-
gitées presque identiques. Récoltés à Tiassalé en novembre 1896.
Tiliacées. — Plusieurs Greivia et le Glyphœa grewioides Bentb., ar-
buste qui rappelle un peu, par son port, notre Noisetier, et dont les belles
fleurs jaunes ornent tous les villages de l'Afrique tropicale, les noirs ayant
l'habitude de le planter près des fétiches.
Sterculiacées. — Un Slerculia, probablement S. cordata, et le Bucll-
ncria africana Masters.
Malpighiacées. — Deux Acridocarpus , un Flabellaria.
Géramacées. — Oxalis sensitiva L.
Rubacées. — Un Clausena.
Simaroubées. — Harrissonia occidentalis Engl.
Ochnacées. — Plusieurs Ouratea.
Méliacées. — Genres Turrœa et Campa.
Olacacées. — Heisteria, Olaœ.
Hippocrateacées. — Hippocratea.
Ampélidacées. — Vais quadrangularis L. , espèce saxicole, à tige épaisse,
quadrangulaire, rappelant par son port, quand elle est petite et dépouillée
de ses feuilles , un Cereus plutôt qu'une vigne.
Anacadiacées. — Spondias luîca L. dont le fruit, semblable à une petite
prune jaune, est comestible.
Sapindacées. — Cardiospermum , Schmidelia.
Connaracées. — Agelœa.
Légumineuses. — Représentées par 35 espèces appartenant aux genres
Crotalaria, Indigofera, MUletia, Tephrosia, Uraria, Desmodium , Erythrina,
Mucuna, Rhynchosia, Eriosema, Lonchocarpus , Iiaphia, Cassia, Dialiutn,
Grijfonia, Bauhinia, Cynometra , Acacia. Nous donnerons une mention spé-
ciale à un Baphia (à déterminer) qui fournit le bois de teinture rouge, et
au Lonchocarpus cyanescens Benlh (n° 189); cette dernière espèce est une
liane glabre, à feuilles composées, rappelant un peu celles du Bobinia
pseudo-acacia , bien que les folioles disposées par paires y soient plus grandes
et moins nombreuses (9 et 11 seulement), et deviennent coriaces à l'âge
adulte. Les fleurs en sont petites (8 millimètres) avec deux bractéoles mi-
nuscules à la base du calice, qui est campanule large, avec quatre dents
— 249 —
courtes dont la supérieure formée par la concrescence des deux sépales su-
périeurs. Toutes ces parties extérieures sont revêtues d'une épaisse pubes-
cence grisâtre. La corolle , un peu plus longue que le calice , violelte , glabre ,
se compose d'éléments à onglets courts, d'un ensemble nettement papilio-
nacé; l'étendard est orbiculaire, à sommet émarginé, dressé; les ailes
oblongues, arrondies au sommet, sont étroitement appliquées sur la carène,
dont la forme rappelle absolument celle des ailes. Les dix étamines sont
soudées en un tube continu, sauf à la base où le filet de l'étamine vexillaire
est libre; les sommets libres des filets, très courts, se détacbent tous au
même niveau; les anthères sont courtes et oscillantes, l'ovaire, presque cy-
bndrique, stipité, pubescent contient h ou 5 ovules; il se continue par un
style à angle droit, court, glabre, terminé par un stigmate en tête oblique
vers l'arrière, à peine visible.
Des jeunes feuilles de cette plante, broyées dans l'eau, on extrait une
teinture bleue, dont l'usage est beaucoup plus répandu à la Côte d'Ivoire
que celui de l'Indigo extrait de divers Indigofera. Cette matière colorante est
usitée aussi au Sénégal, comme le montre une note d'Heuilelot accompa-
gnant la plante récollée par lui sur les bords du Rio-Nunez : rrLes habitants
obtiennent, par la macération des feuilles, une fécule colorante tout à fait
semblable à celle de l'indigo ; elle teint d'un bleu noir. »
L,a plante était du reste anciennement connue, de même que ses pro-
priétés, auxquelles fait allusion le nom de Rolinia cyanescens, sous lequel
d'abord la désignèrent Schumacher et Thonning dans leur Description des
Plantes de la Guinée. C'est Bentham qui la rattacha au genre Lonchocarpus
(Joum. linn. soc., IV, suppl., p. 96). — On l'a trouvée depuis le Sénégal
jusqu'à Fernando-Po.
CombrétacÉes. — Combretinn et Quisrjaalis.
Lecythidacées. — Napoleona.
Myrtacées. — Eugcnia.
Cucurbitacées. — Une espèce indéterminable.
Passifloracées. — Paropsia.
Ombemjkères. — Pcuccdanum fraxinifolium .
Rubfacées. — Sarcoccphalus esculentus, Otomeria, Oldenlandia, Mussaenda ,
liandia, Gardénia, Oxyanthis , Canthium, Lvora , Morinda, Psyclmtria ,
Spermacoce. — L'Oxyanthus unilocularis H. est une belle espèce, à larges
feuilles ornementales, à Heurs blanches, très longues, réunies en corymbes
mulliflores.
Composées. — En très petit nombre, surtout des Vemonia, dont l'un
donne des feuilles employées comme vomitif.
— 250 —
Sapotacées. — ChrysopkyUum.
Ebenacées. — Diospyros.
Asclepiadacées. — Sept espèces, parmi lesquelles un Asclepias et un
Ccropegia.
Apocynacees. — Dix espèces, qui appartiennent aux genres Landoi-
phia, Tabernœmonlana , Isoncma, Wrigthia, Ucinsia, Strophanthm , Alaphia ,
Baissea.
Il est bon de remarquer que , maigre que son attention ait été attirée sur
ce point, M. Pobéguin n'a trouvé à la Côte d'Ivoire aucune trace du Kichxia
df ricana.
Loganiacées. — Slrychnos.
Big-niacées. — Spathodea.
Pedalinées. — Sesamutn.
Scrophularinées. — Bttchnera, Sopubia , Cycnium.
Verbénacées. — Plusieurs Ckrodendron , un Vitex, un Lantana dont les
feuilles servent à préparer des infusions.
Labiées. — Deux espèces.
Phytouccacees. — Mohlana.
Euphorbiacées. — Six , dont une, non déterminable , donne une écorce
très vénéneuse, utilisée dans le pays à la destruction des animaux nuisibles.
Urticackes. — Tréma, Celtis, Ficus.
Ouchidacées. — M. Finet, à qui en a été confiée l'élude, y a reconnu onze
espèces appartenant aux genres Cyrlopodium , Angrœcum, Eulophia, Lmo-
chilus et Habenaria, tous répandus dans toute l'Afrique occidentale.
Scitaminées. — Donax et Tluilia , dont les feuilles sont préférées à toutes
autres pour envelopper les noix de Cola.
Iridées. — Gladiolus.
Amaryllidacées. — Hœmanthus.
Dioscoreacées. — Dioscorea.
LiliacÉes. — Gloriosa.
Cypéracées. — M. Pobéguin s'est attacbé spécialement à la récolte de
ces plantes, cbez lesquelles M. Franche! a reconnu les genres Cyperus,
Fimbristylis, Isoîepis, Hypolytrum , Scleria et Rhyncospermum. Ces végétaux,
pris dans la région humide, se retrouvent presque tous dans la région tro-
picale de l'Afrique occidentale, surtout au Congo; ils apportent néan-
— 251 —
moins pour la plupart des éléments nouveaux pour la flore de la Côte
d'Ivoire.
Malgré l'insuffisance de ces matériaux, au point de vue de la connais-
sance parfaite de la flore de la Côte d'Ivoire, insuffisance nullement impu-
table au collecteur, dont la bonne volonté est éprouvée, mais à la maladie
qui l'a arrêté en roule, on peut dès à présent se rendre compte de l'intérêt
de cette région au point de vue botanique. C'est dans l'intérieur de nos
possessions de la Côte de Guinée que se trouve le lien entre cette flore
forestière de la Côte occidentale d'Afrique, presque identique à elle-même
dans ses grands traits depuis les rivières du Sud jusqu'à l'embouchure du
fleuve Congo, et la flore soudanaise encore à connaître pour la plus grande
part.
On sait déjà, d'après les indications et les récoltes de M. Pobéguin, que
l'aspect général de la végétation change quand, de la Côte, bordée de forêts
épaisses sur une largeur de 120 à 3oo kilomètres, on pénètre dans le
Baoulé, région granitique où la terre végétale ne se trouve qu'au fond des
vallées; la végétation arborescente n'y existe plus, si ce n'est par bandes
étroites le long des cours d'eau dont le tracé peut se distinguer ainsi de
loin sur l'ensemble du pays. Les plateaux sont couverts d'herbes d'où
émergent des Borassus clairsemés, remplaçant ici les Elœis de la côte.
A la suite de cette communication, M. Pobéguin a fait projeter
sur le tableau une se'rie de belles photographies qu'il a prises pen-
dant son dernier séjour à la Côte d'Ivoire et qui représentent des
types indigènes, des scènes de mœurs, des paysages, et quelques-
uns des arbres décrits par M. Hua, etc.
Les Bàctériacées des Bogheads,
par M. B. Renault.
Dans une note récente (1) nous avons démontré l'existence des Bàctéria-
cées dans les thalles des Pilas , Algues qui constituent les Bogheads d'Autun,
de l'Esterel, la Torbanite d'Ecosse, les Cannels -Bogheads russes de Kou-
rakino, de Tschoulkowo, etc. ; toutes ces Bàctériacées affectent la forme coc-
coïde.
(8) Bulletin du Muséum d'histoire naturelle , n" 1, p. 33, 1897.
— 252 —
Nous avons désigné sous le nom île Mtcrococcus petrolei, celles qui pla-
cées k Y intérieur des thalles occupaient la place des membranes moyennes
des cellules, ou étaient disséminées dans la masse désorganisée.
Fig. i. — Portion d'un thalle de Pila bibraclensis désorganisé
par les Bactériacées. Gros. 55o/i.
a. Partie centrale vide du thalie.
b, b. Microcoques disposés en lignes suivant les arêtes des cellules rayon-
nantes de l'Algue.
Comme les Bogheads examinés appartiennent à des époques fort diffé-
rentes , nous ne pouvons affirmer que c'est la même espèce que l'on rencontre
dans les combustibles permiens d'Autun, et les combustibles du Gulm de
Russie. Nous sommes obligé de créer au moins plusieurs variétés répon-
dant à de grandes périodes géologiques comprenant par exemple le terrain
permien et bouiller supérieur, le terrain houiller moyen et le terrain an-
thracilère ou le Gulm; les lettres A, B, G nous ont servi à distinguer ces
variétés qui elles-mêmes se subdivisent en sous-variétés d'après leur taille
et leurs fonctions. La diagnose de l'espèce élargie par nos recherches ré-
centes serait :
Gellules sphériques, à membrane extrêmement mince visible sous un
grossissement de 1,000 à 1,200 diamètres, incolores, ou faiblement colo-
rées quand elles n'ont pas fixé quelques matières étrangères, apparaissant
comme de petites sphères brillantes, ou bien par une mise au point un peu
différente, comme une cavité hémisphérique de même diamètre; celui-ci
varie de 0(i 3 à 0^7, soit que cette variation provienne de l'association de
— 253 —
plusieurs sous-variétés, soit de ce que ies cocci sont observés à des âges
différents de leur vie.
Les cellules sont tantôt isolées, tantôt continues, réunies par deux ou
en chaînettes; il n'est pas rare de les voir entourées d'une auréole plus
foncée.
Cette espèce rentre dans la section des Hymenophagus.
Fifj. -2. — Pila bibractensis et Micrococcus petrolei. Var. A. Gros. 55o/i.
a. Région où les cellules sont coupées transversalement.
b. Première couche de cellules obliques , coupées longitudinalement.
c. Deuxième couche de cellules voisines obliques, coupées de la même façon.
d. Lignes rayonnantes de Microcoques.
Il y avait un certain intérêt pour l'histoire de la formation des Bogheads
à rechercher, malgré les difficultés d'observation , le mode de propagation
à l'intérieur des Algues. Après leur mort, les thalles arrivaient plus ou
moins rapidement au fond de lacs peu étendus et occupés par des eaux
tranquilles; en même temps qu'eux, se déposaient des grains de pollen,
des spores, des substances organiques plus altérées constituant actuel-
lement la matière fondementale de couleur foncée qui entoure les Algues.
Cette matière fondamentale renferme une grande variété de formes coc-
coïdes dont on observe également un grand nombre à la surface même des
thalles.
Il est évident que l'invasion microbienne s'est faite de la périphérie vers
le centre. Dans les Pilas, que nous pouvons prendre comme exemple, les
cellules de forme prismatique, disposées sur un seul rang, constituent une
— 254 —
sphère creuse; leur grand axe est dirigé suivant les rayons delà sphère;
l'observation microscopique montre que les Micrococcus petrolei pénétraient
dans les Algues en suivant les arêtes longitudinales communes a plusieurs
cellules contiguës et que parleurs divisions successives ils formaient bien-
tôt des lignes continues de Microcoques (b fig. 1). Les épaississemenls des
parois ainsi que les membranes moyennes, profondément altérées, sont
devenues à peu près méconnaissables. La direction et la forme des cellules
sont indiquées par les lignes rayonnantes des Microcoques.
Fig. 3. — Une portion de la figure précédente grossie 1200 l'ois.
b, c. Deux couches voisines de cellules rayonnantes rencontrées par la section
oblique.
d. Lignes de Microcoques occupantla place des parois rayonnantes des cellules.
La figure 1 se rapporte h un thalle coupé, sensiblement, suivant un grand
cercle; la partie centrale ne renferme qu'accidentellement des Microcoques.
Les ligures 2 et 3 montrent au contraire des thalles coupés en dehors de
la cavité; la section passe par conséquent dans l'épaisseur de la couche de
cellules qui constituent le thalle sphérique.
Il en résulte que dans la région médiane les cellules sont rencontrées
perpendiculairement à leur grande longueur, et en dehors, suivant un plan
plus ou moins incliné à cette direction; ce plan rencontre deux couches
contiguës de cellules rayonnantes (A, c, fig. 1 et 2), indiquées par une aug-
mentation dans le nombre de Microcoques là où les parois des deux couches
sont communes et rencontrées par la section.
De même que sur la figure 1, toute trace de parois a disparu et la position
— 255 —
des cellules ainsi que leur forme ne sont reconnaissables que par les lignes,
polygonales au centre, rayonnantes vers la périphérie, dessinées par les
Microcoques qui sont restés à peu près en place. En d, ligure 3 , se voient
nettement les lignes rayonnantes de cocci peu dérangés par l'aplatissement
des thalles.
Fig. h. — Pila bibraclemis et Micrococcus petrolei. — Var. A. Gros. 1000 1.
a. Microcoques disposés suivant les arêtes rayonnantes des cellules.
b. Chaînettes transversales de .Microcoques.
Comme on le voit d'après les figures précédentes, la multiplication, par
divisions successives, suivant les arêtes communes des cellules amenait
assez rapidement les Microcoques jusqu'au centre du thalle, mais, pendant
que celte progression centripète s'effectuait, une autre, dirigée suivant des
lignes concentriques, se produisait en même temps. Certains microcoques se
divisaient dans une direction perpendiculaire à celle du rayon, mais en
se maintenant dans la membrane moyenne (b, fig. h) , produisant ainsi des
lignes transversales allant rejoindre l'arête opposée et donnant aux parois
des cellules une sorte d'aspect scalariforme.
Mais les raies ainsi formées sont distantes de 0fx8 environ, beaucoup
pins rapprochées que les raies des cellules ou vaisseaux scalariformes fos-
siles distantes de 8 fx ordinairement; l'écartement de o p 8 double du dia-
mètre d'un Microcoque laisserait supposer que ces microorganismes disposés
en lignes rayonnantes se divisaient dans le sens transversal seulement de
deux en deux.
Les bandes, d'ailleurs, se résolvent souvent, quand on se sert d'un
— 256 —
grossissement suffisant, en chaînettes de Microcoques mesurant 0fx3 à
o(i h entourées d'une étroite bordure de couleur foncée, ce sont les plus
petites dimensions que nous ayons constatées à l'intérieur des thalles. On
distingue en outre, dans leur voisinage, de nombreuses sculptures pro-
duites par un travail microbien évident.
]?in, 5. — Pila bibractensis désorganisé. Gros. 600/1.
a. Diplocoques.
h. Matière fondamentale.
c, d. Microcoques isolés ou en chaînettes.
Ce sont ces bandes transversales plus ou moins bien conservées qui, sur
les sections transversales, donnent naissance au réseau polygonal que nous
avons signalé dans notre première noie (lig. 3 et h), et dans celle d'aujour-
d'hui (fi g. 2).
Il est intéressant de constater que, pendant la transformation chimique
des parois des cellules, les Microcoques ont conservé sensiblement leur po-
sition initiale, et que l'envahissement s'est effectué par leur multiplication
dans le plan des membranes moyennes.
Mais il est arrivé fréquemment que la compression subie par les thalles
de consistance molle et gélatineuse ait confondu les bandes régulières de
Microcoques et que ceux-ci paraissent alors disséminés sans aucun ordre
dans la masse, comme le montre la figure 5.
Dans ce cas, comme nous l'avons déjà fait remarquer, l'observation des
Microcoques devient fort difficile, s'ils n'ont pas fixé quelque matière
étrangère qui les colore ou qui modifie leur réfringence.
H n'y a pas que les Bogheads à Pilas qui renferment des Baclériacées.
— 257 —
Les Bogheads australiens, formés de Reinschia, ceux d'Arraadale (An-
gleterre), constitués par des Algues du genre Thylax, les Cannels-Bo-
gheads du bassin liouiller de Moscou, composés de Pilas, de Cladiscothallus
et d'une grande variété de micro et macro-spores, appartenant à diverses
Cryptogames, contiennent également un nombre considérable de Cocci;
nous ne nous occuperons ici que de ceux qui ont envahi les Cladiscothallus
de Kourakino.
Fig. 6. Cladiscolhalius Keppeni. Guim du bassin de Moscou.
Grosseur : 1200/1.
a. Lue branche du thalle plusieurs fois dichotouie.
b. .Microcoques isolés.
c,d. Microcoques disposés suivant les parois communes des cellules plarées bout à
boni et formant les rameaux dichotomes du thalle.
Le Cladiscolhalius Keppeni, l'une des espèces du genre, se présente sous
la forme d'un disque aplati, composé de rameaux plusieurs fois dicho-
tomes, longs de i3oà i4o fi, partant, en rayonnant, d'un centre commun ;
avant son aplatissement, l'Algue pouvait être ou hémisphérique ou globu-
leuse.
Les rameaux et les ramules sont formés de cellules cylindriques, placées
boula bout, un peu plus larges que hautes; leur diamètre est d'environ
U f* et leur hauteur de 2 fx 5 à 3 fi. La surface des rameaux présente sou-
vent une multitude de ponctuations noires ou brillantes, disposées, les
unes irrégulièrement, les autres suivant des lignes perpendiculaires à la
MlSÉl'M. III.
19
— 258 —
longueur des ramules; à première vue, nous les avons considérées (l)
comme représentant les orifices de canaux microscopiques destinés à
mettre en communication le protoplasma des cellules avec la gélose dont
les rameaux de l'Algue étaient entourés; une étude faite dans de meilleures
conditions nous a montré que ces ponctuations étaient dues à la présence
de nombreux microcoques, mesurant o fi3 à o f* 5, répandus, les uus
dans l'épaisseur des parois latérales des cellules altérées, les autres dans la
membrane moyenne commune des cellules placées bout à bout;, ceux-ci
forment les lignes régulières transversales qui semblent diviser en articles
les rameaux et les ramules.
Les Cladiscothallus du Culm renferment donc également de nombreux
Microcoques ; nous les avons désignés sous le nom de Micrococcus petroki
Var. G. En terminant, nous croyons devoir rappeler que les analyses chi-
miques du Bogbead d'Autun (2) conduisent pour la matière organique a la
formule brute G3 H4, les faibles traces d'oxygèue observées pouvant n'être
qu'accidentelles ou dues à la cellulose moins altérée des Microcoques.
Mais , d'un autre côté , la formule de la cellulose est exprimée par G6 ET0 O10.
On peut donc décrire l'équation chimique suivante :
G12 H20 O10 = G3 H4 + 5 CO2 + k GH4.
signifiant que la cellulose des Algues passerait à la composition centésimale
offerte parla matière organique d'un Boghead,en perdant cinq molécules
d'acide carbonique et quatre molécules de Méthane. Des dégagements
gazeux analogues s'effectuent dans certaines fermentations microbiennes
actuelles. Si les Bactériacées anaérobies que nous rencontrons dans les
Algues des Bogheads ont pu provoquer de semblables dégagements, l'ori-
gine de ces combustibles pourrait s'expliquer d'une façon très simple et
toute naturelle.
Sur le gisement de Nadorite d'Algérie,
par M. L. Gentil.
J'ai eu l'occasion de visiter, l'hiver dernier, en Algérie (province de
Constantine), un gisement minéralogique célèbre par une espèce que l'on
n'a jamais rencontrée ailleurs.
C'est un gîte calaminaire découvert par Fournel et dans lequel l'ingé-
nieur Flajolot a recueilli un chloroantimoniate de plomb qu'il a décrit sous
le nom de nadorite (nom tiré du Djebel-Nador (3)).
O Et. des gîtes miner, de la France, Bassin houille)' d'Epinac et d'Autun, p. 554.
(2> Exécutées par M. Gabriel Bertrand.
<3> Zs. G. Ges. 26, 47, 1872.
— 259 —
Les propriétés optiques et cristallographiques de ce minéral ont été sa-
vamment étudiées par MM. des Gioizeaux (1) et G. Cesàro(2).
Ce minéral forme le chapeau d'un filon important de carbonate de zinc
exploité par la Société de la Vieille-Montagne. Grâce à l'extrême obligeance
de l'ingénieur de la mine , M. Varella, et en compagnie de mon confrère et
ami, M. Blayac, qui fait l'étude géologique de la région, j'ai pu visiter effi-
cacement le gîte. J'en ai rapporté de très beaux échantillons que j'ai exa-
minés dans le laboratoire de mon savant maître, M. A. Lacroix, et qui
figureront dans la Galerie de minéralogie du Muséum d'histoire naturelle.
J'ai reconnu les espèces minérales suivantes :
i° La nadorite en belles lamelles brimes, parfaitement fraîches, avec
son produit d'altération d'un beau jaune citron et la forme pseudo-cubique
étudiée par M. Cesàro.
2° La cèrusile en' beaux cristaux prismatiques et octaédriques souvent
maclée.
3° La zinconise amorphe souvent concrétionnée (variété marionite).
h" La galène en cristaux cubiques.
5° La blende en masse cristalline.
6° Une substance amorphe jaune qui donne à l'analyse la composition
d'un antimoniate de fer.
J'ai découvert, outre ces minéraux déjà signalés, de petits rhombo-
èdres de carbonate de zinc (smithsonite) et de très petits cristaux à facettes
brillantes que j'ai reconnu appartenir au silicate de zinc {calamine). Ces
cristaux, aplatis sur leurs faces g-'(oio), tapissent les druses du minerai
exploité. Ils offrent, en outre, les faces ?n(no), a1 (101) et el(oi î). C'est
la forme que j'ai décrite dans les gisements de zinc de l'Ouarsenis (Alger) (3).
Les conditions de gisement du filon caliminaire du Nador sont non moins
intéressantes. Ce filon a traversé, en le modifiant, un système de poudingues
rouges , et alternances de marnes et de calcaire blanc à faciès lacustre.
Le minerai s'est logé en une masse fort importante à la limite de sépa-
ration d'une assise de marne et du banc calcaire superposé. Il a fortement
métamorphisé ces roches sédimentaires en produisant un bariolage très vif
des marnes et une imprégnation du calcaire lacustre par du zinc (carbonate
et hydrocarbonate).
Mon savant confrère, M. Blayac, classe ce système marno-calcaire dans
YOligocène. Une partie pourrait appartenir au Miocène inférieur. Cette dé-
W C. R. Acad. Se, t. LWIII, p. 8i et Bull. Soc. min. de France , t. V, p. îaa.
(2> Bull. Soc. franc, de min., t. XI, p. hh.
(3) L. Gentil, Sur les gîtes calaminaires de l'Ouarsenis (Ass. franc, av. des
Se, 1890).
■9-
— 260 —
terminalion stratigrapbique offre un certain intérêt sj l'on songe à l'âge
relativement récent qu'il faut attribuer, de ce fait, à rémission calaminaire.
Cette venue métallifère ne peut remonter au delà de l'époque miocène.
Huile de Caparrâpi,
par F.-F. Tapia, professeur de la Faculté de médecine de Bogota.
(Laboratoire de M. le professeur Arnaud.)
Il y a longtemps que l'on connaît dans la Colombie, sous les noms
d' huile de bois, (Yamacey et (Y huile de Caparrâpi, un liquide transparent,
plus ou moins épais, qui est le produit de l'exsudation du bois d'un arbre
corpulent de la famille des Laurinées , que l'on appelle vulgairement Ca
nelo, et qui croît dans certains terrains humides et tempérés, entre 18 et
2 a degrés de la République de la Colombie, tels que Paime, Muzo, Ca-
parrâpi, etc. Selon M. Sandino, botaniste de Bogota, cet arbre doit se
nommer Nectandr.i Caparrâpi.
Pour extraire l'huile, on fait au pied de l'arbre une large et profonde in-
cision à la surface inférieure de laquelle on forme une cavité pour y re-
cueillir rbuile. Quand il y en a une quantité suffisante, on la transvase, au
moyen d'un morceau de coton, dans des pots de bambou ou dans des bou-
teilles. On fait cette opération plusieurs fois pendant deux jours pour remplir
une bouteille. On dit qu'il y a des arbres qui peuvent produire jusqu'à
six litres d'huile.
Usages. — Cette substance que jadis on employait seulement pour
éclairer les moulins de cannes à sucre situés dans le voisinage des lieux
d'extraction de cette essence, a acquis dernièrement, et surtout parmi les
gens de la campagne de beaucoup de villages de la terre chaude de la Co-
lombie, une grande renommée comme médicament. On l'emploie comme
succédané des baumes de Copahu et de Gurgun ainsi que du Cubèbe ;
comme remède contre les piqûres et les morsures d'animaux venimeux ,
comme odontalgique, et. surtout, comme antiseptique dans le pansement
des plaies et des blessures, qu'elles soient fortuites ou qu'elles soient pro-
duites par les opérations chirurgicales qu'on a besoin de faire aux animaux
domestiques.
Quelques personnes préfèrent, pour ce dernier usage, la teinture alcoo-
lique de l'écorce ou des calices des Heurs.
L'écorce de l'arbre et la partie persistante des fleurs (le calice) exhalent
une odeur aromatique moins forte que celle de l'huile, presque pareille à
celle de la cannelle, d'où vient sans doute le nom de canclo qu'on donne à
— 2 fil —
l'arbre. A cause décela même, on s'explique que les habitants de Caparrapi
aient employé la poudre de ces calices , à la place de la cannelle, pour em-
baumer le chocolat, coutume qu'ils durent bientôt abandonner parce qu'ils
remarquèrent que les personnes qui faisaient un usage fréquent de ce cho-
colat contractaient des maladies de la vessie (cystite).
En raison de ces propriétés , il m'a paru intéressant d'étudier cette essence.
Voici les premiers résultats auquels je suis arrivé :
Propriétés. — Liquide plus ou moins épais , d'une odeur forte et qui
dans certains échantillons est plus agréable que dans d'autres; d'une cou-
leur variable depuis le jaune très pâle jusqu'au rouge brunâtre ; c'est à
cause de ces différences de couleur qu'on distingue dans le commerce deux
espèces d'huile de Caparrapi nommées l'une l'huile blanche, et l'autre
l'huile noire. La densité change aussi avec l'espèce; ainsi dans un échan-
tillon de la blanche cette densité est de o,p,336, tandis qu'un autre de la
noire a donné une égale à 0,9163.
La température d'ébullition d'un échantillon de couleur foncée est de
260 degrés, la pression du laboratoire (à Bogota) étant de 56o millimètres.
Elle agit sur la lumière polarisée dont elle dévie le plan de 3° à gauche
(dans un échantillon de la blanche).
L'huile blanche étant soumise à la température de — 270 se trouble un
peu et sa consistance a augmenté de telle manière qu'on peut tourner le
vase sans la renverser, tandis que la noire a conservé sa transparence en
augmentant à peine la consistance. Elle peut brûler dans l'air au moyen
d'une mèche de coton, avec une flamme brillante un peu fumeuse. Secouée
avec de l'eau, elle lui donne son odeur; elle est très soluble dans les alcools
éthylique et méthylique, dans l'éther, le chloroforme, la benzine, les pé-
troles et dans le sulfure de carbone; elle est moins soluble dans l'alcool
amylique.
Quelques échantillons de l'huile blanche, avec le temps, laissent des dé-
pôts de cristaux , quelquefois très volumineux, sur les parois et au fond des
bouteilles. Ces cristaux ont la forme d'aiguilles qui appartiennent au sys-
tème du prisme oblique à base rhomboïdale, facilement exfoliables à la
pression des doigts, très peu soluble dans l'eau froide et un peu plus dans
l'eau chaude. Tous les échantillons examinés donnent une réaction acide
au papier de tournesol.
Séparation des acides. — L'huile blanche est traitée par une lessive faible
de soude (à -2° B.) et le liquide alcalin est ensuite saturé par un excès d'a-
cide chlorydrique; on obtient ainsi un acide cristallisé dont les propriétés
sont identiques à celles des cristaux qui se séparent naturellement de
quelques échantillons de cette huile. Dans les huiles noires, de couleur la
plus foncée, on trouve, seulement, un autre acide amorphe, de consistance
— 26'2 —
épaisse, d'une couleur jaunâtre qui devient rouge quand il se dissout dans
les lessives alcalines, tandis queles huiles d'une teinte plus claire renferment
les deux acides. Dans ce dernier cas, il est préférable de les épuiser en plu-
sieurs fois par l'eau de chaux dont on emploie trois volumes dans chaque
opération ; les premières portions donneront l'acide cristallisé , et les der-
nières l'acide amorphe.
Le sel de chaux formé par l'acide cristallisé se présente sous la forme
d'aiguilles blanches, un peu solubles dans l'alcool, peu solubles dans l'eau
froide et plus encore dans l'eau chaude, fusibles dans l'eau bouillante. Une
dissolution de ce sel donne avec le perchlorure de fer un précipité blanc
abondant et qui par le repos tombe au fond du tube avec une couleur rose
jaunâtre.
Essence. — L'huile épuisée par la lessive de soude fut soumise avec l'eau
à la distillation dans un alambic, et le produit fut recueilli dans un réci-
pient florentin. L'essence ayant été séparée fut mise en contact avec le chlo-
rure de calcium fondu pour la dessécher.
L'essence ainsi obtenue est un liquide parfaitement incolore, très réfrin-
gent, d'une consistance supérieure à celle de l'eau, d'une odeur agréable,
dont la densité est de 0,9110; refroidie à la température de — 2 70, elle ne
subit aucun changement ; elle dévie le rayon de la lumière polarisée de 3o° à
gauche et son pouvoir rotatoire est (a) — i6,46 ; elle est très soluble dans
les alcools éthylique et méthylique, dans l'éther, le chloroforme, la benzine,
l'essence de térébenthine, le sulfure de carbone, le naphte et le pétrole ;
elle dissout le caoutchouc et de petites quantités de soufre; elle est un bon
dissolvant des corps gras, des cires, des résines, de la naphtaline et de la
paraffine.
Cette essence exposée à la lumière pendant longtemps se colore légère-
ment en jaune. Étant exposée à l'air dans un vase d'une large surface, elle
se colore beaucoup plus et devient au fur et à mesure plus épaisse; c'est
ainsi qu'au bout de deux ans on peut renverser le vase sans qu'elle s'en
détache. Comme elle a une grande réfringence , on peut l'employer dans
cet état comme liquide d'immersion des objectifs microscopiques.
Étant secouée avec une dissolution étendue de carmin d'indigo, et après
avoir laissé le mélange en repos, la dissolution se sépare de l'essence en-
tièrement décolorée ; par l'agitation elle reprend sa couleur, mais au bout
d'un certain temps elle se décolore encore, et ainsi de suite.
Réactions caractéristiques. — Pour distinguer l'huile de Caparrapi des
baumes de Copahu|etde Gurgun, on peut employer les deux procédés sui-
vants :
i° (Réaction de Hùckiger.) On met dans un tube à essais une goutte du
baume et deux gouttes de sulfure de carbone, on ajoute ensuite une goutte
— 263 —
d'an mélange de parties égales d'acide nitrique et d'acide sulfurique con-
centrés, et on secoue le tout : avec la Gaparrapi, il se produit une colora-
tion rouge écarlate; avec le Gurgun, la coloration est rouge pourpre qui
quelques minutes après devient violette; le Copahu prend une couleur
brune jaunâtre et laisse un dépôt cristallin;
2° Dans un tube à essai on place environ 10 centimètres cubes d'une
lessive de soude très étendue , d'ammoniaque ou d'eau de chaux, on ajoute
quelques gouttes du baume et l'on secoue : l'émulsion formée prend une
couleur rouge orange plus ou moins intense, selon la teinte de l'huile de
Gaparrapi essayée, et il n'y aura pas de coloration avec l'huile blanche,
mais, dans ce cas, si l'on sépare le liquide alcalin et qu'on le neutralise avec
un acide, on obtiendra immédiatement une cristallisation blanche et abon-
dante.
Avec les baumes de Copahu et de Gurgun , il ne se produit rien de sem-
blable.
J'espère recevoir bientôt une certaine quantité de celte huile; je me
propose alors d'en compléter l'étude et de déterminer sa constitution chi-
mique.
Sur la constitution chimique des Oxydases,
par M. Gabriel Bertrand.
Les nombreuses synthèses réalisées de nos jours, grâce aux progrès de
la chimie, ont prouvé que les mêmes lois régissent les transformations de
la matière chez les êtres vivants et chez les corps bruts.- Cependant , quand
nous reproduisons un sucre, un alcaloïde ou quelque autre principe immé-
diat, nous utilisons des agents, comme la potasse ou l'acide sulfurique,
dont l'énergie est incompatible avec l'existence du protoplasma. 11 faut
donc que celui-ci dispose de réactifs moins violents que les nôtres, mais
cependant très efficaces. Ces réactifs sont les ferments solubles. On en a
distingué déjà un assez grand nombre d'espèces, qu'on a réunies en plu-
sieurs groupes, les diastases et les oxydases, par exemple. Ces ferments
solubles sont des substances très fragiles et l'on n'a pas encore pu les isoler
complètement ni établir leur composition avec certitude. On sait seulement ,
sans pouvoir se l'expliquer, qu'à des doses infimes, ils provoquent la
décomposition ou la combinaison de quantités relativement énormes de
matières, et que les moindres influences (chaleur, lumière, etc.) modi-
fient et détruisent cette propriété. C'est dire l'intérêt qui s'attache à l'étude
de ces substances, surtout quand on cherche à pénétrer le problème de la
vie. A ce point de vue aussi, les résultats qu'on obtient en examinant l'ac-
tion oxydante des sels manganeux, en présence de l'air, mérite d'être
— 26A —
signalée. Elle conduit, en effet, à une interprétation Ifèi vraisemblable de
la constitution cbimique des oxydases.
C'est en poursuivant les recherches qui ont été exposées antérieure-
ment (1) sur l'intervention du manganèse dans les oxydations provoquées
par la laccase, que j'ai été conduit à rechercher si les sels manganeux
n'avaient pas par eux-mêmes une action oxydante, s'ils n'étaient pas ca-
pables de fixer l'oxygène gazeux sur certains corps organiques.
L'expérience a montré qu'il en est bien ainsi. Tous les sels manganeux
que j'ai essayés possèdent la propriété de fixer l'oxygène libre sur l'hydro-
quinone, le pyrogallol.'la résine de gayac (acide gayaconique) et beau-
coup d'autres corps analogues. La solution prend une couleur différente,
en rapport avec le composé organique mis en expérience, et l'intensité de
celte coloration varie elle-même suivant l'acide du sel utilisé ; dans certains
cas, il se produit un précipité cristallin, par exemple avec l'hydroqui-
none, mais, toujours, le phénomène général reste le même : le sel man-
ganeux agit par sa présence et c'est l'oxygène renfermé dans le ballon où
se fait l'expérience qui se porte sur la substance organique.
En agitant dans un ballon de 2 5o centimètres cubes un mélange de :
Hydroquinone i gramme
Eau 100 cent, cube
Manganèse, sous forme de sel " o gr. i oo
j'ai trouvé, après vingt-quatre heures, que le volume d'oxygène absorbé
était:
ce.
Avec l'azotate de manganèse i,5
— le sulfate i fi
— le chlorure i >8
— le formiate . 7>4
— le benzoate > 5*3
— l'acétate i5,7
— le salicylate 1 6,3 _
— le lactate 1 7>6
le gluconate 2 1 ,6
— le succinate 29)!
Avec le gluconate, les cristaux de quinhydrone ont apparu après deux
heures; le salicylate déterminait aussi la production de quinhydrone, mais
beaucoup plus lentement. Avec les autres sels, même le succinate, il ne
s'en est pas formé. La nature de l'acide semble donc agir à la fois sur l'in-
tensité et sur le sens de l'oxydation.
(1) Bull, du Muséum, p. 178-170 (1897).
— 265 —
Voici, maintenant, comment on peut expliquer cette fixation de l'oxy-
gène par I intermédiaire des sels manganeux. En solution aqueuse le sel
est d'abord hydrolyse, c'est-à-dire transformé, par fixation d'eau/en un
mélange d'acide libre et de proloxyde de manganèse :
H Mn + H20 = RH2 + Mno.
Or, le protoxyde de manganèse est un corps très altérable qui s'oxyde
spontanément au contact de l'air. Cette propriété est même exploitée in-
dustriellement, dans le procédé Weldon, pour la régénération du bioxyde
servant à préparer le chlore. Au cours de cette oxydation, la molécule
d oxygène libre O2 est nécessairement scindée en deux atomes, atomes non
saturés et par conséquent pins actifs; l'un d'eux se porte sur une molé-
cule de protoxyde de manganèse pour donner du bioxyde :
MnO + 02 = Mn02 + 0,
tandis que l'autre peut se fixer indifféremment sur une molécule de pro-
toxyde ou sur un antre corps oxydable, tel que l'hydroquinone, qui, seul
résisterait au contact de l'oxygène moléculaire.
Mais alors, il y a en présence de l'acide libre, du bioxyde de manganèse
et le reste du corps oxydable. Grâce à ce dernier, dont la chaleur d'oxyda-
tion s ajoute à celle de formation du sel manganenx, il y a réaction entre
1 acide et le bioxyde :
RH2 + MnO2 = RMn + H>0 + 0;
un second atome d'oxygène se fixe sur une nouvelle quantité d'hvdrocmi-
none et le sel primitif est régénéré.
Il suit de là qu'un poids déterminé de sel manganeux peut oxyder, aux
dépens de 1 air, un poids illimité d'hydroquinone ou de tout autre corps
pareillement oxydable. Si l'on observe maintenant (d'après le tableau
ci-dessus) que ce sont les sels dans lesquels l'affinité de l'acide pour le
métal est la plus faible, c'est-à-dire les sels à acide organique et surtout
ceux a acide organique de poids moléculaire élevé, qui agissent le plus
énerg.quenient sur l'hydroquinone; si l'on rapproche d'autre part tous ces
résultats de ceux que j'ai signalés dans ma dernière note, on sera conduit
a regarder les oxydases comme des combinaisons spéciales du manganèse
dans lesquelles le radical acide, probablement de nature protéique et va-
riable avec le ferment considéré, aurait juste l'affinité nécessaire pour
maintenir le métal en dissolution, c'est-à-dire sons la forme la plus propice
au rôle qu ,1 doit remplir. Le manganèse serait donc, dans cette concep-
tion, le véritable élément actif de l'oxydase, celui qui fonctionne à la fois
comme activeur et comme convoyeur de l'oxygène; la nature albuminoïde ,
— 260 —
de son côté , apporterait au ferment les autres caractères , ceux qui se ma-
nifestent par l'analyse élémentaire, l'action des réactifs (alcool, sels) et des
agents physiques (chaleur, dialyse.)
Dosage de petites quantités d'alcool methylique,
d'aldéhyde fobmique, d'acide formiqveet de glucose,
PAR M. NlCLOUX.
(Laboratoire de M. le professeur Gréhant.)
J'ai indiqué l'année dernière (1) un procédé de dosage de l'alcool dans des
solutions n'en renfermant que de i/5oo à i/3ooo, basé sur la réduction du
bichromate de potasse par l'alcool en présence d'acide sulhuïque. Une ap-
plication de ce procédé a été faite par le professeur Gréhant, mon maître,
pour déterminer la quantité d'alcool éliminée par l'organisme après une
intoxication profonde, ainsi que la quantité fixée par le sang lorsqu'on fait
arriver l'alcool en vapeur dans le poumon (2).
Cette réduction de bichromate en milieu fortement acide étant théori-
quement commune à tous les composés organiques à fonction réductrice ou
simplement oxydable, je donnerai dans cette note l'application du procédé
à quelques composés dont ie dosage présente un certain intérêt tant au
point de vue chimique qu'au point de vue physiologique.
J'ajouterai pourtant, et c'est là un inconvénient du procédé que tous les
corps dont û est question ci-dessous , pour être dosés exactement , doivent
être seuls dans les solutions à analyser, toute autre matière organique étant
susceptible de donner la même réaction; en revanche, si ces causes d'er-
reur sont éliminées, le dosage dans les solutions très diluées est d'une
exactitude que ne peut donner actuellement aucune autre méthode.
Aldéhyde formique. — On commence par préparer de l'aldéhyde for-
mique pur en distillant des dissolutions plus ou moins concentrées d'aldé-
hyde du commerce lesquelles contiennent toujours de l'alcool methylique;
l'alcool distillant très vite, passe d'abord, et les dernières portions de
liquide distillé constituent des solutions d'aldéhyde pure moyennement con-
centrées (A h 5 p. 100).
Ces solutions sont dosées par le procédé de Brochet et Cambier (3). ( Dosage
W Soc. Biologie, 10e série, t. III, p. 84 1, 9 5 juillet 1896. Voir aussi Journal de
phaiinacie et de chimie, 1" mai 1897.
W Soc. Biologie, 10e série, t. III, a5 juillet 1896.
» Bull. Soc. chim., 3e série, t. XIII, p. A02 (1896).
— 267 —
de l'acide chlorhydrique mis en liberté par l'action de l'aldéhyde fornique sur
le chlorhydrate d'hydroxy lamine. )
On étend de manière à ramener à la teneur de i/5oo à i/5ooo.
On reconnaît alors que pour :
5 centimètres cubes d'une solution à i/5oo (ogr. 002 par centimètre
cube), il faut 2 centimètres cubes d'une solution à 34 grammes de bichro-
mate par litre;
5 centimètres cubes d'une solution à 1/1000 (o gr. 001 par centimètre
cube), il faut 1 centimètre cube d'une solution à 34 grammes de bichromate
par litre;
5 centimètres cubes d'une solution à 1/2000 (o gr. ooo5 par centi-
mètre cube), il fauto cm.3 5 d'une solution à 34 grammes de bichromate
par litre, etc.
La teinte limite e'tant le vert jaunâtre qui caractérise un petit excès de
bichromate, avec 1/10 de centimètre cube de bichromate en moins, entre
i/5oo et 1/1000 ou 1/20 entre 1/1000 et i/5ooo, les solutions sont
vert bleuâtre.
On a tout inte'rêt à dédoubler la solution de bichromate (17 gr. par
litre) et à opérer avec des solutions d'aldéhyde en renfermant moins de
1 pour 1000; les teintes sont plus faciles à apprécier parce qu'elles sont
moins intenses et 1/10 de centimètre cube de la solution de bichromate
suffit pour faire virer au jaune la solution vert bleu du sel de chrome. De
plus, des tubes témoins obtenus avec des solutions titrées donneront exac-
tement la valeur de la teinte limite.
On opérera comme pour l'alcool: dans un tube à essai, on prend 5 cen-
timètres cubes de la solution à analyser, du bichromate de potasse, 5 à
6 centimètres cubes environ d'acide sulfurique concentré et pur que l'on
fait arriver doucement dans la solution ; celle-ci s'échauffe progressivement;
le changement de teinte s'effectue; il suffit alors de chauffer 1 minute et
d'attendre ensuite 3 à 4 minutes. On répèle la réaction autant de fois qu'il
est nécessaire de manière à obtenir la teinte vert jaunâtre limite qui caracté-
rise le très petit excès de bichromate. Si alors n est le nombre de centimètres
cubes de bichromate employé (16 gr. 5 par litre), on aura :
Aldéhyde for inique en grammes par litre = -.
2
Ce chiffre de 1 7 vérifie à un petit excès de bichromate près l'équation
d'oxydation
3 HCOII + a CrW + 8 SO"H* = a (SO'^Cr* + à SO*Ks + 3 COs + 1 1 11*0.
— 268 —
Acide formique. — On emploiera une solution à 1 1 grammes de bichro-
mate par litre. Chaque centimètre cube de cette solution correspond à
1 milligramme d'acide formique par centimètre cube de solution à doser
lorsqu'on opère sur 5 centimètres cubes de cette solution et dans les con-
ditions indiquées pour le dosage de l' aldéhyde, de sorte que si n est le
nombre de centimètres cubes de bichromate employés , on aura :
Acide formique en grammes par litre = n.
Ce chiffre de 1 1 grammes vérifie à un petit excès de bichromate près
l'équation d'oxydation
3 HG02H -f Cra04Ks + h SO"H2 = (SO")3Cr + S04K2 + 3 CO2 + 7 H20.
Alcool méthylique. — On emploiera une solution à 19 grammes de bi-
chromate par litre; 9 centimètres cubes de cette solution correspondent à
1/1000 de centimètre cube d'alcool méthylique par centimètre cube de so-
lution à doser lorsqu'on opère sur 5 centimètres cubes de cette solution el
dans les conditions indiquées plus haut. Si donc n est le nombre de centi-
mètres cubes' de bichromate employé , on aura :
Alcool méthylique en centimètres cubes par litre = -.
N'opérer qu'avec des solutions plus faibles que 1 cent cube p. i 000.
Ce chiffre de 1 9 grammes vérifie à un petit excès de bichromate près
l'équation
CH3OH + CrW + h S04H2 - (S04)3Cr2 + S04K2+ CO-+ 6 H20.
Glucose. — On emploiera une solution à 17 de bichromate par litre:
9. centimètres cubes de cette solution correspondent à 1 milligramme de
glucose par centimètre cube de la solution à doser lorsqu'on opère dans
les conditions suivantes. On prend 5 centimètres cubes de la solution à
doser; on ajoute le bichromate puis l'acide sulfurique en grand excès
(6 centimètres cubes environ), on chauffe 1 minute à l'ébullition , on at-
tend ensuite 5 minutes. Si dans ces conditions n est le nombre de centi-
mètres cubes de bichromate, on aura :
Glucose en grammes par litre
9
De préférence opérer sur des solutions plus faibles que 1 pour 1000.
Ce chiffre de 1 6 gr. 5 vérifie à un petit excès de bichromate près l'équa-
tion
C«Hl206 4- h CrSO'K* + 1 6 S04Ha = h (SO^Cr* + h SO«K2 + 6 CO2 + 2 2 H20.
'
— 2G9 —
Degré d'approximation. — La teneur en grammes par litre est déter-
minée :
Pour l'aldéhyde formique, à 5 centigrammes présentée 1 gramme et
i/a gramme, à 2 centigrammes près au-dessous de î/a gramme.
Pour l'acide formique, à 1 décigramme près entre 2 grammes et
i/a gramme, à a centigrammes près au-dessous, de 1/2 gramme.
Pour le glucose, à 5 centigrammes près entre 1 gramme et 1/2 gramme,
à 2 centigrammes près au-dessous de 1/2 gramme.
La teneur en centimètres cubes par litre est déterminée :
Pour l'alcool méthylique, au 1/20 de centimètre cube près entre 1 centi-
mètre cube et 1/2 centimètre cube.
Pour l'alcool méthylique, au îj'ko de centimètre cube près au-dessous de
1/2 centimètre cube.
Je rappelle que, pour l'alcool méthylique (solution à 19 grammes par
litre de bichromate), l'approximation n'est que de 1/10 de centimètre cube
entre 2 centimètres cubes et 1 centimètre par litre, et 1/20 de centimètre
cube au-dessous de 1 centimètre cube par litre.
La bactériologie de l Ambre gris,
par H. Beauregard.
L'ambre gris est un calcul intestinal qui se forme et siège dans le rectum
du Cachalot11' (Physeter macrocephalus). Il peut atteindre un volume con-
sidérable et, dans ce cas, est constitué de plusieurs noyaux qui, après
s'être entourés chacun de zones concentriques plus ou moins épaisses et
nombreuses, sont repris tous ensemble dans une série de couches envelop-
pantes communes donnant à la masse sa forme définitive sphérique ou
ovoïde selon les cas. Quand le calcul vient d'être extrait du Cachalot par les
pêcheurs, il est, extérieurement au moins, de consistance pâteuse et doit
être conservé pendant un temps parfois très prolongé (deux années et plus)
avant d'avoir acquis une fermeté suffisante pour qu'on puisse le mettre en
vente. Il n'a d'ailleurs pas encore, à ce moment, atteint son état définitif
et , s'il est vrai qu'il a une grande valeur commerciale, il n'est pas encore
possible de l'utiliser en parfumerie; en effet, son parfum délicat, pour ie-
(l Voir Pouchet et Beauregard, C. K. hebdom. de In Soc. de biologie, 1893 et
G. Pouchet, C. R. de l'Acad. des sciences, ao juin 1893.
— "270 —
quel il est fort recherché, est presque complètement annihilé par un relent
stercoral très accentué. Ce relent stercoral disparaît à la longue; c'est une
question de temps; les parfumeurs qui achètent cependant l'ambre fort
cher (de 3,5 oo francs à 7,000 francs le kilogramme suivant les espèces)
se contentent d'enfermer les précieux calculs dans des boîtes de fer-blanc
et, à mesure (pie les années s'écoulent, l'odeur nauséabonde disparaît et le
parfum domine de plus en plus.
