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Full text of "Bulletin du Musum national d'histoire naturelle"

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BULLETIN 


DU 


MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 


MUSEUM    D'HISTOIRE    NATURELLE 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 


TOME  TROISIÈME 


1897 


PARIS 


IMPRIMERIE   NATIONALE 


M   DCGG   XGVII 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE. 


ANNEE  1897.  -    N°  1 


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17e  réunion  des  naturalistes  du  muséum. 

2  6    JANVIER    1897. 


PRESIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEUM. 


M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  huitième  fascicule  du 
Bulletin  pour  l'année  1896,  paru  le  a3  janvier  et  contenant  les 
communications  faites  dans  la  réunion  du  2-2  décembre,  ainsi  que 
le  titre  et  la  table  des  matières  du  volume  II  (1896). 


CORRESPONDANCE. 

Par  décret  en  date  du  29  décembre  1896,  M.  Milne  Edwards  a 
été  nommé  directeur  du  Muséum  pour  une  nouvelle  période  de 
cinq  ans.  

Par  arrêté  en  date  du  22  janvier  1897,  M-  Albert  Gaudry  a  été 
nommé  assesseur  pour  un  an. 


Par  arrêté  en  date  du  18  janvier  1897,  M.  Neuville,  délégué 
dans  les  fonctions  de  préparateur  près  la  chaire  d'Anatomie  com- 
parée, est  nommé  titulaire  de  son  emploi. 


Muséum.  —  ni. 


Le  R.  P.  Buléon,  dans  une  lettre  date'e  du  1  ô  novembre  1896, 
annonce  l'envoi  d'une  caisse  d'objets  d'histoire  naturelle  recueillis 
dans  le  pays  des  Eschiras. 


M.  Bastard  a  adressé  à  M.  le  Directeur  du  Muséum  la  lettre  sui- 
vante,  dans  laquelle  il  donne  quelques  renseignements  sur  les  re- 
cherches qu'il  poursuit  à  Madagascar  : 

Nosy  Vé ,  côte  Sud-Ouest  de  Madagascar, 
19  novembre  1896. 
Monsieur  le  Directeur, 

Suivant  le  projet  dont  j'avais  l'honneur  de  vous  entretenir  dans  ma  der- 
nière lettre,  j'ai  quitté  Majunga  le  11  septembre  pour  débarquer  le  ih  à 
Morondava.  Là,  je  m'occupai  de  recruter  des  porteurs,  que  j'embarquai  le 
37  avec  moi  dans  une  chaloupe  malgache  qui  me  transporta  à  Ambohibé, 
à  l'une  des  embouchures  du  Mangoky.  Mon  projet  était  de  remonter  la 
vallée  du  Mangoky  jusqu'à  Vondrové  et,  de  là,  de  prendre  au  Sud  pour 
gagner  Tulléar.  Parti  d' Ambohibé  le  3  octobre,  je  longeai  le  plus  près 
possible  la  rive  gauche  du  ileuve,  que  je  traversai  le  11,  à  une  journée  de 
marche  au-dessous  de  Vondrové. 

Bien  que  nous  fussions  à  la  fin  de  la  saison  sèche,  le  Mangoky  avait  une 
largeur  de  7  à  800  mètres,  et  j'avais  de  l'eau  jusqu'aux  épaules  dans  le 
courant,  qui  est  assez  rapide,  Le  bas  Mangoky  est  un  grand  fleuve  coulant 
dans  une  vallée  très  fertile  couverte  de  forêts  peu  touffues;  les  villages  y 
sont  nombreux  et  peuplés  de  Masikoro,  qui  cultivent  le  maïs,  le  manioc, 
les  patates,  et  possèdent  surtout  de  magnifiques  troupeaux  de  Bœufs. 

Le  1 2  octobre  à  midi ,  j'étais  à  Vondrové  d'où  je  repartis  le  1  h ,  traver- 
sant de  nouveau  le  fleuve  et  prenant  la  direction  du  Sud.  Le  soir  même 
je  campai  sur  le  bord  du  Sikily,  qui  prend  sa  source  non  loin  de  celle  du 
Mahanomby  et  va  se  jeter  un  peu  au-dessous  de  Vondrové  dans  le  Man- 
goky, dont  il  esL  le  dernier  affluent  de  droite.  Après  avoir  remonté  un  mo- 
ment le  cours  du  Sikily,  je  traversai  un  pays  montagneux,  une  succession 
de  collines  atteignant  de  âoo  à  5oo  mètres  et  qui  sont  les  contreforts  de 
montagnes  plus  élevées  que  j'avais  à  ma  gauche  dans  TEst.  Le  surlende- 
main de  mon  départ  de  Vondrové  je  faillis  être  pillé  :  une  bande  de  vingt- 
cinq  ou  trente  Fahavalo  qui  me  suivait,  paraît-il,  depuis  la  veille,  vint  me 
barrer  le  passage  à  l'entrée  d'un  petit  bois,  et  voulut  visiter  mes  caisses. 
Heureusement  j'avais  avec  moi  cinq  Masikoro  pris  à  Vondrové  comme 
guides  et  porteurs  supplémentaires,  et  parmi  eux  deux  amis  du  chef  de  la 
bande.  Après  un  long  kabary,  ces  messieurs  décidèrent  de  me  livrer  pas- 
sage sans  me  prendre  une  aiguille. 

Le  21  octobre,  je  sortis  des  collines  pour  entrer  sur  le  plateau  du  Ma- 


Lanomby;  le  29  j'arrivai  à  Tulléar  après  avoir  traversé  la  Sivorena ,  affluent 
du  Mahanomby,  le  Mahanomby  et  la  Fiherenana.  La  faune  que  j'ai  pu 
observer  ne  m'a  point  offert  d'échantillons  nouveaux.  Parmi  les  Mammi- 
fères, des  Lémurs  mongoz,  des  Propithèques  de  Verreaux,  et  parmi  ceux-ci , 
les  quelques  sujets  que  j'ai  eus  avaient  de  vilaines  peaux  ne  valant  pas  la 

'■tsikoro  et  les  Antifiherenana  de  cette  région 

"et  animal  a  jadis  été  fadi  pour  eux,  il  ne 

dite  ils  en  faisaient  un  rôti.  Parmi  les 

■•contré  est  VUratelornis  chimmra^, 

otre  courrier  du  mois  d'août.  Je 

1  que  j'ai  trouvé  aux  environs 

montagne  de  la  Table  et 

'•ocurer  d'autres  exem- 

nre ,  soigneusement 

3,  le  reconnaître, 

envie  de  fuir. 

ne  fuyant 

3  facile- 


peine  d'être  prépai 
mangent  fort  bie 
l'est  plus,  ca- 
Oiseaux,  ' 
dont  vo 

suis  '      

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ju  n'ai  pas  uni  ue  circuler  dans  la  région,  aux  environs  de  Tulléar,  de 
Saint-Augustin,  et  plus  haut  vers  le  Mahanomby,  il  y  a  certainement  des 
fossiles  intéressants.  Quant  à  la  région  du  Nord-Ouest  de  Madagascar,  où 
j'ai  recueilli  les  ossements  que  j'ai  adressés  en  août  au  Muséum,  il  est  fort 
heureux  que  j'y  sois  allé  à  cette  époque,  car,  à  l'heure  actuelle,  le  pays  est, 
paraît-il,  occupé  par  des  Hovas  insurgés;  et  je  viens  d'apprendre  que 
M.  Mathieu,  qui  m'avait  promis  de  chercher  à  avoir  des  renseignements 
utiles  pour  mes  recherches,  venait  d'avoir  tous  ses  postes  pillés  et  brûlés 
et  qu'il  s'était  réfugié  à  Nosy  Vé. 

J'ai  fait  quelques  photographies,  que  je  n'ai  pu  encore  développer,  et 
pris  des  notes  et  des  croquis  sur  les  peuplades  rencontrées  en  chemin  : 
Masikoro  le  long  du  Mangoky,  mélange  de  Bara  et  de  Masikoro  pillards 
dans  les  montagnes  et  Antifiherenana  dans  les  plaines  du  Mahanomby. 

W  VUratelornis  chimeera  a  clé  décrit  en  décembre  189  3,  par  l'Hon.  Walter 
Rothschild  dans  les  Novitates  zoulogirœ  (t.  H,  p.  679  et  t.  III,  pi.  a),  d'après  un 
individu  acquis  à  un  marchand  et  dépourvu  de  toute  indication  relative  au  sexe 
de  l'Oiseau  aussi  bien  qu'à  la  localité  où  il  avait  été  capturé.  Grâce  à  M.  Bastard, 
nous  savons  maintenant  quelle  région  de  Madagascar  habile  VUratelornis.  D'aulre 
part,  comme  TOiseau  tué  par  ce  voyageur  el  reconnu  par  lui  comme  femelle  est 
exactement  semblable  à  l'exemplaire  figuré,  on  peut  supposer  que  les  deux  sujets 
élaienl  du  même  sexe  et  que  le  mâle  reste  à  découvrir.  Les  yeux  de  VUratelornis 
chimeera  sont  noirs  et  les  pâlies  d'un  gris  verdàtre. 


1  . 


Le  H.  P.  Bulkon,  clans  une  lettre  datée  du  iô  novembre  1896, 
annonce  l'envoi  d'une  caisse  d'objets  d'histoire  naturelle  recueillis 
dans  le  pays  des  Eschiras. 


M.  Bastabd  a  adressé  à  M.  le  Directeur  du  ?  'a  lettre  sui- 

vante, dans  laquelle  il  donne  quelques  reù  m-  les  re- 

cherches qu'il  poursuit  à  Madagascar  : 


Monsieur  le  Directeur 

Suivant  le  projet  dont  j'avai 
ûière  lettre,  j'ai  quitté  Mai* 
Morondava.  Là,  je  m'ocr 
•J7  avec  moi  clans  un<~ 
à  Tune  des  embo> 
vallée  du  Manr 
gagner  Tull-' 
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largeur  de  7  h  800  mètres,  et  j'avais  de  l'eau  jusqu'aux  épaules  dans  le 
courant,  qui  est  assez  rapide.  Le  bas  Mangoky  est  un  grand  fleuve  coulant 
dans  une  vallée  très  fertile  couverte  de  forêts  peu  touffues;  les  villages  y 
sont  nombreux  et  peuplés  de  Masikoro,  qui  cultivent  le  maïs,  le  manioc, 
les  patates,  et  possèdent  surtout  de  magnifiques  troupeaux  de  Bœufs. 

Le  12  octobre  à  midi,  j'étais  à  Vondrové  d'où  je  repartis  le  1 6 ,  traver- 
sant de  nouveau  le  fleuve  et  prenant  la  direction  du  Sud.  Le  soir  même 
je  campai  sur  le  bord  du  Sikily,  qui  prend  sa  source  non  loin  de  celle  du 
Mahanomby  et  va  se  jeter  un  peu  au-dessous  de  Vondrové  dans  le  Man- 
goky,  dont  il  est  le  dernier  affluent  de  droite.  Après  avoir  remonté  un  mo- 
ment le  cours  du  Sikily,  je  traversai  un  pays  montagneux,  une  succession 
de  collines  atteignant  de  hoo  à  5oo  mètres  et  qui  sont  les  contreforts  de 
monlagnes  plus  élevées  que  j'avais  à  nia  gauclie  dans  l'Est.  Le  surlende- 
main de  mon  départ  de  Vondrové  je  faillis  être  pillé  :  une  bande  de  vingt- 
cinq  ou  trente  Fabavalo  qui  me  suivait,  paraît-il,  depuis  la  veille,  vint  me 
barrer  le  passage  à  l'entrée  d'un  petit  bois,  et  voulut  visiter  mes  caisses. 
Heureusement  j'avais  avec  moi  cinq  Masikoro  pris  à  Vondrové  comme 
guides  et  porteurs  supplémentaires,  et  parmi  eux  deux  amis  du  cbef  de  la 
bande.  Après  un  long  kabary,  ces  messieurs  décidèrent  de  me  livrer  pas- 
sage sans  me  prendre  une  aiguille. 

Le  ai  octobre,  je  sortis  des  collines  pour  entrer  sur  le  plateau  du  Ma- 


—  3  — 

Lanomby  ;  le  -jy  j'arrivai  à  Tulléar  après  avoir  traversé  la  Snorena ,  affluent 
du  Mahanomby,  le  Mahanomby  et  la  Fiherenana.  La  faune  que  j'ai  pu 
observer  ne  m'a  poinl  offert  d'échantillons  nouveaux.  Parmi  les  Mammi- 
fères, des  Lémurs  mongoz,  des  Propilhèques  de  Verreaux,  et  parmi  ceux-ci , 
les  quelques  sujets  que  j'ai  eus  avaient  de  vilaines  peaux  ne  valant  pas  la 
peine  d'être  préparées.  Les  Masikoro  et  les  Antifiherenana  de  cette  région 
mangent  fort  bien  le  Sifaka  et,  si  cet  animal  a  jadis  été  fadi  pour  eux,  il  ne 
l'est  plus,  car  j'ai  \n  avec  quelle  facilité  ils  en  faisaient  un  rôti.  Parmi  les 
Oiseaux ,  le  seul  intéressant  que  j'ai  rencontré  est  VUratelornis  chimœra (1), 
dont  vous  m'aviez  envoyé  l'image  dans  votre  courrier  du  mois  d'août.  Je 
suis  tout  heureux  de  vous  adresser  l'échantillon  que  j'ai  trouvé  aux  environs 
de  Tulléar,  dans  les  bois  qui  se  trouvent  entre  la  montagne  de  la  Table  et 
Belemboky.  Je  vais  faire  mon  possible  pour  m'en  procurer  d'autres  exem- 
plaires. Cet  Oiseau,  lorsque  je  l'ai  rencontré,  était  à  terre,  soigneusement 
caché  sous  un  buisson,  et  j'ai  pu  l'approcher  de  très  près,  le  reconnaître, 
puis  me  reculer  pour  le  tirer  sans  qu'il  manifestât  la  moindre  envie  de  fuir. 
Dissimulé  ainsi  sous  les  broussailles,  immobile  et  silencieux,  ne  fuyant 
pas  à  l'approche,  ne  se  dérangeant  même  pas  au  bruit,  il  échappe  facile- 
ment aux  regards. 

Je  n'ai  pas  trouvé  de  fossiles  dans  le  cours  de  mon  voyage,  si  ce  n'est 
des  fragments  d'huîtres  sur  le  haut  des  collines  au  Sud  du  Mangoky,  mais 
je  n'ai  pas  fini  de  circuler  dans  la  région.  Aux  environs  de  Tulléar,  de 
Saint-Augustin,  et  plus  haut  vers  le  Mahanomby,  il  y  a  certainement  des 
fossiles  intéressants.  Quant  à  la  région  du  Nord-Ouest  de  Madagascar,  où 
j'ai  recueilli  les  ossements  que  j'ai  adressés  en  août  au  Muséum,  il  est  fort 
heureux  que  j'y  sois  allé  à  cette  époque,  car,  à  l'heure  actuelle,  le  pays  est, 
parait-il,  occupé  par  des  flovas  insurgés;  et  je  viens  d'apprendre  que 
M.  Mathieu,  qui  m'avait  promis  de  chercher  à  avoir  des  renseignements 
utiles  pour  mes  recherches,  venait  d'avoir  tous  ses  postes  pillés  et  brûlés 
et  qu'il  s'était  réfugié  à  Nosy  Vé. 

J'ai  fait  quelques  photographies ,  que  je  n'ai  pu  encore  développer,  et 
pris  des  notes  et  des  croquis  sur  les  peuplades  rencontrées  en  chemin  : 
Masikoro  le  long  du  Mangoky,  mélange  de  Bara  et  de  Masikoro  pillards 
dans  les  montagnes  et  Antifiherenana  dans  les  plaines  du  Mahanomby. 

W  VUratelornis  chimœra  a  été  décrit  en  décembre  189&,  par  l'Hon.  Walter 
Rothschild  dans  les  Novitates  zoohgicœ  (t.  II,  p.  ^79  et  t.  III,  pi.  2),  d'après  un 
individu  acquis  à  un  marchand  et  dépourvu  de  toute  indication  relative  au  sexe 
de  l'Oiseau  aussi  bien  qu'à  la  localité  où  il  avait  été  capturé.  Grâce  à  M.  Bastard, 
nous  savons  maintenant  quelle  région  de  Madagascar  habite  VUratelornis.  D'autre 
part,  comme  l'Oiseau  tué  par  ce  voyageur  el  reconnu  par  lui  comme  femelle  est 
exactement  semblable  à  l'exemplaire  figuré,  on  peut  supposer  que  les  deux  sujets 
étaient  du  même  sexe  et  que  le  mâle  reste  à  découvrir.  Les  yeux  de  VUratelornis 
chimœra  sont  noirs  el  les  pattes  d'un  gris  verdâtre, 

1  . 


—  h  — 

Aussitôt  que  j'aurai  le  temps  de  coordonner  ces  notes,  j'écrirai  une  lettre 

au  Muséum. 

La  saison  des  pluies  commence  ici  ;  je  ne  voudrais  toutefois  pas  perdre 
mon  temps  pendant  l'hivernage.  Aussi  ai-je  l'intention  d'aller  prochaine- 
ment chez  les  Bara.  M.  Estèhe,  vice-résident  à  Nosy  Vé,  a  déjà,  sur  ma 
prière,  commencé  à  me  préparer  la  voie,  et  je  songe  à  organiser  cette 
nouvelle  excursion. 

M.  Ch.  Alluaud  est  parti  pour  Madagascar  le  10  janvier. 


Le  Directeur  annonce  que  Mme  Jules  Lebaudy,  ayant  appris  les 
pertes  résultant  du  cyclone  du  26  juillet  et  tenant  à  donner  au 
Muséum  un  témoignage  de  l'intérêt  quelle  lui  porte,  a  offert  une 
belle  série  de  minéraux  destinés  à  remplacer  ceux  que  les  inonda- 
tions avaient  détériorés  dans  nos  vitrines. 

Parmi  les  minéraux  de  cette  collection,  il  y  a  lieu  de  signaler 
d'une  façon  particulière  les  échantillons  suivants  ; 

Apatite  du  Canada.  —  Énorme  cristal  engagé  dans  calcite,  terminé  à 
l'une  de  ses  extrémités  et  mesurant  33  centimètres  de  longueur  sur  7  cen- 
timètres de  diamètre. 

Calcite.  —  Fort  heaux  cristaux  de  Joplin  (Missouri),  l'un  d'eux  atteint 
33  centimètres  de  plus  grande  dimension;  du  Lac  Supérieur  (cristaux  im- 
prégnés de  cuivre  natif). 

Diallogite  d'Alicanle  Lake  County  (Colorado).  —  Magnilique  groupe 
de  gros  rhomboèdres  roses  translucides. 

Ciiessylite  de  Bisbee  (Arizona).  —  Magnifique  géode  de  beaux  cristaux 
pouvant  rivaliser  avec  ceux  de  Chessy. 

Marcasite  de  Caterville  (Missouri).  —  Grands  échantillons,  riches  en 
beaux  cristaux. 

Galène  et  Blende  de  Joplin.  —  Belle  série  de  gros  cristaux  remarquables 
par  leur  netteté,  leur  fraîcheur  et  leur  grande  taille. 

Vanadinite,  Endliciiite,  Descloizite  et  Wdlfenite.  —  Série  de  bons 
échantillons  provenant  de  l'Arizona  et  du  Nouveau  Mexique. 

Chondrodite  de  Brevvster  (New-York).  —  Très  beau  cristal  sur  gangue. 

Thaumasite  de  West  Paterson.  —  Fort  bel  échantillon. 


Microcline  (pierre  des  Amazones)  de  Pikes  Peak.  —  Beau  groupement 
de  macles  de  Four  la  Brouque. 

CiiALCANTiiiTE  fibreuse.  —  Fort  beau  morceau  de  l' Arizona. 

Enfin,  bons  échantillons  cristallisés  de  Topaze  (Colorado);  Polycrase 
(Caroline  du  Sud);  Monticellite  (Arkansas);  Tellure  natif  (Colorado); 
Acerdèse  (Michigan);  Comhalcite  et  Olivenite  (Utah);  Lansfordite  (Pen- 
sylvanie);  Orpiment  (Utah),  etc. 


La  collection  annoncée  par  M.  le  capitaine  Ardouin  et  mentionnée 
dans  le  dernier  Bulletin  (p.  3 ( »  1  )  est  arrivée  au  Muséum;  elle  com- 
prenait deux  Chauves-Souris,  la  Phyllorhina  Commersoni  et  un  Triœnops 
Humbloti,  ainsi  que  divers  Insectes  du  plateau  d'Antsirana  qui  sont 
en  ce  moment  à  l'élude. 


M.  Ghefneux  a  offert  à  la  ménagerie  du  Muséum  une  jeune 
Lionne  d'Abyssinie. 

M.  Humblot  a  remis  au  laboratoire  de  Mammalogie  et  d'Ornitho- 
logie la  dépouille  d'une  petite  Poule  sultane  qu'il  venait  de  rece- 
voir de  la  Grande-Comore.  Cet  Oiseau  appartient  à  l'espèce  dite 
Porphyrîola  Alleni  Tbomps. ,  qui  avait  été  rencontrée  en  Afrique, 
à  Madagascar  et  à  l'île  Rodrigue,  mais  qui  n'avait  pas  été  signalée 
à  la  Grande-Comore,  où  sa  présence  ne  peut  guère  être  considérée 
comme  accidentelle.  L'addition  de  la  Porphyriola  Alleni  aux  listes 
d'Oiseaux  de  la  Grande-Comore  publiées  par  MM.  Milne  Edwards 
et  OustaletW  porte  à  quatre-vingts  le  nombre  des  espèces  ornitbo- 
logiques  rencontrées  jusqu'à  ce  jour  dans  l'archipel  des  Comores. 


M.  le  docteur  E.  Trouëssart  présente  le  premier  fascicule  de  la 
seconde  édition  de  son  Catalogue  des  Mammifères  vivants  et  fossiles '^\ 

°)  Annales  des  Sciences  naturelles,  Zoologie,  1887,  57e  année,  t.  II,  n"  3  et  h, 
art.  h,  p.  287  et  iSouvcllrs  Archives  du  Muséum,  1888,  t.  X,  2e  fasc,  p.  291. 

(2)  Catalogua  Mammalium  lam  viventium  quant  fossilium,  nov.  éd.  (prima  com- 
pléta), fasc  1,  Berlin,  1897,  Friedlànder  et  fils,  éditeurs. 


—  6  — 

qu'il  offre  à  la  bibliothèque  du  Muséum  et  sur  lequel  il  donne  les 
détails  suivants  : 

En  offrant  à  la  Réunion  des  Naturalistes  du  Muséum  le  premier  fascicule 
du  Caialogus  Mammalium  tara  viventium  qttam  fossilium ,  qui  vient  de  pa- 
raître, je  voudrais  indiquer  brièvement  le  plan  que  j'ai  suivi  en  rédigeant 
cette  seconde  édition. 

Je  puis  dire  que  ce  livre  a  été  composé  au  Muséum.  Les  facilités  d'étude 
que  j'ai  trouvées  à  la  Bibliothèque,  la  libéralité  avec  laquelle  M,  le  profes- 
seur Milne  Edwards  a  mis  à  ma  disposition  les  riches  collections  conservées 
dans  les  Galeries  de  Zoologie,  pour  la  revision  de  certains  groupes,  les 
conseils  qu'il  a  bien  voulu  me  donner  pour  cette  nouvelle  édition,  après 
avoir  encouragé  la  première,  me  donnent  lieu  d'espérer  que  les  natura- 
listes seront  satisfaits  des  perfectionnements  que  je  me  suis  efforcé  d'y  in- 
troduire. 

Un  livre  de  ce  genre  ne  doit  pas  être  un  travail  de  critique  où  l'auteur 
fait  prévaloir  son  opinion  personnelle,  mais  un  recueil  d'indications  biblio- 
graphiques et  géographiques  bien  au  courant  de  la  science,  une  sorte  de 
dictionnaire  disposé  non  suivant  l'ordre  alphabétique,  mais  suivant  l'ordre 
méthodique  et  permettant  d'arriver  promplemcnt  à  la  détermination  exacte 
du  spécimen  zoologique  que  l'on  a  entre  les  mains. 

Dans  cette  seconde  édition ,  je  me  suis  conformé  strictement  à  ce  prin- 
cipe. Le  classement  des  espèces  est  essentiellement  fondé  sur  les  monogra- 
phies et  les  revisions  récentes,  dont  le  titre  est  inscrit,  pour  plus  de  clarté, 
en  tête  des  ordres,  des  familles  ou  des  genres  auxquels  ces  travaux  se  rap- 
portent. Il  en  résulte  que  beaucoup  de  formes  considérées  comme  des  va- 
riétés dans  la  première  édition  sont  présentées  ici  comme  des  espèces  dis- 
tinctes. 

En  cela,  j'ai  suivi  les  tendances  actuelles  de  la  zoologie  descriptive.  A 
mesure  que  l'exploration  du  globe  devient  plus  complète  et  plus  précise, 
les  naturalistes  sentent  le  besoin  de  mieux  caractériser  des  faunes  évidem- 
ment distinctes  :  par  suite  ils  se  voient  forcés  de  donner  un  nom  particu- 
lier à  des  formes  considérées  d'abord  comme  de  simples  variétés  locales. 

Lorsque  ces  formes  présentent  une  certaine  fixité  et  caractérisent  réelle- 
ment une  région  zoologique  bien  définie,  leur  distinction  est  légitime.  Il 
convient  de  les  désigner  sous  un  nom  particulier,  et,  quel  que  soit  le  point  de 
vue  auquel  on  se  place,  quelle  que  soit  l'opinion  que  l'on  se  fasse  de  leur 
filiation  en  les  considérant  comme  de  bonnes  espèces,  comme  des  sous- 
espèces  ou  comme  des  variétés  locales,  il  n'en  est  pas  moins  nécessaire,  dans 
un  Catalogue  tel  que  celui-ci,  de  les  énumérer  et  d'indiquer  exactement 
leur  répartition  géographique. 

Sur  les  questions  de  nomenclature,  je  me  suis  montré  plus  conservateur 
(pie  la  plupart  des  naturalistes  de  l'époque  actuelle.  A  mon  avis,  on  ne  peut. 


_  7  — 

sans  injustice,  appliquer  aux  naturalistes  du  commencement  de  ce  siècle 
des  règles  de  convention  qui  n'ont  été  édictées  que  de  longues  années  après 
leur  mort,  et  les  priver  ainsi,  sans  nécessité,  de  leur  droit  de  priorité.  En 
fait,  je  ne  vois  pas  bien  le  danger  qu  il  y  aurait  h  confondre,  par  exemple, 
Macroglossus  (Cm.,  1822),  genre  de  Chiroptères,  avec  Macroglossum 
(Scopoli,  1777),  genre  de  Lépidoptères,  ces  deux  genres  appartenant  à 
des  embranchements  différents. 

Par  contre,  dans  une  même  classe,  il  est  impossible  de  conserver  deux 
noms  génériques  identiques.  Je  me  suis  donc  vu  forcé  de  proposer  un  nom 
nouveau  pour  le  genre  fossile  Eehinogale  (Pomel,  18/18),  ce  nom  ayant 
déjà  été  employé  antérieurement  (Eehinogale,  Wagner,  18/11;  Ericulus, 
Is.  Geoff. ,  1837.  )  Le  genre  fossile  de  Pomel  prendra  le  nom  deScAPTOGALE 
(p.  20 4  du  Catalogue.) 

De  même,  les  deux  espèces  placées  dans  le  genre  Sinopa  (Leidy)  ap- 
partenant à  deux  types  génériques  et  même  à  deux  groupes  différents,  j'ai 
du  proposer  le  nom  de  Prosinopa  pour  Sinopa  eximia  (Leidy),  espèce  qui 
n'est  entrée  qu'en  1878  dans  ce  genre,  tandis  que  le  type  est  de  1871 
(p.  08  du  Cat.).  J'ai  nommé  Vespertilio  Axderso.w  l'espèce  n°  7A5  du 
Catalogue  (p.  129),  parce  qu'il  existait  déjà  un  V.  Dobsoni  ayant  la  priorité 
sur  celui  d'Anderson. 

Le  présent  fascicule,  qui  renferme  12  9/1  numéros  d'espèces  et  comprend 
les  quatres  premiers  ordres  (Singes,  Lémuriens,  Chiroptères,  Insectivores) , 
représente  h  peu  près  le  quart  de  la  classe  (5, 000  espèces  environ,  dont 
près  de  la  moitié  pour  les  formes  fossiles).  Les  trois  autres  fascicules  se 
suivront  régulièrement,  de  trois  mois  en  trois  mois,  de  manière  à  compléter 
l'ouvrage  avant  la  fin  de  l'année  1  897.  Un  appendice  contiendra  les  espèces 
publiées  dans  cet  intervalle,  et  un  index  général  des  noms  génériques  et 
spécifiques  terminera  le  volume. 


\f.  Ghaffanjon  donne  sur  le  voyage  qu'il  vient  d'accomplir  dans 
l'Asie  centrale  et  orientale,  en  compagnie  de  M.  H.  Mangini  et  de 
M.  Gay,  des  détails  qui  seront  publiés  dans  un  prochain  Bulletin. 


—  8  — 


COMMUNICATIONS. 


Note  sur  la  collectio.\  de  cnh'ES  siamois  de  Mmc  Bel, 

PAR   M.    LE   DOCTEIR    II.  VeRXEAU. 

La  belle  exposition  de  M.  Pavie  nous  a  démontré  que  dans  le  Siam, 
comme  dans  le  reste  de  l'Indo-Chine,  on  rencontre  une  variété  considé- 
rable de  types  elbniques.  11  était  difficile  néanmoins  de  se  faire  une  idée 
exacte  des  caractères  cépbaliques  des  Thaï,  car  nos  collections  ne  renfer- 
maient que  cinq  crânes  et  cinq  maxillaires  inférieurs  de  Siamois.  M.  de  Mon- 
ligny  avait  rapporté  en  1860  une  tète  du  royaume  de  Siam  et  les  quatre 
autres  avaient  été  offertes  en  1862  à  notre  établissement  par  MM.  Steenstra- 
Toussaint  et  Bocourt.  Ce  dernier,  au  cours  de  sa  mission,  avait  recueilli  à 
Bangkok  non  seulement  deux  des  crânes  dont  il  s'agit  mais  encore  les  cinq 
maxillaires  inférieurs  isolés  cpie  je  viens  de  signaler.  Cette  petite  série  a 
démontré  déjà,  d'une  façon  bien  nette,  que  les  Thaï  comprennent  des  élé- 
ments ethniques  assez  différents  les  uns  des  autres. 

Mme  Bel,  qui  a  accompagné  son  mari  dans  son  voyage  en  Extrême-Orient, 
a  eu  la  bonne  pensée  de  récolter  des  têtes  osseuses  pour  le  Muséum  et  elle 
a  offert  au  laboratoire  d'anthropologie  vingt-six  crânes  recueillis  à  Bangkok , 
tous  pourvus  de  leur  mandibule.  Toutes  ces  pièces  ont  été  préparées  à  l'hô- 
pital de  la  capitale  siamoise.  Grâce  à  ce  don  important,  il  est  possible  au- 
jourd'hui de  reprendre  l'étude  de  la  morphologie  céphalique  des  habitants 
du  Siam. 

La  population  de  Bangkok  est  extrêmement  mélangée.  Quel  que  soit  le 
caractère  que  l'on  envisage,  on  note  des  différences  très  grandes  entre  les 
individus.  L'indice  céphalique  horizontal,  par  exemple,  oscille  entre  76,69 
et  93,67,  c'est-à-dire  que  certains  individus  ont  la  tête  allongée,  presque 
franchement  dolichocéphale,  tandis  que  d'autres  offrent  une  telle  brachy- 
céphalie  que  le  diamètre  antéro-postérienr  du  crâne  ne  l'emporte  que  d'un 
centimètre  sur  le  diamètre  transverse  maximum.  Il  en  est  de  même  pour 
l'indice  transverso- vertical,  qui  va  de  89,86  à  io3,5a.  L'indice  facial 
montre  des  variations  encore  plus  étendues  :  chez  les  uns  il  dépasse  à  peine 
62  et  chez  d'autres  il  s'élève  à  77,86.  Le  rapport  entre  la  largeur  du  nez 
et  sa  longueur  peut  tomber  à  43,64  ou  atteindre  le  chiffre  de  69,18.  Enfin 
l'indice  orbitaire  osci!le  entre  81,07  et  96,10. 

Dans  de  semblables  conditions,  il  est  absolument  inutile  de  demander 
des  renseignements  aux  moyennes.  La  seule  méthode  qui  puisse  donner  des 
indications  sérieuses  consiste  à  ordonner  les  crânes  en  séries.  C'est  ce  que 


—  9  — 

j'ai  fait.  Les  tracés  que  je  mets  sous  vos  yeux  vous  eu  diront  plus  qu'une 
longue  description,  et  il  me  suffira  de  les  commenter  brièvement. 

La  courbe  de  l'indice  céphalique  horizontal  montre  trois  sommets,  l'un 
place'  entre  81  et  82,  le  second  entre  85  et  86  et  le  dernier  entre  88  et 
89.  Nous  pouvons  en  conclure  que  parmi  les  éléments  ethniques  qui,  par 
leur  juxtaposition,  ont  donné  naissance  à  la  population  siamoise,  l'un  est 
sousbrachycéphale  et  les  autres  hyperbrachycéphales.  Quelques  rares  indi- 
vidus à  tète  allongée  sont  venus  se  mêler  a  ceux  dont  je  viens  de  parler. 

Les  trois  sommets  se  retrouvent  sur  le  tracé  de  l'indice  transverso-vertical. 
Le  plus  important  des  groupes  offre  un  indice  de  o5  à  96;  le  second  donne 
un  rapport  de  97  à  98,  très  voisin  par  conséquent  du  groupe  précédent. 
Quant  au  troisième  élément  ethnique,  il  se  fait  remarquer  par  une  hauteur 
tout  à  fait  exagérée  de  la  tête,  l'iudice  dépassant  le  chiffre  de  100. 

L'indice  facial  nous  montre  six  individus  microsèmes,  avec  un  maximum 
de  fréquence  entre  65  et  66;  dix  individus  mésosèmes  et  dix  mégasèmes. 
Par  l'indice  orbitaire,  la  grande  majorité  de  nos  sujets  (16)  sont  mi- 
crosèmes.  Un  groupe  important  m'a  donné  un  indice  variant  entre  82 
et  83. 

Enfin,  par  le  nez,  la  plupart  des  Siamois  (54  p.  100)  sont  mésorhi- 
niens;  les  autres  ont  plutôt  le  nez  large. 

Deux  caractères  sont  à  peu  près  constants  chez  tous  les  Thaï  :  je  veux 
parler  de  leur  beau  développement  frontal  et  de  leur  grande  vigueur  mus- 
culaire, autant  qu'on  peut  en  conjecturer  par  les  surfaces  d'insertion  des 
muscles  sur  le  crâne  et  sur  la  face.  L'un  des  hommes  de  Bangkok  montre 
des  apophyses  mastoïdes  comme  on  en  voit  rarement;  sur  plusieurs  la  pro- 
tubérance occipitale  externe  et  les  lignes  courbes  font  des  saillies  excep- 
tionnelles. Mais  ce  sont  surtout  les  insertions  des  muscles  masticateurs  qui 
dénotent  une  robusticité  peu  commune.  Et  cependant  l'alimentation  de  ces 
gens-là  est  avant  tout  végétale  ! 

Je  pourrais  encore  signaler  la  fréquence  de  la  plagipcéphalie  et  quelques 
anomalies  osseuses,  parmi  lesquelles  je  mentionnerai  l'existence  d'os  wor- 
miens  dans  la  fontanelle  ptérique  :  douze  des  crânes  recueillis  par  M"1  Bel 
(46  p.  100)  offrent  cette  anomalie.  Une  autre  particularité,  beaucoup 
plus  rare,  s'observe  sur  une  tète  masculine,  qui  n'offre  d'ailleurs  aucun 
autre  trouble  d'ossification,  à  part  trois  petits  wormiens  dans  la  suture 
lambdoïde  :  au  niveau  du  tubercule  malaire  gauche  existent  quatre  petits 
os  supplémentaires  articulés  entre  eux  et  les  deux  supérieurs  articulés  en 
outre  avec  le  malaire.  Par  leur  réunion,  ils  forment  une  apophyse  de 
12  millimètres  de  longueur.  Je  ne  connais  aucune  autre  tê(p  présentant 
une  anomalie  comparable,  et  c'est  [mur  ce  motif  que  j'ai  cru  devoir  la 
mentionner. 

lui  somme,  à  en  juger  par  l'intéressante  collection  qu'a  reçue  le  labo- 
ratoire d'anthropologie  du  Muséum,  le  fond  de  la  population  de  Bangkok 


—  10  — 

est  constitué  par  une  race  à  tête  courte,  à  crâne  sensiblement  développé 
eu  hauteur,  avec  une  face  moyenne,  plutôt  liasse  qu'élevée;  les  orbites  sont 
peu  développés  dans  le  sens  vertical;  le  nez  est  moyen,  et,  lorsque  les  in- 
dividus n'offrent  pas  cette  forme  nasale,  ils  se  montrent  fréquemment  pla- 
tyrhiniens. 

Si  incomplète  que  soit  cette  description,  elle  suffira,  je  pense,  à  vous 
convaincre  du  grand  intérêt  qu'offre  la  série  de  têtes  osseuses  gracieuse- 
ment offerte  au  Muséum  par  Mrae  Bel.  Vous  comprendrez  mieux  encore  la 
valeur  de  cette  collection  lorsque  je  vous  aurai  rappelé  les  difficultés  que  l'on 
rencontre  au  Siam  pour  se  procurer  des  pièces  ostéologiques.  Vous  n'ignorez 
pas,  en  effet,  que  les  Siamois  ont  la  coutume  de  brûler  leurs  morts,  et 
que  cet  usage  s'étend  à  toutes  les  classes  de  la  société.  Parfois,  avant  de 
mourir,  un  individu  exprime  le  désir  que  son  cadavre  soit  dévoré  par  des 
Vautours  ou  des  Corbeaux.  Ses  vœux  sont  exaucés,  et,  après  sa  mort,  on 
dépèce  son  corps  et  on  le  jette  en  pâture  à  des  Oiseaux  de  proie  élevés  dans 
des  pagodes.  Ces  mœurs  étranges  nous  ont  été  depuis  longtemps  révélées 
par  les  voyageurs;  mais,  aujourd'hui,  nous  avons  plus  que  des  récits,  nous 
possédons  des  photographies  qui  représentent  la  scène.  Ces  photographies 
ont  été  rapportées  par  M.  le  comte  de  Barthélémy  qui  a  bien  voulu  nous 
les  communiquer  et  nous  permettre  d'en  faire  des  clichés  à  projection. 
Elles  me  paraissent  assez  curieuses  pour  mériter  d'être  placées  sous  vos 
yeux. 

Qu'un  Siamois  soit  dévoré  par  des  Oiseaux  de  proie,  qu'il  soit  incinéré 
sur  un  bûcher,  il  n'est  guère  plus  facile  dans  un  cas  que  dans  l'autre  de 
se  procurer  ses  ossements.  Aussi  devons-nous  féliciter  Mme  Bel  d'avoir 
réuni  une  série  de  vingt-six  têtes  osseuses  dans  un  pays  où  il  est  si  difficile 
de  rencontrer  des  crânes.  Grâce  à  sa  générosité,  notre  établissement  n'a 
plus  rien  à  envier,  en  ce  qui  concerne  le  Siam,  aux  collections  étrangères; 
il  paraît  même  certain  que,  à  l'heure  actuelle,  nous  venons  au  premier 
rang. 

/   VK   INTÉRESSANTE    H)  ftlUCHNIDE    .NOUVELLE, 
PHO]  'ENANT     DES     RECOLTES     DE    M.     GeàY    AU     VENEZUELA, 

PAR  SlG.  THOR,  CONSERVATEUR   DU  MuSEUM    ZOOLOGIQUE 

À  Christiania  (Norvège). 

Pendant  un  court  séjour  à  Paris  j'ai  obtenu  les  moyens  d'étudier  la  col- 
lection des  Acarina  du  Muséum,  grâce  à  l'amabilité  de  M.  le  professeur 
Bouvier,  qui  m'a  pourvu  d'une  place  pour  travailler  dans  son  laboratoire 
d'entomologie  et  qui  a  mis  les  collections  à  ma  disposition,  notamment 
quelques  llydrarhnides  récemment  ( 1 8 9 5  )  recueillies  par  un  voyageur, 
M.  Geay,  dans  les  lagunes  (\o  Buria,  entre  l'Apure  et  l'.Arauca,  Venezuela. 


—  11  — 

Parmi  ces  dernières,  une  nouvelle  espèce  attira  vivement  mon  attention 
par  son  rostre  singulier  et  par  la  position  de  ses  palpes  rappelant  ceux  de 
quelques  larves;  celte  espèce  présente  peut-être  un  état  de  transition  tout 
différent  des  Hydraclinides  auparavant  connues. 

Je  propose  pour  celte  l'orme  nouvelle  le  nom  générique  de  Geayia,  en 
l'honneur  de  M.  Geay,  qui  a  bien  mérité  de  la  Zoologie  en  Taisant  connaître 
un  si  intéressant  animal. 

Geayia,  nov.  gen. 

Le  corps  et  les  pattes,  dans  ce  nouveau  genre,  sont  tout  à  fait  sem- 
blables à  ceux  de  Arrenuviis  Dugès.  La  peau  est  très  dure,  avec  beaucoup 
de  pores  et  une  ligne  dorsale.  Les  paltes  sont  courtes  et  minces,  pourvues 
de  soies  natatoires. 

L'appareil  génital,  au  contraire,  rappelle  celui  de  Mideopsis,  Neum.;  il 
est  elliptique  et  situé  entre  les  épimères  de  la  quatrième  paire.  De  chaque 
côté  de  la  fente  génitale  se  trouvent  quatre  ventouses  ou  pores  oblongues, 
insérées  sur  les  deux  valves  semihmaires.  On  trouve  quelques  pores  (fîg.  a) 
très  petits  disposés  en  cercle  dans  la  peau ,  en  dehors  des  valves. 


■&■     Tu,.  2. 


f.  R 


Le  plus  caractéristique  pour  Gevvia  est  un  rostre  énormément  long,  pa- 
raissant formé  de  deux  articles  et  d'une  forme  tout  à  fait  inconnue  chez 
les  Hydraclinides  adultes. 

11  rappelle  un  peu  celui  de  Nautarachna  Moniez ,  moins  celui  de  Htjiln/- 
phantes  Koch,  Hydraehna  Mùller,  etc.  Les  deux  courts  palpes  sont,  fait 
remarquable,  attachés  à  son  extrémité. 

Le  rostre  provient  d'un  court  tube  de  la  peau  (tube  labial);  il  forme 
en  dehors  du  tube  deux  articles  à  peu  près  de  même  longueur,  le  second 
s'élevant  à  l'extrémité  proéminente  et  un  peu  recourbée  du  premier.  Dans 


—  12  — 

le  second  sont  les  courtes  mandibules,  et  d'une  échancrure  du  côté  supé- 
rieur s'élèvent  les  deux  courts  palpes  formant  comme  une  pince  avec  le 
bord  inférieur  proéminent  du  rostre. 

Chaque  palpe  a  les  cinq  articles,  le  premier  se  cachant,  le  cinquième 
ressemblant  à  un  petit  crochet,  semblable  à  celui  iïArrenurus,  et  s'arti- 
cnlant  avec  une  protubérance  plate  du  quatrième. 

Geayia  Venezuelae ,  nov.  sp. 

Le  corps  est  presque  globuleux ,  mais  plus  étroit  en  avant.  Il  mesure 
(non  compris  le  rostre)  1  à  1  millim.  3  de  longueur,  o  millim.  9  à  1  mil- 
lim.  2  de  largeur  et  0  millim.  g  à  1  millimètre  d'épaisseur. 

Couleur  (dans  l'alcool)  :  jaune  verdâlre,  avec  des  taches  noires;  une 
tache  frontale,  deux  petites  de  chaque  coté  latéralement  el  quatre  grandes 
en  dedans  de  la  ligne  dorsale.  Au-dessous  du  corps,  on  \oit  deux  grandes 
taches  latérales  derrière  la  partie  génitale  et  quelques  autres  plus  in- 
distinctes en  dehors  des  troisième  et  quatrième  épimères.  Les  deux  yeux 
sont  situés  aux  côtés  et  à  une  petite  distance  de  la  tache  frontale. 


et 


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La  longueur  du  rostre  est  d'environ  0  millim.  77,  le  tube  labial  a 
0  millim.  6,  le  premier  article  0  millim.  35,  le  second  o  millim.  36.  La 
grosseur  maximum  du  premier  article  est  près  du  tube  labial  0  millim.  là 
à  0  millim.  17,  au  bout  elle  se  réduit  à  0  millim.  o85;  le  second  article 
a  o  millim.  7  à  la  base  et  au  bout  o  millim.  09.  La  longueur  des  palpes 
est  de  o  millim.  11.  La  ligne  dorsale  est  presque  circulaire  ou  ovale;  elle 
a  deux  pores  plus  grands  en  avant  du  milieu.  Les  épimères  sont  de  com- 
mune grandeur  et  ne  se  louchent  pas  sur  la  ligne  centrale;  les  épimères 
des  paires  1  et  2  sont  unies  avec  le  labium,  les  épimères  3  et  h  de  chaque 
côté  sont  aussi  réunies.  Celles  de  la  quatrième  paire  sont  les  plus  grandes: 
l'appareil  génital  est  en  partie  entouré  de  leur  échancrure  postérieure. 

Les  valves  extérieures  sont  mobiles  et  munies  de  quatre  paires  de  vén- 


—  13  — 

louses  ou    porcs  oblongs.    Il    n'y  a  pas  de   ventouses  aux   valves   inté- 
rieures. 

L'anus  est  voisin  de  l'extrémité  postérieure  du  corps.  Je  n'ai  vu  de  dif- 
férences sexuelles  dans  ces  exemplaires  ni  dans  la  partie  génitale,  ni  dans 
les  pâlies  (le  quatrième  article  de  la  dernière  paire  de  pattes  est  dépourvu 
d'éperon). 

M.  Geay  a  rapporté  des  lagunes  de  Buria  près  d'une  douzaine  d'exem- 
plaires bien  conservés  de  cette  espèce.  Avec  ces  derniers  se  trouvaient 
d'ailleurs  six  exemplaires  de  trois  autres  espèces,  que  je  décrirai  plus  tard. 

EXPLICATION    DES    FIGURES. 

Lettres  communes  :  oc  œil;  tl  tube  labial;  ro  rostre;  ;  a,  a  a,  premier  et  second 
articles  du  rostre;  pr.  /«processus  terminal  du  rostre;  md  mandibule;  plp  palpe: 
valv.  gen.  valves  génitales. 

Fig.  1.  —  Animai  vu  par  la  face  ventrale  :  1  p, a  p,  3  p,  i  p  pattes  î  à  h  ; 
i  ep,  a  ep,  3  ep,  h  ep,  épimères  i  à  h. 

Fi-;,  a.  —  Valves  génitales  grossies  avec  leur  quatre  pores  kk. 

Fifr.  3.  —  Animal  vu  de  côté  et  dépourvu  de  ses  appendices  :  Id  ligne  dorsale; 
p.  gén.  partie  génitale  saillante. 

Fig.  U.  —  Face  dorsale  du  corps  de  l'animal  :  st  popes  dorsaux;  timc.fr.  tache 
frontale;  mac.  lat.  taches  latérales;  mac.  taches  situées  en  dedans  de  la  ligne 
dorsale. 

Fig.  ■'>.  —  Rapports  du  rostre  avec  le  tube  labial. 

Fi;;.  6.  —  Le  rostre  vu  de  côté.  musc,  muscles. 


Observations  sur  les  Argulidés  du  genre  Gïropeltis 

RECUEILLIS    PAR   M.    GeAY    AU    VENEZUELA 

pah  M.  E.-L.  Bouvier. 

M.  Geay  a  recueilli  au  Venezuela  quelques  Argulidés  du  genre  Gyru- 
peltis  Heller,  qu'il  a  très  aimablement  offerts  au  Muséum.  L'élude  que  j'en 
ai  pu  faire  m'a  permis  de  constater  qu'ils  appartiennent  à  deux  espèces  dif- 
férentes dont  l'une  me  parait  être  nouvelle  pour  la  science.  Je  donnerai  à 
cette  dernière  le  nom  de  Gyropeltis  Geayi  en  l'honneur  du  courageux  et 
dévoué  naturaliste  qui  nous  l'a  fait  connaître;  l'autre  est  le  G.  Kollari 
Heller. 

Gyropeltis  Geayi,  sp.  nov. 

Cette  espèce  est  représentée  par  trois  exemplaires  de  très  petite  taille  : 
un  mâle  (fig.  î),  qui  mesure  à  peine  -i  millimètres  de  longueur  totale  et 


—    1/4    — 

une  femelle,  qui  atteint  1  millimètre  et  demi;  un  troisième  exemplaire  est 
un  peu  plus  grand  et  atteint  3  millimètres. 


Fig.  1.   —    Gyropeltis  Geayi,  lace  dorsale. 
b.  Cœcum  intestinal  vu  par  transparence. 

Le  céphalotorax  est  un  peu  convexe  dorsalement  et  très  régulièrement 
ovalaire;  il  est  lisse  en  dessus  et  ne  paraît  pas  présenter  en  dessous  les  saillies 
aiguës  qu'on  observe  chez  les  autres  Argulides  et  que  j'ai  trouvées  si  déve- 
loppées dans  l'espèce  suivante.  Peut-être  ces  épines  sont-elles  trop  petites 
pour  que  j'aie  pu  les  voir;  mais  c'est  fort  douteux,  car  j'ai  eu  recours  à 
des  grossissements  microscopiques  assez  loris;  d'ailleurs  Cornalia  (1)  ne  si- 
gnale pas  non  plus  de  saillies  aiguës  infra-lhoraciques  dans  le  G.  Dora- 
dis ,  espèce  qui  est  certainement  très  voisine  du  G.  Geayi,  mais  qui  s'en 
distingue  par  sa  grande  taille.  L'aire  chitineuse  dorsale  est  faiblement  indi- 
quée; comme  flans  l'espèce  de  Cornalia,  et  aussi  comme  dans  le  G.  Kollari, 
les  deux  aires  cbitineuses  ventrales  de  chaque  côté  m'ont  paru  être  fusion- 
nées en  une  seule.  Les  cils  frontaux ,  qui  ne  paraissent  pas  exister  dans  les 
deux  autres  espèces,  sont  ici  bien  développés. 

Etant  donnés  la  faible  faille  et  le  matériel  fort  peu  riche  dont  j'ai  pu  dis- 
poser, il  ne  m'a  pas  été  possible  d'élucider,  aussi  bien  que  je  l'aurais  voulu, 
la  structure  de  ces  animaux.  Les  antennes  I  (fig.  9  ,  a1)  ont  un  palpe  allongé 
qui  cache  la  pointe  de  leur  crochet  terminal;  les  antennes  II  (a2)  se  font 
remarquer  par  les  grandes  dimensions  de  leur  article  terminal,  qui  est 
presque  aussi  long  que  l'article  précédent;  la  grosse  épine  basilaire  de  ces 
appendices  est  médiocrement  développée.  Je  n'ai  pas  étudié  la  saillie  buccale. 

Les  maxilles  I  font  défaut  dans  cette  espèce  comme  dans  les  autres  Argu- 
lides. Les maxittes  II (2)  forment  une  saillie  subconique  vaguement  segmentée 
qui  se  termine  par  un  énorme  crochet  arqué  dirigé  en  dedans  («a'2).  Les 

'l'  E.  Cornalia.  —  Sopnt  una  nuova  specie  di  Crostacei  Sifonostotni  (  Gyropeltis 
Doradis).  —  Mém.  II.  lnst.  Lombardo,  vol.  VIII,  18G0. 

1  Pour  les  pièces  buccales ,  j'emploie ,  dans  ce  travail,  la  nomenclature  si  simple 
et  si  rationnelle  que  M.  Giesbrechl  a  introduite  chez  les  Copépodes  (MittheU.  tool. 
siai.  Neapel,  t.  XI,  1 893 ),  et  que  M.  Glaus  lui-même  a  récemment  acceptée. 


—  15  — 

pattes-mâchoires  (fw»)  ont  cinq  articles  et  sont  séparées  par  un  intervalle 
dans  lequel  on  trouve  une  paire  d'épines;  l'article  basilaire  de  ces  appen- 
dices porte  une  saillie  lanielleuse  munie  en  arrière  de  trois  dents  inégales 
plutôt  obtuse;  l'article  terminal  est  muni  à  son  sommet  de  trois  ou  quatre 
petites  soies  spiniformes. 


\ 


K-/-/--\v   y  \z     \ 


V  [g. 


Gyropeltis  Gvayi ,  partie  ant.  du  céphalolorax,  face  ventrale. 


Les  quatre  paires  de  pattes  sont  inégalement  développées;  les  plus 
grandes  sont  celles  de  la  deuxième  et  surtout  de  la  troisième  paire,  les  plus 
réduites  sont  les  antérieures  et  surtout  les  postérieures;  la  carapace  laisse 
totalement  à  découvert  ces  dernières  :  elle  recouvre  presque  la  moitié  des 
rames  de  la  paire  antérieure,  une  petite  partie  de  celles  de  la  deuxième 
paire  et  ne  recouvre  pas  totalement  la  hampe  ou  syinpodite  des  patles  de 
la  troisième  paire.  Comme  l'a  fait  observer  Cornalia,  cette  hampe  se  com- 
pose de  trois  articles  des  plus  distincts  et  présente  au  sommet  du  dernier 
article  une  sorte  de  fouet  dirigé  de  dehors  en  dedans  (fig.  3).  Dans  les  Gy- 
ropeltis ce  flagellum  existe  sur  les  (rois  paires  de  pattes  antérieures;  il 
est  médiocrement  allongé  dans  notre  espèce  et  se  termine  par  une  soie 
simple.  Les  rames  des  pattes  sont  inarticulées  et  présentent  en  dessus  et  en 
dessous  une  rangée  de  soies. 


Fig.  3. 


a1'  palle  tlu  G.  Geayi. 


Dans  toutes  les  patles,  l'article  moyen  du  sympodile  se  dilate  légère- 
ment en  lame  en  arrière;  dans  les  pattes  postérieures  de  notre  espèce, 


—  16  — 

cette  lame  est  fort  peu  développée,  niais  la  partie  basilaire  s'étale  par 
contre  en  une  lamelle  très  grande  (fig.  1  s),  qui  se  dirige  un  peu  oblique- 
ment vers  le  bas  et  présente  des  soies  arquées  sur  son  bord  postérieur. 

L'abdomen  (fig.  h)  se  prolonge  en  arrière,  de  chaque  côté  de  l'anus, 
en  deux  appendices  obtus  fortement  divergents.  Entre  ces  deux  appendices, 
on  voit  du  côté  dorsal,  à  droite  et  à  gauche  de  l'anus,  une  courte  branche 
furcale  munie  d'une  ou  deux  soies.  Cette  l'urca  est  surtout  bien  visible  chez 
la  femelle. 


v 


Fig.  h.  —  G.  Geayi,  abdomen  de  tf-,  lace  ventrale. 

Les  yeux  ne  présentent  rien  de  particulier.  La  région  stomacale  du  tube 
digestif  est  très  longue;  vers  sa  partie  antérieure  elle  émet,  à  droite  et  à 
gauche,  une  branche  latérale  ramifiée  (b,  fig.  1  ). 


Fii 


Base  des  pattes  de  la  3e  paire  du  G.  Geayi. 


Les  testicules  (l,  fig.  h)  sont  logés  presque  totalement  dans  les  appen- 
dices caudaux  du  mâle  el  présentent  en  dehors  un  lobe  annexe  bien  dis- 
tinct.  L'orifice  mâle  se  trouve  vraisemblablement  sous  une  espèce  de  saillie 
valvulaire  ventrale  (»),  qui  se  trouve  comprise  entre  la  base  des  pattes  pos- 
térieures. A  droite  et  à  gauche  de  celte  saillie  on  aperçoit  fort  nettement 
deux  organes  internes  arrondis  (p)  dont  je  n'ai  pu   déterminer  la  nature, 


—  17  — 

mais  qui  font  certainement  partie  de  l'appareil  ge'nilal  mâle.  On  observe 
en  outre  chez  le  mâle,  sur  le  bord  antérieur  de  la  hampe  des  pattes  de  la 
troisième  paire,  un  tubercule  génital  (tig.  5,  /*),  sur  lequel  se  trouvent 
en  grand  nombre  de  petites  saillies  aiguës  groupées  en  courtes  séries  ou 
isolées.  Heller  a  signalé  une  formai  ion  analogue  dans  le  G.  Kollari.  La 
femelle  que  j'ai  observée  ne  présente  rien  de  semblable;  ses  appendices 
caudaux  sont  un  peu  plus  étroits  à  la  base  et  sont  situés  au  voisinage  im- 
médiat de  réceptacles  séminaux  très  distincts. 

Dimensions  exactes  du  mâle:  Longueur  totale,  1  millim.  96;  longueur 
du  céphalotorax,  1  millim.  29;  largeur  maximum,  1  millim.  20.  La 
femelle  est  plus  pelite,  mais  présente  des  dimensions  relatives  analogues;  le 
plus  grand  individu  atteint  3  millimètres  environ. 

Les  trois  exemplaires  ont  été  recueillis  par  M.  Geay ,  eu  décembre  189b , 
entre  l'Apuré  et  l'Arauca;  ils  nageaient  librement  à  la  surface  des  lagunes. 

Le  genre  Gyropeltis  se  composait  jusqu'ici (1)  de  trois  espèces  :  le  G.  Kol- 
lari Heller  dont  l'abdomen  est  simplement  échancré  en  arrière;  le  G.  lon- 
gicauda  Heller  et  le  G.  Doradis  Cornalia  dont  l'abdomen  se  prolonge  en 
appendices  plus  ou  moins  développés.  C'est  évidemment  de  ces  deux  der- 
nières espèces  que  se  rapproche  le  plus  notre  espèce,  qui  s'éloigne  d'ailleurs 
de  l'espèce  de  Heller  et  se  rapproche  de  celle  de  Cornalia  par  ses  appen- 
dices caudaux  plus  courts  que  le  céphalotorax  et  par  la  moindre  étendue 
de  ce  dernier  qui  ne  recouvre  pas  toutes  les  pattes.  De  son  côté  le  G.  Dora- 
dis se  distingue  de  l'espèce  qui  nous  occupe  par  sa  carapace  discoïde  qui 
se  rétrécit  notablement  dans  la  région  frontale,  par  ses  appendices  caudaux 
peu  dilatés  à  la  base  el  à  peine  divergents,  par  l'article  terminal  très  court 
de  ses  antennes  de  la  deuxième  paire,  par  le  crochet  médiocrement  déve- 
loppé de  ses  maxilles  11 ,  par  les  nombreuses  spinules  terminales  de  ses  pattes- 
mâchoires,  par  les  dimensions  relatives  de  ses  pattes  qui  vont  en  décrois- 
sant de  longueur  d'avant  en  arrière,  par  le  flagellum  de  ces  dernières  qui 
est  arqué,  long  et  muni  de  nombreuses  soies,  par  les  deux  lobes  lamelleux 
bien  développés  de  chacune  de  ses  deux  pattes  postérieures;  enfin  par  les 
bords  internes  pre  que  convergents  des  deux  lobes  postérieurs  de  sa  cara- 
pace. La  couleur  des  deux  espèces  est  d'un  gris  jaunâtre,  mais  le  G.  Dora- 
dis présente  sur  les  bords  du  céphalotorax  une  région  marginale  noire  qui 
n'existe  pas  dans  notre  espèce. 

Au  reste  cette  dernière  se  distingue  de  toutes  les  espèces  connues  du 
genre  Gyropeltis  par  ses  dimensions  extrêmement  réduites.  Les  G.  longicauda 
de  Heller  ont  28  millimètres  de  longueur  avec  la  queue,  12  millimètres 
sans  la  queue  el  1 1  millimètres  de  largeur;  les  G.  Doradis  étudiés  par  Cor- 
nalia 22  millim.  5  de  longueur  totale,  i5  millimètres  sans  la  queue  et 

l'!  T.  Thorel.  -  -  Om  (venue  europeiska  Argulider.  (Olv.  kongl.  vet.  Ak.  F6!i. 
186 '1-1  8(55,  t.  XXI.) 

Ml  SÉUM.    III.  2 


—   18  — 

il  millimètres  de  largeur;  enfin,  le  G.  Kollari  peut  atteindre  i5  milli- 
mètres de  longueur  totale  et  i3  millimètres  de  largeur.  A  côté  des  espèces 
précédentes,  qui  comptent  parmi  les  géants  dos  Argulides,  le  G.  Geaiji 
tranche  par  sa  petite  taille,  qui  ne  doit  guère  dépasser  quelques  millimètres, 
et  me'rite  d'être  considéré  comme  un  nain.  Je  m'étais  d'abord  demandé  si 
cette  espèce  ne  serait  pas  le  jeune  du  G.  Doradis ,  mais  j'ai  dû  écarter  cette 
hypothèse  qui  supposerait  des  variations  de  taille  réellement  trop  grandes 
(  1  millim.  5  et  a  a  millim.  5)  entre  des  individus  adultes  de  la  même  espèce. 
Dans  YArgulus  foliaceus,  Claus  a  constaté  que  les  plus  jeunes  individus,  à 
caractères  sexuels  bien  marqués  atteignaient  de  2  à  3  millimètres  et  les  plus 
grands  adultes  de  7  à  8.  Le  rapport  entre  les  tailles  extrêmes  est  ici  de 
1  à  h  ;  il  serait  à  peu  près  de  1  àao  dans  l'espèce  qui  nous  occupe.  Les 
exemplaires  de  M.  Geay  sont  peut-être  des  adultes  jeunes,  mais  ce  ne  sont 
pas,  bien  certainement,  des  pulli,  ni  même  des  jeunes  de  G.  Doradis. 


Fig.  (3. 


Gyropeltis  Kollari ,  face  dorsale. 


(ivROPELTis  Kollari  Heller. 

Les  deux  autres  Gyropellis  oflèrls  au  Muséum  par  M.  Geay  sont  dé- 
pourvus de  queue  et  ne  présentent  qu'une  simple  lissure  abdominale.  En 
raison  de  ce  caractère,  et  de  quelques  autres  moins  frappants,  ils  me  pa- 
rurent se  rapprocher  beaucoup  du  G.  Kollari  de  Heller (1),  mais,  comme  ils 
différaient  notablement  des  figures  données  par  ce  dernier  carcinologiste , 
je  crus  plus  sage  de  les  faire  comparer  avec  les  types  déposés  au  Musée  de 
Vienne.  Je  suis  heureux  de  remercier  le  directeur  du  Musée,  M.  le  profes- 
seur Steindachnei',  et  mon  collègue  de  Vienne,  M.  le  Dr  Adensamer,  de  leur 
extrême  obligeance ,  car  ils  m'ont  non  seulement  donné  les  renseignements 


(|)  C.  Heller.  —  Beitràge  Ziir  Kennlnis  der  Siphonoslomen.  (Sitzungsb.  Kais.  Ak. 
Wiss.  Wien,  B.  25,  1807,  \>.   102,  Taf,  1,  fig.  20-21,  Taf.  II,  fig.  i-3.) 


—  19  — 

que  je  demandais,  mais  iis  m'ont  directement  communiqué  un  des  trois 
exemplaires  de  G.  Heller.  Il  résulte  de  ces  dernières  études  comparatives, 
<pie  la  seconde  espèce  recueillie  par  M.  Geay  n'est  autre  que  le  G.  Kollari. 
Mais,  comme  les  figures  de  Heller  sont  très  imparfaites,  comme  les  spéci- 
mens de  M.  Geay  sont  de  grands  adultes  parfaitements  conservés,  j'ai  cru 
bon  de  faire  figurer  ces  derniers ,  ne  fût-ce  que  pour  donner  une  idée  des 
nombreuses  marbrures  blancbes  qui  ornent  la  face  dorsale  verdâtre  de  l'ani- 
mal (fig.  6). 

Je  ferai  observer  en  outre  que  le  dernier  article  des  antennes  II  (A1) 
(fig.  7),  contrairement  à  ce  qu'a  figuré  Heller,  est  beaucoup  plus  court 
que  le  précédent,  que  la  carapace  est  franchement  discoïde  et  plus  longue 
que  large,  entiu  que  les  maxilles  II  présentent  un  crochet  terminal  court 
auquel  vient  s'opposer  un  prolongement  filiforme  blanchâtre  de  la  pointe 
de  l'appendice.  Le  dernier  article  des  pattes-mâchoires  est  muni  de  nom- 
breux petits  crochets  jaunâtres  à  l'extrémité. 


<C£ 


Kig.  7.  —  Gyropeltis  Kollari ,  antennes. 

On  ne  sait  rien  des  exemplaires  de  Heller,  sinon  qu'ils  ont  été  recueillis 
au  Brésil;  ceux  de  M.  Geay  ont  été  capturés  sur  la  tète  d'un  Plalijstoma , 
dans  un  affluent  du  Sarare,  le  Rio  Nuba,  en  avril  1893.  Ils  appartiennent 
tous  deux  au  sexe  femelle.  Longueur  totale  du  plus  grand  1 3  millim.  80  ; 
longueur  du  céphalotorax  1 2  millimètres;  largeur  maximum  1  3  millimètres. 
L'exemplaire  de  Heller  est  relativement  un  peu  plus  étroit. 


—  20  — 

Note  slr  le  placenta  du  Tragelaphus  gratus, 
par  MM.  Beauregard  et  Boulart. 

Eu  i885,  nous  avons  publié (1)  une  note  que  nous  terminions  en  pro- 
posant le  groupement  des  diverses  familles  de  l'ordre  des  Ruminants,  de 

la  manière  suivante  : 

(  Ruminants  à  hématies  elliptiques.  Camélidés. 
Acotyledoxes  j         —        circulaires.  TraguUdés. 

Oligocotylédonés.  Moschidés,  Cervidés. 

Polycotylédoxés.    Girafidés ,  Antilopidés ,  Capridés ,  Bovidés. 

Nous  avions  eu  l'occasion  à  cette  époque  d'étudier  la  placentation  chez 
un  assez  grand  nombre  d'espèces  et  nous  avions  été  frappés  des  diffé- 
rences extrêmes  que  nous  avions  observées  dans  le  nombre  des  cotylédons 
chez  les  diverses  familles.  Alors  que  le  placenta  est  diffus,  comme  on  le 
sail  depuis  longtemps,  chez  les  Camélidés  et  les  Tragulidés,  il  est  cotylé- 
donaïre  chez  les  autres  Ruminants,  mais  on  ne  compte  qu'un  très  polit 
nombre  de  cotylédons  chez  les  Moschidés  et  les  Cervidés,  tandis  que  ce 
nombre  est  considérable  (jusqu'à  près  de  200  parfois)  chez  toutes  les 
autres  espèces;  de  là  le  groupement  en  «-,  oligo-  et  poly-cotylédonés. 

Depuis  lors,  nous  n'avons  laissé  échapper  aucune  occasion  de  vérifier, 
quand  nous  avons  pu  le  faire,  le  bien-fondé  de  notre  groupement.  En 
i8q5  ,  nous  avons  publié  une  note  sur  la  placentation  du  Cerf  sika  (Cervus 
sika)m,  espèce  dont  on  a  rarement  la  bonne  fortune  d'observer  la  placen- 
tation, et  nous  constations  que,  conformément  à  nos  conclusions  ,  ce  Cerf, 
comme  les  autres  Cervidés,  est  oligocotylédoné.  On  n'y  compte,  en  effet. 
que  six  cotylédons  en  tout  clans  toute  l'étendue  du  chorion. 

Récemment,  nous  avons  eu  l'occasion  d'examiner  le  placenta  d'une  es- 
pèce d'Antilope  du  genre  Guib,  très  rare,  le  Tragelaphus  gratus.  C'est  à 
son  sujet  que  nous  présentons  ces  quelques  observations. 

Nous  avions  noté,  en  i885,  que  parmi  les  Antilopes  il  en  est,  comme 
l'Algazelle  (Oryx  leucoryx),  dont  les  cotylédons  extrêmement  nombreux 
sont  à  ce  point  serrés  les  uns  contre  les  autres  que  par  place  ils  semblent 
se  confondre  en  de  grandes  plaques  villeuses.  Chez  d'autres  espèces,  le 
Guib  proprement  dit  (Tragelaphus  scriptus)  et  le  Canna  (Boselaphus  canna), 
par  exemple,  les  cotylédons,  bien  que  très  nombreux  encore,  sont  distants 
les  uns  des  autres  et  en  aucun  point  ne  se  confondent. 

">  Journal  de  l'Anal,  et  de  la  Physiol. ,  i885.  —  Noie  sur  la  Placentation  des 
Ruminants,  avec  1  pi.  en  couleur. 

1   Comptes  rendus  hebdomadaires  de  la  Soc.  de  biol.,  1896,  p.  639. 


I 


—  21   — 

Chez  le  Tragelaphus  gratus,  c'est  bien  ce  dernier  caractère  que  nous  re- 
Irouvons.  Les  cotylédons,  moins  nombreux  que  chez  l'Antilope  Algazelle, 
dépassent  de  beaucoup  le  nombre  de  ces  formations  chez  les  Cervidés  et, 
comme  chez  le  Guib  proprement  dit  (T.  scriplus),  ils  restent  assez  écartés 
pour  ne  se  confondre  en  aucun  point.  Nous  comptons  chez  7'.  gratus 
5o  cotylédons,  dont  28  dans  la  corne  gravide  (corne  gauche)  et  22  dans 
la  corne  droite.  Ils  sont  irrégulièrement  discoïdes  et  disposés  sur  quatre 
rangées  dans  chaque  corne,  parallèles  à  la  direction  des  vaisseaux  princi- 
paux. Les  plus  volumineux  occupent  les  bords  de  la  corne,  tandis  que  les 
plus  petits  sont  proches  des  vaisseaux  principaux,  disposition  inverse  de 
celle  que  nous  avons  généralement  observée.  Les  premiers  ont  environ 
o  m.  o3  de  diamètre;  ils  sont  irrégulièrement  discoïdes;  les  petits,  plus 
arrondis,  ont  seulement  0  m.  oo5  de  diamètre.  Le  nombre  et  l'écartement 
les  cotylédons  placent  donc  bien  cette  espèce  à  côté  des  Guibs,  et  encore 
une  fois  les  conclusions  de  notre  mémoire  de  i885  se  vérifient  pleine- 
ment. 

On  pouvait  sattendre  d'ailleurs  à  ce  résultat  car  le  mode  de  placenta- 
tion  paraît  bien,  dans  la  série  des  Vertébrés,  avoir  une  valeur  philogé- 
nique  réelle.  Si  l'on  ne  peut  plus  parler  de  Mammifères  placentaires  et  im- 
placentaires, il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  le  placenta  des  anciens  Impla- 
centaires (Marsupiaux  et  Monotrèmes)  n'est  pas  exactement  comparable 
à  celui  des  Placentaires  proprement  dits.  Chez  les  Marsupiaux  et  les  Mono- 
trèmes, en  effet,  le  placenta,  très  réduit,  cpii  existe  esi  comparable  à  celui 
des  Sauropsides  et  des  Sélaciens,  c'est-à-dire  qu'il  est  un  placenta  ombi- 
lical et  non  un  placenta  allanfoïdien  et  par  là  est  démontrée  la  valeur  qu'on 
peut  accorder  aux  dispositions  placentaires,  puisqu'elles  s'ajoutent  aux 
caractères  auatomiques  si  nombreux  qui  rattachent  les  Mammifères  infé- 
rieurs aux  Sauropsides. 


Sun   LE    FOIE   DE  QUELQUES    AyTILOPES . 

par  M.  H.  Neuville, 
(laboratoire  de  M.  le  professeur  Filhol.) 

En  étudiant,  il  y  a  quelques  mois,  les  viscères  d'un  Adenota  Kob  mort 
à  la  Ménagerie,  j'ai  été  frappé  par  la  position  anormale  du  foie.  Cet  or- 
gane, au  lieu  d'occuper  comme  chez  les  autres  Mammifères  une  position  à 
peu  près  transversale,  se  trouvait  parallèle  à  l'axe  du  corps  et  entièrement 
rejeté  à  droite  dans  la  région  de  la  hanche.  Il  s'en  suivait  une  modification 
profonde  de  la  région  du  hile;  la  partie  à  laquelle  on  donne  le  nom  de 
bord  dorsal,  au  lieu  d'être  traversée  perpendiculairement  parla  veine  cave, 
était  longée  (l'un  bout  à  l'autre  par  celle-ci. 


—  22  — 

Cette  disposition  s' écartant  beaucoup  de  celles  qui  ont  été  observées  et 
décrites,  j'ai  attendu  pour  la  signaler  qu'une  observation  ultérieure  me 
permît  d'y  voir  autre  cbose  qu'une  anomalie  individuelle.  L'occasion  n'a 
pas  tardé,  car  le  foie  d'un  Tragelaphus  gratus ,  mort  récemment  au  Jardin, 
vient  de  me  présenter  la  même  particularité  ;  il  y  a  donc  lieu  de  croire 
qu'elle  constitue  un  caractère  propre  à  divers  Antilopes,  c'est  du  reste  ce 
que  j'éclaircirai  dans  la  suite. 

Le  cliché  suivant  reproduit,  au  tiers  de  la  grandeur  naturelle,  le  foie  de 
ce  Tragelaphus,  et,  mieux  qu'une  longue  description,  il  fera  comprendre 
la  disposition  que  je  signale   : 


C  ,  C  ,  veine  cave. 

P,  p,  veine  porte  et  ses  ramifications. 

A,  a,  artère  hépatique  et  ses  ramifi- 
cations. 

V,  vésicule  biliaire. 

Cj/ ,  canal  cystique. 

Ch,  canal  cholédoque. 


L'organe  est  orienté  dans  la  même  direction  que  le  rein  correspondant . 
et  ce  dernier,  empiétant  sur  l'extrémité  du  lobe  cystique,  vient  s'adapter 
supérieurement  dans  une  dépression  du  lobe  qui  porterait  le  nom  de  lobe 
droit  chez  les  autres  Ruminants,  et  mérite  plutôt  ici  celui  de  lobe  inférieur. 

Les  deux  organes  qui  ont  servi  à  cette  description  figurent  dans  les  col- 
lections du  Laboratoire  d'anatomie  comparée. 


—  23  — 

SUR  LE  ROLE  DES  GLAIDULES  parathyroïdes, 
PAR  M.  E.  Gley. 

La  question  de  la  physiologie  de  la  glande  thyroïde  subit  en  ce  moment 
nue  importante  évolution. 

Mes  expériences  de  1891-1899  (1)  ont  montré  que,  si  l'on  enlève  à  des 
Lapins,  outre  la  glande  thyroïde  proprement  dite,  les  très  petits  organes 
situés  dans  son  voisinage,  que  Ton  peut  appeler  glanduks  parathyroïdcs , 
ces  animaux  meurent  pour  la  plupart,  après  avoir  présenté  les  accidents 
nerveux  qui  avaient  été  antérieurement  observés  sur  le  Chien  et  sur  le  Chat 
et  que  j'ai  contribué  à  déterminer.  En  i893(2),j'ai  trouvé  que,  si  Ton  pra- 
lique  sur  des  Chiens  l'extirpation  des  deux  lobes  du  corps  thyroïde,  mais 
en  ménageant  et  laissant  en  place  la  glandule  attenante  à  chaque  lobe, 
ces  Chiens  échappent  aux  conséquences  fatales  de  la  thyroïdectomie.  Ces 
expériences,  en  même  temps  qu'elles  révélaient  l'existence  de  ces  organes, 
restés  ignorés  malgré  leur  découverte  anatomique  par  Sandstrôm  en  1 880  , 
en  établissaient  le  rôle  par  rapport  à  la  fonction  tyroïdienne. 

Mais  ce  rôle  est  encore  plus  considérahle  que  je  ne  l'avais  cru  d'abord. 
En  1895,  en  effet,  Kohn(3)  décrivit  comme  constante  une  autre  glandule, 
située  à  la  face  interne  de  chaque  lobe  thyroïdien,  de  telle  sorte  qu'il 
existe  en  réalité  quatre  glandules ,  deux  externes  et  deux  internes.  Qu'arri- 
vera-t-il  donc  si  on  les  enlève  toutes  simultanément  ou  en  plusieurs  temps? 
Cette  expérience  a  été  réalisée  l'année  dernière  par  Vassale  et  Generali(4), 
qui  ont  vu  mourir  tous  les  animaux,  Chiens  et  Chats,  sur  lesquels  ils  ont 
pratiqué  cette  opération.  D'autre  part,  j'ai  récemment  constaté (5)  que  l'extir- 
pation des  glandules  seules  suffit  souvent  chez  le  Lapin  pour  amener  les  acci- 
dents habituellement  consécutifs  à  la  thyroïdectomie  totale.  M.  Rouxeau  (0 
a  observé  le  même  fait  indépendamment  de  moi.  Enfin,  j'ai  répété  les  ex- 
périences de  Vassale  et  Ceuerali  et  obtenu  les  mêmes  résultats.  De  son 
côté,  M.  Moussu7»  a  fait  des  constatations  identiques  à  ces  dernières. 

Il  importe  de  remarquer  cependant  que  chez  le  Lapin  le  résultat  est 

1     Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biol,  1891  et  Arch.  de  physiol. ,  1892. 
(2)  Arch.  de  physiol. ,  i8g3. 
W   Kohn  :    Studien   uber   die  Schilddrûse  (Archiv  /.  mikrosh.  Anat.,    XLIV, 

i895). 

W  Vassale  e  Generali  :  Sugli  effetti  dell'  eslirpazione  délie  ghiandole  paratiroidee 
(Riv.  dipatol.  nerv.  e  mentale,  I,  p.  96  et  2/19;  1896  et  Arch.  ital.  de  Biol.,  XXV, 
p.  45g  etXXVÏ,  p.  61;  1896). 

<5'    Comptes  rendus  de  la  Soc  de  biol,  9  janvier  1897,  p.  18. 

l">   tbid.,  p.  17. 

(')   Ibid.,  16  janvier  1897,  p.  dix. 


__    24    — 

moins  certain.  C'est  que  chez  cet  animal  les  giandules  internes,  n'étant  pas 
apparentes,  ne  peuvent  être  enlevées.  Par  conséquent,  les  Lapins  qui  les 
possèdent  supportent  très  bien  l'extirpation  des  deux  parathyroïdes  ex- 
ternes, les  seules  qui  soient  visibles.  Si  cette  explication  est  exacte,  on 
devra,  dans  les  cas  de  mort  à  la  suite  de  cette  opération,  ne  pas  trouver  de 
parathyroïdes  internes  et,  an  contraire,  dans  les  cas  de  survie,  constater 
leur  existence.  J'ai  entrepris  celte  recherche,  qui  ne  laisse  pas  d'être  labo- 
rieuse. 

Quant  aux  accidents  observés  chez  tous  ces  animaux,  ils  rassemblent  de 
tous  points  à  ceux  qui  sont  bien  connus  maintenant  comme  résultant  de  la 
thyroïdectomie  complète.  Vassale  et  Generali  ont  avancé  cependant  que, 
d'ordinaire,  les  phénomènes  convulsifs  manquent  ou  sont  peu  marqués, 
les  troubles  paralytiques  étant,  au  contraire,  prédominants.  11  ne  m'a  pas 
paru  qu'il  y  ait  une  telle  différence  entre  les  accidents  consécutifs  à  l'opéra- 
tion dont  il  s'agit  et  ceux  qui  suivent  la  thyroïdectomie  proprement  dite. 
Voici  résumées,  par  exemple,  trois  observations  typiques  qui  suffiront  à 
prouver  qu'il  serait  impossible  h  un  pbysiologiste  connaissant  la  question 
de  distinguer  un  animal  parathyroïdectomisé  d'un  animal  thyroïdectomisé  : 

1°  Jeune  Chienne,  pesant  6  kilogr.  85 o,  opérée  le  il  janvier;  comme 
on  ne  trouve  pas  la  glandule  interne  droite,  on  enlève  tout  le  lobe  droit; 
extirpation  des  deux  giandules  du  lobe  gauche.  Dès  le  \k  janvier,  se- 
cousses dans  presque  tous  les  muscles,  dysphagie,  dyspnée,  paralysie  des 
extenseurs,  contractures;  les  jours  suivants,  on  observe  plusieurs  attaques 
épileptiformes.  Mort  le  20  janvier,  à  8  heures  du  matin. 

20  Cbalte  jeune,  pesant  2  kilogr.  600.  Extirpation  des  giandules  du 
côté  gauclie  le  1 3  janvier,  et,  comme  on  ne  trouve  pas  la  glandule  interne 
droite,  exlirpation  du  lobe  thyroïdien  droit.  Le  lendemain,  à  dix  heures  du 
matin,  on  trouve  l'animal  dans  un  état  très  grave  :  secousses  musculaires 
généralisées ,  salivation  abondante,  polypnée  intense;  les  conlractions  des 
inasséters  sont  extrêmement  énergiques.  Mort  un  peu  avant  3  beures. 

5°  Lapine  adulte,  2  kilogr.  83o.  Extirpation  des  giandules  le  5  janvier, 
de  3  heures  i5  à  3  heures  ho.  Trois  jours  après,  secousses  dans  presque 
tous  les  muscles  du  corps;  salivation  très  abondante;  paralysie  du  train 
postérieur;  dyspnée.  A  3  heures  20,  temp.  rect.  =£2°  6;  a  !\  beures  2  , 
lemp.  rect.  =  43°  3.  Mort  à  h  heures  20. 

S'il  en  est  ainsi,  si  tous  les  accidenls  aigus  que  l'on  est  accoutumé  de 
considérer  comme  étant  les  effets  de  la  suppression  de  la  glande  thyroïde 
sont  aussi  ceux  de  l'extirpation  des  giandules  parathyroïdes,  on  est  bien 
obligé  de  se  demander  si  la  fonction  thyroïdienne  ne  revient  pas  tout  en- 
tière à  ces  petits  organes,  dont  l'importance  alors  apparaît  des  plus  grandes; 
et  le  corps  Ihyroïde  perdrait  par  suite,  ce  semble,  toute  signification  pbysio- 


—  25  — 

logique.  Mais  il  se  pourrait  que  ces  deux  sortes  d'organes,  glande  et  glan- 
dules,  fussent  associés  dans  l'exercice  d'une  commune  fonction,  de  (elle 
sorte  que,  ies  glandules  étant  enlevées,  la  glande  cessai  d'agir.  Ce  ne  sérail 
pas  là  le  seul  exemple  d'association  fonctionnelle  entre  deux  glandes. 

Cette  hypothèse,  il  est  vrai,  rencontre  une  difficulté.  Tout  récemment 
Moussu  a  montré  tn  que,  si  l'on  enlève  sur  de  très  jeunes  Chiens  et  Chats 
la  glande  thyroïde  en  laissant  les  glandules  en  place,  à  la  longue  et  peu 
à  peu  les  animaux  se  cachèctisent  plus  ou  moins  et  tombent  en  un  état 
morbide  analogue  au  myxœdème  de  l'homme.  Déjà  Hofmeister12'  avait  bien 
observé  ce  fait  sur  les  jeunes  lapins  et  von  Eiselsberg  «  avait  soigneuse- 
ment étudié  l'arrêt  du  développement  et  le  crétinisine  qui  sont  les  con- 
séquences de  la  ihyroïdectomie  chez  les  Chevreaux  et  les  Agneaux:  et 
moi-même  j'avais  vu  se  produire  ces  troubles  chroniques  chez  des  Lapins 
adultes  à  la  suite  de  la  thyroïdectomie  simple.  A  celte  époque  j'interpré- 
tais ces  faits  en  admettant  que  les  glandules  ayant  suffi  à  empêcher  les 
accidents  aigus  de  la  thyroïdectomie,  la  maladie  chronique  avait  eu  le  temps 
de  se  développer.  Que  devient  cette  interprétation  en  présence  des  résultats 
de  l'extirpation  des  glandules?  Comment  la  glande,  organe  beaucoup  plus 
volumineux  et  en  apparence  beaucoup  plus  actif  que  les  glandules,  organes 
d'ailleurs  à  peine  différenciés ,  ne  peut-elle  rien  sur. les  accidents  provoqués 
par  la  suppression  de  celles-ci?  Ces  accidents  seraient-ils  donc  spécifiques, 
el  glande  et  glandules  seraient-elles  des  organes  distincts  et  indépendants, 
l'une  ayant  une  influence  sur  le  développement  et  la  nutrition  de  l'orga- 
nisme, et  les  autres  exerçant  une  action  antitoxique  importante?  Cette  thèse 
de  la  distinction  des  deux  fonctions,  thyroïdienne,  et,  si  l'on  peut  dire, 
parathyroïdienne,  vient  d'être  affirmée  hypothétiquement  par  Moussu  "'. 

Les  résultats  des  expériences  entreprises  de  divers  côtés  trancheront  sans 
doute  la  question,  tandis  que  de  nouvelles  recherches  embryologiques  el 
histologiques  viendront  probablement  enfin  nous  renseigner  exactement  sur 
l'origine  et  la  nature  encore  incomplètement  déterminées  de  ces  organes. 

•'>  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biol.,  séance  du  a 3  janvier  1897. 

-)  Fortschr.  derMed.,  1892  et  Beitrâge  zur  Min.  Chir.,  XI,  189/4. 

(»)  Arch.f.  klin.  Chir.,  XLIX,  1895. 

1  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biol.,  16  el  a3  janvier  1897. 


—  26     - 

EstÉrite  aiguë  À  cou-bacille  chez  deux  Cbats  de  Siav . 
par  M.  C.  Phisalix. 

Au  commencement  de  décembre  dernier,  M.  Gratiolet  a  eu  l'amabilité 
d'apporter  au  laboratoire,  pour  les  soumettre  à  mon  observation,  plusieurs 
Chats  de  Siam  malades  depuis  quelques  jours.  Deux  de  ces  animaux  étaient 
particulièrement  atteints.  L'un  d'eux  mourut  le  jour  même  de  son  arrivée, 
le  7  décembre,  après  avoir  présenté  des  symptômes  d'empoisonnement 
gastro-intestinal  :  vomissements  de  bile,  diarrhée,  douleur  à  la  palpation 
du  ventre.  Depuis  deux  ou  trois  jours ,  il  avait  perdu  sa  gaîté  habituelle 
et  ne  mangeait  pas.  Le  deuxième  Cbat,  qui  depuis  quelques  jours  était 
dans  le  même  état,  est  pris  aussi,  dans  la  journée  du  7  décembre,  des 
mêmes  symptômes  :  vomissements  jaunâtres,  diarrhée;  il  se  tient  en  boule, 
le  poil  hérissé,  et  pousse  des  miaulements  plaintifs.  Le  8  au  soir,  il  se 
refroidit,  il  rend  par  l'anus  des  mucosités  sanguinolentes  à  odeur  de  pu- 
tréfaction et  enfin  il  meurt  dans  de  fortes  convulsions.  Ces  deux  morts 
avaient  été  précédées  deux  jours  auparavant  de  celle  d'un  autre  Cbat  qui 
avait  succombé  de  la  même  manière,  et,  enfin,  les  deux  derniers  Chats  qui 
ont  survécu  ont  aussi  présenté  quelques  légers  symptômes  d'empoisonne- 
ment. Cela  parait  bien  être  en  effet  un  empoisonnement  par  de  la  viande 
de  Cheval  plus  ou  moins  altérée,  car  le  Chien  du  boucher  qui  avait  fourni 
cette  viande  est  mort  en  cinq  ou  six  jours  avec  les  mêmes  vomissements 
jaunâtres  et  la  diarrhée  sanguinolente  observée  chez  les  Chats.  Toutefois, 
les  ptomaïnes  de  la  viande  n'auraient  pas  occasionné  directement  la  mort , 
mais  auraient  déterminé  une  entérite  aiguë  et  une  infection  secondaire 
par  le  coli-bacille.  L'autopsie  et  les  cultures  semblent  confirmer  cette  ma- 
nière de  voir. 

Autopsie.  —  A  l'ouverture  de.  l'abdomen,  on  constate  que  l'intestin  grêle, 
surtout  dans  sa  portion  terminale,  est  très  enflammé.  Il  est  rempli  d'un 
liquide  gris  jaunâtre,  constitué  par  une  véritable  purée  d'un  bacille  court 
légèrement  mobile,  souvent  réuni  en  zooglées,  qui  ne  prend  pas  le  Gram; 
il  y  a  quelques  rares  streptocoques.  Le  foie  est  très  congestionné ,  la  vési- 
cule biliaire  distendue.  Les  reins  sont  volumineux  et  rouges.  Les  ganglions 
mésentériques  sont  augmentés  de  volume  et  congestionnés.  Rate  normale. 
Léger  épanchement  citrin  dans  la  cavité  péritonéale. 

Cultures.  —  Celles  du  sang  sont  stériles.  Celles  du  ganglion  mésen- 
térique  et  de  l'intestin  sont  fertiles.  Dans  le  bouillon,  prolifération  abon- 
dante, trouble  épais,  odeur  mineuse;  sur  gélatine,  couche  blanche  épaisse, 
pas  de  liquéfaction;  en  bouillon  lactose,  dégagement  abondant  de  bulles 


27  — 

gazeuses.  Le  microbe  esl  un  gros  bacille  droit  légèrement  mobile,  qui  ne 
prend  pas  le  Gram.  Inoculé  à  un  cobaye  à  la  dose  de  3  centimètres  cubes , 
il  le  fait  mourir  en  moins  de  2  k  heures  avec  abaissement  rapide  de  la  tem- 
pérature, efforts  de  vomissements  et  secousses  convulsives.  A  l'autopsie,  on 
trouve  une  congestion  énorme  des  viscères  abdominaux.  A  dose  plus  faible 
(1  centimètre  cube),  la  mort  arrive  en  deux  jours  avec  les  mêmes  symp- 
tômes. Les  caractères  de  ce  bacille  étant  très  voisins  de  ceux  du  Bacillus 
colicommune,  j'ai  prié  M.  Grimbert,  dont  la  compétence  est  bien  connue, 
de  vouloir  bien  en  faire  la  détermination.  Voici  le  résultat  de  son  examen  : 

N°  1.   Chat  de  Siam.  —  Culture  des  ganglions  mésentériques. 

i°  Ne  donne  de  l'indol  qu'au  bout  de  48  beures.  La  réaction  est  faible. 
Elle  devient  très  nette  à  partir  du  troisième  jour. 

q°  N'a  pas  encore  coagulé  le  lait  au  bout  de  trois  jours. 
3°  Fait  fermenter  faiblement  la  glycérine  et  le  saccharose. 
k"  Au  microscope,  à  peine  mobile. 

N°  2.  Culture  de  l'intestin  du  deuxième  Chai.  —  Réaction  de  l'indol  intense 
après  2/t  heures.  —  Coagule  le  lait  en  2  h  heures.  —  Ne  fait  pas  fermenter 
la  glycérine,  mais  fait  fermenter  faiblement  le  saccharose.  —  Au  micro- 
scope, mobile. 

Tous  les  deux  d'ailleurs  font  fermenter  activement  le  lactose.  Sur  plaques 
de  gélatine,  ils  donnent  tous  deux  des  colonies  très  belles  en  ile  de  glace, 
plus  larges  pour  le  11°  1  que  pour  le  n°  2.  Non  liquéfiantes. 

A  l'ensemble  de  leurs  caractères  microscopiques  et  biologiques,  les  deux 
microbes  examinés  entrent  donc  dans  la  catégorie  des  B.  coli,  dont  ils 
semblent  constituer  deux  races  voisines  mais  distinctes. 

D'après  les  faits  précédents,  il  semble  que  la  mort  de  ces  deux  Chats  est 
due  à  une  intoxication  par  les  produits  du  coli-bacille,  qui  a  proliféré  abon- 
damment dans  l'intestin  sans  pénétrer  dans  le  sang.  La  viande  de  cheval  de 
mauvaise  qualité  ingérée  par  ces  animaux,  soit  en  irritant  la  muqueuse  in- 
testinale, soit  en  apportant  un  milieu  de  culture  favorable,  a  modifié  les 
conditions  biologiques  d'un  microbe  saprophyte  habituellement  inoffensif. 
Il  est  hors  de  doute  qu'il  n'a  pas  été  apporté  du  dehors,  car  ses  cultures 
renforcées  par  un  passage  sur  le  Cobaye  ont  pu  être  ingérées  à  la  dose  de 
10  centimètres  cubes  par  un  Cobaye,  sans  provoquer  le  moindre  accident. 

Cette  inflammation  aiguë  de  l'intestin  avec  pulullation  du  coli-bacille 
n'est  pas  spéciale  au  Chat  de  Siam.  Par  une  coïncidence  bizarre,  j'ai  eu 
l'occasion  d'observer,  peu  de  temps  après,  un  Chat  indigène  qui  est  mort 
avec  les  mêmes  symptômes  de  la  même  maladie,  sans  qu'il  y  ail  eu  possi- 
bilité de  contagion  directe. 

Il  résulte  de  cette  observation  que  le  coli-bacille  dont  les  méfaits  en  pa- 


—  28  — 

thologie  humaine  sont  si  nombreux  joue  un  rôle  non  moins  important  en 
pathologie  comparée,  et  c'est  pourquoi  j'ai  tenu  à  la  foire  connaître. 


Absorption  par  les  poumons  de  vapeur  d  alcool  mélangée  avec  lair. 

par  M.  N.  Gbéhànt. 

C'est  un  fait  bien  connu  des  médecins  que  les  ouvriers  qui  travaillent 
dans  l'air  chargé  de  vapeur  d'alcool,  comme  ceux  qui  déversent  ce 
liquide  de  grandes  dans  de  petites  barriques  ou  ceux  qui  mettent  l'alcool 
en  bouteilles  sont  exposés  aux  mêmes  accidents  que  les  hommes  qui  l'ont 
abus  des  liqueurs  alcooliques  ingérées  dans  l'estomac. 

J'ai  cherché  à  donner  une  démonstration  expérimentale  de  cette  absorp- 
tion pulmonaire  et  à  doser  dans  le  sang  l'alcool  qui  peut  s'y  trouver  quand 
on  fait  respirer  à  un  animal  de  l'air  contenant  des  vapeurs  alcooliques.  Je 
résume  ici  deux  expériences  qui  ont  été  faites  dans  mon  laboratoire  dans 
le  courant  de  l'été  dernier  alors  que  la  température  était  de  25  degrés 
environ. 

Expérience  I.  —  On  découvre  chez  un  Chien  l'artère  carotide,  dans 
laquelle  ou  fixe  un  lube  métallique;  l'animal  pourvu  d'une  muselière  de 
caoutchouc  respire  à  travers  deux  barboteurs  de  Cloëz  contenant  de  l'alcool 
à  91  degrés. 

9  heures  après,  on  aspire  dans  l'artère  20  centimètres  cubes  de  sang 
qui  e^t  injecté  dans  un  ballon  récipient  vide  muni  d'un  réfrigérant  tra- 
versé par  un  courant  d'eau  froide  et  uni  à  une  pompe  a  mercure;  la  distil- 
lation et  la  dessiccation  du  sang  ont  lieu  en  10  minutes  environ,  le  ballon 
étant  immergé  dans  l'eau  bouillante.  On  opère  de  la  même  manière  d'heure 
en  heure. 

Les  liquides  obtenus  renfermaient  tons  de  l'alcool  et  le  dosage  effectué 
par  le  procédé  de  Nicloux  a  fourni  pour  100  centimètres  cubes  de  sang  les 
résultats  suivants  : 

cm3 

2  heures  après  le  début  de  l'expérience 0,10  alcool  absolu. 

3  heures  —  0,28 

h  heures  o,3i 

5  heures  — ■  o,46 

G  heures  o,5o 

L'animal  détaché  était  plongé  dans  une  ivresse  profonde,  il  restait 
couché  sur  le  liane  et  ne  pouvait  se  relever. 

Le  lendemain,  le  Chien  était  complètement  rétabli. 


—  29  — 

Expérience  11.  —  On  injecte  dans  la  veine  saphène  d'un  Chien  du  poids 
de  10  kilog.  5,  iGo  cm3  8  d'alcool  à  s5  degrés,  c'est-à-dire  un  volume 
d'alcool  absolu  égal  à  1/2 5  du  poids  du  sang,  dose  qui  produit  l'ivresse. 

10  li.  45,  commencement  de  l'injection; 

1 1  li.  3o,  fin,  au  bout  de  trois  quarts  d'heure; 

12  h.  45,  une  heure  quinze  minutes  après  la  fin  de  l'injection,  prise 
de  20  centimètres  cubes  de  sang  dans  l'artère  carotide,  on  trouve,  dans 
100  centimètres  cubes  de  sang,  0  cm'  4i  alcool  absolu; 

1  h.  45,  deuxième  prise  de  20  centimètres  cubes  de  sang,  0  cm3  43; 

2  b.  45,  troisième  prise  de  20  centimètres  cubes  de  sang,  0  cm3  54; 

3  h.  45,  quatrième  prise  de  20  centimètres  cubes  de  sang,  o  cm3  65; 

4  h.  45,  cinquième  prise  de  20  centimètres  cubes  de  sang,  0  cm'  75; 

5  h.  3o,  l'animal  est  très  malade; 
5  h.  45,  il  meurt. 

On  voit  donc  qu'après  l'injection  dans  la  veine  saphène,  la  respiration 
de  vapeur  d'alcool  à  2.5  degrés  pendant  l'été  a  fait  monter  progressive- 
ment le  chiffre  de  l'alcool  dans  le  sang  et  a  déterminé  la  mort  de  l'animal. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  dans  une  atmosphère  chargée  de  vapeurs 
alcooliques  feront  bien  de  s'abstenir  de  l'ingestion  d'alcool  dans  l'estomac; 
ils  auront  soin  de  travailler  d'une  manière  intermittente  et  de  respirer  fré- 
quemment de  l'air  pur  extérieur  afin  d'éliminer  partiellement  l'alcool 
absorbé  par  les  poumons. 

La  Jachère, 
par  M.  P. -P.  Dehéraix. 

La  pratique  de  la  jachère  remonte  à  une  époque  reculée.  Il  est  naturel 
que  dans  les  contrées  où  la  population  est  clairsemée,  ou  l'on  cultive  sans 
faire  aucune  dépense  d'engrais,  on  abandonne  une  terre  quand,  après 
quelques  années,  les  récoltes  y  faiblissent.  On  la  laisse  en  jachère. 

La  jachère  s'est  maintenue  au  moment  où  la  propriété  s'est  constituée. 
Le  vieil  assolement  triennal,  qui,  dit-on,  remonte  à  Gharlemagne  (et  qui 
s'est  perpétué  jusqu'à  nos  jours  dans  les  parties  de  la  France  où  la  culture 
est  peu  avancée),  débute  par  une  année  de  jachère.  On  ne  demande  à  la 
terre,  labourée  à  plusieurs  reprises,  aucune  récolte;  on  y  incorpore  le 
fumier;  puis,  à  l'automne,  on  y  sème  le  blé.  Il  occupe  la  terre  pendant  la 
deuxième  année;  au  printemps  de  la  troisième,  on  sème  l'avoine  à  laquelle 
succède  la  jachère;  puis  le  cycle  recommence. 

Il  faut  que  nos  aïeux  aient  trouvé  de  grands  avantages  à  ce  mode  d'agir 
pour  qu'ils  aient  consenti  à  laisser  ainsi  une  année  sur  trois  leurs  terres 
improductives!  et  c'est  pour  connaître  les  effets  résultant  de  la  jachère, 


—  30  — 

qu'au  moment  où  j'ai  fait  construire  au  champ  d'expériences  de  l'école  de 
Grignon  les  cases  de  végétation,  j'en  ai  laissé  quatre  sans  ensemencement. 
Ces  cases  de  végétation  sont  de  grandes  boîtes  en  ciment;  elles  sont  carrées, 
présentent  2  mètres  de  côté  et  1  mètre  de  profondeur;  elles  offrent  donc 
une  capacité  de  à  mètres  cubes  et  renferment  environ  5  tonnes  de 
terre. 

Elles  sont  parfaitement  élanches;  le  fond  est  creusé  en  rigole,  de  telle 
sorte  que  les  eaux,  qui  ont  traversé  la  terre,  se  réunissent  dans  cette  rigole 
couverte  de  cailloux  et  gagnent  un  orifice  par  lequel  elles  coulent  dans  de 
grandes  bonbonnes.  On  mesure  les  eaux  de  drainage,  puis  on  détermine 
leur  composition. 

Elles  n'entraînent  guère  qu'une  seule  matière,  mais  cette  matière  pré- 
sente un  intérêt  agricole  de  premier  ordre;  c'est  un  mélange  de  nitrates, 
dans  lequel  domine  le  nitrate  de  chaux. 

Il  y  a  quarante  ans  que,  simultanément,  Boussingault  au  Conservatoire 
des  arts  et  métiers,  et  M.  Georges  Ville  au  Muséum  reconnurent  que  les 
nitrates  sont  les  plus  efficaces  des  engrais  azotés. 

La  culture  a  mis  à  profit  cette  indication ,  et  chaque  année  l'Europe  im- 
porte des  quantités  croissantes  de  nitrate  de  soude,  dont  il  existe  un  impor- 
tant gisement  sur  la  côte  américaine  du  Pacifique. 

Les  nitrates  prennent  naissance  dans  le  sol  par  l'action  de  ferments 
figurés;  cette  fermentation  n'est  pas  à  allure  rapide,  comme  la  fermen- 
tation alcoolique  ou  la  fermentation  butyrique.  Elle  est  lente  à  s'établir, 
et,  si  l'on  expose  à  l'air  des  terres  qu'on  maintient  humides,  il  faut  attendre 
trois  semaines  ou  un  mois  pour  voir  les  nitrates  s'y  former  en  quantités 
sensibles.  Aussi,  bien  que  nos  terres  cultivées  renferment  de  grandes  quan- 
tités d'azote  engagé  dans  des  combinaisons  quaternaires,  la  transformation 
de  cette  matière  azotée  au  printemps  est  trop  lente  pour  fournir  d'abon- 
dantes récoltes.  Nos  procédés  de  culture  nous  conduisent  à  faire  croître  sur 
le  même  sol,  à  côté  les  uns  des  autres,  un  grand  nombre  d'individus  appar- 
tenant à  la  même  espèce;  lou»  ont  les  mêmes  besoin;  tous  réclament  en 
même  temps  les  mêmes  aliments,  et,  si  ces  aliments  sont,  peu  abondants, 
l'évolution  d'un  certain  nombre  de  pieds  s'arrête.  C'est  pour  pallier  cette 
insuffisance  des  nitrates  fournis  par  la  fermentation  de  l'humus  du  sol  que 
nous  sommes  obligés  d'épandre,  au  printemps,  du  nitrate  de  soude. 

Dans  la  région  septentrionale  de  la  France,  où  la  culture  est  très  bien 
conduite,  il  est  habituel,  après  avoir  distribué,  à  l'automne,  du  fumier  de 
ferme  sur  les  terres  destinées  à  porter  des  betteraves,  de  répandre,  au 
printemps,  200  à  3oo  kilogrammes  de  nitrate  de  soude  par  hectare: 
l'année  suivante,  on  donne  encore  au  blé,  qui  succède  à  la  betterave, 
de  i5o  à  200  kilogrammes  de  nitrate. 

Aujourd'hui,  nous  avons  donc  de  puissantes  ressources  d'engrais;  il  n'en 
était  pas  ainsi  il  y  a  un  siècle;  comme  on  ne  cultivait  guère  de  plantes 


—  31  — 

fourragères,  le  bétail  vivait  de  l'herbe  de  la  prairie  pendant  l'été,  et  de 
paille  pendant  l'hiver;  le  fumier  était  rare,  les  fumures  parcimonieuses: 
le  commerce  des  engrais  n'existait  pas;  on  ne  connaissait,  même  pas  de 
nom,  les  plus  puissants  des  engrais  azotés,  les  nitrates.  C'est  a  cause  de 
cette  pénurie  d'engrais  qu'on  laissait,  une  année  sur  trois,  la  terre  en 
jachère.  Après  cetle  année  de  jachère,  l^s  récoltes  étaient  meilleures,  le  blé 
plus  vigoureux:  à  quelle  cause  attribuer  cet  effet  de  la  jachère? 

Précisément  parce  que,  pendant  cette  année-là,  la  terre  forme  des  ni- 
trates. 

C'est  ce  qui  apparaît  très  clairement  dans  les  déterminations  qui  ont 
porté  sur  les  eaux  de  drainage  des  cases  de  végétation. 

Les  quantités  de  nitrates  entraînées  par  ces  eaux  sont  infiniment  plus 
fortes  quand  elles  proviennent  des  terres  laissées  en  jachères  que  si  elles 
coulent  des  terres  emblavées. 

A  cela,  deux  raisons:  les  plantes  consomment  les  nitrates  fournis  ou 
ajoutés  et,  par  suite  du  fait  de  cette  consommation,  les  eaux  de  drainage 
sont  déjà  moins  chargées;  mais,  en  outre,  la  quantité  de  nitrates  formés 
est  bien  moindre  dans  une  terre  couverte  de  végétaux  que  dans  une  terre 
nue,  et  il  est  facile  d'en  saisir  la  cause. 

Les  ferments  nitriques  n'évoluent,  ne  prospèrent,  ne  travaillent  que 
dans  une  terre  humide;  or,  les  végétaux  sont  de  puissants  appareils  d'éva- 
poration.  Nos  plantes  herbacées  de  grande  culture,  le  blé  par  exemple, 
évapore  par  ses  feuilles  de  a5o  à  3oo  litres  d'eau,  pendant  le  temps  qu'il 
met  à  élaborer  un  kilogramme  de  matière  sèche.  Aussi  arrive-t-il  que, 
lorsque  la  pluie  est  rare,  on  ne  recueille  pas  d'eau  de  drainage  au-dessous 
des  terres  ensemencées,  tandis  que  les  terres  eu  jachères  en  débitent  encore 
des  quantités  sensibles. 

Pendant  l'année  mars  i8o5-mars  1896,  on  n'a  recueilli  d'eau  de  drai- 
nage qu'au-dessous  des  cases  en  jachères;  ces  eaux  renfermaient,  par  litre, 
de  109  à  1 36  milligrammes  d'azote  nitrique;  si  l'on  calcule  à  l'hectare,  on 
trouve  que  la  quantité  d'azote  nitrique  formée  par  des  terres  qui  n'avaient 
pas  reçu  d'engrais  depuis  plusieurs  années  ont  varié  de  83  à  ihk  kilo- 
grammes, correspondant  à  un  épandage  de  5oo  à  876  kilogrammes  de 
nitrate  de  soude. 

Voici  donc  un  premier  point  établi  :  la  pratique  de  la  jachère  favorise  la 
formation  des  nitrates  parce  qu'elle  maintient  les  terres  humides;  et  les 
terres  en  jachère  sont  humides,  précisément  parce  qu'elles  ne  sont  pas  sou- 
mises à  l'énorme  déperdition  d'eau  qui  accompagne  la  croissance  des 
plantes  herbacées. 

Une  objection  toutefois  se  présente  à  l'esprit.  Nous  concevons  bien  que 
les  nitrates  prennent  naissance  dans  une  terre  en  jachère,  mais  nous  ne 
voyons  pas  comment  ils  pourront  être  utiles  à  la  plante  qui  suivra?  Pour 
le  comprendre,  il  faut  se  rappeler  d'abord  que  cette  plante  est  du  blé  semé 


—  32  — 

à  l'automne  et  d'autre  part  que  les  nitrates  ne  sont  entraînés  par  les  eaux 
de  drainage  qu'à  la  fin  de  l'automne  et  pendant  l'hiver. 

Quand  la  pluie  survient  durant  l'été,  elle  s'évapore  presque  entièrement 
avant  de  gagner  les  couches  profondes.  Si  l'on  compare  le  volume  des  eaux 
recueillies  des  cases  de  végétation  pendant  la  bonne  ou  la  mauvaise  saison, 
on  reconnaît  que  l'écoulement  est  bien  plus  abondant  pendant  l'hiver  que 
pendant  l'été. 

Or,  lorsque  les  pluies  d'automne  saturent  le  sol  d'humidité  et  que  les 
drains  commencent  à  couler,  le  blé  est  semé,  levé,  et  ses  racines  retiennent 
les  nitrates. 

On  les  y  trouve  en  nature,  leur  proportion  est  notable;  j'ai  dosé,  dans 
100  grammes  de  racines  de  blé  sèches,  1  gr.  ohi  d'azote  nitrique,  le 
i5  décembre  189 h.  Le  même  joui',  100  grammes  de  tiges  sèches  en  ren- 
fermaient 0  gr.  187. 

Le  i5  février,  on  trouvait  encore  :  azote  nitrique,  dans  les  racines, 
0  gr,  680;  dans  les  tiges,  o  gr.  a  18. 

Si  l'on  analyse  comparativement  les  eaux  de  drainage  d'hiver  d'une  terre 
nue  et  celles  d'une  terre  ensemencée  en  blé,  on  trouve  que  les  eaux  des 
terres  nues  sont  beaucoup  plus  chargées. 

Du  8  décembre  1899  au  5  mars  1893,  les  eaux  de  drainage  de  la  case 
u°  1  en  jachère  ont  entraîné  :  si  l'on  calcule  à  l'hectare,  81  kilogrammes 
d'azote  nitrique ,  tandis  que  celles  qui  coulaient  au-dessous  d'un  jeune  blé 
n'en  renfermaient  que  1  6  kilogrammes. 

On  comprend  donc  que  le  blé  semé  à  l'automne  profite  des  nitrates 
formés  pendant  l'année  de  jachère  et  qu'à  une  époque  où  les  engrais  étaient 
rares,  cette  pratique  ait  été  très  avantageuse. 

11  est  bien  à  remarquer,  je  ne  saurais  trop  insister  sur  ce  point,  que  les 
nitrates  ne  se  forment  dans  la  terre  en  jachère  que  parce  qu'elle  reste 
humide;  si  on  la  laisse  se  couvrir  de  plantes  adventices,  elle  se  dessèche; 
les  nitrates  ne  se  formeront  pas  ;  l'opération  sera  manquée. 

Tous  les  agronomes  qui  se  sont  occupés  de  la  jachère  ont  recommandé  de 
tenir  la  terre  propre,  de  la  bien  travailler,  c'est  la  condition  même  du  succès. 

Est-ce  à  dire  que  celte  pratique  ait  encore  sa  raison  d'être  aujourd'hui  ? 
Rien  n'est  plus  loin  de  ma  pensée.  i\ous  avons  maintenant  des  engrais  à 
bon  compte;  il  est  bien  plus  avantageux  de  les  acquérir  que  de  laisser 
pendant  toute  une  année  la  terre  improductive;  mais  il  est  curieux  de  con- 
stater que  par  simple  empirisme,  à  force  d'observations  répétées,  nos 
aïeux  aient  su  faire  naître  dans  leurs  terres  le  plus  puissant  des  agents  de 
fertilité,  le  Nitrate. 

Ils  croyaient  que  pendant  celte  année  sans  récolte,  la  terre  se  reposait! 
Bien  au  contraire,  le  travail  y  était  actif  et  les  ferments  y  préparaient 
l'abondance  des  récolles  futures. 


—  33 


Les  B acte  ri ace  es  et  les  Bogheads  a  Pilas, 
par  M.  B.  Renault. 

On  sait  que  les  combustibles  fossiles  si  recherchés,  désignés  sous  le  nom 
de  Bogheads,  sont  formés  d'algues  microscopiques  houillifiées;  les  Bo- 
gheads australiens  sont  composés  de  thalles  de  Reinschia,  tandis  que  les 
Bogheads  de  l'hémisphère  boréal  renferment  principalement  des  Pilas;  le 
Pila  bïbractensis  caractérise  les  bassins  de  l'Esterel  et  d'Autun,  le  Pila  sco- 
lica  ceux  d'Ecosse,  le  Pila  Karpinskyi  celui  de  Moscou,  etc. 

D'autre  part,  dans  une  note  récente  Sur  les  Bactériacées  de  la  Houille ;1), 
nous  avons  établi  l'existence  de  ces  microorganismes  dans  la  Houille  ayant 
conservé  quelques  traces  d'organisation,  montré  que  l'invasion  s'était  faite 
par  les  rayons  cellulaires  ligneux,  et  que  dès  lors  les  Bactériacées  avaient 
pu  modifier  les  tissus  intermédiaires  par  une  sorte  d'action  à  distance  qui 
avait  gagné  de  proche  en  proche. 


Fijj.    1.      -   Coupe   langentielle  d'un   bois  houillifié  d'Arthropitus  gigcts, 

grossie  900/1. 

a.  Nombreux  microcoques  accumulés  dans  les  rayons  cellulaires  ligneux 

d'un  coin  de  bois. 

b.  Parois  des  Irachéides  indiquées  par  des  bandes  de  houille  plus  foncées. 

ha  figure  1  montre  une   infinité  de  Microccus  Carbo,  mesurant  0  [x  k 
à  o  [i  5  presque  incolores,  remplissant  l'intervalle  occupé  autrefois  parles 

C>   Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  3o  novembre  1890*. 

Muséum.  —  ni.  3 


—  3/i   — 


rayons  cellulaires  ligneux.  Los  parois  des  trachéides  sont  on  grande  partie 
détruites,  et  ce  qu'il  en  reste  n'est  visible  que  par  l'opacité  plus  grande  de 
la  houille  qu'elles  ont  produite. 

Les  espaces  occupés  par  les  Cocci  sont  au  contraire  plus  clairs. 


Fig.  2.  --  Coupe  langentielle  d'un  bois  houillifié  à'Arthropitus  gigas, 

grossie  900/1. 

a.   Microcoques  accumulés  d;ms  un  rayon  médullaire  séparant  deux 

coins  ligneux. 
Ii.  Quelques  Bacilles  mélangés  aux  Cocci. 
c.    Deux   cellules  du   rayon  médullaire  dont   les   parois  sont  encore 

visibles. 

La  ligure  s  est  également  une  coupe  tangentielle  à'Arthropitus ,  mais 
intéressant  un  dos  rayons  cellulaires  beaucoup  plus  épais  qui  séparent  les 
coins  ligneux;  la  plupart  des  cellules  sont  méconnaissables,  sauf  en  c,  les 
Microcoques  remplissent  l'intervalle  laissé  par  leur  destruction  et  ont  les 
mêmes  dimensions  que  les  précédents,  nuis  au  milieu  d'eux  on  remarque 
quelques  corps  allongés  mesurant  1  (x  5  et  a  f*,  et  larges  seulement  de 
o  p  7  que  nous  avons  désignés  sous  le  nom  de  Bacillus  Carbo. 

Si  les  Bactériacées  ont  joué  un  rôle  prépondérant  dans  la  transformation 
en  houille  «les  tissus  végétaux,  il  est  évident  que  Ions  les  combustibles  fos- 
siles qui  s'en  rapprochent  doivenl  montrer  des  traces  nombreuses  de  ces 
infinimenls  petits  :  l'Anthracite, la  Houille,  les  Cannels,les  Bogheads , etc. , 


—  35  — 

d'une  part,  les  Lignites,  les  Tourbes  de  l'autre,  doivent  en  contenir  de 
grandes  quantités. 

Nous  ne  mentionnerons  aujourd'hui  que  les  résultats  obtenus  avec  les 
Bogheads  d'Autun,  d'Ecosse  et  de  Russie. 

domine  les  Bactériacées  de  la  Houille,  les  Bactériacées  du  Boghead  sont, 
très  peu  colorées;  le  contraste  les  fait  distinguer  facilement  dans  le  premier 
de  tes  combustibles  dont  la  teinte  reste  foncée  autour  d'eux,  tandis  qu'ils 
sont  très  difficiles  à  voir  dans  le  second  qui  acquiert,  par  l'amincissement 
en  lames,  une  transparence  peu  différente  de  celle  des  (iocci  eux-mêmes. 

Les  Cocci  apparaissent  tantôt  comme  de  petites  sphères  un  peu  plus  ré- 
fringentes que  le  milieu  environnant,  tantôt  comme  des  points  noirs,  par 
un  léger  déplacement  du  microscope. 

Leurs  dimensions  varient  entre  o  (x  5  et  0^7,  sensiblement  les  mêmes 
que  celles  du  Mkrococcus  Carbo. 


Ki'.  M.    -  Deux  thalles  de  Pila  bibraclensis  envahis  par  les  Microcoques, 

gi'ossis  3oo/i . 

Suivant  l'étal  de  décomposition  plus  ou  moins  avancé  des  thalles,  les 
Microcoques  y  occupent  des  positions  différentes. 

Lorsque  l'altération  est  complète  et  qu'on  n'y  distingue  plus  aucun  in- 
dice de  cellules,  les  C.orri  sont  :  ou  bien  répandus  uniformément  dans  la 
masse,  et  extrêmement  difficiles  à  voir;  on  bien  rassemblés  par  groupes, 
plus  ou  inoins  importants,  dès  lois  beaucoup  plus  apparents. 

Si  les  thalles  ont  conservé  des  traces  du  tissu  cellulaire  qui  les  constituait . 
sous  une  inclinaison  convenable  des  parois  des  cellules  et  un  éclairage  suf- 
fisant, on  distingue  un  grand  nombre  de  Microcoques  adhérents  aux  cloi- 
sons, si  les  parois  sont  coupées  perpendiculairement  comme  le  représentent 


—  36  — 

les  figures  3  et  h.  Le  réseau  cellulaire  est  indiqué  par  des  ligues  polygo- 
nales de  microcoques  encore  en  place. 


Fig.  h.  -  -  L'un  îles  thalles  plus  grossi  5oo/i. 
Les  Cocci  dessinent  les  parois  des  cellules. 

D'autres  Microcoques  de  taille  un  peu  supérieure,  i  (i  par  exemple, 
s'observent  également  dans  les  thalles  décomposés  mais  en  nombre  beau- 
coup plus  restreint.  11  ne  s'y  trouve  pas  de  Bacilles. 

Les  Pilas  s'étant  déposés  dans  des  eaux  chargées  de  bicarbonate  de 
chaux ,  on  pourrait  objecter  que  les  sphérules  observées  sont  des  produc- 
tions calcaires;  traitées  par  l'acide  chlorbydrique  faible  ces  sphérules  per- 
sistent, tandis  que  les  cristaux  de  calcite  disséminés  dans  la  masse  dispa- 
raissent. L'uniformité  de  taille  de  ces  nombreuses  granulations  de  forme 
coccoïde  exclut  l'idée  de  corpuscules  minéraux  qui  auraient  pénétré  à  l'in- 
térieur des  thalles  décomposés,  car  dans  cette  hypothèse  ces  corps  acci- 
dentels devraient  présenter  des  grosseurs  variables. 

Dans  le  cas  où  les  thalles  ont  conservé  des  traces  d'organisation  (fig.  3 
et  4),  on  comprendrait  encore  moins  que  ces  granulations  aient  pu  s'in- 
troduire à  travers  les  mailles  du  réseau  cellulaire  pour  venir  se  distribuer 
méthodiquement  suivant  les  membranes  moyennes  des  cellules,  il  ne  faut 
pas  oublier,  en  elfet,  que  les  coupes  représentées  par  nos  ligures  ne  sont 
pas  des  coupes  tangenlielles  faites  à  la  surface  des  thalles ,  mais  passent  par 
leur  intérieur.  Nous  avons  voulu  éliminer  ainsi  tous  les  corps  de  forme 
coccoïde  extrêmement  nombreux  qui  peuplent  la  matière  fondamentale  où 
sont  plongés  les  Pilas. 

Ce  qui  exclut  encore  plus  complètement  l'idée  de  corpuscules  minéraux 


—  37  — 

introduits  ou  développés  à  l'intérieur  des  Algues,  c'est  l'examen  microsco- 
pique des  vestiges  laissés  par  les  lamelles  moyennes  sur  lesquelles  sont  ras- 
stemblés  ces  corpuscules  ;  les  membranes  en  question  montrent  de  nombreux 
sillons  de  couleur  plus  foncée  dirigés  perpendiculairement  à  la  grande, 
longueur  des  cellules  et  occupés  par  deux  à  cinq  de  ces  granulations,  iso- 
lées, en  forme  de  diplocoques  ou  contigu.es. 

L'aspect  de  ces  membranes  est  le  même  que  celui  offert  par  les  tissus 
transformés  en  gélose  par  certaines  Bactériacées.  Nous  possédons  d'excel- 
lentes photographies  de  Pilas  dont  le  tissu,  rempli  de  ces  corpuscules,  a 
pris  un  aspect  gélatiniforme ,  mais  a  cependant  conservé  des  traces  évidentes 
il.' son  organisation  primitive;  il  semble  que  les  dérivés  provenant  de  la 
transformation  de  la  cellulose  soient  restés  en  place  en  prenant  des  colora- 
tions un  peu  différentes. 

De  ce  qui  précède ,  il  résulte  que ,  puisque  beaucoup  de  thalles  du  Bog- 
head  d'Autun  renferment  des  granulations  coccoïdes  incluses  dans  l'épais- 
seur des  membranes  moyennes,  ou  simplement  voisines,  groupées  et  dis- 
posées comme  des  Cocci,  nous  pouvons  admettre  l'existence,  dans  un  grand 
nombre  de  ces  Algues,  de  Microcoques  que  nous  désignerons  sous  le  nom 
de  Micrococcus  petro/ei  Var.  A(l). 

La  diagnose  serait  :  cellules  sphériques  à  membrane  extrêmement  mince, 
mesurant  ofxG  à  0^7,  apparaissant  comme  de  petites  sphères  brillantes, 
entourées,  quand  elles  sont  isolées,  d'une  auréole  plus  foncée  :  tantôt  dissé- 
minées dans  nue  masse  homogène  d'aspect  gélatineux,  solitaires  ou  sous 
forme  de  diplocoques;  tantôt  groupées  en  essaims  plus  ou  moins  importants 
en  divers  points  des  thalles  désorganisés;  tantôt,  enfin,  engagées  ou  adhé- 
rentes aux  vestiges  des  membranes  moyennes  dont  elles  indiquent  la  dispo- 
sition en  réseau  et  sur  lesquelles  elles  ont  laissé  des  marques  évidentes  de 
leur  travail. 

Certains  Bogheads  d'Ecosse  d'âge  plus  ancien,  tels  que  la  Torbanite,les 
combustibles  connus  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  Boghead  Bussel,  etc., 
sont  également  formés  par  des  Algues  [Pila  seotica)  analogues  au  Pila, 
bibraclcnsis  mais  plus  petites,  ce  sont  des  thalles  globuleux,  creux,  de  di- 
mensions variables,  les  plus  volumineux,  quand  ils  sont  isolés,  mesurent 
1 07  [i  environ ,  suivant  leur  grand  diamètre  et  86  fx  suivant  le  petit  ;  ils  sont 
composés  d'une  seule  rangée  de  cellules  prismatiques,  longues  de  8  à  i5  fx 
et  larges  de  h  à  6  p  dirigés,  en  rayonnant,  autour  de  la  cavité  centrale. 

11  était  naturel  de  rechercher  si  ces  Algues,  appartenant  au  terrain 
boitiller  moyen,  renfermaient  également  des  corps  bactérioïdes. 

La  constatation  de  ces  corps  à  présenté  beaucoup  plus  de  difficultés  que 

''■'■  Le  nom  spécilique  de  Petrolei  doit  rappeler  seulement,  que. les  Microcoques 
en  question  se  trouvent  dans  un  combustible  produisant,  par  distillation,  des  huiles 
analogues  aux  pétroles. 


—  38  — 

pour  le  Boghead  d'Aulun  et  de  l'Esterel  à  cause  de  la  petitesse  des  thalles  et 
surtout  de  l'exiguïté  des  cellules  qui  les  composent;  cependant  nous  avons 
pu,  dans  nos  préparations,  rencontrer  des  vestiges  de  lamelles  moyennes 
orientées  convenablement  à  l'intérieur  des  thalles  et  sur  lesquelles  nous 
avons  reconnu  la  présence  de  petits  corps  sphériques  mesurant  o  fx  3  a 
o  n  7,  disposés  connue  les  Cocci  des  membranes  moyennes  du  Pila  bilirac- 
lensis. 

Des  granulations  coccoïdes  semblables  à  des  microcoques  existent  donc 
à  l'intérieur  du  Pilascotica.  Nous  les  désignerons  sous  le  nom  de  Micrococcus 
petrolei  Var.  I!. 

Nous  avons  examiné  également  à  ce  point  de  vue  certains  Bogheads  et 
Cannels  russes  du  Bassin  houiller  de  Moscou,  plus  anciens  encore  que  la 
Torbanite  puisqu'ils  appartiennent  au  Culm. 

Les  Bogheads  de  Kourakino,  de  Tschoulkowo,  etc.,  renferment  une  Algue 
Pila  K arpinskyi  globuleuse,  mesurant  oo  à  5o  [x  de  diamètre,  assez  mal 
conservée  généralement;  les  jeunes  thalles  mesurant  a5  [x  de  diamètre  sont 
moins  altérés;  la  cavité  centrale  large  de  1 1  f* est  entourée  de  cellules  orien- 
tées suivant  les  rayons  d'une  sphère,  prismatiques,  disposées  sur  un  seul 
rang,  longues  de  7  \x  dans  l'exemple  cité,  mais  prenant  sans  doute  des  di- 
mensions plus  considérables  lors  de  l'accroissement  du  thalle. 

Malgré  les  grandes  difficultés  d'observation  résultant  de  la  petitesse  des 
éléments  cellulaires,  de  leur  altération,  et  surtout  de  la  présence  de  nom 
breuses  sphérules  de  dimensions  variées,  qui  environnent  les  thalles,  pé- 
nètrent quelquefois  à  leur  intérieur,  el  dont  nous  n'oserions  fixer  la  nature, 
nous  avons  pu  reconnaître,  adhérentes  ou  engagées  dans  les  membranes 
moyennes,  des  granulations  coccoïdes  analogues  à  celles  que  nous  avions 
observées  dans  les  Pila  scotica  et  P.  bibractensis  des  Bogheads  d'Ecosse  et 
d'Aulun. 

(les  granulations  mesurent  o  \x  6  el  o  \x  7;  nous  les  appellerons  Micro- 
coccus petrolei  Var.  G.  Celte  variété  se  retrouve  en  quantité  considérable  et 
beaucoup  plus  visible  dans  une  autre  espèce  d'Algue  qui  accompagne  le 
Pila  Karpiiiskyi  et  que  nous  avons  désignée  sous  le  nom  de  Cladiscolhallus 
Keppeni:  nous  nous  proposons,  du  reste,  de  revenir  sur  ce  sujet  avec  plus 
île  détails. 

Les  Bogheads  à  Pilas  du  terrain  permien,  houiller  moyeu,  et  du  Culm, 
renferment  donc  des  Microcoques  à  l'intérieur  des  thalles  «nous  ne  tenons 
pas  compte  à  dessein  des  nombreuses  formes  coccoïdes  qui  se  voient  à  la 
surface  même  des  Algues  ni  de  celles  qui  sont  répandues  à  profusion  dans 
la  matière  fondamentale  qui  les  entoure»,  ces  Microcoques  sont  disséminés 
dans  la  masse  rendue  amorphe  ou  occupent  la  place  des  membranes 
moyennes  des  cellules. 

Quel  a  été  leur  rôle?  Ces  Bactériacées  ont-elles  simplement  envahi  les 
Pilas,  pour  les  détruire  comme  le  font  encore ,  dans  le  cas  d'Algues  vivantes. 


—  39  — 

beaucoup  de  Bactériacées  de  noire  époque,  et  se  sont-elles  houillifiées  en 
même  temps?  On  bien  ont-elles  agi  sur  la  Cellulose  des  Pilas  pour  la  trans- 
former en  ce  produil  particulier  qui  constitue  le  Boghead?  Ici,  comme  lors- 
qu'il s'est  agi  de  la  houille,  nous  attendrons  pour  conclure  un  nombre  plus 
considérable  d'observations,  nous  bornant  à  signaler  leur  présence,  fait  qui 
ue  manque  pas  d'importance. 


-S'//:    LA    TÉtàRTOÉDRIE  DE  LA   CALCITE , 

par  M.  Paul  Gàubert. 
(Laroratoire  de  M.  A.  Lacroix.) 

Les  figures  de  corrosion  ont  permis,  dans  quelques  cas,  de  mettre  en 
évidence  la  méroédrie  lorsqu'elle  n'est  pas  accusée  par  la  forme  extérieure 
des  cristaux.  On  a  pu  reconnaître  ainsi  la  tétarloédrie  rbomboédrique  de  la 
giobertite,  de  la  sidérose,  de  la  diallogile,  etc.  Mais,  de  ce  que  la  méroédrie 
n  est  pas  indiquée  par  les  figures,  obtenues  dans  certaines  conditions,  cela 
n'indique  nullement  qu'elle  n'existe  pas.  Ainsi  toutes  les  figures  de  corro- 
sion produites  sur  un  rhomboèdre  de  clivage  de  la  calcite,  par  l'action 
de  divers  acides,  ont  un  plan  de  symétrie  passant  par  l'axe  vertical,  aussi 
ce  minéral  est-il  considéré  comme  étant  hémièdre  rhomboédrique. 

La  calcite  (-tant  isomorphe  des  autres  minéraux  carbonates  rhomboé- 
driques  qui  sont  presque  tous  tétartoèdres,  j'ai  pensé  qu'en  attaquant 
celte  substance  par  des  procédés  variés,  je  pourrais  obtenir  dans  certaines 
conditions  des  figures  différentes  de  celles  connues  jusqu'ici.  J'ai  ajouté 
aux  acides,  agissant  sur  la  calcite,  des  substances  étrangères.  On  sait,  en 
effet  ipie,  dans  quelques  cas ,  uue  matière  ajoutée  à  l'eau  mère  d'un  cristal 
produit  des  modifications  sur  ce  dernier  quand  il  est  en  voie  d'accroisse- 
ment. Lorsque  le  cristal  est  attaqué  ou  dissous  par  un  fluide,  le  même 
phénomène  doit  se  produire  :  la  substance  étrangère  additionnée  au  dis- 
solvant doit  modifier  les  formes  qui  se  produisent  pendant  la  dissolution 
lente  et  agir  par  conséquent  sur  les  formes  des  figures  de  corrosion. 

Des  divers  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  eu  étudiant  la  calcite ,  je  ne 
veux  signaler  ici  que  l'un  deux,  qui  permet  de  reconnaître  la  tétarloédrie 
de  la  calcite. 

In  rhomboèdre  de  clivage  attaqué  par  l'acide  iodhydrique  additionné 
d'une  solution  d'azotate  de  baryte  montre  quelquefois  des  figures  de  cor- 
rosion n'ayant  plus  de  plan  de  symétrie.  La  comparaison  de  leur  forme 
avec  celles  des  ligures  de  la  dolomie  permet  d'établir  que  la  calcite  ap- 
partient à  la  même  classe  que  cette  dernière  (tétarloédrie  rhomboédrique). 
Par  conséquent  la  calcite  ne  doit  pas  être  séparée  des  autres  minéraux  car- 
bonates et  rhoniboédriques. 


—  /iO  — 

J'ai  observé  en  même  temps  un  fait  très  intéressant.  Un  rhomboèdre 
de  clivage  portant  ces  ligures  sans  plans  de  symétrie  montre  dans  d'autres 
parties  des  figures  symétriques.  En  faisant  agir  l'acide  plus  longtemps 
sur  la  partie  de  la  surface  couverte  de  figures  asymétriques ,  j'ai  constaté 
que  ces  dernières  devenaient  symétriques. 

[.es  formes  donnant  naissance  à  ces  figures  asymétriques  sont  donc  tout 
à  fait  instables,  même  dans  le  liquide  qui  m'a  servi  à  les  obtenir,  ce  qui 
explique  pourquoi  l'on  obtient  toujours  des  ligures  ayant  un  plan  de  symé- 
trie quand  on  prolonge  l'attaque  de  l'acide. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE, 


ANNEE   1897.  —  N°  2. 


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18B  REUNION  DES  NATURALISTES  DU  MUSEUM. 

2o  FÉVRIER    1897. 


PRESIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEOIU. 


M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  premier  fascicule  du 
Bulletin  pour  Tannée  1897,  paru  le  20  lévrier  et  contenant  les 
communications  failes  dans  la  réunion  du  26  janvier. 

Il  annonce  la  morl  de  M.  Georges  Ville,  professeur  de  Physique 
végétale  depuis  le  h  mars  1857.  11  rappelle  les  services  rendus  à 
la  science  par  ce  savant  et  les  progrès  que  ses  travaux  ont  permis 
à  l'agriculture  de  réaliser.  M.  G.  Ville  est  décédé  le  lundi  22  février 
dans  la  maison  qu'il  occupait  au  Muséum. 


CORRESPOIVDANCE. 

Par  arrêté  en  date  du  2.r>  janvier,  M.  Maquenne  est  nommé  pro- 
fesseur intérimaire  de  la  chaire  de  Physique  végétale  pendant  Tannée 
scolaire  1  896-1  897. 

M.  le  lieutenant  de  vaisseau   de  Lartigue,  commandant  le  tor- 
pilleur igo  à  Bizerte  (Tunisie),  propose  de  recueillir  des  animaux 
Muséum.  —  m.  h 


—  te  — 

marins  destinés   au    Muséum  et  demande    des    instructions   à    ce 
sujet. 

M.  Coutière,  dans  une  lettre  date'e  du  rr  février,  annonce  son 
arrivée  à  Djibouti,  où  il  a  commencé  ses  recherches  zoologiques,  cl 
il  donne  à  ce  propos  les  détails  suivants  : 

Les  trois  plateaux  madréporiques  exhaussés  qui  ferment  la  rade  sont 
entourés  presque  partout  d'une  ceinture  de  récifs,  vivants  au  moins  à  leur 
bord  extrême,  qui  découvrent  aux  basses  mers  sur  une  immense  étendue. 
La  table  plane  de  plusieurs  kilomètres  carrés  qui  assèche  alors  est  criblée 
d'anfracluosités  de  toutes  dimensions,  dont  les  plus  grandes  limitent  de 
petites  flaques.  Fréquemment  celte  surface  anfractueuse,  fragile  et  s'affais- 
sant  sous  le  pied  par  places,  disparaît  sous  du  sable  ou  de  la  vase  peuplés 
d'Algues  ou  de  Zostères.  11  en  résulte  des  habitats  assez  variés  permettant 
des  recherches  fructueuses.  Les  marées  basses  sont  d'ailleurs  à  peu  près 
l'unique  moyen  d'investigation,  encore  qu'elles  soient  rendues  assez  pé- 
nibles par  l'éloignement  des  lieux  de  recherches,  distants  le  plus  souvent 
de  plusieurs  kilomètres  de  notre  laboratoire.  Un  tel  voyage  fatigue  beaucoup 
les  animaux,  qu'il  est  ditlicile  de  conserver  vivants  vingt-quatre  heures. 
Nous  devons  presque  laisser  de  côté  les  dragages,  malgré  les  très  beaux 
résultats  qu'on  en  obtiendrait  sans  doute  avec  des  engins  assez  puissants. 
Les  indigènes,  extrêmement  paresseux,  ne  mangent  pas  de  Poissons  et  n'ont 
par  suite  aucune  espèce  de  fdet  où  l'on  puisse  glaner  quelque  chose.  Malgré 
ces  ditlicultés,  mes  recherches  commencent  à  être  fructueuses.  Beaucoup 
d'Échinodermes  de  grande  taille,  surtout  des  Holothuries  et  des  Synaptes 
d'une  abondance  extrême ,  mais  peu  variées  comme  espèces ,  des  Géphyriens , 
des  Némertes  de  petite  taille,  des  Planaires  dont  quelques-unes  de  toute 
beauté  qui  font  mon  désespoir  par  leur  difficulté  de  fixation  et  de  conser- 
vation ;  beaucoup  d'Annélides  errantes  ou  lubicoles,  très  difficiles  à  recueillir 
entières,  les  pierres  où  elles  se  logent  étant  en  général  fort  dures.  Demain 
et  les  jours  suivants,  nous  allons  avoir  une  des  plus  fortes  marées  qui  nous 
permettra  sans  doute  d'aller  sur  les  récifs  suivants.  Nous  avons  déjà  fait 
un  voyage  aux  îles  Mouchât,  et  nous  nous  promotions  d'y  retourner,  bien 
que  les  fonds  qui  les  entourent  n'aient  pas  entièrement  répondu  à  notre 
attente.  Les  pêches  au  filet  fin  que  j'ai  déjà  faites  promettent  d'être  inté- 
ressantes. 

Eu  ce  qui  concerne  les  Alphées,  j'en  ai  recueilli  par  centaines,  car  ce 
sont  certainement  les  Crustacés  les  plus  abondants  et  les  plus  curieux  des 
récifs.  <>n  en  trouve  partout,  mais  les  individus  de  grande  taille  et  la  plu- 
part des  espèces,  en  dehors  de  quelques-unes  banales,  sont  de  capture 
pénible,  et  il  ne  faut  pas  songer  à  les  prendre  <i  les  pierres  où  il-  s.- 


—  43  — 

cachent  n«'  peuvenl  se  soulever.  Je  commence  à  connaître  leur  habitat,  et 
j'ai  pu  prendre  dernièrement  une  vingtaine  dïAlph.  strçmus  (Dana)  qui 
sont  les  plus  grands  que  j'ai  vus  encore.  La  plupart  des  espèces  m'onl 
semblé  largement  répandues,  mais  très  étroitement  localisées,  ou  plutôt 
très  exclusives  comme  habitat,  et  je  connais  une  dizaine  d'espèces  au  moins 
que  je  puis  trouver  pour  ainsi  dire  à  coup  sûr. 

Avec  une  telle  profusion  de  pierres,  les  Porcellanes  sont  forcément  très 
abondantes,  elles  ne  me  semblent  pas  jusqu'à  présent  1res  variées. 

INous  employons  les  périodes  de  morte-eau  à  chasser  dans  les  environs, 
aux  localités  d'Ambouli  et  de  Tabélé,  où  sont  les  jardins.  J'espère  rapporter 
une  partie  assez  importante  de  la  faune  terrestre,  bien  qu'il  soit  malheureu- 
sement difficile  d'aller  un  peu  plus  loin  sans  danger.  J'ai  eu  la  bonne  fortune 
de  recueillir  dans  un  tombeau  éventré  d'un  cimetière  dankali  un  crâne 
très  bien  conservé.  Est-il  bien  celui  d'un  Dankali?. le  n'oserais  l'affirmer. 


Dans  une  lettre  datée  du  12  lévrier,  M.  H.  Droukt  annonce  qu'il 
a  visite  la  héronière  d'Ecury  (près  Chàlons-sur-Marne),  décrite  par 
Lescuyer  en  1876,  et  que  les  Hérons  avaient  pris  possession  de 
leurs  nids  le  9  et  le  10  février.  Ceux-ci  étaient  au  nombre  de  220. 


Le  R.  P.  Buxéoin  a  envoyé  différents  objets  recueillis  au  pavs 
des  Eschiras,  parmi  lesquels  deux  exemplaires  du  Phasidus  niger 
(Cassin),  Oiseau  que  du  Chaillu  avait  découvert  aux  environs  du 
cap  Lopez. 


M"'e  E.  M.vrcellin  a  offert  un  médaillon  de  Paul  Gervais  fait  par 
son  mari,  le  statuaire  Marcellin. 


r  a 


M.  le  professeur  IJouvier  annonce  que  M.  Moniez,  professeu 
la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  a  l'ait  don  au  laboratoire  d'Ento- 
mologie du  Muséum  de  la  série  complète  de  ses  publications  sur 
les  llydrachnides  et  les  Thysanoures. 


M.  Mujnoih,  correspondant  du  Muséum,  offre  à  la  Bibliothèque 
un  Dictionnaire  en  cinq  langues  I  I  Pentugloss  Dicùonary  by  Sbirlev 

4. 


—  hh  — 

Palmer,  M.  D.),  renfermant  les  principaux  termes  usile's  en  ana 
tomie,  zoologie,  physiologie,  médecine,  etc. 


M.  Lennier,  directeur  du  Musée  du  Havre,  qui  assiste  à  la  séance, 
annonce  que  le  vendredi  i()  février  un  Hyperoodon  mesurant 
7  mètres  de  long  est  venu  s'échouer  prés  de  l'embouchure  de  la 
Dive.  Il  fait  observer  à  ce  propos  que  les  observations  recueillies 
depuis  plus  d'un  siècle  montrent  que  les  échouements  de  Cétacés 
ont  toujours  lieu  dans  la  portion  de  nos  côtes  comprise  entre  l'em- 
bouchure de  la  Seine  et  Cherbourg,  et  il  est  fort  à  attribuer  ces 
phe'nomènes  à  une  erreur  de  route  commise  par  quelques-uns  des 
animaux  qui,  en  se  dirigeant  vers  le  sud,  au  lieu  de  passer  à  l'ouest 
de  la  Grande-Bretagne,  s'engagent  quelquefois  dans  le  Pas-de- 
Calais  et  la  Manche  et  viennent  se  buter  contre  les  côtes  de  la  Nor- 
mandie cl  du  Colenlin. 

M.  le  Directeur  du  Muséum  donne  quelques  renseignements  sur 
la  femelle  d'Hippopotame  qui  vient  de  mourir  à  la  ménagerie  du 
Jardin  des  Plantes,  où  elle  se  trouvait  depuis  plus  de  quarante  ans, 
et  fait  passer  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des  photographies  de  ce 
Pachyderme  prises  par  M.  Sauvinet  et  M.  Secques. 


M.  Maurice  Maindron  rend  compte  en  ces  termes  de  son  dernier 
voyage  dans  le  golfe  d'Oman  : 

Messieurs , 

Ce  n'est  pas  sans  un  certain  embarras  que  je  me  présente  devant  vous 
pour  vous  parler  des  résultats  de  mon  dernier  voyage,  car  je  m'entends 
s;ms  doute  mieux  à  colliger  des  renseignements  et  des  objets  qu'à  en  faire 
ressortir  l'intérêt.  D'ailleurs  vous  êtes  habitués  à  entendre  ici  les  récits  des 
grands  voyageurs.  A  votre  dernière  séance,  M.  Cbaffanjon  vous  narrait  ses 
longues  roules  à  travers  les  déserts  herbeux  de  l'Asie  septentrionale,  et  vous 
intéressait  par  ses  chevauchées  menées  sans  trêve  à  travers  les  plaines  mo- 
notones des  mornes  territoires  de  la  Sibérie  cL  de  l'empire  mogol.  Plus 
modestes,  Messieurs,  sont  mes  excursions;  et  comme  l'on  vit  rarement  de 
petites  causes  produire  de  grandes  effets,  les  résultats  de  mes  travaux  ne 
sont  point,  sans  doute,  faits  pour  arrêter  l'attention  du  grand  public.  Mais 


—  45  — 

j'aime  néanmoins  pouvoir  les  exposer  devant  vous,  car  s'il  est  une  préoc- 
cupation qui  nie  soit  chère,  c'est  celle  de  travailler  pour  les  élites  de  la 
science  ou  de  l'art,  et  la  seule  récompense  que  j'ambitionne  est  leur  appro- 
bation discrète.  J'aspire  à  la  mériter. 

Lorsque,  grâce  à  votre  bienveillance,  Monsieur  le  Directeur,  qui  entraîna 
les  Ministres  de  l'Instruction  publique  et  des  Colonies,  je  pus  obtenir  une 
mission  subventionnée ,  je  me  disposais  à  gagner  le  Harrar,  pour  lequel 
j'avais  longuement  préparé  un  voyage  raisonné,  et  je  devais  monter  avec 
M.  Chefneux.  11  déplut  aux  dieux  que  je  formasse  cette  caravane,  et  je  dus 
aller  continuer,  dans  le  golfe  d'Oman  et  particulièrement  à  Mascate,  la  cam- 
pagne d'études  que  je  mène  depuis  quatre  ans  et  dont  la  première  partie  a 
eu  pour  théâtre  la  côte  orientale  d'Afrique,  dans  la  région  de  la  baie  de 
Tadjourah.  Je  crus  utile  de  faire  cette  expédition  en  Arabie  et  dans  le  Sind , 
encore  que,  contrarié  par  les  événements  et  les  hommes,  je  dusse  la  mener 
pendant  la  saison  la  moins  favorable.  C'est  ainsi  que  je  dus  gagner  Bombay, 
au  mois  d'août  dernier,  pour  atteindre  Kurrachee,  sur  la  limite  extrême 
du  Sind ,  là  où  cette  province  confine  au  Bélouchistan. 

Les  environs  immédiats  de  Kurrachee  offraient  à  mes  recherches  des 
choses  précieuses.  Le  désert  étendait  à  perte  de  vue  ses  tranquilles  tapis 
de  sable  verdis  sur  de  larges  espaces  par  des  graminées  à  racines  traçantes, 
des  arbuscules  épineux  et  aussi  par  cette  belle  plante,  gloire  des  solitudes 
éthiopiennes,  le  Calotropis  procera,  dont  les  larges  Heurs  violettes  attirent 
les  grandes  Xyiocopes  violettes,  et  dont  les  feuilles  d'un  vert  glauque  nour- 
rissent de  grands  Orthoptères  dont  le  corps  est  peint  et  vernissé  comme  un 
émail  qui  s'entrouvre  par  instants  pour  laisser  luire  deux  vastes  paillettes 
de  cinabre  qui  sont  les  ailes.  De  grands  Cleonus  farineux  couraient  autour 
des  Jujubiers  nains;  des  Ocncra  et  des  Pimelta  allaient  d'un  pas  lourd  et 
trébuchant;  les  fortes  Anthîa  détachaient  sur  le  sol  jaune  pâle  leur  corps 
noir  varié  de  lunules  plâtrées,  et  parmi  les  fleurs  minuscules  des  plantes 
grisâtres  voltigeaient  des  Anthophora  ceinturées  de  laiton,  tandis  que  de 
grands  Sphex  semblables  à  des  rubis  sertis  avec  des  émeraudes  creusaient 
le  sable  avec  des  bourdonnements  pleins  de  fierté.  Dans  le  désert,  aux  pre- 
mières heures  du  malin,  la  vie  s'épand  volontiers  dans  les  choses;  puis, 
quand  le  soleil  gagne  le  zénith,  tout  s'endort,  se  terre,  disparait.  C'est 
alors  que  l'observateur  rentré  chez  lui  peut  tranquillement  préparer  et  em- 
baller ses  richesses.  Mais  d'autres  animaux  bravant  la  plus  forte  chaleur  du 
jour  ne  tardaient  pas  à  solliciter  mon  attention.  Des  Cicindèles  voltigeaient  à 
l'entour  de  mares  de  boue  où  ,  pour  les  atteindre,  il  fallait  souvent  s'enfoncer 
jusqu'au  ventre.  La  Cicindela  fastidiosa  se  montrait  de  beaucoup  la  plus 
sauvage,  et  c'était  un  grand  travail  que  de  la  poursuivre  dans  les  vasières 
où  elle  se  complaisait.  Les  appareils  littoraux  qui  accompagnent  les  ports, 
où  se  découpent  les  darses,  qu'unissent  les  jetées  et  les  warfs,  étaient  des 
localités  riches  entre  toutes  en  Insectes  de  cette  famille  et  j'y  ai  découvert 


—  46  — 

une  remarquable  Cicindela  de  forte  taille,  voisine  de  la  C.  Rûppeli,  que 
Guérin  avail  décrite,  <lu  Sennaar.  Ainsi,  dans  ces  régions  désertiques,  les 
espèces  se  correspondent,  se  remplacent  pour  former  un  tout  très  compact, 
donnant  au  grand  déserl  qui  s'étend  de  la  pointe  de  l'Espagne  jusqu'au 
désert  de  Gobi  et  à  celui  de  Lahore,  un  caractère  soutenu  et  très  régulier, 
surtout  dans  la  l'aune  entornologique. 

Vous  me  pardonnerez,  Messieurs,  de  ne  point  vous  parler  davantage 
du  Sind,  non  plus  que  du  Gwador,  sur  la  côte  du  Mékran  où  j'ai  fait  une 
courte  relâche.  Ce  port  du  Bélouchistan ,  qui  appartient  au  sultan  de  Mas- 
cale,  est  sans  doute  cette  Moserna  dont  il  est  question  dans  le  Périple  de 
Néârque.  Là  les  navarques  macédoniens  trouvèrent  de  l'eau  et  des  vivres, 
sans  doute  du  poisson  sec,  car  c'était  comme  aujourd'hui  une  station  d'ich- 
thyophages,  et  les  Ethiopiens  qui  l'habitaient  la  nommaient  Moserna.  Je 
dis  Ethiopiens  parce  que  les  géographes  anciens  ne  faisaient  pas  de  diffé- 
rence entre  les  peuplades  de  la  côte  orientale  d'Afrique  et  celles  des  rivages 
occidentaux  de  l'Inde. 

C'est  au  mois  de  septembre,  à  peu  près  eu  son  milieu,  que  je  me  rendis 
à  Mascate.  Là  j'ai  retrouvé  les  roches  éruptives  formant  autour  d'une  ville 
grise,  qui  s'effrite  sous  le  soleil,  un  cirque  aux  parois  noires.  J'avais  déjà 
eu  de  semblables  spectacles  dans  le  golfe  d'Aden  et  dans  la  haie  de  Tad- 
jourah.  Mais,  malgré  la  désolation  de  ces  parages  de  l'Oman,  Mascate  est 
certainement  une  des  villes  les  plus  intéressantes  de  la  terre.  Pour  l'archéo- 
logue, elle  apparaît  comme  un  monument  vénérable  oublié  par  le  temps 
qui,  à  défaut  de  bienveillance,  apporte  souvent  aux  choses  une  indifférence 
bien  voisine  de  l'affection.  La  main  des  hommes  civilisés  n'a'  point  encore 
exercé  contre  la  ville  portugaise  son  œuvre  de  dévastation ,  et  les  remparts, 
comme  les  forts  construits  par  les  successeurs  d'Albuquerque ,  profilent 
encore  sur  les  rocs  sombres  ou  l'azur  implacablement  limpide  du  ciel 
leurs  silhouettes  régulièrement  dentelées.  C'est  là  qu'on  retrouve  la  pureté 
des  alignements,  la  belle  ordonnance  des  courbes,  les  savants  profils  des 
bastions  façonnés  en  avants  de  galère.  Les  voûtes  des  portes  sont  arquées 
comme  la  pointe  et  les  reins  d'un  blason,  les  nierions  ont  la  forme  d'écus 
en  amande,    les  mâchicoulis  sont  compliqués  comme  les  moucharahiehs 
des  harems.  Et  surtout  cela  domine  le  grand  soleil  qui  effrite  les  pierres, 
réduit  les  ciments  en  poudre,  chauffe  à  blanc  cette  petite  ville  enclose 
dans  un  anneau  de  serpentine  verdàlre,  creusée  par  places  de  boursou- 
flures évidées  en  cavernes,  avec  des  crêtes  déchiquetées,  des  arêtes  abruptes 
où  se  dressent  des  fortins  et  des  tours  blanches,  huchées  comme  des  nids 
d'aigles  sur  les  sommets  qui  se  découpent  vivement,  avec  des  teintes  cen- 
drées, sur  le  bleu  trop  pur  du  ciel. 

A  voir  circuler  dans  les  rues,  moins  larges  qu'une  table  à  écrire,  celte 
population  mêlée,  on  se  sent  transporté  dans  un  pays  d'exception  et  qui  a 
réussi  à  garder  son  caractère.  Les  Arabes  de  l'Oman  n'ont  certes  pas  changé 


—  m  — 

depuis  dix  siècles,  et  la  conquête  portugaise  les  a  trouvés  (els  que  je  les 
rencontre  aujourd'hui,  mêlés  dans  les  bazars  avec  les  Banians,  les  Bélout- 
cliis  et  les  Nègres.  De  ceux-ci  le  nombre  est  considérable  et  les  négresses 
remplissent  les  maisons  de  Mascate.  A  les  voir  circuler  richement  velues 
de  longues  chemises  de  soie  brochées  sous  lesquelles  se  modèle  leur  formes 
élégantes  et  pleines  prises  aux  hanches  dans  les  larges  culottes  serrées  aux 
chevilles  brodées  avec  une  grande  profusion,  on  ne  pense  guère  à  stigma- 
tiser l'esclavage.  Elles  disparaissent  sous  l'orfèvrerie,  le  masque  de  clin- 
quant, les  bijoux  de  nez,  les  pendants  d'oreilles,  les  bracelets  semblables 
à  des  torques,  et  leurs  lourds  anneaux  de  jambes  sonnent  comme  des 
ei  il  raves  d'argent.  Comme  l'a  dit  un  lin  ironiste,  tout  dans  la  parure  de  la 
femme  trahit  son  origine  d'esclave.  Mais  partout,  dans  l'Extrême-Orient, 
j'ai  vu  les  esclaves  plus  riches  et  heureux  que  les  maîtres,  plus  gras,  mieux 
vêtus  et  mieux  armés.  Les  noirs  misérables  appartiennent  à  la  catégorie  des 
affranchis. 

Je  vous  ai  dit,  Messieurs,  que  ces  noirs  étaient  bien  armés,  ils  ne  sont 
point  les  senls.  A  Mascate,  sauf  les  Banians,  tout  le  monde  porte  les  armes, 
et  les  vues  que  j'ai  la  satisfaction  de  faire  passer  sous  vos  yeux  vous  mon- 
trent ces  Arabes,  ces  Béloutchis,  ces  Afghans,  portant  leurs  épées,  leurs 
sabres,  leurs  boucliers  et  leurs  poignards,  tout  comme  encore  chez  nous, 
au  xvue  siècle,  on  se  munissait  de  son  épée  et  de  sa  dague.  Les  Arabes  de 
Mascate  ne  se  servent  point  de  pistolets,  par  contre  ils  ont  toujours  avec 
eux  des  fusils  chargés,  et  un  des  pires  dangers  que  l'on  court  journellement 
dans  ce  pays  singulier  est  celui  d'être  assassiné,  par  accident,  si  j'ose 
dire.  Car  toute  la  journée,  et  aussi  pendant  la  nuit,  les  coups  de  feu  se 
croisent  et  les  balles  vont  se  loger  dans  les  murs  au  gré  de  la  fantasia. 

Voici,  Messieurs,  les  armes  de  main  les  plus  usitées  en  Arabie.  Vous 
remarquerez  les  épées  droites  de  Mascate,  d'un  type  archaïque  très  net  et 
qui  mériterait  d'être  suivi,  car  on  le  trouve  dans  des  tombes  italo-grecques 
et  M.  Chantre  l'a  rencontré  dans  ses  fouilles  du  Caucase.  Celte  épée  est 
une  arme  de  taille  et  on  la  manie  avec  une  rondelle  de  poing  en  cuir 
d'hippopotame  embouti  et  tourné  que  l'on  fabrique  à  Zanzibar  (,). 

Je  ne  veux  point,  Messieurs,. abuser  de  votre  biem cillante  attention. 
Les  résultats  de  mon  voyage  dans  le  Sind  et  à  Mascate  sont  dans  les  collec- 
tions que  j'y  ai  formées.  Elles  seront  exposées  au  Muséum  à  la  fin  de  celte 
année  et  je  vous  prierai,  quand  vous  daignerez  les  examiner,  de  ne  pas 
oublier  que  notre  consul  à  Mascate,  M.  Ottavi,  m'a  aidé  de  toute  sa  puis- 
sance, considérable  en  ce  pays,  à  réunir  ces  séries  d'objets. 

m  Ici  le  voyageur  exhibe  des  épées  cl  des  sabres  cl  donne  des  renseignements 
sur  leur  emploi  el  établit  des  valeurs  de  comparaison  entre  les  types. 


—  /i8  — 


COMMUNICATIONS. 


UÀge  de  la  pierre  dans  l'arrondissement  de  Bien-Hoa 
(Cociiincmne  française), 

PAR   M.  LE    PROFESSEUR   E.   T.   H  Ail  Y. 

C'est,  si  je  ne  me  trompe,  M.  ie  docteur  Mougeot,  vice-président  de  la 
Société  des  études  indo-chinoises  à  Saigon,  qui  a  découvert,  le  premier, 
il  y  a  une  dizaine  d'années,  l'âge  de  pierre  du  Bien-Hoa. 

Quelques  lignes,  publiées  dans  le  tome  XXII  des  Matériaux  pour  l'his- 
toire primitive  et  naturelle  de  l 'homme (1),  ont  annoncé  la  découverte  dans 
cette  province  de  la  Gochinchine  française  de  haches  de  pierre,  dont  une 
gisait,  paraît-il,  à  a  m.  3o  de  profondeur  dans  un  terrain  qui  n'avait  jamais 
été  défriché  rrde  mémoire  d'Annamite».  M.  Cartailhac,  qui  avait  reçu  plu- 
sieurs de  ces  instruments  de  M.  Mougeot,  a  d'ailleurs  fait  remarquer,  en 
publiant  cette  courte  note,  qu'ils  étaient  «-semblables  à  ceux  du  musée  de 
Toulouse»  décrits  dans  ce  même  journal  en  1877  et  1879,  c'est-à-dire 
aux  haches  de  pierre  de  la  collection  Moura,  provenant  de  Som-Hon-Sen, 
aux  bords  du  grand  lac  Ton-lé-Sap  (2),  dont  on  peut  lire  en  effet  une  bonne 
description,  accompagnée  de  figures  dans  le  tome  XIV  des  Matériaux  {3K 

M.  Mougeot  a  depuis  lors  continué  ses  investigations,  M.  Holbé  a  bien 
voulu  s'y  associer  et,  à  l'Exposition  universelle  de  1889,  on  pouvait  voir 
dans  une  vitrine  de  la  section  d'ethnographie  sous  les  noms  réunis  de  ces 
deux  chercheurs  un  certain  nombre  de  pièces  intéressantes,  désignées  au 
catalogue  comme  « haches  en  calcaire  siliceux ,  à  soies  carrées ,  des  environs 
de  Bien-Hoa (4)». 

A  son  tour  M.  Ghénieux,  nommé  administrateur  de  cet  arrondissement, 
s'est  mis  à  y  recueillir  les  vieux  instruments  de  pierre,  mais  il  a  su  donner 
à  ses  recherches  un  caractère  de  précision  que  n'avaient  point  atteint  celles 
deses  prédécesseurs.  Nous  savons,  par  ce  collaborateur,  que  six  localités 
dispersées  dans  six  cantons  différents  du  Bien-Hoa  ont  fourni  de  ces  haches 
trouvées  généralement  à  une  faible  profondeur  (o  m.  3o  à  0  m.  00)  et  au 

M   Matériaux,  etc.,  avril    1888,  p.  308. 

(2)  lbid.,  février  1877,  p.  98-100  et  fig.  33-38;  juillet  1879,  p.  3i5-3a3  et 
fig.  88-108. 

(3'  Cf.  J.-B.  Noulet.  L'àg-e  de  la  pierre  polie  et  du  bronze  nu  Cambodge,  d'après 
les  découvertes  de  M.  J.  Moura  (Arch.  du  Mus.  d'histoire  nat.  de  Toulouse,  t.  I, 
p.  3-33,  pi.  I-VIII,  1879,  in-/i°). 

M  Catalogue  officiel.  Exposition  rétrospective  du  travail  et  des  sciences  anthropo- 
logiques. Sert.  1,  anthropologie,  ethnographie,  p.  129. 


—  /i9  — 

voisinage  du  fleuve  ou  de  ses  arroyos  (3o  à  5o  mètres  de  la  rive)'1'.  En 
outre,  M.  Ghénieux  nous  a  offert,  avec  sa  précieuse  collection,  quelques 
notes  ethnographiques  d'un  réel  intérêt,  que  nous  utiliserons  un  peu  plus 
loin,  après  avoir  décrit  brièvement  les  pièces  qu'elles  accompagnent. 

Les  instruments  de  pierre  de  la  collection  de  M.  Ghénieux  sont  faits 
dune  roclie  noire,  compacte,  à  cassure  terne,  à  surface  terreuse,  grise, 
bleutée,  verdàtre  ou  roussàtre,  et  creusée  de  sillons,  quelquefois  assez  pro- 
fonds, correspondant  à  des  veines  plus  ou  moins  décomposées. 


Fig.  i.  —  Haclies  à  soie  carrée  et  à  côtés  plais. 
(Bien-Hoa,  Cochincbine  française.) 

L'examen  microscopique  que  mon  collègue  M.  Lacroix  a  bien  voulu  pra- 
tiquer lui  a  montré  (pie  cette  matière,  qui  fait  feu  sous  le  briquet,  est 
essentiellement  constituée  par  des  grains  très  fins  de  quartz,  moulés  par 


C>  Ces  six  localités,  sont  d'après  M.  Ghénieux,  Béngô,  village  île  Andioà,  canton 
de  Long-vinh-fhuong;  Xoni-caï-vang,  village  de  Tuy-long,  canton  de  Tlianh-tuy- 
thuông;  Cù-lao-mu-rua ,  village  de  Miut-Thanli,  canton  de  Chanh-my-trung; 
Lô-gach,  village  de  Binh-dièn,  canton  de  Phuôc-vinh-trung;  Binh-dà,  canton  de 
Pbudc-vinh-thuong ;  enfin  Ben  cà,  village  de  Binli-lhào,  canton  de  Fhùoc-vinh-lià. 


—  50  — 

de  petites  paillettes  Je  micabiclets  et  par  des  baguettes  d'amphibole.  Quel- 
ques échantillons  présentent  dans  les  cassures  un  aspect  tacheté  du  à  la 
concentration  locale  de  cette  dernière  roche. 

rr L'origine  n'est  pas  douteuse,  continue  M.  Lacroix,  dans  la  note  qu'il 
m'a  remise,  elle  résulte  du  métamorphisme  d'une  roche  élastique  sons 
l'influence  d'une  roche  éruptive  (probablement  granité).» 

Les  anciens  habitants  du  pays  ont  taillé  dans  cette  matière,  dont  nous 
ne  connaissons  pas  encore  les  gisements  naturels,  des  instruments  de  deux 
formes  principales. 

Les  uns  sont  de  véritables  haches,  sensiblement  plus  larges  au  tranchant 
qu'à  l'emmanchure,  et  dont  les  cotés  sont  dressés  plus  ou  moins  régu- 
lièrement à  angle  droit,  sur  les  faces  tantôt  presque  plates ,  tantôt  convexes," 
tantôt  enfin  terminées  vers  le  tranchant  par  un  biseau  simple  ou  double. 
Les  dimensions  de  ces  haches  varient  de  66  à  108  millimètres  pour  la  lon- 
gueur, de  33  à  55  pour  la  largeur  maxirna,  de  1  k  à  26  pour  l'épaisseur. 


• 


|,"j,,_  o.  —  Huches  à  rôles  plats.  (Bien-Hoa,  Cochinchine  française.) 

Les  instruments  de  la  seconde  forme,  bien  plus  nombreux  que  ceux  de 
la  première,  rentrent  tous  dans   le  type  dit   à  soie  carrée,   décrit  par 


—  51   — 

M.  Noitlet  <mi  1879  t'î"  ^j(>  eorPs  de  l'outil  se  prolonge  on  un  appendice 
plus  mi  moins  développé  en  largeur  ou  en  hauteur,  taillé  à  angle  droit  et 
s'atténuant  quelque  peu  du  côté  de  l'emmanchure.  La  pièce  ainsi  découpée 
a  l'aspect  d'un  instrument  dont  la  lame  serait  plus  ou  moins  large  et  se 
continuerait  par  un  manche  de  même  épaisseur  carrément  rétréci. 

Les  outils  à  soie  carré  du  Bien-Hoa,  qui  forment  les  5/6  des  récoltes  de 
M.  Chénieux,  peuvent  atteindre  en  longueur  1 35  millimètres,  en  lar- 
geur 80,  et  ho  en  épaisseur.  Par  contre,  les  plus  petits  se  réduisent  à 
l)/i  millimètres  de  longueur,  /»•>.  de  largeur  et  16  d'épaisseur.  La  soie  peut 
être  aussi  plus  ou  moins  développée  et  avoir  juqu'à  43  millimètres  dans  un 
sens  et  09  dans  l'autre;  elle  se  rétrécit  parfois  aussi  jusqu'à  ne  plus  mesurer 
que  19  millimètres  de  hauteur  et  12  de  largeur.  Le  plus  souvent,  elle  est 
bien  [dus  courte  que  la  laine;  dans  une  variété  qu'on  ne  rencontre,  il  est 
vrai,  que  deux  fois,  la  soie  dépasse  au  contraire  la  partie  plus  large  qu'elle 
supporte,  si  bien  qu'elle  forme  les  56/ioo  de  la  longueur  totale  de  l'in- 
strument. 

Comme  pour  les  haches  ordinaires,  il  y  a  une  variété  dont  le  tranchant 
arrondi  est  formé  par  un  seul  biseau  et  une  autre  où  le  biseau  est  double. 
Une  de  ces  dernières  pièces  est  remarquable  par  son  étroitesse  relative, 
aussi  bien  que  par  la  régularité  de  sa  façon.  C'est  un  véritable  ciseau. 

11  n'existe  dans  la  collection  ni  gouge,  ni  aiguisoir,  ni  aucune  autre  forme 
assimilable  à  quelque  instrument  actuel. 

Les  haches  des  deux  types  que  nous  venons  de  décrire  ont  survécu 
seules  sous  une  forme  un  peu  différente  de  la  forme  antique.  Encore  au- 
jourd'hui, en  effet,  dans  une  partie  de  la  presqu'île  transgangétique,  on  se 
sert  d'instruments  en  fer,  fort  semblables  aux  haches  des  anciens  indigènes, 
mais  dont  la  soie,  de  carrée,  est  devenue  cylindro-conique.  Grâce  à  ce  très 
léger  perfectionnement,  il  est  extrêmement  aisé  pour  le  Malais,  par 
exemple,  de  transformer  par  une  rotation  d'un  quart  de  cercle,  sa  hache 
en  herminette ,  ou  inversement. 

La  ressemblance,  de  ce  fer  moderne  et  de  la  pierre  archaïque  qui  se  jux- 
taposent si  souvent  sous  les  yeux  des  indigènes  aurait  dû,  se'inble-t-il , 
leur  suggérer  des  explications  raisonnables,  les  soustraire  tout  au  moins  à 
ces  étranges  hypothèses  de  la  pierre  de  foudre,  que  l'on  retrouve  chez  tant 
de  peuples,  moins  bien  placés  pour  comprendre  la  véritable  origine  des 
vieilles  pierres  taillées  et  polies.  L'indigène  de  Bien-Hoa  croit  pourtant 
avec  la  même  ferveur  que  le  Malais  ou  que  le  Cambodgien  à  l'influence 
de  l'orage  sur  la  formation  du  Luoï-tâm-Set  (c'est  le  nom  .qu'il  donne  à 
la  langue  du  tonnerre).  M.  Chénieux  a  recueilli,  en  effet,  sur  l'histoire  de  la 
langue  du  tonnerre  au  Bien-Hoa,  des  renseignements  détaillés  et  curieux.  Ses 
administrés  sont  encore  aujourd'hui  bien  persuadés  qu'à  chaque  coup  de 

O  Loc.  cit. ,  p.  1 1 . 


—  52  — 

tonnerre  nn  Léoï-tâm-Set  tombe  du  ciel  et  s'enfonce  dans  le  sol,  et  lorsque 
par  hasard  ils  trouvent  un  des  instruments  dont  nous  venons  de  parler,  ils 
le  gardent  précieusement  pour  des  usages  assez  variés. 

Le  Liioï-tàm-Set  est  d'abord  un  remède  pour  la  variole  :  rron  frotle  la 
pierre  polie,  dit  M.  Chénieux,  contre  un  bol  à  moilié  plein  d'eau  froide, 
on  prend  celte  eau  par  gorgées  et  on  en  asperge  le  corps  du  varioleux.» 

En  second  lieu,  le  Lûoï-tâm-Set  est  etlicace  «pour  éviter  la  crainte  aux 
enfants  nouveau-nés;  lorsqu'on  voit  l'orage  arriver,  dit  notre  correspon- 
dant, on  prend  le  Lûoï-tâm-Set  et  on  l'expose  sur  le  lit  d'accouchement, 
près  du  lit  du  petit  enfant». 

En  troisième  lieu  on  emploie  encore  la  pierre  en  question  rrpour  calmer 
les  vers  à  soie».  Il  faut  opérer  de  même  façon  que  pour  les  varioleux  dont 
il  était  question  un  peu  plus  haut,  rrsans  cette  précaution  le  coup  de  tonnerre 
ferait  mal  aux  vers  et  les  cocons  seraient  mauvais». 

Le  Lùoi-tâm-Set  est  donc  une  pierre  bien  précieuse,  aussi  se  vend-il 
toujours  assez  cher.  S'il  est  en  pierre  il  se  paie  deux  ou  trois  ligatures,  en 
cuivre  ou  en  bronze,  il  coûte  jusqu'à  une  piastre. 

Les  Lûoï-tâm-Set  en  métal  sont  d'ailleurs  relativement  rares  et  M.  Ché- 
nieux ne  parait  pas  en  avoir  rencontré  jusqu'à  présent  de  spécimen  bien 
caractéristique  dans  le  territoire  du  Bien-Hoa. 


Observations  sur  un  jeune  Cercopitheccs  erythrogaster  (Gn.) 

AYANT  VÉCU  A  LA  MÉNAGERIE  DU  MuSEUM , 
PAR   E.    DE  POUSARGUES. 

Pendant  tout  le  second  semestre  de  l'année  1  89 G  a  vécu  à  la  Ménagerie 
du  Muséum  un  jeune  Cercopithecus  erythrogaster  (Gr.)  qui  a  malheureu- 
sement succombé  vers  la  fin  du  mois  dernier  aux  rigueurs  de  la  mauvaise 
saison.  Cet  individu  femelle  était  plus  jeune  encore  que  celui  qui  servit  de 
type  à  la  description  de  Gray(1);  sa  longueur  totale  ne  dépassait  pas 
65  centimètres  dont  01  pour  la  queue  un  peu  mutilée  à  son  extrémité  ; 
toute  la  dentition  de  lait  était  en  pleine  activité  fonctionnelle ,  la  première 
molaire  M,  avait  fait  son  apparition  à  la  mâchoire  inférieure,  mais  la  dent 
correspondante  supérieure  commençait  à  peine  à  percer  la  gencive.  Malgré 
son  extrême  jeunesse ,  ce  spécimen  offrait  déjà  tous  les  caractères  signalés 
chez  le  type  de  l'espèce  :  la  poitrine  et  le  ventre  étaient  d'un  roux  intense, 
la  gorge  et  les  favoris  d'un  blanc  parfait;  la  calotte  céphalique,  tiquetée 
de  brun  sombre  et  de  jaune  paille,  était  nettement  circonscrite  et  bordée 

(')  Gray,  Proc.  Zool.  Soc.  London,  p.  169,  pi.  XVI,  1866.—  J.  Munie,  ibid., 
p.  38o,  1866. 