On ignore encore comment est produit le parfum de l'ambre, mais on
sait à quoi est dû le relent stercoral. Ce dernier résulte de ce que les cal-
culs, qui sont, en grande partie, formés d'ambréine cristallisée et de pig-
ment non provenant de la paroi rectale, renferment aussi des débris ster-
coraux de l'intestin comme en font foi les becs de Céphalopodes qu'on trouve
jusqu'au centre même des noyaux d'ambre.
Lors de nos recherches sur la composition de l'ambre gris, en 1892,
nous avions commencé l'étude de certaines formations cryptogamiques
(mycéliums de moisissures) qu'on trouve sur ces calculs. Puis d'autres
occupations nous avaient empêché de poursuivre cet examen. H y a deux
ans, ayant eu la bonne fortune d'être appelé par M. Klotz, propriétaire de
la maison de parfumerie Pinaud (1), à examiner un magnifique morceau
d'ambre gris du poids de 7 kilogr. 835; nous en avons donné la descrip-
tion à la Société de biologie (2). Comme nous nous étions proposé cette
année de rechercher si l'opinion émise par le D' Galippe (à savon que les
calculs sont d'origine bactérienne) se vérifiait pour l'ambre gris, nous nous
sommes adressés à M. Klotz et nous avons appris qu'il avait encore en sa
possession le calcul décrit par nous en 1895. Le calcul en question se trou-
vait ainsi avoir pins de quatre années d'existence, car, outre qu'il avait déjà
passé près de deux années chez l'acquéreur, il avait, au moment de l'acqui-
sition, certainement plus de deux années, étant donnée sa consistance. 11
semblait que ce lut là une condition bien désavantageuse et qu'il me serait
permis tout au plus de retrouver dans le calcul des microbes momifiés,
j'allais dire fossiles , puisque notre savant collègue Renault nous a magis-
tralement démontré la possibilité de retrouver des bactéries en cet état.
Cependant je voulus tenter des cultures. Un noyau d'ambre fut brisé d'un
coup sec et, séance tenante, au centre de ce noyau, je prélevai purement,
c'est-à-dire en m'entourant de toutes les précautions voulues, de petites
parcelles d'ambre qui furent déposées sur les divers milieux de culture
ordinairement employés dans les laboratoires (bouillon de bœuf peptouisé ,
W Nous ne saurions assez remercier M. Klotz de l'extrême amabilité dont il a
bien voulu user à notre égard. C'est aux facilités qu'il nous a données que nous
devons d'avoir pu mener à bien le travail que nous résumons ici et nous lui en
exprimons notre bien vive reconnaissance.
W «Sur un volumineux morceau d'ambre gris?), C. R. hebdom. de la Soc. de
biologie, décembre i8g5.
— 271 —
gélatine peptone, gélose peptone). Au bout de quarante-huit heures, je
constatai que deux des six tubes ensemencés étaient fertiles , savoir un tube
de bouillon et un tube de gélose.
Je ne décrirai pas ici les cultures nombreuses que je dus faire pour
m'assurer de la pureté de la culture et pour déterminer le microbe ainsi
obtenu. H me suffira de due que j'obtins un bacille ayant la plupart des
caractères morphologiques du bacille du choléra asiatique , mais en différant
par ses caractères biologiques et, en particulier, parce qu'iï ne donne pas
le rouge-choléra ou réaction de l'indol nitreux.
Ce bacille se développe particulièrement bien à 37 degrés. Aussi n'ob-
tient-on sur gélatine (c'est-à-dire à 22 degrés) que des cultures très pré-
caires. Sur gélose , au contraire , ou dans le bouillon de bœuf, il végète
rapidement et abondamment. Mais tandis que sur gélose il présente une
forme ordinairement courbe, semi-lunaire , parfois droite même, en bouillon
il change complètement de caractères; les formes droites disparaissent pour
faire place à des arcs très courbés , tendant même à la formation de cercles
et surtout de spirales à deux et trois tours. L'ensemencement du bouillon
sur gélose m'a d'ailleurs ramené aux formes primitives, ce qui démontre
bien qu'il s'agit là d'un bacille très polymorphe et variant avec les milieux
de culture. J'ai proposé de désigner ce bacille sous le nom de Spirilkm rccti
Physeleris. J'ai dit , eu effet , qu'iï diffère par ses caractères biologiques du
Spirillum du choléra; il diffère également des autres espèces du même
genre étudiées jusqu'à ce jour.
Le Spirillum que je viens de décrire n'est point le seul microbe qui se
trouve dans l'ambre gris. J'en ai déjà isolé deux autres : une bactérie et un
streptocoque que j'étudie actuellement.
Pour le moment, je me contenterai d'appeler l'attention sur les considé-
rations générales qui suivent :
i° L'existence de ces microbes dans l'ambre gris semble venir à l'appui
de l'idée émise par le Dr Galippe relativement à l'origine microbienne des
calculs.
20 Le fait que ces microbes sont vivants dans l'ambre gris vieux de
quatre années au moins laisse à penser qu'ils ne s'y trouvent pas sous
forme de spores durables (ce qui serait toutefois possible encore) mais bien
plutôt sous une forme active(1) trouvant dans les matières stercorales de
l'ambre gris un milieu de culture favorable. On sait d'ailleurs que les Spi-
riïlums affectionnent les milieux de cette nature.
Dès lors c'est aux microbes en cpiestiou qu'il faut imputer la destruction
M J'ai d'ailleurs récemment montré à la Société de biologie les Spirillums vivants
dans l'ambre môme.
— 272 —
lente'1' des matières stercorales et la disparition graduelle du relent infect
qui rend l'ambre inutilisable pendant de longues années. On a cru jusqu'à
ce jour qu'il s'agissait d'arriver à un état de dessiccation déterminé. Il
semble bien qu'il ne s'agit pas seulement d'une perle d'eau, autrement on
eût trouvé depuis longtemps le moyeu d'obtenir cette dessiccation assez
promptement pour éviter l'immobilisation des sommes considérables que
représentent des kilogrammes d'ambre gris enfermés dans des caisses de
fer-blanc. Ce qui paraît ressortir de nos recherches, c'est que le temps em-
ployé est nécessaire à la destruction des matières stercorales par les mi-
crobes. Notre étude n'est point terminée, mais nous espérons qu'elle nous
conduira sous ce rapport à quelques résultats pratiques.
'') La destruction est probablement ralentie par la rareté de l'air dans l'intérieur
du calcul. J'ai observé, en effet, que le Spirillum seul, s'il est assez anaérobie
pour végéter à l'intérieur du bouillon recouvert d'une épaisse pellicule formée par
la culture aérobie, n'est cependant pas capable de se développer en bouillon sous
une couche d'huile. Reste à savoir si, associé à d'autres formes microbiennes, il
ne lui est pas possible de vivre plus activement à l'abri de l'air extérieur; je m'oc-
cupe de déterminer ce point spécial.
BULLETIN
DU
MUSÉUM b'HISTOIKK NATURELLE.
ANNEE 1897. N° 7,
-■3*<—
23" REUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM.
3o NOVEMBRE 1 897.
['RÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEUM.
M. le Président dépose sur le bureau le 6e fascicule du Bulletin
pour l'aimée 1897, paru le 3o juillet et contenant les communi-
cations laites dans la réunion du 29 juin.
L'Assemblée des Professeurs du Muséum, afin de reconnaître les
services rendus à cet établissement par M. et M""' Marc Bel et par
M. le l)r Maclaud , les a nommés Correspondants du Muséum.
M. le Président annonce que l'exposition des collections recueil-
lies en Asie centrale et en Sibérie par MM. Chaffanjon. H. Man-
gini et L. Gay a été ouverte dans les salles de la galerie de Zoologie
le 29 juillet.
M. P. -A. Ferrière, chef de poste au Congo, est parti pour la
haute Sanga; il a été chargé par M. le Ministre de l'instruction pu
blique d'une mission scientifique et il se propose d'envoyer au Mu-
séum les collections qu'il recueillera.
M. le Dr C\pus est arrivé à Saigon et il a déjà envoyé des Insectes
et un Gibbon du bas Laos (Hi/lolxilcs pilèatus).
Muséum. — 111. ao
— 274 —
M. J. Dybowski, directeur de l'Agriculture à Tunis, a offert à la
Ménagerie une paire d'Aigles.
M. le comte de la Vaux, à son retour de Patagonie, a offert de
riches collections anthropologiques et zoologiques.
M. Chailley-Bert a rapporté de son voyage aux Indes néerlan-
daises une collection des Quinquinas cultivés à Java, et il l'a déposée
au laboratoire de Botanique.
M. Errington de la Croix a donné à la ménagerie un Spizaète
de Selangor (Malacca) et ou laboratoire de Zoologie (Mammifères
et Oiseaux) des dépouilles de Mammifères et d'Oiseaux de la même
localité.
Le R. P. Buléon a envoyé le squelette d'un Potamogah velox ,
pris au pays des Eshiras.
M. le capitaine L. Ardouin a fait parvenir au Muséum des plantes
de Madagascar et des pièces anthropologiques.
M. le capitaine Bonieacy a offert à la Ménagerie deux Ours du
Tonkin, des Helictis, un Paradoxure et un Nycticèbe.
Mme M. Bel a offert divers animaux vivants de l'Annam, ainsi
que des collections d'Insectes et de Reptiles.
M. le Dr Maclaud a ramené de la Guinée française des Chim-
panzés et d'autres animaux.
M. L. Baron a donné des Singes de Colombie et quelques Oiseaux.
M. E. Liénard a fait don d'une collection de 160 Oiseaux et de
3o Mammifères de France formée par son frère.
M. Aug. Foret, administrateur des colonies, a offert au Muséum
un Lamantin et un Gorille du Fernan-Vaz.
MM. Edouard Blanc et L. Olivier ont fait don des dépouilles
empaillées de deux Tétras qu'ils ont acquis en Russie et qui pro-
viennent de Finlande. L'un de ces Oiseaux est un mâle adulte de
type normal, l'autre est indiqué comme étant un mâle adulte en
plumage de femelle. ,
— 275
CORRESPONDANCE.
M. Geay annonce qu'il a remonté la rivière Carsevenne jusqu'aux
Ïuniuc-Huinac et qui! expe'die les collections faites au cours de
son voyage.
M. Le'on Diguet, dans une lettre datée de la Paz, le 16 mars
1897, donne quelques détails sur ses recherches :
J'ai expédié au Muséum, dans le courant du mois d'août, une caisse de
collections recueillies dans l'Etat de Guanajuato; j'ai expédié de Guadala-
jara, au mois de janvier dernier, une autre caisse contenant la majeure
parlie des collections d'ethnographie, fie zoologie et de botanique que j'ai
pu recueillir dans l'État de Jalisco. Je pense que ce dernier envoi a dû ar-
river à Saint-Nazaire au commencement du mois de mars.
Mon voyage, depuis mon arrivée au Mexique, a été satisfaisant; je n'ai
guère éprouvé, comme contretemps, que du retard par suite des saisons qui
ont été extrêmes cette année.
Dans l'Etat de Guanajuato, où j'ai commencé mes excursions, la grande
sécheresse qui sévissait ne m'a guère permis que de m'occuper de miné-
ralogie.
Sur le versant pacifique, au contraire, la période pluviale a été excep-
tionnelle : les orages étaient continuels et se sont prolongés au delà de
l'époque habituelle. Par suite des crues, les torrents et les ravins avaient
rendu les routes impraticables; toute excursion vers la sierra était impos-
sible. Force me fut de m'arrêter deux mois à Guadalajara avant de reprendre
ma route. Là j'ai pu mettre à profit cet intervalle pour commencer une col-
lection delà localité, que je compte achever au commencement de l'été pro-
chain Vu la situation de la ville de Guadalajara, environnée de hautes
montagnes et de profonds ravins, la contrée otFre des ressources qui per-
mettront, sans entreprendre de longues expéditions, de se trouver en pré-
sence, dans un périmètre restreint, de spécimens de la flore et de la faune
des différents climats du versant pacifique mexicain.
Après la saison pluviale, qui a duré cette année jusqu'à la fin d'octobre,
j'ai entrepris une expédition à la sierra del Nayaril, en commençant par la
partie nord-est. Dans cette localité, j'ai fait un certain séjour parmi les In-
dous Huichols. La saison avancée ne m'a permis de recueillir que fort peu
d'échantillons botaniques et zoologiques; mais, en revanche, après avoir
gagné la confiance des Indiens, qui, à l'heure actuelle, ont encore conservé
leurs coutumes et leur ancienne religion, j'ai pu réunir une collection elhuo-
ao.
— 276 —
graphique <l anthropologique des plus complètes, piendre des mesures
anthropologiques et faire de nombreuses photographies.
Je complais ensuite passer du pays des Uuichols sur l'autre versant de
la sierra et aller chez les Indiens Coras avant de gagner la Basse-Californie;
mais le froid qui régnait au mois de décembre sur celle montagne, la neige
qui commençait à tomber et les difficultés de route pour passer d'un ver-
sant sur l'autre de cette sierra m'ont empêché de mettre à exécution mon
projet d'itinéraire el m'ont forcé à relourner à Guadalajara, atin de ren-
contrer un climat meilleur et une roule plus facile pour me rendre en Basse-
Californie.
Ces retards vont m'obliger à changer l'itinéraire que je m'étais proposé
avant mon départ de France. Je compte donc être de retour dans l'État de
Jalisco dans le courant du mois de mai , afin d'être à la sierra avant la saison
des pluies, visiter et étudier les Indiens Coras que je n'ai pas pu voir der-
nièrement, puis faire des collections de la faune et de la flore de celte sierra
qui. jusqu'à présent, à cause de son éloigneraient de tout centre important
et de son difficile accès, esl resté en dehors des investigations scientifiques.
En ce moment je vais, grâce aux facilités que m'offrent les pêcheries de
perles, pouvoir continuer les travaux que j'avais entrepris il y a trois ans et
parcourir les îles du golfe où se rencontre une flore et une faune différant,
sur certains points, de celés de la péninsule. Je compte passer au moins un
mois dans ce voyage et revenir à la Paz afin d'expédier les collections re-
cueillies et me préparer à une nouvelle expédition dans les Etats de Jalisco,
Sonora, Sinalva.
M. Bastard, dans une lettre du i3 juillet, annonce qu'il a ex-
plore' les environs de Tulléar. Il écrit, le ier septembre, qu'il a passe'
quelques temps chez les Antanosses émigrés et qu'il a trouvé à Ma-
nantsoa de beaux coquillages fossiles qu'il a expédiés au Muséum.
M. le professeur Léon Vaillant fait hommage à la bibliothèque
du Guide à la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, qu'il vient de
publier et qui est le résumé des leçons complémentaires de son
cours d'herpétologie. On trouvera dans cet. ouvrage, à la suite des
notions générales sur les Reptiles, la liste de tous les animaux de
cet ordre qui ont vécu à la Ménagerie depuis sa fondation.
M. B. Renault dépose sur le bureau une brochure intitulée :
Bogheads et Bactériacées , dans laquelle il démontre l'existence de
— 277 —
nombreux Micro-coques dans les Bogheads permiens de Bozon (bassin
de l'Esterel), d'Aulun et de la Nouvelle-Galles du Sud; dans les
Bogheads du terrain houiller moyen d'Angleterre et d'Ecosse; dans
les Bogheads-Cannels du culm du bassin de Moscou.
Dix-huit gravures intercale'es dans le texte et quatre planches
en collotypie accompagnent la brochure.
M. le Dr Trouessart offre pour la bibliothèque le troisième fasci-
cule de son catalogue des Mammifères (Catalogus Mammalium tam
viventium quamfossilium, fasc. uT : Rodentia, suite et fin).
En faisant hommage à la réunion des naturalistes du Muse'um
de ce nouveau fascicule, entièrement consacre' à l'ordre des Ron-
geurs, l'auteur fait remarquer combien cet ordre, le plus nombreux
de la classe des Mammifères, s'est accru depuis moins de vingt ans.
La première édition, publiée en 1880, énumérait déjà 970 espèces
tant vivantes que fossiles. La nouvelle édition contient les indica-
tions relatives à 1,900 espèces de Rongeurs, de telle sorte que le
chiffre des formes spécifiques a doublé depuis 18 ans. Si l'on dé-
falque les espèces fossiles, au nombre de &5o environ, on voit que
le nombre des espèces vivantes atteint près de i,5oo, non compris
les sous-espèces. Ces i,5oo espèces sont réparties dans 160 genres.
COMMUNICATIONS.
Documents isedits .su/îl'Homo sylv estris rapporté d'Axcoh ex i63o,
PUBLIÉS ET COMMENTÉS PAR M. E.-T. HaMY.
1
Nicolas Tulpius, médecin distingué d'Amsterdam et l'un des plus ardents
défenseurs de l'indépendance des Pays-Bas contre Louis XIV, serait néan-
moins depuis longtemps oublié sans deux circonstances toutes particulières
de sa vie.
L'amitié de Rembrandt lui valut la place d'honneur :'ans un immortel
— 278 —
chef-d'œuvre. La leçon d'Anatomie et ses Observationes Mcdicœ v>, publiées
on 16/11, contiennent Ici première représentation à peu près scientifique
d'un Anthropoïde africain. L'Homo sylvestris ou Orang-Outang (c'est le
nom qui lui est donne'), si médiocre qu'en soient le dessin et surtout la
descrip'ion, n'a pas moins contribué que le portrait de Rembrandt à sau-
vegarder la mémoire de Nicolas Tulpius. Il tient, encore aujourd'hui, sa
petite place dans l'histoire des progrès de la zoologie.
L'animal avait été apporté d'Angola, ex Angola deîatum, au prince
d'Orange, Frédéric-Henri. Son pelage était noir, ses bras offraient une
moyenne longueur, ses gros orteils étaient relativement développés, son
caractère était d'une grande douceur. Ces renseignements, fournis par
l'image et par le texte de Tulpius, prouvent surabondamment que le sujet
appartenait à l'espèce appelée aujourd'hui Chimpanzé. Mais on confondait
au XVIIe siècle, comme on a longtemps confondu depuis lors, tons les pri-
mates de nos classifications actuelles en un seul et même type, d\ illeurs
mal défini, l' Orang-Outang des Indie s, le Quoias-Morrou <'es Africains.
Tulpius s'est contenté de mentionner l'origine angolaise de son Homme
sylvestre. Il le décrit rapidement, sans beaucoup de méthode, parle de sa
taille qui est celle d'un enfanl de trois ans, de son épaisseur qui lui en fe-
rait donner six. Le corps n'est ni lourd ni grêle, plutôt carré, souple et in-
fatigable, aux membres ramassés, aux muscles puissants. Des poils noirs
couvrent le dos; la figure est celle d'une vieille femme; les mamelles sont
volumineuses et l'ombilic est enfoncé. Les oreill' s sont humaines, el les
deux paires de membres ressembl nt à ceux de l'homme ut vix ovum ovo
videris similius. Il marche droit le plus souvent, même chargé; prend
d'une main le vase à boire par son anse, tandis que de l'autre il en sup-
porte le fond; s'essuie les lèvres humides aussi posément que le courtisa 1
le plus délicat; se couche enfin avec autant de précautions que le plus
amolli des hommes. . .
La dissertation de Tulpius, qui n'a guère moins de sept pages, ne ren-
ferme (pie ces quelques lignes qui se rapportent directement au sujet ; tout
le reste n'est qu'une Irame d'érudition indigeste el confuse, à la mode de
l'époque, sur les satyr. s de l'antiquité, les sylvains et les faunes.
On cite fréquemment la gravure reproduite un peu partout; on n'a
presque jamais lu le texte qui l'encadre (2j, et les zoologistes, se copiant les
uns les autres, continuent à mettre l'histoire de Y Homo sylvestris à l'actif
des découvertes relatives aux Orang-Outangs de Sumatra et de Bornéo.
!l) Nicolai Tulpii Amstelredamensis Observationes Medicee, Tab. XI !I. — L'édi-
tion que je possède de cet ouvrage est celle de 1 6 5 n . Amslelredami. Apud Ludo-
vicum Elzivirium. ln-12.
!2) Il faut faire une exception pourtant en faveur de Paul Gervais qui a parfai-
tement reconnu la nature exacte de VHnmn Sylvestris.
279 —
II
Ils ignorent généralement que Tnlpius n'a pas e'té seul à examiner le
grand Singe du prince d'Orange. Peu de tpmps, en effet, après l'arrivée
de l'animal à La Haye, le frère de Grotins en a l'ait exécuter le portrait
qu'il a envoyé à Du Puy (1) avec une description sommaire dont le biblio-
thécaire du roi, N. Rigault, nous a conservé la copie.
Voici ce texte, tiré des Meslanges de diverses matières qui forment le vo-
lume 992 des manuscrits de Séguier, à la Bibliothèque Nationale m.
Hagœ Batavorum , 5 Eid. Jun. i G3o.
«Venit his diebus magna vis aurei ex Guinea (i). Eadem opéra Principi appor-
tatum est monstrum, hominis dicam an besliie, qnod hodie vidimus. Faciès
plane humana est, itemque anres, non hirsuta, non oblonga, sed rotunda et de-
piles. Humanum ilem capillilium ; brachia quoque et manus, quin et venter, re-
liqua pilis obsita, pedes birsnti et in digilos fissi. Animal boc plerumqiie quadrupes
incedit, mansuetnm admodum esl , et discedente allore suo w largiler ploravit.
Ainnt qui addixerunt voces nostras ab eo usu intelligi (5\»
ni
Peiresc, grand ami de Grotius f6) et des Du Puy, avait eu, lui aussi, des
renseignements à peu près semblables entre les mains.
On a vu plus haut qu'il mentionne un portrait de l'Animal communiqué
par Du Puy. Il parle , en outre, dans une de ses lettres du 25 janvier if)3/i (7),
de cette «espèce d'Animal dont en fut porté un au prince d'Orange en 1 63o ,
!l) «C'est par voslre moyen, écrit Peiresc, le 9 janvier i(53&, que nous avons
veu icy le portrait que le frère de M. Grotius envoya trois ou quatre ans il y a,
d'un animal fort approchant à celte nature». . .«Quand l'animal, dont le frère de
M. Grotius envoya le dessein, ne seroil qu'un vray singe, tousjours la différence
de la race, comme entre les cbevaulx et aultres animaux, peull rendre celle-là
beaucoup plus recommandable que loules les aultres puisqu'elle n'est point mal-
faisante». . . Lettres de Peiresc aux frères Du Puy, publiées par Pli. Tamizey de
Larroque. (Coll. de doc. ine'd., t. II, p. 67-!; t. III, p. ai.)
!2) Ex bibliotheca Mus. Coisliuna , olim Seguieriana quam ///. Henricus du Cam-
bout dux de Coislin , Par Francœ, Episcopus Metensis, elc, monasterio S. Germann
à Pralis legavil. An MDCC. XXXII, n° 922.
:i) Le terme Guinée s'appliquait alors à toute la Cote Occidentale d'Afrique.
L'Angola s'y trouvait compris.
(4) Son nourricier.
(s) Bibl. uat., ms. IV. 17^09, f" 9?.
" Lettres inédites de Peiresc à M. Thomas d'Areos, à Tunis (Mngns. Encycl. de
Millin, 181 5. t. III. p. i33.)
M lb>d., p. 3:53.
— 280 —
qui sembloit un troisième genre d'Animal entre le Singe et l'Homme, car
bien qu'il ne parlât [tas. il entendoit fort bien le langage flamand de son
gouverneur; il rioit et pleuroit à chaudes larmes. Au simple discours de
son gouverneur, qui lui dit sa résolution d'aller voir ses parents à deux
journées de La Haye, il se prit à pleurer si chaudement, qu'on ne le pou-
voit consoler, quelques promesses et assurances qu'on lui donnoit de son
retour.»
Celte lettre était adressée à Thomas d'Arcov, établi à Tunis, et le pas-
sage que je viens d'en détacher se rapportait à un des chapitres d'une
Relation d'Afrique dont ce voyageur lui avait envoyé le manuscrit en mars
i633 (1) et où il était question de rrcertaine race de Singes plus grands que
les aultres, communs près du Cap de Sierra Leone, appelez du nom de
Barris ou Bénis, que l'on esleve jeunes dans les maisons, où l'on leur fait
suppléer la place et fonction d'un serviteur pour piler dans un mortier le
mill et autre choses qu'on a de besoing de mettre en pouldre et mesmes
pour aller quérir de l'eau dans des cruches, lesquelles neantmoings il fault
promteinenl recevoir de eulx a leur retour, aultrement ils les jettent en
terre et puis hurlent comme s'ils pleuroient m. » Peiresc ne cachait pas aux
Du Puy que ces histoires qu'il leur communiquait dans le même temps,
lui paraissaient tirées plutôt rrd'aullres autheurs moings modernes» que
d'une observation directe, et il souhaitait que d'Arcos pût les lui continuer
«■ par quelque autre relation postérieure [X)r,.
Mais sa curiosité était grandement excitée, et, avec son entrain habituel,
il se hâtait d'organiser une enquête sur la matière : rrll va le mois prochain
deux ou froys navires de Marseille au Brésil qui vont prendre leur vent et
leur eau en ceste coste d'Afhïque, sur lesquels s'embarquent diverses per-
sonnes de ma cognoissance, qui se promettent de m'en apporter ou emme-
ner un s'il est possible; je leur ay baillé de fort amples mémoires et instruc-
tions. y>
IV
Nous ignorons si Peiresc avait compris dans ces instructions et mémoires
une reproduction du questionnaire spécial dont le volume déjà Cité de la
Collection Séguier nous a conservé le texte primitif rédigé en latin, à Pariv,
le 1 1 des calendes de juillet i63o.
Ce travail, fort remarquable pour l'époque, a été écrit, on le voit, lié ;
peu de jours après la réception de la lettre de La Haye reproduite ci-dessus.
M Cf. Pli. Tamizey de Larroque, Les Correspondants de Peiresc, XV, Thomas
d'Arcos, Alger, 1889, in-8°, p. 18.
l'2> Lettres de Peiresc aux frères Du Puy, publiées par Th. Tamisey de Lar-
roque, t. III, p. ah.
W Magas. Encycl, 181 5, t. III, p. 333.
— 281 —
L'auteur est quelqu'un des beaux esprits qui entouraient le chancelier Sé-
guier, mais les éléments font défaut pour tenter de le reconnaître. I>e docu-
ment était destiné h être expédié en Hollande; on sait comment Tulpius y
répondit dix ou onze ans plus tard.
La tentative de Peiresc a élé plus stérile encore; il n'est revenu de Gui-
née aucune observation sur le Barri ni sur le Quotas Morrou, et tout ce
qu'a pu enregistrer de nouveau l'illustre curieux sur ce sujet qui lui tenait
à cœur, c'est le récit plus ou moins véridique d'un renégat de Ferrare
transmis par d'Arcos en juin i634(1) et racontant une prétendue chasse à
Y homme sauvage trdana la terre des nègres * au delà de la Marmarique. Je
transcris, en finissant, ce questionnaire de i63o, trop court commentaire
de l'histoire de Y Homo sylvestris, et j'exprime le regret, en reproduisant ce
texte, qu'une pièce aussi intéressante ne porte aucune signature, et qu'il
m'ait été jusqu'à présent imposable d'en reconnaître l'auteur.
Lutetias Parisiorum xj Caleodas Julias i63o.
Mira sunt profecto*que de animale nuper allato scripta sunt; ideo ad majorera
ejus noliliam liaec, quac quantum fieri poterit exquirantur, notabimus.
I. An ex Guinaea (2), ut ex epistola videlur posse colligi, sin minus undenam
nohis advectnm sit.
II. Sitne vere monslrum nusquam antea visum, an speciei alicujus rarioris in-
dividuum.
III. Si monstrum, quid de eo senserint homines conterran'i; et si eorum sen-
tenlia minus licuerit, quid ipsimet circa venerea sibi per mi tient; utrum de eorum
sint numéro, qui genio quodam loci et pravilale morum corrupti, cum bestiis
congrediantur.
IV. An sexus nota} appareant; et si quidem ita sit, masculi an feminac, bomi-
nis etiam, vel betluœ.
V. Cujusnam sit œlatis, aut saltem infans captum sit, aut provectioris œtatis,
quod ex voce, lineamentis, augmento corporis et aliis plerisque notis indicari po-
terit.
VI. Ferum captum sit boc animal, an mansuetum; et si ferum, qui gradus feri-
tatis apparuerit, quod ex alimenti recusatione et similibus, necnon ex diulurnilale
tcmporis quo cicur'1' factum est, colligetur.
VII. Quaenam sint ipsitis alimenta, cum naturalia, lum si qua alia ignorantia
eorum vel dei'ectu, substituta; ex carnibus, pomis, frondilms vel berbis conslent.
Certe carnivorum sit vel pascuis gaudens ex ipsa oris conformationo, deutibus,
mandibula, ca?terisque masticationi inservienlibus fortasse liquebit.
VIII. Citra suavitatem alimentationis, si quibusdam aliis delecletur videndum
est, puta coloribus, sonis, odoribus.
IX. Gesliculosum ne sit animal, ut simia, et bilare an tacilurnum.
f,) Lettres de M. Thomas d'Arcos (Magas. Encycl., 1806, t. V, p. 1/11).
^ On a vu plus baut que le singe venait d'Angola; qu'il était du sexe féminin
et paraissait âgé de trois à six ans.
(3) Cicur, apprivoisé.
98e)
— ' ' —
X. Quandoquidem humanas habere matins dicitur ut se habeat circa manualia;
et utrum capacités ejus tentata sit circa artes aut si quœ in oo notata sint inge-
niosiora quam ia cœteris animantibus et quousque progrediatur ejus sive ratio,
sive quid anaiogum.
XI. Ut se habeat circa aquas, ipsas timeat necne, sit urinatorw vel contra et
de modo natalionis.
XII. Ut se habeat circa soranum.
XIII (j). Diligentissime Iota ejus observetur faciès, praesertim oculi et in eis pu-
pilla,an rolunda, au oblonga, ut in felibus, et nuperin Gatlamammona appareat;
prœterea mentumne ac malas habeat; utrum etiam aures immobiles.
XIV. Ejeclioues ejus notentur in quantitate et qualilale.
XV. Quandoquidam plerumque quadrupes incedere dicitur, an liberius et com-
modius quandoquidem erectus progrediatur quam simia, et per quod temporis et
spalium.
XVI. Partem inferiorem, pilis, ut aiunt, obsitam, cum quo prœsertim aniinali
participe!, et de ejus commissura cum superiori, seu bumana, notato ejusloco.
XVII. An cum digilorum fissura ungues simul humanos, lam in manibus quam
in pedibus, possideal et quoi numéro digito*.
XVIII. Qualis vox ejus; et si minus articulala, ut se habeal in amore vel odio,
ira vel timoré.
XIX. Generaliter omnes ejus passiones el animi motus attendantur, ex qnibus
de huuianitate ejus, vel contra, indicaliones sumanlur.
XX. De valetudine ejus, si firma aut imbeciHis, et qnibus morbornm generibus
sit obnoxium inquiratur.
Poslremo ut in vita ejus oinuia videntur observanda , ila in fine singnla , si morlem
appetat; ac lum demum omnia ejus membra anatomica consideranda, ita ul ex
ossibus ejus squeletos fabricari possit w.
L'ÂGE DE P1ERBE DANS LA DcBBEKA ,
PAR M. E.-T. Hu.Y.
Les renseignements relatifs à l'âge de pierre, qui a précédé chez les
nègres les premières connaissances métallurgiques, s'accumulent de plus
en plus précis depuis quelques années. J'ai ou récemment l'occasion ici-
même'41 de rappeler, à propos d'une intéressante trouvaille faite à Libre-
ville par M. J.-G. Reichenbach , les principales découvertes de haches polies
accomplies depuis un demi-siècle au Sénégal ou en Guinée. J'aurais pu
ajouter à la liste, déjà longue, des gisements signalés sur la côte occiden-
tl' Urinator, plongeur.
M F0 98.
C) Hibl. nal., ms. fr. 17309, l° 92-9,3.
W E.-T. Hamy, L'âge de pierre au Galant (Bull, du Mus. d'hist. nat., 1 897,
p. iô/i-i5(i).
— 283 —
laïc , ceux des régions intérieures que M. Isse! a fait brièvement connaître (1>.
J'aurais pu dire aussi quelques mots des observations importantes
recueillies par M. Cocheteux dans la région des cataractes inférieures du
Congo (:!), quoiqu'elles aient porté non plus sur des
pierres polies, mais sur des instruments grossière-
ment éclatés. Ces derniers sont en effet fort ana-
logues à ceux des collections Zboïnski, Regnault et
Wadon, que j'avais rapidement mentionnées. Ils ne
diffèrent pas non plus de ceux que MVI. les doc-
teurs Bourguignon, Lcdoseray et Moreels viennent
démontrer à Bruxelles (3) et qui ont été aussi ra-
massés datis la région des cataractes en aval du
Stanley-Pool.
Tous ces instruments de pierre taillés en phta-
nite, en grès ou en quartzite ont pour caractères
communs d'être façonnés à larges éclats, irrégu-
liers, convexes sur les deux faces, relativement
épais au centre, et de forme tantôt à peu près ovale,
tantôt presque amygdaloïde, de manière à rappeler
vaguement ceux de Hoxne et de Saint-Acheul w.
Ce sont des spécimens presque semblables,
seulement de proportions plus étroites et plus al-
longées que vient de m' envoyer de Hambourg
M. Fr. Colin. Ils ont été trouvés cependant dans
une région bien différente et fort éloignée, la vallée
de la Dubréka, l'une de nos rivières du Sud (5).
ll) A. Issel , Sopra urC ascia d' emulile rossa proveniente
del paese del Niam-niam , Jettera al Marchese G. Doria
(Annal, del Mas. Civic. di Storia Naturelle di Genova,
vol. XX, i88'i). - - Id. Di alcuni nuovi manufatti d'ematite rossa (Tbid., Scr. If
vol. Il, i885).
(2) Cocheteux, Contribution à l'étude de l'anthropologie da Congo (Bail, de la
Soc. d'a;throp. de Bruxelles, t. VIII, p. 77-79, pi. IV-VI, 1889-1890).
' Les observations de M. Cocheteux avaient été recueillies entre Lukiingu et
Kimpessé, Kimpessé et N' Sona N' Gunga. Celles du docteur Ledoseray ont été
prises un peu en avant de Tuinha (kilom. j 85 du ch. de fer du Congo), sur un
plateau, à un peu moins d'une lieue de la rivière N' Gunga (kilom. 19O) ou dans
la plaine même de Kimpessé, en avant de la rivière Lukala (kilom. 169).
Les échantillons du docteur Bourguignon que j'ai vus sont de la rive gauche de
la Malunda (kilom. i38) et ceux du docteur Moreels ont été recueillis, sans loca-
lité précise, entre Manianga et Léopoldville. (Exposition universelle de Bruxelles,
Sect. internat, des Sciences anthropol.).
' Voir notamment les plan -lies IV et VI du mémoire déjà cité de M. Cocheteux.
La Dubréka ou Dubréca esl , comme l'on sait, l'une des rivières dites ri-
— 284 —
M. Fr. Colin a créé récemment à Massa M'bombo, dans cette rivière, un
nouveau centre d'exploitation, et c'est dans un défrichement qu'ont été
rencontrées les deux pierres travaillées qu'il m'a offertes et que j'ai l'hon-
neur de mettre sous vos yeux. Ce sont des outils fusifonnes , étroits et
épais, terminés par une pointe relativement acérée.
Le mieux conservé mesure o m. 1 %k de long, o m. 3-2 de large et o m. a a
d'épaisseur.
Ils ont été taillés jadis à larges éclats dans une matière que M. Lacroix
a reconnue être une labradorite{l\ et depuis lors si fortement roulés, que
tous les reliefs des deux surfaces sont mousses et indécis; les bords de l'in-
strument ont toutefois conservé leur tranchant presque intact sur tout le
pourtour de la pièce. Il y aura quelque intérêt à rapprocher la ligure que
j'ai fait reproduire ci-contre de quelques-unes de celles qui accompagnent
le mémoire déjà cité de M. Gocheteux dans le tome V1I1 du Bulletin de la
Société d'anthropologie de Bruxelles.
Sur l'identité spécifique du Ckrvus albirostris (Paz. 188/1)
et du Cervus Thoroldi [Blanf. i8q3),
par e. de pousargues.
En 1880, M. W. L. Sclater (2) signala à l'attention des zoologistes un
Cerf provenant du Tibet, dont la ramure comptait dix pointes et se faisait
remarquer par l'absence des deuxièmes andouillers de base (bez-tine).
S'appuyant principalement sur ce dernier caractère, et n'ayant d'ailleurs à
sa disposition qu'une tête isolée, M. W. L. Sclater rangea provisoirement
ce Cerf dans le groupe des Pseudaxis, en l'assimilant avec doute au Cervus
Dybowskii (Tacz. ).
En 1893, M. W. T. Blanford(3) reçut du D' Thorold la dépouille com-
plète d'un Cerf dont la tête et la ramure présentaient exactement les parti-
cularités indiquées quatre ans auparavant par M. W. L. Sclater. M. Blan-
vières du Sud, qui débouche dans l'Atlantique un peu au delà du 10e degré,
derrière Konakry, chef-lieu de la Guinée française.
(1) «C'est une labradorite, m'écrit M. Lacroix, c'est-à-dire un basalte sans péri-
dot, ou plutôt presque sans péridot, car dans la lame mince que je viens d'exa-
miner se rencontre un petit grain de ce minéral. La roche est essentiellement
constituée par des microlites d'augite et de labrador avec fort peu de magnétite.
La petitesse de ces microlites et l'absence de phénocristaux expliquent la compa-
cité de l'échantillon».
W W. L. Sclater, Journ. As. Soc. Beng., vol. LVIII, pt. 11, p. 186, pi. XI,
1889.
W W. T. Blanford, Proc. Zool. Soc. London , p. hhh , pi. XXXIV, 1893.
— 285 —
ford reconnut dans ce Cerf une nouvelle espèce, G. Tkorolcli, voisine des
C. cashmirianus (Falc.) et C. affinis (Hodgs), appartenant par conséquent
au sous-genre Cervus (str. s.) et n'ayant, malgré l'absence des deuxièmes
andouillers de base, aucune affinité avec les Pseudaxis.
Celle manière devoir, absolument correcte, est partagée par M. Lydek-
ker(1) qui , dans sa récente classification des Cerfs proprement dits (groupe
claphien), range le C. Thoroldi parmi les espèces dont les andouillers de
la couronne ne forment jamais coupe ou chandelier, et le considère comme
type d'une section spéciale en raison de l'absence constante des deuxièmes
andouillers de base.
Dans une courte diaguose, M. Blanford résume ainsi les principaux ca-
ractères de cette intéressante espèce :
«Le C. Thoroldi est à peu près de la taille du C. elaphus, brun, sans
tache, marqué d'un champ circumcaudal d'un roux pâle; le pelage est
rude, dressé, assez long; sur la ligne médiane dorsale, un courant de pods
se dirige en avant depuis la croupe jusqu'au garrot; les cornes sont forte-
ment courbées et portent cinq andouillers (la pointe terminale comprise);
le deuxième andouiller est très distant du premier ou basai; le troisième
est le plus long. »
Ajoutons, comme caractère bien particulier, la couleur blanche du mu-
seau , du menton et du dessous de la mâchoire inférieure.
Malheureusement, il ne me paraît pas possible de conserver le nom spéci-
fique proposé par M. Blanford, car, en 188/1, Przewalski(2) avait déjà dé-
crit et figuré sous le nom de C. albiroslris un Cerf des monts Nan-Cban
qui est certainement de même espèce que le C. Thoroldi. Pour lever tous
les doutes à cet égard, il me suffira de traduire textuellement la descrip-
tion publiée par le célèbre explorateur russe :
«Le cosaque Kalmynin tua un jour deux exemplaires d'un Cerf nouveau
pour nous , que nous désignâmes comme Cervus albirostris à cause de son
museau blanc. L'un d'eux, bien adulte, figure actuellement dans le Musée
de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. La longueur de ce cerf,
du bout du museau à l'extrémité de la queue, est d'environ 2 m. 10, sa
hauteur au garrot de 1 m. 2 3. La robe d'été était d'un brun roux, chaque
poil étant d'un brun sombre passant au roussâtre à l'extrémité. A partir
du garrot jusqu'au milieu du dos, se voyait un courant de poils ascendant
dessinant comme une selle. Ce caractère ne doit pas être individuel; aussi
pourrait-on encore désigner ce Cerf comme Cervus sellalus. La queue,
longue de o m. o3 , était garnie de poils d'un jaune clair ; le miroir était
formé de poils plus clairs, avec une bordure noirâtre peu apparente. La
m R. Lydekker, Proc. Zool. Soc. London, p. 980, 1896.
M Przewalski, Reis. in Tibet undamober. Laufdes Gelb. Fi. 1879-1880", lia -
duel. Stein-Nordheiin, cliap. vi , p. 7^; cliap. vu, p. 76, ti{j. — Iéna, 188/1.
— l>86 —
poitrine et ie ventre étaient d'un roux clair; la moitié supéro-exterae des
membres d'un brun roux, leur face interne de même couleur que la poi-
trine et le ventre , mais , par contre, leur moitié inférieure était plus sombre.
La tête, petite et sombre, le museau et le dessous de la gorge jusqu'à la
poitrine, blancs; sur les côtés de la tête et autour des yeux se voyaient
aussi quelques poils blancs épars; à o m. o35 en arrière de l'angle externe
de l'œil se trouvait une tache blanche. L'oreille, sombre, ourlée de blanc.
Les bois de notre exemplaire tué en juillet étaient recouverts d'un épais
velours gris sale gorgé de sang. Leur longueur suivant la courbure appro-
chait de o m. 97. Le premier andouiller se trouvait à 0 m. o3 au-dessus de
la meule, le second om. 16 plus haut, puis la perche se terminait par deux
pointes. »
11 est inutile d'insister sur la concordance pour ainsi dire parfaite de
cette description avec celle du C. Tlioroldi. La seule différence appréciable
est celle que l'on peut relever dans le nombre et les dimensions des an-
douillers; mais, dans le cas présent, elle est absolument de nulle valeur. 11
ne faut pas oublier en ellét que nous mettons ici en parallèle, d'un côté, un
individu C. albirostris dont la ramure revêtue de son velours est en pleine
croissance et conséquemment imparfaite, de l'autre, des exemplaires à
bois finis, complètement dénudés, C. Tlioroldi, ou même usés et près île
tomber, C. Dybowskii? (W. Sel.). Le point capital à noter, en ce qui con-
cerne la ramure, est l'absence des deuxièmes andouillers de base; or ces
andouillers manquent chez le C. albirostris, car au stade de croissance où
en étaient les bois décrits et figurés par Przewalski, ils ne pouvaient plus
apparaître; toute la région basale de la ramure ayant déjà pris sa forme
définitive , les modifications ultérieures n'auraient porté que sur la cou-
ronne, qui, du resîe, pour le nombre des andouillers, concorde déjà avec
celle de l'un des types du C. Tlioroldi. La priorité revient donc de droit au
terme spécifique albirostris plus particulièrement choisi par Przewalski;
les autres dénominations sellatus, Tlioroldi passent au rang de synonvmes.
Par suite de cette rectification , nous pouvons indiquer d'une manière assez
précise, du moins suivant la latitude, les limites de L'aire d'habitat de
celte intéressante espèce. Le type du C. albirostris a été rencontré par
Przewalski vers la terminaison occidentale des monts Nan-Chan, au point
oii cette chaîne se relie à PAltyn-ïagh et au Tchamen-ïagh par l'inter-
médiaire des monts Humboldl et des monts Hilter, par environ 3g° de la-
titude Nord et 95° de longitude Est. Nous savons d'autre part que les types
du (]. Tlioroldi ont été tués au Nord-Est de Lhassa, par environ 3i°W de
latitude Nord et 93° 3o' de longitude Est, c'est-à-dire près de la rive droite
du Kara Oussou (Haute Salouen?). On peut donc affirmer la présence «In
C. albirostris entre ces deux points extrêmes bien déterminés, par consé-
quent dans les montagnes qui ferment à l'Ouest et au Sud le bassin du
koukou-Nor, et dans toute celte série de chaînes courant parallèlement de
— 287 —
l'Ouest au Sud-Est (Bourkhan-Boudha , Kouen-lun oriental, Baïan-Kara-
Ou/a, Tang-la) où prennent naissance les grands fleuves de la Chine
orientale et de l'Indo-Chine.
Liste des espèces du genre Helota (Coléoptères)
de la collection du museum d'histoire naturelle de pirls .
PAR C. RlTSEMA Cz.
Conservateur au Musée de Leyde.
Hc9ota Mac Leay. Annulosajavanica, i8i5, j>. 'ia.
1. \ iGORSii Mac Leay. Annulosajavanica, i 8^5, p. k'd , tab. 1, fig. 9.
— Gênera des Coléoptères. Atlas, tab. CXXXI, fig. 3.
Un d de Java (Desjardins) ; une 9 <!u Mont Salak : Java occid. (Ratl'ray
et Maindron); sept c?cf et huit 99 de Java occid. (Pasteur).
'2. Vandepolli Ritsema. Noies Leyden Muséum, XIII, 1891, p. 197.
Une 9 de Lakhon : Siam (Harrnand).
Le type de celte espèce, ('gaiement une. 9, est originaire de Bornéo.
L'exemplaire de Lakhon n'en diffère que par sa grandeur un peu plus con-
sidérable, ayant une longueur de ia mm. au lieu de 11 mm. Sa couleur,
plus foncée et moins métallique, est indubitablement causée par une sorte
de fermentation.
3. Longipes Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. 101.
Trois 99 du Sikkiin (Harrnand).
h. Fairmairei Ritsema. }\otes Leydcn Muséum, XI, 1889, P* lo1-
Deux d d et deux 99 de Sikkim (Harrnand).
5. Oberthùrii Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. 100.
Un d du Sikhim (Harrnand) et une 9 du Sikkim (chasseurs indi-
gènes).
6. Kolbei Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. io3. — Id.
Ann. Mus. Civ. Genova, XXX, 1891, p. 889.
Deux d d et deux 9 9 du Kiang-si : Chine (Arm. David).
7. Gehmata Gorham. Trans. Ent. Soc. London, 187/1, P- ^'l& (|)ars)-
— Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 188;), p. io4. — Id. Ann. Mus.
Ch\ Genova, XXX, i8i)i, p. 888. — Id. Newmans Entomologist , i8()3
p. i83.
Un d et deux 99 du Japon; un d el une 9 du Jap:>u (Coll. de Mar-
seul).
— 288 —
8. Fulviveivtris Kolbe. Archiv fur Naturgesch. , LU, 1886, p. 182,
tab. XI, iig. 2 5. — Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. io4. —
ld. Newmans Entomologist , 1893, p. 1 83.
Un d et une 9 du Japon (Coll. de Marseul).
9. Guerimi Hope. Coleopt. Manual, III, 18&0, p. 188. — Ritsema.
Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. io5.
Une 9 de Rombay.
10. Curvipes Oberthûr. Coleopt. Novit., I, i883, p. 60. — Ritsema.
Notes Leyden Muséum, XI. 1889, p. 10 5.
Une 9 de Moupin : Thibet ( Arin. David).
11. Ocellata Ritsema. Notes Leyden Muséum, III, 1881, p. 79; XI,
1889, P- 1Q5-
Un d et trois 9 9 de Java occid. (Pasteur).
12. Tiriaus Ritsema. Notes Leyden Muséum, XV, 1893, p. i36.
Quatre d d et une 9 du Sikkim (Harmand).
13. Levigata Oberthûr. Coleopt. Novit., I, i883, p. 5g.
Une 9 de Maria Rasli : Rhoutan anglais (R. Oberthûr).
là. Rretaudeadi Ritsema. Notes Leyden Muséum, XVI, 189/1, P- ll&-
Un d et une 9 des environs de Kurseong (Bretaudeau); un d de Maria
Basti : Rhoutan anglais (R. Oberthûr).
15. Roysii Ritsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. 189; XVI,
189/i, p. 11/1.
Deux d d du Sikkim (Harmand); un d et une 9 des environs de kur-
seong ( Bretaudeau).
16. Severinii Ritsema. Notes Leyden Muséum, XV, i8g3, p. 1 38.
Un d* et une 9 du Sikkim (Harmand).
17. Piailla Oberthûr. Coleopt. Novit., I, i883, p. 60.
Une 9 du Sikkim (Harmand); un d et une 9 des environs de Kurseong
(Bretaudeau); une 9 du Maria Basti : Bhoutan anglais (B. Oberthûr).
18. Culta Ollitr. Cislula Entom. , III, 1 883 , p. 55 et 1 0 1 , lab. III , fig. 2.
Un d du Sikkim (Harmand).