—  53  — 

de  noir  en  arrière  comme  en  avant;  le  reste  du  pelage  ne  différait  en  rien 
de  relui  des  Cercopithèques  blancs-nez  (Rhinosticii)  du  groupe  des  Pétau- 
ristcs.  Mais,  comme  on  pouvait  s'y  attendre  d'après  les  observations  que 
j'avais  déjà  publiées  à  ce  sujet'1',  le  champ  nasal  était  complètement  nu  et 
glabre,  d'un  bleu  grisâtre  comme  la  région  circumoculaire,  et  sans  le 
moindre  indice  de  la  tâche  pileuse  blanche  qui  distingue  les  individus 
adultes  de  cette  espèce.  C'était  donc  une  rare  occasion  de  suivre,  dans  ses 
différentes  phases,  le  développement  de  la  tache  nasale;  aussi  est-il  regret- 
table que  ce  jeune  sujet  ait  succombé  prématurément,  malgré  les  soins  tout 
particuliers  dont  il  était  l'objet.  L'apparition  de  la  tache  nasale  chez  le  C. 
erythrogastcr  parait  en  effet  suivre  un  processus  absolument  inverse  de 
celui  qui  caractérise  les  Moustacs,  C.  ccphus  (L.),  dont  les  jeunes  ont  le 
milieu  et  les  côtés  du  nez  garnis  de  poils  ras  assez  serrés  qui,  parleur 
groupement,  dessinent  une  large  tache  blanche  de  forme  losangique  à 
grande  diagonal'  transverse,  mais  tombent  peu  à  peu  et  disparaissent 
plus  ou  moins  avec  les  progrès  de  l'âge.  Cette  observation  faite  autrefois 
par  Pucheran'2'  est  d'une  exactitude  rigoureuse,  et  j'ai  pu  la  contrôler  sur 
un  spécimen  en  peau  provenant  des  collections  de  M.  de  Brazza  et  sur  un 
jeune  Mouslac  actuellement  vivant  à  la  Ménagerie. 

Il  a  été  impossible  d'obtenir  aucun  renseignement  sur  la  provenance  du 
jeune  C.  erythrogaster  acquis  par  le  Muséum;  mais,  il  avait  pour  compa- 
gnon de  captivité  un  jeune  Colobe,  expédié  en  même  temps  que  lui  en 
Europe,  appartenant  à  l'espèce  bien  connue,  C.  vc/lcrosus  (I.  Geoff.), 
spéciale  à  cette  partie  de  la  Guinée  située  entre  l'Akba  et  le  Niger,  et  com- 
prenant la  Côte-d'Or,  la  colonie  allemande  de  Togo,  le  Dahomey  et  le 
Béuin;  d'où  l'on  peut,  selon  toute  probabilité,  déduire  l'existence  du 
C.  cri/throgastcr  dans  l'une  de  ces  régions.  Cette  conclusion  paraît  d'autant 
plus  vraisemblable,  qu'elle  concorde  avec  l'unique  indication  que  l'on 
possède  encore  actuellement  sur  l'habitat  de  cette  rai\ï  espèce,  et  qui  nous 
est  fournie  par  le  spécimen  du  Musée  de  Stuttgart ,  rapporté  de  Lagos  par 
le  missionnaire  allemand  Mann. 


M  Mém.  Suc.  zoolog.  <Ic  France,  p.  69,  l.  VII,  l8()fl. 
'2)  Puclicraii,  Rev.  et  Mag.  de  Zo>l.,  p.  nj5,  1857. 


_  54  — 
Note  préliminaire  sur  une  collection  de  Reptiles 

RECUEILLIE  PAR  M.  HiUG  À   LlMIlAltÉNÉ, 
PAR  M.  F.  MoOQUARD. 

M.  Haiig,  missionnaire  prolestant,  a  récemment  fait  don  au  laboratoire 
d'Iierpétologie  du  Muséum  d'une  collection  de  Reptiles  du  Galion,  i-ecueillie 
par  lui  dans  les  environs  de  Lambaréné,  sur  le  bas  Ogooué. 

Cette  collection  comprend  quarante  et  une  espèces  de  Reptiles  et  six  de 
Ratraciens;  elle  offre  de  l'intérêt  et  fera  l'objet  d'un  mémoire  détaillé.  Je 
me  bornerai  ici  à  mentionner  quelques  espèces  rares  ou  peu  communes 
cl  à  donner  les  diagnoses  de  quelques  autres  qui  me  paraissent  nouvelles. 

Parmi  les  premières,  je  signalerai  Chamœlcon  cri-status ,  Stutchbury; 
Chamœleon  Oweni,  Gray;  Rhampholeon  spectrum,  Rucbbolz;  Lacerta  echi- 
nata,  Gope;  Lygosoma  Reichenowi,  Peters,  celle-ci  figurant  pour  la  pre- 
mière fois  clans  la  collection  du  Muséum;  Grayia  ornata,  Bocage  (=  Gr. 
fiircata,  Mocquard),  encore  confondue  par  quelques  naturalistes  avec  Gr. 
Smythii,  Leacb;  Gonionotophis  Brussuuxi,  Mocq.  (=  G.  Vossii,  Roeltger), 
et  Boulcngerina  annulata,  Ruchb.  et  Peters,  considérée  jusqu'ici  et  à  tort 
comme  appartenant  au  genre  Naja. 

Voici,  d'autre  part,  les  noms  et  les  diagnoses  des  espèces  qui  me  parais- 
sent nouvelles. 

1.  Poromera  Haugi,  n.  sp. 

Cette  espèce  diffère  de  Poromera  Fordii,  Hallowell,  par  ses  deux  écailles 
postnasales  superposées  et  ses  écailles  préanales  nombreuses  et  subégales, 
au  lieu  d'une  grande  plaque  unique  comme  chez  P.  Fordii  et  les  Tachy- 

diomes. 

*2.   Polemon  Bocourti,  n.  sp. 

\oisine  de  P.  Barthii ,  [an,  cette  espèce  s'en  distingue  par  deux  posto- 
culaires au  lieu  d'une  seule,  et  le  nombre  moins  élevé  des  gastrosléges 
(199  à  -302  au  lieu  de  221  à  226). 

;>.  Atractaspis  Boulengeri ,  n.  sp. 

A  pour  caractères  distinctifs  :  un  museau  large  et  arrondi,  une  frontale 
grande,  un  peu  plus  longue  que  large,  beaucoup  plus  longue  que  sa  dis- 
tance de  l'extrémité  du  museau;  une  préoculaire  et  une  postoculaire;  une 
très  grande  temporale  intercalée  entre  la  4e  et  la  5e  supéro-labiale ,  la  pos- 
toculaire  et  la  pariétale;  5  supéro-labiales,  dont  la  h"  est  la  plus  haute; 
une  mentonnière  en  contact  avec  les  plaques  sous-maxillaires  antérieures; 
la  3'  labiale  inférieure  très  grande;  21  séries  d'écaillés,  1 1)5  gaslrostéges 
et  2 h  urostéges  toutes  simples;  l'anale  entière. 


55 


Coloration  d'un  brun  ardoisé  uniforme  en  dessus,  plus  clair  sous  le. 
ventre. 

h.  Arthroleptis  gabonensis,  n.  sp. 

Cette  espèce  a  des  affinités  évidentes  avec  Arlhr.  calcaratus,  Peters; 
niais  elle  en  diffère  par  une  grosse  papille  linguale  conique,  par  son 
tympan  distinct,  par  les  nombreuses  saillies  verruqueuses  et  les  replis 
glandulaires  qu'on  observe  sur  la  face  dorsale,  ainsi  que  par  l'absence  de 
saillie  spiniforme  sur  l'extrémité  postérieure  de  la  paupière  supérieure. 

5.   Rappia  tuberculata,  n.  sp. 

Celte  espèce  de  Rappia  me  paraît  également  bien  voisine  de  II.  salines, 
Bianconi,  originaire  de  Mozambique.  Elle  s'en  distingue  cependant  par  ses 
tubercules  dorsaux,  ses  disques  digitaux  plus  développés,  l'invagination  du 
sac  vocal  de  chaque  côté  d'un  large  raphé  médian,  el  par  sa  coloration.  Au 
lieu  d'un  brun  grisâtre  uniforme  en  dessus,  R.  tuberculata  est  d'un  brun 
roussàtre.  avec  une  bande  anguleuse  brune  en  Ire  les  veux,  de  courtes 
barres  transversales  sur  l'extrémité  distale  de  l'avant-bras,  sur  la  jambe, 
l'articulation  tibio-larsienne  et  le  tarse;  l'aine,  les  laces  interne  et  externe 
de  la  cuisse,  ainsi  que  la  face  interne  de  la  jambe  sont  couleur  de  chair; 
enfin  deux  raies  brunes,  une  de  chaque  côté,  partent  de  l'œil  pour  aboutir 
à  laine,  en  décrivant  sur  les  lianes  et  les  parties  latérales  du  dos  des  iu- 
llexions  s\ métriques,  brusques  et  très  étendues. 


Remarques  anatomiques  sur  les  Squales  observés 

PENDANT  LA    DERNIERE  CAMPAGNE  DU  YACHT  PrINCESSE-AlICE  , 

par  !ïï.  H.  Neuville. 

S.  A.  le  Prince  de  Monaco  ayant  bien  voulu  m'admettre  à  bord  de  son 
navire,  je  me  suis  trouvé  à  même  d'y  poursuivre,  dans  des  conditions  ex- 
ceptionnellement favorables,  mes  recherches  anatomiques  sur  les  Squales. 
Je  lui  en  exprime  ici  toute  ma  reconnaissance,  et  j'exposerai  brièvement  les 
principaux  résultats  auxquels  je  suis  parvenu. 

Ces  recherches  ont  été  faites  a  bord,  après  chaque  pèche,  et  je  les  con- 
tinue au  laboratoire  d'Anatomie  comparée  sur  des  pièces  données  au  Muséum 
par  le  Prince  de  Monaco. 

Elles  ont  porté,  d'une  part,  sur  les  Squales  de  zone  côlière  ou  littorale, 
pris  dans  la  Méditerranée  (mouillage  de  file  d'Alboran)  et  dans  l'Atlan- 
tique (parages  des  Scores),  lesquels  se  rapportent  aux  genres  :  Scyllium, 
Galeus .  Carcharias  el  Zygœna.  Je  puis  ainsi,  en  généralisant  mes  précédents 
travaux,  confirmer  les  résultats  en  partie  publiés  dans  le  Bulletin  du  Mu- 
séum (i  896,  n°  A).  Dans  ces  différents  genres  j'ai  toujours  retrouvé  la  veine 


—  56  — 

et  Tarière  inlra-intestinales,  autrefois  regardées  comme  propres  à  certaines 
espèces  rares,  et  dont  le  rôle  paraît  si  important.  Le  sinus  hépatique  s'y 
rencontre  constamment. 

D'autre  part,  les  engins  perfectionnés  dont  dispose  la  Princesse-Alice 
ont  permis  de  capturer  des  Squales  de  grands  fonds,  sur  lesquels  mon  at- 
tention avait  été  attirée  d'une  manière  toute  particulière  par  MM.  Milne 
Edwards  et  Filhol.  J'en  ai  pu  étudier  deux  espèces  :  Centrophoi'us  granu- 
losus  (Océan,  1,800  mètres  de  fond,  au  Sud  de  Pico)  et  Ceidrophorus 
squammosus  (Méditerranée.  i.65o  mètres  de  fond,  au  large  de  Monaco). 
Dans  ces  deux  espèces  j'ai  retrouvé  les  vaisseaux  intra-intestinaux,  mais  le 
sinus  hépatique  n'y  existe  pas;  les  veines  sus-hépatiques  forment  des  troncs 
qui,  au  lieu  de  confluer  pour  former  un  sinus  commun,  restent  complète- 
ment indépendants  et  déhouchent  directement  dans  les  canaux  de  Cuvier. 
après  avoir  subi  un  renflement  presque  insensible 

L'absence  de  ce  sinus  est-elle  une  conséquence  des  conditions  physiolo- 
giques de  la  vie  dans  les  grands  fonds?  C'est  ce  que  l'on  ne  peut  dire  dès 
maintenant.  Des  travaux  ultérieurs  résoudront  peut  être  ce  problème  dans 
la  solution  duquel  l'embryologie  et  la  physiologie  peuvent  jouer  leur  rôle. 

J'avais  déjà  observé  une  réduction  assez  considérable  du  sinus  hépatique 
chez  Prisliurus  melanostomus ,  qui  appartient  à  une  famille  différente  de 
celle  des  Centrophores ,  et  vit,  autant  que  peuvent  l'établir  quelques 
documents,  sur  des  fonds  de  3oo  à  5oo  mètres.  Je  me  borne  pour  le  mo- 
ment à  signaler  cette  tendance  à  la  disparition  du  sinus  hépatique,  sans 
vouloir  établir  un  rapprochement  au  moins  prématuré  en  raison  du  peu  de 
documents  et  d'observations  recueillis  jusqu'ici. 

J'ai  encore  à  signaler,  dans  les  deux  mêmes  espèces  de  Centrophores,  la 
présence  d'une  rate  supplémentaire.  Je  ne  connais,  en  ce  qui  concerne  les 
Squales,  qu'une  seule  observation  analogue,  faite  par  Moreau  sur  la  Ce  1- 
trine  de  Salviani,  qui  appartient,  comme  les  Centrophores,  à  la  famille  des 
Spinacidés,  et  vit  comme  eux  dans  les  grands  fonds.  D'après  la  description 
de  Moreau  et  d'après  mes  observations,  la  position  de  cette  rate  supplé- 
mentaire est  la  même  dans  les  trois  cas.  Cette  formation  de  deux  rates 
distinctes  doit  être  considérée  comme  une  réalisation  de  la  tendance,  que 
présente  la  rate  de  divers  Squales  à  se  diviser  en  deux  parties,  reliées  par 
un  isthme  dont  fétroitesse  est  souvent  extrême,  et  qui  sont  situées  l'une 
en  arrière  du  cul-de-sac  de  l'estomac,  l'autre  dans  la  région  de  l'angle 
aigu  formé  par  le  canal  intestinal  avant  sa  dilatation  en  intestin  spirale. 


—  57  — 

La  période  critique  post-larvaire  des  Poissons  MARiys, 
par  M.  Fabre-Domergue, 

ANCIEN    STAGIAIRE    DU    MuSEUM , 

et  M.  Eugène  Biétrix. 

Dans  un  travail  en  voie  d'impression  qui  sera  prochainement  inséré  dans 
les  Annales  des  Sciences  naturelles,  nous  avons  étudié  les  principales  condi- 
tions d'existence  des  alevins  de  Poissons  marins  et  nous  sommes  arrivés  à 
conclure  que,  tr  d'une  façon  très  nette,  sans  aucune  exception ,  les  larves 
nées  d'œufs  recueillis  en  mer  au  cours  de  leur  développement  ou  provenant 
de  fécondations  artificielles  périssent  à  une  époque  plus  ou  moins  rappro- 
chée de  la  fin  de  la  résorption  vitelline;  qu'aucune  condition  expérimen- 
tale ne  s'est  montrée  capahle  de  leur  faire  franchir  une  période  critique 
qui  les  sépare  de  l'état  post-larvaire  caractérisé  au  contraire  par  leur 
grande  résistance  aux  conditions  de  l'état  de  captivité». 

C'est  à  l'étude  de  celte  période  critique,  à  la  détermination  des  causes 
qui  l'occasionnent  que  nous  consacrons  actuellement  nos  efforts,  persuadés 
que  de  la  solution  de  ces  questions  trop  négligées  dépend  l'avenir  même 
de  la  pisciculture  maritime. 

Il  ne  faudrait  pas  croire,  en  effet,  que  seul  le  manque  d'une  nourriture 
appropriée  conduit  les  alevins  à  l'état  d'anémie  progressive  que  nous  avons 
pu  constater  chez  toutes  les  espèces  où  les  éléments  figurés  du  sang  sont 
assez  nettement  différenciés  à  ce  moment  pour  fournir  un  critérium  de 
leur  état  de  santé.  Chez  presque  toutes  ces  formes  au  contraire,  dont  les 
mâchoires  se  trouvent  en  état  de  fonctionner  avant  la  résorption  du  vilellus, 
nous  avons  observé  simultanément  et  l'absorption  de  proies  vivantes  et 
l'apparition  des  phénomènes  anémiques  qui  devaient  en  amener  la  mort. 
Par  conséquent,  nous  devons  chercher  ailleurs  la  cause  de  leur  étiolement 
et  nous  demander  si  les  fonctions  respiratoires  ne  jouent  pas  un  certain 
rôle  dans  l'évolution  de  la  période  critique. 

L'influence  prépondérante  de  la  masse  de  l'eau  où  sont  suspendus  les 
alevins  semble  donner  à  cette  hypothèse  une  certaine  raison  d'être.  Tandis 
que  nos  larves  de  Cottus  bubalis ,  conservées  en  petit  nombre  dans  des  cu- 
vettes ou  des  cristallisoirs  de  faible  capacité,  se  montrent  à  peu  près  indiffé- 
rentes aux  proies  qui  leur  étaient  offertes  (larves  de  Copépodes  pélagiques) , 
elles  les  happent  avidement  au  contraire  lorsqu'on  les  place  dans  un  vaste 
aquarium  de  trois  ou  quatre  cents  litres.  Il  \  a  là  un  progrès  évident,  qui 
dénote  déjà  l'existence  pour  ces  alevins  de  conditions  meilleures,  mais  qui 
esl  encore  actuellement  impuissant  à  en  prévenir  l'anémie  mortelle. 
L'on  verra  dans  le  travail  auquel  nous  faisions  allusion  plus  haut  que  de* 

Mosbom.  —  III.  5 


—  58  — 

alevins  mieux  organises  encore,  ceux  de  ÏAtherina  presbyter,  se  conduisent 
de  la  même  façon  et  que  leurs  congénères ,  à  peine  plus  âgés ,  pèches  dans 
la  mer  mais  ayant  franchi  la  période  critique  se  laissent  sans  difficulté  nourrir 
et  élever  dans  les  mêmes  appareils  jusqu'à  la  forme  adnlte. 

En  ce  qui  concerne  les  formes  issues  d'œufs  pélagiques  et  appartenant 
aux  espèces  comestibles  les  pins  intéressantes,  la  Sardine,  le  Maquereau, 
les  Pleuronectes  eu  général,  les  données  du  problème  demeurent  absolu- 
ment les  mêmes  et  se  compliquent  en  plus  de  la  délicatesse  beaucoup  plus 
grande  et  du  faible  degré  d'organisation  de  ces  espèces. 

L'on  peut  conclure  de  ces  faits  que  la  technique  actuelle  de  la  piscicul- 
ture maritime  qui  consiste  à  recueillir  des  œufs  naturellement  expulsés,  à 
les  faire  éclore  dans  les  appareils  d'incubation  et  à  rejeter  ensuite  dans  la 
mer  après  la  résorption  du  vitellus  les  alevins  ainsi  obtenus  manque  de 
précision  et  de  certitude. 

Si,  en  effet,  l'anémie  larvaire  si  facile  à  constater  chez  les  larves  déjà 
pourvues  de  globules  sanguins  se  produit  de  même  chez  toutes  les  larves 
incubées  artiticiellement,  il  y  aurait  avantage  à  attendre  le  moins  longtemps 
possible  après  l'éclosion  pour  mettre  en  liberté  les  jeunes  larves  obtenues 
artificiellement.  En  ne  le  faisant  pas,  on  s'expose  à  ne  jeter  à  la  mer  que 
des  individus  émaciés,  désarmés  pour  la  lutte.  D'autre  part,  en  se  conten- 
tant de  préserver,  pendant  l'incubation  seulement,  les  œufs  en  nombre 
forcément  très  restreint,  peut-on  se  flatter  de  faire  œuvre  utile  de  pro- 
tection? Ces  simples  questions  montrent  bien  que  la  pisciculture  maritime 
ne  doit  pas  être  considérée  comme  ayant  atteint  le  degré  de  perfection  et 
de  sécurité  de  la  pisciculture  d'eau  douce  et  qu'avant  d'en  tenter  prématu- 
rément des  applications  pratiques  et  utilitaires,  il  convient  de  poursuivre 
l'étude  de  la  physiologie  des  larves  dont  on  veut  faire  des  animaux  comes- 
tibles. 


Descriptions  de  nouvelles  espèces  de  Crabes  d'eav  douce 

APPARTENANT  AUA  COLLECTIONS  DU  MUSEUM  d' HISTOIRE  NATURELLE  DE  PARIS  , 

par  Mary  J.  Rathbun. 

Ayant  examiné  récemment  la  belle  collection  de  Pseudothcîphusa  du 
Muséum  de  Paris,  j'y  ai  trouvé  quatre  espèces  nouvelles  dont  je  publie  ici 
la  description,  grâce  à  l'aimable  autorisation  de  M.  le  professeur  Bouvier. 

1.  Pseudothelphusa  êcuadorensis. 

Front  bas,  à  bord  supérieur  tuberculeux ,  nnilobc.  Suture  cervicale  arquée, 
convexe  vers  la  ligne  médiane.  Dents  hépatiques  bien  au-dessus  du  niveau  des 
dents  orbitaires.  Maxillipcdc  avec  le  bord  externe  du  nierus  presque  droit. 

Carapace  large ,  très  convexe  lohgitudinalement  dans  la  moitié  antérieure: 


—  69  — 

surface  finement  ponctuée,  finement  granuleuse  à  la  loupe,  surtout  près 
des  bords.  Sulure  cervicale  arquée  vers  l'intérieur,  distincte,  large  et  pro- 
fonde, se  continuant  jusqu'au  bord  de  la  carapace.  Pas  de  sillon  médian. 
Bord  latéral  très  indistinctement  denticulé,  très  arqué  dans  ses  deux  tiers 
antérieurs.  Dent  hépatique  très  marquée  et  considérablement  (levée  au- 
dessus  de  la  dent  orbitaire.  Dent  cervicale  faible.  Rord  supérieur  du  front 
arqué,  unilobé,  tuberculeux,  fortement  incliné  vers  le  bas;  bord 'inférieur 
presque  droit,  faiblement  trilobé,  marginé.  Front  très  peu  élevé  (shallow), 
plus  haut  à  l'extrémité  externe.  Orbites  oblongues,  ovales ,  presque  remplies 
par  les  yeux;  à  bord  supérieur  légèrement  sinueux  quand  on  les  examine 
du  coté  dorsal.  Exognatbe  des  maxillipèdes  externes  ayant  entre  la  moitié 
et  le  tiers  de  la  longueur  de  Tiscbium  de  l'endognatbe.  Iscbium  plus  large 
un  peu  en  arrière  de  son  extrémité  dislale.  Merus  s'atlénuant  rapidement 
du  côté  distal,  à  angle  antéro-externe  convexe.  Appendices  abdominaux  du 
mâle  très  fortement  arqués,  leurs  bords  convexes  étant  tournés  vers  la  ligne 
médiane. 

Chélipèdes  très  inégaux  dans  les  deux  sexes,  surtout  chez  le  mâle,  à 
surface  granuleuse  munie  de  grandes  ponctuations.  Main  à  bord  inférieur 
convexe,  à  surlace  interne  granuleuse  aussi  bien  que  l'externe.  Doigts  assez 
élancés,  les  dents  d'un  côté  rencontrant  exactement  celles  de  l'autre;  pouce 
incurvé  vers  le  bas.  Pattes  ambulatoires  très  élancées,  à  merus  aplati  et 
plus  large  vers  le  milieu,  à  doigts  à  peu  près  aussi  longs  que  le  propode 
et  que  la  moitié  du  carpe. 

Longueur  de  la  carapace  du  mâle,  i3  millim.  1  ;  largeur,  21  millim.  3, 
largeur  extraorbitaire .  1  <■),  millim.  b  ;  largeur  du  front  en  dessus,  G  millim.  î; 
bailleur,  o millim.  8  :  longueur  du  propode  du  grand  cbélipède,  en  dessus, 
9  millim.  3;  en  dessous,  19  millim.  a  ;  bailleur  du  même,  8  millim.  6; 
épaisseur,  6  millimètres. 

11  y  a  au  Muséum  de  Paris  une  jolie  série  de  spécimens  de  celle  espèce, 
dans  l'alcool;  ils  proviennent  des  environs  de  Quito  (Equateur),  el  ont  été 
offerts  au  Muséum  par  M.  11.  Deyrolle. 

'2.  Pseudothelphusa  lindigiana. 

Front  bas,  sans  bord  supérieur  distinct.  Merus  do*  mawillipèâes  à  bord 
externe  concave.  Appendices  abdominaux  du  mâle  de  largeur  peu  commune. 

Carapace  très  convexe  longiliidinalement  et  transversalement,  à  surface 
pond  née,  finement  granuleuse.  Suture  cervicale  large,  peu  profonde,  lé- 
gèrement sinueuse.  Suture  médiane  peu  profonde.  Bord  antéro-latéral 
rugueux,  muni  de  fines  denticulalions  olituses  ou  de  tubercules.  Dents  cer- 
vicales el  hépatiques  faiblement  indiquées.  Front  s'inclinant  doucement  vers 
h;  bord  Inférieur  en  une  courbe  arrondie,  étroit,  n'atteignant  pas  tout  à  fait 
ie  quart  de  la  largeur  de  la  carapace;  son  contour  supérieur,  vu  d'en  haut , 
légèrement  bilobé;  son  bord  inférieur  sinueux,  trilobé,  marginé,  le  lobe 


—  60  — 

médian  étant  le  plus  saillant  vers  le  bas.  Orbites  petites,  oblongues;  bord 
supérieur  arqué  quand  on  le  voit  du  côté  dorsal.  Exognathe  des  maxilli- 
pèdes  externes  ayant  un  peu  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  de  l'iscbium 
endognathique.  Iscbium  ayant  sa  plus  grande  largeur  en  arrière  de  l'extré- 
mité distale.  Merus  subtriangulaire,  à  bord  externe  concave.  Les  appendices 
abdominaux  sont  uniques  et  remarquables  par  leur  taille.  Leurs  bords 
concaves' sont  tournés  en  dedans.  Ils  sont  très  larges  à  la  base  et  leur  partie 
la  plus  étroite  se  trouve  juste  en  arrière  du  milieu;  ils  s'élargissent  alors 
brusquement,  formant  un  épais  lobe  externe,  qui  est  concave  sur  sa  face 
inférieure  ;  portion  terminale  épaisse  et  subtronquée  ;  les  chélipèdes  ne  pré- 
sentent rien  de  remarquable.  La  dent  du  carpe  est  courbe  et  sub-aiguë.  Le 
bord  inférieur  de  la  plus  grande  pince  est  convexe,  celui  du  pouce  faible- 
ment concave.  Les  dents  des  doigts  cbez  le  mâle  sont,  en  général,  alter- 
nativement grandes  et  petites. 

Longueur  de  la  carapace  du  mâle,  1  k  millim.  9  :  largeur,  -ih  millim.  h  ; 
largeur  exorbilaire,  i3  millim.  9  ;  largeur  du  front  au-dessus,  G  millim.  7. 

Localité  type  :  Santa-Fé  de  Bogota,  Etais- Unis  de  Colombie;  deux  mâles 
et  trois  femelles  récoltés  par  M.  Lindig. 

3.  Pseudothelphusa  bisuturalis. 

Front  «  bord  supérieur  tuberculeux.  Une  seconde  suture  parallèle  à  la  suture 
cervicale.  Ischium  des  maxillipèdes  plus  large  à  l'extrémité  distalc.  Merus  à 
bord  extérieur  convexe. 

Régions  brancbiales  très  convexes  longitudinalement  et  tranversalement  ; 
région  gastrique  également  convexe,  principalement  dans  la  direction  longi- 
tudinale. Surface  à  fines  granulations  déprimées,  plus  larges  près  du  front 
et  sur  les  côtés;  ponctuations  petites  à  peine  visibles  s:;ns  l'aide  d'une  loupe. 
Suture  cervicale  très  profonde  et  sinueuse,  ne  s'étendant  pas  tout  à  fait 
jusqu'au  bord  ;  suture  secondaire  peu  profonde,  parallèle  à  la  première. 
Bords  latéraux  irrégulièrement  denticulés.  Il  n'y  a  ni  dent  cervicale  ni 
hépatbique,  mais  les  denticulés  sont  plus  irréguliers  en  avant.  Le  sillon 
médian,  qui  sépare  les  lobes  épigastriques  faibles,  mais  bien  marqués,  est 
très  peu  profond ,  bilobant  faiblement  le  bord  supérieur  du  front.  Région 
entre  les  lobes  épigastriques  et  le  front  fortement  délléchie.  Front  perpen- 
diculaire, à  bord  supérieur  presque  droit,  tuberculeux.  Vus  de  front,  les 
bords  supérieur  et  inférieur  sont  courbés,  l'inférieur  faiblement  aussi.  Les 
yeux  ne  remplissent  pas  l'orbite.  L' exognathe  des  maxillipèdes  a  environ, 
comme  longueur,  les  trois  quarts  de  celle  de  l'ischiuin  de  l'endognalhe, 
dont  le  bord  adjacent  est  concave;  l'iscbium  est  plus  large  à  l'extrémité 
distale.  Bord  externe  du  merus  convexe,  formant  une  simple  courbe,  de 
l'angle  postéro-externe  à  l'extrémité  distale  ou  articulation  du  palpe. 

Chélipèdes  très  inégaux  chez  la  femelle;  surface  marquée  de  granules 
rugueux,  plus  grands  sur  le  bord  supérieur  de  la  main;  doigts  sans  hiatus: 


—  61  — 

dents  larges,  triangulaires.  Pattes  ambulatoires  longues  et  étroites;  merus 
s'élargissant  un  peu  au  milieu. 

Longueur  de  la  femelle,  19  millim.  2;  largeur,  3i  million.  U  ;  largeur 
exorbitaire,  19  millim.  2;  largeur  frontale  supérieure,  9  millimètres; 
hauteur  du  front,  1  millim.  3;  longueur  du  plus  grand  propodc  mesuré 
sur  le  bord  supérieur,  10  millimètres;  sur  le  bord  inférieur,  23  millim.  à  ; 
hauteur  du  même,  9  millimètres;  longueur  du  dactylopodite,  19  milli- 
mètres. 

Cette  espèce  esL  représentée  par  trois  femelles  dans  l'alcool ,  recueillies 
par  M.  Bocourt,  au  Guatemala,  dans  les  ruisseaux  de  Saint-Augustin,  près 
d'Atitlan  (versant  du  Pacifique),  novembre  1866,  n°  ^71  de  son  cata- 
logue. 

h.   Pseudothelphusa  tuberculata. 

Bord  supérieur  du  froid  tuberculeux,  saillant  au-dessus  de  la  surface  du 
front.  Main  avec  un  large  tubercule  ou  renflement  à  la  base  des  doigts.  Voisin 
de  P.  Richrnondi. 

Région  branchiale  élevée;  région  gastrique  moins  convexe.  Suture  cer- 
vicale très  profonde  et  sinueuse.  Surface  couverte  de  forts  granules  dé- 
primés visibles  à  l'œil  nu  et  plus  grossiers  près  des  bords  latéraux  et  anté- 
rieurs; de  grandes  ponctuations.  Bords  latéraux  nettement  dentés  en  scie; 
un  sillon  peu  profond  en  arrière  de  l'orbite.  Lobes  épigastriques  séparés 
par  un  sinus  faible,  lequel,  d'ailleurs,  coupe  profondément  le  bord  supérieur 
du  front.  Ce  bord  est  tuberculeux,  arqué  et  se  projette  au-dessus  de  la 
surface  du  front.  Front  un  peu  plus  profond  dans  le  milieu  que  partout 
ailleurs;  bord  inférieur  sinueux.  Orbites  beaucoup  plus  grandes  que  les 
yeux.  Bord  supérieur  régulièrement  arqué;  vus  de  front,  les  bords  con- 
vergent extérieurement.  L'exognathe  des  maxiUipèdes  a  un  peu  moins  des 
trois  quarts  de  la  longueur  de  l'ischium  de  l'endognalhe  ;  ce  dernier  est 
plus  large  à  son  extrémité  distale.  Le  merus  est  arqué  de  son  angle  posléro- 
externe  au  sommet.  Les  appendices  abdominaux  du  mâle  sont  différents  de 
ceux  des  autres  espèces  connues.  Vus  du  côté  ventral,  ils  s'atténuent  vers 
l'extrémité  qui  est  tronquée.  Sur  la  face  externe,  près  de  l'extrémité,  sont 
deux  petites  épines  se  dirigeant  a  l'extérieur.  Sur  le  côté  supérieur  et  en 
arrière  de  ces  épines  se  trouve  un  lobe  tronqué  ou  proéminence;  à  son  ex- 
trémité distale  est  une  petite  épine;  son  extrémité  proximale  est  arrondie. 
Cbélipèdes  très  inégaux  dans  les  deux  sexes.  Les  ponctuations  de  la 
surlace  sont  grandes  comme  sur  la  carapace.  Sur  les  faces  externe  et  interne 
de  la  main  sont  épars  de  petits  granules  rugueux,  et  à  la  base  des  doigts 
se  voit  un  gros  tubercule.  Bord  inférieur  de  la  main  convexe,  bord  inférieur 
du  pouce  du  grand  chélipède  presque  droit,  dans  le  petit  chélipède  faible- 
ment concave.  Doigts  larges  ;  bords  préhensiles  des  doigts  opposés  se  tou- 
chant étroitement;  surface  couverte  de  granules  bruns  sombres.  Pattes 


—  69  — 

ambulatoires  à  rtierus  largos  an  milieu  et  ayant  les  bords  supérieurs  aigus 
et  deuticulés. 

Longueur  de  la  carapace  du  mâle,  3i  niilliui.  2  ;  largeur,  5o  niillimètres; 
largeur  exorbilaire,  2 H  millim.  2;  largeur  frontale  supérieure,  th  milli- 
nièlres;  hauleur  du  front,  1  millim.  7;  longueur  du  plus  large  pro- 
podite  mesuré  sur  le  bord  supérieur,  16  rnillim.  (i  ;  sur  le  bord  inférieur. 
38  millim.  h  ;  hauteur,  i5  millim.  9;  longueur  du  doigt,  20  millim.  5. 

Cette  espèce  est  représentée  par  un  maie  et  une  femelle  récoltés  par 
M.  Bocourt ,  n°  h  1 2  de  son  catalogue. 

Guatemala  :  ruisseau  de  Saint-Augustin,  près  d'Atitlan  (versant  du 
Pacifique). 


Organes  des  sens  des  CrustagÉs  obscuricoles  des  (Catacombes  de  Paris 

ET  DES  CAVERNES  DU  PlaTEATJ  CENTRAL, 

par  M.  A.  Viré. 

(Laboratoires  de  MM.  Milne  Edwards  et  Bouvier.) 

11  existe  dans  l'ossuaire  des  Catacombes  de  Paris  une  petite  fontaine 
bien  curieuse  dans  l'histoire  de  la  faune  obscuricole.  Découverte  au  moment 
des  grands  travaux  de  l'aménagement  de  l'ossuaire,  elle  fut  entourée  d'une 
balustrade  monumentale  par  Héricart  de  Thury  vers  1810  et  baptisée  Fon- 
taine de  la  Samaritaine.  Héricart  de  Thury,  ingénieur  des  carrières  souter- 
raines, était  un  esprit  curieux  et  observateur;  ses  travaux  de  consolidation 
de  nos  carrières  du  Muséum  le  tinrent  en  rapport  avec  Cuvier,  Brongniart 
et  Lamark  dont  il  admira  et  adopta  les  tbéories,  et  c'est  sans  doute  sous 
l'influence  des  idées  de  ce  dernier  qu'il  tenta ,  à  la  fontaine  de  la  Samaritaine , 
une  expérience  curieuse  sur  l'influence  de  l'obscurité  sur  les  Poissons.  Mais 
nous  reviendrons  plus  tard  sur  cette  expérience,  à  propos  de  l'historique 
du  laboratoire  souterrain  du  Muséum. 

Actuellement  la  fontaine  est  habitée  par  des  Copépodes  (Cyclops  fimbria- 
tns)  qui  ne  présentent  guère  d'autre  modification  qu'une  décoloration  des 
tissus,  mais  possèdent  un  bel  œil  rouge  à  peu  près  normal.  En  outre  on 
y  trouve  des  Asellus  beaucoup  plus  modifiés. 

UAscllus  aquaticus  est  un  petit  Isopode  aquatique,  qui  vit  en  grand 
nombre  dans  nos  environs.  D'une  couleur  grisâtre,  il  présente  un  petit  œil 
noir.  Or,  dans  la  fontaine  de  la  Samaritaine,  ces  animaux  sont  d'un  blanc 
pur;  beaucoup  d'exemplaires  né  présentent  plus,  à  la  place  de  l'œil,  qu'une 
faible  pigmentation  rougeâtre,  d'autres  n'en  n'ont  plus  trace. 

En  revanche  leurs  organes  sensoriels  présentent  de  profondes  modifica- 
tions. Dans  l'espèce  normale,  on  voit,  sur  l'antennule,  de  petits  organes 
aplatis  ovalaires,  terminés  par  un  pore,  (pie  l'on  considère  comme  des  or- 


—  63  — 

ganes  olfactifs  {IhVoihicIs  olfactifs).  Ces  organes  nul  à  peu  près  on  longueur 
un  tiers  de  la  longueur  du  dernier  anneau  de  l'antennuie. 

En  outre,  différents  poils  considérés  eomme  purement  tactiles,  les  uns 
ramifies  et  longs  de  la  moitié  de  l'anneau  anfennulaire,  les  autres  droits  et 
ayant  une  longueur  presque  égale  à  cet  anneau. 

Or,  sur  nos  Ascllus,  le  bâtonnet  olfactif  a  subi  une  énorme  élongalion. 
La  partie  basilaire,  courte,  est  devenue  longue  et  grêle,  en  forme  de  pédon- 
cule, et  supporte  une  lamelle  aplatie  beaucoup  plus  longue  encore,  le  tout 
atteignant  et  dépassant  la  longueur  de  l'article. 

L'intérieur  parait  rempli  d'un  protaplasma  granulaire,  où  se  distinguent 
des  sphérnles  pins  grosses  dont  la  nature  vraie  m'échappe. 

Sur  des  préparations  colorées  au  picro-carniin,  j'ai  pu  apercevoir  nette- 
ment l'extrémité  terminale  d'un  (in  ramuscule  nerveux  que  j'ai  pu  suivre 
dans  l'antennuie,  et  qui  vient  mourir  en  pointe  conique  dans  l'intérieur  de 
la  base  du  pédoncule. 

Cet  état  de  l'organe  olfactif  prend  un  intérêt  tout  à  fait  exceptionnel  si 
on  le  compare  au  même  organe  chez  un  animal  vraiment  cavernicole.  J'ai 
trouvé,  je  l'ai  déjà  dit  (voir  année  1896,  Bulletin  n°  7),  dans  le  Puits  de 
Padirac  (Lot)  un  Asellide,  à  i5o  mètres  de  profondeur  et  à  près  d'un  kilo- 
mètre de  l'entrée  du  gouffre.  Or  cet  Asellide,  dont  nous  reparlerons  tout  à 
l'heure  à  un  autre  point  de  vue,  possède  les  mêmes  bâtonnets  olfactifs  que 
notre  Asellide  des  Catacombes,  mais  cette  fois  beaucoup  plus  développés 
encore  et  atteignant  une  fois  et  demie  la  longueur  du  dernier  article  de 
l'antenne. 

Nous  avons  donc  là  une  série  bien  curieuse,  partant  de  l'AselJide  normal , 
nculé,  pourvu  de  petits  organes  olfactifs,  et  aboutissant  à  l'Asellide  vraiment 
cavernicole,  aveugle,  pourvu  d'énormes  organes  olfactifs.  Nous  trouvons  le 
terme  transitoire  dans  les  Catacombes,  où  nous  voyons,  à  mesure  que  l'œil 
devient  inutile  et  disparaît,  le  sens  de  l'olfaction  prendre  une  importance 
de  plus  en  plus  considérable. 

Dans  le  Niplmrgus  puteanus ,  qui  vit  en  assez  grande  abondance  dans  les 
ruisselets  d'eau  courante  des  Catacombes,  on  trouve  un  organe  analogue, 
très  bien  développé  et  déjà  signalé  par  Leydig.  11  est  ici  très  fragile  et  se 
brise  la  plupart  du  temps  au  contact  de  l'alcool  ou  des  réactifs  hislologiques. 
Il  faut  des  précautions  minutieuses  pour  arriver  à  le  conserver,  ce  qui 
explique  sans  doute  que  je  n'ai  jamais  pu  le  retrouver  dans  le  Niphargus 
Virei  du  Jura,  conservé  dans  l'alcool. 

Tout  aussi  caractéristiques  sont  les  poils  dils  tactiles,  que  nous  voyons 
peu  développés  chez  Y  Ascllus  normal  el  qui  prennent  un  accroissement  pro- 
digieux chez  ïAscllus  des  Catacombes.  Ils  deviennent  là  de  deux  à  huil  fois 
pins  longs  qu'à  l'état  normal.  Très  mobiles  sur  un  pédoncule,  ils  sont  tantôt 
droits  el  non  ramifiés,  tantôt  garnis  sur  une  plus  ou  moins  grande  longueur 
de  poils  secondaires  d'une   ténuité  extrême  floflanl  dans  le  liquide  ambiant 


—  64  — 

et  certainement  capables  de  transmettre  des  impressions  d'une  très  grande 
finesse.  La  forme  des  poils  primaires  varie  d'ailleurs  dans  d'assez  larges 
proportions.  Effilés  en  pointe  ou  terminés  par  un  petit  renflement  en  forme 
de  massue,  ces  poils  prennent  parfois  aussi  l'apparence  d'une  sorte  de 
brosse. 

Ils  paraissent  toujours  creux,  et  leur  cavité  centrale,  variable  de  forme 
comme  le  poil  lui-même,  est  remplie  d'un  protoplasme  granulé. 

Telles  sont  les  observations  que  j'ai  pu  faire  sur  ces  Crustacés,  observa- 
lions  qui  nous  montrent  d'une  manière  nette  et  précise  quelle  est  la  nature 
des  modifications  qu'éprouvent  les  Crustacés  sous  l'influence  de  l'obscurité. 
Nous  voyons  cbez  eux,  outre  les  changements  observés  cbez  les  Coléoptères, 
outre  l'exagération  du  système  tactile  observé  cbez  ceux-ci ,  le  développe- 
ment exagéré  du  système  olfactif  que  nous  n'avons  pas  encore  pu  examiner 
ailleurs,  sans  doute  faute  de  moyens  d'investigation  suffisants.  Il  nous  reste 
à  rechercher  quelles  peuvent  être  les  modifications  du  système  auditif.  C'est 
une  besogne  que  j'ai  entreprise,  mais  qui  ne  m'a  pas  encore  donné  de  résul- 
tats; peut-être  de  nouveaux  moyens  de  recherches  nous  donneront-ils  à  ce 
sujet  des  renseignements  nouveaux. 

Une  constatation  d'un  genre  bien  différent  nous  est  fournie  par'  ÏAseîlus 
de  Padirac,  qui  semble  nous  apporter  un  élément  d'appréciation  des  plus 
précieux  sur  l'origine  d'une  partie  de  la  faune  des  cavernes  en  même  temps 
que  sur  l'antiquité  possible  d'une  partie  des  cavernes. 

Déjà,  il  y  a  deux  ans,  j'ai  pu  recueillir  dans  la  grotte  de  Baume-les-Mes- 
sieurs,  un  Isopode  nouveau  (Cœcosphwvoma  Virei  Dollfus)  qui  parait  avoir 
plus  d'affinité  avec  les  faunes  marines  qu'avec  les  faunes  d'eau  douce. 

M.  le  professeur  Bouvier  a  bien  voulu  appeler  mon  attention  sur  un  carac- 
tère archaïque  beaucoup  plus  accentué  que  paraît  présenter  notre  Asellus  de 
Padirac.  Ilesl  excessivement  allongé  et,  lorsque je  le  vis  accroché  à  ma  nasse, 
je  le  pris  tout  d'abord  pour  un  Ver,  ce  n'est  qu'en  le  tenant  eu  main  que 
je  reconnus  sa  vraie  nature.  Or  ceci  provient  en  partie  de  ce  que  les  an- 
neaux de  l'abdomen  ne  sont  pas  soudés ,  ce  qui  le  rapproche  des  Asellides 
des  faunes  géologiques. 

On  est  presque  en  droit  de  se  demander,  en  considérant  ces  deux  espèces, 
si  nous  ne  sommes  pas  en  présence  de  restes  de  faunes  tertiaires  marines  ou 
saumâtres,  qui  auraient  survécu  dans  les  eaux  graduellement  dessalées. 
Nous  ne  sommes  évidemment  pas  en  droit  de  conclure ,  d'après  deux  espèces. 
Mais  il  nous  a  paru  intéressant  de  signaler  ces  caractères. 

Je  terminerai  par  une  petite  rectification  à  des  notes  ultérieures,  où  je 
décrivais  un  œil  au  Niphargus  trouvé  dans  les  cavernes  du  Jura,  œil  qui 
n'est  en  réalité  qu'un»;  glande  antennaire. 


—  65  — 

Rectification  a  propos  du  soi-disant  oeil 
du  Niphargus  Virei  (Chevreux),  par  M.  A.  Viré. 

Dans  une  précédente  communication,  je  me  suis  étendu  assez  longue- 
ment sur  l'œil  du  Niphargus  Virei.  On  se  rappelle  que  j'avais  considéré 
comme  œil  une  tache  pigmentaire  rouge,  située  à  la  base  des  antennes. 
J'étais  d'autant  plus  porté  à  faire  cette  attribution  cpie,  dans  le  Règne  ani- 
mal de  Cuvier,  dans  la  figure  du  Niphargus,  un  œil  existe  à  la  base  de  l'an- 
tenne et  que  rien  n'est  figuré  au-dessous;  de  plus,  dans  leurs  descriptions 
du  Niphargus  (Gammarus)  puteanus,  souterrain,  Koch,  Plateau,  Baie, 
Westwood  décrivent  un  œil  jaune  à  la  base  de  l'antenne. 

Or  un  examen  plus  attentif  suffirait  à  nous  convaincre  de  l'erreur  que 
nous  avons  faite,  en  bonne  compagnie  comme  on  le  voit,  si  Leydig  n'avait 
depuis  relevé  lui-même  cette  erreur  pour  le  Niphargus  puteanus. 

Si  l'on  examine  attentivement  la  Crevette  des  ruisseaux  (  Gammarus  jluvia- 
tilis),  on  s'aperçoit  qu'au-dessous  de  l'œil  il  existe  un  petit  corps  arrondi, 
de  même  couleur  que  le  tégument  et  qui  n'est  autre  qu'une  glande. 

Par  quel  phénomène  cette  glande  reste-t-elle  parfois  jaune,  chez  le 
Niphargus  puteanus,  rouge  chez  le  Niphargus  Virei,  sur  le  fond  décoloré  du 
reste  du  corps,  c'est  ce  que  j'ignore  absolument.  En  tous  cas  les  individus 
conservant  ce  pigment  doivent  être  moins  modifiés  que  ceux  chez  lesquels 
celle  glande  est  devenue  blanche.  C'est  ce  qui  explique  sans  doute  que  ces 
animaux,  comme  je  l'ai  rapporté,  d'ailleurs  avec  réserve,  paraissent  un 
peu  plus  sensibles  que  les  autres  à  la  lumière. 


Note  préliminaire  sur  Chlamydoconcha  Orcutti  Dall, 
Lamellibrancue  À  coquille  interne, 

par  M.  Félix  Bernard. 

Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Dall,  de  Washington,  d'avoir 
pu  étudier  un  exemplaire  de  ce  très  rare  Mollusque  qui  provient  des  côtes 
de  la  Californie.  Dali  en  a  donné,  en  i884,  une  description  sommaire  (,) 
dont  je  puis  confirmer  les  principaux  traits,  et  (pie  je  puis  compléter  dans 
une  certaine  mesure. 

L'animal,  très  bombé,  ressemble  extraordinairement  par  sa  forme  exté- 
rieure à  Scioberetia  australis ,  autre  Laniellibranche  à  coquille  interne  que 
que  j'ai  décrit  récemment w.  Le  manteau  a  de  même  un  capuchon  anté- 

(1>  Science,  Cambridge,  i884. 

(2)    Bulletin  scient.  île  la  France  et  de  la  Belgique,  XXVII,   1895. 


—  66  — 

rieur,  un  court  siphon  anal,  une  longue  fente  pédieuse  en  continuité  avec 
celle  du  capuchon.  Mais  il  existe  <lî'  plus  chez  ('Jilaiiujdoconcha  une  courte 
cheminée  dorsale  antérieure  qui  paraît  l'aire  défaut  chez  tous  les  autres 
Lamellibranches.  Elle  donne  accès,  non  pas  dans  la  cavité  palléale,  mais 
dans  une  sorte  de  lacune  creusée  dans  l'épaisseur  du  manteau.  Celui-ci  re- 
couvre complètement  la  coquille,  qui  n'est  pas  visible  de  l'extérieur,  même 
par  transparence.  Dorsalement,  il  se  divise  en  deux  lobes  ou  lames  super- 
posés, entre  lesquels  se  trouve  la  lacune  en  question.  Le  iobe  externe  e*t 
épais,  hérissé  de  papilles  irrégulièrement  disposées,  et  très  riche  en  élé- 
ments glandulaires.  Ces  papilles,  que  l'on  trouve  sur  toute  l'étendue  du 
manteau,  sont  creusées  de  cryptes  à  longs  éléments  épithéliaux  sensitifs. 
Le  lobe  interne,  qui  se  confond  avec  la  paroi  dorsale  du  corps,  contient 
dans  son  épaisseur  la  coquille  qu'il  recouvre  et  laisse  voir  par  transparence. 
Je  pense  que  ce  lobe  interne  seul  correspond  à  la  portion  du  manteau  ré- 
fléchie sur  la  coquille  chez  Galcomma,  Scintilla  et  Sciobcretia;  le  lobe  ex- 
terne, soudé  d'ailleurs  au  précédent  dans  presque  toute  son  étendue,  pro- 
viendrait d'une  seconde  réflexion  du  manteau. 

La  coquille,  absolument  rudimentaire,  est  formée  de  deux  valves  séparées 
l'une  de  l'autre ,  allongées  en  forme  d'épée.  En  arrière  et  au  boitl  dorsal , 
se  voit  une  prodissoconque  presque  sphérique,  semblable  à  celle  de  Ga- 
leomma. En  dissolvant  les  restes  du  ligament ,  j'ai  pu  voir  au  bord  dorsal 
des  crénelures  très  nettes,  réparties  sur  une  assez  grande  longueur,  et  un 
cuilleron  ligamentaire,  qui  montrent  que  les  deux  valves  ont  dû  engrener 
longtemps.  D'autre  part,  l'examen  des  stries  d'accroissement  montre  que 
la  forme  si  spéciale  de  la  coquille  se  dessine  aussitôt  après  la  phase  pro- 
dissoconque :  la  coquille  s'accroît,  en  effet,  seulement  en  avant  et  en  ar- 
rière ,  et  non  au  bord  ventral  de  la  prodissoconque.  Elle  a  donc  dû  cesser 
de  très  bonne  heure  de  contenir  tout  l'animal. 

Cette  coquille,  en  régression  manifeste,  est  très  fragile  et  ne  donne  in- 
sertion à  aucun  muscle.  Les  adducteurs  font  complètement  défaut  comme 
l'avait  déjà  indiqué  Dali.  Les  protracteurs  du  pied,  très  volumineux,  con- 
tournent en  avant  la  masse  viscérale,  en  passant  aux  deux  coins  de  la 
bouche,  et  viennent  ensuite  en  arrière  se  confondre  avec  les  muscles  du 
support  branchial.  Les  rétracteurs  du  pied  s'étalent  énormément  sur  la 
paroi  postérieure  de  la  niasse  viscérale,  et  passent  dans  le  manteau  dans  le 
voisinage  du  siphon  anal.  Ces  deux  paires  de  muscles  antagonistes  s'ap- 
puient ainsi  sur  la  masse  viscérale,  au  lieu  de  la  traverser. 

Les  organes  internes,  d'autre  part,  sont  normaux  et  marquent  une  spé- 
cialisation moyenne.  Les  palpes  sont  bien  développés,  et  leurs  extrémités 
postérieures,  élargies  brusquement  en  triangle,  sont  hérissées  de  cotes  sur 
leurs  faces  en  regard.  Le  tube  digestif  est  très  sinueux;  un  caecum  secrète 
un  stylet  hyalin.  La  glande  digeslive,  très  volumineuse,  est  formée  d'une 
foule  <le  tubes  ramifiés  avec  de  très  nombreux  canaux  excréteurs.  Elle  occupe 


—  (17  — 

la  partie  antérieure  el  dorsale  de  l'énorme  masse  viscérale,  don!  le  reste  esl 
formé  par  la  glande  génitale.  L'animal  observé  esl  un  mâle;  Les  sexes  sonl 
séparés  tandis  que  Sciobci-etia  esl  hermaphrodite. 

Le  cœur  est  traversé  par  le  rectum.  Les  branchies  sonl  du  type  Eulamol- 
libranche,  à  quatre  feuillets  lisses,  à  jonctions  interfilamentaires  et  interfo- 
liaires.  Les  deux  reins,  volumineux,  communiquent  largement;  ils  sont 
formés  d'alvéoles  grandes  irrégulières  et  peu  compactes.  Le  canal  réno-pé- 
rirardique,  le  canal  excréteur  du  rein  en  forme  d'entonnoir,  et  l'orifice  gé- 
nital sont  très  rapprochés.  Système  nerveux  normal,  à  gros  ganglions;  les 
nerfs  paliéaux  sont  énormes. 


ïnilés.  —  C'est  exclusivement  par  le  développement  excessif  du  man- 
teau et  la  réduction  extrême  de  la  coquille  que  Cldamydoconcha  esl  un  type 
aberrant.  Pour  l'anatomie  interne,  il  est  moins  spécialisé  que  Scioberelia, 
qui  en  diffère  principalement  par  l'atrophie  des  palpes  et  la  disposition 
singulière  de  la  branchie,  réduite  à  une  seule  lame,  et  délimitant  une  ca- 
vité incubatrice.  Chîamydoconcha  me  semble  en  somme  voisin  à'Ephippo- 
donta  Taie  (1),  et  par  suite  de  Scintilla,  des  Galeonunidés  et  de  Bornia.  Sa 
ressemblance  avec  Scioberetia  tient  surtout  à  ce  que  le  développement  con- 
sidérable de  la  glande  digestive  et  de  la  glande  génitale  a  déterminé  la 
forme  globuleuse  de  la  masse  du  corps.  Enfin,  de  tous  les  Lamellibranches 
à  coquille  interne  aujourd'hui  connus,  c'est  celui  dont  la  coquille  est  le 
plus  réduite. 

Sur  quelques  conditions  favorisant  l'infection  pyocyanique 

chez  le  Cobaye, 

PAR    M.    G.    PhiSALIX. 

Depuis  que  M.  Charrin  a  montré  l'importance  en  pathologie  générale  du 
microbe  de  la  suppuration  bleue,  plusieurs  savants  ont  observé  chez  diffé- 
rents animaux,  Chien,  Fore  (Cadéac,  Galtier),  el  même  chez  l'Homme 
(Lhlers,  Neumann,  etc.)  une  maladie  infectieuse  occasionnée  par  le  Bacille 
pyocyanique.  Toutefois,  on  sait  que  cette  affection  est  relativement  très 
rare. 

Depuis  huit  ans,  j'ai  fait  un  très  grand  nombre  «l'autopsies  de  Cobayes 
morts  d'infections  spontanées  et  jamais,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  je  n'a- 
vais constaté  dans  les  cultures  du  sang  et  d'organes  malades  la  présence 
du  Bacille  pyocyanique;  or,  dernièrement,  dans  une  période  de  six  se- 
maines environ,  j'ai  observé  5  ou  6  cas  de  mort  due  à  ce  Bacille  pyocya- 

(1!  Woodward,  M.  F.  On  the  anatomy  of  tiphippondonta  MàgdottgaU  Taie.  Proe, 

Maine.  Society  London,  I.   1  S()H. 


—  68  — 

nique,  tantôt  seul,  tantôt  associé  au  Staphylococcus  aurèus.  Comme  lésions, 
j'ai  trouvé  dans  tous  les  cas  une  congestion  énorme  des  poumons  souvent 
avec  noyaux  d'hépatisation ;  deux  fois  il  existait  en  même  temps  une  con- 
gestion intense  de  la  trachée  avec  mucosités  sanguinolentes  dans  le  larynx; 
dans  deux  cas,  il  y  avait  épanchement  dans  le  péricarde  avec  quelques 
fausses  membranes  et  une  congestion  énorme  de  l'intestin  grêle.  Tons  les 
ensemencements  faits  avec  le  sang,  le  poumon,  les  mucosités  du  larynx, 
l'épanchement  péricardique  ont  donné  de  belles  cultures  verdâtres,  aroma- 
tiques, dont  l'aspect  rappelle  immédiatement  celles  du  B.  pyoeyaneus. 
Toutefois,  à  un  examen  plus  approfondi,  on  reconnaît  dans  les  cultures  de 
certains  animaux  une  coloration  jaune  verdâtre  avec  fluorescence  verte, 
mais  sans  trace  de  coloration  bleue;  du  chloroforme  agité  avec  le  bouillon 
restait  incolore  :  la  pyocyanine  faisait  défaut. 

Dans  une  autre  série  de  cultures,  non  seulement  la  pyocyanine ,  mais  encore 
l'odeur  caractéristique  manquait.  Tantôt  le  bouillon  de  culture  devient  filant . 
très  visqueux,  tantôt .,  au  contraire,  il  reste  très  fluide.  Malgré  ces  différents 
aspects,  c'est  toujours  le  même  microbe  qu'on  trouve  au  microscope.  C'est 
un  Bacille  atténué  à  ses  extrémités,  à  un,  deux  et  même  plusieurs  articles, 
très  mobile,  surtout  dans  les  premières  heures  de  la  culture.  Sur  agar,  il 
forme  des  colonies  arrondies,  un  peu  surélevées,  grisâtres  par  réflexion, 
un  peu  jaunâtres  par  transparence,  homogènes  avec  zone  granuleuse  sur 
le  pourtour.  Sur  gélatine,  petites  colonies  grisâtres  arrondies  qui  s'enfoncent 
en  cupule  et  liquéfient  assez  rapidement. 

Inoculée  au  Cobaye,  à  la  dose  de  1  centimètre  cube  sous  la  peau,  la 
culture  de  ce  microbe  amène  la  mort  en  2  à  3  jours,  avec  des  lésions 
étendues  :  œdème  hémorragique  au  point  d'inoculation,  congestion  intense 
de  l'intestin  grêle  avec  taches  hémorragiques.  Congestion  de  foie,  du 
poumon,  quelquefois  léger  épanchement  dans  le  péricarde. 

Malgré  les  différences  de  coloration  dues  à  la  présence  ou  au  défaut  de 
pyocyanine,  c'est  bien  au  même  microbe  que  nous  avons  affaire;  du  reste, 
ses  propriétés  pathogènes  sont,  à  peu  de  chose  près,  les  mêmes  dans  toutes 
les  cultures. 

Quelles  sont  les  causes  qui  ont  déterminé  la  genèse  de  cette  petite  épi- 
démie de  maladie  pyocyanique  chez  nos  Cobayes?  Je  ne  puis  encore  faire 
à  cet  égard  que  des  hypothèses  et  celle  qui  me  parait  la  plus  rationnelle 
est  tirée  de  ce  fait  que  parmi  les  conditions  de  nourriture  existant  depuis 
plusieurs  années,  une  seule  avait  été  modifiée  :  les  carottes  avaient  été 
remplacées  par  de  la  betterave.  Ou  bien  le  microbe  a  été  apporté  par  la 
betterave,  ou  bien  au  contraire  sa  pullulalion  a  été  favorisée  par  des 
troubles  spéciaux  de  la  nutrition.  De  fait,  depuis  que  j'ai  supprimé  la  bet- 
terave de  l'alimentation,  je  n'ai  plus  trouvé  le  Bacille  pyocyanique  dans 
les  organes  de  Cobayes  morts  avec  des  lésions  semblables  en  apparence. 
La  betterave  semble  donc  jouer  ici  un  rôle  important,  mais  de  nouvelles 


—  69  - 

expériences  sont  nécessaires  pour  élucider  le  mécanisme  de  l'infection.  En 
attendant,  comme  le  Staphylocoque  doré  s'est  trouvé  quelquefois  associé 
dans  les  cultures  du  sang  au  B.  pyocyaneus,  on  pouvait  se  demander  si  le 
microbe  de  la  suppuration  n'avait  pas  préparé  le  terrain  et  favorisé  l'in- 
fection pyocyanique.  Pour  résoudre  celte  question,  j'ai  séparé  par  des  cul- 
tures sur  plaques  le  Staphylococcus  aureus  associé  au  B.  pyocyaneus  dans 
une  culture  du  sang.  Un  Cobaye  reçoit  dans  la  cuisse  3  centimètres  cubes 
de  culture  de  ce  Staphylocoque.  Il  meurt  au  bout  de  trois  jours  avec  une 
infiltration  sanguinolente  énorme  et  un  commencement  de  mortification 
des  muscles.  Les  poumons  sont  très  congestionnés.  Or,  chose  curieuse, 
les  cultures  du  sang  de  ce  Cobaye  en  bouillon  et  sur  agar  ont  donné  une 
prolifération  active  du  Bacille  pyocyanique  pur,  sans  mélange  de  Staphy- 
locoque. Il  est  bien  évident  qu'ici  la  présence  dans  le  sang  du  Bacille  pyo- 
cyanique est  due  à  une  infection  secondaire.  Cette  relation  entre  le  Staphy- 
locoque et  le  B.  pyocyaneus  n'a  rien  qui  puisse  nous  surprendre,  puisque 
le  pus  bleu,  où  l'on  a  rencontré  pour  la  première  fois  le  Bacille  pyocya- 
nique est  le  produit  de  l'association  des  deux  microbes. 

Les  faits  précédents  sont  moins  intéressants  par  eux-mêmes  que  par  les 
problèmes  qu'ils  soulèvent.  On  sait  combien  la  propriété  chromogène  du 
B.  pyocyaneus  est  contingente  et  variable  sous  l'influence  des  agents  chi- 
miques et  physiques;  j'ai  montré (1)  avec  M.  Charrin  qu'une  température 
dysgénésique  appliquée  a  plusieurs  générations  successives  de  ce  microbe 
peut  lui  faire  perdre  d'une  manière  durable  cette  propriété  sans  détruire 
ses  attributs  pathogènes.  Les  fonctions  chromo-aromatiques  et  pathogènes 
ne  sont  donc  pas  liées  nécessairement  l'une  à  l'autre. 

Si  l'organisme  peut  imprimer  au  Bacille  pyocyanique,  et  cela  ne  parait 
pas  douteux,  des  modifications  analogues  à  celles  que  l'on  obtient  artifi- 
ciellement, il  est  clair  que,  dans  des  conditions  déterminées,  ce  microbe 
pourra  évoluer,  provoquer  des  désordres  et  même  occasionner  la  mort 
sans  manifester  ses  propriétés  chromogènes.  Il  [tassera  alors  inaperçu  et 
ces!  probablement  une  des  causes  pour  lesquelles  l'infection  pyocyanique 
est  si  rarement  signalée.  Aussi  en  même  temps  que  l'élude  des  causes  des 
variations  fonctionnelles  de  ce  microbe,  il  serait  intéressant  d'entreprendre 
la  recherche  de  caractères  propres  à  le  faire  reconnaître ,  même  en  l'ab- 
sence de  coloration  et  d'odeur  des  cultures. 


abolition  persistante  de  la  fonction  chromogène  du  B.  pyocyaneus.  Société 
de  Biologie,  1  893. 


s 


—  70  — 

Le  KlCKXIA    AKHIUANA    IfayTll.  AU    (jOSUO   Fli.iyiJMS  . 

par  M.  Henri  Lecomtk. 

Jusqu'à  ces  dernières  années,  les  lianes  du  genre  Landolpkia  avaient 
fourni  à  peu  près  tout  le  caoutchouc  exploité  sur  la  côte  occidentale 
d'Afrique.  Les  indigènes  savent  (Tailleurs  fort  bien  mélanger  au  latex  des 
meilleures  espèces  de  Landolphia  le  latex  d'autres  lianes  du  même  genre 
ou  appartenant  à  des  genres  voisins.  Les  forêts  du  Congo  et  des  autres 
pays  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  abondent  en  lianes  ou  en  arbres  dont 
le  latex  est  utilisé  ou  pourrait  être  utilisé  par  les  indigènes  pour  la  prépa- 
ration du  caoutchouc.  Les  genres  Ficus,  Periploca,  Tabernœmoniana ,  Ma- 
Imetia,  Clitaïidra,  Carpodinus,  Calotropis,  etc.,  viennent  s'ajouter  au  genre 
Landolphia  pour  grossir  la  liste  des  plantes  h  caoutchouc. 

Le  Kickxia  africana  Benth. ,  découvert  par  Mann  à  la  rivière  Bagroo, 
fut  déterminé  par  Bentham  en  1878.  En  1888,  on  l'utilisait  à  Accra  pour 
la  préparation  du  caoutchouc,  et  cette  exploitation  prenait  dès  ce  moment, 
à  la  Côte-d'Or,  un  développement  rapide.  Les  graines  elles-mêmes,  qui 
présentent  une  certaine  analogie  avec  celles  des  Slrop/iaidus ,  furent  vendues 
frauduleusement  à  Londres  sous  ce  dernier  nom. 

Le  Kickxia  africana  Benth.  fut  ensuite  rencontré  à  Lagos  et  à  Fcmando- 
Po.  Dans  la  colonie  anglaise  de  Lagos,  cet  arbre  a  reçu  des  indigènes  les 
noms  de  Ire,  Ireh  ou  Ereh.  A  la  suite  de  la  découverte  du  Kickxia  africana 
à  Lagos,  l'industrie  du  caoutchouc  a  pris  dans  cette  colonie  anglaise  connue 
à  Accra  un  développement  très  rapide.  Les  exportations  totales  de  caou- 
tchouc des  colonies  anglaises  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  ne  s'élevaient, 
pour  l'année  1890,  qu'à  33,876  cwts  (1,716,900  kilogr.),  représentant 
une  valeur  de  297,453  livres  sterling  à  raison  de  175  livres  le  cwt.  Sur 
cette  exportation  totale,  la  part  de  Lagos  n'était  guère  que  de  3o,ooo  à 
/10, 000  livres  sterling  en  moyenne.  Or,  pour  la  seule  année  1895,  par 
suite  de  l'exploitation  nouvelle  qui  a  été  faite  du  caoutchouc  de  kickxia,  les 
exportations  de  Lagos  ont  atteint  le  chiffre  total  de  5,069,40/1  livres  an- 
glaises représentant  une  valeur  totale  de  369,890  livres  sterling.  On  voit 
par  là  quel  essor  rapide  l'exploitation  du  caoutchouc  à  Lagos  a  reçu  de  la 
récente  découverte  du  kickxia  dans  cette  colonie. 

Sans  aucun  doute,  il  serait  intéressant  de.  rechercher  le  kickxia  dans 
notre  colonie  du  Dahomey,  puisqu'il  existe  d'une  part  à  Accra  et  d'autre 
part  à  Lagos,  c'est-à-dire  à  l'est  et  à  l'ouest  du  Dahomey. 

L'aire  d'extension  de  cette  plante  intéressante  s'étend  même  beaucoup 
plus  au  sud  sur  la  côte  occidentale  d'Afrique.  Dans  un  voyage  que  j'ai  eu 
l'occasion  d'effectuer  au  Congo  français  pendant  l'année  1893-1 89A,  pour 
la  Société  d'études  et  d'exploitation  du  Congo  français ,  j'ai  rencontré  le  ki- 
ckxia à  Kakamoeka  sur  les  bords  de  la  rivière  kouilou  par  h"  10'  de  lati- 


s 


—  71   — 

ttidë  sud  et  <)"  îô'  de  longitude  est.  Eh  admettant  que  Sierra  Leone  el 
Kàkâmoékà  soient  les  deux  points  extrêmes  d'extension  de  cet  arbre,  te  <|iii 
est  loin  d'être  prouvé,  on  le  rencontrerait  déjà  sur  une  ligne  de  côtes  dont 
le  développement  atteint  environ  '1,000  kilomètres. 

Dès  mon  premier  passage  à  Kakamôëkà,  en  octobre  1898,  mon  atten- 
tion fut  attirée  par  cet  arbre  donl  j'avais  rencontré  un  spécimen  sur  le  bord 
d'un  sentier  conduisant  d'une  factorerie  à  une  autre  et  qui,  par  la  moindre 
incision,  laissait  écouler  un  véritable  flot  de  latex.  Mais  à  ce  moment  l'arbre 
lie  portait  que  des  fruits  présentant  parleur  forme  extérieure  une  grande 
analogie  avec  ceux  de  Stropkantus.  Plus  lard  je  pus,  sur  le  même  arbre,  me 
procurer  des  Louions  avant  leur  écïôsion. 

Le  Kichxia  ne  paraît  pas  être  utilisé  par  les  noirs  de  là  région  de  K;ika- 
moekà,  car  ils  ne  lui  connaissent  pas  de  nom  indigène.  Tous  ceux  qui  ont 
Voyagé  sur  la  côte  occidentale  d'Afrique  savent  en  effel  que  les  noirs  con- 
naissent un  grand  nombre  d'arbres  leur  fournissant  des  produits  utilisables 
soit  pour  leur  alimentation,  soit  pour  la  construction  de  leurs  cases,  soit 
pour  li>  traitement  de  diverses  affections;  et  ils  les  désignent  sous  des  noms 
qui  rappellent  souvent  l'usage  qu'ils  en  font.  Or  le  Kichxia  ne  nous  a  pas 
paru  avoir  attiré  spécialement  l'attention  des  indigènes  et  n'avait  reçu  d'eux 
aucun  nom  spécial. 

LeKickxia  africana  Benth.,  tel  que  l'a  décrit  l'auteur  de  l'espèce,  est  un 
arbre  de  5o  à  60  pieds  de  haut,  à  branches  dressées,  devenant  noirâtres 
par  dessiccation.  Les  feuilles  ont  de  10  à  -2?)  centimètres  de  long  sur  h  à 
7.5  centimètres  de  large;  elles  sont  de  forme  oblongUe,  acùminées,  un  peu 
coriaces  et  comptent  huit  à  dix  nervures  latérales  sur  chaque  moitié  du 
limbe.  Le  pétale  mesure  de  k  à  1  2  millimètres  de  long. 

Les  fleurs  son!  groupées  à  l'aisselle  des  feuilles  en  cvmes  contractés.  Les 
pédoncules  ont  environ  un  demi-centimètre  de  long.  Le  calice  a  cinq  divi- 
sions; la  corolle  en  ;i  cinq  ou  six  pouvant  atteindre  12  millimètres  de  Ion;;. 
Etamines,  cinq,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Follicules  de  1  o  à  i5  cen- 
timètres de  long  environ,  déhiscents,  contenant  des  graines  terminées  par 
une  pointe  allongée  couverte  de  long  poils  renversés  vers  la  graine  au  lieu 
d'être  dirigés  en  sens  contraire  comme  riiez  les  Strophantîis.  Enfin  la  graine 
l'usilbrme,  creusée  d'un  sillon  sur  une  de  ses  faces,  contient  un  embryon  à 
cotylédons  repliés  sur  eux-mêmes  dans  le  sens  de  la  longueur  et  un  albu- 
men très  réduit. 

Le  Kichxia  cpie  nous  avons  rencontré  au  Congo  présentait  tous  les  carac- 
tères principaux  du  Kichxia  a/ricana  Benth.  Mais  les  fruits  plus  longs 
atteignent  2  5  centimètres  de  longueur  et  plus.  En  ou  Ire  les  cotylédons 
paraissent  plus  irrégulièrement  repliés  que  ceux  des  graines  de  kichxia 
(ijïic<um  provenant  de  Fernando-Po.  Enfin  les  poils  de  l'aigrette  sont  un 
peu  plus  gros  et  présentent  à  l'intérieur  des  épaississements  très  irrégulière- 
ment distribués  qui  sont   beaucoup  moins  marqués  dans  les  poils  des 


—  72  — 

graines  provenant  de  Fernando-Po.  D'ailleurs,  il  faut  bien  dire  que  les  di- 
vers échantillons  de  Kickxia  africana  que  nous  avons  pu  voir  dans  l'herbier 
de  Kew  présentaient  des  différences  de  même  ordre  et  les  graines  de  Kickxia 
de  Lagos  différaient  certainement  davantage  de  celles  de  Fernando-Po  que 
celles  du  Congo  ne  diffèrent  elles-mêmes  de  celles  de  Lagos.  Il  ne  nous 
paraît  donc  pas  possihle  de  faire  du  Kickxia  de  Kakamoeka  une  espèce  nou- 
\elle  et  nous  l'enregistrons  sous  le  nom  de  Kickxia  africana. 

L'écorce  grisâtre  de  cet  arbre  laisse  écouler  un  latex  abondant.  A  la  Côte 
de  l'Or  les  indigènes  recueillent  ce  latex  et  le  versent  dans  une  cavité 
creusée  dans  un  tronc  d'arbre  renversé;  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours, 
le  bois  a  absorbé  une  partie  du  liquide  et  une  autre  partie  s'est  évaporée; 
ou  obtient  ainsi  un  produit  qu'on  malaxe  fortement  et  qui  donne  un  caou- 
tchouc de  qualité  médiocre  valant  de  10  deniers  à  1  shilling  2  deniers  la 
livre.  A  Lagos,  les  indigènes  obtenaient  d'abord  la  coagulation  du  latex 
par  l'action  de  la  chaleur;  mais  le  caoutchouc  ainsi  produit  était  toujours 
plus  ou  moins  gluant.  Des  essais  entrepris  à  la  station  botanique  de  Lagos 
ont  permis  de  trouver  un  procédé  qui  n'a  pas  été  dévoilé  et  à  l'aide  du- 
quel on  a  obtenu  un  caoutchouc  de  bonne  qualité  qui  a  été  estimé  2  shil- 
lings 3  deniers  la  livre  par  des  commerçants  anglais  auxquels  les  échan- 
tillons ont  été  soumis. 

Les  essais  de  coagulation  que  j'entrepris  à  Kakamoeka  ne  me  donnèrent 
<pie  de  mauvais  résultats;  le  caoutchouc  obtenu  étaiL  toujours  gluant  et  col- 
Jail  fortement  aux  doigts.  Je  tentai  même,  sans  succès  d'ailleurs,  la  coagu- 
lation comme  elle  se  fait  à  Para.  Les  indications  fournies  plus  haut  montrent 
que  cette  coagulation  doit  être  l'œuvre  du  temps  plutôt  que  des  procédés 
chimiques.  On  ne  pense  pas  du  premier  jour  à  verser  du  latex  dans  une 
cavité  creusée  dans  une  bille  de  bois!  Y  penserait-on  d'ailleurs  qu'on  ne  se 
trouverait  pas  là  quelques  semaines  plus  tard  pour  apprécier  le  résultat  de 
ce  traitement  sommaire. 

Puisque  le  latex  du  Kickxia  traité  de  façon  convenable  à  Lagos  a  fourni 
du  caoutchouc  de  bonne  qualité;  puisque  cette  exploitation  nouvelle  a  été 
pour  celte  colonie  anglaise  une  source  inattendue  de  richesse,  il  convient 
de  nous  inspirer  de  cet  enseignement.  Le  Kickxia  africana  existe  au  Congo 
français  puisque  nous  l'y  avons  rencontré;  il  est  nécessaire  de  rechercher, 
comme  l'ont  fait  les  Anglais  à  Lagos,  le  moyen  pratique  d'en  tirer  un  caou- 
tchouc utilisable.  Le  Kickxia  présente  sur  les  liaues  du  genre  Landolphia 
l'avantage  appréciable  de  pouvoir  être  saigné  périodiquement  sans  détruire 
la  plante;  il  pourra  sans  doute  aussi  être  cultivé  tandis  que  la  culture  des 
lianes  a  toujours  paru  très  problématique.  Nous  espérons  donc  que  la  décou- 
verte du  Kickxia  africana  au  Congo  français  sera  pour  notre  colonie,  qui 
en  a  grand  besoin,  une  source  de  prospérité. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE. 

ANNÉE   1897.         N°  3. 


-&«&.<s— 


19e  réunion  des  naturalistes  du  muséum. 

30   MARS    1897. 


PRESIDENCE    DE   AL  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MOSECM. 


M.  lk  Président  dépose  sur  le  bureau  le  deuxième  fascicule  du 
Bulletin  pour  l'année  1897,  paru  le  a3  mars  et  contenant  les  com- 
munications laite  dans  la  réunion  du  -;3  février. 

Il  annonce  la  mort  de  M.  ThoHon,  chef  de  poste  au  Coogo,  qui 
axait  enrichi  le  Muséum  de  spécimens  d'histoire  naturelle  recueillis 
dans  cette  région  et  celle  de  M.  Lucien  Biart,  homme  de  lettres  et 
naturaliste,  qui  avait  résidé  pendant  plusieurs  années  à  Orizaha  et 
qui  avait  recueilli,  durant  son  séjour  au  Mexique,  des  collections 
ethnographiques  et  zoologiques  qui  lurent  re'parties  entre  le  Musée 
du  Trocadéro  et  du  Jardin  des  Plantes. 

Il  annonce  également  le  décès  de  M.  Victor  Lemoine,  professeur 
honoraire  à  l'École  de  Médecine  de  Reims  et  l'un  des  visiteurs  les 
plus  assidus  des  laboratoires  du  Muséum.  M.  le  docteur  Lemoine 
était  bien  connu  par  ses  travaux  sur  la  faune  tertiaire  des  environs 
de  Heims  el  par  ses  recherches  sur  le  développement  et  l'anatomie 
du  Phvlloxera. 


.MlSKlIM.   III. 


—  là 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  général  Gallieni,  commandant  le  Corps  d'occupation  et 
Résident  général  de  France  à  Madagascar,  vient  d'adresser  la  lettre 
suivante  à  M.  le  Directeur  du  Muséum  : 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  quelques  échantillons  de  plantes,  ar- 
bustes, graines  et  Oiseaux  recueillis  par  M.  le  capitaine  Delcroix,  chef  de  la 
Mission  topographique  pendant  la  reconnaissance  exécutée  de  septembre  à 
décembre  sur  la  côte  Est,  dans  le  pays  des  Betsimisaraka,  Cette  région  est 
comprise  entre  Tamatave ,  Andévorante  et  la  première  chaîne  de  montagnes 
qui  s'étend  parallèlement  à  la  mer  et  forme  la  première  assise  du  grand 
massif  montagneux  de  Madagascar. 

Ce  pays  s'étend  entre  l'ivondro  (rivière  de  Tamatave)  au  Nord  etl'Iaroka 
(rivière  d' Andévorante)  au  Sud.  Il  comprend  environ  100  kilomètres  de 
longueur  sur  3o  à  ho  kilomètres  de  largeur  de  l'Est  à  l'Ouest.  Au  pied  de 
la  montagne,  à  l'Ouest,  s'étend  un  large  plateau  bas,  découpé  par  les 
affluents  de  deux  grandes  rivières  qui  coulent  généralement  du  Nord  au 
Sud,  parallèlement  à  la  mer,  et  remontent  jusqu'à  l'ivondro.  Ces  deux 
grands  collecteurs  se  jettent  dans  le  Rianil,  grand  fleuve  aussi  important 
que  l'Iaroka.  Ils  prennent  les  noms  de  Roungarounga  et  de  Ranofotsy. 

Ce  dernier  remonte  un  peu  dans  le  massif  montagneux  au  N.  0. ,  mais 
sa  première  direction  est  continuée  au  N.  E.  par  un  grand  affluent,  appelé 
le  Rerann.  Le  Rianil,  appelé  sur  les  cartes  Ranolahy,  est  un  magnifique 
fleuve,  large  de  plusieurs  centaines  de  mètres,  généralement  très  profond. 
II  est  grossi,  à  la  sortie  du  massif  montagneux,  des  eaux  de  la  Vohitra  qui 
descend  du  plateau  de  Moramanga  sous  le  nom  de  Santandra,  rivière  dont 
le  cours  a  été  utilisé  par  le  capitaine  Doudart,  en  son  projet  de  chemin  de 
fer  de  Tananarive  à  la  côte.  Toutes  ces  rivières  sont  activement  sillonnées 
de  nombreuses  pirogues,  jusque  très  avant  daus  les  couloirs  montagneux. 

Un  grand  nombre  de  villages  Retsimisaraka  se  succèdent  sur  les  deux 
rives  de  chacun  de  ces  cours  d'eau.  La  végétation  y  est  fort  puissante  et 
formée  d'arbres  h  fleurs  et  à  fruits  de  toutes  sortes.  Les  environs  des  vil- 
lages sont  très  cultivés  en  rizières,  champs  de  manioc  et  de  patates.  De  nom- 
breux petits  sentiers  circulent  à  travers  de  hautes  herbes  ou  bois ,  témoins  des 
anciennes  forêts  qui  ont  été  brûlées  pour  le  pacage  des  troupeaux  de  Bœufs. 
La  population ,  de  mœurs  très  douces ,  est  fort  heureuse  de  la  disparition 
des  Hovas,  qui  la  pressuraient  de  toutes  façons.  Les  rivières  sont  très  pois- 
sonneuses; on  ne  trouve  guère  qu'un  seul  coquillage  terrestre  et  deux  co- 
quillages fluvialiles.  Ça  et  là ,  on  signale  de  rares  Caïmans  et  le  Requin  de 
mer,  qui  remonte  loin  dans  l'intérieur;  mais  il  serait  vain  de  chercher  aies 
voir.  Des  milliers  d'Oiseaux  de  toutes  sortes  s'échappent  des  fourrés. 


—  75  — 

A  ce  plateau  succède  à  l'Est ,  presque  à  pic  au-dessus  du  Roungarounga . 
un  haul  plateau  profondément  raviné,  qui  s'étend  longitudinalement,  pa- 
rallèlement à  la  mer,  d'Andévorante  à  Tamatave.  Il  domine  le  premier  de 
5o  à  60  mètres  et  atteint  l'altitude  de  1 1 5  à  120  mètres.  Les  profondes 
découpures  de  ce  plateau ,  d'un  parcours  des  plus  difficiles ,  sont  formées 
par  d'immenses  ravins,  à  pfntes  très  raides  et  boisées  en  grande  partie  de 
Ravenalas.  lis  recueillent  les  eaux  du  plateau  et  vont  former  la  suite  ininter- 
rompue des  jolis  lacs  d'eau  douce  qui  s'étendent  parallèlement  à  la  mer, 
d'Viidévorante  à  Tamatave,  le  long  et  au  pied  des  pentes  du  talus  oriental 
de  ce  plateau  allongé.  H  résulte  de  ceci  que  tous  ces  lacs  forment  une  série 
de  petits  bassins  particuliers;  ils  ne  sont  nullement  salins,  leur  altitude 
étant  de  5,  6,  7  et  8  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Aucun  d'eux 
n'est  constitué  par  l'évasement  ou  le  delta  d'un  grand  fleuve  à  son  embou- 
chure. Ça  et  là  un  déversoir  mène  le  trop  plein  des  eaux  à  la  mer. 

Les  grands  cours  d'eau  n'ont  que  de  courtes  portions  droites ,  normales 
à  la  côte;  ils  remontent  aussitôt  dans  l'intérieur,  parallèlement  à  la  mer 
dans  de  longues  et  larges  failles ,  grands  couloirs  formés  par  les  chaînes 
parallèles  et  successives  qui  s'étendent  étagées  jusqu'à  l'arête  centrale. 

Veuillez  agréer  l'envoi  avec  toutes  ses  imperfections;  il  a  été  recueilli  en 
marchant  et  collectionné  au  jour  le  jour,  ainsi  que  les  renseignements  portés 
sur  les  sachets  ou  les  échantillons  eux-mêmes,  quand  les  indigènes  pou- 
vaient les  donner. 

Il  vous  sera  adressé  ultérieurement  des  photographies  exécutées  au  pho- 
tolhéodolite  Laussedat  et  donnant  l'aspect  du  pays  en  deux  points  géodé- 
siques  bien  déterminés. 


M.  Coutikrë,  chargé  de  mission  à  Obock  et  Djibouti,  a  adressé 
au  Directeur  du  Muséum  une  lettre  d'où  nous  extrayons  les  pas- 
sages suivants  : 

Djibouti,  k  mars   1897. 

Les  observations  que  j'ai  pu  faire  portent  principalement  sur  les  Aiphées 
et  se  ressentent,  à  mon  grand  regret,  du  peu  de  temps  que  je  puis  leur 
consacrer.  Rien  que  mes  grands  vases  de  verre,  arrivés  intacts,  me  rendent 
les  plus  grands  services,  ils  ne  remplacent  pas  des  bacs  où  l'eau  circule,  et 
il  est  difficile  d'y  faire  vivre  les  animaux  vingt-quatre  heures.  Lorsque  je 
fais,  par  suite,  une  récolte  abondante,  je  dois,  d'ordinaire,  en  tirer  le 
même  jour  tout  le  parti  possible.  J'ai  extrait,  hier  soir,  des  Eponges  où  ils 
vivent,  une  centaine  d' Aiphées,  petites  espèces  à  front  tridenté,  et  quelques 
rares  exemplaires  d*une  magnifique  Porcellane;  j'ai  dû  les  fixer  au  formol 
de  suite,  tous  eussent  été  morts  ce  matin.  De  plus,  les  aubaines  semblables 
sont  rares,  et  je  regrette,  à  ce  point  de  vue,  de  n'avoir  pas  fait  mon  voyage 
en  décembre  au  moins,  les  grandes  marées  étant  beaucoup  plus  nombreuses 

6. 


—  76  — 

et  surtout  plus  fortes  pendant  les  trois  derniers  mois  de  l'année.  J'ai  pro- 
fité avec  empressement  des  occasions  d'aller  à  Obock  et  à  Tadjourah,  qui, 
grâce  à  M.  Jousseaume,  nous  ont  été'  offertes.  Je  n'ai  pu  y  effectuer  que  de 
courtes  recherches,  mais,  autant  que  je  puis  en  juger,  ces  localités  sont 
moins  favorables  que  Djibouti.  Celte  impression  m'a  été  confirmée  par 
M.  Jousseaume,  Djibouti  étant,  d'après  lui,  une  des  localités  offrant  le  plus 
d'étendue  et  de  variété  dans  les  espaces  qui  découvrent. 

J'ai  observé  à  la  limite  extrême  de  la  table  madréporique  et  sur  la  cein- 
ture de  grosses  pierres  qui  la  bordent  une  Astérie  remarquable  par  la  faci- 
lité avec  laquelle  elle  se  refait  les  bras.  Est-ce  parce  que  justement  elle  est 
exposée  à  de  fréquents  accidents  de  ce  genre  par  la  violence  île  la  vague? 
Il  est,  en  tous  cas,  assez  rare  de  la  trouver  régulière;  et  je  rapporte,  entre 
autres,  un  bras  séparé,  s'étant  refait  une  couronne  de  quatre  autres  à  peine 
distincts  encore. 

J'ai  pu  observer  à  l'œuvre,  parmi  les  Zostères,  une  troupe  de  grands 
Slrombes  au  moment  de  la  ponte,  couvrant  de  leurs  coques  les  pierres  el 
même  les  coquilles  de  leurs  voisins.  La  façon  dont  ils  moulent  ces  coques, 
ressemblant  à  des  graines  àWeliantkus,  est  fort  curieuse,  et  M.  Jousseaume 
m'a  déclaré  ne  l'avoir  jamais  vue.  J'ai  nettement  observé  l'aspect  gaufré 
de  la  membrane  sécrétante,  lorsqu'on  l'arrache  de  la  ponte  qu'elle  recouvre, 
l'opercule  étant  rejeté  verticalement  sur  le  côté. 

Un  des  Pères  de  la  mission  d'ici  m'a  procuré  un  singulier  parasite 
provenant  du  nez  d'une  jeune  fille  Oromo.  La  patiente  semblait  indiquer 
qu'il  provenait  d'un  Çoléoplère,  Blaps  ou  Pimelia,  très  abondant  ici;  de 
fait,  il  ressemble  assez  à  une  Lingualuie,  à  grosse  tête  hexagonale,  long 
de  près  de  1  o  millimètres. 

Ceci  m'amène  à  parler  des  parasites  des  Poissons.  J'en  ai  enfin  trouvé 
quelques-uns  sur  quatre  ou  cinq  douzaines  de  Poissons  que  j'ai  minutieu- 
sement examinés  à  la  loupe  des  branchies  aux  nageoires.  C'est  au  moins  un 
encouragement  qui.  j'espère,  se  traduira  par  quelques  résultats  encore. 

Les  pêches  pélagiques  sont  assez  fructueuses;  elles  étaient,  ces  jours-ci, 
rendues  laborieuses  par  la  présence  de  Ptéropodes  en  très  grande  quantité. 
Elles  se,  font  très  bien  avec  les  canots  qu'on  trouve  ici  marchant  k  l'aviron. 

J'ai  capturé  quelques  jolies  Salicoques,  assez  rares,  qui  cherchent  pro- 
tection dans  le  disque  épanoui  d'immenses  Actinies.  L'espèce  du  genre 
Arête  que  j'ai  trouvée  ici  possède  un  singulier  habitat  :  on  la  trouve  con- 
stamment incluse  entre  les  piquants  d'un  petit  Oursin  d'un  rouge  violet 
dont  elle  a  absolument  la  couleur;  elle  est  assez  commune.  Il  en  est  de 
même  de  quelques  espèces  à'Athanas,  des  deux  espèces  du  genre  Jousseau- 
meia  que  je  croyais  très  rares. 

J'explore  avec  un  soin  tout  particulier  les  Éponges  dont  je  parlais  en 
commençant.  Lorsqu'elles  sont  d'un  peu  grande  tnillc,  ce  sont  de  véritables 
hôtelleries  où  l'on  trouve,  outre  les  Alphées,  des  Thalassiniens,  des  Pon- 


—  77  — 

tonies,  des  Annélides,  dos  Ophiures  et,  dans  les  cavités  accidentelles,  des 
(ionodactyles  et  des  Crabes. 

Les  petits  Madrépores,  très  branchus  et  vivants  que  l'on  trouve  çà  et  là 
sur  la  table  du  récif,  recèlent  de  la  façon  la  plus  constante  Alpheus  îœvis 
en  compagnie  de  Poissons,  de  petits  Crabes  et  d'Ophiures,  tout  aussi  con- 
stants. La  forme  très  comprimée  de  cet  Alphée  m'avait  donné  l'espoir  de 
découvrir,  dans  le  même  habitat,  l'introuvable  Racilius  (Paulson.)  que  je  n'ai 
pas  encore.  Dans  les  mêmes  Madrépores,  morts  et  envahis  par  les  Eponges 
et  les  Algues,  se  trouve  une  belle  espèce  voisine  de  A.  lobifrons.  C'est  dans 
une  cavité  centrale,  creusée  je  ne  sais  comment,  que  se  trouve  prisonnier 
un  fort  beau  Crabe,  vivant  aussi  d'ailleurs  librement  dans  les  (laques  d'eau 
avoisinantes. 

Dans  la  table  superficielle  des  Madrépores,  on  trouve  fréquemment  Al- 
pheus obeso-manus,  d'une  belle  couleur  jaune  uniforme  et  vivant  constam- 
ment par  couples.  C'est  du  reste  là  une  règle  très  générale  s'appliquant  sans 
exception  aux  espèces  vivant  dans  les  Eponges,  et  seulement  plus  difficile 
à  constater  pour  celles,  plus  vagabondes,  que  l'on  trouve  sous  les  pierres, 
et  dont  A.  Edwardsi  (Andoin)  est  le  type.  Celte  dernière  espèce  est  parfai- 
tement définie  comme  forme  et  coloration,  et  se  distingue  à  première  vue 
à' A.  slrennus  que  je  n'ai  pu  définir  au  laboratoire  qu'au  prix  d'interminables 
mensurations.  A.  .slrennus,  à  cause  de  sa  grande  taille,  est  précieux  pour 
l'étude;  j'ai  pu  vérifier  sur  le  vivant  la  particularité  que  présente,  quant  à 
sou  enveloppe  protectrice,  la  chaîne  nerveuse,  et  j'en  ai  injecté  autant  que 
j'ai  pu.  Bien  qu'assez  pacifique,  cette  espèce  fait  entendre,  lorsque  par 
exemple  on  excite  l'un  contre  l'autre  deux  individus,  un  bruit  d'une  force 
étonnante.  Ce  claquement  est  tout  à  l'ait  comparable  à  la  détente  d'un  chien 
de  pistolet,  le  doigt  mobile  qui  le  produit  commençant  par  s'armer  lente- 
ment jusqu'à  dépasser  la  verticale.  L'effort  du  muscle  qui  fait  pour  ainsi 
dire  partir  le  coup  doit  commencer  par  tendre  fortement  le  tendon  abduc- 
teur, de  sorte  que  le  doigt  mobile  est  lancé  avec  une  vitesse  initiale  très 
grande,  comme  sous  l'action  d'un  ressort,  et  n'est  pas  soumis,  comme  dans 
la  pince  d'un  Crabe  par  exemple,  à  l'action  lente,  graduelle  et  toujours 
présente  du  muscle.  L'explication  que  je  donne  de  ce  mécanisme  est  appuyée 
par  un  détail  assez  curieux,  qui  m'avait  frappé  sur  l'animal  conservé.  Sur 
la  face  dorsale  du  doigt  mobile,  et  très  près  de  sa  base  d'insertion,  est  un 
petit  disque  très  net,  blanc  et  poli,  qui,  lorsque  le  doigt  est  armé,  vient 
s'appliquer  sur  son  correspondant  situé  sur  la  paume.  J'ai  été  très  surpris 
de  constater,  dans  cette  position,  une  adhérence  assez  forte,  parfaitement 
sensible  lorsqu'on  cherche  à  fermer  la  pince,  les  deux  surfaces  en  question 
s'appliquant  vraisemblablement  l'une  sur  l'autre  comme  deux  plaques  de 
verre  mouillées.  Les  épipodites  des  pattes  thoraciques  servent  évidemment. 
au  moyen  des  touffes  de  soies  qu'ils  embrassent,  au  nettoyage  et  à  l'aération 
delà  chambre  Branchiale;  on  voit  distinctement  par  Iransparence ,  pendant 


—  78  — 

la  marche,  ces  soies  s'agiter  en  tous  sens  dans  cette  cavité.  Je  ne  sais  si  elles 
servent  vraiment  à  obtenir  la  synergie  des  mouvements  pendant  la  natation  ; 
celle-ci,  assez  lente,  se  fait  toujours  en  ligne  droite,  les  pinces  étendues 
au  moyen  des  pléopodes.  Lorsque  l'animal  veut  changer  de  direction,  le 
poids  de  ses  pinces  l'oblige  à  une  manœuvre  fort  curieuse.  Il  s'asseoit  pour 
ainsi  dire  sur  son  telson  pour  faire  décrire  à  ses  volumineux  appendices  le 
demi-cercle  nécessaire.  La  deuxième  paire  de  pattes  est  constamment  en 
mouvement,  explorant  en  tous  sens,  grâce  à  son  carpe  multiarticulé ,  les 
environs  du  trou  où  se  tient  l'animal,  qu'il  est  facile  de  voir  avec  un  peu  de 
patience  et  qui,  avec  sa  petite  pince,  saisit  même  volontiers  ce  qu'on  lui 
présente,  le  doigt  par  exemple,  auquel  il  assène  un  coup  violent  qui  peut 
entamer  la  peau,  avec  son  autre  pince. 

Parmi  les  animaux  terrestres ,  j'ai  capturé,  il  y  a  quelque  temps,  un  ma- 
gnifique Solifuge  ressemblant  à  une  Phryne  par  son  abdomen  articulé,  mais 
n'ayant  pas  les  longues  pattes  filiformes ,  et  pourvu  surtout  de  quatre  énormes 
mandibules  verticales  qui  doivent  en  faire  un  dangereux  animal.  J'ai  même 
trouvé  un  très  jeune  de  l'espèce  et  me  propose  de  rechercher  avec  soin  la 
femelle  qui  pourrait,  comme  je  l'ai  constaté  une  fois  pour  un  Scorpion,  être 
couverte  de  ses  petits  nouvellement  éclos. 

Je  recuedle  le  plus  possible ,  et  malgré  le  nombre  assez  grand  de  tubes 
dont  je  m'étais  muni,  je  suis  loin  de  pouvoir  diviser  mes  récoltes  autant 
(pie  je  le  voudrais  pour  leur  meilleure  conservation.  Je  crois  que  le  formol, 
et  surtout  le  formol  sucré ,  s'ils  sont  excellents  pour  conserverie»/  d'animaux 
dans  beaucoup  de  liquide,  ne  présentent,  dans  le  cas  opposé,  que  l'avantage 
de  leur  facile  transport;  car  peu  de  couleurs  y  résistent  vraiment.  L'acétate 
de  soude  paraît  conserver  très  bien  les  Poissons. 


M.  Ed.  Foa,  chargé  d'une  mission  du  Ministère  de  l'instruction 
publique  dans  l'Afrique  centrale  (Région  des  Grands  Lacs),  se  trou- 
vait, au  mois  de  janvier  1897,  à  Tête  (Haut-Zambèze).  Dans  une 
lettre  adressée  au  Directeur  du  Muséum,  il  donne  quelques  détails 
sur  la  distribution  géographique  de  diverses  Antilopes  et  Pachy- 
dermes qui  ne  se  rencontrent  pas  dans  la  région  du  Haut-Zambèze. 
D'après  lui,  le  Steinboch  habite  exclusivement  le  Sud  de  l'Afrique  et 
s'arrête  en  Matabélé;  YOrébi  ou  Ourébise  trouve  dans  la  même  con- 
trée, au  Sud  du  Zambèze  et  de  la  Mashonaland;  le  Grijsbock  vit 
encore  dans  la  même  région  et  a  été  rencontré  au  Damaraland;  le 
Bubalis  caama  et  le  Pooko  habitent  le  Sud  du  Zambèze  et  le  Masho- 
naland; le  Bubalis  Cookei  et  le  Blue  Wildebeest,  l'Afrique  orientale 
allemande  et  la  région  du  Tanganyika,  la  dernière  espèce  se  ren- 


—  79  — 

contrant  aussi  dans  l'Afrique  australe;  YOryx  gazella  est  propre  à 
l'Afrique  australe,  au  Sud  du  Zambèze;  YOryx  leucoryx  à  l'Afrique 
occidentale  Sud;  YOryx  beisa,  au  Somaliland  et  à  l'Afrique  orientale 
allemande;  enfin  le  Tragelapkus  Spekei,  qui  est  excessivement  rare, 
ne  se  trouve  plus  qu'aux  Victoria  Falls  et  dans  le  Sud  de  la  région 
du  Zambèze. 

tr  Quant  au  Rhinocéros  simus ,  ajoute  M.  Foa,  il  a  disparu  de  ces 
régions.  On  en  a  tué  deux  en  1892  sur  le  Haut-Zambèze,  près  des 
Chutes  Victoria;  ce  sont  les  derniers  dont  on  ait  parlé.  Je  crois  qu'ils 
sont  dans  la  collection  de  l'Hon.  Walter  Rotschild  de  Londres.  De- 
puis 1 8 9 3 ,  malgré  toutes  mes  recherches,  je  n'ai  pu  trouver  trace 
de  ces  animaux,  m 

M.  Foa  donne  ensuite  la  liste  des  spécimens,  au  nombre  de  1&7, 
qu'il  adresse  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  Cette  collection  com- 
prend des  Mammifères  (Singes,  Chiroptères,  Insectivores,  Carnas- 
siers, Rongeurs,  Ruminants,  Equidés,  etc.),  des  Oiseaux,  des  Rep- 
tiles, des  Crustacés,  des  Insectes  et  des  Vers  intestinaux.  Il  annonce 
qu'il  compte  se  mettre  en  route  pour  le  lac  Tanganyika  aussitôt 
que  les  pluies  auront  cessé  et  qu'en  dépit  des  difficultés  de  plus  en 
plus  grandes  qu'il  rencontrera  en  s'avançant  dans  l'intérieur,  il 
s'efforcera  de  faire  parvenir  au  Muséum  de  nouveaux  envois. 

M.  Gierra,  par  une  lettre  datée  de  Tanga,  le  9  février  1897, 
annonce  l'envoi  au  Muséum  de  deux  caisses  contenant  divers  échan- 
tillons d'histoire  naturelle  :  herbier,  squelettes,  peaux  de  Mammi- 
fères et  d'Oiseaux,  Reptiles,  Insectes  Coléoptères  et  Lépidop- 
tères, etc.  W. 


M.  le  capitaine  Radisson,  commandant  le  Secteur  de  Dong-Dang 
dans  le  cercle  de  Lang-Son  (Indo-Chine),  écrit  à  M.  le  Directeur 
du  Muséum,  le  25  janvier  1897,  que,  ses  occupafions  lui  laissant 
(|uelques  loisirs,  il  se  met  à  la  disposition  des  professeurs  du  Mu- 
séum pour  recueillir  des  collections  d'histoire  naturelle.  11  se  pro- 
pose de  commencer  par  former  un  herbier  de  toutes  les  plantes  du 
Tonkin  qu'il  pourra  se  procurer. 


'■'   Ces  misses  viennent  d'arriver  au  Muséum. 


—  80  — 

M.  Bouvier  annonce  que  M.  Pôbéguin,  administrateur  colonial, 
\ient  d'offrir  au  laboratoire  d'entomologie  une  intéressante  collection 
d'Arthropodes  qu'il  a  recueillis  sur  la  Cote  d'Ivoire,  durant  son 
dernier  séjour  dans  ce  pays.  Parmi  les  matériaux  de  valeur  qui  se 
trouvent  dans  cette  collection,  M.  Bouvier  signale  des  embryons  de 
Phrynes,  presque  mûrs,  et  en  parlait  état  de  conservation.  Ces  em- 
bryons ont  été  remis  à  M1'0  Sophie  Pereyaslawzewa  qui  étudie  de- 
puis plus  d'une  année  l'embryologie  des  Pédipalpes,  et  lui  permet- 
tront de  combler  une  lacune  regrettable  dans  le  travail  important 
qu'elle  publiera  bientôt  sur  ce  sujet.  M.  Bouvier  est  heureux  de  té- 
moigner sa  reconnaissance  à  M.  Pôbéguin  qui,  malgré  sa  santé 
affaiblie  par  un  long  séjour  dans  nos  colonies  africaines,  n'a  rien 
négligé  depuis  dix  ans  pour  enrichir  les  collections  entomologiques 
du  Muséum. 


M.  De.niker  présente  à  la  réunion  des  naturalistes  la  deuxième 
livraison  de  sa  Bibliographie  des  travaux  scientifiques  publiés  par  les 
sociétés  savantes  de  la  France  rédigée  sous  les  auspices  du  Ministère 
de  l'instruction  publique  (Paris.  1897,  900  p.  in-6"  en  deux  co- 
lonnes). 

Ce  fascicule  contient  le  dépouillement  des  publications  de  \k  dé- 
partements (Gard  —  Loire-Inférieure)  soit  6,024  articles,  dont 
un  grand  nombre  avec  notes  analytiques.  Les  deux  tiers  du  fas- 
cicule sont  consacrés  aux  recueils  des  sociétés  de  Bordeaux,  de 
Montpellier  et  de  Toulouse,  dont  quelques-uns  remontent  au  com- 
mencement du  xvme  siècle. 

M.  Deniker  annonce  également  qu'il  a  commencé  une  table  ana- 
lytique sur  fiches,  par  noms  d'auteurs  et  par  matières,  pour  le 
premier  fascicule  de  son  travail  et  que  bientôt  on  pourra  la  consul- 
ter à  la  Bibliothèque.  Il  en  sera  de  même  pour  ce  fascicule  et  poul- 
ies suivants,  en  attendant  la  table  du  volume  entier. 


M.  le  professeur  Bureau  fait  hommage  à  la  bibliothèque  du  Mu- 
séum du  deuxième  et  dernier  fascicule  de  la  Monographie  des  Bi- 
gnoniacées  qu'il  vient  de  publier  en  collaboration  avec  M.  Ch. 
Schumanu.  Ce  fascicule  et  celui  qui  a  été  présenté  précédemment 
à   la   réunion   des  Naturalistes  du    Muséum   renferment  ensemble 


—  81  — 

T>;5  planches  in-folio  M.  L'ouvrage  fait  partie  de  la  Flora  brasilienm 

piihli(:  sons  les  auspices  du  gouvernement  brésilien. 


M.  le  professeur  Gréhant  présente  deux  thèses  de  doctorat  en 
médecine,  qui  viennent  d'être  soutenues  par  deux  anciens  élèves  de 
son  laboratoire  :  M.  le  Dr  Gaston  Lebas,  licencié  es  sciences  phy- 
siques et  M.  le  Dr  J.  Banes,  licencié  es  sciences  naturelles,  phar- 
macien de  ire  classe.  La  thèse  de  M.  le  D1'  Lebas  a  pour  titre  : 
Recherches  sur  l'immunité  contre  l'action  anticoagulante  des  injections 
intra-vasculaires  de  propeptone;  celle  de  M.  te  D'  Banes  :  Recherches 
expérimentales  sur  les  accidents  consécutifs  aux  inhalations  prolongées 
d" acide  carbonique. 


COMMUNICATIONS. 


SlLUROÏDE  NOUVEAU  DE  lAfRIQUE  ORIENTALE  (ChIMARRHOGLANIS  LeROYI), 

par  M.  Léon  Vaillant. 

Le  Siluroïde  qui  l'ait  l'objet  de  cette  noie,  par  son  épiptère  rayonnée 
courte,  située  entre  les  pectorales  et  les  ventrales,  sa  membrane  branchio- 
lège  libre,  se  place  dans  la  sous-famille  des  Protf.roptkr.*:  et,  par  ses  na- 
rines écartées,  la   postérieure  sans  tentacule,  appartient  à  la  section  des 

PlMELODINA. 

(i.  <  himarrhoglanis  a.  g. 

<]apul  subtus  et  abdomen  compianata;  rostrum  semicirculare.  Cirri  6;  mandibu- 
lares  in  série  transverse  disposili,  externi  fere  ad  commissuram  buccalem  perti- 
nentes. Nares  distantes,  anlerior  cncnlli  instar,  poslerior  valvula  instrncta.  Ocnli 
snperi,  parvi,  sine  palpebris.  Palatum  edentulum.  Membrana  brancbiostega  rétro 
libéra,  in  tnedio  obtuse  emarginata.  Epipteia  radiifera  radiis  7,  primus  liaud  vere 
aculeatus;  adiposa  parva,  remotissima,  brevis,  paruni  elevala.  Radins  externus 
pinnarum  parium  carnosus,  complanalus,  falciformis,  subtus  acute  strialus  (at  sal- 
tem  calopedibns):  heae  pinnœ  horizontales. 

Ce  genre,  par  la  disposition  de  ses  nageoires  paires  et  l'absence  de  repli 
palpébral,  paraît  se  distinguer  facilement  de  tous  ceux  aujourd'hui  pla- 
cés parmi  les  Pijielodina.  En  ce  qui  concerne  spécialement  ceux  signalés  de 


1    Voir  Bulletin  </»  Muséum,  189G,  t.  II.  n"  X,  p.  3li(i. 


—  82  — 

la  Région  éthiopienne,  par  sa  membrane branchiostège  faiblement  échancrée 
il  se  rapprocherait  des  Auchenoglanis  Gïmther,  et  Ancharius  Steindachner 
(1880),  mais  l'un  et  l'antre  de  ceux-ci  présentent  des  aiguillons  osseux 
réellement  défensifs  à  l'épiptère  rayonnée  et  aux  pleuropes,  ainsi  qu'un 
bouclier  céphalique  distinct:  le  premier  a  de  plus  le  museau  allongé, 
pointu.  Les  Pimelodus  vrais  ont  la  membrane  branchiostège  profondément 
échancrée  et  un  repli  palpébral  circulaire. 

Je  crois  devoir  également  dire  un  mot  du  genre  Douniea  Sauvage  (1 878), 
qu'on  a  rapporté  aux  Pimelodina,  mais  qui  serait  peut-être  mieux  à  sa 
place  parmi  les  Doradina,  la  membrane  branchiostège  étant  soudée  à 
l'isthme,  sur  une  petite  largeur  il  est  vrai,  mais  cependant  d'une  manière 
incontestable,  comme  le  montrent  les  commissures  branchiales  inférieures 
nettement  séparées.  La  disposition  des  nageoires  paires  est  la  même  que 
pour  le  genre  Chimarrhoghnis ;  toutefois  le  museau  est  allongé,  pointu, 
l'adipeuse  se  trouve  au  milieu  de  la  distance  qui  sépare  l'épiptère  rayon - 
née  de  l'uroptère,  pour  ne  citer  que  ces  deux  caractères  très  frappants.  La 
faiblesse  des  dents  mandibulaires  qu'on  ne  découvre  qu'à  un  fort  grossisse- 
ment, les  barbillons  hérissés  de  petits  tubercules,  sont  autant  de  caractères 
(pu  indiqueraient  des  affinités  avec  les  Synodontis. 

Ghimarrhoglanis  Leroyi  sp.  n. 

D.  7;  A.  9  +  V.  6. 

L'espèce  pourrait  être  considérée  comme  suffisamment  définie  par  ses 
caractères  génériques;  toutefois,  pour  la  comparaison  dont  il  sera  question 
plus  loin,  une  description  sommaire  aura  son  utilité. 

L'aspect  général  rappelle  d'une  manière  frappante  celui  des  Exostoma, 
la  tête  étant  déprimée,  plate  en  dessous,  le  tronc  également  plan  à  la  ré- 
gion abdominale,  le  pédoncule  caudal,  au  contraire,  comprimé,  élevé. 

La  hauteur  fait  un  peu  plus  de  1/6  ;  la  largeur  2/9  de  la  longueur  du 
corps,  dans  laquelle  la  tête  entre  pour  i/4,  l'uroptère  ayant  à  peine  1/6  de 
cette  même  dimension. 

Bouche  faiblement  arquée,  presque  transversale;  dents  fines  aux  deux 
mâchoires ,  en  plaques  prolongées  en  pointes  latéralement  en  arrière  aux 
maxillaires,  atténuées  en  croissant  extérieurement  pour  les  deux  mandi- 
bules; lèvres  et  tégument  de  la  gorge  papilleux,  un  repli génien  anguleux, 
donnant  lieu  à  une  fossette  mentonnière.  Barbillons  légèrement  aplatis, 
surtout  les  maxillaires,  qui  dépassent  très  peu  l'opercule;  les  mandibu- 
laires bien  plus  rapprochés  l'un  de  l'autre  de  chaque  côté  que  ne  le  sont 
entre  eux  les  deux  médians,  l'externe  placé  très  près  et  juste  au-dessous 
de  la  commissure ,  qui  se  prolonge  en  une  sorte  de  court  tubercule  charnu  ; 
c'est  le  plus  long  des  deux,  il  dépasse  un  peu  l'insertion  du  rayon  pectoral 
externe.  Narines  sur  la  partie  antérieure  du  museau  bien  que  l'antérieure 


—  83  — 

soit  à  une  distance  du  bord  Libre  un  peu  plus  grande  que  la  distance  qui 
la  sépare  de  la  postérieure;  cette  dernière  distance  étant  environ  1/12  de 
la  longueur  de  la  tête.  OEil  ayant  1/10  de  cette  dernière  dimension,  et  l'es- 
pace interorbitaire  \jk.  Orifice  branchial  large;  membrane  branchiostège 
échancrée  au  milieu  en  angle  très  obtus,  libre  à  son  bord  postérieur,  mais 
sur  une  faible  étendue  à  la  partie  centrale,  le  rapbée  médian  d'adhérence 
se  prolongeant  en  arrière  jusqu'à  une  très  petite  distance  du  sommet  de 
l'éehancrure  anguleuse;  le  tégument,  sur  la  ligne  médiane,  ne  présente 
pas  les  saillies  papilleuses,  on  y  voit  au  contraire  un  sillon  longitudinal, 
qui,  au  premier  abord ,  pourrait  faire  croire  que  la  membrane  branchiale 
est  divisée  en  ce  point. 

Anus  un  peu  en  arrière  du  tiers  postérieur  de  la  longueur  du  corps; 
une  papille  anale  très  nette. 

Origine  de  la  première  dorsale  assez  exactement  au  tiers  antérieur  du 
corps,  courte,  la  longueur  de  sa  base  égalant  à  peine  moitié  de  la  longueur 
de  la  tête,  et  environ  aussi  haute  que  le  corps;  premier  rayon  flexible,  sauf 
peut-être  dans  sa  moitié  basilaire  ;  adipeuse  à  une  distance  de  la  précédente 
au  moins  triple  de  la  base  de  celle-ci,  peu  développée,  sa  longueur  étant  à 
peu  près  égale  à  la  hauteur  du  corps  ,  mais  sa  hauteur  à  peine  i/5  ou  1/6 
de  cette  même  dimension.  Hypoptère  également  médiocre,  placée  au-dessous 
de  la  précédente,  les  trois  premiers  rayons  simples,  peu  visibles.  Urop- 
tère  à  peine  émarginée ,  ses  lobes  arrondis.  Nageoires  paires  plutôt  courtes, 
les  pleuropes  s'arrêtent  au  milieu  de  la  distance  qui  les  sépare  des  ca- 
topes,  lesquelles  dépassent  l'anus,  sans  atteindre  à  beaucoup  près  l'origine 
de  l'hypoptère;  elles  sont  remarquables  par  leur  direction  horizontale ,  leur 
élargissement  en  palette  dû  surtout  à  la  forme  particulière  du  rayon  ex- 
terne, aplati  en  lame  de  sabre  et  finement  strié  en  dessous,  cette  dernière 
disposition  étant  particulièrement  nette  aux  catopes,  moins  visibles  aux 
nageoires  paires  antérieures. 

Dans  son  état  actuel  de  conservation,  l'individu  est  uniformément  d'un 
gris  rosé,  un  peu  plus  foncé  sur  la  tête,  un  peu  plus  pâle  et  jaunâtre  aux 
nageoires. 


,100* 


Longueur 11  -y"""  // 

Hauteur 91  18 

Epaisseur an  a  3 

Longueur  de  la  tète 29  a5 

de  l'uroplère 10  16 

—        du  museau 1  h  48 

Diamètre  de  l'œil 3  10 

Espace  interorbitaire 7  2/1 

N°  97-3.  Coll.  Mus. 

Hab.  —  Zanguebar.  torrent  de  Mrogoro,  par  600  mètres  d'altitude. 


—  Sa- 
li serait  bien  possible  que  le  Pimèlodvs  platyehir  Gûnther,  de  Sierra 
Leone,  fui  une  espèce  voisine,  car  beaucoup  de  caractères  paraissent  com- 
muns cbez  ces  deux  Silures,  à  en  juger  par  la  description  donnée  dans  le 
Catalogue  du  Musée  britannique,  laquelle  seule  m'est  connue.  L'aspect  gé- 
néral, la  disposition  des  nageoires  paires,  sont  les  mêmes.  Toutefois,  il  est 
expressément  dit  que  cries  membranes  brancbiostèges  ne  sont  pas  attachées 
à  l'isthme  et  seulement  unies  faiblement  en  avant»,  fait  d'une  grande  im- 
portance. Gomme  différences  de  moindre  valeur  citons  :  la  longueur  de  la 
dorsale,  dont  la  base  serait  à  peine  plus  de  moitié  de  sa  distance  à  l'occi- 
put, taiviis  que  dans  notre  espèce  elle  équivaut  aux  3/4  de  celle-ci,  l'adi- 
peuse ayant  la  même  longueur  que  la  dorsale,  l'uroptère  émarginée,  à 
angles  prolongés,  enfin  l'anus  sérail  sensiblement  plus  en  avant. 

Monseigneur  Le  Roy,  qui  a  donné  au  Muséum  cet  individu  ,  ajoute  qu'il 
est  de  la  taille  ordinaire;  les  indigènes  le  désignent  sous  le  nom  de  Mmi- 
gangala,  ce  Poisson  est  rare.  Bien  que  nous  n'ayons  aucun  détail  précis  sur 
les  mœurs  de  l'animal,  qui,  depuis  plusieurs  années,  était  conservé  au 
laboratoire,  dans  l'espérance  de  voir  arriver  d'autres  représentants  d'une 
aussi  curieuse  espèce,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  n'habite  des  ruisseaux 
torrentueux,  dans  lesquels  la  faculté  d'adhésion  que  lui  donnent  la  dis- 
position de  sa  face  ventrale  et,  celle  de  ses  nageoires  paires  lui  permet  de 
lutter  contre  la  violence  du  courant  et  de  ramper  à  la  surface  des  corps 
submergés,  comme  le  font  les  Exostoma  Blvth.  les  Glyptosternùm  M'Cleï- 
land,  les  Gastromyzon  Gûnther,  et  d'autres  Poissons. 

Le  torrent  de  Mrogoro  sort  des  monls  Orougourou.  situés  dans  l'Ou- 
kami;il  coule  toute  l'année,  sur  des  roches  granitiques  el ,  vers  3oo  mètres 
d'altitude,  dans  la  plaine,  se  jette  dans  le  Lounguér.  ngéré,  affluent  du 
kingani  ou  Roufou. 


Sur  quelques  exemplaires  du  genre  Scobpis, 

APPARTENANT  AUX    COLLECTIONS  DU  MusÈlIM  d'HiSTOIIIE  NATURELLE, 

par  M.  Léox  Vaillant. 

Le  genre  Scorpis  Cuvier  et  Valeneiennes,  établi  en  i83i  pour  un  Pois- 
son rapporté  par  Quoy  et  Gaimard  du  Port  du  roi  Georges,  le  S.  ffcorgia- 
nus,  renfermerait  aujourd'hui  de  nombreuses  espèces,  si  on  relève  toutes 
celles  proposées  depuis  celte  époque  par  différents  icbtyologisles. 

Déjà  en  1 8A8 ,  Guichenot  d'une  part,  Bichardson  d'une  autre,  décrivaient , 
l'un  le  S.  chUensis  de  Juan  Fernandez ,  le  second  le  S.  œquipinnis  du  dé- 
troit du  roi  Georges.  Plus  lard  on  trouve  les  :  »S.  Richardsonii  Stein- 
dachner  (18G6),  de  Port  Jackson;  5.  boops  Peters  (1866),  de  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  (que  M.  Gûnther  avec  raison,  semble-t-il ,  assimile  au  Scliuollu 
scalaripinnis    Sléindachner,    des    mêmes    localités);    S.   Kneolatus    kner 


_  85  — 

(i86u),  de  Sydney;  S.  oblongus  Çanestrini  îi8fio);  S.  Hectori  Hutton 
(187"!),  S.  Fairchiïdi  Hector  (1875),  ces  deux  derniers  de  la  .Nouvelle- 
Zélande  ;  S.  californiensis  Steindachner  (1875),  de  San-Diégo;  S.  vinosq 
Allevne  et  Macleay  (187I)),  du  détroit  de  Torrès;, vers  la  même  époque 
enfin  étaient  décrits  les  S.  australis  Guichenot,  de  Melbourne,  et  S.  rhom- 
bcus  Guichenot,  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Ces  treize  espèces  ne  sont  pas  toutes  admissibles  et  plusieurs  paraissent 
taire  double  emploi,  comme  M.  Gùnther  l'a  déjà  fait  observer  pour  quelques- 
unes  d'entre  elles.  Ainsi  les  S.  Rickardsonii  et  -S',  linçolatus  ne  seraient  pas 
distincts,  suivant  lui.  du  S.  œquipinnis.  On  pourrait,  je  pense,  aller  encore 
plus  loin  et  y  adjoindre  le  S.  chilensis.  Quel  nom  spécifique  devrait  être 
préféré?  la  question  est  assez  difficile  à  résoudre.  L'espèce  a  été  désignée 
:-ous  ce  dernier  nom  par  Guichenot  en  1868,  d'autre  part  le  voyage  de 
«Erebus  and  Terrorn  a  bien  été  publié  de  i8hà  à  i848;  mais  la  descrip- 
tion du  S.  œquipinnis  axant  paru  sur  la  feuille  antépénultième,  c'est-à-dire 
vers  la  fin  de  la  publication,  il  est  assez  admissible  que  les  deux  dia- 
gnoses  sont  contemporaines.  Jusqu'à  ce  que  ce  point  délicat  soit  affirmative- 
ment ou  négativement  résolu,  je  crois  devoir  accorder  la  préférence  au 
nom  donné  par  Guiehenot,  sa  description  étant  accompagnée  d'une  bonne 
figure,  qui  manque  malheureusement  dans  le  travail  de  Ricbardson. 

Le  S,  californiensis,  quoique  assez  voisin  du  précédent  par  ses  nageoires 
dorsale  el  anale  non  falciformes,  s'en  distinguerait  par  son  corps  un  peu  plus 
a  Hong»?  et  l'absence  de  dentelures  au  premier  sous-orbilaire. 

Une  différence  analogue  dans  les  dimensions  générales  parait  être  le 
seul  caractère  bien  positif  qui  distingue  les  5.  Hectori  et  S.  Fairchiïdi,  le 
premier  ayant  le  corps  plus  élevé.  Je  crois  devoir  réunir  à  celte  dernière 
espèce  le  S.  australis,  décrit  par  Guichenot.  en  1879,  d'après  la  date  que 
porte  le  volume  des  Bulletins  de  la  Société  Linnéenne  de  Maine-et-Loire, 
mais  présenté  à  la  séance  du  8  mai  1870;  comme  les  publications  de  celle 
Société  paraissent  par  fascicules  avant  le  titre  général,  il  serait  à  la  rigueur 
possible  que  ce  nom  eût  l'antériorité  sur  celui  de  S.  Fairchiïdi,  publié  en 
juillet.  1875. 

Il  resterait  des  doutes  sur  deux  espèces.  L'une,  le  S.  vinosa,  est  connue 
par  un  seul  individu,  en  tel  élal  qu'on  n'a  pu  donner  le  compte  des  rayons 
mous  de  la  dorsale,  d'autre  part  la  disposition  des  aiguillons  de  celle-ci, 
ne  croissant  pas  régulièrement  du  premier  au  dernier,  la  longueur  de  celle 
portion  dure  de  l'épiptère  égalant  la  portion  molle  (ces  derniers  caractères 
pris  sur  la  figure  qui  accompagne  la  description),  peuvent  donnera  penser 
que  ce  Poisson  appartiendrait  à  un  autre  genre.  Pour  la  seconde  espèce, 
le  S.  oblongus,  la  description  originale  de  Ganestrini  n'ayant  pu  être  con- 
sultée, je  ne  pourrais  me  prononcer  sur  les  rapports  de  cette  espèce;  elle 
présente  ce  caractère  de  n'avoir  (pie  ix  aiguillons  à  l'épiptère,  au  lieu  du 


—  86  — 

nombre  \.  habituel  dans  le  genre;  remarquons  toutefois  que  kner  pour 
son  S.  lineolatus  =  S.  chilensis  donne  comme  indifférent  l'un  et  l'autre 
nombre. 

Quant  au  S.  boops,  il  ne  doit  pas  être  compris  parmi  les  Scorpis,  rien 
qu'en  raison  de  la  formule  de  l'épiptère  :  V,  29.  On  doit  le  placer  dans  le 
genre  Schuettea,  que  M.  Steindachne-  maintient  avec  toute  raison,  et  peut- 
être  même  faut-il  l'identifier,  comme  le  pense  M.  Gùnther,  à  l'espèce  ty- 
pique ,  le  Schuettea  sca/aripinnis. 

On  retirera  également  de  ce  genre  le  Scorpis  rhombem,  établi  sur  un 
exemplaire  de  Pseltus  falciformis  Lacépède,  chez  lequel  les  nageoires  ven- 
trales, plus  développées  que  d'habitude,  tout  en  étant  encore  de  dimensions 
médiocres,  offrent  la  disposition  pour  laquelle  M.  Steindachner  a  proposé 
d'établir  le  sous-genre  Parapsettus. 

Par  contre  un  Poisson  de  Port  Jackson,  désigné  en  1879  par  Castelnau 
sous  le  nom  A'Agenor  modestus ,  doit  être  placé  dans  le  genre  Scorpis  et  as- 
similé au  S.  chilensis  Guichenot.  En  se  reportant  à  la  diagnose  donnée 
dans  les  Proceedings  of  ihe  Linnean  Society  of  Neiv  South  Wales,  on  re- 
trouvera facilement  les  caractères  principaux  de  cette  dernière  espèce.  La 
collection  du  Muséum  en  possède  un  exemplaire ,  le  type ,  sans  doute ,  à  en 
juger  par  une  étiquette  de  parchemin  portant  de  la  main  de  Gaslelnau  : 
Agenor  modestus,  Sydney.  Il  répond  bien  à  la  description  originale,  sauf 
que  la  taille  est  un  peu  plus  petite  78  +  15  =  88  millimètres  au  lieu 
de  108  millimètres;  l'uroptère,  il  est  vrai,  n'est  pas  intacte,  mais,  quand 
bien  même,  ne  pourrait  justifier  la  différence  entre  ces  deux  longueurs. 

Voici,  au  reste,  les  dimensions  de  cet  individu  : 

1/100. 


>  m  ni 


Longueur 73" 

Hauteur 3g  53 

Epaisseur s 11  10 

Longueur  de  la  tête 32  3o 

—  de  l'uroptère 1 5  20 

—  du  nmseau 5  a3 

Diamètre  de  l'œil H  36 

Espace  interorbitaire 7  3a 

N°A.  qo32,CoH.  Mus. 

Les  seules  espèces  que  renfermerait  le  genre  Scorpis  seraient  donc ,  à 
l'heure  actuelle,  les  :  5.  georgianus  Cuvier  et  Valenciennes ;  S.  chilensis 
Guichenot;  S.  Hectori  Hutton;  S.  californiensis  Steindachner;  S.  Fairchildi 
Hector;  et  peut-être  le  S.  oblongus  Ganestrini. 

Les  :  S.  œquipinnis  Richardson;  S.  Richardsonii  Steindachner;  S.  lineo- 
latus Knerr;  <$.  auslralis  Guichenot,  font  vraisemblablement  double  emploi. 


—  87  — 

11  est  douteux  que  le  S.  vinosa,  Alleyne  et  Macleay,  appartiennent  réelle- 
ment à  ce  genre. 

On  doit  en  exclure  les  :  S.  boops  Peters;  S.  rhombeus  Guichenot,  et 
y  faire  entrer  YAgenor  modestus  Caslelnau,  comme  synonyme  du  S.  chi- 
lensis. 

En  terminant,  je  ferai  remarquer  l'intérêt  que  présente  aujourd'hui  la 
répartition  géographique  du  genre  Scorpis,  qui  s'étendrait  sur  toute  la 
Région  pacifique. 

Originairement  connu  du  Sud  de  l'Australie,  il  a  été  retrouvé  à  la  Nou- 
velle-Zélande ,  sur  les  côtes  du  Chili ,  sur  celles  de  Californie ,  enfin ,  d'après 
une  espèce,  il  est  vrai  imparfaitement  caractérisée ,  on  en  signale  l'existence 
dans  le  détroit  de  Torrès. 


Remarques  sur  les  Squales  de  mer  profonde  observés  à  Sétubal 

(Portugal), 

par  M.  H.  Neuville. 

Dans  le  dernier  Bulletin  du  Muséum,  j'ai  exposé  quelques  remarques  sur 
les  Squales  des  grandes  profondeurs.  J'ai  pu,  depuis,  en  continuer  l'étude 
dans  le  seul  port  où  on  les  pèche  d'une  manière  quelque  peu  régulière  :  à 
Sétubal,  près  de  Lisbonne.  MM.  Milne  Edwards  et  Filhol,  qui  avaient  attiré 
mon  attention  sur  l'importance  d'une  étude  analomique  de  ces  Squales, 
avaient  bien  voulu  me  faire  accorder  l'une  des  subventions  mises  par  le 
Conseil  municipal  de  Paris  à  la  disposition  des  Directeurs  des  Laboratoires 
de  l'Ecole  pratique  des  Hautes-Etudes.  Toute  ma  reconnaissance  est  acquise 
aux  Maîtres  qui  m'ont  signalé  l'intérêt  de  cette  étude  et  au  Conseil  muni- 
cipal à  qui  je  suis  redevable  des  ressources  mises  à  ma  disposition  pour  mon 
voyage  à  Sétubal. 

Depuis  un  temps  immémorial,  les  pêcheurs  de  cette  localité  se  livrent  à 
la  pêche  des  Squales,  qu'ils  vont  chercher  jusque  sur  des  fonds  de 
1,800  mètres.  Les  naturalistes  du  Travailleur  avaient  assisté  à  cette  pèche 
tort  curieuse,  et  une  intéressante  description  en  fut  donnée  dans  les  comptes 
rendus  de  leur  voyage.  Mais,  depuis  cette  époque,  les  conditions  générales 
de  la  pêche  sur  cette  partie  des  côtes  du  Portugal  se  sont  profondément 
modifiées,  et  la  pêche  des  Requins  a  fait  place  à  d'autres  industries  moins 
dangereuses  et  plus  lucratives.  II  m'a  été  possible,  néanmoins,  de  me  pro- 
curer les  différentes  espèces  de  Squales  que  je  désirais  étudier.  J'ai  profité 
pour  cela  d'une  circonstance  particulière  :  le  Lepidopus  argenteus,  qui  vit 
habituellement  dans  la  zone  profonde,  émigré  vers  la  côte  à  certains  mo- 
ments; c'est  ainsi  qu'aux  mois  de  mars  et  d'avril  les  pêcheurs  de  Sétubal 
peuvent  se  livrer  à  la  pêche  de  ce  Poisson  tout  en  restant  dans  les  limites 


—  88  — 

de  la  zone  côtière.  Il  arriu;  alors  le  plus  souvent  que  les  Squales  qui  vivent 
au  voisinage  du  Lepidopus  argentetis  clans  les  profondeurs  de  la  nier  remon- 
tent avec  eux,  probablement  à  leur  poursuite,  et  sont  capturés  par  les 
mêmes  lignes. 

Je  n'ai  pu  faire  sur  place  une  élude  anatomique  complète  des  animaux 
que  j'ai  obtenus  ainsi ,  mais  quelques  dissections  m'ont  donné  un  résultat 
intéressant  :  en  signalant,  dans  ma  dernière  communication,  l'absence  de 
sinus  hépatique  chez  les  Centrophores ,  je  m'étais  demandé  si  cette  absence 
était  en  rapport  avec  les  conditions  de  la  vie  dans  la  zone  abyssale,  dette 
question  doit  être  tranchée  dans  le  sens  négatif,  car  j'ai  constaté  la  même 
absence  chez  d'autres  Spinacidés  dont  les  uns  {Acanthias  vulgaris  et  Acan- 
thias  Blainvillei)  vivent  tout  à  fait  à  la  surface.  Il  y  a  donc  là  un  fait  propre 
ii  divers  membres  d'une  même  famille,  peut-être  à  tous,  mais  indépendant 
des  conditions  dans  lesquelles  ils  vivent.  La  présence  d'une  rate  supplé- 
mentaire, signalée  par  Moreau  chez  la  Centrine,  et  que  j'avais  aussi 
observée  chez  les  Centrophores,  me  paraît  également  générale  chez  les  Spi- 
nacidés. 

En  dehors  de  mes  études  anatomiques,  j'ai  fait  à  Sétubal  quelques  re- 
marques sur  la  répartition  balhymétiïque  des  espèces.  Les  pêcheurs  allaient 
autrefois  prendre  les  Squales  sur  des  fonds  considérables,  atteignant  parfois, 
comme  je  le  dis  plus  haut,  1,800  mètres.  Les  différentes  expéditions  scien- 
tifiques  qui  ont  capturé  les  mêmes  Poissons  ne  les  ont  aussi  rencontrés  que 
sur  des  fonds  également  considérables.  11  y  avait  donc  lieu  ,  d'après  ces  obser- 
vations ,  de  supposer  que  les  Poissons  de  la  zone  profonde  ne  quittaient  jamais 
leurs  abysses.  Les  pêches  de  Sétubal  montrent  qu'il  peut  en  être  tout  autre- 
ment. Les  Spinacidés  qui  poursuivent  le  Lepidopus  ar/renteus  lors  de  sa  mi- 
gration vers  la  surface  quittent  parfaitement  les  profondeurs  auxquelles  ils 
vivent  normalement,  et  j'ai  trouvé  aussi  un  Hyménocéphale  ramené  avec  eux 
par  les  mêmes  lignes ,  c'est-à-dire  venant  d'une  profondeur  inférieure  à 
3oo  mètres.  11  y  a  donc  possibilité,  pour  les  Poissons  de  la  zone  abyssale, 
de  passer  à  certains  moments  dans  la  zone  côtière,  tout  au  moins  dans  les 
couches  inférieures  de  celle-ci. 

Je  ferai  remarquer  que  la  capture  de  ces  animaux  au  moyen  de  lignes 
auxquelles  ils  ont  mordu  ne  permet  pas  de  croire  qu'il  s'agisse  de  sujels 
morts  et  remontant  vers  la  surface  pour  y  flotter,  comme  cela  s'observe  sou- 
vent. Un  Poisson  peut,  dans  ces  conditions,  être  ramené  par  un  filet,  mais 
j'insiste  sur  ce  fait  que  ceux  dont  je  parle  avaient  mordu  l'appât  de  la 
ligne. 

Gomme  je  le  dis  plus  haut,  la  pèche  des  Squales  de  fond,  à  Sétubal,  a 
été  remplacée  par  d'autres  plus  lucratives,  notamment  par  celle  de  la  sar- 
dine. Cette  pêche  alimente  actuellement  3a  fabriques  de  conserves.  On 
conçoit  sans  peine  que  l'on  abandonne  ainsi  les  Squales,  si  l'on  songe 
qu'une  barque  montée  par  cinq  ou  six  hommes,  souvent  plus,  et  restant 


—  89  — 

plusieurs  jouis  en  mer,  pouvait  ramener  une  vingtaine  «le  Poissons.  La 
\;ilcur  de  ces  derniers  diminue,  du  reste,  car  l'huile  retirée  de  leur  foie  est 
remplacée  par  des  huiles  minérales  d'une  moindre  valeur,  et,  pour  le  polis- 
sage,leur  peau  peut  être  remplacée  par  celle  d'autres  Squales  et  par  divers 
produits  industriels. 

Celte  pêche  était,  en  outre,  l'or!  dangereuse,  par  suite  de  la  distance  a 
laquelle  elle  s'exerçait. 

Je  dois  en  terminant  rendre  un  hommage  tout,  particulier  à  l'obligeance 
de  M.  Fryxel,  attaché  à  l'agence  vice-consulaire  française  à  Sétubal. 
M.  Fryxel  m'a  secondé  avec  un  rare  empressement  et  m'a  aplani  des  dif- 
cultés  de  toute  sorte.  Qu'il  veuille  bien  recevoir  ici  mes  plus  vifs  remer- 
ciements. 


Le  Campodea  stapbylimjs   Westwoob,  et  SES  VARIÉTÉS  cavernicoles 
(C.   Cookki  Packard;    C   Dakgilani  Moniez;    C.   nivba   Joseph; 

C.    KREBOPHILA   A\[A\  \  ), 

par  M.  Armand  Viré. 
(Laboratoires  de  .MAI.  Milne  Edwards  et  Bouvier.) 

Les  Gampodes  sont  des  Thysanoures  de  6  millimètres  à  9  millimètres 
de  long,  munis  d'une  paire  d'antennes  multiarticulées  et  d'une  paire  de 
cercopodes  longs  et  grêles,  de  onze  articles. 

Ils  aiment  1rs  lieux  obscurs  et  on  les  trouve  dans  la  terre,  sous  les 
pierres  et  les  feuilles  mortes,  dans  les  bois  humides.  Une  seule  espèce 
fut  longtemps  mentionnée,  C.  staphylinus Westwood,  car  le  C.fr'agilis  et  le 
('.  americana  ont  été  bien  vite  reconnus  n'être  que  de  simples  variétés. 

Sa  couleur  varie  du  blanc  an  jaune  soufre,  la  tète  est  obovalaire,  le 
thorax  est  composé  de  trois  articles,  celui  du  milieu  étant  le  plus  long; 
chacun  d'eux  porte  une  paire  de  pattes. 

L'abdomen  plus  ou  moins  allongé  est  généralement  moitié  de  la  lon- 
gueur totale;  il  est  divisé  en  dix  segments,  dont  six  portent  chacun  une 
paire  d'appendices  ou  fausses  pattes.  Tout  le  corps,  les  antennes  et  les 
cercopodes  sont  couverts  de  poils  simples  ou  ramifiés. 

Les  yeux  paraissent  manquer  constamment,  et  aucun  des  exemplaires 
recueillis  sur  terre,  aussi  bien  dans  les  bois  de  Meudon  qu'au  Muséum 
même,  n'en  porte  trace;  ces  animaux  vivent  d'ailleurs  dans  la  terre  et  sous 
les  pierres  dans  une  obscurité  complète  ou  presque  complète.  Cependant 
le  caractère  de  la  cécité  de  tous  les  exemplaires  ne  parait  pas  complète- 

Ml  SKI   M.    —    III.  r- 


>0 


ment  acquis  :  Nicolet,  Grassi  ont  décrit  des  yeux,  tandis  que  J.-T.  Oude- 
mans(1)  considère  ces  organes  comme  constamment  absents. 

Un  grand  nombre  de  représentants  en  existent  dans  les  cavernes,  ce  qui 
ne  doit  pas  surprendre  puisque  ces  animaux  se  réfugient  normalement 
dans  l'obscurité. 

Voici  le  nombre  des  exemplaires  recueillis  dans  mes  recherches  souter- 
raines : 

Baume-les-Messieurs  (Jura ) £5 

Pierrefeux,  près  Verges  (Jura) 5 

Les  Planches,  près  Arbois  (Jura) ia 

Sainte  -  Catherine  ,    à    Consolation    (source  du   Dessoubre) 

(Doubs) 6 

Lautaret,  près  Vals-lcs- Bains  (Ardèche) io 

Bramabiau  (Gard) 6 

Dargilan  (Lozère) 3a 

Tindoul  de  la  Vayssière  (  Aveyron) 1 1 

Catacombes  de  Paris i 

Total ia8 


Je  n'en  n'ai  pas  trouvé  dans  les  souterrains  refuges  de  Naours  (Somme) 
que  j'ai  pourtant  fouillés  avec  soin,  non  plus  qu'à  Padirac,  d'ailleurs  in- 
suffisamment exploré  à  ce  point  de  vue. 

En  outre  un  certain  nombre  d'exemplaires  vivant  à  l'air  libre  ou  plutôt 
sous  les  pierres  ont  été  recueillis  dans  les  bois  de  Meudon  et  au  Muséum. 
Or  déjà  parmi  ceux-ci  on  constate  de  singulières  variations  dans  les  appen- 
dices du  corps;  les  antennes  et  les  cercopodes  varient  en  longueur  depuis 
un  tiers  et  une  moitié  de  la  longueur  du  corps  (Meudon)  jusqu'à  plus  d'une 
fois  la  longueur  du  corps  (cours  des  laboratoires  du  Muséum,  rue  de  Buf- 
fon)  et  la  forme  de  leur  anneaux  se  modifie  même  très  légèrement.  C'est 
sur  ces  variations  qu'était  fondée  l'espèce  de  Meinert  (C.  fragilis). 

Si  nous  abordons  l'étude  des  formes  cavernicoles ,  nous  constatons  que , 
absolument  comme  dans  les  individus  terrestres ,  la  forme  des  segments  de 
la  tète,  du  thorax  et  de  l'abdomen  ne  subit  pas  de  modifications  sensibles. 
La  largeur  cependant  est  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  grande  comparée  à 
la  longueur  du  corps,  ce  qui  se  produit  également  sur  les  individus  du 
dehors,  et  ce  qui  contribue  à  donner  à  l'animal  une  forme  un  peu  plus 
élancée  ou  un  plus  trapue,  sans  que  du  reste  la  forme  générale  en  soit 
modifiée  sensiblement. 

Au  contraire,  dans  les  différents  appendices,  les  modifications  sont  beau- 
coup plus  profondes. 

W  Auteur  d'un  excellent  travail  d'ensemble  sur  la  morphologie  et  l'anatomie 
de  Tbysanoures  (in  Bijdvagen  M  de  Dierkunde,  Amsterdam,  1 888). 


—  91 


Antennes,  cercopode§  cl  pattes.  —  La  forme  ordinaire  des  antennes  du 
C.  staphylinus  est  une  série  de  grains  de  chapelets  réguliers,  à  segments 
arrondis,  dont  le  dernier  est  plus  long.  Leur  nombre,  toujours  supérieur 
à  treize,  est  généralement  de  vingt. 


Kig.  1.  —  Tableau  récapitulatif  des  caractères  du  Campodea  staphylinus  :  i.  Hoi^ 
de  Meudon;  —  -j.  Cour  du  Muséum;  -  3.  Baume-les-Messieurs;  —  4.  Dar- 
gilan;  -  5.  Dargilan  (exemplaire  présentant  cinquante  articles  aux  antennes; 
les  cercopodes  sont  brisés;  on  voit  l'allongement  des  pattes  qui  accompagne 
celui  des  antennes  et  des  cercopodes). 

Dans  les  formes  cavernicoles,  nous  observons  un  nombre  excessivement 
variable.  Sauf  les  campodes  recueillis  à  Lautaret  (Ardècbe)  et  sept  ou  huit 
de  localités  diverses,  tous  nos  exemplaires  possédaient  au  moins  une  de 
leurs  antennes  au  complet1'.   Or  nous  trouvons  successivement  comme 


M  Pour  conserver  autant  que  possible  ces  appendices  délicats  (antennes  et  cerco- 
podes), nous  conseillons  de  plonger  directement  les  exemplaires  vivants  dans  une 

7- 


—  92  — 

nombre  de  leurs  segments  :  îfi,  18,  -io,  22,  20,  24,  26,  28,  29,  3o, 
3-j,  34,  35,  30,  38.  4o,  4a,  43,  48  et  5o.  ce  dernier  exemplaire  pro- 
venant de  Dargilan. 

La  longueur  des  articles  comparée  à  leur  largeur  varie  dans  de  très  no- 
tables proportions.  Si  nous  prenons  la  largeur  pour  unité,  la  longueur 
varie  graduellement  de  1  à  4,5. 

La  forme  des  pattes  reste  fondamentalement  la  même,  mais  leur  lon- 
gueur varie  du  simple  au  décuple,  et  l'on  trouve  une  série  de  passages 
insensibles  entre  ces  deux  tonnes  extrêmes,  même  dans  les  exemplaires 
provenant  d'une  même  grotte.  11  en  est  de  même  des  fausses  pattes  qui 
varienl  en  longueur  dans  la  proportion  de  un  à  cpiatre. 

Le  corps  de  tous  ces  animaux  est  couvert  de  poils,  dont  la  majorité  son! 
sans  doute  de  simples  poils  tecteurs.  Mais  nous  devons  certainement  attri- 
buer un  rôle  sensoriel  à  un  grand  nombre  d'autres  poils  répartis  principa- 
lement sur  les  antennes  et  les  cercopodes.  Ces  poils  sont  tantôt  simples  (et 
c'est  le  cas  général  pour  les  exemplaires  subaériens),  tantôt  biramiiiés  ou 
multiramifiés.  chez  presque  tous  les  cavernicoles.  En  général  ces  poils  sont 
d'autant  plus  longs  et  fins  cjue  l'exemplaire  présente  des  antennes  et  des 
pattes  plus  longues. 

La  taille  de  ces  animaux  varie  de  fi  millimètres  (Meudon,  Baume-les- 
Messieurs,  etc.)  à  9  millimètres  (  Dargilan). 

Les  antennes  varient  de  2  mill.  5  à  1  7  mill.  5;  nous  ne  connaissons  pas 
la  longueur  extrême  des  cercopodes,  l'exemplaire  de  Dargilan  qui  porte 
les  plus  longue  antennes  n'ayant  plus  ses  cercopodes.  Dans  tous  les  exem- 
plaires ces  organes  sont  plus  longs  que  les  antennes. 

Contrairement  à  ce  qui  passe  dans  les  antennes,  le  nombre  des  articles 
des  cercopodes  ne  paraît  pas  varier  (onze  articles);  leur  longueur  seule 
s'accroît  en  même  temps  que  celle  des  antennes,  les  articles  les  plus  voi- 
sins du  corps  étant  les  plus  petits.  (Fig.  1.) 

Telles  sont  les  variations  considérables  et  singulières  qu'acquiert  cet  ani- 
mal tant  dans  la  terre  qu'au  fond  des  cavernes. 

Ouelle  est  la  vraie  cause  de  ces  variations?  Ici ,  il  faut  le  reconnaître,  elle 
nous  échappe  encore  totalement. 

Nous  sommes  habitués  à  voir  chez  la  plupart  des  animaux  cavernicoles 
la  longueur  des  antennes  et  des  divers  appendices  s'accroître,  en  même 
temps  que  le  volume  et  les  fonctions  de  l'œil  diminuent,  et  nous  attribuons 
invariablement  à  ces  phénomènes  une  relation  de  cause  à  effet.  Là,  rien  d<- 
semblable,  et  on  ne  saurait,  jusqu'à  nouvel  ordre  tout  au  moins,  attribuer 
l'accroissement  des  appendices  à  une  compensation  pour  la  perte  de  l'organe 

solution  de  formol  à  2  ou  h  p.  100  et  de  ne  les  en  retirer  pour  les  mettre  dans 
l'alcool  que  plusieurs  semaines  après.  Les  exemplaires  restent  plus  complets  el 
moins  cassants. 


—  93  _ 

visuel,  puisque  nos  animaux  aériens,  chez  lesquels  ces  appendices  sonl 
très  courts,  sont  eux-mêmes  privés  du  sens  de  la  vue.  Mais  avons-nous 
l'animal  primitif?  Je  ne  le  crois  pas.  Il  semble  plutôt  que  nous  soyons 
en  présence  d'un  animal  déjà  modifié  par  l'obscurité,  même  à  la  surface  du 
sol ,  où  il  vit  caché  en  terre. 


Kijf.  2.  -  -  Campodea  slaphylinus  (exemplaire  du  ta  grotte  de    Baume -les- Mes- 
sieurs). Il  représenta  à  |j<mi  près  la  forme  dont   Packard  avait  t'ait  le  C.  Cookei. 

C'est  là,  en  tout  cas,  un  gros  point  d'interrogation  qui  ne  saurait  être 
résolu  que  par  l'expérimentation  directe.  Aussi  entreprenons-nous  d'élu- 


—  94  — 

dier,  dans  le  laboratoire  souterrain  du  Muséum,  les  modifications  que 
pourra  subir  encore  dans  l'obscurité  l'espèce  de  la  surface  du  sol,  sous 
l'influence  de  la  variation  des  diverses  conditions  biologiques  (nourriture, 
humidité,  température,  etc.);  peut-être  pourrons-nous  lever  un  coin  du 
voile  qui  nous  cache  certaines  causes.  Nous  reviendrons  d'ailleurs  là- 
dessus  plus  tard ,  lorsque  nous  examinerons  les  diverses  expériences  à  tenter 
dans  notre  nouveau  laboratoire. 

Examinons  maintenant  les  différentes  espèces  que  l'on  a  tenté  de  créer 
avec  ces  formes  souterraines. 

La  première  en  date  paraît  être  le  C.  Cookei  Packard  (l).  L'auteur  la  dé- 
clare étroitement  alliée  au  C,  staphylinus,  mais  plus  grande.  Les  antennes 
sont  plus  longues,  ainsi  que  les  pattes;  les  stylets  caudaux,  très  longs  et 
très  grêles  ont  douze  articles  environ.  Corps  pileux.  (Fig.  2.) 

Campodea  Dargilani  Moniez {i).  —  Articles  des  antennes  quatre  fois  plus 
longs  que  larges*,  au  nombre  de  quarante.  Antennes  dépassant  de  plus 
d'un  tiers  la  longueur  du  corps.  Pattes  très  longues,  plus  longues  que 
dans  le  C.  Cookei.  Onze  articles  aux  cercopodes.  Espèce  plus  grande  que 
C.  staphylinus  (y  millimètres). 

Campodea  erebophila  Amann  (3).  —  Cercopodes  presque  deux  fois  aussi 
longs  que  dans  C.  staphylinus.  Antennes  de  vingt-deux  articles,  en  forme 
de  grains  de  chapelet.  Longueur  du  corps  y  millimètres. 

Campodea  nivea  Joseph.  —  La  description  en  est  insuffisante. 

Campodea  succinea  ne  paraît  être  basée  que  sur  une  variété  de  colora- 
tion. 

Je  n'ai  mentionné  dans  ces  descriptions  que  les  caractères  sur  lesquels 
s'appuient  ces  différents  auteurs  pour  déterminer  leurs  espèces.  Après  ce 
que  je  viens  d'exposer,  je  crois  que  nous  serons  tous  d'accord  pour  n'atta- 
cher aucune  importance  à  ces  nouvelles  espèces.  En  effet,  on  voit  qu'elles 
ne  sont  fondées  que  sur  des  caractères  absolument  transitoires,  qui  varient 
presque  avec  chaque  individu  et  qui  par  conséquent  ne  peuvent  être  choisis 
que  d'une  façon  absolument  arbitraire  pour  caractériser  une  nouvelle  es- 
pèce. Aussi  serions-nous  contraints ,  si  nous  procédions  ainsi ,  de  faire ,  avec 
les  centvingt-buit  exemplaires  recueillis,  bien  près  de  quatre-vingts  espèces, 
chacune  d'elles  ne  différant  d'ailleurs  de  la  précédente  et  de  la  suivante 
que  par  un  ou  deux  segments  de  plus  ou  de  moins  aux  antennes  et  quelques 

W  The  cave  fan  un  of  North  America,  with  remarks  on  the  anatomy  of  the  brain , 
and  origine  of  the  bliiid  species.  (National  Academy  of  Sciences,  y  november  1886, 
l.y  t.  S.  Packard.) 

W  Revue  biologique  du  Nord  de  la  France,  t.  I,  p.  8â  (1888-1889). 

(?)  Europàische  Hôlenfauna,  Iena,  1896. 


—  95  — 

rlizièmes  de  millimètres  en  plus  ou  en  moins  dans  la  longueur  des  pattes, 
ou  dans  une  forme  un  peu  différente  des  poils. 

M.  Moniez  d'ailleurs,  le  très  distingué  professeur  de  Lille,  ne  paraît  pas 
s'être  fait  illusion  et,  dans  les  considérations  qui  suivent  sa  description  du 
C.  Dargilani,  il  parait  avoir  eu  l'idée  très  nette  que  son  Campode  n'était 
qu'une  forme  évolutive  du  C.  staphyliïvus  et  du  C.  Cookei;  mais  sans  doute 
il  n'avait  pu  recueillir  un  nombre  suffisant  d'exemplaires  pour  oser  for- 
muler nettement  son  opinion. 

Conclusion.  —  En  considérant  la  série  des  Campodes  recueillis  jusqu'ici, 
on  part  du  C.  staphylinus  Westwood  de  6  millimètres  de  long  avec  treize 
articulations  au  moins  aux  antennes ,  celles-ci  atteignant  deux  ou  trois  fois 
au  plus  la  longueur  de  la  tête ,  avec  des  cercopodes  de  onze  articles  attei- 
gnant moins  de  la  moitié  de  la  longueur  du  corps,  aux  pattes  très  courtes, 
à  peine  supérieures  à  la  longueur  du  mésothorax,  on  arrive,  par  une  série 
de  transitions  insensibles,  à  une  forme  aux  antennes  doubles  de  la  longueur 
du  corps ,  composée  de  cinquante  articles ,  avec  des  pattes  atteignant  presque 
la  longueur  du  corps,  des  cercopodes  plus  que  double  de  la  longueur  du 
corps,  la  forme  générale  de  celui-ci  restant  sensiblement  la  même. 

Donc,  sous  peine  de  faire  à  peu  près  autant  d'espèces  que  d'individus, 
nous  devons  considérer  toutes  ces  formes  comme  des  dérivés  du  C.  staphy- 
linus et  ne  maintenir  que  cette  dernière  espèce  sans  même  pouvoir  accorder 
aux  autres  espèces  le  simple  titre  de  variétés  puisque  ces  variétés  sont 
essentiellement  instables  et  qu'on  les  voit  passer  graduellement  de  l'une  à 
l'autre  dans  une  même  caverne. 

Nota.  Nous  n'avons  pas  mentionné  parmi  les  caractères  de  ces  animaux  la 
présence  d'un  organe  situé  à  la  pointe  du  dernier  anneau  de  l'antenne,  qui  a  été 
signalé  par  presque  tous  les  auteurs  (M.  Oudemans  cependant  ne  l'a  pas  retrouvé 
sur  ses  exemplaires)  et  que  nous  avons  vu  même  sur  les  Campodes  aériens;  on 
lui  a  attribué  un  rôle  olfactif.  Mais  son  étude  rentre  plutôt  dans  l'anatomie  que 
dans  la  morphologie  de  ces  êtres.  el  nous  en  parlerons  quand  nous  aborderons 
cette  partie  de  nos  recherches. 


Arachnides 

RECUEILLIS  PATI    M.   M.    Ma1\'1)RON    ]    MiSCiTE,    E.V   OCTOBRE   l8()G, 

par  E.  Simon. 


ri< 


LISTE     DES    ESPECES. 

1.  Ch^topei.ma  adenense  E.  Sim.  —  Découvert  à  Aden. 

2.  Filistata.  mgra  sp.   uov.  —  Espèce  inédile  que  nous  possédions 
;jà  delà  Basse-figypie. 


—  96  — 

3.   Drassodes  Maindrom  sp.  no\. 

h.  Scotoph*ds  (Dhasscs)  gorusgus  L.  Koch.  —  Connu  d'Abyssinie  el 
du  ïemen. 

5.  MuLICYMMS  SUBT1LIS  Sp.  nOV. 

6.  EcHEMDS  SPINIBARBIS  Sp.   110V. 

7.  Callilepis  (Pythonissa)  plumalis  Camb.  —  Répandu  dans  la  région 
Méditerranéenne ,  l'Asie  centrale  et  l'Arabie. 

8.  Callilepis  (Pythonissa)  spinigera  E.  Sira.  —  Découvert  à  Aden. 

9.  Palpimanus  gibbilus  L.  Duf.  —  Répandu  dans  la  région  Méditerra- 
néenne, une  grande  partie  de  l'Afrique  et  dans  l'Inde. 

10.  Uroctea  limrata  (1.  Koch.  —  Répandu  dans  la  zone  désertique  du 
Nord  de  l'Afrique  et  de  I'  Vrabie.  L'espèce  est  représentée  dans  le  Yemen 
par  une  variété  unicoloro.  tandis  que  la  forme  typique  a  été  trouvée  à 
Mascate. 

11.  Latrooectds  scelio  Thorell,  var.  inûica  E.  Sini.  —  Forme  indienne 
d'une  espèce  très  répandue  dans  la  Malaisie  orientale,  l'Australie,  la  Nou- 
velle-Zélande (L.  Kaiipo)  et  les  îles  de  la  Polynésie;  sa  capture  en  Arabie 
est  des  plus  intéressantes. 

12.  Araneiis  (Epeira)  Tiieisi  Walck.  —  Espèce  commune  dans  l'Inde, 
la  Malaisie  et  la  Polynésie,  trouvée  pour  la  première  fois  en  Arabie. 

13.  \raneus  (Epeira)  decens  Tborell  (=Ep.  hispida  Dol. ).  —  Même 
distribution  que  l'espèce  précédente. 

\h.  Araneus  (Epeira)  nadticus  L.  Koch(=Ev.  pullata  Th.).  —  Répandu 
dans  presque  toutes  les  régions  tropicales  du  monde;  très  commun  dans 
l'Arabie  méridionale. 

15.  Thomisus  daradioides  E.  Sim.  —  Découvert  au  Djebel  Milhan 
(Yemjen  int.). 

16.  Sparassis  Walckenaerius  Aud.  —  Très  répandu  en  Egypte  et  en 
Arabie. 

17.  Pardosa  venatrix  Lucas.  —  Très  répandu  dans  le  Nord  de  1'  Afrique 
el  en  Arabie. 

18.  Plexippus  Paykulli  Aud.  — Espèce  commune  à  presque  toutes  les 
régions  tropicales  et  subtropicales  du  monde. 

19.  Thvene  imperialis  W.  Rossi.  —  Très  répandu  dans  la  région  médi- 
terranéenne ,  en  Arabie  et  dans  l'Inde. 

20.  Heliophanus  lucipeta  E.  Sim.  —  Découvert  à  Aden. 

21.  Cvrba  ai.gerina  Lucas.  —  Très  répandu  dans  la  région  méditerra- 
néenne, également .indiqué  de  l'Inde,  mais  nouveau  pour  l'Arabie. 

22.  Rhax  impavida  C.  Koch.  —  Décrit  d' Vrabie. 

23.  Rito.\  yemexensis  E.  Sim.  —  Découvert  à  \den;  beaucoup  plus 
commun  à  Mascate  que  dans  le  Yemen. 

24.  Phryniscus  Deflersi  E.  Sim.  —  Découvert  à  Obock  et  retrouvé 
depuis  à  Aden. 


—  (.)7 


25.  Nebo  hiehichonticus  E.  Sîiti.  —  Répandu  en  Syrie  el  en  Arabie 
2G.  Butheolus  Aristidis  E.  Sini.  —  Espèce  répandue  en  Egypte  et  en 
Nubie;  remplacée  dans  le  \emen  par  une  espèce   voisine  H.  thalassims 
Ë.  Sim.;  il  est  curieux  de  retrouver  à  Mascate  l'espèce  égyptienne. 

DESCRIPTIONS  DES  ESPECES  NOUVELLES. 

Filistata  nigra  sp.  nov.  9  long.  o"',oia-i5.  —  A  F.  lestacea  Latr. 
imprimis  differt  magnitudine  saltem  duplo  majore,  tegumentis  omnino 
aigris,  sericeo-pubescentihus  et  birsutis,  regione  oculorum  promiuentiore 
et  oculis quatuor  posticis  redis  el  brevius  ovatis  ("jEgyptuset  Arabia austrô- 
merid.). 

Echemus  spinibarbis  sp.  nov.  9  long.  o,n,oo4-5.  —  Céphalothorax 
angustus,  sublaevis,  pallide  fusco-rufescens,  haud  marginatus.  Oculi  an- 
tici  in  lineam  valde  procurvam,  medii  rotundi,  inter  se  distantes  sed  a 
lateratibus,  ovatis  et  paulo  majoribus,  contigui.  Oculi  poslici  inter  se  sub- 
contigui,  in  lineam  vix  procurvam  anlica  baud  latiorem,  medii  lateralibus 
majores,  obtuse  triquetri.  Chelae  antice  setis  spiniformibus  nigris  nuine- 
rosis  et  inordinalis  insigniter  munitœ.  Abdomen  longe  oblongura,  alro- 
testaceum,  subtus  dilutius.  Sternum  pedesque  fulvo-rufescentia ,  illud  laeve 
el  lenuiter  nigro-marginatum.  Pedes  quatuor  antici  omnino  mutici  sed 
metatarsis  (haud  scopulatis)  setis  rigidis  numerosis  et  biseriatis  subtus 
munitis.  Eovea  vulvae  magna,  circiter  aeque  longa  ac  lata,  costas  rufulas 
diias  parallelas  includens. 

Mulicymnis  subtilis  sp.  nov.  9  long.  Om,oo3.  —  Céphalothorax 
anguste  ovatus,  laete  fulvo-rufescens  haud  marginatus.  Oculi  antici  inter 
se  subcontigui,  in  lineam  valde  procurvam,  medii  rotundi  et  convexi, 
lateralibus  plus  duplo  majores.  Oculi  poslici  in  lineam  leviter  procur- 
vam, medii  magni,  obtuse  triquetri,  inter  se  eonligui,  a  lateralibus  vix 
separati.  \bdomen  longe  oblongum,  cinereo-testaceum  subtus  dilutius. 
Chelae,  sternum  pedesque  fui  va ,  patellis  libiisque  qualuor  aniieis  infus- 
calis,  libiis  î1  paris  muticis,  tibiis  9'  paris  aculeis  parvis  binis  uniseriatis , 
metatarsis  quatuor  anticis  aculeis  parvis  subbasilaribus  binis  subtus  in- 
structis,  metatarsis  tarsisque  rare  scopulatis.  Pedes  poslici  numerose  acu- 
leati.  \rea  vulvaj  rufescens,  parallela,  antice  plagula  anguste  transversa, 
viltifbrmi  arcuala  et  trifida  (ramulo  medio  acute  Iriquelro,  reliquis  cur- 
valis  el  obtusis)  et  poslice  plagulis  parvis  binis  rotundis  et  gemma  lis 
iimnila. 

\  1/.  bicolori  E.  Sim.  (ex  India)  imprimis  differt  oculis  mediis  poslicis 
late  triquetris  haud  linearibus,  oculorum  linea  postica  minus  procurva  el 
structura  plagula'  genitalis. 


—  98  — 

Drassodes  Maindroni  sp.  nov.  d*  long.  om,ooo.  —  Céphalothorax 
ovatus,  antice  parum  altenuatus,  sat  convexus,  fulvo-rufescens,  antice 
sensim  infuscatus,  parce  luteo-pubescens.  Oculi  arrtici  in  lineam  sat  pro- 
curvam,  medii  lateralibus  paulo  majores  et  inter  se  quaru  a  lateralibus 
remotiores.  Ocuii  postici  in  lineam  evidenter  procurvam  latiorem ,  medii 
ovati,  plani,  inter  se  valde  appropinquati,  sed  a  lateraiibus  minoribus  latis- 
sime  distantes.  Area  mediorum  circiter  œque  longa  ac  lata  et  antice  quam 
postice  latior.  .Vbdomen  oblongum ,  luteo-testaceum  sericeo-[)ubescens. 
Ghelœ  fusco-rufulœ ,  longae,  cylindralae  sed  verticales,  transversim  leviter 
rugatae  et  parce  granosae ,  margine  inferiore  sulci  longe  obliquo  et  mntico. 
Sternum  pedesque  fulva,  hi  versus  extremilales  sensim  infuscati;  tibiis 
quatuor  anticis  aculeis  parvis  binis  inter  se  remotis,  metatarsis  aculeo 
simili  subbasiiari  subtus  armatis,  tibiis  /i'  paris  aculeis  inferioribus  latera- 
iibus dorsalibusque  binis  munitis.  Pedes-maxillares  médiocres,  t'emore  sat 
robuste  sed  parallelo  et  leviter  curvato,  tibia  patella  paulo  longiore  et  gra- 
ciliore  omnino  mulica,  tarso  tibia  paulo  longiore  haud  latiore  tereti,  bulbo 
parvo  et  simplici  dimidium  bacilarem  tarsi  tantum  occupante. 

A  D.  lacertoso  Cambr.  (ex  Syria  et  /Egypto),  cui  valde  alliais  est,  im- 
primis  differt  femore  pedum-maxillarium  maris  parallelo  haud  fusiformi. 

Latrodectus  scelio  Thorell.  var.  indica  E.  Sim. 

A  L.  scelione  Th.  (ex  Australia,  Austro-Màlaisia  et  Polynesia)  tantum 
differt  macula  aurantiaca  venlrali  multo  minore  transversa  et  propre  ma- 
millas  sita. 


\pPLICAT10N  DE    LA    PHOTOGRAPHIE  MICROSCOPIQUE 
À   L'ÉTUDE   DES  SARCOPTIDES  PLÎJMIGOLES , 

par  MM.  Fayette  et  Trouessart. 


La  ni 


(holographie  des  animaux  microscopiques  présente  certaines  diffi- 
cultés qui  en  ont,  jusqu'ici,  singulièrement  restreint  l'usage.  On  s'est  géné- 
ralement contenté  de  dessins  faits  à  la  chambre  claire,  qui  sont  excellents 
lorsqu'ils  sont  exécutés  par  le  naturaliste,  lui-même  ou  par  un  micrographe 
exercé,  mais  ne  peuvent  être  confiés  à  un  dessinateur  ordinaire,  quel  que 
soit  le  talent  de  celui-ci,  et  qui  exigent  d'ailleurs  un  temps  considérable. 

Ayant  à  figurer  les  nombreuses  espèces  de  Sarcoplides  plumicoles  (Anal- 
gesinœ)  que  nous  avons  récoltées,  depuis  plus  rie  dix  ans,  dans  les  riches 
collections  oraitbologiques  du  Muséum  de  Paris,  nous  nous  sommes  pré- 
occupés, depuis  longtemps,  d'aplanir  ces  difficultés.  Après  des  tâtonnements 


et  des  essais  plus  ou  moins  heureux0',  nous  sommes  arrivés  à  un  résultai 
satisfaisant,  comme  on  en  pourra  juger  par  les  spécimens  que  nous  mettons 
sous  les  yeux  des  professeurs  et  des  naturalistes  du  Muséum. 


Photolichi:s  elbgans  n.  sp  d" -,  Sarcoptide  plumicole  vivant  sur  les  Perroquets  du 
genre  ùjclopsittacus  (Nouvelle- Guinée)  X  100.  —  (Spécimen  de  photogravure 
d'après  nos  préparations). 

Les  Sarroptides  se  prêtent  assez  bien  à  ce  genre  de  reproductions  :  leur 
corps  aplati  se  laisse  comprimer  entre  deux  verres  sans  se  déformer  et  de 
manière  (pie  toutes  les  extrémités  soient  sensiblement  sur  le  même  plan, 
ce  qui  permet  une  mise  an  point  approximative,  à  condition  de  ne  pas 
dépasser  les  grossissements  moyens  (100  diamètres  environ  pour  ces  Aca- 
riens qui  ont  de  î/a  à  1  millimètre,  sauf  de  rares  exceptions).  Les  grossis- 
sements plus  forts  peuvent  être  obtenus  en  agrandissant  la  photographie 
primitive. 

1  Voyez,  notamment,  Trolf.ssv ht  ef  \f.cmann,  Diagnoset  d'espèces  nouvelles  de 
Sarcoptides  plumicoles.  —  Bulletin  scientifique  delà  France  et  de  la  Belgique,  îHSSi 
(avec  a  microphotographies  reproduites  par  la  glyplographie). 


—  100  — 

Le  point  important  est  d'avoir  une  préparation  très  propre  ei  liés  nette, 
montrant  l'Acarien  bien  entier  avec  les  pattes  étalées  de  manière  que  Ions 
les  détails  de  ses  formes  se  détachent  facilement  sur  la  photographie.  — 
Voici  le  manuel  opératoire  auquel  l'un  de  nous  (M.  le  D'  Favette)  s'est 
arrêté,  en  cherchant  à  perfectionner  les  procédés  déjà  connus. 

i°  Choix  des  spécimens.  —  11  importe  beaucoup  d'avoir  des  individus  en 
bon  état,  c'est-à-dire  pourvus  de  tous  leurs  poils  et  appendices  et  dont  les 
téguments  soient  fortement  chitinisés  et  colorés,  car  ceux-là  seuls  donnent 
des  épreuves  vigoureuses  à  la  photographie.  Pour  faire  ce  choix,  on  place 
tous  les  Acariens  dune  même  espèce  dont  on  dispose  dans  de  la  glycérine 
additionnée  d'acide  acétique  cristallisable  (3o  pour  100),  et  on  les  y 
laisse  deux  ou  trois  jours,  ou  même  davantage.  Cette  opération  peut  se 
faire  sur  une  simple  laine  de  verre,  que  l'on  tiendra  à  l'abri  des  poussières 
le  l'air,  ou  dans  un  tube.  La  glycérine  acidulée  imbibe  les  Acariens,  les 


étale  et  facilite  leur  triage;  elle  les  couserve  indéfiniment  sans  altération. 


D 


9.°  Nettoyage  et  préparation  préliminaires.  —  L'Acaiien  choisi  au  micro- 
scope est  porté,  à  l'aide  d'un  tin  pinceau  de  marte,  sur  une  lame  de  verre 
où  l'on  a  déposé  une  goutte  de  glycérine  acidulée.  On  recouvre  d'une  la- 
melle ronde  et  l'on  cbauffe  pendant  cinq  à  six  secondes.  Si  la  goutte  de  gly- 
cérine est  suffisante  pour  déborder  la  lamelle,  on  peut  chauffer  sans  crainte 
d'accident;  une  goutte  insuffisante  gênerait  l'étalage  des  pattes  et  produirait 
un  écrasement  trop  rapide,  cause  fréquente  de  déchirures  ou  d'explosion. 
—  On  ajoute  alors  sur  le  bord  de  la  lamelle  nue  nouvelle  goutte  de  glycé- 
rine pour  faciliter  le  glissement  de  celle-ci  et  découvrir  l'Acarien;  on  enlève 
avec  un  linge  toute  la  glycérine  qui  l'entoure  et  l'on  fait  tomber  sur  lui  une 
goutte  d'une  solution  dépotasse  caustique  (à  3o  p.  îoo),  qu'on  laisse  agir 
de  une  à  cinq  minutes  suivant  la  taille  de  l'Acarien.  La  potasse  dissout  les 
matières  grasses  et  les  impuretés  qui  adhèrent  au  corps  de  l'animal  :  il 
faut  agir  à  froid,  car.  si  l'on  chauffe,  on  court  risque  de  détacher  les  poils, 
les  ambulacres  (ventouses  du  tarse),  ou  tout  au  moins  de  déformer  d'une 
manière  irrémédiable  ces  parties  délicates,  qui  sont  rapidement  attaquées 
par  la  potasse  caustique. 

L'Acarien  ainsi  préparé  est  reporté  dans  une  goutte  de  glycérine  où  d'or- 
dinaire il  s'étale  de  lui-même,  et  la  préparation  peut  être  considérée  comme 
terminée.  —  Si  cependant  le  sujet  a  de  la  peine  à  prendre  une  position 
convenable,  en  raison  de  sa  taille  ou  pour  toute  autre  raison,  on  enlève  la 
potasse  et  l'on  recouvre  l'Acarien  d'une  goutte  de  créosote  sans  ajouter  de 
lamelle.  On  chauffe  une  ou  deux  secondes  et ,  très  rapidement,  l'on  supprime 
avec  un  linge  la  créosote,  que  l'on  remplace  par  une  goutte  de  glycérine. 
Presque  toujours  alors  l'Acarien  s'étale  parfaitement.  La  seule  précaution  à 
prendre  est  d'éviter  que  la  créosote  s'évapore  complètement  avant  que  le 
sujet  soil  replacé  dans  la  glycérine,  car  alors  il  se  recroquevillerait  d'une 


—    10!    — 

façon  irrémédiable.  Si  le  résultat  laisse  encore  à  désirer,  ou  peut  recom- 
mencer l'opération  soit  avec  la  potasse,  suil  avec  la  créosote,  ou  même  avec 
les  deux  successivement,  ou  bien,  au  sortir  <le  la  créosote,  mettre  une 
goutte  de  potasse  au  lieu  d'une  goutte  de  glycérine. 

Ou  se  rappellera  que  les  femelles,  à  corps  plus  compact  et  moins  dé- 
coupé, à  téguments  fortement  chilinisés,  supportent  ces  opérations  mul- 
tiples mieux  que  les  mâles  et  doivent  rester  plus  longtemps  dans  chacun 
des  liquides  employés,  particulièrement  dans  la  potasse.  Quant  aux  mâles, 
ce  dernier  réactif  déforme  facilement  leur  organe  génital  :  il  est  donc  préfé- 
rable  de  les  faire  passe!-  rapidement  de  la  créosote  dans  la  glycérine  acidulée. 
Celle-ci  peut  servir  de  liquide  conservateur. 

3°  Préparation  définitive.  —  Elle  se  fait  dans  la  glycérine  acidulée  ou 
dans  la  gelée  de  glycérine  en  chauffant  pour  chasser  loules  les  bulles  d'air. 
Avant  de  fermer  définitivement  la  préparation,  on  s'assurera  qu'aucune 
impureté  ne  se  trouve  dans  le  voisinage  du  corps  de  l'Acarien.  Enfin,  on 
lutera  la  cellule  au  moyen  du  baume  de  Judée,  du  vernis  du  Japon  ou  de 
la  solution  alcoolique  de  cire  à  cacheter,  appliqués  à  l'aide. d'un  pinceau  au 
pourtour  de  la  lamelle.  Chaque  préparation  ne  doit  contenir  qu'un  seul 
Ara  rien. 

4°  Photographie.  —  Notre  appareil  est  des  plus  simples.  Il  est  formé 
d'une  chambre  noire  ordinaire  dont  l'objectif  est  remplacé  par  le  tube  du 
microscope  incliné  à  angle  droit.  Ce  tube  est  relié  à  la  chambre  noire  par 
un  manchon  formé  d'un  simple  cône  de  drap  noir,  serré  par  des  bracelets 
de  caoutchouc,  d'une  part  sur  le  tube  du  microscope,  de  l'autre  sur  celui 
de  la  chambre  noire.  L'éclairage  se  fait  au  moyen  d'une  lampe  à  pétrole 
ordinaire.  L'expérience  nous  a  montré  que  cet  appareil  primitif  et  peu 
coûteux  donnait  des  résultats  aussi  satisfaisants  que  les  appareils  com- 
pliqués et  d'un  prix  élevé  dont  on  se  sert  dans  les  laboratoires  de  micro- 
photographie adjoints  à  nos  grands  établissements  scientifiques. 

Les  photographies  que  nous  faisons  passer  sous  vos  yeux  sont  assez  par- 
faites pour  qu'il  soil  possible,  désormais,  d'illustrer  un  mémoire  descriptif 
à  l'aide  de  phototypies  imprimées  sur  des  planches  hoi  s  texte  ou  même  de 
photogravures  intercalées  dans  le  texte,  bien  que  l'aspect  de  ces  dernières 
ne  soit  pas  aussi  satisfaisant  que  celui  des  premières  qui  reproduit,  très 
exactement .  tous  les  détails  de  la  photographie  primitive. 


—  102  — 

Mesure  du  plus  chaud  effort 
<jue  l'uisse  produire  un  muscle  gastro-cnemien  de  glsenouille, 

A   L  AIDE  d'p.V  MYODYNAMOMETRE  A    SONNERIE, 

PAR  M.  Gréhant. 

J'ai  fait  construire  par  M.  Noé  un  instrument  que  j'appelle  myodynamo- 
mètre  à  sonnerie  et  dont  l'idée  m'a  été  suggérée  par  le  myographe  de  l'il- 
lustre Helmhokz  et  par  un  dispositif  qui  a  été  employé  par  mon  savant 
collègue  le  professeur  Rosenthal  d'Erlangen. 

Un  levier  de  laiton  monté  sur  pointes  ayant  22  centimètres  de  long  porte 
deux  curseurs  dont  l'un  est  muni  d'un  plateau  et  dont  l'autre  sert  de  con- 
trepoids. 

Une  pince  maintenue  par  un  support  très  solide  sert  à  fixer  le  fémur 
d'une  patte  de  Grenouille  tandis  que  le  tendon  d'Acbille  est  uni  par  un  cro- 
chet métallique  avec  le  curseur  portant  le  plateau  qui  est  chargé  d'abord 
d'un  poids  de  100  grammes. 

On  dispose  en  outre  sur  un  support  horizontal  muni  d'une  vis  et  d'une 
crémaillère  un  chevalet  métallique  triangulaire  dont  l'arête  est  approchée 
le  plus  près  possible  du  levier,  à  1/10  de  millimètre  environ. 

Le  chevalet  communique  avec  l'un  des  pôles  d'un  accumulateur  tandis 
que  le  levier  est  uni  avec  une  sonnerie  électrique  et  avec  l'autre  pôle;  dès 
que  l'on  tétanise  le  muscle  avec  les  courants  induits  d'une  bobine  de  Du 
Bois  Reyinond,  le  contact  du  chevalet  et  du  levier  fait  vibrer  la  sonnerie. 

Pour  200,  000,  &00,  5oo,  (ioo,  700,  800  et  même  1,000  grammes, 
on  réussit  également  à  faire  marcher  le  timbre,  bien  que  le  poids  du  muscle 
soit  égal  à  k  ou  ô  décigrannnes  seulement. 

L'hydrogène,  l'oxyde  de  carbone,  l'acide  carbonique,  l'alcool,  le  curare 
n'ont  pas  modifié  cette  énergie  musculaire;  au  contraire,  la  vératrine  in- 
jectée sous  la  peau  d'une  Grenouille  a  produit  une  diminution  notable  du 
poids  soulevé,  hoo  grammes  du  côté  empoisonné  ont  fait  vibrer  la  sonne- 
rie; 5oo  grammes  n'ont  pas  produit  d'effet,  tandis  que  du  côté  sain  pré- 
servé par  une  ligature  de  l'action  du  poison,  700  grammes  ont  été  soule- 
vés; la  différence  est  très  nette. 


—  103  — 

Causes  de  la  diminution  de  résistance  des  Carnassiers 

au  charbon^, 

pab  M.  C.  Phisalix. 

D'après  G.  Colin l2),  frtous  les  animaux  carnassiers  paraissent  aussi  com- 
plètement réfractaires  que  le  Chien  à  l'inoculation  du  charbon  par  les  voies 
digestives.  Tous  les  jours  on  voit  ceux  des  ménageries  se  repaître  de  viande 
charbonneuse  ;  les  Carnassiers  du  Muséum  nous  répètent  à  tout  instant  l'ex- 
périence, car,  parmi  les  viandes  saisies  dont  ils  se  nourrissent,  il  en  est 
assez  souvent  cpii  proviennent  d'animaux  charbonneux ,  comme  j'en  ai  eu 
plusieurs  fois  la  preuve».  Ainsi  énoncée ,  cette  proposition  est  trop  absolue. 
J'ai  eu  l'occasion,  depuis  deux  ans,  de  voir  trois  fauves  mourir  à  la  suite 
d'ingestion  de  viandes  charbonneuses.  Il  est  probable  que  ce  n'était  pas 
la  première  fois  que  ces  animaux  mangeaient  de  la  viande  charbonneuse, 
et,  comme  ils  ont  succombé  au  charbon,  j'ai  cherché  à  élucider  les  causes 
qui  avaient  pu  ainsi  faire  cesser  brusquement  leur  immunité. 

Déjà  plusieurs  expérimentateurs  (Oemler,  Toussaint,  Nocard,  etc.)  ont 
observé  dans  des  cas  de  mort  par  infection  charbonneuse  ou  provoqué  ex- 
périmentalement cette  infection  chez  des  animaux  réfractaires.  Mais  la  cause 
de  ces  variations  était  restée  obscure.  Ce  sont  les  expériences  de  M.  Chau- 
veau  sur  le  Mouton  barbarin  qui  ont  élucidé  la  question.  Si  l'on  augmente 
suffisamment  la  quantité  des  agenls  virulents  introduits  dans  l'économie, 
on  peut  triompher  de  la  résistance  de  l'organisme.  C'est  ainsi  que  le  Mou- 
ton algérien,  qui,  dans  les  conditions  ordinaires,  ne  prend  pas  le  charbon, 
succombe  à  une  injection  hypodermique  assez  copieuse  de  culture  virulente. 
L'immunité  naturelle  de  certains  animaux  pouf  les  virus  aussi  bien  que 
pour  les  poisons  ou  les  venins  est  toute  relative  :  elle  n'existe  que  pour  les 
doses  ordinaires  capables  de  tuer  les  animaux  sensibles.  Si  l'on  dépasse  sulli- 
samment  ces  doses,  l'immunité  disparaît  et  les  animaux  succombent. 

Mais  il  y  a  un  autre  moyen  de  triompher  de  l'immunité  des  animaux, 
c'est  de  diminuer  leur  résistance  vitale.  C'est  ainsi  que  la  Poule,  ordinaire- 
ment réfractaire  au  charbon ,  le  prend  si  l'on  vient  à  la  refroidir.  Cette  expé- 
rience de  Pasteur  et  beaucoup  d'autres  analogues  montrent  que  ces  ani- 
maux affaiblis  par  une  cause  perturbatrice  sont  incapables  de  résister  à  une 
infection  habituellement  inoffensive. 

C'est  dans  cet  ordre  d'idées  qu'il  faut  chercher  la  mort  de  nos  carnassiers. 

W  J'adresse  tous  mes  remerciements  à  MAI.  Milne  Edwards  et  Filtiol  qui  ont 
bien  voulu  faciliter  mes  recherches. 

W  G.  Colin.  Compte»  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  1869,  t.  68,  p.  1 35. 


—   LOâ  — 

Leur  histoire  va  nous  montrer  que  l'infection  charbonneuse  a  bien  été  pro- 
voquée par  une  affection  prédisposante. 

En  1890,  le  18  février,  mourut  à  la  ménagerie  du  Muséum  un  Felis  onça  (vulgo 
Panthère  blanche)  arrivé  du  Turkeslan  le  20  décembre  1896;  cet  animal  s'était  pro- 
gressivement affaibli  :  sous  l'influence  du  froid  particulièrement  rigoureux  cette 
année-là,  il  avait  contracté  une  bronchite,  et  l'on  pouvait  vraisemblablement  attri- 
buer la  mort  à  l'affection  des  voies  respiratoires.  Averti  trop  tard,  je  n'ai  pu  exa- 
miner les  viscères  qui  étaient  déjà  enlevés,  mais  j'ai  fait  des  cultures  avec  des 
parcelles  de  chair  prises  dans  l'épaisseur  des  muscles  du  pied.  Ces  cultures  ont 
donné  une  prolifération  abondante  Av  filaments  charbonneux  dune  grande  virulence. 
La  mort  était  donc  bien  due  à  la  bactéridie  charbonneuse,  et  la  bronchite  n'avait 
été  que  la  cause  occasionnelle  de  l'infection. 

Les  deux  autres  fauves  morts  tout  récemment  du  charbon  sont  deux  guépards 
mâle  et  femelle  (Gynœlurus  jubatus ),  arrivés  à  la  ménagerie  le  h  août  1896.  Ils 
ont  succombé  successivement  à  quarante-huit  heures  d'intervalle  sans  autres  symp- 
tômes que  des  efforts  de  vomissement.  J'ai  pu  en  faire  l'autopsie  à  peu  près  com- 
plète. La  rate  est  \ohmiineuse,  particulièrement  chez  l'un  d'eux;  les  ganglions 
mésenlériques  sont  gros  et  rouges.  La  muqueuse  stomacale  et  intestinale  est  très 
enflammée.  En  outre,  la  muqueuse  trachéale  est  très  rouge,  vascularisée  et  recou- 
verte de  mucosités.  Les  replis  épiglotliques  sont  œdématiés.  On  trouve  des  muco- 
sités purulentes  dans  l'arrière  cavité  des  fosses  nasales.  Les  poumons  ne  semblent 
pas  malades.  Les  ensemencements  sur  agar  de  la  rate  et  des  ganglions  mésenté- 
riques  ont  donné  des  cultures  du  charbon  caractéristiques.  Ces  animaux  sont  restés 
très  gras. 

Gomme  beaucoup  d'autres  Carnassiers  ont  été  nourris  en  même  temps 
avec  la  même  viande  et  n'ont  pas  été  malades ,  on  peut  se  demander  si  ces 
espèces  auraient  pour  le  charbon  une  plus  grande  réceptivité,  ou  si,  au 
contraire,  ils  y  avaient  été  prédisposés  par  l'inflammation  des  premières 
voies  respiratoires.  Celte  dernière  hypothèse  me  semble  plus  vraisemblable 
et  je  puis  apporter  à  l'appui  une  expérience  de  laboratoire  : 

Ayant  inoculé  à  la  cuisse  deux  Chiens  et  deux  Chats  avec  une  même  dose  d'une 
même  culture  charhonneuse,  je  constatai  dès  le  lendemain  chez  les  premiers  un 
œdème  énorme  avec  lièvre  et  inappétence.  Puis  les  symptômes  s'amendèrent  bientôt 
et  tout  rentra  dans  l'ordre.  Chez  les  Chats,  il  n'y  eut  pas  le  moindre  gonflement,  ■ 
mais  lés  animaux  ne  mangèrent  pas  pendant  un  jour  ou  deux.  Lu  de  ces  Chats 
qui,  avant  l'inoculation  éternuait  et  toussait,  sans  cependant  paraître  en  souffrir 
beaucoup,  tombe  très  malade  au  bout  de  six  jours.  11  ne  se  tient  plus  debout, 
chancelle  quand  il  essaie  de  marcher  et  retombe  sur  le  flanc:  difficulté  très  grande 
de  respirer,  râles  sibilants  à  l'auscultation;  miaulements  plaintifs.  La  mort  arrive 
le  septième  jour.  A  l'autopsie,  on  trouve  au  point  d'inoculation  une  infiltration 
hémorragique  avec  commencement  de  mortification.  L^s  ganglions  de  l'aine  sont 
tuméfiés.  Le  poumon  droit  est  très  congestionné;  à  la  coupe  il  sort  des  mucosités 
épaisses.  La  trachée  et  le  larynx  sont  très  congestionnés  et  remplis  d'un  mucus 
visqueux,  grisâtre.  Le  sang  est  noir,  les  globules  agglutinés  et  il  y  a  de  nombreux 
Bacilles  charbonneux.  Les  cultures  du  sang,  de  l'œdème,  des  ganglions  ont  fourni 


—  105  — 

un  charbon  virulent.  Les  cultures  des  mucosités  trachéales  ont  donné  le  Bacille  pyo- 
cyanique  avec  tous  ses  caractères  de  couleur  et  d'odeur. 

Puisque  les  animaux  inoculés  en  même  temps  et  dans  les  mêmes  condi- 
tions n'ont  pas  succombe  au  charbon,  il  est  légitime  d'attribuer  la  cause  de 
la  mort  de  ce  Chat  à  la  bronchite  pyocyanique  dont  il  était  atteint  et  qui  a 
favorise'  l'infection  charbonneuse. 

On  sait  que ,  clans  le  cours  d'une  épidémie ,  ce  sont  les  individus  affaiblis 
par  une  cause  quelconque  qui  sont  plus  spécialement  atteints.  Pour  lutter 
contre  leurs  Microbes  ou  leurs  toxines,  l'organisme  met  en  jeu  le  fonction- 
nement des  tissus  qui  ont  la  propriété  de  sécréter  des  substances  bactéri- 
cides ou  antitoxiques.  On  comprend  que  si  la  fonction  est  troublée  par  une 
maladie  intercurrente,  ou  par  une  cause  d'affaiblissement  antérieure,  l'in- 
fection puisse  se  développer  plus  facilement.  Cela  est  si  vrai  que  chez  des 
animaux  réfractaires  un  trouble  physiologique  même  léger  diminue  la  résis- 
tance; ces  animaux  se  trouvent  alors  dans  les  mêmes  conditions  que  les 
animaux  sensibles.  Chez  les  animaux  réfractaires  comme  chez  les  animaux 
sensibles,  c'est  probablement  le  même  mécanisme  qui  provoque  les  réactions 
défensives.  Seulement,  chez  les  premiers,  il  fonctionne  d'une  manière  beau- 
coup plus  active,  surtout  au  moment  même  de  l'infection.  Ce  n'est  pas  tant  à 
la  préexistence  dans  le  sang  de  substances  antagonistes  qu'à  leur  augmen- 
tation brusque  et  rapide  sous  l'influence  des  microbes  qu'est  due  la  pro- 
tection de  l'organisme.  Aussi  la  quantité  plus  ou  moins  grande  de  substances 
bactéricides  dans  le  sang  des  animaux  réfractaires ,  leur  absence  même ,  ne 
me  semble  pas  pouvoir  être  invoquée  comme  un  argument  péremploire 
contre  une  explication  humorale  de  l'immunité. 


Sur  le  rendement  de  la  transformation  des  carbonates  d'ammonium 

EN   URÉE, 

par  M.  L.  Bourgeois. 

Tout  le  monde  sait  que  l'urée  CO(AzH')-  n'est  autre  chose  que  la  car- 
bamide  ou  amide  de  l'acide  carbonique  supposé  hydraté;  elle  dérive  donc 
du  carbonate  neutre  d'ammonium  CO(OAzH4)2  par  perte  de  deux  molécules 
d'eau.  Chauffée  avec  de  l'eau  en  tube  scellé  vers  i3o  degrés ,  elle  régénère , 
comme  l'a  fait  voir  autrefois  Pelouze,  le  carbonate  neutre  d'ammonium  ou 
plutôt  ses  produits  de  décomposition,  c'est-à-dire  des  carbonates  acides  et 
de  l'ammoniaque  libre.  La  même  transformation  s'effectue  aussi  à  froid, 
mais  alors  l'intervention  de  forces  étrangères  est  nécessaire;  c'est  dans  ce 
sens  qu'agit  l'uréase ,  produit  de  sécrétion  des  ferments  urinaires.  Or,  pour 
des  acides  autres  que  l'acide  carbonique,  on  peut  effectuer  directement, 
Muséum.  —  in.  g 


—  106  — 

par  l'action  de  la  chaleur  à  sec,  le  passage  inverse  du  sel  ammoniacal  à 
l'amide  :  c'est  ainsi  que  la  calcination  modérée  de  l'acétate  ou  de  l'oxalate 
d'ammonium  engendre  respectivement  l'acétamide  ou  l'oxamide.  L'urée 
jouit  effectivement  de  la  même  propriété;  c'est  ce  qu'a  très  bien  fait  voir 
M.  Basaroff,  il  y  a  déjà  près  de  trente  ans. 

M.  Al.  Basaroff,  dans  une  note  intitulée  ^Production  directe  de  l'urée  en 
partant  de  l'anhydride  carbonique  et  de  l'ammoniaque  *  {l\  avait  observé 
que,  si  l'on  chauffe  de  i3o  à  1/10  degrés  en  tube  scellé  du  carbamate  d'am- 
monium ou  simplement  du  carbonate  d'ammonium  commercial ,  une  partie 
du  sel  se  convertit  par  voie  de  déshydratation  en  urée,  la  réaction  se  trou- 
vant limitée  par  la  réaction  inverse  décrite  plus  haut.  Il  n'indique  pas 
la  proportion  numérique  de  l'urée  engendrée  dans  ces  circonstances,  an- 
nonçant seulement  qu'il  s'en  produit  des  quantités  assez  notables  (2).  J'ai 
répété,  il  y  a  quelques  années,  les  expériences  de  M.  Basaroff  sur  le  sesqui- 
carbonate  d'ammonium  du  commerce <S)  et,  opérant  dans  des  tubes  de 
faible  diamètre,  j'avais  trouvé  que  la  quantité  d'urée  formée  atteint 
2.0  p.  100  du  poids  de  carbonate  employé.  Ce  qui  gêne  particulièrement 
lorsqu'on  veut  effectuer  ces  essais ,  c'est  la  mise  en  liberté  du  gaz  anhydride 
carbonique  due  à  la  transformation  d'une  très  notable  proportion  de  car- 
bonate acide  d'ammonium  en  carbamate,  lequel  se  convertit  à  son  tour 
partiellement  en  urée.  La  pression  s'élève  beaucoup  dans  les  tubes  et  déter- 
mine l'explosion  de  presque  tous.  De  légères  modifications  au  mode  opéra- 
toire ,  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'assemblée ,  m'ont  permis  de  vaincre 
ces  difficultés  et  d'atteindre  des  rendements  plus  rémunérateurs  que  celui 
dont  je  viens  de  parler. 

Des  tubes  de  verre,  du  diamètre  et  de  l'épaisseur  de  parois  habituels, 
sont  remplis  aux  trois  quarts  de  sesquicarbonate  d'ammonium  commercial14' 
réduit  en  poudre  grossière,  et  étirés  en  pointe  capillaire  qu'on  ferme  à  la 
lampe;  on  les  chauffe  alors  vers  i3o  degrés  pendant  six  heures  environ  seu- 
lement. Après  refroidissement,  on  voit  que  le  sel  qui  avait  fondu  en  donnant 
une  liqueur  limpide  s'est  pris  en  masse  cristalline,  on  ouvre  à  la  lampe  la 
pointe  de  chaque  tube  en  prenant  les  précautions  d'usage;  il  s'échappe  de 
grandes  quantités  d'anhydride  carbonique.  On  referme  la  pointe  et  l'on 

''  Zeitschrift  fi'tr  Chemie,  1868,  p.  206  ;  Bulletin  de  la  Société  chimique,  2e série  , 
t.  X,  p.  25o. 

(2)  fch  liabe  soeben  gefunden ,  dass  aucb  das  kàuflicbe  feste  Kohlensàures  Am- 
moniak,  beim  Erhilzen  auf  i3o  bis  iio°  C  ziemlicb  reicblicbe  Mengen  reines 
Harnstofles  liefert. 

"'  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3e  série,  t.  VII,  p.  58. 

(4'  Le  carbonate  était  non  eflleuri  et  sentait  fortement  l'ammoniaque;  il  était 
volatil  au  bain-marie  sans  laisser  de  résidu  appréciable,  c'est-à-dire  qu'il  ne  ren- 
fermait ni  sels  minéraux ,  ni  urée  ;  son  titre  alcalimétrique  correspondait  à  80. h  p.  1 00 
de  carbonate  neutre  CO\AzH4)2. 


—   107  — 

chauffe  de  nouveau  pendant  six  heures  comme  précédemment.  On  renou- 
velle un  certain  nombre  de  fois  sur  chaque  tube  la  même  série  d'opérations; 
à  chaque  fois  qu'on  ouvre  la  pointe  d'un  tube,  la  quantité  d'anhydride  car- 
bonique expulsée  diminue  et,  après  cinq  ou  six  séances  de  chauffage,  on 
n'observe  plus  de  dégagement  gazeux  lors  de  l'ouverture  de  la  pointe.  On 
ouvre  alors  définitivement  les  tubes,  on  dissout  leur  contenu  dans  l'eau  à 
une  douce  chaleur  et  toutes  les  eaux  de  lavage  sont  évaporées  au  bain-marie 
dans  une  capsule  jusqu'à  siccité.  Tout  le  carbonate  non  transformé ,  ainsi 
que  le  carbamate  préexistant  ou  ayant  pris  naissance  dans  la  réaction  est 
alors  volatilisé  et  le  résidu  est  formé  d'urée  (avec  une  trace  de  ses  produits 
de  décomposition  tels  que  biuret);  on  la  fait  recristalliser  aisément  dans 
l'alcool  méthylique  ou  éthylique.  Pour  établir  les  rendements  donnés  ci- 
dessous,  on  s'est  assuré  qu'une  quantité  donnée  d'urée,  étant  dissoute  dans 
une  solution  de  carbonate  d'ammonium,  se  retrouve  inaltérée  lorsqu'on 
évapore  la  solution  au  bain-marie. 

Les  rendements  en  urée  pour  cent  parties  de  sesquicarbonate  d'ammonium 
sont  assez  variables  d'un  tube  ou  d'un  groupe  de  tubes  à  l'autre;  j'ai  obtenu 
une  série  de  nombres  s'échelonnant  entre  3. 20  et  9.5 2;  on  peut  admettre 
en  moyenne  à  peu  près  6  p.  100.  La  quantité  totale  d'anhydride  carbonique 
expulsé  s'élevait  à  10-12  p.  100  du  carbonate. 

Le  bicarbonate  d'ammonium ,  obtenu  par  efflorescence  à  l'air  du  sesqui- 
carbonate, fournit  de  moindres  rendements  en  urée,  soit  2.5  à  2.9  p.  100. 

J'ai  expérimenté  également,  à  l'exemple  de  M.  Basaroff,  sur  le  carbamate 
d'ammonium  COAzrF.OAzH4;  ce  sel  était  préparé  en  faisant  arriver  au 
sein  de  l'alcool  méthylique  à  98  p.  100  des  gaz  ammoniac  et  anhydride 
carbonique  desséchés.  Il  se  fait  un  dépôt  de  belles  lamelles  rhomboïdales 
qu'on  essore  rapidement  à  la  trompe.  Le  sel  étant  mis  dans  des  tubes  scellés 
et  chauffé  pendant  trente-six  heures  vers  i3o  degrés,  on  le  voit  peu  à  peu 
devenir  humide  et  ses  cristaux  s'accroître  au  sein  de  leur  eau-mère.  On 
n'observe  aucun  excès  de  pression  lorsqu'on  ouvre  les  tubes,  ce  qui  devait 
être,  puisque  le  carbamate  est  du  carbonate  neutre,  moins  une  molécule 
d'eau.  Le  rendement  en  urée  est  ici  bien  plus  faible  que  pour  le  sesqui- 
carbonate ,  circonstance  difficile  à  expliquer  ;  je  l'ai  trouvé  de  2 .6  à  3.7  p.  1 00 
seulement. 

Je  rapporterai  en  terminant  une  expérience  faite  en  plus  grand  sur  le 
sesquicarbonate  d'ammonium.  M.  Grimaux  ayant  bien  voulu  mettre  à  ma 
disposition  un  autoclave  en  acier  très  résistant  de  1  litre  de  capacité,  j'y  ai 
chauffé  au  bain  d'huile  vers  i3o  degrés  une  quantité  de  600  grammes  de 
sesquicarbonate  en  procédant,  comme  il  a  été  dit,  par  chauffages  successifs 
et  évacuant  les  gaz  entre  chacun  d'eux.  L'opération  terminée,  le  contenu  a 
été  repris  par  l'eau,  mais,  contre  toute  attente,  le  métal  avait  été  notable- 
ment attaqué  par  l'acide  carbonique  du  sel  et  les  liqueurs  renfermaient 
beaucoup  de  carbonate  ferreux  dissous  à  la  faveur  du  carbonate  d'ammo- 


—  108  — 

nium.  Oq  a  évaporé  le  tout  à  sec  au  bain- marie,  ce  qui  a  rendu  la  totalité 
du  fer  insoluble  à  l'état  de  peroxyde  (70  grammes)  et  la  masse  pulvérisée 
a  été  épuisée  par  l'eau  ;  la  liqueur  filtrée  a  été  évaporée  de  nouveau  et  l'urée 
recrislallisée  dans  l'alcool  méthylique.  Le  poids  d'urée  pure  ainsi  obtenue 
s'est  élevé  à  45  gr.  3,  ce  qui  donne  un  rendement  de  7.55  p.  100.  Si  l'on 
voulait  répéter  cette  expérience  et  qu'on  ne  disposât  pas  d'un  appareil 
doublé  de  platine,  il  conviendrait  peut-être  de  donner  la  préférence  à  un 
autoclave  de  cuivre  ou  de  bronze.  Je  me  suis  en  effet  assuré  que  de  la 
tournure  de  cuivre  cbauffée  en  vase  clos  avec  du  carbonate  d'ammonium 
n'est  nullement  attaquée  en  l'absence  d'air.  Un  appareil  doublé  de  nickel 
en  couche  un  peu  épaisse  rendrait  les  meilleurs  services. 

En  faisant  passer  dans  un  grand  appareil  de  ce  genre  une  molécule 
d'anhydride  carbonique  et  deux  molécules  d'ammoniaque,  ces  deux  produits 
étant  pris  secs  et  liquéfiés,  tels  que  les  fournit  aujourd'hui  l'industrie,  chauf- 
fant l'autoclave,  après  l'avoir  fermé,  etc. ,  on  disposerait  d'un  procédé  pour 
faire  l'urée  sur  une  grande  échelle.  Mais  on  possède  d'autres  bonnes  mé- 
thodes synthétiques  et  l'urée  est  dénuée  d'applications  industrielles. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE- 


ANNEE  1897.  —  N°  4. 


20e  reunion  des  naturalistes  du  muséum. 

27    AVRIL    1897. 


PRESIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DlRECTEliP.    DU    MUSEUM. 


M.  dk  Président  dépose  sur  le  bureau  le  troisième  [fascicule  du 
Bulletin  pour  l'année  1 89-7,  paru  le  26  avril,  et  contenant  les  com- 
munications faites  dans  la  reunion  du  3o  mars. 

Il  annonce  que  les  cours  et  conférences  de  l'enseignement  spécial 
pour  les  voyageurs  naturalistes,  qui  a  été'  institué  au  Muséum  et 
qui  en  est  à  sa  cinquième  année  d'existence,  viennent  de  s'ouvrir 
ce  jour  même  27  avril. 

Voici  le  programme  de  ces  cours  pour  l'année  1897  : 

27  avril.  Leçon  d'ouverture AI.  AIilne  Edwards. 

29  —  L'homme  dans  ses  rapports  zoologiques.  .  M.  Hamy. 

l"  mai.  L 'homme  dans  ses  travaux  et  son  industrie.  AI.  Verne  \u. 

/j  —  L'homme  dan»  ses  rapports  de  société.  .  .  AI.  Cheïsson. 

G  —     Mammifères M.  E.  Oustalet. 

8  —      Oiseaux AI.  E.  Oustalet. 

1  1  —      Reptiles  et  poissons AI.  L.  Vaillant. 

1  'i  —      Mollusques Af .  E.  Perrier. 

1  5  — ■      Vers  et  Zoophytes AI.  Bernard. 

18  —  Crustacés,  Arachnides ,  Myriapodes.  .  .  .  AI.  Bouvier. 

20  —     Insectes AI.  Ch.  Brononi  u.t. 

22  —     Anatomie  comparée M.  II.  Filiiol. 

25  —      Plantes  phanérogames Al.  E.  Bureau. 

Muséum.  —  111.  9 


—   110  —  . 

29    mai.    Plantes  cryptogames M.  Morot. 

1er  juin.  Plantes  vivantes M.  Bois. 

3     —     Géologie M.  St.  Meunier. 

5     —     Minéralogie M.  Lacroix. 

8     —     Paléontologie M.  Gaudry. 

io      —      Hygiène  des  voyageurs M.  Gréhant. 

12     —     Météorologie M.  H.  Becquerel. 

i5      — ■      Détermination  du  point  en  voyage.  Notions 

sommaires  de  géodésie  et  de  topographie.  M.  Bigourdan. 

i  y     —     Photographie  en  voyage M.  Davanne. 

22      — ■      La  photographie  dans  la  constmction  des 

cartes  et  plans M.  ie  colonel  Laussedat. 

Les  leçons  auront  lieu  les  mardis,  jeudis  et  samedis  de  chaque 
semaine,  à  io  heures  du  matin,  dans  Famphitéâtre  de  la  Galerie 
de  zoologie. 

Dans  des  Conférences  pratiques ,  faites  dans  les  laboratoires  et  sur 
le  terrain,  et  dont  les  jours  et  heures  seront  indiquées  à  la  suite  des 
leçons,  les  auditeurs  seront  initiés  à  la  récolte  ou  à  la  préparation 
des  collections,  aux  relevés  photographiques,  à  la  détermination 
du  point  en  voyage  et  à  des  notions  sommaires  de  Géodésie  et  de 
Topographie. 


CORRESPONDANCE. 

M.  L.  Diguet,  chargé  d'une  mission  en  Basse-Californie  et  au 
Mexique,  annonce  qu'il  a  expédié  de  Guadalajara,  au  mois  de  jan- 
vier dernier,  une  caisse  contenant  la  majeure  partie  des  collections 
d'ethnographie,  de  zoologie  et  de  botanique  qu'il  a  pu  recueillir 
dans  l'État  de  Jalisco. 

Dans  des  lettres  adressées  à  M.  le  Directeur,  à  M.  Poisson  et  à 
M.  Boulait,  et  datées  de  la  Paz  les  5,  16  et  22  mars,  il  donne  sur 
son  voyage  les  renseignements  suivants  : 

Mon  voyage  depuis  mon  arrivée  au  Mexique  a  été  satisfaisant  et  je  n'ai 
guère  éprouvé  comme  contretemps  que  du  retard  par  suite  des  saisons  qui 
ont  été,  cette  année,  extrêmes. 

Dans  l'état  de  Guanajuato,  où  j'ai  commencé  mes  excursions,  la  grande 
sécheresse  qui  sévissait  ne  m'a  guère  permis  que  de  inoccupée  de  minéra- 
logie. 

Sur  le  versant  pacifique,  au  contraire,  l'époque  pluviale  a  été  excep- 
tionnelle; les  orages  étaient  continuels  et  se  sont  prolongés  au  delà  de 


—  111  — 

l'époque  habituelle.  Par  suile  des  crues,  les  torrents  et  les  ravins  avaient 
rendu  les  routes  impraticables;  toute  excursion  vers  la  Sierra  e'Iait  impos- 
sible, force  me  fut  de  m'arrêter  deux  mois  à  Guadalajara  avant  de  reprendre 
ma  route;  là,  j'ai  pu  mettre  à  profit  cet  intervalle  pour  commencer  une 
collection  de  la  localité  que  je  compte  achever  au  commencement  de  l'été 
prochain.  Vu  la  situation  de  la  ville  de  Guadalajara,  environnée  de  hautes 
montagnes  et  de  profonds  ravins,  la  contrée  offre  des  ressources  qui  per- 
mettent, sans  entreprendre  de  longues  expéditions,  de  se  trouver  en  pré- 
sence, dans  un  périmètre  restreint,  de  spécimens  de  la  flore  et  de  la  faune 
des  différents  climats  du  versant  pacifique  mexicain. 

Je  viens  de  faire  une  expédition  heureuse  chez  les  Indiens  Huichols  dans 
le  nord  de  la  Sierra  del  Nayarit,  ce  qui  m'a  mené  jusqu'à  la  tîn  de  l'an- 
née i8y6  Mais  l'hiver  s'étant  fait  sentir  un  peu  trop  rigoureusement,  je 
me  suis  vu  forcé  de  regagner  les  terres  chaudes  et  depuis  quelques  jours 
je  suis  en  Basse-Californie,  où  je  vais  pouvoir  récolter  des  animaux  marins 
grâce  aux  facilités  que  m'offriront  les  pêcheries  de  perles. 

Jamais  je  n'avais  vu  de  montagnes  aussi  impraticables  que  celles  de  la 
Sierra  que  je  viens  de  parcourir,  de  ravins  aussi  profonds  et  resserrés  et 
enthousiasmant  par  le  pittoresque.  Dans  les  profondeurs  ,  la  végétation  des 
tropiques,  sur  les  hauteurs,  des  chênes  et  des  pins.  Partout  des  Orchidées 
en  fleur  même  dans  les  altitudes  les  plus  froides.  Les  Indiens  Huichols  sont 
au  même  niveau  que  la  nature  de  ces  régions,  c'est-à-dire  empoignants. 
Je  fus  d'abord  accueilli  par  eux  avec  défiance;  ils  essayèrent  de  me  faire 
comprendre  que  je  serais  bien  mieux  ailleurs  que  chez  eux,  et  que  je  serais 
aimable  en  les  laissant  tranquilles.  Mais,  peu  à  peu,  voyant  que  j'étais  séden- 
taire, ils  s'habituèrent  à  moi  et  me  considèrent  maintenant  comme  un  frère, 
et  plus  j'abusai  de  leur  confiance,  plus  ils  en  avaient  à  mon  égard. 

J'ai  pu  ainsi  les  photographier  à  loisir  et  prendre  des  mesures  anthro- 
pométriques, et  cela  devenait  par  la  suite  un  divertissement  pour  eux.  Ce- 
pendant ,  une  chose  à  laquelle  ils  ne  voulurent  pas  consentir,  c'est  à  me 
procurer  les  crânes  de  leurs  ancêtres,  mais,  cependant,  pour  ne  pas  trop 
me  chagriner,  ils  fouillèrent  un  lumulus  et  me  rapportèrent  deux  crânes  bra- 
chycéphales,  en  me  faisant  remarquer  que  ces  crânes  étaient  d'une  autre 
race  qu'eux-mêmes. 

Voilà  donc  des  Indiens  qui  savent  distinguer  les  brachycéphales  des  do- 
lichocéphales. Je  pus  aussi  récolter  des  collections  ethnographiques  sur  les 
autels  de  leurs  divinités.  On  pourra  voir  bientôt  j'espère  ces  objets  dans 
une  vitrine  du  Trocadéro.  En  un  mot,  ces  populations  ont  été  très  accueil- 
lantes pour  moi  et  elles  me  considèrent  comme  un  ami  auquel  elles  n'ont 
rien  à  refuser. 

Comme  zoologie,  à  part  les  Arachnides  et  quelques  Rongeurs,  je  n'ai  pas 
pu  recueillir  'grand'chose  dans  la  Sierra;  c'est  plutôt  la  botanique  qui  était 
bien  représentée.  Cependant  un  certain  nombre  de  choses  ont  été  endoni- 

9- 


—   112  — 

magées  ou  détruites  pendant  le  retour;  une  marche  de  treize  jours,  soit  à 
pied ,  soit  à  dos  de  mule,  n'est  pas  faite  pour  tenir  en  bon  état  des  objets 
d'histoire  naturelle,  et  le  trot  des  montures  en  détruit  beaucoup. 

Maintenant  que  je  suis  a  la  Paz ,  je  vais  réparer  les  dommages  causés  à  la 
partie  zoologique,  et  je  vais  m'occuper  surtout  de  fixer  les  animaux  marins, 
à  préparer  de  gros  Poissons  et  à  capturer  quelques  Cétacés  pour  M.  Filliol. 
J'ai  envoyé  de  Guadalajara  les  collections  faites  dans  l'Etat  de  Jalisco  et  qui 
doivent  être  arrivées  au  Muséum.  Parmi  ces  envois  se  trouve  un  herbier  de 
plantes  de  l'arrière-saison. 

i°  Au  nombre  de  ces  plantes  se  trouve  un  Dasylirion  avec  lequel  les  In- 
diens Huichols,  et  même  les  Mexicains  des  environs  de  cette  contrée  pré- 
parent un  alcool  de  la  même  façon  qu'avec  les  Agaves  à  Mescal  ;  il  porte  le 
nom  de  Sotol.  Une  hampe  et  une  bouteille  d'alcool  accompagnent  l'échan- 
tillon d'herbier  (suit  la  description  de  la  préparation  du  produit  tiré  de 
cette  plante). 

2°  Un  fruit  de  Mocinna  heterophylla  dont  l'élude  sera  intéressante  (suit 
détails  sur  les  caractères  de  la  plante).  L'intérieur  du  fruit,  comme  vous  le 
montrera  la  photographie,  est  garni  de  poils  succulents  gorgés  d'un  suc 
acidulé  au  moyen  duquel,  avec  un  peu  de  sucre,  on  ohtient  une  excellente 
limonade.  Ce  fruit  a  l'odeur  de  la  poire  de  William.  Je  crois  que  l'on  pour- 
rait cultiver  le  Mocinna  en  Algérie.  On  en  vend  les  fruits  sur  le  marché  de 
Guadalajara. 

3°  La  gomme  de  Chiite,  produite  par  une  Euphorbiacée  et  que  l'on 
pourrait  probablement  employer  comme  une  sorte  de  gutta-percha.  Je  me 
propose  d'aller  à  la  recherche  de  l'arbre  qui  la  produit,  de  le  photographier 
et  d'en  prendre  des  échantillons.  J'ai  pu  cependant  en  envoyer  quelques 
graines.  Une  étude  chimique  de  cette  gomme  est  à  faire  (suit  la  description 
de  son  extraction  et  de  son  utilisation  dans  le  pays  à  des  usages  variés). 

h"  J'ai  trouvé  deux  Agaves  à  saponine  dont  l'une,  peut-être  celle  dont 
m'a  parlé  le  Dr  Weber,  présente  la  particularité  de  perdre  ses  feuilles  pé- 
riodiquement à  l'époque  du  repos. 

5°  Un  Dioscorea  décrit  par  Watson  récemment  et  qui  olfre  un  certain 
intérêt. 

6°  Un  certain  nombre  de  Loranthacées  en  herbier  et  des  fragments  dans 
l'alcool  comme  le  désirait  M.  Van  Tieghem. 

7°  Quant  aux  Cactées,  je  n'ai  pas  été  très  heureux,  non  comme  récolle, 
mais  comme  conservation.  Par  suite  du  voyage  d'un  demi-mois  de  la  Sierra 
à  Guadalajara  et  les  difficultés  de  toutes  sortes,  j'ai  presque  tout  perdu, 
sauf  trois  espèces  que  vous  avez  dû  recevoir. 

Si  ces  plantes  ne  sont  pas  intéressantes  au  point  de  vue  botanique,  elles 
le  sont,  au  moins  une,  par  le  côté  physiologique. 

C'est  le  Peyotl  dont  j'ai  vu  les  effets  sur  les  indiens  Huichols.  Cette  plante 


—   113  — 

pousse  dans  l'Etat  de  San  Luiz  de  Polnsi  où  les  Indiens  vont  la  chercher  à 
quinze  jours  de  marche,  c'est-à-dire  un  mois  aller  et  retour,  et  la  récolte 
ne  dure  qu'un  jour.  —  En  faisant  un  usage  modéré  du  Peyotl  les  Indiens 
peuvent  rester  cinq  jours  sans  boire  ni  manger.  Son  emploi  à  plus  forte 
dose  donne  une  surexcitation,  un  délire,  puis  enfin  une  torpeur  plus  ou 
moins  prolongée.  Ses  usages  sont:  i°  dans  le  cas  déjeune  religieux;  2°  pour 
chanter  et  danser  toute  une  nuit;  3°  pour  se  donner  une  force  musculaire 
inaccoutumée;  h"  pour  se  procurer  des  hallucinations,  faire  des  invocations, 
converser  avec  les  dieux,  etc.  Ce  Cactus,  dont  on  mâche  le  tissu  en  ava- 
lant la  salive  qui  dissout  le  suc  amer,  est  célèbre  depuis  longtemps  t').  Il 
faut  ajouter  que  cette  Cactée  jouit  encore  de  nombreuses  propriétés  médi- 
cinales. 


M.  Henry  Coutière.  chargé  d'une  mission  à  Djibouti  et  à  Obock, 
annonce,  dans  une  lettre  écrite  à  bord  du  Sindh  et  datée  du  1 2  avril 
1897,  qui!  revient  en  compagnie  de  M.  le  D.  Jousseaume  et  qu'il 
rapporte  au  Muséum  une  quinzaine  de  caisses  remplies  de  spéci- 
mens d'histoire  naturelle.  Il  donne  sur  les  résultats  de. ses  explo- 
rations des  détails  qu'il  complétera  dés  son  arrivée  en  France  et 
qui  seront  alors  publiés  dans  le  Bulletin. 


M.  Ch.  Alluaud  rentre  également  en  France,  un  accident  qui 
aurait  pu  avoir  les  suites  les  plus  graves  l'ayant  forcé  d'interrompre 
la  mission  dont  il  avait  été  chargé  clans  le  sud  de  Madagascar.  «Le 
2  février,  dit-il  dans  une  lettre  écrite  le  10  avril  à  bord  de 
Ylraouaddy,  j'ai  été  frappé  d'une  insolation  à  Nosy-bé,  au  cours 
d'une  excursion  à  la  forêt  de  Louconbé  en  plein  midi.  J'ai  évidem- 
ment commis  une  imprudence,  mais  le  paquebot  ne  s'arrêtait  que 
quelque  temps  et  je  tenais  à  en  profiter.  Le  5  février  j'étais  dans 
l'impossibilité  absolue  de  descendre  à  Tamatave  et,  sur  les  conseils 
du  docteur  du  Pei-Ho,  j'ai  continué  sur  la  Réunion  et  me  suis 
rendu  à  la  Plaine  des  Palmistes,  à  1,000  mètres,  où  j'ai  eu  de 
graves  accès  de  fièvre  sans  secours  aucun  près  de  moi.  J'ai  alors  gagné 
Tile  Maurice  où  je  comptais  trouver  une  occasion  pour  gagner  Port- 
Dauphin,  v  Mais  cette  occasion  ne  se  présenta  pas  et  malgré  tous  ses 

(u  Le  P.  de  Sahagim  parlait  déjà  de  celte  plante  vers  i53o,  ainsi  que  F.  Her- 
nandez  un  siècle  plus  tard. 


—  tu 


efforts  M.  Alluaud  ne  put  obtenir  des  capitaines  de  paquebots  qu'ils 
s'arrêtassent  pour  ie  débarquer  à  Port-Dauphin.  Ii  se  décida  alors, 
quoique  malade,  à  revenir  sur  Tamatave,  mais,  son  état  s'étant 
aggravé ,  il  fut  contraint  à  regagner  l'Europe,  où  il  espère  se  re- 
mettre rapidement  et  pouvoir  bientôt  reprendre  ses  travaux. 


M.  Gaucher  écrit  de  Jacksonville  (Floride)  à  M.  le  professeur 
Lacroix,  qu'il  s'offre  à  procurer  au  Muséum  des  Serpents  à  son- 
nettes et  d'autres  Reptiles,  ainsi  que  des  Opossums  et  qu'il  se  pro- 
pose, s'il  prolonge  son  séjour  en  Floride,  de  retourner  dans  les 
exploitations  de  phosphates  et  d'y  recueillir  les  renseignements  de 
nature  à  intéresser  le  professeur  de  minéralogie. 


Le  R.  P.  Bulléon  annonce  l'envoi  de  deux  nouvelles  caisses  ren- 
fermant des  Mammifères,  des  Oiseaux  et  des  minéraux  recueillis 
dans  le  pays  des  Eshiras. 

M.  Foufé,  lieutenant  d'infanterie  de  marine,  vient  de  rapporter 
au  Muséum  un  jeune  Chimpanzé,  âgé  d'une  dizaine  de  mois,  qui 
a  été  capturé  dans  la  Guinée  française.  Ce  Chimpanzé  vient  d'être 
installé  à  côté  des  deux  individus  plus  âgés  qui  ont  été  donnés  au 
Muséum  par  M.  le  Dr  Maclaud. 


M.  de  Brazza  a  envoyé  au  Muséum  deux  Potamochœrus  peniciUatm 
provenant  du  cap  Lopez. 

M.  le  D'J.  Lochelongue,  médecin  sanitaire  maritime,  a  égale- 
ment donné  au  Jardin  des  plantes  deux  Sangliers  de  môme  espèce  et 
de  môme  provenance  qui  ont  été  transportés,  avec  les  Potamochœrus 
donnés  par  M.  de  Brazza,  parle  paquebot  des  Chargeurs  réunis 
Vûîe-de-Maranhao ,  commandé  par  le  capitaine  Delon.  M.  Loche- 
longue  se  met  à  la  disposition  des  professeurs  du  Muséum  pour  la 
récolte  de  spécimens  d'histoire  naturelle  dans  les  contrées  qu'il  est 
appelé  à  visiter. 


—  115  — 


M.  P.-A.  Ferrière,  de  retour  de  la  Haute-Sangha ,  remet  à  M.  le 
Directeur  le  catalogue  sommaire  des  collections  qu'il  a  recueillies 
dans  le  cours  de  son  voyage. 


MM.  Clément  et  Troncet  offrent  à  la  bibliothèque  du  Muséum 
un  ouvrage  qu'ils  viennent  de  publier  à  la  librairie  Larousse  sur 
les  Animaux  de  France  utiles  et  nuisibles  (Vertébrés).  Cet  ouvrage  est 
illustré  de  nombreuses  figures  originales. 


M.  le  Dr  Alfred  Dugès  fait  hommage  d'une  notice  extraite  de  la 
Naturaleza  sur  YEnijaliosaurus  quinqueearinatus.  Cette  notice  est  ac- 
compagnée d'une  planche  coloriée. 


Notice  sun  M.  F.-R.  Thollon, 
par  MM    P.  Delisle  et  Ed.  Bureau. 

Thollon  (François-Romain),  qui  a  succombé  au  Congo  il  y  a  peu  de 
temps,  a  grandement  contribué  à  faire  connaître  l'histoire  naturelle  de  nos 
possessions  de  l'Afrique  Iropicale. 

Il  était  né  aux  environs  de  Lyon  le  ier  août  i855. 

De  mars  1877  «  juin  1878,  il  fut  jardinier  chef  a  l'Ecole  nationale  d'a- 
griculture de  Grignon,  et,  du  1"  novembre  1880  au  mois  d'août  1882,  il 
fui  attaché  au  service  de  la  Culture  du  Muséum. 

A  celte  époque,  il  put  réaliser  son  rêve  d'aller  en  Afrique.  11  partit 
en  août  1882,  pour  organiser  un  jardin  d'essai  à  Libreville;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  se  décourager  et  devint  explorateur,  puis  chef  de  poste.  Il  par- 
courut la  vallée  de  l'Ogooué.  A  la  fin  de  i883,  il  était  près  de  Franceville. 
Depuis,  il  a  visité  la  plus  grande  partie  de  notre  colonie  du  Congo,  de 
l'Océan  atlantique  à  l'Oubângui,  de  Loango  et  de  Brazzaville  à  l'embou- 
chure de  la  Sangha. 

Les  divers  services  du  Muséum  ont  profité  des  voyages  que  Thollon  fai- 
sait comme  chef  de  mission. 

L'Anthropologie  lui  doit  une  nombreuse  et  intéressante  collection  de 
photographies  de  types  et  de  vues  de  notre  colonie  du  Congo,  et  quelques 
pièces,  crânes  et  squelettes  de  tribus  nègres  non  encore  représentées  dans 
notre  musée. 


—   116  — 

Pour  la  Botanique,  il  n'a  pas  fait  moins  de  dix  envois,  de  1887  à  1895, 
el  le  nombre  total  des  échantillons  reçus  de  lui  est  de  1,969. 

Bien  que  Thollon,  comme  presque  tons  les  jardiniers  devenus  botanistes 
herborisants,  s'attachât  trop  à  recueillir  les  plantes  les  plus  belles,  et  ait 
dû  passer  à  côté  de  végétaux  moins  brillants  et  néanmoins  d'un  grand  in- 
térêt, il  a  cependant  trouvé  de  nombreuses  espèces  nouvelles  :  Bâillon  lui 
a  dédié  le  genre  Tliollonia,  et  M.  Hariot  un  Champignon  également  recueilli 
par  lui  :  llexagona  Tholloni. 

Enfin,  ce  voyageur  a  découvert  un  gisement  intéressant  d'un  très  rare 
minerai  de  cuivre  :  la  Diojitase. 

Thollon,  depuis  longtemps  miné  par  les  fièvres  intermittentes,  et  sur- 
tout par  une  affection  grave  de  l'appareil  respiratoire,  avait  dû  plusieurs 
fois  abandonner  l'Afrique  pour  venir  se  rétablir  en  Europe;  mais  il  son- 
geait de  nouveau  à  repartir,  dès  qu'il  se  trouvait  un  peu  mieux. 

Son  dernier  départ  se  fit  malgré  tous  les  conseils  que  nous  pûmes  lui 
donner  :  il  était  évident  pour  nous  que  nous  ne  le  reverrions  plus. 

La  mort  de  Thollon  est  une  perle  sensible  pour  le  Muséum ,  qu'il  a  servi 
avec  zèle  el  dévouement. 


COMMUNICATIONS. 
Relation  sommaire  dun  voyage  à  travers  l'Asie, 

PAR   M.   J.    ChAFFANJON. 

L'exploration  scientifique  que  je  viens  d'accomplir  à  travers  l'Asie,  de- 
puis la  mer  Noire  jusqu'à  Vladivostok,  dans  le  Turkeslan,  la  Mongolie,  la 
Mandchourie  et  la  Sibérie  orientale,  a  fourni  les  belles  et  riches  collections 
qui  sont  aujourd'hui  au  Muséum,  grâce  à  la  générosité  de  M.  Lucien  Man- 
gini  qui  a  fait  (ous  les  frais  du  voyage. 

M.  Henri  Mangïni  fils  et  Louis  Gay  m'accompagnaient  dans  cette  ex- 
ploration. 

Dans  un  itinéraire  aussi  long,  nous  avons  rencontré  des  climats  très  di- 
vers, des  sols  différents;  des  plaines,  des  déserts,  des  montgnes,  des 
forêts,  des  marécages,  etc.  La  faune  comme  la  flore  varient  suivant  ces  ré- 
gions. J'ai  noté  les  récoltes  journalières  et  j'ai  tracé  sur  les  caries  le  ter- 
rain parcouru  claque  jour,  en  indiquant  les  altitudes  el  la  nature  du  sol. 
J'ai  joint  à  ce  tracé  des  indications  géologiques  ainsi  qu'une  série  d'échan- 
tillons qui  pourronl  servir  à  établir  une  carte  géologique  des  régions 
parcourues. 

Nous  avons  traversé  le  Caucase,  de  Baloum  à  Bakou,  el  à  Tiflis  j'ai  vi- 


—  117  — 

site  le  Musée  Radde  qui  renferme  une  riche  collection  d'Oiseaux  aquatiques 

(Palmipèdes  et  Echassiers)  provenant  de  Lenkhoran,  sur  la  mer  Caspienne. 

Dans  la  Transcaspie  nous  n'avons  recueilli  que  des  pièces  archéologiques 

provenant  de  recherches  à  Merv,  Baïram  Hali  etPeikeut.  De  Samarkande, 

des  fouilles  faites  à  Aphrociab  et  en- 
virons de  Boukhara,  nous  avons  pu 
nous  procurer  une  belle  collection  de 
céramiques  artistiques  émaillees,  orne- 
ments, chapiteaux,  briques  émaillees 
avec  or  formant  le  revêtement  intérieur 
et  extérieur  d'anciennes  mosquées  en 
ruines. 

En  mars  1 8o5  ,  nous  gagnons  Tacsh- 
kent,  véritable  point  de  départ  de  l'ex- 
ploration. Après  avoir  organisé  la  cara- 
vane, nous  entrons  dans  le  steppe;  la 
végétation,  retardée  par  un  hiver  ri- 
goureux ,  se  met  en  mouvement  et  de 
toutes  parts  les  fleurs  commencent  à 
paraître.  Jusqu'à  Tchinikent,  la  route 
suivie  est  S.  N.,  puis,  brusquement,  la 
direction  devient  0.  E.  Nous  voyageons 
à  travers  des  steppes  ondulés,  traver- 
sons quelques  chaînons  de  montagnes, 
derniers  contreforts  du  Tian-chan ,  que 
nous  contournons  pour  gagner  la  vallée 
du  Tcbou,  en  passant  par  Aoulié  Ata , 
Pichpeck  et  Tokmak. 

Dans  la  vallée  du  Tcbou  on  ren- 
contre fréquemment,  et  surtout  aux 
environs  de  Pichpeck,  des  tombes  attri- 
buées aux  chrétiens  nestoriens,  avec 
des  pierres  tombales,  sorte  de  galet 
ovale  sur  lesquels  sont  des  inscriptions 
syriaques.  M.  Gourdet,  ingénieur  et 
conseiller  d'État  à  Viernyi,  vient  d'en- 
voyer au  Ministère  de  l'instruction  pu- 
blique vingt  crânes  de  nestoriens  et  dix 
pierres  tombales.  Ces  crânes  et  ces 
pierres  ont  été  recueillis  par  M.  Pantoussofî,  attaché  du  gouvernement  du 
Siméritché  (Sibérie  méridionale). 

Nous  remontons  la  val]  e  du  Tcbou  jusque  dans  le  massif  central  des 
Thian-chan,    et    arrivons   au    lac    Issikkoul   (eau  chaude).  Ce   lac  est    à 


Itinéraire  du  voyage  à  travers  l'Asie 
de  MM.  Chaffanjon,   Mongini  et  Gay. 


—   118  — 

1,800  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer;  il  est  entouré  dune  crête  de 
montagnes,  au  nord  comme  au  sud,  dépassant  3,5oo  mètres,  et  c'est  au 
fond  de  cette  vallée  profonde,  garantie  des  vents  du  nord  et  du  sud,  que 
les  Oiseaux  migrateurs  du  nord  viennent  passer  l'iiiver. 

Le  Tchou  a  été  autrefois  l'écoulement  du  lac,  mais  depuis  de  longues 
années  le  niveau  des  eaux  baisse  de  o  m.  12  à  o  m.  i5  par  an, et  larivière 
n'est  plus  alimentée  que  parl'Ourk-togoï,  qui  fournit  en  même  temps  une 
partie  de  ses  eaux  au  lac. 

Nous  suivons  les  bords  nord  du  lac,  et  les  montagnes  Kungeï-ala-taï, 
qui  longent  parallèlement  lacôle,  sont  nues  et  arides;  nous  apercevons 
de  l'autre  côté  du  lac  des  montagnes  couvertes  de  forêts.  Dans  toutes  ces 
régions  continentales  les  parties  boisées  ne  se  trouvent  que  sur  le  ver- 
sant nord  des  montagnes,  le  sud  est  toujours  complètement  nu  ;  cependant 
il  arrive  quelquefois  qu'on  rencontre  des  forêts,  mais  très  clairsemées,  sur 
le  versant  est  ou  ouest. 

De  ces  massifs  montagneux  et  de  la  région  voisine,  le  Tengri,  la  mission 
rapporte  des  Bouquetins,  des  Moulions  et  des  petits  Cerfs  de  montagne. 
Les  Loups  sont  assez  communs  dans  les  Kungueï  et  les  pasteurs  Kirghizsont 
obligés  de  leur  faire  constamment  la  cbasse;  l'Ours ,  le  Renard ,  le  Blaireau, 
sont  assez  communs,  ainsi  que  le  Porc-Lpic  ;  les  Marmottes  sont  très  nom- 
breuses et  forment  de  véritables  colonies  dans  les  vallées  chaudes  de  ces 
montagnes. 

Le  Tian-chan  a  une  flore  très  riche  et  la  plupart  des  espèces  curieuses  et 
rares  que  j'ai  rapportées  ont  été  recueillies  pendant  la  traversée  de  ces 
montagnes. 

De  la  vallée  de  l'Uli  nous  n'avons  qu'une  petite  Gazelle;  le  Kiang  est  très 
commun  en  approchant  du  Balkach ,  et  les  Sangliers  abondent  dans  tous 
les  marécages;  le  Tigie  et  la  Panthère  se  rencontrent  assez  fréquemment. 

En  remontant  Tllli,  nous  arrivons  en  Chine  par  Kouldja,  et  pénétrons 
dans  la  région  montagneuse  du  Saïram-nor,  lac  salé  à  -2,100  mètres  et  dé- 
pourvu de  Poissons.  Dans  les  environs  existent  de  véritables  troupeaux  de 
Bouquetins  et  d'Argalis;  le  Cerf  maral  s'y  rencontre  fréquemment  et  dans 
la  vallée  qui  conduit  à  l'Ebi-nor  une  Gazelle  aux  cornes  en  forme  de  lyre 
est  très  abondante;  les  Loups  qui  leur  font  une  chasse  acharnée  les  rendent 
très  craintives  et  on  les  approche  difficilement. 

Nous  traversons  ensuite  le  Tarbagalaï  et  arrivons  au  désert  de  Bouioun 
Tokoï,  en  récoltant  des  plantes  et  des  Insectes  de  toutes  sortes;  quelques 
Oiseaux  viennent  grossir  nos  collections. 

Sur  les  bords  de  l'Irtich,  à  l'est  et  au  sud  du  lac  Oulioun  Cour,  d'im- 
menses déserta  plats  et  sablonneux  s'étendent  à  l'horizon;  une  maigre  vé- 
gétation et  quelques  bouquets  de  Saxahouls  nourrissent  et  cachent  des  An- 
tilopes (Tête  de  cochon?  Saïga?)  et  quelques  bandes  de  Chevaux  sauvages 
(  Equus  Prjevalskii). 


—  119  — 

Ces  Chevaux,  que  j'ai  vus,  sont  bai  clair,  avec  une  raie  foncëe  sur  le 
dos,  de  la  crinière  à  la  queue;  la  crinière  est  forle  et  la  queue  bien  four- 
nie; ils  vivent  par  bandes  de  sept  ou  huit. 

Eu  parcourant  ces  déserts  avec  un  chasseur  kalmouk,  qui  l'hiver  pré- 
cédent avait  chassé  ces  mêmes  Chevaux  au  nord  du  lac  Oulioun  Cour,  dans 
les  Saxahouls  abrités  par  les  monts  Narin  Kara ,  j'eus  la  bonne  fortune  de 
rencontrer  un  assez  grand  nombre  de  squelettes  de  ces  animaux.  Beau- 
coup étaient  brisés,  cependant  j'ai  pu  recueillir  quatre  crânes  en  assez  bon 
état,  deux  adultes  et  deux  jeunes,  et  une  partie  du  squelette  avec  les  pattes 
de  devant  et  de  derrière. 

Les  Kirghiz  et  les  Kalmouks  viennent  passer  l'hiver  avec  leurs  trou- 
peaux sur  la  rive  droite  de  i'irtich,  et  ils  chassent  ces  animaux  dont  ils  se 
nourrissent. 

Au  dire  de  notre  chasseur,  il  existe  an  milieu  des  déserts  de  Bouloun 
Tokoï  des  Chameaux  sauvages.  Dans  les  bas-fonds  argileux  qu'on  rencontre 
dans  ce  désert,  j'ai  vu  des  traces  de  Chameaux  et  des  crottins  qui  sont  at- 
tribués au  Chameau  sauvage.  Les  chasseurs  de  I'irtich  connaissant  les  ha- 
bitudes de  ces  animaux  ,  qui  viennent  assez  fréquemment  jusqu'au  sud  du 
lac  Oulioun  Cour,  sur  les  bords  de  J'Ouroungui,  leur  font  la  chasse  pendant 
l'hiver;  ils  prétendent  que  la  chair  du  Chameau  sauvage  est  plus  succulente 
que  celle  du  Cheval. 

Les  collections  botaniques  renferment  une  assez  riche  série  de  plantes 
de  la  région  désertique. 

De  I'irtich  nous  gagnons  l'Altaï,  formé  d'une  série  d'arêtes  que  nous 
escaladons  avec  beaucoup  de  difficultés  en  passant  par  Toulta,  les  lacs 
Daïn-gol  et  Tal-nor;  enfin  un  dernier  chaînon  plus  élevé  avec  le  glacier  du 
Terektii,  dont  la  profonde  vallée,  avec  ses  grandes  moraines,  va  rejoindre 
la  vallée  et  la  rivière  du  Touautou,  qui  passe  à  Kobdo. 

Dans  ces  montagnes,  on  rencontre  une  grande  quantité  d'Antilopes  et  de 
Bouquetins;  les  Argalis  sont  nombreux,  ils  se  réunissent  l'hiver  dans  des 
vallées  profondes  peu  neigeuses  et  chaudes  :  les  Mongols  qui ,  eux  aussi ,  sont 
obligés  de  choisir  des  vallées  habitables  l'hiver  et  capables  de  nourrir  leurs 
troupeaux,  recherchent  les  Argalis  qu'ils  chassent.  En  remontant  la  vallée 
qui  conduit  au  Dain-gol,  des  centaines  de  crânes  de  ces  animaux  avec  leurs 
énormes  cornes  jonchent  le  fond  de  la  vallée.  Les  chasseurs ,  après  avoir  tué 
un  de  ces  Argalis,  coupent  la  tête  trop  lourde  à  emporter  et  l'abandonnent 
sur  le  lieu  même  où  est  tombé  l'animal. 

Les  Oiseaux  sont  rares,  cependant  les  Perdrix  y  sont  très  abondantes  et, 
auprès  des  neiges,  nous  en  avons  recueilli  plusieurs  espèces. 

Les  plateaux  et  la  Mongolie  septentrionale  au  nord  de  l'Altaï  forment,  un 
bassin  intérieur  et  contiennent  des  lacs  salés  très  importants:  Kobdo,  Kara- 
nor.  Khirgiz-nor  et  Oubsa ,  au  milieu  desquels  vivent  de  véritables  bandes 


—  120  — 

de  Cygnes,  d'Oies  et  Canards  de  toute  espèce  et  qui  émigrent  dans  le  Sud 
aussitôt  que  les  froids  se  font  sentir. 

Ces  lacs  renferment  une  faune  ichlyologique  dont  j'ai  rapporté  quelques 
spécimens,  mois  la  pêche  dans  ces  lacs  demande  des  embarcations  et  de 
grands  filets;  il  n'existe  pas  de  bois  dans  les  environs,  et,  comme  les  habi- 
tants ne  mangent  pas  de  poisson,  la  faune  de  ce  bassin  est  très  imparfaite- 
ment connue. 

Dans  les  grandes  steppes  ondules  de  la  Mongolie,  on  rencontre  de 
grands  troupeaux  d'Antilopes  (Girane)  et  quelques  Chevrotains  porte-musc; 
la  même  faune  et  la  même  flore  s'étendent  jusqu'aux  pieds  des  Kenghans , 
frontière  de  la  Mandjourie. 

Le  lac  Baïkal  est  une  des  stations  zoologiques  les  plus  intéressantes 
et  les  plus  riches  de  la  Sibérie  orientale.  Pendant  mon  séjour  hivernal  à  Ir- 
koutsk,  j'ai  pu  m'enlendre  avec  le  Directeur  du  Musée  et  la  Société  de 
Géographie  d'irkoutsk  et  participer  aux  frais  de  l'envoi  d'un  préparateur 
pendant  l'été  1896  aux  Baïkal.  Ce  préparateur  devait  recueillir  les  collec- 
tions représentant  la  faune  du  lac  :  Mammifères,  Oiseaux,  Poissons,  etc. 

Cette  expédition  a  donné  de  très  beaux  résultats,  et  sept  caisses  de  col- 
lections ont  été  envoyées  au  Ministère  de  l'instruction  publique  pour  le  Mu- 
séum d'histoire  naturelle. 

Dans  la  Mongolie  orientale,  l'expédition  a  visité  la  vallée  du  Kéroulen  : 
peu  de  Mammifères,  mais  une  grande  quantité  d'Oiseaux  aquatiques,  Pal- 
mipèdes, Échassiers,  etc.,  ont  enrichi  nos  collections. 

Dans  les  Kinghans,  la  faune  est  riche,  mais  en  été  la  chasse  est  rendue 
impraticable  par  l'innombrable  quantité  de  Moustiques  et  de  Taons  qui 
éloigne  la  plus  grande  partie  du  gibier.  Le  fonds  des  vallées  est  rempli 
de  marécages  avec  des  herbes  si  hautes  qu'un  homme  à  cheval  peut  s'y  ca- 
cher; le  gibier  se  réfugie  le  jour  au  milieu  de  ces  herbes  et  n'en  sort  que  la 
nuit  pour  chercher  sa  nourriture. 

Des  rivières  de  ces  montagnes  nous  avons  rapporté  une  assez  belle  col- 
lection de  Poissons  et  de  Crustacés. 

La  flore  y  est  très  riche ,  et  notre  collection  des  Kinghans  compte  un 
grand  nombre  d'espèces. 

Dans  la  vallée  de  la  Nonni  et  en  Zoungarie,  nous  n'avons  pu  récolter  que 
fort  peu  de  chose,  les  inondations  nous  ayant  obligé  de  suivre  les  routes 
fréquentées  par  les  commerçants  et  les  trafiquants  chinois,  néanmoins,  j'ai 
pu  me  procurer  une  grande  quantité  de  Poissons  et  d'Insectes. 

Après  une  excursion  dans  la  Zea  sur  la  rivière  Dep,  d'où  j'ai  rapporté 
une  collection  de  plantes  carbonifères  fossiles ,  nous  avons  descendu  l'Amour 
jusqu'à  Khabarovka.  Là  les  inondations  ont  pris  de  telles  proportions  que, 
depuis  les  embouchures  de  la  Zoungarie  et  de  l'Oussouri,  la  région  est 
sous  l'eau.  Le  musée  de  Khabarovka  s'est  engagé  à  fournir  au  Muséum  de 


—  121  — 

Paris  des  doubles  de  ses  collections  en  échange  des  quelques  objets  desti- 
nés aux  préparations  et  à  la  conservation  des  collections. 

De  Khabarovka,  nous  gagnons  Vladivostok  par  l'Oussouri  et  le  chemin  de 
fer,  et  tout  le  long  fie  la  route  nous  constatons  les  véritables  désastres  causés 
par  les  eaux. 

En  accomplissant  ce  voyage  à  travers  l'Asie,  je  me  suis  efforcé  de  réunir 
le  plus  d'exemplaires  possibles  de  chaque  espèce  animale  ou  végétale.  J'ai 
recueilli  toute  une  série  d'échantillons  géologiques  en  scrutant  chaque  jour 
la  nature  du  terrain  sur  lequel  nous  opérions;  enfin,  par  les  dates  inscrites 
sur  la  carte,  on  peut  se  rendre  compte  de  la  dispersion  géographique  des 
animaux  et  des  plantes  qui  composent  les  collections  rapportées  par  la  mis- 
sion. 

En  résumé,  les  collections  de  la  mission  envoyées  en  France  forment 
un  total  de  61  caisses  : 

i°  Collection  de  poterie  et  céramique  artistiques  de  l'Asie  centrale; 
2°  Collection  ethnographique  sarte  et  mongole; 

3"  Collection  zoologique  :  Mammifères,  Oiseaux,  Poissons  et  un  nombre 
considérable  de  Crustacés,  d'Arachnides  et  d'Insectes  de  toutes  classes; 
h"  Collection  de  botanique; 
5°  Collection  de  géologie. 

Tels  sont  les  résultats  de  ce  voyage  de  vingt-six  mois. 


DESCRIPTION    d'un    VASE    PERUVIEN'    REPRESENTANT    LE    FEUS    ALBESCENS, 

par  M.  E.  T.  Hamy. 

J'ai  réuni  dans  une  armoire  de  la  galerie  américaine  du  musée  d'ethno- 
graphie une  série  considérable  de  vases  péruviens  de  toutes  provenances, 
représentant  des  animaux  et  qui  forment  comme  une  sorte  de  petit  musée 
de  céramique  appliqué  à  la  zoologie  l<). 

On  y  reconnaît,  de  bas  eu  haut  et  de  droite  à  gauche,  d'abord  des  Singes 
de  diverses  espèces,  puis  des  Chauves-Souris,  des  Carnassiers  variés,  Pu- 
mas, Jaguars,  etc.,  une  espèce  d'Ours,  des  Lamas,  un  Dauphin,  etc. 

Puis  ce  sont  des  Oiseaux,  Rapaces  diurnes  et  nocturnes,  Passereaux, 

-'>  Les  meilleurs  de  ces  vases  viennent  du  département  de  Libertad  :  les  uns  sont 
en  terre  noire  lustrée,  et  fort  minces;  tes  autres  sont  modelés  dans  une  terre 
rouge  moins  une,  engobée  de  blanc  ou  de  noir. 

Il  y  a  bien  aussi,  par  ci  par  là,  d'autres  vases  en  forme  d'animaux  du  départe- 
ment de  Lima,  mais  ils  sont  toujours  de  qualité  fort  inférieure.  Enfin  il  s'en 
trouve  un  petit  nombre  de  l'Entre  Sierras,  comme  celui  dont  il  est  ici  queslio  •. 


122  

Grimpeurs ,  Gallinacés,  Echassiers,  Palmipèdes,  parmi  lesquels  on  remarque 
surtout  des  Chouettes,  des  Perroquets,  des  Hoccos,  des  Canards,  une  Spa- 
tule, etc. 

Puis  viennent  des  Chéloniens,  des  Sauriens,  des  Ophidiens,  des  Batra- 
ciens, des  Poissons  assez  divers,  enfin  des  Crustacés,  une  Mygale,  des  Mol- 
lusques univalves  et  bivalves,  notamment  des  Spondyles,  etc. 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  un  spécimen  tiré  de  cette  collection  (l) 
et  qui  montre  dans  quelle  mesure  les  céramistes  péruviens  se  préoccu- 
paient de  l'imitation  de  la  nature.  Le  vase  que  voici  reproduit  assez  exacte- 
ment, ainsi  que  vous  pouvez  le  constater,  les  caractères  d'une  espèce  de 
Félin  américain,  dont  le  pelage  offrait  certaines  particularités  de  nature  à 
frapper  l'artiste  indigène. 

Le  Felis  albescens  de  Pucheran  a,  en  eff  L,  le  col  strié  des  oreilles  aux 
épaules  de  handes  noires  parallèles  plus  ou  moins  continues,  plus  ou 
moins  droites,  et  qui  aboutissent  à  une  sorte  de  collier  incomplet.  Notre 
potier  a  rendu  les  lignes  de  cette  fourrure  par  des  stries  droites  ou  ondu- 
leuses,  qui  s'arrêtent  exactement  à  la  hase  du  cou. 

L'animal  a,  comme  il  convient,  de  gros  yeux  ronds  à  fleur  de  tête,  le 
nez  saillant  et  relevé.  Un  rictus  féroce  plisse  la  face  de  la  bête,  qui  de  sa 
langue  contournée  lèche  sa  lèvre  supérieure. 

On  voit  entre  les  deux  oreilles  le  reste  d'une  anse  pleine  qui  aboutissait 
au  large  goulot  arrondi  qui  s'évase  au  milieu  du  dos  du  Carnassier. 

La  queue ,  relevée  un  peu  de  côté ,  se  termine  par  un  fouet  tressé. 

Le  travail  de  cette  curieuse  pièce  est  fort  archaïque ,  tous  les  traits  sont 
obtenus  à  l'aide  d'une  pointe  mousse.  Et,  détail  assez  particulier,  les  dents 
cassées  sont  toutes  égales,  ce  que  l'on  ne  voit  jamais  sur  les  terres  cuites 
des  Basses  Terres,  où  les  canines  offrent  toujours  des  dimensions  exagérées. 

La  terre  est  fort  bien  cuite,  l'engobe  rouge  sur  le  corps,  brune  au  ni- 
veau du  col,  est  d'un  ton  rougeâlre  clair  sur  la  face  du  Félin. 

Il  porte  sur  quatre  pieds  à  rebord  ronds  et  trapus. 


Note  sur  quelques  Reptiles  de  Taïga,  Doy  le  M.  Gierra, 

PAR   M.    F.    MoCQUARD. 

M.  Gierra  vient,  peur  la  seconde  fois,  d'adresser  au  Muséum  des  Reptiles 
de  Tanga,  dans  l'Afrique  orientale  allemande. 

Ces  deux  envois  ne  comprennent  ensemble  que  vingt-trois  spécimens, 
se  rapportant  à  quatorze  espèces;  ils  ne  laissent  pas  cependant  que  d'être 

M   II  a  été  rapporté  du  Haut  Pérou,  par  M.  Gh.  Wiener. 


—  123  — 

intéressants,  puisque,  dans  ce  petit  nombre  d'espèces,  il  s'en  trouve  une 
qui  est  nouvelle  et  quatre  autres  tpii  ne  figuraient  pas  encore  dans  la  col- 
leclion  du  Muséum.  En  voici  la  iisle,  dans  laquelle  ces  dernières  sont  mar- 
quées d'un  astérique  (*).  Je  décrirai  ensuite  l'espèce  que  je  considère 
comme  nouvelle  et  que  je  me  fais  un  plaisir  de  dédier  à  M.  Gierra. 

1.  Ciiamei.eon  Fisciieri  Reichenow.  —  G  spécimens. 

2.  Hemidactylus  mabouia  Mor.  de  J.  —  2  spécimens. 

3.  Varanus  niloticiis  L.  —  i  spécimen. 

h.  Gerrhosaurds  nigrolineatus  Hallow.  —  î  spécimen. 

5.  Lygosoma  sdndevalli  Smith.  —  î  spécimen. 
G.        —       modesthm  Gùiitli.  —  i  spécimen. 

7.  Tvphlops  ponctatus  Leach.  —  i  spécimen. 

8.  —       Gierru  n.  sp.  —  î  spécimen. 

9.  —       muckoso  Peters.  —  2  spécimens. 
MO.        —       unit  eniatus  Peters.  —  1  spécimen. 
*11.  Aparallactus  Werxeri  Boulg.  —  3  spécimens. 

12.  Leptomra  iiotamreia  Laur.  —  1  spécimen. 

13.  Phrynomantis  bifasciata  Smith.  —  1  spécimen. 
\k.  Têtard  d'Anoure  (indéterminé).  —  1  spécimen. 

Typhlops  Gierrai  11.  sp. 

Museau  très  saillant,  arrondi,  avec  une  arête  horizontale  obtuse,  comme 
chez  T.  punclatus  Leach;  rostrale  étroite  inférieurement,  égale  en  dessus 
aux  deux  tiers  de  la  largeur  de  la  tète,  n'atteignant  pas  le  niveau  des  yeux, 
qui  sont  distincts;  narines  inférieures;  nasale  incomplètement  divisée  par 
le  sillon  nasal,  qui  part  de  la  première  supéro-labiale  et  dépasse  la  narine 
en  haut  et  en  avant,  mais  sans  atteindre  la  rostrale;  une  préoculaire  à  peu 
près  égale,  dans  sa  plus  grande  largeur,  aux  trois  quarts  de  l'oculaire,  dé- 
passant le  niveau  de  l'œil  et  séparée  des  2e  et  3e  supéro-labiales  par  une 
écaille  quadrangulaire  qui  s'appuie  sur  ces  deux  labiales;  pas  de  sous- 
oculaire  ;  préfrontale,  frontale  et  sous-oculaires  plus  grandes  que  les  écailles 
du  tronc;  h  supéro-labiales;  28  séries  d'écaillés.  Le  diamètre  du  corps  est 
contenu  cinquante  fois  dans  la  longueur  totale.  La  queue  se  termine  en 
pointe;  sa  longueur  égale  les  trois  quarts  de  sa  plus  grande  largeur. 

Le  dessus  du  corps  est  marqué  sur  toute  sa  longueur  de  nombreuses 
taches  noires  irrégulières,  entre  lesquelles  la  teinte  est  d'un  brun  clair 
avec  une  tache  centrale  jaunâtre  sur  chaque  écaille  ;  la  face  ventrale  est  d'un 
jaune  chamois  uniforme. 

Un  seul  spécimen,  dont  la  longueur  égale  A60  millimètres. 

La  présence  «l'une  écaille  intercalée  entre  la  préoculaire  et  les  labiales, 
sans  sous-oculaire,  paraît  distinguer  cette  espèce  de  toutes  celles  que  l'on 
connaît  actuellement. 


—  124  — 

Sun  LES  ESPÈCES  À  DISTINGUER 
DANS  LE  GENRE  NeBRIS   CuVIEIl  ET   VàLENCIENNES  , 

par  M.  Léon  Vaillart. 

Le  Musée  de  Leyde  ayant  envoyé,  il  y  a  quelques  mois,  au  laboratoire 
d'Ichtyologie,  pour  y  être  déterminés,  une  collection  de  Poissons,  re- 
cueillie à  New-Amsterdam,  dans  la  rivière  Berbice  (Guyane  anglaise),  j'y 
ai  trouvé  un  exemplaire  du  Nehris  microps  Guvier  et  Valenciennes,  lequel 
n'est  pas  sans  présenter  quelque  intérêt. 

On  sait  que  l'espèce  avait  été  établie  en  1 83o,  sur  un  exemplaire  unique 
envoyé  de  Surinam  au  Musée  de  Berlin,  exemplaire  communiqué  aux  auteurs 
de  l'Histoire  naturelle  des  Poissons,  qui  en  donnèrent  une  description  et 
une  figure  très  satisfaisantes.  Ce  fut,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  tout  ce 
qui  en  fut  connu. 

En  1875,  M.  Steindachner  annonça  avoir  retrouvé  cet  animal  dans  une 
collection  venant  de  Panama,  c'est-à-dire  de  l'Océan  Pacifique,  ce  que 
confirmèrent  en  1889  MM.  Jordan  et  Gilbert.  Une  description  des  exem- 
plaires vus  par  ces  derniers  auteurs,  fut  enfin  donnée  en  1889  par 
MM.  Jordan  et  G.-H.  Eigenmann,  lesquels,  après  avoir  examiné  le  type 
de  Berlin,  concluent  à  l'identité  spécifique,  tout  en  faisant  remarquer 
que  ce  type  laisse  beaucoup  à  désirer  au  point  de  vue  de  la  conservation. 
Cette  circonstance  explique,  je  crois,  l'opinion  à  laquelle  ont  été  conduits 
ces  savants  ichtyologistes,  dont  je  ne   puis  partager  la  manière  de  voir. 

11  ne  saurait  être  douteux  que  le  Ncbris  du  Musée  de  Leyde,  vu  sa  pro- 
venance, ne  soit  bien  un  N.  microps;  la  description  comme  la  figure 
données  par  Cuvier  et  Valenciennes  lui  conviennent  d'ailleurs  de  tous 
points.  Or  il  diffère  des  individus  étudiés  par  MM.  Jordan  et  G.  H.  Engel- 
mann  :  i°  par  un  maxillaire  visiblement  prolongé  au  delà  de  l'œil  ;  20  par 
les  dents  de  la  mandibule  plurisériées  ;  3°  par  la  présence  sur  les  flancs 
d'écaillés  clénoïdes  polysliques. 

Ces  caractères  justifient  certainement  une  distinction  spécifique  et  ne 
permettent  pas  de  confondre  l'espèce  de  la  Guyane  avec  celle  de  l'Océan 
Pacifique,  que  je  propose  de  désigner  sous  le  nom  de  Nebris  occidentalis. 


HÉMIPTÈRES  NOUVEAUX  DES  COLLECTIONS  DU  MuSEUM  DE   PARIS  , 
PAR    A.    L.   MONTANDON. 

S.   Fam.    C'ryphoericinae  (Fain.   Naucoridœ). 

M.  le  Dr  E.  Bergroth  m'a  fait  observer  avec  raison  que  Stàl  a  modifié  à 
tort  en  Cryptocricus ,  l'orthographe  parfaitement  correcte  proposée  par  Si- 


—  125  — 

gnoret  pour  son  genre  Cryphocricus  ;  c'est  par  pure  inadvertance  que  celte 
erreur  a  été  commise,  autant  probablement  par  Slâl  que  par  moi-même 
(voir  Verhandl  dcr  K.  K.  zool.  bot.  Gcselk.  Wien,  Janv.  1897.  Hcmiptcra 
Cryptocerata) ,  aussi  je  m'empresse  de  la  reconnaître. 

Les  Crypkocrieinœ  proprement  dits  ont  les  hanches  antérieures  fermées 
en  arrière  par  les  pièces  latérales  du  prosternum  qui  se  rejoignent  sur  le 
milieu  derrière  ces  hanches,  et  le  genre  Pseudambrysus ,  malgré  sa  res- 
semblance assez  apparente  avec  Ambrysus  Signoreti  qui  n'a  pas  i'éçhan- 
crure  antérieure  du  pronotum  plus  accusée,  doit  être  éloigné  de  cette 
division  pour  être  rapproché  des  Naucorinœ,  comme  on  le  verra  plus  tard. 

Cryphocricus  macrocephalus  nov.  sp.  —  Brun  rougeâtre  mat,  plus 
foncé  sur  les  élytres,  plus  clair  sur  la  tête,  le  pronotum  et  les  pattes  anté- 
rieures, un  peu  jaunâtre  en  dessous  sur  l'abdomen  et  les  pattes  posté- 
rieures. 

Tête  forte  avec  des  yeux  globuleux,  un  peu  allongés,  longitudinaux, 
très  saillants;  partie  interoculaire  subrectangulaire,  prolongée  droite  au- 
devant  des  yeux  environ  du  tiers  de  la  longueur  du  diamètre  longitudinal 
de  l'œil,  subtronquée  en  avant,  les  joues  un  peu  proéminentes  en  avant 
de  chaque  côté  du  labre,  ce  dernier  très  transversal,  deux  fois  plus  large 
que  long,  subtriangulaire  avec  le  sommet  subarrondi.  Surface  de  la  tête 
avec  de  petites  granulations  éparses;  le  tylus  très  visible,  légèrement 
bombé  avec  les  sutures  bien  marquées,  commençant  en  arrière  au  niveau 
du  bord  postérieur  des  yeux  et  n'atteignant  pas  tout  à  fait  en  avant  le  bord 
antérieur  de  la  tête  bien  que  déliassant  légèrement  le  niveau  du  bord  anté- 
rieur des  yeux.  Partie  postérieure  de  la  tête  derrière  les  yeux  plus  longue 
que  la  partie  antérieure  du  devant  des  yeux,  s'enfonçant  dans  la  profonde 
échancrure  du  devant  du  pronotum,  subsinuée  sur  les  côtés  latéraux, 
tronquée  postérieurement. 

Pronotum  avec  les  angles  antérieurs  subaigus  n'atteignant  pas  tout  à 
fait  le  niveau  du  milieu  de  l'œil,  les  côtés  latéraux  assez  fortement  arqués 
immédiatement  derrière  l'angle  antérieur;  subparallèles,  faiblement  diver- 
gents en  arrière  ensuite  puis  assez  brusquement  élargis  devant  les  angles 
latéraux  postérieurs  qui  sont  étroitement  arrondis  au  sommet  et  faiblement 
proéminents  en  arrière;  le  côté  postérieur  du  pronotum  presque  droit,  sub- 
tronqué. La  largeur  du  pronotum  en  arrière  est  un  peu  plus  de  deux  fois 
plus  large  que  la  tête,  yeux  compris  et  sa  longueur  est  subégale  a  la  largeur 
de  la  têle  avec  les  yeux.  Les  côtés  latéraux  vus  dans  leur  ensemble  pa- 
raissent largement  sinués,  à  bords  crénelés.  Derrière  l'échancrure  anté- 
rieure le  pronotum  est  marqué  d'une  assez  profonde  dépression  longi- 
tudinale qui  atteint  presque,  assez  rétrécie  en  arrière,  le  sillon  transversal 
du  pronotum,  ce  dernier  bien  visible  sur  toute  la  largeur.  Partie  postérieure 
du  pronotum  assez  étroite,  un  peu  jauuâlre,  plus  claire  que  la  partie  anté- 
Muséum. III.  1 0 


—  126  — 

rieure  et  marquée  le  long  du  bor.l  postérieur  d'une  ligne  noirâtre  trans- 
versale qui  atteint  de  chaque  côté  la  protubérance  numérale  bien  marquée. 
Les  angles  antérieurs  ainsi  qu'une  assez  étroite  bordure  latérale  sont  éga- 
lement jaunâtres,  moins  foncés  que  le  disque.  Toute  la  surface  est  parsemée 
de  petites  granulations  assez  espacées. 

Écusson  finement  et  densémeut  granuleux,  entièrement  noir  marqué 
d'un  sillon  transversal  arqué  sur  la  base. 

Élytres  n'atteignant  pas  tout  à  fait  l'extrémité  de  l'abdomen;  clavus  bien 
marqué,  à  côtés  parallèles  ;  commissure  du  clavus  un  peu  plus  courte  que 
la  moitié  de  l'écusson ,  finement  et  assez  densément  granuleuses,  brunes 
foncées,  presque  noires  vers  l'extrémité;  embolium  étroitement  jaunâtre 
sur  la  marge  avec  le  bord  externe  finement  crénelé.  Membrane  bien  dé- 
veloppée, noire,  largement  valvante. 

Gonnexivum  brunâtre,  un  peu  plus  clair  sur  la  base  des  segments. 

Dessous  du  corps  brunâtre,  plus  foncé  sur  les  pièces  latérales  des  méso 
et  métapleures,  de  même  que  sur  le  prosternum.  Abdomen  couvert  d'une 
fine  et  dense  pubescence  pâle  ne  recouvrant  pas  la  marge  externe  brune 
tout  autour.  Pattes  jaunes  rougeâlres. 

Longueur  îa  millim.  2,  largeur  max.  G  millim.  8. 

Haute  Vera  Paz  (Bocourt  1866).  Muséum  de  Paris. 

Celte  curieuse  espèce  aurait  peut-être  pu  former  un  genre  à  part;  bien 
qu'elle  ait  les  caractères  généraux  des  Cryphocricus ,  elle  en  diffère  nota- 
blement par  la  forme  de  la  tête  plus  large  à  tylus  visible,  les  yeux  gros  et 
proéminents,  le  pronotum  sinué  sur  les  côtés  latéraux,  très  élargi  en  ar- 
rière, à  surface  non  régulièrement  convexe  comme  celle  du  Cryphocricus 
Barozzi  Sign.  mais  fortement  déprimée  sur  le  milieu  longitudinalement  et 
sillonnée  transversalement;  chez  C.  Barozzi  Sign.  le  sillon  transversal  est 
bien  également  visible  mais  plus  rapproché,  se  confondant  presque  avec  le 
bord  postérieur;  les  angles  latéraux  postérieurs  sont  aussi  beaucoup  moins 
proéminents  en  arrière:  les  élytres  complètes,  etc.;  mais  en  attendant  que 
le  cercle  de  nos  connaissances  s'élargisse  un  peu,  cet  insecte  est  bien  à  sa 
place  auprès  de  C.  Barozzi  Sign.  avec  lequel  il  sera  bien  difficile  de  le  con- 
fondre. 

Ambrysus  acutangulus  nov.  sp.  —  Ovale,  jaunâtre  pâle  à  peine 
rembruni  sur  le  milieu  de  l'écusson  et  sur  la  partie  postérieure  des  élytres. 

Tête  petite,  un  peu  plus  longue  que  large  entre  les  yeux  eu  arrière  et 
aussi  longue  que  large  en  arrière  avec  un  seul  œil.  Yeux  petits,  allongés, 
très  convergents  en  avant  sur  toute  leur  longueur;  l'espace  interoculaire 
en  arrière  est  environ  trois  fois  plus  large  que  le  plus  grand  diamètre 
transversal  de  l'œil,  et  en  avant  de  un  tiers  plus  étroit  qu'en  arrière.  Sur- 
face de  la  tête  finement  et  assez  densément  ponctuée  latéralement  près  des 
yeux  et  sur  la  partie  postérieure,  presque  lisse  sur  le  milieu  et  en  avant. 


—  127  — 

Bord  antérieur  de  la  tète  subarrondi,  dépassant  faiblement  le  niveau  anté- 
rieur des  yeux,  mais  d'une  façon  un  peu  plus  sensible  que  chez  les  autres 
espèces  du  genre.  La  ponctuation  plus  forte  du  vertex  est  en  partie  très 
faiblement  rembrunie. 

Pronotuin  avec  les  angles  antérieurs  aigus ,  les  côtés  latéraux  un  peu 
aropiés,  très  faiblement  crénelés  sur  les  bords,  ce  caractère  n'est  bien  vi- 
sible que  sous  un  assez  fort  grossissement;  angles  latéraux  postérieurs 
tronqués.  La  longueur  du  pronotum  sur  la  ligne  médiane  est  subégale,  à 
peine  un  peu  plus  grande  que  la  longueur  de  la  tète  et  un  peu  moindre 
([ue  sa  largeur  en  avant  entre  les  angles  antérieurs;  la  largeur  du  prono- 
tum postérieurement  est  un  peu  plus  du  double  de  sa  longueur  sur  la 
ligne  médiane.  Toute  la  surface  du  pronolum  est  finement  et  assez  densé- 
ment  ponctuée;  le  milieu  de  la  partie  antérieure  est  marqué  d'une  forte 
dépression  bien  accusée  qui  s'étend  en  arrière  jusque  sur  le  milieu  du 
disque  de  la  partie  antérieure.  Sillon  transversal  bien  accusé;  partie  pos- 
térieure du  pronotum  un  peu  plus  pâle  que  le  disque  et  légèrement  dépri- 
mée derrière  le  sillon  transversal. 

Écusson  finement  et  densément  granuleux;  jaune  un  peu  brunâtre,  plus 
clair  sur  les  bords  tout  autour.  Llytres  brunâtres  claires,  embolium  jau- 
nâtre, brunâtre  seulement  sur  l'extrémité.  Commissure  du  clavus  un  peu 
plus  longue  que  la  moitié  de  la  longueur  de  l'écusson.  Connexivuni  jaune 
pâle  avec  les  angles  postérieurs  des  trois  derniers  segments  prolongés  en 
longue  pointe  aiguë  dirigée  en  arrière,  très  proéminente. 

Tout  le  dessous  du  corps  et  les  pattes  jaunâtre  clair,  abdomen  couvert 
d'une  fine  pubescence  blonde  laissant  lisse  une  marge  très  étroite  tout  au- 
tour. Labre  transversal  arrondi  en  avant.  Pièces  latérales  du  prosternum  se 
rejoignant  sur  le  milieu  derrière  la  pièce  centrale  qui  ferme  les  hanches 
antérieures.  Mésosternum  obtusément  caréné ,  la  carène  sillonnée  longitu- 
dinalement  au  sommet. 

Longueur  8  millim.  5,  largeur  5  millim.  a, 

Province  de  Corrienles  (d'Orbigny  i834).  Muséum  de  Paris;  un  seul 
exemplaire  portant  une  note  :  «venu  à  la  lumière  près  de  Caacaty,  d'après 
d'Orbigny  ». 

Cette  petite  espèce  très  curieuse  par  la  profonde  dépression  de  la  partie 
médiane  antérieure  du  disque  du  pronotum  et  par  les  longues  pointes  très 
aiguës  des  angles  postérieurs  des  trois  derniers  segments  abdominaux  ne 
pourra  être  confondue  avec  aucune  de  ses  voisines. 

Ambrysus  crenulatus  Montand.  —  Le  Muséum  de  Paris  et  la  collection 
de  M.  le  Dr  Bergroth  possèdent  chacun  mi  exemplaire  de  cette  espèce  pro- 
venant également  d'Ocana,  Nouvelle-Grenade  :  coll.  G.  Fallou  189.5.  Ces 
deux  Insectes  diffèrent  du  type  par  des  crénulalions  des  côtés  latéraux  du 
pronotum  plus  faibles,  moins  visibles  et  par  la  membrane  brillante,  brune 

10. 


—  128  — 

comme  l'élytre,  non  mate;  ie  sillon  transversal  du  pronolum  un  peu  plus 
visible  par  le  fait  de  la  légère  boursouflure  du  disque  de  la  partie  antérieure. 
Cette  espèce  se  reconnaîtra  toujours  assez  facilement  par  la  ponctuation 
assez  forte  et  assez  régulièrement  espacée  qui  recouvre  presque  tout  le  pro- 
notum  sauf  le  loup;  du  bord  de  la  partie  postérieure  qui  est  presque  lisse, 
par  la  ponctuation  de  la  partie  postérieure  de  la  tête  ne  s'avançant  pas  au 
delà  du  milieu,  comme  aussi  par  les  angles  antérieurs  du  pronotum  très 
aigus  de  même  (pie  les  angles  postérieurs  des  segments  du  connexivum 
bien  proéminents  en  arrière. 

Ambrysus  fraternus  nov.  sp.  —  Oblong,  jaunâtre  immaculé  sur  la 
tête,  le  pronotum.  Fembolium  et  tout  le  dessous  du  corps,  écusson  et 
élytres  brunâtres. 

Tête  petite,  très  sensiblement  plus  longue  que  large  entre  les  yeux  en 
arrière;  yeux  convergents  en  avant  sur  toute  leur  longueur;  largeur  de 
l'espace  interoculaire  en  avant  plus  faible  que  la  moitié  de  la  longueur  de 
la  tête;  finement  et  assez  densément  ponctuée  sur  presque  toute  sa  surface 
sauf  en  avant  où  elle  est  presque  lisse. 

Pronotum  avec  les  angles  antérieurs  un  peu  aigus,  les  côtés  latéraux 
légèrement  arqués  et  les  angles  postérieurs  subtronqués,  presque  arrondis; 
finement  et  densément  ponctué  sur  toute  sa  surface,  sans  dépression  mé- 
diane antérieurement,  avec  le  sillon  transversal  faible  mais  bien  visible.  La 
longueur  du  pronotum  sur  la  ligne  médiane  est  à  peine  un  peu  plus 
grande  que  la  longueur  de  la  tête,  et  sa  largeur  postérieurement  est  égale 
à  environ  trois  fois  sa  longueur. 

Ecusson  brunâtre,  un  peu  plus  clair  sur  les  côtés  latéraux;  élytres  bru- 
nâtres, commissure  du  clavus  environ  moitié  delà  longueur  de  l'écusson. 
Embolium  largement  jaunâtre  sauf  sur  l'extrémité  couverte  par  une  tacbe 
brunâtre.  Membrane  noirâtre. 

Connexivum  jaune  pâle  avec  les  angles  postérieurs  légèrement  acuminés 
et  proéminents  en  arrière.  Tout  le  dessous  du  corps  et  les  pattes  jaunâtre 
clair,  l'abdomen  couvert  d'une  fine  pubescence  blonde  qui  laisse  libre  une 
assez  large  marge  lisse  tout  autour. 

Longueur  8  millim.  2 ,  largeur  h  millim.  5. 

Goyaz  à  Cuyaba  (deCastelnau  18A7). 

Cette  petite  espèce  est  très  voisine  de  A.  crenulatus.  Montand.;  on  lui 
voit  aussi  sous  un  fort  grossissement  une  faible  crénulation  sur  les  côtés  la- 
téraux du  pronotum;  elle  s'en  distingue  par  sa  taille  plus  faible,  par  la 
ponctuation  de  la  tête  bien  plus  étendue  en  avant,  par  les  angles  antérieurs 
du  pronotum  moins  aigus ,  par  les  angles  postérieurs  des  segments  du  con- 
nexivum moins  acuminés  en  arrière  et  enfin  par  Fembolium  plus  largement 
jaunâtre,  il  est  entièrement  jaune  sur  toute  sa  largeur  sur  près  des  deux 
tiers  antérieurs. 


—  129  - 

Ambrysus  Geayi  nov.  sp.  —  De  forme  très  aplatie,  assez  allonge'e, 
d'un  flave  jaunâtre  pâle  sur  la  tête,  le  pronotum  et  les  pattes  avec  quel- 
ques  taches  et  points  brunâtres  sur  la  tête  et  le  pronotum;  écusson  et 
élytres  d'un  brun  uniforme  avec  l'embolium  étroitement  jaunâtre  sur  le 
bord  externe. 

Tête  plus  longue  que  large  entre  les  yeux  en  arrière,  s'enfonçant  de 
plus  de  moitié  de  sa  longueur  dans  la  profonde  écbancrure  du  pronotum; 
yeux  très  convergents  en  avant  sur  toute  leur  longueur;  espace  interocu- 
laire presque  de  moitié  plus  étroit  en  avant  qu'en  arrière.  Bord  antérieur 
de  la  tête  très  obtusémeut  arrondi,  non  ou  imperceptiblement  proéminent 
au-devant  des  yeux.  Sur  la  ligne  fictive  du  milieu  transversal,  un  peu  en 
arrière  du  niveau  du  sommet  des  angles  antérieurs  du  pronotum,  la  partie 
interoculaire  est.  un  peu  plus  de  deux  fois  plus  large  que  le  diamètre 
transversal  de  l'œil.  Surface  de  la  tête  mate,  à  ponctuation  enfoncée  bien 
visible  sur  le  vertex,  plus  faible  latéralement  et  en  avant;  avec  deux  taches 
brunâtres  subcontiguës  sur  le  milieu  de  la  partie  postérieure,  se  continuant 
longitudinalement  en  avant  sur  le  milieu  en  deux  petites  lignes  brunâtres 
assez  vagues  arrêtées  bien  avant  le  bord  antérieur  de  la  tête. 

Pronotum  très  profondément  échancré  antérieurement,  avec  les  angles 
antérieurs  aigus;  de  même  longueur  que  la  tête  sur  la  ligne  médiane  et 
environ  trois  fois  plus  large  en  arrière  que  long  sur  la  ligne  médiane,  avec 
les  angles  postérieurs  assez  largement  subtronqués.  Surface  du  pronotum 
mate,  un  peu  granuleuse,  à  ponctuation  enfoncée  peu  profonde  mais  bien 
visible  et  assez  régulière  sur  toute  la  surface;  les  côtés  latéraux  et  pos- 
térieur flave  jaunâtre  pâle,  immaculés;  le  disque  de  la  partie  antérieure 
avec  des  points  bruns,  formant  par  places  des  nuages  plus  denses  surtout 
sur  le  milieu  du  bord  antérieur  et  autour  d'une  tache  flave  médiane  qui 
touche  en  arrière  le  sillon  transversal  faible  mais  bien  visible  latérale- 
ment; cette,  tache  flave  médiane  marquée  au  milieu  de  deux  points  bruns 
bien  accusés. 

Écusson  et  élytres  assez  uniformément  brunâtres,  finement  granuleux, 
les  élytres  un  peu  moins  foncées  vers  le  bord  externe  avec  la  marge  de 
l'embolium  assez  étroitement  flave  jaunâtre.  Commissure  du  clavus  très 
étroitement  flave,  un  peu  plus  de  moitié  de  la  longueur  de  l'éctisson.  Mem- 
brane presque  noire. 

Gonnexivum  jaunâtre  avec  les  angles  postérieurs  des  segments  aigus 
prolongés  en  arrière,  assez  saillants.  Dessous  du  corps  légèrement  brunâtre 
couvert  d'une  très  fine  et  dense  pubescence  grisâtre;  carène  du  mésosternum 
fortement  sillonnée  dans  toute  sa  longueur.  Labre  brun  foncé  arrondi  en 
avant,  presque  deux  fois  plus  large  que  long. 

Longueur  9  millim.  6,  largeur  5  millim.  -j. 

Darien  (F.  Geay,  1896). 

Par  sa  forme  et  sa  ponctuation,  cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  de 


—  no  — 

A.  crenulatus  Montand.,  et  par  le  dessin  de  la  tête  et  du  pronotum  elle 
pourrait  très  facilement  être  confondue  avec  A.  oblongulus  Montand.,  dont 
elle  est  très  voisine.  Elle  semble  former  un  passage  entre  ces  deux  espèces. 
Elle  diffère  de  la  première  par  la  ponctuation  enfoncée  moins  forte  sur  la 
tête  et  le  pronotum ,  mais  plus  étendue  sur  la  tête  ;  par  les  angles  postérieurs 
des  segments  du  connexivum  moins  acuminés  et  moins  saillants  et  aussi 
par  le  dessin  du  pronotum.  Sous  un  fort  grossissement  les  côtés  latéraux 
du  pronotum  paraissent  aussi  vaguement  crénelés.  11  sera  facile  de  la  dis- 
tinguer de  la  seconde  qui  est  de  forme  un  peu  plus  élargie  avec  les  angles 
postérieurs  du  pronotum  légèrement  proéminents  en  arrière,  aigus  et  ar- 
rondis au  sommet,  non  subtronqués,  les  angles  antérieurs  droits  et  non 
aigus,  les  angles  postérieurs  des  segments  du  connexivum  non  acuminés 
ni  saillants  en  arrière,  l'embolium  plus  largement  jaunâtre  et  l'écusson 
avec  le  sommet  jaunâtre. 

Ces  trois  nouvelles  espèces  du  genre  Ambrysus  s'intercalent  de  la  ma- 
nière suivante  dans  la  première  partie  du  tableau  synoptique  publié  récem- 
ment dans  .Vcrhaml.  (1er  K.K.  Zol.  Bot.  Gesells.  Wieh,  1S07. 

A.  Écbancrure  antérieure  du  pronotum  profonde,  forme  plus  allongée, 

yeux  très  convergents  en  avant  sur  toute  leur  longueur. 

a.  Bord  antérieur  du  pronotum  avec  une  profonde  dépression 
médiane,  angles  antérieurs  du  pronotum  aigus;  angles 
postérieurs  des  segments  du  connexivum  prolongés  en 
longue  pointe  aiguë  dirigée  en  arrière. 

A.  ACDTANGDLtIS  IÎOV.  Sp. 

aa.  Bord  antérieur  du  pronotum  sans  dépression  médiane. 

B.  Côtés  du  pronotum  plus  ou  moins  visiblement  crénelés,  angles  anté- 

rieurs du  pronotum  aigus. 

h.  Tête  ponctuée  seulement  sur  sa  partie  postérieure,  crénu- 
lalion  des  côtés  latéraux  du  pronotum  assez  visible  avec 
les  angles  antérieurs  très  aigus  et  les  angles  postérieurs 
des  segments  du  connexivum  assez  fortement  acuminés 
très  proéminents  en  arrière.      A.  crenulatus.  Montand. 

bb.  Ponctuation  de  la  tête  beaucoup  plus  étendue  en  avant, 
crénulation  des  côtés  latéraux  du  pronotum  très  faible, 
bien  visible  seulement  sous  un  verre  grossissant,  avec 
les  angles  antérieurs  aigus  moins  acuminés  que  chez 
l'espèce  précédente;  angles  postérieurs  des  segments  du 
connexivum  aigus  mais  moins  proéminents  en  arrière. 

c.  Tête  et  pronotum  jaunes  sans  taches,  angles  latéraux  posté- 
rieurs du  pronotum  subarrondis.     A.  fratkrmus  nov.  sp. 


—  131   — 

ce.  Tête  et  pronotum  avec  des  taches  et  points  bruns,  angles 
latéraux  postérieurs  du  pronotum  sublronqués. 

A.  Geayi  nov.  sp. 

BB.  Côtés  latéraux  du  pronotum  non  crénelés,  angles  antérieurs  du 
pronotum  droits  ou  obtus etc.  (voir  suite,  foc.  cit.) 


Sur  deux  Entomostbaces  d'eau  douce  recueillis  par  M.  CnAFFAyjoy 

e.v  MoyooLiE, 

par  M.  Jules  Richard. 

M.  le  professeur  E.-L.  Bouvier  a  bien  voulu  me  communiquer  les  Ento- 
mostracés  d'eau  douce  recueillis  par  M.  Gbaffanjon  dans  son  récent  voyage 
en  Mandchourie  et  en  Mongolie.  Les  quatre  récoltes,  faites  sans  doute  dans 
la  même  localité,  contiennent  toutes  les  deux  mêmes  espèces.  L'une  de 
cellos-ci  est  nouvelle  :  c'est  un  Diaptomus  remarquable  par  ses  caractères 
très  particuliers.  En  voici  la  description  : 

Diaptomus  Chaffanjoni  n.  sp.  —  9-  Espèce  de  taille  moyenne.  Appen- 
dices frontaux  médiocres  et  aigus.  Céphalothorax  au  moins  2,5  fois  plus 
long  que  l'abdomen.  Les  deux  derniers  segments  thoraciques  paraissent 
confondus  dans  la  région  médiane  dorsale.  L'avant-dernier  segment  tho- 
racique  est  remarquable  en  ce  qu'il  présente  une  saillie  triangulaire  aiguë, 
très  apparente  sur  l'animal  vu  de  profil  (fig.  i).  Le  dernier  segment  tho- 
racique  présente  de  chaque  côté  un  lobe  médiocrement  développé  et  muni 
de  deux  petits  muerons.  Ces  lobes  présentent  une  légère  asymétrie  par 
rapport  à  l'axe  longitudinal  du  corps. 

Le  premier  segment  abdominal  est  plus  long  que  le  reste  de  l'abdomen. 
11  est  peu  dilaté  vers  son  premier  tiers  et  y  présente,  de  chaque  côté,  un 
mucron  plus  rapproché  du  bord  postérieur  à  gauche  qu'à  droite  (ainsi  se 
poursuit  la  légère  asymétrie  des  lobes  du  dernier  segment  thoracique).  Le 
deuxième  segment  est  le  plus  court.  Le  troisième  est  à  peu  près  aussi  long- 
que  la  furca  et  un  peu  plus  long  que  le  deuxième  segment.  La  furca, 
légèrement  ciliée  à  son  bord  interne ,  est  assez  large ,  les  soies  sont  larges 
à  la  base,  fortement  et  densément  ciliées,  à  peu  près  aussi  longues  que  la 
furca  et  les  deux  segments  précédents  réunis. 

Antennes  antérieures  à  a  5  articles  ;  rabattues,  elles  arrivent  à  peu  près 
à  l'extrémité  du  premier  segment  abdominal. 

Les  pattes  de  la  5e  paire  (fig.  2)  ont  une  branche  interne  cylindrique, 
uniarticulée,  dont  l'extrémité  arrive  au  milieu  du  premier  article  de  la 
branche  externe.  Elle  présente  une  rangée  de  cils  à  son  extrémité.  Le  der- 


—  132  — 

nier  article  de  la  branche  externe  est  très  court,  plus  large  que  long,  et 
présente  une  soie  ciliée  interne  qui  atteint  ou  dépasse  un  peu  le  milieu  du 
prolongement  du  deuxième  article  de  la  branche  externe,  et  une  épine  ex- 
terne beaucoup  plus  courte  et  pas  plus  longue  que  l'épine  du  bord  externe 
du  deuxième  article  (qui  est,  elle,  relativement  bien  développée).  Le  pro- 
longement du  deuxième  article  de  la  branche  externe  est  rectiligne  et  pré- 
sente, dans  la  partie  moyenne  de  son  bord  externe,  un  petit  nombre  de 
barbelures,  tandis  que  le  bord  interne  présente,  presque  jusqu'à  l'extré- 
mité, un  grand  nombre  de  cils  plus  fins. 


Fig.  i, 


-  Derniers  segments  thoraciques 
vus  de  profil   Ç  X  &7- 


Fig.  a.  —  Une  patle 
de    la  5e  paire    $  X  210. 


d1  Le  dernier  segment  thoracique  est  également  arrondi  et  muni  de 
deux  petits  muerons  aigus  de  chaque  côté,  le  mucron  dorsal  est  difficile  à 
bien  voir.  Le  premier  segment  abdominal  est  moins  long  que  large;  il 
se  présente  du  côté  gauche  comme  divisé  en  deux  petits  lobes  courts,  tandis 
qu'à  droite  on  ne  remarque  qu'un  mucron  spiniforme  assez  développé  qui 
manque  complètement  à  gauche. 

L'antenne  antérieure  gauche  arrrive  à  peu  près  vers  le  milieu  de  l'abdo- 
men. L'antenne  droite  présente  les  articles  1/1-18  moyennement  renflés. 
Le  i3e  porte  un  fort  crochet,  le  ik'  et  le  i5e  ont  aussi  chacun  un  crochet 
moins  robuste  que  le  précédent  mais  cependant  bien  développé;  celui  du 
16e  est  beaucoup  plus  petit,  quoique  bien  distinct  (fig.  3).  L'antépénul- 
tième article  de  l'antenne  droite  se  prolonge  en  un  fort  crochet  recourbé*; 
peu  aigu ,  beaucoup  plus  court  que  l'avant  dernier  article  de  l'antenne 


—  133  — 

et  suivi  d'une  série  de  dents  diminuant  graduellement  de  grandeur  et  dont 
les  dernières  deviennent  peu  distinctes  et  se  confondent  peu  à  peu  avec  la 
lame  hyaline  étroite  qui  longe  le  bord  de  l'article  (fig.  A). 


Fig.  3.  —  Articles  i  3-i  G 
de  l'antenne  droite  du  ç?  x  i'io. 


?ig.  h.  —  Prolongement  denté  de 
l'antépénultième  article  de  l'an- 
tenne droite  du  J  X  3o5. 


Fig.  5.  —   Pattes  de   la  5"  paire 
du   d1  X  aïo. 


L'extrémité  de  la  5e  patte  gauche  n'atteint  pas  le  milieu  du  2e  article  de 
la  branche  externe  de  la  patte  droite  (fig.  5).  La  branche  interne  de  la 
5' patte  droite  est  uniarticulée,  subcyhndrique;  son  extrémité  arrondie 
dépasse  peu  le  i"  article  de  la  branche  externe  et  est  garnie  d'une  ou  deux 
-[.mules  et  d'une  série  de  cils  courts.  L'article  basiiaire  porte  une  lame 
hyaline  arrondie  bien  développée  et  on  observe  une  petite  soie  vers  le 
deuxième  tiers  du  bord  externe.  Le  2«  article  de  la  branche  externe  est  à 
peu  près  elliptique.  L'aiguillon  latéral  est  inséré  au-dessous  du  milieu  du 


—  134  — 

bord  externe  de  l'article;  il  est  un  peu  plus  long  cpie  l'article  n'est  large, 
il  est  aigu  et  ne  paraît  pas  barbelé'.  Entre  sa  naissance  et  celle  de  la  griffe 
terminale  on  observe  une  petite  saillie  chitine  use;  la  griffe  terminale  est 
bien  développée,  large  et  pre'sente  une  série  de  cils  bien  marqués. 

La  branche  interne  de  la  5e  patte  gauche  est  uniarliculée,  subcylin- 
drique, paraissant  tronquée  obliquement  à  son  extrémité  qui  porte  une 
série  de  cils  courts  et  arrive  presque  à  la  naissance  de  la  forte  soie  ciliée 
du  -2°  article  de  la  branche  externe.  L'article  basilaire  présente  du  côté  in- 
terne une  lamelle  hyaline,  et  au  côté  externe  une  petite  soie.  Le  î"  article 
de  la  branche  externe  présente  dans  sa  concavité  interne  une  pelote  ciliée, 
ainsi  que  l'article  suivant,  globuleux,  d'où  part  une  forte  soie  large, 
aiguë,  bien  ciliée.  L'article  terminal  globuleux  présente  à  sa  face  interne 
une  série  de  5  à  7  lignes  chitineuses  légèrement  incurvées,  saillantes  et 
perpendiculaires  à  la  longueur  de  l'article. 

$  c? 

Longueur  du  céphalothorax i'"m  79  1'""  a3 

de  l'abdomen 0  64  0  63 

du  corps  (sans  les  soies).  ...  9  43  1  85 

—        totale  (avec  les  soies) 2  71  a  17 

des  soies 0  28  0  32 

Remarques.  —  Je  me  fais  un  devoir,  très  agréable  d'ailleurs,  de  dédier 
cette  remarquable  espèce  à  M.  Ghaffanjon.  l'explorateur  bien  connu. 

Par  l'ensemble  de  ses  caractères,  D.  Ghaffanjoni  ne  peut  être  confondu 
avec  aucune  des  nombreuses  espèces  décrites  jusqu'ici.  La  femelle  elle- 
même  se  reconnaît  facilement  à  la  présence  du  prolongement  dorsal  aigu 
de  F  avant-dernier  segment  thoracique.  Le  caractère  de  l'antépénultième 
article  de  l'antenne  droite,  joint  à  celui  du  dernier  article  de  la  branche 
externe  de  la  5e  patte,  suffit  à  distinguer  rapidement  le  mâle. 

Habitat. —  M.  Ghaffanjon  a  recueilli  cette  espèce  le  1  ^  juillet  1896 
dans  une  mare,  en  compagnie  de  nombreux  spécimens  de  Daphnia  similis 
Glaus,  var. ,  sur  la  route  de  Ourga  à  Tsitsikhar. 

Daphnia  similis  Glaus.  var.  —  Un  très  grand  nombre  -de  spécimens 
d'une  variété  très  peu  différente  du  type  a  été  recueilli  par  M.  Ghaffanjon 
dans  les  mêmes  points  que  Diaptomus  Ghaffanjoni.  Les  caractères  des  an- 
tennes antérieures,  du  postabdomen,  et  de  l'aspect  général  ne  permettent 
pas  de  doute  sur  cette  détermination.  D'autre  part,  il  y  a  de  très  grandes 
ressemblances  entre  ces  spécimens  qui  sont  pour  la  plupart  munis  de  leur 
éphippium,  et  la  var.  intermedia  de  D.  carinata }  telle  que  Sars  l'a  décrite 
récemment.  J'ai  déjà  attiré  l'attention  sur  la  grande  similitude  qui  existe 
entre  les  femelles  de  D.  similis  et  de  D.  carinata  et  je  suis  liés  porté  à  croire 


—  135  — 

qu'il  va  idenlilé,  mais  celte  question  ne  pourra  être  résolue  d'une  façon 
définitive  que  lorsqu'on  connaîtra  le  mâle  de  D.  carinata. 

I).  similis  n'était  confine  jusqu'à  présent,  en  Asie,  qu'en  Palestine  et  en 
Syrie,  c'est-à-dire  à  l'autre  exlrémité  du  continent  Asiatique. 


Le  laboratoire  des  Catacombes, 
par  M.  Armand  Viré. 

Depuis  quelques  jours  le  Muséum  s'est  enrichi  d'un  nouveau  laboratoire 
de  recherches ,  d'autant  plus  intéressant  qu'il  est  jusqu'ici  unique  au  monde 
et  qu'il  le  restera  vraisemblablement  longtemps. 

Contrairement  à  l'usage  adopte' pour  tous  les  laboratoires,  celui-ci  au 
lieu  de  s'élever  sur  le  sol  s'enfonce  profondément  sous  terre  et  ramifie  ses 
galeries  sous  les  pieds  des  visiteurs  du  jardin  des  Plantes. 

Mais  avant  d'aborder  l'examen  des  recherches  qu'il  est  destiné  à  abriter, 
il  me  paraît  intéressant  d'étudier  son  histoire  et  son  passé. 

J'ai  dit,  déjà  (voir  Bulletin  1896,  n°  6),  qu'une  partie  de  nos  souterrains 
étaient  originairement  des  carrières  romaines,  en  m'appuyant  sur  un  tra- 
vail fait  sous  Louis  XIV.  On  compara  alors,  par  les  ordres  de  Colbert,  les 
matériaux  des  anciens  monuments  parisiens,  avec  la  roche  des  diverses 
carrières  souterraines.  La  nature  et  l'aspect  de  leurs  bancs  varie  dans  de 
larges  proportions  avec  les  différents  endroits  et  il  est  facile  de  trouver,  à 
quelques  hectomètres  près,  le  lieu  d'extraction  des  pierres  d'un  monument. 
Ou  acquit  ainsi  la  certitude  qu'il  y  eut  deux  groupes  de  carrières  romaines, 
l'une  à  l'emplacement  de  notre  Muséum,  l'autre  au  delà  de  la  Bièvre,  au 
faubourg  Saint-Marcel  (1). 

Nos  carrières  devaient  avoir  probablement  une  entrée  de  plain-pied,  à 
peu  près  derrière  notre  orangerie  actuelle,  et  l'extraction  des  pierres  dut 
sans  doute  se  continuer  au  moyen  âge. 

Leur  exploitation  fut  reprise  ou  continuée  au  xvie  siècle  :  «Près  de  là 
(la  butte  Goupeaux,  aujourd'hui  le  Labyrinthe),  il  y  avoit  deux  voiries.  . . 
l'une  se  rencontrait  entre  Saint  Victor  et  Coupeaux  :  deux  arpens  de  terre 
en  faisoient  toute  l'étendue.  Les  religieux  de  Sainte  Geneviève  la  louèrent 
en  15/19  a  Jean  de  Cambrai  pour  en  tirer  de  la  pierre,  à  condition  qu'il 
leur  en  fourniroit  la  quatrième  partie  (2'n. 

Ces  carrières  paraissent  avoir  été  abandonnées  rapidement  et  ne  semblent 
plus  avoir  été  exploitées  lors  de  la  fondation  du  Muséum  au  commencement 

(,)  Voir  pour  plus  de  détails  :  les  Catacombes  de  Paris  par  Emile  Gerâfds,  Cha- 
muel,  édit.  1892. 

W   Sauvai,  Histoire  et  recherches  des  antiquités  de  la  ville  de  Paris,  172/1. 


—  136  — 

du  xvu'  siècle.  Leur  existence  même  semble  avoir  été  ignorée  pendant 
deux  siècles.  Ce  n'est  que  sous,  l'intendance  de  Buffon,  alors  que  celui-ci 
entreprend  d'importantes  constructions,  que  nous  les  voyons  réapparaître, 
mais  celle  fois  non  plus  comme  carrières  utiles,  mais  comme  anciennes 
cavités  fort  gênantes. 

En  effet,  pour  asseoir  solidement  les  fondations  des  nouveaux  bâtiments, 
on  fut  obligé  de  faire  d'importantes  consolidations  souterraines  et  Buffon 
y  engloutit,  entre  1779  et  1785,  plus  de  6/1,000  francs  de  son  argent. 

Sa  correspondance  est  à  ce  sujet  des  plus  curieuses,  et  l'on  voit  combien 
il  eut  de  tracas  de  ce  côté.  rrOn  a  trouvé,  écrit-il  à  l'abbé Bexon,  le  1  2  août 
1781,  une  carrière  sous  mon  logement,  à  laquelle  on  travaille  pour  le 
mettre  en  sûreté  et  cet  ouvrage  sera  peut-être  plus  long  que  je  ne  le  vou- 
drais. 5) 

Parfois  cependant  les  carrières  lui  réservent  d'agréables  surprises  : 

ffVous  me  donnez,  écrit-il  à  ïhouin,  un  très  bon  avis  au  sujet  du  puits 
qui  est  dans  les  caves  de  mon  logement  et  que  j'ignorais.  Il  sera  très  utile 
si  l'on  peut  y  appliquer  une  pompe  pour  faire  monter  l'eau  dans  les  cui- 
sines, n 

Plus  souvent  d'ailleurs  elles  lui  causaient  de  cruels  déboires  et  ses  der- 
nières lettres  témoignent  d'une  mauvaise  humeur  croissante. 

Il  écrit  à  Thouin,  le  a5  mai  1785  :  rrTous  nos  ouvrages  de  maçonnerie 
iraient  bien  sans  ces  maudites  carrières,  qui  seules  coûtent  autant  que  tout 
le  reste;  néanmoins  il  faut  en  venir  à  bout  et  j'ai  écrit  à  M.  Verniquet  que 
s'il  en  était  nécessaire  nous  augmenterions  encore  le  nombre  d'ouvriers 
pour  ce  sujet,  n 

A  ce  moment,  en  proie  à  des  besoins  d'argent  sans  cesse  croissants,  non 
payé  de  ses  avances  par  le  trésor  royal  de  plus  en  plus  obéré,  obligé  de 
faire  emprunt  sur  emprunt,  Buffon  ne  resta  pas  toujours  maître  de  lui. 

Guillaumot  était  alors  ingénieur  en  chef  des  carrières,  et,  ayant  à  la  fois 
toute  la  ville  à  consolider,  il  ne  put  prendre  sur  les  fonds  ordinaires  des 
carrières  les  avances  faites  par  Buffon;  d'où  fureur  de  ce  dernier  qui  l'ac- 
cuse de  mettre  de  la  mauvaise  volonté  et  d'empêcher  tout  payement.  Il 
l'accuse  en  outre  d'avoir  fait  de  fort  mauvaise  besogne  sous  le  Muséum 
(l'examen  de  nos  galeries  semble  donner  tort  à  Buffon)  et  d'avoir  mis  des 
fagots  au  lieu  de  maçonnerie  pour  consolider  les  voûtes  qui  s'effondraient. 
Peut-être,  en  effet,  Guillaumot  employa-l-il  parfois  des  boisages  pour  aller 
au  plus  pressé  et  l'on  trouve  dans  ses  comptes  des  rubriques  dans  le  genre 
de  celles-ci  :  n-3o  stères  de  bois  pour  consolider  provisoirement  et  par  éco- 
nomie la  carrière  des  Gobelins.  1 

Nous  voyons  d'ailleurs  que  Guillaumot  fit  tout  son  possible  pour  arranger 
les  choses  au  mieux  et  nous  trouvons  aux  archives  une  note  contresignée 
de  lui  et  ainsi  conçue  : 

«M.  le  lieutenant  de  police représente  en  outre  que  M.  de  Buffon 


—  137  — 

a  fait  travailler  aux  carrières  sous  le  Jardin  du  Roi,  que  les  dépenses  par 
lui  payées  montent  à  64,ooo  livres  pour  le  surplus  et  qu'il  faudrait  encore 
un  fonds  extraordinaire  de  5o,ooo  livres  pour  acquitter  ce  dernier  objet 
ou  le  rembourser  par  des  ordonnances  particulières. 

.  .  .  On  pense  cependant  qu'en  portant  les  fonds  ordinaires  pour  1786 
à  4oo,ooo  livres,  le  service  pourroit  se  faire,  sauf  à  donner  des  secours 
dans  le  besoin  et  à  acquitter  M.  de  Buffon  si  la  caisse  des  carrières  ne  peut 
le  faire.» 

Pendant  les  anne'es  qui  suivirent  la  mort  de  Buffon  et  jusqu'en  1806, 
Guillauiuot  construisit  encore  de  nombreuses  maçonneries;  puis  en  1808, 
1809,  Héricart  de  Tbury,  et  en  18.89,  ^^o  et  18/ti,  Trémery  conti- 
nuèrent les  travaux.  Aucun  travail  de  consolidation  ne  semble  avoir  été 
faite  depuis  lors  jusqu'à  la  fermeture  de  l'escalier  en  i852. 

Nous  ne  possédons  que  peu  de  documents  sur  les  dépenses  alors  effec- 
tuées. Nous  savons  seulement  que  pendant  les  sept  premiers  mois  de  l'an  x 
il  fut  dépensé  8,oo9f  91  pour  la  consolidation  et  i26of  54  en  vendémiaire 
an  si.  Dans  ce  mois  on  employa  1  piqueur,  2  carriers,  3  terrassiers-carriers 
et  5  terrassiers  et  l'on  usa  56  kilogrammes  de  chandelle  pour  l'éclairage, 
Somme  toute,  en  voyant  les  maçonneries  faites  par  Buffon  et  qui  coû- 
tèrent 64,ooo  livres  et  en  comparant  avec  tout  le  reste,  on  ne  peut  guère 
estimer  à  moins  de  i5o,ooo  à  200,000  francs  les  dépenses  de  la  consoli- 
dation des  carrières  dont  nous  protilons  aujourd'hui. 

Recherches  scientifiques  anciennes.  —  Bien  qu'ignorées  de  tout  temps  du 
grand  public,  les  carrières  souterraines  de  Paris  ont  donné  à  quelques 
savants  l'occasion  d'intéressantes  recherches. 

Nous  devons  une  mention  toute  spéciale  à  l'une  des  figures  les  plus 
sympathiques  du  xvie  siècle,  maître  Bernard  Palissy,  plus  connu  du  public 
par  ses  «rustiques  figulinesi  que  par  les  travaux  scientifiques  de  premier 
ordre  qu'il  a  laissés.  Sans  parler  de  la  paléontologie  que,  deux  siècles  et  demi 
avant  Olivier,  il  a  véritablement  créée,  il  eut  le  premier  l'idée  que  les  terrains 
n'étaient  pas  des  amas  de  matériaux  morts  et  fixés  une  fois  pour  toutes, 
que  des  dissolutions  chimiques  et  des  mouvements  physiques  modifiaient 
sans  cesse  et  insensiblement  leur  aspect  et  leur  composition.  Débarrassée 
des  quelques  exagérations  inséparables  des  débuts,  sa  théorie  est  restée 
dans  la  science.  Les  cavernes  et  surtout  les  carrières  souterraines  de  Paris 
lui  fournirent  ses  meilleurs  arguments  en  même  temps  que  l'occasion  d'une 
de  ses  leçons  pratiques  les  plus  élégantes. 

En  1575,  il  descendit  dans  les  carrières  du  faubourg  Saint-Marcel  avec 
un  médecin  nommé  Ghoysnin  et  un  rrescholier  médecin  n  nommé  Milon; 
ils  allèrent  rrprès  d'une  lieue  dans  lesdites  carrières,  estant  conduits  par 
deux  carriers  ». 

Puis  il  s'occupe  de  la  génération  des  pierres  et  explique  à  ses  compa- 


—  138  — 

gnons  la  formation  des  stalactites  et  stalagmites  qu'ils  rencontrent  à  chaque 
pas. 

11  nous  faut  maintenant  sauter  près  de  trois  siècles  pour  voir  de  nouveau 
les  carrières  souterraines  servir  à  des  recherches  scientifiques. 

L'ossuaire  venait  d'être  créé  et  la  direction  en  avait  été  confiée  en  1 809 , 
après  la  mort  de  Guillaumot,  à  l'ingénieur  Héricart  de  Thury,  qui,  vrai- 
semhlahlement  sous  l'influence  de  Lamarck,  entreprit  une  expérience  sur 
les  Poissons,  dans  la  fontaine  de  la  Samaritaine  (voir  Bulletin  n°  3,  1897). 

«Quatre  Poissons  rouges,  Cyprins  dorés  ou  Dorades  chinoises,  ont  été 
jetés  dans  le  hassin  de  la  Samaritaine,  le  a5  novembre  181 3.  Depuis  ce 
temps  (l'ouvrage  a  dû  être  composé  dans  les  derniers  mois  de  181  k)  ces 
Dorades paraissent  avoir  fait  quelque  progrès,  mais  elles  n'ont  jus- 
qu'à ce  jour  donné  aucun  signe  de  reproduction.  Leur  belle  couleur  s'est 
conservée ,  elle  est  aussi  vive  que  le  premier  jour  sur  trois  d'entre  elles , 
mais  la  quatrième  présente  quelques  nuances  qui  la  distinguent  des  autres.» 

Si  l'on  considère  le  peu  de  temps  depuis  lequel  durait  l'expérience,  on 
sera  frappé  de  ce  changement  de  teinte,  qui  sans  doute  était  un  achemine- 
ment vers  la  dépigmentation. 

Héricart  de  Thury  avait  fait  établir  un  registre  d'observations  qui  devait 
noter  les  changements  survenus  chez  ces  animaux.  Malheureusement  les 
archives  de  l'Inspection  des  carrières  furent  brûlées  en  1871  et  c'est  une 
perte  irréparable. 

Héricart  de  Thury  avait  étudié  à  fond  la  géologie  de  nos  carrières  et 
avait  fait  recueillir  par  ses  ouvriers  des  collections  des  principales  roches 
du  sol  parisien  qu'il  avait  fait  disposer  dans  des  salles  spécialement  amé- 
nagées. Les  échantillons  étaient  classés  n-d'après  le  système  de  MM.  Guvier 
et  BrongniarU.  Une  de  ces  salles  existe  encore  presque  complète  dans  l'os- 
suaire ,  les  autres  collections  ont  été  dispersées. 

«Si  les  étrangers  et  les  naturalistes  sont  étonnés  de  trouver  dans  les 
profondeurs  de  la  terre  de  telles  collections,  ils  doivent  l'être  encore  bien 
plus  envoyant  chacun  de  nos  chefs  d'ateliers,  dans  la  démonstration  et 
l'explication  des  phénomènes  qu'elles  présentent,  ne  se  servir  et  n'employer 
que  des  dénominations  adoptées  par  les  professeurs  du  Muséum  d'histoire 
naturelle,  dont  ils  n'ont  cependant  jamais   été  à  même  de    suivre  les 

COUrS.  ri 

C'est  qu'Héricart  de  Thury  les  avait  suivis  lui-même  et  que  sa  vive  in- 
telligence s'était  passionnée  pour  ce  beau  mouvement  scientifique,  véri- 
table régénération  des  sciences ,  qui  marqua  les  débuts  de  notre  siècle,  et 
qu'il  avait  pris  la  peine  d'instruire  lui-même  ses  ouvriers. 

k  Autour  du  cabinet  de  minéralogie,  ajoule-t-il,  j'ai  fait  classer  :  i°  les 
coquilles  fossiles  des  différentes  espèces  qui  appartiennent  essentiellement 
à  tel  ou  tel  banc  et  qui  peuvent  par  conséquent  servir  à  les  distinguer  ou 
même  à  les  spécifier. 


—  139  — 

2°  Les  bois  fossiles  pscudomorphiques  agatisés,  calcaires  bitumineux  ou 
terreux  avec  des  empreintes  de  feuilles  ou  philloliles. 

3°  Les  diverses  substances  terreuses  ou  minérales  que  l'on  a  pu  re- 
cueillir dans  l'étendue  des  carrières,  n 

Enfin  une  collection  d'ossements  pathologiques,  des  fœtus  anormaux 
recueillis  dans  les  tombes  des  cimetières  supprimés  complétaient  l'aména- 
gement. 

Tout  cet  ensemble  formait  comme  on  le  voit  un  musée  des  plus  com- 
plets et  des  plus  intéressants. 

Le  nouveau  laboratoire  du  Muséum.  —  Ayant  appris,  d'après  un  ancien 
plan,  l'existence  de  galeries  souterraines  sous  le  Muséum,  nous  nous 
mîmes  à  leur  recherche  et  M.  Milne  Edwards  nous  ayant  indiqué  dans 
l'Orangerie  un  puits  qui,  vraisemblablement,  y  donnait  accès,  nous  y  des- 
cend Inies  avec  notre  ami  et  compagnon  d'exploration  des  catacombes,  Louis 
Mémain(1),  et  fumes  assez  heureux  pour  retrouver  près  d'un  kilomètre  de 
galeries  intactes.  Un  superbe  escalier  y  avait  donné  accès  que  nous  trou- 
vâmes muré  près  de  la  surface  du  sol.  Nous  y  lûmes  les  noms  de  trois 
douaniers  qui  s'étaient  fait  vers  i85o  une  spécialité  de  la  surveillance  des 
carrières  souterraines  pour  y  supprimer  la  fraude  d'octroi,  Caron,  Trouvé 
et  Ozouf.  Cet  emploi  était  occupé  en  l'an  X  par  Godefroy  et  Bonhomme 
rrsurveUlants  pour  la  fraude d  qui  touchaient  chacun  Goo  francs  pour  cela. 

M.  Milne  Edwards  comprit  aussitôt  quelle  importance  pouvait  avoir 
pour  des  recherches  scientifiques  un  tel  endroit,  parfaitement  obscur,  vraie 
caverne  artificielle,  s'étendanten  entier,  sauf  deux  galeries,  sous  le  Muséum. 

Aussi  n'hésita-t-il  pas  à  entreprendre  là  des  travaux  coûteux  pour  l'éta- 
blissement d'un  laboratoire  souterrain.  Dès  le  mois  de  mars  1896,  les  tra- 
vaux furent  commencés  et  n'ont  été  terminés  que  ces  jours  derniers.  Une 
petite  galerie  fut  creusée  et  maçonnée  pour  déplacer  l'entrée  de  l'ancien 
escalier  qui,  par  suite  des  remaniements  du  Muséum,  se  trouvait  au  milieu 
d'une  allée:  l'entrée  actuelle  est  à  côté  de  la  porte  des  bâtiments  de  l'ad- 
ministration. 

Une  grande  salle  fut  vidée  de  ses  déblais  et  entièrement  consolidée,  puis 
l'on  installa  l'eau  de  source1*'  qui  se  rend  à  des  aquariums  supportés  par 

(1)  Je  saisis  ici  l'occasion,  non  pas  de  remercier  mon  ami  Mémain  —  ce  serait 
trop  peu,  —  mais  de  signaler  tout  particulièrement  les  services  qu'il  m'a  rendus 
dans  mes  recherches  aux  Catacombes  de  Paris.  En  s'occupant  notamment  de  toute 
la  partie  topographique  des  excursions,  il  m'a  évité  une  grande  perte  de  temps, 
et  permis  de  ma  consacrer  exclusivement  à  la  recherche  des  animaux;  car,  au  mi- 
lieu de  l'inextricable  réseau  des  3oo  kilomètres  de  galeries  souterraines,  il  est 
difficile  de  se  diriger  sans  des  travaux  topographiques  minutieux. 

'  L'expérience  nous  avait  appris  en  effet  que  l'eau  de  Seine,  par  son  état  d'im- 
pureté, entraîne  rapidement  la  mort  des  espèces  délicates  en  expérience. 


—  140  — 

des  tables  de  marbre  et  d'ardoise,  et  s'écoule  ensuite  dans  un  puits  aban- 
donné. 

Il  sera  donc  facile  d'y  étudier  toute  la  série  des  modifications  par  les- 
quelles passe  un  animal  lorsque  subitement  on  change  son  habitat  et  qu'on 
le  prive  de  la  lumière. 

Nous  ne  trouvons  guère  en  ellét  dans  les  cavernes  que  les  termes  ex- 
trêmes de  la  modification.  Presque  tous  les  animaux  sont  aveugles,  déco- 
lorés et  pourvus  d'organes  olfactifs  et  auditifs  exagérément  développés. 

Nous  avons  bien ,  il  est  vrai ,  dans  les  catacombes  de  Paris  une  série  d'êtres 
intermédiaires  qui  n'ont  pas  encore  acquis  tous  les  caractères  des  vrais  Ca- 
vernicoles, qui  n'ont  pas  encore  perdu  tous  ceux  des  animaux  aériens.  Mais 
nous  n'avons  là  que  certains  termes.  La  série  complète  et  progressive  des 
modifications  nous  échappe  en  partie.  C'est  celte  série  que  nous  voulons  ob- 
tenir. 

Et  puis  n'y  a-t-il  pas,  au  début  de  la  période  obscuricole,  certains  termes 
instables  et  transitoires?  Ne  se  produit-il  pas  une  sorte  de  résistance  à  l'ob- 
scurité, d'exacerbation  de  l'acuité  visuelle  dans  une  recherche  impossible 
de  la  lumière,  avant  que  l'organe  visuel,  définitivement  vaincu  par  l'ob- 
scurité, n'entre  dans  la  série  de  ses  stades  régressifs. 

Comment  débute  la  série  des  hypertrophies  des  autres  sens  comme  com- 
pensation à  l'atrophie  visuelle?  Autre  question  encore  inabordée. 

On  pourra  aussi  entreprendre  des  expériences  qui  fourniront  de  précieux 
renseignements  sur  le  rôle  physiologique  de  certains  organes  que  nous 
voyons  croître  dans  les  animaux  cavernicoles,  sans  que  nous  sachions  pour- 
quoi. Tels  sont  les  cerci  de  certains  Thysanoures  (Campodes),  sur  le  rôle 
physiologique  desquels ,  d'ailleurs ,  nous  n'avons  encore  aucune  donnée. 

Au  point  de  vue  physiologique,  une  expérience  s'impose,  qui  a  été  abor- 
dée parfois  dans  les  cavernes ,  et  qui ,  pas  plus  à  nos  prédécesseurs  qu'à 
nous-mêmes,  n'a  pu  donner  de  résultat  ayant  une  valeur  scientifique  quel- 
conque. Je  veux  parler  des  expériences  qui  consistent  à  rechercher  si  les 
animaux  cavernicoles  aveugles  ne  perçoivent  pas,  par  la  sensibilité  générale , 
quelque  chose  ressemblant  à  de  vagues  perceptions  lumineuses. 

Toutes  les  expériences  tentées  jusqu'ici  étaient  condamnées  à  l'impuis- 
sance par  cette  bien  simple  raison  qu'il  était  impossible  dans  les  cavernes 
de  séparer  l'élément  chaleur  de  l'élément  lumière.  Il  était  donc  impossible 
de  savoir  lorsqu'un  animal  paraissait  réagir  sous  l'influence  de  l'excitant 
lumineux,  s'il  n'était  pas  plutôt  impressionné  par  l'excitant  calorifique. 

Dans  le  nouveau  laboratoire  on  pourra  par  des  solutions  salines  appro- 
priées éliminer  complètement  le  facteur  chaleur  pour  n'opérer  qu'avec  le 
facteur  lumière,  et  résoudre  ainsi  le  problème  qui  somme  toute  est  impor- 
tant. Il  sera  également  intéressant  d'examiner  l'influence  de  l'obscurité  sur 
certaines  formes  animales  que  l'on  rencontre  peu  ou  point  dans  les  cavernes 
(Batraciens,  Poissons,  Mammifères). 


—  ni  — 

Toutes  ces  expériences  ont  besoin  d'une  contre-partie.  H  faut  voir  quelles 
modifications  régénératrices  éprouve  un  animal  possédant  les  caractères 
des  animaux  cavernicoles  lorsqu'on  les  soumet  de  nouveau  à  l'influence  de 
la  lumière,  et  nous  avons  déjà  obtenu  de  ce  côté  quelques  résultats  impor- 
tants et  rapides (1),  principalement  des  répigmentations  partielles. 

Il  est  possible,  et  même  probable,  que  l'oeil ,  devenu  excessivement 
petit  et  réduit  presque  à  rien,  pourrait  revenir  à  son  volume  primitif. 

En  serait-il  de  même  lorsqu'il  est  totalement  disparu  et  que  le  lobe  et  le 
nerf  optiques  sont  atropines  ?  C'est  ce  que  seule  une  expérience  longtemps 
prolongea  est  capable  de  nous  apprendre. 

Enfin,  en  dehors  du  domaine  purement  zoologique,  il  semble  qu'il  y 
ait  bien  d'autres  choses  à  tenter. 

Le  rôle  filtrant  du  sol,  au  point  de  vue  bactériologique,  serait  particu- 
lièrement facile  à  étudier  dans  certaines  de  nos  galeries. 

L'étude  des  mystérieux  rayons  X,  et  la  question  de  savoir  si  les  parois 
ne  conservent  pas,  longtemps  après  avoir  été  éclairées,  la  faculté  d'émettre 
certaines  radiations,  ou  d'impressionner  certaines  rétines  hyperestésiées 
et  tant  d'autres  problèmes  que  les  physiciens  ou  les  physiologistes  peuvent 
se  poser,  tout  cela  pourra  fournir  matière  à  une  foule  de  travaux  originaux 
qui  pourront  s'exécuter  dans  des  conditions  que  l'on  ne  rencontre  à  l'heure 
actuelle  dans  aucun  autre  centre  scientifique  du  monde;  car  nous  possé- 
dons maintenant  un  endroit  où  se  trouvent  réunies  toutes  les  conditions 
d'une  vraie  caverne  à  toutes  les  commodités  d'un  laboratoire  expéri- 
mental. 

Si  quelques  expériences  sont  appelées  à  donner  des  résultats  rapides, 
nous  n'ignorons  pas,  en  revanche,  que  plusieurs  d'entre  elles  demande- 
ront une  longue  série  d'années.  Telle  d'entre  elles,  commencée  ces  jours- 
ci,  au  seuil  du  xxe  siècle,  ne  verra  peut-être  sa  terminaison  qu'au  courant 
du  xxie.  Mais  n'est-ce  point  le  propre  des  grands  établissements  scienti- 
fiques comme  le  Muséum  de  pouvoir  entreprendre  des  expériences  de 
longue  haleine,  et  si  les  premières  générations  de  chercheurs  meurent  à  la 
peine,  d'autres  se  lèvent  à  la  suite  qui  recueillent  les  fiants  du  labeur  de 
leurs  aînés. 

Aussi  établissons-nous  une  sorte  de  «  livre  de  bord»,  où  seront  consi- 
gnées minutieusement  les  expériences  entreprises  de  façon  à  permettre  de 
les  suivre  pas  à  pas  jusqu'à  leur  résultat  final. 

Nos  maîtres,  M.  le  professeur  Bouvier  et  M.  le  professeur  Milne  Edwards, 
nous  ont  déjà  guidé  d'une  manière  judicieuse  dans  l'installation  et  le  choix 
des  expériences,  et  nous  ne  pouvons  oublier  que  c'est  à  M.  Milne  Edwards 
que  le  Muséum  doit  d'être  doté  de  ce  précieux  champ  d'expérience,  d'où 

(,)  Voir  Mémoires  de  la  Société  de  Spéléologie,  n°  6,  1896. 

Mcséum.  —  m.  ,  . 


—  1/ri  — 

sortiront,  à  n'en  pas  douter,  des  résultats  aussi  inattendus  que  précieux 
pour  la  science  et  dont  la  postérité  lui  sera  reconnaissante. 

Après  la  clôture  de  la  séance,  les  personnes  qui  assistaient  à  la 
réunion  sont  allées,  sur  l'invitation  de  M.  le  Directeur  du  Muséum, 
visiter  le  nouveau  laboratoire  souterrain  installé  dans  les  cata- 
combes. 


Recherches  sur  l'aimantation  de  la  Magnétite  cristallisée  , 

par  M.  Pierre  Weiss. 

(Thèse  de  doctoral  présentée  à  la  Faculté  des  sciences  de  Paris 
le  ao  juin  1896.) 

Si  Ton  considère  que  l'aimantation  est  vraisemblablement  un  phénomène 
d'orientation  d'aimants  élémentaires  existant  déjà  dans  la  matière  à  l'état 
neutre  et  que  la  cristallisation  est ,  elle  aussi ,  le  résultat  d'une  orientation , 
on  peut  se  demander  comment  ce  dernier  phénomène  réagit  sur  le 
premier. 

La  magnétite ,  qui  est  à  la  fois  fortement  magnétique  et  bien  cristallisée , 
permet  d'aborder  cette  question.  Les  beaux  cristaux  de  cette  substance 
sont  devenus  assez  rares  par  suite  de  l'épuisement  des  gisements  clas- 
siques ;  aussi  suis-je  en  grande  partie  redevable  des  résultats  de  cette  élude 
à  M.  Lacroix,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  des  cristaux  de 
Traversella  et  de  Brozzo  provenant  des  collections  du  Muséum  d'histoire 
naturelle. 

Contrairement  à  ce  qui  se  produit  pour  les  propriétés  optiques  des  cris- 
taux cubiques,  l'intensité  d'aimantation  varie  avec  la  direction. 

La  courbe  d'aimantation ,  c'est-à-dire  la  relation  entre  l'intensité  d'aiman- 
tation et  le  champ  magnétisant,  a  été  déterminée  avec  précision  sur  des 
baguettes  taillées  parallèlement  aux  axes  quaternaire,  binaire  et  ternaire. 
L'aimantation  a  été  trouvée  maxima  suivant  l'axe  ternaire ,  un  peu  infé- 
rieure suivant  l'axe  binaire  et  minima  suivant  l'axe  quaternaire.  Les  dif- 
férences sont  grandes ,  les  intensités  d'aimantation  sont  entre  elles  comme 

t5  :  18  :  19 

quand  le  champ  magnétisant  est  égal  à  100  unités. 

Ces  expériences  ont  été  confirmées  et  étendues  à  des  directions  en 
dehors  des  axes  de  symétrie  par  des  mesures  faites  sur  des  disques  taillés 
parallèlement  aux  faces  du  cube  de  l'octaèdre  et  du  dodécaèdre. 

On  peut  dire,  pour  les  résumer,  que  si  l'on  porte  l'aimantation  produite 
par  un  champ  constant  sur  des  rayons  issus  d'un  point  et  ayant  la  direc- 


—   l/i3  — 

lion  du  champ ,  on  obtient  une  surface  magnétique  ressemblant  à  un  cube 
à  arêtes  arrondies  et  à  faces  légèrement  creuses.  Les  sections  de  cette  sur- 
face par  les  plans  parallèles  aux  faces  de  l'octaèdre  sont  des  cercles. 

L'aimantation  de  la  magnétite  est  donc  un  exemple  très  net  de  la  diffé- 
rence entre  la  symétrie  cubique  et  la  symétrie  isotrope. 

Il  a  été  démontré  ensuite,  par  d'autres  expériences,  que  l'aimantation 
de  la  magnétite  n'a  pas  la  direction  du  champ  qui  la  produit ,  sauf  quand 
celui-ci  agit  dans  la  direction  d'un  axe  de  symétrie.  L'obliquité  maxima  de 
l'aimantation  sur  le  champ  a  été  trouvée  égale  à  2  o  degrés. 

On  peut  interpréter  ces  résultats  en  imaginant  que  la  magnétite  résulte 
de  l'enchevêtrement  de  trois  systèmes  de  plans  parallèles,  rectangulaires 
entre  eux ,  formés  par  une  matière  magnétique  et  séparés  par  des  inter- 
valles non  magnétiques.  Cette  hypothèse,  qui  rend  compte  des  résultats 
expérimentaux,  revient  à  admettre  l'existence  matérielle  de  la  madle  du 
réseau  cubique. 

On  peut  en  tirer  la  conséquence  suivante  :  si  l'on  peut  reproduire  les 
phénomènes  de  l'aimantation  de  la  magnétite  en  donnant  une  structure  à 
une  substance  magnétique  supposée  isotrope ,  il  en  résulte  que  le  phéno- 
mène magnétique  est  plus  infinitésimal  que  le  phénomène  cristallogra- 
phique;  ou,  en  d'autres  termes,  que  la  molécule  cristalline  est  un  monde 
par  rapport  à  la  molécule  magnétique. 


Sur  la  minéralogie  des  cadavres, 
par  M.  A.  Lacroix. 

Une  circonstance  fortuite  m'a  permis  d'étudier,  dans  des  conditions  par- 
ticulièrement précises,  la  formation  de  produits  cristallisés  aux  dépens  d'un 
cadavre  conservé  dans  un  cercueil  en  plomb.  Des  travaux  de  voirie  effec- 
tués à  Paris ,  dans  la  rue  de  Béarn ,  sur  l'emplacement  de  l'église  de  l'an- 
cien couvent  des  Minimes,  ont  mis  en  effet  à  découvert  deux  cercueils  en 
plomb  datant  de  i63o,  que  j'ai  pu  examiner  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le 
docteur  Robinet. 

Le  squelette  renfermé  dans  l'un  de  ces  cercueils  était  intact ,  les  cheveux 
abondants  n'avaient  point  été  altérés.  L'intérieur  du  crâne  ne  renfermait 
que  quelques  sphérolites  cristallins. 

Le  second  cercueil  contenait,  au  contraire,  un  squelette  très  altéré  : 
plusieurs  os  longs ,  un  des  os  iliaques  étaient  couverts  de  paillettes  blanches 
transparentes.  La  cavité  du  crâne  était  transformée  en  une  magnifique 
géode  (brisée),  tapissée  d'aiguilles  ou  de  lames  blanches  atteignant  8  mil- 
limètres de  plus  giande  dimension.  Leur  disposition  dans  le  crâne  est  régu- 
lière :  le  plan  interne  de  celui-ci  est  fissuré,  soulevé  et  c'est  sur  ces  débris 


—  \àâ  — 

que  sont  implantés  les  cristaux.  Le  diploé  est  très  altéré,  ses  larges  cellules 
ayant  permis  le  développement  facile -du  minéral  qui  l'imprègne,  enfin  le 
plan  externe  est,  par  place,  lui-même  recouvert  de  cristaux. 

T>a  substance  de  ceux-ci  est  un  hydrate  du  phosphate  bicalcique  :  la 
métabrushite[l). 

Ce  minéral  est  le  même  que  celui  qui  a  été  trouvé  une  seule  fois  à  la 
surface  d'os  d'une  des  tombes  du  gisement  préhistorique  de  Solutré  (Saône- 
et-Loire). 

Il  est  probablement  identique  à  celui  «pie  Fourcroy  et  Vauquelin  reû- 
contrèrent  eiv  1807  sur  un  squelette  renfermé  dans  une  tombe  en  pierre 
datant  du  \ie  siècle  découverte  à  Paris  dans  la  vieille  église  Sainte-Gene- 
viève (2). 

On  peut  se  demander  quelles  sont  les  réactions  qui  ont  donné  naissance 
à  ce  minéral  connu  aussi  dans  le  guano  des  Antilles  et  dans  quelques 
grottes  (en  particulier  dans  celle  de  Minerve  [Hérault]).  M.  A.  Gautier  a 
expliqué  de  la  façon  suivante  la  formation  de  la  métabrushite  de  ce  dernier 
gisement  :  sous  l'influence  de  ferments  oxydants,  les  organes  mous  des 
animaux  enfouis  dans  la  caverne  auraient  donné  naissance  entre  autres 
produits  à  du  phosphate  biammoniacal  qui ,  entraîné  par  les  eaux  au  contact 
du  calcaire  constituant  le  substratum  de  la  caverne,  aurait,  par  substitu- 
tion, formé  du  phosphate  bicalcique. 

H  est  probable  cpie  des  réactions  de  ce  genre  sont  intervenues  pour 
donner  naissance  aux  cristaux  que  j'étudie,  mais  ici  le  cadavre,  conservé 
en  vase  clos ,  a  donné  lui-même  tous  les  éléments  nécessaires  à  la  forma- 
tion du  minéral.  Ce  sont  les  os  qui  ont  fourni  la  chaux  (et  sans  doute 
aussi  une  partie  de  l'acide  phosphorique).  La  concentration  des  cristaux 
dans  la  boîte  crânienne  du  squelette  de  la  rue  de  Béarn  montre  aussi  que , 
dans  ce  cas ,  la  matière  cérébrale  a  joué  un  rôle  particulièrement  actif  dans 
leur  production. 

L'étanchéité  du  cercueil  de  plomb  rendant  possible  le  contact  longue- 
ment prolongé ,  et  sans  doute  sous  pression  du  squelette  et  des  produits  de 
la  décomposition  cadavérique,  a  permis  ainsi  entre  eux  de  mutuelles  réac- 
tions chimiques. 

H  est  probable  que  ce  phénomène  iïautominêralimtion  n'est  pas  rare;  il 
m'a  paru  utile  d'appeler  sur  lui  l'attention ,  cette  note  constituant  une  pre- 
mière contribution  à  la  minéralogie  des  cadavres. 

(1)  Voir,  pour  In  description  de  ce  minéral,  ma  note,  Bull.  Soc.  min.,  XIX,  112, 
1897. 

(2)  Annales  du  Muséum,  X,   1,  1807. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE. 


ANNÉE   1897.  —  N°  5. 


-&«§»*- 


21'  RÉUNION  DES  NATURALISTES  DU  MUSEUM. 

25  MAI    1897. 


l'IiESIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEUM. 


M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  quatrième  fascicule  du 
Bulletin,  pour  l'année  1897,  paru  le  22  mai,  et  contenant  les  com- 
munications faites  clans  la  réunion  du  27  avril. 

Il  annonce  la  mort  de  M.  Legrand  Des  Gloizeaux,  membre  de 
l'Institut,  professeur  bonoraire  au  Muséum,  décédé  à  Paris,  le 
6  mai  1897,  à  l'âge  de  79  ans  et  rappelle  les  services  que  ce  savant 
.1  rendus  à  rétablissement  dans  lequel  il  professa  pendant  dix-sept 
ans.  M.  Des  Gloizeaux  avait  été  nommé  professeur  au  Muséum  en 
1876  cl  avait  pris  sa  retraite  en  1890,  mais  jusqu'à  sa  mort  il  ne 
cessa  de  s'intéresser  aux  travaux  du  laboratoire  et  à  l'accroissement 
de  collections  de  minéralogie. 


CORRESPONDANCE. 

M.  Bastari)  a  adressé  à  M.  le  directeur  du  Muséum  une  lettre 
datée  d'Ankazoabo,  pays  des  Bara  de  Raïondry,  le  18  mars  1897, 
lettre  dans  laquelle  il  donne  les  détails  suivants  sur  la  mission  qu'il 
remplit  à  Madagascar. 

Ml  sKUM.   —   III.  I  -1 


—  146  — 

Après  mon  excursion  à  Vondrové  et,  dans  le  Fiherenana,  j'ai  été  deux 
mois  malade  à  Nosy-Vésans  pouvoir  rien  faire.  Dès  que  ies  forces  me  furent 
revenues  un  peu  et  que  la  fièvre  m'eut  lâché,  je  suis  parti  pour  Mahanomby 
avec  l'intention  d'y  recruter  des  hommes,  de  traverser  de  nouveau  le  Fihere- 
nana et  d'aller  m'installer  chez  les  Bara  qui  habitent  au  Sud  du  Mangoky, 
à  l'est  des  monts  Bemaraha.  Le  roi  Tompomanana  me  reçut  fort  bien,  me 
promit  des  hommes;  mais  ceux-ci  me  demandèrent  un  prix  tellement  élevé 
que  je  renonçai  à  prendre  cette  route.  J'avais  d'ailleurs,  pendant  ces  pour- 
parlers, été  audicieusement  pillé.  Je  revins  à  Tuléar  et  j'organisai  rapide- 
ment mon  convoi Étant  encore  trop  peu  vaillant  pour  marcher  long- 
temps à  pied,  j'achetai  un  filanzane  et  engageai  des  porteurs  pour  la 
durée  de  ce  voyage. 

Je  suivis  la  vallée  de  la  rivière  Fiherenana  et,  contournant  les  Bemaraha, 
je  remontai  vers  le  Nord  jusqu'à  Ankazoabo.  qui  est  la  capitale  du  roi  Bara 
Andrianimpoinimerina.  C'est  dans  ce  village  que  je  m'installai  pour  en  faire 
le  centre  de  mes  recherches.  Ankazoabo  est  à  un  jour  des  Beinahara,  à 
deux  jours  au  sud  du  Mangoky  et  à  deux  jours  à  l'ouest  de  la  rivière  Malio. 
Il  y  a  cinq  semaines  que  je  suis  là,  et  j'ai  déjà  fait  une  excursion  à  25  ki- 
lomètres au  N.  E.  et  des  fouilles  qui  ont  duré  dix  jours.  J'ai  rapporté  une 
assez  grande  quantité  d'ossements,  en  fragments  malheureusement,  mais 
quelques  os  des  membres  sont  complets  et  faciles  à  recoller;  puis  des  dents, 
des  parties  de  maxillaires,  etc Ces  os  doivent  appartenir  à  un  Hip- 
popotame. Je  sais  que  le  Muséum  a  un  squelette  d'Hippopotame  complet  et 
j'aurais  préféré  trouver  un  autre  animal. 

Je  prends  ce  que  je  trouve;  les  indigènes  m'apportent  des  débris  venant 
de  divers  endroits,  et  ce  sonttoujours, je  crois,  des  os  d'Hippopotame,  ce 
qui  me  fait  penser  qu'il  y  en  a  eu  un  grand  nombre  d'enfouis  dans  cette 
région.  Toutefois,  on  m'a  rapporté  un  fragment  de  mâchoire  inférieure  qui 
ressemble  à  une  mâchoire  de  Caïman.  Je  me  propose  de  me  faire  indiquer 
l'endroit  d'oii  provient  cette  pièce  et  d'y  faire  des  fouilles.  Ce  serait  à  deux 
jours  dans  le  Sud  et  près  de  la  route  que  j'ai  suivie  en  venant.  Avec  de  la 
patience,  il  est  possible  que  je  trouve  à  récolter  des  fossiles  intéressants  dans 
cette  région-ci;  j'en  ai  le  ferme  espoir. 

Dans  les  trous  d'arbres  que  j'ai  fouillés  dans  les  bois,  j'ai  trouvé  beau- 
coup de  Tanrecs  et  de  petits  Hérissons  peu  intéressants,  mais  les  Bats  et 
autres  Rongeurs  leur  ressemblant,  que  les  indigènes  appellent  Valavo,  ont 
encore  évité  mes  pièges.  Avec  de  la  persévérance,  je  serai  sans  doute  plus 
heureux  quelque  jour.  11  y  a  quelques  Propithèques  de  Verreaux;  j'en  ai 
préparé  deux  belles  peaux  ainsi  qu'une  peau  de  Lwnur  catta,  le  seul  que 
j'aie  vu;  je  ne  manquerai  pas  de  rechercher  ce  qui  vous  intéresse  dans  les 
Propithèques. 

Il  paraît  y  avoir  beaucoup  de  Serpents  par  ici;  j'en  ai  six  vivants  dans 
une  caisse,  de  quatre  espèces  différentes;  j'espère  réussir  à  vous  les  expé- 


—   l/i7  — 

dier  vivants  lorsque  je  reviendrai  à  la  côle.  Si  je  n'avais  été  malade,  vous 
auriez  sans  doute  déjà  un  Uratelornis  mâle;  mon  premier  soin  sera  d'en 
rechercher  lorsque  je  me  rapprocherai  de  Tuléar. 

J'ai  laissé  à  M.  Eslèlic,  Résident  à  Nosy-Vé,  yn  croquis  de  mon  itiné- 
raire d'Ambohihé-Vondrové-Saint-Augustin.  11  y  a  des  renseignements 
géographiques  qui,  peut-être,  intéresseront  M.  Grandidier;  je  lui  en  en- 
verrai un  double  à  mon  retour.  Par  ici,  je  reconnais  plusieurs  affluents  du 
Mangoky  absents  des  cartes,  et  les  chutes  du  Mangoky  dont  plusieurs  ont 
parlé,  notamment  M.  E.  Gautier,  sont,  je  pense,  un  mythe.  Jusqu'à  Von- 
drové  il  n'y  a  pas  de  chutes,  el  plus  haut  non  plus ,  m'affirment  les  indi- 
gènes. 

M.  J.  Errington  de  la  Croix,  qui  se  trouvait  le  6  avril  à  kuala- 
Lumpur  (Salangor)  dans  le  détroit  de  Malacca,  a  écrit  à  M.  Milne 
Edwards  pour  lui  proposer  un  Ours  malais  ou  Ours  des  Cocotiers  et 
pour  lui  annoncer  qu'après  un  séjour  dans  la  péninsule  malaise,  il 
est  toujours  dans  l'intention  de  visiter  les  îles  Chnlham. 


M.  A.  Dîna,  chef  du  service  administratif  de  la  marine  à  Diégo- 
Suarez  (Madagascar),  a  fait  le  9  avril  ses  offres  de  services  au  Mu- 
séum, offres  que  le  Directeur  a  immédiatement  acceptées.  M.  Dîna 
a  recueilli  dans  les  gisements  fossilifères  de  Madagascar  d'assez 
nombreuses  collections  qu'il  se  propose  d'envoyer  au  Jardin  des 
Plantes. 


M.   le  docteur  Guillaume   Capls,   l'explorateur  bien  connu  de 
l'Asie  centrale,  vient  de  partir  pour  Saigon  (Cochinchine). 


M.  Aug.  Foret,  administrateur  colonial  au  Fernan-Vaz,  annonce, 
dans  une  lettre  datée  du  26.  mars  1897,  l'envoi  de  la  peau  et  du 
squelette  d'un  Lamantin,  de.2n1.io  de  long,  qui  a  été  harponné 
près  du  lac  Anengé  dans  la  rivière  Obando,  tributaire  de  l'Ogooué. 
tr  II  est  difficile,  dit  M.  Foret,  de  se  procurer  des  Amphibies  entiers. 
Les  indigènes  N'  Comis  sont  fétichistes  et  croient  que  s'ils  ne  gar- 
daient pas  certaines  parties  de  l'animal,  leur  fétiche  serait  perdu  et 
qu "ils  ne  trouveraient  plus  de  Manga  ou  Lamantin. -n 


la 


—   148  — 

M.  le  Président  annonce  que  la  ménagerie  du  Muséum  vient  de 
s'enrichir  d'un  Hippopotame  femelle,  acheté  au  Jardin  zoologique 
d'Anvers.  Cet  individu,  né  en  novembre  1896  et  âgé,  par  consé- 
quent ,  de  quelques  mois  seulement,  s'est  développé  très  rapidement 
et  a  atteint  le  poids  déjà  considérable  de  200  kilogrammes.  Il  a 
été  placé  à  côté  du  jeune  mâle  acquis  précédemment  du  Jardin  zoo- 
logique d'acclimatation  du  Bois  de  Boulogne. 

M.  le  Président  annonce  que  M.  le  professeur  R.  Blanchard  se 
propose  de  faire  don  au  Muséum  de  la  belle  collection  de  Bryo- 
zoaires formé  par  feu  M.  le  docteur  Jullien. 


M.  le  baron  de  Mackau  a  écrit  au  Directeur  du  Muséum  pour  le 
prier  d'accepter  au  nom  de  sa  belle-sœur,  feu  Mme  de  Vatimesnil, 
l'une  des  nombreuses  victimes  de  l'horrible  catastrophe  du  Bazarde 
la  Charité,  un  herbier  de  France  et  de  Suisse  formé  par  elle  durant 
de  longues  années.  Cet  herbier  comprend  1,600  espèces  en  bon 
état  de  conservation  et  déterminées  avec  soin,  et  la  défunte  avait 
à  maintes  reprises,  avant  sa  fin  tragique  et  soudaine,  manifesté  le 
désir  qu'après  elle  sa  collection  fût  offerte  au  Muséum. 


M.  Léon  Vaillant  remet  pour  la  bibliothèque  un  exemplaire  d'une 
Note  sur  V œuvre  ichtyologique  deLesueur,  accompagnée  de  35  planches, 
en  partie  inédites,  gravées  ou  lithographiées  par  ce  naturaliste. 
Cet  opuscule  a  paru  dans  les  Bulletins  de  la  Société  philomathique  de 
Paris,  mais  sans  les  planches,  dont  on  n'a  pu  reconstituer  qu'un 
nombre  limité  de  séries. 

M.  Hamy,  à  l'occasion  de  cette  communication  de  M.  Vaillant, 
rappelle  les  circonstances  dans  lesquelles  il  fut  envoyé  au  Havre  en 
1877  par  l'Administration  du  Muséum,  pour  rechercher  les  papiers 
de  Lesueur,  disparus  après  la  mort  de  ce  naturaliste,  en  décembre 
18k G.  Il  a  retrouvé  une  partie  seulement  des  manuscrits,  dont 
l'existence  lui  avait  été  signalée,  chez  un  des  beaux-neveux  de  Le- 
sueur, M.  Quesney,  et  a  rapporté,  grâce  à  la  libéralité  de  cet  ami  des 
sciences,  ko  portefeuilles  in-8°  avec  près  de  1,000  dessins  manu- 


—  149  — 

scrils,  en  partie  coloriés,  qui  sont  déposés  depuis  1 8 8 3  à  la  biblio- 
thèque du  Muséum. 

Ces  portefeuilles  portent  les  titres  suivants  :  Mammifères,  t  :  Ché- 
loniens,  î;  Batraciens,  î;  Poissons,  i5;  Mollusques,  i;  Gastéro- 
podes, î  ;  Chétopodes,  2;  Rhizopodes,  1  ;  Zoophytes,  2;  Crustacés, 
1  ;  Stellérides,  1  ;  Polypiers,  3;  Animaux  marins  vivant  sur  la  plage 
du  Havre,  1;  Fossiles  de  la  Hève,  G;  Fossiles,  1;  Fossiles  d'Amé- 
rique, 1;  traversée  d'Europe  aux  Antilles,  t.  Total,  ko. 

L'autre  beau-neveu  de  Lesueur,  M.  Berryer,  avait  tout  le  reste 
de  la  collection.  M.  Hamy  ne  Ta  su  que  plus  tard,  lorsque  le  Mu- 
séum du  Havre  est  entré  en  possession  de  cette  seconde  série  com- 
posée de  11  volumes  in-folio  ou  in-^i°,  dont  M.  Lennier  a  donné 
le  catalogue  et  où  se  trouvent  justement  les  manuscrits  de  Péron 
sur  l'Australie,  qui  avaient  provoqué  les   recherches  de  M.  Hamy. 

On  trouvera  le  catalogue  détaillé  de  la  collection  du  Muséum 
du  Havre  dans  une  note  de  M.  Lennier  Sur  T  expédition  française  des 
terres  australes  pendant  les  années  180a  à  180a,  publiée  dans  les 
actes  de  la  Société  zoologiqne  de  France  pour  1 8 8 3 . 


M.  Léon  Vaillant  dépose  ensuite  sur  le  bureau,  au  nom  de 
M"'°  Auguste  Hovius,qui  désire  l'offrir  au  Muséum,  un  portrait  de 
Lamare-Picquot,  miniature  donnée  autrefois  par  celui-ci  même  à 
feu  Louis  Hovius,  armateur  à  Saint-Malo.  On  a  souvenir  des  impor- 
tantes collections  recueillies  par  ce  voyageur  tant  aux  Indes  qu'en 
Amérique;  M.  le  professeur  Hamy  s'en  est  occupé  dans  son  intéres- 
sant ouvrage  :  Les  origines  du  Musée  d'ethnographie,  et  une  partie 
d'entre  elles  sont  venues  enrichir  nos  galeries.  Lamare-Picquot  tenta 
aussi,  vers  i8i6,  d'introduire  en  France  une  nouvelle  plante  ali- 
mentaire, la  Picoliane  (Psoralea  esculenta). 


M.  Hamy  rappelle  l'importance  des  collections  que  Lamare-Pic- 
quot avait  jadis  formées  dans  l'Inde  de  1826  à  1829  et  qui  furent 
l'objet  des  rapports  les  plus  éiogieux  d'Abel  Rem  usât,  d'Eug.  Bur- 
nouf  et  de  Jomard.  Ces  collections,  qui  seraient  devenues  sans  la 
mort  subite  de  Cuvier  et  de  Rémusat,  emportés  par  le  choléra,  le 
noyau  du  Musée  ethnographique  qu'on  allait  fondera  Paris,  furent 


—  150  — 

emmenées  à  Vienne  vers  i838,  sons  l'inspiration  du  baron  de 
Hammer,  et  M.  Hamy  a  sn  récemment,  par  une  communication  de 
M.  Bûchner,  directeur  du  musée  royal  etnographique  de  Munich, 
qu'elles  ont  été  acquises  par  la  cour  de  Bavière.  Les  autres  collec- 
tions de  Lamare-Picquot,  celles  en  particulier  qu'il  a  rapportées  du 
nord  de  l'Amérique  en  18A7  et  en  1868,  sont  conservées  au  Mu- 
séum de  Paris. 


*  M.  B.  Ben\ult  dépose  sur  le  bureau,  pour  la  bibliothèque  du 
Muséum,  une  notice  sur  ses  travaux  scientifiques,  diverses  brochures 
qu'il  a  publiées  et  le  IXe  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Aulun. 

Ce  volume,  de  800  pages  environ,  renferme  : 

i°  Un  travail  de  M.  de  Bochebrune  (Toxicologie  africaine),  accompagné 
de  92  dessins  intercalés  dans  le  texte; 

a"  Un  mémoire  de  M.  C.  Eg.  Bertrand  sur  le  Kérosène  Shale  (Boghead) 
de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud; 

3°  Une  noie  de  M.  le  docteur  F.  de  Montessus  sur  la  nécessité  dune 
entente  internationale  pour  conserver  certaines  espèces  d'Oiseaux; 

h"  Une  notice  sur  les  Gaïamariées  {suite),  par  M.  B.  Renault,  accompa- 
gnée de  1 2  planches  en  phototypie. 

5°  Une  revision  des  pierres  météoriques  fie  la  collection  du  Muséum, 
illustrée  de  60  dessins  intercalés  dans  le  texte,  par  M.  le  professeur 
S.  Meunier. 

(in  Une  note  sur  les  Bactériacées  de  la  houille,  par  M.  B.  Renault,  avec 
une  planche  en  phototypie; 

7"  Une  note  de  M.  F.  Paris,  sur  une  Pulicaire  anormale,  accompagnée 
d'une  planche; 

8°  Une  note  sur  le  nouveau  genre  Métacordaïte ,  par  M.  B.  Renault,  avec 
10  dessins  intercalés  dans  le  texte; 

<)"  Les  instructions  pour  la  recherche  des  Animaux  articulés,  par  MM.  E. 
L.  Bouvier,  professeur,  et  Gh.  Brongniart,  assistant;  ces  leçons, 
faites  au  Muséum  pour  M VI.  les  voyageurs,  renferment  5a  dessins 
intercalés  dans  le  texte,  etc. 

Le  volume  contient  donc  \k  planches  et  217  dessins  intercalés. 


M.  Clément  fait  hommage  à  la  bibliothèque  d'un  petit  traité  qu'il 


—  151   — 

vient  de  publier  chez  Ch.  Mendel,  e'diteur,  sur  la  Photomicrographie 
et  qu'il  a  illustré  de  9  5  figures. 


M.  Gratiolet  donne  Lecture  de  la  note  suivante  : 

M.  le  professeur  Milue  Edwards  a  bien  voulu  m'autoriser  à  vous  signaler 
un  fait  historique  qui  mérite  d'occuper  une  place  dans  les  archives  du  Mu- 
séum, et  qui  est  relatif  à  la  signature  du  traité  de  paix  conclu  à  Paris  après 
la  prise  de  Sébastopol. 