19. Semikulva Ritsema. Notes Leyden Muséum, III, 1881, p. 80.
Un d et une 9 du Dessn Fjibogo : Java occid. (Ledru).
20. Fulvitarsis Ritsema. Notes Leyden Muséum.
Six individus de Maria Basti : Bhoutan anglais (B. Oberthûr).
21. Guineensis Bitsema. Notes Leyden Muséum, XI, 1889, p. 108. —
ld. Arm. Soc. Eut. de France, 1892, p. 29/1.
Un d e'tiqueté rrLoandar>, mais qui, d'après M. Bené Oberlbùr, est ori-
ginaire d'Abetifi : Côte-d'Or.
— 289 —
Arachnides recueillis par M. M. Maindron
À KuRRACIIEE ET À MàTBERAN (PRES BùMBAï) ES l8g6 ,
par E. Simon.
1. — Liste des EsrÈCES recueillies à Kuruachee.
1. ScYTODES PROPIMjUA Sloliska.
2. Di^assodes maindroni E. Simon. — Découvert à Mascale.
3. Scotoph.ecs coRiiscDs L. Koch. — Connu d'Ethiopie, du Yéiaea et de
Mascale.
h. Aphantaulax indus sp. nov.
5. Melanophora univittata sp. nov.
6. Melanophora hospita sp. nov.
7. Callilepis plcmalis Cambr. — Répandu dans la région Méditerra-
néenne, l'Asie centrale et l'Arabie.
8. Colopea pusilla E. Si in . — Connu de la péninsule Malaise et des Phi-
lippines.
9. Ap.Ti.ma maoriciana Walck. — Répandu dans presque toutes les régions
tropicales de l'ancien monde.
10. Eatrodectus scelio Thorell, var. indica E. Simon. — Variété décou-
verte à Mascale
11. (?) Argiope anajoga Thorell. — Jeunes individus de détermination
douteuse.
12. Araneus tiieisi Walck. — Commun dans l'Inde, la Malaisie et la Po-
lynisie, trouvé aussi à Mascate.
13. Araneos decens Thorell. — Même distribution que l'espèce précé-
dente.
\h. Araaeus xauticls L. Koc1). — Répandu dans presque toutes les régions
tropicales du monde.
15. Gasteracantha BREvispiNA Dolesc'nall. — Répandu dans l'Inde et une
grande partie de la Malaisie.
16. Thomisus daradioides E. Simon. — Connu du ^ émen et de Mas-
cale.
1 7. Runcinia affînis sp. nov. — Espèce inédite (pie nous possédions déjà
d'Egypte et du Sahara algérien.
1 8. Xïsticds thistrami Cambr. — Espèce découverte en Syrie et rct1 ouvée
depuis dans l'Asie centrale.
Muséum. — m. ■>. i
— 290 —
19. Tiiarus Piochardi E. Sim — Espèce très répandue dans la région Mé-
diterranéenne et en Arabie.
20. Philodromus lepidus Blackw. — Même distribution que l'espèce pré-
cédente.
21. Philodromus bigirba Cambr. — Connu d'Egypte, de la région Ethio-
pienne et du \émen.
22. Thanatus simplicipalpis E. Sim. — Espèce découverte à Aden.
23. Thanatus fornicatus sp. nov.
24. Sparassus tarandus sp. nov.
25. ClIIRACANTHIUM INORNATUM Cambr.
26. Castaneira Zetes sp. nov.
27. Tetragonophthalma sindica sp. nov.
28. Hippasa (Trociiosa) partita Cambr. (II desebticola E. Sim). — Espèce
très répandue en Egypte, en Arabie, dans l'Asie centrale et dans
l'Inde
29. Lycosa subinermis sp. nov.
30. Lycosa (Pirata) Maindroni sp. nov.
31. Pardosa (Pirata) timida E. Sim. — Découvert dans le Vémen, retrouvé
depuis dans l'Inde et à Ceylan.
32. Pardosa venatrix Lucas. — Très répandu dans le Nord de l'Afrique et
en Arabie.
33. Pardosa evippina sp. nov.
34. Evippa praelongipes Cambr. — Répandu en Arabie.
35. Peucetia yïridana Stoliska (prasina Thorell). — Très répandu dans
l'Inde.
36. Oxyopes similaris Stoliska (? lepidus Blackw). — Très répandu dans
l'Inde et à Ceylan.
37. Plexippus Paykulli Aud.
38. Thvene imperialis W. llossi.
39. Hasarius Adansoni Aud.
2. — Liste des espèces recueillies à i\Iathi;ra\.
1 . Hvptiotes analis E. Sim. — Découvert à Ceylan.
2. Scytodes Stoliskai E. Sim. — Décrit du Dekkan.
3. Palpimanus vultuosus sp. nov.
II. Hersima Savignyi Lucas. — Commun dans l'Inde.
5. Liithyphantes alboclathratus s p. nov.
— 291 —
G. Araneus Theisi Walck.
7. Philodromds bigibba Cambr.
8. Philodromus frontosus sp. nov.
9. Ciiiracanthium iNDiciiM Cambr. — Décrit de Bombay.
10. Hippasa Grei:\alli/e Blackvv. — Très répandu dans l'Inde.
11. Oxvopes similaris Sloliska.
12. Gagrella Maindroni sp. nov.
3. — Descriptions des espèces nouvelles.
Palpimanus vultuosus sp. nov. $ long, o m. 007-8. — Ceplialolborax
fere Palpimani gibbili, nigro - piceus , rugosus, crebre et longe albo-cinereo-
pilosus. Oculi antici P. gibbuli sed oculi postici, parvi et œqui, in lineam mullo
minus procurvum siibrectam, medii a laleralibus quam inter se remotiores et cuni
inecbis anticis areain augustam salteni duplo longiorem quam laliorem occupantes.
Sternum nigrum, crebre granulosum, longe albido-pubescens. Abdomen crassum,
breviter ovatum, albido-testaceum, plagula epigasteris duriuscula rufula, postice
altenuata et truncata, anlice transversim rugata, postice sublœvi. Pedes Palpi-
mani gibbuli fusco-nifuli , anlici subnigri.
Matheran.
Nota. Cette espèce rentre dans le premier groupe du genre Palpimanus
ne comprenant jusqu'ici que le P. gibbulus L. Dut'., qui étend sou habitat
de l'Espagne aux bouches de ITndus; elle en diffère surtout par sa seconde
ligne oculaire presque droite et le groupe de ses yeux médians encore plus
long.
Aphantaulax indus sp. nov. $ 'ong- o m. oo5. — Céphalothorax au-
guste ovatus, nigor, nitidus, crebre et longe niveo-pilosus. Oculi antici in lineam
sat procurvam , inter se appropinquati , medii lateralibus majores. Oculi postici
anticis multo minores, in lineam rectam, medii inter se quam a lateralibus renlo-
liores. Abdomen oblongum nigro-nitidum , subtus dilutius, ad marginein anticum
vitta transversa postice emarginata, prope médium vitla transversa in medio an-
guste interrupta, postice utrinque macula longa et obliqua albidis et niveo-pilosis
supra decorntum. Mamillœ longs nigrae. Sternum angustum, antice posticeque
valdeattenuatum, nigro-nitidum, albo-pilosum. Pedes modice longi, robusli, femo-
ribusnigris, reliquis arliculis obscure olivaceis, posticis anticis obscuriotibus, libiis
1' paris aculeis debilibus 2-1, metatarsis aculeis basilaribus binis subtus instruciis.
Area genitalis leviter coriacea, foveola parva longitudinali , antice leviter lanceolata,
i m pressa.
k. 11 crachée.
Melanophora univittata sp. nov. $ long, o m. oo/j-5. — Céphalothorax
longe ovatus, bumilis, stria thoracica brevi impressus, snbtilissime coriaceus su-
btœvis, ater, parce et longe albido-pilosus. Oculi antici in lineam procurvam
■21 .
— 292 —
medii nigtï et rotundi lateralibus ovatis et albis paulo minores et inter se quani a
laleralibiis remotiores (spatio interoculari oculo latiore). Oculi postici in lineâm
plane reclam, antica paulo latiorem, medii inter se quam a lateralibus remotiores,
minores plani et snbangulosi. Abdomen linge oblongum, supra albido-leslaceum,
nigricanti-marginatum et villa média lala nigricanti-ornatum, sublus atro-testaceum,
regione epigasteris dilutiore. Sternum fusco-rufulum, lœve et nilidum. Pedes atri,
melatarsis tarsisque dilulioribus, tibiis melalarsisque anticis omnino muticis, lus
remole scopulalis. Plaga genitalis fusca, nilida, longior quam lalio:- et leviter fusi-
formis, antice plagulam augustam testaceam includens.
Species pictura abdominis eximie dislincta.
K arrachée.
Melanophora hospita sp. nov. Ç long, o m. 006-7. — Céphalothorax
ovalus, nigro-piceus, sublilissime coriaceus et opacus. Oculi antici in lineam valde
procurvam, medii nigri lateralibus paulo minores, inter se distantes (spatio inter-
oculari oculo angustiore) sed a lateralibus albis subcontigui. Oculi postici in lineam
rectam antica haud latiorem, medii majores, triquelri inter se subcontigui a late-
ralibus vix separati. Abdomen oblongum, atro-nilidum, sublus paulo dilutius.
Sternum fusco-rufescens , nitidum sed pilosum el subtiliter rugosum. Pedes atri,
inetatarsis tarsisque obscure fui vis, tibiis quatuor anticis muticis, melatarsis sat
crebre scopulatis aculeis parvis basilaribus binis instruclis. Plaga genitalis plana,
magna, parallela et paulo longior quam latior, area média magna depressa, pos-
tice altenuata et sublriquelra alque antice stria Iransversa ulrinque angulosa, im-
pressa.
kurracb.ee.
Lithyphantes alboclathratus sp. nov. $ long, o m. on5-6. — Céphalo-
thorax fusco-caslaneus , sublilissime coriaceus, fovea subrhomboidali impressus,
parle cephalica antice leviter acclivi, ironie sat angusta. Oculi antici in lineam
leviter procurvam, inter se appropiuquati, medii rotundi lateralibus ovatis paulo
majores. Oculi postici aequi, magni, in lineam leviter recurvam, inedii a latera-
libus quam inter se remotiores, spatio interoculari oculo paulo angustiore. Area
mediorum subparallela et paulo longior quam latior. Oculi latérales ulrinque sub-
contigui. Clypeus mediorris. Abdomen breviter ovation, convexum, atrum, supra
lineamarginali angusta valde flexuosa , linea média biangulosa lineolisque transversis
2 vel 3 albis clathratum, sublus aniiee, pone plicam genitalem, macula alba parva
el transversa nolalum. Chelœ fuseo-rufulœ, keves. Sternum fusco-castaneum,
sublœve, leviter inœquale. Pedes robusti el sat longi, fulvi, femoribus quatuor an-
ticis infuscatis et sublus minute rugosis, tibiis anticis infuscalis, reliquis femoribus
el tibiis apice fusco-annulalis.
Matheran.
A. L. corollato L. et PAYkiiLLiANo Walck. impiimis differt oenlis lateralibus
ulrinque subconliguis et femoribus anticis subtus rugosis.
Runcinia affinis sp. nov. 9 long, o m. 004-5. — Céphalothorax pàllide
— 293 —
flavidus, subtilissime rugosus, utrinque leviler albo-reliculatus, margine frontali
lineaque média exili (marginem posticum haud attingente) alho-opacis, lineisque
binis fusco-rufulis supra ornatum, Ironie carinulata, ulrinque ad angulum, cari-
nula breviter el subacute producta. Oculi R. latehalis. Abdomen longum, sub-
parallelum , supra deplanatum, anlire truncatuni, postice obtusum, albidum,
utrinque roseo fuscove slrialum. Chelas sternum pedesque lutea, tibiis anlicis
aculeis brevibus 4-5, metatarsis aculeis robustis sat brevibus atque iniquis 7-7
vel 9-9, subtus armatis.
Kurrachee.
A. RimciMA laterali G. Kocli , cui allinis est, imprimis differt fronte ulrinque
subacuta, aculeisque tibiarum anticarum numerosioribus, a R. blongata Slol.
differt abdomine breviore, pictura corporis luciiliore et aculeis melatarsorum bre-
vioribus.
Nota. Cette espèce encore inédite se trouve aussi en %yple et dans le
Sahara algérien.
Philodromus frontosus sp. nov. ç long, ora.00'1.- Céphalothorax
paulo latior quam longior, ulrinque ample rotundus, fronte lata et obtusa in niedio
leviter impressa, niger, pilis plumosis luteis vestitus, utrinque maculis marginalibus
atque in medio macula arcuata, V magnum désignante, luteo-opacis, notatus,
regione fronlali et clypei valde teslaceo-variata. Oculi cuncti parvi et subœquales",
lineas duas latas, fere aequaliter procurvas, formantes, medii antici et praesertim
postici a sese quam a laleralibus multo remotiores, medii poslici cum lateralibus
anticis aream postice quam antice lalioivni désignantes. Clypeus area oculorum
haud angustior, leviler proclivis. Abdomen sat longum, antice angustum atque
excisum, postice sensim amplialum el truncalum cum angulis leviler prominulis,
supra cinereo-nigricans, albido-marginatum, albido-pubescens et pilis crassis nigris
conspersum. Sternum lalum pedesque paliide lu rida, hi superne minutissime
fusco-atomarii, aculeis ordinariis armati. Plaga genitalis rufula, ulrinque angnlosa,
plagulam minorem ovatam includens.
Math
eran.
Thanatus fornicatus sp. nov. £ long, o m. oo4. — Céphalothorax brevis
etconvexus, fulvus, ulrinque laie el sa^pe confuse olivaceo vel fusco-marginalus,
aibo-pubescens et setis albis validis et erectis conspersns, cly|ieo alto fusro-
alomario. Oculi ordinarii sed quatuor poslici inler se a'quidislanles (fere Philo-
dromi). Abdomen breviter ovalum, convexum, albido-cinereum, albo-pubescens et
selis validis lanceolalis albis (ad radicem fuscis) conspersum, antice vitta fusca
acule lanceolata ornatum, postice confuse infuscalum. Chelœ, sternum pedesque
(brèves), fui va parce et minutissime fusco-atomaria , femoribus (praesertim anlicis)
ad apicem, tibiis (praesertim posticis) ad basim, crebrius piinctatis et subannulalis,
tibiis melalarsisque anlicis aculeis longis 2-2 sublusin^lruclis. Area genitalis nigra,
sulco carinulaque média augusta et parallela divisa.
tf — A. femina differt pedibus multo longioribus et gracilio ibus. Pedes-maxil-
lares sat brèves, l'nlvi, fusco-atomarii, tibia tereli, patella circiler aequilonga, e\lus
— 29/1 —
ad marginem apicalem (fere ad angulum inferiorem) apophysi nigra parva ol arula
armata, tarso parvo sat angusto.
Kurrachee.
A. T. simplicipalpi E. Sim., ciii affinis est, imprimis ditîert carina genilali feminœ
nigra et angusta haud cordiformi et tibia pedum-maxillarium maris minute et acute
mucronata.
Sparassus tarandus sp. nov. J1 long. ora. oio-ia. — Céphalothorax
haud longior qnam latior, modice convexus, luteus, albo-serireo-pubescens, puncto
medio lineisque radiantibus ohscurioribus vix expressis notât us. Oculi antici in
lineam leviter procurvani, medii lateralibus majores et inter se quam a lateralibus
paulo remotiores. Oeidi postici anticis minores, inter se subœquales et fere a*qui-
distantes, lineam evidenter procurvam désignantes. Area orulorum quatuor medio-
rum rirciter aeque longa ac postice lata, medii antici posticis saltem i/3 majores.
Abdomen ovatum, postice altenualum, supra cinereum, longe albido-pilosum,
vitla média nigra intégra, leviter denlata et postice attenuata et ulrinque, prope
médium, puncto nigro ornalum, sublus albidum aibo-pubescens. Chelae fusco-
rufulœ laeves, margine inferiore sulci dentibus binis aequis, dentîbusque mullo
minoribus 3 inter se contiguis insigniter armato. Partes oris. sternum pedesque
lurida, tibiis quatuor anticis subtus aculeis longis 9-2 ulrinque aculeis binis simi-
libns et superne in parte apicali aculeo minore armatîs, patellis muticis, meta-
larsis in parte basali aculeis inferioribus 9.-2 et ulrinque aculeis binis armalis,
scopulis ordinariis densis. Pedes-maxil lares robusti, fulvi, tibia tarsoque infuscatis;
femore superne ad apicetn aculeis 1-/1 munito: patelin mulica subquadrata; tibia
patella longiore et graciliore extus emarginata subtus obtuse carinala, cxtus ad
basim apophysi \alida et divaricata apice compressa et breviler Irilida (ramulo
superiore obtuso et minute bifido, ramulis inferioribus binis aequis subacutis et
divaricatis), ad apicem convexa et apophysi gracili , longa, flexuosa et acutissima
antice directa instrucla; tarso sat laie ovato et convexo apice allenuato; bulbo
magno, lamina rulula crassa curvata ad basim atque ad marginem extcriorem cir-
cumdato.
Kurrachee.
Species Sp. Baulnyi et Wroivghtom E. Sim. sat admis, sed armatura chelarum
sulci inferiore et tibia? pedum-maxillariutn maris distincta.
Gastaneira zetes sp. nov. $ long. 0 m. oo5. — Céphalothorax longus,
postice quam antice magis atd nuatus, fronle lata et obtusa, stria thoracica brevi
sed profunda impressus, aler, postice leviter dilutior et rufescens, subglaber, sidi-
tiliter rugosus et opacus. Oculi antici in lineam leviter procurvani , medii rolundi
lateralibus ovatis paulo majores et inter se quam a lateralibus vix remotiores.
Oculi postici in lineam vix prourvam (subrectam), medii lateralibus paulo majores
et inter se quam a lateralibus vix remotiores. Area med orum paulo longior quam
latior. Oculi latérales utrlnque spatio oculo haud angusliore a ses1 distantes. Ab-
domen longuin tereliusculum , nigrum, subtilité.- rugosum cl pilis plumosis oliva-
ceis hivvihus vestitum . supra antice linea Irausversa, propa médium vitta transversa
— 295 —
laliore, poslice supra mamillas puncto parvo, subtus u trinque propre médium ma-
cula obliqua niveo-pilosis, decoralum. Sternum nigrum, parce rugosum. Chelœ
robustœ et convexœ, nigro-rufescentes, lœves et nilidae, tanlum ad basim minute
rugosae. Coxae anlicœ nigrae, reliquae fiavœ. Pedes longi et graciles sed femoribus
anticis dilnlatis et compressis, quatuor anlici femoribus (apice except.) nigris,
teliquis articulis llavidis, pedes 31 paris ilavidis libiis metatarsisque utiïnque
fusco villatis, pedes A1 paris (reliquis multo longiores) femoribus ilavidis, reliquis
articulis fusco-olivaceis albo-lineatis; libiis anticis aculeis mediocribus 3-a (aculeo
basilari ser. inlerioris divaricato rclicjuis pronis), melatarsis aculeis subbasilaribus
binis aculeisque binis submediis minoribus sublus armatis. Area genitalis leviter
convexa, ulrinque minute foveolata.
kurrachee.
Tetragonophthalma sindica sp. nov. 2 long, o m. oi-i-oili. — • Ce-
phalo thorax longus, fulvus, lon{te et crebre niveo-pilosus; vilta média intégra
lata et parallela (in clypeo leviler ampliata) l'usca et brevius cervino-pilosa, or-
natus. Oculi antici inter se appropinquali, in lineam leviler procurvam, medii
laleralibus paulo majores. Oculi quatuor medii inter se squales, aream antice
quam poslice angustiorem et non multo longiorem quam latiorem occupantes.
Clypeus verticalis planus, oculis anticis plus quadruple lalior. Abdomen longum ,
postice allenuatum, fulvum, albo-pubescens, vilta média latissima fusca et cervino-
pilosa, ulrinque leviler flexuosa et niveo-marginala, supra ornatum. Sternum
fuscum in medio dilulius. Cliela? fulvae, margine inferiore sulci denlibus remotis
binis subgeminatis (i° altero minore) instructo. Pedes longi, obscure fulvi, femo-
ribus subtus valde infuscatis subnigris.
Kurrachee.
A. T. unifascut.y Dolescball imprimis differt oculorum linea antica minus-
procurva, ocidis mediis anticis lateialibus paulo majoribus, area qualuor medio-
rum non multo longiore quam laliore et clypeo latiore.
Lycosa subinermis sp. nov. 2 long, o m. 010-13. — Céphalothorax
ovatus antice obtusus, vil lis duabus fuscis, antice postieeque convergenlibus et
inlns prope médium leviler dentatis, notalus. Oculi anlici in lineam plane rec-
lam, inter se appropinquali et valde inaequales medii lateralibus multo majores.
Oculi maximi ser aae spatium transversum oculorum linea antica paulo latins
occupantes et spalio oculo saltem i/3 angustiore a sese distantes. Clypeus oculis
mediis anticiis circiter asquilalus. Abdomen oblongum luleum, supra paulo ob-
scurius antice villa lanceolata postice arcubus angulos's subtriquetris serialis et
ulrinque \itla marginali confusa el punctata pallide fuscis, ornatum. Chelœ valida?,
i igrae, ad basim luteo-pilosse; margine inferiore sulci Iridenlalo (dente in basali
reliquis paulo minore). Sternum pedesqne lutea, pedes robusti, tibiis quatuor an-
ticis (aculeo apicali minulissinio excepte) mulicis, melatarsis aculeis basilaribus
binis minutissimis tanlum armais sed pedes postici valde aculeali, melatarsis
larsisque anticis crebre scopulalis. Plaga genilalis parva rul'ula, longior quam la-
lior, antice rotunda, poslice Iruncala, carinula média angusla sed poslice abrupte
ampliata el triquelra divisa.
— 296 —
j1 long, o m. 009. A femina diflert pcdibus m 11 Ho longioribus gracilioribus et
valde aculeatis, libiis anticis aculeis inferioribus 3-3 (apicalibus minoribus), mela-
larsis aculeis basilaribus quatuor subverticillatis, aculeo lalerali inleriore submedio ,
aculeisqne apicalibus parvis munitis. Pedes-maxillares lutei, tibia tereti patella
paulo lon;;iore, larso mediocri et angusto.
K arrachée.
Nota. Espèce remarquable en ce quelle joint les caractères des Trochosa
à ceux de Lycosa du groupe de L. radiata; elle se rapproche des premiers
par sa première ligne oculaire <!roite et ses pattes antérieures presque mu-
tiques, des seconds par ses yeux de la seconde ligne très gros et occupant
un espace transverse un peu plus large que la première ligne.
Lycosa (Pirata) Maindroni sp. nov. $ long. 0 m. 006-7. — A. Lycosa
leucostigma E. Sim. (ex India centrali), cui valde affinis est, diflert cephalothorace
atrosnbtilitercoriaceo, utrinque subglabro, in mediopilis albisbrevibus vitlam latam
dentatam designanlibusornalo, abdomine et supra et subtus albo-pubescente (haud
futvo), tibiis posticis distinctissime fusco-biannulutis, t'ovea vulvae acute triquetra,
carinulata.
Kurrachee.
Pardosa evippina sp. nov. Ç long. 0 m. oo3-A. — Cepbalolhorax luteus,
ro<*ione oculorum nigra, linea marginali oxillima vittisque dorsalibus tuscis lalio-
ribus notatus, parle cepbalica baud abrupte elevata. Oculi quatuor antici in lineam
leviler procurvam, medii lateralibus saltem i/3 majores interse quara alaterahbus
distanliores. Oculi inaximi sor. 2" spalio oculo haud angustiore a sese distantes.
Abdomen breviter ovatum , supra pallide fuscum villa média lutea, antice postice-
que leviter attenuala, notatum, utrinque et subtus pallide luteum albo-pubescens.
Chelœ, sternum, pedesque lutea. Chelarum margo inferior Iridenlatus, dente i°
reliquis minore. Pedes, prœsertim postici, longissimi, metalarsis larsisque gracil-
limis fere Evier.*: (sed tarsis baud articulatis), unguibus posticis fere Evippj:,
tibiis anticis aculeis longis 2-3 aculeisqne apicalibus minoribus binis, metatarsis
aculeis similibus 2-2 subtus instruclis. Plaga genitalis subquadrata nigra et ciliala,
foveola média fulva longitudinali, postice leviter^ampliata atque oblusa, impressa.
kurrachee.
Nota. Espèce curieuse en ca qu'elle fait le passage des Pardosa aux
Evippa; elle ressemble à ceux-ci par ses pattes et ses griffes, mais elle se
rattache au genre Pardosa par la structure de son céphalothorax et de ses
chélicères.
Gagrella Maindroni sp. nov. long. 0 m. oo3-A. — Corpus breviter ovatum
subrotundum, minute et crebre granulosum, cephalothorace fusco laie luteo-
vaiialo, abdomine utrinque et postice fusco; supra villa lata intégra fusca laie fla-
vido-marginata ornatum, tuberculo oculari allô, sitperne viso subrotundo, lœvi
mulico el leviler canaliculato sed ad basim, prae.e.lim antice, minute et inordinate
— 297 —
spinuloso, aculeo dorsali ereclo longo et acuto, nigro et sublaeve. Corpus sublus
albido-leslaceum , segmentis nbdominis granulis minutissimis transversim seriatis
inunilis, coxis apice nigris utrinque vaille nigro-serrulatis (dentibus aequis et trun-
catis). Cbelœ pallide luteœ lœves. Pedes-maxillares lulei ad basim leviter infuscati,
femore subtus, patella libiaque utrinque minutissime et inordinate spinulosis. Pedes
iongissimi, trochanleribus nigris , reliquis articulis fusco-rufescentibus, femoribuB
versus basim sensim dilulioribus, minute et remote spinulosis.
Matheran.
A. G. atiuta Stoliska, armatura picturaque corporis distinguenda.
Crustacés nouveaux
provenant des campagnes du travailleur et du talisman,
par A. Milne Edwards et E.-L. Bouvier.
Dorippldés.
Ethusa rugulosa sp. nov.
La carapace est presque aussi large que longue , ses bords latéraux sont
légèrement marqués, et la distance qui sépare les pointes des dents antéro-
latérales est plus grande que la moitié de sa plus grande largeur. Le sillon
cervical s'atténue latéralement, mais devient très distinct vers la ligne mé-
diane et délimite fort nettement en avant Taire cardiaque; le sillon bran-
di ial est également assez net et Taire cardiaque tout entière est parfaite-
ment accusée sur tout son pourtour. Le test présente de fines granulations
qui sont particulièrement marquées sur les aires cardiaque et branchiale;
il est recouvert d'une pubescence extrêmement courte , qui retient les par-
ticules terreuses en suspension dans Teau et qui présente cà et là quelques
poils simples plus allongés; les autres parties du corps présentent les mêmes
ornements, mais les poils longs et les granulations sont plus rares sur les
pattes. Le front présente un sinus médian assez profond et aigu; il est
muni, en outre, de deux sinus arrondis, beaucoup moins éebancrés, qui
déterminent chacun deux dents frontales , dont l'interne est plus saillante
que l'externe; les lobes antéro-latéraux s'avancent presque jusqu'au niveau
de cette dernière et délimitent un sinus orbitaire profond et triangulaire.
Ces lobes sont munis, comme les sinus latéraux du front, de poils assez
allongés.
Les pédoncules oculaires sont très courts, mais font saillie néanmoins
au fond du sinus orbitaire; l'article basiîaire des pédoncules anlennulaires
n'est pas du tout renflé, et le fouet des antennes, qui est complètement
dépourvu de poils, dépasse l'extrémité des pinces.
— 298 —
L'orifice efférent do l'appareil respiratoire n'atteint pas tout à t'ait le
point où l'épistome se joint au front; l'orifice entrent ne présente pas, en
dehors, de tubercule saillant. La formule branchiale ne diffère pas de celle
de YE. mascarone.
Les pattes antérieures sont assez grêles et semblables, niais la droite est
un peu plus grande que la gauche. La pince est légèrement plus forte que
le carpe, les doigts sont séparés à leur base, faiblement sillonnés, munis
de quelques dents obtuses, et un peu plus longs que la portion palmaire.
Les pattes de la troisième paire sont plus longues que celles de la deuxième;
dans toutes deux, le propodite est muni, en dehors, de deux faibles sillons
longitudinaux, et plus court que le méropodile; les doigts sont beaucoup
plus longs cpie le propodite, fortement cannelés et s'élargissent un peu au
voisinage de la pointe. Les pattes des deux paires suivantes sont un peu
plus pubescentes que les autres; leur propodite présente en dessous des
poils allongés sur sa moitié antérieure et les doigts sont complètement nus,
sauf en dessous, où ils présentent une rangée de quelques voies raides.
VE. rugulosa appartient au groupe des Ethuses dont le^ pédoncules
oculaires sont très courts et dont les dents antéro-lalérales , très développées ,
arrivent sensiblement au même niveau que le front; à ce groupe appar-
tiennent en outre YE. microphthalma Smilb , YE. ciliatifrons Faxon etYE. lata
Rathbun. Elle diffère de la première par son front cilié, par sa carapace,
peu rétrécie en avant, par ses dents frontales externes plus courtes que les
dents internes, par ses granulations plus nombreuses, par les doigts peu
dentés de ses pinces et par ses dents antéro-latérales, qui ne dépassent pas le
Iront. Elle diffère des deux autres espèces par sa carapace , qui est plus longue
que large , par ses dents frontales inégales , par ses pédoncules oculaires , qui
dépassent le fond du sinus orbitaire, enfin par ses pinces un peu plus forîes
que le carpe et munies de doigts peu dentés; elle se rapproche de YE. cilin-
lifrous et se dislingue de YE. lata par les sillons dorsaux de sa carapace,
qui sont très distincts, et notamment par le développement du sillon cer-
vical, qui limite très distinctement en avant l'aire cardiaque.
L'espèce a été trouvée aux îles du Cap Vert par 276-160 mètres de
profondeur.
Ethusa rosacea sp. nov.
La carapace est un peu moins large que longue, et légèrement renflée
au niveau des régions branchiales; elle présente quelques poils courts sur
les parties antérieures et latérales de la région gastrique, des granulations
nombreuses et très apparentes sur les régions branchiales, d'autres granu-
lations plus raies et moins saillantes sur la partie postérieure de la région
gastrique et sur l'aire cardiaque, dette dernière est parfaitement délimitée
par un sillon qui est, par endroits, assez profond; elle est un peu ouverte
en avant et ne présente aucune relation directe avec les sillons branchiaux et
— 209 —
cervical, qui sont d'ailleurs à peine indiqués sur la lace dorsale. La région
gastrique est indistincte. Le front présente un profond sinus médian et les
saillies ros fraies qui limitent ce sinus se terminent en pointe courte; elles
se prolongent obliquement en dehors jusqu'à l'épine externe, qui est à
peine indiquée. Le lobe antéro-latéral est, au contraire, fort saillant; il est
triangulaire et se termine par une pointe aiguë, qui atteint sensiblement
le même niveau (pie la saillie rostrale; ce lobe et le bord frontal tout entier
sont munis de poils allongés dirigés en avant.
Les pédoncules oculaires sont courts, incurvés en avant et se terminent
au sinus orbitaire, qui est limité en dehors par le lobe antéro-latéral. La
cornée est terminale et noire.
Les pattes antérieures sont inégales, la droite étant beaucoup plus forte
que la gauche. Le méropodite est grêle , assez lonp; et arrondi; le carpe est h
pi ine plus fort et très rond . ; les pinces, surtout la droite, sont beaucoup plus
grosses que le carpe et s'élargissent en approchant des doigts, qui sont in-
curvés en dehors, un peu plus courts (pie la portion palmaire et ondulés
sur leur bord en contact; il y a un hiatus très évident entre les deux doigls
de la main droite. Les appendices sont polis mais présentent pourtant
quelques granulations, qui sont surtout apparentes sur la face externe de
la région palmaire. Les deux paires de pattes suivantes sont longues et assez
grêles; elles sont ornées de granulations nombreuses sur la partie antérieure
des trois grands articles moyens, ainsi que de cils extrêmement courts.
Les doigts sont aplatis d'avant en arrière, légèrement tordus et munis
du trois saillies longitudinales, séparées par des sillons, sur leur face anté-
rieure ou externe; ils s'élargissent un peu en avant et se terminent assez
rapidement en pointe aiguë. Ceux de la première paire sont plus courts que
ceux de la seconde, mais ils sont, comme eux, plus longs que le propodite.
Ce dernier article est muni de deux légers sillons sur sa face postérieure ou
externe. Les pattes des deux dernières paires n'atteignent pas tout à fait
l'extrémité du méropodite des précédentes; elles sont munies de poils nom-
breux, qui s'allongent beaucoup sur la face antérieure du carpe; leurs doigls
sont très aigus et plus courts que le propodite.
Le premier segment abdominal du maie est plus long et aussi large que
le second; le troisième est un peu plus large et se soude avec les deux sui-
vants en une pièce beaucoup plus étroite en arrière qu'en avant , dans la-
quelle on n'observe presque plus trace de séparation des segments; le Iroi-
sième segment, toutefois , présente à droite et à gauche deux saillies arrondies
larges et peu élevées, tandis que les deux suivants n'ont qu'une saillie mé-
diane unique. Le cinquième article est un peu plus long que large; il
est bien plus étroit que les deux premiers articles, et sa longueur est plus
grande que celle des deux réunis. Le telson est plus court et arrondi en ar-
rière.
Cette espèce appartient au même groupe que TA', rujvlosa, mais elle se
— 300 —
distingue de cette dernière, de même que des trois autres espèces voisines
(E. micropkthalma Smith, E. ciliattfrons Faxon et E. lata Rathbun), par la
forme de son front, dont les dents externes sont à peine indiquées, par la
disparition complète de toute pubescence à la surface de son test, enfin
par les doigts élargis en palettes de ses pattes ambulatoires. Elle n'est pas
sans analogie avec YE. ciliattfrons, mais sa carapace est beaucoup moins
large, ses doigts préhensiles sont à peine dentés et la pince droite est énor-
mément plus développée que la gauche. Ce dernier caractère la rapproche
à certains égards de YE. microphthalma , ou au moins d'un des spécimens
de cette espèce qu'a décrite M. Smith , mais elle s'en distingue par son front
cilié, de même que par tous les autres caractères signalés plus haut.
Deux individus mâles de cette espèce ont été trouvés, l'un aux Canaries
et l'autre dans les parages du banc d'Arguin par 83o-i ,1 1 3 mètres.
Ethusina Talismani sp. nov.
Cette espèce est très voisine de YE. abyssicola, dont elle diffère par les
caractères suivants :
1 ° L'épine extra-orbitaire , ou lobe antéro-latéral , au lieu d'être rudi-
mentaire comme dans Y E. abyssicola, est toujours remarquablement déve-
loppée, surtout chez la femelle, où elle arrive presque au niveau des autres
saillies frontales;
2° Les pédoncules oculaires sont beaucoup plus réduits, mais leur sur-
face cornéenne est plus grande; absolument invisibles du côté dorsal chez
la femelle, ils se voient très légèrement chez le mâle au fond de l'échancrure
orbitaire ;
3° La carapace est absolument couverte de fins granules contigus et
serrés , qui lui donnent un aspect chagriné et rugueux des plus caractéris-
tiques. Dans YE. abyssicola, au contraire, la carapace est plutôt lisse, lui-
sante et n'a que de rares granulations. Les granulations se retrouvent sur les
pattes , où elles sont d'ailleurs plus sensibles au toucher qu'à la vue; elles
manquent absolument sur les appendices dans YE. abyssicola ;
h" On ne voit pas trace de l'aire mésogastrique dans notre espèce, tandis
que sa partie postérieure arrondie est parfaitement distincte dans YE. abys-
sicola;
5° Les doigts des pattes ambulatoires 3 et h sont à peine plus longs
que le propodite et profondément cannelés sur leur face externe aplatie; ils
ne s'élargissent pas un peu vers le bout, sur cette face, et ne sont point
tordus. Dans YE. abyssicola, ils sont ordinairement beaucoup plus longs
que le propodite, ils sont légèrement tordus et se dilatent un peu vers le
bout, sur la face externe.
Dans celte espèce, le dimorphisme sexuel rappelle beaucoup celui de
YE. abyssicola; les femelles se distinguent des mâles par leur carapace plus
— 301 —
large, par leurs pointes frontales plus courtes et plus obtuses, par le plus
grand développement de l'épine orbitaire externe, et souvent par leurs yeux
un peu plus réduits.
Outre ses affinités avec YE. abijssicola , cette espèce se rapproche aussi
de YE. gracilipes Miers. dont elle se distingue par ses pédoncules oculaires
beaucoup moins longs, par ses dents extra-orbitaires peu ou point dirigées
en dehors, par sa carapace moins large et par les doigts relativement plus
courts de ses pattes ambulatoires. L'E. gracilipes fut trouvée aux Philippines
par le Challenger, par des fonds compris entre 700 et 1,^20 brasses. Elle
a aussi des affinités assez étroites avec YE. smithiana Faxon, que Y Albatros
a recueilli au large de file des Cocotiers par 170-800 brasses; elle en dif-
fère d'ailleurs par sa carapace plus rélrécie en avant, par sa dent frontale
externe plus longue que l'interne, par ses granulations et par l'absence
de poils.
LE. Talisman! a été trouvée au large du Sahara (parages du cap Ghir)
et aux Açores par des fonds compris entre -2,000 et 2,5oo mètres. L'/s.
abyssicola est localisée dans les profondeurs de 3, 000 à 5,5oo mètres.
Note sur un nouveau genre d'AlpheidÉs,
par h. coutière.
(Laboratoires de MAI. les professeurs Milne Edwards et Bouvier.)
Àthanopsis platyrhynchus , n. gen. n. sp.
Nous croyons nécessaire de enfer le nouveau genre Athanopsis pour
deux exemplaires d'un remarquable Alphéidé que nous avons recueilli à
Djibouti. A côté d'affinités très grandes avec le genre Allumas en particu-
lier, le crustacé dont il s'agit présente des caractères propres qui néces-
sitent sa séparation générique.
Le genre Allumas est actuellement représenté par trois espèces bien dé-
finies : A. nitescens (Leach) et sa variété veloculus (Sp. Bâte), A. dimorphus
(Ortmann) = A. dispar (H. Coulière) et A. djiboutensis (H. Coutière).
Athanas alpheoides (Czerniawsky ) ne paraît pas devoir être conservé
dans ce genre, en raison de ses caractères très spéciaux. Quant à Allumas
mascarenicus (Richters), le dessin des pinces de la ire paire, le carpe à ar-
ticulé de la ae paire et la description de Richters montrent qu'il s'agit
(Y Arête dorsalis (Stimpson).
Allumas est caractérisé par un rostre long, étroit et triangulaire, et par
la l'orme de l'orbite. Celui-ci, limité en bas par l'épine antennaire , comprend
constamment une épine grêle, extra-cornéenne, et le plus souvent un
(lenticule supra-oculaire de part et d'autre du rostre. En outre, l'angle
— 302 —
postérieur du pleuron du 0° segment abdominal est articulé et forme une
épine plate, triangulaire et mobile.
Chez Athanopsis, le bord frontal ne porte d'autre denticulation qu'une
très faible saillie triangulaire située de part et d'autre du rostre , et cor-
respondant à la dent supra-oculaire (V Allumas. Cette saillie recouvre les
yeux, qui sont entièrement libres en avant, mais très peu visibles en des-
sus.
Le rostre d' Athanopsis ne rappelle aucune des dispositions connues chez
les Alpbéidés. Il a la forme d'une lame verticale arrondie à son extrémité,
incurvée vers le bas, entière et lisse, se continuant jusqu'à la base des yeux
par une très légère crête, et se raccordant avec le bord frontal par une
base assez large. Il atteint en avant le milieu du 9 e article antennulaire.
Le stylocérite, large, arrondi et obtus, s'étend jusqu'au tiers distal du
même article. Les fouets antennulaires sont ceux (ÏAthanas. Le pédoncule
antennaire dépasse celui des antennules de la longueur de leur article dis-
tal. Il est toujours plus court chez Athanas. L'écaillé antennaire d1 Athanop-
sis est large, ovale, munie d'une épine externe peu apparente. Elle est
égale en longueur au pédoncule antennulaire.
La première paire de pattes est absolument semblable à celle que nous
avons décrite chez Athanas djiboutensis. Les deux exemplaires que nous
possédons sont des d\ nous ne pouvons par suite dire si le nouveau genre
montre, comme l'espèce à' Athanas en question, une différence sexuelle dans
la forme des pinces.
La plus grande est ovale , renflée , régulièrement pyriforme de la base à
l'origine des doigts, sauf deux bandes aplaties situées sur la face interne
de la paume et formant par leur intersection une arête un peu saillante.
Les doigts sont courts, cylindriques, courbés en dedans, munis de
quelques denticules sur le bord interne. Au repos, l'article tout entier se
replie dans la profonde gaine que forment les bords intérieurs du méro-
podite.
La petite pince présente à peu près la même disposition , mais elle est
de taille beaucoup plus petite, et les doigts sont plus allongés. Les paires
suivantes de pattes montrent les mêmes dispositions que chez Athanas.
Le carpe de la 2 e paire est à 5 articles, dont le premier (proximal) est
égal aux k autres; les méropodites 3 et k sont ovales et renflés, les propo-
dites portent 4,5 spinules, les dactylopodiles sont simples, grêles et ai-
gus. Le propodite de la 5e paire de pattes montre, près de son extrémité
distale interne, deux rangées obliques de soies courtes et raides.
Comme chez Athanas, Arête, Alpheopis, le pleuron rudimentaire du
6e somite abdominal est articulé par une suture transversale. 11 n'y a pas
de tubercules anaux.
La formule branchiale est celle A' Athanas et comprend 5 plb. Les ma-
xillipèdes externes ne portent pas d'arthrobranchie; ils ont, ainsi que les
— 303 —
3 paires suivantes d'appendices, un épipodite eu crochet. Cette disposition
est également celle à'Alhanas.
2 spécimens d recueillis à marée basse, très près du rivage, sous des
pierres à demi enfoncées dans le sable.
Incolore, sauf quelques traces très faibles de pigmentation rouge, en
bandes transversales.
Longueur du céphalothorax 'i """ a5
Grande pince, longueur totale 3 5o
longueur des doigts i oo
Petite pince, longueur totale > 5o
longueur des doigts o 5o
La forme si caractéristique du rostre sulîil à distinguer Athanopsis de
Ions les Alphéide's connus. La forme du bord frontal, la longueur des pé-
doncules an le inaires sont d'autres caractères qui différencient Athanopsis
([' ' Allumas, mais le rapprochent tfAlpheopsis et de Jousseaumea. Dans ces
deux genres, en effet . le front est également tridenté et les yeux visibles
en avant. Mais leur formule branchiale est différente, et aucun ne possède
le rostre vertical caractéristique.
Ithanopsis apparaît donc comme une nouvelle forme reliant de façon
remarquable Allumas aux deux genres Jousseaumea et Alpheopsis, et par
ceux-ci au genre Alpkeus.
\<JTE SUll QUELQUES AlPHEES NOUVEAUX
PAR H. COUTIÈRK.
(Laboratoires de MM. les professeurs Miene Edwards et Bouvier.)
Alpheus cristatus n. sp.
Cette espèce, très voisine de A. bidens (H. M. Edwards) [Palsemon bi-
dens, Olivier), s'en distingue facilement par les caractères suivants :
Le rostre s'étend jusqu'au milieu du 2° article antennulaire, il se pro-
longe en arrière jusqu'au tiers postérieur du céphalothorax en une carène
tressaillante, interrompue par deux fortes épines. La première est située
immédiatement à la base des capuchons oculaires, elle est dirigée en avant
et se raccorde inférieuremenl avec la crête médiane assez faillie du rostre.
De part et d'autre de cette épine partent les bords très nets, presque tran-
chants, qui limitent du coté interne les capuchons oculaires et forment
entre ceux-ci et le rostre une profonde dépression. L'épine triangulaire si-
tuée chez 1. bidens à la base «les capuchons et si caractéristique de celle
espèce est absente chez I. cristatus.
— 304 —
En outre, le bord antérieur frontal présente de part et d'autre du rostre
une longue épine grêle qui manque chez A. bidens. Gomme chez ce der-
nier, les voûtes orbitaires, très saillantes, montrent en avant une dent ob-
tuse bien nette, mais jamais épineuse.
Par tous les autres détails, A. cristatus rappelle très étroitement A. bi-
dens.
1 spécimen 9 de Thursday-Island (M. Lix). Longueur totale, de la
pointe du rostre à l'extrémité du telson : o m. 026.
A. trideniatus (Zen limer, Rev. suisse de zool., II, 1893) n'est autre que
A. bidens. Le type d'Olivier, que possède le Muséum de Paris, manque de
sa grande pince, mais deux spécimens très complets que nous avons pu
étudier au British Muséum nous ont montré la parfaite exactitude du des-
sin de cet appendice donné dans YHtstoire naturelle des Crustacés (pi. XXVI V,
tig. 11). Par contre, le carpe delà 20 paire, inexactement figuré, est à
5 articles , comme chez tous les Alphées.
Alpheus paragracilis n. sp.
Cette espèce est très voisine de A. gracilis (llcller) et de .1. dentipes
(Guérin).
Le bord frontal rappelle A. denlipcs. Le rostre, toutefois, est plus long
que les épines triangulaires et obtuses des voûtes orbitaires. Le rostre ne
s'étend pas en arrière au delà de la base des yeux et ne présente pas de
crête médiane saillante comme chez A. gracilis.
L'épine antennaire basale, plus longue que chez l'une et l'autre espèce,
atteint le tiers dislal du 2e ariicle antennulaire; elle est en outre visible
lorsqu'on regarde l'animal ea dessus, ce qui n'a pas lieu chez A. gracilis
et denlipes.
La grande pince montre une remarquable transition vers la forme si
curieuse qu'elle affecte chez A. dentipes. Le bord supérieur est fortement
dévié en dehors du plan médian de la paume, et, des deux sillons qui le
limitent, l'interne, sans être situé, comme chez A. dentipes, dans ce plan
médian, s'en est beaucoup rapproché par suite de la torsion distale du
membre. Le sillon externe, beaucoup plus profond et plus étendu, limite,
comme chez À. dentipes, un lobe saillant dont le bord inférieur obtus se
raccorde avec une faible constriction située à la base du doigt fixe. Ces dis-
positions, à peine indiquées ou absentes chez A. gracilis, sont au con-
traire exagérées chez A. dentipes, où les deux sillons interne et externe
limitent des lobes terminés en pointe aiguë et où le doigt mobile, par
suite de la torsion très forte de la pince, est devenu tout à fait horizontal.
Comme chez A. gracilis et dentipes, les dactylopodites des paires 3, k
et 5 portent une griffe accessoire ventrale. Les méropodites des paires 3
et h montrent à leur bout distal inférieur une dent triangulaire très nette,
mais beaucoup moins forte que chez A. dentipes.
— 305 —
Un unique spécimen 9, provenant de J'ile Tague (Commandant du
Lutin) :
Longueur du céphalothorax, jusqu'à la pointe du rostre. .k 5o
Longueur de la grande pince G 5o
Hauteur maxima 2 no
Alpheus Heurteli n. sp.
Alpkeus crinitus (Dana), A. Ascencionis (Orlmann), A. spongiamm
(H. Coutière) et A. Heurteli, la nouvelle forme que nous décrivons, sont
extrêmement voisines et ne forment probablement que des trracesi d'une
même espèce.
A. Heurteli se distingue de A. crinitus typique par les points suivants :
l'espace compris entre les voûtes orbitaires forme une sorte de triangle à
sommet très obtus, marqué par la pointe du rostre , qui se prolonge en une
crête jusqu'à la base des yeux. Chez A. crinitus, le rostre est plus distinct
et la région orbitaire moins saillante en avant.
L'écaillé antennaire ne dépasse pas l'extrémité distale du deuxième article
antennulaire, et son épine externe atteint à peine l'extrémité du pédoncule
des mêmes appendices.
La grande pince montre une remarquable différence sexuelle.
Celle des <3 diffère déjà de crinitus en étant plus grêle, surtout à l'extré-
mité distale, où le doigt mobile dépasse largement en avant l'extrémité du
doigt fixe.
Chez les 9, la paume est beaucoup plus grêle, de forme cylindrique,
avec des bords parallèles; en outre, le volume de la pince est beaucoup
moindre que chez les mâles.
La deuxième paire a les deux premiers articles du carpe subégaux. Le
méropodite de la troisième paire est seul épineux à son extrémité distale.
5 9 et h d\ baie de Fernando-Velosa (M. Heurtel).
Longueur du céphalothorax d'un d* 6'nm 00
Longueur de sa grande pince 9 00
Diamètre maximum 3 5o
Longueur du céphalothorax d'une Ç 5 55
Longueur de sa grande pince 5 00
Diamètre maximum 1 00
A. Ascencionis (Ortmann, Décap. der Plankton Eocpéd., p. lik, 1898)
parait ne différer des 9 de A. Heurteli que par l'absence d'épines mérales
sur les paires 3 et k (ile de l'Ascension).
A . crinitus (Dana) est très largement distribué; nous en possédons des
spécimens du Cap et de Basse-Californie , ces derniers parfaitement typiques ,
dus à M. Digue t.
A. spongiamm, (H. Coutièra, Bull, du Muséum, 1897, n° 6, p. ^36)
est de Djibouti.
Muséum. — 111. aa
— 306 —
Alpheus platydactylus n. sp.