On  lit,  dans  les  Mémoires  du  maréchal  de  Castellane,  les  lignes  suivantes  : 

rr3i  mars  i856.  Mon  fils,  Pierre  de  Castellane,  m'écrit  de  Paris,  le 
3o  mars  1  856  : 

rrLa  paix  a  été  signée  aujourd'hui  à  2  heures  :  la  fameuse  plume  d'Aigle 
a  eu  270  signatures  à  écrire.  Nous  en  avons  fait  le  compte  hier,  en  dînant, 
avec  lord  Cowley. 

fTous  les  plénipotentiaires  ont  signé  au  traité  avec  une  même  plume 
qui  a  été  prise  à  l'aile  de  l'Aigle  impérial  du  Jardin  des  Plantes.  Aussitôt 
après  la  signature  du  traité,  la  plume  avec  laquelle  il  a  été  signé  a  été  placée 
sur  une  feuille  Manche  et  entourée  du  cachet  de  chacune  des  Puissances 
représentées  au  Congrès  et  de  la  signature  des  plénipotentiaires. 

Au  bas,  M.  Feuillet  de  Conches,  chef  de  bureau  du  protocole,  a  écrit 
ce  qui  suit  : 

rrJe  certifie  que  cette  plume  a  été  arrachée  par  moi  à  l'Aigle  impérial  Au 
Jardin  des  Piaules  et  qu'elle  a  servi  à  la  signature  du  Traité  de  Paris,  le 
.')0  mars  1 850. 

rrLe  tout  a  été  ensuite  mis  sous  verre  et  encadré'  d'une  bordure  dorée 
pour  être  offert  à  Sa  Majesté  l'Impératrice.» 

Ce  document,  encore  qu'il  ne  puisse  prétendre  au  litre  de  communication 
scientifique,  méritait  d'être  consigné  dans  le  Bulletin  du  Muséum. 


M.  Goijtièiu-:  donne  quelques  renseignements  sur  Je  climat,  la 
nature  du  sol,  la  végétation  et  la  faune  du  Djibouti,  où  il  vient  de 
passer  plusieurs  mois  en  compagnie  de  M.  le  l)1  Jousseaume,  et  fait 
projeter  sur  le  tableau  des  vues  du  pays,  des  scènes  de  mœurs  el 
îles  photographies  de  Çomalis. 


—  152  — 


COMMUNICATIONS. 


Quelques  notes 

SUR  LA  MORT  ET  LA  SUCCESSION  DE  Guy  DE    LA    BrOSSE  , 

par  M.  E.-T.  Hamy. 

On  ne  sait  presque  rien  de  positif  sur  la  vie  de  Guy  de  la  Brosse,  en  de- 
hors de  ses  écrits;  on  ignore  même  les  dates  exactes  de  sa  naissance  et  de 
son  décès.  Jal  a  publié,  il  est  vrai,  dans  son  Dictionnaire  critique^',  l'acte 
mortuaire  du  fondateur  du  Jardin  du  Roi;  mais  cette  pièce  écourtée  ne 
donne  que  le  jour  de  son  inhumation,  qui  eut  lieu  dans  l'établissement  qu'il 
avait  créé(2). 

«■Guy  de  Brosse,  —  dit  seulement  le  registre  de  Saint-Médard ,  —  con- 
seiller médecin  du  Roy,  âgé  de  cinquante-cinq  ans,  inhumé  au  Jardin  du 
Roy  le  1 3  août  i64i.» 

Une  pièce  que  M.  Girard  de  Rialle  a  bien  voulu  faire  copier  dans  les 
Archives  du  Ministère  des  atTaires  étrangères  ajoute  quelques  détails  impor- 
tants à  cette  laconique  mention. 

C'est  une  pétition  adressée  au  secrétaire  d'Etat,  Chavigny.  le  jour  même 
de  l'enterrement  de  l'intendant,  pour  demander  la  place  que  sa  mort  laissait 
vacante. 

L'auteur  de  cette  supplique,  Jean  Merlet,  «docteur  régent  en  la  Faculté 
de  médecine  de  Pans»,  n'avait  pas  perdu  de  temps,  comme  on  voit,  pour 
solliciter  la  protection  du  ministre. 

Il  avait  appris  que  rrceste  nuict  le  sieur  de  la  Brosse,  intendant  du  Jardin 

W  V"  La  Brosse  (Guy  de),  2e  éd.,  p.  713. 

(-1  «J'ai  trouvé,  dit  l'abbé  Lebeuf,  que  Gui  de  la  Brosse,  médecin-intendanl 
de  ce  jardin,  voyant  qu'il  étoit  loin  de  Saint-Médanl ,  fit  bâtir  [une  chapelle]  et 
obtint  de  l'archevêque  de  Paris,  le  20  décembre  1689,  d'y  pouvoir  taire  célébrer 
la  messe  les  dimanches  et  fêtes,  excepté  à  Pâques  réservé  au  curé,  et  l'aire  les 
enterremens,  même  celui  du  fondateur  qui  avoit  choisi  sa  sépulture  dans  un  caveau. 
A  la  charge  toutefois  que  le  jour  de  Pâques  seroit  offert  de  la  part  de  cet  inten- 
dant à  la  messe  paroissiale  un  cierge  blanc  d'une  livre  avec  un  écu  d'or  {Ueg. 
Archiep.).»  (L'abbé  Lebeuf,  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris,  nouv. 
édit.  par  IL  Gocheris,  t.  Il,  p.  611.  Paris,  i864,  in  8".) 

Ou  sait  que  le  cercueil  de  Guy  de  la  Brosse  fut  retrouvé  clans  le  caveau  dont 
parle  Lebeuf  le  1  6  germinal  an  v.  (Voir  Magasin  encyclopédique  de  Millin,  3e  année , 
t.  II,  p.  1 38-i  39.) 


—   153  — 

roial  des  plantes*,  était  «mort  subitement*  et  il  s'offrait  humblement  à 
remplir  la  place  du  défunt. 

Monseigneur, 

Vous  m'avés  Lousjours  tesmoigné  tant  de  bonté  que  je  me  porte  librement  à  vous 
importuner;  il  s'offre  une  occasion,  laquelle  est  de  telle  importance  que  elle  a  be- 
soin d'estre  appuiée  de  vostre  autorité  pour  la  faire  réussir,  sans  cela  je  n'eusse 
osé  vous  rendre  ceste  importunité;  je  vous  diray,  Monseigneur,  que  cesle  nuict,  le 
sieur  de  La  Brosse,  intendant  du  Jardin  roial  desplnntes,  est  mort  subitement  : 
c'est  une  place  à  remplir;  si  j'estois  considérable  sans  vostre  recommandation, 
j'espérerois  qu'elle  me  seroil  plus  favorable;  mais,  ne  pouvant  rien  me  promettre, 
que  par  vostre  pouvoir  et  autorité,  si  elle  tournoi t  au  proufit  de  Jean  Merlet,  doc- 
teur régent  en  la  faculté  de  médecine  à  Paris,  ce  seroil  une  créature  que  vous  fé- 
riés, etserois,  parce  moien,  destacbé  tellement  de  toutes  autres  affaires  que  je 
ne  m'attacherois  que  au  service  de  vostre  maison;  à  quoy  je  suis  vostre  très  es- 
troiclement  obligé  comme 

Monseigneur, 

Voire  très  bumble  et  très  obligé  serviteur, 

J.  Merlet. 
A  Paris  ,  ce  dernier  jour  d'aoust  1 64 1 . 

{Au  dos):  Monseigneur,  Monseigneur  de  Chavigny,  conseiller  du  roy  en  ses 
conseils  et  secrestaire  d'Estat  en  Cour. 

[Archives  du  Ministère  des  affaires  étrangères.  Mémoires  et  documents,  f* France 
ms.  n°i5<)0,  P  307.] 

Guy  de  la  Brosse  est  donc  mort  subitement  au  Jardin  du  Roi  clans  la  nuit 
du  3o  au  3i  août  16/11. 

On  voit  une  l'ois  de  plus  quel  cas  il  faut  taire  du  témoignage  de  Guy 
Patin,  lorsqu'il  parle  de  ses  ennemis.  Le  long  récit  haineux  qu'il  adresse 
à  Belin,  son  confident  le  plus  intime,  le  k  septembre  suivant  est  d'un 
bout  à  l'autre  inventé;  les  détails  odieux  ou  burlesques  que  lui  suggère  un 
esprit  vindicatif  et  grossier  sont  autant  d'abominables  calomnies. 

Guy  de  la  Brosse  n'a  pas  succombé,  comme  l'insinue  son  diffamateur, 
à  une  dysenterie,  suite  d'excès  de  table  :  il  est  mort  subitement  la  nuit. 

Jean  Merlet  n'avait  aucune  raison  d'altérer  la  vérité.  11  écrivait  à  son 
protecteur  en  toute  sincérité,  sous  le  coup  de  l'événement  :  son  témoi- 
gnage mérite  bien  autrement  notre  confiance  que  celui  du  venimeux 
pamphlétaire,  pour  qui  toute  occasion  est  bonne  à  satisfaire  ses  implacables 
rancunes. 

Ce  ne  sont  point  d'ailleurs  les  lettres  à  Belin,  publiées  quarante  ans 
plus  lard,  qui  ont  occasionné,  comme  on  l'a  dit  parfois,  le  procès  en  répa- 
ration intenté  par  Louise  de  la  Brosse  devant  la  juridiction  des  Requêtes 
de  l'Hôtel  en  16/12.  Ce  sont  les  mots  injurieux  insérés  par   Patin   dans 


5/i 

i 


YEpistre  limmaire  d'une  édition  des  Œuvres  de  Sennert  qui  ont  poussé  î 
bout  la  nièce  de  Guy  de  la  Brosse. 

On  sait  que  le  procès,  qu'elle  a  poursuivi  à  l'instigation  de  Théophrasle 
Renaudot,  s'est  terminé  par  un  jugement  daté  du  1  h  août  16/13  ,  qui  mettait 
rrles  parties  hors  de  Cour». 

La  protection  de  Chavigny  ne  suflit  pas  à  assurer  la  nomination  de  Jean 
Merlet.  Bouvard,  premier  médecin  du  roi  et  par  là  même  surintendant  du 
Jardin  royal,  obtint  sans  peine  pour  Michel,  le  second  de  ses  fils ;1),  une 
place  dont  il  avait  la  <r  nomination  et  présentation  à  Sa  Majesté". 

Quant  à  Merlet,  contraint  de  retourner  à  ses  affaires,  il  devenait  trois  ans 
plus  tard  doyen  de  la  faculté  de  médecine  et  occupait  deux  fois  de  suite, 
suivant  l'usage  (i644-i646),  cette  fonction  honorifique m. 


U.lc.E  DE  PIERHE   AU   G.iBO  V  . 

par  M.  E.-T.  Hamy. 

Il  y  a  plus  de  cinquante  ans  qu'un  capitaine  du  génie,  M.  Parent,  a  rap- 
porté en  France  les  premiers  instruments  en  pierre  polie  que  Ton  ait  re- 
cueillis au  Sénégal  :i  ;  et  le  Muséum  de  Paris  possède  depuis  le  mois  d'avril 
1  865  une  superbe  hache  en  fer  oligiste  stratiforme,  donnée  par  Boubakar- 
Saada,  almamy  du  Bondou,  au  lieutenant  de  vaisseau  Begnault  comme 
tombée  du  ciel  sur  les  bords  de  la  Falémé. 

Le  Musée  royal  d'antiquités  de  Leyde  montre  aussi,  depuis  de  longues 

(l)  «Le  successeur  de  La  Brosse,  écrivait  Guy  Patin  à  la  date  du  la  octo- 
bre i64i,  le  successeur  de  La  Brosse  n'est  pas  encore  arrêté;  on  dit  néanmoins 
que  M.  Bouvard  en  aura  la  meilleure  part  pour  son  fils,  qui  est  premier  valet  de 
chambre  du  roy.»  Michel  Bouvard  de  Fourqueux,  dont  il  est  ici  question  (il  tenait 
ce  litre  du  don  fait  à  son  père,  en  juin  i634,  par  te  roi  Louis  XIII  de  la  terre  et 
seigneurie  de  Fourqueux ,  près  Saint-Germain-en-Laye),  Michel  Bouvard  de  Four- 
queux, dis-je,  second  iils  de  Charles  Bouvard  et  d'Anne  Biolan,  était  secrétaire 
ordinaire  du  Cabinet  du  roy  et  non  pas  premier  valet  de  chambre. 

«On  dit,  continue  Guy  Patin,  que  M.  Des  Noyers,  en  qualité  de  surintendant 
des  bâtiments  du  roy,  y  veut  avoir  sa  part  et  en  disposer  en  faveur  de  quelqu'un  de 
ses  umis.^  Il  n'existe  aucune  pièce  se  rapportant  à  celte  affaire  dans  les  papiers  de 
Des  Noyers  Sublet,  conservés  au  Ministère  de  la  guerre,  et  il  est  assez  probable  «pie 
Guy  Patin,  aussi  bien  renseigné  sur  les  compétitions  relatives  à  la  succession  île 
La  Brosse  que  sur  la  maladie  de  celui-ci ,  a  pris  pour  Des  Noyers  Chavigny  recom- 
mandant Merlet. 

W   Arch.  de  lafac.  de  me'd.  Comment,  mss. 

M  Soc.  a"agr.,  se.  et  arts  de  la  Hante-Saône.  Catalogue  du  Musée.  Vesoul,  1S79, 
in-8°,  p.  97. 


—  155  — 

années,  plusieurs  haches  polios  de  Guinée (1);  mais  ce  n'est  que  tout  ré- 
cemment  qu'un  instrument  analogue  nous  est  parvenu  du  Gabon,  où, 
malgré  des  rech ^relies  attentivement  poursuivies,  ou  n'avait  rencontré  jus- 
qu'à présent  aucune  trace  d'un  âge  de  pierre  ayant  précédé  l'emploi  du  fer 
chez  les  indigènes. 

L'auteur  de  celle  intéressante  découverte  est  M.  J.-C.  Reichenbach,  bien 
connu  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  nos  colonies  africaines  gnu-c  à  l'inté- 
ressante Elude  sur  le  royaume  â'Assinie,  publiée  par  lui  en  1890  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  de  géographie    . 


Às^'é'''  S     "-  -  ~^ — -^ 


Hache  en  schiste  amphibolique.  (Libreville-Gabon.) 

La  pierre  qu'il  a  bien  voulu  nie  remettre  pour  nos  collections  a  été 
trouvée  dans  le  sol,  en  traçant  un  chemin  aux  abords  de  Libreville.  Longue 
de  107  millimètres,  large  de  56,  épaisse  d'un  peu  plus  de  20,  elle  a  él<; 
tirée  d'un  caillou  de  schiste  amphibolique  (3)  grossièrement  éclaté  et  dont 


(•) 


Ces  pierres,  dont  le  regretté  Leemans  nous  a  naguère  offert  des  moul; 


!ges 


peints,  avaient  été  données  au  médecin  de  la  marine  néerlandaise,  J.-S.  Gram- 
berg,  par  Ennimin,  roi  de  Wassa,  qui  assurait  qu'on  les  avait  trouvées  dans  le  sol 
après  un  violent  orage  accompagné  de  (onnenv.  On  en  voit  d'analogues  au  Musée 
d'ethnographie  de  Copenhague  (C.-L.  Steinhauer,  Kort  Veiledning  i  det  Kgl.  ethno- 
graphiske  Muséum.  Kjobenbavn,  1870,  in-iS,  z.  21),  et  sir  John  Lubbock  en  a 
présenté,  à  la  Société  ethnologique  de  Londres,  une  Iroisième  série  recueillie  par 
Winwood  Read  aux  environs  d'Accra.  (Sir  ,[.  Lubbock,  Note  on  some  Stone  Imple- 
mentsfrom  Africu  and  Sip-ia\Pvoceed.  qfthe  Ethnolog.  Soc.  of London ,  Dec.  1870, 

p.  XCII-XCVI.]) 

•!.-C.  Reichenbach,  Etude  sur  le  royaume  d'Astihie  (Bull,  de  la  Soc  de  géo- 
graphie, 70  série,  t.  XI,  p.  3io-3/jo.  avec  carte  3e  trim.1890). 

(3)  ce  L'examen  microscopique  de  cette  hache,  m'écrit  M.  Lacroix,  montre  que 
la  roche  est  constituée  par  de  petites  aiguilles  enchevêtrées  d'une  amphibole  d'un 
vert  très  pâle.  Elles  sont  mélangées  de  quelques  rares  paillettes  de  mica  brun  clair 
(biotite)  et  de  magnétite. 

ff Cette  roche  est  entièrement  d'origine  métamorphique  (partie  supérieure  des 
micaschistes  ou  série  paléozoique).»  M.  Lacroix  ajoute  qu'on  a  déjà  signalé  des 
roches  analogues  dans  ces  parages. 


—  156  — 

Jes  parties  les  plus  saillantes  ont  seules  été  polies,  du  côté  de  l'emmanchure. 
Le  tiers  antérieur  de  la  pièce  est  au  contraire  presque  complètement  lisse 
et  porte  des  traces  manifestes  de  frottement  dans  le  sens  longitudinal. 

L'instrument  a  beaucoup  servi,  et  son  tranchant  a  dû  être  refait  en 
partie,  ainsi  que  le  montre  nettement  le  biseau  qui  longe  les  trois  quarts 
de  son  bord,  en  le  diminuant  sur  une  largeur  de  près  d'un  centimètre. 

L'autre  face  de  la  hache  de  Libreville  est  en  mauvais  état,  de  larges 
lamelles  transversales  ayant  disparu  jusqu'au  voisinage  du  tranchant.  La 
base  de  cette  face  n'avait  d'ailleurs  reçu  aucune  préparation,  et  il  se  pour- 
rait qu'une  partie  des  pertes  de  substance  que  je  viens  de  signaler  aient 
depuis  longtemps  entamé  notre  pierre,  au  moment  où  quelque  ouvrier 
indigène  entreprit  de  la  polir. 

La  pièce  que  je  viens  de  décrire  et  que  représente  la  ligure  ci-jointe , 
réduite  à  peu  près  à  7/10,  est  la  seule  hache  polie  que  l'on  ait  rencontrée 
jusqu'à  présent  dans  l'Afrique  équatoriale,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'à 
deux  reprises  déjà  on  a  trouvé  des  instruments  de  pierre  grossièrement 
taillés  au  Loango  et  au  Congo. 

Les  pierres  travaillées  du  Congo  rencontrées  aux  environs  de  Manyanga 
Sud,  dans  la  région  des  chutes,  par  le  commandant  d'artillerie  Zbomski, 
de  l'armée  belge,  ont  été  brièvement  décrites  par  M.  Ed.  Dupont  en  1887 
et  sont  conservées  à  Bruxelles (,).  Celles  du  Loango,  ramassées  par  MM.  P. 
lîegnault  et  Wadou  près  deKimborza,  entre  le  Niari  et  la  Loudima,  ont  été 
étudiées  en  i8o4  par  M.  F.  Regnault(2)  et  les  meilleurs  spécimens  de  la 
collection  figurent  dans  la  galerie  africaine  du  Musée  d'ethnographie  du 
Trocadéro. 


Note  sue  une  nouvelle  espèce  du  genre  Rhinopitheque 
provenant  de  la  haute  vallee  du  mékong, 

par  M.  A.  Milne  Edwards. 

Le  Muséum  a  reçu  récemment  du  Thibet (3)  une  série  de  Singes,  tués 
aux  environs  de  Tsékou  et  à  Atentsé  dans  la  haute  vallée  du  Mékong, 
qui  constituent  une  nouvelle  espèce  du  genre  Rhinopithecus  découvert  par 

M  Cf.  Rev.  d'ethnogr.,  t.  VI,  p.  609,  1887. 

W  F.  Reguault,  L'âge  de  la  pierre  grossièrement  taillée  au  Congo  français  [Bull. 
do  la  Soc.  d'Anthrop.  de  Paris,  he  série,  t.  V,  p.  A77-680.  Juili.-oct.  180/1.) 

W  Lors  de  son  passage  à  Tsékou  ,  le  prince  Henri  d'Orléans  laissa  au  R.  P. 
Soulié  les  armes,  les  instruments  et  l'argent  nécessaires  pour  faire  des  recherches 
d'histoire  naturelle  aux  environs  de  la  mission  en  lui  recommandant  d'adresser  ses 
récoltes  au  Muséum;  d'autre  part,  MgrBiet,  évoque  apostolique  du  Thibet,  donna 
à  ce  sujet  des  instructions  très  précises;  par  son  ordre,  des  chasseurs  lurent 
envoyés  sur  le  versant  occidental  de  la  chaîne  séparant  la  vallée  du  Mékong  de 


157  — 


M.  l'abbé  A.  David  à  Moupin(1).  Je  désignerai  cet  animal  sous  le  nom  de 
Rhinopilhecus  Bieti.  Il  est  notablement  plus  robuste  et  plus  grand  que  le 


Rhinopithecm  Bieti,  mâle  adulle,  1/10  grand,  naf. 

li.  Roxellanœ,  et,  sous  ce  rapport,  il  peut  être  comparé  au  Semnopithecus 

schistaceus  (Hodgs).  Son  épaisse  toison  lui  permet  de  résister  aux  froids  fi- 


celle du   fleuve   Bien    dans  les  forêts  où  se  trouvent  ces    Singes,   et  bientôt  le 
R.  P.  Soulié  en  reçut  plusieurs  qu'il  s'empressa  de  nous  expédier. 

(2)   Rhinopilhecus  Roxellanœ.  A.  Milne  Edwards.  —  Récit,  pour  servir  à  l'hist. 
des  Mamm.,  p.  233.  l'I.  XXXVI  et  XXXVII. 


—  158  — 

goureux  de  la  région  montagneuse  qu'il  habile  et,  dans  son  pays,  il  est 
connu  sous  les  noms  de  Singe  des  neiges  ef  de  Tckru  tchra. 

Nous  possédons  de  celte  espèce  sept  exemplaires  des  deux  sexes,  depuis 
un  jeune  nouveau-né  jusqu'à  un  mâle  vieux.  Les  différences  sont  considé- 
rables suivant  l'âge  et  le  sexe,  et  les  particularités  distinctives  de  ce  Rhino- 
pithèque  s'accentuent  surtout  lorsque  l'animal  vieillit  et  principalement  chez 
le  mâle,  dont  nous  donnons  ici  la  description. 

La  fêle  du  mâle  adulte  porte  une  huppe  sagittale  en  l'orme  de  cimier. 
commençant  environ  o  m.  o3  en  arrière  des  arcades  orbilaires.  Les  poils  de 
cette  huppe  sont  presque  noirs;  les  antérieurs,  plus  longs  que  les  autres,  se 
recourbent  en  avant  et  retombent  vers  la  face,  les  autres  sont  droits  el  se 
continuent  en  arrière  jusqu'à  la  région  occipitale.  Le  dessus  fie  la  tète  est 
gris  avec  des  sourcils  plus  foncés  et  une  bordure  de  poils  un  peu  plus 
longs,  blanchâtres  à  la  base,  noirs  à  l'extrémité,  entourant  la  face  comme 
des  favoris.  Sur  la  lèvre  supérieure  quelques  poils  noirâtres  forment  mous- 
taches; le  menton  el  les  joues  portent  des  poils  blancs.  Les  narines  nette- 
ment relevées  s'ouvrent  directement  en  avant,  la  cloison  qui  les  sépare  est 
très  étroite  et  de  leur  aile  externe  se  détache  un  repli  qui  se  convolute  à 
l'intérieur.  La  face,  autant  qu'il  a  été  possible  d'en  juger  d'après  des  peaux 
sèches,  devait  être  d'une  couleur  livide  tirant  sur  le  verdâtiv  autour  des 
yeux  et  au-dessus  du  nez.  Les  oreilles  arrondies  sur  leur  bord  supérieur 
sont  garnies  d'un  liséré  assez  élevé  de  poils  blancs.  Le  dessus  du  corps,  les 
lianes,  la  face  exlerne  des  bras  et  la  partie  antérieure  des  cuisses  sont  d'un 
noir  grisâtre,  cette  teinte  devenant  beaucoup  plus  foncée  sur  les  avant-bras 
el  les  jambes,  et  surtout  sur  les  mains  qui  sont  d'un  noir  assez  brillant.  Sur 
les  épaules  el  sur  le  dos,  quelques-uns  des  poils,  plus  rudes  que  les  autres, 
atteignent  une  longueur  très  grande  et  mesurent  jusqu'à  o  m.  i5.  La  face 
interne  des  bras,  la  gorge  et  le  ventre  sont  revêtus  de  poils  blanchâtres.  Le 
dedans  des  avant-bras  el  des  membres  postérieurs,  du  talon  jusqu'à  l'aine, 
est  d'un  gris  noirâtre.  Une  zone  de  cette  même  leinte  barre  la  poitrine  d'une 
aisselle  à  l'autre  et  se  continue  en  une  bande  étroite  <  t  indécise  qui  longe  le 
milieu  de  la  face  interne  des  bras  pour  aller  se  perdre  dans  la  teinte  des 
avant-bras.  La  partie  exlerne  et  postérieure  des  cuisses  est  revêtue  de  poils 
blancs,   un  peu  ondulés,  dont  la  longueur  est  considérable;   au  niveau 
ischiatique  ils  ont  de  o  m.  20  à  o  m.  a5  de  long  et  près  du  jarret  ils  me- 
surent encore  de  o  m.  ia  à  o  m.  i5.  Celle  tache  fémorale,  extrêmement 
développée,  donne  à  l'animal  un  aspect  tout  particulier  que  présentent  seuls 
quelques  Golobes  et,  abstraction  faite  de  la  longueur  des  poils,  rappelle  la 
plaque  blanche  qui  marque  la  face  externe  et  postérieure  des  cuisses  chez 
le  Semnopithecus  natunœ  (Thos.  el  Harl.).  On  trouve  des  traces  d'une  tache 
blanche  analogue  en  arrière  des  bras  jusqu'au  coude,  mais  les  poils  n'y 
sont  pas  plus  longs  que  sur  les  autres  parties  du  membre  antérieur.  La 
queue,  en  partie  masquée  vers  son  insertion  par  la  longue  frange  post- 


—  159  - 

fémorale,  est  relativement  courte  mais  garnie  de  poils  noirs  très  longs,  Irisés 
comme  ceux  d'un  chien  griffon,  surtout  à  la  base,  et  droits  seulement  vers 
l'extrémité  de  l'appendice  caudal.  Les  plus  longs  de  ces  poils  mesurent 
o  m.  10  à  o  m.  1  2. 

(liiez  le  nouveau-né,  il  n'y  a  aucune  trace  de  huppe  sagittale.  Connue  le 
jeune  des  Golobes  et  de  certains  Semnopithèques,  le  fond  du  pelage  esl 
blanc,  l'extrémité  des  poils  noircissant  sur  le  verlex,  quelques  parties  du 
dos  et  le  dessus  des  membres  et  de  la  queue.  Ces  teintes  foncées  s'accen- 
tuent quand  l'animal  avance  en  âge  et  sur  deux  exemplaires  de  sexe  mâle, 
ayant  leurs  dents  de  lait  complètes,  la  huppe  commence  à  se  montrer  el 
les  parties  du  corps  et  des  membres,  qui  plus  fard  seront  presque  noires, 
sont  d'un  gris  clair.  La  queue  est  grise,  plus  foncée  à  son  extrémité;  les 
poils  en  sont  longs  mais  non  frisés.  Le  nez  a  le  même  caractère  que  celui 
îles  adultes. 

Un  jeune  mâle  de  moyenne  grosseur,  dont  la  dernière  molaire  n'est  pas 
rue  ire  sortie  et  dont  les  canines  sont  en  voie  de  remplacement,  présente 
des  teintes  aussi  foncées  que  les  adultes;  mais  les  poils  de  la  huppe  sont 
plus  courts  et  dressés,  ceux  de  la  queue  ne  sont  pns  frisés  et  ceux  qui  gar- 
nissent en  arrière  la  cuisse  n'ont  pas  la  longueur  qu'ils  atteindront  plus 
tard. 

Chez  une  femelle  adulte,  la  mère  du  jeune  dont  il  a  été  parlé  plus  liant , 
les  teintes  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  chez  le  mâle  adulte,  niai-;  la 
huppe  sagittale  est  moins  élevée,  les  poils  blancs  post-fémoraux  ne  forment 
pas  une  frange  aussi  développée,  et  les  poils  de  la  queue  ne  sont  pas 
frisés. 


DÉSIGNATION. 

cT 

UKUX. 

cT 

ADULTE. 

? 

IDULTE. 

SK  MI- 
ADULTE. 

Longueur  depuis  le  lioul  du  museau 
jusqu'à  la  naissance  île  la  queue. 

o, Sa 
(1,73 

o,8.'{ 
o,G8 

0,74 
0,1)1 

Il, G  1 

Il ,  5  a 

La  tète  osseuse  est  construite  sur  le  même  type  que  celle  du  Rhinopi- 
llièque  de  Roxellane,  la  face  est  peu  développée  et  fortement  déprimée  dans 
sa  portion  nasale,  les  os  du  nez  sont  très  réduits  cl  non  symétriques;  ils 
sonl  serrés  entre  les  apophyses  moulantes  des  maxillaires.  La  boite  encé- 
phalique est  grande  el  très  développée  dans  tous  les  sens;  les  cèles  tem- 
porales restent  forl  écartées  l'une  de  l'autre,  même  chez  les  mâles  tout  à  l'ait 
adultes. 


160 


Le  maxillaire  inférieur  est  relativement  plus  élevé  el  plus  épais  que  dans 
l'espèce  voisine,  et  la  portion  symphysaire  plus  large  el  moins  oblique. 


DÉSIGNATION. 

ADULTE. 

? 

ADILTE. 

SEMI- 
ADULTE. 

DENTITION 
DE  LAIT. 

Longueur  de  la  télé  osseuse  du  Lord 
antérieur  du  trou  occipital  au  bord 

Longueur  du  bord  du  trou  auditif 

Il 

0,1 35 

0,00  'l 

o,og3 

0,o82 
0,1  10 
0,0/17 

0,08  5 

0,078 

0,1 1  7 
0,0  h  5 

0,079 

o,o48 

0,088 
0,026 

o,o5i 

Note  sur,  umi  nouvelle  espèce  d' Aulacode  ,  Aulagodus  galamopiiagus 

(De  Beeiist), 
provenant  de  la  hegion  des  làcs , 

PAR   E.   DE  PoiLSARGUES. 

Le  Muséum  a  reçu  tout  dernièrement  une  importante  collection  de 
Mammifères  envoyés  par  M.  Edouard  Foa  de  la  région  du  Nyassa  dans 
l'Afrique  sud-centrale.  Entre  autres  pièces  intéressantes,  une  belle  série 
d'Antilopes  dont  il  sera  question  dans  le  procbain  Bulletin,  cette  collection 
renferme  deux  dépouilles  et  deux  crânes  d'un  Aulacode  qui  me  paraît  d'es- 
pèce inédite  et  sur  lequel  je  veux,  dès  aujourd'hui,  attirer  l'attention. 

Par  une  singulière  coïncidence,  Monsieur  le  Directeur  recevait  il  y  a 
quelques  jours  du  R.  P.  G.  de  Beerst,  établi  à  Saint- Jacques-de-Lusaka, 
la  description  détaillée  d'un  Aulacode  que.  ce  missionnaire  regarde  comme 
nouveau  pour  la  science  et  dont  les  dimensions  el  les  diverses  particularités  du 
pelage  concordent  exactement  avec  celles  des  spécimens  envoyés  par  M.  Foa. 

La  dentition  et  le  mode  de  conformation  des  membres  présentent  tous 
les  caractères  propres  au  genre  Aulacodus,  û  est  donc  inutile  de  nous  y 
arrêter,  et  je  passerai  immédiatement  à  l'examen  des  caractères  spécifiques 
que  le  R.  P.  de  Reerst  décrit  dans  les  termes  suivants  : 

Nom  indigène  Nsenzi  (De  Beerst);  Tchenzi  (Foa). 

ADULTE.       JEUNE. 

Longueur  de  la  tète  el  du  corps om,6o     om,47 

Longueur  de  la  queue o'",2i      om,i85 

ffLes  mamelles  sont  au  nombre  de  six,  nombre  correspondant  à  celui  des 
i'œlus  que  portait  une  femelle  tuée  récemment.  * 


—   161   — 

•  ffLes  poils  très  rudes,  aplatis,  ont  la  forme  de  petites  lancettes  terminées 
par  une  pointe  très  fine;  ils  sont  cendrés  vers  la  racine,  ensuite  noirs,  puis 
d'un  brun  jaunâtre  et  leur  extrémité  est  noire;  doù  résulte  une  teinte 
générale  noirâtre  parsemée  de  nombreux  points  brunâtres.  Sur  les  flancs. 
le  brun  jaunâtre  devient  blanchâtre  ainsi  qu'au  ventre  où  la  pointe  noire 
n'existe  plus,  ce  qui  produit  une  teinte  gris-blanchâtre.  Chez  les  jeunes 
exemplaires,  la  teinte  générale  est  plus  grisâtre  et  les  poils  n'ont  pas  la 
même  dureté.  L'extrémité  du  museau,  le  contour  des  narines  et  des  lèvres 
sont  couverts  d'un  pelage  fin,  court  et  d'un  blanc  sale.  Les  oreilles  ont  des 
poils  assez  rares,  mais  longs  vers  le  rebord  de  la  conque.  Au-dessus  des 
pieds,  les  poils  sont  noirs  terminés  de  jaune  blanchâtre.  La  queue,  cou- 
verte comme  d'une  série  d'anneaux  formés  par  de  petites  écailles,  a  dans 
toute  sa  longueur  des  poUs  peu  allongés,  assez  rares,  noirs  avec  les  extré- 
mités rousses  au-dessus,  d'un  blanc  sale  en  dessous;  à  la  base  de  la  queue, 
les  poils  sont  plus  abondants,  plus  longs  et  plus  roux,  n 

Sauf  la  (aille  plus  grande,  la  queue  plus  courte,  les  pattes  relativement 
plus  faibles,  la  teinte  générale  du  corps  moins  rousse  et  plus  grisâtre,  et 
enfin  les  soies  moins  longues,  les  différences  dans  l'aspect  extérieur  sont 
assez  peu  sensibles  entre  cet  Aulacode  et  des  spécimens  (VA.  swinderenianus 
du  Gabon  avec  lesquels  j'ai  pu  le  comparer.  Au  contraire,  par  la  forme  et 
les  dimensions  du  crâne,  ce  nouveau  type  se  sépare  nettement  des  espèces 
déjà  connues ,  comme  on  pourra  en  juger  d'après  les  mesures  des  têtes  os- 
seuses de  la  collection  de  M.  Foa.  L'un  de  ces  crânes,  bien  adulte,  a  sa 
dentition  complète;  l'autre,  beaucoup  plus  jeune,  ne  présente  encore  que 
la  prémolaire  et  deux  molaires  seulement. 

MESURES  DU  CRANE  EN  MILLIMETRES. 

ADULTE.      JEUNE. 

Longueur  du  bord  antérieur  du  trou  occipital  à  l'avant 

des  prémaxillaires 8y  7 3 

Largeur  maximum  aux  arcades  zygomatiques (><S  56 

Espace  interorbitaire,  entre  les  sutures  fronto-lacry- 

males /16  3g 

Espace  intertemporal 3/1         3o 

Hauteur  du  crâne,  du  palais  au  milieu  des  frontaux,  hh  33 

Hauteur  maximum  du  trou  préorbitaire 33  21 

Hauteur  du  plan  occipital  à  partir  du  bord  inférieur 

du  trou  occipital 3/i  jn 

Longueur  du  palais  à  partir  du  bord  alvéolaire  pos- 
térieur des  incisives /i(j  3/j 

Diasterna 9  '1  1% 

Longueur  de  la  série  des  molaires  supérieures 19,7 

Longueur  de  la  série  des  molaires  inférieures 22,5 

Longueur  de  la  mandibule,  du  talon  au  bord  anté- 
rieur de  la  symphyse 76  6a 

Muséum.  —  m. 


o 


1 .1 


—  162  — 

i 

Ces  dimensions  indiquent  pour  la  têle  une  force  et  un  volume  plus 
considérables  cpie  chez  les  autres  espèces.  En  effet,  les  dents  sont  plus  fortes 
que  chez  Y  A.  swinderenianus ,  et  si  la  tête  osseuse  n'est  pas  beaucoup  plus 
longue  que  chez  ce  dernier,  en  revanche  elle  est  incomparablement  plus 
largo  et  plus  élevée;   ce   qui   entraîne  des  différences  sensibles  dans  la 
hauteur  du  museau  et  les  dimensions  des  trous  préorbitaires.  Les  fron- 
taux présentent  une  élévation  et -une  largeur  démesurées  qui  frappent  au 
premier  coup  d'ceil  et  contrastent  avec  l'étroitesse  et  l'abaissement  de  la 
région  pariéto-temporale  cpii  semble  comme  pincée  et  comprimée  latérale- 
ment. La  crête  occipitale  est  fortement  saillante  et  forme  une  lame  verticale 
qui  augmente  beaucoup  la  hauteur  du  plan  occipitnl  ;  celui-ci  est  renforcé 
le  long  de  sa  ligne  médiane  par  une  crête  très  prononcée,  même  dans  le 
jeune  âge,  et  qui,  continuant  la  crête  sagittale  des  pariétaux,  se  prolonge 
en  s'alténuant  graduellement  jusqu'au  bord  supérieur  du  trou  médullaire. 
L'os  lacrymal  très  développé  arrive  en  contact  et  se  soude  avec  l'extrémité 
supérieure  de  l'os  jngal  de  manière  que  l'étroite  baguette  styliforme  du 
maxillaire  qui  les  renforce  en  avant  n'intervient  pas  pour  former  le  cadre 
antérieur  de  l'orbite,  à  l'inverse  de  ce  que  l'on  remarque  chez  Y  A.  swinde- 
renianus. Le  maxillaire   inférieur  est  également  plus  fort  et  surfout  plus 
allongé. 

Les  mœurs  de  ce  nouveau  type  paraissent  semblables  à  celles  des  autres 
types  congénériques. 

rrOn  ne  trouve  le  Nsenzi ,  écrit  le  R.  P.  de  Beerst,  que  dans  les  roseaux 
aux  bords  des  rivières.  A  Mpala,  je  n'en  ai  vu  qu'un  exemplaire:  ici,  en 
moins  d'un  mois  j'en  ai  eu  quatre  de  différentes  tailles.  Leur  chair  est  très 
estimée;  les  indigènes  la  préfèrent  à  toute  autre,  et  nous-mêmes  nous 
sommes  très  heureux  de  pouvoir  nous  en  procurer  de  temps  en  temps.  La 
peau  est  excessivement  délicate  ;  on  ne  peut  l'enlever  sans  qu'elle  se  déchire 
partout,  aussi  les  indigènes  se  contentent-ils  d'en  arracher  les  poils,  après 
avoir  assommé  la  bête  en  lui  brisant  le  crâne.  En  raison  de  sa  nourriture , 
qui  semble  consister  uniquement  en  roseaux ,  celte  espèce  nouvelle  mériterait 
de  porter  le  nom  de  Aulacodus  calamophagus.v 


Description  de  deux  espèces  nouvelles  d'Oiseaux  du  ï  un-nân, 

PAR   M.   E.   OuSTALET. 

Le  R.  P.  Soulié  qui,  après  avoir  résidé  pendant  assez  longtemps  a 
Tatsien-lou,  dans  le  Setchuan,  se  trouve  maintenant  à  Tsékou,  station 
située  plus  au  Sud,  sur  le  Haut-Mékong,  sur  les  confins  du  Yun-nan  et  du 
Tibet,  a  fait  parvenir  récemment  au  Muséum  une  nombreuse  série  d'Oi- 
seaux dont  je  n'ai  pas  encore  terminé  l'examen,  mais  dans  laquelle  j'ai  déjà 


—  163  — 

constaté  la  présence  de  deux  espèces  nouvelles.  Ces  deux  espèces  appar- 
tiennent Tune  au  genre  Ianthocincla,  la  seconde  au  genre  Âctinodura,  et 
font  partie,  par  conséquent,  de  cette  nombreuse  famille  de  Timélîidés  qui 
compte  dans  le  Setchuan,  dans  le  Tibet  chinois  et  dans  le  Yun-nan,  aussi 
bien  que  dans  le  nord  de  l'Inde,  de  si  nombreux  représentants.  Elles 
peuvent  être  caractérisées  en  peu  de  mots  de  la  manière  suivante  : 

1.  Ianthocincla  Bieti  n.  sp.  I.  ocellatœ,  I.  maximae  et  T.  lunulatœ  co- 
gnala,  primis  duabus  dorsi  maculis  albis  et  nigris,  lertiœ  capitis  caudaeque  colo- 
ribus  atlinis. 

Long,  tôt.,  o  m.  a8o;  alœ,  o  m.  120;  caudae,  0  m.  i5o;  rostri  (culm.), 
0  m.  oa'i  ;  tarsi,  0  m.  ohk. 

Comme  l'indique  la  diagnose  ci-dessus,  la  Ianthocincla  Bieti  est  à  peu 
près  intermédiaire  entre  la  Ianthocincla  ocellata  Vigors(1)  de  l'Himalaya 
oriental  et  la  /.  maxima  J.  Verreaux(2)  du  Moupin,  d'une  part,  et  la  Iantho- 
cincla lunafatai.  Verr. (3)  du  Setchuan  occidental,  du  Cbensi  méridional,  du 
Moupin  et  du  Koukou-Nor,  d'autre  part.  Elle  ressemble  beaucoup  à  cette 
dernière  par  ses  dimensions,  par  les  couleurs  et  le  dessin  de  ses  ailes  et  de 
sa  queue,  les  rémiges  étant  noires,  avec  un  liséré  gris  cendré  sur  le  bord 
externe  et  une  tache  blanche  à  l'extrémité,  les  pennes  secondaires  largement 
bordées  de  roux  olive  en  dehors  et  marquées  de  blanc  à  la  pointe,  les  rec- 
trices  médianes  étant  d'un  brun  olive  tirant  au  roux ,  les  rectrices  latérales 
d'un  cendré  bleuâtre,  avec  une  tache  noire  suivie  d'une  tache  apicale 
blanche.  Ces  deux  taches  existent  aussi  sur  les  rectrices  médianes,  mais  sont 
beaucoup  moins  étendues  que  dans  les  autres  pennes.  Le  dos  est  d'un  brun 
olive  clair,  tirant  au  roux,  et  parsemé, de  même  cpie  les  couvertures  alaires 
de  petites  taches  noires  suivies  chacune  d'une  moucheture  blanche.  Ces 
sortes  d'ocelles  sont  exactement  semblables  à  ceux  qui  ornent  le  manteau 
des  Ianthocincla  maxima ,  ocellata  et  Arthcmisiœ (4)  et  diffèrent  complètement 
des  marques  noires,  en  croissant,  qui  recoupent  le  manteau  de  la  Iantho- 
cincla lunulata.  D'autre  part,  la  tête  qui  est  dans  cette  dernière  espèce,  d'une 
teinte  assez  foncée,  offre  chez  la  Ianthocincla  Bieti  exactement  la  même 
nuance  que  le  dos,  c'est-à-dire  un  brun  olive  tirant  au  roux,  mais  sans  au- 

W  Proceed  zonl.  Soc.  Lond.,  1 83 1 ,  p.  55  (Cinclosoma  ocellatum);  R.  B.  Sharpe, 
Cal.  Birds  Brit.  Mus.,  i883,  t.  VII,  p.  38a. 

M  Nouv.  Arch.  du  Mus.,  1870,  t.  VI,  Bull,  p.  36  et  pi.  III,  Gg.  i5;  David  et 
Ouslalet,  Oiseaux  de  la  Chine,  1877,  p.  196  et  pi.  LV  (sous  le  nom  de  Cinclosoma 
ma  vimum). 

Nouv.  Arch.  du  Muséum,  1870,  p.  3G  et  pi.  III,  et  1871,  t.  VII,  p.  ki. 
David  et  Oustalet,  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  190  et  pi.  LUI  (sous  le  nom  de  Cin- 
closoma  lunulatum). 

W  A.  David.  Inn.  and  Mag.  Nat.  llist.,  1871,  4e  série,  t.  VII,  p.  266;  David 
et  Oustalet,  op.  cit.,  p.  197  et  pi.  LIV. 

i3. 


—  U)k  — 

cune  tache.  Les  iores,  c'est-à-dire  les  espaces  qui  de  chaque  côté  s'étendent 
entre  l'œil  et  le  hec,  sont  d'un  blanc  pur  et  cette  tache  blancbe  est  rappelée 
par  un  petit  trait  en  arrière  de  l'orbite.  Le  menton  est  d'un  brun  châtain, 
passant  au  brun  grisâtre  lustré  sur  les  plumes  des  oreilles  et  la  gorge  est 
parsemée  de  petites  taches  blanches  qui  vont  eu  augmentant  de  grosseur 
du  côté  des  flancs.  Ceux-ci  sont  d'un  brun  olive  ou  roussâtre,  tandis 
que  le  milieu  de  l'abdomen  est  d'un  blanc  grisâtre.  Le  bec  est  jaunâtre, 
teinté  de  brunâtre  au-dessus  et  les  pattes  paraissant  avoir  été  d'un  jaune 
terne  et  uniforme. 

Cette  espèce  n'est  représentée  que  par  un  seul  et  unique  exemplaire,  de 
sexe  indéterminé. 

2.  Actinodura  Souliei  n.  sp.  verticis plumis angustis ,  elongatis,  cinereis, 
fusco  limbatis,  tlorsi  flavi,  postice  fuivi,  plumis  lanceolatis,  macula  brunneâ  signa- 
tis ,  gulâ  ferrugineâ ,  pectore  abdomineque  Havescentibus,  maculis  fuscis  et  nigri- 
cantibus,  antice  crebris,  distinguenda. 

Long,  tôt.,  9  m.  2  4o;  alœ,  o  m. 106;  caudœ,  0  m.  1 10  ;  rostiï  (culm.),  0  m. 020; 
tarsi,  0  m.  o3o. 

Celte  espèce,  dont  le  Muséum  n'a  reçu  qu'un  seul  exemplaire  res- 
semble aux  autres  Actinodura  par  l'aspect  général  de  son  plumage  et  par  le 
dessin  de  ses  ailes  et  de  sa  queue.  Mais  elle  en  diffère  par  sa  taille  beaucoup 
plus  forte,  ainsi  que  par  les  couleurs  de  son  manteau  et  des  parties  infé- 
rieures de  sou  corps.  Les  pennes  primaires  offrent,  dans  leur  moitié  termi- 
nale, comme  chez  les  Actinodura  nipalensis^  et  Egcrtonim  un  liséré  gris 
clair  le  long  du  bord  externe  mais  présentent  en  outre,  à  la  base  et  en 
dehors,  une  bordure  d'un  brun  rouge,  rayée  transversalement  et  réguliè- 
rement de  noir.  Ces  raies  acquièrent  de  plus  en  plus  d'importance  à  partir 
de  la  deuxième  rémige  et  se  continuent  sur  les  pennes  secondaires;  elles 
existent  même  sur  les  couvertures  primaires  dont  le  fond  est  gris  et  qui 
ont,  par  conséquent,  une  tout  autre  couleur  que  chez  la  plupart  des 
Actinodura  précédemment  connues.  Les  pennes  caudales  sont  également 
barrées  de  noir  sous  un  fond  brun  rouge  qui  passe  au  brun  terne  sur  les 
côtés,  mais  les  bandes  transversales  s'effacent  vers  l'extrémité  de  la  plume 
ou  plutôt  se  fondent  dans  une  bande  noirâtre  suivie  d'un  liséré  blanc  qui 
sur  les  rectrices  externes  remonte  un  peu  sur  le  côté  externe  de  la  plume. 
Somme  toute  le  dessin  de  la  queue  est  à  peu  près  le  même  que  chez 
Y  Actinodura  Ramsayi{i)  de  la  Birmanie;  mais  les  autres  parties  du  plumage 

(1)  Cinclosoma  nipalensis,  Hodgson;  Asiat.  Researches,  1 836 ,  t.  XIX,  p.  i45; 
Actinodura  nipalensis,  Gray,  Gen.  Birds,  18/16,  t.  I,  p.  226;  Sharpe,  Cat.  B.  Brit. 
Mus.,  1 883,  t.  VII,  p.  466. 

W  Gould,  Proceed.  zool.  Soc.  Lond.,  1 836 ,  p.  18;  Sharpe,  op.  cit.,  p.  463. 

W  Walden,  Ann.  and  Mag.  Nat.  Hist.,  1876,  4e  série,  t.  XV,  p.  4oa;  Ram- 
say,  Ibis,  1877,  p.  464  et  pi.  XII;  Sharpe,  op.  cit.,  p.  464. 


—   165  — 

n'ont  pas  du  tout  le  même  système  de  coloration.  Le  dessus  de  la  tête  est 
garni,  en  effet,  de  plumes  étroites  et  allongées  qui  sur  le  front  sont  d'un 
brun  bordé  de  roux  et  sur  le  vertex  d'un  gris  cendré  bordé  de  brun  noi- 
râtre; le  dos  est  revêtu  de  plumes  lancéolées,  brunes  à  lisérés  fauves,  la 
croupe  de  plumes  floconneuses  d'un  roux  vif,  marbré  de  noir.  La  gorge 
est  d'un  roux  ferrugineux,  la  poitrine  d'un  fauve  pâle,  tirant  au  roux  sur 
les  lianes  et  en  arrière  et  toutes  les  parties  inférieures,  depuis  le  menton 
jusqu'aux  sous-caudales,  sont  parsemées  de  tacbes  d'un  brun  noirâtre,  très 
serrées  en  avant,  plus  rares  en  arrière,  tandis  que  chez  toutes  les  autres 
Actinodura  précédemmment  décrites  les  parties  inférieures  du  corps  sont 
d'une  teinte  uniforme.  Le  bec  est  d'un  brun  assez  foncé  et  les  pattes  sont 
d'un  brun  de  corne. 

Les  deux  Oiseaux  que  je  viens  de  décrire  d'uue  façon  sommaire  méri- 
tent, je  crois,  d'attirer  particulièrement  l'attention;  d'abord  parce  qu'ils 
représentent  non  pas  de  simples  races  locales ,  plus  ou  moins  bien  délimi- 
tées, mais  des  formes  nettement  définies,  ensuite  parce  qu'ils  permettent 
d'étendre  notablement  du  côté  du  sud-est  l'aire  d'habitat  des  genres 
Ianlhocincla  et  Actinodura  ;  enfin  parce  qu'ils  viennent  renforcer  ce  contin- 
gent d'espèces  alpines  qui  rattache  la  faune  ornitliologique  du  haut  Yun- 
nan  à  celle  du  Setchuan  et  du  Tibet. 


Note  sur  une  incubation  complète 

FAITE  PAR    UN    MALE  DE    CrGNE  NOIR   (CyGNFJS  ATRATUS   LàTIi), 

par  M.  A.  Milne  Edwards. 

Chez  les  Cygnes  noirs  d'Australie,  les  deux  sexes  partagent  les  soins  de 
l'incubation,  mais  la  plus  forte  part  revient  à  la  femelle,  le  mâle  ne  prenant 
le  nid  que  quelques  heures  par  jour,  quand  sa  compagne  se  repose  et  va 
chercher  sa  nourriture,  en  général  de  10  ou  11  heures  du  matin  à  t  ou 
2  heures  de  l'après-midi.  C'est  aussi  la  mère  qui  soigne  et  réchauffe  les 
petits,  le  père  se  bornant  à  les  suivre  et  à  les  défendre.  Des  circonstances 
particulières  m'ont  permis  de  constater  que,  dans  certains  cas  de  force  ma- 
jeure ,  le  mâle  pouvait  assumer  à  lui  seul  les  soins  de  l'incubation ,  et  j'ai  cru 
que  ce  trait  de  mœurs  méritait  d'être  signalé  à  l'attention  des  naturalistes. 

Une  paire  de  Cygnes  noirs  avait  été  installée  sur  une  petite  pièce  d'eau 
aux  environs  de  Nogenl-le-Rotrou,  et  les  conditions  dans  lesquelles  ces 
Oiseaux  étaient  placés  semblaient  si  bien  leur  convenir  que  jamais  ils  ne 
s'éloignaient  beaucoup,  quoique  leurs  ailes  fussent  intactes;  quelquefois  ils 
faisaient  à  plein  vol  des  promenades  de  plusieurs  kilomètres,  mais  ils  étaient 
bientôt  rentrés  au  logis.  Chaque  année  ils  pondaient  vers  le  mois  de  mars, 


—  166  — 

couvaient  assidûment  et  élevaient  leur  nichée  composée  de  quatre  ou  cinq 
jeune.-;.  C'est  ainsi  que  ces  animaux  ont  pu  fournir  abondamment  les  parcs 
de  notre  Ménagerie,  car,  dans  certains  cas,  ils  ont  eu  jusqu'à  trois  couvées 
en  deux  ans.  L'année  dernière,  la  femelle  venait  de  commencer  sa  poule  et 
elle  avait  déjà  déposé  trois  œuds  dans  son  nid,  placé  au  milieu  d'un  îlot,, 
quand  elle  fut  étranglée  dans  un  pré  par  un  Gbien  de  berger.  Je  pensais 
que  les  œufs  seraient  bientôt  abandonnés  par  le  Cygne  mâle  quand,  à  ma 
grande  surprise,  je  le  vis  garder  constamment  le  nid,  ne  se  levant  que 
quelques  instants  le  matin  et  le  soir  pour  laver  son  plumage  et  pour  manger. 
Pendant  quarante  et  un  jours  il  ne  se  découragea  pas,  et  il  fut  récompensé 
de  sa  persévérance  en  voyant,  au  bout  du  temps  normal  d'incubation ,  deux 
de  ses  petits  sortir  de  leur  coquille.   H  les  conduisit  à  l'eau,  les  laissant 
monter  sur  son  dos,  les  réchauffant  sous  ses  ailes  comme  aurait  pu  le  faire 
la  mère  la  plus  attentive,  et  il  parvint  ainsi  à  les  élever.  Cette  conduite  est 
d'autant  plus  remarquable  qu'au  moment  de  son  veuvage  j'avais  mis  à  côté 
de  lui  une  autre  femelle,  à  laquelle  je  pensais  qu'il  ferait  bon  accueil;  mais, 
à  ma  grande  surprise,  non  seulement  il  la  reçut  fort  mal,  mais  il  la  chassa 
de  l'étang,  dont  il  lui  défendait  l'accès,  et  ce  ne  fut  qu'après  que  ses  petits 
furent  assez  forts  pour  se  passer  de  ses  soins  qu'il  se  rapprocha  de  l'autre 
Cygne  et  consentit  à  faire  ménage  avec  lui. 

Chez  les  Pigeons,  qui  sont  considérés  comme  l'emblème  de  la  fidélité, 
chez  les  Cigognes',  dont  le  mâle  et  la  femelle  couvent  alternativement,  je 
n'ai  jamais  observé  que  les  sentiments  de  la  paternité  fussent  aussi  dé- 
veloppés et,  dès  que  la  femelle  a  disparu,  le  mâle  quitte  rapidement  le  nid  et 
ne  le  reprend  pas. 

Sur  un  Poisson  rare  pour  la  faune  française, 
le  Triciijurus  lepturus,  Linné, 

par  M.  Le'on  Vaillant. 

Le  laboratoire  d'Ichtyologie  a  reçu  de  Mme  Deyrolle-Guillou  deux  ma- 
gnifiques Trichiures  de  l'Atlantique  (Trichiurus  lepturus,  Linné),  Poisson, 
comme  l'a  fait  remarquer  E.  Moreau,  d'une  rareté  excessive  sur  nos  côtes. 

Pendant  de  longues  années  l'espèce  n'a  été  connue  que  des  parties  orien- 
tales de  l'Atlantique  :  Rio-Janeiro,  Montevideo,  les  Antilles;  plus  tard  on 
l'a  trouvé  à  New-York,  où  il  ne  parait  pas  être  commun;  enfin  Cuvier  et 
Valencieunes  en  citaient  un  exemplaire  envoyé  du  Sénégal  par  ttoger; 
depuis,  plusieurs  nous  sont  parvenus  de  régions  avoisiuantes,  entre  autres 
un  individu  pris  à  Loaugo  par  M.  le  Dr  Vincent ,  en  1888 ,  dans  des  fonds 
de  7  à  8  mètres. 

En  1871  le  Muséum  reçut  d'un  M.  Parents  un  individu,  qui  aurait  été 
pris  dans  la  Manche,  mais  E.  Moreau  le  cite  comme  acheté  sur  le  marché 


—  167  — 

de  Paris,  ce  qui  peut  faire  douter  de  sa  véritable  origine.  Uu  autre  individu 
m'a  été  communiqué,  sans  provenance  précise,  il  y  a  quelques  semaines, 
par  M.  Hector  Hamon,  négociant  aux  Halles  centrales.  Les  exemplaires  de 
Mme  Deyrolle-Guillou  viennent  de  Concarneau,  c'est-à-dire  d'une  région 
Lien  déterminée;  ils  sont  dans  un  état  de  conservation  admirable. 

L'espèce  paraîtrait  donc  fréquenter  plus  habituellement  nos  côtes. 
Est-ce  une  simple  coïncidence?  Cela  peut-il  être  attribué  à  l'emploi  de 
moyens  plus  perfectionnés  de  pêche,  qui  permettraient  d'atteindre  ce  Pois- 
son là  où  l'on  ne  pouvait  le  capturer  autrefois?  La  question  serait  intéres- 
sante à  résoudre  par  des  personnes  en  situation  de  l'étudier. 


Le  Pou  de  l'Éléphant, 
par  M.  Pierre  Megnin. 

Le  Pou  de  l'Éléphant  a  été  décrit  pour  la  première  fois  par  Piaget  dans 
Tijdsch.  Ent.,  XII  en  1860,  sous  le  nom  de  Hœmatomyzus  Elephantis;  il  en 
avait  trouvé  de  nombreux  exemplaires  sous  les  oredles,  là  où  la  peau  est 
souple,  mince,  d'un  jeune  Éléphant  du  jardin  zoologique  de  Rotterdam. 


En  1887  éditer  et  Walker  (Science  Gossip.,  p.  181)  créèrent  pour  ce 
parasite  le  genre  Idocoloris  qu'ils  considéraient  comme  le  type  d'une  nou- 


—  168  — 

voile  famille  voisine  des  Acantheidés.  La  même  aimée  Denny  junior  plaça  la 
nouvelle  famille  entre  les  Pulicidœ  et  les  Cimicidœ  (ibid.,  i85).  Puis  Bu- 
chanan  VVhite,  en  raison  du  double  emploi  que  faisait  le  nom  de  genre 
Idolocoris,  le  remplaça  par  Phantasmacoris  (ibid.,  2  36).  Mais  le  nom  de 
Piaget  prévalut  et  fut  adopté  par  Gûnther  (Zool.  Record  ad  ann.  1871)  et 
cela  avec  raison  car  le  Pou  de  l'Éléphant  n'a  qu'une  lointaine  analogie  de 
forme  avec  les  Punaises,  c'est  un  véritable  Pou,  voisin  de  Hœmalopinus. 

Dans  son  grand  ouvrage  in-folio  sur  les  Pediculina,  Piaget  décrit  com- 
pendieusement,  page  865,  son  Hœmatomyvus  dont  il  cbange  le  nom  spéci- 
fique d'Elephanlis  en  proboscideus  et  il  donne ,  dans  l'atlas  qui  accompagne 
son  ouvrage,  pi.  LIV,  iig  a,  une  excellente  ligure  de  la  femelle,  et  de  cer- 
tains détails  de  structure  des  pattes  et  des  organes  génitaux. 


Grâce  aux  spécimens  récoltés  sur  le  jeune  Éléphant  de  la  ménagerie  du 
Muséum  de  Paris  et  que  nous  a  confiés  M.  Milne  Edwards,  nous  avons  pu 
vérifier  la  description  de  Piaget  et  faire  les  deux  figures  du  mâle  et  de  la 
femelle,  accompagnées  de  la  diagnose  ci-dessous  qui  résume  la  longue  et 
minutieuse  description  de  Piaget  : 

Gemie  Ilteniatoiiiyzus.  (Piaget). 

Tête  conliforme  prolongée  par  un  long  bec  stybforme  tubulaire,  plus 
long  que  la  tète,  et  terminé  par  des  pointes  mobiles  comme  le  bec  des 
Pediculus  et  des  Hœmatopims ;  yeux  peu  apparents;  antennes  subfusiformes, 
grêles,  plus  longues  que  le  bec,  à  5  articles,  le  premier  presque  triple  de 
chacun  des  autres.  Thorax  hexagonal,  allongé  transversalement  plus  large 


—  169  — 

que  la  tête  qui  est  comme  enchatonnée  dans  son  bord  antérieur;  portant 
trois  paires  de  grandes  pattes,  les  postérieures  plus  longues,  cuisses  un 
peu  renflées,  jambes  et  tarses  allongés  et  grêles  terminés  par  nn  petit  ongle 
simple  arqué.  Abdomen  distinct  du  lliorax  par  un  étranglement,  à  neuf  seg- 
ments, les  deux  derniers  les  plus  courts,  presque  confondus. 
Une  seule  espèce  connue  jusqu'à  présent. 

H.BMATOPiNUs  proboscidecs  (Piaget.)  H.  Elephantis  (Piaget).  —  Pedi- 
culine  corisoïde,  de  couleur  testacée  portant  au  milieu  de  la  face  dorsale 
abdominale  8  bandes  transversales  foncées,  occupant  le  milieu  de  chacun 
des  8  premiers  anneaux;  taches  subquadrangulaires  aux  extrémités  des 
mêmes  anneaux  encadrant  un  espace  clair  où  se  trouvent  les  stigmates  peu 
distincts. 

La  femelle  (A)  est  d'un  tiers  plus  grande  que  le  mâle  (B),  duquel  elle 
se  distingue  encore  par  son  dernier  anneau  profondément  éebancré  et 
logeant  la  vulve,  tandis  que  le  mâle,  qui  a  l'abdomen  et  le  thorax  comme 
contractés,  porte  au  milieu  du  dernier  anneau  l'organe  mâle  saillant,  ana- 
logue à  celui  de  tous  les  autres  Pédiculines. 

Voici  les  dimensions  respectives  des  deux  sexes  et  celles  des  principales 
régions  du  corps  : 

Longueur  totale  du  corps 2mra  ,.,,  ,»»  r-0 

de  la  tête o  84  o  55 

du  Uiorax o  86  o  3o 

de  l'abdomen t  68  o  85 

des  antennes o  56  o  46 

du  3e  fémur o  3i  o  3o 

du  3e  tibia o  35  o  3o 

—        du  3e  tarse o  ai  o  17 

Largeur  de  la  télé 0  ho  0  3a 

—  du  thorax 0  73  o  56 

—  de  l'abdomen 1  43  0  78 

Vit  sur  les  jeunes  Éléphants.  Il  est  peu  probable  qu'on  en  trouve  jamais 
sur  les  adultes  en  raison  de  l'épaisseur  que  la  peau  a  acquise. 


TUMEURS  MALIGNES 
CHEZ  DES  ANIMAUX  AYANT  VECU  A  LA  MENAGERIE  DU  MUSEUM , 

par  Auguste  Pettit,  docteur  es  sciences. 

(Laboiutoire  dk  M.  le  Professeur  Filhol.) 

Diverses  affections  survenues  chez  des  animaux   de  la  Ménagerie  ont 
déjà  été  l'objet  de  travaux  bactériologiques  importants  de  la  part  de  plu- 


170  — 


sieurs  savants,  de  MM.  le  professeur  Lannelongue  et  Achard,  du  docteu 
Phisalix;  pour  ma  part,  j'ai  pu,  d'après  des  pièces  prélevées  sur  un  Zèbre 
mort  au  Jardin  des  Plantes,  faire  connaître  un  mode  de  calcification  (1)  des 
tissus  jusqu'alors  inconnu  chez  les  Mammifères. 

Parmi  les  nombreuses  questions  de  pathologie  comparée  pour  l'étude 
desquelles  la  Ménagerie  peut  fournir  des  matériaux,  une  d'entre  elles  m'a 
paru  mériter  une  attention  spéciale  :  je  veux  parler  des  tumeurs  malignes 
qui,  en  dehors  de  l'espèce  humaine,  n'ont  guère  été  observées  que  chez 
les  animaux  domestiques.  Depuis  189/1,  j'ai  examiné  à  ce  point  de  vue 
spécial  la  plupart  des  animaux  (Mammifères  et  Sauropsidés)  morts  à  la 
Ménagerie  qui  ont  été  remis  au  service  d'Auatomie  comparée.  Le  nombre 
des  spécimens  qui  ont  été  ainsi  bienveillamment  mis  à  ma  disposition  par 
M.  le  professeur  Filhol  s'élève  à  plusieurs  centaines;  néanmoins,  en  un 
peu  plus  de  trois  ans  je  n'ai  pu  recueillir  (pie  quatre  tumeurs  malignes; 
je  ne  désigne  bien  entendu  sous  ce  terme,  conformément  à  la  définition 
classique,  que  les  néoplasmes  véritables,  à  l'exclusion  des  rétentions  de 
produits  sécrétés,  des  épanchements  de  toute  nature,  des  altérations  d'ori- 
gine parasitaire  (tuberculose  en  particulier),  fréquents  chez  les  animaux 
de  la  Ménagerie. 

Les  quatre  cas  en  question  se  décomposent  de  la  façon  suivante  : 

i°  Fibrome  de  l'utérus  chez  un  Paca  (Cœlogenys  subniger.)  —  La  face 
postérieure  de  la  corne  utérine  gauche  présente  une  masse  sessile  du 
volume  d'une  noix  faisant  une  légère  saillie  à  la  surface  de  l'organe;  à  la 
coupe  macroscopique,  on  constate  que  la  tumeur  est  formée  par  un  tissu 
fibreux  ,  blanc  nacré,  très  résistant. 

L'examen  histologique  {i)  montre  que  la  masse  néoplasique  est  unique- 
ment formée  de  tissu  conjonctif;  les  éléments  sont  entrecroisés  dans  tous 
les  sens  et,  sur  les  coupes,  on  a  l'image  de  tourbillons  de  fibres  englobant 
des  faisceaux  disposés  perpendiculairement  par  rapport  aux  premières. 

11  s'agit  donc  dans  ce  cas  d'un  fibrome. 

a0  Sarcome  de  la  thyroïde  chez  un  Chacal  (Ganis  aureus).  —  Sur  un  Cha- 
cal mort  a  la  Ménagerie,  la  place  du  lobe  gauche  de  la  thyroïde  est  occupée 
par  une  masse  ovoïde  mesurant  six  centimètres  de  long  sur  deux  centi- 
mètres de  large,  et  réunie  à  la  glande  droite  par  une  étroite  commissure; 
les  régions  avoisinantes  présentent  des  ganglions;  et  l'animal  est  dans  un 
état  de  maigreur  extrême. 

M  Sur  le  rôle  des  Calcosphérites  dans  la  calcification  à  l'élat  pathologique,  voir 
Bulletin  du  Muséum,  n°  3 ,  1895  et  Archives  d'anatomie  microscopique,  t.  I,  f.  I, 
p.  1 07- 1 2  h  ,  avec  une  planche. 

(*)  Sublimé,  Hématoxyline  de  Delaûeld,  coloration  d'Heidenhain. 


—  171   — 

A  l'œil  nu,  la  tumeur  se  montre  formée  par  un  tissu  blanc  grisâtre,  peu 
résistant,  parsemé  de  taches  de  sang  plus  ou  moins  altéré  et  de  vaisseaux. 

Au  microscope (l),  on  constate  que  le  néoplasme  est  un  sarcome  à  cellu- 
les embryonnaires. 

En  quelques  points,  ou  observe  encore  des  vésicules  thyroïdiennes  rem- 
plies de  matière  colloïde  :  l'épithélium  glandulaire  est  normal  et  limite  une 
cavité  centrale;  mais  ces  formations  sont  peu  nombreuses  et  sont  isolées 
les  unes  des  autres  par  un  exsudât  mucpieux. 

Dans  la  très  grande  majorité  des  cas,  la  structure  des  vésicules  est  plus 
ou  moins  altérée  :  dans  les  unes  l'épithélium  glandulaire  a  proliféré  et 
forme  des  amas  cellulaires  faisant  saillie  à  l'intérieur  de  la  cavité  centrale; 
dans  les  autres,  il  n'existe  plus  de  lumière  et  on  a  affaire  à  une  masse  cellu- 
laire compacte;  enfin  en  certains  endroits,  la  structure  alvéolaire  a  com- 
plètement disparu  et  le  tissu  néoplasique  est  constitué  par  des  cellules  toutes 
semblables  entre  elles,  munies  d'un  noyau  remplissant  presque  tout  le  corps 
cellulaire  et  ne  mesurant  guère  plus  d'une  douzaine  de  pt;  ces  éléments 
forment  un  tissu  bomogène,  parcouru  par  des  vaisseaux  à  parois  minces 
qui  dessinent  en  certains  points  des  pelotons  vasculaires  dont  les  mailles 
sont  occupées  par  les  cellules  en  question. 

3°  Epithelioma  à  lobes  cornés  du  col  de  l'utérus  chez  une  Gazelle  (Gazella 
dorcas).  —  Le  col  de  l'utérus  forme  une  masse  en  chou-fleur,  friable, 
de  couleur  blanche;  l'examen  microscopique (2)  montre  que  la  matrice  est 
envahie  par  un  épitbélioma  à  lobes  cornés. 

La  structure  de  cette  tumeur  rappelle  très  exactement  ce  qu'on  observe 
dans  l'espèce  humaine;  aussi  ninsisterai-je  pas  sur  ce  point.  Je  signalerai 
simplement  l'importance  des  globes  cornés  dont  l'extensione  st  presque  aussi 
considérable  que  celle  des  tissus  non  kératinisés. 

W  Carcinome  de  la  thyroïde  chez  un  Ara  (Ara  macao).  —  La  région 
supra-cardiaque  est  accupée  par  une  énorme  masse  mamelonnée  (cinq  centi- 
mètres sur  trois  centimètres)  aussi  volumineuse  que  le  cœur  et  englobant 
les  troncs  bracbio-céphaliques  et  les  veines  caves  supérieures.  Les  glandes 
thyroïdes  ne  sont  pas  visibles;  il  existe  des  ganglions  dégénérés  et  l'animal 
est  extrêmement  amaigri. 

L'examen  microscopique  {i)  permet  de  constater  la  présence  au  sein  du 
néoplasme  de  substance  colloïde  et  même  de  quelques  vésicules  thyroï- 
diennes. La  majeure  partie  de  la  tumeur  est  constituée  par  un  stroma 
conjonctif  limitant  une  série  d'alvéoles  irrégulièrement  sphériques;  toutes 

'  Aride  picrique.  carmin  aluné,  hémaloxyline  de  Delafield. 
W   Liqueur  de  Flemming,  safranine,  mélange  de  Benda. 
(3'  Même  technique  que  i°. 


—  172  — 

ces  cavités  sont  remplies  par  des  cellules  présentant  une  infinie  variété  de 
formes  :  rondes,  allongées,  polygonales. 

Les  dimensions  de  ces  éléments  varient  entre  10  et  35  fx;  quelques-uns 
renferment  plusieurs  noyaux  dont  la  ehromatine  affecte  en  générai  des  dis- 
positions anormales. 

On  est  en  présence  d'un  carcinome  développé  aux  dépens  de  la  thyroïde. 

En  l'absence  de  faits  suffisamment  nombreux,  toute  hypothèse  sur 
l'éliologie  de  ces  tumeurs  serait  imprudente;  je  me  bornerai  à  faire  remar- 
quer que,  dans  les  cas  précédents,  seule,  parmi  les  nombreux  facteurs 
généralement  invoqués,  la  misère  physiologique  extrême  dans  laquelle 
tombent  parfois  les  animaux  sauvages  conservés  dans  les  ménageries  semble 
pouvoir  être  mise  en  cause  ici. 


Essai  DiyTRonucTioy  de  l  arbre  À  Gutta-Percha  à  la  Grande-Comore, 

PAR    M.   L.   HlJMBLOT,   CORRESPONDANT   DU   MuSEUM. 

M.  L.  Humblot,  résident  honoraire  à  la  Grande-Comore,  a  adressé 
à  M.  le  Directeur  du  Muséum  une  lettre  renfermant  les  renseigne- 
ments suivants  : 

En  1889,  j'emportai  à  la  Grande-Comore  quatre  pieds  de  Gutta-Percha 
(honandrri  gutta  Hooker).  Je  réussis  à  en  sauver  trois,  qui  arrivèrent  bien 
malades.  Ils  avaient  perdu  toutes  leurs  feuilles  et  ne  mesuraient  que 
1 5  centimètres  de  haut. 

J'en  plantai  un  sur  le  littoral,  le  second  à  a5o  mètres  et  le  troisième  à 
5oo  mètres  d'altitude.  Pendant  deux  ans  ces  plants  boudèrent,  ne  poussant 
pas,  mais  ne  moururent  point.  La  troisième  année  ils  se  mirent  à  donner 
de  très  belles  pousses  et,  en  1896,  le  pied  planté  sur  le  littoral  était  chélif, 
celui  qui  avait  été  planté  à  5oo  mètres  était  beau,  mais  celui  qui  avait  été 
planté  à  25o  mètres  était  au-dessus  de  tout  ce  que  l'on  peut  imaginer;  il 
est  devenu  un  grand  et  fort  bel  arbre  qui  a  de  5  à  6  mètres  de  hauteur  et 
supporte  un  homme  sur  ses  branches  pour  la  cueillette  des  feuilles,  car  j'ai 
pratiqué  des  saignées  dans  le  tronc  et  aucun  lait  n'est  sorti,  quand  au 
contraire  les  jeunes  pousses  de  l'année  et  surtout  les  feuilles  donnent  un 
lait  qui  se  coagule  de  suite. 

Je  suis  donc  persuadé  que  la  thèse  que  plusieurs  savants  ont  soutenue 
et  soutiennent  encore,  que  les  Guttas  ne  peuvent  pousser  que  sous  une  cer- 
taine latitude,  n'est  pas  fondée. 

Je  crois  que  cet  arbre  peut  venir  dans  la  plus  grande  partie  de  nos  co- 
lonies en  le  plantant  dans  des  endroits  humides  et  ombragés,  dans  les  terres 
à  Cacaoyers;  car  j'ai  planté  mes  trois  Guttas  à  l'abri  de  cet  arbuste  et  elles 


—  173  — 

le  dépassent  de  beaucoup  à  présent.  Les  Cacaoyers  ont  fait  comme  les  (luttas; 
ils  sont  bien  plus  jolis  à  a5o  mètres  qu'à  5oo  et  surtout  plus  beaux  qu'au 
littoral. 

Il  y  a  encore  une  erreur  que  j'ai  constatée,  c'est  cpie  si  les  Cacaoyers 
poussent  magnifiquement  jusqu'à  5oo  mètres  seulement,  ils  mettent  plus 
de  temps  à  rapporter.  Ce  que  je  vous  détaille  ici  n'est  pas  un  effet  de  l'ima- 
gination, mais  bien  le  résultat  d'observations  et  de  la  mise  en  pratique  des 
sujets  qui  m'intéressent  à  la  Grande-Comore,  et  que  l'on  peut  voir  sur  une 
plantation  de  plus  de  200,000  pieds  disposés  depuis  le  littoral  jusqu'à 
5oo  mètres  d'élévation. 

Je  pense  que  la  Gutta  arrivera  à  se  cultiver  dans  ces  conditions  et  que 
l'on  pourra  couper  tous  les  ans,  et  peut-être  deux  fois  par  an,  les  jeunes 
pousses  productrices  du  latex.  L'arbre  arrivera  à  former  des  soucbes,  comme 
le  font  les  Saules  en  France,  car  il  me  paraît  très  vigoureux. 

J'attends  que  l'arbre  rapporte  des  graines  et  je  continuerai  mes  ex- 
périences par  semis. 

Il  est  fort  regrettable  que  je  n'aie  jamais  pu  obtenir  en  France  qu'on  me 
confie  quelques  pieds  de  ce  végétal  si  intéressant,  car  j'aurais  pu  faire  des 
expériences  plus  sérieuses. 

De  la  nécessité  du  manganèse 
dans  les  oxydations  provoquees  par  la  laccase , 

par  M.  Gabriel  Bertra>d. 

11  y  a  deux  ans,  j'ai  indiqué  dans  ce  Bulletin (I)  comment  on  pouvait 
extraire  du  latex  de  l'arbre  à  laque  un  ferment  soluble  spécial  ayant  tous 
les  caractères  généraux  des  diastases,  mais  en  différant  toutefois  par  la 
propriété,  alors  nouvelle,  de  fixer  directement  l'oxygène  de  l'air  sur  certains 
corps  organiques. 

Depuis  cette  époque,  la  laccase  est  devenue  le  type  de  tout  un  groupe 
de  ferments  analogues,  appelés  Oxydascs.  J'ai  retrouvé  de  ces  ferments 
ans  un  grand  nombre  de  plantes  vertes  appartenant  à  des  familles  diffé- 
rentes de  Cryptogames  et  de  Phanérogames,  et,  avec  M.  Bourquelot,  chez 
les  Champignons.  D'autre  part,  on  a  signalé  leur  existence  chez  les  Mam- 
mifères, les  Poissons,  les  Crustacés,  les  Mollusques.  C'est  qu'en  effet  ces 
Oxydases  ont  une  grande  importance  physiologique  ;  ce  sont  elles  qui  pré- 
sident aux  oxydations  inlra-organiques  ;  qui  interviennent,  par  conséquent, 
dans  les  phénomènes  chimiques  de  la  respiration,  la  production  de  l'énergie 
et  la  syntbèse  d'un  grand  nombre  de  principes  immédiats.  On  a  pu  expliquer 
aussi,  grâce  à  leur  présence,  les  colorations  très  variées  que  certains  Cham- 

i'>    Bulletin  du  Muséum,  t.  I,  p.  i34  (1890). 


—  174  — 

pignons  prennent  au  contact  de  l'air,  le  brunissement  des  pommes  et  autres 
fruits,  le  vieillissement  et  la  maladie  du  vin  désignée  sous  le  nom  de  cas- 
sage,  etc. (1).  Aujourd'hui,  elles  vont  nous  faire  comprendre  l'utilité  du 
manganèse  chez  les  êtres  vivants. 

J*avais  remarqué  depuis  longtemps,  en  étudiant  la  composition  chimique 
de  la  laccase,  que  les  cendres  de  ce  ferment  soluble  renferment  une  pro- 
portion relativement  élevée  d'oxyde  de  manganèse;  mais,  comme  cette  ob- 
servation ne  présentait  pas  alors  un  intérêt  immédiat,  je  n'avais  pas  effectué 
de  dosage.  Depuis,  j'ai  dû  revenir  sur  ce  point. 

C'est  en  combinant  l'emploi  du  colorimètre  avec  la  réaction  si  sensible 
de  Hoppe-Seyler,  réaction  qui  consiste  à  transformer  le  manganèse  en  un 
magnifique  corps  violet,  l'acide  permanganique ,  que  j'ai  pu  réussir,  dans 
mes  recherches,  à  apprécier  le  manganèse  à  quelques  centièmes  de  milli- 
grammrs  près. 

J'ai  trouvé  ainsi,  dans  un  mélange  de  gomme  et  de  laccase,  extrait  de  la 
laque  annamite  d'après  un  procédé  antérieurement  décrit,  1  milligr.  17  de 
manganèse  pour  46  milligrammes  de  cendres,  c'est-à-dire  une  proportion 
de  métal  voisine  de  2  1/2  p.  100  du  poids  des  cendres. 

Cette  laccase ,  dissoute  dans  l'eau  et  additionnée,  en  plusieurs  fois,  de 
quantités  croissantes  d'alcool,  donne  une  série  de  précipités  de  composition 
et  d'activité  différentes.  Or,  en  comparant  entre  eux  les  produits  de  ce  frac- 
tionnement, j'ai  observé  que  leur  activité  oxydante  augmentait  progressive- 
ment avec  leur  teneur  en  manganèse. 

Ainsi  le  volume  d'oxygène  fixé,  en  une  heure  et  demie,  par  5o  centi- 
mètres cubes  de  solution  d'hydroquinone  à  2  p.  100,  en  présence  de  0  gr.  2 
de  produit  sec,  a  été  : 

Avec  l'échantillon  n°  1 de      ic)cc  1 

—  n°2 i5    5 

—  n°  3 10    6 

tandis  que  les  dosages  de  manganèse  donnaient  respectivement  : 

N°  1 0,159  p.  100. 

N°  2 0,126 

N°  3 0,098 

Cette  relation  curieuse  n'est  pas  due  au  hasard.  On  peut,  en  effet,  établir 
que  l'activité  de  la  laccase  est  liée  à  la  présence  du  manganèse,  et  montrer 
que  le  ferment  soluble  est  iuactif  en  l'absence  de  cet  élément. 

Dans  ce  but,  on  prépare  un  échantillon  de  laccase  exempt  de  manganèse 

W  Voir  à  ce  sujet  l'article  d'ensemble  que  j'ai  publié  dans  V Agenda  du  chimiste 
pour  l'année  1897. 


—  175  — 

ou  tout  au  moins  n'en  renfermant  que  des  traces.  Et  pour  cela,  un  des 
meilleurs  moyens  est  le  suivant  : 

On  triture  quelques  kilogrammes  de  luzerne  ordinaire  (  Medicago  saliva  L.) 
immédiatement  après  la  re'colte,  puis  on  presse  et  l'on  abandonne  le  suc  à 
lui-même  jusqu'au  lendemain.  Pendant  ce  repos,  il  subit  une  coagulation 
partielle  qui  e  traîne  toutes  les  substances  en  suspension  et  le  liquide  sur- 
nageant filtre  clair  sans  aucune  difficulté.  On  l'additionne  alors  de  2  vo- 
lumes et  demi  d'alcool  :  il  se  précipite  des  flocons  volumineux,  qu'on  isole 
sur  un  filtre,  qu'on  lave  à  l'alcool  faible,  puis  qu'on  délaye  dans  un  peu 
d'eau  distillée.  11  résulte  de  ce  traitement  une  solution  jaune-pâle,  qu'on 
sépare  des  matières  insolubilisées  et  qu'on  précipite  par  un  grand  excès 
d'alcool  fort.  C'est  le  nouveau  précipité,  recueilli  et  desséché  dans  le  vide, 
qui  constitue  le  produit  cherché.  L'analyse  y  décèle  moins  de  1/00,000  de 
manganèse,  la  presque  totalité  du  métal  étant  restée  dans  les  liqueurs  al- 
cooliques. 

C'est  vraisemblement  grâc  •  à  une  composit:on  chimique  spéciale  du  suc 
cellulaire  que  cette  préparation  réussit.  Avec,  d'autres  plantes,  même  très 
voisines,  comme  le  trèfle,  la  laccase  obtenue  est  saturée  de  manganèse  et 
impropre  aux  expériences  qu'il  me  reste  à  décrire. 

Quand  on  dissout  un  décigramme  du  ferment  retiré  de  la  luzerne  dans 
5o  centimètres  cubes  de  solution  d'hydroquinonc,  on  n'observe,  même 
après  h8  heures  d'agitation  continue  au  contact  de  l'air,  qu'une  coloration 
rougeàtre;au  contraire,  si  l'on  ajoute  à  la  même  solution  un  milligramme  de 
manganèse  (par  exemple  à  l'état  de  sulfate),  il  suffit  de  deux  heures  en- 
viron pour  voir  apparaître  les  premiers  cristaux  de  quinhydrone,  témoins 
évidents  de  l'oxydation. 

En  outre,  si  on  exécute  ces  expériences  dans  un  ballon  à  robinet  et  qu'on 
mesure  l'oxygène  absorbé ,  on  trouve ,  après  G  heures  : 

i°  Avec  le  manganèse  seul  (expérience  témoin) occ3 

■2°  Avec  la  laccase  seule  de  la  luzerne    j    1  "  exPérience- ...      o  a 

(    2e  expérience 0   U  W 

3°  Avec  la  laccase  additionnée  de  manganèse 6   3 

Enfin,  les  mêmes  expériences,  reproduites  avec  un  autre  métal,  mon- 
trent que  le  manganèse  possède  une  action  spécifique,  qu'il  ne  peut  être 
remplacé  ni  par  le  fer,  ni  par  l'aluminium,  le  cérium,  le  cuivre,  le  zinc,  le 
calcium,  le  magnésium  ou  le  potassium. 

Ces  faits  font  ressortir  l'importance  physiologique  du  manganèse  et 
définissent  le  rôle  que  remplit  ce  métal,  au  moins  chez  les  végétaux.  La 

W  Comme  j'avais  à  mesurer,  dans  chaque  expérience,  près  d'un  demi-litre  de 
gaz,  en  dix  cloches,  il  ne  faut  pas  regarder  ces  chiffres  comme  exacts  à  plus  d'un 
ou  deux  dixièmes  du  centimètre  cube  près. 


—   176  — 

circonstance  que  le  manganèse  existe  seulement  en  faible  quantité'  chez  les 
êtres  vivants  augmente  d'ailleurs  la  portée  de  cette  conclusion  :  elle  dirige 
en  effet  l'attention  sur  toute  une  série  de  corps  qui  pouvaient  passer  jus- 
qu'ici comme  secondaires  parce  qu'ils  sont  peu  abondants,  comme  le  man- 
ganèse, et  qu'on  ignore  leur  signification  physiologique.  Par  exemple  :  le 
zinc,  illustré  par  l'expérience  de  Raulin;  le  bore,  dont  les  recherches  de 
Passerini  et  surtout  de  Jay  ont  démontré  la  présence  si  générale  chez  les 
les  plantes,  etc. 

Mais  ces  faits  comportent  encore  une  autre  conséquence.  J'ai  démontré, 
avec  Mallèvre (l),  que  la  pectase  est  incapable  de  transformer  la  pectine 
quand  elle  a  été  complètement  débarrassée  du  calcium  qui  l'accompagne 
dans  les  sucs  cellulaires;  qu'en  essayant  de  séparer  ce  ferment  so'uble  du 
jus  de  carottes,  à  l'aide  de  l'alcool,  on  n'obtenait  qu'un  produit  à  peuples 
inerte,  non  seulement  parce  que  l'alcool  avait  altéré  en  partie  la  substance 
organique,  mais  encore  parce  qu'il  avait  séparé  celle-ci  du  principe  minéral 
sans  lequel  elle  est  impuissante  :  il  suffisait  d'ajouter  une  trace  d'un  sel  de 
calcium  à  la  solution  de  pectase  pour  lui  rendre  son  activité.  Aujourd'hui, 
j'arrive  à  des  résultats  analogues  avec  la  laccase.  Si  l'on  veut  bien  mainte- 
nant rapprocher  tous  ces  résultats  de  la  théorie  de  la  coagulation  du  sang, 
telle  qu'elle  a  été  proposée  par  Pekelharing;  se  rappeler  aussi  que  la  pep- 
sine, la  sucrase,  l'amylase  et  d'autres  ferments  solubles  n'agissent  qu'en 
présence  d'un  acide ,  on  verra  se  dégager  de  cet  ensemble  comme  une  no- 
tion nouvelle,  qui  doit  être,  à  mon  sens,  généralisée. 

Désormais,  il  faudra  tenir  compte,  dans  l'étude  des  ferments  solubles, 
non  seulement  de  la  substance,  organique  et  très  altérable,  à  laquelle 
nous  attachions  jusqu'ici  toute  l'idée  du  ferment  soluble,  mais  encore  de 
celles,  qu'on  pourrait  appeler  co-ferments ,  —  ici  minérales,  là  peut-être 
organiques,  —  qui  forment  avec  la  première  le  système  véritablement 
actif. 

")  Bulletin  du  Muséum,  t.  I,  p.  295  (1890),  ci  Bull.  Soc.  chimique,  (3)  t.  XIII. 
p.  25a. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE. 


ANNEE   1897.  —   N°  6, 


22e  REUNION  DES  NATURALISTES  DU  MUSÉUM. 

29  JLIN    1897. 

PRÉSIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEIM. 


Le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  cinquième  fascicule  du  Bul- 
letin, pour  l'année  1897,  paru  le  20  juin,  et  contenant  les  commu- 
nications faites  dans  la  réunion  du  a5  mai. 


CORRESPONDANCE. 

M.  Bastard  a  adressé  à  M.  le  Directeur  du  Muse'um  la  lettre  sui- 
vante : 

Nosy-Vé,  i3  mai  1897. 

Je  viens  d'arriver  du  pays  des  Baras  lmamono,  et  j'expédie  au  Muséum 
deux  barriques  et  une  caisse  d'ossements  fossiles,  plus  six  caissettes  con- 
tenant chacune  un  Serpent  vivant.  J'ai  eu,  h  un  moment,  i/i  Serpents  d'es- 
pèces diverses;  les  uns  sont  morts,  d'autres  se  sont  échappés  pendant  le 
retour,  et  je  vous  envoie  ceux  qui  me  restent  avec  l'espoir  que  quelques- 
uns  parviendront  vivants.  J'ai  quelques  Insectes,  un  crâne,  quelques  peaux 
et  divers  autres  documents  que  je  n'ai  pas  le  temps  d'emballer  pour  ce 
courrier.  J'ai  tué  en  revenant,  presque  au  même  endroit  où  j'avais  tué  la 
femelle,  un  mâle  (VUratelornis,  malheureusement  je  n'avais  plus  que  du 
gros  plomb  et  mon  coup  de  fusil  lui  a  emporté  la  tête;  la  peau  ne  valait 

Muséum.  —  111.  1  U 


—  178  — 

plus  la  peine  d'être  préparée.  D'ici  un  mois,  j'aurais  de  la  malechauce  si  je 
ne  m'en  procure  au  moins  un  exemplaire  en  bon  état. 

Quant  aux  fossiles,  il  ont  été  emballés  dans  Tordre  suivant  :  i°  A  com- 
mencer par  la  barrique  n°  1  jusqu'à  la  moitié  de  la  barrique  n°  2  :  Os 
trouvés  dans  la  boue  d'un  marais  à  un  mètre  sous  l'eau.  Ce  marais  est  un 
véritable  ossuaire,  mais  impossible  d'éliminer  l'eau  avec  mes  moyens.  Pen- 
dant trois  jours,  mes  nommes  ont  ramassé  à  tâtons,  sous  l'eau,  dans  la 
boue,  les  os  que  je  vous  envoie;  le  troisième  jour,  la  moitié  grelottaient  la 
fièvre  et  ne  pouvaient  plus  se  mettre  à  l'eau  et  moi-même,  pris  de  vomis- 
sements  et  de  dyssenterie,  je  restai  durant  plusieurs  jours  élendu  dans  une 
case  dans  un  état  très  pileux.  Assez  vite  rétabli  toutefois,  je  repris  le  chemin 
de  la  côte  parce  que  je  n'avais  plus  de  marchandises  d'échange  et  que  mes 
porteurs  étaient  presque  tous  malades.  20  La  deuxième  moitié  de  la  bar- 
rique n°  2  et  la  caisse  n°  3  contiennent  des  os  recueillis  en  fouillant  le  sol 
à  un  endroit  indiqué  par  des  débris  épars  à  la  surface.  Les  indigènes 
m'ayant  raconté  que  l'animal  dont  je  cherchais  les  os  était  mort  d'indiges- 
tion après  avoir  rr dévoré  un  village»  et  être  allé  vomir  son  repas  non  loin 
de  là  ,  je  me  fis  conduire  à  l'endroit  en  question  et,  sur  un  petit  monticule 
au  pied  duquel  coulait  probablement  jadis  un  ruisseau,  je  trouvai  un  amas 
de  coquillages  que  je  fis  fouiller.  Je  retirai  de  cet  amas  quelques  débris  de 
poteries  que  leur  décoration  différencie  nettement  des  poteries  en  usage 
aujourd'hui  chez  les  Baras  Imamono  et  des  débris  d'ossements  de  petits 
Mammifères.  Ces  divers  documents  sont  contenus  dans  deux  corbeilles  et 
dans  une  petite  boîte  en  fer-blanc  (caisse  n°  3).  Les  Baras  de  cette  région 
ne  mangent  pas  de  coquillages  et  ne  se  souviennent  pas  d'une  population 
ayant  eu  coutume  de  s'en  nourrir. 

Voici  enfin  mes  projets  pour  ma  deuxième  année  de  mission.  En  atten- 
dant que  des  ressources  m'arrivent,  je  vais  aller  à  Morombé.  J'ai  entendu 
dire  qu'il  y  avait  dans  cette  région ,  non  loin  de  la  baie  des  Assassins ,  un 
lac  desséché  contenant  des  fossiles.  Au  retour  de  cette  excursion,  j'irais  à 
Isakoudry,  car  je  n'ai  pu  y  passer  en  revenant  de  chez  les  Baras  comme 
j'en  avais  eu  le  projet.  Cette  deuxième  excursion  me  mènerait  à  la  fin  de 
juin.  Je  quitterais  alors  définitivement  le  Sud-Ouest  pour  gagner  le  haut 
Mangoky  et,  après  avoir  séjourné  quelque  temps  dans  les  forêts  qui  bordent 
ce  fleuve,  je  gagnerais  Antsirabé  pour  la  saison  des  pluies.  Ce  serait,  en 
sens  inverse,  l'accomplissement  du  programme  que  vous  m'aviez  indiqué 
à  Paris. 


M.  Bastjvrd  a  lait  parvenir  au  Muséum  quelques  Serpents  dans 
l'alcool  capturés  aux  environs  de  TuHéar  et  appartenant  à  deux  es- 
pèces :  Pelophilus  madagascariensis  et  Heterodon  madagascariensis. 


—   179  — 

M.  Henri  Mager  met  à  la  disposition  du  Directeur  du  Muséum 
les  peaux  de  quelques  Propithèques  et  Makis  qu'il  élevait  dans  son 
jardin  à  Tamatave. 

M.  Ed. -M.  Nesty,  sous-commissaire  de  la  Marine,  qui  va  se 
rendre  dans  le  Soudan  français,  écrit  de  Saint-Louis  (Sénégal),  à 
la  date  du  i3juin  189-7,  (lu^  s'occupera  volontiers  de  recherches 
d'histoire  naturelle. 


M.  le  lieutenant  Hourst  offre  au  Muséum  les  dépouilles  d'Oi- 
seaux, les  Insectes,  les  plantes  et  les  minéraux  qu'il  a  recueillis 
durant  ses  voyages. 

M.  le  DmMaclaud  annonce  de  Konakry  (Guinée  française),  le 
21  mai  1897,  l'envoi  de  deux  caisses  renfermant  quelques  crânes 
et  les  dépouilles  d'un  certain  nombre  d'Oiseaux  et  de  Mammifères 
qui,  à  l'exception  d'un  jeune  Gorille  provenant  du  Gahon,  ont  lous 
été  tués  sur  l'île  de  Konakry.  A  son  retour  à  Paris,  vers  le  milieu 
de  juillet,  M.  Maclaud  remettra  lui-même  au  Muséum  les  Ser- 
pents, Insectes  et  Myriapodes  qu'il  n'a  pu  envoyer.  Il  espère  rap- 
porter également  un  jeune  Chimpanzé  et  un  couple  de  Galagos 
vivants. 


M.  Paillet,  lieutenant  de  vaisseau,  écrit  au  Directeur  qu'il  s'oc- 
cupe de  faire  venir  du  Tonkin  le  squelette  du  Nemorhedus  de  la 
baie  d'Aloug  et  adresse  au  Muséum  les  dents  du  Dauphin  qu'il  a 
rapporté  du  Tonkin  et  un  Serpent  pris  à  Port-Wallut,  sur  le  bord 
d'un  torrent,  et  conservé  dans  l'alcool. 


M.  le  professeur  Alexandre  Agassiz  annonce  son  départ  pour  les 
iiesFidji ,  où  il  va  entreprendre  des  recherches  d'histoire  naturelle,  à 
bord  d'un  navire  à  vapeur. 

M.  Hod.  Burckhardt,  de  Bàlc,  offre  au  Muséum  d'entrer  en  re- 
lation avec  le  musée  de  cette  ville  et  d'obtenir  ainsi,  dans  quelques 

16. 


—   180  — 

mois,  des  doubles  des  collections  d'Oiseaux,  do  Reptiles,  de  Batra- 
ciens et  de  Mollusques  qui  viennent  d'être  rapportées  de  Célèbcs 
par  MM.  Sarasin  et  dont  l'étude  a  e'té  confiée  à  quelques  spécia- 
listes. 


S.  A.  S.  le  prince  Albert  de  Monaco  a  bien  voulu  adresser  au 
Muséum  diverses  pièces  anatomiques  provenant  de  deux  grands 
Cétacés  qu'il  a  capturés  en  allant  de  Marseille  à  Gibraltar  et  qu'il 
a  pu  faire  hisser  à  bord  de  son  navire,  où  leur  étude  s'est  faite  dans 
les  meilleures  conditions.  Ces  Cétacés,  dont  l'un  ne  mesurait  pas 
moins  de  h  m.  10  de  long,  appartenaient  à  l'espèce  désignée  par  les 
naturalistes  sous  le  nom  de  Glolncephahis  mêlas. 


M.  J.  Dybowski,  Directeur  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  de 
la  Régence  de  Tunis,  vient  d'envoyer  au  Jardin  des  Plantes  un 
couples  d'Aigles  royaux  pris  sur  les  rochers  du  mont  de  Tebour- 
souk,  seul  endroit  de  la  Tunisie  où  l'on  rencontre  encore  de  ces 
grands  Rapaces  qui  deviennent  de  plus  en  plus  rares  dans  le  nord 
de  l'Afrique.  11  annonce  qu'il  possède  dans  sou  jardin  d'essai  six 
Cerfs  semblables  à  ceux  qu'il  a  donnés  au  Muséum.  Deux  de  ces 
animaux  sont  nés  dans  le  jardin,  où  se  sont  reproduites  aussi  des 
Gazelles  de  l'espèce  commune. 


M.  G.  Collet  adresse  au  Muséum  quelques  échantillons  de 
Bryozoaires  recueillis  par  le  Travailleur  et  le  Talisman  et  qu'il  a  eu 
l'occasion  d'acheter  à  la  vente  des  objets  provenant  de  la  succession 
du  Dr  Jullient'l 


Par  voie  d'échange  avec  le  Field  Columbiam  Muséum  de  Chicago, 
le  laboratoire  de  Mammalogie  vient  de  recevoir  plusieurs  spécimens 
de  Gazelles  et  d'Antilopes,  provenant  du  récent  voyage  d'explora- 

("  Ces  échantillons  avaient  été  remis  au  D'  Jullien  pour  être  l'objet  d'une  pu- 
blication spéciale. 


—   181   — 

lion  de  M.  Eliiot  dans  le  pays  des  Çomalis,  et  appartenant  aux  es- 
pèces suivantes  : 

Une  paire  de  Gazella  Pelzelm  (Kolil.). 

Gazella  Spekei  (Blyth)  =  naso  (Sel.). 

—  Lithocranius  Walleri  (Brook.). 

—  Bubalis  Sway.\ei  (Sel.). 

Sauf  un  beau  mâle  adulte  de  L.  Walleri,  envoyé  au  Muséum  il 
y  a  quelques  années  par  le  due  d'Orléans,  nous  ne  possédions 
encore  aucun  de  ces  rares  représentants  de  la  faune  du  plateau  des 
Çomalis. 


M.  le  Directeur  annonce  que  Ton  prépare  en  ce  moment,  dans 
des  salles  des  galeries  de  zoologie,  l'exposition  des  collections 
données  par  M.  L.  Mangini  et  provenant  de  la  mission  Chaffanjon 
dans  l'Asie  centrale'').  Cette  exposition  pourra  probablement  être 
ouverte  vers  la  fin  de  juillet.  Elle  succédera  à  l'exposition  des  col- 
lections de  la  mission  Pavie,  qui  vient  d'être  close. 


M.  Hamy  annonce  le  don  qui  vient  d'être  fait  à  son  service  d'une 
suite  fort  remarquable  de  grandes  photographies  au  charbon, 
montées  dans  des  cadres  en  chêne  ciré,  qui  ornaient  les  murs  des 
deux  salles  où  sont  demeurées  exposées  jusqu'à  ces  derniers  jours 
les  collections  de  la  mission  Pavie. 

Ce  don  magnifique,  que  nous  devons  à  la  générosité  de  M.  Pavie, 
va  fournir  les  matériaux  d'une  décoration  à  la  fois  très  scientifique 
et  très  artistique,  pour  les  deux  paliers  du  second  étage  de  l'escalier 
de  la  nouvelle  galerie. 

M.  le  Professeur  d'Herpétologie  annonce  la  perte  faite  par  la 
ménagerie  des  Reptiles  du  grand  exemplaire  de  la  Salamandre  gi- 
gantesque du  Japon  (Sieboldia  maxima,  Schlegel),  donne'  par  M.  P. 
Van  Meendervoorl,  le  11  novembre  1 855.  Elle  est  morte  le  i  5  juin 
dernier,  après  un  séjour,  par  conséquent,  de  trente  sept  ans  et  sept 

1     MM.  Henri  Mangini  et  Louis  Gay  avaient  été  adjoints  à  cette  mission. 


—  182  — 

mois;  l'individu  rapporté  par  Schlegel,  autrefois  conservé  à  l'aqua- 
rium d'Amsterdam,  y  avait  vécu  davantage,  cinquante-deux  ans. 
L'un  et  l'autre  exemples  témoignent  loutefois  de  la  longévité  de  ces 
animaux,  laquelle,  à  l'état  de  liberté,  doit  sans  doute  être  consi- 
dérable. 

L'exemplaire  du  Muséum,  examiné  après  sa  mort,  mesurait 
1  m.  290  de  longueur  totale,  dont  o  m  5.  pour  la  queue,  laquelle, 
y  compris  une  crête  d'environ  o  m.  060,  était  haute  de  o  m.  i65; 
la  tête  avait  o  m.  190  de  long,  sur  0  m.  260  de  largeur  en  arrière, 
le  bord  en  étant  occupé  presque  entièrement  par  une  gueule  dé- 
mesurément grande.  Il  pesait  2/1  kilogrammes. 


M.  le  baron  J.  de  Guerne  offre  au  Muséum  un  bocal  renfermant 
divers  Poissons  et  entre  autres  des  formes  larvaires  de  Murénides 
qu'il  a  rapportées,  il  y  a  quelques  années,  du  détroit  de  Messine. 


M.  le  professeur  Bouvier  cile  particulièrement,  parmi  les  per- 
sonnes qui  ont  enrichi  récemment  le  laboratoire  d'entomologie  du 
Muséum,  M.  Ed.  Chevreux  qui  a  commencé  le  dédoublement  de  sa 
collection  d'Amphipodes  en  faveur  du  laboratoire,  M.  le  baron 
J.  de  Guerne  qui  a  offert  une  collection  peu  étendue,  mais  intéres- 
sante de  Crustacés  du  Japon,  enlin  M.  de  Zeltner  qui  a  fait  don, 
à  la  bibliothèque  du  laboratoire,  de  tout  ce  qui  a  été  publié  jus- 
qu'ici du  Species  des  Hyménoptères  d'André.  A  ces  généreux  donateurs 
et  à  tous  ceux  qui  ont  fait  acte  de  libéralité  envers  le  laboratoire, 
M.  Bouvier  présente  ses  vifs  remereiments. 


M.  le  professeur  Bureau  rend  compte  en  ces  termes  de  l'accrois- 
sement considérable  de  l'herbier  du  Muséum  durant  le  mois  de 
juin  : 

M.  l'abbé  Farges  continue  la  série  de  ses  envois  qui  sont  des  modèles  de 
dessiccation.  Le  dernier  contient  une  très  belle  collection  d'Ombellifères  en 
fruits,  ce  qu'il  est  toujours  difficile  d'obtenir  des  collecteurs.  On  doit  citer 
aussi  des  fruits  de  Davidia  invoïucrata. 

M.  Biondi,  de  Florence,  a  offert  une  collection  de  837  espèces  récoltées 


—  183  — 

dans  le  Shen-si  (Chine  septentrionale),  par  le  P.  Giraldi.  Ces  plantes  offrent 
un  grand  intérêt  et  proviennent  d'une  région  d'où  le  Muséum  ne  possédait 
encore  rien.  M.  Biondi  continuera  à  nous  envoyer  les  plantes  qu'il  recevra 
de  celle  région. 

Bien  qu'aucun  herbier  ne  soit  aussi  riche  cjue  celui  de  notre  établissement 
en  plantes  de  Chine,  il  n'est  pas  de  collection  faite  dans  les  parties  monta- 
gneuses de  cet  empire  qui  ne  nous  apporte  des  espèces  nouvelles  et  en 
grand  nombre. 

M.  Chaffanjon  nous  a  procuré  un  herbier  recueilli  aux  environs  d'ir- 
kousk,  sur  les  bords  des  fleuves  Touka,  Bargousine ,  Tibilti,  autour  des 
villages  de  Tounki,  Choudakow,  Koultouka,  et  près  du  lac  Baïkal.  Toutes 
les  étiquettes  sont  en  russe,  inconvénient  auquel  l'obligeance  de  personnes 
possédant  cette  langue  nous  a  déjà  permis  de  remédier;  nous  regrettons 
que  beaucoup  d'échantillons  soient  sans  fleurs  ni  fruits,  et,  par  conséquent, 
non  susceptibles  de  détermination;  mais  les  espèces  qui  pourront  être  nom- 
mées formeront  un  ensemble  for l  intéressant.  Nous  devons  aussi  à  M.  Chaf- 
fanjon quelques  plantes  fossiles  de  Sibérie,  assurément  jurassiques,  et  pro- 
venant d'un  gisement  dont  le  Muséum  ne  possédait  rien. 

Enfin  un  bel  herbier  de  M.  Diguet,  de  1  A3  espèces,  recueilli  dans  la 
province  de  Jalisco  (Mexique),  et  parfaitement  préparé,  renferme  proba- 
blement de  nombreuses  nouveautés.  Je  citerai  particulièrement  une  série 
de  Loranthacées  recueillies  pour  faciliter  les  études  de  M.  Van  Tieghem  sur 
ce  groupe  important.  Quelques-unes  sont  d'une  remarquable  beauté,  et 
les  échantillons  secs  sont  accompagnés  de  fleurs  dans  l'alcool.  C'est  une 
bonne  précaution  qui  ne  saurait  être  trop  recommandée  à  nos  voyageurs. 


M.  Demker  présente  une  collection  de  drogues  coréennes  offerte 
au  Muséum,  à  son  instigation,  par  M.  Chimkievitch,  fonctionnaire 
a  Haché  au  gouverneur  de  la  province  Amourienne  (Sibérie  orien- 
tale). 

Cette  collection  se  compose  de  375  échantillons  de  racines, 
feuilles,  graines,  fruits,  etc.;  de  différentes  plantes  médicinales  ou 
prétendues  telles  parla  pharmacopée  coréenne,  copiée  sur  la  phar- 
macopée chinoise.  Il  y  a  aussi  parmi  ces  échantillons  quelques 
roches  réduites  en  poudre;  M.  Deniker  croit  reconnaître  du  talc- 
schiste  dans  Tune  de  ces  poudres.  Chaque  échantillon  est  enveloppé 
d'une  façon  particulière  et  très  compliquée  dans  un  carré  de  papier 
chinois  portant  le  nom  de  la  drogue  en  trois  langues  :  chinoise, 
coréenne  et  mandchoue.  Les  paquets  ainsi  formés,  longs  de  k  à 
6  centimètres  et  larges  de  3  à  A  centimètres  sont  marqués  à  l'encre 


—  18/i  — 

rouge  de  numéros  qui  correspondent  à  ceux  d'une  liste  jointe  à  la 
collection  et  contenant  le  nom  de  la  drogue  en  chinois  et  la  pronon- 
ciation de  ce  nom  à  la  mode  coréenne  écrite  en  caractères  russes. 

Malheureusement  le  registre  s'arrête  au  n°  336.  Outre  cette  liste, 
la  collection  est  accompagnée  d'un  manuscrit  russe  et  chinois  de 
8  pages  in-folio.  Ce  manuscrit  contient  rénumération  de  1 1  o  re- 
mèdes de  la  pharmacopée  coréenne  avec  les  formules  pour  leur 
préparation  et  les  nume'ros  des  drogues  qui  doivent  entrer  dans 
leur  composition;  ces  derniers  nume'ros  correspondent  à  ceux  des 
échantillons  de  leur  collection.  De  plus  on  trouve  dans  le  manu- 
scrit, en  regard  de  chaque  remède,  le  nom  de  la  maladie  contre  la- 
quelle il  doit  être  administre'.  Il  y  a  là,  par  exemple,  des  médecines 
contre  le  rhume  de  cerveau,  contre  l'indigestion,  le  mal  de  tête,  la 
fièvre,  voir  même  contre  «la  mauvaise  disposition  d'esprit  que  l'on 
a  en  se  levant  le  matin»  ou  contre  le  et  malaise  que  l'on  ressent  le 
lendemain  des  fêtes  et  des  libations  par  trop  abondantes». 

Cette  petite  pharmacie  portative  coréenne  a  été  formée  dans  la 
ville  de  Ha-men  avec  les  plantes  provenant  de  la  montagne  de 
Sam-sin-san,  par  un  médecin  coréen  et  acquis  par  M.  Chimkievitch 
à  Khabarovsk.  La  traduction  du  manuscrit  relatif  aux  remèdes  a 
été  faite  (d'une  façon  assez  imparfaite  en  ce  qui  concerne  la  langue 
russe)  par  un  lettré  coréen,  aujourd'hui  instituteur  dans  une  mai- 
son fondée  par  le  Gouvernement  russe  pour  les  enfants  des  Coréens 
immigrés  en  Sibérie. 

La  détermination  spécifique  des  échantillons  de  la  collection 
sera  certainement  difficile.  Cependant  M.  Deniker  pense  qu'en  s'ai- 
dant  de  l'excellent  travail  de  M.  Bretschneider  sur  la  matière  mé- 
dicale chinoise  (t.  III  de  son  Botanicon  sinicum),  récemment  paru,  et 
des  dessins  de  l'encyclopédie  chinoise  d'histoire  naturelle,  le  fa- 
meux 7J£  j|f  $$  g  (Pen-tsao-kang-mou) ,  ainsi  que  de  quelques  autres 
ouvrages  chinois  que  possède  la  bibliothèque  du  Muséum,  on  pourra 
arriver  à  déterminer  sinon  les  espèces,  du  moins  les  genres  des 
plantes  dont  les  fragments  forment  la  collection.  Ainsi,  sans  grand 
effort,  M.  Deniker  a  pu  déterminer  un  des  échantillons,  n°  ai 
(5^  P^  %  l'ien-men-tung),  comme  étant  la  racine  de  Y  Asparagus  luci- 
dus  Lindl.;  la  plante  est  décrite  au  chap.  xvm,  p.  h-j  du  «  Pen- 
tsao»  et  figurée  dans  l'atlas  qui  accompagne  cet  ouvrage  à  la  page  3 
des  rr  Herbes  grimpantes»  4j^j$.  (Wan-tsao)  ainsi  qu'à  la  page  67 
du  tome  Id'un  recueil  chinois  de  dessins  originaux  appartenant  à  la 


—  185  — 

bibliothèque.  M.  Deniker  se  propose  de  traduire  le  manuscrit  russe 
et  de  donner  avec  l'aide  d'un  sinologue  la  transcription  française 
des  caractères  chinois.  Il  s'efforcera  e'galemcnl  de  fournir  les  ren- 
seignements botaniques  complémentaires  qu'il  pourra  trouver  dans 
les  ouvrages  du  fonds  chinois  de  la  bibliothèque.  Aux  botanistes  à 
faire  les  déterminations  plus  minutieuses  en  s'aidant  de  ce  travail 
préliminaire. 


M.  F.  Bocourt  fait  don  au  Muséum  de  la  photographie  d'un  ta- 
bleau d'Eugène  Fichel,  représentant  une  conférence  faite  par  Bufl'on 
dans  une  des  salles  de  l'ancienne  galerie  de  Zoologie.  Ce  tableau  a 
été  expose'  au  salon  de  1873. 


M.  Ch.  Brongxiart  offre  à  la  bibliothèque  du  Muséum  le  tirage 
à  part  du  mémoire  qu'il  vient  de  publier  dans  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété philomathique  de  Paris  (t.  VIII,  p.  120  à  212)  et  qui  est  inlitul  ; 
Revision  des  Salomonitœ ,  Locustidœ  de  la  tribu  des  Conocephalinœ . 


M.  Eug.  Simon  fait  hommage  de  son  Catalogue  des  espèces  actuelle- 
ment connues  de  la  famille  des  Trochilides  (in-8°,  Paris,  1897). 


M.  le  Dr  E.-L.  Troui:ssart  fait  hommage  du  deuxième  fascicule  de 
son  Catalogus  Mammalium  tam  vivenlium  quam  Jbssilium.  Ce  fascicule, 
qui  a  paru  dans  le  courant  du  mois  de  mai  1897,  renferme  les 
Camivora  et  Creodonta,  les  Pinnipedia  et  le  commencement  des  Bo- 
dentia. 

L'auteur  profite  de  cette  occasion  pour  informer  les  naturalistes 
que  la  direction  du  «Tirreichr»,  publié  par  le  Zoologisches  Institut  de 
Berlin,  l'a  chargé  de  rédiger  la  monographie  des  Rongeurs  qui  doit 
paraître  dans  cette  vaste  publication.  Celte  monographie,  qui  com- 
prendra la  diagnose  de  toutes  les  espèces,  avec  des  figures  de  ca- 
ractères intercalées  dans  le  texte,  sera  sur  le  chantier  dès  que  le 
Catalogue  sera  terminé,  c'est-à-dire  dans  le  courant  de  l'hiver  pro- 
chain. L'auteur  fait  appel  à  tous  les  naturalistes  qui  s'occupent  des 


—  186  — 

Rongeurs,  en  les  priant  de  vouloir  bien  lui  adresser  un  tirage  à 
part  de  leurs  travaux,  afin  qu'il  puisse  mettre  son  travail  au  cou- 
rant de  la  science. 

M.  Henri  Lecomte  offre  à  la  bibliothèque  du  Muséum  le  premier 
numéro  (5  juin  1897)  ^e  'a  Revue  f^es  cultures  coloniales  dont  il  est 
rédacteur  en  chef  et  qui  est  publié  sous  la  direction  de  M.  Milhe- 
Poutingon. 

M.  Milne  Edwards  fait  passer  sur  le  tableau  des  photographies 
instantanées  faites  à  la  ménagerie,  par  M.  Secques,  de  l'Eléphant 
d'Ethiopie  récemment  offert  par  M.  le  Président  de  la  République 
qui  l'avait  reçu  de  l'empereur  Ménélick,  des  jeunes  Hippopotames 
et  des  Chimpanzés  du  docteur  Maclaud. 


M.  Hamy  annonce  la  mort  de  M.  le  Dr  Ernest  Martin,  ancien 
médecin  de  la  légation  de  France  à  Pékin,  ancien  médecin-major 
de  l'Ecole  polytechnique,  décédé  à  Epinay-sur-Seine  le  1er  juin 
dernier  à  l'âge  de  66  ans. 

M.  Martin,  à  son  retour  de  Chine,  avait  offert  au  Muséum  une 
précieuse  collection  anthropologique,  dont  la  pièce  la  plus  impor- 
tante, successivement  lithographiée,  gravée  et  moulée,  est  devenue 
le  type  classique  du  crâne  moiigolique. 


COMMUNICATIONS. 


Le  fleuriste  Pierre  Morin  le  jeune,  dit  Troisième, 

PAR    M.   LE  PROFESSEUR  E.-T.   HaMY. 

Deux  personnages  du  nom  de  Morin  ont  marqué,  plus  ou  moins,  dans 
l'histoire  de  la  botanique  au  cours  du  xvne  siècle. 

Le  premier,  Louis,  né  au  Mans,  docteur  en  médecine  de  Paris,  méde- 
cin de  L'Hôtel-Dieu,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  doit  a  Y  Eloge 
que  Fontenelle  lui  consacra  en  1715  d'avoir  gardé  une  petite  place  dans 


—  187  — 

nos  recueils  biographiques,  quoiqu'il  n'ait  laisse'  que  des  travaux  snns  in- 
térêt W. 

Le  second,  Pierre,  Parisien,  tout  à  fait  oublié  aujourd'hui,  a  pourtant 
écrit  de  bons  livres  de  jardinage,  dont  le  plus  connu  n'eut  pas  moins  de 
quatre  éditions  de  i658  à  1689. 

C'est  de  ce  Piètre  Morin ,  fleuriste ,  que  je  voudrais  vous  dire  quelques 
mots,  en  commentant  quelques  pièces  qui  le  concernent  et  dont  la  prin- 
cipale vient  jeter  un  peu  de  lumière  sur  les  débuts  professionnels  du  fon- 
dateur du  Jardin  des  Plantes,  Guy  de  La  Brosse. 

Pierre  Morin  était  né  dans  les  dernières  années  du  xvie  siècle.  Son  père, 
qui  s'appelait  aussi  Pierre  «en  son  vivant  marchand  demeurant  à  Paris » 
avait  eu  de  Marye  Cousture,  sa  femme,  trois  fils  au  moins  :  « honorable 
homme  Pierre  Morin  l'aisoé»  et  René  Morin,  tous  deux  bourgeois  de  Paris 
figurent,  en  effet,  à  côté  d'un  troisième  Pierre  Morin,  celui  qui  nous  inté- 
resse, dans  le  contrat  de  mariage  de  ce  dernier,  que  je  viens  de  retrouver 
aux  Archives  nationales. 

Cénacle  a  été  passe  à  Paris  par  le  notaire  Huart  dit  Robinot  le  k  mai 
1619  W-  père  et  mère  sont  morts  à  cette  date,  et  Pierre  Morin,  le  marié 
récemment  établi'3),  demeure  rue  de  Thorigny,   sur  la   paroisse  Saint- 
Gervais. 

La  mariée  est  Françoise  de  la  Brosse,  «fille  de  feu  M0  Hierosme  de  la 
Brosse,  vivant,  secrétaire  de  Monseigneur  le  comte  de  Soissons  <4>  et  de  Ge- 
neviefve  le  Clerc,  sa  veuve,  demeurant  à  Paris,  rue  Michel  Le  Comte,  pa- 
roisse Saint-Nicolas,  n 

Elle  est  assistée  d'un  beau-frère,  Charles  Guichard,   rtescuyer,  gentil- 

W  Les  recueils  de  l'Académie  royale  des  sciences  renferment  quelques  notes  sans 
importance  de  Louis  Morin.  11  a  laissé  en  manuscrit  un  index  d'Hippocrate  grec 
et  lahn  et  un  journal  d'observations  du  baromètre  et  du  thermomètre.  A.-L.de  Jus- 
sieu  dit  qu'il  transcrivit  littéralement»  toutes  les  lettres  écrites  du  Levant  par 
Tournefort  «qui  ont  fourni  les  matériaux  du  voyage  imprimé»  et  que  ce  manuscrit 
existe  dans  sa  propre  bibliothèque  ( Troisième  notice  historique  sur  le  Muséum  d'his- 
toire naturelle.  Ann.  du  Mus.,  t.  IV,  i8o4). 

(?)   Contrat  de  mariage  de  Pierre  Morin  et  de  Françoise  de  la  Brosse.  (Arch.  nat 
Y  162,  f°  i3/i  v°.)  V 

)  L'auteur  de  Y  Avis  au  lecteur  qui  est  en  tête  de  la  première  édition  des  Re- 
marques nécessaires  pour  la  culture  des  fleurs  dont  je  reparlerai  plus  tard  dit 
que  ce  livre,  qu'il  fait  paraître  en  i658,  «contient  les  observations  de  Monsieur 
Morin  faites  sur  la  culture  des  Plantes  pendant  plus  de  quarante  ans»  ce  qui  re- 
porte ses  débuts  au  delà  de  1618. 

PJ  Charles  de  Bourbon,  comte  de  Soisson  et  de  Dreux,  pair  et  grand-maître  de 
tram»,  fils  puîné  de  Louis  I",  prince  de  Coudé,  né  le  3  novembre  i5C6,  était 
mort  le  i«  novembre  1613,  laissant  un  fils  de  huit  ans  et  demi  seulement.  La 
mort  de  Hierosme  de  la  Brosse  datait  donc  de  sept  ans  au  moins,  quand  Françoise 
sa  fille  épousa  Pierre  Morin  III. 


—  188  — 

homme  ordinaire  de  la  Chambre  du  Roy  »  (n,  de  rrMaistre  Claude  Bouleroue, 
procureur  en  Parlement,  cousin  à  cause  de  Claude  Rolland,  sa  femme»  el 
de  son  cousin  paternel  n noble  homme  Guy  de  la  Brosse»,  qui  prend  le 
litre  de  rr  médecin  ordinaire  de  Monseigneur  le  Prince»  et,  par  conséquent, 
était  attaché  (à  cette  époque  de  sa  vie,  dont  on  ne  savait  absolument  rien 
jusqu'ici)  à  la  personne  de  Henri  II  de  Bourbon,  prince  de  Condé(2;. 

C'était  sans  doute  lui  cpii  avait  fait  ce  mariage,  dont  le  contrat,  que  je 
ne  saurais  ici  faire  connaître  par  le  menu  ,  était  particulièrement  avantageux 
pour  sa  parente.  Botaniste  passionné ,  il  avait  été  tout  naturellement  con- 
duit à  fréquenter  les  Morin  qui  s'occupaient  d'horticulture  avec  grand  suc- 
cès à  Paris,  et  l'on  s'explique  fort  aisément  que  les  relations  ainsi  établies 
aient  pu  aboutir  à  faire  de  Pierre  Morin  troisième  un  cousin  par  alliance  de 
Guy  de  la  Brosse. 

Ce  mariage  de  botanistes  aurait  dû,  ce  semble,  exercer  quelque  influence 
sur  les  destinées  du  Jardin  Boyal  naissant.  Il  eût  semblé  fort  naturel  que  des 
horticulteurs  expérimentés  c  >mme  étaient  les  frères  Morin  fussent  appelés 
à  devenir  des  collaborateurs  particulièrement  précieux  pour  l'établissement 
que  l'on  fondait.  Il  n'en  a  rien  été  :  ni  en  1626  ni  en  j  035 ,  on  ne  parle 
du  cousin  de  Guy  de  la  Brosse  pour  occuper  une  place  quelconque  au 
Jardin  Royal,  dont  celui-ci  est  devenu  l'intendant. 

Pierre  Morin  a  son  établissement  crau  Faux-bourg  Saint  Germain,  proche 
la  Charité»  et  il  y  cultive  spécialement  des  k plantes  à  fleurs»  tulipes,  iris, 
anémones,  etc. 

lngeniose  nunc  alit  Indica  Gerinina  Terra: 
Plantarum  AIorims  honos,  et  gloria  Plorum  (3). 

On  connaît  une  première  série  de  Catalogues  de  plantes,  imprimée  pour 
lui  par  François  Le  Comte  en  i65i (4).  Une  deuxième  série  sortait  quatre 
ans  plus  tard  de  la  même  imprimerie'^.  Et  c'est  seulement  en  1 058  qu'at- 

W  Un  reçu,  conservé  aux  Pièces  originales  (T.  1 638 )  du  Cabinet  des  Titres,  à 
la  Bibliothèque  nationale,  qualifie  ce  personnage  de  ccon"  n"  el  secrétaire  du 
Roy,  Charles  G nischartl,  Gentilhomme  de  la  Chambre  du  Roy»  (Juillet  1621). 

W  Henri  II  de  Bourbon,  prince  de  Coudé,  était  né  le  1"  septembre  1  588.  — 
C'est  toujours  le  prince  de  Condé,  premier  prince  du  sang,  qui  est  désigné  par  les 
mots  Monseigneur  le  Prince. 

W  Distique  composé  en  i65i  par  Mittanour,  astronome  du  prince  de  Conti. 
In  eximium  anlhologum  P.  Morinum. 

W  Catalogues  de  quelques  Plantes  à  fleurs  qui  sont  de  présent  au  Jardin  de  Pieire 
Morin  le  jeune,  dit  Troisième ,  fleuriste ,  scilué  au  Vaux-bourg  Saint  Germain  proche 
la  Charité.  A  Paris.  De  l'Imprimerie  de  François  Le  Comte,  rue  Sainl  Jacques,  à 
l'Image  Saint  Rcmy,  près  le  Collège  du  Plessis.  mdcli. 

Sous  ce  titre  commun  figurent  trois  catalogues  spéciaux  «des  Tulippes,  des  Iris 
bulbeux,  des  Anémones». 

<51    Catalogues  de  quelques  Plantes  à  fleurs  qui  sont  de  présent  au  Jardin  de  P.  Mu- 


—  189  — 

teint  d'une  maladie  grave,  Pierre  Morin  se  décide  à  donner  enfin  les  Re- 
marques nécessaires  pour  la  culture  des  /leurs,  qu'il  avait  médite'es  «pendant 
plus  de  quarantes  années»  (,)  et  qui  ont  été'  réimprimées  avec  diverses  addi- 
tions en  1677,  en  1 689 (2)  et  en  i6o&(3).  On  a  aussi  de  ce  laborieux  jardi- 
nier un  Nouveau  traité  pour  la  culture  des  fleurs  qui  enseigne  la  manière  de 
les  cultiver,  multiplier  et  de  les  conserver  selon  leurs  espèces,  avec  leurs  pro- 
priétés merveilleuses  et  les  vertus  médicinales,  divisé  en  trois  livres  et  dont 
j'ai  vu  deux  éditions,  l'une  de  167/»,  l'autre  de  1682  w. 

rin fleuriste.  A  Paris.  De  l'Imprimerie  de  François  Le  Comte,  rue  S'  Jacques,  au 
Collège  du  Plessis-Sorbonne  mdclv  in-8°.  —  Les  catalogues  spéciaux  réunis  sous 
ce  titre  commun  sont  ceux  des  Anémones,  des  Tulipes,  «des  Ranoncules  de  Tri- 
poly»,  des  Iris  bulbeux. 

'■'  Remarques  nécessaires  pour  la  culture  des  fleurs.  Diligemment  observées  par 
P.  Morin.  Avec  un  Catalogue  clos  Plantes  rares  qui  se  trouvent  a  présent  dans  son 
Jardin.  A  Paris,  chez  Charles  de  Sercy,  au  Palais,  dans  la  Salle  Dauphine,  à  la 
Bonne  Foy  Couronnée,  mdulviii.  Avec  Privilège  du  Roy,  1  vol.  in-8°. 

L'ouvrage  commence  par  un  frontispice  gravé.  Puis  viennent  l'avis  aux  curieux 
de  Fleurs,  dont  j'ai  déjà  extrait  plus  haut  les  passages  qui  nous  intéressent,  la 
table  des  matières,  et  l'extrait  du  Privilège  daté  du  8  avril  1 6 5 5 . 

Je  relève,  en  feuilletant  le  texte  qui  suit,  les  conseils  pour  la  culture  des  Iris 
bulbeux,  des  Cyclamens,  des  Jasmins,  des  Jacinthes  orientales,  des  Tulipes,  une 
classification  des  plantes  «suivant  qu'elles  aiment  la  terre  grasse  et  humide,  ou 
maigre  et  sèche»,  des  renseignements  sur  la  date  des  semis,  le  mémoire  des  sai- 
sons, où  chaque  belle  plante  se  trouve  en  fleur.  Puis  il  est  question  des  arbres, 
arbrisseaux,  sous-arbrisseaux  (bosquets  de  haute  futaie),  allées  couvertes,  espaliers, 
palissades,  mais  l'éditeur  nous  prévient  (p.  61)  que  tout  ce  qui  est  dit  «de  l'em- 
ploi des  Plantes  Boiseuses  et  ligneuses.  .  .  n'est  pas  de  l'auteur». 

Un  traité  des  OEillets  (p.  66)  énumère  66  variétés  de  cette  fleur.  On  rencontre 
enfin  à  la  page  i3i  un  nouveau  Catalogue  de  quelques  Plantes  à  fleurs  qui  se  sont 
trouvées  au  Jardins  de  P.  Morin  fleuriste,  et  en  particulier  des  Anémones  pluchées 
dont  notre  jardinier  met  72  variétés  en  vente,  de  ses  Ranoncules  de  Tripoli,  de 
ses  Tulipes,  et  de  ses  Iris  bulbeux. 

(2)  Cf.  Catalogue  Danty  d'Isnard,  n03  h  2 7-/1 2 9. 
'  Cette  dernière  édition  est  intitulée  de  la  manière  suivante  :  Remarques  néces- 
saires pour  la  culture  des  fleurs.  La  manière  avec  laquelle  il  les  faut  cultiver  et  les 
ouvrages  qu'il  faut  faire  selon  chaque  Mois  de  l'Année.  Avec  une  méthode  facile  pour 
faire  toutes  sortes  de  Palissades  ,  Bosquets,  et  antres  Ornements  qui  servent  à  l'embel- 
lissement des  Jardins  de  plaisir,  et  un  Catalogue  des  Plantes  les  plus  rares.  Le  tout 
diligemment  observé  par  P.  Morin  fleuriste. 

Nouvelle  édition,  augmentée  d'un  traité  des  OEillets,  et  de  la  manière  qu'il  les 
faut  cultiver.  A  Paris,  chez  Charles  de  Sercy,  au  Palais,  au  sixième  Pilier  de  la 
Grand'Salle,'  vis-à-vis  la  Montée  de  la  Cour  des  Aydes,  à  la  Bonne-Foy  Couronnée, 
mdxciv.  Avec  Privilège  du  Roi. 

w  Paris,  chez  Charles  de  Sercy,  in- l'a.  Les  fleurs  dont  il  est  question  dans  ce 
petit  livre  sont  les  Jacinthes,  la  Tubéreuse,  les  Clochettes,  les  Jonquilles,  la  Mousse 
Grecque,  la  Couronne  Impériale,  le  Pennach  de  Perse,  le  Col  de  Chameau,  l'Or- 


—  190  — 

Aucun  de  ces  ouvrages  ne  fait  la  moindre  allusion  au  Jardin  du  Roi,  et  je 
n'v  ai  vu  mentionné  nulle  part  le  nom  de  Guy  de  la  Brosse. 

Le  seul  renseignement  biographique  qui  s'y  trouve  consigné  est  relatif 
à  René  Morin,  ce  frère  dont  nous  avons  trouvé  plus  haut  le  nom  sur  l'acte 
de  mariage  de  i  61 9 ,  et  qui  était  mort  depuis  peu  de  temps  quand  parurent 
pour  la  première  fois  (1 658)  les  Remarque*  nécessaires.  Pierre  Morin  ter- 
mine le  catalogue  qu'on  peut  lire  à  la  lin  de  ce  volume  par  un  adverlis- 
sement  en  gros  relatif  à  certaines  plantes  dont  il  ne  possède  la  plus  grande 
partie  que  depuis  peu  trpar  le  deceds  de  René  Morin»  son  frère  rr  homme 
qui  pendant  sa  vie  a  été  aussi  curieux  qu'aucun  de  l'Europe  !" 

On  sait  que  les  Morin,  René  et  Pierre,  ont  été  les  coopéraleurs  de  Denis 
Joncquet,  qui  les  cite  fréquemment  dans  son  Hortus{l),  mais  on  ignore  dans 
quelle  mesure  ces  botanistes  pratiques  ont  été  associés  à  la  rédaction  des 
Manuscrits  de  jardinage  que  Sercy  demandait  à  faire  imprimer  avec  Y  Abrégé 
des  bons  f miels  et  les  Remarques  pour  la  culture  dcsjleurs  dont  il  tient  d'être 
question.  On  a  parfois  attribué  ces  écrits  à  la  plume  du  laborieux  parent 
de  Guy  de  la  Brosse (2). 


CoymiBUTioy  À  l  AymnopoLOGiE  du  iViriflzr, 
par  M.  le  Professeur  E.-T.  Hamy. 

Les  Huicholes,  chez  lesquels  vient  de  pénétrer  notre  voyageur  M.  Léon 
Diguet,  sont  un  tout  petit  peuple,  fort  intéressant  et  très  peu  connu,  qui 
forme  cinq  communautés  du  district  de  Golotlan,  dans  le  Nord  Est  de  l'Etat 
de  Jaliscot3).  Réfugiés  dans  les  bairancas  de  la  Sierra  de  Nayarit,  entre  les 

nitogalle,  les  Tulipes,  les  Lys  et  les  Marlngons;  l'Iris,  le  Lys  marbré,  le  Colchique, 
le  Safran;  les  Roses,  celle  de  Chine  en  particulier,  le  Lilas  blanc  et  bleu;  le  Cerisier 
et  le  Pécher  doubles,  le  Grenadier  double,  les  Lauriers  d'Inde,  le  Myrte  à  double 
fleurs,  le  Genêt  blanc,  la  Marjolaine,  la  Térébenthe,  le  Piment  royal,  la  fleur  de 
la  Passion,  le  Yuga  indica,  etc. 

'''  Dyonisii  Joncquet  medici  Parisiensis  hortus,  sive  index  onomasticus  plantarum 
quas  excolebat  Parisiis  annis  1608  et  i65g.  Accessit  ad  calcem  stirpium  aliquot 
pnulo  obscurius  denominatarum  Officinis,  Arabibus.  Aliis  per  Gasparum  Baulrinum 
Explicatio.  Parisiis,  apud  Franciscum  Clouzier  in  Area  Palatina.  mdclix,  in-4°.  — 
Lectori  et  p.  107  et  aliis. 

(2)  Ces  derniers  renseignements  se  rencontrent  dans  le  Privilège  d'un  petit  livre 
intitulé  :  Instruction  facile  pour  connaître  tontes  sortes  d'orangers  et  citronniers  qui 
enseigne  aussi  In  manière  de  les  cultiver,  semer,  planter,  greffer,  transplanter,  tailler 
et  gouverner,  selon  les  climats,  les  mois  et  saisons  de  l'Année,  avec  un  Traité  de  la 
Taille  des  Arbres.  A  Paris,  chez  Charles  de  Sercy.  .  .  mdclxxx,  in-19.  —  On  a 
attribué,  je  l'ai  déjà  dit,  ces  deux  petits  traités  anonymes  à  Pierre  Morin. 

(3>   Cf.  M.  Orozco  y  Barra ,  Geogrnfia  de  las  lenguas  y  carta  etnogrâfica  de  Mexico. 


—  191  — 

vallées  du  Rio  de  Jeres  et  du  Rio  de  San  Pedro ,  ces  représentants  d'un 
lointain  passé  ont  conservé  dans  ces  sites  presque  inaccessibles,  en  même 
temps  qu'une  indépendance  à  peu  près  complète,  toute  une  antique  ethno- 
graphie, dont  l'élude  détaillée  fournira  sans  doute  des  termes  de  compa- 
raison bien  curieux,  aux  historiens  et  aux  archéologues.  C'est  aussi  chez 
eux,  comme  chez  les  Téuls,  leurs  voisins,  que  les  aothropologistes  trouve- 
ront hien  conservé  l'ancien  type  du  Nayarit.  Déjà,  les  fouilles  pratiquées 
par  M.  Franco,  pour  la  Commission  du  Mexique,  dans  un  ancien  cimetière 
indien  de  San  Andrès  Téul(l)  avaient  fait  connaître  l'existence,  à  une  époque 
relativement  reculée,  en  cette  localité  sise  à  quelques  lieues  au  Nord  de  la 
Sierra  des  Huicholes,  de  sujets  au  crâne  relativement  élevé  et  raccourci. 

L'une  des  deux  pièces  que  les  indigènes  ont  recueillies  pour  M.  Diguet 
dans  une  grotte  du  canon  de  Raïmota  et  qui  viennent  de  me  parvenir,  un 
crâne  d'homme  adulte,  offre  des  proportions  analogues. 

Le  diamètre  antéro-postérieur  de  l'une  des  têtes  masculines  de  Téul 
atteignait  seulement  i65  millimètres,  mais  le  transverse  en  dépassait  1/16 
et  l'indice  céphalique  montait  par  suite  au  chiffre  élevé  de  88/18.  Les 
mêmes  mesures  sur  l'homme  de  Raïmota  égalent  16g  et  i45,  et  l'indice, 
encore  très  fort,  est  de  85.79.  Le  diamètre  basilo-bregmatique,  indéter- 
miné sur  le  sujet  de  Téul  pour  cause  de  mutilation ,  n'est  inférieur  que  de 
3  millimètres  au  transverse  sur  celui  de  Raïmota  et  fournit  ainsi  des  indices 
de  hauteur-longueur  et  de  hauteur-largeur  représentés  par  8 4. 02  et 
97.06. 

Le  crâne,  déterminé  d'une  manière  générale  par  les  mensurations  qu'on 
vient  de  lire,  est  un  crâne  épais,  d'une  ossature  plutôt  un  peu  massive. 
Plus  volumineux  que  ceux  de  Téul  (cap.  cran. ,  1 485";  cire,  horiz. ,  /19G""") , 
il  offre  les  mêmes  proportions  relatives  des  loges  antérieure  et  postérieure 
signalées  déjà  chez  ces  derniers.  La  loge  frontale  est  normalement  déve- 
loppée, l'occipitale  au  contraire  un  peu  rétrécie;  les  pariétaux  dessinent 
nettement  leurs  bosses  mais  s'infléchissent  assez  brusquement  en  arrière  et 
forment  avec  l'écaillé  occipitale  un  large  plan  à  peu  près  symétrique  qui 
vient  tomber  à  pic  sur  l'inion.  La  région  cérébelleuse  est  courte  et  renflée; 
les  détails  de  la  base  crânienne  sont  vigoureusement  marqués. 

La  face  est  mésosème  (haut,  tôt.,  90;  diam.  bizygom.,  1 33)  avec  l'in- 
dice 67.7.  Les  orbites  quadrilatères  sont  presque  aussi  hauts  que  larges 
(la  hauteur  et  la  largeur  moyennes  mesurent  l'une  cl  l'autre  à  peu  près 
38  millim.(i)).  La  racine  dunez  estétroite  (a3  millim.);  les  os  propres  sont 

Mexico,  i864,  in-h",  p.  282,—  A.  Garcia  y  Cubas,  Atlas  geogrâfico ,  estadistico 
e  l.istdrico  de  la  Repûblica  Mexicana.  Mexico,  3  858,  in-fol.,  cart.  XII. 

(1)  Cf.  E.-T.  Hamy,  Anthropologie  du  Mexique,  p.  /17. 

M  Sur  l'homme  de  Téul,  mentionné  plus  haut,  cet  indice  s'élevait  déjà  à 
9i.4a.  Le  même  rapport  s'abaissait,  il  est  vrai,  à  84. 21  sur  un  deuxième  sujet. 


—  192  — 

relativement  aplatis  et  le  squelette  nasal  est  presque  à  la  limite  supérieure  de 
la  mésorhinie  (nid.  nas.,  52).  Les  pommettes,  bien  accusées,  sont  fortement 
convexes;  les  fosses  canines  s'étalent  largement  et  l'intermaxillaire  est  pro- 
jetée en  un  prognathisme  localisé,  dont  l'état  des  alvéoles  empêche  malheu- 
reusement de  déterminer  l'amplitude,  qui  est  considérable.  La  voûte  pala- 
tine, peu  profonde,  est  fort  proclive  dans  son  quart  antérieur  :  une  seule 
grosse  molaire  s'y  trouve  encore  implantée,  c'est  la  deuxième  du  côté  droit. 
Cette  dent  est  atteinte  de  carie  latérale;  le  sujet  n'avait  plus  d'ailleurs  de- 
puis longtemps  que  des  canines  et  des  incisives. 

Un  second  crâne,  recueilli  comme  le  précédent  par  les  Huicboles  dans  le 
canon  de  Kaïmota  et  que  j'ai  aussi  trouvé  dans  l'envoi  que  jcviens  de  re- 
cevoir de  Guadalaxara,  est  un  crâne  de  jeune  femme,  beaucoup  moins  vo- 
lumineux que  le  premier  (cap.  cran.,  1280  centim.  cubes;  cire,  horiz., 
/*77  millim.),  à  peine  un  peu  plus  court  que  celui-ci  (d.  a.-p.,  168  millim.), 
aussi  élevé  proportionnellement  (d.  bas.-bregm.,  128),  mais  bien  plus 
étroit  (d.  br.-max.,  1 3 1).  L'indice  céphalique  horizontal  tombe  à  78;  les 
deux  autres  se  chiffrent  par  76.19  et  97.70.  Les  formes  générales  s'adou- 
cissent considérablement;  les  bosses  temporales  sont  moins  anguleuses,  le 
méplat  pariéto-occipital  est  moins  distinct,  la  chute  du  plan  postérieur  est 
moins  abrupte,  mois  l'ensemble  reproduit  en  somme,  en  les  allongeant  un 
peu,  les  courbures  du  sujet  mâle. 

L'indice  facial  (68.29),  l'indice  nasal  (52.27),  l'indice  orbilaire  (99.80) 
de  ce  crâne  féminin  se  confondent  presque  avec  ceux  du  crâne  masculin 
qu'il  accompagne.  Le  squelette  nasal,  mieux  conservé,  est  d'un  profil  un 
peu  busqué,  déterminé  par  une  crête  assez  nette.  Les  fosses  canines  sont 
mieux  limitées,  les  bourrelets  canins  et  les  fossettes  incisives  sont  plus 
accentués,  et  le  prognathisme  alvéolaire  est  mesuré  par  un  angle  de 
60  degrés. 

Ces  deux  sujets,  trouvés  dans  un  tumulus  du  canon  de  Raïmota,  au- 
raient appartenu,  d'après  les  indigènes  qui  les  ont  procurés,  à  une  autre 
race  que  la  leur.  Ces  Indiens  auraient  même  reconnu  ces  lêtes,  nous  dit 
M.  Diguet,  à  leurs  formes  raccourcies,  ce  qui  implique  qu'ils  auraient 
eux-mêmes  le  crâne  relativement  allongé.  Or,  des  différences  de  même 
ordre  ressortent  de  la  comparaison  des  pièces  tirées  des  deux  couches  de 
sépultures  de  ce  cimetière  indien  de  San  Andrès  Téul,  dont  il  était  ques- 
tion au  commencement  de  cette  note.  Les  lêtes  modernes  de  celle  nécro- 
pole que  j'ai  pu  voir  sont,  en  effet,  d'une  dolichocéphalie  très  accusée, 
tandis  que  les  crânes  anciens,  dont  nous  connaissons  les  indices,  débordent 
les  limites  de  la  brachycéphalie  la  plus  forte.  J'ai  déjà  dit  que  l'une  de  ces 
têtes  avait  pour  indice  88. 48;  le  même  rapport  se  chiffre  sur  les  deux  au- 
tres par  88.lt  1  et  92.^0. 


—  193  — 

En  faisant  la  moyenne  des  cinq  crânes  du  Nayarit  que  nous  possédons 
aujourd'hui,  on  obtiendrait  un  indice  qui  dépasserait  encore  86. 

Les  populations  les  plus  anciennes  du  Nayarit,  conunejoutes  celles  de  la 
Nouvelle-Espagne,  se  montrent  ainsi  extrêmement  brachycéphales  en  même 
temps  qu'elles  offrent  les  autres  caractéristiques,  tirées  du  développement 
proportionnel  en  hauteur,  du  prognathisme  alvéolaire,  et  que  j'ai  briève- 
ment résumées  dans  les  lignes  qu'on  vient  de  lire. 


Notes  concernant  l' anthropologie  et  la  zoologie  du  Baoulé, 

PAR   M.    DeLAFOSSE. 

Sur  l'aimable  invitation  qui  m'a  été  faite  par  M.  le  Directeur  du  Mu- 
séum, j'ai  cru  utile  de  consigner,  pour  vous  en  faire  part,  quelques-unes 
des  observations  anthropologiques  et  zoologiques  qu'il  m'a  été  donné  de 
faire  au  Baoulé,  province  centrale  de  la  Côte  d'Ivoire,  durant  les  trente 
mois  que  je  viens  d'y  passer. 

Les  habitants  du  Baoulé,  qui  se  donnent  à  eux-mêmes  ce  même  nom  de 
iïaoulé,  appartiennent,  historiquement,  linguistiquement  et  ethnographi- 
quement,  au  groupe  agni-otchi  ou  agni-achanli ,  qui  renferme  un  grand 
nombre  de  tribus  de  la  Guinée  centrale. 

La  brachycéphalie  m'a  paru  plus  répandue  chez  eux  que  la  dolichocé- 
phalie.  La  tête  est  haute,  quelquefois  ronde,  plus  généralement  ovale  et 
quelquefois  presque  rectangulaire.  Le  cou  est  généralement  grand  et  fin  : 
ce  caractère  est  même  considéré  comme  un  signe  de  beauté;  les  cous  courts 
et  gros  sont  rares  et  sont  l'objet  des  mépris  et  des  risées. 

Les  cheveux  deviendraient  très  longs  s'ils  n'étaient  pas  fréquemment 
coupés  et  rasés.  Ils  sont  peu  abondants,  disposés  en  touffes  assez  espacées 
et  régulièrement  alignées.  Ils  sont  le  plus  souvent  franchement  noirs,  rare- 
ment roux  et  exceptionnellement  couleur  filasse. 

Le  nez  est  rarement  aplati ,  bien  que  les  narines  soient  toujours  fort  larges 
et  leurs  bords  épais.  Il  est  généralement  droit,  quelquefois"  courbé  ou 
busqué,  presque  toujours  long,  et,  au  lieu  de  commencer  au-dessous  de 
la  ligne  des  sourcils  comme  dans  beaucoup  de  races  nègres,  il  commence 
presque  toujours  sur  celte  ligne  même.  Quelquefois  les  ailes  sont  fines  et 
le  nez  a  alors  complètement  l'aspect  d'un  nez  caucasique. 

Le  front  est  en  général  très  droit;  l'angle  facial  est  quelquefois  obtus. 
Le  front  est  d'une  largeur  moyenne,  plutôt  haut  chez  les  hommes,  bas  et 
étroit  chez  les  femmes. 

L'oreille  est  remarquablement  petite  et  bien  faite,  surtout  chez  la  femme. 
Son  défaut,  universel  d'ailleurs,  est  que  le  lobe  est  adhérent  à  la  tempe. 

Les  yeux  sont  presque  toujours  noirs  ou  bruns;  le  regard  est  limpide  et 

Muséum.  —  ni.  i5 


—  194  — 

généralement  expressif.  Chez  beaucoup  d'enfants,  les  yeux  sont  vraiment 
beaux.  Les  cils  sont  longs.  Les  sourcils,  bien  dessinés,  sont  assez  peu 
fournis. 

La  bouche  est  moyenne  chez  les  hommes ,  assez  souvent  petite  chez  les 
femmes.  Les  lèvres  sont  grosses  et  charnues  sans  exagération;  la  bouche 
étant  fermée,  on  aperçoit  prescjue  toujours  le  rouge  des  lèvres.  La  lèvre 
inférieure  n'est  pas  tombante.  11  arrive  assez  souvent  d'ailleurs  que  la  lèvre 
supérieure  est  fine  et  tombe  droit. 

L'extrême  mobilité  de  la  langue  dans  tous  les  sens  est  remarquable. 

L'orlhognathisme  est  aussi  général  que  le  prognathisme  :  ce  dernier,  qui 
n'est  jamais  très  accentué,  est  produit  le  plus  souvent  par  le  mode  d'im- 
plantation des  dents,  celles  d'en  haut  formant  avec  celles  d'en  bas  un  angle 
marqué,  et  non  par  la  forme  des  os  maxillaires. 

Les  membres  supérieurs  sont  bien  faits  et  bien  proportionnés.  Le  torse 
est  presque  universellement  très  long  par  rapport  à  la  taille  des  membres 
inférieurs.  C'est,  avec  la  généralité  de  la  brachycéphalie  et  de  l'orthogna- 
thisme,  le  caractère  distinctif  de  la  race. 

Les  jambes  sont  souvent  bien  faites  et  bien  musclées;  souvent  aussi, 
chez  les  hommes,  les  cuisses  et  surtout  le  bas  de  la  jambe  sont  d'une  gra- 
cilité excessive;  les  mollets  sont  presque  toujours  rudimenlaires.  Chez  la 
femme,  au  contraire,  les  cuisses  et  les  mollets  sont  bien  et  harmonieuse- 
ment développés.  Dans  l'un  et  l'autre  sexe,  les  jambes  sont  petites;  les  ge- 
noux et  la  pointe  des  pieds  sont  rapprochés,  les  talons  en  dehors. 

Les  mains  sont  tantôt  moyennes,  tantôt  grandes  chez  l'homme,  toujours 
petites  chez  la  femme.  Les  pie  îs  sont  très  généralement  grands  chez 
l'homme,  moyens  et  quelquefois  petits  chez  la  femme. 

Ni  la  circoncision  ni  l'excision  ne  sont  connues  chez  les  Baoulé,  tandis 
que  ces  deux  opérations  sont  pratiquées  chez  les  Dyoula.  Le  système  pileux 
est  assez  abondant.  Les  cuisses,  les  jambes  et  souvent  aussi  la  poitrine  et 
même  les  bras  sont  couveris  de  poils.  Les  moustaches  et  les  favoris  sont  peu 
fournis,  mais  la  barbe  atteint  souvent  de  belles  dimensions. 

On  ne  peut  attribuer  une  couleur  spéciale  à  la  famille  baoulé.  Ou  y  ren- 
contre toutes  les  nuances,  depuis  le  noir  foncé  jusqu'au  jaune  terreux.  C'est 
à  peine  si  l'on  peut  dire  que  certaines  couleurs  sont  plus  spécialement  af- 
fectées à  certaines  tribus,  qu'ainsi  les  Zipouri  sont  plus  souvent  noirs,  les 
Atoutou  chocolat,  les  Ouarèbo  bruns  et  les  Faafoué  rouges.  Les  teintes  les 
plus  fréquentes  sont  le  noir  chocolat  (couleur  de  l'intérieur  d'une  tablette) 
et  surtout  le  rouge  brun,  qui  devient  souvent  rouge  brique,  rouge  clair, 
jaune  et  café  au  lait. 

Pour  ce  qui  concerne  la  zoologie,  je  ne  parlerai  (pie  des  Mammifères.  Je 
crois  connaître  le  plus  grand  nombre  des  Mammifères  vivant  au  Baoulé, 
mais  il  existe  sans  doute  encore  un  certain  nombre  d'espèces  qu'il  ne  m'a 
pas  été  donné  de  rencontrer. 


—  195  — 

Lorsque  je  parle  du  Baoulé,  j'entends  le  Baoulé  proprement  dit,  c'est- 
à-dire  la  région  située  au  nord  de  la  forêt  dense,  et  formant  d'une  façon 
générale  un  triangle  dont  le  sommet  est  déterminé  par  le  confluent  du 
Bandama  et  de  son  principal  affluent  le  Nzi,  et  dont  les  côtés  seraient,  à 
l'ouest,  le  Bandama,  à  Test,  le  Nzi.  Cette  région  renferme  des  montagnes 
nombreuses  mais  peu  élevées,  des  plaines  couvertes  d'herbes  et  plantées 
tantôt  de  Borassus,  tantôt  de  petits  arbres  d'essences  diverses,  et  des  vallées 
boisées  dans  le  fond  desquelles  sont  des  cours  d'eau  le  plus  souvent  tempo- 
raires. 

Dans  le  nord-ouest  et  le  sud  du  Baoulé,  on  rencontre  le  Chimpanzé 
(Akalya);  ce  troglodyte  est  redouté  des  indigènes,  surtout  à  cause  de  sa 
ressemblance  avec  l'homme  qui  produit  en  général  une  crainte  supersti- 
tieuse. Le  Cynocephalus  sphinx  (Gbèkrè  ou  Wotoumo)  est  très  commun  par- 
tout; les  indigènes  en  capturent  souvent  pour  les  garder  près  de  leurs 
cases.  Les  statues  fétiches  de  ce  Singe  sont  très  répandues.  Les  autres  es- 
pèces de  Singes  que  je  connais  dans  le  Baoulé  sont  :  le  Cercopilhecus  aima, 
ou  Singe  à  dos  de  feu  {Kyh)\  le  Cercopilhecus  petaurista  ou  Pain  à  cacheter, 
ainsi  nommé  de  la  tache  blanche  qu'il  a  sur  le  nez  (Alilé);  le  Cercopilhecus 
ruber  {Kogyo)  au  poil  d'un  roux  fauve;  le  Cercopilhecus  callithrix  (?),  que 
les  Européens  appellent  «  Singe  vert»  et  les  indigènes  tr  Singe  blanc  »  (Pépé 
oufoué);  le  Colobus  vellerosus  ou  Singe  noir  (Foué),  recherché  pour  sa  chair 
et  sa  fourrure;  le  Colobus  fuUginosus ,  variété  rufo-niger,  ou  Singe  rouge 
(Taûé),  également  recherché  pour  sa  chair;  le  Cercocebus  fuUginosus  ou 
Singe  à  pieds  plats  (Kpan-mi)-,  un  Singe  de  très  petite  taille,  remarquable 
par  ses  yeux  vifs  et  intelligents,  à  fleur  de  tête,  et  la  couleur  noire  qui  dé- 
core ses  pattes,  appelé  par  les  indigènes  «l'Homme  noir»  (Sonan-blé)  ou 
«le  Singe  krifi»,  à  cause  de  son  cri.  On  rencontre  aussi  dans  cette  région 
une  sorte  d'Anomalure  (Nyarou),  que  je  n'ai  fait  qu'apercevoir. 

Un  animal  très  commun  et  que  pourtant  je  n'ai  jamais  pu  me  procurer 
est  le  Ouéya,  appelé  ainsi  à  cause  de  son  cri,  que  l'on  entend  presque 
toutes  les  nuits  dans  les  arbres  des  forêts,  surtout  au  bord  des  rivières.  Ce 
que  m'en  ont  dit  les  indigènes  me  porte  à  le  rapprocher  des  Paresseux  ou 
de  l'Aye-aye  de  Madagascar.  11  atteint,  paraît-il,  la  taille  d'un  Chat  ordi- 
naire; il  aurait  des  pattes  très  imparfaites  et  serait  obligé  de  s'aider  de  ses 
dents  pour  grimper  sur  les  arbres ,  dont  il  fait  sa  demeure  ;  il  se  tiendrait 
de  préférence  dans  les  arbres  creux  et  ferait  sa  nourriture  des  Insectes  logés 
entre  le  bois  et  l'écorce;  il  reste,  dit-on ,  sur  le  même  arbre  aussi  longtemps 
qu'il  y  trouve  de  quoi  se  nourrir;  ensuite,  il  se  laisse  tomber  à  terre  et 
gagne  à  grand'peine  un  arbre  voisin,  où  il  s'établit (1). 

Un  autre  animal,  moins  répandu,  est  le  Pangolin,  dont  il  existe  deux 
variétés  :  l'une,  petite  (Aourèmou);  l'autre,  de  grosse  taille  (Kplaré). 

■'  Il  s'agit  probablement  du  Perodicticus  polio.  (Note  de  la  Réd.) 

i5. 


—   196  — 

Parmi  les  Chéiroptères ,  je  connais  deux  espèces  :  YAiùaiiïarè,  petite 
Chauve-Souris  qui  porte  sur  le  front  un  bourrelet  circulaire  ressemblant  à 
un  œil  de  cyclope  sans  prunelle,  et  YAlcpan-ni,  auquel  les  indigènes  attri- 
buent les  mêmes  mœurs  sanguinaires  qu'au  Vampire  de  la  fable.  H  doit  en 
exister  d'autres. 

Les  Carnivores  sont  représentés  par  la  Panthère,  dont  il  existe  deux 
variétés,  le  Kan-garé  (Felis  pardus ,  variété  pœcihra),  et  le  Nzûénou-kan- 
garé,  ou  Panthère  des  rivières,  que  je  n'ai  pu  déterminer;  le  Felis  serval 
(Gyata);  le  Chat- tigre  ou  Felis  chrysolhrix  (Ouan-ga),  qui  est  très  com- 
mun; un  animal  de  petite  taille,  appelé  Aanga,  et  qui  est  peut-être  la  Nan- 
dinia  binotata;  la  Viverra  Poortmannii  (Sue),  très  répandue,  dont  le  mâle 
fournit  un  musc  très  apprécié  des  indigènes;  la  Genetta poensis  (Do-ou), 
l'Ichneumon,  Herpestes  ichneumon  (Kakoukakou) ,  une  sorte  de  Fouine  ap- 
pelée Sogroumbi,  qui  sont  tous  les  trois  la  terreur  des  poulaillers;  Ylchneu- 
mia  albicauda  (Kakramati) ,  moins  répandue  que  les  trois  espèces  précé- 
dentes; VHyeena  crocuta  (Bogrokqfi),  qui  atteint  de  fortes  dimensions,  est 
aussi  redoutable  aux  troupeaux  que  la  Panthère  et  occupe  dans  les  légendes 
populaires  du  Baoulé  la  même  place  que  le  Lion  dans  les  fables  de  La  Fon- 
taine; une  Loutre  de  grande  taille,  appelée  Chien  d'eau  (Nzûkûa),  qui  se 
rapproche  delà  Luira  inunguis,  avec  quelques  caractères  différentiels,  il 
me  semble  ;  enfin  le  Chat  et  le  Chien  qui  vivent  à  l'état  domestique;  le  pre- 
mier atteint  la  (aille  et  a  la  forme  de  nos  Chats  de  gouttière;  il  est  tantôt 
fauve  avec  rayures  grises  ou  noirâtres,  tantôt  noir,  tantôt  rouge;  le  Chien, 
d'un  poil  ras  et  fauve,  rappelle  le  Chien  d'Algérie,  mais  la  tête  est  plus 
allongée  et  la  queue  est  à  poils  ras;  il  y  a  aussi  des  Chiens  noirs. 

Je  connais  treize  espèces  de  Rongeurs  :  le  Rat  commun  (Gbékré) ,  qu'on 
trouve  dans  toutes  les  cases  et  qui  est  d'une  familiarité  excessive;  la  Souris 
des  maisons  (Kpo),  également  trop  répandue;  une  sorte  de  Campagnol 
(Sourou)^  ;  un  Écureuil  grisâtre  (Âkrémya)  qu'on  trouve  assez  fréquem- 
ment sur  les  Palmiers  à  huile  et  qui  est  souvent  pour  cela  désigné  à  tort 
sous  le  nom  de  rrRat  palmiste»;  un  autre  Rongeur,  fort  semblable  au  pré- 
cédent, mais  qui  habite  un  terrier  et  court  sur  le  sol  (kouasré);un  animal 
ressemblant  beaucoup  au  Loir  (Bote);  un  Rat  palmiste (Zinzingan);  une 
sorte  de  Souris  à  robe  zébrée,  qui  vit  dans  les  cases  et  les  greniers  (Sa- 
rangba);  un  Lièvre (Gban-mro),  très  analogue  au  Lièvre  d'Algérie;  le  Porc- 
épic  ordinaire  ou  Hystrix  crislala  (Fourc) ,  et  le  Porc-épic  à  longue  queue 
ou  Alhcrura  armata  (k'piu-:c). 

Un  Rongeur  qui  est  très  répandu  dans  tout  le  Baoulé  est  le  kpûèma  ;  je 
n'ai  pas  trouvé  son  analogue  dans  les  galeries  du  Muséum.  C'est  un 
animal  qui  atteint  la  taille  d'un  beau  Porc-épic;  il  a  la  tête  conformée 

O  11  s'agit  peut-être  d'un  Lophuromys  ou  d'un  Leimacomys.  (Note  de  la  Rédac- 
tion.) 


—   I(.)7  — 

comme  le  Cochon  d'Inde;  ses  pattes  sont  remarquables  par  ce  fait  qu'un 
doigt  est  complètement  atrophié  et  un  autre  fort  rudimen  taire,  ce  qui  fait 
que  les  empreintes  qu'il  laisse  sur  le  sol  semblent  appartenir  à  un  animal 
tridactyle.  La  peau  est  épaisse  comme  celle  du  Porc;  les  poils,  grisâtres, 
sont  rudes  et  très  peu  adhérents  à  la  peau;  la  chair  a  un  goût  intermé- 
diaire entre  celui  du  Lapin  et  celui  du  jeune  Porc.  Le  Kpûéma  habite  par 
troupes  plus  ou  moins  nombreuses  dans  des  terriers.  On  le  tue  facilement 
en  mettant  le  feu  aux  herbes  qui  avoisinent  son  terrier  et  en  le  forçant 
ainsi  a  prendre  la  fuite. 

Mes  domestiques  noirs  ont  trouvé  un  jour  dans  des  stores  qui  étaient 
restés  roulés  depuis  longtemps  toute  une  nichée  de  jeunes  animaux  qu'ils 
m'ont  présentés  comme  des  Rats  d'une  espèce  particulière;  ils  ressemblaient 
en  effet  à  des  Rats,  mais  avaient  le  corps,  et  surtout  la  queue,  recouverts 
d'un  poil  gris,  abondant,  dru  et  long.  Les  indigènes  appellent  cet  animal 
Agpoua-so;  bien  que  n'ayant  pas  vu  d'adultes,  je  crois  que  c'est  un  Galago, 
vraisemblablement  le  Galago  anomurus. 

Les  Ruminants  sont  représentés  au  Raoulé  par  le  Mouton  sans  laine, 
commun  à   toute  l'Afrique  occidentale;  la  Chèvre  domestique,  à  pattes 
courtes,  grosse  et  trapue;  une  sorte  de  Rouquetin  (Foutoué),  que  je  crois 
être  la  Capra  nubiana;  le  Rœuf  domestique,  assez  beau,  généralement 
blanc,  tacheté  de  brun  ,  ou  brun,  ou  noir;  le  Ruffle  commun  (Aoué)  et  une 
sorte  de  Rœuf  sauvage,  assez  rare,  appelé  Kongo,  dont  les  cornes  sont  ra- 
battues sur  le  dos;  enfin  par  onze  espèces  d'Antilopes  ou  Gazelles.  La  plus 
commune  de  toutes  est  l'Antilope  rousse,  a  taches  blanches,   Tragelaphus 
scriptus  (Ouo-nzani);  une  autre,  analogue,  mais  plus  grande  et  de  pelage 
plus  clair,  appelée  Dyangba,  est,  je  crois,  le   Tragelaphus  gratus.  VAde- 
nota  kob  ou  Antilope  à  cornes  tordues  (Frété)  est  très  abondante  également 
et  très  recherchée  pour  sa  chair.  La  plus  grosse  de  toutes  les  espèces  que 
je  connais  est  l'Antilope  cheval,  d'un  brun  très  foncé,  connue  sous  le  nom 
de  Gyotikou;  sa  chair,  proscrite  par  la  religion  chez  certaines  tribus,  est 
excellente;  c'est,  je  crois,  YHippolragus  equinus.  Une  autre  espèce,  presque 
aussi  grosse,  est  fauve,  avec  des  cornes  disposées  comme  celles  du  Cha- 
mois :  c'est  le  Kyégélujégé;  je  n'ai  pu  la  déterminer.  Une  autre  encore,  ap- 
pelée Frétêhongron ,  rappelle  de  très  près  YElcotragus  rcduncus.  Le  Dagbc, 
qui  a  les  cornes  rabattues  sur  le  dos,  est  sans  doute  un  Oryx.  Le Kréhrégya 
n'est  autre  chose  que  le  Cephalophus  doria ,  avec  pelage  rayé  de  noir,  aux 
cornes  microscopiques.  La  Gazella  nigricauda  (Aiigiia)  est  assez  commune. 
Je  connais  encore  deux  autres  espèces  que  je  n'ai  pu  déterminer  :  une  An- 
tilope de  couleur  brune,  qui  saule  plutôt  qu'elle  ne  court,  et  dont  la  chair 
est  réputée  malsaine  (Gya-ndé),  et  une  petite  Antilope  fauve  à  petites  cornes 
très  minces  (Kéténuè).  Le  Cerf  et  (ous  les  Ruminants  à  bois  sont  totalement 


Les  Pachydermes  sont  représentés  par  le  Sanglier  (Kokoti),  le  Phi 


—  198  — 

chœrus  (éthiopiens  (Wourè),  l'Eléphant  (Sut)  et  l'Hippopotame  (Nzùe-sui). 
J'ai  parle  aux  indigènes  d'une  espèce  d'Hippopotame  plus  petite,  voulant 
voir  si  l'on  connaissait  au  Baoulé  Y Hippopotamus  liberiensis;  personne 
n'a  compris  ce  dont  je  voulais  parler. 


Appeidice  aux  Notes  précédentes. 
Liste  des  Oiseaux  rapportés  par  M.  Delafosse  du  Baloué, 

PAR  M.    E.    OuSTALET. 

M.  Delafosse  a  remis  au  Muséum  quelques  Oiseaux  dont  je  donne  ci- 
après  la  liste  en  y  ajoutant  les  renseignements  fournis  par  le  voyageur  au 
sujet  de  chaque  spécimen. 

1.  Cextropcs  monachus  (Biïpp.). 

Nom  vulgaire  :  Coq  de  pagode  ou  Oiseau  moqueur. 
Nom  indigène  :  Brékou. 

Un  mâle  tué  à  Toumodi  (Baoulé).  Yeux  vert  doré,  à  prunelle  blanche; 
bec  noir;  pattes  gris  foncé. 

2.  LoPHOCEROS  SEMIFASCIATUS  (Hai'tl.). 

Nom  indigène  :  Aùéma. 

Un  mâle  tué  à  Toumodi  (Baoulé).  Yeux  noirs:  pattes  noires;  bec  jaune 
pâle,  avec  une  bordure  noire  et  des  taches  marron. 

3.  EuRYSTOMOS  AFER  (L.  H.). 

Nom  indigène  :  Kuaroro. 

Une  femelle  tuée  à  Toumodi  (Baoulé).  Bec  rouge  orangé;  yeux  bleus; 
pattes  grises. 

h.  Halcyon  chelicotensis  (Sharpe  ex  Stanley). 

Nom  indigène  :  Kahua. 

Mâle  tué  h  Toumodi.  Bec  et  pattes  rouges;  yeux  noirs. 

5.  Merops  albicollis  (V.). 

Nom  indigène  :  Oua-oua-noman  (Oiseau  de  la  saison  sèche). 
Un  mâle  et  une  femelle  tués  à  Toumodi.  Bec  noir;  yeux  bleu  foncé: 
pattes  marron. 

6.  Musophaga  violacea  (fsert). 
Nom  indigène  :  Beïra. 

Un  mâle  tué  à  Kouadio-kofi-kro  (Baoulé).  Bec  rouge  surmonté  d'un 
casque  jaune;  yeux  et  pattes  noirs. 


—  109  — 

7.  Anthodleta  collaris  (V.). 

Nom  indigène  :  Toorourou. 

Mâle  tué  à  Tounio  :i.  Yeux,  bec  et  pattes  noirs. 


Liste  des  Mammifères 

RECUEILLIS    PAR  M.    EdOVABD   Foa    DA\S    LA    REGIOy    DES    GRANDS    Lies 

PAR  M.   E.  DE  PoUSARGUES. 

Les  collections  dont  M.  E.  Foa  annonçait  l'envoi  dans  une  lettre  datée  de 
Tête  (Haut  Zambèze  ),  janvier  1897O,  sont  arrivées  en  bon  état  au  Mu- 
séum vers  la  fin  du  mois  de  mai;  ces  collections  contenaient  soixante-six 
dépouilles  de  Mammifères,  qui  se  répartissent  entre  trente-six  espèces, 
dont  voici  la  liste  : 

1.  Cercopitheccs  albigularis  (Syk.),  d  et  9.  —  Nom  indigène  : 
Nchima. 

2.  Cercopithecus  rufoviridis  (I.  Geoff.),  2  c?  et  9.  Nom  indi- 
gène :  Poussi. 

3.  Papio  cvnocephalus  (E.  Geoff.),  d\  —  Nom  indigène:  Coro  ou  Niani. 
Ce  spécimen,  d'une  taille  gigantesque,   mesure   1   mèlre  de  longueur 

pour  la  tête  et  le  corps,  et  0  m.  7  5  pour  la  queue.  Les  teintes  pâles  du 
pelage  présentent  de  grandes  analogies  avec  celles  du  P.  pruinosus,  récem- 
ment décrit  par  M.  0.  Thomas (2). 

h.  Gmalo  (Otolemur)  crassicaudatos  (E.  Geoff.),  ç$,  9  et  jeune.  

Nom  indigène  :  Tchanga. 

5.  Epomophorus  cryptorus  (Pet.),  d.  —  Nom  indigène  :  Mlémi. 
Le  Muséum  ne  possédait  encore  aucun  représentant  de  cette  espèce. 

6.  Rhtnchocyon  Cirnei  (Pet.),  3  tf,  1  9,  —  Nom  indigène  :  Zolo  ou 
Mboala. 

Ces  trois  exemplaires,  en  bon  état,  remplaceront  avantageusement  dans 
nos  galeries  l'unique  spécimen  un  peu  défectueux  que  M.  Foa  nous  avait 
déjà  rapporté  de  son  premier  voyage. 

7.  Petrodomus  tetradactvlis  (Pet.),  d\  —  Nom  indigène  :  Zolo. 

8.  Macroscelides  Intufi  (A.  Sm.),  1  d\  2  9  et  un  jeune.  —  Nom  in- 
digène :  Doundou. 

M  Voirie  Bulletin  du  Muséum,  p.  78,  a"  .'{,  1897. 
W  0.  Thomas.  P.  Z.  S.,  London,  p.  789,  1896. 


—  200  — 

9.  Felis  serval  (Schreb.),  c5*.  —  Nom  indigène  :  Ndjouzi. 

10.  Feus  caligata  (Tem.),  9.  — Nom  indigène  :  Bonga. 

11.  Genetta  feuna  (Thunb.),  9.  —  Nom  indigène  :  Marin'. 

12.  Herpestes  caffer  (Gm.),  ç$  et  9.  —  Nom  indigène  :  Nienga. 

13.  Helogale  onddlata  (Pet.),  9.  —  Nom  indigène  :  Ndounkounia. 

\k.  Grossarchus  fasciatus  (Desm.),  d*.  —  Nom  indigène  :  Soulou. 

15.  Sciurus  mutabilis  (Pet.),  d  et  jeune.  —  Nom  indigène  :  Gourou  ou 
Tchaomboua. 

1G.  Sciurus  cepapi  (A.  Sm.),  d.  —  Nom  indigène  :  Sitidé. 

17.  Eliomys  morinus  (Desm.),  d  et  jeune.  —  Nom  indigène  :  Ka- 
diamhimo. 

18.  Gerbillus  tendis  (A.  Sm.),  9.  —  Nom  indigène  :  Pagna  ou  Ron- 
gondo. 

19.  Steatomys  pratensis  (Pet.),  d  et  9.  — Nom  indigène  :  Néana. 
Gelte  intéressante  espèce  ne  figurait  pas  encore,  dans  nos  collections. 

20.  Mus  (Arvicanthis)  dorsalis  (A.  Sm.),  2  d,  2  9.  —  Nom  indigène  : 
Péra. 

21.  Mus  (Nannomys)  minutoides  (A.  Sm.),  d.  —  Nom  indigène  :  Tsou- 
hochenzi. 

22.  Saccostomus  campestris  (Pet.),  d  et  9.  —  Nom  indigène  :  Msouko. 

23.  Aulacodus  calamophagus  (de  Beerst.),  d  et  jeune. —  Nom  indigène  : 
Tchenzi. 

Cette  nouvelle  espèce  ne  diffère  peut-être  pas  de  celle  que  Pelers  avait 
rencontrée  sur  les  bords  du  Zambèze  et  qu'il  avait  d'abord  distinguée  dans 
ses  manuscrits  sous  le  nom  à' A.  variegatusm;  les  dimensions  sont  sensi- 
blement égales,  et  les  soies  mouillées  présentent  les  mêmes  reflets  mélal- 
liques  et  irisés.  De  retour  en  Europe,  le  célèbre  zoologiste  allemand  revint 
sur  sa  première  détermination ,  et  identifia  sa  nouvelle  espèce  avec  VA.  swin- 
derenianus  (Tem.),  mais  malheureusement  sans  fournir  d'indications  sur  la 
forme  et  les  dimensions  du  crâne  des  spécimens  qu'il  avait  recueillis.  La 
tête  osseuse  de  VA.  calamophagus  présente ,  comme  je  l'ai  dit ('2',  une  hauteur 
et  une  largeur  considérables,  et,  par  sa  forme  et  ses  proportions,  diffère 
notablement  de  tous  les  crânes  d'yl.  swindcrenianus  de  l'Ouest  africain  aux- 
quels j'ai  pu  la  comparer;  à  plus  forte  raison,  ce  nouveau  type  est-il  dis- 
tinct des  espèces  A.  gregorianus {3)  et  A.  Sclaleri m  créées  dernièrement 

(l)  Pelers.  Reisa.  n.  Mossamlique,  p.  1 38 ,  rbbù. 

W  Bull,  du  Muséum,  p.  160,  n°  5,  1897. 

W  0.  Thomas.  Ann.  Mag.  natur.  hist.  Ser.  6.  Vol.  XIII,  p.  fîoa.  1  89^. 

w  O.  Thomas.  Zool.  Anz. ,  p.  190,  n°  53a,  3i  mai  1897. 


—  201  — 

par  M.  0.  Thomas,  et  dont  les  télés  sont  plus  f*ail>les  encore  que  celle  de 
l'Aulacode  de  Swinderen. 

24.  Lepcs  ochropds  (Wagn.),  cf  et  a  jeunes.  —  Nom  indigène  :  Ka- 
loulou. 

25.  Dendrohyrax  arboreus  (à.  Sm.),  9.  —  Nom  indigène  :  Moembéré. 

26.  Procavia  Brlcei  (Gr.),  cf.  —  Nom  indigène  :  Bira. 

27.  Eqccs  Burchellf,  var.  Crawshavi  (Wint.),  cf.  —  Nom  indigène  : 
Mbidzi. 

Ce  spe'cimen  que  je  n'avais  pu  déterminer  qu'avec  doute,  d'après  la 
courte  diagnose  préliminaire  publiée  par  M.  de  Winton(1),  répond  exacte- 
ment à  la  description  plus  complète  que  M.  Pocock (2)  a  donnée  récemment 
de  celle  nouvelle  variété  du  Dauw. 

28.  Bubaus  Lichtensteim  (Pet.),  cf ,  9  et  jeune.  —  Nom  indigène  : 
Gondo. 

29.  Cephalophus  Grimmi  (L.),  9.  —  Nom  indigène  :  Nyassa-Insa. 

30.  Nesotragus  moschatis  (v.  Dub.),  cf  et  9.  —  Nom  indigène  :  Ka- 
doumba  ou  Roumza. 

31.  Cervic.apra  arundinum  (Bodd.),  2  cf  et  2  9.  —  Mpoio. 

32.  jEpvceros  melampus  var.  Johnstoni  (Thos.),  cf  et  9.  —  Nom  in- 
digène :  Nsouala  ou  Palla. 

Cette  variété  à  courtes  cornes  ne  figurait  pas  encore  dans  nos  collections. 

33.  Oreas  canna  var.  Livingstonii  (Sel.),  9.  —  Nom  indigène  :  Ncheffbu. 
Nous  ne  possédions  pas  davantage  cette  race  à  lianes  rayés. 

34.  Strepsiceros  kodu  (Gr.),  cf.  —  Nom  indigène  :  Ngoma. 

Cette  espèce  n'était  représentée  dans  nos  galeries  que  par  des  exemplaires 
ayant  vécu  en  Ménagerie. 

35.  Tragelaphcs  scriptus  Roualeyni  (G.  Cum.),  cf  et  9.  —  Nom  in- 
digène :  Mbaouala. 

36.  Tragelaphus  Angasi  (Ang.),  cf  et  9.  —  Nom  indigène  :  Boo-Inyala. 
Ce  beau  Guib  de  l'Afrique  sud -orientale  manquait  encore  à  nos  col- 
lections. 

Toutes  ces  pièces,  en  bon  état  de  conservation,  permettront  de  combler 
hien  des  vides  dans  nos  galeries  et  nous  sont  d'autant  plus  précieuses  que 

M   Do  Winlon.  Ann.  Ma/r.  nat.  hist.  Ser.  6.  Vol.  XVII,  p.  3u>,  1896. 
M  H.  I.  Pocock.  Ann.  Mag.  nat.  hist.  Sov.  6.  Vol.  XX.  p.  /ili,  1897. 


—  202  — 

nous  n'avons  que  rarement  l'occasion  de  recevoir  des  collections  de  la  côte 
orientale  d'Afrique,  où  nous  ne  posse'dons  aucune  colonie,  à  part  nos  sta- 
tions d'Obock  et  de  Djibouti,  sur  le  littoral  du  golfe  d'Aden. 


Sun    LA    VALIDITÉ    GENERIQUE    ET   SPECIFIQUE 

nu  Bdeogale  nigripes  (Pucii.), 

PAR    E.    DE  PoUSARGUES. 

Dans  un  précédent,  travail (l),  j'ai  déjà  eu  l'occasion  d'insister  sur  les  ca- 
ractères qui  nécessitent  la  distinction  du  Bchogale  nigripes  (Puch.)  d'avec 
un  autre  Herpestidé,  Ickneumia  albicauda  (G.  Guv.  ),  qui  présente  avec  lui 
de  grandes  ressemblances  sous  le  rapport  de  la  coloration  du  pelage  et  que, 
pour  cette  raison,  l'on  avait  cru  devoir  lui  être  assimilé.  Faute  de  matériaux 
suffisants,  il  m'avait  été  impossible  de  fournir  à  ce  sujet  toutes  les  preuves 
désirables;  grâce  au  zèle  et  aux  recberclies  du  R.  P.  Buléon,  que  je  tiens  à 
remercier  ici ,  je  peux  aujourd'hui  combler  cette  lacune  d'après  l'examen 
d'un  magnifique  spécimen  femelle  adulte  de  cette  espèce  contestée,  tué 
dans  le  pays  des  Eschiras  (Congo  français).  Cet  exemplaire  mesure 
o  m.  67  pour  la  tête  et  le  corps,  o  m.  89  pour  la  queue,  et,  en  ce  qui 
conc  rne  le  pelage  et  le  mode  de  conformation  des  membres,  répond  en 
tous  points  aux  observations  faites  par  M.  Barboza  du  Bocage  sur  deux  spé- 
cimens d'Angola.  rrCes  deux  individus  femelles,  écrit  l'éminent  naturaliste 
portugais,  différent  de  Y  H.  albicauda  par  leur  système  de  coloration  et  par 
l'absence  du  premier  doigt  aux  membres  antérieurs  et  postérieurs.  La  four- 
rure, composée  de  poils  plus  courts,  annelés  de  blanc  et  de  noir,  non  entre- 
mêlés de  longs  poils  noirs  si  abondants  chez  YH.  albicauda,  présente  une 
coloration  uniforme  tiquetée  de  blanc  sur  un  fond  noirâtre.  Le  noir  des 
membres  est  moins  étendu (2)."  Les  adultes  présentent  donc  constamment 
un  pelage  plus  court  que  les  jeunes;  quant  à  la  tétradactylie  constatée  sur 
six  spécimens,  deux  au  Musée  de  Lisbonne  et  quatre  au  Muséum  de  Paris, 
elle  est  indéniable,  et,  de  ce  fait,  ces  animaux  doivent  être  admis  dans  le 
genre  Bdeogale.  Celte  conclusion  se  trouve  confirmée  par  le  mode  de  con- 
formation du  crâne  et  des  dents,  comme  on  peut  s'en  convaincre  d'après 
les  figures  ci-contre. 

La  tête  osseuse  est  herpestiforme,  mais  se  distingue  immédiatement  de 
celle  des  Mangoustes  et  de  l'Ichneumie,  d'une  part,  par  l'étroites^e  et  l'al- 

0)  De  Pousargues.  Mamm.  Congo  franc.  (Ann.  Se.  nat.  Zool.  8e  Sér.  T.  III. 
p.  3o(î,  1896.) 

M  Barboza  du  Bocage.  Jom.  Se.  math.  phys.  natur.  Lisboa.  9e  série,  n°  3,  p.  1 80, 
.889. 


—  203  — 

longement  de  toute  la  portion  postérieure  encéphalique;  d'autre  part,  par 
la  brièveté  relative  et  la  largeur  de  la  région  faciale  très  renflée.  Le  palais , 
large  et  légèrement  concave  d'avant  en  arrière,  se  rétrécit  à  peine  au  niveau 


^m»» 


Bdengale  nigripes  (Pucli.).   ojli  gr.  uni. 

des  prémolaires  et  des  canines,  et  n'offre  pas  le  pincement  particulier  des 
Herpestes.  Les  arcades  zygomatiques  sont  longues,  mais  relativement  faibles. 
et  pou  arquées  en  haut  et  en  dehors.  Les  deux  branches  de  la  mâchoire 
intérieure  forment  un  angle  plus  ouvert  que  chez  les  Mangoustes,  ce  qui  est 


—  204  — 

en  rapport  avec  la  largeur  de  la  voîile  palatine:  chacune  d'elles  présente, 
suivant  son  axe  longitudinal,  une  torsion  spirale  aussi  marquée  que  dans  le 
genre  Rkinogale;  aussi  la  symphyse  est-elle  large  et  fuyante,  et  les  canines 
inférieures  projetées  en  dehors. 


B.    N1GR1PES 

MESURES   DU    CRÂNE. 

.— — — 

TYPE 

9 

JEUNE. 

ADULTE. 

million. 

iiiilliin. 

Longueur  du  crâne,  de  l'avant  des  prémaxillaires  au  point  le 

97 
5o 

i  ao 

58 

20 

a6 

du  palais  entre  les  points  où  P4  et  M1  se  touchent  par 

33 

39 

Longueur  du  palais  de  l'avant  des  prémaxillaires  jusqu'au  nii- 

34 

43 

—       Longueur  totale  du  palais  de  l'avant  des  prémaxil- 

5a 

7° 

Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  ici  les  caractères  que  Pelers(1) 
et ,  après  lui ,  St-George  Mivart (2)  ont  assignés  au  genre  Bdeogak  pour  la 
dentition  : 

tf  i°  Le  côté  externe  de  la  carnassière  supérieure  P4  est  a  peine  plus  long 
que  son  côté  antérieur;  chez  les  Herpestes  et  Crossarchus,  il  est  beaucoup 
plus  long. 

tf  9.°  Sur  le  côté  postéro-interne  de  P"  se  trouve  un  -petit  tubercule  place 
entre  le  .gros  tubercule  interne  et  le  long  tubercule  médian  externe. 

rr3°  La  portion  antérieure  de  la  carnassière  inférieure  Mt,  qui  chez  les 
Herpestes,  Crossarchus  et  Rhizœna  est  trituberculée,  se  distingue  par  un 
quatrième  petit  tubercule  antéro- externe;  de  telle  sorte  que  la  section 
horizontale  et  transversale  de  cette  partie  ne  forme  pas  un  triangle,  mais 
un  quadrilatère  irrégulier.  ^ 

Aucun  de  ces  caractères  ne  se  remarque  chez  l'Ichneumie  ;  on  les  retrouve 
très  nettement  chez  le  B.  nigripes,  dont  la  dentition  présente  en  outre  les 
particularités  suivantes  : 

Comme  chez  les  Bdeogales  de  l'Afrique  orientale,  les  canines  supérieures 


O  Pelers.  Reise  n.  Moss.  Sàug.,  p.  tai,  i85a. 

M  Si. -George  Mivart.  On  the  Mluroidea.  (P.  Z.  S.  LonJon,  p.  179,  1882.) 


—  205  — 

sont  comprimées  latéralement  et  en  forme  de  lames;  elles  présentent  en 
avant  el  surtout  en  arrière  un  tranchant  aigu.  Ce  caractère  est  beaucoup 
moins  marqué  chez  les  Mangoustes  et  à  peine  sensible  chez  richneumie, 
dont  les  canines,  plus  faibles  d'ailleurs,  ont  une  section  transversale  presque 
circulaire. 

La  carnassière  supérieure  P'1  présente,  en  avant  et  en  dedans  du  tuber- 
cule antéro-interne ,  un  petit  tubercule  supplémentaire  bien  formé  qui 
s'élève  jusqu'à  mi-hauteur  de  la  dent. 

La  portion  interne  delà  première  molaire  supérieure  M1  est  large,  ar- 
rondie et  franchement  tricuspide. 

La  dernière  molaire  supérieure  est  presque  aussi  développée  dans  le  sens 
longitudinal  que  dans  le  sens  transversal  et  diffère  beaucoup  comme  forme 
de  la  même  denteliez  richneumie;  si  le  percentage  (77)  est  sensiblement 
le  même  pour  les  deux  espèces ,  c'est  en  raison  de  la  forme  toute  particidière 
de  la  carnassière  supérieure  dans  le  genre  Bdeogale. 

Les  molaires  inférieures,  de  dimensions  presque  égales,  ont  une  struc- 
ture plus  compliquée  que  chez  les  autres  Bdeogales.  Vers  le  milieu  du  côté 
externe  de  la  première,  M  ,  entre  la  portion  antérieure  quadricuspide  et 
la  portion  postérieure  moins  élevée  bicuspide,  se  dresse  un  petit  tubercule 
adventif  bien  formé,  dont  je  n'ai  trouvé  aucune  trace  chez  les  espèces  est- 
africaines.  Quant  à  la  dernière  molaire,  M2,  elle  ne  compte  pas  moins  de 
sept  tubercules,  dont  deux  antérieurs  élevés,  trois  médians  plus  faibles,  et 
deux  postérieurs  moins  développés  encore  et  formant  talon. 

D'après  l'exposé  de  ces  caractères,  on  voit  que  la  dentition  du  B.  nigripes 
diffère  considérablement  de  celle  de  l'Ichncumie  par  la  forme  et  les  pro- 
portions des  molaires;  elle  se  rapproche  au  contraire  bien  plus  de  celle  du 
Rhinogale,  ainsi  que  J.-E.  Grayll)  l'avait  reconnu  pour  les  B.  puisa  et 
B.  crassicauda  de  l'Afrique  orientale. 


Note  sur  l  ovaire  du  Didelpbis  cancrivora  (Gmel.), 
par  G.  Devez. 

(Laboratoire  de  M.  Milne  Edwards.) 

Durant  notre  séjour  à  la  Guyane,  nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  de 
près  quelques  spécimens  de  Marsupiaux  de  la  région  équinoxiale.  Nous 
nous  proposons  aujourd'hui  de  faire  connaître  les  résultats  de  nos  recher- 
ches sur  ces  représentants  si  curieux  de  la  faune  américaine. 

Depuis  notre  retour,  nous  continuons  nos  investigations  sur  les  diffé- 
rents appareils  des  Didelphes.  Les  quelques  animaux  que  nous  avons  rap- 

(»>  J.-E.  Gray.  On  the  Viverridœ.  (P.  Z.  S.  London,  p.  567,  i864.) 


—  206  — 

portes  n'ont  pas  lardé  à  succomber  a  la  ménagerie  du  Muséum.  Nous  espé- 
rons cependant  en  recevoir  bientôt,  ce  cpii  nous  permettra  de  poursuivre 
nos  recherches  dans  de  meilleures  conditions. 

Nous  avons  eu  plus  particulièrement  à  notre  disposition  le  Didelphis  can- 
crivora  (Gmel.)  et  le  Did.  opossum  (L.),  mais  nous  n'avons  pas  pu  nous 
procurer  ni  directement,  ni  par  les  indigènes,  le  Clnronectes  oyapock  sur 
lecpiel  nous  aurions  voulu  contrôler  les  découvertes  de  nos  prédécesseurs 
et  rechercher  les  nombreuses  aberrations  que  nous  avons  tout  heu  de 
soupçonner  chez  cette  espèce. 

Dans  l'observation  que  nous  présentons,  il  s'agit  d'une  femelle  de  Did. 
cancrivora,  adulte  mesurant  o  m.  35  de  l'extrémité  du  museau  à  la  nais- 
sance de  la  queue  (la  queue  avait  une  longueur  de  o  m.  38),  sur  la- 
quelle nous  avons  opéré  la  castration  double  sous  le  chloroforme. 

Les  ovaires  étaient  reliés  normalement  par  un  ligament  utéro-ovaiïen 
très  large  à  l'utérus  du  même  côté.  Ce  puissant  ligament,  dans  un  dédou- 
blement duquel  se  trouvait  la  trompe,  se  continuait  directement  sur  la 
paroi  pelvienne  après  avoir  pris  insertion  sur  le  bile  de  la  glande,  rappe- 
lant par  sa  forme,  sa  direction  et  ses  rapports  le  ligament  large  de  la 
femme. 

L'utérus,  qui  était  vide,  recouvrait  totalement  la  glande  par  sa  portion 
salpingienne,  en  sorte  que  l'ovaire  était  dirigé  presque  transversalement, 
son  bile  regardant  en  bas  et  en  dedans. 

La  glande,  réniforme,  de  couleur  uniformément  rosée,  ne  montrait  pas 
la  surface  crevassée  de  corps  jaunes  (pie  nous  avons  eu  l'occasion  d'obser- 
ver sur  d'autres  sujets. 

Les  dimensions  n'étaient  pas  les  mêmes  des  deux  côtés  :  a  millim.  7  à 
droite,  3  millimètres  à  gauche  pour  le  plus  grand  diamètre  et  1  millim.  2 
de  largeur. 

L'examen  sous  le  microscope  après  fixation  au  Flemming  et  coloration 
au  picro-carmin  nous  a  fourni  les  renseignements  suivants  : 

Sur  une  coupe  transversale,  à  un  faible  grossissement  (90  diamètres), 
on  voit  que  l'organe  est  entouré  : 

i°  d'un  épithelium  cylindrique  de  revêtement,  distinct  de  l'épi thélium 
péritonéal.  Le  péritoine  s'arrête  au  bile  de  la  glande  pour  se  prolonger 
sur  le  ligament  large-utéro-ovarien  que  nous  avons  signalé  plus  haut. 
L'épithéiium  ovarique  présente  dans  nos  coupes,  à  un  fort  grossissement, 
une  zone  externe  manifestement  constituée  par  des  cils  vibratiles.  Le  fait 
est  assez  intéressant  à  noter  ici,  de  Sinéty  ayant  signalé  la  présence  d'un 
revêtement  cilié  chez  la  femme. 

20  Au-dessous,  et  sans  transition  brusque,  on  reconnaît  la  couche  covli- 


—  207  — 

cale  très  développée,  de  nature  conjonctive.  Nous  n'avons  pas  reconnu 
jusqu'ici  l'existence  de  libres  lisses  dans  sa  constitution. 

Dans  son  épaisseur  sont  distribués  les  ovisacs  en  très  grand  nombre  et 
à  tous  les  degrés  de  développement  depuis  le  tube  à  peine  invaginé 
de  Valentin  Plugger,  jusqu'au  follicule  complet  qui  peut  atteindre 
o  millim.  65  de  diamètre. 

La  tunique  externe  de  l'ovisac  est  très  nette ,  distincte  du  stroma  de  la 
glande  qui  l'environne.  Elle  est  de  nature  fibreuse  et  contient  de  nombreux 
vaisseaux.  Sa  paroi  interne  est  limitée  par  un  épithélium  cylindrique  stra- 
tifié (membrane granuleuse) ,  se  continuant  insensiblement  avec  les  cellules 
polyédriques  de  la  teca  folliculi.  Le  disque  ovigère  ne  présente  rien  de 
particulier  et  contient  l'ovule  (nous  avons  toujours  rencontré  un  seul  ovule 
par  ovisac). 

Dans  nos  coupes,  nous  apercevons  des  lacunes  séparées  par  des  travées 
conjonctives,  dans  la  plupart  des  ovisacs  mûrs.  Ces  lacunes  sont-elles 
destinées  à  renfermer  un  liquide  folliculaire?  Nous  n'avons  pas  pu  le  véri- 
fier. 

L'ovule,  à  maturité,  mesure  o  millim.  20  à  0  millim.  20.  Il  contient 
un  gros  noyau,  dans  lequel  on  aperçoit  un  nucléole,  plus  généralement 
deux,  très  réfringents.  Le  noyau  a  66  f*  de  diamètre,  les  nucléoles  envi- 
ron 8p- 

Dans  toutes  nos  préparations,  l'ovule  est  entouré  d'une  zone  bien  dé-li- 
mitée. Nous  n'osons  pas  encore  certifier  que  c'est  une  membrane  anbyste. 
Nous  inclinons  fort  cependant  vers  cette  bypotbèse,  quoiqu'il  soit  tou- 
jours possible  de  rejeter  sur  le  compte  des  réactifs  l'existence  de  cette 
membrane  d'enveloppe. 

3°  La  couche  médullaire  existe  ici  avec  tous  ses  caractères.  Les  vaisseaux 
y  sont  particulièrement  développés,  et  donnent,  surtout  dans  une  coupe 
longitudinale  de  la  glande,  l'illusion  d'un  véritable  tissu  érectile  limité  par 
un  endotbélium.  Les  filets  nerveux  sont  disséminés  dans  la  trame  conjonc- 
tive, au  milieu  des  vaisseaux  et  des  fibres  lisses  qu'il  est  facile  de  mettre  en 
évidence. 

En  résumé ,  l'ovaire  du  Dtdelphis  cancriwra  ne  rappelle  en  rien  l'ovaire 
en  grappe  des  Monotrèmes ,  mais  se  rapproche  considérablement  de  la 
glande  femelle  des  Vertébrés  supérieurs.  Il  présente  comme  caractère  une 
différenciation  très  nette  qui  permet  de  suivre  pour  ainsi  dire  pas  à  pas  sur 
une  même  coupe  l'évolution  de  l'ovisac.  Mieux  qu'ailleurs  on  peut  ainsi  se 
rendre  compte  de  l'exactitude  de  la  découverte  de  Valentin  Pfugger. 


—  208  — 
Notice  sur  quelques  Oiseaux  de  la  Chine  occidentale. 

PAR    M.    E.    OuSTALET. 

Dans  les  collections  envoyées  de  Tatsien-lou,  en  1896,  par  le  R.  P.  De- 
jean,  j'ai  trouve'  deux  Passereaux  qui,  en  dépit  de  leur  livrée  modeste,  pré- 
sentent un  grand  intérêt,  parce  qu'ils  constituent  le  type  d'une  espèce  et 
d'un  genre  nouveaux  offrant,  à  mou  avis,  des  affinités  non  seulement  avec 
des  Passereaux  de  l'Asie  méridionale,  mais  encore  avec  des  Passereaux 
africains,  australiens  et  néo-zélandais.  Je  désignerai  le  genre  sous  le  nom 
de  Rhabdochlamys  w,  à  cause  du  dessin  du  manteau,  et  l'espèce  sous  le 
nom  de  Rhabdochlamys  Dejeani  et  j'en  donnerai  les  diagnoses  suivantes  : 

Rhabdochlamys  nov.  gen.  Timeliidarum,  Cinclorliampho,  Calamanlbo 
et  Sphenœco  generibus  afïine,  sed  rostro  breviore,  crassiore,  superne  magis  incur- 
vato,  caudœ  peimis  acuminatis  distinguendum. 

Rhabdochlamys  Dejeani  nov.  spec.  capile,  collo,  dorso,  alarum  tec- 
Iricibus,  rcclricibusque  mediis  isabellinis,  vittis  nigris  densis,  in  longiludinetn  si- 
gnatis,  gula  gastrique  parle  média  albescenlibus,  lateribus  guttulis  striisque  nigris 
ornatis,  caudœ  pennis  laterahbus  maculi  alba  in  extremitate  incisis. 

Long.  tôt..  0  m.  1 85  ;  alœ,  0  m.  087  ;  caudœ,  0  m.  o83,  rostri(cuhn.),  0  m.  01  2  ; 
tarsi,  0  m.  03 0. 

Cette  espèce  rappelle  beaucoup,  par  l'aspect  général  de  son  plumage, 
certains  Aitthus,  comme  ïAnthus  correndera ,  certains  Spheneecus,  comme  le 
Flûteur  (Spheneecus  ajricanus) ,  comme  le  Spheneecus  punctatus,  ou  bien 
encore  le  Megalurus  pabistris  du  Bengale;  mais  il  offre  des  stries  longitudi- 
nales beaucoup  plus  larges,  beaucoup  [dus  accusées  et  plus  nombreuses 
sur  toutes  les  parties  supérieures,  depuis  le  front  jusqu'à  la  queue  et 
même  sur  les  deux  rectrices  médianes.  Ces  stries  se  détachent  sur  un  fond 
isabelle  ou  fauve  pâle,  un  peu  lavé  de  rose.  Les  joues  sont  mouchetées  de 
noir,  de  même  que  les  côtés  du  menton ,  dont  le  milieu  est  d'un  fauve  pale; 
plus  bas,  sur  les  côtés  de  la  poitrine,  les  mouchetures  se  transforment  en 
flammèches,  et  plus  bas  encore,  sur  les  côtés  du  ventre,  en  raies  très  fines. 
Les  premières  pennes  alaires  sont  brunes  avec  des  lisérés  olivâtres,  et  les 
rectrices  latérales,  qui  contrastent  par  leur  couleur  et  leur  forme  avec  les 
rectrices  médianes,  sont  brunes  avec  une  tache  blanche  à  l'extrémité.  Cette 
tache  entaille  l'extrémité  de  la  plume,  en  respectant  la  lige  qui  reste  noire 
et  va  en  diminuant  d'importance  de  dehors  en  dedans;  elle  disparaît  même 
sur  les  deux  pennes  qui  touchent  celles  de  la  série  médiane.  Celles-ci  sont 

'1J  De  paëêos,  slrie  et  ^Aafxùs,  manteau. 


—  209  — 

fauves-,  rayées  de  noir,  et  régulièrement  effilées,  tandis  que  les  rectrices 
suivantes  ont  leurs  barbes  internes  taillées  obliquement  à  l'extrémité,  beau- 
coup plus  hardiment  que  chez  les  Cinclorhamphus  australiens.  Le  bec  est 
d'ailleurs  bien  plus  court,  plus  épais  relativement  et  plus  fortement  re- 
courbé en  dessus  que  chez  ces  derniers  Oiseaux;  il  rappelle  un  peu  par  sa 
forme  le  bec  des  Rhopophilus ,  des  Pycloris ,  des  Dumelia,  etc.  Les  pattes 
sont  fortes  et  les  doigts  sont  munis  d'ongles  robustes  et  recourbés,  comme 
chez  les  Chinclorhamphus.  L'ongle  du  pouce  est  particulièrement  développé. 

D'après  les  notes  de  M.  Dejean,  le  Hhabdochlamys  Dejéani  porte  au 
Setcbnan  le  nom  local  de  Chouy-ty-ma-tse. 

Les  mêmes  collections  renferment  une  petite  Mésange,  du  groupe  des 
Mésanges  de  marais  ou  des  Nonnettrs,  qui  ressemble  tellement  à  des  spé- 
cimens de  Parus  meridionalis  Sclater;1)  venant  d'Oaxaca  (Mexique)  et  fai- 
sant partie  des  collections  du  Muséum,  que,  si  l'on  ne  tenait  compte  des 
différences  de  provenance  et  de  légères  dissemblances  dans  les  propor- 
tions du  bec,  des  ailes  et  de  la  queue,  on  serait  tenté  d'attribuer  tous 
ces  Oiseaux  à  une  seule  et  même  espèce.  Le  bec  de  Ja  Mésange  de  Tatsien- 
lou  est  plus  court  et  relativement  plus  épais,  les  ailes  et  la  queue  sont  un 
peu  moins  développées  que  chez  les  Parus  meridionalis  du  Mexique,  mais 
la  coloration  du  plumage  est  la  même.  Peut-être,  toutefois,  le  haut  de  la 
poitrine  et  le  milieu  du  ventre  sont-ils  un  peu  moins  blancs  que  chez  les 
Mésanges  mexicaines.  L'espèce  de  Tatsien-lou,  qui  peut-être  par  la  suite 
pourra  être  ramenée  au  rang  de  simple  race,  porte  le  nom  local  de  Ré- 
téou.  On  peut  la  caractériser  en  ces  termes  : 

Parus  Dejeani  n.  sp.,  a  Paro  méridional]  rostro  breviore  et  crassiore,  alis 
caudaque  brevioribus  distingueiula. 

Long,  tôt. ,  o  m.  125;  ake,  o  nt.  o65;  caucke,  o  m.  060;  rostri(cuhn.),  o  111.  oo5; 
larsi ,  o  111.  016. 

Cette  espèce,  d'aspect  modeste,  appartient  à  cette  catégorie  de  formes, 
de  plus  en  [dus  nombreuses,  qui  établissent  des  connexions  entre  la  forme, 
ornithologique  de  l'Asie  centrale  et  celle  de  l'Amérique  du  Nord*  Elle  se 
retrouve  à  Tsékou,  dans  le  Haut-Y un-nan. 

D'autres  Mésanges,  envoyées  en  même  temps  par  M.  Dejean,  se  rap- 
portent à  l'espèce  que  MM.  Berezowski  et  Blanchi  ont  décrit/'  et  figurée  en 
1891,  dans  la  partie  ornithologique  du  !  oyage  de  Polmiiiie[->  sous  le  nom 
de  Pœcilc  Davidï®-.  Elle  porte  la  calotte  et  le  rabat  noirs  des  Parus  afer, 
atricapilla,  meridionalis ,  etc.,  mais  elle  a  le  manteau  d'un  vert  olive  tirant 

(|!  Procced.  Zoo/.  Soc.  Lo'nd.,  1806,  p.  ao3;  1 S 5 7 ,  p.  81,  cl,  1 858,  p.  299. 
)  Avis  expédilionis  Potànini  per  provincial»  Gan-su  et  confina,  1886-1880, 
1  vol.  h\-fi°,  Saint-Pétersbourg,  1891  (en  russe). 
M   P.  11  3  et  pi.  II,  fig.  h. 

Muséum.  —  m.  i(j 


—  210  — 

un  peu  au  roux  et  toutes  les  parties  inférieures  d'un  roux  cannelle  très  vif. 
Elle  se  distingue  aisément  de  toutes  les  espèces  mentionnées  dans  le  Cata- 
logue du  British  Muséum  par  ce  dernier  caractère  qui  a  sans  doute  été 
exagéré  par  le  coloriste  sur  la  figure  publiée  par  MM.  Berezowski  et  Bian- 
chi.  Les  Mésanges  que  j'ai  sous  les  yeux  ont  la  poitrine  et  l'abdomen  d'une 
teinte  cannelle  et  non  d'un  rouge  orangé  comme  l'oiseau  représenté  par  ces 
auteurs,  et  elles  ont  les  ailes  un  peu  plus  courtes  (om.  o55  au  lieu  de 
o  m.  060)  que  le  type  de  l'espèce  qui  est  originaire  du  Kansou.  A  en  juger 
d'après  le  nombre  des  spécimens  envoyés  (8,  tous  semblables),  la  Pœcile 
Davidi  doit  être  commune  aux  environs  de  Talsien-lou  où  elle  porte  le  nom 
local  de  Hemao-tsio. 

Dans  une  Note  précédente (1)  j'ai  déjà  l'ait  connaître  deux  espèces  nou- 
velles que  j'ai  trouvées  dans  un  envoi  provenant  d'une  autre  localité  du 
sud-ouest  de  la  Chine ,  des  environs  de  Tsékou ,  dans  le  Yun-nan.  Je  signa- 
lerai aujourd'hui  une  troisième  espèce  dont  les  types  faisaient  partie  du  même 
envoi  et  je  le  caractériserai  en  ces  termes  : 

Alcippe  Genestieri  11.  sp.,  fronte  rufo,  vertice  castaneo-oleagineo,  super- 
ciliis  albis,  supra  nigro  marginatis,  rétro  valde  productis,  dorso  oleagineo,  cauda 
alisque  oleagino-rufis ,  guia  alba,  pectoris  abdominisque  lateribus  rufo-cervino  et 
oleagineo  colore  tinctis  distinguenda. 

Long,  tôt.,  om.  i5a  ;  alœ,  0  m.  070;  caudœ,  om.070;  rostri  (culm.),  om.007; 
tarsi,  0  m.  os3. 

Cette  espèce,  dédiée  au  P.  Genestier,  l'un  des  membres  de  la  mission  de 
Tsékou,  se  distingue  facilement  de  toutes  les  autres  espèces  du  genre  Al- 
cippe par  les  teintes  et  les  dessins  de  son  plumage,  qui,  considéré  sous  un 
certain  jour,  offre  un  aspect  légèrement  écailleux  sur  les  parties  supérieures 
du  corps ,  grâce  à  des  lisérés  noirs ,  peu  distincts ,  qui  bordent  les  plumes 
de  la  tête  et  du  dos.  Le  front  est  d'un  roux  marron  clair  et  vif,  le  sommet  de 
la  tête,  d'un  rouge  plus  terne  et  lavé  d'olivâtre,  le  dos,  franchement  olivâtre; 
la  queue  et  les  ailes,  au  contraire,  sont  d'un  ton  roux  rappelant  celui  du 
vertex.  Les  lores  sont  noirs ,  et  au-dessus  de  l'œil  s'étend  une  raie  sourcilière 
blanche ,  assez  large  et  prolongée  fort  loin  en  arrière.  Cette  raie  est  limitée 
en  dessous  par  la  teinte  brune  de  la  région  auriculaire  et  en  dessus  par  une 
raie  noire  qui,  vers  la  nuque,  se  continue  par  quelques  taches,  plus  nettes 
que  chez  Y  Alcippe  nipalensis  et  que  chez  Y  Alcippe  brunnea,  et  tend  à  se 
rapprocher  de  celles  du  côté  opposé,  de  manière  à  encadrer  la  teinte  rousse 
du  sommet  de  la  tête.  La  gorge  est  d'un  blanc  presque  pur  avec  quelques 
petits  points  noirs  formant  des  sortes  de  moustaches  sur  les  côtés; le  mi- 
lieu de  la  poitrine  est  d'un  blanc  un  peu  moins  pur,  et  les  côtés  sont  lavés 

M  Bull,  du  Muséum,  1896,  n°  5,  p.  162. 


—  211   — 

de  fauve  chamois  qui  passe  au  verdàlre  sur  les  lianes.  Le  bec  est  noir  et 
les  pattes  sont  d'un  brun  corné. 

La  description  ci-dessus  est  faite  d'après  une  dizaine  de  spécimens,  pro- 
bablement de  sexes  différents,  mais  portant  tous  la  même  livrée.  L'un  de 
ces  spécimens  était  désigné  sous  le  nom  local  de  Chu-no-tchra. 

Par  son  système  de  coloration,  VAMppe  Gcneslicri  se  rapproche  surtout 
de  YAIcippe  brunneam  dont  M.  l'abbé  A.  David  a  obtenu  quelques  exem- 
plaires dans  le  Kiangsi  et  le  Fokien [i)  et  qui  avait  été  rencontré  antérieure- 
ment par  M.  Swinhoe  dans  l'île  de  Formose. 


Notes  herpétologioues. 
par.  M.  F.  Mocquard. 


1.  —  Sepsina  d'espèce  nouvelle  de  Madagascar. 

M.  le  capitaine  Ardouin  a  récemment  fait  parvenir  au  Laboratoire  d'her- 
pétologie  un  Scincoïdien  du  genre  Sepsina,  provenant  de  Diégo-Suarez  et 
qui  constitue  une  espèce  nouvelle.  Ce  nouveau  type  spécifique  était  à  peine 
reconnu  et  nommé,  qu'un  second  spécimen,  de  même  provenance,  mais  de 
plus  petite  taille,  nous  était  transmis  par  M.  Grandidier,  de  la  part  de 
M.  le  lieutenant  Gruss.  Cette  belle  espèce ,  à  laquelle  nous  nous  faisons  un 
devoir  d'attacher  le  nom  de  M.  le  capitaine  Ardouin,  qui,  le  premier,  en  a 
l'ait  don  au  Muséum ,  offre  les  caractères  suivants  : 

Sepsina  Ardouini  n.  sp. 

Museau  étroit ,  obtus ,  dépassant  légèrement  en  avant  la  lèvre  inférieure  ; 
narine  s'ouvrant  directement  au-dessus  de  la  suture  entre  la  rostrale  et  la 
première  supéro-labiale ;  œil  assez  petit,  beaucoup  plus  court  que  sa  dis- 
tance de  la  narine,  à  paupière  inférieure  écailleuse;  orifice  auditif  plus  pe- 
tit que  l'œil,  subtriangulaire,  sans  dentelures  sur  son  bord  antérieur;  inter- 
nasales formant  une  courte  suture  en' arrière  de  la  rostrale;  fronto-nasale 
triangulaire,  h  bords  latéraux  légèrement  convexes,  plus  large  que  longue, 
égale  en  longueur  à  la  largeur  de  la  frontale  en  son  milieu ;S)  ;  celle-ci ,  échan- 

(1)  Gould,  Proceed.  Zool.  Soc.  Lond.,  1862,  p.  280  et  Birds  of  Asia,  i864, 
liv.  xvi. 

'2)  David  et  Oustalet,  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  317. 

(3)  Chez  le  jeune  spécimen,  la  fronto-nasale  est  beaucoup  plus  étroite,  mais 
flanquée,  de  chaque  côté,  d'une  scutelle  intercalée  entre  son  bord  externe  et  la 
frênaie;  il  y  a  ainsi  deux  frênaies  superposées,  dont  la  supérieure  semble  provenir 
de  la  division  de  la  fronto-nasale  en  trois  segments,  un  médian  et  deux  latéraux. 
Quelle  est  celle  de  ces  dispositions  qui  est  normale  :  une  large  frouto-nasale  et 

16. 


—  212  — 

crée  de  chaque  côté  par  ia  première  susoculaire,  esl  une  fois  el  demie  aussi 
longue  que  large,  un  peu  plus  longue  que  sa  distance  de  l'extrémité  du 
museau  et  presque  deux  fois  aussi  large  que  les  susoculaires ,  qui  sont  au 
nombre  de  quatre,  les  trois  premières  en  contact  avec  la  frontale,  et  les 
deux  moyennes  dépassant  en  dehors  les  deux  autres,  qui  sont  beaucoup  plus 
courtes  transversalement;  six  surciliaires,  la  postérieure  la  plus  grande; 
interpaiïétale  triangulaire,  étroite,  aussi  longue  que  la  fronto-nasale,  à  bord 
antérieur  convexe;  quatrième  labiale  supérieure  bordant  l'œil.  Écailles  lisses, 
en  34  séries  au  milieu  du  tronc,  les  dorsales  égales,  non  plus  larges  que  les 
latérales,  plus  étroites  que  les  ventrales. 

Membres  courts,  pentadactyles  :  l'antérieur,  dirigé  en  avant,  dépasse 
l'orifice  auditif  et  a  une  longueur  égale  à  la  dislance  du  bord  postérieur  de 
cet  orifice  à  l'extrémité  du  museau;  la  longueur  du  membre  postérieur 
égale  la  distance  comprise  entre  la  racine  du  membre  antérieur  et  la  narine. 
La  queue,  reproduite  chez  nos  deux  spécimens,  est  conique  et  terminée  en 
pointe. 

Chez  le  plus  grand  de  ces  spécimens,  qui  est  adulte,  la  coloration,  en 
dessus,  est  d'un  gris  fauve  (gris  de  sable  chez  le  jeune),  avec  des  barres 
transversales  noires  assez  irrégulières  et  plus  ou  moins  larges  sur  la  tête, 
le  cou  et  l'extrémité  antérieure  du  tronc;  en  ce  dernier  point,  elles  peuvent 
être  réunies  par  des  barres  longitudinales;  les  flancs  sont  marbrés  de  brun (I), 
et  le  dos  est  parcouru,  entre  les  séries  d'écaillés,  par  des  lignes  longitudi- 
nales d'un  brun  foncé  qui  se  prolongent  sur  la  queue.  La  face  ventrale  esl 
d'un  blanc  grisâtre  sur  toute  son  étendue  m. 

De  nos  deux  spécimens,  l'adulte  est  un  mâle  qui  mesure  a 4 a  milli- 
mètres de  longueur  totale ,  dont  î  ao  pour  la  queue.  Celle-ci  est  reproduite 
sur  la  moitié  de  sa  longueur,  et  il  en  est  de  même  chez  le  second  spécimen. 
On  peut  remarquer  aussi  que  les  écailles  de  la  partie  reproduite  sont  beau- 
coup plus  grandes  que  celles  de  la  portion  conservée. 

Les  deux  spécimens  proviennent  de  Diégo-Suarez. 

Celte  espèce  a  des  affinités  avec  Sepsiua  gastrosticta ,  0'  Shaughnessy; 

une  frênaie  unique  de  chaque  côté,  ou  une  fronto-nasale  étroite  avec  deux  frê- 
naies superposées?  L'observation  d'autres  spécimens  permettra  seule  de  résoudre 
cette  question  d'une  manière  positive. 

(1)  Chez  notre  jeune  spécimen,  des  marbrures  latérales  ne  se  voient  que  dans 
la  partie  tout  à  fait  antérieure  des  flancs,  qui,  dans  le  reste  de  leur  étendue,  sont 
parcourus  par  des  lignes  brunes  longitudinales  comme  la  l'ace  dorsale. 

(2)  Celte  coloration  est  celle  des  spécimens  ayant  séjourné  dans  l'alcool;  mais 
il  est  très  probable  qu'elle  est  différente  pendant  la  vie  de  l'animal ,  et  qu'alors  les 
intervalles  compris,  sur  la  face  dorsale,  entre  les  barres  transversales  noires  et  les 
lignes  brunes  longitudinales  sont  rouges  ou  rouge  orangé.  Nous  n'avons  malheu- 
reusement aucun  renseignement  sur  ce  point. 


—  213  — 

elle  s'en  distingue  principalement  par  34  séries  d'écaillés  autour  du  corps, 
au  lieu  de  3a;  par  l'absence  de  denticules  sur  le  bord  antérieur  de  l'orifice 
auditif  (voir  Cat.  Liz.  Br.  Mus.,  Boulenger,  t.  III,  pi.  xxxv,  fig.  2  b);  par 
l'allongement  transversal  des  deux  écailles  surciliaires  moyennes,  et  par  sa 
coloration 

II.  —  Reptiles  nouveaux  des  îles  Norway. 

Le  laboratoire  d'berpélologie  doit  aussi  à  M.  Lichtenfelder,  ingénieur, 
quelques  intéressants  Reptiles  des  îles  Norway,  de  la  baie  d'Along ,  dans 
le  golfe  du  Tonkin. 

Ces  Reptiles ,  au  nombre  de  1 1  spécimens ,  tous  recueillis  sur  des  rochers 
arides,  se  rapportent  à  h  espèces,  dont  2  sont  nouvelles,  l'une  de  celles- 
ci  devant  même  être  considérée  comme  le  type  d'un  genre  nouveau;  des 
deux  autres  déjà  connues,  Lygosoma  nigropunctalum ,  Bocourtll)  et  Tri- 
meresurus  mucrosqiiamatus ,  Cautor,  la  dernière  ne  figurait  pas  encore  dans 
la  collection  du  Muséum. 

Voici  les  noms  et  la  description  des  espèces  que  je  regarde  comme  nou- 
velles. 

1.  Eublepharis  Lichtenfelderi  n.  sp. 

Corps  assez  robuste;  tête  large  en  arrière,  avec  un  museau  conique, 
arrondi  à  son  extrémité,  égal  en  longueur  à  la  distance  qui  sépare  l'œil 
de  l'orifice  auditif.  Membres  grêles  et  assez  allongés  :  l'antérieur  dirigé  en 
avant  atteint  le  milieu  de  l'intervalle  compris  entre  l'œil  et  la  narine;  doigts 
courts,  légèrement  comprimés,  garnis  en-dessous  de  lamelles  lisses,  et 
terminés  par  une  gaine  presque  aussi  développée  que  chez  les  Ccelonyx,  à 
l'extrémité  de  laquelle  la  griffe  fait  un  peu  saillie. 

Rostrale  grande,  pentagonale,  plus  large  que  haute ,  présentant  à  son 
angle  supérieur  une  fissure  médiane.  Narine  dirigée  en  dehors  et  en  haut , 
ouverte  dans  la  partie  supérieure  de  la  nasale ,  qui  touche  à  la  rostrale  et  à 
la  première  labiale  supérieure;  une  paire  de  grandes  interuasales ,  plus 
larges  que  longues,  suivies  chacune  de  une  ou  deux  écailles  agrandies,  en 
même  temps  qu'elles  sont  séparées  sur  la  ligne  médiane  par  deux  petites 
écailles  placées  l'une  à  la  suite  de  l'autre.  Yeux  modérément  grands,  pour- 
vus de  paupières  très  développées.  Orifice  auditif  allongé,  en  forme  de 
croissant  dont  la  concavité  regarde  en  avant  et  en  haut.  Supéro-labiales  au 
nombre  de  7  ou  8  ,  la  dernière  étant  située  au-dessous  du  centre  de  l'œil; 
au  delà,  le  bord  labial  n'est  garni  que  de  petites  écailles  entremêlées  de 

(l)  Suivant  M.  Boulenger  et  le  professeur  Bœtlger,  cette  espèce  est  identique  à 
Lygosoma  Reevesii ,  Gray,  de  Chine,  qui  le  serait  elle-même  à  L.  latérale,  Say, 
du  sud  des  Etats-Unis  et  du  Mexique.  Les  matériaux  que  nous  avons  sous  les  yeux 
nous  laissent  quelques  doutes  sur  l'exactitude  de  celle  manière  :1e  voir. 


—  1\k  — 

granules.  8  à  10  inféro-labiales.  Mentonnière  aussi  longue  qu'elle  est  large 
à  son  extrémité  antérieure,  bordée  en  arrière  par  de  petites  écailles  un 
peu  plus  grandes  que  les  granules  de  la  région  gnlaire,  qui  eux-mêmes 
sont  plus  grands  que  les  granules  sus-céphaliques  et  augmentent  en  di- 
mensions sur  les  côtés,  le  long  du  bord  labial.  Corps  couvert  d'écaillés  gra- 
nuleuses très  petites,  agrandies  sur  le  museau,  entremêlées  de  tubercules 
arrondis ,  hémisphériques  sur  les  flancs ,  en  forme  de  cônes  très  surbaissés 
sur  le  dos.  Ces  tubercules  sont  plus  petits  que  les  intervalles  qui  les  sé- 
parent ;  ils  se  continuent  sur  la  tête ,  où  leurs  dimensions  vont  en  diminuant. 
Les  écailles  abdominales  sont  plus  grandes  que  les  tubercules  dorsaux ,  assez 
fortement  imbriquées  et  vont  en  grandissant  d'avant  en  arrière.  Pas  de 
pores  ni  préanaux,  ni  fémoraux.  Queue  cylindro-conique,  un  peu  renflée 
au  delà  de  sa  base,  verlicillée  dans  ses  deux  cinquièmes  antérieurs  environ; 
chaque  verticille  se  compose  de  8  ou  9  rangées  transversales  de  granules, 
dont  ceux  de  la  rangée  postérieure  sont  légèrement  agrandis,  et  en  dessus, 
un  peu  au  delà  du  milieu  de  chaque  verticille,  d'une  rangée  transversale 
de  tubercules  coniques  qui,  au  nombre  de  5  en  avant,  vont  en  décroissant 
en  arrière  en  nombre  et  en  dimensions. 

Tronc  et  tête  d'une  teinte  brune  en  dessus ,  parsemés  de  petites  taches 
noires,  avec  trois  raies  blanches  transversales,  dont  la  première  embrasse 
l'occiput  et  se  termine  de  chaque  côté  à  une  petite  distance  de  l'orifice  au- 
ditif; la  seconde  est  située  un  peu  en  arrière  de  la  racine  des  membres  an- 
térieurs; enfin,  la  troisième  se  trouve  assez  en  avant  de  celle  des  membres 
postérieurs.  Sur  la  queue ,  qui  est  brune  en  dessus  et  en  dessous ,  se  voient 
fi  raies  semblables  formant  des  anneaux  complets,  à  l'exception  de  celle 
qui  se  trouve  immédiatement  en  arrière  de  la  racine  des  membres  posté- 
rieurs{1). 

Deux  spécimens  femelles,  dont  le  plus  grand  mesure  83  millimètres  de 
l'extrémité  du  museau  à  l'anus;  la  queue,  qui  est  reproduite,  à  une  lon- 
gueur de  38  millimètres.  Le  second  spécimen  est  un  jeune  d'une  longueur 
totale  de  99  millimètres,  dans  laquelle  la  queue  entre  pour  bo  millimètres. 

lt3i>iiclioj»liis  il.  fi. 

Museau  terminé  par  un  appendice  conique  recouvert  de  petites  écailles. 
Tête  triangulaire,  renflée  en  arrière  et  bien  distincte  du  cou.  Corps  allongé 
comprimé,  à  face  ventrale  carénée  latéralement,  terminé  par  une  queue 
longue  également  carénée.  OEil  modéré,  à  pupille  arrondie;  narine  ouverte 
entre  deux  nasales.  Boucliers  céphaliques  normaux;  une  frênaie  allongée  ; 

W  Chez  l'un  des  spécimens  où  ta  queue  est  reproduite,  les  5  anneaux  posté- 
rieurs font  complètement  défaut,  la  portion  reproduite  de  la  queue  étant  tout  en- 
tière d'un  brun  uniforme. 


—  215  — 

écailles  lisses  non  obliques,  pourvues  de  fossettes  apicales,  en  19  séries. 
Dents  maxillaires  en  série  continue,  les  deux  dernières  plus  grandes  que 
les  autres,  non  sillonnées;  dents  mandihulaires  allant  en  diminuant  de  lon- 
gueur en  arrière.  Vertèbres  dorsales  postérieures  dépourvues  d'hypapo- 
physes. 

Par  sa  dentition ,  ce  genre  se  rapproche  des  Leptophis. 

2.   Rhynchophis  Boulengeri  n.  s  p. 

Museau  terminé  par  un  appendice  conique  dirigé  en  avant  et  en  haut, 
d'une  longueur  égale  à  la  distance  de  sa  base  au  bord  antérieur  de  l'œil  ou 
un  peu  plus  court,  couvert  de  petites  écailles,  et  qui  naît  entre  la  rostrale, 
les  internasales  et  la  nasale  antérieure  de  chaque  côté.  Tête  allongée,  tri- 
angulaire, renflée  en  arrière  et  bien  distincte  du  cou.  OEil  modéré,  à  pu- 
pille arrondie,  d'un  diamètre  contenu  deux  fois  dans  sa  distance  à  la  na- 
rine; celle-ci  ouverte  entre  deux  nasales;  internasales  environ  deux  fois 
plus  courtes  que  les  préfrontales;  frontale  très  large  en  avant,  à  bords 
latéraux  concaves,  un  peu  plus  longue  que  sa  distance  à  la  base  de  l'appen- 
dice rosirai,  plus  courte  que  les  pariétales;  frênaie  basse,  deux  à  trois  fois 
plus  longue  que  haute ,  parfois  divisée  par  une  suture  verticale;  une  grande 
préoculaire,  en  contact  avec  la  frontale;  2  postoculaires;  temporales 
a  +  2  +  3  ou  2+3  +  3  ou  h;  9  supéro-labiales,  les  k\  5e  et  6e  en  contact 
avec  l'œil  ;  1  o  ou  1 1  inféro-labiales ,  les  h  ou  5  premières  en  contact  avec 
les  sous-maxillaires  antérieures,  qui  sont  un  peu  plus  courtes  que  les  pos- 
térieures; 19  séries  d'écaillés  lisses,  pourvues  d'une  paire  de  fossettes  api- 
cales; gastrostéges ,  207  à  216;  anale  divisée;  urostéges  doubles,  de  1  23 
à  1  .'!•». 

Dents  maxillaires  au  nombre  de  1 9 ,  en  série  continue ,  les  deux  dernières 
plus  grandes  que  les  autres  et  non  sillonnées;  25  dents  mandihulaires, 
les  postérieures  allant  en  diminuant  de  longueur. 

Le  dos  est  d'un  bleu  assez  intense,  uniforme,  passant  à  un  vert  bleuâtre 
plus  pâle  sur  les  flancs,  plus  pâle  encore  sur  la  face  ventrale.  Quelques 
écailles  du  tronc  sont  bordées ,  d'un  côté ,  d'un  trait  noir. 

Six  spécimens,  dont  le  plus  grand  est  une  femelle  qui  mesure  1  m.  i34 
de  longueur  totale,  dans  laquelle  la  queue  entre  pour  o  m.  3o. 

Bien  que  capturée  sur  des  rochers  arides ,  cette  espèce  est  très  proba- 
blement arboricole. 

III.  —  Sur  deux  Ophidiens  du  Yu\-nàn. 

Enfin,  deTsékou,  dans  la  vallée  du  Haut-Mékong,  sur  les  confins  du 
Yun-nan  et  du  Thibet,  le  R.  P.  Soulié  a  fait  au  Muséum  un  envoi  dans 
lequel  se  trouvaient  deux  Ophidiens  appartenant  chacun  à  une  espèce  dis- 
tincte, dont  l'une,  Psmdo.renodon  macrops,  Blyth,  est  nouvelle  pour  le 


—  2i(>  — 

Muséum,  l'autre,  nouvelle  pour  la  science.  Cette  dernière  doit  même  être 
considérée  comme  le  type  d'un  genre  nouveau,  qua  raison  des  particula- 
rités peu  ordinaires  de  son  écaillure,  je  désignerai  sous  le  nom  de  Spanio- 
pholis.  En  voici  les  caractères. 

Spnniopholis  n.  g. 

Tète  longue,  distincte  du  cou,  convexe  transversalement;  museau  large, 
arrondi  à  son  extrémité;  corps  cylindrique;  queue  courte.  OEil  assez 
grand,  à  pupille  elliptique;  nasale  simple;  une  scutelle  impaire  intercalée 
entre  la  rostrale  et  les  internasales;  une  frênaie  et  une  sous-frénale;  une 
sous-préoculaire.  Ecailles  carénées,  pourvues  d'une  paire  de  fossettes  api- 
cules,  en  23  séries  longitudinales.  Dents  maxillaires  au  nombre  de  16,  en 
série  continue,  décroissant  en  longueur  d'avant  en  arrière,  de  Tnême  que 
les  dents  mandibulaires.  Vertèbres  dorsales  postérieures  dépourvues  d'hy- 
papopbyses. 

Ce  nouveau  type  générique  ne  paraît  avoir  que  des  affinités  assez  éloi- 
gnées avec  les  autres  genres  de  Colubridés  aglyphes. 

Spaniopholis  Souliei  11.  sp. 

Tête  allongée,  distincte  du  cou,  convexe  transversalement,  à  museau 
large  et  arrondi,  dépourvu  de  canlhus  rostralis;  corps  cylindrique;  queue 
courte;  rostrale  visible  d'en  haut,  près  de  deux  fois  plus  large  que  haute; 
une  scutelle  impaire  triangulaire,  à  sommet  arrondi,  en  contact  par  sa 
base  avec  la  rostrale,  sépare  les  internasales  dans  leurs  deux  tiers  anté- 
rieurs; celles-ci  aussi  longues  que  les  préfonlales;  fronlale  à  peu  près  une 
fois  et  demie  plus  longue  que  large,  plus  longue  que  sa  distance  de  l'ex- 
trémité du  museau,  un  peu  plus  courte  que  les  pariétales.  OEil  assez 
grand,  à  pupille  elliptique,  d'un  diamètre  égal  à  sa  distance  du  centre  de 
l'orifice  nasal.  Nasale  simple ,  allongée;  une  frênaie  plus  longue  que  haute, 
surmontant  une  petite  sous-frénale  en  contact  avec  la  seconde  et  la  troi- 
sième supéro-labiale  (unie,  d'un  côté,  avec  la  première  de  ces  scutelles); 
une  préoculaire  et  une  sous-préoculaire:  3  postoculaires,  la  supérieure 
presque  aussi  haute  que  les  2  autres  ensemble  (d'un  côté,  l'inférieure  est 
unie  à  la  cinquième  supéro-labiale);  2  +  3  temporales  (irrégulières  d'un 
côté),  8  supéro-labiales,  la  quatrième  et  la  cinquième  touchant  à  l'œil; 
sous-maxillaires  antérieures  en  contact  avec  5  inféro-labiales  et  plus 
longues  que  les  postérieures,  qui  sont  séparées  sur  la  ligne  médiane  par 
une  étroite  écaille.  Ecailles  du  tronc  imbriquées,  assez  allongées,  à  bord 
postérieur  arrondi,  carénées,  à  l'exception  des  9  séries  inférieures,  pour- 
vues de  3  fossettes  apicales  et  disposées  en  23  séries;  210  gastrostèges  : 
anale  divisée;  87  uroslèges  doubles. 

Dents  maxillaires  au  nombre  de  16,  décroissant  en  longueur  d'avant  en 


—  217  — 

arrière;  dents  mandibulaires  antérieures  beaucoup  plus  longues  que  les 
postérieures. 

La  coloration  est  d'un  gris  brunâtre  en  dessus,  avec  5  séries  longitudi- 
nales de  petites  tacbes  noires  irrégulières,  une  médio-dorsale  et  a  paires 
latérales;  les  taches,  dans  chaque  série  paire,  sont  réunies  par  une  raie 
brune  plus  ou  moins  distincte,  l'interne  devenant  plus  apparente  sur  la 
queue  et  l'externe  disparaissant  au  niveau  de  l'anus.  La  face  ventrale  est 
d'un  gris  clan,  mais  les  extrémités  de  chaque  gaslrostège  sont  marquées 
d'une  petite  tache  noire. 

Un  seul  spécimen,  d'une  longueur  totale  de  371  millimètres,  dans  la- 
quelle la  queue  entre  pour  76  millimètres;  la  longueur  de  la  tête,  de  l'ex- 
trémité du  museau  au  bord  postérieur  des  pariétales,  est  de  \h  millim,  5, 


Sur  les  Coups  Rouges  des  TélÉostéexs  , 

(\OTE   PRÉLIMINAIRE) 

par  M.  A.-F.  de  Seabra 

(Laboratoire  de  M.  le  professeur  Filhol). 

Signalés  pour  la  première  fois, en  1668,  par  Needham,  les  corps  rouges 
ont  été  à  diverses  reprises  l'objet  de  recherches  qui  n'ont  cependant  pas 
abouti  à  nous  renseigner  complètement  sur  la  structure  et  le  rôle  de  ces 
ni-ganes. 

Pour  ma  part,  je  me  suis  proposé  d'éclaircir  certains  points  relatifs  à  la 
constitution  des  corps  rouges  et  en  particulier  je  me  suis  préoccupé  de  la 
structure  bistologique;  mes  observations  ont  été  faites  sur  des  pièces  in- 
jectées à  la  gélatine,  soit  avec  la  seringue  de  Robin,  soit  avec  l'appareil 
d'Aug.  Pettit  et  fixées  ensuite  dans  l'un  des  mélanges  suivants  :  liqueur  de 
Zenker,  liqueur  de  Flemming,  sublimé  acétique. 

Anatomie.  —  Chez  le  Congre  (Conger  vulgaris)  et  chez  l'Anguille  (An- 
guilla  nilgaris),  les  corps  rouges  sont  au  nombre  de  deux;  ils  sont  situés 
du  côté  gauche  de  la  vessie  entre  la  tunique  albuginée  et  la  mince  mem- 
brane interne.  Entre  les  deux  corps  rouges  vient  aboutir  le  canal  pneuma- 
lophore  qui  est  très  large  dans  l'une  et  l'autre  espèce.  Avant  d'être  injectés, 


menl  la  même  forme  mais  cependant  sont  un  peu  plus  épais.  On  remarque 
à  la  surface  interne  de  la  vessie  une  série  de  vaisseaux  importants  dus  à  la 


—  218  — 

réunion  de  nombreuses  petites  branches  et  qui  débouchent  dans  les  corps 
rouges. 

L'aspect  de  ces  organes  est  tout  autre  chez  le  Merlan  (  Merlangus  vul- 
garis).  Ces  organes  sont  représentés  chez  cet  animal  par  une  masse  charnue 
et  villeuse;  il  s'agit  d'une  sorte  de  fer  à  cheval,  à  concavité  antérieure.  La 
branche  droite  a  une  forme  arquée  et  comprend  environ  six  corps  plus  ou 
moins  distincts;  un  nombre  moins  considérable  concourt  à  la  constitution 
de  la  branche  gauche. 

Le  Merlan  constitue  ainsi  un  bon  représentant  du  type  diffus  auquel 
appartiennent  également  les  Trigles.  Sur  les  nombreux  spécimens  de  cette 
espèce  que  j'ai  disséqués,  j'ai  toujours  constaté  que,  malgré  une  grande 
variabilité  dans  les  dimensions  et  l'agencement  de  la  vessie ,  la  disposition 
du  corps  est  assez  constante..  Chez  le  Trigla  corax ,  par  exemple,  on  a  af- 
faire à  une  couronne  ovalaire  formée  par  la  réunion  de.  quelques  corps 
rouges  et  disposée  autour  du  canal  pneumatophore. 

Le  Brochet  (Esox  lucius)  mérite,  en  raison  de  la  structure  de  ses  corps 
rouges,  d'être  pris  comme  exemple  d'un  troisième  type.  Chez  ce  Poisson, 
les  vaisseaux  capillaires  ont  un  développement  remarquable  et  ils  couvrent 
de  leurs  ramifications  presque  toute  la  surface  interne  de  la  vessie.  Ils 
naissent  de  deux  vaisseaux  principaux  qui  se  divisent  en  rameaux  secon- 
daires qui  traversent  très  obliquement  les  deux  enveloppes  de  la  vessie. 
Dans  l'espace  intermédiaire ,  ils  sont  constitués  par  une  série  de  vaisseaux 
parallèles  qui  pénètrent  ensuite  dans  l'épaisseur  de  la  membrane  interne. 
Là,  ils  ne  tardent  pas  à  6e  diviser  à  la  façon  d'un  tronc  d'arbre,  en  émet- 
tant une  série  de  ramifications  d'un  dessin  élégant  et  varié. 

Chez  le  Pageau  (Pagellus  erylhrinus) ,  on  retrouve  des  touffes  analogues 
de  capillaires,  mais  celles-ci  sont  moins  abondantes,  plus  fines  et  localisées 
assez  vigoureusement  à  la  portion  dorsale. 

L'Orphie  (Belone  vulgaris)  mérite  une  mention  spéciale  :  lorsqu'on  a 
fendu  la  vessie  natatoire  sur  la  ligne  médio-ventrale ,  on  constate  que ,  de 
chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  la  portion  dorsale  de  la  vessie  est  occu- 
pée par  une  série  de  pelotons  vasculaires  disposés  régulièrement;  ceux-ci 
ne  sont  autre  chose  que  des  corps  rouges  dont  les  ramifications  s'anasto- 
mosent entre  elles. 

En  somme,  dans  tous  ces  cas,  il  s'agit  de  réseaux  vasculaires  dont  la 
forme  est  sujette  à  de  profondes  variations. 

Histologie.  —  L'étude  microscopique  des  corps  rouges  révèle  dans  les 
divers  groupes  une  conformité  de  structure  aussi  grande. 

Les  tissus  fixés,  comme  il  a  été  indiqué  ci-dessus,  ont  été  coupés  à  la 
paraffine  ou  au  collodion  (dans  le  cas  de  pièces  injectées);  ils  ont  été  en- 
suite colorés,  suivant  le  mode  de  fixation  employé,  à  l'hématoxyline,  à 
l'éosine  ainsi  qu'à  la  safranine  et  au  mélange  de  Benda. 


—  219  — 

Les  coupes  pratiquées  parallèlement,  le  grand  axe  de  l'organe  présentent 
un  aspect  différent  suivant  l'endroit  examiné;  aux  deux  extrémités,  on  a 
affaire  à  des  vaisseaux  affectant  une  forme  irrégulièrement  circulaire  et 
creusés  au  milieu  d'un  tissu  conjonclif  dense;  il  s'agit  donc  de  vaisseaux 
perpendiculaires  à  la  coupe.  Les  portions  centrales,  au  contraire,  sont  con- 
stituées par  de  fins  vaisseaux  parallèles  entre  eux. 

L'emploi  des  forts  grossissements  permet  de  se  rendre  compte  des  rap- 
ports qui  existent  entre  ces  différentes  portions  :  les  troncs  des  deux  extré- 
mités se  divisent  en  branches  dont  la  direction  tend  d'autant  plus  à  devenir 
parallèle  au  grand  axe  que  leur  calibre  diminue. 

Les  pièces  fixées  par  la  liqueur  de  Flemming  et  colorées  par  la  safra- 
nie  et  le  mélange  de  Benda  sont  particulièrement  instructives  en  raison 
des  colorations  spéciales  que  prennent  les  diverses  espèces  d'éléments  :  le 
terme  conjonclif  se  colore  intensivement  en  bleu  vert,  tandis  que  les  novaux 
se  distinguent  nettement  par  leur  coloration  rouge  vif. 

Les  préparations  obtenues  chez  le  Merlan  en  pratiquant  les  coupes  nor- 
malement à  la  surface  de  la  vessie  montrent  que  chez  ce  Poisson  les  corps 
rouges  sont  encore  formés  par  des  villosités  vusculaires  irrégulières ,  poly- 
piformes.  Les  vaisseaux,  tout  d'abord,  horizontaux  dans  l'épaisseur  de 
l'enveloppe  de  la  vessie ,  deviennent  de  plus  en  plus  verticaux  au  fur  à 
mesure  qu'ils  sont  plus  éloignés  de  celle-ci;  dans  les  portions  périphériques , 
la  villosité  est  creusée  de  vastes  lacunes.  Un  fait  mérite  une  attention  spé- 
ciale :  c'est  la  présence  d'éléments  épilhéliaux  représentés  par  de  volumi- 
neuses cellules  nuclées. 

Chez  le  Brochet,  on  se  rend  bien  compte  de  la  structure  des  corps  rouges 
en  procédant  de  la  façon  suivante  :  la  tunique  albuginée,  après  injection  à 
la  gélatine,  est  détachée  avec  précaution,  pinceautée,  puis  fixée  au  formol 
à  5  p.  1  oo;  finalement  elle  est  montée  étalée  dans  le  baume;  on  constate 
alors  que  les  groupes  vasculaires  déjà  signalés  sont  anastomosés  entre  eux 
et  qu'il  existe  un  réseau  superficiel  décrivant  des  mailles  irrégulièrement 
rectangulaires  à  la  face  interne  de  la  vessie.  Chez  ce  type,  les  corps  rouges 
présentent  un  caractère  de  dissémination  frappant. 

En  résumé,  on  doit  considérer  les  corps  rouges  des  Téléostéens  comme 
constitués  essentiellement  par  le  développement  exagéré  en  certains  points 
du  système  vasculaire  de  la  membrane  interne  de  la  vessie  natatoire;  en 
effet,  bien  que  dans  certains  cas  ces  organes  se  compliquent  de  divers  élé- 
ments (cellules  épithéliales),  ils  sont  toujours  formés  par  un  lacis  vascu- 
laire, par  une  sorte  de  rete  mirabile  en  rapport  plus  ou  moins  immédiat 
avec  la  cavité  de  la  vessie. 

Dans  les  divers  groupes  des  Téléostéens ,  les  corps  rouges  affectent  des 
dispositions  variables,  simplement  représentés  chez  certains  types  par  un 
lacis  vasculaire  irrégulièrement  disposé  dans  l'épaisseur  de  l'albuginée;  ils 
se  condensent  progressivement  (Merlan,  par  exemple)  et  finissent  par  ac- 


—  220  — 

quérir  une  limitation  nette  et  s'élever  à  la  dignité  d'appareil  anatomique 
(Anguille,  Congre). 

En  terminant,  je  me  fais  un  devoir  d'adresser  à  M.  le  professeur  Filhol, 
membre  de  l'Institut,  l'expression  de  ma  respectueuse  reconnaissance  pour 
la  libéralité  avec  laquelle  il  m'a  accueilli  dans  son  laboratoire. 


Contribution  À  l  étude  icfityologique  du  Chagbes, 
par  M.  Léon  Vaillant. 

Le  Çbagres,  principale  rivière  de  l'isthme  Darien,  a,  dans  ces  derniers 
temps,  fixé  l'attention  d'une  façon  toute  particulière  à  la  suite  des  travaux 
entrepris  sur  son  cours  par  la  nouvelle  Compagnie  du  canal  de  Panama,  la- 
quelle, pour  les  besoins  de  l'exploitation,  compte  l'utiliser  comme  réserve 
d'eau. 

M.  Le  Cornée,  ingénieur,  qui,  il  y  a  quelques  mois,  fut  chargé  de  ces 
études  et  remonta  aux  parties  les  plus  élevées  de  cette  rivière,  dont  le 
cours  est  estimé  à  4oo  kilomètres,  a  bien  voulu,  sur  ma  demande,  y  foire 
des  recherches  ichtyologiques  e!  a  recueilli  soit  du  haut  Chagres,  soit  d'un 
de  ses  affluents  supérieurs,  le  Rio  Pequeni,  en  amont  du  confluent  de  ces 
deux  cours  d'eau ,  aux  Hoches  Noires  sur  le  premier  et  à  San  Juan  del  Pe- 
queni sur  le  second,  le  premier  point  à  Ixk  kilomètres,  le  second  à  lih  kilo- 
mètres de  Gamboa ,  une  collection  de  Poissons ,  qui  n'est  pas  sans  présenter 
quelque  intérêt. 

Cette  partie  de  la  faune  du  Chagres  a  déjà  été  étudiée,  au  moins  par- 
tiellement, par  différents  ichtyologistes:  il  suffit  de  rappeler  les  noms  de 
MM.  Kner  et  Steindachner  (1870,  ou  plutôt  1 865 ,  le  travail  auquel  il  est 
fait  allusion  étant  cité  dans  le  Zoohgicnl  Record  à  cette  dernière  date), 
M.  Ciinther  (1869  ou  plutôt  1866,  même  remarque).  MM.  Cari  Eigen- 
mann  et  Rosa  Eigenmann  (1891),  en  relevant  ces  listes  dans  leur  stati- 
stique des  Poissons  d'eau  douce  de  l'Amérique  du  Sud,  les  ont  complétées 
sur  certains  points. 

En  tenant  compte  de  ces  différentes  données,  on  peut  établir  la  liste  sui- 
vante des  espèces  habitant  cette  rivière  : 

Niiurî«l:«- PlMELODUS   CINERASCENS  GÙlltlier. 

modestcs  Gùnther. 
**        —        GiuciLis  Valericiennes. 

Chagresi  Steindjiclinpr'1).   • 

f1'  D'après  MM.  G. Eigenmann  et  R.  Eigenmann,  hc.  cil..  1801,  p.  20,  n°o8. 


'221   

Siluridse  (Suite).  .  .    Plecostomus  sp.  Kner  et  Steindaehner. 
Cii^tostomls  cirrhosus  Valenciennes. 

LoRICARIA    URACANTHA  Kner. 

lima  Kner. 
Characlnldee Macrodo\  microlf.pis  Giinlher. 

MALABARICIS  Blorll. 

*  Chalcinopsis  chagrensis  Kner. 
**  Tetragonopterus  fasciatus  Cuvier. 
.ïneus  Gùnther. 
Anacïrtus  giatehalensis  Gùnther. 

C'yprinodoiitidse.  *  Poscilia  Gillii  Kner  et  Steindaehner. 

si  ichllida? *  Acara  coerileo-punctata  Kner  et  Steindaehner. 

**"  Geophagos  jdrupari  Heckel. 

ilaiuilc<ht- MuGlL  INCILIS   HailCOck. 

Pr"f»t iponiatidsc.  '      Pristipoma  humile  Kner  et  Steindaehner. 

Percldse *  Centro-po-mis  appendiculatus  Poey. 

—  parali.elus  Poey. 

Dans  cette  liste  se  trouvent  marque'es  par  des  astériques  les  espèces, 
an  nombre  de  huit,  recueillies  par  AI.  Le  Cornée;  l'astérisque  doublée  (**) 
indique  celles  qui  n'avaient  pas  encore  été  signalées  dans  le  Chagres. 

Du  haut  fleuve  lui-même  ont  été  rapportés  :  Acara  cœruleopunclala ,  Geo- 
phagus  jurupari,  Centropomus  parallelus.  Du  Rio  Pequeni  :  Pimelodus  gra- 
cilis,  Ghalcinopsis  chagrensis,  Tetragenopterus  fascialus ,  Anâcyrtus  guatema- 
lensis.  Le  Pristipoma  humile  a  été  pris  dans  l'un  et  l'autre  endroit.  Au  reste , 
si  ces  détails  sont  ici  donnés,  c'est  pour  préciser  les  faits;  il  serait  préma- 
turé, dans  les  conditions  où  ont  été  faites  ces  récolles,  d'en  tirer  aucune 
conclusion  sur  la  faune  de  chacun  de  ces  cours  d'eau. 

Des  quatre  espèces  nouvelles  pour  le  Chagres  dans  la  collection  de  M.  Le 
Cornée,  deux  n'étaient  connues  jusqu'ici  (pie  de  la  Province  brésilienne  et 
même  de  ses  parties  centrales  :  Pimelodus  graci lis ,  Gëopkagiïsjufupari.  Le 
Tetragonoptef us  fasciatus ,  a\ec  une  aire  de  répartition  plus  étendue,  a  été 
signalé  de  cette  même  Province,  mais  également  de  la  Province  mexicaine. 
Enfin  le  Pristipoma  humile  ne  paraît  pas  encore  avoir  été  rencontré  en  de- 
hors de  L'isthme  de  Panama;  on  l'a  primitivement  signalé  du  Rio  Rayano, 
voisin  du  Chagres.  mais  se  déversant  dans  l'Océan  Pacifique  et  non  dans 
l'Océan  Atlantique. 

En  somme,  ces  découvertes  nouvelles  confirment  l'opinion  déjà  émise 
par  les  auteurs,  que  Ta  population  ichlyologique  du  Chagres  aurait  ses  affi- 
nités les  plus  grandes  avec  la  faune  Rrésilienne;  aucun  de  ces  Poissons 
n'appartient  franchement  à  la  faune  Mexicaine. 

Pour  terminer,  je  ne  crois  utile  d'insister  que  sur  une  des  espèces,  le  Pi- 


—  222  — 

mclodus  gracilis ,  qui ,  d'après  l'examen  que  j'ai  pu  en  faire ,  prête  à  quelques 
observations  critiques  sur  ses  affinités  et  sa  synonymie. 

Pimelodds  gracilis  Valenciennes. 

A  cette  espèce  se  rapporte  un  petit  exemplaire ,  qui  paraît  répondre  à  la 
description  donnée  dans  YHistoire  des  Poissotis  et  surtout  à  la  figure  pu- 
bliée dans  le  Voyage  d'Alcide  d'Orbigny. 

En  voici  les  dimensions  : 

1/100. 

Longueur 81  n 

Hauteur îti  17 

Epaisseur i3  16 

Longueur  de  la  tête 17  ai 

—        de  furoptère ?  i5      ?  1 H 

du  museau 7  ki 

Diamètre  de  l'œil 5  29 

Espace  interorbitaire h  a3 

N°  97-274,  Coll.  Mus. 

L'examen  d'un  exemplaire  typique  de  la  Collection  du  Muséum (1)  con- 
firme cette  assimilation,  quoique  la  différence  de  taille  (cet  individu  mesure 
1 64  +  60  =22/1  millimètres),  le  dessèchement  qu'il  a  éprouvé  dans  un  al- 
cool trop  fort,  et  sa  décoloration  ne  rendent  pas  sur  tous  les  points  la  compa- 
raison très  facile.  J'ajouterai  aux  détails  donnés  par  les  auteurs,  qu'à  l'épine 
pectorale ,  les  dents  serratiformes  postérieures  sont  remarquablement  déve- 
loppées; en  avant  n'existent  que  de  légères  granulations  moniliformes  ;  on 
trouve  un  pore  axillaire,  comparativement  plus  grand  que  cbez  notre  petit 
individu. 

M.  Gûntber  fait  remarquer  que  la  figure  donnée  par  Alcide  d'Orbigny 
indique  un  prolongement  nucbal  étendu  jusqu'au  bouclier  interépineux, 
tandis  que ,  dans  la  division  du  genre  adoptée  par  Valenciennes ,  le  Poisson 
se  trouve  placé  parmi  les  Pimélodes  à  six  barbillons ,  avec  un  casque  pro- 
noncé, non  continu  avec  le  bouclier.  Il  y  a  là  une  interprétation  de  carac- 
tère qui  donne  prise  au  doute.  En  effet,  il  existe  entre  les  deux  pièces  une 
certaine  mobilité  et,  dans  la  flexion  de  la  tète,  on  constate  un  certain  inter- 
valle entre  l'une  et  l'autre;  mais  cette  distance  est  faible  et  comme,  dans 
l'extension,  ces  deux  pièces  se  toucbent,  qu'une  échancrure  terminale  du 
prolongement  nucbal  reçoit  alors  l'angle  antérieur  du  bouclier  interépineux , 
le  Pimelodus  gracilis  d:ùt ,  avec  plus  de  raison ,  être  regardé  comme  ayant 
ces  deux  pièces  en  contact. 

On  pourrait  se  demander  également  si  le  casque  est  ou  non  granuleux. 

O  N°  A  c,a84,  Coll.  Mus. 


—  223  — 

Sur  l'exemplaire  type,  desséché,  avons-nous  dit,  par  l'alcool,  les  rugosités 
sont  très  accusées;  sur  le  petit  individu  duRioPequeui,  en  meilleur  état  de 
conservation,  une  peau  molle  étendue  sur  la  tète  les  cache  presque  entiè- 
rement. 

Deux  espèces  ont  été  signalées  du  Chagres,  les  Pimelodus  cinerasceus 
Gûnther,  et  P.  modestus  Gùnther.  Le  Pimelodus  gracilis  diffère  du  premier 
par  son  adipeuse  et  ses  barbillons  maxillaires  plus  longs,  la  première  dans 
l'espèce  à  laquelle  je  le  compare  ici  n'ayant  que  les  deux  septièmes  (0,28) 
de  la  longueur  du  corps,  les  seconds  atteignant  au  plus  l'adipeuse;  on 
pourrait  y  joindre  la  coloration;  les  bandes  noires  longitudinales  dorsale  et 
latérale  ne  s'y  trouvent  pas.  Ce  dernier  caractère  me  paraît  être  le  seul  qui 
permette  de  distinguer  le  Pimelodus  modestus  du  Pimelodus  gracilis. 

11  n'est  peut-être  pas  inutile ,  à  propos  de  cette  coloration  du  corps ,  de 
donner  la  diagnose  spécifique  à  établir  entre  l'espèce  dont  il  est  ici  ques- 
tion et  celles  chez  lesquelles  se  retrouve  ce  système  de  coloration  en  bandes 
longitudinales  noires ,  ayant  surtout  la  bande  étendue  de  l'œil  au  pédoncule 
caudal  et  même  sur  l'uroptère.  Le  Pimelodus  omatus  Kner  a  le  casque 
céphalique  franchement  granuleux ,  le  barbillon  maxillaire  se  prolonge  à 
peu  près  jusqu'à  l'origine  de  l'uroptère,  l'adipeuse  n'a  qu'un  cinquième 
de  la  longueur  du  corps.  Les  Pimelodus  peteneiisis  Gûnther  et  P.  Jenynsii 
Giinther  ont  le  prolongement  nuchal  nettement  séparé  du  bouclier  inter- 
épineux; déplus,  chez  le  dernier,  le  nombre  des  rayons  de  l'hypoptère 
s'élève  à  ih  ou  i5. 

Quaut  aux  Pimelodus  elongatus  Giinther  et  P.  lateristriga  Mùller  et 
Troschel,  n'ayant  pas  les  éléments  de  comparaison  directe  avec  des  indi- 
vidus qu'on  puisse  regarder  comme  typiques  de  ces  deux  espèces,  les  des- 
criptions et  même,  pour  l'un  d'eux,  la  figure  données  ne  me  paraissent  pas 
fournir  des  caractères  différentiels  réellement  suffisants.  Ces  espèces,  en  y 
joignant  le  Pimelodus  modestus  Gûnther,  cité  plus  haut,  sont  bien  voisines 
les  unes  des  autres  et  du  Pimelodus  gracilis;  il  ne  serait  pas  étonnant  qu'on 
en  arrivât  un  jour  à  les  réunir. 


Note  sur  les  Lépidoptères 

RAPPORTES  PAR  M.  CHAFFANJON  DE  lAsJE  CENTRALE  ET  ORIESTALE, 

PAR    M.  PoUJADE. 

La  collection  de  Lépidoptères  rapportée  des  environs  d'Irkoutsk  (région 
duBaïkal)  par  M.  J.  Chaffanjon  présente  un  très  grand  intérêt  au  point 
de  vue  géographique.  Beaucoup  d'espèces  françaises,  suisses,  etc.  sont 
certainement  signalées  depuis  longtemps  en  Sibérie,  mais  nos  collections 
manquaient  de  spécimens  authentiques.  L'envoi  de  M.  Chaffanjon  vient 


—  ÏM  — 

combler  cette  lacuue;  de  plus,  certaines  espèces  spéciales  aces  régions 
manquaient  absolument  au  Muséum. 

Il  convient  de  citer  parmi  ces  dernières  : 

Parnassius  Eversmanni  Mén.  <? .  Espèce  très  estimée,  remarquable  en 
ce  qu'elle  est  la  seule  connue  jusqu'à  présent  de  tout  le  genre  Parnassius 
dont  le  mâle  présente  une  couleur  franchement  jaune  soufre  au  lieu  de  la 
couleur  blanchâtre  de  ses  congénères. 

Parnassius  Tenedius  Eversni.  9  .  Le  mâle  seul  existait  dans  nos  collec- 
tions. 

Argynms  Angarensis  Ersch. 

Argynnis  Oscar  us  Eversni. 

Ereria  Cvclopius  Eversm. 

Erebia  Edda  Méuétr. 

Ereria  Parmemo  Boëb.  $  .  Le  mâle  seul  était  représenté  dans  nos  col- 
lections. 

Parmi  les  Lépidoptères  de  Mandchourie  (Ourga  à  Tsitsikar)  : 

Bombyx  fasciateu.a  Ménélr.  d"  et  $  .  lionne  espèce  dont  le  Muséum 
ne  possédait  qu'une  paire,  obtenue  par  achat. 


Sun  les  Cambahus  recueillis  au  Mexique  par  M.  Diuuet, 
Note  de  M.  E.-L.  Bouvier. 

Parmi  les  très  nombreux  Arthropodes  que  M.  Diguel  nous  a  récemment 
envoyés  du  Mexique,  se  trouvent  en  abondance,  et  représentés  par  de  ma- 
gnifiques exemplaires,  ileux  espèces  de  Cambarus,  dont  l'une  me  parait 
nouvelle  pour  la  science  et  très  curieuse  à  cause  des  parasites  qu'elle 
héberge. 

Le  premier  de  ces  Cambarus  appartient  à  l'espèce  que  de  Saussure 
(  1 858)  a  désignée  sous  le  nom  de'C.  Mon tezunw.  Elle  est  représentée 
dans  les  envois  de  M.  Diguet  par  la  variété  t  ridais  sous  sa  forme  la  plus 
nette,  et  provient  soit  de  Guanajuato  où  elle  habile  les  eaux  courantes,  soil 
des  environs  de  Guadalajâra  (Etat  de  Jaiisco)  où  elle  fut  trouvée  en  grande 
abondance  dans  la  source  de  Vagua  atal,  au  milieu  des  racines  de  Naïades. 
Quoique  de  faible  taille  (elles  mesurent  au  plus  île  3  à  h  centimètres  de 
longueur),  ces  petites  Ecrevisses  sont  consommées  dans  le  pays  où  on  les 
désigne  sous  le  nom  (Vacociles.  L'espèce  typique,  à  rostre  simplement  aigu, 


—  225  — 

n'a  pas  été  recueillie  par  M.  Diguet,  mais  elle  se  trouve  représentée  dans 
nos  collections,  en  même  temps  que  sa  variété,  par  des  exemplaires  des 
environs  de  Mexico  offerts  au  Muséum  par  M.  Génin. 

La  seconde  espèce  de  Canibarus  que  nous  a  envoyée  M.  Diguet  a  été 
Lrouvée  dans  les  affluents  du  Rio  Santiago,  cours  d'eau  assez  important  de 
l'Etat  de  Jalisco.  C'est  un  Grustacé  de  grande  taille  qui  peut  égaler  en 
dimensions  les  Ecrevisses  françaises  les  plus  belles;  le  plus  grand  exem- 
plaire est  un  mâle  qui  mesure  o  m.  10  de  longueur,  de  la  pointe  du 
rostre  à  l'extrémité  du  telson. 

Cette  espèce  appartient  au  groupe  de  Cambarus  dont  les  mâles  sont 
munis  d'un  crochet  sur  le  2e  article  des  pattes  de  la  3e  paire.  Elle  se  rap- 
proche beaucoup  d'une  espèce  des  Etats-Unis,  le  C.propinquus  Girard;  elle 
présente  comme  elle  une  carène  longitudinale  médiane  sur  la  face  supé- 
rieure du  rostre  tridenté ,  mais  elle  en  diffère  par  l'ensemble  des  caractères 
suivants  : 

Le  rostre  n'est  pas  quadrilatère  comme  dans  le  C.  propinquus,  mais  se 
rétrécit  graduellement  de  la  base  à  la  pointe  des  épines  préapicales  ;  il  est 
d'ailleurs  bien  plus  profondément  excavé,  moins  large,  ses  dents  préapi- 
cales sont  bien  plus  saillantes  et  bien  plus  distinctes  de  la  pointe  médiane 
qui  atteint  à  peu  près  l'extrémité  des  pédoncules  antennulaires,  les  bords 
du  rostre,  enfin,  forment  une  carène  latérale  bien  plus  haute  et.  toujours 
nettement  tranchante,  qui  se  prolonge  manifestement  jusqu'entre  les  épines 
antérieures  des  crêtes  basales.  La  carène  longitudinale  médiane,  au  lieu 
d'être  basse,  obtuse,  comme  dans  le  C.  propinquus,  est  au  contraire  haute 
cl  tranchante;  d'ailleurs  elle  ne  se  prolonge  pas  sur  la  pointe  rostrale  mé- 
diane comme  dans  cette  dernière  espèce;  elle  est  toujours  très  développée 
dans  les  mâles  et  dans  les  grands  exemplaires  femelles ,  mais  elle  devient  à 
peine  sensible  ou  disparaît  complètement  dans  les  femelles  de  moyenne  ou 
de  petite  taille.  Des  modifications  analogues  ont  été  signalées  par  Hagen 
dans  le  C.  propinquus. 

Dans  notre  espèce,  le  bord  frontal  forme  un  angle  aigu  très  apparent  au 
dessus  et  ?  la  base  des  pédoncules  antennaires;  cet  angle,  au  contraire, 
est  à  peii  e  distinct  et  fort  obtus  dans  le  C.  propinquus.  Dans  les  deux 
espèces,  les  ornements  de  la  carapace  sont  sensiblement  les  mêmes;  toute- 
fois les  grands  exemplaires  recueillis  par  M.  Diguet  se  font  remarquer  par 
les  touffes  de  poils  très  courts  qui  naissent,  surtout  latéralement , des  nom- 
breuses ponctuations  du  test. 

Dans  le  C.  propinquus ,  les  pédoncules  antennulaires  et  l'écaillé  antennaire 
atteignent  simplement  la  base  du  dernier  article  des  pédoncules  anten- 
naires; dans  l'espèce  de  M.  Diguet,  au  contraire,  les  pédoncules  et  les 
écailles  antennaires  arrivent  en  avant  au  même  niveau  que  les  pédoncules 
antennulaires;  dans  le  C.  propinquus,  l'épistorne  est  tronqué  de  chaque  côté 
de  la  partie  terminale  et  a  une  forme  plutôt  polygonale;  dans  l'espèce  de 
Muskum.  —  m.  1  7 


—  226  — 

M.  Diguet,  ces  truncatures  n'existent  pas,  et  la  forme  de  l'épistome  rap- 
pelle surtout  le  C.  robustus. 

Les  pattes  antérieures  suffiraient,  à  elles  seules,  pour  distinguer  les  deux 
espèces  :  i°  dans  le  C.  propinquus,  on  ne  trouve  qu'une  épine  sur  le  bord 
anléro-inférieur  du  méropodite;  cette  épine  est  située  à  l'extrémité  interne 
du  bord  ;  dans  l'espèce  de  M.  Diguet ,  il  y  a  toujours  une  épine  à  cbaque 
extrémité  du  bord;  2°  dans  le  C.  propinquus ,  le  carpe  ne  présente  pas 
d'autres  saillies  que  trois  épines,  dont  l'une  occupe  l'angle  interne  du  bord 
autéro-supérieur,  l'autre  la  face  interne,  la  troisième  le  bord  antéro- 
inférieur;  dans  l'espèce  de  M.  Diguet,  pour  peu  que  les  exemplaires  soient 
de  moyenne  taille,  on  observe  des  tubercules ,  parfois  spiniformes,  sur  la 
face  interne  de  l'article ,  et  deux  épines  sur  son  bord  antéro-inférieur  ;  3°  daus 
le  C. propinquus ,  les  pinces  sont  très  peu  convexes  à  leur  base  et,  en  dedans, 
débordent  largement  le  carpe;  elles  sont  munies  sur  le  bord  interne  de  la 
portion  palmaire  d'une  ou  deux  rangées  longitudinales  fort  régulières  de 
saillies  tuberculeuses  plus  ou  moins  aiguës  ;  leur  largeur  est  d'ailleurs  consi- 
dérable et  dépasse  la  longueur  de  la  portion  palmaire  au  niveau  du  doigt 
mobile;  —  dans  l'espèce  de  M.  Diguet,  les  pinces  sont  très  convexes,  subcy- 
lindriques  et  presque  aussi  épaisses  que  larges  dans  la  portion  palmaire , 
leur  largeur  est  d'ailleurs  plus  faible  que  celle  de  cette  dernière  partie,  en 
arrière  des  doigts,  enfin  on  n'observe  pas  de  saillies  sériées  sur  le  bord  in- 
terne de  l'article ,  et  c'est  tout  au  plus  si  les  faibles  mais  nombreux  tubercules 
qu'on  observe  sur  les  pinces,  dans  les  grands  individus,  deviennent  un  peu 
plus  forts  dans  cette  région;  A0  dans  le  C.  propinquus,  la  pointe  du  rostre 
atteint  le  mdieu  du  carpe  chez  les  mâles,  la  base  de  la  pince  chez  les  fe- 
melles, qui  se  distinguent  d'ailleurs  des  grands  mâles  par  leur  pince  plus 
courte  et  plus  large;  dans  les  exemplaires  bien  adultes  recueillis  par  M.  Di- 
guet, la  pointe  du  rostre  atteint  la  base  du  carpe  chez  les  mâles,  et  chez 
les  femelles  dépasse  la  base  des  pinces  ;  celles-ci  sont  bien  plus  courtes , 
mais  à  peine  plus  larges  que  celles  des  grands  mâles,  mais  elles  ne  sont 
pas  sans  analogie  avec  celles  des  mâles  plus  petits  qui  représentent  peut-être 
la  seconde  forme  de  l'espèce. 

Les  autres  différences  entre  les  deux  espèces  sont  de  moindre  importance  ; 
disons  toutefois  que  les  appendices  mâles  de  la  première  paire  se  terminent 
par  deux  pointes  cornées  chez  tous  les  exemplaires  de  moyenne  ou  de 
grande  taille  recueillis  par  M.  Diguet,  et  que  tous  ces  exemplaires ,  quels 
qu'ils  soient,  portent  de  chaque  côté  trois  épines  au  bord  postérieur  de  la 
moitié  basilaire  du  telsou. 

Les  dimensions  des  divers  exemplaires  sont  les  suivantes  : 


—  227  — 


MESURES. 


Longueur  du  corps  étendu,  de  la  pointe  du 
rostre  à  l'extrémité  du  telson  . 

totale  du  céphalothorax 

—  du  céphalothorax   on   arrière    du 

sillon  cervical 

Distance  qui  sépare  les  deux  carènes  latérales 
du  rostre  à  leur  hase 

qui   sépare  les  deux   épines  auté- 
apicales  du  rostre 

Longueur    totale    de    la    patte    antérieure 
droite 

de  la  pince  de  celte  patte 

—  de  la  portion  palmaire  (  du  tuher- 

cule  articulaire  de  cette  portion 
à  celui  du  doigt) 

Largeur  maximum  de  la  portion  palmaire.. 

Epaisseur 


GRAND 

GRANDE 

MÂLE. 

FK  M  ELLE. 

niilliru. 

millini. 

io5 

88 

5o 

43 

16 

i3,5 

6,6 

6,2 

3 

3 

7*> 

5o 

34,5 

21 

i5 

8,5 

12 

8 

8 

5 

MALE 

DE    PETITE    TAILLE 

(forme  II  ?), 

mais 

ayant  déjà 

ses  appendices 

sexuels. 


inillim. 

6,5 

3 

i,5 

a  3 

1 1 


4,7 

3,6 

3,5 


Dans  le  grand  mâle  qui  vient  de  nous  servir  de  type ,  la  pince  est  peu 
épaisse,  mais  on  doit  ajouter  qu'elle  l'est  beaucoup  plus  chez  tous  les  autres. 
Dans  un  mâle  un  peu  plus  petit,  la  partie  palmaire  présente  les  dimensions 
suivantes  qui  sont,  bien  plus  (pie  les  précédentes,  voisines  de  la  moyenne  : 
longueur,  t3  millimètres;  largeur,  9  millim.  6;  épaisseur,  7  millim.  7. 

Nous  donnerons  le  nom  de  Cambarus  Digueti  à  la  très  belle  espèce  que 
nous  venons  de  décrire;  mise  depuis  peu  dans  l'alcool,  elle  a  pris  la  cou- 
leur rouge  que  présente  notre  Ecrevisse  quand  elle  est  cuite,  mais  cette 
couleur  commence  à  disparaître  et  se  dissout  dans  le  liquide. 

Le  C.  Digueti  n'est  pas  sans  analogie  avec  le  C.  cornutus  Faxou ,  du  Ken- 
tucky;  cette  dernière  espèce  eu  diffère  toutefois  par  ses  proportions  relatives 
assez  différentes,  par  son  rostre  dépourvu  de  carène  médiane,  par  son  ab- 
domen large  et  à  angles  latéraux  aigus,  par  ses  fouets  antennaires  beaucoup 
plus  longs,  par  ses  pinces  à  bord  interne  serratulé,  par  les  deux  épines  la- 
térales que  présente  de  chaque  coté  la  partie  basilaire  du  telson,  et  par  bien 
d'autres  caractères  qu'on  trouvera  signalés  dans  le  travail  de  M.  Faxon (1). 

(1)  Description  of  new  species  of  Cambarus;  to  which   is  added  a  synonymical 

17- 


—  228  — 

Outre  l'intérêt  propre  qu'elle  présente,  l'espèce  que  nous  venons  de 
signaler  mérite  d'attirer  l'attention  des  naturalistes  à  cause  des  phénomènes 
de  parasitisme  dont  elle  est  le  siège. 

Sur  les  vingt  exemplaires  qui  composaient  l'envoi  de  M.  Diguet,  quatre 
sont  attaqués  par  les  Trématodes  du  genre  Temitocephala ;  l'un  d'eux  offre 
à  peine  quelques  bouquets  d'oeufs  du  parasite,  mais  les  trois  autres  en  ont 
les  flancs  recouverts  et  toute  la  l'ace  inférieure  du  corps,  voire  celle  de 
l'abdomen;  les  parasites  adultes  y  sont  assez  nombreux  et  beaucoup  sont 
encore  en  place  entourés  des  grappes  d'oeufs  qu'ils  viennent  de  pondre.  On 
connaissait  des  Tenmocépbales  sur  les  Parastaciens  mais  non  sur  les  Asta- 
cinés  proprement  dits;  ne  fût-ce  qu'à  ce  point  de  vue,  le  parasite  du 
C.  Digueti  présentera  certainement  de  l'intérêt  pour  la  science.  Mon  col- 
lègue et  ancien  maître,  M.  Perrier,  l'a  confié  à  M.  Vayssière,  professeur 
adjoint  à  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille,  qui  a  consacré  un  mémoire 
intéressant  à  l'histoire  des  Temnocéphales. 

Sur  les  quatre  exemplaires  attaqués  par  des  Temnocéphales ,  deux  hé- 
bergent en  outre,  en  assez  grand  nombre,  de  petites  Hirudinées  du  genre 
Branchiobdella.  Ces  parasites,  qu'on  accuse  de  brouter  les  filaments  bran- 
chiaux des  Ecrevisses,  sont  tous  localisés,  dans  notre  espèce,  à  la  surlace 
des  branchies,  soit  en  dedans  du  plumet  branchial,  soit  en  dehors;  —  ils 
ne  sont  pas,  comme  la  Branchiobdella  parasita  Henle  de  notre  Ecrevisse, 
répandus  sur  les  appendices  et  sur  l'abdomen.  Au  surplus,  ce  n'est  pas  la 
première  fois  qu'on  signale  des  Branchiobdelles  sur  les  Cambarus,  M.  Moore (1) 
en  a  fait  connaître  avant  nous  plusieurs  espèces;  mais  il  est  fort  possible 
que  celles  du  C.  Digueti  soient  nouvelles  ou  dignes  d'être  observées,  et 
M.  Perrier  les  a  transmises  à  M.  Raphaël  Blanchard  qui  saura,  mieux  que 
personne,  mettre  en  lumière  l'intérêt  qu'elles  présentent. 


Sur  deux   Paguriens  nouveaux 
trouvés  l'ail  m.  coutière  dans  les  recifs  madreporiques ,  à  djiroutl, 

par  M.   E.-L.   Bouvier. 

Dans  la  très  jolie  collection  de  Crustacés  que  M.  Coutière  a  recueillie 
dans  les  récifs  madréporiques  de  Djibouti,  se  trouvent  deux  Paguridés  nou- 
veaux qui  jettent  quelque  lumière  sur  les  affinités  du  groupe  auquel  ils 
appartiennent.  L'un  se  range  dans  la  tribu  des  Eupagu riens  et  forme  le 

List  of  tlie  known  species  of  Cambarus  and  Artacus.  Proced.  tucer.  Mad.  Boston, 
vol.  XX,  p.  120,  1  y 85. 

(1)  Les  espèces  signalées  par  M.  Moore  vivent  en  parasites  sur  le  Cambarus 
Bartoni  (On  some  Leecli-likc  parasites  of  American  Crayfishes.  —  Pc.  Ac.  nal.  se. 
Philadelphia,  1 89.Î ,  p.  /ii6-/ia8,  pi.  XII.) 


—  229  — 

type  d'un  genre  nouveau;  l'autre  prend  place  dans  la  tribu  des  Mixtopagu- 
riens  et  représente  la  deuxième  espèce  du  genre  Troglopagurus  qu'établit 
M.  Henderson  en  1890. 

lit. Mir.   nouveau  :  Ccstopagurus. 

Les  Crustacés  de  ce  genre  appartiennent  au  groupe  des  Eupaguriens 
dont  les  mâles  sont  munis  de  tubes  sexuels  saillants  à  la  base  des  pattes 
postérieures.  On  sait  que  les  Eupaguriens  de  ce  groupe  se  divisent  en  deux 
séries  presque  parallèles,  suivant  que  le  tube  sexuel  principal  prend  son 
origine  sur  la  liancbe  postérieure  droite  ou  sur  la  hanche  gauche. 


Fig.  1. —  Cestopagurus  Coiitieri  sp.  nov. ,   d  vu  du  côté  gaucho. 

Avec  les  Nematopagurus  Edw.  et  Bouv. ,  les  Pagurodes  Henderson ,  les 
Catapagurus  Smith  elles  Catapaguroides  Edw.  et  Bouv.,  le  nouveau  genre 
qui  nous  occupe  se  range  dans  la  série  des  formes  dont  le  tube  sexuel 
mâle  a  son  origine  sur  la  hanche  droite.  H  se  rapproche  des  Catapaguroides 
et  des  Nematopagurus ,  et  diffère  des  deux  autres  genres  de  la  série  par  la 
position  du  tube  sexuel  qui  se  dirige  (fig.  2)  de  droite  à  gauche  au-dessous 
et  à  la  base  de  l'abdomen,  tandis  qu'il  remonte  contre,  le  flanc  droit  dans 
les  Pagurodes  et  les  Catapagurus. 

11  se  distingue  d'ailleurs  fort  nettement  par  la  forme  et  la  direction  du 
tube  sexuel  qui  (fig.  1)  se  recourbe  du  côté  gauche  sous  la  forme  d'un 
tube  cylindrique,  atteint  de  la  sorte  la  face  dorsale  du  céphalothorax  et 
se  continue  alors  par  un  filament  grêle  assez  long  et  plus  ou  moins  si- 
nueux. Dans  les  Nematopagurus ,  la  partie  grêle  et  tortillée  forme  la  presque 
totalité  du  tube  qui  d'ailleurs  ne  se  recourbe  pas  sur  le  flanc  droit  et  se> 
trouve  accompagné  d'un  tube  sexuel  plus  petit  situé  sur  la  hanche 
gauche;  dans  les  Catapaguroides,  le  tube  unique  est  toujours  court,  ne  re- 


—  230  — 

monte  pas  contre  le  flanc  gauche,  et  forme  une  sorte  de  lame  de  sabre 
ventrale  à  peine  recourbée  et  sans  filament  termina!. 

En  somme  notre  nouveau  genre  tient  à  la  fois  des  Nematopagurus  et  des 
Catapaguroides,  mais  se  rapproche  beaucoup  pins  de  ce  dernier  genre,  dont 
il  n'est,  à  vrai  dire,  qu'une  forme  littorale  spécialement  modifiée  an  point 
de  vue  de  la  reproduction. 


.''     x    ;  -n  ^..v^C^-w- 

- ^^r*-^ 

\  ^ 

Kg.  3. 
Patte  ambulatoire 

postérieure. 

Fig.    3. 

Origine  du  tube  sexuel. 

Les  Catapaguroides  habitent  des  fonds  compris  entre  5oo  et  2,200  mètres 
de  profondeur;  leurs  pattes  ambulatoires  sont  terminées  par  des  doigls 
longs  et  grêles ,  et  leurs  pédoncules  antennulaires  sont  remarquablement 
allongés;  notre  genre,  au  contraire,  se  trouve  dans  la  zone  littorale,  il  est 
caractérisé  par  des  pédoncules  antennulaires  très  réduits  et  par  la  brièveté 
des  doigts  (fig.  3)  des  pattes  ambulatoires,  qui  sont  plus  courts  que  le  pro- 
podite.  Le  Catapaguroides  acutifrons  Edw.  et  Bouv.  forme  la  transition 
entre  les  deux  genres  par  son  rostre  frontal  très  saillant,  par  ses  doigts 
et  ses  pédoncules  antennulaires  assez  courts,  et  par  les  ornements  de  ses 
pinces. 

Le  genre  Catapaguroides  a  été  découvert  par  le  Talisman  et  compte  jus- 
qu'ici trois  espèces  localisées  dans  l'Atlantique  oriental  entre  le  nord  de 
l'Espagne  et  les  îles  Canaries.  La  découverte  de  M.  Goutière  semble  prouver 
que  les  Catapaguroides  ont  existé  ou  existent  encore  dans  la  mer  des  Indes 
et  dans  le  Pacifique. 

Notre  genre  étant  surtout  caractérisé  par  la  direction  du  tube  sexuel,  qui 
forme  presque  une  ceinture  autour  du  corps,  nous  lui  donnerons  le  nom 
de  Cestopagurus ,  et  nous  dédierons  l'espèce  nouvelle  qui  le  représente  au 
jeune  et  courageux  naturaliste  qui  l'a  découvert. 

Cestopagurus  Coutieri  sp.  nov.  —  Les  figures  ci-jointes  suffiront 
certainement  pour  donner  une  idée  exacte  de  cette  espèce,  qui  est  caracté- 
risée (fig.  h)  par  son  rostre  très  saillant,  ses  pédoncules  antennulaires  plus 
courts  que  les  pédoncules  oculaires,  les  poils  raides  assez  nombreux  qui 
ornent  ses  pattes  et  qui  naissent  par  faisceaux  de  courtes  lignes  pilifères 
transverses  ou  de  saillies  spiniformes  (fig.  5).  Ces  saillies  sont  toujours 
fort  réduites  et  nous  les  avons  exagérées  dans  nos  figures;  pourtant,  dans 
un  vieux  mâle  un  peu  anormal ,  elles  avaient  à  peu  près  le  développement 


—  '231   — 


que  nous  leur  avons  donné  ci-contre.  La  pince  antérieure  gauche  (  fig.  5 , 
à  droite)  a  un  hiatus  entre  les  doigts,  à  leur  base;  le  propodite  des  pattes 
de  la  h°  paire  n'a  qu'uue  seule  rangée  d'écaillés  à  sa  râpe  (fig.  1),  en- 
fin les  mâles  paraissent  n'avoir,  comme  ceux  des  Pagurodes  et  des  Catapa- 
guroides,  que  trois  fausses  pattes  impaires. 


Fig.  4. 

Partie  antérieure 

du  céphalothorax,  face  dorsale. 


Fig.  5. 

Pattes  antérieures 

vues  par-dessus. 


Les  deux  exemplaires  adultes  mesuraient  en  moyenne  trois  millimètres 
de  longueur,  au  céphalothorax;  toutes  les  figures  ci-jointes  ont  été  faites 
d'après  un  mâle  de  cette  taille ,  sauf  la  figure  k  qui  représente  un  mâle  de 
k  millimètres  dont  les  pédoncules  oculaires  sont  un  peu  plus  allongés  que 
ceux  des  autres  exemplaires.  La  couleur  dans  l'alcool  est  rose  pâle  avec 
des  raies  longitudinales  parallèles  de  couleur  orangée,  qui  forment  une 
sorte  d'anneau  sur  chaque  article  des  pattes  ambulatoires. 

Dans  le  grand  exemplaire,  la  couleur  générale  est  violacée,  et  l'on  n'ob- 
serve plus  trace  des  raies  longitudinales. 

Espèce  nouvelle  :  Troglopagurus  Jousseaumei. 

M.  Henderson  a  très  exactement  indiqué  la  plupart  des  caractères  du 
genre  Troglopagurus  et  signalé  ses  affinités  avec  les  Crustacés  du  genre 
Pagurus.  Toutefois,  nous  croyons  être  plus  près  de  la  vérité  en  disant  que 
les  Troglopagurus  se  rapprochent  moins  des  Pagurus  que  des  Diogcnes, 
qu'ils  dérivent  des  premiers  comme  les  Diogenes,  et  qu'ils  nous  montrent 
comment  ces  derniers  ont  pu  se  former  à  partir  des  vrais  Pagurus.  Grâce 
aux  Troglopagurus ,  on  sait  maintenant  qu'd  est  impossible  de  séparer  les 
Diogenes  des  Pagurus  pour  en  former  un  groupe  distinct. 

Le  Troglopagurus  de  M.  Coutière  a  encore  les  pédoncules  oculaires ,  les 
longs  fouets  antennaires,  les  grands  pédoncules  antennulaires  et  les  courtes 
écailles  antennaires  des  Paguriens  du  genre  Pagurus,  mais,  tandis  que  par 
certains  de  ces  caractères  il  est  bien  plus  près  des  Diogenes  (écailles  anten- 


—  232  — 

naires  très  courtes),  par  (Vautres,  il  se  rapproche  davantage  des  Pagurus 
(longueur  des  pédoncules  oculaires  et  antennaires,  du  fouet  des  antennes). 
D'ailleurs  tous  ses  autres  caractères  essentiels  (abstraction  faite  du  rostre 
mobile,  qui  est  absent)  sont  ceux  des  Diogenes  :  longs  poils  des  fouets 
antennaires,  lignes  pilifères  transverses  de  la  partie  antérieure  du  cépha- 
lothorax, réduction  extrême  de  la  pince  droite,  grand  développement  et 
forme  infléchie  de  la  pince  gauche,  absence  d'ongles  cornés  aux  extrémités 
des  pinces ,  forme  des  fausses  pattes  ovifères  de  la  femelle  qui  sont  dé- 
pourvues de  rameau  accessoire,  enfin  atrophie  complète  de  la  pleuro- 
branchie  des  pattes  de  la  dernière  paire.  Tous  ces  caractères  nous  prouvent 
que  les  mêmes  modifications  naturelles  ont  transformé  les  Pagurus  en  Tro- 
glopagurus  et  en  Diogenes  et  que  les  premiers  ne  diffèrent  guère  des  se- 
conds que  par  l'absence  du  rostre  mobile ,  et  par  le  rapprochement  des 
écailles  ophtalmiques  qui  en  est  la  conséquence.  Dans  la  plupart  des  Pa- 
gures, au  contraire,  ces  écailles  sont  largement  séparées. 


Fig.  6.  —  Troglopagiivus  Jousseaumei  sp.  nov. 

Nous  donnons  à  l'espèce  nouvelle  qui  nous  occupe  le  nom  de  Troglopo- 
gurus  Jousseaumei  en  l'honneur  de  l'excellent  et  très  dévoué  naturaliste  qui 
servit  de  guide  à  M.  Contière  pendant  son  voyage.  Celte  espèce  est  la  se- 
conde du  genre;  elle  est  bien  plus  voisine  des  Pagurus  que  le  Troglopagu- 


—  233  — 

rus  manaarensis  de  M.  Henderson,  et  diffère  essentiellement  de  cette  es- 
pèce :  i°  par  son  front  qui  est  presque  droit,  tandis  qu'il  est  très  saillant 
entre  les  antennes  dans  le  T.  manaarensis  ;  s>.°  par  ses  écailles  ophtalmi- 
ques qui  sont  larges,  tridentées  et  qui  rappellent  surtout  les  Pagurus,  tan- 
dis qu'elles  sont  frangées  de  dents  sur  toute  la  longueur  de  leur  bord  externe 
et  rappellent  surtout  les  Diogenes  dans  le  T.  manaarensis  ;  3°  par  son  aci- 
cule  plus  long  et  muni  d'une  grande  e'pine  terminale;  k"  par  ses  pédoncules 
antennulaires  bien  plus  développés  ;  5°  par  ses  appendices  couverts  de  poils 
raides,  longs  et  très  nombreux;  6°  par  sa  pince  gauche  large  et  à  bord  in- 
férieur infléchi;  70  par  sa  pince  droite  très  allongée;  8°  enfin  par  les 
doigts  des  pattes  ambulatoires  qui  sont  grêles  et  atteignent  presque. la 
longueur  des  deux  articles  précédents  réunis.  —  Les  ornements  en  saillie 
des  pattes  antérieures  sont  assez  nombreux,  mais  très  peu  proéminents;  les 
plus  importants  forment  une  rangée  d'épines  sur  ie  bord  inférieur  du  carpe; 
il  y  a  des  saillies  spiniformes  plus  réduites  sur  les  bords  delà  pince  et  vers 
le  milieu  de  sa  face  externe. 

Longueur  du  céphalothorax  de  l'exemplaire  figuré:  8  millim.  5. La  pince 
gauche  ressemble  tout  h  fait  à  celle  des  Diogenes  et  ne  devrait  être  vue  que 
par  son  bord  supérieur;  elle  est  représentée  vue  par  sa  face  externe.  La 
pince  droite  ne  ressemble  pas  à  celle  des  Diogenes;  sa  face  externe  forme 
deux  surfaces  planes  qui  se  rencontrent  presque  à  angle  droit,  l'une  supé- 
rieure comprise  entre  deux  rangées  de  saillies  pilifères,  l'autre  externe. 

Couleur  à  l'arrivée,  dans  le  formol  :  sur  les  pattes  et  les  antennes,  les 
pédoncules  oculaires  et  la  moitié  antérieure  du  céphalothorax  la  teinte  gé- 
nérale est  violacé  pâle  avec  des  parties  plus  foncées  qui  dessinent  des  stries 
ou  des  veines  ;  fouets  antennaires  et  antennulaires  violet  brun  ainsi  qu'une 
raie  longitudinale  située  à  la  partie  supérieure  des  pédoncules  oculaires  ; 
abdomen  jaune  rougeâtre,  œufs  cerise. 

Dans  l'alcool ,  la  teinte  générale  devient  rouge  orangé  avec  des  stries  ou 
des  veines  blanchâtres.  La  bande  longitudinale  des  pédoncules  oculaires 
est  rouge  orangé  sur  fond  blanchâtre.  Parfois  la  couleur  disparaît  complè- 
tement dans  l'alcool. 

Note  sur  quelques  alphéidés  nouveaux  ou  peu  connus 
rapportes  de  djibouti  (afrique  orientale), 

par  h.  coutière. 
(Laboratoires  de  MM.  les  professeurs  Milne  Edwards  et  Bouvier.) 


(jenre   \<  ha  lias  (Leacli). 

Athanas  dispar  (nouv.  nom).  —  Les  nombreux  spécimens  de  cette 
espèce,  recueillis  à  Djibouti  et  à  Suez,  se  sont  trouvé  correspondre  aux 


—  234  — 

deux  espèces  décrites  comme  nouvelles  dans  le  Bulletin  n°  8  (  1 896) (1)  : 
A.  leptocheles  représente  les  femelles  de  A.  dispar;  les  mâles  correspondent 
h  A.  solcnomerus,  dont  je  n'avais  eu  à  ma  disposition  qu'un  spécimen  im- 
parfait. Les  pattes  de  la  première  paire,  aussi  énormes  chez  les  mâles 
cruelles  sont  grêles  chez  les  femelles,  établissent  entre  les  sexes  une  diffé- 
rence que  l'on  ne  trouve,  à  ce  degré,  chez  aucun  autre  Alphéidé. 

Sous  les  pierres,  à  marée  basse.  Incolore,  avec  une  dizaine  de  bandes 
rouge  orangé  disposées  en  trois  groupes,  plus  faibles  et  plus  diffuses  chez 
le  mâle,  œufs  de  couleur  orange ,  ou  vert  olive {2). 

Athanas  Djiboutensis  n.  sp.  —  Se  distingue  du  précédent  par  des 
caractères  très  nets  :  forte  dent  aiguë  supra-cornéenne ,  bien  distincte  ;  des 
deux  épines  extra  et  infra-cornéennes ,  cette  dernière  est  de  beaucoup  la 
plus  forte,  à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  chez  A.  dispar. 

Les  pattes  de  la  première  paire  sont,  chez  le  mâle,  légèrement  inégales 
et  rappellent  étroitement  A.  dispar.  Toutefois  la  gaine  du  méropodite  est 
plus  large  et  subitement  dilatée ,  et  la  paume  est  plus  régulièrement  ovale. 
Chez  la  femelle,  les  pattes  de  la  première  paire  sont  très  inégales,  la  plus 
grande  ne  diffère  pas  de  celles  du  mâle,  la  plus  petite  est  celle  des  femelles 
de  A.  dispar. 

La  taille  de  cette  nouvelle  espèce  est,  en  général,  plus  petite  que  celle 
de  A.  dispar.  L'animal  est  incolore ,  sauf  une  large  bande  d'un  blanc  opaque , 
élargie  par  places,  s'étendant  des  antennules  au  telsou.  OEufs  bruns. 

Genre  Jousseaumea  (H.  Coutière). 

J.  latirostris.  —  Un  grand  nombre  d'individus  de  cette  espèce ,  que 
nous  avions  décrite  sur  un  spécimen  ne  possédant  pas  sa  grande  pince. 
Celle-ci,  très  semblable  à  son  homologue  chez  l'espèce  voisine,  J.  serrati- 
digitus,  est  plus  régulièrement  ovale  et  manque  du  sillon  profond  de  la  face 
supérieure  de  la  paume. 

Incolore ,  corps  régulièrement  annelé  de  rouge  vif. 

J.  serratidigitiîs. —  Couleur  d'un  beau  jaune  uniforme,  œufs  orange  vif. 

J.  cristata  n.  sp.  —  Les  bords  de  la  large  pointe  roslrale  se  conti- 
nuent sur  le  céphalothorax  par  deux  fortes  crêtes  surplombant  les  épines 
supra-cornéennes .  presque  invisibles  en  dessus.  Une  troisième  crête  s'étend 

(•)  Bulletin  du  Muséum,  1896,  n°  8,  p.  38o-386.  Note  sur  quelques  genres 
nouveaux  ou  peu  counus  d'Alphéidés ,  formant  ia  sous-famille  des  Alphéopsidés. 

W  Nous  n'avons  pas  rencontré  à  Djibouti  la  variété  «monoceros  n ,  peut-être 
spéciale  à  une  localité.  Si  cette  variété  doit,  comme  nous  le  croyons,  être  main- 
tenue, son  nom  devient  Athanas  dispar,  var.  monoceros.  (Alpheus  monoceros,  Heller; 
Arête  monoceros,  Paulson). 


—  235  — 

de  la  pointe  du  rostre  sur  tout  le  céphalothorax;  la  surface  de  la  pointe 
roslrale  est  légèrement  concave  de  part  et  d'autre. 

Le  bord  postérieur  du  telson  est  échancré  comme  chez  J.  serratidigitus. 

Les  autres  détails  de  structure  et  la  coloration  comme  chez  J.  latirostris. 

Genre  Aniphihetseus  (H.  Coutière). 

A.  Jousseaumei.  —  Complètement  incolore  ou  blanchâtre,  lavé  de  rose. 
L'énorme  pince  complètement  rabattue  sous  le  corps  s'ouvre  dans  le  plan 
horizontal,  comme  dans  le  genre  Jousseaumea ,  en  décrivant  un  demi-cercle. 

Genre  Arête  (Stimpson). 

A.  dorsalis.  —  Nombreux  exemplaires  auxquels  la  diagnose  de  Stimpson 
s'applique  parfaitement.  Vit  en  commensal  d'un  petit  Oursin  du  genre 
Echinometra,  de  couleur  pourpre  foncé;  se  trouve  le  plus  souvent  entre  les 
piquants  de  l'animal  et  cherche  visiblement  à  y  revenir  lorsqu'on  l'en  écarte. 

Arête  dorsalis  est,  comme  son  hôte,  d'un  rouge  brun  uniforme  et  bril- 
lant, avec  trois  bandes  plus  claires,  l'une  médiane,  les  deux  autres  latérales. 
s'étendant  sur  la  face  externe  des  pinces. 

Genre  Automate  (de  Man). 

A.  dolichognatha.  —  L'unique  spécimen  pour  lequel  fut  établi  ce  genre 
ne  possédait  pas  ses  pinces.  Les  nombreux  exemplaires  que  j'ai  recueillis 
à  Djibouti  permettent  de  compléter  en  ce  point  la  minutieuse  description 
de  de  Man.  Les  pattes  de  la  première  paire  sont  très  inégales  surtout  chez 
le  mâle.  La  grande  pince,  plus  petite  et  plus  trapue  chez  la  femelle,  res- 
semble à  celle  d'un  Thalassinien  :  la  paume  est  aplatie,  rectangulaire  et 
les  doigts,  courts  et  robustes,  laissent  entre  eux  un  léger  intervalle,  surtout 
chez  la  femelle. 

Automate  dolichognatha  vit  sous  les  débris  enfoncés  dans  le  sable  ou  la 
vase,  au  pied  des  récifs  madréporiques  émergés,  en  compagnie  d'Amphi- 
betaeus  et  de  Thalassiniens.  Presque  incolore,  ou  d'un  blanc  jaunâtre  lavé 
de  rose  à  l'extrémité  des  antennes  et  des  pinces.  L'ovaire  et  les  œufs  sont 
d'une  belle  couleur  orange. (1) 

Genre  Alpheus  (Fabr.) 

A.  barbatus  n.  sp.  —  Assez  voisin  de  A.  socialis  (Heller)  s'en  distingue 
nettement  par  la  forme  de  ses  pinces.  Celles-ci  sont  notablement  plus  fortes 

m  Les  deux  exemples  que  nous  avons  de'crits  dans  ie  Bulletin  du  Muséum ,  n"  8  , 
1896,  proviennent  des  îles  du  Gap  Vert  (Talisman).  Ils  ne  paraissent  pas,  malgré 
quelques  différences,  devoir  être  séparés  de  l'espèce  «dolichognatha». 


—  236  — 

chez  le  mâle.  La  grande  pince  est  parallélépipédique,  trapue,  comprimée, 
lisse,  deux  fois  et  demie  plus  longue  que  haute.  Bord  inférieur  entier,  bord 
supérieur  avec  un  léger  sillon  transversal  court  très  près  de  l'insertion  du 
doigt  mobile.  Paume  tronquée  en  avant,  portion  libre  du  doigt  fixe  très 
courte.  Doigt  mobile  court,  fortement  courbé  en  crochet,  surtout  chez  le 
mâle. 

Doigts  de  la  petite  pince  presque  deux  fois  aussi  longs  que  la  paume, 
courbés,  béants,  bords  garnis  de  soies  raides,  longues  et  serrées. 

Couleur  rouge  orange  brillant;  les  branchioslégites,  l'espace  sus- stomacal 
et  toutes  les  soies  sont  d'un  blanc  opaque. 

Sous  les  pierres,  à  marée  basse.  Deux  exemplaires,  un  troisième  dragué 
par  10  mètres. 

A.  splendidus  n.  sp.  —  Voisin  de  A.  gracilis  (Heller)  dont  le  distin- 
guent les  caractères  suivants  :  le  rostre,  dirigé  en  haut,  atteint  l'extrémité 
du  ier  article  antennulaire  et  se  prolonge  entre  les  yeux,  jusqu'au  milieu 
du  céphalothorax,  sous  forme  d'une  carène  forte  plus  élevée  que  les  capu- 
chons. La  forte  épine  dont  ceux-ci  sont  armés  se  projette  du  centre  de  leur 
saillie,  leur  bord  antérieur  étant  entier. 

Grande  pince  sensiblement  3  fois  plus  longue  que  haute,  petite  pince 
très  grêle,  cylindrique,  5  fois  plus  longue  que  large. 

Pattes  3  et  h  terminées  par  une  simple  griffe.  Coloration  remarquable  : 
une  étroite  bande  jaune  vif  du  rostre  au  telson,  bordée  de  deux  bandes 
brunes  ;  le  reste  du  corps  rougeâtre ,  sauf  deux  étroites  lignes  blanches  con- 
l  iguës  aux  bandes  brunes  ;  pinces  orange  clair. 

Un  exemplaire  femelle,  sous  les  pierres,  à  mare,1  basse. 

A.  spongiarum  n.  sp.  —  Appartient  au  groupe  de  A.  lobijrons 
obeso-mànus  et  pachychirus ,  dont  il  se  distingue  par  les  caractères  suivants  : 
écaille  antennaire  rudimentaire,  plus  courte  d'ordinaire  que  l'article  basai 
antennulaire,  pouvant  toutefois  atteindre  chez  quelques  individus  le  milieu 
du  2e  article.  Lpine  externe  très  forte,  plus  courte  que  le  pédoncule  anten- 
nulaire. 

La  forme  des  pinces  rappelle  étroitement  A.  pachychirus,  avec  cette 
différence  que  la  petite  est  semblable  dans  les  deux  sexes,  tandis  que  la 
grande,  chez  le  mâle,  est  au  moins  deux  fois  plus  volumineuse  que  chez  la 
femelle  et  atteint  presque  la  grosseur  de  l'animal. 

Aux  moins  200  exemplaires.  Semble  vivre  exclusivement  dans  une 
éponge  brune  très  grossière,  chacun  des  oscules  abritant  un  couple,  le  mâle 
à  l'entrée. 

Incolore,  sauf  une  bande  rouge  cerise  clair  sur  le  thorax  et  sur  les  ae  et 
3e  anneaux  de  l'abdomen.  Bout  des  pinces  violet  foncé,  passant  au  rouge 
sur  la  paume. 


—  237  — 

Ll    FAUNE    ORSCURIVOLE    DES    CONDUITES    d'eAU    DE    SeIME 

DE    LA    VILLE  DE  PaRIS 

ET  LE  PROJET  DE  DÉRirATIO\  DES  SOURCES  DU  LvNAIN  , 

par  M.  Armand  Viré. 
(Laboratoiiies  de  MM.  Bouvier  et  Milne  Edwards.) 

Il  y  a  quelques  semaines,  on  relevait,  dans  la  rue  de  Bufl'on,  de  gros 
loyaux  de  fonte  distribuant  l'eau.  Il  nous  a  été  donné  de  faire,  à  cette  oc- 
casion, plus  d'une  intéressante  constatation,  et  l'ensemble  des  faits  observés 
n'est  pas,  malheureusement,  de  nature  à  rassurer  beaucoup  les  consom- 
mateurs d'eau  de  Seine. 

Ces  tuyaux  ont  environ  o  m.  80  de  diamètre,  le  fond  en  est  recouvert 
dune  couche  de  vase  de  0  m.  10  d'épaisseur  environ,  noire  et  nauséa- 
bonde. Elle  répand  à  l'air  uue  odeur  de  putréfaction  très  caractéristique. 

Sur  les  parois  sont  accrochés  des  milliers  de  Dreissena  polymorpha,  ce 
curieux  Mollusque,  originaire  de  la  région  aralo-caspienne,  qui  a  envahi 
peu  à  peu  la  région  de  l'Europe  occidentale,  et  dont  M.  Hamy  a  signalé 
depuis  très  longtemps  l'apparition  dans  les  eaux  de  l'aqueduc  d'Arcueil. 

Au  milieu  d'eux,  on  trouve  nombre  de  Mollusques.  Ces  Mollusques  pré- 
sentent d'assez  notables  variations  de  coloration.  Nous  en  parlerons  plus 
lard  et  nous  pourrons  comparer  nos  résultats  à  ceux  qu'a  obtenus,  en 
i8qi,  M.  Locard,  dans  les  conduites  d'eau  de  Seine  et  d'eau  de  source  de 
la  ville  de  Paris. 

De  la  vase  émergent  des  millions  de  petits  Vers  libres  ou  qui  se  construi- 
sent des  tubes  avec  leur  mucus  et  la  vase. 

Des  Sangsues  de  5  à  7  centimètres  de  long  s'accrochent  aux  objets  ou 
nagent  vivement  dans  le  liquide  et  j'en  ai  compté  jusqu'à  i5  par  litre  de 
vase  recueillie. 

Je  me  suis  expliqué  ainsi  l'apparition  subite  et  plusieurs  fois  répétée 
dans  les  bacs  où  je  conservais  précieusement  mes  Crustacés  des  cavernes  du 
Jura,  de  Vers  et  de  Sangsues,  qui  faisaient  promplement  périr  ces  précieux 
animaux,  ainsi  que  l'odeur  infecte  de  l'eau  de  Seine  soi-disant  filtrée  (?) 
qui  sort  de  nos  robinets  et  des  fontaines  Wallace  du  Muséum.  Une  seule 
de  ces  dernières,  en  effet,  malgré  les  efforts  de  la  Direction  du  Muséum,  a 
pu,  jusqu'ici,  être  alimentée  d'eau  de  source. 

Les  Crustacés,  dans  cette  faune  des  conduites  souterraines,  viennent 
aussi  apporter  leur  fort  contingent;  ce  sont  :  des  Crevetlines  (Gammarus 
Jluviatilis) ,  VAsellus  aquaticus,  et  des  millions  de  Copépodes.  Les  deux 
premières  espèces  méritent  de  nous  arrêter  un  instant,  car  elles  viennent 
nous  apporter  une  nouvelle  forme  de  transition  des  plus  précieuses  entre 
la  faune  normale  et  la  faune  cavernicole. 


—  238  — 

Je  n'ai  évidemment  pu  recueillir  qu'une  partie  des  espèces  qui  vivent 
dans  ces  conduites  d'eau  :  mes  recherches  ayant  été  faites  après  l'écoule- 
ment de  l'eau  des  tubes,  je  n'ai  pu  recueillir  que  ce  qui  était  resté  dans 
la  vase. 

Que  dirions-nous,  d'ailleurs,  si  nous  avions  fait  l'examen  bactériologique. 
Mais  cela  sort  de  notre  compétence. 

S'il  est  quelqu'un  que  cela  puisse  tenter,  j'ai  conservé  dans  l'alcool  à  sa 
disposition  des  échantillons  de  ces  boues  infectes. 

11  semble  prudent ,  après  cet  examen ,  de  ne  consommer  l'eau  de  Seine 
que  filtrée  et  bouillie. 

Mais  revenons  aux  Crustacés ,  qui  paraissent  être  les  plus  modifiés  parmi 
les  animaux  qui  vivent  dans  nos  conduites  souterraines. 

L'animal  vivant  est,  en  effet,  inégalement  résistant  a  l'obscurité;  tandis 
que  celui-ci  met  un  temps  long  pour  se  modifier,  cet  autre  le  fait  rapide- 
ment. 

Les  Crustacés  paraissent  devoir  se  ranger  dans  cette  dernière  catégorie. 

Sur  quelques  exemplaires  de  Gammarus  fluviatilis ,  j'ai  remarqué  un  très 
léger  changement  dans  la  texture  de  l'œil.  Les  cornéules  sont  plus  petites 
et  empâtées  dans  une  épaisseur  plus  grande  de  tissu  conjonctif.  Je  n'ai  pu 
observer  les  organes  olfactifs,  ces  délicats  appareils  étant  brisés  sur  tous 
mes  exemplaires. 


Fig.  1.  —  Extrémité  de  l'anlennule  chez  les  Asellus 
(ol.,  organes  olfactifs,  p.  poils  tactiles). 

Asellus  aquaticus  :  i.  Normal.  —  a.  Eau  de  Seine.  —3.  Catacombes.  —  h.  Stenascllus  Virei. 
5.  Organe  olfactif  plus  grossi,  n.  nerf. 

Plus  intéressant  est  Y  Asellus  aquaticus.  Tous  les  exemplaires  sont  déco- 
lorés, sauf  parfois  de  légères  taches  roussâtres  sur  le  tégument. 

L'œil  paraît  encore  à  peu  près  normal;  mais  les  antennules  présentent 


—  239  — 

des  appareils  tactiles  et  olfactifs  déjà  très  notablement  accrus.  On  les  voit 
composés  d'un  pédoncule  supportant  une  lame  aplatie,  bicellulaire ,  con- 
formée à  peu  près  comme  à  l'état  normal ,  bien  que  cependant  le  pédoncule 
se  soit  allongé  (fig.  2).  La  longueur  de  cet  organe  est  à  peu  près  celle  du 
dernier  article  de  l'antennule ,  alors  que ,  on  se  le  rappelle  (1),  ces  organes 
atteignent  une  longueur  moitié  moindre  chez  l'Asellus  normal,  une 
longueur  légèrement  plus  longue  chez  un  Asellus  des  Catacombes  de  Paris, 
et  une  longueur  une  fois  et  demie  plus  longue  chez  un  Asellus  cavernicole , 
le  StenaseUus  Virei  (Dollfus)  du  Puits  de  Padirac  (fig.  1). 

Nous  avons  donc  là  un  nouveau  terme  de  transition  des  plus  précieux 
entre  la  faune  normale  et  la  faune  profondément  modifiée  des  cavernes,  et 
il  sera  vraiment  intéressant  de  reproduire  artificiellement  ces  variétés. 
Ce  groupe  des  Isopodes  asiatiques  paraît  d'ailleurs  devoir  se  prêter  ad- 
mirablement à  ce  genre  de  recherches.  Nous  en  avons  installé  au  labo- 
ratoire des  catacombes  du  Muséum,  et  il  sera  curieux  de  pouvoir  re- 
trouver ainsi  tous  les  termes  de  l'évolution  et  du  passage  d'une  espèce  à 
une  autre. 

Le  projet  de  dérivation  des  sources  du  Lunain.  —  Cette  impureté  des  eaux 
de  Seine  a  préoccupé  depuis  longtemps  l'Administration  des  eaux  et  déjà 
nombre  de  sources  ont  été  captées  et  amenées  à  Paris;  d'autres  le  seront 
prochainement. 

Et  ceci  m'amène,  sans  sortir  de  mon  domaine  souterrain,  à  m'occuper 
au  point  de  vue  scientifique  des  nouvelles  captations  projetées  par  la  Ville 
et  tout  particulièrement  des  sources  du  Lunain  qui  me  paraissent  devoir 

être  contaminées  à  brève  échéance ,  à  moins  qu'elle  ne  disparaissent 

totalement  (fig.  2). 

En  effet,  le  Lunain  est  une  rivière  souterraine  dans  une  bonne  partie  de 
son  cours. 

Sa  source  première  se  trouve  dans  le  département  de  l'Yonne ,  non  loin 
de  Sens.  A  Montacher,  elle  entre  sous  terre  par  une  série  de  gouffres  et  ne 
réapparaît  qu'à  une  quinzaine  de  kilomètres  plus  bas ,  à  Lorrez-le-Bocage. 
Elle  reçoit  de  là  jusqu'à  Paley  plusieurs  sources,  puis,  près  de  son  embou- 
chure ,  les  sources  de  Villemer  et  de  Saint-Thomas.  Ces  deux  dernières  seules 
seraient  captées  immédiatement,  mais  les  pourparlers  engagés  avec  les 
propriétaires  des  premières  font  supposer  que  le  projet  actuel  n'est  qu'une 
amorce,  d'autant  plus  que  les  dernières  sont  insignifiantes,  tandis  que  les 
premières  sont  considérables. 

Or,  le  Lunain  est  caractérisé  par  un  régime  hydrologique  essentiellement 
instable.  La  source  première,  qui  est  dans  un  étang,  est  située  dans  l'ar- 
gile plastùpie  ;  mais ,  peu  de  kilomètres  après  cette  source ,  le  Lunain  quille 

(1)  Voir  Bulletin  du  Muséum,  1897,  n°2- 


(' 


—  260  — 

l'argile  plastique  pour  entrer  dans  la  craie  sénonienne,  roche  particulière- 
ment fissurée. 

Jusqu'en  1770,  cet  état  de  choses  parait  n'avoir  eu  que  peu  d'inconvé- 
nients, mais  à  ce  moment  la  rivière  s'engouffra  subitement  dans  une 
fissure,  au  village  de  Montacher.  Vainement  tenta-t-on  de  combler  le 
gouffre  ainsi  formé,  et  toute  une  série  d'autres  s'ouvrirent  dans  les  envi- 
rons. 

En  1780,  un  autre  gouffre  se  forma  vers  les  Barreries,  plus  bas  vers 
l'aval;  vers  1800,  c'est  autour  de  Chéroy,  toujours  plus  bas,  que  l'on  vit 
S3  former  une  série  de  cavités  au  fond  desquelles  on  aperçut  l'eau,  puis, 
vers  i85o,  entre  Chéroy  et  Villeniard;  en  1876 ,  entre  Villeniard  et  Vaux- 
sur-Lunain;  eu  1880,  vers  Vaux;  en  1895,  entre  Vaux  et  Villenouetle; 
enfin,  en  189G,  entre  Villenouetle  et  Lorrez,  ce  dernier  effondrement  n'é- 
tant déjà  plus  qu'à  2  kilomètres  du  point  où  la  rivière  réapparaît. 

Déjà,  en  1889,  nous  avions  tenté,  MM.  Martel,  E.  Renauld  et  moi,  de 
descendre  dans  les  gouffres  de  Montacher,  mais  sans  succès. 

En  1 890 ,  j'ai  pu  étudier  à  fond  celui  de  Villenouetle,  et  voir  qu'il  s'était 
formé,  comme  beaucoup  d'avens  du  Plateau  central,  par  érosion  souter- 
raine, suivie  d'effondrement  à  la  surface  du  sol,  lorsque  l'épaisseur  de  la 
ouchc  de  sol  qui  le  séparait  de  la  surface  devint  insuffisante. 

Ce  cavernement  a  eu  pour  principale  conséquence  le  dessèchement  pro- 
gressif de  la  vallée  ;  des  affluents  relativement  importants  ont  disparu  et 
nombre  d'anciennes  sources,  assez  importantes  pour  avoir  été  captées  par 
les  Romains  du  village  de  Paley,  ont  disparu. 

La  réapparition  du  Lunain  se  fait,  entre  Lorrez-le-Bocage  et  Paley,  par 
une  série  de  sources  siphonnantes ,  ce  qui  prouve  que  le  niveau  de  la  caverne 
est  assez  bas  et  que  celle-ci  doit  se  continuer  en  aval;  ce  qui  le  prouve 
d'ailleurs  surabondamment,  c'est  la  disparition  brusque,  en  1860,  d'une 
source  considérable,  qui  n'était  pas  loin  de  la  source  de  Saint-Thomas  et 
qui  fait  craindre  pour  celle-ci  un  sort  semblable. 

Il  y  a  donc  tout  lieu  de  croire  que  le  travail  d'érosion  souterraine  se 
continuant  (et  la  rapidité  de  ce  creusement  paraît  s'être  accentuée  considé- 
rablement depuis  vingt  ans),  toutes  les  sources  du  Lunain  s'enfouiront  et 
lisparaîtront  sous  terre,  et  descendront  de  plus  en  plus  bas  sous  le  sol,  et 
ceci  à  brève  échéance,  vu  le  peu  de  dureté  et  l'extrême  fissuration  de  la 
craie. 

En  outre,  avant  même  que  celte  disparition  ne  se  soit  effectuée,  les 
sources  seront  véritablement  empoisonnées  par  les  détritus  tombant  de  la 
surface  dans  les  gouffres,  dont  le  dernier,  ne  l'oublions  pas,  n'est  qu'à 
deux  kilomètres  des  sources  qui  ramènent  le  Lunain  au  jour;  par  contre- 
coup, les  eaux  de  la  Vanne  seront  également  soudlées,  puisque,  d'après  le 
projet  de  captation  que  j'ai  en  ce  moment  sous  les  yeux ,  les  deux  aqueducs 
se  rendent  au  même  réservoir. 


( 


3Q  >  13110A 


—  242  — 

C'est  là,  on  le  conçoit,  une  perspective  peu  rassurante  pour  les  Pari- 
siens. Us  pourront,  il  est  vrai,  choisir  leur  genre  d'empoisonnement  :  eau 
de  Seine  ou  eau  de  source.  Mais  c'est  là,  à  mon  sens,  une  mince  consola- 
lion. 


Action  physiologique  du  venin  de  la  Salamandre  du  Japon  (SiEBoiiDU 
maxima).  —  Atténuation  par  la  chaleur  et  vaccination  de  la 
Grenouille  contre  ce  venin, 

par  M.  C.  Phisalix. 

Depuis  que  Siebokl,  en  1829,  a  introduit  en  Europe  la  Salamandre  du 
Japon,  pour  laquelle  Schlegel  a  créé  le  genre  Sieboldia,  cet  animal  a  été 
étudié  surtout  au  point  de  vue  morphologique,  mais  aucun  auteur,  que  je 
sache,  ne  s'est  occupé  de  l'étude  physiologique  de  son  venin.  11  n'est  pas 
très  facile  de  ce  procurer  ce  venin  en  grande  quantité.  Le  procédé  qui  m'a 
le  mieux  réussi  est  la  compression  de  la  peau  du  dos  avec  une  spatule  en 
platine  adaptée  à  cet  usage.  On  obtient  ainsi  un  liquide  blanc,  laiteux,  à 
odeur  forte  et  pénétrante.  Il  est  immédiatement  recueilli  et  agité  dans  l'eau 
distillée,  où  il  se  dissout  en  partie.  L'autre  partie  se  coagule  en  amas,  très 
visqueux,  qui  restent  collés  à  la  spatule. 

La  solution  opaline  ainsi  obtenue  peut  être  conservée  plusieurs  jours  si 
on  l'additionne  de  quelques  gouttes  de  chloroforme.  Elle  ne  tarde  pas  à 
s'atténuer.  L'addition  de  glycérine  en  permet  une  conservation  plus  longue; 
mais,  à  cause  de  ses  propriétés  toxiques  convulsivantes  sur  la  Grenouille, 
la  solution  glycérinée  ne  peut  être  employée. 

Le  venin  desséché  dans  le  vide  et  conservé  à  l'air  s'altère  peu  à  peu;  au 
bout  d'un  mois,  il  a  perdu  toute  sa  toxicité.  La  dessiccation  à  58  degrés  le 
détruit  complètement. 

Le  précipité  ainsi  que  l'extrait  alcoolique  sont  dépourvus  de  toute  action 
nocive. 

Eu  raison  de  celte  altérabilité,  le  mieux  est  donc  d'employer  une  solu- 
tion récente  de  venin.  Celte  solution  est  fortement  alcaline. 

Action  physiologique.  —  Inoculé  dans  le  sac  lymphatique  dorsal  de  la 
Grenouille,  le  venin  de  Salamandre  du  Japon  détermine  des  symplômes  lo- 
caux et  généraux. 

Symptômes  locaux.  —  Ils  consistent  en  une  tuméfaction  œdémateuse  avec 
congestion  intense,  qui  se  traduit  par  un  piqueté  hémorragique  de  la  peau 
bien  visible  si  l'injection  a  été  faite  à  la  face  ventrale.  Le  gonflement  s'ac- 
centue de  plus  en  plus,  et,  si  la  dose  de  venin  n'est  pas  rapidement  mor- 
telle, on  voit,  après  vingt-quatre  heures,  le  sac  lymphatique  distendu  et 


—  243  — 

fluctuant.  Cet  œdème  diminue  ensuite  insensiblement  et  l'animal  gue'rit, 
on  il  persiste,  et  la  mort  arrive  en  quatre  ou  cinq  jours.  Le  liquide  de 
1  œdème  est  louche,  grisâtre  et  rempli  de  fausses  membranes. 

Chez  les  Mammifères,  cette  action  locale  est  très  prononcée,  la  douleur 
est  très  vive  ;  l'animal  ne  peut  plus  se  servir  de  son  membre  et  le  processus 
inflammatoire  aboutit  à  une  véritable  mortification  des  tissus.  Déposé  sur 
la  conjonctive  d'un  Chien,  le  venin  y  produit  une  inflammation  intense 
qui  dure  4  à  5  jours. 

Symptômes  généraux.  —  Sur  une  Grenouille  qui  a  reçu  une  forte  dose 
de  venin,  on  peut  observer  les  symptômes  suivants  :  au  bout  de  dix  à 
quinze  minutes,  le  saut  devient  difficile  et  pénible;  les  pattes  postérieures 
sont  lentement  et  incomplètement  ramenées  contre  l'abdomen,  puis  elles 
ne  tardent  pas  à  être  paralysées.  Les  mouvements  respiratoires  deviennent 
irréguliers  et  finissent  par  s'arrêter.  En  moins  d'une  demi-heure,  l'animal, 
absolument  flasque  et  mis  sur  le  dos ,  reste  immobile.  Les  réflexes  sont  con- 
sidérablement amoindris.  Le  cœur  se  ralentit  et  bientôt  s'arrête  en  diastole. 
A  ce  moment,  l'excitabilité  nerveuse  et  musculaire  persiste  encore,  mais 
diminue  rapidement  et  s'éteint  en  trente  ou  quarante  minutes,  la  première 
avant  la  seconde.  Chez  le  Lapin,  l'injection  intra-veineuse  détermine  en 
quelques  minutes  l'incoordination  des  mouvements,  de  la  paralysie  et  la 
mort  avec  arrêt  du  cœur  en  diastole.  L'excitabilité  du  crural  et  du  pbrénique 
est  abolie,  alors  que  l'irritabilité  musculaire  est  presque  intacte.  D'après 
ces  résultats  sur  la  Grenouille  et  le  Lapin,  on  peut  admettre  que  le  poison 
atteint  d'abord  les  centres  nerveux  et  ensuite  les  nerfs. 

Atténuation  par  la  chaleur.  —  Une  solution  de  venin  chauffée  à  Fébulli- 
lion  et  maintenue  pendant  une  demi-minute  dans  l'eau  bouillante  perd  ses 
propriétés  toxiques.  Il  faut  abaisser  d'une  manière  notable  la  température 
pour  ne  pas  détruire  le  venin.  Un  chauffage  de  quinze  minutes  à  45  degrés 
le  laisse  à  peu  près  intact.  Mais  à  partir  de  5o  degrés  l'atténuation  est  très 
marquée;  du  venin  chauffé  pendant  vingt  minutes  à  5o  degrés  n'occasionne 
plus  qu'une  irritation  locale  qui  se  traduit  par  de  l'œdème;  il  en  est  de 
même  pour  le  venin  chauffé  à  56  degrés.  Pour  que  toute  action  locale  et 
générale  soit  supprimée,  il  faut  chauffer  à  6o  degrés  pendant  vingt  mi- 
nutes. Dans  ces  conditions,  on  peut  inoculer  sans  danger  trois  ou  quatre 
fois  la  dose  mortelle  dans  le  sac  lymphatique  dorsal  d'une  Grenouille. 

Vaccination  de  la  Grenouille. —  La  Grenouille  qui  a  résisté  au  venin 
chauffé  à  5o  degrés  pendant  vingt  minutes  acquiert  une  résistance  plus 
grande  à  l'inoculation  d'épreuve  mais  finit  par  mourir  en  quatre  à  cinq 
jours.  Si  le  venin  a  été  chauffé  à  56  degrés,  la  Grenouille  survit  à  l'inocu- 
lation d'épreuve,  mais  elle  présente  un  œdème  local  accentué.  Enfin,  le 

18. 


—  2M  — 

venin  qui  a  été  maintenu  pendant  vingt  minutes  à  60  degrés  engendre  une 
vaccination  parfaite.  L'inoculation  d'épreuve  faite  au  bout  de  quarante-huit 
heures  produit  encore  quelquefois  un  œdème  fugace,  mais  il  ne  survient 
aucun  symptôme  général  :  la  Grenouille  est  vaccinée. 

En  résumé,  le  venin  de  Salamandre  du  Japon  est  détruit  par  oxydation 
à  l'air,  par  précipitation  alcoolique,  par  ébullition ;  il  s'atténue  à  une  tem- 
pérature voisine  de  60  degrés  et  devient  un  vaccin.  Ces  caractères  l'éloignent 
du  venin  des  autres  Urodèles  et  le  rapprochent  de  certains  albuminoïdes 
toxiques  tels  que  celui  du  sérum  d'Anguille. 


ACTION  DES  INJECTIONS   INTRA-VEINEUSES    DE    PROPEPTONE 
SUR  LES  SÉCRÉTIONS  EN  GENERAL, 

PAR  E.  GLEY. 

Au  cours  de  mes  recherches  sur  l'action  anticoagulante  des  injections 
intra-veineuses  de  propeplone,  j'ai  constaté  un  effet  non  encore  connu,  je 
crois ,  de  ces  injections.  C'est  un  effet  très  général  et  auquel  doit  se  ra- 
mener, au  moins  en  partie,  l'influence  de  ce  corps  sur  la  coagulahilité  du 
sang. 

On  sait  aujourd'hui  que  celte  influence  tient  à  la  formation  dans  le  foie 
d'une  substance  anticoagulante  (Contejean,  Gley  et  Pachon,  Delezenne); 
l'arrivée  de  la  peptone  dans  le  foie  provoque  probablement  une  excitation 
des  éléments  cellulaires  telle  que  ceux-ci  sécrètent  la  substance  en  ques- 
tion. C'est  là  sans  doute  une  action  spécifique,  mais  ce  n'est  pas  un  fait 
particulier.  Car  la  peptone  possède  sur  toutes  les  sécrétions  une  influence 
excitante  remarquable. 

J'ai  constaté  cette  influence  jusqu'à  présent  sur  les  sécrétions  suivantes  : 
salivaire,  lacrymale,  nasale,  bronchique,  pancréatique,  biliaire,  intesti- 
nale (1);  l'injection  intra-veineuse  d'une  solution  de  peptone  de  Witte,  à  la 
dose  de  0  gr.  3o  par  kilogramme,  chez  le  Chien,  détermine  un  écoulement 
abondant  de  salive,  de  larmes,  de  suc  pancréatique,  etc.  —  Il  importe  de 
savoir  que  la  diminution  considérable  de  la  pression  sanguine  inlra-arté- 
riellc,  immédiatement  consécutive  à  l'injection,  peut  ralentir  très  vile  cet 

m  En  ce  qui  concerne  l'action  de  la  peptone  sur  la  sécrétion  stomacale,  il  faut 
rappeler  les  expériences  déjà  anciennes  de  SchnT(voy.'Schiff,  Leçons  sur  la  phy- 
siol.  de  la  digestion,  Florence  et  Paris,  1867);  mais  ces  expériences,  très  incom- 
plètes d'ailleurs  au  point  de  vue  que  je  signale  ici,  ont  été  souvent  attaquées, 
récemment  encore  par  Khigine(  Etudes  sur  l'excitabilité  secrétaire  de  la  muqueuse 
du  canal  digestif.  Activité  secrétaire  de  l'estomac  du  Chien)  [Arch.  des  se.  biol., 
Saint-Pétersbourg,  1 8 y 5 ,  t.  III,  p.  4Gi).  J'ai  repris  l'étude  de  celle  question. 


—  245  — 

écoulement;  c'est  du  moins  co  que  l'on  observe  pour  la  sécrétion  de  la 
glande  sous-maxillaire  el  pour  la  sécrétion  biliaire.  A  cet  abaissement  delà 
pression  du  sang  est  dû  aussi,  on  le  sait,  l'arrêt  de  la  sécrétion  rénale;  car 
celle-ci,  qui  n'est  pas  à  beaucoup  d'égards  une  véritable  sécrétion,  dépend 
bien  plus  que  toutes  les  autres  des  variations  de  la  tension  artérielle. 

L'action  sur  la  sécrétion  biliaire  est  particulièrement  à  noter,  surtout  si 
l'on  se  rappelle  que  les  recbercbes  de  Seegen (1)  ont  montré  que  la  peptone 
augmente  la  quantité  du  sucre  produit  par  le  foie.  Seegen  concluait  de  ses 
expériences  que  le  foie  forme  du  sucre,  non  pas  seulement, comme  le  pen- 
sait Claude  Bernard,  aux  dépens  de  la  matière  glycogène,  mais  aussi  et 
surtout  aux  dépens  des  peptones,  et  il  avait  tiré  de  là  toute  une  théorie  re- 
lative à  la  fonction  glycémique.  J'ai  constaté  également  qu'à  la  suite  d'une 
injection  intra-veineuse  de  propeptone  le  sucre  du  foie  augmente  beaucoup. 
Mais,  d'après  l'ensemble  des  faits  que  je  présente  dans  cette  note,  je  crois 
que  cette  production  de  sucre  résulte  simplement  de  l'activité  exagérée 
des  cellules  hépatiques,  et  non  d'une  transformation  immédiate  et  directe 
des  peptones  en  glycose  dans  le  foie.  Une  telle  transformation  est  d'autant 
moins  admissible  que,  d'une  part,  normalement  il  n'arrive  pas  de  pep- 
tones dans  le  foie,  puisque  le  sang  de  la  veine  porte  n'en  contient  pas,  et, 
d'autre  part,  que,  depuis  les  recherches  de  Seegen,  il  a  été  prouvé  que  l'on 
retrouve  dans  les  urines  la  presque  totalité  des  peptones  injectées.  Des 
expériences  que  je  poursuis  maintenant  me  permettront  de  prouver  directe- 
ment que  la  propeptone  active  la  fonction  glycogénique  du  foie,  comme 
toutes  les  autres  fonctions  de  cet  organe.  Cette  suractivité  hépatique ,  d'ail- 
leurs, ne  se  manifeste-t-elle  pas  encore  par  l'augmentation  considérable  de 
la  lymphe  qui  sort  du  foie  (expériences  de  E.  Starling,  que  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  vérifier  à  maintes  reprises)? 


A    PROPOS  DE  L  ACTION  DE  LA  PROPEPTONE  SUR  LA   PllÉsURE, 

par  MM.  L.  Camus  et  E.  Gley. 

Puisque  l'occasion  m'est  offerte  de  revenir  sur  l'action  physiologique  de 
la  propeptone,  j'en  profiterai  pour  ajouter  quelques  mots  à  ce  que  j'ai  dit 
l'année  dernière (2)  au  sujet  de  l'effet  exercé  par  cette  substance  sur  la  coa- 
gulation du  lait  par  la  présure. 

J'ai  montré  à  cette  époque  qu'une  petite  quantité  d'une  solution  de  pro- 
peptone ajoutée  à  une  quantité  donnée  de  lait  et  de  présure  retarde  no- 
tablement l'action  de  ce  ferment;  ce  retard  est  d'autant  plus  considérable 

(1>   Seegen,  La  glycogéiiic  animale,  trad.  fr. ,  Paris,  1890. 
W  E.  Gley,  Bulletin  du  Muséum,  1896,  n°  G,  p.  37Ô. 


—  246  — 

que  Ton  a  ajouté  plus  de  peptone.  Ces  faits  ont  été  constatés  en  même 
temps  que  moi  par  Arthur  Edmunds  (l). 

Dans  des  expériences  que  nous  avons  entreprises  sur  quelques  points 
de  l'action  du  labferment ,  nous  avons  reconnu  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d'une 
action  spécifique,  plus  ou  moins  analogue  à  l'action  de  la  peptone  sur  la 
coagulabilité  du  sang,  mais  que  le  phénomène  paraît  ne  dépendre  que  de 
la  réaction  alcaline  des  solutions  de  peptone.  Ces  solutions  sont  en  effet 
toujours  alcalines.  Or,  on  sait  depuis  longtemps  que  les  alcalis  retardent  ou 
empêchent,  suivant  les  doses,  la  caséilication  du  lait  par  la  présure;  ils  ont 
sur  le  ferment  une  action  destructive.  La  propeptone  ne  se  comporte  pas 
autrement.  Car,  si  l'on  neutralise  la  solution  employée,  avant  de  la  faire 
agir  sur  le  ferment,  elle  perd  tout  son  pouvoir  anticoagulant;  el  si  l'on 
fait  agir  sur  le  ferment  de  l'eau  alcalinisée,  au  titre  même  de  la  solution 
de  peptone,  l'activité  de  la  présure  est  semblablement  diminuée  ou  sup- 
primée. 


Scn  LES   COLLECTIONS  BOTANIQUES 
FAITES  À  LA  CÔTE  dIvOIUE  PAR   M.   PoBEGUIN , 

par  M.  Henri  Hua. 

Mettant  à  profit  les  tournées  qu'il  était  appelé  à  faire  comme  adminis- 
trateur colonial  à  la  Côte  d'Ivoire,  M.  Pohéguin  a  réuni  dans  ces  cinq  der- 
nières années  une  collection  de  3oo  espèces  environ. 

C'est  une  faible  part  de  la  riche  flore  de  cette  région  inexplorée  jusqu'ici. 
La  comparaison  faite  avec  une  collection  de  même  importance  à  peu  près, 
faite  par  le  docteur  Rowland  dans  la  colonie  anglaise  de  Lagos,  et  reçue, 
il  y  a  quelques  années,  par  l'intermédiaire  du  Musée  royal  de  Kew,  nous 
a  montré  fort  peu  d'espèces  communes.  Un  tel  écart  tient  certainement 
beaucoup  plus  au  petit  nombre  des  échantillons  de  part  et  d'autre  qu'à 
une  différence  essentielle  dans  la  végétation.  On  ne  peut  pas  prétendre 
connaître  une  flore  par  des  récoltes  faites  en  passant,  sans  qu'on  se  soit 
attaché  à  ramasser  tout  ce  qu'on  trouve.  Des  documents  réunis  dans  de 
telles  conditions  ont  pourtant  déjà  une  grande  utilité  pour  nous  donner  une 
première  vue  de  ce  qu'on  peut  rencontrer  dans  un  pays  donné;  ils  servent 
en  quelque  sorte  à  piquer  notre  curiosité,  qui  ne  sera  entièrement  satis- 
faite que  par  une  exploration  méthodique  et  aussi  complète  que  possible 
d'un  territoire,  fût-il  relativement  restreint. 

C'est  bien  ce  qu'a  compris  M.  Pobéguin.  A  chacun  de  ses  séjours  à  la 
Côte  d'Ivoire,  depuis  qu'il  a  commencé  à  rapporter  des  plantes  au  Muséum, 

W  A.  Edmunds,  Notes  on  rennet  and  on  the  coagulation  of  mille  (Jourii.  oj 
PhysioL,  1896,  XIX,  p.  /ifiG. 


—  24  7  — 

ses  collections,  toujours  préparées  avec  soin,  deviennent  plus  importantes 
et  plus  complètes. 

La  première  fois,  en  189/i,  c'étaient  seulement  une  vingtaine  d'échan- 
tillons; surtout  des  Strophanthus ,  mis  à  l'étude  dans  la  belle  monographie 
du  genre  publié  par  M.  Franchet  dans  les  Archives  du  Muséum.  H  y  avait 
d'ailleurs  cpiehpies  autres  plantes  intéressantes,  ne  serait-ce  que  cet  Ena- 
dcnia  major,  décrite  naguère  par  moi,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  philo- 
mathiquc,  sur  un  exemplaire  venant  de  Konakry,  et  qui  montre  un  lien 
entre  les  Rivières  du  Sud  et  la  Côte  de  l'Ivoire. 

L'année  dernière,  nous  acquérions  une  cinquantaine  d'espèces,  dont  plu- 
sieurs nouvelles  pour  les  collections  du  Muséum,  parmi  lesquelles  je  citerai 
une  belle  Anonacée;  Monodora  tenuifolia  Benlh.,  une  Simaroubée  intéres- 
sante, ïHarrisonia  occidentalis  Engler,  qui  représente  dans  l'ouest  africain 
ce  genre  connu  jusqu'à  ces  dernières  années  seulement  dans  l'est  où 
Y  H.  abyssinica  forme  des  buissons  épineux  dans  les  mauvais  terrains ,  de- 
puis l'Abyssinie  jusqu'au  Mozambique. 

Cette  année,  M.  Pobéguin  vient  d'enrichir  l'Herbier  du  Muséum  de 
9Qo  plantes,  continuant  la  série  précédente. 

Ne  pouvant  donner  ici  l'énumération  complète  et  critique  des  3oo  plantes 
représentées  dans  l'ensemble  de  ces  collections,  je  dois  me  borner  à  un 
aperçu  général  de  la  manière  dont  les  diverses  familles  y  sont  représentées, 
en  attirant  l'attention  sur  quelques  espèces  plus  intéressantes  à  divers  points 
de  vue. 

Dilléniacées.  —  Teiracera  alnifolia  Willd.  C'est  une  des  lianes  à  eau 
citées  par  les  voyageurs.  Les  services  que  pourrait  rendre  le  liquide 
s'écoulant  des  tiges  coupées  sont  fort  diminués  par  ce  fait  que  la  plante 
pousse  le  pied  dans  l'eau.  Très  commune  du  Sénégal  au  Congo,  elle  attire 
l'attention  par  ses  belles  panicules  de  fleurs  blanches  très  odorantes. 

Anonacées.  —  Uvaria,  deux  espèces,  Xylopia  1,  Monodora  1.  Toutes, 
sauf  la  dernière,  du  Baoulé. 

Capparidacées.  —  Deux  genres,  Enadenia  major  Hua  et  Cratœva,  de  la 
côte. 

Bixacées.  —  Le  genre  Oncoba  est  représenté  par  deux  espèces;  une  troi- 
sième ,  probablement  ÏO.  Wehvitschii  de  l'Angola ,  est  citée  par  le  collecteur. 
Cocldospermum  tinctorium  .-Haut  Baoulé. 

Hvpéricacées.  —  Les  Vismia  et  llaronga  sont  représentés  par  des  échan- 
tillons de  la  côte. 

Malvacées.  —  Deux  des  grands  arbres  de  la  famille  se  rencontrent  en 
abondance  :  le  Bombax  buonopozense  de  Palisot  de  Beauvois,  aux  magni- 
fiques fleurs  rouges  larges  de  1  5  centimètres,  était  à  peine  représenté  dans 


—  248  — 

l'Herbier  du  Muséum.  Grâce  à  M.  Pobéguin,  cette  lacune  est  comblée  par 
de  beaux  échantillons  de  fleurs  et  feuilles.  UEriodendron  anfracluosum , 
commun  dans  toute  l'Afrique  tropicale,  se  rencontre  avec  lui;  ces  deux  es- 
pèces peuvent  de  loin  se  confondre,  à  cause  de  leurs  larges  feuilles  di- 
gitées  presque  identiques.  Récoltés  à  Tiassalé  en  novembre  1896. 

Tiliacées.  —  Plusieurs  Greivia  et  le  Glyphœa  grewioides  Bentb.,  ar- 
buste qui  rappelle  un  peu,  par  son  port,  notre  Noisetier,  et  dont  les  belles 
fleurs  jaunes  ornent  tous  les  villages  de  l'Afrique  tropicale,  les  noirs  ayant 
l'habitude  de  le  planter  près  des  fétiches. 

Sterculiacées.  —  Un  Slerculia,  probablement  S.  cordata,  et  le  Bucll- 
ncria  africana  Masters. 

Malpighiacées.  —  Deux  Acridocarpus ,  un  Flabellaria. 

Géramacées.  —  Oxalis  sensitiva  L. 

Rubacées.  —  Un  Clausena. 

Simaroubées.  —  Harrissonia  occidentalis  Engl. 

Ochnacées.  —  Plusieurs  Ouratea. 

Méliacées.  —  Genres  Turrœa  et  Campa. 

Olacacées.  —  Heisteria,  Olaœ. 

Hippocrateacées.  —  Hippocratea. 

Ampélidacées.  —  Vais  quadrangularis  L. ,  espèce  saxicole,  à  tige  épaisse, 
quadrangulaire,  rappelant  par  son  port,  quand  elle  est  petite  et  dépouillée 
de  ses  feuilles ,  un  Cereus  plutôt  qu'une  vigne. 

Anacadiacées.  —  Spondias  luîca  L.  dont  le  fruit,  semblable  à  une  petite 
prune  jaune,  est  comestible. 

Sapindacées.  —  Cardiospermum ,  Schmidelia. 

Connaracées.  —  Agelœa. 

Légumineuses.  —  Représentées  par  35  espèces  appartenant  aux  genres 
Crotalaria,  Indigofera,  MUletia,  Tephrosia,  Uraria,  Desmodium ,  Erythrina, 
Mucuna,  Rhynchosia,  Eriosema,  Lonchocarpus ,  Iiaphia,  Cassia,  Dialiutn, 
Grijfonia,  Bauhinia,  Cynometra ,  Acacia.  Nous  donnerons  une  mention  spé- 
ciale à  un  Baphia  (à  déterminer)  qui  fournit  le  bois  de  teinture  rouge,  et 
au  Lonchocarpus  cyanescens  Benlh  (n°  189);  cette  dernière  espèce  est  une 
liane  glabre,  à  feuilles  composées,  rappelant  un  peu  celles  du  Bobinia 
pseudo-acacia ,  bien  que  les  folioles  disposées  par  paires  y  soient  plus  grandes 
et  moins  nombreuses  (9  et  11  seulement),  et  deviennent  coriaces  à  l'âge 
adulte.  Les  fleurs  en  sont  petites  (8  millimètres)  avec  deux  bractéoles  mi- 
nuscules à  la  base  du  calice,  qui  est  campanule  large,  avec  quatre  dents 


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courtes  dont  la  supérieure  formée  par  la  concrescence  des  deux  sépales  su- 
périeurs. Toutes  ces  parties  extérieures  sont  revêtues  d'une  épaisse  pubes- 
cence  grisâtre.  La  corolle ,  un  peu  plus  longue  que  le  calice ,  violelte ,  glabre , 
se  compose  d'éléments  à  onglets  courts,  d'un  ensemble  nettement  papilio- 
nacé;  l'étendard  est  orbiculaire,  à  sommet  émarginé,  dressé;  les  ailes 
oblongues,  arrondies  au  sommet,  sont  étroitement  appliquées  sur  la  carène, 
dont  la  forme  rappelle  absolument  celle  des  ailes.  Les  dix  étamines  sont 
soudées  en  un  tube  continu,  sauf  à  la  base  où  le  filet  de  l'étamine  vexillaire 
est  libre;  les  sommets  libres  des  filets,  très  courts,  se  détacbent  tous  au 
même  niveau;  les  anthères  sont  courtes  et  oscillantes,  l'ovaire,  presque  cy- 
bndrique,  stipité,  pubescent  contient  h  ou  5  ovules;  il  se  continue  par  un 
style  à  angle  droit,  court,  glabre,  terminé  par  un  stigmate  en  tête  oblique 
vers  l'arrière,  à  peine  visible. 

Des  jeunes  feuilles  de  cette  plante,  broyées  dans  l'eau,  on  extrait  une 
teinture  bleue,  dont  l'usage  est  beaucoup  plus  répandu  à  la  Côte  d'Ivoire 
que  celui  de  l'Indigo  extrait  de  divers  Indigofera.  Cette  matière  colorante  est 
usitée  aussi  au  Sénégal,  comme  le  montre  une  note  d'Heuilelot  accompa- 
gnant la  plante  récollée  par  lui  sur  les  bords  du  Rio-Nunez  :  rrLes  habitants 
obtiennent,  par  la  macération  des  feuilles,  une  fécule  colorante  tout  à  fait 
semblable  à  celle  de  l'indigo  ;  elle  teint  d'un  bleu  noir.  » 

L,a  plante  était  du  reste  anciennement  connue,  de  même  que  ses  pro- 
priétés, auxquelles  fait  allusion  le  nom  de  Rolinia  cyanescens,  sous  lequel 
d'abord  la  désignèrent  Schumacher  et  Thonning  dans  leur  Description  des 
Plantes  de  la  Guinée.  C'est  Bentham  qui  la  rattacha  au  genre  Lonchocarpus 
(Joum.  linn.  soc.,  IV,  suppl.,  p.  96).  —  On  l'a  trouvée  depuis  le  Sénégal 
jusqu'à  Fernando-Po. 

CombrétacÉes.  —  Combretinn  et  Quisrjaalis. 

Lecythidacées.  —  Napoleona. 

Myrtacées.  —  Eugcnia. 

Cucurbitacées.  —  Une  espèce  indéterminable. 

Passifloracées.  —  Paropsia. 

Ombemjkères.  —  Pcuccdanum  fraxinifolium . 

Rubfacées.  —  Sarcoccphalus  esculentus,  Otomeria,  Oldenlandia,  Mussaenda , 
liandia,  Gardénia,  Oxyanthis ,  Canthium,  Lvora ,  Morinda,  Psyclmtria , 
Spermacoce.  —  L'Oxyanthus  unilocularis  H.  est  une  belle  espèce,  à  larges 
feuilles  ornementales,  à  Heurs  blanches,  très  longues,  réunies  en  corymbes 
mulliflores. 

Composées.  —  En  très  petit  nombre,  surtout  des  Vemonia,  dont  l'un 
donne  des  feuilles  employées  comme  vomitif. 


—  250  — 
Sapotacées.  —  ChrysopkyUum. 
Ebenacées.  —  Diospyros. 
Asclepiadacées.  —  Sept  espèces,  parmi  lesquelles  un  Asclepias  et  un 

Ccropegia. 

Apocynacees.  —  Dix  espèces,  qui  appartiennent  aux  genres  Landoi- 
phia,  Tabernœmonlana ,  Isoncma,  Wrigthia,  Ucinsia,  Strophanthm ,  Alaphia , 
Baissea. 

Il  est  bon  de  remarquer  que ,  maigre  que  son  attention  ait  été  attirée  sur 
ce  point,  M.  Pobéguin  n'a  trouvé  à  la  Côte  d'Ivoire  aucune  trace  du  Kichxia 
df ricana. 

Loganiacées.  —  Slrychnos. 

Big-niacées.  —  Spathodea. 

Pedalinées.  —  Sesamutn. 

Scrophularinées.  —  Bttchnera,  Sopubia ,  Cycnium. 

Verbénacées.  —  Plusieurs  Ckrodendron ,  un  Vitex,  un  Lantana  dont  les 
feuilles  servent  à  préparer  des  infusions. 

Labiées.  —  Deux  espèces. 

Phytouccacees.  —  Mohlana. 

Euphorbiacées.  —  Six ,  dont  une,  non  déterminable ,  donne  une  écorce 
très  vénéneuse,  utilisée  dans  le  pays  à  la  destruction  des  animaux  nuisibles. 

Urticackes.  —  Tréma,  Celtis,  Ficus. 

Ouchidacées.  —  M.  Finet,  à  qui  en  a  été  confiée  l'élude,  y  a  reconnu  onze 
espèces  appartenant  aux  genres  Cyrlopodium ,  Angrœcum,  Eulophia,  Lmo- 
chilus  et  Habenaria,  tous  répandus  dans  toute  l'Afrique  occidentale. 

Scitaminées.  —  Donax  et  Tluilia ,  dont  les  feuilles  sont  préférées  à  toutes 
autres  pour  envelopper  les  noix  de  Cola. 

Iridées.  —  Gladiolus. 

Amaryllidacées.  —  Hœmanthus. 

Dioscoreacées.  —  Dioscorea. 
LiliacÉes.  —  Gloriosa. 

Cypéracées.  —  M.  Pobéguin  s'est  attacbé  spécialement  à  la  récolte  de 
ces  plantes,  cbez  lesquelles  M.  Franche!  a  reconnu  les  genres  Cyperus, 
Fimbristylis,  Isoîepis,  Hypolytrum ,  Scleria  et  Rhyncospermum.  Ces  végétaux, 
pris  dans  la  région  humide,  se  retrouvent  presque  tous  dans  la  région  tro- 
picale de  l'Afrique  occidentale,  surtout  au  Congo;  ils  apportent  néan- 


—  251   — 

moins  pour  la  plupart  des  éléments  nouveaux  pour  la  flore  de  la  Côte 
d'Ivoire. 

Malgré  l'insuffisance  de  ces  matériaux,  au  point  de  vue  de  la  connais- 
sance parfaite  de  la  flore  de  la  Côte  d'Ivoire,  insuffisance  nullement  impu- 
table au  collecteur,  dont  la  bonne  volonté  est  éprouvée,  mais  à  la  maladie 
qui  l'a  arrêté  en  roule,  on  peut  dès  à  présent  se  rendre  compte  de  l'intérêt 
de  cette  région  au  point  de  vue  botanique.  C'est  dans  l'intérieur  de  nos 
possessions  de  la  Côte  de  Guinée  que  se  trouve  le  lien  entre  cette  flore 
forestière  de  la  Côte  occidentale  d'Afrique,  presque  identique  à  elle-même 
dans  ses  grands  traits  depuis  les  rivières  du  Sud  jusqu'à  l'embouchure  du 
fleuve  Congo,  et  la  flore  soudanaise  encore  à  connaître  pour  la  plus  grande 
part. 