Nous ne possédons pas un nombre suffisant d'exemplaires de cette forme
pour établir de façon absolue sa valeur spécifique. Notre conviction est
qu'ils agit d'une simple variété de A. megacheles (Hailstone) = A. Edwardsi
(H. M. Edwards) = A. plalyrhymhus (Heller).
Le rostre et les épines oculaires , ces dernières surtout , sont pins allon-
gées que chez A. megacheles; les pédoncules des deux paires d'antennes
sont égaux en longueur, plus grêles et plus allongés que dans le type.
La différence caractéristique porte sur la forme des pinces. La plus
petite est beaucoup plus grêle que cbez A. megacheles, ses bords sont paral-
lèles et ses doigts cylindriques, plus longs que la paume.
Le doigt mobile de la grande pince — déjà très élargi cbez A. mega-
cheles et venant s'appliquer contre le doigt fixe, non pas de haut en bas,
mais presque horizontalement — est chez A. ptatydactyks absolument
foliacé, tranchant, avec un bord antérieur presque vertical. Son bord in-
terne ne porte aucun tubercule mousse pénétrant, comme chez la plupart
des Alphées, dans une cavité correspondante du doigt mobile. Cette cavité
se réduit ici à un sillon obtus largement ouvert, limité sur la face interne
par une forte deut triangulaire que contourne, en se courbant, le doigt
mobile. Celui-ci vient, lorsqu'il est fermé, s'appliquer sur la pointe du
doigt fixe , très court et presque vertical ; a son extrémité se trouve un tu-
bercule mousse, ovale, situé un peu latéralement par suite d'une seconde
et brusque courbure. Lorsque la pince est fermée , ce tubercule se trouve
en dehors de la pointe du doigt fixe et du côté externe.
Certains spécimens de A. megacheles montrent une tendance à cette
disposition par l'aplatissement de leur doigt mobile et le faible volume de
la saillie du bord inférieur. Il est probable qu'une série suffisamment éten-
due montrerait des transitions encore plus nettes.
5 exemplaires du Talisman, îles du Cap Vert (70 mètres).
5 exemplaires du Travailleur (dragages n05 8, 9 et lu, de 100 à
000 mètres).
■2 exemplaires. Dragages de la Princesse Alice (S. A. S. le Prince de Mo-
naco). Stations 866 et 88-2 (100 — 600 mètres).
Sur la présence du TIeniarhynchus saginatus Weisl. (TjEma me-
DIOCANELLATA Kùdl ; T.ENIA 1NERME Ai'GT.) CBEZ U V ENFANT DE
QUATRE AÏS S,
PAR LE Dr A.-T. DE RoCHEBRUNE.
On sait depuis longtemps que les enfants, comme les adultes, peuvent
être atteints de Tœnias, et que, dans la majorité des cas, aucun caractère
— 307 —
symptomatologique no vient déceler chez eux la présence des parasites.
Une récente observation, tout en permettant d'affirmer une fois de plus
ces faits, nous a présenté des particularités dignes de fixer l'attention.
Observation. — Dans le courant du mois do juillet dernier, le jeune Raoul X. . .
est amené par sa mère à notre consultation ; l'enfant, âgé de quatre ans, n'a jamais
eu qu'une rougeole bénigne remontant à un an et demi environ; il est fort, bien
constitué, de caractère enjoué, il n'accuse aucun malaise, si ce n'est de se sentir
mouillé (sic!) « Cette sensation, nous dit sa mère, est suivie de la chute d'un ou
de plusieurs petits fragments blancs et aplatis. r>
Une remarque que nous avons fréquemment faite, étant nous-même
porteur depuis vingt ans d'un Tœnia inerme contracté au Sénégal, re-
marque dont aucun des auteurs consultés ne fait mention, c'est la sensation
accusée par l'enfant à la sortie spontanée des proglottis. Celte sensation est
produite par un liquide assez abondant, d'un blanc opalin, sécrété par les
proglottis mêmes, et dont ils laissent des traces manifestes quand, aussitôt
après leur expulsion, ils exécutent les contractions si bien décrites par le
professeur Laboulbène (Bull, thér., t. XCII, p. 6/12). Ce liquide tient en
suspension des myriades d'œufs, visibles à un faible grossissement.
Au cours de la consultation, l'enfant rend deux proglottis; l'examen immédiat
démontre qu'ils appartiennent sans conteste au Tfeniarhynehu» taginatut Weinl.;
l'origine de l'Helminthe n'est pas douteuse; le jeune X.. . mange fréquemment et
avec plaisir de la viande de Bœuf grillée et saignante.
Le cvcle biologique du Tœnia inerme est trop connu pour qu'il soit utile
d'en résumer ici les diverses phases.
La mère a soin de nous faire remarquer qu'invariablement, toutes les lois que
le premier déjeuner de l'enfant est composé de lait, les selles de la journée sont
remplies de proglottis, tandis qu'elles en contiennent à peine lorsque ce premier
déjeuner consiste en tout autre aliment : soupe, chocolat, etc.
Bérenger-Féraud , dans ses Leçons cliniques sur les Tœnias de l'homme
(p. 348), a préconisé w comme un bon moyen de préparation, avant de
tenter l'expulsion du Tœnia par un tœnifuge, de soumettre le patient h un
régime laclé : lait pur, lait et pain, riz au lait, crèmes, etc.; il semble,
dit-il, que le Ver soit plus accessible à l'action du taenifuge lorsqu'il
vient à se trouver au contact d'un chyme abondant formé de laitage*.
Le traitement des Tœnias offre un certain nombre de difficultés; l'in-
gestion du médicament : Kousso, Fougère mâle ou Pellctiérine, toujours
répugnante pour l'adulte, devient, raison de plus, presque impossible pour
l'enfant; en second lieu, l'administration de ce* médicaments n'est pas
exempte de dangers, la Pelletiérine surtout, même rhez l'adulte, à [dus
forte raison chez des organismes doués d'une grande susceptibilité; enfin,
dans bien des cas, l'action des lœnifuges est incertaine: ils n'entraînent pas
a -i
— 308 —
toujours l'expulsion des Cestoïdes; il faut recommencer plusieurs fois, sans
succès absolu certain; ce sont donc autant d'inconvénients difficiles à sur-
monter, particulièrement dans la médecine infantile.
Devant ces multiples obstables dont l'importance était capitale dans l'espèce,
réfléchissant à la coïncidence étroite existant entre l'action du lait sur l'enfant
soumis à notre examen et le moyen préparatoire préconisé par notre savant con-
frère de la Marine, nous crûmes qu'il était sage, en attendant d'administrer l'un
ou l'autre des tœnifuges en usage, d'observer le jeune sujet pendant quelque temps
et nous conseillâmes à la mère de soumettre son fils à un traitement lacté ab-
solu , l'engageant à nous tenir au courant des phénomènes qui viendraient à se
manifester.
L'enfant étant parti pour la campagne, nous le perdîmes de vue, lorsque, tout
dernièrement , il nous fut ramené; la mère nous montra plusieurs mètres de Tœnia,
qu'il avait spontanément rendus pendant son absence; le traitement lacté avait
été scrupuleusement suivi et, depuis le i5 septembre, aucun proglottis ne s'est
encore montré.
H serait prématuré de conclure de ce cas particulier à l'action taenifuge
du lait; d'abord, nous n'avons point constaté sur les longues portions de
Tœnias examinés la présence du scolex ou segment fixateur (E. Perrier,
Trait, de Zool., p. 181 1), indice certain de son évacuation complète; d'autre
part , un seul exemple ne suffit pas pour autoriser à être affirmatif ; c'est
une tentative qui parait avoir réussi en partie, et rien de plus; néanmoins
il semble que devant un traitement aussi simple, aussi facile à suivre, il
ne serait pas rationnel d'en rejeter l'emploi.
En présence de succès non discutables, nous attribuerions l'expulsion
des Taenias non pas au lait lui-même, mais à son acide lactique.
En effet, on sait qu'arrivé dans l'estomac, le lait se coagule sous l'action
de l'acide gastrique, puis la caséine insoluble qui en résulte se transforme
en pepto-caséine soluble; le suc gastrique continuant d'agir comme fer-
ment sur la lactose, le lait fermente et il se développe de l'acide lactique
(Dujardin-Beaumetz, Clin, ther., 1. 1, p. 288). Cette digestion, bien avancée
dans l'estomac, s'achève complètement dans l'intestin, par l'action du suc
pancréatique.
On sait également que Mendel (Rev. Méd. Chir. de Vienne, février
1877) et Jerusalinsky (The Dubl. Journ. of. Med. Se, juillet 1877) ont
démontré, à l'aide de nombreuses expériences, les effets hypnotiques de
l'acide lactique.
Dans ces circonstances, on serait fondé à supposer qu'à la suite de co-
pieuses ingestions de lait, par conséquent du développement de quantités
notables d'acide lactique, son action hypnotique s'exerçant sur le Tœnia
parviendrait à vaincre, tout au moins momentanément, l'adhérence du
scolex fixateur et que, dès lors , le Cestoïde tout entier pourrait être entraîné
par les mouvements péristaltiques de l'intestin.
— 309 —
Peut-être objectera- t-ôn, avec Heitzmann (Ac. Se. de Vienne, 1881) et
Baginsky (Verh. (1er Plu/s. Gessekch., mai 1882), que l'ingestion de l'acide
lactique peut donner lieu aux phénomènes essentiels du rachitisme et de
l'osléomalacie?
A cela, il est facile de répondre que, dans les essais que nous proposons,
la durée du traitement serait trop courte pour que l'acide lactique puisse
influer sur l'organisme d'une manière lâcheuse et que, surtout, Vogt
(Berlin, Kïin. Wochena , i885,p. ^3) a démontré par des expériences
de contrôle que les assertions de Heitzmann et Baginsky n'étaient pas
fondées.
Du reste, ayant institué des expériences sur le Chien, dans l'intestin
duquel vivent en si grand nombre le Diphylidium caninum Leuck. (Tœnia
canina Lin.), nous espérons faire connaître dans un avenir prochain le
résultat de nos investigations, aussi bien sur l'action supposée taenifuge de
l'acide lactique que sur son influence dans l'accroissement des os; peut-être
pourrons-nous alors poser des conclusions fermes?
Sur quelques coquilles de Lamellibranches de l'Île Stewart,
par Félix Bernard.
Les sables de dragage recueillis en 1876 par M. Filhol, a l'île Ste-
wart. près de la Nouvelle-Zélande, par 35 brasses, contiennent un grand
nombre de petites coquilles de Lamellibranches, qui présentent un certain
intérêt. J'ai décrit antérieurement plusieurs espèces nouvelles, appartenant
aux genres Condylocardia, Hochstelteria et Philobrya. Je décris ici d'autres
formes dont quelques-unes me semblent nouvelles. La faune dés petites
espèces des mers australes n'a pas été, en effet, très souvent étudiée, et
les descriptions des charnières, en pareil cas, pèchent fréquemment sous
le rapport de la précision; aussi ne serait-il pas impossible que les formes
en question n'aient été rattachées à quelque genre préexistant avec lequel
elles n'aient en réalité que peu de rapports.
Je donne ici seulement la diagnose détaillée, indiquant très brièvement
les aflînités possibles. Je connais avec tous les détails désirables le dévelop-
pement de ces espèces, qui sont particulièrement instructives à cet égard;
je décrirai ces faits nouveaux dans le travail général que je publierai très
prochainement sur tout le groupe des Lamellibranches.
Je ne crois pas, dans le cas où je ne connais qu'une espèce de chaque
genre, pouvoir donner séparément une diagnose du genre et de l'espèce,
ce qui serait préjuger de variations spécifiques que je ne connais pas; ce tra-
vail sera facile à qui trouvera une seconde espèce, et alors il aura un sens
qui. sans cela, lui ferait défaut.
— 310
Les notations employées sont expliquées dans diverses notes antérieures,
en particulier dans Bull. Soc. Géol. France, 3e série, t. XX111, i8g5,
p. 116 et clans le Journal de Conchi/liologie, 1896, 11° 3 (Condijlocardia ,
p. 8).
Famille ERYClNlDiE.
Geniîk Pachykellya gen. nov.
1. Pachykellya Edwardsi sp. nov.
Coquille très petite, équivalve, inéquilatérale , plus haute que longue,
allongée antérieurement. Crochets fortement, prosogyres. Test très épais,
luisant. Pas de cavité mnhonale ; le plateau cardinal est un simple épaisis-
senient du test interrompu sous le crochet pour loger le ligament purement
interne. Impressions musculaires très fortement marquées, l'antérieure
[dus éloignée du sommet. Une crête rectiligne saillante va obliquement
de l'extrémité dorsale de l'impression antérieure à la lame dentaire du côté
opposé.
L.
-AO
Fig. 1 . ■ — Pachykellya Edwardsi sp. nov.
Grossi environ 5o t'ois.
Une paire de lames dentaires de chaque côté à chaque valve : c'est le ca-
ractère le plus important du genre. Elles sont à peu près parallèles à chacun
des bords de la coquille, les antérieures plus allongées que les postérieures.
Les lames dorsales (AH , PII , A III, PHI) ont leur extrémité supérieure
recourbée en crochet autour des lames sous-jacenles. Les lames les plus dor-
sales sont à la valve droite (AIII etPIH); les pins ventrales, à la valve
gauche (AO, PO); ces dernières ne sont pas représentées habituellement
chez le autres Lamellibranches Hétérodontes; ce sont les moins saillantes;
elles occupent le bord inférieur de l'épaississement cardinal.
La coquille est très étroite à son sommet, où se voit une petite prodisso-
conque globulaire; le côté antérieur est plus oblique; les deux cotés sonl
régulièrement arrondis. Petites côtes concentriques très serrées.
Longueur : 1 millimètre. — Hauteur : 2 millimètres.
Malgré sa petite taille, cette coquille me paraît adulte; en tous cas,
— 311 —
je ne connais aucun Lamellibranche dont un stade embryonnaire ressemble
à ce type.
Famille mactridés?
Genre C'yaiuîomactra gen. nov.
2. Cyamiomactra problematica sp. nov.
Coquille petite, équivalve, inéquilatérale, <le forme analogue à celle
des Mactres. Ligament interne mais très oblique, presque marginal. Im-
pressions musculaires peu marquées; impression palléale peu distincte,
probablement entière.
Fig. a. — Cyamiomactra problematica n. sp.
Grossi 20 fois
Valve gauche. — En avant du ligament : i° une dent centrale (2), for-
tement repliée en deux branches dont le sommet n'atteint pas le bord dor-
sal; 2° deux dents divergentes (âa, âb), situées de part et d'autre de la
précédente, écartées, égales.
I aîve droite. — En avant du ligament : deux dents divergentes, unies
au sommet (3a et 3b), l'antérieure bifide. — Aux deux valves, dents la-
térales antérieures et postérieures très nettes dans le jeune Age, moins in-
distinctes chez l'adulte.
Prodissoconque très grande (5 millimètres), à charnière roctiligne, sem-
blable à celle de Laseea et de Modioldrca. Forme de Mactra, atténuée en
avant, subtronquée en arrière. Test lisse, mince, épiderme mince, couleur
jaunâtre.
Celte coquille, par sa charnière, peut sembler très rapprochée des Mac-
tridés, surtout à cause de la dent 2 de la valve gauche, profondément bi-
fide, où ne s'intercale aucune dent de la valve droite. Mais l'examen de la
série complète des Mactridés, que je publierai ultérieurement, me montre
des différences importantes qui ne s'expliquent pas par l'hypothèse d'un
stade arrêté du développement. D'autre part, la charnière se montre ana-
logue à celle de Cyamium (C antarcticum Phil.), qui diffère surtout par
l'absence de kb; la forme générale est d'ailleurs très différente, Cyamium
— 312 —
étant beaucoup plus allongé. Ce genre, mal connu jusqu'ici, est. à cause
de son ligament interne, placé en général parmi les Erycinidés, dont il
diffère pourtant grandement.
Ces questions seront discutées et le développement décrit complètement.
Malheureusement, je ne puis me prononcer absolument sur l'absence de
sinus palléal qui me parait probable.
Longueur : h millim. 5. — Hauteur : 3 millimètres.
Genre Perrierina gen. nov.
3. Perrierina taxodonta sp. nov.
Coquille petite, oblongue, équivalve, inéquilatérale, allongée en arrière.
Contour régulièrement arrondi. Ligament interne, oblique en arrière. Im-
pressions musculaires et palléale indistinctes. Plateau cardinal très étroit.
«
Fig. 3. — Perrierina taxodonta n. sp.
Grossi 26 fois.
Dents cardinales. — A la valve gauche : i°une dent centrale (2), ar-
quée, n'atteignant pas le sommet et située au bord ventral du plateau car-
dinal; 20 de chaque côté, une dent arrivant au bord dorsal, mais ne rejoi-
gnant pas l'autre (ùa, âb), l'antérieure plus oblique. — A la valve droite,
deux dénis divergeant à angle droit, unies au sommet (3a et 3b). Ces
dents cardinales réalisent le même type que le genre précédent.
Dents latérales. — En outre, chaque valve porte, le long de son bord
épaissi qui prolonge en avant et en arrière le plateau cardinal , plusieurs
crêtes (jusqu'à 6), plus nombreuses en arrière. Elles apparaissent couchées
le long du bord, et se recourbent ensuite (AI, AI, AIII, etc.). Elles se
développent après les dents cardinales, les plus récentes du côté ventral.
— 313 —
De pareilles formations sont très rares chez les Hétérodontes : le genre ler-
tiaire II oodia Desh. en présente d'assez analogues. On peut aussi les com-
parer aux crénelures qui se voient le long du bord dorsal de la charnière
chez divers Vénéridés et surtout aux dents dysodontes des Mytilidés et des
Philobrya,et enfin aux dents des Taxodontes. Ces assimilations ne sont pas
contradictoires, toutes les formations en question représentant des stades
variés d'un même processus. Ici les lames en question se présentent avec
les caractères de lames primitives que j'ai définies à plusieurs reprises;
chacune délies est l'homologue, dans la même espèce, i° de la dent 2;
20 de l'ensemble des deux dents 3a, 3b; 3° de l'ensemble des deux
dents âa, lib.
Prodissoconque grande (3 millimètres), ayant le caractère de celles des
formes incubatrices.
Forme ovale, régulièrement arrondie, crochets peu saillants, faiblement
prosogyres. Test lisse, à épidémie mince; couleur jaune pâle. Longueur :
3millim. 5. — Hauteur : 2 millim. 5.
Abstraction faite des dents latérales, la charnière de ce genre ressemble
beaucoup à celle du genre précédent, dont elle diffère surtout en ce que
la lame 2 est plus faiblement repliée, ressemblant ainsi davantage à celle
de Cyamium.
Famille ERYCINIDiE.
Genre Xeolepton Monterosato.
'-i. Neoleptox sAxotixEUM Hutton sp. — Kcllya sanguinea Hulton. Trans-
act. New-Zealand Instit., XVÏ, 1886.
Je crois pouvoir rapporter à Kellya sanguinea une petite coquille très
commune dans les sables de l'île Slewarl, de forme arrondie, globuleuse,
V.D.
Fig. lt. — Neolepton sanguineum Hutton sp.
(irossi 3o fois.
subéquilalérale, située coneentiiquement, blanche avec les sommets roses.
La charnière décrite très sommairement, comme c'est l'usage, est identique
_ 3U —
à celle de Lepton sulcatukm Jeffreys, espèce pour laquelle Monternsato
a fondé le genre Neokplon (1875) , et dont j'ai pu étudier les types. Elle est
fort différente à la fois de celle He Kellya et de Lepton; elle a un grand
intérêt pour la morphologie comparée des Hétérodontes, car elle repré-
sente l'un des stades que je considère comme les plus primitifs dans la série
des Hétérodontes, et c'est en particulier le point de départ de la série
des formes Gyrénoïdes. Elle ne présente aucune différence essentielle avec
celle de Lutetina Munier-Chalmas et Véhu'n (1876), genre créé pour une
espèce de l'île Saint-Paul (L. antarciica) et qui contient la plupart des
espèces tertiaires placées dans le genre Lutetia Desbayes.
Plateau cardinal bien développé; ligament interne, sub-médian, oblique
en arrière.
Vahc droite. — En avant : i° une grosse dent triangulaire (1) au bord
ventral, un peu étirée en avant, n'atteignant pas le sommet: 2° le long du
bord dorsal , une lame mince , recourbée en crochet , de manière à présenter
un segment antérieur 3 a et un postérieur 3b qui descend le long de la
fossette ligamentaire, mais n'atteint pas le bord a entrai. En arrière, deux
lames PI et PIII, atteignant le sommet. La première, plus forte, est au
bord ventral et s'étend le long de la fossette ligamentaire; la seconde est au
bord dorsal.
Valve gauche. — Entre les lames /et /// de la valve droite s'intercale
une lame/7, repliée en crochet, de manière à former deux segments •> a
et 2 b, — En arrière, une seule dent PII allant obliquement du bord ven-
tral au sommet.
5. Neoleptoin antipodim Filhol sp. — Kellya antipodum Filhol. C. B.
Acad, Se, t. XCI,p. 1095 (1880).
C'est avec quelque doute que je rapporte à Kelh//i antipodum Filhol de
petites coquilles, également très abondantes à file Stewart, qui diffèrent
des précédentes parleur forme beaucoup pins oblique et l'absence de colo-
ration rose. Les caractères correspondent exactement à la description de
M. Filhol, réserves faites pour la charnière.
Je l'appelle enfin que j'ai déjà décrit, de la même provenance, cinq
espèces nouvelles : Condylocardia conccnlrica, C. crassicosta , Phihbrya
costata, P. Filholi, Hochstetteria trapezina.
3 1 5
Recherches sur l'Évolution des dents chez les Rongeurs
par M. Remy Saint-Loup.
Dans une note relative à l'anatomie du Mara publiée il y a trois ans10,
j'ai signale les différences d'aspect que présentent les dents de cet animal
au cours de son développement et spécialement dans la période embryon-
naire voisine de la naissance.
Le fait de ces modifications m'a paru devoir attirer l'attention en raison
des conclusions qu'il semble possible d'en tirer pour la recherche des enchaî-
nements phylogénétiques des Mammifères. Aussi, pour pouvoir reprendre
ces études avec des matériaux plus abondants, j'ai suivi le développe-
ment des dents (h\ Cobaye donl les ressemblances d'organisation avec le
Mara sont extrêmement étroites, et les observations suivantes se sont déga-
gées.
Comme chez le Dolichotis, les dents de l'embryon de Cobaye sont très
différentes de celles de l'adulte; les molaires n'ont pas d'abord l'aspect
typique des dents dites à croissance continue, dont la face supérieure pré-
sente une tablette rasée montrant comme une coupe transverse des plis
de l'émail, mais avant la naissance déjà, cet aspect typique se dessine au
moins pour certaines molaires.
Or il est admis, et l'expérience journalière confirme cette idée, que les
dents d'un grand nombre de Rongeurs présentent ainsi une tablette supé-
rieure dépourvue de calotte d'émail, parce que, dans le frottement des sur-
faces appartenant aux dents des mâchoires opposées, l'usure détermine la
destruction continuelle des parties superficielles.
En présence des faits de développement, on peut se demander si le
caractère acquis par l'effet de celte action mécanique ne se transmettrait
pas par hérédité, et, si surprenante que cette hypothèse paraisse au pre-
mier abord, elle mérite cependant l'examen.
Chez le Cochon d'Inde, en effet, on trouve au moment de la naissance,
alors que la plupart des dents ont encore les extrémités supérieures en
forme de cône, une i" molaire ayant déjà l'aspect d'une dent rasée.
J'ai cru d'abord que les mouvements des mâchoires avaient pu déterminer
pendant la vie embryonnaire des frottements capables d'user cette molaire
qui est la plus précoce et dépasse le niveau des autres molaires; mais celle
interprétation n'est pas admissible.
En effet , la 1" molaire est encore à ce moment recouverte comme les
autres dents par le tissu des gencives, elle n'a pu avoir aucun contact avec
la dent antagoniste et , par conséquent, n'a pu s'user par frottement.
(1< Note sur l'Anatomie du Mara (Dolichotis patagonica , Desm.) [Bull, du Mu-
séum d'Histoire naturelle, i8p5. n° 'i].
— 316 —
Si j'admets qu'il s'agit, dans cette exemple, de l'hérédité d'un caractère
acquis, c'est en considérant que, pendant l'existence des Rongeurs, l'organe
adamantin reste continuellement en activité et que sa forme correspond né-
cessairement à celle de la ceinture d'émail qui accompagne la dent alors
qu'elle subit l'usure. C'est cette ceinture de tissu formateur de l'émail qui
serait atteinte par le phénomène d'usure des dents, surexcitée pour ainsi
dire dans son activité, et dont la manière d'être, commandée par un phéno-
mène purement mécanique, serait devenue héréditaire.
Quoi qu'il en soit , il reste cependant évident que l'organe producteur
d'émail se modifie dans sa forme au cours du développement de l'animal,
et cette considération suffit pour attirer l'attention sur les réserves qu'il
faut faire quand on utilise les caractères dentaires pour les arrangements
systématiques.
Il suffit, en effet, d'accélérations ou d'arrêts de développement portant
sur un ou plusieurs germes dentaires pour produire des dentitions défini-
tives différentes chez des animaux de même origine, et, en raison de l'im-
portance que l'on attache à l'examen des dents pour la distinction des
espèces , celte notion ne peut être négligée.
Je citerai deux exemples prouvant la réalité du phénomène de l'inégalité
de la vitesse de formation d'organes dentaires originairement semblables et
des variations d'aspect passagères ou permanentes que ces inégalités pro-
duisent.
L'un, bien connu, est fourni par le genre Chien. Le nombre des mo-
laires de l'adulte change suivant les variétés de Chiens; il est en relation
avec des modifications des maxillaires ayant pour effet de mettre obstacle
à l'activité formatrice des dernières molaires. Remarquons, en passant, que
cet arrêt de développement est devenu héréditaire.
L'autre exemple est fourni par le Cobaye et, sans doute aussi, par d'au-
tres Rongeurs. Dans la période qui suit la naissance et jusqu'à usure de
toutes les molaires, la dentition du Cobaye est morphologiquement très dif-
férente de celle de l'adulte. Il est bien entendu que nous ne parlons pas ici
des changements qui proviendraient de la chute des dents de lait.
De plus, on peut se rendre compte par l'examen comparatif des mo-
laires de Cobaye que ces dents qui paraissent, par leur dessin, très diffé-
rentes les unes des autres chez l'adulte, sont, en réalité, toutes du même
type, les dissemblances n'étant dues qu'à de très légers changements de
profondeur ou de direction des replis de la ceinture adamantine. Les dif-
férences de dessin adamantin peuvent donc s'établir et devenir permanents
alors même que les dents qui les présentent sont originairement d'un
type unique. Enfin nous constatons, d'autre part, que les plissements
d'organes adamantins ayant pour résultat la formation des dents dites com-
posées ne sont pas simultanés, mais se produisent successivement au cours
du développement de l'individu, de telle sorte que l'on ne peut nier l'exis-
— 317 —
tcnce de dents compose'es. En d'autres termes, on peut appeler dents com-
posées les dents complexes, présentées par certains Mammifères, en ce sens
qu'elles résultent des activités successives de points végétatifs voisins dans
le tissu adamantin. La distinction entre les dents composées et les dents
isolées se trouve ainsi liée à une simple question de distance entre les
points végétatifs du tissu adamantin et de synchronisme d'activité.
Nous avons du réunir ici, dans une forme très brève, les faits et une
partie des conclusions tirés de notre élude sur le développement des dents,
conclusions qu'un mémoire plus étendu défendrait plus solidement ;
ajoutons seulement ici que nos observations paraissent de nature à lever
quelques-unes des barrières qui s'opposent a la démonstration d'affinité
entre des animaux dont les dentitions à l'état adulte sont très différenciées
les unes ries autres.
SlJH LES VAISSEAUX INTRA-INTESTINAUX DES SÉLACIENS,
par M. H. Neuville.
(Laboratoire de M. le professeur Filiiol.)
A la suite des recherches qu'il m'a été permis de faire sur les Sélaciens,
tant à bord du yacht Princesse-Alice (1896-1897) que pendant mon sé-
jour à Sétubal, je puis conclure à l'existence générale, dans cet ordre de
Poissons, de vaisseaux intra-inlestinaux occupant le bord libre de la valvule
spirale.
J'ai déjà établi, en complétant les observations de divers auteurs, la gé-
néralité de l'existence de ces vaisseaux chez les Squales, quelle que soit la
forme de leur valvule. Mes dernières recherches ont donc surtout porté sur
les Rajidés, et elles m'ont permis d'y retrouver des vaisseaux intra-intesli-
naux occupant la même situation que ceux des Squales, mais en différant
par plusieurs caractères dont je poursuis l'étude, et surtout par une im-
portance moindre.
Dans une planche accompagnant un travail récent de P. Mayer (Mittheil.
zool. Slat. Neapel, 1897, 12 Bd., h Hft.), on voit sur le bord d'une val-
vule spirale de Raja sp?, représentée en coupe, l'indication de canaux qui
doivent certainement être ies vaisseaux intra-intestinaux. Mais l'auteur n'en
parle ni dans la légende accompagnant cette planche, ni dans le texte de
son travail, consacré exclusivement, du reste, à la morphologie de la val-
vule.
— 318 —
1 STAGONISME ESTRE LE VENIN DES VeSPID.E ET CELUI DE LA VlPERE :
LE PREMIER VACCINE CONTRE LE SECOND.
Note de M. C. Phisalix.
Le venin des Hyménoptères a été étudié par divers observateurs, entre
autres P. Bert, Carlet, Bordas, Langer. D'après P. Bert et Cloëz,le venin
de l'Abeille xylocope devrait son activité à la présence d'une base organique
unie à un acide fixe inconnu, non volatil. D'après Langer, dans le venin
d'Abeille, on trouve une petite quantité d'acide formique, mais la substance
toxique serait un alcaloïde qui résiste à la cbaleur et à la congélation, de
même qu'à l'action des acides.
S'il existe un désaccord au sujet de la composition chimique, il n'en est
pas de même en ce qui concerne l'action physiologique. P. Bert. ayant fait
piquer des Moineaux par l'Abeille xylocope, les a vus mourir par arrêt de
la respiration, en paralysie complète. Récemment, Langer, par l'inocula-
tion du venin d'Abeille, a tué des Lapins et des Chiens avec des symptômes
analogues à ceux de l'envenimation vipérique.
C'est précisément au point de vue des rapports qui peuvent exister entre
le venin de Frelon et celui de Vipère que je me suis placé, et j'ai recherché
si le premier ne posséderait pas de propriétés immunisantes à l'égard du
second. Les résultats que je vais exposer confirment pleinement ces prévi-
sions.
Los expériences ont été exécutées avec une solution préparée de la ma-
nière suivante : ko gros Frelons [V. crabro) ont été immergés dans ho centi-
mètres cubes de glycérine, dans laquelle ils ont macéré pendant quelques
jours. Dans ce même liquide, on avait également plongé un certain nombre
de Guêpes communes (1).
Evidemment, d'autres substances que le venin ont pu diffuser dans la
glycérine; mais cela n'a pas influencé les résultats, du moins au point de
vue de l'immunisation contre le venin de Vipère, car le liquide clair et acide
retiré de la vésicule à venin des Frelons a produit les mêmes effets que le
liquide de macération.
De même que le venin vésiculaire, le suc glycérine rougit fortement le
papier bleu de tournesol. Il a une odeur complexe, forte et piquante, rap-
pelant, surtout s'il a été chauffé, celle de l'acide formique. Ce n'est pas
d'ailleurs un acide minéral : il n'en possède aucune dos réactions; et l'odeur
de rhum qu'il développe, quand on le fait bouillir avec un peu d'acide
sulfurique et d'alcool, montre que l'on a vraisemblablement affaire à l'acide
formique.
'" Je dois les matériaux do cette étude à l'obligeance do M. le professeur .1. Cour-
mont, de Lyon, auquel j'adresse ici tous mes remerciements.
— 319 —
Action physiologique. — Le venin relire des vésicules de i5 Frelons, ino-
culé dans la cuisse d'un Cobaye, a déterminé un abaissement de tempé-
rature de h degrés, qui a dure trente-six heures. Au point d'inoculation,
il s'est produit de la rougeur et de l'œdème qui a gagné l'abdomen et s'est
terminé par une mortification de la peau. Dans une expérience parallèle où
la même dose de venin avait été chauffée à 80 degrés, pendant vingt mi-
nutes, il n'y a eu aucun accident général , et l'action locale s'est traduite
par un gonflement faible et passager.
Si, au lieu du liquide retiré de la vésicule à venin, on inocule, à la dose
relativement faible de 1 à 3 centilitres, la macération glycérinée, on ne
détermine pas de trouble appréciable eu dehors d'un œdème local, qui gé-
néralement disparaît assez vite. Cependant, l'organisme des animaux qui
ont reçu ce venin de Frelon a subi des modifierions telles , qu'elles le mettent
en état de résister, et c'est là le fait important sur lequel je désire attirer
l'attention, a. une intoxication ultérieure par le venin de Vipère. Celte ré-
sistance est telle, qu'un Cobaye ainsi immunisé peut supporter, sans le
moindre danger, une dose de venin de Vipère capable de tuer un témoin
en quatre à cinq heures. La durée et l'intensité de celte immunisation va-
rient suivant la dose du venin de Frelon. Le Cobaye qui a reçu le liquide
provenant des vésicules à venin de i5 Frelons a parfaitement résisté, au
bout d'un mois, à l'inoculation d'épreuve; celui qui a reçu 2 centimètres
cubes de suc glycérine était encore très bien vacciné au bout de onze
jours; chez celui qui n'a reçu que 1 centimètre cube, l'immunité commen-
çait à s'affaiblir vers le cinquième jour; enfin le Cobaye auquel on a in-
jecté 1/2 centimètre cube seulement n'est pas du tout vacciné.
Le venin de Frelon possède aussi une légère action antitoxique contre le
venin de Vipère : inoculé en même temps que ce dernier, il relarde consi-
dérablement la mort.
Quelle est la nature de la substance qui, dans ce mélange complexe,
immunise contre le venin de Vipère? J'ai essayé de la déterminer par les
expériences suivantes :
i° Du venin de Frelon chauffé à 80, 1 00 et 1 20 degrés pendant 20 mi-
nutes a été inocidé à des Cobayes; après /18 heures, tous ces animaux ont
ré>islé à l'envenimation vipérique;
20 Du venin de Frelon, filtré sur porcelaine et inoculé préventivement
à la dose de 3 ce. 1/2 , n'empêche pas la mort par le venin de \ ipère, mais
la relarde beaucoup;
3° Le précipité alcoolique de venin de Frelon ne produit aucun accident
et ne possède aucune action immunisante contre le venin de Vipère;
h" L'extrait alcoolique, au contraire, détermine un œdème accentué et
vaccine contre le venin de Vipère. Agité avec du chloroforme, il cède à ce
dernier une grande partie de la substance immunisante.
— 320 —
La recherche des alcaloïdes dans l'extrait chloroformique a donné des
résultats négatifs.
En résumé, il existe dans le venin de Frelon une substance qui a la pro-
priété d'immuniser les animaux contre le venin de Vipère. Cette substance
n'est pas détruite par un chauffage à 1 2 0 degrés ; elle est en partie retenue par
le ûltre; elle est soluble dans l'alcool. Ce n'est pas une matière albiuninoïde;
ce n'est pas non plus un alcaloïde, et la connaissance de sa véritable nature
exige de nouvelles recherches (1).
Plantes nouvelles du Thibet provenant de la mission scientifique
DE MM. DrjTREUIL DE PtHINS ET GliENAnD ,
par M. A. Franchet.
Dans une précédente Note insérée au Bulletin du Muséum, année 1896,
page 191, j'ai exposé brièvement les caractères généraux de la flore des
hauts plateaux du Thibet, dont l'altitude moyenne est de 4, 5oo mètres en-
viron. Ces caractères peuvent se résumer en quelques mots : pauvreté de la
flore; rareté des individus et réduction extrême dans leurs dimensions; ab-
sence à peu près complète de végétation arborescente. H n'y a pas lieu
d'insister sur ces faits bien connus aujourd'hui.
Dans cette nouvelle communication, je donne seulement la description
des espèces nouvelles, au nombre de onze, qui se sont trouvées dans la
collection de MM. Dutreuil de Rhins et Grénard; ki liste complète sera pu-
bliée dans l'ouvrage spécial de M. Grénard sur l'ensemble de l'expédition
scientifique.
Toutes ces plantes proviennent de la chaîne de Oustoun Tagh et de celle
de Altyn Tagh, et aussi de la région du Keria Daria et du lac Pankong.
Le soin avec lequel MM. Dutreuil de Rhins et Grénard ont relevé les al-
titudes a permis d'assigner la hauteur exacte, à 10 mètres près en plus ou
en moins, où certaines plantes pouvaient encore végéter, et ce résultat n'est
pas le moins intéressant de leur voyage. Ainsi il semble bien établi aujour-
d'hui (pie, dans l'Asie centrale tout au moins, c'est une composée Cynaro-
céphale, le Saussurea Tridactylites , qui atteint le maximum d'altitude de
végétation, soit 19,000 pieds anglais, c'est-à-dire 6,700 mètres dans la
partie du Thibet explorée par M. Thorold. MM. Dutreuil de Rhins et Gré-
(1> Je fais appel à l'obligeance des naturalistes pour qu'ils m'envoient des Frelons ,
des Guêpes ou des Abeilles, soit vivants, soit noyés dans leur volume de glycérine
pure ou dans l'alcool. Ces Insectes se capturent facilement au moyen d'un llacon
dans le fond duquel on met un liquide sucré.
— 321 —
nard relaient des altitudes de végétation à peine inférieures; par exemple :
Dilophia DutreuiK, au col de Koutas Lik (ait. : 5,0oo mètres)-, Oxytropis
densa (id.); Androsace villosa, var. latifolia(id.); Pleurogyne Tltompsoni(icL);
Genliana Karelini(id.); Carex incurva (id.); plusieurs de ces espèces sont
des plantes molles el tout à fait glabres.
Ces données doivent être consignées avec soin, car il sera peut-être né-
cessaire un jour de les comparer avec celles qui ont été fournies par le voyage
des frères Schlagintwcit, qui font monter jusqu'à 6,o38 mètres les limites
altitudinales de la végétation phanérogame dans le Cachemire: mais il n'en
demeure pas moins acquis que, dans l'Asie centrale, il existe une zone de
végétation phanérogame supérieure au Mont Blanc de près de 1 ,000 mètres.
/ Dilophia Dutrsuili sp. nov. >
Nana; glabra; glaucescens vel tota rubicunda; crassiuseula; radix simplex; caulis
brevissimus e basi ramosissimus; folia lincaria vol lineari-spatulata, obtusa circiler
1 cent, longa; rami incrassati, nudi, apicc tantum foliali, flores breviter racemosi,
quasi umbellali, s;ppius 3-5, pedicellis calyce 3-iplo longioribus; flores toli ru-
bescenles vel petala pro maxima parte albida, lineari-spatulata sepalis homomorpha
et aequilonga; stamina petalis paulo breviora antheris apiculatis; silicula suborbi-
culata, breviter stipitata, seplo utrorpie latere alato, valvis gibbis, gibbo curvalo-
ascendenle pluricristato vel potins apice tuberculis elevatis 6-8 adaucto; semina
2 ia u troque loculo.
Hab. — Col de Koutas Lik, altitude : 0,600 mètres, et au delà de Kolé
Lding; août 1892. <
C'est une petite plante, un peu charnue et rougeâlre dans toutes ses
parties; elle a le port du D. ebracleala Maxim. , mais elle est bien différente
par la forme de ses silicules dont les valves sont renflées, comme bossues,
avec le sommet ascendant portant 6 à 8 tubercules oblongs. La cloison
présente de ebaque côté une expansion aliforme qui déborde la valve ; c'est
une particularité qui ne se retrouve dans aucune autre espèce du genre.
Caragana polourensis sp. nov.u
Frutex bumilis, ramulis pubescentibus , cortice rimoso; foliota coriacea , 1-2 juga,
3— h mm. longa, e basi angusfata subpedicellata , laie obovata, apice obtusa vel
retusa, rigide et longe mucronata, ulraque facie sericeo-pilosa, petiolis novellis e
pulvino pubescente ortis, 3-5 fasciculatis, 5-6 mm. longis, apicc spinuliferis; pe-
liolus aimi prajlerili gemmam fovens, indurato-spinosus, ope stipularum spinam
triparlitam simulans, jugis 1-2 foliornm ex anno prœterilo persistenlibus; slipul;e
mox induralae, spinosœ, 3-4 mm. longa?; flores solilarii, erecli; pedunculus pu-
bescens calycem œquans; calyx 5 mm. longus pube brevi adpressa vestitus, breviter
dentatus, dcnlibus triangularibiis anilis; corolla 2 cent, longa, lutea cum macula
aurantiaca ad basin vexilli; legumen païens, 5 cent, longum, oblongo-lincare.
aculum, glabrum.
Hab. — Environs de Polour, sur le Keria Daria , altitude : 2,58o mètres;
Kara Say, altitude : 3, 1^10 mètres.*-
Muséum. — m. 23
— 322 —
Port du Caragan i pygmœa avec des folioles d'une forme 1res différente ,
couvertes d'une pubescence apprimée et portée par un pétiole assez allongé
(5-8 millimètres); quand il existe deux paires de folioles, leur insertion
est très rapprochée.
Le C. polourensis présente la particularité intéressante d'avoir des folioles
qui persistent pendant deux années sur les pétioles, de sorte qu'on en re-
trouve une ou deux paires sur les pétioles indurés-spinescents de l'année
précédente. Ces folioles ne diffèrent en rien de celles qui naissent sur les
pétioles à peine spinescents de l'année. Je ne crois pas que l'on ait encore
signalé cette persistance des pétioles sur les vieux pétioles dans les autres
espèces du genre.
Oxytropis Granardi sp. nov. >
(Polyaden'v Bunge. ) - - Radix lignosa longa; subacaulis; pluriceps, pulvinis
compactis, pubeseentia selulosa, densa , alba obductis; stipulas totœ albo-hyalin;e,
setulis conspers;c, aile cnm peliolo adnatae; folia 3-5 cent, longa, 10-12 juga,
foliolis parvis (a-3 mm. longis), ovatis, margine revolulis, setulis glanduiisque
obscssis, lernato-subverlnillatis, rachi hirlella; scapi foliis longiores, setulis albis
bispidi, eglandulosi; bracteœ pedicellis longiores, bispidœ, ilores sœpius h-6 ca-
pilato-congesti vel raro broviter spicati; calyx î cent, longus, lubnlosus, lubo
glandulis crassis consperso, dentibus e basi subulatis tubo quadruplo brevioribus
glandulosis et birtellis; corolla calyce duplo longior, purpurascens, carina apicc
atro-violecea longiter mucronata; ovarium polyspermum, vix conspicue glandulo-
sum, pubeseentia destitutum.
Hab. — Kar Yagdé, sur le Keria Daria, altitude : 3,910 mètres; 1 1 août
189a. s
Port et végétation de ¥0. tibetica Bunge et de ¥0. chîliophytta Royle; il
diffère de ce dernier par son ovaire dépourvu de villosilé et par ses feuilles
à folioles bien moins nombreuses; il se distingue de ¥0. tibetica par son
calice couvert de grosses glandes, mais tout à fait glabre du reste et dont
les dents sont linéaires, subulées dès la base, et non lancéolées deltoïdes;
par ses folioles parsemées de grosses glandes couleur de miel.
Oxytropis lutchensis sp. nov.
0. Tillingu valde aflinis, sed breviter cauiescens; stipula; pallid;e, membra-
naceœ (nec fuscœ), demum coriaceœ; flores paulo minores, probabiliter lutes-
centes, nec purpurascentes.
Hab. — Le bassin de la Lutcbé, affluent du Keria Daria/
O. Dutreuilii sp. nov.
(Mesoceea.) — Ad collum crebre et dense mulliceps; caules bornotini graciles,
10-1 5 cent, alti, decumbentes vel ascendenles, setulis adpressis conspersi; stipula)
e petiolo iiberœ, brèves, selulosœ, liyalinœ, lanceolatœ, acutœ; folia 3-k cent.
— 323 —
longa, breviter petiolata, 6-8 juga, peliolo brevi, foliolis ovato-lanceolatis, parvis
(4-5 mm. longis), selulis arcte adpressis subcinerascentibus veslitis, pedunculi
foins subduplo longiores; flores 12-20 subcapitati vel etiam ineuntes breviter ra-
cemosi, 1 cent. longi,purpurascentes; bracleae lanceolatœ pedicello longiores, mem-
branaceœ, pilis aigris vostitœ, 3 mm. longae; calyx 3-4 mm. longus, pube nigra
adpressa vestitus, ad médium 5-dentatus, dentibus linearibus; vexillum breviter
bilobum; carinœ mucro 1 mm. longus.
Hab. — Les environs de Kar Yagdé, altitude : 3,910 mètres. «^
Beaucoup moins velu que l'O. kash&miriana Cambess., avec des folioles
plus petites et moins aiguës. Port de l'O. glacialis et de l'O. proboscidea,
dont les tiges florifères ne sont pas développées.
O. nivalis sp. nov. ^
(Protoxytropis Bunge.) - Tota cano-villosa; foliola 6-10 juga, vix 4 mm.
longa; flores dense capitati vel in racemum breviter ovalum congesli; calyx albo-
villosus, dentibus tubum aequantibus; corolla parva eirciter 6-7 mm. lon^a, ve-
xillo violaceo, obovato, retuso, carinam paulo superante: carina intense purpureo-
violacea, mucrone e basi triangulari porrecto, subulalo leviter arcuato; legnmen
ad maluritalem 4-5 min. longum, fere orbiculatum , obtusum vel apice rotundatum.
Hab. — Mang-Tzé, dans la chaîne de Oustoun iagh, altitude : 5,270 mètres,
et au delà du col de Kolé Lding.
Voisin de l'O. proboscidea Bunge et de l'O. gîacialis Benth.; il diffère
du premier par ses fleurs moitié plus petites, son étendard plus court re-
lativement à la carène, ses fruits plus petits et plus obtus. Dans l'O. gîa-
cialis, le calice est couvert d'un mélange de poils blancs et de poils noirs.
O. parviflora sp. nov.
(Orobia.) — Planta lola viridis, vix subcanescens, pilis adpressis, haud densis;
caulis abbreviatus, interne hypogœus, stipulœ breviter coalescentes, glabrœ vel
glabrescentes, auriculis ovatis vel ovato-lanceolatis subacutis; folia brevia, 2-3 cent,
longa, foliolis 4-6 jugis, oblongo-lanceolatis 6-7 mm. longis, vix acutis vel obtusis;
pedunculus folia longe superans, tenuissime et adpresse paberulus; flores purpuivi,
m racemum brevem vel obovatiun dense congesti, parvi (4-5 mm. longi), vexillo
emarginato, carina brève mucronata; calyx brevissime tubulosus, 2 mm. longus,
pilis nigris et albidis iromixtis vestitus, dentibus triangularibus quam tubus 2-plo
brevioribus; legumina subglobosa, subbilocularia, dense lanata pilis albis et nigris
veslita.
Hab. — Au delà du col de Kolé Lding, sur le territoire anglais.
Espèce qui paraît bien caractérisée par ses folioles peu nombreuses,
allongées et surtout par ses fleurs, qui sonl probablement les plus petites
du genre, nombreuses et disposées en grappe courte et serrée; le fruit mûr
n'atteint pas 3 millimètres de diamètre.
Artemisia Grenardi sp. nov.
(Abbotahbm.) — Afliuis A. Stracheyi IiooL fil. et Thomp., sed humilior et om-
23.
— 324 —
nibus partibus minor; folia ejusdem forma1, sed minus dense sericea et brevitcr
peliolata; capitula minora et magis ovata, nec ut in A. Stracheyi demum depresso-
globosa; corolla glaberrima, nec dense pilosa.
Haï. — Teurt Hourak Lik et Tuchuk Boulak, dans l'Altyn tagh;
oct. 1892. ■
Saussurea cinerea sp. nov. Y-
(Gaulescentes Hook. fil. FI. of. Brit. Ind. t. 111, 363.) — Tota laxe aracbnoidea,
cinerascens; caulis abbreviatus, 3-8 cent, altus, monocephalus , foliolus; folia
linearia, a-3 poil, longa, margmibus revolutis, nunc integerrimis, 2 mm. latis,
nunc parce runcinatis, lobis brevibus deflexis; capitulum inter folia linearia illo
lomuora sessile, ovato-globosum , 7-10 mill. diam.; squaina; coriaceœ, gradatim
majores, ovalœ, superne lanuginosœ, apice spbacelatœ in mucronem brevissimum
rigidum subpatentem desinentes, interioribus glabris, paulo auguslioribus, flores
albi; pappus uniserialis, pilis albis, plumosis, receptaculi setœ brèves.
Hab. — Kar Yagdé, sur le Keria Daria, altitude : 3,910 mètres.'
Port d'un Jurinea; l'aigrette est celle d'un Saussurea et les étamines sont
glabres; le petit mucron qui termine les bractées de Tinvolucre se retrouve
dans d'autres Saussurea, notamment dans le S. Audcrsoni Glarke.
Gentuna tenella var. lutciiensis. •
Pollicaris; e basi ramosissima, ramis unifions; flores violacei, 6-7 mm. lonyi,
lobis obtusissimis tubum ;equantibus; faucis firnbriae lobis paulo brevioribus ; calicis
segmenta inœqualia, longioribus tubum fore œquantibus, aculis.