On  sait  déjà,  d'après  les  indications  et  les  récoltes  de  M.  Pobéguin,  que 
l'aspect  général  de  la  végétation  change  quand,  de  la  Côte,  bordée  de  forêts 
épaisses  sur  une  largeur  de  120  à  3oo  kilomètres,  on  pénètre  dans  le 
Baoulé,  région  granitique  où  la  terre  végétale  ne  se  trouve  qu'au  fond  des 
vallées;  la  végétation  arborescente  n'y  existe  plus,  si  ce  n'est  par  bandes 
étroites  le  long  des  cours  d'eau  dont  le  tracé  peut  se  distinguer  ainsi  de 
loin  sur  l'ensemble  du  pays.  Les  plateaux  sont  couverts  d'herbes  d'où 
émergent  des  Borassus  clairsemés,  remplaçant  ici  les  Elœis  de  la  côte. 


A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Pobéguin  a  fait  projeter 
sur  le  tableau  une  se'rie  de  belles  photographies  qu'il  a  prises  pen- 
dant son  dernier  séjour  à  la  Côte  d'Ivoire  et  qui  représentent  des 
types  indigènes,  des  scènes  de  mœurs,  des  paysages,  et  quelques- 
uns  des  arbres  décrits  par  M.  Hua,  etc. 


Les  Bàctériacées  des  Bogheads, 
par  M.  B.  Renault. 

Dans  une  note  récente (1)  nous  avons  démontré  l'existence  des  Bàctéria- 
cées dans  les  thalles  des  Pilas ,  Algues  qui  constituent  les  Bogheads  d'Autun, 
de  l'Esterel,  la  Torbanite  d'Ecosse,  les  Cannels -Bogheads  russes  de  Kou- 
rakino,  de  Tschoulkowo,  etc.  ;  toutes  ces  Bàctériacées  affectent  la  forme  coc- 
coïde. 

(8)  Bulletin  du  Muséum  d'histoire  naturelle ,  n"  1,  p.  33,  1897. 


—  252  — 

Nous  avons  désigné  sous  le  nom  île  Mtcrococcus  petrolei,  celles  qui  pla- 
cées k  Y  intérieur  des  thalles  occupaient  la  place  des  membranes  moyennes 
des  cellules,  ou  étaient  disséminées  dans  la  masse  désorganisée. 


Fig.  i.  —  Portion  d'un  thalle  de  Pila  bibraclensis  désorganisé 
par  les  Bactériacées.  Gros.  55o/i. 

a.  Partie  centrale  vide  du  thalie. 

b,  b.  Microcoques  disposés  en  lignes  suivant   les    arêtes  des   cellules  rayon- 

nantes de  l'Algue. 

Comme  les  Bogheads  examinés  appartiennent  à  des  époques  fort  diffé- 
rentes ,  nous  ne  pouvons  affirmer  que  c'est  la  même  espèce  que  l'on  rencontre 
dans  les  combustibles  permiens  d'Autun,  et  les  combustibles  du  Gulm  de 
Russie.  Nous  sommes  obligé  de  créer  au  moins  plusieurs  variétés  répon- 
dant à  de  grandes  périodes  géologiques  comprenant  par  exemple  le  terrain 
permien  et  bouiller  supérieur,  le  terrain  houiller  moyen  et  le  terrain  an- 
thracilère  ou  le  Gulm;  les  lettres  A,  B,  G  nous  ont  servi  à  distinguer  ces 
variétés  qui  elles-mêmes  se  subdivisent  en  sous-variétés  d'après  leur  taille 
et  leurs  fonctions.  La  diagnose  de  l'espèce  élargie  par  nos  recherches  ré- 
centes serait  : 

Gellules  sphériques,  à  membrane  extrêmement  mince  visible  sous  un 
grossissement  de  1,000  à  1,200  diamètres,  incolores,  ou  faiblement  colo- 
rées quand  elles  n'ont  pas  fixé  quelques  matières  étrangères,  apparaissant 
comme  de  petites  sphères  brillantes,  ou  bien  par  une  mise  au  point  un  peu 
différente,  comme  une  cavité  hémisphérique  de  même  diamètre;  celui-ci 
varie  de  0(i  3  à  0^7,  soit  que  cette  variation  provienne  de  l'association  de 


—  253  — 

plusieurs  sous-variétés,  soit  de  ce  que  ies  cocci  sont  observés  à  des  âges 
différents  de  leur  vie. 

Les  cellules  sont  tantôt  isolées,  tantôt  continues,  réunies  par  deux  ou 
en  chaînettes;  il  n'est  pas  rare  de  les  voir  entourées  d'une  auréole  plus 
foncée. 

Cette  espèce  rentre  dans  la  section  des  Hymenophagus. 


Fifj.  -2.  —  Pila  bibractensis  et  Micrococcus  petrolei.  Var.  A.  Gros.  55o/i. 

a.  Région  où  les  cellules  sont  coupées  transversalement. 

b.  Première  couche  de  cellules  obliques ,  coupées  longitudinalement. 

c.  Deuxième  couche  de  cellules  voisines  obliques,  coupées  de  la  même  façon. 

d.  Lignes  rayonnantes  de  Microcoques. 

Il  y  avait  un  certain  intérêt  pour  l'histoire  de  la  formation  des  Bogheads 
à  rechercher,  malgré  les  difficultés  d'observation ,  le  mode  de  propagation 
à  l'intérieur  des  Algues.  Après  leur  mort,  les  thalles  arrivaient  plus  ou 
moins  rapidement  au  fond  de  lacs  peu  étendus  et  occupés  par  des  eaux 
tranquilles;  en  même  temps  qu'eux,  se  déposaient  des  grains  de  pollen, 
des  spores,  des  substances  organiques  plus  altérées  constituant  actuel- 
lement la  matière  fondementale  de  couleur  foncée  qui  entoure  les  Algues. 
Cette  matière  fondamentale  renferme  une  grande  variété  de  formes  coc- 
coïdes  dont  on  observe  également  un  grand  nombre  à  la  surface  même  des 
thalles. 

Il  est  évident  que  l'invasion  microbienne  s'est  faite  de  la  périphérie  vers 
le  centre.  Dans  les  Pilas,  que  nous  pouvons  prendre  comme  exemple,  les 
cellules  de  forme  prismatique,  disposées  sur  un  seul  rang,  constituent  une 


—  254  — 

sphère  creuse;  leur  grand  axe  est  dirigé  suivant  les  rayons  delà  sphère; 
l'observation  microscopique  montre  que  les  Micrococcus  petrolei  pénétraient 
dans  les  Algues  en  suivant  les  arêtes  longitudinales  communes  a  plusieurs 
cellules  contiguës  et  que  parleurs  divisions  successives  ils  formaient  bien- 
tôt des  lignes  continues  de  Microcoques  (b  fig.  1).  Les  épaississemenls  des 
parois  ainsi  que  les  membranes  moyennes,  profondément  altérées,  sont 
devenues  à  peu  près  méconnaissables.  La  direction  et  la  forme  des  cellules 
sont  indiquées  par  les  lignes  rayonnantes  des  Microcoques. 


Fig.  3.  —  Une  portion  de  la  figure  précédente  grossie  1200  l'ois. 
b,  c.  Deux  couches  voisines  de  cellules  rayonnantes  rencontrées  par  la  section 


oblique. 


d.  Lignes  de  Microcoques  occupantla  place  des  parois  rayonnantes  des  cellules. 

La  figure  1  se  rapporte  h  un  thalle  coupé,  sensiblement,  suivant  un  grand 
cercle;  la  partie  centrale  ne  renferme  qu'accidentellement  des  Microcoques. 

Les  ligures  2  et  3  montrent  au  contraire  des  thalles  coupés  en  dehors  de 
la  cavité;  la  section  passe  par  conséquent  dans  l'épaisseur  de  la  couche  de 
cellules  qui  constituent  le  thalle  sphérique. 

Il  en  résulte  que  dans  la  région  médiane  les  cellules  sont  rencontrées 
perpendiculairement  à  leur  grande  longueur,  et  en  dehors,  suivant  un  plan 
plus  ou  moins  incliné  à  cette  direction;  ce  plan  rencontre  deux  couches 
contiguës  de  cellules  rayonnantes  (A,  c,  fig.  1  et  2),  indiquées  par  une  aug- 
mentation dans  le  nombre  de  Microcoques  là  où  les  parois  des  deux  couches 
sont  communes  et  rencontrées  par  la  section. 

De  même  que  sur  la  figure  1,  toute  trace  de  parois  a  disparu  et  la  position 


—  255  — 

des  cellules  ainsi  que  leur  forme  ne  sont  reconnaissables  que  par  les  lignes, 
polygonales  au  centre,  rayonnantes  vers  la  périphérie,  dessinées  par  les 
Microcoques  qui  sont  restés  à  peu  près  en  place.  En  d,  ligure  3  ,  se  voient 
nettement  les  lignes  rayonnantes  de  cocci  peu  dérangés  par  l'aplatissement 
des  thalles. 


Fig.  h.  —  Pila  bibraclemis  et  Micrococcus petrolei.  —  Var.  A.  Gros.  1000  1. 

a.  Microcoques  disposés  suivant  les  arêtes  rayonnantes  des  cellules. 

b.  Chaînettes  transversales  de  .Microcoques. 

Comme  on  le  voit  d'après  les  figures  précédentes,  la  multiplication,  par 
divisions  successives,  suivant  les  arêtes  communes  des  cellules  amenait 
assez  rapidement  les  Microcoques  jusqu'au  centre  du  thalle,  mais,  pendant 
que  celte  progression  centripète  s'effectuait,  une  autre,  dirigée  suivant  des 
lignes  concentriques,  se  produisait  en  même  temps.  Certains  microcoques  se 
divisaient  dans  une  direction  perpendiculaire  à  celle  du  rayon,  mais  en 
se  maintenant  dans  la  membrane  moyenne  (b,  fig.  h) ,  produisant  ainsi  des 
lignes  transversales  allant  rejoindre  l'arête  opposée  et  donnant  aux  parois 
des  cellules  une  sorte  d'aspect  scalariforme. 

Mais  les  raies  ainsi  formées  sont  distantes  de  0fx8  environ,  beaucoup 
pins  rapprochées  que  les  raies  des  cellules  ou  vaisseaux  scalariformes  fos- 
siles distantes  de  8  fx  ordinairement;  l'écartement  de  o  p  8  double  du  dia- 
mètre d'un  Microcoque  laisserait  supposer  que  ces  microorganismes  disposés 
en  lignes  rayonnantes  se  divisaient  dans  le  sens  transversal  seulement  de 
deux  en  deux. 

Les  bandes,  d'ailleurs,  se  résolvent  souvent,  quand  on  se  sert  d'un 


—  256  — 

grossissement  suffisant,  en  chaînettes  de  Microcoques  mesurant  0fx3  à 
o(i  h  entourées  d'une  étroite  bordure  de  couleur  foncée,  ce  sont  les  plus 
petites  dimensions  que  nous  ayons  constatées  à  l'intérieur  des  thalles.  On 
distingue  en  outre,  dans  leur  voisinage,  de  nombreuses  sculptures  pro- 
duites par  un  travail  microbien  évident. 


]?in,  5.  —  Pila  bibractensis  désorganisé.  Gros.  600/1. 

a.  Diplocoques. 

h.  Matière  fondamentale. 

c,  d.  Microcoques  isolés  ou  en  chaînettes. 

Ce  sont  ces  bandes  transversales  plus  ou  moins  bien  conservées  qui,  sur 
les  sections  transversales,  donnent  naissance  au  réseau  polygonal  que  nous 
avons  signalé  dans  notre  première  noie  (lig.  3  et  h),  et  dans  celle  d'aujour- 
d'hui (fi g.  2). 

Il  est  intéressant  de  constater  que,  pendant  la  transformation  chimique 
des  parois  des  cellules,  les  Microcoques  ont  conservé  sensiblement  leur  po- 
sition initiale,  et  que  l'envahissement  s'est  effectué  par  leur  multiplication 
dans  le  plan  des  membranes  moyennes. 

Mais  il  est  arrivé  fréquemment  que  la  compression  subie  par  les  thalles 
de  consistance  molle  et  gélatineuse  ait  confondu  les  bandes  régulières  de 
Microcoques  et  que  ceux-ci  paraissent  alors  disséminés  sans  aucun  ordre 
dans  la  masse,  comme  le  montre  la  figure  5. 

Dans  ce  cas,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  l'observation  des 
Microcoques  devient  fort  difficile,  s'ils  n'ont  pas  fixé  quelque  matière 
étrangère  qui  les  colore  ou  qui  modifie  leur  réfringence. 

H  n'y  a  pas  que  les  Bogheads  à  Pilas  qui  renferment  des  Baclériacées. 


—  257  — 

Les  Bogheads  australiens,  formés  de  Reinschia,  ceux  d'Arraadale  (An- 
gleterre), constitués  par  des  Algues  du  genre  Thylax,  les  Cannels-Bo- 
gheads  du  bassin  liouiller  de  Moscou,  composés  de  Pilas,  de  Cladiscothallus 
et  d'une  grande  variété  de  micro  et  macro-spores,  appartenant  à  diverses 
Cryptogames,  contiennent  également  un  nombre  considérable  de  Cocci; 
nous  ne  nous  occuperons  ici  que  de  ceux  qui  ont  envahi  les  Cladiscothallus 
de  Kourakino. 


Fig.  6.  Cladiscolhalius  Keppeni.  Guim  du  bassin  de  Moscou. 
Grosseur  :  1200/1. 

a.  Lue  branche  du  thalle  plusieurs  fois  dichotouie. 

b.  .Microcoques  isolés. 

c,d.  Microcoques  disposés  suivant  les  parois  communes  des  cellules  plarées  bout  à 
boni  et  formant  les  rameaux  dichotomes  du  thalle. 


Le  Cladiscolhalius  Keppeni,  l'une  des  espèces  du  genre,  se  présente  sous 
la  forme  d'un  disque  aplati,  composé  de  rameaux  plusieurs  fois  dicho- 
tomes, longs  de  i3oà  i4o  fi, partant, en  rayonnant,  d'un  centre  commun  ; 
avant  son  aplatissement,  l'Algue  pouvait  être  ou  hémisphérique  ou  globu- 
leuse. 

Les  rameaux  et  les  ramules  sont  formés  de  cellules  cylindriques,  placées 
boula  bout,  un  peu  plus  larges  que  hautes;  leur  diamètre  est  d'environ 
U  f*  et  leur  hauteur  de  2  fx  5  à  3  fi.  La  surface  des  rameaux  présente  sou- 
vent une  multitude  de  ponctuations  noires  ou  brillantes,  disposées,  les 
unes  irrégulièrement,  les  autres  suivant  des  lignes  perpendiculaires  à  la 


MlSÉl'M.   III. 


19 


—  258  — 

longueur  des  ramules;  à  première  vue,  nous  les  avons  considérées (l) 
comme  représentant  les  orifices  de  canaux  microscopiques  destinés  à 
mettre  en  communication  le  protoplasma  des  cellules  avec  la  gélose  dont 
les  rameaux  de  l'Algue  étaient  entourés;  une  étude  faite  dans  de  meilleures 
conditions  nous  a  montré  que  ces  ponctuations  étaient  dues  à  la  présence 
de  nombreux  microcoques,  mesurant  o  fi3  à  o  f*  5,  répandus,  les  uus 
dans  l'épaisseur  des  parois  latérales  des  cellules  altérées,  les  autres  dans  la 
membrane  moyenne  commune  des  cellules  placées  bout  à  bout;, ceux-ci 
forment  les  lignes  régulières  transversales  qui  semblent  diviser  en  articles 
les  rameaux  et  les  ramules. 

Les  Cladiscothallus  du  Culm  renferment  donc  également  de  nombreux 
Microcoques  ;  nous  les  avons  désignés  sous  le  nom  de  Micrococcus  petroki 
Var.  G.  En  terminant,  nous  croyons  devoir  rappeler  que  les  analyses  chi- 
miques du  Bogbead  d'Autun  (2)  conduisent  pour  la  matière  organique  a  la 
formule  brute  G3  H4,  les  faibles  traces  d'oxygèue  observées  pouvant  n'être 
qu'accidentelles  ou  dues  à  la  cellulose  moins  altérée  des  Microcoques. 

Mais ,  d'un  autre  côté ,  la  formule  de  la  cellulose  est  exprimée  par  G6  ET0  O10. 
On  peut  donc  décrire  l'équation  chimique  suivante  : 

G12  H20  O10  =  G3  H4  +  5  CO2  +  k  GH4. 

signifiant  que  la  cellulose  des  Algues  passerait  à  la  composition  centésimale 
offerte  parla  matière  organique  d'un  Boghead,en  perdant  cinq  molécules 
d'acide  carbonique  et  quatre  molécules  de  Méthane.  Des  dégagements 
gazeux  analogues  s'effectuent  dans  certaines  fermentations  microbiennes 
actuelles.  Si  les  Bactériacées  anaérobies  que  nous  rencontrons  dans  les 
Algues  des  Bogheads  ont  pu  provoquer  de  semblables  dégagements,  l'ori- 
gine de  ces  combustibles  pourrait  s'expliquer  d'une  façon  très  simple  et 
toute  naturelle. 


Sur  le  gisement  de  Nadorite  d'Algérie, 
par  M.  L.  Gentil. 

J'ai  eu  l'occasion  de  visiter,  l'hiver  dernier,  en  Algérie  (province  de 
Constantine),  un  gisement  minéralogique  célèbre  par  une  espèce  que  l'on 
n'a  jamais  rencontrée  ailleurs. 

C'est  un  gîte  calaminaire  découvert  par  Fournel  et  dans  lequel  l'ingé- 
nieur Flajolot  a  recueilli  un  chloroantimoniate  de  plomb  qu'il  a  décrit  sous 
le  nom  de  nadorite  (nom  tiré  du  Djebel-Nador (3)). 

O  Et.  des  gîtes  miner,  de  la  France,  Bassin  houille)'  d'Epinac  et  d'Autun,  p.  554. 
(2>  Exécutées  par  M.  Gabriel  Bertrand. 
<3>  Zs.  G.  Ges.  26,  47,  1872. 


—  259  — 

Les  propriétés  optiques  et  cristallographiques  de  ce  minéral  ont  été  sa- 
vamment étudiées  par  MM.  des  Gioizeaux (1)  et  G.  Cesàro(2). 

Ce  minéral  forme  le  chapeau  d'un  filon  important  de  carbonate  de  zinc 
exploité  par  la  Société  de  la  Vieille-Montagne.  Grâce  à  l'extrême  obligeance 
de  l'ingénieur  de  la  mine ,  M.  Varella,  et  en  compagnie  de  mon  confrère  et 
ami,  M.  Blayac,  qui  fait  l'étude  géologique  de  la  région,  j'ai  pu  visiter  effi- 
cacement le  gîte.  J'en  ai  rapporté  de  très  beaux  échantillons  que  j'ai  exa- 
minés dans  le  laboratoire  de  mon  savant  maître,  M.  A.  Lacroix,  et  qui 
figureront  dans  la  Galerie  de  minéralogie  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 

J'ai  reconnu  les  espèces  minérales  suivantes  : 

i°  La  nadorite  en  belles  lamelles  brimes,  parfaitement  fraîches,  avec 
son  produit  d'altération  d'un  beau  jaune  citron  et  la  forme  pseudo-cubique 
étudiée  par  M.  Cesàro. 

2°  La  cèrusile  en'  beaux  cristaux  prismatiques  et  octaédriques  souvent 
maclée. 

3°  La  zinconise  amorphe  souvent  concrétionnée  (variété  marionite). 

h"  La  galène  en  cristaux  cubiques. 

5°  La  blende  en  masse  cristalline. 

6°  Une  substance  amorphe  jaune  qui  donne  à  l'analyse  la  composition 
d'un  antimoniate  de  fer. 

J'ai  découvert,  outre  ces  minéraux  déjà  signalés,  de  petits  rhombo- 
èdres de  carbonate  de  zinc  (smithsonite)  et  de  très  petits  cristaux  à  facettes 
brillantes  que  j'ai  reconnu  appartenir  au  silicate  de  zinc  {calamine).  Ces 
cristaux,  aplatis  sur  leurs  faces  g-'(oio),  tapissent  les  druses  du  minerai 
exploité.  Ils  offrent,  en  outre,  les  faces  ?n(no),  a1  (101)  et  el(oi  î).  C'est 
la  forme  que  j'ai  décrite  dans  les  gisements  de  zinc  de  l'Ouarsenis  (Alger) (3). 

Les  conditions  de  gisement  du  filon  caliminaire  du  Nador  sont  non  moins 
intéressantes.  Ce  filon  a  traversé,  en  le  modifiant,  un  système  de  poudingues 
rouges ,  et  alternances  de  marnes  et  de  calcaire  blanc  à  faciès  lacustre. 

Le  minerai  s'est  logé  en  une  masse  fort  importante  à  la  limite  de  sépa- 
ration d'une  assise  de  marne  et  du  banc  calcaire  superposé.  Il  a  fortement 
métamorphisé  ces  roches  sédimentaires  en  produisant  un  bariolage  très  vif 
des  marnes  et  une  imprégnation  du  calcaire  lacustre  par  du  zinc  (carbonate 
et  hydrocarbonate). 

Mon  savant  confrère,  M.  Blayac,  classe  ce  système  marno-calcaire  dans 
YOligocène.  Une  partie  pourrait  appartenir  au  Miocène  inférieur.  Cette  dé- 

W   C.  R.  Acad.  Se,  t.  LWIII,  p.  8i  et  Bull.  Soc.  min.  de  France ,  t.  V,  p.  îaa. 
(2>  Bull.  Soc.  franc,  de  min.,  t.  XI,  p.  hh. 

(3)  L.  Gentil,  Sur  les  gîtes  calaminaires  de  l'Ouarsenis  (Ass.  franc,  av.  des 
Se,  1890). 

■9- 


—  260  — 

terminalion  stratigrapbique  offre  un  certain  intérêt  sj  l'on  songe  à  l'âge 
relativement  récent  qu'il  faut  attribuer,  de  ce  fait,  à  rémission  calaminaire. 
Cette  venue  métallifère  ne  peut  remonter  au  delà  de  l'époque  miocène. 


Huile  de  Caparrâpi, 

par  F.-F.  Tapia,  professeur  de  la  Faculté  de  médecine  de  Bogota. 

(Laboratoire  de  M.  le  professeur  Arnaud.) 

Il  y  a  longtemps  que  l'on  connaît  dans  la  Colombie,  sous  les  noms 
d' huile  de  bois,  (Yamacey  et  (Y huile  de  Caparrâpi,  un  liquide  transparent, 
plus  ou  moins  épais,  qui  est  le  produit  de  l'exsudation  du  bois  d'un  arbre 
corpulent  de  la  famille  des  Laurinées ,  que  l'on  appelle  vulgairement  Ca 
nelo,  et  qui  croît  dans  certains  terrains  humides  et  tempérés,  entre  18  et 
2  a  degrés  de  la  République  de  la  Colombie,  tels  que  Paime,  Muzo,  Ca- 
parrâpi, etc.  Selon  M.  Sandino,  botaniste  de  Bogota,  cet  arbre  doit  se 
nommer  Nectandr.i  Caparrâpi. 

Pour  extraire  l'huile,  on  fait  au  pied  de  l'arbre  une  large  et  profonde  in- 
cision à  la  surface  inférieure  de  laquelle  on  forme  une  cavité  pour  y  re- 
cueillir rbuile.  Quand  il  y  en  a  une  quantité  suffisante,  on  la  transvase,  au 
moyen  d'un  morceau  de  coton,  dans  des  pots  de  bambou  ou  dans  des  bou- 
teilles. On  fait  cette  opération  plusieurs  fois  pendant  deux  jours  pour  remplir 
une  bouteille.  On  dit  qu'il  y  a  des  arbres  qui  peuvent  produire  jusqu'à 
six  litres  d'huile. 

Usages.  —  Cette  substance  que  jadis  on  employait  seulement  pour 
éclairer  les  moulins  de  cannes  à  sucre  situés  dans  le  voisinage  des  lieux 
d'extraction  de  cette  essence,  a  acquis  dernièrement,  et  surtout  parmi  les 
gens  de  la  campagne  de  beaucoup  de  villages  de  la  terre  chaude  de  la  Co- 
lombie, une  grande  renommée  comme  médicament.  On  l'emploie  comme 
succédané  des  baumes  de  Copahu  et  de  Gurgun  ainsi  que  du  Cubèbe  ; 
comme  remède  contre  les  piqûres  et  les  morsures  d'animaux  venimeux  , 
comme  odontalgique,  et.  surtout,  comme  antiseptique  dans  le  pansement 
des  plaies  et  des  blessures,  qu'elles  soient  fortuites  ou  qu'elles  soient  pro- 
duites par  les  opérations  chirurgicales  qu'on  a  besoin  de  faire  aux  animaux 
domestiques. 

Quelques  personnes  préfèrent,  pour  ce  dernier  usage,  la  teinture  alcoo- 
lique de  l'écorce  ou  des  calices  des  Heurs. 

L'écorce  de  l'arbre  et  la  partie  persistante  des  fleurs  (le  calice)  exhalent 
une  odeur  aromatique  moins  forte  que  celle  de  l'huile,  presque  pareille  à 
celle  de  la  cannelle,  d'où  vient  sans  doute  le  nom  de  canclo  qu'on  donne  à 


—  2  fil   — 

l'arbre.  A  cause  décela  même,  on  s'explique  que  les  habitants  de  Caparrapi 
aient  employé  la  poudre  de  ces  calices ,  à  la  place  de  la  cannelle,  pour  em- 
baumer le  chocolat,  coutume  qu'ils  durent  bientôt  abandonner  parce  qu'ils 
remarquèrent  que  les  personnes  qui  faisaient  un  usage  fréquent  de  ce  cho- 
colat contractaient  des  maladies  de  la  vessie  (cystite). 

En  raison  de  ces  propriétés ,  il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  cette  essence. 
Voici  les  premiers  résultats  auquels  je  suis  arrivé  : 

Propriétés.  —  Liquide  plus  ou  moins  épais ,  d'une  odeur  forte  et  qui 
dans  certains  échantillons  est  plus  agréable  que  dans  d'autres;  d'une  cou- 
leur variable  depuis  le  jaune  très  pâle  jusqu'au  rouge  brunâtre  ;  c'est  à 
cause  de  ces  différences  de  couleur  qu'on  distingue  dans  le  commerce  deux 
espèces  d'huile  de  Caparrapi  nommées  l'une  l'huile  blanche,  et  l'autre 
l'huile  noire.  La  densité  change  aussi  avec  l'espèce;  ainsi  dans  un  échan- 
tillon de  la  blanche  cette  densité  est  de  o,p,336,  tandis  qu'un  autre  de  la 
noire  a  donné  une  égale  à  0,9163. 

La  température  d'ébullition  d'un  échantillon  de  couleur  foncée  est  de 
260  degrés,  la  pression  du  laboratoire  (à  Bogota)  étant  de  56o  millimètres. 
Elle  agit  sur  la  lumière  polarisée  dont  elle  dévie  le  plan  de  3°  à  gauche 
(dans  un  échantillon  de  la  blanche). 

L'huile  blanche  étant  soumise  à  la  température  de  —  270  se  trouble  un 
peu  et  sa  consistance  a  augmenté  de  telle  manière  qu'on  peut  tourner  le 
vase  sans  la  renverser,  tandis  que  la  noire  a  conservé  sa  transparence  en 
augmentant  à  peine  la  consistance.  Elle  peut  brûler  dans  l'air  au  moyen 
d'une  mèche  de  coton,  avec  une  flamme  brillante  un  peu  fumeuse.  Secouée 
avec  de  l'eau,  elle  lui  donne  son  odeur;  elle  est  très  soluble  dans  les  alcools 
éthylique  et  méthylique,  dans  l'éther,  le  chloroforme,  la  benzine,  les  pé- 
troles et  dans  le  sulfure  de  carbone;  elle  est  moins  soluble  dans  l'alcool 
amylique. 

Quelques  échantillons  de  l'huile  blanche,  avec  le  temps,  laissent  des  dé- 
pôts de  cristaux ,  quelquefois  très  volumineux,  sur  les  parois  et  au  fond  des 
bouteilles.  Ces  cristaux  ont  la  forme  d'aiguilles  qui  appartiennent  au  sys- 
tème du  prisme  oblique  à  base  rhomboïdale,  facilement  exfoliables  à  la 
pression  des  doigts,  très  peu  soluble  dans  l'eau  froide  et  un  peu  plus  dans 
l'eau  chaude.  Tous  les  échantillons  examinés  donnent  une  réaction  acide 
au  papier  de  tournesol. 

Séparation  des  acides.  —  L'huile  blanche  est  traitée  par  une  lessive  faible 
de  soude  (à  -2°  B.)  et  le  liquide  alcalin  est  ensuite  saturé  par  un  excès  d'a- 
cide chlorydrique;  on  obtient  ainsi  un  acide  cristallisé  dont  les  propriétés 
sont  identiques  à  celles  des  cristaux  qui  se  séparent  naturellement  de 
quelques  échantillons  de  cette  huile.  Dans  les  huiles  noires,  de  couleur  la 
plus  foncée,  on  trouve,  seulement,  un  autre  acide  amorphe,  de  consistance 


—  26'2  — 

épaisse,  d'une  couleur  jaunâtre  qui  devient  rouge  quand  il  se  dissout  dans 
les  lessives  alcalines,  tandis  queles  huiles  d'une  teinte  plus  claire  renferment 
les  deux  acides.  Dans  ce  dernier  cas,  il  est  préférable  de  les  épuiser  en  plu- 
sieurs fois  par  l'eau  de  chaux  dont  on  emploie  trois  volumes  dans  chaque 
opération  ;  les  premières  portions  donneront  l'acide  cristallisé ,  et  les  der- 
nières l'acide  amorphe. 

Le  sel  de  chaux  formé  par  l'acide  cristallisé  se  présente  sous  la  forme 
d'aiguilles  blanches,  un  peu  solubles  dans  l'alcool,  peu  solubles  dans  l'eau 
froide  et  plus  encore  dans  l'eau  chaude,  fusibles  dans  l'eau  bouillante.  Une 
dissolution  de  ce  sel  donne  avec  le  perchlorure  de  fer  un  précipité  blanc 
abondant  et  qui  par  le  repos  tombe  au  fond  du  tube  avec  une  couleur  rose 
jaunâtre. 

Essence.  —  L'huile  épuisée  par  la  lessive  de  soude  fut  soumise  avec  l'eau 
à  la  distillation  dans  un  alambic,  et  le  produit  fut  recueilli  dans  un  réci- 
pient florentin.  L'essence  ayant  été  séparée  fut  mise  en  contact  avec  le  chlo- 
rure de  calcium  fondu  pour  la  dessécher. 

L'essence  ainsi  obtenue  est  un  liquide  parfaitement  incolore,  très  réfrin- 
gent, d'une  consistance  supérieure  à  celle  de  l'eau,  d'une  odeur  agréable, 
dont  la  densité  est  de  0,9110;  refroidie  à  la  température  de  —  2  70,  elle  ne 
subit  aucun  changement  ;  elle  dévie  le  rayon  de  la  lumière  polarisée  de  3o°  à 
gauche  et  son  pouvoir  rotatoire  est  (a)  —  i6,46  ;  elle  est  très  soluble  dans 
les  alcools  éthylique  et  méthylique,  dans  l'éther,  le  chloroforme,  la  benzine, 
l'essence  de  térébenthine,  le  sulfure  de  carbone,  le  naphte  et  le  pétrole  ; 
elle  dissout  le  caoutchouc  et  de  petites  quantités  de  soufre;  elle  est  un  bon 
dissolvant  des  corps  gras,  des  cires,  des  résines,  de  la  naphtaline  et  de  la 
paraffine. 

Cette  essence  exposée  à  la  lumière  pendant  longtemps  se  colore  légère- 
ment en  jaune.  Étant  exposée  à  l'air  dans  un  vase  d'une  large  surface,  elle 
se  colore  beaucoup  plus  et  devient  au  fur  et  à  mesure  plus  épaisse;  c'est 
ainsi  qu'au  bout  de  deux  ans  on  peut  renverser  le  vase  sans  qu'elle  s'en 
détache.  Comme  elle  a  une  grande  réfringence ,  on  peut  l'employer  dans 
cet  état  comme  liquide  d'immersion  des  objectifs  microscopiques. 

Étant  secouée  avec  une  dissolution  étendue  de  carmin  d'indigo,  et  après 
avoir  laissé  le  mélange  en  repos,  la  dissolution  se  sépare  de  l'essence  en- 
tièrement décolorée  ;  par  l'agitation  elle  reprend  sa  couleur,  mais  au  bout 
d'un  certain  temps  elle  se  décolore  encore,  et  ainsi  de  suite. 

Réactions  caractéristiques.  —  Pour  distinguer  l'huile  de  Caparrapi  des 
baumes  de  Copahu|etde  Gurgun,  on  peut  employer  les  deux  procédés  sui- 
vants : 

i°  (Réaction  de  Hùckiger.)  On  met  dans  un  tube  à  essais  une  goutte  du 
baume  et  deux  gouttes  de  sulfure  de  carbone,  on  ajoute  ensuite  une  goutte 


—  263  — 

d'an  mélange  de  parties  égales  d'acide  nitrique  et  d'acide  sulfurique  con- 
centrés, et  on  secoue  le  tout  :  avec  la  Gaparrapi,  il  se  produit  une  colora- 
tion rouge  écarlate;  avec  le  Gurgun,  la  coloration  est  rouge  pourpre  qui 
quelques  minutes  après  devient  violette;  le  Copahu  prend  une  couleur 
brune  jaunâtre  et  laisse  un  dépôt  cristallin; 

2°  Dans  un  tube  à  essai  on  place  environ  10  centimètres  cubes  d'une 
lessive  de  soude  très  étendue  ,  d'ammoniaque  ou  d'eau  de  chaux,  on  ajoute 
quelques  gouttes  du  baume  et  l'on  secoue  :  l'émulsion  formée  prend  une 
couleur  rouge  orange  plus  ou  moins  intense,  selon  la  teinte  de  l'huile  de 
Gaparrapi  essayée,  et  il  n'y  aura  pas  de  coloration  avec  l'huile  blanche, 
mais,  dans  ce  cas,  si  l'on  sépare  le  liquide  alcalin  et  qu'on  le  neutralise  avec 
un  acide,  on  obtiendra  immédiatement  une  cristallisation  blanche  et  abon- 
dante. 

Avec  les  baumes  de  Copahu  et  de  Gurgun ,  il  ne  se  produit  rien  de  sem- 
blable. 

J'espère  recevoir  bientôt  une  certaine  quantité  de  celte  huile;  je  me 
propose  alors  d'en  compléter  l'étude  et  de  déterminer  sa  constitution  chi- 
mique. 


Sur  la  constitution  chimique  des  Oxydases, 
par  M.  Gabriel  Bertrand. 

Les  nombreuses  synthèses  réalisées  de  nos  jours,  grâce  aux  progrès  de 
la  chimie,  ont  prouvé  que  les  mêmes  lois  régissent  les  transformations  de 
la  matière  chez  les  êtres  vivants  et  chez  les  corps  bruts.-  Cependant ,  quand 
nous  reproduisons  un  sucre,  un  alcaloïde  ou  quelque  autre  principe  immé- 
diat, nous  utilisons  des  agents,  comme  la  potasse  ou  l'acide  sulfurique, 
dont  l'énergie  est  incompatible  avec  l'existence  du  protoplasma.  11  faut 
donc  que  celui-ci  dispose  de  réactifs  moins  violents  que  les  nôtres,  mais 
cependant  très  efficaces.  Ces  réactifs  sont  les  ferments  solubles.  On  en  a 
distingué  déjà  un  assez  grand  nombre  d'espèces,  qu'on  a  réunies  en  plu- 
sieurs groupes,  les  diastases  et  les  oxydases,  par  exemple.  Ces  ferments 
solubles  sont  des  substances  très  fragiles  et  l'on  n'a  pas  encore  pu  les  isoler 
complètement  ni  établir  leur  composition  avec  certitude.  On  sait  seulement , 
sans  pouvoir  se  l'expliquer,  qu'à  des  doses  infimes,   ils   provoquent  la 
décomposition  ou  la  combinaison  de  quantités  relativement  énormes  de 
matières,  et  que  les   moindres  influences  (chaleur,  lumière,  etc.)  modi- 
fient et  détruisent  cette  propriété.  C'est  dire  l'intérêt  qui  s'attache  à  l'étude 
de  ces  substances,  surtout  quand  on  cherche  à  pénétrer  le  problème  de  la 
vie.  A  ce  point  de  vue  aussi,  les  résultats  qu'on  obtient  en  examinant  l'ac- 
tion oxydante  des  sels  manganeux,  en  présence  de   l'air,  mérite  d'être 


—  26A  — 

signalée.  Elle  conduit,  en  effet,  à  une  interprétation  Ifèi  vraisemblable  de 
la  constitution  cbimique  des  oxydases. 

C'est  en  poursuivant  les  recherches  qui  ont  été  exposées  antérieure- 
ment (1)  sur  l'intervention  du  manganèse  dans  les  oxydations  provoquées 
par  la  laccase,  que  j'ai  été  conduit  à  rechercher  si  les  sels  manganeux 
n'avaient  pas  par  eux-mêmes  une  action  oxydante,  s'ils  n'étaient  pas  ca- 
pables de  fixer  l'oxygène  gazeux  sur  certains  corps  organiques. 

L'expérience  a  montré  qu'il  en  est  bien  ainsi.  Tous  les  sels  manganeux 
que  j'ai  essayés  possèdent  la  propriété  de  fixer  l'oxygène  libre  sur  l'hydro- 
quinone,  le  pyrogallol.'la  résine  de  gayac  (acide  gayaconique)  et  beau- 
coup d'autres  corps  analogues.  La  solution  prend  une  couleur  différente, 
en  rapport  avec  le  composé  organique  mis  en  expérience,  et  l'intensité  de 
celte  coloration  varie  elle-même  suivant  l'acide  du  sel  utilisé  ;  dans  certains 
cas,  il  se  produit  un  précipité  cristallin,  par  exemple  avec  l'hydroqui- 
none,  mais,  toujours,  le  phénomène  général  reste  le  même  :  le  sel  man- 
ganeux agit  par  sa  présence  et  c'est  l'oxygène  renfermé  dans  le  ballon  où 
se  fait  l'expérience  qui  se  porte  sur  la  substance  organique. 

En  agitant  dans  un  ballon  de  2  5o  centimètres  cubes  un  mélange  de  : 

Hydroquinone i  gramme 

Eau 100  cent,  cube 

Manganèse,  sous  forme  de  sel " o  gr.  i  oo 

j'ai  trouvé,  après  vingt-quatre  heures,  que  le  volume  d'oxygène  absorbé 
était: 

ce. 

Avec  l'azotate  de  manganèse i,5 

—  le  sulfate i  fi 

—  le  chlorure i  >8 

—  le  formiate  . 7>4 

—  le  benzoate >  5*3 

—  l'acétate i5,7 

—  le  salicylate 1 6,3  _ 

—  le  lactate 1 7>6 

le  gluconate 2 1 ,6 

—  le  succinate 29)! 

Avec  le  gluconate,  les  cristaux  de  quinhydrone  ont  apparu  après  deux 
heures;  le  salicylate  déterminait  aussi  la  production  de  quinhydrone,  mais 
beaucoup  plus  lentement.  Avec  les  autres  sels,  même  le  succinate,  il  ne 
s'en  est  pas  formé.  La  nature  de  l'acide  semble  donc  agir  à  la  fois  sur  l'in- 
tensité et  sur  le  sens  de  l'oxydation. 

(1)  Bull,  du  Muséum,  p.  178-170  (1897). 


—  265  — 

Voici,  maintenant,  comment  on  peut  expliquer  cette  fixation  de  l'oxy- 
gène par  I  intermédiaire  des  sels  manganeux.  En  solution  aqueuse  le  sel 
est  d'abord  hydrolyse,  c'est-à-dire  transformé,  par  fixation  d'eau/en  un 
mélange  d'acide  libre  et  de  proloxyde  de  manganèse  : 

H  Mn  +  H20  =  RH2  +  Mno. 

Or,  le  protoxyde  de  manganèse  est  un  corps  très  altérable  qui  s'oxyde 
spontanément  au  contact  de  l'air.  Cette  propriété  est  même  exploitée  in- 
dustriellement, dans  le  procédé  Weldon,  pour  la  régénération  du  bioxyde 
servant  à  préparer  le  chlore.  Au  cours  de  cette  oxydation,  la  molécule 
d  oxygène  libre  O2  est  nécessairement  scindée  en  deux  atomes,  atomes  non 
saturés  et  par  conséquent  pins  actifs;  l'un  d'eux  se  porte  sur  une  molé- 
cule de  protoxyde  de  manganèse  pour  donner  du  bioxyde  : 

MnO  +  02  =  Mn02  +  0, 

tandis  que  l'autre  peut  se  fixer  indifféremment  sur  une  molécule  de  pro- 
toxyde ou  sur  un  antre  corps  oxydable,  tel  que  l'hydroquinone,  qui,  seul 
résisterait  au  contact  de  l'oxygène  moléculaire. 

Mais  alors,  il  y  a  en  présence  de  l'acide  libre,  du  bioxyde  de  manganèse 
et  le  reste  du  corps  oxydable.  Grâce  à  ce  dernier,  dont  la  chaleur  d'oxyda- 
tion s  ajoute  à  celle  de  formation  du  sel  manganenx,  il  y  a  réaction  entre 
1  acide  et  le  bioxyde  : 

RH2  +  MnO2  =  RMn  +  H>0  +  0; 

un  second  atome  d'oxygène  se  fixe  sur  une  nouvelle  quantité  d'hvdrocmi- 
none  et  le  sel  primitif  est  régénéré. 

Il  suit  de  là  qu'un  poids  déterminé  de  sel  manganeux  peut  oxyder,  aux 
dépens  de  1  air,  un  poids  illimité  d'hydroquinone  ou  de  tout  autre  corps 
pareillement  oxydable.  Si   l'on  observe  maintenant   (d'après  le  tableau 
ci-dessus)  que  ce  sont  les  sels  dans  lesquels  l'affinité  de  l'acide  pour  le 
métal  est  la  plus  faible,  c'est-à-dire  les  sels  à  acide  organique  et  surtout 
ceux  a  acide  organique  de  poids  moléculaire  élevé,  qui  agissent  le  plus 
énerg.quenient  sur  l'hydroquinone;  si  l'on  rapproche  d'autre  part  tous  ces 
résultats  de  ceux  que  j'ai  signalés  dans  ma  dernière  note,  on  sera  conduit 
a  regarder  les  oxydases  comme  des  combinaisons  spéciales  du  manganèse 
dans  lesquelles  le  radical  acide,  probablement  de  nature  protéique  et  va- 
riable avec  le  ferment  considéré,  aurait  juste   l'affinité  nécessaire  pour 
maintenir  le  métal  en  dissolution,  c'est-à-dire  sons  la  forme  la  plus  propice 
au  rôle  qu  ,1  doit  remplir.  Le  manganèse  serait  donc,  dans  cette  concep- 
tion, le  véritable  élément  actif  de  l'oxydase,  celui  qui  fonctionne  à  la  fois 
comme  activeur  et  comme  convoyeur  de  l'oxygène;  la  nature  albuminoïde , 


—  260  — 


de  son  côté ,  apporterait  au  ferment  les  autres  caractères ,  ceux  qui  se  ma- 
nifestent par  l'analyse  élémentaire,  l'action  des  réactifs  (alcool,  sels)  et  des 
agents  physiques  (chaleur,  dialyse.) 


Dosage  de  petites  quantités  d'alcool  methylique, 
d'aldéhyde  fobmique,  d'acide  formiqveet  de  glucose, 

PAR  M.  NlCLOUX. 
(Laboratoire  de  M.  le  professeur  Gréhant.) 

J'ai  indiqué  l'année  dernière (1)  un  procédé  de  dosage  de  l'alcool  dans  des 
solutions  n'en  renfermant  que  de  i/5oo  à  i/3ooo,  basé  sur  la  réduction  du 
bichromate  de  potasse  par  l'alcool  en  présence  d'acide  sulhuïque.  Une  ap- 
plication de  ce  procédé  a  été  faite  par  le  professeur  Gréhant,  mon  maître, 
pour  déterminer  la  quantité  d'alcool  éliminée  par  l'organisme  après  une 
intoxication  profonde,  ainsi  que  la  quantité  fixée  par  le  sang  lorsqu'on  fait 
arriver  l'alcool  en  vapeur  dans  le  poumon (2). 

Cette  réduction  de  bichromate  en  milieu  fortement  acide  étant  théori- 
quement commune  à  tous  les  composés  organiques  à  fonction  réductrice  ou 
simplement  oxydable,  je  donnerai  dans  cette  note  l'application  du  procédé 
à  quelques  composés  dont  ie  dosage  présente  un  certain  intérêt  tant  au 
point  de  vue  chimique  qu'au  point  de  vue  physiologique. 

J'ajouterai  pourtant,  et  c'est  là  un  inconvénient  du  procédé  que  tous  les 
corps  dont  û  est  question  ci-dessous ,  pour  être  dosés  exactement ,  doivent 
être  seuls  dans  les  solutions  à  analyser,  toute  autre  matière  organique  étant 
susceptible  de  donner  la  même  réaction;  en  revanche,  si  ces  causes  d'er- 
reur sont  éliminées,  le  dosage  dans  les  solutions  très  diluées  est  d'une 
exactitude  que  ne  peut  donner  actuellement  aucune  autre  méthode. 

Aldéhyde  formique.  —  On  commence  par  préparer  de  l'aldéhyde  for- 
mique  pur  en  distillant  des  dissolutions  plus  ou  moins  concentrées  d'aldé- 
hyde du  commerce  lesquelles  contiennent  toujours  de  l'alcool  methylique; 
l'alcool  distillant  très  vite,  passe  d'abord,  et  les  dernières  portions  de 
liquide  distillé  constituent  des  solutions  d'aldéhyde  pure  moyennement  con- 
centrées (A  h  5  p.  100). 

Ces  solutions  sont  dosées  par  le  procédé  de  Brochet  et  Cambier (3).  (  Dosage 

W  Soc.  Biologie,  10e  série,  t.  III,  p.  84 1,  9  5  juillet  1896.  Voir  aussi  Journal  de 
phaiinacie  et  de  chimie,  1"  mai  1897. 

W  Soc.  Biologie,  10e  série,  t.  III,  a5  juillet  1896. 
»  Bull.  Soc.  chim.,  3e  série,  t.  XIII,  p.  A02  (1896). 


—  267  — 

de  l'acide  chlorhydrique  mis  en  liberté  par  l'action  de  l'aldéhyde  fornique  sur 
le  chlorhydrate  d'hydroxy  lamine.  ) 

On  étend  de  manière  à  ramener  à  la  teneur  de  i/5oo  à  i/5ooo. 
On  reconnaît  alors  que  pour  : 

5  centimètres  cubes  d'une  solution  à  i/5oo  (ogr.  002  par  centimètre 
cube),  il  faut  2  centimètres  cubes  d'une  solution  à  34  grammes  de  bichro- 
mate par  litre; 

5  centimètres  cubes  d'une  solution  à  1/1000  (o  gr.  001  par  centimètre 
cube),  il  faut  1  centimètre  cube  d'une  solution  à  34  grammes  de  bichromate 
par  litre; 

5  centimètres  cubes  d'une  solution  à  1/2000  (o  gr.  ooo5  par  centi- 
mètre cube),  il  fauto  cm.3  5  d'une  solution  à  34  grammes  de  bichromate 
par  litre,  etc. 

La  teinte  limite  e'tant  le  vert  jaunâtre  qui  caractérise  un  petit  excès  de 
bichromate,  avec  1/10  de  centimètre  cube  de  bichromate  en  moins,  entre 
i/5oo  et  1/1000  ou  1/20  entre  1/1000  et  i/5ooo,  les  solutions  sont 
vert  bleuâtre. 

On  a  tout  inte'rêt  à  dédoubler  la  solution  de  bichromate  (17  gr.  par 
litre)  et  à  opérer  avec  des  solutions  d'aldéhyde  en  renfermant  moins  de 
1  pour  1000;  les  teintes  sont  plus  faciles  à  apprécier  parce  qu'elles  sont 
moins  intenses  et  1/10  de  centimètre  cube  de  la  solution  de  bichromate 
suffit  pour  faire  virer  au  jaune  la  solution  vert  bleu  du  sel  de  chrome.  De 
plus,  des  tubes  témoins  obtenus  avec  des  solutions  titrées  donneront  exac- 
tement la  valeur  de  la  teinte  limite. 

On  opérera  comme  pour  l'alcool:  dans  un  tube  à  essai,  on  prend  5  cen- 
timètres cubes  de  la  solution  à  analyser,  du  bichromate  de  potasse,  5  à 
6  centimètres  cubes  environ  d'acide  sulfurique  concentré  et  pur  que  l'on 
fait  arriver  doucement  dans  la  solution  ;  celle-ci  s'échauffe  progressivement; 
le  changement  de  teinte  s'effectue;  il  suffit  alors  de  chauffer  1  minute  et 
d'attendre  ensuite  3  à  4  minutes.  On  répèle  la  réaction  autant  de  fois  qu'il 
est  nécessaire  de  manière  à  obtenir  la  teinte  vert  jaunâtre  limite  qui  caracté- 
rise le  très  petit  excès  de  bichromate.  Si  alors  n  est  le  nombre  de  centimètres 
cubes  de  bichromate  employé  (16  gr.  5  par  litre),  on  aura  : 

Aldéhyde  for  inique  en  grammes  par  litre  =  -. 

2 

Ce  chiffre  de  1 7  vérifie  à  un  petit  excès  de  bichromate  près  l'équation 
d'oxydation 

3  HCOII  +  a  CrW  +  8  SO"H*  =  a  (SO'^Cr*  +  à  SO*Ks  +  3  COs  +  1 1  11*0. 


—  268  — 

Acide  formique.  —  On  emploiera  une  solution  à  1 1  grammes  de  bichro- 
mate par  litre.  Chaque  centimètre  cube  de  cette  solution  correspond  à 
1  milligramme  d'acide  formique  par  centimètre  cube  de  solution  à  doser 
lorsqu'on  opère  sur  5  centimètres  cubes  de  cette  solution  et  dans  les  con- 
ditions indiquées  pour  le  dosage  de  l' aldéhyde,  de  sorte  que  si  n  est  le 
nombre  de  centimètres  cubes  de  bichromate  employés ,  on  aura  : 

Acide  formique  en  grammes  par  litre  =  n. 

Ce  chiffre  de  1 1  grammes  vérifie  à  un  petit  excès  de  bichromate  près 
l'équation  d'oxydation 

3  HG02H  -f  Cra04Ks  +  h  SO"H2  =  (SO")3Cr  +  S04K2  +  3  CO2  +  7  H20. 

Alcool  méthylique.  —  On  emploiera  une  solution  à  19  grammes  de  bi- 
chromate par  litre;  9  centimètres  cubes  de  cette  solution  correspondent  à 
1/1000  de  centimètre  cube  d'alcool  méthylique  par  centimètre  cube  de  so- 
lution à  doser  lorsqu'on  opère  sur  5  centimètres  cubes  de  cette  solution  el 
dans  les  conditions  indiquées  plus  haut.  Si  donc  n  est  le  nombre  de  centi- 
mètres cubes'  de  bichromate  employé ,  on  aura  : 

Alcool  méthylique  en  centimètres  cubes  par  litre  =  -. 

N'opérer   qu'avec  des  solutions  plus  faibles  que  1  cent  cube  p.  i  000. 
Ce  chiffre  de  1 9  grammes  vérifie  à  un  petit  excès  de  bichromate  près 
l'équation 

CH3OH  +  CrW  +  h  S04H2  -  (S04)3Cr2  +  S04K2+  CO-+  6  H20. 

Glucose.  —  On  emploiera  une  solution  à  17  de  bichromate  par  litre: 
9.  centimètres  cubes  de  cette  solution  correspondent  à  1  milligramme  de 
glucose  par  centimètre  cube  de  la  solution  à  doser  lorsqu'on  opère  dans 
les  conditions  suivantes.  On  prend  5  centimètres  cubes  de  la  solution  à 
doser;  on  ajoute  le  bichromate  puis  l'acide  sulfurique  en  grand  excès 
(6  centimètres  cubes  environ),  on  chauffe  1  minute  à  l'ébullition ,  on  at- 
tend ensuite  5  minutes.  Si  dans  ces  conditions  n  est  le  nombre  de  centi- 
mètres cubes  de  bichromate,  on  aura  : 


Glucose  en  grammes  par  litre 


9 


De  préférence  opérer  sur  des  solutions  plus  faibles  que  1  pour  1000. 
Ce  chiffre  de  1 6  gr.  5  vérifie  à  un  petit  excès  de  bichromate  près  l'équa- 
tion 
C«Hl206  4-  h  CrSO'K*  +  1 6  S04Ha  =  h  (SO^Cr*  +  h  SO«K2  +  6  CO2  +  2  2  H20. 


' 


—  2G9  — 

Degré  d'approximation.  —  La  teneur  en  grammes  par  litre  est  déter- 
minée : 

Pour  l'aldéhyde  formique,  à  5  centigrammes  présentée  1  gramme  et 
i/a  gramme,  à  2  centigrammes  près  au-dessous  de  î/a  gramme. 

Pour  l'acide  formique,  à  1  décigramme  près  entre  2  grammes  et 
i/a  gramme,  à  a  centigrammes  près  au-dessous, de  1/2  gramme. 

Pour  le  glucose,  à  5  centigrammes  près  entre  1  gramme  et  1/2  gramme, 
à  2  centigrammes  près  au-dessous  de  1/2  gramme. 

La  teneur  en  centimètres  cubes  par  litre  est  déterminée  : 

Pour  l'alcool  méthylique,  au  1/20  de  centimètre  cube  près  entre  1  centi- 
mètre cube  et  1/2  centimètre  cube. 

Pour  l'alcool  méthylique,  au  îj'ko  de  centimètre  cube  près  au-dessous  de 
1/2  centimètre  cube. 

Je  rappelle  que,  pour  l'alcool  méthylique  (solution  à  19  grammes  par 
litre  de  bichromate),  l'approximation  n'est  que  de  1/10  de  centimètre  cube 
entre  2  centimètres  cubes  et  1  centimètre  par  litre,  et  1/20  de  centimètre 
cube  au-dessous  de  1  centimètre  cube  par  litre. 


La  bactériologie  de  l  Ambre  gris, 
par  H.  Beauregard. 

L'ambre  gris  est  un  calcul  intestinal  qui  se  forme  et  siège  dans  le  rectum 
du  Cachalot11'  (Physeter  macrocephalus).  Il  peut  atteindre  un  volume  con- 
sidérable et,  dans  ce  cas,  est  constitué  de  plusieurs  noyaux  qui,  après 
s'être  entourés  chacun  de  zones  concentriques  plus  ou  moins  épaisses  et 
nombreuses,  sont  repris  tous  ensemble  dans  une  série  de  couches  envelop- 
pantes communes  donnant  à  la  masse  sa  forme  définitive  sphérique  ou 
ovoïde  selon  les  cas.  Quand  le  calcul  vient  d'être  extrait  du  Cachalot  par  les 
pêcheurs,  il  est,  extérieurement  au  moins,  de  consistance  pâteuse  et  doit 
être  conservé  pendant  un  temps  parfois  très  prolongé  (deux  années  et  plus) 
avant  d'avoir  acquis  une  fermeté  suffisante  pour  qu'on  puisse  le  mettre  en 
vente.  Il  n'a  d'ailleurs  pas  encore,  à  ce  moment,  atteint  son  état  définitif 
et ,  s'il  est  vrai  qu'il  a  une  grande  valeur  commerciale,  il  n'est  pas  encore 
possible  de  l'utiliser  en  parfumerie;  en  effet,  son  parfum  délicat,  pour  ie- 

(l  Voir  Pouchet  et  Beauregard,  C.  K.  hebdom.  de  In  Soc.  de  biologie,  1893  et 
G.  Pouchet,  C.  R.  de  l'Acad.  des  sciences,  ao  juin  1893. 


—  "270  — 

quel  il  est  fort  recherché,  est  presque  complètement  annihilé  par  un  relent 
stercoral  très  accentué.  Ce  relent  stercoral  disparaît  à  la  longue;  c'est  une 
question  de  temps;  les  parfumeurs  qui  achètent  cependant  l'ambre  fort 
cher  (de  3,5 oo  francs  à  7,000  francs  le  kilogramme  suivant  les  espèces) 
se  contentent  d'enfermer  les  précieux  calculs  dans  des  boîtes  de  fer-blanc 
et,  à  mesure  (pie  les  années  s'écoulent,  l'odeur  nauséabonde  disparaît  et  le 
parfum  domine  de  plus  en  plus. 

On  ignore  encore  comment  est  produit  le  parfum  de  l'ambre,  mais  on 
sait  à  quoi  est  dû  le  relent  stercoral.  Ce  dernier  résulte  de  ce  que  les  cal- 
culs, qui  sont,  en  grande  partie,  formés  d'ambréine  cristallisée  et  de  pig- 
ment non  provenant  de  la  paroi  rectale,  renferment  aussi  des  débris  ster- 
coraux  de  l'intestin  comme  en  font  foi  les  becs  de  Céphalopodes  qu'on  trouve 
jusqu'au  centre  même  des  noyaux  d'ambre. 

Lors  de  nos  recherches  sur  la  composition  de  l'ambre  gris,  en  1892, 
nous  avions  commencé  l'étude  de  certaines  formations  cryptogamiques 
(mycéliums  de  moisissures)  qu'on  trouve  sur  ces  calculs.  Puis  d'autres 
occupations  nous  avaient  empêché  de  poursuivre  cet  examen.  H  y  a  deux 
ans,  ayant  eu  la  bonne  fortune  d'être  appelé  par  M.  Klotz,  propriétaire  de 
la  maison  de  parfumerie  Pinaud  (1),  à  examiner  un  magnifique  morceau 
d'ambre  gris  du  poids  de  7  kilogr.  835;  nous  en  avons  donné  la  descrip- 
tion à  la  Société  de  biologie (2).  Comme  nous  nous  étions  proposé  cette 
année  de  rechercher  si  l'opinion  émise  par  le  D'  Galippe  (à  savon  que  les 
calculs  sont  d'origine  bactérienne)  se  vérifiait  pour  l'ambre  gris,  nous  nous 
sommes  adressés  à  M.  Klotz  et  nous  avons  appris  qu'il  avait  encore  en  sa 
possession  le  calcul  décrit  par  nous  en  1895.  Le  calcul  en  question  se  trou- 
vait ainsi  avoir  pins  de  quatre  années  d'existence,  car,  outre  qu'il  avait  déjà 
passé  près  de  deux  années  chez  l'acquéreur,  il  avait,  au  moment  de  l'acqui- 
sition, certainement  plus  de  deux  années,  étant  donnée  sa  consistance.  11 
semblait  que  ce  lut  là  une  condition  bien  désavantageuse  et  qu'il  me  serait 
permis  tout  au  plus  de  retrouver  dans  le  calcul  des  microbes  momifiés, 
j'allais  dire  fossiles ,  puisque  notre  savant  collègue  Renault  nous  a  magis- 
tralement démontré  la  possibilité  de  retrouver  des  bactéries  en  cet  état. 
Cependant  je  voulus  tenter  des  cultures.  Un  noyau  d'ambre  fut  brisé  d'un 
coup  sec  et,  séance  tenante,  au  centre  de  ce  noyau,  je  prélevai  purement, 
c'est-à-dire  en  m'entourant  de  toutes  les  précautions  voulues,  de  petites 
parcelles  d'ambre  qui  furent  déposées  sur  les  divers  milieux  de  culture 
ordinairement  employés  dans  les  laboratoires  (bouillon  de  bœuf  peptouisé , 

W  Nous  ne  saurions  assez  remercier  M.  Klotz  de  l'extrême  amabilité  dont  il  a 
bien  voulu  user  à  notre  égard.  C'est  aux  facilités  qu'il  nous  a  données  que  nous 
devons  d'avoir  pu  mener  à  bien  le  travail  que  nous  résumons  ici  et  nous  lui  en 
exprimons  notre  bien  vive  reconnaissance. 

W  «Sur  un  volumineux  morceau  d'ambre  gris?),  C.  R.  hebdom.  de  la  Soc.  de 
biologie,  décembre  i8g5. 


—  271   — 

gélatine  peptone,  gélose  peptone).  Au  bout  de  quarante-huit  heures,  je 
constatai  que  deux  des  six  tubes  ensemencés  étaient  fertiles ,  savoir  un  tube 
de  bouillon  et  un  tube  de  gélose. 

Je  ne  décrirai  pas  ici  les  cultures  nombreuses  que  je  dus  faire  pour 
m'assurer  de  la  pureté  de  la  culture  et  pour  déterminer  le  microbe  ainsi 
obtenu.  H  me  suffira  de  due  que  j'obtins  un  bacille  ayant  la  plupart  des 
caractères  morphologiques  du  bacille  du  choléra  asiatique ,  mais  en  différant 
par  ses  caractères  biologiques  et,  en  particulier,  parce  qu'iï  ne  donne  pas 
le  rouge-choléra  ou  réaction  de  l'indol  nitreux. 

Ce  bacille  se  développe  particulièrement  bien  à  37  degrés.  Aussi  n'ob- 
tient-on sur  gélatine  (c'est-à-dire  à  22  degrés)  que  des  cultures  très  pré- 
caires. Sur  gélose ,  au  contraire ,  ou  dans  le  bouillon  de  bœuf,  il  végète 
rapidement  et  abondamment.  Mais  tandis  que  sur  gélose  il  présente  une 
forme  ordinairement  courbe,  semi-lunaire ,  parfois  droite  même,  en  bouillon 
il  change  complètement  de  caractères;  les  formes  droites  disparaissent  pour 
faire  place  à  des  arcs  très  courbés ,  tendant  même  à  la  formation  de  cercles 
et  surtout  de  spirales  à  deux  et  trois  tours.  L'ensemencement  du  bouillon 
sur  gélose  m'a  d'ailleurs  ramené  aux  formes  primitives,  ce  qui  démontre 
bien  qu'il  s'agit  là  d'un  bacille  très  polymorphe  et  variant  avec  les  milieux 
de  culture.  J'ai  proposé  de  désigner  ce  bacille  sous  le  nom  de  Spirilkm  rccti 
Physeleris.  J'ai  dit ,  eu  effet ,  qu'iï  diffère  par  ses  caractères  biologiques  du 
Spirillum  du  choléra;  il  diffère  également  des  autres  espèces  du  même 
genre  étudiées  jusqu'à  ce  jour. 

Le  Spirillum  que  je  viens  de  décrire  n'est  point  le  seul  microbe  qui  se 
trouve  dans  l'ambre  gris.  J'en  ai  déjà  isolé  deux  autres  :  une  bactérie  et  un 
streptocoque  que  j'étudie  actuellement. 

Pour  le  moment,  je  me  contenterai  d'appeler  l'attention  sur  les  considé- 
rations générales  qui  suivent  : 

i°  L'existence  de  ces  microbes  dans  l'ambre  gris  semble  venir  à  l'appui 
de  l'idée  émise  par  le  Dr  Galippe  relativement  à  l'origine  microbienne  des 
calculs. 

20  Le  fait  que  ces  microbes  sont  vivants  dans  l'ambre  gris  vieux  de 
quatre  années  au  moins  laisse  à  penser  qu'ils  ne  s'y  trouvent  pas  sous 
forme  de  spores  durables  (ce  qui  serait  toutefois  possible  encore)  mais  bien 
plutôt  sous  une  forme  active(1)  trouvant  dans  les  matières  stercorales  de 
l'ambre  gris  un  milieu  de  culture  favorable.  On  sait  d'ailleurs  que  les  Spi- 
riïlums  affectionnent  les  milieux  de  cette  nature. 

Dès  lors  c'est  aux  microbes  en  cpiestiou  qu'il  faut  imputer  la  destruction 

M  J'ai  d'ailleurs  récemment  montré  à  la  Société  de  biologie  les  Spirillums  vivants 
dans  l'ambre  môme. 


—  272  — 

lente'1'  des  matières  stercorales  et  la  disparition  graduelle  du  relent  infect 
qui  rend  l'ambre  inutilisable  pendant  de  longues  années.  On  a  cru  jusqu'à 
ce  jour  qu'il  s'agissait  d'arriver  à  un  état  de  dessiccation  déterminé.  Il 
semble  bien  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  d'une  perle  d'eau,  autrement  on 
eût  trouvé  depuis  longtemps  le  moyeu  d'obtenir  cette  dessiccation  assez 
promptement  pour  éviter  l'immobilisation  des  sommes  considérables  que 
représentent  des  kilogrammes  d'ambre  gris  enfermés  dans  des  caisses  de 
fer-blanc.  Ce  qui  paraît  ressortir  de  nos  recherches,  c'est  que  le  temps  em- 
ployé est  nécessaire  à  la  destruction  des  matières  stercorales  par  les  mi- 
crobes. Notre  étude  n'est  point  terminée,  mais  nous  espérons  qu'elle  nous 
conduira  sous  ce  rapport  à  quelques  résultats  pratiques. 

'')  La  destruction  est  probablement  ralentie  par  la  rareté  de  l'air  dans  l'intérieur 
du  calcul.  J'ai  observé,  en  effet,  que  le  Spirillum  seul,  s'il  est  assez  anaérobie 
pour  végéter  à  l'intérieur  du  bouillon  recouvert  d'une  épaisse  pellicule  formée  par 
la  culture  aérobie,  n'est  cependant  pas  capable  de  se  développer  en  bouillon  sous 
une  couche  d'huile.  Reste  à  savoir  si,  associé  à  d'autres  formes  microbiennes,  il 
ne  lui  est  pas  possible  de  vivre  plus  activement  à  l'abri  de  l'air  extérieur;  je  m'oc- 
cupe de  déterminer  ce  point  spécial. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM    b'HISTOIKK   NATURELLE. 


ANNEE   1897.  N°  7, 


-■3*<— 


23"  REUNION  DES  NATURALISTES   DU  MUSEUM. 

3o   NOVEMBRE    1  897. 

['RÉSIDENCE    DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEUM. 


M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  6e  fascicule  du  Bulletin 
pour  l'aimée  1897,  paru  le  3o  juillet  et  contenant  les  communi- 
cations laites  dans  la  réunion  du  29  juin. 

L'Assemblée  des  Professeurs  du  Muséum,  afin  de  reconnaître  les 
services  rendus  à  cet  établissement  par  M.  et  M""'  Marc  Bel  et  par 
M.  le  l)r  Maclaud ,  les  a  nommés  Correspondants  du  Muséum. 

M.  le  Président  annonce  que  l'exposition  des  collections  recueil- 
lies en  Asie  centrale  et  en  Sibérie  par  MM.  Chaffanjon.  H.  Man- 
gini  et  L.  Gay  a  été  ouverte  dans  les  salles  de  la  galerie  de  Zoologie 
le  29  juillet. 

M.  P. -A.  Ferrière,  chef  de  poste  au  Congo,  est  parti  pour  la 
haute  Sanga;  il  a  été  chargé  par  M.  le  Ministre  de  l'instruction  pu 
blique  d'une  mission  scientifique  et  il  se  propose  d'envoyer  au  Mu- 
séum les  collections  qu'il  recueillera. 

M.  le  Dr  C\pus  est  arrivé  à  Saigon  et  il  a  déjà  envoyé  des  Insectes 
et  un  Gibbon  du  bas  Laos  (Hi/lolxilcs  pilèatus). 

Muséum.  —  111.  ao 


—  274  — 

M.  J.  Dybowski,  directeur  de  l'Agriculture  à  Tunis,  a  offert  à  la 
Ménagerie  une  paire  d'Aigles. 

M.  le  comte  de  la  Vaux,  à  son  retour  de  Patagonie,  a  offert  de 
riches  collections  anthropologiques  et  zoologiques. 

M.  Chailley-Bert  a  rapporté  de  son  voyage  aux  Indes  néerlan- 
daises une  collection  des  Quinquinas  cultivés  à  Java,  et  il  l'a  déposée 
au  laboratoire  de  Botanique. 

M.  Errington  de  la  Croix  a  donné  à  la  ménagerie  un  Spizaète 
de  Selangor  (Malacca)  et  ou  laboratoire  de  Zoologie  (Mammifères 
et  Oiseaux)  des  dépouilles  de  Mammifères  et  d'Oiseaux  de  la  même 
localité. 

Le  R.  P.  Buléon  a  envoyé  le  squelette  d'un  Potamogah  velox , 
pris  au  pays  des  Eshiras. 

M.  le  capitaine  L.  Ardouin  a  fait  parvenir  au  Muséum  des  plantes 
de  Madagascar  et  des  pièces  anthropologiques. 

M.  le  capitaine  Bonieacy  a  offert  à  la  Ménagerie  deux  Ours  du 
Tonkin,  des  Helictis,  un  Paradoxure  et  un  Nycticèbe. 

Mme  M.  Bel  a  offert  divers  animaux  vivants  de  l'Annam,  ainsi 
que  des  collections  d'Insectes  et  de  Reptiles. 

M.  le  Dr  Maclaud  a  ramené  de  la  Guinée  française  des  Chim- 
panzés et  d'autres  animaux. 

M.  L.  Baron  a  donné  des  Singes  de  Colombie  et  quelques  Oiseaux. 

M.  E.  Liénard  a  fait  don  d'une  collection  de  160  Oiseaux  et  de 
3o  Mammifères  de  France  formée  par  son  frère. 

M.  Aug.  Foret,  administrateur  des  colonies,  a  offert  au  Muséum 
un  Lamantin  et  un  Gorille  du  Fernan-Vaz. 

MM.  Edouard  Blanc  et  L.  Olivier  ont  fait  don  des  dépouilles 
empaillées  de  deux  Tétras  qu'ils  ont  acquis  en  Russie  et  qui  pro- 
viennent de  Finlande.  L'un  de  ces  Oiseaux  est  un  mâle  adulte  de 
type  normal,  l'autre  est  indiqué  comme  étant  un  mâle  adulte  en 
plumage  de  femelle.    , 


—  275 


CORRESPONDANCE. 

M.  Geay  annonce  qu'il  a  remonté  la  rivière  Carsevenne  jusqu'aux 
Ïuniuc-Huinac  et  qui!  expe'die  les  collections  faites  au  cours  de 
son  voyage. 

M.  Le'on  Diguet,  dans  une  lettre  datée  de  la  Paz,  le  16  mars 
1897,  donne  quelques  détails  sur  ses  recherches  : 

J'ai  expédié  au  Muséum,  dans  le  courant  du  mois  d'août,  une  caisse  de 
collections  recueillies  dans  l'Etat  de  Guanajuato;  j'ai  expédié  de  Guadala- 
jara,  au  mois  de  janvier  dernier,  une  autre  caisse  contenant  la  majeure 
parlie  des  collections  d'ethnographie,  fie  zoologie  et  de  botanique  que  j'ai 
pu  recueillir  dans  l'État  de  Jalisco.  Je  pense  que  ce  dernier  envoi  a  dû  ar- 
river à  Saint-Nazaire  au  commencement  du  mois  de  mars. 

Mon  voyage,  depuis  mon  arrivée  au  Mexique,  a  été  satisfaisant;  je  n'ai 
guère  éprouvé,  comme  contretemps,  que  du  retard  par  suite  des  saisons  qui 
ont  été  extrêmes  cette  année. 

Dans  l'Etat  de  Guanajuato,  où  j'ai  commencé  mes  excursions,  la  grande 
sécheresse  qui  sévissait  ne  m'a  guère  permis  que  de  m'occuper  de  miné- 
ralogie. 

Sur  le  versant  pacifique,  au  contraire,  la  période  pluviale  a  été  excep- 
tionnelle :  les  orages  étaient  continuels  et  se  sont  prolongés  au  delà  de 
l'époque  habituelle.  Par  suite  des  crues,  les  torrents  et  les  ravins  avaient 
rendu  les  routes  impraticables;  toute  excursion  vers  la  sierra  était  impos- 
sible. Force  me  fut  de  m'arrêter  deux  mois  à  Guadalajara  avant  de  reprendre 
ma  route.  Là  j'ai  pu  mettre  à  profit  cet  intervalle  pour  commencer  une  col- 
lection delà  localité,  que  je  compte  achever  au  commencement  de  l'été  pro- 
chain Vu  la  situation  de  la  ville  de  Guadalajara,  environnée  de  hautes 
montagnes  et  de  profonds  ravins,  la  contrée  otFre  des  ressources  qui  per- 
mettront, sans  entreprendre  de  longues  expéditions,  de  se  trouver  en  pré- 
sence, dans  un  périmètre  restreint,  de  spécimens  de  la  flore  et  de  la  faune 
des  différents  climats  du  versant  pacifique  mexicain. 

Après  la  saison  pluviale,  qui  a  duré  cette  année  jusqu'à  la  fin  d'octobre, 
j'ai  entrepris  une  expédition  à  la  sierra  del  Nayaril,  en  commençant  par  la 
partie  nord-est.  Dans  cette  localité,  j'ai  fait  un  certain  séjour  parmi  les  In- 
dous  Huichols.  La  saison  avancée  ne  m'a  permis  de  recueillir  que  fort  peu 
d'échantillons  botaniques  et  zoologiques;  mais,  en  revanche,  après  avoir 
gagné  la  confiance  des  Indiens,  qui,  à  l'heure  actuelle,  ont  encore  conservé 
leurs  coutumes  et  leur  ancienne  religion,  j'ai  pu  réunir  une  collection  elhuo- 

ao. 


—  276  — 

graphique  <l  anthropologique  des  plus  complètes,  piendre  des  mesures 
anthropologiques  et  faire  de  nombreuses  photographies. 

Je  complais  ensuite  passer  du  pays  des  Uuichols  sur  l'autre  versant  de 
la  sierra  et  aller  chez  les  Indiens  Coras  avant  de  gagner  la  Basse-Californie; 
mais  le  froid  qui  régnait  au  mois  de  décembre  sur  celle  montagne,  la  neige 
qui  commençait  à  tomber  et  les  difficultés  de  route  pour  passer  d'un  ver- 
sant sur  l'autre  de  cette  sierra  m'ont  empêché  de  mettre  à  exécution  mon 
projet  d'itinéraire  el  m'ont  forcé  à  relourner  à  Guadalajara,  atin  de  ren- 
contrer un  climat  meilleur  et  une  roule  plus  facile  pour  me  rendre  en  Basse- 
Californie. 

Ces  retards  vont  m'obliger  à  changer  l'itinéraire  que  je  m'étais  proposé 
avant  mon  départ  de  France.  Je  compte  donc  être  de  retour  dans  l'État  de 
Jalisco  dans  le  courant  du  mois  de  mai ,  afin  d'être  à  la  sierra  avant  la  saison 
des  pluies,  visiter  et  étudier  les  Indiens  Coras  que  je  n'ai  pas  pu  voir  der- 
nièrement, puis  faire  des  collections  de  la  faune  et  de  la  flore  de  celte  sierra 
qui.  jusqu'à  présent,  à  cause  de  son  éloigneraient  de  tout  centre  important 
et  de  son  difficile  accès,  esl  resté  en  dehors  des  investigations  scientifiques. 

En  ce  moment  je  vais,  grâce  aux  facilités  que  m'offrent  les  pêcheries  de 
perles,  pouvoir  continuer  les  travaux  que  j'avais  entrepris  il  y  a  trois  ans  et 
parcourir  les  îles  du  golfe  où  se  rencontre  une  flore  et  une  faune  différant, 
sur  certains  points,  de  celés  de  la  péninsule.  Je  compte  passer  au  moins  un 
mois  dans  ce  voyage  et  revenir  à  la  Paz  afin  d'expédier  les  collections  re- 
cueillies et  me  préparer  à  une  nouvelle  expédition  dans  les  Etats  de  Jalisco, 
Sonora,  Sinalva. 

M.  Bastard,  dans  une  lettre  du  i3  juillet,  annonce  qu'il  a  ex- 
plore' les  environs  de  Tulléar.  Il  écrit,  le  ier  septembre,  qu'il  a  passe' 
quelques  temps  chez  les  Antanosses  émigrés  et  qu'il  a  trouvé  à  Ma- 
nantsoa  de  beaux  coquillages  fossiles  qu'il  a  expédiés  au  Muséum. 


M.  le  professeur  Léon  Vaillant  fait  hommage  à  la  bibliothèque 
du  Guide  à  la  Ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  qu'il  vient  de 
publier  et  qui  est  le  résumé  des  leçons  complémentaires  de  son 
cours  d'herpétologie.  On  trouvera  dans  cet.  ouvrage,  à  la  suite  des 
notions  générales  sur  les  Reptiles,  la  liste  de  tous  les  animaux  de 
cet  ordre  qui  ont  vécu  à  la  Ménagerie  depuis  sa  fondation. 


M.  B.  Renault  dépose  sur  le  bureau   une  brochure  intitulée  : 
Bogheads  et  Bactériacées ,  dans  laquelle  il  démontre   l'existence  de 


—  277  — 

nombreux  Micro-coques  dans  les  Bogheads  permiens  de  Bozon  (bassin 
de  l'Esterel),  d'Aulun  et  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud;  dans  les 
Bogheads  du  terrain  houiller  moyen  d'Angleterre  et  d'Ecosse;  dans 
les  Bogheads-Cannels  du  culm  du  bassin  de  Moscou. 

Dix-huit  gravures  intercale'es  dans  le  texte  et  quatre  planches 
en  collotypie  accompagnent  la  brochure. 


M.  le  Dr  Trouessart  offre  pour  la  bibliothèque  le  troisième  fasci- 
cule de  son  catalogue  des  Mammifères  (Catalogus  Mammalium  tam 
viventium  quamfossilium,  fasc.  uT  :  Rodentia,  suite  et  fin). 

En  faisant  hommage  à  la  réunion  des  naturalistes  du  Muse'um 
de  ce  nouveau  fascicule,  entièrement  consacre'  à  l'ordre  des  Ron- 
geurs, l'auteur  fait  remarquer  combien  cet  ordre,  le  plus  nombreux 
de  la  classe  des  Mammifères,  s'est  accru  depuis  moins  de  vingt  ans. 
La  première  édition,  publiée  en  1880,  énumérait  déjà  970  espèces 
tant  vivantes  que  fossiles.  La  nouvelle  édition  contient  les  indica- 
tions relatives  à  1,900  espèces  de  Rongeurs,  de  telle  sorte  que  le 
chiffre  des  formes  spécifiques  a  doublé  depuis  18  ans.  Si  l'on  dé- 
falque les  espèces  fossiles,  au  nombre  de  &5o  environ,  on  voit  que 
le  nombre  des  espèces  vivantes  atteint  près  de  i,5oo,  non  compris 
les  sous-espèces.  Ces  i,5oo  espèces  sont  réparties  dans  160  genres. 


COMMUNICATIONS. 


Documents  isedits  .su/îl'Homo  sylv estris  rapporté  d'Axcoh  ex  i63o, 

PUBLIÉS  ET  COMMENTÉS   PAR  M.  E.-T.    HaMY. 


1 

Nicolas  Tulpius,  médecin  distingué  d'Amsterdam  et  l'un  des  plus  ardents 
défenseurs  de  l'indépendance  des  Pays-Bas  contre  Louis  XIV,  serait  néan- 
moins depuis  longtemps  oublié  sans  deux  circonstances  toutes  particulières 
de  sa  vie. 

L'amitié  de  Rembrandt  lui  valut  la  place  d'honneur  :'ans  un  immortel 


—  278  — 

chef-d'œuvre.  La  leçon  d'Anatomie  et  ses  Observationes  Mcdicœ  v>,  publiées 
on  16/11,  contiennent  Ici  première  représentation  à  peu  près  scientifique 
d'un  Anthropoïde  africain.  L'Homo  sylvestris  ou  Orang-Outang  (c'est  le 
nom  qui  lui  est  donne'),  si  médiocre  qu'en  soient  le  dessin  et  surtout  la 
descrip'ion,  n'a  pas  moins  contribué  que  le  portrait  de  Rembrandt  à  sau- 
vegarder la  mémoire  de  Nicolas  Tulpius.  Il  tient,  encore  aujourd'hui,  sa 
petite  place  dans  l'histoire  des  progrès  de  la  zoologie. 

L'animal  avait  été  apporté  d'Angola,  ex  Angola  deîatum,  au  prince 
d'Orange,  Frédéric-Henri.  Son  pelage  était  noir,  ses  bras  offraient  une 
moyenne  longueur,  ses  gros  orteils  étaient  relativement  développés,  son 
caractère  était  d'une  grande  douceur.  Ces  renseignements,  fournis  par 
l'image  et  par  le  texte  de  Tulpius,  prouvent  surabondamment  que  le  sujet 
appartenait  à  l'espèce  appelée  aujourd'hui  Chimpanzé.  Mais  on  confondait 
au  XVIIe  siècle,  comme  on  a  longtemps  confondu  depuis  lors,  tons  les  pri- 
mates de  nos  classifications  actuelles  en  un  seul  et  même  type,  d\  illeurs 
mal  défini,  l' Orang-Outang  des  Indie  s,  le  Quoias-Morrou  <'es  Africains. 

Tulpius  s'est  contenté  de  mentionner  l'origine  angolaise  de  son  Homme 
sylvestre.  Il  le  décrit  rapidement,  sans  beaucoup  de  méthode,  parle  de  sa 
taille  qui  est  celle  d'un  enfanl  de  trois  ans,  de  son  épaisseur  qui  lui  en  fe- 
rait donner  six.  Le  corps  n'est  ni  lourd  ni  grêle,  plutôt  carré,  souple  et  in- 
fatigable, aux  membres  ramassés,  aux  muscles  puissants.  Des  poils  noirs 
couvrent  le  dos;  la  figure  est  celle  d'une  vieille  femme;  les  mamelles  sont 
volumineuses  et  l'ombilic  est  enfoncé.  Les  oreill'  s  sont  humaines,  el  les 
deux  paires  de  membres  ressembl  nt  à  ceux  de  l'homme  ut  vix  ovum  ovo 
videris  similius.  Il  marche  droit  le  plus  souvent,  même  chargé;  prend 
d'une  main  le  vase  à  boire  par  son  anse,  tandis  que  de  l'autre  il  en  sup- 
porte le  fond;  s'essuie  les  lèvres  humides  aussi  posément  que  le  courtisa  1 
le  plus  délicat;  se  couche  enfin  avec  autant  de  précautions  que  le  plus 
amolli  des  hommes.  .  . 

La  dissertation  de  Tulpius,  qui  n'a  guère  moins  de  sept  pages,  ne  ren- 
ferme (pie  ces  quelques  lignes  qui  se  rapportent  directement  au  sujet  ;  tout 
le  reste  n'est  qu'une  Irame  d'érudition  indigeste  el  confuse,  à  la  mode  de 
l'époque,  sur  les  satyr.  s  de  l'antiquité,  les  sylvains  et  les  faunes. 

On  cite  fréquemment  la  gravure  reproduite  un  peu  partout;  on  n'a 
presque  jamais  lu  le  texte  qui  l'encadre  (2j,  et  les  zoologistes,  se  copiant  les 
uns  les  autres,  continuent  à  mettre  l'histoire  de  Y  Homo  sylvestris  à  l'actif 
des  découvertes  relatives  aux  Orang-Outangs  de  Sumatra  et  de  Bornéo. 

!l)  Nicolai  Tulpii  Amstelredamensis  Observationes  Medicee,  Tab.  XI !I.  —  L'édi- 
tion que  je  possède  de  cet  ouvrage  est  celle  de  1 6 5 n .  Amslelredami.  Apud  Ludo- 
vicum  Elzivirium.  ln-12. 

!2)  Il  faut  faire  une  exception  pourtant  en  faveur  de  Paul  Gervais  qui  a  parfai- 
tement reconnu  la  nature  exacte  de  VHnmn  Sylvestris. 


279  — 


II 


Ils  ignorent  généralement  que  Tnlpius  n'a  pas  e'té  seul  à  examiner  le 
grand  Singe  du  prince  d'Orange.  Peu  de  tpmps,  en  effet,  après  l'arrivée 
de  l'animal  à  La  Haye,  le  frère  de  Grotins  en  a  l'ait  exécuter  le  portrait 
qu'il  a  envoyé  à  Du  Puy  (1)  avec  une  description  sommaire  dont  le  biblio- 
thécaire du  roi,  N.  Rigault,  nous  a  conservé  la  copie. 

Voici  ce  texte,  tiré  des  Meslanges  de  diverses  matières  qui  forment  le  vo- 
lume 992  des  manuscrits  de  Séguier,  à  la  Bibliothèque  Nationale  m. 

Hagœ  Batavorum ,  5  Eid.  Jun.  i  G3o. 

«Venit  his  diebus  magna  vis  aurei  ex  Guinea  (i).  Eadem  opéra  Principi  appor- 
tatum  est  monstrum,  hominis  dicam  an  besliie,  qnod  hodie  vidimus.  Faciès 
plane  humana  est,  itemque  anres,  non  hirsuta,  non  oblonga,  sed  rotunda  et  de- 
piles.  Humanum  ilem  capillilium  ;  brachia  quoque  et  manus,  quin  et  venter,  re- 
liqua  pilis  obsita,  pedes  birsnti  et  in  digilos  fissi.  Animal  boc  plerumqiie  quadrupes 
incedit,  mansuetnm  admodum  esl ,  et  discedente  allore  suo  w  largiler  ploravit. 
Ainnt  qui  addixerunt  voces  nostras  ab  eo  usu  intelligi  (5\» 

ni 

Peiresc,  grand  ami  de  Grotius f6)  et  des  Du  Puy,  avait  eu,  lui  aussi,  des 
renseignements  à  peu  près  semblables  entre  les  mains. 

On  a  vu  plus  haut  qu'il  mentionne  un  portrait  de  l'Animal  communiqué 
par  Du  Puy.  Il  parle  ,  en  outre,  dans  une  de  ses  lettres  du  25  janvier  if)3/i (7), 
de  cette  «espèce  d'Animal  dont  en  fut  porté  un  au  prince  d'Orange  en  1 63o , 

!l)  «C'est  par  voslre  moyen,  écrit  Peiresc,  le  9  janvier  i(53&,  que  nous  avons 
veu  icy  le  portrait  que  le  frère  de  M.  Grotius  envoya  trois  ou  quatre  ans  il  y  a, 
d'un  animal  fort  approchant  à  celte  nature».  .  .«Quand  l'animal,  dont  le  frère  de 
M.  Grotius  envoya  le  dessein,  ne  seroil  qu'un  vray  singe,  tousjours  la  différence 
de  la  race,  comme  entre  les  cbevaulx  et  aultres  animaux,  peull  rendre  celle-là 
beaucoup  plus  recommandable  que  loules  les  aultres  puisqu'elle  n'est  point  mal- 
faisante». .  .  Lettres  de  Peiresc  aux  frères  Du  Puy,  publiées  par  Pli.  Tamizey  de 
Larroque.  (Coll.  de  doc.  ine'd.,  t.  II,  p.  67-!;  t.  III,  p.  ai.) 

!2)  Ex  bibliotheca  Mus.  Coisliuna ,  olim  Seguieriana  quam  ///.  Henricus  du  Cam- 
bout  dux  de  Coislin ,  Par  Francœ,  Episcopus  Metensis,  elc,  monasterio  S.  Germann 
à  Pralis  legavil.  An  MDCC.  XXXII,  n°  922. 

:i)  Le  terme  Guinée  s'appliquait  alors  à  toute  la  Cote  Occidentale  d'Afrique. 
L'Angola  s'y  trouvait  compris. 

(4)  Son  nourricier. 

(s)   Bibl.  uat.,  ms.  IV.  17^09,  f"  9?. 

"  Lettres  inédites  de  Peiresc  à  M.  Thomas  d'Areos,  à  Tunis  (Mngns.  Encycl.  de 
Millin,  181  5.  t.  III.  p.  i33.) 

M  lb>d.,  p.  3:53. 


—  280  — 

qui  sembloit  un  troisième  genre  d'Animal  entre  le  Singe  et  l'Homme,  car 
bien  qu'il  ne  parlât  [tas.  il  entendoit  fort  bien  le  langage  flamand  de  son 
gouverneur;  il  rioit  et  pleuroit  à  chaudes  larmes.  Au  simple  discours  de 
son  gouverneur,  qui  lui  dit  sa  résolution  d'aller  voir  ses  parents  à  deux 
journées  de  La  Haye,  il  se  prit  à  pleurer  si  chaudement,  qu'on  ne  le  pou- 
voit  consoler,  quelques  promesses  et  assurances  qu'on  lui  donnoit  de  son 
retour.» 

Celte  lettre  était  adressée  à  Thomas  d'Arcov,  établi  à  Tunis,  et  le  pas- 
sage que  je  viens  d'en  détacher  se  rapportait  à  un  des  chapitres  d'une 
Relation  d'Afrique  dont  ce  voyageur  lui  avait  envoyé  le  manuscrit  en  mars 
i633  (1)  et  où  il  était  question  de  rrcertaine  race  de  Singes  plus  grands  que 
les  aultres,  communs  près  du  Cap  de  Sierra  Leone,  appelez  du  nom  de 
Barris  ou  Bénis,  que  l'on  esleve  jeunes  dans  les  maisons,  où  l'on  leur  fait 
suppléer  la  place  et  fonction  d'un  serviteur  pour  piler  dans  un  mortier  le 
mill  et  autre  choses  qu'on  a  de  besoing  de  mettre  en  pouldre  et  mesmes 
pour  aller  quérir  de  l'eau  dans  des  cruches,  lesquelles  neantmoings  il  fault 
promteinenl  recevoir  de  eulx  a  leur  retour,  aultrement  ils  les  jettent  en 
terre  et  puis  hurlent  comme  s'ils  pleuroient m.  »  Peiresc  ne  cachait  pas  aux 
Du  Puy  que  ces  histoires  qu'il  leur  communiquait  dans  le  même  temps, 
lui  paraissaient  tirées  plutôt  rrd'aullres  autheurs  moings  modernes»  que 
d'une  observation  directe,  et  il  souhaitait  que  d'Arcos  pût  les  lui  continuer 
«■  par  quelque  autre  relation  postérieure  [X)r,. 

Mais  sa  curiosité  était  grandement  excitée,  et,  avec  son  entrain  habituel, 
il  se  hâtait  d'organiser  une  enquête  sur  la  matière  :  rrll  va  le  mois  prochain 
deux  ou  froys  navires  de  Marseille  au  Brésil  qui  vont  prendre  leur  vent  et 
leur  eau  en  ceste  coste  d'Afhïque,  sur  lesquels  s'embarquent  diverses  per- 
sonnes de  ma  cognoissance,  qui  se  promettent  de  m'en  apporter  ou  emme- 
ner un  s'il  est  possible;  je  leur  ay  baillé  de  fort  amples  mémoires  et  instruc- 
tions. y> 

IV 

Nous  ignorons  si  Peiresc  avait  compris  dans  ces  instructions  et  mémoires 
une  reproduction  du  questionnaire  spécial  dont  le  volume  déjà  Cité  de  la 
Collection  Séguier  nous  a  conservé  le  texte  primitif  rédigé  en  latin,  à  Pariv, 
le  1 1  des  calendes  de  juillet  i63o. 

Ce  travail,  fort  remarquable  pour  l'époque,  a  été  écrit,  on  le  voit,  lié  ; 
peu  de  jours  après  la  réception  de  la  lettre  de  La  Haye  reproduite  ci-dessus. 

M  Cf.  Pli.  Tamizey  de  Larroque,  Les  Correspondants  de  Peiresc,  XV,  Thomas 
d'Arcos,  Alger,  1889,  in-8°,  p.  18. 

l'2>  Lettres  de  Peiresc  aux  frères  Du  Puy,  publiées  par  Th.  Tamisey  de  Lar- 
roque, t.  III,  p.  ah. 

W   Magas.  Encycl,  181  5,  t.  III,  p.  333. 


—  281   — 

L'auteur  est  quelqu'un  des  beaux  esprits  qui  entouraient  le  chancelier  Sé- 
guier,  mais  les  éléments  font  défaut  pour  tenter  de  le  reconnaître.  I>e  docu- 
ment était  destiné  h  être  expédié  en  Hollande;  on  sait  comment  Tulpius  y 
répondit  dix  ou  onze  ans  plus  tard. 

La  tentative  de  Peiresc  a  élé  plus  stérile  encore;  il  n'est  revenu  de  Gui- 
née aucune  observation  sur  le  Barri  ni  sur  le  Quotas  Morrou,  et  tout  ce 
qu'a  pu  enregistrer  de  nouveau  l'illustre  curieux  sur  ce  sujet  qui  lui  tenait 
à  cœur,  c'est  le  récit  plus  ou  moins  véridique  d'un  renégat  de  Ferrare 
transmis  par  d'Arcos  en  juin  i634(1)  et  racontant  une  prétendue  chasse  à 
Y  homme  sauvage  trdana  la  terre  des  nègres  *  au  delà  de  la  Marmarique.  Je 
transcris,  en  finissant,  ce  questionnaire  de  i63o,  trop  court  commentaire 
de  l'histoire  de  Y  Homo  sylvestris,  et  j'exprime  le  regret,  en  reproduisant  ce 
texte,  qu'une  pièce  aussi  intéressante  ne  porte  aucune  signature,  et  qu'il 
m'ait  été  jusqu'à  présent  imposable  d'en  reconnaître  l'auteur. 

Lutetias  Parisiorum  xj  Caleodas  Julias  i63o. 

Mira  sunt  profecto*que  de  animale  nuper  allato  scripta  sunt;  ideo  ad  majorera 
ejus  noliliam  liaec,  quac  quantum  fieri  poterit  exquirantur,  notabimus. 

I.  An  ex  Guinaea  (2),  ut  ex  epistola  videlur  posse  colligi,  sin  minus  undenam 
nohis  advectnm  sit. 

II.  Sitne  vere  monslrum  nusquam  antea  visum,  an  speciei  alicujus  rarioris  in- 
dividuum. 

III.  Si  monstrum,  quid  de  eo  senserint  homines  conterran'i;  et  si  eorum  sen- 
tenlia  minus  licuerit,  quid  ipsimet  circa  venerea  sibi  per  mi  tient;  utrum  de  eorum 
sint  numéro,  qui  genio  quodam  loci  et  pravilale  morum  corrupti,  cum  bestiis 
congrediantur. 

IV.  An  sexus  nota}  appareant;  et  si  quidem  ita  sit,  masculi  an  feminac,  bomi- 
nis  etiam,  vel  betluœ. 

V.  Cujusnam  sit  œlatis,  aut  saltem  infans  captum  sit,  aut  provectioris  œtatis, 
quod  ex  voce,  lineamentis,  augmento  corporis  et  aliis  plerisque  notis  indicari  po- 
terit. 

VI.  Ferum  captum  sit  boc  animal,  an  mansuetum;  et  si  ferum,  qui  gradus  feri- 
tatis  apparuerit,  quod  ex  alimenti  recusatione  et  similibus,  necnon  ex  diulurnilale 
tcmporis  quo  cicur'1'  factum  est,  colligetur. 

VII.  Quaenam  sint  ipsitis  alimenta,  cum  naturalia,  lum  si  qua  alia  ignorantia 
eorum  vel  dei'ectu,  substituta;  ex  carnibus,  pomis,  frondilms  vel  berbis  conslent. 
Certe  carnivorum  sit  vel  pascuis  gaudens  ex  ipsa  oris  conformationo,  deutibus, 
mandibula,  ca?terisque  masticationi  inservienlibus  fortasse  liquebit. 

VIII.  Citra  suavitatem  alimentationis,  si  quibusdam  aliis  delecletur  videndum 
est,  puta  coloribus,  sonis,  odoribus. 

IX.  Gesliculosum  ne  sit  animal,  ut  simia,  et  bilare  an  tacilurnum. 

f,)  Lettres  de  M.  Thomas  d'Arcos  (Magas.  Encycl.,  1806,  t.  V,  p.  1/11). 
^  On  a  vu  plus  baut  que  le  singe  venait  d'Angola;  qu'il  était  du  sexe  féminin 
et  paraissait  âgé  de  trois  à  six  ans. 
(3)   Cicur,  apprivoisé. 


98e)    

—  '  '  — 

X.  Quandoquidem  humanas  habere  matins  dicitur  ut  se  habeat  circa  manualia; 
et  utrum  capacités  ejus  tentata  sit  circa  artes  aut  si  quœ  in  oo  notata  sint  inge- 
niosiora  quam  ia  cœteris  animantibus  et  quousque  progrediatur  ejus  sive  ratio, 
sive  quid  anaiogum. 

XI.  Ut  se  habeat  circa  aquas,  ipsas  timeat  necne,  sit  urinatorw  vel  contra  et 
de  modo  natalionis. 

XII.  Ut  se  habeat  circa  soranum. 

XIII (j).  Diligentissime  Iota  ejus  observetur  faciès,  praesertim  oculi  et  in  eis  pu- 
pilla,an  rolunda,  au  oblonga,  ut  in  felibus,  et  nuperin  Gatlamammona  appareat; 
prœterea  mentumne  ac  malas  habeat;  utrum  etiam  aures  immobiles. 

XIV.  Ejeclioues  ejus  notentur  in  quantitate  et  qualilale. 

XV.  Quandoquidam  plerumque  quadrupes  incedere  dicitur,  an  liberius  et  com- 
modius  quandoquidem  erectus  progrediatur  quam  simia,  et  per  quod  temporis  et 
spalium. 

XVI.  Partem  inferiorem,  pilis,  ut  aiunt,  obsitam,  cum  quo  prœsertim  aniinali 
participe!,  et  de  ejus  commissura  cum  superiori,  seu  bumana,  notato  ejusloco. 

XVII.  An  cum  digilorum  fissura  ungues  simul  humanos,  lam  in  manibus  quam 
in  pedibus,  possideal  et  quoi  numéro  digito*. 

XVIII.  Qualis  vox  ejus;  et  si  minus  articulala,  ut  se  habeal  in  amore  vel  odio, 
ira  vel  timoré. 

XIX.  Generaliter  omnes  ejus  passiones  el  animi  motus  attendantur,  ex  qnibus 
de  huuianitate  ejus,  vel  contra,  indicaliones  sumanlur. 

XX.  De  valetudine  ejus,  si  firma  aut  imbeciHis,  et  qnibus  morbornm  generibus 
sit  obnoxium  inquiratur. 

Poslremo  ut  in  vita  ejus  oinuia  videntur  observanda ,  ila  in  fine  singnla ,  si  morlem 
appetat;  ac  lum  demum  omnia  ejus  membra  anatomica  consideranda,  ita  ul  ex 
ossibus  ejus  squeletos  fabricari  possit w. 


L'ÂGE  DE  P1ERBE  DANS  LA   DcBBEKA  , 
PAR   M.    E.-T.   Hu.Y. 

Les  renseignements  relatifs  à  l'âge  de  pierre,  qui  a  précédé  chez  les 
nègres  les  premières  connaissances  métallurgiques,  s'accumulent  de  plus 
en  plus  précis  depuis  quelques  années.  J'ai  ou  récemment  l'occasion  ici- 
même'41  de  rappeler,  à  propos  d'une  intéressante  trouvaille  faite  à  Libre- 
ville par  M.  J.-G.  Reichenbach ,  les  principales  découvertes  de  haches  polies 
accomplies  depuis  un  demi-siècle  au  Sénégal  ou  en  Guinée.  J'aurais  pu 
ajouter  à  la  liste,  déjà  longue,  des  gisements  signalés  sur  la  côte  occiden- 


tl'   Urinator,  plongeur. 
M  F0  98. 

C)  Hibl.  nal.,  ms.  fr.  17309,  l°  92-9,3. 

W    E.-T.  Hamy,    L'âge  de  pierre  au  Galant  (Bull,   du   Mus.  d'hist.  nat.,  1 897, 
p.   iô/i-i5(i). 


—  283  — 

laïc ,  ceux  des  régions  intérieures  que  M.  Isse!  a  fait  brièvement  connaître  (1>. 

J'aurais    pu    dire  aussi   quelques   mots  des   observations   importantes 

recueillies  par  M.  Cocheteux  dans  la  région  des  cataractes  inférieures  du 

Congo (:!),  quoiqu'elles  aient  porté  non  plus  sur  des 
pierres  polies,  mais  sur  des  instruments  grossière- 
ment éclatés.  Ces  derniers  sont  en  effet  fort  ana- 
logues à  ceux  des  collections  Zboïnski,  Regnault  et 
Wadon,  que  j'avais  rapidement  mentionnées.  Ils  ne 
diffèrent  pas  non  plus  de  ceux  que  MVI.  les  doc- 
teurs Bourguignon,  Lcdoseray  et  Moreels  viennent 
démontrer  à  Bruxelles (3)  et  qui  ont  été  aussi  ra- 
massés datis  la  région  des  cataractes  en  aval  du 
Stanley-Pool. 

Tous  ces  instruments  de  pierre  taillés  en  phta- 
nite,  en  grès  ou  en  quartzite  ont  pour  caractères 
communs  d'être  façonnés  à  larges  éclats,  irrégu- 
liers, convexes  sur  les  deux  faces,  relativement 
épais  au  centre,  et  de  forme  tantôt  à  peu  près  ovale, 
tantôt  presque  amygdaloïde,  de  manière  à  rappeler 
vaguement  ceux  de  Hoxne  et  de  Saint-Acheul w. 

Ce  sont  des  spécimens  presque  semblables, 
seulement  de  proportions  plus  étroites  et  plus  al- 
longées que  vient  de  m' envoyer  de  Hambourg 
M.  Fr.  Colin.  Ils  ont  été  trouvés  cependant  dans 
une  région  bien  différente  et  fort  éloignée,  la  vallée 
de  la  Dubréka,  l'une  de  nos  rivières  du  Sud  (5). 

ll)  A.  Issel ,  Sopra  urC  ascia  d' emulile  rossa  proveniente 
del  paese  del  Niam-niam ,  Jettera  al  Marchese  G.  Doria 
(Annal,   del  Mas.   Civic.  di  Storia  Naturelle  di  Genova, 

vol.  XX,  i88'i).  -  -  Id.  Di  alcuni  nuovi  manufatti  d'ematite  rossa  (Tbid.,  Scr.  If 

vol.  Il,  i885). 

(2)  Cocheteux,  Contribution  à  l'étude  de  l'anthropologie  da  Congo  (Bail,  de  la 
Soc.  d'a;throp.  de  Bruxelles,  t.  VIII,  p.  77-79,  pi.  IV-VI,  1889-1890). 

'  Les  observations  de  M.  Cocheteux  avaient  été  recueillies  entre  Lukiingu  et 
Kimpessé,  Kimpessé  et  N'  Sona  N'  Gunga.  Celles  du  docteur  Ledoseray  ont  été 
prises  un  peu  en  avant  de  Tuinha  (kilom.  j  85  du  ch.  de  fer  du  Congo),  sur  un 
plateau,  à  un  peu  moins  d'une  lieue  de  la  rivière  N'  Gunga  (kilom.  19O)  ou  dans 
la  plaine  même  de  Kimpessé,  en  avant  de  la  rivière  Lukala  (kilom.  169). 

Les  échantillons  du  docteur  Bourguignon  que  j'ai  vus  sont  de  la  rive  gauche  de 
la  Malunda  (kilom.  i38)  et  ceux  du  docteur  Moreels  ont  été  recueillis,  sans  loca- 
lité précise,  entre  Manianga  et  Léopoldville.  (Exposition  universelle  de  Bruxelles, 
Sect.  internat,  des  Sciences  anthropol.). 

'   Voir  notamment  les  plan -lies  IV  et  VI  du  mémoire  déjà  cité  de  M.  Cocheteux. 
La  Dubréka  ou   Dubréca  esl  ,  comme  l'on  sait,  l'une  des  rivières  dites  ri- 


—  284  — 

M.  Fr.  Colin  a  créé  récemment  à  Massa  M'bombo,  dans  cette  rivière,  un 
nouveau  centre  d'exploitation,  et  c'est  dans  un  défrichement  qu'ont  été 
rencontrées  les  deux  pierres  travaillées  qu'il  m'a  offertes  et  que  j'ai  l'hon- 
neur de  mettre  sous  vos  yeux.  Ce  sont  des  outils  fusifonnes ,  étroits  et 
épais,  terminés  par  une  pointe  relativement  acérée. 

Le  mieux  conservé  mesure  o  m.  1  %k  de  long,  o  m.  3-2  de  large  et  o  m.  a  a 
d'épaisseur. 

Ils  ont  été  taillés  jadis  à  larges  éclats  dans  une  matière  que  M.  Lacroix 
a  reconnue  être  une  labradorite{l\  et  depuis  lors  si  fortement  roulés,  que 
tous  les  reliefs  des  deux  surfaces  sont  mousses  et  indécis;  les  bords  de  l'in- 
strument ont  toutefois  conservé  leur  tranchant  presque  intact  sur  tout  le 
pourtour  de  la  pièce.  Il  y  aura  quelque  intérêt  à  rapprocher  la  ligure  que 
j'ai  fait  reproduire  ci-contre  de  quelques-unes  de  celles  qui  accompagnent 
le  mémoire  déjà  cité  de  M.  Gocheteux  dans  le  tome  V1I1  du  Bulletin  de  la 
Société  d'anthropologie  de  Bruxelles. 


Sur  l'identité  spécifique  du  Ckrvus  albirostris  (Paz.  188/1) 
et  du  Cervus  Thoroldi  [Blanf.  i8q3), 

par  e.  de  pousargues. 

En  1880,  M.  W.  L.  Sclater (2)  signala  à  l'attention  des  zoologistes  un 
Cerf  provenant  du  Tibet,  dont  la  ramure  comptait  dix  pointes  et  se  faisait 
remarquer  par  l'absence  des  deuxièmes  andouillers  de  base  (bez-tine). 
S'appuyant  principalement  sur  ce  dernier  caractère,  et  n'ayant  d'ailleurs  à 
sa  disposition  qu'une  tête  isolée,  M.  W.  L.  Sclater  rangea  provisoirement 
ce  Cerf  dans  le  groupe  des  Pseudaxis,  en  l'assimilant  avec  doute  au  Cervus 
Dybowskii  (Tacz.  ). 

En  1893,  M.  W.  T.  Blanford(3)  reçut  du  D'  Thorold  la  dépouille  com- 
plète d'un  Cerf  dont  la  tête  et  la  ramure  présentaient  exactement  les  parti- 
cularités indiquées  quatre  ans  auparavant  par  M.  W.  L.  Sclater.  M.  Blan- 

vières  du  Sud,  qui  débouche  dans  l'Atlantique  un  peu  au  delà  du  10e  degré, 
derrière  Konakry,  chef-lieu  de  la  Guinée  française. 

(1)  «C'est  une  labradorite,  m'écrit  M.  Lacroix,  c'est-à-dire  un  basalte  sans  péri- 
dot,  ou  plutôt  presque  sans  péridot,  car  dans  la  lame  mince  que  je  viens  d'exa- 
miner se  rencontre  un  petit  grain  de  ce  minéral.  La  roche  est  essentiellement 
constituée  par  des  microlites  d'augite  et  de  labrador  avec  fort  peu  de  magnétite. 
La  petitesse  de  ces  microlites  et  l'absence  de  phénocristaux  expliquent  la  compa- 
cité de  l'échantillon». 

W  W.  L.  Sclater,  Journ.  As.  Soc.  Beng.,  vol.  LVIII,  pt.  11,  p.  186,  pi.  XI, 
1889. 

W   W.  T.  Blanford,  Proc.  Zool.  Soc.  London ,  p.  hhh ,  pi.  XXXIV,  1893. 


—  285  — 

ford reconnut  dans  ce  Cerf  une  nouvelle  espèce,  G.  Tkorolcli,  voisine  des 
C.  cashmirianus  (Falc.)  et  C.  affinis  (Hodgs),  appartenant  par  conséquent 
au  sous-genre  Cervus  (str.  s.)  et  n'ayant,  malgré  l'absence  des  deuxièmes 
andouillers  de  base,  aucune  affinité  avec  les  Pseudaxis. 

Celle  manière  devoir,  absolument  correcte,  est  partagée  par  M.  Lydek- 
ker(1)  qui ,  dans  sa  récente  classification  des  Cerfs  proprement  dits  (groupe 
claphien),  range  le  C.  Thoroldi  parmi  les  espèces  dont  les  andouillers  de 
la  couronne  ne  forment  jamais  coupe  ou  chandelier,  et  le  considère  comme 
type  d'une  section  spéciale  en  raison  de  l'absence  constante  des  deuxièmes 
andouillers  de  base. 

Dans  une  courte  diaguose,  M.  Blanford  résume  ainsi  les  principaux  ca- 
ractères de  cette  intéressante  espèce  : 

«Le  C.  Thoroldi  est  à  peu  près  de  la  taille  du  C.  elaphus,  brun,  sans 
tache,  marqué  d'un  champ  circumcaudal  d'un  roux  pâle;  le  pelage  est 
rude,  dressé,  assez  long;  sur  la  ligne  médiane  dorsale,  un  courant  de  pods 
se  dirige  en  avant  depuis  la  croupe  jusqu'au  garrot;  les  cornes  sont  forte- 
ment courbées  et  portent  cinq  andouillers  (la  pointe  terminale  comprise); 
le  deuxième  andouiller  est  très  distant  du  premier  ou  basai;  le  troisième 

est  le  plus  long.  » 

Ajoutons,  comme  caractère  bien  particulier,  la  couleur  blanche  du  mu- 
seau ,  du  menton  et  du  dessous  de  la  mâchoire  inférieure. 

Malheureusement,  il  ne  me  paraît  pas  possible  de  conserver  le  nom  spéci- 
fique proposé  par  M.  Blanford,  car,  en  188/1,  Przewalski(2)  avait  déjà  dé- 
crit et  figuré  sous  le  nom  de  C.  albiroslris  un  Cerf  des  monts  Nan-Cban 
qui  est  certainement  de  même  espèce  que  le  C.  Thoroldi.  Pour  lever  tous 
les  doutes  à  cet  égard,  il  me  suffira  de  traduire  textuellement  la  descrip- 
tion publiée  par  le  célèbre  explorateur  russe  : 

«Le  cosaque  Kalmynin  tua  un  jour  deux  exemplaires  d'un  Cerf  nouveau 
pour  nous ,  que  nous  désignâmes  comme  Cervus  albirostris  à  cause  de  son 
museau  blanc.  L'un  d'eux,  bien  adulte,  figure  actuellement  dans  le  Musée 
de  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg.  La  longueur  de  ce  cerf, 
du  bout  du  museau  à  l'extrémité  de  la  queue,  est  d'environ  2  m.  10,  sa 
hauteur  au  garrot  de  1  m.  2 3.  La  robe  d'été  était  d'un  brun  roux,  chaque 
poil  étant  d'un  brun  sombre  passant  au  roussâtre  à  l'extrémité.  A  partir 
du  garrot  jusqu'au  milieu  du  dos,  se  voyait  un  courant  de  poils  ascendant 
dessinant  comme  une  selle.  Ce  caractère  ne  doit  pas  être  individuel;  aussi 
pourrait-on  encore  désigner  ce  Cerf  comme  Cervus  sellalus.  La  queue, 
longue  de  o  m.  o3 ,  était  garnie  de  poils  d'un  jaune  clair  ;  le  miroir  était 
formé  de  poils  plus  clairs,  avec  une  bordure  noirâtre  peu  apparente.  La 

m  R.  Lydekker,  Proc.  Zool.  Soc.  London,  p.  980,  1896. 
M   Przewalski,  Reis.  in   Tibet  undamober.  Laufdes  Gelb.  Fi.  1879-1880",  lia  - 
duel.  Stein-Nordheiin,  cliap.  vi ,  p.  7^;  cliap.  vu,  p.  76,  ti{j.  —  Iéna,  188/1. 


—  l>86  — 

poitrine  et  ie  ventre  étaient  d'un  roux  clair;  la  moitié  supéro-exterae  des 
membres  d'un  brun  roux,  leur  face  interne  de  même  couleur  que  la  poi- 
trine et  le  ventre ,  mais ,  par  contre,  leur  moitié  inférieure  était  plus  sombre. 
La  tête,  petite  et  sombre,  le  museau  et  le  dessous  de  la  gorge  jusqu'à  la 
poitrine,  blancs;  sur  les  côtés  de  la  tête  et  autour  des  yeux  se  voyaient 
aussi  quelques  poils  blancs  épars;  à  o  m.  o35  en  arrière  de  l'angle  externe 
de  l'œil  se  trouvait  une  tache  blanche.  L'oreille,  sombre,  ourlée  de  blanc. 
Les  bois  de  notre  exemplaire  tué  en  juillet  étaient  recouverts  d'un  épais 
velours  gris  sale  gorgé  de  sang.  Leur  longueur  suivant  la  courbure  appro- 
chait de  o  m.  97.  Le  premier  andouiller  se  trouvait  à  0  m.  o3  au-dessus  de 
la  meule,  le  second  om.  16  plus  haut,  puis  la  perche  se  terminait  par  deux 
pointes.  » 

11  est  inutile  d'insister  sur  la  concordance  pour  ainsi  dire  parfaite  de 
cette  description  avec  celle  du  C.  Tlioroldi.  La  seule  différence  appréciable 
est  celle  que  l'on  peut  relever  dans  le  nombre  et  les  dimensions  des  an- 
douillers;  mais,  dans  le  cas  présent,  elle  est  absolument  de  nulle  valeur.  11 
ne  faut  pas  oublier  en  ellét  que  nous  mettons  ici  en  parallèle,  d'un  côté,  un 
individu  C.  albirostris  dont  la  ramure  revêtue  de  son  velours  est  en  pleine 
croissance  et  conséquemment  imparfaite,  de  l'autre,  des  exemplaires  à 
bois  finis,  complètement  dénudés,  C.  Tlioroldi,  ou  même  usés  et  près  île 
tomber,  C.  Dybowskii?  (W.  Sel.).  Le  point  capital  à  noter,  en  ce  qui  con- 
cerne la  ramure,  est  l'absence  des  deuxièmes  andouillers  de  base;  or  ces 
andouillers  manquent  chez  le  C.  albirostris,  car  au  stade  de  croissance  où 
en  étaient  les  bois  décrits  et  figurés  par  Przewalski,  ils  ne  pouvaient  plus 
apparaître;  toute  la  région  basale  de  la  ramure  ayant  déjà  pris  sa  forme 
définitive ,  les  modifications  ultérieures  n'auraient  porté  que  sur  la  cou- 
ronne, qui,  du  resîe,  pour  le  nombre  des  andouillers,  concorde  déjà  avec 
celle  de  l'un  des  types  du  C.  Tlioroldi.  La  priorité  revient  donc  de  droit  au 
terme  spécifique  albirostris  plus  particulièrement  choisi   par  Przewalski; 
les  autres  dénominations  sellatus,  Tlioroldi  passent  au  rang  de  synonvmes. 
Par  suite  de  cette  rectification ,  nous  pouvons  indiquer  d'une  manière  assez 
précise,  du  moins  suivant  la  latitude,  les  limites  de  L'aire  d'habitat  de 
celte  intéressante  espèce.  Le  type  du  C.   albirostris  a  été  rencontré   par 
Przewalski  vers  la  terminaison  occidentale  des  monts  Nan-Chan,  au  point 
oii  cette  chaîne  se  relie  à  PAltyn-ïagh  et  au  Tchamen-ïagh  par  l'inter- 
médiaire des  monts  Humboldl  et  des  monts  Hilter,  par  environ  3g°  de  la- 
titude Nord  et  95°  de  longitude  Est.  Nous  savons  d'autre  part  que  les  types 
du  (].  Tlioroldi  ont  été  tués  au  Nord-Est  de  Lhassa,  par  environ  3i°W  de 
latitude  Nord  et  93°  3o'  de  longitude  Est,  c'est-à-dire  près  de  la  rive  droite 
du  Kara  Oussou  (Haute  Salouen?).  On  peut  donc  affirmer  la  présence  «In 
C.  albirostris  entre  ces  deux  points  extrêmes  bien  déterminés,  par  consé- 
quent dans  les  montagnes  qui  ferment  à  l'Ouest  et  au  Sud  le  bassin  du 
koukou-Nor,  et  dans  toute  celte  série  de  chaînes  courant  parallèlement  de 


—  287  — 

l'Ouest  au  Sud-Est  (Bourkhan-Boudha ,  Kouen-lun  oriental,  Baïan-Kara- 
Ou/a,  Tang-la)  où  prennent  naissance  les  grands  fleuves  de  la  Chine 
orientale  et  de  l'Indo-Chine. 


Liste  des  espèces  du  genre  Helota  (Coléoptères) 
de  la  collection  du  museum  d'histoire  naturelle  de  pirls  . 

PAR   C.    RlTSEMA    Cz. 

Conservateur  au  Musée  de  Leyde. 


Hc9ota  Mac  Leay.  Annulosajavanica,  i8i5,  j>.  'ia. 

1.   \  iGORSii  Mac  Leay.  Annulosajavanica,  i  8^5,  p.  k'd ,  tab.  1,  fig.  9. 

—  Gênera  des  Coléoptères.  Atlas,  tab.  CXXXI,  fig.  3. 

Un  d  de  Java  (Desjardins)  ;  une  9  <!u  Mont  Salak  :  Java  occid.  (Ratl'ray 
et  Maindron);  sept  c?cf  et  huit  99  de  Java  occid.  (Pasteur). 

'2.  Vandepolli  Ritsema.  Noies  Leyden  Muséum,  XIII,  1891,  p.  197. 

Une  9  de  Lakhon  :  Siam  (Harrnand). 

Le  type  de  celte  espèce,  ('gaiement  une. 9,  est  originaire  de  Bornéo. 
L'exemplaire  de  Lakhon  n'en  diffère  que  par  sa  grandeur  un  peu  plus  con- 
sidérable, ayant  une  longueur  de  ia  mm.  au  lieu  de  11  mm.  Sa  couleur, 
plus  foncée  et  moins  métallique,  est  indubitablement  causée  par  une  sorte 
de  fermentation. 

3.   Longipes  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  101. 
Trois  99  du  Sikkiin  (Harrnand). 

h.  Fairmairei  Ritsema.  }\otes  Leydcn  Muséum,  XI,  1889,  P*  lo1- 
Deux  d  d  et  deux  99  de  Sikkim  (Harrnand). 

5.  Oberthùrii  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  100. 

Un  d  du  Sikhim  (Harrnand)  et  une  9  du  Sikkim  (chasseurs  indi- 
gènes). 

6.  Kolbei  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  io3.  —  Id. 
Ann.  Mus.  Civ.  Genova,  XXX,  1891,  p.  889. 

Deux  d  d  et  deux  9  9  du  Kiang-si  :  Chine  (Arm.  David). 

7.  Gehmata  Gorham.  Trans.  Ent.  Soc.  London,   187/1,  P-   ^'l&  (|)ars)- 

—  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  188;),  p.  io4.  —  Id.  Ann.  Mus. 
Ch\  Genova,  XXX,  i8i)i,  p.  888.  —  Id.  Newmans  Entomologist ,   i8()3 
p.  i83. 

Un  d  et  deux  99  du  Japon;  un  d  el  une  9  du  Jap:>u  (Coll.  de  Mar- 
seul). 


—  288  — 

8.  Fulviveivtris  Kolbe.  Archiv  fur  Naturgesch. ,  LU,  1886,  p.  182, 
tab.  XI,  iig.  2  5.  —  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  io4.  — 
ld.  Newmans  Entomologist ,  1893,  p.  1 83. 

Un  d  et  une  9  du  Japon  (Coll.  de  Marseul). 

9.  Guerimi  Hope.  Coleopt.  Manual,  III,  18&0,  p.  188.  —  Ritsema. 
Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  io5. 

Une  9  de  Rombay. 

10.  Curvipes  Oberthûr.  Coleopt.  Novit.,  I,  i883,  p.  60.  —  Ritsema. 
Notes  Leyden  Muséum,  XI.  1889,  p.  10 5. 

Une  9  de  Moupin  :  Thibet  (  Arin.  David). 

11.  Ocellata  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  III,  1881,  p.  79;  XI, 
1889,  P-  1Q5- 

Un  d  et  trois  9  9  de  Java  occid.  (Pasteur). 

12.  Tiriaus  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XV,  1893,  p.  i36. 
Quatre  d  d  et  une  9  du  Sikkim  (Harmand). 

13.  Levigata  Oberthûr.  Coleopt.  Novit.,  I,  i883,  p.  5g. 
Une  9  de  Maria  Rasli  :  Rhoutan  anglais  (R.  Oberthûr). 

là.  Rretaudeadi  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XVI,  189/1,  P-  ll&- 
Un  d  et  une  9  des  environs  de  Kurseong  (Bretaudeau);  un  d  de  Maria 
Basti  :  Rhoutan  anglais  (R.  Oberthûr). 

15.  Roysii  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  189;  XVI, 
189/i,  p.  11/1. 

Deux  d d  du  Sikkim  (Harmand);  un  d  et  une  9  des  environs  de  kur- 
seong (  Bretaudeau). 

16.  Severinii  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XV,  i8g3,  p.  1  38. 
Un  d*  et  une  9  du  Sikkim  (Harmand). 

17.  Piailla  Oberthûr.  Coleopt.  Novit.,  I,  i883,  p.  60. 

Une  9  du  Sikkim  (Harmand);  un  d  et  une  9  des  environs  de  Kurseong 
(Bretaudeau);  une  9  du  Maria  Basti  :  Bhoutan  anglais  (B.  Oberthûr). 

18.  Culta  Ollitr.  Cislula  Entom. ,  III,  1 883  ,  p.  55  et  1 0 1  ,  lab.  III ,  fig.  2. 
Un  d  du  Sikkim  (Harmand). 

19.  Semikulva  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum,  III,  1881,  p.  80. 
Un  d  et  une  9  du  Dessn  Fjibogo  :  Java  occid.  (Ledru). 

20.  Fulvitarsis  Ritsema.  Notes  Leyden  Muséum. 

Six  individus  de  Maria  Basti  :  Bhoutan  anglais  (B.  Oberthûr). 

21.  Guineensis  Bitsema.  Notes  Leyden  Muséum,  XI,  1889,  p.  108.  — 
ld.  Arm.  Soc.  Eut.  de  France,  1892,  p.  29/1. 

Un  d  e'tiqueté  rrLoandar>,  mais  qui,  d'après  M.  Bené  Oberlbùr,  est  ori- 
ginaire d'Abetifi  :  Côte-d'Or. 


—  289  — 
Arachnides  recueillis  par  M.  M.  Maindron 

À    KuRRACIIEE  ET  À  MàTBERAN  (PRES  BùMBAï)  ES   l8g6  , 

par  E.  Simon. 


1.   —  Liste  des  EsrÈCES  recueillies  à  Kuruachee. 

1.  ScYTODES  PROPIMjUA  Sloliska. 

2.  Di^assodes  maindroni  E.  Simon.  —  Découvert  à  Mascale. 

3.  Scotoph.ecs  coRiiscDs  L.  Koch.  —  Connu  d'Ethiopie,  du  Yéiaea  et  de 

Mascale. 

h.  Aphantaulax  indus  sp.  nov. 

5.  Melanophora  univittata  sp.  nov. 

6.  Melanophora  hospita  sp.  nov. 

7.  Callilepis  plcmalis  Cambr.  —  Répandu  dans  la  région  Méditerra- 

néenne, l'Asie  centrale  et  l'Arabie. 

8.  Colopea  pusilla  E.  Si  in .  —  Connu  de  la  péninsule  Malaise  et  des  Phi- 

lippines. 

9.  Ap.Ti.ma  maoriciana  Walck.  —  Répandu  dans  presque  toutes  les  régions 

tropicales  de  l'ancien  monde. 

10.  Eatrodectus  scelio  Thorell,  var.  indica  E.  Simon.  —  Variété  décou- 

verte à  Mascale 

11.  (?)  Argiope  anajoga  Thorell.   —  Jeunes  individus  de  détermination 

douteuse. 

12.  Araneus  tiieisi  Walck.  —  Commun  dans  l'Inde,  la  Malaisie  et  la  Po- 

lynisie,  trouvé  aussi  à  Mascate. 

13.  Araneos  decens  Thorell.  —  Même  distribution  que  l'espèce  précé- 

dente. 

\h.  Araaeus  xauticls  L.  Koc1).  —  Répandu  dans  presque  toutes  les  régions 
tropicales  du  monde. 

15.  Gasteracantha  BREvispiNA  Dolesc'nall.  —  Répandu  dans  l'Inde  et  une 

grande  partie  de  la  Malaisie. 

16.  Thomisus  daradioides  E.  Simon.  —  Connu   du  ^  émen  et  de   Mas- 

cale. 

1  7.   Runcinia  affînis  sp.  nov.  —  Espèce  inédite  (pie  nous  possédions  déjà 

d'Egypte  et  du  Sahara  algérien. 
1  8.   Xïsticds  thistrami  Cambr.  —  Espèce  découverte  en  Syrie  et  rct1  ouvée 

depuis  dans  l'Asie  centrale. 

Muséum.  —  m.  ■>.  i 


—  290  — 

19.  Tiiarus  Piochardi  E.  Sim   —  Espèce  très  répandue  dans  la  région  Mé- 

diterranéenne et  en  Arabie. 

20.  Philodromus  lepidus  Blackw.   —  Même  distribution  que  l'espèce  pré- 

cédente. 

21.  Philodromus  bigirba  Cambr.  —  Connu  d'Egypte,  de  la  région  Ethio- 

pienne et  du  \émen. 

22.  Thanatus  simplicipalpis  E.  Sim.  —  Espèce  découverte  à  Aden. 

23.  Thanatus  fornicatus  sp.  nov. 

24.  Sparassus  tarandus  sp.  nov. 

25.  ClIIRACANTHIUM  INORNATUM  Cambr. 

26.  Castaneira  Zetes  sp.  nov. 

27.  Tetragonophthalma  sindica  sp.  nov. 

28.  Hippasa  (Trociiosa)  partita  Cambr.  (II  desebticola  E.  Sim).  —  Espèce 

très  répandue  en  Egypte,  en  Arabie,  dans  l'Asie  centrale  et  dans 
l'Inde 

29.  Lycosa  subinermis  sp.  nov. 

30.  Lycosa  (Pirata)  Maindroni  sp.  nov. 

31.  Pardosa  (Pirata)  timida  E.  Sim.  —  Découvert  dans  le  Vémen,  retrouvé 

depuis  dans  l'Inde  et  à  Ceylan. 

32.  Pardosa  venatrix  Lucas.  —  Très  répandu  dans  le  Nord  de  l'Afrique  et 

en  Arabie. 

33.  Pardosa  evippina  sp.  nov. 

34.  Evippa  praelongipes  Cambr.  —  Répandu  en  Arabie. 

35.  Peucetia  yïridana  Stoliska  (prasina  Thorell).  —  Très  répandu  dans 

l'Inde. 

36.  Oxyopes  similaris  Stoliska  (?  lepidus  Blackw).  —  Très  répandu  dans 

l'Inde  et  à  Ceylan. 

37.  Plexippus  Paykulli  Aud. 

38.  Thvene  imperialis  W.  llossi. 

39.  Hasarius  Adansoni  Aud. 

2.  —  Liste  des  espèces  recueillies  à  i\Iathi;ra\. 

1 .  Hvptiotes  analis  E.  Sim.  —  Découvert  à  Ceylan. 

2.  Scytodes  Stoliskai  E.  Sim.  —  Décrit  du  Dekkan. 

3.  Palpimanus  vultuosus  sp.  nov. 

II.  Hersima  Savignyi  Lucas.  —  Commun  dans  l'Inde. 
5.   Liithyphantes  alboclathratus  s  p.  nov. 


—  291  — 

G.  Araneus  Theisi  Walck. 

7.  Philodromds  bigibba  Cambr. 

8.  Philodromus  frontosus  sp.  nov. 

9.  Ciiiracanthium  iNDiciiM  Cambr. —  Décrit  de  Bombay. 

10.  Hippasa  Grei:\alli/e  Blackvv.  —  Très  répandu  dans  l'Inde. 

11.  Oxvopes  similaris  Sloliska. 

12.  Gagrella  Maindroni  sp.  nov. 

3.   —  Descriptions  des  espèces  nouvelles. 

Palpimanus  vultuosus  sp.  nov.  $  long,  o  m.  007-8.  —  Ceplialolborax 
fere  Palpimani  gibbili,  nigro  -  piceus ,  rugosus,  crebre  et  longe  albo-cinereo- 
pilosus.  Oculi  antici  P.  gibbuli  sed  oculi  postici,  parvi  et  œqui,  in  lineam  mullo 
minus  procurvum  siibrectam,  medii  a  laleralibus  quam  inter  se  remotiores  et  cuni 
inecbis  anticis  areain  augustam  salteni  duplo  longiorem  quam  laliorem  occupantes. 
Sternum  nigrum,  crebre  granulosum,  longe  albido-pubescens.  Abdomen  crassum, 
breviter  ovatum,  albido-testaceum,  plagula  epigasteris  duriuscula  rufula,  postice 
altenuata  et  truncata,  anlice  transversim  rugata,  postice  sublœvi.  Pedes  Palpi- 
mani gibbuli  fusco-nifuli ,  anlici  subnigri. 

Matheran. 

Nota.  Cette  espèce  rentre  dans  le  premier  groupe  du  genre  Palpimanus 
ne  comprenant  jusqu'ici  que  le  P.  gibbulus  L.  Dut'.,  qui  étend  sou  habitat 
de  l'Espagne  aux  bouches  de  ITndus;  elle  en  diffère  surtout  par  sa  seconde 
ligne  oculaire  presque  droite  et  le  groupe  de  ses  yeux  médians  encore  plus 
long. 

Aphantaulax  indus  sp.  nov.  $  'ong-  o  m.  oo5.  —  Céphalothorax  au- 
guste ovatus,  nigor,  nitidus,  crebre  et  longe  niveo-pilosus.  Oculi  antici  in  lineam 
sat  procurvam ,  inter  se  appropinquati ,  medii  lateralibus  majores.  Oculi  postici 
anticis  multo  minores,  in  lineam  rectam,  medii  inter  se  quam  a  lateralibus  renlo- 
liores.  Abdomen  oblongum  nigro-nitidum ,  subtus  dilutius,  ad  marginein  anticum 
vitta  transversa  postice  emarginata,  prope  médium  vitla  transversa  in  medio  an- 
guste  interrupta,  postice  utrinque  macula  longa  et  obliqua  albidis  et  niveo-pilosis 
supra  decorntum.  Mamillœ  longs  nigrae.  Sternum  angustum,  antice  posticeque 
valdeattenuatum,  nigro-nitidum,  albo-pilosum.  Pedes  modice  longi,  robusli,  femo- 
ribusnigris,  reliquis  arliculis  obscure  olivaceis,  posticis  anticis  obscuriotibus,  libiis 
1' paris  aculeis  debilibus  2-1,  metatarsis  aculeis  basilaribus  binis  subtus  instruciis. 
Area  genitalis  leviter  coriacea,  foveola  parva  longitudinali ,  antice  leviter  lanceolata, 
i  m  pressa. 

k.  11  crachée. 

Melanophora  univittata  sp.  nov.  $  long,  o  m.  oo/j-5. —  Céphalothorax 
longe  ovatus,  bumilis,  stria  thoracica  brevi  impressus,  snbtilissime  coriaceus  su- 
btœvis,    ater,  parce  et  longe  albido-pilosus.    Oculi  antici  in   lineam  procurvam 

■21  . 


—  292  — 

medii  nigtï  et  rotundi  lateralibus  ovatis  et  albis  paulo  minores  et  inter  se  quani  a 
laleralibiis  remotiores  (spatio  interoculari  oculo  latiore).  Oculi  postici  in  lineâm 
plane  reclam,  antica  paulo  latiorem,  medii  inter  se  quam  a  lateralibus  remotiores, 
minores  plani  et  snbangulosi.  Abdomen  linge  oblongum,  supra  albido-leslaceum, 
nigricanti-marginatum  et  villa  média  lala  nigricanti-ornatum,  sublus  atro-testaceum, 
regione  epigasteris  dilutiore.  Sternum  fusco-rufulum,  lœve  et  nilidum.  Pedes  atri, 
melatarsis  tarsisque  dilulioribus,  tibiis  melalarsisque  anticis  omnino  muticis,  lus 
remole  scopulalis.  Plaga  genitalis  fusca,  nilida,  longior  quam  lalio:-  et  leviter  fusi- 
formis,  antice  plagulam  augustam  testaceam  includens. 
Species  pictura  abdominis  eximie  dislincta. 

K arrachée. 

Melanophora  hospita  sp.  nov.  Ç  long,  o  m.  006-7.  —  Céphalothorax 
ovalus,  nigro-piceus,  sublilissime  coriaceus  et  opacus.  Oculi  antici  in  lineam  valde 
procurvam,  medii  nigri  lateralibus  paulo  minores,  inter  se  distantes  (spatio  inter- 
oculari oculo  angustiore)  sed  a  lateralibus  albis  subcontigui.  Oculi  postici  in  lineam 
rectam  antica  haud  latiorem,  medii  majores,  triquelri  inter  se  subcontigui  a  late- 
ralibus vix  separati.  Abdomen  oblongum,  atro-nilidum,  sublus  paulo  dilutius. 
Sternum  fusco-rufescens ,  nitidum  sed  pilosum  el  subtiliter  rugosum.  Pedes  atri, 
inetatarsis  tarsisque  obscure  fui  vis,  tibiis  quatuor  anticis  muticis,  melatarsis  sat 
crebre  scopulatis  aculeis  parvis  basilaribus  binis  instruclis.  Plaga  genitalis  plana, 
magna,  parallela  et  paulo  longior  quam  latior,  area  média  magna  depressa,  pos- 
tice  altenuata  et  sublriquelra  alque  antice  stria  Iransversa  ulrinque  angulosa,  im- 
pressa. 

kurracb.ee. 

Lithyphantes  alboclathratus  sp.  nov.  $  long,  o  m.  on5-6. — Céphalo- 
thorax fusco-caslaneus ,  sublilissime  coriaceus,  fovea  subrhomboidali  impressus, 
parle  cephalica  antice  leviter  acclivi,  ironie  sat  angusta.  Oculi  antici  in  lineam 
leviter  procurvam,  inter  se  appropiuquati,  medii  rotundi  lateralibus  ovatis  paulo 
majores.  Oculi  postici  aequi,  magni,  in  lineam  leviter  recurvam,  inedii  a  latera- 
libus quam  inter  se  remotiores,  spatio  interoculari  oculo  paulo  angustiore.  Area 
mediorum  subparallela  et  paulo  longior  quam  latior.  Oculi  latérales  ulrinque  sub- 
contigui. Clypeus  mediorris.  Abdomen  breviter  ovation,  convexum,  atrum,  supra 
lineamarginali  angusta  valde  flexuosa ,  linea  média  biangulosa  lineolisque  transversis 
2  vel  3  albis  clathratum,  sublus  aniiee,  pone  plicam  genitalem,  macula  alba  parva 
el  transversa  nolalum.  Chelœ  fuseo-rufulœ,  keves.  Sternum  fusco-castaneum, 
sublœve,  leviter  inœquale.  Pedes  robusti  el  sat  longi,  fulvi,  femoribus  quatuor  an- 
ticis infuscatis  et  sublus  minute  rugosis,  tibiis  anticis  infuscalis,  reliquis  femoribus 
el  tibiis  apice  fusco-annulalis. 

Matheran. 

A.  L.  corollato  L.  et  PAYkiiLLiANo  Walck.  impiimis  differt  oenlis  lateralibus 
ulrinque  subconliguis  et  femoribus  anticis  subtus  rugosis. 

Runcinia  affinis  sp.  nov.  9    long,  o  m.  004-5.  —  Céphalothorax  pàllide 


—  293  — 

flavidus,  subtilissime  rugosus,  utrinque  leviler  albo-reliculatus,  margine  frontali 
lineaque  média  exili  (marginem  posticum  haud  attingente)  alho-opacis,  lineisque 
binis  fusco-rufulis  supra  ornatum,  Ironie  carinulata,  ulrinque  ad  angulum,  cari- 
nula  breviter  el  subacute  producta.  Oculi  R.  latehalis.  Abdomen  longum,  sub- 
parallelum ,  supra  deplanatum,  anlire  truncatuni,  postice  obtusum,  albidum, 
utrinque  roseo  fuscove  slrialum.  Chelas  sternum  pedesque  lutea,  tibiis  anlicis 
aculeis  brevibus  4-5,  metatarsis  aculeis  robustis  sat  brevibus  atque  iniquis  7-7 
vel  9-9,  subtus  armatis. 

Kurrachee. 

A.  RimciMA  laterali  G.  Kocli ,  cui  allinis  est,  imprimis  differt  fronte  ulrinque 
subacuta,  aculeisque  tibiarum  anticarum  numerosioribus,  a  R.  blongata  Slol. 
differt  abdomine  breviore,  pictura  corporis  luciiliore  et  aculeis  melatarsorum  bre- 
vioribus. 

Nota.  Cette  espèce  encore  inédite  se  trouve  aussi  en  %yple  et  dans  le 
Sahara  algérien. 

Philodromus  frontosus  sp.  nov.  ç  long,  ora.00'1.-  Céphalothorax 
paulo  latior  quam  longior,  ulrinque  ample  rotundus,  fronte  lata  et  obtusa  in  niedio 
leviter  impressa,  niger,  pilis  plumosis  luteis  vestitus,  utrinque  maculis  marginalibus 
atque  in  medio  macula  arcuata,  V  magnum  désignante,  luteo-opacis,  notatus, 
regione  fronlali  et  clypei  valde  teslaceo-variata.  Oculi  cuncti  parvi  et  subœquales", 
lineas  duas  latas,  fere  aequaliter  procurvas,  formantes,  medii  antici  et  praesertim 
postici  a  sese  quam  a  laleralibus  multo  remotiores,  medii  poslici  cum  lateralibus 
anticis  aream  postice  quam  antice  lalioivni  désignantes.  Clypeus  area  oculorum 
haud  angustior,  leviler  proclivis.  Abdomen  sat  longum,  antice  angustum  atque 
excisum,  postice  sensim  amplialum  el  truncalum  cum  angulis  leviler  prominulis, 
supra  cinereo-nigricans,  albido-marginatum,  albido-pubescens  et  pilis  crassis  nigris 
conspersum.  Sternum  lalum  pedesque  paliide  lu  rida,  hi  superne  minutissime 
fusco-atomarii,  aculeis  ordinariis  armati.  Plaga  genitalis  rufula,  ulrinque  angnlosa, 
plagulam  minorem  ovatam  includens. 


Math 


eran. 


Thanatus  fornicatus  sp.  nov.  £  long,  o  m.  oo4.  —  Céphalothorax  brevis 
etconvexus,  fulvus,  ulrinque  laie  el  sa^pe  confuse  olivaceo  vel  fusco-marginalus, 
aibo-pubescens  et  setis  albis  validis  et  erectis  conspersns,  cly|ieo  alto  fusro- 
alomario.  Oculi  ordinarii  sed  quatuor  poslici  inler  se  a'quidislanles  (fere  Philo- 
dromi).  Abdomen  breviter  ovalum,  convexum,  albido-cinereum,  albo-pubescens  et 
selis  validis  lanceolalis  albis  (ad  radicem  fuscis)  conspersum,  antice  vitta  fusca 
acule  lanceolata  ornatum,  postice  confuse  infuscalum.  Chelœ,  sternum  pedesque 
(brèves),  fui  va  parce  et  minutissime  fusco-atomaria ,  femoribus  (praesertim  anlicis) 
ad  apicem,  tibiis  (praesertim  posticis)  ad  basim,  crebrius  piinctatis  et  subannulalis, 
tibiis  melalarsisque  anlicis  aculeis  longis  2-2  sublusin^lruclis.  Area  genitalis  nigra, 
sulco  carinulaque  média  augusta  et  parallela  divisa. 

tf  —  A.  femina differt  pedibus  multo  longioribus  et  gracilio  ibus.  Pedes-maxil- 
lares  sat  brèves,  l'nlvi,  fusco-atomarii,  tibia  tereli,  patella  circiler  aequilonga,  e\lus 


—  29/1  — 

ad  marginem  apicalem  (fere  ad  angulum  inferiorem)  apophysi  nigra  parva  ol  arula 
armata,  tarso  parvo  sat  angusto. 

Kurrachee. 

A.  T.  simplicipalpi  E.  Sim.,  ciii  affinis  est,  imprimis  ditîert  carina  genilali  feminœ 
nigra  et  angusta  haud  cordiformi  et  tibia  pedum-maxillarium  maris  minute  et  acute 
mucronata. 

Sparassus  tarandus  sp.  nov.  J1  long.  ora.  oio-ia.  —  Céphalothorax 
haud  longior  qnam  latior,  modice  convexus,  luteus,  albo-serireo-pubescens,  puncto 
medio  lineisque  radiantibus  ohscurioribus  vix  expressis  notât  us.  Oculi  antici  in 
lineam  leviter  procurvani,  medii  lateralibus  majores  et  inter  se  quam  a  lateralibus 
paulo  remotiores.  Oeidi  postici  anticis  minores,  inter  se  subœquales  et  fere  a*qui- 
distantes,  lineam  evidenter  procurvam  désignantes.  Area  orulorum  quatuor  medio- 
rum  rirciter  aeque  longa  ac  postice  lata,  medii  antici  posticis  saltem  i/3  majores. 
Abdomen  ovatum,  postice  altenualum,  supra  cinereum,  longe  albido-pilosum, 
vitla  média  nigra  intégra,  leviter  denlata  et  postice  attenuata  et  ulrinque,  prope 
médium,  puncto  nigro  ornalum,  sublus  albidum  aibo-pubescens.  Chelae  fusco- 
rufulœ  laeves,  margine  inferiore  sulci  dentibus  binis  aequis,  dentîbusque  mullo 
minoribus  3  inter  se  contiguis  insigniter  armato.  Partes  oris.  sternum  pedesque 
lurida,  tibiis  quatuor  anticis  subtus  aculeis  longis  9-2  ulrinque  aculeis  binis  simi- 
libns  et  superne  in  parte  apicali  aculeo  minore  armatîs,  patellis  muticis,  meta- 
larsis  in  parte  basali  aculeis  inferioribus  9.-2  et  ulrinque  aculeis  binis  armalis, 
scopulis  ordinariis  densis.  Pedes-maxil  lares  robusti,  fulvi,  tibia  tarsoque infuscatis; 
femore  superne  ad  apicetn  aculeis  1-/1  munito:  patelin  mulica  subquadrata;  tibia 
patella  longiore  et  graciliore  extus  emarginata  subtus  obtuse  carinala,  cxtus  ad 
basim  apophysi  \alida  et  divaricata  apice  compressa  et  breviler  Irilida  (ramulo 
superiore  obtuso  et  minute  bifido,  ramulis  inferioribus  binis  aequis  subacutis  et 
divaricatis),  ad  apicem  convexa  et  apophysi  gracili ,  longa,  flexuosa  et  acutissima 
antice  directa  instrucla;  tarso  sat  laie  ovato  et  convexo  apice  allenuato;  bulbo 
magno,  lamina  rulula  crassa  curvata  ad  basim  atque  ad  marginem  extcriorem  cir- 
cumdato. 

Kurrachee. 

Species  Sp.  Baulnyi  et  Wroivghtom  E.  Sim.  sat  admis,  sed  armatura  chelarum 
sulci  inferiore  et  tibia?  pedum-maxillariutn  maris  distincta. 

Gastaneira  zetes  sp.  nov.  $  long.  0  m.  oo5.  —  Céphalothorax  longus, 
postice  quam  antice  magis  atd  nuatus,  fronle  lata  et  obtusa,  stria  thoracica  brevi 
sed  profunda  impressus,  aler,  postice  leviter  dilutior  et  rufescens,  subglaber,  sidi- 
tiliter  rugosus  et  opacus.  Oculi  antici  in  lineam  leviter  procurvani ,  medii  rolundi 
lateralibus  ovatis  paulo  majores  et  inter  se  quam  a  lateralibus  vix  remotiores. 
Oculi  postici  in  lineam  vix  prourvam  (subrectam),  medii  lateralibus  paulo  majores 
et  inter  se  quam  a  lateralibus  vix  remotiores.  Area  med  orum  paulo  longior  quam 
latior.  Oculi  latérales  utrlnque  spatio  oculo  haud  angusliore  a  ses1  distantes.  Ab- 
domen longuin  tereliusculum ,  nigrum,  subtilité.-  rugosum  cl  pilis  plumosis  oliva- 
ceis  hivvihus  vestitum .  supra  antice  linea  Irausversa,  propa  médium  vitta  transversa 


—  295  — 

laliore,  poslice  supra  mamillas  puncto  parvo,  subtus  u trinque  propre  médium  ma- 
cula obliqua  niveo-pilosis,  decoralum.  Sternum  nigrum,  parce  rugosum.  Chelœ 
robustœ  et  convexœ,  nigro-rufescentes,  lœves  et  nilidae,  tanlum  ad  basim  minute 
rugosae.  Coxae  anlicœ  nigrae,  reliquae  fiavœ.  Pedes  longi  et  graciles  sed  femoribus 
anticis  dilnlatis  et  compressis,  quatuor  anlici  femoribus  (apice  except.)  nigris, 
teliquis  articulis  llavidis,  pedes  31  paris  ilavidis  libiis  metatarsisque  utiïnque 
fusco  villatis,  pedes  A1  paris  (reliquis  multo  longiores)  femoribus  ilavidis,  reliquis 
articulis  fusco-olivaceis  albo-lineatis;  libiis  anticis  aculeis  mediocribus  3-a  (aculeo 
basilari  ser.  inlerioris  divaricato  rclicjuis  pronis),  melatarsis  aculeis  subbasilaribus 
binis  aculeisque  binis  submediis  minoribus  sublus  armatis.  Area  genitalis  leviter 
convexa,  ulrinque  minute  foveolata. 

kurrachee. 

Tetragonophthalma  sindica  sp.  nov.  2  long,  o  m.  oi-i-oili.  — •  Ce- 
phalo thorax  longus,  fulvus,  lon{te  et  crebre  niveo-pilosus;  vilta  média  intégra 
lata  et  parallela  (in  clypeo  leviler  ampliata)  l'usca  et  brevius  cervino-pilosa,  or- 
natus.  Oculi  antici  inter  se  appropinquali,  in  lineam  leviler  procurvam,  medii 
laleralibus  paulo  majores.  Oculi  quatuor  medii  inter  se  squales,  aream  antice 
quam  poslice  angustiorem  et  non  multo  longiorem  quam  latiorem  occupantes. 
Clypeus  verticalis  planus,  oculis  anticis  plus  quadruple  lalior.  Abdomen  longum , 
postice  allenuatum,  fulvum,  albo-pubescens,  vilta  média  latissima  fusca  et  cervino- 
pilosa,  ulrinque  leviler  flexuosa  et  niveo-marginala,  supra  ornatum.  Sternum 
fuscum  in  medio  dilulius.  Cliela?  fulvae,  margine  inferiore  sulci  denlibus  remotis 
binis  subgeminatis  (i°  altero  minore)  instructo.  Pedes  longi,  obscure  fulvi,  femo- 
ribus subtus  valde  infuscatis  subnigris. 

Kurrachee. 

A.  T.  unifascut.y  Dolescball  imprimis  differt  oculorum  linea  antica  minus- 
procurva,  ocidis  mediis  anticis  lateialibus  paulo  majoribus,  area  qualuor  medio- 
rum  non  multo  longiore  quam  laliore  et  clypeo  latiore. 

Lycosa  subinermis  sp.  nov.  2  long,  o  m.  010-13.  —  Céphalothorax 
ovatus  antice  obtusus,  vil  lis  duabus  fuscis,  antice  postieeque  convergenlibus  et 
inlns  prope  médium  leviler  dentatis,  notalus.  Oculi  anlici  in  lineam  plane  rec- 
lam, inter  se  appropinquali  et  valde  inaequales  medii  lateralibus  multo  majores. 
Oculi  maximi  ser  aae  spatium  transversum  oculorum  linea  antica  paulo  latins 
occupantes  et  spalio  oculo  saltem  i/3  angustiore  a  sese  distantes.  Clypeus  oculis 
mediis  anticiis  circiter  asquilalus.  Abdomen  oblongum  luleum,  supra  paulo  ob- 
scurius  antice  villa  lanceolata  postice  arcubus  angulos's  subtriquetris  serialis  et 
ulrinque  \itla  marginali  confusa  el  punctata  pallide  fuscis,  ornatum.  Chelœ  valida?, 
i  igrae,  ad  basim  luteo-pilosse;  margine  inferiore  sulci  Iridenlalo  (dente  in  basali 
reliquis  paulo  minore).  Sternum  pedesqne  lutea,  pedes  robusti,  tibiis  quatuor  an- 
ticis (aculeo  apicali  minulissinio  excepte)  mulicis,  melatarsis  aculeis  basilaribus 
binis  minutissimis  tanlum  armais  sed  pedes  postici  valde  aculeali,  melatarsis 
larsisque  anticis  crebre  scopulalis.  Plaga  genilalis  parva  rul'ula,  longior  quam  la- 
lior, antice  rotunda,  poslice  Iruncala,  carinula  média  angusla  sed  poslice  abrupte 
ampliata  el  triquelra  divisa. 


—  296  — 

j1  long,  o  m.  009.  A  femina  diflert  pcdibus  m  11  Ho  longioribus  gracilioribus  et 
valde  aculeatis,  libiis  anticis  aculeis  inferioribus 3-3  (apicalibus  minoribus),  mela- 
larsis  aculeis  basilaribus  quatuor  subverticillatis,  aculeo  lalerali  inleriore  submedio , 
aculeisqne  apicalibus  parvis  munitis.  Pedes-maxillares  lutei,  tibia  tereti  patella 
paulo  lon;;iore,  larso  mediocri  et  angusto. 

K arrachée. 

Nota.  Espèce  remarquable  en  ce  quelle  joint  les  caractères  des  Trochosa 
à  ceux  de  Lycosa  du  groupe  de  L.  radiata;  elle  se  rapproche  des  premiers 
par  sa  première  ligne  oculaire  <!roite  et  ses  pattes  antérieures  presque  mu- 
tiques,  des  seconds  par  ses  yeux  de  la  seconde  ligne  très  gros  et  occupant 
un  espace  transverse  un  peu  plus  large  que  la  première  ligne. 

Lycosa  (Pirata)  Maindroni  sp.  nov.  $  long.  0  m.  006-7.  —  A.  Lycosa 
leucostigma  E.  Sim.  (ex  India  centrali),  cui  valde  affinis  est,  diflert  cephalothorace 
atrosnbtilitercoriaceo,  utrinque  subglabro,  in  mediopilis  albisbrevibus  vitlam  latam 
dentatam  designanlibusornalo,  abdomine  et  supra  et  subtus  albo-pubescente  (haud 
futvo),  tibiis  posticis  distinctissime  fusco-biannulutis,  t'ovea  vulvae  acute  triquetra, 
carinulata. 

Kurrachee. 

Pardosa  evippina  sp.  nov.  Ç  long.  0  m.  oo3-A. —  Cepbalolhorax  luteus, 
ro<*ione  oculorum  nigra,  linea  marginali  oxillima  vittisque  dorsalibus  tuscis  lalio- 
ribus  notatus,  parle  cepbalica  baud  abrupte  elevata.  Oculi  quatuor antici in  lineam 
leviler  procurvam,  medii  lateralibus  saltem  i/3  majores  interse  quara  alaterahbus 
distanliores.  Oculi  inaximi  sor.  2"  spalio  oculo  haud  angustiore  a  sese  distantes. 
Abdomen  breviter  ovatum ,  supra  pallide  fuscum  villa  média  lutea,  antice  postice- 
que  leviter  attenuala,  notatum,  utrinque  et  subtus  pallide  luteum  albo-pubescens. 
Chelœ,  sternum,  pedesque  lutea.  Chelarum  margo  inferior  Iridenlatus,  dente  i° 
reliquis  minore.  Pedes,  prœsertim  postici,  longissimi,  metalarsis  larsisque  gracil- 
limis  fere  Evier.*:  (sed  tarsis  baud  articulatis),  unguibus  posticis  fere  Evippj:, 
tibiis  anticis  aculeis  longis  2-3  aculeisqne  apicalibus  minoribus  binis,  metatarsis 
aculeis  similibus  2-2  subtus  instruclis.  Plaga  genitalis  subquadrata  nigra  et  ciliala, 
foveola  média  fulva  longitudinali,  postice  leviter^ampliata  atque  oblusa,  impressa. 

kurrachee. 

Nota.  Espèce  curieuse  en  ca  qu'elle  fait  le  passage  des  Pardosa  aux 
Evippa;  elle  ressemble  à  ceux-ci  par  ses  pattes  et  ses  griffes,  mais  elle  se 
rattache  au  genre  Pardosa  par  la  structure  de  son  céphalothorax  et  de  ses 
chélicères. 

Gagrella  Maindroni  sp.  nov.  long.  0  m.  oo3-A.  —  Corpus  breviter  ovatum 
subrotundum,  minute  et  crebre  granulosum,  cephalothorace  fusco  laie  luteo- 
vaiialo,  abdomine  utrinque  et  postice  fusco;  supra  villa  lata  intégra  fusca  laie  fla- 
vido-marginata  ornatum,  tuberculo  oculari  allô,  sitperne  viso  subrotundo,  lœvi 
mulico  el  leviler  canaliculato  sed  ad  basim,  prae.e.lim  antice,  minute  et  inordinate 


—  297  — 

spinuloso,  aculeo  dorsali  ereclo  longo  et  acuto,  nigro  et  sublaeve.  Corpus  sublus 
albido-leslaceum ,  segmentis  nbdominis  granulis  minutissimis  transversim  seriatis 
inunilis,  coxis  apice  nigris  utrinque  vaille  nigro-serrulatis  (dentibus  aequis  et  trun- 
catis).  Cbelœ  pallide  luteœ  lœves.  Pedes-maxillares  lulei  ad  basim  leviter  infuscati, 
femore  subtus,  patella  libiaque  utrinque  minutissime  et  inordinate  spinulosis.  Pedes 
iongissimi,  trochanleribus  nigris ,  reliquis  articulis  fusco-rufescentibus,  femoribuB 
versus  basim  sensim  dilulioribus,  minute  et  remote  spinulosis. 

Matheran. 

A.  G.  atiuta  Stoliska,  armatura  picturaque  corporis  distinguenda. 


Crustacés  nouveaux 
provenant  des  campagnes  du  travailleur  et  du  talisman, 

par  A.  Milne  Edwards  et  E.-L.  Bouvier. 


Dorippldés. 

Ethusa  rugulosa  sp.  nov. 

La  carapace  est  presque  aussi  large  que  longue ,  ses  bords  latéraux  sont 
légèrement  marqués,  et  la  distance  qui  sépare  les  pointes  des  dents  antéro- 
latérales  est  plus  grande  que  la  moitié  de  sa  plus  grande  largeur.  Le  sillon 
cervical  s'atténue  latéralement,  mais  devient  très  distinct  vers  la  ligne  mé- 
diane et  délimite  fort  nettement  en  avant  Taire  cardiaque;  le  sillon  bran- 
di ial  est  également  assez  net  et  Taire  cardiaque  tout  entière  est  parfaite- 
ment accusée  sur  tout  son  pourtour.  Le  test  présente  de  fines  granulations 
qui  sont  particulièrement  marquées  sur  les  aires  cardiaque  et  branchiale; 
il  est  recouvert  d'une  pubescence  extrêmement  courte ,  qui  retient  les  par- 
ticules terreuses  en  suspension  dans  Teau  et  qui  présente  cà  et  là  quelques 
poils  simples  plus  allongés;  les  autres  parties  du  corps  présentent  les  mêmes 
ornements,  mais  les  poils  longs  et  les  granulations  sont  plus  rares  sur  les 
pattes.  Le  front  présente  un  sinus  médian  assez  profond  et  aigu;  il  est 
muni,  en  outre,  de  deux  sinus  arrondis,  beaucoup  moins  éebancrés,  qui 
déterminent  chacun  deux  dents  frontales ,  dont  l'interne  est  plus  saillante 
que  l'externe;  les  lobes  antéro-latéraux  s'avancent  presque  jusqu'au  niveau 
de  cette  dernière  et  délimitent  un  sinus  orbitaire  profond  et  triangulaire. 
Ces  lobes  sont  munis,  comme  les  sinus  latéraux  du  front,  de  poils  assez 
allongés. 

Les  pédoncules  oculaires  sont  très  courts,  mais  font  saillie  néanmoins 
au  fond  du  sinus  orbitaire;  l'article  basiîaire  des  pédoncules  anlennulaires 
n'est  pas  du  tout  renflé,  et  le  fouet  des  antennes,  qui  est  complètement 
dépourvu  de  poils,  dépasse  l'extrémité  des  pinces. 


—  298  — 

L'orifice  efférent  do  l'appareil  respiratoire  n'atteint  pas  tout  à  t'ait  le 
point  où  l'épistome  se  joint  au  front;  l'orifice  entrent  ne  présente  pas,  en 
dehors,  de  tubercule  saillant.  La  formule  branchiale  ne  diffère  pas  de  celle 
de  YE.  mascarone. 

Les  pattes  antérieures  sont  assez  grêles  et  semblables,  niais  la  droite  est 
un  peu  plus  grande  que  la  gauche.  La  pince  est  légèrement  plus  forte  que 
le  carpe,  les  doigts  sont  séparés  à  leur  base,  faiblement  sillonnés,  munis 
de  quelques  dents  obtuses,  et  un  peu  plus  longs  que  la  portion  palmaire. 
Les  pattes  de  la  troisième  paire  sont  plus  longues  que  celles  de  la  deuxième; 
dans  toutes  deux,  le  propodite  est  muni,  en  dehors,  de  deux  faibles  sillons 
longitudinaux,  et  plus  court  que  le  méropodile;  les  doigts  sont  beaucoup 
plus  longs  cpie  le  propodite,  fortement  cannelés  et  s'élargissent  un  peu  au 
voisinage  de  la  pointe.  Les  pattes  des  deux  paires  suivantes  sont  un  peu 
plus  pubescentes  que  les  autres;  leur  propodite  présente  en  dessous  des 
poils  allongés  sur  sa  moitié  antérieure  et  les  doigts  sont  complètement  nus, 
sauf  en  dessous,  où  ils  présentent  une  rangée  de  quelques  voies  raides. 

VE.  rugulosa  appartient  au  groupe  des  Ethuses  dont  le^  pédoncules 
oculaires  sont  très  courts  et  dont  les  dents  antéro-lalérales ,  très  développées , 
arrivent  sensiblement  au  même  niveau  que  le  front;  à  ce  groupe  appar- 
tiennent en  outre  YE.  microphthalma  Smilb ,  YE.  ciliatifrons  Faxon  etYE.  lata 
Rathbun.  Elle  diffère  de  la  première  par  son  front  cilié,  par  sa  carapace, 
peu  rétrécie  en  avant,  par  ses  dents  frontales  externes  plus  courtes  que  les 
dents  internes,  par  ses  granulations  plus  nombreuses,  par  les  doigts  peu 
dentés  de  ses  pinces  et  par  ses  dents  antéro-latérales,  qui  ne  dépassent  pas  le 
Iront.  Elle  diffère  des  deux  autres  espèces  par  sa  carapace ,  qui  est  plus  longue 
que  large ,  par  ses  dents  frontales  inégales ,  par  ses  pédoncules  oculaires ,  qui 
dépassent  le  fond  du  sinus  orbitaire,  enfin  par  ses  pinces  un  peu  plus  forîes 
que  le  carpe  et  munies  de  doigts  peu  dentés;  elle  se  rapproche  de  YE.  cilin- 
lifrous  et  se  dislingue  de  YE.  lata  par  les  sillons  dorsaux  de  sa  carapace, 
qui  sont  très  distincts,  et  notamment  par  le  développement  du  sillon  cer- 
vical, qui  limite  très  distinctement  en  avant  l'aire  cardiaque. 

L'espèce  a  été  trouvée  aux  îles  du  Cap  Vert  par  276-160  mètres  de 
profondeur. 

Ethusa  rosacea  sp.  nov. 

La  carapace  est  un  peu  moins  large  que  longue,  et  légèrement  renflée 
au  niveau  des  régions  branchiales;  elle  présente  quelques  poils  courts  sur 
les  parties  antérieures  et  latérales  de  la  région  gastrique,  des  granulations 
nombreuses  et  très  apparentes  sur  les  régions  branchiales,  d'autres  granu- 
lations plus  raies  et  moins  saillantes  sur  la  partie  postérieure  de  la  région 
gastrique  et  sur  l'aire  cardiaque,  dette  dernière  est  parfaitement  délimitée 
par  un  sillon  qui  est,  par  endroits,  assez  profond;  elle  est  un  peu  ouverte 
en  avant  et  ne  présente  aucune  relation  directe  avec  les  sillons  branchiaux  et 


—  209  — 

cervical,  qui  sont  d'ailleurs  à  peine  indiqués  sur  la  lace  dorsale.  La  région 
gastrique  est  indistincte.  Le  front  présente  un  profond  sinus  médian  et  les 
saillies  ros fraies  qui  limitent  ce  sinus  se  terminent  en  pointe  courte;  elles 
se  prolongent  obliquement  en  dehors  jusqu'à  l'épine  externe,  qui  est  à 
peine  indiquée.  Le  lobe  antéro-latéral  est,  au  contraire,  fort  saillant;  il  est 
triangulaire  et  se  termine  par  une  pointe  aiguë,  qui  atteint  sensiblement 
le  même  niveau  (pie  la  saillie  rostrale;  ce  lobe  et  le  bord  frontal  tout  entier 
sont  munis  de  poils  allongés  dirigés  en  avant. 

Les  pédoncules  oculaires  sont  courts,  incurvés  en  avant  et  se  terminent 
au  sinus  orbitaire,  qui  est  limité  en  dehors  par  le  lobe  antéro-latéral.  La 
cornée  est  terminale  et  noire. 

Les  pattes  antérieures  sont  inégales,  la  droite  étant  beaucoup  plus  forte 
que  la  gauche.  Le  méropodite  est  grêle ,  assez  lonp;  et  arrondi;  le  carpe  est  h 
pi  ine  plus  fort  et  très  rond .  ;  les  pinces,  surtout  la  droite,  sont  beaucoup  plus 
grosses  que  le  carpe  et  s'élargissent  en  approchant  des  doigts,  qui  sont  in- 
curvés en  dehors,  un  peu  plus  courts  (pie  la  portion  palmaire  et  ondulés 
sur  leur  bord  en  contact;  il  y  a  un  hiatus  très  évident  entre  les  deux  doigls 
de  la  main  droite.  Les  appendices  sont  polis  mais  présentent  pourtant 
quelques  granulations,  qui  sont  surtout  apparentes  sur  la  face  externe  de 
la  région  palmaire.  Les  deux  paires  de  pattes  suivantes  sont  longues  et  assez 
grêles;  elles  sont  ornées  de  granulations  nombreuses  sur  la  partie  antérieure 
des  trois  grands  articles  moyens,  ainsi  que  de  cils  extrêmement  courts. 

Les  doigts  sont  aplatis  d'avant  en  arrière,  légèrement  tordus  et  munis 
du  trois  saillies  longitudinales,  séparées  par  des  sillons,  sur  leur  face  anté- 
rieure ou  externe;  ils  s'élargissent  un  peu  en  avant  et  se  terminent  assez 
rapidement  en  pointe  aiguë.  Ceux  de  la  première  paire  sont  plus  courts  que 
ceux  de  la  seconde,  mais  ils  sont,  comme  eux,  plus  longs  que  le  propodite. 
Ce  dernier  article  est  muni  de  deux  légers  sillons  sur  sa  face  postérieure  ou 
externe.  Les  pattes  des  deux  dernières  paires  n'atteignent  pas  tout  à  fait 
l'extrémité  du  méropodite  des  précédentes;  elles  sont  munies  de  poils  nom- 
breux, qui  s'allongent  beaucoup  sur  la  face  antérieure  du  carpe;  leurs  doigls 
sont  très  aigus  et  plus  courts  que  le  propodite. 

Le  premier  segment  abdominal  du  maie  est  plus  long  et  aussi  large  que 
le  second;  le  troisième  est  un  peu  plus  large  et  se  soude  avec  les  deux  sui- 
vants en  une  pièce  beaucoup  plus  étroite  en  arrière  qu'en  avant ,  dans  la- 
quelle  on  n'observe  presque  plus  trace  de  séparation  des  segments;  le  Iroi- 
sième  segment,  toutefois ,  présente  à  droite  et  à  gauche  deux  saillies  arrondies 
larges  et  peu  élevées,  tandis  que  les  deux  suivants  n'ont  qu'une  saillie  mé- 
diane unique.  Le  cinquième  article  est  un  peu  plus  long  que  large;  il 
est  bien  plus  étroit  que  les  deux  premiers  articles,  et  sa  longueur  est  plus 
grande  que  celle  des  deux  réunis.  Le  telson  est  plus  court  et  arrondi  en  ar- 
rière. 

Cette  espèce  appartient  au  même  groupe  que  TA',  rujvlosa,  mais  elle  se 


—  300  — 

distingue  de  cette  dernière,  de  même  que  des  trois  autres  espèces  voisines 
(E.  micropkthalma  Smith,  E.  ciliattfrons  Faxon  et  E.  lata  Rathbun),  par  la 
forme  de  son  front,  dont  les  dents  externes  sont  à  peine  indiquées,  par  la 
disparition  complète  de  toute  pubescence  à  la  surface  de  son  test,  enfin 
par  les  doigts  élargis  en  palettes  de  ses  pattes  ambulatoires.  Elle  n'est  pas 
sans  analogie  avec  YE.  ciliattfrons,  mais  sa  carapace  est  beaucoup  moins 
large,  ses  doigts  préhensiles  sont  à  peine  dentés  et  la  pince  droite  est  énor- 
mément plus  développée  que  la  gauche.  Ce  dernier  caractère  la  rapproche 
à  certains  égards  de  YE.  microphthalma ,  ou  au  moins  d'un  des  spécimens 
de  cette  espèce  qu'a  décrite  M.  Smith ,  mais  elle  s'en  distingue  par  son  front 
cilié,  de  même  que  par  tous  les  autres  caractères  signalés  plus  haut. 

Deux  individus  mâles  de  cette  espèce  ont  été  trouvés,  l'un  aux  Canaries 
et  l'autre  dans  les  parages  du  banc  d'Arguin  par  83o-i  ,1 1  3  mètres. 

Ethusina  Talismani  sp.  nov. 

Cette  espèce  est  très  voisine  de  YE.  abyssicola,  dont  elle  diffère  par  les 
caractères  suivants  : 

1  °  L'épine  extra-orbitaire ,  ou  lobe  antéro-latéral ,  au  lieu  d'être  rudi- 
mentaire  comme  dans  Y  E. abyssicola,  est  toujours  remarquablement  déve- 
loppée, surtout  chez  la  femelle,  où  elle  arrive  presque  au  niveau  des  autres 
saillies  frontales; 

2°  Les  pédoncules  oculaires  sont  beaucoup  plus  réduits,  mais  leur  sur- 
face cornéenne  est  plus  grande;  absolument  invisibles  du  côté  dorsal  chez 
la  femelle,  ils  se  voient  très  légèrement  chez  le  mâle  au  fond  de  l'échancrure 
orbitaire  ; 

3°  La  carapace  est  absolument  couverte  de  fins  granules  contigus  et 
serrés ,  qui  lui  donnent  un  aspect  chagriné  et  rugueux  des  plus  caractéris- 
tiques. Dans  YE.  abyssicola,  au  contraire,  la  carapace  est  plutôt  lisse,  lui- 
sante et  n'a  que  de  rares  granulations.  Les  granulations  se  retrouvent  sur  les 
pattes  ,  où  elles  sont  d'ailleurs  plus  sensibles  au  toucher  qu'à  la  vue;  elles 
manquent  absolument  sur  les  appendices  dans  YE.  abyssicola  ; 

h"  On  ne  voit  pas  trace  de  l'aire  mésogastrique  dans  notre  espèce,  tandis 
que  sa  partie  postérieure  arrondie  est  parfaitement  distincte  dans  YE.  abys- 
sicola; 

5°  Les  doigts  des  pattes  ambulatoires  3  et  h  sont  à  peine  plus  longs 
que  le  propodite  et  profondément  cannelés  sur  leur  face  externe  aplatie;  ils 
ne  s'élargissent  pas  un  peu  vers  le  bout,  sur  cette  face,  et  ne  sont  point 
tordus.  Dans  YE.  abyssicola,  ils  sont  ordinairement  beaucoup  plus  longs 
que  le  propodite,  ils  sont  légèrement  tordus  et  se  dilatent  un  peu  vers  le 
bout,  sur  la  face  externe. 

Dans  celte  espèce,  le  dimorphisme  sexuel  rappelle  beaucoup  celui  de 
YE.  abyssicola;  les  femelles  se  distinguent  des  mâles  par  leur  carapace  plus 


—  301  — 

large,  par  leurs  pointes  frontales  plus  courtes  et  plus  obtuses,  par  le  plus 
grand  développement  de  l'épine  orbitaire  externe,  et  souvent  par  leurs  yeux 
un  peu  plus  réduits. 

Outre  ses  affinités  avec  YE.  abijssicola ,  cette  espèce  se  rapproche  aussi 
de  YE.  gracilipes  Miers.  dont  elle  se  distingue  par  ses  pédoncules  oculaires 
beaucoup  moins  longs,  par  ses  dents  extra-orbitaires  peu  ou  point  dirigées 
en  dehors,  par  sa  carapace  moins  large  et  par  les  doigts  relativement  plus 
courts  de  ses  pattes  ambulatoires.  L'E.  gracilipes  fut  trouvée  aux  Philippines 
par  le  Challenger,  par  des  fonds  compris  entre  700  et  1,^20  brasses.  Elle 
a  aussi  des  affinités  assez  étroites  avec  YE.  smithiana  Faxon,  que  Y  Albatros 
a  recueilli  au  large  de  file  des  Cocotiers  par  170-800  brasses;  elle  en  dif- 
fère d'ailleurs  par  sa  carapace  plus  rélrécie  en  avant,  par  sa  dent  frontale 
externe  plus  longue  que  l'interne,  par  ses  granulations  et  par  l'absence 
de  poils. 

LE.  Talisman!  a  été  trouvée  au  large  du  Sahara  (parages  du  cap  Ghir) 
et  aux  Açores  par  des  fonds  compris  entre  -2,000  et  2,5oo  mètres.  L'/s. 
abyssicola  est  localisée  dans  les  profondeurs  de  3, 000  à  5,5oo  mètres. 


Note  sur  un  nouveau  genre  d'AlpheidÉs, 

par  h.  coutière. 

(Laboratoires  de  MAI.  les  professeurs  Milne  Edwards  et  Bouvier.) 

Àthanopsis  platyrhynchus ,  n.  gen.  n.  sp. 

Nous  croyons  nécessaire  de  enfer  le  nouveau  genre  Athanopsis  pour 
deux  exemplaires  d'un  remarquable  Alphéidé  que  nous  avons  recueilli  à 
Djibouti.  A  côté  d'affinités  très  grandes  avec  le  genre  Allumas  en  particu- 
lier, le  crustacé  dont  il  s'agit  présente  des  caractères  propres  qui  néces- 
sitent sa  séparation  générique. 