Hab. — Le bassin de la Lutche. v
Port du G. amrea, mais plus trappu et plus diffus; les cils de la gorge
sont nombreux et bien développés; c'est une forme nettement caractérisée
par ses petites fleurs à tube court et à limbe étalé; elle constitue peut-être
une espèce particulière.
Nepeta yanthina sp. nov.^
(Pycnonepeta.) — Basi suffruticosa , in ramos plures erectos divisa; brevitor
(prœsertim ad folia) et laxe lanuginosa, caulibus tan tu m laxe pilosula; folia pelio-
lata, inferiora longiter, superiora brevius vel brevissime; limbus corda to-o va tus,
obtusus, irregulariter crenato-dentatus, mine subincisus, bullalus; bracteae brèves,
integrœ, lanceolatc-e, mucronatœ, bracteolis subulatis, violaceo-lanalis, calyce bre-
vioribus; verticillastri inferiores axillares, plus minus distantes, sœpius pedun-
culati, superiores sessiles vel subsessiles, omnes e floribus dense congestis formata;
calyces colore yantbino tinc.ti, distincte bilabiati; denlibus labii superioiis subdiva-
ricalis, inferioribus tribus porrectis paulo Jongioribus, omnibus lanceolatis, apice
subulatis, lana violacea vestilis; corolla parva calycem paulo excedens.
Hab. — Col entre Pangong cl Loukong. "
Espèce comparable surtout avec le Nepeta fioccosa Bonlb. ; elle en diffère
— 325 -
par ses dimensions plus petites, la forme des feuilles, la coloration violette
des inflorescences et surtout par la constitution de son calice.
Nouveaux matériaux pour la Flore de l'Afrique française.
Collections de MM. les Docteurs Maclaud et Miquel,
par M. Henri Hua.
Deux collections nouvelles sont récemment arrivées d'Afrique à l'herbier
du Muséum. L'une vient de Conakry et est due à M. le Dr Maclaud. Pour
aujourd'hui nous en mentionnons seulement l'arrivée, remettant à [dus tard
l'exposé des résultats fournis par l'étude des 5oo numéros environ qu'elle
comprend. Nous concentrerons notre attention snr la seconde, récoltée par
M. le Dr Miquel dans l'intérieur de la même région, autour de Timbo.
Cette localité, non encore explorée au point de vue botanique, est située
sur le revers du massif du Foula-Djallon qui regarde le Soudan, auprès
des ruisseaux de Timbo et d'Elaya dont les eaux contribuent à former le
Sénégal. Une telle position fait présumer quelque analogie entre la flore
de cette région et celle du versant maritime, mieux exploré jusqu'ici, et en
même temps des relations avec la flore encore inconnue du Soudan occi-
dental. L'an dernier, M. Pobéguin avait attaqué cette région à explorer par
le Sud, en étudiant le Baoulé; M.leD' Miquel nous donne un aperçu nou-
veau sur elle en la prenant par l'Ouest. La collection la plus analogue à la
sienne est celle faite par M. Scott-EUiot, attaché comme botaniste à la Com-
mission anglaise de délimitation de la colonie de Sierra-Leone.
11 est regrettable que les circonstances n'aient pas permis à M. Miquel
de rapporter plus de 75 numéros. Ses plantes, généralement bien pré-
parées, souvent accompagnées de fruits ou de parties souterraines, sont
pour la plupart intéressantes et 5 d'entre elles sont absolument nouvelles.
Nous négligeons ici les espèces les plus communes pour ne mentionner que
celles offrant un intérêt spécial par leur usage ou leur rareté.
Parmi les plantes intéressant l'industrie européenne, il n'y a guère à
citer que le Ptcrocarpus erinaceus (n° 3a), dont le bois rouge à grain serré
est utilisable en ébénisterie, et deux plantes à caoutchouc : le Landolphta
senegalensis (nn 12), bien connu, et un arbre (n° 1 h ), appelé Soki par les
Foulabs, Sama par les Malinkés, impossible à identifier avec les quelques
feuilles envoyées. Nous devons nous bornera reproduire les renseignements
donnés par la note de M. Miquel, qui accompagne l'échantillon. C'est un
arbre crde 3 à h mètres de haut, avec les fleurs mâles et les fleurs femelles
sur des pieds différents. L'arbre femelle, plus grand, donne des fruits au
mois d'avril. 11 produit un caoutchouc dont un échantillon, envoyé par
M. Triboulet . commerçant, est apprécié à la Direction des postes. » 11 a été
— 326 —
vu au bord du ruisseau Elaya, le 1 h mai 1897. Il est à espérer que des
recherches ultérieures fourniront des données plus précises sur cet arbre,
qui peut être l'objet d'une exploitation fructueuse.
Parmi les usages locaux relativement moins connus, on peut citer
l'emploi pour la fabrication du savon des cendres des gousses épaisses
de VAfzelia a/ricana ( n"s 9 et 2 1 ) , et celui de la racine d'un Dissous
(n° /17) pour la préparation d'un bouillon servant à la confection d'une
bouillie dont la base est une Graminée, non rapportée, appelée Foguo,
dans la région de Timbo. Ce Dissotis paraît être une forme du D. grandi-
flora Benth., n'en différant guère que par la faiblesse des tiges, générale-
ment robustes et dressées dans cette espèce, comme on peut le voir sur les
échantillons de M. le Dr Maclaud, venant de la côte, où la plante est connue
sous le nom de Guingui. La racine, que l'on utilise après l'avoir pelée,
séchée et priée, est de la taille et de la forme d'une petite carotte longue,
simple ou bifurquée, de couleur rose.
Les espèces présentant le plus d'intérêt pour les collections du Muséum
sont les suivantes :
BoMBAX BUONOPOZENSE P. B.
N° 29. Timbo, \h mars 1897.
L'an dernier, M. Pobéguin avait rapporté du Baoulé des fleurs et des
feuilles de cet arbre, rare dans nos collections. Le fruit, du à M. Miquel,
en est un heureux complément.
Carapa sp.
N° 38. Au bord du ruisseau Elaya, 18 avril 1897.
Le fruit jeune, rapporté avec un fragment de feuille, a été indiqué par
le collecteur comme étant celui du Touloucouna. L'aspect piriforme, les
côtes saillantes qu'il présente font hésiter à l'assimiler au Campa procera
D. G. dans lequel on fait rentrer généralement aujourd'hui le C. Touloucouna
de la flore de Sénégambie de Guillemin et Perrotet.
Allophylus timboensis sp. nov.
Frutex. novellis rufo hirtellis. Folia Irifoliolata; peliolis hirtellis quam foliota
brevioribns, petiolulis brevissimis, foliolis cuneato-obovatis, ad apicem obtusum
vel rotundatum vix crenato serratis, ad basim acutam integerrimis; denticulis
breviter penicillatis ; supra intense viridia, nisi in nervis glabrà subtus paHidiora,
nervis hirsutis, venis in sicco prominulis; foliolis laleralibus vix obliquis, lerminali
paulo minoribus. Racemi ad axillas gemini, raro terni, nonnunquam trifurcali,
pedimuilis longiusculis, iiiterduin folia superanles pedunculo, rachis pedicellis'que
rnfo pubescentibus. Flores gemini, calice glabrescente.
N. 69. Timbo, 16 juin 1897.
Ne se rapproche sensiblement d'aucune des anciennes espèces conservées
— 327 —
au Muséum. Les feuilles, relativement petites, longues seulement de
3 centim. 5 à 8 centimètres , les pétioles ayant î à 2 centim. 5 , les pétiolules
î millim. 5 à 3 millimètres, la foliole terminale a centim. 5 à 6 centimètres
de long sur î centim. h à 3 centim. 5 dans sa plus grande largeur ; les in-
florescences de 2 à 9 centimètres de long, dont la base stérile a î centim. 2
à k centimètres; les pédicelles de 1 millimètre environ , conduisent à classer
VA. limboensk près des espèces nouvellement décrites par M. Gilg (t'ngkr's
Bot. Jàhrb., XXIV, p. 286-29/1) et rapprochées par cet auteur de A. rubi-
folius (Hochst.) Engler, parmi lescpiels VA. stachyanthus , de la région des
Grands Lacs, est celui qui paraît le plus analogue, mais avec des fleurs
notablement plus grandes.
Erythrina sigmoidea sp. nov.
Arbor 2-3 m. alla, foliis, ramis, inflorescenliisque tomenlosis inermibus. Folia
peliolo longo, foliolis amplis suborbicularibus, impari saepissime latiore interdum
c!e':riente, apice oblusis, nonnunquam emarginatis; utrinque, subhis prœsertim,
lomcntosis. Racemi pedunculati, foliis œquilongi, pedicellis confertis demum re-
ftVxis. Flores pro génère minores, calyce spatbaceo lanato, usque ad basim fisso,
apice tnincato 5 lobato, lobis brevibus teretibus obtusis; vexillo sigmoideo, an-
gusto, e calyce fisso ad médium oriente; alis brevissimis falcatis subrotundo-lrun-
calis; carina breviore suborbiculari vix acuminata; staminé vexillari ad trientem
tnbi inferiorem,alterisad trientem superiorem liberis. Ovarium sicut stips œqualis
pilosum, pauciovulatum, stylo recto, ovarium œquante, apicem versus glabro,
stigmate obliquo.
N° 49. Timbo, environs du nouveau poste, 26 mai 1897.
Cette espèce aux belles fleurs rouges, comme toutes celles du genre,
offre les dimensions suivantes : feuilles i5-3o centimètres; foliole termi-
nale 6,5-n centimètres sur 7-1 5; inflorescences i5-20 centimètres, la
moitié supérieure seule étant florifère; calice 1-1,6 centimètres de long;
lobules 2 millimètres; étendard 2 centim. 5 sur 3 millimètres (pour la
moitié de la largeur); ailes 7 millimètres; carène 5 millimètres. Elle se
rattache au groupe de. E. abyssinien, mais diffère à première vue de toutes
les autres espèces voisines par la taille plus petite de ses fleurs et par la
courbure plus accentuée de l'étendard, qui est véritablement sigmoïde.
Dolichos paniculatus sp. nov.
Planta tota. praeler corollam, sericeo pubescens. Caulis erectus, ad basim
lignosus, strialus. Folia pinnatim trifoliolata, stipulis caducis, slipellis subulatis
acutis, petiolulis aequilongis; foliolis ovalis obtusis apiculatis, lateralibus paulo mi-
noribusac obliquis; pagina superiore pilis adpressisvestita , inferiore glauca, venis
rnfo pilosis. Racemi axillares et terminales, simplices vel composili, paniculam
foliosam formantes. Flores ad axillas bractearum caducarum solilarii; pedicellis
calyce brevioribus. Galycis tubus bemispbericus, lobis dimidio brevior; lobi an-
gusti acuti , impar longior, superiores duo 1ère usque ad apicem coaliti. Gorolla
— 328 —
vix e calice exserta; vexillo orbiculato, plicalo, ad quartum inferiorem calloso;
alis oblongis, redis, calcaratis carina, truncata paulo longioribus. Stamina generîs.
Discus hypoginus membranaceus, dentatus, ovarii basim vaginans. Ovariam sub-
sessile, pilosum, 2 ovulalum; stylo ad basim incrassato, sub stigmate barbato.
N. 72. Timbo, 18 juin 1897.
C'est une cr herbe à fleurs rouge carmin», dit M. Miquel. Elle se rap-
proche surtout du D. Anchietœ récemment décrit par M. Ibiem ( Welwtisch's
Cnt. of Plant, af. I., p. a 65) sur une plante de l'Angola. Mais elle est plus
robuste. Les feuilles y sont plus grandes , la foliole médiane ayant de 8,5
à 17,5 cm. de long sur U a 6 cm. de large, avec un rachis commun de 4,5
à 6 cm. ; et les particules sont plus fournies.
Macrolobilm Limba Sc.-Elliott (/. of L. Soc, XXX, 77).
N. 36. Bords du Marigot d'Elaga . i5 avril 1897.
C'est ffun grand arbre aux fleurs d'un blanc crème et cachou. Le fruit
est une gousse longue de 0 m. 16 à 0 m. 9.0 contenant des graines plates,
rougeâtres. » Le Muséum ne possédait pas encore cette belle espèce.
Acioa scabrifolia sp. nov.
Rami glaberrini. Folia distincte peliola ta, oblonga, basi acnta vel attenuata,
acuminala, utrinque glabra et scabriuscula, supra prœsertim; cosla, nervis ac
venis reticulatis subtus prominulis baud pubescentibus. Slipulœ persistentes, pe-
tiolo œquilongœ, aculœ, \ix ciliolatœ. Racemi in apice ramorum axillares, sim-
plices, vel terminales nonnunquam gemini, foliis breviores. Bracteœ ovato-acutœ,
glabra?. Pedicelli graciles ad médium articulati, bracteolis minutis ovalis altérais
vel suboppositis. Receptaculum tubuloso infundibnli forme, extus glabrum. inlus
pilosum. Sepala lalo-ovata, obtusa, inlus, et extus in margim'bus teclis, cinerea,
celerum glabra. Pelala sepalis œqualia oblonga, apice rotunda, alba. Discus pos-
lerior carnoso dentatus. Filamenla loriforme coalila, ad apicem lantum libéra,
circiter 20 anlberas gerentia. Ovarum ad receptaculi ovem subsessile pubescens,
biovulalus.
N. 24. Bords d'un petit ruisseau à sec, près de Caremonga , à 3 kilo-
mètres de Timbo, 1/1 mars 1897.
La même plante a été récollée par Scott-Elliol (n. 689a), près de Niriia
Talla. Dans le travail qu'il a publié sur ses collections (/. of Linn. Soc,
XXX, 78), il la rapporte, avecdoute, il est vrai, au Grifonia Icondere Oliv.
(Acioa Icondere Bâillon). Les deux espèces n'ont que dos rapports éloignés,
en ce que toutes deux ont les fleurs presque absolument glabres extérieu-
rement. Mais l'aspect général est tout différent : la plante décrite par
Bâillon a les feuilles beaucoup plus grandes, à base cordé?, à nervures
couvertes d'une épaisse pubeseence dorée, de même que les jeunes ra-
meaux; chez VA. scabrifolia, au contraire, la base des feuilles esl atténuée
— 329 —
vers le pétiole, et l'ensemble de la plante est glabre. Ces deux caractères,
ainsi que la forme des bractéoles, le rapprochent du Griffonia Mannii Oliv.'
rapporté par Bâillon au genre Acioa, comme on le fait généralement à sa
suite aujourd'hui. On ne peut pointant pas le confondre avec cette plante
de Fernando-Po, dont les feuilles sont plus larges, et les grappes dressées,
moins fournies en fleurs, celles-ci présentant extérieurement quelques poils
épais.
Icomiiiii nov. genus Labiatarum Ocimoidearum,
Calyx junior campanulatus vix dentatus, subbilabiatus; fructifer paulo auctus
ovoideo-tubulosus, labio postico breviore tridentato, antico vix longiore bi-
dentato. Corollae tubus exsertus, leviter curvus, f'auce obliqua; limbus bilabiatus,
labio postico quadridentato, antico vix longiore leviter concavo. Stamina k didy-
nama exserta, filamenlis liberis midis; antherarum loculi rimis transversis con-
tinentes. Disais antice in lobum iinguiforme, ovarii lobos œquantem, produclus.
Stylus apice bidenlatus. Nuculse h v.abortu pauciores, ovoïdea? lœves. — Herba
caule terete, foliis sparsis. Flores ad ramorum apices racemosi, ad axillas braclea-
rum foliformium solitarii, pedicellis ebracteolatis.
Jusqu'ici , la présence de feuilles opposées était un caractère absolu
dans la famille des Labiées. On connaissait déjà bien des bractées al-
ternes avec fleurs solitaires à leurs aisselles, chez quelques Tcucrium et
Sculellaria. Chez Ylcoi/ium, les choses vont plus loin , l'alternance des feuilles
s'étend à toute la longueur des liges , si bien que le port caractéristique des
Labiées disparait, et qu'on croirait avoir affaire à une Scrofulariacée de la
tribu des Gérardiées ou à une Sélaginée. Mais la constitution delà fleur ne
peut laisser aucun doute : l'ovaire h -partit, avec style gvnobasique cen-
tral, inséré sur un disque prolongé en languette en avant, ne se trouve
que chez les Labiées. La corolle est d'ailleurs rigoureusement constituée
comme chez les Ocimoïdées, avec ses deux lèvres, dont la supérieure est
4-dentée et l'inférieur en cuilleron; les étamines dont les filets sont reportés
vers la lèvre inférieure à la base de laquelle ils se détachent, sont celles des
Plectranlkus; il n'est pas jusqu'au tubercule sur lequel s'insèrent les tiges
aériennes dans notre espèce, qui ne rappelle ce groupe, en particulier cer-
tains Coleus ou Plectranthus dont les parties souterraines sont comestibles.
Ce nouveau genre appartient donc certainement à la famille des Labiées et
à la tribu des Ocimoïdées. Nous l'avons nommé par un anagramme du mot
Ocimum. L'exception inattendue que présente la disposition de ses feuilles
justifie le nom spécifique que nous donnons à la plante récollée par le
Dr Miquel. '
Icomum paradoxum sp. nov.
Caules erocli, e tubere subgloboso a-3 orientes, paire pilosi, foliosi, ad apicem
parce ramosi. Folia sessilia oblongolanceolala . integerrims , apice obtusa , uninervia .
— 330 —
subtuspilosa, supra glabra. Flores, pedicellistenuibtisbrevissimis, bractaeas filiformes
vix superantes. Galyx leuuis dentibus rotundatis, extuspubescens, fructifer longior,
basi globosus, apice tubulosus. Corolla? extus parce pubescens, tubo tenui, lablo
poslico erecto dentis h rotundatis, labio anlico patente vix concavo. Filamenta ad
orem tubi inserta, divaricata, glaberrima, interiora paulo longiora. Stylus glaber,
apice minute bidentato.
N° 43. Timbo, environs du nouveau poste, i5 mai 1897.
C'est une petite herbe à fleurs blanches, à odeur aromatique douce,
mesurant 0 m. 10 à 0 m. 20. Les feuilles ont de 0 m. 008 à 0 m. 02 5 de long
sur 0 m. 020 a om. os5 de large; les grappes feuillées, terminales, denses
dans la jeunesse, s' allongeant plus tard, sont composées de fleurs à long
tube, mesurant jusqu'à 0111. 006 de longueur, à lèvres sensiblement égales,
moitié moins longues. Le calice accru atteint 0111. oo35 de long et contient,
dans sa base renflée en boule ordinairement, i-3 nucules développés,
lisses, blancs, de 0 m. 001 environ, à point (rattache basilaires.
Us EXEMPLE DES DIVERS FACIES QUE PEUT PRESESTER
VSE FORMATIOS GÉOLOGIQUE : LE PoRTLANDIES DES ClIlRESTES,
par M. Ph. Glangeaud.
Le Portlandien des Charentes s'étend sur une longueur de 120 kilo-
mètres, depuis Angoulème, à l'Est, jusqu'à l'île d'Oléron, à l'Ouest. Il
forme, d' Angoulème à Saint-Jean-d'Angély, une assez large bande de ter-
ritoire occupant une surface de près de 900 kilomètres carrés. Mais, à
10 kilomètres à l'ouest de Saint-Jean-d'Angély, cette bande est brusque-
ment interrompue et le Portlandien ne se montre plus que vers l'Océan où
il constitue les îlots de Saiut-Froult, au sud de Hochefort et de file d'Olé-
ron.
Envisagé dans son ensemble, le Portlandien des Charentes se présente
comme une formation très complexe. Il offre à lui seid tous les faciès ob-
servés dans le Jurassique du bassin de l'Aquitaine. Il comprend, en effet,
des dépôts marins et des dépôts lagunaires qui se divisent en dépôts chi-
miques (calcaires oolithiques, sel, gypse), dépôts zoogènes (récifs de
Polypiers), dépôts à végétaux (ligniles), dépôts arénacés (grès), dé-
pôts détritiques variés (argiles, marnes, calcaires marneux, calcaires litho-
graphiques , etc.).
L'étude de cette série sédimentaire est rendue assez difficile par les
brusques et fréquents changements latéraux des assises. Néanmoins on peut,
il me semble, concevoir de la façon suivante la manière dont s'est effectuée
la sédimentation durant le Portlandien.
— 331 —
T. Portlandien inférieur. — Après le dépôt des vases argileuses virgu-
liennes, la mer s'enrichit en calcaires et elle accumula des couches assez
épaisses de calcaire oolilhiquc. Par suite de ce changement, les rivages sur
lesquels ne pouvaient guère vivre que des Larnellihranches se couvrirent
de nombreuses et grandes Nérinces, depuis Angoulême, au Sud, jusque
vers Beauvais, au Nord.
Dans ce milieu, riche en calcaire, se montrèrent bientôt des Polypiers
accompagnés de leur cortège habituel déformes coralliophiles, des Gastro-
podes et des Lamellibranches très ornementés et à test épais. Les Poly-
piers formèrent alors de petits ilôts rcciformes (Grosville) que l'on trouve
aujourd'hui en relation avec de gros silex gris-bleuâtre, ce qui est d'ail-
leurs un cas fréquent dans les formations coralliennes.
Mais, à partir des environs de Rouillac, la richesse en calcaire des eaux
marines devient moins grande, l'argile s'y mêle et augmente de plus en
plus vers le Nord. Avec elle réapparaissent les Lamellibranches , pendant que
les Nérinées, de plus en plus rares, finissent par disparaître. Les calcaires
oolithiques sont ainsi remplacés par des calcaires suboolitltirjttcs , puis par
des mamo-calcaires caractérisés par Am. gigas , Am. gravesianus , Ostrea
brunlrutana, etc.
Celte sédimentation ne s'effectua pas tranquillement. Elle fut troublée
par des courants marins dont l'influence se fit vivement sentir pendant
toute la période du Portlandien inférieur, car ils entraînèrent des produits
arénacés (grès) intercalés à plusieurs niveaux, au milieu des dépôts ooli-
thiques. Mêlés à l'argile, ils prédominent même, en certains points, sui-
tes sédiments chimiques (Saint-Cybardeaux). C'est dans ce milieu que
vivaient des Pterocères (P. oceani), des Purpuroidea (formes de mers rela-
tivement chaudes), des Naticcs (N. marcousana) , ainsi que des Brachiopodes
[Ter. subsclla, Rliynch. pinguis) et des Echinodermes (Hcmicidaiis purbec-
kensis) accompagnés de myriades à' Ostrea bruntrutana.
Au régime troublé, instable, du commencement du Portlandien inférieur,
succède, à la fin de celte période, un régime de calme pendant lequel se
déposent des mamo-calcaires h. Am. gravesianus , Cyprina Brongniarli, Car-
dinal dissimile, etc., tandis que vers l'Océan (Saint-Froult) s'ébauche un
petit bassin d'évaporalion dont le fond argileux se tapisse de sel et de
gypse.
IL Portlandien moyen. — Ce premier indice de retrait de la mer prend
une plus grande ampleur durant le Portlandien moyen. Les dépôts marins
se font partout sous une faible profondeur d'eau, ainsi qu'en témoigne la
|ip;senre de fossiles, tels que les Patelles, les Corbules, les Cyrènes,les Cor-
bicelles, etc. Dans ces eaux, surtout saumàtres, s'entassent près de cent mètres
de vases calcaires entremêlées de vases argileuses. Parfois cependant, l'enri-
chissement en calcaire des eaux marines augmente brusquement et il se
— 332 —
dépose des calcaires oolithiques et subcrayeux. Mais ces dépôts ne se sont
pas effectués dans une nier plus profonde que la précédente, car ils sont
caractérisés parles mêmes fossiles (Corbula mosensis, Cyrena rugosa, Car-
diiiHi dufrenoycum , Corbîcella Pellati, etc.).
Pendant que vers Sigogne et Hiersac, Saint-Jean-d'Angély et l'Océan,
le Portlandien moyen se termine par des calcaires à Corbula inflexa, Sphœnia
Sœmnani, une lagune s'établit sur près de vingt-cinq kilomètres, depuis
Aumagne (Charente-Inférieure) jusqu'à Courbilliac (Charente). Là se super-
posent, selon le degré de salure des eaux, des vases argileuses, des cal-
caires à odeur bitumineuse, du sel et du gypse. Les premiers renferment
des horizons très fossilifères [Corbula inflexa).
111. Portlandien supérieur. — Au début du Portlandien supérieur (Pur-
beckien), la presque totalité de la contrée que nous étudions était trans-
formée en une série de bassins d'évaporation. Le phénomène lagunaire que
nous avons vu s'esquisser dès le Portlanrlien inférieur se généralise dès le
commencement du Purbeckien. Sur 45 kilomètres d'étendue s'entassèrent
les argiles qui constituent aujourd'hui ce pays plat, où croît presque exclu-
sivement la vigne et qu'on appelle le Pays-Bas charentais.
Le sel et le gypse y formèrent des lentilles à plusieurs niveaux, mais le
dépôt de ces substances fut parfois interrompu brusquement par un retour
momentané de la mer qui déposa des calcaires imprégnés d'argile de couleur
foncée et des calcaires oolithiques à Corbula inflexa, Thracia incerta, etc.
Aux extrémités N. 0. et S. E. de la lagune, à Saint-Jean-d'Angély, à
Champmilon ainsi que vers l'Océan, ce sont des calcaires marneux et ooli-
thiques qui constituent le Purbeckien inférieur.
La fin du Purbeckien fut marquée par un retour de la mer et un chan-
gement complet dans les sédimentations. Les argiles gypsifères furent re-
couvertes par des calcaires marneux, snblithographiques et suboolilhiipies
à Plectomija rugosa , Cercilia arenaria.
Avec eux se termine la série Jurassique flans les Charcutes. La contrée
fut exondée à la fin du Purbeckien jusqu'à l'époque Cénoinanienne qui dé-
buta par le dépôt de grès et d'argiles s'étendant en discordance de strati-
fication sur les derniers dépôts jurassiques.
— 333 —
Les Pyrénées souterraines :
Recherches h y orologiques effectuées en îSgj,
par MM. Armand Viré et Paul Besques.
La chaîne des Pyrénées peut passer à bon droit pour une des régions
les plus riches en cavernes et les mieux explorées a ce point de vue. Plus
de 2 oo cavités sont signalées par Lucante(I) entre les deux mers.
La géologie, la paléontologie, la préhistoire ont donné lieu à de nom-
breux et remarquables travaux. On peut citer parmi les meilleurs ceux de
Ed. Lartet, A.Leymerie, E. et C. Frossard, ceux de MM. Alphonse Milne
Edwards, E. et IL Filhol, Ed. Piette, l'abbé Pouech, d'Archiac, F. Garri-
gou, Félix Regnault, Gartailhac. Les entomologistes ont fourni également
leur fort contingent : ce sont MM. Lespès, Linder, G. Diech, E. Abeille de
Perrin, F. de Saulcy, Gh. de la Brûlerie, Marquet, Bedel, Simon,
Mestre, etc.
Malheureusement, dune part, aucun travail d'ensemble ne vient relier
tous ces travaux et, d'autre part, de nombreuses lacunes existent dans l'en-
semble de nos connaissances sur le sous-sol des Pyrénées.
C'est ainsi que l'on connaît fort peu de choses sur l'hydrologie souter-
raine, sur le mode de circulation des eaux souterraines , leur allure ancienne
et actuelle. Pour la faune, on s'est borné à la récolte des Coléoptères, des
Arachnides et de quelques Myriapodes. Rien ne semble avoir été fait sur la
l'aune aquatique, qui cependant peut être considérée comme la partie la
plus importante.
C'est pour combler toutes ces lacunes que nous avons entrepris nos ex-
plorations. La besogne est considérable et demandera de longues années.
Nous ne désespérons pas cependant d'en venir à bout avec le temps.
Notre première campagne (1897), qui a duré environ deux mois, a
porté sur la partie centrale des Pyrénées, sur une région comprise entre
Pau et Lannemezin au Nord, le cirque de Gavarnie et Arreau au Sud.
Vingt-cinq cavités environ ont été explorées, d'inégale importance, les
unes nous ayant retenu à peine une heure, d'autres nous ayant demandé
jusqu'à douze jours d'exploration consécutive.
Nous n'entreprendrons certainement pas de décrire ici toutes les grottes.
Nous nous attacherons spécialement à celle de Bétharram, qui peut être
considérée comme le type le plus parlait des cavernes des Pyrénées cen-
trales, celle qui en résume tous les caractères, et celle de Labastide, dans
la vallée d'Aure, qui présente une disposition toute spéciale.
(1) Lucante : Essai géographique sur les cavernes de la France et de l'étranger.
France : région du Sud (Bulletin de la Société d'études scientifiques d'Angers),
1880.
— 334 —
Bétharram, hameau de la commune de Lestelle (Basses-Pyrénées), entre
Pan et Lourdes, se compose d'un séminaire avec une curieuse église dans
le style hispano -béarnais et est surtout célèbre par son pont et par sa
grotte.
Celle-ci, située à 3 kilomètres environ au Sud-Est du séminaire , s'ouvre
par une étroite porte sur le flanc d'une colline, près du ruisseau du Bro-
sou , affluent du Gave de Pau.
L'étage supérieur est connu et visité des touristes depuis cinquante ans
et plus. C'est dire qu'd est complètement gâté au point de vue pittoresque
par la fumée des torches et des bottes de paille qui servaient jusqu'ici de
seid éclairage.
En 1890-1892, MM. H. Ritter, Campan et Larie, membres du Club
Alpin, ont révélé l'existence d'un autre étage sous le premier, puis d'un
deuxième, puis d'un troisième, toujours plus bas, en tout quatre étages
superposés.
L'étage supérieur a 4 00 mètres de long. On y remarque une série de
petits puits verticaux qui font communiquer le premier et le troisième
étages, l'un directement, les autres par l'intermédiaire du second.
Chose curieuse , les trois premiers étages sont à peu près exactement su-
perposés dans un même plan vertical , dans une même diaclase dont on
retrouve les lèvres jointes au plafond et au plancher de chacun de ces
étages.
Le quatrième étage, le plus inférieur, est placé à angle droit des trois
premiers.
Le troisième est le plus intéressant, en ce sens qu'il est parcouru encore
par une rivière souterraine, dont la source est précisément un petit gouffre
qui absorbe une partie des eaux du Brosou.
Cette rivière parcourt dans la galerie une distance de 1,600 mètres et
tombe dans le quatrième étage, à peu près impénétrable, situé à 10 mètres
en contre-bas et qui va former, à 600 mètres au Nord, la source de Mélac.
Mais le troisième étage ne s'arrête pas à la perte de la rivière : il continue
encore 600 mètres en ligne droite pour se terminer dans des tissures des
alluvions glaciaires, qui constituent un placage peu épais à la base de la
montagne sur les bord du gave. L'extrémité est si voisine du gave, que, de
là, on entend distinctement le bruit des eaux et des cailloux sur le lit.
En temps de grandes eaux, une partie du ruisseau souterrain doit s'é-
couler par là, comme l'attestent les amas de brindilles et de feuilles flottées
que l'on y rencontre. Le régime hydrologique est, en effet, très variable. J'ai
vu les eaux monter de o m. 80 après douze heures d'une petite pluie, et des
feuilles mortes, engagées entre les pointes des stalactites qui, entre paren-
thèses, sont merveilleuses, attestent que le niveau des eaux souterraines
doit s'élever, à certains moments, d'environ k mètres dans la galerie.
Les grottes de Labastide, situées dans la vallée d'Aure , entre les villages
335
Grotte do Labaslide dans la vallée d'Aure'1' ( Hautes-Pyrénées)
Bassins ou çoun stalagmitiques.
-1' L'exploration des grottes de la vallée d'Aure nous a été grandement facilitée
par MM. (lardel et Ritouret, conducteurs des ponts et chaussées, et Forgue,
pharmacien.
— 336 —
de Hêcbes et de Lortet, sont encore du même type que Bétharram et com-
posées de trois galeries superposées dans le même plan; la troisième est oc-
cupée par une rivière complètement impénétrable. Mais elle présente, en
outre, une particularité des plus remarquables, comme nous allons le
voir.
La vallée de Labastide, en effet, est un véritable entonnoir complètement
clos de toutes parts; le point le plus bas du bord supérieur de l'entonnoir
est à 66 1 mètres d'altitude, alors que le village est à 5a h mètres.
Trois ruisseaux viennent amener leurs eaux au fond de cet entonnoir et
durent y constituer, à une époque géologique encore voisine de la nôtre,
un vaste lac de plus de 2,5oo mètres de diamètre.
Mais une grande diaclase, qui recoupe la paroi sud de l'entonnoir, pré-
sentant une moindre résistance , a été peu à peu élargie par les eaux qui y
ont formé toute une série de cavernes.
A l'heure actuelle deux de ces cavernes existent encore. L'une est une
vaste salle de 70 mètres de long, 35 mètres de large et 1 5 à 20 mètres de
haut, très imposante et possédant un magnifique exemple de ces petits
bassins de stalagmite nommés gours. (Voir la figure.)
L'autre est une large galerie à deux étages, de 25o mètres de long, en-
viron, dans laquelle deux ou trois puits aboutissent à un courant d'eau.
Ces cavernes sont précédées par de véritables couloirs sur lesquels sont
jetés encore des ponts naturels, qui ne sont autres que les restes des voûtes
d'anciennes cavernes peu à peu effondrées sous l'action des eaux intérieures
et qui, maintenant, forment une sorte de cagnoti en miniature. Jusqu'à une
distance de 100 mètres en avant de ces grottes (que l'on appelle grottes
de l'Aspugne), des traces manifestes d'anciennes cavernes existent encore
sous la forme de vastes demi-dômes à moitié effondrés, sous lesquels les
eaux des ruisseaux de Lahastide viennent s'engoulTrer par deux pertes suc-
cessives.
Cet étroit cagnon, dont la largeur varie de 25 mètres à 60 mètres,
s'est donc manifestement formé sous l'action des eaux souterraines et vient
confirmer, d'une façon manifeste, une théorie d'après laquelle certaines
vallées étroites seraient formées presque uniquement sous l'action des
eaux souterraines, creusant des galeries dont les voûtes s'eflbndrent peu à
peu.
Celte théorie , bien que contestée encore à l'heure actuelle, n'est cepen-
dant pas nouvelle.
Déjà, en i845, dans l'article Grottes du dictionnaire de Ch. d'Orbigny,
Desnoyers l'exposait magistralement dans une étude qui constitue certaine-
ment ce qui a été écrit de plus juste et de plus sensé sur la théorie des
cavernes, jusqu'aux Eaux souterraines du regretté professeur Daubrée et
aux Ab'uncs de M. Martel.
Mais revenons à Labastide. Les eaux engouffrées aux grottes de l'As-
— :\zi —
pugne vonl vraisemblablement ressortir à environ 3,ooo mètres de là, à
Esparros, constiluanl ainsi la source de VArros, ce ruisseau qui fit, l'été
dernier, <le lois ravages par ses inondations. (Le seul village de Laméac a
\n vingt-huit de ses habitations emportées en une demi-heure.) Il faudrait
donc reculer les véritables sources de l'Arros de plusieurs kilomètres.
Les principales grottes explorées, ou outre, celte année, sont celles de :
Escalères, également dans la vallée d'Aure (trois étages, une rivière
souterraine):
Serrât de la Toue, Irois petites grottes , près d'Arreau :
Lorlet, près de Labastide;
LcBedale\ Caslel Wouly, à Bagnères-de-Bigorre;
/,//: et Pierrefitte-Nestalas , sans intérêt; plusieurs sont artificielles:
BooSilhen, Ost el iyzac, près d'Argelès. etc.
(les explorations nous permettent, dès maintenant, de formuler les
quelques conclusions générales suivantes :
i" Les eaux souterraines des Pyrénées centrales se sont trouvées en pré-
sence d'une stratification très développée dans le sens horizontal , recoupées
de petites diaclases verticales, ce qui a donné aux cavernes la forme de
grandes galeries horizontales communiquant entre elles par de petits puits
verticaux :
2° Les diaclases qui ont donné aux cavernes leur direction sont toutes
parallèles ou perpendiculaires à Taxe de la chaîne des Pyrénées el sont des
cassures, les unes d'affaissement (E-. 0.), les autres do compression laté-
rale I Y S.):
• i' Certaines vallées des Pyrénées ont élè formées par l'action des eaux
souterraines qui ont creuse des galeries dont les voûtes se sont peu à peu
affaissées. Ce phénomène est encore en pleine activité à Labastide.
La faune, riche et variée, que nous avons recueillie dans ces explora-
Lions, fera l'objel (\\w\c communication ultérieure, certaines espèces nou-
velles demandant une étude approfondie.
Sun LE GISEMENT DE ZEOLITES l>E T)ELLYS (ALGER) ,
par M. L. Gentil.
i [iABOHATOIRK DE M. A. LACROIX.)
La région de Dellys offre, le long de la côte, entre le village de ce nom
el I embouchure de l'oued Sebaou, un développement assez important de
Ml Slil M. III. •■ 'l
— 338 —
roches volcaniques dont M. J. Curie a fait l'étude (1). Le savant professeur
a signale, en cet endroit, une labradorite compacte, une deuxième labradorite
à grands cristaux de pyroxène vert et une roche andésitique. La labradorite
compacte que l'auteur rapproche, au point de vue de sa composition et de
son âge présumé, de celle du Gap Djinet, d'âge miocène (Helvétien), est
surtout développée au Gap Bengut. M. J. Curie y a signalé l'existence de
nombreuses zéolithes dont il n'a pas entrepris l'étude.
Plus à l'Ouest, se montre surtout la roche à pyroxène vert. Elle forme,
en partie, la falaise escarpée de Sidi Medjeni et se prolonge jusqu'à la route
d'Alger et jusqu'au petit village de Takdempt (appelé Bou Khartoute par
les indigènes).
Sur les obligeantes indications de M. J. Curie, j'ai visité en 1895 cette
bande littorale volcanique. J'ai constaté tout d'abord que la zéolitisalion des
roches était générale. Partout on rencontre ces silicates hydratés, dans les
roches volcaniques et dans les marnes et grès du terrain sédimcntaire en
contact. Les zéolithes m'ont paru plus particulièrement abondantes au Cap
Bengut, au-dessous du phare. J'ai trouvé là une labradorite scoriacée com-
plètement imprégnée de silicates, au point d'offrir l'aspect d'un spililc.
Parmi les échantillons que j'ai recueillis, j'ai reconnu : la thomsonite, la
stilbile et ïanalcime (2).
Lors de ma première visite, la récolte des zéolites ne pouvait être fruc-
tueuse à cause de l'altération facile de ces minéraux que je devais me borner
à recueillir à la surface du sol. Aussi, l'hiver dernier, ai-je saisi l'occasion
précieuse qui m'était offerte, d'explorer plus efficacement ce gisement, par
le tracé du chemin de 1er de Dellys à Boghni; la voie a été précisément
faite le long de la côte et elle traverse, dans toute sa longueur, le gisement
zéolitique.
Cette heureuse coïncidence m'a permis de constater sa richesse et d'y
recueillir de nombreux matériaux, parmi lesquels de magnifiques échan-
tillons de collection, que je suis heureux d'offrir au Muséum pour la collec-
tion minéralogique.
Le gisement de zéolites s'étend à toute la masse volcanique, non seule-
ment à la labradorite compacte où la présence de ces minéraux a été signalée
par M. J. Curie, mais à la labradorite à pyroxène \erl et même au terrain
sédimentaire en contact, considéré par M. Ficbeur comme appartenant à
la série oligocène (3). J'ai trouvé des fiionnels de stilbite dans les marnes et
grès qui composent ce terrain, notamment dans la falaise qui borde la
petite anse du Port maure. La grande majorité des échantillons qui l'ont
(l> In Ficheur, La KalnjUe du Djurdjura (Carte géologique de l'Algérie,
Alger 1891).
(2) L. Gentil, Bull. Soc. franc, de minéral., I. XVIII . |>. 37a.
!■■*) Terrai» dellysien , Ficheur, loc. cil.
339
l'objet de cette élude préliminaire provient de la tranchée du chemin de
^située très près de la roui,, d'Alger, aux abords du village de Tak-
La roche volcanique qui les renferme est, ainsi que Ta déterminé
M Curie, une kbradonte. Elle renferme de grands cristaux d'un pyroœhne
£* mu se défichent facilement de la roche altérée. Ce pyroxène^ése
es faces habituelles m (no), * (l0o), ,' (010), $ (^/j'aurai
I 0 casion de revenir un peu plus tard sur la composition minéralogique
cl I âge de cette roche. A ce dernier point de vue surtout, elle présente
un grand mteret : jai, en effet, constaté qu'elle a traverse' en un point la
hase des assises du terrain dellysien, alors que les produits de l'éruption
volcamque se retrouvent remaniés un peu plus haut, dans le même
• au , al état de roche compacte ou de tufs. On aurait ainsi une éruption
labradontique dàge oligocène. 1
Je me bornerai dans celte courte note à la description succincte des
-..tes que cette roche renferme. Ces zéolites sont, par ordre d'impor-
I WW, la subite la thomsmite, la mêsolite, la laumonthe, la heulan-
dite, la ehabaste, l apophylhtc et peut-être la mésotype.
fissLfrfT8* frémemtt ab01Klanf<1- E,,e faPisse 'le nomhreuse.
fissures de la roche volcamque. Elle est toujours associée à d'autres zéolites
e varie beaucoup de grosseur depuis 1 millimètre jusqu'à a millimètres
EueXtr foia tor î fait ^arenfe' mais **» — < ■*£
Llie affecte toujours la forme du Lrapézoèdre a2 (21,).
ê'Im slilbhe est également très abondante; elle se montre en filaments
«t'ocEron,pac,etou tttfacée- fpar sou abondance' e,,e «-*££
gisement Elle se montre avec sa forme ordinaire p (001), „ (uo)
5(oio), a (ioi) en cristaux aplatis sur tf (oio), et réunis en grou-
pements à axes imparfaitement parallèles sous forme de gerbe* caracté-
3» La thomsomte se présente soit en cristaux libres atteignant 1 cent 5
de longueur aplatis sur la face *■ (0,0) et terminés par la face p (oo\x
Plus souvent encore, c'est la variété fibreuse qui g reçu le nom de LJ
en masses radiées, mamelonnées, à éclat plus ou moins soyeux. C'est sous
celte forme que je l'ai signalée au Cap Bengut, dans le même gi me"
Ce minéral est toujours intimement associé à l'analnrae.
4° La mésolite est assez fréquente. Elle forme des aiguilles en général
~cment unes, soyeuses, flexibles, dépassant ! centimètre, n!d!t
teignant ezcepfconneHement ,/, d'épaisseur. Ces aiguilles constituent Jes
u'i.
— 340 —
prismes souvent terminés par un pointement. J'ai pu déterminer au gonio-
mètre sur l'un d'eux :
mm 9i°92' m b1 1 1 5" 9 8'.
Une densité prise à la balance de Westphal a été trouvée de ^,-^76.
Enfin un essai microchimique m'a montré 1 1 prédominance de la chaux ,
l'abondance de la soude et des traces de potasse.
Examinées au microscope, les aiguilles montrent un allongement tantôt
positif, tantôt négatif, une biréfringence faible, quelquefois voisine de o.
Les sections transversales de ces aiguilles montrent qu'elles sont constam-
ment maclées suivant h1 (100). Une aiguille est généralement formée de
quatre secteurs; deux secteurs opposés s'éteignent en même temps; l'extinc-
tion d'une série de secteurs par rapport à l'autre est de 16 degrés environ.
J'ai également observé des cristaux où cette macle est polysyntbétique ; ils
montrent en section des bandes parallèles alternant avec d'autres individus
groupés suivant, la même loi. Le clivage m (1 10) se montre presque tou-
jours dans ces sections.
Mon savant maître, M. Lacroix, a bien \oulu examiner un échantillon
de cette mésolite, qui m'avait été remis, il y a deux ans, par M. le Directeur
«le l'école des arts et métiers de Dellys. 11 a pu confirmer, sur ces échan-
tillons, les propriétés optiques de la mésolite qu'il avait déterminées sui-
des spécimens des Feroë, de l'Islande, etc.
5° La laumontite forme des filonnets de plusieurs centimètres , quelque-
fois -30 centimètres d'épaisseur dans la labradorite ou dans des tufs bruns
qui l'accompagnent. Ce minéral csl généralement altéré en une poudre
blanche dans laquelle on peut encore distinguer de petits cristaux. La forme
en est assez simple : ce sont des prismes allongés m (110) terminés par la
face^> (001); j'ai observé en outre la face a1/' (901). La laumontite est gé-
néralement associée à du calcaire spathique brun.
(i" La heulandite est assez rare. Elle forme des masses de clivage nacré
qui se distinguent delà stilhite. à l'œil, en ce que cette dernière a des ten-
dances à réunir ses lamelles .»' (010) en gerbes, tandis que la heulandite
présente des clivages absolument plans. Du reste . une confirmation très fa-
cile du diagnostic consiste dans l'examen en lumière convergente des la-
melles de ces deux zéolites : on observe une bissectrice aiguë dans le cas
de la heulandite, tandis que les lamelles g-1 (010) de la stilbite sont paral-
lèles au plan des axes. La heulandite de Takdempt affecte rarement des
formes géométriques; j'ai observé un seul cristal de 2 centimètres montrant
la forme habituelle p (001) m ( 1 10I//'1 (010) o1 (toi) a1 (101): ce cristal
est aplati sur g1 (01 o).
7" La chabasie est rare dans les gisements de zéolites de Dellys-Takdempt.
.3/(1
J'ai observé quelques cristaux de ce sjlicale, parmi lesquels un de 1 centi-
mètre de (Ole affectant la formep(ioi i), // (01T2), ainsi que l'indiquent
les mesures su i va 11 les :
MESUltÉ. CiXCULÉ.
pp q4° h-?J q4°/i6'
j»4l-adj. i37°5' i37°23'
Ces cristaux sont assez limpides, ils possèdent le clivage p (10T1).
Hn Vapophyllile est excessivement, rare; j'en ai observé un seid cristal
sans forme extérieure, de a millimètres environ de grosseur.
0" Je ne puis affirmer que parmi les nombreux échantillons que j'ai re-
cueillis il n'y ait pas de mésotype. 11 est possible que ce minéral existe dans
le gisement en aiguilles libres ou réunies en sphérolites. Ce qui n'est pas dou-
teux, en tout cas, c'est qu'elle est au moins rare, car dans les nombreuses
préparations que j'ai examinées au microscope , j'ai toujours observé la mé-
solite sur les aiguilles et la thomsonite sur les fibres des sphérolites.
\ux zéolites que je viens de signaler se trouvent généralement associés
deux autres minéraux secondaires : de la calcite et du quartz.
ÏAcalcite, en rhomboèdres, accompagne fréquemment l'analcime et lastil-
bite. Ce minéral se montre encore en scalénoèdres , et souvent en filonnets
de spath plus ou moins brun.
Le quartz se montre en petits cristaux hyalins de la forme ordinaire ; j'ai
observé en outre des cristaux aplatis sur deux faces du prisme.
Enfin la silice se montre encore, mais plus rarement, sous forme de fi-
lonnets d'opale. Ce minéral se rencontre fréquemment dans le gisement
analogue des îles Feroë.
En résumé, le gisement zéolitique de Dellys est caractérisé par l'abon-
dance de la stilbile qu'il renferme; il s'écarte donc des gisements français
connus pour se rapprocher du célèbre gisement des îles Feroë. L'abondance
de la thomsonite dans le gisement qui nous occupe parait eu outre lui donner
un caractère particulier. De plus, il me parait intéressant d'établir une
comparaison entre ce gisement de Dellys et celui situé non loin delà, à
s5 kilomètres dans l'Ouest, au cap Djinet. De l'étude de ce dernier'1»,
il résulte «pie la mésolype et l'apophyllite y dominent, tandis que ces
deux silicates sont au moins très rares dans celui de Dellys. La distinc-
tion complète, au point de vue des espèces, de ces deux gisements miné-
ralogiques peut paraître singulière si l'on songea leur 'proximité assez
grande d'une part, si l'on songe, d'autre part, que le massif volcanique du
1 L. Gentil : Le gisement léolilique du caj> Djinet (Bull. Soc. franc, minéral.nov.
1897).
— 342 —
cap Djinet est également constitué par une labradorite. Mais tandis ijue
l'éruption volcanique du cap Djinet est postérieur aux dépôts du Miocène
inférieur, celle de Dellys doit être placée plus Las dans la série des étages
géologiques, par suite de ses relations avec le terrain marno-gréseux de
cette région qui est classé dans la série oligocène. Cette différence d'âge des
deux massifs volcaniques permet de supposer, malgré leur proximité et
leur analogie de composition minéralogique , l'indépendance absolue des
dépôts zéolitiques <pi'ils renferment.
Sur la purification et le poids atomique du cérium,
par MM. A. Verneuil et Wyrouroff.
De tous les métaux qu'on est convenu d'appeler rares, le cérium est de beau-
coup le mieux connu. Un nombre extrêmement considérable de travaux lui
ont été consacrés et il semble , en les lisant , que le sujet soit à peu près épuisé.