Le  genre  Allumas  est  actuellement  représenté  par  trois  espèces  bien  dé- 
finies :  A.  nitescens  (Leach)  et  sa  variété  veloculus  (Sp.  Bâte),  A.  dimorphus 
(Ortmann)  =  A.  dispar  (H.  Coulière)  et  A.  djiboutensis  (H.  Coutière). 

Athanas  alpheoides  (Czerniawsky  )  ne  paraît  pas  devoir  être  conservé 
dans  ce  genre,  en  raison  de  ses  caractères  très  spéciaux.  Quant  à  Allumas 
mascarenicus  (Richters),  le  dessin  des  pinces  de  la  ire paire,  le  carpe  à  ar- 
ticulé de  la  ae  paire  et  la  description  de  Richters  montrent  qu'il  s'agit 
(Y Arête  dorsalis  (Stimpson). 

Allumas  est  caractérisé  par  un  rostre  long,  étroit  et  triangulaire,  et  par 
la  l'orme  de  l'orbite.  Celui-ci,  limité  en  bas  par  l'épine  antennaire ,  comprend 
constamment  une  épine  grêle,  extra-cornéenne,  et  le  plus  souvent  un 
(lenticule  supra-oculaire  de  part  et  d'autre  du  rostre.   En   outre,  l'angle 


—  302  — 

postérieur  du  pleuron  du  0°  segment  abdominal  est  articulé  et  forme  une 
épine  plate,  triangulaire  et  mobile. 

Chez  Athanopsis,  le  bord  frontal  ne  porte  d'autre  denticulation  qu'une 
très  faible  saillie  triangulaire  située  de  part  et  d'autre  du  rostre ,  et  cor- 
respondant à  la  dent  supra-oculaire  (V Allumas.  Cette  saillie  recouvre  les 
yeux,  qui  sont  entièrement  libres  en  avant,  mais  très  peu  visibles  en  des- 
sus. 

Le  rostre  d' Athanopsis  ne  rappelle  aucune  des  dispositions  connues  chez 
les  Alpbéidés.  Il  a  la  forme  d'une  lame  verticale  arrondie  à  son  extrémité, 
incurvée  vers  le  bas,  entière  et  lisse,  se  continuant  jusqu'à  la  base  des  yeux 
par  une  très  légère  crête,  et  se  raccordant  avec  le  bord  frontal  par  une 
base  assez  large.  Il  atteint  en  avant  le  milieu  du  9  e  article  antennulaire. 

Le  stylocérite,  large,  arrondi  et  obtus,  s'étend  jusqu'au  tiers  distal  du 
même  article.  Les  fouets  antennulaires  sont  ceux  (ÏAthanas.  Le  pédoncule 
antennaire  dépasse  celui  des  antennules  de  la  longueur  de  leur  article  dis- 
tal. Il  est  toujours  plus  court  chez  Athanas.  L'écaillé  antennaire  d1 Athanop- 
sis est  large,  ovale,  munie  d'une  épine  externe  peu  apparente.  Elle  est 
égale  en  longueur  au  pédoncule  antennulaire. 

La  première  paire  de  pattes  est  absolument  semblable  à  celle  que  nous 
avons  décrite  chez  Athanas  djiboutensis.  Les  deux  exemplaires  que  nous 
possédons  sont  des  d\  nous  ne  pouvons  par  suite  dire  si  le  nouveau  genre 
montre,  comme  l'espèce  à' Athanas  en  question,  une  différence  sexuelle  dans 
la  forme  des  pinces. 

La  plus  grande  est  ovale ,  renflée ,  régulièrement  pyriforme  de  la  base  à 
l'origine  des  doigts,  sauf  deux  bandes  aplaties  situées  sur  la  face  interne 
de  la  paume  et  formant  par  leur  intersection  une  arête  un  peu  saillante. 
Les  doigts  sont  courts,  cylindriques,  courbés  en  dedans,  munis  de 
quelques  denticules  sur  le  bord  interne.  Au  repos,  l'article  tout  entier  se 
replie  dans  la  profonde  gaine  que  forment  les  bords  intérieurs  du  méro- 
podite. 

La  petite  pince  présente  à  peu  près  la  même  disposition ,  mais  elle  est 
de  taille  beaucoup  plus  petite,  et  les  doigts  sont  plus  allongés.  Les  paires 
suivantes  de  pattes  montrent  les  mêmes  dispositions  que  chez  Athanas. 
Le  carpe  de  la  2  e  paire  est  à  5  articles,  dont  le  premier  (proximal)  est 
égal  aux  k  autres;  les  méropodites  3  et  k  sont  ovales  et  renflés,  les  propo- 
dites  portent  4,5  spinules,  les  dactylopodiles  sont  simples,  grêles  et  ai- 
gus. Le  propodite  de  la  5e  paire  de  pattes  montre,  près  de  son  extrémité 
distale  interne,  deux  rangées  obliques  de  soies  courtes  et  raides. 

Comme  chez  Athanas,  Arête,  Alpheopis,  le  pleuron  rudimentaire  du 
6e  somite  abdominal  est  articulé  par  une  suture  transversale.  11  n'y  a  pas 
de  tubercules  anaux. 

La  formule  branchiale  est  celle  A' Athanas  et  comprend  5  plb.  Les  ma- 
xillipèdes  externes  ne  portent  pas  d'arthrobranchie;  ils  ont,  ainsi  que  les 


—  303  — 

3  paires  suivantes  d'appendices,  un  épipodite  eu  crochet.  Cette  disposition 
est  également  celle  à'Alhanas. 

2  spécimens  d  recueillis  à  marée  basse,  très  près  du  rivage,  sous  des 
pierres  à  demi  enfoncées  dans  le  sable. 

Incolore,  sauf  quelques  traces  très  faibles  de  pigmentation  rouge,  en 
bandes  transversales. 

Longueur  du  céphalothorax 'i  """  a5 

Grande  pince,  longueur  totale 3        5o 

longueur  des  doigts i        oo 

Petite  pince,  longueur  totale >         5o 

longueur  des  doigts o        5o 

La  forme  si  caractéristique  du  rostre  sulîil  à  distinguer  Athanopsis  de 
Ions  les  Alphéide's  connus.  La  forme  du  bord  frontal,  la  longueur  des  pé- 
doncules an  le  inaires  sont  d'autres  caractères  qui  différencient  Athanopsis 
([' ' Allumas,  mais  le  rapprochent  tfAlpheopsis  et  de  Jousseaumea.  Dans  ces 
deux  genres,  en  effet .  le  front  est  également  tridenté  et  les  yeux  visibles 
en  avant.  Mais  leur  formule  branchiale  est  différente,  et  aucun  ne  possède 
le  rostre  vertical  caractéristique. 

Ithanopsis  apparaît  donc  comme  une  nouvelle  forme  reliant  de  façon 
remarquable  Allumas  aux  deux  genres  Jousseaumea  et  Alpheopsis,  et  par 
ceux-ci  au  genre  Alpkeus. 


\<JTE  SUll  QUELQUES  AlPHEES  NOUVEAUX 

PAR   H.  COUTIÈRK. 

(Laboratoires  de  MM.  les  professeurs  Miene  Edwards  et  Bouvier.) 

Alpheus  cristatus  n.  sp. 

Cette  espèce,  très  voisine  de  A.  bidens  (H.  M.  Edwards)  [Palsemon  bi- 
dens, Olivier),  s'en  distingue  facilement  par  les  caractères  suivants  : 

Le  rostre  s'étend  jusqu'au  milieu  du  2°  article  antennulaire,  il  se  pro- 
longe en  arrière  jusqu'au  tiers  postérieur  du  céphalothorax  en  une  carène 
tressaillante,  interrompue  par  deux  fortes  épines.  La  première  est  située 
immédiatement  à  la  base  des  capuchons  oculaires,  elle  est  dirigée  en  avant 
et  se  raccorde  inférieuremenl  avec  la  crête  médiane  assez  faillie  du  rostre. 
De  part  et  d'autre  de  cette  épine  partent  les  bords  très  nets,  presque  tran- 
chants, qui  limitent  du  coté  interne  les  capuchons  oculaires  et  forment 
entre  ceux-ci  et  le  rostre  une  profonde  dépression.  L'épine  triangulaire  si- 
tuée chez  1.  bidens  à  la  base  «les  capuchons  et  si  caractéristique  de  celle 
espèce  est  absente  chez    I.  cristatus. 


—  304  — 

En  outre,  le  bord  antérieur  frontal  présente  de  part  et  d'autre  du  rostre 
une  longue  épine  grêle  qui  manque  chez  A.  bidens.  Gomme  chez  ce  der- 
nier, les  voûtes  orbitaires,  très  saillantes,  montrent  en  avant  une  dent  ob- 
tuse bien  nette,  mais  jamais  épineuse. 

Par  tous  les  autres  détails,  A.  cristatus  rappelle  très  étroitement  A.  bi- 
dens. 

1  spécimen  9  de  Thursday-Island  (M.  Lix).  Longueur  totale,  de  la 
pointe  du  rostre  à  l'extrémité  du  telson  :  o  m.  026. 

A.  trideniatus  (Zen limer,  Rev.  suisse  de  zool.,  II,  1893)  n'est  autre  que 
A.  bidens.  Le  type  d'Olivier,  que  possède  le  Muséum  de  Paris,  manque  de 
sa  grande  pince,  mais  deux  spécimens  très  complets  que  nous  avons  pu 
étudier  au  British  Muséum  nous  ont  montré  la  parfaite  exactitude  du  des- 
sin de  cet  appendice  donné  dans  YHtstoire  naturelle  des  Crustacés  (pi.  XXVI V, 
tig.  11).  Par  contre,  le  carpe  delà  20  paire,  inexactement  figuré,  est  à 
5  articles ,  comme  chez  tous  les  Alphées. 

Alpheus  paragracilis  n.  sp. 

Cette  espèce  est  très  voisine  de  A.  gracilis  (llcller)  et  de  .1.  dentipes 
(Guérin). 

Le  bord  frontal  rappelle  A.  denlipcs.  Le  rostre,  toutefois,  est  plus  long 
que  les  épines  triangulaires  et  obtuses  des  voûtes  orbitaires.  Le  rostre  ne 
s'étend  pas  en  arrière  au  delà  de  la  base  des  yeux  et  ne  présente  pas  de 
crête  médiane  saillante  comme  chez  A.  gracilis. 

L'épine  antennaire  basale,  plus  longue  que  chez  l'une  et  l'autre  espèce, 
atteint  le  tiers  dislal  du  2e  ariicle  antennulaire;  elle  est  en  outre  visible 
lorsqu'on  regarde  l'animal  ea  dessus,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  A.  gracilis 
et  denlipes. 

La  grande  pince  montre  une  remarquable  transition  vers  la  forme  si 
curieuse  qu'elle  affecte  chez  A.  dentipes.  Le  bord  supérieur  est  fortement 
dévié  en  dehors  du  plan  médian  de  la  paume,  et,  des  deux  sillons  qui  le 
limitent,  l'interne,  sans  être  situé,  comme  chez  A.  dentipes,  dans  ce  plan 
médian,  s'en  est  beaucoup  rapproché  par  suite  de  la  torsion  distale  du 
membre.  Le  sillon  externe,  beaucoup  plus  profond  et  plus  étendu,  limite, 
comme  chez  À.  dentipes,  un  lobe  saillant  dont  le  bord  inférieur  obtus  se 
raccorde  avec  une  faible  constriction  située  à  la  base  du  doigt  fixe.  Ces  dis- 
positions, à  peine  indiquées  ou  absentes  chez  A.  gracilis,  sont  au  con- 
traire exagérées  chez  A.  dentipes,  où  les  deux  sillons  interne  et  externe 
limitent  des  lobes  terminés  en  pointe  aiguë  et  où  le  doigt  mobile,  par 
suite  de  la  torsion  très  forte  de  la  pince,  est  devenu  tout  à  fait  horizontal. 

Comme  chez  A.  gracilis  et  dentipes,  les  dactylopodites  des  paires  3,  k 
et  5  portent  une  griffe  accessoire  ventrale.  Les  méropodites  des  paires  3 
et  h  montrent  à  leur  bout  distal  inférieur  une  dent  triangulaire  très  nette, 
mais  beaucoup  moins  forte  que  chez  A.  dentipes. 


—  305  — 

Un   unique   spécimen  9,  provenant  de  J'ile  Tague  (Commandant  du 

Lutin)  : 

Longueur  du  céphalothorax,  jusqu'à  la  pointe  du  rostre. .k  5o 

Longueur  de  la  grande  pince G       5o 

Hauteur  maxima 2        no 

Alpheus  Heurteli  n.  sp. 

Alpkeus  crinitus  (Dana),  A.  Ascencionis  (Orlmann),  A.  spongiamm 
(H.  Coutière)  et  A.  Heurteli,  la  nouvelle  forme  que  nous  décrivons,  sont 
extrêmement  voisines  et  ne  forment  probablement  que  des  trracesi  d'une 
même  espèce. 

A.  Heurteli  se  distingue  de  A.  crinitus  typique  par  les  points  suivants  : 
l'espace  compris  entre  les  voûtes  orbitaires  forme  une  sorte  de  triangle  à 
sommet  très  obtus,  marqué  par  la  pointe  du  rostre ,  qui  se  prolonge  en  une 
crête  jusqu'à  la  base  des  yeux.  Chez  A.  crinitus,  le  rostre  est  plus  distinct 
et  la  région  orbitaire  moins  saillante  en  avant. 

L'écaillé  antennaire  ne  dépasse  pas  l'extrémité  distale  du  deuxième  article 
antennulaire,  et  son  épine  externe  atteint  à  peine  l'extrémité  du  pédoncule 
des  mêmes  appendices. 

La  grande  pince  montre  une  remarquable  différence  sexuelle. 

Celle  des  <3  diffère  déjà  de  crinitus  en  étant  plus  grêle,  surtout  à  l'extré- 
mité distale,  où  le  doigt  mobile  dépasse  largement  en  avant  l'extrémité  du 
doigt  fixe. 

Chez  les  9,  la  paume  est  beaucoup  plus  grêle,  de  forme  cylindrique, 
avec  des  bords  parallèles;  en  outre,  le  volume  de  la  pince  est  beaucoup 
moindre  que  chez  les  mâles. 

La  deuxième  paire  a  les  deux  premiers  articles  du  carpe  subégaux.  Le 
méropodite  de  la  troisième  paire  est  seul  épineux  à  son  extrémité  distale. 

5  9  et  h  d\  baie  de  Fernando-Velosa  (M.  Heurtel). 

Longueur  du  céphalothorax  d'un    d* 6'nm  00 

Longueur  de  sa  grande  pince 9       00 

Diamètre  maximum 3       5o 

Longueur  du  céphalothorax  d'une    Ç 5       55 

Longueur  de  sa  grande  pince 5      00 

Diamètre  maximum 1       00 

A.  Ascencionis  (Ortmann,  Décap.  der  Plankton  Eocpéd.,  p.  lik,  1898) 
parait  ne  différer  des  9  de  A.  Heurteli  que  par  l'absence  d'épines  mérales 
sur  les  paires  3  et  k  (ile  de  l'Ascension). 

A .  crinitus  (Dana)  est  très  largement  distribué;  nous  en  possédons  des 
spécimens  du  Cap  et  de  Basse-Californie ,  ces  derniers  parfaitement  typiques , 
dus  à  M.  Digue  t. 

A.  spongiamm,  (H.  Coutièra,  Bull,  du  Muséum,  1897,  n°  6,  p.  ^36) 
est  de  Djibouti. 

Muséum.  —  111.  aa 


—  306  — 

Alpheus  platydactylus  n.  sp. 

Nous  ne  possédons  pas  un  nombre  suffisant  d'exemplaires  de  cette  forme 
pour  établir  de  façon  absolue  sa  valeur  spécifique.  Notre  conviction  est 
qu'ils  agit  d'une  simple  variété  de  A.  megacheles  (Hailstone)  =  A.  Edwardsi 
(H.  M.  Edwards)  =  A.  plalyrhymhus  (Heller). 

Le  rostre  et  les  épines  oculaires ,  ces  dernières  surtout ,  sont  pins  allon- 
gées que  chez  A.  megacheles;  les  pédoncules  des  deux  paires  d'antennes 
sont  égaux  en  longueur,  plus  grêles  et  plus  allongés  que  dans  le  type. 

La  différence  caractéristique  porte  sur  la  forme  des  pinces.  La  plus 
petite  est  beaucoup  plus  grêle  que  cbez  A.  megacheles,  ses  bords  sont  paral- 
lèles et  ses  doigts  cylindriques,  plus  longs  que  la  paume. 

Le  doigt  mobile  de  la  grande  pince  —  déjà  très  élargi  cbez  A.  mega- 
cheles et  venant  s'appliquer  contre  le  doigt  fixe,  non  pas  de  haut  en  bas, 
mais  presque  horizontalement  —  est  chez  A.  ptatydactyks  absolument 
foliacé,  tranchant,  avec  un  bord  antérieur  presque  vertical.  Son  bord  in- 
terne ne  porte  aucun  tubercule  mousse  pénétrant,  comme  chez  la  plupart 
des  Alphées,  dans  une  cavité  correspondante  du  doigt  mobile.  Cette  cavité 
se  réduit  ici  à  un  sillon  obtus  largement  ouvert,  limité  sur  la  face  interne 
par  une  forte  deut  triangulaire  que  contourne,  en  se  courbant,  le  doigt 
mobile.  Celui-ci  vient,  lorsqu'il  est  fermé,  s'appliquer  sur  la  pointe  du 
doigt  fixe ,  très  court  et  presque  vertical  ;  a  son  extrémité  se  trouve  un  tu- 
bercule mousse,  ovale,  situé  un  peu  latéralement  par  suite  d'une  seconde 
et  brusque  courbure.  Lorsque  la  pince  est  fermée ,  ce  tubercule  se  trouve 
en  dehors  de  la  pointe  du  doigt  fixe  et  du  côté  externe. 

Certains  spécimens  de  A.  megacheles  montrent  une  tendance  à  cette 
disposition  par  l'aplatissement  de  leur  doigt  mobile  et  le  faible  volume  de 
la  saillie  du  bord  inférieur.  Il  est  probable  qu'une  série  suffisamment  éten- 
due montrerait  des  transitions  encore  plus  nettes. 

5  exemplaires  du  Talisman,  îles  du  Cap  Vert  (70  mètres). 

5  exemplaires  du  Travailleur  (dragages  n05  8,  9  et  lu,  de  100  à 
000  mètres). 

■2  exemplaires.  Dragages  de  la  Princesse  Alice  (S.  A.  S.  le  Prince  de  Mo- 
naco). Stations  866  et  88-2  (100  —  600  mètres). 


Sur  la  présence  du  TIeniarhynchus  saginatus    Weisl.  (TjEma  me- 

DIOCANELLATA     Kùdl  ;     T.ENIA     1NERME     Ai'GT.)    CBEZ     U  V     ENFANT    DE 
QUATRE  AÏS  S, 

PAR  LE  Dr  A.-T.    DE   RoCHEBRUNE. 

On  sait  depuis  longtemps  que  les  enfants,  comme  les  adultes,  peuvent 
être  atteints  de  Tœnias,  et  que,  dans  la  majorité  des  cas,  aucun  caractère 


—  307  — 

symptomatologique  no  vient  déceler  chez  eux  la  présence  des  parasites. 
Une  récente  observation,  tout  en  permettant  d'affirmer  une  fois  de  plus 
ces  faits,  nous  a  présenté  des  particularités  dignes  de  fixer  l'attention. 

Observation.  —  Dans  le  courant  du  mois  do  juillet  dernier,  le  jeune  Raoul  X.  .  . 
est  amené  par  sa  mère  à  notre  consultation  ;  l'enfant,  âgé  de  quatre  ans,  n'a  jamais 
eu  qu'une  rougeole  bénigne  remontant  à  un  an  et  demi  environ;  il  est  fort,  bien 
constitué,  de  caractère  enjoué,  il  n'accuse  aucun  malaise,  si  ce  n'est  de  se  sentir 
mouillé  (sic!)  «  Cette  sensation,  nous  dit  sa  mère,  est  suivie  de  la  chute  d'un  ou 
de  plusieurs  petits  fragments  blancs  et  aplatis. r> 

Une  remarque  que  nous  avons  fréquemment  faite,  étant  nous-même 
porteur  depuis  vingt  ans  d'un  Tœnia  inerme  contracté  au  Sénégal,  re- 
marque dont  aucun  des  auteurs  consultés  ne  fait  mention,  c'est  la  sensation 
accusée  par  l'enfant  à  la  sortie  spontanée  des  proglottis.  Celte  sensation  est 
produite  par  un  liquide  assez  abondant,  d'un  blanc  opalin,  sécrété  par  les 
proglottis  mêmes,  et  dont  ils  laissent  des  traces  manifestes  quand,  aussitôt 
après  leur  expulsion,  ils  exécutent  les  contractions  si  bien  décrites  par  le 
professeur  Laboulbène  (Bull,  thér.,  t.  XCII,  p.  6/12).  Ce  liquide  tient  en 
suspension  des  myriades  d'œufs,  visibles  à  un  faible  grossissement. 

Au  cours  de  la  consultation,  l'enfant  rend  deux  proglottis;  l'examen  immédiat 
démontre  qu'ils  appartiennent  sans  conteste  au  Tfeniarhynehu»  taginatut  Weinl.; 
l'origine  de  l'Helminthe  n'est  pas  douteuse;  le  jeune  X..  .  mange  fréquemment  et 
avec  plaisir  de  la  viande  de  Bœuf  grillée  et  saignante. 

Le  cvcle  biologique  du  Tœnia  inerme  est  trop  connu  pour  qu'il  soit  utile 
d'en  résumer  ici  les  diverses  phases. 

La  mère  a  soin  de  nous  faire  remarquer  qu'invariablement,  toutes  les  lois  que 
le  premier  déjeuner  de  l'enfant  est  composé  de  lait,  les  selles  de  la  journée  sont 
remplies  de  proglottis,  tandis  qu'elles  en  contiennent  à  peine  lorsque  ce  premier 
déjeuner  consiste  en  tout  autre  aliment  :  soupe,  chocolat,  etc. 

Bérenger-Féraud ,  dans  ses  Leçons  cliniques  sur  les  Tœnias  de  l'homme 
(p.  348),  a  préconisé  w comme  un  bon  moyen  de  préparation,  avant  de 
tenter  l'expulsion  du  Tœnia  par  un  tœnifuge,  de  soumettre  le  patient  h  un 
régime  laclé  :  lait  pur,  lait  et  pain,  riz  au  lait,  crèmes,  etc.;  il  semble, 
dit-il,  que  le  Ver  soit  plus  accessible  à  l'action  du  taenifuge  lorsqu'il 
vient  à  se  trouver  au  contact  d'un  chyme  abondant  formé  de  laitage*. 

Le  traitement  des  Tœnias  offre  un  certain  nombre  de  difficultés;  l'in- 
gestion du  médicament  :  Kousso,  Fougère  mâle  ou  Pellctiérine,  toujours 
répugnante  pour  l'adulte,  devient, raison  de  plus,  presque  impossible  pour 
l'enfant;  en  second  lieu,  l'administration  de  ce*  médicaments  n'est  pas 
exempte  de  dangers,  la  Pelletiérine  surtout,  même  rhez  l'adulte,  à  [dus 
forte  raison  chez  des  organismes  doués  d'une  grande  susceptibilité;  enfin, 
dans  bien  des  cas,  l'action  des  lœnifuges  est  incertaine:  ils  n'entraînent  pas 


a  -i 


—  308  — 

toujours  l'expulsion  des  Cestoïdes;  il  faut  recommencer  plusieurs  fois,  sans 
succès  absolu  certain;  ce  sont  donc  autant  d'inconvénients  difficiles  à  sur- 
monter, particulièrement  dans  la  médecine  infantile. 

Devant  ces  multiples  obstables  dont  l'importance  était  capitale  dans  l'espèce, 
réfléchissant  à  la  coïncidence  étroite  existant  entre  l'action  du  lait  sur  l'enfant 
soumis  à  notre  examen  et  le  moyen  préparatoire  préconisé  par  notre  savant  con- 
frère de  la  Marine,  nous  crûmes  qu'il  était  sage,  en  attendant  d'administrer  l'un 
ou  l'autre  des  tœnifuges  en  usage,  d'observer  le  jeune  sujet  pendant  quelque  temps 
et  nous  conseillâmes  à  la  mère  de  soumettre  son  fils  à  un  traitement  lacté  ab- 
solu ,  l'engageant  à  nous  tenir  au  courant  des  phénomènes  qui  viendraient  à  se 
manifester. 

L'enfant  étant  parti  pour  la  campagne,  nous  le  perdîmes  de  vue,  lorsque,  tout 
dernièrement , il  nous  fut  ramené;  la  mère  nous  montra  plusieurs  mètres  de  Tœnia, 
qu'il  avait  spontanément  rendus  pendant  son  absence;  le  traitement  lacté  avait 
été  scrupuleusement  suivi  et,  depuis  le  i5  septembre,  aucun  proglottis  ne  s'est 
encore  montré. 

H  serait  prématuré  de  conclure  de  ce  cas  particulier  à  l'action  taenifuge 
du  lait;  d'abord,  nous  n'avons  point  constaté  sur  les  longues  portions  de 
Tœnias  examinés  la  présence  du  scolex  ou  segment  fixateur  (E.  Perrier, 
Trait,  de  Zool.,  p.  181 1),  indice  certain  de  son  évacuation  complète;  d'autre 
part ,  un  seul  exemple  ne  suffit  pas  pour  autoriser  à  être  affirmatif  ;  c'est 
une  tentative  qui  parait  avoir  réussi  en  partie,  et  rien  de  plus;  néanmoins 
il  semble  que  devant  un  traitement  aussi  simple,  aussi  facile  à  suivre,  il 
ne  serait  pas  rationnel  d'en  rejeter  l'emploi. 

En  présence  de  succès  non  discutables,  nous  attribuerions  l'expulsion 
des  Taenias  non  pas  au  lait  lui-même,  mais  à  son  acide  lactique. 

En  effet,  on  sait  qu'arrivé  dans  l'estomac,  le  lait  se  coagule  sous  l'action 
de  l'acide  gastrique,  puis  la  caséine  insoluble  qui  en  résulte  se  transforme 
en  pepto-caséine  soluble;  le  suc  gastrique  continuant  d'agir  comme  fer- 
ment sur  la  lactose,  le  lait  fermente  et  il  se  développe  de  l'acide  lactique 
(Dujardin-Beaumetz,  Clin,  ther.,  1. 1,  p.  288).  Cette  digestion,  bien  avancée 
dans  l'estomac,  s'achève  complètement  dans  l'intestin,  par  l'action  du  suc 
pancréatique. 

On  sait  également  que  Mendel  (Rev.  Méd.  Chir.  de  Vienne,  février 
1877)  et  Jerusalinsky  (The  Dubl.  Journ.  of.  Med.  Se,  juillet  1877)  ont 
démontré,  à  l'aide  de  nombreuses  expériences,  les  effets  hypnotiques  de 
l'acide  lactique. 

Dans  ces  circonstances,  on  serait  fondé  à  supposer  qu'à  la  suite  de  co- 
pieuses ingestions  de  lait,  par  conséquent  du  développement  de  quantités 
notables  d'acide  lactique,  son  action  hypnotique  s'exerçant  sur  le  Tœnia 
parviendrait  à  vaincre,  tout  au  moins  momentanément,  l'adhérence  du 
scolex  fixateur  et  que,  dès  lors ,  le  Cestoïde  tout  entier  pourrait  être  entraîné 
par  les  mouvements  péristaltiques  de  l'intestin. 


—  309  — 

Peut-être  objectera- t-ôn,  avec  Heitzmann  (Ac.  Se.  de  Vienne,  1881)  et 
Baginsky  (Verh.  (1er  Plu/s.  Gessekch.,  mai  1882),  que  l'ingestion  de  l'acide 
lactique  peut  donner  lieu  aux  phénomènes  essentiels  du  rachitisme  et  de 
l'osléomalacie? 

A  cela,  il  est  facile  de  répondre  que,  dans  les  essais  que  nous  proposons, 
la  durée  du  traitement  serait  trop  courte  pour  que  l'acide  lactique  puisse 
influer  sur  l'organisme  d'une  manière  lâcheuse  et  que,  surtout,  Vogt 
(Berlin,  Kïin.  Wochena ,  i885,p.  ^3)  a  démontré  par  des  expériences 
de  contrôle  que  les  assertions  de  Heitzmann  et  Baginsky  n'étaient  pas 
fondées. 

Du  reste,  ayant  institué  des  expériences  sur  le  Chien,  dans  l'intestin 
duquel  vivent  en  si  grand  nombre  le  Diphylidium  caninum  Leuck.  (Tœnia 
canina  Lin.),  nous  espérons  faire  connaître  dans  un  avenir  prochain  le 
résultat  de  nos  investigations,  aussi  bien  sur  l'action  supposée  taenifuge  de 
l'acide  lactique  que  sur  son  influence  dans  l'accroissement  des  os;  peut-être 
pourrons-nous  alors  poser  des  conclusions  fermes? 


Sur  quelques  coquilles  de  Lamellibranches  de  l'Île  Stewart, 

par  Félix  Bernard. 

Les  sables  de  dragage  recueillis  en  1876  par  M.  Filhol,  a  l'île  Ste- 
wart. près  de  la  Nouvelle-Zélande,  par  35  brasses,  contiennent  un  grand 
nombre  de  petites  coquilles  de  Lamellibranches,  qui  présentent  un  certain 
intérêt.  J'ai  décrit  antérieurement  plusieurs  espèces  nouvelles,  appartenant 
aux  genres  Condylocardia,  Hochstelteria  et  Philobrya.  Je  décris  ici  d'autres 
formes  dont  quelques-unes  me  semblent  nouvelles.  La  faune  dés  petites 
espèces  des  mers  australes  n'a  pas  été,  en  effet,  très  souvent  étudiée,  et 
les  descriptions  des  charnières,  en  pareil  cas,  pèchent  fréquemment  sous 
le  rapport  de  la  précision;  aussi  ne  serait-il  pas  impossible  que  les  formes 
en  question  n'aient  été  rattachées  à  quelque  genre  préexistant  avec  lequel 
elles  n'aient  en  réalité  que  peu  de  rapports. 

Je  donne  ici  seulement  la  diagnose  détaillée,  indiquant  très  brièvement 
les  aflînités  possibles.  Je  connais  avec  tous  les  détails  désirables  le  dévelop- 
pement de  ces  espèces,  qui  sont  particulièrement  instructives  à  cet  égard; 
je  décrirai  ces  faits  nouveaux  dans  le  travail  général  que  je  publierai  très 
prochainement  sur  tout  le  groupe  des  Lamellibranches. 

Je  ne  crois  pas,  dans  le  cas  où  je  ne  connais  qu'une  espèce  de  chaque 
genre,  pouvoir  donner  séparément  une  diagnose  du  genre  et  de  l'espèce, 
ce  qui  serait  préjuger  de  variations  spécifiques  que  je  ne  connais  pas;  ce  tra- 
vail sera  facile  à  qui  trouvera  une  seconde  espèce,  et  alors  il  aura  un  sens 
qui.  sans  cela,  lui  ferait  défaut. 


—  310 


Les  notations  employées  sont  expliquées  dans  diverses  notes  antérieures, 
en  particulier  dans  Bull.  Soc.  Géol.  France,  3e  série,  t.  XX111,  i8g5, 
p.  116  et  clans  le  Journal  de  Conchi/liologie,  1896,  11°  3  (Condijlocardia , 
p.  8). 

Famille  ERYClNlDiE. 

Geniîk   Pachykellya   gen.  nov. 

1.   Pachykellya  Edwardsi  sp.  nov. 

Coquille  très  petite,  équivalve,  inéquilatérale ,  plus  haute  que  longue, 
allongée  antérieurement.  Crochets  fortement,  prosogyres.  Test  très  épais, 
luisant.  Pas  de  cavité  mnhonale  ;  le  plateau  cardinal  est  un  simple  épaisis- 
senient  du  test  interrompu  sous  le  crochet  pour  loger  le  ligament  purement 
interne.  Impressions  musculaires  très  fortement  marquées,  l'antérieure 
[dus  éloignée  du  sommet.  Une  crête  rectiligne  saillante  va  obliquement 
de  l'extrémité  dorsale  de  l'impression  antérieure  à  la  lame  dentaire  du  côté 
opposé. 

L. 
-AO 


Fig.  1 .  ■ —  Pachykellya  Edwardsi  sp.  nov. 
Grossi  environ  5o  t'ois. 

Une  paire  de  lames  dentaires  de  chaque  côté  à  chaque  valve  :  c'est  le  ca- 
ractère le  plus  important  du  genre.  Elles  sont  à  peu  près  parallèles  à  chacun 
des  bords  de  la  coquille, les  antérieures  plus  allongées  que  les  postérieures. 
Les  lames  dorsales  (AH ,  PII ,  A  III,  PHI)  ont  leur  extrémité  supérieure 
recourbée  en  crochet  autour  des  lames  sous-jacenles.  Les  lames  les  plus  dor- 
sales sont  à  la  valve  droite  (AIII  etPIH);  les  pins  ventrales,  à  la  valve 
gauche  (AO,  PO);  ces  dernières  ne  sont  pas  représentées  habituellement 
chez  le  autres  Lamellibranches  Hétérodontes;  ce  sont  les  moins  saillantes; 
elles  occupent  le  bord  inférieur  de  l'épaississement  cardinal. 

La  coquille  est  très  étroite  à  son  sommet,  où  se  voit  une  petite  prodisso- 
conque  globulaire;  le  côté  antérieur  est  plus  oblique;  les  deux  cotés  sonl 
régulièrement  arrondis.  Petites  côtes  concentriques  très  serrées. 

Longueur  :  1  millimètre.  —  Hauteur  :  2  millimètres. 

Malgré  sa  petite  taille,  cette  coquille  me  paraît  adulte;   en  tous  cas, 


—  311    — 

je  ne  connais  aucun  Lamellibranche  dont  un  stade  embryonnaire  ressemble 
à  ce  type. 

Famille  mactridés? 

Genre  C'yaiuîomactra  gen.  nov. 

2.    Cyamiomactra  problematica  sp.  nov. 

Coquille  petite,  équivalve,  inéquilatérale,  <le  forme  analogue  à  celle 
des  Mactres.  Ligament  interne  mais  très  oblique,  presque  marginal.  Im- 
pressions musculaires  peu  marquées;  impression  palléale  peu  distincte, 
probablement  entière. 


Fig.  a.  —  Cyamiomactra  problematica  n.  sp. 

Grossi  20  fois 


Valve  gauche.  —  En  avant  du  ligament  :  i°  une  dent  centrale  (2),  for- 
tement repliée  en  deux  branches  dont  le  sommet  n'atteint  pas  le  bord  dor- 
sal; 2°  deux  dents  divergentes  (âa,  âb),  situées  de  part  et  d'autre  de  la 
précédente,  écartées,  égales. 

I  aîve  droite.  —  En  avant  du  ligament  :  deux  dents  divergentes,  unies 
au  sommet  (3a  et  3b),  l'antérieure  bifide.  —  Aux  deux  valves,  dents  la- 
térales antérieures  et  postérieures  très  nettes  dans  le  jeune  Age,  moins  in- 
distinctes chez  l'adulte. 

Prodissoconque  très  grande  (5  millimètres),  à  charnière  roctiligne,  sem- 
blable à  celle  de  Laseea  et  de  Modioldrca.  Forme  de  Mactra,  atténuée  en 
avant,  subtronquée  en  arrière.  Test  lisse,  mince,  épiderme mince,  couleur 
jaunâtre. 

Celte  coquille,  par  sa  charnière,  peut  sembler  très  rapprochée  des  Mac- 
tridés, surtout  à  cause  de  la  dent  2  de  la  valve  gauche,  profondément  bi- 
fide,  où  ne  s'intercale  aucune  dent  de  la  valve  droite.  Mais  l'examen  de  la 
série  complète  des  Mactridés,  que  je  publierai  ultérieurement,  me  montre 
des  différences  importantes  qui  ne  s'expliquent  pas  par  l'hypothèse  d'un 
stade  arrêté  du  développement.  D'autre  part,  la  charnière  se  montre  ana- 
logue à  celle  de  Cyamium  (C  antarcticum  Phil.),  qui  diffère  surtout  par 
l'absence  de  kb;  la  forme  générale  est  d'ailleurs  très  différente,  Cyamium 


—  312  — 

étant  beaucoup  plus  allongé.  Ce  genre,  mal  connu  jusqu'ici,  est.  à  cause 
de  son  ligament  interne,  placé  en  général  parmi  les  Erycinidés,  dont  il 
diffère  pourtant  grandement. 

Ces  questions  seront  discutées  et  le  développement  décrit  complètement. 
Malheureusement,  je  ne  puis  me  prononcer  absolument  sur  l'absence  de 
sinus  palléal  qui  me  parait  probable. 

Longueur  :  h  millim.  5.  —  Hauteur  :  3  millimètres. 

Genre  Perrierina  gen.  nov. 

3.  Perrierina  taxodonta  sp.  nov. 

Coquille  petite,  oblongue,  équivalve,  inéquilatérale,  allongée  en  arrière. 
Contour  régulièrement  arrondi.  Ligament  interne,  oblique  en  arrière.  Im- 
pressions musculaires  et  palléale  indistinctes.  Plateau  cardinal  très  étroit. 


« 


Fig.  3.  —  Perrierina  taxodonta  n.  sp. 
Grossi  26  fois. 


Dents  cardinales.  —  A  la  valve  gauche  :  i°une  dent  centrale  (2),  ar- 
quée, n'atteignant  pas  le  sommet  et  située  au  bord  ventral  du  plateau  car- 
dinal; 20  de  chaque  côté,  une  dent  arrivant  au  bord  dorsal,  mais  ne  rejoi- 
gnant pas  l'autre  (ùa,  âb),  l'antérieure  plus  oblique.  —  A  la  valve  droite, 
deux  dénis  divergeant  à  angle  droit,  unies  au  sommet  (3a  et  3b).  Ces 
dents  cardinales  réalisent  le  même  type  que  le  genre  précédent. 

Dents  latérales.  —  En  outre,  chaque  valve  porte,  le  long  de  son  bord 
épaissi  qui  prolonge  en  avant  et  en  arrière  le  plateau  cardinal ,  plusieurs 
crêtes  (jusqu'à  6),  plus  nombreuses  en  arrière.  Elles  apparaissent  couchées 
le  long  du  bord,  et  se  recourbent  ensuite  (AI,  AI,  AIII,  etc.).  Elles  se 
développent  après  les  dents  cardinales,  les  plus  récentes  du  côté  ventral. 


—  313  — 

De  pareilles  formations  sont  très  rares  chez  les  Hétérodontes  :  le  genre  ler- 
tiaire  II  oodia  Desh.  en  présente  d'assez  analogues.  On  peut  aussi  les  com- 
parer aux  crénelures  qui  se  voient  le  long  du  bord  dorsal  de  la  charnière 
chez  divers  Vénéridés  et  surtout  aux  dents  dysodontes  des  Mytilidés  et  des 
Philobrya,et  enfin  aux  dents  des  Taxodontes.  Ces  assimilations  ne  sont  pas 
contradictoires,  toutes  les  formations  en  question  représentant  des  stades 
variés  d'un  même  processus.  Ici  les  lames  en  question  se  présentent  avec 
les  caractères  de  lames  primitives  que  j'ai  définies  à  plusieurs  reprises; 
chacune  délies  est  l'homologue,  dans  la  même  espèce,  i°  de  la  dent  2; 
20  de  l'ensemble  des  deux  dents  3a,  3b;  3°  de  l'ensemble  des  deux 
dents  âa,  lib. 

Prodissoconque  grande  (3  millimètres),  ayant  le  caractère  de  celles  des 
formes  incubatrices. 

Forme  ovale,  régulièrement  arrondie,  crochets  peu  saillants,  faiblement 
prosogyres.  Test  lisse,  à  épidémie  mince;  couleur  jaune  pâle.  Longueur  : 
3millim.  5.  —  Hauteur  :  2  millim.  5. 

Abstraction  faite  des  dents  latérales,  la  charnière  de  ce  genre  ressemble 
beaucoup  à  celle  du  genre  précédent,  dont  elle  diffère  surtout  en  ce  que 
la  lame  2  est  plus  faiblement  repliée,  ressemblant  ainsi  davantage  à  celle 
de  Cyamium. 

Famille  ERYCINIDiE. 

Genre  Xeolepton  Monterosato. 

'-i.  Neoleptox  sAxotixEUM  Hutton  sp.  —  Kcllya  sanguinea  Hulton.  Trans- 
act.  New-Zealand  Instit.,  XVÏ,  1886. 

Je  crois  pouvoir  rapporter  à  Kellya  sanguinea  une  petite  coquille  très 
commune  dans  les  sables  de  l'île  Slewarl,  de  forme  arrondie,  globuleuse, 


V.D. 

Fig.  lt.  —  Neolepton  sanguineum  Hutton  sp. 
(irossi  3o  fois. 

subéquilalérale,  située  coneentiiquement,  blanche  avec  les  sommets  roses. 
La  charnière  décrite  très  sommairement,  comme  c'est  l'usage,  est  identique 


_  3U  — 

à  celle  de  Lepton  sulcatukm  Jeffreys,  espèce  pour  laquelle  Monternsato 
a  fondé  le  genre  Neokplon  (1875) ,  et  dont  j'ai  pu  étudier  les  types.  Elle  est 
fort  différente  à  la  fois  de  celle  He  Kellya  et  de  Lepton;  elle  a  un  grand 
intérêt  pour  la  morphologie  comparée  des  Hétérodontes,  car  elle  repré- 
sente l'un  des  stades  que  je  considère  comme  les  plus  primitifs  dans  la  série 
des  Hétérodontes,  et  c'est  en  particulier  le  point  de  départ  de  la  série 
des  formes  Gyrénoïdes.  Elle  ne  présente  aucune  différence  essentielle  avec 
celle  de  Lutetina  Munier-Chalmas  et  Véhu'n  (1876),  genre  créé  pour  une 
espèce  de  l'île  Saint-Paul  (L.  antarciica)  et  qui  contient  la  plupart  des 
espèces  tertiaires  placées  dans  le  genre  Lutetia  Desbayes. 

Plateau  cardinal  bien  développé;  ligament  interne,  sub-médian,  oblique 
en  arrière. 

Vahc  droite.  —  En  avant  :  i°  une  grosse  dent  triangulaire  (1)  au  bord 
ventral,  un  peu  étirée  en  avant,  n'atteignant  pas  le  sommet:  2°  le  long  du 
bord  dorsal ,  une  lame  mince ,  recourbée  en  crochet ,  de  manière  à  présenter 
un  segment  antérieur  3  a  et  un  postérieur  3b  qui  descend  le  long  de  la 
fossette  ligamentaire,  mais  n'atteint  pas  le  bord  a  entrai.  En  arrière,  deux 
lames  PI  et  PIII,  atteignant  le  sommet.  La  première,  plus  forte,  est  au 
bord  ventral  et  s'étend  le  long  de  la  fossette  ligamentaire;  la  seconde  est  au 
bord  dorsal. 

Valve  gauche.  —  Entre  les  lames  /et  ///  de  la  valve  droite  s'intercale 
une  lame/7,  repliée  en  crochet,  de  manière  à  former  deux  segments  •>  a 
et  2  b,  —  En  arrière,  une  seule  dent  PII  allant  obliquement  du  bord  ven- 
tral au  sommet. 

5.  Neoleptoin  antipodim  Filhol  sp.  —  Kellya  antipodum  Filhol.  C.  B. 
Acad,  Se,  t.  XCI,p.  1095  (1880). 

C'est  avec  quelque  doute  que  je  rapporte  à  Kelh//i  antipodum  Filhol  de 
petites  coquilles,  également  très  abondantes  à  file  Stewart,  qui  diffèrent 
des  précédentes  parleur  forme  beaucoup  pins  oblique  et  l'absence  de  colo- 
ration rose.  Les  caractères  correspondent  exactement  à  la  description  de 
M.  Filhol,  réserves  faites  pour  la  charnière. 

Je  l'appelle  enfin  que  j'ai  déjà  décrit,  de  la  même  provenance,  cinq 
espèces  nouvelles  :  Condylocardia  conccnlrica,  C.  crassicosta ,  Phihbrya 
costata,  P.  Filholi,  Hochstetteria  trapezina. 


3 1 5 


Recherches  sur  l'Évolution  des  dents  chez  les  Rongeurs 
par  M.  Remy  Saint-Loup. 

Dans  une  note  relative  à  l'anatomie  du  Mara  publiée  il  y  a  trois  ans10, 
j'ai  signale  les  différences  d'aspect  que  présentent  les  dents  de  cet  animal 
au  cours  de  son  développement  et  spécialement  dans  la  période  embryon- 
naire voisine  de  la  naissance. 

Le  fait  de  ces  modifications  m'a  paru  devoir  attirer  l'attention  en  raison 
des  conclusions  qu'il  semble  possible  d'en  tirer  pour  la  recherche  des  enchaî- 
nements phylogénétiques  des  Mammifères.  Aussi,  pour  pouvoir  reprendre 
ces  études  avec  des  matériaux  plus  abondants,  j'ai  suivi  le  développe- 
ment des  dents  (h\  Cobaye  donl  les  ressemblances  d'organisation  avec  le 
Mara  sont  extrêmement  étroites,  et  les  observations  suivantes  se  sont  déga- 
gées. 

Comme  chez  le  Dolichotis,  les  dents  de  l'embryon  de  Cobaye  sont  très 
différentes  de  celles  de  l'adulte;  les  molaires  n'ont  pas  d'abord  l'aspect 
typique  des  dents  dites  à  croissance  continue,  dont  la  face  supérieure  pré- 
sente une  tablette  rasée  montrant  comme  une  coupe  transverse  des  plis 
de  l'émail,  mais  avant  la  naissance  déjà,  cet  aspect  typique  se  dessine  au 
moins  pour  certaines  molaires. 

Or  il  est  admis,  et  l'expérience  journalière  confirme  cette  idée,  que  les 
dents  d'un  grand  nombre  de  Rongeurs  présentent  ainsi  une  tablette  supé- 
rieure dépourvue  de  calotte  d'émail,  parce  que,  dans  le  frottement  des  sur- 
faces appartenant  aux  dents  des  mâchoires  opposées,  l'usure  détermine  la 
destruction  continuelle  des  parties  superficielles. 

En  présence  des  faits  de  développement,  on  peut  se  demander  si  le 
caractère  acquis  par  l'effet  de  celte  action  mécanique  ne  se  transmettrait 
pas  par  hérédité,  et,  si  surprenante  que  cette  hypothèse  paraisse  au  pre- 
mier abord,  elle  mérite  cependant  l'examen. 

Chez  le  Cochon  d'Inde,  en  effet,  on  trouve  au  moment  de  la  naissance, 
alors  que  la  plupart  des  dents  ont  encore  les  extrémités  supérieures  en 
forme  de  cône,  une  i"  molaire  ayant  déjà  l'aspect  d'une  dent  rasée. 
J'ai  cru  d'abord  que  les  mouvements  des  mâchoires  avaient  pu  déterminer 
pendant  la  vie  embryonnaire  des  frottements  capables  d'user  cette  molaire 
qui  est  la  plus  précoce  et  dépasse  le  niveau  des  autres  molaires;  mais  celle 
interprétation  n'est  pas  admissible. 

En  effet  ,  la  1"  molaire  est  encore  à  ce  moment  recouverte  comme  les 
autres  dents  par  le  tissu  des  gencives,  elle  n'a  pu  avoir  aucun  contact  avec 
la  dent  antagoniste  et ,  par  conséquent,  n'a  pu  s'user  par  frottement. 

(1<  Note  sur  l'Anatomie  du  Mara  (Dolichotis  patagonica ,  Desm.)  [Bull,  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle,  i8p5.  n°  'i]. 


—  316  — 

Si  j'admets  qu'il  s'agit,  dans  cette  exemple,  de  l'hérédité  d'un  caractère 
acquis,  c'est  en  considérant  que,  pendant  l'existence  des  Rongeurs,  l'organe 
adamantin  reste  continuellement  en  activité  et  que  sa  forme  correspond  né- 
cessairement à  celle  de  la  ceinture  d'émail  qui  accompagne  la  dent  alors 
qu'elle  subit  l'usure.  C'est  cette  ceinture  de  tissu  formateur  de  l'émail  qui 
serait  atteinte  par  le  phénomène  d'usure  des  dents,  surexcitée  pour  ainsi 
dire  dans  son  activité,  et  dont  la  manière  d'être,  commandée  par  un  phéno- 
mène purement  mécanique,  serait  devenue  héréditaire. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  reste  cependant  évident  que  l'organe  producteur 
d'émail  se  modifie  dans  sa  forme  au  cours  du  développement  de  l'animal, 
et  cette  considération  suffit  pour  attirer  l'attention  sur  les  réserves  qu'il 
faut  faire  quand  on  utilise  les  caractères  dentaires  pour  les  arrangements 
systématiques. 

Il  suffit,  en  effet,  d'accélérations  ou  d'arrêts  de  développement  portant 
sur  un  ou  plusieurs  germes  dentaires  pour  produire  des  dentitions  défini- 
tives différentes  chez  des  animaux  de  même  origine,  et,  en  raison  de  l'im- 
portance que  l'on  attache  à  l'examen  des  dents  pour  la  distinction  des 
espèces ,  celte  notion  ne  peut  être  négligée. 

Je  citerai  deux  exemples  prouvant  la  réalité  du  phénomène  de  l'inégalité 
de  la  vitesse  de  formation  d'organes  dentaires  originairement  semblables  et 
des  variations  d'aspect  passagères  ou  permanentes  que  ces  inégalités  pro- 
duisent. 

L'un,  bien  connu,  est  fourni  par  le  genre  Chien.  Le  nombre  des  mo- 
laires de  l'adulte  change  suivant  les  variétés  de  Chiens;  il  est  en  relation 
avec  des  modifications  des  maxillaires  ayant  pour  effet  de  mettre  obstacle 
à  l'activité  formatrice  des  dernières  molaires.  Remarquons,  en  passant,  que 
cet  arrêt  de  développement  est  devenu  héréditaire. 

L'autre  exemple  est  fourni  par  le  Cobaye  et,  sans  doute  aussi,  par  d'au- 
tres Rongeurs.  Dans  la  période  qui  suit  la  naissance  et  jusqu'à  usure  de 
toutes  les  molaires,  la  dentition  du  Cobaye  est  morphologiquement  très  dif- 
férente de  celle  de  l'adulte.  Il  est  bien  entendu  que  nous  ne  parlons  pas  ici 
des  changements  qui  proviendraient  de  la  chute  des  dents  de  lait. 

De  plus,  on  peut  se  rendre  compte  par  l'examen  comparatif  des  mo- 
laires de  Cobaye  que  ces  dents  qui  paraissent,  par  leur  dessin,  très  diffé- 
rentes les  unes  des  autres  chez  l'adulte,  sont,  en  réalité,  toutes  du  même 
type,  les  dissemblances  n'étant  dues  qu'à  de  très  légers  changements  de 
profondeur  ou  de  direction  des  replis  de  la  ceinture  adamantine.  Les  dif- 
férences de  dessin  adamantin  peuvent  donc  s'établir  et  devenir  permanents 
alors  même  que  les  dents  qui  les  présentent  sont  originairement  d'un 
type  unique.  Enfin  nous  constatons,  d'autre  part,  que  les  plissements 
d'organes  adamantins  ayant  pour  résultat  la  formation  des  dents  dites  com- 
posées ne  sont  pas  simultanés,  mais  se  produisent  successivement  au  cours 
du  développement  de  l'individu,  de  telle  sorte  que  l'on  ne  peut  nier  l'exis- 


—  317  — 

tcnce  de  dents  compose'es.  En  d'autres  termes,  on  peut  appeler  dents  com- 
posées les  dents  complexes,  présentées  par  certains  Mammifères,  en  ce  sens 
qu'elles  résultent  des  activités  successives  de  points  végétatifs  voisins  dans 
le  tissu  adamantin.  La  distinction  entre  les  dents  composées  et  les  dents 
isolées  se  trouve  ainsi  liée  à  une  simple  question  de  distance  entre  les 
points  végétatifs  du  tissu  adamantin  et  de  synchronisme  d'activité. 

Nous  avons  du  réunir  ici,  dans  une  forme  très  brève,  les  faits  et  une 
partie  des  conclusions  tirés  de  notre  élude  sur  le  développement  des  dents, 
conclusions  qu'un  mémoire  plus  étendu  défendrait  plus  solidement  ; 
ajoutons  seulement  ici  que  nos  observations  paraissent  de  nature  à  lever 
quelques-unes  des  barrières  qui  s'opposent  a  la  démonstration  d'affinité 
entre  des  animaux  dont  les  dentitions  à  l'état  adulte  sont  très  différenciées 
les  unes  ries  autres. 


SlJH  LES   VAISSEAUX  INTRA-INTESTINAUX  DES  SÉLACIENS, 

par  M.  H.  Neuville. 
(Laboratoire  de  M.  le  professeur  Filiiol.) 

A  la  suite  des  recherches  qu'il  m'a  été  permis  de  faire  sur  les  Sélaciens, 
tant  à  bord  du  yacht  Princesse-Alice  (1896-1897)  que  pendant  mon  sé- 
jour à  Sétubal,  je  puis  conclure  à  l'existence  générale,  dans  cet  ordre  de 
Poissons,  de  vaisseaux  intra-inlestinaux  occupant  le  bord  libre  de  la  valvule 
spirale. 

J'ai  déjà  établi,  en  complétant  les  observations  de  divers  auteurs,  la  gé- 
néralité de  l'existence  de  ces  vaisseaux  chez  les  Squales,  quelle  que  soit  la 
forme  de  leur  valvule.  Mes  dernières  recherches  ont  donc  surtout  porté  sur 
les  Rajidés,  et  elles  m'ont  permis  d'y  retrouver  des  vaisseaux  intra-intesli- 
naux  occupant  la  même  situation  que  ceux  des  Squales,  mais  en  différant 
par  plusieurs  caractères  dont  je  poursuis  l'étude,  et  surtout  par  une  im- 
portance moindre. 

Dans  une  planche  accompagnant  un  travail  récent  de  P.  Mayer  (Mittheil. 
zool.  Slat.  Neapel,  1897,  12  Bd.,  h  Hft.),  on  voit  sur  le  bord  d'une  val- 
vule spirale  de  Raja  sp?,  représentée  en  coupe,  l'indication  de  canaux  qui 
doivent  certainement  être  ies  vaisseaux  intra-intestinaux.  Mais  l'auteur  n'en 
parle  ni  dans  la  légende  accompagnant  cette  planche,  ni  dans  le  texte  de 
son  travail,  consacré  exclusivement,  du  reste,  à  la  morphologie  de  la  val- 
vule. 


—  318  — 

1  STAGONISME  ESTRE  LE    VENIN  DES   VeSPID.E   ET  CELUI   DE   LA    VlPERE  : 
LE  PREMIER   VACCINE  CONTRE  LE  SECOND. 

Note  de  M.  C.  Phisalix. 

Le  venin  des  Hyménoptères  a  été  étudié  par  divers  observateurs,  entre 
autres  P.  Bert,  Carlet,  Bordas,  Langer.  D'après  P.  Bert  et  Cloëz,le  venin 
de  l'Abeille  xylocope  devrait  son  activité  à  la  présence  d'une  base  organique 
unie  à  un  acide  fixe  inconnu,  non  volatil.  D'après  Langer,  dans  le  venin 
d'Abeille,  on  trouve  une  petite  quantité  d'acide  formique,  mais  la  substance 
toxique  serait  un  alcaloïde  qui  résiste  à  la  cbaleur  et  à  la  congélation,  de 
même  qu'à  l'action  des  acides. 

S'il  existe  un  désaccord  au  sujet  de  la  composition  chimique,  il  n'en  est 
pas  de  même  en  ce  qui  concerne  l'action  physiologique.  P.  Bert.  ayant  fait 
piquer  des  Moineaux  par  l'Abeille  xylocope,  les  a  vus  mourir  par  arrêt  de 
la  respiration,  en  paralysie  complète.  Récemment,  Langer,  par  l'inocula- 
tion du  venin  d'Abeille,  a  tué  des  Lapins  et  des  Chiens  avec  des  symptômes 
analogues  à  ceux  de  l'envenimation  vipérique. 

C'est  précisément  au  point  de  vue  des  rapports  qui  peuvent  exister  entre 
le  venin  de  Frelon  et  celui  de  Vipère  que  je  me  suis  placé,  et  j'ai  recherché 
si  le  premier  ne  posséderait  pas  de  propriétés  immunisantes  à  l'égard  du 
second.  Les  résultats  que  je  vais  exposer  confirment  pleinement  ces  prévi- 
sions. 

Los  expériences  ont  été  exécutées  avec  une  solution  préparée  de  la  ma- 
nière suivante  :  ko  gros  Frelons  [V.  crabro)  ont  été  immergés  dans  ho  centi- 
mètres cubes  de  glycérine,  dans  laquelle  ils  ont  macéré  pendant  quelques 
jours. Dans  ce  même  liquide,  on  avait  également  plongé  un  certain  nombre 
de  Guêpes  communes (1). 

Evidemment,  d'autres  substances  que  le  venin  ont  pu  diffuser  dans  la 
glycérine;  mais  cela  n'a  pas  influencé  les  résultats,  du  moins  au  point  de 
vue  de  l'immunisation  contre  le  venin  de  Vipère,  car  le  liquide  clair  et  acide 
retiré  de  la  vésicule  à  venin  des  Frelons  a  produit  les  mêmes  effets  que  le 
liquide  de  macération. 

De  même  que  le  venin  vésiculaire,  le  suc  glycérine  rougit  fortement  le 
papier  bleu  de  tournesol.  Il  a  une  odeur  complexe,  forte  et  piquante,  rap- 
pelant, surtout  s'il  a  été  chauffé,  celle  de  l'acide  formique.  Ce  n'est  pas 
d'ailleurs  un  acide  minéral  :  il  n'en  possède  aucune  dos  réactions;  et  l'odeur 
de  rhum  qu'il  développe,  quand  on  le  fait  bouillir  avec  un  peu  d'acide 
sulfurique  et  d'alcool,  montre  que  l'on  a  vraisemblablement  affaire  à  l'acide 
formique. 

'"  Je  dois  les  matériaux  do  cette  étude  à  l'obligeance  do  M.  le  professeur  .1.  Cour- 
mont,  de  Lyon,  auquel  j'adresse  ici  tous  mes  remerciements. 


—  319  — 

Action  physiologique.  —  Le  venin  relire  des  vésicules  de  i5  Frelons,  ino- 
culé dans  la  cuisse  d'un  Cobaye,  a  déterminé  un  abaissement  de  tempé- 
rature de  h  degrés,  qui  a  dure  trente-six  heures.  Au  point  d'inoculation, 
il  s'est  produit  de  la  rougeur  et  de  l'œdème  qui  a  gagné  l'abdomen  et  s'est 
terminé  par  une  mortification  de  la  peau.  Dans  une  expérience  parallèle  où 
la  même  dose  de  venin  avait  été  chauffée  à  80  degrés,  pendant  vingt  mi- 
nutes, il  n'y  a  eu  aucun  accident  général ,  et  l'action  locale  s'est  traduite 
par  un  gonflement  faible  et  passager. 

Si,  au  lieu  du  liquide  retiré  de  la  vésicule  à  venin,  on  inocule,  à  la  dose 
relativement  faible  de  1  à  3  centilitres,  la  macération  glycérinée,  on  ne 
détermine  pas  de  trouble  appréciable  eu  dehors  d'un  œdème  local,  qui  gé- 
néralement disparaît  assez  vite.  Cependant,  l'organisme  des  animaux  qui 
ont  reçu  ce  venin  de  Frelon  a  subi  des  modifierions  telles ,  qu'elles  le  mettent 
en  état  de  résister,  et  c'est  là  le  fait  important  sur  lequel  je  désire  attirer 
l'attention,  a.  une  intoxication  ultérieure  par  le  venin  de  Vipère.  Celte  ré- 
sistance est  telle,  qu'un  Cobaye  ainsi  immunisé  peut  supporter,  sans  le 
moindre  danger,  une  dose  de  venin  de  Vipère  capable  de  tuer  un  témoin 
en  quatre  à  cinq  heures.  La  durée  et  l'intensité  de  celte  immunisation  va- 
rient suivant  la  dose  du  venin  de  Frelon.  Le  Cobaye  qui  a  reçu  le  liquide 
provenant  des  vésicules  à  venin  de  i5  Frelons  a  parfaitement  résisté,  au 
bout  d'un  mois,  à  l'inoculation  d'épreuve;  celui  qui  a  reçu  2  centimètres 
cubes  de  suc  glycérine  était  encore  très  bien  vacciné  au  bout  de  onze 
jours;  chez  celui  qui  n'a  reçu  que  1  centimètre  cube,  l'immunité  commen- 
çait à  s'affaiblir  vers  le  cinquième  jour;  enfin  le  Cobaye  auquel  on  a  in- 
jecté 1/2  centimètre  cube  seulement  n'est  pas  du  tout  vacciné. 

Le  venin  de  Frelon  possède  aussi  une  légère  action  antitoxique  contre  le 
venin  de  Vipère  :  inoculé  en  même  temps  que  ce  dernier,  il  relarde  consi- 
dérablement la  mort. 

Quelle  est  la  nature  de  la  substance  qui,  dans  ce  mélange  complexe, 
immunise  contre  le  venin  de  Vipère?  J'ai  essayé  de  la  déterminer  par  les 
expériences  suivantes  : 

i°  Du  venin  de  Frelon  chauffé  à  80,  1  00  et  1 20  degrés  pendant  20  mi- 
nutes a  été  inocidé  à  des  Cobayes;  après  /18  heures,  tous  ces  animaux  ont 
ré>islé  à  l'envenimation  vipérique; 

20  Du  venin  de  Frelon,  filtré  sur  porcelaine  et  inoculé  préventivement 
à  la  dose  de  3  ce.  1/2  ,  n'empêche  pas  la  mort  par  le  venin  de  \  ipère,  mais 
la  relarde  beaucoup; 

3°  Le  précipité  alcoolique  de  venin  de  Frelon  ne  produit  aucun  accident 
et  ne  possède  aucune  action  immunisante  contre  le  venin  de  Vipère; 

h"  L'extrait  alcoolique,  au  contraire,  détermine  un  œdème  accentué  et 
vaccine  contre  le  venin  de  Vipère.  Agité  avec  du  chloroforme,  il  cède  à  ce 
dernier  une  grande  partie  de  la  substance  immunisante. 


—  320  — 

La  recherche  des  alcaloïdes  dans  l'extrait  chloroformique  a  donné  des 
résultats  négatifs. 

En  résumé,  il  existe  dans  le  venin  de  Frelon  une  substance  qui  a  la  pro- 
priété d'immuniser  les  animaux  contre  le  venin  de  Vipère.  Cette  substance 
n'est  pas  détruite  par  un  chauffage  à  1 2  0  degrés  ;  elle  est  en  partie  retenue  par 
le  ûltre;  elle  est  soluble  dans  l'alcool.  Ce  n'est  pas  une  matière  albiuninoïde; 
ce  n'est  pas  non  plus  un  alcaloïde,  et  la  connaissance  de  sa  véritable  nature 
exige  de  nouvelles  recherches (1). 


Plantes  nouvelles  du  Thibet  provenant  de  la  mission  scientifique 

DE  MM.   DrjTREUIL  DE  PtHINS   ET  GliENAnD  , 

par  M.  A.  Franchet. 

Dans  une  précédente  Note  insérée  au  Bulletin  du  Muséum,  année  1896, 
page  191,  j'ai  exposé  brièvement  les  caractères  généraux  de  la  flore  des 
hauts  plateaux  du  Thibet,  dont  l'altitude  moyenne  est  de  4, 5oo  mètres  en- 
viron. Ces  caractères  peuvent  se  résumer  en  quelques  mots  :  pauvreté  de  la 
flore;  rareté  des  individus  et  réduction  extrême  dans  leurs  dimensions;  ab- 
sence à  peu  près  complète  de  végétation  arborescente.  H  n'y  a  pas  lieu 
d'insister  sur  ces  faits  bien  connus  aujourd'hui. 

Dans  cette  nouvelle  communication,  je  donne  seulement  la  description 
des  espèces  nouvelles,  au  nombre  de  onze,  qui  se  sont  trouvées  dans  la 
collection  de  MM.  Dutreuil  de  Rhins  et  Grénard;  ki  liste  complète  sera  pu- 
bliée dans  l'ouvrage  spécial  de  M.  Grénard  sur  l'ensemble  de  l'expédition 
scientifique. 

Toutes  ces  plantes  proviennent  de  la  chaîne  de  Oustoun  Tagh  et  de  celle 
de  Altyn  Tagh,  et  aussi  de  la  région  du  Keria  Daria  et  du  lac  Pankong. 

Le  soin  avec  lequel  MM.  Dutreuil  de  Rhins  et  Grénard  ont  relevé  les  al- 
titudes a  permis  d'assigner  la  hauteur  exacte,  à  10  mètres  près  en  plus  ou 
en  moins,  où  certaines  plantes  pouvaient  encore  végéter,  et  ce  résultat  n'est 
pas  le  moins  intéressant  de  leur  voyage.  Ainsi  il  semble  bien  établi  aujour- 
d'hui (pie,  dans  l'Asie  centrale  tout  au  moins,  c'est  une  composée  Cynaro- 
céphale,  le  Saussurea  Tridactylites ,  qui  atteint  le  maximum  d'altitude  de 
végétation,  soit  19,000  pieds  anglais,  c'est-à-dire  6,700  mètres  dans  la 
partie  du  Thibet  explorée  par  M.  Thorold.  MM.  Dutreuil  de  Rhins  et  Gré- 

(1>  Je  fais  appel  à  l'obligeance  des  naturalistes  pour  qu'ils  m'envoient  des  Frelons , 
des  Guêpes  ou  des  Abeilles,  soit  vivants,  soit  noyés  dans  leur  volume  de  glycérine 
pure  ou  dans  l'alcool.  Ces  Insectes  se  capturent  facilement  au  moyen  d'un  llacon 
dans  le  fond  duquel  on  met  un  liquide  sucré. 


—  321   — 

nard  relaient  des  altitudes  de  végétation  à  peine  inférieures;  par  exemple  : 
Dilophia  DutreuiK,  au  col  de  Koutas  Lik  (ait.  :  5,0oo  mètres)-,  Oxytropis 
densa  (id.);  Androsace  villosa,  var.  latifolia(id.);  Pleurogyne  Tltompsoni(icL); 
Genliana  Karelini(id.);  Carex  incurva  (id.);  plusieurs  de  ces  espèces  sont 
des  plantes  molles  el  tout  à  fait  glabres. 

Ces  données  doivent  être  consignées  avec  soin,  car  il  sera  peut-être  né- 
cessaire un  jour  de  les  comparer  avec  celles  qui  ont  été  fournies  par  le  voyage 
des  frères  Schlagintwcit,  qui  font  monter  jusqu'à  6,o38  mètres  les  limites 
altitudinales  de  la  végétation  phanérogame  dans  le  Cachemire:  mais  il  n'en 
demeure  pas  moins  acquis  que,  dans  l'Asie  centrale,  il  existe  une  zone  de 
végétation  phanérogame  supérieure  au  Mont  Blanc  de  près  de  1 ,000  mètres. 

/   Dilophia  Dutrsuili  sp.  nov.  > 

Nana;  glabra;  glaucescens  vel  tota  rubicunda;  crassiuseula;  radix  simplex;  caulis 
brevissimus  e  basi  ramosissimus;  folia  lincaria  vol  lineari-spatulata,  obtusa  circiler 

1  cent,  longa;  rami  incrassati,  nudi,  apicc  tantum  foliali,  flores  breviter  racemosi, 
quasi  umbellali,  s;ppius  3-5,  pedicellis  calyce  3-iplo  longioribus;  flores  toli  ru- 
bescenles  vel  petala  pro  maxima  parte  albida,  lineari-spatulata  sepalis  homomorpha 
et  aequilonga;  stamina  petalis  paulo  breviora  antheris  apiculatis;  silicula  suborbi- 
culata,  breviter  stipitata,  seplo  utrorpie  latere  alato,  valvis  gibbis,  gibbo  curvalo- 
ascendenle  pluricristato  vel  potins  apice  tuberculis  elevatis  6-8  adaucto;  semina 

2  ia  u  troque  loculo. 

Hab.  —  Col  de  Koutas  Lik,  altitude  :  0,600  mètres,  et  au  delà  de  Kolé 
Lding;  août  1892.     < 

C'est  une  petite  plante,  un  peu  charnue  et  rougeâlre  dans  toutes  ses 
parties;  elle  a  le  port  du  D.  ebracleala  Maxim. ,  mais  elle  est  bien  différente 
par  la  forme  de  ses  silicules  dont  les  valves  sont  renflées,  comme  bossues, 
avec  le  sommet  ascendant  portant  6  à  8  tubercules  oblongs.  La  cloison 
présente  de  ebaque  côté  une  expansion  aliforme  qui  déborde  la  valve  ;  c'est 
une  particularité  qui  ne  se  retrouve  dans  aucune  autre  espèce  du  genre. 

Caragana  polourensis  sp.  nov.u 

Frutex  bumilis,  ramulis  pubescentibus ,  cortice  rimoso;  foliota  coriacea ,  1-2  juga, 
3— h  mm.  longa,  e  basi  angusfata  subpedicellata ,  laie  obovata,  apice  obtusa  vel 
retusa,  rigide  et  longe  mucronata,  ulraque  facie  sericeo-pilosa,  petiolis  novellis  e 
pulvino  pubescente  ortis,  3-5  fasciculatis,  5-6  mm.  longis,  apicc  spinuliferis;  pe- 
liolus  aimi  prajlerili  gemmam  fovens,  indurato-spinosus,  ope  stipularum  spinam 
triparlitam  simulans,  jugis  1-2  foliornm  ex  anno  prœterilo  persistenlibus;  slipul;e 
mox  induralae,  spinosœ,  3-4  mm.  longa?;  flores  solilarii,  erecli;  pedunculus  pu- 
bescens  calycem  œquans;  calyx  5  mm.  longus  pube  brevi  adpressa  vestitus,  breviter 
dentatus,  dcnlibus  triangularibiis  anilis;  corolla  2  cent,  longa,  lutea  cum  macula 
aurantiaca  ad  basin  vexilli;  legumen  païens,  5  cent,  longum,  oblongo-lincare. 
aculum,  glabrum. 

Hab.  —  Environs  de  Polour,  sur  le  Keria  Daria  ,  altitude  :  2,58o  mètres; 
Kara  Say,  altitude  :  3, 1^10  mètres.*- 

Muséum.  —  m.  23 


—  322  — 

Port  du  Caragan  i  pygmœa  avec  des  folioles  d'une  forme  1res  différente , 
couvertes  d'une  pubescence  apprimée  et  portée  par  un  pétiole  assez  allongé 
(5-8  millimètres);  quand  il  existe  deux  paires  de  folioles,  leur  insertion 
est  très  rapprochée. 

Le  C.  polourensis  présente  la  particularité  intéressante  d'avoir  des  folioles 
qui  persistent  pendant  deux  années  sur  les  pétioles,  de  sorte  qu'on  en  re- 
trouve une  ou  deux  paires  sur  les  pétioles  indurés-spinescents  de  l'année 
précédente.  Ces  folioles  ne  diffèrent  en  rien  de  celles  qui  naissent  sur  les 
pétioles  à  peine  spinescents  de  l'année.  Je  ne  crois  pas  que  l'on  ait  encore 
signalé  cette  persistance  des  pétioles  sur  les  vieux  pétioles  dans  les  autres 
espèces  du  genre. 

Oxytropis  Granardi  sp.  nov.  > 

(Polyaden'v  Bunge.  )  -  -  Radix  lignosa  longa;  subacaulis;  pluriceps,  pulvinis 
compactis,  pubeseentia  selulosa,  densa ,  alba  obductis;  stipulas  totœ  albo-hyalin;e, 
setulis  conspers;c,  aile  cnm  peliolo  adnatae;  folia  3-5  cent,  longa,  10-12  juga, 
foliolis  parvis  (a-3  mm.  longis),  ovatis,  margine  revolulis,  setulis  glanduiisque 
obscssis,  lernato-subverlnillatis,  rachi  hirlella;  scapi  foliis  longiores,  setulis  albis 
bispidi,  eglandulosi;  bracteœ  pedicellis  longiores,  bispidœ,  ilores  sœpius  h-6  ca- 
pilato-congesti  vel  raro  broviter  spicati;  calyx  î  cent,  longus,  lubnlosus,  lubo 
glandulis  crassis  consperso,  dentibus  e  basi  subulatis  tubo  quadruplo  brevioribus 
glandulosis  et  birtellis;  corolla  calyce  duplo  longior,  purpurascens,  carina  apicc 
atro-violecea  longiter  mucronata;  ovarium  polyspermum,  vix  conspicue  glandulo- 
sum,  pubeseentia  destitutum. 

Hab.  —  Kar  Yagdé,  sur  le  Keria  Daria,  altitude  :  3,910  mètres;  1 1  août 

189a.   s 

Port  et  végétation  de  ¥0.  tibetica  Bunge  et  de  ¥0.  chîliophytta  Royle;  il 
diffère  de  ce  dernier  par  son  ovaire  dépourvu  de  villosilé  et  par  ses  feuilles 
à  folioles  bien  moins  nombreuses;  il  se  distingue  de  ¥0.  tibetica  par  son 
calice  couvert  de  grosses  glandes,  mais  tout  à  fait  glabre  du  reste  et  dont 
les  dents  sont  linéaires,  subulées  dès  la  base,  et  non  lancéolées  deltoïdes; 
par  ses  folioles  parsemées  de  grosses  glandes  couleur  de  miel. 

Oxytropis  lutchensis  sp.  nov. 

0.  Tillingu  valde  aflinis,  sed  breviter  cauiescens;  stipula;  pallid;e,  membra- 
naceœ  (nec  fuscœ),  demum  coriaceœ;  flores  paulo  minores,  probabiliter  lutes- 
centes,  nec  purpurascentes. 

Hab.  —  Le  bassin  de  la  Lutcbé,  affluent  du  Keria  Daria/ 

O.  Dutreuilii  sp.  nov. 

(Mesoceea.)  —  Ad  collum  crebre  et  dense  mulliceps;  caules  bornotini  graciles, 
10-1 5  cent,  alti,  decumbentes  vel  ascendenles,  setulis  adpressis  conspersi;  stipula) 
e  petiolo  iiberœ,  brèves,  selulosœ,  liyalinœ,  lanceolatœ,  acutœ;  folia  3-k   cent. 


—  323  — 

longa,  breviter  petiolata,  6-8  juga,  peliolo  brevi,  foliolis  ovato-lanceolatis,  parvis 
(4-5  mm.  longis),  selulis  arcte  adpressis  subcinerascentibus  veslitis,  pedunculi 
foins  subduplo  longiores;  flores  12-20  subcapitati  vel  etiam  ineuntes  breviter  ra- 
cemosi,  1  cent.  longi,purpurascentes;  bracleae  lanceolatœ  pedicello  longiores,  mem- 
branaceœ,  pilis  aigris  vostitœ,  3  mm.  longae;  calyx  3-4  mm.  longus,  pube  nigra 
adpressa  vestitus,  ad  médium  5-dentatus,  dentibus  linearibus;  vexillum  breviter 
bilobum;  carinœ  mucro  1  mm.  longus. 

Hab.  —  Les  environs  de  Kar  Yagdé,  altitude  :  3,910  mètres.    «^ 
Beaucoup  moins  velu  que  l'O.  kash&miriana  Cambess.,  avec  des  folioles 

plus  petites  et  moins  aiguës.  Port  de  l'O.  glacialis  et  de  l'O.  proboscidea, 

dont  les  tiges  florifères  ne  sont  pas  développées. 

O.  nivalis  sp.  nov.  ^ 

(Protoxytropis  Bunge.)  -  Tota  cano-villosa;  foliola  6-10  juga,  vix  4  mm. 
longa;  flores  dense  capitati  vel  in  racemum  breviter  ovalum  congesli;  calyx  albo- 
villosus,  dentibus  tubum  aequantibus;  corolla  parva  eirciter  6-7  mm.  lon^a,  ve- 
xillo  violaceo,  obovato,  retuso,  carinam  paulo  superante:  carina  intense  purpureo- 
violacea,  mucrone  e  basi  triangulari  porrecto,  subulalo  leviter  arcuato;  legnmen 
ad  maluritalem  4-5  min.  longum,  fere  orbiculatum  ,  obtusum  vel  apice  rotundatum. 

Hab.  —  Mang-Tzé,  dans  la  chaîne  de  Oustoun  iagh,  altitude  :  5,270  mètres, 
et  au  delà  du  col  de  Kolé  Lding. 

Voisin  de  l'O.  proboscidea  Bunge  et  de  l'O.  gîacialis  Benth.;  il  diffère 
du  premier  par  ses  fleurs  moitié  plus  petites,  son  étendard  plus  court  re- 
lativement à  la  carène,  ses  fruits  plus  petits  et  plus  obtus.  Dans  l'O.  gîa- 
cialis, le  calice  est  couvert  d'un  mélange  de  poils  blancs  et  de  poils  noirs. 

O.  parviflora  sp.  nov. 

(Orobia.)  —  Planta  lola  viridis,  vix  subcanescens,  pilis  adpressis,  haud  densis; 
caulis  abbreviatus,  interne  hypogœus,  stipulœ  breviter  coalescentes,  glabrœ  vel 
glabrescentes,  auriculis  ovatis  vel  ovato-lanceolatis  subacutis;  folia  brevia,  2-3  cent, 
longa,  foliolis  4-6  jugis,  oblongo-lanceolatis  6-7 mm.  longis,  vix  acutis  vel  obtusis; 
pedunculus  folia  longe  superans,  tenuissime  et  adpresse  paberulus;  flores  purpuivi, 
m  racemum  brevem  vel  obovatiun  dense  congesti,  parvi  (4-5  mm.  longi),  vexillo 
emarginato,  carina  brève  mucronata;  calyx  brevissime  tubulosus,  2  mm.  longus, 
pilis  nigris  et  albidis  iromixtis  vestitus,  dentibus  triangularibus  quam  tubus  2-plo 
brevioribus;  legumina  subglobosa,  subbilocularia,  dense  lanata  pilis  albis  et  nigris 
veslita. 

Hab.  —  Au  delà  du  col  de  Kolé  Lding,  sur  le  territoire  anglais. 

Espèce  qui  paraît  bien  caractérisée  par  ses  folioles  peu  nombreuses, 
allongées  et  surtout  par  ses  fleurs,  qui  sonl  probablement  les  plus  petites 
du  genre,  nombreuses  et  disposées  en  grappe  courte  et  serrée;  le  fruit  mûr 
n'atteint  pas  3  millimètres  de  diamètre. 

Artemisia  Grenardi  sp.  nov. 

(Abbotahbm.)  —  Afliuis  A.  Stracheyi  IiooL  fil.  et  Thomp.,  sed  humilior  et  om- 

23. 


—  324  — 

nibus  partibus  minor;  folia  ejusdem  forma1,  sed  minus  dense  sericea  et  brevitcr 
peliolata;  capitula  minora  et  magis  ovata,  nec  ut  in  A.  Stracheyi  demum  depresso- 
globosa;  corolla  glaberrima,  nec  dense  pilosa. 

Haï.   —  Teurt  Hourak  Lik  et  Tuchuk  Boulak,    dans  l'Altyn  tagh; 

oct.  1892.  ■ 

Saussurea  cinerea  sp.  nov.  Y- 

(Gaulescentes  Hook.  fil.  FI.  of.  Brit.  Ind.  t.  111,  363.)  —  Tota  laxe  aracbnoidea, 
cinerascens;  caulis  abbreviatus,  3-8  cent,  altus,  monocephalus ,  foliolus;  folia 
linearia,  a-3  poil,  longa,  margmibus  revolutis,  nunc  integerrimis,  2  mm.  latis, 
nunc  parce  runcinatis,  lobis  brevibus  deflexis;  capitulum  inter  folia  linearia  illo 
lomuora  sessile,  ovato-globosum ,  7-10  mill.  diam.;  squaina;  coriaceœ,  gradatim 
majores,  ovalœ,  superne  lanuginosœ,  apice  spbacelatœ  in  mucronem  brevissimum 
rigidum  subpatentem  desinentes,  interioribus  glabris,  paulo  auguslioribus,  flores 
albi;  pappus  uniserialis,  pilis  albis,  plumosis,  receptaculi  setœ  brèves. 

Hab.  —  Kar  Yagdé,  sur  le  Keria  Daria,  altitude  :  3,910  mètres.' 
Port  d'un  Jurinea;  l'aigrette  est  celle  d'un  Saussurea  et  les  étamines  sont 
glabres;  le  petit  mucron  qui  termine  les  bractées  de  Tinvolucre  se  retrouve 
dans  d'autres  Saussurea,  notamment  dans  le  S.  Audcrsoni  Glarke. 

Gentuna  tenella  var.  lutciiensis.   • 

Pollicaris;  e  basi  ramosissima,  ramis  unifions;  flores  violacei,  6-7  mm.  lonyi, 
lobis  obtusissimis  tubum  ;equantibus;  faucis  firnbriae  lobis  paulo  brevioribus  ;  calicis 
segmenta  inœqualia,  longioribus  tubum  fore  œquantibus,  aculis. 

Hab.  —  Le  bassin  de  la  Lutche.  v 

Port  du  G.  amrea,  mais  plus  trappu  et  plus  diffus;  les  cils  de  la  gorge 
sont  nombreux  et  bien  développés;  c'est  une  forme  nettement  caractérisée 
par  ses  petites  fleurs  à  tube  court  et  à  limbe  étalé;  elle  constitue  peut-être 
une  espèce  particulière. 

Nepeta  yanthina  sp.  nov.^ 

(Pycnonepeta.)  —  Basi  suffruticosa ,  in  ramos  plures  erectos  divisa;  brevitor 
(prœsertim  ad  folia)  et  laxe  lanuginosa,  caulibus  tan  tu  m  laxe  pilosula;  folia  pelio- 
lata, inferiora  longiter,  superiora  brevius  vel  brevissime;  limbus  corda  to-o  va  tus, 
obtusus,  irregulariter  crenato-dentatus,  mine  subincisus,  bullalus;  bracteae  brèves, 
integrœ,  lanceolatc-e,  mucronatœ,  bracteolis  subulatis,  violaceo-lanalis,  calyce  bre- 
vioribus; verticillastri  inferiores  axillares,  plus  minus  distantes,  sœpius  pedun- 
culati,  superiores  sessiles  vel  subsessiles,  omnes  e  floribus  dense  congestis  formata; 
calyces  colore  yantbino  tinc.ti,  distincte  bilabiati;  denlibus  labii  superioiis  subdiva- 
ricalis,  inferioribus  tribus  porrectis  paulo  Jongioribus,  omnibus  lanceolatis,  apice 
subulatis,  lana  violacea  vestilis;  corolla  parva  calycem  paulo  excedens. 

Hab.  —  Col  entre  Pangong  cl  Loukong.  " 

Espèce  comparable  surtout  avec  le  Nepeta  fioccosa  Bonlb.  ;  elle  en  diffère 


—  325  - 

par  ses  dimensions  plus  petites,  la  forme  des  feuilles,  la  coloration  violette 
des  inflorescences  et  surtout  par  la  constitution  de  son  calice. 


Nouveaux  matériaux  pour  la  Flore  de  l'Afrique  française. 
Collections  de  MM.  les  Docteurs  Maclaud  et  Miquel, 

par  M.  Henri  Hua. 

Deux  collections  nouvelles  sont  récemment  arrivées  d'Afrique  à  l'herbier 
du  Muséum.  L'une  vient  de  Conakry  et  est  due  à  M.  le  Dr  Maclaud.  Pour 
aujourd'hui  nous  en  mentionnons  seulement  l'arrivée,  remettant  à  [dus  tard 
l'exposé  des  résultats  fournis  par  l'étude  des  5oo  numéros  environ  qu'elle 
comprend.  Nous  concentrerons  notre  attention  snr  la  seconde,  récoltée  par 
M.  le  Dr  Miquel  dans  l'intérieur  de  la  même  région,  autour  de  Timbo. 

Cette  localité,  non  encore  explorée  au  point  de  vue  botanique,  est  située 
sur  le  revers  du  massif  du  Foula-Djallon  qui  regarde  le  Soudan,  auprès 
des  ruisseaux  de  Timbo  et  d'Elaya  dont  les  eaux  contribuent  à  former  le 
Sénégal.  Une  telle  position  fait  présumer  quelque  analogie  entre  la  flore 
de  cette  région  et  celle  du  versant  maritime,  mieux  exploré  jusqu'ici,  et  en 
même  temps  des  relations  avec  la  flore  encore  inconnue  du  Soudan  occi- 
dental. L'an  dernier,  M.  Pobéguin  avait  attaqué  cette  région  à  explorer  par 
le  Sud,  en  étudiant  le  Baoulé;  M.leD'  Miquel  nous  donne  un  aperçu  nou- 
veau sur  elle  en  la  prenant  par  l'Ouest.  La  collection  la  plus  analogue  à  la 
sienne  est  celle  faite  par  M.  Scott-EUiot,  attaché  comme  botaniste  à  la  Com- 
mission anglaise  de  délimitation  de  la  colonie  de  Sierra-Leone. 

11  est  regrettable  que  les  circonstances  n'aient  pas  permis  à  M.  Miquel 
de  rapporter  plus  de  75  numéros.  Ses  plantes,  généralement  bien  pré- 
parées, souvent  accompagnées  de  fruits  ou  de  parties  souterraines,  sont 
pour  la  plupart  intéressantes  et  5  d'entre  elles  sont  absolument  nouvelles. 
Nous  négligeons  ici  les  espèces  les  plus  communes  pour  ne  mentionner  que 
celles  offrant  un  intérêt  spécial  par  leur  usage  ou  leur  rareté. 

Parmi  les  plantes  intéressant  l'industrie  européenne,  il  n'y  a  guère  à 
citer  que  le  Ptcrocarpus  erinaceus  (n°  3a),  dont  le  bois  rouge  à  grain  serré 
est  utilisable  en  ébénisterie,  et  deux  plantes  à  caoutchouc  :  le  Landolphta 
senegalensis  (nn  12),  bien  connu,  et  un  arbre  (n°  1  h ),  appelé Soki par  les 
Foulabs,  Sama  par  les  Malinkés,  impossible  à  identifier  avec  les  quelques 
feuilles  envoyées.  Nous  devons  nous  bornera  reproduire  les  renseignements 
donnés  par  la  note  de  M. Miquel,  qui  accompagne  l'échantillon.  C'est  un 
arbre  crde  3  à  h  mètres  de  haut,  avec  les  fleurs  mâles  et  les  fleurs  femelles 
sur  des  pieds  différents.  L'arbre  femelle,  plus  grand,  donne  des  fruits  au 
mois  d'avril.  11  produit  un  caoutchouc  dont  un  échantillon,  envoyé  par 
M.  Triboulet .  commerçant,  est  apprécié  à  la  Direction  des  postes. »  11  a  été 


—  326  — 

vu  au  bord  du  ruisseau  Elaya,  le  1  h  mai  1897.  Il  est  à  espérer  que  des 
recherches  ultérieures  fourniront  des  données  plus  précises  sur  cet  arbre, 
qui  peut  être  l'objet  d'une  exploitation  fructueuse. 

Parmi  les  usages  locaux  relativement  moins  connus,  on  peut  citer 
l'emploi  pour  la  fabrication  du  savon  des  cendres  des  gousses  épaisses 
de  VAfzelia  a/ricana  (  n"s  9  et  2  1  ) ,  et  celui  de  la  racine  d'un  Dissous 
(n°  /17)  pour  la  préparation  d'un  bouillon  servant  à  la  confection  d'une 
bouillie  dont  la  base  est  une  Graminée,  non  rapportée,  appelée  Foguo, 
dans  la  région  de  Timbo.  Ce  Dissotis  paraît  être  une  forme  du  D.  grandi- 
flora  Benth.,  n'en  différant  guère  que  par  la  faiblesse  des  tiges,  générale- 
ment robustes  et  dressées  dans  cette  espèce,  comme  on  peut  le  voir  sur  les 
échantillons  de  M.  le  Dr  Maclaud,  venant  de  la  côte,  où  la  plante  est  connue 
sous  le  nom  de  Guingui.  La  racine,  que  l'on  utilise  après  l'avoir  pelée, 
séchée  et  priée,  est  de  la  taille  et  de  la  forme  d'une  petite  carotte  longue, 
simple  ou  bifurquée,  de  couleur  rose. 

Les  espèces  présentant  le  plus  d'intérêt  pour  les  collections  du  Muséum 
sont  les  suivantes  : 

BoMBAX  BUONOPOZENSE    P.  B. 

N°  29.  Timbo,  \h  mars  1897. 

L'an  dernier,  M.  Pobéguin  avait  rapporté  du  Baoulé  des  fleurs  et  des 
feuilles  de  cet  arbre,  rare  dans  nos  collections.  Le  fruit,  du  à  M.  Miquel, 
en  est  un  heureux  complément. 

Carapa  sp. 

N°  38.  Au  bord  du  ruisseau  Elaya,  18  avril  1897. 

Le  fruit  jeune,  rapporté  avec  un  fragment  de  feuille,  a  été  indiqué  par 
le  collecteur  comme  étant  celui  du  Touloucouna.  L'aspect  piriforme,  les 
côtes  saillantes  qu'il  présente  font  hésiter  à  l'assimiler  au  Campa  procera 
D.  G.  dans  lequel  on  fait  rentrer  généralement  aujourd'hui  le  C.  Touloucouna 
de  la  flore  de  Sénégambie  de  Guillemin  et  Perrotet. 

Allophylus  timboensis  sp.  nov. 

Frutex.  novellis  rufo  hirtellis.  Folia  Irifoliolata;  peliolis  hirtellis  quam  foliota 
brevioribns,  petiolulis  brevissimis,  foliolis  cuneato-obovatis,  ad  apicem  obtusum 
vel  rotundatum  vix  crenato  serratis,  ad  basim  acutam  integerrimis;  denticulis 
breviter  penicillatis ;  supra  intense  viridia,  nisi  in  nervis  glabrà  subtus  paHidiora, 
nervis  hirsutis,  venis  in  sicco  prominulis;  foliolis  laleralibus  vix  obliquis,  lerminali 
paulo  minoribus.  Racemi  ad  axillas  gemini,  raro  terni,  nonnunquam  trifurcali, 
pedimuilis  longiusculis,  iiiterduin  folia  superanles  pedunculo,  rachis  pedicellis'que 
rnfo  pubescentibus.  Flores  gemini,  calice  glabrescente. 

N.  69.  Timbo,  16  juin  1897. 

Ne  se  rapproche  sensiblement  d'aucune  des  anciennes  espèces  conservées 


—  327  — 

au  Muséum.  Les  feuilles,  relativement  petites,  longues  seulement  de 
3  centim.  5  à  8  centimètres ,  les  pétioles  ayant  î  à  2  centim.  5  ,  les  pétiolules 
î  millim.  5  à  3  millimètres,  la  foliole  terminale  a  centim.  5  à  6  centimètres 
de  long  sur  î  centim.  h  à  3  centim.  5  dans  sa  plus  grande  largeur  ;  les  in- 
florescences de  2  à  9  centimètres  de  long,  dont  la  base  stérile  a  î  centim.  2 
à  k  centimètres;  les  pédicelles  de  1  millimètre  environ ,  conduisent  à  classer 
VA.  limboensk  près  des  espèces  nouvellement  décrites  par  M.  Gilg  (t'ngkr's 
Bot.  Jàhrb.,  XXIV,  p.  286-29/1)  et  rapprochées  par  cet  auteur  de  A.  rubi- 
folius  (Hochst.)  Engler,  parmi  lescpiels  VA.  stachyanthus ,  de  la  région  des 
Grands  Lacs,  est  celui  qui  paraît  le  plus  analogue,  mais  avec  des  fleurs 
notablement  plus  grandes. 

Erythrina  sigmoidea  sp.  nov. 

Arbor  2-3  m.  alla,  foliis,  ramis,  inflorescenliisque  tomenlosis  inermibus.  Folia 
peliolo  longo,  foliolis  amplis  suborbicularibus,  impari  saepissime  latiore  interdum 
c!e':riente,  apice  oblusis,  nonnunquam  emarginatis;  utrinque,  subhis  prœsertim, 
lomcntosis.  Racemi  pedunculati,  foliis  œquilongi,  pedicellis  confertis  demum  re- 
ftVxis.  Flores  pro  génère  minores,  calyce  spatbaceo  lanato,  usque  ad  basim  fisso, 
apice  tnincato  5  lobato,  lobis  brevibus  teretibus  obtusis;  vexillo  sigmoideo,  an- 
gusto,  e  calyce  fisso  ad  médium  oriente;  alis  brevissimis  falcatis  subrotundo-lrun- 
calis;  carina  breviore  suborbiculari  vix  acuminata;  staminé  vexillari  ad  trientem 
tnbi  inferiorem,alterisad  trientem  superiorem  liberis.  Ovarium  sicut  stips  œqualis 
pilosum,  pauciovulatum,  stylo  recto,  ovarium  œquante,  apicem  versus  glabro, 
stigmate  obliquo. 

N°  49.  Timbo,  environs  du  nouveau  poste,  26  mai  1897. 

Cette  espèce  aux  belles  fleurs  rouges,  comme  toutes  celles  du  genre, 
offre  les  dimensions  suivantes  :  feuilles  i5-3o  centimètres;  foliole  termi- 
nale 6,5-n  centimètres  sur  7-1 5;  inflorescences  i5-20  centimètres,  la 
moitié  supérieure  seule  étant  florifère;  calice  1-1,6  centimètres  de  long; 
lobules  2  millimètres;  étendard  2  centim.  5  sur  3  millimètres  (pour  la 
moitié  de  la  largeur);  ailes  7  millimètres;  carène  5  millimètres.  Elle  se 
rattache  au  groupe  de.  E.  abyssinien,  mais  diffère  à  première  vue  de  toutes 
les  autres  espèces  voisines  par  la  taille  plus  petite  de  ses  fleurs  et  par  la 
courbure  plus  accentuée  de  l'étendard,  qui  est  véritablement  sigmoïde. 

Dolichos  paniculatus  sp.  nov. 

Planta  tota.  praeler  corollam,  sericeo  pubescens.  Caulis  erectus,  ad  basim 
lignosus,  strialus.  Folia  pinnatim  trifoliolata,  stipulis  caducis,  slipellis  subulatis 
acutis,  petiolulis  aequilongis;  foliolis  ovalis  obtusis  apiculatis,  lateralibus  paulo  mi- 
noribusac  obliquis;  pagina  superiore  pilis  adpressisvestita ,  inferiore  glauca,  venis 
rnfo  pilosis.  Racemi  axillares  et  terminales,  simplices  vel  composili,  paniculam 
foliosam  formantes.  Flores  ad  axillas  bractearum  caducarum  solilarii;  pedicellis 
calyce  brevioribus.  Galycis  tubus  bemispbericus,  lobis  dimidio  brevior;  lobi  an- 
gusti  acuti ,  impar  longior,  superiores  duo  1ère  usque  ad  apicem  coaliti.  Gorolla 


—  328  — 

vix  e  calice  exserta;  vexillo  orbiculato,  plicalo,  ad  quartum  inferiorem  calloso; 
alis  oblongis,  redis,  calcaratis  carina,  truncata  paulo  longioribus.  Stamina generîs. 
Discus  hypoginus  membranaceus,  dentatus,  ovarii  basim  vaginans.  Ovariam  sub- 
sessile,   pilosum,   2   ovulalum;  stylo  ad  basim  incrassato,  sub   stigmate  barbato. 

N.  72.  Timbo,  18  juin  1897. 

C'est  une  cr herbe  à  fleurs  rouge  carmin»,  dit  M.  Miquel.  Elle  se  rap- 
proche surtout  du  D.  Anchietœ  récemment  décrit  par  M.  Ibiem  (  Welwtisch's 
Cnt.  of  Plant,  af.  I.,  p.  a  65)  sur  une  plante  de  l'Angola.  Mais  elle  est  plus 
robuste.  Les  feuilles  y  sont  plus  grandes ,  la  foliole  médiane  ayant  de  8,5 
à  17,5  cm.  de  long  sur  U  a  6  cm.  de  large,  avec  un  rachis  commun  de  4,5 
à  6  cm.  ;  et  les  particules  sont  plus  fournies. 

Macrolobilm  Limba  Sc.-Elliott  (/.  of  L.  Soc,  XXX,  77). 
N.   36.  Bords  du  Marigot  d'Elaga .  i5  avril  1897. 

C'est  ffun  grand  arbre  aux  fleurs  d'un  blanc  crème  et  cachou.  Le  fruit 
est  une  gousse  longue  de  0  m.  16  à  0  m.  9.0  contenant  des  graines  plates, 
rougeâtres. »  Le  Muséum  ne  possédait  pas  encore  cette  belle  espèce. 

Acioa  scabrifolia  sp.  nov. 

Rami  glaberrini.  Folia  distincte  peliola ta,  oblonga,   basi   acnta  vel   attenuata, 

acuminala,  utrinque  glabra  et  scabriuscula,  supra  prœsertim;  cosla,  nervis  ac 
venis  reticulatis  subtus  prominulis  baud  pubescentibus.  Slipulœ  persistentes,  pe- 
tiolo  œquilongœ,  aculœ,  \ix  ciliolatœ.  Racemi  in  apice  ramorum  axillares,  sim- 
plices,  vel  terminales  nonnunquam  gemini,  foliis  breviores.  Bracteœ  ovato-acutœ, 
glabra?.  Pedicelli  graciles  ad  médium  articulati,  bracteolis  minutis  ovalis  altérais 
vel  suboppositis.  Receptaculum  tubuloso  infundibnli forme,  extus  glabrum.  inlus 
pilosum.  Sepala  lalo-ovata,  obtusa,  inlus,  et  extus  in  margim'bus  teclis,  cinerea, 
celerum  glabra.  Pelala  sepalis  œqualia  oblonga,  apice  rotunda,  alba.  Discus  pos- 
lerior  carnoso  dentatus.  Filamenla  loriforme  coalila,  ad  apicem  lantum  libéra, 
circiter  20  anlberas  gerentia.  Ovarum  ad  receptaculi  ovem  subsessile  pubescens, 
biovulalus. 

N.  24.  Bords  d'un  petit  ruisseau  à  sec,  près  de  Caremonga ,  à  3  kilo- 
mètres de  Timbo,  1/1  mars  1897. 

La  même  plante  a  été  récollée  par  Scott-Elliol  (n.  689a),  près  de  Niriia 
Talla.  Dans  le  travail  qu'il  a  publié  sur  ses  collections  (/.  of  Linn.  Soc, 
XXX,  78),  il  la  rapporte,  avecdoute,  il  est  vrai,  au  Grifonia  Icondere  Oliv. 
(Acioa  Icondere  Bâillon).  Les  deux  espèces  n'ont  que  dos  rapports  éloignés, 
en  ce  que  toutes  deux  ont  les  fleurs  presque  absolument  glabres  extérieu- 
rement. Mais  l'aspect  général  est  tout  différent  :  la  plante  décrite  par 
Bâillon  a  les  feuilles  beaucoup  plus  grandes,  à  base  cordé?,  à  nervures 
couvertes  d'une  épaisse  pubeseence  dorée,  de  même  que  les  jeunes  ra- 
meaux; chez  VA.  scabrifolia,  au  contraire,  la  base  des  feuilles  esl  atténuée 


—  329  — 

vers  le  pétiole,  et  l'ensemble  de  la  plante  est  glabre.  Ces  deux  caractères, 
ainsi  que  la  forme  des  bractéoles,  le  rapprochent  du  Griffonia Mannii Oliv.' 
rapporté  par  Bâillon  au  genre  Acioa,  comme  on  le  fait  généralement  à  sa 
suite  aujourd'hui.  On  ne  peut  pointant  pas  le  confondre  avec  cette  plante 
de  Fernando-Po,  dont  les  feuilles  sont  plus  larges,  et  les  grappes  dressées, 
moins  fournies  en  fleurs,  celles-ci  présentant  extérieurement  quelques  poils 
épais. 

Icomiiiii  nov.  genus  Labiatarum  Ocimoidearum, 

Calyx  junior  campanulatus  vix  dentatus,  subbilabiatus;  fructifer  paulo  auctus 
ovoideo-tubulosus,  labio  postico  breviore  tridentato,  antico  vix  longiore  bi- 
dentato.  Corollae  tubus  exsertus,  leviter  curvus,  f'auce  obliqua;  limbus  bilabiatus, 
labio  postico  quadridentato,  antico  vix  longiore  leviter  concavo.  Stamina  k  didy- 
nama  exserta,  filamenlis  liberis  midis;  antherarum  loculi  rimis  transversis  con- 
tinentes. Disais  antice  in  lobum  iinguiforme,  ovarii  lobos  œquantem,  produclus. 
Stylus  apice  bidenlatus.  Nuculse  h  v.abortu  pauciores,  ovoïdea?  lœves.  —  Herba 
caule  terete,  foliis  sparsis.  Flores  ad  ramorum  apices  racemosi,  ad  axillas  braclea- 
rum  foliformium  solitarii,  pedicellis  ebracteolatis. 

Jusqu'ici ,  la  présence  de   feuilles  opposées  était  un  caractère  absolu 
dans  la   famille  des  Labiées.  On  connaissait  déjà   bien  des  bractées  al- 
ternes avec  fleurs  solitaires  à  leurs   aisselles,  chez  quelques   Tcucrium  et 
Sculellaria.  Chez  Ylcoi/ium,  les  choses  vont  plus  loin ,  l'alternance  des  feuilles 
s'étend  à  toute  la  longueur  des  liges ,  si  bien  que  le  port  caractéristique  des 
Labiées  disparait,  et  qu'on  croirait  avoir  affaire  à  une  Scrofulariacée  de  la 
tribu  des  Gérardiées  ou  à  une  Sélaginée.  Mais  la  constitution  delà  fleur  ne 
peut  laisser  aucun  doute  :  l'ovaire  h  -partit,  avec  style  gvnobasique  cen- 
tral, inséré  sur  un  disque  prolongé  en  languette  en  avant,  ne  se  trouve 
que  chez  les  Labiées.  La  corolle  est  d'ailleurs  rigoureusement  constituée 
comme  chez  les  Ocimoïdées,  avec  ses  deux  lèvres,  dont  la  supérieure  est 
4-dentée  et  l'inférieur  en  cuilleron;  les  étamines  dont  les  filets  sont  reportés 
vers  la  lèvre  inférieure  à  la  base  de  laquelle  ils  se  détachent,  sont  celles  des 
Plectranlkus;  il  n'est  pas  jusqu'au  tubercule  sur  lequel  s'insèrent  les  tiges 
aériennes  dans  notre  espèce,  qui  ne  rappelle  ce  groupe,  en  particulier  cer- 
tains Coleus  ou  Plectranthus  dont  les  parties  souterraines  sont  comestibles. 
Ce  nouveau  genre  appartient  donc  certainement  à  la  famille  des  Labiées  et 
à  la  tribu  des  Ocimoïdées.  Nous  l'avons  nommé  par  un  anagramme  du  mot 
Ocimum.  L'exception  inattendue  que  présente  la  disposition  de  ses  feuilles 
justifie  le  nom  spécifique  que  nous  donnons  à  la  plante  récollée   par  le 
Dr  Miquel.  ' 

Icomum  paradoxum  sp.  nov. 

Caules  erocli,  e  tubere  subgloboso  a-3  orientes,  paire  pilosi,  foliosi,  ad  apicem 
parce  ramosi.  Folia  sessilia  oblongolanceolala  .  integerrims ,  apice  obtusa ,  uninervia  . 


—  330  — 

subtuspilosa,  supra glabra.  Flores,  pedicellistenuibtisbrevissimis, bractaeas filiformes 
vix  superantes.  Galyx  leuuis  dentibus  rotundatis,  extuspubescens,  fructifer  longior, 
basi  globosus,  apice  tubulosus.  Corolla?  extus  parce  pubescens,  tubo  tenui,  lablo 
poslico  erecto  dentis  h  rotundatis,  labio  anlico  patente  vix  concavo.  Filamenta  ad 
orem  tubi  inserta,  divaricata,  glaberrima,  interiora  paulo  longiora.  Stylus  glaber, 
apice  minute  bidentato. 

N°  43.  Timbo,  environs  du  nouveau  poste,  i5  mai  1897. 

C'est  une  petite  herbe  à  fleurs  blanches,  à  odeur  aromatique  douce, 
mesurant  0  m.  10  à  0  m.  20.  Les  feuilles  ont  de  0  m.  008  à  0  m.  02 5  de  long 
sur  0  m.  020  a  om.  os5  de  large;  les  grappes  feuillées,  terminales,  denses 
dans  la  jeunesse,  s' allongeant  plus  tard,  sont  composées  de  fleurs  à  long 
tube,  mesurant  jusqu'à  0111.  006  de  longueur,  à  lèvres  sensiblement  égales, 
moitié  moins  longues.  Le  calice  accru  atteint  0111.  oo35  de  long  et  contient, 
dans  sa  base  renflée  en  boule  ordinairement,  i-3  nucules  développés, 
lisses,  blancs,  de  0  m.  001  environ,  à  point  (rattache  basilaires. 


Us  EXEMPLE  DES  DIVERS   FACIES   QUE  PEUT  PRESESTER 
VSE    FORMATIOS    GÉOLOGIQUE    :    LE    PoRTLANDIES    DES    ClIlRESTES, 

par  M.  Ph.  Glangeaud. 

Le  Portlandien  des  Charentes  s'étend  sur  une  longueur  de  120  kilo- 
mètres, depuis  Angoulème,  à  l'Est,  jusqu'à  l'île  d'Oléron,  à  l'Ouest.  Il 
forme,  d' Angoulème  à  Saint-Jean-d'Angély,  une  assez  large  bande  de  ter- 
ritoire occupant  une  surface  de  près  de  900  kilomètres  carrés.  Mais,  à 
10  kilomètres  à  l'ouest  de  Saint-Jean-d'Angély,  cette  bande  est  brusque- 
ment interrompue  et  le  Portlandien  ne  se  montre  plus  que  vers  l'Océan  où 
il  constitue  les  îlots  de  Saiut-Froult,  au  sud  de  Hochefort  et  de  file  d'Olé- 
ron. 

Envisagé  dans  son  ensemble,  le  Portlandien  des  Charentes  se  présente 
comme  une  formation  très  complexe.  Il  offre  à  lui  seid  tous  les  faciès  ob- 
servés dans  le  Jurassique  du  bassin  de  l'Aquitaine.  Il  comprend,  en  effet, 
des  dépôts  marins  et  des  dépôts  lagunaires  qui  se  divisent  en  dépôts  chi- 
miques (calcaires  oolithiques,  sel,  gypse),  dépôts  zoogènes  (récifs  de 
Polypiers),  dépôts  à  végétaux  (ligniles),  dépôts  arénacés  (grès),  dé- 
pôts détritiques  variés  (argiles,  marnes,  calcaires  marneux,  calcaires  litho- 
graphiques ,  etc.). 

L'étude  de  cette  série  sédimentaire  est  rendue  assez  difficile  par  les 
brusques  et  fréquents  changements  latéraux  des  assises.  Néanmoins  on  peut, 
il  me  semble,  concevoir  de  la  façon  suivante  la  manière  dont  s'est  effectuée 
la  sédimentation  durant  le  Portlandien. 


—  331  — 

T.  Portlandien  inférieur.  —  Après  le  dépôt  des  vases  argileuses  virgu- 
liennes,  la  mer  s'enrichit  en  calcaires  et  elle  accumula  des  couches  assez 
épaisses  de  calcaire  oolilhiquc.  Par  suite  de  ce  changement,  les  rivages  sur 
lesquels  ne  pouvaient  guère  vivre  que  des  Larnellihranches  se  couvrirent 
de  nombreuses  et  grandes  Nérinces,  depuis  Angoulême,  au  Sud,  jusque 
vers  Beauvais,  au  Nord. 

Dans  ce  milieu,  riche  en  calcaire,  se  montrèrent  bientôt  des  Polypiers 
accompagnés  de  leur  cortège  habituel  déformes  coralliophiles,  des  Gastro- 
podes et  des  Lamellibranches  très  ornementés  et  à  test  épais.  Les  Poly- 
piers formèrent  alors  de  petits  ilôts  rcciformes  (Grosville)  que  l'on  trouve 
aujourd'hui  en  relation  avec  de  gros  silex  gris-bleuâtre,  ce  qui  est  d'ail- 
leurs un  cas  fréquent  dans  les  formations  coralliennes. 

Mais,  à  partir  des  environs  de  Rouillac,  la  richesse  en  calcaire  des  eaux 
marines  devient  moins  grande,  l'argile  s'y  mêle  et  augmente  de  plus  en 
plus  vers  le  Nord.  Avec  elle  réapparaissent  les  Lamellibranches ,  pendant  que 
les  Nérinées,  de  plus  en  plus  rares,  finissent  par  disparaître.  Les  calcaires 
oolithiques  sont  ainsi  remplacés  par  des  calcaires  suboolitltirjttcs ,  puis  par 
des  mamo-calcaires  caractérisés  par  Am.  gigas ,  Am.  gravesianus ,  Ostrea 
brunlrutana,  etc. 

Celte  sédimentation  ne  s'effectua  pas  tranquillement.  Elle  fut  troublée 
par  des  courants  marins  dont  l'influence  se  fit  vivement  sentir  pendant 
toute  la  période  du  Portlandien  inférieur,  car  ils  entraînèrent  des  produits 
arénacés  (grès)  intercalés  à  plusieurs  niveaux,  au  milieu  des  dépôts  ooli- 
thiques. Mêlés  à  l'argile,  ils  prédominent  même,  en  certains  points,  sui- 
tes sédiments  chimiques  (Saint-Cybardeaux).  C'est  dans  ce  milieu  que 
vivaient  des  Pterocères  (P.  oceani),  des  Purpuroidea  (formes  de  mers  rela- 
tivement chaudes),  des  Naticcs  (N.  marcousana) ,  ainsi  que  des  Brachiopodes 
[Ter.  subsclla,  Rliynch.  pinguis)  et  des  Echinodermes  (Hcmicidaiis  purbec- 
kensis)  accompagnés  de  myriades  à' Ostrea  bruntrutana. 

Au  régime  troublé,  instable,  du  commencement  du  Portlandien  inférieur, 
succède,  à  la  fin  de  celte  période,  un  régime  de  calme  pendant  lequel  se 
déposent  des  mamo-calcaires  h.  Am.  gravesianus ,  Cyprina  Brongniarli,  Car- 
dinal dissimile,  etc.,  tandis  que  vers  l'Océan  (Saint-Froult)  s'ébauche  un 
petit  bassin  d'évaporalion  dont  le  fond  argileux  se  tapisse  de  sel  et  de 
gypse. 

IL  Portlandien  moyen.  —  Ce  premier  indice  de  retrait  de  la  mer  prend 
une  plus  grande  ampleur  durant  le  Portlandien  moyen.  Les  dépôts  marins 
se  font  partout  sous  une  faible  profondeur  d'eau,  ainsi  qu'en  témoigne  la 
|ip;senre  de  fossiles,  tels  que  les  Patelles,  les  Corbules,  les  Cyrènes,les  Cor- 
bicelles,  etc.  Dans  ces  eaux,  surtout  saumàtres,  s'entassent  près  de  cent  mètres 
de  vases  calcaires  entremêlées  de  vases  argileuses.  Parfois  cependant,  l'enri- 
chissement en  calcaire  des  eaux  marines  augmente  brusquement  et  il  se 


—  332  — 

dépose  des  calcaires  oolithiques  et  subcrayeux.  Mais  ces  dépôts  ne  se  sont 
pas  effectués  dans  une  nier  plus  profonde  que  la  précédente,  car  ils  sont 
caractérisés  parles  mêmes  fossiles  (Corbula  mosensis,  Cyrena  rugosa,  Car- 
diiiHi  dufrenoycum ,  Corbîcella  Pellati,  etc.). 

Pendant  que  vers  Sigogne  et  Hiersac,  Saint-Jean-d'Angély  et  l'Océan, 
le  Portlandien  moyen  se  termine  par  des  calcaires  à  Corbula  inflexa,  Sphœnia 
Sœmnani,  une  lagune  s'établit  sur  près  de  vingt-cinq  kilomètres,  depuis 
Aumagne (Charente-Inférieure) jusqu'à Courbilliac  (Charente).  Là  se  super- 
posent, selon  le  degré  de  salure  des  eaux,  des  vases  argileuses,  des  cal- 
caires à  odeur  bitumineuse,  du  sel  et  du  gypse.  Les  premiers  renferment 
des  horizons  très  fossilifères  [Corbula  inflexa). 

111.  Portlandien  supérieur.  —  Au  début  du  Portlandien  supérieur  (Pur- 
beckien),  la  presque  totalité  de  la  contrée  que  nous  étudions  était  trans- 
formée en  une  série  de  bassins  d'évaporation.  Le  phénomène  lagunaire  que 
nous  avons  vu  s'esquisser  dès  le  Portlanrlien  inférieur  se  généralise  dès  le 
commencement  du  Purbeckien.  Sur  45  kilomètres  d'étendue  s'entassèrent 
les  argiles  qui  constituent  aujourd'hui  ce  pays  plat,  où  croît  presque  exclu- 
sivement la  vigne  et  qu'on  appelle  le  Pays-Bas  charentais. 

Le  sel  et  le  gypse  y  formèrent  des  lentilles  à  plusieurs  niveaux,  mais  le 
dépôt  de  ces  substances  fut  parfois  interrompu  brusquement  par  un  retour 
momentané  de  la  mer  qui  déposa  des  calcaires  imprégnés  d'argile  de  couleur 
foncée  et  des  calcaires  oolithiques  à  Corbula  inflexa,  Thracia  incerta,  etc. 

Aux  extrémités  N.  0.  et  S.  E.  de  la  lagune,  à  Saint-Jean-d'Angély,  à 
Champmilon  ainsi  que  vers  l'Océan,  ce  sont  des  calcaires  marneux  et  ooli- 
thiques qui  constituent  le  Purbeckien  inférieur. 

La  fin  du  Purbeckien  fut  marquée  par  un  retour  de  la  mer  et  un  chan- 
gement complet  dans  les  sédimentations.  Les  argiles  gypsifères  furent  re- 
couvertes par  des  calcaires  marneux,  snblithographiques  et  suboolilhiipies 
à  Plectomija  rugosa ,  Cercilia  arenaria. 

Avec  eux  se  termine  la  série  Jurassique  flans  les  Charcutes.  La  contrée 
fut  exondée  à  la  fin  du  Purbeckien  jusqu'à  l'époque  Cénoinanienne  qui  dé- 
buta  par  le  dépôt  de  grès  et  d'argiles  s'étendant  en  discordance  de  strati- 
fication sur  les  derniers  dépôts  jurassiques. 


—  333  — 

Les  Pyrénées  souterraines  : 
Recherches  h  y  orologiques  effectuées  en  îSgj, 

par  MM.  Armand  Viré  et  Paul  Besques. 

La  chaîne  des  Pyrénées  peut  passer  à  bon  droit  pour  une  des  régions 
les  plus  riches  en  cavernes  et  les  mieux  explorées  a  ce  point  de  vue.  Plus 
de  2 oo  cavités  sont  signalées  par  Lucante(I)  entre  les  deux  mers. 

La  géologie,  la  paléontologie,  la  préhistoire  ont  donné  lieu  à  de  nom- 
breux et  remarquables  travaux.  On  peut  citer  parmi  les  meilleurs  ceux  de 
Ed.  Lartet,  A.Leymerie,  E.  et  C.  Frossard,  ceux  de  MM.  Alphonse  Milne 
Edwards,  E.  et  IL  Filhol,  Ed.  Piette,  l'abbé  Pouech,  d'Archiac,  F.  Garri- 
gou,  Félix  Regnault,  Gartailhac.  Les  entomologistes  ont  fourni  également 
leur  fort  contingent  :  ce  sont  MM.  Lespès,  Linder,  G.  Diech,  E.  Abeille  de 
Perrin,  F.  de  Saulcy,  Gh.  de  la  Brûlerie,  Marquet,  Bedel,  Simon, 
Mestre,  etc. 

Malheureusement,  dune  part,  aucun  travail  d'ensemble  ne  vient  relier 
tous  ces  travaux  et,  d'autre  part,  de  nombreuses  lacunes  existent  dans  l'en- 
semble de  nos  connaissances  sur  le  sous-sol  des  Pyrénées. 

C'est  ainsi  que  l'on  connaît  fort  peu  de  choses  sur  l'hydrologie  souter- 
raine, sur  le  mode  de  circulation  des  eaux  souterraines ,  leur  allure  ancienne 
et  actuelle.  Pour  la  faune,  on  s'est  borné  à  la  récolte  des  Coléoptères,  des 
Arachnides  et  de  quelques  Myriapodes.  Rien  ne  semble  avoir  été  fait  sur  la 
l'aune  aquatique,  qui  cependant  peut  être  considérée  comme  la  partie  la 
plus  importante. 

C'est  pour  combler  toutes  ces  lacunes  que  nous  avons  entrepris  nos  ex- 
plorations. La  besogne  est  considérable  et  demandera  de  longues  années. 
Nous  ne  désespérons  pas  cependant  d'en  venir  à  bout  avec  le  temps. 

Notre  première  campagne  (1897),  qui  a  duré  environ  deux  mois,  a 
porté  sur  la  partie  centrale  des  Pyrénées,  sur  une  région  comprise  entre 
Pau  et  Lannemezin  au  Nord,  le  cirque  de  Gavarnie  et  Arreau  au  Sud. 

Vingt-cinq  cavités  environ  ont  été  explorées,  d'inégale  importance,  les 
unes  nous  ayant  retenu  à  peine  une  heure,  d'autres  nous  ayant  demandé 
jusqu'à  douze  jours  d'exploration  consécutive. 

Nous  n'entreprendrons  certainement  pas  de  décrire  ici  toutes  les  grottes. 
Nous  nous  attacherons  spécialement  à  celle  de  Bétharram,  qui  peut  être 
considérée  comme  le  type  le  plus  parlait  des  cavernes  des  Pyrénées  cen- 
trales, celle  qui  en  résume  tous  les  caractères,  et  celle  de  Labastide,  dans 
la  vallée  d'Aure,  qui  présente  une  disposition  toute  spéciale. 

(1)  Lucante  :  Essai  géographique  sur  les  cavernes  de  la  France  et  de  l'étranger. 
France  :  région  du  Sud  (Bulletin  de  la  Société  d'études  scientifiques  d'Angers), 
1880. 


—  334  — 

Bétharram,  hameau  de  la  commune  de  Lestelle  (Basses-Pyrénées),  entre 
Pan  et  Lourdes,  se  compose  d'un  séminaire  avec  une  curieuse  église  dans 
le  style  hispano  -béarnais  et  est  surtout  célèbre  par  son  pont  et  par  sa 
grotte. 

Celle-ci,  située  à  3  kilomètres  environ  au  Sud-Est  du  séminaire ,  s'ouvre 
par  une  étroite  porte  sur  le  flanc  d'une  colline,  près  du  ruisseau  du  Bro- 
sou  ,  affluent  du  Gave  de  Pau. 

L'étage  supérieur  est  connu  et  visité  des  touristes  depuis  cinquante  ans 
et  plus.  C'est  dire  qu'd  est  complètement  gâté  au  point  de  vue  pittoresque 
par  la  fumée  des  torches  et  des  bottes  de  paille  qui  servaient  jusqu'ici  de 
seid  éclairage. 

En  1890-1892,  MM.  H.  Ritter,  Campan  et  Larie,  membres  du  Club 
Alpin,  ont  révélé  l'existence  d'un  autre  étage  sous  le  premier,  puis  d'un 
deuxième,  puis  d'un  troisième,  toujours  plus  bas,  en  tout  quatre  étages 
superposés. 

L'étage  supérieur  a  4 00  mètres  de  long.  On  y  remarque  une  série  de 
petits  puits  verticaux  qui  font  communiquer  le  premier  et  le  troisième 
étages,  l'un  directement,  les  autres  par  l'intermédiaire  du  second. 

Chose  curieuse ,  les  trois  premiers  étages  sont  à  peu  près  exactement  su- 
perposés dans  un  même  plan  vertical ,  dans  une  même  diaclase  dont  on 
retrouve  les  lèvres  jointes  au  plafond  et  au  plancher  de  chacun  de  ces 
étages. 

Le  quatrième  étage,  le  plus  inférieur,  est  placé  à  angle  droit  des  trois 

premiers. 

Le  troisième  est  le  plus  intéressant,  en  ce  sens  qu'il  est  parcouru  encore 
par  une  rivière  souterraine,  dont  la  source  est  précisément  un  petit  gouffre 
qui  absorbe  une  partie  des  eaux  du  Brosou. 

Cette  rivière  parcourt  dans  la  galerie  une  distance  de  1,600  mètres  et 
tombe  dans  le  quatrième  étage, à  peu  près  impénétrable,  situé  à  10  mètres 
en  contre-bas  et  qui  va  former,  à  600  mètres  au  Nord,  la  source  de  Mélac. 
Mais  le  troisième  étage  ne  s'arrête  pas  à  la  perte  de  la  rivière  :  il  continue 
encore  600  mètres  en  ligne  droite  pour  se  terminer  dans  des  tissures  des 
alluvions  glaciaires,  qui  constituent  un  placage  peu  épais  à  la  base  de  la 
montagne  sur  les  bord  du  gave.  L'extrémité  est  si  voisine  du  gave,  que,  de 
là,  on  entend  distinctement  le  bruit  des  eaux  et  des  cailloux  sur  le  lit. 

En  temps  de  grandes  eaux,  une  partie  du  ruisseau  souterrain  doit  s'é- 
couler par  là,  comme  l'attestent  les  amas  de  brindilles  et  de  feuilles  flottées 
que  l'on  y  rencontre.  Le  régime  hydrologique  est,  en  effet,  très  variable.  J'ai 
vu  les  eaux  monter  de  o  m.  80  après  douze  heures  d'une  petite  pluie,  et  des 
feuilles  mortes,  engagées  entre  les  pointes  des  stalactites  qui,  entre  paren- 
thèses, sont  merveilleuses,  attestent  que  le  niveau  des  eaux  souterraines 
doit  s'élever,  à  certains  moments,  d'environ  k  mètres  dans  la  galerie. 

Les  grottes  de  Labastide,  situées  dans  la  vallée  d'Aure ,  entre  les  villages 


335 


Grotte  do  Labaslide  dans  la  vallée  d'Aure'1'  (  Hautes-Pyrénées) 
Bassins  ou  çoun  stalagmitiques. 


-1'  L'exploration  des  grottes  de  la  vallée  d'Aure  nous  a  été  grandement  facilitée 
par  MM.  (lardel  et  Ritouret,  conducteurs  des  ponts  et  chaussées,  et  Forgue, 
pharmacien. 


—  336  — 

de  Hêcbes  et  de  Lortet,  sont  encore  du  même  type  que  Bétharram  et  com- 
posées de  trois  galeries  superposées  dans  le  même  plan;  la  troisième  est  oc- 
cupée par  une  rivière  complètement  impénétrable.  Mais  elle  présente,  en 
outre,  une  particularité  des  plus  remarquables,  comme  nous  allons  le 
voir. 

La  vallée  de  Labastide,  en  effet,  est  un  véritable  entonnoir  complètement 
clos  de  toutes  parts;  le  point  le  plus  bas  du  bord  supérieur  de  l'entonnoir 
est  à  66 1  mètres  d'altitude,  alors  que  le  village  est  à  5a h  mètres. 

Trois  ruisseaux  viennent  amener  leurs  eaux  au  fond  de  cet  entonnoir  et 
durent  y  constituer,  à  une  époque  géologique  encore  voisine  de  la  nôtre, 
un  vaste  lac  de  plus  de  2,5oo  mètres  de  diamètre. 

Mais  une  grande  diaclase,  qui  recoupe  la  paroi  sud  de  l'entonnoir,  pré- 
sentant une  moindre  résistance ,  a  été  peu  à  peu  élargie  par  les  eaux  qui  y 
ont  formé  toute  une  série  de  cavernes. 

A  l'heure  actuelle  deux  de  ces  cavernes  existent  encore.  L'une  est  une 
vaste  salle  de  70  mètres  de  long,  35  mètres  de  large  et  1  5  à  20  mètres  de 
haut,  très  imposante  et  possédant  un  magnifique  exemple  de  ces  petits 
bassins  de  stalagmite  nommés  gours.  (Voir  la  figure.) 

L'autre  est  une  large  galerie  à  deux  étages,  de  25o  mètres  de  long,  en- 
viron, dans  laquelle  deux  ou  trois  puits  aboutissent  à  un  courant  d'eau. 

Ces  cavernes  sont  précédées  par  de  véritables  couloirs  sur  lesquels  sont 
jetés  encore  des  ponts  naturels,  qui  ne  sont  autres  que  les  restes  des  voûtes 
d'anciennes  cavernes  peu  à  peu  effondrées  sous  l'action  des  eaux  intérieures 
et  qui, maintenant,  forment  une  sorte  de  cagnoti  en  miniature.  Jusqu'à  une 
distance  de  100  mètres  en  avant  de  ces  grottes  (que  l'on  appelle  grottes 
de  l'Aspugne),  des  traces  manifestes  d'anciennes  cavernes  existent  encore 
sous  la  forme  de  vastes  demi-dômes  à  moitié  effondrés,  sous  lesquels  les 
eaux  des  ruisseaux  de  Lahastide  viennent  s'engoulTrer  par  deux  pertes  suc- 
cessives. 

Cet  étroit  cagnon,  dont  la  largeur  varie  de  25  mètres  à  60  mètres, 
s'est  donc  manifestement  formé  sous  l'action  des  eaux  souterraines  et  vient 
confirmer,  d'une  façon  manifeste,  une  théorie  d'après  laquelle  certaines 
vallées  étroites  seraient  formées  presque  uniquement  sous  l'action  des 
eaux  souterraines,  creusant  des  galeries  dont  les  voûtes  s'eflbndrent  peu  à 

peu. 

Celte  théorie ,  bien  que  contestée  encore  à  l'heure  actuelle,  n'est  cepen- 
dant pas  nouvelle. 

Déjà,  en  i845,  dans  l'article  Grottes  du  dictionnaire  de  Ch.  d'Orbigny, 
Desnoyers  l'exposait  magistralement  dans  une  étude  qui  constitue  certaine- 
ment ce  qui  a  été  écrit  de  plus  juste  et  de  plus  sensé  sur  la  théorie  des 
cavernes,  jusqu'aux  Eaux  souterraines  du  regretté  professeur  Daubrée  et 
aux  Ab'uncs  de  M.  Martel. 

Mais  revenons  à  Labastide.  Les  eaux  engouffrées  aux  grottes  de  l'As- 


—  :\zi  — 

pugne  vonl  vraisemblablement  ressortir  à  environ  3,ooo  mètres  de  là,  à 
Esparros,  constiluanl  ainsi  la  source  de  VArros,  ce  ruisseau  qui  fit,  l'été 
dernier,  <le  lois  ravages  par  ses  inondations.  (Le  seul  village  de  Laméac  a 
\n  vingt-huit  de  ses  habitations  emportées  en  une  demi-heure.)  Il  faudrait 
donc  reculer  les  véritables  sources  de  l'Arros  de  plusieurs  kilomètres. 

Les  principales  grottes  explorées,  ou  outre,  celte  année,  sont  celles  de  : 

Escalères,  également  dans  la  vallée  d'Aure  (trois  étages,  une  rivière 
souterraine): 

Serrât  de  la  Toue,  Irois  petites  grottes ,  près  d'Arreau  : 

Lorlet,  près  de  Labastide; 

LcBedale\  Caslel  Wouly,  à  Bagnères-de-Bigorre; 

/,//:  et  Pierrefitte-Nestalas ,  sans  intérêt;  plusieurs  sont  artificielles: 

BooSilhen,  Ost  el   iyzac,  près  d'Argelès.  etc. 

(les  explorations  nous  permettent,  dès  maintenant,  de  formuler  les 
quelques  conclusions  générales  suivantes  : 

i"  Les  eaux  souterraines  des  Pyrénées  centrales  se  sont  trouvées  en  pré- 
sence d'une  stratification  très  développée  dans  le  sens  horizontal ,  recoupées 
de  petites  diaclases  verticales,  ce  qui  a  donné  aux  cavernes  la  forme  de 
grandes  galeries  horizontales  communiquant  entre  elles  par  de  petits  puits 
verticaux  : 

2°  Les  diaclases  qui  ont  donné  aux  cavernes  leur  direction  sont  toutes 
parallèles  ou  perpendiculaires  à  Taxe  de  la  chaîne  des  Pyrénées  el  sont  des 
cassures,  les  unes  d'affaissement  (E-.  0.),  les  autres  do  compression  laté- 
rale I  Y  S.): 

•  i'  Certaines  vallées  des  Pyrénées  ont  élè  formées  par  l'action  des  eaux 
souterraines  qui  ont  creuse  des  galeries  dont  les  voûtes  se  sont  peu  à  peu 
affaissées.  Ce  phénomène  est  encore  en  pleine  activité  à  Labastide. 

La  faune,  riche  et  variée,  que  nous  avons  recueillie  dans  ces  explora- 
Lions,  fera  l'objel  (\\w\c  communication  ultérieure,  certaines  espèces  nou- 
velles demandant  une  étude  approfondie. 


Sun   LE   GISEMENT  DE  ZEOLITES   l>E    T)ELLYS  (ALGER)  , 

par  M.  L.  Gentil. 

i  [iABOHATOIRK    DE   M.    A.   LACROIX.) 

La  région  de  Dellys  offre,  le  long  de  la  côte,  entre  le  village  de  ce  nom 
el  I  embouchure  de  l'oued  Sebaou,  un  développement  assez  important  de 

Ml  Slil  M.    III.  •■  'l 


—  338  — 

roches  volcaniques  dont  M.  J.  Curie  a  fait  l'étude (1).  Le  savant  professeur 
a  signale,  en  cet  endroit,  une  labradorite  compacte,  une  deuxième  labradorite 
à  grands  cristaux  de  pyroxène  vert  et  une  roche  andésitique.  La  labradorite 
compacte  que  l'auteur  rapproche,  au  point  de  vue  de  sa  composition  et  de 
son  âge  présumé,  de  celle  du  Gap  Djinet,  d'âge  miocène  (Helvétien),  est 
surtout  développée  au  Gap  Bengut.  M.  J.  Curie  y  a  signalé  l'existence  de 
nombreuses  zéolithes  dont  il  n'a  pas  entrepris  l'étude. 

Plus  à  l'Ouest,  se  montre  surtout  la  roche  à  pyroxène  vert.  Elle  forme, 
en  partie,  la  falaise  escarpée  de  Sidi  Medjeni  et  se  prolonge  jusqu'à  la  route 
d'Alger  et  jusqu'au  petit  village  de  Takdempt  (appelé  Bou  Khartoute  par 
les  indigènes). 

Sur  les  obligeantes  indications  de  M.  J.  Curie,  j'ai  visité  en  1895  cette 
bande  littorale  volcanique.  J'ai  constaté  tout  d'abord  que  la  zéolitisalion  des 
roches  était  générale.  Partout  on  rencontre  ces  silicates  hydratés,  dans  les 
roches  volcaniques  et  dans  les  marnes  et  grès  du  terrain  sédimcntaire  en 
contact.  Les  zéolithes  m'ont  paru  plus  particulièrement  abondantes  au  Cap 
Bengut,  au-dessous  du  phare.  J'ai  trouvé  là  une  labradorite  scoriacée  com- 
plètement imprégnée  de  silicates,  au  point  d'offrir  l'aspect  d'un  spililc. 
Parmi  les  échantillons  que  j'ai  recueillis,  j'ai  reconnu  :  la  thomsonite,  la 
stilbile  et  ïanalcime (2). 

Lors  de  ma  première  visite,  la  récolte  des  zéolites  ne  pouvait  être  fruc- 
tueuse à  cause  de  l'altération  facile  de  ces  minéraux  que  je  devais  me  borner 
à  recueillir  à  la  surface  du  sol.  Aussi,  l'hiver  dernier,  ai-je  saisi  l'occasion 
précieuse  qui  m'était  offerte,  d'explorer  plus  efficacement  ce  gisement,  par 
le  tracé  du  chemin  de  1er  de  Dellys  à  Boghni;  la  voie  a  été  précisément 
faite  le  long  de  la  côte  et  elle  traverse,  dans  toute  sa  longueur,  le  gisement 
zéolitique. 

Cette  heureuse  coïncidence  m'a  permis  de  constater  sa  richesse  et  d'y 
recueillir  de  nombreux  matériaux,  parmi  lesquels  de  magnifiques  échan- 
tillons de  collection,  que  je  suis  heureux  d'offrir  au  Muséum  pour  la  collec- 
tion minéralogique. 

Le  gisement  de  zéolites  s'étend  à  toute  la  masse  volcanique,  non  seule- 
ment à  la  labradorite  compacte  où  la  présence  de  ces  minéraux  a  été  signalée 
par  M.  J.  Curie,  mais  à  la  labradorite  à  pyroxène  \erl  et  même  au  terrain 
sédimentaire  en  contact,  considéré  par  M.  Ficbeur  comme  appartenant  à 
la  série  oligocène (3).  J'ai  trouvé  des  fiionnels  de  stilbite  dans  les  marnes  et 
grès  qui  composent  ce  terrain,  notamment  dans  la  falaise  qui  borde  la 
petite  anse  du  Port  maure.  La  grande  majorité  des  échantillons  qui  l'ont 

(l>  In  Ficheur,  La  KalnjUe  du  Djurdjura  (Carte  géologique  de  l'Algérie, 
Alger  1891). 

(2)  L.  Gentil,  Bull.  Soc.  franc,  de  minéral.,  I.  XVIII .  |>.  37a. 
!■■*)    Terrai»  dellysien ,  Ficheur,  loc.  cil. 


339 


l'objet  de  cette  élude  préliminaire  provient  de  la  tranchée  du  chemin  de 
^située  très  près  de  la  roui,,  d'Alger,  aux  abords  du  village  de  Tak- 

La   roche  volcanique  qui  les  renferme  est,  ainsi  que   Ta  déterminé 
M  Curie,  une  kbradonte.  Elle  renferme  de  grands  cristaux  d'un  pyroœhne 
£*  mu  se  défichent  facilement  de  la  roche  altérée.  Ce  pyroxène^ése 
es  faces  habituelles  m  (no),  *  (l0o),  ,'  (010),  $  (^/j'aurai 
I  0  casion  de  revenir  un  peu  plus  tard  sur  la  composition  minéralogique 
cl  I  âge  de  cette  roche.  A  ce  dernier  point  de  vue  surtout,  elle  présente 
un  grand  mteret  :  jai,  en  effet,  constaté  qu'elle  a  traverse'  en  un  point  la 
hase  des  assises  du  terrain  dellysien,  alors  que  les  produits  de  l'éruption 
volcamque   se  retrouvent   remaniés  un  peu  plus  haut,    dans   le  même 
•  au  ,  al  état  de  roche  compacte  ou  de  tufs.  On  aurait  ainsi  une  éruption 
labradontique  dàge  oligocène.  1 

Je  me  bornerai  dans  celte  courte  note  à  la  description  succincte  des 
-..tes  que  cette  roche  renferme.  Ces  zéolites  sont,  par  ordre  d'impor- 

I WW,  la  subite   la  thomsmite,  la  mêsolite,  la  laumonthe,  la  heulan- 
dite,  la  ehabaste,  l  apophylhtc  et  peut-être  la  mésotype. 

fissLfrfT8*  frémemtt  ab01Klanf<1-  E,,e  faPisse  'le  nomhreuse. 
fissures  de  la  roche  volcamque.  Elle  est  toujours  associée  à  d'autres  zéolites 
e    varie  beaucoup  de  grosseur  depuis  1  millimètre  jusqu'à  a  millimètres 

EueXtr foia  tor  î fait  ^arenfe' mais  **»  — <  ■*£ 

Llie  affecte  toujours  la  forme  du  Lrapézoèdre  a2  (21,). 

ê'Im  slilbhe  est  également  très  abondante;  elle  se  montre  en  filaments 

«t'ocEron,pac,etou  tttfacée-  fpar  sou  abondance' e,,e  «-*££ 

gisement  Elle  se  montre  avec  sa  forme  ordinaire  p  (001),  „  (uo) 
5(oio),  a   (ioi)  en  cristaux  aplatis  sur  tf  (oio),  et  réunis  en  grou- 
pements à  axes  imparfaitement  parallèles  sous  forme  de  gerbe*  caracté- 

3»  La  thomsomte  se  présente  soit  en  cristaux  libres  atteignant  1  cent  5 
de  longueur  aplatis  sur  la  face  *■  (0,0)  et  terminés  par  la  face  p  (oo\x 
Plus  souvent  encore,  c'est  la  variété  fibreuse  qui  g  reçu  le  nom  de  LJ 
en  masses  radiées,  mamelonnées,  à  éclat  plus  ou  moins  soyeux.  C'est  sous 
celte  forme  que  je  l'ai  signalée  au  Cap  Bengut,  dans  le  même  gi  me" 
Ce  minéral  est  toujours  intimement  associé  à  l'analnrae. 

4°  La  mésolite  est  assez  fréquente.  Elle  forme  des  aiguilles  en  général 
~cment  unes,  soyeuses,  flexibles,  dépassant  !  centimètre,  n!d!t 
teignant  ezcepfconneHement  ,/, d'épaisseur.  Ces  aiguilles  constituent  Jes 


u'i. 


—  340  — 

prismes  souvent  terminés  par  un  pointement.  J'ai  pu  déterminer  au  gonio- 
mètre sur  l'un  d'eux  : 

mm  9i°92'         m  b1  1 1 5"  9 8'. 

Une  densité  prise  à  la  balance  de  Westphal  a  été  trouvée  de  ^,-^76. 

Enfin  un  essai  microchimique  m'a  montré  1 1  prédominance  de  la  chaux  , 
l'abondance  de  la  soude  et  des  traces  de  potasse. 

Examinées  au  microscope,  les  aiguilles  montrent  un  allongement  tantôt 
positif,  tantôt  négatif,  une  biréfringence  faible,  quelquefois  voisine  de  o. 
Les  sections  transversales  de  ces  aiguilles  montrent  qu'elles  sont  constam- 
ment maclées  suivant  h1  (100).  Une  aiguille  est  généralement  formée  de 
quatre  secteurs;  deux  secteurs  opposés  s'éteignent  en  même  temps;  l'extinc- 
tion d'une  série  de  secteurs  par  rapport  à  l'autre  est  de  16  degrés  environ. 
J'ai  également  observé  des  cristaux  où  cette  macle  est  polysyntbétique  ;  ils 
montrent  en  section  des  bandes  parallèles  alternant  avec  d'autres  individus 
groupés  suivant,  la  même  loi.  Le  clivage  m  (1  10)  se  montre  presque  tou- 
jours dans  ces  sections. 

Mon  savant  maître,  M.  Lacroix,  a  bien  \oulu  examiner  un  échantillon 
de  cette  mésolite,  qui  m'avait  été  remis,  il  y  a  deux  ans,  par  M.  le  Directeur 
«le  l'école  des  arts  et  métiers  de  Dellys.  11  a  pu  confirmer,  sur  ces  échan- 
tillons, les  propriétés  optiques  de  la  mésolite  qu'il  avait  déterminées  sui- 
des spécimens  des  Feroë,  de  l'Islande,  etc. 

5°  La  laumontite  forme  des  filonnets  de  plusieurs  centimètres ,  quelque- 
fois -30  centimètres  d'épaisseur  dans  la  labradorite  ou  dans  des  tufs  bruns 
qui  l'accompagnent.  Ce  minéral  csl  généralement  altéré  en  une  poudre 
blanche  dans  laquelle  on  peut  encore  distinguer  de  petits  cristaux.  La  forme 
en  est  assez  simple  :  ce  sont  des  prismes  allongés  m  (110)  terminés  par  la 
face^>  (001);  j'ai  observé  en  outre  la  face  a1/'  (901).  La  laumontite  est  gé- 
néralement associée  à  du  calcaire  spathique  brun. 

(i"  La  heulandite  est  assez  rare.  Elle  forme  des  masses  de  clivage  nacré 
qui  se  distinguent  delà  stilhite.  à  l'œil,  en  ce  que  cette  dernière  a  des  ten- 
dances à  réunir  ses  lamelles  .»'  (010)  en  gerbes,  tandis  que  la  heulandite 
présente  des  clivages  absolument  plans.  Du  reste  .  une  confirmation  très  fa- 
cile du  diagnostic  consiste  dans  l'examen  en  lumière  convergente  des  la- 
melles de  ces  deux  zéolites  :  on  observe  une  bissectrice  aiguë  dans  le  cas 
de  la  heulandite,  tandis  que  les  lamelles  g-1  (010)  de  la  stilbite  sont  paral- 
lèles au  plan  des  axes.  La  heulandite  de  Takdempt  affecte  rarement  des 
formes  géométriques;  j'ai  observé  un  seul  cristal  de  2  centimètres  montrant 
la  forme  habituelle  p  (001)  m  (  1 10I//'1  (010)  o1  (toi)  a1  (101):  ce  cristal 
est  aplati  sur  g1  (01  o). 

7"  La  chabasie  est  rare  dans  les  gisements  de  zéolites  de  Dellys-Takdempt. 


.3/(1 

J'ai  observé  quelques  cristaux  de  ce  sjlicale,  parmi  lesquels  un  de  1  centi- 
mètre de  (Ole  affectant  la  formep(ioi  i),  //  (01T2),  ainsi  que  l'indiquent 

les  mesures  su i  va  11  les  : 

MESUltÉ.  CiXCULÉ. 

pp  q4°  h-?J  q4°/i6' 

j»4l-adj.         i37°5'         i37°23' 

Ces  cristaux  sont  assez  limpides,  ils  possèdent  le  clivage p  (10T1). 

Hn  Vapophyllile  est  excessivement,  rare;  j'en  ai  observé  un  seid  cristal 
sans  forme  extérieure,  de  a  millimètres  environ  de  grosseur. 

0"  Je  ne  puis  affirmer  que  parmi  les  nombreux  échantillons  que  j'ai  re- 
cueillis il  n'y  ait  pas  de  mésotype.  11  est  possible  que  ce  minéral  existe  dans 
le  gisement  en  aiguilles  libres  ou  réunies  en  sphérolites.  Ce  qui  n'est  pas  dou- 
teux, en  tout  cas,  c'est  qu'elle  est  au  moins  rare,  car  dans  les  nombreuses 
préparations  que  j'ai  examinées  au  microscope  ,  j'ai  toujours  observé  la  mé- 
solite  sur  les  aiguilles  et  la  thomsonite  sur  les  fibres  des  sphérolites. 

\ux  zéolites  que  je  viens  de  signaler  se  trouvent  généralement  associés 
deux  autres  minéraux  secondaires  :  de  la  calcite  et  du  quartz. 

ÏAcalcite,  en  rhomboèdres,  accompagne  fréquemment l'analcime  et  lastil- 
bite.  Ce  minéral  se  montre  encore  en  scalénoèdres ,  et  souvent  en  filonnets 
de  spath  plus  ou  moins  brun. 

Le  quartz  se  montre  en  petits  cristaux  hyalins  de  la  forme  ordinaire  ;  j'ai 
observé  en  outre  des  cristaux  aplatis  sur  deux  faces  du  prisme. 

Enfin  la  silice  se  montre  encore,  mais  plus  rarement,  sous  forme  de  fi- 
lonnets d'opale.  Ce  minéral  se  rencontre  fréquemment  dans  le  gisement 
analogue  des  îles  Feroë. 

En  résumé,  le  gisement  zéolitique  de  Dellys  est  caractérisé  par  l'abon- 
dance de  la  stilbile  qu'il  renferme;  il  s'écarte  donc  des  gisements  français 
connus  pour  se  rapprocher  du  célèbre  gisement  des  îles  Feroë.  L'abondance 
de  la  thomsonite  dans  le  gisement  qui  nous  occupe  parait  eu  outre  lui  donner 
un  caractère  particulier.  De  plus,  il  me  parait  intéressant  d'établir  une 
comparaison  entre  ce  gisement  de  Dellys  et  celui  situé  non  loin  delà,  à 
s5  kilomètres  dans  l'Ouest,  au  cap  Djinet.  De  l'étude  de  ce  dernier'1», 
il  résulte  «pie  la  mésolype  et  l'apophyllite  y  dominent,  tandis  que  ces 
deux  silicates  sont  au  moins  très  rares  dans  celui  de  Dellys.  La  distinc- 
tion complète,  au  point  de  vue  des  espèces,  de  ces  deux  gisements  miné- 
ralogiques  peut  paraître  singulière  si  l'on  songea  leur 'proximité  assez 
grande  d'une  part,  si  l'on  songe,  d'autre  part,  que  le  massif  volcanique  du 

1  L.  Gentil  :  Le  gisement  léolilique  du  caj>  Djinet  (Bull.  Soc.  franc,  minéral.nov. 
1897). 


—  342  — 

cap  Djinet  est  également  constitué  par  une  labradorite.  Mais  tandis  ijue 
l'éruption  volcanique  du  cap  Djinet  est  postérieur  aux  dépôts  du  Miocène 
inférieur,  celle  de  Dellys  doit  être  placée  plus  Las  dans  la  série  des  étages 
géologiques,  par  suite  de  ses  relations  avec  le  terrain  marno-gréseux  de 
cette  région  qui  est  classé  dans  la  série  oligocène.  Cette  différence  d'âge  des 
deux  massifs  volcaniques  permet  de  supposer,  malgré  leur  proximité  et 
leur  analogie  de  composition  minéralogique ,  l'indépendance  absolue  des 
dépôts  zéolitiques  <pi'ils  renferment. 




Sur  la  purification  et  le  poids  atomique  du  cérium, 
par  MM.  A.  Verneuil  et  Wyrouroff. 

De  tous  les  métaux  qu'on  est  convenu  d'appeler  rares,  le  cérium  est  de  beau- 
coup le  mieux  connu.  Un  nombre  extrêmement  considérable  de  travaux  lui 
ont  été  consacrés  et  il  semble ,  en  les  lisant ,  que  le  sujet  soit  à  peu  près  épuisé. 
Pourtant,  en  reprenant  un  à  un  les  laits  qui  paraissent  les  plus  incontes- 
tables, on  s'aperçoit  bien  vite  qu'on  se  trouve  dans  un  domaine  d'incerti- 
tudes et  de  contradictions.  On  ne  connaît  que  très  approximativement  le 
poids  atomique  du  cérium;  on  est  incertain  sur  sa  valeur,  on  n'est  même 
pas  sûr  de  son  identité.  Est-il  réellement  un  élément  simple  comme  on  était 
tenté  «le  le  croire  jusqu'à  ces  derniers  temps,  ou  bien  ne  constitue-t-il 
qu'un  groupe  comme  l'ancien  Didyme  de  Mosander,  comme  l'ancienne 
Erbino  de  Babr  et  Bunsen?  Cette  dernière  opinion  a  été  soutenue  tout  ré- 
cemment par  M.  Schutzenberger  dans  une  série  de  mémoires  (1'.  11  y  aurait, 
suivant  ce  chimiste  éminent ,  plusieurs  éléments  présentant  Ions  les  carac- 
tères chimiques  et  physiques  du  cérium  et  avant  des  poids  atomiques  va- 
riant de  85  à  îo/t  (pour  ce  bivalent).  Si  tel  était  le  cas,  toute  la  chimie  du 
cérium,  telle  qu'on  la  faisait  jusqu'ici,  n'aurait  plus  de  raison  d'être,  et 
tous  les  efforts  devraient  être  dirigés  vers  la  séparation  des  divers  corps 
simples  qu'il  contient. 

Nous  détachons  aujourd'hui  d'un  travail  d'ensemble  qui  paraîtra  pro- 
chainement ce  qui  a  trait  à  cette  question  capitale  de  l'identité  du  cérium, 
pour  démontrer  que  c'est  là  un  corps  vraiment  défini,  possédant  toujours, 
quelle  que  soit  son  origine,  même  poids  atomique,  et  ne  pouvant  être 
scindé  en  éléments  plus  simples  par  aucun  procédé  connu.  Deux  malen- 
tendus dominent  toute  la  cbimie  du  cérium;  l'un  a  trait  à  la  séparation  des 
métaux  voisins,  l'autre  à  la  détermination  de  son  poids  atomique.  Ce 
sont  ces  deux  malentendus  qu'il  nous  a  paru  important  d'écarter  tout 
d'abord. 


(i 


Comptes  rendus,  t.  CXX.  p.  6G3  et  962;  I.  CXXIV,  p.  /î 8 1 


—  343  — 

Purification  du  Cérium.  —  Trois  impuretés  s'attachent  au  cérium  avec 
une  ténacité  particulière.  Ce  sont,  par  ordre  croissant  de  difficulté  d'éli- 
mination :  le  fer,  le  didyme-lanthane-yttria  cl  la  thorine, 

Fer.  — On  croit  généralement  qu'une  précipitation  par  l'acide  oxalique 
ou  par  l'oxalate  d'ammoniaque  suffil  pour  éliminer  complètement  le  1er. 
Gela  est  tout  à  l'ait  inexact.  Deux  ou  même  trois  précipitations  en  liqueur 
chaude  et  acide  suffisent  à  peine  pour  l'aire  disparaître  les  dernières  traces 
de  1er.  Sa  présence,  même  en  quantité  minime,  se  manifeste  par  la  cou- 
leur de  l'oxyde  céroso-cérique  calciné,  qui  prend  une  teinte  plus  ou  moins 
rosée,  parfois  même  rouge. 

Didyme  et  lanthane.  —  On  admet  actuellement  sans  conteste  que  le  pro- 
cédé de  Debray  qui  consiste,  comme  on  sait,  dans  la  fusion  deux  fois  ré- 
pétée avec  le  nitre  vers  3-jo°,  sépare  intégralement  le  cérium  des  deux 
autres  métaux  de  son  groupe.  Rien  n'est  cependant  moins  certain.  Ce  pro- 
cédé, purement  empirique  d'ailleurs,  paraît  n'être  basé  que  sur  la  décom- 
position de  plus  en  plus  difficile  des  nitrates  des  protoxydes  du  cérium, 
du  didyme  et  du  lanthane;  en  réalité,  il  est  accompagné  d'un  phénomène 
infiniment  plus  complexe.  Le  nitrate  céreux  passe  d'abord  à  l'état  de  ni- 
trate cérique  qui  donne  facilement  un  sel  basique  extrêmement  stable,  et 
ce  nitrate  se  combine  à  une  température  plus  élevée  aux  nitrates  du  didyme 
et  du  lanthane  pour  former  un  sel  d'oxyde  complexe  sur  lequel  nous  re- 
viendrons plus  tard.  On  peut  suivre  celle  réaction  en  évaporant  à  sec  et  en 
chauffant  à  des  températures  croissantes  la  solution  rouge  qu'on  obtient 
en  dissolvant  les  oxydes  calcinés  dans  l'acide  nitrique.  Vers  1200,  lorsque 
tout  l'acide  nitrique  est  évaporé,  le  mélange  a  une  couleur  franchement 
jaune.  Si,  à  ce  moment,  on  le  traite  par  l'eau,  on  obtient  un  corps  insoluble 
jaune  pâle  constitué  pour  du  cérium  absolument  pur  à  l'état  de  nitrate 
(Ge'O1)'  Azs05  et  une  liqueur  violette  contenant  (\a  cérium  à  l'état  de  pro- 
toxyde ,  avec  tout  le  lanthane  et  le  didyme.  En  chauffant  la  masse  davantage , 
elle  dégage  des  vapeurs  nitreuses  et  prend  une  couleur  chamois  qui  s'ac- 
centue à  mesure  qu'on  chauffe;  reprise  par  l'eau,  la  masse  donne  une  li- 
queur opalescente  qui  ne  peut  être  filtrée.  Ce  changement  de  couleur  et  de 
propriétés  tient  à  ce  qu'il  s'est  formé  un  nouveau  nitrate  d'un  oxyde  tout 
autre  que  CesO'.  En  effet,  en  présence  des  oxydes  à  basicité  plus  éner- 
gique, l'oxyde  céroso-cérique  tend  à  former  uu  oxyde  Ge30'  3  MO  qui  de- 
vient particulièrement  stable  aux  températures  élevées,  lorsque  M  =  Di  ou 
La.  Cet  oxyde,  cpie  nous  étudierons  en  détail  dans  une  prochaine  note, 
donne  de  très  beaux  sels  qui  ne  ressemblent  en  aucune  façon  aux  sels 
jaunes  de  l'oxyde  Ce  H)'.  Il  suit  de  là  que  le  procédé  de  Debray  va  à  ren- 
contre du  but  qu'il  se  propose;  au  lieu  de  séparer,  il  tend  à  combiner 
Ge30*  avec  DiO  +  LaO.  Sans  doute,  en  maintenant  pendant  longtemps  la 
température  vers  33o°,  on  peut  décomposer  ce  nitrate  complexe,  mais  celte 


—  34/i   - 

décomposition  ne  se  fait  qu'avec  une  extrême  difficulté;  c'est  pour  cela 
qu'on  ne  peut  espérer  arriver  à  une  séparation  plus  ou  moins  totale 
qu'après  une  longue  série  de  fusions.  Il  nous  a  paru  infiniment  plus  ra- 
tionnel d'arrêter  la  réaction  au  moment  oii  l'oxyde  Ce'O'  ne  peut  se  com- 
biner aux  oxydes  DiO  +  LaO,  car,  à  ce  moment,  le  cérium  doit  être  rigou- 
reusement exempt  non  seulement  des  deux  autres  métaux,  mais  encore 
des  métaux  du  groupe  de  l'yttria  restant  toujours  attachés  au  didyine. 

L'expérience  confirme  pleinement  celte  prévision  et  nous  avons  pu  avoir, 
du  jour  au  lendemain,  plusieurs  centaines  de  grammes  de  cérium  parfaite- 
ment pur.  Voici  comment  il  faut  procéder  :  on  calcine  légèrement  les  oxa- 
lates  et  on  les  traite  par  l'acide  nitrique.  Ici  deux  cas  différents  peuvent  se 
présenter (1). 

a.  Si  le  mélange  contient  plus  de  oo  p.  100  de  cérium,  l'acide  nitrique 
ne  le  dissout  pas  intégralement,  même  à  l'aide  de  la  chaleur.  On  pourrai) 
croire  que  le  résidu  insoluble  est  constitué  par  de  l'oxyde  Ce'O'  pur:  il 
n'en  est  rien.  C'est  une  combinaison  complexe  de  l'oxyde  Ce304  avec 
DiO-i-LaO.  Dans  ce  cas,  il  faut  dissoudre  les  oxalates  dans  l'acide  nitrique, 
ajouter  un  excès  d'eau  oxygénée  et  de  l'ammoniaque,  puis  faire  bouillir.  Le 
précipité  volumineux  de  peroxyde  de  cérium  rouge  brun  et  des  peroxydes 
de  didymeet  de  lanthane  qui  se  forme  ne  tarde  pas  à  dégager  de  l'oxygène, 
à  devenir  d'abord  orangé,  puis  jaune.  Arrivé  à  cet  état,  il  constitue  l'hulrn- 
xyde  céroso-cérique  Ce3043H20,  mélangé  au  protoxyde  de  didyme  et  de 
lanthane.  11  n'y  a  plus  qu'à  laver  le  précipité,  de  façon  à  éliminer  le  nitrate 
d'ammoniaque  qui  gène  la  réaction  ultérieure,  à  Je  dissoudre  dans  l'acide 
nitrique  à  chaud  et  à  continuer  le  traitement  comme  en  b. 

h.  Si  les  oxydes  calcinés  se  dissolvent  dans  l'acide  azotique,  on  évapore 
la  solulion  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  Elle  est  de  couleur  rouge  foncé  el 
contient  le  cérium  à  l'état  de  sel  de  l'oxyde  Ge3043GcO  =  Ge607.  A  celle 
masse  demi-fluide,  on  ajoute  une  solution  à  5  p.  îoo  île  nitrate  d'ammo- 
niaque (3o  à  ho  fois  le  poids  des  oxydes),  el  l'on  fait  bouillir.  S'il  ne  se 
forme  pas  de  précipité,  c'est  que  la  liqueur  est  trop  acide;  on  ajoute  alors 
goutte  à  goutte  une  solution  étendue  d'ammoniaque,  (iliaque  goutte  pro- 
voque la  formation  d'un  précipité  floconneux  violet  qui  se  redissout  par 
l'agitation  jusqu'au  moment  où  il  apparaît  un  précipité  jaune  pâle  persis- 
tant. Ce  précipité  augmente  par  l'ébullition  pendant  quelques  instants. 
Quand  la  liqueur  surnageante  n'a  plus  la  moindre  trace  de  couleur  jaune, 
mais  prend  la  couleur  violette  caractéristique  des  sels  de  didyme,  la  réac- 

11  Lorsque  les  oxydes  renferment  plus  de  10  |j.  ioo  de  thorium,  il  est  avan- 
tageux de  se  débarrasser  de  la  plus  grande  partie  de  celle  terre,  à  l'aide  du  car- 
bonate d'ammoniaque,  ainsi  qu'il  est  indiqué  plus  loin. 


345 


don  «si  terminée.  Le  précipité  se  filtre  el  se  lave  avec  une  extrême  facilité, 
et  lorsque  les  eaux  de  lavage  ne  précipitent  plus  par  l'oxalate  d'ammo- 
niaque,  le  précipité  est  rigoureusement  exempt  de  lanthane,  de  didyme  el 
•les  terres  «lu  groupe  de  Pyltria.  Mais  le  cérium  ainsi  obtenu  ne  représente 
qu'une  fraction,  environ  y5  p.  100  du  cérium  total  contenu  dans  la  solution. 
Il  esl  facile  d'en  comprendre  la  raison.  L'action  du  nitrate  d'ammoniaque 
dissocie  l'oxyde  Ce3043CeO,  oxyde  dans  lequel  CeO  est  du  reste  partielle- 
ment remplacé  par  DiO  et  LaO;  Ce304  se  précipite  à  l'état  de  nitrate 
(Ce304)4Az*05  el  CeO  reste  dans  la  liqueur  avec  les  autres  terres  à  l'étal  de 
■  sel  neutre. 

Ce  procédé,  le  seul  qui  permette  d'avoir  du  premier  coup  un  cérium 
complément  exempl  de  lanthane  el  de  didyme,  peut  même  servir,  comme 
nous  le  montrerons,  à  une  séparatiou  quantitative  très  suffisamment  ap- 
prochée. Ce  cérium  contient  pourtant  encore  une  impureté  dont  il  n'esl 
pas  commode  de  le  débarrasser.  En  même  temps  que  lui  se  précipite,  en 
effet,  tout  le  thorium  qui  pouvait  exister  dans  la  liqueur. 

Thorium.  —  Ce  métal,  à  peine  connu  jusqu'à  ces  derniers  temps  et  fort 
peu  connu  actuellement  encore,  accompagne  le  cérium  dans  la  plupart  de 
ses  minerais,  même  dans  la  cérile.  Tous  les  procédés  en  usage  permettent 
bien  d'avoir  de  la  thorine  pure,  mais  non  du  cérium  exempt  de  thorine. 
Tel  est  le  cas  des  deux  meilleurs  d'entre  eux,  l'hyposulfite  de  soude  (chy- 
denius)  et  l'oxydule  de  cuivre  proposé  par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran.  On 
sait  que  le  premier  ne  précipite  guère  que  85  p.  100  de  thorine,  et  des 
essais  faits  sur  des  mélanges  synthétiques  nous  oui  montré  que  le  second 
"  en  dépose  «pie  :!5  p.  100  environ.  Dans  les  deux  cas,  du  reste,  une  no- 
table quantité  de  cérium  est  entraînée,  mais  on  arrive  à  le  séparer  en  ré- 
pétant i\eu\  ou  trois  fois  l'opération.  C'est  pour  ne  s'être  pas  méfié  de  la 
présence  du  thorium  el  pour  l'avoir  accumulé  dans  telle  ou  telle  fraction 
«les  cristallisations,  qu'on  a  eu  parfois  «les  variations  si  étranges  du  poi.ls 
atomique  t\u  cérium.  La  solution  des  sulfates  mélangés  de  thorium  et  de 
cérium  contenant  un  excès  «lu  second   se  comporte,  lorsqu'on  l'évaporé  à 
chaud,  tout  autrement  qu'on  ne  sérail  tenté  de  le  croire  d'après  l«-s  indica- 
tions qu'on  trouve  dans  les  ouvrages  classiques.  C'est  le  cérium,  de  beau- 
coup !<■  plus  soluble  pourtant ,  qui  se  dépose  le  premier;  cela  tient  à  ce 
qu'il  se  forme  un  s.-l  double  excessivement  soluble,  qui  n'est  plus  que  diffi- 
cilement cristallisante  et  se  dessèche  à  la  température  ordinaire  à  l'état  de 
vernis  transparent. 

L'analyse  de  cr  sel  déshydraté  conduit  très  approximativement  à  la  for- 
mule /.S()'Ge,SO'Tb.  \  la  température  ordinaire,  i oo  parties  d'eau  dis- 
solvant (j(j  parties  «lu  sel  anhydre. 

Le  meilleur  procédé  pour  s,,  débarrasser  du  thorium,  lorsqu'il  existe  en 
quantité  «m  peu  notable,  est  de  traiter  les  oxalales,  ou  bien  mieux  encore 


—  346  — 

les  nitrates,  par  du  carbonate  d'ammoniaque  auquel  on  ajoute  un  peu  d'am- 
moniaque. Le  thorium  s'y  dissout  avec  une  extrême  facilité"  et,  après  deux 
ou  trois  épuisements,  il  ne  reste  plus  avec  le  cérium  «prune  quantité  insi- 
gnifiante (i  p.  100  environ)  de  thorine. 

Pour  en  enlever  les  dernières  traces,  nous  profitons  de  la  propriété  que 
nous  venons  de  signaler,  en  faisant  cristalliser  le  sulfate  bien  exempt  d'a- 
cide sulfurique  libre  à  5o  ou  60  degrés.  La  thorine  reste  dans  les  eaux 
mères  et,  après  deux  ou  trois  cristallisations,  l'azoture  de  potassium,  le  [dus 
sensible  des  réactifs  connus  jusqu'ici  de  la  thorine,  ne  doit  plus  donner  de 
précipité.  Le  cérium  ainsi  préparé  peut  être  considéré  comme  pur,  du  , 
moins  dans  la  limite  de  nos  connaissances  actuelles ,  et ,  transformé  en  sulfate , 
servir  à  la  détermination  du  poids  atomique. 

Poids  atomique.  —  Mais  ici  se  présentent  des  difficultés  tout  à  fait  in- 
attendues. Le  sulfate  est  jusqu'à  présent  le  seul  sel  bien  cristallisé ,  très  stable , 
très  facile  à  purifier,  dont  on  puisse  se  senir;  or  rien  n'est  plus  malaisé 
(pie  de  séparer  l'acide  sulfurique  de  l'oxyde  céreux.  La  précipitation  par 
l'oxalate  d'ammoniaque  (  Wolf,  Wing)  est  mauvaise,  car  l'oxalate  de  cérium 
n'est  pas  insoluble  dans  l'oxalate  d'ammoniaque  et,  d'autre  part ,  il  entraîne 
de  l'acide  sulfurique. 

La  précipitation  deux  fois  répétée  par  la  soude  à  chaud  (Schutzenberger) 
se  hernie  à  deux  écueils; si  la  soude  n'est  pas  en  très  grand  excès,  elle  n'ar- 
rive pas  à  décomposer  complètement  le  sulfate  basique  qui  se  forme;  en 
effet,  en  calcinant  l'oxyde  de  cérium  obtenu  dans  un  courant  d'hydrogène 
pur,  on  constate  très  nettement  un  dégagement  plus  ou  moins  considérable 
d'hydrogène  sulfuré. 

Si  la  quantité  de  soude  est  suffisante  pour  opérer  la  décomposition,  elle 
dissout  de  l'oxyde  céreux  dont  on  constate  la  présence  en  ajoutant  un  peu 
d'eau  oxygénée;  on  peut,  il  est  vrai,  séparer  d'une  autre  manière  et  inté- 
gralement le  cérium  de  l'acide  sulfurique.  11  suffit  pour  cela  d'ajouter  à  la 
solution  un  excès  d'eau  oxygénée  pure  et  de  la  soude  caustique  jusqu'à 
réaction  alcaline.  On  fait  bouillir  pour  transformer  le  peroxyde  rouge  brun 
en  hydroxyde  céroso-cérique  jaune.  L'oxyde  ainsi  précipité  calciné  dans 
l'hydrogène  se  trouve  être  rigoureusement  exempt  de  soufre.  Mais  cette  sé- 
paration ne  lève  pas  toutes  les  difficultés.  Les  recherches  modernes  (Ripper, 
Richards  cl  Parker,  etc.)  ont  démontré  de  la  façon  la  plus  précise  que  le 
dosage  de  l'acide  sulfurique  dans  les  sidfates  en  présence  des  chlorures  ne 
pouvait  se  faire  qu'avec  une  approximation  très  insuffisante  pour  une  opé- 
ration aussi  délicate  que  la  détermination  du  poids  atomique.  On  peut, 
sans  doute,  faire  la  correction  du  chlore  entraîné  par  le  sulfate  de  baryte, 
mais  MM.  Parker  et  Richards  ont  montré  que  cette  correction  ne  conduisait 
pas  toujours  à  un  résultat  meilleur,  à  cause  de  la  solubilité  du  sulfate  ba- 
rytique  dans  une  liqueur  acide,  et,  d'autre  part,  dans  le  cas  présent,  nous 


—  3/i  7  — 

ne  savons  pas  à  quel  état  se  trouve  le  chlore  entraîné.  Est-ce  à  l'état  de 
Ba  Cla  ou  de  Na  Cl,  ou  de  tous  les  deux  à  la  fois?  Un  exemple  va  montrer 
quelle  variation  peut  subir  le  poids  atomique  suivant  la  façon  dont  on  l'ait 
la  correction.  Nous  avons  eu  dans  le  sulfate  de  la  première  fraction  de  la 
série  1  (voir  tableau)  pour  îoo  parties  de  sulfate  céreux  anhydre  123,384 
de  Ba  SO4,  ce  qui  conduit  au  poids  atomique  Ce  =  0,3, oi .  Ce  sulfate  do  ba- 
ryte contenait  0,27  p.  100  de  Cl1'  qui,  compté  comme  Ma  Cl,  donne 
122,838  de  BaSO'  et  un  poids  atomique  de  q3,84;  compté  comme  BaCP, 
il  donne  193,601  de  BaSO'  et  un  poids  atomique  de  96, 53.  Le  poids  ato- 
mique vrai  est  très  voisin  de  92,7,  comme  nous  l'établissons  plus  loin.  On 
voit  ainsi  que  la  méthode  du  dosage  de  l'acide  sulfurique  ne  peut  être  ap- 
pliquée ;i  la  détermination  du  poids  atomique  du  cérium. 

M.  Brauner  s'est  servi  d'un  autre  procédé  qui,  au  premier  abord,  paraît 
tout  à  fait  à  l'abri  de  reproches.  Il  calcinait  fortement  le  sulfate  déshydraté 
et  calculait  le  poids  atomique  d'après  le  poids  de  Ce3  O'1  obtenu.  La  moyenne 
de  ses  expériences  très  concordantes  donne  Ce  =  93,48.  M.  Schutzeuberger 
a  fait  cependant  remarquer  avec  très  juste  raison  que  l'oxyde  céroso-cérique 
avjiil  des  poids  différents  suivant  la  température  de  calcination ,  qu'on  ne 
pouvait  pas ,  dès  lors,  savoir  à  quel  moment  il  présentait  la  composition  Ce3  O4. 
Ces  variations  peuvent  atteindre  plusieurs  millièmes;  le  procédé  semble 
donc,  lui  aussi,  ne  pouvoir  fournir  des  résultats  exacts. 

Nous  ne  rappelons  que  pour  mémoire  les  déterminations  faites  en  par- 
tant de  l'oxalate  céreux  (Jegel,  Rammelsberg ,  Bûhrig).  Nous  considérons 
ce  sel  comme  tout  à  fait  impropre  à  fixer  le  poids  atomique  du  cérium , 
d'abord  parce  qu'il  est  à  peu  près  impossible  de  l'avoir  à  l'état  pur,  ensuite 
parce  que  l'analyse  organique  comporte  des  erreurs  trop  considérables 
pour  pouvoir  être  appliquée  à  un  poids  atomique  aussi  élevé.  Les  grandes 
différences  trouvées  (Jegel,  91,66;  Rammelsberg,  92,16;  Bûhrig,  9/1, h) 
montrent  l'insuffisance  de  la  méthode.  Il  faut  remarquer  de  plus,  —  ces 
sortes  de  surprises  ne  sont  pas  rares  dans  l'histoire  du  cérium,  —  que  le 
chiffre  de  Bûhrig,  généralement  accepté  aujourd'hui,  est  le  même  que 
celui  donné  en  i848  par  Marignac  qui  l'a  reconnu  inexact  peu  de  temps 
après  (  1 853 ).  Il  l'avait  obtenu,  en  effet,  par  la  précipitation  directe  du 
sulfate  avec  le  chlorure  de  baryum.  Nous  citerons  enfin,  pour  compléter 
l'historique,  l'analyse  du  chlorure  anhydre  faite  par  M.  Robinson  qui  lui  a 
donné  Ce  =  93,5,  chiffre  identique  à  celui  de  M.  Brauner.  Le  chlorure  est 
un  sel  trop  déliquescent,  trop  difficile  à  purifier  de  l'oxychlorure  qui  l'ac- 
compagne pour  pouvoir  être  employé  avec  quelque  chance  de  succès  à  la 
détermination  du  poids  atomique.  Tous  les  anciens  procédés  écartés  comme 
insuffisants,  il  restait  à  trouver  un  procédé  meilleur.  Nous  avions  remarqué, 

(l)  Ce  cliiflre  s'éloigne  peu  de  la  moyenne  des  17  analyses  de  MM.  Richards  et 
Parker,  qui  est  de  0,287  p.  100  (Zeit.  Aiuil.  67*.,  I.  VIII,  p.  ^17), 


m  faisan!  de  nombreux  dosages  d'eau  dans  le  sulfate  hydraté,  la  parfaite 
concordance  des  chiffres  qu'on  obtenait.  Sur  20  dosages,  aucun  ne  présen- 
tait un  écart  supérieur  à  o,o3  p.  100.  L'idée  nous  vint  alors  d'employer 
ce  dosage  à  la  détermination  (\\\  poids  atomique;  en  tout  cas,  il  pouvait 
senir  à  fixer  d'une  façon  exacte  les  conditions  dans  lesquelles  l'oxyde 
ce'roso-cérique  obtenu  par  caicination  à  haute  tempérai  1  ire  avait  la  formule 
Ce3  0''  et  de  reprendre  ainsi  avec  certitude  la  méthode  de  M.  Brauner.  Le 
tableau  qui  résume  nos  expériences  montre  d'une  façon  évidente  : 

i°  Que  I.'  dosage  île  l'eau  donne  des  écarts  moindres  que  le  dosage  de 
l'oxyde  céroso-cériquc  calciné  au  blanc,  et  par  conséquent  un  chiffre  plus 
exact  pour  le  poids  atomique. 

a"  Que  la  méthode  de  M.  Brauner  donne  un  chiffre  sensiblement  exact 
lorsqu'on  calcine  le  sulfate  à  une  température  très  élevée  (i5oo  degrés 
environ),  parce  que  ce  n'est  qu'à  cette  haute  température  qu'on  élimine 
les  dernières  traces  d'acide  sulfurique.  A  cet  étal,  s'il  est  rigoureusement 
pur,  il  doit  être  absolument  blanc,  sans  la  moindre  leinle  rose,  chamois  on 
jaune.  Dans  cette  méthode,  ce  sont  les  chiffres  les  plus  bas  qui  sont  le  plus 
rapprochés  de  la  vérité.  Mais  pour  pouvoir  doser  exactement  l'eau  ,  il  n'est 
pas  indifférent  de  s'adresser  à  n'importe  lequel  des  nombreux  hydrates  du 
sulfate  céreux.  Nous  avons  donc  commencé  par  étudier  avec  soin  les  con- 
ditions de  formation  et  les  propriétés  de  ces  sels,  sur  lesquelles  on  est  loin 
d'être  d'accord. 