Pourtant, en reprenant un à un les laits qui paraissent les plus incontes-
tables, on s'aperçoit bien vite qu'on se trouve dans un domaine d'incerti-
tudes et de contradictions. On ne connaît que très approximativement le
poids atomique du cérium; on est incertain sur sa valeur, on n'est même
pas sûr de son identité. Est-il réellement un élément simple comme on était
tenté «le le croire jusqu'à ces derniers temps, ou bien ne constitue-t-il
qu'un groupe comme l'ancien Didyme de Mosander, comme l'ancienne
Erbino de Babr et Bunsen? Cette dernière opinion a été soutenue tout ré-
cemment par M. Schutzenberger dans une série de mémoires (1'. 11 y aurait,
suivant ce chimiste éminent , plusieurs éléments présentant Ions les carac-
tères chimiques et physiques du cérium et avant des poids atomiques va-
riant de 85 à îo/t (pour ce bivalent). Si tel était le cas, toute la chimie du
cérium, telle qu'on la faisait jusqu'ici, n'aurait plus de raison d'être, et
tous les efforts devraient être dirigés vers la séparation des divers corps
simples qu'il contient.
Nous détachons aujourd'hui d'un travail d'ensemble qui paraîtra pro-
chainement ce qui a trait à cette question capitale de l'identité du cérium,
pour démontrer que c'est là un corps vraiment défini, possédant toujours,
quelle que soit son origine, même poids atomique, et ne pouvant être
scindé en éléments plus simples par aucun procédé connu. Deux malen-
tendus dominent toute la cbimie du cérium; l'un a trait à la séparation des
métaux voisins, l'autre à la détermination de son poids atomique. Ce
sont ces deux malentendus qu'il nous a paru important d'écarter tout
d'abord.
(i
Comptes rendus, t. CXX. p. 6G3 et 962; I. CXXIV, p. /î 8 1
— 343 —
Purification du Cérium. — Trois impuretés s'attachent au cérium avec
une ténacité particulière. Ce sont, par ordre croissant de difficulté d'éli-
mination : le fer, le didyme-lanthane-yttria cl la thorine,
Fer. — On croit généralement qu'une précipitation par l'acide oxalique
ou par l'oxalate d'ammoniaque suffil pour éliminer complètement le 1er.
Gela est tout à l'ait inexact. Deux ou même trois précipitations en liqueur
chaude et acide suffisent à peine pour l'aire disparaître les dernières traces
de 1er. Sa présence, même en quantité minime, se manifeste par la cou-
leur de l'oxyde céroso-cérique calciné, qui prend une teinte plus ou moins
rosée, parfois même rouge.
Didyme et lanthane. — On admet actuellement sans conteste que le pro-
cédé de Debray qui consiste, comme on sait, dans la fusion deux fois ré-
pétée avec le nitre vers 3-jo°, sépare intégralement le cérium des deux
autres métaux de son groupe. Rien n'est cependant moins certain. Ce pro-
cédé, purement empirique d'ailleurs, paraît n'être basé que sur la décom-
position de plus en plus difficile des nitrates des protoxydes du cérium,
du didyme et du lanthane; en réalité, il est accompagné d'un phénomène
infiniment plus complexe. Le nitrate céreux passe d'abord à l'état de ni-
trate cérique qui donne facilement un sel basique extrêmement stable, et
ce nitrate se combine à une température plus élevée aux nitrates du didyme
et du lanthane pour former un sel d'oxyde complexe sur lequel nous re-
viendrons plus tard. On peut suivre celle réaction en évaporant à sec et en
chauffant à des températures croissantes la solution rouge qu'on obtient
en dissolvant les oxydes calcinés dans l'acide nitrique. Vers 1200, lorsque
tout l'acide nitrique est évaporé, le mélange a une couleur franchement
jaune. Si, à ce moment, on le traite par l'eau, on obtient un corps insoluble
jaune pâle constitué pour du cérium absolument pur à l'état de nitrate
(Ge'O1)' Azs05 et une liqueur violette contenant (\a cérium à l'état de pro-
toxyde , avec tout le lanthane et le didyme. En chauffant la masse davantage ,
elle dégage des vapeurs nitreuses et prend une couleur chamois qui s'ac-
centue à mesure qu'on chauffe; reprise par l'eau, la masse donne une li-
queur opalescente qui ne peut être filtrée. Ce changement de couleur et de
propriétés tient à ce qu'il s'est formé un nouveau nitrate d'un oxyde tout
autre que CesO'. En effet, en présence des oxydes à basicité plus éner-
gique, l'oxyde céroso-cérique tend à former uu oxyde Ge30' 3 MO qui de-
vient particulièrement stable aux températures élevées, lorsque M = Di ou
La. Cet oxyde, cpie nous étudierons en détail dans une prochaine note,
donne de très beaux sels qui ne ressemblent en aucune façon aux sels
jaunes de l'oxyde Ce H)'. Il suit de là que le procédé de Debray va à ren-
contre du but qu'il se propose; au lieu de séparer, il tend à combiner
Ge30* avec DiO + LaO. Sans doute, en maintenant pendant longtemps la
température vers 33o°, on peut décomposer ce nitrate complexe, mais celte
— 34/i -
décomposition ne se fait qu'avec une extrême difficulté; c'est pour cela
qu'on ne peut espérer arriver à une séparation plus ou moins totale
qu'après une longue série de fusions. Il nous a paru infiniment plus ra-
tionnel d'arrêter la réaction au moment oii l'oxyde Ce'O' ne peut se com-
biner aux oxydes DiO + LaO, car, à ce moment, le cérium doit être rigou-
reusement exempt non seulement des deux autres métaux, mais encore
des métaux du groupe de l'yttria restant toujours attachés au didyine.
L'expérience confirme pleinement celte prévision et nous avons pu avoir,
du jour au lendemain, plusieurs centaines de grammes de cérium parfaite-
ment pur. Voici comment il faut procéder : on calcine légèrement les oxa-
lates et on les traite par l'acide nitrique. Ici deux cas différents peuvent se
présenter (1).
a. Si le mélange contient plus de oo p. 100 de cérium, l'acide nitrique
ne le dissout pas intégralement, même à l'aide de la chaleur. On pourrai)
croire que le résidu insoluble est constitué par de l'oxyde Ce'O' pur: il
n'en est rien. C'est une combinaison complexe de l'oxyde Ce304 avec
DiO-i-LaO. Dans ce cas, il faut dissoudre les oxalates dans l'acide nitrique,
ajouter un excès d'eau oxygénée et de l'ammoniaque, puis faire bouillir. Le
précipité volumineux de peroxyde de cérium rouge brun et des peroxydes
de didymeet de lanthane qui se forme ne tarde pas à dégager de l'oxygène,
à devenir d'abord orangé, puis jaune. Arrivé à cet état, il constitue l'hulrn-
xyde céroso-cérique Ce3043H20, mélangé au protoxyde de didyme et de
lanthane. 11 n'y a plus qu'à laver le précipité, de façon à éliminer le nitrate
d'ammoniaque qui gène la réaction ultérieure, à Je dissoudre dans l'acide
nitrique à chaud et à continuer le traitement comme en b.
h. Si les oxydes calcinés se dissolvent dans l'acide azotique, on évapore
la solulion jusqu'à consistance sirupeuse. Elle est de couleur rouge foncé el
contient le cérium à l'état de sel de l'oxyde Ge3043GcO = Ge607. A celle
masse demi-fluide, on ajoute une solution à 5 p. îoo île nitrate d'ammo-
niaque (3o à ho fois le poids des oxydes), el l'on fait bouillir. S'il ne se
forme pas de précipité, c'est que la liqueur est trop acide; on ajoute alors
goutte à goutte une solution étendue d'ammoniaque, (iliaque goutte pro-
voque la formation d'un précipité floconneux violet qui se redissout par
l'agitation jusqu'au moment où il apparaît un précipité jaune pâle persis-
tant. Ce précipité augmente par l'ébullition pendant quelques instants.
Quand la liqueur surnageante n'a plus la moindre trace de couleur jaune,
mais prend la couleur violette caractéristique des sels de didyme, la réac-
11 Lorsque les oxydes renferment plus de 10 |j. ioo de thorium, il est avan-
tageux de se débarrasser de la plus grande partie de celle terre, à l'aide du car-
bonate d'ammoniaque, ainsi qu'il est indiqué plus loin.
345
don «si terminée. Le précipité se filtre el se lave avec une extrême facilité,
et lorsque les eaux de lavage ne précipitent plus par l'oxalate d'ammo-
niaque, le précipité est rigoureusement exempt de lanthane, de didyme el
•les terres «lu groupe de Pyltria. Mais le cérium ainsi obtenu ne représente
qu'une fraction, environ y5 p. 100 du cérium total contenu dans la solution.
Il esl facile d'en comprendre la raison. L'action du nitrate d'ammoniaque
dissocie l'oxyde Ce3043CeO, oxyde dans lequel CeO est du reste partielle-
ment remplacé par DiO et LaO; Ce304 se précipite à l'état de nitrate
(Ce304)4Az*05 el CeO reste dans la liqueur avec les autres terres à l'étal de
■ sel neutre.
Ce procédé, le seul qui permette d'avoir du premier coup un cérium
complément exempl de lanthane el de didyme, peut même servir, comme
nous le montrerons, à une séparatiou quantitative très suffisamment ap-
prochée. Ce cérium contient pourtant encore une impureté dont il n'esl
pas commode de le débarrasser. En même temps que lui se précipite, en
effet, tout le thorium qui pouvait exister dans la liqueur.
Thorium. — Ce métal, à peine connu jusqu'à ces derniers temps et fort
peu connu actuellement encore, accompagne le cérium dans la plupart de
ses minerais, même dans la cérile. Tous les procédés en usage permettent
bien d'avoir de la thorine pure, mais non du cérium exempt de thorine.
Tel est le cas des deux meilleurs d'entre eux, l'hyposulfite de soude (chy-
denius) et l'oxydule de cuivre proposé par M. Lecoq de Boisbaudran. On
sait que le premier ne précipite guère que 85 p. 100 de thorine, et des
essais faits sur des mélanges synthétiques nous oui montré que le second
" en dépose «pie :!5 p. 100 environ. Dans les deux cas, du reste, une no-
table quantité de cérium est entraînée, mais on arrive à le séparer en ré-
pétant i\eu\ ou trois fois l'opération. C'est pour ne s'être pas méfié de la
présence du thorium el pour l'avoir accumulé dans telle ou telle fraction
«les cristallisations, qu'on a eu parfois «les variations si étranges du poi.ls
atomique t\u cérium. La solution des sulfates mélangés de thorium et de
cérium contenant un excès «lu second se comporte, lorsqu'on l'évaporé à
chaud, tout autrement qu'on ne sérail tenté de le croire d'après l«-s indica-
tions qu'on trouve dans les ouvrages classiques. C'est le cérium, de beau-
coup !<■ plus soluble pourtant , qui se dépose le premier; cela tient à ce
qu'il se forme un s.-l double excessivement soluble, qui n'est plus que diffi-
cilement cristallisante et se dessèche à la température ordinaire à l'état de
vernis transparent.
L'analyse de cr sel déshydraté conduit très approximativement à la for-
mule /.S()'Ge,SO'Tb. \ la température ordinaire, i oo parties d'eau dis-
solvant (j(j parties «lu sel anhydre.
Le meilleur procédé pour s,, débarrasser du thorium, lorsqu'il existe en
quantité «m peu notable, est de traiter les oxalales, ou bien mieux encore
— 346 —
les nitrates, par du carbonate d'ammoniaque auquel on ajoute un peu d'am-
moniaque. Le thorium s'y dissout avec une extrême facilité" et, après deux
ou trois épuisements, il ne reste plus avec le cérium «prune quantité insi-
gnifiante (i p. 100 environ) de thorine.
Pour en enlever les dernières traces, nous profitons de la propriété que
nous venons de signaler, en faisant cristalliser le sulfate bien exempt d'a-
cide sulfurique libre à 5o ou 60 degrés. La thorine reste dans les eaux
mères et, après deux ou trois cristallisations, l'azoture de potassium, le [dus
sensible des réactifs connus jusqu'ici de la thorine, ne doit plus donner de
précipité. Le cérium ainsi préparé peut être considéré comme pur, du ,
moins dans la limite de nos connaissances actuelles , et , transformé en sulfate ,
servir à la détermination du poids atomique.
Poids atomique. — Mais ici se présentent des difficultés tout à fait in-
attendues. Le sulfate est jusqu'à présent le seul sel bien cristallisé , très stable ,
très facile à purifier, dont on puisse se senir; or rien n'est plus malaisé
(pie de séparer l'acide sulfurique de l'oxyde céreux. La précipitation par
l'oxalate d'ammoniaque ( Wolf, Wing) est mauvaise, car l'oxalate de cérium
n'est pas insoluble dans l'oxalate d'ammoniaque et, d'autre part , il entraîne
de l'acide sulfurique.
La précipitation deux fois répétée par la soude à chaud (Schutzenberger)
se hernie à deux écueils; si la soude n'est pas en très grand excès, elle n'ar-
rive pas à décomposer complètement le sulfate basique qui se forme; en
effet, en calcinant l'oxyde de cérium obtenu dans un courant d'hydrogène
pur, on constate très nettement un dégagement plus ou moins considérable
d'hydrogène sulfuré.
Si la quantité de soude est suffisante pour opérer la décomposition, elle
dissout de l'oxyde céreux dont on constate la présence en ajoutant un peu
d'eau oxygénée; on peut, il est vrai, séparer d'une autre manière et inté-
gralement le cérium de l'acide sulfurique. 11 suffit pour cela d'ajouter à la
solution un excès d'eau oxygénée pure et de la soude caustique jusqu'à
réaction alcaline. On fait bouillir pour transformer le peroxyde rouge brun
en hydroxyde céroso-cérique jaune. L'oxyde ainsi précipité calciné dans
l'hydrogène se trouve être rigoureusement exempt de soufre. Mais cette sé-
paration ne lève pas toutes les difficultés. Les recherches modernes (Ripper,
Richards cl Parker, etc.) ont démontré de la façon la plus précise que le
dosage de l'acide sulfurique dans les sidfates en présence des chlorures ne
pouvait se faire qu'avec une approximation très insuffisante pour une opé-
ration aussi délicate que la détermination du poids atomique. On peut,
sans doute, faire la correction du chlore entraîné par le sulfate de baryte,
mais MM. Parker et Richards ont montré que cette correction ne conduisait
pas toujours à un résultat meilleur, à cause de la solubilité du sulfate ba-
rytique dans une liqueur acide, et, d'autre part, dans le cas présent, nous
— 3/i 7 —
ne savons pas à quel état se trouve le chlore entraîné. Est-ce à l'état de
Ba Cla ou de Na Cl, ou de tous les deux à la fois? Un exemple va montrer
quelle variation peut subir le poids atomique suivant la façon dont on l'ait
la correction. Nous avons eu dans le sulfate de la première fraction de la
série 1 (voir tableau) pour îoo parties de sulfate céreux anhydre 123,384
de Ba SO4, ce qui conduit au poids atomique Ce = 0,3, oi . Ce sulfate do ba-
ryte contenait 0,27 p. 100 de Cl1' qui, compté comme Ma Cl, donne
122,838 de BaSO' et un poids atomique de q3,84; compté comme BaCP,
il donne 193,601 de BaSO' et un poids atomique de 96, 53. Le poids ato-
mique vrai est très voisin de 92,7, comme nous l'établissons plus loin. On
voit ainsi que la méthode du dosage de l'acide sulfurique ne peut être ap-
pliquée ;i la détermination du poids atomique du cérium.
M. Brauner s'est servi d'un autre procédé qui, au premier abord, paraît
tout à fait à l'abri de reproches. Il calcinait fortement le sulfate déshydraté
et calculait le poids atomique d'après le poids de Ce3 O'1 obtenu. La moyenne
de ses expériences très concordantes donne Ce = 93,48. M. Schutzeuberger
a fait cependant remarquer avec très juste raison que l'oxyde céroso-cérique
avjiil des poids différents suivant la température de calcination , qu'on ne
pouvait pas , dès lors, savoir à quel moment il présentait la composition Ce3 O4.
Ces variations peuvent atteindre plusieurs millièmes; le procédé semble
donc, lui aussi, ne pouvoir fournir des résultats exacts.
Nous ne rappelons que pour mémoire les déterminations faites en par-
tant de l'oxalate céreux (Jegel, Rammelsberg , Bûhrig). Nous considérons
ce sel comme tout à fait impropre à fixer le poids atomique du cérium ,
d'abord parce qu'il est à peu près impossible de l'avoir à l'état pur, ensuite
parce que l'analyse organique comporte des erreurs trop considérables
pour pouvoir être appliquée à un poids atomique aussi élevé. Les grandes
différences trouvées (Jegel, 91,66; Rammelsberg, 92,16; Bûhrig, 9/1, h)
montrent l'insuffisance de la méthode. Il faut remarquer de plus, — ces
sortes de surprises ne sont pas rares dans l'histoire du cérium, — que le
chiffre de Bûhrig, généralement accepté aujourd'hui, est le même que
celui donné en i848 par Marignac qui l'a reconnu inexact peu de temps
après ( 1 853 ). Il l'avait obtenu, en effet, par la précipitation directe du
sulfate avec le chlorure de baryum. Nous citerons enfin, pour compléter
l'historique, l'analyse du chlorure anhydre faite par M. Robinson qui lui a
donné Ce = 93,5, chiffre identique à celui de M. Brauner. Le chlorure est
un sel trop déliquescent, trop difficile à purifier de l'oxychlorure qui l'ac-
compagne pour pouvoir être employé avec quelque chance de succès à la
détermination du poids atomique. Tous les anciens procédés écartés comme
insuffisants, il restait à trouver un procédé meilleur. Nous avions remarqué,
(l) Ce cliiflre s'éloigne peu de la moyenne des 17 analyses de MM. Richards et
Parker, qui est de 0,287 p. 100 (Zeit. Aiuil. 67*., I. VIII, p. ^17),
m faisan! de nombreux dosages d'eau dans le sulfate hydraté, la parfaite
concordance des chiffres qu'on obtenait. Sur 20 dosages, aucun ne présen-
tait un écart supérieur à o,o3 p. 100. L'idée nous vint alors d'employer
ce dosage à la détermination (\\\ poids atomique; en tout cas, il pouvait
senir à fixer d'une façon exacte les conditions dans lesquelles l'oxyde
ce'roso-cérique obtenu par caicination à haute tempérai 1 ire avait la formule
Ce3 0'' et de reprendre ainsi avec certitude la méthode de M. Brauner. Le
tableau qui résume nos expériences montre d'une façon évidente :
i° Que I.' dosage île l'eau donne des écarts moindres que le dosage de
l'oxyde céroso-cériquc calciné au blanc, et par conséquent un chiffre plus
exact pour le poids atomique.
a" Que la méthode de M. Brauner donne un chiffre sensiblement exact
lorsqu'on calcine le sulfate à une température très élevée (i5oo degrés
environ), parce que ce n'est qu'à cette haute température qu'on élimine
les dernières traces d'acide sulfurique. A cet étal, s'il est rigoureusement
pur, il doit être absolument blanc, sans la moindre leinle rose, chamois on
jaune. Dans cette méthode, ce sont les chiffres les plus bas qui sont le plus
rapprochés de la vérité. Mais pour pouvoir doser exactement l'eau , il n'est
pas indifférent de s'adresser à n'importe lequel des nombreux hydrates du
sulfate céreux. Nous avons donc commencé par étudier avec soin les con-
ditions de formation et les propriétés de ces sels, sur lesquelles on est loin
d'être d'accord.
Les hydrates décrits sont au nombre de cinq :
A. (CeSO4)3 5 Aq.
15. CeSO'' " AM-
G. (CeSO1, 8Aq.
I). CeSO" 3 Aq.
E. CeSO'' * Aq.
La forme cristalline et les propriétés optiques des sels A, C et 1) ont été
déterminées, du moins approximativement, par Marignac et Des Gloizeaux.
Le sel E se présente sous forme d'efflorescences composées d'aiguilles en-
chevêtrées tout à fait indéterminables; seul le sel B n'a été que vaguement
caractérisé comme cristallisant en aiguilles semblables à celles du sel A. En
réalité, cet hydrate n'existe pas, et chaque fois qu'on obtient des quantités
d'eau voisines de 16 p. 100, on est sur de trouver au microscope deux
sortes de cristaux : des prismes n'éteignant [tas suivant leur longueur du
sel A et des octaèdres beaucoup moins biréfringents du sel C.
Les conditions de formation de ces divers hydrates sont très différentes,
suivant que la liqueur contient ou ne contient pas un peu d'acide sulfu-
rique fibre. Nous n'avons à examiner ici que le cas particulier des solutions
absolument exemptes d'acide libre. Cette condition est essentielle, car on
— 3/i 9 —
sait que le sulfate céreux, quelque bien cristallisé qu'il soit, retient l'acide
sulfurique avec une singulière ténacité, qui s'explique peut-être par la faci-
lité avec laquelle se l'orme un sulfate acide que l'un de nous a décrit depuis
longtemps C1) et qui ne se décompose (pie difficilement à une température,
relativement très élevée. Pour chasser les dernières traces d'acide sulfurique,
on peut procéder de diverses façons: ou liien précipiter deux ou trois fois
par l'alcool, ou bien, après une première déshydratation faite à une tem-
pérature aussi élevée que possible (hoo-liho degrés), dissoudre, cristalliser
h 70-80 degrés la plus grande partie, évaporer l'eau-mère qui a retenu la
majeure partie de l'acide libre existant, chauffer jusqu'à disparition des va-
peurs sulfuriques, déshydrater les cristaux, dissoudre le tout dans l'eau et
répéter l'opération trois ou quatre fois; ou bien encore et plus simplement,
décomposer les nitrates par une quantité insuffisante d'acide sulfurique et
chauffer vers 5oo degrés. La masse contient de l'oxyde céroso-cérique ou
un sel basique qui reste sur le filtre et du sulfate céreux qui se dissout.
Le sel ainsi préparé ne donne plus à toutes les températures, depuis la tem-
pérature ambiante jusqu'au-dessus de 85 degrés, que l'hydrate G mélangé
parfois, lorsque la température ne dépasse pas /i5 degrés, de quelques
cristaux aciculaires, généralement isolés et très nets, de l'hydrate 1)(2'. (le
n'est qu'à une température voisine de 100 degrés qu'on obtient des ai-
guilles clinorhombiques du sel A toujours mélangées de l'hydrate G. Au sor-
tir de l'eau-mère, ces aiguilles s'effleu rissent ou plutôt semblent s'effleurir
très rapidement; en réalité, elles se recouvrent d'une couche de cristaux
de l'hydrate supérieur G, seul normal, seul stable dans ces conditions.
Il suit de là que le sel (CeSO4)3 8 Aq. est le seul qui puisse être employé
pour les pesées exactes. 11 se maintient très bien à l'air, donne facilement
des cristaux très limpides, surtout lorsqu'ils sont petits. Sa densité à 17 de-
grés est de 2.885. Pour l'obtenir rapidement en cristaux très limpides,
il faut dissoudre le sulfate déshydraté vers 4o<> degrés dans 10 fois son
poids d'eau et cristalliser à Go degrés. On a ainsi en vingt-quatre heures
un dépôt abondant de cristaux ne dépassant pas 0 m. 009. de diamètre et
d'une transparence parfaite. On les égoutte sur du papier à filtrer, on les
roule dans du papier Joseph jusqu'à disparition de la moindre humidité,
on les pulvérise et on les essuie encore. A cet état, ils peuvent servir à l'ana-
lyse el donnent des nombres constants, même après être restés deux ou
trois jours à l'air.
L'hydrate G, comme tous les autres hydrates du reste, se déshydrate
1res facilement vers 200 degrés; chauffé dans un tube au rouge, il ne
W Bulletin Soc. Chim., 3° série, I. Il, p. 7^0, 1889.
I Ces cristaux se distinguent au microscope, à première vue, des aiguilles de
l'hydrate \, mer lequel on pourrait les confondre. Ils appartiennent en effet à la
symétrie hexagonale, et en lumière polarisée s'éteignent suivant leur longueur; les
nxtinclions des cristaux A seul, mm contraire, très obliques sur l'arête mm.
— 350 —
donne |»lus trace d'eau. Une ibis déshydraté, il supporte une température
voisine de 5oo degrés sans subir la moindre décomposition.
Sur ces deux points, nous sommes en complet désaccord avec M. Brau-
ner, qui soutient que l'eau ne peut être définitivement chassée que vers
/ioo degrés et qu'une température de 5oo degrés fait jaunir le sel par
suite d'un commencement d'oxydation.
Nous ferons remarquer que si notre dosage d'eau était trop faible, le
poids atomique du cérium, déjà inférieur à celui de M. Brauner, serait en-
core abaissé; d'autre part, l'oxydation du sulfate céreux à 5oo degrés in-
dique nettement, ainsi que Nilson l'a remarqué le premier (1), la présence
de la thorine.
Le sel déshydraté est chauffé au blanc vers i5oo degrés. Il ne perd son
acide (pie très lentement, et il faut au moins quinze minutes de chauffe
pour arriver au poids constant. L'oxyde ainsi obtenu ne semble plus con-
tenir de soufre; du moins, celui de l'analyse 1,9, calciné dans l'hydrogène ,
n'en a donné aucune trace, dépendant l'extrême dilîicullé avec laquelle le
sel perd de son acide par calcination doit faire considérer ce procédé comme
moins exact cpie celui du dosage de l'eau.
Pour arriver à des résultats quelque peu précis, il faut opérer toutes les
calcinations en double creuset , employer des creusets de platine aussi petits
que possible, ne pas prendre plus de i gr. 5 de matière et faire la pesée à
l'abri de l'humidité.
Les trois séries d'analyses résumées dans le tableau ont été faites sur
trois produits essentiellement différents.
I. Cérium extrait des oxalates bmts de la monazite par le procède que nous
avons exposé plus haut et rigoureusement purifié de la thorine. — Ce cérium a
été transformé en sulfate et le sulfate fractionné en neuf portions. Les ana-
lyses î et 2 ont été faites sur la première portion, les analyses 3 et k sur
la dernière.
II. Cérium protenant du traitement industriel d'oxalates extraits de la mo-
nazite, très riches en thorine (environ 5o p. îoo), par le carbonate d'ammo-
niaque. — Ce réactif avait dissous une certaine, quantité de cérium de di-
dyme et toutes les terres de l'yttria. Après élimination de la plus grande
partie de la thorine par les procédés habituels, le mélange restant a été
traité comme le cérium I. Le sulfate a donné trois fractions. Les analyses î
et 2 se rapportent à la première, les analyses 3 et h à la dernière.
III. Cérium extrait des oxalates bruts provenant de la cérite et purifiés comme
le cérium I et II. — Le sulfate a été séparé par cristallisation à Go degrés en
trois fractions. L'analyse î se rapporte «à la première, l'analyse 2 à la dernière.
(i)
\nn. Ckim. l'hyx., h' série, t. XXX, p. Û3i; i88i->.
— 351 —
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[/examen de ee tableau montre de la façon la plus claire que le cérium,
quelle que soit sa provenance, convenablement débarrassé «les impuretés
qu'il peut contenir, el spécialement de la thoiïne, est uu élément toujours
idnilique à lui-même , donnant toujours à houle température an oxyde Ce304
parfaitement blanc. Les méthodes indirectes qui ont été employées ne per-
mettent pas de fixer son poids atomique d'une façon absolument rigoureuse,
mais on peut dire, avec certitude, qu'il est voisin de yj.7 avec une ap-
proximation de 0.2 à o.-'i p. 100, plutôt en moins qu'en plus.
\près avoir ainsi li\é l'identité du métal, nous étudierons dans un pro-
chain travail I; s principales combinaisons, cl notamment ses 1 breux
oxydes.
BULLETIN
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE.
ANNEE 1897. - N° 8.
24" réunion des naturalistes du muséum.
2 1 DÉCEMBRE 1 897.
PRESIDENCE DE M. MILNE EDWARDS,
DIRECTEUR DU MUSEUM.
M. le Président dépose sur le bureau le 70 fascicule du Bulletin
pour l'année 1897, paru le 20 décembre et contenant les com-
munications faites dans la réunion du 3o novembre.
Il exprime les regrets de M. le comte de Barthélémy, qui est
malade en ce moment et qui est forcé de remettre à une date ul-
térieure la communication qu'il se proposait de faire sur son récent
voyage dans l'Indo-Chine.
11 annonce qu'une exposition des nombreuses collections rappor-
tées de la Palagonie par M. le comte de la Vaulx succédera, au
Muséum, à l'exposition des collections de MM. Chaffanjon, Gay et
Mangini et pourra être ouverte vers le mois de mars.
Il annonce que Monsieur Bardoux, sénateur inamovible, qui
avait été nommé membre du Conseil du Muséum par un décret du
1/1 de'cembre 1891, est décédé le 23 novembre 1897; M. Fallières,
sénateur, ancien Ministre de l'instruction publique, le remplace
dans le Conseil (décret du i5 décembre 1897).
Madame veuve Lemoine et son fils M. Lemoine, docteur en droit,
ont offert au Muséum la belle collection des fossiles de Cernay de-
Mcsbum. III. 25
— 354 —
venue célèbre par les travaux de laminent paléontologiste, M. Vic-
tor Lemoine, et ils ont fait don du terrain où se trouve le gisement
de ces Vertébrés éocènes de manière à nous permettre de continuer
les fouilles qui ont été déjà si fructueuses.
M. le DrR. Blanchard, qui possède la riche collection de Bryozo-
aires formée par M. le Dr Jullien et renfermant les types des nom-
breuses espèces décrites par cet auteur, a fait don de cette col-
lection au Muséum.
M. Gh. Hose, Résident de Grande-Bretagne à l'île de Bornéo,
vient de faire don au Muséum d'une magnifique série de Mammi-
fères et d'Oiseaux provenant de Gélèbes et de Bornéo.
La collection de Mammifères comprend hi spécimens, dont
21 Singes, 5 Insectivores, 3 Carnassiers et i3 Rongeurs.
Parmi les Singes sont à signaler : une importante série à'Hijlo-
bates Mùlleri (Mart.) montrant la grande variabilité des teintes chez
cette espèce, plusieurs Semnopithèques nasiques et quelques repré-
sentants d'espèces récemment décrites et rares dans nos collec-
tions : S. Hosei (Thos.), S. Everetti (Thos.).
Les Insectivores sont des Toupayes dont une espèce T. montana
(Thos.) est encore mal représentée dans nos collections. En fait de
Carnassiers, le curieux Hemigale Hardivicki (Gr.) mérite particuliè-
rement d'être indiqué.
Les Rongeurs appartiennent tous à la famille des Sciuridés.
Sont à mentionner spécialement deux magnifiques Se. bicolor
(Sparrm.) à queue démesurée, et le petit Ecureuil montagnard
Se. notalus orestes (Thos.) que nous ne possédions pas encore.
Sauf un Pteromys nitidus (Desm.) recueilli par M. Hose dans l'île
Bungoran ou Grande île Natuna, tous ces spécimens proviennent
des hautes terres de Sarawak, et particulièrement du Mont Dulit,
dans le Nord-Est de Bornéo.
La collection d'Oiseaux se compose de 1 33 spécimens, parmi
lesquels se trouvent les représentants de nombreuses espèces ré-
cemment décrites par M. R. Bovvdler Sharpe, senior Assistant au
British Muséum, d'après des exemplaires recueillis soit par
M. Hose, soit par M. J. Whitehead. Nous ne pouvons citer ici
toutes ces formes, qui, pour la plupart, sont cantonnnées dans l'île
de Bornéo et se trouvent principalement dans les régions monta-
— 355 —
gneuses de l'intérieur, à des altitudes variant de 1,000 à 6,000
pieds, et nous mentionnerons seulement, comme particulièrement
intéressants, un petit Hibou (Heteroscops Luciœ) , des Barbus (Cyanops
monticola et Mesobucco e.vimius), des Timéliidés (Rhinocichla Treacheri,
Staphidia Everetti, Turdinus canicapillus , Turdinuhs exuh Otocompsa
montis, Chioropsis kinabaluensis , Hemixus connectens), un magnifique
Eurylaime (Calyptomena Hosei) , un Loriot ( Oriolus Hosei) , des Drongos
(Chibia bomeensis, Bùchanga stigmatops, Graucalus Normanni), etc.
D'autres espèces, plus anciennement connues, sont également pré-
cieuses pour le Muséum. Tel est, entre autres, l'Argus de Bornéo
(Argusianus Grayi) qui est très différent de l'Argus de Malacca et
dont M. Hose a envoyé trois spécimens, un mâle adulte, un jeune
mâle et une femelle.
M. le professeur Gaudry met sous les yeux de l'assemblée un
cadre renfermant des poils de Mammouth qu'il a rapportés de
Russie et donne à ce sujet les renseignements suivants : crLe Con-
grès géologique international a tenu cette année ses assises à Saint-
Pétersbourg. La Géologie est très honorée en Russie. L'Empereur,
les membres du Gouvernement, les municipalités nous ont fait des
réceptions magnifiques; des excursions géologiques ont été organi-
sées en Esthonie, en Finlande, dans l'Oural, dans le Caucase.
M. Bùchner, assistant du musée de l'Académie impériale des sciences ,
a bien voulu me donner, au nom de l'Académie, des poils du Mam-
mouth qui a été trouvé par M. Schmidt à l'embouchure de l'Yénis-
sii. Le professeur de Zoologie, M. Milne Edwards, a eu la bonté
de nous faire disposer avec soin ces poils que je présente à l'as-
semblée des naturalistes. On voit en même temps qu'une laine
très serrée des poils d'une singulière longueur. Le majestueux
Mammouth de Sibérie, avec sa belle fourrure, ses longues défenses
ecourbées, a dû être un grandiose ornement des paysages quater-
1
naires. r>
M. le professeur Bouvier annonce en ces termes le don au Mu-
séum de la collection de feu M. Ragonot :
Les galeries entomologiques du Muséum se sont enrichies récemment
d'une collection qui augmente singulièrement leur valeur et leur intérêt
scientifique; avec une générosité qu'on ne saurait trop louer, et qui mérite
d'être citée comme exemple, Mme veuve Ragonot vient d'offrir à notre éta-
blissement les précieux Mierolépidoptères qu'avait réunis son mari, et les
a5.
— 356 —
ouvrages qu'il s'était procurés pour en faire l'élu le. Grâce à celte dona-
tion, le Muséum se trouve aujourd'hui en possession de richesses que les
plus grands établissements zoologiques pourront justement lui envier. Les
Microlépidoplères, en effet, constituent un groupe dont l'étude, trop dé-
laissée jusqu'ici, est particulièrement laborieuse et difficile. Peu d'entomo-
logistes ont consacré à ce groupe plus de labeur et d'intelligence que le
savant regretté dont le Muséum a recueilli l'héritage; après trente années
d'études poursuivies sans relâche, il a pu former une collection que nulle
autre n'égalait en France, et qui, à part une exception peut-être, n'avait
pas de rivale à l'étranger. Dans la donation dont je suis heureux de vous
entretenir, je ne sais ce qu'il faut le plus admirer, du profond désintéres-
sement de Mme Ragonot, ou de la généreuse pensée de son mari exprimant
le désir qu'après lui, sa collection revînt à notre établissement; en tout cas,
des actes de cette nature sont au-dessus de tout éloge : ils honorent gran-
dement leur auteur, et ils témoignent, à un degré qui n'est pas commun,
le plus vif amour pour notre patrie et pour la science.
C'est vers 1870 que Emile Ragonot entreprit sérieusement ses études
sur le groupe des Microlépidoptères. Rien qu'à cette époque il fut déjà un
entomologiste passionné, il n'avait pas encore trouvé sa voie et il consa-
crait ses loisirs à rassembler des connaissances sur le groupe tout entier des
Insectes. Au reste, cette période préparatoire n'influa pas médiocrement
sur la valeur de ses travaux; quand on veut se livrer à des recherches spé-
ciales, il n'est pas bon de s'y localiser dès le début, et les recherches du
savant entomologiste n'auraient pas eu, certainement, le caractère scienti-
fique et précis qu'on s'accorde à leur reconnaître, si elles n'avaient eu pour
base fondamentale des connaissances générales fort étendues.
Dès qu'il eut abordé le champ ingrat, et presque inculte, dans lequel il a
dépensé tant de travail, Ragonot montra qu'il était à la hauteur de la
lâche entreprise : ses travaux furent vite goûtés des hommes de science, et
il se trouva bientôt en relation avec tous les microlépidoptéristes les plus
éminents. 11 est peu de collections importantes qu'il n'ait étudiées, peu
de musées qui n'aient eu recours à ses lumières scientifiques; le nôtre fut un
des premiers à profiter de ses connaissances , et tout ce que nous possé-
dons en Microlépidoptères fut déterminé et étiqueté de sa main.
C'est aux relations étendues qu'il sut former, aussi bien qu'à ses connais-
sances et à la sûreté de ses vues, que la collection qu'il a réunie doit son
inappréciable valeur. Non seulement les /io,ooo exemplaires qui la com-
posent ont été déterminés par un maître, mais beaucoup sont des formes
typiques provenant d'échanges, et près de 5oo sont des types qu'il a décrits
et figurés dans ses divers ouvrages. Parmi ces derniers se trouvent les
exemplaires avec lesquels il composa son remarquable Essai sur la classifi-
cation des Pip-alites.
En 189.S, quand la mort vint brusquement l'emporter, ii venait de ter-
— 357 —
miner le premier volume d'un ouvrage plus important encore, sa Monogra-
ph'e des Phijcitinœ, publiée sous les auspices et avec le concours du grand-
duc Nicolas Mikhaïlowitch. Mais le second volume était en préparation; et
un serrement de cœur prenait le savant, qui craignait de laisser son œuvre
incomplète. En cette triste occurrence, M"" Ragonot a montré ce que pou-
vait un noble cœur servi par une belle intelligence. Le savant n'était plus
là, mais ses collections restaient, représentant le meilleur de sa carrière
scientifique. Aidée par M. l'abbé de Joannis et par M. Ponjade, M'"e Rago-
not réunit tous les matériaux nécessaires à l'achèvement du second volume;
elle les communiqua au collaborateur que son mari avait désigné, M. Hamp-
son, surveilla le travail d'imprimerie, revit les épreuves, et quand tout
fut prêt, quand elle eut achevé sa tâche, elle écrivit simplement au Direc-
teur du Muséum pour lui offrir les richesses que son mari avait réunies
avec tant d'amour. Bientôt paraîtra le second volume de la Monographie
des Phycides; grâce à Mme Ragonot, les savants pourront consulter au
Muséum les matériaux qui ont servi à le préparer.
Le plus vif désir de Ragonot était de former des élèves et de voir les
jeunes entomologistes entrer dans la carrière qu'il avait si fructueuse-
ment suivie. Je me suis inspiré de ce désir et j'ai placé la précieuse collec-
lion au laboratoire, dans un meuble spécial, où sa conservation est parfai-
tement sûre, et où elle pourra cbaque jour être facilement et utilement
consultée. A côté se trouve la petite bibliotbèque, comprenant à peu près
5o volumes, que Ragonot avait constituée et qui renferme des ouvrages
de première importance, comme la Monographie des Tinéides de Slainton,
ou des mémoires plus précieux encore, parce qu'ils ont été tenus au cou-
rant et annotés par lui (Monographie des P ijr alites , Catalogue de Staudin-
ger).
Le regard de Ragonot suivra d'un œil complaisant les entomologistes
qui viendront profiler des fruits de son travail et de sa grande libéralité.
La Société entomologique de France, dont il fut deux fois le président, a
bien voulu m'offrir un exemplaire avant la lettre du beau portrait de Rt
gonot que M. Poujade a gravé pour ses Annales; j'ai fait placer ce portrait
à côté de la collection, au voisinage des deux Fallou, qui ont, eux aussi,
voulu servir après eux la science, en léguant leurs collections au Muséum.
M. Renault dépose au nom de M. Roche et au sien une brochure
intitulée : Sur une nouvelle Diploxylée, et en même temps un
échanlillon à slructurc conservée, unique jusqu'ici, qui a servi à
cette étude. Cet échantillon, destiné aux collections de Paléontologie
végétale, provient du culm d'Esnost, près Autun.
Le Directeur fait projeter sur le tableau des photographies in-
stantanées prises d'après les Chimpanzés de la ménagerie du Mu-
— 358 —
séum et résume les observations que l'on a pu faire sur ces ani-
maux remarquables par leur douceur et leur intelligence. Le Jardin
des plantes a posse'de' un moment trois Chimpanzés mâles et femelle
dont deux avaient été donnés par M. le Dr Maclaud; malheureuse-
ment la femelle a été emportée, il y a quelque temps, par une
congestion pulmonaire; un jeune mâle vient de mourir également
et il ne reste plus qu'un mâle, Baboun, âgé de 6 à 7 ans, qui vit
à la ménagerie depuis 1 9 mois, et une petite femelle du Fernand-
Vaz.
M. Hamy présente à la réunion l'épreuve originale du masque
de Jean-Jacques Rousseau, moulé à Ermenonville au lendemain
de la mort du célèbre écrivain, le k juillet 1778, et exprime le
regret de n'avoir pas pu confronter cette pièce authentique, qui ap-
partient à la galerie d'Anthropologie du Muséum (collection de
Gall, n° 36o), avec le crâne rencontré ces jouis derniers dans le
caveau de Rousseau au Panthéon.
COMMUNICATIONS.
Description d'un Bhinolopiie d'espèce nouvelle, R. Maclaudi,
RECUEILLI PAU M. LE D' MâCLAUD
SUR LIEE DE CONAKRY (GUINEE FRANÇAISE),
PAR E. DE POUSARGUES.
Parmi les Mammifères nombreux et intéressants recueillis par M. le
Docteur Maclaud dans file de Conakry, sur les côtes de la Guinée française,
se trouvait un Cheiroptère du genre Rhinolophus présentant un ensemble
de caractères qui le distinguent nettement de toutes les autres formes con-
génériques.
Cette nouvelle espèce est de grande taille, plus grande que toutes celles
signalées jusqu'à présent sur le continent africain, car elle dépasse en di-
mensions le H. Hildebrandti (Pet.) de l'Afrique orientale et ne le cède à cet
égard qu'au géant du genre, le Hliinolophe deuil, R. luctus (Tem.), des
hautes terres de l'Inde continentale et archipélagique. Sa taille n'est pas le
seul caractère qui la rapproche des grandes espèces indiennes pour lesquelles
Gray avait créé les sous-genres Aquias et Phyllotis ; elle leur ressemble
— 359 —
aussi par le mode de conformation de la feuille nasale et en particulier de
la selle ou partie centrale. Cette dernière peut être comparée, dans son
ensemble, au pétale Libellé de certaines fleurs : sa portion basilaire est
cordiforme; chacune de ses deux ailes symétriques s'élève d'abord vertica-
lement au-dessus de la cloison nasale, puis s'étale et s'épanouil latérale-
Fig. 1 •
Gross. 3/a
ment et enfin s'incurve en haut vers son bord supérieur, de manière à
ménager entre elles une cavité assez profonde en forme de coupe évasée, ana-
logue à celle que l'on remarque chez les R. mitratus (Blylh) et R. philip-
pînensis (Wat). La partie supérieure de la selle, bien développée en lon-
gueur comme en largeur, dessine une sorte de languette dirigée en haut
et en avant. Un autre caractère spécial à cette nouvelle espèce consiste
dans le mode de structure de la partie antérieure de la feuille nasale ou fer
à cheval, qui, sur son bord interne longeant extérieurement chacun des
orifices nasaux, se redresse verticalement en une lame membraneuse assez
élevée, qui vient doubler de chaque côté, comme un calice, l'espèce de co-
rolle formée par la portion basilaire de la selle. Enfin je signalerai tout
particulièrement la longueur démesurée des conques auditives, dont les di-
mensions relatives sont énormes et qui, au point de vue absolu, dépassent
même en longueur, celles du R. luctus, le mieux pourvu sous ce rapport.
La diagnose de cette espèce remarquable peut être résumée de la façon
suivante :
La partie terminale ou supérieure de la feuille nasale, bien développée,
3(30 —
triangulaire , remonte presque verticalement jusqu'entre les oreilles et pré-
sente latéralement les trois replis et les vacuoles ordinaires. La partie anté-
rieure horizontale delà feuille ou fer à cheval est large, légèrement échan-
crée au milieu de son bord antérieur et surplombe toute la lèvre supérieure;
le long de son bord interne attenant aux narines elle se relève de chaque
côté en une lame verticale très développée dont les amorces descendent
en s'atténuant graduellement vers son bord antérieur.
La portion basilaire de la selle est cordiforme, creusée en coupe, beau-
coup plus large que sa portion supérieure verticale (section h' du Synopsis
de Dobson){l), chacune de ses ailes s'étalant la-
téralement et se relevant ensuite verticalement.
La partie supérieure de la selle a la forme d'une
languette dressée, assez longue, et conserve la
même largeur jusqu'à son sommet, arrondi et
recourbé en avant. La lame membraneuse ver-
ticale (posterior Connecting process) qui rattache
cette languette à la partie supérieure de la feuille
est concave , peu élevée et n'atteint même pas son
sommet. La lèvre inférieure ne présente qu'un
seul sillon médian peu profond. Les oreilles sont
énormes, d'un quart plus longues que la tête et
hors de proportion avec la taille de l'animal;
leur bord interne, garni près de la base d'un duvet rare et court, est
régulièrement convexe jusqu'au sommet assez peu aigu, légèrement ar-
rondi et dirigé en dehors; leur bord externe, un peu éch ancré et concave
dans le quart supérieur, devient ensuite régulièrement convexe. A l'inté-
rieur se voient douze replis parallèles très accentués. L'antitragus , très élevé ,
est séparé du bord externe par une encoche profonde et anguleuse; sa sur-
face bosselée présente en haut une partie bombée et convexe, plus bas une
dépression circulaire profonde formant cuvette; son bord supérieur, arrondi
et convexe, se replie en dehors en s'enroulant en ourlet; son bord anté-
rieur, profondément concave, vient se terminer comme un soc au-dessous
et au niveau de l'œil. La membrane alaire, très développée, d'un brun
sombre, prend ses attaches aux malléoles. La queue est relativement
courte, et sa pointe extrême dépasse un peu la membrane interfémorale.
Celle-ci est de grandeur médiocre, triangulaire en arrière et relativement
moins développée que chez le R. Inclus.
Le pelage est doux, bien fourni, mais assez court, d'un blond châtain
uniforme, un peu plus clair sur la face inférieure du corps.
La première prémolaire supérieure est petite, peu élevée, assez distante
de la canine, au contraire très rapprochée de la deuxième prémolaire,
Fig. a. — Gross. 3/-j.
(l) Dobson, Catalog. of ' Chiroptera , 1878, p. 101.
— 361 —
contre laquelle elle est accolée. Ln deuxième prémolaire inférieure est
très réduite, enchâssée dans l'angle qui sépare les première et troisième
prémolaires et placée par conséquent un peu en dehors de la rangée
dentaire.
Le seul spécimen recueilli par M. le Docteur Maclaud est une femelle
adulte, prise pendant la période d'allaitement, comme l'indiquent ses ma-
melles extrêmement turgides. Sur la région pubienne se voient les deux ap-
pendices tétiniformes ordinaires.
Ses principales dimensions sont les suivantes :
Longueur de la tète et du corps qf)n""o
— delà queue i i 0
de la tête 33 0
Dimensions de la feuille nasale 26x16 o
Longueur totale de la selle 1 4 o
Largeur maximum de sa partie basale q 5
Largeur de la partie supérieure ou languette 5 0
Longueur de l'oreille, de la base de son bord interne
au sommet 4 /, 0
Longueur de i'antilragus, de la pointe de son bord ex-
terne au sommet j -, 0
Longueur de i'avant-bras 68 0
du métacarpien du 3e doigt kn o
de la 1" phalange du 3e doigt 93 0
de la ae phalange du 3e doigt 36 o
du métacarpien du 5e doigt 5o o
de la 1" phalange du 56 doigt 17 0
de la -2e phalange du 5e doigt 93 0
du tibia . 3 , 0
Celte espèce, que je dénommerai Rlnnolophus Maclaudi en l'honneur de
M. le Docteur Maclaud , a été prise sur l'île même de Gonakry, mais elle doit
sa rencontrer également un peu plus au large, sur les îles de Los, et d'autre
part, sur les côtes et dans l'hinlerland de nos possessions de la Guinée
français?; elle vient grossir le nombre, assez restreint du reste, des es-
pèces du même genre, dans celte partie de l'Afrique où l'on n'a encore si-
gnalé que le R. akijone (Tem. ) <>>, le R. fumwatus ( Rûpp.) et le R. clivosus
(RûppO™.
(1> Temmiuck, Esquiss. zoolog., Cotes de Guinée, 1 853 , p. 80. — Matschie,
Sâugeth. des Togogeb. — Mittheil. ans den deutsch. Schutzgeb. Bd. VI , Hft. 3 , Ex-
trait, 1893, p. 8.
; De Rochebrune, Faune de la Smégamhie, Act. Soc. Linn. Bordeaux.
«883. Vol. XXXVII, h' série, t. VII, p. 93 et 94.
-.- 362 —
Le «Kp.okodïle noir du Nigeb^ des collections du Muséum,
par M. Léon Vaillant.
Depuis le remarquable Mémoire publié par Strauch en 1868, l'assimi-
lation entre le Crocodilus cataphractus Cuvier et le Crocodile noir vu par
Adanson au Sénégal n'est contestée par aucun zoologiste, mais il y avait
difficulté à reconnaître l'exemplaire du Muséum étiqueté, de la main du
célèbre voyageur : Krokodile noir du Niger. •
Cuvier ( 1807), plus tard Duméril et Bibron (i838) parlent de cet in-
dividu, qu'ils ont eu entre les mains, et le déterminent comme variété II ou
B. de leur Alligator palpebrosus , laquelle variété est élevée au rang d'es-
pèce par Cuvier lui-même dans son résumé systématique; on la désigne
aujourd'hui sous le nom de Jacaretinga trigonatus Scbneider. On sait sur
quelle misérable argumentation s'est appuyé Gray pour prétendre, jus-
qu'en 1879., que ces savants berpétologistes avaient confondu un Osteo-
lœmus tetrapsis Cope, de la côte occidentale d'Afrique, avec cette espèce
américaine, si nettement caractérisée par eux, bien que Strauch, dans le
travail précité, eût déjà fait justice des prétendues raisons données par le
directeur du Musée britannique.
Toutefois, dans ces derniers temps, il avait été impossible de retrouver
cet objet, dont il n'était fait mention spéciale ni dans le catalogue imprimé
de i85i par Constant et Auguste Duméril, ni sur les catalogues manu-
scrits du laboratoire. Feu Braconnier, qui connaissait si admirablement la
collection, interrogé plusieurs fois à ce sujet, n'avait pu me fournir non plus
aucun renseignement.
Les recherches que j'ai, depuis plusieurs années, entreprises sur nos
Emydosauriens, dans le but d'y déterminer exactement les types authen-
tiques, m'ont permis de retrouver cet intéressant exemplaire et, sans en-
trer ici dans des détails qui feront l'objet d'un mémoire spécial, voici en
quelques mots les déductions par lesquelles on est amené à le reconnaître.
La collection à l'époque du travail de Cuvier (1807) renfermait quatre
exemplaires du Jacaretinga trigonatus; elle se trouvait dans le même état
lors de la publication du IIIe volume de Y Erpétologie général» ( i838); au-
jourd'hui, d'ailleurs, nous n'en possédons qu'un de plus, soit cinq. En
voici la liste énumérative donnant le numéro individuel (Registre des
parchemins) et la taille; pour aucun d'entre eux nous ne connaissons de
localité certaine et l'origine n'est indiquée sur le catalogue systématique
«pie pour l'exemplaire entré le dernier dans la collection :
7527 Jacaretinga trigonatus, Schneider. — Longueur
7529
7525
2141) —
2145 —
r"
>*7
1
00
0
80
0
37
0
•JO
— 363 —
Comme l'exemplaire pouvant porter l'indication écrite de la main
d'Adanson rtait un individu en peau, on doit éliminer les deux derniers,
qui sont dans l'alcool; ils sont d'ailleurs cités déjà par Cuvier, aussi bien
que par Dnméril et Bibron, et viennent l'un certainement, l'autre très
probablement, du cabinet du Stathouder. On ne tiendra pas compte non plus
du 9539 entré en i8/i3 et acquis d'une demoiselle Niodot. Les 953 9
et 9595 sont donc les deux exemplaires en peau vus par les auteurs
précités; au reste, nous en trouvons fort heureusement les dimensions don-
nées dans l'Erpétologie générale : i m. ig pour l'un, o m. 8a pour l'autre;
mesures aussi concordantes qu'on peut le désirer avec celles citées plus
haut et que j'avais prises avant de soupçonner les recherches auxquelles
je devais me trouver conduit. Duméril et Bibron ajoutent que le plus grand
exemplaire, qui leur a surtout servi de type, rr avait appartenu auparavant
au Cabinet d'Histoire naturelle de la Sorbonne». Le plus petit, 9535,
est donc nécessairement l'individu rrque M. Cuvier trouva dans la collection
du Muséum portant une étiquette avec ces mots Krokodik noir du Niger,
écrite de la main d'Adanson».
Cette étiquette existait-elle encore en 1 8 3 8 ? La phrase reproduite ici
textuellement laisse dans le doute, mais permet de penser qu'elle avait
disparu; en tout cas, n'en trouve-t-on aujourd'hui aucune trace. Cuvier
dit au reste que, de son temps, elle était déjà à demi effacée.
Ce qui empêcha pendant si longtemps de retrouver ce type , c'est que .
par suite d'une de ces erreurs matérielles heureusement rares, mais presque
inévitables à certains moments dans des collections si étendues et d'un
maniement si difficile, on avait, à une époque certainement ancienne,
transporté sur cet exemplaire une étiquette manuscrite, peut-être de la
main de Cuvier, portant ces mots : « Caïman à paupières osseuses, Croco-
dilus palpebrosus , Cuvier, première variété; donné par feu Gauthier, qui
disait l'avoir rapporté de Cayenne». Or l'exemplaire de Gauthier décrit
par Cuvier, revu par Duméril et Bibron, appartenant à leur variété I ou A ,
est un véritable Jacuretinga palpebrosus ; il mesure 1 m. 29 de long, in-
dications précises, dont aucune ne peut s'appliquer au 9 535. L'individu
auquel cette étiquette convient se retrouve dans la collection sous le
numéro 9530.
Un point reste obscur : comment Adanson a-t-il été conduit à dénommer
de cette façon un exemplaire de Jacarelinga trigonatus ? La chose s'explique,
s'il a vu dans ses voyages YOsteolœmus tetraspis; entre ces Crocodiliens, il
y a une certaine similitude dans la forme générale et l'on comprendrait
que, sur de simples souvenirs, on eut alors fait la confusion. Mais cette
dernière espèce remonte-t-elle plus au Nord que Sierra Leone, point
qu Adanson a été loin d'atteindre? Ce n'est pas l'opinion de Strauch, ni
de M. Boulenger; les exemplaires de nos collections sont également, au
moins ceux de localités certaines, plus méridionaux; par contre, M. T. de
— 364 —
Rochebrune , qui a résidé dans ces régions , indique ce Reptile comme de
la Gambie. Or, Adanson a séjourné' à Albreda, à quelque distance de l'em-
boucbure de ce fleuve; il serait donc admissible, d'après cette dernière
manière de voir, qu'il put avoir eu là connaissance d'un Grocodilien à museau
court. Ajoutons que, au dire des voyageurs, YOsteolœmus lelraspis, espèce
plus terrestre que ses analogues des mêmes contrées, est parfois conservé
vivant comme ressource alimentaire et aurait pu, à ce titre, être transporté
par quelque embarcation. On n'a malheureusement à présenter ici que des
hypothèses; Adanson, dans l'intéressant journal de son voyage, ne fournit
aucun éclaircissement à cet égard.
Crustacés nouveaux provenant des campagnes du Travailleur
et du Talisman,
par MM. A. Milne Edwards et E.-L. Bouvier.
Calathéidést
Munida tropicalis sp. nov.
Cette espèce se range parmi les Munides qui sont dépourvues d'épines
cardiaques, mais qui sont munies de pinces droites et qui présentent une
paire d'épines sur le deuxième segment abdominal; elle se rapproche sur-
tout de la M. inornala et se fait remarquer comme elle par ses lignes
ciliées non irisées, par ses épines sus-orbitaires qui atteignent à peine la
cornée, et par l'armature épineuse de ses appendices ambulatoires.
Mais elle s'en distingue par un grand nombre de caractères : le rostre
est sigmoïde, les lignes ciliées de la carapace et de l'abdomen sont peu
nombreuses , l'armature post-rostrale ne présente qu'une rangée de quatre
spinules, les chélipèdes sont plutôt courts, ils sont presque dépourvus de
lignes ciliées et présentent par contre un certain nombre de longues soies,
les doigts des pinces sont beaucoup plus longs que la portion palmaire et
ne présentent qu'un très léger hiatus à leur base; le carpe est court et
muni d'une rangée d'épines sur sa face supérieure; le méropodite est
muni lui-même d'une rangée longitudinale d'épines qui fait suite à la
précédente; il en présente en outre un certain nombre sur sa face interne,
mais il en est dépourvu sur son bord externe. Le méropodite des pattes
ambulatoires est armé de nombreuses spinules sur ses deux bords. Les
yeux sont très peu dilatés et le bord postérieur de la cornée est dépourvue
de soies; le second article des pédoncules antennaires est orné d'une épine en
dedans et en avant, d'une seconde épine en dehors; le premier article des
pédoncules antennaires est muni de deux longues épines en dehors et
— 365 —
d'une plus réduite en dedans, les soies antennaires ne sont pas barbelées et
les pattes-mâchoires externes sont plus longues et plus grêles que celles
de la M. inornata.
Habitat. — Talisman, 20 juillet 1 883 , Q°103, 100 à 275 mètres;
La Praya. Sur les bandes de corail rouge.
Munidopsis longirostris sp. nov.
Celte espèce est extrêmement voisine de la M. simplex A. M. Ëdw. de
la mer des Antilles , et peut être considérée comme sa forme représentative
dans l'Atlantique oriental.
Les caractères qui distinguent les deux espèces sont les suivantes :
i° Le rostre de la M. simplex est un peu plus court que les pédoncules
antennaires et n'atteint pas, tant s'en faut, l'extrémité distale du méropo-
dile des pattes antérieures: celui de la M. longirostra dépasse les pédon-
cules antennuiaires et atteint sensiblement l'extrémité distale du méropo-
dite des mêmes pattes: il est, d'ailleurs, plus fortement incurvé vers le liant.
20 L'aire cardiaque de la M. simplex est ordinairement inerme ou
ne présente qu'un rudiment de saillie médiane; celle de la M. longirostris
est toujours armée d'une forte épine impaire.
3° On observe toujours, dans la M. longirostris , une paire d'épines gas-
triques antérieures et une, deux ou trois épines gastriques médianes; dans
la M. simplex, il n'y a que trois épines gastriques , dont une impaire; mais
ces saillies sont fréquemment atrophiées.
Il" L'avant-dernier article des pédoncules antennaires est armé en avant et
en dehors de deux spinules dans la M. simplex ; il présente au même point
une simple saillie aiguë dans la M. longirostris.
5° Le méropodite de la M. simplex est armé de trois épines sur son
bord interne; le même article ne présente que deux épines dans la M. lon-
girostris.
Les autres caractères sont identiquement les mêmes, aussi pourra-t-on
considérer la M. longirostris comme une simple variété locale de la M. sim-
plex si l'on arrive a trouver des termes de passage entre les deux espèces.
Habitat. — Talisman, 25 juin 1 883 , n° 44, 2,o83 mètres; au large du
Cap Ghir.
Munidopsis abyssorum sp. nov.
La carapace est à peu près aussi large en avant qu'en arrière, et un peu
plus dilatée latéralement dans sa région médiane. Les aires gastrique et
cardiaque sont parfaitement limitées et celte dernière est divisée en deux
parties, dont la postérieure est saillante, triangulaire et ornée de saillies
transversales courtes, assez élevées, plus ou moins granuleuses ou denli-
— 366 —
culées. Les mêmes saillies se rencontrent sur toutes les autres parties de
la carapace, sauf dans les larges sillons qui les séparent; sur la partie an-
térieure de la région gastrique, on en rencontre deux qui sont symé-
triques, plus grandes que les autres et qui, dans les grands spécimens, se
terminent l'une et l'autre par une épine. Il y a également une épine sur
chaque angle antéro-latéral et, un peu plus en arrière, à l'angle antéro-
latéral du lobe branchial antérieur. Au reste , les bords latéraux de la face
dorsale de la carapace sont légèrement denticulés et doivent cet aspect aux
saillies dorsales qui les a voisinent. Le rostre est muni d'une carène
saillante qui se prolonge jusqu'au niveau des deux fortes saillies gastriques
antérieures; il est légèrement denticulé sur les bords, fortemeut infléchi
vers le haut et, quoique brisé dans les deux spécimens que nous possédons ,
paraît être à peu près aussi long que les deux tiers de la longueur de la
carapace.
Les pédoncules oculaires sont libres et très élargis à la base; ils sont
mobiles, et l'arceau qui les porte est encore indépendant; leur surface
cornéenne est très réduite, et ils présentent en dedans et en avant une
saillie spiniforme qui dépasse un peu la cornée.
Les pédoncules antennaires sont munis, en avant et en dehors, sur leur
article basilaire, d'une épine assez forte, mais qui n'atteint pas le milieu
de l'article suivant; le même article basilaire est également muni en avant
de deux courtes saillies subaiguës, l'une en dedans, l'autre en dehors. Les
soies antennaires présentent des barbules raides , et le fouet terminal in-
férieur se compose de trois articles.
Les pédoncules antennaires sont à peu près inermes; leur fouet ter-
minal, muni de quelques soies, atteint à peu près la longueur du corps,
non compris le rostre.
Les pattes-mâchoires postérieures sont assez grêles; leur méropodite est
muni en avant et en dehors d'une saillie aiguë, en dedans il présente
quatre saillies également aiguës , mais peu développées.
Les pattes antérieures présentent à leur base un épipodite; elles sont
ornées de quelques saillies très faibles, sauf sur le bord antérieur du mé-
ropodite et du carpe , où l'on voit trois épines assez fortes. Les doigts sont
un peu plus longs que la portion palmaire, et s'infléchissent légèrement
vers le bord inférieur. Ils se croisent à leur extrémité distale et leurs denti-
culés sont peu saillants.
Les pattes des trois paires suivantes sont dépourvues d'épipodites et
ornées sur leurs bords de quelques soies et de très légères saillies. Les
doigts sont un peu plus courts que le propodite, légèrement arqués, et mu-
nis en arrière de 8 ou 9 denticulés peu saillants sur chacun desquels s'im-
plante une soie.
L'abdomen est beaucoup plus étroit que la carapace, surtout dans le
spécimen de petite taille; sa surface dorsale est un peu irrégulière, mais
— 367 —
toujours complètement inerme. La nageoire cardale ne présente rien de
particulier.
Habitat. — Talisman, ah août 1 883 , n° 134, /i,o6o mètres; Açores.
Vase blanche molle.
Cette espèce tient le milieu entre la M. Antonii A. M. Edw. et la M. Rey-
noldsi A. M. Edw. Elle ressemble à la première par la forme générale de
ses pédoncules oculaires et par l'épipodite de ses pattes antérieures; à la
seconde, par les ornements de sa carapace et par la longueur du rostre et
des appendices. Elle est toutefois beaucoup moins ornée que les deux es-
pèces précédentes et ne présente pas, comme elles, de nombreuses épines
sur les pattes; ses pédoncules oculaires sont plus larges, plus courts et ont
une épine moins longue que ceux de la M. Antonii; les sillons de la cara-
pace sont beaucoup plus larges que dans la M. Reynoldsi.
Notes biologiques
SUR QUELQUES ESPECES d'AlPHÉidÉS OBSERVES A DjIBOUTI ,
PAR H. COUTIÈRE.
(Laboratoires de MM. les Professeurs Mil>e Edwards et Bouvier.)
Les observations sur l'habitat et le genre de vie des Alphées sont assez
peu nombreuses. Brooks et Herrick, ce dernier surtout, dans un mémoire
relatif au développement de ces animaux (Mem. of Nat. Ac. of Sciences,
Washington, 1891), insistent sur la biologie de quelques espèces, A. hcle-
rochelis (Say) et A. Saulcyi (Guérin), dont Herrick admet deux variétés :
brevicarpus et longicarpus.
Pendant mon séjour à Djibouti , j'ai pu observer les habitudes d'un assez
grand nombre d'espèces. A. Saulcyi var. brevicarpus (Herrick), identique
à l'espèce décrite par Say sous le nom de A. minus , n'a pas été jusqu'à pré-
sent rencontré dans la mer Rouge, mais on y trouve assez fréquent A. lu-
mido-manus (Paulson), qui paraît n'être qu'une simple variété de A. minus ,
s'en distinguant par les épines frontales plus grêles et plus allongées. Son
habitat est le même que sur les côtes américaines, et nous montrerons
dans une noto ultérieure que son développement est tout semblable.
A. minus se rencontre, d'après Herrick, dans une Eponge assez irrégu-
lière, vert olive à la surface, de couleur chair sur la coupe, très mucila-
gineuse et se putréfiant rapidement. Nous ignorons si l'espèce qu'on ren-
contre à Djibouti est identique, comme les caractères indiqués par Herrick
sembleraient l'indiquer. Cette Eponge se rencontre très communément sur
la table du récif, dans de petites flaques à fonds sablonneux laissées par la
— 368 —
basse mer. Elle affecte fréquemment la l'orme d'une couronne plus ou moins
complète; sa structure est assez fine et sa coupe de couleur fauve, tandis
que sa surface est d'un vert noirâtre très fonce'.
Les Éponges sont en général de véritables hôtelleries. L'espèce en ques-
tion englobe dans sa masse des coquilles vides d'Huîtres et de Moules, dans
lesquelles se réfugient des Vers , des Crustacés isopodes et ampbipodes. Les
Ophiures, extrêmement abondants sur le récif, se glissent dans les oscules
inoccupées au point de «bourrer» littéralement l'Eponge; une grande es-
pèce d'Annélide (Amphimonien?), molle et rougeâtre, s'étend dans les
plus grands canaux. Un Palémonidé du genre Ttjplon (Costa) s'y rencontre
par couples à peu près constamment, et les cavités anfractueus s formées
par les lobes de l'Éponge abritent de nombreux Brachyures et plusieurs
espèces de Gonodactylus , qui y cherchent momentanément un refuge.
A. minus se trouve dans cette Éponge toutes les fois qu'elle présente une
taille un peu forte. Comme le fait remarquer Herrick, il est rare d'en trouver
plus d'un couple. La femelle occupe le fond de l'oscule, qu'elle remplit
presque en entier de son énorme abdomen chargé d'œufs, le mâle se tient
à l'entrée et défend l'abord du gîte de sa grosse pince étendue. Celle-ci, à
son extrémilé surtout, est vert olive foncé, passant au vert clair sur la
paume. La femelle paraît entièrement verte, grâce à la couleur de ses
ovaires ; les œufs avancés sont de couleur rosée, ou vert jaunâtre, lorsqu'ils
sont fraîchement pondus. Le mâle est à peu près incolore ou légèrement
vert glauque, sauf le bout des pinces. Sa taille est notablement plus faible
que celle de la femelle, d'un quart environ et même plus.
A. minus n'est pas, du reste, étroitement limité à cet habitat. Nous en
avons Irouvé quelques exemplaires sur le revêtement vivant que formaient,
à des bouées du port, des Huîtres perlières, des Bala:;es, soudées par des
colonies de Lcptoclinum , de Botrylles et de volumineuses Cynthies. A. minus
se rencontre, avec ses mêmes caractères, dans les nombreuses anfracluosités
de cette masse; on le trouve encore, assez rarement, dans les Madrépores
hémisphériques et très cespiteux où habite une autre espèce, Alpheus lœvis.
L'un des exemples les plus parfaits d'habitat localisé est fourni par une
forme nouvelle, que nous avons décrite sous le nom de A. spongiarum
{Bull, du Muséum, 1897, n° G). C'est une simple m-ace» de l'espèce
A. crinilus (Dana), en différant par la disparition à peu près totale de Té-
caille antennaire et la différence sexuelle présentée par les pinces de la
première paire, différence plus marquée que chez aucune autre espèce du
genre Alpheus.
A. spongiarum vit exclusivement dans une grosse Eponge brune (Hir-
cinia sp.?) commune dans les herbiers à vase calcaire et débris de coquilles
où se plaisent les Huîtres perlières et les Pinna et qui ne découvrent jamais
en entier, même aux plus fortes marées d'équinoxe. C'est une Eponge de
texture très grossière et très solide, dillicile à déchirer, se décomposant ra-
— 3G(J —
pidement avec une forte odeur d'hydrogène sulfure'. Le système compliqué
de canaux dont elle est creuse'e donne asile à de nombreux commensaux,
dont les plus constants et les plus caractéristiques sont un beau Porcellanien,
de couleur orange vif, et Alpheus spongiarum. Nous possédons au moins
aoo exemplaires de celte forme, et ne l'avons jamais rencontrée ailleurs, à
l'exception d'un spécimen d* trouvé en compagnie de A.parvirostris (Dana)
et A. Edwardsi (Audoin) dans une pièce de bois que les tarets avaient percée
de nombreuses galeries.
A. spongiarum, comme A. minus, vil constamment par couples. La fe-
melle, de taille notablement plus grande, abrite son abdomen, toujours
chargé d'un nombre considérable d'œufs, au fond de la cavité choisie. Le
maie est placé à l'entrée, sa grande pince étendue. Cet appendice atteint
presque la taille de l'animal entier et, lorsqu'il est ouvert, il obture en
grande partie la loge où habite le couple, de façon à constituer une pro-
tection très efficace contre tout ennemi extérieur.
A. crinitus typique, beaucoup plus raie, vit dans les Madrépores et
montre également une différence sexuelle accusée. Parmi les spécimens à" A.
spongiarum, on en trouve un certain nombre chez lesquels l'écaillé anten-
naire est beaucoup plus visible et montre une tendance très nette vers la
type. On peut en conclure que ces deux caractères, joints à l'habitat si lo-
calisé de la variété spongiarum sont unis par une relation de cause à clïet ,
mais il ne semble pas que l'on puisse généraliser cette influence du milieu.
A. lœvimamus a été décrit par Costa sous les noms de Cryptophtalmus
venlricosus et Coslœ (Fauna Napoli). Il se trouve, d'après cet auteur, dans
1rs anfractuosités des Polypiers et des pierres, entre les racines des fucus.
La forme longicarpus décrite par Herrick, comme variété de A. Saulcyi,
habile une Eponge (Hircinia arcula) exactement dans les mêmes conditions
que A. spongiarum.
A. Saulcyi var. longicarpus (Herrick) et A. lœvimanus (Heller) se res-
semblent étroitement et sont unies par des caractères aussi marqués que
ceux rapprochant A. crinitus et Spongiarum. Or, bien (pie présentant la
même différence d'habitat, la forme longicarpus et la forme typique ne
diffèrent pas au point de vue des caractères qui nous occupent; l'écaillé
anfennaire est absente chez l'une et l'autre, et la différence sexuelle aussi
faible.
La réduction de l'écaillé est caractéristique de quelques autres formes
chez les Macroures Natantia. Les Palémonides du genre Typon, qui vivent
dans les Eponges, en sont un des meilleurs exemples. Parmi les espèces du
genre Alpheus, ce caractère est présent chez quelques-unes de façon plus
ou moins marquée; (e!s sont, avec A. lœvimanus, A. malleodigitus et obeso-
manus, A. d»utcropus , A. rugimanus , A. mat'leator, qui vivent dans les
trous des Madrépores et sont très sédentaires, A. minus des Eponges. Mais
il existe aussi des exemples très concluants du fait inverse. Si Automate do-
MCSÉDM. III. 2g
— 370 —
lichognatha possède une écaille antennaire réduite, Amphibetœus et Jous-
seaumea (H. Coutière) qui vivent dans les mêmes galeries, à la façon des
Thalassiniens, ont au contraire une écaille très développée.
La différence sexuelle dans la dimension des pinces de la première paire
n'est jamais plus accusée que dans une espèce du genre Athanas, A. di-
morphus (Ortmann) = A. dispar (H. Coutière). La disproportion est telle
entre ces appendices chez le mâle et chez la femelle, comme forme et di-
mensions, que nous les avions décrits tout d'abord comme espèces dis-
tinctes (A. leptocheles et A. solenomerus) avant de les recueillir en grand
nombre à Djibouti et à Suez et de constater qu'il s'agissait bieu d'un
simple dimorpbisme sexuel. Or, A. dimorphus vit sous les pierres, parmi
îes algues et la vase, dans les minuscules flaques d'eau laissées par la basse
mer. Jamais on ne le rencontre abrité dans une oscule d'Epongé ou une
cavité anfractueuse de Madrépore, et l'existence de couples est beaucoup
moins apparente que chez Alpheus spongiamm, parce qu'on ne réussit pas
à voir les animaux que l'on capture en place dans leur gîte. Si l'on en juge
parles moyens de défense absolument nuls chez la femelle, alors qu'ils sont
chez le mâle d'une très grande puissance, il faut admettre au contraire que
le commensalisme du couple est très étroit, et qu'il a été la cause déter-
minante du dimorpbisme, bien plus que l'habitat spécial, qui semble sur-
tout avoir agi dans le cas de A. erinitus, lorsque cette espèce s'est adaptée
à vivre dans les Eponges.
Il existe chez les Aphéidés quelques cas de commensalisme, beaucoup
plus typiques que le fait de vivre dans les Éponges. Hasswel a fait connaîlre
et Miers a confirmé — les mœurs de la remarquable espèce Alpheus
(Synalpheus) comatularum , qui vit constamment fixé, par sa petite pince
modifiée dans ce but, aux branches d'une Comatule (Hasswell, Cat. des
Crust. de Nouvelle-Zélande ; Miers, Zool. de TAlert, i884).
Lockington {An. of Nat. Hist. , 1878) a signalé le cas, jusqu'à présent
unique, d'un Betœus (Alpheus) Harfopdi (Kingsley) vivant en commensal
sous le manteau (YHaliotis rufescens.
Enfin nous avons eu l'occasion d'observer à Djibouti un fait de ce genre ,
relatif à Arête dorsalis (Stimpson). Le large récif qui , dans cette localité ,
s'étend au large du cr plateau du Serpenta se montre dans la région extrême
qui découvre aux fortes marées, sous forme d'une large bande continue,
absolument plane, faite de petits îlots madréporiques séparés par d'étroites
flaques irrégulières. Dans les anfractuosités de ces Madrépores encroûtants
on trouve en abondance, entre autres animaux, Eelunometra lucenter, petit
Oursin de couleur fauve allant jusqu'au violet foncé. Lorsqu'on écarte ces
Oursins pour la recherche des petits animaux du récif, il n'est pas rare d'a-
percevoir dans le voisinage immédiat un petit Crustacé d'un violet pourpre,
ressemblant , avec ses pinces étendues , à un minuscule Homard , et qui
s'efforce de regagner son gîte. C'est Arête dorsalis, qu'une recherche atten-
— 371 —
tive fait alors découvrir enlre les piquants de l'Oursin. Ce curieux Alphéidé
se tient, généralement par couples, dans la région orale, tournée vers le
sol , de son hôte. Nous n'avons jamais vu qu'il fût fixé en saisissant avec ses
pinces un piquant de l'Oursin, par exemple, et il est toujours très facile de
l'en détacher,
Stimpson (/V. Acad. Philad., 18 Go), qui a découvert Arête près de
Hong-Kong, «in freto Ly-i-mon, inter rupes sublittorales », et Richters
(Fauna Maur. et Seych., 1880), qui l'a décrit à Maurice sous le nom
d'Athanas mascarenicus , ne mentionnent ni l'un ni l'autre cette particula-
rité. La facilité avec laquelle Arête abandonne son gîte la rend, à la vérité,
facile à omettre, mais, à Djibouti au moins, l'habitat de ce Crustacé nous
a paru des plus constants.
Recherche de l oxyde de cabbone
DANS LE TUYAU D 'ÉCIIAPPEMEXT d'un MOTEUR À GAZ ,
PAR M. N. Gréhaxt.
Dans une communication que j'ai faite à l'Académie des sciences le
8 novembre dernier, j'ai publié les résultats des expériences d'absorption ,
par le sang d'un Mammifère vivant, de l'oxyde de carbone contenu dans
des mélanges titrés de plus en plus rares, résultats qui doivent servir de
base à de nombreuses recherches d'application de la physiologie à l'hy-
giène.
Je suis parvenu à reconnaître que, dans un mélange aussi dilué que
1/60000, le sang est encore capable de fixer des traces d'oxyde de car-
bone qui donnent dans mon grisoumèlre des réductions notables.
Je fais projeter sur l'écran le dispositif de mes expériences et le tableau
des résultats. Puis voici en projection un dessin de mon grisoumètre per-
fectionné; 1 centimètre cube d'oxyde de carbone produit dans cet instru-
ment une réduction égale à 5.4 divisions.
J'ai déjà fait autrefois l'analyse des gaz qui s'échappent d'un moteur à
gaz, mais je produisais dans le tuyau une aspiration continue, tandis que
l'échappement a lieu par intermittences; il en résultait que j'analysais un
mélange en proportions indéterminées des produits de la combustion et
de l'air pur entraîné.
Il vaut beaucoup mieux employer un autre dispositif: on introduit dans
le tuyau d'échappement, au-dessus du toit de la salle des machines, un
tube métallique plus étroit, uni à un gros robinet ouvert fixé à un sac de
caoutchouc; chaque fois que le mélange enflammé par l'étincelle électrique
esl projeté au dehors, le sac se gonfle peu à peu jusqu'à ce qu'il contienne
200 ou 3oo litres; on ferme le robinet; le sac est descendu et vidé dans
un gazomètre à rainure.
a6.
— 372 —
L'analyse des gaz a donné les nombres suivants :
Acide carbonique 9.o5
Oxygène 1 h .3 5
Azote 83.5
99-9
(
11 s'agissait ensuite de faire respirer a un Chien ce gaz qui contenait une
quantité d'oxygène suffisante pour entretenir l'hématose, afin de doser
l'oxyde de carbone qui ne pouvait pas être décelé par les réactifs absor-
bants. a5 centimètres cubes de sang normal ont donné au grisoumètre une
réduction de 0,9 division.
L'animal a respiré le gaz pendant 5o minutes; 25 centimètres cubes de
sang ont donné une réduction grisou métrique beaucoup plus grande,
égale à 20.5, ce qui correspondait à 3 cm3 8 d'oxyd1 de carbone pour
25 centimètres cubes de sang ou à i5 cm3 2 du même gaz pour 100 cen-
timètres cubes de sang.
Si l'animal, au lieu de respirer pendant 5o minutes, avait fait circuler
dans ses poumons le même gaz pendant une heure, j'aurais trouvé 1 8 cm3 2
d'oxyde de carbone, ce qui correspond dans le gaz analysé à une propor-
tion d'oxyde de carbone égale à i/kko.
Dans une autre expérience, on a fait marcher plus vite le moteur a gaz;
l'analyse des produits de la combustion recueillis dans un sac de caou-
tchouc a donné :
Acide carbonique U.h
Oxygène 11-2
Azole S.'i./i
La recherche physiologique et chimique de l'oxyde de carbone a donné
dans le grisoumètre, après une heure et demie de respiration, une réduc-
tion de 20 divisions pour a5 centimètres cubes de sang, ce qui correspon-
dait à \h cm3 8 d'oxyde de carbone dans 100 centimètres cubes de sang
ou à 1/600 d'oxyde de carbone.
Ces résultats démontrent qu'il est nécessaire d'expulser au dehors les
gaz résultant des explosions qui produisent l'énergie dans le moteur, puis-
qu'ils contiennent de \jhho à 1/600 d'oxyde de carbone; ils prouvent, en
outre, que la plus grande partie du gaz toxique est brûlée, le gaz d'éclai-
rage renfermant en moyenne 8.5 p. 100 d'oxyde de carbone; un calcul
très simple montre que le volume de ce gaz contenu dans les produits de
combustion est quarante-quatre fois moindre.
— 373 —
Effet des excitations électriques
sur le coeur du Hérisson (Erinaceus europ^us),
par E. Gley.
On sait depuis longtemps déjà que, sous l'influence d'un courant induit
d'intensité moyenne, les ventricules du cœur du Chien et du Chat présen-
tent des mouvements violents et irréguliers , désignés le plus habituelle-
ment sous le nom de trémulalions ventriculaires , à la suite desquels leurs
contractions rythmiques ne peuvent se rétablir, qui, par conséquent, oc-
casionnent la perte de leur fonction, et ainsi la mort du cœur. On savait
aussi, d'autre part, que, sous l'influence des mêmes excitations élec-
triques, les ventricules cardiaques des Rongeurs (Lapin et Cobaye) offrent
les mêmes trémulalions désordonnées, mais recommencent à battre rythmi-
quemenl dès que cesse l'excitation. Il paraissait donc y avoir, chez les ani-
maux de ces deux ordres, une différence essentielle "et profonde dans le
mode de réaction du cœur à un même excitant. Or, j'ai montré (1) qu'il est
facile de faire réagir le cœur du Lapin comme celui du Chien; il suffit pour
cela, dès qu'on voit se rétablir les contractions rythmiques des ventricules
à la suite d'une excitation qui avait provoqué les mouvements trémula-
toires, de recommencer cette excitation; si celle-ci est assez forte ou assez
prolongée . les trémulations qui ont reparu durent jusqu'à la mort définitive
des ventricules. C'est là un simple effet de sommation d'excitations. In-
versement , on peut transformer un cœur de Chien en cœur de Lapin , c'est-
à-dire augmenter considérablement sa résistance aux excitations élec-
triques; c'est ce que j'ai établi à la même époque au moyen de plusieurs
séries d'expériences (2).
J'ai eu depuis quelque temps l'occasion d'étudier sur le cœur de plu-
sieurs Hérissons (3) l'effet des courants induits, appliqués, comme chez les
animaux précédents, directement à la surface des ventricules. Le cœur de
cet Insectivore se comporte comme celui des Rongeurs; dès que l'excitation
a pris fin, les trémulations cessent et les battements rythmiques se réta-
(1) E. Gley, Note sur des phénomènes d'arrêt très prolongés du cœur (Soc. de
hiol., 28 juin 1890, p. /111); Contribution à l'étude des mouvements trémulatoires
du cœur (laid. , 18 avril 1891, p. 359) et Contribution à l'étude des mouvements
rythmiques des ventricules cardiaques (Arch. de physiol., 1891, 5e série III
p. 735).
> E. Gley, Sur la suspetision des mouvements rythmiques des ventricules car-
diaques (Soc. de biol, ih février 1891, p. 108), et mémoire cité ri-dessus des
Archives de pliysiologie.
' Ces animaux n'étaient pas encore en état d'hibernation, mois on leur avait
fait une saignée assez considérable.
— 375 —
Missent; les tracés que j'ai l'honneur de vous présenter montrent bien que
les choses se passent chez cet animal essentiellement comme chez le
Lapin. J'ai observé ce phénomène à trois ou quatre reprises successive-
ment. D'autres fois, les battements rythmiques reparaissent même avant
la fin de l'excitation. De plus, je n'ai pas pu obtenir sur le cœur du Hé-
risson l'effet de sommation (1) que j'ai étudié sur le cœur du Lapin et que
je rappelle plus haut. Ces deux derniers faits prouvent donc déjà que la
fonction rythmique de cet organe paraît douée d'une résistance très
grande, tout à fait analogue à celle dont est pourvu le cœur des Chiens et
des Chats nouveau-nés ou refroidis et des Lapins refroidis (Gley, loc. cit.).
Souvent ce ne sont même pas de véritables trémulations que provoquent
les excitations électriques dans les ventricules cardiaques du Hérisson,
mais une série de très petites contractions précipitées, mais toujours ry-
thmiques, ce qui prouve bien que, sous cette influence, le cœur tend à un
état systolique permanent, c'est-à-dire au tétanos. On peut, par suite, sn
demander si celui-ci n'est pas réalisé lorsque se produisent les mouvements
trémulatoires, car j'ai des tracés où l'on voit, pendant l'application du cou-
rant à la surface ventriculaire, une série de ces petites contractions dont je
viens de parler succéder à de véritables trémulations, qui se manifestent,
sur le graphique, par une ligne à peu près droite; puis quelques sys-
toles petites et fréquentes reparaissent , pour être , tout de suite , rempla-
cées par une ligne droite, indice du nouveau fusionnement, à ce moment,
de ces contractions et qui, comme précédemment, continue (caractère
important) la dernière d'entre elles. Si l'on considère les mouvements
trémulatoires comme une forme de tétanos propre au muscle cardiaque .
ainsi que je l'ai déjà dit ailleurs, ne sera-t-on pas porté à voir là une sorte
de tétanos rythmique, comparable en somme, malgré certaines différences,
au tétanos rythmique étudié par Charles Richet [Archives de physiologie ,
1880) sur les muscles de l'Ecrevisse, et par H. de Varigny (Thèse de doc-
torat es sciences , Paris, 1886) sur ceux de plusieurs Invertébrés marins?
J'ai encore observé dans un cas où l'excitation du myocarde avait été très
prolongée, pendant une demi-minute, et durant cette excitation, un phé-
nomène qui me paraît constiluer une autre forme de tétanos rythmique
cardiaque; à une phase de trémulations succéda une série de trois ou quatre
systoles diclinctes, puis les trémulations reparurent, pour alterner de
nouveau avec quelques systoles.
Quant aux oreillettes, elles se comportent, chez cet Insectivore, comme
(1) Il est bon de noter que l'excitation n'a pas pu être renouvelée un très grand
nombre de fois, car j'ai opéré sur des animaux à thorax ouvert et sur lesquels on
ne pratiquait pas la respiration artificielle. Quoique, dans ces conditions, le cœur
du Hérisson batte assez longtemps pour qu'il soit aisé de procéder commodémeni
aux expériences, cependant sa survie n'est naturellement pas indéfinie.
— 375 —
celles du Chien et du Lapin; alors que, sous l'influence des excitations
électriques, les ventricules sont pris des trémulations caractéristiques,
elles continuent à battre rylhmiqueineut. On remarque souvent toutefois
que ce rythme s'accélère par l'effet de l'excitation qui provoque les tré-
mulations ventriculaires.
Sur la décomposition du chloroforme dans l'organisme,
par MM. Desgrez et M. Nicloux.
On sait que le chloroforme traité par la potasse en solution alcoolique
donne du formiate de potassium, du chlorure de potassium et de l'eau
d'après la réaction
CHCl1 + AKOH = HC02K + 3KC1 + sH'-O.
L'un de nous(1) a montré que le chloroforme mis en contact avec une
solution aqueuse peu concentrée de potasse ne donne plus de l'acide mi-
mique (formiate puisqu'on est en milieu alcalin) comme il est indiqué dans
la réaction précédente, mais les éléments de cet acide; à savoir : l'oxyde de
carbone et l'eau d'après la réaction
CHCl' + 3KOH = 3KC1 + attO + GO.
Le sang étant un milieu alcalin, il était intéressant de vérifier si cette
même décomposition s'effectuerait dans l'organisme lors de l'anesthésie
chloroformique.
Voici le mode opératoire que nous avons suivi :
Sur un Chien, on découvre l'artère fémorale, on y introduit une canule,
on fait une prise de 2 5 centimètres cubes de sang, on extrait les gaz, au
moyen de la pompe à mercure , à 1 00° dans le vide , en présence de a5 cen-
timètres cubes d'acide acétique, on élimine l'acide carbonique parla potasse
et le résidu est introduit dans le grisoumètre de M. le Profeseur Grehant
avec un excès d'air. La réduction obtenue correspond au gaz combustible
du sang (2).
L'animal, étant fixé sur une gouttière, respire à travers une soupape hy-
draulique, dont le flacon d'aspiration contient un mélange de trois parties
d'alcool pour 1 de chloroforme. (Procédé de Quinquaud.) On fait plusieurs
prises de sang à intervalles successifs; on extrait les gaz comme ci-dessus,
on élimine l'acide carbonique, on passe au grisoumètre et on note les réduc-
tions.
(l> Desgrez. C, A,, 3 novembre 1897.
(2> Gréhanl. Les gaz du sang, 1 vol. Encyclopédie Léauté.
— 376 —
Voici les résultats d'une de nos expériences
REDUCTION COflIlBSPOtilUNT
h a5c'"3 de siiii(j
Sang normal o n 6
Après 1 heure d'anesthésie i i
Après 3 h. i/-2 d'anesthésie i 9
Après 7 h. î/a d'anesthésie i 3
Admettons la réduction de 1.3; 25 centimètres cubes de sang normal
donnant une réduction de o div. 6 , on aura :
Réduction due à CO, provenant de la décomposition
du chloroforme ° 1V7
Pour î oo01"3 de sang 2 8
Or, 1 centimètre cube d'oxyde de carbone = 5 div. k du grisoumètre.
Par conséquent, cette réduction correspondra à -^j = o cm3. 5a d'oxyde de
carbone pour îoo centimètres cubes de sang. C'est, à peu de ebose près,
(o,5a au lieu de o,55) la quantité d'oxyde de carbone fixée par îoo centi-
mètres cubes du sang d'un chien respirant pendant une demi- heure, un mé-
lange d'oxyde de carbone et d'air à i/i 0,000 l'\ ou, pendant 2 heures, un
mélange à i/5o,ooo12).
Analyse spectrale
j)e quelques mineraux de la collection du museum ,
PAR M. A. DE GrAMMONT.
Grâce à l'obligeance de M. Lacroix, j'ai pu mettre à contribution la col-
lection de minéralogie du Muséum, pour y chercher une grande partie des
espèces minérales qui ont été la base de mes recherches sur l'analyse spec-
trale directe des minéraux. J'ai reconnu que la plupart de ceux contenant
des métaux lourds , et principalement les espèces à l'éclat métallique , comme
les sulfures, séléniures, tellurures, arséniures, antimoniures, sulfoarsé-
niures, sullbantimoniures, etc. . . , peuvent laisser passer, entre deux de
leurs fragments, l'étincelle électrique. Celte étincelle, étudiée au spectro-
scope , m'a fourni une nouvelle méthode de recherche directe sans aucun trai-
tement chimique préalable des éléments constituants ou accessoires des miné-
raux. Les deux fragments étudiés , de la taille de ceux des essais au chalumeau,
sont saisis entre des pinces à bout de platine, opposées par le sommet,
mobiles le long d'un support vertical, à crémaillère, isolées l'une de l'autre
(l> Gréhanl. Les gaz du sang, p. 109, 1 vol. Encyclopédie" Léaulc.
W Gréhant. C. FI., 8 novembre 1897.
— 377 —
et reliées respectivement aux pôles d'une bobine de Rhumkorff et aux arma-
tures d'une ou plusieurs bouteilles de Leyde. La batterie formée par celles-
ci est chargée par la bobine et se décharge entre les deux morceaux du
minéral, en le dissociant par une étincelle courte, très brillante et donnant
dans le champ du spectroscope des spectres de lignes très vives, où chaque
corps est représenté par son spectre individuel comme s'il était seul. Non
seulement les métaux, mais aussi les métalloïdes , peuvent être reconnus par
ce procédé. Même avec des spectres de lignes nombreuses, un spectroscope à
vision directe de laboratoire à deux prismes est amplement suffisant et,
dans la plupart des cas, l'appareil monoprismatique classique donne de
bons résultats. Si, en séparant du circuit de la bobine les bouteilles de
Leyde, on vient à supprimer la condensation, l'étincelle diminue nota-
blement d'éclat, les spectres des métalloïdes disparaissent et ceux des
métaux se réduisent aux raies les plus brillantes qui se détachent seules
sur un fond lumineux produit par l'incandescence des fragments. Lors-
qu'un corps est présent en très faible quantité , il n'est signalé que par
ses raies capitales, celles qu'on voit les premières et qui disparaissent les
dernières lorsqu'on étudie successivement une série de composés où la
teneur d'un corps varie depuis zéro jusqu'à une quantité donnant dans le
spectre toutes ses raies connues. Les raies de l'argent dans la galène m'ont
fourni un exemple typique de ces disparitions successives de lignes, en
concordance avec la diminution de la teneur du métal dont elles annoncent
la présence.
On peut, d'autre part, au moyen de ce procédé d'analyse, se faire une
idée de la structure d'un minéral ou plutôt de la répartition des éléments
dans sa masse. En déplaçant le point de jaillissement de l'étincelle sur la
surface de l'échantillon, on a souvent des réactions spectrales différentes ,
par l'intermittence ou l'irrégularité des raies de certains corps simples, au
milieu d'un spectre dont l'ensemble reste constant. On a ainsi, passagère-
ment, les principales lignes d'un élément présent dans l'échantillon sous
la forme de faibles parties d'un autre minéral , mécaniquement et irrégu-
lièrement interposé dans la substance hétérogène étudiée. On a ainsi le
spectre du zinc dans la galène et la chalcopyrite, vraisemblablement par
suite d'inclusions de blende. J'ajouterai , pour terminer cet exposé sommaire
de la méthode, que son avantage consiste surtout dans l'identification cer-
taine et facile de chaque élément, caractérisé, d'une manière invariable, par
son spectre particulier, toujours le même, quel que soit le composé étudié.
Voici la liste des minéraux, appartenant au Muséum, dont j'ai donné en
détail les spectres d'étincelle condensée, dans mon mémoire sur « l'analyse
spectrale directe des minéraux* ;l . Je fais figurer ici, pour la plupart,
W Bulletin de la Société française de minéralogie (juin 189a) et librairie Baudry
et G", 1 vol. in-8° avec 9 pîanclius.
— 378 —
après le nom de l'espèce , le numéro de la collection , puis le lieu du gise-
ment, la formule chimique et enfin le nom des corps simples reconnus au
spectroscope en dehors de ceux qui figurent dans la formule :
Sulfures
Argyrodite. . . Freiberg. 3Ag2S, GeS2. — Fer, zinc.
Stromeyrine [66-187]. Santiago (Chili). Ag2S, Cu2S.
Phillipsile [55-286]. Cornouailles. 3Cu2S, Fe2S3. — Thallium.
Alaskaïte [91- 83]. Colorado. PbS, Bi2S3. — Zinc, fer, cuivre.
Béégerite [91-276]. Colorado. 6PbS, BPS3. — Fer.
Schirmérite [83-73]. Colorado. 3(Ag2Pb)S, aBi2S3.
Emplectile [69-75]. Bohème. 2Cu2S, Bi2S3.
Aikinite [57-53o]. Beresowsk (Oural). 3(PhCu2)S, BPS3.
Polydymite?. . . Ontario. Ni2S5? — Cuivre, fer; parait hétérogène.
Grunnùite [68-68]. Sayn. Altenkirchen. Ni2S5? —Zinc, bismuth, cuivre,
fer ; hétérogène.
Sulfoarséniures
Dufrenoysite [50-173]. Binnen. 2PbS, As2S3. — Cuivre, tliallium.
Guiternaùite [87-153]. Colorado. 3PbS, As2S3. — Cuivre, lhallium.
Proustite ?? 3AsS,As2S3.
Gersdorflile? Hongrie. Ni. As, S. — Fer.
Enargite [87-90]. Famatina (La Plata). 3Cu2S, As2S\ — Antimoine.
plomb, fer, zinc.
Tennantite [63-56]. Cornouailles. 6Cu2S,As2S3. — Antimoine, fer, zinc.
Sulfoantimoniures
Plagionite [58-167]. Wolfsberg [Harlz]. 5PbS,* 6Sb2S3. — Arsenic.
Meneghinite [68-96]. Bottino (Toscane). 6 PbS, Sb2S3. — Cuivre.
Geocronite [67-66]. Sala (Suède). 5PbS, Sb2S3. — Thallium.
Famatinite [87-93]. Famatina. 3Cu2S, Sb2S5. — Arsenic, fer, zinc.
Brongniardite [53-i63]. Chili. 9(Ag2Pb)S, Sb'S3.
Polybasite [52-691]. Freiberg. 9(Ag2Cu2)S, (Sh, As)2S3. — Fer.
Berthiérite [68-21]. Chazelle (Auvergne). FeS, Sb2S3. — Cuivre, zinc;
tout à fait hétérogène.
Tétraédrite [67-71]. Mouzaïa (Algérie). 6CuSb2, 6Cu2S, 2Z11S. — Ar-
gent, fer.
Freibergile [82-67]. Pérou. 6CuSbS2, 3Ag2S, 2FeS. — Arsenic, zinc.
Plumbostannite [79-99]- Arangaro (Chili)? — Thallium; tout à fait hé-
térogène.
Sél(;niures
Clausthalite? Cacheutes (La Plata). PbSe. — Argent.
Eucairile [66-281]. Atacama (Bolivie). Cu2Se, Ag2Se. — Calcium, vana-
dium.
— 379 —
Tellurures :
Hessite? Tomsk (Sibérie). Hg2Te. — Zinc, soufre; parfois fer.
Nagyagite? Nagyàg (Hongrie). Au2Pb14Sb3T7S7. — Tballium.
Chlorures :
Chloroiodure d'argent. Copiapo (Cliili). — Calcium.
Nadorite . . . Djebel Nador. PbSb20\ PbO2.
D'autres espèces appartenant aussi à la collection du Muséum et étudiées
depuis par moi, grâce à la complaisance de M. Lacroix, feront l'objet d'une
communication ultérieure.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES AUTEURS ET DES PERSONNES CITÉS.
PilgfS.