Les  hydrates  décrits  sont  au  nombre  de  cinq  : 

A.  (CeSO4)3 5  Aq. 

15.  CeSO'' "  AM- 

G.    (CeSO1, 8Aq. 

I).  CeSO" 3  Aq. 

E.   CeSO'' *  Aq. 

La  forme  cristalline  et  les  propriétés  optiques  des  sels  A,  C  et  1)  ont  été 
déterminées,  du  moins  approximativement,  par  Marignac  et  Des  Gloizeaux. 
Le  sel  E  se  présente  sous  forme  d'efflorescences  composées  d'aiguilles  en- 
chevêtrées tout  à  fait  indéterminables;  seul  le  sel  B  n'a  été  que  vaguement 
caractérisé  comme  cristallisant  en  aiguilles  semblables  à  celles  du  sel  A.  En 
réalité,  cet  hydrate  n'existe  pas,  et  chaque  fois  qu'on  obtient  des  quantités 
d'eau  voisines  de  16  p.  100,  on  est  sur  de  trouver  au  microscope  deux 
sortes  de  cristaux  :  des  prismes  n'éteignant  [tas  suivant  leur  longueur  du 
sel  A  et  des  octaèdres  beaucoup  moins  biréfringents  du  sel  C. 

Les  conditions  de  formation  de  ces  divers  hydrates  sont  très  différentes, 
suivant  que  la  liqueur  contient  ou  ne  contient  pas  un  peu  d'acide  sulfu- 
rique fibre.  Nous  n'avons  à  examiner  ici  que  le  cas  particulier  des  solutions 
absolument  exemptes  d'acide  libre.  Cette  condition  est  essentielle,  car  on 


—  3/i  9  — 

sait  que  le  sulfate  céreux,  quelque  bien  cristallisé  qu'il  soit,  retient  l'acide 
sulfurique  avec  une  singulière  ténacité,  qui  s'explique  peut-être  par  la  faci- 
lité avec  laquelle  se  l'orme  un  sulfate  acide  que  l'un  de  nous  a  décrit  depuis 
longtemps C1)  et  qui  ne  se  décompose  (pie  difficilement  à  une  température, 
relativement  très  élevée.  Pour  chasser  les  dernières  traces  d'acide  sulfurique, 
on  peut  procéder  de  diverses  façons:  ou  liien  précipiter  deux  ou  trois  fois 
par  l'alcool,  ou  bien,  après  une  première  déshydratation  faite  à  une  tem- 
pérature aussi  élevée  que  possible  (hoo-liho  degrés),  dissoudre,  cristalliser 
h  70-80  degrés  la  plus  grande  partie,  évaporer  l'eau-mère  qui  a  retenu  la 
majeure  partie  de  l'acide  libre  existant,  chauffer  jusqu'à  disparition  des  va- 
peurs  sulfuriques,  déshydrater  les  cristaux,  dissoudre  le  tout  dans  l'eau  et 
répéter  l'opération  trois  ou  quatre  fois;  ou  bien  encore  et  plus  simplement, 
décomposer  les  nitrates  par  une  quantité  insuffisante  d'acide  sulfurique  et 
chauffer  vers  5oo  degrés.  La  masse  contient  de  l'oxyde  céroso-cérique  ou 
un  sel  basique  qui  reste  sur  le  filtre  et  du  sulfate  céreux  qui  se  dissout. 
Le  sel  ainsi  préparé  ne  donne  plus  à  toutes  les  températures,  depuis  la  tem- 
pérature ambiante  jusqu'au-dessus  de  85  degrés,  que  l'hydrate  G  mélangé 
parfois,  lorsque  la  température  ne  dépasse  pas  /i5  degrés,  de  quelques 
cristaux  aciculaires,  généralement  isolés  et  très  nets,  de  l'hydrate  1)(2'.  (le 
n'est  qu'à  une  température  voisine  de  100  degrés  qu'on  obtient  des  ai- 
guilles clinorhombiques  du  sel  A  toujours  mélangées  de  l'hydrate  G.  Au  sor- 
tir de  l'eau-mère,  ces  aiguilles  s'effleu rissent  ou  plutôt  semblent  s'effleurir 
très  rapidement;  en  réalité,  elles  se  recouvrent  d'une  couche  de  cristaux 
de  l'hydrate  supérieur  G,  seul  normal,  seul  stable  dans  ces  conditions. 

Il  suit  de  là  que  le  sel  (CeSO4)3  8  Aq.  est  le  seul  qui  puisse  être  employé 
pour  les  pesées  exactes.  11  se  maintient  très  bien  à  l'air,  donne  facilement 
des  cristaux  très  limpides,  surtout  lorsqu'ils  sont  petits.  Sa  densité  à  17  de- 
grés est  de  2.885.  Pour  l'obtenir  rapidement  en  cristaux  très  limpides, 
il  faut  dissoudre  le  sulfate  déshydraté  vers  4o<>  degrés  dans  10  fois  son 
poids  d'eau  et  cristalliser  à  Go  degrés.  On  a  ainsi  en  vingt-quatre  heures 
un  dépôt  abondant  de  cristaux  ne  dépassant  pas  0  m.  009.  de  diamètre  et 
d'une  transparence  parfaite.  On  les  égoutte  sur  du  papier  à  filtrer,  on  les 
roule  dans  du  papier  Joseph  jusqu'à  disparition  de  la  moindre  humidité, 
on  les  pulvérise  et  on  les  essuie  encore.  A  cet  état,  ils  peuvent  servir  à  l'ana- 
lyse el  donnent  des  nombres  constants,  même  après  être  restés  deux  ou 
trois  jours  à  l'air. 

L'hydrate  G,  comme  tous  les  autres  hydrates  du  reste,  se  déshydrate 
1res   facilement   vers  200  degrés;  chauffé  dans  un  tube  au  rouge,  il  ne 

W  Bulletin  Soc.  Chim.,  3°  série,  I.  Il,  p.  7^0,  1889. 
I  Ces  cristaux  se  distinguent  au  microscope,  à  première  vue,  des  aiguilles  de 
l'hydrate  \,  mer  lequel  on  pourrait  les  confondre.  Ils  appartiennent  en  effet  à  la 
symétrie  hexagonale,  et  en  lumière  polarisée  s'éteignent  suivant  leur  longueur;  les 
nxtinclions  des  cristaux  A  seul,  mm  contraire,  très  obliques  sur  l'arête  mm. 


—  350  — 

donne  |»lus  trace  d'eau.  Une  ibis  déshydraté,  il  supporte  une  température 
voisine  de  5oo  degrés  sans  subir  la  moindre  décomposition. 

Sur  ces  deux  points,  nous  sommes  en  complet  désaccord  avec  M.  Brau- 
ner,  qui  soutient  que  l'eau  ne  peut  être  définitivement  chassée  que  vers 
/ioo  degrés  et  qu'une  température  de  5oo  degrés  fait  jaunir  le  sel  par 
suite  d'un  commencement  d'oxydation. 

Nous  ferons  remarquer  que  si  notre  dosage  d'eau  était  trop  faible,  le 
poids  atomique  du  cérium,  déjà  inférieur  à  celui  de  M.  Brauner,  serait  en- 
core abaissé;  d'autre  part,  l'oxydation  du  sulfate  céreux  à  5oo  degrés  in- 
dique nettement,  ainsi  que  Nilson  l'a  remarqué  le  premier (1),  la  présence 
de  la  thorine. 

Le  sel  déshydraté  est  chauffé  au  blanc  vers  i5oo  degrés.  Il  ne  perd  son 
acide  (pie  très  lentement,  et  il  faut  au  moins  quinze  minutes  de  chauffe 
pour  arriver  au  poids  constant.  L'oxyde  ainsi  obtenu  ne  semble  plus  con- 
tenir de  soufre;  du  moins,  celui  de  l'analyse  1,9,  calciné  dans  l'hydrogène , 
n'en  a  donné  aucune  trace,  dépendant  l'extrême  dilîicullé  avec  laquelle  le 
sel  perd  de  son  acide  par  calcination  doit  faire  considérer  ce  procédé  comme 
moins  exact  cpie  celui  du  dosage  de  l'eau. 

Pour  arriver  à  des  résultats  quelque  peu  précis,  il  faut  opérer  toutes  les 
calcinations  en  double  creuset ,  employer  des  creusets  de  platine  aussi  petits 
que  possible,  ne  pas  prendre  plus  de  i  gr.  5  de  matière  et  faire  la  pesée  à 
l'abri  de  l'humidité. 

Les  trois  séries  d'analyses  résumées  dans  le  tableau  ont  été  faites  sur 
trois  produits  essentiellement  différents. 

I.  Cérium  extrait  des  oxalates  bmts  de  la  monazite  par  le  procède  que  nous 
avons  exposé  plus  haut  et  rigoureusement  purifié  de  la  thorine.  —  Ce  cérium  a 
été  transformé  en  sulfate  et  le  sulfate  fractionné  en  neuf  portions.  Les  ana- 
lyses î  et  2  ont  été  faites  sur  la  première  portion,  les  analyses  3  et  k  sur 
la  dernière. 

II.  Cérium  protenant  du  traitement  industriel  d'oxalates  extraits  de  la  mo- 
nazite, très  riches  en  thorine  (environ  5o  p.  îoo),  par  le  carbonate  d'ammo- 
niaque. —  Ce  réactif  avait  dissous  une  certaine,  quantité  de  cérium  de  di- 
dyme  et  toutes  les  terres  de  l'yttria.  Après  élimination  de  la  plus  grande 
partie  de  la  thorine  par  les  procédés  habituels,  le  mélange  restant  a  été 
traité  comme  le  cérium  I.  Le  sulfate  a  donné  trois  fractions.  Les  analyses  î 
et  2  se  rapportent  à  la  première,  les  analyses  3  et  h  à  la  dernière. 

III.  Cérium  extrait  des  oxalates  bruts  provenant  de  la  cérite  et  purifiés  comme 
le  cérium  I  et  II.  —  Le  sulfate  a  été  séparé  par  cristallisation  à  Go  degrés  en 
trois  fractions.  L'analyse  î  se  rapporte  «à  la  première,  l'analyse  2  à  la  dernière. 


(i) 


\nn.  Ckim.  l'hyx.,  h'  série,  t.  XXX,  p.  Û3i;  i88i->. 


—  351   — 


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352 


[/examen  de  ee  tableau  montre  de  la  façon  la  plus  claire  que  le  cérium, 
quelle  que  soit  sa  provenance,  convenablement  débarrassé  «les  impuretés 
qu'il  peut  contenir,  el  spécialement  de  la  thoiïne,  est  uu  élément  toujours 
idnilique  à  lui-même ,  donnant  toujours  à  houle  température  an  oxyde Ce304 
parfaitement  blanc.  Les  méthodes  indirectes  qui  ont  été  employées  ne  per- 
mettent pas  de  fixer  son  poids  atomique  d'une  façon  absolument  rigoureuse, 
mais  on  peut  dire,  avec  certitude,  qu'il  est  voisin  de  yj.7  avec  une  ap- 
proximation de  0.2  à  o.-'i  p.  100,  plutôt  en  moins  qu'en  plus. 

\près  avoir  ainsi  li\é  l'identité  du  métal,  nous  étudierons  dans  un  pro- 
chain travail  I;  s  principales  combinaisons,  cl  notamment  ses  1 breux 

oxydes. 


BULLETIN 

DU 

MUSÉUM   D'HISTOIRE  NATURELLE. 


ANNEE  1897.  -    N°  8. 


24"  réunion  des  naturalistes  du  muséum. 

2  1    DÉCEMBRE    1  897. 


PRESIDENCE   DE   M.  MILNE   EDWARDS, 

DIRECTEUR    DU    MUSEUM. 


M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  le  70  fascicule  du  Bulletin 
pour  l'année  1897,  paru  le  20  décembre  et  contenant  les  com- 
munications faites  dans  la  réunion  du  3o  novembre. 

Il  exprime  les  regrets  de  M.  le  comte  de  Barthélémy,  qui  est 
malade  en  ce  moment  et  qui  est  forcé  de  remettre  à  une  date  ul- 
térieure la  communication  qu'il  se  proposait  de  faire  sur  son  récent 
voyage  dans  l'Indo-Chine. 

11  annonce  qu'une  exposition  des  nombreuses  collections  rappor- 
tées de  la  Palagonie  par  M.  le  comte  de  la  Vaulx  succédera,  au 
Muséum,  à  l'exposition  des  collections  de  MM.  Chaffanjon,  Gay  et 
Mangini  et  pourra  être  ouverte  vers  le  mois  de  mars. 

Il  annonce  que  Monsieur  Bardoux,  sénateur  inamovible,  qui 
avait  été  nommé  membre  du  Conseil  du  Muséum  par  un  décret  du 
1/1  de'cembre  1891,  est  décédé  le  23  novembre  1897;  M.  Fallières, 
sénateur,  ancien  Ministre  de  l'instruction  publique,  le  remplace 
dans  le  Conseil  (décret  du  i5  décembre  1897). 

Madame  veuve  Lemoine  et  son  fils  M.  Lemoine,  docteur  en  droit, 
ont  offert  au  Muséum  la  belle  collection  des  fossiles  de  Cernay  de- 
Mcsbum. III.  25 


—  354  — 

venue  célèbre  par  les  travaux  de  laminent  paléontologiste,  M.  Vic- 
tor Lemoine,  et  ils  ont  fait  don  du  terrain  où  se  trouve  le  gisement 
de  ces  Vertébrés  éocènes  de  manière  à  nous  permettre  de  continuer 
les  fouilles  qui  ont  été  déjà  si  fructueuses. 

M.  le  DrR.  Blanchard,  qui  possède  la  riche  collection  de  Bryozo- 
aires formée  par  M.  le  Dr  Jullien  et  renfermant  les  types  des  nom- 
breuses espèces  décrites  par  cet  auteur,  a  fait  don  de  cette  col- 
lection au  Muséum. 

M.  Gh.  Hose,  Résident  de  Grande-Bretagne  à  l'île  de  Bornéo, 
vient  de  faire  don  au  Muséum  d'une  magnifique  série  de  Mammi- 
fères et  d'Oiseaux  provenant  de  Gélèbes  et  de  Bornéo. 

La  collection  de  Mammifères  comprend  hi  spécimens,  dont 
21  Singes,  5  Insectivores,  3  Carnassiers  et  i3  Rongeurs. 

Parmi  les  Singes  sont  à  signaler  :  une  importante  série  à'Hijlo- 
bates  Mùlleri  (Mart.)  montrant  la  grande  variabilité  des  teintes  chez 
cette  espèce,  plusieurs  Semnopithèques  nasiques  et  quelques  repré- 
sentants d'espèces  récemment  décrites  et  rares  dans  nos  collec- 
tions :  S.  Hosei  (Thos.),  S.  Everetti  (Thos.). 

Les  Insectivores  sont  des  Toupayes  dont  une  espèce  T.  montana 
(Thos.)  est  encore  mal  représentée  dans  nos  collections.  En  fait  de 
Carnassiers,  le  curieux  Hemigale  Hardivicki  (Gr.)  mérite  particuliè- 
rement d'être  indiqué. 

Les  Rongeurs  appartiennent  tous  à  la  famille  des  Sciuridés. 
Sont  à  mentionner  spécialement  deux  magnifiques  Se.  bicolor 
(Sparrm.)  à  queue  démesurée,  et  le  petit  Ecureuil  montagnard 
Se.  notalus  orestes  (Thos.)  que  nous  ne  possédions  pas  encore. 

Sauf  un  Pteromys  nitidus  (Desm.)  recueilli  par  M.  Hose  dans  l'île 
Bungoran  ou  Grande  île  Natuna,  tous  ces  spécimens  proviennent 
des  hautes  terres  de  Sarawak,  et  particulièrement  du  Mont  Dulit, 
dans  le  Nord-Est  de  Bornéo. 

La  collection  d'Oiseaux  se  compose  de  1 33  spécimens,  parmi 
lesquels  se  trouvent  les  représentants  de  nombreuses  espèces  ré- 
cemment décrites  par  M.  R.  Bovvdler  Sharpe,  senior  Assistant  au 
British  Muséum,  d'après  des  exemplaires  recueillis  soit  par 
M.  Hose,  soit  par  M.  J.  Whitehead.  Nous  ne  pouvons  citer  ici 
toutes  ces  formes,  qui,  pour  la  plupart,  sont  cantonnnées  dans  l'île 
de  Bornéo  et  se  trouvent  principalement  dans  les  régions  monta- 


—  355  — 

gneuses  de  l'intérieur,  à  des  altitudes  variant  de  1,000  à  6,000 
pieds,  et  nous  mentionnerons  seulement,  comme  particulièrement 
intéressants,  un  petit  Hibou  (Heteroscops Luciœ) ,  des  Barbus  (Cyanops 
monticola  et  Mesobucco  e.vimius),  des  Timéliidés  (Rhinocichla  Treacheri, 
Staphidia  Everetti,  Turdinus  canicapillus ,  Turdinuhs  exuh  Otocompsa 
montis,  Chioropsis  kinabaluensis ,  Hemixus  connectens),  un  magnifique 
Eurylaime (Calyptomena  Hosei) ,  un  Loriot  (  Oriolus  Hosei) ,  des  Drongos 
(Chibia  bomeensis,  Bùchanga  stigmatops,  Graucalus  Normanni),  etc. 
D'autres  espèces,  plus  anciennement  connues,  sont  également  pré- 
cieuses pour  le  Muséum.  Tel  est,  entre  autres,  l'Argus  de  Bornéo 
(Argusianus  Grayi)  qui  est  très  différent  de  l'Argus  de  Malacca  et 
dont  M.  Hose  a  envoyé  trois  spécimens,  un  mâle  adulte,  un  jeune 
mâle  et  une  femelle. 

M.  le  professeur  Gaudry  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  un 
cadre  renfermant  des   poils  de    Mammouth   qu'il  a  rapportés  de 
Russie  et  donne  à  ce  sujet  les  renseignements  suivants  :  crLe  Con- 
grès géologique  international  a  tenu  cette  année  ses  assises  à  Saint- 
Pétersbourg.  La  Géologie  est  très  honorée  en  Russie.  L'Empereur, 
les  membres  du  Gouvernement,  les  municipalités  nous  ont  fait  des 
réceptions  magnifiques;  des  excursions  géologiques  ont  été  organi- 
sées en  Esthonie,   en  Finlande,   dans  l'Oural,  dans   le   Caucase. 
M.  Bùchner,  assistant  du  musée  de  l'Académie  impériale  des  sciences , 
a  bien  voulu  me  donner,  au  nom  de  l'Académie,  des  poils  du  Mam- 
mouth qui  a  été  trouvé  par  M.  Schmidt  à  l'embouchure  de  l'Yénis- 
sii.  Le  professeur  de  Zoologie,  M.  Milne  Edwards,  a  eu  la  bonté 
de  nous  faire  disposer  avec  soin  ces  poils  que  je  présente  à  l'as- 
semblée des  naturalistes.  On  voit   en   même   temps  qu'une  laine 
très   serrée  des  poils   d'une   singulière   longueur.  Le    majestueux 
Mammouth  de  Sibérie,  avec  sa  belle  fourrure,  ses  longues  défenses 
ecourbées,  a  dû  être  un  grandiose  ornement  des  paysages  quater- 


1 

naires.  r> 


M.  le  professeur  Bouvier  annonce  en  ces  termes  le  don  au  Mu- 
séum de  la  collection  de  feu  M.  Ragonot  : 

Les  galeries  entomologiques  du  Muséum  se  sont  enrichies  récemment 
d'une  collection  qui  augmente  singulièrement  leur  valeur  et  leur  intérêt 
scientifique;  avec  une  générosité  qu'on  ne  saurait  trop  louer,  et  qui  mérite 
d'être  citée  comme  exemple,  Mme  veuve  Ragonot  vient  d'offrir  à  notre  éta- 
blissement les  précieux  Mierolépidoptères  qu'avait  réunis  son  mari,  et  les 

a5. 


—  356  — 

ouvrages  qu'il  s'était  procurés  pour  en  faire  l'élu  le.  Grâce  à  celte  dona- 
tion, le  Muséum  se  trouve  aujourd'hui  en  possession  de  richesses  que  les 
plus  grands  établissements  zoologiques  pourront  justement  lui  envier.  Les 
Microlépidoplères,  en  effet,  constituent  un  groupe  dont  l'étude,  trop  dé- 
laissée jusqu'ici,  est  particulièrement  laborieuse  et  difficile.  Peu  d'entomo- 
logistes ont  consacré  à  ce  groupe  plus  de  labeur  et  d'intelligence  que  le 
savant  regretté  dont  le  Muséum  a  recueilli  l'héritage;  après  trente  années 
d'études  poursuivies  sans  relâche,  il  a  pu  former  une  collection  que  nulle 
autre  n'égalait  en  France,  et  qui,  à  part  une  exception  peut-être,  n'avait 
pas  de  rivale  à  l'étranger.  Dans  la  donation  dont  je  suis  heureux  de  vous 
entretenir,  je  ne  sais  ce  qu'il  faut  le  plus  admirer,  du  profond  désintéres- 
sement de  Mme  Ragonot,  ou  de  la  généreuse  pensée  de  son  mari  exprimant 
le  désir  qu'après  lui,  sa  collection  revînt  à  notre  établissement;  en  tout  cas, 
des  actes  de  cette  nature  sont  au-dessus  de  tout  éloge  :  ils  honorent  gran- 
dement leur  auteur,  et  ils  témoignent,  à  un  degré  qui  n'est  pas  commun, 
le  plus  vif  amour  pour  notre  patrie  et  pour  la  science. 

C'est  vers  1870  que  Emile  Ragonot  entreprit  sérieusement  ses  études 
sur  le  groupe  des  Microlépidoptères.  Rien  qu'à  cette  époque  il  fut  déjà  un 
entomologiste  passionné,  il  n'avait  pas  encore  trouvé  sa  voie  et  il  consa- 
crait ses  loisirs  à  rassembler  des  connaissances  sur  le  groupe  tout  entier  des 
Insectes.  Au  reste,  cette  période  préparatoire  n'influa  pas  médiocrement 
sur  la  valeur  de  ses  travaux;  quand  on  veut  se  livrer  à  des  recherches  spé- 
ciales, il  n'est  pas  bon  de  s'y  localiser  dès  le  début,  et  les  recherches  du 
savant  entomologiste  n'auraient  pas  eu,  certainement,  le  caractère  scienti- 
fique et  précis  qu'on  s'accorde  à  leur  reconnaître,  si  elles  n'avaient  eu  pour 
base  fondamentale  des  connaissances  générales  fort  étendues. 

Dès  qu'il  eut  abordé  le  champ  ingrat,  et  presque  inculte,  dans  lequel  il  a 
dépensé  tant  de  travail,  Ragonot  montra  qu'il  était  à  la  hauteur  de  la 
lâche  entreprise  :  ses  travaux  furent  vite  goûtés  des  hommes  de  science,  et 
il  se  trouva  bientôt  en  relation  avec  tous  les  microlépidoptéristes  les  plus 
éminents.  11  est  peu  de  collections  importantes  qu'il  n'ait  étudiées,  peu 
de  musées  qui  n'aient  eu  recours  à  ses  lumières  scientifiques;  le  nôtre  fut  un 
des  premiers  à  profiter  de  ses  connaissances ,  et  tout  ce  que  nous  possé- 
dons en  Microlépidoptères  fut  déterminé  et  étiqueté  de  sa  main. 

C'est  aux  relations  étendues  qu'il  sut  former,  aussi  bien  qu'à  ses  connais- 
sances et  à  la  sûreté  de  ses  vues,  que  la  collection  qu'il  a  réunie  doit  son 
inappréciable  valeur.  Non  seulement  les  /io,ooo  exemplaires  qui  la  com- 
posent ont  été  déterminés  par  un  maître,  mais  beaucoup  sont  des  formes 
typiques  provenant  d'échanges,  et  près  de  5oo  sont  des  types  qu'il  a  décrits 
et  figurés  dans  ses  divers  ouvrages.  Parmi  ces  derniers  se  trouvent  les 
exemplaires  avec  lesquels  il  composa  son  remarquable  Essai  sur  la  classifi- 
cation des  Pip-alites. 

En  189.S,  quand  la  mort  vint  brusquement  l'emporter,  ii  venait  de  ter- 


—  357  — 

miner  le  premier  volume  d'un  ouvrage  plus  important  encore,  sa  Monogra- 
ph'e  des  Phijcitinœ,  publiée  sous  les  auspices  et  avec  le  concours  du  grand- 
duc  Nicolas  Mikhaïlowitch.  Mais  le  second  volume  était  en  préparation;  et 
un  serrement  de  cœur  prenait  le  savant,  qui  craignait  de  laisser  son  œuvre 
incomplète.  En  cette  triste  occurrence,  M""  Ragonot  a  montré  ce  que  pou- 
vait un  noble  cœur  servi  par  une  belle  intelligence.  Le  savant  n'était  plus 
là,  mais  ses  collections  restaient,  représentant  le  meilleur  de  sa  carrière 
scientifique.  Aidée  par  M.  l'abbé  de  Joannis  et  par  M.  Ponjade,  M'"e  Rago- 
not réunit  tous  les  matériaux  nécessaires  à  l'achèvement  du  second  volume; 
elle  les  communiqua  au  collaborateur  que  son  mari  avait  désigné,  M.  Hamp- 
son,  surveilla  le  travail  d'imprimerie,  revit  les  épreuves,  et  quand  tout 
fut  prêt,  quand  elle  eut  achevé  sa  tâche,  elle  écrivit  simplement  au  Direc- 
teur du  Muséum  pour  lui  offrir  les  richesses  que  son  mari  avait  réunies 
avec  tant  d'amour.  Bientôt  paraîtra  le  second  volume  de  la  Monographie 
des  Phycides;  grâce  à  Mme  Ragonot,  les  savants  pourront  consulter  au 
Muséum  les  matériaux  qui  ont  servi  à  le  préparer. 

Le  plus  vif  désir  de  Ragonot  était  de  former  des  élèves  et  de  voir  les 
jeunes  entomologistes  entrer  dans  la  carrière  qu'il  avait  si  fructueuse- 
ment suivie.  Je  me  suis  inspiré  de  ce  désir  et  j'ai  placé  la  précieuse  collec- 
lion  au  laboratoire,  dans  un  meuble  spécial,  où  sa  conservation  est  parfai- 
tement sûre,  et  où  elle  pourra  cbaque  jour  être  facilement  et  utilement 
consultée.  A  côté  se  trouve  la  petite  bibliotbèque,  comprenant  à  peu  près 
5o  volumes,  que  Ragonot  avait  constituée  et  qui  renferme  des  ouvrages 
de  première  importance,  comme  la  Monographie  des  Tinéides  de  Slainton, 
ou  des  mémoires  plus  précieux  encore,  parce  qu'ils  ont  été  tenus  au  cou- 
rant et  annotés  par  lui  (Monographie  des  P ijr alites ,  Catalogue  de  Staudin- 
ger). 

Le  regard  de  Ragonot  suivra  d'un  œil  complaisant  les  entomologistes 
qui  viendront  profiler  des  fruits  de  son  travail  et  de  sa  grande  libéralité. 
La  Société  entomologique  de  France,  dont  il  fut  deux  fois  le  président,  a 
bien  voulu  m'offrir  un  exemplaire  avant  la  lettre  du  beau  portrait  de  Rt 
gonot  que  M.  Poujade  a  gravé  pour  ses  Annales;  j'ai  fait  placer  ce  portrait 
à  côté  de  la  collection,  au  voisinage  des  deux  Fallou,  qui  ont,  eux  aussi, 
voulu  servir  après  eux  la  science,  en  léguant  leurs  collections  au  Muséum. 

M.  Renault  dépose  au  nom  de  M.  Roche  et  au  sien  une  brochure 
intitulée  :  Sur  une  nouvelle  Diploxylée,  et  en  même  temps  un 
échanlillon  à  slructurc  conservée,  unique  jusqu'ici,  qui  a  servi  à 
cette  étude.  Cet  échantillon,  destiné  aux  collections  de  Paléontologie 
végétale,  provient  du  culm  d'Esnost,  près  Autun. 

Le  Directeur  fait  projeter  sur  le  tableau  des  photographies  in- 
stantanées prises  d'après  les  Chimpanzés  de  la  ménagerie  du  Mu- 


—  358  — 

séum  et  résume  les  observations  que  l'on  a  pu  faire  sur  ces  ani- 
maux remarquables  par  leur  douceur  et  leur  intelligence.  Le  Jardin 
des  plantes  a  posse'de'  un  moment  trois  Chimpanzés  mâles  et  femelle 
dont  deux  avaient  été  donnés  par  M.  le  Dr  Maclaud;  malheureuse- 
ment la  femelle  a  été  emportée,  il  y  a  quelque  temps,  par  une 
congestion  pulmonaire;  un  jeune  mâle  vient  de  mourir  également 
et  il  ne  reste  plus  qu'un  mâle,  Baboun,  âgé  de  6  à  7  ans,  qui  vit 
à  la  ménagerie  depuis  1  9  mois,  et  une  petite  femelle  du  Fernand- 
Vaz. 

M.  Hamy  présente  à  la  réunion  l'épreuve  originale  du  masque 
de  Jean-Jacques  Rousseau,  moulé  à  Ermenonville  au  lendemain 
de  la  mort  du  célèbre  écrivain,  le  k  juillet  1778,  et  exprime  le 
regret  de  n'avoir  pas  pu  confronter  cette  pièce  authentique,  qui  ap- 
partient à  la  galerie  d'Anthropologie  du  Muséum  (collection  de 
Gall,  n°  36o),  avec  le  crâne  rencontré  ces  jouis  derniers  dans  le 
caveau  de  Rousseau  au  Panthéon. 


COMMUNICATIONS. 


Description  d'un  Bhinolopiie  d'espèce  nouvelle,  R.  Maclaudi, 

RECUEILLI  PAU  M.   LE  D'  MâCLAUD 
SUR   LIEE   DE    CONAKRY  (GUINEE    FRANÇAISE), 

PAR   E.   DE   POUSARGUES. 

Parmi  les  Mammifères  nombreux  et  intéressants  recueillis  par  M.  le 
Docteur  Maclaud  dans  file  de  Conakry,  sur  les  côtes  de  la  Guinée  française, 
se  trouvait  un  Cheiroptère  du  genre  Rhinolophus  présentant  un  ensemble 
de  caractères  qui  le  distinguent  nettement  de  toutes  les  autres  formes  con- 
génériques. 

Cette  nouvelle  espèce  est  de  grande  taille,  plus  grande  que  toutes  celles 
signalées  jusqu'à  présent  sur  le  continent  africain,  car  elle  dépasse  en  di- 
mensions le  H.  Hildebrandti  (Pet.)  de  l'Afrique  orientale  et  ne  le  cède  à  cet 
égard  qu'au  géant  du  genre,  le  Hliinolophe  deuil,  R.  luctus  (Tem.),  des 
hautes  terres  de  l'Inde  continentale  et  archipélagique.  Sa  taille  n'est  pas  le 
seul  caractère  qui  la  rapproche  des  grandes  espèces  indiennes  pour  lesquelles 
Gray  avait  créé  les  sous-genres  Aquias  et  Phyllotis  ;  elle  leur  ressemble 


—  359  — 

aussi  par  le  mode  de  conformation  de  la  feuille  nasale  et  en  particulier  de 
la  selle  ou  partie  centrale.  Cette  dernière  peut  être  comparée,  dans  son 
ensemble,  au  pétale  Libellé  de  certaines  fleurs  :  sa  portion  basilaire  est 
cordiforme;  chacune  de  ses  deux  ailes  symétriques  s'élève  d'abord  vertica- 
lement au-dessus  de  la  cloison  nasale,  puis  s'étale  et  s'épanouil  latérale- 


Fig.  1  • 


Gross.  3/a 


ment  et  enfin  s'incurve  en  haut  vers  son  bord  supérieur,  de  manière  à 
ménager  entre  elles  une  cavité  assez  profonde  en  forme  de  coupe  évasée,  ana- 
logue à  celle  que  l'on  remarque  chez  les  R.  mitratus  (Blylh)  et  R.  philip- 
pînensis  (Wat).  La  partie  supérieure  de  la  selle,  bien  développée  en  lon- 
gueur comme  en  largeur,  dessine  une  sorte  de  languette  dirigée  en  haut 
et  en  avant.  Un  autre  caractère  spécial  à  cette  nouvelle  espèce  consiste 
dans  le  mode  de  structure  de  la  partie  antérieure  de  la  feuille  nasale  ou  fer 
à  cheval,  qui,  sur  son  bord  interne  longeant  extérieurement  chacun  des 
orifices  nasaux,  se  redresse  verticalement  en  une  lame  membraneuse  assez 
élevée,  qui  vient  doubler  de  chaque  côté,  comme  un  calice,  l'espèce  de  co- 
rolle formée  par  la  portion  basilaire  de  la  selle.  Enfin  je  signalerai  tout 
particulièrement  la  longueur  démesurée  des  conques  auditives,  dont  les  di- 
mensions relatives  sont  énormes  et  qui,  au  point  de  vue  absolu,  dépassent 
même  en  longueur,  celles  du  R.  luctus,  le  mieux  pourvu  sous  ce  rapport. 

La  diagnose  de  cette  espèce  remarquable  peut  être  résumée  de  la  façon 
suivante  : 

La  partie  terminale  ou  supérieure  de  la  feuille  nasale,  bien  développée, 


3(30  — 


triangulaire ,  remonte  presque  verticalement  jusqu'entre  les  oreilles  et  pré- 
sente latéralement  les  trois  replis  et  les  vacuoles  ordinaires.  La  partie  anté- 
rieure horizontale  delà  feuille  ou  fer  à  cheval  est  large,  légèrement  échan- 
crée  au  milieu  de  son  bord  antérieur  et  surplombe  toute  la  lèvre  supérieure; 
le  long  de  son  bord  interne  attenant  aux  narines  elle  se  relève  de  chaque 
côté  en  une  lame  verticale  très  développée  dont  les  amorces  descendent 
en  s'atténuant  graduellement  vers  son  bord  antérieur. 

La  portion  basilaire  de  la  selle  est  cordiforme,  creusée  en  coupe,  beau- 
coup plus  large  que  sa  portion  supérieure  verticale  (section  h'  du  Synopsis 

de  Dobson){l),  chacune  de  ses  ailes  s'étalant  la- 
téralement et  se  relevant  ensuite  verticalement. 
La  partie  supérieure  de  la  selle  a  la  forme  d'une 
languette  dressée,  assez  longue,  et  conserve  la 
même  largeur  jusqu'à  son  sommet,  arrondi  et 
recourbé  en  avant.  La  lame  membraneuse  ver- 
ticale (posterior  Connecting  process)  qui  rattache 
cette  languette  à  la  partie  supérieure  de  la  feuille 
est  concave  ,  peu  élevée  et  n'atteint  même  pas  son 
sommet.  La  lèvre  inférieure  ne  présente  qu'un 
seul  sillon  médian  peu  profond.  Les  oreilles  sont 
énormes,  d'un  quart  plus  longues  que  la  tête  et 
hors  de  proportion  avec  la  taille  de  l'animal; 
leur  bord  interne,  garni  près  de  la  base  d'un  duvet  rare  et  court,  est 
régulièrement  convexe  jusqu'au  sommet  assez  peu  aigu,  légèrement  ar- 
rondi et  dirigé  en  dehors;  leur  bord  externe,  un  peu  éch ancré  et  concave 
dans  le  quart  supérieur,  devient  ensuite  régulièrement  convexe.  A  l'inté- 
rieur se  voient  douze  replis  parallèles  très  accentués.  L'antitragus ,  très  élevé , 
est  séparé  du  bord  externe  par  une  encoche  profonde  et  anguleuse;  sa  sur- 
face bosselée  présente  en  haut  une  partie  bombée  et  convexe,  plus  bas  une 
dépression  circulaire  profonde  formant  cuvette;  son  bord  supérieur,  arrondi 
et  convexe,  se  replie  en  dehors  en  s'enroulant  en  ourlet;  son  bord  anté- 
rieur, profondément  concave,  vient  se  terminer  comme  un  soc  au-dessous 
et  au  niveau  de  l'œil.  La  membrane  alaire,  très  développée,  d'un  brun 
sombre,  prend  ses  attaches  aux  malléoles.  La  queue  est  relativement 
courte,  et  sa  pointe  extrême  dépasse  un  peu  la  membrane  interfémorale. 
Celle-ci  est  de  grandeur  médiocre,  triangulaire  en  arrière  et  relativement 
moins  développée  que  chez  le  R.  Inclus. 

Le  pelage  est  doux,  bien  fourni,  mais  assez  court,  d'un  blond  châtain 
uniforme,  un  peu  plus  clair  sur  la  face  inférieure  du  corps. 

La  première  prémolaire  supérieure  est  petite,  peu  élevée,  assez  distante 
de  la  canine,  au  contraire  très  rapprochée  de  la  deuxième  prémolaire, 


Fig.  a.  —  Gross.  3/-j. 


(l)   Dobson,  Catalog.  of ' Chiroptera ,  1878,  p.  101. 


—  361   — 

contre  laquelle  elle  est  accolée.  Ln  deuxième  prémolaire  inférieure  est 
très  réduite,  enchâssée  dans  l'angle  qui  sépare  les  première  et  troisième 
prémolaires  et  placée  par  conséquent  un  peu  en  dehors  de  la  rangée 
dentaire. 

Le  seul  spécimen  recueilli  par  M.  le  Docteur  Maclaud  est  une  femelle 
adulte,  prise  pendant  la  période  d'allaitement,  comme  l'indiquent  ses  ma- 
melles extrêmement  turgides.  Sur  la  région  pubienne  se  voient  les  deux  ap- 
pendices tétiniformes  ordinaires. 

Ses  principales  dimensions  sont  les  suivantes  : 

Longueur  de  la  tète  et  du  corps qf)n""o 

—        delà  queue i  i  0 

de  la  tête 33  0 

Dimensions  de  la  feuille  nasale 26x16  o 

Longueur  totale  de  la  selle 1 4  o 

Largeur  maximum  de  sa  partie  basale q  5 

Largeur  de  la  partie  supérieure  ou  languette 5  0 

Longueur  de  l'oreille,   de  la  base  de  son  bord  interne 

au  sommet 4  /,  0 

Longueur  de  i'antilragus,  de  la  pointe  de  son  bord  ex- 
terne au  sommet j  -,  0 

Longueur  de  i'avant-bras 68  0 

du  métacarpien  du  3e  doigt kn  o 

de  la  1"  phalange  du  3e  doigt 93  0 

de  la  ae  phalange  du  3e  doigt 36  o 

du  métacarpien  du  5e  doigt 5o  o 

de  la   1"  phalange  du  56  doigt 17  0 

de  la  -2e  phalange  du  5e  doigt 93  0 

du  tibia . 3 ,  0 

Celte  espèce,  que  je  dénommerai  Rlnnolophus  Maclaudi  en  l'honneur  de 
M.  le  Docteur  Maclaud ,  a  été  prise  sur  l'île  même  de  Gonakry,  mais  elle  doit 
sa  rencontrer  également  un  peu  plus  au  large,  sur  les  îles  de  Los,  et  d'autre 
part,  sur  les  côtes  et  dans  l'hinlerland  de  nos  possessions  de  la  Guinée 
français?;  elle  vient  grossir  le  nombre,  assez  restreint  du  reste,  des  es- 
pèces du  même  genre,  dans  celte  partie  de  l'Afrique  où  l'on  n'a  encore  si- 
gnalé que  le  R.  akijone  (Tem.  )  <>>,  le  R.  fumwatus  (  Rûpp.)  et  le  R.  clivosus 

(RûppO™. 

(1>  Temmiuck,  Esquiss.  zoolog.,  Cotes  de  Guinée,  1  853 ,  p.  80.  —  Matschie, 
Sâugeth.  des  Togogeb.  —  Mittheil.  ans  den  deutsch.  Schutzgeb.  Bd.  VI ,  Hft.  3 ,  Ex- 
trait, 1893,  p.  8. 

;  De  Rochebrune,  Faune  de  la  Smégamhie,  Act.  Soc.  Linn.  Bordeaux. 
«883.  Vol.  XXXVII,  h'  série,  t.  VII,  p.  93  et  94. 


-.-   362  — 

Le  «Kp.okodïle  noir  du  Nigeb^  des  collections  du  Muséum, 
par  M.  Léon  Vaillant. 

Depuis  le  remarquable  Mémoire  publié  par  Strauch  en  1868,  l'assimi- 
lation entre  le  Crocodilus  cataphractus  Cuvier  et  le  Crocodile  noir  vu  par 
Adanson  au  Sénégal  n'est  contestée  par  aucun  zoologiste,  mais  il  y  avait 
difficulté  à  reconnaître  l'exemplaire  du  Muséum  étiqueté,  de  la  main  du 
célèbre  voyageur  :  Krokodile  noir  du  Niger.    • 

Cuvier  (  1807),  plus  tard  Duméril  et  Bibron  (i838)  parlent  de  cet  in- 
dividu, qu'ils  ont  eu  entre  les  mains,  et  le  déterminent  comme  variété  II  ou 
B.  de  leur  Alligator  palpebrosus ,  laquelle  variété  est  élevée  au  rang  d'es- 
pèce par  Cuvier  lui-même  dans  son  résumé  systématique;  on  la  désigne 
aujourd'hui  sous  le  nom  de  Jacaretinga  trigonatus  Scbneider.  On  sait  sur 
quelle  misérable  argumentation  s'est  appuyé  Gray  pour  prétendre,  jus- 
qu'en 1879.,  que  ces  savants  berpétologistes  avaient  confondu  un  Osteo- 
lœmus  tetrapsis  Cope,  de  la  côte  occidentale  d'Afrique,  avec  cette  espèce 
américaine,  si  nettement  caractérisée  par  eux,  bien  que  Strauch,  dans  le 
travail  précité,  eût  déjà  fait  justice  des  prétendues  raisons  données  par  le 
directeur  du  Musée  britannique. 

Toutefois,  dans  ces  derniers  temps,  il  avait  été  impossible  de  retrouver 
cet  objet,  dont  il  n'était  fait  mention  spéciale  ni  dans  le  catalogue  imprimé 
de  i85i  par  Constant  et  Auguste  Duméril,  ni  sur  les  catalogues  manu- 
scrits du  laboratoire.  Feu  Braconnier,  qui  connaissait  si  admirablement  la 
collection,  interrogé  plusieurs  fois  à  ce  sujet,  n'avait  pu  me  fournir  non  plus 
aucun  renseignement. 

Les  recherches  que  j'ai,  depuis  plusieurs  années,  entreprises  sur  nos 
Emydosauriens,  dans  le  but  d'y  déterminer  exactement  les  types  authen- 
tiques, m'ont  permis  de  retrouver  cet  intéressant  exemplaire  et,  sans  en- 
trer ici  dans  des  détails  qui  feront  l'objet  d'un  mémoire  spécial,  voici  en 
quelques  mots  les  déductions  par  lesquelles  on  est  amené  à  le  reconnaître. 

La  collection  à  l'époque  du  travail  de  Cuvier  (1807)  renfermait  quatre 
exemplaires  du  Jacaretinga  trigonatus;  elle  se  trouvait  dans  le  même  état 
lors  de  la  publication  du  IIIe  volume  de  Y  Erpétologie  général»  (  i838);  au- 
jourd'hui, d'ailleurs,  nous  n'en  possédons  qu'un  de  plus,  soit  cinq.  En 
voici  la  liste  énumérative  donnant  le  numéro  individuel  (Registre  des 
parchemins)  et  la  taille;  pour  aucun  d'entre  eux  nous  ne  connaissons  de 
localité  certaine  et  l'origine  n'est  indiquée  sur  le  catalogue  systématique 
«pie  pour  l'exemplaire  entré  le  dernier  dans  la  collection  : 

7527     Jacaretinga  trigonatus,  Schneider.  —  Longueur 

7529 

7525 

2141)  — 

2145  — 


r" 

>*7 

1 

00 

0 

80 

0 

37 

0 

•JO 

—  363  — 

Comme  l'exemplaire  pouvant  porter  l'indication  écrite  de  la  main 
d'Adanson  rtait  un  individu  en  peau,  on  doit  éliminer  les  deux  derniers, 
qui  sont  dans  l'alcool;  ils  sont  d'ailleurs  cités  déjà  par  Cuvier,  aussi  bien 
que  par  Dnméril  et  Bibron,  et  viennent  l'un  certainement,  l'autre  très 
probablement,  du  cabinet  du  Stathouder.  On  ne  tiendra  pas  compte  non  plus 
du  9539  entré  en  i8/i3  et  acquis  d'une  demoiselle  Niodot.  Les  953  9 
et  9595  sont  donc  les  deux  exemplaires  en  peau  vus  par  les  auteurs 
précités;  au  reste,  nous  en  trouvons  fort  heureusement  les  dimensions  don- 
nées dans  l'Erpétologie  générale  :  i  m.  ig  pour  l'un,  o  m.  8a  pour  l'autre; 
mesures  aussi  concordantes  qu'on  peut  le  désirer  avec  celles  citées  plus 
haut  et  que  j'avais  prises  avant  de  soupçonner  les  recherches  auxquelles 
je  devais  me  trouver  conduit.  Duméril  et  Bibron  ajoutent  que  le  plus  grand 
exemplaire,  qui  leur  a  surtout  servi  de  type,  rr avait  appartenu  auparavant 
au  Cabinet  d'Histoire  naturelle  de  la  Sorbonne».  Le  plus  petit,  9535, 
est  donc  nécessairement  l'individu  rrque  M.  Cuvier  trouva  dans  la  collection 
du  Muséum  portant  une  étiquette  avec  ces  mots  Krokodik  noir  du  Niger, 
écrite  de  la  main  d'Adanson». 

Cette  étiquette  existait-elle  encore  en  1 8 3 8  ?  La  phrase  reproduite  ici 
textuellement  laisse  dans  le  doute,  mais  permet  de  penser  qu'elle  avait 
disparu;  en  tout  cas,  n'en  trouve-t-on  aujourd'hui  aucune  trace.  Cuvier 
dit  au  reste  que,  de  son  temps,  elle  était  déjà  à  demi  effacée. 

Ce  qui  empêcha  pendant  si  longtemps  de  retrouver  ce  type ,  c'est  que . 
par  suite  d'une  de  ces  erreurs  matérielles  heureusement  rares,  mais  presque 
inévitables  à  certains  moments  dans  des  collections  si  étendues  et  d'un 
maniement  si  difficile,  on  avait,  à  une  époque  certainement  ancienne, 
transporté  sur  cet  exemplaire  une  étiquette  manuscrite,  peut-être  de  la 
main  de  Cuvier,  portant  ces  mots  :  «  Caïman  à  paupières  osseuses,  Croco- 
dilus  palpebrosus ,  Cuvier,  première  variété;  donné  par  feu  Gauthier,  qui 
disait  l'avoir  rapporté  de  Cayenne».  Or  l'exemplaire  de  Gauthier  décrit 
par  Cuvier,  revu  par  Duméril  et  Bibron,  appartenant  à  leur  variété  I  ou  A  , 
est  un  véritable  Jacuretinga  palpebrosus  ;  il  mesure  1  m.  29  de  long,  in- 
dications précises,  dont  aucune  ne  peut  s'appliquer  au  9  535.  L'individu 
auquel  cette  étiquette  convient  se  retrouve  dans  la  collection  sous  le 
numéro  9530. 

Un  point  reste  obscur  :  comment  Adanson  a-t-il  été  conduit  à  dénommer 
de  cette  façon  un  exemplaire  de  Jacarelinga  trigonatus ?  La  chose  s'explique, 
s'il  a  vu  dans  ses  voyages  YOsteolœmus  tetraspis;  entre  ces  Crocodiliens,  il 
y  a  une  certaine  similitude  dans  la  forme  générale  et  l'on  comprendrait 
que,  sur  de  simples  souvenirs,  on  eut  alors  fait  la  confusion.  Mais  cette 
dernière  espèce  remonte-t-elle  plus  au  Nord  que  Sierra  Leone,  point 
qu  Adanson  a  été  loin  d'atteindre?  Ce  n'est  pas  l'opinion  de  Strauch,  ni 
de  M.  Boulenger;  les  exemplaires  de  nos  collections  sont  également,  au 
moins  ceux  de  localités  certaines,  plus  méridionaux;  par  contre,  M.  T.  de 


—  364  — 

Rochebrune ,  qui  a  résidé  dans  ces  régions ,  indique  ce  Reptile  comme  de 
la  Gambie.  Or,  Adanson  a  séjourné'  à  Albreda,  à  quelque  distance  de  l'em- 
boucbure  de  ce  fleuve;  il  serait  donc  admissible,  d'après  cette  dernière 
manière  de  voir,  qu'il  put  avoir  eu  là  connaissance  d'un  Grocodilien  à  museau 
court.  Ajoutons  que,  au  dire  des  voyageurs,  YOsteolœmus  lelraspis,  espèce 
plus  terrestre  que  ses  analogues  des  mêmes  contrées,  est  parfois  conservé 
vivant  comme  ressource  alimentaire  et  aurait  pu,  à  ce  titre,  être  transporté 
par  quelque  embarcation.  On  n'a  malheureusement  à  présenter  ici  que  des 
hypothèses;  Adanson,  dans  l'intéressant  journal  de  son  voyage,  ne  fournit 
aucun  éclaircissement  à  cet  égard. 


Crustacés  nouveaux  provenant  des  campagnes  du  Travailleur 

et  du  Talisman, 

par  MM.  A.  Milne  Edwards  et  E.-L.  Bouvier. 


Calathéidést 

Munida  tropicalis  sp.  nov. 

Cette  espèce  se  range  parmi  les  Munides  qui  sont  dépourvues  d'épines 
cardiaques,  mais  qui  sont  munies  de  pinces  droites  et  qui  présentent  une 
paire  d'épines  sur  le  deuxième  segment  abdominal;  elle  se  rapproche  sur- 
tout de  la  M.  inornala  et  se  fait  remarquer  comme  elle  par  ses  lignes 
ciliées  non  irisées,  par  ses  épines  sus-orbitaires  qui  atteignent  à  peine  la 
cornée,  et  par  l'armature  épineuse  de  ses  appendices  ambulatoires. 

Mais  elle  s'en  distingue  par  un  grand  nombre  de  caractères  :  le  rostre 
est  sigmoïde,  les  lignes  ciliées  de  la  carapace  et  de  l'abdomen  sont  peu 
nombreuses ,  l'armature  post-rostrale  ne  présente  qu'une  rangée  de  quatre 
spinules,  les  chélipèdes  sont  plutôt  courts,  ils  sont  presque  dépourvus  de 
lignes  ciliées  et  présentent  par  contre  un  certain  nombre  de  longues  soies, 
les  doigts  des  pinces  sont  beaucoup  plus  longs  que  la  portion  palmaire  et 
ne  présentent  qu'un  très  léger  hiatus  à  leur  base;  le  carpe  est  court  et 
muni  d'une  rangée  d'épines  sur  sa  face  supérieure;  le  méropodite  est 
muni  lui-même  d'une  rangée  longitudinale  d'épines  qui  fait  suite  à  la 
précédente;  il  en  présente  en  outre  un  certain  nombre  sur  sa  face  interne, 
mais  il  en  est  dépourvu  sur  son  bord  externe.  Le  méropodite  des  pattes 
ambulatoires  est  armé  de  nombreuses  spinules  sur  ses  deux  bords.  Les 
yeux  sont  très  peu  dilatés  et  le  bord  postérieur  de  la  cornée  est  dépourvue 
de  soies;  le  second  article  des  pédoncules  antennaires  est  orné  d'une  épine  en 
dedans  et  en  avant,  d'une  seconde  épine  en  dehors;  le  premier  article  des 
pédoncules  antennaires  est  muni  de  deux  longues  épines  en  dehors  et 


—  365  — 

d'une  plus  réduite  en  dedans,  les  soies  antennaires  ne  sont  pas  barbelées  et 
les  pattes-mâchoires  externes  sont  plus  longues  et  plus  grêles  que  celles 
de  la  M.  inornata. 

Habitat.  —  Talisman,  20  juillet  1 883 ,  Q°103,  100  à  275  mètres; 
La  Praya.  Sur  les  bandes  de  corail  rouge. 

Munidopsis  longirostris  sp.  nov. 

Celte  espèce  est  extrêmement  voisine  de  la  M.  simplex  A.  M.  Ëdw.  de 
la  mer  des  Antilles ,  et  peut  être  considérée  comme  sa  forme  représentative 
dans  l'Atlantique  oriental. 

Les  caractères  qui  distinguent  les  deux  espèces  sont  les  suivantes  : 

i°  Le  rostre  de  la  M.  simplex  est  un  peu  plus  court  que  les  pédoncules 
antennaires  et  n'atteint  pas,  tant  s'en  faut,  l'extrémité  distale  du  méropo- 
dile  des  pattes  antérieures:  celui  de  la  M.  longirostra  dépasse  les  pédon- 
cules antennuiaires  et  atteint  sensiblement  l'extrémité  distale  du  méropo- 
dite  des  mêmes  pattes:  il  est,  d'ailleurs,  plus  fortement  incurvé  vers  le  liant. 

20  L'aire  cardiaque  de  la  M.  simplex  est  ordinairement  inerme  ou 
ne  présente  qu'un  rudiment  de  saillie  médiane;  celle  de  la  M.  longirostris 
est  toujours  armée  d'une  forte  épine  impaire. 

3°  On  observe  toujours,  dans  la  M.  longirostris ,  une  paire  d'épines  gas- 
triques antérieures  et  une,  deux  ou  trois  épines  gastriques  médianes;  dans 
la  M.  simplex,  il  n'y  a  que  trois  épines  gastriques ,  dont  une  impaire;  mais 
ces  saillies  sont  fréquemment  atrophiées. 

Il"  L'avant-dernier  article  des  pédoncules  antennaires  est  armé  en  avant  et 
en  dehors  de  deux  spinules  dans  la  M.  simplex  ;  il  présente  au  même  point 
une  simple  saillie  aiguë  dans  la  M.  longirostris. 

5°  Le  méropodite  de  la  M.  simplex  est  armé  de  trois  épines  sur  son 
bord  interne;  le  même  article  ne  présente  que  deux  épines  dans  la  M.  lon- 
girostris. 

Les  autres  caractères  sont  identiquement  les  mêmes,  aussi  pourra-t-on 
considérer  la  M.  longirostris  comme  une  simple  variété  locale  de  la  M.  sim- 
plex si  l'on  arrive  a  trouver  des  termes  de  passage  entre  les  deux  espèces. 

Habitat.  —  Talisman,  25  juin  1 883 ,  n°  44,  2,o83  mètres;  au  large  du 
Cap  Ghir. 

Munidopsis  abyssorum  sp.  nov. 

La  carapace  est  à  peu  près  aussi  large  en  avant  qu'en  arrière,  et  un  peu 
plus  dilatée  latéralement  dans  sa  région  médiane.  Les  aires  gastrique  et 
cardiaque  sont  parfaitement  limitées  et  celte  dernière  est  divisée  en  deux 
parties,  dont  la  postérieure  est  saillante,  triangulaire  et  ornée  de  saillies 
transversales  courtes,  assez  élevées,  plus  ou  moins  granuleuses  ou  denli- 


—  366  — 

culées.  Les  mêmes  saillies  se  rencontrent  sur  toutes  les  autres  parties  de 
la  carapace,  sauf  dans  les  larges  sillons  qui  les  séparent;  sur  la  partie  an- 
térieure de  la  région  gastrique,  on  en  rencontre  deux  qui  sont  symé- 
triques, plus  grandes  que  les  autres  et  qui,  dans  les  grands  spécimens,  se 
terminent  l'une  et  l'autre  par  une  épine.  Il  y  a  également  une  épine  sur 
chaque  angle  antéro-latéral  et,  un  peu  plus  en  arrière,  à  l'angle  antéro- 
latéral  du  lobe  branchial  antérieur.  Au  reste ,  les  bords  latéraux  de  la  face 
dorsale  de  la  carapace  sont  légèrement  denticulés  et  doivent  cet  aspect  aux 
saillies  dorsales  qui  les  a  voisinent.  Le  rostre  est  muni  d'une  carène 
saillante  qui  se  prolonge  jusqu'au  niveau  des  deux  fortes  saillies  gastriques 
antérieures;  il  est  légèrement  denticulé  sur  les  bords,  fortemeut  infléchi 
vers  le  haut  et,  quoique  brisé  dans  les  deux  spécimens  que  nous  possédons , 
paraît  être  à  peu  près  aussi  long  que  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  la 
carapace. 

Les  pédoncules  oculaires  sont  libres  et  très  élargis  à  la  base;  ils  sont 
mobiles,  et  l'arceau  qui  les  porte  est  encore  indépendant;  leur  surface 
cornéenne  est  très  réduite,  et  ils  présentent  en  dedans  et  en  avant  une 
saillie  spiniforme  qui  dépasse  un  peu  la  cornée. 

Les  pédoncules  antennaires  sont  munis,  en  avant  et  en  dehors,  sur  leur 
article  basilaire,  d'une  épine  assez  forte,  mais  qui  n'atteint  pas  le  milieu 
de  l'article  suivant;  le  même  article  basilaire  est  également  muni  en  avant 
de  deux  courtes  saillies  subaiguës,  l'une  en  dedans,  l'autre  en  dehors.  Les 
soies  antennaires  présentent  des  barbules  raides ,  et  le  fouet  terminal  in- 
férieur se  compose  de  trois  articles. 

Les  pédoncules  antennaires  sont  à  peu  près  inermes;  leur  fouet  ter- 
minal, muni  de  quelques  soies,  atteint  à  peu  près  la  longueur  du  corps, 
non  compris  le  rostre. 

Les  pattes-mâchoires  postérieures  sont  assez  grêles;  leur  méropodite  est 
muni  en  avant  et  en  dehors  d'une  saillie  aiguë,  en  dedans  il  présente 
quatre  saillies  également  aiguës ,  mais  peu  développées. 

Les  pattes  antérieures  présentent  à  leur  base  un  épipodite;  elles  sont 
ornées  de  quelques  saillies  très  faibles,  sauf  sur  le  bord  antérieur  du  mé- 
ropodite et  du  carpe ,  où  l'on  voit  trois  épines  assez  fortes.  Les  doigts  sont 
un  peu  plus  longs  que  la  portion  palmaire,  et  s'infléchissent  légèrement 
vers  le  bord  inférieur.  Ils  se  croisent  à  leur  extrémité  distale  et  leurs  denti- 
culés sont  peu  saillants. 

Les  pattes  des  trois  paires  suivantes  sont  dépourvues  d'épipodites  et 
ornées  sur  leurs  bords  de  quelques  soies  et  de  très  légères  saillies.  Les 
doigts  sont  un  peu  plus  courts  que  le  propodite,  légèrement  arqués,  et  mu- 
nis en  arrière  de  8  ou  9  denticulés  peu  saillants  sur  chacun  desquels  s'im- 
plante une  soie. 

L'abdomen  est  beaucoup  plus  étroit  que  la  carapace,  surtout  dans  le 
spécimen  de  petite  taille;  sa  surface  dorsale  est  un  peu  irrégulière,  mais 


—  367  — 

toujours  complètement  inerme.  La  nageoire  cardale  ne  présente  rien  de 
particulier. 

Habitat.  —  Talisman,  ah  août  1 883 ,  n°  134,  /i,o6o  mètres;  Açores. 
Vase  blanche  molle. 

Cette  espèce  tient  le  milieu  entre  la  M.  Antonii  A.  M.  Edw.  et  la  M.  Rey- 
noldsi  A.  M.  Edw.  Elle  ressemble  à  la  première  par  la  forme  générale  de 
ses  pédoncules  oculaires  et  par  l'épipodite  de  ses  pattes  antérieures;  à  la 
seconde,  par  les  ornements  de  sa  carapace  et  par  la  longueur  du  rostre  et 
des  appendices.  Elle  est  toutefois  beaucoup  moins  ornée  que  les  deux  es- 
pèces précédentes  et  ne  présente  pas,  comme  elles,  de  nombreuses  épines 
sur  les  pattes;  ses  pédoncules  oculaires  sont  plus  larges,  plus  courts  et  ont 
une  épine  moins  longue  que  ceux  de  la  M.  Antonii;  les  sillons  de  la  cara- 
pace sont  beaucoup  plus  larges  que  dans  la  M.  Reynoldsi. 


Notes    biologiques 

SUR  QUELQUES   ESPECES  d'AlPHÉidÉS   OBSERVES  A  DjIBOUTI  , 

PAR   H.   COUTIÈRE. 
(Laboratoires  de  MM.  les  Professeurs  Mil>e  Edwards  et  Bouvier.) 

Les  observations  sur  l'habitat  et  le  genre  de  vie  des  Alphées  sont  assez 
peu  nombreuses.  Brooks  et  Herrick,  ce  dernier  surtout,  dans  un  mémoire 
relatif  au  développement  de  ces  animaux  (Mem.  of  Nat.  Ac.  of  Sciences, 
Washington,  1891),  insistent  sur  la  biologie  de  quelques  espèces,  A.  hcle- 
rochelis  (Say)  et  A.  Saulcyi (Guérin),  dont  Herrick  admet  deux  variétés  : 
brevicarpus  et  longicarpus. 

Pendant  mon  séjour  à  Djibouti ,  j'ai  pu  observer  les  habitudes  d'un  assez 
grand  nombre  d'espèces.  A.  Saulcyi  var.  brevicarpus  (Herrick),  identique 
à  l'espèce  décrite  par  Say  sous  le  nom  de  A.  minus ,  n'a  pas  été  jusqu'à  pré- 
sent rencontré  dans  la  mer  Rouge,  mais  on  y  trouve  assez  fréquent  A.  lu- 
mido-manus  (Paulson),  qui  paraît  n'être  qu'une  simple  variété  de  A.  minus , 
s'en  distinguant  par  les  épines  frontales  plus  grêles  et  plus  allongées.  Son 
habitat  est  le  même  que  sur  les  côtes  américaines,  et  nous  montrerons 
dans  une  noto  ultérieure  que  son  développement  est  tout  semblable. 

A.  minus  se  rencontre,  d'après  Herrick,  dans  une  Eponge  assez  irrégu- 
lière, vert  olive  à  la  surface,  de  couleur  chair  sur  la  coupe,  très  mucila- 
gineuse  et  se  putréfiant  rapidement.  Nous  ignorons  si  l'espèce  qu'on  ren- 
contre à  Djibouti  est  identique,  comme  les  caractères  indiqués  par  Herrick 
sembleraient  l'indiquer.  Cette  Eponge  se  rencontre  très  communément  sur 
la  table  du  récif,  dans  de  petites  flaques  à  fonds  sablonneux  laissées  par  la 


—  368  — 

basse  mer.  Elle  affecte  fréquemment  la  l'orme  d'une  couronne  plus  ou  moins 
complète;  sa  structure  est  assez  fine  et  sa  coupe  de  couleur  fauve,  tandis 
que  sa  surface  est  d'un  vert  noirâtre  très  fonce'. 

Les  Éponges  sont  en  général  de  véritables  hôtelleries.  L'espèce  en  ques- 
tion englobe  dans  sa  masse  des  coquilles  vides  d'Huîtres  et  de  Moules,  dans 
lesquelles  se  réfugient  des  Vers ,  des  Crustacés  isopodes  et  ampbipodes.  Les 
Ophiures,  extrêmement  abondants  sur  le  récif,  se  glissent  dans  les  oscules 
inoccupées  au  point  de  «bourrer»  littéralement  l'Eponge;  une  grande  es- 
pèce d'Annélide  (Amphimonien?),  molle  et  rougeâtre,  s'étend  dans  les 
plus  grands  canaux.  Un  Palémonidé  du  genre  Ttjplon  (Costa)  s'y  rencontre 
par  couples  à  peu  près  constamment,  et  les  cavités  anfractueus  s  formées 
par  les  lobes  de  l'Éponge  abritent  de  nombreux  Brachyures  et  plusieurs 
espèces  de  Gonodactylus ,  qui  y  cherchent  momentanément  un  refuge. 

A.  minus  se  trouve  dans  cette  Éponge  toutes  les  fois  qu'elle  présente  une 
taille  un  peu  forte.  Comme  le  fait  remarquer  Herrick,  il  est  rare  d'en  trouver 
plus  d'un  couple.  La  femelle  occupe  le  fond  de  l'oscule,  qu'elle  remplit 
presque  en  entier  de  son  énorme  abdomen  chargé  d'œufs,  le  mâle  se  tient 
à  l'entrée  et  défend  l'abord  du  gîte  de  sa  grosse  pince  étendue.  Celle-ci,  à 
son  extrémilé  surtout,  est  vert  olive  foncé,  passant  au  vert  clair  sur  la 
paume.  La  femelle  paraît  entièrement  verte,  grâce  à  la  couleur  de  ses 
ovaires  ;  les  œufs  avancés  sont  de  couleur  rosée,  ou  vert  jaunâtre,  lorsqu'ils 
sont  fraîchement  pondus.  Le  mâle  est  à  peu  près  incolore  ou  légèrement 
vert  glauque,  sauf  le  bout  des  pinces.  Sa  taille  est  notablement  plus  faible 
que  celle  de  la  femelle,  d'un  quart  environ  et  même  plus. 

A.  minus  n'est  pas,  du  reste,  étroitement  limité  à  cet  habitat.  Nous  en 
avons  Irouvé  quelques  exemplaires  sur  le  revêtement  vivant  que  formaient, 
à  des  bouées  du  port,  des  Huîtres  perlières,  des  Bala:;es,  soudées  par  des 
colonies  de  Lcptoclinum ,  de  Botrylles  et  de  volumineuses  Cynthies.  A.  minus 
se  rencontre,  avec  ses  mêmes  caractères,  dans  les  nombreuses  anfracluosités 
de  cette  masse;  on  le  trouve  encore,  assez  rarement,  dans  les  Madrépores 
hémisphériques  et  très  cespiteux  où  habite  une  autre  espèce,  Alpheus  lœvis. 

L'un  des  exemples  les  plus  parfaits  d'habitat  localisé  est  fourni  par  une 
forme  nouvelle,  que  nous  avons  décrite  sous  le  nom  de  A.  spongiarum 
{Bull,  du  Muséum,  1897,  n°  G).  C'est  une  simple  m-ace»  de  l'espèce 
A.  crinilus  (Dana),  en  différant  par  la  disparition  à  peu  près  totale  de  Té- 
caille  antennaire  et  la  différence  sexuelle  présentée  par  les  pinces  de  la 
première  paire,  différence  plus  marquée  que  chez  aucune  autre  espèce  du 
genre  Alpheus. 

A.  spongiarum  vit  exclusivement  dans  une  grosse  Eponge  brune  (Hir- 
cinia  sp.?)  commune  dans  les  herbiers  à  vase  calcaire  et  débris  de  coquilles 
où  se  plaisent  les  Huîtres  perlières  et  les  Pinna  et  qui  ne  découvrent  jamais 
en  entier,  même  aux  plus  fortes  marées  d'équinoxe.  C'est  une  Eponge  de 
texture  très  grossière  et  très  solide,  dillicile  à  déchirer,  se  décomposant  ra- 


—  3G(J  — 

pidement  avec  une  forte  odeur  d'hydrogène  sulfure'.  Le  système  compliqué 
de  canaux  dont  elle  est  creuse'e  donne  asile  à  de  nombreux  commensaux, 
dont  les  plus  constants  et  les  plus  caractéristiques  sont  un  beau  Porcellanien, 
de  couleur  orange  vif,  et  Alpheus  spongiarum.  Nous  possédons  au  moins 
aoo  exemplaires  de  celte  forme,  et  ne  l'avons  jamais  rencontrée  ailleurs,  à 
l'exception  d'un  spécimen  d*  trouvé  en  compagnie  de  A.parvirostris  (Dana) 
et  A.  Edwardsi  (Audoin)  dans  une  pièce  de  bois  que  les  tarets  avaient  percée 
de  nombreuses  galeries. 

A.  spongiarum,  comme  A.  minus,  vil  constamment  par  couples.  La  fe- 
melle, de  taille  notablement  plus  grande,  abrite  son  abdomen,  toujours 
chargé  d'un  nombre  considérable  d'œufs,  au  fond  de  la  cavité  choisie.  Le 
maie  est  placé  à  l'entrée,  sa  grande  pince  étendue.  Cet  appendice  atteint 
presque  la  taille  de  l'animal  entier  et,  lorsqu'il  est  ouvert,  il  obture  en 
grande  partie  la  loge  où  habite  le  couple,  de  façon  à  constituer  une  pro- 
tection très  efficace  contre  tout  ennemi  extérieur. 

A.  crinitus  typique,  beaucoup  plus  raie,  vit  dans  les  Madrépores  et 
montre  également  une  différence  sexuelle  accusée.  Parmi  les  spécimens  à" A. 
spongiarum,  on  en  trouve  un  certain  nombre  chez  lesquels  l'écaillé  anten- 
naire  est  beaucoup  plus  visible  et  montre  une  tendance  très  nette  vers  la 
type.  On  peut  en  conclure  que  ces  deux  caractères,  joints  à  l'habitat  si  lo- 
calisé de  la  variété  spongiarum  sont  unis  par  une  relation  de  cause  à  clïet , 
mais  il  ne  semble  pas  que  l'on  puisse  généraliser  cette  influence  du  milieu. 

A.  lœvimamus  a  été  décrit  par  Costa  sous  les  noms  de  Cryptophtalmus 
venlricosus  et  Coslœ  (Fauna  Napoli).  Il  se  trouve,  d'après  cet  auteur,  dans 
1rs  anfractuosités  des  Polypiers  et  des  pierres,  entre  les  racines  des  fucus. 
La  forme  longicarpus  décrite  par  Herrick,  comme  variété  de  A.  Saulcyi, 
habile  une  Eponge  (Hircinia  arcula)  exactement  dans  les  mêmes  conditions 
que  A.  spongiarum. 

A.  Saulcyi  var.  longicarpus  (Herrick)  et  A.  lœvimanus  (Heller)  se  res- 
semblent étroitement  et  sont  unies  par  des  caractères  aussi  marqués  que 
ceux  rapprochant  A.  crinitus  et  Spongiarum.  Or,  bien  (pie  présentant  la 
même  différence  d'habitat,  la  forme  longicarpus  et  la  forme  typique  ne 
diffèrent  pas  au  point  de  vue  des  caractères  qui  nous  occupent;  l'écaillé 
anfennaire  est  absente  chez  l'une  et  l'autre,  et  la  différence  sexuelle  aussi 
faible. 

La  réduction  de  l'écaillé  est  caractéristique  de  quelques  autres  formes 
chez  les  Macroures  Natantia.  Les  Palémonides  du  genre  Typon,  qui  vivent 
dans  les  Eponges,  en  sont  un  des  meilleurs  exemples.  Parmi  les  espèces  du 
genre  Alpheus,  ce  caractère  est  présent  chez  quelques-unes  de  façon  plus 
ou  moins  marquée;  (e!s  sont,  avec  A.  lœvimanus,  A.  malleodigitus  et  obeso- 
manus,  A.  d»utcropus ,  A.  rugimanus ,  A.  mat'leator,  qui  vivent  dans  les 
trous  des  Madrépores  et  sont  très  sédentaires,  A.  minus  des  Eponges.  Mais 
il  existe  aussi  des  exemples  très  concluants  du  fait  inverse.  Si  Automate  do- 

MCSÉDM.    III.  2g 


—  370  — 

lichognatha  possède  une  écaille  antennaire  réduite,  Amphibetœus  et  Jous- 
seaumea  (H.  Coutière)  qui  vivent  dans  les  mêmes  galeries,  à  la  façon  des 
Thalassiniens,  ont  au  contraire  une  écaille  très  développée. 

La  différence  sexuelle  dans  la  dimension  des  pinces  de  la  première  paire 
n'est  jamais  plus  accusée  que  dans  une  espèce  du  genre  Athanas,  A.  di- 
morphus  (Ortmann)  =  A.  dispar  (H.  Coutière).  La  disproportion  est  telle 
entre  ces  appendices  chez  le  mâle  et  chez  la  femelle,  comme  forme  et  di- 
mensions, que  nous  les  avions  décrits  tout  d'abord  comme  espèces  dis- 
tinctes (A.  leptocheles  et  A.  solenomerus)  avant  de  les  recueillir  en  grand 
nombre  à  Djibouti  et  à  Suez  et  de  constater  qu'il  s'agissait  bieu  d'un 
simple  dimorpbisme  sexuel.  Or,  A.  dimorphus  vit  sous  les  pierres,  parmi 
îes  algues  et  la  vase,  dans  les  minuscules  flaques  d'eau  laissées  par  la  basse 
mer.  Jamais  on  ne  le  rencontre  abrité  dans  une  oscule  d'Epongé  ou  une 
cavité  anfractueuse  de  Madrépore,  et  l'existence  de  couples  est  beaucoup 
moins  apparente  que  chez  Alpheus  spongiamm,  parce  qu'on  ne  réussit  pas 
à  voir  les  animaux  que  l'on  capture  en  place  dans  leur  gîte.  Si  l'on  en  juge 
parles  moyens  de  défense  absolument  nuls  chez  la  femelle,  alors  qu'ils  sont 
chez  le  mâle  d'une  très  grande  puissance,  il  faut  admettre  au  contraire  que 
le  commensalisme  du  couple  est  très  étroit,  et  qu'il  a  été  la  cause  déter- 
minante du  dimorpbisme,  bien  plus  que  l'habitat  spécial,  qui  semble  sur- 
tout avoir  agi  dans  le  cas  de  A.  erinitus,  lorsque  cette  espèce  s'est  adaptée 
à  vivre  dans  les  Eponges. 

Il  existe  chez  les  Aphéidés  quelques  cas  de  commensalisme,  beaucoup 
plus  typiques  que  le  fait  de  vivre  dans  les  Éponges.  Hasswel  a  fait  connaîlre 

et  Miers  a  confirmé  —  les  mœurs  de  la  remarquable  espèce  Alpheus 

(Synalpheus)  comatularum ,  qui  vit  constamment  fixé,  par  sa  petite  pince 
modifiée  dans  ce  but,  aux  branches  d'une  Comatule  (Hasswell,  Cat.  des 
Crust.  de  Nouvelle-Zélande  ;  Miers,  Zool.  de  TAlert,  i884). 

Lockington  {An.  of  Nat.  Hist. ,  1878)  a  signalé  le  cas,  jusqu'à  présent 
unique,  d'un  Betœus  (Alpheus)  Harfopdi  (Kingsley)  vivant  en  commensal 
sous  le  manteau  (YHaliotis  rufescens. 

Enfin  nous  avons  eu  l'occasion  d'observer  à  Djibouti  un  fait  de  ce  genre , 
relatif  à  Arête  dorsalis  (Stimpson).  Le  large  récif  qui ,  dans  cette  localité , 
s'étend  au  large  du  cr plateau  du  Serpenta  se  montre  dans  la  région  extrême 
qui  découvre  aux  fortes  marées,  sous  forme  d'une  large  bande  continue, 
absolument  plane,  faite  de  petits  îlots  madréporiques  séparés  par  d'étroites 
flaques  irrégulières.  Dans  les  anfractuosités  de  ces  Madrépores  encroûtants 
on  trouve  en  abondance,  entre  autres  animaux,  Eelunometra  lucenter,  petit 
Oursin  de  couleur  fauve  allant  jusqu'au  violet  foncé.  Lorsqu'on  écarte  ces 
Oursins  pour  la  recherche  des  petits  animaux  du  récif,  il  n'est  pas  rare  d'a- 
percevoir dans  le  voisinage  immédiat  un  petit  Crustacé  d'un  violet  pourpre, 
ressemblant ,  avec  ses  pinces  étendues ,  à  un  minuscule  Homard ,  et  qui 
s'efforce  de  regagner  son  gîte.  C'est  Arête  dorsalis,  qu'une  recherche  atten- 


—  371  — 

tive  fait  alors  découvrir  enlre  les  piquants  de  l'Oursin.  Ce  curieux  Alphéidé 
se  tient,  généralement  par  couples,  dans  la  région  orale,  tournée  vers  le 
sol ,  de  son  hôte.  Nous  n'avons  jamais  vu  qu'il  fût  fixé  en  saisissant  avec  ses 
pinces  un  piquant  de  l'Oursin,  par  exemple,  et  il  est  toujours  très  facile  de 
l'en  détacher, 

Stimpson  (/V.  Acad.  Philad.,  18 Go),  qui  a  découvert  Arête  près  de 
Hong-Kong,  «in  freto  Ly-i-mon,  inter  rupes  sublittorales »,  et  Richters 
(Fauna  Maur.  et  Seych.,  1880),  qui  l'a  décrit  à  Maurice  sous  le  nom 
d'Athanas  mascarenicus ,  ne  mentionnent  ni  l'un  ni  l'autre  cette  particula- 
rité. La  facilité  avec  laquelle  Arête  abandonne  son  gîte  la  rend,  à  la  vérité, 
facile  à  omettre,  mais,  à  Djibouti  au  moins,  l'habitat  de  ce  Crustacé  nous 
a  paru  des  plus  constants. 


Recherche  de  l oxyde  de  cabbone 

DANS  LE  TUYAU  D 'ÉCIIAPPEMEXT  d'un  MOTEUR  À    GAZ  , 

PAR  M.  N.  Gréhaxt. 

Dans  une  communication  que  j'ai  faite  à  l'Académie  des  sciences  le 
8  novembre  dernier,  j'ai  publié  les  résultats  des  expériences  d'absorption  , 
par  le  sang  d'un  Mammifère  vivant,  de  l'oxyde  de  carbone  contenu  dans 
des  mélanges  titrés  de  plus  en  plus  rares,  résultats  qui  doivent  servir  de 
base  à  de  nombreuses  recherches  d'application  de  la  physiologie  à  l'hy- 
giène. 

Je  suis  parvenu  à  reconnaître  que,  dans  un  mélange  aussi  dilué  que 
1/60000,  le  sang  est  encore  capable  de  fixer  des  traces  d'oxyde  de  car- 
bone qui  donnent  dans  mon  grisoumèlre  des  réductions  notables. 

Je  fais  projeter  sur  l'écran  le  dispositif  de  mes  expériences  et  le  tableau 
des  résultats.  Puis  voici  en  projection  un  dessin  de  mon  grisoumètre  per- 
fectionné; 1  centimètre  cube  d'oxyde  de  carbone  produit  dans  cet  instru- 
ment une  réduction  égale  à  5.4  divisions. 

J'ai  déjà  fait  autrefois  l'analyse  des  gaz  qui  s'échappent  d'un  moteur  à 
gaz,  mais  je  produisais  dans  le  tuyau  une  aspiration  continue,  tandis  que 
l'échappement  a  lieu  par  intermittences;  il  en  résultait  que  j'analysais  un 
mélange  en  proportions  indéterminées  des  produits  de  la  combustion  et 
de  l'air  pur  entraîné. 

Il  vaut  beaucoup  mieux  employer  un  autre  dispositif:  on  introduit  dans 
le  tuyau  d'échappement,  au-dessus  du  toit  de  la  salle  des  machines,  un 
tube  métallique  plus  étroit,  uni  à  un  gros  robinet  ouvert  fixé  à  un  sac  de 
caoutchouc;  chaque  fois  que  le  mélange  enflammé  par  l'étincelle  électrique 
esl  projeté  au  dehors,  le  sac  se  gonfle  peu  à  peu  jusqu'à  ce  qu'il  contienne 
200  ou  3oo  litres;  on  ferme  le  robinet;  le  sac  est  descendu  et  vidé  dans 
un  gazomètre  à  rainure. 

a6. 


—  372  — 

L'analyse  des  gaz  a  donné  les  nombres  suivants  : 

Acide  carbonique 9.o5 

Oxygène 1  h  .3  5 

Azote 83.5 


99-9 


( 


11  s'agissait  ensuite  de  faire  respirer  a  un  Chien  ce  gaz  qui  contenait  une 
quantité  d'oxygène  suffisante  pour  entretenir  l'hématose,  afin  de  doser 
l'oxyde  de  carbone  qui  ne  pouvait  pas  être  décelé  par  les  réactifs  absor- 
bants. a5  centimètres  cubes  de  sang  normal  ont  donné  au  grisoumètre  une 
réduction  de  0,9  division. 

L'animal  a  respiré  le  gaz  pendant  5o  minutes;  25  centimètres  cubes  de 
sang  ont  donné  une  réduction  grisou  métrique  beaucoup  plus  grande, 
égale  à  20.5,  ce  qui  correspondait  à  3  cm3  8  d'oxyd1  de  carbone  pour 
25  centimètres  cubes  de  sang  ou  à  i5  cm3  2  du  même  gaz  pour  100  cen- 
timètres cubes  de  sang. 

Si  l'animal,  au  lieu  de  respirer  pendant  5o  minutes,  avait  fait  circuler 
dans  ses  poumons  le  même  gaz  pendant  une  heure,  j'aurais  trouvé  1 8  cm3  2 
d'oxyde  de  carbone,  ce  qui  correspond  dans  le  gaz  analysé  à  une  propor- 
tion d'oxyde  de  carbone  égale  à  i/kko. 

Dans  une  autre  expérience,  on  a  fait  marcher  plus  vite  le  moteur  a  gaz; 
l'analyse  des  produits  de  la  combustion  recueillis  dans  un  sac  de  caou- 
tchouc a  donné  : 

Acide  carbonique U.h 

Oxygène 11-2 

Azole S.'i./i 

La  recherche  physiologique  et  chimique  de  l'oxyde  de  carbone  a  donné 
dans  le  grisoumètre,  après  une  heure  et  demie  de  respiration,  une  réduc- 
tion de  20  divisions  pour  a5  centimètres  cubes  de  sang,  ce  qui  correspon- 
dait à  \h  cm3  8  d'oxyde  de  carbone  dans  100  centimètres  cubes  de  sang 
ou  à   1/600  d'oxyde  de  carbone. 

Ces  résultats  démontrent  qu'il  est  nécessaire  d'expulser  au  dehors  les 
gaz  résultant  des  explosions  qui  produisent  l'énergie  dans  le  moteur,  puis- 
qu'ils contiennent  de  \jhho  à  1/600  d'oxyde  de  carbone;  ils  prouvent,  en 
outre,  que  la  plus  grande  partie  du  gaz  toxique  est  brûlée,  le  gaz  d'éclai- 
rage renfermant  en  moyenne  8.5  p.  100  d'oxyde  de  carbone;  un  calcul 
très  simple  montre  que  le  volume  de  ce  gaz  contenu  dans  les  produits  de 
combustion  est  quarante-quatre  fois  moindre. 


—  373  — 

Effet  des  excitations  électriques 
sur  le  coeur  du  Hérisson  (Erinaceus  europ^us), 

par  E.  Gley. 

On  sait  depuis  longtemps  déjà  que,  sous  l'influence  d'un  courant  induit 
d'intensité  moyenne,  les  ventricules  du  cœur  du  Chien  et  du  Chat  présen- 
tent des  mouvements  violents  et  irréguliers ,  désignés  le  plus  habituelle- 
ment sous  le  nom  de  trémulalions  ventriculaires ,  à  la  suite  desquels  leurs 
contractions  rythmiques  ne  peuvent  se  rétablir,  qui,  par  conséquent,  oc- 
casionnent la  perte  de  leur  fonction,  et  ainsi  la  mort  du  cœur.  On  savait 
aussi,  d'autre  part,  que,  sous  l'influence  des  mêmes  excitations  élec- 
triques, les  ventricules  cardiaques  des  Rongeurs  (Lapin  et  Cobaye)  offrent 
les  mêmes  trémulalions  désordonnées,  mais  recommencent  à  battre  rythmi- 
quemenl  dès  que  cesse  l'excitation.  Il  paraissait  donc  y  avoir,  chez  les  ani- 
maux de  ces  deux  ordres,  une  différence  essentielle  "et  profonde  dans  le 
mode  de  réaction  du  cœur  à  un  même  excitant.  Or,  j'ai  montré (1)  qu'il  est 
facile  de  faire  réagir  le  cœur  du  Lapin  comme  celui  du  Chien;  il  suffit  pour 
cela,  dès  qu'on  voit  se  rétablir  les  contractions  rythmiques  des  ventricules 
à  la  suite  d'une  excitation  qui  avait  provoqué  les  mouvements  trémula- 
toires,  de  recommencer  cette  excitation;  si  celle-ci  est  assez  forte  ou  assez 
prolongée .  les  trémulations  qui  ont  reparu  durent  jusqu'à  la  mort  définitive 
des  ventricules.  C'est  là  un  simple  effet  de  sommation  d'excitations.  In- 
versement ,  on  peut  transformer  un  cœur  de  Chien  en  cœur  de  Lapin ,  c'est- 
à-dire  augmenter  considérablement  sa  résistance  aux  excitations  élec- 
triques; c'est  ce  que  j'ai  établi  à  la  même  époque  au  moyen  de  plusieurs 
séries  d'expériences (2). 

J'ai  eu  depuis  quelque  temps  l'occasion  d'étudier  sur  le  cœur  de  plu- 
sieurs Hérissons (3)  l'effet  des  courants  induits,  appliqués,  comme  chez  les 
animaux  précédents,  directement  à  la  surface  des  ventricules.  Le  cœur  de 
cet  Insectivore  se  comporte  comme  celui  des  Rongeurs;  dès  que  l'excitation 
a  pris  fin,  les  trémulations  cessent  et  les  battements  rythmiques  se  réta- 

(1)  E.  Gley,  Note  sur  des  phénomènes  d'arrêt  très  prolongés  du  cœur  (Soc.  de 
hiol.,  28  juin  1890,  p.  /111);  Contribution  à  l'étude  des  mouvements  trémulatoires 
du  cœur  (laid. ,  18  avril  1891,  p.  359)  et   Contribution  à  l'étude  des  mouvements 
rythmiques    des   ventricules    cardiaques    (Arch.    de  physiol.,   1891,    5e   série     III 
p.  735). 

>  E.  Gley,  Sur  la  suspetision  des  mouvements  rythmiques  des  ventricules  car- 
diaques (Soc.  de  biol,  ih  février  1891,  p.  108),  et  mémoire  cité  ri-dessus  des 
Archives  de  pliysiologie. 

'  Ces  animaux  n'étaient  pas  encore  en  état  d'hibernation,  mois  on  leur  avait 
fait  une  saignée  assez  considérable. 


—  375  — 

Missent;  les  tracés  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  montrent  bien  que 
les  choses  se  passent  chez  cet  animal  essentiellement  comme  chez  le 
Lapin.  J'ai  observé  ce  phénomène  à  trois  ou  quatre  reprises  successive- 
ment. D'autres  fois,  les  battements  rythmiques  reparaissent  même  avant 
la  fin  de  l'excitation.  De  plus,  je  n'ai  pas  pu  obtenir  sur  le  cœur  du  Hé- 
risson l'effet  de  sommation (1)  que  j'ai  étudié  sur  le  cœur  du  Lapin  et  que 
je  rappelle  plus  haut.  Ces  deux  derniers  faits  prouvent  donc  déjà  que  la 
fonction  rythmique  de  cet  organe  paraît  douée  d'une  résistance  très 
grande,  tout  à  fait  analogue  à  celle  dont  est  pourvu  le  cœur  des  Chiens  et 
des  Chats  nouveau-nés  ou  refroidis  et  des  Lapins  refroidis  (Gley,  loc.  cit.). 

Souvent  ce  ne  sont  même  pas  de  véritables  trémulations  que  provoquent 
les  excitations  électriques  dans  les  ventricules  cardiaques  du  Hérisson, 
mais  une  série  de  très  petites  contractions  précipitées,  mais  toujours  ry- 
thmiques, ce  qui  prouve  bien  que,  sous  cette  influence,  le  cœur  tend  à  un 
état  systolique  permanent,  c'est-à-dire  au  tétanos.  On  peut,  par  suite,  sn 
demander  si  celui-ci  n'est  pas  réalisé  lorsque  se  produisent  les  mouvements 
trémulatoires,  car  j'ai  des  tracés  où  l'on  voit,  pendant  l'application  du  cou- 
rant à  la  surface  ventriculaire,  une  série  de  ces  petites  contractions  dont  je 
viens  de  parler  succéder  à  de  véritables  trémulations,  qui  se  manifestent, 
sur  le  graphique,  par  une  ligne  à  peu  près  droite;  puis  quelques  sys- 
toles petites  et  fréquentes  reparaissent ,  pour  être ,  tout  de  suite ,  rempla- 
cées par  une  ligne  droite, indice  du  nouveau  fusionnement,  à  ce  moment, 
de  ces  contractions  et  qui,  comme  précédemment,  continue  (caractère 
important)  la  dernière  d'entre  elles.  Si  l'on  considère  les  mouvements 
trémulatoires  comme  une  forme  de  tétanos  propre  au  muscle  cardiaque . 
ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  ailleurs,  ne  sera-t-on  pas  porté  à  voir  là  une  sorte 
de  tétanos  rythmique,  comparable  en  somme,  malgré  certaines  différences, 
au  tétanos  rythmique  étudié  par  Charles  Richet  [Archives  de  physiologie , 
1880)  sur  les  muscles  de  l'Ecrevisse,  et  par  H.  de  Varigny  (Thèse  de  doc- 
torat es  sciences ,  Paris,  1886)  sur  ceux  de  plusieurs  Invertébrés  marins? 
J'ai  encore  observé  dans  un  cas  où  l'excitation  du  myocarde  avait  été  très 
prolongée,  pendant  une  demi-minute,  et  durant  cette  excitation,  un  phé- 
nomène qui  me  paraît  constiluer  une  autre  forme  de  tétanos  rythmique 
cardiaque;  à  une  phase  de  trémulations  succéda  une  série  de  trois  ou  quatre 
systoles  diclinctes,  puis  les  trémulations  reparurent,  pour  alterner  de 
nouveau  avec  quelques  systoles. 

Quant  aux  oreillettes,  elles  se  comportent,  chez  cet  Insectivore,  comme 

(1)  Il  est  bon  de  noter  que  l'excitation  n'a  pas  pu  être  renouvelée  un  très  grand 
nombre  de  fois,  car  j'ai  opéré  sur  des  animaux  à  thorax  ouvert  et  sur  lesquels  on 
ne  pratiquait  pas  la  respiration  artificielle.  Quoique,  dans  ces  conditions,  le  cœur 
du  Hérisson  batte  assez  longtemps  pour  qu'il  soit  aisé  de  procéder  commodémeni 
aux  expériences,  cependant  sa  survie  n'est  naturellement  pas  indéfinie. 


—  375  — 

celles  du  Chien  et  du  Lapin;  alors  que,  sous  l'influence  des  excitations 
électriques,  les  ventricules  sont  pris  des  trémulations  caractéristiques, 
elles  continuent  à  battre  rylhmiqueineut.  On  remarque  souvent  toutefois 
que  ce  rythme  s'accélère  par  l'effet  de  l'excitation  qui  provoque  les  tré- 
mulations ventriculaires. 


Sur  la  décomposition  du  chloroforme  dans  l'organisme, 
par  MM.  Desgrez  et  M.  Nicloux. 

On  sait  que  le  chloroforme  traité  par  la  potasse  en  solution  alcoolique 
donne  du  formiate  de  potassium,  du  chlorure  de  potassium  et  de  l'eau 
d'après  la  réaction 

CHCl1  +  AKOH  =  HC02K  +  3KC1  +  sH'-O. 

L'un  de  nous(1)  a  montré  que  le  chloroforme  mis  en  contact  avec  une 
solution  aqueuse  peu  concentrée  de  potasse  ne  donne  plus  de  l'acide  mi- 
mique (formiate  puisqu'on  est  en  milieu  alcalin)  comme  il  est  indiqué  dans 
la  réaction  précédente,  mais  les  éléments  de  cet  acide;  à  savoir  :  l'oxyde  de 
carbone  et  l'eau  d'après  la  réaction 

CHCl'  +  3KOH  =  3KC1  +  attO  +  GO. 

Le  sang  étant  un  milieu  alcalin,  il  était  intéressant  de  vérifier  si  cette 
même  décomposition  s'effectuerait  dans  l'organisme  lors  de  l'anesthésie 
chloroformique. 

Voici  le  mode  opératoire  que  nous  avons  suivi  : 

Sur  un  Chien,  on  découvre  l'artère  fémorale,  on  y  introduit  une  canule, 
on  fait  une  prise  de  2  5  centimètres  cubes  de  sang,  on  extrait  les  gaz,  au 
moyen  de  la  pompe  à  mercure ,  à  1 00°  dans  le  vide ,  en  présence  de  a5  cen- 
timètres cubes  d'acide  acétique,  on  élimine  l'acide  carbonique  parla  potasse 
et  le  résidu  est  introduit  dans  le  grisoumètre  de  M.  le  Profeseur  Grehant 
avec  un  excès  d'air.  La  réduction  obtenue  correspond  au  gaz  combustible 
du  sang  (2). 

L'animal, étant  fixé  sur  une  gouttière,  respire  à  travers  une  soupape  hy- 
draulique, dont  le  flacon  d'aspiration  contient  un  mélange  de  trois  parties 
d'alcool  pour  1  de  chloroforme.  (Procédé  de  Quinquaud.)  On  fait  plusieurs 
prises  de  sang  à  intervalles  successifs;  on  extrait  les  gaz  comme  ci-dessus, 
on  élimine  l'acide  carbonique,  on  passe  au  grisoumètre  et  on  note  les  réduc- 
tions. 

(l>   Desgrez.  C,  A,,  3  novembre  1897. 

(2>   Gréhanl.   Les  gaz  du  sang,  1  vol.  Encyclopédie  Léauté. 


—  376  — 

Voici  les  résultats  d'une  de  nos  expériences 


REDUCTION   COflIlBSPOtilUNT 

h   a5c'"3  de  siiii(j 


Sang  normal o  n 6 

Après  1  heure  d'anesthésie i     i 

Après  3  h.  i/-2  d'anesthésie i     9 

Après  7  h.  î/a  d'anesthésie i     3 

Admettons  la  réduction  de  1.3;  25  centimètres  cubes  de  sang  normal 
donnant  une  réduction  de  o  div.  6 ,  on  aura  : 

Réduction   due   à    CO,   provenant  de  la  décomposition 

du  chloroforme °  1V7 

Pour  î  oo01"3  de  sang 2    8 

Or,  1  centimètre  cube  d'oxyde  de  carbone  =  5  div.  k  du  grisoumètre. 

Par  conséquent,  cette  réduction  correspondra  à  -^j  =  o  cm3.  5a  d'oxyde  de 

carbone  pour  îoo  centimètres  cubes  de  sang.  C'est,  à  peu  de  ebose  près, 
(o,5a  au  lieu  de  o,55)  la  quantité  d'oxyde  de  carbone  fixée  par  îoo  centi- 
mètres cubes  du  sang  d'un  chien  respirant  pendant  une  demi-  heure,  un  mé- 
lange d'oxyde  de  carbone  et  d'air  à  i/i  0,000  l'\  ou,  pendant  2  heures,  un 
mélange  à  i/5o,ooo12). 

Analyse  spectrale 
j)e  quelques  mineraux  de  la  collection  du  museum , 

PAR  M.   A.  DE  GrAMMONT. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Lacroix,  j'ai  pu  mettre  à  contribution  la  col- 
lection de  minéralogie  du  Muséum,  pour  y  chercher  une  grande  partie  des 
espèces  minérales  qui  ont  été  la  base  de  mes  recherches  sur  l'analyse  spec- 
trale directe  des  minéraux.  J'ai  reconnu  que  la  plupart  de  ceux  contenant 
des  métaux  lourds ,  et  principalement  les  espèces  à  l'éclat  métallique ,  comme 
les  sulfures,  séléniures,  tellurures,  arséniures,  antimoniures,  sulfoarsé- 
niures,  sullbantimoniures,  etc.  .  .  ,  peuvent  laisser  passer,  entre  deux  de 
leurs  fragments,  l'étincelle  électrique.  Celte  étincelle,  étudiée  au  spectro- 
scope ,  m'a  fourni  une  nouvelle  méthode  de  recherche  directe  sans  aucun  trai- 
tement chimique  préalable  des  éléments  constituants  ou  accessoires  des  miné- 
raux. Les  deux  fragments  étudiés ,  de  la  taille  de  ceux  des  essais  au  chalumeau, 
sont  saisis  entre  des  pinces  à  bout  de  platine,  opposées  par  le  sommet, 
mobiles  le  long  d'un  support  vertical,  à  crémaillère,  isolées  l'une  de  l'autre 

(l>  Gréhanl.  Les  gaz  du  sang,  p.  109,  1  vol.  Encyclopédie"  Léaulc. 
W   Gréhant.  C.  FI.,  8  novembre  1897. 


—  377  — 

et  reliées  respectivement  aux  pôles  d'une  bobine  de  Rhumkorff  et  aux  arma- 
tures d'une  ou  plusieurs  bouteilles  de  Leyde.  La  batterie  formée  par  celles- 
ci  est  chargée  par  la  bobine  et  se  décharge  entre  les  deux  morceaux  du 
minéral,  en  le  dissociant  par  une  étincelle  courte,  très  brillante  et  donnant 
dans  le  champ  du  spectroscope  des  spectres  de  lignes  très  vives,  où  chaque 
corps  est  représenté  par  son  spectre  individuel  comme  s'il  était  seul.  Non 
seulement  les  métaux,  mais  aussi  les  métalloïdes ,  peuvent  être  reconnus  par 
ce  procédé.  Même  avec  des  spectres  de  lignes  nombreuses,  un  spectroscope  à 
vision  directe  de  laboratoire  à  deux  prismes  est  amplement  suffisant  et, 
dans  la  plupart  des  cas,  l'appareil  monoprismatique  classique  donne  de 
bons  résultats.  Si,  en  séparant  du  circuit  de  la  bobine  les  bouteilles  de 
Leyde,  on  vient  à  supprimer  la  condensation,  l'étincelle  diminue  nota- 
blement d'éclat,  les  spectres  des  métalloïdes  disparaissent  et  ceux  des 
métaux  se  réduisent  aux  raies  les  plus  brillantes  qui  se  détachent  seules 
sur  un  fond  lumineux  produit  par  l'incandescence  des  fragments.  Lors- 
qu'un corps  est  présent  en  très  faible  quantité ,  il  n'est  signalé  que  par 
ses  raies  capitales,  celles  qu'on  voit  les  premières  et  qui  disparaissent  les 
dernières  lorsqu'on  étudie  successivement  une  série  de  composés  où  la 
teneur  d'un  corps  varie  depuis  zéro  jusqu'à  une  quantité  donnant  dans  le 
spectre  toutes  ses  raies  connues.  Les  raies  de  l'argent  dans  la  galène  m'ont 
fourni  un  exemple  typique  de  ces  disparitions  successives  de  lignes,  en 
concordance  avec  la  diminution  de  la  teneur  du  métal  dont  elles  annoncent 
la  présence. 

On  peut,  d'autre  part,  au  moyen  de  ce  procédé  d'analyse,  se  faire  une 
idée  de  la  structure  d'un  minéral  ou  plutôt  de  la  répartition  des  éléments 
dans  sa  masse.  En  déplaçant  le  point  de  jaillissement  de  l'étincelle  sur  la 
surface  de  l'échantillon,  on  a  souvent  des  réactions  spectrales  différentes , 
par  l'intermittence  ou  l'irrégularité  des  raies  de  certains  corps  simples,  au 
milieu  d'un  spectre  dont  l'ensemble  reste  constant.  On  a  ainsi,  passagère- 
ment, les  principales  lignes  d'un  élément  présent  dans  l'échantillon  sous 
la  forme  de  faibles  parties  d'un  autre  minéral ,  mécaniquement  et  irrégu- 
lièrement interposé  dans  la  substance  hétérogène  étudiée.  On  a  ainsi  le 
spectre  du  zinc  dans  la  galène  et  la  chalcopyrite,  vraisemblablement  par 
suite  d'inclusions  de  blende.  J'ajouterai ,  pour  terminer  cet  exposé  sommaire 
de  la  méthode,  que  son  avantage  consiste  surtout  dans  l'identification  cer- 
taine et  facile  de  chaque  élément,  caractérisé,  d'une  manière  invariable,  par 
son  spectre  particulier,  toujours  le  même,  quel  que  soit  le  composé  étudié. 

Voici  la  liste  des  minéraux,  appartenant  au  Muséum,  dont  j'ai  donné  en 
détail  les  spectres  d'étincelle  condensée,  dans  mon  mémoire  sur  «  l'analyse 
spectrale  directe  des  minéraux* ;l .  Je  fais  figurer  ici,  pour  la  plupart, 

W  Bulletin  de  la  Société  française  de  minéralogie  (juin  189a)  et  librairie  Baudry 
et  G",  1  vol.  in-8°  avec  9  pîanclius. 


—  378  — 

après  le  nom  de  l'espèce ,  le  numéro  de  la  collection ,  puis  le  lieu  du  gise- 
ment, la  formule  chimique  et  enfin  le  nom  des  corps  simples  reconnus  au 
spectroscope  en  dehors  de  ceux  qui  figurent  dans  la  formule  : 


Sulfures 


Argyrodite.  .  .  Freiberg.  3Ag2S,  GeS2.  —  Fer,  zinc. 
Stromeyrine  [66-187].  Santiago  (Chili).  Ag2S,  Cu2S. 
Phillipsile  [55-286].  Cornouailles.  3Cu2S,  Fe2S3.  —  Thallium. 
Alaskaïte  [91- 83].  Colorado.  PbS,  Bi2S3.  —  Zinc,  fer,  cuivre. 
Béégerite  [91-276].  Colorado.  6PbS,  BPS3.  —  Fer. 
Schirmérite  [83-73].  Colorado.  3(Ag2Pb)S,  aBi2S3. 
Emplectile  [69-75].  Bohème.  2Cu2S,  Bi2S3. 
Aikinite  [57-53o].  Beresowsk  (Oural).  3(PhCu2)S,  BPS3. 
Polydymite?.  .  .  Ontario.  Ni2S5?  —  Cuivre,  fer;  parait  hétérogène. 
Grunnùite  [68-68].  Sayn.  Altenkirchen.  Ni2S5?  —Zinc,  bismuth,  cuivre, 
fer  ;  hétérogène. 


Sulfoarséniures 


Dufrenoysite  [50-173].  Binnen.  2PbS,  As2S3.  —  Cuivre,  tliallium. 

Guiternaùite  [87-153].  Colorado.  3PbS,  As2S3.  —  Cuivre,  lhallium. 

Proustite  ??        3AsS,As2S3. 

Gersdorflile?  Hongrie.  Ni.  As,  S.  —  Fer. 

Enargite  [87-90].  Famatina  (La  Plata).   3Cu2S,  As2S\   —   Antimoine. 

plomb,  fer,  zinc. 
Tennantite  [63-56].  Cornouailles.  6Cu2S,As2S3.  —  Antimoine,  fer,  zinc. 


Sulfoantimoniures 


Plagionite  [58-167].  Wolfsberg  [Harlz].  5PbS,*  6Sb2S3.  —  Arsenic. 

Meneghinite  [68-96].  Bottino  (Toscane).  6 PbS,  Sb2S3.  —  Cuivre. 

Geocronite  [67-66].  Sala  (Suède).  5PbS,  Sb2S3.  —  Thallium. 

Famatinite  [87-93].  Famatina.  3Cu2S,  Sb2S5.  —  Arsenic,  fer,  zinc. 

Brongniardite  [53-i63].  Chili.  9(Ag2Pb)S,  Sb'S3. 

Polybasite  [52-691].  Freiberg.  9(Ag2Cu2)S,  (Sh,  As)2S3.  —  Fer. 

Berthiérite  [68-21].  Chazelle  (Auvergne).  FeS,  Sb2S3.  —  Cuivre,  zinc; 
tout  à  fait  hétérogène. 

Tétraédrite  [67-71].  Mouzaïa  (Algérie).  6CuSb2,  6Cu2S,  2Z11S.  —  Ar- 
gent, fer. 

Freibergile  [82-67].  Pérou.  6CuSbS2,  3Ag2S,   2FeS.  —  Arsenic,  zinc. 

Plumbostannite  [79-99]-  Arangaro  (Chili)?  —  Thallium;  tout  à  fait  hé- 
térogène. 


Sél(;niures 


Clausthalite?  Cacheutes  (La  Plata).  PbSe.  —  Argent. 
Eucairile  [66-281].  Atacama  (Bolivie).  Cu2Se,  Ag2Se.  —  Calcium,  vana- 
dium. 


—  379  — 

Tellurures  : 

Hessite?  Tomsk  (Sibérie).  Hg2Te.  —  Zinc,  soufre;  parfois  fer. 
Nagyagite?  Nagyàg  (Hongrie).  Au2Pb14Sb3T7S7.  —  Tballium. 

Chlorures  : 

Chloroiodure  d'argent.  Copiapo  (Cliili).  —  Calcium. 
Nadorite .  . .  Djebel  Nador.  PbSb20\  PbO2. 

D'autres  espèces  appartenant  aussi  à  la  collection  du  Muséum  et  étudiées 
depuis  par  moi,  grâce  à  la  complaisance  de  M.  Lacroix,  feront  l'objet  d'une 
communication  ultérieure. 


TABLE   DES   MATIERES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 

TABLE    ALPHABÉTIQUE 

DES   AUTEURS   ET   DES    PERSONNES    CITÉS. 


PilgfS. 

Agassiz.  Voyage  aux  iles  Fidji '79 

Alluaud.   Départ  pour  Madagascar ...  h 

—  Retour  en  France 1 1 3 

Ardouin.   Don  de  collection;  de  Madagascar 5 

—  Sepsine  d'espèce  nouvelle  de  Madagascar 211 

—  Don  de  collections  de  Madagascar 27^ 

Bardoux  (Décès  de  M.),  sénateur  inamovible,  membre  du  conseil  du  Mu- 
séum    353 

Baron.   Don  d'animaux 27^ 

Bastard.  Leltre  de  Madagascar 2 

—  Lettre  de  Madagascar 1  ^»5 

—  Lettre  de  Madagascar 177 

—  Envoi  de  fossiles 276 

Bealregard  (H.).  La  bactériologie  de  l'ambre  gris 269 

Beauregard  et  Boulart.   Note  sur  le  placenta  du  Tragelaphns  grains 20 

Beerst  (de).  Sur  un  Aulacode  nouveau 1 60 

Bel  (M"1€  Marc).  Don  de  crânes  siamois 8 

—  Nommée  correspondante * 273 

Bel.   Don  de  collections  de  l'Annam 276 

Bernard  (F.).  Note  préliminaire  sur  Chlamydoconcha  Ocutti  Dali,  Lamelli- 

branclie  à  coquille  interne 65 

—  Sur  quelques  coquilles  de  Lamellibranches  de  l'île  Stewart 309 

Bertraisd  (G.).  De  la  nécessité  du  Manganèse  dans  les  oxydations  provo- 
quées par  la  laccase 17** 

—  Sur  la  constitution  chimique  des  Oxydasei 263 

Biart  (  Lucien )  [Décès  de  M.J 73 

Biondi.   Envoi  de  plantes  de  Chine i83 

Blanc  (  E.).   Don  de  deux  Oiseaux 2 76 

Blanchard  (D..cteur  IL).   Don  de  la  collection  de  Bryozoaires  de  feu  M.  le 

docteur  Jullien 354 

Bocourt.   Don  d'une  photographie 1 85 


—  382  — 

Bonifacy.   Don  d'animaux  du  Tonkin .  276 

Boulart  et  Beauregard.   Note  sur  le  placenta  du  Tragelaphus  gratin 20 

Bourgeois  (L.  ).  Sur  le  rendement  de  la  transformation  des  carbonates  d'am- 
monium en  urée io5 

Bouvier  (E.-L.).  Observations  sur  les  Argulidés  du  genre  Gyropeltis  re- 
cueillis par  M.  Geay  au  Venezuela i3 

—  Sur  les  Cambarus  recueillis  au  Mexique  par  M.  Diguet 326 

—  Sur  deux  Paguriens  nouveaux  trouves  par  M.  Coutière  dans  les  récifs 

madréporiques ,  à  Djibouti 228 

—  Annonce  le  don  de  la  collection  de  feu  M.  Bagonot 355 

Brazza  (de).   Don  de  Potamochcerus  pe.ncillatus  du  cap  Lopez ....  1  1A 

Bochner,  assistant  du  Musée  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Péters- 
bourg. Don  au  Muséum,  au  nom  de  l'Académie,  de  poils  de  Mam- 
mouth de  Sibérie 355 

Buléon  (le  B.  P.).  Envoi  de  collections 2,  43,  116 

—  Envoi  d'un  Bdeogale  nigripes 202 

—  Envoi  d'un  squelette  de  Potamogale 27/1 

Bureau.  Présentation  d'un  ouvrage 80 

—  Sur  les  envois  récents  faits  au  Muséum 182 

BuRGKiiARDT  (  B.  ).   Offre  d'entrer  en  relations  avec  le  Muséum 179 

Camus  (L.)  et  Gley  (E.).  A  propos  de  l'action  de  la  propeptone  sur  la  pré- 
sure   2^5 

Capis  (G.).   Départ  pour  la  Cochinchiue 1^7 

—  Envoi  de  collections  de  Cochinchine 273 

Chaffanjon  (J.).  Relation  sommaire  d'un  voyage  à  travers  l'Asie 7,  11C 

—  Entomoslracés  recueillis  en  Mongolie 1 3i 

—  Don  d'un  herbier  de  Sibérie 1 83 

—  Don  de  Lépidoptères  de  l'Asie  centrale 223 

Chailley-Bert.  Don  de  collections 27/1 

Ciiefneux.  Don  d'une  Lionne  d'Abysssinie 5 

Ghénieux.  Hacbes  de  pierre  recueillies  à  Bien-Hoa 48 

Chevreux.  Don  de  collections 182 

Cuimkievitch.  Don  de  Drogues  coréennes 1 83 

Clément  et  Troncet.   Don  d'un  ouvrage 1 1  5 

Clément.   Présentation  d'ouvrage 1 5o 

Collett.   Don  de  Bryozoaires 180 

Coutière  (H.).  Lettre  datée  de  Djibouti ûa,  70,  n3 

—  Paguriens  trouvés  à  Djibouti 228 

—  Note  sur  quelques  Alpbéidés  nouveaux  ou  peu  connus  rapportés  de  Dji- 

bouti (Afrique  orientale) 233 

—  Note  sur  un  nouveau  genre  d' Alpbéidés 3oi 

—  Note  sur  quelques  Alphées  nouveaux 3o3 

—  Notes  biologiques  sur  quelques  espèces  d'Alphéidés  observés  à  Djibouti 

par  M.  Coutière 367 

Deiiérain  (P.-P.).  La  Jachère 29 

Delafosse.  Note  concernant  l'anthropologie  et  la  zoologie  du  Baoulé 193 


o 


—  383  — 

Delcroix.  Voyage  à  Madagascar „/, 

Delisle  (P.)  et  Bureau  (Éd.).   Notice  sur  M.  F.-R.  Thollon 1 1  5 

Demker.   Présentation  d'un  ouvrage oQ 

—  Présentation  de  drogues  coréennes t  g3 

Des  Cloizeaux  ( Décès  de  M. ) , /4g 

Desgrez  et  Nicloun.    Sur  la   décomposition  du  chloroforme   dans    l'orga- 
nisme  

Devez  (G.).  Note  sur  l'ovaire  du  Didelphis  cancrivora  (Gin.) 205 

Diguet.  Lettre  sur  ses  recherches  au  Mexique ,  i  0 

—  Envoi  de  Plantes  du  Mexique 1  ^3 

—  Anthropologie  du  Nnyarit 1Q0 

—  Cambarus  recueillis  au  Mexique .,3/, 

—  Lettre  datée  de  La  Paz 3,_5 

Diiu  (Offres  de  service  de  M.  ) 1 4 

Drouet.   Détails  sur  le  héronière  d'Ëcury 43 

Dugès  (  A.  ).  Don  d'une  notice ,  1 5 

Dlitreuil  de  Bhins  et  Grenard.  Plantes  recueillies  au  Thihet 390 

Dybowski.   Don  de  deux  Aigles  de  Tunisie t80 

Elmot.  Envoi  d'Antilopes x g0 

Errlngton  de  la  Croix  (Lettre  de  M.) 1[l„ 

—  Don  de  collections „„/. 

J  /4 

Farpe-Domergue  et  Biétrix  (Eug.).  La  période  critique  post-larvaire   des 

Poissons  marins c_ 

Fallières,  sénateur,  ancien  Ministre  de  l'instruction  publique,  est  nommé 
membre  du  Conseil  du  Muséum  en  remplacement  de  feu  M.  Bar- 
doux o- •> 

* OOO 

b  arges.  Envoi  de  plantes  de  Chine j  §3 

Favette  et  Trouessart.  Applications  de  la  photographie    microscopique   à 

l'étude  des  Sarcoptides  plumicoles qg 

Ferrière.  Collections  de  la  Haute-Sangba 1  \  5 

—  Son  départ  pour  la  Haute-Sangha 273 

Foa  (Edouard ).  Voyage  dans  l'Afrique  centrale 78 ,  1 60 

—  Mammifères  de  la  région  des  Grands-Lacs ,  qq 

Koiïfé.   Don  d'un  Chimpanzé ,  ,  4 

Foret.  Envoi  de  collections  du  Fernand-Vaz l[ll 

—  Don  d'un  squelette  de  Gorille  du  Fernand-Vaz 276 

Fraivchet  (A.).  Plantes  nouvelles  du  Thibet  provenant  de  la  mission  scien- 
tifique de  MM.  Dulieuil  de  Rhins  et  G  renard 320 

Galliéni  (Général).  Lettre  de  Madagascar 7/, 

Gaubert  (P.).  Sur  la  létartoédrie  de  la  calcite 3() 

Gaucher.  Offres  de  services lï[l 

Gaudry  (A.).  Nommé  assesseur t 

—  Présentation  de  poils  de  Mammouth  donnés  au   Muséum  par  M.  Buch- 

ner  au  nom  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg 355 


—  38/i  — 

Gay  (Louis).  Voyage  en  Asie 116 

Geay.  Collections  fuite <  an  Venezuela 10,10 

—  Son  arrivée  aux  monts  Tumuchumac 275 

Gentil  (L.).    Sur  le  gisement  de  Nadorite  d'Algérie 258 

—  Sur  le  gisement  de  zéoliles  de  Dellys  (Alg<jr) 3.17 

Gkrvais  (P.)  [Don  d'un  médaillon  de] 43 

Gierra.  Envoi  de  collections  de  l'Afrique  orientale 79 

Glvngeaud  (Ph.).   Un  exemple  des  divers  faciès  que  peut  présenter  une  for- 
mation géologique  :  le  Portlandien  des  Cbarentes 33o 

Gley  (E.  ).   Sur  le  rôle  des  glandulcs  parathyroïdes a3 

—  Action  des  injections   inlra-veineuses  do  propeptone  sur  les  sécrétions 

en  général a  h  4 

—  Effets  des  excitations  électriques  sur  le  cœur  du  Hérisson 37  ! 

Gley  et  Camus.   A  propos  de  l'action  de  la  prolopeptone  sur  la  présure «45 

GiumioNT  (A.  de).   Analyse  spectracle  de  quelques  minéraux  de  la  collection 

du  Muséum 870 

GniTOLET  (L. ).  Plume  d'Aigle  du  Muséum  a\anl  servi  à  la  signature  du 

traité  de  Paris  le  3o  mars  1806 1  »  1 

Ghéhant  (N.).   Absorption  par  les  poumons  de  vapeur  d'alcool    mélangée 

avec  l'air ;*8 

—  Présentation  d'ouvrages 81 

—  Mesure  du   plus   grand  effort  que  puisse  produire  un  muscle  gastro- 

enemien  de  Grenouille,  à  l'aide  d'un  myodynamomètre  à  sonnerie.  .  103 

—  Recherches  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  tuyau  d'échappement  d'un 

moteur  à  gaz 371 

Grenard  et  DiiTRELiL  de  PuiiNs.   Plantes  recueillies  au  Thibet 3ao 

Guerne  (de).   Don  de  collections 182 

Guy  de  la  Brosse  (Sur  la  mort  et  la  succession  de),  par  M.  Hamy i42 

Hamy  (E.-T.  ).   L'âge  de  la  pierre  dans  l'arrondissement  de   Bien-Hoa  (Co- 

chinchine  française) 48 

-  Description  d'un  vase  péruvien  représentant  le  Félin  olbescens 121 

-  Sur  les  papiers  de  Lesueur 1  48 

—  Quelques  mots  sur  Lamare-Picquot 1^9 

—  Quelques  notes  sur  la  mort  et  la  succession  de  Guy  de  la  Brosse 1  5a 

-  L'âge  de  pierre  au  Gabon 1 54 

—  Le  fleuriste  Pierre  Morin  le  jeune,  dit  Troisième i86 

—  Contribution  à  l'anthropologie  du  Nayarit 1  90 

-  Documents  inédits  sur  Y  Homo  sylvestris  rapporté  d'Angola  en  iG3o.  .  .  277 

—  L'âge  de  pierre  dans  la  Dubreka 282 

—  Présentation  de  l'épreuve  originale  du  masque  de  J.-J.  Bousseau 358 

Hang.  Collection  de  Reptiles  du  Gabon 54 

Hose.  Don  d'une  collection  de  Mammifères  et  d'Oiseaux  de  Célèbes  et  de 

Bornéo 354 

Hour.sT.  Collections  recueillies  dans  la  région  du  Niger 179 

IIdviis  (M'"e).  Offre  un  portrait  de  Lamare-Picquot 1  h(j 

Hua  (IL).  Sur  les  collections  botaniques  faites  à  la  Côte  d'Ivoire  par  M.  Po- 

béguin 2  40 


—  385  — 

Hua  (H.)  Nouveaux  matériaux  pour  la  flore  de  l'Afrique  française.  Collec- 
tions de  MM.  les  docteurs  Maçlaud  et  Miquel ojô 

IksfBLOT  (C).   Don  d'une  Porphyriole  de  la  Grandc-Comore 5 

—  Essai  d'introduction  de  l'arbre  à  Gutta  Perclia  à  la  Grande- Comore.  .  .  176 

Lacroix  (A).  Sur  la  minéralogie  des  cadavres i43 

Lamare-Picquot.   Portrait  offert  par  Mm"  Hovius.  Observations  de  M.  E.-T. 

Ilamy 1  if) 

Lartigue  (De).  Offres  de  services 4i 

Lebaudy  (M'"'  J.).   Don  de  minéraux 4 

Lecomte  (H.).  Le  Kickxia  njricana  Bentii.  au  Congo  français 70 

—  Présentation  d'un  ouvrage 186 

Le  Cobnec.   Don  de  Poissons  du  Chagres 220 

Lemoine  (Décès  de  M.) 73 

Lemoine  (Mme  ver.ve)  et  Lemoixe,  docteur  en  droit.   Don  au  Muséum  de  la 

collection  des  fossiles  de  Cernay  de  feu  M.  le  docteur  Lemoine 353 

Lennieb.  Observations  sur  un  Hyperoodon 44 

Lesueub.  (Observations  de  M.  Ilamy  sur  les  papiers  de) 1  AS 

LicHTEiNFELDEB.  Don  de  Reptiles  du  Tonkin 21  3 

Liénabd.   Don  d'une  collection  d'Oiseaux  et  de  Mammifères 276 

Lochelongue.  Don  de  deux  Potomachœrus  penicillatus .  .  n4 

Maclaud  (Le  docteur).  Collections  faites  à  Conakry 17g 

—  Nommé  correspondant 273 

—  Dons  d'animaux 27/1 

—  Plantes  de  l'Afrique  française 32  5 

Mager  (H.).  Offres  de  services 179 

Mairdron  (M.).   Voyage  dans  le  golfe  d'Oman 44 

—  Arachnides  recueillis  à  Mascate 9^ 

—  Arachnides  de  Kurrarbce  et  de  Matheran 289 

Mangim  (L.).  Voyage  en  Asie.. 116 

Maquenne.  Nommé  professeur  intérimaire 4 1 

Marcellin.  Don  d'un  médaillon  de  P.  Gervais 43 

Martin  (Ernest).  Annonce  de  son  décès 186 

Maunoib.   Don  d'un  ouvrage 43 

Mégnin  (P.).   Le  Pou  de  l'Élépbant 167 

Milne  Edwards.  Nommé  directeur  du  Muséum  pour  une  nouvelle  période 

de  cinq  ans 1 

—  Observations  sur  un  Hippopotame 44 

—  Note  sur  une  nouvelle  espèce  du  genre  Hliinopitlièque  provenant  de  la 

hante  vallée  du  Mékong 1 5t> 

—  Note  sur  une  incubation  complète  faite  par   un  mâle  de  Cygne  noir 

(  C.  atratus  Latb. ) 1 65 

—  Présentation  de  photographies  instantanées  des  Chimpanzés  de  la  ma- 

nagei  ie  du  Muséum 358 

Milne-Edwards  (A.)  et  Bouvier  (E.L.).  Crustacés  nouveaux  provenant  des 

campagnes  du  Travailleur  et  du  Talisman 297,  36'i 

Miquel  (Le  docteur).   Plantes  de  l'Afrique  française 32.5 


Muséum.  —  m.  2 


—  386  — 

Mocquard  (F.).  Noie  préliminaire  sur  une  collection  de  Reptiles  recueillis 

par  M.  Haug  à  Lambaréné 56 

—  Note  sur  quelques  Reptiles  de  Tanga,  don  de  M.  Gierra 12a 

—  Notes  herpélologiques 211 

Monaco  (Le  prince  de).   Don  de  collections 180 

MoNiEZ.  Don  d'ouvrages  d'entomologie 43 

Montandon  (A.-L.).    Hémiptères  nouveaux  des  collections  du  Muséum  de 

Paris ia4 

Morin  (Le  fleuriste  Pierre),  par  M.  Haug 1 86 

Nesty.  Offres  de  services  au  Sénégal 179 

Neuville  (H.).   Nommé  préparateur 1 

—  Sur  le  foie  de  quelques  Antilopes 21 

—  Recherches  anatomiques  sur  les  Squales  observés  pendant  la  dernière 

campagne  du  yacht  Princesse-Alice 55 

—  Remarques  sur  les  Squales  de  mer  profonde  observés  à  Sétubal  (Por- 

tugal)   87 

—  Sur  les  vaisseaux  intra-intestinaux  des  Sélaciens 317 

Nicloux.   Dosage  de  petites  quantités  d'alcool  méthylique,  d'aldéhyde  for- 

mique,  d'acide  formique  et  de  glucose 2 60 

Nicloux  et  Desgrez.  Sur  la  décomposition  du  chloroforme  dans  l'organisme.  375 

Olivier  (L.).  Don  de  deux  Oiseaux 276 

OusTALEr    (E.).     Description    de    deux    espèces    nouvelles    d'Oiseaux    du 

Yun-nan 162 

—  Liste  des  Oiseaux  rapportés  du  Baoulé  par  M.  Delafosse 198 

—  Notice  sur  quelques  Oiseaux  de  la  Chine  occidentale 208 

Pah.let.  Collections  faites  au  Tonkin 179 

Pavie.   Don  de  photographies  de  l'Indo-Chine 181 

Petit  (A.).  Tumeurs  malignes  chez  des  animaux  ayant  vécu  à  la  ménagerie 

du  Muséum !  69 

Puisalix  (C).  Entérite  aiguë  à  coli-bacille  chez  deux  Chats  de  Siam 26 

—  Sur  quelques  conditions  favorisant  l'infection  pyocyanique  chez  le  Cobaye.  67 

—  Causes  de  la  diminution  de  résistance  des  Carnassiers  au  charbon io3 

—  Action  du  venin  de  la  Salamandre  du  Japon  (Sieboldia  maxima).  — 

Atténuation  par  la  chaleur  et  vaccination  de  la  Grenouille  contre  ce 

venin 262 

—  Antagonisme  entre  le  venin  des  Vespidœ  et  celui  de  la  Vipère  :  le  pre- 

mier vaccine  contre  le  second 3 1  8 

Pobéguin.   Don  de  collections  entomologiques  de  la  Côte  d'Ivoire 80 

—  Collections  botaniques  faites  à  la  Côte  d'Ivoire  par  M.  Hua 266 

Poujade.  Note  sur  les  Lépidoptères  rapportés  par  M.  Chaffanjon  de  l'Asie 

centrale  et  orientale 2  23 

Pousargues  (E.  de).   Observalions  sur  un  jeune  Cercopithecus  erytlirogaster 

(Gr.  )  ayant  vécu  à  la  ménagerie  du  Muséum 5  a 

—  Note  sur  une  nouvelle  espèce  d'Aulacode,  A.  calamophagus  (de  Beerst) 

provenant  de  la  région  des  Lacs 160 


—  387  — 

Pousargues  (E.  de.).  Liste  des  Mammifères  recueillis  par  M.  Edouard  Foa 

dans  la  région  des  Grands-Lacs 199 

—  Sur  la  validité  générique  et  spécifique  du  Bdeogale  nigripes  (Puch.).  .  309 

—  Sur  l'identité  spécifique  du  Cervus  albirostris  et  du  C.  Tltoroldi 28A 

—  Description  d'un  Rliinolophe  d'espèce  nouvelle  (R!i.  Maelaudi)  recueilli 

par  M.  le  docteur  Maclaud  sur  l'île  de  Conakry  (Guinée  française) .  .  .  358 

Radisson.  Offres  de  services  au  Tonkin 79 

Ragonot  (Mme  veuve).  Don  de  la   collection  de   Microlépidoptères  de   feu 

Emile  Ragonot 355 

rimnsim  (M.-J.).  Descriptions  de  nouvelles  espèces  de  Crabes  d'eau  douce 

appartenant  aux  collections  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  58 

Renault  (R-).  Les  Ractériacées  et  les  Rogheads  à  Pilas 33 

—  Présentation  d'ouvrages i5o 

—  Les  Ractériacées  des  Rogheads 25 1 

—  Présentation  d'un  ouvrage 276 

Renault  et  Roche.  Offre  d'une  brochure  Sur  une  nouvelle  Diploxylée  et  d'un 

échantillon  ayant  servi  à  l'étude  de  cette  plante  fossile    357 

Richard  (J.).  Sur  deux  Entomostracés  d'eau  douce  recueillis  par  M.  Chaf- 

fanjon  en  Mongolie 1 3 1 

Ritsema  (C.).  Liste  des  espèces  du  genre  Ilelota  (Coléoptères)  de  la  collec- 
tion du  Muséum 287 

Roche  et  Renault.  Offre  d'une  brochure  Sur  une  nouvelle  Diplu.rylée  et  d'un 

échantillon  ayant  servi  à  l'étude  de  cette  plante  fossile 357 

Rochebrune  (A.-T.  de).  Sur  la  présence  du  Teeniarhynchus  taginatus  Weinl. 
(Teenia  mediocanellata   Kùch;    T.  inerme   auct.)  chez   un  enfant  de 

quatre  ans 3o6 

Saint-Loup  (R.).  Recherches  sur  l'évolution  des  dents  chez  les  Rongeurs.  .  3i5 

Séabra  (A. -F.  de).  Sur  les  corps  rouges  des  Téléostéens 217 

Simon  (E. ).  Présentation  d'un  ouvrage 1 85 

—  Arachnides  recueillis  par  M.  Maindron  à  Mascate,  en  octobre  1896.  .  .  g5 

—  Arachnides  recueillis  par  M.  Maindron  à  Kunachee  et  à  Malheran  (près 

Rombay)  en  1896 289 

Soulié  (Le  révérend  père)  [Collections  recueillies  par] i56,  162 

—  Envoi  d'Ophidiens  du  Yun-nan 9i5 

Tai-ia  (F.-F.).  Huile  de  Caparrapi 260 

Thollon  (Décès  de  M.) 73 

-  Notice  sur  ce  voyageur  par  MAL  Delisle  et  Ed.  Rureau ll5 

Tuor  (S.).   Une  intéressante  Hydrachnide  nouvelle,  provenant  des  récoltes 

de  M.  Geay  au  Venezuela 10 

Troussart  (Le  docteur).   Présentation  du  Catalogue  des  Mammifères 5 

—  Présentation  d'ouvrages 185,277 

Trouessart   et   Favette.  Application    de  la   photographie   microscopique  à 

l'étude  des  Sarcoptides  plumicoles 98 

Vaillant  (L.).  Siluroïde  nouveau  de  l'Afrique  orientale  (ChimaiThoglanis 

Leroyi) 81 


n 


—  388  — 

Vaillant  (L.).  Sur  les  espèces  à  distinguer  dans  le  genre  Nebris  Cuv.  el  Val  1  ih 

—  Présentation  d'un  ouvrage *''8 

—  Sur  un  Poisson  rare  pour  la  faune  française,  le  Trichiurus  leplums  (L.)  166 

—  Contribution  à  l'étude  iclithyologique  du  Chagres 220 

— ■  Présentation  d'un  Guide  à  la  ménagerie  des  Reptiles 276 

—  Le  Rrokodile  noir  du  Niger  des  collections  du  Muséum 36a 

Vatimesnil  (de)  [  Don  de  l'herbier  formé  par  Mme] 1 48 

Vauia  (Le  comte  de  La).  Don  de  collections  de  Patagonie 276 

Verneau  (R.).  Note  sur  la  collection  de  crânes  siamois  de  Mme  Bel 8 

Vernedil  (A.)  et  Wïrodboff.  Sur  la  purification  et  le  poids  atomique  du 

cérium 34a 

Ville  (G.)  [Annonce  du  décès  de  M.] '11 

Viré  (A.).  Organes  des  sens  des  Crustacés  obscuricoles  des  catacombes  de 

Paris  et  des  cavernes  du  Plateau  central ba 

—  Rectification  à  propos  du  soi-disant  œil  du  Niphargus  Virei  (Chevreux).  65 

—  Le  Campodea  staphylinus  Westwood  et  ses  variétés  cavernicoles 89 

—  Le  laboratoire  des  Catacombes 1 35 

—  La  faune  obscuricole  des  conduites  d'eau  de  Seine  de  la  ville  de  Paris 

el  le  projet  de  dérivation  des  sources  du  Lunain 237 

Viré  (A.)  et  Besoues  (P.).  Les  Pyrénées  souterraines  :  recherches  hydro- 
logiques effectuées  en  1 897 333 

Weiss  (P.).  Recherches  sur  l'aimantation  de  la  Magnélile  cristallisée lia 

Wyrouboff  et  Verseuil.  Sur  la  purification  et  le  poids  atomique  du  Cérium.  3^2 

Zeltner  (De).  Don  de  collections *82 


389  - 


TABLE  PAR  ORDRE  MÉTHODIQUE. 


ACTES  ET  HISTOIRE  DU  MUSÉUM. 

Nomination  de  M.  Milne  Edwards  comme  Directeur  du  Muséum  pour  une  ^ 

nouvelle  période  de  cinq  ans 

Nomination  de  M.  A.  Gaudry  comme  assesseur 

Mort  de  M.  Bardoux ,  sénateur  inamovible ,  membre  du  Conseil  dû  Muséum'  35/j 
Nomination  de  M.  Faliières,  sénateur,  ancien  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique, comme  membre  du  Conseil  du  Muséum  «s». 

Mort  de  M.  G.  Ville [                           "'  , 

Mort  de  M.  Legrand  Des  Cloizeaux ^ 

Nomination  de  M.  Maquenne  comme  professeur  intérimaire lu 

Nomination  de  M.  Neuville  comme  préparateur 

Correspondants  du  Muséum.  —  Sont  nommés  : 

M.  et  Mmo  Marc  Bel o 

•••••• ^ y>  n  } 

M.  le  Docteur  Maclaud o 

Mort  de  M.  F.-R.  Tbollon 3 

Notice  sur  F.-B.  Tbollon  par  MM.  P.  Delislc  et  Ed.  Bureau  '.'. J5 

Mort  de  M.  E.  Martin gg 

Mort  de  M.  Lucien  Biart _d 

Mort  de  M.  Lemoine '« 

Lettre  du  général  Gallieni. \ 

Lettre  de  M.  Bastard "  }  r 

Lettre  de  M.  Coutière,  datée  de  Djibouti.    Va'Vs  1 1 3 

Lettre  de  M.  Diguet,  datée  de  La  Paz .....' ...  j  10 

Enseignement  spécial  pour  les  voyageurs ,  oq 

Exposition  des  collections  faites  par  MM.  Chaffanjon,  Mangini  et  Gay!      181,  a73 
Don  par  Mme  VT6  Bagonot  des  collections  de  Microlépidopières  de  feu  Emile 

Bagonot  et  d'ouvrages  de  sa  bibliothèque 355 

Don  par  Mmo  Lemoine  et  M.  Lemoine,  docteur  en  droit,  des  collections  des 

iossiles  de  Cernay  de  feu  M.  le  Dr  V.  Lemoine 354 

Don  de  collections,  par  M.  Chevreux. ,g3 

Don  de  collections ,  par  le  Baron  de  Guerne ,8^ 

Don  de  collections,  par  M.  de  Zeltner .'  ^l 

Don  de  Bryozoaires,  par  M.  G.  Collet '  . [[[[  ,§<, 

Présentation  de  Drogues  coréennes,  par  M.  Deniker. .  .       t83 

Don  de  photographies  de  i'Indo-Chine,  par  M.  Pavie .'  181 

Présentation  d'un  ouvrage,  par  M.  L.  Vaillant ..  27? 

Présentation  d'un  ouvrage,  par  M.  E.  Bureau 80 

Présentation  d'ouvrages,  par  M.  N.  Grébant '  gi 


a 


a 


—  390  — 

Présentation  d'un  ouvrage,  par  M.  Denikor 80 

Présentation  d'ouvrages,  par  AI.  R.  Renault i5o,  -777,  3Ô7 

Don  d'une  photographie,  par  M.  Rocourt. i85 

Présentation  d'ouvrages,  par  M.  Trouessart ,r>,  i85,  277 

Présentation  d'un  ouvrage,  par  M.  Simon i85 

Présentation  d'un  ouvrage,  par  M.  Lecomte 186 

Présentation  d'ouvrage,  par  M.  Clément i5o 

Don  d'un  ouvrage,  par  MM.  Clément  et  ïroncet n5 

Don  d'ouvrage9  d'Entomologie,  par  M.  Moniez k% 

Don  d'une  notice,  par  M.  A.  Dugès 1 1  5 

Don  d'un  ouvrage,  par  M.  Ch.  Maunoir 43 

Don  d'un  médaillon  de  P.  Cervais,  par  Mme  Marcellin 43 

Portrait  de  Lamare  Picquot,  offert  par  Mme  Hovius 1  /jq 

Quelques    notes    sur    la  mort  et  la    succession  de    Guy  de  la  Rrosse,  par 

M.  Hamy 1/12 

Le  fleuriste  Pierre  Morin  le  jeune,  dit  Troisième,  par  M.  Hamy 186 

Sur  les  papiers  de  Lesueur,  par  M.   Hamy 1AS 

Le  laboratoire  des  Catacombes,  par  M.  A.  Viré 1 35 


ANTHROPOLOGIE  ET  ZOOLOGIE. 

L'âge  de  pierre  au  Gabon,  par  M.  Hamy 1A2 

L'âge  de  pierre  dans  la  Dubreka ,  par  M.  Hamy 282 

L'âge  de  pierre  dans  l'arrondissement  de  Rien-Hoa  (Cocbinchine  française), 

par  M.  Hamy /18 

Note  sur  une  collection  de  crânes  siamois  donnés  par  Mme   M.   Rel,  par 

M.  Verneau 8 

Note  concernant  l'anthropologie  et  la  zoologie  du  Raoulé,  par  M.  Delafosse.  1  98 

Contribution  à  l'anthropologie  du  Nayarit,  par  M.  Hamy 190 

Documents    inédits  sur  VHomo  sylvestris  rapporté  d'Angola  en  i63o,  par 

M.  Hamy 277 

Description  d'un  vase  péruvien  représentant  le  Felis  albescens,  par  M.  Hamy.  121 
Liste  des  Mammifères  recueillis  par  M.  E.  Foa  dans  la  région  des  Grands 

Lacs,  par  M.  de  Pousargues 1  99 

Chimpanzé  de  la  Guinée  française  donné  par  M.  Foufé 1 14 

Chimpanzés  de  la  ménagerie  du  Muséum 358 

Observations   sur   un   jeune    Cercopithecus   eriithrogaster,  par  M.  de  Pou- 
sargues   5  a 

Note  sur  une  nouvelle  espèce  de  Rhinopilhèque  provenant  de  la  haute  vallée 

du  Mékong,  par  M.  A.  Milne  Edwards 1 56 

Description  d'un  Rhinolophe  d'espèce  nouvelle  (R.  Maclaudi)  recueilli  par 
M.  le  D'  Maclaud  sur  l'île  de  Conakry  (Guinée   française),  par   M.    de 

Pousargues 358 

Sur  une  nouvelle  espèce  d'Aulacode,  par  M.  de  Pousargues 1  60 

Lionne  d'Abyssinie  donnée  par  M.  Chefneux 5 

Sur  la  validité  générique  et  spécifique  du  Bdeogale  nigripes 902 

Observations  sur  un  Hippopolame,  par  M.  Milne  Edwards hit 


—  391  — 

Hippopotame  femelle  acquise  pour  la  Ménagerie i48 

Observations  sur  les  Antilopes  do  l'Afrique  centrale,  par  M.  Ed.  Foa 78 

Antilopes  du  pays  des  Somalis  donnés  par  M.  Elliot 181 

Sur  l'identité  spécifique  du  Cervus  albirostris  et  du  C.  Thoroldi,  par  M.  de 

Pousargues 284 

Lamenlin  de  Fernand-Vaz  donné  par  M.  Foret 1 A7 

Observations  sur  un  Hyperoodon ,  par  M.  Lennier 44 

Liste  des  Oiseaux  rapportés  du  Baoïdé  par  M.  Delafosse 198 

Description  de  deux  espèces  nouvelles  d'Oiseaux  du  Yun-nan,  par  M.  Ous- 

talot 16a 

Note  sur  quelques  Oiseaux  de  la  Chine  occidentale,  par  M.  Oustalet 208 

Sur  la  Héronière  d'Écury,  par  M.  Drouel 43 

Sur  une  incubation  complète  faite  par  un  mâle  de  Cygne  noir,  par  M.  A. 

Milne  Edwards 1 65 

Notes  herpélologiques,  par  M.  Mocquard 911 

Reptiles  du  Gabon  recueillis  par  M.  Stang,  par  M.  Mocquard 54 

Sur  quelques  reptiles  du  Tanga,  don  de  M.  Gierra,  par  M.  Mocquard.  ...  122 

Sur  deux  Ophidiens  du  Yun-nan,  par  M.  Mocquard 2i5 

Reptiles  nouveaux  des  iles  Norway,  par  M.  Mocquard 2i3 

Le  Krokodile  noir   du  Niger  par  M.  Vaillant 36a 

Mort  de  la  grande  Salamandre  du  Japon 181 

La  période  critique  post-larvaire  des  Poissons  marins,  par  M.  Fabre  Domer- 

gue 57 

Contribution  à  l'élude  ichthyologiqiie  du  Chagres,  par  M.  Vaillant 220 

Remarques  sur  les  Squales  de  mer  profonde  observés  à  Sétubal  (Portugal), 

par  M.  Neuville 87 

Sur  quelques  exemplaires  du  genre  Scorpis,  par  M.  L.  Vaillant 84 

Sur  les  espèces  à  distinguer  dans  le  genre  Nebris,  par  M.  L.  Vaillant ia4 

Sur  un  Poisson  rare  pour  la  faune  française  le  Trichiurus  lepturus,  par  M.  L. 

Vaillant 166 

Siluroide   nouveau   de   l'Afrique    orientale   (Chimarrhoglanis  Leroyi),   par 

M.  Vaillant 81 

La  faune  obscuricole  des  conduites  d'eau  de  Seine  de  la  ville  de  Paris,  par 

M.  A.  Viré 237 

Don  de  collections  entomologiques  faites  à  la  Côte  d'Ivoire,  par  M.  Pobéguin.  80 

Liste  des  espèces  du  genre  Helota  (Coléoptères),  par  M.  Ritsema 287 

Hémiptères  nouveaux  du  musée  de  Paris,  par  M.  Montandon ia4 

Le  Pou  de  l'Éléphant,  par  M.  P.  Mégnin 167 

Note  sur  les  Lépidoptères  rapportés  par  M.  Chaffanjon  de  l'Asie  centrale  et 

orientale,  par  M.  Poujade aa3 

Le  Campodea  staphilinus  et  ses  variétés  cavernicoles,  par  M.  A.  Viré 89 

Arachnides  recueillis  par  M.  M.  Maindron  à  Mascate,  par  M.  E.  Simon.  .  .  g5 

Arachnides  de   Kurrachee  et  de  Matheran  (Bombay),  par  M.  E.  Simon.  .  .  .  289 

Une  Hydrachnide  nouvelle  du  Venezuela,  par  M.  S.  Thor 10 

Application   de    la   photographie    microscopique    à   l'étude  des  Sarcoptides 

plumicoles,  par  MM.  Favelte  et  Trouessart 98 

Organes  des  sens  des  Crustacés  obscuricoles  des  catacombes  de  Paris  et  des 

cavernes  du  Plateau  central,  par  M.  A.  \  iré 62 


—  392  — 

Cruslacés  nouveaux  provenant  des  campagnes  du  Travailleur  el  du  Talisman, 

par  A.  Milne  Edwards  et  E.  L.  Bouvier 997 ,  36fi 

Description  de  nouvelles  eapèces  de  Crabes  d'eau  douce,  par  Mary  Rathbun.  58 
Sur  deux  Paguriens  nouveaux  trouvés  par  M.  Coulière  à  Djibouti,  par  M.  E. 

Bouvier 228 

Sur  les  Cambarus  recueillis  au  Mexique  par  M.  Diguet,  par  M.  Bouvier .  .  .  22/1 

Observations  sur  les  Alphées,  par  M.  Coulière 77 

Sur  quelques  Alpbéidés  rapportés  de  Djibouti 2.33 

Note  sur  un  nouveau  genre  d'Alpbéidés,  par  M.  Coulière 3oi 

Noie  sur  quelques  Alpbéidés  nouveaux,  par  M.  Coulière 3o3 

Alphéidés  observés  à  Djibouti,  par  M.  H.  Coutière 

Notes  biologiques  sur  quelques  Alpbéidés  observés  à  Djibouti  par  M.  Cou- 
tière    367 

Bectification  à  propos  du  soi-disant  œil  du  Niphargus  Virei,  par  M.  A.  Viré.  65 
Observations  sur  les  Argulides  du   genre   Gyropeltis  recueillis  par  M.  Geay 

au  Venezuela,  par  M.  E.-L.  Bouvier i3 

Sur  deux  Entomostracés  d'eau  douce  de  Mongolie,  par  M.  J.  Richard.  ...  i3i 

Branchiobdella  de  YAstacus  Digneti,  par  M.  Bouvier 228 

Sur  la  présence  du  Tœniarhynchus  saginatus  chez  un  enfant  de  h  ans,  par 

M.  de  Bochebrune 3o6 

Noie  sur  Chlamydoconclia  Ocutti  (Dali.),  par  M.  F.  Bernard 65 

Sur  quelques  Coquilles  de  Lamellibranches  de  l'ile  Stewart,  par  M.  F.  Bernard.  309 


ANATOMIE  ANIMALE. 

Recherches  sur  l'évolution  des  dents  chez  les  Bonheurs,  par  M.  R.  S'-Loup.  .  3i5 

Note  sur  le  foie  de  quelques  Antilopes,  par  M.  Neuville ' 21 

Note  sur  le  placenta  du  Tragelaphus  gratus ,  par  MM.  Geauregard  et  Boulart.  20 

Note  sur  l'ovaire  du  Didelphis  cancrivora ,  par  M.  Devez 2o5 

Bemarques  anatomiques  sur  les  Squales  observés  pendant  la  dernière  cam- 
pagne du  yacht  Princesse- Alice 55 

Sur  les  vaisseaux  intra-intestinaux  des  Sélaciens 317 

Sur  les  corps  rouges  des  Téléostéens,  par  M.  de  Séabra 217 


PHYSIOLOGIE. 


Effels  des  excitations  électriques  sur  le  cœur  du  Hérisson,  par  M.  E.  Gley.  .      371 
Mesure  du  plus  grand  effort  (pie  puisse  produire  un  muscle  gastro-cnémien 

de  Grenouille,  par  M.  G réhant 102 

Sur  le  rôle  des  capsules  para  thyroïdes,  par  M.  Gley 23 

Action  des  injections  intraveineuses  de  peptone  sur  les  sécrétions  en  général , 

par  M    (  iley a  h  h 

A  propos  de  l'action  de  la  protopeplone  sur  la  présure,  par  MM.  Camus  el 

Gley a  fi  5 

DécompoMlion   du    chloroforme   dans    l'organisme,    par    MM.    Desgrez   et 

Nicloux 070 


s 


—  393  — 

Absorption    par   les   poumons  de  vapeur  d'alcool  mélangée  avec   l'air,  par 

M.  Gréhant 2  g 

Recherches  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  tuyau  d'échappement  d'un  mo- 
teur à  gaz,  par  M.  N.  Gréhant 371 

Tumeurs  malignes  chez  des  animaux  ayant  vécu  à  la  Ménagerie,  par  M.  A. 

Pettit l6g 

Sur  quelques  conditions  favorisant  l'infection  pyocyanique  chez  le  Cobaye, 

par  M.  Phisalix (j^ 

Entérite  aiguë  à  coli-bacille  chez  deux  Chais  de  Siam,  par  AI.  Phisalix..  .  .         26 

Causes  de  la  diminution  de  résistance  des  Carnassiers  au  charbon,  par 
M.  Phisalix 103 

Antagonisme  entre  le  venin  des  Vespidœ  et  celui  de  la  Vipère,  par  M.  Phi- 
salix       3 1 8 

Action  physiologique  du  venin  de  la  Salamandre  du  Japon,  par  M.  Phisalix.     2/12 


BOTANIQUE. 

Don  de  l'herbier  de  Mme  de  Vatimesnil,  par  le  baron  de  Mackau 1&8 

Sur  les  collections  botaniques  faites  à  la  Côte  d'Ivoire  par  M.  Pobéguin,  par 

M.  Hua 3/i6 

Nouveaux  matériaux  pour  la   flore  de    l'Afrique  française.   Collections  de 

MM.  Maclaud  et  Micquel,  par  M.  Hua 325 

Le  Kickxia  africana  au  Congo  français,  par  M.  H.  Lecomte 70 

Essai  d'introduction   de  l'arbre  à   Gutla-Percha  à  la  Crande-Comore,  par 

M.  Humblot 172 

Plantes  nouvelles  du  Thibet  provenant  de  la  mission  scientifique  de  MM.  Du- 

(reuil  de  Rhins  et  Crénard,  par  M.  Franchet 320 

Plantes  de  Chine  envoyées  par  l'abbé  Farges  et  par  M.  Biondi i83 

Herbier  de  Sibérie  envoyé  par  M.  Chaffanjon ,  83 

Plantes  du  Mexique  envoyées  par  M.  Diguet 1  83 

Huile  de  Caparrapi,  par  M.  Tapia 25g 

La  Bactériologie  de  l'Ambre  gris,  par  M.  Beauregard 269 

Les  Bactériacées  des  Bogheads  à  Pilas,  par  M.  Renault 33 

Les  Bactériacées  des  Bogheads,  par  M.  Benault a5i 


GEOLOGIE  ET  MINÉRALOGIE. 

Un  exemple  des  divers  faciès  que  peut  présenter  une  formation  géologique  : 

Le  Porllandien  des  Charentes,  par  M.  Glangeaud 33o 

Fossiles  de  Madagascar,  par  M.  Baslard 3 

Les  Pyrénées  souterraines.  Recherches  hydrologiques  exécutées  en  1897,  Par 

MM.  A.  Viré  et  P.  Besques 333 

Le  projet  de  dérivation  des  sources  du  Lunain,  par  M.  A.  Viré 207 

Sur  le  gisement  de  Nadorite  d'Algérie,  par  M.  Gentil a58 

Sur  le  gisement  de  Zéo!it';es  de  Deliys  (Alger),  par  M.  L.  Gentil 337 

Sur  la  minéralogie  des  cadavres,  par  M.  Lacroix 1/13 


—  394  — 

Don  de  minéraux  par  M""  J.  Lebaudy h 

Analyse  spectrale  de  quelques  minéraux  de  la  collection  du  Muséum ,  par 

M.  A.  de  Grammont 375 

Sur  la  Tétai  doédrie  de  la  Calcite,  par  M.  P.  Gaubert 39 

Recherches  sur  l'aimantation  de  la  Magnétile  cristallisée,  par  M.  Weiss. .  .  .  1/12 


CHIMIE. 

La  Jachère,  par  M.  P. -P.  Dehérain 29 

Sur  le  rendement  et  la  transformation  des  Carbonates  d'ammonium  en  urée, 

par  M.  L.  Bourgeois 1  o5 

Sur  la  purification  et  le  poids  atomique  du  Cérium,  par  MM.  Verneuil  et 

Wyrouboff 36a 

De  la  nécessité  du  manganèse  dans  les  oxydations  provoquées  parla  Laccase, 

par  M;  G.  Bertrand 173 

Sur  la  constitution  chimique  des  Oxydases,  par  G.  Bertrand 203 

Dosages  de  petites  quanfités  d'alcool  méthylique,  d'aldéhyde  formique,  d'acide 

formique  et  de  glucose,  par  M.  Nicloux 266 

Sur  la  décomposition  du  Cbloroforme  dans  l'organisme  par  MM.  Degrez  et 

Nicloux 37a 


—  395 


TABLE  PAR  ORDRE  GÉOGRAPHIQUE. 


Pages. 

Europe.  Le  Portlandien  des  Charenles,  par  M.  Glangeaud ,33o 

France.  Plateau  central.  Crustacés  obscuricoles  des  cavernes,  par  M.  A.  Viré.  6a 

-  Les  Pyrénées  souterraines.  Recherches  hydrologiques,  par  MM.  A.  Viré 

et  P.  Besques 33g 

Portugal.  Squales  de  Sétubal,  par  M.  Neuville 87 

Algérie.  Gisement  de  Nadorite,  par  M.  Gentil 258 

-  Sur  le  gisement,  de  Zéolithes  de  Dellys,  par  M.  L.  Gentil 337 

Afrique  française.  Plantes  recueillies  par  MM.  Maclaud  et  Miquel 3a5 

Guinée  française.  Collections  envoyées  par  M.  le  docteur  Maclaud i70 

Conakry  (Guinée  française).   Rhinolophe  d'espèce  nouvelle,  par  M.  E.  de 

Pousargues 358 

Côte  d'Ivoire.  Collections  faites  par  M.  Pobéguin 80 

Côte  d'Ivoire,  Raoulé.  Anthropologie  et  Zoologie,  par  M.  Delafosse iq3 

Côte  d'Ivoire.  Collections  botaniques  de  M.  Pobéguin,  par  M.  Hua a '16 

Niger  [Krokodile  noir  du  j ,  par  M.  L.  Vaillant 35., 

Afrique  occidentale.  Départ  de  M.  Ferrière  pour  la  Haute-Sangha 273 

Haute-Sangha.  Collections  de  M.  Ferrière j  t5 

Gabon    [L'âge  de  pierre  au],  par  M.  E.-T.  Hamy j 5/, 

-  [Reptiles  du],  par  M.  V.  Mocquart 5/, 

Congo  français  [Le  Kickxia  ajricana  au],  par  M.  H.  Lecomte 70 

Pays  des  Eschiras  (Congo).  Collection  du  R.  P.  Buléon 2,  43,  1 14 

—  Don  d'un  Potamogale  du  Pays  dos  Eshiras 2r-4 

Congo.  L'âge  de  pierre  dans  la  Dubréka,  par  M.  Hamy 282 

Djibouti.  Lettre  de  M.  Coulière fta,  75,  n3 

—  Alphéidés  observés  par  M.  Coutière 3(jq 

-  Sur  quelques  Alphéidés,  par  M.  Coutière 2 33 

-  Paguriens  trouvés  par  M.  Coutière 99g 

Abyssinie  [  Don  d'une  Lionne  d'] ,  par  M.  Chefneux 5 

Tança  [Sur  quelques  reptiles  du],  par  M.  F.  Alocquard i2a 

Afrique  orientale.   Collections  envoyées  par  AI.  Gierra -q 

—  Siluroïde  nouveau,  par  M.  L.  Vaillant 81 

Afrique  centrale.  Alammifères  de  la  région  des  Grands-Lacs,  par  M.  E.  de 

Pousargue.s lfi,N  lQg 

—  Voyage  de  M.  Ed.  Foa 78,  160 

Grande-Comore.  Introduction  de  l'arbre  à  Gutta-Percha 172 

-  Don  d'une  Porphyriole  par  AI.  Humhlol 5 

M  idagascar.  Départ  de  M.  Alluaud /, 

Retour  en  France  de  AI.  Alluaud ,  ,  3 

Lettre  de  AL  Baslard 


—  396  — 

Madagascar.  Envoi  de  collections  par  le  Capitaine  Ardouin 5 

—  Lettre  du  général  Gallieni 74 

—  Mission  topographique  du  Capitaine  Delcroix 74 

—  Lettre  de  M.  Bastard i45 

-  Lettre  de  M.  Baslard 177 

—  Sepsina  d'espèce  nouvelle,  par  M.  F.  Mocquard 211 

—  Envoi  de  collections  par  le  Capitaine  Ardouin 274 

—  Envoi  de  fossiles  par  M.  Bastard 276 

Asie  centrale.  Relation  sommaire  d'un  voyage  à  travers  i'Asie,  par  M.  Chaf- 

fanjon 116 

Asie  centrale  et  orientale.  Lépidoptères  rapportés  par  M.  Chaffanjon.  ...  228 

Mascate  [Arachnides  de] ,  par  M.  E.  Simon 9& 

Golfe  d'Oman.  Voyage  de  M.  M.  Maindron 44 

Asie.  Arachnides  de  Kurrachée  et  de  Matheran  recueillis  par  M.  Maindron, 

décrits  par  M.  Simon 289 

Cochinchine  française.  L'âge  de  pierre  dans  l'arrondissement  de  Bien-Hoa, 

par  M.  Hamy 48 

—  Envoi  de  collections  par  M.  Capus 273 

Annam.   Don  de  collections  par  M.  et  Mme  M.  Bel 276 

Siam.  Note  sur  les  crânes  siamois  donnés  par  Mme  M.  Bel,   par  M.  Verneau.  8 

Tonkin.  M.  le  Cap.  Badisson  offre  ses  services 79 

—  Collections  de  M.  Paillet 179 

—  Reptiles  nouveaux  de  la  baie  d'Along 2i3 

—  Don  d'animaux  par  M.  Bonifacy 276 

TniBET.  Plantes  de  la  mission  Dutreuil  de  Bhins  et  Grénard ,  par  M.  Fran- 

chet 320 

—  Nouvelle  espace  de  Bhinopithèque  de  la  haute  vallée  du  Mékong,  par 

M.  Milne  Edwards 1 56 

Chine  [Plantes  médicinales  de] 1  83 

—  Oiseaux  de  la  région  occidentale,  par  M.  Oustalet 208 

—  Deux  Oiseaux  nouveaux  du  Yun-nan,  par  M.  Oustalet 1  62 

—  Sur  deux  Ophidiens  du  Yun-nan,  par  M.  Mocquard 2i5 

Mongolie  [Enlomostracés  de],  par  M.  J.  Bichard i3i 

Sibébie  [Plantes  de] 1 83 

Ile  Stewart.  Coquilles  de  Lamellibranches,  par  M.  F.  Bernard 309 

Venezuela.  Collections  de  M.  Geay 10,  1  3 

Amérique  centrale.  Étude  ichlhyologique  du  Chagres,  par  M.  Vaillant.  .  .  .  220 

Mexique.  Voyage  de  M.  Diguet 110 

—  [Plantes  du]  . i83 

—  Contribution  à  l'Anthropologie  du  Nayarit,  par  AI.  Hamy 190 

—  Cambarus  recueillis  par  M.  Diguet 224 

—  Voyage  de  M.  Diguet 275 


—  397  — 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  ESPÈCES* 


Pages. 

Acioa  scabrifolia .'5  a  8 

Actinodura  Souliei i  63 

Adenota  Kob 21 

Afrezia  africana 3a6 

Alcippe  Genestieri 208 

Alligator  palpebrosus 36a 

Allophylus  timboensis 3a6 

Alpheus  barbatus a35 

Alpheus  crinitus 069 

Alpheus  cristalus 3o3 

Alpbeus  Heurleli 3o£ 

Alplieus  lœvimanus 36g 

Alpbeus  minus 368 

Alpheus  paragracilis Soli 

Alpheus  platydactilus 3o4 

Alpbeus  Saulcyi  brevicarpus. .  367 

Alpheus  Saulcyi  longicarpus.  .  367 

Alpheus  splendidus 235 

Alpbeus  spongiarum.  ...      2  35,  368 

Alpheus  tumido- manus 367 

Ambrysus  arulangulus 126 

Arabrysus  crenulatus 127 

Ambrysus  fraternus 128 

Ambrysus  Geayi 129 

Amphibelœus  Jousseaumei.  .  .  235 

Anfhodi&'ta  collaris 199 

Aphantanlax  indus 291 

Arête  dorsalis 23."),  370 

Argusianus  Grayi 3.") 5 

Arlemisia  Grenardi 3a 3 

Asellus  aquaticus 62  ,  2.38 

Athanas  dispar 2.33,  370 


Pages 

Atbnnas  djiboutensis 234 

Athanas  leptocheles 370 

Athanas  solenomerus 370 

Athanopsis  platyrhynchus.  .  .  .  3oi 

Atraclaspis  Boulengeri hh 

Atroleplis  gabonensis 55 

Aulacodus  calamophagus.      160,  200 

Automate  dolicbognatba 235 

/Epyceros  melampus 201 

Bdoegale  nigripes 202 

Bombax  buonopozense.  .      2^7,  326 

Bombvx  fasciatella 226 

BubalisLichtensteini 201 

Bubalis  Swaynei 181 

Burhanga  stigmatops.  .....  355 

Calyptomena  Hosei 355 

Cambarus  Digueti 227 

Cambarus  Monlezumœ    224 

Campodea  Cookei 89 

Campodea  Dargilani 89 

Campodea  erebopbiia 89 

Campodea  nivea 89 

Campodea  staphyliuus 89 

Campodea  succinea gfl 

Caragana  polourensis 32 1 

Carapa 326 

Castaneira  zèles 29^ 

Centrophorus  granulosus 56 

Centropborus  squamosus 56 

Cenlropus  monacbus 198 


(1)  Ne  Ggurent  dans  celle  liste  cftie  les  espèces  nouvelles  ou  celles  sur  lesquelles  il  est 
donné  qurli[nrs  détails  dans  le  orps  du  volume. 


—  398  — 


Cephalophus  Grimmi 201 

Cercopithecus  albigularis 199 

Cercopithecus  erythrogaster. .  .  5a 

Cercopithecus  rufoviridis 199 

Cervicapra  arundinum 201 

Cervus  albirostris 284 

Gervus  Thoroldi 284 

Cestopagurus  Coutieri 23o 

Chibia  borneensis 355 

Chimarrhoglanis  Leroyi 81 

Chimpanzé 277 

Chlamydoconcha  Orculti 65 

Chloropsis  Kinabalnensis 355 

Cladiscothallus  Keppeni 257 

Caecosphœroma  Virei 64 

Coiobus  villerosus 53 

Crocodilus  cataphractus 362 

Crossarchus  fasciatus 300 

Cryphocricus  macrocephalus.  .  ia5 

Cyamiomactra  problemalica. .  .  3io 

Cyanops  monticola 355 

Cyclops  fimbriatus 62 

Cygmis  atratus 1 65 

Daphnia  similis i34 

Dendrohyrax  arboreus 201 

Diaptomus  Chafïanjoni 1 3 1 

Didelphis  cancrivora 3o5 

Dilopha  Dutreuili 32 1 

Dissotis  grandiflora 326 

Dolichos  paniculatus 327 

Drassodes  Maindroni 98 

Echeimis  spinibarbis 97 

Ëliomys  murinus 200 

Epomophorus  crypturns 199 

Equus  Burchelli 201 

Equus  Prjewalski 118 

Erebia  parmenio 224 

Erinnceus  europœus 373 

Eriodendron  anfracluosum.  . .  2^17 

Erythrina  sigmoïdea 327 

Ethusa  rosacea 298 


Ethusa  rugulosa 

Ethusina  Talismani 

Eublepharis   Lichtenfelderi. 
Eurystomus  afer 


Felis  albescens. 
Felis  caligata .  , 
Felis  serval..  .  . 
Filislata  niera. . 


Gagrella  atrata 

Gagrella  Maindroni 

Galago  crassicaudatus 

Gazella  Pelzelni 

Gazella  Spekei 

Geaya  Venezuela? 

Genetta  felina 

Gentiana  Fenella  var.  lutchen- 

sis 

Gerbillus  tenuis 

Globicephalus  mêlas 

Glyphsea  grewioides 

Graucalus  Normanni 

Gyropeltis  Geayi 

Gyropeltis  Kollari 

Halcyon  chelicutensis 

Helogale   undulat 

Helota 

Hemigale  Hardwicki 

Hemixus  connectens 

Herpestes  cafter 

Helerodon  madagascariensis.  . 

Heteroscops  Lucia; 

Hoemalomyzus  Elephantis.  .  .  . 
Hœmatomyzus  proboscideus  .  . 

Hippopotame 

Hylobates  Miilleri. 

Hvperoodon . 


997 
3oo 

2l3 

198 

12  1 
200 
200 

97 

296 

296 

'99 

181 

181 

1  2 

200 

324 
200 
l80 
2/|8 

355 
i3 

18 

198 
200 
287 
354 
355 

300 

I78 

355 
167 
169 
Ixh 
355 


Iacaretinga  palpebrosus 3Ô2 

Iacaretinga  trinotatus 362 

lanthocincla  Bieti 163 

Isonandra  gutta 172 


399  — 


Jousseaumea  crislata a34 

Jousseaumea  latirostris 2.3 '4 

Jousseaumea  serralidigitus.  .  .  3-34 

Kickxia  al'ricana 70 

Krokodilc  noir  du  Miger 36-2 

Landolphia  senagalensis 3a5 

Latrodaclus  scelio 98 

Lepidopus  argenteus 87 

Lepus  ochropus 201 

Lilhocranius  Walleri 181 

Litbyphantes  alboclathratus. .  .  293 

Lonchocarpus  cyanescens.  ...  2/18 

Lopheceros  semifasciatus 198 

Lycosa  Maindroni -296 

Lycosa  subinertnis 3g5 

Macrobium  limba 3a8 

Macroscilides  intufi 199 

Melanophora   hospita 292 

Melanophora  univittata ag3 

Merops  albieollis 198 

Mesobucco  eximius 355 

Micrococcus  carbo 33 

Micrococcus  Petrolei 2  52 

Mulirymnis  subtilis 97 

Munida  tropicalis 364 

Munidopsis  longirostris 365 

Munidopsis  abyssorum 365 

Mus  dorsalis 200 

Mus  minutoides 200 

Musophaga  violacea 198 

Nebris  microps 126 

débris  occidentales ,  ........  12^ 

Nectandra  Caparrapi 258 

Neolepton  sanguineum 3i3 

Nepeta  yanlbina 3aA 

Nesotragus  moscbatus 201 

Niphargus  putaneus 62  ,  65 

Oreas  canna 201 


Oriolus  Osei 355 

Otocompsa  montis 355 

Oxyanthus  unilocularis 269 

Oxytropis  Dulreuili 322 

Oxytropis  Grenardi 322 

Oxytropis  Lutcbensis 32  3 

Oxytropis  nivalis 323 

Oxytropis  parviflora 323 


Pacbykellya  Edvvardsi. 
Pagurus  Coutieri.  .  .  . 


Pagurus  Jousseaumei 

Palpimanus  vultuosus 

Papio  cynocepbalus 

Pardosa  evippina 

Parnassus  Evermanni 

Parnassus  Tenedius 

Parus  Dejeani 

Pelophilus  madagascariensis. 

Perrierina  taxodonta 

Petrodromus  telradactylus.  . 

Phasidus  niger 

Pbilodromus  frontosus 

Pila 

Pila  bibractensis 

Pimelodus  gracilis 

Pirata  Maindroni , 

Polemon  Bocourti 


Poromera  Haugi 

Porphyrioia  Alleni 

Potamocliaerus  peniciliatus  .  .  . 

Polamogale  velox 

Procavia  Brucei 

Protolicbus  elegans 

Pseudotbelpbusa  bisuturalis.  . 
Pseudotbelpbusa  ecuadorensis . 
Pseudotbelpbusa  lindigiana. .  . 
Pseudotbelpbusa  tuberculala. . 

Pseudoxenodon  macrops 

Pterocarpus  erinaceus 

Pteromys  nitidus 


•5io 
a3o 

23l 

291 

199 
296 

aai 
336 
208 
,78 
3  îss 

199 
43 

293 

33 

3Ô2 
322 
396 

5/1 

5  h 

5 

11/1 
37/1 
201 

99 
60 

58 

59 
61 

3l5 

325 
354 


Rappia  tuberculala 55 


—  400 


Rhabdoclilainys  Dejeani 208 

Rhinocéros  simus 79 

Rbinocichla  Treacheri 355 

Rhinoloplius  Maclaudi.  ....  358 

Rbinopilhecus  Rieti i56 

Rhynchocyou  Cernei 199 

Rhyncbophis  Roulangeri 2i3 

Runcinia  affinis 299 

Runcinia  lateralis    293 

Saccoslomus  campestris 200 

Saussurea  cinerea 324 

Sciurus  bicolor 355 

Sciurus  Cepapi 200 

Sciurus  nolatus  orestes 354 

Sciurus  mulabilis 200 

Scomum  paradoxum 208 

Scopis 8/1 

Semnopithecus  Everetti 354 

Semnopilbecus  Hosei 356 

Sepsinn  Ardouini 211 

Sieholdia  maxima 181 

Sieboldki  japonica 262 

Spauiopholis  Souliei 2  i5 

Sparassus  larandus 296 

Spondias  iutca a48 

Stapbidia  EvereUi 355 


Steatomys  pratensis 200 

Strepsiceros  Kudu 201 

Tolracera  alnifolia 3 '17 

Tetragonophthalma  sindica.  .  .  p.g5 

Tetragonophthalma  unifasciala  ag5 

Thanalus  fornicatus 2g3 

Thanatus  simplicipalpis 296 

Taîiiia  inerme 3o6 

Taenia  mediocanellala 3o6 

Taeniarhyncbus  saginatus 3o6 

Tragelaphus  Angasi 201 

Tragelapbus  grntus 20,  29 

Tragelaphus  scriptus 201 

Trichiurus  lepturus i()6 

Troglopagurus  Jousseaum  ;i. .  .  a3i 

Tur'dinus  canicapiiius 355 

Turdinulus  exul 355 

Typhlops  Gierrai 123 

Dratelornis  chimœra .  .    .... 


Vilis  quadrangularis 


268 


—  A01   — 


TABLE  DES  FIGURES  ET  DES  CARTES 

CONTEiNUES  DA>S  CE  VOLUME. 


Pages. 

Geayta  Venezuela 11,12 

Gyropellis  Geayi 1 4  ,  1 5  ,  1 6 

Gyropeltis  collaris 18,  19 

Foie  du  Tragelapbus  gratus 22 

Coupe  d'un  bois  d1 Arthropitus  gigas 33,34 

Thalles  de  Pila  bibractensis  envahis  par  les  microcoques 35,  36 

Haches  de  pierre  de  Cochincliine 4p, ,  5o 

Campodea  êtaphylinus 91,  9  -î 

Protolichu*  elegans  (Trouessart) 99 

Carie  itinéraire  du  voyage  de  M.  Chaffanjon  à  travers  l'Asie 117 

Diaptomus  Chaffanjoni 1 3a ,  1 33 

Hache  en  schiste  amphibolique  du  Galion 1 55 

Rhinopithecus  Bieti  (M.  Edwards) 1 57 

Hwmatomyzus  Elephantis  (femelle) 167 

(mâle) 168 

Tète  osseuse  de  lideogale  nigripes  (Pucheran) 2o3 

Cestopagnrus  Coutieri  (Bouvier) 239,  23o,  23i 

Troglopagurns  Jousseaumei  (Bouvier) 232 

Antennule  des  Asellus 238 

Carte  de  la  vallée  du  Lunain 261 

Thalle  de  Pila  bibractensis 2  5  2 

Pila  bibractensis  et  Micrococats  Petrolœi 2 53,  2 5  ri ,  2  55 

Pila  bibractensis  désorganisé 2Ô(i 

Cladiscothallus  Keppeni -1  ->7 

Hache  de  pierre  de  la  Dubréka 2 83 

Pachykellya  Edwardsi  (Bernard) 3lo 

Cyamiomactra  problematica  (Bernard  ) 3i  1 

Perrierierina  taxodonta  (Bernard) 3i  2 

Neolepton  sanguineum  (Hutton) 3i  S 

Grotte  de  Labaslide  (Hautes-Pyrénées) 335 

Rhinolophus  Maclavdi  (Pous.),  tète  et  feuille  nasale 3 5 9 ,  36o 


Muséum.  —  111. 


—  402  — 


ERRATA. 


Page  198,  ligne  6.  Au  lieu  de  Baloué,  lisez  fhwitle. 
Page  27.3,  ligne  ao.  Au  lieu  de  Sanga,  lisez  Sàngha. 
Page  2 7 A,   ligne   3.   Au  lieu  de  De  La  Vaux,  lisez  De  La  Vaul.v. 


I. 


New  York  Botanical  Garden   Librar 


3  5185   00259   4677