Agassiz. Voyage aux iles Fidji '79
Alluaud. Départ pour Madagascar ... h
— Retour en France 1 1 3
Ardouin. Don de collection; de Madagascar 5
— Sepsine d'espèce nouvelle de Madagascar 211
— Don de collections de Madagascar 27^
Bardoux (Décès de M.), sénateur inamovible, membre du conseil du Mu-
séum 353
Baron. Don d'animaux 27^
Bastard. Leltre de Madagascar 2
— Lettre de Madagascar 1 ^»5
— Lettre de Madagascar 177
— Envoi de fossiles 276
Bealregard (H.). La bactériologie de l'ambre gris 269
Beauregard et Boulart. Note sur le placenta du Tragelaphns grains 20
Beerst (de). Sur un Aulacode nouveau 1 60
Bel (M"1€ Marc). Don de crânes siamois 8
— Nommée correspondante * 273
Bel. Don de collections de l'Annam 276
Bernard (F.). Note préliminaire sur Chlamydoconcha Ocutti Dali, Lamelli-
branclie à coquille interne 65
— Sur quelques coquilles de Lamellibranches de l'île Stewart 309
Bertraisd (G.). De la nécessité du Manganèse dans les oxydations provo-
quées par la laccase 17**
— Sur la constitution chimique des Oxydasei 263
Biart ( Lucien ) [Décès de M.J 73
Biondi. Envoi de plantes de Chine i83
Blanc ( E.). Don de deux Oiseaux 2 76
Blanchard (D..cteur IL). Don de la collection de Bryozoaires de feu M. le
docteur Jullien 354
Bocourt. Don d'une photographie 1 85
— 382 —
Bonifacy. Don d'animaux du Tonkin . 276
Boulart et Beauregard. Note sur le placenta du Tragelaphus gratin 20
Bourgeois (L. ). Sur le rendement de la transformation des carbonates d'am-
monium en urée io5
Bouvier (E.-L.). Observations sur les Argulidés du genre Gyropeltis re-
cueillis par M. Geay au Venezuela i3
— Sur les Cambarus recueillis au Mexique par M. Diguet 326
— Sur deux Paguriens nouveaux trouves par M. Coutière dans les récifs
madréporiques , à Djibouti 228
— Annonce le don de la collection de feu M. Bagonot 355
Brazza (de). Don de Potamochcerus pe.ncillatus du cap Lopez .... 1 1A
Bochner, assistant du Musée de l'Académie des sciences de Saint-Péters-
bourg. Don au Muséum, au nom de l'Académie, de poils de Mam-
mouth de Sibérie 355
Buléon (le B. P.). Envoi de collections 2, 43, 116
— Envoi d'un Bdeogale nigripes 202
— Envoi d'un squelette de Potamogale 27/1
Bureau. Présentation d'un ouvrage 80
— Sur les envois récents faits au Muséum 182
BuRGKiiARDT ( B. ). Offre d'entrer en relations avec le Muséum 179
Camus (L.) et Gley (E.). A propos de l'action de la propeptone sur la pré-
sure 2^5
Capis (G.). Départ pour la Cochinchiue 1^7
— Envoi de collections de Cochinchine 273
Chaffanjon (J.). Relation sommaire d'un voyage à travers l'Asie 7, 11C
— Entomoslracés recueillis en Mongolie 1 3i
— Don d'un herbier de Sibérie 1 83
— Don de Lépidoptères de l'Asie centrale 223
Chailley-Bert. Don de collections 27/1
Ciiefneux. Don d'une Lionne d'Abysssinie 5
Ghénieux. Hacbes de pierre recueillies à Bien-Hoa 48
Chevreux. Don de collections 182
Cuimkievitch. Don de Drogues coréennes 1 83
Clément et Troncet. Don d'un ouvrage 1 1 5
Clément. Présentation d'ouvrage 1 5o
Collett. Don de Bryozoaires 180
Coutière (H.). Lettre datée de Djibouti ûa, 70, n3
— Paguriens trouvés à Djibouti 228
— Note sur quelques Alpbéidés nouveaux ou peu connus rapportés de Dji-
bouti (Afrique orientale) 233
— Note sur un nouveau genre d' Alpbéidés 3oi
— Note sur quelques Alphées nouveaux 3o3
— Notes biologiques sur quelques espèces d'Alphéidés observés à Djibouti
par M. Coutière 367
Deiiérain (P.-P.). La Jachère 29
Delafosse. Note concernant l'anthropologie et la zoologie du Baoulé 193
o
— 383 —
Delcroix. Voyage à Madagascar „/,
Delisle (P.) et Bureau (Éd.). Notice sur M. F.-R. Thollon 1 1 5
Demker. Présentation d'un ouvrage oQ
— Présentation de drogues coréennes t g3
Des Cloizeaux ( Décès de M. ) , /4g
Desgrez et Nicloun. Sur la décomposition du chloroforme dans l'orga-
nisme
Devez (G.). Note sur l'ovaire du Didelphis cancrivora (Gin.) 205
Diguet. Lettre sur ses recherches au Mexique , i 0
— Envoi de Plantes du Mexique 1 ^3
— Anthropologie du Nnyarit 1Q0
— Cambarus recueillis au Mexique .,3/,
— Lettre datée de La Paz 3,_5
Diiu (Offres de service de M. ) 1 4
Drouet. Détails sur le héronière d'Ëcury 43
Dugès ( A. ). Don d'une notice , 1 5
Dlitreuil de Bhins et Grenard. Plantes recueillies au Thihet 390
Dybowski. Don de deux Aigles de Tunisie t80
Elmot. Envoi d'Antilopes x g0
Errlngton de la Croix (Lettre de M.) 1[l„
— Don de collections „„/.
J /4
Farpe-Domergue et Biétrix (Eug.). La période critique post-larvaire des
Poissons marins c_
Fallières, sénateur, ancien Ministre de l'instruction publique, est nommé
membre du Conseil du Muséum en remplacement de feu M. Bar-
doux o- •>
* OOO
b arges. Envoi de plantes de Chine j §3
Favette et Trouessart. Applications de la photographie microscopique à
l'étude des Sarcoptides plumicoles qg
Ferrière. Collections de la Haute-Sangba 1 \ 5
— Son départ pour la Haute-Sangha 273
Foa (Edouard ). Voyage dans l'Afrique centrale 78 , 1 60
— Mammifères de la région des Grands-Lacs , qq
Koiïfé. Don d'un Chimpanzé , , 4
Foret. Envoi de collections du Fernand-Vaz l[ll
— Don d'un squelette de Gorille du Fernand-Vaz 276
Fraivchet (A.). Plantes nouvelles du Thibet provenant de la mission scien-
tifique de MM. Dulieuil de Rhins et G renard 320
Galliéni (Général). Lettre de Madagascar 7/,
Gaubert (P.). Sur la létartoédrie de la calcite 3()
Gaucher. Offres de services lï[l
Gaudry (A.). Nommé assesseur t
— Présentation de poils de Mammouth donnés au Muséum par M. Buch-
ner au nom de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg 355
— 38/i —
Gay (Louis). Voyage en Asie 116
Geay. Collections fuite < an Venezuela 10,10
— Son arrivée aux monts Tumuchumac 275
Gentil (L.). Sur le gisement de Nadorite d'Algérie 258
— Sur le gisement de zéoliles de Dellys (Alg<jr) 3.17
Gkrvais (P.) [Don d'un médaillon de] 43
Gierra. Envoi de collections de l'Afrique orientale 79
Glvngeaud (Ph.). Un exemple des divers faciès que peut présenter une for-
mation géologique : le Portlandien des Cbarentes 33o
Gley (E. ). Sur le rôle des glandulcs parathyroïdes a3
— Action des injections inlra-veineuses do propeptone sur les sécrétions
en général a h 4
— Effets des excitations électriques sur le cœur du Hérisson 37 !
Gley et Camus. A propos de l'action de la prolopeptone sur la présure «45
GiumioNT (A. de). Analyse spectracle de quelques minéraux de la collection
du Muséum 870
GniTOLET (L. ). Plume d'Aigle du Muséum a\anl servi à la signature du
traité de Paris le 3o mars 1806 1 » 1
Ghéhant (N.). Absorption par les poumons de vapeur d'alcool mélangée
avec l'air ;*8
— Présentation d'ouvrages 81
— Mesure du plus grand effort que puisse produire un muscle gastro-
enemien de Grenouille, à l'aide d'un myodynamomètre à sonnerie. . 103
— Recherches de l'oxyde de carbone dans le tuyau d'échappement d'un
moteur à gaz 371
Grenard et DiiTRELiL de PuiiNs. Plantes recueillies au Thibet 3ao
Guerne (de). Don de collections 182
Guy de la Brosse (Sur la mort et la succession de), par M. Hamy i42
Hamy (E.-T. ). L'âge de la pierre dans l'arrondissement de Bien-Hoa (Co-
chinchine française) 48
- Description d'un vase péruvien représentant le Félin olbescens 121
- Sur les papiers de Lesueur 1 48
— Quelques mots sur Lamare-Picquot 1^9
— Quelques notes sur la mort et la succession de Guy de la Brosse 1 5a
- L'âge de pierre au Gabon 1 54
— Le fleuriste Pierre Morin le jeune, dit Troisième i86
— Contribution à l'anthropologie du Nayarit 1 90
- Documents inédits sur Y Homo sylvestris rapporté d'Angola en iG3o. . . 277
— L'âge de pierre dans la Dubreka 282
— Présentation de l'épreuve originale du masque de J.-J. Bousseau 358
Hang. Collection de Reptiles du Gabon 54
Hose. Don d'une collection de Mammifères et d'Oiseaux de Célèbes et de
Bornéo 354
Hour.sT. Collections recueillies dans la région du Niger 179
IIdviis (M'"e). Offre un portrait de Lamare-Picquot 1 h(j
Hua (IL). Sur les collections botaniques faites à la Côte d'Ivoire par M. Po-
béguin 2 40
— 385 —
Hua (H.) Nouveaux matériaux pour la flore de l'Afrique française. Collec-
tions de MM. les docteurs Maçlaud et Miquel ojô
IksfBLOT (C). Don d'une Porphyriole de la Grandc-Comore 5
— Essai d'introduction de l'arbre à Gutta Perclia à la Grande- Comore. . . 176
Lacroix (A). Sur la minéralogie des cadavres i43
Lamare-Picquot. Portrait offert par Mm" Hovius. Observations de M. E.-T.
Ilamy 1 if)
Lartigue (De). Offres de services 4i
Lebaudy (M'"' J.). Don de minéraux 4
Lecomte (H.). Le Kickxia njricana Bentii. au Congo français 70
— Présentation d'un ouvrage 186
Le Cobnec. Don de Poissons du Chagres 220
Lemoine (Décès de M.) 73
Lemoine (Mme ver.ve) et Lemoixe, docteur en droit. Don au Muséum de la
collection des fossiles de Cernay de feu M. le docteur Lemoine 353
Lennieb. Observations sur un Hyperoodon 44
Lesueub. (Observations de M. Ilamy sur les papiers de) 1 AS
LicHTEiNFELDEB. Don de Reptiles du Tonkin 21 3
Liénabd. Don d'une collection d'Oiseaux et de Mammifères 276
Lochelongue. Don de deux Potomachœrus penicillatus . . n4
Maclaud (Le docteur). Collections faites à Conakry 17g
— Nommé correspondant 273
— Dons d'animaux 27/1
— Plantes de l'Afrique française 32 5
Mager (H.). Offres de services 179
Mairdron (M.). Voyage dans le golfe d'Oman 44
— Arachnides recueillis à Mascate 9^
— Arachnides de Kurrarbce et de Matheran 289
Mangim (L.). Voyage en Asie.. 116
Maquenne. Nommé professeur intérimaire 4 1
Marcellin. Don d'un médaillon de P. Gervais 43
Martin (Ernest). Annonce de son décès 186
Maunoib. Don d'un ouvrage 43
Mégnin (P.). Le Pou de l'Élépbant 167
Milne Edwards. Nommé directeur du Muséum pour une nouvelle période
de cinq ans 1
— Observations sur un Hippopotame 44
— Note sur une nouvelle espèce du genre Hliinopitlièque provenant de la
hante vallée du Mékong 1 5t>
— Note sur une incubation complète faite par un mâle de Cygne noir
( C. atratus Latb. ) 1 65
— Présentation de photographies instantanées des Chimpanzés de la ma-
nagei ie du Muséum 358
Milne-Edwards (A.) et Bouvier (E.L.). Crustacés nouveaux provenant des
campagnes du Travailleur et du Talisman 297, 36'i
Miquel (Le docteur). Plantes de l'Afrique française 32.5
Muséum. — m. 2
— 386 —
Mocquard (F.). Noie préliminaire sur une collection de Reptiles recueillis
par M. Haug à Lambaréné 56
— Note sur quelques Reptiles de Tanga, don de M. Gierra 12a
— Notes herpélologiques 211
Monaco (Le prince de). Don de collections 180
MoNiEZ. Don d'ouvrages d'entomologie 43
Montandon (A.-L.). Hémiptères nouveaux des collections du Muséum de
Paris ia4
Morin (Le fleuriste Pierre), par M. Haug 1 86
Nesty. Offres de services au Sénégal 179
Neuville (H.). Nommé préparateur 1
— Sur le foie de quelques Antilopes 21
— Recherches anatomiques sur les Squales observés pendant la dernière
campagne du yacht Princesse-Alice 55
— Remarques sur les Squales de mer profonde observés à Sétubal (Por-
tugal) 87
— Sur les vaisseaux intra-intestinaux des Sélaciens 317
Nicloux. Dosage de petites quantités d'alcool méthylique, d'aldéhyde for-
mique, d'acide formique et de glucose 2 60
Nicloux et Desgrez. Sur la décomposition du chloroforme dans l'organisme. 375
Olivier (L.). Don de deux Oiseaux 276
OusTALEr (E.). Description de deux espèces nouvelles d'Oiseaux du
Yun-nan 162
— Liste des Oiseaux rapportés du Baoulé par M. Delafosse 198
— Notice sur quelques Oiseaux de la Chine occidentale 208
Pah.let. Collections faites au Tonkin 179
Pavie. Don de photographies de l'Indo-Chine 181
Petit (A.). Tumeurs malignes chez des animaux ayant vécu à la ménagerie
du Muséum ! 69
Puisalix (C). Entérite aiguë à coli-bacille chez deux Chats de Siam 26
— Sur quelques conditions favorisant l'infection pyocyanique chez le Cobaye. 67
— Causes de la diminution de résistance des Carnassiers au charbon io3
— Action du venin de la Salamandre du Japon (Sieboldia maxima). —
Atténuation par la chaleur et vaccination de la Grenouille contre ce
venin 262
— Antagonisme entre le venin des Vespidœ et celui de la Vipère : le pre-
mier vaccine contre le second 3 1 8
Pobéguin. Don de collections entomologiques de la Côte d'Ivoire 80
— Collections botaniques faites à la Côte d'Ivoire par M. Hua 266
Poujade. Note sur les Lépidoptères rapportés par M. Chaffanjon de l'Asie
centrale et orientale 2 23
Pousargues (E. de). Observalions sur un jeune Cercopithecus erytlirogaster
(Gr. ) ayant vécu à la ménagerie du Muséum 5 a
— Note sur une nouvelle espèce d'Aulacode, A. calamophagus (de Beerst)
provenant de la région des Lacs 160
— 387 —
Pousargues (E. de.). Liste des Mammifères recueillis par M. Edouard Foa
dans la région des Grands-Lacs 199
— Sur la validité générique et spécifique du Bdeogale nigripes (Puch.). . 309
— Sur l'identité spécifique du Cervus albirostris et du C. Tltoroldi 28A
— Description d'un Rliinolophe d'espèce nouvelle (R!i. Maelaudi) recueilli
par M. le docteur Maclaud sur l'île de Conakry (Guinée française) . . . 358
Radisson. Offres de services au Tonkin 79
Ragonot (Mme veuve). Don de la collection de Microlépidoptères de feu
Emile Ragonot 355
rimnsim (M.-J.). Descriptions de nouvelles espèces de Crabes d'eau douce
appartenant aux collections du Muséum d'histoire naturelle de Paris. 58
Renault (R-). Les Ractériacées et les Rogheads à Pilas 33
— Présentation d'ouvrages i5o
— Les Ractériacées des Rogheads 25 1
— Présentation d'un ouvrage 276
Renault et Roche. Offre d'une brochure Sur une nouvelle Diploxylée et d'un
échantillon ayant servi à l'étude de cette plante fossile 357
Richard (J.). Sur deux Entomostracés d'eau douce recueillis par M. Chaf-
fanjon en Mongolie 1 3 1
Ritsema (C.). Liste des espèces du genre Ilelota (Coléoptères) de la collec-
tion du Muséum 287
Roche et Renault. Offre d'une brochure Sur une nouvelle Diplu.rylée et d'un
échantillon ayant servi à l'étude de cette plante fossile 357
Rochebrune (A.-T. de). Sur la présence du Teeniarhynchus taginatus Weinl.
(Teenia mediocanellata Kùch; T. inerme auct.) chez un enfant de
quatre ans 3o6
Saint-Loup (R.). Recherches sur l'évolution des dents chez les Rongeurs. . 3i5
Séabra (A. -F. de). Sur les corps rouges des Téléostéens 217
Simon (E. ). Présentation d'un ouvrage 1 85
— Arachnides recueillis par M. Maindron à Mascate, en octobre 1896. . . g5
— Arachnides recueillis par M. Maindron à Kunachee et à Malheran (près
Rombay) en 1896 289
Soulié (Le révérend père) [Collections recueillies par] i56, 162
— Envoi d'Ophidiens du Yun-nan 9i5
Tai-ia (F.-F.). Huile de Caparrapi 260
Thollon (Décès de M.) 73
- Notice sur ce voyageur par MAL Delisle et Ed. Rureau ll5
Tuor (S.). Une intéressante Hydrachnide nouvelle, provenant des récoltes
de M. Geay au Venezuela 10
Troussart (Le docteur). Présentation du Catalogue des Mammifères 5
— Présentation d'ouvrages 185,277
Trouessart et Favette. Application de la photographie microscopique à
l'étude des Sarcoptides plumicoles 98
Vaillant (L.). Siluroïde nouveau de l'Afrique orientale (ChimaiThoglanis
Leroyi) 81
n
— 388 —
Vaillant (L.). Sur les espèces à distinguer dans le genre Nebris Cuv. el Val 1 ih
— Présentation d'un ouvrage *''8
— Sur un Poisson rare pour la faune française, le Trichiurus leplums (L.) 166
— Contribution à l'étude iclithyologique du Chagres 220
— ■ Présentation d'un Guide à la ménagerie des Reptiles 276
— Le Rrokodile noir du Niger des collections du Muséum 36a
Vatimesnil (de) [ Don de l'herbier formé par Mme] 1 48
Vauia (Le comte de La). Don de collections de Patagonie 276
Verneau (R.). Note sur la collection de crânes siamois de Mme Bel 8
Vernedil (A.) et Wïrodboff. Sur la purification et le poids atomique du
cérium 34a
Ville (G.) [Annonce du décès de M.] '11
Viré (A.). Organes des sens des Crustacés obscuricoles des catacombes de
Paris et des cavernes du Plateau central ba
— Rectification à propos du soi-disant œil du Niphargus Virei (Chevreux). 65
— Le Campodea staphylinus Westwood et ses variétés cavernicoles 89
— Le laboratoire des Catacombes 1 35
— La faune obscuricole des conduites d'eau de Seine de la ville de Paris
el le projet de dérivation des sources du Lunain 237
Viré (A.) et Besoues (P.). Les Pyrénées souterraines : recherches hydro-
logiques effectuées en 1 897 333
Weiss (P.). Recherches sur l'aimantation de la Magnélile cristallisée lia
Wyrouboff et Verseuil. Sur la purification et le poids atomique du Cérium. 3^2
Zeltner (De). Don de collections *82
389 -
TABLE PAR ORDRE MÉTHODIQUE.
ACTES ET HISTOIRE DU MUSÉUM.
Nomination de M. Milne Edwards comme Directeur du Muséum pour une ^
nouvelle période de cinq ans
Nomination de M. A. Gaudry comme assesseur
Mort de M. Bardoux , sénateur inamovible , membre du Conseil dû Muséum' 35/j
Nomination de M. Faliières, sénateur, ancien Ministre de l'Instruction pu-
blique, comme membre du Conseil du Muséum «s».
Mort de M. G. Ville [ "' ,
Mort de M. Legrand Des Cloizeaux ^
Nomination de M. Maquenne comme professeur intérimaire lu
Nomination de M. Neuville comme préparateur
Correspondants du Muséum. — Sont nommés :
M. et Mmo Marc Bel o
•••••• ^ y> n }
M. le Docteur Maclaud o
Mort de M. F.-R. Tbollon 3
Notice sur F.-B. Tbollon par MM. P. Delislc et Ed. Bureau '.'. J5
Mort de M. E. Martin gg
Mort de M. Lucien Biart _d
Mort de M. Lemoine '«
Lettre du général Gallieni. \
Lettre de M. Bastard " } r
Lettre de M. Coutière, datée de Djibouti. Va'Vs 1 1 3
Lettre de M. Diguet, datée de La Paz .....' ... j 10
Enseignement spécial pour les voyageurs , oq
Exposition des collections faites par MM. Chaffanjon, Mangini et Gay! 181, a73
Don par Mme VT6 Bagonot des collections de Microlépidopières de feu Emile
Bagonot et d'ouvrages de sa bibliothèque 355
Don par Mmo Lemoine et M. Lemoine, docteur en droit, des collections des
iossiles de Cernay de feu M. le Dr V. Lemoine 354
Don de collections, par M. Chevreux. ,g3
Don de collections , par le Baron de Guerne ,8^
Don de collections, par M. de Zeltner .' ^l
Don de Bryozoaires, par M. G. Collet ' . [[[[ ,§<,
Présentation de Drogues coréennes, par M. Deniker. . . t83
Don de photographies de i'Indo-Chine, par M. Pavie .' 181
Présentation d'un ouvrage, par M. L. Vaillant .. 27?
Présentation d'un ouvrage, par M. E. Bureau 80
Présentation d'ouvrages, par M. N. Grébant ' gi
a
a
— 390 —
Présentation d'un ouvrage, par M. Denikor 80
Présentation d'ouvrages, par AI. R. Renault i5o, -777, 3Ô7
Don d'une photographie, par M. Rocourt. i85
Présentation d'ouvrages, par M. Trouessart ,r>, i85, 277
Présentation d'un ouvrage, par M. Simon i85
Présentation d'un ouvrage, par M. Lecomte 186
Présentation d'ouvrage, par M. Clément i5o
Don d'un ouvrage, par MM. Clément et ïroncet n5
Don d'ouvrage9 d'Entomologie, par M. Moniez k%
Don d'une notice, par M. A. Dugès 1 1 5
Don d'un ouvrage, par M. Ch. Maunoir 43
Don d'un médaillon de P. Cervais, par Mme Marcellin 43
Portrait de Lamare Picquot, offert par Mme Hovius 1 /jq
Quelques notes sur la mort et la succession de Guy de la Rrosse, par
M. Hamy 1/12
Le fleuriste Pierre Morin le jeune, dit Troisième, par M. Hamy 186
Sur les papiers de Lesueur, par M. Hamy 1AS
Le laboratoire des Catacombes, par M. A. Viré 1 35
ANTHROPOLOGIE ET ZOOLOGIE.
L'âge de pierre au Gabon, par M. Hamy 1A2
L'âge de pierre dans la Dubreka , par M. Hamy 282
L'âge de pierre dans l'arrondissement de Rien-Hoa (Cocbinchine française),
par M. Hamy /18
Note sur une collection de crânes siamois donnés par Mme M. Rel, par
M. Verneau 8
Note concernant l'anthropologie et la zoologie du Raoulé, par M. Delafosse. 1 98
Contribution à l'anthropologie du Nayarit, par M. Hamy 190
Documents inédits sur VHomo sylvestris rapporté d'Angola en i63o, par
M. Hamy 277
Description d'un vase péruvien représentant le Felis albescens, par M. Hamy. 121
Liste des Mammifères recueillis par M. E. Foa dans la région des Grands
Lacs, par M. de Pousargues 1 99
Chimpanzé de la Guinée française donné par M. Foufé 1 14
Chimpanzés de la ménagerie du Muséum 358
Observations sur un jeune Cercopithecus eriithrogaster, par M. de Pou-
sargues 5 a
Note sur une nouvelle espèce de Rhinopilhèque provenant de la haute vallée
du Mékong, par M. A. Milne Edwards 1 56
Description d'un Rhinolophe d'espèce nouvelle (R. Maclaudi) recueilli par
M. le D' Maclaud sur l'île de Conakry (Guinée française), par M. de
Pousargues 358
Sur une nouvelle espèce d'Aulacode, par M. de Pousargues 1 60
Lionne d'Abyssinie donnée par M. Chefneux 5
Sur la validité générique et spécifique du Bdeogale nigripes 902
Observations sur un Hippopolame, par M. Milne Edwards hit
— 391 —
Hippopotame femelle acquise pour la Ménagerie i48
Observations sur les Antilopes do l'Afrique centrale, par M. Ed. Foa 78
Antilopes du pays des Somalis donnés par M. Elliot 181
Sur l'identité spécifique du Cervus albirostris et du C. Thoroldi, par M. de
Pousargues 284
Lamenlin de Fernand-Vaz donné par M. Foret 1 A7
Observations sur un Hyperoodon , par M. Lennier 44
Liste des Oiseaux rapportés du Baoïdé par M. Delafosse 198
Description de deux espèces nouvelles d'Oiseaux du Yun-nan, par M. Ous-
talot 16a
Note sur quelques Oiseaux de la Chine occidentale, par M. Oustalet 208
Sur la Héronière d'Écury, par M. Drouel 43
Sur une incubation complète faite par un mâle de Cygne noir, par M. A.
Milne Edwards 1 65
Notes herpélologiques, par M. Mocquard 911
Reptiles du Gabon recueillis par M. Stang, par M. Mocquard 54
Sur quelques reptiles du Tanga, don de M. Gierra, par M. Mocquard. ... 122
Sur deux Ophidiens du Yun-nan, par M. Mocquard 2i5
Reptiles nouveaux des iles Norway, par M. Mocquard 2i3
Le Krokodile noir du Niger par M. Vaillant 36a
Mort de la grande Salamandre du Japon 181
La période critique post-larvaire des Poissons marins, par M. Fabre Domer-
gue 57
Contribution à l'élude ichthyologiqiie du Chagres, par M. Vaillant 220
Remarques sur les Squales de mer profonde observés à Sétubal (Portugal),
par M. Neuville 87
Sur quelques exemplaires du genre Scorpis, par M. L. Vaillant 84
Sur les espèces à distinguer dans le genre Nebris, par M. L. Vaillant ia4
Sur un Poisson rare pour la faune française le Trichiurus lepturus, par M. L.
Vaillant 166
Siluroide nouveau de l'Afrique orientale (Chimarrhoglanis Leroyi), par
M. Vaillant 81
La faune obscuricole des conduites d'eau de Seine de la ville de Paris, par
M. A. Viré 237
Don de collections entomologiques faites à la Côte d'Ivoire, par M. Pobéguin. 80
Liste des espèces du genre Helota (Coléoptères), par M. Ritsema 287
Hémiptères nouveaux du musée de Paris, par M. Montandon ia4
Le Pou de l'Éléphant, par M. P. Mégnin 167
Note sur les Lépidoptères rapportés par M. Chaffanjon de l'Asie centrale et
orientale, par M. Poujade aa3
Le Campodea staphilinus et ses variétés cavernicoles, par M. A. Viré 89
Arachnides recueillis par M. M. Maindron à Mascate, par M. E. Simon. . . g5
Arachnides de Kurrachee et de Matheran (Bombay), par M. E. Simon. . . . 289
Une Hydrachnide nouvelle du Venezuela, par M. S. Thor 10
Application de la photographie microscopique à l'étude des Sarcoptides
plumicoles, par MM. Favelte et Trouessart 98
Organes des sens des Crustacés obscuricoles des catacombes de Paris et des
cavernes du Plateau central, par M. A. \ iré 62
— 392 —
Cruslacés nouveaux provenant des campagnes du Travailleur el du Talisman,
par A. Milne Edwards et E. L. Bouvier 997 , 36fi
Description de nouvelles eapèces de Crabes d'eau douce, par Mary Rathbun. 58
Sur deux Paguriens nouveaux trouvés par M. Coulière à Djibouti, par M. E.
Bouvier 228
Sur les Cambarus recueillis au Mexique par M. Diguet, par M. Bouvier . . . 22/1
Observations sur les Alphées, par M. Coulière 77
Sur quelques Alpbéidés rapportés de Djibouti 2.33
Note sur un nouveau genre d'Alpbéidés, par M. Coulière 3oi
Noie sur quelques Alpbéidés nouveaux, par M. Coulière 3o3
Alphéidés observés à Djibouti, par M. H. Coutière
Notes biologiques sur quelques Alpbéidés observés à Djibouti par M. Cou-
tière 367
Bectification à propos du soi-disant œil du Niphargus Virei, par M. A. Viré. 65
Observations sur les Argulides du genre Gyropeltis recueillis par M. Geay
au Venezuela, par M. E.-L. Bouvier i3
Sur deux Entomostracés d'eau douce de Mongolie, par M. J. Richard. ... i3i
Branchiobdella de YAstacus Digneti, par M. Bouvier 228
Sur la présence du Tœniarhynchus saginatus chez un enfant de h ans, par
M. de Bochebrune 3o6
Noie sur Chlamydoconclia Ocutti (Dali.), par M. F. Bernard 65
Sur quelques Coquilles de Lamellibranches de l'ile Stewart, par M. F. Bernard. 309
ANATOMIE ANIMALE.
Recherches sur l'évolution des dents chez les Bonheurs, par M. R. S'-Loup. . 3i5
Note sur le foie de quelques Antilopes, par M. Neuville ' 21
Note sur le placenta du Tragelaphus gratus , par MM. Geauregard et Boulart. 20
Note sur l'ovaire du Didelphis cancrivora , par M. Devez 2o5
Bemarques anatomiques sur les Squales observés pendant la dernière cam-
pagne du yacht Princesse- Alice 55
Sur les vaisseaux intra-intestinaux des Sélaciens 317
Sur les corps rouges des Téléostéens, par M. de Séabra 217
PHYSIOLOGIE.
Effels des excitations électriques sur le cœur du Hérisson, par M. E. Gley. . 371
Mesure du plus grand effort (pie puisse produire un muscle gastro-cnémien
de Grenouille, par M. G réhant 102
Sur le rôle des capsules para thyroïdes, par M. Gley 23
Action des injections intraveineuses de peptone sur les sécrétions en général ,
par M ( iley a h h
A propos de l'action de la protopeplone sur la présure, par MM. Camus el
Gley a fi 5
DécompoMlion du chloroforme dans l'organisme, par MM. Desgrez et
Nicloux 070
s
— 393 —
Absorption par les poumons de vapeur d'alcool mélangée avec l'air, par
M. Gréhant 2 g
Recherches de l'oxyde de carbone dans le tuyau d'échappement d'un mo-
teur à gaz, par M. N. Gréhant 371
Tumeurs malignes chez des animaux ayant vécu à la Ménagerie, par M. A.
Pettit l6g
Sur quelques conditions favorisant l'infection pyocyanique chez le Cobaye,
par M. Phisalix (j^
Entérite aiguë à coli-bacille chez deux Chais de Siam, par AI. Phisalix.. . . 26
Causes de la diminution de résistance des Carnassiers au charbon, par
M. Phisalix 103
Antagonisme entre le venin des Vespidœ et celui de la Vipère, par M. Phi-
salix 3 1 8
Action physiologique du venin de la Salamandre du Japon, par M. Phisalix. 2/12
BOTANIQUE.
Don de l'herbier de Mme de Vatimesnil, par le baron de Mackau 1&8
Sur les collections botaniques faites à la Côte d'Ivoire par M. Pobéguin, par
M. Hua 3/i6
Nouveaux matériaux pour la flore de l'Afrique française. Collections de
MM. Maclaud et Micquel, par M. Hua 325
Le Kickxia africana au Congo français, par M. H. Lecomte 70
Essai d'introduction de l'arbre à Gutla-Percha à la Crande-Comore, par
M. Humblot 172
Plantes nouvelles du Thibet provenant de la mission scientifique de MM. Du-
(reuil de Rhins et Crénard, par M. Franchet 320
Plantes de Chine envoyées par l'abbé Farges et par M. Biondi i83
Herbier de Sibérie envoyé par M. Chaffanjon , 83
Plantes du Mexique envoyées par M. Diguet 1 83
Huile de Caparrapi, par M. Tapia 25g
La Bactériologie de l'Ambre gris, par M. Beauregard 269
Les Bactériacées des Bogheads à Pilas, par M. Renault 33
Les Bactériacées des Bogheads, par M. Benault a5i
GEOLOGIE ET MINÉRALOGIE.
Un exemple des divers faciès que peut présenter une formation géologique :
Le Porllandien des Charentes, par M. Glangeaud 33o
Fossiles de Madagascar, par M. Baslard 3
Les Pyrénées souterraines. Recherches hydrologiques exécutées en 1897, Par
MM. A. Viré et P. Besques 333
Le projet de dérivation des sources du Lunain, par M. A. Viré 207
Sur le gisement de Nadorite d'Algérie, par M. Gentil a58
Sur le gisement de Zéo!it';es de Deliys (Alger), par M. L. Gentil 337
Sur la minéralogie des cadavres, par M. Lacroix 1/13
— 394 —
Don de minéraux par M"" J. Lebaudy h
Analyse spectrale de quelques minéraux de la collection du Muséum , par
M. A. de Grammont 375
Sur la Tétai doédrie de la Calcite, par M. P. Gaubert 39
Recherches sur l'aimantation de la Magnétile cristallisée, par M. Weiss. . . . 1/12
CHIMIE.
La Jachère, par M. P. -P. Dehérain 29
Sur le rendement et la transformation des Carbonates d'ammonium en urée,
par M. L. Bourgeois 1 o5
Sur la purification et le poids atomique du Cérium, par MM. Verneuil et
Wyrouboff 36a
De la nécessité du manganèse dans les oxydations provoquées parla Laccase,
par M; G. Bertrand 173
Sur la constitution chimique des Oxydases, par G. Bertrand 203
Dosages de petites quanfités d'alcool méthylique, d'aldéhyde formique, d'acide
formique et de glucose, par M. Nicloux 266
Sur la décomposition du Cbloroforme dans l'organisme par MM. Degrez et
Nicloux 37a
— 395
TABLE PAR ORDRE GÉOGRAPHIQUE.
Pages.
Europe. Le Portlandien des Charenles, par M. Glangeaud ,33o
France. Plateau central. Crustacés obscuricoles des cavernes, par M. A. Viré. 6a
- Les Pyrénées souterraines. Recherches hydrologiques, par MM. A. Viré
et P. Besques 33g
Portugal. Squales de Sétubal, par M. Neuville 87
Algérie. Gisement de Nadorite, par M. Gentil 258
- Sur le gisement, de Zéolithes de Dellys, par M. L. Gentil 337
Afrique française. Plantes recueillies par MM. Maclaud et Miquel 3a5
Guinée française. Collections envoyées par M. le docteur Maclaud i70
Conakry (Guinée française). Rhinolophe d'espèce nouvelle, par M. E. de
Pousargues 358
Côte d'Ivoire. Collections faites par M. Pobéguin 80
Côte d'Ivoire, Raoulé. Anthropologie et Zoologie, par M. Delafosse iq3
Côte d'Ivoire. Collections botaniques de M. Pobéguin, par M. Hua a '16
Niger [Krokodile noir du j , par M. L. Vaillant 35.,
Afrique occidentale. Départ de M. Ferrière pour la Haute-Sangha 273
Haute-Sangha. Collections de M. Ferrière j t5
Gabon [L'âge de pierre au], par M. E.-T. Hamy j 5/,
- [Reptiles du], par M. V. Mocquart 5/,
Congo français [Le Kickxia ajricana au], par M. H. Lecomte 70
Pays des Eschiras (Congo). Collection du R. P. Buléon 2, 43, 1 14
— Don d'un Potamogale du Pays dos Eshiras 2r-4
Congo. L'âge de pierre dans la Dubréka, par M. Hamy 282
Djibouti. Lettre de M. Coulière fta, 75, n3
— Alphéidés observés par M. Coutière 3(jq
- Sur quelques Alphéidés, par M. Coutière 2 33
- Paguriens trouvés par M. Coutière 99g
Abyssinie [ Don d'une Lionne d'] , par M. Chefneux 5
Tança [Sur quelques reptiles du], par M. F. Alocquard i2a
Afrique orientale. Collections envoyées par AI. Gierra -q
— Siluroïde nouveau, par M. L. Vaillant 81
Afrique centrale. Alammifères de la région des Grands-Lacs, par M. E. de
Pousargue.s lfi,N lQg
— Voyage de M. Ed. Foa 78, 160
Grande-Comore. Introduction de l'arbre à Gutta-Percha 172
- Don d'une Porphyriole par AI. Humhlol 5
M idagascar. Départ de M. Alluaud /,
Retour en France de AI. Alluaud , , 3
Lettre de AL Baslard
— 396 —
Madagascar. Envoi de collections par le Capitaine Ardouin 5
— Lettre du général Gallieni 74
— Mission topographique du Capitaine Delcroix 74
— Lettre de M. Bastard i45
- Lettre de M. Baslard 177
— Sepsina d'espèce nouvelle, par M. F. Mocquard 211
— Envoi de collections par le Capitaine Ardouin 274
— Envoi de fossiles par M. Bastard 276
Asie centrale. Relation sommaire d'un voyage à travers i'Asie, par M. Chaf-
fanjon 116
Asie centrale et orientale. Lépidoptères rapportés par M. Chaffanjon. ... 228
Mascate [Arachnides de] , par M. E. Simon 9&
Golfe d'Oman. Voyage de M. M. Maindron 44
Asie. Arachnides de Kurrachée et de Matheran recueillis par M. Maindron,
décrits par M. Simon 289
Cochinchine française. L'âge de pierre dans l'arrondissement de Bien-Hoa,
par M. Hamy 48
— Envoi de collections par M. Capus 273
Annam. Don de collections par M. et Mme M. Bel 276
Siam. Note sur les crânes siamois donnés par Mme M. Bel, par M. Verneau. 8
Tonkin. M. le Cap. Badisson offre ses services 79
— Collections de M. Paillet 179
— Reptiles nouveaux de la baie d'Along 2i3
— Don d'animaux par M. Bonifacy 276
TniBET. Plantes de la mission Dutreuil de Bhins et Grénard , par M. Fran-
chet 320
— Nouvelle espace de Bhinopithèque de la haute vallée du Mékong, par
M. Milne Edwards 1 56
Chine [Plantes médicinales de] 1 83
— Oiseaux de la région occidentale, par M. Oustalet 208
— Deux Oiseaux nouveaux du Yun-nan, par M. Oustalet 1 62
— Sur deux Ophidiens du Yun-nan, par M. Mocquard 2i5
Mongolie [Enlomostracés de], par M. J. Bichard i3i
Sibébie [Plantes de] 1 83
Ile Stewart. Coquilles de Lamellibranches, par M. F. Bernard 309
Venezuela. Collections de M. Geay 10, 1 3
Amérique centrale. Étude ichlhyologique du Chagres, par M. Vaillant. . . . 220
Mexique. Voyage de M. Diguet 110
— [Plantes du] . i83
— Contribution à l'Anthropologie du Nayarit, par AI. Hamy 190
— Cambarus recueillis par M. Diguet 224
— Voyage de M. Diguet 275
— 397 —
TABLE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES*
Pages.
Acioa scabrifolia .'5 a 8
Actinodura Souliei i 63
Adenota Kob 21
Afrezia africana 3a6
Alcippe Genestieri 208
Alligator palpebrosus 36a
Allophylus timboensis 3a6
Alpheus barbatus a35
Alpheus crinitus 069
Alpheus cristalus 3o3
Alpbeus Heurleli 3o£
Alplieus lœvimanus 36g
Alpbeus minus 368
Alpheus paragracilis Soli
Alpheus platydactilus 3o4
Alpbeus Saulcyi brevicarpus. . 367
Alpheus Saulcyi longicarpus. . 367
Alpheus splendidus 235
Alpbeus spongiarum. ... 2 35, 368
Alpheus tumido- manus 367
Ambrysus arulangulus 126
Arabrysus crenulatus 127
Ambrysus fraternus 128
Ambrysus Geayi 129
Amphibelœus Jousseaumei. . . 235
Anfhodi&'ta collaris 199
Aphantanlax indus 291
Arête dorsalis 23."), 370
Argusianus Grayi 3.") 5
Arlemisia Grenardi 3a 3
Asellus aquaticus 62 , 2.38
Athanas dispar 2.33, 370
Pages
Atbnnas djiboutensis 234
Athanas leptocheles 370
Athanas solenomerus 370
Athanopsis platyrhynchus. . . . 3oi
Atraclaspis Boulengeri hh
Atroleplis gabonensis 55
Aulacodus calamophagus. 160, 200
Automate dolicbognatba 235
/Epyceros melampus 201
Bdoegale nigripes 202
Bombax buonopozense. . 2^7, 326
Bombvx fasciatella 226
BubalisLichtensteini 201
Bubalis Swaynei 181
Burhanga stigmatops. ..... 355
Calyptomena Hosei 355
Cambarus Digueti 227
Cambarus Monlezumœ 224
Campodea Cookei 89
Campodea Dargilani 89
Campodea erebopbiia 89
Campodea nivea 89
Campodea staphyliuus 89
Campodea succinea gfl
Caragana polourensis 32 1
Carapa 326
Castaneira zèles 29^
Centrophorus granulosus 56
Centropborus squamosus 56
Cenlropus monacbus 198
(1) Ne Ggurent dans celle liste cftie les espèces nouvelles ou celles sur lesquelles il est
donné qurli[nrs détails dans le orps du volume.
— 398 —
Cephalophus Grimmi 201
Cercopithecus albigularis 199
Cercopithecus erythrogaster. . . 5a
Cercopithecus rufoviridis 199
Cervicapra arundinum 201
Cervus albirostris 284
Gervus Thoroldi 284
Cestopagurus Coutieri 23o
Chibia borneensis 355
Chimarrhoglanis Leroyi 81
Chimpanzé 277
Chlamydoconcha Orculti 65
Chloropsis Kinabalnensis 355
Cladiscothallus Keppeni 257
Caecosphœroma Virei 64
Coiobus villerosus 53
Crocodilus cataphractus 362
Crossarchus fasciatus 300
Cryphocricus macrocephalus. . ia5
Cyamiomactra problemalica. . . 3io
Cyanops monticola 355
Cyclops fimbriatus 62
Cygmis atratus 1 65
Daphnia similis i34
Dendrohyrax arboreus 201
Diaptomus Chafïanjoni 1 3 1
Didelphis cancrivora 3o5
Dilopha Dutreuili 32 1
Dissotis grandiflora 326
Dolichos paniculatus 327
Drassodes Maindroni 98
Echeimis spinibarbis 97
Ëliomys murinus 200
Epomophorus crypturns 199
Equus Burchelli 201
Equus Prjewalski 118
Erebia parmenio 224
Erinnceus europœus 373
Eriodendron anfracluosum. . . 2^17
Erythrina sigmoïdea 327
Ethusa rosacea 298
Ethusa rugulosa
Ethusina Talismani
Eublepharis Lichtenfelderi.
Eurystomus afer
Felis albescens.
Felis caligata . ,
Felis serval.. . .
Filislata niera. .
Gagrella atrata
Gagrella Maindroni
Galago crassicaudatus
Gazella Pelzelni
Gazella Spekei
Geaya Venezuela?
Genetta felina
Gentiana Fenella var. lutchen-
sis
Gerbillus tenuis
Globicephalus mêlas
Glyphsea grewioides
Graucalus Normanni
Gyropeltis Geayi
Gyropeltis Kollari
Halcyon chelicutensis
Helogale undulat
Helota
Hemigale Hardwicki
Hemixus connectens
Herpestes cafter
Helerodon madagascariensis. .
Heteroscops Lucia;
Hoemalomyzus Elephantis. . . .
Hœmatomyzus proboscideus . .
Hippopotame
Hylobates Miilleri.
Hvperoodon .
997
3oo
2l3
198
12 1
200
200
97
296
296
'99
181
181
1 2
200
324
200
l80
2/|8
355
i3
18
198
200
287
354
355
300
I78
355
167
169
Ixh
355
Iacaretinga palpebrosus 3Ô2
Iacaretinga trinotatus 362
lanthocincla Bieti 163
Isonandra gutta 172
399 —
Jousseaumea crislata a34
Jousseaumea latirostris 2.3 '4
Jousseaumea serralidigitus. . . 3-34
Kickxia al'ricana 70
Krokodilc noir du Miger 36-2
Landolphia senagalensis 3a5
Latrodaclus scelio 98
Lepidopus argenteus 87
Lepus ochropus 201
Lilhocranius Walleri 181
Litbyphantes alboclathratus. . . 293
Lonchocarpus cyanescens. ... 2/18
Lopheceros semifasciatus 198
Lycosa Maindroni -296
Lycosa subinertnis 3g5
Macrobium limba 3a8
Macroscilides intufi 199
Melanophora hospita 292
Melanophora univittata ag3
Merops albieollis 198
Mesobucco eximius 355
Micrococcus carbo 33
Micrococcus Petrolei 2 52
Mulirymnis subtilis 97
Munida tropicalis 364
Munidopsis longirostris 365
Munidopsis abyssorum 365
Mus dorsalis 200
Mus minutoides 200
Musophaga violacea 198
Nebris microps 126
débris occidentales , ........ 12^
Nectandra Caparrapi 258
Neolepton sanguineum 3i3
Nepeta yanlbina 3aA
Nesotragus moscbatus 201
Niphargus putaneus 62 , 65
Oreas canna 201
Oriolus Osei 355
Otocompsa montis 355
Oxyanthus unilocularis 269
Oxytropis Dulreuili 322
Oxytropis Grenardi 322
Oxytropis Lutcbensis 32 3
Oxytropis nivalis 323
Oxytropis parviflora 323
Pacbykellya Edvvardsi.
Pagurus Coutieri. . . .
Pagurus Jousseaumei
Palpimanus vultuosus
Papio cynocepbalus
Pardosa evippina
Parnassus Evermanni
Parnassus Tenedius
Parus Dejeani
Pelophilus madagascariensis.
Perrierina taxodonta
Petrodromus telradactylus. .
Phasidus niger
Pbilodromus frontosus
Pila
Pila bibractensis
Pimelodus gracilis
Pirata Maindroni ,
Polemon Bocourti
Poromera Haugi
Porphyrioia Alleni
Potamocliaerus peniciliatus . . .
Polamogale velox
Procavia Brucei
Protolicbus elegans
Pseudotbelpbusa bisuturalis. .
Pseudotbelpbusa ecuadorensis .
Pseudotbelpbusa lindigiana. . .
Pseudotbelpbusa tuberculala. .
Pseudoxenodon macrops
Pterocarpus erinaceus
Pteromys nitidus
•5io
a3o
23l
291
199
296
aai
336
208
,78
3 îss
199
43
293
33
3Ô2
322
396
5/1
5 h
5
11/1
37/1
201
99
60
58
59
61
3l5
325
354
Rappia tuberculala 55
— 400
Rhabdoclilainys Dejeani 208
Rhinocéros simus 79
Rbinocichla Treacheri 355
Rhinoloplius Maclaudi. .... 358
Rbinopilhecus Rieti i56
Rhynchocyou Cernei 199
Rhyncbophis Roulangeri 2i3
Runcinia affinis 299
Runcinia lateralis 293
Saccoslomus campestris 200
Saussurea cinerea 324
Sciurus bicolor 355
Sciurus Cepapi 200
Sciurus nolatus orestes 354
Sciurus mulabilis 200
Scomum paradoxum 208
Scopis 8/1
Semnopithecus Everetti 354
Semnopilbecus Hosei 356
Sepsinn Ardouini 211
Sieholdia maxima 181
Sieboldki japonica 262
Spauiopholis Souliei 2 i5
Sparassus larandus 296
Spondias iutca a48
Stapbidia EvereUi 355
Steatomys pratensis 200
Strepsiceros Kudu 201
Tolracera alnifolia 3 '17
Tetragonophthalma sindica. . . p.g5
Tetragonophthalma unifasciala ag5
Thanalus fornicatus 2g3
Thanatus simplicipalpis 296
Taîiiia inerme 3o6
Taenia mediocanellala 3o6
Taeniarhyncbus saginatus 3o6
Tragelaphus Angasi 201
Tragelapbus grntus 20, 29
Tragelaphus scriptus 201
Trichiurus lepturus i()6
Troglopagurus Jousseaum ;i. . . a3i
Tur'dinus canicapiiius 355
Turdinulus exul 355
Typhlops Gierrai 123
Dratelornis chimœra . . ....
Vilis quadrangularis
268
— A01 —
TABLE DES FIGURES ET DES CARTES
CONTEiNUES DA>S CE VOLUME.
Pages.
Geayta Venezuela 11,12
Gyropellis Geayi 1 4 , 1 5 , 1 6
Gyropeltis collaris 18, 19
Foie du Tragelapbus gratus 22
Coupe d'un bois d1 Arthropitus gigas 33,34
Thalles de Pila bibractensis envahis par les microcoques 35, 36
Haches de pierre de Cochincliine 4p, , 5o
Campodea êtaphylinus 91, 9 -î
Protolichu* elegans (Trouessart) 99
Carie itinéraire du voyage de M. Chaffanjon à travers l'Asie 117
Diaptomus Chaffanjoni 1 3a , 1 33
Hache en schiste amphibolique du Galion 1 55
Rhinopithecus Bieti (M. Edwards) 1 57
Hwmatomyzus Elephantis (femelle) 167
(mâle) 168
Tète osseuse de lideogale nigripes (Pucheran) 2o3
Cestopagnrus Coutieri (Bouvier) 239, 23o, 23i
Troglopagurns Jousseaumei (Bouvier) 232
Antennule des Asellus 238
Carte de la vallée du Lunain 261
Thalle de Pila bibractensis 2 5 2
Pila bibractensis et Micrococats Petrolœi 2 53, 2 5 ri , 2 55
Pila bibractensis désorganisé 2Ô(i
Cladiscothallus Keppeni -1 ->7
Hache de pierre de la Dubréka 2 83
Pachykellya Edwardsi (Bernard) 3lo
Cyamiomactra problematica (Bernard ) 3i 1
Perrierierina taxodonta (Bernard) 3i 2
Neolepton sanguineum (Hutton) 3i S
Grotte de Labaslide (Hautes-Pyrénées) 335
Rhinolophus Maclavdi (Pous.), tète et feuille nasale 3 5 9 , 36o
Muséum. — 111.
— 402 —
ERRATA.
Page 198, ligne 6. Au lieu de Baloué, lisez fhwitle.
Page 27.3, ligne ao. Au lieu de Sanga, lisez Sàngha.
Page 2 7 A, ligne 3. Au lieu de De La Vaux, lisez De La Vaul.v.
I.
New York Botanical Garden Librar
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